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CHOIX DE PLANTES
Recommandées pour l'Agriculture, l'Industrie et la Médecine
Adaptées aux divers climats de l'Europe et des Pays tropicaux
PAR
Charles NAUDIN
MEMBRE DE L'INSTITUT
Directeur du Jardin de la Villa Thuret, à Antibes (Alpes-Maritimes)
ET
Le Baron Ferd. VON MULLER
Botaniste du Gouvernement anglais à Melbourne
Ouvrage publié sous les auspices de la Société nationale d'Acclimatation
-
SE TROUVE
«* À Paris, à la SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION, 41, rue de Lille
— à 1àa LIBRAIRIE AGRICOLE, 26, rue Jacob
A Antibes, chez J. MARCHAND, libraire-éditeur
1887
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MARCHAND
ANTIBES — IMPRIMERIE DE J.
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CHOIX DE PLANTES
Recommandées pour l'Agriculture, l'Industrie et la Médecine
et
Adaptées aux divers climats de l'Europe et des Pays tropicaux
PAR
Charles NAUDIN
MEMBRE a
Directeur du jardin de la Villa Thuret, à Antibes (Alpes-Maritimes)
ET
Le Baron Ferd. VON MULLER
Botaniste du Gouvernement anglais à Melbourne
Ouvrage publié sous les auspices de la Société nationale d'Acclimatation
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A Paris, à la SOCIÉTÉ D’ACCLIMATATION, 41, rue de Lille
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A Antibes, chez J. MARCHAND, libraire-éditeur
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INTRODUCTION ts
Plus d’un siècle s’est écoulé depuis qu'a paru en France la pre-
mière édition d'un livre devenu classique entre tous dans sa
spécialité, le Bon Jardinier, dont les éditions successives ont
largement contribué au progrès de l’agriculture et du jardinage.
Mais, depuis cette époque, et surtout depuis une quarantaine
d'années, tout a marché autour de nous avec une rapidité sans
exemple. L'application de la vapeur à la navigation et la création
des chemins de fer, qui sillonnent l’Europe et l'Amérique et
déjà pénètrent dans les autres parties du monde, ont mis en
communication des peuples qui jusque-là vivaient isolés et se
connaissaient à peine de nom. Tel est le point de départ de ce
grand développement des sciences de la nature dont nous sommes
témoins aujourd'hui et celui d'importantes découvertes qui ont
profité à l’industrie et aux arts. De là aussi l'expansion des peu-
_ples civilisés vers des pays nouveaux que le trop plein de la popu-
lation de la vieille Europe tend à coloniser. Malgré ses malheurs
récents, la France est vaillamment entrée dans ce concert, et on
peut espérer qu'à l’aide d’une administration éclairée et persé-
vérante, elle remontera au rang qu’elle occupait dans les deux
siècles derniers comme puissance colonisatrice, et dont elle n’au-
rait jamais dû déchoir.
Coloniser, c'est demander à la terre tout ce qu’elle peut produire
eu égard au climat et à la nature du sol. Ge sont là les conditions
premières et naturelles de la culture ; mais à côté d'elles il y en a
d’autres dont il importe également de tenir compte : ce sont les
conditions économiques, toujours complexes, variables suivant
les temps et les lieux, et qui trouvent leur expression la plus
nette dans les transactions commerciales. Une terre, quelle qu’elle
1
2 INTRODUCTION
soit, ne produit jamais à elle seule tout ce qui est nécessaire à
une société civilisée, et ce qu'elle produit le plus aisément n’est
pas toujours ce qu'il y a de plus avantageux à celui qui la
cultive. Telle plante qui, pendant des siècles, a fait la fortune
d'un pays, peut, à un moment donné, ne plus payer ses frais de
culture, soit parce que la terre est épuisée, soit par suite de la
cherté du travail, soit enfin parce qu’elle est supplantée par un
autre produit plus en harmonie avec des goûts nouveaux. L’his-
toire de l’agriculture, comme celle du jardinage, en offre de
nombreux exemples. Il y a là des nécessités qui s'imposent; mais
le répertoire des plantes cultivées ou à introduire dans la culture
est si vaste, qu'il y a toujours moyen de parer aux éventualités.
A aucune époque de l’histoire, l’art de la culture n'a été aussi
savamment pratiqué qu'aujourd'hui; à aucune époque non plus,
le domaine de la nature n’a été scruté avec plus d’ardeur. On a
d’abord voulu connaître, sans autre but que de satisfaire une
noble et légitime curiosité ; puis, comme surcroît à la science, on
a successivement découvert l'utilité d'une multitude de plantes
et d'animaux longtemps négligés, qu'on s'efforce actuellement
de soumettre à la domestication. C'est un des grands progrès de
notre siècle, et ceux qui y auront contribué, ne füt-ce que par
une seule plante devenue économique, mériteront le titre de
bienfaiteurs de l'humanité. N'oublions pas ces hardis pionniers
de la science, qui ont exploré, souvent au péril de leur vie, les
contrées lointaines dont ils nous ont rapporté les richesses natu-
relles, et rendons un pareil hommage à ceux qui, sans courir les
mêmes dangers, cherchent patiemment, et malgré bien des échecs,
à les approprier à nos besoins. Une grande institution existe
aujourd'hui pour centraliser et encourager ces efforts individuels:
c'est la Société nationale d'acclimatation, fondée à Paris par lil-
lustre Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, dont les membres, répandus
dans le monde entier, rendent d'immenses services à la science,
à l’agriculture, à l’industrie et aux arts.
Le but que nous nous proposons, en publiant ce travail, est
de venir en aide à ces nombreux expérimentateurs qui s’intéres-
sent à la naturalisation des végétaux exotiques, principalement
en Europe, dans le nord de l'Afrique et les colonies françaises de
récente ou d’ancienne acquisition. La première idée en est dûe.
à l'éminent botaniste de Melbourne, le baron Ferdinand Von
Müller, l’ardent propagateur des plantes australiennes, l’auteur
d'un livre déjà fort répandu dans le monde, qui compte plu
INTRODUCTION 3
sieurs éditions, et dont celui-ci est en grande partie tiré(), Aucun
botaniste, dans ce siècle, n’a scruté la végétation australienne
avec autant de persévérance et de succès que le baron Müller,
aucun non plus n'a enrichi au même degré nos musées botani-
ques et nos jardins d'étude ou d'agrément. Nous lui devons une
multitude d'arbres et d’arbrisseaux déjà naturalisés dans le midi
de la France; mais son nom restera surtout attaché à l’importante
acquisition des Eucalyptus, ces arbres aussi merveilleux par la
rapidité de leur croissance et la haute valeur de leur bois que par
leurs propriétés hygiéniques. Le bienfait est inappréciable, et
notre Algérie, conquise au prix de tant de sacrifices, en porte la
preuve à chaque pas. Grâce aux plantations d'Eucalyptus, elle
À s’assainit d'année en année, en même temps qu'elle y trouve une
+ compensation croissante à sa pauvreté forestière.
1 Ce succès est un encouragement, et il n’est pas le seul que l’on
4 puisse citer. Depuis plus de trente ans déjà, les Anglais ont
4 introduit dans leurs possessions de l'Inde, et les Hollandais dans
leur grande colonie de Java, les arbres à quinquina de l’Amé-
rique. Le caféyer de Libéria est cultivé à Geylan, à côté de celui
d'Arabie, et le remplacera peut-être un jour. Le bananier, la
canne à sucre, le cotonnier, les arbres fruitiers des tropiques,
des plantes industrielles ou médicinales et une multitude de
plantes d'agrément se répandent graduellement dans toute la
zone intratropicale, et la franchissent même sur bien des points.
Ne voyons-nous pas, par exemple, la canne à sucre et le dattier
prospérer dans le midi de l'Espagne? En France même, aux
bords de la Méditerranée, ne possédons-nous pas de florissantes
| cultures d’orangers et de citronniers empruntés jadis à l’Inde
et à la Chine, et ne sommes-nous pas surpris d’y rencontrer un
Ë reflet de la flore tropicale dans ces superbes palmiers dont les
a jardins se sont enrichis depuis quelques années? Ce n'est là
encore qu'un commencement, mais déjà si heureux qu'il est
permis d'espérer beaucoup plus dans un prochain avenir.
J'ai parlé tout à l'heure du Bon Jardinier, parce que, sous ce
modeste titre, ce livre, graduellement accru, à pris une large
part à la propagation des plantes d'agrément et d'utilité de pro-
venance exotique; mais sa sphère d'action, par le fait même des
circonstances, n'a pu être que très limitée. Son objet principal
était l’horticulture du nord de la France et plus spécialement
un “sai
(1) Select extra-tropical Plants, readily eligible for industrial eullure or natura-
lisation (1881).
[1 INTRODUCTION
celle de la région dont Paris est le centre. Or, par suite de la
rigueur de l'hiver et du peu de durée de l'été sous ce climat, la :
culture de la plupart des végétaux exotiques n'est possible qu'à
l’aide de serres chaudes et d’orangeries. Sans médire de ces
accessoires de l’art horticole, nécessaires dans les pays du Nord,
et tout en reconnaissant qu'ils rendent d'importants services, on
est bien forcé d'admettre qu'ils sont si dispendieux de construction
et d'entretien, que les gouvernements ou les riches particuliers
sont seuls capables d'en faire la dépense. Ajoutons à ce grave
inconvénient qu'à part certaines catégories de plantes qui aiment
l'air confiné et ne craignent pas la lumière affaiblie, la plupart
de celles qu'on réussit à y faire vivre n’y prennent jamais le
développement et l’aspect qu'elles présenteraient si elles crois-
saient en pleine terre et à l'air libre. Enfin, et c’est encore là le
vice irrémédiable de ces constructions, si vastes et si élevées
qu'on les suppose, les grands arbres en sont forcément exclus par
l'insuffisance de l’espace. ;
Le but que nous nous proposons en publiant un livre, presque
calqué pour la forme sur le Bon Jardinier, est donc d'aider à la
propagation et à la culture à l’air libre de toutes les plantes
capables de se plier, en chaque lieu déterminé, au climat qui y
règne. Au premier abord, ce programme peut sembler beaucoup
trop vaste; car, en un certain sens, il embrasserait le globe entier.
Mais j'ai hâte de dire que, tout en signalant les plantes classiques
ou plus particulièrement intéressantes de la culture intratropicale,
nous avons surtout en vue celles qui peuvent s'adapter aux pays
tempérés et tempérés-chauds, séjour presque exclusif des peuples
civilisés, et principalement de ceux qui ont souci de voir pro-
gresser la science et l’art de la culture. Même ainsi restreint,
notre domaine est encore trop large pour que nous l’épuisions
dans un premier essai. On y trouvera donc bien des lacunes; mais,
si incomplète qu’elle soit, nous espérons encore que cette œuvre
modeste rendra quelques services à ce nombreux public qui, en
Europe et ailleurs, prend intérêt à tout ce qui peut augmenter
le bien-être général, embellir les jardins et rendre plus agréable
la vie des champs.
Ch. Naunin.
Re CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES
# SÛR L'ACCLIMATATION DES PLANTES
On a beaucoup disputé sur la possibilité de lacclimatation : les
._ uns la déclarant illusoire, parce que les espèces, disent-ils, sont
._ immuables de leur nature et soumises à un ensemble de conditions
- climatériques hors desquelles elles ne peuvent exister; les autres
professant au contraire que les espèces peuvent se modifier et se
plier à la longue à tous les climats. Des deux parts il y a exagération.
_ Il est certain que, dans l’ordre naturel, c’est-à-dire ce que nous
_ appelons l’état sauvage, les espèces sont enfermées dans des’aires
géographiques, tantôt larges, tantôt étroites, où elles trouvent les
conditions les plus favorables à leur développement et d’où elles ne
s’écartent jamais d’elles-mêmes. Personne, en eflet, n’ignore que la
végétation présente des aspects fort divers suivant les régions du
ÿ globe, que les plantes des pays chauds ne sont pas celles des pays
5% tempérés, encore moins celles des pays froids; mais on sait aussi
: que, par le fait de l'industrie humaine, une multitude de plantes ont
_ été transportées bien loin des lieux où la nature les a fait naître, et
_ qu’elles ont manifesté, sous l'influence de la culture, des flexibilités
_ de tempérament qu'au premier abord on n’aurait pas soupçonnées.
Toute l’agriculture en porte témoignage, car presque nulle part les
végétaux qu’elle exploite ne sont indigènes du lieu même 'où'elle
les cultive. Ce sont donc des végétaux acclimatés, c’est-à-dire
. convenablement modifiés pour le but qu’on se propose.
Ces modifications sont tantôt le fait de la nature elle-même, qui
n’a pas jeté dans un même moule tous les individus d’une même
espèce, mais qui a, au contraire, établi entre eux de nombreuses et
_ remarquables diversités; tantôt, et le plus souvent peut-être, elles
_ sont le résultat de la culture, à laquelle il faut bien reconnaitre le
_ pouvoir, si non d’altérer les caractères des espèces, du moins de
mettre en évidence des aptitudes cachées à l’état sauvage. Non
seulement la culture, surtout lorsqu'elle a été longtemps continuée,
_ a considérablement amélioré les plantes et leurs produits, elle a
_ encore fait naître et pour ainsi dire créé des races arüficielles très
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différentes les unes des autres par la figure, les dimensions, le …
tempérament, la précocité, et, si l’on veut nous passer ce néologisme, …
par la climatéricité. C’est ainsi, pour n’en citer qu’un exemple
entre mille, qu’elle a tiré d’une seule espèce de vigne, le Vitis
vinifera de l’ancien continent, des variétés presque innombrables
qui diffèrent les unes des autres par la qualité du fruit, leur précocité
et leurs aptitudes à se plier à diverses natures de sols et de climats,
les unes ne pouvant mürir leurs raisins que dans les partiesles
plus chaudes du midi de l'Europe, les autres donnant encore un vin 2.
potable jusque sous le 50° degré de latitude et même au-delà. Le
blé, le maïs, le riz, toutes les céréales en un mot, nos arbres fruitiers
et beaucoup d’autres plantes nous fourniraient des exemples sem-
blables. 7
La naturalisation, que l’on confond assez souvent avec l’accli-
matation proprement dite, en diffère en ce que certaines plantesse
propagent loin du lieu de leur origine sans le concours de l’homme,
ou du moins sans que l’homme se donne la peine de les cultiver,
souvent même malgré les efforts qu’il fait pour en arrêter la dif=
fusion. Dans ce nombre, en effet, se trouvent beaucoup d'espèces +
nuisibles, de celles qu'on nomme de mauvaises herbes. Depuisla
découverte de l'Amérique, une foule de ces plantes en quelque sorte
cosmopolites, parties d'Europe avec les graines des céréales, se
sont naturalisées dans le nord et dans le sud de ce vaste continent. =
Le même fait s’observe en Australie, et plus encore à la Nouvelle
Zélande, où la végétation indigène est tenue en échec et graduel-
lement supplantée par une végétation exotique. A l’île Sainte-Hélène,
la flore primitive a presque totalement disparu devant des plantes
arrivées du sud de l'Afrique, de l'Inde et de l’Europe. En France
même, les botanistes signalent un certain nombre de plantes étran
gères, la plupart américaines, qui se partagent le sol avec celles.
qui l’occupent de temps immémorial, Presque toutes ces naturalisa-
tions spontanées sont fâcheuses au point de vue de l’agriculture;
quelques-unes cependant sont réellement utiles, telles, par exemple,
que celle de l’oranger, retourné à l’état sauvage en Floride, et celle
du manguier (Mangifera indica) à la Jamaïque. Peut-être pourrait-
on ranger aussi parmi ces naturalisations utiles celle de la vigne,
qui, sans doute échappée des lieux cultivés, s’est propagée d’elle- à
même sur beaucoup de points du midi de l’Europe, même en France,
et y est retournée à l’état sauvage. Quelque idée, du reste, qu'on se
fasse de ces naturalisations, elles n’en prouvent pas moins queles
lantes ne sont pas nécessairement et irrévocablement fixées dans
e lieu même de leur création; qu’elles peuvent se déplacer et
rospérer sous des conditions climatériques qui, sans s'éloigner
he de celles de leur centre d’origine, ont cependant bien des
dissemblances avec elles. : 710
Le but que poursuit l’acclimateur n’est pas de naturaliser des
plantes étrangères au pays qu'il habite, en prenant le mot naturaliser
dans le sens indiqué plus haut, mais d’y introduire et d’y faire vivre
telle espèce de plante qui rendra des services sous la condition que
les soins du cultivateur ne lui manqueront pas. C’est d’ailleurs le
ACCLIMATATION DES PLANTES 7
cas de la plupart de nos végétaux économiques. Ils se maintiennent
et durent indéfiniment tant qu'on les protége contre les diverses
causes de destruction ; livrés à eux-mêmes, presque tous disparaî-
traient, en un temps plus ou moins long, de nos jardins et de nos
champs.
Les adversaires que rencontre une plante exotique dépaysée sont
de plus d’une sorte. Non seulement elle se trouve aux prises avec le
climat, qui est déjà un ensemble très complexe d’influences, et avec
la nature du terrain, qui varie presque à linfini; elle a encore contre
elle la végétation indigène, déjà maîtresse du sol et qui le lui dispute
presque toujours avec avantage. Même lorsqu'elle est appropriée
au chmat du lieu où elle est transplantée, elle a toutes les chances
de périr affamée et étouflée par la végétation environnante. C’est
cette lutte sans merci, bien plus que le climat, qui arrête la propa-
gation spontanée des espèces au-delà des limites entre lesquelles
elles sont actuellement cantonnées. Il suffit, pour assurer la victoire
d’une plante sur une autre, qu’elle soit, même dans la plus faible
mesure, mieux adaptée au terrain, au site, au degré de chaleur, de
lumière solaire, d'humidité, etc. Si la plante étrangère faiblit sur
quelqu'un de ces points, elle dépérit et ne laisse pas de postérité.
Autant donc l'intervention de l’homme est nécessaire pour modifier
les influences climatériques dans un sens déterminé, autant elle l’est
pour extirper du sol les plantes indigènes qui nuiraïent à celles qu’il
veut leur substituer.
L’acclimatation n’est donc, ainsi que nous venons de l’expliquer,
que la culture des plantes dans des pays nouveaux pour elles. Le
nombre de celles qui sont déjà acclimatées dans ce sens est consi-
dérable; mais ce n’est encore qu’une faible partie de ce qui nous
reste à utiliser, et on en sent le besoin à mesure que se multiplient
les rapports entre les peuples de haute civilisation aussi bien qu'avec
ceux qui sont moins avancés, à mesure, en un mot, que les peuples
de race blanche étendent au loin leurs conquêtes et fondent de nou-
velles colonies. Exploiter les multiples produits du globe et les faire
servir à de nouveaux progrès semble être leur mission providen-
tielle et le gage de leurs développements futurs.
Il ne faut pas croire cependant que l’acclimatation soit toujours
chose facile. Ceux de nos ancêtres qui ont les premiers tenté la cul-
ture des céréales, de la vigne, des arbres fruitiers et des légumes
de nos jardins ont eu à lutter contre des obstacles dont nous n’avons
aujourd’hui aucune idée. Il est merveilleux qu'à une époque où la
science n'existait pas, ils aient eu la main assez heureuse pour faire
de telles découvertes, et non moins merveilleux qu’ils aient amé-
lioré des espèces sauvages au point d’en faire les races perfection-
nées que les siècles nous ont transmises. Guidés par une sorte
d’instinct, mais peut-être après bien des tentatives infructueuses, ils
ont reconnu le pouvoir modificateur de la sélection persévéramment
appliquée. À chaque génération, ils ont éliminé ce qui s’éloignait
de leur idéal, et concentré leurs efforts sur les races et variétés qui
leur paraissaient y répondre le mieux. C’est effectivement la règle
à suivre aujourd’hui comme aux anciens temps, et cette règle n’est
) ACCLIMATATION DES PLANTES
autre que le procédé de la nature elle-même, qui, partout et sans
sans cesse, travaille à faire disparaître les faibles pour laisser le
champ libre aux plus forts.
L'acclimatation est essentiellement une œuvre de patience autant
que d'intelligence, et son point de départ est, avant lout, un choix
judicieux des espèces, races ou variétés les mieux appropriées au
but qu’on veut atteindre. Ce choix fait, il y a à considérer les pro-
cédés à suivre, et qui peuvent se résumer dans les préceptes sui-
vants :
1° Tenir compte des conditions climatériques du pays d’origine
des plantes à introduire dans des pays nouveaux. Le succès sera
d'autant plus assuré que ces conditions seront moins dissembables ;
car, si flexible que soit le tempérament des plantes, cette flexibilité
a cependant des limites. Ainsi, par exemple, une plante de la région .
équatoriale, où la température moyenne annuelle varie de 28 à 30.
degrés centigrades, aura encore chance de prospérer dans les lieux
situés plus loin de l'équateur et où la température serait de 4 à 5
degrés plus basse, les autres conditions restant les mêmes; mais sa
culture serait beaucoup plus incertaine à la hauteur des tropiques,
à moins qu'elle n’y donnât quelque race ou variété nouvelle moins
exigeante, ce qui est souvent arrivé. Il en est ainsi des plantes de
tous les autres climats, car toutes peuvent, dans des mesures di-
verses, s’accommoder d’un peu plus ou d’un peu moins de chaleur,
quelques-unes même endurer des variations très considérables de
température. Il ne faut d’ailleurs pas oublier que les lignes iso-
thermes ne sont parallèles ni à l'équateur ni entre elles, qw’elles
subissent des écarts parfois énormes suivant les régions du globe
qu’elles traversent, et qu’elles ne correspondent pas davantage avec
les lignes isothères et les lignes isochimènes.
Quiconque s’est occupé de météorologie générale sait que le voi-.
sinage des grandes mers atlénue également la chaleur de Pété et
les froids de l'hiver, ce qui a conduit à distinguer des climats ma-
rins, relativement doux et tempérés, et des climats continentauæ,
qui sont excessifs par la rigueur du froid et l’ardeur du soleil ; on
sait de même que la partie orientale des continents est ordinaire-
ment plus froide que la partie opposée, que la température décroît
avec l'altitude, et que, même sous l’équateur, les très hautes mon-
tagnes se couvrent de neige. Outre ces causes générales, il en est
d’autres, de diverses natures, qui agissent plus localement pour
modifier les climats, indépendamment des latitudes ; ce sont tantôt
les vents dominants dans le pays, tantôt le voisinage de montagnes,
qui, suivant leur hauteur et leur orientation, améliorent ou dété-
riorent le climat des plaines avoisinantes. Toutes ces particularités
météorologiques sont sans doute familières à la plupart des accli=
mateurs ; il est cependant un point que nous voulons leur rappeler,
parce qu’il a son importance : c’est que les accidents topographi= À
ques, les reliefs du sol donnent souvent lieu à des climats locaux
très circonserits et très différents du climat général du pays, auquel
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ils sont quelquefois très supérieurs. C’est, entre autres exemples à
citer, le cas de la Provence maritime, qui, abritée contre les vents
ACCLIMATATION DES PLANTES 9
du nord par de hautes chaînes de montagnes dirigées de l’est à
l’ouest, jouit d’un climat presque comparable, pour la douceur, à
celui de la côte africaine située de l’autre côté de la Méditerranée.
Le climat d’un pays n’est pas tout entier dans la température qui
y règne ; il comprend en outre la quantité d’eau pluviale qui y tombe
dans une année moyenne, ainsi que la réparüiion de la pluie suivant
les saisons. Ce point est à considérer presque autant que la tempé-
rature et la lumière solaire, car si les plantes ont besoin de ces deux
éléments, elles ne peuvent pas davantage se passer d’eau. Sous ce
rapport aussi, elles présentent entre elles les plus grandes différen-
ces. Il en est qui ne peuvent vivre que submergées ou le pied dans
l’eau, il en est d’autres qui ne prospèrent que dans les terres arides ;
pour l'immense majorité, c’est l’état intermédiaire entre ces deux
extrêmes; mais sur cette échelle il y a encore de nombreux degrés,
dont le cultivateur doit tenir compte. Citons comme exemple le thé
et la vigne, deux plantes agricoles de première valeur et source de
richesse pour les peuples qui les cultivent; mais, tandis que le thé
ne donne ses produits que là ou Pété est à la fois chaud et très
pluvieux, la vigne ne donne les siens que dans les pays à la fois
chauds et secs en été. Ces deux cultures sont en quelque sorte les
antipodes l’une de l’autre. Sur tout le globe les différences pluviomé-
triques influencent profondément le caractère de la végétation. Les
pays pluvieux se couvrent d’une épaisse verdure et nourrissent de
vastes forêts ; les pays arides n’ont qu'une végétation pauvre et
clairsemée, ou même en sont totalement dépourvus, si cette aridité
est poussée à l'extrême.
2° Il faut tenir compte de la nature minéralogique du sol. Beau-
coup de plantes y sont Imdifférentes ou presque indifférentes, mais
il en est aussi pour lesquelles elle est une question de vie ou de
mort. Quelques-unes dépérissent invariablement dans les terrains
où la matière calcaire domine, d’autres succombent si elle y est en
trop faible proportion ; d’autres plantes encore ne vivent que dans
les sols siliceux. Pour le plus grand nombre, la terre la plus conve-
nable est celle qui résulte du mélange, en proportions à peu près
égales, de chaux, de silice et d’ alumine comme éléments principaux,
de phosphates et de potasse comme éléments accessoires. Ce qui
ajoute considérablement à la puissance de la terre, et cela pour la
presque universalité des plantes, c’est l’humus, ou terreau naturel,
qui résulte de la décomposition de matières organiques, c’est-à- “dire
de débris de plantes et d'animaux. Cet humus, riche en azote, fournit
aux plantes un des éléments les plus essentiels à la formation de
leurs organes, en même temps qu 1l rend le sol plus meuble et plus
perméable à l’air et à l’eau des pluies. Nombre de plantes ne peu-
vent vivre que dans ce terreau, soit seul, soit mélangé à la terre
ordinaire. Tout le monde sait l’ emploi que font les jardiniers de la
terre de bruyère, qui est un humus mêlé à une plus ou moins forte
proportion de sable silicieux. Ce compost si utile est souvent fabriqué
arüficiellement à l’aide de feuilles d'arbres décomposées.
Outre les plantes qui croissent directement dans le sol, il en est
qui vivent appliquées sur le tronc des arbres ou suspendues à leurs
re»
10 ACCLIMATATION DES PLANTES
branches, sans communiquer avec la terre. Celles-là s’alimentent
exclusivement des matériaux gazeux contenus dans l’air et des
substances dissoutes dans l’eau des pluies et de la rosée. Ce sont
les plantes dites épiphytes, presque toutes intratropicales, et au-
jourd’hui si largement représentées dans les serres des amateurs
fleuristes par les Orchidées et les Broméliacées. D’autres plantes ne
vivent que submergées ou flottantes à la surface de l’eau, tantôt
libres, tantôt fixées au fond vaseux par leurs racines ; un nombre
plus considérable encore habite les sols marécageux, les terres
souvent inondées, les bords des lacs et des rivières; quelques-unes
mêmes ne trouvent leurs conditions d'existence que dans l’eau de
la mer, les lagunes, les terrains salés des rivages de l'Océan. Toutes
ces particularités doivent être connues de l’acclimateur, puisqu'il
n’a chance de réussir qu’en reproduisant, avec plus ou moins de
bonheur, les conditions naturelles auxquelles chaque espèce de
plante est assujettie.
3° Savoir choisir les climats, les sites convenables et les terrains
n’est pas le tout de l’art de l’acclimateur. Il faut qu’il y ajoute une
suffisante connaissance des procédés de la culture, qu’il sache se-
mer, bouturer, marcotter et grefter, élever le jeune plant, le pro-
téger contre les vicissitudes atmosphériques ou les attaques des
insectes, le transplanter dans la saison convenable, l’arroser quand
la nécessité s’en fait sentir, etc., toutes opérations qui demandent
une certaine instruction théorique et tout autant d'expérience pra-
tique.
Nous n'avons pas à entrer dans ces détails, qui sont exposés au
long dans tous les traités d’agriculture et de jardinage, et dont les
règles n’excluent pas l’initiative individuelle; mais nous croyons
utile de rappeler au lecteur certaines particularités, souvent oubliées
dans les livres dont nous parlons, et qui sont relatives à la produc-
tion des graines et, par suite, à la propagation des plantes. Presque
tous les végétaux connus sont sexués, c’est-à-dire pourvus d'organes
mâles et d'organes femelles, dont le concours est nécessaire pour la
production des graines. Tantôt les organes des deux sortes, les éta-
mines et l'ovaire, sont réunis dans la même fleur, qui alors est
hermaphrodite ; tantôt ils sont portés par des fleurs différentes, les
unes mâles, les autres femelles, suivant qu’elles contiennent les
étamines ou l’ovaire, et ces fleurs peuvent être situées soit sur le
même individu, soit sur deux individus distincts et plus ou moins
éloignés l’un de l’autre. Elles sont dites monoïques dans le premier
cas ; dioiques, dans le second. On comprend sans peine que lorsque
les fleurs sont hermaphrodites, ou bisexuées, la fécondation de
l'ovaire par le pollen des élamines est beaucoup plus assurée que
lorsque les sexes sont sur des plantes différentes, et par consé-
quent plus éloignés l’un de l’autre. Dans ce dernier cas, surtout si
les fleurs sont dioïques, la fécondation ne peut s’opérer qu'avec le
concours d'agents extérieurs : le vent, qui soulève le pollen et le
dissémine au hasard, souvent sans résultat; les insectes, qui, attirés
par les exsudations sucrées des fleurs, le transportent inconsciem-
ment d'une fleur sur une autre; et enfin l’homme, qui, intentionnel-
AGCLIMATATION DES PLANTES 41
lement, le dépose sur les stigmates des fleurs femelles. C’est la
fécondation arüficielle, à laquelle on est souvent obligé de recourir
pour assurer la fructification et la production des graines. On sait
que, de temps immémorial, les Arabes fécondent les dattiers fe-
melles en répandant sur leurs fleurs le pollen des dattiers mâles, et
que, sans cette précaution, leurs arbres resteraient stériles. Cet
exemple suffit pour faire voir combien est importante l'intervention
de l’homme dans cette phase de la vie des plantes, qui est le point
de départ de générations nouvelles.
Il n’est pas toujours facile, ni même possible, d'opérer la fécon-
dation arüficielle, surtout lorsqu'il s’agit de grands arbres à fleurs
dioïques; mais alors, comme par une prévoyance toute provi-
dentielle, le pollen se produit sur les arbres mâles avec une telle
abondance, et il est si fin, si pulvérulent et si léger, que le moindre
souffle d'air en soulève des nuages et le transporte souvent à de
grandes distances. Si, sur son parcours, il rencontre des arbres
femelles de même espèce et en fleur à ce même moment, il y a de
grandes chances pour que ces fleurs reçoivent quelques grains de
pollen et soient fécondées. Néanmoins, la fécondation est ici livrée
au hasard ; elle est beaucoup plus assurée si les arbres des deux
sexes sont rapprochés l’un de l’autre, et davantage encore s'ils
croissent en nombre sur le même coin de terrain. Peu d'amateurs
d'arbres et autres plantes, en créant leurs collections, ont songé
à la nécessité de posséder à la fois les deux sexes des espèces
dioïques et à les tenir rapprochés l’un de l’autre. Il en résulte que
beaucoup d'arbres exotiques introduits dans les jardins et dans les
parcs, et qu'il y aurait grand intérêt à multiplier et à propager, res-
tent stériles par défaut de fécondation.
On donne le nom de croisement à la fécondation artificielle,
lorsqu'elle est appliquée à des plantes d'espèces différentes, mais
appartenant au même genre naturel. Si ces espèces ont entre elles
une certaine affinité, si, en d’autres termes, elles sont assez voisines
par leurs caractères botaniques, la fécondation adultérine réussit
assez souvent et donne naissance à ce qu’on appelle des Aybrides,
sorte de mulets végétaux, qui sont souvent stériles, mais qui quel-
quefois produisent des graines et peuvent laisser une postérité dont
la durée est plus ou moins longue. On a beaucoup exagéré, dans ces
dernières années, l’utilité des croisements entre espèces distinctes ;
mais les croisements entre races et variétés d’une même espèce ont
donné des résultats importants en floriculture. Par eux, beaucoup
de plantes d'ornement ont produit des variétés supérieures, et il est
à noter que les formes métisses ainsi obtenues se conservent quel-
quefois identiques à elles-mêmes dans une longue suite de généra-
tions. Faisons toutefois observer que les croisements n’ont pas
toujours de bons résultats ; nous en avons la preuve dans nos races
de légumes, qui le plus souvent dégénèrent quand elles sont croisées
les unes avec les autres. Le fait est surtout remarquable dans
Pespèce du melon, dont les nombreuses et excellentes variétés
s’abâtardissent presque invariablement par le mélange de leurs
pollens.
STARS à “
TER SA > A NA TE HEAR EU.
' Te Lu os. os ” Lu à
= er. me
12 ACCLIMATATION DES PLANTES de -
Une plante est dite rustique lorsqu'elle endure sans dommage
toutes les vicissitudes climatériques du pays où elle se trouve ; on
la dit tendre où frileuse lorsqu'elle n’y résiste pas ou n’y résiste
qu'incomplètement. Toutes les plantes sont rustiques dans les lieux
où elles croissent naturellement, et dans ceux où elles sont trans-
portées quand elles y trouvent un climat analogue à celui qu’elles …
ont quitté. Il arrive cependant que, dans des hivers exceptionnel- …
lement rigoureux, les plantes indigènes elles-mêmes sont atteintes
par le froid. Ce sont des cas rares sans doute, mais dont on peut
citer des exemples dans bien des pays. Nous en avons été témoins
en France dans l'hiver de 1879-1880, où la gelée a fait périrnon
seulement une multitude d'arbres et d’arbrisseaux exotiques cultivés
dans les parcs et les jardins, mais une grande quantité de chênes et
de hêtres dans les forêts. Ces altérations momentanées du climat
ne sont pas d’ailleurs exclusivement propres aux pays tempérés :
elles se produisent de même dans ceux qu’on appelle communément |
les pays chauds, par exemple en Egypte, où l’on a vu plus d’unefois
le Nil pris de glace; au centre du Sahara, en Australie, au voisinage
du tropique, en Floride, au Mexique, dans l'Amérique du Sud.
Plusieurs météorologistes affirment même que la gelée et la neige
ne sont pas tout à fait inconnues en Afrique, sous l'équateur. ‘4
Il est indispensable, pour quiconque se propose de cultiver des
plantes étrangères au pays qu'il habite, d’avoir des notions générales
de météorologie. C’est pour avoir méconnu celle nécessité, qu'on
a eu à signaler tant de mécomptes et de découragements dans les
tentatives d’acclimatation faites par les gouvernements et par les
particuliers. FLN
+
A
APERÇU GÉNÉRAL
DES GENRES DE PLANTES AUXQUELS SONT EMPRUNTÉES DES ESPÈCES
DÉJA UTILISÉES OU QUI PEUVENT L’ÊTRE
L
Pour mettre de l’ordre dans cette exposition, nous réparlirons
les plantes en groupes ou catégories déterminées par leur mode
d'emploi, nous réservant de les rapporter à leurs familles naturelles
dans un chapitre suivant.
DAC T 2
I. — Plantes alimentaires pour l’homme.
A. — Par leurs parties herbacces, tiges, feuilles ou fruits :
Agriophyllum, Allium, Amarantus, Anthriscus, Apium,
Aralia, Atriplex, Agaricus ;
Barbarea, Basella, Beta, Bongardia, Borrago, Brassica;
Chenopodium, Cicer, Cichorium, Corchorus, Crambe, Cy-
nara, Dolhichos ;
Faba, Gunnera, Hibiscus, Lactuca, Lepidium, Musa,
Œnanthe, Ervum ;
Pharnaceum, Phaseolus, Pisum, Pringlea, Pugionium,
Rheum, Rumex ;
Sanguisorba, Scandix, Spinacia, Solanum ;
Talinum,Taraxacum, Tetragonia, Theligonum, Tropæolum;
Valerianella, Zizania.
RTE RE nn de
PONT.
B. — Par leurs racines, tubercules, turions ou graines sou-
terraines :
Allium, Apios, Aponogeton, Arachis, Arracacha, Aspa-
ragUs ;
Bambusa, Beta, Boussingaultia, Brassica, Butomus ;
Carum, Chærophyllum, Cichorium, Cochlearia, Colocasia,
Conopodium, Cordyline, Cymopterus, Cyperus ;
Daucus, Dendrocalamus, Dioscorea, Diposis ;
‘ Eustrephus, Ferula, Flemingia, Flueggea ;
Geitonoplesium, Gigantochloa, Gladiolus ;
14 USAGES DES PLANTES
Heleocharis, Helianthus, Hypochæris;
Ipomæa, [ris, Manihot, Microseris, Nelumbium, Oxalis;
Pachyrrhizus, Pastinaca Pueraria, Raphanus, Rhapon-
licum, Ruscus;
Scilla, Scolymus, Scorzonera, Selinum, Solanum, Stilbo-
carpa ; 2
Thapsia, Tinguera, Tragopogon, Tropæolum, Ullua
Uvularia, Valeriana, Voandzeia.
C. — Par leurs fruits comestibles cuits ou crus, ou par leurs |
graines : = R
+ Plantes herbacées ou demi-ligneuses, annuelles ou
vaces, mais non arborescentes : 4 3
Acanthosicyos, Benincasa, Canavalia, Corynosicyos, Cu- |
cumis, Cucurbita, Debregeasia, Dolichos, Fragaria, ‘cu =
thiera, Gaylussacia, Glycine ;
Hibiscus, Lagenaria, Lapageria, Mesembrianthemum, M
ringa, Musa, Nelumbium, Nuphar, Opuntia, Peireskia, PH
salis? =
Ribes, Rubus, Salpichroma, Sechium, Solanum ;
Telfairia, Trapa, Vaccinium.
++ Arbres ou arbrisseaux ligneux, à fruits charnus
pulpeux, comestibles :
Aberia, Achras, Adenostemon, Alibertia, Amelie r
Anona, Aristotelia, Arlocarpus, Atalanta, Averrhoa, Amy
dalus ; ce
Bassia, Berberis, Borassus ;
Carissa, Casimiroa, Cerasus, Ceratonia, Citrus, Coccolol
Condalia, Corynocarpus, Cratægus, Cudrania, Cydonia ;
Diospyros, Eriobotrya, Euclea, Éugenia ;
Ficus, Fuchsia, Gourliea, Hovenia, Hymenæa, Junipert
Limonia ; ; F
Mangilera, Marlea, Marliera, Melicocca, Mespilus, Mor
Myrica, Myrtus ;
Nephelium, Niemeyera, Nyssa, Olea ;
Pappea, Parinarium, Passiflora, Persea, Peumus, Phœn
Prunus, Psidium, Punica, Pyrularia, Pyrus : :
Sambucus, Santalum, Shepherdia, Spondias ;
Tamarindus, Triphasia, Vahea, Vangueria, Vitis;
Ximenia, Zizyphus.
+++ Arbres à graines comestibles :
Amygdalus, Araucaria, Brabeium ;
Carya, Castanea, Castanopsis, Cervantesia ;
Gincko, Guevina, Juglans, Macadamia ;
Pinus, Pistacia, Quercus, Sterculia, Terminalia.
. he ele 1
USAGES DES PLANTES 15
II. — Céréales ou plantes alimentaires pour l’homme
par leurs graines féculentes.
A. — Graminées :
Avena, Eleusine, Hordeum, Oryza, Milium, Panicum, Se-
cale, Sorghum, Triticum, Zea, Zizania,
B. — Non Graminées :
Chenopodium, Fagopyrum.
III. — Plantes alimentaires pour les animaux.
Le nombre en est considérable. Une multitude d'herbes y sont
propres, et en outre beaucoup d’arbres et d’arbrisseaux. Ce sont gé-
néralement des Graminées et des Légumineuses, soit à l’état de four-
rage vert, soit à celui de foin, conservé ou non en silos. Toutes les
céréales proprement dites sont assez souvent employées comme four-
rages. Bornons-nous à citer les principales espèces de ce groupe.
A. — Graminées fourragères :
Agrostis, Aira, Alopecurus, Andropogon, Anthistiria, An-
thoxanthum, Aristida, Arundinella, Avena ;
Bouteloua, Bromus, Buchloa ;
Chloris, Cinna, Cynodon, Cynosurus;
Dactylis, Danthonia;
Ehrarta, Eleusine, Euchlæna, Erianthus, Eriochloa ;
Festuca, Hemarthria, Hierochloa, Holcus, Hordeum ;
Kæleria, Leersia, Lolium ;
Melica, Milium, Muehlenbergia, Neurachne;
Panicum, Pappophorum, Paspalum, Pennisetum, Phalaris,
Phleum, Poa, RottbϾlia ;
Sclerachne, Secale, Sesleria, Spartina, Stenotaphrum ;
Tricholæna, Tripsacum, Triticum ;
Uniola, Zizania.
B.— Fourragères non Graminées :
Achillea, Alchemilla, Anthyllis, Astragalus, Atriplex ;
Brassica, Cicer, Cichorium, Clonospermum, Crotalaria,
Cytisus ;
Daucus, Desmodium, Dolichos, Ervum, Heracleum, Hip-
pocrepis, Hedysarum ;
Jacksonia, Kochia ;
Lathyrus, Lespedeza, Lotus, Lupinus, Medicago, Meli-
lotus, Morus ;
Onobrychis, Ornithopus, Oxytropis ;
Pastinaca, Pentzia, Peucedanum, Pisum, Populus, Portu-
lacaria, Prangos;
Salix, Sanguisorba, Sesbania, Sinapis, Spergula, Sym-
phytum;
Trichodesma, Trifohum, Trigonella, Trophis, Vicia.
16 USAGES DES PLANTES
1V. — Plantes condimentaires.
Acorus, Allium, Apium, Archangelica, Artemisia, Aspe-
rula, Amygdalus ;
Calammtha, Calyptranthes, Capparis, Capsicum, Carum,
Cerasus, Chærophyllum, Cinnamomum, Citrus, Cochlearia,
Coriandrum, Crithmum, Cuminum ;
Fœniculum, Illicium ;
Laserpitium, Laurus, Lepidium, Lindera ;
Mentha, Meriandra, Monarda, Monodora, Myrrhis, Myris-
üca, Myrtus, Nyssa ;
Ocimum, Olea, Origanum, Peucedanum, Piper, Pimpi-
nella, Pycnanthemum ;
Satureia, Schinus, Sinapis, Sison, Smyrnium, Spilanthes;
Tropæolum, Thymus, Tuber;
Vanilla, Xanthoxylon, Zingiber.
V. — Plantes industrielles.
À. — Textiles ou fournissant les matériaux du papier :
Agave, Apocynum, Bœhmeria, Broussonnetia;
Cannabis, Carludovica, Caryota, Chlorogalum, Coperni-
Cia ;
Chamærops, Corchorus, Cordyline, Crotalaria, Cyperus;
Dracæna, Debregeasia, Fitz-Roya, Furcræa, Gossypium ;
Hardwickia, Helianthus, Hibiscus, Humulus ;
Lardizabala, Lavatera, Linum, Maoutia, Musa ;
Pachyrrhizus, Phormium, Phytelephas, Pipturus, Poa;
Sanseviera, Sesbalia, Spartina, Spartium ;
Thuya, Tillandsia, Touchardia, Urena, Urtica;
Villebrunia, Yucca.
Beaucoup d’autres plantes pourraient être ajoutées à cette liste,
entre autres tous les Palmiers.
B. — Plantes employées pour la teinture ou le blanchissage des
issus et le coloriage de divers produits de l'industrie :
Acacia, Acer, Albizzia, Aleurites, Alkanna, Alnus, An-
themis ; Baloghia ;
Cæsalpinia, Carthamus, Carya, Chlorogalus, Cladrastis,
Coccoloba, Crocus, Crozophora, Cytisus;
Dracæna, Excæcaria, Fagopyrum, Fraxinus;
Garcinia, Gunnera, Helianthus, Heterothalamus ;
Indigofera, Isatis, Juglans ;
Lawsonia, Lithospermum, Lyperia ;
Maclura, Mallotus, Onosma, Opuntia;
Peireskia, Pellophorum, Perilla, Peumus, Phyllocladus,
Phytolacca, Pinus, Polygonum ;
Quillaja, Quercus ;
Reseda, Rhamnus, Rhus, Roccella, Rubia;
\ USAGES DES PLANTES 17
- Sambucus, Saponaria, Sapindus, Solanum, Sophora, Spar-
à tum ;
k. Terminalia, Thymelæa, Vaccinium, Xanthorrhiza.
& C. — Plantes tannifères, dont les écorces, les feuilles ou les
ù fruits servent au tannage et à La préparation des peaux et des
À cuirs.
Un grand nombre d’arbres et d’arbrisseaux sont exploités à ce
- point de vue; les principaux appartiennent aux genres suivants :
Acacia, Alnus, Æsculus, Betula, Angophora, Aspidos-
£ perma;
| Banksia, Betula, Butea ;
Cæsalpinia, Cedrela, Coccoloba, Comptonia, Coriaria, Gy-
tisus; Diospyros, Duvaua ;
Eucalyptus, Eugenia, Gordonia, Gunnera, Loxopterygium;
Pinus, Populus, Prosopis, Pterocarpus ;
Quercus, Rhus, Salix, Terminalia.
Mis 2
D. — Plantes employées dans la vannerie, la chapellerie légère,
la fabrication des natles, éventails et autres objets analogues :
re : és PAIE né
Æschynomene, Arundo, Bambusa, Chamærops (et d’au-
tres Palmiers), Carludovica, Cyperus, Parrotia, Salix.
E. — Plantes à liège, ou pouvant remplacer le liège :
Agave, Copernicia, Nyssa, Quercus.
F.— Plante usitée dans le peignagé des draps :
Dipsacus fullonum.
À L À :
4 G. — Plantes servant à la nourriture de diverses espèces de
| vers à SOte *:
Aïlantus, Cajanus, Liquidambar, Maclura, Morus, Nerium,
Quercus, Ricinus, Shorea, Symplocos, Terminalia, Ulmus,
Zizyphus et beaucoup d’autres.
H. — Plantes saccharifères, dont la sève et les sucs sont explot-
tés pour l'extraction du sucre ou la fabrication de boissons
alcooliques :
Acer, Arenga, Beta, Borassus, Caryota, Copernicia, Gucu-
mis, Euchlæna, Helianthus, Phœnix, Saccharum, Sorghum,
Zea.
I. — Plantes féculifères par leurs tiges, leurs graines ou leurs
tubercules :
Alstræmeria, Avena, Canna, Caryota, Colacasia, Coper-
RU: nicia, Cycas;
Dioscorea, Fagopyrum, Hordeum, Levisia ;
Manihot, Maranta, Oreodoxa, Oryza, Phæœnx ;
Secale, Solanum, Tacca, Triticum, Zea.
18 USAGES DES PLANTES
J. — Plantes oléifères :
Aleurites, Amygdalus, Arachis, Argania, Brassica;
Camelina, Camellia, Cannabis, Carya, Combretum, Cucur-
bita, Cyperus;
Elæis, Excæcaria, Fagus, Ginko, Gossypium, Guizotia;
Helianthus, Juglans, Laurus, Linum, Olea ;
Papaver, Prunus, Pyrularia, Ricinus ;
Sesamum, Telfairia, Tetranthera.
K. — Plantes résinifères ou productrices de matières grasses :
Abies, Balsamodendron, Boswellia, Bursera, Butea ;
Cajanus, Callitris, Ceroxylon, Chloroxylon, Cistus, Croton;
Dammara, Dorema, Dichopsis, Dracæna ;
Ferula, Ficus, Frenela, Garcinia, Hymenea ;
Isonandra, Juniperus, Liquidambar ;
Melanorrhæa, Myrica, Pinus, Pistacia, Pterocarpus;
Rhus, Shorea, Süllingia, Styrax, Vahea.
L.— Plantes productrices de gommes diverses, de gommes-
résines el autres Concrétions :
Acacia, Albizzia, Astragalus, Bambusa ;
Brachychiton, Caragana, Dichopsis, Diospyros; Ilex;
Olea, Piptadenia, Prosopis, Viscum, Xylia.
M. — Plantes mellifères, c’est-à-dire propres à la nourriture
des abeilles, par leurs fleurs ou leurs exsudations sucrées.
Le nombre en est énorme; presque toutes les plantes des jardins
et des champs fournissent aux abeilles les matériaux de leur miel
et de leur cire, mais elles n’ont pas toutes les mêmes qualités. Quel-
ques espèces même sont dangereuses, parce qu'elles communiquent
au miel des propriétés délétères, qui ont plus d’une fois causé des
empoisonnements. Nous ne pouvons citer ici que les plus ordinaires
sous nos climats tempérés, celles surtout qui donnent le meilleur
miel ou en plus grande abondance :
Acacia, Agave, Astrantia, Brassica ;
Citrus, Cucurbita, Eucalyptus, Eucryphia ;
Fraxinus, Helianthus, Lavandula, Lalium ;
Medicago, Melianthus, Melissa, Mentha ;
Origanum, Rosa, Rosmarinus ;
Salvia, Thymus, Tilia, Trifolium, Tropæolum ;
Viola.
Parmi les plantes dangereuses, au point de vue de la production
du miel, et qui doivent être écartées des ruches, il faut compter
toutes les espèces narcotiques de la famille des Solanées, des Re-
nonculacées et des Papavéracées, mais surtout celles des genres
Rhododendron, Azalea et Kalmia.
N.— Plantes odoriférantes, balsamiques et aromatiques, em-
ployées dans l'art de la parfumerie, en médecine ou dans
Fr CT Er À HE É
.
+
47
vT
PTT
7
USAGES DES PLANTES 19
diverses industries pour leur bois odoriférant. Les principales
sont :
Acacia, Adesmia, Aloexylon, Andropogon, Anthoxanthum,
Aquilaria ;
Balsamodendron, Boronia ;
Calamintha, Cedronella, Cerasus, Citrus, Convolvulus ;
Dracocephalum, Dianthus ;
Eucalyptus, Gelsemium, Jasminum, Lavandula, Liatris,
Lippia, Liquidambar ;
Melia, Melissa, Mentha, Monarda, Murraya, Myrtus, Nyc-
tanthes ;
Ocimum, Origanum, Osmanthus ;
Pelargonium, Pittosporum, Pogostemon, Polianthes, Pyc-
nanthemum ;
Reseda, Rosa, Rosmarinus ;
Santalum, Satureia, Styrax, Sinoon ;
Teucrium, Thymus, Tilia, Triphasia ;
Vanilla, Viola, Wistaria.
O. — Plantes employées à faire diverses boissons :
Andropogon, Camellia, Hordeum, Humulus, Hydrangea,
Ilex, Paronychia, Sideritis, Thea, Zea.
P. — Plantes insecticides et insectifuges :
Cannabis, Cimicifuca, Camphora, Laurus, Pyrethrum,
Schkuria, Solanum, Tagetes.
VI. — Plantes médicinales.
Le nombre des plantes employées en médecine est si grand que
nous ne pouvons indiquer ici que les plus classiques. On trouvera
le complément de cette liste dans le corps de l’ouvrage, et surtout
dans les traités spéciaux de matière médicale, auxquels nous ren-
voyons ceux de nos lecteurs qui s’intéresseraient particulièrement
à ce sujet. Nous rappellerons que plusieurs de ces plantes sont vé-
néneuses.
On peut les répartir dans les quatre groupes suivants :
À.-—- Plantes utilisées par leurs parties herbacées ou par leurs
Îleurs :
Achillæa, Aletris, Aloe, Althæa, Anthemis, Arctosta-
phylos, Aristolochia, Arnica, Artemisia, Atropa, Barosma ;
Cannabis, Cassia, Catha, Chelidonium, Chironia, Chrysan-
themum, Cicuta, Cinchona, Cochlearia, Conium, Crocus ;
Datura, Digitalis, Duboisia, Erythroxylon, Eupatorium ;
Hagenia, Hedeoma, Hyoscyamus, Ilex, Justicia ;
Lactuca, Lavatera, Leyssera ;
Malva, Marrubium, Matricaria, Melianthus, Mentha, Me-
nyanthes, Nepeta, Nicotiana, Osmitopsis ;
20 USAGES DES PLANTES
Papaver, Parthenium, Pilocarpus, Polygala, Prunus ;
Rafnia, Ricinus, Rosmarinus, Rula ;
Salvia, Sambueus, Santolina, Schkuria, Sebæa, Selinum,
Solanum, Sophora, Spigelia, Spilanthes, Swertia ;
Tanacetum, Tarchonanthus, Teucrium, Thuya, Thymus,
Tilia, Viola.
B. — Plantes utilisées par leur écorce :
Alstonia, Aspidosperma, Ginchona, Juglans, Pilocarpus,
Salix.
C. — Plantes utilisées par leurs racines ou leurs tubercules :
Acorus, Actæa, Althæ&a, Anacyclus, Archangelica, Aris-
tolochia, Arnica ;
Carex, Cephælis, Cimicifuga, Colchicum, Convolvulus ;
Euryangium, Gentiana, Glycirrhiza, Helleborus, Hydrastis;
Inula, Ipomæa, Krameria, Nardostachys ;
Periandra, Peucedanum, Pimpinella, Podophyllum, Poly-
gala, Punica, Rafnia, Rheum ;
Sabbatia, Sanguinaria, Saponaria, Sassafras, Saussurea,
Schænocaulon, Scorzonera, Smilax, Smyrnium, Symphytum;
Taraxaeum, Urginea, Valeriana, Veratrum, Xanthorrhiza.
D. — Plantes utilisées par leurs fruits ou leurs graines :
Cassia, Cucumis, Cuminum, Echalium ;
Fœniculum, Illicium, Mallotus, Punica;
Rhamnus, Rheum, Ricinus, Schœnocaulon, Smyrnium,
Tamarindus, Trigonella.
E. — Plantes employées comme masticatoires ou à fumer, sia-
lagogues, excitantes ou stupéfiantes :
Datura, Erythroxylon, Nicotiana, Papaver, Piper.
VII. — Arbres et arbrisseaux dont le bois est utilisé dans la
charpente, les constructions navales, la menuiserie, l'ébénis-
terie, la tabletterie, le tournage, etc.
La culture et la propagation des arbres et arbrisseaux est une
des branches les plus importantes de l'art de l’acclimateur ; c'en est
aussi une des plus attrayantes, si nous considérons la multitude
des services qu’ils nous rendent pour notre alimentation, la nour-
riture des animaux domestiques, l'entretien de nos industries, l’or-
nement et l'assainissement de nos villes et de nos campagnes ; mais
ils nous sont plus nécessaires encore comme producteurs de bois et
modificateurs des climats. Pendant des siècles, les grandes forêts
ont été la sauvegarde des peuples contre les envahissements de
l'étranger, et aujourd’hui encore elles leur servent de défense. Ce
sont elles aussi qui nous fournissent les bois de construction et de
chauffage, la matière de nos meubles et de mille instruments dont
USAGES DES PLANTES 24
les nations civilisées ne peuvent plus se passer. À un autre point
de vue, les forêts ne sont pas moins nécessaires: elles entretiennent
la fertilité des terres cultivées en les mettant à l’abri des inondations
et des sécheresses, elles tempèrent les excès climatériques, rendent
les pluies plus fréquentes sur les montagnes, dont elles protègent
les pentes contre le ravinement; elles s emmagasinent l’eau, et elles
en régularisent le cours au profit des irrigations, de la ba tellerie et
des usines, auxquelles elles fournissent une force motrice gratuite
et mépuisable. Tous ces avantages disparaissent par la destruction
des forêts, dont la conséquence inévitable est l’appauvrissement
raduel de vastes étendues de pays et leur changement en déserts.
Tel est le triste spectacle que nous offrent aujourd’ hui l'Orient, le
nord de l'Afrique et plusieurs contrées de l’Europe méridionale, la
Grèce, lItalie, le midi méditerranéen de la France et l'Espagne.
Bien d’autres pays sont menacés de pareils désastres par des dé-
boisements excessifs, qui témoignent ég galement de l imprév oyance
et de l’égoïsme des générations actuelles. Il n’ ya qu'un moyen de
prévenir ‘le mal et de le réparer, c’est de reboiser les montagnes et
les terrains en pente, œuvre lente et difficile sans doute, mais qui
n’est pas au-dessus du pouvoir des gouvernements, et à laquelle les
particuliers doivent concourir dans la mesure de leurs forces.
La condition première des reboisements est de savoir choisir les
arbres qui conviennent à tel climat et à telle nature de sol. Sous ce
rapport, la nature a été prodigue, et on peut dire que nous n’avons
que l'embarras du choix. Pour les climats du Nord et des hauts
sommets, nous avons un répertoire presqueinépuisable dans les Coni-
fères, les Amentacées, les Bétulinées, les peupliers, les saules, etc.;
pour les climats tempérés ou chauds du Midi, ce sont les lauriers,
les grandes Myrtacées d'Australie, les Casuarinas, les Conifères de
Phémisphère austral. Nous y trouverons aussi des arbres propres
aux terres marécageuses et d’autres qui conviendront aux régions
désertiques et arides que dévore un soleil implacable. Les acquisi-
tions ne seront pas moins nombreuses pour les pays intra tropicaux,
où, à la culture d'arbres forestiers appropriés à ces climats, s’ajou-
tera celle d'arbres producteurs de fruits alimentaires, de gommes,
de résines, de matières tinctoriales, de substances médicamenteuses
et de diverses denrées commerciales. Le sujet est vaste, presque
inépuisable, et suffisant pour occuper plusieurs générations d’ac-
climateurs.
Pour faciliter au lecteur le choix des arbres, nous les répartirons
dans les groupes suivants :
À. — Arbres forestiers conifères à feuilles persistantes :
Abies, Araucaria, Callitris, Cephalotaxus, Cryptomeria,
Cupressus ;
Dacrydium, Dammara, Fitz-Roya, Frenela, Juniperus ;
Larix, Libocedrus, Nageia, Phyllocladus, Picea, Pinus,
Podocarpus ;
Saxe-Gothæa, Sciadopitys, Sequoia ;
Taxus, Thuya, Torreya.
22 USAGES DES PLANTES
B. — Corifères à feuilles caduques :
Ginko, Glyptostrobus, Taxodium.
C. — Arbres forestiers de diverses familles, non conifères :
t A feuilles persistantes :
Acacia, Adenostemon, Albizzia, Angophora, Argania ;
Castanopsis, Casuarina, Cedrela, Ceratonia, Cercocarpus,
Chloroxylon, Corynocarpus ;
Dalbergia, Diospyros, Embothrium, Eucalyptus, Eucriphia;
Fagus, Flindersia, Gmelina, Gourliæa, Grevillea ;
Harpullia, Hymenæa ; Jacaranda, Knightia, Laurus, Lau-
relia ;
Maba, Magnolia, Marlea, Maytenus, Metrosideros, Myrtus;
Persea, Peumus, Psychotria, Quercus, Rhus, Royena ;
Santalum, Shorea, Swietenia, Syncarpia ;
Tectona, Tetranthera, Tristania.
+t A feuilles caduques :
Acer, Æsculus, Aïlantus, Alnus, Betula, Butea ;
Carpinus, Carya, Castanea, Catalpa, Celtis, Corylus, Dios-
yros;
Engelhardtia, Excœcaria, Fagus, Fraxinus ;
Gleditschia, Gymnocladus, Holoptelea, Juglans ;
Liriodendron, Magnolia, Melia, Ostrya;
Pirceunia, Planera, Platanus, Populus, Pterocarpus, Ptero-
Car ya ;
Quercus, Robinia, Salix, Sophora ;
Tilia, Ulmus, Umbellularia, Xylia, Zelcova.
VIII. — Arbres et arbrisseaux d'ornement, ou entrant dans la
composition des haies vives, des clôtures et des abris contre
les vents.
Le nombre en est immense et nous ne pouvons qu’en effleurer la
liste, car presque tous les arbres peuvent servir à quelqu'un des
usages ci-dessus indiqués. Nous nous bornerons à citer les plus
classiques et les plus communément employés.
A.— Arbres de grande taille, à planter en avenues, aux abords
des villes, le long des routes, en groupes ou en individus isolés,
pour l'effet pittoresque dans le paysage et dans les parcs :
+ A feuilles persistantes :
Abies, Angophora, Araucaria ;
Ceratonia, Cinnamomum, Citrus, Cocos, Diplothemium ;
Eucalyptus, Ficus, Grevillea, Jubæa ;
Larix, Laurus, Livistona, Magnolia;
Phœnix, Pinus, Pircunia, Quercus, Thespesia, etc,
USAGES DES PLANTES 23
++ A feuilles caduques :
Acer, Æsculus, Alnus, Betula;
Carpinus, Castanea, Corylus, Fraxinus, Juglans;
Liriodendron, Magnolia, Ostrya, Ostryopsis;
Planera, Platanus, Populus, Quercus, Robinia;
Salix, Tilia, Ulmus, Zelcova,
B. — Arbres et arbrisseaux servant d'abris contre les vents ou
contre le soleil.
Tous les arbres à feuillage persistant, dense et coriace, peuvent
y être employés, suivant les climats, les lieux et la nature du sol.
Les grands parcs, la plupart des jardins qui ne sont pas entourés de
murs, les places publiques, les promenades et même les champs
livrés à la grande culture dans les pays sujets à des vents violents
et fréquents devraient être abrités par des lignes d'arbres serrés et
d'autant plus grands que l’espace qu’ils auraient à protéger serait
plus étendu. Ces sortes d’abris sont d’un fréquent usage dans le
midi de l’Europe, où les cultures sont exposées à souffrir non seu-
lement des secousses imprimées aux plantes par le vent, mais aussi
du froid et de l’excès de la lumière solaire. Des lignes d’arbres
peuvent aussi, dans bien des cas, arrêter les invasions des insectes
nuisibles. La hauteur de ces barrières varie suivant l’espace à dé-
fendre et suivant les orientations.
+ Arbres servant à constituer des abris de 8 à 15 mètres
de hauteur :
Abies, Cupressus, Laurus, Magnolia, Pinus, Quercus,
Taxus.
++ Abrisseaux pour abris de ? à 4 mètres :
Acacia, Biota, Eugenia, Ilex, Juniperus, Melaleuca, Myr-
tus, Phyllirea, Pistacia, Rhamnus, Viburnum.
C. — Arbrisseaux et lianes arbustives propres à couvrir des
murs, à être dirigés en berceaux et en tonnelles ou à faire
grimper sur des arbres :
Akebia, Ampelopsis, Aristolochia;
Bauhinia, Bignonia, Bougainvillea, Buddleya ;
Calamus, Cissus, Clematis, Dæmonorops ;
Hedera, Hexacentris, Holbolla, Lardizabala, Lonicera;
Passifiora, Rhynchospermum, Rosa ;
Tacsonia, Tecoma, Vitis, Wistaria, etc.
D. — Arbrisseaux épineux ou inermes, propres à composer des
haies vives et des clôtures. °
La composition des haies vives varie suivant les circonstances
de lieux et de climats. Il y a des haies qui n’ont d'autre but que
d'arrêter les incursions des maraudeurs et des bestiaux, et qui sont
principalement formées d’arbrisseaux épineux ; on y emploie même
des arbres qui s’élèveraient trop si on ne les rabattait pour les
ne : DR
de
24 USAGES DES PLANTES
maintenir à une hauteur convenable. Toutes les haies, celles en
Roeuer qui entourent des jardins d'agrément, doivent être régu-
arisées par le ciselage. On y entremêle souvent des plantes grim-
pantes, qui servent à la fois à les épaissir et à les embellir par leur
feuillage et leurs fleurs. Dans les pays chauds ou tempérés-chauds,
comme le midi de l'Europe, on emploie souvent, pour faire des clô-
tures, l'Agave d'Amérique et diverses espèces d’Opontias très épi
neux, qui, sans être des arbrisseaux dans le sens propre du mot,
n'en forment pas moins des défenses très efficaces autour des
champs et ont l'avantage de résister à toutes les sécheresses. Au-
tant qu’on le peut, il faut composer les haies d’arbrisseaux qui, ne
drageonnant pas du pied, n’envahissent pas le terrain destiné à
d’autres plantes. Les plus habituellement employés sont tirés des
genres suivants :
Aberia, Acacia, Alixia, Atriplex, Azima ;
Baccharis, Bambusa, Buxus;
Cæsalpinia, Capparis, Carissa, Ceanothus, Colletia, Cra-
tægus, Cupressus ;
Elæagnus, Flacourtia, Gleditschia, Guilandina, Hymenan-
thera, Juniperus, Justicia ;
Lawsonia, Ligustrum, Lycium, Maclura, Mimosa ;
Paliurus, Parkinsonia, Peireskia, Pisonia, Pistacia, Pittos-
porum, Plectronia, Prosopis, Prunus, Punica, Pyrus;
Rhamnus, Rhus, Rosa, Rubus, Ruscus;
Salix, Scutia, Streblus, Thuya, Zizyphus.
E. — Plantes pour les terrains imprégnés de sel, le voisinage
de la mer et des lagunes.
Ce sont des arbres, des arbrisseaux et des plantes herbacées, qui,
à divers degrés, s’accommodent d’une certaine dose de matières
salines dans des sols qu'on ne pourrait guère utiliser autrement.
Toutes ces plantes contribuent à assainir ces sortes de terrains, et
quelques-unes donnent un fourrage excellent, également propre à
converür en foin et à faire consommer en vert.
Agrostis, Alopecurus, Albizzia, Atriplex, Beta, Casuarina,
Cynodon, Chenopodium ;
Kochia, Leptospermum, Melaleuca, Mesembrianthemum,
Myoporum ;
Paspalum, Phormium, Poa, Rhagodia, Salicornia, Tama-
rix, ZOysia.
F. — Plantes pour fixer les sables au voisinage de la mer et sur
les bords des rivières.
Beaucoup de plantes y sont propres; ce sont des arbres, des ar-
brisseaux et de simples herbes vivaces, à rhizomes traçants. C’est
au cultivateur à choisir dans le nombre ce qui lui paraîtra le mieux
Po à la localité, au sol et au climat.
"Citons parmi les arbres et arbrisseaux les genres :
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USAGES DES PLANTES
Acacia, Aïlanthus, Cæsalpinia, Casuarina, Cytisus ;
Melaleuca. Myrica, Populus, Prunus, Robinia, Sabal, Sa-
hix, Tamarix, Thrinax, Ulex.
Parmi les plantes herbacées :
Arundo, Asparagus, Calamagrostis, Carex, Cynodon, Dac-
tylis, Elymus, Imperata, Medicago Mesembrianthemum,
Phragmites, Phormium, Psamma, Spartina, Stipa, Triticum,
Urginea.
G. — Plantes pittoresques, propres à donner au paysage un
aspect tropical.
Elles sont fort recherchées aujourd’hui, et depuis le milieu du
siècle il en a été introduit un grand nombre en Europe. Même dans
les pays du Nord, où elles ne peuvent être élevées que sous les abris
vitrés des serres, on les emploie, pendant quelques mois d’été, à
orner les jardins de pleine terre, les pelouses gazonnées, les ter-
rasses et les alentours des habitations. Dans les parties chaudes du
midi de l’Europe et autres de climats analogues, la plupart vivent
toute l’année à l’air libre et y prennent un beau développement. Ces
plantes, généralement de grande taille, sont empruntées à tous les
ordres de la végétation.
Ainsi on y trouve des Fougères arborescentes tirées des genres :
Alsophila, Balantium, Cibotium, Cyathea, Dicksonia, He-
mitelia, Todea.
De grandes Aroïdées :
Amorphophallus, Colocasia, Diffenbachia, Philodendron.
Les Graminées plus où moins arborescentes, désignées sous le
nom général de Bambous, dont les principaux genres sont :
Arundinaria, Bambusa, Dendrocalamus, Gigantochloa,
Guadua, Phyllostachys, Schizostachyum, etc.
Des Musacées, remarquables par l'ampleur de leur feuillage ou
la beauté de leurs inflorescences :
Heliconia, Musa, Ravenala, Strelitzia.
De grandes Liliacées arborescentes des genres :
Aloë, Cordyline, Dracæna, Yucca.
Les gigantesques Amaryllidées anomales des genres:
Agave, Beschorneria, Doryanthes, Furcræa.
Mais ce sont surtout les Palmiers qui contribuent à donner au
paysage ce qu’on est convenu d'appeler l’aspect tropical. Tous ceux
de grande ou de moyenne taille y contribuent; les uns, et c’est le
plus grand nombre, dans les pays chauds tout à fait exempts de
gelées : les autres, en nombre décroissant à mesure que les latitudes
s'élèvent. Sous nos climats tempérés-chauds du midi de l'Europe
26 USAGES DES PLANTES
et du nord de l'Afrique, les Palmiers capables de vivre à l'air libre
sont encore assez nombreux; on les tire principalement des genres :
Areca, Brahea, Ceroxylon, Chamærops, Cocos, Diplo-
themium, Jubæa, Kentia, Phœnix, Sabal, Seaforthia, Tra-
chycarpus.
Enfin, quelques arbres dicotylédonés peuvent encore, dans une
certaine mesure, modifier les aspects du paysage en lui imprimant
un cachet particulier d’exoticité; ce sont quelques Cycadées :
Cycas, Dion, Encephalartos, Zamia.
Et des Conifères, tels que les Araucaria, Dammara, Podocar-
pus, etc., de l’hémisphère austral. Plusieurs grandes Myrtacées
d'Australie, les Angophora, divers Eucalyptus, Melaleuca, Metro-
sideros, etc., peuvent également y contribuer. Le lecteur suppléera
aux détails que nous ne pouvons donner ici, en consultant le corps
de l’ouvrage.
H. — Plantes de parterre, arbrisseaux et arbustes fleurissants.
Cette branche de l’horticulture est tellement vaste, qu’elle com-
prend à elle seule plusieurs spécialités, dont chacune a fait écrire
des centaines de volumes. C’est ainsi que certains amateurs ne col-
lectionnent que des roses, d’autres des camellias, des rhododen-
drons, des plantes grasses, des plantes bulbeuses ; d’autres encore
se passionnent pour les œillets, les pensées, les Orchidées, les
plantes de plate-bande, etc. Il en est enfin qui ne s’attachent qu'aux
arbrisseaux et sous-arbrisseaux, et dont les collections, plus ou
moins variées, constituent ce que l’on appelle des arbusteries. On
réserve le nom d’arboretums aux collections d'arbres proprement
dits, établies le plus souvent pour l’étude. Le lecteur comprend que
sur un sujet si étendu et si complexe, c’est aux traités spéciaux de
ces diverses branches de l’horticulture qu’il doit recourir.
I. — Arbres et autres plantes servant à orner les cimetières.
De toute antiquité les lieux où reposent les dépouilles de l’homme
ont été l’objet du respect et souvent même d’une sorte de culte, qui
se manifeste extérieurement par la plantation d’arbres dans les ci-
metières et de quelques plantes d'ornement autour des tombes. Il
était naturel que les arbres toujours verts, les Conifèrès en particu-
lier, à la fois symboles d’immortalité et de deuil, fussent choisis de
pere à ceux dont la verdure change ou est interrompue par
‘alternance des saisons; on y plante cependant aussi d’autres ar-
bres dont les branches retombantes sont l’image de la tritesse. Sui-
vant les lieux et les habitudes, ces arbres sont empruntés aux
genres:
Abies, Cupressus, Dammara, Taxus, Taxodium, Thuya,
Podocarpus, Salix, Tamarix.
Les plantes destinées à orner les tombes doivent être vivaces et
à Zi
DUMONT USAGES DES PLANTES : on
Car ables de résister aux inclémences des saisons, tout en corres-
pondant au sentiment des familles affligées. Ce sont principalement
des :
_ Helichrysum (immortelles), Viola, Asphodelus, Lycopo- À
_ dium, Mesembrianthemum, Solanum, etc.
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DESCRIPTION SOMMAIRE
DES FAMILLES OU GROUPES NATURELS
auxquels sont empruntées la plupart des plantes indiquées dans ce volume
(Pour faciliter les recherches, nous les classons simplement par lettres alphabétiques)
Acérinées. — Famille d'arbres, caractérisée par des fleurs sou-
vent polygames, monoïques ou dioïques, en corymbes axillaires ou
en grappes; un calyce à 4 ou 5 divisions, quelquefois davantage,
des pétales libres en même nombre, et le plus souvent par 8 éta-
mines insérées autour d’un disque charnu. L’ovaire, au centre de
la fleur, est toujours libre, formé de deux carpelles accolés, sur-
montés d’un seul style qui se divise à son sommet en deux stigmates.
Le fruit est une samare indéhiscente, munie de deux ailes, qui se
divise à la maturité en deux moitiés, contenant chacune une ou deux
graines. Les feuilles de ces arbres sont toujours opposées, ce qui
aide à les distinguer de ceux de la famille voisine des Sapindacées.
Toutes les Acérinées appartiennent à l'hémisphère septentrional,
aux contrées tempérées de l’Asie, de l'Europe et de l'Amérique. En
Afrique, elles n’ont aucun représentant au sud du Sahara. Elles ne
comptent guère qu’une soixantaine d'espèces (les Acer ou érables),
dont plusieurs sont intéressantes pour la sylviculture et l’industrie.
Algues. — On réunit sous cette dénomination générale toute
une grande classe de végétaux cryptogames, la plupart aquatiques,
vivant immergés dans l’eau douce et dans l’eau salée des mers.
Leur étude constitue une branche importante de la botanique gé-
nérale, l’'algologie. qui a été longtemps négligée à cause de ses
difficultés, mais qui a fait de grands progrès dans le courant de ce
siècle, à mesure que les microscopes et la manière de s’en servir se
perfectionnaient. Ne pouvant entrer ici dans le détail de ces orga-
dé the na
F9
DESCRIPTION DES FAMILLES 29
nismes compliqués, nous nous bornerons à dire que la sexualité a
élé reconnue dans un grand nombre d’Algues et qu’elles se repro-
duisent tantôt par des spores formées à la suite de fécondation,
tantôt par division ou fragmentation des individus. Presque toutes
les Algues contiennent de la chlorophylle, verte dans un grand
nombre, autrement colorée dans d’autres ; de là des Algues vertes,
rouges, brunes ou brunâtres. Certaines Algues sont des végétaux
de la plus grande taille ; d’autres, au contraire, sont tellement me-
nues, qu’on ne peut les apercevoir qu’à l’aide de puissants micros-
copes.
Les figures que prennent les Algues varient pour ainsi dire à
Pinfini. Suivant les espèces, ce sont des membranes simples ou
diversement ramifiées, des sortes d’arbuscules divisés en rameaux,
des touffes fixées aux pierres ou aux rochers couverts d’eau, des
échevaux de filaments enchevêtrés, des agrégats de cellules d’une
forme et d’une grandeur déterminées, enfin de simples cellules iso-
lées, vivant de leur vie propre et souvent douées de la faculté de se
mouvoir, comme le feraient des animalcules. Ces Algues cellulaires,
réunies quelquefois en nombre imcalculable, colorent la terre et les
eaux. C’est à une Algue de cette nature, le Protococcus nivalis, que
la neige doit la couleur rose ou rouge qu'on a plus d’une fois obser-
vée dans la région polaire ou sur les hautes montagnes. Enfin, il
est de ces Algues microscopiques qui jouent le rôle de ferments,
comme les Champignons de l’ordre le plus inférieur, et qu’on accuse
d’être la cause de redoutables maladies. Les bacilles du choléra, de
la phtüisie, du typhus et de diverses autres maladies contagieuses
doivent, suivant plusieurs micrographes, être rangés parmi les
Algues. Faisons toutefois remarquer que, par leurs organismes les
plus inférieurs, les Algues et les Champignons semblent se con-
fondre.
Les Algues remplissent dans les mers un rôle analogue à celui
des plantes terrestres. Elles y sont le soutien de la vie animale, et
par là nous rendent indirectement des services inappréciables; mais
il en est aussi que nous utilisons directement et sans intermédiaires.
Plusieurs espèces marines sont comestibles, et quelques-unes ré-
coltées pour servir d'engrais.
Amarantacées. — Famille de plantes dicotylédones, herbacées
ou sous-frutescentes, à feuilles simples, opposées ou alternes, sans
stipules. Fleurs ordinairement en panicules, petites, herbacées,
sans corolle, et dont le calyce est composé de 3 à 5 paillettes quel-
quefois colorées. Etamines hypogynes, en même nombre que les
pièces du calyce auxquelles elles sont opposées, quelquefois plus
nombreuses. Ovaire unicagpellé et uniloculaire, ne contenant le
plus souvent qu'un seul ovule. Le fruit est un utricule membra-
neux, quelquefois une baie charnue. Graine périspermée.
_ Les Amarantacées comptent un plus grand nombre d’espèces
dans les pays chauds que dans les pays tempérés. Quelques-unes
sont potagères, d’autres fourragères, 1l en est même dont l’industrie
üre quelque profit. Plusieurs sont devenues des plantes d'ornement
30 DESCRIPTION DES FAMILLES
d’un certain intérêt. Les principaux genres sont : Amarantus, Gom-
phrena et Celosia.
Amaryllidées. — Grande famille de plantes monocotylédones,
voisine de celle des Lihacées, dont elle diffère principalement en ce
que l'ovaire, au lieu d’être libre comme dans cette dernière, y est
soudé avec la base du périgone des six pièces qui représentent le
calyce et la corolle. De même que chez les Liliacées, on trouve ici
des plantes bulbeuses et des plantes à tige cylindrique munie de
feuilles. Toutes les Amaryllidées sont vivaces, quelques-unes même
deviennent gigantesques, quoiqu’on ne puisse en aucune manière
les considérer comme de vrais arbres. Elles fournissent à nos jar-
dins un grand nombre d'espèces ornementales ; quelques-unes même
peuvent être classées parmi les plantes industrielles. Les principaux
genres sont les suivants : Galanthus, Leucoium, Amaryllis, Ha-
branthus, Hippeastrum, Vallota, Crinum, Pancratium, Narcissus,
Alstræmeria, Bomarea. On rattache en outre aux Amaryllidées,
mais à titres d’anomales, celles des genres Clivia, Doryanthes,
Agave, Liliæa et Fureræa.
Amygdalées. — Sous-famille ou grande tribu du groupe des
Rosacées. Elle ne contient que des arbres et des arbrisseaux. Ses
caractères essentiels sont : des feuilles toujours simples, stipulées,
souvent munies de glandes à leur base; des fleurs régulières, à
o pétales, blancs, roses ou pourpres; des étamines hypogynes,
communément au nombre de 20 ; un ovaire formé d’un seul car-
pelle, contenant ordinairement deux ovules suspendus, dont un
avorte assez souyent ; un fruit charnu contenant un noyau, qui ren-
ferme une ou deux graines volumineuses, totalement dépourvues
de périsperme. Presque toutes les Amygdalées sont des pays tem-
pérés ou tempérés-chauds situés au nord de l’équateur.
Ce groupe est important pour l’économie domestique, à laquelle
il fournit des fruits de premier ordre, parmi lesquels 1l suffit de citer
les prunes, les abricots les péches et les cerises. On le divise en
cinq ou six genres, qui pourraient, à la rigueur, être confondus en
un seul, le genre Prunus, tel que Linné le comprenait.
Amyridées. — Famille toute ou presque toute tropicale, com-
posée d'arbres et d’arbrisseaux, à feuilles alternes ou opposées,
trifoliolées ou pennées, et criblées de glandes oléifères, plus ou
moins balsamiques. Les fleurs sont quelquefois unisexuées par avor-
tement; leur calyce, assez régulier, est à 3 ou 5 divisions, et la
corolle à 3 ou 5 pétales. Les étamines sont en nombre double des
pièces de la corolle, et insérées sur un disque circulaire, au centre
duquel est l’ovaire, dont le nombre des lôges varie de { à 5. Le fruit
est une sorte de capsule sèche et dure, ayant de { à 5 loges. Les
graines sont dépourvues de périsperme.
Les Amyridées, qui se confondent avec les Burséracées, sont
voisines des Térébinthacées, et elles ont aussi quelque analogie
avec les Hespéridées où Aurantiacées, par la figure de leurs feuilles
Mn EE
DESCRIPTION DES FAMILLES 31
et par les glandes aromatiques dont elles sont parsemées. C’est une
famille riche en plantes odoriférantes, et dont quelques espèces
fournissent des parfums connus de toute antiquité, tels que l’encens,
le bdellium, plusieurs espèces de baumes, etc. Les Amyridées appar-
liennent toutes aux chimats chauds ou tempérés-chauds. Leurs genres
les plus connus et les plus intéressants sont les Balsamodendron,
Icica, Boswellia, Bursera, Balanites et Amyris.
Anonacées. — Famille d'arbres et d’arbrisseaux en majeure
partie tropicale; à feuilles simples, alternes et sans stipules; à
fleurs ordinairement solitaires, vertes ou brunes, remarquables par
le nombre ternaire des pièces de leur calyce et de leur corolle. Les
étamines, très nombreuses, sont insérées sur un torus volumineux,
qui porte à son sommet des carpelles isolés ou soudés entre eux, et
dont le nombre est variable. Le fruit, résultant du développement
des carpelles, est tantôt charnu, tantôt sec; les graines en sont re-
lativement grosses et remplies d’un abondant périsperme.
Cette petite famille fournit quelques arbres fruitiers intéressants,
aujourd’hui cultivés dans toutes les colonies intratropicales et quel-
quefois même en dehors des tropiques, tels que les Anones et les
Chérimoliers de l'Amérique du Sud. D’autres espèces produisent
des substances aromatiques, des médicaments et des condiments.
Les genres les plus intéressants sont les Xy/opia, Uvaria, Mono-
dora, Anona et Asimina.
Apocynées. — Famille de plantes dicotylédones, en majeure
partie tropicale, composée principalement d'arbres et d’arbrisseaux.
Les feuilles sont presque toujours opposées, simples, entières et
sans stipules. Ses fleurs sont monopétales et la corolle plus ou
moins profondément divisée en 5 lobes, avec des appendices sail-
lants dans la gorge. Les étamines, au nombre de 5, alternent avec
les lobes de la corolle et sont insérées dans le tube de cette dernière.
Leurs anthères sont allongées et adhérentes au stigmate, qui est
volumineux et en forme de disque. L’ovaire est formé de deux car-
pelles accolés et même soudés ensemble par leur sommet ou par
leurs styles, qui se confondent dans le stigmate commun. Le fruit
est le plus souvent un double follicule, dont les deux moitiés sont
tantôt cohérentes entre elles, tantôt séparées et divergentes; plus
rarement il est charnu, bacciforme ou drupacé. Les graines sont
pourvues d’un périsperme souvent corné.
Les Apocynées contiennent un grand nombre de plantes véné-
neuses; on pourrait même dire que toutes le sont par quelqu’une
de leurs parties. En revanche, il en est qui fournissent de précieux
médicaments, d’autres contiennent dans leur sève divers principes
utilisés par l’industrie, entre autres une espèce de caoutchouc. Beau-
coup d’Apocynées sont des plantes d'ornement d’un certain intérêt.
Genres principaux : Allamanda, Carpodinus, Melodinus, Carissa,
Ophioxylon, Cerbera, Tanghinia, Tabernæmontana, Vinca, Par-
sonsia, Nerium, Rhynchospermum, Apocynum, Echites, Mande-
villea, Alstonia.
32 DESCRIPTION DES FAMILLES
Aquilariacées. — Petite famille d'arbres dicotylédonés, appar-
tenant pour la plupart aux parties les plus chaudes de l'Asie méri-
dionale. Leurs feuilles sont alternes ou opposées, entières et sans
stipules. Les fleurs ont un calyce tubuleux à 4 ou 5 divisions, mais
sont dépourvues de corolle. Les étamines sont au nombre de 5 à 10,
et l'ovaire est à deux loges biovulées. Le fruit est une capsule à
deux valves, ou une baie indéhiscente, dont les graines sont dépour-
vues de périsperme. Cette famille est très voisine de celle des Thy-
mélées, dont elle diffère principalement par son ovaire à deux loges.
Elle se réduit à deux genres, les Gyrinopsis et les A quilaria.
Araliacées. — Famille de plantes dicotylédones, comprenant
des arbres, des arbrisseaux et des plantes herbacées, et qui a des
représentants dans toutes les parties du globe. Les fleurs, ordinai-
rement pettes et de peu d'apparence, sont habituellement rappro-
chées en ombelles ou en panicules. Elles sont régulières et herma-
phrodites ; leur calyce est le plus souvent à 5 lobes, qui alternent
avec un pareil nombre de pétales ; les étamines, au nombre de 5,
quelquefois de 10, sont insérées sur le contour du tube calycinal,
qui est soudé à l'ovaire. Ge dernier contient de 2 à 5 loges uniovu-
lées. Le fruit est tantôt une baie plus ou moins charnue, tantôt une
capsule dont les loges se désagrègent. Les graines sont pourvues
d’un périsperme. Cette famille est très voisine des Ombellifêres,
dont elle pourrait être considérée comme une simple section. Ses
principaux genres sont les Panax, Cussonia, Aralia, Hedera et
Gunnera.
Aristolochées. — Famille de plantes dicotylédones, mais qui
se rapproche des monocotylédones par plusieurs de ses caractères.
Elle comprend des plantes herbacées vivaces par leurs rhizomes et
un assez grand nombre de lianes ligneuses, appartenant pour la
plupart aux régions intratropicales, surtout en Amérique. L'Europe
possède plusieurs Aristolochées herbacées.
Chez toutes les espèces de la famille, les fleurs sont solitaires,
axillaires, hermaphrodites, remarquables par leur structure étrange.
Elles sont dépourvues de corolle, mais le calyce, ordinairement
très développé, y prend la forme d’un cornet plus ou moins grand,
diversement coloré et souvent d’une forme bizarre. Au fond de ce
cornet se trouve la fleur, composée de 6 à 12 étamines épigynes,
libres ou soudées au style et au stigmate, qui fait suite à un ovaire
infère, le plus souvent à 6 loges polyspermes. Le fruit est une cap-
sule ou une baie, dont les graines sont périspermées.
Les Aristolochées sont célèbres par leurs propriétés médicinales,
connues depuis les temps les plus anciens. Plusieurs sont devenues
des plantes d'ornement remarquables à divers titres. Les deux prin-
cipaux genres de la famille sont les Asarum et les Aristolochia.
Aroïdées. — Grande famille de plantes monocotylédones, géné-
ralement herbacées, mais vivaces par leurs rhizomes souterrains et
quelquelois par leurs tiges aériennes. Leurs feuilles, souvent très
Er
je 1
VI :
DESCRIPTION DES FAMILLES 33
grandes, affectent une forme triangulaire ou ovale, et quelquefois
elles se découpent en lobes plus ou moins prononcés. L'inflo-
rescence surtout est caractéristique : c’est un spadice très simple,
plus ou moins cylindrique, sur lequel les fleurs, mâles ou fe-
melles, sont sessiles et disposées de diverses manières. Ce spadice
est toujours accompagné d’une spathe, assez souvent en forme de
cornet et habituellement d’une autre couleur que les feuilles. Les
fleurs elle-mêmes sont petites, peu apparentes, réduites aux orga-
nes sexuels ou entourées d’écailles, qui y tiennent lieu de périgone.
Le fruit est toujours une sorte de baie, uniloculaire ou pluriloculaire,
contenant des graines pourvues d’un périsperme farineux.
La famille des Aroïdées fournit quelques espèces aux climats
tempérés, mais elles abondent surtout entre les tropiques, et y sont
d'autant plus nombreuses et plus développées que le climat y est
plus chaud et plus humide. Plusieurs espèces sont des plantes agri-
coles de grande valeur, beaucoup d’autres sont devenues des plantes
d'ornement dans nos jardins.
Les principaux genres sont les suivants : Arum, Dracunculus,
Calla, Amorphophallus, Caladium, C'olocasia, Xanthosoma, An-
thurium.
Artocarpées. — Famille d'arbres et d’arbrisseaux entièrement
tropicale, très voisine, par son organisation, de la petite famille des
Morées, à laquelle d’ailleurs plusieurs botanistes l’ont réunie, et
dont elle ne diffère pour ainsi dire que par l'absence de périsperme
dans les graines. Les fleurs y sont monoïques ou dioïques, très
petites, sans corolle et peu apparentes, mais réunies en très grand
nombre sur des inflorescences de diverses formes. Les feuilles y
sont alternes, simples, quelquefois lobées et munies de grandes
slipules caduques, qui rappellent celles des figuiers. Leur sève est
très abondante et laiteuse, et, suivant les espèces, elle jouit de pro-
priétés particulières, qui font qu'on l'utilise à des usages très divers.
Plusieurs espèces d’Artocarpées sont célèbres; elles appartiennent
principalement aux genres Brosimum, Antiaris, Cecropia et Ar-
locarpus.
Aurantiacées. — Famille d'arbres et d’arbrisseaux presque
toute confinée éntre les tropiques ou au voisinage des tropiques,
mais qui compte aussi quelques espèces indigènes de pays tempérés.
Aucune d’elles n’est propre à l'Amérique, quoiqu'on y trouve au-
jourd’hui l’oranger à l’état sauvage, principalement dans la Floride.
Les Aurantiacées, qui portent aussi le nom d’Æespéridées, sont
caractérisées par des feuilles tantôt simples, tantôt composées, pres-
que toujours farcies de glandes qui contiennent des huiles essen-
telles aromatiques. Les fleurs y sont toujours régulières, com-
munément à » pétales, blancs ou violacés, très odorantes; les
étamines sont en même nombre que les pétales, quelquefois en
nombre double ou triple ou même plus; l'ovaire, toujours libre,
contient de 5 à 10 loges, ou davantage dans les espèces cultivées,
et chaque loge renlerme uu nombre indéterminé d’ovules. Le fruit
3
34 DESCRIPTION DES FAMILLES
est une sorte de baie succulente, parfumée et comestible dans plu-
sieurs espèces, qui sont devenues, par la culture, des arbres frui-
iers de premier ordre, comme les orangers, les limoniers, les
cédratiers et quelques autres. La famille entière est composée d'une
vingtaine de genres, dont les plus intéressants sont les Citrus,
Atalantia, Triphasia, Limonia, Glycosmis, Murraya, Cookia,
Ægle et Ferona.
Balsamifluées. — Fanulle d'arbres lous réunis en un seul
genre (Liquidambar), et qui à des analogies avec celles des pla-
tanes et des saules. Les fleurs y sont en chatons mâles ou femelles,
par conséquent peu apparentes individuellement. Les mâles se
composent simplement détamines en nombre variable, situées à
Vaisselle de petites bractées ou écailles ; les femelles, rapprochées
en chatons globuleux, comme ceux des platanes, se réduisent à un
ovaire surmonté de deux styles, biloculaire ‘et pluriovulé, auquel
succède une sorte de capsule, qui s'ouvre à la maturité en deux
valves divergentes, pour laisser sortir les graines. Les Liquidam-
bars, ou Copalmes, ont une certaine ressemblance avec les platanes,
par leur feuillage large et lobé et aussi par leur port. Tous laissent
suinter de leur tronc une sorte de résine balsamique, solide ou
liquide suivant la température, et qui est connue sous le nom de
storaæ. Elle est utilisée en médecine et dans la parfumerie.
Berbéridées. — Pelile lanmille de plantes dicotylédones poly-
pétales, composée en majeure parie larbustes et de sous-arbustes,
à feuilles caduques ou persistantes, appartenant principalement aux
climats tempérés de l’ancien et du nouveau monde. Dans la struc-
ture des fleurs on voit dominer le nombre trois où ses muluüples;
c’est ainsi que le calyce y est formé de 3, 6 ou 9 pièces, la corolle
de 6 à 12 pétales, auxquels sont opposées un pareil nombre d’éta-
mines. Les anthères de celles-ci s'ouvrent tantôt par des fentes
longitudinales, tantôt par le soulèvement d’une valvule, qui s’en-
roule sur elle-même en s’élevant vers le sommet de l organe. [/0-
vaire, libre au centre de la fleur, est toujours uniloculaire, souvent
oblique ou plus développé d’un côté que de l’autre; il se change
ordinairement en un fruit bacciforme, contenant une ou plusieurs
graines albuminées; rarement il est capsulaire. Les principaux
genres de la famille sont les Berberis, Nandina, Epimedium, Po-
dophytlum et Leontice. Les espèces du genre Mahonia ont été
réunies aux Zerberis par la plupart des botanistes.
Bétulacées. — Famille d'arbres et d’arbrisseaux à feuilles
simples etallernes, munies de stipulescaduques, à fleurs unisexuées,
le plus souvent monoïques, sans apparence, c’est-à-dire composées,
dans les mâles, de 3 à 4 étamines situées à l’aisselle de petites
écailles, dont l’ensemble forme ce qu'on appelle un chaton, et, dans
les femelles, d’une ovaire sessile, à deux styles, situé entre les
écailles où bractéoles d’un chaton, plus court el plus gros que les
chatons males, et qui prend ici le nom de cône, à cause de sa res-
E
?
3
«a
DESCRIPTION DES FAMILLES 39
semblance avec les cônes des pins et des sapins. Le fruit est une
capsule indéhiscente et le plus souvent monosperme. Cette petite
famille ne renferme que les deux genres A{nus et Belula, qui se
distinguent l’un de l’autre en ce que les écailles du chaton femelle
sont persistantes dans le permier, tandis qu’elles sont caduques à
la maturité dans le second.
Bignoniacées. — Famille d'arbres et d’arbrisseaux dicotylé-
donés monopétales, à feuilles opposées, simples ou composées,
sans stipules. Les fleurs, presque toujours réunies en panicules, ont
une corolle irrégulière, tubuleuse, dont le limbe est quelquefois
bilabié. Les étamines, au nombre de 5, mais souvent réduites à 4
par l'avortement plus où moins complet de l’une d’elles, sont insé-
rées à la base de la corolle. L’ovaire est libre au fond de la fleur,
biloculaire et multiovulé, surmonté d’un style dont le stigmate est
ordinairement bilobé. Le fruit est une capsule bivalve, souvent al-
longée en forme de silique, contenant un grand nombre de graines
aplaties, et ordinairement entourées d’une ; aile membraneuse. Cette
famille a une certaine analogie avec celles des Acanthacées et des
Scrophularinées; elle est en majeure partie intratropicale, et nos
jardins d'agrément lui doivent beaucoup de belles plantes, apparte-
nant principalement aux genres Æccremocarpus, Bignonia, Teco-
ma, Jacaranda et Catalpa.
Bixacées ou Flacourtiacées. — Famille sep la plupart
intratropicales, à fleurs souvent unisexuées et dioïques. Corolle
quelquelois nulle, plus souvent composée de # à 6 pétales. Etamines
en nombre tantôt défini, tantôt mdéfini, hypogynes ou périgynes,
à anthères introrses et biloculaires. Ovaire sessile où adhérent par
sa base au tube calyeinal, uniloculaire, mais souvent divisé en loges
incomplètes par la saillie de ? à 6 placentas pariélaux chargés do-
vules. Le fruit est tantôt une capsule, tantôt une baie charnue, quel-
quelois comestible. Les Bixacées sont des arbres de moyenne taille
ou des arbrisseaux à feuilles alternes, simples, dentées ou entières.
Leurs fleurs sont généralement petites, insignifiantes, souvent de
couleur verdâtre ou herbacée. Les genres principaux sont : Oncoba,
Dovyalis, Aberia, Kiggellaria, “Bi æa, Flacourtia. Gette famille
a des analogies avec les Violariées, les Résédacées et surtout les
Passiflorées, qui ont aussi leur ovaire uniloculaire et à placentas
pariétaux.
Boraginées ou Asperifoliées. — Famille de plantes dicoty-
lédones monopétales, à feuilles alternes, plus où moins velues et
rudes au toucher, toujours simples et sans stipules, et dont les
inflorescences sont généralement des grappes scorpioïdes, c’est-à-
dire plus ou moins roulées en crosse, les fleurs se trouvant aux
aisselles de bractées, qui peuvent être réduites au point de manquer
totalement. La corolle est tantôt régulière et tantôt irrégulière et
plus où moins HDUIEUÉE portant 5 élamines insérées au- -dessus de
sa base. L’ovaire est à ? 2 loges contenant chacune ? ovules, qui se
36 DESCRIPTION DÉS FAMILLES
soudent de bonne heure à la paroi de l'ovaire et la poussent devant
eux en s’accroissant; ilen résulle un fruit gynobasique, semblable
à celui des Labiées, et qui, au moment de la maturité, ressemble à
quatre graines nues, indépendantes l’une de l’autre.
Les Boraginées, plus fréquentes dans les pays tempérés et tem-
pérés-chauds que dans la zone intratropicale, sont généralement des
herbes, plus rarement des arbrisseaux. Plusieurs de leurs espèces
sont utilisées dans l’industrie et la médecine; quelques-unes con-
tiennent une forte proportion de salpètre ou nitrate de potasse. Les
principaux genres sont les Æeliotropium, Onosma, Echium, Li-
thospermum, Anchusa, Myosotis, Cynoglossum, Symphytum et
Borago.
Broméliacées. — I'amille de plantes monocotylédones, quel-
quefois arborescentes, plus souvent herbacées et acaules, à racines
fibreuses, croissant souvent en épiphytes, c’est-à-dire en fausses-
parasites, sur le tronc des vieux arbres, à la manière des Orchidées.
Leurs feuilles, ordinairement épineuses sur leurs bords, sont dis-
posées en larges rosettes ou en touffes, du milieu desquelles sortent
les inflorescences. Les fleurs sont hermaphrodites, plus ou moins
régulières, composées d’un périgone de 6 pièces, de 6 étamines à
anthères biloculaires, d’un ovaire tantôt libre, tantôt soudé à la base
du périgone et triloculaire. Le fruit est quelquefois charnu et bacei-
forme, plus souvent sec et capsulaire.
Toutes les Broméliacées sont américaines et la plupart confinées
entre les tropiques. Elles abondent surlout dans les forêts vierges,
humides et chaudes, où elles trouvent un abri contre les rayons
directs du soleil. Beaucoup d’entre elles ont été introduites en Eu-
rope en qualité de plantes d'agrément, et elles se cultivent dans les
serres chaudes, quelquefois à l'air libre dans les jardins du midi de
l’Europe. Un petit nombre d'espèces sont devenues des plantes éco-
nomiques, que la culture a propagées dans tous les pays chauds. La
plus célèbre et la plus utile est P Ananas.
Les principaux genres de cette famille sont: Bromelia, Æchmea,
Billbergia, Pitcairnia, Tillandsia, Caraguata, Bonapartea, Pour-
retia et Dasylirion.
Buxacées. — Groupe d'arbres et d’arbrisseaux longtemps réu-
nis à la famille des Euphorbiacées, mais que les botanistes mo-
dernes en séparent comme famille distincte. Leurs fleurs sont uni-
sexuées, monoïques ou dioïques, dépourvues de corolle et peu
apparentes. Les espèces en sont peu nombreuses et elles appartien-
nent à l’ancien et au nouveau monde. Les genres principaux sont :
Buzxus, Sarcococca et Styloceras.
L
Byttnériacées. — Famille presque toute tropicale, composée
d'arbres et d’arbrisseaux à feuilles alternes, simples, munies de
stipules caduques et portant souvent des poils bifurqués ou formant
le pinceau. Calyce à 4 ou 5 lobes; corolle de 5 pétales, quelquefois
nulle ; étamines quelquelois en nombre indéfini, plus souvent en
.
:
:
po
int La’
#" f
DESCRIPTION DES FAMILLES 37
même nombre ou en nombre double de celui des pièces du calyce,
toujours HYpOBYE es, libres et à anthères biloculaires. L’ovaire se
compose de 2? à 10 carpelles, ou loges, contenant chacune ? ovules,
et il est surmonté d’un style terminé par un stigmate divisé en au-
tant de lobes qu’il y a de loges à l’ovaire. Le fruit est le plus souvent
capsulaire, s’ouvrant par des fentes, ou se résolvant en autant de
petites coques qu’il contenait primitiv ement de carpelles,.
Les Byttnériacées sont voisines des Sterculiacées et des Malva-
cées. Plusieurs de leurs espèces sont intéressantes comme plantes
d'ornement. Citons, comme les plus remarquables, les genres Theo-
broma, qui contient le cacaotier, ou l’arbre au chocolat, Abroma
et Guasuma.
Cactées. — Grande famille de plantes dicotylédones polypétales,
toutes confinées dans le nouveau monde, à lexception d’une seule
espèce trouvée dans le sud de l'Afrique. Cette famille est le type de
ce qu’on appelle d’une manière générale les Plantes grasses, car
toutes sont charnues, succulentes, le plus souvent dépourvues de
feuilles, et quand ces organes existent ils sont eux-mêmes mous et
parenchymateux. A la place des feuilles, quand elles manquent, et
même au point où elles s’insèrent sur les üges et les rameaux des
espèces qui en sont pourvues, 1l se développe des faisceaux d’épines
ou d'aiguillons, qui sont la défense de ces plantes contre la voracité
des animaux herbivores.
Le port des Cactées est aussi varié qu'exceptionnel dans la nature.
Leurs tiges représentent, suivant les genres et les espèces, des fûts
de colonnes cannelées, des cylindres, des prismes, souvent même
des sphéroïdes relevés de côtes plus ou moins saillantes; d’autres
fois ce sont de longues tiges grêles, cylindriques, en forme de
serpents; ou des chapelets d'articles superposés, semblables à des
feuilles. Enfin, il en est quelques-unes qui rentrent dans les formes
ordinaires de la végétation, avec de véritables feuilles ; mais, ainsi
que nous l’avons dit ci-dessus, ces feuilles sont épaisses, charnues
et succulentes, comme tous les organes jeunes des Cactées. Les
grandes espèces, car il en est d’arborescentes, sont soutenues par
une sorte d'axe ligneux, à fibres entrecroisées, qui occupe le centre
des tiges et des rameaux.
Les fleurs des Cactées, qui ne sont visiblement que des rameaux
métamorphosés, se composent d’un nombre indéterminé de pièces
colorées, où on ne trouve aucune limite de séparation entre le calyce
et la corolle. Les étamines y sont très nombreuses, quelquefois par
centainés; l’ovaire est profondément enchâssé dans ce qu’on appel-
lerait ailleurs un tube de calyce, mais qui n’est ici que l’extrémité
d’un rameau modifié. Cet ovaire est uniloculaire, mais avec plusieurs
placentas pariétaux, chargés d’ovules, et auxquels correspondent
autant de lobes du sligmate qui termine le style. Le fruit est toujours
une baie succulente, dans laquelle sont nichées les graines.
Les Cactées, qui tiennent une si large place dans l’horticulture
d'agrément, nous offrent aussi quelques espèces utiles au point de
vue industriel. Citons, parmi les genres les plus intéressants, les
38 DESCRIPTION DES FAMILLES
Cereus, Melocactus, Echinocactus, Mamillaria, Opuntia et Phyl-
locactus.
Cannabinées. — Petite famille de plantes dicotylédones, her-
bacées, à fleurs dioïques, sans corolle et peu apparentes. Les mâles
se composent d’un périgone ou calyce renfermant 5 étamines; les
femelles, d’un ovaire uniloculaire, surmonté d’un style à deux stig-
mates. Le fruit est une caryopse contenant une seule graine hui-
leuse et sans périsperme. Les Cannabinées appartiennent toutes
à l'hémisphère septentrional, et ne renferment que les deux genres
Cannabis et Humulus, tous deux très importants dans l’économie
domestique et l’industrie. :
Capparidées. — Plantes dicotylédones polypétales, herbacées
ou frutescentes, rarement de véritables arbres, dont les caractères
généraux sont les suivants : calyce de 4 folioles ordinairement li-
bres, quelquefois soudées entre elles par leurs bases; corolle de
4 pétales ; étamines quelquefois en nombre défini, 4 ou 6, souvent
en nombre indéfini; ovaire libre, ordinairement soutenu par un pé-
dicule plus ou moins long, uniloculaire, à deux ou plusieurs placentas
ariétaux ; fruit tantôt capsulaire et déhiscent, tantôt charnu, indé-
iscent et plus ou moins bacciforme.
Les Capparidées sont très voisines des Crucifères, mais elles
appartiennent beaucoup plus que ces dernières aux climats chauds.
Elles abondent entre les tropiques de l’ancien et du nouveau monde.
Leurs principaux genres sont: Cleome, Capparis, Cratæva et Po-
lanisia.
Casuarinées. — Famille d'arbres et d’arbrisseaux dicotylé-
donés, très singuliers d'aspect, par suite de l'absence totale de feuilles
et de la structure de leurs rameaux, grèles et articulés de distance
en distance comme ceux des Prèles (Æquisetum) de nos marais.
Les fleurs, très pelites, mais très nombreuses, n’ont ni calyce, ni
corolle, remplacés ici par des bractéoles scarieuses, et elles sont
toujours unisexuées, monoïques ou dioïques. Les mâles, réduites à
une seule étamine, sont en longs épis; les femelles, en épis plus
courts et plus serrés, se composent d’un ovaire uniloculaire et uni-
ovulé, surmonté de deux stigmates. Le fruit qui résulte de l’agré-
gation de ces fleurs ressemble beaucoup à un petit cône de pin. A la
maturité, les capsules bivalves et ligneuses s'ouvrent pour laisser
échapper les graines.
Les Casuarinées sont en majeure partie originaires de la Nouvelle-
Hollande, surtout de sa région orientale; mais il en existe aussi
quelques-unes dans l'archipel malais et à la Nouvelle-Calédonie.
Toutes les espèces sont réunies en un seul genre, les C'asuarina.
Cédrélacées. — Petite famille d'arbres dicotylédonés, la plupart
confinés entre les tropiques, et dont quelques espèces sont devenues
célèbres par la beauté de leur bois coloré et veiné. Les feuilles des
Cédrélacées sont alternes, sans stipules, composées-pennées; leurs
DESCRIPTION DES FAMILLES 39
fleurs sont en panicules terminales, hermaphrodites, à 4 ou 5 pé-
tales et à 8 ou 10 étamines, insérées sur un disque au centre e duquel
est l'ovaire. Ce dernier devient une capsule déhiscente, à 4 ou 5 lo-
ges, contenant des graines plus ou moins aplaties et Re d’une
aile sur un de leurs côtés.
Plusieurs Cédrélacées ont des propriétés médicinales, qui les font
employer contre diverses maladies, telles que les fièvres intermit-
tentes, la dysenterie et quelques autres. Les bois de quelques-unes,
telles que l’acajou, le bois de satin, le bois rouge, le cail-cédrat,
sont l’objet d’un commerce important avec l'Europe. Les genres
les plus intéressants sont : Srietenia, Khaya, Chloroxylon, Flin-
dersia, Oxleya et Cedrela.
Célastrinées. — Famille d'arbres et d’arbrisseaux dicotylé-
donés polypétales, à feuilles simples, généralement alternes et
pourvues de petites stipules caduques. Les fleurs, presque toujours
hermaphrodites, sont en cymes axillaires, composées d’un calyce
de 4 à 5 pièces, d’une corolle d’un pareil nombre de pétales et d’au-
tant d’étamines insérées sur le contour ou dans l'épaisseur même
d’un large disque étalé et plat, au centre duquel se trouve l’ovaire,
qui lui est plus ou moins adhérent et qui a de 2 à 4 loges, uniovu-
lées ou pluriovulées. Le fruit est une capsule ou une sorte ‘de baie,
et les graines sont pourvues d’un périsperme.
Cette petite famille est voisine des Rhamnées, avec lesquelles elle
était autrefois confondue. Elle a des représentants dans tous les
climats chauds ou tempérés, mais elle est nombreuse surtout dans
l'Afrique australe. Quelques-unes de ses espèces sont réputées mé-
dicinales, d’autres sont vénéneuses. Les genres les plus intéres-
sants sont : Celastrus, Evonymus, Catha et Elæodendron.
Champignons. — Sous cette dénomination générale on com-
prend un nombre immense de végétaux cryplogames, que les pro-
grès tout récents de la micrographie ont amené à distribuer en vingt
familles distinctes. C’est comme un monde à part, qui ne rappelle,
ni par la structure, ni par la forme, ni par la manière de végéter,
ni même par la couleur, les végétaux ordinaires. Tous les Cham-
pignons sont dépourvus de cette matière verte, la chlorophylle, qui,
chez les plantes ainsi colorées, est l'agent essentiel de la décompo-
sition de l’acide carbonique sous les rayons de la lumière et de la
fixation du carbone dans leurs tissus ; ; aussi sont-ils tous parasites,
du moins en ce sens qu'ils ne peuvent se développer qu'aux dépens
de matières organiques, végétales ou animales, mortes ou encore
vivantes. Leur rôle dans la nature est d’une souveraine importance.
Ils ont pour mission de décomposer les résidus de la vie et d’en
restituer les éléments au monde extérieur ; mais s'ils sont bienfai-
sants à ce point de vue, beaucoup d’entre eux deviennent extrême-
ment redoutables, les uns en détruisant nos récoltes, les autres en
occasionnant des empoisonnements etdes maladies de la plus grande
gravité. Tous se reproduisent par des corpuseules d’une ténuité qui
ne les rend visibles qu'au microscope, mais produits en nombre
40 DESCRIPTION DES FAMILLES
incalculable et que les vents transportent sur tous les points du
globe. Ces corpuscules reproducteurs sont les microbes, dont l’étude
difficile et laborieuse est actuellement l’occupation de beaucoup de
savants.
On sait aujourd’hui, par les belles découvertes de M. Pasteur, que
toutes les putréfactions et toutes les fermentations sont le résultat
du travail de ces Champignons microscopiques, qui diffèrent spéci-
fiquement les uns des autres suivant les matières qu’ils ont à décom-
poser. C’est à eux que nous devons la tr ansiormation du sucre en
alcool et de celui-ci en vinaigre, et sans eux nous n’aurions ni le vin
ni aucune autre boisson alcoolique ; la pâte de farine ne lèverait pas
et ne nous donnerait qu'un pain lourd et indigeste sans le levain, ou
ferment, qu'on y introduit, et qui n’est aussi qu'un Champignon
microscopique. Enfin, la nitrification du sol elle- même, Si Impor-
tante pour le succès de nos cultures, n’aurait pas lieu sans l’inter-
vention d’un microbe de. l’ordre des Champignons, qui décompose
les débris organiques contenus dans le sol.
Mais, à côté de ces Champignons bienfaiteurs de l'humanité, il en
existe d’autres dont il semble que la seule mission soit de détruire
et de semer la mort. Les uns sont les fléaux de l’agriculture, les
autres envahissent le corps de nos animaux domestiques et celui de
l’homme lui-même. Faut-il rappeler à ce sujet les dégâts occa-
sionnés sur les céréales par l’ergot, poison violent qui, mêlé aux
farines, a fait périr des milliers d'hommes ; par la rouille des blés,
le charbon, la carie, qui annihilent des récoltes entières; par le
verdet, qui, en infectant le maïs, produit la triste et cruelle maladie
de la pellagre chez les populations qui s’en nourrissent ? C’est aussi
à des Champignons microscopiques que nous devons la maladie de
la pomme de terre, l’oïdium, le mildew ei l’'anthracnose, tous trois
venus d'Amérique, comme le phylloxéra, et comme lui aussi des-
tructeurs des vignobles. Enfin, ce sont encore des Champignons du
même ordre qui causent la loque, maladie si contagieuse et si re-
doutée des apiculteurs, comme aussi la muscardine et la pébrine,
qui ont mis en si grand péril la sériciculture de toute l’Europe.
L'homme, ainsi que nous l’avons dit plus haut, n’échappe pas da-
vantage à ces invasions cryptogamiques : le muguet des enfants, les
diverses sortes de teigne, angine couenneuse, le croup, et d’autres
affections encore, toutes également infectieuses, sont le fait de
végétations cryptogamiques, de même que toutes les épizooties
(charbon, sang-de-rate, pustule-maligne, ele. ). On n’est même pas
éloigné de croire aujourd’hui que toutes les pestes, le choléra, la
fièvre jaune, le typhus, la fièvre typhoïde, les fièvres palustres elc.,
ne sont autre chose que des empoisonnements par des microbes,
qui peuvent se rattacher à l’ordre des Champignons, ou peut-être à
celui des Algues.
Les Champignons ne sont pas {ous microscopiques comme ceux
dont nous venons de parler; il en est qui arrivent à une taille consi-
dérable, au moins relativement, et c’est à ceux-là principalement,
qu'au sens vulgaire on donne le nom de Champignons. Tels sont
les_agaries, les bolets, les mousserons, les truffes et beaucoup
À { K L
de ru io" ide ls sé hs 0e), (he) PL
DESCRIPTION DES FAMILLES 41
d’autres, qu’on rencontre dans les bois de tous les pays, et dont
lusieurs servent à la nourriture de l’homme. 11 en est même dont
la culture s’est emparée, et dont elle fait un commerce considérable,
ainsi que nous le verrons aux articles particuliers consacrés à ces
espèces. (Voir les mots Agaricus, Boletus, Tuber..)
J Chénopodées. — Vaste famille de plantes généralement herba-
E.. cées, quelquefois ligneuses et arbustives, et qui a des représentants
ù sous tous les climats. Leurs fleurs, toujours petites et peu appa-
| rentes, manquent de corolle. Elles se réduisent à un Énse court,
È divisé en 4 ou 5 lobes obtus ; à un pareil nombre d’étamines; à un
| ovaire central, bre, uniloculaire et contenant un seul ovule. Le
| fruit mûr est une sorte de capsule indéhiscente, monosperme ; plus
| rarement une petite baie succulente. Les fleurs sont tantôt herma-
phrodites, tantôt unisexuées, mâles ou femelles.
Considérées d’une mamière générale, les Chénopodées recher-
| chent les terres nitreuses ou salées. Elles abondent au voisinage de
la mer, ainsi que dans les dépressions du sol où les eaux accumu-
lées pendant la saison des pluies ont laissé, en s’évaporant en été,
des sels de diverses natures. Beaucoup d'espèces cependant habi-
tent les guérets de l’Europe, et on en trouve habituellement autour
des villes, surtout le long des murs où le sol leur fournit les subs-
tances nitreuses ou salines qui favorisent leur développement. Les
principaux genres de la famille sont les Salicornia, Atriplexæ, Spi-
nacia, Beta, Suæda, Kochia, Chenopodium, Salsola. Quelques
espèces de Chénopodées sont des plantes économiques de grande
importance ; d’autres sont utiles comme plantes fourragères.
Chrysobalanées. — Famille d'arbres et d’arbrisseaux propres
aux régions intratropicales, surtout en Afrique et en Amérique, très
analogue à celle des Amygdalées, et caractérisée comme cette der-
nière par une corolle de 5 pétales, de nombreuses étamines et un
ovaire libre au centre de la fleur, auquel succède une sorte de drupe
semblable à nos prunes et contenant un noyau. Plusieurs espèces
de ce groupe sont considérées comme des arbres fruitiers; elles
appartiennent principalement aux genres Chrysobalanus, Parina-
rium et Prinsepia.
Cistinées. — Famille de plantes dicotylédones, herbacées ou
arbustives, la plupart de la région méditerranéenne, à feuilles or-
dinairement opposées, à fleurs régulières, de 5 pétales et d’un
nombre indéfini d’étamines. L’ovaire est uniloculaire ou incomplè-
tement divisé en 3, 5 ou 6 loges par des cloisons qui ne s’avancent
pas jusqu’à se rencontrer au centre de la cavité ovarienne. Le fruit
est toujours sec et capsulaire.
Cette famille a de l’analogie avec celles des Violariées et des
Bixacées. Ses principaux genres sont : Fumana, Cistus et Helian-
themum. Plusieurs espèces du genre Cistus servent à la décoration
de nos jardins; quelques-unes fournissent la drogue connue sous
le nom de Zadanum.
42 DESCRIPTION DES FAMILLES
Combrétacées. — I'amille d'arbres et d’arbrisseaux dicotylé-
donés, des régions tropicales de l'Asie, de l'Afrique et de l’Améri-
que, caractérisés ainsi qu'il suit : feuilles simples, sans stipules,
dont le péliole porte fréquemment deux glandes à son sommet;
fleurs en panicules ou en grappes, dont le calyce est adhérent par
sa partie inférieure à l'ovaire, à 4 ou 5 lobes ordinairement cadues,
et qui alternent avec autant de pétales quand il y a une corolle,
qui d’ailleurs manque souvent. Les étamines sont le plus ordinai-
rement en nombre double des pièces du calyce. L’ovaire, infère
comme il à été dit ci-dessus, est uniloculaire ; il se change en un
fruit drupacé et charnu ou sec et nuciforme, qui ne contient qu’une
graine, dépourvue de périsperme.
Les Combrétacées fournissent quelques espèces à l’industrie et à
la médecine, mais toutes de second ordre, sauf celle dont nous par-
lons plus loin. Les genres principaux sont : Bucida, Terminalia,
Conocarpus et Combretum.
Composées. — C’est la plus vaste de toutes les familles de
plantes phanérogames ; elle contient aujourd’hui plus de 1,000 gen-
res et au moins 10,000 espèces, et elle a des représentants dans
toutes les parties du globe où peuvent croître des plantes terrestres.
Elle est en majeure partie formée de plantes herbacées, annuelles
ou vivaces ; mais elle contient aussi un nombre considérable d’ar-
bustes et d’arbrisseaux, et même quelques arbres de moyenne
grandeur.
Le nom de la famille fait allusion à l’inflorescence qui y est la
plus habituelle : celle de fleurs réunies en plus ou moins grand
nombre dans une enveloppe commune, et dont l’assemblage, au
premier abord, peut faire croire à une fleur unique, ainsi que nous
le voyons dans une foule de nos plantes indigènes ou cultivées
dans nos jardins, les reines-marguerites, les dahlias, le souci, la
laitue, les chardons, etc. L'ensemble de ces fleurs prend le nom de
capttule ; on donne celui de réceptacle à la partie supérieure, ordi-
nairement élargie, du pédoncule commun, sur laquelle les fleurs
sont insérées, et celui d’ënvolucre aux bractées ou folioles, qui
forment comme une sorte de calyce autour de cet assemblage. Les
fleurs elles-mêmes, considérées isolément, se composent d’un ca-
lyce adhérent à l’ovaire, à 5 dents courtes ou nulles, quelquefois
réduites à de simples poils ; d’une corolle monopétale, régulière ou
irrégulière, de 5 étamimes soudées entre elles par leurs anthères, et
formant ainsi une sorte de tube, qui est traversé par un style à
deux stigmates. L'ovaire est infère, formé de deux carpelles, mais
uniloculaire et ne contenant qu'un seul ovule. À la maturité, le
fruit, qu'on prend communément pour une graine, est un akène
indéhiscent, dont l’unique graine est dépourvue de périsperme.
La plupart des botanistes divisent la famille des Composées en
trois grandes tribus, d’après la forme de la corolle. Ce sont :
1° Les Chicoracées, dont toutes les corolles sont fendues d’un
seul côté, ce qui leur donne la forme d’un pétale unique; on leur
donne le nom particulier de ligules. Les principaux genres de ce
A
DESCRIPTION DES FAMILLES 43
groupe sont les Zactuca, Cichorium, Scolymus, Scorzonera, Son-
chus, Tragopogon.
90 Les Carduacées, dont toutes les fleurs sont tubuleuses, régu-
lières ou irrégulières, comme dans les genres suivants : Car duus,
Centaurea, Cart) Centaurea, Carthamus, etc.
3° Les Astérées ou Radiées, qui sont intermédiaires entre les deux
tribus précédentes, ayant les fleurs du centre de leurs capitules tu-
buleuses comme celles des Carduacées, et celles de la circonférence
fendues et ligulées comme dans les Chicoracées. Cette tribu est de
beaucoup la plus vaste des trois, et nos jardins lui doivent une mul-
titude de plantes d'ornement, parmi lesquelles il suffira de citer les
Agathea, Ageratum, Anthemis, Aster, Bellis, Calendula, Callis-
tephus, Chrysanthemum, Cineraria, Dahlia, Garuleum, Gazania,
Helianthus, Pyrethrum, Santolina, Tagetes et Zinnia.
Quelques espèces de Composées sont des plantes potagères de
grande valeur (laitues, chicorée, artichauts, salsifis, etc.); d’autres
sont oléifères ou médicinales et quelques- unes vénéneuses.
Conifères. — Grande famille d'arbres et d’arbrisseaux, habitant
principalement les contrées froides et tempérées des deux hémis-
phères, assez rares comparativement entre les tropiques. Tout ce
groupe de végétaux est remarquable par la texture de son bois, par
son feuillage ordinairement menu et quelquefois réduit à de simples
écailles, par l'abondance de la résine dont le bois, l'écorce et même
les fruits sont imprégnés ; il l’est surtout par l’organisation de ses
fleurs, toujours unisexuées et souvent dioïques. Dans la majeure
partie des cas les fleurs mâles consistent en des chatons écailleux
qui contiennent les étamines; les fleurs femelles sont également
rapprochées en des sortes de chatons plus volumineux et plus ou
moins ligneux, auxquels on donne le nom de cônes et de strobiles.
Ces cônes sont composés d’écailles enchâssées sur un axe central,
et elles portent à leur aisselle les fleurs femelles, qui ne sont ici
que des ovules nus, c’est-à-dire dépourvus de l’enveloppe ordinaire
de ces organes dans les autres familles de plantes phanérogames.
Après la fécondation, les cônes s’accroissent et durcissent; au mo-
ment de la maturité, leurs écailles, jusque-là serrées les unes contre
les autres, s’écartent et laissent échapper les graines, qui con-
tiennent un périsperme charnu et huileux. Dans les espèces où elles
ont un certain volume, ces graines sont comestibles.
Ce vaste groupe d’arbres rend d'immenses services au genre hu-
main, principalement par le bois qu’il fournit et qui est partout ex-
ploité pour les constructions de terre et de mer. Il en rend aussi par
sa résine, qui trouve de nombreux emplois dans l’industrie et la
médecine. Beaucoup d'espèces de Conifères constituent des forêts
d’une grande étendue dans les contrées du Nord; dans le centre et
le midi de l’Europe elles occupent principalement les régions mon-
tagneuses, dont elles conservent le sol, et où elles maintiennent
Phumidité. Ces grandes forêts sont en quelque sorte les régulatrices
des climats : elles attirent les nuages, favorisent la chute de la pluie,
préservent les sols en pente des ravinements et les plaines des
4 DESCRIPTION DES FAMILLES
inondations et des sécheresses. A tous les points de vue, les forêts
de Conifères (pins et sapins) doivent être sauvegardées contre les
déboisements et les défrichements, et, autant que possible, il faut
les reconstituer sur les montagnes ‘d'où l imprévoyance des peuples
et des gouvernements les ont fait disparaitre.
On connaît aujourd’hui près de deux cents espèces de Conifères,
réparties dans une vingtaine de genres, dont les principaux et les
plus utiles à connaître sont les suivants : Pinus, Abies, Lariæ, Ce-
drus, Cunninghamia, Sciadopitys, Araucaria, Dammara, Juni-
perus, Thuia, Cryptomeria Cupressus, ,Callitris, T'axodium, Po-
docarpus, Dacrydium, Taxus, Torreya, Ginko.
Le groupe des Coniières a de grandes affinités d'organisation avec
la petite famille des Gnétacées et même avec celle des Cycadées.
Convolvulacées. — Famille de plantes dicotylédones, mono-
pétales, herbacées ou ligneuses, annuelles ou vivaces, à suc laiteux,
à feuilles alternes et sans stipules, généralement volubiles et grim-
pantes. Le calyce est plus ou moins profondément divisé en cinq
lobes; la corolle, souvent à peine lobée sur son contour, ou même
sans lobes distincts, affecte la forme d’un entonnoir, et porte, insérées
près de sa base, cinq étamines alternes avec ses lobes. L’ovaire est
libre au fond de la fleur; il est divisé en 2, 3 ou 4 loges, et se
change en un fruit le plus souvent capsulaire et déhiscent, dont les
loges ne contiennent qu'un petit nombre de graines faiblement
albuminées.
Les Convolvulacées ont des représentants presque sous tous les
climats, mais elles abondent surtout entre les tropiques. Beaucoup
d'espèces, à tiges herbacées et annuelles, sont vivaces par des rhi-
zomes souterrains, dont les uns contiennent de la fécule, les autres
des substances résineuses, £ généralement purgatives et d’un grand
emploi en médecine. Beaucoup de Convolvulacées sont devenues
des plantes d'ornement d’un grand intérêt. Citons, comme étant les
plus importants à notre point de vue, les genres Convoloulus, Eæo-
gonium, Ipomæa, Batatas, Pharbitis, Argyreia.
Cornacées. — Famille d'arbres et d’arbrisseaux des climats
tempérés de l’ancien et du nouveau monde, à feuilles opposées,
simples et sans stipules. Les fleurs y sont agrégées en capitules, en
corymbes ou en panicules. Elles se composent d’un calyce à quatre
lobes; d’une corolle à quatre pétales; de pareil nombre d’étamines
alternes avec les pièces de la corolle, et d’un ovaire adhérent au tube
du calyce, presque toujours à deux loges. Le fruit est une baie,
couronnée par les dents du calyce; son noyau, communément à
deux loges, contient deux graines dont l'embryon est entouré d’un
périsperme charnu.
Quelques espèces de la famille sont cultivées plutôt à titre de
plantes d'agrément que de plantes d'utilité. Elles appartiennent
surtout aux genres Cornus, Benthamia et Aucuba.
Crucifères.— Famille de plantes dicotylédones polypétales ayant
1, VX à Frida re Or
-
DESCRIPTION DES FAMILLES 45
pour caractère essentiel le nombre quaternaire des folioles du ca-
lyce et des pièces de la corolle, dont les quatre pétales sont disposés
en croix; la présence de six étamines, dont quatre sont plus grandes
que les deux autres; un ovaire libre, uniloculaire, mais divisé en
deux loges longitudinales par une fausse cloison. Le fruit, qui, sui-
vant sa longueur ou sa brièveté, prend le nom de silique ou de
silicule, est une sorte de capsule qui s'ouvre par l’écartement de
deux v alves, ou se rompt transversalement en tronçons contenant
chacun une ‘graine. Assez rarement ce fruit est monosperme. Les
graines sont “dépourv ues d’albumen et entièrement formées par un
‘embryon huileux.
Les Crucifères appartiennent, en grande majorité, aux climats
froids ou tempérés de l'hémisphère septentrional. Toutes sont des
plantes herbacées ou sous-ligneuses, annuelles ou bisannuelles, à
feuilles alternes et sans stipules. Leur rôle est considérable en agri-
culture par quelques-unes de leurs espèces, telles que les choux,
les navets, le colza, etc. Plusieurs sont recherchées comme plantes
d'ornement. Citons, parmi les genres les plus intéressants, les
Brassica, Cochlearia, Nasturtium, Tberis, Thlaspiet Cheiranthus.
Cucurbitacées. — Grande famille de plantes dicotylédones,
presque toutes herbacées, annuelles ou vivaces par leurs racines
plus ou moins développées en tubercules, à tiges sarmenteuses,
rampantes ou grimpantes à l’aide de vrilles qui s'enroulent sur les
corps qu'elles peuvent saisir. Les fleurs y sont presque toujours
monoïques ou dioïques, c’est-à-dire unisexuées, tantôt réunies sur
un même individu, tantôt séparées sur des imdividus différents. Le
calyce, ordinairement campanuliforme, est composé de cinq pièces
ou sépales soudés entre eux par leurs bases; la corolle y est quelque-
fois formée de cinq pétales libres, plus souvent elle est monopétale à
cinq divisions plus ou moins profondes. Dans les fleurs mâles, les
étamines, normalement au nombre de 5, sont ordinairement sou-
dées deux à deux, de manière à ce que l’ensemble figure deux éta-
mines biloculaires et une demi-étamine uniloculaire, ce qui peut
faire 1llusion au premier abord. Dans les fleurs femelles l’ovaire
est toujours infère, c’est-à-dire placé au-dessous du calyce et de la
corolle; sauf de rares exceptions on n’y trouve que des vestiges
d’étamines avortées. Le fruit est une baie, souvent énorme, qui
contient un grand nombre de graines, plus rarement une sorte de
capsule un peu charnue, indéhiscente et monosperme. Les graines
sont huileuses et dépourvues d’albumen.
Les Cucurbitacées appartiennent en très grande majorité aux
climats chauds des deux mondes, mais quelques espèces s’avancent
vers le Nord ou le Sud bien au-delà de la zone tro opicale, et jusque
dans des pays déjà froids. Toutes contiennent dans leurs racines,
leurs tiges ou leurs fruits, mais en proportions extrêmement difié-
rentes suivant les espèces, une substance extractive, amère, dras-
tique, quelquefois vénéneuse, qui a valu à quelques-unes de ces
plantes des emplois médicinaux. Il suffit de rappeler icila coloquinte
des officines, pour en donner une idée. D’autres espèces, dont la
46 DESCRIPTION DES FAMILLES
culture s’est emparée depuis les temps les plus anciens, se sont
tellement améliorées, et les principes sucrés y ont tellement rem-
placé les substances amères, que leurs fruits sont devenus un des
principaux produits de la culture potagère dans tous les pays où
le climat en permet la culture. Telles sont, pour n’en pas citer
d’autres, les melons et les courges.
Toutes les espèces de Cucurbitacées ne sont pas encore connues,
mais dans l’état actuel de nos connaissances la famille contient près
de soixante genres, dont les plus intéressants sont les Cucumis,
Cucurbita, Benincasa, Lagenaria, Bryonia, Citrullus, Sechium,
Acanthosicyos.
Cupulifères. — Arbres et arbrisseaux dicotylédonés, à feuilles
simples, stipulées, alternes, caduques ou persistantes suivant les
espèces. Les fleurs sont unisexuées, monoïques, peu apparentes et
dépourvues de corolle. Les mâles, toujours plus ou moins agrégées
en inflorescences cylindriques, auxquelles on donne le nom de cha-
tons, se composent d’un calyce de 4 à 5 petites folioles et d’étamines
dont le nombre varie de 5 à 20. Les femelles, situées à la base des
chatons mâles ou dans leur voisinage, sont constituées par un ovaire
pluriloculaire, enchässé dans un calyce qui s'accroît avec le fruit
et auquel il est adhérent; les stigmates, sessiles ou presque sessiles,
sont en même nombre que les loges ovariennes, qui s’oblitèrent
graduellement sous la pression d’un ou deux ovules qui seuls se
développent. En dehors du calyce, des bractéoles, en nombre varia-
ble, forment autour du fruit une sorte d’involucre, ou cupule, qui
tantôt l’enveloppe entièrement, tantôt le laisse libre dans une partie
de sa longueur. La graine est entièrement formée par l'embryon,
dont les cotylédons, très développés, sont gorgés de fécule.
Les Cupulifères sont généralement des arbres forestiers, souvent
de grande taille, qui appartiennent plus spécialement aux zones
tempérées septentrionales de l’ancien et du nouveau monde. On en
trouve quelques-unes entre les tropiques, mais presque exclusive-
ment sur les hautes montagnes, et un plus petit nombre encore dans
les régions australes de l Amérique du Sud, de la Nouvelle-Zélande
et de la Tasmanie.
C’est dans la famille des Cupulifères que nous trouvons nos arbres
forestiers les plus importants, tels que les chênes, les hêtres, les
charmes et les châtaigniers. Quelques espèces rendent en outre
d'importants services par leurs fruits, comestibles pour l’homme ou
pour les animaux de la ferme. Presque toutes d’ailleurs jouent un
certain rôle esthétique, soit par leur agrégation en forêts, soit en
groupes ou en arbres isolés dans les parcs. Les genres de la famille
sont : C'arpinus, Ostrya, Fagus, Quercus, Castanea et Lithocarpus.
Cycadées. — Famille de plantes dicotylédones, très singulières
par leur port et par toute leur structure, qui les rapproche à la fois
des Fougères et surtout des Conifères, avec lesquelles elles ont une
véritable analogie, malgré la grande différence d'aspect qu’elles
présentent avec ces arbres. Leur tige se réduit tantôt à une sorte
2 Et A7 RES dép there) Ne 4:
nn à 6 di mt
DESCRIPTION DES FAMILLES 47
de tubercule ligneux, tantôt s'élève à la manière d’un tronc de pal-
mier, qui porte à son sommet une couronne de grandes frondes
coriaces. Les fleurs mâles consistent en étamines insérées sur les
écailles d’un cône qui a quelque ressemblance avec ceux d’un pin
où d’un Araucaria; les femelles, qui ne sont ici que des ovules sans
enveloppes florales, naissent sur le bord de certaines feuilles mo-
difiées dans leur consistance et rapprochées en une sorte de gros
bourgeon. Les graines sont volumineuses et contiennent un abon-
dant | périsperme.
Les Cycadées appartiennent presque loutes à l'hémisphère aus-
tral, en Asie, à la Nouvelle-Hollande et en Cafrerie. Quelques-unes
font exception en s’avançant dans l'hémisphère septentrional, au-
delà du tropique du Cancer. Les grandes espèces caulescentes ont
presque l’aspect des palmiers. Un “grand nombre de ces curieux vé-
gétaux existe dans les serres de l Ft urope, quelques-uns même fleu-
rissent en pleine terre et à l’air libre au nord de la Méditerranée.
Les genres principaux ere Cycas, Dion, Encephalartos, Zamia,
Macrosamia et Dipsacosamia.
Cypéracées. — Plantes monocotylédones, herbacées, mais
presque toutes vivaces et drageonnantes par leurs rhizomes sou-
terrains. Par leurs feuilles étroites et longues, elles ont quelque
ressemblance avec les Graminées; mais leurs tiges, qui ne sont la
plupart du temps que les pédoncules des inflorescences, sont pres-
que toujours triangulaires au lieu d’être cylindriques comme dans
ces dernières. Les fleurs, quelquefois hermaphrodites, sont plus
souvent unisexuées, monoïques ou dioïques, et rapprochées en épis
ou en chatons, ou même en des sortes de glomérules ovoïdes ou
sphériques. Au lieu de calyce et de corolle, elles n’ont que des brac-
téoles, en nombre variable et diversement agencées, suivant les
genres. Les étamines sont en nombre défini, mais ce nombre varie
de { à 12. Les fleurs femelles se composent d’un ovaire uniloculaire,
assez souvent enveloppé dans une espèce de sac ou d’utricule mem-
braneux et surmonté de trois stigmates. Le fruit ne contient qu’une
seule graine, qui reste enveloppée par la membrane desséchée de
l'ovaire.
Les Cypéracées se trouvent sous tous les climats, et même sous
les climats arctiques, où elles constituent une partie considérable
de la végétation. Leurs plus grandes espèces, toutelois, se trouvent
entre les tropiques ou dans leur voisinage. Ce sont, d’une manière
générale, des plantes de terrains humides, inondés où même ma-
récageux. Comme plantes fourragères, elles n’ont qu'une faible
utilité, si ce n’est dans les pays arctiques, où, faute d’un meilleur
fourrage, elles sont broutées par les troupeaux de rennes. Sous nos
climats elles servent à maintenir les terres le long des cours d’eau,
ou les sables sur les bords de la mer. Quelques-unes produisent des
tubercules comestibles; d’autres ont eu ou ont encore quelques em-
plois médicinaux. Certaines espèces, la plupart exotiques, servent
à faire des natles, des paniers où même des cordages. Quelques-
unes, enfin, ont trouvé un emploi dans le jardinage d'agrément.
4 ——
Pas à À
48 DESCRIPTION DES FAMILLES
Cette famille contient une centaine de genres, parmi lesquels il suf-
fira de citer les suivants : Carex, Cyperus, Scirpus, Schæœnus,
Cladium et Eriophorum.
Ebénacées. — Famille d'arbres et d’arbrisseaux, beaucoup plus
nombreux entre les tropiques que dans les pays tempérés, qui four-
nit à l’économie domestique quelques arbres fruitiers, et à l’indus-
trie des bois d’une grande dureté, dont quelques-uns, l’ébène entre
autres, sont fort recherchés. Elle est caractérisée par des feuilles
alternes, sans stipules, entières, quelquefois coriaces, et par des
inflorescences axillaires. Fleurs quelquefois hermaphrodites, plus
souvent mâles ou femelles par avortement d'organes, polygames,
monoïques ou dioïques. Calyce de 3 à 7 lobes, très souvent de 4;
corolle monopétale, régulière, divisée en autant de lobes qu’il y en
a au calyce et alternes avec ceux de ce dernier. Etamines en
nombre double et souvent quadruple des lobes de la corolle. Ovaire
libre, sessile, divisé en plusieurs loges contenant chacune 1 ou
2 ovules, surmonté d’un style ordinairement divisé en autant de
branches qu'il y a de loges à l'ovaire. Fruit charnu, comestible dans
plusieurs espèces.
Les Ebénacées sont voisines des Sapotées ; elles s’en distinguent
par divers caractères, dont les plus faciles à saisir sont l’absence
de suc laiteux dans les feuilles et les jeunes rameaux, et la dureté
du bois, dont le cœur se colore en noir foncé chez quelques espèces.
Les genres les plus intéressants au point de vue de la culture sont
les Royena, Euclea et surtout Diospyros.
Eléagnées. — Petite famille d'arbres et d’arbrisseaux dicoty-
lédonés, quelquelois épineux; à feuilles simples, alternes ou oppo-
sées, sans stipules, couvertes d’écailles argentées qui y tiennent lieu
de poils. Les fleurs sont régulières, quelquefois unisexuées, sans |
corolle, qui est remplacée par un périgone ou calyce de deux ou :
de quatre pièces soudées par leur base et plus où moins colorées À
comme le seraient des pétales proprement dits. Les étamines, por- À
tées sur de très courts filets, sont en nombre double des pièces du .
4
L
calyce, c’est-à- dire de 4 ou de 8. L’ovaire est bibre au fond de la fleur
et ne contient qu'un seul ovule. Le fruit, comestible dans quelques
espèces, résulte de l'accroissement du périgone, dans lequel l'ovaire
figure une sorte de noyau. On ne connaît dans ce groupe que les
quatre genres Æippophaë, Shepherdia, Conuleum et Elæagnus.
Ericacées.— Famille d'arbres, d’arbrisseaux et de sous-arbris-
seaux souvent de très petite taille, à feuilles persistantes, opposées
ou verticillées et dépourvues de stipules. Les fleurs, régulières ou
irrégulières, sont monopétales, à 4 ou 5 lobes; les étamines, en
même nombre que les lobes de la corolle, où en nombre double,
sont hypogynes, c’est-à-dire insérées au- -dessous de l'ovaire, qui est
toujours libre au centre de la fleur, et leurs anthères s'ouvrent par
deux pores situés à leur sommet. L'ovaire, à à 4 ou 5 lobes, devient
une capsule ou une baie polysperme.
dot sé ns
ET NT US te ue RAR et
DESCRIPTION DES FAMILLES 49
Les Ericacées, dont on connaît aujourd’hui un millier d’espèces,
se retrouvent dans presque toutes les parties du globe, mais surtout
dans les zones tempérées. Beaucoup d'espèces n habitent que les
hautes montagnes, surtout entre les tropiques. Elles fournissent à
nos jardins d’ agrément une multitude de plantes, la plupart remar-
quables par la beauté et le brillant coloris de leurs fleurs. 11 suffit
de rappeler à ce propos les genres Ærica, Andromeda, Arbutus,
Azalea, Kalmia et Rhododendron.
Erythroxylées. — Famille d'arbres et d’arbrisseaux, presque
tous de l'Amérique intratropicale, très voisine par ses caractères
botaniques des Malpighiacées et des Sapindacées. Elle ne renferme
d’ailleurs qu'un seul genre, celui des Ærythroæylon, qui n’a d’in-
térêt pour l’ acclimateur et l'industriel que par une seule espèce, la
Coca des Péruviens (Ærythroæylon Coca).
Euphorbiacées. — Immense famille de plantes dicotylédones,
comprenant des arbres, des arbrisseaux et des herbes, annuelles ou
vivaces, et représentée sous tous les climats habitables. Ses carac-
tères botaniques sont très variés, mais les plus essentiels peuvent
être résumés dans les termes suivants : fleurs unisexuées; calyce
libre, dont les pièces, au nombre de 3 à 5, sont plus ou moins sou-
dées entre elles; corolle ordinairement polypét tale, plus rarement
monopétale, souvent nulle; étamines en nombre indéfini, tantôt
libres, tantôt soudées par leurs filets en un ou plusieurs faisceaux ; :
ovaire libre, le plus souvent triloculaire, et dont les loges con-
tiennent un ou deux ovules, surmonté d’un style divisé en autant
de branches qu’il y a de loges à l'ovaire; fruits très variés de forme
et de consistance, mais capsulaires dans la grande majorité, et for-
més de trois coques qui se séparent à la maturité, et souvent se
divisent par le milieu en demi-coques. Le plus souvent il n'existe
qu'une graine par loge du fruit, et elle contient un abondant péris-
perme. é
Les Euphorbiacées abondent plus particulièrement dans les cli-
mats chauds, et c’est là que se trouvent leurs plus grandes espèces.
Il en est dont le suc laiteux contient de violents poisons ; il en est
d’autres dont le suc incolore fournit du caoutchouc, des matières
médicamenteuses ou des principes colorants. Leurs graines sont
utilisées pour l’huile ou les substances sébacées qu’on en retire. Au
total, leur utilité est grande dans l’économie domestique, la méde-
cine et les arts industriels. Telle qu'elle est aujourd’hui constituée,
la famille des Euphorbiacées renferme près de 130 genres, parmi
lesquels nous citerons les suivants : Æuphorbia, Excæcaria, Hura,
Hippomane, Süllingia, Mercurialis, Siphonia, Aleur ites, Elæo-
cocca, Jatropha, Curcas, Manihot, Ricinus, Croton, Crozophora
et Sarcococca.
Fougères. — Grande classe de végétaux que l’on range encore
dans l’ordre des eryptogames, quoiqu’on sache aujourd’ hui qu'ils
sont pourvus de sexes et se reproduisent par voie de fécondation. Ce
50 DESCRIPTION DES FAMILLES
sont des plantes herbacées ou arborescentes, dont on connaît plus
de 4,000 espèces, toutes vivaces, saul une ou deux exceptions. Elles
sont représentées dans tous les climats, mais elles abondent surtout
dans les pays chauds et humides, et c’est là qu’elles atteignent leurs
plus grandes proportions. Quelques-unes deviennent de véritables
arbres, qui rivalisent avec les palmiers par leur taille, leur port et
leur élégance. Presque toutes les Fougères sont recherchées par
l'horticulture d'agrément, qui leur consacre des serres spécialement
construites pour elles, et où les conditions de succès sont une tem-
pérature bien réglée, une constante humidité de l'air et une lumière
affaiblie.
Les Fougères se reproduisent par des séminules ou spores mi-
croscopiques, qui se forment dans le tissu même des feuilles et qui
s’en échappent presque toujours à face inférieure de ces organes.
Placées dans des conditions convenables de chaleur et d'humidité,
mais à l'abri du soleil, ces spores entrent en germination et donnent
naissance à de pelites masses de tissu cellulaire, contenant de la
chlorophylle, et qui s'étale en forme de lamelle sur la terre, les
pierres humides ou sur le tronc des arbres. C’est ce que les bota-
nistes nomment le prothalle où proembryon, el qui est, dans un
certain sens, une plante adulte, car c’est sur lui que se forment les
organes sexuels el que s'opère la fécondation. On trouvera dans les
traités de botanique élémentaire les détails de ces curieux phéno-
mènes que nous ne pouvons qu'indiquer ici d'une manière très
sommaire. Il nous suffira de dire que la fécondation étant opérée,
une jeune plante de Fougère naît de l'extrémité du prothalle. Cette
unique fécondation suffit pour toute la vie de la plante, qui peut
durer bien des années, peut-être des siècles, et produire un nombre
incalculable de spores.
La classe des Fougères a été divisée en plusieurs familles com-
prenant ensemble plus de 60 genres. L'Europe en possède au moins
une centaine d'espèces, dont la plupart ont joui jadis d’un certain
renom en médecine, telles que la Fougère mâle { Nephrodium Filix
mas ), la Fougère femelle ( Aspidium Filix fæmina ), le Polypode
du chêne ( Polypodium vulgare), la Capillaire ( Adiantum capillus
Veneris ) et beaucoup d’autres, tombées comme elles en désuétude.
Certaines espèces sont alimentaires par leurs rhizomes chez diverses
nations barbares de l'Asie, de la Nouvelle-Hollande et des îles de
l'océan Pacifique. Pour les nations riches et éclairées, les Fougères
n’ont d'intérêt que comme plantes d'amateurs, et les grandes es-
pèces arborescentes de l'hémisphère austral sont même devenues,
dans ces derniers temps, l’objet d’un commerce d’une certaine im-
portance.
À une époque géologique fort ancienne, les Fougères semblent
avoir fourni la majeure partie, peut-être la presque totalité de la
végétation du globe, et leurs débris accumulés pendant des siècles
ou des milliers d'années, dans des conditions particulières de con-
servalion, se sont transformées en houille ou charbon de terre, qui
est, en quelque sorte, le pain de l’industrie moderne. Toutes ces
espèces antiques ont disparu pour faire place à des formes nouvelles,
DESCRIPTION DES FAMILLES 51
qui ne sont peut-être que la descendance modifiée des premières.
Les genres les plus intéressants de la classe des Fougères, au
point de vue de l’horticulture, sont les Osmunda, Angiopteris,
Maratlia, Danca, Polypodium, Pteris, Nephrodium, Aspidium,
Davallia, Dicksonia, Cibotium, Hemitelia, Alsophila et Cyathea.
Graminées. — Vaste famille de plantes monocotylédones qui
compte des espèces sous tous les climats habitables, mais d'autant
plus nombreuses et plus grandes que le climat est plus chaud.
Entre les tropiques plusieurs espèces de Graminées deviennent de
véritables arbres.
Leurs caractères botaniques sont si tranchés qu’il est difficile de
les méconnaître. Leurs tiges sont des chaumes, tantôt fistuleux
(roseaux), tantôt pleins (maïs, sorgho), entrecoupés de distance
en distance de nœuds plus épais et plus durs que les intervalles qui
les séparent. Les feuilles, toujours alternes, sont généralement
allongées, étroites, linéaires, quelquefois élargies et de forme lan-
céolée, à nervures parallèles à une nervure médiane plus forte, et
convergentes vers le sommet. Les fleurs, toujours petites et her-
bacées, ont peu d'apparence. Elles se composent de trois à quatre
paillettes opposées deux à deux, dont les extérieures forment ce
qu’on appelle la glume et les intérieures la glumelle. Souvent il s’y
ajoute, en dedans de cette dernière, deux autres paillettes très ré-
duites et peu visibles, qui sont la qlumellule. Les étamines, quelque-"
fois réduites à deux, sont ordinairement au nombre de trois, rare-
ment plus; elles sont toujours libres, à filet grêle et à anthères
allongées et versatiles. L’ovaire est libre, uniloculaire et uniovulé,
surmonté d’un style le plus souvent bifurqué et à deux stigmates
plumeux, rarement à trois. Le fruit, qui porte plus particulièrement
1e1 le nom de grain, est une caryopse, résultant de la soudure de
l’ovule avec la membrane de l’ovaire. Il est composé d’un gros pé-
risperme farineux dans lequel est logé l'embryon. IL” inflorescence
des Graminées est tantôt un épi, tantôt une panicule dont la forme
varie suivant les genres et les espèces.
Entre toutes les familles de plantes, les Graminées tiennent le
premier rang par leur utilité pour le genre humain. Toutes les cé-
réales proprement dites lui appartiennent, ainsi qu'un très grand
nombre de plantes fourragères, et on peut dire que sans elles, ni
l'agriculture, ni même la civilisation n’existeraient. D’autres Gra-
minées fournissent du sucre, des boissons alcooliques, des graines
pour la nourriture des animaux domestiques et même des ustensiles
très variés, des toitures pour les habitations rurales, etc.
Les Graminées, telles qu'on les connaît aujourd’hui, renferment
plus de 300 genres et au moins 4,000 espèces. Les genres les plus
importants pour la culture sont les suivants : Oryza, Lygeum, Zea,
Coïx, Alopecurus, Phlœum, Phalaris, Holcus, Milum, Pani-
cum, Süpa, Agrostis, Arundo, Gynerium, Cynodon, Eleusine,
Ampelodesmos, Anthoæanthum, Avena, Poa, Dactylis, Bromus,
Festuca, Bambusa, Lolium, Triticum, Secale, Elymus, Hordeum,
Tripsacum, Euchlæna, E'rianthus, Andropogon et Saccharum.
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52 DESCRIPTION DES FAMILLES
Granatées.— famille composée d’un seul genre, très voisine par
l’organisation de ses fleurs des Myrtacées proprement dites, ayant
comme celles-ci une corolle à 5 pétales, des étamimes en nombre
indéfini et un ovaire infère. La différence qui l’en sépare consiste en
ce que l'ovaire est à deux étages, l’inférieur composé de 5 à 9 loges,
le supérieur seulement de 3, toutes ces loges contenant de nom-
breux ovules. Le fruit est une grosse baie à peau coriace, dont
l'intérieur est rempli de graines enveloppées d’une pulpe translucide
et succulente. Les graines sont dépourvues de périsperme. Le seul
genre de la famille est le Punica, dont l’unique espèce est le Gre-
nadier, ou Punica granatum.
Guttifères. — Famille toute tropicale, appartenant presque ex-
clusivement à l'Amérique et à l’Asie, caractérisée par des fleurs
polypétales, ordinairement unisexuées et dioïques, à étamines géné-
ralement en nombre indéfini dans les fleurs mâles, réduites à des
staminodes stériles dans les fleurs femelles. L’ovaire est libre, ses-
sile, entouré d’un disque charnu plus ou moins développé, quelque-
fois uniloculaire ou biloculaire, souvent aussi à loges plus nom-
breuses. Le fruit est tantôt une capsule à parois épaisses et coriaces,
déhiscentes par autant de valves qu’il y a de loges dans le fruit,
tantôt une baie où même une sorte de drupe. Les graines y sont
dépouvues de périsperme.
Toutes les Guttifères sont des arbres ou des arbrisseaux à sue
résineux, jaune ou verdâtre. Quelques-unes produisent des fruits
comestibles et sont cultivées à ce point de vue; d’autres sont utili-
sées pour leur résine, qui a des emplois en médecine et dans l’in-
dustrie. La famille a de grandes affinités avec les Hypéricinées et
les Ternstræmiacées. Les genres les plus intéressants sont les Clu-
sia, Garcinia, Xanthochymus, Calophyllum, Mammea et Quiina.
Hamamélidées.— Petite famille d'arbres et d’arbrisseaux dico-
tylédonés, à feuilles alternes, simples, stipulées ; à fleurs herma-
phrodites, pourvues ou non de corolle ; à étamines en nombre défini
ou indéfini ; à ovaire adhérent au calyce, biloculaire, surmonté de
deux styles. Le fruit est une capsule à deux valves, contenant ordi-
nairement deux graines, dont l'embryon est entouré d’un périsperme
corné. Cette famille, peu homogène, a quelque analogie avec les
Cornacées et les Cupulitères. La plupart de ses espèces habitent
l'Amérique du Nord, la Chine, le Japon, la Perse et l'Inde; quel-
ques-unes se rencontrent dans l'Afrique australe. Deux de ses
genres peuvent intéresser les acclimateurs : les Jamamelis et les
Parrotia.
Hippocastanées. — Arbres et arbrisseaux originaires de l’Asie
et de l'Amérique du Nord, à feuilles opposées, composées de 5 ou
7 folioles, sans süpules ; à corolle irrégulière, de 5 pétales. Eta-
mines au nombre de 5 à 8, insérées sur un disque annulaire ou
incomplet. Ovaire à 3 loges, contenant chacune 2 ovules, et se trans-
formant en un fruit capsulaire, plus ou moins charnu ou coriace,
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DESCRIPTION DES FAMILLES 153
lisse ou épineux, s’ouvrant en 2 ou 3 valves. Les graines, ordinaire-
ment réduites à { ou 2 par l’avortement de plusieurs ovules, sont
relativement très grosses, avec un large hile, sans périsperme et
entièrement remplies par embryon, dont les cotylédons très déve-
loppés sont gorgés de fécule.
Cette petite famille est presque réduite aux deux genres Æsculus
et Pavia, que beaucoup de botanistes réunissent en un seul. Elle
touche de près aux Sapindacées, dont on pourrait même la regarder
comme un démembrement. Elle a aussi quelques analogies avec le
groupe des Acérinées ou érables.
Iridées. — Plantes monocotylédones, généralement herbacées,
vivaces par des rhizomes ou des tubercules, à feuilles longues, étroi-
tes et presque toujours distiques, c’est-à-dire alternantes sur deux
côtés opposés des tiges. Les fleurs, tantôt solitaires, tantôt rappro-
chées en épis ou en panicules sur une inflorescence commune, ont
un périgone extérieur, ou calyce, composé de trois pièces pétaloïdes
et colorées, avec lesquelles alternent trois pièces plus intérieures,
également pétaloïdes et qui constituent la corolle; ces trois pièces,
ou pétales, alternent avec trois étamines, insérées à la base de la
corolle. Le centre de la fleur est occupé par un ovaire entièrement
adhérent, c’est-à-dire infère, et qui semble porter à son sommet
toutes les autres parties de la fleur. Il est à trois loges multiovulées,
et il se termine par un style unique à trois stigmates, qui sont assez
souvent pétaloïdes, ce qui en déguise la nature. Le fruit est une
capsule triloculaire, déhiscente, contenant des graines de diverses
formes, dont le périsperme est ordinairement dur et corné.
Les Iridées se distinguent aisément des Liliacées et des Amaryl-
lidées par leur port, leur feuillage et surtout par le nombre ternaire
de leurs étamines. Elles ont des représentants sous tous les climats,
et elles fournissent une multitude de plantes d'ornement à nos par-
terres, parmi lesquelles brillent surtout les Zris, Moræa, Pardan-
thus, Tigridia, Gladiolus, Crocus, Antholyza, Txia et Sparaxis.
Joncaginées. — Petite famille de plantes monocotylédones,
toutes plus ou moins aquatiques, dont les feuilles ont leurs nervures
parallèles ou du moins convergentes vers le sommet. Les fleurs y
sont ordinairement peu apparentes, et leur calyce de trois pièces
semble se confondre avec la corolle également de trois pièces. Les
étamines y sont au nombre de 6, et l'ovaire composé de 3, 4 ou
6 carpelles, tantôt soudés entre eux, tantôt libres. Le fruit est une
sorte de capsule sèche, à une ou deux graines dépourvues de péris-
perme. Cette famille est très voisine des Naïadées, avec lesquelles
elle a été longtemps réunie. Ses genres les plus remarquables sont
les Ruppia, Potamogeton, Aponogeton et Ouvirandra. Ces deux
derniers fournissent quelques plantes à l’horticulture d'agrément.
Juglandées. — Arbres dicotylédonés, à feuilles composées,
sans stipules, à fleurs incomplètes, monoïques ou dioïques. Les
mâles, rapprochées en plus où moins grand nombre autour d’un
D4 DESCRIPTION DES FAMILLES
axe commun, c’est-à-dire en chatons, se composent de 3 ou d’un
plus grand nombre d’étamines, situées aux aisselles des bractéoles
du chaton; les femelles, ordinairement réunies en petits groupes,
à l'extrémité de courts rameaux, consistent en un ovaire enchâssé
dans un calyce peu apparent et soudé avec lui; il est à 2 ou 4 loges
umovulées, et terminé par un pareil nombre de stigmates. Le fruit
est une sorte de baie, contenant un noyau, dans lequel se trouve une
seule graine charnue, huileuse et dépourvue de périsperme.
Les Juglandées appartiennent presque toutes aux régions tempé-
rées de l'hémisphère du Nord, surtout en Amérique. Elles ne com-
prend que les quatre genres Juglans, Carya, Pterocarya et En-
gelhardtia.
Labiées. — Grande famille de plantes dicotylédones monopé-
tales, à fleurs irrégulières, généralement herbacées, souvent vivaces
par leurs racines, quelquefois ligneuses et buissonnantes, rarement
devenant des arbres de moyenne grandeur. Cette famille très natu-
relle se reconnaît de prime abord aux caractères suivants : corolle
divisée en deux parties (lèvres), l’une supérieure, l’autre inférieure,
ce qui lui donne une vague ressemblance avec une bouche ouverte;
étamines au nombre de deux ou de quatre, et dans ce dernier cas
inégales deux par deux, c’est-à-dire didynames ; ovaire libre au fond
de la corolle, surmonté d'un style à deux stigmates, et divisé en
deux loges, dont chacune contient deux ovules, qui, en s’accrois-
sant pour se changer en graines, se soudent à la paroi de l’ovaire et
la poussent devant eux. Il en résulte un fruit quadrilobé, en appa-
rence formé de quatre graines nues, qui se détachent l’une de l’autre
à la maturité. C’est ce qu’on appelle un ovaire ou un fruit gynoba-
sique; on le retrouve dans la famille des Boraginées.
Les Labiées comprennent aujourd’hui près de 150 genres, dont
le plus grand nombre habite la zone tempérée septentrionale et le
sud de PAfrique. Elles contiennent beaucoup de plantes aroma-
tiques et médicinales diversement exploitées ‘par l’industrie. Les
genres les plus intéressants sont les Ocimum, Plectranthus, Coleus,
Lavandula, Pogostemon, Saloia, Rosmarinus, Monarda, Origa-
num, Thymus, Hedeoma, Melissa, Phlomis, Teucrium, Mentha
et Betonica.
Lardizabalées. — Famille de plantes dicotylédones, toute com-
posée d’arbrisseaux volubiles où grimpants, à feuilles généralement
trifoliolées et dépourvues de stipules. Le caractère essentiel de la
famille consiste dans ses fleurs organisées sur le type ternaire,
dioïques où monoïques et unisexuées par avortement. Le calyce,
souvent pétaloïde et coloré, se compose de trois ou de six pièces,
la corolle de six pétales, auxquels sont opposées un pareil nombre
d’étamines. Même structure des fleurs femelles, dont le centre est
occupé par trois carpelles libres, rarement par six ou par neuf, et
qui se transforment en baies ou fruits charnus, polyspermes, plus
rarement en une sorte de drupe monosperme, ou en un follicule sec
et déhiscent.
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DESCRIPTION DES FAMILLES
Les Lardizabalées se rapprochent d’un côté des Ménispermées,
d’un autre côté des Berbéridées. Aucune n'appartient à l'Europe;
elles sont les unes de Amérique du Sud, le long de l’océan Pacifi-
que, les autres des montagnes de l’Inde, de la Chine et du Japon.
Une espèce, du genre Burasaia, habite Madagascar. Les genres les
plus intéressants au point de vue de l’acclimatation sont les À kebia,
les Holbælia, les Lardizabala et les Stauntonia.
Laurinées. — Famille d'arbres dicotylédonés apétales, toute
composée d'arbres et d’arbrisseaux, à feuilles ordinairement persis-
tantes, coriaces, simples et sans stipules. Les fleurs, tantôt her-
maphrodites, tantôt unisexuées par avortement, sont petites et de
peu d’apparence, dépourvues de corolle, mais régulières. Elles se
composent d’un périgone ou calyce campanulé, à 4, 5 ou 6 lobes
plus ou moins caduques, mais sa base persiste et souvent s'accroît
en même temps que le fruit. À l’intérieur cette base du calyce est
soudée à un disque charnu, au pourtour duquel sont insérées les
étamines, presque toujours en nombre multiple des pièces du calyce.
Leurs anthères sont très caractéristiques par leur mode de déhis-
cence, qui se fait à l’aide de deux ou de quatre valvules, détachées
de l’enveloppe de l’anthère et qui se redressent vers son sommet.
L’ovaire, libre au centre de la fleur, est umiloculaire et umiovulé ; il
se change en un fruit bacciforme, souvent à demi-immergé dans la
base accrue du calyce et quelquefois même du pédoncule. La graine
unique qu'il contient se compose d’un embryon volumineux sans
périsperme.
Les Laurinées appartiennent également à l’ancien et au nouveau
monde, dont elles habitent surtout les régions intratropicales. Une
seule, le Laurier proprement dit, paraît indigène du midi de l’Europe.
Tous ces arbres sont imprégnés d'huiles essentielles aromatiques ;
quelques-uns sont devenus des arbres fruitiers ; d’autres, qui ar-
rivent à une grande taille, fournissent des bois de construction ou
sont exploités par l’industrie pour leurs produits aromatiques et mé-
dicinaux, dont le principal est le camphre du commerce.
La famille des Laurinées, quoique très homogène, a été divisée
en une quarantaine de genres, parmi lesquels nous nous bornerons
à citer les suivants: Cinnamomum, Persea, Nectandra, Laurus,
Oreodaphne, Sassafras, Benzoin, Litsæa et Umbellularia.
Légumineuses. — Vaste famille de plantes qui a des représen-
tants sous tous les climats et dans toutes les parties habitables du
globe. Elle contient à la fois des herbes annuelles, des arbrisseaux
et des arbres gigantesques, et c’est aussi une de celles qui nous four-
nissent le plus de plantes utiles dans l’économie domestique, l’agri-
culture, l’industrie, les arts et la médecine. L’horticulture d’agré-
ment lui emprunte aussi un très grand nombre d'espèces. Elle se
compose aujourd’hui de près de 400 genres naturels, et de 4 à
9,000 espèces.
Le caractère essentiel et à peu près universel de cette famille
réside dans la structure de l'ovaire et du fruit, qui est une gousse
56 DESCRIPTION DES FAMILLES
uniloculaire monosperme ou polysperme, dont celle du pois ou du
haricot nous fournit un exemple vulgaire. Hors de là il y a une
grande diversité dans la composition des fleurs, la forme du feuillage
et le port des plantes. On peut, à l'exemple de Linné et de plusieurs
autres botanistes, répartir le groupe des Légumineuses en trois
grandes tribus, ou sous-familles, nettement caractérisées par la
structure des fleurs; ce sont :
1° Les Papilionacées, dont la corolle irrégulière et composée de
5 pétales rappelle grossièrement la forme d'un papillon qui aurait
les ailes plus ou moins étalées. Ces pétales sont : l’éftendard, situé
à la partie supérieure de la fleur; les ailes, situées de chaque côté et
d’une forme différente de celle de l’étendard; puis les deux pétales
inférieurs, ordinairement rapprochés l’un ded’autre, même quelque-
fois agglutinés, et figurantla carène d'un navire. Tous ces caractères
sont nettement exprimés dans nos Légumineuses économiques, le
pois, le haricot, la fève, etc. Dans un certain nombre de Papiliona-
cées exotiques la corolle devient presque régulière et les caractères
ci-dessus indiqués s’effacent presque entièrement.
Ce qui est encore distinctif chez les Papilionacées, c’est le nombre
et la disposition des étamines. On en trouve généralement dix, pres-
que toujours divisés en deux faisceaux, dont l’un, composé d’une
seule étamine libre, correspond à la parte supérieure de la fleur
(à l’étendard ), t tandis que les neuf autres, plus où moins longue-
ment soudées entre elles par leurs filets, forment une sorte de gaine
autour de l'ovaire. Ce dernier est formé d’un seul carpelle, plus ou
moins prolongé en style à son sommet, umiloculaire et portant un
nombre indéterminé d’ovules adhérents à un placenta longitudinal,
qui fait face à l’étamine libre, c’est-à-dire à la partie supérieure de
la fleur. Le fruit est une gousse, sorte de capsule sèche, quelquefois
herbacée, qui s'ouvre en se divisant en deux valves. Presque tou-
jours les graines sont dépourvues de périsperme, mais les cotylé-
dons épais et charnus y suppléent.
Beaucoup de plantes alimentaires, fourragères ou ornementales
nous sont fournies par ce groupe de Légumineuses, dont les genres
les plus intéressants sont : Pisum, Faba, Phaseolus, Lathyrus,
Cicer, Astragalus, Trifolium, Lotus, Melilotus, Medicago, Eroum,
Lupinus, Anthyllis, Trigonella, Ulex, Cytisus, Genista, Robinia,
Indigofera, Galega, Glycirrhiza, Arachis, etc.
2° Les Cæsalpiriées, distinguées du groupe précédent par leur
corolle régulière ou presque régulière, et par leurs étamines libres
et non réparties en deux faisceaux. Toutes sont des arbres où des
arbrisseaux, souvent remarquables par leurs propriétés médicinales.
Leurs feuilles sont toujours composées, quelquefois surcomposées,
jamais réduites à l’état de phyllodes. Les genres les plus importants
sont : Cæsalpinia, Hæmatoxylon, Parkinsonia Gymnocladus,
Guilandina, Poinciana, Coloillea, Cassia, Swartzia, Brownea,
Amherstia, T amarindus, Hymencæa, Gleditschia, Ceratonia, Bau-
hinia, Copaifera, etc.
3° Les Mimosées, qui se distinguent d'emblée de toutes les autres
Légumineuses par leurs fleurs, généralement très petites, régulières
APR EN EN ADI UN OR
DESCRIPTION DES FAMILLES 07
et monopétales, ainsi que par leurs étamines, souvent en nombre
indéfini, tantôt libres, tantôt soudées entre elles par leurs filets. Le
fruit est une gousse de même structure que celle des autres Légumi-
neuses, et qui prend, chez quelques espèces, des proportions énor-
mes. La plupart des Mimosées sont des arbres ou des arbrisseaux,
parmi lesquels nous trouvons des espèces utiles à l’industrie et un
lus grand nombre d'espèces ornementales. Les genres qui nous
intéressent le plus sont les suivants : Parkia, Entada, Adenan-
thera, Prosopis, Neptunia, Mimosa, Albizzia, Acacia, Pithecolo-
bium, Inga, Calliandra.
Lichens. — Grande classe de végétaux cryptogames, subdivisée
en plusieurs familles ou sous-ordres fondés sur des particularités
d'organisation qu’on ne reconnait le plus souvent qu’à l’aide du
microscope. C’est une étude longue et difficile, accessible seulement
aux botanistes qui s’en font une spécialité, c’est-à-dire aux lichéno-
logues de profession.
Au point de vue où nous sommes placés 1l nous suffira de donner
un aperçu général et sommaire de ces plantes, qui rendent, il est
vrai, plus d’un service à l’industrie, mais qui n’ont jamais été et ne
seront vraisemblablement jamais l’objet d’une culture quelconque.
Les Lichens n’en remplissent pas moins un rôle des plus consi-
dérables dans l’économie de la nature, en préparant le sol sur
lequel se développeront plus tard des plantes plus nobles et plus
richement organisées. Ce sont, en quelque sorte, les défricheurs
des rochers, et on croit aujourd’hui que c’est par eux que la végé-
tation a commencé sur notre globe, quand les rochers, qui en
occupaient toute la surface, n'avaient pas encore été désagrégés
par les alternatives de la chaleur et du froid, de Phumidité et de la
sécheresse. A ces causes générales, les Lichens ajoutent leur propre
action en dissolvant lentement, mais d’une manière continue, les
matières minérales, et en formant ainsi par leurs détritus accumulés
les premières assises de l’humus, c’est-à-dire de la terre végétale.
Les Lichens habitent tous les climats, de l’équateur aux régions
polaires, du bord de la mer au sommet des montagnes, où ils ne
sont arrêtés que par la barrière des neiges et des glaces éternelles.
Ils se développent sur tous les corps capables de leur fournir un
point d'appui, les rochers, le tronc des arbres, la terre, les cons-
tructions faites de main d'homme et jusqu'aux monuments que nous
élevons en souvenir des grands hommes ou des événements mémo-
rables de l’histoire. Partout où les conditions atmosphériques, c’est-
à-dire la lumière et une certaine somme d'humidité, les favorisent,
ils travaillent à l’œuvre de désintégration qu’ils sont chargés d’ac-
complir.
Les figures sous lesquelles se présentent les Lichens sont extrê-
mement variées. Les uns se réduisent à une sorte de pulvérulence
sans consistance, les autres affectent les formes de sphérioles, de
lamelles, d’arbuscules, de filaments enchevêtrés, etc. Leurs couleurs
ne varient pas moins; on en trouve de toutes les nuances, du blanc,
du jaune, du grisâtre, du rouge, du brun et même du noir. Jamais
ii éd lois
PINONSE Vert CPNO ET ER M
= #4
D8 DESCRIPTION DES FAMILLES
ils ne présentent la teinte d’un vert franc comme celui des plantes
ordinaires. Cependant, au-dessous de l’épiderme qui les recouvre,
on trouve toujours une couche composée de globules remplis de
chlorophylle verte, et qui est entremélée de fibres incolores, ou
hyphes. Beaucoup de botanistes, aujourd’hui, regardent les Lichens
comme des végétaux de nature mixte, résultant de l’association d’un
champignon et d’une algue unicellulaire; les globules verts, aux-
quels on donne le nom de gonidies, seraient l’algue; les fibres in-
colores du Lichen représenteraient le champignon.
Les Lichens se propagent à l’aide de séminules ou spores d’une
extrême ténuité, que les vents transportent à de grandes distances,
et qui conservent longtemps leur vitalité. Les botanistes y recon-
naissent plus de 60 genres et près de 1,000 espèces. L'analyse
chimique y a découvert des principes nutrilifs analogues à lamidon
et au gluten, des substances tinctoriales et médicinales. Plusieurs
Lichens sont en effet usités en teinture; quelques-uns sont comes-
tibles, enfin quelques espèces septentrionales, entre autres le Ce-
nomyce rangiferina, est la principale ou la seule nourriture des
troupeaux de rennes pendant l’hiver.
Liliacées. — Grande famille de plantes monocotylédones, qui a
des représentants sous tous les climats, excepté les climats areti-
ques, comprenant un très grand nombre d'espèces bulbeuses et
quelques-unes aussi pourvues de tiges ligneuses, qui arrivent par-
fois à la taille de grands arbres. Plusieurs Liliacées jouent un rôle
considérable dans l’économie domestique; d’autres contribuent à
l’embellissement de nos jardins et de nos parterres et donnent même
lieu à un commerce horticole d’une certaine importance.
Leurs caractères botaniques sont faciles à saisir et en général
bien tranchés : leurs fleurs, souvent grandes et très belles, se com-
posent d’un périgone de six pièces généralement colorées et pres-
que semblables, dont les trois extérieures représentent le calyce
et les trois intérieures la corolle; à ces six pièces sont opposées
six étamines, et au centre de la fleur se trouve l'ovaire, toujours
libre, c’est-à-dire sans adhérence avec les pièces qui entourent. II
est à trois loges, contenant chacune un certain nombre d’ovules, et
surmonté d’un style terminé par un stigmate ordinairement trilobé.
Le fruit est le plus souvent une capsule triloculaire, quelquefois une
baie charnue. Les graines contiennent un périsperme farineux ou
corné plus ou moins dur.
Cette belle famille est divisée en six tribus ou sous-ordres, ainsi
caractérisés :
Les Tulipées, herbacées et bulbeuses, dont les pièces du périgone
sont libres ou à peine cohérentes entre elles par leurs bases. Leurs
graines sont généralement comprimées, c’est-à-dire aplaties. Genres
principaux : Tulipa, Gagea, Fritillaria, Lilium, Methonica.
Les Agapanthées, herbacées et à racines fibreuses ou tubéri-
formes. Leur périgone, tubuleux inférieurement, est divisé en 6 lobes
et les étamines sont insérées sur la partie tubuleuse du périgone.
Fruit capsulaire comme dans la tribu précédente, et les graines un
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DESCRIPTION DES FAMILLES 59
peu comprimées. Genres principaux : Funkia, Agapanthus, Po-
lianthes, Phormium. :
Les Aloïnées. Herbes à feuilles épaisses, charnues, quelquefois
arborescentes, à périgone tubuleux couronné par six dents ou six
lobes plus où moins longs. Elamines insérées sur le périgone. Fruit
plus souvent capsulaire, plus rarement bacciforme. Graines com-
primées; racine fibreuse. Genres principaux : Sanseviera, Aloë,
Yucca.
Les Asphodélées. Herbes à racines fibreuses ou un peu tubéri-
formes, à feuilles longues et étroites. Périgone tubuleux, profondé-
ment divisé en six lobes ; étamines insérées sur la partie tubuleuse
du périgone ou sur le réceptacle commun. Fruit capsulaire ou un
peu bacciforme, à graines rondes ou anguleuses. Genres principaux :
Asphodelus, Hemerocallis, Anthericum.
Les Æyacinthées. Plantes bulbeuses, à fruit capsulaire ; périgone
tubuleux, plus ou moins profondément divisé en six lobes, souvent
campanulé ou urcéolé. Genres principaux : Æyacinthus, Velthe-
mia, Camassia, Seilla, Ornithogalum, Allium.
Les Asparagées. Plantes tantôt herbacées, tantôt arborescentes,
à racines fibreuses, quelquefois tubériformes. Le fruit est toujours
une baie, diversement colorée. Genres remarquables : Dianella,
Eustrephus, Asparagus, Cordyline, Dracæna.
Magnoliacées. — Arbres et arbrisseaux de l'Asie orientale et
des deux Amériques, à fleurs polypétales, dont les pièces de chaque
verticille (calyce et corolle) sont au nombre de trois où d’un multiple
de trois. Les étamines, en nombre indéfini, sont hypogynes, c’est-
à-dire situées à la base d’un torus ou prolongement de l’axe floral
qui porte un nombre indéfini de carpelles uniloculaires, dont chacun
est surmonté d’un style court et contient le plus souvent un seul
ovule. Le fruit est une sorte de cône, analogue de figure à celui des
pins, et où chaque carpelle devient tantôt une capsue déhiscente,
tantôt une sorte de baie. La graine est toujours périspermée.
Les Magnoliacées ont fourni à nos parcs et à nos jardins d’agré-
ment des arbres et des arbrisseaux d’un grand prix, tant par leur
beau feuillage que par leurs fleurs souvent très grandes et quelque-
fois délicieusement parfumées. On y trouve aussi quelques arbres
forestiers, dont le bois est utilisé de diverses manières, et un certain
nombre d’arbrisseaux aromatiques. Plusieurs fournissent des mé-
dicaments d’une certaine valeur. Les principaux genres de la famil-
le sont les Magnolia, Talauma, Aromadendron, Liriodendron,
Tasmannia, Drimys et Ilicium.
Malvacées. — Grande famille de plantes dicotylédones, com-
prenant des arbres, des arbrisseaux et des herbes vivaces ou an-
nuelles, et représentées sous tous les climats de l’ancien et du nou-
veau monde. Leurs feuilles sont alternes et munies de stipules.
Les fleurs, toujours régulières, se composent d’un calyce ordinai-
rement à cinq lobes, d’une corolle de cinq pétales, tantôt libres,
tantôt soudés avec le faisceau des étamines. Ces dernières, en
60 DESCRIPTION DES FAMILLES
nombre indéfini, et dont l’anthère est réniforme et unilocellée, sont
soudées les unes aux autres par la base de leurs filets, en une sorte
de tube traversé par les styles des carpelles plus ou moins nom-
breux, dont l’ensemble constitue lovaire. Le fruit est quelquefois
charnu, plus ordinairement c’est une capsule à 5 loges polyspermes
ou une réunion de petites coques monospermes. Les graines sont le
plus souvent dépourvues de périsperme; chez quelques espèces
elles sont velues où même couvertes de longs poils EnCHETEUSS
comme nous le voyons dans les cotonniers.
Par le grand nombre de plantes utilisées dans l'industrie, l’ali-
mentation où la médecine, les Malvacées tiennent un rang très
élevé dans l’économie domestique. Plusieurs sont des plantes d’or-
nement recherchées. Aucune n’est vénéneuse. Les genres princi-
paux sont les suivants : Althca, Lavatera, Maloa, Pavonia, Hi-
biscus, Abelmoschus, Lagunaria, Sida, Abutilon et Gossypium.
Plusieurs autres familles se placent, par leur organisation, au
voisinage des Malvacées proprement dites, dont elles pourraient
être considérées comme des démembrements; ce sont les Tiliacées,
les Sterculiacées et les Byttnériacées.
Morées. — Famille d'arbres dicotylédonés apétales, à suc lac-
tescent, dont les feuilles, entières ou lobées, sont pourvues de sti-
pules caduques, assez souvent façonnées en une sorte de cornet qui
enveloppe les bourgeons au moment de leur naissance. Les fleurs
y sont monoïques ou dioïques, peu apparentes, réunies en plus ou
moins grand nombre sur un axe ou réceptacle commun, souvent
charnu et de forme variable. Les mâles se réduisent à un périgone
calycinal, quelquefois oblitéré, à 3 ou 4 lobes, auxquels sont oppo-
sées un pareil nombre d’étamines. Les femelles consistent en un
ovaire surmonté d’un style à deux stigmates, et en un périgone
de 4 à 5 folioles. Le fruit est ici un syncarpe, c’est-à-dire une agré-
gation d’ovaires monospermes et semblables à de simples graines,
tantôt entourés des folioles périgoniales devenues charnues, ce qui
donne à l’ensemble la figure d’une baie, tantôt immergés dans le
réceptacle commun, charnu et plus ou moins succulent, étalé ou
devenu pyriforme. Les graines sont PH ues d’un albumen ou pé-
risperme. Le groupe des Morées est très voisin de celui des Arto-
carpées, et, comme lui, réuni par quelques botanistes à la grande
famille des Urticées. La plupart de ses espèces sont propres aux
régions intratropicales de l’ancien et du nouveau monde, mais
quelques- -unes s’écartent assez des tropiques pour pouvoir vivre
dans les pays tempérés. Presque toutes sont arborescentes, à feuilles
persistantes, plus rarement caduques. On y trouve cependant aussi
un pelit nombre d'espèces herbacées. Les genres principaux sont :
Epicarpurus, Morus, Maclura, Broussonnetia, Ficus, Dorstenia.
Mousses. — Plantes acotylédones, toutes de petite taille et her-
bacées; les unes vivaces, les autres annuelles, se reproduisant par
des spores ou séminules mieroscopiques, qui se forment à la suite
d’une véritable fécondation, chez quelques espèces par des corpus-
DESCRIPTION DES FAMILLES 61
cules analogues aux bulbilles des plantes supérieures, et par des
sortes de tubercules ou de rhizomes souterrains. Toutes les Mousses
sont pourvues de feuilles très menues, qui contiennent de la chloro-
pylle ; la plupart sont terrestres, mais il en est aussi d’aquatiques.
On en trouve sous tous les climats; elles abondent surtout dans les
pays froids ou tempérés-froids, dans les forêts, où elles tapissent le
sol et le tronc des &rbres, et sur les montagnes jusqu’à la limite des
neiges éternelles. Certaines Mousses, les Sphaignes, sont particu-
lières aux lieux marécageux, où, s’entassant les unes sur les autres
pendant un nombre indéfini de générations, elles forment une épaisse
couverture très hygrométrique, et dont les couches inférieures se
convertissent en tourbe.
Les botanistes ont divisé la classe des Mousses en trois familles,
qui contiennent ensemble environ 130 genres, dont quelques-uns
sont fort riches en espèces. Aucune n’est cultivée, mais les grandes
espèces sont usitées en horticulture pour les emballages des plantes
et pour abriter les semis contre le soleil. |
Myricacées. — Arbres et arbrisseaux dicotylédonés apétales,
à feuilles alternes, simples, ordinairement sans stipules, et dont
les fleurs, dépourvues de calyce et de corolle, sont unisexuées, mo-
noïques ou dioïques, et rapprochées en chatons assez analogues à
ceux des Cupulifères. Les fleurs mâles se composent de 2 à 6 éta-
mines situées à l’aisselle des bractées du chaton ; les femelles con-
sistent en un ovaire uniloculaire, uniovulé, surmonté de deux stig-
mates, et entouré à sa base de quelques bractéoles. Le fruit est une
sorte de baïe, sèche ou charnue, et contenant une graine sans pé-
risperme.
Gette petite famille ne contient que les trois genres Myrica, Comp-
tonia et Clarisia, qui pourraient même se ramener à un seul. Elle
contient quelques espèces qui sont utilisées comme plantes médici-
nales ou industrielles.
Myrsinacées ou Ardisiacées. — Famille d'arbres et d’ar-
brisseaux, à feuilles alternes, simples, plus ou moins coriaces et
sans stipules. Les fleurs sont petites, ordinairement hermaphrodites,
composées d’un calyce à 4 ou 5 lobes; d’une corolle monopétale à
4 ou 5 segments, avec un pareil nombre d’étamines opposées à ces
segments et insérées sur la base de la corolle. L’ovaire, libre ou à
peine adhérent par sa base, est uniloculaire et rempli par un volu-
mineux placenta central libre, dans lequel sont enchâssés les ovules.
Le fruit est une baie, qui ne contient le plus souvent qu’une seule
graine.
Par leur corolle monopétale, leurs étamines opposées aux lobes
de la corolle et leur ovaire à placenta central libre, les Myrsinacées
se rapprochent beaucoup des Primulacées, mais elles s’en distin-
guent aisément par leur port arborescent et par leur fruit charnu.
Elles appartiennent pour la plupart aux climats chauds ou tempérés-
chauds et humides. Toutes sont étrangères à l'Europe. Les genres
les plus intéressants sont les Myrsine, Ardisia, Theophrasta,
62 DESCRIPTION DES FAMILLES
Clavija et Corynocarpus. Plusieurs espèces de Myrsinacées sont
des plantes d'agrément dans les serres et les jardins de l’Europe.
Myrtacées. — Grande famille d'arbres et d’'arbrisseaux dicoty-
lédonés, en majeure partie intratropicale, mais avec un représentant
dans le midi de l'Europe. C’est un groupe assez homogène, qu'on
reconnaitra aux caractères suivants : feuilles sans stipules, opposées
ou alternes, toujours simples et persistantes; fleurs régulières, dont
le calyce est le plus souvent à cinq lobes et le tube soudé à l'ovaire;
étamines quelquefois en nombre double des pétales de la corolle,
qui alternent avec les lobes du calyce, plus ordinairement en
nombre indéfini; ovaire infère, à 4, 5 ou 6 loges, quelquefois à 2? ou
même à une seule, surmonté d’un seul style. Le fruit est tantôt
une capsule déhiscente ou indéhiscente, tantôt une baie. Les graines
sont dépourvues de périsperme.
Dans la plupart des Myrtacées les feuilles et les autres parties
herbacées sont parsemées de glandes oléifères, qui leur communi-
quent une odeur balsamique. Chez quelques-unes la corolle, par
suite de la coalescence congénitale des pièces dont elle est com-
posée, se change en une sorte de coiffe ou d’opercule, qui recouvre
les parties plus intérieures de la fleur et qui se détache tout d’une :
pièce au moment de la floraison.
La plupart des botanistes subdivisent l’ordre des Myrtacées en
cinq sous-ordres ou grandes tribus, que d’autres considèrent comme
autant de familles distinctes; ce sont :
Les Chamélauciées, sous-arbustes de la Nouvelle-Hollande, ca-
ractérisés par leur ovaire uniloculaire ;
Les Leptospermées, arbres et arbrisseaux principalement austra-
liens, dont le fruit est une capsule le plus souvent déhiscente, à
3, 4 où » loges;
Les Myrtées, qui ont beaucoup d’analogie avec le groupe précé-
dent, mais qui en diffère par un fruit charnu, bacciforme, plus ou ,
moins suceulent ; <
Les Barringtoniées, arbres et arbrisseaux de l’Asie et de l'Amé- |
rique tropicale, dont les feuilles sont dépourvues de ces glandes
oléifères des Myrtacées précédentes; leur fruit est une sorte de |
baie coriace, qui ne contient qu'une seule graine, quelquefois plu
sieurs, mais en très petit nombre ;
Les Lécythidées, qui appartiennent toutes à l'Amérique tropicale,
principalement à la Guyane. De mème que chez les Barringtoniées, ;
les feuilles sont dépourvues de glandes oléifères. Un caractère qui
leur esl propre consiste en ce que leurs étamines sont recouvertes :
par un prolongement pétaloïde, qui se recourbe au-dessus d'elles. .
Leurs fruits sont ordinairement de grosses capsules plus où moins
ligneuses, dont le sommet se détache circulairement comme un
couvercle, pour laisser sortir les graines. :
Les genres les plus intéressants de la famille des Myrtacées sont $
les Tristania, Calothamnus, Beaufortia, Melaleuca, Eucalyptus,
Angophora, Callistemon, Metrosideros, Fabricia et Leptosper-
mum, qu appartiennent au groupe des Leptospermées; Myrtus,
DESCRIPTION DES FAMILLES 63
Psidium, Caryophyllus, Eugenia el Jambosa, du groupe des Myr-
tées;, Barringtonia dans celui des Barrimgtomiées ; Lecythis et
Bertholletia dans celui des Lécythidées.
Très près des Myrtacées se place la petite famille des Granatées,
réduite à un seul genre et à une seule espèce, le grenadier commun.
Ombellifères. — Plantes dicotylédones presque toutes herba-
cées, annuelles ou vivaces par leurs rhizomes, variables d’aspect,
mais très analogues les unes aux autres par la structure de leurs
fleurs et de leurs fruits, constituant en somme un groupe végétal des
plus homogènes par ses caractères botaniques.
Ainsi que le nom de la famille le fait pressentir, les fleurs des
Ombellifères sont généralement rapprochées, en nombre plus ou
moins grand, au sommet d’un pédoncule commun, d’où il résulte
que l’inflorescence prend la figure d’un parasol ou d’une ombrelle,
quelquefois, mais plus rarement, celle d’un capitule globuleux. Les
fleurs se composent d’un ovaire infère, surmonté de cinq dents ca-
lycinales plus ou moins visibles, d’un pareil nombre de pétales et
d'autant d’étamines insérées au pourtour d’un disque charnu. L’o-
vaire est à deux loges uniovulées, et le fruit une sorte de caryopse
qui se divise, à la maturité, en deux moitiés dont chacune contient
une graine à périsperme corné.
Les Ombellifères se trouvent dans tous les climats, mais elles
abondent surtout dans les parties froides ou tempérées de l’hémis-
phère septentrional. L'économie domestique leur doitdiverses plantes
alimentaires ou fourragères, et un plus grand nombre de plantes
médicinales; on y trouve aussi des espèces vénéneuses. Cette vaste
famille contient aujourd’hui plus de 280 genres, parmi lesquels il
convient de citer les ÆZydrocotyle, Sanicula, Astrantia, Apium,
Petroselinum, Cicuta, Ammi, Carum, Œnanthe, Fœniculum,
Angelica, Opopanax, Ferula, Peucedanum, Anethum, Pastinaca,
Cuminum, Thapsia, Daucus, Anthriscus, Prangos, Arracacha
et Coriandrum.
Orchidées. — Grande famille de plantes monocotylédones, qui
a des représentants sous tous les climats, mais qui abonde surtout
entre les tropiques. Toutes les espèces en sont herbacées et vivaces,
la plupart acaules, quelques-unes sarmenteuses et grimpantes. Les
unes sont simplement terrestres, les autres habituellement épiphy-
tes, c’est-à-dire vivant en fausses parasites sur le tronc des arbres,
au milieu de la mousse et des lichens. Leurs fleurs, bizarres et très
irrégulières, sont souvent parées des plus brillantes couleurs, ce
qui explique l’engouement dont ces plantes sont devenues l’objet.
Plus de mille espèces d'Orchidées sont actuellement cultivées en
Europe dans les serres spécialement établies pour elles, et de nom-
breux voyageurs parcourent le monde en quête d'espèces nouvelles.
Le commerce horticole des Orchidées ne manque pas d’impor-
tance, et le prix qu’on offre de quelques-unes remet en mémoire la
coûteuse passion des tulipes au dix-septième siècle. Presque toutes
n’ont d'autre intérêt que celui de la beauté de leurs fleurs ; quelques-
5
64 DESCRIPTION DES FAMILLES
unes cependant rendent des services d’un autre ordre par la fécule
(salep) qu’on reure de leurs tubercules et par les parlums que four-
mssent certaines espèces exotiques, dont la plus connue est la vanille.
L'Europe possède une centaine d’espèces d'Orchidées, apparte-
nant en majeure parüe aux genres Orchis, Ophrys, Epi ipaclis,
Malaxis el Serapias; quant aux espèces exoliques, le nombre en
est si grand que nous devons renvoyer le lecteur aux ouvrages
qui traitent spécialement de cette branche de l’horticulture.
Oxalidées. — Plantes dicotylédones polypétales, la plupart her-
bacées, annuelles ou vivaces par des rhizomes ou ‘des tubercules,
ayant pour caractères un calyce de cinq sépales, une corolle régulière
de cinq pétales, dix étamines et un ovaire libre à cinq loges. Le
fruit est tantôt une capsule polysperme, tantôt une baie.
Cette famille, réduite à six genres, comprend cependant plusieurs
centaines d'espèces, principalement dans le genre Oxalis. Elle n’a
qu'une faible valeur au point de vue économique, quoiqu’elle con-
tienne quelques plantes alimentaires et qu’elle en fournisse aussi à
l’horticulture d'agrément. Un petit nombre d’Oxalidées sont arbo-
rescentes ou arbustives entre les tropiques, telles, par exemple,
que celles du genre Averrhoa.
Palmiers. — Grande et superbe famille de plantes monocotylé-
dones, généralement arborescentes, souvent de grande taille, quel-
quefois simples arbrisseaux et sous-arbrisseaux de proportions
exiguës et presque herbacés, quoique toujours vivaces. Linné,
dans son style imagé, appelait les Palmiers les princes du règne
végétal, et beaucoup d'espèces méritent cette qualification par leur
taille imposante et la majesté de leur port. On connaît aujourd’hui
près de 1,200 espèces de Palmiers, réparties dans une centaine de
genres.
Le port des Palmiers, considérés d'une manière générale, est
caractéristique et les Î fait reconnaître de prime abord. C’est un
slipe, ou tige colomnaire, presque toujours simple, c’est-à-dire
sans ramification, ordinairement cylindrique de la base au sommet et
couronnée par une ample gerbe de feuilles souvent énormes, et qui
s’élalent en parasol. Ces feuilles peuvent se ramener à deux types
principaux : les feuilles pennées, dans lesquelles axe ou rachis,
sorte de nervure médiane, grosse et robuste, qui fait suite au pé-
tiole, est garni dans toute sa longueur de pinnules, plus ou moins
rapprochées, mais toujours distinctes, ainsi qu'on le voit dans le
classique Dattier (Phoœnix ); et les feuilles palmées, c’est-à-dire en
forme de main ouverte à doigts écartés, où toutes les pinnules in-
sérées au sommet du pétiole commun s’étalent à la manière d’un
éventail, ainsi que nous le montre le Palmier nain (Chamærops ).
Entre ces deux types, plusieurs Palmiers offrent des formes inter-
médiaires, qui, suivant le degré, peuvent, être rattachées tantôt à
l'un, tantôt à l’autre x quelquelois à tous deux. Plus rarement, les
feuilles des Palmiers sont découpées en véritables folioles, comme
dans le genre Caryota.
Æ
DESCRIPTION DES FAMILLES 65
L’inflorescence des Palmiers est un spadice, sorte de panicule
souvent très volumineuse et enveloppée, au moins dans les premiers
temps de son développement, par une ou deux bractées coriaces,
qui prennent le nom de spathe. Les fleurs, ordinairement très
nombreuses et toujours petites, sont quelquefois hermaphrodites,
plus souvent unisexuées, et alors monoïques ou dioïques suivant
les genres. Prises isolément elles ont peu d'apparence et sont
toujours blanches ou jaunâtres. Elles se composent d’un périgone
de six pièces à peu près semblables, dont les trois extérieures cor-
respondent au calyce et les trois intérieures à la corolle; de six éta-
mines et quelquefois d’un plus grand nombre dans les fleurs mâles
ou hermaphrodites, et d’un ovaire central, libre, développé seule-
ment dans les fleurs femelles, formé de trois carpelles le plus sou-
vent soudés ensemble et surmontés de trois stigmates. Le fruit est
communément une baie ou une drupe, succulente ou sèche et
fibreuse, contenant une seule graine dont l’albumen volumineux
prend le plus souvent une consistance cornée. L’embryon, toujours
très petit relativement à cet albumen, est logé dans une cavité su-
perficielle de ce dernier.
Cette noble famille est presque entièrement intratropicale. Les
espèces en sont d'autant plus nombreuses que le climat est à la fois
plus chaud et plus humide ; aussi abondent-elles au voisinage de
l'équateur, surtout en Amérique. Aucune espèce n’habite les climats
froids, mais on en trouve quelques-unes en dehors des tropiques,
dans des pays tempérés-chauds où l'hiver n’est pas imconnu. D’au-
tres, entre les tropiques, s'élèvent sur les montagnes à des altitudes
qui confinent presque à la ligne des neiges éternelles.
Si les Palmiers sont un des plus grandioses et des plus gracieux
ornements de la nature, ils ont un mérite plus grand encore dans
leur utilité, qui le cède à peine à celle des céréales. Comme ces
dernières ils nourrissent presque une moitié du genre humain, par
leurs fruits succulents, le sucre contenu dans leur sève et les liqueurs
fermentées que l’industrie en retire, par l’abondante fécule qui
remplit le trone de certaines espèces, et l'huile qu'on extrait des
fruits de quelques autres. Ils fournissent encore du bois qu’on
utilise de bien des manières, des fibres d’une grande ténacité dont
on fabrique des cordages, des filets, des toiles, des vêtements et du
papier; leurs feuilles servent à tresser des nattes, des corbeilles,
des chapeaux légers, ou à couvrir les toitures des habitations rusti-
ques; les peuplades sauvages trouvent même dans les Palmiers de
quoi faire des armes redoutables, des lances, des arcs et des flèches
aux pointes dures et acérées.
Tant d’'éminentes qualités ont rendu les Palmiers populaires dans
l’horticulture de tous les peuples civilisés, et, depuis le commence-
ment du siècle, des centaines d’espôces en ont été introduites en
Europe, où elles font le principal ornement des serres chaudes, en
Angleterre, en Allemagne, en Russie, en Belgique et en France.
Plus récemment, à mesure que le goût et Part des jardins se déve-
loppaient dans le midi de l’Europe, on a compris que quelques
espèces choisies parmi les plus rustiques réussiraient en pleine terre
66 DESCRIPTION DES FAMILLES
et à l’air libre mieux que sous des abris vitrés. Le succès a cou- .
ronné ces premières tentatives et a encouragé à les multiplier ; aussi
l'introduction incessante des Palmiers et leur culture donnent-elles
lieu aujourd’hui à un important commerce horticole des deux côtés
de la Méditerranée.
Tous les palmiers, sans exception, sont recherchés par les ama-
teurs de belles plantes; mais ne pouvant pas donner 1ci la liste de
tous les genres de la famille, nous nous bornerons à citer ceux qui
ont déjà fourni ou peuvent fournir des espèces capables de vivre à
l'air libre dans nos pays tempérés ou tempérés-chauds. Ce sont
principalement les suivants : Areca, Kentia, Sabal, Chameærops,
Trachycarpus, Phœnix, Acrocomia, Chamædorea, Livistona,
Rhapis, Thrinax, Brahea, Cocos, Diplothemium et Jubæa.
Les Palmiers ont été divisés en cinq grandes tribus, qui sont les
Arécinées, les Lépidocaryées, les Borassinées, les Coryphinées et
les Cocoinées.
Un nombre de Palmiers beaucoup plus grand qu'on ne l’a cru
jusqu'ici sont susceptibles de s’acclimater dans les pays tempérés-
chauds des deux hémisphères et jusque dans le midi de l’Europe,
ainsi qu'en témoignent déjà bien des expériences suivies de succès.
C’est au célèbre botaniste bavarois Martius qu’on en doit la pre-
mière idée. Voici la liste abrégée que, dès 1850, il a donnée des
Palmiers sud-américains capables de vivre et de se développer à
l'air libre au voisinage de la Méditerranée : Ceroxylon australe, des
hautes montagnes de l’ile de Juan Fernandez, par 30 degrés de
latitude; Jubæa spectabilis, du Chili; Trithrinaæ brasiliana, Co-
pernicia cerifera, Acrocomia Totai, Cocos australis, C. Yatai,
C. Romansoffiana, Diplothemium littorale, du Brésil méridional,
de l’Uruguay et des Etats de la Plata, entre les 28° et 34° degrés de
latitude australe.
Les hautes montagnes de l'Amérique du Sud fournissent aussi
leur contingent de Palmiers rustiques, dont quelques-uns sont de la
plus grande taille. Ce sont les Æulerpe andicola, Hænkeana et
longivaginata ; Diplothemium Torallyi, C'eroæylon pityrophyllum,
des Andes de Bolivie, à des altitudes de 2,000 à 2,500 mètres; C'e-
roæylon andicola, Kunthia montana, Oreodoxa frigida, Geonoma
densa, des Andes de la Nouvelle-Grenade, à des altitudes plus
grandes encore; sur les Andes de Vénézuela, le Ceroxylon Klops-
tockia, au-dessus de 2,000 mètres, où son stipe, haut de plus de
60 mètres, est couronné par des frondes de 7 à 8 mètres de lon-
gueur. Là aussi se trouvent le Syagrus Sancona et le Platenia
Lhiragua, deux Palmiers des plus fortes proportions. D’autres Pal-
miers rustiques croissent sur les hauteurs du Mexique, en dehors de
la zone des tropiques, tels que le Chamædorea concolor, le Coper-
nicia Pumos, le C'. nana, les Brahea dulcis et filifera, et plusieurs
autres encore, peu ou point connus des botanistes. Quoique moins
riches en Palmiers que les montagnes de l'Amérique, celles de l'Asie
nous fournissent un nombre encore considérable d'espèces rus-
tiques apparlenant aux genres Phænix, Wallichia, Trachycar-
pus, elc. L'Australie, la Nouvelle-Zélande et l'Afrique ont aussi
DESCRIPTION DES FAMILLES 67
donné à nos jardins méridionaux quelques Palmiers également re-
marquables par leur élégance, leurs belles proportions et leur rus-
ticité, tels, entre autres, que les Phœnix reclinata et canariensis.
Les Palmiers, autrefois uniquement recherchés pour la décoration
des serres-chaudes, le sont tout autant aujourd’hui pour la culture
à l'air hibre, et ils sont devenus, en conséquence, une branche très
importante du commerce horticole dans le midi de l’Europe et sur-
tout en Provence.
Passiflorées. — Famille de plantes dicotylédones, généralement
sarmenteuses, munies de vrilles axillaires et grimpantes, plus rare-
ment dressées avec le port ordinaire d’un arbre. Leurs feuilles sont
alternes, entières ou diversement lobées, munies de stipules et
portant habituellement des glandes sur leur pétiole. Les fleurs, soli-
taires dans la plupart des cas, sont hermaphrodites, rarement uni-
sexuées ; le calyce, quelquefois tubuleux, plus souvent cupuliforme,
est divisé en quatre ou cinq lobes ordinairement pétaloïdes et colorés
comme les pièces de la corolle, avec lesquels 1l est facile de les con-
fondre. Sur la base intérieure de cette dernière il existe souvent une
sorte de couronne formée d’appendices plus ou moins longs et di-
versement colorés. Les étamines, en même nombre que les pièces
de la corolle, quelquefois en nombre double et insérées au fond de
la fleur, sont tantôt libres, tantôt soudées à une sorte d’axe central,
qui porte l’ovaire à son sommet. Ce dernier est uniloculaire, mais à
trois placentas, et surmonté de trois styles à gros stigmates. Le
fruit est tantôt une capsule, tantôt une baie, dont les nombreuses
graines sont enveloppées d’une sorte d’arille charnu et mou.
Cette famille est très naturelle, quoiqu’elle ait des affinités éloi-
gnées avec les Cucurbitacées et les Capparidées. La plupart de ses
espèces sont tropicales, et surtout américaines. Citons les genres
Passiflora, Tacsonia, Murucuja et Modecca, fréquemment cultivés
dans les jardins de l’Europe.
Platanacées ou Platanées. — Famille toute composée d’un
petit nombre d’arbres, à fleurs monoïques, c’est-à-dire réunies sur
le même individu, mais séparées sur des rameaux différents et
agrégées en capitules sphériques; ces fleurs, très petites et incom-
plètes, entourées de bractées peu visibles, se réduisent, pour les
mâles, à 3 ou 4 élamines, quelquefois à une seule; pour les femelles,
à un petit nombre d’ovaires (de 4 à 8, quelquefois seulement 2), qui
deviennent plus tard des nucules monospermes, entourées de poils
raides et caduques au moment de la maturité. Cette famille, abstrac-
tion faite du port, semble avoir une certaine analogie avec les Urti-
cées. Elle ne contient que le seul genre Platanus.
Phytolaccacées. — Famille de plantes dicotylédones, herba-
cées ou arborescentes, à feuilles simples et alternes; à fleurs her-
maphrodites, le plus souvent dépourvues de corolle, mais contenant
ordinairement un plus grand nombre d’étamines qu’il n’y a de lobes
ou de pièces au calyce. L’ovaire se compose de plusieurs carpelles
68 DESCRIPTION DES FAMILLES
libres, disposés en cercle au centre de la fleur, et entourés d’un
disque charnu. Le fruit est tantôt sec et capsulaire, tantôt bacci-
forme et succulent.
Les Phytolaccacées ont une certaine analogie avec lesChénopodées
et les Caryophyllées. Elles sont propres aux régions chaudes et tem-
pérées-chaudes de l’ancien et du nouveau continent. Leurs genres
principaux sont les Phytolacca, Pircunia et Rivina.
Polygonées. — Famille de plantes dicotylédones apétales, où
la corolle est remplacée par un calyce ou périgone souvent coloré et
pétaloïde. Ce sont des herbes annuelles ou vivaces, quelquefois des
arbrisseaux, plus rarement des arbres d’une certaine taille. Les
feuilles y sont communément alternes, simples, avec un pétiole sou-
vent élargi à la base et formant une sorte de gaine autour de la tige
ou des rameaux. Les fleurs, hermaphrodites ou unisexuées, sont
ordinairement rapprochées en inflorescences de diverses formes,
variant de celle d’un capitule à celle d’une panicule. Les étamines,
en nombre variable, mais jamais indéfini, sont opposées, ou plus
rarement alternes, aux pièces périgoniales. L'ovaire, à deux, trois
ou rarement quatre carpelles, est uniloculaire et umiovulé. Il se
change en un fruit, semblable à une simple graine, de forme lenti-
culaire, très souvent trigone et rarement tétragone. L’embryon y est
entouré d’un périsperme farineux, souvent épais.
Les Polygonées appartiennent à tous les climats, surtout aux cli-
mats tempérés, maisles espècesarborescentes habitentexclusivement
entre les tropiques. L'économie domestique, la médecine, l’agricul-
ture et les arts leur doivent quelques plantes utiles. Plusieurs même
sont cultivées dans nos jardins en qualité de plantes d'ornement.
Les genres les plus intéressants à notre point de vue sont les
Eriogonum, Rheum, Polygonum, Fagopyrum, Rumex, Antigo-
num, Coccoloba et Muhlenbeckia.
Pomacées. — Sous-famille ou grande tribu de l’ordre des Rosa-
cées, entièrement formée d’arbres et d’arbrisseaux, à feuilles simples
ou composées, munies de stipules. Les fleurs y sont régulières à cinq
pétales et contiennent une vingtaine d’étamines, tous caractères qui
leur sont communs avec les Amyg gdalées; mais à partir de là, les
Pomacées s’en distinguent par leur ovaire de deux à cinq carpelles
soudés ensemble et infères, c’est-à-dire adhérent au tube du calyce,
dans lequel il est immergé et qui fait corps avec le fruit. Les loges
de l’ovaire, en même nombre que les carpelles et les styles qui Îes
terminent, contiennent habituellement plusieurs ovules, qui devien-
nent autant de graines (pépins) ou autant de nucules dans le fruit.
Ces graines sont dépourvues de périsperme.
Les Pomacées appartiennent toutes à l'hémisphère du nord, et
surtout à ses régions tempérées; elles jouent un grand rôle en agri-
culture et en horticulture par les arbres fruitiers qu’elles fournissent,
tels que pommiers, poiriers, cognassiers, néfliers, etc. Leurs genres
principaux sont les Pirus, Cydonia, Sorbus, Malus, Mespilus,
Eriobotrya, Cratægus et Cotoneaster.
DESCRIPTION DES FAMILLES 69
Protéacées. — Arbres el arbrisseaux dicotylédonés apétales,
nettement caractérisés par un calyce coloré pétaloïde, à 4 divisions;
par 4 élamines insérées sur le calyce et opposées à ses divisions, et
par un ovaire libre, formé d’un seul carpelle uniloculaire et conte-
nant un ou deux ovules. Cet ovaire devient une sorte de capsule,
déhiscente ou indéhiscente, souvent ligneuse et très dure. Outre ces
caractères, les Protéacées se font encore remarquer à leur feuillage
dur et coriace, dépourvu de stipules.
Presque toutes ces plantes appartiennent à Phémisphère austral;
elles abondent dans la Nouvelle-Hollande et dans le sud de Afrique.
On en trouve aussi quelques-unes dans l'Amérique du Sud. Trois ou
quatre s’avancent vers le nord jusqu’en Abyssinie, et un pareil nom-
bre dans les îles malaises. Beaucoup de Protéacées sont introduites
dans les jardins de l’Europe en qualité d'arbres ou d’arbrisseaux
d'ornement. Les principaux genres de la famille sont: Leucadendron,
Protea, Persoonia Brabejum, Grevillea, Helicia, Macadamia,
Hakea et Guevinia.
Quillaïées. — Petite famille d'arbres et d’arbrisseaux dicotylé-
donés, tous de l'Amérique du Sud, qui se rapprochent des Rosacées,
dont ils diffèrent principalement par un fruit capsulaire et des grai-
nes ailées. Un seul de ces arbres nous intéresse: c’est le Quillaia
saponaria du Chili, que son feuillage luisant et persistant et ses
fleurs blanches ont fait introduire, comme arbre d'ornement, dans
le midi de l’Europe. Son écorce, riche en saponine, alimente un
certain commerce; on s’en sert pour nettoyer les étoffes de soie,
enlever les taches et donner aux tissus de laine un lustre particulier.
Le bois lui-même est usité dans tous les genres de construction, car
l'arbre devient très grand avec les années. Il est assez commun
dans les jardins de la Provence maritime, où il se reproduit sponta-
nément de ses graines tombées à terre.
Renonculacées. — Vaste famille de plantes dicotylédones po-
lypétales, appartenant principalement aux pays tempérés de l’hémis-
phère septentrional. Toutes sont herbacées, rarement frutescentes,
annuelles ou vivaces par des rhizomes ou des tubercules. Quoique
très homogènes dans le sens botanique, les Renonculacées présen-
tent des aspects très différents suivant les espèces et une grande
variété dans la composition des fleurs. Leurs caractères les plus
essentiels consistent dans le nombre indéfini des étamines toujours
hypogynes, et dans leurs carpelles presque toujours libres, et dont
le nombre varie suivant les genres. La corolle est tantôt régulière,
tantôt irrégulière, et le calyce quelquefois coloré et pétaloïde. Le
fruit est, suivant les cas, une agglomération d’akènes monospermes
ou de follicules polyspermes, rarement une baie.
Toutes les Renonculacées contiennent des principes âcres, très
vénéneux chez quelques-unes, qui sont par cela même usitées en
médecine. Elles fournissent à nos jardins d'agrément un certain
nombre de plantes justement estimées, telles, entr’autres, que les
anémones, les pivoines, les renoncules et les pieds d’alouette. Parmi
70 DESCRIPTION DES FAMILLES
les genres classiques de la famille, il convient de citer les Clematis,
Anemone, Pæonia, Ranunculus, Helleborus, Adonis, Hepatica,
Nigella, Delphinium, Aconitum et Actæa.
Rhamnées. — Famille d'arbres et d’arbrisseaux dicotylédonés,
à fleurs ordinairement polypétales et hermaphrodites. Le caractère
le plus saillant de la famille consiste en ce que les cinq étamines,
au lieu d’être alternes avec les pièces de la corolle, leur sont au
contraire opposées. L’ovaire, au centre de la fleur, est entouré d’un
disque auquel il adhère plus ou moins; à l’intérieur il est divisé en
2, 9 ou 4 loges, contenant chacune un seul ovule. Le fruit est tantôt
une baie, tantôt une capsule, dont les coques se séparent sans s’ou-
vrir. Les graines sont pourvues d’un périsperme.
Les Rhamnées habitent presque tous les climats dans l’ancien et
le nouveau monde. Quelques-unes de leurs espèces sont écono-
miques, industrielles ou médicinales. Les principaux genres sont :
Paliurus, Zizyphus, Hovenia, Rhamnus, Ceanothus et Colletia.
Rosacées. — Grande famille de plantes dicotylédones, appar-
tenant en majeure partie à l'hémisphère septentrional, contenant
des arbres, des arbrisseaux et des plantes herbacées. Ses caractères
sont si variés qu'on a dû la subdiviser en quatre sous-familles ou
grandes tribus : les Amygdalées où Drupacées, les Pomacées, les
Rosées et les Sanguisorbées, qui, malgré de profondes différences,
ont entre elles beaucoup de points communs. Plusieurs botanistes
y rattachent même les Calycanthées et les Quillaïiées, qui nous
paraissent néanmoins trop distinctes pour pouvoir rentrer dans le
vaste groupe des Rosacées vraies.
A nous en tenir à ces dernières, nous leur assignerons, pour
caractères généraux, des feuilles toujours munies de stipules, des
fleurs régulières, des étamines le plus souvent en nombre indéfini
et des graines toujours dépourvues de périsperme. Nous examine-
rons en particulier chacune des grandes tribus ci-dessus mention-
ne (Voir les mots Amygdalées, Pomacées, Rosées et Sanguisor-
ées.)
Rosées ou Rosacées proprement dites. — Cette grande et belle
tribu peut être regardée comme le type parfait de l’ordre des Rosa-
cées. C’est elle qui en contient le plus grand nombre de genres, et
elle fournit également beaucoup d'espèces à l’horticulture, les unes
utiles économiquement, les autres remarquables par la beauté de
leurs fleurs et qui sont même dans les premiers rangs parmi les
ornements de nos jardins. Tout le monde connaît les roses, dont la
culture remonte aux temps les plus anciens.
Dans ce groupe de Rosacées on trouve des arbrisseaux qui de-
viennent quelquefois de grandes lianes, des sous-arbrisseaux et des
plantes herbacées, dont quelques-unes sont annuelles. Les feuilles,
toujours stipulées, sont tantôt simples, tantôt lobées ou composées-
pennées; les fleurs régulières, formées d’un calyce le plus souvent
à o lobes ou folioles, d’une corolle contenant le même nombre de
DESCRIPTION DES FAMILLES 71
pétales, d’une vingtaine d’étamines périgynes et de carpelles tantôt
isolés et libres, tantôt, mais plus rarement, accolés ou réunis en un
ovaire unique et pluriloculaire. Le fruit est tantôt une baie plus ou
moins charnue, tantôt une réunion de petites drupes, tantôt un sim-
ple follicule ou capsule à une seule loge.
Outre un nombre considérable de plantes d'ornement, la tribu des
Rosées nous fournit des plantes fruitières (fraisiers et framboisiers)
et des plantes industrielles (plusieurs espèces de rosiers ). Quelques-
unes même ont des emplois en médecine. Citons, comme les plus
importants à divers points de vue, les genres : Rosa, Rubus, Fraga-
ria, Potentilla, Geum, Kerria et Spiræa.
Rubiacées. — Vaste famille de plantes dicotylédones mono-
pétales, à feuilles opposées, simples, munies de stipules. La corolle,
régulière et presque toujours plus ou moms longuement tubuleuse
et évasée en forme d’entonnoir, présente 4, » ou 6 lobes, avec
lesquels alternent un pareil nombre d’étamines, insérées sur le
tube de la corolle. L’ovaire est infère, c’est-à-dire soudé avec le
tube du calyce, généralement à 2 loges et surmonté d’un style dont
le stigmate offre autant de lobes qu’il y a de loges à l’ovaire. Le
fruit, suivant les espèces, est capsulaire ou bacciforme, contenant
tantôt 2? graines, tantôt un plus grand nombre, toujours pourvues
d’un périsperme charnu ou cartilagineux et corné.
Les Rubiacées, où l’on compte aujourd’hui environ 250 genres
etau moins 3,000 espèces, ontété divisées en deux sous-familles, les
Cofféacées et les Cinchonacées, les premières caractérisées par
leurs fruits à ? graines, rarement à # ou à { seule; les secondes, par
le nombre beaucoup plus considérable des graines dans chacune
des loges du fruit. Dans ces deux principales divisions se trouvent
des plantes de première importance pour l’industrie, le commerce
et la médecine. Il suffit de citer ici les genres Coffea, Rubia, Ce-
phœælis dans les Cofféacées, et les Cinchona dans les Cinchonacées.
Une multitude d'espèces existent en outre dans la culture d’a-
grément.
Rutacées. — Famille de plantes dicotylédones polypétales, com-
posée en majeure partie d'arbres et d’arbrisseaux. Elle a quelques
représentants en Europe, mais le plus grand nombre de ses espèces
appartient aux régions chaudes de l’ancien et du nouveau monde.
Cette famille, dont les caractères sont un peu vagues, se rattache
d’assez près aux Aurantiacées, mais elle s’en distingue par des fruits
capsulaires et non charnus et succulents comme dans ces dernières.
La plupart des Rutacées ont leurs feuilles parsemées de glandes
oléifères aromatiques, qui les font rechercher comme plantes mé-
dicinales ; elles ont toutefois peu d'importance sous ce rapport.
Beaucoup d’espèces exotiques ont été introduites dans les jardins de
l’Europe à titre de plantes d'agrément. Parmi les nombreux genres
dont la famille se compose, il convient de citer les Choysia, Boro-
nia, Correa, Calodendron, Diosma, Barosma, Agathosma, Dic-
tamnus, Ruta et Cneorum.
72 DESCRIPTION DES FAMILLES
Sanguisorbées. — Sous-famille ou tribu de l’ordre des Rosa-
cées, qui ne contient que des herbes, vivaces ou annuelles, et quel-
ques sous-arbrisseaux. C’est, en quelque sorte, un membre dégradé
de la grande et belle famille dont elle fait partie. Les feuilles y
sont stipulées, comme chez toutes les Rosacées vraies, simples,
lobées où même composées. C’est surtout par leurs fleurs imcom-
plètes que les Sanguisorbées se distinguent des autres Rosacées.
Ces fleurs sont petites, herbacées en quelque sorte, réduites à un
calyce de 3, 4 ou 5 lobes, sans corolle, et à 4 ou 5 étamines, quel-
quefois moins. L’ovaire est infère, ©est-à-dire immergé dans le
tube du calyce et soudé avec lui; il se compose d’un seul carpelle,
qui lui-même ne contient qu'un seul ovule. Le fruit est un akène,
c’est-à-dire une graine enveloppée par la membrane desséchée du
tube calycinal et ne contenant qu’un embryon sans périsperme.
Ce petit groupe de Rosacées, malgré son peu d'apparence, n’est
pas sans utilité. 11 nous fournit des plantes fourragères appartenant
principalement aux genres Sanguisorba, Alchemilla et Poterium.
Santalacées.— Petite famille d'arbres, d’arbrisseaux et de sous-
arbustes dicotylédonés, apétales, dont quelques-uns se trouvent en
Europe, le plus grand nombre habitant l'Inde, la Nouvelle-Hollande,
l'Amérique du Sud et les îles de l’océan Pacifique. Elle a pour ca-
ractères principaux un calyce à 4 ou 5 lobes, point de corolle, 4 ou
5 étamines opposées aux lobes du calyce ; un ovaire adhérent, c’est-
à-dire soudé au tube calycinal, uniloculaire et contenant d’un à
quatre ovules attachés au sommet d’un placenta central. Le fruit,
tantôt sec, tantôt pulpeux, ne contient qu’une seule graine, remplie
d’un abondant périsperme charnu. Les principaux genres sont les
Thesium, Osyris, Fusanus, Santalum, Pyrularia et Cervantesia.
Quelques éspèces se recommandent à l’acclimateur par leurs fruits
ou leurs graines comestibles, d’autres par les produits utiles que
l’industrie en retire.
Sapindacées. — Famille de plantes dicotylédones, principale-
ment composée d'arbres et d’arbrisseaux, et contenant aussi quel-
ques espèces herbacées. Plusieurs de ses espèces ligneuses sont
des lianes. Ses caractères sont un peu vagues, et elle se confond,
par quelques points, avec les Hippocastanées et les Acérinées.
Les fleurs sont polypétales, régulières, hermaphrodites ou uni-
sexuées, habituellement en grappes ou en panicules axillaires. Le
calyce est divisé en 4 ou 5 lobes, alternant avec un pareil nombre
de pétales. Les élamines, communément au nombre de 8 à 10, ra-
rement moins, plus rarement encore au nombre de 20, sont insérées
sur un disque, au centre duquel se trouve, dans les fleurs herma-
phrodites ou femelles, un ovaire libre, ordinairement triloculaire,
et contenant de { à 3 ovules, rarement davantage, et surmonté d’un
style indivis. Le fruit est tantôt une capsule ailée d’un côté (samare),
tantôt une baie charnue et indéhiscente. Les graines, souvent
grosses, adhèrent au placenta par un large hile et sont dépourvues
de périsperme.
“dl
,
DESCRIPTION DES FAMILLES 73
Chez les Sapindacées proprement dites, les feuilles, tantôtsimples,
tantôt composées, sont toujours alternes, ce qui permet de les dis-
tinguer d'emblée des Hippocastanées et des Acérinées, qui les ont
opposées. Plusieurs espèces de la famille sont intéressantes, comme
arbres fruitiers ou comme arbres d'ornement; elles appartiennent
principalement aux genres Paullinia, Nephelium, Melicocca, Kæl-
reutera et Xanthoceras.
Sapotées. — Famille en majeure partie tropicale; toute compo-
sée d’arbres et d’arbrisseaux dicotylédonés, à feuilles alternes, en-
tières, plus ou moins coriaces et sans stipules, à fleurs toujours
hermaphrodites. Calyce à 4 ou 5 divisions; corolle monopétale à
4 ou 5 lobes; étamines de 8 à 10, en deux rangs, alternativement
fertiles (opposées aux divisions du calyce) et stériles (opposées aux
lobes de la corolle). Ovaire libre, divisé intérieurement en plusieurs
loges, dont chacune contient un ovule et est surmontée d’un style
à stigmate indivis. Fruit charnu, contenant ordinairement plusieurs
graines, plus rarement une seule, comestible chez plusieurs espèces.
Cette famille est très voisine de celle des Ebénacées, dont elle se
distingue, entre autres caractères, par le suc blanc laiteux de ses
feuilles et de ses jeunes rameaux, et aussi par le peu de dureté du
bois. La plupart des Sapotées sont de l’Inde et des régions chaudes
de l'Amérique et de l'Afrique, mais on en trouve aussi quelques-unes
en dehors des tropiques, notamment dans l'Amérique du Nord, au
Maroc et au cap de Bonne-Espérance. Ses genres les plus classiques
sont les Chrysophyllum, Lucuma, Achras, Sapota, Sideroxylon,
Argania, Bumelia, Bassia, Isonandra et Mimusops, dont plusieurs
espèces sont intéressantes, les unes par leurs fruits très estimés
dans les pays chauds, les autres par les produits qu’ils fournissent
à l’industrie et qui sont devenus l’objet d’un commerce important.
Scitaminées. — Grande famille de plantes monocotylédones,
ordinairement herbacées, vivaces, souvent acaules, rarement arbo-
rescentes, à racines fibreuses ou tubériformes, à grandes feuilles
ovales-lancéolées, parcourues dans leur longueur par une forte
nervure médiane d’où sortent de fines nervures transversales et
parallèles, qui vont rejoindre les bords de la feuille. Le pétiole,
plus ou moins long, est creusé en gouttière à sa partie inférieure
et embrasse la tige ou l’inflorescence. Les fleurs, toujours irrégu-
lières, se composent d’un périgone de six pièces, dont les trois exté-
rieures représentent le calyce et les trois intérieures la corolle.
Les étamines sont tantôt au nombre de six, tantôt réduites à une
seule. L’ovaire, toujours infère, c’est-à-dire soudé avec la base du
périgone, est triloculaire, et devient un fruit tantôt bacciforme,
tantôt sec et capsulaire. Les graines sont toujours périspermées.
Les Scitaminées ont été divisées en trois familles secondaires,
qui sont les suivantes :
1° Les Zingibéracées, plantes aromatiques, à rhizomes rampants,
plus ou moins tubériformes, caulescentes ou à tige enterrée. Leur
caractère le plus essentiel est de n’avoir dans chaque fleur qu’une
14 DESCRIPTION DES FAMILLES
seule étamine à filet ordinairement pétaloïde et à deux loges, qui se
rapprochent pour former une goultière ou un tube incomplet autour
du style qui le traverse dans sa longueur. Le fruit est presque
toujours membraneux et capsulaire, et le périsperme des graines
farineux.
Les Zingibéracées appartiennent presque exclusivement à la zone
torride de l’ancien monde; quelques-unes cependant s’avancent
jusqu'aux îles du Japon. Beaucoup d’espèces sont cultivées en
qualité de plantes économiques, médicinales ou industrielles ; elles
appartiennent principalement aux genres : Globba, Zingiber, Cur-
cuma, Kæmpferia, Amomum, Hedychium, Alpinia et Costus.
2° Les Cannacées où Marantacées, qui se distinguent des Zingi-
béracées en ce qu’elles ne sont point aromatiques, qu’elles ont trois
élamines à filets colorés et pétaloïdes, dont un seul porte une an-
thère, qui elle-même n’a qu'une seule loge. L’ovaire est triloculaire
et surmonté d’un style pétaloïde, presque semblable aux filets sta-
minaux stériles. Le fruit est une capsule membraneuse, dont les
graines sont pourvues d’un périsperme farineux.
Les Cannacées appartiennent presque toutes aux régions chaudes
de l'Amérique. Elles ont fourni à nos jardins de belles plantes
d'ornement, tirées des genres Thalia, Maranta, Phrynium, Cala-
thea, Myrosma ei Canna.
9° Les Musacées. Ce sont tantôt des herbes, acaules ou de taille
gigantesque, tantôt, mais plus rarement, de véritables arbres non
ramifiés, et dont le tronc rappelle celui des palmiers. Leurs feuilles,
souvent énormes, ont, dans la plupart des espèces, des pétioles en-
gainants qui enveloppent les tiges ou plutôt les inflorescences. Le
caractère essentiel des Musacées, et qui les fait immédiatement dis-
tinguer des deux sous-familles précédentes, est d’avoir, dans chaque
fleur, six étamines à anthères biloculaires et fertiles. Leur fruit est
tantôt une grosse baie charnue et comestible, tantôt une sorte de
capsule coriace, qui s'ouvre en trois valves. Leurs graines ont un
périsperme plus dur et de consistance plus cornée que celui des
Zingibéracées et des Cannacées.
Les Musacées appartiennent toutes aux régions tropicales de
l’ancien et du nouveau monde, et un grand nombre de leurs espèces
sont cultivées comme plantes économiques ou comme plantes d’or-
nement. Elles ne comprennent que les genres Æeliconia, Musa,
Sirelitzia et Ravenala.
Scrophularinées. — Grande famille de plantes dicotylédones
monopétales, à corolle presque toujours irrégulière, souvent même
bilabiée. Les étamines, adhérentes au tube de la corolle, y sont
normalement au nombre de 5 ; mais dans la plupart des cas l’une
d'elles, celle qui est située à la partie supérieure de la corolle, avorte
plus ou moins complètement. L’ovaire est libre, toujours formé de
deux carpelles intimement soudés, et surmonté d’un style à deux
stigmates. Le fruit est généralement une capsule à deux loges poly-
spermes, {rès rarement une baie.
Les Scrophularinées ont de grandes analogies avec les Solanées
DESCRIPTION DES FAMILLES y)
et les Bignoniacées. Elles comprennent aujourd’hui environ 150
genres et plus de 1,000 espèces, la plupart herbacées où sous-frutes-
centes; quelques-unes sont des arbrisseaux et même de petits arbres.
Elles habitent toutes les régions du globe, mais elles abondent sur-
tout dans l'hémisphère septentr ional de l’ancien et du nouveau con-
tinent. On y trouve quelques espèces médicinales, mais elles four-
nissent surtout une multitude de plantes d’ ornement à nos jardins,
appartenant aux genres Verbascum, Celsia, Calceolaria, Linaria,
Franciscea Pentstemon, Paulownia, Halleria, Mimulus, Achime-
nes, Gratiola, Veronica et Digitalis.
Solanées. — Plantes dicotylédones monopétales, herbacées ou
arborescentes, propres surtout aux pays chauds, en dedans et en
dehors des tropiques. Elles se font aisément reconnaître aux carac-
tères suivants : feuilles alternes, sans stipules, simples ou plus ou
moins découpées en folioles; calyce à cinq lobes, corolle tantôt éta-
lée en forme de roue ou d’ étoile, tantôt tubuleuse ; étamines au
nombre de cinq, insérées dans le tube de la corolle ; ovaire toujours
libre, à deux loges et surmonté d’un seul style. Le fruit est quelque-
fois une capsule sèche, plus souvent une baie succulente qui renfer-
me un grand nombre de graines nichées dans la pulpe. Chez plu-
sieurs espèces ce fruit est comestible.
Les Solanées sont pour la plupart vireuses et narcotiques, quel-
ques-unes même sont de redoutables poisons ; mais il en est aussi
qui sont devenues des plantes alimentaires de premier ordre, telles
que la pomme de terre, la tomate et l’aubergine. C’est à cette même
famille qu'appartient le tabac, dont l’importance commerciale est si
grande. Quelques Solanées sont usitées en médecine. Les genres les
plus classiques de ce groupe sont les Atropa, Physalis, Solanum,
Capsicum, Lycopersicum, Nicotiana, Datura, Hyoscyamus, Ha-
brothamnus, Petunia et Zochroma.
Sterculiacées. — Arbres et arbrisseaux appartenant presque
tous aux climats chauds, à feuilles alternes, simples ou composées,
munies de stipules caduques. Leurs fleurs sont régulières ou irré-
gulières, souvent unisexuées par avortement. Le calyce est à cinq
sépales, alternant avec autant de pétales. Les étamines, en nombre
indéfini, sont monadelphes, c’est-à-dire soudées entre elles par
leurs filets, comme chez les Malvacées ; mais leurs anthères sont
biloculaires. L'ovaire est à 3 et plus souvent 5 loges, pluriovulées,
et surmonté d’autant de styles qu’il contient de loges. Le fruit est
tantôt une capsule, tantôt une sorte de baie charnue, et les graines
presque toujours pourvues d’un périsperme charnu et huileux.
Les Sterculiacées se divisent en trois groupes assez distincts les
uns des autres, qui sont les Bombacées, les Hélictérées et les Ster-
culiées. Les genres les plus intéressants sont les Adansonia, Pa-
chira, Chorisia, Eriodendron, Bombax, Durio, Cheirostemon,
dans le groupe des Bombacées; Æelicteres, dans celui des Hélic-
térées; Heritiera, Stereulia et Bi achychiton, dans celui des Ster-
culiées.
76 DESCRIPTION DES FAMILLES
Ternstræmiacées. — Famille d'arbres et d’arbrisseaux dico-
tylédonés, polypétales, à feuilles alternes, coriaces, sans stipules,
généralement imdivises. Le calyce y est composé de 5 à 7 pièces,
concaves et caduques ; la corolle, qui n’a point de concordance avec
le calyce, est formé de 5, 6 et 9 pétales. Les étamines sont en nom-
bre indéfini. L’ovaire est libre, surmonté de 3 à 7 styles, corres-
pondant à autant de loges ovariennes. Le fruit est presque toujours
une capsule, déhiscente ou indéhiscente, qui ne contient qu’un petit
nombre de graines, mais très grosses, et dont l’embryon est huileux
et presque toujours dépourvu d’albumen.
Les Ternstrœmiacées appartiennent à l'Asie orientale et aux deux
Amériques, plus nombreuses dans celle du Sud que dans l'autre.
Beaucoup d'espèces ont été introduites dans les serres et les jardins
de l’Europe; d’autres, en petit nombre, sont industriellles et ali-
mentent un commerce important. Les principaux genres de la fa-
mille sont les suivants : T'ernstræmia, Visnea, Cleyera, Laplacea,
Gordonia, Thea et Camellia.
Tiliacées. — Famille de plantes dicotylédones, presque toutes
composées d'arbres, d’arbrisseaux ou de sous-arbustes, à feuilles
simples, dentées et stipulées. Le calyce est formé de 4 ou 5 pièces,
qui alternent avec un pareil nombre de pétales. Les étamines, en
nombre indéfini, sont hypogynes, à anthères biloculaires. L’ovaire,
composé de ? à 10 carpelles, le plus souvent cohérents entre eux,
est surmonté d’un seul style, qui se divise en autant de stigmates
qu'il y a de carpelles. Le fruit est quelquefois une sorte de baïe
charnue, plus souvent une capsule pluriloculaire et à loges poly-
spermes.
Ce groupe de plantes est un peu artificiel, et il touche de près aux
Malvacées, dont il a en partie les propriétés. Ses genres principaux
sont: Tilia, Luhea, Sparmannia, Corchorus, Triumfetta, Grewia
et Ælæocarpus, qui contiennent tous des plantes utilisées d’une
manière ou d’une autre.
Ulmacées. —- Famille d'arbres et d’arbrisseaux dicotylédonés,
à feuilles simples, alternes et stipulées; à fleurs herbacées, peu
apparentes, réduites à un périgone calycinal de 4 ou 5 pièces, aux-
quelles sont opposées un pareil nombre d’étamines. Au centre de
cette fleur se trouve un ovaire libre, biloculaire, quelquefois à une
seule loge par l’avortement de la cloison de séparation. Le fruit est
tantôt une sorte de capsule membraneuse, ou une samare ailée,
monosperme, tantôt une drupe contenant un noyau et assez sem-
blable à une petite cerise. Cette différence des fruits dans une même
famille l’a fait diviser en deux tribus, celles des Ulmacées propre-
ment dites et celle des Celtidées, la première caractérisée par un
fruit sec, la seconde par un fruit charnu. l
Tous ces arbres appartiennent à l'hémisphère septentrional, en
Europe, au Japon et en Amérique. Les genres qui peuvent nous
intéresser sont les Ulmus, Celtis, Planera et Zelc ova.
DESCRIPTION DES FAMILLES GEL
Urticées. — Grande famille de plantes dicotylédones apétales,
c’est-à dire dépourvues de corolle, monoïques ou dioïques, et dont
les organes reproducteurs sont simplement entourés d’un involucre
ou périgone herbacé, lobé ou sans lobes. Dans les fleurs mâles les
étamines, opposées aux segments du périgone et en même nombre
qu'eux, sont infléchies vers le centre de la “fleur, mais elles se re-
dressent avec élasticité au moment de la floraison. Dans les fleurs
femelles l’ovaire,’au centre du périgone, souvent tubuleux, est tantôt
libre, tantôt adhérent. Le fruit est très rarement bacciforme, presque
toujours c’est une sorte d’akène sec, ne contenant qu’une graine.
Cette famille comprend des arbres, des arbrisseaux et des herbes
vivaces ou annuelles. Elle a d'assez nombreux représentants dans
les climats tempérés et tempérés-chauds, mais elle abonde surtout
entre les tropiques. Quelques espèces sont armées de poils urticants,
c’est-à-dire causant des brülures douloureuses quand ils pénètrent
dans la peau, ce qui arrive au moindre contact, ainsi qu’on le voit
dans les orties de nos climats. Des brûlures incomparablement plus
violentes, et qui sont quelquefois suivies d'accidents mortels, sont
produites par d’autres espèces qui habitent l'Inde et les îles de la
Sonde. Par une sorte de compensation, le groupe des Urticées con-
tent beaucoup de plantes utiles, les unes par leurs fibres tenaces
qui servent à faire des étoffes, des cordages et du papier, les autres
par quelques propriétés médicinales. Les genres les plus intéressants
à ces divers points de vue sont les Ur tica, Bœhmeria, Parietaria,
Pilea et Pellionia.
Verbénacées. — Famille de plantes dicotylédones monopé-
tales, comprenant des herbes, des arbrisseaux et des arbres de
grande taille. Leurs feuilles sont plus souvent opposées qu’alternes,
simples ou composées, toujours dépourvues de stipules. Les fleurs,
régulières ou irrégulières, quelquefois bilabiées, se composent d’une
corolle tubuleuse à 4 ou 5 lobes, et de 4 étamines inégales par didy-
namie, auxquelles s’en ajoute quelquefois une cinquième incom-
plétement développée et stérile. L’ovaire, libre au fond de la fleur,
est à 2 ou à 4 loges, où le nombre des ovules varie de un à plu-
sieurs. Le fruit est tantôt une baie, tantôt une capsule, à 2? ou à
4 loges, ne contenant chacune, le plus souvent, qu’une seule graine
développée et sans périsperme.
Les Verbénacées sont voisines des Boraginées et surtout des
Labiées, dont on les distinguera toujours facilement à leur ovaire
et à leur fruit, qui n’est pas gynobasique comme dans ces deux fa-
milles. On en connaît aujourd’hui une quarantaine de genres, la
plupart des contrées intratropicales. Plusieurs espèces sont utilisées
par l’industrie et par la médecine, un plus grand nombre par l’hor-
ticulture d'ornement. Les genres les plus intéressants à ce triple
point de vue sont les Zippia, Verbena, Lantana, Vitex, Cleroden-
dron, Duranta, Callicarpa et Tectona.
Xanthoxylées. — Arbres et arbrisseaux des contrées chaudes
ou tempérées-chaudes de l'Amérique, de l'Inde et de l'Asie. Par
; CLEA MNT La |
78 DESCRIPTION DES FAMIL EL -
beaucoup de caractères cette famille se rattache aux Rutacées et
aux Aurantiacées. Ses feuilles sont simples ou composées, sans
stipules, parsemées de glandes aromatiques. Les fleurs, habituel
ment hermaphrodites, souvent aussi tendant à l’unisexualité p
avortement de l’un des deux sexes, se composent d’un calyce de
ie 4 ou 5 pièces, d’une corolle régulière de 4 ou 5 pétales et d’un pareil
Fa nombre d’étamines. L'ovaire est formé de 3 à 5 carpelles, tantôt
distincts et libres, tantôt soudés entre eux. Le fruit est une baie
succulente, quelquefois une capsule. Les genres principaux sont :
Pielea, Ailantus et Xanthoxylon. #”
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NOMS VULGAIRES DES PLANTES
ET SYNONYMES
RAPPORTÉS AUX NOMS BOTANIQUES
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Musa texülis.
Psidium chrysophyllum.
Armeniaca.
Prunus brigantiaca.
Artemisia.
Albizzia Julibrizin.
Robinia pseudacacia.
Swietenia Mahogoni.
Anacardium occidentale.
Canna edulis.
Justicia.
Persea gratissima.
Dolichos Ahipa.
Allium.
Aïlantus.
Vaccinium; Oxycoccos.
Ulex.
Akebia quinata; Thuiopsis dolabrata.
Rhamnus alaternus.
Alnus.
Fitz-Roya ; Libocedrus.
Stipa ; Macrochloa tenacissima.
Medicago sativa.
Prosopis dulcis.
Ceratonia siliqua.
Cæsalpinia brevifolia.
Slyrax officinale.
Rubia tinctorum.
Lithospermum.
Anchusa tinctoria.
Physalis.
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80 SYNONYMIE DES PLANTES
DIODES Dis rert eue is ete eee Vo se AIDE:
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Agave.
Phalaris canariensis.
Ximenia.
Cyperus esculentus.
Amygdalus.
Triticum amyleum.
Ilicium anisatum.
Arundo.
Sorghum.
Peucedanum graveolens.
Pimpinella Anisum.
Ilceium anisatum.
Justicia.
Antiaris toxicaria.
Planera crenata.
Arachis hypogæa .
Adenostemon.
Cucumis Arada.
Arbutus.
Fraxinus ornus.
Brosimum.
Artocarpus.
Ceratomia.
Rhus cotinus.
Albizzia Saman.
Excæcaria sebifera.
Camellia thea.
Hyphæne.
Arbutus unedo.
Albizzia Julibrizin.
Paliurus.
Argania.
Polymnia edulis.
Pinus Cembra.
Atriplex hortensis.
Maranta.
Cinara.
Cucurbita Pepo.
Ferula AsafϾtida.
Schænocaulon.
Asimina.
Asparagus.
Stipa; Macrochloa.
Agave americana.
Cratægus oxyacantha.
Solanum melongena.
Cytisus Laburnum.
Alnus.
Inula.
SYNONYMIE DES PLANTES
Awelinier 2.
Avocatier 5.6:
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Corylus. avellana.
Persea gratissima.
Avena.
Pinus Ayacahuite.
Eupatorium triplinerve.
Melia.
Cratægus azarolus.
Jlicium anisatum.
Hollbælia ; Stauntonia.
Ægle marmelos.
Pennisetum ; typhoideum.
Canna.
Quercus ballota.
Carya microcarpa.
Bambusa.
Musa.
Dolichos.
Ficus indica.
Cichorium Intybus.
Peireskia aculeata.
Ocimum basilicum.
Eucalyptus.
Ipomæa batatas.
Tanacetum Balsamita.
Abies balsamea.
Balsamodendron.
Populus balsamifera.
Balsamodendron.
Prunus maritima.
Ægle Marmelos.
Atropa Belladona.
Pircunia dioica.
Citrus bergamia.
Pistacia atlantica.
Beta.
Eriobotrya.
Citrus bigaradia.
Cerasus Sbone
Averrhoa Bilimbi.
Pisum arvense.
Pinus muricata.
Ribes nigrum.
Nyssa multflora.
Nageia; Podocarpus.
Acacia decurrens.
Acacia melanoxylon.
Populus alba.
Triticum.
Zea Mais.
82 SYNONYMIE DES PLANTES
Blé du Deccan ..........:%
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Bohon=Upas is a
Bois d'aigle.s st. mere ;
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— de Campêche.........
— de Myrte.......,...,.
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Camomile ss... mn.
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Panicum frumentaceum.
Maytenus.
Antiaris toxicaria.
Aquilaria.
Aquilaria.
Amyris balsamifera ; Convolvulus
floridus.
Cæsalpinia echinata.
Hæmatoxylon.
Fagus Cunninghami.
Cerasus Mahaleb.
Chloroxylon ; Swietenia.
Sequoia sempervirens.
Boletus.
Alstræmeria.
Gymnocladus ; Cæsalpinia.
Atriplex hortensis.
Lucuma.
Betula.
Borrago.
Rhamnus Frangula.
Rubus fruticosus.
Hagenia.
Peltophorum Linnæi.
Brassica.
Persica vulgaris.
Ulex.
Barosma serratifolia.
Shepherdia argentea.
Buchloa dactyloides ; Stenotaphrum
americanum.
Buxus.
Araucaria Bidwillii.
Hollbælia; Stauntonia.
Cratægus pyracantha.
Juglans cinerea.
Sabal Palmetto.
Quercus glauca.
Cofiea.
Oxalis crenata.
Chrysophyllum.
Chrysophyllum.
Niemeyera prunifera.
Cajanus.
Scilla esculenta.
Marliera glomerata.
Camelina.
Anthemis.
Cinnamomum Camphora.
Des 7°
à ’
1
SYNONYMIE DES PLANTES 83
CHE (9 OR ENTRE
Candle-nut tree ..,....
Candle-wood .......
Canela de Paramo..,
Canne à sucre ......
de Provence.,.
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Carambolier........
Caranda:........
Hardére se. 2.
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Cephalotaxus.,,,,...
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Chænomeles........,
DEN) SM
Chalef argenté. ..,...
Chamærops excelsa ...
Fortunei,. .
Dhamalo nent
Aira.
Aleurites triloba.
Pinus leiophylla; P. Teocote.
Drimys granatensis.
Saccharum officmarum.
Arundo Donax.
Capparis.
Averrhoa Carambola.
Copernicia cerifera.
Dipsacus fullonum.
Cinara carduneulus.
Scolymus hispanicus.
Justicia.
Copernicia ; Ceroxylon.
Daucus.
Thapsia edulis.
Ceratonia.
Carthamus tinctorius.
Torreya nucifera.
Prosopis dulcis.
Drymis granatensis.
Manihot.
Acacia Farnesiana.
Ribes nigrum.
Ricinus communis.
Catha edulis.
Oxalis crenata.
Dalbergia nigra.
Citrus medica.
Cedrus.
Sequoia sempervirens.
Libocedrus decurrens ; Cupressus
thuioides.
Cupressus nutkaensis.
Juniperus virginiana.
Juniperus bermudiana.
Phyllocladus trichomanoides.
Taxus.
Quercus Cerris.
Citrus decumana.
Cydonia.
Chrysophyllum.
Elæagnus angustifolia.
| Trachycarpus.
Panicum frumentaceum.
Agaricus.
Cannabis.
Crotalaria juncea.
Dipsacus.
Si
OBTINE 5 eee Riot
Châtaignier......
.
Châtaigne de terre.
Chayotte.......….
Chéne ia
= DIEU
— chevelu :7.
— kermès ..….
— liège......
— 1 T'OUNTE re escletele
—- vertou yeuse
LE PAZON,
Chône- châtaignier.…
Chérimoya .......
RE ES FU
Chervis .....
Chicasa.
Chicot du rs |
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Cliensdents. 2.16 CALE Gr L
China-grass .....
Chiquitos. en dr
CHOCO EN LOT NE
Chomanors ve
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— palmiste.....
Chuno'de:oca.:..::..…
Ciboulette, civette
CierpRe enre.
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Ciruellelo . ..:.
Citronelle .....,.
— de l'Inde ..…
Citronnier...
Citrouille...
Cladosicyos..
Copines
Coast she oak....
Coca rs
CocRENno 7e
.
Docolier sr RL
Codiæum........
Cognassier ......
Cole Si
LS LE FO Vo e) ANA
Coloquinte........
Colymbea ..........
De) 2 RENNES
SYNONYMIE DES PLANTES
Carpinus.
Castanea.
Carum bulbocastanum.
Sechium edule.
Quercus.
Q. Douglas.
Q. Cerris
Q. coccifera.
Q. Suber.
Q. Robur.
Q. Ilex.
Q. Mirbecku.
Castanopsis.
Anona.
Betula lenta.
Sium sisarum.
Cerasus chicasa.
Gymnocladus.
Cynodon dactylon; Triticum repens.
Bœhmeria ; Corchorus.
Combretum butyraceum.
Sechium edule.
Podocarpus cupressinus.
Brassica.
Crambe maritima.
Oreodoxa oleracea.
Oxalis crenata.
Allium schænoprasum.
Cereus.
Conium maculatum.
Myrica cerifera.
Embothrium coccineum.
Artemisia abrotanum; Lippia eitrio-
dora.
Andropogon citratus; À. nardus.
Citrus limonum.
Cucurbita pepo.
Corynosicyos.
Panicum spectabile.
Casuarina quadrivalvis.
Erythoxylon Coca.
Sorbus aucuparia.
Cocos.
Baloghia.
Cydonia.
Fagus Dombeyi.
Aletris farinosa.
Citrullus colocynthis.
Araucaria.
Brassica napus.
SYNONYMIE DES PLANTES 85
LONCOMDIBS ere de darts Cucumis.
PONSOUAES FR ee re Symphytum.
ODA re oem d'A 2: Rhus copallina.
DOTE. te ei, Liquidambar.
DDHDElCOt:. 2e ns UE Papaver Rhœas.
(LUE HE RARE PEACE Physalis.
RARIO Se + eeaere dada, Jubæa spectabilis.
(Lo oi RNA Corchorus.
UNS PSP ee . Sorbus domestica.
pomonllerns.s ANNUAL Cornus.
OO YÈTE. 0 ValU: HER Coriaria.
(DEEE APBRANEPES MEET Gossypium.
Bolion-Dush rue. cu Kochia villosa.
— wood...... SUR AMN! Populus heterophylla ; P. monilifera.
Pandrier.n te. Lien, Corylus.
DATI tas nt .. Hymen&æa Courbaril.
RO nas da à nent e dt GUCUPDI FA
CHELTE ET PNR EEE CET ET Hagenia abyssinica.
RNA ete Le Lee Fagus obliqua.
PRADDETEY UE durs ER Vaccinium.
DARDBONL NE ee Mi OUT Cochlearia armoracia.
Creeping palmetto......... Sabal hystrix.
Gresson/alénois ..:...:....: Lepidium sativum.
— de fontaine........ Sisymbrium nasturtium.
iQ Para NRA. Spilanthes oleracea.
GCrête-marine ,.....:...... Crithmum.
DUO CESR PRET RES Cynosurus.
2 HET CARO SERRE ARE Cinchona officimalis.
Dalles. ns Mesembrianthemum cristallinum.
“DEC UoN BORNE ...... Excœæcaria.
RO ESP REPRERRNEE Chusquea.
Lustard apple! 42... Anona.
CONNECT RNCS RARES Cupressus.
— chauve....... ...... TJaxodium distichum.
— du Montezuma...... T. mucronatum.
Dacrydium excelsum....... Podocarpus dacrydioides.
Dachylenniii ss .... Dactylis glomerata.
Dada... RPM Ne Glycine hispida.
10 ER ORRRERRSTPRE RE Dammara alba.
MER M eee #0 Sesbania aculeata.
Datte de Trébizonde........ Elæagnus orientalis.
LD HUIT ONE ER TE: Phœnix.
Dent delion …...:... JS n LAPAXACUI.
Héodar:::1...". DS NII ete Cedrus Deodara.
eme bDerrye.. dise eh Rubus canadensis.
ÉCHECS Butea frondosa.
MREROPDSISr 52e o4 de ee .... Isonandra.
Dictame de Crète.......... Origanum Dictamnus.
MR emule. = Bassia Maclayana:
86 SYNONYMIE DES PLANTES
DMOOBTDUE Lune 20 Nephelium.
Di Sas EP NÉE D ET 1 Alstonia.
Divi-Divi........,........ Cæsalpinia coriaria.
Dopewondi ere renase sfrée Cornus florida.
Doku-Quatz ... SR ENSS à Aralia cordata.
Lo) ORAN ne en En Dolichos.
Dolichos soja ..... D LHM A Le Glycine hispida.
— BIRD, Lo Vigna sinensis.
Docrn<bonm::2..42.,1.08t Acacia horrida.
Douce-amère ....,........ Solanum Dulcamara.
Doucetlo ei r rt ... Valerianella olitoria.
DOM FES rTAeURR RE Hyphæne crinita, H. thebaica.
Drasonnmier cts do. Lu Dracæna.
Dan Ni e-oceents Aristida pungens.
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Epine blanche ............
— de Kangourou .....,
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— vinette......... SR
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RSR DAJOU ru Ferre ?
— alkékenge..... LAIT:
Cie tremble. nait
Quercus Robur.
Arachis.
Diospyros Ebenum.
Maba geminata; Helicia ternifolia ;
Macadamia.
Royena pseudebenum.
Allium ascalonicum.
Rosa canina.
Mimusops.
Triticum monococcum.
Triticum spelta.
Picea excelsa.
Basella rubra.
Cratægus oxyacantha.
Acacia armata.
Paliurus.
Berberis.
Poa.
Vicia ervilia.
Vicia ervilia.
Hordeum vulgare.
Onobrychis sativa.
Macrochloa; Stipa; Lygeum Spar-
tum.
Artemisia dracuneulus.
Nephelium longanum.
Araucaria.
Ipomæa purga.
Leptospermum.
Trifolium incarnatum.
Robinia.
Anacardium.
Anchusa tinctoria.
Populus tremuloides.
SYNONYMIE DES PLANTES 87
Fenkel wortel..,....
Fenouil marin .....
Ferdinanda........
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ASTRA
Hicpide:, 1:45.
Figue des Hottentots.
Figuier .
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Hatier Rire. F4
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Fleur de la Passion...
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Gooseberry....,...
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— de Pythagore. 1e
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Bèche d'eau... 5:65 rat
Carum capense.
Crithmum.
Podachænium.
Festuca.
Faba.
Nelumbium.
Mesembrianthemum.
Mesembrianthemum edule.
Ficus.
Opuntia.
Casuarina.
Phyllirea.
Agrostis alba.
31xacées.
Brachychiton acerifolius.
Sagittaria.
Phleum pratense.
Passiflora.
Anthoxanthum.
Furcræsa.
Ruscus.
Fragaria.
Fraxinus.
Avena elatior.
Bassia butiracea.
Carya sulcata.
Rhus cotinus.
Kæmpieria.
Tripsacum dactyloides.
Rubia tinctorum; Asperula tinctoria,
Cicer arietinum.
Reseda luteola.
Genista.
Juniperus.
Alibertia.
Artemisia mutellina; Achillæa mos-
chata.
Pelargonium capitatum.
Lathyrus.
Solanum Gilo.
Zingiber.
Andropogon calamus.
Sesamum indicum.
SIumM sisarum.
Mesembrianthemum crystallinum.
Wistaria.
Hibiscus esculentus.
Ribes grossularia.
Elæagnus umbellatus,.
6*
SS
SYNONYMIE DES
COUDE nes ct en le
Gouyavier, Goyavier.......
— du Chili stunt
— NOIDS LKR LASER.
Graine d'Avignon, de Perse.
=" :d'oiseat seen
Grand panis .....
Grape pear .….
Gravelin ....
Green gram .
Grenadier ..,
Grenadille...
Griottier.....
Grisard,
«
grisaille.… (SRE
Cccliees TÉL
— des Barbades.
SN OU Cap ere
Gramihas re
Guabiroba...
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Guango ....,
Guaparanga .
CHRBALAEE
Guignier .
Guilandina.…..
Guimauve ...
Gutta-percha..
Gynerium ...
Habaler
Hack-mack....
Hack-me-Tack
Habbel:.1.41.
Hair grass.....
Hannebanne...
FHamiCOtL rx
.
— asperge.
— deLima.
Hemlock spruce.
Hemp palm.....
HennË et den ss
HONOR, Saab ee
Hépatique étoilée......
Herbe aux Kangourous.
Herbe de Guinée .
ÉHend'&rasse1:3..4;
INPI
EHGkRODY le sed 0 à
High blackberry .….
MORE nr:
L
.
.
PLANTES
Hollbællia.
Psidium.
Myrtus Ugni.
Ahbertia edulis.
Rhamnus infectorius.
Phalaris canariensis.
Panicum maximum.
Amelanchier botryapium.
Quercus Robur.
Phaseolus Max.
Punica.
Passiflora.
Cerasus caproniana.
Populus alba.
Ribes.
Peireskia aculeata.
Physalis peruviana.
Psychotria Eckloniana.
Psidium chrysophylum.
Aristolochia anguicida.
Albizzia Saman. sr.
Marliera tomentosa.
Atriplex Halimus.
Cerasus Juliana.
Cæsalpinia.
Althæa officinalis.
Isonandra.
Arundo Sellowiana.
Balsamodendron.
Larix microcarpa.
Pinus contorta.
Juniperus drupacea.
Agroslis alba.
Hyoscyamus niger.
Phaseolus.
Dolichos sesquipedalis.
Phaseolus lunatus.
Tsuga canadensis.
Trachycarpus.
Lawsonia inermis.
Celtis sinensis.
Asperula odorata.
Anthistiria ciliata.
Panicum maximum; P. jumentorum,
Agrostis scabra.
Fagus.
Carya.
Rubus villosus.
Cupressus oblusa.
SYNONYMIE DES PLANTES 89
Hognuttree.........,.,..! Carya porcina.
Holopteleass 5%... . Ulmus.
Porn near es? Carpinus betulus.
Horse radishr..hs. ...... Moringa pterygosperma,
Houblonsss ais RARE Humulus.
MOQUE Masters A ARE OMR Holcus.
15e MCE Pre eu ES ES Ilex.
Huckle berry............., Gaylussacia.
LOTS SRE AERAERE ..... Dacrydium Franklini.
Hydropyrum......... .... Zizania.
ICacor ee nec ene nee . Chrysobalanus.
LiDE RO al Taxus.
nant de. ne eee Dioscorea.
ue PIVOLIS, Be tee à D. nummularia.
DO ny ee bte eee Bassia latifolia.
MRmOBtele ne NELSON Helichrysum.
Hrhantcorn sr... # PS Zea mais.
ROUE eee nes ot .... Indigofera.
— du Canada. Baptisia tinctoria.
HI TES ONE MATE LP ENE ORL RE Lucuma mammosa.
OA, se Nageia; Podocarpus macrophyllus.
Ipécaeuanhasste te..." Cephæ is.
1 1090 LES NE APR RSS ARRET Eucalyptus leucoxylon.
ANWOOU a ere Ostrya virginica; Carpinus americana
Isachne australis .......... Panicum atrovirens.
TE SOUL S RO OR Achillea moschata.
IVOIre VéRÉ ta nes des eee ut . Phytelephas.
EMRO does .... Lolium temulentum.
Hiborandis...... 15". ..... Pilocarpus pinnatifidus.
Jacaranda (bois de)........ Dalbergia.
ÉD ECOLE .... Artocarpus incisa.
Jalap ........,.....,..... Ipomæa Purga; Exogonium Purga.
Jamaica thatch........... Caly ptronema.
Jane Leo re. Ulex europeus.
Janatsr sine... Debregeasia edulis.
Jaquier..4. né as de CESR Artocar pus incisa.
Jaraude, jarosse....... .... Lathyrus sativus.
ETES ARE ... Adesmia balsamea.
Jaerassen 2. ..... Ervum monanthos.
L'ÉSTOTTARAERSER se Jasinum.
Jasminoïde ........ ace . Lycium.
Jatamansi.,.u.s 0x ss Nardostachyé.
op ee BIO Manihot.
Jéso-Matsu......... «..... Picea Jezoensis.
1e TOR AP PREMEREE te Lucuma mammosa.
Joue marin... 0... Ulex etropæœus.
Jurbontd ss see TS ArUNATAT
te eco RER Se CNET RTE Corchorus.
90
SYNONYMIE DES PLANTES
AMEL Ps u'le à die: ee 81e
LS UT PIAREE
Kahicatéa......,...
MARS der lets à
RG TON EPS
CA MABET 6 be
Kangaroo grass..
DUR. tante
ICArTACA Eee ee 0er
KAUTI A LS eos
INCARISR EST él
Kentia Mooreana.
KérAHA ss tte
Kéris Karl se
Kermès (chêne). .
Cetnibs nie
Key apple.......
Qt PS EE e
Khutrow.5:.75.4:
IDE LS,
Kimérak... ....
King nut tree...
Kolkas, Kulkas..
ICOUALOUS 2 2 site
ACOUSSO eaux
Kum-Quat.......
Hablab,k.+:222.:
L'adanum ....2.,
Ramals en ee
aies is Sont
aitne nee 2
Landierr 64.
Landolphia.......
RATICIO 22 es
AUPIOR Laos
7} cerise. .…..
— de Portugal.
— de montagne.
— de Ténénifie..
+ MÉDICE, sudiste
er 'POBBLÉ Led 3
— sassafras...….
Mavande nn Copa
Lavatère maritime.
Lenie a 2%
— à une fleur.
Rene uses ss étes
PROMO E As à us Vera des
Dioscorea aculeata.
Catha edulis.
Nageia ; Podocarpus.
Diospyros.
Mallotus philippinensis.
Gonioma Kamassi.
Anthistiria ciliata.
Arundinaria.
Corynocarpus lævigatus.
Dammara australis.
Zelcova acuminata.
Clinostigma.
Ceratonia.
Paulownia imperialis.
Quercus coccifera.
Hibiscus.
Aberia cafira.
Catha edulis.
Picea morinda.
Pinus Bungeana.
Podocarpus amarus.
Carya.
Colocasia.
Pueraria Thunbergiana.
Hagenia abyssinica.
Citrus japonica.
Dolichos.
Cistus ladanifera.
Podocarpus Chilina.
Carex ; Cyperus.
Lactuca.
Ulex europæus.
Vahea.
Pinus Laricio.
Laurus; Oreodaphne; Litsæa; Sas-
safras.
Cerasus lauro-cerasus.
Cerasus lusitanica.
Tetranthera Californica.
Persea Teneriffæ.
Lindera Benzoin.
Nerium Oleander.
Sassafras officimale.
Lavandula.
Althæa maritima.
Ervum Lens.
Ervum monanthos.
Pistacia Lentiscus.
Podocarpus andina.
SYNONYMIE DES PLANTES
Libocedrus decurrens.,...,
PTÉRO ER EE Que senals seisveiae
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— de la Nouvelle-Zélande .
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Marrolaine:. M asset de
Marmalade tree,..,,.,,,.,
Thuia gigantea.
Quercus suber.
Hedera.
Syringa.
Melia Azedarach.
Linum.
Phormium.
Pterocarpus indicus.
Nephelium Litchi.
Abies firma.
Pinus tæda.
Gordonia lasianthus.
Nephelium Longanum.
Borassus flabelliformis.
Eriobotrya japonica.
Lotus.
Citrus Limetta.
Lupinus.
Medicago lupulina.
Medicago sativa.
Lycium.
Valerianella olitoria.
Stipa.
Encephalartos.
Bassia latifolia.
Agave americana.
Cerasus Mahaleb.
Onosma Emodi.
Bassia latifolia.
Swietenia Mahogoni.
Asperula odorata.
Berberis.
Glycine hispida.
Sequoia gigantea.
Citrus nobilis; C. deliciosa.
Atropa Mandragora.
Avicennia.
Garcinia.
Podocarpus chilina.
Mangifera indica.
Manihot.
Poa fluitans.
Eucalyptus viminalis.
Fraxinus Ornus.
Podocarpus chilina.
Dacrydium Kirku.
Salix capræa.
Origanum Majorana.
Lucuma mammosa.
91
RSR EC
92 SYNONYMIE DES PLANTES
Marmelos................ Ægle Marmelos.
Marronnier d’Inde......... Æsculus.
Marum .....::.....::...- TeucrumMaram:
Mataï...........:::.:..«: POodoCarpus'spicata.
Maté, «où ce store ane es 2 IIEX PATABUAVENEIS.
Mauve. s, eee DIMEIVRE
— en arbre............ Lavatera arborea.
Mau nette i 2. | SOPhora macrocarpa.
Méléze. Ste esse -csee iiAbiR
Mélilot. des soseesss seu. Mellotuse
Mélique see. cette MPEG:
MECS RER MEME Ullucus tuberosus.
Melon... 43241124 00 SalCucimis melo:
— .d'eau..............1 Gitrullus vulgaris.
— du Malabar......... Cucurbita melanosperma.
Melongène 4... 57. . Solanum melongena.
Menthe. ses r2405 ses MenthA.
— poivrée............ M. piperita.
Menthe-coq......... .. Tanacetum Balsamita.
MTS STE RSR EEE Cerasus avium.
MÉORÉ ER die cha Arundinaria japonica.
MBZquiIe ARE ARRET Prosopis dulcis.
Nuicocoulierrenrprrree Celtis.
Mignonnette.............. Reseda odorata.
LADITE PR RS EE Panicum; Milium.
— à grappes....... Panicum miliaceum.
IMARETB ES MUR MER Medicago lupulina.
NOTA SERRE NT RUE Amomum Mioga.
NEO: SC RUN RER IRERRS Podocarpus ferrugineus.
MIDCker nur. MAR ARCEEUE Carya tomentosa.
NID SERRE ARTE Abies firma.
MGR NS RES emeS ee Spondias lutea.
Monge. cree aus Dolichos.
MIGRSIE DRE UDC DUR Rubia cordifolia.
Monisia edulis ............ Thapsia edulis.
Mondes Rene Tue . Picea morinda.
MOSS LEE RRE TENTE Panicum obtusum.
MoOnErT ES RSR rt .. Raphanus sativus, var. caudatus.
Moutarders nt hu AR . Sinapis.
— d’Allemagne...... Cochlearia armoracia.
NIHAER SR RESR RAR AA t Calotropis procera.
NIUÉTMOS ES LA Na ue ... Eucryphia cordifolia.
Muguet.................. Convallaria maialis.
— (petit)............ Asperula odorata.
Mulga ................... Neurachne Mitchelliana.
MATIERE ERREURS EY Schinus Molle.
Mungo.s. recu vi ARHBSGOITIS NTA%E
MÜrIER es SE en 7e 0e MIOnRE:
— ‘à papier ....:.. , Broussonnetia.
;
Myricaria ....
NEVEte En 00
Myrtil
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INSTANT SERREMEENSNS
Navet, navette
Néflier. :
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Négondo .....
Nélombo.....
Nénufar......
Néosarai ts 2:
Nerprüun:...:..
Neal. 22)
Nicotiane. Mere
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SYNONYMIE
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Olea fragrans ..
Oléandre.....
Oléastre. ;: :..
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— de Bohême... ..... É
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Ophiopogon japonicus..... :
Oranger..... ER ES k
nr. desOsageés 2...
Orcanette........... NE à
Oreodaphne californica.…. .…
Orge. LÉO LR 74
Origan........
DES PLANTES 93
TFamarix.
Myrtus.
Vaccinium Myrtillus.
Nageïa japonica.
Aconitum.
Nardostachys.
Bassia Cocco.
Brassica napus.
Mespilus.
Eriobotrya.
Acer Negundo.
Nelumbium.
Nuphar.
Pinus Gerardiana.
Rhamnus.
Myoporum lætum.
Nicotiana Tabacum.
Kentia sapida.
Arundinaria falcata.
Achras Sapota.
Corylus.
Guevina avellana.
Parimarium.
Opuntia.
Embothrium coccineum.
Juglans.
Carya olivifera.
Adenostemon.
Acer opulhfolium.
Oxalis crenata.
Papaver sommiferum.
Allium Cepa.
Osmanthus.
Nerium.
Olea.
Boswellia.
Papaver somnitferum.
Olea.
Elæagnus.
Pircunia dioica.
Fluggea.
Citrus Aurantium.
Maclura.
Alkanna; Lithospermum ; Onosma,
Umbellularia.
Hordeum.
Origanum.
94
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Oéeille ss es nn
Osier de rivière ...
— . jaune.......
— rouge .....
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Oxycoccos...2121.
Oyarnels 20. ue
Pacamier :.5 25
Pa KO: EEE Re
Palétuvier........
Palissandre.......
Palmetto.........
Palmier-chanvre ..
HA CITE LR
LA Thuile,s
== éventail +
hérisson
.
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— pain d'épices
Palnyra rm ce cit
Palo de Melambo..
— de Vaca .....
Pamplemoussier...
Panais etes uhesss
.
Panicum cæruleum.
Pam Anse
Paper biche".
.
Papyrus nes
Passe-rage.
Passe-rose .......
Passiflore .......,
Pastel PERS
Pastèque::...
Pastinaca£. ets
PAC ATEN AN :rc
Patchouli.........
Pâte de Guarana...
Pañhencens rites us
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Patürin nier
Pôviér tite
PANODeR ci 0iT TS
Pêcher.. ss...
Penicillaria spicala ..
SYNONY
MIE
DES PLANTES
Ulmus.
Agaricus cæsareus.
Roccella tinctoria.
Urtica ; Bœhmeria.
Rumex.
Salix viminalis.
S. vitellina.
S. purpurea.
S. vimimalis.
Aralia cordata.
Vaccinium.
Abies religiosa.
Carya olivifera.
Ginko biloba.
Avicennia; Rhizophora.
Dalbergia ; Jacaranda.
Sabal Palmetto.
Trachycarpus.
Ceroxylon.
Elæis guineensis.
Chamærops humilis.
Sabal hystrix.
Chamærops humilis.
Hyphæne.
Borassus flabelliformis.
Drymis granatensis.
Brosimum.
Citrus decumana.
Peucedanum sativum.
Pennisetum.
Panicum.
Betula papyracea.
Cyperus papyrus.
Lepidium sativum.
Althæa rosea.
Passiflora ; Tacsonia.
Isatis tinctoria.
Citrullus vulgaris.
Peucedanum.
Ipomæa Batatas.
Pogostemon Patchoul:.
Paullinia sorbilis.
Rumex Patientia.
Cucurbita Pepo.
Poa.
Pavia.
Papaver.
Persica.
Penniselum typhoideum.
SYNONYMIE DES PLANTES 95
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Persicaire.indigo : +...
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— de Caramanie..........
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— d'Ecosse, de Haguenau ou
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— jaune d'Amérique ......
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— de Moreton.........,...
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— noir d'Autriche... ....,..
— parasol ou pignon ......
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Mentha : pulegium ;
gioides.
Solanum muricatum.
Mentha piperita.
Crithmum.
Polygonum tinctorium.
Carum petroselinum.
Diospyros virginiana.
Picea.
Teucrium chamædris.
Brassica chinensis.
Heleocharis tuberosa.
Populus:
Ph. Max.
Bambusa.
Psoralea esculenta.
Xyla dolabriformis.
Lolium perenne.
Pinus.
Podocarpus Totara.
Pinus strobus.
. pinaster; P. marilima.
. Laricio.
. pinaster.
Hedeoma pule-
. sylvestris.
. australis.
. Inops.
Dacrydium Franklini.
P. pinaster.
Araucaria Cunninghami.
P. pyrenaica.
P. Gerardiana.
P. austriaca.
P. Pinea.
P. Pinceana.
Dacrydium cupressinum.
P. strobus.
Araucaria excelsa.
Capsicum.
Spigelia-marylandica.
Podocarpus nubigena.
Abies Pinsapo.
Condalia microphylla.
Musa simiarum.
Taraxacum officinale.
Arachis.
Pistacia vera.
Duboisia Hopwoodir.
Loop Macro no)
96 SYNONYMIE DES PLANTES
Plaqueminier . #4 suce
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Pomme d'amour.,.........
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Diospyros.
Musa paradisiaca.
Platanus.
Musa paradisiaca.
Persea.
Helianthus tuberosus.
Pirus.
Amelanchier botryapium.
Pisum.
Moringa.
Cicer.
Cajanus.
Capsicum.
Schinus Molle.
Capsicum. *
Allium porrum.
Beta vulgaris.
Solanum lycopersicum.
Anona.
Solanum tuberosum.
Datura stramonium.
Pirus, Malus.
Citrus.
Citrus pomum syriacum.
Bassia Erskineana.
Cucurbita maxima.
Atriplex halimus.
Arundinaria Hookeriana.
Brahea.
Leucadendron.
Prunus.
Spondias purpurea.
Podocarpus andina.
Tsuga.
Talinum patens.
Butea frondosa.
Anemone pulsatilla.
Cucurbita.
Aristolochia recurvilabra.
Guevina.
Loxopterygium Lorentzu.
Quercus coccinea.
Cinchona.
Raphanus salivus.
Phytolacca esculenta.
Nephelium lappaceum.
Bœhmeria nivea.
Flacourtia.
ts NOT Ve
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Raquelle sr"...
Ratanhia..,.....
ROM ce et à
Ray-grass.......
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Red cedar.......
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Réglisse.s: 4.2:
Reine des bois...
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Romarin 4.4... :
Romerillo 2:
Rondiér. 33% 02e
SYNONYMIE DES
Hontiers are
Roseau de Provence
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Roselle....
Rosemary.......
Rottlera tinctoria.
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Rutabaga...,....
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PARUPA uvre
SOUPE PARA PE
Salisburya......,
Salsepareille, . ...
MMS sous
Salt-bush.,,,,..,
SADaE.. ee. 35%
Sand black berry.
SUCRES
Santal rouge, ,..,
des Pampas.
d'Espagne.
PLANTES 97
Opuntia.
Krameria.
Fagus procera.
Lolium perenne.
Brassica rapa.
Euchlæna.
Cedrela australis.
tubes rubrum.
Eucalyptus rostrata.
Coriaria myrtifolia.
Glycirrhiza.
Asperula odorala.
Rubia Relbun.
Genista.
l'agus procera.
Knightia excelsa.
Baœhmeria nivea.
Dacrydium cupressinum.
Arundinaria falcala.
Oryza.
Robinia pseudacacia,
Fagus obliqua.
Rosmarinus.
Heterothalamus brunioides.
Borassus Æthiopum.
Arundo Donax.
Arundo Sellowiana.
Phalaris arundinacea.
Iibiscus Sabdarifia.
xosmarinus.
Mallotus philippinensis.
Quercus Robur.
Brassica.
Crocus.
Carthamus tinctorius.
Onobrychis sativa.
Hedysarum.
Cerasus Puddum.
Shorea robusta.
Ginko.
Smilax. k
Tragopogon; Scorzonera.
Atriplex halimoiïdes.
Jasminum Sambac.
Rubus cuneifolius.
Citrullus vulgaris.
Pterocarpus santalinus.
98 SYNONYMIE DES PLANTES
DODIRSUN care ne den eu ser T4 Abies.
— de Norwège.......,..
du Canada. . 54602
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— desoiseleurs.,,....
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Picea excelsa.
Tsuga canadensis.
Abies religiosa.
Nephelium Longanum.
Picea.
P. nigra.
P. rubra.
Achras Sapota.
Genista.
Fagopyrum.
Satureia.
Smilax.
Cupressus pisilera.
Salvia.
Salix.
Convolvulus Scammonia.
Quercus coccinea.
Phaseolus coccineus.
Panicum frumentaceum.
Scilla maritima.
Rhus cotinus.
Nephelium.
Crambe,
Ptychosperma.
Cassia.
Thymus Serpyllum.
Ornithopus.
Sesamum indicum.
Citrus decumana.
Carya alba.
Paulownia.
Zingiber.
Paspalum distichum.
Acacia dealbalta.
Pimpinella sisarum.
Elæagnus umbellata.
Agave Ixtli.
Dalbergia Sissoo.
Abies firma.
Glycine hispida.
/Æschynomene aspera.
Helianthus annuus.
Machilus odoratissima.
Sorbus domestica.
S. aucuparia.
Sorghum.
Cyperus esculentus.
Nyssa mulliflora.
-Peucedanum.
Sparte s.ssssssrsssssss
SYNONYMIE DES PLANTES
SpartiUM . soso
Spikenard ... +...
BHO ste
Star-apple............,e.
Stauntonia ele 0) s ie" Use
Stillingia sebifera. .....,...
Storax .
Stringy bark........
Strobus de l’'Himalaya.....,
Stryphol
Sugar pi
Sumac .
Swamp gum....
hickory
Sweet fern
gun rer... ss.
HDrpelor rare one
SNCOMOrE. A.
—
OIL.
NC...
.... .....
d'Orient...
.
Stipa; Macrochloa; Lygeum,
Genista.
Nardostachys.
Scilla maritima.
Chrysophyllum.
Holbælia.
Excœcaria.
Liquidambar.
Eucalyptlus.
Pinus excelsa.
Sophora.
Pinus Lambertiana ; P. monticola,
Rhus coriaria.
Euryangium.
Sambucus.
Oxalis acetosella.
Eucalyptus robusta,
Carya amara.
Comptonia.
Liquidambar.
Nyssa,
Acer pseudo-platanus. -
Ficus Sycomorus,
HAUBC Lise .. Nicotiana.
ITR RSR R MEECe Pinus Ayacahuite.
Hacaimahac. 2.5. . Populus balsamifera.
RÉ OO ONE EE Cytisus proliferus.
HAPORTNAS Arte . Scolymus hispanicus.
L'A TNRRREREROESERARE Astragalus verus.
LOC ER ; Borassus flabelliformis.
LIGNE ETS RMRRER EEE Carum incrassatum.
era ner Pinus contorta.
Honneabra.. eee, ee Phyllocladus trichomanoides.
AMAHAISLE ete dos ete alé s ae je Tanacetum vulgare.
Henekana en: .. Phyllocladus.
Fanglieberrye....:.1.:... .. .Gay-Lussacia.
MADIOC, ie so ct Anse Manihot.
ARE ee usine Borassus flabelliformis.
RATOL: < 0. NS PARTNERS Lane Colocasia.
OP drones CNT ANS Eugenia.
Taxodium sempervirens.... Sequoia.
ee MUR ETET: . Tectona grandis.
TERRE RME . Poa abyssinica.
HÉOMEIISIGOR 2 ne dé cdi . Debregeasia edulis.
TUE EN PE RANEREESAINS «.-s Euchlæns:
SRE NUL TERRE .. Pistacia Terebinthus.
RO ee ide de on ..... Arundinaria.
Thé (arbre à).......,.,.., Camellia Thea.
< He Proust
Vaccinium arctostaphylos.
99
100
Thé du Giel..
— du Paraguay....
ENS ERRRERS
Timothy-grass.......
Dinant
Homate «rate tie 020:
Topinambour ........
Toramo-momi .......
Torch-pine ser he tn
DORE ED ou Sapin 5
Tonresol: Et te ae
MAMMOBO RTE axe
PTE es ete cn ubS Géo
de Sibérie ,.,..,
jaune sx vrat ec
Trembless-srsrtreu
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MPOÉRE Sd ece te
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He Scie mecs
Tulipier d'Amérique . .
AARELOS nsc
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Turpentine tree... ..+.
Tussack, Tussock ....
RAC AE ETES
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Naraires an en sse
Vegetable marrow...,
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MERE don drives
Vernis de l’Inde......
du Japon...
(faux).
WÉTINER. dr enr Tes
Miolefte .. eva
Wulnéraire vi rtenhis
Malpin..s 28e
AMMapalou.... 0.5...
Washingtonia filifera .
Water beach, ..,,....
SYNONYMIE
DES PLANTES
Hydrangea Thunbergii.
Ilex paraguayensis.
Tilia.
Phleum pratense.
Cordyline indivisa,
Solanum lycopersieum.,
Helianthus tuberosus.
Picea polita.
Pinus tæda.
Podocarpus Totara.
Crozophora tinetoria.
Lupinus albus.
Tnifolium.
Melilotus alba.
Anthyllis vulneraria.
Populus tremula.
Limonia.
Ligustrum.
Tuber.
Sagittaria.
Liriodendron tulipifera.
Nyssa.
Opuntia.
Syncarpia laurifolia.”
Dactylis cæspitosa.
Myrtus Ugni.
Curcuma.
Eucryphia cordifolia.
Antiaris toxicaria.
Bœhmeria.
Dioscorea alata,
Quercus ægilops.
Veratrum.
Cucurbita pepo.
Quercus ægilops.
Alnus.
MelanorrhϾa usitala.
Rhus vernicifera.
Aïlanthus.
Andropogon squarrosus.
Viola.
Anthyllis vulneraria.
Alopecurus pratensis.
Sagillaria.
Brahea filifera.
Carpinus americana.
SYNONYMIE DES PLANTES
DATE IDOUSE ES sen ses a
DR a Te LS eu
MRIÉEEdAT es Jesse des
sen UM 0000000000.
— heart hickory ......,
Wilde kastanien....,....
Yama-gobo............0e
pine 0...
MIHRerINld, Le eee eue
NA PCT 6 à OO OP EE
Yellow gum... sssesese ces
— poccoon...
Zapote .....sssesssssoose
THE O0 RAR CR PRE RS A TT
Yeuse 00000...
Yoksum 0...
Ypréau 000000009900.
Zingiber Mioga.. ....,.....
Gleditschia monosperma,
Acacia.
Cupressus thuioides.
Eucalyptus.
Carya tomentosa.
Podocarpus dacrydioides.
Calodendron Capense,
Bassowia.
Asperula odorata.
Phytolacca esculenta.
Eucalyptus.
Hydrastis canadensis.
Quercus Ilex.
Arundinaria.
Populus alba.
Achras Sapota.
Quercus Mirbeckii.
Amomum Mioga.
to
ÉNUMÉRATION DES PLANTES
PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE
LEURS USAGES ET LEUR CULTURE
FR RES
ABERIA. — Genre de Bixacées, comprenant des arbrisseaux ou
petits arbres à fleurs dioiques et à feuillage persistant, et dont le
fruit charnu est une sorte de baie. Citons dans le nombre les espèces
suivantes :
A. caffra Hooker. — De l'Afrique australe. C’est un grand ar-
brisseau dont le tronc et les branches sont armés de longues épines;
aussi l’emploie-t-on dans la colonie de Natal à faire des haies très
défensives. Son fruit, assez semblable à une petite pomme, ce qui
lui a valu le nom de Xey-apple, est comestible, quoique très acide,
et sert à faire des conserves. Cet arbrisseau est naturalisé dans
quelques jardins de la Provence, mais il y fructifie rarement, parce
que les deux sexes n’existent pas simultanément dans les mêmes
lieux, ou sont trop éloignés l’un de l’autre pour que la fécondation
puisse se faire.
Deux autres espèces du genre ne paraissent pas avoir été in-
troduites dans le midi de l'Europe, où elles réussiraient aussi bien
que la précédente; ce sont les A. Zeiheri, qui est épineux, et PA.
tristis, qui est inerme.
ABIES. — Sapin. Grand genre d'arbres conifères des régions
septentrionales de l’ancien et du nouveau monde, souvent confondus
avec les pins, quoiqu'il soit très facile de les en distinguer à pre-
mière vue, par leur port régulièrement pyramidal ou conique, et
surtout par la disposition de leurs feuilles, généralement courtes et
raides, qui ne sont jamais réunies plusieurs ensemble dans une gaîne
commune, mais solitaires sur le rameau qui les porte. Leurs cônes,
à la différence de ceux des pins, sont plus ou moins cylindriques et
formés d’écailles comparativement molles, qui se détachent de l'axe
commun à l’époque de la maturité des graines, dans l’année même
où ils se sont développés, tandis que chez les pins la maturité n’ar-
rive que dans la seconde année.
L'ancien genre Abies a été subdivisé par les botanistes modernes
104 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
en plusieurs sous-genres assez distincts, sous les noms de Picea,
Tsuga, Pseudo-T'suga et Keteleeria. (Voir ces mots.) À plus forte
raison encore on a dù en séparer les cèdres (Cedrus) et les mélèzes
(Larix), qui en diffèrent par des caractères d’une certaine impor-
tance.
Les sapins sont en général de très beaux arbres, qui partagent
avec les pins et la plupart des autres conifères la qualification d'ar-
bres verts, par allusion à leur feuillage longtemps persistant et d’une
verdure sombre. Ce sont surtout des arbres forestiers qui croissent
en grandes masses presque à l’exclusion de tous les autres arbres.
Leur grande taille et leur figure imposante les ont fait de tout temps
admettre dans les parcs, dont il sont un des plus beaux ornements.
Leur première utilité cependant réside dans leur bois, léger, à fibres
droites, souvent très résistant et propre à tous les travaux de
charpente, de menuiserie et de constructions navales. Un autre
service qu'ils nous rendent, et qui n’est pas le moindre, est de pré-
server les montagnes des ravinements par l’entrelacement de leurs
racines, d'y conserver les eaux de la pluie et de la neige, et par là
de contribuer puissamment à protéger les plaines contre les inon-
dations et à entretenir les sources et les cours d’eau pendant l’été.
Nous nous bornerons dans la liste qui va suivre à signaler les
espèces de Sapins les plus intéressantes au double point de vue de
l’art forestier et des plantations d'agrément.
A. amabilis FORBES ( Pinus amabilis DouGL.).— Des montagnes
de la Californie, jusqu'aux altitudes de 3,000 mètres et par consé-
quent très rustique en Europe. Sa hauteur est d’une cinquantaine de
mètres, sur ? à 3 de diamètre. Sa beauté, la rectitude de sa tige et
son feuillage dense l’ont fait appeler dans le pays le roi des forêts.
Son bois un peu rougeâtre est fort et élastique, souvent employé à
la mâture des vaisseaux, propre d’ailleurs à tous les usages. Cet
arbre remarquable est très voisin de l’A. nobilis.
A. balsamea Mizx. ( Pinus balsamea L.). — Baumier, baumier
de Giléad. Du Canada à la Pensylvanie et au Wisconsin. Petitarbre
de 10 à 12 mètres, rarement plus, sur lequel on récolte le célèbre
baume du Canada. Il est très voisin de l'A. Fraseri, qui habite les
montagnes de la Caroline et de la Pensylvanie, et qui produit la
même résine odorante. Les deux arbres sont également rustiques
en Europe.
A. bracteata DoN.( Pinus venusta DouGx.). — Des montagnes de
la Californie méridionale jusqu'aux altitudes de 1,500 à 2,000 mè-
tres. C’est un arbre élancé, de 35 à 40 mètres de hauteur, sur une
tige dont le diamètre à la base ne dépasse guère 0"60. Sa résine est
employée dans les églises en guise d’encens. Il est rustique en
France.
A. cephalonica LiNKk.( Pinus cephalonica ENpricH.).— Des mon-
tagnes de la Grèce et des îles voisines. Arbre très élégant, de
moyenne hauteur (15 à 20 mètres), de forme conique régulière et
très ornemental; aussi est-il fort répandu dans les parcs de l’Europe
occidentale, où sa rusticité ne laisse rien à désirer. Il a produit de
nombreuses variétés, dont la nomenclature est un peu embrouillée,
” I
—
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 105
A. cilicica Carr, (Pinus cilicica Korscuy). — Des montagnes
de l’Asie mineure. Bel arbre, de forme pyramidale, s’élevant à
15 ou 20 mètres, rustique dans l’Europe centrale comme en France;
mais sa végétation étant précoce, les jeunes pousses sont assez sou-
vent détruites par les gelées printanières, ce qui peut arrêter la
croissance de l’arbre en hauteur. Son bois est léger, peu sujet à
gauchir, mais n’est guère employé que pour les travaux de me-
nuiserie.
A. firma Sies. et Zucc.— Momi des Japonais, Liu des Chinois.
Grand arbre du Japon et de la Chine, rappelant par son port
l'A. pectinata, encore peu commun en Europe, où il est d’ailleurs
rustique. Son bois est blane, léger, à grain fin, employé surtout en
menuiserie et en tonnellerie. Il en existe au Japon plusieurs variétés
assez peu connues, dont une pourrait être l’A. bifida des botanistes
Siebold et Zuccarini, qui semble à peine différente du type de l’es-
pèce ci-dessus.
A. Gordoniana Carr. ( Picea grandis GORDON). — Très grand
arbre, de 60 à 70 mètres de hauteur, commun dans les vallées du
nord de la Californie. Il est assez voisin de l’A. pectinata, dont il
rappelle le port; mais il est moins rustique, en ce sens que végétant
de bonne heure, ses pousses sont souvent mortifiées par les gelées
du printemps. Il est plus répandu en Angleterre qu’en France.
A. grandis Lino. ( A. Pinus grandis DouGr.). Sapin jaune de
l’'Orégon. Arbre de 50 à 60 mètres, quelquefois plus, sur 1"50 à
3 mètres de diamètre à la base, et un des plus beaux du genre par
son port strictement pyramidal et son épais feuillage. Son bois est
blanc, tendre, léger et fragile; on l’emploie cependant en menui-
serie, surtout pour en construire des caisses d'emballage. C’est un
arbre des plaines et des terres basses plus ou moins humides. Il est
rustique dans une grande partie de l’Europe, où on le considère
surtout comme arbre d'ornement. r
A. homolepis S1E8. et Zucc, — Sjura-momi des Japonais. Petit
arbre de 6 à 10 mètres, cultivé dans les jardins du Japon et le long
des avenues. Il forme de vastes forêts dans l’île de Jéso et quelques
autres. Arbre élégant dans sa petite taille.
A. mucronala RAFINESQUE. — De l’Orégon, où il croît en indi-
vidus isolés dans les terres marécageuses. Il ne s'élève guère au-
delà de 10 mètres, quoique sa tige soit relativement grosse (de 0"50
à 0"60 de diamètre). Ce petit arbre pourrait être utilisé dans les
marais, qu’il contribuerait à dessécher et à assainir.
A. nobilis LiNDL. ( Pinus nobilis DouGLas). — De la côte nord-
ouest de l'Amérique septentrionale, de la rivière Columbia aux
montagnes du nord de la Californie, où il forme de vastes forêts,
jusqu'aux altitudes de 2,000 à 2,400 mètres. C’est un arbre superbe,
dépassant souvent 60 mètres de hauteur, sur { mètre à 1"50 de dia-
mètre, et dont les branches verticillées s’étalent très régulièrement
dans le sens horizontal. Son bois est très beau et renommé pour la
finesse de son grain et sa ténacité. L'espèce décrite sous le nom de
Pinus magnifica n’en est qu’une légère variété.
A. Nordmanniana Spacu, — Du Çaucase, où il a été découvert
106 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
par le professeur Nordmann, d’Odessa. C’est un bel arbre, d’une
trentaine de mètres de hauteur, très rustique dans la plus grande
partie de l’Europe, où il n’a rempli jusqu'ici que le rôle d'arbre d’or-
nement. Il a produit un grand nombre de variétés, qui portent au-
tant de noms différents. Il est plus beau que le sapin commun, tout
en ayant avec lui beaucoup d’analogie.
A. numidica DE LANNoy. — Des montagnes de l'Algérie, prin-
cipalement de la province de Constantine, où il monte jusqu’à Pal-
titude de 1,900 mètres. Il est très voisin de l'A. pinsapo, avec lequel
quelques botanistes le confondent. Il semble en différer cependant
par la disposition de ses feuilles, qui seraient distiques et non éparses
dans tous les sens. Au surplus, qu'on le considère comme simple
variété de l'A. pinsapo, ou qu’on en fasse une espèce distincte, c’est
uu très bel arbre qui appelle l'intérêt des amateurs et des sylvicul-
teurs. -
À. Pindrow SpacH. (Pinus Pindrow RoyLe).— De l'Himalaya,
entre 1,600 et 3,000 mètres d'altitude. Arbre de 25 à 30 mètres de
hauteur, peu connu et difficile à conserver dans l’ouest de l’Europe,
au nord des Pyrénées, parce que ses pousses trop précoces sont
souvent détruites par le froid. Cet arbre est très voisin de PA. Web-
biana, de l'Himalaya occidental et central, auquel quelques bota-
nistes le réunissent. Ce dernier est encore plus sujet à geler dans
le nord de la France que le sapin Pindrow, dont il a d’ailleurs la taille
et le port.
A. pectinata DC. (Pinus picea L.). — Sapin de Lorraine, sapm
des Vosges ou sapin de Normandie; il porte aussi le nom de sapin
commun. C’est un des arbres les plus anciennement connus de lEu-
rope, et peut-être celui de tout le genre qui a reçu le plus de noms
botaniques, par suite sans doute des nombreuses variétés qu'il a
produites.
Cet arbre classique se trouve sur presque toutes les hautes mon-
tagnes de l’Europe ; il est très commun sur celles du centre de la
France, en Lorraine, en Norvège et dans l'Allemagne occidentale,
où il constitue les hautes futaies de la forêt Noire, mais il devient
rare au centre et à l’orient de l’Europe.
Sa forme ordinaire est pyramidale, avec les branches tantôt étalées
horizontalement, tantôt inclinées au-dessous de l'horizontale, et,
comme peu d’autres, d'une verdure sombre et formant d’épais
massifs forestiers, ce qui en fait un puissant protecteur des pentes
contre les ravinements. Il dépasse souvent 30 mètres en hauteur,
sur un tronc de 1"50 ou plus de diamètre à la base. Son bois, sans
être dur, est cependant solide et universellement employé dans la
charpente, la menuiserie, les constructions navales, auxquelles il
fournit d'excellentes mâtures. On en tire en outre cette espèce de
résine qui est connue dans le commerce sous le nom de poix de
Bourgogne, et son écorce sert même en quelques pays au lannage
des cuirs. À tous ces titres, le sapin commun est un arbre précieux,
qu’on ne saurait trop multiplier dans les pays de montagnes.
A. Pinsapo Boissier.— De la région alpine du midi de l'Espagne,
jusqu’à 2,000 mètres d'altitude, On l’a découvert aussi sur quelques
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 107
points de l'Algérie, et peut-être ne diffère-t-1il pas spécifiquement de
l'A. numidica de ce pays.
Si on ne tent compte que de la beauté, le Pinsapo est mcontesta-
blement le premier du genre, et cer lainement un des arbres les plus
élégants de l’ordre des Conifères. Sa taille est communément de 25
à 30 mètres, et sa tige d’une rectitude parfaite est garnie de branches
verticillées depuis Le sol jusqu'au sommet, ce qui donne à l'arbre la
figure d’un cône de verdure épais et régulier. Ses feuilles, courtes,
raides et serrées, au lieu de se placer sur deux rangs, comme dans
beaucoup d’autres espèces, sont disséminées tout autour du rameau,
formant comme une brosse cylindrique. Cet arbre remarquable a
déjà produit quelques variétés par le fait des semis. Il est rustique
dans la majeure partie de la France, et fort recherché pour la déco-
ration des jardins et des parcs.
À. religiosa LiNpL. (Pinus religiosa Hums.).— Le sapin Oyamel
des Mexicains. Arbre magnifique des hautes montagnes du Mexique,
où il atteint les altitudes de 2,600 à 3,000 mètres au-dessus de la
mer, ce qui lui confère une certaine rusticité dans l’ouest de l'Europe
et de la France; mais il gèle à Paris. Sa hauteur dépasse quelquelois
40 mètres, sur {"50 à 2 mètres de diamètre à la base. On sait peu
de chose de la qualité de son bois, mais c’est un arbre ornemental
au premier chef.
sibirica LEDEB. (Pinus Pichta Kiscu.). — Arbre de 12 à
15 mètres, des montagnes de la Sibérie et de l’Alaï. Quoique très
rustique, il est peu recherché en France. Quelques botanistes le re-
gardent comme une simple variété asiatique du sapin commun ou
A. pectinata.
A. Veitchii Carr. (Picea Veitchii Lixpr..). —- C’est un des plus
grands arbres du Japon, car il s'élève jusqu’à 40 mètres et plus, et
il rappelle par son port et sa beauté les À. nobilis et Nordman-
niana, mais il est encore peu connu et doit ètre fort rare dans les
collections d'arbres vivants en Europe.
ACACIA. — Vaste genre de Légumineuses-Mimosées, dont on
connaît aujourd’hui plus de 340 espèces, arborescentes ou arbus-
tives, et dont la grande majorité appartient à la Nouvelle-Hollande.
Il en existe aussi en Afrique, surtout au sud de l’équateur, en Asie,
dans l'Amérique du sud, à la Nouvelle-Calédonie et dans les îles de
l’océan Pacifique austral.
Ce genre peut être regardé comme le type du sous-ordre des
Mimosées. Ses fleurs, toujours petites et généralement jaunes, sont
rapprochées en elomérules sphériques, qui, dans quelques espèces,
s’allongent en une sorte d’épi. La corolle est plus ou moins distinc-
tement monopétale, et les étamines toujours nombreuses. Le fruit
est une gousse qui n'a rien de particulier, mais qui varie considé-
rablement de figure et de grosseur dans la série des espèces.
Chez les Acacias les feuilles sont toujours composées et bipen-
nées dans le premier âge, mais dans la presque totalité des es-
pèces d'Australie cette forme, qu’on peut dire normale, disparait de
bonne heure pour faire place à des phyllodes, qui ne sont autre chose
108 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
que des pétioles dilatés, devenus foliformes et dépourvus de limbe.
Suivant les espèces, ils sont linéaires, lancéolés, elliptiques, ovales
ou obovales, quelquefois triangulaires, etc. Chez beaucoup d’espèces,
surtout africaines, les stipules qui accompagnent la base des feuilles
se changent en épines, plus ou moins longues et acérées. Les Acacias
fournissent divers produits à l’industrie et aux arts, principalement
des gommes et des écorces à tanner, des substances médicinales et
linctoriales, du bois de construction et du combustible. Les espèces
épineuses sont fréquemment employées pour faire des clôtures; et
presque toutes celles du genre, lorsqu'elles ne sont que des arbris-
seaux de petite taille, sont considérées comme ornementales, et
déjà introduites en grand nombre dans nos parcs et nos jardins
d'agrément.
Parmi les espèces qui peuvent nous intéresser à quelque titre,
nous citerons les suivantes :
A. acuminata BENTH. — De l'Australie occidentale. Arbre de
12 à 15 mètres, dont le bois est utilisé par la menuiserie et le
charronnage ; c’est aussi un des meilleurs du pays pour faire du
charbon.
A. aneura Ferd. von Muzz. — Des déserts arides de l’Australie
extratropicale. 11 ne s'élève guère qu’à 7 ou 8 mètres, mais son bois
excessivement dur fait d'excellents manches d'outils, et c’est de
lui que les indigènes tirent la plupart de leurs armes, lances, bou-
merangs, etc.
A. arabica Wizzp. — D’Arabie et d'Afrique. Petit arbre très
épineux, qui croit dans les sols calcaires les plus arides. Il n’est
guère employé qu’à faire des clôtures autour des champs, concur-
remment avec les À. tortilis et Seyal. Tous trois produisent une
partie de la gomme arabique du commerce, et leurs gousses, ainsi
que leurs écorces, servent au tannage des cuirs. Il faut en dire
autant des À. gummifera et Ehrenbergiana du nord de l'Afrique.
Les À. latronum et modesta, tous deux très épineux, servent dans
l'Inde à faire des haies, de même que l'A. armata (épine de Kan-
gourou ) en Australie, et l'A. cavenia au Chili.
A. Cathecu Wizzp. — De l'Inde et de l'Afrique. Arbre de 10 à
12 mètres, dont l'écorce et le bois fournissent la drogue connue
sous le nom de cathecu, et en outre le cutch ou terra japonica,
dont on fait un certain commerce pour l’industrie du tannage.
L’A. Suma, des mêmes pays, qui en est très voisin, rend les mêmes
services.
A. Cebil Grises. — Des Etats de la Plata. C’est un des arbres
les plus utiles de cette partie de l'Amérique, par l'abondance et
l'excellence du tannin que contient son écorce. Cet arbre pourrait
être introduit avec profit dans le midi de l’Europe et le nord de
l'Afrique.
A. decurrens Wizzb.— D’Australie, où il est vulgairement nom-
mé black wattle. I occupe principalement la région sud-est de ce
continent, croissant dans toutes les natures de sols, même les plus
arides et les plus médiocres, et y atteignant de 12 à 15 mètres de
hauteur. C’est une des espèces, d’ailleurs peu nombreuses, d’Aus-
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 109
tralie dont les feuilles ne se transforment pas en phyllodes ; de plus
il est inerme. Son bois sert à divers usages économiques, surtout
sous forme de charbon ; mais sa grande valeur lui vient de son
écorce, extrèmement riche en tannin; aussi en exporte-t-on de
grandes quantités en Angleterre. Son prix, suivant la qualité, varie
de 200 à 275 fr. la tonne, rendu sur les quais de Londres. Le
principe tannique de cette écorce n’est pas tout à fait identique à
celui du chêne ; mais dans l'opération du tannage il équivaut, dit-
on, près de cinq fois à ce dernier. On estime, à Melbourne, qu'une
tonne d’écorce d'A. decurrens suifit pour tanner de 25 à 30 peaux
de bœufs. Le cuir ainsi obtenu a toutes les qualités de durée et de
force que lui donnerait le tannage à l'écorce de chêne, mais la cou-
leur en est un peu moins belle. Cet arbre fournit aussi diverses
matières tinctoriales, et quelquefois de la gomme qu’on regarde
comme identique à la gomme arabique.
La culture de PA. decurrens est des plus faciles. On sème la
graine indifféremment à la volée ou en rayons. En Australie, ces
semis ont souvent pour objet de protéger d’autres arbres dont on
veut recouvrir des lieux dénudés et improductifs. Les jeunes Acacias,
qui endurent facilement le plus ardent soleil et toutes les intempéries
des saisons, abritent pendant les premières années des arbres plus
délicats, qui occuperont seuls le terrain quand ils seront devenus
assez forts pour n’avoir plus besoin d’abri. Ce moyen de remplace-
ment pourrait être employé avec succès en Algérie. Les graines
d'A. decurrens se vendent à Melbourne de 6 à 7 fr. le demi-kilo-
gramme, qui en contient de 35 à 40 mille. On pourrait d’ailleurs en
récolter déjà en France, l’arbre existant dans quelques jardins de
Provence, à la villa Thuret entre autres, où il a atteint toute sa taille
et produit déjà beaucoup de graines.
L’A. decurrens est peut-être l’arbre tannifère le plus important
de la zone tempérée-chaude, non seulement par l’abondance et la
bonne qualité de son produit, mais aussi par la facilité de sa culture
et sa résistance aux plus longues sécheresses. Il est d’ailleurs rus-
tique bien en dehors de la région de l’oranger; et on l’a vu passer
de nombreux hivers dans les parties les plus tempérées du midi de
l'Angleterre.
Une espèce très voisine de l’A. decurrens est l'A. dealbata, le
silver wattle des colons australiens. Il a le même port, la même
taille, le même feuillage à folioles nombreuses et menues; mais ce
feuillage est blanchâtre au lieu d’être vert foncé comme dans le de-
currens. Il s’accommode moins que ce dernier des sols pauvres et
graveleux; les lieux qu’il préfère sont les bords des rivières ou des
ruisseaux, et, dans ces conditions, il forme un grand arbre de 30 à
40 mètres de hauteur et de grosseur proportionnée. Son bois, de
couleur claire, résistant et cependant facile à travailler, est recher-
ché dans la tonnellerie; mais son écorce, peu épaisse, contient
beaucoup moins de tannin que celle du précédent; elle est cependant
employée pour le lannage des cuirs légers. L’A. dealbata est depuis
longtemps naturalisé dans le midi de la France, et il est assez rus-
tique pour qu'on en voie de beaux échantillons en Bretagne et même
110 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
sur les côtes de la Normandie. J'ai vu, en Roussillon, un individu
de cette espèce, resté à l’état d’arbuste de 1"50, produire une énorme
quantité de gomme, et s’épuiser par cette sécrétion.
A. leiophylla BENTH. — Du sud-ouest de l'Australie. C’est l’es-
pèce du genre la plus exploitée pour son écorce, qui contient jus-
qu’à 30 pour 100 de tan. Il produit aussi de la gomme, dont le prix
est de 50 à 60 fr. le quintal (50 kilogranmmes) dans le pays même. On
l’a introduit en Algérie, et on a trouvé qu'il y résistait mieux que
d’autres espèces du genre à la sécheresse et aux vents brülants du
sud ; aussi a-t-il été particulièrement recommandé pour ce pays, par
un éminent agriculteur, M. Trottier. C’est un petit arbre à large
tête, assez voisin d’une autre espèce très ornementale, l'A. cyano-
phylla, déjà assez commun dans les parcs et les jardins de la Pro-
vence, et qui rend les mêmes services en Australie.
A. longifolia Wii. — Du sud-est de l'Australie. Très commun
aujourd’hui en Provence, où il est considéré comme arbre d’orne-
ment. Il est touffu, d’une belle verdure et forme de beaux massifs,
qui se couvrent de fleurs sur la fin de l'hiver et au printemps. Son
écorce est beaucoup moins riche en tannin que celle de VA. decur-
rens, et on ne l’emploie guère qu’au tannage des peaux de moutons.
Il a toutefois une qualité qui le recommande aux agriculteurs : c’est
de réussir et même de croître rapidement dans les sables des bords
de la mer, autrement improductifs, et de les fixer. En cinq ou six
ans il y atteint une taille de 7 à 8 mètres, et peut aussi fournir beau-
coup de bois pour le chauffage et la confection du charbon.
À. melanoxylon R. Br.— C'est le black wood ou bois noir des
Australiens. Dans les bonnes terres un peu humides il prend les
proportions d’un arbre de futaie (20 à 25 mètres); aussi est-il re-
cherché pour les travaux de charpente, de menuiserie et même
d’ébénisterie. On en tire aussi des pièces pour les constructions
navales, les traverses de chemins de fer, ete. Son bois, à grain fin,
est comparable pour sa résistance à celui du chêne blanc d’Améri-
que et de quelques Eucalyptus. C’est une espèce phyllodaire, mais
où on voit souvent les feuilles composées normales s’entremêler aux
phyllodes, ou se développer à leur extrémité.
A. microbotrya BENTH. — Des déserts arides du sud-ouest aus-
tralien. C’est un petit arbre, remarquable surtout par son abon-
dante production de gomme, que les indigènes récoltent et dont ils
font des provisions pour l'hiver. Cet arbre serait utile dans la région
saharienne de l'Algérie, si analogue de climat avec les déserts de
l'Australie.
A. pycnantha BEeNru. — De l'Australie méridionale, où il porte
les noms de golden wattle et green wattle. C'est un petit arbre de
7 à 8 mètres, presque aussi riche en principes tanniques que l’A. de-
currens, mais au total produisant moins que ce dernier, parce qu'il
est plus petit el que son écorce est moins épaisse. En revanche il
croit rapidement dans toutes les natures de sol, et même semble
rechercher les sables des rivages, qu'il fixe par l’entrelacement de
ses racines. D’après des expériences faites par le baron Ferdinand
Müller l'écorce séchée artificiellement contiendrait de 30 à 45 pour
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ÉNUMÉRATION DES PLANTES OUI
100 de tannin, dont la qualité est d'autant meilleure que les arbres sont
plus âgés. On en extrait aussi du cathecu, d'aussi bonne qualité que
celui de l'Inde, et qui est fort employé comme moyen de conserva-
tion pour les cordages, filets et tissus divers destinés à être mouillés.
Cet arbre est aussi un important producteur de gomme, qui se con-
somme dans le pays ou qui est livrée à l'exportation. Son bois sert
à faire des manches d'outils, des douves de tonneaux, etc. C’est
surtout un excellent combustible.
Bien d’autres espèces d’Acacias australiens, utiles à quelque
point de vue, pourraient être ajoutés à cette liste. Les espèces orne-
mentales abondent, et nes jardins en contiennent aujourd’hui plus
d’une centaine. La plupart sont des arbrisseaux ou des sous-arbris-
seaux, que la taille et le ciselage maintiennent à l’état de buissons
fleurissants d’une suprème élégance, auxquels on peut cependant
reprocher l’uniformité de coloris de leurs fleurs, toujours jaunes,
quoique de tons divers. Parmi les plus intéressants nous devons
citer les A. glaucoptera, acinacea, argyrophylla, brachybotrya,
cultriformis, decipiens, imbricata, juniperina, myrtifolia, obliqua,
Riceana et verticillata. Au nombre des espèces étrangères à l’Aus-
tralie on compte l A. Farnesiana de l’Inde, cultivé imdustriellement
en Provence pour ses fleurs, usitées en parfumerie sous le nom de
cassie, et l'A. horrida de l'Afrique australe, grand arbrisseau
ornemental, qui se fait surtout remarquer par l’énormité de ses
épines de couleur blanche ou cendrée, longues quelquefois de
10 centimètres. Peu d'arbres et d’arbrisseaux sont propres à faire
des clôtures aussi mfranchissables que celles de cette espèce d’Aca-
cia. C’est le Doornboom des Hollandais du Cap.
Dans le nord et le centre de l'Europe tous les Acacias appartien-
nent à la serre tempérée ou à l’orangerie; par contre, tous sont
rustiques ou demi-rustiques partout où l’oranger peut être cultivé
à l'air libre, et le succès de leur culture est d'autant plus assuré que
le climat est plus chaud. Ces arbres, ceux d'Australie surtout, crai-
gnent peu la sécheresse des pays du Midi, plusieurs même ne réus-
sissent bien que sous les climats torrides, et c’est là plus particu-
lièrement qu’ils deviennent producteurs de gomme. À ces divers
litres ils peuvent rendre d’éminents services en Algérie, soit comme
arbres industriels, soit comme arbres de reboisements temporaires
et pour préparer le terrain à d’autres essences plus avantageuses.
Il est presque superflu d'ajouter qu’on ne doit pas confondre les
vrais acacias avec le Robinia faux-acacia, arbre rustique de l'Amé-
rique septentrionale, aujourd’hui commun partout, et auquel il y a
d’autres services à demander.
ACANTHOPHŒNIX rubra WENDLAND. — Grand et beau pal-
mier desîles Maurice et de la Réunion, par conséquent de climat
tropical, qui s’est cependant montré rustique à Sydney, près du
34° degré de latitude australe. Il pourrait réussir dans les endroits
les plus chauds et les mieux abrités du midi de l’Europe, et plus
probablement encore dans le sud de l'Algérie,
4112 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
ACANTHOSICYOS Lorrida WELWITSCH. — Naras. Singulière
cucurbitacée des déserts d’Angola et autres contrées de la Cafrerie
tropicale. C’est une sorte de buisson épineux, sans feuilles, qui porte
des fruits de la grosseur et de la couleur d’une orange, dont la
saveur acidulée est assez agréable. Ses graines, grosses et char-
nues, sont aussi comestibles. Grâce à un développement extraordi-
naire de racines, longues souvent de 30 à 40 mètres, et qui s’enfon-
cent profondément dans le sol aride de ces régions, elle est la seule
plante de sa famille qui puisse résister à l’ardeur et à la sécheresse
de ces climats, et, par ses fruits, elle devient en quelque sorte la
providence des populations barbares qui les habitent. Cette plante
a jusqu'ici été imcultivable en France ; peut-être réussirait-elle dans
la Sahara algérien; ce serait une expérience à faire.
ACER. — lirable. Genre principal, ou pour mieux dire le seul
genre du groupe naturel des Acérinées, exclusivement composé d’ar-
bres et d’arbrisseaux, à feuilles opposées, et qu’on cultive aussi
bien comme arbres d'ornement ou paysagers que comme arbres
forestiers. Il contient une soixantaine d'espèces, parmi lesquelles
nous signalerons principalement les suivantes :
A. campestre 1. — L'érable commun. De l’Europe et du nord de
de l’Asie. C’est un petit arbre de 10 à 12 mètres, à large tête touflue,
à feuilles caduques, quinquélobées. Son bois est dur et souvent em-
ployé à faire des ustensiles agricoles, des vis de pressoirs, des man-
ches d'outils, etc.
A. monspessulanum L.— L’érable de Montpellier. De toutle midi
de l’Europe, où il est plus commun que le précédent, dont il se dis-
tingue par ses feuilles plus petites, trilobées, luisantes et demi-
persistantes. On regarde comme n’en étant qu’une variété l'A. cre-
ticum, dont les feuilles sont plus franchement persistantes.
A. neapolitanum L. — L’érable napolitain. D’Italie et de Sicile.
Arbre de 12 à 15 mètres, à grandes feuilles quinquélobées et ca-
duques. C’est un bel arbre d’avenue, qui est quelquefois employé à
remplacer les platanes dans le midi de l’Europe. Il est fréquem-
ment aussi planté dans les parcs.
À. circinatum Pursx.—- L’érable-liane ; du nord-ouest de } Amé-
rique, ainsi nommé de ce que ses branches longues et grêles s’in-
clinent jusqu’à terre, où elles s’enracinent, formant par là des massifs
impénétrables. Cet arbre peu élevé (10 à 12 mètres) et dont le tronc
reste toujours grêle, est plus curieux que véritablement utile. Il
pourrait cependant servir dans les parcs à abriter le gibier.
À. dasycarpum EnrarT.— L’érable blanc de Amérique du nord.
C’est un bel arbre d’une quinzaine de mètres de hauteur, mais moins
rustique que beaucoup d’autres espèces du genre. Très convenable
d’ailleurs pour la plantation des avenues et des promenades dans
l'Europe moyenne et méridionale, pourvu que le sol ne soit point
sujet à la sécheresse. Son bois est médiocre comme bois d'œuvre,
mais 1l fournit un bon combustible, surtout converti en charbon. On
extrait du sucre de la sève, mais en beaucoup moins grande quan-
tité que de celle de l’érable à sucre proprement dit,
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 4113
A. macrophyllum Pursu.—Le grand érable de l’'Orégon. Du nord
du Mexique et de la Colombie anglaise. Arbre de 25 à 30 mètres, de
croissance rapide, à bois blanc veiné de fauve, très beau et aussi
estimé que celui des Hickorys (Carya) pour les travaux de menui-
et d’ébénisterie. L’écorce intérieure sert aussi en vannerie; on en
fait des paniers, des corbeilles, des nattes, des chapeaux, ete. On
retire du sucre de sa sève, comme de plusieurs autres érables. Ce
bel arbre se plaît surtout le long des cours d’eau.
A. saccharinum VANGENuEIN. — L’érable à sucre. Du Canada
et du nord des Etats-Unis. C’est un des grands arbres du genre, car
il s'élève jusqu’ à 25 et 30 mètres, quelquefois davantage, sur un
tronc de 3°00 à 4"20 de diamètre. Son bois est d’une teinte rosée, à
grain fin et très fort; aussi lui trouve-t-on de nombreux emplois en
menuiserie et en ébénisterie. Son principal produit cependant est le
sucre qu'on extrait de sa sève en faisant des ouvertures à lécorce.
Les arbres commencent à être saignés à vingt ans, et l'opération
peut se continuer pendant une quarantaine d'années sans entrainer
leur mort. La quantité du produit varie suivant les individus et aussi
suivant leur âge. En moyenne, on retire d’un arbre, pendant une
saison, de 12 à 24 gallons de sève, qui rendent en bloc de 4 à 8 li-
vres de sucre; Mais On à vu quelquefois de très gros arbres donner
quatre ou cinq fois cette quantité en une seule saison. Le sucre
d'érable est l’objet d’un commerce important aux Etats-Unis, et il
se prête à tous les usages du sucre de canne. L'arbre fournit en
outre beaucoup de potasse, et son écorce est utilisée dans la tein-
ture. Plus d’une fois on a tenté en Europe la culture de l’érable à
sucre, mais jusqu'ici avec peu de succès. Il y devient moins grand
qu'en Amérique, et donne comparativement peu de sève. Toutefois,
ces essais faits au hasard, sans choix des terrains et sans considé-
ration pour le climat, ne peuvent pas être considérés comme déci-
sifs négativement, et1l y aurait lieu de les reprendre. Il semble que
c’est surtout en Norwège, où le sol et le climat ont beaucoup d’ana-
logie avec celui du Canada, que l’érable à sucre pourrait être cultivé
avec succès comme arbre industriel.
A. niveum BLUME. — Des montagnes de l’Inde continentale et
insulaire, où il forme des forêts. C’est le plus grand du genre, car
il s'élève j jusqu'à 40 mètres et plus. D’autres espèces d’érables ha
bitant les mêmes lieux seraient également dignes d’être cultivées,
soit comme arbres forestiers, soit comme arbres de parcs et d’ave-
nues. Mais ces arbres sont encore peu communs en Europe.
À. platanoides L. — L’érable du Nord. De la Norwège et de la
Suisse. Très cultivé dans toute l'Europe moyenne et septentrionale
comme arbre d'ornement. Il s’élève à 20 mètres ou plus, donne un
bel ombrage et fournit un bois usité en ébénisterie. En automne,
son feuillage prend une belle teinte jaune, qui est d’un effet pitto-
resque dans le paysage.
A. pseudo-platanusL.—L’'érable sycomore. De l'Europe moyenne
et méridionale, ainsi que de l'Asie occidentale. Il s’élève plus haut
que le précédent, dont il a tous les emplois dans l’économie domes-
üque, les arts industriels et l’horticulture paysagère. Il supporte
114 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
assez bien les vents de mer chargés de particules salées ; sa sève
contient une petite proportion de sucre.
A. rubrum L. — L’érable rouge d'Amérique. Arbre de 20 à
25 mètres, dont le feuillage prend, en automne, une teinte rouge
qui le fait rechercher comme arbre paysager. Il aime les terrains
profonds, fertiles et frais. Son bois est employé en menuiserie et en
ébénisterie. Il sert aussi à fabriquer les ustensiles agricoles, jougs,
charrues, vis de presssoirs, etc. Sa sève est sucrée, mais beaucoup
moins que celle du véritable érable à sucre.
Plusieurs autres espèces du genre sont devenues classiques dans
les parcs et les jardins de l’Europe. De ce nombre sont les Acer
oblongum du Népaul, A. Nequndo (Nequndo fraxinifolium ) de
l'Amérique du nord, à feuilles pennées, l’A. opulus d'Italie, FA.
opulifolium des Alpes et VA. pensyloanicum de l'Amérique du nord;
dont l’écorce verdâtre est marbrée de blanc. On pourrait citer en-
core quelques autres espèces, moins intéressantes au point de vue
utilitaire que toutes les précédentes.
ACHILLEA. — Genre de plantes herbacées et vivaces de la fa-
mille des Composées, à petites fleurs en corymbes, jaunes, blanches
ou purpurines. Toutes les espèces ont les feuilles plus où moins
finement découpées; toutes aussi sont aromatiques à quelque degré,
et quelques-unes ont des emplois industriels ou médicimaux. Citons,
entre autres, les suivantes:
A. millefolium L. —- Le mille-feuilles, ou l'herbe au charpentier,
commune dans toute l’Europe. Dans les terrains secs et rocailleux
elle est pâturée par les moutons. Elle a produit une variété à fleurs
pourpres, qui a trouvé un emploi dans les parterres.
A. moschata Würr. — Une des plantes qu’on désigne dans les
Alpes sous le nom de Génipi. Elle est très aromatique et entre dans
la composition du thé de Suisse.
A. fragrantissima L. — Espèce sous-arbustive d'Egypte et de
Lybie, fortement aromatique et dont les fleurs desséchées sont em-
poyées en médecine comme toniques. Plusieurs autres espèces sont
dans le même cas.
Les À. Clavennæ, serrata, macrophylla, à fleurs blanches, et
A. filipendulina, ægyptiaca et tomentosa, à fleurs jaunes, sont
souvent cultivées dans les parterres.
ACHRAS. — Arbres et arbrisseaux de la famille des Sapotées,
originaires de l'Amérique intratropicale, et dont plusieurs sont.cul-
tivés comme arbres fruitiers. Citons plus particulièrement les sui-
vants :
A. Sapota L. — Sapotillier, Zapote et Nispero des Antilles, dont
le fruit passe pour délicieux. Cet arbre est aujourd’hui cultivé dans
la plupart des pays chauds. Son écorce jouit de propriétés fébriluges
incontestables et remplace quelquefois celle des quinquinas.
Les A. Zapotilla Jaco. et À. vitellina Tussac, des Antilles, sont
cultivés comme le précédent, mais leurs fruits ne valent pas ceux
du sapotillier proprement dit.
Ex.
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 115
A. australis Ferd. von MuiLEr. — Espèce intéressante d’Aus-
tralie, encore peu connue, et dont les fruits, quoique médiocres,
sont comestibles, et pourraient certainement être améliorés par la
culture. 11 semble probable que l'arbre s’acclimaterait dans le midi
de l’Europe, le nord de l'Afrique et dans tous les pays de climat
tempéré-chaud,
ACONITUM. — Genre de Renonculacées, comprenant des espèces
qui habitent les hautes montagnes d'Europe et d'Asie. Ce sont des
plantes herbacées, à racine napiforme et vivace, repoussant tous les
ans de nouvelles tiges. Leurs feuilles sont palmées-incisées; leurs
fleurs très irrégulières, remarquables surtout par la forme en capu-
chon d’un des pétales, situé du côté supérieur, et qui abrite les or-
ganes de la reproduction. Les fruits sont des gousses polyspermes,
ordinairement au nombre de trois dans chaque fleur. Le genre con-
tient un petit nombre d'espèces, toutes très vénéneuses, et néanmoins
introduites dans la culture d'ornement.
A. Napellus L. — Le napel ou capuchon de moine, à racines
charnues et à fleurs bleues, indigène sur toutes les hautes montagnes
d'Europe. Sa racine, un peu semblable à un petit navet, contient
trois alcaloïdes, l’aconitine, la napelline et la narcotine, employées
en médecine, mais très dangereuses et dont l’administration ne
saurait être ordonnée que par un homme de l’art. Cette racine a
causé bien des empoisonnements. Les feuilles contiennent en outre
un principe volatil âcre et vénéneux, qu’on retrouve dans plusieurs
autres Renonculacées. Les autres espèces du genre participent aux
propriétés de l’aconit napel, telles, par exemple, que les À. anthora,
à fleurs jaunâtres, des mêmes lieux que le précédent; À. autumnale
de la Chine; À. japonicum du Japon, etc.
ACROCOMIA. — Genre de palmiers exclusivement américains,
composé d'arbres peu élevés, dont la tige est hérissée de longues
épines. Une espèce, l'A. mexicana Karw., haut de 6 à 7 mètres,
pourrait être introduit dans le midi de l’Europe comme arbre d’orne-
ment. Il croît sur les montagnes du Mexique vers 1,000 mètres d’al-
titude, parmi les chênes et les pins, dans des localités dont la tem-
pérature moyenne est de 16 à 17 degrés centigrades, qui est celle
d'Alger.
ACTÆA spicata L.— Baneberry des Anglais. Renonculacée her-
bacée et vivace des lieux élevés et calcaires de tout l'hémisphère
septentrional. Sa racine est employée en médecine comme tonique.
Dans le nord de l'Amérique, elle passe pour un antidote contre la
morsure des serpents venimeux.
ADENOSTEMON uitidum PERSOON. — Grand arbre de la famille
des Laurinées, intéressant par ses belles proportions et la beauté
de son bois marqueté de veines colorées et très propre aux ou-
vrages de menuiserie et d'ébénisterie. Originaire du Chili méridional,
»
V ANRT IE
116 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
où il porte les noms vulgaires de Queule, Nuble et Aracua, il serait
certainement rustique dans tout le périmètre de la Méditerranée.
ADESMIA balsamica BErRTERO. — Légumineuse papilionacée
du Chili, où elle est connue sous le nom de Jarilla. C'est un petit
arbrisseau qui produit une gomme balsamique utilisée dans quelques
industries du pays.
ÆGICERAS majus GÆRTN. — Petit arbre de la famille des
Ægicérées, qu'on rapproche de celle des Myrsinées, abondant sur
les bords de la mer, dans le sud de l'Asie et le long des côtes orien-
tales de la Nouvelle- Hollande, où il remplit le même rôle que les
mangliers, en maintenant les sables et la bourbe contre le remous
des flots. On le rencontre jusqu’au 34° degré de latitude sud, ce qui
indique une certaine rusticité.
ÆSCHYNOMENE aspera L. — Légumineuse papilionacée, de
l'Asie tropicale et de A Maue, C’est une forte plante vivace, dressée
ou flottante sur l’eau des marais. Du jardin botanique de Melbourne
elle a passé dans plusieurs parties de l'Australie tropicale, où elle
s’est naturalisée. La moelle de ses tiges est employée à faire des
chapeaux très légers, et remplace même le hège pour faire des bou-
chons de bouteilles. Elle porte le nom vulgaire de Solah.
ÆGLE Marmelos L. — Arbre de la famille des Hespéridées,
assez analogue à l’oranger et au citronnier, mais demandant pour
prospérer une chaleur plus soutenue. Il est originaire de l'Inde, où
son fruit porte le nom vulgaire de Bel ou Bael. C’est plutôt un
arbre médicinal qu’un arbre fruitier. La décoction de sa racine
est considérée au Malabar comme le remède souverain de l’hypo-
chondrie et des palpitations du cœur; celle des feuilles est vantée
contre l’asthme, et ses fruits, cueillis un peu avant la maturité,
passent pour le spécifique de la diarrhée des pays chauds et de la
dysenterie. À ce point de vue, l’arbre mériterait d’être introduit
dans toute les colonies intratr opicales. En Europe, ce serait plutôt
un arbre d'ornement comme d’autres Hespéridées, et, à cause de
son tempérament plus délicat que celui de l’oranger, il ne pourrait
guère sortir des serres chaudes ou tempérées, si ce n’est dans les
parties les plus méridionales et le nord de l'Afrique.
ÆSCULUS. — Principal genre de la famille des Hippocastanées,
comprenant des arbres et des arbrisseaux, à feuilles composées-
digitées, à fleurs en thyrses ou en panicules aux sommets de courts
rameaux, produisant de grosses capsules épineuses ou inermes,
dans lesquelles sont logées des graines volumineuses (marrons
d'Inde), riches en fécule et qui seraient comestibles sans un prin-
cipe amer dont elles sont pénétrées. Jusqu'ici ces arbres n’ont guère
eu d'autre rôle dans nos parcs et nos jardins que de décorer le
paysage ; mais, ainsi que nous le dirons tout à l'heure, 1l y aurait
d’autres services à leur demander, en utilisant leurs graines à la
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 117
nourriture des bestiaux et des volailles. Les espèces les plus inté-
ressantes de ce groupe sont les suivantes, toutes parfaitement rus-
tiques sous nos climats :
Æ. Hippocastanum L. — Le marronnier d'Inde. Arbre indi-
gène du nord de l'Inde, de la Perse, du Caucase et de la Turquie
d'Europe, introduit depuis plus de deux siècles en Allemagne et en
France, où il est devenu commun, et où il sert principalement à
orner les promenades publiques. Suivant les lieux et les qualités du
terrain, il s'élève à 12, 15 ou 20 mètres, donne beaucoup d’ombre en
été et se couvre de fleurs au premier printemps; mais ses feuilles
tombent de bonne heure en automne, et l’arbre reste nu pendant
tout l'hiver. Ses fleurs, réunies en thyrses, un peu grandes, blanches
avec des macules de couleur carmin, le laissent presque sans rival
parmi nos grands arbres paysagers pendant l’époque de sa floraison ;
mais cette supériorité n’est pas de longue durée, surtout dans les
étés chauds et secs, si habituels dans le midi de l’Europe. Assez
souvent, après les pluies d’automne, on voit le marronnier d'Inde
donner une seconde floraison, beaucoup moins belle d’ailleurs que
la première. Ses grosses graines, connues sous le nom de marrons
d'Inde, servent d'habitude à le reproduire; mais quelques personnes
les emploient à la nourriture de la volaille, après les avoir fait ma-
cérer dans l’eau ou les avoir fait cuire pouren diminuer l’amertume.
Nous devons ajouter que plusieurs agriculteurs du nord de la France
font aujourd’hui récolter les marrons d’Inde pour les donner aux
bestiaux, principalement aux vaches laitières, dont ils augmentent
le produit sans nuire à la qualité du lait et du beurre. Les biches,
les cerfs et les chevreuils en sont particulièrement friands, et M. Ter-
naux, le célèbre fabricant de châles, en nourrissait avec grand succès
ses moutons et ses chèvres du Cachemire. Les marrons d'Inde cuits
sont particulièrement avantageux pour l’engraissement des bœufs.
Il est bon de faire remarquer que, dans le commencement de ce
régime, les animaux éprouvent quelque répugnance à l’adopter,
répugnance qui disparaît bientôt par habitude ; toutefois cette nour-
riture doit être rationnée, et n’entrer que pour une part modérée dans
le régime. Il est évident que la fécule du marron d'Inde serait éga-
lement alimentaire pour l’homme, si on parvenait à la débarrasser
économiquement du principe âcre et amer qu’elle contient.
Æ. rubicunda HorT.— Le marronnier rouge. Presque semblable
au précédent, mais de moins grande taille. Il en diffère surtout par
ses fleurs entièrement de couleur carmin. Son origine est assez
obscure : les uns le disent venu d'Amérique, où aucun botaniste
ne l’a signalé jusqu'ici, les autres le regardent comme un hybride
issu du croisement du marronnier d'Inde et du Pavia rubra de la
Virginie, ce que semble appuyer son peu de fertilité. Ce n’en est
pas moins un bel arbre décoratif, qu'on multiplie habituellement
par greffe sur le marronnier d'Inde commun.
Æ. indica RoxBG. — Le marronnier de l'Himalaya. Très bel
arbre, de 12 à {5 mètres de hauteur, à feuilles demi-persistantes,
aussi beau de floraison que les précédents, mais encore peu ré-
pandu en Europe. Il existe d’ailleurs plusieurs autres espèces du
118 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
genre en Asie, en Chine et au Japon, qu’il serait désirable de voir
introduire dans les parcs et les jardins de l'Europe.
Æ. turbinata BLum. — Du Japon. L'arbre est peu connu en
Europe. On dit que ses graines sont employées à la nourriture de
l’homme.
AGAPETES arborea DC. ( Vaccinium Leschenaullit WiGnr).—
Grand arbrisseau ou petit arbre des montagnes de l'Inde et de
Ceylan, à feuilles persistantes, couvert de fleurs et de fruits pendant
toute l’année. Cet arbre est intéressant au point de vue décoratif,
et il l’est aussi par ses fruits, comestibles comme ceux de lairelle.
Il appartient à la famille des Kricacées, tribu des Vaccimiées. Plu-
sieurs autres espèces du genre, telles que les A. varieqata, seti-
gera, loranthifolia, vaccinacea, acuminata, etc., toutes des régions
montagneuses de l’Inde, pourraient vraisemblablement s’accli-
mater dans les pays tempérés -chauds du midi de l’Europe, du
nord de l'Afrique et de nos colonies intratropicales.
AGARICUS. — Genre de champignons, de la famille des Hymé-
nomycètes, dont le premier élat est un mycelium, assemblage de
filaments incolores qui pénètrent dans les substances organiques,
mortes ou vivantes, dont ils doivent se nourrir. Arrivé à un certain
degré de développement, ce mycelium donne naissance à des masses
de diverses formes, qui affectent le plus ordinairement celle d’un
parasol ou chapeau, dont la face inférieure est couverte de feuillets
ou lamelles sur lesquelles naissent les spores, c’est-à-dire les cor-
puscules reproducteurs de l'espèce. Ce genre a été subdivisé par les
botanistes modernes en divers autres genres, dont le principal est
toujours celui des Agarics proprement dits. Plusieurs de ses espèces
sont comestibles.
La plus intéressante est le champignon de couches (A. campes-
tris), mdigène dans presque toute l’Europe, et qu'on trouve fréquem-
ment dans les prairies où pâturent des chevaux. On le reconnait
à son chapeau blanc ou grisätre en dessus et à ses feuillets sporifères,
d’abord roses, puis tournant insensiblement à la couleur lie de vin.
Son pied, ou pédicule, est cylindrique et non renfié à sa partie in-
férieure, par où il adhère aux filaments du mycelium, d’où il tire son
origine.
Le champignon de couches est ainsi nommé parce qu’on le voit
souvent se développer spontanément sur les vieilles couches à me-
lons, ce qui a donné l’idée de le cultiver. C’est surtout à Paris que
cette culture a pris de l’importance et est devenue une spécialité pour
certains jardiniers, exclusivement champignonistes. Les Agarics se
développant mieux à l'obscurité qu’à la lumière, on a utilisé, pour
leur culture, les immenses carrières souterraines qui ont fourni, dans
les siècles passés, les matériaux de construction de [a grande ville,
et qui sont aujourd’hui abandonnées. Les couches à champignons s’y
développent sur plusieurs centaines de kilomètres de longueur, et
leurs produits, toujours recherchés, s’exportent dans toute l'Europe
et plus loin encore,
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 119
L'élément essentiel de la culture des champignons est le fumier
de cheval, d'âne ou de mulet, auquel on fait subir quelques prépa-
rations avant de l’employer. Descendu dans les carrières, on le dis-
pose en couches ou meules d’une longueur indéterminée, larges de
moins d’un mètre, bombées au milieu, et qu’on recouvre de quelques
centimètres de terre. Avant cette dernière opération, on a soin d’in-
troduire dans le fumier décomposé de la meule, des galettes, c’est-
à-dire de petits fragments de fumier tirés d’une meule plus ancienne,
et bien garnie de ce qu’en terme de jardinage on appelle le blanc.
Ce blanc n’est autre chose que le mycelium du champignon. S'il est
jeune et de bonne nature, il ne tarde pas à envahir la meule toute
entière, et, au bout de quelques jours, à donner naissance à un grand
nombre de champignons, qu’on récolte ordinairement dès qu’ils ont
atteint le volume d’une noix. C’est à cet état qu’ils peuvent voyager
le plus sûrement pour être exportés au loin. En les laissant plus
longtemps sur la couche, ils deviendraient plus gros, mais ils per-
draient de leur qualité et seraient moins recherchés des consom-
mateurs.
Nous ne pouvons pas entrer ici dans le détail de cette intéres-
sante et lucrative industrie, au sujet de laquelle d’ailleurs beaucoup
de traités spéciaux ont été écrits. Nous dirons seulement qu’elle
pourrait être pratiquée dans beaucoup de pays où on n’y à jamais
songé, quoiqu'on y consomme des champignons importés des cul-
tures parisiennes.
Parmi d’autres Agarics comestibles nous citerons encore :
A. Cæsareus Scuerr. — C’est l’oronge proprement dite, ou la
vraie oronge, qu'il importe de distinguer de la fausse { A. musca-
rius L., Amanita muscaria Fries). C’est un grand et beau cham-
pignon, de couleur orangée, qui croît dans les forêts de pins et de
sapins d’une grande partie de l'Europe et principalement dans les
landes de Bordeaux. Sa chair est supérieure à celle du champi-
enon de couches, mais il ne paraît pas que jusqu’iei on ait essayé
de le cultiver.
A. flammeus Fries. — Du Cachemire. Champignon de grande
taille et qu’on dit excellent. Sa culture devrait être essayée.
A. ostreatus JACQ. — De toute l’Europe. Il croît spontanément
sur le tronc des vieux arbres. C’est une espèce délicieuse et qui
était déjà renommée chez les anciens.
Beaucoup d’autres espèces d’Agarics sont comestibles et recher-
chées dans les pays où elles croissent ; malheureusement elles sont
souvent difficiles à distinguer des espèces vénéneuses, et 1l ne se
passe guère d'années où on n’entende parler d’empoisonnements
par suite de quelque méprise funeste. À moins d’être versé dans la
connaissance de ces végétaux, on devrait s’en tenir aux espèces
classiques, reconnues partout pour être salubres et seules tolérées
sur les marchés publics. Sans entrer dans de plus longs détails sur
ce sujet, nous dirons que la plupart des empoisonnements, en France
du moins, sont causés par l’Agaric bulbeux (A. bulbosus), qui a
beaucoup de ressemblance avec le champignon de couche et croît à
peu près dans les mêmes lieux. On len distinguera toutelois à ce
120 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
que les lamelles ou feuillets de son chapeau sont blanches et non
colorées en rose ou en violet, et surtout à ce que son pied est for-
tement renflé à sa partie inférieure. L’Agaricus muscarius, ou
fausse-oronge, est cause aussi de bien des empoisonnements. C’est
un grand et beau champignon, commun dans nos bois en automne,
dont le dessus du chapeau est orangé, ou même rouge de sang et
parsemé de pustules blanches, qui sont les restes de l’enveloppe
(volva) dans laquelle le champignon était renfermé avant de sortir
de terre.
AGAVE. — Agave. Genre de plantes herbacées et vivaces de la
famille des Amaryllidées et du groupe des anomales, tout entier
américain, s'étendant du nord du Mexique et des Etats-Unis méri-
dionaux au Brésil et aux Andes du Pérou. On en connait aujourd’hui
plus de 100 espèces, la plupart introduites dans les jardins de l’Eu-
rope à titre de plantes curieuses ou d'ornement. Toutes ou presque
toutes sont rustiques dans la région de l’oranger, au nord de la
Méditerranée.
Les agaves se distinguent aisément des autres Amaryllidées, à
leur souche plus ou moins enterrée, rarement élevée de quelques
centimètres au-dessus du sol, et couronnée par un grand nombre
de feuilles imbriquées, charnues, épaisses, raides, généralement
épineuses sur leur contour et terminées au sommet par une épine
plus forte et plus acérée que les autres. L’inflorescence, qui part
du centre de la rosette des feuilles, est une panicule tantôt resserrée
et figurant un épi gigantesque, tantôt à rameaux développés et
étalés horizontalement, formant ainsi un grand candélabre. Les
fleurs sont irrégulières, d’un jaune verdâtre ou d’un blanc sale,
suivant les espèces. Le fruit est une capsule à 3 loges et trivalve,
contenant un grand nombre de graines noires et très aplaties.
Malgré le volume et la dureté de leur souche, les agaves sont de
véritables herbes, mais parfois gigantesques. Il en est de si énormes
qu'une seule de leurs feuilles ferait presque la charge d’un homme.
Les hampes de leurs inflorescences, souvent de la grosseur de la
cuisse, et presque semblables à de colossales asperges dans les
premières phases de leur développement, croissent avec une rapi-
dité qui étonne. Dans l’espace d’un mois elles peuvent atteindre à
8 ou 10 mètres de hauteur. Après la floraison et la maturation des
graines, ces grandes inflorescences périssent, et souvent même la
plante entière avec elles ; mais alors elle à ordinairement propagé
autour d’elle un grand nombre de drageons, qui assurent la conser-
vation de l’espèce et une multiplication plus rapide que par le semis
des graines.
Toutes les grandes espèces d’agaves peuvent être considérées
comme des plantes industrielles, quoiqu'il n’y en ait qu'un petit
nombre qui aient jusqu'ici été réellement utilisées. Nous citerons
comme étant les plus intéressantes les espèces qui suivent :
À. americana L.— Faux aloès, Maguey. Du Mexique et de l’A-
mérique centrale, très répandue aujourd’hui dans toute la région
méditerranéenne, où on l’emploie fréquemment pour enclore les
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 121
champs, ce à quoi ses fortes épines la rendent propre. Elle y vient
sans culture et se propage d'elle-même par les nombreux drageons
qu’elle émet autour de son pied. Suivant que le climat est plus ou
moins chaud elle fleurit de la dixième à la quinzième année à partir
de sa plantation.
Dans un terrain de bonne qualité, profond et un peu frais, l’'agave
d'Amérique, à laquelle le vulgaire donne improprement le nom
d’aloès (en Roussillon elle porte celui d’atsabare), arrive à de
très fortes proportions. Ses feuilles, glauques, formant la rosace
autour de la souche, peuvent atteindre ou même dépasser 2 mètres
en longueur, sur 20 à 25 centimètres de largeur dans leur milieu,
et leur épaisseur, près de leur base, être de 10 centimètres. Elles
sont munies de fortes épines ligneuses le long de leurs bords, et
terminées au sommet par un dard de quelques centimètres, noir,
dur et très acéré, qui peut faire des blessures dangereuses, mortelles
même. L'intérieur de ces feuilles est parcouru, à travers un tissu
cellulaire épais et succulent, d’une grande quantité de longues fibres
blanches, très tenaces, dont on fait en Amérique des cordages tout
aussi forts et peut-être plus durables dans l’eau que ceux de chan-
vre; on en fait aussi des filets et des nattes qui s’exportent en
Europe. Le suc de ces feuilles contient de la saponine, et pourrait
être utilisé pour le lavage des étoffes, principalement des étoffes de
soie. Enfin, au Mexique, on extrait de cette agave, en enlevant les
feuilles du cœur quand elle se prépare à pousser sa hampe, un
liquide sucré qui se convertit en une boisson alcoolique, le pulque
ou vin de Maguey, dont les Mexicains font une grande consom-
mation. D’autres espèces, voisines de celle-ci, sont utilisées de la
même manière. Il est regrettable qu’en Europe et dans le nord de
l'Afrique on n’ait pas encore songé à tirer de cette plante quelques-
uns des services qu’elle rend en Amérique, et cela avec d’autant
plus de raison qu’elle croît à peu près partout sans aucun soin.
À. applanata KuNtx.— L’agave blanche. Originaire des mêmes
contrées que la précédente. Elle atteint de plus fortes proportions
que celle-ci, dont elle se distingue à première vue à la blancheur
de ses feuilles, couvertes d’une fine pulvérulence. Comme plante
épineuse, elle est plus redoutable qu’elle, surtout par le dard qui
termine ses feuilles, qui est plus long, plus dur et plus acéré. Des
clôtures faites avec elle seraient infranchissables, et une plaine qui
en serait couverte serait inabordable à de la cavalerie; elle éventre-
rait les chevaux et blesserait mortellemeut les cavaliers. Sa hampe
est plus grosse et plus grande que celle de l’agave d'Amérique ;
mais ses fleurs sont toutes semblables. C’est d’ailleurs une plante
pittoresque au premier chef, et c’est à ce titre qu’elle est cultivée
dans quelques jardins de Provence.
A. Salmiana Orro. — Du Mexique et de l'Amérique centrale.
C’est probablement la plus gigantesque du genre. Ses feuilles, lon-
gues de 2 mètres et plus, sont plus larges proportionnellement que
celles de l’agave d'Amérique, d’une verdure moins glauque et peu
ou point épineuses sur leur bord, mais elles se terminent par un long
dard qui se recourbe vers le haut. Ces feuilles sont de même riche-
122 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
ment pourvues de fibres textiles. La hampe de cette espèce, quand
la plante est en bon sol, est presque de la grosseur du corps d’un
homme. :
A. Zætli KarW.; À. rigida MizLer.— Chanvre sésal des Mexi-
cains. Plante assez semblable à lagave commune, mais avec des
feuilles plus étroites, plus longues et plus vertes. On la cultive au
Mexique et dans toute l'Amérique centrale comme plante filas-
sière. La récolte des feuilles commence vers l’âge de quatre ou cinq
ans, et se continue pendant plus d’un demi-siècle, à condition qu'on
empêche la plante de fleurir en coupant la hampe florale dès qu’elle
apparait. Si on la laisse croître elle s'élève à 6 ou 8 mètres, et
quoiqu’elle fleurisse elle ne produit ordinairement que des bulbilles
aériens, qui, tombés sur le sol, s’y enracinent et reproduisent la
plante. L’A gave Txtli est assez répandue dans nos jardins du midi
de l’Europe, sans y être tout à fait aussi rustique que l’agave com-
mune.
Beaucoup d’autres espèces du genre sont pareillement exploitées
pour leurs fibres, telles que les A. Antillarum d'Haïti, À. Parryi
du nouveau Mexique, À. Palmeri de l’Arizona, À. filifera de Cali-
fornie, etc.
Très près des agaves se range le genre Furcræa (Fourcroya de
quelques auteurs), dont les espèces sont aussi des plantes filas-
sières, et les Beschorneria, véritables agaves dépourvues d’épines.
Toutes ces espèces sont devenues des plantes d'ornement de plein
air dans les jardins méridionaux.
AGROSTIS. — Agroslide. Genre de Graminées qui fournit quel-
ques espèces fourragères fort importantes pour la composition des
prairies. Parmi elles il faut distinguer :
A. alba. L. — Le fiorin, l'ÆZerd-grass des Etats-Unis. Plante
vivace, originaire de l’Europe, de l'Amérique septentrionale et du
nord de l'Afrique. On la sème ordinairement en mélange avec d’au-
tres graminées fourragères. Sinclair regarde ce fourrage comme
inférieur à la fétuque des prés (Festuca pratensis) et au dactyle
(Dactylis glomerata), mais supérieur au vulpin (A/opecurus pra-
lensis).
A. stolonifera. L. — D'une grande partie de l'Europe et vivace.
Cette espèce recherche les sols humides et ne craint pas les terres
submergées par les pluies d'hiver. Elle est précieuse pour les sols
sablonneux, où l’eau s’accumule, et qu’elle contribue à affermir par
ses nombreux drageons. Elle convient surtout aux chevaux et au
gros bétail.
À. rubra. L. — Du nord de l’Europe et de l'Amérique. C’est le
Red top des Etats-Unis, où on le cultive en grand. D’après le
professeur Meehan, ce fourrage équivaut presque à la fléole des
prés et au paturin (Poa pratensis) et l'emporte sur le dactyle.
A. scabra Wizzp. — Du nord de l'Amérique, où il porte le nom
de Æair-grass. Très recommandé, dans ce pays, pour la formation
de pelouses et de gazons, d'autant plus qu’il réussit fort bien sur les
sols graveleux et maigres, et qu’il résiste à la sécheresse et aux plus
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 193
grands froids. Il couvre promptement le terrain, peut donner plu-
sieurs coupes dans une année et est recherché par le bétail. C’est
même un des meilleurs fourrages à donner aux vaches laitières. II
croît d’ailleurs si serré, qu’il étouffe les mauvaises herbes. On sème
de 4 à » kilogrammes de graines par hectare, et moitié plus s’il s’agit
de former des gazons.
A. Solandri Ferd. vox MuLzLER. — De l'Australie et de la Nou-
velle-Zélande. Excellent fourrage d'hiver dans les terres humides.
Sa graine est riche en gluten et en fécule; elle contient aussi de la
gomme et une forte proportion de sucre, ce qui explique ses qualités
alimentaires.
À. oulgaris WITHERING. — Agrostide commune. De l’Europe et
de l'Asie centrale. Plante peu élevée, mais qui croît vite et réussit
dans tous les terrains. Seule, ou mêlée aux canches (Aira), elle
forme un bon pâturage pour les moutons.
AILANTUS glandulosa L.— Grand et bel arbre du Japon, de la
famille des Xanthoxylées, à feuilles composées-pennées etcaduques.
Il est rustique dans toute la France, et il croît avec rapidité dans
tous les terrains qui ne sont pas arides en été. Considéré d’abord
comme arbre de simple ornement, on n’a pas tardé de lui recon-
naître des qualités plus sérieuses dans son bois, qui est très beau,
d’un jaune pâle, à reflets soyeux et presque aussi résistant que celui
du chêne, quoiqu'il soit facile à travailler. Il n’est d’ailleurs sujet ni
à gauchir ni à se fendre. Les feuilles de Païlante ont aussi un em-
ploi utile en servant à nourrir le ver à soie qui porte son nom ( Bom-
byæ Cynthia). Cet arbre intéressant se propage également bien de
graines et de rejetons du pied, et on attribue à son odeur un peu
forte son mdemnité contre les attaques des insectes ; on assure même
qu'il éloigne les pucerons des rosiers et des autres arbrisseaux qui
se trouvent dans son voisinage. Quelques personnes le plantent en
haies, dont on arrête la hauteur à 150 ou 2? mètres, pour y élever
en plein air le ver à soie dont nous avons parlé plus haut. C’est à
tort qu'on donne quelquefois à l’aïlante le nom de vernis du Japon,
qui appartient à un arbre tout différent.
AIRA. — Genre de Graminées de l'hémisphère septentrional, en
général peu élevées et d’une faible ressource pour l'alimentation des
bestiaux. L'espèce la plus classique du genre est |A. cæspitosa L.,
la canche des Français, plante répandue dans tous les pays tempé-
rés, et qui rend d’assez bons services pour le pacage des moutons,
dans les terres sablonneuses.
AKEBIA quinata DEGAISNE. — Akébi des Japonais. Arbrisseau
grimpant de la famille des Lardizabalées, à feuilles digitées, de cinq
folioles ovales-arrondies, à fleurs unisexuées, monoïques, couleur
lie de vin. Les fruits de l’akébi sont de grosses drupes allongées,
comestibles à la maturité, mais qu’on voit rarement se développer
en Europe, probablement par défaut de fécondation. Ce bel arbris-
seau, qui est rustique même dans le nord de la France, y est em-
124 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
ployé à garnir des treillis ou à couvrir des murs. Il est possible que
l’infécondité des fleurs femelles n’ait d'autre cause que l’absence
des insectes qui, au Japon, transportent le pollen d’une fleur à l’au-
tre, ce à quoi on pourrait remédier par la fécondation opérée à la
main.
ALBIZZIA. — Genre de Légumineuses-Mimosées, qu’on confond
souvent avec celui des acacias, dont il ne diffère d’ailleurs qu’en ce
que les élamines sont soudées par leurs filets en une sorte de tube
dans lequel l'ovaire est renfermé. Ce petit groupe comprend des
arbres et des arbrisseaux à feuilles bipennées et jamais épineux.
Les fleurs, en glomérules ou en épis, sont blanches ou rouges,
quelquefois jaunes ou jaunâtres. Quelques botanistes réunissent le
genre Pithecolobium aux Albizzia. Citons plus particulièrement les
suivants :
A. lophantha BENrx. — Du sud-ouest de l’Australie. Petit
arbre à branches étalées et dont les grandes feuilles font beaucoup
d'ombre, aussi l’emploie-t-on souvent pour abriter des semis d’au-
tres arbres dans les lieux exposés aux ardeurs du soleil. Sa crois-
sance est d’ailleurs rapide et il ne rebute aucun terrain. Le bétail en
broute volontiers le feuillage. Son écorce contient une faible propor-
tion de tannin, mais sa racine est riche en saponine, dont on tire
quelque utilité dans l’industrie. Ce petit arbre est fréquemment cul-
üvé dans nos jardins du Midi.
A. basaltica BENTH. — Petit arbre de l'Australie subtropicale,
dont on vante le bois pour sa belle teinte rougeâtre et son lustre
soyeux. Les bestiaux se nourrissent de ses feuilles.
A. bigemina Ferd. vox MuzLer. — Des montagnes de l’Inde et
du Népaul. C’est un bel arbre forestier, dont on estime le bois pour
sa dureté et sa nuance d’un brun foncé. Plusieurs autres espèces du
même genre habitent les montagnes de l’Inde, telles que A. sub-
coriacea, toutes d'assez grande taille et considérées comme arbres
forestiers.
A. Julibrisin Durazzini. — De l'Asie centrale, du Caucase au
au Japon, connu en France sous les noms d'arbre de soie et
d’acacia de Constantinople. C’est un petit arbre d'ornement très
remarquable par l'élégance de son feuillage, mais seulement du prin-
temps à l'automne, car ce feuillage est caduc. Sa beauté est encore
rehaussée par ses fleurs, dont les longues étamines, rose ou blanc-
rosé, sont rapprochées en forme d’aigrettes. Il est demi-rustique à
Paris, et tout à fait rustique dans l’ouest et le midi de la France.
A. latisiliqua Ferd. von MULLER. — Grand arbre de l'Amérique
tropicale, dont la large tête s’étale en parasol, et dont le bois, riche-
ment veiné, est excellent pour l’ébénisterie. On le dit même plus
beau que celui de l’acajou. Cet arbre serait à introduire dans nos
colonies intratropicales.
A. Saman Ferd. von MuzLer; Pithecolobium Saman BENTH.—
Arbre à pluie, Guango des Mexicains. Arbre de 20 mètres et plus
sur 1"50 à 2 mètres de diamètre à la base, et dont la vaste ramure
forme un parasol de plus de 100 mètres de circonférence, ce qui en
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 125
fait un des plus beaux arbres paysagers que l’on connaisse. Pen-
dant la nuit, ses folioles s'appliquent les unes sur les autres et lais-
sent par là un libre passage à la rosée et à la pluie, ce qui permet
au gazon de croître sous son ombre. Le bois en est dur et fort em-
ployé en menuiserie, mais la grande utilité de l'arbre réside dans
ses siliques pulpeuses et qui sont, comme celles du caroubier, une
excellente nourriture pour les bestiaux. Cet arbre intéressant ne
réussit bien que dans les pays à la fois chauds et pluvieux.
A. stipulata BENTH. — De l'Himalaya et de la Chine. C’est un
arbre d’avenue, donnant beaucoup d'ombre, qui réussirait très pro-
bablement dans les parties chaudes du midi de l’Europe et le nord
de l'Afrique.
ALCHEMILLA. — Genre de plantes herbacées, la plupart vi-
vaces par leurs racines, appartenant à la famille des Rosacées-San-
guisorbées. Leurs caractères principaux consistent dans leurs fleurs
petites, presque herbacées, peu apparentes, d’ailleurs dépourvues
de pétales et n’ayant qu’un petit nombre d’étamines. On les recon-
naît encore à leurs feuilles palmées ou lobées. Presque toutes les
espèces du genre sont montagnardes et constituent un excellent
fourrage pour les bestiaux.
Parmi les plus intéressantes à ce dernier point de vue nous de-
vons signaler les suivantes :
A. oulgaris L. — Des régions septentrionales et des hautes mon-
tagnes de l’Europe, de l’Asie et de l'Amérique et même de l’Aus-
tralie. Cette espèce abonde dans les prairies des Alpes et des
Pyrénées.
A. alpina L.— Des mêmes régions, et montant, au nord, jusqu’en
Laponie. Comme plante fourragère elle est inférieure à la précé-
dente.
Citons, pour mémoire, les À. capensis et À. elongata de l'Afrique
australe, et À. pinnata des Andes du Pérou. On en trouve aussi
quelques espèces moins connues sur les hautes montagnes d’Abys-
sinie. Toutes pourraient servir aux mêmes usages que nos espèces
indigènes, si on les introduisait sous nos climats alpins.
ALETRIS farinosa L. — Liliacée du nord de l'Amérique, où elle
habite les forêts. Sa racine est excessivement amère, ce qui la fait
employer en médecine comme tonique. C’est le Colic-root des Amé-
ricains.
ALEURITES. — Genre d'Euphorbiacées dont deux espèces ont
de l’intérêt pour l’acclimateur dans les pays tropicaux :
A. triloba G. ForsT. — Candle nut-tree des Anglais de l'Inde.
C’est un grand et bel arbre des îles de la Sonde, de l’Inde et du
midi de la Chine, aujourd’hui répandu presque partout entre les
tropiques en qualité d’arbre industriel. La pulpe de ses fruits four-
nit une teinture solide et estimée, et de ses graines on extrait une
grande quantité d'huile. Dans le sud de l'Australie, en dehors des
tropiques, l'arbre supporte difficilement les faibles froids de l’hiver.
126 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
A. cordata Rob. Br. — De l'Asie orientale et du Japon. Cet ar-
bre, qui est renommé pour la beauté de son bois, est beaucoup plus
rustique que le précédent, et réussirait probablement dans le midi
de l'Europe et le nord de l'Afrique. L'huile extraite de ses graines
est siccative et est employée au Japon en guise de vernis.
ALIBERTIA. — Genre de la famille des Rubiacées, tribu des
Cinchonacées, dont une espèce, l'A .edulis Ricu. (Genipa edulis L.),
donne des fruits comestibles connus à la Guyane sous le nom
de Goyave notre. C’est un simple arbrisseau, qui mériterait d’être
introduit et cultivé dans toutes les colonies intratropicales à climat
chaud et humide.
ALKANNA.— Genre de plantes de la famille des Boraginées,
dont une espèce, l'A. finctoria Tauscx., est indigène des lieux
stériles autour de la Méditerranée, depuis l'Espagne et le midi de
la France jusqu'en Orient, où, de temps immémorial, elle est em-
ployée à la teinture, sous le nom d’Orcanette. Plante trop négligée
aujourd’hui, et qui rendrait encore des services dans les localités
arides et incultes.
ALLIUM. — Plantes herbacées et bulbeuses de la famille des
Liliacées, dont quelques-unes sont potagères et quelques-autres
considérées comme plantes d'agrément.
A. satioum L. — ['ail proprement dit, connu de tout le monde
et cultivé depuis les temps les plus anciens. C’est un de nos meil-
leurs condiments. On lui a attribué, dans ces derniers temps, une
qualité qui serait précieuse si elle était avérée, celle d’être le spé-
cifique de la cruelle maladie de la rage. On a cité, en effet, plusieurs
cas de guérison qui auraient été dûs à son ingestion autant qu'à son
application en cataplasmes sur les morsures d'animaux enragés;
mais le fait n’a pas, semble-t-il, été confirmé par de nouvelles
expériences.
A. Cepa L. — L’oignon. C’est un légume de premier ordre et qui
est même l’objet d'un commerce considérable pour certains pays
où on le cultive en grand. On le croit originaire d'Egypte, et il y
élait en usage dès les temps les plus anciens, comme nousle voyons
par le récit de la Bible. Il a produit dans le cours des siècles une
multitude de variétés, différentes de forme, de grosseur, de couleur
et de saveur, qu'on trouvera décrites dans les traités spéciaux de
jardinage, principalement dans les Plantes potagères par Vilmorin-
Andrieux.
A. schænoprasum. L. — La civette ou ciboulette. Plante pota-
gère indigène de l’Europe, de l’Asie et de l'Amérique du nord. C’est
un excellent condiment, partout connu aujourd’hui.
À. porrum L. — Le poireau. Autre condiment, trop connu pour
que nous nous y arrélions. Il se plait surtout dans les terres pro-
fondes, fraiches et fertiles, où il acquiert presque le volume du bras
d’un enfant.
D’autres espèces du genre ont moins d'importance comme plantes
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 197
polagères. Citons cependant l'A. scorodoprasum L., du midi de
l’Europe, qui ressemble beaucoup au poireau cultivé ; l'A. ascalo-
nicum L., l’échalotte de nos jardins ; VA. roseum et l'A. neapolita-
num, du midi de l’Europe, plutôt considérés comme plantes d’agré-
ment, quoique leurs bulbes soient mangés par les gens des cam-
pagnes; et l’A. leptophyllum Warricu., de l'Himalaya, dont les
bulbes ont plus d’âcreté que ceux de nos oignons, mais dont les
feuilles servent de condiment aux habitants de ces montagnes.
ALNUS. — Genre de la famille des Bétulacées, comprenant des
arbres presque tous habitants des contrées froides ou tempérées de
l'hémisphère septentrional, mais qui a aussi quelques représentants
sur les Andes du Pérou et de la Colombie, ainsi que dans les
régions antarctiques. On le distingue du genre Betula à ce que ses
cônes femelles ne se désagrègent pas en écailles comme ceux de ce
dernier. Plusieurs espèces sont intéressantes à connaître; ce sont
les :
À. glutinosa GÆRIN. — L’aune commun, ou le verne, de l’'Eu-
rope et du nord de l’Asie, où il recherche les bords des cours d’eau.
C’est un grand arbre à feuilles caduques, et qui résiste aux hivers
les plus rigoureux. Son bois, sans être très dur, se conserve long-
temps dans l’eau; aussi s’en sert-on communément pour faire des
chenaux, des conduites, des pieux, ete. Sa croissance est d’ailleurs
assez rapide dans les terres imbibées d’eau, et il peut y atteindre
une taille de 20 à 25 mètres, donnant ainsi des pièces de grosseur
et de grandeur suffisante pour la charpente et beaucoup d’autres
emplois. On le reproduit aisément de rejets enracinés qui poussent
autour du pied, mais plus avantageusement de graines, qui donnent
de meilleurs arbres.
À. cordifolia L. — Du midi de l'Europe, et se plaisant, comme
le précédent, dans les terres humides. Il s’en distingue par ses
cônes femelles deux ou trois fois plus gros et par son feuillage plus
aigu. Il sert d’ailleurs aux mêmes usages et il est plus fréquemment
cultivé comme arbre paysager.
A. nepalensis Don. — De l'Himalaya, où il monte jusqu’à l’alti-
tude de 3,000 mètres. C’est aussi un grand arbre, de même que
VA. nitida Expz., des mêmes régions. Tous deux y rendent les
mêmes services que les espèces d'Europe.
L'Amérique du Nord possède plusieurs aunes, dont l’écorce est
utilisée pour le tannage des cuirs. On en tire aussi une teinture
orangée très belle et mdélébile, ainsi que divers médicaments. L’A.
oregana Nurr., de la Cahlornie et de l’Orégon, plus grand que ses
similaires d'Europe, fournit un bois d'œuvre assez estimé. Citons
enfin les À. japonica et firma, tous deux du Japon, où, entre autres
usages, on lire de leurs écorces une teinture noire d’une grande
solidité.
ALOË. — Genre de la famille des Liliacées-Aloïnées, riche en
espèces, qui sont la plupart de l'Afrique australe, et dont le port est
extrèmement varié. La plupart sont de simples herbes, toujours vi--
4
128 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
vaces, quelques-unes deviennent arborescentes et s'élèvent à plu-
sieurs mètres. Toutes se distinguent par l'épaisseur de leurs feuilles,
tantôt charnues et succulentes, tantôt coriaces et presque sèches.
Leurs fleurs, diversement colorées, sont en épis ou en panicules,’
leurs fruits toujours capsulaires. Ge groupe de plantes fournit une
multitude d'espèces d'ornement à nos jardins, mais beaucoup d’au-
tres sont utilisées par la thérapeutique pour leurs propriélés médi-
cinales. Citons parmi elles :
A. oulgaris Lauk. —- L’aloès à fleurs jaunes, originaire de l’Afri-
que, mais naturalisé depuis des siècles aux alentours de la Médi-
terranée, et introduit même en Amérique. En Europe, il croît au
milieu des rochers voisins de la mer et dans les lieux les plus arides.
Cette plante, connue des anciens, qui déjà l’'employaient en méde-
cine, est celle qui, seule, pendant longtemps, a fourni la drogue
connue sous le nom d’aloès, qu'on tire plus fréquemment aujourd’hui
d’une autre espèce, l'A. socotrina. Toutes deux sont cultivées en
guise de plantes d'ornement.
A. dichotoma L. Fs. — De Cafrerie. C’est une grande espèce,
dont la tige ligneuse peut s'élever à 8 ou 10 mètres, et dont la ra-
mure forme une tète de 10 12 mètres de tour. Le tronc lui-même
devient très gros, et il est remarquablement lisse. Une autre espèce
du même pays, l'A. Barberæe Mir, devient encore plus grande et
plus grosse, et on en a vu des exemplaires dont le tronc avait jus-
qu’à 5 mètres de circonférence à | mètre du sol. Les A. Bainesut et
Zeyheri sont presque aussi grands. Toutes ces espèces fournissent
la gomme-résine médicinale qu’on extrait des espèces précédentes.
Il serait facile de les cultiver dans les parties brülantes du nord de
l'Afrique, où elles rendraient vraisemblablement quelques services.
A. ferox Mrzz. — De l'Afrique australe. Elle est arborescente,
et remarquable par les grosses épines dont ses feuilles très épaisses
sont hérissées. C’est l'espèce qui, au Cap de Bonne-Espérance,
fournit le meilleur aloès. L’extraction de cette drogue est assez fa-
cile : il suffit de couper les feuilles et de les laisser égoutter. Leur
suc épaissi devient, avec quelques préparations, l’aloès du com-
merce. La plante est d’ailleurs très belle, et elle sert, dans le midi
de l’Europe, à orner les rochers et les rocailles artificielles des
parcs et des jardins.
Outre les espèces précédentes il y a encore quelque intérêt à eiter
les A. linguiformis et plicata, dont le suc est plus doux que celui
de l’A. feroæ, et les À. purpurascens et spicata, également exploi-
tés par fa droguerie. Au surplus, presque toutes les espèces d’aloès
à feuilles charnues pourraient être utilisées de même, entre autres
l'A. frutescens, grande plante buissonnante aujourd’hui naturalisée
au nord comme au sud de la Méditerranée.
ALOEXYLON agallochum LouREIRO.— Arbre des hautes monta-
gnes de la Cochinchine, de la famille des Légumineuses césalpmiées.
C'est lui qui fournit le précieux bois d'aloès, renommé pour son:
odeur balsamique et ses propriétés médicinales. Quoique originaire
d'un pays très chaud, le site très élevé qu’il occupe sur des montagnes
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 199
où le climat est tempéré, permettrait de l’introduire dans la plupart
de nos colonies, aux Antilles, à la Nouvelle-Calédonie, à Mada-
gascar, elc., partout, en un mot, où le climat est à la fois chaud et
humide.
ALOPECURUS. — Genre de Graminées fourragères des climats
tempérés de l'hémisphère septentrional, en Kurope, en Asie et dans
l'Amérique du Nord. Trois espèces sont particulièrement recom-
mandées. Ce sont :
A. pratensis L. — Le vulpin des prés. Un des meilleurs fourrages
vivaces connus, mais qui n’atteint, d’ après Sinclair, son plein déve-
loppement et toute son excellence qu’à la deuxième ou à la troisième
année ; il est néanmoins précoce et donne un fourrage abondant et
nourrissant. Tous les bestiaux le recherchent et, suivant plusieurs
agronomes anglais, lorsqu'il est semé en mélange avec le trèfle
blanc, il peut dès la seconde année nourrir d’une manière continue
cinq brebis et cinq agneaux par acre de terre. Toutefois, pour don-
ner de bons résultats, le vulpin doit être semé sur une bonne terre,
fraiche ou un peu humide, etil y atteint jusqu’à un mètre de hauteur.
Son existence dans le nord de l'Afrique, aussi bien qu'en Europe,
indique qu'il pourrait servir à composer des prairies même dans des
pays chauds, quand on y rencontre les conditions de terrain et
d'humidité que nous avons signalées plus haut. Sa longue durée sur
le même sol est aussi une qualité dont il faut tenir compte. En Fran-
ce, l’usage est de semer 20 kilogrammes de graines de vulpin par
hectare quand il doit occuper le Terrain seul. I s’allie d’ailleurs très
bien avec d’autres fourrages, notamment avec le ray-grass et la
houque, ainsi qu’à divers fourrages légumineux.
A. bulbosus L. — Le vulpin bulbeux, ou vulpin des marais. Du
centre et du midi de l’Europe, ainsi que du nord de l'Afrique. Moins
estimé que le précédent, mais très utile encore pour les terrains
marécageux et plus ou moins imprégnés de sel au voisinage de la
mer.
A. geniculatus L. — Le vulpin géniculé. Des mêmes contrées
que le précédent, et comme lui très utile pour convertir en prairies
des terres très humides ou même marécageuses.
ALSTONIA.— Genre de la famille des Apocynées, dont plusieurs
espèces fournissent des drogues et des médicaments. Ce sont des
arbres et des arbrisseaux de l'Inde et de l'Australie. Une des plus
intéressantes est l'A. constricta Ferd. von Muzrer, des parties les
plus chaudes de l'Australie orientale. C’est un petit arbre dont
l'écorce aromatique-amère est employée contre les fièvres intermit-
tentes, et qui est aussi réputée tonique. Elle est d’ailleurs analogue
à celle de l’A. scholaris R. Br., de l'Inde et de l'Australie septen-
trionale-orientale, connue dans la droguerie sous le nom de dita.
On y trouve un alcaloïde particulier, la porphyrine. Tous les Alsto-
nias contiennent dans leur sève du caoutchouc; il y en a même une
espèce, PA. plumosa Hook., qui fournit au commerce la gomme
élastique de Fidji, suivant le docteur Jos. Hooker.
130 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
ALSTRŒMERIA. — Genre d'Amaryllidées de l'Amérique du
Sud, principalement du Pérou et du Chili, à racines tuberculeuses.
Toutes sont des plantes d'agrément, fréquemment cultivées dans
nos jardins. L'une d'elles, l'A. pallida Gramaw, est devenue, au
Chili, une plante économique, par la fécule qu’on retire de ses tu-
bercules. Les autres espèces pourraient être utilisées de même.
Citons, parmi les plus répandues aujourd’hui, les À. peregrina,
Ligtu, psittacina, versicolor et aurantiaca. On à séparé, sans
grande raison, des A/stromeria, sous le nom de Bomarea, un petit
groupe de plantes également ornementales, dont les plus intéres-
santes sont le 2. edulis et le B. caldasiana, toutes deux volubiles
et à très belles fleurs. Leurs tubercules sont pareillement utilisés
dans l'Amérique du Sud, pour la fécule qu’ils contiennent.
ALTHÆA. — Genre de la famille des Malvacées, la plupart à
grandes fleurs roses ou violettes, cullivées les unes comme plantes
d'ornement, les autres comme plantes médicinales, la plupart arbus-
tives, plus rarement herbacées. Deux espèces sont principalement à
signaler : l'A. officinalis L., sous-arbuste des lieux marécageux de
toute l’Europe, du nord de l'Afrique et de l'Asie moyenne, utilisée
en médecine depuis les temps les plus anciens, pour le mucilage
que contiennent ses feuilles et sa racine; c’est la quimauve de nos
jardins; et l'A. rosea L., vulgairement le passe-rose, grande plante
bisannuelle et trisannuelle, de l'Asie occidentale, mais naturalisée
d'ancienne date dans les jardins de l’Europe, dont elle est l’orne-
ment par ses grandes fleurs, roses, blanches, pourpres, jaunes, sim
ples ou doubles. Une troisième espèce, indigène des bords de l'Océan,
dans le midi de l’Europe, estl’A. (ou Lavatera)maritima L., dontles
feuilles grandes et crépues servent à orner les desserts sur les tables.
AMARANTUS. — Genre type de la famille des Amarantacées,
contenant un grand nombre d'espèces dont plusieurs sont utilisées
en agriculture. Quelques-unes même sont devenues potagères. Ci-
tons dans le nombre :
A. Blitum L. — Du midi de l’Europe et de l'Asie occidentale.
Herbe annuelle dont les feuilles peuvent remplacer les épinards. La
plante sèche contient 10 à 12 pour 100 de nitrate de potasse. Cul-
tivée en bon solelle peut, dit-on, dans l’espace de trois à quatre mois,
fournir jusqu’à 200 kilogrammes de salpètre par acre de terre.
A. frumentaceus Hamizr. — De l'Inde méridionale, où on le
cultive pour sa graine farineuse assez analogue à celle des céréales.
A. paniculatus RoxB&. — Des parties tropicales de l'Asie et de
l'Amérique. Cultivé comme le précédent et pour les mêmes raisons.
D’après Roxburg cet amarante produit, en trois mois, sur un mètre
carré de terrain, une demi-livre de graine très riche en fécule. Ses
feuilles sont d’ailleurs consommées par les bestiaux et même par
par la population pauvre du pays.
Plusieurs amarantes sont de belles plantes d'ornement, fréquem-
ment cullivées dans les parterres. Les principales variétés sont les
A. tricolor, salicifolius, sangquineus el speciosus.
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 131
AMÉLANCHIER. — Arbrisseaux de la famille des Rosacées-
Pomacées, à fleurs en corymbes et dont les fruits sont de petites
baies comestibles lorsqu'elles sont blettes. Deux espèces méritent
d’être cultivées comme arbres fruitiers de second ordre.
A. oulgaris Lank.— De l’Europe centrale et septentrionale. C’est
un arbrisseau de ? à 3 mètres, à feuilles blanchâtres en dessous, et
dont les baies sont d’un bleu foncé à la maturité. Ces pelits fruits
acidulés-sucrés se vendent sur les marchés.
A. Botryapium DG.— Du Canada, où il porte le nom de poirier à
raisins( Grape pear des Américains). C’estun arbrede 7 à 10 mètres,
beau de feuillage et de fleurs et extrêmement productif, donnant
jusqu’à 300 bushels de fruits annuellement par acre de terre. Ses
baies, sucrées-acidules, sont agréables à manger, mais elles servent
plus habituellement à faire une sorte de cidre ou piquette et des con-
serves.
Tous les Amélanchiers se plaisent dans les terrains graveleux et
siliceux, et peuvent servir à utiliser, en quelque sorte sans culture,
les pentes des montagnes dans tous les pays froids ou tempérés.
AMOMUM Mioga Kzæmwpr.; Zingiber Mioga RoscoË. — Scita-
minée de l’Asie orientale et du Japon, où elle est cultivée comme
plante potagère sous le nom de A/ioga. Les Japonais en mangent
les inflorescence avant l'épanouissement des fleurs, cuites de diverses
manières ou confites dans le sel. Le Mioga a été cultivé avec succès
à Paris, dans ces dernières années, et ceux qui en ont fait l’essai le
recommandent comme pouvant s’ajouter à nos légumes ordinaires.
AMYGDALUS.—Amandier. Genre de Rosacées-Amygdalées, en
tout semblable à celui des pêchers {Persica), sauf par le fruit, quin’a
qu’une enveloppe coriace et sèche sur le noyau; encore paraît-il qu’on
trouve quelquelois des amandiers chez lesquels cette enveloppe
devient un peu succulente. Il y a aussi une différence assez sensible
dans le noyau, aui, chez l’amandier, est lisse et percé de trous, tan-
dis que celui des pêchers est profondément sillonné. Une seule es-
pèce du genre a de l'importance, c’est l’amandier commun.
A. communis L. — Probablement originaire d'Orient, mais cul-
tivé de longue date dans toute la région méditerranéenne, en Europe
et en Afrique. Tout le monde connaît les amandes, un des meilleurs
fruits secs et de dessert qui existent, très usité aussi en confiserie
pour la confection de nougats, de dragées, de pralines, etc. On en
tire aussi une huile qui a des emplois en pharmacie et en médecine.
L’amandier a donné naissance à un grand nombre de variétés, à
coque dure et à coque tendre, à amande douce et à amande amère.
Cette dernière, qui contient une assez forte proportion d’acide cyan-
hydrique, serait vénéneuse si on en mangeait une grande quantité,
mais elle sert à aromatiser des liqueurs alcooliques, en leur commu-
niquant une certaine saveur de kirsch.
La culture de l’amandier est très avantageuse dans les pays secs
et chauds du midi de l’Europe, où ses fleurs très précoces ne risquent
pas d’être atteintes par la gelée. Aucun arbre fruitier ne convient
432 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
mieux pour les terrains rocailleux, calcaires et arides, comme ceux
de la Provence et de l'Algérie.
A. microphylla KuNTH.— Sous-arbuste buissonneux, des collines
arides du Are mexicain, à 2,000 mètres de hauteur supramarine.
Cette espèce est peu connue. Son fruit est globuleux, de la grosseur
d’une noisette.
A. cochinchinensis LOUREIRo. — Des grandes forêts de la Co-
chinchine. Espèce très distincte de l’amandier commun par ses
feuilles ovales, sans dentelures, qui rappellent celles de l’abricotier.
Ses fruits, ou amandes, ont beaucoup de rapport avec ceux de les-
pèce commune. Cet amandier mérite d’atürer l'attention des agri-
culteurs dans les pays intratropicaux.
Il est difficile de dire si les À. arabica, nana et orientalis, décrits
par divers auteurs, sont des espèces proprement dites ou de simples
variétés de l’amandier commun.
AMYRIS. — Genre de la famille des Amyridées, composé d’ar-
bres et d’arbrisseaux des parties chaudes de l'Amérique, dont plu-
sieurs espèces fournissent des produits de diverses sortes à l’indus-
trie, tels sont les À. Plumieri et À. hexandra DC., de l'Amérique
du sud, qui donnent une partie de l’espèce de résine connue dans le
commerce de la droguerie sous le nom de gomme Elémi ; Y A. bal-
samifera L., de la Jamaïque, dont le bois aromatique est employé
en ébénisterie sous le nom de bois de rose ; VA. terebinthifolia TEN.,
du Brésil, grand arbrisseau à tête touflue, très propre à orner les
parcs et les avenues, et qui, transporté dans l'Australie méridionale,
par les soins de M. Ferd. von Müller, s’y est naturalisé dans des
terres arides, non irriguées; enfin l'A. {oæifera des Antilles et de
la Caroline du sud, dont le suc vénéneux trouvera peut-être un
utile emploi en médecine.
ANACARDIUM occidentale L. — Faux-acajou. Arbre des An-
tilles et du continent américain, de la famille des Térébinthacées
ou Anacardiacées, aujourd’hui propagé par la culture dans tous les
pays chauds, en qualité d'arbre fruitier. Son fruit est de forme bi-
zarre, et fait croire au premier abord, aux personnes étrangères à
la botanique, que son noyau est extérieur à la pulpe comestible.
Cette fausse apparence provient de ce que la pulpe charnue n’est
autre chose que le pédoncule même de la fleur, qui s’est renflé et
accru au point d’égaler le volume d’une poire ou d’une pomme un
peu allongée. C’est ce qu’on appelle vulgairement la pomme d'aca-
jou. Le fruit véritable, situé au sommet de ce pédoncule charnu,
est une sorte de noix, la noix d'acajou, dont la coque est imprégnée
d’un suc àâcre, qu'on croit vénéneux. La pomme est comestible,
succulente, sucrée-acidule et inoffensive.
Il ne faut pas confondre l’Anacardium avec le véritable arbre à
acajou, qui est le Swietenia mahogont.
ANDROPOGON.— Genre de la famille des Graminées, compre-
nant diverses espèces utiles à l’agriculture, el souvent désignées
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 133
sous le nom de Sorghum. Plusieurs de ces dernières semblent
n’être que des variélés produites par une culture déjà ancienne.
Parmi les espèces simplement fourragères, signalons les suivantes :
À. annulatus Fonskar. — De l'Afrique, de l'Asie méridionale et
de l'Australie. Bonne plante de prairie, produisant surtout en été et
en automne, et donnant un excellent fourrage.
A. argenteus DG. — C’est, dit-on, la meilleure graminée fourra-
gère des Andes du Chili.
À. australis SPRENGEL. — Des parties chaudes de l'Australie. Ce
serait, d'après M. Ch. Moore, botaniste et agriculteur de la Nouvelle-
Galles du sud, un admirable fourrage vivace pour être pâturé par
les bestiaux, sous un climat chaud et sec. Une espèce voisine, des
mêmes contrées, l’A. {ropieus SPRENG., pourrait rendre les mêmes
services.
À. avenaceus Micax. — De l'Amérique du nord et des montagnes
de l'Amérique centrale. C’est une grande et forte graminée, des
terrains sablonneux et secs, très recherchée des bestiaux.
À. erianthoides Ferd. vox Muii.— De l'Australie orientale sub-
tropicale. D’après le botaniste Bailey, de Brisbane, il serait difficile
de trouver une graminée fourragère supérieure à celle-ci, pour un
climat chaud ou tempéré-chaud. C’est une herbe vivace, qui produit
d'énormes quantités de foin succulent et nourrissant, et qui se re-
produit rapidement de rejets du pied et de graines, même après
avoir été broutée au ras du sol par les moutons. Cette espèce serait
à recommander aux agriculteurs du midi de l’Europe et du nord de
l'Afrique.
A. falcatus STeup. — De l'Inde et de l'Australie septentrionale.
Suivant M. Bailey, cette espèce fournit de beaux gazons, compactes
et d’une verdure vive. Intéressante au point de vue de l’horticulture
pour former des pelouses, là où le climat chaud et sec ne permet
pas d'y employer les graminées de l’Europe.
À. furcatus MUENLENBG. — Des Etats-Unis méridionaux. C’est
une forte plante de plus d’un mètre de hauteur, dont les stolons et
les longues racines sont très propres à fixer les sables maritimes.
A. halepensis Sigrup. — Du midi de l’Europe, de l'Asie occi-
dentale et du nord de l'Afrique. C’est, suivant les localités, un bon
fourrage ou une mauvaise herbe, dont on a beaucoup de peine à se
débarrasser quand elle s’est une fois enracinée dans le sol. Il y a
2,000 ans déjà, le botaniste Théophraste en faisait l'éloge, et, depuis
lors, elle n’a cessé d’être utilisée en Orient pour le pâturage des
bestiaux. Son produit, dans les bonnes terres fraîches, est consi-
dérable, et on peut en faire cinq ou six coupes dans une année.
D'ailleurs tous les animaux de la ferme la recherchent, et ses sto-
lons souterrains, gros et charnus, peuvent même être employés à la
nourriture des porcs. Dans la colonie de Victoria (Australie du sud)
la plante est cultivée sur les montagnes jusqu’à 600 mètres d’al-
titude. ;
A. pertusus WiLLp. — De l'Asie méridionale et du nord de l’Aus-
tralie. Espèce vivace et bon fourrage, une de celles qui résistent le
mieux aux longues sècheresses de l’Australie, et qui est moins sen-
134 : ÉNUMÉRATION DES PLANTES
sible au froid que plusieurs autres, d’après les observations de
M. Bailey, que nous avons cité plus haut.
A. refractus R.Br.— Du nord oriental de l'Australie. Excellente
espèce, tant comme fourrage à couper et à sécher que commefour-
rage vert à pâturer. Elle donne un foin abondant en été, et saracine
est aromatique.
A. sericeus R. Br.— Des parties les plus chaudes de l'Australie et
aussi, paraît-il, de la Nouvelle-Calédonie. Cette espèce abonde dans
les déserts australiens, où elle rend des services importants pour
l'élevage des moutons, comme herbe à pâturer. Elle est vivace, et à
ce titre elle pourrait être naturalisée dans le Sahara algérien.
Plusieurs espèces d’Andropogon sontutilisées par l’industrie des
parfums, à cause des principes aromatiques que contiennent leurs
rhizomes; citons parmi les plus classiques sous ce rapport :
À. calamus ROYLE. — De l'Inde centrale, déjà connu des anciens.
C’est de cette espèce qu’on obtient par distillation l'huile essentielle
de Nemaur, très usitée dans la parfumerie de l'Orient.
A. citratus DC. et À. nardus L. — La citronnelle de l’Inde, ex-
ploitée comme le précédent et pour les mêmes usages.
A. squarrosus L. — Vulgairement le vétiver, aujourd’hui très
usité en Europe, et dont les racines sont souvent employées pour
parfumer le linge et les étoffes, et en éloigner les insectes. Cette
plante est depuis longtemps cultivée en Algérie, pour les besoins de
la parfumerie locale.
Citons enfin l’A. formosus, dont les fortes touffes, hautes de 2 à
3 mètres, sont l’ornement des pelouses dans les parcs et les grands
jardins.
Pour les Andropogon Sorghum et À.saccharatum, voyez Sor-
ghum.
ANÉMONE. — Genre de Renonculacées qui fournit plusieurs
plantes à nos parterres, la plupart remarquables par le brillant co-
loris de leurs fleurs. Toutes appartiennent à l'hémisphère septen-
trional, quelques-unes même n’habitent que les hautes montagnes.
Elles sont vivaces par leurs tubercules radiculaires, qui passent l’hiver
sous terre et développent leurs fleurs au printemps et en été. Citons,
comme les plus habituellement cultivées, les suivantes :
A. pulsatilla L. — La pulsatille. De l’Europe et du nord de l'Asie.
Plante des coteaux calcaires, dont les grosses fleurs violettes et
velues sortent de terre aux premiers jours du printemps. Elle a eu
jadis quelque emploi en médecine, mais elle est presque abandonnée
aujourd’hui.
A. alpina L. — La pulsatille des Alpes; jolie plante à fleurs blan-
ches ou blanc-rosé, jaunes dans une de ses variétés. Sa culture dans
les jardins est difficile et réussit rarement.
À. coronaria L. — L’anémone des fleuristes. De l’Europe méri-
dionale et de l’Asie occidentale; cultivée depuis des siècles dans nos
jardins, où elle a donné de nombreuses variétés, à fleurs simples,
doubles ou pleines, souvent très grandes, et dont le coloris varie du
blanc au rose, au rouge de sang et au bleu. Gette belle espèce ali-
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 135
mente un commerce assez important chez les fleuristes de l'Europe.
A. pavonina L. — L’anémone œil de paon. Du midi de l'Europe,
à grandes fleurs rouge cinabre où vermillonnées. Elle paraît n'être
qu’une variété de l’A. fulgens, dont les fleurs rouge de sang sont
éblouissantes. C’est peut-être par croisement avec l'espèce sui-
vante qu’elle donne des variétés à fleurs violettes ou dans tous les
tons du pourpre. Elle devient souvent pleine par la culture.
A. stellata L. — L’anémone étoilée; à fleurs plus petites que
celles des précédentes, mais à pétales plus nombreux, ordinaire-
ment de couleur lilas, mais variant souvent au rose, au blanc et au
violet.
A. apennina L. — L’anémone des Apennins, d'Italie. Charmante
petite plante à fleurs bleues, simples ou pleines.
A. japonica DC. — L’anémone du Japon. Beaucoup plus haute
de tige que les précédentes. Superbe plante, à fleurs roses, rouges
ou blanches, simples ou doubles, dont la culture a tiré plusieurs
variétés intéressantes.
A. hepatica L. — L'hépatique ou herbe à la Trinité. Du midi de
l’Europe, où elle habite les cotaux calcaires. Elle se distingue des
précédentes par ses feuilles simplement trilobées et non découpées.
Ses fleurs sont d’un bleu tendre, plus rarement blanches ou roses.
Nous passons sous silence beaucoup d’autres espèces également
cultivées, et que les amateurs peuvent se procurer chez les fleuristes
de France, d'Angleterre ou de Hollande.
ANGOPHORA. — Genre de Myrtacées-Leptospermées, voisin
des Eucalyptus et, comme eux, originaire d'Australie. Les Ango-
phora diffèrent des Eucalyptus en ce que leur corolle est composée
de pétales libres et non transformée en opercule, ce qui est le ca-
ractère propre des Eucalyptus, ainsi que nous le dirons plus loin.
Ce sont de grands arbres à feuilles aromatiques, et dont le bois
peut être employé comme bois d'œuvre. Nous n’en connaissons
jusqu'ici que les trois espèces suivantes :
A. lanceolata DC. — Grand et bel arbre, déjà introduit en Pro-
vence et en Algérie, où il rivalise avec les Eucalyptus par sa rus-
ticité et la rapidité de sa croissance. Sa tête touffue et d'une verdure
vive en fait un arbre d'ornement et d’avenue, en attendant qu’on
lui trouve d’autres emplois.
A. intermedia DC. — Du sud-est de l'Australie, plus recom-
mandable que le précédent par la grande taille à laquelle il arrive
en peu d'années, et qui atteint souvent à 40 ou 50 mètres. Son bois
est dur, résistant, mais traversé par des veines de résine kino qui
en limitent l'emploi pour les travaux de charpente. Il est recherché
cependant pour les pièces qui demandent à la fois de la souplesse
et de la légèreté. En Australie, on extrait de ce bois la résine kino,
qui sert à divers usages. Cet arbre, qui est probablement aussi
rustique que le précédent, mériterait d’être imtroduit dans les cul-
tures forestières du midi de l'Europe.
A. subvelutina Ferd. vox Muzz. — De la Nouvelle-Galles du
Sud. Il est presque de la taille du précédent, à bois tendre quand il
+ dé SONT | te don à KA r À.
J 2 L4 |
136 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
est encore vert, mais très dur lorsqu'il est sec, et, par suite, très
recherché dans le charronnage. 11 contient aussi une forte propor-
lion de résine, dont un seul arbre peut fournir jusqu’à deux gallons.
ANONA. — Genre de la famille des Anonacées, dont plusieurs
espèces produisent des fruits renommés, parmi lesquelles il faut citer
les suivantes :
A. Cherimolia Mizrer. — Du Mexique et du Pérou; arbrisseau
très répandu entre les tropiques, et qu’on retrouve dans quelques
jardins du midi de l'Espagne et de l'Algérie. Sa culture pourrait re-
monter plus au nord, à l’aide de l’espalier et de quelques abris en
hiver. Ses fruits sont délicieux; ce sont, ainsi que ceux des espèces
suivantes, les Custard-apples des Anglais.
A. squamosa L. et À. muricata DC. — Deux autres espèces,
également recommandables par la beauté et l’excellence de leurs
fruits. Elles sont cultivées dans toutes les colonies intratropicales ;
aux Antilles leurs fruits portent le nom de pommes-cannelles.
A. reticulata DCG.— Des Antilles. Espèce sauvage, dont les fruits
médiocres s’améloreraient probablement par la culture.
ANTHEMIS nobilis L. — Camomille romaine. Plante herbacée,
vivace par ses racines, de la famille des Composées radiées, indi-
gène dans une partie de l’Europe et le nord de Afrique. C’est une
plante médicinale bien connue. Ses fleurs, qui en sont la seule
partie utile, contiennent une huile volatile particulière et deux acides
très analogues aux acides angélique et valérianique, auxquels elles
doivent leurs propriétés.
La camomille romaine est cultivée industriellement dans quelques
pays, notamment en France. Elle demande une terre forte et une
bonne exposilion au soleil. On la multiplie par division des vieux
pieds, qu'on plante en automne en pépinière, pour les mettre en
place au printemps suivant ; lorsque le plant s’est un peu développé,
on le butte avec de la terre pour empêcher les tiges de s’étaler et
les fleurs de traîner à terre. On commence à récolter des fleurs dès
la première année, mais c’est surtout à la seconde que cette récolte
est productive. On cueille les fieurs lorsqu'elles sont aux trois-
quarts ouvertes, et on les expose au soleil pour les faire sécher. Il
faut 100 kil. de fleurs fraîches pour fournir de 33 à 34 kil. de fleurs
sèches, prêtes à être livrées au commerce, emballées dans des
tonneaux.
L’A. tinctoria L., du midi de l'Europe et de l'Orient, simple-
ment annuelle, fournit une teinture jaune qu’on extrait de ses
fleurs.
ANTHISTIRIA. — Genre de Graminées fourragères des contrées
tropicales de l’ancien continent et d'Australie. Elles servent toutes
à l'alimentation des bestiaux, quoiqu’elles ne soient pas encore
entrées dans la culture régulière. Deux espèces principales sont à
signaler : S
A. avenacea Ferd. von MuzLer.— De la Nouvelle-Galles du Sud.
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 137
C’est une plante vivace que le docteur Bailey, de Brisbane, consi-
dère comme une des graminées les plus productiv es de l'Australie,
aussi bien comme fourrage à faucher qu’à faire pâlurer sur place.
Elle produit en outre beaucoup de graine qu'on peut faire consommer
à la volaille et aux bestiaux.
A. ciliata L.; À. australis R. Br.— Elle est connue en Australie
sous le nom d'herbe aux Kangourous, mais on croit l'avoir trouvée
aussi dans le sud de l'Asie et dans une grande partie de l ‘Afrique.
Nous en parlons ici à cause du grand intérêt qu’il y aurait à la pro-
pager dans les pays chauds, où elle rendrait indubitablement de
grands services par ses qualités fourragères. L'analyse chimique y
a fait découvrir de fortes proportions d’albumine, de gluten, de sucre
et de gomme, ce qui explique sa valeur alimentaire.
Plusieurs autres Anthuistiria seraient encore à recommander,
entre autres l'A. membranacea Linpz., excellent fourrage qui pros-
père dans les plaines désertiques les plus arides de l'Australie.
ANTHOXANTHUM. — Genre de Graminées, dont une seule
espèce a quelque importance comme plante fourragère; c’est l'A.
odoratum L., la flouve odorante des prairies d’ Europe. Son produit
est des plus faibles, mais elle se recommande par sa précocité et
son odeur aromatique, qui rend plus appétissant pour les animaux
de la ferme le foin auquel elle est mêlée. Elle est vivace et vient
dans tous les sols, mais c’est dans les terres profondes et fraîches
qu’elle atteint toute sa perlection. À la Nouvelle-Zélande, où elle a
été transportée d'Europe, elle conserve sa verdure toute l’année, et
on l’y considère comme un bon fourrage, malgré son peu d’ampleur.
L’ analyse chimique de la flouve a fait reconnaitre que son parfum
est dû à la coumarine, principe qui existe vraisemblablement dans
les Andropogon aromatiques dont il a été parlé plus haut.
ANTHYLLIS. — Genre de Légumineuses papilionacées, des
parties tempérées et tempérées-chaudes de l’ancien continent; com-
prenant des herbes et des arbrisseaux. Une de ses espèces, l'A. oul-
neraria L., connue en France sous les noms d’anthyllyde vulnéraire
et de trèfle jaune, a acquis depuis un demi-siècle une certaine noto-
riété en agriculture. C’est un fourrage vivace, qui réussit surtout
dans les terrains secs et calcaires, et qui est à la fois plus abondant
et plus nutritif que le trèfle incarnat. Il convient, soit en sec, soit en
vert, à la nourriture des chevaux, et mieux encore à celle des vaches
dont il augmente la production laitière. L’anthyllide se sème, suivant
les circonstances, au printemps dans une céréale, ou en automne
sur une terre qui a produit du blé, et dont on se borne à gratter la
surface par un labourage superficiel ou un hersage. C’est, en quelque
sorte, une demi- jachère, qui laisse reposer le sol, tout en donnant
un certain produit.
ANTIARIS. — Genre d’'Artocarpées, des îles de la Sonde, des
Moluques et des Philippines, dont une espèce, l'A. toxicaria L., qui
est l’Antiar des Javanais et le Bohon-Upas des Malais, passe pour
138 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
un des arbres les plus vénéneux qui existent. Les Javanais et les
Malais sont habiles à composer avec son suc laiteux le poison dont
ils enduisent le fer de leurs flèches, et ce poison est si actif que la
moindre blessure dans laquelle il pénètre entraîne presque infailli-
blement la mort. Un poison de nature végétale devient souvent,
lorsqu'il est administré à propos et à dose convenable, un médica-
ment héroïque, et il y aurait lieu d’expérimenter à ce point de vue
celui de l’Antiar. C’est à ce litre seul que nous en parlons ici.
API0OS. — Genre de Légumineuses papilionacées, de l'Amérique
septentrionale, connu surtout par une espèce, l'A. {uberosa MOENCH,
qui à fait beaucoup de bruit lors de son introduction en Europe,
vers le milieu du siècle. Klle devait, disait-on, remplacer la pomme
de terre, qu’on croyait menacée de disparaître par suite de l’inva-
sion du Peronospora infestans. L’illusion n’a pas été de longue
durée; l’Apios produit en effet quelques tubercules, qui sont à la
rigueur comestibles, mais auxquels il faut deux ou trois ans pour
atteindre le volume d’une pomme de terre moyenne. De plus, la
plante élant grimpante par ses liges volubiles, sa culture devenait
trop dispendieuse eu égard à son faible produit. Elle serait com-
plètement oubliée aujourd’hui si elle n’avait trouvé quelque emploi
dans le jardinage d'agrément, où on s’en sert pour garnir des
treillages et des berceaux, qu’elle orne de son feuillage penné et
des grappes de ses petites fleurs purpurines.
APONOGETON.— Genre de plantes de la famille des Joncaginées,
essentiellement aquatiques et dont les feuilles flottent à la surface de
l’eau. Deux espèces méritent d’être signalées; ce sont les sui-
vantes :
A. crispus THuNB&. — De l'Inde et de la Nouvelle-Galles du Sud.
Les petits tubercules de ses racines renferment une excellente fécule,
qui sert d’aliment à quelques peuplades. La plante pourrait être
utilisée dans les mares et les élangs d’une faible profondeur, qui,
par là, donneraient un certain profit.
A. distachyus THun8G.— De l'Afrique australe, naturalisée dans
quelques rivières de l’Europe méridionale, même en France, où on
l’emploie communément à orner les bassins, par ses feuilles longue-
ment elliptiques qui flottent sur l’eau, et par ses fleurs blanches
portées sur un long pédoncule, qui se divise en deux branches à son
sommet. La plante est rustique dans le midi de la France, où elle
se reproduit d'elle-même par ses graines et par les tubercules de ses
racines. Une autre espèce, l'A. monostachyus, plus rare dans les
collections, est appelée à rendre les mêmes services.
C’est sans raison suffisante qu'on a séparé des Aponogeton une
autre espèce de Madagascar sous le nom d’Ouvirandra fenestralis
Curtis. C’est un véritable Aponogeton, presque semblable à l’es-
pèce naturalisée, sauf cette curieuse particularité que les feuilles y
sont réduites au réseau de leurs nervures, dont l’entrecroisement
représente une dentelle délicate flottant sur l’eau. Cette espèce n’est
pas assez rustique pour se développer à l'air libre sous nos climats,
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 139
et on ne peut la cultiver que dans les aquariums des serres chaudes,
à titre de curiosité végétale.
AQUILARIA Agallocha, RoxBG.—- Bois d’aigle, bois d’aloës.
Très grand arbre de l'Inde, de la famille des Aquilariacées, renom-
mé pour son parfum et depuis longtemps employé en médecine. Ce
AE un est dù à une résine rougeûtre dont le bois est imprégné, et
qui sert d’encens en Orient.
Plusieurs autres arbres du même genre donnent aussi des résines,
mais moins estimées, comme parfums, que celle de cette espèce.
ARACHIS. — Genre de Légumineuses papilionacées, du Brésil,
et qui ne contient jusqu'ici qu'une seule espèce :
L’A. kypogæa L., dont les graines sont l’arachide du commerce.
La plante est herbacée et annuelle, à feuilles composées et à fleurs
jaunes. Ce qu’elle offre de particulier est que ses fleurs, après la fé-
condation, s’enfoncent en terre, pour y grossir et y mürir leurs fruits,
sortes de gousses réticulées, contenant communément deux graines,
qui ont quelque chose du goût de la noisette, sans toutelois la valoir.
De là le nom qu’on leur a donné, en France, de pistache de terre.
Ces graines sont très huileuses, et c’est là ce qui en fait la véritable
valeur. L’arachide est cultivée en grand dans plusieurs pays intra-
tropicaux, principalement à la cote occidentale d'Afrique, d’où les
navires en apportent des chargements à Marseille. L'huile qu’on en
relire est surtout employée à la fabrication du savon. On a essayé à
plus d’une reprise de cultiver l’arachide daus le midi de la France ;
elle y mürit, mais la culture en est trop dispendieuse pour donner du
profit; aussi y est-elle complétement abandonnée. Sous un climat
plus chaud, la plante pourrait être cultivée en qualité de fourrage,
car elle est reconnue très nourrissante et surtout avantageuse aux
vaches laitières, auxquelles on donne tout à la fois l’herbe et les
fruits appendus aux tiges. Il faut toutelois les laver pour en faire
tomber la terre. Les sols légers, sablonneux et calcaires sont ceux
qui conviennent le mieux à cette culture.
ARALIA, — Genre de la famille des Araliacées, comprenant des
arbrisseaux et des plantes herbacées, dont plusieurs ont de l’intérèt
comme plantes industrielles ou d'ornement. Telles sont les sui-
vantes :
A. papyrifera L. — De la Chine. C’est un sous-arbuste de 3 à
4 mètres, à larges feuilles palmées, et dont la moëlle, blanche et
épaisse, sert à fabriquer le papier de Chine. Cette espèce, de même
que plusieurs autres Araliacées, est assez commune dans les jardins
du midi de l’Europe, où elle joue le rôle de plante d'ornement.
A. cordata THUNBG. — Oudo, Doku-Quatz des Japonais. Plante
herbacée, à racine vivace, grosse et charnue, universellement cul-
tivée en Chine et au Japon dans les champs et dans les jardins
potagers. C’est un excellent légume par sa racine qui se mange
cuite à la manière des scorsonères, et par ses feuilles qui s’apprè-
tent de diverses manières ou se mangent crues en salade ; mais il
110 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
faut au préalable les avoir fait blanchir par le bultage, comme on le
fait pour le céleri. La plante est rustique dans toutes les parties de
la Chine, et elle l’est aussi en France, où des essais de culture faits
au Jardin des Plantes de Paris ont parfaitement réussi. Ce légume
sera probablement adopté un jour dans toute l’Europe.
ARAUCARIA. — Arbres superbes à fleurs dioïques, de la grande
famille des Conifères, origimaires de l'hémisphère austral. ‘On les
trouve dans l Amérique du Sud, l’Australieet quelques îles de l’océan
Pacifique. Tous se font remarquer par la noblesse de leur port, leur
grande taille, leur verdure perpétuelle, et quelques-uns par leur rus-
ticité en Europe et le volume extraordinaire de leurs cônes femelles.
Peu d'arbres peuvent rivaliser avec eux comme ornements du pay-
sage ; mais ce sont aussi des arbres forestiers qui se recommandent
par les qualités de leur bois et la résine qu'ils sécrètent.
A. Bidwillii Hook.— De l'Australie orientale, où les indigènes le
nomment Zunya-Bunya. C’est un arbre de 40 à 50 mètres de hau-
teur, de forme pyramidale et garni de branches étalées depuis le
pied jusqu’au sommet. Ses feuilles sont serrées, lancéolées-aiguës,
luisantes et d’une verdure sombre. Ses cônes femelles sont de la
grosseur de la tête d’un homme, et les grosses graines qu’ils con-
tiennent sont comestibles comme des amandes. Le bois est dur, à
grain fin, très agréablement veiné; aussi est-il recherché pour les
ouvrages de menuiserie et d’ébénisterie.
L’A. Bidoilli a élé introduit en Provence, où il se montre très
rustique, résistant même aux hivers qui maltraitent les orangers.
Quelques-uns de ces arbres, hauts de 10 à 12 mètres, produisent
des cônes femelles qui, faute d’être fécondés, restent stériles. Les
arbres des deux sexes devraient être cultivés à proximité les uns
des autres.
À. brasiliensis À. Ricu. — Du Brésil méridional. Arbre de 50 à
60 mètres, assez analogue au précédent par le port et le feuillage
et rustique au même degré. Ses graines sont comestibles, et son
bois très estimé pour la g grande char pente. On en extrait aussi beau-
coup de résine et de térébenthine. C’est un des rares arbres de
l'Amérique du sud qui constituent à eux seuls des forêts. On en voit
ca el là de beaux exemplaires dans les parcs et jardins de la basse
Provence.
À. Cooki Rob. Br. — De la Nouvelle-Calédonie, où il forme de
vastes forêls. Sa hauteur dépasse quelquefois 60 mètres. Ce bel
arbre ne semble pas devoir être rustique dans le midi de la France,
mais il pourrait l’être sur le littoral du nord de l'Afrique.
À. Cunninghami AtTon. — De l'Australie orientale, entre les
14° et 32° degrés de latitude. On le trouve aussi dans la Nouvelle-
Guinée, au dire du v oyageur Beccari. Sa hauteur estde 50 à 60 mètres,
sur 150 à 2 mètres de diamètre à la base du tronc. Son bois, qui
est susceptible d’un beau poli, est recherché pour les ouvrages de
menuiserie et d’ébénisterie, mais le prix en est assez élevé dans le
pays de production. Ce bel arbre ne réussirait point en Europe, mais
il pourrait être introduit dans les colonies intratropicales, au Brésil
ÉNUMÉRATION DES PLANTES AAA
et autres pays exempts d'hiver. On le connait sous le nom vulgaire
de Pin de Moreton.
A. excelsa R.Bn.; Colymbeael Futassa de quelques botanistes. —
Le pin de Norlolk. Arbre magnifique qui arrive jusqu'à 70 mètres
de hauteur sur 3 mètres de Sue tre à la base. Ses branches régu-
lièrement vertücillées par élages successifs et ses rameaux couverts
d'un épais feuillage linéaire en font un des plus majestueux orne-
ments de nos parcs méridionaux. Il est rustique dans la région des
orangers, où on en voit déjà quelques beaux exemplaires. Son bois,
dans le pays d’origine, est surtout employé pour la charpente et les
constructions navales.
A. imbricata PAYON. — Du Chili et de la Patagonie. Arbre re-
marquable par ses belles proportions, son port pyramidal et la
verdure sombre de son feuillage, raide, coriace et terminé par une
pointe aiguë. Il n’est pas moins remarquable par sa rusticité, qui
lui permet de prendre un beau développement dans l’Europe occi-
dentale, jusqu'au-delà du 55° degré de latitude. On en voit de grands
et beaux exemplaires dans les parcs de la Bretagne, de la Nor-
mandie et de l'Angleterre. Il est dioïque comme les précédents, et
présente une grande inégalité de taille suivant le sexe, les individus
mâles ne dépassant guère 14 à 15 mètres, tandis que les mdividus
femelles en atteignent plus de 40. Ses cônes sont très gros, et ses
graines comestibles servent à la nourriture des indigènes de l’'Amé-
rique australe. On calcule que 18 arbres en plein rapport suffisent
à nourrir un homme pendant toute une année. Le bois est blanc-
jaunâtre, parcouru de veines de couleur plus foncée, léger, facile à
travailler et susceptible d’un beau poli. Il convient admirablement
pour les constructions navales et la menuiserie. Sa résine, de cou-
leur claire, exhale l’odeur de l’encens, qu’elle pourrait remplacer
jusqu’à un certain point. L’arbre se plait sur les collines sèches et
rocailleuses.
A. Rulei Ferd. von Muzzer. — De la Nouvelle-Calédonie. Arbre
magnifique, couvert d’un grand feuillage luisant et de proportions
superbes. Comme arbre de paysage il est de premier ordre, et on ne
peut pas douter ‘que son bois n’ait de la valeur, mais son origine
intratropicale n’en permettrait pas la culture en Europe. C’est aussi
de la Nouvelle-Calédonie que nous viennent les À. Mulleri, Balansæ
et montana, encore peu connus. La Nouvelle-Guinée possède aussi
quelques espèces d’araucarias qu'il y aurait de l'intérêt à introduire
dans nos colonies intratropicales, les Antilles particulièrement.
ARBUTUS. — Arbres et arbrisseaux de la famille des Ericacées,
propres aux régions tempérées et tempérées-chaudes de l’hémis-
phère septentrional, à feuilles persistantes. Leur caractère bota-
nique le plus saillant consiste dans leurs corolles en forme de grelot,
blanches ou roses, et dans leurs fruits charnus et comestibles. Leur
principal usage toutefois est d’orner nos parcs et nos jardins, où
déjà plusieurs espèces sont communes. Les plus imtéressantes sont :
A. Unedo. L. — L’arbousier commun, connu aussi sous le nom
d'arbre aux fraises, parce que ses fruits sphériques, muriqués et
149 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
d’un rouge vif, ressemblent beaucoup à de grosses fraises. Leur
saveur est assez agréable et on en fait, en Corse, une sorte de
cidre. L'arbre est indigène de l’Europe occidentale et méridionale ;
il s'élève à 8 ou 10 mètres, mais on le taille ordinairement en buis-
son dans nos jardins. $es fruits, qui sont fort jolis, paraissent quel- ”
quefois sur les tables.
A. Andrachne L.— De la Grèce et de l'Orient; remarquable par
son grand feuillage, son écorce très lisse et ses grappes de fleurs
blanches. Ses fruits sont comestibles comme ceux de l’arbousier
commun, mais il est moins rustique que lui.
A. Mensiesit Pursx. — Des côtes occidentales de l'Amérique du
Nord. C’est le plus grand du genre, car il s’élève jusqu’à 40 mètres
et plus, sur 2 à 3 mètres de diamètre à la base. Sa croissance est
relativement rapide, et son bois d’une extrême dureté, mais il ne
réussit bien que dans les terres argileuses profondes. Soit comme
arbre forestier, soit comme arbre paysager, ce grand arbousier
mériterait d’être introduit en Europe, principalementau voisinage de
la mer.
L’A. longifolia L., des Canaries, un peu sensible au froid, n’est
cultivé à l'air libre que dans le midi de l'Europe, en qualité d’arbris-
seau d'ornement.
ARENGA. — Genre de la famille des Palmiers, ne comprenant
qu'un petit nombre d'espèces, dont une, l'A. saccharifera, de l'Inde,
des îles de la Sonde et des Moluques, joue un rôle considérable
dans l’agriculture de ces régions. C’est un arbre de 8 à 10 mètres,
quelquelois beaucoup plus grand, et qui ne fleurit et ne fructifie
qu'une fois dans sa vie. Son principal produit est la sève sucrée
qu'on en retire, en coupant successivement les rameaux de sa vaste
inflorescence (spadice). Cette sève est convertie en boissons al-
cooliques, mais on en extrait aussi du sucre, qui fait l’objet d’un
commerce assez important. L'arbre périt épuisé par ces saignées
répétées, mais on trouve encore dans la moëlle de sa tige une
quantité considérable de fécule. Les couches extérieures de cette
tige sont excessivement dures, et elles persistent seules après l’ex-
cavation de l’intérieur ; aussi les emploie-t-on à divers usages do-
mesliques. Les pétioles ou grandes côtes des feuilles fournissent
des fibres noires, semblables à des crins de cheval et très tenaces,
dont on fait des cordes, des cables, des étoupes pour le calfatage des
navires, des matelas, etc. Cet arbre utile ne peut pas sortir de la
zone intratropicale. Il existe cependant une espèce d’Arenga dans
les provinces méridionales du Japon, qui s’acclimaterait probable-
ment dans le midi de l'Europe.
ARGANIA. — Genre de la famille des Sapotées, qui ne contient
probablement qu’une seule espèce, l'A. sideroxylon DC. ou Side-
roæylon Argan L.,eonnu en France sous le nom d’Argan du Ma-
roc. C’est un arbre épineux, de taille moyenne (7 à 12 mètres), à
petites feuilles raides et luisantes, qui croît sur les collines arides du
Maroc, mais qu’on n’a point trouvé en Algérie, où il y auurait quel-
AU IT
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 143
que intérêt à l’introduire. Il croît lentement, mais à la longue il forme
une large tête, qui donne beaucoup d’ ombre. Il se reproduit en outre
facilement de rejets du pied. Ses fruits, assez semblables à de très
grosses olives, servent à nourrir le bétail, et l’amande de ses noyaux
donne, par la pression, une huile un peu âcre qui est cependant uti-
lisée dans la cuisine populaire, et qui peut d'ailleurs servir à d’autres
usages. L'arbre est rustique dans le midi méditerranéen de la France.
ARISTIDA prodigiosa WELWITSCH. — Graminée fourragère du
pays d’Angola, dont elle occupe les collines rocailleuses les plus
arides. D’après Welwitseh, qui la découverte, c’est presque l’unique
fourrage qui, dans ces déserts torrides de l’ Afrique sud-occidentale
où la sécheresse est excessive, sert de pâture aux zèbres, aux
antlopes et autres animaux herbivores. Son introduction dans les
pays de climats analogues pourrait évidemment rendre d'importants
services à l'agriculture. Peut-être les obtiendrait-on aussi des À.
plumosa et ciliata Desr., trouvés par le botaniste Desfontaines
dans le nord de l'Afrique. Ajoutons à ceci que les Aristida, très voi-
sins des Spa, et portant, comme ces derniers, des panicules plu-
meuses fort élégantes, pourraient contribuer à alimenter la petite
industrie des bouquets de graminées sèches, aujourd’hui employés
pour orner les chapeaux de femmes, et dont le commerce à une
certaine importance.
L’A. pungens DEsr., qui s'élève jusqu'à 1"50 ou 2 mètres, est le
meilleur et presque l’unique fourrage du Sahara algérien. C’est le
Drinn des Arabes.
ARISTOLOCHIA. — (Genre principal du groupe des Aristolo-
chées et comprenant d'assez nombreuses espèces, dont quelques-
unes (A. clematitis L. et À. rotunda L.) sont européennes et jadis
employ ées en médecine comme emménagogues. Parmi les espèces
exotiques il ne sera pas sans intérêt de signaler les suivantes
À. serpentaria L. — Espèce grimpante de PAmérique du Nord,
dont la racine est considérée comme l’antidote du venin des serpents
et jouit en même temps de la réputation d’être un puissant remède
des maladies typhiques.
A. anguicida L. — De l'Amérique du Sud et non moins célèbre
que la précédente par l’action délétère qu’elle exerce sur les ser-
pents venimeux. On assure qu’un fragment de sa racine, pilé et
introduit dans la gueule de ces animaux, les fait tomber dans une
sorte de catalepsie ou d’anesthésie de longue durée, qui permet de
les manier impunément, et qu'il suffit de quelques g soutles du suc
de cette racine ingérées dans l’estomac du serpent pour le faire périr
presque instantanément. On croit que cette espèce d’Aristoloche est
le quaco des habitants de la Colombie, dont l'efficacité contre les
morsures des serpents les plus venimeux est attestée par des voya-
geurs et des savants dignes de foi. Plusieurs autres espèces parti-
cipent plus où moins de ces propriétés, telles que les À. pallida,
bœætica, longa, rotunda, ete., et il parait avéré que c’est à l’aide de
quelqu'une de ces plantes que les anciens jongleurs égyptiens en-
10
144 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
gourdissaient les serpents pour les manier sans danger et sans
crainte, au grand étonnement des spectateurs.
A. recuroilabra HaNcE. — C’est l'espèce qui produit, en Chine,
la drogue connue sous le nom de Putchuck vert, très employée dans
la médecine chinoise. On en exporte annuellement de la ville de
Ning-Po pour plus d’un demi-million de francs.
Beaucoup d’autres Aristoloches de l’Inde et de l'Amérique sont
usitées en thérapeutique. Toutes ces plantes devraient être cultivées
et étudiées au point de vue de leurs propriétés. Quelques-unes déjà,
remarquables par leurs inflorescences bizarres de forme et de co-
loris, existent dans les jardins de l’Europe, en qualité de plantes
d'agrément, telles, entre autres, que les A. sipho, triloba, grandi-
flora, labiosa, picta et ornithocephala, cultivées les unes à Pair
libre, les autres en serre chaude.
ARISTOTELIA Maqui L'Hérir. — Arbrisseau du Chili, que
quelques auteurs rattachent au groupe des Tiliacées. Ses baies suc-
culentes et légèrement sucrées-acidulées, assez analogues sous ce
rapport à celles du myrülle des montagnes d'Europe, sont comes-
tibles. Cet arbrisseau est depuis longtemps introduit dans les jar-
dins botaniques de l’Europe, mais il y fructifie rarement, soit par
défaut de chaleur, soit par suite d’une taille trop fréquente, qui
l'empêche de prendre son développement normal. Jusqu'ici il n’a
guère qu’un intérêt scientifique ou de curiosité.
ARMENIACA. — Abricotier. Genre d'arbres de la famille des
Rosacées-Amygdalées, qui ne difière des pruniers qu’en ce que les
feuilles y sont plus larges et plus lisses ; aussi Linné les réunissait
il aux pruniers. Ce genre, réduit à deux ou trois espèces, n’en con-
tient qu'une qui ait une réelle valeur, mais elle est de premier ordre
en arboriculture fruitière.
A. oulgaris LiNck. — L’abricotier proprement dit. Il nous est
venu d'Orient, sans qu’on sache exactement de quelle région, quoi-
que son nom puisse faire supposer qu’il est originaire d'Arménie.
Tout le monde connaît les abricots, fruits délicieux et parfumés, qui
figurent avec honneur sur les tables les mieux servies, et qui ont
en outre divers emplois en confiserie. C’est l'Auvergne qui, en
France, produit les meilleurs abricots, et qui les cultive le plus en
grand pour le commerce. Sous la latitude de Paris les fleurs d’abri-
cotiers sont assez souvent détruites par la gelée ou la neige des
premiers jours de printemps; plus au nord l’abricotier se cultive en
espalier, et quelquefois est abrité sous des châssis vitrés pendant
une partie de l’année.
On cultive sous le nom d’abricotin une seconde espèce, ou peut-
être une simple variété d’abricotier, à fruits lisses, peu parfumés, et
seulement de la grosseur d’une prune ordinaire. C’est un fruit mé-
diocre, de simple fantaisie ou de curiosité, mais dont la maturité est
plus précoce que celle du véritable abricot.
A. dasycarpa PERS. — Abricot noir. On le croit originaire de
l'Amérique du nord, mais on ne le connaît encore qu’à l’état cultivé
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 145
dans quelques jardins de l'Europe. Ses fruits, qui ressemblent à de
grosses prunes noires, sont à peu près comestibles. Cet arbre a été
trop négligé, et il est probable qu’à l’aide de semis répétés et de Ja
sélection on en pourrait obtenir des variétés supérieures au type
actuel.
ARRACACHA. — Genre d'Ombellifères, particulier à la région
montagneuse de la Nouvelle-Grenade et de la Colombie, et dont une
espèce, peut-être unique dans le genre, l'A. xanthorrhiza BANCROFT,
ou esculenta d'autres auteurs, produit une racine tubériforme assez
semblable à un gros panais, et qui est comestible. Bien avant l’ar-
rivée des Européens en Amériqne, les indigènes la cultivaient et en
faisaient leur nourriture. Les Espagnols, qui leur ont succédé, ont
adopté la plante, devenue un de leurs meilleurs légumes. À bien des
reprises on a essayé de la cultiver en Europe, mais toujours sans
succès. On aurait plus de chance de réussite dans celles de nos
colonies dont le climat, également chaud toute l’année et humide,
se rapproche de celui des montagnes de l'Amérique équatoriale. Elle
a produit, comme la carotte d'Europe, plusieurs variétés, qui se
distinguent à leur couleur, blanche, jaune ou violette, et qui diffèrent
aussi par la saveur.
ARTEMISIA.— Genre de Composées carduacées, la plupart
aromatiques, parmi lesquelles nous distinguerons les suivantes :
A. Absinthium L. — L’'absinthe proprement dite, usitée en mé-
decine depuis les temps les plus anciens. C’est une herbe vivace
dont les fleurs (capitules) desséchées sont toniques et anthelmin-
thiques, ce qui leur a fait donner le nom de semen contra vermes
dans les anciennes pharmacies. Elles entrent aussi dans la compo-
sition de la liqueur alcoolique de même nom. On recommande d’é-
loigner l’absinthe des ruches, parce qu’elle communique un mauvais
goût au miel. Elle doit ses propriétés à un alcaloïde, l’absinthuine,
sorte d'huile fixe qui se solidifie en cristaux, et à une huile volatile
qui lui est particulière.
A. Cina BERG. — Du Kourdistan. C’est cette espèce qui fournit
ce qu’on appelle les graines de santonine (ses capitules floraux),
depuis longtemps employées comme vermifuge. Plusieurs autres
espèces asiatiques jouissent des mêmes propriétés.
A. Dracunculus L. — L’estragon. Il est originaire de Sibérie et
cultivé dans les jardins potagers comme condiment. Ses propriétés
paraissent dues à deux huiles volatiles qui lui appartiennent en
propre.
A. mutellina VizLars. — Plante des Alpes à tiges demi-ligneuses,
fortement aromatique et qui entre, avec d’autres espèces des mêmes
lieux (A. glacialis, À. rupestris, A. spicata), dans la composition
de diverses liqueurs (chartreuse, bénédictine, absinthe, etc.). Toutes
ces espèces, connues dans les Alpes sous le nom général de génipt,
pourraient être cultivées dans les localités alpines de beaucoup d’au-
tres pays.
Citons encore |A. pontica L., du midi de l’Europe et de l'Asie
146 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
occidentale, qui est plus aromatique et en même temps moims amère
que l’absinthe commune; plusieurs autres espèces, lant européennes
qu'asiatiques, mériteraient d’être cultivées, principalement en qualité
de plantes médicinales.
L'A. Herba alba, d'Algérie, quoique très aromatique, est recher-
chée des moutons, des chameaux et même des chevaux.
L'A. abrotanum, vulgairement citronnelle, est cultivée quelque-
fois comme plante condimentaire. On pourrait appliquer aux mêmes
usages l'A. gallica du midi de l'Europe.
ARTHROSTYLIDIUM. — Genre de Graminées arborescentes,
analogues aux bambous, toutes américaines. Dans le nombre nous
signalerons les suivantes :
À. excelsum GrISEB. — Des Antilles. Plante de 20 à 25 mètres,
dont le chaume a de 070 à 080 de circonférence. C’est un des plus
grands bambous connus.
A. longiflorum Munro. — Du Vénézuela, dans la région monta-
gneuse, à près de 2,000 mètres d'altitude.
À. racemiflorum STEUDEL. — Bambou d’une dizaine de mètres,
des montagnes du Mexique, jusqu’à l'altitude de 2,500 mètres.
A. Schomburgkii Muxro. — Bambou d’une vingtaine de mètres,
croissant sur les sommets les plus élevés de la Guyane, jusqu’à
2,000 mètres d'altitude.
Toutes ces espèces seraient rustiques ou demi-rustiques dans les
parties les plus chaudes du midi de l'Europe.
ARTOCARPUS. — Principal genre du groupe des Artocarpées,
dont deux espèces sont renommées pour leur utilité, comme végé-
taux alimentaires :
A. incisa ForsT. — 1/arbre à pain proprement dit. Il est originaire
de Taïti, mais aujourd’hui répandu dans les îles Sandwich et dans
beaucoup d’autres archipels océaniques, même en dehors de la zone
intratropicale. Cet arbre a produit de nombreuses variétés, qui se
distinguent, les unes par l'absence de graines dans la pulpe du fruit,
les autres par leur précocité ou leur tardiveté, ce qui permet, en
choisisant les différentes races, de récolter des fruits pendant toute
l’année. Ces fruits, qui sont très volumineux et dont la structure a
beaucoup d’analogie avec celle des fruits de nos müûriers, con-
tiennent une grande quantité de fécule, dont on fait des pains, des
gâteaux, des potages et autres préparations culinaires.
À. integrifolia L. —- Le Jaquier. Arbre assez voisin du précédent
et qui rend à peu près les mêmes services, mais il demande un peu
moins de chaleur, ce qui permet de le cultiver dans l’Inde jusqu’à
plus de 1,000 mètres d'altitude.
ARUNDINARIA. — Genre de Graminées vivaces, confondues
par beaucoup d’auteurs avec les bambous proprements dits, dont
elles diffèrent d’ailleurs assez peu ; mais elles sont plus particulière-
ment cantonnées dans les hautes montagnes de l'Asie, aussi sont-
elles toutes à peu près rustiques dans le midi de l'Europe et quelques-
L ÉRNEREE er 0 ” :
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 447
unes jusque dans le centre. Ce sont des plantes intéressantes à plus
d’un point de vue, ainsi qu’on en jugera par ce qui va suivre.
A. falcata NEës. — De l'Himalaya occidental, jusqu’à l’altitude
de 2,000 mètres; par sa.petite taille (2? mètres au plus) cette espèce
semble intermédiaire entre les bambous et les roseaux. Ses chaumes,
qui n’ont guère que la grosseur du petit doigt, paraissent annuels,
et ceux qui fleurissent sont dépourvus de feuilles. Un caractère qui
peut servir à faire distinguer cette espèce consiste en ce que le style
estbifide jusqu’à sa base. On l’a confondue jusqu’iciavee la suivante.
A. spathiflora TriNius; Thamnocalamus spathiflorus Muxro.—
De l'Himalaya occidental, aux altitudes de 2,500 à 3,000 mètres, ou
un peu plus.
C’est le bambou Æirngal ou Ningala de l'Inde, et vraisemblable-
ment celui qui a été introduit en Europe sous le nom d'A. falcata.
Ses chaumes, de la grosseur du pouce d’un homme, hauts de 9 à
10 mètres, forment des toufles serrées, sans drageonner au loin
comme celles d’autres espèces de bambous. Ils durent plusieurs
années, et à de certaines époques on les voit fleurir, puis périr après
avoir müûri des graines. Les inflorescences, dans cette espèce, for-
ment de grandes panicules à branches retombantes; le style est
divisé, jusqu’à sa base, en trois stigmates plumeux.
Selon toute apparence, c’est au genre Arundinaria qu'il faut rat-
tacher le bambou Jurbouta du Népaul, qui diffère du précédent en
ce que ses cannes croissent isolément et non en groupes comme
celles de l'A. spathiflora. Il est au moins aussi rustique que ce
dernier, car 1l s’élève jusqu'aux abords des glaciers, à plus de
3,000 mètres d’altitude. Il en est de même du bambou 7ham ou
Kaptur des mêmes régions, espèce encore très peu connue. À un
niveau un peu plus bas (2,000 mèêtres) se trouve l'A. Æookeriana
Muxro, vulgairement nommé Yoksun et Praong. C’est une petite
espèce, haute de 4 à 5 mètres au plus, dont la graine est alimentaire
dans le pays et sert en outre à fabriquer une sorte de bière.
À tort ou à raison on a classé parmi les Arundinaria les espèces
suivantes :
À. japonica SiE8. et Zucc. — Le bambou Métaké du Japon, déjà
commun dans les jardins de l’Europe. C’est une petite espèce sim-
plement ornementale, haute de ? à 3 mètres au plus.
À. macrosperma Micax. — Du sud des Etats-Unis. Ce n’est
guère qu'un grand roseau de 5 à 6 mètres, employé pour garnir le
bord des mares et des cours d’eau, mais fournissant en même temps
un abondant fourrage vert pendant tous les mois de l’année. On le
multiplie uniquement par division des rhizomes.
Aux mêmes régions appartient l’A. {ecta MuuLENB@, sorte de
grand roseau, intéressant par son abondante production de graines
farmeuses, qui servent à la nourriture du bétail et des oiseaux de
basse-cour. Les incendies des prairies le font insensiblement dispa-
raître des lieux où il croit naturellement.
On cite encore dans le même genre les espèces suivantes :
L A. acuminata MuNro. —- Du Mexique. Plante de 6 à 7 mètres de
auf.
118 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
A. callosa Muxro. — De l'Himalaya, à l’altitude de 2,000 mè-
tres. C’est un des plus petits bambous connus, mais il est très
rustique.
A. debilis THwaITEs.— Des hautes montagnes de Ceylan. Plante
à chaumes grêles, mais très élevés.
Citons, seulement pour mémoire, les À. khasiana et suberecta
de l'Himalaya ; fessellata, de l'Afrique australe, et verticillata, du
Brésil.
ARUNDINELLA nepalensis TRiN. — Graminée fourragère de
l'Afrique, de l'Asie méridionale et du nord de l'Australie, partout
utilisée comme fourrage à faucher ou à faire consommer sur place
par les bestiaux. A la Nouvelle-Zélande, où on l’a introduite il y a
quelques années, on en fait grand cas pour ses qualités nutritives et
pour la rapidité avec laquelle elle repousse après chaque récolte,
ce qui permet d’en faire plusieurs coupes dans l’année. Elle s’y
accommode d’ailleurs de presque tous les terrains, même de ceux
qui sont élevés et sujets à la sécheresse.
ARUNDO. — Genre de Graminées assez mal défini, comprenant
un certain nombre de plantes vivaces par leurs rhizomes, mais à
tiges annuelles ou tout au plus bisannuelles, quelquefois ligneuses
et servant à divers usages économiques. Citons principalement les
suivantes :
A. Donaæ L. — Le grand roseau de Provence. Probablement
originaire de l’Orient, mais naturalisé depuis un temps immémorial
dans le midi de l’Europe et le nord de l’Afrique. Ses cannes, de la
grosseur du pouce, longues, suivant les sols et les climats, de 4 à
8 mètres, sont fistuleuses, mais solides et relativement résistantes.
On les emploie communément à faire des treillis, des claies, des
clôtures et, dans certains pays, des échalas pour les plantes grim-
pantes (pois, haricots, etc.) et même pour la vigne. On s’en sert en-
core, dans quelques parties du midi de la France, pour couvrir la
charpente des maisons rustiques et soutenir les tuiles. Lorsqu’elles
sont très grandes et très fortes, on en fait des lignes pour la pêche.
Outre ces usages, le grand roseau est fréquemment employé com-
me brise-vent. On le plante alors en ligne le long des champs, et
il ne tarde pas à former des toufles épaisses qui répondent assez
bien au but qu’on se propose, tout en permettant d’y cueillir des
cannes pour les usages ci-dessus indiqués. Ce roseau, toujours mul-
tiplié par éclats de la souche, semble avoir perdu la faculté de se
reproduire par graines ; dans le midi de la France il fleurit tous les
ans, et néanmoins reste stérile. Il croît dans tous les sols, mais il
prend ses plus belles proportions dans les bonnes terres humides,
au voisinage des fossés d'irrigation et des cours d’eau.
L’'A. Donazæ est aussi considéré comme plante d'ornement dans
le nord et le centre de la France. Ses cannes n’y mûrissent pas et
ne peuvent être d'aucun usage, mais une belle touffe de ce roseau,
croissant isolée au milieu d’une pelouse ou d’un gazon, est d’un effet
très pittoresque. Il a produit une variété rubanée de blanc, très jolie,
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 149
mais moins vigoureuse et moins grande que le type, Au nord du
45° degré de latitude, la souche doit être couverte de paille ou de
feuilles pendant l'hiver, pour la mettre à l’abri de la gelée.
A. Pliniana Turra. — Des alentours de la Méditerranée et de
l'Adriatique. Il ne difière de l'A. Donax que par une moindre taille
et des cannes moins grosses. Il n’est guère cultivé que comme
plante d'ornement ou de curiosité.
A. gigantea DC. — Du midi de la France et, dit-on, aussi de
l'Egypte. C’est une espèce essentiellement aquatique, qui ne vient
bien que le pied dans l’eau. Ses cannes, plus grèles que celles du
Donaæ, sont tout aussi longues, et se terminent par de grandes et
belles panicules, très fournies, d’une légère teinte violette. Ce grand
roseau serait un bel ornement pour les pièces d’eau, dans les parcs
et les jardins d'agrément.
A. bengalensis RoxBG. — De l’Inde et de la Chine. Très voisin
de l'A. Donazx, dont il est peut-être une simple variété, sinon même
la souche première. Ses longues panicules bigarrées de blanc et de
violet en font une plante d’ornement d’un certain effet.
A. conspicua Forsr. — De la Nouvelle-Zélande et des îles Cha-
tam. C’est aussi une belle plante d'ornement, par son feuillage
touflu et ses panicules argentées.
A. Sellowiana SCHULTES. — Le roseau des Pampas, introduit
depuis longtemps en Europe, et même déjà commun dans les parcs
et jardins d'agrément, sous le nom de Gynerium argenteum. I est
originaire de Pampas ou grandes plaines de l'Amérique du Sud
(La Plata, le Paraguay, etc.), ce qui explique le succès de sa culture
dans le midi de l’Europe et jusque sous le climat de Paris. Il forme
d'énormes touffes de feuilles longues de près de deux mètres, très
étroites et rudes au toucher, et du milieu desquelles s’élancent des
chaumes de la grosseur du doigt, hauts de 2 à 4 mètres, et terminés
par de très grandes panicules, fournies et légères comme de la plume,
d’une suprême élégance, blanches-argentées ou violettes suivant les
variétés. C’est une remarquable plante d'ornement, mais autrement
inutile. On la multiplie avec une égale facilité de semis et d’éclats de
la souche.
A. saccharoides GRISEBACH. — Des régions intratropicales de
l'Amérique du Sud, plus grand et tout aussi beau que le roseau des
Pampas, mais pas assez rustique pour être cultivé dans le midi de
l’Europe, du moins dans le midi de la France.
A. Karka Rox8G. — De l'Inde, de la Chine et du Japon. Roseau
de grande taille, mais encore peu connu en Europe. Ses cannes
fendues en lamelles servent, comme celles du roseau de Provence, à
faire des claies et des nattes, et sans doute à d’autres usages encore.
D’autres espèces de roseaux, aujourd’hui classées dans d’autres
genres, méritent d'attirer l'attention des cultivateurs. Telles se-
raient l’Ampelodesmos tenax, du midi de l'Europe et du nord de
l’Afrique, dont les longues feuilles tenaces et les tiges servent à faire
des liens pour la vigne et autres plantes grimpantes, et l’Arundo
phragmites L., le roseau commun des marécages, utilisé, là où il
croît, comme litière pour les bestiaux.
150 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
ASIMINA /riloba L. — Asiminier. Petit arbre ou simple arbris-
seau de la famille des Anonacées, originaire des parties méridio-
nales des Etats-Unis d'Amérique, où on en récolte les fruits, quoi-
qu’il n'ait pas été soumis jusqu'ici à une culture régulière. Ces
fruits, les asimines, ont la forme d’une petite banane, tout en étant
proportionnellement plus courts etplus épais; ils en rappellent aussi
la saveur etils y ajoutent un parfum des plus agréables. L’asimine
pourrait devenir un fruit de premier ordre, sielle était perlectionnée
par la culture et la sélection. Son seul défaut est de contenir trop
de pepins, qui sont d’ailleurs fort gros et diminuent d'autant la
quantité de la chair. Il serait à désirer qu’on en obtint des races ou
variétés sans pepins, comme on l’a fait pour beaucoup d’autres
fruits.
L’'asiminier a été introduit dans les jardins botaniques de PEu-
rope; il est rustique jusque vers le centre de la France, mais nous
ne l’avons vu fructifier que dans le Midi. On doit regretter que les
horticulteurs et les pépiniéristes ne lui aient pas donné toute l’atten-
tion qu’il paraît mériter.
ASPARAGUS. — Genre de Liliacées asparaginées, à racines fi-
breuses et traçantes, à tiges annuelles et très ramifiées, dont les
fleurs, petites et verdâtres, donnent naissance à des baïes rondes et
sans suc, ordinairement rouges, contenant trois à quatre graines.
Les tiges de ces plantes, d’abord herbacées et tendres, sont comes-
tibles; plus tard elles durcissent et ne sont d’aucun usage. Une des
espèces du genre est devenue un légume du premier ordre dans les
pays tempérés, principalement en Europe. C’est la suivante :
À. officinalis L.—- L’asperge commune, plante indigène dans l’oc-
cident de l’Europe, au voisinage de la mer et dans les terrains sa-
blonneux, que ses racines traçantes contribuent à fixer. On la cultive
aujourd’hui dans tous les pays à climats tempérés et tempérés-
chauds, etelle est devenue une branche importante du commerce
horticole dans les grandes villes de l’Europe et de l'Amérique du Nord.
Sa culture perfectionnée aux environs de Paris est très lucrative.
A. acutifolius L. — De tous les pays riverains de la Méditerranée,
où on la trouve principalement dans les endroits rocailleux et arides,
au milieu des broussailles. Ses pousses longues et grêles sont récol-
tées par les femmes et les enfants et vendues sur les marchés.On les
mange préparées de la même manière que les asperges ordinaires.
Il est à regretter que cette plante soit négligée par la culture, d’au-
tant plus qu’elle vient dans des sols où l’asperge commune ne réus-
sirait pas. On peut en dire autant des suivantes.
A. albus L. — Du midi de l’Europe, très commune surtout dans
le nord de l'Afrique. Cette espèce est beaucoup plus grande que
la précédente, et comme ses tiges ligneuses, presque blanches, sont
garnies d’épines, on s’en sert pour clôturer les champs. Ses pousses
cueillies jeunes sont comestibles. |
A. laricinus BurcHELL. — De l'Afrique australe. Cette espèce
est de grande taille et buissonnante. Ses jeunes pousses, au dire du
docteur Pappe, sont tendres et légèrement aromatiques.
NET
=.
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 151
Plusieurs autres espèces du genre pourraient être ajoutées à cette
liste; quelques-unes seraient probablement susceptibles de s’amé-
liorer par la culture. Ce serait une intéressante expérience à faire.
ASPERULA odorata L. — La reine des bois. Plante indigène
de la famille des Rubiacées, connue aussi sous le nom de petit mu-
guet et d’hépatique étoilée. C'est une herbe vivace, élégante par
son feuillage verticillé et comme en étoile, et par ses corymbes de
fleurs blanches agréablement parfumées. On en fait grand usage en
Allemagne pour parfumer les boissons et surtout pour fabriquer
celle qu’ils nomment mattrank. La reine des bois est quelquefois
cullivée comme plante d'agrément.
Une seconde espèce, l'A. tinctoria L. , assez commune dans les
bois de la France, était jadis utilisée, sous le nom de petite garance,
pour teindre les éloffes. Elle est totalement délaissée aujourd'hui.
ASPIDOSPERMA Quebracho GriseB. — Arbrisseau de la fa-
mille des Apocynées, indigène dans l'Amérique du sud, dontle bois
est assez dur et à grain assez fin pour pouvoir servir à la gravure.
Toutefois sa véritable utilité consiste dans la forte proportion de
tannin contenue dans son écorce et même dans ses feuilles, ce qui
le met presque au niveau de Acacia Cebil. Ce tannin offre l’avan-
tage de ne pas colorer le cuir. L’écorce en renferme de 30 à 40
pour {00 de son poids, les feuilles de 25 à 28, et le bois lui-même
14 à 15. Dans la région de la Plata, cet arbrisseau joue le même
rôle que le sumac ( Æhus coriaria) dans le midi de l’Europe et le
nord de l'Afrique.
ASTRAGALUS. — Genre de Légumineuses papilionacées, dont
on compte aujourd’hui plus de 700 espèces, presque toutes des con-
trées tempérées et tempérées-chaudes de Phémisphère septentrional.
Plusieurs sont utlisées en agriculture et quelques-unes dans les
arts et l’industrie.
À. arenarius L. — De l’Europe et de l'Asie occidentale. C’est un
fourrage vivace, propre surtout aux terres sablonneuses.
A. cephalonicus Frscx. — De la Grèce. Sous-arbrisseau qui pro-
duit de la gomme adragante, comme d’ailleurs plusieurs autres es-
pèces de l'Éurope orientale. La meilleure cependant est tirée de l’A.
Parnassi Boiss., ou À. cylleneus HELDR., qui est également de la
Grèce. L’A. strobiliferus ROYLE, qui appartient ! à l'Asie occidentale,
donne aussi une gomme de couleur brunâtre qui entre dans le com-
merce de la droguerie. Une autre variété de gomme adragante, le
Takalor ou adragante de Smyrne, se récolte en Turquie sur l'A.
verus OLIv. Toutes ces espèces réclament les climats chauds et secs
de l'Orient, ainsi que les À. cretieus Lamk. et qummifer La Bizz,
qui participent à leurs propriétés.
À. cicer L. — Du centre de l’Europe et de l'Asie moyenne. Forte
plante herbacée et vivace, qui donne un bon et copieux fourrage
dans toutes les terres calcaires un peu légères. Il est surtout estimé
comme fourrage vert pour les bœuis et les vaches.
152 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
À. glycyphyllos L.— D'origine plus septentrionale que le précé-
dent et vivace comme lui. C’est aussi un bon fourrage, qu’on re-
commande plus particulièrement pour les terres fortes et un peu
humides.
A. hypoglottis L. — Du nord de l’Europe, de l'Asie et de l'Amé-
rique. Il offre les mêmes avantages que les deux précédents et s’ac-
commode mieux des climats froids. Il se plaît dans les terres grave-
leuses un peu calcaires.
Beaucoup d’autres Astragales peuventencore servir à la nourriture
des bestiaux, mais il y en a aussi de vénéneux, par exemple les
A. Hornii et lentiginosus As. Gray, de Californie.
Dans ces derniers temps on a cherché à mettre à la mode l'A. bæ-
ticus L., d'Espagne, dont les graines torréfiées sont, dit-on, un assez
bon succédané du café. Dans tous les cas ce serait une bonne plante
fourragère.
ASTRANTIA major L.— Ombellifère vivace des régions alpines
et subalpines de l’Europe, où elle se mêle aux autres plantes des
prairies de ces localités élevées. Nous ne la citons ici que parce qu’elle
est très recherchée des abeilles et qu’elle produit un miel excellent.
Sous ce rapport elle est très estimée des apiculteurs suisses, qui
transportent souvent leurs ruchers de la plaine dans la montagne, à
l’époque de la floraison des plantes.
ASTREBLA. — Genre de Graminées détaché du genre Dan-
thonia, mdigènes en Australie (Nouvelle-Galles du Sud, Queen's
Land, etc.), où elles occupent les terrains les plus arides et sujets
aux plus longues sécheresses. Deux espèces sont surtout recom-
mandables, les A. pectinata et A. trilicoides Ferd. von Mu.
(Danthonia Linpt.), toutes deux vivaces et également recherchées
des bestiaux, surtout par les moutons, auxquels elles donnent beau-
coup de chair. Ces utiles graminées fourragères méritent d’être in-
troduites dans les pays de climats chauds et secs, tels que les régions
désertiques du nord de l’Afrique. Il est assez probable que, même
dans leur pays d’origine, elles seront un jour soumises à une culture
régulière.
ATALANTIA.— Genre d’Aurantiacées, dont une espèce, l'A.
glauca 3. Hook., de la Nouvelle-Galles du Sud et des régions plus
septentrionales de l'Australie, est très digne d’attirer l'attention des
acclimateurs. C’est un bel arbre, comme presque tous ceux de la
même famille, dont les fruits sauvages ne sont pas comestibles,
mais pourraient vraisemblablement être améliorés par la culture.
A l'encontre de beaucoup d’autres Aurantiacées, il se plaît dans les
terres arides. On pourrait d’ailleurs en faire un sujet pour les greffes
d’orangers, de citronniers et autres Aurantiacées à fruits comes-
tibles.
ATRIPLEX. — Plantes herbacées et arbustives de la famille des
Chénopodées, répandues sur une vaste étendue de pays, abondantes
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 453
surtout dans l’ancien monde et recherchant les terres imprégnées
de sels (chlorures de soude, de potasse, etc.) que les eaux de pluie
accumulent dans les dépressions marécageuses. Elles sont com-
munes aussi dans les terrains salants du voisinage de la mer. On
en connaît aujourd’hui plus de 60 espèces, sans compter celles qu’on
a retirées du genre pour les reporter à des genres voisins qui,
d’ailleurs, en difièrent à peine. Quelques-unes sont intéressantes
comme plantes potagères, mais un beaucoup plus grand nombre le
sont comme plantes fourragères pour certaines contrées où, soit
par le fait du climat, soit par celui de la nature du sol, les fourrages
ordinaires ne réussiraient pas.
Parmi les nombreuses espèces du genre nous citerons seulement
les suivantes, qui ont le plus d’ intérêt pour les cultivateurs :
À. hortensis L. — Arroche, Bonne-Dame. De l'Asie moyenne,
mais introduite depuis longtemps en TRE où ses larges feuilles,
vertes, cendrées ou rouges, sont mangées en guise d’ épinards, sur
tout mélées à l’oseille, dont elle adoucit l'acidité. La planté est an-
nuelle et se ressème d'elle-même dans les jardins.
A. Halimus L.— Pourpier de mer. Arbrisseau du midi de l'Europe
et du nord de l'Afrique, commun sur tout le périmètre de la Médi-
terranée, et très habituellement planté en bordures autour des champs
ou le long des routes. Sa croissance est rapide là surtout où 1l recoit
les embruns de la mer, et, par le ciselage, il forme des haies touffues
et régulières. En Algérie il est brouté par les bestiaux aux époques
de sécheresse et comme supplément à de meilleurs fourrages deve-
nus rares. C’est le guetal des Arabes. Son feuillage, d’un blanc cen-
dré un peu argentin, en peut faire un arbrisseau d'ornement. On le
multiplie avec une extrême facilité par le bouturage des branches.
A. halimoides LiNpz. ans les déserts
de l’Australie intérieure, et s’avançant, sur quelques points, jusqu’au
bord de la mer, souvent accompagné d’une autre espèce, |A. 2olo-
carpa Ferd. vox Muzz., qui en est peu difiérente. Toutes deux
constituent une importante ressource pour les moutons, quand la
sécheresse a fait disparaître toute autre végétation herbacée. Ces
deux Chénopodées sont désignées sous le nom de Salt bush (brous-
sailles des terrains salants) par les colons australiens, ou squatters,
éleveurs de bestiaux. Les À. vesicaria HEWERD et À. spongiosa
Ferd. vox Muzz., des mêmes régions, rendent des services ana-
logues.
À. nummularia LiNpz. — Des déserts australiens, surtout dans
la partie orientale du continent. C’est la plus grande espèce du
genre actuellement connue, car elle s’élève à la taille d’un arbris-
seau de 3 à 4 mètres, ramifié, touflu, couvert d’un abondant feuil-
lage gris argenté, qui leur donne un aspect singulier. Elle est peut-
être aussi la plus utile pour la nourriture des bestiaux, qui la brou-
tent avec avidité aussi haut qu’ils peuvent atteindre, ce qui explique
la forme en parasol que prennent ces arbrisseaux arrivés à une cer-
taine hauteur. On prétend que les moutons qui s’en nourrissent ne
sont point atteints de la douve ( Distoma), qui leur cause, comme
chacun le sait, de graves maladies, en se multipliant dans leur foie.
154 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
L’A.nummularia, qu'on pourrait appeler le grand pourpier de
mer, est rustique dans la Basse-Provence, où sa culture réussit
fort bien. Il rendra certainement de bons services dans le Sahara
algérien, si on parvient à ly établir, ce qui ne semble pas difficile.
ATROPA. — Genre des Solanées, appartenant à l’ancien conti-
nent, dont deux espèces ont acquis une grande renommée comme
plantes médicinales, en même temps qu’elles sont vénéneuses. Ce
sont les suivantes :
A. Mandragora L. — La mandragore. Du midi de l'Europe et
de l'Orient. C’est une plante vivace par sa racine en forme de navet,
et dont la courte tige reste enfouie sous terre, n’émettant au dehors
que quelques feuilles et des fleurs auxquelles succèdent de grosses
baies rondes. Aux époques de superstition, la plante servait aux
incantations et passait surtout pour aphrodisiaque. Son usage est
aujourd’hui complétement abandonné en Europe.
A. Belladona L. — La belladone. Celle-ci est du centre de l'Eu-
rope aussi bien que du midi, mais elle n’est commune nulle part.
Elle est vivace comme la précédente, et sa tige peut atteindre à
un mètre de hauteur. Son feuillage est d’un vert foncé; ses fleurs
tubuleuses sont violettes, et donnent naissance à de petites baies
violet-foncé à la maturité, presque semblables à de petites cerises,
avec lesquels les ignorants et les enfants les confondent; aussi en
est-il résullé bien des empoisonnements. Toutes les parties de la
lante sont vénéneuses, ce qu’elles doivent à un alcaloïde particulier,
’atropine, qui, employée à propos et à dose convenable, est un
précieux médicament. Cette plante, à la fois dangereuse et utile, ne
devrait jamais être laissée à la portée des enfants, dans les jardins
où on la cultive.
AVENA. — Genre de Graminées contenant des céréales et des
plantes fourragères utilisées en agriculture depuis les temps les plus
anciens, principalement originaires des pays tempérés de l’ancien
continent. Dishnguons dans le nombre :
A. sativoa L. — L'avoine commune, plante annuelle, presque par-
tout cultivée, en dehors des tropiques, pour son grain générale-
ment employé à la nourriture des chevaux et assez souvent aussi à
celle de l’homme, sous la forme de pain et de gruaux. Elle a pro-
duit dans le cours des siècles, par la diversité des sols et des climats,
un grand nombre de races et de variétés, mégalement avantageuses,
et sur lesquelles le lecteur intéressé se renseignera dans les traités
spéciaux d'agriculture. Considérée d’une manière générale, l’avoine
s’accommode de toutes les terres, mais principalement de celles qui
sont argilo-siliceuses. Elle est cultivée depuis l'Egypte et le nord
de l'Afrique jusqu’au 60° degré de latitude, où elle ne mürit pas tou-
jours son grain et où elle est le plus souvent remplacée par l'orge,
qui peut s’avancer plus loin vers le nord.
Souvent aussi l’avoine est cullivée comme herbe fourragère, à
consommer en vert ou en sec. Gerlaines variétés y sont plus pro-
pres que d’autres. Celles qu’on préfère pour la nourriture de l’homme
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ÉNUMÉRATION DES PLANTES 155
sont les avoines à grain nu, telles que PA. nuda, de l’Europe, et
VA. chinensis, de PAsie centrale. On peut rattacher à l’avoine
commune, comme simples races, l'A. orientalis, très productive en
grains et dont les chaumes robustes résistent bien au vent dans les
contrées montagneuses; l’A. brevis, à grains courts, avantageuse
surtout comme fourrage, et l'A. s{rigosa, une des meilleures pour
les terres sablonneuses et legères. En Russie on fait avec le grain
de Pavoine une sorte de bière à l'usage du peuple des campagnes.
À. elatior L. — Le fromental, ou la grande avoine. De l’Europe
et de Asie moyenne. C’est une espèce vivace et une des plus grandes
du genre, une de celles aussi qui craignent le moins la sécheresse.
Cette qualité, ainsi que lPabondance de son fourrage, dont on fait
communément deux coupes en France, justifient la faveur dont elle
jouit en agriculture. On est dans l’usage de lui associer des plantes
légumineuses, comme le sainfoin, la lupuline, etc. Le seul reproche
w’on puisse lui faire est de tracer ou drageonner du pied et d’envahir
ds places qui ne lui sont pas destinées, mais ce défaut peut devenir
une qualité dans les terrains maigres où toute autre graminée ne
donnerait que des produits imsignifiants.
A. flavescens L. — L’avoine jaunâtre. De l’Europe et de l'Asie
moyenne jusqu’au Japon. C’est un de nos meilleurs fourrages à
couper. Elle est vivace et s’accommode bien des terres sèches de
nature calcaire, mais son foin est moins abondant que celui de l’es-
pèce précédente. Elle vient médiocrement sur les sols sablonneux
et maigres, à moins qu'ils ne soient irrigués. Dans ce cas elle peut
donner deux coupes par an.
A. pratensis L. — L’avoine des prés. Des mêmes régions que la
D bédente et vivace comme elle. Elle se plaît dans les mêmes terres
et donne un produit presque identique, aussi les deux plantes sont-
elles fréquemment associées dans les prairies.
D’autres espèces d’avoines sont encore des plantes fourragères,
mais d’un emploi plus local que celles que nous venons d'indiquer.
Quelques-unes sont plus nuisibles qu’utiles, telles par exemple que
VA. fatua L., ou folle-avoine, qu’on ne doit laisser pâturer par les
bestiaux qu'avant le développement complet de ses panicules, à
cause des soies raides dont ses grains sont hérissés, et qui peuvent
devenir la cause de graves accidents.
AVERRHOA. — (Genre de la famille des Oxalidées, dont deux
espèces de l’Inde sont remarquables :
A. Carambola L.— Arbrisseau dont le fruit tantôt doux et sucré,
tantôt acide, entre dans la consommation générale comme fruit de
table ou sous forme de compotes et de conserves. Le carambolier est
cultivé dans toutes les parties de l'Inde jusqu’à Lahore, au pied de
l'Himalaya.
A. Bilimbi L. — Analogue au précédent et des mêmes heux. Ses
fruits sont utilisés de diverses manières, mais servent surtout à faire
des tartes. Ce petit arbre est remarquable par la sensibilité de son
feuillage composé, dont les folioles se meuvent au moindre contact,
comme celles de la sensitive.
156 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
AVICENNIA. — Genre unique de la famille des Avicenniées, qui
a quelque affinité avec celle des Verbénacées. Ce sont des arbrisseaux
qui habitent exclusivement les bords de la mer, que leurs longues
racines traçantes et enchevêtrées protègent contre les érosions des
vagues et des marées. Ils forment en outre, par leurs nombreux rejets
entrelacés, des barrières difficiles à franchir. Dans nos colonies
des Antilles on leur donne le nom de palétuviers.
On n’en connaît guère que quatre espèces, qui habitent les rivages
de l'Amérique du Sud, de l'Afrique et de l’Inde. Une d’entre elles,
cependant, l’A. officinalis L., déjà connue des anciens, se rencontre
depuis la mer Rouge jusqu’à la Chine méridionale, les Philippines,
l'Australie et même la Nouvelle-Zélande, où le climat est fort tem-
péré. Cette espèce, ainsi que l’a conseillé le docteur Hermann Behr,
pourrait être utilisée dans d’autres pays chauds pour consolider les
grèves maritimes.
BACCHARIS L. — Genre de Composées, la plupart arbustives,
toutes américaines et surtout des régions intratropicales, mais dont
quelques-unes remontent vers le nord jusqu'aux Etats-Unis méri-
dionaux et en Californie. On en compte aujourd’hui plus de 200 es-
pèces, dont il n’y a guère que trois ou quatre qui aient jusqu'ici, que
nous sachions, été introduites, comme plantes de pleine terre, dans
le midi de l'Europe. Ce sont les Z. halimifolia L., de la Caroline
du Sud, Z2. trinerois L., du Brésil, et B. æalapensis L., du Mexique.
Ce sont des arbrisseaux de 3 à 4 mètres, à feuilles coriaces et per-
sistantes, peu remarquables d’ailleurs comme plantes d'ornement.
Leurs fleurs, en bouquets ou panicules au sommet des rameaux,
font cependant un certain effet, mais elles ne tardent pas à se dessé-
cher. Ces trois espèces, ainsi que plusieurs autres, pourraient servir
à faire des haies ou des broussailles dans les lieux arides, tant du
midi de l’Europe que du nord de l'Afrique. Peut-être leur décou-
vrira-t-on un jour quelque autre utilité.
Le B. pilularis DC., de Californie, est un des plus grands du
genre ; il s'élève à 4 ou 5 mètres, et peut servir à faire des clôtures.
BACKHOUSIA.— Genre de Myrtacées australiennes remarquable
par le port, qui rappelle un peu celui de notre myrte d'Europe, et
par les fleurs, dont le calyce très développé figure une corolle blan-
che. Les feuilles y sont parsemées de glandes oléo-résineuses et
aromatiques. On en connait trois espèces : les Z. myrtifolia, B. ri-
paria et B. citriodara Ferd. von Muzzer. Cette dernière, de l'Etat
tropical de Queen’s Land, n’est qu’un petit arbre, mais que sa beauté
décorative et le parfum de ses feuilles fera certainement introduire
dans nos jardins du midi de l’Europe. Peut-être même trouverait-il
un emploi plus sérieux dans la parfumerie.
BACTRIS. — (Genre de Palmiers de l'Amérique du Sud, dont plu-
sieurs espèces existent dans les serres chaudes de l’Europe. Une
seule, le B. Gasipæa Hums8orpr, nommé aussi Guillelma speciosa
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 157
Marr., peut nous intéresser, au point de vue de la naturalisalion.
C’est un grand palmier du Haut-Amazone, qui monte sur les Andes
jusqu’à la région tempérée chaude. Plusieurs tiges sortent de la
même souche, et s'élèvent à 10 ou 12 mètres. D’après le botaniste
Spruce, qui a longtemps parcouru l’Amérique du Sud, l'arbre pro-
duit de volumineux régimes de fruits, dont le péricarpe farineux
est comestible cuit. Son goût tient de ceux de la pomme de terre et
de la châtaigne, mais il est supérieur à tous deux. La demi-rusticité
de ce palmier facilitera sans doute sa propagation dans diverses
colonies européennes.
BACULARIA. — Palmiers des îles de la Sonde, à tiges grêles,
arondinacées, exploitées par l’industrie pour faire des cannes, des
manches d’ombrelles, etc. Les seules espèces à signaler aux accli-
mateurs sont les deux suivantes :
B. Arfakiana BEccanri, de la Nouvelle-Guinée, qui s'élève sur
les montagnes de Pile j jusqu’ aux forêts d'araucarias, à 2,000 mètres
de hauteur; et le B. monostachya Ferd. von Muzcer, de l'Australie
orientale, qui s’avance vers le sud au-delà du tropique. Cet élégant
petit palmier, élevé en pot ou en caisse, pourrait servir à orner
les appartements et même les tables. De légers abris en hiver lui
suffiraient dans le midi de l’Europe.
BALOGHIA lucida ENpzicH.; Codiæum lucidum Rumpx. — Pe-
tit arbre de l’Australie orientale, de la famille des Euphorbiacées,
et dont la sève fournit, sans aucune addition d’ingrédient quelcon-
que, une belle teinture rouge indélébile. Il semble probable que
l’industrie aura quelque parti à tirer de cet arbre, quand son pro-
duit sera mieux connu.
BALSAMODENDRON. — Genre de la famille des Amyridées,
contenant plusieurs arbres renommés pour les baumes et les dro-
gues médicinales qu’ils fournissent au commerce. Tous appartien-
nent à l’Afrique, à l'Arabie et à l'Asie méridionale. Les plus cé-
lèbres sont le B. myrrha L., arbuste d’Abyssinie, dont on üre la
myrrhe habali ; le B. opobalsamum KuNTx., qui produit le baume
de La Mecque; le B. africanum L., du pays des nègres, dont la
sève concrélée est un des bdellium de la droguerie et ‘des pharma-
cies. Au dire du botaniste Griffith, une espèce > du genre est cultivée
en grand dans l’Afghanistan, pour ses propriétés aromatiques et
stimulantes. Citons encore le B. Mukul Hook, de l'Inde, et le B.
capense, de l’Afrique australe, très voisin du B. opobalsamum, dont
il paraît avoir toutes les propriétés. Cette espèce et plusieurs autres
sans doute mériteraient d’être introduites en Algérie et autres con-
trées du nord de l’Afrique.
BAMBUSA. —- Bambou. Genre de Graminées, remarquables entre
toutes par les formes presque arborescentes d'un grand nombre
d'espèces et la haute taille à laquelle elles s'élèvent. Tous les bam-
bous sont des plantes vivaces, au moins par leur souche, qui, cha-
-
158 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
d)
gneuses et dures, sont néanmoins de véritables roseaux par leur
structure, étant, comme eux, fistuleuses et entrecoupées de nœuds.
Ordinairement elles se ramifient à leurs articulations, et comme ces
rameaux sont feuillus il en résulte que la tige prend tout l’aspect
d’un arbre élancé, dont les peupliers de nos climats peuvent donner
une idée.
Lestiges ou chaumes de bambous vivent ordinairement plusieurs
années, et elles sont d'autant plus dures et plus solides qu’elles ont
vieilli davantage. La plupart restent stériles, mais on en voit appa-
raître de loin en loin, souvent à des intervalles de plusieurs années,
qui portent de grandes panicules de fleurs, puis de graines, qui ont
beaucoup d’analogie, par leur grosseur et leur forme, avec celles de
nos céréales, et peuvent même servir à la nourriture de l’homme et
des animaux. Les feuilles des bambous sont aussi très caractéris-
tiques : au lieu d’être longuement et étroitement linéaires comme
dans la plupart des graminées, elles sont comparativement courtes
et larges, en forme de fer de lance, plates et fermes, avec leurs ner-
vures toutes dirigées vers la pointe. Les feuilles qui naissent direc-
tement sur la tige, surtout celles du bas, sont ordinairement réduites
à une large gaîne qui enveloppe la nouvelle pousse, et se termine
par un limbe rudimentaire ou presque nul. Ces gaînes sont caduques;
elles tombent au fur et mesure que la tige grandit et se durcit. Les
feuilles des rameaux sont au contraire persistantes, au moins pen-
dant une année.
Les grandes graminées arborescentes, presque toutes réunies en
un seul genre par Linné, ont été successivement réparties en un
grand nombre de genres différents par les auteurs qui s’en sont
occupés après le grand botaniste suédois. Le travail le plus récent
et le plus complet est celui du major-général Munro, publié en 1868
dans les Transactions Linnéennes, travail que devraient consulter
tous ceux qui s'intéressent à la culture et à la propagation de ces
utiles végétaux. Un rapide coup d'œil sur leur distribution dans la
nature, d’après un chapitre des Select plants du baron Ferd. von
Müller, ne sera pas déplacé ici. Le lecteur y verra combien ce vaste
groupe de graminées est riche en espèces ; avec quelle facilité la
plupart d’entre elles peuvent s’accommoder aux divers climats de
pays fort éloignés de ceux où la nature les a fait naître, et combien
sont variés les services qu'on peut leur demander, soit au point de
vue de l’industrie, soit à celui de la décoration des parcs et des
paysages.
Quoique la majeure partie des bambous appartienne à la zone
intratropicale, on ne doit pas perdre de vue qu’un nombre considé-
rable de leurs espèces est propre aux régions montagneuses, où elles
atteignent à des altitudes dont les climats se rapprochent beaucoup
de ceux du midi de l’Europe, du nord de l'Afrique, du cap de Bonne-
Espérance et de l'Australie méridionale. Même pour des climats
plus froids, tels que ceux du nord de la France, de l'Angleterre et
du centre de l’Europe, il y a des espèces subalpines dont l’acclima-
tation ne rencontrerait aucune difficulté. Nous pouvons en citer
LI
que année, donnent naissance à de nouvelles tiges. Ces tiges, li-
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 159
quelques-unes : ce sont, par exemple, le Chusquea aristata, qui
monte sur les Andes de Quito à 4,000 mètres de hauteur, c’est-à-
dire presque à la limite des neiges éternelles; les Arundinaria fal-
cata, racemosa et spathifiora, des hautes montagnes del’Inde, entre
3,000 et 3,500 mètres, où la neige les recouvre presque tous les
hivers. Il existe aussi des bambous dans l'archipel des Kouriles
jusque sous le 46° degré de latitude, et au Japon sous le 51°. Des
essais de culture ont d’ailleurs déjà prouvé cette rusticité des bam-
bous montagnards; c’est ainsi qu'on a vu l’Arundinaria macros-
perma s'élever à plus de 12 mètres aux Etats-Unis, même au nord
de Philadelphie; et qu’un autre bambou du Japon y a atteint de
18 à 20 mètres. Le nombre de ces bambous rustiques s’accroîtra
considérablement, on n’en peut douter, quand les grandes régions
montagneuses de l'Afrique, de Bornéo et de la Nouvelle-Guinée, au-
jourd’hui à peine connues, auront été mieux explorées par les bota-
nistes et les voyageurs.
À quelque point de vue qu’on les envisage, les bambous se pré-
sentent comme des végétaux éminemment utiles. Sans rappeler les
ustensiles de toutes sortes qu’on tire de leurs chaumes ligneux, leur
emploi dans les constructions rurales et même dans la navigation
chez les peuples de Asie et de la Malaisie, il n’est pas hors de pro-
pos de dire que leurs graines, bien qu’elles ne se produisent qu’à de
longs intervalles, servent à l’alimentation des hommes, et sont quel-
quefois plus recherchées que le riz. Quelques espèces de petite taille
sont de véritables légumes, dont on mange les turions à leur sortie
de terre. Dans les exploitations rurales, les bambous peuvent être
employés pour faire des clôtures et des brise-vent, et cela avec d’au-
tant plus d'avantage que leur croissance est, pour bien des espèces,
d’une extrème rapidité.
La monographie du major-général Munro comprend 170 espèces
bien définies, réparties en une vingtaine de genres, qui sont les sui-
vants : Arthrostylidium, Arundinaria, Aulonemia, Bambusa,
Beesha, Cephalostachyum, Chusquea, Dendrocalamus, Denochloa,
Gigantochloa, Guadua, Merostachys, Nastus, Oxytenanthera,
Phyllostachys, Platonia, Pseudostachyum, Teinostachyum, Tham-
nocalamus.
Malgré la division de l’ancien genre linnéen, beaucoup d'espèces
ont conservé le nom générique de Zambusa. Nous allons en décrire
sommairement les plus intéressantes au point de vue des acclima-
teurs et des agriculteurs.
B. arundinacea Rox8@.— Le bambou épineux de l'Inde. Grande
espèce, dont les chaumes atteignent de 10 à 12 mètres, sur environ
10 centimètres de diamètre à la base. De nombreuses tiges issues de
la même souche forment des massifs serrés, dont les rameaux se
recourbent gracieusement vers la terre; les nœuds sont épineux.
Ses graines, lorsqu'il en donne, sont employées dans l’Inde pour la
nourriture des volailles et quelquefois des hommes. Cette espèce se
plait dans les bonnes terres profondes et fraîches, cependant il est
moins exigeant sous ce rapport que d’autres espèces. Il réussit par-
faitement en Algérie.
il
160 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
B. aspera Poirer. — De l’archipel indien. C’est une des plus
grandes espèces du groupe, car il peut atteindre à 35 mètres et plus.
Dans sa contrée natale 1l s’élève jusqu’à 1,000 ou 1,200 mètres sur
les montagnes. Le bois de ses chaumes est épais et très dur.
B. Brandisii Muxro.— De l’Inde continentale. Tout aussi grand
que le précédent; ses tiges ont jusqu'à 20 centimètres ou plus de
diamètre. Débitées en tronçons de longueur convenable, elles servent
à faire des vases et des seaux, dont la cloison nodale forme le fond.
B. Balcooa RoxgG. — Des plaines du Bengale et des régions en-
vironnantes. Il s'élève à une vingtaine de mètres, et ses tiges, ainsi
que celles du B. Tulda, des mêmes lieux, sont principalement em-
ployées à construire les cabanes des paysans et les hangars pour
les bestiaux. Roxburg fait observer que pour procurer une longue
durée à ces chaumes ligneux il faut les avoir fait tremper longtemps
dans l’eau. Ses jeunes pousses, d’après Routledge, pourraient servir
à faire du papier, comme d’ailleurs celles de beaucoup d’autres bam-
bous. Cette espèce s’est montrée rustique au cap de Bonne-Espé-
rance, ce qui indique qu’elle le serait dans le midi de l’Europe.
B. Blumeana ScouuLTes. — Des îles mdiennes. C’est une petite
espèce, très épineuse, à branches retombantes, qui ne sert guère
qu'à faire des haies autour des parcs à bestiaux. Le B. nana, et
même le /?. arundinacea sont employés aux mêmes usages. Toules
ces haies de bambous doivent être soumises au ciselage, pour rester
régulières.
B. flezuosa Muxro.— De la Chine. Petite espèce dont leschaumes,
de la grosseur du doigt, n’ont guère que 4 à 5 mètres de longueur,
mais en revanche très rustique, jusque sous le climat de Paris, où
on l’a vue résister à 13 degrés centigrades au-dessous de zéro.
B. Simonit Horr. — Très analogue au précédent, auquel il faudra
peut-être le réunir, est également rustique. Cette petite espèce a le
défaut de drageonner fort loin du pied et d’envahir peu à peu le ter-
rain. Toutefois, ce défaut peut devenir une précieuse qualité là où il
s'agirait de maintenir et de consolider des terres en pentes ou
d'arrêter les érosions des remblais, le long des chemins de fer, des
canaux, etc.
B. senaensis FRANCH. et Sav.— Du Japon. Grande etbelle espèce,
remarquable par la largeur de ses feuilles, qui en font une plante
essentiellement ornementale. MM. Franchet et Savater, les deux
botanistes explorateurs du Japon, nous apprennent que ses pousses,
jeunes et encore tendres, constituent un légume recherché de toutes
les classes de la population japonaise. D’autres espèces sont d’ailleurs
utilisées de la même manière. L'espèce sera certainement rustique
dans le midi de la France.
B. spinosa RoxB&. — Du Bengale. C’est une grande espèce de
30 mètres et plus de hauteur, remarquable surtout par l'épaisseur de
son bois, qui acquiert par là une grande force; aussi emploie-t-on
communément dans les constructions rurales qui demandent une
certaine solidité. Il sert d’ailleurs à beaucoup d’autres usages.
B. culgaris WENDL.— Grand bambou inerme du Bengale, s’éle-
vant à 20 ou 25 mètres, el dont les tiges croissent avec une étonnante
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 161
rapidité. Introduit dans l'Australie méridionale, il y résiste aux pe-
tites gelées de ce climat, ce qui permet de croire qu’il sera rustique
dans les parties chaudes du midi de l'Europe.
B. Thouarsiü Horr. — De Madagascar et des îles Mascareignes.
Superbe plante à tiges vertes et très feuillues. Elle existe dans plu-
sieurs jardins de la Basse-Provence, mais depuis trop peu de temps
pour qu’on sache quelle taille elle peut acquérir. Telle qu’elle est
cependant, elle y atteint ou même dépasse celle du Phyllostachys
mitis, sans être tout à fait aussi rustique que lui.
B. Beecheyana Munro. — De Chine. Tiges de 5 à 6 mètres de
hauteur.
B. marginata Munro. — Du Tenasserim comme le Z.Brandisu,
mais s’élevant un peu plus haut sur les montagnes. Chaumes longs
et grêles, s'appuyant sur les arbres.
Citons encore pour mémoire les Z. nutans WaLr., de l'Himalaya,
jusqu’à 2,000 mètres d'altitude; pallida Muxro, des basses montagnes
du nord de l'Inde; polymorpha, grand bambou de plus de 20 mètres
de hauteur, dans les forêts de Teck ; Tulda Rox8&., de 20 à 22 mètres
de hauteur, etc. Plusieurs autres espèces pourraient être ajoutées à
cette liste. Voyez d’ailleurs, pour les autres espèces de bambous, les
mots Beesha, Phyllostachys, Arundinaria, Dendrocalamus, Gt-
gantochloa, Guadua, etc.
Plusieurs autres bambous, déjà communs en France et habituel-
lement désignés sous l’appellation de Bambusa, se retrouveront
plus loin à l’article PAhyllostachys.
BAPTISIA. — Genre de Légumineuses de l'Amérique septentrio-
nale, la plupart à fleurs jaunes. Quelques-unes ont été introduites
en Europe à titre de plantes d'ornement, telle, entre autres, que le
B. australis L., à fleurs bleues. Une autre espèce semble avoir plus
d'intérêt : c’est le B. tinctoria, sous-arbuste à fleurs jaunes, dont les
feuilles étaient employées en teinture, sous le nom d’indigo du Ca-
nada, avant la découverte des véritables indigotiers. Sa grande rus-
ticité, dans toute l’Europe, la remettra peut-être un jour en honneur.
BARBAREA. — Genre de Crucifères, indigènes de presque toute
l'Europe. Deux de ses espèces, les Z. præcoæ L. et B. vulgaris L.,
sans étre cultivées, sont cependant utilisées en guise de cresson,
dans les salades. Ce sont des plantes bisannuelles, dont la végéta-
tion entre en activité dès la fin de l'hiver. Il y aurait quelque avan-
tage à les améliorer par la culture. Toutes deux sont très recher-
chées des abeilles, au premier printemps.
BAROSMA. — Genre de Rutacées, de l'Afrique australe, réuni
par quelques botanistes au genre Diosma. Ce sont des arbrisseaux
et des sous-arbrisseaux généralement à petites feuilles étroites et
raides, parsemées de glandes aromatiques. Quelques-uns ont été
introduits dans les jardins de l’Europe comme arbustes d'ornement.
Une de ces espèces, le B. serratifolia Wizzo., du Cap, fournit à la
pharmacopée le médicament connu sous le nom de feuxlles de bucco,
162 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
qui doit ses propriétés à une huile volatile particulière, à une résine
et à une substance cristalline, la diosmine.
BASELLA. — Genre de Chénopodées, de l’Inde, de la Chine et
de l'Amérique tropicale. Ce sont des herbes grimpantes, à tiges et
feuilles charnues et tendres, qui tiennent lieu d’épinards dans divers
pays, où elles sont cultivées comme plantes potagères. Deux espèces
sont particulièrement à citer : le Z. rubra L., plante bisannuelle du
Japon, et le 2. lucida L., qui vit plusieurs années. Ses feuilles ont
une légère odeur de basilic. La première est commune en France,
où elle porte le nom d’épinard rouge, et elle est assez estimée à
Paris. La plante y craint le froid, et doit être un peu abritée par des
murs orientés au midi.
BASSIA. — Arbres de la famille des Sapotées, appartenant aux
îles de la Sonde, à l’Asie et à l'Afrique intratropicale, qui rendent
de nombreux services aux populations de ces contrées. On en con-
naît une douzaine d'espèces, parmi lesquelles nous distinguerons les
suivantes :
B. latifolia RoxB&.; Zllipe latifolia Ferd. vox Muzzer.—De l'Inde,
où 1l porte les noms de AMaluca et Madhuca. C’est un arbre d’une
quinzaine de mètres, qui croît dans les terrains secs et rocailleux.
Il endure sans dommage de petites gelées. Ses fleurs, ou plutôt ses
corolles charnues, servent d’aliment aux hommes et aux bestiaux, Un
arbre adulte en fournit de deux à trois quintaux, et chaque quintal
distillé donne environ trois gallons d’une sorte d’alcool, en même
temps qu'une huile essentielle employée à divers usages. Par pres-
sion on retire des graines une huile assez médiocre, mais abondante.
B. bulyracea RoxB&. — Des mêmes régions que le précédent.
C’est le Fuliwara des indigènes. L'huile qu’on tire de ses graines
est épaisse, comme butyracée, et n’est guère employée qu’en phar-
macie ou dans l’industrie pour le graissage des machines.
B. Ærskineana Ferd. von Muizer. — De la Nouvelle-Guinée.
Arbre de 15 à 20 mètres, dont le fruit, de la grosseur d’une belle
orange, est aussi recherché des Européens que des indigènes de
cette ‘île, qui le connaissent sous le nom de Posi-posi. Ce bel arbre,
dont la découverte est encore récente, semble appelé à un grand
avenir, comme producteur de fruits, dans toutes les parties équato-
riales du globe.
B. Maclayana Ferd. vox Muzer. — De la même contrée que le
précédent. C’est le Dim des indigènes. Son fruit, qui est comestible,
atteint presque la grosseur d’un petit melon.
Le Z. Cocco Scuerr., qui est aussi de la Nouvelle-Guinée, où
il porte le nom de Nate, donne des fruits beaucoup plus petits. Il
est d’ailleurs encore peu connu. Citons seulement pour mémoire
les Z. longifolia L. et B. oleifera L., comme pouvant rendre des
services dans les climats chauds et humides. On croit que plusieurs
arbres, à peine connus de nom dans l'Afrique centrale, et dont les
indigènes relirent par pression des graines une sorte de beurre vé-
gétal, appartiennent au genre Bassta.
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 163
BASSOWIA solanacea BENTH.; Wätheringia solanacea L'HÉRr.
— Solanée perennante, de l'Amérique du Sud, qui produit de gros
tubercules comestibles, analogues à ceux de la pomme de terre,
Elle mériterait d’être soumise à des expériences de culture.
BATIS maritima L.— Plante de famille incertaine, croissant sur
les bords de la mer dans l'Amérique centrale et jusque sur les côtes
de la Floride. On la trouve aussi aux îles Sandwich. On ne lui a
donné jusqu'ici aucune attention, cependantelle pourrait servir à fixer
et à consolider les sédiments apportés par les vagues et à les trans-
former peu à peu en terres cultivables.
BEESHA capitata MUNRO.— Grand bambou de Madagascar, haut
de 15 à 18 mêtres. Une seconde espèce du genre, le Z. stridula
Muxro, habite l’ile de Ceylan, et une troisième, le Z. elegantissima,
du même auteur, les montagnes de l’île de Java. Ce dernier est re-
marquable par la longueur de ses chaumes, dont les ramifications
supérieures sont gracieusement retombantes. Ces trois espèces
pourraient être introduites partout où la température ne descend pas
ou ne descend que rarement à zéro.
BELIS jaculifolia SALISBURY, voyez Cunninghamia.
BENINCASA cerifera SAV. — Cucurbitacée à fruits comestibles,
très répandue dans l'Asie orientale, la Chine, l’Inde, le Japon, etc.,
introduite en Europe à diverses reprises, mais néanmoins peu cul-
tivée, parce qu’elle demande plus de chaleur que les courges pour
mürir ses fruits. On en connaît plusieurs variétés, qui se distinguent
au volume et à la forme des fruits. La plus commune est celle dont
les fruits sont allongés, presque cylindriques, de la grosseur d’un
très grand concombre. La peau en est lisse, d’abord d’un vert foncé,
plus ou moins revêtue de poils courts et hérissés; en mürissant, ce
fruit se couvre d’une efflorescence blanche qui lui donne un aspect
particulier. Sa chair est épaisse, très blanche, d’une saveur peu
prononcée. Elle entre dans diverses préparations culinaires, ordi-
nairement associée à la viande. Le Benincasa est, au total, un bon
légume qu’on a trop négligé.
BERBERIS. — Genre principal de la famille des Berbéridées,
dont les espèces sont disséminées sur l’Europe, l'Asie centrale,
l'Amérique du nord et celle du sud. Toutes sont des arbrisseaux ou
des sous-arbrisseaux souvent épineux, les uns à feuilles caduques,
les autres à feuilles persistantes, à fleurs en grappes, toujours jaunes,
et dont les fruits sontdes baies acidules, rigoureusement comestibles,
mais plus ordinairement employées à faire des confitures et des
conserves.On divise les Berberis en deux sections, l’une caractérisée
par des feuilles simples, l’autre par des feuilles composées, à 3, 5,
7, 9 folioles, suivant les espèces. Citons parmi elles :
B. oulqaris L. — L’épine-vinette, de l’Europe. Grand buisson
drageonnant du pied et souvent employé à faire des haies. Ses grap-
AG4 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
pes de baies roses ou rouges sont trop acides pour être mangées
directement; mais, assaisonnées de sucre, elles font d'excellentes
confitures. Le bois, qui contient un suc jaune, était employé autrefois
dans la teinture. On renonce aujourd’hui à planter l’épine-vinette au
voisinage des terres à blé, parce qu’il est reconnu qu’elle commu-
nique la rouille à cette céréale et occasionne parfois de grandes
pertes aux cultivateurs.
B. buxifolia LAuk. — Joli arbrisseau, à feuilles persistantes, de
l'Amérique australe, depuis le détroit de Magellan jusqu’au Chili.
Il se recommande comme arbuste d'ornement et comme arbuste
fruitier, par ses baies, qui sont comparativement grosses, noires à
la maturité et très peu acides, mais légèrement astrimgentes. On en
fait usage dans les lieux où il croît, et il est vraisemblable que si on
prenait la peine de le cultiver on en obtiendrait des variétés supé-
rieures. Ce serait une expérience à faire.
B. Darwinit Hook. — Des mêmes régions, à feuilles persis-
tantes et luisantes et à fleurs jaune orangé. C’est un de nos jolis
arbrisseaux d'ornement.
B. nepalensis SPRENG. — De l'Himalaya. Arbrisseau qui serait
rustique dans le midi de l’Europe, et où il mériterait d’être introduit,
tant pour ses fruits comestibles, meilleurs que ceux de l’épine-vinette
commune, que pour orner nos bosquets de son feuillage persistant.
D’autres espèces de l'Inde, telles que les 2. asiatica ROXBG., aris-
tata DC., Lycium ROYLE, etc., auraient aussi quelque intérêt pour
l’acclimateur.
Parmi les espèces du nord de l'Amérique, il en est deux qu’il
convient de signaler. Ce sont les Z. aquifoliumDC. et B. repens DC.,
qu’on a séparés sans raison des autres espèces du genre, sous le
nom de Mahonia, à cause de leurs feuilles composées de folioles.
Le B. repens, des Montagnes-Rocheuses, est un sous-arbuste dont
les branches sont presque étalées sur le sol, et qui produit en abon-
. dance des baies noires, un peu âpres au goût, mais dont on fait une
sorte de vin ou de cidre et aussi des confitures et des conserves.
Le Z. aquifolium, dont les folioles sont un peu épineuses sur leur
contour, est de l’Orégon, et un peu moins rustique que le précédent,
mais de plus grande taille. Ses nombreuses baies noires forment de
petits raisins, dont on fait aussi des boissons alcooliques qui ne sont
pas sans valeur. Il est à regretter que ces deux arbrisseaux aient
été jusqu'ici négligés par la culture, qui aurait pu en obtenir des
races plus méritantes, et fournir par là des plantes vinifères à beau-
coup de pays dont le climat ou le sol trop pauvre ne permet pas la
culture profitable de la vigne. k
Beaucoup d’autres Zerberis de simple agrément existent aujour-
d’hui dans les jardins de l’Europe.
BESCHORNERIA. — Genre d'Amaryllidées anomales, des mon-
tagnes du Mexique, très analogues aux Agaves, dont elles diffèrent
surtout par l’absence totale d’épines. Les plus remarquables sont le
B. yuccoides Hook., forte plante dont la tige atteint à ? ou 3 mètres,
et est couronnée par un volumineux faisceau de grandes feuilles, et
ÉNUMÉRATION DES PLANTES » A65
les 2. tubiflora et Parmentieri, à tige courte ou presque acaule,
Ces trois espèces sont introduites dans les jardins du midi de PEu-
rope à titre de plantes pittoresques ; mais leurs feuilles, celles de la
première surtout, sont exploitées industriellement au Mexique pour
leurs fibres fines et très résistantes, qu’on utilise de diverses ma-
nières.
BETA. — Genre de Chénopodées, comprenant sept ou huit es-
pèces, de l’Europe et de l’Asie, dont une seule est devenue, par le
fait de la culture, une des plantes économiques les plus importantes.
C'estle B. oulgaris L., la bette proprement dite, dont on compte
aujourd'hui un grand nombre de variétés, qu'on peut rattacher à
deux races principales, la betterave et la poirée, toutes deux bisan-
nuelles.
La betterave se distingue à la grosseur de sa racine charnue,
tantôt sphérique, tantôt allongée en forme de navet, et qui atteint,
dans certaines variétés, une taille énorme. Elle est blanche, jaune,
rose ou carmin foncé, et contient du sucre cristallisable dont la pro-
portion varie suivant les races, les terrains et le mode de culture.
C’est cette racine qui fournit aujourd’hui la plus grande partie du
sucre consommé en Europe, et elle est devenue la base d’une vaste
industrie en France, en Belgique, en Allemagne, en Suède et en
Russie. Elle gagne insensiblement l'Amérique du Nord, et peut-
être pénétrera-t-elle bientôt en Asie. La betterave est aussi une
plante potagère; sa racine, cuite et coupée en rondelles, se mange
en salade, soit seule, soit mélangée à la laitue.
La poirée n’est qu’une plante potagère; sa racine ne grossit pas
et ne contient pas assez de sucre pour être utilisée ; mais son ample
feuillage se mange accommodé à la manière des épinards; on ne
l’emploie guère cependant que mêlée à l’oseille, dont elle corrige
l'acidité. Une de ses variétés, la bette à cardes blanches, estun des
meilleurs légumes. Les larges pétioles de ses feuilles se cuisent à
l’eau salée et se mangent à la sauce blanche comme les asperges
et les salsifis. On la cultive beaucoup dans les jardins maraîchers
de Paris, mais elle ne vient bien que dans les bonnes terres pro-
fondes et fraiches.
Il serait superflu d’entrer ici dans les détails de la culture et de
l'exploitation de la betterave, du choix des variétés les plus pro-
fitables suivant les climats et la nature des terrains, de l'emploi des
pulpes et des résidus de sucrerie pour la nourriture du bétail et
principalement des vaches laitières, etc. Tous ces sujets sont traités
à fond dans les ouvrages spéciaux et même dans des publications
périodiques exclusivement consacrées à l’industrie sucrière. Rap-
pelons seulement que la betterave appartient aux climats tempérés
et humides, et qu’elle ne réussira point entre les tropiques, où rien
ne remplacera, pour la production du sucre, la canne à sucre pro-
prement dite, le classique Saccharum officinarum de Linné.
BETULA. — Bouleau. Genre de Bétulacées, composé d’arbres et
d’arbrisseaux à feuilles caduques, propres aux pays septentrionaux,
466 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
froids ou tempérés-froids, s’élevant aussi sur les grandes chaînes
de montagnes presque jusqu’à la limite des neiges éternelles, affec-
tionnant partout les terrains humides et plus ou moins tourbeux.
Plusieurs espèces ont de l'intérêt pour le sylviculteur et pour l’ac-
climateur, principalement les suivantes :
B. alba L. — Le bouleau commun, ou bouleau à balais, du centre
et surtout du nord de l'Europe et de l'Asie; commun en France au
nord du 48° degré de latitude, mais cultivé çà et là dans le Midi, où
il vient difficilement, par suite de la sécheresse. C’est en Suède, en
Norwège et jusqu'en Laponie qu'il atteint ses plus belles propor-
tions. 11 s'élève à 20 ou 25 mètres, couronné par une tête large,
mais peu touffue, dont les rameaux déliés retombent avec grâce.
Le tronc est couvert d’une écorce blanche, dont les couches super-
ficielles s’enlèvent en pellicules dans le sens transversal. C’est un
des plus beaux arbres paysagers de l’Europe, mais c’est aussi un
arbre utile, par son bois léger, propre à confectionner de petits ou-
vrages, par son écorce qui sert au tannage des cuirs, et enfin par
les brins menus de ses rameaux, qui servent à faire des balais
communs en grand usage dans le centre de la France. Dans le Midi,
c’est un simple arbre d'ornement qui réussit dans les terres humides.
B. lenta Wizzo. — Le bouleau-cerisier ou cherry Birch de l’A-
mérique du Nord. C’est un arbre de moyenne taille (12 à 15 mètres),
qui se plaît dans les terres humides, mais s’accommode encore pas-
sablement de celles qui sont sûches. Son bois rose, plus ou moins
foncé, a le grain fin et est recherché par la menuiserie; 1l est si
lourd qu’à l’état frais il va au fond de l’eau. On l’emploie, non seu-
lement à faire des meubles, mais aussi à faire des quilles de navires,
des ustensiles pour les machines et pour beaucoup d’autres usages
qui demandent des bois durs et résistants. Ses rameaux, princi-
palement ceux de la variété rouge, servent également à faire des
balais communs, et l'écorce au tannage des cuirs.
B. lutea Micux. — Le bouleau jaune ou bouleau gris, du nord-
est des Etats-Unis. Grand arbre de 25 mètres et plus, se plaisant
dans les sols imbibés d’eau des forêts. Son bois a toutes les qualités
de celui de l'espèce précédente.
B. rigra L. — Le bouleau des rivières, de l'Amérique du Nord.
C’est un des plus grands du genre. Lorsqu'il croit sur les bords des
rivières et des torrents, il défie les plus fortes chaleurs. Son bois est
de couleur claire, compacte, néanmoins facile à travailler, excellent
pour les ouvrages de tour, l’ébénisterie, le charronnage, ete. Les
repousses du pied fournissent des cercles de tonneaux, et son écorce,
enlevée par grandes pièces, sert à couvrir les toitures d'habitations
rustiques.
B. papyracea AtTON. — Le bouleau à papier, ou paper Birch.
Du nord de l'Amérique. Arbre plus grand que l'espèce d'Europe, et
dont le bois est souvent employé dans les constructions. Ce qui le
rend surtout remarquable et utile, c’est la texture fibreuse et résis-
tante de son écorce, dont on se sert pour construire des canots à la
fois solides et assez légers pour être transportables à dos d'homme
d’une rivière à l’autre Get usage, toutefois, tombe de plus en plus
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 167
en désuétude, à mesure que les moyens de communication se mul-
tiplient et deviennent plus faciles.
Outre les espèces de bouleaux dont nous venons de parler, il en
existe beaucoup d’autres, en Amérique, en Asie, en Chine et au
Japon, qu’il serait utile de mieux connaître etde propager. Plusieurs
espèces, qui n’ont qu'un intérêt de curiosité, sont de simples sous-
arbustes d’un mètre ou même moims de hauteur, tels par exemple
que le Z. nana L. des Alpes et le 2. humilis de Sibérie. Par la
culture et les semis, on a obtenu des bouleaux à feuilles pourpres
et d’autres à feuilles lacimiées d’un aspect singulier et pittoresque.
BŒHMERIA. — Genre d'Urtlicées, autrefois confondu avec les
Urtica, dont il diffère par plusieurs caractères, entre autres par
linnocuité des poils ou du duvet, qui n’est point urticant comme
chez les orties. On en connaît aujourd’hui une soixantaine d’espèces
réparties entre l’ancien et le nouveau monde, dont elles occupent
surtout les régions intratropicales. Une seule de ces espèces doit
nous occuper, c’est le Z. nivea GauD., la Ramie, ou Rhia, plante
herbacée et vivace, largement cultivée en qualité de textile dans
toute l'Asie méridionale, de l'Inde à la Chine et au Japon, ainsi que
dans les îles de la Malaisie. Ses fibres rivalisent d’éclat et de finesse
avec la soie, aussi sont-elles devenues l’objet d’un commerce très
important. L’Angleterre en consomme une quantité considérable
sous le nom de China-grass, pour l’entretien de ses fabriques.
La plante a été mtroduite en Europe dans la première moitié de
ce siècle, mais ce n’est guère que depuis une vingtaine d'années
qu’on a commencé à s’en occuper sérieusement. Elle a réussi dans
le midi de la France, mais sa culture n’y est encore que dans la
période des essais. Elle semble cependant sur le point d'y prendre
un certain développement, depuis qu’on a inventé des machines à
décortiquer économiquement les tiges de la plante, ce qui a été
longtemps le principal obstacle à l’introduction de cette industrie
nouvelle.
Ses progrès en Asie ont été beaucoup plus rapides, non seulement
parce qu’on y a trouvé des climats plus favorables, mais aussi parce
que la main-d'œuvre y est beaucoup moins chère qu’en Europe,
ce qui permet de simplifier les procédés d'exploitation. La fibre est
extraite à la main, après qu’on a ramolli les brins dans l’eau chaude
ou à la vapeur. La meilleure est celle qu’on tire des tiges encore
jeunes; elle est blanche, brillante, très fine et néanmoins très forte.
Sa valeur moyenne, sur le marché, est de 40 livres sterling par tonne,
mais on l’a vue momentanément atteindre le prix de 120 livres. On
sème la graine sur une terre préalablement remuée et fumée, et,
dès la troisième année, quelquefois dès la seconde si les circonstances
ont été exceptionnellement favorables, on commence à récolter. On
fait jusqu’à trois coupes par an, et cela se continue pendant bien des
années. On estime que, dans les terres de choix et quand la culture
est bien conduite, un acre de terre (0k.-402.) rend annuellement deux
tonnes de fibre (2,000 kil). La plante n’est pas absolument rustique
dans les pays tempérés; dans les plaines découvertes de la colonie
468 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
de Victoria, en Australie, les jeunes pousses sont mortifiées par les
gelées nocturnes de l'hiver, ce qui arrive aussi dans le midi de la
France; mais la plante n’en est pas autrement maltraitée, et elle
repousse avec vigueur aussitôt que le temps s’adoucit. On l’y mul-
tiplie exclusivement par éclats de la souche, les graines ne mûrissant
qu’exceptionnellement sous ce climat. Les fibres y acquièrent d’ail-
leurs toutes leurs qualités, et des expériences y ont fait voir que leur
résistance à la traction était trois fois celle du chanvre.
Divers procédés ont été inventés pour rendre plus expéditive l’ex-
traction des fibres de ramie. Un des plus simples est celui du doc-
teur Collyer, de Saharunpore, qui fait bouillir les tiges dans de l’eau
additionnée de savon, méthode adoptée aussi pour le traitement du
phormium. En procédant ainsi, il a obtenu d’une tonne de tiges
brutes 150 livres (75 kilogr.) de fibre nette, les frais d’extraction,
pour la main-d'œuvre et l'outillage, capital et intérêts compris, s’é-
levant à 10 livres (250 fr.), le bénéfice est considérable; et il le
deviendra de plus en plus, à mesure que l'outillage tout entier se
perfectionnera. Une société s’est récemment constituée en France
pour l’exploitation de la ramie indigène, ce qui en encouragera sans
doute la culture dans nos départements méridionaux et en Algérie.
D’autres espèces du genre pourraient être utilisées; ce sera peut-
être le cas du ZB. calophleba Ferd. vox Muzrer, d'Australie; mais
il reste bien des recherches à faire sur ce point.
BOLETUS. — Genre de Champignons, qui diffère des Agarics
en ce que l’hyménium, au lieu d’être disposé en lamelles rayon-
nantes au-dessous du chapeau, forme une masse continue percée
d’une multitude d'ouvertures. Plusieurs espèces, connues sous le
noms de bolets et de ceps, sont comestibles, tels, par exemple, que
les B. bovinus L., B. circinans PErs., B. edulis Buzz., B. lu-
teus L., B. sapidus Harz., B. scaber BuLz., B. subtomentosus L.
et B. variegatus SW., qui se vendent sur les marchés de l’Alle-
magne. Aucune espèce de bolets n’a encore été cultivée. On se con-
tente de les récolter dans les bois.
BONGARDIA Pauvolfi C. À. MEYERr.— Herbe vivace, de Grèce
et de Turquie, de la famille des Berbéridées, dont les feuilles se
mangent à la manière de l’oseille.
BORASSUS. — Palmiers de l’Inde et de l'Afrique intratropicale,
remarquables par leur grande taille et par leur utilité pour les peuples
de ces contrées. L’un d’eux, le B. æthiopieus Marr., le Rondier
du Sénégal, occupe toute la largeur de l’Afrique, de l’est à l’ouest,
entre les 25° degrés de latitude nord et sud. Ses dimensions sont
énormes: son süipe, qui atteint etmême dépasse quelquefois 20 mètres
de hauteur, s’épaissit à la partie inférieure, au point d’avoir 3 et
quelquefois 4 mètres de diamètre. Ses frondes, ou feuilles, larges de
2 à 4 mètres, servent aux nègres pour couvrir leurs cases, ou, dé-
coupées en lanières, à faire des nattes, des cordes, des paniers, des
cribles et autres ustensiles de ménage. Les fruits du rondier sont
ÉNUMÉRATION DES PLANTES , 169
des drupes, jaunes ou orangées, de la grosseur d’un melon, et dont
la chair, quoique filandreuse, est comestible. La plus grande utilité
de l'arbre vient de sa sève sucrée, dont on fait le vin de palme,
boisson ordinaire des nègres et que les Européens eux-mêmes ne
dédaignent pas.
Une autre espèce, plus intéressante encore, est le Z. flabellifor-
mis L., de l'Inde, dont le tronc, presque cylindrique, s'élève à 12, 15
et quelquefois à 25 ou 30 mètres. Ses feuilles, ou frondes, sont pro-
portionnées à cette taille. Il est cultivé sur une grande échelle, dans
presque toute l’étendue de l’Inde, où 1l porte, suivant les lieux, les
noms de T'ala, Tari, Lontar et Palmyra. I s’avance au nord jus-
qu’au 30° degré, le long du golfe Persique. Le fruit en est comestible
à sa maturité, mais on le cueille souvent plus tôt, parce qu’alors le
suc qu'il contient fournit une boisson sucrée et rafraîichissante. Ce
beau palmier est un des plus grands producteurs de sucre de toute
la famille, et on en obtient d'énormes quantités de sève, facile
d’ailleurs à extraire, par la simple amputation du pédoncule des
inflorescences avant leur entier développement. Suivant les mani-
pulations qu’on lui fait subir, cette sève fournit du sucre eristalli-
sables, des mélasses, du rhum et autres boissons alcooliques, con-
nues dans l’Inde sous le nom de {oddy.
Les Borassus pourraient être introduits avec profit dans toutes
les colonies intratropicales ; il est même assez vraisemblable que
l'espèce de l’Inde, plus particulièrement, pourrait être cultivée dans
le midi saharien de l’Algérie.
BORONIA. — Genre de Rutacées, dont toutes les espèces con-
nues habitent la Nouvelle-Hollande. Ce sont des sous-arbrisseaux
ou de simples sous-arbustes, à feuilles opposées et à jolies fleurs,
dont la corolle est de 4 pétales. Plusieurs espèces, dont nous n’avons
pas à parler ici ( B. tetrandra, alata, serrulata, anemonæfolia,
crenulata, etc.), existent depuis longtemps dans les jardins et les
serres de l’Europe. Nous ne faisons exception que pour une seule,
le B. megastigma N£es., de l'Australie occidentale, où elle croît au
bord des marais, et dont les fleurs, noirâtres à l'extérieur, pourraient
être considérées comme un emblème de deuil et servir à orner les
tombes. Au point de vue mdustriel, la plante aurait aussi un certain
intérêt par le parfum très développé de ses fleurs, qu’il serait facile
d'extraire par les procédés en usage.
BORAGO officinalis L. — La bourrache commune. Plante indi-
gène du midi de l’Europe, aujourd’hui cultivée presque partout, en
qualité de plante médicinale. Quelques personnes en mangent les
feuilles en salade.
BOSWELLIA. — Genre d'Amyridées, composé d'arbres produc-
teurs de résines aromatiques. Citons, parmi les plus intéressants au
point de vue de l’acclimatation, les suivants :
B. papyrifera À. Ricu. — Des régions septentrionales de l’Afri-
que, depuis le Maroc jusqu’à l’Abyssinie. Il en existe, dans l’Atlas
470 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
marocain, aux environs de Bertat, des forêts entières. Sa résine est
une sorte d’oliban de deuxième qualité. Cet arbre est, avec le sui-
vant, une des espèces les plus rustiques du genre.
B. thurifera CorxBr. — Du nord de l’Inde, où il constitue des
forêts dans les terrains les plus arides. Ses feuilles sont caduques,
et sa résine, très aromatique, pourrait servir d’encens. Toutefois, le
véritable encens oliban est le produit d’une autre espèce, le 3. Car-
teri, de l'Arabie et de l’Afrique tropicale. Le Z. serrata, de l'Arabie
et de l’Inde, est aussi un producteur d’oliban, connu depuis les
temps les plus anciens. D’autres Boswellia sont recherchés pour
leurs bois aromatiques, et mériteraient d’être introduits dans nos
colonies intratropicales.
BOUSSINGAULTIA baselloides Hums.— Chénopodée, du Pérou,
vivace par ses tubercules, qui émettent de longues tiges sarmen-
teuses et enroulantes. Cette plante, introduite en France vers le
commencement du siècle, était préconisée comme un légume nou-
veau, dont les feuilles pouvaient se consommer à la manière des
épinards, et les tubercules comme un succédané de la pomme de
terre. D’aucune manière la plante n’a répondu à cette attente, et
son rôle se réduit aujourd’hui à celui de plante d'ornement. On l’em-
ploie à garnir des treillis, qu’elle orne de ses grappes de fleurs
roses. Elle est tout à fait rustique dans le midi de la France.
BRABEIUM. — Genre de Protéacées, de l'Afrique australe, dont
une espèce, le 2. stellatifolium L., produit des fruits analogues à
des noix et dont l’amande est comestible, mais qu’il ne faut manger
qu'après les avoir torréfiés ou rôtis sur le feu, sans quoi il y aurait
danger d’empoisonnement.
BRACHYCHITON. — Arbres d'Australie, de la famille des Ster-
culiacées. Deux espèces du genre sont actuellement cultivées dans
le midi de l’Europe, le Z. acerifolius Ferd. von MuLLER, ou Flame
tree (arbre enflammé) des Australiens, ainsi nommé de l'effet que
produisent ses magnifiques inflorescences rouges ou cramoisies; et
le B. populneus R. Br., qui est aussi un arbre très ornemental.
Tous deux sont rustiques en Provence. On réunit quelquefois ce
genre aux Sferculia, qui en diffèrent à peine.
BRAHEA. — Palmiers du Mexique, la plupart montagnards, ainsi
que des parties méridionales de la Californie et de la province d’A-
rizona, jusque sous les 33° et 34° degrés de latitude, ce qui explique
leur rusticité dans le midi de l’Europe. Leurs frondes, ou feuilles,
sont flabelliformes, c’est-à-dire en éventail, et leurs fleurs herma-
phrodites. Leur élégance et leur rusticité relative en font des arbres
précieux pour la décoration du paysage et des parcs. Tels sont les
suivants :
B. dulcis MarT. — Des montagnes du Mexique, jusqu’à plus de
2,000 mètres d'altitude, où il croit au milieu des chênes. Son stipe,
haut de 4 à 6 mètres, est couronné par de larges frondes, qui se re-
De:
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 171
lèvent et lui forment une têle arrondie. Ses spadices, énormes pour
la taille de l'arbre, ont jusqu’à 2 mètres de longueur. Ils se couvrent
de milliers de petites baies, noires ou fauves, qu’on utilise pour la
nourriture des bestiaux.
B. edulis WE ENDL. s analogue au précédent, dont il n "est
peut-être qu'une variété. - spadices fructilères pèsent jusqu’à
20 kilogrammes, et sont également utilisés dans le pays pour la
nourriture des animaux domestiques.
B. Rœzliü Wexbz — De la Basse- Californie, où il recherche les
lieux les plus arides. C’est un palmier de 3 à 4 mètres, à feuilles fla-
belliformes, qui rappelle par sa taille et son aspect le palmier-nain
de l'Europe (C'hamaærops humilis),mais avec une teinte de feuillage
toute différente, car au lieu d’être vert comme chez ce dernier il est
glauque bleuâtre. Ses fruits sont des baies d’un jaune orangé. Ce
curieux et joli palmier est déjà assez commun dans les jardins de la
Provence, où sa rusticité ne laisse rien à désirer.
BRASSICA. — Genres de Crucifères indigènes de l’Europe, her-
bacées et bisannuelles ou annuelles, dont la culture et les usages
économiques remontent à la plus haute antiquité. Nous y trouvons
des plantes potagères de première valeur, des plantes fourragères
d’une grande importance et quelques espèces oléifères. Tant par le
fait d’une longue domestication que par les diversités des sols et des
climats, il est sorti un nombre prodigieux de variétés des trois ou
quatre espèces primitives dont la culture s’est emparée.
B. oleracea L. — Le chou proprement dit. On le croit mdigène
des côtes océaniques de l’Europe, mais il est répandu aujourd’hui
dans tous les pays tempérés et tempérés-froids de l’ancien et du
nouveau continent. Ses principales races sont : le chou cabus ou
chou à pomme, subdivisé lui-même en nombreuses variétés ou sous-
variétés ; le chou de Milan, où pommé-frisé; les choux verts non
pommés, dont plusieurs variétés sont principalement cultivées pour
a nourriture des vaches ; les choux-raves, dont la tige se renfle en
boule au-dessus du sol; les rutabagas, où choux-navets, dont la
racine devient grosse et charnue ; enfin, les choux-fleurs et les broco-
lis, remarquables par l'énorme développement de leur inflorescence,
qui en est la partie comestible. On rattache encore à l'espèce du
chou le colza, très cultivé en France et en Allemagne pour sa graine,
dont on fait une huile bonne à manger. Pour plus amples détails,
ainsi que pour les divers procédés de culture, nous renvoyons le
lecteur aux ouvrages spéciaux de jardinage et d'agriculture.
B. napus L. et 7. rapa L. — Le navet et la rave. Cette espèce se
distingue des choux en ce que les feuilles en sont poilues et non
glabres comme dans ces derniers. Cette espèce a aussi produit de
nombreuses variétés, dont le caractère principal est le renflement
souterrain de la tige, ou, si l’on aime mieux, de la racine. Ces sortes
de tubercules sont de loutes formes et de toutes grosseurs, en gé-
néral plus allongés, cylindriques ou ventrus, dans les navets pro-
prement dits, plus sphériques ou plus déprimés, en forme de disque
dans les raves. Toutes ces variélés sont en général d’excellents
172 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
légumes et très utiles pour les provisions d'hiver. Les grosses races,
moins succulentes et moins sucrées que les autres, sont ordinaire-
ment réservées au bétail.
Une variété du Z. napus est la navette, plante moins développée
que les autres et dont la racine, petite et dure, n’est pas utilisée,
mais dont on mange les feuilles, cuites et assaisonnées. Toutefois,
le principal produit de la navette est l'huile assez fine et comestible
qu'on retire de ses graines.
B. chinensis L.— Le chou de la Chine, ou Pé-{sai. Petite espèce,
de la taille et de la figure d’une grosse laitue. C’est un légume assez
délicat, mais de simple fantaisie, dont la culture ne paierait pas ses
frais s’il était destiné au marché.
Plusieurs autres crucifères analogues, décrites sous le nom de
Brassica, sont entrées dans le genre Sinapis. (Voyez ce mot.)
BROMUS. — Genre de Graminées, qui fournit quelques espèces
fourragères en Europe et ailleurs. Signalons les suivantes :
B. asper Mur. — Le grand brome, de l’Europe centrale et mé-
ridionale, ainsi que de l’Asie moyenne. C’est une espèce de forte
taille (1"50 à 2 mètres), vivace, mais peu utilisée en Europe, où
on possède beaucoup d’autres fourrages graminés plus tendres et
meilleurs, pouvant cependant rendre des services dans les pays cal-
caires et secs, pour le pâturage du bétail.
B. erectus Hups. — Désigné sous le nom de B. pratensis L. C’est
notre brome ordinaire des prés. Il est de qualité médiocre, mais très
utile cependant sur les terres pauvres, calcaires ou sablonneuses,
sur lesquelles d’autres fourrages ne réussiraient pas. Son fom est
peu abondant, mais il offre une bonne pâture aux moutons; en outre
il gazonne bien et se maintient plusieurs années sur le sol, même
de la plus médiocre qualité. D'un autre côté il est précieux pour faire
des gazons et des pelouses, dans des lieux trop secs et trop maigres
pour la plupart des graminées qu'on emploie à cet usage. On le
sème à raison de 45 à 90 kil. par hectare.
B. ciliatus L. — Du nord de l'Amérique. Il est vivace et vert en
toute saison, même en été quand la sécheresse ne se prolonge pas
trop; il reverdit d’ailleurs rapidement à la première pluie. Aux Etats-
Unis, on le considère comme un bon fourrage, mais il ne paraît
pas avoir été l’objet de la culture en Europe.
B. unioloides Humezor ; 2. Schraderi KuNTH. — Des régions
tempérées de l'Amérique du Sud, d’où il a été introduit en France,
il y a une quarantaine d'années, sous le nom de brome de Schrader.
Quoique presque abandonné aujourd’hui en Europe, ce n’en est pas
moins un fourrage recommandable; aussi a-t-il été transporté dans
beaucoup de pays, même à la Nouvelle-Hollande, où, dès 1847,
M. Ferd. von Müller l’a trouvé naturalisé. Il y est d’ailleurs fort
estimé, et considéré comme un des fourrages les plus avantageux
que celte contrée ait acquis. Son foin est abondant et nourrissant,
également propre à être fauché et pâturé. Peut-être rendrait-il les
mêmes services en Algérie. L'analyse chimique, faite au printemps,
sous la direction de M. Ferd. von Müller, a donné : albumine 2.8
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 173
pour 100; gluten, 3.8; fécule, 3.3; gomme, 1.7; sucre, 2.3 ; ce qui
est la composition normale d’un bon fourrage.
BROSIMUM. — Genre d’Artocarpées, confiné dans les parties
les plus chaudes de l'Amérique du Sud, et dont les espèces sont
encore peu connues. L'une d'elles, toutefois, est célèbre : c’est le
B. galactodendron, vulgairement nommé Palo de vaca, c’est-à-dire
arbre à la vache, ce qui fait allusion à une propriété remarquable,
celle de fournir en grande abondance une sève colorée, très sem-
blable à du lait, et qui en a presque la composition; aussi en fait-on
grand usage dans les localités où il croit. D’autres espèces du même
genre, ou de genres très voisins, sont utiles, les unes par leurs
fruits comestibles, telles que le 2. Alicastrum Sw., les autres par
leur sève riche en caoutchouc ou en substances médicinales. Tous
ces arbres mériteraient d’être étudiés au point de vue de l’industrie
et du commerce, et d’être cultivés dans les colonies équatoriales,
la Guyane par exemple, où se rencontrent les conditions climaté-
riques qui leur conviennent.
BROUSSONNETIA. — Genre de la famille des Morées, compre-
nant trois ou quatre espèces, dont la plus importante est le Z. pa-
pyrifera VENT., le mürier à papier de la Chine, introduit depuis
longtemps en Europe et ailleurs. Chez nous, c’est un arbre de 7 à
8 mètres, à feuilles indifféremment indivises ou lobées, couvertes
d’une pubescence grisâtre. Ses fruits (syncarpes) ont quelque res-
semblance avec de grosses mûres, de couleur orangée. Cet arbre
est célèbre dans l’extrême Orient, où il rend d'importants services
à l’industrie par les fibres de son écorce, dont on fait un papier très
fort, ainsi que des tissus. Pour obtenir ces fibres, l’arbre est cultivé
à la manière de nos osiers, c’est-à-dire en têtards, sur lesquels on
coupe successivement les repousses lorsqu'elles ont atteint la gros-
seur d’un brin d’osier ou d’une tige de chanvre. Ce qui donne un
nouveau prix à cet arbre, c’est qu'il croît dans les terrains les plus
pauvres et les plus secs, et on peut s'étonner qu’on n’ait pas su jus-
qu'ici en ürer un meilleur parti dans le midi de l’Europe, pour la
confection du papier et des cordages. Les étoffes faites avec la fibre
du Broussonnetia deviennent, dit-on, imperméables à l’eau quand
on les a fait tremper dans l'huile de lin. On a vainement essayé, en
France, de nourrir les vers à soie avec ses feuilles.
BUCHLOA dactyloides Tor. — Graminée fourragère de l’'Amé-
rique du Nord, nommée vulgairement Buffalo grass (Vherbe aux
bisons), répandue sur une immense étendue, du Canada au Texas.
C’est elle qui fait le fond des prairies sur lesquelles vivent les trou-
peaux de bisons. Elle est dioïque, couchée à terre, ne relevant que
l'extrémité de ses tiges, à la hauteur de 20 à 25 centimètres, ce qui
fait qu’elle n’est pas fauchable ; mais c’est une excellente pâture, qui
engraisse remarquablement les bestiaux.
BUDDLEIA madagascariensis Lx. — Scrophularinée orne-
174 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
mentale, sarmenteuse, pouvant s'élever à l’aide de soutiens à 15 ou
20 mètres, très propre à couvrir des berceaux, des treillis, des murs
dont on veut dissimuler la nudité, et qu’elle orne de son feuillage un
peu gris et de ses grappes de fleurs orangées. Quoique indigène de
Madagascar et del Afrique australe, elle est sulfisamment rustique
en Provence. Elle est aujourd’hui répandue partout où on s'occupe
d'horticulture d'agrément.
Plusieurs autres espèces du genre, quoique moins connues el
encore rares en Europe, méritent d'attirer l’attention des amateurs.
Ce sont les B. globosa Laux., du Pérou et du Chili; Z. macrosta-
chya BENTH., B. paniculata Wazz. et B. Colvillei J. Hoox., toutes
trois de l'Himalaya, et remarquables par la beauté de leurs fleurs
et leur parfum. Il est hors de doute qu’elles seraient rustiques dans
le midi de l’Europe.
BURSERA elemuifera J. Hook. — Arbre du Mexique, de la fa-
mille des Burséracées, qui donne la gomme copal ou élémi du
Mexique. Il croît jusque sur le plateau mexicain où le climat est
tempéré, ce qui est l'indice d’une certaine rusticité.
BUTEA.— Genre de Légumineuses papilionacées, de l’Inde, com-
prenant trois espèces, qui sont des arbres superbes. Le plus inté-
ressant est le 2. frondosa Roxg@., le Dhac ou Pulas des Indous,
qui croit sur l'Himalaya jusqu’à plus de 1,000 mètres d’altitude, où
il endure de petites gelées. Cet arbre n’est pas seulement magni-
fique de feuillage et de fleurs, il est directement utile par l’abon-
dante résine kino qui exsude de son écorce, et qui, d’après les ana-
lyses de Muspratt, contient jusqu’à 73 pour 100 de tannin. L’insecte
à laque vit de ses feuilles. Il semble probable que cet arbre remar-
quable pourrait être introduit avec succès dans les parties les plus
chaudes du midi de l'Europe et le nord de l'Afrique.
Deux autres espèces, les 2. superba el parviflora, des montagnes
one conviendraient davantage aux colonies intratropi-
cales
BUXUS. — Genre de Buxacées, dans lequel on distingue aujour-
d’hui une quinzaine d'espèces, qui se partagent entre l'ancien et le
nouveau monde. Jusqu'ici, une seule a de P’importance comme plante
industrielle : c’est le B. semperoirens L., le buis proprement dit, du
midi de l’Europe et de l'Asie occidentale, aujourd’hui propagé pres-
que partout par la culture. Livré à lui- même, il devient à la longue
un arbre de 8 à 10 mètres, dont le tronc peut acquérir la grosseur
du corps d’un homme; mais des échantillons de cette taille sont de-
venus fort rares par suite de l'exploitation sans règle dont il a été
l’objet. Son bois est incomparable pour la dureté et la finesse du
grain, et nul autre jusqu'ici n'a pu le remplacer pour la gravure
sur bois. On en confectionne d’ailleurs une multitude de menus
ouvrages de tour et de tabletierie, des instruments de musique,
flûtes, clarinettes, etc. Ses souches et ses racices noueuses servent
en outre à faire des boîtes à tabac, des fourneaux de pipes et des
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 175
poignées de cannes, ce qui a encore contribué à le faire disparaître
des pays où il croissait naturellement. Aujourd’hui c’est presque
uniquement de l'Orient que l’Europe tire le buis dont elle se sert
pour les diverses industries que nous venons de nommer.
Dans le jardinage d'agrément le buis joue un rôle considérable.
On en fait des bordures le long des allées, et aucune autre plante
ne le vaut pour cet usage. En le laissant grandir, on en obtient des
arbrisseaux très décoratifs par leur verdure dense et perpétuelle,
auxquels la fantaisie peut donner, par le ciselage, toutes les formes
imaginables. Il s’accommode d’ailleurs de tous les terrains, mais 1l
préfère les sols calcaires à tous les autres. Sous le climat de toute
la France il est absolument rustique et résiste aux plus rigoureux
hivers. Comme d’autres plantes, il a produit de nombreuses va-
riétés, soit spontanément, soit par le fait de la culture, variétés qui
ne diffèrent guère les unes des autres que par le feuillage, plus
grand ou plus petit, arrondi ou oblong. On le multiplie habituelle
ment par éclats du pied, qui reprennent aisément, mais on pourrait
aussi le multiplier de graines, ce qui donnerait le moyen d’en obtenir
des variétés nouvelles.
Une seconde espèce de buis, qui n’est peut-être qu'une variété
spontanée et locale du buis ordinaire, estle 2. balearica L., ou buis
des Baléares, indigène dans ces îles de la Méditerranée. Il se dis-
tingue du buis proprement dit par des proportions beaucoup plus
fortes et un feuillage deux ou trois fois plus grand. C’est quelquefois
un arbre de 15 à 18 mètres; malheureusement il a été presque en-
tièrement extirpé de son pays natal. Cette race, ou espèce, qui croît
plus rapidement que le buis commun, mériterait d’être prise en con-
sidération par les sylviculteurs.
Plusieurs autres espèces de buis existent en Amérique, au Japon,
dans l'Himalaya, en Cafrerie et même à Madagascar, mais on ne
sait encore rien des services qu’elles pourraient rendre.
CÆSALPINIA. — Genre type de la tribu des Césalpinées, de la
famille des Légumineuses ; composé d'arbres et d’arbrisseaux, la
plupart des régions chaudes de l'Asie et de l'Amérique du Sud. Les
espèces de ce genre sont encore assez mal déterminées; nous pou-
vons cependant indiquer les suivantes :
C. Bonduc Roxg&.; Guilandina Bonduc L. — Arbrisseau épineux
de l’Inde, naturalisé aujourd’hui en Amérique, et principalement
employé à faire des haies défensives.
C. brevifolia BeNTH. — Du Chili, où il porte le nom d’A/goborillo.
C’est un arbrisseau renommé pour la richesse en acide tannique de
ses siliques, qui, d’après Philippi, en contiendraient jusqu’à 80 pour
100 de leur poids à l’état sec. D’autres chimistes en ont trouvé une
moindre proportion, mais encore très considérable ; aussi l’utilise-t-on
sur une grande échelle au Chili pour le tannage des cuirs, auxquels
il communique une odeur particulière et qui n’est point déplaisante.
Son action, dans le tannage, est trois fois plus rapide que celle des
12
176 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
écorces de chêne. Si on considère que cet arbrisseau est originaire
d’un pays tempéré-chaud, on ne peut pas douter qu’il ne puisse être
facilement acclimaté dans le midi de l’Europe et le nord de l’Afrique.
C. coriaria WiLzp. — Des contrées humides et basses de l'Amé-
rique centrale. De même que le précédent c’est un grand producteur
de tannin. Ses gousses ou siliques, connues dans le commerce sous
le nom de Divi-divi, sont l’objet d’une exportation considérable.
L'arbre a été introduit dans l’Inde anglaise, où on le regarde comme
le plus rapide producteur de matière tannante. Le prix des siliques,
sur place, varie de 8 à 15 livres sterling (de 200 à 325 francs) par
tonne. Cet arbre ne pourrait être cultivé avec profit que dans les
plaines humides des pays intratropicaux.
C. echinata Lauk. — Du Brésil. C’est l’arbre le plus important
du genre, par la matière colorante rouge dont son bois est imprégné.
Ce bois fait l’objet d’un commerce considérable, sous le nom de
bois du Brésil, bois de Fernambouc. La substance tinctoriale qu’il
contient est la brésiline, qui existe d’ailleurs dans d’autres espèces
ou variétés voisines de celle-ci. Il ne faut pas confondre ce bois avec
le bois de Campèche, qui appartient à un autre genre de Césalpiniées,
l'Hæmatoxylon campechianum.
C. Sappan L. — De l’Inde. Arbrisseau dont le bois fournit une
teinture rouge. Il en est de même du C. sepiaria, de l'Asie méri-
dionale, qu’on retrouve en Chine et jusqu’au Japon. Ces deux ar-
brisseaux servent aussi à enclôre les champs.
D’autres espèces, qui sont américaines, offrent encore quelques
ressources à l’art du teinturier. Ce sont principalement les C!. {ine-
toria Humgcr., du Chili, et C. vesicaria L., des Antilles, qui,
concurremment avec le C’. echinata, fournit en partie le bois de
Fernambouc.
C. Gilliesit WaLr., voir Poinciana.
CAJANUS indicus DC. — Arbrisseau légumineux, de l’Inde et
de l'Afrique, aujourd’hui cultivé pour ses graines comestibles dans
tous les pays intratropicaux, où il porte différents noms. C’est le
Cajan où Pois d'Embrevade de nos colonies. Ses gousses ont beau-
coup de ressemblance avec celles des haricots, mais ses graines
sont beaucoup plus petites. La plante dure communément trois ans,
et, dans un bon terrain, elle peut s'élever à 4 ou 5 mètres et est
très productive ; toutefois sa culture n’est tout à fait rémunératrice
que dans les pays chauds. Le cajan est néanmoins à demi-rustique,
et nous l’avons vu produire ses graines dans le midi méditerra-
néen de la France. On en cultive d’ailleurs, sur les pentes de l’'Hi-
malaya, jusqu’à 1,500 ou 2,000 mètres de hauteur, une variété plus
résistante au froid. En Egypte, dans les meilleures terres, le cajan
donne un produit énorme (près de 2,000 kil. par acre). Dans tous
les pays où on le cultive, sa graine est mangée en vert comme les
petits pois en Europe, ou en sec, et, à ce dernier état, on le préfère
aux dolics et aux pois chiches.
D’après le voyageur Speke, les nègres du centre de l'Afrique se
servent de la tige du cajan pour obtenir du feu par frottement. Dans
ci
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 177
l'Inde, surtout dans la province d’Assam, suivant le témoignage du
docteur Brewster, le cajan sert à nourrir l’insecte à laque, ainsi que
des chenilles sérigènes, ce qui lui donne un nouvel intérêt, aujour-
d'hui surtout qu'on cherche à suppléer au déficit de la soie par
l'introduction en Europe de nouvelles espèces de vers. Ces expé-
riences pourraient être tentées avec succès en Algérie. Le cajan
existe, comme plante de‘simple agrément, dans quelques jardins de
l’Europe, où on le conserve moyennant des abris pendant l’hiver.
CALAMUS. — Palmiers de l'Inde, de la Malaisie et des Moluques,
remarquables par la longueur extraordinaire de leurs tiges sarmen-
teuses, calamilormes, qui grimpent par enchevêtrement jusqu’au
sommet des arbres les plus élevés. Une espèce doit particulièrement
nous intéresser, c’est le C'. montanus ANDERS., de l'Himalaya, où on
le rencontre jusqu’à 2,000 mètres de hauteur, localités exposées à la
gelée et à la neige. Ses longues tiges, résistantes comme des câbles,
y rendent de nombreux services. C’est avec elles qu’on construit les
ponts supendus, très légers et très solides, sur lesquels on traverse
les grandes rivières du Sikkim; on s’en sert aussi comme de cordes
pour trainer les troncs d’arbres qu’on abat dans les forêts du pays.
Avec ces tiges on fabrique des paniers inusables, des treillis, des
berceaux, des chaises, des pliants, etc. Enfin on en fait des cannes,
des cravaches, des manches d’ombrelles et divers autres ustensiles;
aussi exporte-t-on de la province de Sikkim dans les autres parties
de l’Inde et en Europe des quantités considérables de tiges de ce
palmier. C’est probablement le plus rustique de tout le genre, et,
pour cette raison, celui qui se prêtera le mieux aux essais de natu-
ralisation dans le midi de l’Europe et le nord de l'Afrique.
CALLITRIS. — Genre de Conilères composé d'arbres et d’ar-
brisseaux de l'Afrique et de l'Australie, dont quelques-uns ont un
grand intérêt pour le sylviculteur; signalons dans le nombre :
C. quadrivalois VENT. — Du nord méditerranéen de l’Afrique. Il
est célèbre dès le temps des Romains, qui en recherchaient les
vieilles souches noueuses pour en faire des meubles et particulière-
ment des tables mouchetées de brun sur fond clair. C’étaient ces
fameuses mensæ apiatæ, dont parle Cicéron, et qui se vendaient à
des prix fabuleux. Cet arbre existe encore en Algérie et au Maroc.
On le cultive dans quelques parcs du midi de la France, comme
arbre d'ornement, et on l’emploie aussi aux reboisements en Al-
gérie. Outre son bois, qui a de la valeur, surtout comme bois d’ébé-
nisterie, 1l produit une résine particulière qui est la sandaraque du
commerce.
GC. arborea ScaraD.; Widdringtonia juniperoides ENDLICH. —
De l'Afrique australe, sur des points élevés de 1,000 à 1,200 mètres
au-dessus du niveau de la mer. C’est un arbre de moyenne taille,
grand producteur de résine, probablement analogue à la sandaraque.
C. columellaris Kerd. von MULLER. — De l'Australie orientale,
dans les terrains sablonneux des côtes. C’est un arbre d’une ving-
laine de mètres, dont le bois résistant, à grain fin et aromatique, est
178 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
susceplible d’un beau poli. Il n’est point attaqué par les larets ni par
les termites. On l’emploie à diverses constructions à terre et dans
l’eau; on en fait aussi des poteaux de télégraphes. Ses racines sont
recherchées par les menuisiers et les ébénistes, à cause des belles
maculatures de leur bois.
C. verrucosa Rob. Br. ; Frenela À. CunniNGu.— De l'Australie,
ainsi que les C. Macleyana Ferd. von MuLrer, Parlatorei Ferd.
von MuLLER et plusieurs autres encore, qui tous sont de beaux
arbres forestiers et des producteurs de sandaraque. D’après le climat
des lieux qu'ils habitent, on peut présumer qu'ils conviendraient
parfaitement au midi de l'Europe et au nord de l'Afrique. Quelques-
uns même s’acclimateraient dans la plupart de nos colonies intra-
tropicales.
CALODENDRON capense THUNBG. — Grand et bel arbre de la
famille des Rutacées, indigène dans la colonie du Cap et dans la
Cafrerie orientale, jusqu'ici peu connu en Europe, mais très digne
d’être introduit comme arbre d'ornement dans les parties méridio-
nales des pays méditerranéens et dans tous ceux à climat tempéré-
chaud. Par son grand feuillage persistant et les panicules de fleurs
blanches qui terminent ses rameaux, il occupera les premiers rangs
dans la série déjà nombreuse d'arbres et arbrisseaux qui sont l’or-
nement habituel de nos parcs et de nos jardins méridionaux. C’est
le Wilde Kastanien (chàätaignier sauvage ) des colons hollandais de
VAfrique australe.
CGALOTROPIS procera BROWN. — Arbrisseau de la famille des
Asclépiadées, commun dans l’Inde centrale et occidentale, d’où il
s’avance jusqu'en Perse et en Syrie, en traversant l'Afghanistan.
Il est ornemental et médicinal à la fois. C’est le Mudar des Indous,
qui en font un grand usage dans diverses maladies, principalement
dans la dyssenterie, où il remplace avantageusement l’Ipécacuanha.
Cet arbrisseau était connu en Europe dès le temps de Prosper Alpin,
au seizième siècle; néanmoins il est resté rare dans les jardins bo-
taniques. Ne fut-ce qu'à cause de ses propriétés médicinales, il mé-
riterait de reparaître dans les arboretum du midi de l'Europe; mais
il peut rendre encore d’autres services, tant par les fibres tenaces
de son écorce dont on fait des cordes, que par le suc laiteux de ses
feuilles qu’on emploie dans la tannerie pour l’épilage des peaux.
Le charbon de son bois est utilisé dans la confection de la poudre de
guerre.
Le C. gigantea Br., des parües orientales de l’Inde et du midi de
la Chine, jouit des mêmes propriétés. C’est un plus grand arbrisseau
que le précédent, et qui s’accommoderait moins que lui des climats
secs de l'Occident.
CALYPTRANTHES aromatica Aug. SAINT-HILAIRE. — Arbris-
seau de la famille des Myrtacées, indigène du Brésil méridional, dont
les boutons de fleurs équivalent presque aux clous de girofle. Les
baies, elles-mêmes, sont employées comme épices, dans le pays.
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 179
Par sa provenance, cet arbrisseau est mieux approprié aux climats
tempérés-chauds que son analogue des Moluques le Caryophyllus
aromaticus, qui produit les clous de girofle du commerce.
CALYPTRONOMA Sioartleit GRiSEB. — Grand palmier des An-
tilles, qu’on y trouve végétant vigoureusement encore à 1,000 mètres
de hauteur supramarine. Ce sont ses feuilles qui fournissent ce qu’on
appelle le chaume de la Jamaïque, dont on compose des toitures
légères, d’une belle couleur d’ambre, et qui durent, assure-t-on, une
vingtaine d'années sans avoir besoin de réparation. Ces feuilles ner-
veuses pourraient, en outre, fournir de la pâte à papier, comme celles
de beaucoup d’autres palmiers.
CAMELINA satioa CRANTz. — La cameline. Crucifère annuelle,
d’une grande partie de l’Europe et de l’Asie moyenne, cultivée en
beaucoup de pays pour les fibres qu’on retire de sa tige et surtout
pour l’huile qu’on extrait de ses graines. Cette culture n’est pas
épuisante, et elle peut succéder avec avantage à une récolte de cé-
réales; elle réussit même sur les terres pauvres avec de faibles
doses d'engrais, et n’est guère sujette aux attaques des pucerons.
Un agriculteur anglais, M. W.Taylor, a récolté jusqu’à 32 bushels
de graines de cameline sur un acre de terre, ce qui lui a donné
540 livres d'huile. La plante n’occupe le sol que pendant quelques
mois.
CAMELLIA. — Arbres et arbrisseaux de la famille des Terns-
trœmiacées, originaires de la Chine et du Japon, dont une espèce,
le C. japonica L., est devenue célèbre dans l’horticulture d’agré-
ment de l'Europe. En Chine et au Japon c’est un petit arbre de
5 à 6 mètres, en Europe il n'arrive guère à plus de la moitié de cette
taille; souvent même il ne dépasse pas celle d’un sous-arbrisseau,
qu’on élève en caisses ou en pots. Il est ornemental par son feuil-
lage persistant, luisant, d’un vert foncé, mais surtout par ses fleurs,
grandes comme des roses, souvent très pleines, et de toutes les
nuances, depuis le blanc parfait jusqu’au pourpre foncé. Dans le
nord de la France on est obligé de l’abriter en orangerie pour
mettre ses boutons de fleurs à l’abri de la gelée. Hors de là, il est
demi-rustique et passe les hivers ordinaires sans en souffrir, sur-
tout au voisinage de l'Océan. En Italie, on le cultive tout à fait à
l'air libre, principalement en vue d’en récolter des graines à l’aide
desquelles on le multiplie et qui produisent assez souvent de nou-
velles variétés. Ce bel arbrisseau est l’objet d’un commerce horti-
cole qui ne manque pas d'importance.
D’autres espèces de camellias, peu recherchées comme plantes
d'ornement, telles que les C. Sasanqua Tauxec. et oleifera THUNBG.,
sont cultivées au Japon pour l’huile de table qu’on retire de leurs
graines.
C. Thea Link; Thea chinensis L. — L'arbre à thé proprement
dit, qui n’est qu’un simple arbrisseau de 2? ou 3 mètres. Il est origi-
naire de la Chine, du Japon et, dit-on, aussi de quelques parties de
180 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
l'Inde septentrionale. Son produit, ainsi que tout le monde le sait,
n’est autre chose que sa feuille soumise à de certaines préparations
et roulée entre les doigts. On en distingue, dans le commerce, plu-
sieurs variélés, dont les principales sont le {hé vert et le thé noir.
On ne sait pas exactement si les différences qu’ils présentent sont
le fait des procédés de préparation, ou si elles tiennent à des espèces
ou races distinctes, comme le pensent quelques botanistes, qui les
ont décrites sous les noms de Thea viridis et Thea Bohea.
Comme plante commerciale, le thé est dans les premiers rangs,
peut-être même l’emporte-t-il sur toutes les autres. On s’en fera une
idée par les faits suivants : du mois de juin au mois de septembre
1871, c’est-à-dire en quatre mois, il a été expédié de Chine pour
PAustralie 5 millions et demi de kilogrammes de thé; l’Inde an-
glaise, où la culture du thé a été introduite vers le milieu du siècle,
en a exporté, pour l'Angleterre seule, en 1877, 20 millions de kilo-
grammes, c’est-à-dire l’équivalent de ce qu’elle tirait de la Chine il
y a trente ans; d’après le docteur Schertzer, la Chine consommerait
annuellement environ 200 millions de kilogrammes de thé, mais on
assure que cette évaluation est trop basse. Ce même pays a exporté,
en 1873, plus de 120 millions de kilogrammes, et le Japon 6 millions
de cette denrée. Le commerce du thé avec la Chine est presque tout
entier entre les mains de l'Angleterre et de la Russie; cette dernière
le fait venir en Europe par caravanes.
L’étendue des terres occupées par la culture du thé est naturel-
lement proportionnée à cette énorme production. Simmonds l’évalue,
pour la Chine, à 25 millions d’acres (plus de 10 millions d'hectares),
et le produit moyen d’un acre est de 50 kilogr. de feuilles préparées.
En présence d’un commerce si considérable 1l était naturel que d’au-
tres pays tentassent de s’en approprier un partie, en devenant eux-
mêmes producteurs de thé. L’Angleterre y a admirablement réussi,
en introduisant cette culture dans plusieurs de ses provinces de
l’Inde. La Hollande dans ses possessions de Java et le Brésil ont
suivi l'exemple de l’Angleterre, mais avec moins de succès. On a
aussi essayé la culture du thé en France, et une expédition a été
envoyée il y a une quarantaine d'années au Brésil, pour en rappor-
ter le précieux arbuste; mais cette tentative coûteuse n’a pas donné
de résultat. Aucune partie de la France n’est assez chaude pour
que la plante y prospère ; l'Algérie, à cause de sa sécheresse, ne lui
convient pas mieux; mais peut-être réussirait-elle à la Nouvelle-
Calédonie, où les conditions de chaleur et d'humidité atmosphérique
semblent réunies. L’essai en a aussi été fait en Australie, sous l’im-
pulsion de M. le baron Ferd. von Müller, et, paraît-il, avec un cer-
tain succès, suivant les lieux. Il est vraisemblable, en effet, que les
chaînes de montagnes qui s'étendent sur presque toute la longueur
du continent, à travers les colonies de Victoria, de la Nouvelle-Galles
du Sud et du Queen’s Land, se prêteront avantageusement à cette
culture, hautement lucrative là où elle peut s'établir.
Le thé doit ses propriétés stimulantes à un alcaloïde, qui est la
cofféime, à une huile essentielle particulière, l’acide bohéique, et à
quelques autres principes de moindre importance.
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ÉNUMÉRATION DES PLANTES 181
CANAVALIA. — Genre de Légumineuses, voisin des dolies et
des haricots, et dont deux espèces sont cultivées pour leurs graines
comestibles entre les tropiques, et même en Chine et au Japon.
L'une d'elles est le C. gladiata DC., plante vivace, volubile et de
très grande taille, dont les gousses ont jusqu'à 30 centimètres de
longueur, et contiennent des graines semblables à nos haricots,
mais quatre ou cinq lois plus grosses, tantôt blanches, tantôtrouges.
Une autre espèce, qui d’ailleurs lui ressemble beaucoup et n’en
difière peut-être pas, est le C. ensiformis, cultivé de même. On dit
cependant que ses graines, sans être vénéneuses, sont de difficile
digestion pour les personnes qui ne sont pas habituées à leur
usage.
CANNA. — Genre de Marantacées, à racines tuberculeuses et à
tiges annuelles, remarquables par leurs grandes feuilles qui rappel-
lent, sous de moindres proportions, celles des bananiers, et par
leurs belles inflorescences, double mérite qui leur a valu de tenir
une place considérable dans l’horticulture d'agrément, qui en pos-
sède aujourd’hui de nombreuses variétés.
Tous les cannas, qu’on appelle aussi les balisiers, contiennent de
la fécule dans leurs tubercules ou rhizomes, et quelques-uns sont
cultivés exclusivement pour ce produit alimentaire, qui circule dans
le commerce sous le nom d’arrow-root. Les plus productifs sous
ce rapport sont les suivants :
C. edulis Enw. — Du Pérou, où il porte le nom d’Adeira. Très
belle plante, qui a tout aspect d’un petit bananier. Ses rhizomes,
volumineux et riches en fécule, l’ont fait propager dans beaucoup
de pays, et avec d'autant plus de raison que c’est une des espèces
qui s’accommodent le mieux des climats relativement tempérés.
Cultivé dans la colonie de Victoria, en Australie, il a donné d’ex-
cellents résultats. Le Rév. Hagenauer, missionnaire dans le Gipps-
land, en a obtenu plus d’une tonne de tubercules par acre, et le
Rév. Bulmer, qui a fait analyser ces tubercules, y a reconnu
28 pour 100 de fécule. La récolte, en Australie (dans l’hémisphère
austral), se fait en avril, ce qui, dans notre hémisphère, corres-
pondrait au mois d'août. La culture en est d’ailleurs fort simple :
elle consiste à planter des éclats de la souche sur une terre préa-
lablement labourée; mais on peut aussi employer le semis des
graines, procédé plus lent, mais qui, en fin de compte, donne des
plantes plus vigoureuses. Il est vraisemblable que la culture indus-
drielle de ce canna serait avantageuse dans quelques parties du
midi de l’Europe et surtout du nord de PAfrique.
GC. achiras Gizuies. — De l'Amérique du Sud, en dehors de la
région tropicale, demi-rustique dans le midi de la France. Concur-
remment avec le C. coccinea RoOscoE, et probablement quelques
autres espèces encore, il fournit aux Antilles une sorte d’arrow-
root désigné sous le nom de fous-les-mois.
Tous les cannas, comme nous l’avons dit plus haut, sont des
plantes de haut ornement. Suivant les espèces et les variétés, il
forment des toufites de 1 à 2? mètres de hauteur, d’un grand effet sur
182 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
les pelouses gazonnées. Leurs fleurs rouges, quelquefois roses ou
jaunes, ont un grand éclat; les deux plus belles espèces cependant,
mais qui sont en même temps les moins rustiques et qui, dans le
nord et le centre de la France, doivent être hivernées en serre, sont
le C. liiiflora Horr., à grandes fleurs blanches, et le C. iridiflora
Rurz. et PaAv., tout aussi beau avec ses fleurs carmin foncé.
On trouvera dans les traités d’horticulture d'agrément l'indication
de beaucoup d’autres cannas, qu’il serait superflu d’énumérer ici.
CANNABIS satioa L. — Le chanvre, la plante textile par excel-
lence et dont la culture remonte aux époques antéhistoriques. Quoi-
qu’on ne le trouve nulle part à l’état véritablement sauvage, on ne
peut pas douter qu’il ne soit primitivement originaire de l'Asie, d’où
il a été introduit en Europe par les migrations des peuples indo-
européens. Les savantes recherches de géographie botanique de
M. Alphonse de Candolle ont établi que les divers noms du chanvre,
dans les langues de l’Europe et de l'Asie dérivées de l’ancien sanserit
et du zend, sont caractérisés par la syllabe an, précédée ou non d’une
autre lettre. Par suite de cette culture prodigieusement ancienne et
de la diversité des climats sous lesquels elle s’est effectuée, il s’est
produit dans l’espèce du chanvre une multitude de variétés, qui dif-
fèrent par la taille, la forme des feuilles, l'abondance ou les qualités
des fibres, et par les sécrétions aromatiques et énivrantes des feuilles
et folioles de l’inflorescence, avec lesquelles les Orientaux composent
le haschisch. Nous n’avons pas à faire ici l’histoire agricole du chan-
vre, qu'on trouvera dans les traités spéciaux; nous rappellerons
seulement que sa culture est aujourd’hui pratiquée presque dans tous
les climats de la terre par les Européens ou leurs descendants. La
Russie est actuellement le plus grand producteur de chanvre de
l'Europe.
CAPPARIS. — Câprier. Genre assez nombreux en espèces, toutes
frutescentes ou sous-arbustives, des pays chauds et tempérés-chauds
de l’ancien continent. Une espèce est devenue économique, c’est le
C. spinosa L., ou câprier épineux, indigène du midi de l’Europe et
cultivé depuis des siècles autour de la Méditerranée. Son produit con-
siste dans les boutons de ses fleurs, qu’on récolte quelques jours
avant qu’elles ne s’ouvrent, et qui se confisent dans le vinaigre. C’est
un condiment très connu, sous le nom de cäpres, et qui fait l’objet
d’un commerce assez lucratif.
Le cäprier commun est épineux et on a souvent proposé de le
remplacer par une autre espèce très voisine, le câprier inerme (C!.
inermis L.); mais l’habitude, ou peut-être d’autres raisons, l’ont fait
négliger. Tous deux ne viennent bien que dans les lieux pierreux et
très arides, exposés au grand soleil; aussi se contente-t-on de les
cultiver dans des murs adaptés à cet usage. Les fruits du câprier,
qui sont des baies de la grosseur d’une belle olive, se confisent com-
me les boutons de fleurs et servent aux mêmes usages. La plante se
pinple de graines, mais plus habituellement de fragments de la
souche.
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 183
Cette espèce, ou quelque autre très voisine, se retrouve dans l’Inde
et jusque dans les parties septentrionales de la Nouvelle-Hollande.
Ce n’est d’ailleurs pas la seule sur laquelle on pourrait récolter des
câpres. Le C'. sepiaria L., de l'Inde, plus grand et plus dressé que
l'espèce commune, et qui vit, comme elle, dans les lieux les plus
arides, est surtout employé à faire des haies défensives, service que
l’on demande aussi aux C. horrida, aphylla et Roxburghii, mdi-
gènes des mêmes contrées.
CAPSICUM. — Genre de Solanées américaines, dont les fruits
servent de condiments. On les connaît en France, où plusieurs es-
pèces sont cultivées, sous les noms de piment, poivron, poivre de
Cayenne. Le caractère ordinaire de ces fruits est leur excessive
âcreté, qui est presque uniquement concentrée dans les placentas
charnus auxquels les graines sont attachées. Il y a aussi des piments
doux, dont le principe âcre est très atténué et comme dissimulé par
une saveur légèrement sucrée. Ces plantes, qui sont le plus souvent
annuelles, sont abondamment cultivées dans nos colonies et dans
tout le midi de l’Europe. Leurs fruits, verts ou arrivés à maturité,
sont un assaisonnement très apprécié des populations méridionales.
Citons en particulier les espèces suivantes :
C. annuum L. — De l'Amérique centrale. Espèce annuelle, fré-
quemment cultivée en France, où elle a produit diverses variétés, à
gros fruits et à petits fruits, rouges-écarlates ou jaunes à la maturité,
âcres ou très doux. Le C. longum DC. n’est vraisemblablement
qu'une variété de cette espèce.
GC. baccatum L. — Du Brésil. Vivace; cultivé en Asie et en Afri-
que, ainsi que le C’. frutescens L.,des mêmes régions. Mêmes usages
que les précédents.
CARAGANA arborescens LaMck.— Arbrisseau de la famille des
Légumimeuses, originaire de Sibérie. Ses graines sont comestibles,
en vert et en sec, comme les pois, mais plus employées à la nour-
riture des volailles qu’à celle de l’homme. Cet arbrisseau peut réussir
dans tous les pays froids ou tempérés.
CAREX arenaria L. — De l’Europe et du nord de l'Asie. Cypé-
racée drageonnante, dont les rhizomes souterrains forment un lacis
serré, très efficace pour consolider les terres le long des cours d’eau
ou les sables au voisinage de la mer. On en fait grand usage en
Hollande pour préserver les dunes contre les érosions par les flots.
Il a en outre l’avantage de n’être point brouté par les bestiaux, que
ses feuilles coriaces rebutent.
GC. Moorcroftiana FazcoN. — Des hautes montagnes du Thibet.
C’est une des meilleures espèces pour maintenir les terres en place
le long des torrents. À l'inverse du précédent, ses feuilles sont
relativement tendres et nourrissantes, etelles deviennent une bonne
ressource pour le bétail et pour les chevaux pendant la saison froide.
C’est un fourrage qui survit à tous les autres dans les lieux escarpés
où il croît,
184 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
CARISSA. — Arbrisseaux épineux et très feuillus de la famille
des Apocynées, de l’Asie méridionale, de l'Australie et de l'Afrique
orientale, dont on fait des haies très défensives et très agréables à
l'œil par leur verdure persistante. Le C. Arduina Lamx., de l’Afri-
que australe, est un des plus connus et un de ceux qui s’accommo-
dent le mieux du climat du midi de l’Europe. Il est très rustique dans
la Basse-Provence, où on ne le regarde encore que comme un arbris-
seau d'ornement. Il supporte très bien le ciselage, et on pourrait
aisément l’employer pour faire des clôtures autour des propriétés et
le long des voies ferrées. Les C. ferox E. MEYERr et C. grandiflora
À. DC., du même pays, rendraient des services analogues, ainsi que
le C. Browni Ferd. von Muzrer, de la Nouvelle-Hollande. Dans
l'Inde et dans la Chine méridionale, on emploie plus communément
à cet usage le C. Carandas L., dont les baies sont comestibles. Les
fleurs de tous ces arbrisseaux sont agréablement odorantes et re-
cherchées des abeilles.
CARLUDOVICA palmata Ruiz. et PAv. — Plante acaule, ayant
tout l’aspect d’un palmier à frondes flabelliformes, du versant orien-
tal des Andes du Pérou, jusqu’à l’altitude de plus de 1,000 mètres.
En Europe c’est une simple plante d'ornement de serre chaude, mais
il est cultivé au Pérou et à la Nouvelle-Grenade pour ses feuilles,
qui, découpées en lanières et convenablement préparées, servent à
faire les chapeaux de Panama.
CARPINUS. — Genre de la famille des Cupulifères, dont une es-
pèce européenne, le C. betulus, le charme proprement dit, ést bien
connue. Cet arbre, qui se plaît dans les terres profondes et humides,
peut s’y élever à 20 mètres ou même davantage ; mais ces grands
échantillons sont assez rares aujourd’hui, du moins en France. Son
bois dur, tenace, à grain fin, peu ou point élastique, sert commu
nément à confectionner des ustensiles ou des pièces de machines,
dont la première qualité est une grande résistance aux chocs et aux
fortes pressions, telles que vis de pressoirs, moyeux et jantes de
roues, jougs pour les bœufs, etc. Son charbon est estimé pour la
confection de la poudre à canon.
L'arbre vivant s’enflamme difficilement dansles incendies de forêts,
et 1l serait prudent d’en établir des cordons autour et au travers des
massifs boisés, pour arrêter les progrès du feu et en diminuer les
ravages. Outre ces services comme arbre forestier, le charme rem-
plit un rôle esthétique considérable dans les pares et les grands jar-
dins, puisque c’est avec lui qu’on obtient ces belles allées couvertes
et ombreuses qui, de son nom, ont pris celui de charmilles, et qu’on
régularise si facilement à l’aide des ciseaux et du croissant. Cet
emploi du charme est très fréquent en Angleterre et dans le nord de
la France. C’est le Æorn-beam des Anglais.
C. americana Micax. —- Du nord de l'Amérique, où il porte les
noms vulgaires de Water beach (charme d’eau) et d’Zron wood (bois
de fer). Ce bel arbre croît de préférence le long des rivières, et son
bois, fort dur comme l'indique un de ses noms, est employé, aux
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 185
Etats-Unis, aux mêmes services que son congénère d'Europe; il est
souvent noueux et tacheté, et comme il est susceptible d’un beau
poli on l’emploie en menuiserie et en ébénisterie.
Plusieurs autres espèces de charmes mériteraient d’être introduites
en Europe, telles, par exemple, que les C. cordata, erosa, laxiflora
et japonica, toutes quatre du Japon. Le C’. viminalis, des montagnes
du Népaul, ne serait pas non plus sans intérêt et sans valeur.
CARTHAMUS inctorius L.— Carthame, safran bâtard. Grande
plante annuelle de la famille des Composées, qu'on suppose origi-
naire de l'Afrique orientale, et qui est cultivée, en qualité de plante
tinctoriale, depuis l'Egypte jusqu'à l’Inde. Ce sont ses fleurs, de
couleur orangée, qui fournissent le pigment coloré dont on obtient,
par l'emploi de divers ingrédients, des teintures jaunes, roses, rouge
ponceau, etc. Le principe colorant est la carthamine, ou jaune de
carthame, qu’on peut employer directement et sans mélange. Dans
l'Inde les graines du carthame sont en outre utilisées pour l’huile
qu'on en exprime. La culture du carthame a été plusieurs fois
essayée en France, mais on y a presque entièrement renoncé à
cause du peu de bénéfices qu’elle donnait, eu égard à la valeur
locative de la terre. Presque tout le carthame du commerce nous
arrive aujourd’hui d'Orient, sous le nom de sa/ranum. On s’en sert
pour composer, avec la poussière de tale, les fards de toilette, et
plus souvent peut-être pour falsifier le vrai safran. Comme plante
d'ornement, le carthame tient encore un certain rang dans nos
jardins.
CARUM. — Genre d'Ombellifères dont quelques espèces sont
intéressantes pour l’agriculture et l’économie domestique. Citons,
entre autres, les suivantes :
CG. Ajowan BexTx.— De l'Inde. Plante annuelle, dont les graines
servent de condinent. Elles communiquent aux mets une saveur
aromatique qui a de l’analogie avec celle du thym, et qui est due à
deux principes particuliers, le cymol et le thymol.
C. bulbocastanum Kocn. — De l’Europe, du nord de l'Afrique
et de l'Asie centrale. La plante est doublement utile, par ses tuber-
cules comestibles qu’on connaît sous le nom de châtaignes de terre,
et par ses graines aromatiques qui servent de condiment.
C. capense SoNpEr. — De l’Afrique australe, où les Boers (co-
lons hollandais) le nomment Fenkel- Wortel. De même que le pré-
cédent il produit des tubercules un peu aromatiques et comestibles.
C. Caroi L. — De l’Europe et de l'Asie moyenne. Plante vivace
aromatique, qu’il conviendrait d'introduire dans les pacages réservés
aux moutons, dont il entretient la santé. Il ne faut pas le confondre
avec le chervis, plante potagère, qui est le Sium sisarum, origi-
naire de la Chine et depuis longtemps cultivé en Europe.
C. Gardneri Bexta. — De l'Amérique du Nord occidentale, prin-
cipalement de la Sierra-Nevada. C’est une herbe bisannuelle, dont
la racine, grosse et charnue, riche en fécule et sucrée, est fort re-
cherchée des anciens habitants de l’Orégon. On la dit délicieuse sim-
136 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
plement cuite sous la cendre, avec un léger arome, qui rappelle celui
du persil. On doit regretter que cette plante n’ait pas encore été in-
troduite dans la culture régulière, qui en obtiendrait indubitablement
des variétés supérieures au type sauvage, et sans doute un excellent
légume.
Plusieurs autres ombellifères de ce genre, ou de genres voisins,
sont ou peuvent devenir des planteséconomiques; telles, par exemple,
que le C‘. petroselinum, le persil de nos jardins potagers; le C. feru-
lifolium, du midi de l’Europe, et d’autres espèces exotiques encore,
qui rendraient des services en qualité de plantes à introduire dans
les prairies. Citons en outre le suivant :
C. incrassatum Bossier. — Talruda des Arabes d'Algérie. Des
montagnes du midi de l'Espagne et du nord de l'Afrique, aux alti-
tudes de 1,000 à 1,800 mètres. La plante produit des tubercules de la
forme et de la grosseur d’une truffe moyenne, noirs ou brunâtres en
dehors, blancs en dedans, tendres et féculents, que les indigènes
mangent crus, bouillis ou rôtis. Comme d’autres plantes tubérifères,
celle-ci serait sans doute améliorée par la culture, et on pourrait la
planter à la lisière des bois ou dans les terres en friche. Outre son
emploi alimentaire pour l’homme, elle serait encore utilisée pour la
nourriture des porcs, qui déterreraient eux-mêmes les tubercules.
Elle produit plus la seconde année que la première.
CARYA. — Genre de Juglandées, appartenant exclusivement à
l'Amérique du Nord, composé d'arbres analogues au noyer de l’Eu-
rope, et auxquels les Américains donnent le nom vulgaire d’Æic-
kory. Plusieurs de ces arbres se recommandent à l’agriculteur par
leurs fruits comestibles à coques lisses, et au sylviculteur par la
beauté et la dureté de leur bois. Les plus célèbres sont les suivants :
C. alba Nurr. — Le Shellbark hickory des Américains. Arbre
superbe, de 20 à 25 mètres de hauteur, à feuilles caduques, très rus-
tique même dans le Canada. C’est lui qui fournit la plus grande par-
tie des noix d’hickorys qui se consomment en Amérique. Son bois
est lourd, élastique et très tenace, très employé pour les ouvrages
d'intérieur, mais de peu de durée s’il est exposé à la pluie ou à l’hu-
midité. L'arbre coupé au niveau du sol repousse en cépée, dont les
tiges sont employées à faire des cercles de barriques.
C. amara Nurr. — Le Swamp hickory. Arbre de même taille
que le précédent, et qui se plaît dans les terres marécageuses. L’a-
mande de ses noix est trop amère pour être comestible, et son bois
n’est que médiocre, mais il est très riche en potasse, et entretient
par là un commerce d’une certaine importance.
C. porcina NuTr.; C. glabra Torr. — Vulgairement Æ0q-nut
tree. C’est aussi un grand arbre, dont le bois est compacte, coloré de
rougeâtre ou de brun dans le cœur, ce qui le rend propre à divers
usages de menuiserie et d’ébénisterie. Ses noix n’ont pas de valeur.
GC. microcarpa NuTT.— Balsam hickory. Très voisin du C. alba,
dont il n’est peut-être qu'une variété, mais sur lequel il l’emporte
de beaucoup par la qualité du bois. C’est un grand arbre, dont le
tronc cylindrique fournit de belles pièces de charpente.
FA dt:
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 187
C. olioiformis Nurr.— Le noyer pacanier des Français. Grand et
bel arbre de 20 mètres de haut, à tronc très droit, et en même temps
une des espèces du genre qui croissent le plus rapidement; maisil
n'appartient qu'aux provinces méridionales des États-Unis, et ne
produirait pas de fruits dans le nord de la France. Son bois, à gros
grain, lourd, compacte, est plus fort et plus élastique que celui du
frêne et dure tout aussi longtemps. Ses noix, à coque lisse, longues
de 2? à 3 centimètres, sont les meilleures de toutes et font l’objet
d’un grand commerce aux Etats-Unis. Le bois de tous ces noyers
américains, quoique peu propre aux grandes constructions, parce
qu’il est sujet aux attaques des insectes et qu'il se détériore à l’hu-
midité, n’en est pas moins recherché pour la confection de meubles,
boîtes, cercles de barriques et autres objets semblables, à cause de
sa force et de son élasticité. C’est de plus un excellent combustible.
GC. sulcata NUTT. — Furrowed hickory. Très bel arbre de 20 à
25 mètres, qui croît principalement dans les bois humides. Son bois
de cœur ressemble à celui du €. alba, mais avec une teinte plus
pâle. Ses fruits sont comestibles, sans valoir ceux de l’oliviformis.
CG. tomentosa NurT. — Le Mockernut tree où White heart-hickory
des Américains, dont il occupe tout le territoire jusqu’au Canada,
mais non la Californie. C’est un gros arbre, qui croît dans les bois,
fuyant les sols humides. Son bois de cœur est de couleur claire,
remarquable par sa force, son élasticité, sa compacité et sa durée,
et néanmoins facile à fendre. Rejeté de la charpente pour les rai-
sons que nous avons dites plus haut, il est au contraire recherché
pour la fabrication de tous les ustensiles, tels que vis de pressoirs,
étais de machines, manches d'outils, meubles, maillets, etc. Ses
repousses en cépées, quand il a été coupé sur le pied, fournissent
d'excellents cerceaux et des brins à lier. Tous les caryas, ou hic-
korys, sont le meilleur bois de chauffage de l'Amérique du Nord.
Leurs noix contiennent beaucoup d'huile; elles sont généralement
plus petites que celles des noyers d'Europe, mais il y a des variétés
qui en donnent de plus grosses, même du volume d’une petite
pomme, et qui portent le nom de king nuts, c’est-à-dire noix royales.
Les caryas supportent difficilement la transplantation et devraient
être semés en place ou en pots, pour être transplantés avec la motte
de terre. Les C’. glabra et alba se recommandent surtout par leur
bois, et l’oliviformis par ses fruits. Ajoutons à ces détails que leur
écorce contient un principe colorant jaune, qui, à l’aide d’une addi-
tion de sulfate de cuivre, donne une teinture de couleur olive, et
par celle d’alun, une teinture verte. On a vu des caryas dont le tronc
atteignait à 4 mètres de circonférence.
CARYOPHYLLUS aromaticus L.— Le giroflier. Petit arbre ou
grand arbrisseau de la famille des Myrtacées, originaire des Mo-
luques, dont les boutons de fleurs, puissamment aromatiques, sont
les clous de girofte du commerce. C’est le plus précieux des condi-
ments, et l’usage en était connu dès les temps les plus anciens, car
on les a trouvés dans les hypogées de l'Egypte. Au seizième et au
dix-septième siècles, le commerce des clous de girofle a fait la for-
188 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
tune de la Hollande, qui, par ruse et par force, en avait accaparé le
monopole. Aujourd’hui le giroflier est cullivé dans beaucoup de pays
intratropicaux, les îles de la Sonde, l'Inde, les Antilles, la Guyane,
les îles Mascareignes, elc., et partout avec profit.
Les boutons de fleurs ne sont pas le seul produit recherché de
l'arbre; on récolte aussi les fleurs épanouies, qui sont les griffes de
girofle, et les fruits, que l’on connaît sous les noms d’antofles et de
mères de fruits, mais ils sont moins aromatiques que les clous de
girofle proprement dits. Ces divers produits, outre leur emploi
comme condiments, sont.encore utilisés en médecine et en parfu-
merie. Ils doivent leurs propriétés à divers principes, dont le plus
essentiel est une sorte de résine cristallisable, qui est la caryophyl-
line.
CARYOTA. — Genre de Palmiers asiatiques, très remarquables
par la forme insolite de leurs frondes découpées en des sortes de
lolioles triangulaires ou cunéilormes, ce qui est une exception rare
dans la familles des Palmiers. Quelques-uns sont cultivés dans les
serres chaudes de l’Europe. Peut-être réussirait-on à élever à l'air
libre, dans le midi de l’Europe et le nord de l'Afrique, l'espèce sui-
vante :
GC. urens L. — De l’Inde, et certainement un des plus rustiques
du genre, attendu qu’on le trouve dans l'Himalaya jusqu’à 1,800 et
2,000 mètres d'altitude, où le thermomètre descend parfois à zéro.
Le tronc de cet arbre contient une fécule analogue au sagou, mais
son principal produit est la sève sucrée qu'on obtient en coupant les
panicules de ses fleurs, et dont on fait du sucre et du toddy (eau-
de-vie de palmiers). On cite des cas où on a obtenu, exceptionnel-
lement 1l est vrai, jusqu'à 12 gallons (plus de 54 litres) de sève
d’un même arbre par jour. Les fibres des nervures des feuilles sont
utilisées pour la fabrication de cordages, de nattes, de paniers, de
brosses, etc., et le bois extérieur du tronc, qui est excessivement
dur, pour divers ouvrages de tour.
CASIMIROA edulis LLAv. et LEvarz.— Arbre fruitier du Mexi-
que, encore peu connu, appartenant à la famille des Rutacées. Ses
feuilles sont grandes, trifoliolées, sans stipules et persistantes. Ses
fruits ressemblent beaucoup à des oranges, et la pulpe en est fon-
dante et délicieuse, rappelant un peu le goût de la pêche; mais ses
graines passent pour être vénéneuses.
Le Casimiroa est un petit arbre de 4 à 5 mètres, qui croît sur les
montagnes du Mexique et de l'Amérique centrale jusqu’à plus de
2,000 mètres de hauteur, où le climat est tempéré. Il existe aujour-
d’hui en Algérie et même en Provence, où il passe aisément l'hiver,
mais il y est encore trop jeune pour fructifier. Jusqu'ici on a tout lieu
de croire que ce sera une bonne acquisition pour le midi de l’Europe
et le nord de l'Afrique.
CASSIA. — (Genre Légumineuses-Césalpiniées, contenant un
grand nombre d'espèces, toutes à fleurs jaunes, et dont quelques-unes
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 189
sont des arbrisseaux d'ornement aujourd’hui communs dans nos
jardins. Le plus connu estle C'. marylandica L., de l'Amérique du
Nord, et rustique même à Paris. Toutefois, le véritable intérêt du
genre est dans ses espèces médicinales, qui fournissent au commerce
les drogues connues sous le nom général de séné et de casse. Ci-
tons, parmi ces espèces :
C. acutifolia Derize. — D'Arabie et d'Afrique. Plante sous-fru-
tescente dont les feuilles simplement séchées constituent le séné
d'Alexandrie ou de Tinnevelly. Le principe cathartique de cette es-
pèce existe aussi, paraît-il, dans notre baguenaudier indigène et dans
la coronille.
C. angustifolia VauL. — Des mêmes pays que le précédent. C’est
lui qui fournit le séné de la Mecque et celui de Bombay.
C. jistula L. — De l'Asie méridionale ; remarquable par ses très
longues et grosses siliques cylindriques, semblables à une flûte, et
dont la pulpe est assez agréable au goût, quoique purgative. On
l’emploie dans la préparation du tabac à chiquer. D’après sir Jos.
Hooker, la plante s’avance jusqu’à PHimalaya central.
CASTANEA. — (Genre de Cupulifères, très voisins des Quercus
(les chênes), réduit à trois ou quatre espèces, dont une seule, le
C. oulgaris L., le châtaignier proprement dit, est bien connue; c’est
aussi la plus importante de toutes.
. Le châtaignier est mdigène du midi de l’Europe et de l'Asie tem-
pérée, depuis l'archipel et le Caucase jusqu’au Japon. On le retrouve,
au moins comme variété, dans l'Amérique du Nord, et sur un seul
point du nord de l’Afrique, dans la forêt de l'Edough, en Algérie.
Au surplus, l'arbre étant cultivé depuis la plus haute antiquité, et
propagé dans toutes les directions, il est difficile souvent de savoir
si, dans tel lieu donné, il est véritablement indigène ou seulement
naturalisé.
C’est un très grand arbre et qui vit des siècles, dont le bois riva-
lise avec celui du chêne pour la solidité, la résistance et la durée.
Sa grande renommée, cependant, lui vient de ses fruits farineux,
sucrés et nourrissants, dont vivent diverses populations monta-
gnardes, et dont les plus belles variétés font l’objet d’un commerce
important. Pour la production des châtaignes, la France est au pre-
mier rang, et c’est des montagnes de Provence que partent ces
belles et très grosses châtaignes connues sous le nom de marrons
de Lyon.
De même que tous les arbres soumis à la culture, le châtaignier
a produit un grand nombre de variétés, d’inégale valeur, c’est-à-
dire excellentes ou médiocres. Ces dernières l’emportent cependant
par un certain côté : leur qualité forestière est supérieure à celle
des autres; elles fournissent des arbres plus grands et dont le bois
est de beaucoup plus nerveux que celui des bonnes variétés frui-
tières. La plus belle de ces races forestières se trouve dans les Py-
rénées, où elle constitue des arbres de la plus haute taille et de la
plus belle venue, mais elle y devient rare. Ses châtaignes, à peine
de la grosseur d’une noisette, ne sont pas récoltées.
190 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
Au double point de vue de la production des fruits et de celle du
bois, le châtaignier se recommande à l’arboriculteur, mais tous les
terrains ne lui conviennent pas. Il ne réussit que dans ceux où la
silice se joint à l’alumine, et les terres calcaires lui sont mortelles.
C'est un des arbres les moins endurants sous ce rapport.
Outre ses fruits et son bois, le châtaignier, lorsqu'il est élevé en
taillis ou en cépées, donne des repousses dont on tire, par la fente,
d'excellents cercles pour les tonneaux et les barriques de toute
grandeur. Son bois, facile à débiter par la fente, fournit du merrain
dont les tonneliers font grand usage.
Avec le temps, le châtaignier arrive à des proportions énormes.
On en voit, en France, qui ont de 4 à 5 mètres de circonférence, ou
même davantage, au niveau du sol; le plus remarquable toutefois
est le classique chätaignier de l'Etna, en Sicile, dont la circonié-
rence est d’une soixantaine de mètres. On fait remonter son âge à
douze ou quinze cents ans.
La multiplication du châtaignier se fait par semis. Les châtaignes,
très sujettes à se gâter, doivent être stratifiées, aussitôt leur matu-
rité, dans du sable siliceux tenu légèrement humide, et surtout hors
de l'atteinte des rats et mulots, qui en sont friands. Le plant, ayant
levé au printemps, est mis en place, ou en pépinière. La seconde
année on le greffe, s’il y a lieu, en flûte ou en écusson à œil dormant.
La variété américaine du châtaignier {C. americana) se distingue
de celle de l’ancien monde par ses fruits plus sucrés, mais beau-
coup plus petits ; aussi les utilise-t-on plus pour la nourriture des
porcs que pour celle de l’homme. Le bois de l’arbre a toutes les
qualités de celui du chène et il rend aux Etats-Unis le même ser-
vice que ce dernier en Europe. On en fait des charpentes, des meu-
bles, des navires, des traverses de chemin de fer, etc.
Les autres espèces du genre sont le C. pumila Torr., simple
arbrisseau des parties méridionales des Etats-Unis; C. chinensis et
C. inermis DC., de l'Asie orientale et méridionale, qu’on connaît
à peine et qui peut-être appartiennent à un autre genre.
Au Japon, d’après un voyageur français, M. Dupont, qui a beau-
coup étudié les arbres de ce pays, les feuilles des châtaigniers ser-
vent à nourrir les vers du Bombyx yama-maï, dont la soie est es-
timée, et qu'on a introduit en France depuis quelques années.
CASTANOPSIS. — Arbres du groupe des Cupulifères, intermé-
diaires entre les Quercus et les Castanea, et qu’on pourrait appeler
les chênes-châtaigniers. Plusieurs espèces doivent nous intéresser,
entre autres :
C. chrysophylla A. DG.— De la Californie et de l’Orégon. C’est un
arbre de première grandeur (40 à 50 mètres de hauteur sur 2? mètres
à 250 de diamètre à la base du tronc), dont le bois est solide, et qui
se recommande également comme arbre fruitier et comme arbre
de paysage, par son port majestueux et la teinte jaune dorée de la
face inférieure de son feuillage, mais il ne serait pas rustique dans
le nord de la France.
C. indica À. DC. — Très grand arbre de l'Himalaya, dont les
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 191
graines ou glands sont comestibles. C’est aussi le cas du C. argentea
A. DC. et de plusieurs autres espèces des mêmes régions.
CASUARINA. — Genre unique de la famille des Casuarinées,
dont plusieurs espèces ont pour nous de l'intérêt comme arbres fo-
restiers ou arbres paysagers. On les désigne assez souvent sous
la dénomination vulgaire de filaos. Citons les plus habituellement
utilisés ou les mieux connus :
C. quadrivalvis LaBizz. — Du sud-est de l'Australie, où il porte
le nom de Coast sheoak (chêne femelle de la côte); il habite le voisi-
nage de la mer, ainsi que les localités montagneuses de cette région.
Sa hauteur est de 15 à 20 mètres. Comme tous ses congénères il est
dioïque, et les deux sexes se distinguent assez bien par leur port
pour qu’on les reconnaisse en l’absence des fleurs et des fruits. Mal-
gré la sécheresse apparente de ses rameaux filiformes et dépour-
vus de feuilles, 1l est brouté par le bétail; mais il a une autre utilité
hautement appréciée des Australiens, dans le pouvoir d'arrêter la
marche des sables poussés par le vent. Introduit depuis plusieurs
années en Provence, le C. quadrivalois s'y montre très rustique et
produit beaucoup de graines. Il réussit dans tous les sols, même les
plus arides, et il donne un bois lourd et dur qui pourrait être avan-
tageusement employé en menuiserie et en ébénisterie.
C. tenuissima Horr. — De l'Australie comme le précédent, qu’il
surpasse de beaucoup par son port gracieux, régulièrement pyra-
midal, et sa verdure touffue. Ses rameaux sont plus déliés que ceux
du guadrivalvis, et ses cônes de moitié ou des deux tiers plus petits.
Il est très rustique en Provence, où on en voit çà et là des échan-
tillons déjà hauts de 12 à f5 mètres. Sa croissance est relativement
rapide.
C. glauca Sie8. — Très répandu en Australie, où il porte le nom
de Desert sheoak (chène femelle du désert). C’est un grand arbre,
qui, en terre profonde, peut s'élever à 25 mètres et plus. Son bois
est dur et fort employé pour la petite charpente, la menuiserie, etc.
Il se recommande en outre par son rapide développement, et donne
d’excellent bois de chauffage au bout de peu d’années.
G. equisetifolia Forstr. — Très grand arbre, dont on voit des
individus de 45 à 50 mètres, mais qui est confiné entre les tropiques.
Il est aujourd’hui très répandu dans divers pays où il n’était point
primitivement indigène, comme l’Afrique orientale, Madagascar, les
îles Maurice et de la Réunion, etc. C’est d’ailleurs un arbre inté-
ressant par la quantité de bois de chauffage qu’il produit rapidement
et qui est de première qualité, à tel point que, dans l'Inde, où on
l'élève sur des terrains entièrement sablonneux, on se sertde ce bois
pour chauffer les chaudières des locomotives. Le capitaine Campbell-
Walker estime que sous ce rapport le C. quadrivalois fournit, dans
un même laps de temps, quatre fois autant de bois de chauffage que
les arbres ordinaires de France (chênes, ormes, etc.). Sa culture dans
l'Inde, en vue du combustible, est d’ailleurs très profitable. On en
évalue le produit moyen, au bout de huit ans, à trois fois le capital
dépensé pour frais d'établissement et d'entretien de la plantation.
13
492 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
Cetarbre aimant les terres un peu salées, il y aurait lieu d’en essayer
la culture dans la région saharienne du nord de l’Afri ique.
G. torulosa Air. — De la Nouvelle-Galles du Sud. Arbre d'une
vingtaine de mètres, dont le bois lourd et résistant sert à divers usages
dans le pays, entre autres à faire des douves de cuves et de tonneaux,
et au placage e pour les meubles, ce que justifient ses jolies mouche-
tures. L'arbre d’ailleurs est très beau et très digne de figurer dans
l’horticulture paysagère.
Plusieurs autres casuarinas pourraient être ajoutés à cette liste,
tels que les C. Decaisneana Ferd. von MuLcer, de l'Australie cen-
trale, qui est un des plus grands arbres du genre, et qui ne se montre
que dans les lieux les plus arides; C. distyla VENT. , Simple arbris-
seau des sables maritimes, qu’il consolide et arrête par ses racines, el
dont les rameaux herbacés servent à nourrir le bét al; C. Fraseriana
Mio., du sud-ouest australien; enfin, les C. suberosa WILLD., dri-
chodon et Huegeliana MiQ., du sud-est de la Nouvelle-Hollande, qui
y rendent des services analogues.
Tousles casuarinas, lorsqu'on les taille en têtards, comme nous le
faisons des saules et des osiers, repoussent des branches et des ra-
meaux qui servent de nourriture au bétail, et sont une grande res-
source dans certaines saisons de l’année. Ce fait seul suffirait pour
qu’on essayät d'en propager la culture dans le nord del’ Afrique, où il
est si difficile d'alimenter les troupeaux aux époques de sécheresse.
CATALPA. — Genre d'arbres de la famille des Bignoniacées, à
feuilles caduques, originaires de l'Amérique du Nord, de la Chine et
du Japon et dont quelques- uns sont depuis longtemps introduits en
Europe, tels, par exemple, que les suivants :
C. bignonioides War. — Des alentours du golfe du Mexique,
arbre de plus de 20 mètres dans le sud des Ltats- Unis, mais qui,
dans le nord de la France, n’arrive guère qu’à la moitié de cette
taille. Il n’y joue d’ailleurs que le rôle d'arbre décoratif, par son
grand feuillage et ses nombreuses panicules de fleurs blanches. En
Amérique on le considère surtout comme un arbre utile à cause de
la longue durée de son bois, ce en quoi aucun autre arbre du pays
ne le surpasse. Sa croissance, en bon sol, est d’ailleurs très rapide,
et le professeur Mechan en cite un exemplaire dont le tronc, à l’âge
de vingt ans, avait plus d’un mètre de diamètre. Planté en massifs
un peu | serrés, ce catalpa s'élève droit, formant des fûts cylindriques
de 15 à 16 mètres au-dessous des premières branches. Il est plus
rustique que l'Eucalyptus globulus, mais il craint les fortes gelées.
Dans certaines parties des Etats-Unis on le plante en avenues, le
long des routes et des voies ferrées, qu’il ombrage de sa large tête
feuillue. Son bois est presque indestructible, même dans l’ eau, eton
cite des pilotis de ponts qui ont duré trois générations d’ hommes.
Tenu au sec, il dure indéfiniment et n’est pas altaqué par les insectes.
Ces diverses qualités devraient appeler l’attention des sylviculteurs,
et il semble probable que, dans le sud-ouest de la France, ce bel
arbre pourrail rendre d'autres services que celui d'arbre pittoresque
et d'agrément.
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 193
C. speciosa WanDer. — Des Etats du Mississipi, par suite plus
rustique que le bignonioides, et en même temps de plus grande
taille et plus précoce de floraison. Sa croissance est tout aussi rapide,
et son bois jouit des mêmes qualités de durée. D’après le docteur
Engelmann, l’aubier n’y forme qu’une couche de faible épaisseur.
Citons, pour mémoire seulement, les C. Xæmpferi L., du Japon,
et C. Bungei Sie. et Zucc., du nord de la Chine, simples arbres
d'ornement dans quelques jardins de l'Europe occidentale.
CATHA edulis Forsk. — Arbrisseau du groupe des Célastrinées,
indigène en Arabie et dans l'Afrique orientale. C’est le Xhat ou Kafta
des Arabes, qui lui attribuent des propriétés presque merveilleuses,
entre autres celle de préserver de la peste. Ils en mangent les
feuilles, fraîches ou sèches, pour se soutenir contre la fatigue et
se tenir éveillés dans les moments de danger. Le fait est que ces
feuilles sont stimulantes presque à l’égal de la coca du Pérou. Il y
aurait quelque intérêt à cultiver la plante et à en étudier les pro-
priétés médicinales.
CEANOTHUS. — Arbrisseaux et sous-arbrisseaux du groupe
des Rhamnées, à feuilles persistantes et à petites fleurs en pani-
cules, blanches ou bleues, dont une douzaine au moins, la plupart
de l'Amérique du Nord, sont depuis longtemps introduits dans les
jardins de l’Europe. Là où le climat leur permet de passer l’hiver
à l’air libre on les emploie à faire des haies, fort élégantes si elles
ne sont pas très défensives. Le meilleur pour cet usage est le C.
rigidus NurrT., de Californie, qui s'élève à 3 ou 4 mètres, et dont
les rameaux s’entremélent de manière à former des massifs touffus
et serrés. Il a l’avantage de se plaire dans les lieux secs. Le C!
thyrsiflorus As. Gray. rend les mêmes services dans les sables
maritimes. Aux Etats-Unis, le C. prostratus BExTrx., dont les
rameaux tendent à s’étaler sur le sol, sert à border les routes et les
chemins dans les terres en pentes, qu’il préserve contre le ravine-
ment, et qu'il égaie de ses jolies panicules de fleurs bleues.
CEDRELA. — Arbres de la famille des Cédrélacées, dont quel-
ques-uns ont de l'importance comme producteurs de bois aroma-
tiques, d’autres par leur écorce employée comme fébrifuge. Citons
les suivants :
C. brasiliensis À. DE Juss. — Du Brésil méridional et de la répu-
blique argentine. Son bois, faussement nommé «acajou, est beau et
facile à travailler. Cet arbre réussirait dans le midi de l'Europe.
C. sinensis À. DE Juss. —- Bel arbre de la Chine, rustique en
France, même à Paris. Son bois rougeâtre a quelque ressemblance
avec celui du cèdre de Singapore. On l’emploie souvent pour faire
les boîtes à cigares.
C. Toona RoxB@. — Le cèdre de Singapore. Espèce à feuilles
caduques, répandue sur une vaste partie de l’Inde et jusque dans
l'Himalaya, où elle monte à plus de 2,000 mètres de hauteur. C’est
un des plus intéressants du genre par la beauté de son bois, facile
194 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
à travailler, aromatique et veiné, fort employé en ébénisterie, ser-
vant d’ailleurs à beaucoup d’autres usages. Get arbre utile pourrait
évidemment rendre des services dans les parties les plus chaudes
du midi de l’Europe et en Afrique. Son écorce, quoique presque
exempte d’amertume, est un bon fébrifuge, surtout quand on la mêle
avec la poudre de graines de Bonduc (Guilandina où Cæsalpinia
Bonduc), qui est très amère.
C. australis Ferd. VON MuLcer. — De l’Australie orientale, s’é-
tendant, au sud, jusqu'au 39° degré de latitude. Son feuillage, per-
sistant dans la région chaude, devient caduc dans les parties plus
froides du pays. C’est peut- être le plus grand arbre du genre, car on
en rencontre de plus de 60 mètres de hauteur, et le Rév. Woolls, qui
a beaucoup étudié les arbres de la Nouvelle-Hollande, en cite dont la
superficie du tronc allait à 30,000 pieds anglais. Sur le marché de
Brisbane ce bois vaut de 7 à 9 livres anglaises (de 175 à 225 fr.) par
1,000 pieds carrés de superficie. Le bois en est très beau, léger, d’une
belle teinte, prenant un beau poli, et très recherché pour la confec-
tion de meubles, pianos, ouvrages de tour, cadres de fenêtres, etc.
L’écorce de lar bre contient beaucoup de tannin, qui communique
aux cuirs une teinte pourprée. Cet arbre, le Æed cedar des Austra-
liens, est rustique à Melbourne (vers le 38e degré), et le serait cer-
tainement sur bien des points de l'Europe méridionale et en Afrique.
Plusieurs autres espèces de cédrélas, du nord de l'Inde (glabra,
C. microcarpa, C. serrata, etc.), et s 'élevant relativement haut sur
l'Himalaya, toutes d’ ailleurs exploitées pour leur bois, mériteraient
aussi l'attention des sylviculteurs acclimateurs.
GEDRUS. — Cèdre. Grands arbres de l’ordre des Conifères, ap-
partenant aux hautes montagnes de l'Asie et du nord de l'Afrique,
ayant quelque analogie avec les sapins (Abies) et avec les mélèzes
(Larix), par leur port et par quelques autres caractères, mais tou-
jours faciles à distinguer des arbres de ces deux groupes. Leurs
feuilles aciculaires, raides, un peu piquantes, sont réunies en fasci-
cules autour des bourgeons, comme chez les mélèzes, mais elles
sont persistantes. Leurs cônes ovoïdes, dressés et formés de larges
écailles arrondies et fortement pressées les unes contre les autres,
ont une certaine ressemblance avec ceux des sapins, étant comme
eux dressés et à écailles caduques; mais ils sont HE plus gros,
et leur maturité n’arrive qu’à la deuxième ou même la troisième
année. Les graines sont entourées d’une aile membraneuse, large-
ment développée et persistante. Ce genre remarquable ne renferme
que trois espèces, qui même pourraient être considérées comme de
simples variétés un peu tranchées d’une seule.
G. Libani LiNk.; Pinus Cedrus L. — Cèdre du Liban. Un des
arbres les plus célèbres dès l'antiquité la plus reculée, originaire du
Liban, o où il semble que l’espèce soit en voie de s’éleindre, mais
qu’on a retrouvé récemment sur le Taurus et autres montagnes de
l’Asie-Mineure. Il paraîtrait même qu'il existe aussi en Algérie.
C’est un grand arbre qui peut atteindre jusqu’à 40 mètres de hauteur
sur un tronc de ? à 3 mètres de diamètre au niveau du sol. Il est
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 195
moins élancé que les sapins, parce que ses branches s’étalent davan-
tage, et il prend quelquefois, quand sa flèche a été détruite par une
cause quelconque, une forme arrondie en dôme à son sommet. Son
bois est blanc, légèrement teinté de jaune ou de rougeûtre, léger,
facile à travailler, mais d’une durée moins grande qu'on ne le croit
communément. Comme arbre forestier, le cèdre du Liban est de
haute valeur, surtout comme protecteur des terrains en pente, que
ses longues racines défendent contre les ravinements, et sur lesquels
il conserve longtemps l’eau des pluies et des neiges. Introduit en
Europe depuis deux siècles, ce bel arbre, dont la verdure est dense
et foncée, est devenu l’ornement classique des parcs et du paysage
dans tous les pays tempérés.
GC. atlantica MaxETTI. — Cèdre de l'Atlas. Découvert sur les
montagnes les plus élevées de l'Algérie depuis moins d’un demi-
siècle. Il ressemble beaucoup au cèdre du Liban par son portet sa
taille, mais il en diffère par ses cônes moins gros et surtout par la
teinte glauque-argentée de son feuillage, qui le fait reconnaître de
prime abord. C’est aussi un très bel arbre d'ornement, qui se répand
de plus en plus en Europe. De même que le précédent, il a produit
un certain nombre de variétés, dont quelques-unes semblent faire le
passage entre les deux espèces.
CG. Deodara Lounox.— Cèdre Déodar. De l’Inde, où il porte plu-
sieurs noms vulgaires, dont le sens général est arbre divin ou arbre
des dieux. Il est commun dans certaines parties de l'Himalaya, au
Thibet et au Népaul, où il s’élève aux altitudes de 3,500 à 4,000 mè-
tres. On le cultive en Europe au même titre que les deux précédents,
qu'il surpasse peut-être en grâce et en majesté, aussi bien que par
sa taille, qui atteint jusqu’à 100 mètres dans son pays natal. À
Le Déodar est plus élancé que le cèdre du Liban, sa flèche et ses
branches plus menues et plus flexibles; aussi sont-elles plus ou
moins inclinées, et peut-être résistent-elles moins aux vents violents.
Le feuillage est ordinairement très glauque, mais dans certaines
variétés 1l est presque aussi vert que celui du cèdre du Liban; il a
même parfois une telle ressemblance avec celui de l’Asie-Mineure,
que bien des botanistes inclinent à le considérer comme une simple
variété, mais bien tranchée, du cèdre commun.
Dans le nord de l’Inde, le Déodar est un arbre des plus utiles. Son
bois, d’un jaune pâle, est léger, résineux, aromatique, à grain fin, et
néanmoins très fort et, assure-t-on, d’une durée exceptionnelle,
malgré les vicissitudes du climat des montagnes. On cite, au Cache-
mire, des colonnes et des portes de mosquée en bois de Déodar qui,
après quatre ou cinq siècles d'usage, sont encore en parfait état de
conservation. Ce bois résiste longtemps à l’action de l’eau et de la
terre humide ; aussi en fait-on un fréquent usage pour la construc-
tion des ponts, des bateaux de rivière, des traverses de chemins de
fer, etc. Ajoutons enfin que le Déodar, comme notre mélèze d'Eu-
rope, fournit de la résine et de la térébenthine, qu’on en extrait par
les mêmes procédés qui sont suivis chez nous.
Cet arbre remarquable se plaît dans les terres profondes, naturel-
lement drainées par leur pente, et dans les climats humides. Quoi-
196 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
que rustique dans la plus grande partie de l’Europe occidentale, il
souffre du froid à Paris dans les hivers rigoureux.
CELTIS. — Genre d'Ulmacées, de la tribu des Celtidées, dont le
caractère propre est d’avoir un fruit drupacé, et non sec et mem-
braneux comme celui des Ulmacées proprement dites. On y distingue
les espèces suivantes :
GC. australis L. — Le Micocoulier. De l’Europe méridionale, du
nord de Afrique et de l’Asie, jusqu’à l'Himalaya, où il monte à près
de 3,000 mètres. Sa croissance est un peu lente, mais avec le temps
il s'élève à une vingtaine de mètres et le tronc atteint quelquefois à
{ mètre ou 1"50 de diamètre. Son bois est dense, dur, peu sujet à
se fendre; aussi les tourneurs et les sculpteurs sur bois en font-ils
divers ouvrages. Dans le midi de la France on le cultive ordinaire-
ment en cépées, pour en obtenir des fourches et des manches de
fouet, dont le Roussillon et la Provence font un certain commerce.
Quelques érudits croient que cet arbre est le Lotus des anciens. Son
fruit cependant est trop petit pour être réellement comestible.
G. occidentalis L. — Huckberry tree des Américains. Il devient
un peu plus grand que le micocoulier d'Europe, auquel d’ailleurs il
ressemble. Son bois élastique est employé aux Etats-Unis pour les
constructions et autres usages domestiques.
C. sinensis PERSOON. — De la Chine et du Japon, où il porte le
nom d’Æénoki. C’est un arbre très rustique, dont le bois sert à faire
des charpentes.
D’autres espèces, moins intéressantes, existent encore en Amé-
rique, même dans l’Amérique du Sud. Ce sont des arbres de simple
curiosité.
CEPHZÆLIS /pecacuanha Ricx. — Plante herbacée vivace, de
la grande famille des Rubiacées, indigène dans les forêts du Brésil,
et dont la racine fournit un médicament précieux, efficace dans
beaucoup de maladies graves, et en particulier dans la dyssenterie,
dont il paraît être le spécifique. C’est l’objet d’un commerce impor-
tant entre le Brésil et d’autres pays; malheureusement l'exploitation
de la plante se fait sur une si grande échelle et avec si peu de mé-
nagement, qu’on est aujourd’hui autorisé à craindre qu’elle ne dis-
paraisse totalement dans un avenir peu éloigné. Ce serait donc un
acte de sage prévoyance d’en essayer la culture dans d’autres pays,
de climat à peu près similaire à celui du Brésil, par exemple aux
Antilles, à la Nouvelle-Calédonie et autres îles intratropicales. Il
est à croire que ces essais, continués avec persévérance, seraient
couronnés de succès.
CEPHALOSTACHYUM capitatum MunNRo. — Bambou d’une
dizaine de mètres de hauteur, qui monte sur l'Himalaya jusqu'aux
limites de la zone tempérée. Il en est de même du C. pallidum
Muxro, de la même région que le précédent et à peu près aussi rus-
tique. Le C. pergracile Muxro, de Burma, est une espèce beaucoup
plus grande, mais probablement moins rustique.
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 197
CERASUS. — Cerisier. Arbres et arbrisseaux de la famille des
Rosacées amygdalées, des pays tempérés de lhémisphère septen-
trional, réunis aux pruniers par Linné, et se nuançant avec eux par
de nombreux intermédiaires, mais qu’il vaut mieux en séparer dans
la pratique. Les uns sont des arbres à feuilles caduques, les autres
à feuilles persistantes; ces derniers ne sont guère que des arbres
d'ornement. Les cerisiers à fruits comestibles, aujourd’hui cultivés
partout, ont produit de nombreuses variétés dont on trouvera la
liste dans les traités d’arboriculture fruitière.
C. aoium Moexcx. — Merisier. Arbre de 10 à 15 mètres, indigène
en Europe, à feuilles caduques, comprenant des variétés à fruits
rouges, jaunes et quelquefois presque blancs, à chair sucrée. Cet
arbre est cultivé dans plusieurs pays, principalement dans la forêt
Noire, en Suisse et en Dauphiné, en vue de la fabrication du kirsch.
GC. Duracina DC. — Bigarreautier. De la taille du précédent, dont
il pourrait n’être qu’une variété améliorée, divisé lui-même en plu-
sieurs sous-variélés, à fruits plus ou moins gros, généralement
rouges, roses ou presque blancs, plus rarement noirs, mais à suc
peu coloré. Ses fruits sont les bigarreaux des Français.
C. Juliana DG.— Guignier. Arbre semblable aux deux précédents,
mais ses fruits, dans la variété type, sont fortement colorés en rouge
noir, ainsi que leur suc. Ils sont très sucrés et servent aussi à la
fabrication du kirsch et du marasquin. D’autres variétés, qu’on rat-
tache à cet arbre, tendent à le confondre avec le bigarreautier. Il est
assez probable même qu’il est provenu, comme lui, du cerisier des
bois, ou merisier, amélioré par une culture séculaire.
C. caproniana DC. — Griottier. Celui-ci est une espèce tout à
fait distincte des précédentes ; il en diffère par sa taille moindre, par
son port étalé, et surtout par ses fruits acides, plus courts, plus
arrondis, même déprimés dans le sens de leur longueur, et dont la
queue adhère au noyau. Il a donné de nombreuses variétés, à fruits
plus gros et de saveur plus douce que dans le type de l'espèce, telle
que la cerise de Montmorency,la royale hätive, la cerise de Médoc
(May-Duke des Anglais), la cerise Gobet, etc., toutes abondamment
cultivées dans les vergers de l’Europe.
C. Mahaleb Mizz. — Mahaleb, bois de Sainte-Lucie. Petit arbre
du midi de l’Europe, dont les fruits, de la grosseur d’un pois, noirs
à la maturité, ne sont pas mangeables à cause de leur amertume.
On le cultive dans quelques jardins comme arbre d'ornement, pour
sa belle floraison printanière. Il sert en outre à fournir des sujets
pour la greffe d’autres cerisiers d'agrément. Son bois, qui est très
dur, exhale une odeur agréable, et dans quelques pays on emploie
ses branches à faire des tuyaux de pipe et des ouvrages de tour.
C. americana Sins. (Prunus nigra AITON). — Arbre épineux du
Canada et du nord des Etats-Unis. Ses drupes, jaunes ou rouges,
sont comestibles.
GC. caroliniana Micax.( Prunus caroliniana AITON).— Arbre peu
élevé, à feuilles persistantes, très ornemental etfréquemment planté
dans les jardins et les parcs d'Europe et d'Amérique, se prêtant à
tous les genres de taille et propre à faire des haies peu défensives.
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198 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
Il appartient aux régions méridionales des Etats-Unis, aussi n’est-il
bien rustique que dans le midi de la France.
C. Chicasa Micux. — De la Caroline et des régions à l’ouest du
Mississipi. C’est un simple arbrisseau de 2 à 3 mètres, souvent plus
bas. Ses fruits sont petits, mais assez doux pour être mangeables.
GC. Puddum RoxBG. (Prunus pseudo-cerasus LiND1.).— De l'Inde
supérieure et du Japon, où il porte le nom de Sakura. Grand et bel
arbre, donnant beaucoup d'ombre, très ornemental, surtout au mo-
ment de sa floraison. Ses fruits, de la grosseur d’une petite cerise,
sont comestibles, quoique conservant une certaine âpreté. Son bois,
dur et compacte, est surtout employé au Japon pour la gravure sur
bois, comme celui du buis en Europe.
C. serotina LoisEz ( Prunus serotina EHRHT.). — Cerisier noir
d'Amérique. Très grand arbre pour le genre auquel il appartient, à
feuilles caduques, à fruits noirs, un peu amers et néanmoins comes-
tibles. L'arbre dépasse souvent 30 mètres de hauteur, sur un tronc
de { mètre ou plus de diamètre. Son bois en fait toute la valeur; il
est tout à la fois compacte et léger, facile à travailler, non sujet à
gauchir ni à se fendre, quelquefois aussi beau que l’acajou, quoique
moins foncé en couleur; aussi est-il fort recherché pour les travaux
de menuiserie et d’ébénisterie. C’est dans la Virginie et l’Alabama
qu’il atteint les plus belles proportions, et il a l'avantage de croître
dans les sols les plus pauvres, même exposé aux embruns de la
mer. On le reproduit de graines, et il supporte aisément la trans-
plantation. Comme arbre forestier, le cerisier noir pourrait être
avantageusement cultivé dans le sud-ouest de l'Europe.
C. oirginiana Micux. — Grand arbre à feuilles caduques, des
Etats-Unis méridionaux. En bon sol, et sous un climat doux, il s’é-
lève à plus de 30 mètres, et sa tige peut atteindre à 2 mètres de dia-
mètre. Son fruit très mûr est mangeable. Son bois a presque toutes
les qualités de celui du précédent ; il est un peu rougeûtre, et cette
teinte se fonce davantage dans les arbres âgés.
C. lauro-cerasus Juss. (Prunus lauro-cerasus L.). — Laurier-
cerise. De la région du Caucase, très fréquemment cultivé dans le
midi de la France et de l’Europe, comme arbre d'agrément, ce qu’il
justifie par la beauté de son grand feuillage luisant et persistant. Ce
n’est qu'un grand arbrisseau de 4 à 5 mètres, qu’on taille souvent
en buisson pour le maintenir plus bas et en même temps plus touflu.
Ses drupes sont petites, noires et presque insipides, et l’amande de
leur noyau est vénéneuse. Tout l’arbre est d’ailleurs pénétré d’acide
cyanhydrique, et sa feuille est souvent employée pour aromatiser le
lait, en lui donnant une légère saveur d'amande amère ; mais il ne
faut en user qu'avec discrétion, une dose un peu trop forte pouvant
amener des empoisonnements.
C. lusitanica Juss. — Laurier de Portugal. Arbrisseau du midi
de l’Europe, analogue au précédent, mais moins beau de feuillage,
d’ailleurs fréquemment cultivé dans le midi de l’Europe, en qualité
d'arbre d'ornement.
C. Padus DC. (Prunus Padus L.).— Merisier à grappes. Grand
arbrisseau d'Europe, à feuilles caduques, dont les fleurs et les fruits
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 199
sont en grappes. Il n’a d'autre emploi que d’orner les parcs et les
jardins au moment de sa floraison.
Beaucoup d’autres espèces, réunies au genre C'erasus,mais encore
peu connues, du moins à l’état de culture, existent en Amérique, en
Chine, au Japon et dans le nord de l’Inde. Leur étude, au point de
vue de la naturalisation et de l'utilité pour l’agriculture et les arts,
ne manquerait pas d'intérêt. Le sujet est digne d'attirer l'attention
des collectionneurs d’arbres et des expérimentateurs.
C. ilicifolia, voyez Pygeum ilicifolium.
CERATONIA siiqua L. — Le caroubier des Français, l’A/gar-
robo des Espagnols. Arbre de la famille des Légumineuses césal-
piniées, originaire d'Arabie et de l'Orient, mais naturalisé depuis
les temps les plus anciens au nord et au sud de la Méditerranée, et
croissant à l’état demi-sauvage sur les collines de la Provence entre
Nice et Menton, très commun aussi en Espagne et en Algérie. C’est
un arbre de 8 à 15 mètres, suivant les lieux et la nature des terrains,
dont la têle s’arrondit en dôme. Ses feuilles sont coriaces, luisantes
et persistantes. Ses fleurs, petites et peu apparentes, se montrent en
automne et en hiver; il leur succède de grandes siliques aplaties et
plus ou moins courbées en cornes de béliers (d’où le nom grec de
Kératia), dont les graines sont immergées dans une pulpe sucrée,
qui est rigoureusement comestible, et dont les populations les plus
pauvres se contentent quelquefois. La véritable utilité des caroubes
est de servir à la nourriture du bétail, principalement des porcs et
des chevaux, qu’elles engraissent rapidement; aussi s’en fait-il un
grand commerce entre les pays producteurs et le centre de l’Europe.
D’après le docteur Masters, l'Angleterre seule en reçoit annuelle-
ment {80,000 tonnes de l’île de Crète. La pulpe des caroubes con-
tient, d’après les analyses qui en ont été faites, environ 66 pour 100
de sucre et de gomme. L'industrie s’en est emparée et en a tiré des
sirops, du caramel, des liqueurs et des imitations de chocolat et
même de café; mais ces essais ont eu peu de succès. Le caroubier
n’en est pas moins un arbre très utile au point de vue agricole, d’au-
tant plus qu'il vient, pour ainsi dire, sans aucun soins de culture,
dans les lieux les plus arides, offrant tout à la fois une nourriture
saine et substantielle au bétail et de l’ombre contre les rayons ar-
dents du soleil. Les Espagnols l'ont introduit, peu de temps après
leurs conquêtes, au Mexique et dans leurs établissements de lAmé-
rique du Sud. L'arbre se reproduit de lui-même par ses graines
tombées à terre.
L'histoire nous apprend que les anciens solitaires de la Thébaïde
se nourrissaient de figues et de caroubes, ainsi que saint Jean-Bap-
tiste. De là le nom d'arbre à pain de saint Jean (Johannis Brodt
Baum en allemand, Saint John's bread en anglais). Les caroubes
elles-mêmes portaient en latin le nom de /ocustæ, qui signifie aussi
sauterelles, ce qui a pu faire croire aux commentateurs des histoires
Mois que saint Jean se nourrissait de sauterelles dans le
ésert.
200 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
CERATOSTEMMA grandifiorum Ruiz et PaAv.; Vaccinium gran-
diflorum DomBEY. — Grand arbrisseau de la famille des Ericacées
vacciniées, des Andes du Pérou, à feuilles persistantes et très or-
nemental, mais plus intéressant encore par ses baies rouges comes-
tibles et d’une saveur agréable.
Les C. peruvianum PERSOON., C. cordifolium et C. oblongifo-
lium DC., des mêmes régions, mériteraient aussi d’être introduits
avec le précédent dans le midi de l'Europe.
CERCOCARPUS ledifolius NuTT. — Arbre de 10 à 15 mètres,
indigène en Californie, et dont le tronc peut arriver, avec le temps,
à 2? mètres ou 2"50 de circonférence, mais qui croît avec une extrême
lenteur. Son bois, dense et de couleur foncée, est le plus dur de
tous ceux de la Californie ; aussi l’emploie-t-on surtout là où les
matériaux doivent offrir une grande résistance, pour faire des vis
de pressoirs, des étais de machines, etc. Il trouverait probablement
un emploi plus lucratif dans l’industrie du meuble, et, dans cette
prévision, 1l serait prudent d’en régler l'exploitation pour n’en pas
détruire l'espèce. Le C'. parvifolius, qui en est voisin, possède les
mêmes qualités, mais sous de moindres dimensions.
CEREUS. — Cierge. Genre de Cactées, comprenant un grand
nombre d’espèces, souvent de grande taille, quelquefois même ar-
borescentes, à tiges le plus souvent colomnaires et droites, cannelées,
sans feuilles et épineuses. Leurs fleurs sont grandes et très belles,
en forme d’entonnoir plus ou moins longuement tubuleux, blanches,
jaunes, roses, rouges ou violacées. Les amateurs d’horticulture,
ceux principalement qui se font une spécialité des plantes grasses,
en possèdent de riches collections, cultivées en serres ou en oran-
geries quand le climat est trop froid pour permettre à ces plantes de
croître à l’air libre. Quelques espèces de Cereus produisent des fruits
comestibles. Citons en particulier les suivantes :
C. Engelmanni Parry.— De la Californie. Grande espèce à fleurs
rouge écarlate, dont les fruits sont de grosses baies succulentes, qui
ont à peu près le goût de la fraise.
C. Quixo GAY. — Du Chili; haut de 4 à 5 mètres, à fleurs blanches
comme la neige. Les fruits sont doux et sucrés, et on les sert sur
les tables. C’est une des espèces les plus rustiques du genre, et qui
réussirait à coup sûr, ainsi que la précédente, dans les parties
chaudes du midi de l’Europe.
D’autres Cereus se recommandent aux amateurs par leur grande
taille ou la bizarrerie de leur figure, telles, par exemple, que le
C. Lecontei ENGEL., dont la tige est de la grosseur d’un baril; le C.
giganteus ENGELM., qui s'élève à 18 ou 20 mètres, et dont les fruits
sont comestibles; le C. peruvianus L., ou cierge du Pérou, déjà
naturalisé dans le midi de la France. Plusieurs autres espèces, éga-
lement remarquables, du Mexique, de l'Amérique du Sud et des
Antilles, pourraient être ajoutées à cette liste.
CEROXYLON. — Palmiers américains du groupe des Cocoïnées,
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 201
de très grande taille, à tronc lisse et qui exsude une sorte de résine
cireuse, ce qui leur a valu leur nom. La plupart sont des Andes de
la Nouvelle-Grenade et de la Bolivie, où ils s'élèvent très haut, sans
atteindre cependant la limite des neiges. On les suppose assez rus-
tiques pour pouvoir être acclimatés dans le midi de l'Europe et le
nord de l'Afrique; toutefois il ne paraît pas que leur culture en plein
air ait jusqu'ici donné des résultats. Les deux plus connus sont les
suivants :
C. andicola HumMBLT.— Le palmier à cire de la Nouvelle-Grenade.
Arbre de 40 à 50 mètres, et quelquefois plus, d’un port très majes-
tueux, et dont la longue tige se couvre de la matière cireuse dont
nous venons de parler. On la récolte en râclant la tige à de certaines
époques, et on en obtient de 10 à 12 kilogrammes par arbre, plus ou
moins, suivant sa taille. Mélangée à la cire d’abeille et au suif, elle
leur donne une grande consistance, et c’est ainsi qu’on l’emploie à
faire des bougies. Plusieurs autres palmiers américains produisent
cette sorte de cire, qui circule dans le commerce sous le nom de
carnauba, mais c’est le C'eroxylon des Andes qui en fournit le plus.
Ce beau palmier est assez commun aujourd’hui dans les serres des
amateurs.
C. australe MarT. — Des montagnes de l’ile de Juan-Fernandez,
sous le 34° degré de latitude australe. Ce palmier, encore peu connu,
serait très probablement rustique dans le midi de l’Europe et même
de la France.
Bien d’autres espèces de palmiers existent encore dans les Andes,
mais jusqu'ici elles ont été peu observées. Les plus intéressantes, au
point de vue qui nous occupe, sont le C'eroxylon Klopstokii Marr.,
des montagnes de Venezuela, et le Jiplothemium Torallyi »'Or-
BIGN., de celles de la Bolivie, tous deux de très grande taille. Le
second semble devoir être rustique dans le midi de la France.
CERVANTESIA {omentosa Rurz et PAv.— Petit arbre du groupe
des Santalacées, qui habite les montagnes du Pérou. Ses graines
sont comestibles et leur saveur rappelle à la fois celles des noisettes
et des amandes. Si nous tenons compte du climat relativement tem-
péré du Pérou, dont beaucoup de plantes réussissent sans difficulté
dans le midi de l’Europe, il semble probable que cet arbre inté-
ressant pourrait y être naturalisé.
CESTRUM. — Arbrisseaux de la famille des Solanées, origi-
naires, pour la plupart, des montagnes du Mexique et des Antilles.
Plusieurs espèces du genre sont déjà communément cultivées dans
les jardins de l’Europe. L’une d'elles, le C'. nocturnum L., se fait
remarquer entre toutes les autres par le parfum de ses fleurs, qui
s’exhale surtout pendant la nuit. C’est du reste son seul mérite, car
les fleurs elles-mêmes, d’un jaune verdâtre, sont insignifiantes.
CHAMÆROPS.— Genre de palmiers du groupe des Phænicinées,
à feuilles flabelliformes, dont l’espèce classique et connue de toute
antiquité est le CA. kumilis L., le palmier éventail ou palmier nain,
202 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
du Midi méditerranéen, et le seul représentant de la famille des
palmiers en Europe. On le trouve en Grèce, en Italie, en Espagne
et dans le nord de l'Afrique. Il existait même en Provence, aux
environs de Nice, il y a quelques années, mais il en a disparu depuis.
En revanche il est très commun dans les jardins du midi de la
France, où il résiste à tous les froids de l'hiver.
Livré à lui-même, le palmier éventail s'élève à 5 ou 6 mètres et
se ramifie ordinairement sur la souche; mais souvent on ne lui
laisse qu'une seule tige. Il est très élégant et sa grande rusticité
le fait partout rechercher pour l’ornementation des jardins. Il est
dioïque, et pour en obtenir des fruits et des graines on est obligé de
le féconder artificiellement. Quoiqu'il offre un certain obstacle au
défrichement dans le nord de l'Afrique, il n’y est cependant pas
inutile : on retire de ses feuilles coriaces une filasse analogue à du
crin et qui peut servir à bourrer des matelas, mais qui est plus sou-
vent employée à faire de la pâte à papier. La ténacité de ses racines,
dans les pays où il est indigène, le rend très propre à maintenir et
fixer les terres en pente, et il est surtout utile pour consolider les
talus des chemins de fer. Les fortes épines des pétioles de ses feuil-
les constituent aussi une bonne défense pour enclore les propriétés.
On rattache au genre C'hameærops plusieurs autres palmiers asia-
tiques qui devront, étant mieux connus, passer probablement à
d’autres genres; ce sont:
Ch. Æhasyana Grirr. — De l'Himalaya, espèce rustique qui se
montre, dans ces montagnes, jusqu'à plus de 2,000 mètres d’al-
titude.
Ch. Martiana WaLz. — Du Népaul, arbre d’une douzaine de
mètres, et montagnard comme le précédent, dont il ne difière peut-
être pas.
Ch. Zitchieana Gnirr. —- Des montagnes arides de l’Afghanis-
tan, et le seul qu'on ait trouvé jusqu'ici dans cette contrée, où ses
fibres sont employées à faire des nattes et des cordages. On le dit
rustique même en Angleterre. Ce petit palmier est devenu le Nan-
norops de WENDLAND.
Les Ch. excelsa et Ch. Fortunei sont reportés au genre Trachy-
carpus.
CHENOPODIUM. — Genre de Chénopodées représenté par un
très grand nombre d’espèces tant en Europe que dans les autres
parties du monde. Quelques-unes ( Ch. Bonus Henricus L., Ch.
Blitum L., etc.) deviennent par occasion des plantes potagères à
la manière de l’épinard ; le Ch. Quinoa Wizo., de l'Amérique du
Sud, joue même le rôle de céréale sur les sommets presque glacés
des Andes.
D’autres espèces sont utiles comme plantes fourragères, et elles
rendent de véritables services dans les grandes plaines et les déserts
arides de l’Asie centrale et de la Nouvelle-Hollande. Deux, de cette
dernière contrée, sont particulièrement à citer, ce sont les CA. auri-
comum LiNpz. et nitrariaceum Ferd. voN MULLER, sous-arbris-
seaux vivaces des déserts salés de Australie, où ils sont une pré-
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 203
cieuse ressource pour le bétail dans les tempsde sécheresse. Ces deux
plantes, ainsi que plusieurs autres Chénopodées australiennes, mé-
riteraient d’être introduites dans les plaines arides du sud algérien.
CHIONACHNE cyathopoda Ferd. von MULLER. — Graminée des
parties orientales et subtropicales du continent australien, où elle
produit un copieux et très bon fourrage. Le CA. barbata des mêmes
régions est aussi un fourrage estimé.
CHLORIS. —- Genre de Graminées, qui, presque toutes, pour-
raient être introduites, en qualité de plantes fourragères, dans l’agri-
culture des pays chauds. Dans le nombre on recommande particu-
lièrement les Ch. scariosa Ferd. vox MuLzer., truncata R. Br. et
ventricosa R. Br., de l'Australie orientale, toutes trois vivaces et
fournissant de bonnes pâtures en vert pour l’été et l’automne. Il y
aurait d’intéressantes expériences à faire sur ces plantes.
CHLOROGALUM pomeridianum KuUNTH. — Grande Liliacée bul-
beuse des montagnes de la Californie. Ses tiges dépassent 2 mètres
de hauteur, et ses gros bulbes sont enveloppés d’un grand nombre
de tuniques fibreuses qui, à l’aide de quelques préparations, servent
à faire des matelas, des coussins, des nattes, etc. D’après le profes-
seur Bolander, des marchés importants ontété conclus pour l’exploi-
tation de cette matière. Le bulbe lui-même contient de la saponine,
et on l’emploie au lavage des étoffes. À ce point de vue encore,
l’industrie pourrait en tirer un certain parti.
CHLOROXYLON Suwietenia DC. — Des montagnes de l’Inde et
de la famille des Cédrélacées. C’est l’arbre qui produit le bois de
satin, célèbre par la beauté de son coloris, sa densité, la finesse de
son grain et son odeur aromatique. La culture de cet arbre serait
d’un grand produit, mais là seulement où le climat et la nature du
sol la rendraient possible. Il semble que la température moyenne
de 18 degrés centigrades est le minimum de chaleur requise pour
en assurer le succès. L'arbre produit par exsudation une sorte de
résine qui n’est pas sans valeur, et qu’on emploie en guise de vernis.
CHRYSANTHEMUM. — Genre de Composées, souvent con-
fondu avec le genre Pyrethrum, qui d’ailleurs en difière à peine.
L'horticulture lui doit plusieurs plantes d'ornement tout à fait de
premier ordre, comme les chrysanthèmes de l’Inde, de la Chine et
du Japon; mais on y trouve aussi des espèces qui servent à un tout
autre usage. Ce sont en particulier le Ch. roseum Abanws, de l’Asie
occidentale, qui fournit la poudre insecticide de Perse, et le CA.
cinerariæfolium TRevis., d'Autriche, qui donne celle de Dalmatie;
on la regarde comme supérieure même à celle de Perse. Le Pyre-
thrum Tchihatchewit Boiss., de l'Asie-Mineure, sert aux mêmes
usages, et il est probable que plusieurs autres espèces du genre
pourraient y être employées. Cette poudre insecticide s'obtient par
pulvérisation des capitules floraux préalablement desséchés.
204 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
CHRYSOBALANUS /caco L.— Arbrisseau des Antilles, actuel-
lement cultivé dans plusieurs régions de l'Amérique continentale et
en Afrique, pour ses fruits, dont on fait d'excellentes conserves. Son
écorce et ses racines, à cause de leur astringence, sont usitées en
médecine. Ce petitarbre mériterait d’être propagé dans tous les pays
chauds et tempérés-chauds.
CHRYSOPHYLLUM. — Genre d'arbres et d’arbrisseaux de la
famille des Sapotées, la plupart des Antilles, où leurs fruits comes-
tibles les ont fait introduire dans les vergers. Tels sont les suivants :
Ch. Caïmito L.— Connu aussi sous les dénominations vulgaires
de Caïmitier, Chaïmitier et Star-apple. C’est le plus estimé du
genre.
Ch. jamaicense JACQ. — Désigné aussi sous le nom de Star-
apple ; 1l est très répandu à la Jamaïque et dans quelques autres An-
ülles.
Ch. microcarpum SwanTz. — C’est le petit Chaïmitier des An-
ülles françaises. à
On cultive encore dans cette partie de l'Amérique le CA. argen-
teum ou Borcis et le Ch. monopyrenum SwarTz, dont le fruit,
assez semblable à une prune de Damas, porte, à la Jamaïque, le
nom de Damson plum.
CHUSQUEA. — Graminées, la plupart de grande taille, souvent
arborescentes, voisines des bambous, avec lesquels on les confond
quelquefois, toutes originaires de l'Amérique. Ce sont de belles
plantes d'ornement, sans parler de leurs emplois industriels dans les
lieux où elles croissent. Quelques-unes s’élèvent sur les montagnes
jusqu’à la région tempérée ou même tempérée-froide. Il n’en existe
encore qu’un très petit nombre en Europe. Signalons, comme les
plus intéressantes au point de vue de l’acclimatation :
Ch. Culcou DEsv. — Du Chili; chaumes dressés, de 6 à 7 mètres.
Ch. Dombeyana KunrH. — Du Pérou, jusqu'aux altitudes de
2,000 mètres. Petite espèce qui ne dépasse guère 3 mètres.
Ch. Lorentsiana Grises. — De la république argentine. Bambou
d’une dizaine de mètres, à tiges pleines, très fortes, dont on fait de
nombreux ustensiles, des perches pour la toiture des maisons, etc.
Citons seulement pour mémoire le CA. Fendleri Munro, qui
monte jusqu’à la limite des neiges dans l'Amérique centrale; les
C. Galeottiana et Mulleri, du Mexique, qui s'élèvent presque aussi
haut; enfin les C. scandens et simpliciflora, espèces à tiges grim-
.pantes qui s'élèvent très haut sur les arbres.
CICHORIUM Jntybus 1. — La chicorée. De la famille des Com-
posées. C’est une plante vulgaire dans presque toute l'Europe mé-
ridionale et moyenne, en Asie et dans le nord de l’Afrique, mais qui,
par le fait d'une culture déjà ancienne et perfectionnée, est devenue
à la fois potagère, fourragère et industrielle, et à ces trois points de
vue elle a de l’importance.
Comme plante potagère, la chicorée fournit une bonne salade
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ÉNUMÉRATION DES PLANTES 205
verte en été, et, en hiver, cette autre salade blanchie dans les caves,
qu'on connaît sous le nom de barbe de capucin. Dans la grande
culture, ou culture agricole, la chicorée produit un fourrage abon-
dant, précoce, résistant bien à la sécheresse, et très avantageux, en
vert, pour la nourriture des vaches. Enfin, comme plante industrielle,
la chicorée sauvage, par une de ses variétés dont la racine s’épaissit
et arrive au volume d’une carotte moyenne, a acquis une grando
valeur commerciale depuis le commencement du siècle. C’est de sa
racine torréfiée qu’on tire le café-chicorée, qui est d’un si grand
usage parmi les populations du nord et du centre de l’Europe, trop
pauvres pour consommer habituellement le véritable café d'Arabie.
Faisons observer que cette racine charnue serait aussi une excellente
nourriture pour le bétail, si elle ne trouvait pas un emploi plus avan-
tageux dans l’industrie que nous venons d'indiquer.
Au même genre appartiennent la chicorée frisée (C. Endivia L.)
et la scarole (C. Scariola L.), deux plantes potagères trop connues
pour qu’il y ait lieu de s’y arrêter ici.
CINCHONA. — Arbres de la famille des Rubiacées, tous origi-
naires d'Amérique, principalement des Andes du Pérou, de la Nou-
velle-Grenade et de Bolivie, devenus célèbres sous le nom d’arbres
à quinquina. Tout le monde sait aujourd’hui que la poudre fébrifuge,
importée pour la première fois en Europe il y a plus de deux siècles,
sous les noms de poudre de la comtesse, poudre du cardinal, etc.,
est l'écorce pulvérisée des arbres à quinquina. Ce puissant médica-
ment, qui est efficace non seulement dans les fièvres imtermittentes,
mais dans plusieurs maladies dont la périodicité est le caractère
dominant, doit ses propriétés à des principes particuliers, de la na-
ture des alcaloïdes, dont les principaux sont la quinine et la cincho-
nine, qui s’administrent aujourd’hui plus fréquemment que la poudre
elle-même.
Plusieurs espèces du genre Cinchona fournissent ces précieuses
écorces, mais toutes ne contiennent pas les mêmes principes ni en
mêmes quantités. Quoi qu’il en soit, elles sont exploitées sur une
vaste échelle et elles alimentent un commerce très important, qui
est une source de revenus pour les pays producteurs. L'exploitation
a marché sirapidementetelle s’est faite avec une telleimprévoyance,
qu'on a pu craindre de voir disparaître les arbres à quinquina, ce
qui eût été un malheur pour l'humanité toute entière. Aujourd’hui
les gouvernements de l'Amérique du Sud, mieux éclairés sur leurs
intérêts, ont réglementé l'exploitation des écorces et l'aménagement
des arbres qui les produisent. L’Angleterre, de son côté, s’est efior-
cée de les introduire dans ses possessions de l’Inde, et elle y a
réussi après bien des tâätonnements et des échecs. La Hollande a
marché sur ses traces dans sa colonie de Java et avec le même
succès. On regrette d’être obligé de dire que, jusqu'ici, la France
r’a rien fait de semblable dans ses colonies, tout au plus quelques
essais sans importance et sans résultats.
Il ne sera pas sans intérêt de passer en revue les différentes es-
pèces de quinquinas que l’expérience a fait reconnaitre pour les plus
206 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
riches en substances médicinales et les plus avantageuses à culti-
ver. Citons particulièrement les suivantes :
C. Calisaya Ruiz et Pav. — Le quinquina jaune du Pérou. L’ar-
bre habite non seulement les montagnes du Pérou, mais aussi celles
de la Nouvelle-Grenade, de la Bolivie et du Brésil, aux altitudes de
1,500 à 3,000 mètres au-dessus de la mer. Sa hauteur est de 12 à
14 mètres. C’est un des plus riches en quinine, mais il fournit en
outre quelques autres alcaloïdes de valeur, dont la cinchonidine est
le principal. C’est en même temps l’espèce qui réussit le mieux dans
les plantations du Bengale, où il ne souffre point des faibles gelées
qu’on y ressent quelquefois. Un essai fait dans la colonie de Victoria
(Australie du Sud), sous les auspices du baron Ferd. von Müller, a
eu quelque succès, car l’arbre a pu y fleurir, et c’est là peut-être le
commencement de plantations cinchonifères plus importantes dans
l'avenir. Cependant les conditions qui favorisent le développement
du C. Calisaya sont un peu limitées, beaucoup plus que celles de
la culture du C. succirubra, dont nous parlerons tout à l'heure, et
sa multiplication par graines est moins facile. Il y a plusieurs va-
riétés, dont les écorces ne sont pas équivalentes. Celle qui se trouve
sur les montagnes de Santa Fé, à la Nouvelle-Grenade, aux alütudes
de 2,000 à 3,000 mètres, produit l’écorce très estimée de Colombie.
Une autre variété, le C. Ledgeriana, dont l'écorce est également de
bonne qualité, habite le nord du Brésil. Les écorces de calisaya,
récoltées dans les plantations de l’île de Java, contiennent, dit-on,
de 10 à 12 pour 100 de leur poids de quinine.
C. cordifolia Muris. — Du Pérou et de la Nouvelle-Grenade,
entre 2,000 et 3,000 mètres de hauteur, mais s’élevant jusqu’à 3,300
mètres, d'après M. Willis Weaver, aux environs de Bogota, proba-
blement sous le couvert des forêts. C’est cet arbre qui fournit l’écorce
dure de Carthagène, désignée aussi sous le nom de Prtaya de l’ouest,
et qui est extrêmement riche en alcaloïdes. C’est une espèce ro-
buste et qui croît avec rapidité. L’écorce la plus épaisse est récoltée
aux plus grandes altitudes, là où les arbres sont souvent enveloppés
et mouillés par les brouillards.
C. micrantha Ruiz et Pav.— Des Cordillères de la Bolivie et du
Pérou. C’est un arbre d’une vingtaine de mètres, et qui fournit une
partie du quinquina gris ou de Huanaco, désigné aussi sous le nom
de quinquina de Lima. Gelte écorce est comparativement riche en
cinchonine et en quinidine; cependant elle contient aussi de la
quinine. On en fait peu de cas à Java.
C. nitida Rurz et Pav. — Des Andes du Pérou et de l’Equateur.
C’est un arbre de la taille du précédent, qui fournit aussi du quin-
quina gris où de Huanaco, ainsi que du quinquina de Loxa, riche
surtout en cinchonine et en quinidine. C’est probablement une des
espèces les plus rustiques du genre.
C. officinalis L. — Des Andes du Pérou et de la Nouvelle-Gre-
nade, entre 2,000 et 3,300 mètres de hauteur supramarine. C’est
cette espèce qui fournit le quinquina brun du Pérou et une partie
du quinquina de Loxa, écorces comparativement riches en quinine
eten cinchonidine. La température moyenne de la région où elle
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 207
croît est très analogue à celle des Canaries, et on a observé que la
grande humidité de l'air lui est plus défavorable qu'aux autres es-
pèces.
Le C. officinalis, un des Dhee anciennement connus, a produit
plusieurs variétés ou sous-espèces qui ne sont pas toutes exactement
déterminées. L'une d'elles, nommée Crispilla par les botanistes,
endure, assure- t-on, des abaissements de température qui peuvent
aller jusqu’à deux ou trois degrés centigrades au-dessous de zéro.
Une autre variété, le C. lancifolia Murs, habite des hauteurs où la
température moyenne est celle de Rome et de Nice, mais sans attein-
dre les extrêmes de froid et de chaud qu’on observe dans ces deux
villes. Cette variété fournit une partie du quinquina ou écorce de
Pitaya.
La variété pitayensis, ainsi que son nom l'indique, est celle qui
produit la plus forte proportion de cette dernière espèce d’écorce.
Cultivée dans la région himalayenne de l'Inde, elle a donné, sur
certains points particulièrement favorables, la quantité, jusque-là
sans exemple, de {{ pour 100 de son poids d’alcaloïdes, sur lesquels
il y avait près de 6 pour 100 de quinine, le reste se composant de
cinchonine et de quinidine. On dit que cette variété du C. officinalis
a entièrement disparu de ses forêts natales d'Amérique.
Une quatrième variété du C. officinalis, le quinquind uritusinqa
où de Zoxa, du Pérou, qui est un arbre de 18 à 20 mètres, est un de
ceux qui ont le mieux réussi dans les plantations de Pile de Ceylan.
En quinze ans il y atteint, en moyenne, 9 mètres de haut, sur une
circonférence de 0"60 à 070 à la base. Son écorce, en 1879, valait
de 7 à 8 fr. le demi-kilogramme, de 12 à 14 lorsque c’était de l'écorce
renouvelée à la suite d’une première décortication. M. Mac Ivor,
inspecteur général des plantations de quinquinas à Ceylan, dit avoir
obtenu, dans l’espace de douze mois, 6,850 boutures d’un seul arbre
importé directement d'Amérique. Ce moyen de multiplication est
fréquemment employé dans l’Inde, mais le semis des graines, que
tous les quinquinas produisent en ‘abondance, est tout aussi avan-
tageux, quoique un peu plus lent.
L’écorce de la race ou variété ici en question contient de 7,4 à 10
pour {00 de quinine, d’après M. Howard.
CG. Hasskarliana Mia. — Cette espèce, encore peu définie dans
le sens botanique, est une de celles qui ont donné les meilleurs ré-
sultats à Java.
C. succirubra Pay. —- Des hauteurs moyennes sur les Andes du
Pérou et de l’Equateur. C’est un arbre de 10 à 12 mètres, dont
l’écorce est riche en quinine et en cinchonidine. Pour diverses rai-
sons, c’est lui qui domine dansles plantations du Haut-Bengale, etil
paraît s’accommoder du climat des districts de Gippsland et de Wes-
ternport en Australie. À Madère, à l’altitude de 100 à 150 mètres, on
Va vu dépasser la taille de 6 mètres et fleurir après deux ans et
demi de plantation. On peut augurer de ces succès, dans des pays si
variés de climat, que la culture du succirubra se propagera dans
beaucoup d’autres lieux, et elle semble particulièrement indiquée
pour la Nouvelle- Calédonie.
1
208 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
Il ne faudrait pas croire cependant que la culture des quinqui-
nas soit uniquement dépendante des températures. Considérés d’une
manière générale, ces arbres redoutent également la grande chaleur
et le grand froid. Les climats tempérés-chauds, mais avec une cer-
taine humidité atmosphérique entretenue par des pluies fréquentes,
sont ceux qui leur conviennent le mieux. Un proverbe péruvien dit
que ces arbres aiment à voir la neige, mais seulement de loin, ce
qui résume assez bien les conditions de leur culture. Ceci, d’ailleurs,
ne suffit pas pour assurer le succès des plantations; il leur faut encore
l'abri des forêts pour les protéger contre le soleil et les vents froids,
et, ce qui n’est pas moins nécessaire, une terre profonde, fraîche et
enrichie d’une abondante couche d’humus, toutes conditions qui
se trouvent réunies sur les Andes, et qui se sont présentées aussi
sur les montagnes de l’Inde et de Java. La région cinchonifère est
en quelque sorte intermédiaire entre celle du caféyer et celle de
l'arbre à thé, mais plus voisine de cette dernière, avec laquelle
elle se confond presque dans la province d’Assam. En Amérique,
dans les localités où les quinquinas donnent leurs meilleurs produits,
les extrêmes de la température oscillent entre 1,5 et 33 degrés cen-
tigrades. D’après les recherches de M. Ferd. von Müller, les arbres
à quinquina réussiraient dans les vallées tièdes et humides de lAus-
tralie, où croissent les fougères arborescentes, mais seulement dans
les terres qui ont de la profondeur et qui sont enrichies par la dé-
composition de matières organiques accumulées pendant des siècles.
Au jardin botanique de Melbourne, où des essais ont été fails sur
une large échelle, on a reconnu que les températures les plus favo-
rables aux diverses espèces de quinquinas élaient comprises entre
11,6 et 19 degrés centigrades, mais on les a vues résister passable-
ment à des froids de peu de durée, qui abaissaient le thermomètre à
zéro et même un peu au-dessous, principalement quand elles sont
abritées par d’autres arbres. Avec les mêmes abris contre le soleil,
elles ont enduré sans dommage des chaleurs passagères de 37 à
38 degrés.
La multiplication des quinquinas par semis est facile et réussit
généralement, à condition que le semis soit abrité par des nattes ou
des paillassons contre l’ardeur du soleil. Le jeune plant est élevé
en pleine terre ouen pots suivant les lieux, et mis en place lorsqu'il
a atteint 25 ou 30 centimètres de hauteur. La distance observée,
dans les plantations de l’Inde, est communément de deux mètres
en tous sens, et, si les conditions sont bonnes, on commence à ré-
colter des écorces dès la quatrième ou la cinquième année. L’ex-
périence a fait découvrir qu’on peut augmenter artificiellement, dans
une forte proportion, le rendement des écorces en alcaloïdes. Le
procédé est d’ailleurs fort simple : il consiste à enlever des bandes
d’écorce seulement sur le tiers de la circonférence de la tige, et à
recouvrir la plaie d’un matelas de mousse ou de foin, qu’on tient
constamment humide. Sans cette précaution il faudrait trois ans à
l'arbre pour cicatriser cette plaie; mais, protégée comme nous ve-
nons de le dire, elleest fermée au bout d’un an, et la nouvelle écorce
qui la recouvre contient quelquefois jusqu’à 25 pour 100 d’alcaloïdes.
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 209
C’est ce qu’on appelle de l'écorce renouvelée. L’écorce des racines,
dans quelques espèces de quinquinas, peut fournir de 7 à 8 pour 100
d’alcaloïdes. Les feuilles elles-mêmes ne sont pas sans valeur.
C’est en 1851 que les premières plantations de quinquinas ont été
faites à Java, sous la direction du docteur Hasskarl. Elles sont de-
puis longtemps en plein rapport, et leur revenu annuel dépasse de
beaucoup le double de ce qu’elles ont coûté à établir. Le prix des
écorces varie, une fois rendues en Europe, de ? fr. 50 à 15 fr. le
kilogramme, suivant la qualité.
Nous ne pouvons pas entrer ici dans de plus longs détails sur lin-
dustrie cinchonifère, mais il est bon d’ajouter, pour en faire com-
prendre l'importance, que, dès 1869, les plantations de l'Etat anglais,
dans le district de Darjeeling, contenaient plus de trois millions
d'arbres. En 1875 la récolte des écorces de quinquinas, dans la seule
résidence de Madras, s’élevait à 75,000 kilogrammes.En 1880, d’a-
près le rapport adressé au gouvernement par le docteur King, sur-
intendant des plantations dans le Sikkim, on comptait quatre mil-
lions d'arbres de l’espèce du succirubra, la plus rustique et la mieux
appropriée au climat de cette province. Dans les monts Nilgherries
le gouvernement a distribué, en 1879, plus de 600,000 plants de quin-
quinas à des particuliers, et plus de 650 kilogrammes de graines,
chaque kilogramme en contenant près d’un demi-million. On ne
s’étonnera pas de cet immense développement de la culture des quin-
qninas dans l’Inde, quand on saura qu’il meurt annuellement de la
fièvre plus d’un million d’indigènes.
A Java, aux altitudes de 1 ,400 à 1,600 mètres, de nombreux essais
de culture de quinquinas ont été tentés avec des succès divers. L’es-
pèce sur laquelle se concentre aujourd’hui presque tout l'intérêt des
opérations est le C’. Ledgeriana, dont lécorce contient, en moyenne,
13 pour 100 de quinquine, et qui sera peut-être un jour le seul cul-
tivé dans cette île. Ses graines ne reproduisant pas exactement le
type de l’espèce ou de la race, on le propage surtout de grefles sur
de jeunes sujets de succir ubra, qui ont l’avantage de croître rapi-
dement etd’être faciles à élever. Après le Ledgeriana, c’est le C.pi-
layensis que l’on préfère, et celte espèce est en effet relativement
riche en quinine. Le C. microtheca est considéré comme sans va-
leur commerciale.
CINNAMOMUM.— Arbres de la famille des Laurmées, tous asia-
tiques, dont le bois et toutes les parties sont imprégnés de camphre ;
aussi, dans les pays d’origine, les exploite-t-on au point de vue de
ce produit. On en extrait le camphre par la distillation ou ébullition
de copeaux, et le produit ainsi obtenu est ensuite purifié par subli-
mation. Deux espèces sont à noter :
GC. Camphora N£es. — Le camphrier de la Chine, qu’on trouve
aussi au Japon dans ses provinces méridionales. C’est un arbre de
10 à 12 mètres, introduit depuis longtemps dans la Basse-Provence,
où il endure aisément les petites gelées. Il n’y remplit, du reste,
qu’un rôle purement décoratif.
GC. Cassia BL. — De la Chine méridionale, mais qu’on rencontre
210 ÉNUMÉRATION DÉS PLANTES TR
aussi sur quelques points de l'Himalaya, jusqu’à 2,000 mètres d’al-
titude, où il croît en compagnie des C’. oblusifolium, pauciflorum et
Tamala.G’estcet arbre qui fournit l’écorce de cassia (Cassia lignea
des pharmacies), mais cette écorce n’est de qualité supérieure que
récoltée entre les tropiques. Les feuilles du C. Loureiroi N£es., de
la Chine et du Japon, servent seulement de condiment. ee
CISTUS. — Arbrisseaux et sous-arbrisseaux de la famille des
Cistinées, indigènes de la région méditerranéenne et de l'Asie 0c=
cidentale, croissant pour la plupart dans les terrains rocailleux et
arides. Tous sont remarquables par la beauté de leurs fleurs, sem-
blables à des roses simples, blanches, roses, pourpres, unicolores
ou maculées d’une teinte plus foncée à la base des pétales. Presque
tous les cistes sont cultivés dans les jardins d'amateurs en qualité
d’arbustes d'ornement. =
Quelques-uns ont une petite valeur économique par une sorte de
résine qui suinte de leurs bourgeons, et qui est douée d’une odeur
balsamique plus ou moins prononcée. Elle a été employée en mé-
decine sous le nom de ladanum, mais aujourd’hui on s’en sert da=
vantage en parfumerie. Le meilleur ladanum se récolte en Orient,
sur les C. creticus L. et C. cyprius Lux. On en tire aussi d'Espa-
gne, qui est principalement produit par le C. ladaniferus L. “4
On a obtenu, en horticulture, de nombreux hybrides de cistes en 4
fécondant arlüificiellement les espèces les unes par les autres. +4
CITRULLUS. — Genre de Cucurbitacées de l'Afrique et de la
région méditerranéenne, dont on ne connaît jusqu'ici que les deux …
espèces suivantes :
C. vulgaris SER. — La pastèque, ou melon d’eau. Plante annuelle,
cultivée depuis les temps les plus anciens en Egypte et en Orient,
d’où elle s’est répandue en Asie et dans le midi de l’Europe dès
avant l’ère chrétienne. Elle compte aujourd’hui une multitude de
variétés, les unes à chair sucrée, les autres à chair insipide ou amère.
De l’Europe elle s’est propagée en Amérique, et elle s’y est même
naturalisée en retournant à l’état presque sauvage dans les contrées
chaudes de ce continent. Elle abonde dans les déserts de l’Afrique
australe, où ses fruits sont recherchés, non seulement par l’homme,
mais aussi par beaucoup d'animaux, même par les carnassiers, ainsi
que nous l’apprend le docteur Livingstone, dans le récit de ses
voyages. Les meilleures pastèques qui se mangent en Europe sont
celles d'Espagne et de Provence. Les variétés à chair ferme et peu
sucrée sont employées à faire des conserves. .
C. Colocynthis Sen. — La coloquinte. Par sa végétation cette
espèce rappelle la précédente, mais sur une échelle réduite ; de plus …
elle est vivace par sa racine, qui devient volumineuse. Elle abonde
surtout en Orient et dans les îles de la Méditerranée. Son fruit, de
la grosseur et de la forme d’une petite orange, estexcessivementamer
et n’a que des usages médicinaux. 24
dt
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 211
dont l’oranger, connu de lout le monde, est le type. Outre cette es-
pèce, le genre en renferme d’autres qui ont aussi leur intérêt.
C. Aurantium L.—Oranger. Un des plus beaux arbres qui existent
au monde et qui jouit, depuis quatre siècles, de la faveur universelle,
car outre sa beauté décorative, ses fruits, qui sont de premier ordre,
sont devenus l’objet d’un commerce très important. Ses fleurs elles-
mêmes sont récoltées pour la parfumerie, et, sous cette forme en-
core, l’oranger fait mouvoir des capitaux considérables.
Il est originaire de l’Asie méridionale, mais la cultüre l’a propagé
dans tous les pays civilisés de la terre, même dans ceux du Nord, où
on lui consacre des serres spéciales. Pour que sa culture à l’air libre
soit rémunératrice, il faut que la lempérature moyenne annuelle ar-
rive au moins à 14 degrés centigrades, et surtout que les plus grands
froids de l’hiver ne dépassent pas 5 ou 6 degrés au-dessous de zéro.
Ces conditions sont remplies dans une petite partie du midi de la
France, surtout dans la Provence maritime, de Toulon à Menton.
Les îles de la Méditerranée, l'Italie méridionale, la Grèce, l’Espa-
gne, le Portugal et les Açores sont les principaux pays produc-
teurs des oranges en Europe. Tout le nord del’Afrique est également
propre à cette culture, et on cite, comme une merveille dans leur
genre, les vastes orangeries de Blidah.
Un arbre depuis si longtemps cultivé et sous tant de climats dif-
férents a nécessairement produit bien des variétés, et comme il
s’est plus d’une fois croisé avec d’autres espèces du genre, il en est
résulté des formes hybrides, qui rendent plus difficile de déterminer
ses limites spécifiques. Un caractère qui servira à le distinguer de
la plupart des espèces avec lesquelles on pourrait le confondre estla
blancheur parfaite de ses fleurs, qui, dans aucune de ses variétés,
n’est altérée par une teinte violette. La figure de ses fruits, leur
grosseur moyenne, l'épaisseur de leur peau etla douceur de la pulpe
qu’ils contiennent, sont d’autres caractères distinctifs qui ont aussi
leur valeur.
Il serait superflu de décrire 1ci toutes les variélés ou sous-variétés
qu’on a cru reconnaître dans l’espèce de l’oranger, et qui ne sont
la plupart du temps que des variations individuelles propagées par
la greffe. La seule qui ait de la valeur au point de vue botanique, et que
quelques personnes regardent même comme une espèce totalement
différente, est le Bigar adier (Citrus Bigaradia de Duhamel). L’ar-
bre est semblable à l'oran ser proprement dit, mais ses fleurs sont
plus parfumées. Ses fruits diflèrent aussi des oranges ordinaires
par leur peau plus rugueuse et surtout par leur pulpe plus ou moins
amère, qui les rend immangeables ; aussi l’arbre n’est-il cultivé que
pour ses fleurs, qui fournissent à la parfumerie le néroli, l'essence
de fleurs d'oranger, etc., dont la ville de Grasse, en Provence, est de-
puis longtemps le principal centre de production en Europe. Le bi-
garadier est un peu plus rustique que l’oranger vrai, et comme il
est tout aussi ornemental, c’est lui qu’on cultive le plus habituel-
lement en caisses, dans les pays du Nord, pour la décoration des
jardins et des serres. Les fameux orangers de Versailles, âgés au-
Jjourd’hui de quatre siècles, sont des bigaradiers.
212 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
Ainsi que nous l'avons dit plus haut, l’oranger à fruits doux est
cultivé dans tous les pays dont le climat lui est favorable. Il a sur-
tout prospéré en Amérique, au Brésil, au Mexique, dans les Ré-
publiques du Sud et en Floride. Dans ce dernier pays, il s’est même
si bien naluralisé qu’on a pu croire un instant qu’il y était indigène.
La Floride est aujourd’hui le plus grand centre de production d’o-
ranges de l'Amérique du Nord, et c’est pour elle un commerce des
plus lucratifs par suite de la grande consommation d’oranges qui se
fait aux Etats-Unis.
Peu d'arbres sont aussi productifs que les orangers et donnent des
récolles aussi certaines. Quand le sol est de bonne qualité et la
culture soignée, l'arbre peut s'élever à 12 ou 15 mètres, et produire
en une seule année plusieurs milliers d’oranges marchandes. Le
bigaradier, dont le principal et presque seul produit consiste en ses
fleurs, qu’il faut cueillir à la main, est tenu beaucoup plus bas, c’est-
à-dire sur des tiges de ? à 3 mètres, pour faciliter la récolte, faite
ordinairement par des femmes et des enfants. Abandonné à lui-
même, il acquerrait presque la taille d’un arbre forestier, et alors il
aurait encore de la valeur par son bois compact, à grain fin, de
longue durée, et très propre aux ouvrages d’ébénisterie.
C. Bergamia Risso. — Le bergamotier. On ne sait si c’est une
espèce distincte de l’oranger ou un hybride de cette espèce et du
limonier. Ses fruits pyrilormes ne sont pas comestibles à cause de
leur acidité, mais ils sont très parfumés, et c’est de leur écorce que
la parfumerie tire l'essence de bergamote, la mellarose et d’autres
produits odoriférants. Les fruits, cueillis avant maturité, sont quel-
quelois confits dans le sucre comme ceux d’autres espèces de Citrus.
L'arbre est plus cultivé en Italie qu’en Provence.
C. decumana L.— De l'Inde. C’est le chadec ou pamplemoussier,
dont les fruits comparativement énormes, souvent de la grosseur
d’un melon, mais de forme déprimée et d’un jaune de soufre, con-
tiennent une pulpe acidule, un peu sucrée, dont on fait grand cas
dans les pays intratropicaux. L'arbre est très beau, et ses fleurs sont
aussi blanches que celles de l’oranger, mais il est beaucoup moins
rustique que ce dernier et n’est guère cultivé en France que comme
arbrisseau d'ornement ordinairement abrité pendant l'hiver. Toute-
fois il réussit bien en Algérie. Les Anglais en font grand usage
dans l'Inde.
G. deliciosa Risso ou C. nobilis Lour. — Le mandarinier. De la
Chine. Celui-ci n’est qu’un arbrisseau, comparativement à l’oranger,
tendant même à prendre la forme d’un grand buisson. Ses feuilles
sont beaucoup plus petites que celles de l’oranger, et plus lancéolées;
ses fleurs sont très blanches, et le fruit, ordinairement beaucoup plus
petit qu'une orange moyenne, affecte une forme déprimée, un peu
discoïde. La peau des fruits, d'un orangé-rougeûtre, très mince et
se détachant facilement d'avec la pulpe, exhale une odeur particu-
lière, un peu vireuse, plus forte que celle des oranges ordinaires. La
pulpe est sucrée et excellente. Le mandarinier, dont l'introduction
en Europe ne date guère que du milieu du siècle, est déjà très ré-
pandu dans le midi de la France, où il paraît un peu plus rustique
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ÉNUMÉRATION DES PLANTES 213
que l’oranger. Il est d’ailleurs abondamment cullivé en Algérie,
d’où ses fruits sont expédiés en Europe, principalement à Paris.
C. japonica THUNBG. — Arbrisseau du Japon et de la Chine, où
il porte le nom de Xum-Quat. Ses fruits sont seulement de la gros-
seur d’une cerise, et se mangent entiers, avec la peau. Cette espèce
pourrait être intéressante, mais c’est en vain que, jusqu'ici, on a
essayé de la cultiver chez nous. Peut-être réussirait-1l en serre, car
il paraît être plus frileux que l’oranger commun.
C. Limonium Risso.— Le limonier ou citronnier, dont les fruits
sont plus connus sous le nom de citrons que sous celui de limons.
Originaire des parties méridionales de l'Asie, il paraît avoir été
connu en Europe bien des siècles avant l’oranger, sans doute par
l'intermédiaire de la Perse. C’est un arbre à peu près de même
taille que l’oranger, mais très distinct spécifiquement, et beaucoup
moins rustique; aussi n'est-il cultivé à l’air libre, en Europe, que
dans les lieux les plus chauds et les mieux abrités, en Grèce, en Si-
cile, dans le sud de l'Italie et de l'Espagne. Le point le plus septen-
trional où sa culture est profitable est situé entre Nice et Menton;
dans les autres parties de la Provence il ne réussit bien qu’abrilé
par des murs et des constructions ; en Roussillon il gèle plus ou
moins presque tous les hivers, même devant des abris.
C’est un arbre extraordinairement fertile, et dont les fruits s’ex-
portent au loin. Leur écorce parfumée donne des essences, mais leur
pulpe très acide ne peut servir que de condiment. Cueillis avant
malurité et encore verts, on les confits au sucre comme ceux des
espèces suivantes. Ses fleurs sont teintées de violet.
C. medica L. — Le cédratier, dont le fruit, connu en France sous
le nom de cédrat, serait, suivant plusieurs auteurs, le vrai citron.
Originaire de l’Asie méridionale, comme le précédent, il est encore
moins rustique que lui, et sa culture demande des soins particuliers.
Peut-être est-ce une forme dérivée du limonier commun; cependant
il en diffère à bien des égards. Il a comme lui les fleurs teintées de
violet à l’extérieur, mais son fruit est ordinairement huit à dix fois
plus gros, souvent de la grosseur d’un melon, et la peau en est
plus ou moins verruqueuse. Depuis une vingtaine d'années sa cul-
ture s’est beaucoup développée en Corse, d’où ses fruits sont ex-
pédiés aux confiseurs d'Angleterre. Dans ces cultures, le cédratier
est maintenu à l’état de simple arbuste d’un mètre de haut et quel-
quefois moins, non seulement pour éviter que ses gros fruits ne
soient abattus par les vents, mais aussi pour avoir plus de facilité à
l’abriter pendant les gelées de l’hiver.
C. pomum syriacum Non. — Le poncirier. C’est avec doute que
nous élevons cet arbre au rang d’espèce. Il ressemble au limonier
par la couleur de ses fleurs, mais il en diffère très sensiblement par
son port plus étalé, par ses feuilles beaucoup plus grandes et d’un
vert foncé, et enfin par ses fruits plus gros et d’une forme difiérente.
Ils sont sphériques-déprimés, et l’odeur des glandes de leur écorce
est plus vireuse que celle du citron commun. Cet arbre, plus rus-
tique que le limonier, est cultivé çà et là en Provence et en Rous-
sillon, et ses fruits, cueillis encore verts, se mangent confits dansle
214 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
sucre. Ce qui milite en faveur de sa distinction comme espèce, c’est
qu'il se reproduit très fidèlement de ses graines. |
Peut-être faudra-t-l encore considérer comme un espèce distincte,
quand il aura été mieux observé, le pommier d'Adam, dont les gros
fruits sphériques et très fermes ressemblent beaucoup à ceux du
poncirier et servent aux mêmes usages; mais l’arbre est sensible-
ment différent. Par le port et le feuillage il se rapproche de l’oran-
ger ; toutefois ses fleurs sont légèrement violacées à l'extérieur.
Serait-ce un hybride de l’oranger et du poncirier ?
Citons encore, parmi les espèces douteuses dontl’origine est incon-
nue, mais qui proviennent peut-être du croisement de quelques-unes
des espèces ci-dessus, le C. Zimetta, dont le fruit n’a guère d’autre
usage que de servir de condiment, et le C. Zumia Risso, la lumie,
très analogue au limonier proprement dit, mais avec un fruit pyri-
forme, et dont la pulpe n’est pas acide. Ces deux arbrisseaux n’ont
qu’une utilité très secondaire après ceux dont il a été parlé plus
haut.
C. triptera L. — Grand arbrisseau, de l’intérieur de la Chine, très
épineux et relativement très rustique ; le seul du genre d’ailleurs
dont le feuillage soit caduc. C’est une espèce des mieux caractéri-
sées par ses feuilles trifoliolées, ses longues et dures épnes, ses
fleurs toutes blanches et ses fruits sphériques ou sphériques-dépri-
més, de la grosseur d’une pomme d’Api, à peau épaisse, et qui con-
tiennent plus de graines que de pulpe. Ces fruits n’ont aucune valeur,
mais l’arbrisseau lui-même peut être utilement employé à faire des
haies très défensives et très durables. Il passe facilement les hivers
ordinaires à Paris, abrité par un simple mur.
C. australasica Ferd. von MuüLLer. — Espèce buissonnante et épi-
neuse de la côte orientale de l'Australie, en dehors des tropiques. Elle
forme de jolis massifs par l’entremélement de ses rameaux et par
son petit feuillage qui rappelle celui du myrte, avec une teinte plus
foncée. Ses fleurs sont légèrement violacées. Ses fruits, de forme
ovoïde-allongée, presque cylindriques, longs de 3 à 6 centimètres,
contiennent une pulpe acidulée qui rappelle celle du citron com-
mun. Peut-être s’amélioreraient-ils par la culture. En attendant, ce
bel arbrisseau pourrait être employé à faire des haïes à la fois dé-
fensives et décoratives là où l’oranger proprement dit passe l’hiver
à l’air libre. :
C. Planchonti Ferd. von MuzLer. — Dédié par M. le baron von
Müller à un célèbre botaniste français, M. Planchon, professeur à
Montpellier. C’est un arbre superbe, des districts forestiers de la côte
orientale de lAustralie, au voisinage du tropique. Sa hauteur est
communément de 12 à 14 mètres, mais on la voit quelquefois, d’après
Hartmann, atteindre à 20 mètres, ce qui en fait décidément un arbre
forestier. Ses fruits, qui sont de la grosseur d’une noix, sont sans
valeur, mais son bois est très beau, et très recherché pour les ou-
vrages d’ébénisterie. Tant à ce point de vue qu’à celui de la déco-
ration du paysage, cet arbre est très digne d’être propagé, surtout
dans notre grande.colonie d'Afrique.
C. australis DC. — De la Nouvelle-Zélande. Arbrisseau touflu,
de Abris SC dr ie LLC éd LS
LA
Préi dE dis
id tan re
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 215
dont le feuillage, comparativement petit, est d'une verdure foncée,
tirant même sur le violet noirâtre dans les jeunes pousses. Ses ra-
meaux sont épineux, et ses fleurs teintées de violet à l’extérieur. Il
n’est rustique que dans les parties les mieux abritées du midi mé-
diterranéen de la France, où il est du reste peu commun, et où on
n’en connaît pas encore les fruits. Nous ne lui voyons pas d’autre
emploi chez nous que celui d’arbrisseau d'ornement. Sous un cli-
mat suffisamment chaud, il pourrait entrer dans la composition des
haies à la fois ornementales et défensives.
S'il fallait résumer en quelques mots les principales conditions
de la culture des orangers et de toutes les autres Hespéridées, nous
dirions qu’elles consistent avant tout dans un climat suffisamment
chaud, une terre profonde, fertile, souvent amendée par des engrais,
perméable d’ailleurs, et de fréquents arrosages pendantles chaleurs
de l’été. Les climats chauds et un peu humides sont ceux qui con-
viennent le mieux à ces arbres, c’est ce qui explique les qualités su-
périeures des oranges de Portugal, des Açores, des Canaries, du
Brésil et de beaucoup d’autres contrées où ces deux conditions de
chaleur et d'humidité se trouvent réunies dans les proportions con-
venables. Ajoutons que tous ces arbres craignent les grands vents,
et qu’ils réussissent d'autant mieux qu’ils les ressentent moins.
CLADRASTIS {nctoria Rar. — Légumineuse papilionacée, de
l'Amérique septentrionale. Le bois de cet arbre fournit une teinture
d’un jaune safrané. Une autre espèce voisine, le C. lutea ( Virgilia
lutea L..), à fleurs blanches en longues grappes pendantes, est un
bel arbre d'ornement, depuis longtemps introduit en Europe, où il
est rustique jusque sous le climat de Paris et au-delà.
CLAVARIA botrytis PERS.— Champignon qui croît sur les vieilles
souches de divers arbres en Europe et qui est comestible. D’après
le docteur Gæppert, on le vend sur les marchés en Silésie, ainsi
que les C. brevipes, flava, formosa, grisea, muscoides, aurea, pal-
mata et crispa. En Belgique, suivant le professeur Morren, on
consomme surtout le C’. fastigiata.
CLINOSTIGMA Mooreanum Ferd.von Muzzer (Kentia Moorea-
na).—Palmier nain de l’île de Lord Howe, où il habite exclusivement
le sommet des montagnes. Il est probable que c’est un des palmiers
les plus rustiques du genre, mais il est encore peu répandu dans les
collections.
CLUSIA. — Genre principal de la famille des Clusiacées, qui
correspond, dans les parties chaudes de l'Amérique, aux Garci-
nia de l’ancien continent. Plusieurs arbres ou arbrisseaux de ce
genre fournissent des gommes-résines utilisées surtout en médecine,
tels, entre autres, que les C’. rosea et C'. flava des Antilles, et le
C'. pseudochina du Pérou, dont l’écorce amère, considérée comme
fébrifuge, est quelquefois frauduleusement mêlée aux écorces de
quinquinas. Ces divers arbres, ainsi que ceux de genres voisins
2
216 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
( Verticillaria, Moronobea, C'alophyllum, etc.), ont encore été peu
étudiés, tant au point de vue de l’art médical qu’à celui de l’industrie.
COCCOLOBA uvifera JACQ. — Grand arbre de la famille des
Polygonées, appartenant à l'Amérique centrale, mais s’élevant vers
le nord jusqu’à la Floride, et recherchant les sables maritimes. Ses
baies, d’un bleu foncé, qu'on a comparées à des grains de raisin,
sont acidules et comestibles. On extrait de son écorce une sorte de
résine, et de son bois une matière colorante rouge. Plusieurs autres
espèces du genre, telles que les C. nivea, pubescens, flavescens,
eæcoriata et diversifolia, donnent aussi des fruits comestibles. Le
C. leoganensis JACQ. se trouve dans les sables qui avoisinent le
bord de la mer; tous les autres sont des régions montagneuses et
forestières.
COCHLEARIA. — Genre de Crucifères herbacées, dont les es-
pèces appartiennent presque toutes aux climats froids et tempérés.
Elles contiennent un principe volatil, de saveur âcre, très analogue
à celui de la moutarde, aussi sont-elles toutes antiscorbutiques. Les
plus communes sur nos côtes océaniques sont les C. officinalis L.,
anglica L. et danica L., qu’on cultive dans quelques jardins. Tou-
telois, l’espèce la plus importante au point de vue économique est
le C. armoracia L., qui porte en France les noms de raifort sau-
vage, cranson, moutarde d'Allemagne, moutarde de capucin. C’est
une grosse plante vivace, dont la racine charnue fournit un condi-
ment bien connu, surtout dans le centre et le nord de l’Europe. Elle
se multiple aisément de tronçons de racines, qui, une fois repris,
ne demandent plus aucun soin.
COCOS. — Genre de Palmiers, du groupe des Cocoïnées, à tronc
lisse et annelé par les cicatrices des feuilles tombées. Les fleurs
sont unisexuées, mais monoïques, c’est-à-dire réunies sur le même
spadice. Les fruits sont des sortes de baïes plus ou moins charnues,
qui contiennent un noyau percé de trois trous vers son milieu ou
près de sa base. C’est par un de ces trous que s’échappe la radicule
de l'embryon au moment de la germination. Les cocos sont de très
beaux arbres, dont toutes les feuilles sont réunies au sommet de la
üge. Leurs pinnules sont rédupliquées, c’est-à-dire que la gouttière
qu’elles forment par le rapprochement de leurs bords est située en
dessous, et non en dessus comme chez les dattiers et autres palmiers
du groupe des Phénicinées. Ce sont des arbres de haut ornement et
aussi des arbres uliles, les uns par leur sève sucrée, les autres par
leurs fruits, tous par leurs grandes feuilles ou frondes, qui servent à
divers usages dans leurs pays d’origine.
L'espèce la plus célèbre du genre est le cocotier de la Malaisie
(Cocos nucifera L.), dont les fruits, presque de la grosseur de la
tête d’un homme, contiennent, avant leur maturité, une sorte de lait
qui est une boisson rafraîchissante, et qui se change plus tard en un
périsperme farineux et huileux. La coque de ce fruit, qui est noire
et très dure, sert à fabriquer divers ouvrages de bimbeloterie. Le
2 Fran
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 217
cocotier de la Malaisie est propre aux parties les plus chaudes de
l'Inde et des îles voisines, mais il est aujourd’hui répandu dans beau-
coup d’archipels de la Polynésie. Sa culture ne s'éloigne jamais
beaucoup des bords de la mer.
D’autres espèces, toutes américaines, nous intéressent plus direc-
tement, quoiqu’elles aient moins d'importance que la précédente; ce
sont surtout les suivantes :
C. australis MarT. — Du Brésil méridional, de l'Uruguay et des
Etats de la Plata. C’est un palmier remarquable par son port élancé
et sa couronne de frondes glauques et gracieusement recourbées.
Sa rusticité est presque égale à celle du palmier nain de l’Europe,
et on le voit, depuis quelques années, mürir ses fruits sur la côte de
Provence. Ces fruits, de la grosseur d’une petite prune jaune ou
rouge, charnus, succulents, et dont le goût rappelle celui de l'ananas,
pourraient être servis sur les tables comme fruits de fantaisie. Dans
l'Amérique du Sud ils servent à faire des liqueurs alcooliques, et
souvent aussi à nourrir les bestiaux, qu’ils engraissent par le pé-
risperme huileux de leurs noyaux. Jusqu'ici, le cocotier de l’'Uru-
guay n’a joué d’autre rôle dans nos jardins méridionaux que celui
d'arbre d'ornement.
C. flexzuosa MarT. — Analogue au précédent, dont il rappelle le
port, mais sans glaucescens des frondes. Il est d’ailleurs des mêmes
régions de l'Amérique du Sud et de même rusticité. Les jardins de
Provence en contiennent de nombreux exemplaires.
C. Romanzoffiana WENDL. — Du Brésil extra-tropical, et rus-
tique comme les précédents. Sa hauteur peut atteindre à 13 ou
14 mètres. Nous le possédons en Provence, mais son introduction
est encore trop récente pour nous permettre plus de détails à son
sujet.
GC. Yatai MarT. — Du Brésil méridional, de l’Uruguay et de la
République argentine. Arbre de taille moyenne, dont le tronc, moins
élancé et plus gros que dans les espèces précédentes, reste long-
temps enveloppé dans les bases dilatées des feuilles. C’est l'espèce
la plus utile de ce groupe de palmiers américains. La pulpe sucrée
de ses fruits est non seulement comestible pour l’homme, mais on
en fabrique encore une liqueur alcoolique estimée. Les bestiaux en
sont friands, et on à remarqué qu’ils engraissent promptement à ce
régime. Les noyaux sont d’ailleurs utilisés pour l'huile qu’ils con-
tiennent et qui sert à tous les usages domestiques. Le bourgeon ter-
minal, ou chou palmiste, avant son développement, est cueilli et se
mange cru ou cuit, mais cette amputation cause la mort de l’arbre,
et malheureusement elle est tellement habituelle dans le pays qu’on
a lieu de craindre que l’espèce n’en disparaisse totalement dans
quelques années. On peut juger par ce qui précède de l’intérêt qu’il
y aurait à introduire et à mulüplier ce palmier dans le midi de l’Eu-
rope et le nord de l’Afrique.
Plusieurs autres Cocos, moins connus, existent encore en Amé-
rique et méritent l'attention des acclimateurs, entre autres le C.
Datil Drun., qui forme de véritables forêts dans l’Uruguay, et dont
les fruits comestibles ont beaucoup de ressemblance avec les dattes;
La +
218 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
le C. pityrophylla »'Ons., qui s'élève sur les Andes à plus de 2,000
mètres d'altitude supramarine; le C. coronata MarrT., rare en Pro-
vence, où on l’a vu résister à 6 ou 7 degrés de froid; enfin le C'. re-
qia LieB»., palmier de très grande taille, des hautes montagnes
du Mexique, sur des points où la température descend souvent au-
dessous de zéro. D’autres espèces de palmiers, voisins des Cocos
proprement dits, habitent les mêmes régions que ces derniers, et
pourraient être naturalisés comme eux dans nos contrées.
COFFEA. — Caléyer. Genre de Rubiacées, trop connu par l’im-
mense développement que sa cullure a pris, dans les régions intra-
tropicales, pour que nous ayons à nous y arrêter. Deux espèces se
partagent aujourd’hui l’industrie coloniale et le commerce. La plus
ancienne et la plus classique est le C. arabica L., la principale
source du café ordinaire. C’est un arbrisseau de ? à 3 mètres, qu'on
a cru longtemps originaire d'Arabie, mais dont la patrie première
est l’'Abyssinie. On sait qu'il est cultivé aujourd’hui sur une im-
mense échelle en Asie, en Amérique, aux Antilles, etc. On a es-
sayé, sans succès, de l’introduire en Algérie, où il a toujours suc-
combé en hiver; la forte chaleur de l'été, et surtout la sécheresse,
ne lui sont pas moins défavorables que le froid. C’est par centaines
de millions de francs que se chifirent les transactions commerciales
auxquelles le café donne lieu.
Une seconde espèce, le Caféyer de Libéria (C. Liberica Ho0K.,
originaire de la côte occidentale d'Afrique, au voisinage de l’équa-
teur, tend à supplanter, dans quelques pays, le caféyer d'Arabie.
C’est un arbrisseau beaucoup plus grand dans toutes ses parties, et
dont les amandes sont aussi plus grosses que celles de l’autre es-
pèce, dont elles ont d’ailleurs les propriétés. Sa culture est déjà très
développée en Afrique, et elle a commencé dans l'Inde.
COLEUS. —- Genre de Labiées des îles de la Sonde, herbacées
ou sous-frutescentes, introduites dans les jardins d'agrément pour
le brillant et curieux coloris de leurs feuilles, qui varie du vert au
pourpre, tantôt uniforme, tantôt panaché de jaune, variations que
l’art des jardiniers a multüipliées pour ainsi dire à l’infini. Deux es-
pèces principales, les C. Zlumei BEexTx. et C. Verschaffeltit LEx.,
ont été le pont de départ de ces variations, très recherchées aujour-
d'hui et qui sont devenues l’objet d’un commerce horticole d’une
certaine importance. Les Coleus sont surtout employés à faire des
bordures autour des corbeilles, dans les parterres, ainsi que pour la
culture en pots.
COLLETIA.— Genre de Rhamnées, caractérisées par une corolle
monopétale (et non polypétale comme dans les autres Rhamnées),
par un port buissonnant et la transformation des rameaux en épines
dures et acérées. Les feuilles sont très petites et disparaissent de
bonne heure. Deux espèces, toutes deux du Pérou et du Chili, sont
à signaler :
CG. spinosa L. — Grand buisson dont le port rappelle celui de
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 219
l’ajonc, très dense et pour ainsi dire tout en épines. Très propre à
faire des haies infranchissables.
C. cruciata Honr. — Remarquable par l’aplatissement et l’élar-
gissement de ses rameaux, qui prennent une forme triangulaire ; ils
sont très durs et leur pointe acérée est une épine redoutable. Ils sont
généralement opposés deux à deux, et alternent en formant la croix
avec la paire qui précède et celle qui suit. Cet arbuste est d’un glau-
que grisâtre, très singulier d'aspect. De même que le précédent il
peut faire de bonnes clôtures autour des champs. Tous deux sont
rustiques dans le midi de la France.
COLOCASIA. — Colocase. Genre d’Aroïdées originaires de l’In-
de, cultivées depuis des siècles pour l’abondante fécule qui remplit
leurs volumineux rhizomes souterrains ou tubercules. Deux es-
pèces, d’ailleurs voisines l’une de l’autre, sont à distinguer ; ce sont:
C. antiquorum Scuorr. — De l'Inde, qui s’est propagé, d’une
part dans les îles de l’océan Pacifique, d'autre part jusqu’en Egypte,
et cela depuis une haute antiquité. On croit que la plante est aussi
indigène des parties tropicales du nord de l’Australie. C’est le Xol-
kas des Egyptiens et des Arabes, le Taro des peuples de l'Océanie,
et particulièrement de la Nouvelle- Zélande, où cette racine, riche
en fécule de la plus belle qualité, a longtemps tenu lieu de céréales.
Le laro donne encore des produits jusque dans les parties les plus
tempérées de l'Australie du Sud, et on ne peut guère douter que sa
culture ne dût être avantageuse dans bien des points du midi de
l’Europe et du nord de l'Afrique. On sait qu’à l’état frais la pulpe de
la colocase est mêlée à un principe âcre volatil, dont il faut la dé-
barrasser par la cuisson. La plante se multiplie aisément par la
plantation des sommités de ses rhizomes, en terre fraîche et bien
Lu
C. indica KunrH. —- Des mêmes régions que la précédente, et
cultivée de même pour sa fécule, principalement dans les terres
humides et au voisinage des rivières. C’est une grande plante, dont
les grosses tiges charnues s'élèvent quelquefois à 3 ou 4 mètres.
Ses larges feuilles ont jusqu’à un mètre de long. C’est de la tige et
du tubercule souterrain qu’on extrait la fécule, mais il faut plus de
soin qu'avec l’espèce précédente, pour en éliminer le principe âcre,
qui serait vénéneux, ce à quoi on arrive en l’exposant à la chaleur.
Les C’. odora et macrorrhiza, également cultivés en Malaisie, pa-
raissent n'être que des variétés de cette espèce. Plusieurs autres
Aroïdées, à racines féculentes, mériteraient d’être examinées au
point de vue de la culture coloniale, entre autres le Cyrtosperma
edule SEEMANN, des îles Fidji.
COMBRETUM butyraceum GARUEL. — Arbre de la Cafrerie et
d’une grande partie de la côte orientale d'Afrique, dont les fruits
contiennent une substance grasse, butyreuse, composée d’environ
un quart d’oléine et de trois-quarts de margarine. Les Cafres font un
grand usage de ce beurre végétal pour accommoder leurs mets, et
il s’en exporte une certaine quantité en Europe sous le nom de chi-
290 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
quito. Get arbre pourrait être acclimaté dans beaucoup de pays in-
tratropicaux ou voisins des tropiques, où il est vraisemblable qu’il
aurait quelque utilité.
COMPTONIA asplenifolia SOLAND. — Myricacée de l'Amérique
du Nord, où on lui donne le nom de Sweet fern. C’est un petit buis-
son qui croît dans les lieux les plus arides et les plus pauvres, et dont
le feuillage contient jusqu’à 10 pour 100 de tannin ; aussi le récolte-
t-on pour l’industrie du tannage des cuirs. Il résiste aux plus grands
froids, et pourrait manifestement être utilisé dans les pays du Nord
sur des terrains impropres à toute culture.
CONDALIA microphylla Gav. — Arbrisseau de la famille des
Rhamnées; indigène au Chili et dans la République argentine, où il
porte le nom de Piquillin. Intéressant par ses baies succulentes,
sucrées et comestibles.
CONIUM maculatum L. — La ciguë. Ombellifère bisannuelle
d'Europe et d’une grande partie de l’Asie. C’est une plante impor-
tante par ses propriétés médicinales, mais en même temps très
vénéneuse. On la cultive pour les besoins de la pharmacie, mais
on doit la tenir éloignée des potagers, à cause du danger qu'il y
aurait à la confondre avec le persil, le cerfeuil et autres ombellifères
économiques.
CONOSPERMUM Siœchadis ENDLICH.— Protéacée de l’Austra-
lie occidentale, à feuillage coriace, mais dont les grandes inflores-
cences veloutées sont tendres et fort recherchées par le bétail, qui
néglige les autres parties de la plante, et par là n’en empêche pas
le développement. Cet arbrisseau pourrait servir à couvrir des ter-
rains arides, qu’on livrerait au pâturage des moutons. Le C. tripli-
neroium R. Br. rendrait des services analogues.
CONVOLVULUS. — Liseron. Principal genre de la famille des
Convolvulacées, dont la plupart des espèces, annuelles ou vivaces,
ont des tiges grêles et volubiles, ce qui est d’ailleurs un caractère
assez général dans la famille elle-même. Beaucoup d'espèces, qui
autrefois faisaient partie de ce genre, en ont été séparées sous les
noms de Pharbitis, Ipomæa, Batatas, Exogonium. Parmi celles qui
ont été conservées au genre, citons particulièrement les suivantes :
C. Scammonia L. — La scammonée. Plante herbacée, mais vi-
vace par ses rhizomes, originaire de l'Asie occidentale méditerra-
néenne et du nord de l’Afrique. Sa racine purgative est employée
en médecine depuis les temps les plus anciens. Pour en extraire le
suc, on en découvre la partie supérieure et on y fait des incisions
par lesquelles s'écoule le suc laiteux de la plante. Lorsqu'il a été
recueilli et qu'il s’est concrété, on le livre au commerce de la phar-
macie. La scammonée réussirait aisément dans le midi de la France,
mais le prix du médicament est si peu élevé qu'il ne paierait pas les
frais d'une culture, possible seulement dans les pays où la main-
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 221
d'œuvre est à très bon marché. Plusieurs autres liserons donnent
des produits analogues, mais de qualité inférieure, qu’on emploie
quelquefois pour frelater la scammonée proprement dite.
C. floridus L.. (Rhodorhisa WE88.).— Arbuste buissonnant des
Canaries, non grimpant, dont les tiges et les racines servent à com-
poser la poudre odoriférante connue sous le nom de bois de rose.
Les belles panicules de fleurs blanches qu terminent les tiges et les
rameaux de la plante l’ont fait admettre en qualité de plante d’agré-
ment dans nos jardins. On y rencontre aussi le C. scoparius L.,
des mêmes îles et servant aux mêmes usages.
La famille des Convolvulacées a fournid’ailleurs un grand nombre
de plantes d’ornement tirées des genres Convoloulus, Ipomæa,Phar-
bits, Argyreia, Calonyction, etc., la plupart volubiles et grim-
pantes, annuelles ou vivaces.
COPERNICIA cerifera MarT. — Superbe palmier à frondes
flabelliformes, du Brésil, où 1l porte le nom de Caranda. Il s’avance
au sud jusqu’à la République argentine, ce qui fait supposer une cer-
taine rusticité chez cette espèce, confirmée d’ailleurs par son intro-
duction suivie de succès à Sydney (Australie orientale). Il résiste
d’une manière remarquable à la sécheresse, et vient même dans les
terres légèrement imprégnées de sel. La tige fournit de la fécule; les
fibres des feuilles servent à faire des cordages qui durent longtemps,
même dans l’eau; les pinnules de ces feuilles sont aussi employées .
à confectionner des chapeaux, des nattes, des tapis communs, etc. ;
enfin la moëlle des pétioles et du rachis des feuilles peut remplacer
le liège pour la fabrication des bouchons. Toutefois, le principal
produit de ce palmier est la cire carnauba, qui enveloppe les jeunes
feuilles et qu’on en sépare par le battage. Cette cire est plus solide
que celle d’abeilles et on l’emploie à faire des bougies. Chaque arbre
en fournit annuellement environ ? kilogrammes. En {862 on en a
importé en Angleterre 1,250,000 kilogrammes, d’une valeur de
450,000 ir.
CORCHORUS. —- Jute ou corète. Genre de Tiliacées annuelles,
ou cultivées comme annuelles, entre les tropiques et dans leur voi-
sinage, principalement en Asie et jusqu’au Japon, pour la fibre
abondante et tenace de leurs tiges. Cette fibre est le jute du com-
merce. On en distingue plusieurs espèces ou variétés, dont les plus
recommandables sont les suivantes :
GC. acutangulus Lamk. — De l’Afrique tropicale, de l’Inde et du
nord de l’Australie, mais cultivée aussi dans quelques parties de
l'Amérique. Un industriel de la Nouvelle-Orléans, M. Le France, a
inventé une machine très avantageuse pour opérer la décortication
de la plante, et avec laquelle quatre hommes peuvent obtenir une
tonne de fibre nette, et sans déchet, dans une journée de travail.
Cette machine peut également servir pour les autres espèces, et
même pour la plupart des plantes à fibres textiles.
GC. capsularis L. — Espèce répandue de l’Inde au Japon. C’est
celle qui fournit la plus grande partie du jute en Asie, par suite de
292 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
sa grande taille. Cultivée en bonne terre humide, sans arrosages,
et un peu serrée, ses brins filés et sans branches atteignent à près
de 4 mètres de hauteur. Une autre espèce, très voisine et qui n’en
est peut-être qu'une variété, le C. Cunninghami, de l'Australie
orientale subtropicale, est également cultivée, quoiqu’elle s’élève
un peu moins. Toutes deux réussissent partout où on cultive le co-
tonmier et le riz, même dans des localités un peu froides en hiver,
à la seule condition que la chaleur de l’été soit forte et prolongée.
Jusqu'ici on s’est contenté, pour en extraire la fibre, de faire rouir
les tiges dans l’eau pendant sept ou huit jours, mais les machines
à décortiquer feraient plus promptement ce travail. Cette variété de
jute est d’un grand usage en Asie; on en confectionne des tissus
communs, des sacs d'emballage, des tapis, des cordages, etc. Il s’en
exporte annuellement de l'Inde en Angleterre environ 60,000 tonnes,
et une quantité presque aussi grande aux Etats-Unis. Suivant que le
climat est plus ou moins chaud, la récolte du jute se fait trois, quatre
ou cinq mois après le semis, ou quelques jours après la floraison,
sans attendre que les capsules soient toutes mûres. Avec les pro-
cédés de décortication employés, il y a un certain déchetsur la fibre,
mais ce déchet est utilisé pour la confection du papier. On croit que
le jute, planté autour des champs de cotonniers, en éloigne les che-
nilles, comme on l’a observé à propos du chanvre. Dans l’Inde, la
culture du jute alterne avec celle du riz ou de la canne à sucre, mais
il lui faut une terre humide, qui toutefois n’ait pas besoin d’être drai-
née. Plus rustique que le cotonnier, le jute supporte sans beaucoup
souffrir de petites gelées. Dans des conditions de culture tout à fait
favorables, un acre de terre produit de 2,000 à 7,000 livres defibre,
mais la plante est épuisante, surtout dans les terres un peu sèches.
On se fera une idée de l’importance commerciale du jute par ce fait,
qu'en 1876, la ville de Dundee, en Ecosse, en a tissé à elle seule
100 millions de livres, et que l’Angleterre en a exporté 50 millions
de sacs dans une même année. La fibre du jute résiste plus longtemps
à humidité que celle du chanvre.
G. olitorius L. — Du sud de l'Asie et du nord de l'Australie. De
même que les précédents, celui-ci est aussi exploité pour sa filasse,
et 1l exige moins de chaleur ; aussi le cultive-t-on avec succès dans
des pays tempérés-chauds où les autres ne réussiraient pas. Sa fibre
est inférieure en ténacité à celle du chanvre, mais l’extraction
en est plus facile. La plante est d’ailleurs potagère, en ce sens qu’on
en mange les feuilles à la manière des épinards. C’est la corète
proprement dite de nos colonies d'Amérique et de l'Inde. Le C. tri-
locularis L., de l'Inde et de l'Australie septentrionale, qui est très
voisin de cette espèce, pourrait rendre les mêmes services indus-
triels et culinaires.
CORDYLINE.— (Genre de Liliacées arborescentes de l'hémisphère
austral, longtemps réunies aux Dracæna, et considérées jusqu'ici
plutôt comme arbres et arbrisseaux d'ornement que comme plantes
d'utilité, quoiqu’elles rendent aussi des services à l’industrie des tex-
iles. Plusieurs espèces existent déjà dans les jardins du midi de
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 22
l'Europe, et y alimentent un commerce horticole d’une certaine im-
portance, justifié par leur rusticité relative, la grande taille à laquelle
elles arrivent en peu d'années et leur port qui rappelle celui des
palmiers. Citons plus particulièrement les espèces suivantes :
C. Banksii J. Hook. — De la Nouvelle-Zélande. Son stipe, haut
communément de ? à 3 mètres, ne se ramifie qu’exceptionnellement,
et il est couronné par une abondante gerbe de feuilles longues et
résistantes, qui fournissent, dans le pays natal, des fibres de qualité
tout à fait supérieure, dont on fabrique des tissus et des cordages.
C’est une des espèces les plus rustiques du genre.
GC. Baueri J. Hook. — De l’île de Norfolk. Moins rustique que
le précédent, celui-ci est plus remarquable par sa taille, qui peut
atteindre à 12 ou 13 mètres. En vieillissant il se ramifie et par là
élargit sa couronne de feuilles. C’est une superbe plante d'ornement
pour les jardins et les parcs du midi de la France et de l'Europe.
C. indioisa KuNTH. — De la Nouvelle-Zélande. Il est de moyenne
taille (5 à 6 mètres), et sa tige robuste reste généralement indivise.
Ses feuilles longues et très fermes ont quelquefois, sur les sujets
âgés, 10 à 12 centimètres de largeur, et on les voit persister plusieurs
années sur la tige lorsqu'elles sont mortes, desséchées et pendantes.
La fibre qu’elles contiennent est à la fois très solide et très résis-
tante à l'humidité, aussi en fait-on un fréquent usage dans le pays
d’origine, comme matière textile. C’est le Toë des indigènes néo-
Zélandais. Cette intéressante espèce est déjà commune en Provence,
où elle ne sert d’ailleurs qu’à orner les jardins. Elle y fleurit et donne
beaucoup de graines, qui servent à la multiplier. On la reconnaît à
ses grandes panicules de fleurs et à ses baies blanches.
C. superbiens G. Kocx. (C'. australis Hook.). — De la Nouvelle-
Zélande. C’est un des plus beaux du genre et des plus grands. Il
arrive à la taille de 12 à 13 mètres, et, à un certain âge, sa tige
se ramifie. Ses feuilles sont plus minces et plus étroites que dans
l'espèce précédente, et ses baies sont bleues. Il est assez rustique
pour résister aux hivers dans le sud-ouest de l'Angleterre et même
de l'Irlande. De même que les précédents, c’est une plante de haut
ornement.
C. terminalis KunrH. — De l'Asie méridionale, de la Polynésie
et de l'Australie orientale. Moins rustique que les espèces de la
Nouvelle-Zélande, celle-ci est pour cela même moins recherchée
des horticulteurs. Elle est d’ailleurs de petite taille et ne se prêterait
pas aux usages décoratifs des autres espèces, mais elle a un mérite
qui lui est propre, c’est de varier le coloris de ses feuilles par des
panachures blanches, jaunes ou de couleur carmin. Sa racine tor-
réfiée est comestible.
Plusieurs autres espèces de C'ordyline, qu’à tort ou à raison on
a séparées de ce genre, originaires du Brésil, de l'Afrique intratro-
picale, de Madagascar ou de l'Inde, existent dans les serres et les
orangeries de l’Europe, mais leur défaut de rusticité ne nous permet
pas de les citer ici. On en trouvera les descriptions dans les traités
spéciaux d’horticulture d'agrément.
15
294 ; ÉNUMÉRATION DES PLANTES
CORIANDRUM satioum L. La coriandre. Ombellifère d'O-
rient et de l’Asie centrale, cultivée dans le midi de l’Europe, comme
condimentaire. Toutes ses parties exhalent une odeur pénétrante,
due à une huile essentielle particulière.
CORIARIA myrlifolia L. — Redoul, corroyère. Arbrisseau du
midi occidental de l’Europe et du nord de l'Afrique, où il compose
une partie des broussailles dans les lieux incultes. Ses feuilles per-
sistantes et coriaces sont très riches en tannin. Récoltées et séchées
au soleil, elles servent à la préparation de certaines espèces de cuirs,
entre autres à ceux qu’on désigne dans le commerce sous le nom
de maroquin. La plante est éminemment vénéneuse, ce qu’elle doit
à un alcaloïde particulier, la coriarine.
Plusieurs autres espèces du genre sont connues et pourraient être
utilisées de la même manière, telles, entre autres, que le C. rusei-
Jolia L., du Chili, etle C'. nepalensis Waz., du nord de l’Inde, dont
les baies sont, dit-on, comestibles, quoique l’usage n’en soit point
sans danger. À la Nouvelle-Zélande on fait une sorte de vin avec
les baies succulentes du C’. sarmentosa Fonsr., mais il faut en sé-
parer les graines, qui sont très vénéneuses.
Les botanistes ont fait des plantes, peu nombreuses d’ailleurs,
du genre Coriaria, la petite famille des Coriariées.
CORNUS. — Cornouiller. Principal genre de la famille des Cor-
nacées, Parmi les espèces qui le composent il est bon de connaître
les suivantes :
GC. mascula L. — Le cornouiller mâle. De toute l’Europe tempérée.
C’est un petit arbre, à bois très dur, à fleurs jaunes, rapprochées en
ombelles, qui s'ouvrent dès la fin des grands froids de l’hiver. Le
fruit est une drupe de la grosseur d’une petite prune, jaune ou rouge
vif, à pulpe très âpre, mais comestible quand elle est devenue blette.
C’est la cornouille proprement dite. Le bois de l’arbre peut servir
à faire des maillets et des manches d’outils.
C. florida L.— Le cornouiller à grandes fleurs. Du nord de l'Amé-
rique, où il porte le nom de Dog- Wood (bois de chien). C’est un
bel arbre de 10 a 12 mètres, à larges feuilles et à fleurs jaunes. Son
bois est recherché pour la confection d’outils auxquels on demande
une grande résistance, ainsi que pour divers ustensiles agricoles.
Son écorce est un des meilleurs toniques de l'Amérique du Nord, et
on l’emploie souvent, à défaut de quinquina, et non sans succès, pour
combattre les fièvres périodiques.
C. Nuttalli Torr. — Du nord-ouest de l'Amérique. C'est le plus
grand du genre, car il s’élève à plus de 20 mètres, et donne des
pièces de bois d’une bonne grosseur. C’est à la fois un bel arbre
d'alignement et un arbre forestier, dont le bois dur et à grain fin est
fort estimé pour la charpente et les ouvrages de menuiserie. L’es-
pèce serait à introduire dans toute l’Europe occidentale, principale-
ment au voisinage de l’océan.
CORYLUS. — Coudrier, noisetier, avelinier. Genre de Cupuli-
LES
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 225
fères, comprenant un petit nombre d’arbres et d’arbrisseaux des
pays tempérés de l’hémisphère septentrional. Quelques-uns sont
intéressants comme arbres fruitiers et sont l’objet de la culture.
C. avellana L. — Le noisetier proprement dit. Grand arbrisseau
de l’Europe et de l’Asie, commun le long des bois, dans les brous-
sailles et dans les haies. Ses noisettes ne servent guère qu’à amuser
les enfants et les promeneurs, mais il a produit des variétés dont le
fruit est beaucoup plus gros. On en distingue deux principales, que
quelques botanistes regardent même comme des espèces distinctes.
Ce sont l’avelinier à gros fruits, dont on connaît plusieurs sous-
variétés, et l’avcclinier à fruits allongés, tous deux cultivés en Es-
pagne et en Provence, pour le commerce de leurs amandes.
GC. Colurna L. — Le noisetier de Constantinople. Celui-ci est un
arbre de 12 à 18 mètres, cultivé çà et là comme arbre d'agrément
ou de fantaisie, car ses fruits sont inutiles. D’autres espèces, du Ja-
pon et de l'Amérique du nord, donnent des noisettes comestibles,
mais inférieures à celles d'Europe.
CORYNOCARPUS /ævigalus FORST. — Le Xaraka de la Nou-
velle-Zélande. C’est un des principaux arbres forestiers de ces îles,
ainsi que de l’île Chatam. Il atteint fréquemment 18 à 20 mètres de
hauteur. Son bois est léger et très employé par les indigènes pour
construire leurs canots. Son fruit pulpeux est comestible, mais l’a-
mande du noyau est vénéneuse et ne peut être mangée impunément
qu'après avoir macéré quelque temps dans l’eau salée. Cet arbre est
très ornemental par son feuillage, qui persiste en toute saison, et il
convient surtout pour être planté en avenues. Il en existe quelques
exemplaires dans les jardins de la Basse-Provence, où ils résistent
facilement au froid des hivers.
CORYNOSICYOS edulis J. Hook. — Cucurbitacée de Guinée, à
fruits comestibles, de la grosseur d’un concombre ordinaire. Cette
plante, encore très peu connue, rentrera peut-être, comme simple
variété, dans quelque autre espèce de Cucurbitacée potagère d’an-
cienne introduction. Elle a aussi été décrite sous le nom de C{ado-
SiCy0S.
CRAMBE.— Chou-marin. Genre de Crucifères de l’Europe et de
l'Asie, vivaces par leurs racines, mais à tiges annuelles. Toutes les
espèces du genre sont ou peuvent devenir des plantes polagères.
La plus connue en Europe, et celle qui y est le plus habituellement
cultivée, est le C. maritima L., le chou-marin des Français, le
Sea kale des Anglais. La plante ressemble beaucoup à un chou par
son feuillage, qui en est la partie comestible, et qu’on fait blanchir
en le tenant à l’obscurité sous un vase renversé. On le cueille avant
son complet développement, et on le prépare à la façon des asper-
ges. C’est un excellent légume, très prisé en Angleterre, mais moins
recherché en France.
Parmi les autres espèces qu’il y aurait intérêt à introduire dans
nos jardins polagers, nous citerons le C. cordifolia STEv., de
296 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
l'Asie centrale, de la Perse à l'Himalaya, et le C. tatarica Würr.,
du midi de l’Europe et de l'Orient. D’après Simmons, les grosses
racines charnues de cette espèce sont comestibles comme les navets.
CRATÆGUS. — Arbres et arbrisseaux de la famille des Rosa-
cées et du groupe des Pomacées, originaires des contrées tempérées
et tempérées-froides de l'hémisphère septentrional, dans l’ancien
et le nouveau monde. Le nombre des espèces en est considérable.
Presque toutes peuvent servir à la décoration des parcs et des jar-
dins par leur abondante floraison printanière, et quelques-unes par
leurs fruits, vivement colorés en automne. Leur bois dur, mais gé-
néralement de petite dimension, est employé à faire de menus us-
tensiles, mais leur plus grande utilité est de pouvoir entrer dans la
composition des haies, que leurs épines rendent très défensives.
Citons, comme étant les plus intéressantes pour l’agriculteur, les
espèces suivantes :
CG. oæyacantha L. — L’aubépine, ou épine-blanche. Grand ar-
brisseau, commun dans presque toute l’Europe, très rustique et très
fréquemment cultivé en haies, ce à quoiil se prête mieux que la
plupart de ses congénères, et même que presque tous les autres
arbrisseaux, du moins sous nos climats. ba raideur de ses bran-
ches, leur entrecroisement qu’on obtient par une taille régulière et
les fortes épines dont elles sont armées, rendent ces sortes de haïes
presque infranchissables; de plus elles ont le grand avantage de ne
pas drageonner du pied et, par là, de ne pas empiéter sur le ter-
rain qu elles protégent. Pour cet usage, rien ne saurait remplacer
l’aubépine dans les climats tempérés ou froids de Europe.
Isolée et livrée à elle-même, dans une terre profonde et de bonne
qualité, l’aubépine devient à la longue un arbre de 8 à 10 mètres
de hauteur, qui est superbe au moment de sa floraison. La culture
en a tiré d’ailleurs de nombreuses variétés, destinées surtout à l’or-
nement des parcs et des jardins, entre autres des variétés à fleurs
doubles ou pleines, blanches ou roses, qui sont justement estimées.
Elle rend d’ailleurs d’autres services dont il faut tenir compte, en
fournissant des sujets pour la greffe de certaines races de poiriers,
surtout quand on vise à obtenir des arbres nains ou peu développés,
ce que l'étendue ou la nature même des jardins rend souvent néces-
saire. L’aubépine se multiplie aisément de graines, qu’on met en
stratification avant l'hiver. Ces graines, fort dures, ne germent quel-
quefois qu’à la seconde année du semis.
CG. Azarolus L. — L’azerolier. Du midi de l’Europe. C’est un
petit arbre de 4 à 5 mètres, à tête élargie et à branches retombantes,
peu ou pointépineuses. Ses fruits, assez semblables à de petites pom-
mes de la grosseur d’une cerise, jaunes ou rouges, sont comestibles,
mais on ne les emploie guère qu’à faire des confitures, qui sont ex-
cellentes et agréablement parlumées. ,
C. pyracantha L. — Le buisson-ardent. Arbrisseau épineux de
? à 3 mètres de hauteur, à feuilles persistantes dans le midi de l’'Eu-
rope, caduques dans les pays plus froids. Cet arbrisseau peut être
employé à faire des haïes, mais qui seraient moins touflues et moins
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 297
défensives que celles d’aubépine. Son principal usage est d’orner les
massifs des jardins d'agrément, par ses fleurs d’abord, puis surtout
par ses fruits d’un rouge orangé très vil en automne.
L'Amérique du Nord nous à fourni aussi un cerlain nombre de
Cratægus, parmi lesquels nous distinguerons le C. æstivalis Torr.,
du sud des Etats-Unis, dont on mange les fruits sucrés-acidulés ; le
C. apüfolia Micux., du centre et du nord de la même région, utilisé
comme arbuste de haie; les C’. coccinea, cordata, crus-galli, par-
vifolia et tomentosa, tous également des Etats-Unis, et servant aux
mêmes usages. Plusieurs autres pourraient êtres ajoutés à cette liste,
ainsi que quelques espèces moins connues du nord de l'Asie.
CRITHMUM maritimum L.— Ombellifère vivace, commune sur
les bords de la Méditerranée, tant en Europe qu’en Afrique, et qui
semble affectionner les rochers battus par les flots et couverts par
les embruns de la mer. De même que celles de beaucoup de plantes
maritimes, ses feuilles raides et dressées deviennent charnues et
succulentes. Confites au vinaigre, elles entrent dans les salades et
les assaisonnements. On la cultive dans quelques jardins, mais alors
elle ne vaut pas celle qu’on récolte dans son site naturel. Il serait
facile de la propager de graines aux bords de la mer. Elle porte en
France, suivant les lieux, les noms de crête-marine, passe-pierre,
perce-pierre, fenouil marin, etc.
CROCGUS. — Safran. Genre d’Iridées des pays tempérés, de l’an-
cien continent, toutes de petite taille, vivaces par des tubercules et
remarquables par le vif coloris de leurs fleurs, qui sont relativement
grandes, aussi sont-elles recherchées par l’horticulture d'agrément.
Leurs stigmates, très développés, contiennent une matière colorante
jaune, très usitée dans les arts pour préparer des pigments de di-
verses couleurs. Une seule espèce, toutefois, est cultivée dans ce
but, c’est le C. satious L., le safran proprement dit, originaire du
midi de l’Europe et de l'Orient. Le principal centre de sa culture,
en France, est le Gâtinais, près de Paris, et cette culture est assez
lucrative, à condition que la main-d'œuvre soit à bon marché,
aussi est-elle presque toute entière entre les mains des femmes et
des enfants. Dans de telles conditions elle n’aurait aucune chance
.de succès dans une colonie commençante, où le travail des bras est
rare et cher, mais on pourrait planter des safrans dans des localités
non encore occupées par la colonisation et où la plante se multi-
plierait d'elle-même, en attendant que les circonstances rendissent
son exploitation régulière plus rémunératrice. D’autres espèces,
telles, par exemple, que le C’. serotinus SAL1S8., du midi de l’Europe,
pourraient être utilisées de la même manière.
CROTALARIA.— Genre de Légumineuses herbacées ou plus
rarement frutescentes, la plupart originaires des contrées intratropi-
cales de l’ancien et du nouveau monde, à feuilles simples ou trifo-
liolées, généralement à fleurs jaunes. On en connaît plus de cent
espèces, dont quelques-unes sont utilisées pour la nourriture des
298 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
bestiaux, d’autres pour les fibres de leur écorce, qui ont beaucoup
d’analogie avec celles du chanvre. Deux espèces principalement
rendent ce dernier service, ce sont :
C.juncea L.— De l’Inde et del’Australie tropicale, plante annuelle,
dont les tiges atteignent jusqu’à 3 mètres et plus de hauteur, donnant
une fibre longue et très forte, connue sous le nom de Chanvre Sunn.
La plante est cultivée dans toute l’Inde et elle réussit encore dans
la colonie de Victoria (Australie méridionale), mais seulement dans
les endroits les plus chauds. En quatre ou cinq mois, à partir du
semis, les brins sont bons à récolter, si toutefois la terre est fertile
et bien ameublie. Pour obtenir une fibre douce et soyeuse, la ré-
colte doit se faire au moment de la floraison; si on attend jusqu’à la
maturité des graines, elle est plus forte, mais en même temps plus
grossière. On la sépare des parties ligneuses de la tige par un rouis-
sage de trois ou quatre jours. En semant dru on obtient des brins
longs et filés, sans ramifications, ce qui est un avantage. Dans quel-
ques parties de l’Inde, la plante sert à nourrir les vaches laitières.
C. retusa L.—Des mêmesrégions que la précédente, mais vivace,
et cultivée pour le même objet. Sa fibre plus grossière sert surtout
à faire des toiles communes et des cordes. Plusieurs autres espèces
du genre pourraient être également utilisées comme plantes filas-
sières.
CROTON. — Genre d'Euphorbiacées, qui fournit quelques ar-
brisseaux d'ornement à nos jardins. Une espèce, plus directement
utile, est le C’. lacciferus L. où Aleurites laccifera, de Geylan, dont
on obtient une résine particulière, ou sorte de gomme-laque, uti-
lisée dans les arts. D’autres espèces du genre, les C. Draco et C.
sanguiferus, de l'Amérique tropicale, fournissent aussi une résine
rouge, qui est une des variétés de sang-dragon du commerce. Tou-
tes ces espèces ne peuvent prospérer que dans les climats chauds.
CROZOPHORA finctoria NECKER, ou Croton tinctorius L. —
Plante herbacée et annuelle, de la famille des Euphorbiacées, ori-
ginaire d'Orient, mais naturalisée depuis l’antiquité dans le midi de
l’Europe, et encore aujourd’hui cultivée, en qualité de plante tinc-
toriale, dans quelques cantons du midi de la France. Le suc épaissi
de la plante porte le nom de fournesol, et il sert à colorer en bleu
certaines espèces de fromages, fabriqués principalement en Hol-
lande. C’est aussi de ce suc qu’on se sert pour préparer le papier de
tournesol, employé comme réactif par les chimistes pour distinguer
d'emblée les acides d'avec les alcalis. L'invention moderne de divers
autres pigments colorés, les uns arüficiels, les autres tirés des li-
chens, tendent de plus en plus à restreindre l'emploi du tournesol,
dont la culture finira par être abandonnée.
CRYPTOMERIA japonica D. Don. — Conifère de la Chine et
du Japon, où il devient un arbre de première grandeur, car il atteint
la hauteur de 35 à 40 mètres, sur un tronc de 8 à 10 mètres de tour
au niveau du sol; aussi y est-il cultivé comme arbre forestier autant
ab ds
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 299
ou plus que comme arbre paysager. Son bois est très blanc, léger,
facile à travailler et parfumé comme celui du Cedrela. Introduit de-
puis longtemps en France et en Angleterre, le Cryptomeria y souffre
du froid et est toujours resté chétif, haut de 8 à 10 mètres au plus,
sauf au voisinage de l’océan, où le climat plus doux lui permet de
prendre un peu plus de développement. Il réussit beaucoup mieux
aux Açores, où on le préfère, même comme arbre forestier, au pin
d'Alep, dont la croissance est moins rapide sous ce climat insu-
laire.
On cultive dans les jardins du Midi, sous le nom de C. elegans,
une autre espèce, ou peut-être une simple variété, qui forme des
buissons compactes, à feuillage rougeñtre, d’un assez singulier
eftet.
CUCUMIS. — Genre de Cucurbitacées, comprenant plusieurs es-
pèces, toutes de l’ancien continent, sauf une seule qui est répandue
dans les parties chaudes de l Amérique, en dedans et en dehors des
tropiques. Ce genre nous fournit deux plantes d’un grand intérêt
économique :
C. Melo L.. — Le melon, cultivé dans toutes les parties du monde
pour ses fruits, dont certaines variétés sont délicieuses. On a long-
temps disputé sur la patrie première du melon; il est avéré aujour-
d’hui que l’espèce est originaire de l’Asie méridionale, de l’Inde
particulièrement, où on le trouve encore à l'état sauvage, et qu’il
s’est propagé de là, par la culture, dans les autres parties de l’Asie,
et en Afrique. Son introduction dans le midi de l’Europe, en Italie
et en Grèce, ne remonte guère plus haut qu’un siècle avant l’ère
chrétienne.
Par suite de cette ancienne culture et des grandes diversités de
climats, il s’est produit dans l’espèce du melon une multitude de
variétés, si différentes les unes des autres par la grosseur, la forme,
la couleur et la qualité des fruits, que la plupart des botanistes en
ont fait autant d'espèces. Parmi ces variétés presque innombrables,
il en est beaucoup qui n’ont aucune valeur. Les meilleures sont
celles qu’on cultive en Europe, surtout en France et principalement
à Paris, où les bonnes races sont soigneusement conservées par
sélection. On ne devrait jamais introduire dans les jardins potagers
les races inférieures, parce que le pollen de leurs fleurs transporté
par les abeilles sur celles des races de choix a pour effet de les
abâtardir. Rien n’est plus fréquent que cette dégénérescence des
melons dans les jardins mal conduits; aussi doit-on éviter tout croiï-
sement, intentionnel ou accidentel, des bonnes races de melons, si
on tient à leur conserver leurs qualités.
On a cru longtemps, et beaucoup de personnes croient encore que
les courges cultivées à proximité des melonnières altèrent les quali-
tés des melons. Des expériences répétées, faites au Jardin des Plantes
de Paris, ont mis hors de doute que les croisements n’ont jamais
lieu entre ces deux genres de plantes, et que lorsque les melons
dégénèrent, la cause en est dans une mauvaise culture ou dans les
croisements des différentes races de melon entre elles.
230 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
C. satious L. — Le concombre. De même que le melon, il est
originaire de l’Inde, et cultivé depuis les tempsles plus anciens. Les
fruits cueillis jeunes se confisent au vinaigre et servent de condi-
ment sous le nom de cornichons. On mange aussi les fruits mûrs,
accommodés de diverses manières, et les meilleurs pour cet usage
sont ceux du concombre blanc de Bonneuil. Le concombre a produit
aussi un nombre assez considérable de variétés, la plupart peu con-
nues en France.
GC. Arada L. —- Le concombre arada. La seule espèce du genre
qui soit indigène de l'Amérique, où elle est répandue du Mexique au
Brésil méridional, tant sauvage que cultivée. Elle est très produc-
tive, un seul pied pouvant produire jusqu’à une centaine de fruits ou
davantage, mais ces fruits sont à peine de la grosseur d’un œuf de
poule. Ils sont couverts d’aspérités, que l’on enlève avec la peau
avant de les faire cuire, car ils sont comestibles. Le concombre
arada a été introduit en Europe au commencement du siècle, et on le
trouve encore dans quelques jardins, à titre de légume de fantaisie
ou de curiosité.
Les C. utilissimus RoxBG., du nord de l’Inde, Conomon THUN86G.,
du Japon, et Dudaïm L., d'Arabie et d'Orient, ne sont que des races
inférieures de l’espèce du melon, ainsi que beaucoup d’autres dont
les fruits varient de la grosseur d’un œuf de pigeon à celui d’un œuf
d’autruche. Le Dudaïm produit des fruits sphériques ou déprimés,
de la grosseur d’une orange, très vivement colorés de brun et de
jaune ou de rouge orangé, et dont l’odeur est extrêmement forte.
On s’en sert pour orner les tables, mais sa chair est insipide, et
son pollen altère profondément les races de melon cultivées dans
son voisinage.
CUCURBITA. — Courge. Genre de Cucurbitacées, dont trois
espèces, extrêmement variables, sont cultivées dans tous les pays
chauds ou tempérés comme plantes potagères, et à ce titre elles ont
une certaine importance; ce sont les suivantes :
GC. maxima L.— Le potiron proprement dit, dont quelques variétés
produisent les fruits les plus volumineux que l’on connaisse. C’est
une espèce extrêmement variable, mais qu’on reconnaîtra toujours à
la forme cylindrique du pédoncule, qui ne s’élargit pas à son inser-
tion sur le fruit. Ce dernier varie de la forme sphérique ou sphérique-
déprimée à la forme ovoïde, ou même cylindrique allongée. Il y a
aussi des variétés dont les carpelles font saillie à la partie supérieure
du fruit; on leur donne le nom collectif de potirons turbans, qui
rappelle leur ressemblance avec la coiffure turque. Dans cette espèce
les graines sont ordinairement très blanches, mais dans certaines
variétés elles sont basanées ou fauves. On trouvera dans les traités
spéciaux d’horticulture potagère l'indication des meilleures variétés
de potirons.
C. Pepo L. — La citrouille commune. Espèce plus variable en-
core que la précédente, dont elle se distingue par des tiges plus ru-
des, les poils presque piquants des pétioles et des nervures des
feuilles, et surtout par les pédoncules toujours plus ou moins can-
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 281
nelés, et généralement à cinq grosses côtes, qui, dans certaines
variétés, se continuent sur les fruits. Ces pédoncules sont ordinai-
rement peu élargis à leur insertion sur le fruit.
Ce dernier varie étrangement dans la longue série des races issues
de cette espèce. Il en est chez lesquelles il n’a guère que la grosseur
d’un œuf de pigeon, tandis que chez d’autres il atteint le poids de
15 à 20 kilogrammes. Il présente toutes les formes : ovoïdes, sphé-
riques, sphériques-déprimées, cylindriques, obovoïdes ; il est tantôt
lisse, tantôt relevé de côtes longitudinales ou couvert de tubérosités
qui lui donnent un aspect singulier. Le coloris varie du vert et du
blanc au jaune et à l’orangé; il est tantôt uniforme, tantôt distribué
par bandes alternantes de deux couleurs. Quelques-unes des variétés
les plus bizarres sont cultivées comme plantes de fantaisie.
Certaines variétés de citrouilles sont justement estimées, d’autres
sont sans valeur économique. C’est à cette espèce qu’appartiennent
le patisson où artichaut d'Espagne, curieux par la forme très dé-
primée et lobée de son fruit; le vegetable marrow, si recherché en
Angleterre, et la courge sucrière du Brésil, dont la chair est telle-
ment sucrée qu’on peut la manger crue. Il est certain qu’on pourrait
en extraire du sucre avec profit. Ici, comme dans le melon, les races
dégénèrent très promptement par l’entrecroisement des pollens,
quand elles sont cultivées à proximité les unes des autres.
C. moschata Ducx. — Melonnée, courge musquée. C’est aussi
une espèce très variable, et à laquelle ou pourrait appliquer ce que
nous avons dit des deux précédentes. Ses feuilles sont souvent
marbrées de blanc, douces au toucher et comme veloutées, sans
poils piquants sur la tige et sur les pétioles. Un autre caractère plus
facile à saisir est fourni par le pédoncule, généralement pentagonal
et toujours plus ou moins élargi et comme épâté à son insertion sur
le fruit, qui est ordinairement blanchi, dans cette région, par une
fine efflorescence cireuse.
Le fruit, dans la série des variétés, présente toutes les formes que
nous avons décrites dans le C. Pepo, mais ici la forme dominante
est celle d’un cylindre allongé, et ordinairement renflé à son extré-
mité antérieure, dans laquelle sont logées les graines, le reste du
fruit étant plein et solide. La chair, suivant les races, est jaune pâle
ou rouge orangé, quelquefois rouge de sang. Toutes les variétés en
sont estimées, quelques-unes cependant déplaisent par leur saveur
aromatique très prononcée.
La courge musquée, surtout dans les grandes races, s’accommode
moins des climats du Nord que les deux espèces précédentes. Elle
est peu cultivée à Paris, mais elle est la plus commune dans le midi
de la France et de l’Europe, ainsi que dans tous les pays chauds.
Des tentatives multipliées ont été faites au Jardin des Plantes de
Paris pour croiser entre elles ces trois espèces de courges; elles ont
toutes échoué, d’où on peut conclure qu’il ne se forme point d’hy-
brides proprement dits dans ce genre. Au contraire les races ou
variétés d’une même espèce se croisent entre elles avec une extrême
facilité, ce qui amène leur abâtardissement. Il faut done, quand on
tient à les conserver pures, les cultiver à de grandes distances les
239 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
unes des autres, à cause de la facilité avec laquelle les abeilles trans-
portent leurs pollens et opèrent par là leur entrecroisement.
Ces trois espèces de courges n’ont été trouvées sauvages nulle
part, mais tout porte à croire que leur patrie première est le midi de
l'Asie, et que leur culture remonte à une époque très reculée. Il en
est autrement de l'espèce qui suit :
C. melanosperma Al. Braun, ou C!. ficifolia Bouc. — Espèce
de la Chine, introduite en France au commencement du siècle, sous
le nom de melon du Malabar. Elle est annuelle sous le climat de
Paris, mais sous un ciel plus chaud elle devient vivace par sa tige,
qui s’allonge indéfiniment, en s’enracinant à tous les nœuds. Le
fruit, de la grosseur et de la forme d’un melon, est lisse et réticulé
de blanc sur fond vert. Sa peau se durcit en une coque demi-li-
gneuse, ce qui explique sa longue conservation, pendant un an ou
plus. Ce fruit est plein, à chair très blanche, dans laquelle sont ni-
chées de larges graines noires, mais qu’on trouve quelquefois blan-
ches dans certaines variétés, d’ailleurs peu différentes du type ordi-
naire.
La courge mélanosperme n’est guère pour nous qu’une curiosité
horticole ; mais, en Chine, on en utilise les fruits pour la nourriture
des bestiaux, surtout pendant l'hiver, ce à quoi leur longue et facile
conservation les rend éminemment propres. Il est probable que dans
d’autres pays, en Algérie plus particulièrement, ces fruits seraient
une utile ressource dans les moments de l’année où les fourrages
deviennent rares.
L'Amérique possède en propre trois ou quatre autres espèces du
genre Cucurbita, vivaces par de grosses racines tubériformes. Elles
ne sont d'aucune utilité; on cultive cependant, en qualité de plante
d'ornement, le C. perennnis As. Gray, de l'Amérique du Nord,
forte plante à tiges et rameaux grimpants, ou rampants à terre. Elle
sert à épaissir des haies, qu’elle orne de son feuillage grisâtre et de
ses grandes fleurs jaune orangé. On la fait aussi courir sur les
gazons, et l’effet en est assez pittoresque.
Les fleurs de toutes ces grandes Cucurbitacées sont très recher-
chées des abeilles, et les personnes qui s'occupent d’apiculture
auraient un avantage certain à couvrir les haïes et les alentours de
leurs ruchers de quelques-unes des variétés précoces et autrement
inutiles du C. Pepo, qui viennent presque partout sans culture.
CUDRANIA javensis TRÉCUL. — Liane épineuse, de la famille
des Artocarpées, à fruits comestibles, et dont la racine fournit une
teinture jaune. Elle est originaire de l’Asie orientale, du Japon et de
l'Australie. Plante à utiliser dans les pays chauds ou tempérés-
chauds pour composer des haies défensives.
CUNNINGHAMIA sinensis Rob. Br.; Belis jaculifolia SALISB.—
Peütarbre du midi de la Chine, de l’ordre des Conifères cupressinées,
à feuilles relativement larges, luisantes, d’une verdure vive, rap-
pelant celles de l'Araucaria brasiliensis. Introduit en France au
commencement du siècle, il sy est montré partout rustique, mais
+
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 233
n’y a pas müûri de graines, du moins sous le climat de Paris. Sa
faible taille (10 à 12 mètres) ne permet pas d’en faire autre chose
qu'un arbre d'ornement.
CUPRESSUS. — Cyprès. Genre de Conifères habitant les climats
tempérés ou tempérés-chauds de l'hémisphère septentrional, com-
prenant des arbres de première grandeur et des arbrisseaux, à
feuilles très petites et en forme d’écailles, et dont les cônes ou gal-
bules, de forme ovoïde ou sphérique, se conservent quelquefois
plusieurs années sur les arbres avant de s'ouvrir et de laisser échap-
per leurs graines. Quelques espèces du genre ont été séparées des
cyprès proprement dits, sous le nom de Camæcyparis, qu’on peut
abandonner sans inconvénient. Plusieurs cyprès sont importants par
leur bois, d’autres par l’usage qu’on en fait dans divers pays, où,
plantés en rideau, ils protègent très efficacement les cultures contre
la violence des vents. :
C. Benthami EnpzicH. — Des montagnes du Mexique, où il
monte jusqu’à l’altitude de 2,000 mètres. C’est un bel arbre, d’une
vingtaine de mètres de hauteur, et dont le bois, à grain fin, est d’une
très longue durée.
C. Lawsoniana Murray. — Du nord de la Californie. Arbre
splendide, d’une trentaine de mètres, à tronc élancé, de 1"50 à
2 mètres de tour à la base. Le bois en est recherché pour les ou-
vrages de grande charpente ; il est d’une belle teinte claire, facile à
travailler, avec très peu de nœuds, et de longue durée.
C. Lindleyi Krorscx. — Des montagnes du Mexique, également
recommandable par sa haute taille (de 30 à 40 mètres) et par l’ex-
cellence de son bois.
C. macrocarpa Harrw. — De la Californie, où il croît de préfé-
rence dans les terrains granitiques. Arbre de 20 à 25 mètres de
hauteur, et dont le tronc dépasse un mètre en diamètre. C’est peut-
être, de tous les arbres conifères, celui qui croît le plus vite et cela
dans tous les sols, même les plus pauvres. Ses branches très nom-
breuses et très longues s’étalent horizontalement, aussi ne doit-on
le planter qu’isolé, dans les parcs et les jardins où on ne vise qu’au
pittoresque; mais, sous ce rapport, peu d’autres arbres répondent
aussi bien au but qu’on se propose. Dans son pays natal il ne s’é-
loigne jamais beaucoup de la mer, et, en Europe, c’est aussi au
voisinage de la Méditerranée et de l'Océan qu’il se développe le
mieux. C’est le C’. Lambertiana de quelques auteurs.
C. nutl:aensis LamB. — Le cèdre ou cyprès jaune d’Alaska. Du
nord-ouest de l'Amérique septentrionale. Il s’élève à une trentaine
de mètres, et donne un bois de couleur pâle, compacte, facile à
travailler et d’une bonne durée. Son écorce sert à faire des nattes et
même des cordages. Il est très rustique en Europe, surtout au voi-
sinage de la mer.
C. obtusa Ferd. von Muzzer. — Du Japon, où il porte le nom
d’Hinoki. Il y constitue une notable partie des forêts de l’île de
Nipon, jusqu’à l'altitude de 12 à 1,400 mètres. Son bois, blanc, à
grain fin, compacte et d’un éclat soyeux lorsqu'il a été poli, est em-
234 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
ployé comme bois de charpente, et c’est avec lui surtout que l’on
construit les temples, où il n’entre que peu ou point de maçonnerie,
à cause des tremblements de terre fréquents dans le pays. Son écorce
sert à couvrir les toits ou à faire des cordages et des tapis de pied.
Cet arbre a des variétés à teinte jaune et à teinte grise argentée. Sa
rusticité est complète, car il résiste aux rudes hivers de New-York,
et on l’y regarde comme un des plus beaux arbres verts d’alignement.
On le multiplie aisément par le marcottage de ses branches infé-
rieures.
C. pisifera Ferd. von Muzrer. — Le Sarvara des Japonais.
Petit arbre d’une dizaine de mètres, beau de feuillage et de forme et
de croissance rapide. Il vient dans les mêmes lieux que le précédent
en se contentant d’un sol plus pauvre. C’est plutôt un arbre d’orne-
ment que d'utilité. Du reste il est parfaitement rustique. On le trouve
dans quelques jardins de l’Europe sous le nom générique de Cha-
MECYpArts.
C. sempervirens L.— Le cyprès commun. Du midi de l’Europe et
de l'Orient. C’est l'arbre classique du genre etil est cultivé depuis
les temps les plus anciens. Son épaisse ramure, sa verdure sombre
et sa longévité l'ont toujours fait considérer comme larbre des tom-
beaux ; aussi le plante-t-on de préférence à tout autre dans les cime-
tières. Si on fait abstraction des idées lugubres qu’on attache au
cyprès, on reconnaîtra en lui un des arbres les plus utiles que nous
possédions. Il s'élève à plus de 25 mètres, et fournit un bois à peu
près incorruptible. On a des raisons de penser que les cèdres du
Liban qui ont servi à la construction du temple de Jérusalem, sous
le règne de Salomon, n'étaient autre chose que des cyprès, car le
bois de cèdre est loin de valoir celui de cet arbre. Il a produit un
certain nombre de variétés, dont une, très élancée, est le cyprès
pyramidal, si commun dans le midi de la France, où il sert surtout
à faire des rideaux pour mettre diverses cultures à l’abri des vents.
Son bois est fréquemment employé par les luthiers, pour confec-
tionner des instruments de musique.
C. thurifera Huws. et Bonxrz. — Du Mexique. Arbre de 10 à 12
mètres, d'une belle forme pyramidale, occupant une zone située
entre 1,000 et 1,500 mètres d’altitude supramarine. Sa résine est
quelquefois employée en guise d’encens.
C. thuioides L.; Thuia sphæroidalis Rica. — Cèdre blanc d’A-
mérique. Arbre de 25 mètres sur 3 mètres de circonférence à la
base du tronc, propre aux terres humides et marécageuses. Son
bois rougeûtre, léger, facile à fendre et agréablement odorant, sert
à une multitude d'ouvrages, tels que charpentes, construction de
bateaux, pièces de menuiserie, etc. Quand il a vieilli il résiste mieux,
assure-t-on, aux alternatives de sécheresse et d'humidité que tout
autre bois de cyprès.
C. torulosa Don. — Du Népaul et de la Tartarie chinoise, où il
croît aux altitudes de 1,500 à 3,000 mètres, et ne fournit d'ordinaire
que de petites pièces de charpente; mais son bois parfumé, rougeä-
tre, à grain fin et plus durable que celui du cèdre Déodar, est fort
recherché par la menuiserie. Cet arbre se plaît dans les sols cal-
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 235
caires, et sa ramure très dense le rend particulièrement propre à
composer des brise-vent. Au dire du docteur Brandis, il peut vivre
un millier d'années. C’est le seul cyprès de l’Asie centrale.
On rattache au C. torulosa, comme variétés, plusieurs autres
cyprès asiatiques, qui en diffèrent cependant par des caractères que
quelques botanistes ont trouvés suffisants pour en faire des espèces
distinctes. Ce sont, entre autres, le C’. corneyana, moins grand que
le type du torulosa, avec des rameaux plus menus et pendants ; les
C. majestica, gracilis, cernua et pendula. Le C!. torulosa à aussi
été décrit sous les noms de cashmiriana et de nepalensis, qu'on
lui a conservés dans quelques collections de l'Europe.
C. funebris ForTuNE. — De Chine et du Japon. Arbre de forme
pyramidale, très dense, d’une verdure assez vive, remarquable par
la flexibilité de ses derniers rameaux, qui s’inclinent vers la terre,
ce qui le fait habituellement employer en Chine pour la décoration
des cimetières. Il y joue le même rôle que le cyprès pyramidal en
Europe. C’est du reste un très grand arbre lorsqu'il est adulte ; mais
son introduction en Europe étant encore récente, nous ne l’y con-
naisons que sous la taille de grands arbrisseaux. Il est très rustique
dans presque toute la France.
CURCUMA. — Genre de Scitaminées herbacées et vivaces, de
l'Asie orientale et méridionale, où, Saure une haute antiquité, on
les emploie en teinture. Plusieurs espèces sont utilisées dans ce
but, mais la principale est le C. longa L., dont les rhizomes con-
tiennent un pigment jaune, la curcumine, dont la chimie fait un
fréquent usage comme réactif. Au Japon, où le curcuma est cultivé
sous le nom d’Uon, on s’en sert pour teindre la soie et la laine, en
y ajoutant ordinairement de la gomme-gutte pour rendre la teinte
plus brillante et plus solide. Les Japonais utilisent encore le cur-
cuma pour aromatiser les mets.
Les C'. Zedoaria et C. Zerumbet RoxgG. sont employés en mé-
decine et jouissent d’une grande réputation chez les Arabes.
CYAMOPSIS psoraloides DC. — Plante légumineuse, annuelle,
cultivée dans une partie de l’Inde, pour sa graine, qui est alimen-
taire à la manière des haricots et des pois. Elle est cultivée pour le
même usage en Arabie et même dans quelques Antilles et sur le
continent de l'Amérique. Elle est identique avec les Psoralea tetra-
gonoloba de Linné, Dolichos psoraloides de Lamarck et Zupinus
trifoliatus de Cavanilles.
CYCAS. — Arbres palmiformes, de la famille des Cycadées, dont
le tronc cylindrique est couronné d’une large gerbe de frondes éta-
lées qui ressemblent beaucoup à celles des palmiers pennatifrondes.
Du centre de cette couronne sort, de loin en loin, une grosse inflo-
rescence mâle ou femelle. Toutes les espèces du genre sont de beaux
arbres d'ornement pour les serres on les jardins de plein air. Nous
distinguons dans le nombre les espèces suivantes :
C. Normanbyana Kerd. von MuzLEr. — Superbe plante de la
236 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
Nouvelle-Hollande orientale subtropicale, qui ne paraît pas avoir
encore été importée en Europe.
C. angulata Rob. Br. — Des mêmés régions. C’est la plus grande
Cycadée connue, car elle s'élève à plus de 20 mètres. Elle serait
certainement rustique dans les parties les plus chaudes du midi de
l'Europe.
GC. revoluta THUNBG. — Du Japon. Espèce très rustique dans le
midi de l’Europe et même en Provence, où elle n’est pas rare au-
jourd’hui, et où on la voit souvent fleurir. Elle est très ornementale,
quoiqu’elle ne s'élève guère qu'à deux mètres. Sa croissance est
assez lente, mais ses belles frondes d’une verdure très vive se
conservent sur le tronc pendant plusieurs années.
CYDONIA. — Cognassier. Genre de Pomacées très voisin de
celui des poiriers (Pyrus), dont il ne diffère que par le grand nom-
bre de pepins que contiennent les loges du fruit. On ne connaît que
deux ou trois espèces dans le genre, qui sont des arbrisseaux ou de
simples buissons, à feuilles caduques, et dont les fruits sont relati-
vement volumineux. |
GC. communis L. — Le cognassier commun. Petit arbre connu de
toute antiquité, probablement originaire de l'Asie occidentale, au-
jourd’hui cultivé dans toute l’Europe centrale et méridionale. Ses
fruits sont très gros, plus ou moins cotonneux à la surface, jaune
serin et agréablement parfumés à la maturité. Leur chair est toujours
plus ou moins acerbe, tout en étant un peu sucrée, aussi ne sont-ils
comestibles que cuits et préparés en compotes. On les emploie aussi
en confiserie pour faire la gelée de coings. Ces fruits n’arrivent à une
maturité suffisante que dans le midi de l’Europe, quoiqu’on en ré-
colte encore jusque sous le climat de Paris. Le cognassier est sou-
vent cultivé uniquement pour fournir des sujets de greffe aux poi-
riers qu’on veut maintenir sous une taille peu élevée.
On rattache à cette espèce, comme simple variété, le cognassier
de la Chine (C. sinensis THOUIN), qui se distingue de l'espèce com-
mune par des fruits plus volumineux, mais dont la chair est si dure
qu'on n’en fait pour ainsi dire aucun usage. L'arbre, qui est très
beau au moment de sa floraison, n’est guère qu’un ornement de nos
jardins.
C. japonica Mir. ; C'hœænomeles japonica Honr. — Cognassier
du Japon. Arbrisseau buissonnant, à fleurs rouge vif, qui s’ouvrent
au printemps avant le développement des feuilles. On le cultive
comme arbrisseau d'ornement, etil est en effet fort remarquable au
moment de sa floraison. On peut d’ailleurs employer à faire des
haies assez défensives. Dans le midi de la France il produit des fruits
de la grosseur d’un œuf de poule, très parfumés, dont on fait des
gelées et des conserves additionnées de beaucoup de sucre.
CYMOPTERUS glomeratus DG. — Ombellifère vivace, à racine
charnue, des plaines voisines du Missouri, dans l'Amérique septen-
trionale. Sa racine est comestible, d’après Rosenthal, et pourrait
être considérablement améliorée par la culture, comme l'ont été
LH TA
éd
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 237
celles de la carotte, du panais et de plusieurs autres Ombellifères.
Le Selinum acaule Pursu et le Thapsia glomerata Nurazz sont
identiques avec cette plante.
CYNARA. —- Genre de Composées carduacées, mdigènes du midi
méditerranéen de l’Europe et du nord de l'Afrique, qui ont fourni
deux plantes intéressantes à la culture polagère. Ce sont les sui-
vantes :
C. cardunculus L. — Le cardon d'Espagne. Grande et forte plante,
qui a tout l’aspect d’un chardon et qui est très épineuse à l’état sau-
vage. Les côtes de ses feuilles blanchies artificiellement sont un lé-
gume estimé. La culture a beaucoup amélioré cette plante, en lui
donnant plus d’ampleur, en diminuant son amertume naturelle et en
y faisant naître des variétés moins épineuses que le type sauvage ou
même tout à fait inermes.
CG. Scolymus L. — L’artichaut. Ce légume est trop connu pour
qu’il y ait utilité à le décrire ici. Il a produit un grand nombre de
variétés, qu’on trouvera indiquées dans les trailés de jardinage,
ainsi que les procédés de culture les plus avantageux. Rappelons
seulement qu’il tient une grande place dans la culture potagère, et
qu’il fournit matière à une large exportation de produits du midi de
l'Europe vers le nord. C’est une des exploitations les plus prospères
et les plus rémunératrices du midi de la France.
CYNODON dactylon L. — Le petit chiendent. Graminée basse,
à rhizomes rampants dans le sol, qu’ils envahissent avec une ex-
trême rapidité. C’est un des fléaux de la culture dans une grande
partie de l’Europe, surtout dans le midi, où elle résiste aux plus
grandes sécheresses. Elle est également répandue dans plusieurs
parties de l'Inde, de l'Amérique et des Antilles.
Malgré sa mauvaise réputation, le Cynodon dactylon rend d’im-
portants services quand on sait l’employer à propos. Il fait de bons
pâturages pour les moutons dans les lieux les plus arides ; il main-
tient les terres en pente qui, sans lui, seraient entraînées par les
eaux; on en fait des gazons de longue durée et qui ne demandent
presque aucun soin. Enfin ses rhizomes, retirés de terre au pre-
mier printemps, contiennent alors une bonne proportion de gluten,
de fécule, de gomme et de sucre, ce qui leur donne une certaine
valeur médicinale, et permet d’en faire des tisanes utiles dans la
plupart des maladies inflammatoires. En Italie on en extrait une
sorte de miel (le Mellago graminis des pharmacies). La plante se
reproduit avec une extrème facilité par fragments de ses rhizomes,
mais on doit l’extirper autant que possible des terres livrées à la
culture, et c’est une opération assez dispendieuse.
CYNOSURUS cristatus L.— Graminée fourragère, d’une grande
partie de l’Europe et de l'Asie, qui se plaît dans les terrains décou-
verts, et se trouve le plus souvent mêlée aux autres fourrages. Elle
est vivace et résiste passablement à la sécheresse. C’est une bonne
pâture en vert et qu’on doit recommander, mais elle est de qualité
ro Sa, r" " D ARS TR TL NE INSEE ET
t
Le
238 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
médiocre comme fourrage sec. On la sème en mélange avec d’autres
graminées, telles que dactyle, pâturin des prés, agrostides, etc.,
destinées à être consommées en vert.
CYPERUS. — Laiche. Genre de Cypéracées, dont quelques es-
pèces ont des emplois économiques ou industriels. Les principales
sont les suivantes :
GC. corymbosus RorTBoELzLz. —- De l’Inde, où on l’exploite sur une
grande échelle pour la tresser en nattes, tapis de pied, corbeilles, etc.
C’est une grande et belle plante demi-aquatique, qu’il serait facile
ae multiplier au bord des eaux, dans tous les pays exempts de
gelées.
GC. segeltum RoxBG. — De l'Inde, de la Chine méridionale et du
nord de PAustralie. On en fabrique au Bengale des nattes de qualité
supérieure. En Chine la plante est cultivée à la manière du riz, mais
seulement dans les terres graveleuses, sillonnées de rigoles pour
l’arrosage. Ce roseau pourrait être naturalisé comme le précédent,
et dans les mêmes conditions climatériques.
C. textilis THUNBG.; C. vaginatus Rob. Br.— Espèce largement
répandue en Australie, et qui se trouve aussi dans le sud de l’Afri-
que, mais toujours dans les sols marécageux. Dans la colonie de
Victoria (Australie méridionale) on regarde cette laiche comme la
meilleure des plantes textiles indigènes. On en fabrique non seule-
ment des lissus, mais aussi un très bon et très solide papier à écrire.
La plante étant vivace, on peut en faire une ou plusieurs coupes
dans l’année. Elle abonde surtout dans les sols inondés par la ri-
vière Murray, et il serait facile de l’établir dans les lieux analogues
du midi de l’Europe. Les indigènes d'Australie se servent de ses
fibres pour faire des filets.
C. esculentus L. — Le souchet comestible. Du midi de l’Europe,
de l'Asie occidentale et du nord de l’Afrique. C’est à peu près la
seule cypéracée qui soit utilisée pour la nourriture de l’homme, et
on la cultive dans plusieurs pays, notamment en Espagne. Son pro-
duit utile consiste en tubercules souterrains de la grosseur d’une
amande ou d’une petite noix, tendres et farineux, qui se mangent
crus ou cuits. Les analyses chimiques y ont constaté, sur 100 par-
ties, de 27 à 29 pour 100 de fécule, de 12 à 14 de sucre, 28 d'huile,
7 de gomme et 14 de cellulose, ce qui explique leurs qualités nutri-
tives. Chaque plante en produit de 100 à 150, et comme elle ne dra-
geonne pas elle n’envahit pas le terrain destiné à d’autres cultures.
L'industrie tire quelque parti des tubercules du souchet; outre
l'excellente huile comestible qu’elle en obtient, elle en fabrique de
l’orgeat et même un assez bon succédané du café. Enfin les pores
sont friands de ces tubercules, qu’ils savent déterrer dans les champs
où la plante est cultivée.
C. Papyrus L. — Le papyrus du Nil. Plante célèbre dans l’anti-
quité, où elle servait à faire le papier à écrire, et c’est par elle que
tant de précieux documents nous ont été conservés. On n’en fait
plus d'usage aujourd’hui, mais les services qu’elle a rendus ne per-
mettent pas de la laisser tomber dans l'oubli. C’est d’ailleurs une
à
|
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 239
très belle plante d'ornement et une des plus grandes de la famille
des Cypéracées; aussi est-elle cultivée dans la plupart des aquariums
des serres de l’Europe. On ne la trouve plus aujourd’hui que dans le
Haut-Nil et quelques autres fleuves de l'Afrique.
C. syriacus PARLAT.— Cette espèce est voisine du papyrus, mais
presque de moitié moins grande, car elle n’atteint guère qu’à 2 mè-
tres. C’est aussi la plus répandue dans les serres chaudes, où elle
passe assez souvent pour le vrai papyrus de l’antiquité, dont elle
peut n'être, après tout, qu’une simple variété. Introduite au jardin
botanique de Melbourne (Australie méridionale), elle y souffre quel-
quefois des petites gelées de l'hiver. Le même fait s’observe en Pro-
vence.
Quoique les Cyperus ne fleurissent pas dans le sens que le vul-
gaire attache à ce mot, quelques espèces rustiques ou demi-rusti-
ques sont aujourd’hui cultivées comme plantes d'agrément dans les
bassins des jardins ou au bord des eaux, telles que les C’. alter-
nifolius de Madagascar, asperifolius de l'Inde, pungens du Cap, etc.
Per C: giganteus, de la Guyane et des Antilles, pourrait, par sa
haute taille, faire le pendant du C. papyrus dans les serres chaudes.
CYTISUS. — Arbrisseaux de la famille des Légumineuses papi-
lionacées, la plupart des pays tempérés ou tempérés-chauds de
F hémisphère septentrional ; très voisins du vaste genre des Genista,
avec lesquels ils sont quelquefois réunis. Citons les deux suivants,
qui ont le plus d'intérêt au point de vue de la culture
C. prolfer us L. f.— Le Tagasate des Canaries. C’est un arbris-
seau de 4 à 5 mètres, à longues branches étalées, très feuillues et à
bois très dur. On le cultive aux Canaries pour la nourriture des
bestiaux, des vaches principalement, dont il augmente la production
laitière. En le taillant en têtards, haut de 0"50 à 1 mètre, 1l repousse
continuellement des branches que l’on moissonne au fur et à me-
sure pour les faire consommer en vert. Cet arbrisseau, introduit en
Provence et en Roussillon dans ces dernières années, s’y est mon-
tré parfaitement rustique et résistant bien aux sécheresses de ces
deux provinces. Ce sera, tout semble le promettre, une utile acqui-
sition pour le midi de l’Europe et autres pays de climats analogues.
Ses fleurs sont blanches et très abondantes.
GC. Laburnum L.— L’aubour des Alpes. Arbrisseau d'Europe, à
fleurs jaunes, en longues grappes pendantes. Il est fréquemment
employé comme arbre d'ornement, mais ses feuilles et ses fleurs
passent pour vénéneuses et nuisibles aux bestiaux. Nous ne le citons
ici que pour mettre le public en garde contre ces fâcheuses pro-
priétés.
DACRYDIUM. —- Arbres conifères, appartenant tous à l’hémis-
phère austral, où ils remplacent les pins et les sapins de nos con-
trées. Ce sont en général de grands et beaux arbres, dont quelques-
uns sont déjà introduits dans le midi del’ Europe, plutôt comme
16
210 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
arbres paysagers qu’au point de vue de l'utilité. Citons, entre
autres :
D. cupressinum SOLAND. — De la Nouvelle-Zélande, où il porte
les noms de ZÆimu et de Pin rouge. C'est un arbre de première
grandeur, car il s'élève souvent à plus de 60 mètres. Son bois est
excellent pour les travaux de charpente et de menuiserie, mais il
se détériore rapidement dans l’eau. C’est dans les vallées fraiches
et un peu humides qu’il atteint ses plus belles proportions. Par sa
verdure dense et ses longues branches retombantes il conviendrait
particulièrement pour l’ornementation des cimetières.
D. Franklini Jos. Hook. — Le Pin Huon, de Tasmanie. Il est
essentiellement forestier et recherche les vallées profondes où abon-
dent les fougères. Sa hauteur est d’une trentaine de mètres, sur 5 à
6 mètres de circonférence au niveau du sol. Le bois en est estimé,
non seulement pour la charpente et les constructions navales, mais
aussi pour la menuiserie de luxe et la ciselure sur bois; de là le fré-
quent emploi qu’on en fait pour la gravure commune. On en tire
aussi des planchettes légères utilisées dans la fabrication d’instru-
ments de musique, principalement de pianos.
D. Kirk Ferd. von MurzzEr. — Le Manoao de la Nouvelle-
Zélande. C’est un arbre de forme pyramidale, de 20 à 25 mètres,
sur 3 à 4 mètres de circonférence au pied. Son bois, d’après le doc-
teur Kirk, est de couleur rougeâtre et très durable. Il ne paraît pas
encore avoir été introduit en Europe.
Ces trois arbres, originaires de climats tempérés et humides,
réussiraient en Europe comme arbres forestiers, mais seulement
dans les localités où ils retrouveraient à peu près les conditions de
leurs contrées natales, le sud-ouest de la France et plus sûrement
encore les côtes océaniques de l'Espagne et du Portugal.
Le D). elatum, très grand arbre des Moluques et des îles de la
Sonde, semble indiqué pour nos colonies intratropicales, la Nou-
velle-Calédonie, les Antilles et peut-être la Guyane et la côte occi-
dentale d'Afrique
Le 2). Colensoi HooKk., de la Nouvelle-Zélande, paraît moins grand
que ceux qui précèdent, car il ne s'élève guère qu’à 15 ou 18 mètres,
mais il est renommé pour la dureté de son bois, qui passe pour in-
corruptible.
DACTYLIS. — (raminées vivaces, des pays tempérés ou froids,
qui rendent divers services à l’agriculture. Signalons parmi elles
les suivantes :
D. glomerata L. — Le dactyle, de l’Europe et de l’Asie centrale,
qui se plaît dans tous les sols, même dans les plus pauvres et les
plus secs, et réussit encore assez bien sous le couvert des arbres.
C'est un fourrage précoce, qui, dès la fin de l'hiver, procure une
bonne pâture en vert aux bestiaux; mais on en fait peu de cas pour
les prairies à faucher, à cause de la dureté de ses tiges. On sème
le dactyle au printemps, et plus avantageusement en automne, soit
seul, soit mélangé à d’autres fourrages, plus babituellement avec
la lupuline.
CL Lu +
- 0 Es El
4
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 241
D. cæspitosa Forsr. — Le tussock ou ltussack. Grande plante
vivace, de l’extrémité australe de l'Amérique du Sud, de la Terre
de feu et des îles Falkland. Ses tiges s'élèvent jusqu'à 2"50 ou
même 3 mètres de hauteur, mais elle ne vient que dans les terres
basses et un peu marécageuses, à peu de distance de la mer, dont
les brumes paraissent lui être utiles. C’est un assez bon fourrage et
qui est recherché par les animaux. On l’a introduite avec un certain
succès dans les Orcades et les Hébrides, près des côtes d'Angleterre,
où elle s’est naturalisée.
D. littoralis Wizzo. — Du midi de l'Europe. Plante drageonnante,
propre à fixer les sables des bords de la mer; plus importante peut-
être parce qu’elle nourrit une espèce de kermès {Porphyrophora
Hamelii) qui produit une belle teinture rouge.
DALBERGIA. — Arbres de la famille des Légumineuses, origi-
paires de l'Inde, de l'Afghanistan et de l'Amérique méridionale, re-
nommés pour l'excellence et la beauté de leurs bois, qui s’exportent
en Europe et s’emploient dans l’ébénisterie. Ce sont principalement
les suivants :
D. Sissoo Rox8&.— Le sissou de l’Inde, haut de 18 à 20 mètres,
répandu dans l’Inde septentrionale, où il s'élève sur les montagnes
jusqu’à 15 et 1,600 mètres. D’après le docteur Brandis, son bois est
plus résistant à la rupture transversale que celui du Teck et du Säl;
il est élastique et n’est point sujet à se fendre ni à se déjeter; il prend
en outre un beau poli par le rabotage. C’est aussi un bois de cons-
truction de premier ordre. L'arbre se reproduit aisément de graines
et même de boutures ; sa croissance est relativement rapide et il n’est
point affecté par de petites gelées. Dans le Pendjab, au dire du ca-
pitaine Campbell- Walker, la culture du sissou n’est rémunérative
qu'avec un minimun de 400 millimètres d’eau pluviale, encore faut-
il souvent irriguer le terrain pendant les fortes chaleurs de Pété.
D. nigra. ALLEM. — Du Brésil, jusqu'aux provinces méridionales.
C’est un grand arbre, qui s’accommoderait vraisemblablement du
climat de l'Algérie s’il était moins sec, mais qu’on introduirait avec
plus de sûreté à la Nouvelle-Calédonie. C’est à lui que l’ébénisterie
emprunte les bois dits de Palissandre et de Caviuna, et aussi en
partie ceux de Jacaranda. Un autre arbre du même genre, le D.
miscolobium, du Brésil méridional, fournit de même du bois de Ja-
caranda.
On peut rattacher aux Dalberqia les espèces brésiliennes du
groupe Machærium, entre autres le AZ. incorruptible, dont le bois
n’est pas moins précieux que celui des précédents.
DAMMARA. — Genre de Conifères, la plupart de grande taille,
et originaires de l'hémisphère austral, où ils représentent les pins
et les sapins du Nord. Tous sont de beaux arbres et généralement
utilisés dans les pays où ils croissent pour leur bois et leur résine.
Citons particulièrement les suivants :
D. alba Rumrx. — C’est le Dammar de l'archipel indien, mais
qu’on trouve aussi sur quelques points du continent. Il s'élève jus-
N VE PNR « Ltlod d'u ,. 4 Le, sd SES en ces 4
249 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
qu’à 30 mètres et plus, sur un tronc de ? mètres à 2"50 de diamètre,
droit et sans branches dans les deux tiers de sa longueur. Son bois
est encore utilisé dans les constructions, mais son principal produit
est une résine transparente très employée comme vernis.
D. australis LAMBERT. — Le Kauri de la Nouvelle-Zélande. C’est
un arbre magnifique, qui atteint quelquefois jusqu’à 50 mètres de
hauteur, sur un tronc de 4 à 5 mètres de diamètre. Son âge, calculé
sur le nombre des couches ligneuses que montrent les coupes trans-
versales, est estimé alors à 7 ou 800 ans. Son bois est excellent,
d’une longue durée, à fibres très droites, propre pour ainsi dire à
tous les usages, depuis la charpente et la construction des navires
jusqu’à celle des meubles d'appartement. On l’emploie aussi en tra-
verses de chemins de fer et dans le charronnage, et même pour les
pilotis des quais, où il résiste longtemps aux causes de destruction.
Sa résistance à la rupture est beaucoup plus grande que celle du pin
de la Baltique, aussi le bois de kauri est-il l’objet d’un commerce
important. La ville d'Auckland, à elle seule, en vend annuellement
pour plus de quatre millions de francs. Outre son bois, le kauri
fournit une résine dont il s’exporte des quantités considérables, et
qu'on se borne à recueillir au pied des arbres, où elle s’accumule.
Cette récolte est faite presque exclusivement par les indigènes, ou
Maoris, qui la recherchent dans les lieux jadis occupés par ces ar-
bres. On en déterre quelquefois des blocs de 40 à 50 kilogrammes,
ce qui est toutefois une exception.
D. robusta G. MoonE.—- De l'Etat de Queen’s Land, en Australie.
C’est un grand et bel arbre, qui réussit bien jusqu'à Melbourne
(colonie de Victoria), où le climat est seulement tempéré. Il atteint
jusqu’à 40 mètres de hauteur, sur 1"50 à 2 mètres de diamètre au
niveau du sol. Son bois n’a pour ainsi dire pas de nœuds et est fa-
cile à travailler. Comme espèce, cet arbre est très voisin du D. alba,
et donne de même une résine employée en guise de vernis. Il en
existe quelques jeunes sujets assez florissants en Provence, dans la
région des orangers, où ils ne paraissent pas souffrir du froid.
A ces principales espèces on peut ajouter les suivantes, qui auront
un jour un certain intérêt pour nos colonies intratropicales. Ce sont
les D. Moorei et D. ovata, de la Nouvelle-Calédonie, le D. macro-
phylla, grand et bel arbre de l'archipel de Santa-Cruz, et le 2). wi-
liensis, des îles Fidji.
DANTHONIA. — Graminées fourragères, des climats tempérés
et tempérés-chauds. Parmi les espèces qui intéressent le plus l’agri-
culture, il convient de citer les suivantes :
D. bipartita Ferd. von Muzzer.— De l’intérieur de la Nouvelle-
Galles du sud et de la colonie de Queen’s Land. La plante est vivace
et produit un abondant fourrage, de bonne qualité, très estimé dans
les déserts australiens.
D. Cunninghami J. Hook.— Superbe plante fourragère des Alpes
de la Nouvelle-Zélande. Elle serait à introduire dans les pays à cli-
mat tempéré et humide.
D. nervosa Hook. — De l'Australie extratropicale ; très nourris-
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 243
sante pour le bétail et qui se plaît dans les terres basses et maréca-
geuses.
D. penicillata Ferd. von MuzLEr. — De l'Australie extratropicale,
Plante vivace, utile à semer en mélange avec d’autres herbes four-
ragères et qui donne son principal produit au printemps. Très esti-
mée dans les localités où elle croît spontanément.
D. robusta Ferd. vox MuzLERr. — Des Alpes australiennes, où
elle monte jusqu'aux bords des glaciers. Elle est très fourrageuse et
de bonne qualité. Elle est spécifiquement voisine du grand 2). elata,
de la Nouvelle-Zélande, qui est aussi un bon fourrage.
DATURA. — Genre de Solanées, originaires des parties chaudes
de l'Asie et de l'Amérique, herbacées, annuelles ou vivaces, dont
quelques espèces sont cultivées dans les jardins comme plantes
d'ornement. Toutes sont narcotiques et plus ou moins vénéneuses,
ce qui leur vaut un certain emploi en médecine.
L'espèce classique du genre est la séramoine ou pomme épineuse
(D. Stramonium L.), qu'on croit originaire de l’Inde. C’est une
forte plante annuelle, d’un mètre et plus de hauteur, à fleurs blan-
ches, et dont les fruits sont de grosses capsules hérissées d’épines.
Echappée des jardins, elle s’est naturalisée en beaucoup de lieux de
l'Europe méridionale, surtout dans les terrains vagues aux alentours
des villes. Son principal emploi en médecine consiste à préparer
avec ses feuilles des cigares dont la fumée est très efficace dans
l'asthme. Ses graines surtout sont vénéneuses, par le fait d’alcaloïdes
particuliers qu’elles contiennent. Le 2). Tatula L., à fleurs violacées,
est voisin de cette espèce et jouit des mêmes propriétés. Les D. Me-
tel, fastuosa et ceratocaula sont considérés comme plantes d’orne-
ment. La plus belle du genre est toutefois le D. arborea L.., du Pérou,
remarquable par sa taille arbustive et surtout par la grandeur de
ses fleurs, en forme d’entonnoir, pendantes et très odorantes.
DAUCUS. — Ombellifères propres aux pays tempérés de l’hémis-
phère septentrional. On en connaît plusieurs espèces, dont une seule,
le D. Carota L., la carotte proprement dite, a acquis une véritable
importance, par ses emplois économiques. Comme plante potagère
elle est cultivée dans tous les pays civilisés, et elle y a produit un
nombre considérable de variétés; comme plante agricole, elle tient
un des premiers rangs parmi les racines fourragères.
A l’état sauvage, la carotte n’a qu’une racine fibreuse et dure; par
une longue culture aidée de la sélection des porte-graines, cette ra-
cine s’est développée, est devenue charnue et tendre, en même temps
que ses sucs se sont adoucis. Dans quelques variétés potagères, elle
est devenue énorme et très sucrée. Sa forme ordinaire est celle d’un
cône renversé, plus ou moins long, de couleur jaune, orangée, rouge,
violette ou toute blanche suivant les variétés. En agriculture les
carottes servent à la nourriture de tous les animaux de la ferme,
mais principalement à celle des bœufs et des vaches.
La carotte est bisannuelle. On la sème au printemps, sur une
terre bien ameublie et sur laquelle on a apporté des engrais con-
244 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
sommés. Elle réussit surtout dans les terres profondes, fraîches et
contenant une certaine proportion de calcaire. Les variétés très
sucrées son{ surtout potagères; on en extrait quelquefois le sucre
sous forme de mélasse.
DEBREGEASIA. — Genre d'Urticées dont le fruit est bacciforme
et quelquefois comestible. Les espèces les plus intéressantes sont :
le D. edulis Wepp., du Japon, où il porte le nom de Janatsi-itsigo
ou Teon-itsigo. Ses baies sont mangées par les Japonais, mais la
plante à plus d'importance par les fibres textiles qu’on en retire.
D’autres espèces habitent l'Inde, et s'élèvent à d'assez grandes hau-
teurs sur l'Himalaya, où on les exploite, comme le Bœhmeria utilis,
pour la filasse de leur écorce. La plupart de ces plantes montagnar-
des pourraient être introduites en Europe, ainsi qu'une espèce
d'Abyssinie, le D). hypoleuca, qui croît sur les montagnes de ce
pays jusqu’à près de 4 000 mètres d'altitude, où le climat est très
tempéré.
DENDROCALAMUS. — Graminées arborescentes, détachées de
l’ancien genre Zambusa, et qui comptent parmi les bambous de la
plus grande taille. Tous sont de l'Inde. Signalons principalement le
D. giganteus Munro, de Malacca et des îles Malaises, qui rivalise
avecle Gigantochloa maxima, un des plus grands bambous connus;
le D. Æamiltoni N£es., haut d’une vingtaine de mètres, qui monte
sur les flancs de l'Himalaya jusqu’à près de 2,000 mètres d’altitude,
où il endure, d’après le botaniste voyageur Kurtz, des froids assez
vifs et résiste de même à de grandes sécheresses. Ses pousses, en-
core jeunes et tendres, sont comestibles cuites. Ce grand bambou
pourrait vraisemblablement se naturaliser sur beaucoup de points
du midi de l’Europe et à plus forte raison en Algérie; enfin, le D.
strictus N£zs., de toute l’Inde, et surtout du Bengale, qui croît sur
les terres les plus arides et y résiste mieux à la sécheresse que la
plupart des autres bambous. Il dépasse fréquemment 30 mètres en
hauteur, et constitue sur certains points de véritables forêts. Il est
peu sensible au froid et se multiplie aisément de graines. La grosseur
de ses tiges et leur dureté le rendent propre à de nombreux emplois
économiques.
Ajoutons à ces espèces les D. Hookeri et D. sericeus MuNRo,
tous deux de grande taille et de l'Himalaya, et vraisemblablement
rustiques pour le midi de l'Europe.
DESMODIUM. — Légumineuses papilionacées, herbacées ou
sous-arbustives, la plupart vivaces et qui ont une certaine analogie
avec le sainfoin de l’Europe. Comme ce dernier, ce sont souvent des
plantes fourragères très utilement employées pour la nourriture
des bestiaux. Une des plus intéressantes à ce point de vue est le
D. triflorum DC., des régions tropicales de l’Asie, de l’Afrique et
de l'Amérique. C’est une herbe vivace, touffue et très feuillue, qui
peut remplacer le trèfle dans les pays trop chauds pour ce dernier.
Le botaniste Roxburgh avait déjà, il y a plus de cinquante ans, appelé
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 245
l'attention des agriculteurs sur cette espèce, qui constitue de belles
prairies naturelles dans l’Inde et y est fort recherchée par le bétail.
D’après le colonel Drury, elle réussit sur toutes les terres, et elle y
remplace notre trèfle et notre luzerne.
Plusieurs autres espèces du genre sont de même utilisées, telles
que les 2). canadense, acuminatum et nudiflorum DC., tous trois
de l'Amérique du Nord, et qui pourraient être facilement introduites
dans le centre et le nord de l’Europe.
DICKSONIA. — Genre de Fougères, la plupart arborescentes, de
l'hémisphère austral, et principalement de la Nouvelle-Zélande, de
la Tasmanie et du sud-est de l'Australie. Ce sont des plantes d’or-
nement très recherchées aujourd’hui des amateurs, qui les font ve-
nir directement des lieux d’origine, et ce commerce a déjà pris une
certaine importance. Beaucoup de serres de l’Europe et de l’'Amé-
rique du Nord sont aujourd’hui peuplées de ces fougères-arbres,
Less remarquables par leurs proportions et l'élégance de leur
feuillage.
ones plus recherchées est le D. Billardieri Ferd. von MuiLer
ou 1). antarctica LABILL., dont la tige, assez semblable à celle d’un
palmier, attemt à 12 ou 13 mètres de hauteur. Elle supporte assez
facilement le long voyage par mer pour arriver en Europe, et elle
jouit d’un certain degré de rusticité, résistant à de légères gelées.
On en voit quelques échantillons cultivés à l’air libre et avec succès
dans divers jardins du sud-ouest de l'Angleterre et dans les îles
voisines. Il en existe aussi dans les jardins de la Provence maritime,
où ils souffrent plus de la sécheresse de l’air que du froid.
Plusieurs autres espèces analogues sont également recherchées,
et parmi elles il faut citer le gigantesque A/sophila australis, dont
le tronc volumineux peut atteindre à la hauteur de 18 à 20 mètres ;
c’est une des fougères-arbres les plus majestueuses. Les Cyathea
medullaris dealbata et Smithit sont aussi l’objet de cette nouvelle
branche de commerce, et plus à la portée des amateurs par un prix
moins élevé.
DIOSCOREA. — Igname. Genre de plantes monocotylédones,
qui donne son nom à toute la famille des Dioscoréacées. Il est repré-
senté par de nombreuses espèces, la plupart des régions intratropi-
cales, mais dont quelques-unes s’avancent assez loin dans les zones
tempérées. Toutes sont vivaces par une souche souterraine, souvent
volumineuse, charnue et remplie de fécule, qui produit tous les ans
des tiges grèles, volubiles, et sur lesquelles se forment les fleurs et
les graines. Beaucoup d’entre elles sont des plantes économiques,
cultivées surtout dans les climats chauds. Ce sont principalement
les suivantes :
D. aculeata L. — L'igname Xaawi, de l'Inde, de la Cochinchine
et des îles de la mer du Sud. Ses tiges sont épineuses, ainsi que le
nom l'indique, mais non anguleuses comme dans d’autres espèces.
Ses tubercules, farineux et sucrés, passent aux yeux de quelques
personnes pour les meilleurs de tout le genre, surtout ceux d’une
246 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
variété bleuâtre qu’on cultive dans l'Amérique centrale. La plante
se multiplie exclusivement par ses tubercules, dont on choisit les
plus petits pour servir de semence. Elle est, avec la suivante, l’es-
pèce la plus ordinairement cultivée dans les pays chauds.
D. alata L. — L'igname Uvi. Des mêmes régions que la précé-
dente. Ses tiges sont quadrangulaires et non épineuses, et elle a
produit de nombreuses variétés, dont les tubercules, dans des con-
ditions exceptionnellement favorables, atteignent jusqu’à plus de
2 mètres de longueur et l’énorme poids de 50 kilogrammes. Con-
trairement à la précédente, qui peut se passer de tuteurs, les sar-
ments de celle-ci doivent être soutenus. On la multiplie de fragments
des vieux tubercules, et il lui faut environ sept mois pour donner son
produit. Les tubercules se mangent cuits à l’eau ou sous la cendre,
comme des pommes de terre. Malgré son origine tropicale, l’igname
Uvi a été cultivée avec quelques succès à la Nouvelle-Zélande et
dans le sud des Etats-Unis.
D. glabra RoxB&.; D. Batatas Dre, — L’igname de Chine. Plante
introduite en France depuis plus de trente ans, et dont on avait
conçu de grandes espérances, qui ne se sont pas réalisées, malgré
sa rusticité, car elle réussit même dans le Nord. Son grand défaut
consiste dans la longueur exagérée de ses tubercules, dont la partie
charnue et utile se trouve placée si profondément (de 0"50 à 1 mètre)
que la main-d'œuvre pour l’extraire du sol n’est pas couverte par la
valeur du produit. Outre ce grave inconvénient, ce n’est guère qu’à
la seconde année que les tubercules atteignent une grosseur suffi-
sante pour être utilisés, et les tiges, très longues el grimpantes,
doivent être soutenues par des tuteurs, ce qui nécessite un surcroît
de travail et de dépenses.
Il existe une variété, ou sous-espèce, de l’igname de Chine, à
tubercules courts et arrondis, qui se produisent presque à la surface
du sol, et dont la récolte est facile ; mais cette production est peu
abondante, et inférieure en quantité et en qualité à celle des pommes
de terre communes. Pour toutes ces raisons, l’igname de Chine a été
abandonnée par la culture régulière qui vise au profit, et on ne la
trouve guère aujourd’hui que dans quelques jardins d'amateurs
comme légume de fantaisie. Elle se multiplie d’ailleurs aisément par
tronçons de ses tubercules et par les bulbilles qui naissent aux ais-
selles des feuilles. Ses fanes, qui ne sont point épineuses, peuvent
être données aux bestiaux.
D. globosa Rox8G. — De l'Inde. C’est l’igname la plus estimée
au Bengale.
D. hastifolia NEEs.— L’igname d'Australie. Espèce intéressante,
dont on doit désirer l’introduction en Europe. Elle est de l’Australie
occidentale extratropicale, s’avançant jusqu’au 32° parallèle. C’est
évidemment une des plus rustiques du genre. Ses tubereules farineux
sont une des principales ressources alimentaires des indigènes, et
c'est même la seule plante qu'ils aient entrepris de cultiver. Elle
convient aux sols les plus arides, mais, semble-t-il, à la condition
qu’ils soient plus où moins calcaires.
D. Japonica THuN8G. —- L’igname du Japon. Espèce non épineuse,
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 247
qui semble identique aux 2). ransversa et D. punctata des botanis-
tes. Si cette conjecture est fondée, elle existerait sur quelques points
de l'Australie septentrionale et orientale, jusqu’au 33° degré de lati-
tude, où on lui trouve des qualités suffisantes pour en faire une plante
potagère.
D. nummularia LaAmk. — L'igname Tivoli. De l'Inde continentale
et insulaire. C’est une grande plante grimpante et épineuse, dont les
tubercules cylindriques et de la grosseur du bras sont, dit-on, d’ex-
cellente qualité.
D. oppositifolia L. — De l'Inde et de la Chine. Non épineuse, à
tubercules alimentaires.
D. pentaphylla L. -- De l'Inde et des îles de la mer du Sud. Ses
tiges sont épineuses et ses feuilles divisées en lobes. C’est aussi une
espèce comestible, comme le 2). purpurea, des mêmes régions.
Beaucoup d’autres espèces d’ignames sont encore cultivées entre
les tropiques ou dans les zones tempérées-chaudes ; il nous suffira
de citer les suivantes, au sujet desquelles nous n’avons encore que
des renseignements incomplets : 2). quinqueloba, du Japon ; D. sa-
tiva, de l'Asie orientale et méridionale, mais cultivée aussi en Afri-
que et en Australie; D. deltoidea, du Népaul; D. trifida, de l’Amé-
rique centrale ; 2). piperifolia, de Quito; D. conferta, du Brésil mé-
ridional; D). esurientium, du Guatemala, ainsi que plusieurs autres
encore, jusqu'ici peu étudiées.
DIOSPYROS. — Principal genre de la famille des Ebénacées, qui
nous intéresse par un petit nombre d'arbres fruitiers et par d’autres
arbres qui produisent des bois d’ébénisterie d’une certaine valeur, et
donnent lieu à un commerce important. Citons particulièrement les
espèces suivantes :
D. Æbenum L.. — L'ébène proprement dit, dont le bois de cœur,
excessivement dur, est naturellement d’une belle couleur noire. C’est
l’arbre classique du genre, et il est connu depuis les temps les plus
anciens. Répandu sur une grande partie de l'Inde, c’est surtout dans
l’île de Ceylan que son bois acquiert toutes ses qualités de force, de
durée et de coloris. Il y est même commun jusqu'aux altitudes de
12 à 1,400 mètres, ce qui laisse supposer qu’il réussirait encore sur
quelques points des zones extratropicales. Son bois, très noir, est
plus lourd que l’eau, et il s’en exporte de grandes quantités en Eu-
rope, où il entre dans la construction de divers instruments de mu-
sique et dans celle des meubles les plus recherchés. L’exportation
annuelle, en Angleterre, varie de 700 à 1,000 tonnes, valant cha-
cune de 8 à 10 livres sterling (de 200 à 250 fr.). Le D. Ebenum
n’est pas la seule espèce du genre qui fournisse le bois d’ébène ; on
le tire de beaucoup d’autres, parmi lesquelles on peut citer les D.
melanoxylon, syloatica, hirsuta, discolor, ebenaster, montana, in-
signis, etc., qui sont de l’Inde; D. Dendo et D. mespiliformis, qui
sont de l’Afrique occidentale; D. tessellaria, de l’île Maurice ; et les
D. haplostylis et microrhombus, de Madagascar.
D. Lotus L.— Le plaqueminier d'Italie, ou du Levant. C’est pres-
que un arbre indigène dans le midi de l'Europe, où il a été introduit
248 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
de l’Asie occidentale dès le temps de la Grèce et de Rome. En Asie
son aire géographique s’étend du Caucase au Japon. C’est un arbre
de 5 à 6 mètres, à feuilles caduques, produisant des fruits de la
grosseur d’une cerise et ordinairement très acerbes; il paraît cepen-
dant que quelques-unes de ses variétés asiatiques produisent des
baies mangeables. Son bois, d’ailleurs, participe dans une certaine
mesure aux qualités de l’ébène, ayant quelquefois le cœur noir ou
moucheté de noir. Chez nous ce n’est qu’un arbre d'agrément, qui
aura peut-être quelque utilité comme porte-greffe pour les espèces à
fruits comestibles. Il est très rustique dans le midi de la France.
D. sinensis THuNBG. — Le kaki de la Chine. Il y est habituelle-
ment cultivé, dans les provinces méridionales, en qualité d’arbre
fruitier. Ses baies, de la grosseur d’une belle prune de Reine-Claude,
ou même plus grosses, sont d’un vert jaunâtre à la maturité, et leur
chair pulpeuse et sucrée est appréciée de beaucoup de personnes,
mais déplaît à d’autres. À en juger par les exemplaires que nous
possédons en Provence, le kaki de la Chine est un petit arbre de 4
à 6 mètres, à large tête abondamment feuillue, qui produit beaucoup
de fleurs, mais sur certains individus elles sont toutes mâles et par
conséquent stériles ; d’autres individus sont au contraire fertiles en
fruits. Sa rusticité n’est pas complète ; il gèle en France partout
ailleurs qu’en Provence, et même là il souffre assez souvent des
premières gelées, qui en font tomber les feuilles et les fruits avant
leur maturité complète. Sous un climat un peu plus chaud sans être
sujet à de longues sécheresses, le kaki de la Chine, amélioré par la
culture, peut devenir un arbre fruitier intéressant. En Chine on en
. dessèche les fruits pour les conserver ou les livrer au commerce
d'exportation.
D. Si-Tehe Buxce. — Le kaki ou plaqueminier du Japon. C’est
l'espèce la plus recommandable, tant à cause de sa rusticité relative
qui permet de le cultiver jusque dans le nord de la France et même
dans le sud de l'Angleterre, que par la beauté et la bonté de ses
fruits, dont le volume, variable d’ailleurs suivant les races ou les
individus, atteint quelquefois celui des plus grosses pêches. L'arbre
paraît un peu plus grand que le précédent; ses feuilles sont plus
larges et d’une verdure plus foncée, et elles tombent aux premiers
froids, mais les fruits persistent longtemps sur l’arbre; et comme ils
sont alors plus ou moins sucrés, ils sont fréquemment attaqués par
les oiseaux. Leur chair, à maturité complète, devient pâteuse et se
mange à la cuillère, mais il faut en enlever la peau, qui conserve
toujours une certaine âpreté. Leur couleur ordinaire est le rouge de
sang, comparable à celle des tomates mûres; dans certaines variétés
c’est l’orangé ou même simplement le jaune. La forme de ces fruits
varie depuis celle d’un ovoïde allongé jusqu’à celle d’un disque dé-
primé; cependant la figure la plus ordinaire est à peu près sphérique,
quelquefois relevée de côtes longitudinales peu saillantes, ce qui a
valu à cette variété, de la part des horticulteurs, le nom de 2. cos-
tata. Is ont nommé D. Maszeli, une autre variété à côtes presque
effacées.
Cet arbre est cultivé sur une très grande échelle en Chine et au
E Fe
Japon, et les variétés qu’il a produites dans le cours des siècles sont
presque aussi nombreuses que celles de nos arbres fruitiers d'Europe.
Il y en a d'excellentes et de médiocres. Les meilleures, les plus per-
fectionnées, sont souvent dépourvues de graines, et, lorsqu'elles en
ont, ces graines ne reproduisent pas fidèlement la variété, d’où ré-
sulte la nécessité de greffer les sujets qu’on en obtient. Nous possé-
dons en Provence quelques-unes de ces bonnes variétés, qui sans
doute seront propagées par les horticulteurs.
D. virginiana L.— Le kaki de Virginie, connu en Amérique sous
le nom de Persimon. Get arbre, qui est beaucoup plus grand que
les précédents et qui peut dépasser 20 mètres, appartient au nord
de l'Amérique, depuis les Etats méridionaux de l'Union améri-
caine jusqu'au Canada, où il endure les plus grands froids; aussi
est-il parfaitement rustique dans toute la France, mais ses fruits
n'arrivent à une parfaite maturité que dans le Midi. Il a produit, sans
le secours de l’homme et en dehors de toute culture, une multitude
de variétés très différentes les unes des autres parla qualité des fruits,
excellents chez quelques-unes, extrêmement acerbes chez d’autres.
Ils sont, en moyenne, de la grosseur d’une prune Reine-Claude, à
peu près sphériques, et passent au fauve plus ou moins terne en
mûrissant. Leur chair devient alors pulpeuse, comme celle d’une
corme blette, et elle est plus ou moins sucrée et douce suivant les
variétés.
Le bois de cet arbre n’est pas sans valeur; il est très dur et d’une
teinte foncée dans le cœur, rappelant par là sa parenté avec le bois
d’ébène, aussi en fait-on grand cas en Amérique pour divers usages
d’ébénisterie et de tabletterie. Le meilleur provient des variétés dont
le fruit est trop acerbe pour être mangeable.
D. {exana SCHEELE. — Du Mexique et du Texas. C'est un arbre
d’une dizaine de mètres, à fruits globuleux, noirs ou noirâtres à la
maturité, et d’une saveur agréable, d’après le docteur Asa Gray. Cet
arbre ne paraît pas avoir encore été introduit en Europe.
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 249
DIPOSIS Bulbocastanum. DC.— Ombellifère du Chili, vivace par
ses racines tubériformes, qui sont comestibles. Il y aurait quelque
intérêt à la soumettre à la culture, en vue de l’améliorer, et d’en
faire une plante potagère.
DIPSACUS jullonum L. — Le chardon à foulon ou cardère. De
l’Europe et de l'Asie moyenne. On sait que ses capitules, hérissés
de pointes en forme d’étrilles, sont employés au peignage des draps,
dans les fabriques, et n’ont pas encore pu être remplacés par des
étrilles artificielles. On en exporte du continent en Angleterre pour
environ 125,000 fr. par an. En France il est surtout cultivé à Saint-
Remy de Provence.
DIRCA palustris L. — Sous-arbrisseau du nord de l'Amérique,
de la famille des Thymélées, depuis longtemps introduit en Europe
comme arbuste d'ornement, mais qui rendrait peut-être d’autres
services par son écorce fibreuse et très résistante. Elle pourrait être
250 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
employée à faire des nattes, des liens et du papier très nerveux.
Plusieurs autres thymélées arbustives sont également remarquables
par la ténacité de leur écorce.
DISTICHLIS marilima RAFIN., ou Festuca distichophylla Hook.
— Graminée du nord et du sud de l'Amérique, et qu’on trouve aussi
à l’état indigène en Australie. Elle est vivace, très drageonnante et
fort utile pour maintenir les terres en pente, couvrir les sables
meubles qu'on veut fixer, et même pour faire des gazons et des
pelouses dans les lieux arides. La plante se multiplie aisément par
tronçonnement de ses drageons.
DOLICHOS. — Dolic. Genre de Légumineuses, voisines des ha-
ricots et cultivées comme polagères entre les tropiques et dans
les pays tempérés-chauds. On en connaît plusieurs espèces, parmi
lesquelles nous citerons le D. Lablab, de l'Egypte et des parties in-
térieures de l'Afrique; et le 2). uniflorus, de l'Afrique et de l'Asie,
cultivé sur une grande échelle dans l’Inde et jusque sur les pentes
de l'Himalaya, à 2,000 mètres d’altitude. C’est une plante extrême-
ment productive, qui se contente des terres les plus médiocres, et
dont la graine est également utilisée pour la nourriture de l’homme
et celle des bestiaux.
D. unguiculatus L. — La mongette ou bannette des Provençaux.
Espèce annuelle, communément cultivée en Provence et dans tout
le midi de l’Europe. Elle ressemble beaucoup aux haricots nains,
dont elle se distingue d’ailleurs par une gousse plus droite, presque
cylindrique, et par ses graines beaucoup plus petites. Elle est très
productive, mais elle ne réussit que sous le ciel du midi méditerra-
néen.
D. sesquipedalis L. — Le haricot asperge. Espèce volubile, qui
a beaucoup de ressemblance avec les haricots à rames. Son carac-
tère propre est de produire des gousses excessivement longues
(jusqu’à 040 de longueur), contenant peu de graines, et qui se man-
gent cuites à la manière des asperges, lorsqu'elles sont encore vertes
et tendres. La plante réussit difficilement sous le climat de Paris,
et n’y est guère qu’un légume de curiosité.
D. lignosus L. — De l'Inde, à tiges volubiles, vivaces et ligneuses.
On le cultive dans le midi de l’Europe et jusqu’en Provence, comme
simple plante d'ornement, ce qu’il justifie par ses jolies grappes de
fleurs roses ou pourpres. Il peut d’ailleurs servir à épaissir des haies
et à les consolider, d'autant mieux qu’il réussit dans les localités les
plus arides.
D. Ahipa Wenp.— Espèce vivace à tiges volubiles, des Andes de
la Nouvelle-Grenade et du Pérou. Ses racines fusiformes, épaisses
et charnues, sont comestibles et servent à l’alimentation des indi-
gènes. Elles se vendent sur les marchés des villes et des villages.
La plante qui les produit est encore peu connue. Il est vraisem-
blable qu’elle s’accommoderait de nos climats tempérés.
D. {uberosus L. — Des Antilles, où il est encore à l’état sauvage.
Jl mériterait cependant d'attirer l’attention des expérimentateurs, à
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 251
cause de l'énorme tubercule d’où sortent chaque année de nouvelles
tiges. D’après M. Belanger, directeur du jardin botanique de la
Martinique, ce tubercule unique atteint quelquefois le poids de 30
kilogrammes. Son goût rappelle celui de la betterave ordinaire. Les
nègres le rapent pour le mêler au manioc.
DOREMA Ammoniacum Don. — Grande Ombellifère à racine
vivace, des montagnes de la Perse, qui produit la gomme ammo-
niaque des pharmacies, et dont les propriétés médicinales rappellent
celles de l’Asa fætida. La plante pourrait être introduite dans le
midi de l'Europe et le nord de l’Afrique, ainsi que plusieurs autres
ombellifères productrices de gommes résines.
DRACÆNA. — Dragonnier. Genre de Monocotylédones arbo-
rescentes, de la famille des Liliacées asparaginées, et dont plusieurs
espèces ont été introduites en Europe à titre de plantes d'ornement.
Les botanistes modernes l’ont subdivisé en plusieurs autres genres
(Cordyline, Dracænopsis, Calodracon, etc.), ne lui conservant
qu’une seule espèce, le D. Draco L., ou dragonnier des Canaries,
qui atteint, avec les siècles, une grosseur prodigieuse sans être très
élevé. Celui d'Orotava, dans la grande Canarie, a été longtemps
célèbre ; on lui attribuait plusieurs milliers d'années d’existence,
mais il a été récemment détruit par un ouragan. On récolte sur
cette espèce une sorte de résine employée en médecine sous le nom
de sang-dragon. Cet arbre est aujourd’hui assez répandu dans les
jardins du midi de l’Europe, à titre de simple curiosité végétale.
DRIMYS. — Arbres de la famille des Magnoliacées, presque ex-
clusivement propres à l'hémisphère austral, et doués de propriétés
aromatiques. Le plus classique est le D. Wäinteri L. ou Wintera aro-
matica, du Chili, arbre de 15 à 20 mètres, dont l’écorce, importée
en Europe sous le nom d’écorce de Winter, a de nombreux usages
en médecine, et sert quelquefois de condiment comme celle du ca-
nellier, avec laquelle elle a d’ailleurs de l’analogie. Une autre es-
pèce, le D). granatensis Huws., rend les mêmes services au Brésil
et dans les Républiques espagnoles, où il circule sous les noms de
C'anela de Paramo, Palo de Malambo, Casca d’'Anta. On trouve
en outre le 2). axillaris à la Nouvelle-Zélande, et un arbre d’un
genre très voisin, le T'asmania australasica, à la Nouvelle-Hollande.
La plupart de ces arbres, dont le bois n’est, dit-on, jamais attaqué
par les insectes, pourraient être naturalisés sous nos climats, où
sans doute ils rendraient des services de plus d’un genre.
DUBOISIA /Jopwoodit Ferd. von MuzLrer. — Le Pitury. Petit
arbre de la famille des Scrophularinées, des déserts de l’Australie,
doué de propriétés stimulantes très énergiques, et qui pourrait trou-
ver un utile emploi en médecine. Il en serait probablement de même
du D). myoporoides, qui est commun à l’Australie et à la Nouvelle-
Calédonie. Ce dernier est un arbre de 15 à 20 mètres, qu’on voit
souvent fleurir à la taille de simple buisson.
259 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
DUVAUA. — Arbrisseaux ou petits arbres de la famille des Ana-
cardiacées, des parties tempérées et tempérées-chaudes de l'Amé-
rique méridionale, utilisés dans la médecine locale et l’industrie.
Le plus intéressant est le D. longifolia Linz, dont les feuilles
contiennent jusqu’à 20 pour 100 de leur poids de tannin. D’après
le docteur Lorentz ce tannin ne communique aucune couleur parti-
culière aux cuirs. D’autres espèces, qui sont comme celle-ci indi-
gènes de la Plata et du Chili, pourraient vraisemblablement être
utilisées de la même manière. Toutes sont d’ailleurs rustiques dans
le midi méditerranéen de la France et de l’Europe. C’est du moins
le cas des 2). dependens DC., ovata Linz. et spinescens CI. Gay.
DYPSIS pinnatifrons ManT. — Palmier nain de Madagascar,
encore peu connu en Europe, où il pourrait grossir le nombre des
palmiers d'ornement cultivés en serre chaude. Peut-être serait-il
rustique dans le midi de l’Europe, comme il l’est en Australie.
EHRARTA. — Graminées vivaces, recommandées comme plantes
fourragères pour les climats tempérés-chauds et sujets à de grandes
sécheresses. Dans le nombre nous signalons les suivantes :
E. diplax Ferd. vox Muzzer. — Décrite aussi sous le nom de
Microlæna avenacea J. Hook., grande herbe de la Nouvelle-Zé-
lande, qui ne craint pas l'ombre des arbres et réussit suffisamment
sous le couvert des forêts. Elle y est très estimée, tant pour la pro-
duction du foin que pour le pacage des animaux.
E. stipoides LapiLz. — De l'Australie extratropicale, et aussi de
la Nouvelle-Zélande. Elle a le grand avantage de rester verte dans
toutes les saisons de l’année, même au plus fort de l’été, quand la
plupart des herbes fourragères ont été desséchées par l’ardeur du
soleil. Ce qui ajoute encore à sa valeur c’est qu’elle réussit sur les
sols les plus pauvres, aussi la considère-t-on en Australie comme
une des plantes les plus précieuses pour l'élève du bétail. Des ana-
lyses chimiques, faites au printemps, y ont fait trouver, sur 100 par-
ües, 1,66 d’albumine, 9,13 de gluten, 1,64 de fécule, 3,25 de gomme
et 5,05 de sucre, ce qui en fait un fourrage de premier ordre.
Plusieurs autres Zhrarta, d'Australie et de l'Afrique australe,
mériteraient aussi d’être introduits en Europe et dans le nord de
l'Afrique, ne fût-ce qu’à titre d'expérience. Tel serait en particulier
l'E. longiflora du Cap et de la Cafrerie.
ELÆAGNUS. — Chalef. Principal genre du groupe des Eléa-
gnées, dont le fruit est une baie, qui est comestible dans quelques
espèces. Citons comme les plus intéressantes celles qui suivent :
E. angustifolia L. (E. argentea Mosncu.). — Le chalef argenté,
ou olivier de Bohême. Arbrisseau de 4 à 6 mètres, de l’Europe cen-
trale, cultivé comme arbre d'ornement, ce qu’il mérite par son feuil-
lage argenté et luisant, l'abondance de ses petites fleurs jaunes et
d’odeur agréable, et par ses baies rougeàtres qui ressemblent à de
:
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 253
petites olives. Cet arbrisseau fait un certain effet par son contraste
avec les arbres autrement colorés.
E. orientalis L. — Arbrisseau de l'Asie occidentale, principale-
ment de la Perse, où ses fruits, connus sous le nom de dattes de
Trébizonde, sont comestibles et assez estimés. Sa taille est à peu
près celle du jujubier, et on le cultive dans quelques parties du midi
de l’Europe et du nord de l’Afrique. Cet arbrisseau est très voisin du
précédent, auquel quelques auteurs le réunissent à titre de variété.
E. paroifolia Royce. — De la Chine et du Japon. Il est très épi-
neux et en même temps très rustique, ce qui fait qu’on s’en sert dans
divers pays pour en faire des haies défensives.
E. umbellata TauxeG.(Æ. edulis HonT.).— Goumi et Siro-Gomi
des Japonais. Arbrisseau fruitier introduit récemment en France, et
qui semble devoir occuper une place assez importante dans nos ver-
gers. Sa rusticité est parfaite, même dans les provinces les plus
froides, et 1l s’accommode de toutes les natures de terrains. Il est
beau de feuillage et très fertile en fruits sucrés-acidulés, dont on fait
des tartes et des conserves excellentes. On en obtient par distillation
une eau-de-vie très analogue au kirsch, et supérieure même à la
plupart des kirschs du commerce. Un membre de la Société d’accli-
matation, M. Jos. Clarté, pense que des plantations de ce chalef
remplaceraient avantageusement celles de cerisiers à kirsch, dont
les récoltes sont souvent compromises par les gelées du printemps.
La cueillette des fruits du chalef-goumi, qui peut être faite par des
femmes et des enfants, est d’ailleurs bien plus facile et moins dispen-
dieuse que celle des cerises, qui d’ailleurs n’est pas sans danger et
a souvent occasionné de graves accidents. À ces avantages il faut
ajouter la facilité avec laquelle le chalef se reproduit de boutures et
le peu de temps qu’il lui faut pour fructifier, ce qui arrive dès la
troisième année.
Plusieurs autres espèces d’£læagnus, plus ou moins connues, du
Japon, de la Chine et surtout de l'Himalaya, méritent l'attention des
acclimateurs. Nous citerons, dans le nombre, les Æ. Kologa Alph.
DC., arborea RoxgG., conferta RoxgG. et {enuiflora BENTH.
ELEGIA nuda KUNTH. — Plante vivace de l’Afrique australe,
ayant le port d’un jonc et appartenant à la famille des Restiacées,
dont les longues racines traçantes servent à fixer et consolider les
sables. Ses tiges sont aussi employées en guise de chaume pour
couvrir les toitures. Plusieurs autres Restiacées de l’Afrique pour-
raient rendre de pareils services, et quelques-unes même être cul-
tivées comme plantes d'agrément. Telles seraient, entre autres, le
Restio où Cannamois Cephalotes BEAUY.
ELEPHANTORRHIZA Burchelli BENTH. — De l'Afrique aus-
trale. Légumineuse herbacée, vivace, dont l’énorme racine est ex-
cessivement riche en tannin, d’après le professeur Mac Owan. Ses
tiges annuelles repoussent tous les ans, et leur feuillage est fort re-
cherché des bestiaux. La plante pourrait donc servir à deux fins. Elle
supporte aisément les pelites gelées du pays.
254 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
Une seconde espèce du genre, l'Æ. Burkei BENTH., pourrait aussi
être utilisée dans tout le nord de l’Afrique et autres pays chauds et
secs.
ELEUSINE. — Graminées de l’Asie orientale et méridionale,
cultivées comme céréales dans beaucoup de pays chauds. Elles sont
annuelles et donnent des produits considérables en grains et en fanes
fourragères. On en connait plusieurs espèces, parmi lesquelles il
convient de citer :
E. Coracana GÆRTN. — Cultivée dans l’Inde, au Japon et jusqu’à
2,000 mètres d'altitude sur l'Himalaya. D’après le docteur Forbes-
Watson, ses fanes sont le meilleur fourrage sec à donner aux che-
vaux. L’Æ'.indica paraît n’être qu’une variété de cette espèce, qu’on
commence à cultiver dans le nord de l’Australie.
E. stricta RoBxG. — De l'Inde, où elle est extrêmement produc-
tive dans les bonnes terres. L’Æ. Tocusso d'Abyssinie paraît n’être
qu’une variété de cette espèce. L’Æ!. flagellifera, cultivée en Arabie
et dans l'Himalaya, difière des précédentes en ce qu’elle est vivace.
D'autres espèces d’éleusines, encore peu étudiées, mériteraient d’être
soumises à l'examen des botanistes et des expérimentateurs.
ELYMUS. — Genre de Graminées vivaces et drageonnantes, qui
sont particulières aux plages sablonneuses des bords de la mer et
des grandes rivières, qu’elles protègent contre les affouillements de
l’eau par le lacis de leurs rhizomes. C’est le seul service qu’on puisse
leur demander, mais il a de l’importance. Citons particulièrement :
E. arenarius L. — Des côtes maritimes de l’Europe et d’une
grande partie de l'Asie. Il vient dans le sable pur et y forme de
fortes touftes, très difficiles à arracher. Il rend de grands services
sur les côtes sablonneuses de l’océan Atlantique, surtout en France.
E. condensatus Press. — De la Californie et de la Colombie bri-
tannique. Il est très analogue à l’élyme d'Europe, et y sert aux mê-
mes usages.
E. virginicus L. — De l'Amérique du Nord. Vivace comme les
précédents, mais préférant le voisinage des rivières aux sables mari-
times. Son fourrage, moins coriace et moins dur que celui de l’élyme
d'Europe, peut servir dans une certaine mesure à l’alimentation des
bestiaux.
EMBOTHRIUM coccineum G. Forster. — Du Chili et du détroit
de Magellan, où les Espagnols lui donnent les noms de MNotra et
Ciruelillo. C’est un petit arbre de 6 à 10 mètres, de la famille des
Protéacées, d’une exquise beauté par son feuillage et ses fleurs.
Quoique son bois soit utilisé au Chili pour de menus ouvrages de
tabletterie, son véritable rôle est celui d'arbre décoratif dans les
jardins d'agrément. On le cultive avec succès, à l’air libre, dans les
localités tempérées du sud-ouest de l'Angleterre, où le climat est à
la fois doux et humide. L’Æ. emarginatum, des Andes du Pérou, est
tout aussi beau et probablement aussi rustique.
Une troisième espèce, l'£. Wickhami, du nord-est de la Nou-
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 255
velle-Hollande, serait mieux appropriée au midi de l’Europe, ainsi
que le Stenocarpus sinuatlus, et beaucoup d’autres Protéacées aus-
traliennes également ornementales.
ENCEPHALARTOS. — Arbres de la famille des Cycadées, pro-
pres à l'Australie et au sud de l’Afrique, rappelant assez bien par
leur conformation générale des palmiers de moyenne et de petite
taille, mais avec un feuillage beaucoup plus coriace et plus ferme.
Ce sont des végétaux dioïques, dont les fleurs, mâles ou femelles,
sont réunies en des sortes de cônes volumineux comparables à ceux
des Araucarias. Leurs graines sont comestibles, mais seulement
quand on en a éliminé par la chaleur un poison volatil, qui, sans
cette précaution, en rendrait l’usage fort dangereux. Pour nous, les
Encephalartos sont des plantes d'ornement, qu’on cultive en serre
dans le nord de la France, mais qui passent aisément l'hiver à l’air
libre dans la région de l’oranger, où déjà plusieurs espèces sont in-
troduites. Ces arbres, enlevés de terre et débarrassés de leurs plus
grandes feuilles, supportent aisément les longues traversées par
mer, sans périr, et c'est ainsi qu'on nous les apporte du cap de
Bonne-Espérance et de l'Australie.
E. Douglasii Ferd. von Muzrer (Macrozamia Hizz.). — De
l'Australie, dans le seul district de Fraser’s Land. Plante superbe,
dont la grosse tige ne dépasse guère ! mètre de hauteur, et s'enfonce
d'autant dans la terre, mais qui se couronne d’une abondante gerbe
de feuilles pennées, ou frondes, de plus de 1 mètre de longueur. Du
centre de cette couronne naissent les énormes cônes, mâles ou fe-
melles, de la plante, dont les graines, du volume d’un œuf de pigeon,
sont d’une belle couleur orangée. Grillées sur des charbons, elles
sont mangées par les indigènes du pays, comme d’ailleurs celles des
autres Cycadées. Il est bon de noter, en passant, que ces graines
crues contiennent un poison violent, que les chimistes n’ont jamais
pu isoler, et que la chaleur détruit ou volatilise. Pour nous, cette
nouvelle Cycadée sera un bel ornement des jardins et des parcs du
midi de l'Europe et d’autres pays chauds ou tempérés-chauds.
Les espèces d’Æncephalartos les plus répandues dans nos jardins
sont les Æ. Denisonti, spiralis, caffer et Lehmanni. Suivant le baron
Müller, les Macrozamia doivent rentrer dans ce genre.
ENGELHARDTIA spicata BLuM. — Grand arbre de Java, de la
famille des Juglandées, c’est-à-dire voisin des noyers. Il s’élève à
plus de 60 mètres, et produit un très beau bois, dense et de longue
durée, très employé dans tous les genres de constructions. À Java
on en fait des roues de voiture d’une seule pièce, en tronçonnant la
tige en rondelles. Ce bel arbre existant aussi dans l'Himalaya, on
peut supposer que sa naturalisation ne serait pas impossible sur
quelques points de l’Europe méridionale et dans le nord de l'Afrique.
EREMOPHILA longifolia Ferd. vox MuLzLer. — Arbrisseau de
la famille des Myopormées, propre aux déserts australiens, et
croissant dans les lieux les plus arides, où il conserve sa verdure
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256 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
malgré les longues sécheresses, aussi devient-il une précieuse res-
source pour les troupeaux quand l’ardeur du soleil a fait disparaître
tous les fourrages herbacés. On comprend par là quels services il
pourrait rendre dans les régions sahariennes du nord de l'Afrique.
Très près de ce genre se place celui des £Zremodendron, qui ap-
partiennent aussi à Australie, et dont une espèce, l’Æ. Cunningha-
mi DC.,est un des arbres les plus élégants de cette partie du monde.
De même que le précédent, il croît dans les lieux les plus secs. Il est
vraisemblable qu'il rendrait des services analogues dans tous les
pays de climats similaires.
EREMURUS aurantiacus Baker. —- Liliacée des montagnes de
l'Afghanistan, dont les bulbes sont comestibles. Ce serait un nou-
veau légume à introduire dans nos potagers.
ERIANTHUS /ulous KuNTH. — Graminée vivace de l'Australie
intérieure. C’est un excellent fourrage, et il est brouté de si près par
les bestiaux qu’il périt souvent là où ils ont passé; mais il se repro-
duit aisément de ses graines. L'Europe méridionale possède lÆ. Ra-
vennæ, plante vivace plutôt ornementale qu’utile. Par sa grande
taille et la grosseur de ses chaumes, elle peut se classer parmi les
roseaux. Ses longues feuilles, rudes au toucher et coriaces, sont
rebutées par les bestiaux, mais peut-être seraient-elles acceptées
par les chameaux de l’Afrique, qui sont beaucoup moins difficiles
que les bœufs et les moutons sur les plantes alimentaires. L’Æ. ja-
ponicus est une espèce très voisine de celle d'Europe.
ERIOCHLOA annulata KuNTH. —Graminée vivace et fourragère,
aujourd'hui répandue dans toutes les contrées intratropicales du
globe. A la Nouvelle-Hollande elle endure de petites gelées, et sur-
tout résiste bien à la sécheresse. Elle conserve sa verdure toute
l’année, ce qui la rend précieuse pour le pacage des animaux. Une
seconde espèce, l’Æ. punctata, est également répandue dans les pays
chauds, et y rend les mêmes services que la précédente.
ERIOPHORUM comosum WaLL. — Cypéracée de l’Inde supé-
rieure, que la ténacité de ses feuilles fibreuses a fait comparer à
l’alfa d'Algérie, mais dont le produit, sur une même étendue de
terrain, est notablement moindre. Les indigènes du pays l’utilisent
pour en faire des cordages et autres ouvrages analogues.
ERIOBOTRYA japonica LiNbr.; Photinia japonica I. Hook. —
Bibassier, loquat, néflier du Japon. Grand et bel arbrisseau de la
Chine et du Japon, appartenant au groupe des Pomacées, très orne-
mental par son grand feuillage persistant et sa floraison automnale,
et plus intéressant encore par ses fruits, de la grosseur d’une prune
moyenne, jaunes à la maturité et dont la chair sucrée-acidulée et
juteuse est fort agréable au goût. Il y a toutefois un reproche à leur
faire : c’est le nombre et la grosseur de leurs pépins, qui souvent
font presque la moitié de leur volume.
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 957
Le bibassier a été introduit vers le commencement du siècle dans
les vergers du midi de l'Europe, où il se montre beaucoup plus rus-
tique que l’oranger. Cependant, en dehors de la région de l'olivier,
sa fructification est incertaine, et il gèle souvent dans le centre de
la France, à plus forte raison ‘dans le nord. Sous le climat qui lui
convient et en bon sol il arrive aux proportions d’un pommier à
cidre, à large tête surbaissée, mais plus ordinairement on le taille
en buisson pour faciliter la cueillette de ses fruits. Souvent même
on le greffe sur cognassier, ce qui en diminue encore la hauteur.
Le bibassier fleurit en automne et au commencement de l'hiver,
et, suivant les lieux, 1l mürit ses fruits du milieu d'avril à la fin de
juin. Il serait à désirer que la culture üirât de cet arbre des variétés
supérieures à celle que nous possédons.
ERVUM monanthos L. ( Vicia monantha LaAMK.).— Jarosse, len-
ülle à une fleur. Légumineuse annuelle, assez analogue aux vesces
( Vicia), cultivée dans certaines parties de la France pour son four-
rage et pour ses graines, qui sont comestibles, quoique moins bonnes
que celles de la lentille proprement dite. Elle est cependant fort
avantageuse pour occuper les mauvais terrains sableux et siliceux,
où d’autres fourrages ne réussiraient pas.
E. Lens L. — Lentille commune. Plante annuelle, originaire d’O-
rient selon toute vraisemblance, mais cultivée depuis les temps les
plus anciens, ainsi que nous l’apprenons par le récit de la Bible dans
histoire de Jacob et d'Esaü. Son introduction en Europe remonte
aussi à la plus haute antiquité. Tout le monde sait que la graine de
la lentille est un des légumes les plus nourrissants, supérieur même
aux haricots et aux fèves, aussi la plante est-elle cultivée partout
où sa graine peut mürir. On en connaît deux ou trois variétés en
France, dont la plus commune est le lentillon, ou petite lentille, amsi
nommée à cause de la petitesse relative de sa graine. On la dit plus
délicate que la grande variété. La lentille est “plus ferüle dans les
terres sablonneuses et sèches que dans les terres plus grasses, où,
par compensation, elle est plus fourrageuse.
ERYTHROXYLON Coca Lauk. — Arbrisseau du Pérou devenu
célèbre par l'usage que les habitants du pays, principalement les mi-
neurs, font de ses feuilles, qu’ils mâchent mêlées à un peu de chaux
en poudre. Elles sont presque insipides, mais elles contiennent un
principe volaül qui agit énergiquement sur le système nerveux et
dissimule la fatigue des travaux pénibles. Elles contiennent deux al-
caloïdes, la cocaine et l’hygrine, et en outre un acide analogue à
l'acide tannique. On évalue à 15 millions de francs la valeur de la
récolte annuelle de la coca, ce qui indique l’énorme consommation
qui s’en fait en Amérique. Si l’usage très modéré de cette feuille a
quelque utilité, l’abus en est extrêmement pernicieux. Il devient un
véritable empoisonnement, comparable à celui qu'engendre l’opium
pris en excès, et ce qu’il y a de plus fâcheux c’est qu'une fois qu’on
a commencé de mâcher la coca il est presque impossible d’en modé-
rer l’usage.
258 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
EUCALYPTUS. — Genre de Myrtacées australiennes, du groupe
des Leptospermées, caractérisé par la transformation de la corolle
en une sorte de coiffe ou d’opercule, clos de toutes parts et qui se
détache tout d’une pièce au moment de la floraison, laissant alors
libres les nombreuses étamines qui étaient enfermées au-dessous.
Le fruit des Eucalyptus est une capsule plus ou moins ligneuse, à
3, 4 ou 5 loges, qui s'ouvrent à la maturité pour laisser échapper les
graines.
On connaît aujourd’hui plus de 150 espèces d’Eucalyptus, dont
quelques-unes sont des arbres d’une taille colossale. D’autres sont
des arbres de moyenne grandeur, et plusieurs de simples arbris-
seaux. La plupart des grands Eucalyptus se font remarquer par la
rapidité de leur croissance, quelques-uns par l’excellence et la lon-
gue durée de leur bois, qui, en Australie, est employé à toutes les
constructions. Tous contiennent des principes aromatiques, ainsi
que du tannin et des gommes-résines dont l’industrie commence à
ürer parti. La culture de quelques espèces est reconnue si avanta-
geuse, qu’on essaie de les propager aujourd’hui dans tous les pays
où elles peuvent se naturaliser. C’est déjà par centaines de nulle que
se comptent les Eucalyptus cultivés dans le midi de l’Europe et le
nord de l'Afrique, et on en trouverait peut-être davantage encore en
Californie, dans les régions tempérées-chaudes de l'Amérique du
Sud et les colonies européennes de l’Afrique australe. C’est le fait
de naturalisation le plus remarquable qui ait eu lieu dans ce siècle.
Le vasle genre des Eucalyptus occupe toute l’étendue du continent
australien, mais les espèces varient du nord au sud et de l’est à
l’ouest, suivant les climats et la composition minéralogique du sol.
Il en existe plusieurs en Tasmanie, où elles s’élèvent assez haut sur
les montagnes pour y ressentir les rigueurs de l’hiver, et ce sont
celles qui s’accommodent le mieux du climat méditerranéen. On a
même quelque espoir que les plus rustiques pourront se naturaliser
dans l’ouest, le long de l’océan Atlantique jusqu’en Bretagne et même
dans le sud de l'Angleterre. Toutefois, c’est dans le midi de l’Europe
et le nord de l’Afrique que les Eucalyptus sont appelés à rendre
d'importants services, surtout comme arbres forestiers et assainis-
seurs des pays marécageux. L'Algérie leur doit déjà la salubrité de
beaucoup de localités, jadis très malsaines et très redoutées, et tout
indique que c’est par eux que la campagne de Rome, si déserte au-
jourd’hui, pourra être assainie et repeuplée.
On a également tenté l’introduction des Eucalyptus dans les pays
intratropicaux, mais jusqu'ici avec un médiocre succès, du moins
dans ceux où la chaleur étant à peu près uniforme et l'humidité at-
mosphérique toujours très grande, la végétation de ces arbres est
continuellement excitée. Considérés d'une manière générale, les Eu-
calyptus ont besoin d’une saison de repos, amenée soit par l’abais-
sement de la température, soit par la sécheresse. Il y a cependant un
petit nombre d'espèces qui semblent devoir réussir entre les tropi-
ques; nous les indiquerons dans la liste qui va suivre.
E. Abergiana Ferd von MuLer.— Du Queen's Land septen-
trional. Très grand arbre à branches étalées et couvert d’un épais
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 259
feuillage. On n’a encore que des renseignements incomplets sur la
valeur de son bois, mais à cause de sa provenance on a toute raison
de croire qu’il sera du petit nombre de ses congénères capables de
s’acclimater dans les pays tropicaux.
E. amygdalina.— Du sud-est de l'Australie et, paraît-il, aussi de
la Tasmanie. Les colons lui ont donné plusieurs noms, tels que ceux
de White et Brown-peppermint-tree, Giant-qum-tree, Swamp-gqum-
tree, Mountain-Ash, etce., qui rappellent quelqu'une de ses par-
ticularités.
Dans les vallées abritées des forêts on le voit atteindre excep-
tüionnellement à 120 mètres de hauteur, sur un tronc droit et lisse et
portant de larges feuilles, mais donnant aussi des repousses du pied
dont le feuillage diffère de la forme ordinaire. Dans les pays plus
ouverts les feuilles sont petites et étroites et l'écorce de l’arbre brune
et rugueuse. La variété précédente qui est peut-être une espèce dis-
tincte et que M. le baron Müller a nommée Æ'. regnans, est proba-
blement le plus grand arbre qui existe sur le globe. M. G. W. Ro-
binson, inspecteur des forêts, en a mesuré un échantillon de 145
mètres au pied du mont Bawbaw; un autre arbre de même espèce,
au cap Otway, mesure 127 mètres sur un tronc de 5"20 de diamètre,
à une distance assez considérable du sol. On a vu un autre Euca-
lyptus de cette même espèce qui, au niveau du sol, avait plus de
21 mètres de tour; à 3"50 du sol, son diamètre était de 425; à
44 mètres de hauteur le diamètre du tronc était encore de 244,
et à 64 mètres de 1"53. Le bois de cet arbre est facile à fendre
et se prête à de nombreux emplois pour la charpente, la cons-
truction des wagons, la marine, etc., mais ce n’est pas un bois très
fort, et celui de la variété, ou espèce, de moindre taille et à écorce
rugueuse, l’emporte sous ce rapport. Le nom d’amygdalina, donné
par le botaniste Labillardière, ne convient à aucune des formes
ou variétés de cette espèce. Les semis qui en ont été faits à Mel-
bourne, sur un terrain médiocre, se sont développés avec la même
rapidité que ceux de l’Æ. globulus, mais ils ne sont pas aussi in-
différents que ces derniers à la composition minéralogique du sol,
et ils ne réussissent par partout. Dans le midi de la France, l’Z.
amygdalina, si toutefois on ne l’a pas confondu avec l’Æ. viminalis,
a atteint la hauteur d’une quinzaine de mètres en huit ans. C’est, du
reste, un des plus rustiques du genre, et on l’a vu résister aux hivers
des parties les plus tempérées de l’Angleterre, concurremment avec
les Æ. polyanthema et viminalis. À la Nouvelle-Zélande il à sur-
vécu à des froids qui ont fait périr l’Æ. globulus, ainsi que plusieurs
autres espèces relativement rustiques.
Les essences d’Eucalyptus, dont les propriétés médicinales sont
aujourd’hui bien connues et que le baron Ferd. von Müller a été le
premier à disüller, sont fournies par la plupart des espèces du genre,
mais en quantités très variables d’espèce à espèce. C’est un chimiste-
distillateur de Melbourne, M. Bosisto, qui a donné le plus d’exten-
sion à cette industrie, et qui a fourni les meilleurs renseignements
sur les divers usages auxquels ces essences pouvaient être appliquées.
L’espèce la plus riche en huiles essentielles est, jusqu'ici, lÆ. amyg-
RU RES PR AE TP TS MT PPT R
260 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
dalina, et c'est elle aussi qui devrait être le plus multiphée dans les
localités dévastées par la fièvre, bien que sa croissance ne soit pas
toujours aussi rapide que celle de l'Æ. globulus. On peut, jusqu’à un
certain point, évaluer les propriétés assainissantes des Eucalyptus
d’après la quantité d’essence qu’on retire de leurs feuilles, et, en par-
tant de ce point, les six espèces les plus habituellement soumises à
la distillation se classeraient, d’après les recherches de M. Bosisto,
dans l’ordre suivant :
Pour 100 parties de feuilles en poids, on obtient de :
l'E. amygdalina.......... 3,315 d'essence volatile,
LE SAT LE Er ENT AE ES ES PART 25 —
VE MNencoeplon ee 25114000 _
VE. goniocalyx.........., 0,914 —-
VE. globulus. . 5.1.4: 1 2x1 0,719 —
Érobhquar reines ne: 0,00 _
L’infériorité de l’Æ. globulus, sous le rapport qui nous occupe, est
compensée par sa vigueur, sa croissance extrêmement rapide et
l'abondance de son feuillage. 11 faut ajouter que la proportion d'huile
essentielle, pour chaque espèce, varie suivant les localités et les sai-
sons. L’Æ. rostrata, qui est un des plus pauvres comme producteur
d'essence, est néanmoins très avantageux pour les localités infectées
de malaria, parce qu’il se développe bien sur les terres périodique-
ment inondées et même sur celles qui sont constamment détrempées
d’eau douce. L/Æ. oleosa, des régions désertiques de l'Australie ex-
tratropicale, pourrait être cultivé dans d’autres régions, exclusive-
ment comme arbre à essence. D’après les expériences commencées
par le baron Müller et continuées par M. Osborne, les huiles d’Eu-
calyptus dissolvent, entre autres substances employées pour faire des
vernis ou d’autres préparations, le camphre, les résines des coni-
fères, le mastic, la gomme élémi, la sandaraque, l’asphalte, la ré-
sine de Xanthorrhæa, le sang-dragon, le benjoin, le copal, l’ambre,
le caoutchouc, la cire et diverses autres substances, mais non la
gutta-percha. La potasse qu’on retire des cendres des divers Euca-
lyptus varie de 5 à 27 pour 100. Une tonne (1,016 kilogr.) de feuilles
fraiches d'Æ. globulus donne environ à kilogrammes de cendre
perlée; une tonne de ce bois frais en donne un peu plus d’un kilo-
gramme, et de bois sec 3 kilogrammes. En ce qui concerne ces di-
vers produits des Eucalyptus, Lels que résines, tannin, goudron, elc.,
nous renverrons le lecteur aux divers mémoires et documents pu-
bliés à Melbourne par le baron Ferd. von Müller.
E. Paileyana Ferd. von MurLer.— Du Queen’s Land méridional.
Arbre d'environ 30 mètres, remarquable par la ténacité de son écorce.
Son bois, facile à débiter en merrain, est fibreux, résistant et de lon-
gue durée, aussi l’emploie-t-on dans le pays à tous les usages éco-
nomiques. Cette espèce, à la différence de la plupart de ses congé-
nères, réussit dans les sols les plus sablonneux, ce qui est un avan-
tage considérable pour beaucoup de localités. Ses branches sont plus
étalées et son feuillage plus dense que dans beaucoup d’autres Eu-
calyptus.
E. botryoides Suirx. — Du Gipp’s Land oriental et du Queen's
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 961
Land méridional. Les bücherons le nomment Bastard mahogani
(acajou bâtard), et ils donnent le nom de Zangalay à une de ses va-
riétés qui se rencontre habituellement sur les plages sablonneuses
des côtes. C’est un des arbres les plus beaux et les plus imposants
du genre, par la densité et la verdure sombre de son feuillage. Cet
arbre recherche les bords des rivières, mais il croît aussi loin des
cours d’eau, pourvu que la terre ne soit pas exceptionnellement
aride. On en voit des échantillons dont le tronc forme un fût de 24 à
25 mètres au-dessous des premières branches, et dont le diamètre
varie de ? mètres à 2"50 au niveau du sol. Son bois est ordinaire-
ment sain jusqu’au centre, et il sert à toutes les constructions civiles
etnavales, ainsi qu’au charronnage, à l’outillage des chemins de fer,
à la construction des pilotis pour les ponts et les quais, etc. Tous
les inspecteurs des forêts en Australie s’accordent sur la valeur de
ce bois.
L’Æ.botryoides est, depuis quelques années, cultivé dans la Basse-
Provence, où on en voit quelques échantillons arrivés en âge de
fleurir et de mûrir des graines. Sa rusticité y est à peine inférieure à
celle de VÆ. globulus,etil croît presque aussi rapidement. Important
comme arbre forestier, il a presque autant de valeur comme arbre
d’avenues et de décoration paysagère.
E. calophylla R. Br. — Du sud-ouest de l'Australie, où il porte
le nom de Æ2ed-qum. C’est un arbre plus touffu et qui donne plus
d'ombre que la plupart de ses congénères, et dont le développement
est relativement rapide. Dans ses forêts natales il a beaucoup de
l'aspect et du port des Eucalyptus qui, dans l’est de l’Australie,
sont désignés par les colons sous le nom d’Zron bark-trees, c’est-à-
dire de bois de fer. Son bois est dépourvu de résine quand il croît
sur les terres d’alluvion, mais non quand il provient des montagnes
et des lieux rocailleux. Ce bois est léger et d’une bonne durée s’il
est tenu à l’abri de l'humidité, mais il se détériore assez vite dans la
terre ; on le préfère toutefois à ceux des Æ. marginata et cornuta
pour la fabrication d'instruments agricoles, parce qu’il est plus facile
à travailler. Son écorce est employée au tannage des cuirs, mêlée à
celle d’acacia ; les capsules même de ses fruits, qui sont très grosses,
peuvent y servir. C’est le seul arbre de l'Australie occidentale qui
fournisse en abondance la résine kino, d’abord fluide, puis durcis-
sant à l’air, et soluble dans l’eau froide, dans la proportion de 70 à
80 pour 100 de son poids. Sans être des plus grands dans le genre,
VE. calophylla dépasse souvent 30 mètres en hauteur, et on en
trouve dont le tronc a plus de 3 mètres de diamètre à la base. Il
en existe en Provence quelques échantillons adultes, fleurissants
et mürissants leurs fruits. Ils n’y sont guère moins rustiques que
VE. globulus, qu’ils surpassent en beauté décorative, mais auquel ils
sont inférieurs pour la rapidité du développement.
E. capitellata Suirx. — C’est un de ceux auxquels, dans l’Aus-
tralie orientale, on donne le nom de Stringy bark, à cause de leur
écorce filandreuse. Sa hauteur est de 50 à 60 mètres, et son bois,
employé à la charpente commune, peut servir à beaucoup d’autres
usages. Il réussit bien dans les sables humides, et il pourra rendre
PE
262 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
des services dans ces sortes de terrains, là du moins où le climat ne
lui sera pas défavorable.
E. citriodora Hook. — De la colonie de Queen’s Land. C’est un
bel arbre, à tronc élancé, à écorce blanche et lisse, dont le bois est
apprécié pour sa résistance et son élasticité. Comme celui de la
plupart des Eucalyptus, son feuillage contient une forte proportion
d'huile essentielle, mais dont l'odeur, très analogue à celle du c&i-
tron, est beaucoup plus agréable que dans les autres espèces, une
seule exceptée. Cet arbre parait voisin de l'Æ. maculata, et n’en est
peut-être qu’une variété.
E. cornuta LABiLz. — Le Yate tree, du sud de l'Australie occi-
dentale, déjà assez commun en Europe et en Afrique. C’est un
grand arbre, dont le développement est rapide dans les terres
profondes et un peu humides. Son bois, plus lourd que l’eau, même
lorsqu'il est sec, est dur, résistant, et considéré comme égal en
valeur à celui du meilleur frêne pour tous les travaux de charron-
nage, les instruments agricoles, la charpente, etc. Il est du petit
nombre des Eucalyptus qui s’accommodent des climats intratropi-
caux, où il résiste mieux que la plupart des autres à l'humidité de
la saison pluvieuse. Sa rusticité en Provence est à peu près celle de
VE. globulus.
E. corymbosa Suirx.— Le Z}loodwood-tree de la Nouvelle-Galles
du Sud et de la colonie de Queen’s Land. L’arbre arrive à de grandes
dimensions, et son bois, d’un rouge brun, tendre lorsqu'il est frais,
mais très dur lorsqu'il est sec, se conserve longtemps dans la terre;
aussi l’emploie-t-on habituellement dans le pays d’origine pour les
constructions rurales, les palissades, les pilotis et même pour les
traverses de chemins de fer. Son écorce raboteuse et crevassée est
riche en résine kino.
E. corynocalyx Ferd. vox Muzer. — Du sud de l'Australie et
du nord-ouest de la colonie de Victoria, où il porte le nom de Sugar-
qum tree (gommier saccharifère). Il atteint à 30 et quelquefois à
40 mètres de hauteur, le tronc, au-dessous des branches, pouvant
fournir des fûts de 18 à 20 mètres de longueur, sur un diamètre de
1 à 2? mètres d'épaisseur. Son bois sert à tous les usages ordinaires,
même à faire des traverses de chemins de fer. Sa durée sous terre
est altestée par le fait que des pieux de ce bois étaient encore en bon
état après quinze ans de service. Cet arbre réussit presque partout,
même sur les montagnes à sol ferrugineux ; mais, malgré son ap-
pellation vulgaire, il ne produit aucune exsudation sucrée (melitose),
comme le fait l’Æ. ciminalis. C’est un des moins aromatiques du
genre ; il l’est même si peu que le bétail en broute volontiers le feuil-
lage et les repousses du pied, ce qui n’arrive guère pour les autres
espèces. À certains égards, on pourrait en faire un arbre fourrager
dans les pays secs et chauds, en le rabattant un peu au-dessus du
sol, c’est-à-dire en lui donnant la forme de têtard. Nous en possédons
quelques jeunes sujets en Provence, où ils semblent ne pas craindre
le froid. Leur croissance est relativement un peu lente. Ce sont, en
général, de beaux arbres d'ornement.
E. crebra Ferd. vox MuLer. — L’/Zronbark-tree, à feuilles
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 263
étroites, de la Nouvelle-Galles du sud et de la colonie de Queen’s
Land. Bois rougeâtre, dur, lourd, élastique et d’une longue durée ;
aussi l’emploie-t-on communément à la construction des ponts,
comme aussi pour faire des pilotis dans l’eau, des traverses de
chemins de fer, des wagons, des barrières autour des champs, etc.
Le docteur Bailey a signalé dans le nord-est de l’Australie une
variété de cette espèce dont l’arome est si agréable qu’on s’en sert
comme de condiment. Peut-être faut-il considérer comme simples
variétés de l’Æ. crebra, les Æ. leplophleba et drepanophylla, dont
le bois a les mêmes qualités. Tous ces arbres exsudent en abon-
dance une gomme résine, qui a toute l’apparence et les propriétés
de la résine kino.
E. diversicolor (ou colossea) Ferd. vox Muzrer.— Le Xarri, du
sud de l’Australie occidentale. C’est un arbre colossal, dont on a
rencontré plus d’une fois des échantillons de 130 à 140 mètres de
hauteur, avec une grosseur de tronc proportionnée à cette taille.
L'arbre est comparativement élancé, surtout lorsqu'il croît dans des
massifs épais et serrés ; aussi l'y voit-on donner des fûts de 60 à
90 mètres, droits et filés, au-dessous des premières branches. Moins
serré par d’autres arbres, le tronc arrive à une épaisseur de 3 à
4 mètres au niveau du sol. Son bois est élastique, d’une longue
durée, aussi résistant à la rupture transversale que celui du chêne,
mais moins facile à travailler que celui de l'ÆZ. marginata. On
l’'emploie d’ailleurs à tous les genres de constructions, civiles et
navales, principalement pour faire des mâts de navires. Ce bel
Eucalyptus réussit fort bien en Provence et en Algérie, où déjà
quelques échantüllons âgés d’une dixaine d’années fleurissent et
frucüfient. Sa résistance à la gelée est un peu moindre que celle de
VE. globulus, qui le surpasse aussi en rapidité de croissance.
E. doratoxylon Ferd.vox Muzrer.— Le Spear-wood ou arbre à
lance du sud-ouest de l'Australie, dont il occupe les endroits stériles.
Sa tige est menue et remarquablement droite, et son bois si compacte
et si élastique que les tribus nomades indigènes viennent de loin le
chercher pour en faire des lances. Ce petit arbre pourrait rendre
bien des services dans les sols pauvres et arides du Sahara algérien,
où il serait intéressant d’en essayer la naturalisatioin.
E. eugenioides SI£BER. — Un des nombreux S{ringy bark de la
Nouvelle-Galles du Sud et de la colonie de Victoria. Il abonde dans
cerlaines localités et y atteint des proportions considérables. Son
bois, facile à fendre, y sert aux constructions rurales de toutes es-
pèces. L’arbre a de certaines analogies avec l’Æ. piperita.
E. ficifolia Ferd. vox Muzrer. — Du sud-ouest de l'Australie.
Ce n’est qu’un petit arbre ou un grand arbrisseau, que nous ne si-
gnalons ici qu’à cause de sa beauté décorative, due à son grand feuil-
lage qui rappelle celui des figuiers élastiques, et à ses superbes pa-
nicules de fleurs pourpres. Au point de vue ornemental, cet arbris-
seau a une réelle valeur.
E. globulus Lagizz. — Le Zlue qum de la colonie de Victoria et
de la Tasmanie, l’arbre classique du genre, un des plus grands et
des plus merveilleux par la rapidité avec laquelle il croît, et celui
264 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
qui a été le plus largement introduit dans les pays à climats tem-
pérés-chauds de l’Europe, de l'Afrique et de l'Amérique. Presque
partout on en a essayé la culture, mais il n’a jamais réussi entre les
tropiques, si ce n’est à une certaine altitude, où le climat se rappro-
che de celui de l'Australie méridionale. Il abonde en Provence, où
on en rencontre beaucoup de grande taille et mûrissant des graines
depuis plusieurs années. Il est rare qu’il y souffre du froid, et on
peut le considérer comme entièrement naturalisé dans tous les pays
circum-méditerranéens où l’oranger, moins rustique que lui, passe
impunément l’hiver à l'air libre.
Ce qui a surtout contribué à hâter la propagation de cet arbre,
c'est sa propriété, aujourd’hui bien constatée, d’assainir les pays
marécageux dévastés par la fièvre. Une plantation d’'Eucalyptus dans
les terres imbibées d’eau stagnante équivaut au drainage. Par la
puissante succion de ses racines il assèche le sol, et 1l rend purifiée
à l’atmosphère, sous forme de vapeurinvisible, l’eau qu’il a absorbée.
Son feuillage, très aromatique, contient d’ailleurs un principe fébri-
fuge qui a été souvent administré avec succès dans des fièvres re-
belles contre lesquelles le quinquina avait échoué. Déjà, au seul
point de vue de l'hygiène, cet Eucalyptus est un arbre précieux, mais
il ne l’est pas moins si nous le considérons comme arbre forestier,
destiné à produire du bois d'œuvre et du combustible. Ce sont là en
effet des objets de première nécessité pour toutes les nations ci-
vilisées, mais qui pour quelques-unes sont déjà devenus rares et
d’un prix beaucoup trop élevé. C’est particulièrement le cas des pays
méditerranéens, tant en Europe qu’en Afrique, pays jadis richement
boisés, aujourd’hui dépourvus de forêts sur de vastes étendues, et
par suite exposés à tous les excès atmosphériques, les vents violents,
la grêle, les longues sécheresses, de temps à autre des pluies torren-
elles, les ravages des insectes, etc., tous fléaux redoutables à l’a-
griculture moderne. R
Peu d’arbres, même parmi ses congénères, peuvent être comparés
à l’Æ. globulus pour la rapidité de la croissance. Tant en Europe
qu’en Amérique, on l’a vu, suivant les lieux, atteindre à 12 ou 15 mè-
tres de hauteur en sept ou huit ans et fournir déjà à cet âge de fortes
solives. Le bois en est lourd, dur, très difficile à fendre à cause de
ses fibres entrelacées et tendant à prendre une direction spirale. IL
est aussi d’une bonne durée, même dans la terre, et il fournit, en
Australie, à tous les besoins de la charpente, de la menuiserie et
de l'outillage agricole. En France, on a réussi à en construire de
très beaux meubles. Lorsqu'il est mûr, le bois d’'Æ. globulus égale
en solidité et en valeur celui du meilleur chêne de l’Europe, et il
n’est pas très inférieur à celui du teck ; cependant il le cède en force
à ceux des Æ. melliodora, polyanthema, siderophlæa et leucoæylon.
Son écorce, qui se détache en grandes loques, contient une assez
forte proportion de tannin, et peut être employée au tannage des
cuirs ; elle l’est même déjà en Italie, à l’abbaye des Trois-Fontaines,
près de Rome, où le gouvernement italien a entrepris de faire planter
des bois d’Eucalyptus pour assainir des plaines désolées depuis des
siècles par la fièvre. De vastes plantations en ont aussi été faites en
Tr
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 265
Algérie, dans des localités jadis très insalubres, aujourd’hui parfai-
tement assainies et peuplées. Les feuilles d'£ucalyptus globulus,
surtout celles des jeunes arbres, contiennent divers principes aro-
matiques, qui jouissent de propriétés antiseptiques constatées. On
s’en sert en médecine et en chirurgie, et on assure que l’essence
d'Eucalyptus est le remède souverain de la loque, maladie infec-
tieuse des abeilles, et qui cause parfois de grandes pertes aux api-
culteurs.
E. gomphocephala DC. — Le Touart du sud-ouest de PAustralie.
C’est aussi un grand arbre, qui s’élève à 35 ou 40 mètres, et dont la
croissance est assez rapide, quoiqu’elle n’égale pas celle de lZ. glo-
bulus. Son bois est nerveux, dur et rigide, à grain fin, mais les fibres
en sont tellement entrelacées qu’il est presque impossible de le fen-
dre. Ce bois travaille peu, ou même reste parfaitement insensible
aux vicissitudes de chaleur, d'humidité et de sécheresse, qui en dé-
forment tant d’autres ; aussi l’emploie-t-on, dans sa région natale,
à tous les besoins de la charpente, des constructions navales et de
l’industrie. C’est du reste un des bois les plus forts que l’on connaisse.
Nous en possédons quelques individus en Provence, mais trop jeunes
encore pour fleurir. Sa rusticité est à peu près celle de l'E. globulus.
De même que quelques autres espèces, 1l préfère les sols calcaires
aux sols siliceux ou argileux.
E. goniocalyx Ferd. vox Muzrer. — Des parties méridionales
de la Nouvelle-Galles du Sud, où il porte communément le nom de
Bastard box. C’est un grand arbre, qui se plaît dans les terres
argileuses. Son bois a beaucoup d’analogie avec celui de l'E. glo-
bulus, mais il est moins dur, moins fort et plus facile à travailler,
d’ailleurs servant à tous les usages pour la charpente et les indus-
tries locales. Il est estimé surtout dans le charronnage, pour la
construction des roues de voitures. Cet arbre n’est pas rare en
Provence, où on en trouve des exemplaires hauts de 12 à 15 mètres
et produisant beaucoup de graines.
E. Gunni J. Hook. — De la Nouvelle-Galles du Sud, de la
colonie de Victoria et de la Tasmanie. Dans ce dernier pays il porte
le nom d’arbre à cidre, parce que, dit-on, les indigènes en recueil-
laient la sève pour en faire une boisson ; dans le sud de la Nouvelle-
Hollande, il porte le nom de Swamp gum, parce qu'il se plaît
dans les lieux bas où les eaux de pluie séjournent une partie de
l'année. L’arbre devient très grand (40 à 50 mètres), et donne un
très bon bois. C’est un des plus rustiques du genre. Déjà assez
commun en Provence, il y produit des graines qui servent à le
multiplier. On croit que cet arbre pourra se naturaliser sur les
côtes océaniques de la France, particulièrement dans les landes
de Bordeaux et peut-être beaucoup plus loin vers le nord.
E. hæmastoma Suirx. — De la Nouvelle-Galles du Sud, où il
partage avec d’autres espèces le nom de White qum. C’est un grand
arbre, qui abonde en certaines localités, et dont le bois est employé
dans la charpente commune; on en fait aussi d’excellent charbon.
Un point qui le recommande particulièrement c’est la facilité avec
laquelle il s’accommode des terrains sablonneux, où peu d’autres
266 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
Eucalyptus pourraient vivre. Si cet arbre se montrait assez rus-
tique, sa culture serait indiquée sur les landes du sud-ouest de la
France.
E. hemiphlæa Ferd. vox MULLER. — Des mêmes régions que le
précédent, où on le nomme vulgairement Box tree, à cause de la
dureté de son bois, que l’on a comparé avec le buis. Ce bois, en
effet, est excellent, et jouit dans le pays d’une réputation méritée.
Il sert à tous les usages.
E. leucoæylon Ferd. von MuLLer. — C’est l’Zronbark ou bois
de fer de l'Australie méridionale et de la Nouvelle-Galles du Sud.
L'arbre atteint à 30 mètres et plus de hauteur, et son bois a peu de
rivaux, même parmi ses congénères, pour la force et la dureté;
aussi est-il tenu en haute estime par les charpentiers, les construc-
teurs de navires, les charrons, les menuisiers, etc. Les expériences
faites en Australie ont démontré que ce bois résiste à la rupture pres-
que deux fois autant que le chène d'Amérique et le frène, et qu'il
l'emporte même sur le bois d'Hickory (noyer noir) dans la propor-
tion de 18 pour 100. On l’emploie fréquemment pour les traverses
de chemins de fer, les pilotis, les étais des mines, les ustensiles
agricoles de tout genre, etc. Cet arbre offre en outre l'avantage con-
sidérable de croître d’une manière satisfaisante sur des terrains trop
rocailleux pour que l’agriculture ordinaire s’y établisse. Toutefois,
il ne sort guère des sols granitiques, et c’est là peut-être ce qui ex-
plique sa facile réussite en Provence dans les terrains de cette na-
ture. Son bois est tantôt blanc, tantôt de couleur foncée, et son écorce
contient jusqu’à 22 pour 100 de son poids de tannin kino lorsqu'elle
est fraîche, mais beaucoup moins après sa dessication. Cette espèce
de tannin n’a pas la valeur de celui des acacias, mais il est utile en
mélange avec ce dernier quand on ne vise pas à obtenir des cuirs
de couleur claire. L’Æ. leucoxylon est déjà assez commun dans les
jardins de Provence et dans quelques plantations de l'Algérie. Il a
une variété à fleurs pourpres très ornementale.
E. longifolia Link. — De l'Australie orientale extratropicale,
introduit depuis quelques années en Provence. C’est un arbre qui,
en bonnes conditions de sol et de climat, peut atteindre à une cin-
quantaine de mètres de hauteur. D’après M. Reader, il n’existe pas
de meilleur bois dans la région qu’il occupe.
E. loxophleba BENTH. — Le York qum tree des colons du sud-
ouest de l’Australie. Il atteint à 30 ou 35 mètres de hauteur, sur un
tronc de plus de { mètre de diamètre. Son bois dur et plus lourd
que l’eau, même quand il est sec, est particulièrement recherché
pour le charronnage.
E. macrorrhyncha Ferd. von Muzzer. — C’est un des nom-
breux Stringy bark de la colonie de Victoria et de la Nouvelle-
Galles du Sud. Sa hauteur est de 30 à 40 mètres, et on le trouve
principalement sur les collines rocailleuses et stériles, mais il ne
monte pas très haut sur les montagnes. Son bois sert à tous les
usages domestiques et surtout pour la confection du charbon. Il
est presque aussi fort que celui de lÆZ. globulus et de VE. rostrata,
et beaucoup plus que celui de l’Z. obliqua. Son écorce filandreuse,
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 267
d’un brun foncé, sert à couvrir les toits des constructions rustiques,
et on en tire aussi des liens, utilisés de diverses manières dans les
opérations de l’agriculture.
E. maculata Hook.— De la Nouvelle-Galles du Sud et des parties
méridionales du Queen’s Land, où il porte le nom de Spotted qum
tree (Eucalyptus tacheté). C’est un arbre de 40 à 45 mètres de hau-
teur, dont le bois est employé dans les constructions navales, le
charronnage, la tonnellerie, etc. Le bois de cœur, au dire du doc-
teur Wools, est aussi fort que celui du chêne de l’Europe.
E. marginata SmiTrH. — C’est le fameux Jarrah ou faux acajou,
du sud-ouest de l'Australie, dont le bois passe pour indestructible,
n'étant attaqué ni par les termites, ni par les tarels; aussi est-il fort
recherché pour les pilotis et autres ouvrages en contact avec l’eau
de mer. Il n’est pas moins estimé pour la confection des poteaux
télégraphiques, des traverses de chemins de fer, des pieux, et en un
mot pour toutes les boiseries enfoncées dans la terre, quelle qu’en
soit la nature minéralogique ou le degré d'humidité ; mais pour ces
divers emplois le bois doit être choisi de la meilleure qualité et arrivé
à maturité complète. L'ingénieur chargé des travaux publics dans
la ville de Perth (Australie occidentale) rapporte avoir fait enlever
en 1877 des pilotis de bois de Jarrah qui avaient été mis en place,
pour soutenir les quais du port, en 1834, et qui étaient encore par-
faitement conservés après 43 ans de séjour dans l’eau, quoique les
tarets abondent sur ce point de la côte. Le long de la jetée du port
de Freemantle, des pieux datant de trente ans pouvaient à peine se
distinguer de ceux qui n’avaient encore servi qu’un an. Cette longue
résistance du bois de Jarrah aux diverses causes de destruction est
due, selon toute vraisemblance, à une résine de couleur rouge, très
analogue à la phlobaphène, et dont il contient de 16 à 17 pour 100
de son poids. En revanche il n’a guère que 4 à 5 pour 100 de kino-
tannin. Son grain est fin, onctueux et comme résineux au toucher ;
il est assez facile à travailler, prend un beau poli et se prête à tous
les ouvrages de menuiserie et de charpente. On assure même que,
pour les constructions navales, on le considère comme préférable au
teck et autres bois de l'Inde. Celui qui vient des montagnes est plus
foncé en couleur, plus compacte et plus lourd que celui de la plaine.
Ce serait aussi, d’après le capitaine Fawcett, un des bois les moins
inflammables, et par suite un des meilleurs pour la fabrication du
charbon.
Le Jarrah constitue de vastes forêts dans l'Australie sud-occiden-
tale, et on n’en estime pas l’étendue à moins de neuf millions d’acres
(plus de quatre millions d'hectares); on a calculé en outre que cha-
que acre de ces forêts produit annuellement 500 pieds cubes (près
de 17 mètres cubes) de bois marchand. C’est en automne, ou sur la
fin de l’été, que les arbres doivent être abattus; avec cette précaution
le bois ne se déjette pas. Le Jarrah croît de préférence sur les sols
ferrugineux, et il ne vient pas également bien partout, même en
Australie. C’est ainsi qu'à Melbourne il se développe beaucoup plus
lentement que les Z. globulus et obliqua; on suppose cependant
qu’il réussirait mieux dans la partie montagneuse du pays. Pour la
4 ARR 2 Le Johan", €
PSC
268 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
taille il ne rivalise pas avec les plus grandes espèces du genre, mais
néanmoins c’est encore un très grand arbre, et on en cite des échan-
tillons qui mesurent 25 mètres ou plus du sol à la première bran-
che, avec une circonférence de 10 mètres à hauteur d'homme. Ainsi
que beaucoup d’autres espèces d'Eucalyptus, celui-ci produit autour
de son pied de grosses loupes, qui en accroissent considérablement
le diamètre.
E. melanophlæa Ferd. voN MuLLER.— Arbre de moyenne gran-
deur, à écorce profondément sillonnée de crevasses et à feuillage
pruineux-blanchâtre. Son bois est fort et d’une bonne durée, et
fréquemment utilisé dans le pays pour les traverses de chemins
de feret les poteaux télégraphiques, mais il est sujet à se fendre
lorsqu'il a été abattu hors de la saison convenable et exposé aux
rayons du soleil. C’est l’Zron bark (bois de fer) à feuilles argentées
de la Nouvelle-Galles du Sud et du Queen’s Land.
E. melliodora GUNNINGH. — Il est connu, dans la colonie de
Victoria et à la Nouvelle-Galles du Sud, sous le nom de Yellow box
tree (buis jaune), ce qu’il doit à la teinte jaune pâle et à la dureté
relative de son bois. Suivant les lieux, il est de grande ou de
moyenne taille, s’élevant parfois à 60 mètres, sur un tronc volumi-
neux comparativement à cette hauteur. Par sa texture, le bois
rappelle celui de l’Æ. rostrata, sans l’égaler en durée, mais il est
équivalent en force à celui de l'Æ. globulus, et ne le cède, sous ce
rapport, qu'à ceux des Æ. leucoxylon, siderophlæa et polyanthema.
Il sert d’ailleurs à tous les emplois dans la charpente et la menui-
serie, et est surtout recherché par le charronnage. C’est aussi un
excellent combustible. 1/7. melliodora existe dans plusieurs loca-
lités de la Provence maritime, sans y être commun. Il s’y montre
d’ailleurs parfaitement rustique.
E. microcorys Ferd. von Muzzer. — De la Nouvelle-Galles du
Sud et de l'Etat de Queen’s Land, où les colons lui donnent le nom
de Tallow wood (bois de suif), qui rappelle un de ses caractères.
C’est un grand arbre, dont on voit des füts de 30 mètres très ré-
guliers, sur 2 mètres ou plus de diamètre. Le bois est jaunâtre,
sans veines de résine kino, facile à scier et à raboter et remarqua-
blement onctueux au toucher lorsqu'il est fraichement abattu, ce
qu’il doit à une matière grasse assez semblable à la viscime. Il en
contient environ 1 pour 100 de son poids, et on assure qu’elle a
pour effet de l’empêcher de se fendre ou de se déjeter, mais non
de se contracter et de durcir. Quoi qu’il en soit, ce bois sert à tous
les genres de travaux; on l’emploie même à la confection de tra-
verses de chemins de fer et de poteaux télégraphiques. Son feuillage
est remarquablement riche en huile volatile.
E. microtheca Ferd. von MULLER. — Espèce largement répandue
dans les parties les plus arides de l'Australie, tant tropicale qu’ex-
tratropicale, ce qui la rend particulièrement précieuse pour le
boisement des déserts actuellement dénudés par la sécheresse et
l’ardeur du soleil. C’est un arbre de grande taille, et on le voit
atteindre à 40 mètres où même davantage, dans des conditions
favorables de sol et de climat. Son bois est brun, quelquefois de
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 269
couleur très foncée, dur, pesant et élastique, souvent moucheté, ce
qui le fait rechercher pour l’ébénisterie. On l’emploie d’ailleurs à
tous les ouvrages de grande charpente et de menuiserie,
E. obliqua L. Hérir. — Des montagnes de la Tasmanie, où on
le désigne sous le nom de Séringy bark (écorce fibreuse), qu’on
applique d’ailleurs à plusieurs autres espèces. Dans la colonie de
Victoria il porte le nom de Messmate. C’est un des plus grands
arbres du genre, car on le voit s'élever à plus de 90 mètres sur un
tronc de 2"50 à 3 mètres de diamètre, à quelque distance du sol.
C’est peut-être de tous les Eucalyptus celui qui forme les peuple-
ments les plus uniformes et les plus continus, et il constitue d’im-
menses massifs forestiers, non seulement en Tasmanie, mais encore
sur le continent australien, du golfe de Spencer aux parties méridio-
nales de la Nouvelle-Galles. Il varie d’ailleurs sensiblement dans
cette étendue de pays, ce qui lui a valu des dénominations diffé-
rentes suivant les lieux. Son bois n'a ni la force ni la finesse de
grain de celui de plusieurs autres espèces d'Eucalyptus ; mais il est
facile à travailler et à fendre, aussi est-il très employé dans toutes
les industries où le bois ne doit être n1 enterré n1 exposé à l’humi-
dité. Un de ses grands avantages est de se contenter des sols les
plus pauvres et d'y produire plus de matière ligneuse qu'aucun
autre arbre ne le ferait dans les mêmes conditions, qualité précieuse
pour les pays où il y a urgence à se procurer du bois dans le moindre
laps de temps possible. Ajoutons à cela que son écorce contient de
11 à 13 pour 100 d’acide kino-tannique.
E. occidentalis Suirx. — De l'Australie occidentale, comme son
nom l'indique. C’est le Flat topped yate des colons. Suivant les
lieux où il croît, c’est un grand arbre ou un simple arbrisseau, très
variable d’ailleurs par le port, mais assez bien caractérisé par ses
inflorescences septiflores, à opercules plus longs que le tube du ca-
lice, et sous lesquels les étamines restent droites au lieu de s’inflé-
chir vers le centre de la fleur. Son bois de cœur est de couleur
foncée, très dur et utilisé dans le charronnage. Cet arbre, qui est
déjà assez commun en Provence et en Algérie, présente cette par-
ücularité de fleurir dès sa troisième et quelquefois dès sa seconde
année, lorsqu'il n’est encore qu’un arbuste de Î à 2 mètres. Sa crois-
sance est d’ailleurs assez rapide. En Australie on le voit s'élever à
30 ou même 40 mètres, dans les terres profondes et fraîches.
E. oleosa BEur.— Espèce répandue dans une grande étendue du
continent australien, de l’est à l’ouest, et variant considérablement
suivant les natures de sol qu’il rencontre. Dans les régions désertes
et arides c’est un simple buisson, dans les terres plus fertiles et
mieux arrosées il s'élève quelquefois à 30 ou 35 mètres, fournissant
un bois extrêmement dur, rougeâtre, plus lourd que l’eau même
quand il est sec, d’ailleurs facile à fendre et employé à tous les
usages. Une particularité de cette espèce est la richesse de ses feuilles
en une huile essentielle qui a la propriété de dissoudre à froid le
caoutchouc, l’ambre et les autres résines fossiles. Suivant les lieux
il porte des noms différents; c’est le Morrell des colons de l’Austra-
lie occidentale.
270 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
E. paniculata Swrrn. — Le While iron bark tree des colons de
la Nouvelle-Galles du Sud, qui l’utilisent pour tous les genres de
constructions. Son bois, facile à fendre et de longue conservation
en terre, y est très utilement employé pour faire des traverses de
chemins de fer, des palissades autour des propriétés, pour le char-
ronnage, etc.
E. pauciflora SiEB. — Plus connu peut-être sous le nom de
coriacea. C’est une des espèces d’'Eucalyptus les plus intéressantes
pour les pays situés au nord de la Méditerranée, à cause de sa
rusticité relative, même en dehors de la région de l'olivier, où on
l’a vu résister, sans le moindre dommage, à des froids de 10 à 12
degrés au-dessous de zéro. Cette rusticité s’explique par sa prove-
nance de montagnes assez élevées (1,500 mètres ou plus) dans le
sud de l’Australie et en Tasmanie. C’est un bel arbre, à écorce
blanche et lisse, dont les derniers rameaux retombent gracieuse-
ment comme ceux du saule pleureur, et qui arrive à de fortes dimen-
sions. Son bois, sans être aussi durable que celui de beaucoup
d’autres Eucalyptus, n’en est pas moins employé très utilement
dans les constructions ordinaires. Suivant les lieux, les colons lui
donnent les noms de White qum, Drooping qum, Swamp gum
tree. On le distingue aisément de tous ses congénères jusqu'ici
connus à son feuillage longuement lancéolé, épais, coriace, et dont
les nervures latérales sont dirigées dans le sens de la longueur,
presque parallèlement à la nervure médiane.
E. phænicea Ferd. vox Muzcer. — De la région la plus septen-
trionale et la plus chaude du continent australien. On ne sait à peu
près rien des usages auxquels son bois pourrait être employé, mais
la beauté de ses grandes fleurs rouge écarlate le recommande comme
un arbre de grand ornement pour les parcs et les jardins. A cause
de son origine tout à fait tropicale, on peut douter que la culture
en soit possible à l’air libre au nord de la Méditerranée, du moins
en France.
E. pilularis Smirx. — De la Nouvelle-Galles du Sud et du
Queen’s Land méridional. On le considère à Sydney comme un
des meilleurs arbres forestiers du pays, tant pour les qualités de
son bois que pour les belles proportions auxquelles il arrive. On en
a mesuré, dans le district d’Illawara, de près de 100 mètres de
hauteur avec une circonférence de 12 à 13 mètres au niveau du sol.
On en tire des madriers pour la charpente, des planches pour le
parquetage des appartements, des poteaux télégraphiques, même
des traverses de chemins de fer. Dans nos cultures de Provence,
cet arbre nous a paru moins résistant au froid que l'Æ. globulus.
E. piperita Smiru. — De la Nouvelle-Galles du Sud et du Gipp’s
Land, où il porte le nom de Wite stringy bark. C’est un arbre de
grande taille, dont le tronc, à hauteur d'homme, atteint jusqu’à
1 mètre de diamètre. Le bois se fend aisément et sert à tous les
usages. Son feuillage est riche en huile volatile.
E. Planchoniana Ferd. von MuLLer. —- Du Queen’s Land mé-
ridional. Cet arbre est encore peu connu; on sait seulement qu’il
s'élève à une trentaine de mètres, sur { mètre ou plus de diamètre
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 271
à hauteur d'homme, que son bois est de bonne qualité, pesant et
d’une longue durée, facile à scier, mais ne se fendant qu’avec diffi-
culté.
E. platyphylla Ferd. vox MuzLEer.— Du Queen’s Land, où il est
surtout estimé comme arbre d’avenue et propre à fournir des om-
brages, par suite de la grandeur exceptionnelle de son feuillage, qui
mesure quelquefois de 0"40 à 0"45 de longueur, sur 0"30 de largeur.
On le croit très voisin de l’Æ. alba, de l'ile de Timor, qui peut-être
se confond spécifiquement avec lui.
E. polyanthema ScHAUER. — Du sud-est de PAustralie, où on
lui donne le nom de ed box (buis rouge). C’est un des plus beaux
arbres du genre par sa haute taille, son feuillage de temte glauque
et son abondante floraison en panicules blanches à l'extrémité de ses
rameaux ; c’est aussi un des plus utiles par les qualités de son bois,
extrêmement dur, compacte et d’une longue durée. On le préfère
même au chêne et au frêne pour la charpente et pour tous les ou-
vrages auxquels ces derniers bois sont employés. Comme combus-
tible il est de premier ordre. Sa hauteur atteint jusqu’à 40 ou 45 mè-
tres, sur une grosseur proportionnée, et sa croissance est presque
aussi rapide que celle de lÆ. globulus, lorsqu'il est en bon sol. Une
autre qualité qui doit nous le faire apprécier est sa rusticité relative,
plus grande que celle de lÆ’. globulus. On en possède déjà de nom-
breux échantillons en Provence et en Algérie. Ses larges feuilles
rondes, dressées et d’une teinte glauque blanchâtre, le font aisément
reconnaître à première vue de tous les autres Eucalyptus.
E. populifolia Hook. — Des parties les plus chaudes de l’Austra-
lie orientale, où les colons le nomment Bembrl et Shining leaved
boæ. Tout ce qu’on en sait, c’est que son bois, très dur et très résis-
tant, est employé dans le pays pour faire des poteaux, des leviers,
des manches d'outils, en un mot pour tous les ustensiles auxquels
on demande beaucoup de force et de résistance. A cause de sa pro-
venance cet arbre conviendra aux climats chauds et secs; il est sur-
tout indiqué pour le nord de l'Afrique.
E. punctata DC. — De la Nouvelle-Galles du Sud, où les bûche-
rons lui donnent les noms de Leather jacket et Hickory Eucalyptus.
C’est un bel arbre, à tronc lisse, haut de 30 à 35 mètres, ou plus,
croissant avec une certaine rapidité. Son bois est légèrement bru-
nâtre, dur, résistant et de longue durée. On l’emploie dans les cons-
tructions maritimes, dans le charronnage, en traverses de chemins
de fer et à tous les autres usages.
E. Raveretiana. Ferd. von MuLcer. — Du Queen’s Land, où il
porte les noms de Grey qum tree et Zron gum tree. C’est un arbre
de la plus grande taille, s’élevant jusqu’à près de 100 mètres, sur
un tronc de 3 mètres et plus de diamètre. Il se plaît au voisinage
des rivières et aux alentours des marais. Son bois, très dur et de
longue conservation, est de couleur foncée et on l’emploie à tous les
genres de constructions, même en traverses de chemins de fer. Les
entailles faites sur sa tige donnent issue à un liquide acidule, pres-
que incolore, dont on peut recueillir une assez grande quantité, et
qui rappelle celui qu’on extrait du tronc de lÆ. Gunnu.
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:
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272 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
E. redunca ScHAUER. — Le White qum tree de l'Australie occi-
dentale, le Wandou des aborigènes. C’est aussi un arbre de grandes
dimensions, car on en a mesuré dont le tronc avait plus de 5 mètres
de diamètre au niveau du sol. Son écorce est blanchâtre, de
teinte mate, et laissant sur les mains, quand elle est frottée, une
pulvérulence de même couleur. Il semble se plaire dans les terres
basses, froides, de qualité médiocre, ne craignant même pas celles
où l’eau reste stagnante pendant la saison des pluies. Son bois, qui
est de couleur claire, est lourd, dur, très résistant et particulière-
ment estimé pour le charronnage et pour la charpente. Lorsqu'il
est sec il pèse environ 70 livres par pied cube, ou 1,000 kilogrammes
par mètre cube.
E. resinifera SMITH. — Du Queen’s Land méridional et de la
Nouvelle-Galles du Sud, où les colons le nomment Red mahogany
(acajou rouge). C’est, d’après le Rév. Wools, un arbre forestier de
premier ordre, tant par l’excellence de son bois que par la rapidité
de son développement. C’est aussi un des Eucalyptus qui s’accom-
modent le mieux du climat tropical. On l’a vu attemdre à 14 mètres
en douze ans à Lucknow, dans l'Inde, et à 4 mètres en deux ans
dans les terres fertiles et profondes. En Europe on l’a presque tou-
jours confondu avec l’Æ. rostrata, dont il est facile de le distinguer
quand on a les deux arbres sous les yeux.
E. robusta Surrx. — De la Nouvelle-Galles du Sud, où il porte
le nom de Swamp mahogany (acajou des marais). Sans être de
première grandeur dans le genre, car il ne s'élève guère au-dessus
de 30 à 35 mètres, c’est néanmoins un des plus beaux Eucalyptus
par la grandeur et l’abondance de son feuillage lustré et par la lar-
geur de sa tête arrondie en dôme. Comme arbre d’avenue et de dé-
cor, il a peu de rivaux, mais il a plus d’intérêt encore comme arbre
forestier, tant à cause de la rectitude de sa tige, la beauté et la bonne
qualité de son bois que par la faculté qu’il a de croître dans les sols
marécageux et légèrement salés, au voisinage de la mer. Ce sera
un arbre précieux pour l'Algérie, où on pourra en créer des forêts
aux alentours des chotts, ou marais salants, aujourd’hui totalement
dépourvus d'arbres. Son bois, dur, solide et d’une bonne durée, est
fort employé dans le charronnage, et fournit d'excellentes solives.
Ce bel arbre existe dans plusieurs localités de la Provence maritime,
où 1l commence à fleurir et à produire des graines. Il s’y montre à
peu près aussi rustique que l’Æ. globulus.
E. rostrata ScuLEcHT. — D'une grande partie de l'Australie mé-
ridionale et même de l’intérieur du continent, où il semble recher-
cher les terres humides à sous-sol argileux et peu perméable. Il se
plaît même dans les localités périodiquement inondées par les pluies
d'hiver, mais il réussit également dans les terres plus sèches, ainsi
que nous le voyons en Provence et en Algérie, où il est déjà assez
commun. C’est le ed qum des colons australiens. Exceptionnelle-
ment on le voit s'élever à une soixantaine de mètres, sur un tronc
proportionnellement plus gros et plus massif que celui de la plupart
des autres Eucalyptus. C’est du reste un arbre essentiellement fo-
restier, dont la tige s’élève droite dès le jeune âge, et tend à donner
CAPE 3. 8
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 273
à l’arbre une forme pyramidale. Quelqueflois aussi, lorsqu'il est isolé,
sa tête s’élargit par le développement des branches latérales, et il
rappelle alors, dans une certaine mesure, le port de lZ. globulus,
mais avec un feuillage plus dense et plus touffu.
C’est un des meilleurs bois de l'Australie et un des plus résistants
à l'humidité ; aussi s’en sert-on plus que de tout autre, dans la co-
lonie de Victoria et la Nouvelle-Galles du Sud, pour tous les genres
de constructions. Les navires construits avec ce bois ne sont point
attaqués par les tarets, et on l'y préfère à tous les autres pour les
traverses de chemins de fer et les poteaux télégraphiques. Sous ces
divers rapports, il ne le cède, et encore de bien peu, qu’au Jarrah
(Æ. marginata) de l'Australie occidentale.
L’Æ. rostrata a d'autres mérites encore qui doivent le faire appré-
cier : c’est d’abord sa rusticité relative, manifestement supérieure à
celle de l’'Æ. globulus, car nous le voyons dans certaines parties du
midi de la France résister à des froids sous lesquels le globulus a
toujours succombé ; il résiste de même aux plus fortes chaleurs et
aux plus grandes vicissitudes du climat de l’Inde septentrionale,
comme aux ouragans des îles Maurice et de la Réunion, où il a été
introduit depuis quelques années. Quoique sa croissance soit moins
rapide que celle de l’ÆZ. globulus, elle est encore fort remarquable,
car nous en connaissons en Provence des exemplaires qui, en douze
ou treize ans, ont atteint la hauteur de 15 à 16 mètres, sur { mètre
de circonférence, à hauteur d'homme. Cet arbre intéressant est déjà
assez répandu dans le midi méditerranéen de la France, ainsi qu'en
Algérie. Il s’y reproduit pour ainsi dire spontanément de ses graines
tombées à terre, ce qui permet de le regarder comme entièrement
naturalisé.
E. salmonophlæa Ferd. von MuzLer. — Grand arbre de l’Aus-
tralie occidentale, où il porte le nom de Salmonbarked qum tree,
à cause de la teinte saumonée de son écorce. Il s'élève à 35 ou
40 mètres et fournit un bois employé à divers usages, mais sur la
qualité duquel nous n'avons que des renseignements fort imcom-
plets. Le feuillage contient une forte proportion d'huile essentüelle,
et estutilisé par la distillerie.
E. saligna Suit. — De la Nouvelle-Galles du Sud, où les colons
le désignent sous les noms de Blue ou Flooded qum tree, qui est
d’ailleurs appliqué à d’autres espèces. C’est un grand arbre, à tige
droite, dont le diamètre atteint à 2 mètres, à hauteur d'homme.
D’après le docteur Wools, son bois est de première qualité et très
employé pour les constructions navales. L'arbre croît de préférence
dans les terres profondes et le long des rivières.
E. salubris Ferd. von MuLrer. — De l'Australie centrale et occi-
dentale, où il semble rechercher les sols pauvres et arides, qualité
qui doit le faire apprécier dans les régions désertiques du nord de
l'Afrique. En Australie il porte les noms de Gimletwood et de Fluted
gum tree, qui rappellent son port élancé. C’est effectivement un
arbre de haute taille (30 à 35 mètres), sur un tronc relativement
grêle (0"60 à 0"80 de diamètre), avec une tête peu fournie. L/écorce
est brunâtre, luisante, parcourue de crevasses, tantôt un peu spi-
274 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
ralées, tantôt droites et longitudinales. Le bois en est dur, résistant,
et néanmoins assez facile à travailler, plus lourd que l’eau, même
quand il est sec. On en fait des charpentes, des solives, des pieux.
Sa dureté le fait aussi employer pour la gravure, et on le dit meil-
leur, pour cet usage, que le bois de poirier, ce qui est à considérer
au point de vue de cette industrie. L'arbre laisse exsuder de son
tronc de la résine kino.
E. siderophlæa Bent. — C'est le ZLarge-leaved et le Wite
iron bark de la Nouvelle-Galles du Sud et du Queen’s Land, où
il atteint à 40 ou 50 mètres de hauteur. D’après le Rev. docteur
Wools, c’est un des bois les plus solides et les plus durables du
pays ; aussi s’en sert-on avec avantage pour tous les travaux de
grande charpente, le charronnage, les traverses de chemins de
fer, ete. Il est plus résistant que le bois d'Hickory, ou noyer d’Amé-
rique, et il n’est égalé, sous ce rapport, que par ue l'E. side-
roæylon et de l'Æ. polyanthema, mais il est aussi plus difficile à
travailler. L'arbre produit une grande quantité de résine kimo.
E. Sieberiana Ferd. von Muzer. — Arbre de grande taille (de
45 à 50 mètres), répandu depuis la Tasmanie, où il porte le nom de
Gumtop, jusqu’à la Nouvelle-Galles du Sud et au Queen’s Land, où
on le désigne sous les noms de Mountain Ash et d’Zron bark tree.
Son bois est de première qualité, et partout employé à la charpente
et à tous les usages domestiques; c’est aussi un excellent combus-
tible. Au point de vue botanique cette espèce a beaucoup d’affinité
avec l'E. hæmastoma, mais comme arbre forestier elle lui est très
supérieure.
E. Stuartiana Ferd. von Muzcer. — Du sud-est de l'Australie.
C’estl’Apple-scented qum tree des colons. Arbre de moyenne taille,
à écorce fibreuse et à branches pendantes, avec un feuillage assez
dense. Son bois, qui n’atteint pas à de grandes proportions, n’est
guère employé que pour faire des clôtures ou comme combusuüble,
mais à cause de sa belle teinte brune et de son beau poli il pourrait
être utilisé en ébénisterie. Il est d’ailleurs à peu près aussi dur et
aussi fort que ceux des Æ. rostrata et globulus, et plus fort que ceux
de l'amygdalina et surtout de l’obliqua.
E. tereticornis SMITH. — Grand arbre (50 mètres de hauteur) des
parties orientales de l'Australie, particulièrement du Queen’s Land
et du Gipp’s Land, où il porte les noms de Æed gum tree. Il est
voisin de l’Æ. rostrata, avec lequel il se nuance par un grand nom-
bre de variétés, mais dont il se distingue aisément dans sa forme
typique. Son bois est estimé pour le charronnage, quoique inférieur
à celui du rostrata pour les poteaux télégraphiques et les traverses
de chemins de fer, mais il est d’une bonne durée quand il est entière-
ment sous terre, et non exposé aux alternatives de sécheresse et
d'humidité. Au surplus, les qualités de ce bois dépendent en grande
partie des localités où il a erû, et davantage encore des procédés de
dessication auxquels il a été soumis. L’Æ. {ereticornis est commun
aujourd’hui en Algérie eten Provence, où on en voit des échantillons
d’une quinzaine de mètres, fleurissant et produisant des graines.
E. terminalis Kerd. von Muzz£n. — Du Queen’s-Land septen-
4
ÉNUMÉRATION DES PLANTES PA
trional, c’est-à-dire d’un climat décidément tropical, ce qui en fait
un arbre propre à être cultivé dans les pays intratropicaux. Son
bois est d’un rouge foncé, dur et très résistant. Dans sa contrée
natale il porte le nom de Z/oodwood tree, qui fait allusion à la
couleur de son bois.
E. tesselaris Ferd. vox MuLzer. — Du nord de l'Australie et du
Queen's Land, c’est-à-dire de la partie de Australie comprise dans
la zone torride. Nous possédons peu de renseignements sur cet
arbre, mais nous savons que son bois est brun, un peu élastique,
moyennement dur, assez facile à travailler et néanmoins d’une
bonne durée quand il n’est pas exposé à la pluie. On s’en sert pour
tous les travaux de menuiserie et pour la charpente. Comme d’au-
tres Eucalyptus, il exsude de sa tige une quantité considérable d’une
gomme résine douée de propriétés astringentes, qui jusqu'ici ne
semble pas avoir été utilisée par l’industrie.
E. triantha Lank. — De la Nouvelle-Galles du sud et du Queen's
Land oriental, où il porte le nom vulgaire de White mahogany
(acajou blanc). C’est un arbre de grande taille et de croissance
rapide, dont le tronc dépasse fréquemment un mètre en diamètre.
Le bois en est pesant, fort, de couleur claire, supérieur à celui de
VE. obliqua, dont il partage d’ailleurs les usages pour la charpente
et la menuiserie, et en général pour tous les travaux d'intérieur.
E. viminalis LABizz. — Du sud-est de l'Australie, et un des plus
rustiques du genre. Il en existe de nombreux échantillons, quelques-
uns de grande taille, en Provence, où ils résistent aisément à toutes
les intempéries. Dans la Haute-Italie il a survécu à des froids de
—9 et —10 degrés centigrades, qui ont fait périr lÆ. globulus jus-
qu’au niveau du sol. C’est une des espèces du genre qui ont le plus
de chance de se naturaliser sur les côtes océaniques de la France,
principalement dans les landes de Bordeaux et en Bretagne.
Cet arbre intéressant varie suivant les lieux. Dans les sols mai-
gres et arides il ne s’élève guère qu’à 12 ou 15 mètres, et son écorce
reste dure et crevassée ; c’est alors le Wanna qum tree des colons
australiens; dans les terres riches et profondes il arrive en peu
d'années à une taille colossale, de près de 100 mètres de hauteur,
sur 5 mètres de diamètre à la base. Son écorce est alors lisse, blan-
che ou légèrement roussâtre, de là le nom de White qum tree
qu’on lui donne dans ces localités. Les qualités de son bois varient
aussi suivant les lieux où il a crù, mais en général il est de nuance
claire, et quoique moins fort et de moins longue conservation que
celui de beaucoup d’autres Eucalyptus il a plus de valeur, comme
bois d'œuvre, que ceux des Æ. amygdalina et obliqua, et il sert à
tous les usages domestiques, y compris la charpente. Son écorce
fraîche contient 5 pour 100 de résine kino, qui est employée au tan-
nage des cuirs; c’est aussi le seul Eucalyptus connu qui produise
une sorte de manne ou de mélitose, dont l’exsudation est provoquée
par les piqûres d’une sorte de cigale. On la recueille concrétée en
croûtes sur le tronc.
EUCHLÆNA luxurians ( Reana luxurians) Dur. — Grande
276 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
graminée fourragère annuelle du Guatémala, introduite il y a quel-
ques années en Europe sous le nom de Téosinté. Elle appartient au
même groupe botanique que le maïs, mais elle s'élève davantage, et
par le grand nombre de tiges qu ’elle pousse de sa racine elle forme
de larges touffes, dont les | ges, de la grosseur du doigt, et bien
feuillées, restent tendres et succulentes: aussi sont-elles fort recher-
chées du bétail. C’est un fourrage excellent, tant par sa qualité que
par l'abondance de son produit, mais qui ne réussit que dans les
pays chauds ou tempérés-chauds et pluvieux. Sous les climats à la
fois chauds et secs, les irrigations sont la condilion sine qua non du
succès.
La culture du Téosinté, recommandée par la Société d’acclima-
tation, a été tentée en France à plusieurs reprises, et seulement avec
un demi-succès dans la région la plus méridionale, c’est-à-dire en
Provence et en Roussillon. Là, avec beaucoup de soins et de copieux
arrosages, On à vu la plante s'élever à 2"50 ou 3 mètres et même
fleurir à l’arrière-saison, muis sans y former de graines; elle pé-
rissait toujours aux premières gelées. En Algérie, Te succès n° a pas
été beaucoup meilleur, et cela principalement par suite de la séche-
resse de l’air pendant les mois d'été et d’ automne, ou par le manque
d’eau pour l’arrosage. En Egypte, au contraire, la plante a bien
réussi et elle y a mûri ses graines. Il en serait probablement de mê-
me dans la partie saharienne de l’ Algérie, si on pouvait lui procurer
les irrigations nécessaires ; mais € est surtout dans les colonies in-
tratropicales que le Téosinté semble appelé à rendre d'importants
services, non seulement par son fourrage, mais aussi par sa graine,
dont le volume est à peu près celui d’un grain de froment, et qu’il
produit avec une extrême abondance. On cite comme exemple de sa
fécondité le fait observé au Caire, par le docteur Schweinfurth, qui
a obtenu 12,000 grains de Téosinté de 3 grains semés dix mois au-
paravant. Les tiges, au nombre de dix, avaient atteint 5 et 6 mètres
de hauteur, sans perdre leurs qualités fourragères; cependant lors-
qu’elles sont jeunes, elles contiennent une bien plus forte proportion
de sucre.
Malgré le peu de succès que la culture du Téosinté a obtenu jus-
qu'ici dans le midi de l’Europe et le nord de l'Afrique, il serait pré-
maturé d'y renoncer. Même dans le midi de la France, le Téosinté
peut donner un bon produit comme fourrage vert; toute la question
se réduirait à arroser les plantes par irrigation comme on le fait
pour les légumes communs, et à tirer chaque année les graines de
pays plus chauds; mais, nous le répétons, c’est surtout “dans nos
colonies que ce beau fourrage semble appelé à jouer un rôle agri-
cole important.
EUCLEA. — Genre d’arbrisseaux de la famille des Ebénacées, la
plupart de l’Afrique australe, qui sont employés comme décoratifs
dans nos jardins et nos parcs du Midi. Quelques-uns peuvent rendre
d’autres services, tels, par exemple, que les suivants :
E. myrtina Burcu. — Arbrisseau qui produit de petites baies
noires comestibles.
DR NM RTS LP AS EN OR R EP ee TES ARR
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 271
E. pseudebenus KE. Meyer. — Dont le bois coloré en noir peut
être travaillé comme l’ébène, pour fabriquer de menus objets.
E. undulata THuNBG. — Arbrisseau d'ornement très touffu, dont
les petites baies rouges peuvent être mangées. Plusieurs autres £u-
clea pourraient être cultivés, et il est probable que la culture et la
sélection en amélioreraient les fruits.
EUCRYPHIA cordifolia GAVAN. — Arbre superbe du Chili, où
il porte les noms de Muermo et Ulmo. Son feuillage est persistant,
et ses fleurs, solitaires aux aisselles des feuilles, sont parfumées et
fort recherchées des abeilles. L'arbre s’élève à plus de 30 mètres,
sur un tronc de { à 2 mètres de diamètre à la base. Le bois en est
excellent, et préféré à tout autre, au Chili, pour faire les gouvernails
et les rames des bateaux. D’autres Æucryphia mériteraient aussi
d’être introduits dans nos parcs; ce sont les Æ. Billardieri de Tas-
manie et Z. Moorei de la Nouvelle-Galles du Sud. Ces arbres cons-
tituent la sous-famille des Eucryphiées, qu’on rattache aux Rosacées.
EUGENIA. — Genre de la famille des Myrtacées, composé d’ar-
bres et d’arbrisseaux qui, presque tous, pourraient devenir des
arbres fruitiers de valeur s’ils étaient soumis à la culture et perfec-
tionnés par la sélection et la greffe. Dans le grand nombre des es-
èces du genre nous citerons celles qui suivent comme offrant le
plus d’intérêt :
E. cordifolia Wicar. — De l’île de Ceylan, où il s’élève sur les
montagnes jusqu’à 1,000 mètres d’altitude. Son fruit est de la gros-
seur d’une petite pomme, parfumé et comestible. Dans la même île,
mais beaucoup plus haut sur les montagnes (plus de 2,000 mètres),
se trouve l’Æ. maboides, dont le fruit, également comestible, est de
la grosseur d’une petite cerise.
E. malaccensis L. — De la péninsule Malaise, très beau de
feuillage et qui produit des fruits volumineux, dont le parfum rap-
pelle celui de la rose, et qui sont très agréables au goût. LE. Jam-
bos, de l’Inde, est aussi renommé pour l’excellence de ses fruits.
Ces deux arbres ne pourraient être cultivés avec profit que dans nos
colonies intratropicales.
E. Smithii Porrer. — De l'Australie orientale. C’est un arbre
magnifique de port et de feuillage, mais de croissance un peu lente
et qui ne vient bien que dans les sols riches et humectés par le voi-
sinage des rivières. Son écorce contient jusqu’à 17 pour 100 de tan-
nin, ce qui doit faire supposer que beaucoup d’autres Eugénias
pourraient, comme celui-ci, être exploités au point de vue de ce pro-
duit. Ne fûüt-ce que comme arbre d'ornement il mériterait d’être pro-
pagé dans nos jardins.
E. Zeyheri Harvey. — De l'Afrique australe. C’est un grand
_arbrisseau de 6 à 7 mètres qui donne des baies comestibles, de la
grosseur d’une cerise.
Citons encore, comme dignes d’attention, les Eugenia Hallii, du
Pérou, à gros fruits, Æ. Nhanica, du Brésil méridional, où ses
fruits, de la grosseur d’une prune, sont servis sur les tables; Æ. pi-
978 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
riformis, des mêmes régions, dont les fruits sont de la grosseur
d’une poire moyenne; Æ. revolula et Æ. rotundifolia, tous deux
des hautes montagnes de Ceylan, et propres aux climats tempérés-
chauds; Æ. supra-axillaris, nommé {ata dans le Brésil méridional,
où ses fruits, relativement gros, sont récoltés; Æ. uniflora, de
l'Amérique du Sud extratropicale, et Æ. Mato, de la République
Argentine, considérés tous deux comme arbres fruitiers; enfin lZ.
myrtifolia, de l'Australie orientale, déjà introduit dans nos jardins
méridionaux comme arbrisseau d'ornement.
EUPATORIUM friplinerve Vauz.— De l’Amérique centrale, où
le peuple lui donne le nom d’Aya-pana. C’est un sous-arbuste de
la famille des Composées, qui passe dans le pays pour une plante
médicinale de grande valeur et que l’on considère même comme
l’antidote du venin des serpents. L'analyse y a fait découvrir un
principe particulier, l’eupatorine, et une forte proportion d'huile
essentielle. On en retire aussi de l'acide tannique, qui est exporté en
Angleterre. En faisant la part de l’exagération, il est permis de
croire que la plante est douée de propriétés médicinales d’une cer-
taine importance et que, pour ce fait, il y aurait utilité à la propager
dans nos colonies. Peut-être réussirait-elle dans le midi de PEu-
rope, avec quelques abris pendant les plus mauvais jours de l'hiver.
EUPHORBIA. — Euphorbe. Genre type de la grande famille des
Euphorbiacées, et contenant à lui seul plus de 700 espèces, herba-
cées, frutescentes ou arborescentes, extrêmement variées de port et
de figure. Toutes renferment un suc laiteux, ou latex blanc, plus ou
moins vénéneux, et dont la composition très complexe n’a pas en-
core été suffisamment étudiée par les chimistes. Il est à peu près
hors de doute que, dans ce latex, il existe une proportion plus ou
moins grande de caoutchouc, ce qui donnerait un véritable intérêt
industriel à celles des espèces qui en contiennent le plus.
Les Euphorbes appartiennent à tous les climats chauds ou tem-
pérés, mais elles sont surtout nombreuses entre les tropiques et
dans leur voisinage. L'Europe en possède plusieurs, jadis employées
en médecine, aujourd’hui presque entièrement abandonnées, si ce
n’est dans la médecine populaire, telles, entre autres, que les Æ. he-
lioscopia, ou réveille-matin, Æ. lathyris, l'épurge des pharmacies,
E. Gerardiana, pityusa, Characias, dendroides et quelques autres.
Dans l'Amérique du Nord on administre encore, en guise d’émé-
tique, la racine de l’Æ. Zpecacuanha, et, dans l'Amérique du Sud,
celle de l'Æ. Aypericifolia, qu'on croit utile dans la dysenterie. Dans
les mêmes régions le suc extrêmement vénéneux de l’Æ. ed.
sert aux populations sauvages à empoisonner la pointe de leurs
flèches, dont les moindres blessures deviennent alors mortelles.
Dans d’autres pays le suc d’Euphorbes moins malfaisantes sert à
falsifier celui de la scammonnée ou à engourdir le poisson en le ré-
andant dans les eaux où on veut pêcher. Toutes ces espèces, et
ÉOrun d’autres que nous passons sous silence, n’ont qu’un mé-
médiocre intérêt pour le cultivateur.
Éd Et Sel RS COR US ER NO A 7 1 Le, el Ut
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 279
Il en est autrement des Euphorbes arborescentes de l’Inde et de
l'intérieur de l’Afrique, plantes également remarquables par leur
grande taille, l’aspect cactiforme que leur donnent leurs tiges et
leurs rameaux charnus, et l’abondance de leur suc laiteux. Chez
quelques-unes de ces espèces, celles de l’Afrique particulièrement,
il suffit d'en détacher un rameau pour voir ce suc âcre s’écouler
sur le tronc de l’arbre ou même s’élancer en jet à une certaine dis-
tance, non sans danger pour ceux qui le recevraient sur une partie
du corps qui ne serait pas protégée par des vêtements. Or, ce sont
précisément ces Euphorbes succulentes qu’on a toute raison de
croire les plus riches en caoutchouc, et quand on songe à l’énorme
consommation qui se fait aujourd’hui de ce produit dans l’industrie
et dans les arts, il vient naturellement à l'esprit d’en multiplier les
sources. Il y a d’ailleurs à craindre que, par suite d’une exploitation
immodérée des arbres qui jusqu'ici ont produit le caoutchouc (Ficus
elastica, Hevea où Siphonia elastica, etc.), cette denrée ne se ra-
réfie au point d'amener un trouble considérable dans l’industrie.
Ce sont les espèces africaines qui paraissent devoir se prêter le
mieux aux essais de culture, et il n’est guère douteux que ces essais
ne puissent réussir dans le Sahara. Ces fortes plantes, habituées à
un soleil torride et qui se contentent pour tout arrosage de la rosée
des nuits, donneraient le moyen d'utiliser, et à très peu de frais, de
vastes espaces qui semblent aujourd’hui voués à une éternelle sté-
rilité. Si on parvient jamais à ouvrir des routes dans les grandes
steppes de l'Afrique, ce sera en y créant des oasis artificielles à
l’aide de plantes capables de vivre dans des conditions d’exception-
nelle aridité.
Plusieurs espèces d'Euphorbes, sans parler d’autres plantes que
le temps et l'expérience feront découvrir, sont toutes indiquées pour
un premier essai. Il suffira de citer les Æ. canariensis, des îles Ca-
naries; Æ. officinarum et candelabrum, de l'Afrique intérieure; les
Æ. cactus, aculeata et fruticosa, d'Arabie ; vtrosa, tetragona et sur-
tout grandidens, très gros arbre de l'Afrique australe. On en trou-
verait aussi dans l’Inde, par exemple les Æ'. trigona et antiquorum
L., déjà connues des anciens. Il y a, comme on le voit, de nom-
breuses recherches à faire sur ces plantes jusqu'ici trop négligées.
EURYALE /erox SALisB.—Grande plante aquatique de la famille
des Nymphéacées, comme les nénuphars de nos rivières et de nos
étangs, dont elle a presque la rusticité. Elle est cultivée en Chine et
au Japon pour ses rhizomes remplis de fécule et pour ses graines
dont on retire aussi une sorte de farine. Pour nous ce sera une
simple plante d'ornement, à cultiver dans les bassins de nos parcs,
où elle attirera l’attention par l’énormité de ses feuilles flottantes,
ses fleurs bleues et ses gros fruits hérissés d’épines et qu’on a com-
parés à des hérissons.
EURYANGIUM Sumbul KAurM. — Ombellifère de l’Asie cen-
trale, qui produit la drogue connue sous le nom de Sumbul, puis-
sant stimulant à odeur de muse, et qui est l’objet d’un certain com-
280 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
merce en Asie. Elle serait rustique jusque dans le centre de l’'Eu-
rope.
EUSTREPHUS Brownit Ferd. von MuLer. — Liliacée aspara-
ginée vivace par ses rhizomes, et dont les longues tiges grimpantes
s’enroulent aux arbres et aux buissons. Ses tubercules, quoique d’un
faible volume, sont comestibles, et il est probable qu’on les rendrait
beaucoup plus gros par la culiure. Ses jeunes pousses, au sortir de
terre, sont assez tendres pour être mangées en guise d’asperges. La
plante est originaire de l’Australie orientale.
EUTERPE andicola BRONGNT. — Grand palmier des montagnes
de la Bolivie, où il s'élève jusqu’à près de 3,000 mètres d'altitude,
dans un climat relativement froid. On ne connaît, à ces altitudes,
que deux autres espèces, les Æ. Hænckeana et E. longevaginata,
qui montent tout aussi haut. Ces palmiers remarquables pourraient
croître à l’air libre dans quelques parties du midi de l’Europe. L’£.
edulis MarrT. est particulier au Brésil central et méridional.
EXCŒCARIA sebifera. Ferd. von MuLzer. — L'arbre à suif de
la Chine, déjà introduit dans le midi de la France et ailleurs sous
les noms de Croton sebiferum L. et Stillingia sebifera Micax. Ses
graines sont entourées d’une matière grasse, concrète, analogue au
suif, qu’on leur enlève en les soumettant à la vapeur de l’eau bouil-
lante, et dont on fait des bougies. Chez nous, jusqu'ici, l’arbre à
suif n’a été qu’un objet de curiosité ou d'étude, mais il est possible
qu’on lui trouve un jour un emploi industriel assez important, en se
servant de son bois, excessivement dur et compacte, comme succé-
dané du buis pour la gravure. Ses feuilles, en outre, fournissent une
teinture noire usitée en Chine. L’arbre appartient à la grande fa-
mille des Euphorbiacées, et il est rustique dans toute la région des
orangers.
FABA oulgaris MOENcH. — La fève. Cette plante intéressante ne
pouvant pas être séparée du genre Vicia, c’est à ce mot que nous
renvoyons le lecteur.
FAGOPYRUM. — Genre de la famille des Polygonées, dont
quelques espèces sont alimentaires par leurs graines farineuses,
qui tiennent lieu de céréales, ou économiques par leurs fanes, qui
servent à nourrir les bestiaux, tandis que d’autres sont utilisées
dans la teinture. Les plus importantes au point de vue agricole sont
les suivantes :
F. cymosum MEisx. — Le sarrazin vivace, des montagnes du
nord de l'Inde et de la Chine. Son grain fournit de la farine aux
populations pauvres de ces régions, qui en mangent aussi les feuilles
en guise d’épinards. Ainsi que l’espèce suivante, celle-ci se contente
des terrains siliceux les plus infertiles. Une autre espèce des mêmes
pays, le F. emarginatum, ÿ rend des services analogues.
A3 SA TC À NA at Pt 8 TUE 2 PRE UNE tie
Ed
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 281
F. esculentum MoEncn; Polygonum Fagopyrum L. — Le sar-
razin proprement dit, ou blé noir, le Buckwheat des Anglais.
Simple plante herbacée et annuelle, inconnue des anciens et intro-
duite en Europe au commencement du quinzième siècle. Il est origi-
naire de Tartarie et très répandu dans toute l’Asie centrale, où
il nourrit de nombreuses populations; on le cultive même dans
l'Himalaya jusqu’à 3,000 mètres de hauteur. On peut dire de cette
modeste plante qu’elle est la Providence des pays pauvres où la
maigreur du sol et le climat rigoureux s'opposent à la culture des
céréales ordinaires. Les terres argileuses lui conviennent encore,
mais tout en y donnant un fourrage plus abondant elle y produit
moins de grain. Sa farine sert à faire des galettes qui tiennent lieu
de pain, et aussi des potages de diverses sortes, analogues à la
polenta des Italiens. Ses fleurs, riches en exsudations sucrées, con-
tribuent dans une large part à la nourriture des abeilles et à la
production du miel, et c’est une bonne fortune pour‘les apiculteurs
d’avoir des champs de sarrazin à portée de leurs ruchers. Comme
fourrage, le sarrazin rend aussi de bons services, mais il faut le
mélanger à d’autres plantes plus nourrissantes, soit qu’on le fasse
consommer en vert aux bestiaux, soit qu’on le dessèche pour la
provision d'hiver. Il est très utile encore comme engrais vert à
enfouir, principalement dansles défrichements des terres à bruyères.
Enfin, un de ses mérites, et qui n’est pas le moindre, est d’accom-
plir tout le cycle de sa végétation en un temps fort court, ce qui
permet de le cultiver avec profit jusque sous les climats où l’hiver
dure huit à neuf mois.
Le sarrazin est cultivé dans une grande partie de l’Europe et de
l'Asie, depuis la mer Caspienne jusqu’à la Chine et au Japon; on le
trouve encore dans certaines parties de l’Inde et même dans la région
montagneuse de l’île de Ceylan, ainsi que dans l'Amérique du Nord,
mais il est presque inconnu dans le midi de l’Europe et en Afrique.
La culture du sarrazin occupe en France de 600 à 700 mille hectares,
répartis principalement sur les départements du nord, du centre et
de l’ouest, et le produit annuel est évalué à 10 ou 12 millions d’hec-
tolitres, ce qui donne une moyenne approximative de 16 hectolitres
à l’hectare.
Cette céréale a produit un assez grand nombre de variétés, dont
les deux principales sont le sarrazin ordinaire et le sarrazin de Tar-
tarie, que quelques botanistes ont érigé en espèce sous le nom de
F'.tartaricum. Ge dernier se distingue de l’autre en ce que son grain
est plus grossieret sa farine moins bonne, maisil a l’avantage d’être
plus rustique et de donner plus sûrement une récolte dans les pays
très avancés vers le nord ou sur les hautes montagnes. La même
chose peut se dire des F. triangulare et F. rotundatum, tous deux
de l'Himalaya, et qui ne sont vraisemblablement que des variétés ou
sous-variétés du sarrazin de Tartarie.
Ainsi que nous l’avons dit plus haut, un notable avantage de la
culture du sarrazin est qu’elle n’occupe le sol que peu de temps, et
qu’on peut la faire succéder à une récolte de seigle ou de froment
sur un simple labour de déchaumage, c’est-à-dire en culture déro-
282 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
bée, suivant l'expression usitée en France. Dans ce cas le semis
doit être fait aussitôt que possible, afin que la graine ait le temps de
môrir avant les gelées de l'automne. Dans la culture ordinaire on
sème, suivant les lieux, en mai ou en juin, à raison de 40 à 50 litres
par hectare. Pour récolter on ne doit pas attendre que la totalité
des graines soit mûre, parce qu'elles se détachent assez facilement
de la plante et qu'on en perdrail une partie très considérable. Cette
récolte se fait à la faucille ou à la faux, et les plantes sont immé-
diatement portées sur une aire, où, après leur dessication au soleil,
elles sont battues au fléau. Les fanes restantes sont utilisées en
litière pour les bestiaux, ou converties en engrais.
FAGUS. — Hôtre. Arbres de la famille des Cupulifères, appar-
tenant aux climats tempérés ou tempérés-chauds des deux hémis-
phères, et considérés partout comme arbres forestiers de grande
valeur. Leurs feuilles sont caduques ou persistantes suivant les es-
pèces. Outre leur bois, qui est de première qualité comme bois d’œu-
vre, leurs graines sont utilisées pour l'extraction de l’huile et pour
l'engraissement des pores. Tout le monde connaît le hêtre d'Europe
(F. syloatica L.), qui constitue de vastes forêts dans le centre et dans
le nord. Plusieurs autres espèces non moins intéressantes méritent
d’être signalées ; telles sont les suivantes :
F. Cunninghami Hook.— De l'Australie méridionale et de la
Tasmanie, à feuilles persistantes, et qui dépasse souvent 60 mètres
en hauteur. Son bois, connu sous le nom de Bois de Myrte, est em-
ployé dans les grandes constructions et dans la menuiserie. Plu-
sieurs autres espèces, pareillement de grande taille, mais moins
connues, existent à la Nouvelle-Zélande, entre autres les }#. Men-
siesit, fusca, Solandri et Moorei, ce dernier un des plus beaux du
genre. Aucune de ces espèces n’a encore attiré l'attention des arbo-
riculteurs de l'Europe.
F. Dombeyi Minpez. — Du Chili, où il porte le nom de Coigne.
L'arbre est à feuilles persistantes, et il devient si gros qu'on peut
creuser dans le tronc d'un seul individu des barques capables de
porter un poids de 10 tonnes. Cet arbre remarquable s'avance, au
sud, jusqu'à l'archipel des îles Chonos, où le climat est très froid,
ce qui indique la possibilité de le cultiver en Europe jusque sous les
latitudes du nord.
F. ferruginea Aron. — Le hètre de l'Amérique du Nord. Arbre
à feuilles caduques, très analogue à l’espèce d'Europe, dont il a
d’ailleurs le tempérament. Son bois varie de qualité suivant les lieux
où l'arbre s’est développé, mais il est en général très dur ettrès
employé, même pour les ouvrages de tour. a
F. obliqua Minpez. — C'est le Æoble (chêne) du Chili, et le
Coyam des anciens aborigènes. Très bel arbre à feuilles caduques,
à tronc droit et élancé, dont le diamètre dépasse souvent { mètre.
Son bois est lourd, compacte, se prêlant bien à la fente, d'une
bonne durée, et utilisé de toutes manières dans les constructions,
excepté pour le parquetage des appartements.
F. procera Pogreri@. — Arbre plus colossal encore que le précé-
h, ; ’ PE
est très fin, ce qui le fait rechercher par la menuiserie et méme par
Vébénisterie.
È ÉNUMÉRATION DES PLANTES 283
dent, et, comme lui, à feuilles caduques. C’est le Æeule où Rauli
des Chiliens. Son bois facile à fendre est souvent employé à la con-
fection des douves de tonneaux et de cuves. Son grain, d’ailleurs,
FERULA. — Genre d'Ombellifères, généralement de grande
faille, à racines vivaces, qui produisent chaque année des tiges her-
bactes et de grandes feuilles finement découpées. Les espèces en
_ sont nombreuses et appartiennent pour la plupart à la région médi-
terranéenne, à l'Orient et à l'Asie centrale. Quelques-unes sont
recherchées comme plantes d'ornement, entre autres les F. com-
munis L., tingilana L., glauca 1,. et Linkii DC.; mais il en est une
beaucoup plus importante par ses emplois médicinaux et par le
trafic auquel elle UE lieu, c’est le F. Asa fœtida, de V Asie cen-
trale, plante encore peu connue en Europe, quoique la gomme-
résine extraite de ses racines et importée chez nous par le com-
merce se trouve dans toutes les pharmacies, Il y aurait peut-être
quelque intérêt à la cultiver dans la région méditerranéenne, tant
en Europe qu’en Afrique, où elle n'aurait aucune peine à se natu-
raliser. Ce serait aussi le cas du F. galbaniflua Boiss., des mon-
tagnes de la Perse, qui produit une sorte de galbanum. Le F.
longifolia Yiscu., de la Russie méridionale, mérite aussi l'attention
de l’acclimateur, parce que ses longues racines aromatiques sont
un légume estimé dans les pays où il est indigëne.
FESTUCA. — Fétuque. Genre de graminées contenant un grand
nombre LL sed toutes plus ou moins fourragères et généralement
vivaces par leurs racines ou leurs rhizomes souterrains. Quelques-
unes constituent le fond des prairies de l’Europe et de l'Amérique
du Nord. D’autres sont exotiques, et celles-là aussi méritent d'attirer
l'attention des agriculteurs. Signalons celles qu’il importe le plus de
connaître : ;
F, Coiron Sreupez. — Du Chili, où on la considère comme un
bon fourrage, tant en vert qu’en sec.
F. dives Ferd. vox Muzzer. — De l'Australie méridionale et
orientale. Une des plus belles fétuques qui existent, car elle s'élève
à 3, 4 et même 5 mètres de hauteur, et elle posséde la précieuse
qualité de croître sous le couvert des bois. Elle recherche d’ailleurs
les terres un peu humides, et c’est là qu’elle prend son plus beau dé-
veloppement. C’est par ses grandes panicules surtout qu’elle four-
nit un fourrage nourrissant aux bestiaux, car ses tiges devenues
adultes sont un qe dures. 11 y aurait d’intéressantes recherches à
faire sur cette belle fétuque, qui procurerait vraisemblablement une
importante ressource à l’agriculture dans les pays un peu trop chauds
pour les autres fourrages graminés.
F. elatior L. — De l’Europe, du nord de l’Afrique et de l'Asie
_ centrale. Elle a donné, par la culture ou naturellement, un assez
_ grand nombre de variétés, la plupart estimées et aujourd’hui trés
répandues en Europe et dans l Amérique du Nord.
284 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
F. flava Ferd. von Muzrer. — Des Etats-Unis d'Amérique, où
elle est connue sous le nom de Tall red trop grass.C’est une grande
plante vivace des terrains sablonneux.
F. heterophylla Laux.— Des montagnes d'Europe. Plante de
1 mètre à 1"50, très fourrageuse, et souvent mélée aux autres herbes
des prairies, tant à faucher qu’à faire pacager. Elle convient parti-
culièrement aux pays élevés et un peu froids.
F. Hookeriana Ferd. von Muzzer.— De l'Australie méridionale
et de la Tasmanie, principalement des régions montagneuses. Elle
est lente à fleurir, ce qui provient de la grande taille qu’elle acquiert,
mais c’est un bon fourrage à faire consommer en vert et même à
faucher.
F. littoralis LaBizz. — De l'Australie maritime et de la Nouvelle-
Zélande, où elle est pâturée par les bestiaux, mais dont la principale
utilité est de fixer les sables et d’en empêcher le ravinement. C’est,
comme on le voit, une plante à deux fins, qui peut rendre bien des
services dans certaines localités.
F. ovina L. — La fétuque des moutons; plante qu’on pourrait
dire classique dans l’agriculture de l’Europe, où elle joue un rôle
considérable. Elle a produit plusieurs variétés, dont les principales
sont les F. duriuscula et F. rubra. Elle est vivace et croît dans
tous les sols, même dans les plus secs, où elle se maintient assez
bien. Sa variété vaginata est recommandée pour les terres très sa-
blonneuses. En somme, la fétuque des moutons est un excellent
fourrage, tant pour la qualité que pour la quantité de son produit.
Citons encore le F. purpurea, de la côte sud-est des Etats-Unis,
qui n’a que le défaut d’être annuel ; les F. syloatica et drymeia, du
midi de l’Europe, à longues racines traçantes, et le F. spadicea, des
Alpes d'Europe. Ces dernières espèces n’ont pas encore été sou-
mises à une culture régulière.
FICUS. — Figuier. Genre d’arbres et d’arbrisseaux de la famille
des Artocarpées, tous originaires des climats chauds ou tempérés-
chauds de l’ancien continent et de l’Australie. Quelques-uns sont
des arbres de grande importance pour l’agriculture et l’industrie.
Citons plus particulièrement les suivants :
F. Carica L.— Le figuier proprement dit, originaire d'Orient, où
il est cultivé depuis les temps les plus anciens pour l'excellence et
l’abondance de ses fruits, aujourd’hui répandu dans toute la région
méditerranéenne, et assez rustique pour croître à l’air libre le long
des côtes de l'Océan jusqu’en Bretagne et même dans quelques par-
ties du sud-ouest de l’Angleterre. À Argenteuil, près de Paris, on
récolte encore d’assez bonnes figues; mais les arbres, tenus très
bas, sont couchés dans des fosses et couverts de terre pendant l’hi-
ver, afin d’être préservés de la gelée. Sous les climats plus chauds
du midi de l’Europe le figuier s'élève à 10 ou 12 mètres et il peut
vivre des siècles. Il perd ses feuilles en hiver.
De même que tous les arbres dont la culture remonte très haut
dans le passé, le figuier a donné naissance à une multitude de va-
riétés d’inégale valeur, dont on trouvera l'indication dans les livres
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 2R5
spéciaux d’arboriculture fruitière. On le reproduit avec la plus
grande facilité par le marcottage et le bouturage de ses rameaux, et
c’est le procédé qu’on doit employer pour conserver les variétés
avec leurs qualités propres. Il se multiplie aussi de graines, et dans
ce cas il donne le plus souvent des sauvageons dont le fruit n’a pas
de valeur, mais qui forment des arbres vigoureux et qu’on greffe
avec de bonnes variétés. On croit avoir remarqué que les graines
de figuier qui germent le mieux sont celles qui ont traversé l’appa-
reil digestif des oiseaux frugivores, sans être altérées; du moins ce
n’est guère que par cette supposition qu’on peut expliquer la propa-
gation spontanée du figuier dans les lieux incultes, les rochers et
les vieux murs, ainsi qu’on le voit fréquemment dans le midi de
l'Europe et ailleurs. On peut dire que le figuier vient dans tous les
sols, pour ainsi dire sans culture, à la seule condition que le climat
ne lui soit pas contraire. Il résiste aisément à des gelées de 5 à
6 degrés centigrades, et, ce qui n’est pas un moindre avantage, aux
plus longues sécheresses des étés du midi de l'Europe et de l’Afrique;
aussi n’y a-t-il pas d'arbre fruitier plus propre à occuper les sols
arides et rocailleux de ces contrées. Son fruit est même d’autant
meilleur que le climat y est plus sec. Cependant l'arbre n’y prend
pas le développement qu’il aurait dans un terrain plus fertile.
La figue est un fruit de premier ordre, sucré et nourrissant, qui
entre pour une large part dans l’alimentation des peuples méridio-
naux. Elle se consomme fraîche ou séchée au soleil, et, sous cette
dernière forme, elle donne lieu à un commerce d’exportation très
étendu. Toutes les variétés de figues, cependant, ne se prêtent pas
également à la dessication; les plus estimées sont celles de Smyrne
et de Provence, à peau mince et à chair très sucrée. Les figues à
peau épaisse et dure, comme la plupart des variétés communes,
après avoir été desséchées par les procédés les plus simples, ne ser-
vent guère qu'à la nourriture de la classe populaire. Quand les fi-
gues sont très grosses et que la chaleur du soleil ne suffirait pas
pour les dessécher rapidement, c’est-à-dire sans leur donner le temps
de moisir, on emploie pour cette opération la chaleur des fours.
Le figuier a été introduit dans tous les pays civilisés de la terre.
Dans le nord de l’Europe on le cultive en pots et sous verre, et il
donne des fruits d’assez bonne qualité. Entre les tropiques, surtout
si le climat est constamment chaud et humide, sa culture a peu de
succès; elle réussit au contraire parfaitement dans les pays secs et
chauds, où la végétation est suspendue par des froids modérés,
comme l'Afrique australe, l'Australie méridionale et autres contrées
analogues.
F. columnaris Moore et Muzrer. — De l’île de Lord Howe. Ce
figuier est une des plus étonnantes productions du monde végétal
et une des plus belles. De ses branches, qui s'étalent en un vaste
dôme de verdure perpétuelle, descendent des racines adventives, qui
s’enfoncent dans le sol, grossissent, se changent en tiges, et de-
viennent autant de colonnes pour soutenir l'immense tête de l’arbre.
On en compte quelquelois plus de cent, et c’est comme une petite
forêt où on ne peut plus reconnaitre la lige première, d’où est sortie
ee rez.
Le
286 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
toute cette végétation. On ne sait pas encore si la sève de cet arbre
contient du caoutchouc, mais on en a extrait une substance très
analogue à la gutta-percha, et qui trouvera peut-être un emploi
dans l’industrie. Le Æ. columnaris serait assez rustique pour se
naturaliser dans le nord de l'Afrique, où il remplirait, en attendant
d’autres usages, le rôle d’arbre paysager et de parasol naturel pour
l’homme et les bestiaux.
F. Cunninghami MiqueLz. — De l'Australie orientale (Queen’s
Land), dans la région forestière. C’est un arbre énorme, dont le tronc
mesure souvent de 10 à 12 mètres de tour à { mètre du sol. Sa vaste
ramure est soutenue comme celle du précédent, par des racines ad-
ventives, qui forment des sortes de palissades sous le couvert de
l'arbre, dont la circonférence peut atteindre jusqu’à 100 mètres. Sa
sève contient une sorte de caoutchouc, dont la valeur n’a pas encore
été déterminée.
F. elastica RoxB&G. — De l'Inde supérieure jusqu'aux frontières
méridionales de la Chine, vers le 28° degré de latitude. C’est un
gros arbre, dont l’abondante sève laiteuse fournit le caoutchouc de
l’Assam ; elle en contient environ un liers de son poids. L'arbre est
assez rustique pour supporter le climat de Melbourne, mais il croît
lentement, moins peut-être par suite de l'insuffisance de la chaleur
que par la variabilité et la sécheresse de cette région. En Algérie il
prend un assez beau développement, mais sa sève y est trop pauvre
en caoutchouc pour qu’on puisse en tirer quelque part, et l'arbre
n’y remplit que le rôle d'arbre d'ornement, ce à quoi le rend propre
son beau et grand feuillage lisse et lustré. A ce dernier point de vue
il a une certaine importance horticole, même en Europe, où il est
fréquemment employé à la décoration des appartements, concur-
remment avec d’autres plantes.
Sous un climat chaud et humide la culture du F. elastica pour-
rait donner des bénéfices considérables, si on en juge par l’exploi-
tation qui s’en fait dans l’Inde. En 1874, il a été introduit en Angle-
terre 129,168 quintaux de caoutchouc, valant, rendu à Londres,
31 millions de francs. Il paraît cependant que le caoutchouc obtenu
du figuier élastique est un peu inférieur en qualité à celui des ÆZewæa
et des Castilloa de l'Amérique du Sud.
F. indica L. — Le Banyan de l'Inde. Arbre célèbre par son énor-
mité, et qui a été connu des anciens dès après l'expédition d’Alexan-
dre le Grand. Un seul arbre de cette espèce peut, à l’âge de cent
ans, couvrir de ses branches et de son feuillage plus d’un demi-
hectare de terrain. Ses longues branches étalées sont soutenues,
comme dans plusieurs autres espèces, par des racines adventives,
qui deviennent autant de colonnes, mais la tige première l'emporte
toujours sur elles en grosseur, quoiqu’elles arrivent elles-mêmes à
avoir plus d’un mètre de tour. Cet arbre gigantesque n’a d’autre
utilité que de donner de l’ombre et de pouvoir servir de refuge con-
tre le soleil aux hommes et aux animaux. Sous le climat de Mel-
bourne, en Australie, il est un peu maltraité par les légères gelées
de ce pays.
F. infectoria Wizzo. — De l'Inde, jusqu’à des altitudes de 1,500
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 287
mètres, ce qui semble devoir lui assurer une certaine rusticité dans
le nord de l’Afrique. C’est un des arbres sur lesquels on récolte l’in-
secte producteur de laque. Le F. religiosa L., de l’Inde, habite les
mêmes lieux. Ses figues, ainsi que celles de quelques autres grandes
espèces de l'Himalaya (F. virgata, glomerata, Roxburghii), sont
rigoureusement comestibles.
F. macrophylla Desr. — De l'Australie orientale. C’est peut-
être le plus gros arbre de ce pays, et un des plus convenables pour
être planté en avenues le long des routes, mais non au voisinage
des habitations, dont ses grosses racines qui sortent de terre peu-
vent ébranler les murs. Par son large et abondant feuillage il donne
beaucoup d'ombre, sans être d’une autre utilité. Il est rustique dans
l'Australie méridionale, et il ne l’est pas moins en Algérie, où il a
été introduit 1l y a quelques années.
F. rubiginosa Desr. — De la Nouvelle-Galles du Sud, et un des
plus rustiques du genre. Son feuillage persistant et son port en font
un bon arbre d’alignement pour ombrager les routes et les prome-
nades publiques. Il a le même inconvénient que l’espèce précédente
par ses racines traçantes à la surface du sol. Il est déjà assez ré-
pandu en Algérie.
F. Sycomorus L. — Le sycomore d'Orient et d'Egypte, où il est
très commun. Il vit des siècles et arrive à une taille énorme, pou-
vant ombrager des espaces de terrain de 30 à 40 mètres de diamètre.
Il en existe un exemplaire, près du Caire, auquel la légende attribue
un âge d'environ 2,000 ans. Le bois léger de cette espèce sert à
divers usages économiques et ses fruits sont comestibles.
Le genre Ficus contient aujourd’hui environ 600 espèces, parmi
lesquelles l’acclimateur trouverait encore beaucoup à prendre.
FITZ-ROYA palagonica Jos. Hook. — Grand et bel arbre coni-
fère du Chili et de l’île de Chiloë, où il perte le nom d’ A lerze (mélèze).
Sa hauteur dépasse souvent 30 mèêtres, sur un tronc de 4 à 5 mètres
de circonférence au niveau du sol. Son bois est léger, facile à fendre,
ordinairement rouge ou rougeâtre, peu sujet à gauchir et d’une
bonne durée quand il n’est pas exposé à l'humidité ; aussi est-il com-
munément employé pour la charpente dans le pays d’origine. Son
écorce extérieure se résout en une sorte de filasse grossière dont on
se sert pour calfater les navires. Cet arbre est déjà introduit dans
quelques parcs du centre occidental de l’Europe et en Angleterre,
sans y être commun. Il se plaît dans les terres humides, même un
peu marécageuses, ce qui indique l’emploi qu’on en pourrait faire.
FLACOURTIA Ramontchi L'HÉRIT. — Arbre épineux de l’Inde
et du Beloutchistan, dont les fruits, assez semblables à des prunes,
sont comestibles. Get arbre, ainsi que d’autres du même genre, est
surtout employé à faire de grandes haies défensives autour des pro-
priétés. Il aurait de l'utilité dans la plupart des pays chauds, un peu
humides.
FLEMINGIA tuberosa DazzeLz. —- Légumineuse herbacée de
19
te tnt “ons d' Lr d14
288 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
l'Inde occidentale, qui produit sur ses racines des tubercules comes-
tibles. Il en est de même d’une seconde espèce, le F. vestita, du
nord-ouest de l’Inde, où elle est cultivée comme plante potagère.
FLINDERSIA australis Rob. Br. — Arbre superbe du groupe
des Cédrélacées, indigène de la Nouvelle-Galles du Sud et de la
colonie de Queen’s Land, où il rivalise de grandeur et de beauté
avec l’Araucaria Curninghami, sur lequel il l'emporte de beau-
coup, comme arbre forestier, par l’excellence de son bois dur et
solide. On le rencontre souvent haut de 45 à 50 mètres sur 2 mètres
et plus de diamètre à la base. Il n’est pas nécessaire d’insister sur
l'utilité qu’il y aurait à introduire cet arbre dans les colonies intra-
tropicales ; peut-être même réussirait-il dans le nord de l'Afrique.
Sa croissance est d’ailleurs assez rapide quand il est en bon sol et
sous le climat qui lui convient. |
F. Oxleyana Ferd. vox MuiLEr. — Des mêmes régions que le
précédent, où il porte le nom de Yellow wood (bois jaune). Comme
ce dernier c’est un arbre de grande taille, dont le bois légèrement
coloré est recherché par la menuiserie et l’ébénisterie. Outre ces
deux arbres il existe encore d’autres Flindersia, parmi lesquels on
peut citer le F. Bennettiana, plus ornemental que les précédents
par son port et son feuillage, et dont le bois n’a pas moins de valeur
comme bois d'œuvre.
FLUGGEA japonica Ricx. (Ophiopogon japonicus L.).—Lihacée
vivace introduite dans nos jardins comme plante d'agrément et
dont on mange les tubereules mucilagineux en Chine et au Japon.
Il n’est guère probable que cette modeste plante trouve jamais chez
nous un autre emploi que celui qu’elle a eu jusqu'ici.
FRAGARIA. — Fraisier. Genre de plantes de la famille des Ro-
sacées, herbacées et vivaces, originaires de climats tempérés, la
plupart cultivées pour leurs fruits. Soit naturellement, soit par le
fait de la culture, elles ont produit un nombre considérable de va-
riétés, dont quelques-unes ont acquis une grande importance horti-
cole et donnent lieu à un commerce lucratif dans quelques pays. Ce
sont principalement les suivantes :
F. chiloensis ArToN. — Le fraisier du Chili, de l'Amérique du
Sud et de l’île de Chiloë. C’est l'espèce qui donne les fruits les plus
volumineux, car ils arrivent presque à la grosseur d’un petit œuf de
poule. Elle a été introduite en France dès la fin du siècle dernier,
mais elle ne réussit bien qu’au voisinage de l'Océan, principalement
en Bretagne, où elle s’est presque naturalisée. Hors de là sa culture
est un peu incertaine, aussi est-elle presque abandonnée par les
jardiniers de Paris. Elle s’est croisée avec d’autres espèces, prinei-
palement américaines comme elle, et dont le voisinage lui est néces-
saire pour fructifier, toutes ses fleurs étant femelles en Europe.
F. grandiflora EnrHarT. — La fraise ananas. Des parties ocei-
dentales de l'Amérique du Nord, et assez analogue à la fraise du
Chili, mais avec des fruits moins volumineux. Elle a donné, par
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 289
la culture, un grand nombre de variétés, cultivées surtout aux alen-
tours de Paris.
F. vesca L. — Le fraisier des bois. De toute l’Europe tempérée,
de l’Asie centrale et même de l'Himalaya, où, suivant le docteur
Jos. Hooker, elle s'élève jusqu’à près 4,000 mètres d’altitude. On
dit aussi l'avoir rencontrée sur les hautes montagnes de Java, mais
elle varie considérablement suivant les lieux et les climats. La
forme classique, et jusqu'ici la plus cultivée, est celle de l’Europe,
et quoique ses fruits soient les plus petits de tout le genre, ils n’en
sont pas moins les plus estimés, à cause de leur saveur sucrée et
de leur parfum, qui atteint son plus haut degré dans la variété sau-
vage, et qu'on récolte dans les bois. De même que les autres espèces
de fraisiers, celle-ci a produit par la culture beaucoup de variétés,
dont la plus recommandable est le fraisier des quatre saisons,
ainsi nommé parce qu'il donne des fruits depuis le milieu du prin-
temps jusqu’à la fin de l’automne. Ce fraisier est aujourd’hui cultivé
sur une très grande échelle dans presque toute l’Europe, aux alen-
tours des grandes villes. Le midi de la France en exporte une quan-
tité considérable dans les villes du Nord.
Pour le surplus de la culture des fraisiers, nous renvoyons les
lecteurs aux ouvrages spéciaux de jardinage. Citons cependant,
comme pouvant encore intéresser les acclimateurs, les Fragaria
collina etpratensis, de l'Europe, et les Fr.illinoensis et virginiana,
des Etats-Unis.
FRAXINUS. — Frêne. Arbres de la famille des Oléacées, origi-
naires des pays tempérés et tempérés-chauds de lhémisphère sep-
tentrional, dont plusieurs espèces sont renommées pour l’excellence
de leur bois. La plupart sont à feuilles caduques. Dans le nombre
des espèces il faut surtout distinguer les suivantes :
F. americana L. — Le frêne blanc d'Amérique. Grand arbre de
25 à 30 mètres de hauteur, qui croît principalement dans les forêts
humides, mais qui résiste mieux, assure-t-on, aux grandes chaleurs
et à la sécheresse que le frêne commun de l’Europe. Son bois est
de bonne qualité, élastique et résistant, quoique relativement léger,
employé surtout pour les pièces qui sont exposées à des chocs vio-
lents, comme supports de machines, roues de voitures, ustensiles
agricoles, manches d’outils, rames, etc. On s’en sert aussi dans la
charpente et la menuiserie, même dans l’industrie du luthier, pour
certains instruments de musique. D’après les expériences du baron
Müller et de M. Luehmann il surpasse en résistance le bois de l’A ca-
cia melanozylon et de plusieurs Æucalyptus, mais il est inférieur à
ceux des Æucalyptus leucoxylon, siderophlæa, polyanthema et
globulus, inférieur aussi à celui du Carya alba. Du reste, bien müri
et bien préparé, le bois du frêne blanc ne se déjette ni ne se fend,
aussi le préfère-t-on à tout autre, aux Etats-Unis, pour le parque-
tage des appartements. Son écorce intérieure fournit une teinture
aune.
On trouve encore aux Elats-Unis d’autres espèces de frênes de
moindre importance, tels que les }°. pubescens et platycarpa, tous
290 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
moins grands que le précédent, utiles cependant dans diverses cir-
constances.
F. chinensis RoxBG. — De la Chine et probablement de l'Asie
centrale. Cette espèce n’est guère connue que par une sorte de
cire ou de gomme-résine qu’elle produit à la suite des piqures d’un
insecte, le Coccus Pela, et dont il s’exporte annuellement en Eu-
rope environ 20,000 kilogrammes, d’après M. Bernardini.
F. excelsior L. — Le frêne commun de l’Europe. Grand arbre,
de croissance assez rapide et qui, dit-on, peut vivre jusqu’à 200 ans.
Il se plaît dans les bonnes terres profondes et fraîches, et réussit
encore passablement dans les sols sablonneux, pourvu qu'ils ne
soient pas trop secs. Le bois du frêne est très estimé, surtout dans
le charronnage et pour la confection d’ustensiles auxquels on de-
mande une certaine flexibilité en même temps qu’une grande ré-
sistance.
F. floribunda Dox. — Du Népaul et de l'Himalaya, où il s’élève
jusqu’à 3,000 mètres et plus d’altitude supramarine. C’est peut-être
l'arbre le plus grand du genre, car il atteint à 60 mètres et plus de
hauteur, sur un tronc de 1"50 à 2? mètres de diamètre. Son bois est
propre aux mêmes usages que celui du frène d'Europe.
F. oregana Nurrazz. — De la Californie et de l’Orégon. Grand
et bel arbre de 20 à 25 mètres, dont le bois est presque blanc, d’aussi
bonne qualité que celui des autres frênes. Comme eux, il recherche
les localités humides et un peu ombragées des forêts.
F. Ornus L. — Petit arbre de la région méditerranéenne, en
Europe et en Asie, connu en France sous le nom d’Arbre à la
manne, parce qu’il exsude de ses feuilles une matière sucrée, qui
est employée en médecine. Ses fleurs blanches en font aussi un
arbre d'ornement.
F. quadrangulata Micux. — Le frêne bleu, de l'Amérique du
Nord, ainsi nommé parce qu’on retire de son écorce une teinture
bleue. C’est un des plus grands frênes de l'Amérique, et son bois,
qui ne le cède en valeur qu’à celui du frêne blanc, est utilisé comme
ce dernier dans le charronnage, la charpente et la parqueterie. Le
seul défaut de cette espèce est d’être plus sensible au froid que les
autres et de ne pouvoir guère sortir des parties les plus tempérées
de l'Amérique du Nord.
F. sambucifolia Lamk. — Le frêne noir ou frêne d’eau des Amé-
ricains. Arbre de grande taille, dont le bois est plus élastique que
celui du frêne blanc, mais d’une moins longue durée quand il est
exposé à l’humidité et aux injures de l’air. Ce bois peut se diviser,
par la fente, en minces lanières, dont on fait grand usage dans l’art
du vannier. Ses cendres sont riches en potasse.
F. oiridis Micux. — Le frêne vert de l'Amérique du Nord. Aussi
grand que le précédent, et dont le bois a presque la valeur de celui
du frêne blanc, quoique de moindres dimensions. Comme ses con-
er américains, il recherche les sols humides et l’ombre des
orêls.
FUCHSIA. — Genre d’arbrisseaux et de sous-arbustes de la fa-
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 291
mille des Onagraires, la plupart originaires des Andes de P'Améri-
que du Sud, et pour ce fait demi-rustiques ou tout à fail rustiques
dans l’occident de l’Europe, où de nombreuses espèces sont cultivées
comme plantes d'ornement. Quelques-unes pourraient avoir un autre
genre d'utilité, par leurs baies comestibles.
Tel est, entre autres, le F. racemosa Lamwx., une des espèces les
plus rustiques et dont les baies sucrées-acidulées sont recherchées
par les habitants des Andes. Une autre espèce du Guatémala, où
elle croît sur les montagnes jusqu’à plus de 3,000 mètres d’altitude,
serait peut-être encore plus rustique. Ses baies, également comes-
tibles, ont de deux à trois centimètres de longueur. Il semble que,
par la culture et la sélection, on pourrait faire de ces deux Fuchsias,
etsans doute aussi de quelques autres, des arbrisseaux fruitiers d’une
certaine valeur.
FURCRŒA. — Genre d’Amaryllidées très voisin de celui des
Agaves, avec lequel on le confond souvent. Toutes les espèces en
sont de grande taille, vivaces, mais monocarpiques, c’est-à-dire
périssant après avoir fleuri et produit des graines, ce qui arrive
après un laps d’années indéterminé. Souvent, à la place des fruits
et aux aisselles des bractées de la hampe florale, on voit se former
des bulbilles qui, tombés à terre, s’y enracinent et deviennent pour
la plante un puissant moyen de multiplication. De même que celles
des Agaves, leurs longues feuilles contiennent une grande quantité
de fibres tenaces, très employées dans l’industrie de la corderie, et
dont on fait aussi du papier. Deux espèces sont principalement à
mentionner :
F. gigantea VENT. — De l'Amérique centrale. Ses feuilles, un
peu sèches comparativement à celles des Agaves, ont jusqu’à 2? mè-
tres de longueur, et la hampe florifère atteint habituellement à 8 ou
10 mètres. Cette espèce est cultivée dans plusieurs colonies, où on
emploie sa fibre à confectionner des cordages, des nattes de luxe
et des hamacs. La plante existe aussi dans nos serres et dans nos
jardins d'agrément du Midi, mais elle est moins rustique que la
plupart des Agaves.
F. longæva Kanw. — Des hautes montagnes du Guatémala et
du Mexique, jusqu’à l'altitude de 3,000 mètres. Sans être un arbre,
cette plante est la plus gigantesque et la plus curieuse que l’on con-
naisse dans le groupe des Amarvllidées, et elle est la seule de toute
la famille dont la tige proprement dite s’élève à une grande hauteur,
car elle atteint jusqu’à 15 ou 16 mètres, et la hampe florale qui la
termine n’est elle-même guère moins grande. Jusqu'ici la plante
n’a pas, que nous sachions, été introduite en Europe, mais elle mé-
riterait de l’être, ne fût-ce qu’à titre d'ornement grandiose pour nos
jardins et nos parcs. La région déjà froide où elle est indigène fait
supposer qu'elle serait tout à fait rustique-dans le midi d'Europe.
Les F°. cubensis des Antilles et favo-viridis du Mexique sont des
espèces relativement de petite taille, mais néanmoins cultivées en
Amérique comme plantes à filasse, et servant quelquefois à faire des
clôtures défensives autour des propriétés,
292 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
Le genre Furcræa, qu'on écrit quelquefois Fourcroya, ce qui
est contraire à la règle, a-été dédié au célèbre chimiste français
Fourcroy.
GARCINIA. — Genre de Clusiacées, composé d’arbres et d’ar-
brisseaux indigènes de l’Inde et des Moluques, aujourd’hui répan-
dus dans la plupart des pays intratropicaux, où on les cultive en
qualité d'arbres fruitiers. L'espèce la plus importante à ce point de
vue est le G. Mangostana L., dont les fruits volumineux, connus
sous le nom de Mangoustan, sont justement estimés dans les pays
chauds.
Une seconde espèce, le G. travancorana, de l'Inde, qui croît et
fructifie jusqu'aux altitudes de 1,200 à 1,500 mètres, pourrait être
cultivée jusque sous le 30° degré de latitude, et peut-être plus loin
encore de l’équateur.
Plusieurs autres espèces du genre, ou de genres voisins, produi-
sent des gommes-résines employées en médecine ou dans l’industrie.
La plus importante est la gomme-gutte, qu’on tire du Garcinia (ou
Hebradendron) cambogioides L., utilisée surtout par les peintres.
Cette matière colorante est également produite par le Xanthochy-
mus pictorius. (Voyez ce mot.)
GAULTHIERA. — Ericacées sous-frutescentes de l'Amérique du
Nord, analogues à nos airelles ( Vaccinium) et produisant comme
elles des baies comestibles.
Les plus intéressantes pour l’acclimateur sont le G. myrsinites,
de la Californie, de l’Orégon et de la Colombie britannique, dont les
fruits sont délicieux, et le G. Shallon, de pays plus septentrionaux
et plus froids que le précédent. Il se recommande également par
l’abondance et la qualité de ses fruits, souvent utilisés sous forme
de conserves, et dont on tire aussi une boisson alcoolique. Ces deux
sous-arbustes se plaisent dans les terres légères, siliceuses et un
peu humides.
GAYLUSSACIA. — Arbrisseaux et sous-arbrisseaux de la fa-
mille des Ericacées, originaires de l'Amérique méridionale et de
l'Amérique centrale, dont ils habitent principalement les régions
montagneuses à climats tempérés. On en connaît aussi quelques
espèces dans le nord de l'Amérique, et celles-ci peuvent se natura-
liser en Europe. Deux surtout sont à signaler à cause de leurs
fruits comestibes, le G. frondosa Torr., arbuste à feuilles cadu-
ques, connu des Américains sous le nom de Tangleberry, et le G.
resinosa Torr., qui est le Black huckleberry, petit buisson à feuilles
caduques, qui habite les endroits marécageux des forêts. Il est pro-
blable que parmi les nombreuses espèces de Gaylussacia de l'A-
mérique du Sud il s’en trouve aussi que leurs fruits pourraient
recommander aux amis des expériences d’acclimatation, mais jus-
qu'ici on ne s’en est point occupé.
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 293
GEITONOPLESIUM cymosum CUNNINGH. — [iliacée aspara-
ginée de l’Australie orientale, à rhizome vivace, poussant tous les
ans de longues tiges volubiles qui s’enroulent aux arbres. Ces
pousses jeunes sont tendres et leur goût se rapproche beaucoup de
celui des asperges. Il semble probable que, soumise à la culture,
cette asparaginée s’améliorerait et pourrait tenir une place impor-
tante dans le jardinage maraicher. L'expérience en devrait être
faite.
GELSEMIUM ritidum Micax. — Sous-arbrisseau volubile de
l'Amérique du Nord, à feuilles simples, opposées, lancéolées et lui-
santes, dont les fleurs jaunes sont agréablement odorantes et ont un
certain emploi en parfumerie. Toutefois nous ne parlons ici de cette
plante qu’à cause de ses propriétés médicinales, qu’elle doit à un
principe particulier, la gelsémine, aussi est-elle fréquemment usitée
dans la thérapeutique des Etats-Unis. Elle est cultivée dans quel-
ques jardins de l’Europe comme simple plante d'ornement. Les bo-
tanistes ont été longtemps en désaccord au sujet de la famille dans
laquelle il convenait de la classer ; d’après Alph. de Candolle elle
doit rentrer dans le groupe des Loganiacées, qui est d’ailleurs voisin
de celui des Apocynées.
GENISTA. — Genèêt. Genre de Légumineuses papilionacées, pro-
pre à l’ancien continent et principalement composé d’arbrisseaux et
de sous-arbrisseaux, presque tous à fleurs jaunes, et chez lesquels
les feuilles sont tantôt simples, tantôt trifoliolées. Ce genre, très
vaste, et qui touche de près aux cytises, a été subdivisé par les bo-
tanistes en un certain nombre de genres secondaires, auxquels nous
ne nous arrêterons pas. Citons les espèces suivantes utilisées en
agriculture ou dans l’industrie :
G. juncea L.; Spartium junceum DC.— Arbrisseau de la région
méditerranéenne, commun dans le midi de la France, où 1l croît dans
les sols les plus arides. On retire de ses fleurs une teinture jaune,
mais il a plus d'importance par les fibres tenaces de ses jeunes ra-
meaux, qu’on utilise dans la corderie, la papeterie, etc. Ne deman-
dant pour ainsi dire aucun soin de culture, ce genêt pourrait rendre
de bons services sur des terres trop ingrates pour tout autre genre
d'exploitation.
G. spinosa L.; Calycotome spinosa DC.— Arbrisseau de la ré-
gion méditerranéenne, comme le précédent, mais s’accommodant
mieux que lui des sols siliceux. Il constitue des buissons touflus,
très épineux, propres à composer des haies défensives autour des
champs. Ses fleurs d’un jaune vif et très abondantes au printemps
en font un arbrisseau d'ornement assez recherché.
G. scoparia L.; Sarothamnus scoparius DG.— Le genêt à balai.
Arbrisseau des pays siliceux et pauvres du centre et du nord de
l’Europe, usité presque partout où il croît pour la confection de ba-
lais communs. Îl a quelque valeur en thérapeutique par un alcaloïde
particulier, la spartéine, contenue dans son écorce. On en tire aussi
une teinture jaune, et on l’emploie dans quelques pays au tannage
294 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
des cuirs. Ses branches enfouies et décomposées dans la terre cons-
tituent un engrais vert d’une certaine valeur.
G. tinctoria L. — Sous-arbuste du centre et de l’occident de
l'Europe, aujourd’hui abandonné en médecine, mais qu’on utilise
encore dans quelques pays pour les teintures jaune et verte qu’on
en extrait. Plusieurs autres genêts pourraient rendre des services
analogues.
G. monosperma. LAMKk. — Du midi de l’Europe et du nord de l’A-
frique, où il est connu sous les noms de Æetam et Retem. 1] diffère
des autres genêts par la couleur blanche de ses fleurs, qui en font
un bel arbrisseau d'ornement. Sa principale utilité cependant con-
siste dans la propriété qu'il a de fixer les sables par l’entrelacement
de ses racines. Il prospère dans les lieux les plus secs, ce qui le
rend précieux dans les régions désertiques brûlées par le soleil.
GENTIANA. — Genre de plantes qui a donné son nom à la fa-
mille des Gentianées, caractérisée par une corolle monopétale, cinq
étamines et un ovaire à deux loges. Ce genre contient plusieurs es-
pèces, toutes herbacées, vivaces par leurs rhizomes, et la plupart
habitantes des montagnes et des contrées froides de l’Europe et de
l'Asie. Presque toutes ont des emplois médicinaux, et quelques-unes
sont devenues des plantes d'ornement, remarquables par leurs fleurs
jaunes, bleues ou violettes. L'espèce la plus usitée en médecine est
la grande gentiane jaune, G. lutea L., indigène dans les Alpes, les
Pyrénées et autres montagnes d’une certaine hauteur, où les paysans
la recueillent pour la livrer au commerce de la pharmacie. C’est
dans sa racine, ou rhizome, que sont contenus ses principes actifs,
dont le principal est un alcaloïde, la gentianine. La plante pourrait
être introduite dans beaucoup de pays qui ne la possèdent pas, et
où elle ne serait pas sans utilité. D’autres gentianes, également ori-
ginaires des Alpes, telles que les G. punctala, purpurea et panno-
nica, pourraient être employées aux mêmes usages médicinaux,
quoique leurs rhizomes soient moins volumineux que ceux de la
gentiane jaune.
GIGANTOCHLOA. — Graminées arborescentes de l’Inde et des
îles de la Sonde, longtemps confondues avec les bambous propre-
ment dits, qu’elles surpassent par leurs dimensions véritablement
gigantesques. Aucune espèce ne réussirait en Europe, ni même dans
le nord de l’Afrique, mais elles pourraient être introduites avanta-
geusement dans les colonies intratropicales chaudes et humides,
telles que celles de la côte occidentale d'Afrique, la Guyane, le nord
du Brésil, etc. On distingue surtout les espèces suivantes :
G. apus Kurz. — De l'archipel indien, où il s’élève sur les mon-
tagnes jusqu’à l’altitude de 1,500 mètres. Ses chaumes, de 15 à
20 mètres de hauteur, fournissent, avant de s’être lignifiés, des fibres
tenaces très usitées dans la corderie locale.
G. aspera Kurz. — De Java. Espèce encore peu connue, dont les
chaumes, d’après le botaniste Zollinger, atteindraient parfois une
taille colossale de 50 à 55 mètres de hauteur.
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ÉNUMÉRATION DES PLANTES 295
G. Atter Kurz. — De Java, où il est cultivé sur une grande
échelle. Sa taille est moitié moindre (de 20 à 25 mètres) que celle
du précédent.
G. maxima Kurz. — Des mêmes lieux. C’est aussi une très
grande espèce, qu’on voit s'élever quelquefois à 35 et 40 mètres de
hauteur, les chaumes ayant jusqu’à 0"30 de diamètre. C’est peut-
être de tous les bambous de l’Asie le plus largement cultivé.
G. robusta Kurz. — Des montagnes de Java, où il atteint la
hauteur de 30 à 32 mètres. Le botaniste Kurz nous apprend que
les chaumes de ce bambou croissent, dans les premiers temps, de
5 à 6 mètres par mois, et qu’ils ne commencent guère à se ramifier
qu'après avoir atteint une longueur d’une vingtaine de mètres.
G. verticillata MUNRO ; Bambusa verticillata Bium. — Le bam-
bou à couronnes de l’Inde. C’est une espèce très cultivée, dont les
chaumes atteignent à une trentaine de mètres. Dans les terres
chaudes et humides il croît avec une étonnante rapidité, ses chau-
mes pouvant s'élever à 12 ou 13 mètres dans l’espace de trois mois.
Au moment où ils sortent de terre, ils sont tendres et employés en
guise de légumes, ainsi que ceux de plusieurs autres espèces, telles
que le G. apus etle Bambusa Bitung.
GINKO biloba L..; Salisburia adiantifolia SmiTH. — Arbre de la
famille des Conifères, originaire de la Chine et du Japon, très singu-
lier par ses larges feuilles, qui affectent la forme d’un éventail et qui
sont caduques. Il ne l’est pas moins par ses inflorescences, qui ne
sont pas sans analogie avec celles des Cycadées, et il fait manifeste-
ment le passage entre ce dernier groupe et celui des Conifères. C’est
d’ailleurs un grand arbre, de 30 mètres et plus, dont le tronc peut
atteindre à 2 ou 3 mètres de diamètre à la base. Son bois est blane,
à grain fin, facile à travailler et susceptible d’un beau poli. Ses grai-
nes qui sont très grosses et ressemblent quelque peu à une drupe,
huileuses et néanmoins comestibles, se vendent sur les marchés de
la Chine sous le nom de Pa-kou. Le Ginko a été introduit en France
dès la fin du siècle dernier, et il réussit fort bien dans le Midi, où il
mürit ses graines à condition qu’elles soient fécondées. L’arbre
étant dioïque, il faut cultiver les deux sexes à proximité l’un de
l’autre pour en obtenir des fruits, mais on parvient au même but en
‘greffant quelques rameaux mâles sur les arbres femelles. C’est au
jardin botanique de Montpellier que le Ginko a frucüfié pour la
première fois en Europe. On assure qu’il en existe en Chine des in-
dividus âgés de 3,000 ans. On en fait grand cas au Japon comme
arbre d'ornement, et il s’accommode de tous les terrains, même des
plus secs.
GLADIOLUS. — Genre d’Iridées, qui a son principal centre dans
l'Afrique australe, mais qui compte aussi quelques représentants
en Europe. L’horticulture d'ornement en a tiré plusieurs espèces,
aujourd’hui très répandues dans les jardins et qui alimentent un
commerce d’une certaine importance, surtout en Belgiqne et en
Hollande, les deux pays classiques pour la culture des plantes bul-
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296 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
beuses. Chez quelques espèces les tubercules sont assez doux pour
devenir comestibles, et c’est en particulier le cas de ceux du G. edu-
lis L., qu'on mange cuits à la façon des châtaignes. Le G. byzanti-
nus, du midi de l'Europe, est devenu une belle plante d'ornement.
GLEDITSCHIA. — Arbres de l'Amérique septentrionale et de
l'Asie, de la famille des Légumineuses césalpimiées, et assez ana-
logues au caroubier de l’Europe et de l'Orient, mais leurs feuilles
sont caduques et non persistantes comme chez ce dernier. De plus,
leur tronc et leurs branches sont armés de longues et fortes épines,
plus ou moins ramifiées. Le plus connu de ces arbres est le G. tria-
canthos L., du nord de l'Amérique, arbre de 18 à 25 mètres, à bois
dur, un peu grossier, se fendant assez facilement et, paraît-il, peu
employé dans les constructions. En Europe ce n’est guère qu'un
arbre d'ornement pour les parcs, mais on s’en sert aussi pour
faire des haies, que leurs longues épines rendent très défensives.
On pourrait y employer de même le G. horrida Wizrr., de l'Asie
orientale, et le G. monosperma WaLr., des Etats-Unis, qui devient
très grand dans les terres marécageuses. C’est le Water Locust
des Américains.
GLYCINE hispida Bent; Dolichos Soja L.; Soja hispida
Mozncu.— Daidzu et Mame des Japonais. Légumineuse herbacée et
annuelle de la Chine et du Japon, où elle est cultivée sur une très
grande échelle pour la nourriture de l’homme et des animaux. Elle
y joue un rôle, en agriculture, presque comparable à celui du blé,
du maïs et de la pomme de terre en Europe, ce qui peut faire juger
de son importance.
La plante est velue dans toutes ses parties, et elle s’élève à 1 mè-
tre ou 1"20, plus ou moins, suivant la qualité du terrain. Elle est
très productive en grains, qui ressemblent à de petits haricots, de
diverses couleurs suivant les variétés, et qui se consomment soit en
grains arrivés à maturité, mais non encore secs, soit en grains tout
à fait secs. Plusieurs analyses chimiques y ont fait reconnaître une
très forte proportion de substances albuminoïdes, qui expliquent
leur valeur nutritive et en font pour ainsi dire un aliment complet.
Ces grains contiennent en outre jusqu’à 18 pour 100 de leur poids
d’une huile comestible justement estimée. On les consomme de bien
des manières, et on en fait même une sorte de fromage d’assez lon-
gue conservation.
Une plante agricole de cette importance ne pouvait manquer
d'attirer l'attention des agriculteurs de l’Europe. A diverses reprises
elle a été introduite en France et ailleurs, notamment dans ces
dernières années, et si les premiers essais de sa culture n’ont donné
jusqu'ici que de médiocres résultats, cela tient à diverses causes
qui commencent à être connues, et parmi lesquelles il faut mettre
en première ligne un mauvais choix des variétés. Elles sont nom-
breuses; il en est de précoces et de tardives, les premières réus-
sissant d’une manière satisfaisante jusque sous le climat de Paris,
les autres seulement dans le midi de l’Europe, mais là elles trou-
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 297
vent un obstacle dans la sécheresse du climat, et leur culture exige
au moins quelques irrigations dans le courant de l’été.
Malgré les premiers échecs, les essais de culture du soja se con-
tinuent sur bien des points de l'Europe, principalement en France
et en Hongrie. Partout on a reconnu qu’en attendant un emploi plus
général, ses graines légèrement torréfiées sont, jusqu'ici, le meil-
leur succédané du café; quelques personnes même préfèrent cette
infusion au moka, dont elle a un peu l’arome affaibli. Comme pro-
ducteur d'huile, le soja mériterait déjà la culture en grand, d’autant
plus que ses tourteaux seraient une riche nourriture pour le bétail,
et, faute d'autre emploi, un excellent engrais.
GLYCYRRHIZA. — Genre de Légumineuses herbacées, mais
vivaces par leur racine, indigènes du midi de l’Europe et de l'Asie
occidentale. C’est de leurs racines qu’on extrait la matière sucrée
connue sous le nom de réglisse, et qui est fréquemment employée
en pharmacie. Deux espèces surtout sont utilisées de cette manière,
savoir :
G. echinata L. — Qui fournit la réglisse d'Italie et qu’on emploie
aussi, en divers pays, à la fabrication de la bière.
G. glabra L. — À racine moins grosse que celle de la précédente
et en même temps plus sucrée. C’est d’elle qu’on tire la réglisse
ordinaire du commerce. Les deux plantes sont rustiques et pros-
pèrent dans les terresles plus médiocres. Elles pourraient d’ailleurs
être utilisées comme fourrage pour les bestiaux et comme engrais
vert à enfouir.
GLYPTOSTROBUS elerophyllus Exp. —- Arbre d'ornement
du groupe des Conifères, originaire de Chine, qui, de même que
le Taxodium distichum de l'Amérique du Nord, recherche les ter-
rains marécageux constamment imbibés d’eau, ce qui fait qu’on
lemploie généralement pour border les canaux. On le plante de
même au bord des lacs et des pièces d’eau.
GMELINA Leichardti Ferd. von MuiLer. — Arbre forestier
de l’Australie orientale, appartenant à la famille des Verbénacées,
encore peu exploité, mais dont le bois est propre à beaucoup de
petits ouvrages de tour et de marqueterie. On commence à l’ex-
porter de l'Etat de Queen’s Land.
GONIOMA Xamassi E. MEey. — Petit arbre du groupe des Apo-
cynées, indigène de l’Afrique australe, qui fournit le bois jaune connu
sous le nom de Xamassi. Ce bois, très dur, est recherché pour
faire des manches d'outils et autres menus ouvrages auxquels on
demande beaucoup de solidité. On l’emploie même, au dire du doc-
teur Pappe, à la gravure sur bois. Ses fleurs répandent une odeur
délicieuse.
GORDONIA /asianthus L. — Le Loblolly du nord de l'Améri-
que. Arbre superbe, de la famille des Ternstræmiacées, s’élevant à
298 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
15 ou 20 mètres et se couvrant de fleurs d’un blanc de neige. Au
point de vue décoratif on peut dire qu’il est de premier ordre, mais
il a d’autres utilités. Son bois, de couleur rose et à reflets soyeux,
est extrêmement léger et fort employé en tabletterie; son écorce
sert au tannage des cuirs et fait l’objet d’un assez grand commerce
dans le sud des Etats-Unis. L'arbre se plaît dans les terrains bas et
même un peu marécageux.
GOSSYPIUM. — Cotonnier. Genre de Malvacées indigènes des
contrées intratropicales de l’ancien et du nouveau monde, dont quel-
ques espèces sont cultivées et exploitées depuis la plus haute anti-
quité, et ont acquis une extrême importance dans les temps moder-
nes. Leur produit, connu de tout le monde sous le nom de ouate,
est une sorte de laine qui entoure les graines, et qu’on en détache à
la main ou à l’aide de machines. C’est avec cette laine que se con-
fectionnent toutes les étoffes de coton proprement dites ; elle serten
outre à faire des étoffes mélangées, en l’associant à la soie ou à
d’autres matières textiles.
Ce genre renferme un assez grand nombre d’espèces, les unes
simplement herbacées et pouvant être cultivées comme plantes
annuelles, les autres plus ou moins arborescentes et vivaces. Pres-
que toutes ont les fleurs jaunes; quelques-unes seulement les ont
blanches ou violettes; leur laine est le plus souvent d’une blancheur
parfaite, plus rarement fauve ou jaune nankin ; suivant les espèces
ou les races elle est plus ou moins adhérente aux graines, plus ou
moins longue et de ténacité variable. Certaines espèces, toutes her-
bacées, sont cultivées avec profit dans les contrées tempérées-
chaudes, même dans le midi de l’Europe; les espèces arborescentes,
au contraire, ne réussissent qu'entre les tropiques ou dans leur
voisinage. Les plus intéressantes sont celles qui suivent :
G. arboreum L.— Le cotonnier en arbre, de l'Arabie et de l’Inde.
C'est un grand arbrisseau, qui fleurit et donne une récolte dès la
première année. Il ressemble beaucoup au cotonnier herbacé, sauf
par sa taille, et quelques botanistes même les réunissent en une
seule espèce. Il a produit d’ailleurs deux variétés, l’une à longues
fibres, ou à longue soie, l’autre à fibres plus courtes. Toutes deux
sont cultivées à la Nouvelle-Orléans.
G. barbadense 1. — Le cotonnier des Barbades, plus connu sous
le nom de Sea-Jsland, usité aux Etats-Unis. C’est la race la plus
largement cultivée hors des tropiques, et celle qui a fait pendant
bien des années la fortune des Etats méridionaux de l’Amérique du
Nord. Elle a été introduite aussi dans le midi de l’Europe et en
Algérie, où elle aurait donné de bons résultats sans la cherté de la
main-d'œuvre, qui l’y a fait entièrement abandonner. C’est d’ail-
leurs une des meilleures races de cotonniers par la longueur, la
force et l'abondance de sa fibre blanche et d’un éclat presque
soyeux. Une de ses variétés les plus importantes, qui est cultivée
en Egypte sous le nom de Bamieh, se distingue du type par la hau-
teur de sa tige presque dépourvue de branches, ce qui permet d’en
élever un plus grand nombre sur un espace donné. En bonne terre
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ÉNUMÉRAÏTION DES PLANTES 299
et avec les arrosages requis par le climat, son produit est évalué à
2,500 livres de coton (environ 1,200 kilogrammes) par acre. Sa
laine est blanche ou d’un jaune pâle dans une sous-variété.
G. herbaceum L.— Le cotonnier herbacé. Originaire de plusieurs
parties de l’Inde et d’autres contrées asiatiques, tropicales ou extra-
tropicales. Malgré son nom, cette espèce, comme la plupart des
autres, peut devenir un sous-arbrisseau vivace sous un climat chaud.
Toutefois, à cause de sa précocité relative, c’est elle qu’on a le plus
cultivée en Europe, où elle périt après avoir porté fruit. Sa culture a
été à plusieurs reprises tentée dans le midi de la France, mais on a
dû y renoncer à cause de la cherté de la main-d'œuvre, et aussi
parce que la maturité de sa fibre n’arrivant qu'en automne, les
pluies ordinaires en cette saison lui font subir un grand déchet. En
Italie, en Sicile, en Espagne et dans le nord de l’Afrique, où les
étés sont plus longs, le cotonnier herbacé donne de meilleurs ré-
sultats.
G. kirsutum L. — Le coton Upland, ou à courte soie, originaire
de l'Amérique tropicale, et cultivé sur une très grande échelle aux
Etats-Unis et dans d’autres contrées. Sa laine est blanche et lustrée,
mais difficile à séparer des graines. Une partie du coton de la Nou-
velle-Hollande est produite par cette espèce, dont la culture est
moins exigeante que celle de la plupart des autres.
G. religiosum L. — Le cotonnier du Pérou ou du Brésil. De l’A-
mérique du Sud intratropicale. C’est le plus grand cotonnier connu,
car on le voit s’élever à 5 ou 6 mètres dans les vallées des Andes,
et, chose à noter, il y résiste à des abaissements de température
assez grands pour couvrir la terre de gelée blanche ; c’est même
alors que sa laine est mûre pour la récolte. Elle est longue, blanche,
soyeuse et peu adhérente aux graines. Il a une variété à laine jau-
nâtre.
G. taitense PARLATOR. — Le cotonnier le Taïti. C’est un petit
arbrisseau à fleurs blanches et à laine de couleur fauve, un peu
adhérente aux graines. Espèce à peine cultivée.
G. tomentosum NuTr. — Cotonnier des Sandwich. Vivace, à
fleurs jaunes et à laine fauve, très adhérente aux graines.
Les différentes espèces de cotonniers sont souvent difficiles à
déterminer, celles principalement qui sont cultivées depuis long-
temps et qui ont produit des variétés ; aussi les botanistes sont-ils
peu d’accord sur leur délimitation. On peut cependant consulter
avec profit divers ouvrages qui traitent spécialement de ces arbris-
seaux et de leur culture, tels que la monographie du professeur
Parlatore, de Florence (Specie dei cotoni), ou celle du professeur
Todaro, de Palerme (Cullura dei cotoni). On trouvera aussi d’u-
iles renseignements dans les traités d'agriculture pour les pays
tropicaux, entre autres dans ceux de Porter et de Mallet, publiés
à Londres en 1862.
L’aire d'extension de la culture des cotonniers est comprise, d’une
manière générale, entre les 36° degrés de latitude nord et de latitude
sud, mais sur ces points extrêmes les récoltes sont incertaines et
peu rémunératrices. On fixerait peut-être plus exactement les li-
200 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
miles de cette cullure aux lignes isothermes de 16 degrés centi-
grades, mais elle est surtout prospère entre 18 et 2? degrés. Une
haute température n'est pas d'ailleurs la seule condition requise
pour son succès ; il faut encore que le cullivateur soit secondé par
des pluies suflisantes pendant l’époque de la végétation, et par une”
période plus ou moins longue de temps sec à la maturité des cap-
sules, qui s'ouvrent d'elles-mûêmes et dont la laine serait détériorée
par la pluie, Tous les sols, non plus, ne conviennent pas égale-
ment aux cotonniers, auxquels il laut une terre profonde, naturelle-
ment fertile et, au besoin, abondamment fumée et arrosée, Une
autre condition de succès, et celle-Tà purement économique, est que
la main-d'œuvre soit à bon marché, et c'est ce ca explique pour-
quoi elle a été si florissante en Amérique avant l'abolition de l'es-
clavage. À cette époque les Etats-Unis méridionaux cullivaient
plus de sept millions ppt en colonniers; acluellement encore
l'Inde en cullive une surface presque double, parce que les bras y
abondent et que les salaires y sont relativement insignifiants. Cette
dernière condilion manquant en Algérie, la culture du coton n'a
pas pu s’y soutenir, malgré les encouragements offerts par l'Etat,
Partout où elle peut s'établir la culture des colonniers est avan-
lageuse de plusieurs manières, Il faut mettre en première ligne le
peu de temps qu'elle demande pour donner son produit, puis la fa-
cilité de la récolte, qui se fait habituellement par des femmes et des
enfants dont le salaire est peu élevé, enfin l'emploi des machines
assez simples el peu dispendieuses pour détacher la laine des graines
auxquelles elle est adhérente, travail qui d’ailleurs peut se faire et
s'est longlemps fait à la main. Outre ce produit principal on retire
par pression des graines de cotonniers une huile très employée
dans l'industrie des savons, et qu'on mêle quelquelois frauduleu-
sement aux huiles comestibles, Enfin le lourleau, ou résidu de ces
graines, sert très avantageusement à la nourriture et à l’engrais-
sement du bétail, et quelquelois à la fumure des terres, Sous cette
forme encore le produit des cotonniers alimente un commerce d’une
certaine importance, surtout pour la ville de Marseille, principal
centre de la fabrication des savons en Europe.
Si développée et lucralive que soit la cullure des cotonniers dans
les pays intratropicaux, elle est peut-être à la veille de prendre un
nouvel et considérable accroissement par la découverte toute ré-
cente de la richesse extraordinaire de leurs graines en principes
nutritifs, qui permettrait d'en faire un aliment pour l’homme,
D'après les recherches d'un habile chimiste-agriculleur, le docteur
Sace, les graines du cotonnier en arbre, largement cultivé en Boli-
vie et dans d'autres parties de l'Amérique, contiendraient jusqu'à
30 pour 100 de leur poids de substances albuminoïdes (fibrine et
‘aséine) et 9 à 10 pour 100 d'amidon, le reste se composant de corps
gras, de sucre, de ligneux et de matières minérales. Réduites en
l'arine et purgées de leurs enveloppes, elles entreraient dans la con-
sommation courante sous forme LR ain, de pâlisseries et de po-
tages, sans préjudice de l'utilisation ‘by déchets pour la nourriture
des animaux,
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 301
GREVILLEA. — Genre de Protéacées originaires d'Australie,
comprenant des arbres et des arbrisscaux d'ornement, dont plu-
sieurs sont déjà communs dans les jardins du midi de l’Europe.
Deux de ces arbres sont particulièrement intéressants pour l’accli-
mateur.
G. annulifera Ferd, vos Muzcer. — De l'Australie occidentale.
C’est un grand arbrisseau, trés remarquable par la beauté de ses
fleurs, ce qui est un titre suffisant à son introduction en Europe. I
en a un autre dans ses graines comestibles dont le goût rappelle
celui de nos amandes. Ce qui peut encore le recommander, c’est
qu’il croît dans les déserts de sable pur où très peu d’autres Pro-
téactes pourraient vivre. Cette précieuse qualité semble lui marquer
sa place dans les déserts du nord de l'Afrique.
G. robusta CUNNINGH. — Arbre de 30 à 40 mètres en Australie,
très beau de feuillage et de fleurs, de croissance assez rapide et ré-
sistant remarquablement aux plus grandes sécheresses, ce qui en
fait un arbre précieux pour la région désertique de l'Algérie. 11
n’est pas rare dans les jardins de la Provence maritime, où on en
voit déjà des échantillons de 14 à 15 mètres, qui y résistent aux plus
rands froids de l'hiver et y mürissent des graines. Le bois de
arbre est élastique et de longue durée.
GUADUA. — Graminées arborescentes des régions équatoriales
de l'Amérique, analogues aux bambous, et même habituellement
confondues avec eux. Il en existe plusieurs espèces, dont les deux
suivantes sont particulièrement à remarquer.
G. angustifolia Kunra. — De la Nouvelle-Grenade et autres
parties de l'Amérique équatoriale et centrale, principalement de la
région montagneuse. Après le bananier, le maïs et la canne à sucre,
ce bambou est la plante la plus importante de la Nouvelle-Grenade,
où il sert à toutes les constructions, en fournissant des solives, des
palissades, des ustensiles de toutes sortes. Il faut remarquer que
c'est dans le groupe générique des Guadusas que se trouvent les
bambous les plus dir et les plus résistants.
G. lotifolia Kuxra. — Des mémes régions que le précédent, et
employé aux mêmes usages. Il est plus dur et plus fort qu'aucun
bambou de l'Inde. Plusieurs autres espèces de Guoduas pourraient
être ajoutés à cette liste, en y comprenant les Chusquea, bambous
à tiges menues et presque grimpantes. Le temps les fera connaître,
ainsi que leurs diverses utilités.
Ajoutons à cette liste les G. capitata, paniculata et refracta du
Brésil, macrostachya de la Guyane et Tugoara des hautes mon-
tagnes du Brésil méridional. Ce dernier serait certainement rusti-
que en Europe.
GUEVINA avellana MorinAa.— Arbre du Chili, de la famille des
Protéacées, s’élevant à 8 ou 10 mètres, à feuillage persistant, et
dont les fruits, assez semblables à des amandes ou à des noisettes,
sont comestibles, mais seulement après avoir ét torréfiés sur le
feu, parce qu’à l’état cru ils sont très indigestes et peuvent même
30? ÉNUMÉRATION DES PLANTES
être regardés comme vénéneux. Cet arbre est signalé comme un
des plus beaux qui existent, non seulement par son port gracieux
et sa verdure perpétuelle, mais aussi par son abondante floraison
d'un blane de neige, dont la teinte tranche sur le rouge de corail
des fruits de l'année précédente et dont la maturité coïncide avec une
nouvelle floraison. Son bois, dur et élastique, est employé en me-
nuiserie, et sert d'ailleurs à confectionner Aitére ustensiles. Le Gue-
vina, qui atteint d'assez fortes proportions dans la partie méridionale
et plus humide du Chili, pourrait ètre facilement acclimaté dans le
midi, et peut-être mieux Fe le sud-ouest de l’Europe.
GUIZOTIA oleifera DC. — Plante herbacée annuelle, de la fa-
mille des Composées, dont la culture a été plus d’une fois essayée
en France sans grand succès, parce qu'elle y donne un produit trop
faible. En Abyssinie, au contraire, le Guizotia est eultivé sur une
grande échelle pour sa graine oléagineuse, comestible et équiva-
lente à celle du sésame pour les besoins de l’industrie. La plante
croît avec rapidité et ne demande pas plus de trois mois pour pro-
duire ses graines.
GUNNERA. — Genre principal et presque unique de la famille
des Gunnéracées, ne comprenant d’ailleurs qu'un petit nombre d’es-
pèces, toutes de l'hémisphère austral. Elles sont herbacées, mais
vivaces par leurs rhizomes, qui leur tiennent lieu de tige. Quelques-
unes, qui sont remarquables par l'ampleur extraordinaire de leurs
feuilles, ont été introduites dans les jardins de l'Europe à titre de
plantes curieuses. C’est particulièrement le cas du G. chilensis
Lauk., du Chili et de la Patagonie, où l'illustre naturaliste Darwin
en a mesuré des feuilles de plus de 7 mètres de circonférence. Les
pétioles de ces feuilles, charnus et acidules, sont utilisés pour l’ali-
mentation comme le sont ailleurs ceux des rhubarbes. Le volumi-
neux rhizome de la plante sert en outre au tannage des peaux et
à la teinture.
Une autre espèce du Chili, le G. scabra L., très voisine de la
HAE est employée aux mêmes usages. Elle n’est pas tout à
ait rustique sous le climat de Paris. Le G. macrophylla LUM., de
Java et de Sumatra, est à peine connu en Europe. Toutes ces plan-
tes se plaisent dans les climats doux et humides.
GYMNOCLADUS canadensis Lank. — Bondue, Chicot du Ca-
nada. Arbre de l'Amérique du Nord, de la famille des Légumineuses
césalpiniées, assez voisin des Gleditschia, mais dépourvu d’épines.
Il s'élève à 20 ou 25 mètres et fournit un bois compacte, nerveux,
à grain fin et qui prend en màrissant une belle couleur rosée. Les
gousses, conservées comme celles des tamariniers de l'Inde, sont
comestibles. L'arbre se plaît dans les terres profondes, fraîches et
abritées contre le grand soleil; il est dioïque et à fleurs blanches.
Introduit depuis longtemps en France, il n'y a pas encore pris les
proportions qu'il atteint dans son pays natal, ce qui doit tenir au
manque de soins et à la qualité inférieure des sols où il a été planté.
Tr PPT NP CRT
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 303
HAGENIA abyssinica Wiiip.; lrayera abyssinica KuNTH. —
Arbre des montagnes d’Abyssinie, aux altitudes de 1,000 à 2,500
mètres, de la famille des Rosactes. C’est un grand arbre, dont les
fleurs, sous le nom de Xousso, sont utilisées en thérapeutique, et
se trouvent dans toutes les pharmacies. L'arbre d’ailleurs est fort
beau et pourrait servir aux Peur en avenues ou sur les places
publiques dans les parties chaudes de la région méditerranéenne.
HAMAMELIS virginica L.— Arbrisseau des Etats-Unis, dont
le feuillage rappelle celui du noisetier. Les fleurs, de couleur jaune,
sont en fascicules à l’aisselle des feuilles. Les graines sont fari-
neuses, huileuses et comestibles, mais la principale utilité de
l’arbuste consiste duns les propriétés médicinales 2 ses feuilles,
souvent employées en Amérique. L’hamamélis de Virginie existe
depuis longtemps dans les jardins botaniques de l’Europe; on le
Aline même quelquefois comme arbuste d'ornement,
HARDWICKIA binala RoxgG. — Grand arbre de l'Inde, de
l’ordre des Légumineuses césalpiniées, croissant jusqu'aux alti-
tudes de 1,000 à 1,200 mètres. Son bois, d’un rouge brun, ou pres-
que noir, est excessivement dur et très estimé pour sa longue
conservation, même enfoui dans la terre. Son écorce filandreuse
sert à faire des cordages, et ses feuilles sont un fourrage recherché
des bestiaux, qui les broutent directement sur des arbres taillés en
têtard et tenus bas. Cet arbre réussirait peut-être dans le nord de
l'Afrique.
HALOXYLON ammodendron BUNGE (Anabasis C. A. MEYER).
— Chénopodée arborescente des déserts du Turkestan, à l’est du
lac Aral, où les indigènes le nomment Sacsaoul. C’est un arbris-
seau de 3 à 4 mètres, dont le tronc bosselé et tortueux sert de
combustible aux caravanes qui traversent ces déserts. Il croît dans
les sables arides et imprégnés de sel, qu’il fixe et protège contre les
ouragans qui désolent ces contrées alternativement brûülées par le
soleil et exposées à des froids excessifs. Quand on songe à la mo-
bilité des sables et à la pénurie de combustible dans le Sahara, on
ne peut s’empêcher de croire que l’haloxylon n’y rendit des services
considérables si on parvenait à l’y naturaliser. L’analogie, d’ailleurs,
est assez grande entre les steppes de l’Asie et les déserts de l’Afri-
que septentrionale, pour qu’on puisse espérer que cette tentative
serait couronnée de succès.
HARPULIA Hillii Ferd. vox Muzzer.— Le tulipier d'Australie.
Arbre de la famille des Sapindacées, originaire de l'Etat de Queen’s
Land, remarquable par la beauté de son bois très usité en ébénis-
terie. D’autres espèces du même groupe sont également recomman-
dables à ce point de vue, entre autres l'A. pendula. La plupart de
ces arbres intéressants pourraient être introduits avec profit dans
le midi méditerranéen de l’Europe et dans le nord de l’Afrique, au
moins comme arbres d’avenues ou d'ornement.
20
304 ÉNUMÉRATION DÉS PLANTES
HEDEOMA pulegioides Pers. —Le Penny royal des Etats-Unis.
Plante herbacée, annuelle, de la famille des Labiées, très aroma-
tique et fréquemment employée en médecine. L'huile volatile qu’on
en extrait est un cosmélique en même temps qu’un médicament.
HEDERA helix L. — Le lierre. Arbrisseau sarmenteux et grim-
pant, ou plutôt grande liane à feuilles persistantes et lustrées, indi-
gène en Europe, dans le nord de l'Afrique et dans une grande partie
de l’Asie tempérée. Il est commun en France, où on le voit grimper
jusqu’au sommet des arbres, qu’il finit par recouvrir de son épaisse
verdure et par étouffer. Sa présence dans les bois et les taillis est
pernicieuse et on doit en détruire les tiges qui s’attachent au tronc
des arbres avant qu’elles n'aient le temps de se fortifier et de
grandir. Elles y adhèrent fortement par des sortes de crampons, ou
racines adventives, qui se développent sur la face de ces tiges en
contact avec le corps étranger. Le lierre tapisse de même les ro-
chers et les murs, aussi s’en sert-on souvent dans les parcs et les
grands jardins pour couvrir des murailles ou autres objets dont la
nudité serait désagréable à la vue.
Le lierre peut vivre des siècles, et il acquiert avec le temps les
proportions d’un gros arbre. Tant qu'il traîne à terre et qu'il reste
dans l’ombre ä ne fleurit pas, mais 1l le fait sur des rameaux rigides
et plus ou moins dressés, qui se développent lorsqu'il est arrivé au
plein soleil sur les appuis qu'il a pu saisir. Il produit alors des
graines qui servent à le multiplier, mais plus ordinairement on y
emploie les marcottes ou de simples boutures qui s’enracinent avec
la plus grande facilité.
Il joue un rôle considérable dans l’horticulture d'agrément, où
il sert à couvrir des murailles, de vieux troncs d’arbres, des ro-
chers, etc.; on en fait même des bordures autour des massifs de
fleurs ou des gazons. Les horticulteurs en distinguent plusieurs
variétés, qui diffèrent entre elles par la grandeur, la forme ou le
lustre du feuillage, et dont les principales sont le Zierre d'Irlande,
à feuilles d’une verdure très vive ; le Lierre d'Alger, remarquable
par la grandeur de son feuillage, et le Lierre du Caucase (H. Re-
gneriana), à grandes feuilles cordiformes et sans lobes prononcés.
Ce dernier pourrait être considéré comme une espèce distincte. Le
lierre appartient à la famille des Araliacées.
HEDYSARUM coronarium L. — Sainfoin d'Espagne. Légumi-
neuse herbacée, du midi de l’Europe, souvent cultivée dans les
parterres pour la beauté de ses fleurs en grappes, rouges, roses ou
blanches et très odorantes. Dans quelques endroits du Midi on la
cultive comme plante fourragère, et elle est surtout avantageuse
pour l’éleveur d’abeilles.
HELEOCHARIS {uberosa Rom et Sc. — Cypéracée vivace de
la Chine, où elle porte les noms de Mataï et Petsi. Abandonnée à
elle-même dans les terrains marécageux, elle n’en est pas moins
considérée comme une plante économique d’une certaine valeur, à
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 305
cause de ses tubercules féculents et comestibles. D’autres espèces,
les 71. plantaginea et fistulosa, de l'Inde, sont utilisées de la même
manière dans les lieux où elles croissent. L’/77. sphacelata Rob. Br.,
de l’Australie méridionale et de la Nouvelle-Zélande, qui produit
de même des tubercules alimentaires, mériterait aussi d’attirer l’at-
tention des acclimateurs.
HELIANTHUS. — Genre de Composées américaines, presque
toutes des parties tempérées ou tempérées-froides du continent
septentrional, herbacées, annuelles ou vivaces par des rhizomes, à
grands capitules de fleurs jaunes, ce qui les a fait admettre dans
l’horticulture d'agrément. Les deux espèces suivantes ont une utilité
plus réelle, et il est telle circonstance où elles peuvent rendre de
grands services.
H. annuus L. — Le soleil des jardins, appelé quelquefois, mais
improprement, éournesol, parce que son capitule énorme, et dont
la figure rappelle celle d’un astre entouré de rayons, semble regar-
der le soleil etle suivre dans sa marche. C’est une plante classique,
originaire du Pérou, très répandue en Europe, remarquable par sa
haute taille qui dépasse quelquefois 3 mètres, la rapidité de son
développement et sa rusticité. Elle est extrêmement productive en
graines, faciles à récolter, et dont on extrait par simple pression une
huile comestible. On a quelquefois obtenu de 40 à 50 gallons (de
181 à 227 litres) de cette huile par acre (0hect.4(14) de terre, mais
seulement dans des conditions exceptionnellement favorables. Cette
huile, qui, outre ses usages culinaires, est siccative, est employée
en peinture et sert aussi à la fabrication de savons de toilette. On
peut d’ailleurs utiliser directement les graines du soleil des jardins
en les donnant à la volaille, qui en est avide et qu’elle engraisse
rapidement. Après l’extraction de l'huile, les tourteaux servent à la
nourriture du bétail, au même titre que ceux de beaucoup d’autres
graines oléagineuses. Les feuilles de la plante elles-mêmes, quoique
rudes au toucher, et ne donnant qu'un fourrage grossier, ne sont
pas sans utilité pour les animaux de la ferme, et les graines torré-
fiées ont été plus d’une fois substituées au café. Les fleurs sont
recherchées des abeilles, qui en retirent beaucoup de miel; les fibres
résistantes de la tige peuvent être employées à confectionner des
cordages, des tissus communs et de la pâte à papier; enfin les
fleurs elles-mêmes fournissent une belle teinture jaune. Une autre
propriété du soleil des jardins, qui est moins connue, c’est qu’il as-
sainit les sols marécageux et insalubres par la forte évaporation
dont ses feuilles et ses fleurs sont le siège, ce qui a été bien des fois
remarqué en Amérique. Au total c’est une plante qui peut rendre
des services de plus d’une sorte avec très peu de frais de culture.
H. tuberosus L. — Le topinambour, ou poire de terre. On le dit
du Brésil, mais il est plus probablement de l'Amérique du Nord, ce
que semble attester sa rusticité dans la majeure partie de l'Europe.
Il ressemble beaucoup au soleil des jardins, mais il est moitié moins
grand dans toute ses parties, ses liges ne dépassant guère en hau-
teur 1"50. Son caractère principal est de produire sur ses racines
306 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
des tubercules de la grosseur d’une pomme de terre moyenne, co-
mestibles cuits et rappelant d’assez près le goût des fonds d’arti-
chauts. Ces tubercules sont d’ailleurs recherchés par le bétail et
surtout avantageux pour la nourriture des porcs et des vaches lai-
tières ; mais comme ils sont un peu aqueux, il convient de les mé-
langer à des aliments plus secs ou de les assaisonner d’un peu de
sel. Les tiges et les feuilles de la plante sont également un fourrage
à faire consommer en vert, mais il ne faudrait pas attendre, pour
leur donner cet emploi, que leur végétation fût trop avancée.
Le topinambour réussit sur les plus mauvaises terres, et on pour-
rait dire qu’une fois établi sur un champ il se passe de toute culture
ets’y reproduit indéfiniment par ses tubercules restés en terre, et qui
ne gèlent jamais sous nos climats. Cette persistance de la plante là
où elle a été une fois cultivée est même considérée comme un dé-
faut, car il est difficile de l’en extirper; aussi lui réserve-t-on d’ordi-
naire les coins de terrain de qualité inférieure où d’autres cultures
seraient dispendieuses, sans être aussi profitables. Si toutefois on
voulait en débarrasser le sol, il faudrait la faire pâturer au prin-
temps par les animaux, vaches et moutons; les porcs achèveraient
la besogne en déterrant les tubercules.
Le produit d’un champ planté de topinambours égale, en quantité,
celui qu'auraient donné des pommes de terre avec plus de frais de
culture. Les tiges desséchées peuvent servir de combustible ou être
enfouies en guise d'engrais; mais il y aurait quelquefois plus de
profit à en extraire les fibres, qui sont également propres à faire des
cordages, des tissus communs et de la pâte à papier. Au total le to-
pinambour est une plante dont on peut, suivant les circonstances,
tirer un excellent parti, soit comme plante alimentaire, soit comme
plante industrielle.
A ce dernier point de vue il est bon de rappeler les essais qui ont
été faits des tubercules de topinambour pour la fabrication de l’alcool
et de l’eau-de-vie. C’est à un industriel de la Charente, M. Veillon,
que nous devons les expériences les mieux faites et les plus con-
cluantes. Il en a tiré une eau-de-vie comparable pour la qualité à
celle qui a fait longtemps la réputation des Charentes, et, dans tous
les cas, bien supérieure à celle qu’on connaît dans le commerce sous
le nom de frois-six. Les pulpes qui résultent de cette fabrication sont
en outre utilisées pour l’engraissement du bétail. Toute la question
qui se présente ici est celle du prix de vente, qui est naturellement
influencé par celui des alcools d’autres sources. Les sols légers
conviennent particulièrement au topinambour, et le rendement en
alcool varie de 6 à 8 pour 100 du poids des tubercules. Le produit
par hectare est soumis à de grandes fluctuations, par exemple de
27,000 à 50,000 kilogrammes de tubercules; on en a même obtenu
jusqu’à 60,000 kilogrammes dans les alluvions du Rhône. La pulpe
du topinambour contient 6 pour 100 d'azote et une quantité un peu
supérieure de potasse. Pour plus de détail, nous renverrons le lec-
teur à l’opuscule de Delbetz, le seul traité spécial que nous connais-
ie sur la culture du topinambour et les emplois qu’on en peut
aire.
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 307
HELICHRYSUM /ucidum HENCKEL. — Immortelle indigène de
l'Australie, et qui pourrait entrer en concurrence avec l’Immortelle
d'Orient (1. orientale) pour la confection de couronnes funéraires.
On sait que la culture de cette dernière est devenue un objet de
commerce d’une certaine importance pour quelques pays du midi de
l'Europe, et en particulier pour la Provence. Il ne serait donc pas
sans intérêt d'essayer à ce point de vue l’espèce australienne, ainsi
que d’autres Composées du même groupe, telles que l’Æelipterum
Manglesiüi de l'Australie occidentale, et quelques autres du sud de
l'Afrique, toutes plantes qui peuvent occuper utilement les sols les
plus rocailleux et les plus arides.
HELIOTROPIUM peruvianum L.— Borraginée sous-frutescente
et vivace des Andes de l'Amérique du Sud, depuis longtemps cul-
tivée dans les jardins fleuristes de l’Europe, où on la recherche
autant pour le parfum de ses fleurs que pour leur beauté. Les distil-
lateurs en retirent une huile essentielle fort estimée en parfumerie.
HELVELLA esculenta PERS. — Champignon comestible, d’une
grande partie de l’Europe, et qui se vend sur les marchés de l’AI-
lemagne, ainsi que d’autres espèces du même genre, telles que les
H. gigas et H. infula. C’est un des plus nutritifs, comme l'ont
démontré les analyses de Kohlrausch et de Siegel, constatant qu’à
l’état sec 1l contient jusqu’à 26 pour 100 de matières protéiques,
c’est-à-dire plus de trois fois la quantité qu’en renferme le pain de
froment. Ce champignon n’est cependant pas tout à fait dépourvu
de principes vénéneux. Pour le manger sans danger, il faut l’avoir
plusieurs fois passé à l’eau bouillante, et laissé sécher pendant une
année entière.
HEMARTHRIA compressä Rob. BR. — Graminée fourragère de
l'Australie extratropicale, vivace et fort recommandée pour compo-
ser des prairies à faucher et à pâturer. La plante résiste aisément à
de petites gelées. Le fourrage en est un peu grossier, mais nutritif
et recherché des bestiaux. Le seul défaut de la plante est de ne point
s’accommoder des terrains trop secs, défaut qu’elle partage d’ail-
leurs avec beaucoup d’autres graminées fourragères. Une seconde
espèce, très voisine, l’77. uncinata, du sud de l'Australie, fréquente
les bords des rivières et réussit même d’une manière satisfaisante
dans les terrains un peu salés. Les deux plantes mériteraient d’être
essayées dans le midi de l’Europe, au voisinage des eaux sta-
gnantes.
HERACLEUM sibiricum L. — Grande Ombellifère du nord de
l'Europe et de la Sibérie, recommandée dans ces dernières années
comme plante fourragère. Elle est bisannuelle et produit des feuilles
énormes. Ce genre renferme plusieurs autres espèces, la plupart
de grande taille et plus ou moins recherchées des bestiaux. Il leur
faut à toutes une terre profonde et humide, ce qui en limite l'emploi
en agriculture.
308 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
HETEROTHALAMUS brunioides LESSING. — Arbrisseau de la
famille des Composées, originaire du Brésil méridional et de la
République Argentine, où on tire de ses fleurs une teinture jaune
connue sous le nom de Æomerillo. L’arbuste existe dans quelques
jardins de Provence, où il supporte aisément le climat. C’est dire
qu'il réussirait encore mieux dans le nord de l'Afrique.
HEVEA quyanensis AUBLET; Siphonia elastica PERS. — Grand
arbre de la famille des Euphorbiacées, propre à la Guyane et à une
partie de l'Amérique équatoriale, et qui est une des principales
sources du caoutchouc. Cette denrée, si importante aujourd’hui dans
un grand nombre d'industries, n’est autre chose que la sève con-
crétée qu’on extrait par incision de l'écorce de l’arbre, resté jus-
qu'ici à l’état sauvage. Il est vraisemblable cependant qu'il y aurait
profit à le soumettre à une culture et à une exploitation régulières
dans son pays natal, et peut-être dans les établissements européens
de la côte d'Afrique.
Il existe en outre trois ou quatre autres espèces du genre dans
les mêmes régions, ainsi qu'au Brésil, dont il ne semble pas qu’on
se soit encore occupé, et qui cependant mériteraient d’attirer l’at-
tention des chimistes et des industriels.
HIBISCUS. — Ketmie. Genre de Malvacées, composé d’espèces
herbacées et d'espèces arborescentes, mais d’une taille peu élevée,
appartenant la plupart aux régions intratropicales. Citons dans le
nombre :
H. cannabinus L. — De l'Asie, de l’Afrique et de l'Australie;
plante annuelle qui, dans un sol fertile et irrigué, donne des tiges
de 3-à 4 mètres, presque sans ramifications quand les plantes ont
été un peu serrées. On la cultive pour ses fibres corticales, qui ont
à peu près la ténacité de celles du chanvre. En Egypte, dans les
bonnes terres, on récolte jusqu’à 3,000 kilogrammes de fibres nettes
par hectare. Les feuilles sont utilisées pour la nourriture des bes-
tiaux, et même consommées par la population pauvre en guise de
plante potagère. Plusieurs autres espèces de ketmies pourraient
être cultivées pour leurs fibres.
H. esculentus L. — Gombo. De l'Amérique du Sud et des An-
tilles. Grande plante annuelle, dont les capsules, récoltées jeunes
et tendres, sont un des meilleurs légumes du pays, très estimées
surtout des créoles. Quelques essais de culture qui en ont été faits
dans le midi de la France ont été suivis de succès, néanmoins l’u-
sage du gombo ne s’y est pas établi, et la plante y est restée à l’état
de légume d’amateur ou de fantaisie.
H. a fe Le L. — De l’Asie tropicale et de l'Afrique. Belle et
grande plante herbacée, dont les tiges fournissent la fibre dite Ro-
selle. La fleur et ses enveloppes sont considérées comme potagères,
et souvent utilisées de cette manière dans les pays chauds. En de-
hors des tropiques cette ketmie est rarement cultivée, et au-dessus
du 45° degré de latitude elle est ordinairement détruite par la gelée
avant de fleurir.
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 309
Plusieurs espèces de ketmies sont devenues des plantes d’orne-
ment pour nos jardins, où elles se font remarquer par la grandeur
et le beau coloris de leurs fleurs. Les plus répandues sont les 77.
trionum L., à fleurs jaunes, du midi de l’Europe; 77. syriacus L.,
ou mauve en arbre, de l'Orient, arbrisseau de 3 à 4 mètres, à fleurs
lilas; 7. Rosa sinensis L., arbrisseau de la Chine, à très grandes
fleurs d’un rouge foncé ; Æ1. splendens Rob. Br., de la Nouvelle-
Hollande, arbrisseau à rameaux épineux, à grandes fleurs rose pale
avec des macules pourpres; les 77. palustris, militaris et speciosus,
de l'Amérique du Nord, également remarquables par la beauté de
leurs fleurs, et dônt la première s’est naturalisée dans les landes du
sud-ouest de la France. Citons encore l'A. Patersont où Lagunea
squamea, très bel arbrisseau du Brésil, presque naturalisé dans les
jardins du midi de l’Europe.
HIEROCHLOA redolens Rob. Br.— Grande graminée à racines
vivaces, des montagnes de l’Australie méridionale, de la Tasmanie,
de la Nouvelle-Zélande, des îles antarctiques et même de la pointe
australe de l'Amérique du Sud. C’est un fourrage renommé dans
ces divers pays, non seulement nutritif pour les bestiaux, mais
développant, par sa dessication, un arome analogue à celui de la
flouve odorante, qui plaît aux animaux et leur rend le foin appétis-
sant. La plante mérite d’être propagée par la culture, mais comme
d’autres espèces du genre (A. borealis, H. antarctica, etc.) elle ne
convient qu'aux climats tempérés-froids et humides et aux terres
détrempées.
HIPPOCREPIS comosa L. — Légumineuse herbacée du midi
de l’Europe et du nord de l’Afrique, vivace et pouvant garnir des
prairies à pâlurer et à faucher, soit seule, soit mélangée avec d’au-
tres fourrages. Elle se plaît dans les sols calcaires et réussit bien
sur les terres qui ont produit du sainfoin. Son produit est moins
abondant que celui de ce dernier, mais il est plus précoce, ce qui
est un avantage dans certaines années.
HIPPOMANE Mancinella L. — Le mancenillier. Arbrisseau
fort élégant de la famille des Euphorbiacées, indigène aux Antilles
et dans une grande partie de l'Amérique centrale, devenu légen-
daire par les nombreux empoisonnements qu’on lui attribue. Par
- tout son aspect il rappelle les arbres fruitiers de nos jardins; ses
feuilles sont presque celles du poirier, ses fruits ressemblent à s’y
méprendre à de petites pommes (Manzanillas en espagnol), vive-
ment colorées de jaune et de rouge. Sous ces apparences at-
trayantes il cache un des poisons les plus redoutables du règne
végétal. On assure même que les effluves de son feuillage sont
mortelles à ceux qui s'arrêtent sous son ombre. Ces récits sont
probablement exagérés ; il n’en reste pas moins cependant qu’on ne
doit toucher à l’arbre qu'avec circonspection et surtout n’en pas
porter le fruit à ses lèvres. Son suc laiteux est si corrosif qu’une
seule goutte tombée sur la peau suffit pour y faire naître un ulcère
310 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
douloureux et difficile à guérir, aussi sa plantation sur les prome-
nades publiques a-t-elle été interdite aux Antilles. On a peine à
croire que le mancenillier, par cela même qu’il est si vénéneux, ne
contienne pas quelque puissant médicament encore à découvrir,
HOLBŒLLIA latfolia Warr.; Slauntonia DC. — Goupli et
Baegal des indigènes du Népaul. Grande liane sarmenteuse et
grimpante, de la famille des Lardizabalées, dont les fruits sont
comestibles. Elle est cultivée en France comme plante d'ornement
pour couvrir des treillis ou des murs, mais nous n’avons pas ouï
dire qu’elle y ait fructifié, ce qui peut tenir à cesque les fleurs fe-
melles n’y sont pas fécondées. Rustique dans quelques parties
de l'Angleterre, elle y a produit des fruits de la grosseur d’un
œuf de poule, vraisemblablement parce que ses fleurs, très par-
fumées, ont été visitées par des abeilles. Ce fait peut mettre sur la
voie dans la culture de cette belle liane, qui pourrait devenir
ainsi doublement utile comme plante d'ornement et comme plante
fruitière.
Le Burasaia madagascariensis Du P. THouars, qu’on rattache
aux Lardizabalées, et qui produit aussi des fruits comestibles, pour-
rait être cultivé dans les pays plus chauds que le midi de l’Eu-
rope.
HOLCUS lanatus L. — Houque laineuse. Graminée indigène en
Europe et dans une grande partie de l'Asie, très abondante dans les
prairies fraîches de toute la France, où on la regarde comme un
bon fourrage. Quelques agriculteurs lui reprochent cependant de
n'être que médiocrement nutritive, et de communiquer au foin,
quand elle y est trop abondante, une teinte blanchâtre qui déplaît
aux chevaux. Elle compense en partie ces défauts par sa vigueur et
son beau développement, mais il convient de ne l’employer qu’en
mélange avec des fourrages plus nutritifs, le trèfle plus particuliè-
rement.
Une seconde espèce, l’/7. mollis L., également commune en
Europe, et d’ailleurs voisine de la précédente, s’accommode mieux
qu’elle des terrains sablonneux et légers, et elle y peut rendre
quelques services.
HORDEUM. — Orge. Genre de graminées dont plusieurs es-
pèces sont des céréales de grande valeur, d’autres des plantes four-
ragères. L’orge, en prenant ce mot dans son sens le plus général,
est cultivée depuis les temps les plus anciens, pour servir à la nour-
riture de l’homme et des animaux. Les espèces ou variétés suivantes
sont celles qu’il importe le plus de connaitre.
H. deficiens Sreun. — L’orge de la mer Rouge. Espèce à deux
rangs de grains, cultivée presque exclusivement en Arabie et en
Abyssinie. Une autre espèce, qui en est très voisine, l’Æ. macro-
lepis, d'Abyssinie, est également cultivée dans ce dernier pays.
H. distichum L. — De l’Asie centrale. C’est l’orge ordinaire à
deux rangs, et qui a produit dans le cours des siècles une multitude
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 311
de variétés qui différent par la forme, la couleur et la grosseur du :
grain, le développement de la plante, sa précocité, sa résistance aux
intempéries, etc. Parmi ces variétés, quelques-unes doivent être
particulièrement signalées, telles que l'orge nue, dont le grain se
sépare de lui-même de son enveloppe, l'orge Aunat, l'orge à longs
épis, l'orge de Dunlop, l'orge italienne, l'orge noire, ete. On sait
que la bière se fabrique avec de l’orge germée, dans laquelle la
fécule s’est transformée en sucre; toutes les orges peuvent y être
employées, mais aucune n’est comparable, sous ce rapport, à l’orge
Chevalier, très recherchée par les brasseurs d'Angleterre. L’orge
sert à confectionner des gruaux, des pâtes alimentaires et même du
pain. Dans le midi de l’Europe et surtout en Afrique, elle remplace
habituellement l’avoine dans la nourriture des chevaux.
H. hexastichum L. — L'orge à six rangs. Cette race nous est
venue d'Orient, et, comme la précédente, elle a donné naissance à
diverses variétés, dont une est aussi une orge nue. Cette espèce est
moins fréquemment cultivée que les autres, quoiqu’elle soit produc-
tive et moins sujette à la rouille.
H. oulgare. — C’est l'orge commune à quatre rangs, nommée
aussi escourgeon, orge carrée de printemps, plus répandue en Al-
lemagne et dans le nord de l’Europe qu’en France, où on lui préfère
l'orge à deux rangs. Elle se recommande par sa précocité et c’est
elle qui convient le mieux pour les semailles de printemps.
H. zeocriton L. — De l'Asie centrale. C’est plutôt une simple
race de l’orge commune à deux rangs qu’une espèce proprement
dite. Elle a d’ailleurs produit, comme les autres orges, un grand
nombre de variétés et de sous-variétés, dont l'importance varie
suivant les lieux, les climats et la nature des sols. Pour plus amples
renseignements, nous renvoyons les lecteurs aux traités spéciaux
d'agriculture.
H. secalinum ScureBer. — L’'orge des prés ou l’orge noueuse.
Celle-ci n’est qu’une plante fourragère, mais d’excellente qualité
dans les terres humides, même un peu marécageuses, et, à ce titre,
considérée comme un élément important des prairies et des pâtu-
rages dans le nord de l’Europe. Elle est d’ailleurs vivace, et re-
pousse après le passage de la faux. Elle a tant de vitalité qu’elle
chasse, à la longue, la plupart des graminées des lieux qu’elle oc-
cupe. Cependant, au bout de quelques années, sa végétation s’affai-
blit et, à son tour, elle cède la place à d’autres plantes.
HOVENIA dulcis L. — Arbre de la Chine, du Japon et de l’'Hi-
malaya, de la famille des Rhamnées, qui offre cette particularité que
les pédoncules des fleurs y deviennent charnus, sucrés et comes-
tibles, tandis que l’ovaire n’y constitue qu’une capsule sèche. C’est
en quelque sorte un fruit de curiosité ou de fantaisie. L’arbre réussit
parfaitement en Provence et y mürit ses graines.
HOYA carnosa R. Br. — Sous-arbuste sarmenteux etgrimpant,
de la famille des Asclépiadées, originaire de l’Inde et de la Chine, de-
puis longtemps introduit en Europe en qualité de plante d'ornement,
312 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
11 passe facilement l’hiver dans le midi de l’Europe, adossé à des
murs ou à des treillis. Nous ne le citons ici que comme plante ri-
chement mellifère, car ses fleurs en ombelles pendantes sécrètent
une grande quantité de nectar, dans lequel domine le sucre de canne,
ou saccharose. Il y aurait donc un intérêt évident, pour les apicul-
teurs, à le multiplier aux alentours de leurs ruchers, partout où le
climat en permettrait la culture à l’air libre. La plante se reproduit
très aisément de boutures. D’autres espèces, surtout de la Chine et
de l’Inde, rendraient des services analogues.
HUMULUS ZLupulus L.— Le houblon. Plante herbacée, vivace, à
tiges volubiles, de la famille des Urticées, mdigène dans presque
toute l’Europe, l’Asie centrale, l'Amérique du Nord. Tout le monde
connaît l’usage du houblon dans la fabrication de la bière. Son pro-
duit est une sorte de résine, aromatique et amère, qui est sécrétée
par ses inflorescences, sous forme de très petits granules; c’est ce
qu’on nomme la lupuline. Cette substance a aussi quelques emplois
en médecine.
La culture du houblon est une source importante de revenus dans
les pays tempérés de l’Europe, principalement en Angleterre, en
Allemagne, en Belgique et dans quelques-unes des provinces sep-
tentrionales de la France. Il lui faut une bonne terre, profonde et
fraîche, avec quelques engrais, et on en soutient les longues tiges
sarmenteuses en les faisant grimper sur de fortes perches de 6 à 10
mètres de longueur, qu’on enlève à la récolte, pour les replacer au
printemps de l’année suivante. Dans le midi de l’Europe la culture
du houblon n’est point pratiquée à cause de la sécheresse et de la
chaleur des étés ; elle y serait cependant possible le long des cours
d’eau, puisque la plante y croît naturellement; mais alors les pro-
cédés employés ailleurs devraient être modifiés. Cette culture a été
introduite en Australie, en Tasmanie et à la Nouvelle-Zélande, où
elle donne déjà des profits considérables. La lupuline du commerce
est souvent frelatée par l’adjonction de plantes amères, entre autres
de feuilles de buis, qui communiquent un mauvais goût à la bière
et sont même souvent nuisibles à la santé des consommateurs. Pour
plus amples détails nous renvoyons les lecteurs aux traités spé-
ciaux de l’industrie houblonnière.
HYDNUM. — Genre de champignons comestibles qui croissent
sur le bois pourri des pins, en Europe et en Asie, et qu’on se borne
à récolter là où ils se rencontrent. Il y aurait probablement quelque
avantage à en essayer la culture, ou du moins à en régulariser la
production spontanée dans les forêts de pins. On en connaît une
quinzaine d'espèces en Europe, dont les plus communes sont les 77.
imbricatum, erinaceum, suaveolens et Caput-Medusæ. Parmi les
espèces exotiques on peut citer l’77. coralloides du Cachemire, qui
croît sur les troncs creux du Pinus Webbiana. Il en est de ces
champigons comme de beaucoup d’autres également négligés, et
dont la culture serait intéressante si on parvenait à les y soumettre.
C’est tout un champ d’expériences encore inexploré.
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 313
HYDRANGEA Thunbergit SIEBOLD. — Arbrisseau du Japon,
de la famille des Hydrangéacées, dont les feuilles sont utilisées en
guise de thé. C’est le té du ciel des Japonais. Ce sous-arbuste mé-
riterait peut-être d'attirer l'attention des industriels en Europe et
ailleurs.
HYDRASTIS canadensis L. — Renonculacée vivace du nord de
l'Amérique, où on lui donne le nom de Yellow poccoon. Elle est
médicinale par sa racine, qui contient deux alcaloïdes, la berbérine
et l’'Aydrastine. On en tire aussi une brillante teinture jaune, qui,
associée à l’indigo, produit de belles couleurs vertes.
HYMENZÆA Courbaril L. — Arbre de taille colossale, de l’ordre
des Légumineuses, qui habite les parties tropicales et subtropicales
de l'Amérique du Sud, où il vit des siècles. Son bois est dur, extraor-
dinairement lourd, à grain très fin et propre à tous les usages de
la charpente, du charronnage et de la menuiserie. D’après de nom-
breux essais, le bois de courbaril serait quatre fois plus élastique
que celui du chêne et presque trois fois aussi résistant à la rupture
transversale. Du tronc de l’arbre il s’écoule une sorte de résine dont
l'odeur rappelle celle de l’ambre, et qui circule dans le commerce
sous le nom de copal d'Amérique. Au Mexique elle porte celui de
coapinole. Les gousses, analogues sous certains rapports à celles
du caroubier, contiennent dans les intervalles qui séparent les
graines une pulpe farineuse dont la saveur tient de celle du miel et
qui peut être employée à la nourriture de l’homme et des animaux.
Il reste à savoir si cet arbre remarquable pourrait être acclimaté
dans les parties les plus chaudes des zones tempérées.
HYMENANTHERA Zanksii Ferd. voN MULLER. — Grand ar-
brisseau épineux de l'Australie méridionale, de la Nouvelle-Zélande
et de l’île de Norfolk, très propre à faire des haies défensives, qui
n’ont que le défaut de croître lentement. Il supporte très bien la
taille aux ciseaux et au croissant, et il produit en abondance des
fleurs très parfumées, recherchées des abeilles. On le rattache, avec
quelque doute, au groupe des Violariées-Alsodinées.
HYOSCYAMUS niger L.— La jusquiame noire, ou hannebanne.
Herbe médicinale de l’Europe, du nord de l’Afrique et de l'Asie,
de la famille des Solanées. Elle doit son importance en médecine
à un alcaloïde particulier, qui est l’yoscyamine.
HYPHÆNE. — Genre de palmiers de l’Afrique orientale et de
l'Arabie, dont quelques espèces présentent la particularité presque
exceptionnelle dans cette vaste famille de se ramifier et de prendre
par là un aspect tout autre que celui de la grande majorité des pal-
miers. Les espèces les plus connues sont l’Æ. Arqun Marr., de la
Nubie, jusque sous le 21° degré de latitude septentrionale ; l’Æ. co-
riacea GÆRTN., qui ne s'éloigne guère de l’équateur, et l'A. cri-
nita où 1. thebaica MarT., de l’Abyssinie, de la Nubie, de l’Ara-
314 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
bie et de la Haute-Egypte, d’où il s’avance jusqu’au 31° degré de
latitude, toujours au voisinage du Nil. On le retrouve plus au sud,
le long du Zambèse et des grands lacs où le Nil prend sa source.
Il semble même, d’après quelques voyageurs, qu’il monte sur les
plateaux de l’Abyssinie. Ce palmier est célèbre depuis l’antiquité à
cause du port étrange qu’il doit à ses nombreuses ramifications.
C’est le Doum des Arabes, le palmier au pain d'épices des Euro-
péens, qui le nomment ainsi parce que sa graine est entourée d’une
pulpe farineuse dont le goût rappelle quelque peu celui du pain
d'épices. On a souvent essayé de le cultiver dans les serres chau-
des de l’Europe, mais jusqu'ici à peu près sans succès. Peut-être
réussirait-il dans la région saharienne de l’Algérie, à la condition
d’être dans un sol constamment imbibé d’eau douce. L°/. ventri-
cosa, du Zambèse, se fait remarquer par le renflement de sa tige
vers le milieu de sa hauteur.
HYPOCHZÆRIS.— Genre de Composées herbacées, vivaces ou
bisannuelles par leur racine, des pays tempérés de l’ancien et
du nouveau monde. L'Europe en possède plusieurs espèces, qui
ne sont d'aucun usage ; mais il en est autrement de deux espèces
du Chili, les 4. apargioides Hoox. et Æ. scorsoneræ Ferd. vON
MuzLer, dont la longue et grosse racine se mange comme celle
de nos scorsonères. Il est probable que, soumises à la culture, ces
deux plantes, et sans doute d’autres espèces du même genre, pour-
raient être considérablement améliorées. Tous nos légumes ont
d’ailleurs commencé par l’état sauvage, et s’ils ont acquis les qua-
lités qui les distinguent aujourd’hui, ils le doivent à la culture sécu-
laire et à la sélection raisonnée de leurs variétés.
ILEX. — Arbres et arbrisseaux de la famille des Ilicinées, à la-
quelle ils donnent leur nom. On les trouve dans les pays tempérés
ou tempérés-chauds de l’ancien et du nouveau monde; quelques-
unes de leurs espèces ont acquis une certaine importance dans l’in-
dustrie et le commerce horticole. Telles sont les suivantes :
I. aquifolium L.— Le houx. Arbre ou arbrisseau des pays tempé-
rés de dbne principalement de l’Europe occidentale, où il prend
son plus grand développement, atteignant alors à 10 ou 12 mètres
de hauteur. Plus communément c’est un simple arbrisseau de 4 à
5 mètres. Il se fait remarquer par son feuillage persistant, coriace,
luisant, d’une verdure très vive et dont le contour est armé de fortes
épines. A ses fleurs, qui sont petites et d’une blancheur de neige,
succèdent des baies d’un rouge vif, recherchées par beaucoup d’oi-
seaux pendant les rigueurs de l'hiver. Le houx ne se montre guère
que dans les sols siliceux, et sa croissance est toujours un peu lente,
ce qui en restreint l'emploi dans la formation des haies, qu’il rend
d’ailleurs très défensives.
Depuis les temps les plus anciens on retire de l’écorce du houx
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 315
une substance qui n’est pas sans analogie avec la gutta-percha et le
caoutchouc : c’est la glu, dont on fait un usage immémorial dans la
chasse aux oiseaux. Comme arbre et arbrisseau d'ornement le houx
a beaucoup plus d'importance, et on en fait un grand emploi dans les
pares et les jardins de l’Europe, surtout en Angleterre, où la culture
et les semis en ont multiplié les variétés. Une des plus curieuses, si
non la plus belle, est le Loux hérisson, dont les feuilles sont cou-
vertes d’aiguillons dans toute leur largeur.
Parmi les autres espèces ornementales il convient de citer les
I. maderiensis, balearica, Dahoun, opaca et vomiloria, qui se
multiplient de greffe sur le houx commun. Citons encore :
I. crenata THUNBG. — Du Japon, où son bois sert à la gravure.
I. Cassine L. — Des Etats-Unis méridionaux. Buisson dont les
feuilles sont employées à faire une sorte de thé, auquel on attribue
des propriétés médicinales.
I. integra THUNBG. — Du Japon, où on emploie son écorce à
faire de la glu. Elle en fournit environ 10 pour 100 de son poids.
I. paraguayensis ASH. — Le thé du Paraguay, ou maté. Des ré-
gions tempérées-chaudes de l'Amérique méridionale. C’est l'espèce
la plus importante du genre et celle qu’il y aurait le plus d'intérêt à
naturaliser dans d’autres pays. Ses feuilles mâchées ont la pro-
priété de soutenir longtemps les forces des hommes voués aux rudes
travaux et aux longues marches, aussi en fait-on grand usage dans
les pays de production. Elles donnent lieu en outre à un commerce
assez considérable, puisque de la seule province de Parana il en a
été exporté, en 1871, près de vingt millions de kilogrammes, sans
compter la consommation locale, qui est d’environ quatre millions
de kilogrammes par an. Dans la province brésilienne de Rio-
Grande do Sul, la vente du maté a été, la même année, de 15 mil-
lions de kilogrammes Cette feuille desséchée et convenablement
torréfiée sert à faire une infusion aromatique, moins chère que le
café, et qu’on prend sucrée ou additionnée de lait. C’est la boisson
favorite du pays, et elle est salutaire si on n’en fait pas d’excès.
D’autres espèces d’Zlex américains sont également utilisées de cette
manière, entre autres l’Z. theezans du Brésil, dont les feuilles ont
presque l’arome et les propriétés du vrai maté, propriétés dues à
divers principes particuliers, parmi lesquels on a reconnu la pré-
ne de la cofféine, qui est, comme on sait, caractéristique du
caïé.
ILLICIUM anisatuwm L. — Anis étoilé. Badiane. Arbrisseau de
la famille des Magnoliacées, de la Chine et du Japon, à feuilles per-
sistantes, très aromatiques, dont les fruits desséchés servent de con-
diment et sont aussi employés en médecine. Leur saveur est due à
une huile volatile et à l’anéthol. On le cultive en Europe comme ar-
brisseau d'ornement, ainsi que les Z. floridanum et paruiflorum
des Etats-Unis méridionaux, et religiosum du Japon.
IMBRICARIA — Arbres fruitiers de l’Inde, appartenant à la
famille des Sapotées, et analogues aux Sapotilliers de l'Amérique.
316 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
Deux espèces surtout méritent d’être signalées : ce sont les Z. mala-
barica et TZ. maxima, dont les fruits ont quelque ressemblance avec
les oranges, et sont servis comme fruits de dessert sur les bonnes
tables.
IMPERATA arundinacea L. — Graminée vivace et drageon-
nante des bords de la mer, dans le midi de l’Europe, le nord de
l'Afrique, de l'Asie et l'Australie. Plante difficile à déraciner et très
convenable pour fixer les sables. Elle se reproduit de graines et de
drageons.
INDIGOFERA..— Indigotier. Genre d’arbustes et de sous-arbustes
de la famille des Légumineuses, originaires des contrées chaudes
de l’Asie et de l'Afrique, probablement aussi de l'Amérique, et dont
quelques-unes sont cultivées comme plantes tinctoriales. Toutes,
en efiet, fournissent une matière colorante bleue, très employée
dans la teinture des étoffes; toutefois les seules qui jusqu'ici ont été
cultivées en grand et avec profit sont les suivantes :
I. Anil L. — Probablement indigène aux Antilles et cultivé dans
une grande partie de l'Amérique, de la Caroline au Brésil, ainsi
qu’en Afrique et dans l'Inde. Il se pourrait que dans les parties les
plus chaudes du midi de l’Europe et du nord de l’Afrique, la culture
en fût rémunératrice si elle y était essayée ; il semble d’ailleurs que
beaucoup d’autres indigotiers, jusqu'ici négligés et plus rustiques,
rendraient le même service. On en connaît déjà près de 150 espèces
dans le sud de l'Afrique, dont l’industrie ne s’est pas encore occu-
pée. On trouve en outre un indigotier d'excellente qualité en Géor-
gie, qui n'est peut-être que l’Z. Anil, et dont la culture serait cer-
tainement possible en Europe et en Algérie. Pour toutes les espèces
on obtient le pigment coloré par la simple macération des feuilles,
l'exposition à l’air et l’épaississement du dépôt formé dans le li-
uide.
: I. argentea L. — De l'Afrique, de l'Arabie et de l'Inde. Espèce
très voisine de l’Z. Anil, et probablement tout aussi avantageuse,
quoiqu’elle ait été jusqu'ici peu remarquée.
I. dinctoria L.—- De l'Asie méridionale et du Japon, ainsi que
de l'Afrique australe. C’est peut-être l’espèce la plus largement cul-
tivée de tout le genre, et elle a été introduite dans toutes les colo-
nies intratropicales. Il lui faut une terre fertile, meuble, ni très
sèche, ni très humide, et si le climat est chaud elle donne une
première coupe deux mois après le semis, au moment où la flo-
raison va commencer. Six semaines ou deux mois plus tard elle
fournit une seconde coupe, et on peut en obtenir jusqu’à quatre
dans l’année ; mais il faut renouveler la plante par semis, l’année
suivante, en un mot la traiter comme plante annuelle, sans quoi le
produit diminuerait. Elle croît avec d’autant plus de vigueur que
les pluies chaudes sont plus abondantes et plus fréquentes, mais
c’est surtout la lumière du soleil qui développe le principe colorant.
Plusieurs espèces d’indigotiers ont été introduites dans les jar-
dins en qualité de plantes d'ornement; ce sont principalement les
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 317
Indigofera Dosua, macrostachya et atropurpurea, qu’on abrite
en hiver dans les orangeries, du moins dans le centre et le nord de
l'Europe.
INULA /Jelenium L. — Aunée. Plante herbacée et vivace, de la
famille des Composées, indigène en France et dans une grande par-
tie de l’Europe et de l'Asie, considérée comme médicinale par les
propriétés stimulantes et {oniques de sa racine, ce qu’elle doit à
deux principes particuliers, l’inuline et l’hélénine. On la cultive
dans les jardins pharmaceutiques et quelquefois dans les jardins
d'agrément, où elle plaît surtout par ses grands capitules de fleurs
jaunes.
IPOMÆA. — Genre de Convolvulacées, souvent confondu avec
le genre Convoloulus, dont il diffère à peme. On en connaît un
grand nombre d’espèces, la plupart de simple agrément, et généra-
lement grimpantes par leurs tiges volubiles. Quelques-unes sont
alimentaires par leurs tubercules charnus; d’autres sont seulement
médicinales. Citons particulièrement les suivantes :
I. Batatas Poir. — La batate ou patate. Des parties chaudes de
l'Amérique du Sud, aujourd’hui répandue dans tous les pays où sa
culture est possible, soit directement à l’air libre, soit à l’aide des
appareils de chauffage. Son produit utile consiste dans ses tuber-
cules souterrains, assez analogues aux pommes de terre par leur
volume et leur figure, mais plus sucrés et plus tendres, et aussi un
peu plus nutritifs. La culture a fait naître, dans cette espèce, de
nombreuses variétés qui diffèrent entre elles par la couleur (blan-
ches, jaunes, rouges, violettes), par la forme, la grosseur et aussi:
par la qualité. Dans les régions tropicales, chaudes et humides, on
récolte quelquefois des tubercules de batate du poids de 20 à 25 ki-
logrammes; mais ce n’est qu'une rare exception, le poids moyen
étant communément de {1kil:5 à 3 kil. Dans tous les cas le produit
par hectare est considérable.
La batate, du moins par quelques-unes de ses variétés les plus
hâtives, est depuis longtemps cultivée en France, même à Paris, à
l’aide des couches chaudes et des châssis vitrés. En Provence, et
jusque dans le Bordelais, on la cultive en plein champ, aux exposi-
tions les plus chaudes, et dans une terre bien ameublie, fumée et
arrosée. Il en est de même, à plus forte raison, en Espagne et
dans le nord de l'Afrique, où cet excellent légume est l’objet d’une
culture courante.
I. Batatilla Dox. — Autre espèce des régions montagneuses et
fraîches du Vénézuela, où ses tubercules sont employés à l’alimen-
tation. Il en est de même des Z. platanifolia de l'Amérique centrale
etmammosa d'Amboine.
I. Calobra Ferd. von MuzLer. — La batate d'Australie, espèce
peu connue encore, mais qui produit de volumineux tubercules co-
mestibles. Elle a été récemment introduite en Provence, mais on ne
sait encore quels résultats elle pourra donner.
I. megapotamica Cnoisy. — Du Brésil méridional et de la Ré-
S18 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
publique Argentine. Ses gros tubercules ne sont pas comestibles et
ne servent guère qu'en médecine, où ils remplacent le jalap. On la
multiplie, comme toutes les autres espèces du genre, par ses tuber-
cules ou par le bouturage de fragments de la tige.
I. paniculata Rob. Br. — Plante presque cosmopolite en Aus-
tralie, le long des côtes, entre les tropiques. Ses tubercules sont
comestibles, et à ce titre elle mériterait d’être cultivée. Peut-être
donnerait-elle des variétés plus rustiques que le type de l’espèce.
I. Purga WENDER. — Connu aussi sous le nom d’£xogonium
Purga. C’est le jalap proprement dit, plante d’un grand intérêt au
oint de vue médicinal. Elle est des montagnes du Mexique, où on
a récolte à l’état sauvage dans les bois. On a plus d’une fois essayé
de la cultiver en divers pays, mais avec très peu de succès, tantôt à
cause de l’insuffisance de la chaleur, tantôt à cause de l’absence de
l’humus ou terreau végétal dans le sol. Elle doit ses propriétés pur-
gatives à une résine particulière, la convolouline, qu’on retrouve
dans quelques autres espèces des mêmes régions, particulièrement
dans l’Z. simulans, qui fournit le jalap de Tampico ou plutôt de la
Sierra Gorda. 1/7. operculata, de l'Amérique du Sud, donne le
jalap connu sous le nom de jalap du Brésil.
IRIARTEA. — Genre de palmiers de l'Amérique équatoriale,
comprenant un grand nombre d’espèces, toutes caulescentes, dont
le stipe, relativement grêle et flexible, se détruit graduellement à sa
partie inférieure, de manière à sortir de terre; mais il est alors sou-
tenu par de fortes racines adventives, qui se développent de tous les
côtés et de plus en plus haut à mesure que ce stipe se raccourcit par
le bas, ce qui donne à l’arbre un aspect des plus singuliers. Les
frondes elles-mêmes, découpées en fines lanières tronquées et dé-
chiquetées à leur extrémité, ressemblent à d'immenses plumes d’une
suprême élégance. La plupart de ces palmiers sont de serre chaude
en Europe, mais il en est quelques-uns qui, par leur provenance
montagnarde, semblent avoir des chances de s’acclimater dans les
régions extratropicales, peut-être même dans les parties les plus
chaudes du midi de l’Europe; ce sont principalement les Z. deltoi-
dea Ruiz etPAv., ventricosa et exorrhiza MarT., qu’on rencontre à
des altitudes de 1,000 à 2,000 mètres sur les Cordillères où l'Ama-
zone prend sa source.
IRIS. — Genre type de la famille des Iridées, comprenant un
grand nombre d'espèces, toutes vivaces par leurs rhizomes rampants
ou tuberculeux, et la plupart admises dans les jardins fleuristes.
Leurs fleurs ont souvent un grand éclat, mais sont de peu de durée.
Considérés d’une manière générale, les Iris sont propres aux cli-
mats tempérés ou tempérés-froids de l'hémisphère septentrional,
principalement en Asie. Dans les climats plus chauds elles sont
remplacées par d’autres genres d’Iridées, qu’on recherche égale-
ment pour l’embellissement des parterres, tels que les Horæa, les
Ixia, les Gladiolus, etc.
Les Iris proprement dits ne sont pas seulement des plantes d’a-
2.
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 319
grément; il en est quelques-uns qu’on cultive en qualité de plantes
industrielles, ou même comestibles. Citons dans le nombre les sui-
vants :
I. juncea L. — A fleurs jaune très vif, dont les tubercules sont
mangés par les indigènes du nord de l'Afrique. C’est une des belles
plantes de nos parterres.
I. pabularia NoN. — Plante du Cachemire, encore peu connue
en Europe. Considérée dans son pays natal comme une bonne
plante fourragère, tant à faucher qu’à faire pâturer. C’est le Krishum
des indigènes du Cachemire.
I. florentina L.— Iris de Florence.On le cultive industriellement
pour la parfumerie en Italie et principalement en France, dans le
département de l’Ain, où on en récolte annuellement de 15 à 16,000
kilogrammes. Cette culture est des plus élémentaires. On plante des
rhizomes en fosses, à 030 les uns des autres, dans une terre ameu-
blie et fumée. A la troisième année, on enlève les rhizomes depuis
juillet jusqu’en octobre, on les lave et on les expose au soleil pour
les faire sécher, ce qui leur fait perdre 5 à 6 pour 100 de leur poids,
puis on les livre au commerce. En Italie on évalue le produit par
hectare à 70 quintaux de rhizomes frais valant 30 fr. le quintal,
soit, pour le total, 2,100 fr. brut, les frais de plantation et de cul-
ture revenant à 360 fr. L’Iris de Florence n’est pas la seule espèce
cultivée pour cette industrie, et parmi celles qu’on y ajoute on peut
citer l’Iris germanique (7. germanica L.), un peu moins parfumé,
mais plus rustique et donnant encore un produit suffisant dans des
pays beaucoup plus froids que l'Italie ou le midi de la France.
ISATIS {inctoria L. — Pastel. Plante bisannuelle de la famille
des Crucifères, du midi de l’Europe et de l’Asie moyenne, d’où elle
paraît s'étendre jusqu’au Japon. Le pastel est cultivé depuis les
temps les plus anciens pour la teinture bleue qu’on extrait de ses
feuilles par macération, et 1l a été jadis l’objet d’un très grand com-
merce, un peu diminué aujourd’hui par la découverte de nouvelles
teintures. Il a peut-être plus d'importance encore comme plante
fourragère, pour la nourriture et l’engraissement des vaches et des
moutons, ce qui a été confirmé par les expériences de plusieurs
agronomes français, au nombre desquels on peut citer MM. de Vil-
morin et de Gasparin. À ce point de vue il offre des avantages con-
sidérables, en ce qu’il est plus rustique que le colza, plus précoce, et
qu’il vient fort bien sur les terres les plus arides. Il en est autre-
ment si on le cultive pour la teinture; dans ce dernier cas il ne
donne un produit rémunérateur que dans les terres fertiles, fraîches
et bien amendées par des engrais.
On connaît plusieurs autres espèces d’Zsatis, la plupartasiatiques,
qui offriraient peut-être un égal intérêt agricole ou industriel, mais
qui jusqu'ici ont été totalement négligées. Le botaniste Boissier,
dans sa Flore d'Orient, en énumère jusqu’à vingt-huit espèces.
ISONANDRA Gutla Hook.; Dichopsis Gulta BENTH. — Grand
arbre de la péninsule malaise et des îles voisines, appartenant à la
21
nr AS LE, de nt, LA cn us ml de ti à "à
320 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
famille des Sapotées, dont la sève concrélée est devenue dans ces
derniers temps, sous le nom de qgutta-percha, la matière d’un im-
mense commerce. Outre l'emploi qu’on en fait dans diverses indus-
tries, la gutta-percha sert surtout à isoler les fils métalliques des
télégraphes sous-marins, et rien ne saurait la remplacer pour cet
usage. De là l’énorme exploitation des arbres qui la produisent, et
qui est telle qu’on commence à craindre sérieusement de les voir
disparaître dans un prochain avenir. La meilleure gutta-percha est
la gutta taban, de la presqu’ile malaise, mais elle est souvent adul-
térée par celle qu’on retire d’autres arbres du même genre, ou
même de genres différents.
En 1877, onze mille arbres adultes d’Zsonandra Gutta ont été
abattus dans un seul mois, et ils ont fourni environ 17,800 kilo-
grammes de gutta-percha; mais déjà, en 1875, il avait été exporté
du détroit de la Sonde environ 5 millions de kilogrammes de cette
matière, ce qui, à raison de 7 kilos 1/2 par arbre, suppose la des-
truction de 600,000 arbres. Cette exploitation d’ailleurs va crois-
sant d'année en année, et il est visible que si les gouvernements
intéressés à conserver cette source de richesse ne prennent des
mesures pour en régler l’exploitation et pour réparer au fur et
mesure les pertes subies par les forêts d’Isonandras, le temps ne
peut pas être éloigné où le monde se verra privé d’un produit de-
venu indispensable pour les rapports mutuels de toutes les nations
civilisées.
C’est une question de savoir si les arbres producteurs de gutta-
percha pourraient être cultivés ailleurs que sur les points du globe
où la nature les a fait naître. Cette possibilité n’est pas douteuse
pour les grandes îles de la Sonde, Java, Sumatra, Bornéo et la
Nouvelle-Guinée, mais on ne saurait l’affirmer pour l'Amérique
équatoriale, la Guyane par exemple, ainsi que la côte occidentale
d'Afrique. Il semble cependant qu’il y ait des probabilités de succès
our des tentatives de ce genre, et les gouvernements seraient bien
inspirés s'ils les entreprenaient. L'introduction des arbres à quin-
quina dans l’Inde et à Java est un exemple à suivre, et le succès qui
l’a couronnée un encouragement à tenter une expérience sea
sur les Isonandras, et à la poursuivre avec persévérance.
JACARANDA mimosifolia Don. — Arbre du Brésil, de la famille
des Bignoriacées, également remarquable par l'élégance de son
feuillage finement découpé, qui rappelle celui de divers mimosas, et
par la beauté de ses panicules de fleurs violet foncé. A ce point de
vue purement ornemental, le Jacaranda est une des plus intéres-
santes acquisitions que l’horticulture d'agrément ait faites dans le
courant de ce siècle. Il est déjà assez commun dans les jardins de
l'Algérie, et on en voit même quelques sujets dans ceux de la Basse-
Provence, où il passe l'hiver dans les lieux les mieux abrités. Un
peu plus au nord ce n’est plus qu’un arbre d'orangerie.
Sous son climat natal le Jacaranda est plus qu’un arbre d’orne-
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 321
ment; il fournit au commerce un bois odoriférant, recherché par
l’ébénisterie sous le nom de bois de palissandre, et qui est vemé
de noir sur un fond rouge bleuâtre. D’autres espèces du même
genre, les J. brasiliana et obtusifolia, fournissent des produits ana-
logues, mais il ne paraît pas qu’ils aient encore été introduits en
Europe.
JACKSONIA cupulifera Mriss\. — Petit arbre de l'Australie
occidentale, de la famille des Légumineuses. Il est particulier aux
déserts arides de cette contrée, où il produit un fourrage fort recher-
ché des chevaux et du bétail. Plusieurs autres espèces de Jackso-
nias rendent les mêmes services aux colons australiens, et on
comprend d'emblée de quelle utilité ces arbres pourraient être dans
le nord de l'Afrique, en Algérie surtout, où la chaleur et les longues
sécheresses de l’été rendent si difficile l’alimentation des troupeaux.
JASMINUM. — Genre d’arbrisseaux ou sous-arbrisseaux de la
famille des Jasminées, répandus depuis le midi de l'Europe jusqu’en
Chine et au Japon. Presque tous les jasmins sont devenus des
plantes d'agrément, mais il en est plusieurs qui fournissent des
produits à l’industrie, surtout à la parfumerie. Citons les plus
usités :
J. grandifiorum L. — De l'Inde et de la Chine, depuis longtemps
introduit dans le midi de l’Europe et particulièrement en Provence,
où on le cultive en grand, pour en extraire le parfum. Dans une
plantation en plein rapport, c’est-à-dire à partir de la troisième
année, on peut récolter jusqu’à 5,000 kilogrammes de fleurs par
hectare, dont la valeur brute, suivant les années, varie de 4 à 6,000
francs. Ce jasmin est habituellement greffé sur le jasmin commun
ou jasmin officinal, et planté en lignes distantes l’une de l’autre
d'environ { mêtre, mais les plants sont beaucoup plus rapprochés
sur la ligne. Le terrain est d’ailleurs abondamment fumé et irrigué
pendant la chaleur de l'été. On extrait le parfum des fieurs par les
moyens généralement usités, c’est-à-dire à l’aide d'huiles fixes et
par distillation alcoolique. Les fleurs de cette espèce sont blanches.
J. odoratissimum L. — Espèce à fleurs jaunes de Madère, culti-
vée comme la précédente et les suivantes pour son parfum.
J. officinale L. — De toutel’Asie centrale, depuis la Turquie jus-
qu’en Chine. Espèce à fleurs blanches, introduites depuis des siècles
en Europe, où elle est cultivée comme plante d'agrément, même
assez loin dans le Nord, au moyen de quelques abris. À Cannes et à
Nice le jasmin officinal est l’objet d’une exploitation considérable,
la production des fleurs y étant annuellement de 80 à 90,000 kilo-
grammes.
J. Sambac Aron. — De l'Inde et peut-être aussi de la Chine mé-
ridionale et du Japon. Espèce à fleurs blanches et la plus délicieu-
sement parfumée, mais moins rustique que les précédentes et plus
élevée, car elle peut former des buissons de 4 à 5 mètres de hauteur,
en appuyant ses longues branches fiexibles sur des soutiens. Les
fleurs en doivent être récoltées le soir, avant d’être tout à fait ou-
CPR ERP, ET PEUR, PRE SI RS OT AP ENT ES PR ET QU
322 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
vertes, pour éviter la perte d’une partie de leur arome. Le jasmin
sambac est cultivé surtout en Algérie, où le climat lui est favorable.
Il existe dans les régions chaudes de l'Asie beaucoup d’autres es-
pèces de jasmins, dont l’industrie ne s’est jamais occupée. On en
trouve de même en Australie, dont le parfum, très développé, atti-
rera sans doute un jour l’attention des industriels de ce pays, en
attendant qu’on les introduise en Europe et ailleurs. Parmi ces es-
pèces on peut citer les J. lineare, didymum, racemosum, simplici-
folium, calcareum et suavissimum, tous capables de vivre dans nos
jardins méridionaux.
JUBÆA spectabilis HumBzr. — Le palmier coquito du Pérou et
du Chili. C’est un des représentants les plus remarquables de la
famille des palmiers par ses proportions, par sa rusticité relative
et par les produits qu’il fournit à l’industrie. Il abondaïit jadis dans
la partie méridionale du Pérou et dans le nord du Chili jusqu’au
36° degré de latitude sud, mais la grande exploitation qu’on en fait
depuis longtemps pour l'extraction de sa sève sucrée en a déjà con-
sidérablement diminué le nombre, et si l’on ne prend des mesures
pour régler cette exploitation l’espèce disparaîtra un jour de son
pays d’origine.
Le Jubæa est un des plus grands palmiers connus, et certaine-
ment un de ceux dont le tronc est le plus volumineux. Haut d’une
vinglaine de mètres, ce tronc se renfle souvent vers le milieu de sa
hauteur, sur une longueur plus ou moins grande, ce qui correspond
à la période de la plus grande activité de végétation de l’arbre. Ses
frondes pennatifides, de même forme que celles du dattier, mais
beaucoup plus vertes et avec la rainure des pinnules placée à leur
face inférieure, ont de 3 à 4 mêtres de longueur. Le tronc lui-même
a souvent plus de 4 mètres de tour à quelque distance du sol. Au
Pérou et au Chili on saigne l’arbre pour en retirer la sève, dont on
fait de la mélasse, du sucre cristallisé et une boisson alcoolique.
Un arbre adulte, d’après les observations de Charles Darwin, fournit
en moyenne 90 gallons de sève, mais ne tarde pas à s’épuiser et à
périr. Les arbres qu’on ne saigne pas produisent de volumineux
régimes de fruits, de la grosseur d’une prune de Reine-Claude, dont
la pulpe sucrée est comestible, ainsi que l’amande un peu huileuse
du noyau.
Pour la rusticité le Jubæa égale presque le palmier-nain du midi
de l’Europe, résistant comme lui aux abaissements de la tempéra-
ture, jusqu’à 10 ou même 12? degrés centigrades au-dessous de zéro,
à condition cependant que ces grands froids ne se prolongent pas. Il
résiste de même à la sécheresse, et on a même observé qu'il vient
mal ou périt dans les terrains humides ou très fréquemment arrosés.
Cette grande endurance du froid et de la sécheresse en fait une
précieuse acquisition pour les jardins et les parcs du midi de l’Eu-
rope et du nord de l’Afrique, où on en voit déjà de remarquables
échantillons, surtout dans la partie littorale de la Provence. Un peu
abrité, ou placé dans un site choisi, le Jubæa pourrait croître, à
l'air libre, dans presque toute la région de l'olivier. Cet arbre inté-
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 323
ressant a d’ailleurs fleuri plusieurs fois et produit des graines dans
les jardins de Lisbonne.
JUGLANS. — Noyer. Arbres de la famille des Juglandées, indi-
gènes de l’hémisphère septentrional dans l’ancien et le nouveau
monde, et dont on trouve un représentant même en Europe; mais
c’est surtout dans les parties tempérées de l’Asie et du nord de
l'Amérique que croissent les nombreuses espèces du genre.
Toutes sont ou peuvent devenir des arbres utiles, les unes par
leurs fruits, les autres par leur bois, quelques-unes par ces deux
produits à la fois. Elles sont, d’une manière générale, plus rus-
tiques que les Caryas, ou Hickorys, qui ont cependant beaucoup
d’anologie avec les noyers. Les espèces les plus intéressantes pour
l’arboriculteur sont les suivantes :
J. cinerea L. — Le noyer cendré, ou Butternut tree des Amé-
ricains. Arbre de 12 à 14 mètres, sur 1 mètre de diamètre à quelque
distance du sol, de croissance relativement rapide et supportant ai-
sément la transplantation. Il se plaît dans l’humus des forêts, mais
réussit encore assez bien dans les sols pauvres, pourvu qu’ils ne
soient pas arides. Son bois, plus léger que celui du noyer noir, est
cependant d’une bonne durée et peu attaqué parles insectes; 1l n’est
pas non plus sujet à se fendre et à gauchir en séchant, aussi en fait-
on un grand usage en menuiserie et dans le charronnage.
J. cordiformis Maximowicz. — Du Japon, où il a été découvert
récemment par le voyageur dont on vient de lire le nom. Il est
voisin du J. Sieboldiana, très grand arbre du même pays.
J. mandschurica Maximow. — De Mandschourie. Il ressemble
beaucoup au J. cinerea de l'Amérique du Nord, et son bois, remar-
quablement beau, estrecherché par l’ébénisterie japonaise. Ses noix,
en outre, sont comestibles et donnent une huile de bonne qualité.
J. nigra L. — Le noyer noir d'Amérique. C’est un arbre de
20 à 25 mètres, dont le tronc acquiert jusqu’à 2? mètres de diamètre.
Son bois, rougeâtre d’abord, puis prenant des teintes plus foncées
en vieillissant, est un des meilleurs que l’on connaisse pour la me-
nuiserie et l’ébénisterie. Il n’est sujet ni à se fendre, ni à se défor-
mer, ni à être attaqué par les insectes ; aussi fournit-il, aux Etats-
Unis, les trois quarts du bois employé pour les ouvrages d'intérieur,
ce qui le met à un très haut prix. Après quelques années d’emma-
gasinage on le préfère à tous les autres pour faire les crosses de
fusils et, dans une certaine mesure, pour la fabrication des instru-
ments de musique. Sa texture compacte, sa longue durée et le beau
poli qu’il prend sous le rabot le font aussi rechercher pour le par-
quetage des appartements. Ses noix, peu ou point comestibles, sont
plus huileuses que celles du noyer d'Europe. Il paraît que cet arbre
descend dans l’Amérique du Sud jusqu’à la Bolivie et à la Répu-
blique Argentine, toutefois sous une forme un peu différente du
type septentrional. Le noyer noir est introduit depuis longtemps en
Europe, mais il n’y a pas encore atteint les proportions qu’on lui
connaît en Amérique, probablement parce que sa culture y a toujours
été négligée, |
324 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
J. regia L. — Le noyer proprement dit, indigène dans l’Europe
orientale, et s'étendant des bords de la mer Noire au centre de l’Asie,
et même, semble-t-il, jusqu’au nord de la Chine. Il est cultivé
presque partout en Europe au-dessous du 50° degré de latitude, et
il atteint ses plus belles proportions dans les sols calcaires et frais,
surtout au voisinage des cours d’eau.
C’est un arbre à tronc volumineux, mais peu élevé, qui peut vivre
des siècles, et qui est également estimé pour la beauté de son bois
et l'excellence de ses fruits, deux objets qui donnent lieu à un com-
merce considérable. Le bois est à la fois nerveux et léger, très em-
ployé en ébénisterie et en menuiserie, ainsi que dans la fabrication
des crosses de fusils, des pianos et autres meubles de décor. On le
cultive en grand dans diverses parties de la France, principale-
ment dans les départements voisins du Rhône, tant pour ses noix
considérées comme fruits de table que pour l’huile comestible qu’on
en retire par pression, et qui trouve encore un emploi dans la pein-
ture à l’huile. Cet arbre précieux a produit beaucoup de variétés,
inégales en valeur, les unes donnant des noix à coque tendre, les
autres à coque dure, et ces noix diffèrent aussi notablement de
grosseur, de là l’usage répandu en France de greffier les meilleures
races sur les jeunes arbres obtenus de semis. La greffe en flûte est
la plus employée et celle qui réussit le mieux. On dit qu’il existe en
Chine une variété du noyer dont la coque se réduit presque à une
simple pellicule. Le noyer peut prospérer dans l’Europe centrale
jusqu'aux altitudes de 5 à 600 mètres, mais il y gèle quelquefois, et
même dans le nord et le centre de la France il est maltraité par les
hivers rigoureux. Les noix étant sujettes à rancir, on doit les con-
sommer lorsqu'elles sont encore fraîches; on peut cependant les
faire voyager assez longtemps emballées dans de la mousse sèche.
Le brou qui entoure la coque contient une teinture noire qui a aussi
quelques emplois.
J. rupestris ENGELN.— De la Californie et du Nouveau-Mexique,
où il recherche le voisinage des cours d’eau et les sols humides
enrichis de détritus végétaux. C’est un bel arbre, de formes symé-
triques, haut d’une vingtaine de mètres, sur un tronc d’un mètre
de diamètre.
Plusieurs autres espèces de noyers existent en Asie et en Amé-
rique, mais qui sont encore trop peu connues pour qu’il y ait utilité
à les mentionner ici, tels que les J. stenocarpa, du territoire de l’A-
mour, J. californica, J. præparturiens, etc.
JUNIPERUS. — Genévrier. Genre d’arbres et d’arbrisseaux du
groupe des Conifères, caractérisé par des galbules (cônes) plus ou
moins sphériques et un peu charnus. Suivant les espèces, les feuilles
sont aciculaires ou réduites à de courtes écailles appliquées sur les
rameaux. Beaucoup de genévriers ont été introduits en Europe
comme arbres et arbrisseaux d'ornement.
J. bermudiana L. — Le cèdre des Bermudes et des Barbades.
C’est quelquefois un arbre de 25 à 30 mètres de hauteur, dont le
bois léger et rougeâtre sert à faire des meubles et surtout les étuis
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 325
des crayons à dessiner. Il entre aussi dans la construction des pia-
nos, à cause de son odeur balsamique. C’est à ce genévrier qu'il
faut rapporter la plupart des arbrisseaux cultivés dans les jardins
sous le nom de Biota meldensis.
J. chinensis L. — Des régions tempérées de l'Himalaya, jusqu’à
l'altitude de 3,500 mètres, de la Chine et du Japon. C’est un grand
arbre, qui atteint parfois 30 mètres de hauteur, mais plus souvent
n'arrive qu'à 20 ou 25 mètres, suivant la nature des terrains. Le
tronc devient ordinairement très gros, mesurant jusqu’à 4 mètres
de circonférence à la base. L'arbre croît avec une certaine rapidité,
et son bois rougeâtre, à grain fin et un peu tendre, sert comme
celui du précédent à la fabrication des crayons. On le croit iden-
tique spécifiquement au J. religiosa de l'Himalaya.
J.communis L.— Le genévrier commun, de l’'Europe,quisetrouve
aussi en Asie, en Amérique et dans le nord de l’Afrique. Il s’élève
à plus de 2,000 mètres sur les Alpes et à 3,500 ou même 4,000 sur
les montagnes de l’Inde. Le plus souvent c’est un simple arbrisseau
de 3 à 4 mètres; quelquefois il atteint plus que le double de cette
taille, mais il ne vient bien que dans les sols siliceux et un peu hu-
mides. Par sa forme pyramidale et son feuillage dense, d’une belle
teinte glauque, c’est un arbrisseau d'ornement de premier ordre,
ainsi qu’on en peut juger par les nombreux échantüllons qu’on en
rencontre dans la forêt de Fontainebleau, près de Paris. Il se dé-
forme et vient mal dans les terres calcaires ou trop arides. Ses baies
sont employées en médecine et servent surtout à la préparation de
la liqueur alcoolique connue sous le nom de Gin.
J. drupacea LaBizz. — De Syrie, où il porte le nom de Æ/ahbel.
C’est un grand arbrisseau de 8 à 10 mètres, à feuillage dense et
d’une belle verdure, très propre à composer des massifs dans les
jardins, mais sa croissance est un peu lente. Ce qu'il offre de par-
ticulier c’est que ses galbules, qui atteignent la grosseur d’une
prune moyenne, s’amollissent et deviennent succulents et un peu
sucrés à la maturité, ce qui en fait des fruits de table assez prisés
dans tout l'Orient.
J. excelsa Bie8. — Répandu de l’Asie-Mineure à l'Himalaya,
qu'il gravit jusqu’à plus de 3,000 mètres d'altitude. Sa hauteur peut
atteindre à 20 mètres sur un tronc de 3 à 4 mètres de tour à la base.
J. flaccida ScaLecaT. — Du Mexique. Arbre montagnard de
8 à 10 mètres de hauteur, et contenant une forte proportion de ré-
sine très analogue à la sandaraque.
J. mexicana SCHIEDE. — Des mêmes localités que le précédent
et s’élevant davantage sur les montagnes (jusqu’à 3,500 mètres). Sa
hauteur peutatteindre à 30 mètres, sur un tronc relativement menu.
Il donne aussi beaucoup de résine, qui peut remplacer la vraie san-
daraque.
J. occidentalis Hook. — Du nord de la Californieet de l’Orégon,
moins montagnard que les deux précédents. C’est aussi un grand
arbre, à tronc droit, dont le bois est de teinte pâle et relativement
assez dur. Il se plaît dans les endroits rocailleux des montagnes.
J. phænicea L. — Arbre peu élevé, du midi de l'Europe et de
326 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
l'Orient, à galbules rougeâtres, dont le tronc peut devenir très gros
avec l’âge, tout en restant bas, l’arbre prenant alors la forme d’un
dôme surbaissé. Toutefois ces grands échantillons sont rares parce
ue l’arbre est habituellement coupé et recépé pour fournir du bois
‘ke chauffage. Sa racine est aromatique, mais ne paraît pas avoir
d'usage dans les arts.
J. virginiana L. — C’est le cèdre de Virginie ou cèdre rouge du
nord de l'Amérique, mais surtout confiné dans les Etats méridio-
naux. Le genévrier de Virginie est un très bel arbre, haut quelque-
fois de 30 mètres, très fourni et d’une belle verdure. Son bois est
aromatique, de longue durée, dense, léger et à grain fin, d’une belle
couleur rouge dans le cœur, blanc à l’extérieur. Il est d’ailleurs fort
recherché pour de nombreux usages, entre autres pour la construc-
tion des cuves, des baquets, des caisses d'emballage, comme aussi
pour faire des palissades, à cause de sa longue durée à l’air. Le
cœur, particulièrement, passe pour incorruptible et n’est point atta-
qué par les insectes. L'arbre affectionne le voisinage de la mer,
mais paraît presque indifférent à la nature du terrain. Il existe dans
toutes les grandes collections d’arbres de l’Europe méridionale, où
on le considère comme un bel arbre d’ornement.
J. Wallichiana HooKk. — De l'Inde, principalement des points
élevés de l'Himalaya, entreles altitudes de 3,000 et de 4,500 mètres.
C’est un grand arbre, qui mériterait d’être introduit en Europe,
comme arbre forestier.
Outre les espèces de genévriers dont nous venons de parler, il
en existe plusieurs autres, qui attireront probablement l'attention
des acclimateurs etdes forestiers quand elles seront mieux connues.
Nous ne dirons donc que quelques mots des suivantes: J. brevifolia,
des Açores, bel arbrisseau à feuillage plus ou moins argenté; J. ce-
drus, des plus hauts sommets des Canaries; J. fætidissima, grand
arbre des montagnes de l’Asie-Mineure ; J. procera, de l'Abyssinie,
dont le bois est estimé dans ce pays; J. recuroa, de l'Himalaya,
sur lequel on n’a encore que des données incertaines, et enfin
J. sphærica, du nord de la Chine. A ces espèces on peut ajouter le
J. Sabina L., simple arbrisseau de l’Europe méridionale, dont le
feuillage est vénéneux, mais qui joue le rôle d’arbrisseau décoratif
dans les jardins, et le J. thurifera, d'Espagne, dont la résine est
quelquefois employée en guise d’encens, dans les églises de ce
pays.
Fe grandes espèces de genévriers, comme plusieurs espèces de
cyprès, peuvent devenir des arbres de première importance pour
les reboisements en montagnes, où leur forte ramure et leur port
touffu seront très propres à conserver longtemps la neige et à rete-
nir l’eau des pluies, et par là à entretenir les sources et à préserver
les plaines des inondations.
JUSTICIA. — Carmantine. Genre d’Acanthacées qui a fourni
quelques espèces arbustives à nos jardins d'agrément, presque
toutes attribuées aujourd’hui à d’autres genres. Citons seulement les
suivantes ;
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 327
J. picta L. — De l'Inde, à fleurs écarlates, très brillantes. Ar-
buste de ? à 3 mètres.
J. coccinea L. — Devenu l’Anisacanthus virgularis de quelques
auteurs. Sous-arbuste de 1 à 2 mètres, à fleurs rouges.
J. speciosa L. — De l’Inde, à fleurs pourpres ou violettes.
J. Adhatoda L. — Arbrisseau de 3 à #4 mètres, originaire de
l'Inde, à fleurs blanches, très commun aujourd’hui dans les jardins
de tout le midi méditerranéen de l’Europe. Cet arbrisseau a quelque
emploi en médecine comme fébrifuge et antispasmodique.
KÆMPFERIA Galanga L.— Le Galanga du commerce. Scita-
minée de l’Inde et de l’Asie orientale, dont les rhizomes ou racines
tubériformes ont une saveur piquante et aromatique, qui les fait
employer en Chine et au Japon comme stimulant des fonctions di-
gestives. Dans le commerce de la droguerie ces racines sont souvent
mêlées à celles d’autres Scitaminées de moindre valeur, principale-
ment des A/pinia pyramidalis Br. et A. Allughas RoxB&. Toutes
ces plantes pourraient être introduites dans les pays tempérés-
chauds, s’il y avait quelque intérêt à les y cultiver.
KENTIA. — Genrede Palmiers détaché des Arecs (Areca), com-
prenant plusieurs espèces répandues dans les îles de l’océan Paei-
fique austral. Quelques-unes sont rustiques ou demi-rustiques aux
alentours de la Méditerranée, telles que les suivantes :
K. Baueri SEEMANN. — De l’île Norfolk; sa hauteur est de 12 à
14 mètres.
K. Beccarii Ferd. von Muzrer. — Des montagnes de la Nou-
velle-Guinée, où il s'élève à l’altitude de 1,500 mètres. Ce n’est
qu’un petit arbre à tige grêle, mais très ornemental, aussi bien que
le X. minor du nord-est de l'Australie.
K. Belmoreana Moore et Muzi.— Le palmier Curly, de l’île de
Lord Howe. Il est demi-rustique dans le midi de l’Europe, de même
que le X. Canterburyana du même pays.
K. moluccana BEccari.— De l’île de Ternate, où 1l croît jusqu’à
l'altitude de 1,000 mètres. Sa hauteur est de 25 à 30 mètres.
K. sapida BLUME; Areca sapida MarT. — C’est le palmier
Nika de la Nouvelle-Zélande et des îles Chatam, palmier remar-
quable par ce fait qu’il est, de toute la vaste famille à laquelle il ap-
partient, celui qui s’avance le plus loin dans l’hémisphère austral.
On le rencontre en effet jusqu’au-delà du 40° degré de latitude, dans
des lieux où l’hiver est relativementrigoureux.Il est cependant moins
rustique que le palmier-nain de l’Europe, et même que le dattier et
le Jubæa spectabilis du Chili. On le cultive dans quelques jardins de
la Basse-Provence, où on le voit fleurir et mürir ses graines; hors
de là il appartient à l’orangerie. Il croît lentement et sa tige ne
semble pas devoir dépasser 4 ou 5 mètres; elle atteint le double de
cette taille dans sa région natale,
328 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
KOCHIA villosa LiNpz. — Chénopodée arbustive des terrains bas,
souvent inondés et salins des déserts de l’Australie. Les éleveurs
de bestiaux en font grand cas, parce qu’elle leur procure un bon
fourrage aux époques de sécheresse. Ils la nomment Cotton bush
(arbuste à coton), soit parce qu’elle est couverte d’une pubescence
blanchâtre, soit parce que la piqûre de certains insectes y fait naître
des excroissances, ou galles, revêtues d’une sorte de duvet. Cette
plante intéressante, qui résiste aux chaleurs excessives et aux
longues sécheresses des déserts australiens, est peut-être appelée à
rendre de grands services dans le Sahara algérien. Nous l'avons
cultivée avec succès en Provence, où elle passe aisément l'hiver.
KETELEERIA. — Genre de Conifères, démembré de celui des
sapins (Abies), dont il se distingue par ses feuilles planes, aiguës
et un peu spinescentes; par ses cônes beaucoup plus gros et par
tout son port, qui rappelle plutôt certains Podocarpus que les sa-
pins proprement dits. On n’en connaît encore que la seule espèce
suivante :
K. Fortunei Carr. (Abies jezoensis LiNb1.). — Arbre dela Chine
et probablement aussi du Japon, de grande taille et d’un beau port,
mais encore à peine connu en Europe. Par quelques échantillons
qui en existent en France, on sait qu’il est rustique dans l’Ouest et
dans le Midi, mais il gèle souvent dans le Nord. Cet arbre ne doit
pas être confondu avec le Picea jezoensis, ainsi que l’a cru le bota-
niste Lindley.
KNIGHTIA ezcelsa Rob. Br.— Bel arbre de la Nouvelle-Zélande,
où il porte le nom de Rewa-Rewa. Il appartient à la famille des
Protéacées, comme quelques autres de grande taille. Son bois est
utilisé en menuiserie et même en ébénisterie. Cet arbre serait vrai-
semblablement rustique dans le midi de l’Europe, et même en
France, au voisinage de l'Océan, jusqu’en Bretagne.
KRAMERIA f{riandra Ruiz. — Arbrisseau du Pérou, du Chili et
des montagnes de la Bolivie, appartenant à la famille des Polyga-
lées. Son élégance pourrait le faire adopter dans nosjardins d’agré-
ment méridionaux, mais il a une autre valeur dans sa racine, qui
fournit le ratanhia des pharmacies. Cette racine contient de 38 à
43 pour 100 de son poids de tannin, ce qui lui donne sa forte as-
tringence. D’autres espèces sont également exploitées dans le com-
merce des drogues, principalement le X. Zæine de l'Amérique cen-
trale et des Antilles.
LACTUCA. — Laitue. Genre de Composées, de la tribu des Chi-
coracées, qui fournit à nos jardins potagers des légumes bien con-
nus, qui se consomment verts, sous le titre général de salades, et
qui se mangent aussi en potages ou autrement préparés. La méde-
cine en tire quelques médicaments, sous le nom de lactucarium.
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ÉNUMÉRATION DES PLANTES 329
Les variétés cultivées proviennent presque exclusivement de l’es-
pèce suivante :
L. satioa L. — La laitue proprement dite, plante annuelle, qu’on
croit originaire de l’Asie méridionale, et dont l'introduction en Eu-
rope remonte à une haute antiquité. C’est un légume très sain, au-
jourd’hui cultivé sur une très grande échelle et qui a produit une
multitude de variétés, toutes à fleurs jaunes, et réparties dans deux
races principales : les laitues pommées et les laitues romaines ou
chicons. Il est inutile que nous entrions ici dans le détail de ces
diverses variétés et de leur culture, qu’on trouvera dans tous les
livres de jardinage.
L. perennis L. — La laitue vivace. Plante indigène en France et
dans d’autres pays de l’Europe, très différente de l’espèce précédente
par sa souche qui dure plusieurs années, et par ses fleurs d’un bleu
clair. Elle n’est cultivée que par un petit nombre d'amateurs, mais
on la récolte à l’état sauvage, principalement pour la manger cuite,
à la manière de la chicorée ou des épinards. Cette espèce est propre
aux terrains calcaires et secs, où elle rendrait certainement de bons
services si on lui donnait quelques soins.
L. oirosa L. — La laitue vireuse. Forte plante bisannuelle, indi-
gène dans une grande partie de l’Europe et de l’Asie moyenne. Son
suc laiteux, très abondant, passe pour vénéneux,; il est narcotique
et employé comme sédatif. Il est la principale source du lactucarium,
employé en médecine.
Il existe encore d’autres espèces de laitues restées jusqu'ici à l’é-
lat sauvage, telles que les Z. Scariola L., du midi de Europe, et
L. altissima Bies., du Caucase, dont la tige s'élève à 2 ou 3 mètres.
Soumises à la culture, ces plantes pourraient sans doute s’améliorer
et tout au moins servir à la nourriture des bestiaux.
LAPAGERIA rosea Ruiz et PAv. — Plante vivace, à tiges sar-
menteuses, de la famille des Liliacées smilacinées, originaire du
Chili, d’où elle a été introduite en Europe comme simple plante
d'ornement. Dans son pays natal elle produit des baies comestibles,
de la grosseur d’un œuf de poule et d’une saveur agréable. Sa ra-
cine est employée dans la médecine locale, où elle remplace la sal-
separeille. C’est presque la seule plante qui résiste aux émanations
sulfureuses des volcans de l'Amérique du Sud. Elle n’a pas encore,
que nous sachions, fructifié en Europe.
LARDIZABALA biternata Ruiz et PAv. — Plante grimpante du
Chili, de la famille des Lardizabalées, dont les tiges sarmenteuses
et ligneuses atteignent une longueur énorme, s’élevant jusqu’au
sommet des plus grands arbres, en formant un lacis inextricable et
- les protégeant ainsi contre la violence des vents. Au Chili ces lon-
gues tiges, un peu grillées à la flamme pour les assouplir, sont em-
ployées en guise de cordages. On en tire en outre des fibres textiles
et de la pâte à papier. La plante pourrait d’ailleurs servir à épaissir
les massifs boisés et les rendre plus résistants aux tempêtes. Il ne
faut pas oublier que les grandes et fortes lianes remplissent un rôle
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330 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
important dans les forêts américaines, et peut-être rendraient-elles
des services analogues dans les reboisements du nord de l’Afrique,
où on est exposé à des ouragans d’une extrême violence. Ajoutons
à ces détails que cette liane, qui serait parfaitement rustique dans le
midi de l’Europe, produit des fruits de la grosseur d’une belle prune,
et qui sont comestibles.
LARIX. — Mélèze. Genre de Conifères assez analogue à celui
des sapins (Abies), dont il est cependant facile de le distinguer à
première vue. La tige s’élève droite comme dans les sapins, mais
ici les feuilles sont fasciculées en forme de pinceau, de plus elles
sont caduques, ce qui est une rare exception dans l’ordre des Coni-
fères. Les cônes sont ovoïdes, comparativement petits, à écailles
persistantes après la chute des graines, qui sont pourvues d’une aile
membraneuse. Ce genre ne contient qu’un petit nombre d’espèces,
toutes assez semblables à celle de l’Europe, et peut-être réductibles
à cette dernière, comme simples variétés.
L. microcarpa FoR8Es (L. americana Micux.).— De l'Amérique
du Nord, surtout dans le Canada, quoiqu'il s’avance au sud jusqu’au
45° degré de latitude. C’est un arbre de 30 à 40 mètres, dont le bois
est, dit-on, supérieur à celui du mélèze d'Europe. C’est le Zacmack
des Anglo-Américains.
L. europæa DC. (Pinus larix L.). — Le mélèze proprement dit.
Bel arbre forestier, de croissance rapide, répandu sur toutes les
hautes chaînes de montagnes de l’Europe centrale et orientale, et
s’avançant très loin vers le nord. Comme bois d'œuvre, celui du
mélèze jouit de qualités exceptionnelles, principalement pour l’ar-
chitecture navale, car il se conserve longtemps dans l’eau, ce qu'il
doit à la résine dont il est imprégné. On en fait aussi des douves de
tonneaux qui ont une très longue durée, et qui ne laissent point éva-
porer l'alcool. Ge n’est pas là le seul produit utile du mélèze : il en
fournit un autre presque aussi important, qui est la térébenthine,
sorte de résine liquide qu’on obtient en saignant les arbres, et dont
la plus estimée est celle de Venise ou de Briançon. Cette industrie,
du reste, abrège la vie des arbres et diminue considérablement la
valeur de leur bois.
Le mélèze est un des arbres d'Europeles plus insensibles au froid
et il s’accommode de toutes les terres, sauf de celles qui sont pure-
ment argileuses et qui retiennent trop longtemps l’eau dont elles ont
été imbibées par les pluies. C’est ce qui explique sa préférence pour
les pentes des montagnes, qui sont naturellement drainées, et où il
trouve, ce qui ne lui est pas moins nécessaire, un air sans cesse re-
nouvelé et beaucoup de lumière.
Comme espèces voisines, ou plutôt comme variétés du mélèze
commun, nous citerons seulement pour mémoire les L. japonica
Carr., du Japon et de ses îles; Z. Griffithiana Hook., de l’'Hima-
laya, et L. Kæmpferi Carr. (Pseudolarix Kæmpferi Gon».), des
provinces septentrionales de la Chine.
LATHYRUS. — Gesse. Genre de Légumineuses papilionacées,
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 331
comprenant un grand nombre d'espèces, les unes annuelles, les
autres vivaces par leurs racines ou tubercules, indigènes dans une
grande partie de l’Europe et de l’Asie moyenne. Quelques-unes sont
alimentaires pour l’homme, mais le plus grand nombre n’a d'utilité
que pour la nourriture des bestiaux.
L. cicera L. — Du midi de l’Europe et des îles Canaries. C’est
une plante annuelle, cultivée principalement sur les terres sablon-
neuses et légères, où elle donne un fourrage de bonne qualité. Ses
graines servent aussi à la nourriture du peuple des campagnes, mais
l'usage n’en est pas sans danger, et on ne doit en user qu'avec cir-
conspection.
L. pratensis L. — De toute l’Europe et d’une grande partie de
l'Asie. La plante est vivace et se trouve habituellement dans les
terres grasses ethumides, comme celles des prairies. Son produit en
fourrage est considérable et, quoique imprégné d’un peu d’amer-
tume, recherché par les moutons.Cependant il est rare qu’elle entre
dans les cultures régulières.
L. satious L. — D'une grande partie de l’Europe et de l'Asie oc-
cidentale. C’est la jarosse ou jaraude des Français, plante annuelle,
fréquemment cultivée dans les sols sableux, siliceux et de qualité
inférieure, où elle donne un assez bon produit en fourrage. Sa graine
est quelquefois aussi employée à la nourriture de l’homme, soit en
potages, soit réduite en farine et mélangée au pain, mais les per-
sonnes qui en font usage ne tardent pas à en éprouver de mauvais
effets. Cette graine est réellement vénéneuse, et elle amène, au bout
de quelque temps, une grave maladie, le lathyrisme, qui se caracté-
rise d’abord par la paralysie des jambes et finit même par amener
la mort. La médecine a recueilli beaucoup d'observations de ces acci-
dents, déjà remarqués par les anciens, et qui sont nombreux surtout
dans les années de disette, où, pour suppléer au déficit des céréales,
on fait entrer la farine de jarosse dans le pain en proportion plus ou
moins grande. Les animaux domestiques, les chevaux et les porcs
particulièrement, sont également sujets au lathyrisme quand on
ajoute des graines de jarosse à leur ration. Toutefois ils peuvent
consommer la plante à l’état vert, sans grand danger, pourvu qu’elle
soit mélangée à d’autres fourrages, car elle est moins vénéneuse
que ses graines. Plusieurs autres espèces du genre Lathyrus sont
également dangereuses ou très suspectes, mais il en est aussi qui
jouissent d’une parfaite innocuité. C’est un sujet qui a été encore
peu étudié jusqu'ici.
LAURELIA aromatica PotRET. — Arbre colossal, du groupe des
Athérospermées, indigène du Chili méridional, et qu’il serait certai-
nement facile d’acclimater dans le midi de l'Europe. Son bois très
aromatique, qui n’est jamais attaqué par les insectes et qui résiste
longtemps à l’action de l'air extérieur et de l’humidité, est fort em-
ployé au Chili comme bois de charpente et de menuiserie, surtout
pour le parquetage des appartements. Une seconde espèce du genre,
le Z. serrata Puizrppi, où Auahua des Chiliens, s’avance plus loin
encore vers le sud, mais son bois n’a pas les qualités de celui du
332 ÉNUMÉRATION DES (PLANTES
précédent. Il est à regretter que ces deux arbres soient encore si
peu connus en Europe.
LAURUS. — Laurier. Genre type de la famille des Laurinées,
comprenant un petit nombre d’espèces, toutes arborescentes et for-
tement aromatiques. L'une d’elles est classique et célèbre depuis les
temps les plus anciens, c’est le Z. nobilis L., le laurier d’Apollon,
ou laurier des poëtes, dont on tressait jadis des couronnes pour les
guerriers et les vainqueurs dans :les jeux publics. Aujourd’hui en-
core il a conservé quelque chose de ce prestige, et les statues des
grands hommes ou leurs effigies sont souvent couronnées de
branches de laurier. Au point de vue utilitaire le laurier ne manque
pas de mérite : ses feuilles sont vulgairement employées comme
condiment dans la préparation de certains mets, et son bois est uti-
lisé pour divers ouvrages de tabletterie, la confection de cannes, de
manches de parapluies, de menus outils, etc. C’est aussi un arbre
d'ornement, très prisé dans le midi de la France et de l’Europe,
pour sa verdure perpétuelle et l'ombre qu’il procure par son épais
feuillage, qui est en même temps un abri contre le vent. Sa rusticité
est complète au sud du 43° degré de latitude, et il peut réussir en-
core plus loin vers le nord, même en Angleterre, n’y souffrant du
froid que dans les hivers exceptionnellement rigoureux. Le laurier
est originaire de l’Asie occidentale, mais il a été introduit en Europe
depuis un temps immémorial.
Le Laurier des Canaries (L. canariensis), qui se distingue du
laurier commun par un feuillage beaucoup plus grand et plus beau,
n’en est peut-être qu’une variété. Le Laurier de l'Inde (L. indica)
en est aussi très voisin, mais il est moins rustique, et il souffre quel-
quefois du froid, même sur la côte de Provence.
LAVANDULA. — Lavande. Genre de plantes sous-frutescentes,
de la famille des Labiées, propres à la région méditerranéenne en
Europe, en Orient et dans le nord de l’Afrique, toutes très aroma-
tiques et recherchant les terrains secs et rocailleux. Trois espèces
sont particulièrement utilisées dans l’art du distillateur :
L. angustifolia Eur. (L. vera DC.), la lavande officinale, qui
fournit l’essence la plus estimée ou essence de lavande proprement
dite ;
L. latifolia Vis. (L. spica DC.), dont on retire l’essence vulgai-
rement nommée huile d'aspic ;
L. Stæchas L., plus grande et plus arbustive que les précé-
dentes, dont elle se distingue à une rosace de feuilles violettes qui
termine ses bouquets de fleurs. Quoique très aromatique elle est
moins recherchée que les autres par la distillerie, mais elle est fort
utile aux apiculteurs par l’abondance de ses fleurs parfumées, qui
se + (RE pendant une grande partie de l’année et abondent
même en hiver.
LAVATERA arborea L. — Mauve en arbre. Grande Malvacée
bisannuelle, du midi de l’Europe, aux alentours de la Méditerranée,
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ÉNUMÉRATION DES PLANTES 333
assez souvent cultivée dans les jardins comme plante d'ornement.
Elle peut rendre des services à l’agriculture par son feuillage large
et abondant, qui est volontiers brouté par les bestiaux, et par les
fibres de son écorce propres à faire des pâtes à papier. Elle occu-
perait utilement les sables maritimes généralement improductifs, et
dans tous les cas elle pourrait servir d'engrais vert ou être mélangée
aux fumiers.
La lavatère d'Hyères {ZL. Olbia L.), commune dans la région
méditerranéenne, rendrait des services analogues, soit comme
plante fourragère, soit comme plante à filasse. C’est un arbrisseau
de 3 à 4 mètres, qui vient dans tous les sols et croît rapidement.
Ses fleurs ont toutes les propriétés de celles des mauves et sont ré-
coltées par les herboristes.
LAWSONIA alba Lamk. — Le henné. Arbrisseau de tout l’'O-
rient, d'une grande partie de l’Asie et de l’Afrique, employé de
temps immémorial à la teinture, mais servant surtout aux popula-
tions orientales à se teindre les cheveux et les ongles des pieds et
des mains. Il est cultivé dans tous les pays musulmans au sud de la
Méditerranée. On lui attribue aussi quelques propriétés médicinales.
Le henné appartient à la famille des Lythrariacées.
LEERSIA. — Genre de Graminées aquatiques qui peuvent toutes
être utilisées comme fourrages verts. L'Europe en possède une es-
pèce, le ZL. oryzoides L., plante vivace des lieux inondés, jusqu'ici
restée à peu près sans emploi. D’autres espèces appartiennent à
l'Afrique, à l'Asie et aux parties chaudes de l'Amérique et de l’'Aus-
tralie. Le ZL. hexandra, de l'Australie orientale, y est considéré
comme une des meilleures graminées fourragères croissant dans
l’eau, et y est utilisée pour la nourriture du bétail.
LEPIDIUM satioum L.— Cresson alénois, passerage. Petite Cru-
cifère annuelle, originaire d'Orient, mais aujourd’hui très répandue
dans les jardins potagers de toute l’Europe. C’est un condiment
assez habituel des salades, dont il relève le goût par sa saveur pi-
quante et un peu âcre, qu’il doit à un principe volatil, la lépidine.
C’est en même temps un excellent antiscorbutique.
LEPIDOSPERMA gladiatum LABILL. — Grande Cypéracée
des bords de la mer, dans le sud de l'Australie. C’est une des meil-
leures plantes qu’on y connaisse pour fixer les sables. On en retire
en outre une fibre tout aussi bonne, dit-on, que celle du sparte, pour
la fabrication du papier.
LEPIRONIA mucronata Ric. — Cypéracée textile de l’Aus-
tralie orientale, de l’Inde, de l'archipel malais, de la Chine et de
Madagascar, cultivée dans plusieurs de ces pays en qualité de plante
textile, sur des terres de mauvaise qualité, plus ou moins inondées,
comme on le fait pour le riz, et qu’on évite de fumer, parce que les
engrais diminuent la ténacité de la fibre. Les tiges sont annuelles,
334 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
mais elles se renouvellent sans cesse, par suite de la pérennité des
rhizomes. Leur hauteur habituelle est de 2 mètres. Lorsqu’elles
sont coupées, on les aplatit par le battage, ce qui les rend souples
et propres à être tressées en natles, en sacs et surtout en voiles
pour les jonques chinoises. Ces nattes sont exportées en grande
quantité aux Etats-Unis, où elles servent à couvrir les parquets des
appartements, et on les y préfère même aux tapis de laine, pendant
l'été, à cause de leur fraîcheur. Cette espèce de roseau donne donc
lieu, comme on le voit, à une grande industrie et à un commerce
considérable de nattes, ordinairement teintes, avant d’être expédiées,
en jaune ou en vert. La teinture jaune est fournie par le Sophora
japonica, avec addition d’alun; la teinture verte par une Acanthacée
du pays (le lam-yèp), avec alun et sulfate de cuivre.
LEPTOSPERMUM lævigaltum Ferd. von MuLLEr (Fabricia læ-
oigata GÆRT.). — Grand arbrisseau de la famille des Myrtacées,
indigène dans l'Australie extratropicale orientale, au bord de la mer
et dans les déserts sablonneux de l’intérieur. Sous un climat chaud
peu d’arbres et d’arbustes conviennent aussi bien pour fixer les sa-
bles, tout en donnant du menu bois à brüler. Il se reproduit de lui-
même par ses graines tombées à terre et qui germent aisément à
l'ombre de ses branches. Il suffit pour le multiplier, de couvrir le
sol de brindilles ou tout simplement de ses rameaux coupés au mo-
ment de la maturité des graines.
Une seconde espèce, le L. lanigerum SuirH, qui se plaît dans les
terrains un peu salés, peut rendre les mêmes services. On lui attri-
bue en outre le pouvoir d’annihiler les miasmes des lieux maré-
cageux et de remplir le même rôle d'assainissement que le Mela-
leuca ericifolia et la plupart des Eucalyptus.
LESPEDEZA striata Hook. et ARNT. — Légumineuse herbacée
et annuelle de la Chine et du Japon, analogue au trèfle, et qui est un
fourrage de grande valeur pour certains pays. Elle est aujourd’hui
cultivée en grand dans l'Amérique du Nord, surtout dans les Etats-
Unis méridionaux, où elle réussit admirablement sur les terres
sèches de toute nature, mais surtout sur les terres calcaires, et elle
y est fort recherchée par le bétail. Des analyses chimiques faites
par l’ordre du ministère de l’agriculture de Washington, en 1878,
ont établi qu’elle est aussi riche en principes albuminoïdes que le
trèfle de première qualité. Un terrain calcaire paraît indispensable
pour sa réussite, car nous l’avons toujours vue dépérir en Provence
dans les terres siliceuses.
LEUCADENDRON argenteum Rob. Br. — Grand et superbe
arbrisseau de la famille des Protéacées, indigène dans le sud de
l'Afrique, et dont les feuilles sont couvertes d’un duvet soyeux,
blanc et d’un éclat pour ainsi dire métallique. Il est depuis long-
temps introduit en Europe, mais sa culture en serre y est fort dif-
ficile. 11 réussit mieux à l'air libre, dans les parties chaudes du
midi de l’Europe, mais seulement dans les terres très siliceuses. Ce
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ÉNUMÉRATION DES PLANTES 335
serait un bel ornement pour les jardins et les parcs de l'Algérie,
s’il était moins rebelle à la culture.
LEWISIA redivioa Pursx. —- Plante vivace, du nord-ouest de
l'Amérique, qu’on rattache au groupe des Portulacées. Elle produit
une grosse racine tuberculeuse, riche en fécule, et qui est l’équi-
valent d’une céréale pour les indigènes, qui la récoltent pour en faire
leurs provisions d'hiver. Elle est d’ailleurs très nourrissante, et, à
ce titre, elle mériterait d’atlirer l'attention des agriculteurs.
LEYSSERA gnaphalioides L. — Composée vivace de l'Afrique
australe, très aromatique et très employée dans ce pays en guise de
thé. Elle est tonique et excitante.
LIATRIS odoratissima WiLLp. — Autre Composée vivace, des
Etats-Unis méridionaux. Ses feuilles aromatiques sont utilisées
comme condiment, ou pour parfumer le linge, plus souvent encore
pour communiquer une odeur agréable au tabac à priser.
LIBOCEDRUS. — Grands arbres de l’ordre des Conifères cu-
pressinées, des parties occidentales de l'Amérique et de la Nouvelle-
Zélande. Ce sont des arbres fortutiles dans les pays où ils croissent,
mais qui n’ont donné jusqu'ici que de médiocres résultats en Europe,
probablement par suite du mauvais choix des lieux où on a essayé
de les cultiver. Ils ne sont d’ailleurs pas suffisamment rustiques à la
latitude de Paris, sauf au voisinage de l'Océan. Les seules espèces
connues sont les suivantes :
L. chilensis ENpzicH. — Du Chili méridional, jusqu'aux altitudes
de 12 à 1,500 mètres sur les Andes. C’est un arbre de 20 à 25 mè-
tres, à bois dur, résineux et d’une longue conservation. Il gèle
à Paris, mais il endure assez facilement les hivers ordinaires de
l’ouest de la France, sans y devenir très grand. Ce n’est encore
pour nous qu’un grand arbrisseau d'ornement.
L. Doniana Enbi.—- De l'ile septentrionale, et par conséquent la
lus chaude de la Nouvelle-Zélande, où il s'élève sur les montagnes
jusqu’à l'altitude de 2,000 mètres. Sa hauteur est de 20 à 25 mètres
ou plus, sur { mêtre de diamètre à hauteur d'homme. Son bois dur
et résineux, à grain fin et d’une teinte rougeâtre tirant sur le brun,
est employé à la charpente dans ce pays. Il gèle dans le nord de la
France, mais passe l'hiver en Provence, où la sécheresse du climat
nuit à son développement. Il réussirait mieux dans le sud-ouest de
l’Europe, en Espagne et en Portugal, au voisinage de l'Océan.
L. tetragona Epic. — Des Andes du Chili septentrional, aux
altitudes de 1,200 à 2,000 mètres, et jusqu’au voisinage du détroit de
Magellan. C’est l’A/erze des Chiliens, et un des arbres qui leur ren-
dent le plus de services. Dans les sols profonds et humides il s’élève
jusqu'à 30 mètres, sur un tronc très droit; mais dans les terres
rocailleuses ou sous un climat trop rude, il se réduit à la taille d’un
arbrisseau de quelques mètres et souvent difforme. Son bois, qui
passe pour incorruptible, est l’objet d’un grand commerce dans cette
22
336 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
partie de l'Amérique, et son écorce, très filandreuse et imprégnée
de résine, y sert au calfatage des navires.
Les Chiliens distinguent un Alerze mâle et un Alerze femelle; le
premier, dont le bois plus dur et l’étoupe corticale plus tenace, ne
peut se débiter en planches qu’à l’aide de la scie; le second a le bois
plus tendre et le fil en est si droit qu’il suffit de le fendre à la hache
pour en obtenir des planches d'épaisseur parfaitement égale dans
toute leur longueur; son étoupe est aussi plus facile à extraire de
l'écorce que celle de l’Alerze mâle. Ces deux variétés constituent
peut-être deux espèces distinctes. Il est regrettable que cet arbre si
utile ne soit pas assez rustique pour s’acclimater en France, du
moins dans le Nord.
LIGUSTRUM japonicum L. — Le troëne du Japon. Petit arbre
de la famille des Oléinées, introduit depuis longtemps en Europe
comme arbrisseau d'ornement. Son feuillage, assez analogue à
celui du lilas, est persistant, surtout dans le midi de la France. Sa
rusticité, même dans lenord, permettrait d’en faire des haies, comme
on le fait avec notre troëne indigène (L. vulgare), et avec d'autant
plus de facilité qu’il reprend aisément de boutures. Plusieurs autres
troënes exotiques, à fleurs blanches et parfumées, rendraient les
mêmes services, et, par leurs fleurs, serviraient à la nourriture des
abeilles.
LIMONIA. — Arbrisseaux de l’Inde septentrionale et croissant
à des altitudes assez grandes pour pouvoir être considérés comme
rustiques dans le midi de l’Europe. Ces arbrisseaux appartiennent
à la famille des Aurantiacées ou Hespéridées. Deux espèces sont à
signaler.
L. acidissima L.— Dont le fruitest excessivement acide, et qui est
rustique dans les parties les plus tièdes du sud-ouest de l'Angleterre.
L. trifoliata L. Triphasia (trifoliata DC.). — De l'Inde et du
midi de la Chine. Arbrisseau de 1 à ? mètres, à feuilles trifoliolées,
à fleurs blanches, dont la corolle est réduite à trois pétales. Ses fruits
sont des baies rouges, de la grosseur d’une petite cerise, succulents,
de saveur douce, et pouvant figurer sur les tables. Plus ordinaire-
ment on en fait des confitures. Cet arbrisseau très ornemental est
cultivé dans les serres du centre et du nord de l’Europe, mais il
est vraisemblable qu’il réussirait dans les parties les plus chaudes
de la région méditerranéenne, celles par exemple aù le citronnier
est cultivé à l'air libre.
Le L. aurantiola DC., du sud-est de l’Asie, dont les fruits sont
exquis, ne diffère peut-être que comme variété du Z. trifoliata.
LINDERA ensoin BLUM. — Arbre de la famille des Laurinées,
appartenant à l'Amérique du Nord, du Canada au golfe du Mexique.
C’est le laurier-épice des Américains. Son feuillage rappelle par
son odeur aromatique celui du laurier d'Europe et sert aux mêmes
usages culinaires el pharmaceutiques, mais l’arbre est plus rustique,
et peut être cultivé à l'air libre beaucoup plus loin vers le nord.
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ÉNUMÉRATION DES PLANTES 337
LINUM usilatissimum L. — Le lin. Plante annuelle, d'Orient,
type de la famille des Linées, qui, depuis les temps les plus anciens,
est cultivée pour ses fibres textiles, et qui alimente aujourd’hui de
grandes industries. Outre sa fibre, à laquelle peu d’autres peuvent
être comparées pour la finesse, la force et la beauté, le lin produit
encore une grande quantité de graines, dont on extrait une huile
siccative, employée à divers usages, et en particulier dans la pein-
ture. La culture du lin est des plus rémunératives dans les pays de
terres profondes, fraîches et substantielles, telles que la Belgique et
certaines provinces d'Allemagne et de Russie. Elle se fait aussi en
Egypte, sur les terres irriguées par les débordements du Nil. On
trouvera dans les traités spéciaux tout ce qui se rapporte à la cul-
ture du lin et aux industries auxquelles elle donne lieu, ce qui nous
dispense d'entrer ici dans ces détails.
LIPPIA citriodora KuNTH. — Arbrisseau de la famille des Ver-
bénacées, originaire des pays tempérés de l'Amérique du Sud, dont
les feuilles froissées entre les doigts exhalent une forte odeur aro-
matique qui rappelle celle du citron, et qui a valu à l’arbuste le
nom vulgaire de verveine citronnelle. Cet arbrisseau est très rus-
tique dans le midi de l'Europe, où ses feuilles sont récoltées pour
la parfumerie, et servent quelquefois à aromatiser les mets. Sous le
climat de Paris on l’abrite l'hiver en orangerie.
LIQUIDAMBAR. — Copalme. Arbres de la famille des Balsa-
mifluées, de l’ancien et du nouveau monde, auxquels on n’a pas
donné jusqu'ici toute l’attention qu'ils semblent mériter. Quatre es-
pèces surtout seraient intéressantes pour les acclimateurs :
L. Altingia BLUM. — Grand arbre de 50 à 60 mètres, répandu
dans toute l’Asie méridionale, de la mer Rouge à l'Inde et aux îles
de la Sonde, où il croît jusqu’à l’altitude de 1,000 mètres. C’est cet
arbre qui produit le baume renommé que l’on connaît sous le nom
de storax liquide.
L. formosana HANcE. — De la Chine méridionale et de l'ile de
Formose. Il est encore peu connu, mais on sait que les Chinois en
utilisent la feuille pour la nourriture d’une espèce de ver à soie
(Bombyx?) qui sera peut-être un jour introduit en Europe avec
l'arbre sur lequel on l'élève à peu de frais.
L. orientalis Mic. — Le copalme d'Orient. Celui-ci n’est guère
qu'un grand arbrisseau, indigène de l’Asie-Mineure et de l’île de
Chypre. C’est aussi un producteur de storax, dont le parfum rappelle
celui de la vanille, ce qui l’a fait de tout temps employer dans la
parfumerie. On s’en sert aussi pour donner au tabac une odeur
agréable et pour préserver le linge des attaques des insectes. Sa
feuille pourrait peut-être servir à nourrir le ver à soie qui vit sur
l’espèce précédente.
L. styracifiua L. — Copalme d'Amérique, Sweet qum tree des
Américains. Très bel arbre des Etats-Unis, depuis le sud jusqu’au
43° degré de latitude, ce qui en fait le plus rustique du genre. Il
résiste en effet aux plus grands froids de l’Europe occidentale, où
338 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
il a été introduit il y a plus d’un siècle, sans attirer beaucoup l’at-
tention. En Amérique il croît de préférence dans les forêts où le
sol est riche en humus, et il y atteint de 35 à 40 mètres de hauteur,
sur ? à 3 mètres de diamètre à la base du tronc. Son bois, dont le
grain est fin, est propre à tous les usages, et son écorce contient
environ 8 pour 100 de son poids de tannin. Sa sève, assez semblable
à la térébenthine, se concrète à l’air en une sorte de résine dont
l'odeur rappelle celle du benjoin. A défäut d’autres emplois, le Liqui-
dambar d'Amérique pourrait servir comme arbre d’avenues ou pour
la décoration du paysage, surtout dans l’ouest de l'Europe.
LIRIODENDRON Z'ulipifera L. — Le tulipier. Un des plus
beaux arbres de la famille des Magnoliacées, et un des plus grands.
Il est de l'Amérique du Nord, depuis le Canada jusqu’à la Floride,
recherchant les terres profondes et fraîches, où on le voit s’élever
jusqu’à 40 et 45 mètres, sur un tronc qui peut dépasser à la base
3 mètres de diamètre, et formant une large tête, dont la verdure
sombre est relevée, dans la saison, de fleurs de couleur orangée.
Son bois, quoique léger, est résistant et d’une bonne durée, aussi
est-il exploité comme bois de charpente et de menuiserie partout
où il croît. Il sert également dans le charronnage, la construction
des wagons de chemins de fer, les pilotis et à beaucoup d’autres
usages. Il est d’ailleurs peu entrecoupé de nœuds, facile à travailler,
et n’est sujet ni à se fendre ni à gauchir. Son écorce, qui contient
de 7 à 8 pour 100 de tannin, est quelquefois employée au tannage
des cuirs.
Un si bel arbre ne pouvait manquer d’être introduit en Europe, et
on en peut citer quelques beaux échantillons, surtout en Angleterre,
où le climat paraît lui mieux convenir qu'en France; cependant
nulle part il n’a atteint les grandes proportions auxquelles il arrive
dans son pays natal, et il est resté en Europe un arbre de grand
ornement pour les parcs et le paysage. Peut-être, par une culture
mieux entendue, et surtout en choisissant les lieux les plus conve-
nables à sa nature, rendrait-il des services plus sérieux. Il supporte
mal la transplantation, à moins qu’il n’ait été élevé en pots, et
mis de bonne heure en pleine terre aux endroits qu’il doit occuper
définitivement.
LITHOSPERMUM canescens LEuM. — Alkanna d'Amérique.
Plante tinctoriale des Etat-Unis, de la famille des Borraginées, dont
la racine fournit une teinture rouge analogue à l’orcanette, qui est
aussi le produit d’une borraginée de l’ancien continent (Anchusa
linctoria). Deux autres plantes vivaces du même genre et des
mêmes régions, les Z. hirtum et L. longiflorum, sont également
utilisées pour la teinture des étoftes.
LIVISTONA australis MarT. — Superbe palmier de l'Australie
orientale, le seul représentant indigène de la famille dans la colonie
de Victoria, dont le climat est fort analogue à celui du midi de l’Eu-
rope. Ses grandes feuilles flabelliformes, très semblables à celles.
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ÉNUMÉRATION DES PLANTES 339
de notre palmier-éventail (Chamcærops humilis) et armées de fortes
épines sur leur pétiole, ont plus d’un mètre de diamètre dans tous
les sens. Ce superbe palmier est rustique ou presque rustique dans
les régions de l’oranger, et on en voit d’assez beaux échantillons
adultes dans quelques parcs de la Basse-Provence. Ses feuilles,
quoique coriaces, sont maltraitées par les grands vents, ce qui
oblige à le planter de préférence dans les lieux abrités par des
arbres ou des constructions. C’est à tort qu’on lui donne quelque-
fois le nom de Corypha australis, les Corypha étant des palmiers
de l’Inde fort différents de celui-ci.
Le ZL. chinensis MarT., originaire de la Chine méridionale, est
moins rustique que le précédent, et il réussit mieux en Algérie
qu’en Provence. Le Z. Mariæ, de l'Australie centrale et occiden-
tale, est encore peu connu, et ne paraît pas avoir été jusqu'ici in-
troduit en Europe.
LOLIUMperenne L. — Le ray-grass d’Italie, ou ivraie vivace.
Graminée fourragère, cultivée dans toute l’Europe centrale, tant
comme herbe à faucher que comme herbe à pâturer. C’est effec-
tivement un des meilleurs fourrages que l’on connaisse, mais elle
ne réussit pas également partout. Son produit est d'autant plus
considérable que la terre est plus profonde et plus fraîche. Dans
les meilleures conditions elle peut donner jusqu’à sept ou huit cou-
pes par an, mais il faut alors que la terre soit fumée et irriguée.
Elle produit peu et n’a qu’une durée assez courte dans les sols secs
et rocailleux. Une de ses grandes qualités est d’être très précoce
et de fournir de l’herbe aux bestiaux dès la fin de l’hiver. Peu de
graminées repoussent plus vite après avoir été broutées ou fau-
chées.
De même que la plupart des plantes depuis longtemps soumises à
la culture, le ray-grass a produit de nombreuses variétés, dont
quelques-unes sont même considérées comme des espèces primiti-
vement distinctes. C’est le cas, entre autres, de l’Zvraie multiflore,
ou Pull de Bretagne, qui est simplement annuelle, mais qui rachète
ce défaut par son aptitude à croître dans les terres sablonneuses
et maigres, dont peu d’autres fourrages s’accommoderaient aussi
bien.
Les agriculteurs ne sont pas tous d'accord sur les qualités nutri-
tives du ray-grass, ce qui tient très probablement aux différences
de sols, de climats et de mode de culture. Quelques-uns lui préfè-
rent, sous ce rapport, le dactyle, la grande fétuque (Festuca elatior)
et le vulpin (A /opecurus pratensis); c’est donc à chacun d’examiner
les conditions locales où il se trouve, et de choisir, à la suite d’ex-
périences ou de tâtonnements, l'espèce de fourrage la mieux appro-
priée à ces diverses conditions. On peut dire, d’une manière géné-
rale, que toutes les variétés de ray-grass conviennent aux climats
doux et humides et aux terres naturellement fraîches ou artificiel-
lement arrosées. En Angleterre, dans le nord de la France et en
Lombardie, le produit du ray-grass est souvent énorme.
Ce n’est pas seulement à l’agriculture qu’il rend des services; il
340 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
tient aussi un rang distingué dans le jardinage d'agrément, car c’est
par lui qu’on arrive à former ces belles pelouses, véritables tapis de
verdure si recherchés en Angleterre dans les parcs de l'aristocratie.
L'usage de ces gazons s’est aussi répandu sur le continent, mais
leur entretien est d’autant plus coûteux que le pays est plus chaud
et plus sec. Dans le midi de la France, à moins d’arrosages pres-
que quotidiens, le ray-grass vaut moins pour cet usage que le
brôme élevé (Bromus erectus), qui endure beaucoup mieux l’ardeur
du soleil et la sécheresse.
Une espèce d’ivraie, le Zolium temulentum, est un peu véné-
neuse. Ses graines mêlées à celles du blé et entrant dans la confec-
tion du pain ont quelquefois donné lieu à des empoisonnements.
LOTUS corniculatus 1. — Lotier commun. Légumineuse her-
bacée, vivace, indigène de presque toute l’Europe, du nord de lA-
frique, de l’Asie centrale et même de l'Australie méridionale, par-
tout considérée comme un bon fourrage spontané, mais peu cultivée
à cause de la difficulté de s’en procurer des graines pour de grands
ensemencements. Elle a toutes les qualités du trèfle blanc, et elle
l'emporte sur lui par la faculté de résister à la sécheresse, ce qu’elle
doit à la longueur de sa racine pivotante, qui s’enfonce profondé-
ment dans la terre. Le lotier vient à peu près partout, même dans
les terres les plus maigres, pourvu qu’il ÿ trouve une certaine hu-
midité. Généralement il est mêlé à d’autres fourrages, condition
avantageuse, en ce qu’elle oblige ses tiges à s’allonger et à monter
verticalement, ce qui permet de le couper à la faux. En touffes
isolées, il s’étale à terre et n’est plus guère alors qu’une herbe à
pâturer.
D’autres espèces de lotiers peuvent aussi rendre des services
analogues. Tels sont le lotier velu (L. villosus), plus développé et
plus fourrageux que le précédent, et dont les graines sont plus
faciles à récolter; le lotier à quatre ailes (L. tetragonolobus), an-
nuel, et du midi de l’Europe, où il recherche les terres profondes et
humides, mais, très étalé à terre, il ne peut être que pâturé par les
moutons; enfin, le lotier à grandes siliques (L. siliquosus), vivace,
mais faiblement productif, qui n’est, comme le précédent, qu’une
herbe à faire consommer en vert.
LOXOPTERYGIUM Zorentsit GRISEB. — Quebracho colorado.
Arbre du Paraguay, qu’on croit appartenir à la famille des Téré-
binthacées, mais qui est encore peu connu des botanistes. Son
écorce et son bois, extrêmement durs et lourds, s’exportent déjà
en assez grandes quantités en Europe pour les besoins de la tein-
ture et de la tannerie. Si on tient compte de ce fait que le Paraguay,
dont le climat est tempéré-chaud, est exposé à des sécheresses quel-
quefois excessives, on ne pourra guère douter que l’introduction de
cet arbre dans le nord de l’Afrique, et particulièrement dans le Sa-
hara algérien, ne puisse y rendre des services. D’après nos propres
expériences le Quebracho colorado supporte assez facilement les
hivers de le Basse-Provence, ce qui ne laisse aucune incertitude sur
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 341
la possibilité de sa naturalisation dans des pays plus méridionaux
et plus chauds.
LUCUMA. — Arbres et arbrisseaux de la famille des Sapotées,
très analogues aux Sapotülliers (Achras) et considérés aussi en
Amérique comme arbres fruitiers de valeur. Les plus renommés
sont les suivants :
L. Cainito Rom. et Scu. — Très cultivé au Pérou, ainsi que le
L. obovatum, du même pays.
L. mammosa GÆRTN. — Connu en Amérique sous les noms de
Marmalade tree et Joho-inco. Cet arbre, originaire de la Guyane,
est aujourd’hui cultivé dans beaucoup d’autres pays tropicaux. Son
fruit, moins estimé que celui du Sapotillier, est surtout utilisé en
compotes et en marmelades.
Les Z. salicifolia Kunra, vulgairement Borecho, et le L. serpen-
taria Kunrn, ou Zapote de culebra, sont cultivés au Mexique
comme arbres fruitiers.
LUPINUS. — Lupin. Genre de Légumineuses papilionacées con-
tenant un grand nombre d'espèces, la plupart herbacées, annuelles
ou vivaces, indigènes dans l’ancien et le nouveau monde, utilisées
comme fourrage, et dont les graines sont même quelquefois em-
ployées à la nourriture de l’homme. Les lupins sont des plantes
élégantes, tant par leur feuillage digité que par leurs fleurs où do-
mine la couleur bleue, aussi en fait-on un fréquent emploi dans les
jardins fleuristes. Plusieurs espèces, presque toutes américaines,
s'élèvent à la taille de sous-arbrisseaux. En agriculture on utilise
surtout les suivantes :
L. albus L. — Le lupin blanc. Du midi de l’Europe et de l’Orient.
Plante annuelle, de croissance rapide, cultivée presque exclusive-
ment dans les sols sablonneux et siliceux, où elle étouffe les autres
herbes. C’est un bon fourrage, tant à couper qu’à faire consommer
sur place, et en même temps un excellent engrais vert, utilisé dans
quelques parties de l'Italie pour fumer la terre autour des oliviers.
C’estle Tramoso des Portugais et des Espagnols, qui en font grand
cas pour la nourriture des bestiaux, et qui en consomment les
graines après les avoir dépouillées de leur amertume par ébullition
ou macération dans l’eau salée. Le lupin blanc est également cul-
tüivé dans le midi de la France, principalement en Roussillon, sur
les plus mauvaises terres, qu’il sert à améliorer. Il est alors enfoui
au moment de sa floraison. Son emploi agricole est plus rare dans
le Nord, où il est assez souvent maltraité par les gelées du prin-
temps.
L. angustifolius L. — Le petit lupin bleu. Plante annuelle, moins
grande et moins fourrageuse que l’espèce précédente, mais recher-
chant comme elle les sols sablonneux et maigres. Elle est commune
aux alentours de la Méditerranée, mais on l’y cultive rarement. On
se contente de la faire pâturer par les moutons là où elle croît natu-
rellement.
L. arboreus L. — Le lupin en arbre. C’est un sous-arbrisseau
342 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
de { à 2 mètres, originaire du Mexique et de la Californie, introduit
dans les jardins de l’Europe comme plante d'ornement. Ses fleurs
sont jaune pâle. En Amérique on s’en sert pour fixer les sables, ce
à quoi il est très propre par l’extrême longueur de sa racine pivo-
tante. Si le terrain est humide, le lupin ne tarde pas à le couvrir
d’une épaisse verdure qui étoufle toutes les autres plantes.
L. Douglasit Amarpx. — Des mêmes régions que le précédent,
et, comme lui, un peu ligneux et à tiges vivaces. On s’en sert aussi
pour consolider les terrains sablonneux. Plusieurs autres espèces
analogues peuvent rendre les mêmes services.
L. luteus L. — Le lupin jaune. Annuel et à fleurs jaunes comme
son nom l'indique. Il est originaire du midi méditerranéen de lEu-
rope, mais aujourd’hui cultivé dans plusieurs pays du Nord, où il
rend de grands services dans les terres sablonneuses, qu’il amé-
liore à la longue, tout en fournissant un bon fourrage à faucher et
à faire pâturer. C’est, de tout le genre des lupins, le plus utile à l’a-
griculture. Ses graines elles-mêmes sont employées à la nourriture
des bœufs et des vaches et contribuent d’une manière notable à
leur engraissement. Ce que le sainfoin fait pour l’amélioration des
terres calcaires épuisées, le lupin jaune le fait pour les sables les
plus infertiles.
L. oarius L.— Le lupin bleu proprement dit, du midi de l’Europe.
Souvent cultivé dans les jardins d'agrément, mais qui pourrait
rendre aussi des services à l’agriculture, ainsi que le ZL. Termis de
l'Egypte, si largement cultivé dans les sables imbibés de l’eau du
Nil.
Tous les lupins recherchent les sols siliceux et alumineux, mais
ils viennent mal dans les terres riches en calcaire, qui, au contraire,
conviennent à beaucoup d’autres légumineuses. Dans le nombre des
espèces il en est de vénéneuses, au moins par leurs graines, tou-
jours plus ou moins amères, et qu’on devrait s'abstenir de donner
aux bestiaux avant de les avoir soumises à l’ébullition, et même,
dans ce cas, elles devraient être préalablement concassées.
LYCIUM. — Lyciet. Arbrisseaux de la famille des Solanées,
dont quelques-uns ont un emploi dans la culture d'agrément. Il
suffit de citer les espèces suivantes :
L. europœum L. — Le lyciet commun. Arbrisseau sarmenteux,
à petites fleurs violettes et à baies rouge orangé, et dont on se sert
pour couvrir des treillis ou des murs.
L. barbarum L. — Jasminoïde. Du midi de l'Europe comme le
précédent, et servant aux mêmes usages.
L. afrum L. — Du nord de l'Afrique. Ses branches, plus raides
que celles des autres et armées d’épines, le rendent propre à entrer
dans la composition des haies vives. Il résiste à toutes les séche-
resses.
L. sinense L. — Le lyciet de la Chine. Très analogue à celui de
l'Europe et servant aux mêmes usages décoratifs. On peut d’ailleurs
D Rviege comme lui à épaissir des haies composées d’autres ar-
ustes.
1
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 343
LYGEUM sparlum L. — Le sparte. Graminée des parties les
plus chaudes de la région méditerranéenne, dont les feuilles étroites
et tenaces servent à faire des nattes, des paniers ou de la pâte à pa-
pier. Les Espagnols lui donnent le nom d’Æsparto, qu’ils appliquent
aussi au S'éipa où Macrochloa lenacissima, l'alfa des Français. Cette
dernière plante a beaucoup plus d'importance commerciale que le
sparte. Toutes deux, d’ailleurs, croissent également bien dans les
sols les plus rocailleux et les plus arides.
LYPERIA crocea ECKLON. — Sous-arbrisseau de l’Afrique aus-
trale, dont les fleurs fournissent une belle teinture orangée. Elles ont
aussi quelque emploi en médecine. Ce sous-arbrisseau appartient à
la famille des Scrophularinées.
MABA geminata Rob. Br. — Ebénier d'Australie. Arbre de la
famille des Ebénacées, dont le bois de cœur est noir et l’aubier
rouge ou rougeâtre. Ce bois est dur, lourd, élastique, à grain très
fin et susceptible d’un beau poli, aussi est-il fort recherché pour
divers ouvrages d’ébénisterie et de lutherie. Plusieurs autres ar-
bres de même genre, qui croissent en Australie, pourraient être
utilisés de même dans l’industrie. La plupart, d’ailleurs, s’acclima-
teraient sans peine dans le midi de l’Europe et le nord de l’Afrique.
MACADAMIA {ernifolia Ferd. von Muizer; Helicia ternifolia
Rob. Br.— Grande Protéacée de l’Australie orientale-subtropicale,
haute de 18 à 20 mètres, croissant dans les vallées boisées de cette
région, mais supportant aisément le climat de Melbourne. C’est
presque un arbre fruitier, en ce sens qu’il produit des petites noix
comestibles, qui ont le goût de nos noisettes. Sa croissance est assez
rapide, et on le voit souvent fructifier à sa septième année.
MACHILUS odoratissima NEEs. — Le Soom tree de l'Inde.
Grand arbre de l'Himalaya, de diverses parties de l’Inde, de la Co-
chinchine et des îles de la Sonde, croissant jusqu'aux altitudes de
2,000 à 2,500 mètres. C’est une Laurinée dont les feuilles servent à
nourrir le ver à soie Mouga (Bombyx?). Leur odeur rappelle un
peu celle des feuilles d'oranger.
MACLURA aurantiaca NuTTr. —- L’oranger des Osages. Arbre
du groupe des Morées, originaire de l'Amérique du Nord, principa-
lement du Texas, de l’Arkansas et de la Louisiane. Suivant les
localités, il reste à l’état d’arbrisseau ou s'élève à la taille d’un
arbre moyen. Ses feuilles tombent en automne, et il est rustique
dans une grande partie de l’Europe, où on le cultive comme arbre
d'ornement, ce qu’il justifie par la beauté de son feuillage lustré, et
par ses fruits (analogues à celui du mûrier), du volume et de la cou-
leur d’une orange, mais qui ne sont point comestibles. Il rend des
344 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
services plus sérieux, car on en fait des haies que ses grandes et
fortes épines rendent très défensives, et on tire de ses racines une
teinture jaune. Son bois n’est pas non plus sans utilité, mais c’est à
tort qu'on a cru pouvoir substituer ses feuilles à celles du mûrier
pour la nourriture des vers à soie. Tous les essais qu’on en a faits
en Europe ont échoué.
Les M. excelsa PLANcH., de l'Afrique occidentale, et M. Mora
Grises., de la République Argentine, sont de grands arbres dont le
bois est estimé pour tous les genres de constructions. Le dernier
produit en outre des fruits comestibles. Il serait certainement rus-
tique dans le midi de l’Europe.
MAGNOLIA. — Principal genre de la famille des Magnoliacées,
composé d’arbres et d’arbrisseaux originaires de l'Asie orientale,
de l'Himalaya et de l'Amérique du Nord, jusqu'ici employés seule-
ment à la décoration des jardins et des parcs. À ce point de vue
toutes les espèces en sont intéressantes, principalement celles qui
suivent, et qui sont plus ou moins rustiques en France.
M. grandiflora L. — Arbre de 25 à 30 mètres aux Etats-Unis,
PHARE aussi grand dans le midi de la France et au voisinage de
‘Océan, très remarquable par son grand et abondant feuillage lui-
sant et persistant, et par ses énormes fleurs blanches de 9 à 12 pé-
tales. Ses fruits ont quelque ressemblance avec des cônes de pins,
auxquels les graines, d’un rouge vif, restent quelque temps suspen-
dues par de longs filaments. C’est le plus beau du genre, et il est
d’un grand effet ornemental, soit isolé sur les pelouses d’un pare,
soit planté en avenues. Dans le nord et le centre de la France il est
quelquefois maltraité dans les hivers rigoureux.
M. Campbelli Jos. Hook. — De l'Himalaya, où il a été découvert
par deux botanistes anglais, MM. Jos. Hooker et Thomson. Il est
de la taille du précédent et rustique à peu près au même degré, mais
ses feuilles sont caduques, défaut qu’il rachète par une exubérante
floraison. Ses fleurs sont tout aussi grandes que celles du MW. gran-
diflora, avec d’autres teintes : elles sont blanches ou roses à l’inté-
rieur, rouge carmin en dehors. Ce bel arbre est encore assez rare
en Europe.
M. macrophyllaMicux. — Des Etats-Unis, où 1l paraît n'être pas
commun. C’est un petit arbre de 8 à 10 mètres, extrêmement re-
marquable par la grandeur de ses feuilles, qui atteignent parfois à
1 mètre de longueur, sur 25 à 30 centimètres de largeur. Elles sont
caduques, ce qui n'empêche pas l’arbre de produire un effet saisis-
sant dans la belle saison, surtout lorsqu'il est orné de ses fleurs
blanches, dont la largeur est proportionnée aux dimensions du feuil-
lage. Il est très rustique dans les parties tempérées de la France et
même en Belgique et en Angleterre.
M. Yulan L. — De la Chine et du Japon, où il est cultivé de
temps immémorial. C’est un grand arbrisseau à feuilles caduques,
remarquable surtout par son abondante floraison dès la fin de l'hiver,
etavant l'apparition des feuilles. Les fleurs, semblables à de grandes
tulipes, sont blanches, plus ou moins lavées de violet pâle à l’exté-
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 315
rieur. Sous le climat de Paris elles sont exposées, à cause de leur
précocité, à être atteintes par les dernières gelées.
M. hypoleuca Sisorn. — Du Japon, encore très rare en Eu-
rope, où il est arrivé en passant par les Etats-Unis. C’est un grand
arbre dans son pays natal, où son bois flexible est employé à de
nombreux usages. Il est aussi très remarquable comme arbre d’or-
nement par son feuillage blanchâtre à la face inférieure, et surtout
par ses fleurs plus parfumées que dans aucune autre espèce du
genre. On peut regretter qu’il soit encore si peu connu chez nous,
d'autant plus qu nl y serait probablement rustique au même degré
que les espèces précédentes.
Une quinzaine d’autres espèces de Magnolias existent dans les
jardins de l’Europe; on les trouvera citées dans les ouv rages spé-
ciaux d’horticulture.
MALACHRA capitata L. — Malvacée de l'Amérique tropicale,
annuelle ou du moins pouvant être cultivée comme telle dans le
midi de l’Europe, et dont les tiges, hautes de 2 à 3 mètres, con-
tiennent une fibre tenace, lustrée, d'apparence soyeuse, et qu’on dit
équivalente au jute comme matière textile.
MALLOTUS philippinensis J. Muzz.; Rotilera tinctoria RoxBG.
— Arbre ou arbrisseau de l’ordre des Éuphorbiacées, appartenant
à l'Asie méridionale et au nord-est de l'Australie, variable de taille
suivant les lieux, et pouvant atteindre exceptionnellement celle de
15 à 18 mètres. Quoiqu'il n’ait pas actuellement une grande impor-
tance dans l’industrie, il peut être utile de le signaler, parce qu’on
tire de ses racines, mais surtout de la pulvérulence de ses capsules,
une brillante teinture orangée, fortemployée dans l’Inde pour teindre
la soie en cette nuance. Les Hindous lui donnentle nom de XKamala,
etils en extraient la teinture en la faisant bouillir avec du carbo-
nate de soude. Cette poudre à aussi quelque usage en médecine
comme anthelmintique.
MAMMEA americana L. — Le Mammey des Antilles. Arbre
fruitier de l'Amérique du Sud, du groupe des Clusiacées, dont les
fruits volumineux sont presque aussi estimés entre les tropiques
que ceux du Manguier. Il est généralement cultivé au Brésil, dans
l'Amérique centrale et aux Antilles. On retire de ses fleurs, par
distillation, une sorte de liqueur, l’eau de créole, qui facilite la
digestion sous les climats chauds et humides, que les Européens
supportent difficilement. On emploie en outre le suc des feuilles
pour tuer les puces pénétrantes (Pulex penetrans), qui, en Amé-
rique, se logent sous les ongles des orteils, et causent un prurit
pénible et quelquefois des accidents beaucoup plus graves. Aux
Antilles françaises le fruit du Mammea porte le nom d’abricot d’A-
mérique.
MANGIFERA indica L. — Le manguier. Grand arbre fruitier de
l'Asie méridionale, appartenant à la famille des Anacardiacées ou
346 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
Térébinthacées, dont le fruit, connu sous le nom de mangue, est un
des meilleurs qui se récoltent entre les tropiques. C’est une sorte
de drupe, de forme ovoïde, dont la grosseur et la qualité varient sui-
vant les races et les procédés de culture. Cet arbre a été propagé
dans tous les pays où la température moyenne annuelle n’est pas
inférieure à 20 degrés centigrades et où s’ajoute à cette chaleur une
certaine humidité atmosphérique. Toutes les tentatives faites jus-
qu'ici pour acclimater le manguier dans le midi de l’Europe et le
nord de l'Afrique ont échoué, mais il réussit passablement dans
l’île de Madère, qui est le point le plus avancé qu’il ait atteint vers
le nord. Il est commun aux Antilles, et il est même en quelque
sorte redevenu sauvage à la Jamaïque depuis le commencement du
siècle, car il y constitue aujourd’hui te massifs qui méritent
presque la qualification de forêts.
La mangue est un fruit de premier ordre, très estimé dans les
pays chauds, mais dont il ne faut user qu'avec modération, parce
que, pris en excès, il occasionne des éruptions cutanées. L’amande
contenue dans son noyau est amère et anthelmintique.
Génériquement le manguier est assez voisin du pistachier de PEu-
rope, et il ne serait peut-être pas impossible de le greffer sur cet
arbre, expérience qui pourrait avoir d’heureuses conséquences au
point de vue de la culture. Il semble d’ailleurs probable que le man-
guier pourrait être cultivé avec profit en Europe, dans des serres
suffisamment chaudes; mais l’arbre étant dioïque, il faudrait en fé-
conder artificiellement les fleurs femelles avec le pollen des fleurs
mâles, ou plus simplement greffier quelques rameaux mâles sur les
arbres femelles, et laisser la fécondation se faire d'elle-même.
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MANIHOT. — Genre d'Euphorbiacées de l'Amérique méridio-
nale, dont deux ou trois espèces jouent un rôle considérable dans
l’agriculture de cette région, et sont même cultivées aujourd’hui
dans divers pays intratropicaux, où on leur donne le nom générique
de cassaves. Le genre Manihot contient un grand nombre d'espèces,
qui ne sont pour la plupart que des arbrisseaux ; quelques-unes se
font remarquer par le volume énorme de leurs racines féculentes,
ou plutôt de leurs tubercules. Deux surtout ont de l’importance :
M. Aipe Pour. — La cassave douce. Des parties tropicales de
l'Amérique du Sud, mais s’avançant jusqu’au fleuve Parana. Son
tubercule est rougeâtre et exempt de suc vénéneux, ce qui permet
de l’employer directement, sans lui faire subir d’autre préparation
que de le faire cuire à l’eau. On le mange alors en guise de pain, ou
à la manière des pommes de terre, en potages ou autrement. Sa fé-
cule, d’ailleurs, sert à fabriquer le tapioca. Les tubercules ou ra-
cines charnues de la plante sont parcourues de fibres ligneuses dont
on les débarrasse par la cuisson. Ces fibres n’existent pas dans l’es-
pèce suivante.
M. utilissima Pour. — La cassave amère, ou plante au tapioca.
Des mêmes régions que la précédente, avec laquelle elle a de
grandes ressemblances. On en connaît un grand nombre de varié-
tés, les unes dont les tubercules sont pénétrés d’un principe âcre
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 847
très vénéneux, les autres chez lesquelles ce poison n’existe pas. Ces
tubercules peuvent atteindre une longueur de près d’un mètre et
peser de 12 à 15 kilogrammes. Ils sont riches en fécule, que l’on
extrait en les râpant et en soumettant la pulpe à une forte pres-
sion, qui en chasse le suc vénéneux; on achève cette préparation en
l’exposant à une forte chaleur, qui volatilise et fait disparaître ce qui
pouvait y rester de poison. La pulpe ainsi purifiée, on en fait du
pain, des gâteaux, des galettes et le tapioca du commerce. La cas-
save amère est cultivée sur une grande échelle dans la province de
Caracas, dont le climat lui est particulièrement favorable, et où elle
donne son produit en sept à huit mois ; mais c’est une culture épui-
sante, qui demande un sol riche et beaucoup d’engrais. Elle est
d’ailleurs plus productive que la précédente, mais ses tubercules ne
s’attendrissent pas par la cuisson comme ceux de cette dernière.
Une troisième espèce, le AZ. Janipha, fournit aussi une fécule co-
mestible, un peu difficile à extraire, ce qui fait qu’il est comparati-
vement peu cultivé.
MAOUTIA Puya WEpp. — Grande Urticée des montagnes de
l'Inde, jusqu’à 1,200 mètres d’altitude, ce qui lui donnerait vrai-
semblablement assez de rusticité pour pouvoir être introduite dans
beaucoup de pays tempérés-chauds. C’est une plante textile, ana-
logue à la ramie (Bœhmeria nivea), mais de plus forte taille, et que
l'industrie pourrait utiliser, quoique sa fibre soit plus difficile à
extraire que celle de la ramie. Ses feuilles ne sont pas urtcantes.
Nous faisons remarquer en passant que beaucoup d'espèces d’ur-
ticées armées d’aiguillons, dont la piqûre cause de violentes dou-
leurs, contiennent des fibres qui pourraient être employées à divers
usages, ne fût-ce que pour être converties en papier ; mais on ne
saurait en recommander la culture ni l'introduction dans les pays
où elles n’existent pas, à cause des accidents qu’elles pourraient
occasionner. Il en est, en effet, dont les piqûres sont si douloureuses
qu’on a vu quelquefois la mort en être la conséquence. Au lieu de
propager ces plantes dangereuses il y aurait avantage à les extirper
partout où on les rencontre et à en faire disparaitre la race.
MARANTA arundinacea L.— Arrow-root. Plante herbacée, vi-
vace par ses tubercules, analogue aux balisiers (Canna), si connus
aujourd’hui dans l’horticulture d'ornement, et appartenant comme
eux à la famille des Cannacées ou Marantacées. C’est de ses tuber-
cules qu’on retire la fécule connue dans le commerce sous le nom
d’arrow-root, corruption du nom d’arou-arou que lui donnent les
indigènes du Brésil. Elle est cultivée en grand, non seulement au
Brésil, mais dans les Antilles, au Mexique et jusqu’en Floride, où
se trouve la limite septentrionale de sa culture. Elle y donne cepen-
dant des produits considérables, qu’on évalue à 2 ou 300 bushels
par acre. D’autres espèces sont également utilisées, quoique avec
moins de profit, telles que les A. nobilis, Allouya et nobilissima.
Toutes, d’ailleurs, demandent un climat constamment chaud et un
_peu humide.
348 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
MARLEA vitiensis BENTH. — Arbre de moyenne taille, des îles
Fidji et de l’Australie orientale, à tronc noueux et dont le bois,
d’une belle couleur jaune et veiné de brun, est noir au centre. Il
ourrait être utilisé en ébénisterie et en tabletterie. Les fruits de
arbre sont d’ailleurs comestibles. Il appartient à la petite famille
des Alangiées, qui a la plupart de ses représentants dans l'Inde,
de l'Océan au pied de l'Himalaya.
MARLIERA glomerala BENTH. — Arbrisseau de la famille des
Myrtacées, indigène du Brésil méridional, intéressant pour ses
fruits, qu’on dit excellents et dont la grosseur est celle d’un abricot
ordinaire. C’est le C'ambuca des Brésiliens.
Une seconde espèce, le M. {omentosa CAMBESS., vulgairement
Guaparanga, se recommande également aux acclimateurs par sa
rusticité probable dans le midi de l’Europe, et par ses baies de la
grosseur d’une cerise. Comme le précédent, il appartient au Brésil
méridional extratropical.
MAURITIA flezuosa L. — Grand et très beau palmier de la
Guyane, du Pérou et du Brésil, qu’on croit pouvoir se naturaliser,
au moins comme arbre décoratif, dans les parties les plus chaudes
du midi de l’Europe et dans le nord de l’Afrique, mais avec un
succès bien plus certain dans les colonies intratropicales. Une
seconde espèce du genre, qui mériterait de fixer l’attention des ac-
climateurs, est le M. vinifera Marr., du Brésil, palmier de très
grande taille (jusqu’à 40 mètres et plus de hauteur), qui fournit, par
des incisions faites sur sa lige, une abondante sève sucrée, dont on
fait une sorte de vin et qu’on peut même convertir en eau-de-vie.
Toutelois cet arbre, pour être productif, ne pourra probablement
pas sortir des régions à climat constamment chaud.
MAYTENUS Zoaria DC. — Arbre à feuilles persistantes, du
Chili, qu’on rattache à la famille des Célastrinées, et qui arrive à
de fortes proportions dans les provinces les plus méridionales et
par conséquent les plus froides de ce pays. Son bois est excessive-
ment dur, ce qui est une première recommandation ; 1l en a une
autre dans la qualité fourragère de son feuillage, qui est une excel-
lente ressource pour les bestiaux en hiver et pendant les séche-
resses de l’été. À ce double titre, l’arbre rendrait indubitablement
des services dans beaucoup de pays tempérés, et notamment dans
le sud de l'Europe.
MEDICAGO. — Genre de Légumineuses herbacées ou plus rare-
ment buissonnantes, qui compte de nombreux représentants dans
l'hémisphère du nord, principalement en Europe et en Asie. Les
caractères les plus saillants du genre sont d’avoir les feuilles com-
posées de trois folioles, et le fruit, ou gousse, arqué en faucille ou
contourné en spirale. Les espèces sont les unes annuelles, les autres
vivaces. Citons celles qu’il importe le plus de connaître :
M. arborea L. — La luzerne en arbre. Buisson de ? à 3 mètres,
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 319
originaire du midi de l'Europe et de l'Orient, à fleurs jaunes et à vé-
gétation hivernale. En été elle perd ses feuilles, et ne les reprend
qu'après les pluies de l’automne. C’est un bon fourrage d’hiver dans
les pays où elle est indigène, mais elle n’est cultivée ailleurs que
comme arbuste d'ornement.
M. sativa L. — La luzerne. Originaire d'Orient, mais aujour-
d’hui cultivée dans tous les pays tempérés de l’ancien et du nouveau
monde. On sait que la luzerne est un des fourrages les plus impor-
tants de l’agriculture de l’Europe, pour la nourriture des chevaux
et des autres animaux de la ferme; aussi est-elle partout cultivée
sur une grande échelle, mais principalement sur les sols calcaires,
quoiqu’elle réussisse assez bien dans les terres siliceuses, et même
sur le sable, à condition qu’il conserve en tout temps une certaine
humidité. Dans le midi de l’Europe la luzerne, lorsqu'elle est irri-
guée, peut donner de six à huit coupes par an, etelle dure plusieurs
années, surtout si elle est sur une terre profonde et préalablement
bien ameublie, où elle puisse enfoncer ses longues racines. Sa cul-
ture varie d’ailleurs suivant les climats et les natures de sol, mais
ce sont là des détails qu’on trouvera dans les traités spéciaux d’a-
griculture.
La luzerne compte plusieurs ennemis, dont les plus retoudables
sont la cuscute, plante parasite qui s’attache à ses tiges et l’épuise ;
le rhizoctone, sorte de champignon souterrain, qui en détruit les
racines et en amène la mort; enfin l’hispe noir, petit insecte coléop-
tère, qui en ronge le feuillage et fait subir des pertes considérables
à l’agriculteur. Contre la cuscute et le rhizoctone, les meilleurs
moyens de remédier au mal consistent à cerner les places attaquées
par un fossé de 0"50 de profondeur, et à en retourner la terre, qu’on
laisse quelque temps sans culture; il faut toutefois, en ce qui con-
cerne la cuscute, faire cette opération avant que le parasite n’ait
produit ses graines, qui infesteraient le sol les années suivantes.
Souvent les graines de luzerne fournies par le commerce contien-
nent des graines de cuscute; on les purifie à l’aide de trieurs appro-
priés. Si la luzerne est attaquée par les hispes, le mieux est de la
faucher immédiatement et de la convertir en foin, ou de l’enfouir
pour servir d'engrais.
L’alfalfa, introduit du Chili en Europe, depuis quelques années,
n’est autre chose que la luzerne proprement dite, et n’a aucune su-
périorité sur elle.
M. lupulina L. — La lupuline ou minette. C’est une autre espèce
de luzerne, commune en Europe, et qu’on retrouve aujourd’hui dans
l'Amérique du Nord. Elle est annuelle ou bisannuelle suivant le
mode de culture. Moins importante que la précédente, elle rend ce-
pendant de bons services dans les terres médiocres et sujettes à la
sécheresse. On peut la faucher ou la faire pâturer par les moutons,
ce qui est plus avantageux, d'autant plus qu’elle les expose beau-
coup moins à la météorisation que la luzerne proprement dite.
Beaucoup d’autres espèces du genre Medicago existent en Eu-
rope, et toutes peuvent servir au pâturage des animaux, mais ce ne
sont point des plantes à cultiver, d’abord à cause de leur rendement
Fe
350 ÉNUMÉRATION DÉS PLANTÉS
trop faible, puisqu’au lieu de s'élever elles étalent leurs tiges sur la
terre, ce qui ne permet guère de les faucher; enfin, parce que leurs
gousses contournées en spirales sont, chez la plupart de ces espèces
inférieures, hérissées d’épines, qui peuvent blesser la bouche des
animaux, ou s’introduire dans la toison des moutons et par là même
la déprécier. Nous devons faire remarquæ que les graines de Iu-
zerne du commerce, surtout celles qui viennent de l’étranger, sont
souvent adultérées par le mélange des graines de ces diverses es-
pèces, qu’il est fort difficile de reconnaitre et à peu près impossible
d'éliminer. 11 résulte de ces considérations que les agriculteurs ont
tout intérêt à récolter eux-mêmes la graine de luzerne dont ils
peuvent avoir besoin, ou du moins ne recourir qu’à des intermé-
diaires auxquels ils puissent se fier en toute assurance.
MELALEUCA. — Genre de Myrtacées, la plupart australiennes,
comprenant des arbres el des arbrisseaux de toute taille, à feuillage
délié et aromatique, et souvent remarquables par la grâce et la
beauté de leurs inflorescences. Beaucoup d'espèces sont déjà intro-
duites en Europe à titre d’arbrisseaux d'ornement. La plupart sont
rustiques au voisinage de la Méditerranée.
Outre les espèces purement ornementales, le genre en contient
quelques-unes qui peuvent rendre des services plus importants ; ce
sont principalement les suivantes :
M. ericifolia Surr. — Du sud-est de l'Australie. C’est un grand
arbrisseau buissonnant, dont on se sert pour consolider les terres
détrempées d’eau aux bords des rivières et de la mer, où il remplace
avec avantage les mangliers des autres pays. Un point à noter c’est
qu'il croît avec vigueur dans les terres imbibées d’eau salée, où
aucun Eucalyptus ne pourrait vivre, et dont il atténue ou fait dis-
paraître l’insalubrité. Cette remarquable propriété doit attirer l’at-
tention dés cultivateurs et des colons établis au voisinage de marais
et de lagunes dans tous les pays cireum-méditerranéens, en Algérie
principalement. Les Melaleuca linarüfolia et genistifolia, qui s’ac-
commodent des mêmes terrains salés et imbibés d’eau, sont égale-
ment à recommander, d'autant plus qu’ils sont déjà introduits et
très rustiques en Provence.
M. leucadendron L. — Du nord et de l’est de l'Australie, où il
s’avance jusqu’au 34° degré de latitude sud. Celui-ci est un grand
arbre, qui atteint de 20 à 25 mètres de hauteur, sur un troncde plus
d'un mètre de diamètre. Tout autant que les précédents il peut
servir à assainir l’air dans les lieux marécageux, car il se plaît
comme eux dans les sols imbibés d’eau saumâtre. Son écorce, as-
sure-t-on, est de telle nature qu’elle met l’arbre à l’abri des incen-
dies. Son bois a d’ailleurs une certaine valeur; quoique dur, il se
fend assez facilement en planches, il résiste aux attaques des ter-
mites, et dure presque indéfiniment, même enfoui en terre ; aussi
l’'utilise-t-on, en Australie, pour les travaux les plus variés. Nous
n'avons pas besoin d’insister pour faire comprendre les services
qu'il rendrait en Algérie.
M. parviflora Lixpz. — De l'Australie extratropicale. Petit arbre
bi
2e.
*
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 351
ou grand buisson, très employé pour fixer les sables sur les bords
de la mer.
M. styphelioides Suirn. — De l'Australie orientale. C’est un
arbre d’une vinglaine de mètres, très beau de feuillage et de fleurs,
à bois dur et pour ainsi dire incorruptible. L'arbre se plaît aussi
dans les lieux marécageux.
M. trichostachya Linpz. — De l'Australie tropicale. C’est un
petit arbre qui se plaît dans les terres salées, même dans celles
qu'atteignent les marées, ce qui est une qualité précieuse à bien
des titres. Le M. squarrosa, du sud-est de l'Australie, plus rustique
que lui et beaucoup plus grand (15 à 20 mètres de hauteur), rendrait
probablement les mêmes services.
MELANORRHŒEA usitata WaLricH. —: Le vernis de l’Inde.
Arbre de la famille des Anacardiacées ou Térébinthacées, exploité
dans l’Inde pour la résine qu’on extrait de sa sève, et qui fournit un
vernis noir de haut prix. Il ne supporterait pas la gelée, mais
comme il s’élève sur les montagnes de l'Inde centrale jusqu’à l’alti-
tude de 1,000 mètres, on peut supposer qu’il s’accommoderait de tous
les climats chauds ou tempérés-chauds exempts de gelées en hiver.
MELIA Azedarach L. — Azédarach, lilas des Indes. Arbre de
moyenne taille, de la famille des Méliacées, originaire de l'Asie mé-
ridionale, d’où il a été successivement transporté en Arabie et dans
toute la région méditerranéenne, et plus au nord jusque sous le
climat de Paris et de Londres. On le retrouve d’ailleurs aujourd'hui
dans la plupartdes colonies européennes intratropicales. En Europe
et ailleurs on ne l’a guère considéré jusqu’à présent que comme un
arbre d'ornement, par son feuillage etses fleurs, mais 1l a une valeur
plus réelle dans son bois, qui est très beau et dont on se sert déjà
pour faire quelques instruments de musique. Ses fruits sont des es-
pèces de drupes, de la grosseur d’un gros pois, et servent à le mul-
tiplier. La pulpe de ces fruits passe pour vénéneuse, et on a signalé
des empoisonnements de bestiaux qui s'étaient abreuvés dans des
réservoirs ombragés par des azédarachs et qui en recevaient les
fruits lorsqu'ils tombaient des arbres.
MELIANTHUS major L.— Grande plantefrutescente de l’Afrique
australe, appartenant au groupe des Zygophyllées, qui est une tribu
de la famille des Rutacées. Introduit depuis longtemps en Europe,
le Melianthus major n’y est considéré que comme plante d’orne-
ment, ce que jusüfient d’ailleurs son grand et beau feuillage, d’une
teinte glauque, et jusqu’à un certain point ses fleurs bizarres de
forme et de coloris; mais c’est surtout par ses propriétés médicinales
et antiseptiques qu’il se recommande à l’acclimateur. Le suc qu’on
retire de sa tige et de ses feuilles est souverain, dit-on, dans les
maladies cutanées, principalement dans celles du cuir chevelu, qui
sont à la fois si tenaces et si contagieuses.
MELICA. — Mélique. Genre de Graminées fourragères, de l'Eu-
23
352 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
rope et de l’Asie, la plupart vivaces et propres surtout au pâturage
des moutons. Les espèces les plus recommandables sont les sui-
vantes :
M. altissima L. — La grande mélique, du nord de l’Europe et de
l'Asie centrale.
M. ciliata L. — De presque toute l’Europe, et qui se plaît surtout
dans les sols calcaires, même les plus secs.
M. nutans L. — Des mêmes régions que la précédente, mais
plus rustique dans le Nord, et produisant un bon fourrage, même
sous le couvert des bois. La même chose peut se dire de plusieurs
autres méliques, telles que les A. uniflora de l’Europe et M. mutica
de l'Amérique du Nord, toutes plantes dont l’agriculture ne s’est pas
assez occupée.
|
MELICOCCA bijuga L. — Arbre de la famille des Sapindacées,
croissant sur les hautes montagnes de l'Amérique centrale, ce qui
rend probable la possibilité de sa naturalisation dans les localités
chaudes de la région méditerranéenne et des pays analogues par
le climat. On peut le qualifier d’arbre fruitier, attendu que la pulpe
de ses fruits est comestible et a le goût du raisin; les amandes de
ses graines sont pareillement comestibles, et rappellent quelque
peu la saveur de nos châtaignes.
MELILOTUS. — Mélilot. Genre de Légumineuses papiliona-
cées, à feuilles trifoliolées, plus ou moins aromatiques, et dont les
fleurs, toujours assez petites, sont disposées en grappes aux som-
mets des rameaux. Les espèces du genre, au nombre d’une tren-
taine, et appartenant pour la plupart à l’Europe et à l’Asie centrale,
sont les unes annuelles, les autres bisannuelles ou vivaces. Partout
elles sont considérées comme plantes fourragères. Quelques-unes
peuvent être recommandées aux agriculteurs.
M. alba L. — Mélilot blanc, trèfle de Bokhara, trèfle de Sibérie.
C’est le plus grand du genre, car il s’élève à 2 mètres ou plus. On
l’a beaucoup vanté, dans la première moitié de ce siècle, comme
fourrage de première valeur, tant pour ses qualités nutritives que
pour son abondance, mais il n’a pas répondu à l’attente des culti-
vateurs. À cause de son arome prononcé les bestiaux ne l’acceptent
qu'avec une certaine répugnance, et il est même plus dangereux
pour eux que le trèfle et la luzerne lorsqu'il est consommé en vert.
Il n'offre plus le même danger lorsqu'il est sec, mais la grossièreté
et la dureté de ses tiges filandreuses rebutent les animaux. Ces
défauts sont regrettables, car le mélilot blanc réussit sur les terres
les plus médiocres, et la quantité de fourrage qu’il y donne est
extraordinaire. Il a toutefois un mérile qui peut le réhabiliter aux
yeux de ere bn personnes, c’est que ses fleurs, très abondantes et
ge se succèdent pendant longtemps, sont avidement recherchées
es abeilles et leur font produire beaucoup de miel. On dit aussi que
ses tiges si robustes peuvent ôtre utilisées pour leurs fibres corti-
cales, ne fût-ce qu’en vue d’en faire de la pâte à papier. Le mélilot
blanc est bisannuel et peut s’intercaler dans les assolements.
à |
4
FL
2
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 309
M. cœrulea Lauk. — Le mélilot bleu. Du midi de l’Europe et du
nord de l’Afrique. C’est une plante annuelle, trop odorante pour être
recherchée par les bestiaux, mais qui est cultivée dans quelques
cantons de la Suisse pour colorer et aromatiser certains fromages.
M. officinalis L. — De l'Europe et de l’Asie centrale. Il est bisan-
nuel, mais peut durer plusieurs années s’il est fauché avant la flo-
raison. Comme fourrage il a les qualités et les défauts du mélilot
blanc, avec une taille beaucoup moindre. Mêlé au foin ordinaire, il
est accepté par les bestiaux, mais il convient surtout aux abeilles
pendant le temps de sa floraison. Tous les mélilots sont dans le
même cas; ils doivent leur arome particulier à la coumarine.
MELOCANNA bambusoides TriNius. — Grand bambou des mon-
tagnes de l'Inde méridionale et des îles de la Sonde, remarquable
entre tous par la nature de son fruit charnu et semblable à une petite
pomme, dans lequel est logée une graine et dont le goût est
agréable. Ce bambou croît sur les pentes sèches des montagnes; Il
est dépourvu d’épines, et s'élève avec une rectitude parfaite jusqu’à
la hauteur de 20 à 25 mètres. Une seconde espèce du genre, le A7.
travancorica, des mêmes parties de l’Inde, est encore moins connu
que le précédent. Tous deux mériteraient d’attirer l’attention des
acclimateurs.
MENTHA. — Labiées herbacées, vivaces par leurs racines, com-
prenant un grand nombre d’espèces propres à l’Europe, à l’Asie et
à l’Australie, toutes plus ou moins aromatiques et employées depuis
les temps les plus anciens en médecine et dans l’art des parfums.
Quelques-unes sont classiques sous ce rapport. Telles sont les sui-
vantes :
M. laxifiora Bent. — Des forêts de l’Australie méridionale.
Elle fournit par distillation une huile essentielle très analogue à
celle de la menthe poivrée et employée aux mêmes usages.
M. piperita L.— La menthe poivrée,le Peppermint des Anglais.
De l’Europe centrale et cultivée industriellement dans quelques
pays. C’est la plus riche en huile essentielle et celle dont l’arome
est le plus agréable, aussi donne-t-elle lieu à un commerce consi-
dérable. Outre son emploi en médecine, l’essence de menthe est
fort usitée en confiserie, où elle sert surtout à aromatiser des li-
queurs. Celle d'Angleterre passe pour la meilleure, ce qu’elle doit
au climat humide et tempéré de ce pays. Des botanistes qui font
autorité la regardent comme une simple variété de la menthe aqua-
tique (M. aquatica) de l’Europe méridionale et du nord de l’Afri-
que, d’où seraient sorties également la menthe crépue (M. crispa)
et la menthe bergamote (M. citrata), qui partagent les mêmes pro-
priétés.
M. Pulegium L. — La menthe pouillot; le Penny royal des
Anglais. De l’Europe, de l’Asie occidentale et du nord de l’Afrique.
Plante très aromatique, mais dont l’essence est assez différente de
celle de la menthe poivrée. Elle aime les terres humides, et s’y pro-
page rapidement. Il est difficile de l’extirper des prairies, où elle
354 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
nuit au développement de plantes fourragères plus utiles aux bes-
liaux.
M. rotundifolia L. — Des mêmes régions que la précédente et
recherchant comme elle le bord des ruisseaux et les terres humides. |
Son arome a quelque chose de celui de la mélisse. Elle fournit, en |
France et en Italie, une partie de l’essence attribuée à la menthe
crépue. Il en est de même des M. viridis et M. sylvestris, qu'on
distille pour les mêmes usages. Nous ferons remarquer en passant
que les espèces de ce genre sont difficiles à distinguer les unes des
autres, et que les botanistes sont souvent en désaccord sur leurs
caractères, ce qui tient à la variabilité de ces espèces autant qu’à
leur grand nombre.
MERIANDRA abyssinica Ferd. voN MuLer. — Arbrisseau des
hautes montagnes d’Abyssinie, dont l’odeur est pénétrante. Il est
employé aux mêmes usages que la sauge, et appartient comme elle
à la famille des Labiées.
MESEMBRIANTHEMUM. — Ficoïde. Genre unique de la fa-
mille des Ficoïdées ou Mésembrianthémées, dont toutes les espèces
sont originaires de l’Afrique australe, à l’exception d’une seule qui
habite le nord de l’Afrique et quelques îles de la Méditerranée. Ce
sont des plantes charnues, suceulentes, très variées de figure, la
plupart étalées sur le sol, qu’elles couvrent d’un épais tapis de ver-
dure, et qu’elles ornent de leurs fleurs, souvent brillamment colo-
rées. Tous les mésembrianthèmes se plaisent au soleil le plus ardent
et conservent leur verdure dans les plus longues sécheresses. Leur
culture est difficile dans les pays septentrionaux et humides, où on
est obligé de les tenir sous verre, mais la plupart réussissent sans
peine dans le midi de l’Europe, où même quelques-uns se sont na-
turalisés et devenus en quelque sorte sauvages. Jusqu'ici cepen-
dant on ne les a considérés que comme des plantes d'agrément,
propres surtout à couvrir des rocailles, mais on ne peut pas douter
que quelques-uns ne puissent devenir, dans certaines circonstances,
des plantes fort utiles pour l’agriculture. Citons les espèces les plus
remarquables.
M. acinaciforme L. — Plante étalée sur le sol, à feuilles trigones,
glauques ou grisâtres, presque de la grosseur et de la longueur du
doigt, et qui est surtout remarquable par la grandeur et l’éclat de
ses fleurs, d’un pourpre violet. Aucune plante n’est plus propre à
orner les rochers exposés au soleil, aussi la trouve-t-on fréquem-
ment employée à cet usage aux alentours de la Méditerranée. Son
fruit, de la grosseur d’une petite figue, est mangé par les Hottentots,
ainsi que celui de plusieurs autres espèces.
M. edule I. — La figue des Hottentots proprement dite. Cette
espèce a beaucoup d’analogie avec la précédente, ayant comme elle
des feuilles trigones, mais ses sarments ou tiges rampantes sont
beaucoup plus longs, et sa verdure est d’une teinte plus vive. Ses
fleurs, aussi grandes que celles de l’acinaciforme, sont peu remar-
quables à cause de leur coloris jaunàtre indécis, tirant quelquefois
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 355
sur le violet. Elle est naturalisée dans divers lieux du midi de la
France, au voisinage de la Méditerranée, couvrant les murs, les
sables arides du voisinage de la mer et d’autres lieux incultes. Ses
fruits sont récoltés par les indigènes de l'Afrique australe, et il est
vraisemblable qu'ils ne seraient pas sans utilité dans le nord de l’A-
frique, dans le Sahara principalement, ne fût-ce que pour la nour-
riture des bestiaux. La plante se propage d’elle-même par l’enraci-
nement de ses tiges étalées sur le sol.
M. crystallinum L. — Glaciale, cristalline. Plante annuelle, dont
les tiges et les rameaux s’étalent en tous sens sur la terre, à feuilles
planes, mais épaisses, charnues et très aqueuses. Toute la plante
est comme hérissée de papules ou vésicules remplies d’un liquide
incolore, qui lui donne l’air d’être couverte de petits glaçons, et la
fait miroiter au soleil. On la cultive ordinairement comme simple
plante de curiosité, mais quelques personnes en mangent les feuilles
accommodées à la façon des épinards. Beaucoup d'oiseaux, les pas-
sereaux entre autres, sont avides de ses feuilles, et il est quelque-
fois difficile de la conserver dans les jardins à cause de leurs dépré-
dations.
Tout récemment un célèbre chimiste agriculteur, M. Hervé-Man-
gon, a appelé l'attention du public sur cette modeste plante, qui
semble devoir rendre d'importants services à l’agriculture sur les
terressablonneuses, car elle contient une forte proportion de nitrates,
qu’elle paraît composer de toutes pièces dans ses tissus, à l’aide de
l’azote atmosphérique. Ce serait donc un excellent engrais vert, et
d'autant plus précieux qu’elle croît sur les plus maigres terrains.
Elle a aussi la propriété de les dessaler quand ils sont imprégnés
de sel.
M. capitatum HAwoRTH. — Espèce vivace, de croissance rapide,
étalée et s’enracinant d'elle-même à tous les nœuds de ses tiges et
de ses rameaux, formant ainsi une protection pour le sol qu’elle
envahit, à l'exclusion de presque toutes les autres plantes, qu’elle
étouffe. Sous ce rapport elle ressemble au 47. edule, dont il a été
question plus haut, mais elle couvre la terre plus rapidement et y
est mieux fixée, aussi s’en sert-on communément, dans le sud de
l'Afrique, pour fixer et retenir les sables au voisinage de la mer.
Beaucoup d’autres mésembrianthèmes pourraient rendre des ser-
vices analogues, et même devenir alimentaires pour les bestiaux
dans les pays où les longues sécheresses de l’été rendent rares les
fourrages verts en cette saison; c’est un point qu’il est bon de si-
gnaler aux colonisateurs de ces pays.
Aujourd’hui plus de cinquante espèces de mésembrianthèmes
sont cultivées dans nos jardins méridionaux, où elles se font remar-
quer les unes par l’étrangeté de leur port, les autres, et c’est le plus
grand nombre, par le coloris brillant de leurs fleurs, où l’on trouve
toutes les nuances, excepté le bleu.
MESPILUS germanica L. — Le néflier. Petit arbre ou grand
arbrisseau indigène de l’Europe centrale et méridionale, à feuilles
caduques, cultivé communément pour ses fruits, qui sont excessi-
356 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
vement acerbes avant leur maturité, mais agréables à manger quand
ils sont devenus blets. Ces fruits ont le défaut de contenir quatre ou
cinq noyaux qui en occupent une partie considérable, aussi a-t-on
cherché à obtenir, par le semis et la sélection, des variétés sans
noyaux. On y a réussi en partie, mais les fruits de ces variétés sont
moins sucrés que ceux de la variété ordinaire, D’autres variétés se
distinguent par des fruits plus volumineux, et qui ont presque la
grosseur d’une petite pomme. Toutes se propagent par la greffe,
sur des sujets obtenus de semis.
METROSIDEROS f{omentosa CUNNGH.— Grand arbre du groupe
des Myrtacées leptospermées, de l’île septentrionale de la Nou-
velle-Zélande, haut de 20 à 25 mètres, sur un tronc massif, qui pa-
raît court relativement à la grandeur de l’arbre. Le bois en est so-
lide et d’une longue durée, même dans l’eau, ce qui le fait rechercher
pour les pilotis, les constructions navales et autres ouvrages de
charpente exposés aux causes extérieures de détérioration. Cette
espèce n’est pas la seule du genre qui puisse être utilisée comme
arbre forestier ; les AZ. lucida et robusta, du même pays, peuvent
rendre des services analogues. Leur feuillage persistant et leur
brillante floraison en font d’ailleurs des arbres d'ornement dignes
d'intérêt.
MICHELIA excelsa BLum. — De la famille des Magnoliacées.
C’est un bel arbre forestier de l'Himalaya, aux altitudes de 2,000 à
2,500 mètres, où on le considère comme fournissant le meilleur bois
de charpente de ces localités. Le tronc droit et filé, quand l’arbre a
crû en massifs, a communément 3 à 4 môtres de circonférence à la
base. Dans la même région à climat tempéré se trouvent d’autres
Magnoliacées du même genre, les A7. lanuginosa, Kisopa, Cathcar-
ii, Champaca, nilagirica, elc., qui jusqu'ici n’ont pas encore été
introduits en Europe.
MICROSERIS Pforsteri J. Hook. — Composée chicoracée de
l'Australie méridionale etde la Nouvelle-Zélande, où elle représente
d’une certaine manière la scorsonère de l’Europe. C’est une plante
vivace, dont la racine charnue et tendre est mangée par les popu-
lations indigènes. Cette modeste chicoracée mérite d’attirer l’atten-
tion des horticulteurs, qui pourraient l'améliorer par le semis, la
sélection et une bonne culture, procédés auxquels nous devons tous
nos légumes usuels et nos meilleurs arbres fruitiers. Le Micro-
seris ne croît nulle part mieux que sur les montagnes dont les som-
mets se couvrent de neige, ce qui indique une suffisante rusticité
pour tout le centre de l’Europe. ;
MILIUM efjusum L. — Graminée vivace, des parties tempérées
de l’Europe et de l’Asie, commune dans les bois du nord de la
France. C’est un bon fourrage, qui rend considérablement dans les
terres fraîches non imbibées d’eau stagnante. La graine pourrait en
être utilisée comme celle du millet cultivé pour la nourriture des
» _ À. 4 s'sstté
|
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 557
volailles et surtout des faisans, qui en sont avides. La paille est de
première qualité pour la confection des chapeaux.
MILLETTIA cafjra Meissx. — De la Cafrerie orientale, où les
colons européens lui donnent le nom d’Zron wood, c’est-à-dire bots
de fer. C’est un arbre de la famille des Légumineuses, de petite
taille, ne dépassant guère 10 mètres de hauteur, sur 030 à 040 de
diamètre à la base du tronc. Ce qui en fait la valeur c’est la dureté,
la finesse de grain et la beauté de son bois, d’une nuance jaune vive
et parsemé de macules rouge- brun ou noir d’ébène. Ce bois a été
fort admiré à l'exposition coloniale de Londres, et on regrettait qu’il
ne fût pas de dimensions assez fortes pour entrer largement dans
l’ébénisterie, où il aurait peu de rivaux. On en fait toutefois beaucoup
de petits ouvrages de tabletterie, des amulettes en usage chez les
Cafres, des ornements sculptés, des boîtes de toutes formes, et sur-
tout des cannes (cannes de Cafrerie), remarquables par leur force
et leur élégance et déjà recherchées par le commerce.
Une seconde espèce du genre, le M. Sutherlandi, des mêmes
régions, moins Connu, mais tout aussi digne de l’être, est un grand
arbre forestier de 25 à 30 mètres, sur plus de 1 mètre de tour à la
base du tronc. Nous n’avons pas encore de renseignements suffi-
sants sur les qualités de son bois, mais il est à présumer qu’il par-
ticipe dans une certaine mesure à celles de l'espèce précédente. Ces
deux arbres seraient à introduire dans tout le nord de l'Afrique et
autres pays de climats analogues.
MIMOSA. — Genre de Légumineuses, dont la corolle est fort
différente de celle des papilionacées, mais qui leur ressemblent par
tous les autres caractères. Il a donné son nom à la tribu entière des
Mimosées, dont le genre le plus nombreux est celui des acacias.
Les mimosas proprement dits sont en général des arbrisseaux
très épineux, à feuilles doublement composées, et dont les fleurs,
toujours très petites, sont réunies en capitules sphériques, le plus
souvent de couleur rose ou carmin. Quelques espèces sont cultivées
dans les jardins botaniques ou dans les jardins d'agrément ; la plus
intéressante est la sensitive (M. pudica L.), petite plante à rameaux
étalés, dont les feuilles et les folioles se meuvent au moindre contact,
comme si elles étaient douées de sensibilité. D’autres espèces, plus
arbustives et très épineuses, servent à faire des haies défensives
dans les pays chauds ou tempérés-chauds. Tels sont les AZ. rubri-
caulis de l'Inde, et AZ. acanthocarpa de l'Afrique australe, qui
s’accommodent tous deux du climat de l'Europe méditerranéenne et
du nord de l’Afrique. Beaucoup d’autres mimosas peuvent être em-
ployés aux mêmes usages.
MIMUSOPS. — Arbres et arbrisseaux de la famille des Sapotées,
indigènes de l’Inde et de l'Amérique intratropicale, utilisés les uns
pour leurs fruits comestibles, les autres pour leurs propriétés médi-
cinales. Citons particulièrement les suivants :
M. Elengi L. — De l’Inde, où il est renommé pour l’arome vio-
358 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
lent de ses fleurs, dont on retire par distillation une huile essentielle
qui entre dans la composition d’une liqueur échauffante très recher-
chée des indigènes. Son fruit, à la fois acerbe et sucré, est à peu
près comestible. Ses graines fournissent par pression une huile |
grasse qui sert à fabriquer des savons et qui a aussi quelque em- |
ploi en médecine obstétricale.
M. Kaki RoxB@. — De l'Inde. Ses fruits, plus comestibles que
ceux du précédent, rappellent, par leur saveur, ceux des Diospyros
ou kakis de la Chine et du Japon.
M. Sieberi DC. — Des Antilles et de la Floride. C’est un petit
arbre dont les fruits sont assez agréables à manger, quoiqu'il soit
encore à l’état sauvage. On ne peut guère douter que la culture et la
sélection ne puissent les améliorer, comme elles l’ont fait pour tant
d’autres espèces. Il semble assez probable que cet arbre endurerait
le climat tempéré-chaud du midi de l’Europe et du nord de l'Afrique.
MONARDA didyma L. — Labiée du nord de l'Amérique, vivace,
très aromatique, dont on retire la drogue médicinale connue sous le
nom de baume ou {hé d'Oswego. Des espèces voisines (AZ. punctata,
M. fistulosa, etc.) sont également très aromatiques et pourraient
être exploitées de même.
MONODORA angolensis WELW. — Anonacée de l'Afrique tro-
picale-occidentale, qu’on rencontre sur les montagnes jusqu’à 1,200
mètres de hauteur, ce qui peut faire supposer qu’elle pourrait être
cultivée à l’air libre dans le nord de l’Afrique, peut-être même dans
les parties les plus chaudes du midi de l’Europe. C’est un petit arbre
d’une dizaine de mètres, dont les graines aromatiques, comme celles
de la muscade, se vendent sur les marchés. Il en est de même de
celles du M. Myristica, arbrisseau moins élevé que le précédent,
et des mêmes régions.
MORCHELLA. — Morille. Genre de champignons comestibles,
comprenant un grand nombre d’espèces de toutes les parties du
monde, mais dont aucune n’a encore été soumise à la culture, mal-
gré l’intérêt qu’il y aurait à le faire. Jusqu'ici on s’est contenté de
les recueillir dans les bois, surtout dans ceux de pins et de sapins,
qu’elles semblent affectionner, quoiqu’elles se montrent aussi dans
le voisinage d’autres arbres. C’est ainsi que le baron Ferd. von
Müller a récolté la morille commune (M. esculenta) dans les forêts
d'Eucalyptus de la Nouvelle-Hollande. Les chimistes Kohlrausch
et Siegel ont trouvé dans cette espèce de 29 à 35 pour 100 de pro-
téine à l’état sec, ce qui explique sa haute qualité alimentaire. Les
principales espèces européennes sont les AZ. esculenta où contca,
M. gigas, M. deliciosa (qu'on a rencontrée jusqu’à Java), AZ. rimo-
sipes, M. bohemica et M. patula. Beaucoup d’autres espèces, d’ail-
leurs, existent dans d’autres parties du globe. Toutes sont comes-
tibles et très saines, et on peut les dessécher et les conserver long-
temps pour les usages culinaires.
La culture industrielle des champignons n’a encore été appliquée
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 359
qu'à un petit nombre d'espèces, entre autres au champignon de
couches (Agaricus campestris) et à la truffe noire (Tuber mela-
nosporum), mais elle a si bien réussi qu'on ne peut guère douter
qu’elle ne dût être suivie du même succès pour beaucoup d’autres
espèces. Il y a là une voie nouvelle ouverte à l’expérimentation et
peut-être à des spéculations lucratives.
MORINGA PÉRYIOTENMe GÆRTN. — Arbre des montagnes de
l'Inde, cultivé aujourd’hui dans tousles pays chauds ; c’est le Jorse
radish des Anglais, le Pois quenique des Français dans les Antilles.
Il est devenu le type d’une petite famille, les Moringées, qui a des
affinités avec les Capparidées.
Par son feuillage composé le Moringa se rapproche des Légu-
mineuses, mais il s’en éloigne considérablement par son fruit, qui
est une longue gousse à trois valves, et aussi par la structure de ses
graines. Ses produits utiles sont de plusieurs espèces. Sa racine,
dont l’odeur est pénétrante et la saveur âcre, est employée en mé-
decine, ainsi qu’une sorte de gomme-résine, analogue à la gomme
adragante, qu’on extrait de son écorce par incisicn. Toutefois son
produit le plus utile est l'huile (l’ancienne huile de Ben) qu’on retire
de ses graines et qui est très employée en parfumerie pour fixer les
odeurs. Comme elle ne rancit pas et qu’elle ne se concrète pas faci-
lement, les horlogers s’en servent pour lubréfier les rouages des
pendules et des montres. Les gousses jeunes et encore tendres sont
comestibles et servent de condiment dans les pays chauds.
Le M. aptera, de l'Abyssinie et de l’Arabie, a été peu utilisé
jusqu'ici.
MORUS. — Mürier. Genre type de la petite famille des Morées,
que quelques botanistes regardent comme faisant partie de celle des
Urticées. Tous les müriers sont des arbres ou des arbrisseaux de
l'ancien et du nouveau monde, dont les fruits, plus ou moins comes-
tibles, sont formés par l’agrégation de petites baies succulentes,
contenant chacune une graine. Quelques-uns de ces arbres jouent
un rôle considérable en agriculture et, par suite, dans l’industrie.
Tels sont les suivants :
M. alba L. — Le mûrier blanc, de la Chine, aujourd’hui cultivé
en Europe sur une immense échelle, principalement en France et
dans les pays circum-méditerranéens. C’est, par excellence, l’ar-
bre sur lequel repose la sériciculture, aucun autre n’ayant pu le
remplacer convenablement pour la nourriture du ver à soie (Bom-
byx ou Sericaria Mori).
La culture du mûrier en Chine remonte à une époque si reculée,
qu’on en a perdu tout souvenir. Si on en croit certaines traditions
elle daterait d’au moins 2,000 ans avant l’ère chrétienne. Ce qui est
certain c’est que les tissus de soie étaient connus en Europe anté-
rieurement à l’expédition d'Alexandre le Grand, sans qu’on sût de
quelle manière s’obtenait la soie. De proche en proche l’industrie
séricicole s’est avancée vers l'Occident, et dès le douzième siècle elle
commençait à s'établir en Italie. C’est sous Henri IV, à l’instiga-
360 s ÉNUMÉRATION DES PLANTES
tion d'Olivier de Serres, qu’elle a commencé en France, et elle n’a
pas tardé à devenir une source de richesse pour plusieurs de nos
provinces du Midi, mais on a fait de vains efforts pour l’introduire
sous les climats plus septentrionaux, en Angleterre et en Allemagne
par exemple, où la gelée détruit trop fréquemment les feuilles du
mûrier.
La sériciculture est aujourd’hui une des plus grandes industries
des peuples civilisés chez lesquels le climat permet la culture du
mûrier; elle est surtout florissante en Chine, au Japon, dans l’Inde,
en Perse, en Turquie et dans tout le midi de l’Europe, et, après le
coton, il n’est pas de matière textile qui occupe un aussi grand
nombre d'ouvriers et donne lieu à un commerce plus étendu que la
soie, brute, filée ou tissée. Personne n’ignore que le tissage de la
soie est la grande industrie de la ville de Lyon, industrie qui s’ali-
mente non seulement de ce qui se récolte en France, mais aussi de
ce qu’on tire de l’étranger.
Le mûrier, comme tous les arbres soumis depuis des siècles à la
culture, a produit un grand nombre de variétés, diversement esti-
mées suivant les lieux, les sols ou les habitudes du pays. En Europe
ce sont principalement le mürier à feuilles luisantes, le plus habi-
tuellement cultivé dans le midi de la France, le mürier Moretti, le
mürier Lou et le mürier d'Italie. Vers le milieu du siècle on a
introduit en France une nouvelle race, ou peut-être une espèce dis-
tincte, le mürier des Philippines, ou multicaule, simple arbrisseau
buissonnant, à très grandes feuilles, moins rustique et moins pro-
ductif que la race ordinaire, ce qui n’a pas tardé à le faire aban-
donner.
Le mûrier blane, en dehors de son utilité pour la nourriture des
vers, rend quelques services qui, pour être très secondaires, ne sont
point à mépriser. Ses fruits, qu'il produit en grande abondance,
sont très recherchés des volailles, qu’ils entretiennent en santé, et
il est toujours avantageux de planter quelques mûriers dans les
basses-cours. Ses feuilles, quand elles ne sont pas employées à
nourrir les vers à soie, sont un excellent fourrage pour les moutons
et les bêtes à cornes, et elles constituent un très bon engrais, lors-
qu'elles ont été avariées et ne peuvent servir autrement; à plus
forte raison en est-il ainsi de la litière des vers, composée des déjec-
tions de ces derniers et des débris de feuilles. L'écorce des branches
et des rameaux du mûrier peut être employée à faire des liens, et,
dans quelques parties de la Chine, on en tire même une filasse
grossière dont on fait des tissus communs ou du papier.
Le müûrier blanc se propage avec une égale facilité par le semis
de ses graines et le bouturage des rameaux. $
M. rigra L. — Le mûrier noir. De l'Asie occidentale, mais de-
venu aujourd’hui commun dans le centre et le midi de l’Europe, où
on le considère comme un arbre fruitier de troisième ordre. Il s'élève
plus haut que le müûrier blanc, avec des feuilles plus grandes, plus
rudes au toucher, et moins avantageuses que celles du mûrier blanc
pour la nourriture des vers à soie, mais cependant pouvant y servir
à défaut de ces dernières. C’est ce qui a lieu aux îles Canaries. Tou-
‘io
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 361
tefois la soie ainsi obtenue n’a pas la force ni le lustre de celle qu'on
obtient à l’aide du mûrier ordinaire. Ses fruits sont plus gros que
ceux de ce dernier, d’une belle couleur rouge-noir, juteux, sucrés-
acidulés et assez agréables au goût. Les volailles en sont friandes,
aussi plante-t-on fréquemment un ou deux mûriers noirs dans les
basses-cours ; mais l'arbre étant souvent unisexué, on greffe quel-
ques rameaux femelles sur les pieds mâles ou réciproquement. Le
M. atropurpurea, de Cochinchine, n’est peut-être qu’une variété du
mûrier noir; il s’en distingue cependant par ses fruits cylindriques,
du double plus longs.
M. rubra L. — Le mûrier rouge de l'Amérique du Nord. C’est
le plus grand arbre du genre, car il atteint où même dépasse la
taille de 20 mètres. Son fruit est sucré et comestible, mais le meil-
leur service que cet arbre ait rendu jusqu'ici est de fournir un bois
très solide et qui se conserve longtemps en terre, ce qui fait qu’on
l’emploie communément pour les poteaux, les pilotis et les tra-
verses de chemins de fer. Il ne paraît pas qu’on ait essayé de
nourrir les vers à soie avec ses feuilles,
M. celtidifolia HumwB. — Du Pérou et du Mexique, principale-
ment de la région montagneuse. On sait peu de chose de cet arbre,
ainsi que du M. insignis de la Nouvelle-Grenade, qui peut-être n’en
diffère pas spécifiquement. Leurs fruits sont comestibles.
MUCUNA cochinchinensis BENTH.— Plante annuelle, grimpante
et volubile, comme le haricot, auquel elle ressemble, et dont les
gousses el les grains sont comestibles. On dit que cette légumineuse
a été cultivée avec succès à l’air libre en Angleterre. Nous igno-
rons si de pareils essais ont été faits en France.
MUEHLENBERGIA mexicana TRINIUS. — Graminée fourra-
gère, vivace, du Mexique et de la Californie, propre surtout aux
terres humides. Une autre espèce voisine, le AZ. diffusa, des Eltats-
Unis méridionaux, pareillement vivace, croît également bien dans
les localités sèches ou humides.
MURRAYA exotica KogNiG. —- Petit arbrisseau de la famille des
Hespéridées ou Aurantiacées, répandu dans toute l'Asie méridio-
nale, la Polynésie et la partie tropicale de la Nouvelle-Hollande.
L’élégance de son feuillage, à 5 ou 7 folioles, d’une verdure très vive,
etses fleurs blanches très parfumées le font rechercher pour l’orne-
mentation des jardins. En Europe on le cultive en serre chaude ou
en orangerie, mais il est à peu près rustique dans les pays du Midi,
même en Provence, aux expositions les mieux abritées.
MUSA. — Bananier. Grandes plantes herbacées, vivaces par la
souche, à tiges monocarpiques, c’est-à-dire périssant après avoir
fleuri et fructifié une seule fois, se reproduisant par graines ou par
œilletons nés de la souche. Toutes ces plantes, remarquables par la
grandeur de leurs feuilles et la majesté de leur port, constituent le
genre type de la famille des Musacées, et elles appartiennent presque
362 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
sans exception à la zone intratropicale. Il est douteux qu’une seule
espèce du genre soit primitivement originaire de l'Amérique, quoi-
que les bananiers y soient aujourd’hui cultivés sur une grande
échelle.
Les bananiers occupent un rang très élevé dans l’agriculture des
pays tropicaux, principalement dans l’Amérique du Sud, où le pro-
duit en est énorme eu égard à l’étendue du sol cultivé. Ce produit
n’est autre que les fruits, qui, avant leur maturité complète, con-
tiennent une forte proportion de fécule, et servent alors à préparer
des galettes ou se mangent cuits tels quels. En mürissant, une
partie de cette fécule se convertit en sucre et rend les bananes fort
agréables à manger crues. De cette manière aussi il s’en fait une
grande consommation dans les pays producteurs, et le commerce
en exporte pour des sommes considérables dans les pays où le ba-
nanier n’est pas cultivé.
Le produit d'une plantation de bananiers est d'autant plus grand
que le climat est plus chaud, la terre plus riche et l'humidité de
l'air plus constante. La température la plus favorable à cette culture
est une moyenne annuelle de 24 à 25 degrés centigrades; avec une
moyenne annuelle de 22 degrés la culture du bananier est encore
profitable, quoique déjà notablement diminuée; elle est cependant
encore possible au-dessous de ce degré, mais alors elle n’est plus
qu’une culture de fantaisie ou de luxe, d'autant plus incertame que
la température est plus basse. C’est dans ces conditions que le ba-
nanier est cultivé dans quelques jardins du midi de l’Europe, et
seulement au voisinage des villes où ses fruits peuvent trouver des
acheteurs. On récolte d'assez bonnes bananes à Alger; on en ré-
colte même dans quelques localités très abritées du littoral de la
Provence, où elles atteignent une maturité suffisante dans les an-
nées ordinaires, mais c’est le point le plus avancé vers le nord où
cette culture à l’air libre soit possible.
Les bananes comestibles se ratlachent aux deux espèces sui-
vantes :
M. paradisiaca L. — Le bananier proprement dit, le Plantain
des Anglais et le Platano des Espagnols. On le croit originaire de
l'Inde, mais il est répandu dans toute la zone intratropicale, sur les
continents et dans les îles. C’est une plante d’un aspect grandiose
par la hauteur de sa tige, toujours herbacée, et par l’ampleur de ses
feuilles, qui peuvent atteindre à 2 mètres de longueur, mais qui
perdent beaucoup de leur beauté lorsque le vent les a déchiquetées.
Ses fleurs, en grand nombre, sont rapprochées en une sorte de
grosse grappe, qui devient un régime de fruits volumineux. Ces
fruits sont oblongs, un peu anguleux, variables de grandeur suivant
les races, pulpeux, et habituellement dépourvus de graines. Dans
les pays les plus favorables à la culture du bananier, une seule
plante peut donner jusqu’à 25 kilogrammes de fruits.
Les botanistes ont décrit sous le nom de M. sapientum une race
sauvage de bananier, qui paraît être la souche de toutes les variétés
du bananier commun. Ses fruits n’ont pas de valeur, mais ils con-
tiennent des graines dont on peut obtenir des variétés nouvelles,
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6
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 363
En revanche, ses fortes tiges et ses feuilles sont utilisées pour les
fibres qu’elles contiennent, et dont on fait divers ouvrages de spar-
terie.
M. Cavendishit LAMBERT. — Le bananier de la Chine, ou bana-
nier nain. Il est originaire des parties les plus méridionales de la
Chine, et beaucoup moins haut que le précédent, car il ne s’élève
guère à plus de 1"50, ce qui le rend plus commode à cultiver dans
les serres. Il est d’ailleurs très productif, donnant souvent plus de
100 fruits par régime, et ces fruits sont de première qualité. Sa cul-
ture est fort répandue, principalement dans les îles de l’océan Indien
et de l'océan Pacifique. C’est aussi celui qu’on préfère en Europe,
pour la culture productive en serre chaude.
Malgré son origine plus septentrionale que celle du bananier
commun, il semble plus sensible au froïd ; nous l’avons vu geler en
Provence à côté de ce dernier, qui n’avait pas sensiblement souffert
du froid. En Angleterre il y a des serres spéciales consacrées à cette
espèce de bananier, comme il y en a pour la vigne et les ananas,
et la culture en est assez bien entendue pour rémunérer suffisam-
ment ceux qui l’entreprennent.
M. Ensete GMEziN.— Le bananier Ensette, ou bananier de Bruce,
d’Abyssinie, introduit en Europe dans la première moitié du siècle.
C’est une plante gigantesque et très imposante, partout recherchée
aujourd’hui pour la décoration des serres et des jardins. Il est plus
rustique que le bananier commun, et on le cultive à l’air libre non
seulement à Alger et dans les villes méridionales de l'Espagne, mais
jusqu’en Provence, où il mûürit quelquefois ses graines. Le fruit est
dépourvu de pulpe, mais la souche et le bas de la tige sont comes-
tibles chez les peuples de l’Afrique orientale. Cette espèce de bana-
nier ne donnant pas de rejetons, c’est par graines seulement qu’on
le reproduit et le multiplie.
M. Livingstoniana Kirk. — De la région du Niger et des parties
orientales de l'Afrique. Il ressemble beaucoup au M. Ensete, et
n’en est probablement qu’une variété à graines beaucoup plus pe-
tites.
M. corniculata RüuMPH. — De la péninsule de l’Inde. Espèce re-
marquable par la grosseur de ses fruits, qui atteignent le volume
d’un concombre, mais ne sont pas mangeables crus. C’est au con-
traire un assez bon mets lorsqu'ils sont cuits. La variété connue
sous le nom de Zubang est, dit-on, énorme.
M. simiarum RumPx. — Le Pisang de la Malaisie et des îles de
la Sonde. On connaît une cinquantaine de variétés de cette espèce,
qui se confond peut-être avec le M. corniculata. Ses fruits, de
bonne qualité, atteignent quelquefois une longueur de 0"50, ou
même davantage. Il est beaucoup plus cultivé dans les îles que
sur le continent.
M. Troglodytarum L. — De l'Inde, et peut-être aussi de quel-
ques îles de l’océan Pacifique. Il diffère de tous les bananiers pré-
cédents en ce que son régime, au lieu de se courber vers la terre,
reste dressé. Ses fruils sont comparativement petits, rougeätres ou
orangés, rigoureusement comestibles, quoique fades.
364 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
Les espèces suivantes n’ont guère de valeur que comme plantes
d'agrément, elles sont d’ailleurs de petite taille si on les compare
aux espèces cultivées pour leurs fruits.
M. coccinea ANDREWS. —- Le bananier écarlate de Chine; cul-
tivé dans les serres de l’Europe, où il produit un certain effet par la
brillante couleur rouge des enveloppes de son régime.
M. rosacea JAco. — De l'Inde, plus grand que le précédent, avec
le régime enveloppé de spathes roses d’un bel effet. Il produit quel
ques fruits, mais qui sont à peine mangeables.
M. textilis L. — De l'Inde et de la Chine méridionale, où on le
cultive uniquement comme plante à produire de la filasse. Sesfibres,
fortes et abondantes, connues sous le nom d’Abaca, servent à faire
des tissus.
Tous les bananiers pourraient fournir de même des fibres utili-
sables, ne füt-ce que pour faire du papier. Dans l’Inde on tire sou-
vent parti des vieilles tiges des bananiers ordinaires, pour en ex-
traire les fibres, ainsi que nous l’avons dit plus haut.
MUTISIA viciæfolia CAVANILL. — Composée arbustive et grim-
pante des montagnes de la Bolivie et du Pérou, où elle est connue
des habitants sous le nom de Chinchircoma, et qui passe pour le
spécifique de la plus meurtrière des maladies de l’espèce humaine,
la phtisie. Usitée de temps immémorial par les indigènes dans
toutes les affections des voies respiratoires, c’est seulement dans
ces dernières années qu’elle a été annoncée à l’Europe par un mé-
decin français, le docteur Sacc, établi depuis longtemps en Bolivie,
et qui s’en est servi avec succès dans plusieurs cas de tuberculose
pulmonaire. Si les propriétés curatives attribuées à cet arbuste
étaient confirmées par de nouvelles observations faites en Europe,
on pourrait lui prédire un avenir aussi grand, en thérapeutique,
qu’au quinquina lui-même.
Le genre Mulisia renferme plusieurs autres espèces, peut-être
douées des mêmes propriétés. L'éveil étant donné, il est à croire
que les expérimentateurs ne tarderont pas à vérifier les faits annon-
cés, et, dans le cas de succès, de propager ces plantes partout où
la culture en serait reconnue possible.
MYOPORUM lætumFonsr.— Arbre de la Nouvelle-Zélande, ap-
partenant au groupe des Myoporinées. C’est le Nqaio des indigènes.
Cet arbre, qui recherche le voisinage de la mer, est, sous cette lati-
tude, un des meilleurs abris qu’on puisse se procurer contre les éro-
sions des terrains sablonneux par les vagues. Il donne en outre
beaucoup d'ombre, et son bois, susceptible d’un beau poli, n’est point
à mépriser. Il a encore l’avantage de nourrir les bestiaux par son
feuillage. Sa reproduction est des plus faciles : elle se fait à l’aide
de boutures simplement piquées dans les sables maritimes, toujours
un peu humides.
Plusieurs autres Myoporum, qui rendraient peut-être les mêmes
services, mais qu’on n’a regardés jusqu'ici que comme de simples
arbres el arbrisseaux d'agrément, existent dans les jardins du midi
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ÉNUMÉRATION DES PLANTES 365
de l’Europe, et particulièrement de la Provence maritime. Ce sont
principalement les M. parviflorum, tuberculatum, debrle et ellipt-
cum, qui seront peut-être considérés un jour comme arbrisseaux
fourragers, pour les pays chauds et sujets à de longues sécheresses,
comme le nord de l'Afrique et beaucoup de contrées de l'Orient.
MYRICA. — Genre unique de la petite famille des Myricacées,
dont les affinités sont obscures, mais qui a quelque analogie avec
les Bétulacées, peut-être aussi avec les Casuarinées. Ce genre ne
renferme que des arbrisseaux, dont les espèces sont disséminées
dans l’ancien et le nouveau monde. Toutes sont plus ou moins aro-
matiques et possèdent des propriétés médicinales aujourd’hui pres-
que oubliées. Néanmoins quelques-unes ont un certain intérêt pour
l’acclimateur, ce sont surtout les suivantes.
M. cerifera L. — Cirier. Des côtes sablonneuses de l'Amérique
du Nord, où on l’emploie pour fixer les terrains au voisinage de la
mer. Ce qui a donné à cet arbrisseau une certaine notoriété, c’est
qu’il produit une sorte de cire qu’on utilise pour la fabrication des
bougies. Pour l’obtenir on fait bouillir les fruits, et la cire qu’ils
contiennent vient flotter à la surface de l’eau, où on la recueille à
l’aide d’écumoires. A diverses reprises on a essayé, sans y réussir,
de cultiver cet arbrisseau en Europe, dans l’espoir d’en tirer quelque
profit. Il est vraisemblable que ces essais n’ont échoué que faute
d’avoir connu les conditions dans lesquelles il croît dans son pays
natal.
M. cordifolia L. — De l'Afrique australe, où 1l sert, comme le
précédent, à consolider les sables maritimes. On l’exploite de même
pour la cire contenue dans ses fruits.
Plusieurs autres Myricas de l’Afrique australe, entre autres les
M. quercifolia et M. serrata, rendent des services analogues. Tous
sont des arbrisseaux cérifères. Leur cire est plus compacte, plus
dure et plus fragile que la cire d’abeilles, mais elle fond plus facile-
ment. On la récolte pendant la saison froide, c’est-à-dire quand les
fruits sont arrivés à maturité. Les graines se sèment aussitôt que
les premières pluies ont donné de la consistance aux sables mari-
times, maisles plantes se multiplient aussi par bouturage. La souche
souterraine développe des racines qui avec le temps deviennent
fort longues et donnent beaucoup de solidité au terrain. Il nous
paraît fort probable que ces arbrisseaux, qui recherchent les ter-
rains salés, rendraient de véritables services dans le nord de l’Afri-
que, au voisinage des chotts, où le sol est imbibé d’eau saumâtre.
M. Faya Airon. — De Madère, des Açores et des Canaries. Les
fruits de cette espèce sont succulents et comestibles, et ils servent
principalement à faire des confitures. Le M. sapida, des montagnes
de l’Inde, donne aussi un fruit comestible.
M. rubra Sigs. et Zucc. — De la Chine et du Japon. Son fruit
a comestible ; on retire en outre de l’écorce de l’arbre une teinture
rune.
M. gale L. — Des lieux marécageux de l’Europe occidentale et
méridionale. C’est un petit arbrisseau aromatique, jadis utilisé en
sie dr 7 ' Put ro A SE,
366 ÉNUMÉRATION DÉS PLANTÉS
médecine, mais qui ne sert guère aujourd’hui qu’à fournir des fa-
gots pour le chauffage des fours.
MYRTUS. — Myrte. Genre type de la grande famille des Myrta-
cées. Tous les myrtes sont des arbres ou des arbrisseaux à feuilles
persistantes el aromatiques et à fleurs blanches. Leurs fruits sont
des baies, comestibles dans quelques espèces. Les myrtes diffèrent
à peine des eugénias. Plusieurs espèces méritent plus parliculière-
d’être citées.
M. acmenioides Ferd. von MuzLer. — De l'Australie orientale.
Ses feuilles, très odorantes, servent, ainsi que celles du AZ. fragran-
lissima, à aromatiser le thé.
M. communis L.— Le myrte proprement dit,ou myrte commun.
De l’Europe méridionale, au voisinage de la Méditerranée et de
l'Afrique du Nord, où il est le seul représentant de la famille des Myr-
tacées. C’est un petit arbre, ou si l’on veut un grand arbrisseau de
7 à 8 mètres, mais qui n'arrive qu’exceptionnellement à cette taille,
parce que, partout où il croît naturellement, on le met en coupe ré-
glée pour en faire du bois de chauffage. De tout temps le myrte a
été célébré pour la gracieuseté de son port, son élégant feuillage et
ses fleurs parfumées; de tout temps aussi on l’a cultivé comme ar-
brisseau d'ornement dans les pays où le climat est trop rude pour
lui permettre d’y être indigène. Il est commun sur les collines de la
Provence maritime.
Par suite de la culture, le myrte a produit de nombreuses variétés,
qui différent les unes des autres par la grandeur du feuillage, la
taille et le port, ou par quelque autre particularité. C’est ainsi que
les horticulteurs distinguent le myrte romain, le myrte d’Andalou-
sie, le myrte panaché, etc.
M. edulis BENTH. — De l'Uruguay. Arbre de 7 à 8 mètres, dont
les baies, à peu près de la grosseur d’un œuf de pigeon, sont co-
meslibles. Cet arbre fruitier serait à introduire dans le midi de l’Eu-
rope.
M. Luma MoriNa. — Du Chili méridional. C’est un véritable
arbre forestier par sa haute taille (25 à 30 mètres) et par la dureté
deson bois, dont on se sert principalement pour faire des vis d’écrou,
des jantes de roues et autres ouvrages auxquels on demande une
grande solidité. Si l’on tient compte du climat où cet arbre est indi-
gène on peut s'étonner qu’il n’ait pas encore été introduit dans nos
pays tempérés. On en peut dire autant du A7. Meli Parzipri, des
régions tempérées de l'Amérique du Sud, et qui rend les mêmes
services industriels que le précédent.
M. nummularia Porrer. — Celui-ci n’est qu'un simple arbuste,
à rameaux déliés etun peu grimpants, qui a quelque analogie de vé-
gétation avec les myrtilles( Vaccinium) de l'Europe et de l'Amérique
du Nord, recherchant comme eux les sols marécageux et tour-
beux. Comme eux aussi il produit des baies comestibles d’un goût
agréable et très parfumées. Originaire des parties les plus froides
du Chili, et s’avançant même jusqu’à la Patagonie, la Terre de
feu et les iles Falkland, il trouverait probablement sur les côtes
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 367
océaniques de l’Europe les conditions climalériques qui lui con-
viendraient.
M. Ugni MoriNa. — Le goyavier du Chili. Ce nom indique son
origine. C’est un simple arbuste buissonnant, auquel ses baies co-
mestibles et aromatiques ont valu une certaine notoriété en hor-
ticulture. Introduit en Europe vers la moitié du siècle, il n’a donné
jusqu’ici d'assez bons résultats que dans les parties occidentales de
l'Angleterre et en Irlande. On a vainement cherché à l’acclimater
dans le midi méditerranéen, soit parce que le terrain ne lui conve-
nait pas, soit plutôt par le fait de la chaleur et de la sécheresse de
l'été. II semble que cet intéressant arbuste aurait de meilleures
chances dans l’ouest de la France, surtout en Bretagne.
M. tomentosa AITON.— De l’Inde et de la Chine. C’est un bel ar-
brisseau deslocalités montagneuses de ces pays, où il s'élève jusqu’à
plus de 2,000 mètres de hauteur supramarine, ce qui semble lui
assurer un notable degré de rusticité. De tous les myrtes fruitiers
c’est peut-être le meilleur. Ses baies, d’un pourpre noir, sont de la
grosseur d’une cerise, juteuses, sucrées, agréablement parfumées,
très dignes, en un mot, de figurer sur les tables. On pourrait citer
plusieurs autres espèces de myrtes à fruits comestibles.
NAGEIA. — Arbres et arbrisseaux de l’ordre des Conifères, tous
des parties orientales et méridionales de l'Asie et des îles voisines,
à fleurs monoïques et dont les fruits sont des sortes de drupes ou
des baies contenant un noyau. Ce genre, très voisin des Podocar-
pus, et confondu avec lui par beaucoup d'auteurs, s’en distingue
cependant à première vue par son feuillage largement ovale et dé-
pourvu de nervure médiane. Les espèces en sont peu nombreuses
et quelques-unes assez mal connues. Citons dans le nombre :
N. japonica GÆR1IN. — Le Nagides Japonais. Arbre de moyenne
taille, originaire des îles méridionales du Japon, mais cultivé comme
arbre d'ornement dans des parties plus septentrionales de cet em-
pire. Il a été introduit en France vers le milieu du siècle; il n’est
qu'à demi-rustique sous la latitude de Paris.
N. Blumei GorboNw; Podocarpus Blumei ENpuicx. — Des par-
ties montagneuses de l’île de Java. C’est un arbre de 20 à 25 mètres,
très beau de port et d'aspect, mais qui ne peut réussir que dans les
régions intratropicales chaudes et humides.
N. latifolia GorpoN; Podocarpus latifolius WaLz. — Arbre de
moyenne taille (10 à 12 mètres), qu’on dit originaire du Bengale,
mais qui n’en est pas moins rustique dans le midi de la France, au
moins aux alentours de la Méditerranée. On le trouve çà et là dans
les jardins et les parcs de la Provence maritime. Ses fruits sont des
drupes de la grosseur d’une petite prune et de couleur violette.
NARDOSTACHYS Jatamansi DC. — Nard de l'Inde. Plante her-
bacée vivace, de la famille des Valérianées, mdigène sur les mon-
tagnes du Népaul et du nord de l’Inde, célèbre depuis les temps les
24
368 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
plus anciens pour les propriétés aromatiques de sa racine et les
vertus médicinales qu’on lui attribuait. Aujourd’hui encore elle est
l'objet d’un certain commerce dans les pharmacopées de l’Asie. Plu-
sieurs autres espèces du même genre ou de genres voisins sont aussi
récoltées dans l’Inde,et sont pareïllement employées dans la parfu-
merié et la médecine. On croit que c’est de l’une d’elles que prove-
nait l’aromate répandu sur les pieds du Sauveur par Marie. Le Jata-
mansi, cultivé en Angleterre, dans ces dernières années, y a passé
l'hiver sans protection, ce qui indique qu'il serait rustique et facile
à cultiver dans la plupart des pays tempérés.
NASTUS borbonicus MUNRO.— Grand bambou de l’ile de la Réu-
nion (ancienne île Bourbon), qui croît sur les montagnes aux altitu-
des de 1,000 à 1,200 mètres. Cette belle espèce serait à introduire,
ainsi que beaucoup d’autres, dans le midi de PEurope.
NELUMBIUM. — Nélombo. Genre de plantes aquatiques, vivaces
par leurs rhizomes enfouis dans la bourbe, et remarquables par la
largeur de leurs feuilles orbiculaires émergées, par leurs fleurs d’un
grand effet ornemental et par la singularité de leurs fruits. Les
graines, semblables à de petites fèves, contiennent beaucoup de
fécule et entrent même pour une petite part dans l’alimentation des
peuples chez lesquels ces plantes croissent à l’état sauvage. On n’en
connaît jusqu'ici que deux espèces, qui constituent à elles seules
la petite famille des Nélombonées, famille très voisine de celle des
Nymphéactes. L'une des deux espèces était déjà célèbre en Egypte
dès les temps les plus anciens; c’est le :
N. speciosum L.; Nelumbo nucifera GærTN. — Le nélombo pro-
prement dit, ou fève de Pythagore. Indigène dans les eaux du Nil,
des fleuves de la Perse et de l’Inde, du Cachemire jusqu’à la hauteur
de 1,600 mètres, du Volga sous le 46° degré de latitude, de la Chine,
du Japon et de l'Australie tropicale jusqu’au 23° degré de latitude
sud. La vaste étendue de cette aire géographique, qui embrasse des
climats si différents, explique la facilité avec laquelle cette belle
plante s’est introduite dans le midi de l’Europe, notamment en Italie
et dans la région méditerranéenne française. Elle fleurit et mürit ses
graines même à Montpellier, où elle a été importée d'Egypte par le
botaniste Delille vers la fin du siècle dernier. Il suffit pour qu’elle
s’y conserve que la gelée n’atteigne pas la couche de boue où ram-
pent ses rhizomes. Chaque année elle pousse des feuilles orbicu-
laires, légèrement creusées en forme de vasque, larges de 0"50 à
070, et portées hors de l’eau par de longs pétioles. Ces feuilles
sont bientôt suivies de grandes fleurs roses ou blanches, dont le
centre est occupé par un ovaire de forme obconique, qu’entourent
de nombreuses étamines. Les graines, de la grosseur d’une petite
olive, sont enchâssées dans des logettes ouvertes à leur partie su-
périeure, et d’où elles s’échappent d’elles-mêmes à la maturité. Le
nélombo d'Egypte est un des grands ornements des bassins et des
lacs artificiels. Hors de la région méditerranéenne il ne fleurit qu’à
la condition d’être abrité pendant l’hiver et exposé aux rayons du
Mate . » un
> #
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 369
soleil pendant l'été. Souvent même la chaleur artificielle lui est né-
cessaire pour montrer ses fleurs. Les graines conservent leur vitalité
pendant plusieurs années, et elles germent aisément dans la bourbe
couverte d’eau où elles tombent, si le climat du lieu est assez chaud.
N. luteum L.— Cette seconde espèce est américaine, et elle res-
semble beaucoup à la précédente, avec la différence que ses fleurs
sont de couleur jaune. Elle habile l'Amérique du Nord jusqu’au 44°
degré de latitude, et descend au sud jusqu’à la Jamaïque. Elle semble
plus rustique que le nélombo d'Egypte, et néanmoins on ne la voit
que rarement fleurir en Europe. Elle y est d’ailleurs peu commune,
malgré l'intérêt qu’elle offre comme plante de grand ornement. Ses
fruits contiennent de 20 à 40 graines, dont les amandes ont un goût
agréable. Ses rhizomes, comme ceux du nélombo d'Egypte, con-
tiennent une assez forte proportion de fécule.
NEPHELIUM.— Arbres et arbrisseaux de la famille des Sapinda-
cées, la plupart de pays tropicaux, et dont quelques-uns produisent
des fruits comestibles d’une certaine valeur. Les plus intéressants
pour nous sont les suivants :
N. pv L. — De l’Inde et de la Malaisie. Son fruit, assez
estimé des Européens, porte les noms de Rambutan et Rampostan.
N. Zitchi Causess. — De la Chine méridionale et des îles Phi-
lippines. Son fruit, sous le nom de ZLi-{chi, jouit d'une grande ré-
putation dans l’extrême Orient.
N. Longanum GausBEess. — Le longan, de l'Inde et de la Chine
méridionale. Son fruit est plus petit et moins bon que celui du pré-
cédent, et néanmoins on l’exporte jusqu’en Europe. L'arbre, qui n’a
guère que 4 à 5 mètres, réussit fort bien en Algérie, ce qui peut faire
supposer que les autres espèces y réussiraient de même. Le N. Lon-
ganum à été décrit par divers auteurs sous les noms génériques
d'Euphoria, Dimocarpus, Sapindus et Scytalia, qu’on a aussi ap-
pliqués aux espèces précédentes.
NERIUM Oleander L. — Laurier-rose, oléandre. Grand arbris-
seau ou petit arbre des parties les plus chaudes de la région médi-
terranéenne, commun surtout dans le nord de l'Afrique, en Orient
et jusqu’en Arabie, recherchant partout le bord des ruisseaux ou le
fond des ravins qui conservent de l’humidité. La beauté de ses
fleurs rose ou carmin l’a depuis longtemps fait introduire dans les
jardins d'agrément, et l’art en a obtenu des variétés blanches et
d’autres légèrement teintées de jaune ou mordorées. Rustique dans
le midi de la France, il gèle en hiver hors de cette région, et par
conséquent doit y être abrité en orangerie, comme les autres ar-
brisseaux de même tempérament et de même provenance.
La sève laiteuse du laurier-rose est vénéneuse, ainsi que celle de
beaucoup d’autres Apocynées. On en a séparé comme espèces dis-
ünctes les N. odorum, maskatense et salicinum, de l'Inde et de P'A-
rabie, qui différent si peu du laurier-rose commun qu’on peut, sans
inconvénient, les considérer comme ne formant avec lui qu’une seule
espèce.
VF? AVE é état Liber < *
370 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
NEURACHNE Mitchelliana Nxes. — Le Mulga des colons aus-
traliens. C’est une graminée vivace et fourragère des déserts de
l'Australie orientale et sud-orientale, où se trouve aussi le N. Mun-
roi, qui possède les mêmes qualités nutritives pour le bétail. Les
deux espèces aflectionnent les terres stériles, arides et sablonneuses,
où elles résistent aux plus longues sécheresses, ce qui indique
l'usage qu'on en pourrait faire dans les pays de climats analogues.
Elles constituent d’ailleurs un bon fourrage, très apprécié des colons
à certaines époques de l’année.
NICOTIANA. —- Nicotiane. Tabac. Genre de Solanées compre-
nant des espèces annuelles et des espèces vivaces, même un peu
arborescentes, toutes originaires d'Amérique, d’où elles sont suc-
cessivement arrivées dans l’ancien continent. Lune d’elles, comme
tout le monde le sait, est devenue en peu de temps une des plantes
commerciales et industrielles les plus importantes.
N. glauca Granam. — De l'Argentine et de l’'Uruguay, peut-être
aussi du Brésil méridional. C’est un arbrisseau de 4 à 6 mètres,
dont la croissance est très rapide, et qu’on trouve aujourd’hui natu-
ralisé dans beaucoup de lieux incultes de l'Europe méridionale et
du midi de la France, où il s'implante dans les rochers etles vieilles
murailles. Il ne paraît pas qu’on ait jusqu'ici songé à tirer parti de
ses feuilles, mais l’arbrisseau lui-même pourrait être utilisé sur les
pes mauvais terrains, ne fût-ce que pour procurer de l'ombre aux
estiaux, où pour consolider les sables mouvants, ce à quoi ses
racines traçantes le rendent propre. Il fleurit très abondamment, et
ses longues corolles jaunâtres sont recherchées par les abeilles.
Malgré la grande différence du N. glauca et du tabac proprement
dit, les deux espèces se croisent très facilement et donnent des
plantes hybrides de plus grande taille que le N. Tabacum, auquel
elles ressemblent d’ailleurs plus qu’à l’autre espèce.
N. mullivalois LiNpz. — Le tabac de la rivière Colombia. Espèce
annuelle, peu utilisée jusqu'ici, mais qui pourra acquérir un jour
plus d'importance.
N. persica Linpz. — Le tabac de Perse, très probablement ori-
ginaire d'Amérique, mais qu'on ne connaît aujourd’hui qu’à l’état
cultivé. C’est lui qui fournit le célèbre tabac de Chiraz. On le cultive
en Perse sur des montagnes où le climat est un peu froid, et c’est
là qu’il acquiert sa meilleure qualité. La manière de récolter et de
préparer cette espèce de tabac est un peu différente du mode adopté
pour le tabac ordinaire.
N. rustica L. — De l'Amérique tropicale et annuel. Ses feuilles
sont largement ovales, vertes ou grisâtres, et ses fleurs d’un blanc-
verdâtre. On le cultive en Europe, mais davantage dans l'Inde et
les îles voisines, où ses feuilles servent à préparer le tabac de Ma-
nille et quelques autres sortes moins connues. Le tabac turc est -
aussi, en partie, tiré de cette espèce.
NN. Tabacum L. — Le tabac proprement dit. C’est l'espèce la plus
' importante du genre, et on peut dire qu’elle est une des plantes qui
donnent lieu aux plus vastes transactions commerciales; aussi plu-
à dd O4
ÉNUMÉRATION DES PLANTES SA
sieurs gouvernements, dans un but fiscal, s’en sont-ils réservé le
monopole.
Le tabac est originaire de l'Amérique centrale, et son usage était
déjà fort répandu parmi les indigènes du nouveau monde quand les
Espagnols abordèrent à l’île de Tabago, dans le golfe du Mexique,
où pour la première fois ils virent des fumeurs de tabac. De là le
nom donné à la plante. En 1518 Fernand Cortez en envoya des
graines à Charles-Quint, et quarante-deux ans plus tard, en 1560,
l'ambassadeur français en Portugal, Jean Nicot, le fit connaître en
France, où il fut mis à la mode parle grand-prieur François de
Lorraine et par la reine Catherine de Médicis. Les fumeurs et les
priseurs de tabac furent d’abord tournés en ridicule, puis perséeu-
tés dans quelques pays, mais cela n’empêcha pas l'usage du tabac
de se répandre et de devenir général. On peut dire qu'aujourd'hui
tous les peuples de la terre usent du tabac sous une forme ou sous
une autre, et chez quelques-uns d’entre eux la consommation en
est énorme.
D'abord libre, la culture du tabac finit par être monopolisée dans
plusieurs Etats, où le gouvernement s’en est réservé la vente, sous
le nom de régie. En France, de 1811 à 1814, la vente des tabacs
produisait au Trésor plus de 25 millions de francs par an, mais ce
revenu à rapidement progressé, et aujourd’hui il dépasse 300 mil-
lions. Le tabac est également monopolisé en Autriche, en Italie, en
Espagne et en Portugal. En Angleterre la fabrication et la vente en
sont hbres, mais la culture en est interdite. Tout le monde sait que
le tabac se présente dans le commerce sous trois formes, le tabac à
priser ou tabac en poudre, le tabac à fumer (scaferlati), découpé
en lanières pour la pipe, ou en feuilles roulées, qui constituent les
cigares, et le tabac à mâcher ou à chiquer, qui n’est guère en
usage que chez les marins et les soldats.
Le tabac proprement dit, le MNicotiana Tabacum des botanistes,
est une plante annuelle sous nos climats, ou du moins cultivée
comme annuelle. Elle se distingue des autres espèces par la gran-
deur de ses feuilles et par ses fleurs tubuleuses, roses ou rouges,
mais elle a produit plusieurs races, qui pourraient même être re-
gardées, au point de vue de l’industrie, comme autant d'espèces
distinctes, et qui varient aussi par la qualité de leurs feuilles. Au
surplus, ici comme pour beaucoup d’autres plantes, la valeur des
produits dépend en grande mesure de la nature des terrains et aussi
des préparations auxquelles on les soumet. La régie française opère
divers mélanges entre les tabacs indigènes et ceux qui viennent de
l'étranger, principalement ceux du Kentucky et du Maryland pour
le tabac haché, et ceux de Hongrie, de Hollande et de Guayaquil,
pour la confection des cigares; elle vend d’ailleurs des tabacs étran-
gers, surtout des cigares de la Havane et de Manille.
La culture du tabac est une des plus rémunératives, mais en
même temps une des plus épuisantes. Elle ne réussit bien que dans
les bonnes terres fortement fumées, et qui ne sont pas sujettes à
de longues sécheresses ou qui peuvent être irriguées. Elle est com-
patble avec des climats très différents, tels que ceux des pays in-
372 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
tratropicaux et ceux de l’Europe centrale, où cinq ou six mois de
belle saison suffisent pour amener les plantes à maturité.
Les effets du tabac sur l’économie ont été fort discutés, et il a
toujours eu plus d’adversaires que de partisans parmi les hygié-
nistes et les médecins. On s'accorde aujourd’hui à reconnaître que
le tabac, à priser ou à fumer, lorsqu'on n’en use qu’à très petites
doses, et lorsqu'on en a une certaine habitude, ne nuit pas sen-
siblement à la santé, qu'il est même utile dans certaines profes-
sions fatigantes et monotones, ou s’exerçant dans une atmosphère
humide ou viciée, comme celles des marins, des mineurs et des
égoutiers. Au-delà d’une certaine limite, qu'il est d’ailleurs difficile
de préciser, et qui varie avec les tempéraments individuels, le tabac
entraîne des altérations de la santé générale par son action sur le
système nerveux. Il produit l’engourdissement de l'esprit, l’affaiblis-
sement de la sensibilité, la diminution et quelquefois la perte totale
de la mémoire. On lui attribue en outre certaines maladies, géné-
rales ou locales, véritables empoisonnements dûs à la nicotine qu'il
contient. Ces cas extrêmes sont cependant des exceptions, mais au
total il vaudrait mieux s'abstenir de l’usage du tabac, et, si on ne
le peut, n’en user qu'avec beaucoup de modération.
NIEMEYERA prunifera Ferd. voN MULLER ; Lucuma pruni-
fera BeNTu. — Le caïnito d'Australie. Arbre à feuilles persistantes,
de la famille des Sapotées, qu’on trouve çà et là dans les massifs
boisés de la Nouvelle-Galles du Sud et de l'Etat de Queen’s Land.
Comme d’autres Sapotées, il produit des fruits comestibles, assez
semblables à dés prunes. Jusqu'ici il est resté à l’état sauvage, mais
il est vraisemblable que la culture pourrait améliorer.
NYMPHÆA. — Nénufar. Genre type de la famille des Nymphéa-
cées, entièrement composé d'espèces aquatiques, vivaces par des rhi-
zomes enfouis dans la vase, à larges feuilles orbiculaires ou ellip-
tiques flottantes à la surface de l’eau, et à grandes fleurs émergées,
remarquables parle nombre quelquefois très grand de leurs pétales,
dont le coloris, blanc, bleu, jaune ou rouge, contraste avec celui
du faisceau d’étamines qui en occupe le centre. Aucune de ces plantes
n’a d'utilité bien réelle; elles sont néanmoins fort recherchées par
l’horticulture d'agrément, pour la décoration des bassins et des lacs
artificiels.
On en connaît aujourd’hui une trentaine d'espèces, disséminées
sous tous les climats,mais bien plus nombreuses entre les tropiques
que dans les pays tempérés ou froids. L'Europe en possède trois ou
quatre, dont deux sont communes dans les mares et les cours d’eau
peu rapides à fond vaseux, le nénufar jaune (N. lutea L.., Nufar lu-
teum Su.) et le nénufar blanc ou lis d’eau (N. alba L.). Aux Etats-
Unis se trouvent les N. advena et mullisepala, à fleurs jaunes, et
cultivés, comme nos espèces indigènes, dans les pièces d’eau des
pares et jardins de l’Europe.
Les Nymphéacées des pays intratropicaux tiennent une bien plus
large place dans l’horticulture d'agrément, et là où le climat en m-
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 373
terdit la culture à l'air libre on leur construit des bassins tout ex-
près dans les serres chaudes. La plupart en effet justifient cette dé-
pense par la beauté de leur feuillage et surtout de leurs fleurs, souvent
très grandes et brillamment colorées. Telles sont, pour ne parler
que des plus remarquables, les N. dentata de la côte de Guinée, à
larges corolles blanches, scutifolia de l'Afrique australe, cærulea
de l'Egypte, stellata de l'Inde, gigantea d'Australie, toutes quatre à
fleurs bleues; Amazonum de l'Amérique équatoriale, à fleurs jaune-
verdâtre ; rubra et versicolor de l’Inde, la première à fleurs rouge-
earmin, la seconde à fleurs roses. Ces diverses espèces, croisées ar-
tificiellement dans les serres, ont donné naissance à plusieurs formes
hybrides (N. Ortgiesiana, Boucheana, etc.), non moins belles que
les espèces d’où elles sont sorties.
Nous n’avons pas besoin d’insister pour faire comprendre que le
nombre des Nymphéacées cultivables à Pair libre sera d'autant plus
grand que le climat sous lequel on voudra en essayer la culture sera
plus chaud. Entre les tropiques toutes réussiront plus ou moins,
suivant les lieux et les expositions. Ajoutons que cette culture est
des plus simples, et qu’elle se réduit presque à fournir à ces plantes
des pièces d’eau, dont la profondeur varie de quelques centimètres
à un mètre, suivant les dimensions des plantes.
NYCTANTHES arbor-tristis L. — Sous-arbrisseau de l’Inde et
de l’Assam, dont les fleurs délicieusement parfumées fournissent une
notable partie de l’essence de jasmin du commerce. Cet arbrisseau,
assez voisin des jasmins proprement dits, pourrait vraisemblable-
ment être cultivé avec profit dans le midi de l'Europe et le nord de
l'Afrique.
NYSSA. — Genre d'arbres et d’arbrisseaux américains, consti-
tuant à lui seul la petite famille des Nyssacées, que les botanistes
rapprochent, avec doute, de celle des Santalacées. Plusieurs espèces
sont intéressantes au point de vue de leur utilité, mais néanmoins
fort rares encore en Europe. Distinguons particulièrement les sui-
vantes :
N. aquatica L. — Le tupelo commun des Américains du Nord.
C’est un grand arbre à feuilles caduques, qui croît dans les marais
et même dans les terres inondées, très propre par conséquent à oc-
cuper des sites analogues dans les parties tempérées de l’Europe.
Son bois n’est pas sans valeur, et ses racines, d’une texture spon-
gieuse et très légères, remplacent le liège, comme flotteurs, pour
les filets.
N. angulisans L. — Le tupelo de la Caroline. Bel arbre des par-
ties méridionales des Etats-Unis, qui se plaît, comme le précédent,
dans les lieux marécageux. Sous le climat de Paris il est souvent
atteint par la gelée etil s’y réduit à un arbrisseau d’orangerie.
N. multifiora WANGENH. — Le tupelo des bois, nommé aussi
Black qum tree et Sour qum tree par les Américains. C’est un arbre
d’une quinzaine de mètres, habitant les forêts, à branches étalées
horizontalement. Son bois est très dur et cependant léger, et ses
374 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
fibres sont tellement entre-croisées qu’il est à peu près impossible
de le fendre ; aussi l’emploie-t-on à une foule d’usages, principale-
ment à faire des ustensiles non sujets à se fendre, des objets de tour
et même des chaussures. Sous ce rapport c’est un arbre éminem-
ment utile, mais c’est aussi un arbre d'ornement par son feuillage,
qui en automne prend une belle teinte rouge vif. On pourrait aussi
le ranger parmi les arbres fruitiers, à cause de ses baies sucrées-
acidulées, dont on confectionne des conserves et des confitures. Il
se multiplie également de graines et de boutures.
N. uniflora WALTER. — Du nord-est des Etats-Unis, où 1l croît
dans les marais, ce qui lui a valu son nom vulgaire de Swoamp
Tupelo. Ce n’est qu'un grand arbrisseau, dont la racine spongieuse
supplée au liège dans divers emplois. Ses fruits, comme ceux de
plusieurs autres espèces (N. capitata, N. candicans, etc.), sont co-
mestibles.
N. oillosa L.. — Le tupelo velu. De la Virginie. C’est un des plus
grands arbres du genre, et comparable sous ce rapport au N. mul-
tiflora. Quoique incomplètement rustique à Paris on l’y a vu plu-
sieurs fois fructüifier. Selon toute probabilité, les tupelos trouve-
raient des conditions de sol et de climat favorables dans le sud-ouest
de la France, principalement dans les terres imbibées des landes de
Bordeaux. C’est une expérience à recommander.
OCIMUM. — Genre de Labiées odoriférantes, propres aux climats
chauds et secs de l’ancien continent, peut-être aussi de l'Amérique
du Sud et de l'Australie. Plusieurs espèces sont cultivées pour la
parfumerie et quelquefois sont usitées comme condiments dans les
mets. Telles sont les espèces classiques qui suivent :
O. basilicum L. — Le basilic. Herbe annuelle des régions les
plus chaudes de l'Asie et de l'Afrique orientale. Elle a produit, par
le fait de Ja culture ou par d’autres causes, un grand nombre de
variétés qui diffèrent considérablement les unes des autres par la
nature de leur parfum. Le basilic est cultivé dans presque tous les
jardins de l’Europe.
O. gratissimum L. — De l’Inde et des îles qui en sont voisines,
peut-être aussi du Brésil. Plante vivace, un peu ligneuse, une des
plus odoriférantes du genre et dont l'essence est des plus estimées.
1/0. viride WizLn., de l'Afrique tropicale, semble n’en être qu’une
variété.
O. sanctum L. — De l'Arabie, de l'Inde et même de l’Australie
tropicale ; son parfum rappelle celui de l’anis ou du girofle, suivant
les régions où on le récolte. La plante a d’ailleurs plusieurs variétés,
au nombre desquelles il faut ranger probablement VO. tenuiflorum
de Linné. Toutes sont utilisées dans la parfumerie et quelques-unes
jouissent d’une grande réputation. L’O. suave, de l'Afrique orientale,
plante un peu ligneuse, est surtout utilisé par les Arabes.
OLEA. — Genre d'arbres de la famille des Oléacées, comprenant
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 375
une trentaine d'espèces, la plupart asiatiques et africaines, à feuilles
persistantes, et dont le fruit est une sorte de drupe contenant un
noyau à deux loges. Une seule espèce est devenue économique,
mais elle tient un des premiers rangs dans l’agriculture des pays
qui entourent la Méditerranée, et elle est célèbre depuis les temps
les plus anciens.
©. europæa L.— L'olivier proprement dit, l’arbre favori des Grecs
etdes Romains, le symbole dela paix et de la prospérité des peuples.
L'origine de sa culture se perd dans la nuit des temps, mais tout
semble confirmer l’opinion de ceux qui le regardent comme origi-
naire des parties chaudes de l’Asie occidentale, d’où il aurait été
introduit en Europe et en Afrique par les Phéniciens d’abord, puis
propagé dans le midi de la France par les Phocéens établis en Pro-
vence. Il s’y est si bien naturalisé qu’il y croît depuis des siècles à
l’état sauvage ou demi-sauvage dans les terres abandonnées par l’a-
griculture, et cela sans s’être beaucoup modifié dans son aspect
extérieur. C’est alors l’oleaster des anciens, l’oléastre des modernes,
qui ne se distingue des formes cultivées que par des feuilles plus
courtes et plus raides, et par des fruits plus petits.
La grande importance de l'olivier est due à ce que la pulpe qui
entoure le noyau du fruit contient une grande quantité d'huile, et de
telle qualité que, de tout temps, on l’a regardée comme la meilleure
de toutes pour l’usage de la table. Cette huile, qu’on obtient par la
pression des drupes, est ordinairement verdâtre, quelquefois légè-
rement colorée en jaune, etelle se concrète par l’abaissement de la
température au point de perdre presque toute fluidité à quelques de-
grés centigrades au-dessous de zéro. Elle varie beaucoup de qualité,
suivant les arbres qui l’ont produite et suivant la nature des sols,
les climats et les procédés dé fabrication. L'huile de Provence, ou
huile d’Aix, est à juste titre la plus estimée.
Livré à lui-même dans les terres substantielles et profondes, et
sous un climat favorable, l'olivier, dont la vie se prolonge pendant
des siècles, devient un très gros arbre, et on en voit assez souvent
en Provence et en Algérie dont la hauteur est de 15 à 20 mètres,
sur un tronc de 3 à 4 mèêtres de circonférence. Le plus souvent
cependant l'olivier reste beaucoup plus bas, surtout dans les terres
arides, rocailleuses et sans profondeur, où on le relègue volontiers
pour donner un autre emploi aux sols de meilleure qualité. Une
autre cause qui l'empêche de grandir est l’élagage fréquent auquel
on le soumet pour en rajeunir la tête et le rendre plus productif,
en même temps que pour faciliter la récolte des fruits. Il arrive enfin
que, sur la limite de la culture, là où les hivers sont déjà trop froids,
l'olivier est souvent atteint par la gelée, ce qui oblige le cultivateur
à le rabattre sur les branches qui ont échappé à la mortification ;
aussi, dans ces conditions peu favorables, les arbres se réduisent-
ils à la taille d’arbrisseaux de 3 à 4 mètres, à tête plus ou moins
arrondie, mais qui n’en sont pas moins très fertiles dans les bonnes
années. Presque tous les oliviers sont sujets à l’alternance, c’est-à-
dire à se reposer une année, sans produire ou avec une faible pro-
duction, après une année d’abondance. Eu égard à leur taille, les
376 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
oliviers jeunes et vigoureux donnent plus de fruits que ceux qui
sont très âgés, et qu’on est dans l’habitude de rajeunir ainsi que
nous l'avons dit plus haut.
Une des grandes qualités de l’olivier est sa résistance aux longues
sécheresses des pays méridionaux. Même dans les terrains les plus
arides et les plus pauvres il survit à tous les autres arbres, poussant
de nouveaux rejetons de sa souche si les branches ou le tronc ont
été desséchés, ce qui est d’ailleurs un accident rare. Cette persis-
tance de la vie de l'arbre fournit un moyen souvent employé de re-
roduction. On enlève à la hache ou au ciseau des blocs du bois de
a souche sur lesquels existent déjà des bourgeons, et ces blocs mis
en terre reprennent avec la plus grande facilité. La reproduction se
fait aussi par semis, et même par semis spontané, car les olives
tombées à terre germent sans qu’on ait à s’en occuper, et il suffit,
pour faire de nouvelles plantations, d'enlever le plant, pour le mettre
en pépinière ou en place. Quoi qu’on en ait dit, l'olivier se développe
avec une certaine rapidité, et il n’est pas rare de voir des arbres de
semis commencer à frucüfier à l’âge de sept à huit ans. Ce n’est
toutefois que quelques années plus tard que l’arbre est dans la
plénitude de la production, qui, moyennant les soins dont l’expé-
rience a démontré l'efficacité, peut se continuer pendant plus d’un
demi-siècle.
La greffe est aussi un moyen de rajeunissementdes vieux oliviers,
et on est étonné de la facilité avec laquelle elle reprend, même sur
les branches les plus volumineuses. On emploie tantôt la greffe en
couronne, si les branches amputées sont très grosses, tantôt la
grefle en écusson, sur des branches jeunes et à écorce lisse. C’est
d’ailleurs par la greffe qu’on propage les diverses races, qui ne se
reproduiraient pas sûrement par le semis, et dont le résultat se
ferait attendre plus longtemps.
Le principal emploi des olives est l'extraction de l'huile qu’elles
contiennent, et pour cela on attend qu’elles soient arrivées à matu-
rité, ce qu'indique leur changement de couleur, qui passe du vert au
violet-noir. C’est ordinairement à la fin de l’automne, plus tôt ou
plus tard suivant les lieux et les races d’oliviers, que les olives ont
atteint un degré suffisant de maturité; elles tombent alors des arbres,
soit spontanément, soit par le gaulage, procédé brutal en ce qu'il
casse beaucoup de rameaux, mais néanmoins inévitable quand les
arbres sont très élevés. C’est alors que se fait la récolte des olives ;
mais, en Provence, on la renvoie assez ordinairement aux mois de
décembre et de janvier. Cette habitude a été souvent blâmée, cepen-
dant elle se maintient malgré les recommandations des agricul-
teurs.
Si l'olivier est surtout cultivé pour son huile, il l’est aussi dans une
certaine mesure comme arbre fruitier. L’olive arrivée à maturité
est molle, âcre et amère, et à cet état peu de personnes peuvent en
supporter le goût, mais cueillie avant maturité, lorsqu'elle estencore
verte et ferme, elle devient un fruit de table justement estimé, après
avoir été macérée quelque temps dans de l’eau alcalinisée, qui lui
enlève son amertume. Ainsi préparées les olives sont dites marinées
ss
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 371
ou confites, et elles se consomment crues en entremets, ou cuites
avec des viandes, dont elles relèvent la saveur. Elles ont encore
d’autres emplois dans l’art culinaire. La préparation des olives
marinées est une industrie d’une certaine importance pour les pays
producteurs d'olives, elle est surtout florissante dans le midi de la
France, et ses produits sont l’objet d’une exploitation très considé-
rable.
Un arbre si anciennement cultivé a naturellement donné nais-
sance à des races et à des variétés inégales en valeur. Le nombre, en
effet, en est presque infini. Chaque région oléifère a les siennes, qui
sont mieux appropriées que d’autres à son climat, à son sol et à ses
habitudes. Pour ne parler que des variétés et races françaises nous
citerons :
La Laurine, une des plus rustiques et des plus cultivées en Lan-
guedoc. Son huile est bonne sans être de première valeur. Le fruit
est mariné dans quelques localités.
La Saurine ou Picholine, très fertile, et à fruits moyens.
L’Aglandeau, Cayanne où Cayon, dont le fruit est trop petit pour
être confit, mais qui donne une huile excellente. L'arbre est de petite
taille, quoique précoce et productif.
L’Amellone ou Plant d'Aix, une des races les plus cultivées en
Provence. Son huile est de première qualité ; on en marine aussi les
fruits pour le commerce.
La Baralingue, désignée aussi sous le nom d’A mpoulleau, à cause
de sa forme arrondie. C’est une des bonnes variétés françaises.
La Négrette ou Mourette, race précoce, à fruit très noir. On en
cultive plusieurs sous-variétés sous ce nom.
La Saverne, qui donne une huile de première qualité, surtout
dans les sols caillouteux et calcaires, mais qui résiste moins au
froid que la plupart des autres races.
La Turquoise, à fruits allongés, une des meilleures à confire.
L’Espagnole, une des plus grosses olives de Provence, ce qui en
fait une des meilleures à mariner. Son huile, qui conserve une cer-
taine amertume, est peu recherchée.
La ÆRougette ou Ponchude, dont le fruit est pointu à ses deux
extrémités, et seulement rouge lorsqu'il est mûr, donne une des
meilleures huiles du pays.
La Pendulière, ainsi nommée de l’aspect de l’arbre, dont les ra-
meaux sont grèles et pendants, est commune dans le Var et les
Alpes-Maritimes et renommée pour l’excellence de son huile.
La Courniole, ou olive Courniau, ou Plant de Salon, est très
productive et donne une huile excellente, mais les fruits en sont
trop petits pour être marinés.
On distingue encore les olives blanches et les olives noires à
fruits doux, qui peuvent être mangées sans préparation. Elles n’ont
qu’une médiocre importance comparativement à plusieurs autres.
Cette liste pourrait être considérablement allongée, surtout si nous
y faisions entrer les races et les variétés d'olives cultivées dans les
autres pays de l’Europe et de l'Orient, mais elle aurait peu d'intérêt
et d'utilité. C’est dans les traités spéciaux que le lecteur doit chercher
378 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
ces détails. Pour les olives de France, nous lui signalerons, parmi
les auteurs du dernier siècle ou du commencement de celui-ci, l ÆHis-
toire de l'olivier, par Amoreux; le Dictionnaire d'agriculture, de
Rozier, et l’AÆistoire naturelle de la Provence, par Bernard. Parmi
les traités contemporains, ceux de Riondet et de Raynaud. Pour les
races d'olives d'Espagne, on consultera le Traité de la cullure de
l'olivier, par le chevalier Jose de Hidalgo de Tablada, et pour les va-
riétés italiennes, les ouvrages de Pieconi et de Petagna. On trouvera
en outre de nombreux renseignements dans le ictionnaire d'a-
griculture de Moll, et dans les diverses communications faites aux
Sociétés d'agriculture de France et des pays voisins.
Ainsi que nous l’avons dit plus haut, la culture de l'olivier est
principalement cantonnée aux alentours de la Méditerranée, mais
elle existe aussi en Portugal et dans diverses parties de l'Espagne qui
ne confinent pas à cette mer. En France elle est limitée aux départe-
ments méditerranéens, des Pyrénées à la frontière franco-italienne,
mais c’est dans les Bouches-du-Rhône, le Var et les Alpes-Maritimes
qu’elle a pris son plus grand développement, parce que tout l’y fa-
vorise, le sol, le climat et les habitudes agricoles du pays. L’olivier
est doué d’une certaine rusticité. Il endure sans souffrir des froids
de 5 à 6 degrés centigrades, même des froids plus intenses, pourvu
qu'ils ne soient pas de longue durée. À 10 degrés au-dessous de zéro,
l'olivier perd ses jeunes branches; à 12 ou 15 degrés, il peut geler
jusqu’au niveau du sol, mais il résiste encore si le dégel se fait par
un ciel couvert. Au surplus, diverses circonstances qu’on ne peut
pas toujours apprécier influent d’une manière considérable sur la
résistance des arbres aux intempéries. La culture productive de lo-
livier n'arrive qu'exceptionnellement au 44° degré de latitude, et vers
le sud elle ne dépasse pas la limite septentrionale du Sahara.
L’olivier, quoique très robuste, ne s’accommode pas des terrains
bas où l’eau reste stagnante. Il aime le soleil et les terres en pente
qui ne retiennent pas l’eau, mais les irrigations, dans les temps de
sécheresse, lui sont favorables et augmentent sa fécondité. Il en est
de même des engrais ; toutefois, à cause du peu d’abondance des fu-
miers dans les pays producteurs d'olives, on y supplée par des en-
grais verts, fèves et lupins surtout, qu’on enfouit autour de arbre.
Il a quelques ennemis parmi les insectes, entre autres un puceron,
dont les excrétions sur les feuilles engendrent le noir ou fuma-
gine, dont les arbres sont couverts dans certaines années. Mais son
ennemi le plus redoutable est une mouche, le Dacus oleæ, connu en
Provence sous le nom de kéïroun (ciron), qui pond ses œufs dans
l'ovaire au moment de la floraison, et dont la larve, bientôt éclose,
ronge la pulpe du fruit, qui cesse de grossir et tombe avant maturité.
Depuis quelques années les ravages de cette mouche occasionnent
des pertes considérables à l'agriculture provençale, dont la récolte
d'olives se réduit souvent à la moitié ou au quart de ce qu’elle de-
vrait être. Jusqu'ici on ne connaît aucun moyen de faire disparaître
cet insecte; tout au plus peut-on en diminuer le nombre en enlevant
les olives atteintes par la larve avant sa transformation en insecte
parfait.
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4: die he tonth ie #
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ÉNUMÉRATION DES PLANTES 379
ONCOSPERMA /usciculatum THWAITES. — Grand palmier de
l'ile de Ceylan, où il s’élève sur les montagnes jusqu’à l’altitude de
1,200 à 1,500 mètres. Il se distingue par sa tige menue, épineuse,
qui dépasse souvent une quinzaine de mètres de hauteur. Ce palmier
est fort élégant et mériterait d’être introduit dans les pays tempérés-
chauds, tels que l'Egypte, le nord de l’Afrique, etc.
ONOBR Y CHIS satioa LAMKk. — Sainfoin, esparcette. Rangé par
quelques botanistes dans le genre Æedysarum. Légumineuse four-
ragère qui tient une place considérable dans l’agriculture du midi
de l’Europe. C’est un des meilleurs fourrages connus et qui a, en
outre, la propriété d'améliorer très notablement les mauvaises terres.
Ce qu’elle a encore de particulier c’est qu’elle résiste beaucoup mieux
à la sécheresse que la plupart des autres fourrages légumineux. Elle
peut durer plusieurs années sur le même terrain; cependant il est
assez d'usage qu’on l’enfouisse en qualité d’engrais, après une ou
deux coupes. Le sainfoin réussit dans tous les sols, même les plus
graveleux et les plus secs, mais mieux dans les sols calcaires que
dans tous les autres. Dans le midi de la France on le sème souvent
avec une céréale, surtout avec le blé, et 1l occupe le terrain pendant
l'hiver, pour fournir une première coupe au printemps. On peut
ensuite le faire pâturer par les bœufs ou par les moutons, si on ne
tient pas à le conserver plus d’une année, mais il faudrait s’en abs-
tenir si on voulait le faire durer plus longtemps. Dans les pays d’o-
liviers on sème souvent le sainfoin autour de ces arbres pour les
rendre plus productifs, et alors la plante entière est enfouie dans la
terre au moment de sa floraison. La fleur du sainfoin, comme celle
du trèfle blanc, est recherchée des abeilles, et il y a avantage à tenir
des ruchers dans les pays où la plante est habituellement cultivée.
ONOSMA Æ'modi BENTH.; Maharanga Emodi DC.— Orcanette
du Népaul. Plante herbacée, vivace, des hautes montagnes de l’Inde
et de l'Asie centrale, dont la racine fournit une matière colorante
rouge, analogue à celle de l'Anchusa tinctoria où faux Alkanna
des droguistes. Cette plante industrielle n’a pas encore été introduite
en Europe.
OPHELIA elegans WiGxT. — Gentianée des hautes montagnes
de l'Inde, très estimée dans cette région comme tonique et fébrifuge.
D’autres espèces, telles que les ©. angustifolia Dox., densiflora
Grises., multiflora DALzELL., sont également employées en théra-
peutique et se vendent dans les bazars de l’Inde. Nous rappelons
d’ailleurs que toutes les gentianées participent aux mêmes pro-
priétés à des degrés divers. Plusieursespèces d’Ophelia, de la Chine
et du Japon, encore peu étudiées, mériteraient d’attirer l’attention
des médecins et des pharmaciens.
OPUNTIA. — Raquette, nopal. Genre de Cactées, toutes améri-
caines, et principalement de l'Amérique centrale, du Mexique et de
la Californie, mais dont quelques-unes s’avancent beaucoup plus loin
380 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
vers le Nord. On en connaît aujourd’hui un grand nombre d’espèces,
la plupart épineuses ou du moins aiguillonnées sur quelques-unes
de leurs parties. Ces plantes, tantôt seulement herbacées, tantôt
arborescentes, sont remarquables par la bizarrerie de leurs tiges et
de leurs rameaux articulés, charnus, souvent aplatis et semblables
à des feuilles superposées. Chez d’autres espèces les articles des
tiges et des rameaux sont irrégulièrement cylindriques. Au moment
où commence la végétation les parties nouvelles portent des feuilles
cylindriques et charnues, qui ne tardent pas à tomber, laissant à
leur place des faisceaux d’épines acérées ou d’aiguillons, dont il est
difficile de se débarrasser quand ils ont pénétré dans la peau. Plu-
sieurs espèces d’opuntias sont cultivées comme plantes industrielles
ou fruitières, non seulement en Amérique, mais dans le midi de
l'Europe, le nord de l’Afrique, l'Arabie, la Perse et autres pays à
climats chauds et secs. Signalons particulièrement les suivantes :
©. coccinellifera Mix. — Le nopal à la cochenille. Du Mexique
et des Antülles. Plante de 2 à 3 mètres, dressée, ramifiée, devenant
ligneuse à la base quand elle vieillit. Les articles de ces rameaux,
de forme obovale, charnus, épais et peu ou point épineux, nourris-
sent l’insecte parasite connu sous le nom de cochenille, qui fournit
la belle teinture de ce nom. Au Mexique on fait ordinairement trois
récoltes de cet insecte dans une année, et on évalue à 1,200 tonnes
la quantité qui en est annuellement importée en Angleterre, au prix
moyen de 400 livres sterling (10,000 fr.) la tonne.
Plusieurs autres pays importent de même cette denrée. La cul-
ture du nopal et l’industrie cochenillère ont été de bonne heure in-
troduites aux Canaries, où elles ont eu peu de succès à cause de la
concurrence du Mexique et des Antilles. On l’a de même essayée
en Algérie; elle y a donné quelques bénéfices malgré la cherté de
la main-d'œuvre, et on l’y cultive encore sur quelques points. Plu-
sieurs autres opuntias peuvent également nourrir la cochenille, telles
que les O.Tuna, Hernandezii, Ficus-indica, etc., toutefois l’espèce
ordinaire est préférée parce qu’elle està peu près inerme. Sa culture
est d’ailleurs des plus faciles là où le climat fournit une chaleur suf-
fisante.
Le nopal peut rendre d’autres services que celui de nourrir la
cochenille. Ses fruits et ses raquettes sont employés au Mexique
dans l’alimentation des bœufs, après avoir été légèrement grillés
sur le feu pour en faire disparaître les aiguillons. Ce qui est encore
à considérer c’est que, par sa contexture charnue et aqueuse, il ne
donne aucune prise au feu, et que des lignes de nopals qui divise-
raient les forêts en compartiments seraient autant de barrières op-
posées à la propagation des incendies. Par cette simple précaution,
de grandes dévastations de forêts pourraient être évilées.
O. Dillenit DC. — Espèce très analogue à la précédente, pouvant
aussi nourrir la cochenille, mais surtout employée, dans l'Amérique
centrale, pour clôturer les champs, ce à quoi la rendent propre son
aptitude à croître sur les sols arides, et ses épines, qui en rendent
les clôtures très défensives. L’O. elatior, plus hérissée encore d’é-
pines, sert aux mêmes usages.
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 381
O. Ficus-indica Mizr. — Le figuier de Barbarie. De l'Amérique
centrale et s’avançant au nord jusqu’à la Floride. C’est l'espèce la
plus classique du genre et la plus répandue, car elle existe aujour-
d’hui dans tous les pays secs et chauds, principalement dans le
nord de l'Afrique, au cap de Bonne-Espérance et jusqu’en Aus-
tralie. En peu d'années elle forme une sorte d'arbre, de forme 1rré-
gulière et disgracieux, armé d’épines, mais très fécond en fruits,
qui, bien mûrs, sont assez agréables au goût. Elle abonde en Al-
gérie et dans les îles de la Méditerranée, principalement en Sicile,
où elle fournit une partie notable de l'alimentation des classes pau-
vres. Ses fruits, presque de la forme et de la grosseur d’un œuf de
poule, sont armés d’aiguillons dont on les débarrasse en les bras-
sant dans l’eau. La chair en est rougeûtre, sucrée, et contient beau-
coup de graines.
Par ses fleurs d’un rouge orangé le figuier de Barbarie se dis-
tingue d’une autre espèce ou variété très voisine, également culti-
vée pour ses fruits dans la région méditerranéenne. Les fleurs en
sont jaunes, et les articles de ses rameaux ou raquettes sont plus
grands, plus aplatis et d’un vert plus glauque que ceux de la variété
commune. Nous avons quelque raison de croire que c’est l’espèce
si généralement cultivée au Mexique sous le nom de T'una, dont le
fruit entre pour une large part dans l’alimentation du peuple. Ce
fruit est plus volumineux que la figue de Barbarie ordinaire, et sa
couleur varie du blanc au jaune et au rouge. On le dit supérieur en
qualité. Les Mexicains font du cidre avec la variété rouge, et même
une sorte de fromage, le Queso de Tuna. Ce n’est du reste pas la
seule espèce dont les fruits soient employés au Mexique à la nourri-
ture de l’homme et des animaux. Toutes celles qui sont épineuses
sont en outre utilisées comme clôtures autour des champs.
O. missouriensis DC. —- Espèce septentrionale, qui s'étend du
Nebraska au nouveau Mexique. Le docteur Meechan l’a trouvée
couverte de cochenilles, ce qui semble démontrer que cet insecte
résiste au froid intense de la région montagneuse du Colorado, où
cet opuntia croit naturellement.
O. Rafinesquit ENGELM. — Espèce toute herbacée, généralement
étalée à terre, hérissée de fortes et longues épines, se couvrant en
été d’une quantité de belles fleurs d’un jaune vif, ce qui l’a fait intro-
duire dans quelques jardins, où elle garnit avantageusement les
rocailles. C’est, de toutes les espèces de cactées, celle qui s’avance
le plus loin vers le nord, car on la rencontre jusque sur les bords
du lac Michigan. Elle est rustique dans presque toute la France, à
condition que le terrain ne soit pas sujet à retenir l’eau. Elle se
multiplie d’ailleurs d'elle-même avec rapidité par l’enracinement de
ses articles élalés sur le sol.
O. spinosissima Mizz. — Du Mexique et des Antilles. Espèce à
tige dressée et colomnaire, avec des branches pendantes, très épi-
neuse, et utilisée surtout à faire des haies défensives et incombus-
tibles. L'O. maxima Mir, encore plus épineux, se recommande
pour les mêmes usages.
Il est probable que l'O. vulgaris de quelques auteurs se confond
382 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
avec l'O. Ficus indica, du moins on ne sait guère en quoi ils dif-
fèrent.
L'O. inermis DC., qui, malgré son nom, est armé d’épines, est
naturalisé dans plusieurs endroits du midi de la France, où il se pro-
page dans les lieux incultes par l’enracinement de ses raquettes
tombées sur le sol. La plante, qui s'élève à près de { mètre, sert
quelquefois à clôturer les terres.
Beaucoup d’autres espèces d’opuntias ont été introduites en Eu-
rope, où quelques curieux en font collection. Les espèces non épi-
neuses pourraient être employées, dans les pays chauds et arides, à
la nourriture des bestiaux quand les fourrages ordinaires viennent à
manquer. On a observé en Algérie et ailleurs que les chameaux
broutent volontiers les figuiers de Barbarie, malgré leurs épines. Les
chevaux et les mulets pressés par la faim s’en accommodent de
même. Il semble que ces plantes si succulentes, et qui résistent si
aisément aux longues sécheresses, pourraient rendre des services à
l’agriculture dans les régions arides du nord de l'Afrique et de l’Ara-
bie. Leur reproduction et leur multiplication sont d’ailleurs des plus
faciles. 11 suffit que leurs articles tombent à terre pour s’y enraci-
ner, même à plat, pour peu qu’ils y trouvent d'humidité. Presque
toutes les espèces d’opuntias contiennent une teinture rouge, qui
n’est autre que celle de la cochenille, et il n’est pas impossible qu’on
trouve un jour le moyen de l’extraire sans recourir aux insectes.
OREODAPHNE bullata N£Es.; Laurus bullata Burcx. — Lau-
rier superbe de l'Afrique australe, où il porte le nom vulgaire de
Stink wood. C’est un arbre de 30 à 40 mètres, très apprécié pour la
solidité, la durée et la beauté de son bois veiné et moucheté à l’égal
du plus beau noyer. Très abondant autrefois dans la colonie du Cap,
il est devenu rare et cher aujourd’hui par suite de l’exploitation im-
modérée qu’on en a faite pour en tirer des bois de charpente et de
menuiserie. On l’exporte en Europe malgré son prix élevé, prin-
cipalement pour les besoins de l’ébénisterie. Il serait facile de na-
turaliser ce bel arbre dans le midi de l’Europe et mieux encore
dans le nord de l’Afrique, surtout au point de vue de l’exportation
de son bois.
OREODOXA. — (Genre de palmiers américains, dont quelques-
uns sont remarquables par leur grande taille, leur beauté et leur
utilité. Tels sont les suivants :
O. oleracea Manr.— Le chou palmiste des Antilles, qui s'élève sur
les montagnes de ces îles jusqu’aux altitudes de 1,500 à 1,600 mè-
tres. C’est peut-être le palmier qui croît le plus vite, et le cœur qui
en termine la tige étant un légume très apprécié, l'arbre est cultivé
presque comme une plante potagère. Dans les très bonnes terres
il ne faut pas plus de deux ans pour en récolter le produit. Livré à
lui-même ce palmier s'élève à 20 mètres ou plus de hauteur.
O. regia Hums.— Arbre superbe des Antilles, dont le stipe atteint
à 18 ou 20 mètres, en se renflant vers le milieu de sa hauteur et se
remplissant de fécule, comme d’ailleurs celui de l’O. oleracea et de
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 383
plusieurs autres palmiers. L’O. regia est rustique jusque dans le
Brésil méridional.
O. frigida HumB. — Palmier nain des Andes de l'Amérique cen-
trale, où il monte jusqu’à 2,500 mètres de hauteur. Il y a toute ap-
parence qu’il serait rustique dans les jardins du midi de l’Europe.
ORIGANUM. — Origan, marjolaine. Genre de Labiées vivaces,
odoriférantes, contenant d'assez nombreuses espèces disséminées
dans les parties chaudes du midi de l’Europe, en Orient et dans le
nord de l'Afrique. Citons dans le nombre :
O. Majorana L.— De l'Afrique et de l'Arabie, cultivée dans
beaucoup de jardins de l’Europe, où elle est employée comme con-
diment dans les cuisines. En Orient on en tire une huile essentielle
par distillation.
O. oulgare L. — La marjolaine commune, de presque toute l’'Eu-
rope, du nord de l’Afrique et de Orient. Elle est utilisée comme la
précédente, quoique moins riche en principes odoriférants. Sa fleur
est recherchée des abeilles, et contribue à donner de la qualité au
miel. Comme toutes les espèces du genre celle-ci recherche les
terrains calcaires.
Plusieurs autres espèces, d’un égal intérêt, peuvent être citées à
la suite des précédentes; ce sontles O. Dictamnus, de l’île de Crète,
le dictame des anciens; l'O. Maru, de la Palestine, très usité dans
la médecine et la parfumerie orientales, et l'O. Onites, des régions:
voisines de la Méditerranée. Diverses autres variétés ou espèces des
mêmes régions pourraient encore être ajoutées à cette liste.
ORNITHOPUS satious BROTERO.— La serradelle. Légumineuse
fourragère, annuelle, introduite du Portugal en France dans les
premières années du siècle. C’est un bon fourrage de printemps, et
qui peut remplir une lacune en agriculture, en ce sens qu'il se plaît
particulièrement dans les sols siliceux, où les autres fourrages lé-
gumineux ne donnent que de faibles récoltes. Néanmoins il est peu
usité en France, parce qu’il n’est pas complétement rustique dans le
Nord et qu’il y est souvent atteint par les gelées du printemps.
Une autre espèce, indigène dans toute la France, et qu'on ne
trouve guère que dans les terrains sablonneux et siliceux, tels que
ceux de la Sologne, est l'O. perpusillus L., qui n’a d'autre défaut
que sa petite taille. Cependant on l'utilise dans les mauvaises terres
siliceuses, où aucun autre fourrage ne réussirait aussi bien.
ORYZA satioa L. — Le riz. Graminée annuelle, qui est pour les
peuples de l’Asie et une partie des peuples de l’Afrique la pre-
mière de toutes les céréales, celle qui fait la base de leur alimenta-
tion, et qui ne le cède à aucune autre en importance. Le riz est en
outre l’objet d’un vaste commerce, et on le cultive dans tous les pays
où se trouvent réunies les conditions de son développement, c’est-à-
dire une forte chaleur estivale et de l’eau en abondance.
L'origine du riz se perd dans la nuit des temps, et, pas plus que
le blé, on ne le connaît à l’état sauvage proprement dit, quoiqu'il
25
384 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
s'échappe quelquefois des cultures et qu’on le rencontre accidentel-
lement dans des lieux incultes. Les principaux centres de sa culture
sont la Chine, l'Inde et le Japon, mais elle s’est peu à peu étendue
à d’autres pays, et même jusqu’à l’Europe, en Lombardie et en Pié-
mont. Elle est extrêmement productive, mais en même temps très
malsaine, parce que les rizières, qui sont de véritables marécages
artificiels, deviennent des foyers de fièvres, et c’est cette consi-
dération qui a fait interdire la culture du riz en France, où elle
avait commencé à s'établir en Provence, dans les terres du Bas-
Rhône.
Le riz est peut-être la céréale la plus riche en fécule, mais il con-
tient moins de substances albuminoïdes ou azotées que le blé, et,
par suite, est moins nourrissant. De même que la fécule des autres
céréales, celle du riz peut être convertie en sucre et en alcool. On
en fabrique diverses boissons, entre autres le rack ou arrack, sorte
d’eau-de-vie usitée principalement dans l’Inde, et le saké, qui est la
bière des Japonais. Le riz a donné naissance à une multitude de
variétés ; telles sont le 14 précoce, dont la culture s’achève en quatre
mois et n’est pas sensiblement gêénée par le mélange de l’eau sa-
lée à l’eau douce des rizières; le r14 glutineux, subdivisé en sous-
variétés à grains noirs et à grains rouges, et qui réussit, dit-on,
presque aussi bien sur les terres non irriguées que sur celles qui
reçoivent de l’eau; enfin le ris de montagne ou ri sec, qui peut se
passer de toute irrigation dans les pays à la fois chauds et très plu-
vieux, comme certaines parties de la Chine méridionale, de l’Inde
et de la Cochinchine. Cette variété a fait beaucoup de bruit en Eu-
rope, où elle a été introduite à diverses reprises, dans l'espoir de
l'y acelimater sans être obligé de l’irriguer, et par là d'éviter l’insa-
lubrité des rizières. Malgré de nombreux essais, le riz sec a dû être
abandonné. Au nord du 44° degré de latitude la chaleur n’est plus
suffisante, et au sud la sécheresse du sol et la rareté des pluies en
été ont été un autre obstable insurmontable. Pour y faire de médio-
cres récoltes, ainsi que nous l’avons récemment vu en Provence,
les arrosages doivent être journaliers, par conséquent trop coûteux
pour être rémunérés par le produit obtenu. En Lombardie les ri-
zières inondées paient largement les frais de culture. On estime à
environ 40 hectolitres la quantité de grain récoltée sur un acre de
superficie, c’est-à-dire plus de 80 hectolitres par hectare. Au Japon
le produit est encore plus considérable.
OSMANTHUS /ragrans Lour.; Olea fragrans L. — Arbrisseau
de la Chine et du Japon, dont les fleurs, très odorantes, servent à
aromatiser le thé, et qu’on distille aussi comme celles du jasmin
pour la parfumerie. Il est rustique dans le midi de la France, où on
le cultive comme simple arbrisseau de curiosité ou d'ornement. Un
seul pied, dans une serre, suffit pour l’embaumer du parfum de ses
fleurs.
OSMITOPSIS asteriscoides Css. — Sous-arbrisseau de la fa-
mille des Composées, de l'Afrique australe, exhalant une forte
PT
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 385
odeur de camphre, ce qui luia valu un certain emploi dans la phar-
macopée de ce pays.
OSTRYA.— Genre de Cupulifères, assez voisin du charme (Car-
pinus), représenté par deux espèces, l'O. carpinifolia Scor., d’Ita-
lie et du midi de la France, où il n’a d'autre utilité que celle d’un
petit arbre forestier, et l'O. virginica WirLo., de l'Amérique du
Nord, un peu moins grand que celui d'Europe, mais dont le bois,
plus dur, est employé à faire des outils dont la première qualité est
une grande résistance, tels que maillets, leviers, coins, vis de pres-
soirs, etc. Les Américains lui donnent le nom d’Zron wood, ou
bois de fer. Ces deux arbres, quoique ayant le feuillage cadue, ne
sont pas rustiques dans le centre de l’Europe, et leur croissance est
relativement fort lente.
OSYRIS compressa Alph. DC.— Buisson de la famille des Santa-
lacées, de l'Afrique australe, où on en utilise les feuilles et les jeunes
branches pour le tannage des cuirs les plus fins. Il est assez pro-
bable qu’on retirerait le même service de l’O. alba L., du Midi de
l'Europe, et même assez commun dans la région méditerranéenne
française. Il paraît que cette seconde espèce est parasite par ses ra-
cines sur diverses plantes, entre autres sur des légumineuses vivaces.
S’il en est de même pour l’espèce d'Afrique, comme on peut le sup-
poser, on ne pourrait la cultiver avec succès qu’en mettant à sa por-
tée les plantes dont les sucs servent à la nourrir.
OXALIS. — Genre d'Oxalidées, composé de plantes généralement
herbacées et la plupart vivaces par leurs racines ou leurs tubercules,
à feuilles le plus souvent trifoliolées, toutes plus ou moins imprégnées
d'acide oxalique. On en trouve sous tous les climats, mais les es-
pèces en sont plus nombreuses dans les climats tempérés-chauds,
surtout en Amérique, d’où nous sont venues les espèces suivantes :
©. crenata DC. — Oxalide crénelée, du Pérou et du Chili, où elle
est cultivée sous le nom d’Oca. Elle est vivace, à tiges succulentes,
et produit des tubercules de la grosseur d’une belle noix ou d’un
petit œuf de poule, qui contiennent de 10 à 12 pour 100 de fécule, et
dont la cuisson est facile. C’est un mets agréable, avec un peu d’aci-
dité, qu’on fait d’ailleurs disparaître en les faisant cuire dans une
première eau. Les feuilles peuvent remplacer l’oseille et sont même
mangées en salade. On en connaît deux variétés, la jaune et la rouge,
ainsi nommées de la couleur de leurs tubercules. Toutes deux ont
les fleurs jaunes.
Leur culture est facile, même sous le climat de Paris, mais elle a
plus de succès dans le Midi et dans les terres légères. On accroît
considérablement le nombre des tubercules par le marcottage des
tiges, qu’on couche sur le sol et qu’on charge d’un peu de terre sur
les nœuds, qui ne tardent pas à s’enraciner. Les tubercules mürissent
en août, septembre ou octobre, suivant le climat du lieu. En Amé-
rique on les expose huit à dix jours au soleil pour enlever leur acidité.
Quelquefois on les y laisse plusieurs mois, et alors ils se contractent
380 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
et se rident comme des pruneaux, en prenant un goût très sucré;
c’est ce qu’en Bolivie on appelle le Caui. En les laissant geler sur le
sol, comme on le fait pour la pomme de terre au Pérou et au Chili,
ils deviennent le Caia ou Chuno de Oca des indigènes. Dans le nord
de la France le soleil n’a plus assez de force à la fin de l’automne
pour adoucir les tubercules de l’oxalide crénelée, mais 1l semble
probable qu’on atteindrait ce résultat en les faisant passer par le
four, comme on le fait pour les prunes qu’on veut convertir en pru-
neaux. Bien adoucis par le soleil ou autrement, ces tubercules, sur-
tout ceux de la variété jaune ou blanche, équivalent à de bonnes
pommes de terre, avec un goût de châtaigne des plus agréables.
O. Deppei LopniG. — Oxalide de Deppe. Celle-ci est originaire
du Mexique, d’où elle a été introduite en Europe dès 1827, en qua-
lité de plante potagère. Son produit utile consiste dans ses racines
en forme de navets ou de carottes, qui se mangent cuites, assaison-
nées de diverses manières. Leur valeur, comme légume, a été fort
discutée; suivant M. Morren, de Liège, l’oxalide de Deppe serait un
légume de premier ordre; d’autres expérimentateurs l’ont déclarée
plus que médiocre; mais ces divergences d'opinion peuvent tenir à
la différence des variétés, aux climats, aux modes de culture, ete. La
plante se multiplie aisément de bulbilles qu’elle produit autour du
collet de ses racines.
Plusieurs autres espèces d’oxalides, quoique moins connues que
les précédentes, ont élé recommandées comme plantes potagères,
et il serait intéressant de les étudier à ce point de vue. Telles sont,
dans le nombre, les O. crassicaulis, du Pérou; O. tuberosa, O. suc-
culenta et O. carnosa, du Chili; O. conorhiza, du Paraguay; O. es-
culenta et O. tetraphylla, du Mexique, et O. enneaphylla, des îles
Falkland et du détroit de Magellan. À ce même genre appartiennent
plusieurs espèces d'ornement, à fleurs jaunes, roses ou blanches, fort
belles au moment de leur floraison (O. Bowieana, O. speciosa, elc.).
Ajoutons enfin que l’Europe centrale en possède deux espèces, l'O.
acetosella, la surelle de nos bois, et l'O. corniculata, plante cos-
mopolite qui se trouve dans toutes les parties du monde. On peut y
ajouter l’O. cernua, jolie plante de l’Afrique australe à fleurs jaunes,
souvent doubles ou pleines, aujourd’hui complètement naturalisée
en Algérie et sur plusieurs points du midi de l’Europe.
OXYTENANTHERA Thuoaitesii MUNRO. — Petit bambou de
l’île de Ceylan, habitant principalement les lieux élevés de 1,500 à
2,000 mètres d’altitude. Il ne dépasse guère 3 à 4 mètres de hauteur.
OXYTROPIS pilosa DC.; Astragalus pilosus L.— Légumineuse
vivace de l’Europe orientale et de l’Asie occidentale, considérée là
où elle croît comme un bon fourrage à pâturer, très avantageuse
surtout dans les terres composées presque uniquement de sable, et
dans lesquelles ses racines s’enfoncent profondément, ce qui doit la
faireranger parmi les plantes améliorantes. Beaucoup d’autres es-
pèces du même genre et des mêmes régions semblent appelées à
rendre des services analogues et mériteraient d'attirer l'attention
dis és css ce oh de be ee dt CE de di SES) 5 SR
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 381
des agriculteurs, car toutes se contentent des sols les plus pauvres.
Plusieurs botanistes réunissent tout le genre aux Astragalus, dont
il n’est à proprement parler qu’une subdivision.
PACHYMA Cocos FRies. — Sorte de truffe de l'Amérique du
Nord et de l’Asie orientale, encore assez peu connue, comestible
d’ailleurs, et dont il serait intéressant de découvrir la manière de
végéter. Une seconde espèce du genre, le P. Hœlen, de la Chine,
principalement de la province de Souchong, produit de grosses
trufies, dont l’arome et le goût sont fort agréables. Nous signalons
ces deux tubéracées à ceux que la culture artificielle des truffes peut
intéresser.
PACHYRRHIZUS angulatus Rica. — Légumineuse vivace de
l'Amérique centrale qui s’est naturalisée d'elle-même dans beaucoup
de pays intratropicaux. Elle est grimpante et volubile par ses tiges,
et elle étend à 2 ou 3 mètres autour de son pied de grosses racines
horizontales, charnues et féculentes, qui, d’après le docteur Peckolt,
peuvent atteindre le poids de plusieurs kilogrammes. Ces sortes de
tubercules sont comestibles, surtout dans leur première année; lors-
qu'ils ont trois ou quatre ans ils sont durs et propres seulement à
être exploités industriellement pour la fécule qu'ils contiennent, et
dont la teneur est de 6 à 7 pour 100 de leur poids. Les longs sar-
ments de la plante fournissent une sorte de filasse analogue à celle
des Pueraria, mais elle ne se développe bien que dans les sols riches
et profonds.
PALIURUS spina Christi Mizz.; P. aculeatus LAMBT. — Ar-
brisseau de la famille des Rhamnées, commun dans la région mé-
diterranéenne française, où on lui donne les noms d’Argalou, Epine
du Christ et Porte- Chapeau. I] est très épineux et fréquemment
planté dans les haies. Ses fleurs, d’un jaune vif, sont recherchées
des abeilles. Le fruit qui leur succède est ligneux, indéhiscent et pro-
longé latéralement en une sorte d’aile circulaire, qui lui donne une
certaine ressemblance avec un chapeau à larges bords, ce qui a valu
à l’arbuste un de ses noms vulgaires. Il paraît indifférent sur la na-
ture du terrain. Le P. ramosissimus Potrer, de la Chine et du Japon,
a beaucoup de ressemblance avec l’espèce européenne et sert aux
mêmes usages dans ces deux pays.
PANDANUS furcatus RoxBG. — De l'Inde, où il habite les mon-
tagnes jusqu’à l’altitude de 1,500 mètres, ce qui lui donnerait peut-
être assez de rusticité pour s’accommoder du climat du midi de l’Eu-
rope. Ce serait une acquisition intéressante au point de vue de
l’ornementation des jardins et des parcs, où aucune autre pandanée
capable de vivre à l’air libre n’existe encore, à notre connaissance
du moins.
388 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
PANICUM. — Panis, millet. Vaste genre de Graminées, dans le-
quel on compte actuellement au moins 300 espèces, et qui fournit à
l'agriculture des plantes considérées comme céréales et des plantes
fourragères. La plupart de ces nombreuses espèces sont encore
restées à l’état sauvage, quoique dignes d’attirer l’attention des
cultivateurs. Mieux connues, il est probable qu’on les répartira dans
de nouveaux genres ou tout au moins dans de nouvelles sections
du genre. Nous allons passer brièvement en revue celles qui jus-
qu'ici paraissent présenter le plus d’intérêt.
P. altissimum MEYER ; P. elatius KuNTH. — Du Mexique et du
Brésil. Espèce presque ligneuse et de forme arborescente, s’éle-
vant jusqu’à 10 mètres, et rappelant quelques espèces de bambous.
Ses panicules ont de 040 à 0"50 de longueur. Belle plante qui mé-
riterait d’être propagée dans les pays chauds.
P. amarum Error. — De l'Amérique du Nord. Espèce vivace,
dont les rhizomes sont propres à fixer les sables.
P. atrovirens TRINIUS ; Zsachne australis Rob. Br. — De l'Asie
méridionale, de l'Australie orientale et de la Nouvelle-Zélande. Vi-
vace, mais peu élevé, constituant d’ailleurs un bon fourrage, propre
aux vallées et aux terrains boisés.
P. barbinode Trinius. — Du Brésil, où il passe pour une bonne
plante à faire pâturer.
P. brizanthum Hocusr. — Des montagnes de l’Abyssinie et du
Népaul. Plante vivace, produisant beaucoup de grain, qui sert à la
nourriture des habitants de ces deux pays.
P. cœnicolum Ferd. vox MuzLer.—Del’Australie extratropicale,
donnant un bon fourrage dans lesterres inondées à certaines époques
de l’année.
P. compositum L. — De l'Asie méridionale, de l'Australie et de
la Polynésie. Fourrage tendre et recherché des bestiaux, qui croît
même sous le couvert des bois.
P. Crus galli L. — Plante annuelle, originaire d'Orient, mais
actuellement très répandue en Europe, où elle s’accommode de tous
les terrains, même des plus sableux. Dès les premiers jours du prin-
temps elle peut être pâturée par les bestiaux, mais elle n’a pas d’au-
tre utilité. On croit que les espèces décrites par Linné sous les noms
de P. colonum et P. Crus corvi ne sont que de simples variétés de
l'espèce ci-dessus.
P. decompositum Rob. Br.; P. lævinode Linz. — Le millet
d'Australie. C’est une des graminées les plus répandues dans cette
vaste contrée, et une des plus intéressantes. Son grain est récolté par
les aborigènes et leur sert à faire une sorte de pain. Pour les colons
européens c’est un fourrage estimé, utile surtout pour la nourriture
des moutons. Il diffère assez peu en apparence du P. capillare de
l'Amérique du Nord. Le P. trachyrrachis BENTH., d'Australie, est
également voisin de cette espèce, et sert comme lui de fourrage,
ainsi que le P. effusum, qui est exclusivement propre à l'Australie.
P. divaricatissimum Rob. Br. — Des parties chaudes du même
continent. C’est un fourrage vivace, qui s’accommode des plus mau-
vais terrains.
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 389
P. divaricatum L.; P. bambusoides Hamizr. — De l'Amérique
intratropicale. Grande plante vivace, dont les tiges s’enlacent dans
le branchage des arbres et s’élève très haut. Il y aurait peut-être
quelque intérêt à la naturaliser dans les forêts des pays chauds.
P. flavidum RETZ. — De l'Asie méridionale et du nord de l’Aus-
tralie. C’est une espèce extrêmement prolifique en grains, et dont
les tiges se courbent jusqu’à terre sous le poids de leurs panicules.
P. fluitans Rerz. — De l’Asie tropicale et de l'Afrique. C’est une
plante aquatique ou presque aquatique, vivace par sa racine, et qu’il
y aurait intérêt à naturaliser autour des lacs, des rivières et des
mares, où elle servirait surtout à nourrir les oiseaux d’eau. On peut
en dire autant du P. foliosum Rob. Br., qui se plait de même au
bord des eaux.
P. frumentaceum RoxB8G. — Le schamalo, ou blé du Deccan.
Plante annuelle, très fourrageuse et produisant de grandes quantités
de graines, probablement originaire de l'Asie méridionale, aujour-
d’hui répandue dans beaucoup de pays, où on la cultive aussi bien
comme céréale pour son grain que comme fourrage. Elle réussit
facilement dans toute la France, mais elle y est peu cultivée parce
qu’on y possède des graminées de plus haute valeur.
P. italicum L. — Le millet d'Italie, qui, malgré son nom vul-
gaire, paraît être originaire de l’Inde, où on le cultive de toute anti-
quité dans l'Himalaya, jusqu’à plus de 2,000 mètres d'altitude. Il
est de même cultivé dans le midi et le centre de l’Europe, tant
comme fourrage que comme producteur de grain. Ce grain est com-
munément employé à la nourriture des oiseaux domestiques, mais
on en fait aussi des gruaux pour les potages, ainsi que des galettes
et des gâteaux. Au dire du docteur Ainslie les Brahmines consi-
dèrent ce millet comme la meilleure des céréales. Il a produit, par
la culture, diverses variétés, entre autres le P. germanicum. On
pourrait aussi lui rattacher le Setaria magna, plante de 2 à 3 mètres,
ainsi que le P. macrostachyum, de divers pays intratropicaux.
P. latissimum Mika. — Du Brésil. Plante remarquable par la
largeur de ses feuilles, mais qui sont trop rudes pour être recher-
chées par le bétail. Ce serait plutôt une plante d'ornement que d’u-
tilité.
P. maximum JAcQ.; P. jumentorum PERS. — Le grand panis,
connu aussi sous le nom d’Æerbe de Guinée. De l'Afrique intratro-
picale, aujourd’hui cultivé dans beaucoup de pays chauds, où on le
regarde comme un des meilleurs fourrages à faire consommer en
vert, mais il faut l’associer à d’autres herbages pour l'alimentation
des animaux. Il est vivace et drageonne beaucoup du pied, poussant
des tiges de 2? mètres et plus, tendres et succulentes tant qu’elles
sont jeunes, et dont on peut faire jusqu’à six ou huit coupes par an
dans les terres un peu fraîches. Quoique originaire d’un pays tropi-
cal, le P.maæimum réussit encore dans les climats tempérés-chauds,
et entre les tropiques jusqu’à des altitudes de 1,600 à 2,000 mètres.
Ses rhizomes résistent à de petites gelées, surtout quand ils sont
un peu rechargés de terre ou abrités sous une couche de feuilles.
Le climat du midi de la France est assez chaud pour la culture de
Pr PCT: ER 7 ALT 5 PS NS A AE CS HT ee NE LE er UE /
390 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
ce panis, qui a même réussi jusqu’à la Loire dans les essais qui ont
été faits par M. de Vilmorin et quelques autres agriculteurs; cepen-
dant il s’est peu propagé jusqu'ici dans la pratique. On le multiplie
de graines, qu’il produit d’ailleurs en petite quantité, et plus ordi-
nairement par fragments des rhizomes.
P. miiaceum L. — Millet à grappe, millet commun. De l'Asie
méridionale, et cultivé sur l'Himalaya jusqu’à plus de 3,000 mètres
d'altitude, répandu aujourd’hui dans beaucoup de pays, et même
connu en Grèce du temps de Théophraste et d'Hippocrate. C’est
une plante annuelle, haute de { mètre ou environ, très fourrageuse,
mais qu’on cultive plutôt pour son grain, dont on fait des potages
dans le midi de l’Europe et ailleurs, que pour son herbe à faire con-
sommer en vert par les bestiaux, quoiqu’elle soit excellente pour
l’engraissement des bœufs. Son grain est aussi un des meilleurs
pour la nourriture des volailles. Dans le nord et le centre de la
France on ne sème ce millet qu’à partir de la fin de mai, parce ‘:
qu'il est très sensible aux dernières gelées du printemps.
P. molle Swarrz, où P. sarmentosum RoxBG. — Grande espèce
vivace, des parties les plus chaudes de l'Amérique du Sud, de l’A-
frique et de l’Asie méridionale. C’est un superbe fourrage, qui s’é-
lève jusqu’à 2 mètres et donne un produit abondant sur les terres
arrosées, mais qui demande trop de chaleur pour pouvoir être cul-
tivé en Europe. On dit cependant qu’il a réussi au cap de Bonne-
Espérance, dont le climat est seulement tempéré-chaud.
P. myurus LAMKk.— De l'Asie tropicale et du nord de l'Australie.
C’est une herbe vivace, à larges feuilles, qui recherche le bord des
eaux, et dont le feuillage est nourrissant pour le bétail.
P. obtusum Hum. — Plante vivace du Mexique, où on lui donne
les noms de Mosquito et Mezquite. C’est un bon fourrage de ce
Days.
P. arviflorum Rob. Br. — De l'Australie orientale, où il re-
cherche les lieux arides. C’est un bon pâturage pour les troupeaux
de moutons, ainsi que les P. bicolor, marginatum et prolatum, de
la même région. Ce dernier fleurit à l’époque la plus chaude de
l’année et se fait remarquer par la grandeur de ses panicules. On
peut encore citer le P. pygmæum, très petite plante de l'Australie
orientale, où elle forme de véritables tapis de verdure sous le cou-
vert des bois. Elle pourrait être utilisée dans les parcs et les grands
jardins d'agrément pour composer des gazons et des pièces de ver-
dure.
P. semialatum Rob. Br. — Des régions chaudes de l’Asie, de
l'Afrique et de l'Australie. C’est un fourrage de premier ordre, qui
mériterait d’être introduit dans toute la zone intratropicale, surtout
où le sol conserve en tout temps une certaine humidité; mais il exige
trop de chaleur pour s’accommoder du climat de l’Europe méridio-
nale, et un été trop humide pour réussir dans le nord de l’Afrique,
au moins en grande culture.
P. spectabile Nxes. — Le coapim du pays d’'Angola. Celui-ci est
encore un des bons fourrages de la région tropicale. De la côte occi-
dentale d'Afrique, d’où il a été introduit dans beaucoup d’autres pays.
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ÉNUMÉRATION DES PLANTES 391
Il y aurait lieu d’en faire l'essai dans la région méditerranéenne de
l'Afrique et peut-être du midi de l'Europe.
Beaucoup d’autres espèces du genre Panicum pourraient être uti-
lisées par l’agriculture, suivant les climats et les lieux. Bornons-
nous à citer pour mémoire les P. striatum et virgatum, de l'Amé-
rique du Nord, et {urgidum, de l'Egypte, où son grain est utilisé pour
la nourriture de l’homme.
PAPAVER.— Pavot. Genre type de la famille des Papavéracées,
comprenant des espèces annuelles et des espèces à racine vivace,
appartenant principalement aux régions tempérées de l’ancien con-
tinent. Toutes contiennent un suc blanc, laiteux, dont les propriétés
médicinales sont connues depuis les temps les plus anciens. Citons
les suivantes :
P. bracteatum L. — De l'Asie occidentale. Plante vivace, à très
grande fleur rouge foncé, fréquemment cultivée dans les parterres.
Elle se distingue de la suivante par la présence d’une grande bractée
au-dessous de la fleur.
P. orientale L. — Du Caucase et des autres montagnes de l'Asie
occidentale. Espèce presque semblable au P. bracteatum, et cul-
tivée comme lui dans les jardins d'agrément.
P. Rhæœas L. — Le coquelicot. Plante annuelle, extrêmement
commune dans tous les lieux cultivés de l’Europe centrale et méri-
dionale, connue de tout le monde par ses grandes fleurs rouge de
sang. C’est une des plus mauvaises herbes des champs, mais l’hor-
ticulture en a tiré des variétés à fleurs pleines, de diverses nuances
entre le blanc et le rouge, et qui peuvent rivaliser, pour la beauté
et l'élégance, avec les anémones et les renoncules. Ces belles va-
riétés se conservent par le semis de leurs graines, lorsqu'on les
cultive dans une terre riche et convenablement amendée.
P. somniferum L. — Pavot somnifère, œillette, olivette. Plante
annuelle, originaire d'Orient, célèbre depuis les temps les plus an-
ciens comme fournissant à la thérapeutique un de ses médicaments
les plus précieux, l’opium, qui est par excellence le calmant de la
douleur. À ce point de vue le pavot somnifère est cultivé industriel
lement dans divers pays, et son produit est devenu l’objet d’un vaste
commerce; mais c’est aussi une plante agricole, à cause de l’huile
comestible (huile d’œillette) qu’on retire de ses graines et qu’on es-
time presque à l’égal de l’huile d'olive.
Le principal objet de la culture du pavot somnifère est néanmoins
la production de l’opium, surtout en Orient et dans l’Inde. En Eu-
rope on vise davantage à la production de l’huile, du moins en
France, quoiqu’on y récolte aussi de l’opium. Les principaux lieux
de production de cette denrée sont les départements du Puy-de-Dôme
et de la Somme. Dans ce dernier département on récolte en moyenne,
par année, pour près de 200,000 fr. d’opium, et pour environ un
demi-million d'huile. L’opium d'Orient, qui arrive en Europe par la
ville de Smyrne, est le plus riche en principes médicamenteux,
partant celui dont le prix est le plus élevé.
L'opium n’est autre chose que le suc laiteux et concrété qu’on
392 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
fait jaillir par incision des capsules ou fruits du pavot avant leur
maturité. La quantité et la qualité de ce produit varient avec les cli-
mats, la nature du terrain et même avec les procédés d’extraction.
Très rémunératrice en certaines localités, cette récolte ne paierait
pas ses frais dans d’autres. Le pavot, pour prospérer, veut des étés
chauds et humides, une terre riche, fumée et amendée, avec beau-
coup de soins de culture. On a observé que les défrichements de
forêts, où le sol est riche en humus, lui sont particulièrement fa-
vorables. L’opium est une matière très complexe, dans laquelle la
chimie a découvert jusqu’à quatorze alcaloïdes, parmi lesquels il
nous suffira de citer la morphine, la codéine, la codamine et la thé-
baïne. De toutes ces substances, la morphine est de beaucoup la plus
importante, celle qui fait presque toute la valeur de l’opium et qui
devient, entre les mains des pharmaciens, la base d’une foule de
médicaments.
Nous n’avons pas besoin de rappeler au lecteur que l’opium, si
précieux pour la médecine, sert aussi à entretenir un vice déplo-
rable chez certaines populations de l'Orient, principalement en Chine,
où s’est introduite l’habitude de le fumer et de le mâcher, au grand
détriment physique et moral de ceux qui s’y livrent. Mais cette
pernicieuse coutume donne lieu à un commerce des plus lucratifs
dont l’Inde anglaise a eu jusqu'ici le monopole.
PAPPEA capensis EckL. et ZEY. — Arbre ou arbrisseau de la
famille des Sapindacées, indigène dans le sud de l’Afrique, d’où il
s’est répandu dans quelques pays tempérés-chauds. Ses fruits, de
la grosseur d’une cerise, sont sains et agréables au goût. Il est vrai-
semblable qu’ils s’amélioreraient encore par la culture aidée de la
sélection.
PAPPOPHORUM commune Ferd. voN MULLER. — Graminée
vivace, répandue sur une grande partie du continent australien, et
qu’on retrouve aussi dans quelques parties de l'Asie et de l'Afrique.
En Australie on la regarde comme un bon fourrage pour les bœufs
et les moutons, et surtout avantageuse dans les localités arides.
PARINARIUM Vonda Ferd. von MuLzer. — Du groupe des
Chrysobalanées. C’est un arbre du nord-est de l'Australie, qui sem-
ble devoir s’acclimater dans les pays tempérés-chauds du midi de
l'Europe et du nord de l’Afrique, et qui mériterait que la culture
s’en occupât. Ses fruits, assez semblables à des prunes, sont comes-
tibles et susceptibles de s’améliorer. Quelques autres espèces du
même genre sont déjà cultivées dans divers pays tropicaux.
PARKINSONIA aculeata L. — Arbrisseau épineux de la famille
des Légumineuses, originaire des pays tempérés-chauds de l’'Amé-
rique, depuis la Californie jusqu’à Montevideo, déjà introduit dans
les jardins du midi de l’Europe, où il s’est facilement acclimaté. Cet
arbrisseau, ainsi que ses congénères les P. africana Soxp., du cap
de Bonne-Espérance, et P. microphylla Tonr., du Colorado, pour-
D Ds, à, de. -
Lu
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 393
raient être utilement employés à faire des haies à la fois défensives
et ornementales par leur verdure persistante et par leurs fleurs.
PARROTIA Jacquemontiana De.— Petitarbre du groupe des Ha-
mamélidées, de l'Himalaya occidental, où il s'élève jusqu’à près de
3,000 mètres d'altitude, ce qui en assure la rusticité dans une grande
partie de l’Europe. Ses feuilles sont caduques, ce qui annonce une
certaine résistance au froid. Ses rameaux, flexibles et tenaces, sont
employés dans la vannerie, mais servent surtout à construire des
ponts suspendus qui ont une grande solidité, quelle qu’en soit la
longueur, car on en voit de près de 100 mètres. Il semble donc qu’il
y aurait un véritable intérêt à propager cet arbre, pour les emplois
variés qu’on en pourrait faire. Une seconde espèce, le P. persica
MEYEr., des bords de la mer Caspienne, devrait aussi attirer l’atten-
tion des acclimateurs.
PASPALUM. — Genre de Graminées, contenant surtout des es-
pèces fourragères, parmi lesquelles il peut être utile de signaler les
suivantes :
P. ciliatum Hums. — Des parties tropicales de l'Amérique du
Sud. C’est une espèce vivace, dont le grain est récolté en quelques
lieux pour la nourriture de l’homme.
P. dilatatum Porner. — Excellent fourrage de l'Amérique du
Sud extratropicale, vivace par sa racine. Introduit à la Nouvelle-
Hollande, il s’est montré rustique jusqu’à plus de 600 mètres d’al-
titude, même dans la région la moins chaude de ce pays ; et on l’a
vu fournir, en moins de trois mois, une herbe de 1"50 de hauteur,
après les pluies. Cette espèce est voisine du P. virgatum L., du
Mexique, également introduit en Australie. On peut regretter que
les deux plantes soient encore inconnues en Europe et en Afrique.
P. distichum L.— Graminée de l’Indeet de l'Australie sud-orien-
tale, où les colons lui donnent le nom de Sÿ/{ grass, qui rappelle
les lieux fangeux où elle croît. Ses tiges rampantes et feuillues y
forment d’épais coussins qui conservent leur verdure toute l’année,
et sont une précieuse ressource pour les troupeaux quand les lon-
gues sécheresses de l’été ont rendu les autres fourrages rares. Sa
prédilection pour les terres imbibées d’eau indique l’emploi agricole
qu'on en peut faire. La submersion momentanée, même par des
eaux saumâtres, n’entrave pas sensiblement sa végétation.
P. notatum FLUGG. — Du Brésil méridional et de la République
Argentine. C’est un des fourrages les plus estimés de ces deux pays,
tant pour ses qualités nutritives que pour l’abondance de son pro-
duit. On a remarqué qu’il est d'autant meilleur et plus développé
que le terrain où il croît est légèrement imprégné de sel. Ce fait
rappelle la supériorité bien connue des prés salés de Normandie.
P. scrobiculatum L. — Des parties chaudes de l’Asie et de l’Aus-
tralie orientale. Espèce doublement précieuse par son fourrage et par
son grain, qu’on récolte dans l’Inde pour la nourriture de l’homme
et des animaux. C’est un fourrage de grand développement, attei-
gnant souvent plus de ? mètres de hauteur, également bon à faire
394 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
consommer en vert et en sec à l’état de foin. D’après Rosenthal, il ne
faudrait cependant l’administrer qu'avec mesure, son usage exclu-
sif dans le régime alimentaire des bestiaux pouvant devenir per-
nicieux.
On cite encore comme fourrages recommandables le P. stolonife-
rum, de l'Amérique centrale, et le P. undulatum, espèce annuelle
des deux Amériques.
PASSIFLORA. — Grenadille, fleur de la Passion, passiflore.
Principal genre de la belle famille des Passiflorées, contenant un
grand nombre d'espèces, presque toutes cultivées en qualité de
plantes d'agrément, mais dont quelques-unes sont aussi des plantes
fruitières. Les passiflores sont vivaces, sarmenteuses, grimpantes
à l’aide de vrilles, et quelques-unes deviennent avec l’âge de fortes
lianes capables d’attemdre le sommet des arbres les plus élevés.
Suivant les espèces les feuilles sont entières ou diversement lobées,
quelquefois digitées. Les fleurs, souvent très grandes, à corolle plus
ou moins étalée, sont blanches, bleues, azurées, ou rouges de divers
tons. Les fruits sont des baies, qui atteignent chez quelques espèces
la grosseur d’un melon; souvent elles sont colorées et d’un rouge
écarlate très vif. Leur nom de passifiores, ou fleurs de la Passion,
leur vient de ce qu’on a cru trouver dans les diverses parties de la
fleur une image des instruments de la passion du Sauveur, la cou-
ronne d’épines, les clous et l'éponge portée au bout d’une lance.
Chez beaucoup d'espèces les fleurs sont remarquables par leur sin-
gularité, leur beauté et l’éclat de leurs teintes. Ne pouvant citer
toutes celles du genre qui sont déjà introduites dans les jardins de
l'Europe, nous nous bornerons aux plus connues, qui sont aussi les
plus intéressantes :
P. actinia Hook. — Grande espèce à tige et sarmentsligneux, de
15 à 20 mètres de longueur, à feuilles ovales, entières, et à fleurs
blanches, légèrement azurées. Quoique originaire du Brésil elle est
très rustique en Provence et dans toute la région méditerranéenne.
P. alata A1TON. — Du Pérou et du Brésil méridional. Reconnais-
sable à ses feuilles ovales cordiformes et à ses rameaux quadriailés.
Ses fruits sont comestibles, comme ceux de la passifiore quadran-
gulaire, avec laquelle elle a beaucoup d’analogie.
P. cœrulea L. — Du Brésil méridional et de l’Uruguay. C’est
peut-être l’espèce la plus rustique du genre, et aussi une des plus
belles. Ses feuilles sont divisées en 5 lobes étroits ou 5 digitations,
et ses fleurs sont bleu d’azur, quelquefois presque blanches. Ses
fruits, de forme ovoïde, de la grosseur d’un petit œuf de poule, sont
rouge écarlate très vif à leur maturité. Cette espèce est très com-
mune aujourd’hui dans tout le midi de l’Europe, où elle sert à cou-
vrir les treillis, les berceaux, les vieux murs, etc. Souvent même
elle devient gènante par les nombreux drageons qu’elle envoie dans
le sol et dont il est difficile de se débarrasser. Cette belle liane, dont
l'introduction en Europe est relativement ancienne, est à proprement
parler la fleur de la Passion, dénomination que la plupart des autres
espèces méritent d’ailleurs autant qu’elle. Elle est très voisine du
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ÉNUMÉRATION DES PLANTES 395
P. palmata HorT., qui est presque aussi rustique et qui en diffère
surtout par la couleur violette de ses fleurs.
P. quadrangularis L. — Des parties tropicales du Brésil et de
l'Amérique centrale; cultivée dans les serres chaudes de l’Europe,
où elle fleurit, mais sans fructifier, à moins qu’on n’en féconde les
fleurs arüficiellement. Ses fruits atteignent la grosseur d’un melon
ordinaire et sont comestibles, additionnés de sucre.
P. edulis Sius. — Du Brésil; espèce à feuilles trilobées, à fleurs
bleues, et dont les fruits, de la grosseur d’un petit œuf de poule, de
couleur violâtre à la maturité, sont comestibles. Cette espèce fruc-
tifie plus facilement que la précédente dans les serres chaudes de
l'Europe.
Beaucoup d’autres espèces de grenadilles donnent des fruits co-
mestibles et sont cultivées à ce titre dans les pays chauds ; mais
d’autres espèces, originaires de montagnes élevées, seraient assez
rustiques pour se naturaliser dans le midi de l’Europe. Il faut faire
observer ici que plusieurs passiflores restent stériles ou presque
stériles lorsqu'elles ne sont pas fécondées artificiellement ; par com-
pensation, les espèces se croisent assez facilement entre elles, et
les horticulteurs ont obtenu par ce moyen de remarquables variétés
hybrides, dont on trouvera les noms et la description dans les ou-
vrages d’horticulture. On connaît aujourd’hui près de 200 espèces
distinctes dans le genre.
On a séparé des passiflores proprement dites, sous le nom de
Tacsonia, quelques espèces dont le calyce est longuement tubuleux.
PAULLINIA sorbilis MART. — Du Brésil. Arbuste grimpant,
de la famille des Sapindacées, qui semble pouvoir s’acclimater dans
beaucoup de pays situés en dehors des tropiques, où réussissent di-
verses Sapindacées brésiliennes, principalement du genre Cupania.
C’est avec ses graines triturées à chaud et un peu humectées qu’on
pétrit ces pains de couleur de chocolat, connus sous le nom de pate
de Guarana, qui servent, en les délayant dans l’eau, à préparer des
sorbets toniques et rafraichissants. Cette pâte doit sa principale pro-
priété à la forte dose de cofféine qu’elle contient. La médecine locale
en fait aussi un certain usage.
PAULOWNIA imperialis SIEB. et Zucc. — Arbre de la famille
des Scrophularinées, indigène sur les collines du Japon, et introduit
en France au commencement de ce siècle. En bon sol, profond et
humide, il s'élève à 10 ou 12 mètres sur un tronc relativement épais,
et il forme une large tête également remarquable par l'ampleur du
feuillage et par les panicules de grandes fleurs bleu-violacé et odo-
rantes qui en terminent les rameaux. Les feuilles sont caduques en
automne, et la floraison s’effectue au printemps avant le développe-
ment des feuilles. Chez nous cet arbre rustique n’est cultivé que
comme ornement des jardins et des parcs, mais au Japon son bois
léger est utilisé en menuiserie. On en fait aussi des boîtes, des
plateaux, des écrans et autres menus ouvrages. C’est le ÆXiri des
. Japonais, qui en distinguent une variété à bois dur et recherché en
396 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
ébénisterie sous le nom de Shimagiri. Peut-être est-ce une espèce
différente du Paulownia ordinaire.
PAVIA. — Pavier. Arbres et arbrisseaux du groupe des Hippo-
castanées, très voisins des Æsculus (marronniers d’Inde), auxquels
plusieurs auteurs les réunissent. Ils n’en diffèrent d’ailleurs que
par un caractère insignifiant, l’absence d’épines sur le fruit. Leurs
fleurs, en thyrses ou grappes terminales, sont blanches, jaune pâle
ou rouges, suivant les espèces. On cultive en Europe principalement
les suivantes, toutes originaires de l'Amérique du Nord :
P. flava DC. — Le pavier jaune. De la Caroline. Arbre de 10 à
15 mètres dans les terres profondes et fraîches, à fleurs jaune pâle,
quelquefois roses ou rougeâtres. On en distingue comme variété, ou
sous-espèce, le pavier de l'Ohio, à fleurs jaunâtres avec des macules
pourpres.
P. rubra Lamk. —- Le pavier à fleurs rouges. Grand arbrisseau
des montagnes de la Caroline et de la Géorgie, dont les fleurs sont
d’un rouge obscur, en longues grappes.
P. macrostachya DC. — Le pavier nain. Des mêmes régions que
les précédents, ne dépassant guère 4 à 5 mètres de taille. Ses fleurs
sont blanches, en thyrses très allongés, et elles produisent des petits
marrons dont la pulpe est assez douce pour être mangée cuite ou
même crue.
P. californica Torr. — Le pavier de Californie. C’est le plus
beau du genre et il deviendra peut-être l’espèce la plus utile de tout le
groupe des Hippocastanées. C’est un arbre de 8 à 10 mètres sous nos
climats, mais qui devient beaucoup plus grand en Californie, son
pays natal. Il forme une large tête touflue, arrondie, qui se couvre de
fleurs blanches au printemps et attire des légions d’abeilles. A part
sa beauté comme arbre décoratif, il y a à considérer qu’il pourrait
rendre d'importants services aux agriculteurs par ses graines, riches
en fécule, très nourrissantes et beaucoup moins amères que celles
du marronnier d'Inde, qui sont cependant utilisées pour la nourri-
ture des bestiaux. L'arbre produit ces graines en grande abondance;
elles tombent d’elles-mêmes à terre, où on n’a que la peine de les
ramasser. Leur volume est presque le double de celui du marron
d'Inde ordinaire, et elles ont si peu d’amertume qu’un homme pour-
rait à la rigueur les faire entrer dans son alimentation après les
avoir fait cuire. On ne peut pas douter que ces graines ne puissent
être très utilement employées à la nourriture des bestiaux et des vo-
lailles. C’est un nouveau point de vue à ajouter au mérite décoratif
de pavier de Californie.
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PEIRESKIA. — Genre de Cactées anomales qui se distinguent
de toutes les autres par la présence de véritables feuilles. A part le
caractère qui, au premier abord, dissimule leur véritable nature, les
Peireskia ne différent par rien d’essentiel des autres cactées. Ce
sont des arbrisseaux à tiges cylindriques armées d’épines autour de
l'insertion des feuilles, et dont les fleurs ont toute la structure de
celles des Opuntias, des Mamillarias et autres cactées. Leurs fruits
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(LR
ÉNUMÉRATION DÉS PLANTES 397
sont des petites baies comestibles. Tous les Peireskias sont de l’A-
mérique du Sud et des Antilles; néanmoins, on peut les cultiver à
l'air libre dans les parties les plus chaudes du midi de l'Europe.
Tels sont les suivants :
P. aculeata Mizz.— Des Antilles, où il porte le nom de groseille
des Barbades, Barbadoes gooseberry des Anglais. C’est un peut
arbre de forme buissonnante, propre à faire des haies défensives.
Ses baies se récoltent et figurent sur les tables, et ses feuilles peuvent
se manger en salade.
P. grandifiora DG.— Du Brésil, arbrisseau de # à à mètres, que
ses belles fleurs roses ont fait introduire dans l’horticulture d’agré-
ment. Il est de serre chaude en France.
Le P. portulacæfolia Haw., des Antilles, est presque un arbre
par sa haute taille; le P. Bleo, un des plus beaux du genre, ne
peut guère être cultivé en Europe que dans les serres chaudes.
PELARGONIUM.—Genre de Géraniacées, la plupart de PAfrique
australe et dont on connaît aujourd’hui plus de 500 espèces. Les
pélargoniums diffèrent des géraniums proprement dits en ce qu'ils
ont la corolle irrégulière et quelquefois incomplète, tandis qu’elle
est parfaitement régulière dans ce dernier genre. Ce sont, suivant
les espèces, des herbes vivaces ou des sous-arbrisseaux. Quelques-
uns sont utilisés en parfumerie ; un plus grand nombre dans l’hor-
ticulture d'agrément. Tels sont les suivants :
P. capitatum AITON. — Géranium rosat. Espèce buissonnante,
haute de 1 mètre environ, à feuilles crépues et à fleurs roses, en
ombelles. Il est fréquemment cultivé comme plante d'agrément,
mais bien davantage pour le parfum de ses feuilles, qui rappelle
l'odeur de la rose de Provins, et dont la parfumerie tire parti, quel-
quefois pour falsifier l'essence de rose proprement dite. Les feuilles
de cet arbuste sont l’objet d'un commerce assez important en Pro-
vence et en Algérie, où le village de Chéragas s’est fait une spécia-
lité de la culture de cette espèce, qui est originaire de la colonie du
Cap.
P. odoratissimum AtroN. — De l'Afrique méridionale, où on le
cultive comme plante à essence. Par la brièveté de sa tige, c’est
presque une herbe. Ses feuilles molles et arrondies sont richement
parfumées, et il suffit de les toucher pour qu’elles communiquent
aux doigts une odeur de rose prononcée.
P. inquinans AITON. — De l’île Sainte-Hélène. Cette espèce est
frutescente, même sarmenteuse là où elle peut croître en pleine
terre sous un climat favorable, et elle s’y élève à 4 ou 5 mètres si
elle est soutenue par un treillis. Ses feuilles un peu glutineuses
laissent aux doigts qui les manient une odeur peu agréable; en re-
vanche, c’est une belle plante d'ornement par ses corymbes de fleurs
rouge de sang. Elle a donné un grand nombre de variétés, qui dif-
fèrent les unes des autres par la grandeur et le coloris de leurs
fleurs.
P. sonale AITON. = Assez analogue au précédent, mais avec des
fleurs d’un rouge moins intense. Croisé avec lui, il a donné nais-
va a ht RU ERA, « FO 7, Te VAS ‘ left: fgé &
s- rS ;
À
398 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
sance à diverses variétés hybrides également recherchées dans le
jardinage d'agrément. Le nom de l'espèce lui vient d’une zone ou
cercle de couleur fauve ou brune sur ses feuilles, caractère qui se
retrouve d’ailleurs dans d’autres espèces du genre.
P. grandifiorum DC. — De toutes les espèces du genre c’est
celui qui l'emporte de beaucoup sur toutes les autres par la beauté
de ses fleurs, leur abondance, leur grandeur et la beauté de leur
coloris. La teinte normale est le rose, mais elle peut s’affaiblir jus-
qu’au blane pur, ou se relever par des macules rouges ou pourpre
plus ou moins foncé. La plante elle-même est un sous-arbuste de
030 à 050 de hauteur, d’une belle forme, à grandes feuilles plus
ou moins velues. La culture en a tiré un très grand nombre de va-
riétés, devenues pour les amateurs ce qu’on appelle des plantes de
collection, et qui entretiennent un commerce d’une certaine impor-
tance en horticulture. Pour les personnes intéressées nous renver-
rons aux traités spéciaux qui traitent en détail de la culture de cette
espèce, comme de celle des précédentes. Plusieurs autres pélargo-
niums (P. triste, tricolor, quinque-vulnerum, etc.) ont été égale-
ment introduits dans les jardins étoile
PELTOPHORUM Zinnoi BexTH.; C'æsalpinia brasiliensis L. —
Du groupe des Légumineuses-Césalpiniées. Arbre du Brésil, dont
le bois est exploité par le commerce sous le nom de Brastletto, pour
la matière tinctoriale de couleur orangée qu’il contient. Cet arbre
aime les terres calcaires sèches et s’accommode du climat tem-
péré-chaud de la Caroline. Il réussirait vraisemblablement dans le
midi de l’Europe et le nord de l'Afrique.
PENNISETUM. — Genre de Graminées cultivées dans les pays
chauds, les unes comme fourragères, les autres comme céréales.
Les trois suivantes plus particulièrement se recommandent à l’at-
tention des cultivateurs :
P. latifolium SPRENG. — Forte plante vivace de l'Amérique du
Sud extratropicale, produisant un fourrage abondant et nutriüf. Sa
croissance est rapide, et elle se multiplie avec une égale facilité par
drageonnement de ses racines.
P. longistylum Hocasr.— D’Abyssinie. Superbe plante, formant
de fortes toufles, et très recommandée pour la composition des
prairies permanentes. Elle réussit, comme beaucoup d’autres gra-
minées exotiques, dans l’Australie méridionale, où elle a été intro-
duite par M. le baron Ferd. von Müller.
P. typhoideum Ricn.; Penicillaria spicata Wirzo.; Panicum
cæruleum Mizz. — Le Bajree de l'Inde. De l’Asie tropicale, de la
Nubie et de l'Egypte. C’est une céréale annuelle, qui mûrit son grain
dans l’espace de trois mois. Ses grosses liges atteignent la hauteur
de 1"50 à 3 mètres et ses panicules 0"50 de longueur. Un seul pied
produit quelquefois, mais exceptionnellement, jusqu’à 15 panicules,
dont une seule peut contenir 2,000 grains. Après le riz, cette gra-
minée est, avec le sorgho, celle qu’on cultive le plus dans l’Inde, à
cause de larichesse de son produit, qui dépasse souvent 100 pour 1,
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 399
mais il lui fautune bonne terre, non sujette à se dessécher. Sa paille,
quoique séchant avec une certaine difficulté, fournit cependant un
fourrage de valeur, soit en vert, soit en sec. Dans les très bonnes
terres, en six ou sept semaines la plante, ayant ? mètres de hauteur,
fournit une première coupe, qu’on évalue à 30 tonnes de fourrage
vert par acre, et à 6 tonnes 1/2 de fo desséché. Six ou sept se-
maines plus tard, une nouvelle coupe donne 55 tonnes d'herbe verte
sur le même espace de terrain, la plante ayant alors 3 mètres de
haut. On peut encore faire une troisième coupe avant la fin de la
saison. Cette belle graminée est cultivée dans le sud des Etats-Unis
avec un certain succès. Une espèce voisine, le P. cereale de la Chine,
est pareïllement cultivée comme fourrage et comme céréale.
PENTZIA oirgata LESSING. — Sous-arbuste de l'Afrique australe,
appartenant à la famille des Composées, très utile dans les déserts
arides de cette région pour la nourriture des moutons. Une particu-
larité intéressante de cette composée est que ses branches, dès
qu’elles viennent à toucher le sol, s’y enracinent et la propagent avec
rapidité. Peu de plantes sont plus propres à recouvrir les terrains
négligés par la culture régulière, et par là à leur donner une cer-
laine valeur pour l’agriculture pastorale. Plusieurs autres espèces
du même genre habitent cette partie de l'Afrique.
PERILLA arquta BENTH. — Labiée annuelle du Japon, dont lin-
fusion sert à colorer en rouge foncé leslégumes et autres mets servis
sur les tables. On tire aussi de l'huile de ses graines, ainsi que de
celles du P. ocimoides, du nord de l’Inde.
On cultive dans les jardins d'agrément de presque toute l'Europe
le Perilla de Nankin (P. nankinensis De), plante annuelle, pour la
coloration pourpre de ses feuilles, qui varie d’ailleurs, suivant les in-
dividus, du rose au pourpre noir, souvent avec des macules jaunes.
La plante est curieuse sous ce rapport et très ornementale, quoique
ses fleurs soient insignifiantes.
PERSEA. — Genre de Laurinées, qui diffère peu des lauriers
proprement dits. Deux espèces sont particulièrement intéressantes :
P. gratissima GÆRTIN. — L’avocatier des Antilles; lAguacate
des Espagnols de l'Amérique. Ce bel arbre, originaire du Mexique,
du Pérou et du Brésil, est aujourd’hui cultivé dans beaucoup de pays
chauds pour ses fruits, qui ont la grosseur et la forme d’une poire,
et dont la chair fondante paraît fort agréable à ceux qui y sont ha-
bitués. Quoique originaire de contrées intratropicales, l’avocatier
est assez rustique pour mürir ses fruits à Madère, aux Canaries
et même aux Acores. Il réussit de même en Algérie, où cependant
sa culture n’a pas pris d'extension. La graine unique renfermée
dans le fruit est comparativement très grosse, et elle contient 8 pour
100 de son poids d’une huile verdâtre.
P. Teneriffæ Ferd. von Muzzer.; P. indica SPRENG. —- Arbre
superbe de Madère, des Canaries et des Açores, très recomman-
dable pour la décoration des paysages méridionaux, et plus encore
26
400 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
pour la beauté et la solidité de son bois, qui rappelle lacajou par
ses teintes; aussi est-il fort recherché pour la confection des meu-
bles et des ouvrages de tour. À ces avantages le laurier de Téné-
riffe joint celui d’être presque aussi rustique que le laurier commun.
PERSICA oulgaris DC. ; Amygdalus Persica L. — Pêcher. De
la famille des Rosacées-Amygdalées. Arbrisseau très analogue à
l’amandier, mais toujours moins grand. Il en diffère par son feuil-
lage plus long et surtout par ses fruits, dont le noyau est entouré
d’une pulpe charnue, succulente, plus où moins sucrée ou acide,
suivant les variétés. On croit cet arbre originaire de la Perse, ce
qui lui a valu son nom.
Nous n’apprendrons rien aux lecteurs en rappelant ici que la
pêche est un des fruits les plus exquis des pays tempérés, et que sa
culture a atteint, en France surtout, un haut degré de perfection. La
réputation des pêches de Montreuil, près Paris, est universelle, et
leur culture une opération lucrative.
Le pêcher a produit un grand nombre de variétés, qui se divisent
en deux sections principales, les pêches duveteuses et les pêches
lisses où brugnons, subdivisées elles-mêmes en sous-variétés fon-
dées sur la couleur, la consistance de la chair, son adhérence au
noyau, ete. Enfin il y a aussi des pêchers à fleurs doubles, qui ne
sont que des arbrisseaux d'ornement. En parlant d’un arbre si gé-
néralement cultivé et d’une si haute importance en horticulture
fruitière, nous ne pouvons que renvoyer le lecteur aux traités spé-
ciaux. Les pêches Amsden et Alexander sont deux belles variétés
nouvelles d'Amérique, remarquables et précoces.
PEUCEDANUM. — Genre d'Ombellifères, indigènes de l’Europe
et de l'Asie centrale, vivaces, annuelles ou bisannuelles, utilisées
par l’agriculture et la médecine. Telles sont les suivantes :
P. graveolens BENTH.; Anethum graveolens L. — L’Anet. Du
midi de l'Europe et de l'Orient. Cultivé en divers lieux pour ses
graines aromatiques, usitées comme condiment. Le P. Sowa, ou
Anethum Sowa,rend les mêmes services dans l’Inde.
P. officinale L. —- Des mêmes pays que le précédent. Plante vi-
vace dont la racine est employée dans la médecine vétérinaire. Elle
doit ses propriétés curatives à un alcaloïde, qui est la peucédanine,
qu'on retrouve d’ailleurs dans d’autres espèces du genre.
P. Ostruthium Kocu.; Imperatoria Ostruthium L.— Des hautes
montagnes de l’Europe. Sa racine aromatique et acide est utilisée en
médecine, surtout en médecine vétérinaire, et de plus elle entre dans
la préparation de certaines qualités de fromages fabriqués en Suisse.
Les P. Ceroaria Guss. et PL. oreoselinum MoExcx, sont pareille-
ment utilisés en médecine.
P. satioum BENTH.; Pastinaca satioa L. — Panais commun. De
l’Europe centrale et de l'Asie. Plante bisannuelle bien connue par
les usages culinaires de sa racine, qui est un excellent légume, et
qui tient aussi une place importante dans l’alimentation des bestiaux.
On en distingue deux variétés principales, le panais ordinaire à ra-
: Mise dun LS
ÉNUMÉRATION DES PLANTES A0!
cine longue et de la forme d’une carotte, etle panais rond, qui Pa
courte et renflée. Le panais ne réussit nulle part mieux que dans les
bonnes terres profondes et fraîches, surtout si elles sont un peu
calcaires et profondément remuées. En Bretagne il est cultivé sur
une grande échelle pour la nourriture des animaux de ferme, sur-
tout des bœuls et des vaches, auxquels il convient mieux que la ca-
rotte. C’est une plante rustique, dont la racine restée en terre n’a
rien à craindre des plus fortes gelées.
Le P. Sekakul BENTH., ou panais de Syrie, produit aussi une ra-
cine comestible, et le P. cachrydifolium LEepeBour, de Perse, est
surtout utilisé pour la nourriture des animaux.
PEUMUS Zoldu Mozixa. — Le boldo du Chili. Arbrisseau du
groupe des Laurinées, à feuilles persistantes, dont le bois excessi-
vement dur est employé à divers ouvrages de tour et de tabletterie.
Son écorce contient une matière tinctoriale qui est utilisée, et ses
fruits, aromatiques et sucrés, sont comestibles.
PEZIZA. — Genre de Champignons, dont quelques espèces sont
comestibles. Les plus usuelles sont les P. macropus Pers. et P.
repanda W AxL., qui se vendent sur les marchés en Allemagne et
ailleurs.
PHALARIS. — Genre de Graminées, la plupart indigènes de la
région méditerranéenne et des îles voisines de l’océan Atlantique.
Toutes sont fourragères, et quelques-unes sont cultivées pour leurs
graines. Telles sont les suivantes :
PH. arundinacea L. — Phalaris roseau. Plante vivace indigène
de l’Europe, rarement cultivée comme fourragère à cause de la du-
reté de ses feuilles lorsqu'elle a pris tout son développement, mais
qui est mangée volontiers par le bétail lorsqu'elle est plus jeune et
plus tendre. Quoiqu’elle préfère les terrains humides, même imbibés
d’eau, elle réussit cependant sur les terres sèches et sablonneuses
dont peu d’autres plantes s’accommoderaient. Une variété, dont les
feuilles sont rubanées de blanc, est cultivée dans les jardins d’agré-
ment sous le nom de petit roseau panaché.
PH. canariensis L.— Alpiste, graine d'oiseau. Espèce annuelle,
originaire des Canaries, mais aujourd’hui naturalisée dans toute la
région méditerranéenne, en Asie et même en Australie. C’est la
plus importante du genre, car elle prend rang parmi les céréales,
au moins dans une certaine mesure, puisque sa farine est alimen-
taire dans plusieurs pays sous forme de galettes et en potages. On
en fait aussi une sorte d’empois utilisé dans le tissage des étoffes de
coton. Toutefois le but principal de la culture de Palpiste est d’en
récolter les graines pour la nourriture des oiseaux de volière, sans
préjudice de l’emploi de sa paille, qui entre avantageusement dans
le régime des bestiaux et des chevaux. L’alpiste est une plante épui-
sante qui ne donne un bon produit que sur les terres bien remuées
et convenablement fumées.
D'autres espèces pourraient encore trouver place dans l’agricul-
402 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
ture des pays tempérés, quoique secondaires relativement aux pré-
cédentes. Ce serait en particulier le cas des P. brachystachys et
minor du midi de l'Europe, de cette dernière particulièrement, dont
les cultivateurs de la Nouvelle-Zélande ont réussi à faire une de leurs
meilleures plantes fourragères.
PHARNACEUM «cidum Hook. — Petite plante vivace, succu-
lente, à feuilles acidules, de l’île de Sainte-Hélène. Elle pourrait être
naturalisée près des bords de la mer et fournir des feuilles pour les
salades et autres mets. Elle appartient, comme le pourpier, dont
elle a toutes les propriétés, à la famille des Portulacées.
PHASEOLUS. — Haricot. Genre de Légumineuses annuelles ou
vivaces par leurs racines, mais à tiges herbacées, et dont plusieurs
espèces sont devenues des légumes de premier ordre. Ce genre est
très voisin de celui des dolics, dont les tiges volubiles sont ordinai-
rement ligneuses et de longue durée. De même que ces derniers
tous les haricots sont originaires de climats chauds, mais les espèces
annuelles peuvent être cultivées très loin vers le nord. Les vrais
haricots sont américains; ceux de l’ancien continent n’appartien-
nent qu'imparfaitement au même genre, quoique on les y réunisse
pour éviter une nomenclature trop compliquée.
PH. coccineus L.— Le haricotrouge, Scarlet runner des Anglais.
Du Mexique et de l'Amérique centrale. Plante vivace par sa racine
un peu tuberculeuse, à longues tiges volubiles, admise dans les
jardins d'agrément pour la beauté de ses grappes de fleurs rouge
écarlate. Ses grains sont d’ailleurs comestibles, surtout ceux d’une
de ses variétés à fleurs toutes blanches, et ils sont beaucoup plus
gros que ceux des haricots ordinaires. Cependant, au point de vue
de la culture maraîchère, le haricot rouge a beaucoup moins d’im-
portance que la plupart des variétés de ce dernier, parce qu’il de-
mande plus de chaleur et une chaleur plus soutenue, et aussi parce
que la graine en est comparativement de qualité inférieure. Comme
compensation à ce double défaut, il est très productif sous un cli-
mat méridional, et il dure plusieurs années sur le même terrain. Sa
racine passe pour vénéneuse et ses graines pour être de difficile
digestion.
PH. lunatus L. — Le haricot de Lima. De l'Amérique intratro-
picale, et cultivé aujourd’hui dans tous les pays chauds de la terre
pour ses graines comestibles. Sa culture a été souvent essayée en
France, mais toujours abandonnée, parce qu’elle est plus difficile
que celle du haricot proprement dit et beaucoup moins productive.
PH. Max L.; Ph. Mungo et Ph. radiatus L. — Green gram
des Anglais de l’Inde. Annuel, un peu grimpant, très largement
cultivé dans l’Inde, là où la récolte de riz vient à manquer ou n’est
pas possible. Il y est fort estimé et consommé par toutes les classes
de la population. Il est d’ailleurs très productif, et son rendement
est estimé à trente fois la semence; d’un autre côté sa culture n’oc-
cupe guère le terrain que pendant deux ou trois mois. C’est donc
un légume avantageux pour un climat chaud et dont les étés sont
nt : 57 dl.
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 403
humides. On l’a plus d’une fois essayé en France; mais, même dans
le Midi, son produit est précaire et, dans tous les cas, inférieur à
celui du haricot commun dont nous allons parler.
PH. oulgaris L.— Le haricot proprement dit, originaire de lA-
mérique intratropicale, où il était cultivé d’ancienne date par les in-
digènes. Son introduction en Europe remonte aux premiers temps
de la découverte du nouveau monde. Il est annuel et on en compte
aujourd'hui plus de cent variétés, qui diffèrent les unes des autres
par la longueur de la tige, tantôt courte et dressée, tantôt allongée
et volubile, par la grosseur et la couleur des graines et par leur qua-
lité. La rapidité de son développement fait qu’on le cultive dans
tous les pays de la terre où lé climat est tempéré ou tempéré-chaud,
et il n’est pas moins répandu dans les contrées intratropicales. Son
grain est l’objet d’un commerce considérable, et ses qualités nutri-
tives en font presque l’égal de la viande, aussi entre-t-il pour une
très large part dans l’alimentation des peuples, surtout dans le midi
de l’Europe et le nord de l’Afrique.
Le haricot se consomme également à l’état sec et en vert, c’est-
à-dire avec la gousse encore à l’état herbacé. Sous cette dernière
forme on en fait des conserves, qui sont d’une grande utilité pour
les ménages pendant l'hiver et pour la marine dans les voyages de
long cours. Toutes les variétés n’y sont pas également propres;
celles qu’on préfère pour ce dernier usage sont les haricots beurre,
ou haricots mange-tout, dont la gousse est tendre, épaisse et non
filandreuse, même aux approches de la maturité, quand le grain a
acquis toute sa grosseur. Les haricots à tige courte, ou haricots
nains, sont plus précoces que les haricots à tige volubile ou Aari-
cots à rames, mais moins productifs; ce sont d’ailleurs les seuls
que l’on soumette à la culture forcée, sur couche et sous châssis,
pour en obtenir des haricots verts de primeur. On en récolte même
en hiver par ce procédé artificiel. Chaque pays a sa variété préférée
de haricots. On en cultive plus de trente en France, tant des races
naines que des races à tiges volubiles. Ne pouvant entrer dans le
détail des caractères de ces diverses variétés et de leur emploi dans
le jardinage, nous renverrons les lecteurs aux ouvrages qui traitent
spécialement de ces excellents légumes.
Outre ces espèces classiques de haricots il convient encore de
citer les suivantes, moins généralement cultivées, mais néanmoins
fort utiles dans certaines localités. Telles sont le Ph. aconitifolius
JacQ., des parties élevées de l’Inde, espèce naine qui réussit passa-
blement dans les sols arides; le Ph. trilobus ArToN, des mêmes
lieux et encore plus endurant de la sécheresse; le Ph. adenanthus
Meyer ( Ph. rostratus WaLzicH), presque cosmopolite entre les
tropiques dans l’ancien et le nouveau monde, et qui paraît même
spontané en Australie. Il est vivace par sa racine tuberculeuse,
qu’on dit comestible; toutefois on le cultive surtout pour ses graines,
relativement très petites, mais qu’il produit en grande quantité.
Le Ph. derasus SHRANK est particulier au Brésil, où on le cultive
sur une grande échelle. Plusieurs autres espèces, encore assez
mal connues, existent en Amérique, principalement dans les ré-
404 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
gions montagneuses de l'Amérique centrale et du Mexique; pres-
que toutes sont vivaces par des tubercules. On ne sait encore quels
services elles pourront rendre, non plus que beaucoup d’autres es-
pèces de genres voisins, particulières à la Chine, au Japon, aux
îles de la Sonde, à Madagascar, etc.
PHILLYREA. — Filaria. Arbrisseaux ou pelits arbres du midi
de l’Europe et du nord de l'Afrique, de la famille des Oléacées,
croissant dans les sols les plus arides et les plus rocailleux, où ils
contribuent à former les grandes broussailles désignées sous les
noms de garriques et de maquis. On en distingue trois espèces, quise
rattachent l’une à l’autre par de nombreuses variétés intermédiaires.
Ce sont des PA. latifolia L., à feuilles ovales, angustifolia L., à |
feuilles étroites ou lancéolées, et media L., qui tient le milieu entre
les deux précédentes. Toutes ces espèces, ou variétés, ont les feuilles
coriaces et persistantes, et leur bois n’est guère utilisé que comme
combustible, mais elles rendent des services d’un autre genre, et
non moins importants, en protégeant les sols en pente contre les ra-
vinements. On les emploie encore à la confection de grandes haies,
dont la durée est fort longue. Ce sont aussi des arbrisseaux d’orne-
ment pour les parcs et les jardins.
PHLEUM pratense L. — Fléole, timothy des Anglais. Graminée |
vivace, indigène d’une grande partie de l’Europe, de l'Asie et du nord
de l'Afrique. C’est un des fourrages les plus estimés, aussi fait-il le |
fond des prairies permanentes dans la plupart des pays à bestiaux.
Onle mêle souvent à d’autres graminées, mais comme il est un peu
tardif on ne doit l’associer qu’à des espèces dont la végétation mar-
che à peu près d'accord avec la sienne, telles que les agrostides et
la fétuque des prés. Il réussit sur presque toutes les terres, même
sur les terres très sablonneuses, néanmoins il préfère celles qui
sont argileuses, un peu fortes et moyennement humides. Il donne
un plein produit dès la seconde année, et, sous ce rapport, il Pem-
porte sur le vulpin (A/opecurus pratensis), qui est beaucoup plus
lent à se former, et dont le foin sèche moins vite. En revanche il
est un peu plus gros et plus dur, ce qui d’ailleurs ne nuit pas à ses
qualités nutritives. Le docteur Curl a remarqué qu’à la Nouvelle-
Ztlande beaucoup de fourrages (graminées, trèfle, etc.) donnés en
vert aux moutons, dans les premiers jours du printemps, leur occa- |
sionnent de la diarrhée, ce qui n’a pas lieu avec la fléole.
PHŒNIX. — Genre de palmiers dioïques, propres à l’ancien con-
tinent et répandus des parties méridionales de l’Asie à l'Afrique
occidentale, en dedans et en dehors des tropiques. La plupart des es-
pèces en sont caulescentes; quelques-unes même deviennent de
grands arbres, mais il en est aussi qui restent acaules ou élèvent à
peine leur stipe au-dessus du sol. Leurs feuilles, ou palmes, sont
pennées, et les divisions qui les composent sont pliées en gouttière,
dont l’ouverture est en dessus, et non point en dessous comme dans
d’autres palmiers.
td. nach ns. an st ain À - 10
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 405
Le nombre des espèces du genre n’est pas exactement connu, ce
qui tient principalement à leur grande variabilité, mais toutes sont
intéressantes à quelque point de vue, quelques-unes comme plantes
industrielles, toutes comme plantes de haut ornement, surtout les
espèces de grande taille, et à ce titre fort recherchées par l’horticul-
ture européenne.
PH. dactylifera L. — Le dattier. De tous les palmiers c’est in-
contestablement le plus célèbre, le plus utile et un des plus beaux,
on peut ajouter encore un de ceux qui s’avancent le plus loin en de-
hors des tropiques. L'origine de sa culture se perd dans la nuit des
temps, car il est mêlé aux légendes orientales les plus anciennes.On
ne sait même pas de quel pays il est primitivement sorti; les uns le
disent de l'Inde, les autres de l'Arabie, mais on ne l’a (rouvé nulle
part à l’état sauvage. Par le fait de la culture et de sa propagation
au loin il a donné naissance à un nombre immense de variétés. On
pourrait presque dire sans métaphore que le dattier est un arbre
arüficiel ; car, abandonné à lui-même et oublié des hommes, il revêt
une toute autre figure que la forme élancée et majestueuse sous la-
quelle nous le connaissons, et il reste stérile. À peine est-il besoin
de rappeler que ce qui fait sa grande valeur agricole ce sont ses
fruits exquis, les dattes, qui non seulement nourrissent des popula-
tions entières, mais sont en outre l’objet d’un vaste commerce. Sans
le dattier, les oasis du Sahara se dépeupleraient et le désert s’éten-
drait tout d’une pièce du pays des nègres aux montagnes atlantiques.
Tant à cause de sa rusticité relative qu'à cause de sa beauté, le
dattier est devenu commun dans presque tout le midi méditerranéen
de l’Europe. Il abonde surtout dans la Basse-Provence, où 1l est le
principal ornement des parcs, des jardins et souvent même des
habitations rurales les plus modestes. On le plante en avenues sur
les boulevards des villes, et sur les places publiques il remplace
assez souvent les arbres à feuilles caduques d’autrefois. Son rôle,
comme arbre décoratif, est considérable, tout en restant bien au-
dessous de celui qu’il remplit comme arbre fruitier.
Le dattier endure, sans en souffrir sensiblement, des froids de
8 à 10 degrés au-dessous de zéro, pourvu que ces froids ne durent
que quelques heures et ne se répètent pas trop souvent; mais il ne
donne des fruits mangeables que dans les pays où la température
moyenne des trois mois d'été est au minimum de 25 degrés centi-
grades, et encore faut-il que les arbres aient été fécondés artificiel-
lement. Ni en Provence, ni même dans le nord de l'Algérie, les dattes
ne mürissent; elles n’acquièrent une valeur commerciale que dans
le Sahara, où les arbres sont copieusement arrosés à l’aide de sources
jaillissantes. Il n’y a qu’un seul point de l'Europe où le dattier soit
cultivé pour ses fruits : c’est en Espagne, à KElche, près d’Alicante,
où, par suite d’une heureuse disposition topographique, on retrouve
un chmat local assez analogue à celui du Sahara. L’oasis d’Elche,
dont la plantation remonte à l’époque de la domination des Maures
en Espagne, compte environ 100,000 dattiers. Hâtons-nous d’ajouter
que les dattes espagnoles sont loin de valoir celles des oasis de
l'Afrique. Elles appartiennent d’ailleurs aux variétés à chair dure et
AT Ve VE COMPRENNE
2 AN
A06 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
croquante, beaucoup moins riches en sucre que les variétés à chair
molle, qui tiennent le premier rang dans le commerce, et s’expor-
tent dans le monde entier.
Peut-être cependant ne serait-il pas impossible de récolter des
dattes mangeables au nord de la Méditerranée, là où, par suite d’une
orientation particulièrement favorable, la chaleur du soleil se con-
centre et dure longtemps, mais encore faudrait-il s'adresser aux
races de dattiers les plus précoces. Il y a en effet de grandes diffé-
rences entre les diverses races sous le point de vue de l’époque de
maturité, différences qui vont jusqu’à trois mois. On connaît des
dattiers qui mûrissent leurs fruits dès le mois de septembre; d’au-
tres seulement en octobre, novembre ou même décembre. Il faut
en outre remarquer qu’on ne peut pas compter sur les semis pour
obtenirune race quelconque dedattier; les Arabes ont toujours soin,
pour conserver celles qu’ils possèdent, de ne les propager que par
la plantation des jets que les arbres produisent autour de leur pied,
en d’autres termes par un véritable bouturage. Si donc on voulait -
tenter l'expérience de la culture du dattier, en vue de la production
des fruits, dans des pays moins chauds que le nord de l’Afrique, il
faudrait se procurer de jeunes sujets enracinés des races reconnues
pour les plus précoces. Cette tentative, d’ailleurs, n’aurait aucune
chance de succès dans les pays, même très chauds, où l'été est plu-
vieux et l’atmosphère constamment humide. Autant le dattier aime
les arrosages autour de ses racines, autant il craint le ciel habituel-
lement voilé et les pluies de longue durée. Toute sa culture se ré-
sume dans ce dicton arabe : le pied dans l’eau, la tête dans le feu.
La taille à laquelle parvient le dattier varie suivant les climats, la
fertilité du sol et la somme des arrosages, qui doit être proportionnée
à la chaleur. Dans de très bonnes conditions il s’élève à 18 ou 20
mètres et sa tige, dépouillée des feuilles vieillies, peut attendre à
2 mètres de circonférence. Le plus souvent, cependant, par quelque
défectuosité de la culture, le dattier n’atteint pas ces belles propor-
tions. La floraison arrive communément en avril ; mais, suivant les
lieux et les autres circonstances, elle peut être avancée ou retardée
d’un mois. Pour opérer la fécondation les Arabes introduisent dans
les spathes des dattiers femelles des rameaux d’inflorescences mâles
dont le pollen arrive à maturité, et cela à plusieurs reprises sur le
même arbre. Un seul dattier mâle suffit pour la fécondation d’une
vingtaine de pieds femelles, et même davantage.
PH. canariensis HorT.; Ph. Jubæ WE8B8.— Palmier colossal
des îles Canaries, longtemps confondu avec le dattier de l'Afrique,
mais reconnu aujourd’hui pour en être fort distinct. Il en diffère par
un stipe beaucoup plus volumineux, des palmes du double plus
grandes, d’une verdure très vive et dont le pétiole ou rachis est très
élargi à son insertion sur le stipe; il en diffère encore par ses fruits
plus petits que les dattes, de forme arrondie, à pulpe filandreuse,
presque sans suc et non comestibles. Introduit en Provence vers le
milieu du siècle, ce majestueux palmier s’y est montré parfaitement
rustique dans la zone de l’oranger; il y fleurit et donne des graines
fertiles qui servent à le multiplier. 11 semble même capable de se
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 107
croiser avec le dattier et de produire par là des formes hybrides, in-
termédiaires entre les deux espèces. C’est incontestablement le plus
beau palmier d'ornement qui existe aujourd’hui en Europe.
PH. /Zanceana NDoN. — Palmier de la Chine méridionale, dont
le stipe ne s'élève guère à plus de 1 mètre, qui a fait ses preuves de
rusticité dans le midi de la France, où on l’a vu une fois enterré sous
un mètre de neige pendant plusieurs jours sans qu’il en ait souffert.
Ses palmes, d’un vert grisâtre, sont très semblables à celles du dat-
tier, mais de moitié plus courtes. Son pollen est abondant et très
blanc. L'arbre femelle est encore inconnu en France.
PH. pusilla Marr. — Du nord de l'Inde et du midi de la Chine.
Espèce naine et probablement même à souche enterrée, produisant
des baies noires, analogues à de petites dattes, et dont la chair peu
épaisse, mais sucrée, pourrait devenir comestible par une bonne
culture. Il est rare dans les collections d'amateurs, mais suffisam-
ment rustique pour passer l’hiver dans le midi de la France.
PH. reclinata MarT.— Du sud de l'Afrique extratropicale, sur-
tout orientale. C’est un arbre peu élevé, souvent incliné oblique-
ment, et très peu connu. On dit que ses fruits sont comestibles. Sa
rusticité dans le midi de la France est probable.
PH. sylvestris RoxBG. — De presque toutes les parties de l'Inde,
au nord comme au sud, croissant dans tous les sols et rustique dans
tous les pays de climat tempéré-chaud où il a été introduit. Il res-
semble beaucoup au dattier, mais sous de moindres proportions, et
il donne des dattes légèrement sucrées qui ont trop peu de chair
pour être comestibles. Son principal produit est la sève sucrée qu’on
en retire par incision, et dont on fait du sucre cristallisable et une
sorte d’eau-de-vie bien connue sous le nom d’arrack.On estime qu’un
arbre adulte donne en moyenne, chaque année, 4 kilogrammes de
sucre, quelquefois davantage. La récolte annuelle de ce sucre, dans
le Bengale seulement, est évaluée à 50,000 tonnes par an, ce qui
montre que ce palmier a une certaine importance agricole, d'autant
plus qu’il réussit dans des terres plus sèches que celles qui convien-
nent aux autres palmiers de l’Inde. Il ne serait pas impossible que
ce dattier sauvage fût la souche première du dattier d'Arabie pro-
prement dit.
PH. spinosa THonx. — De l'Afrique intratropicale, mais s’éle-
vant assez haut sur les montagnes pour faire supposer qu'il serait
rustique dans le midide l’Europe. Le docteur Kirk rapporte qu'ayant
plongé dans l’eau, pendant une demi-journée, un régime de fruits
encore verts, les vit tourner au rouge et leur pulpe astringente de-
venir sucrée et comestible.
On trouve dans quelques jardins dela Provence maritime un Phœ-
niæ qui y porte le nom de Ph. spinosa, et qui est peut-être celui
dont il vient d’être question, ce que nous n’oserions assurer. Sa ver-
dure est très vive, et nous l’avons vu fleurir et fructifier sous une
taille beaucoup moindre que celle du dattier commun, dont il n’a
pas la rusticité, car il est endommagé dans ses feuilles par des froids
de 4 à 5 degrés centigrades.
Plusieurs autres espèces du genre existent encore, mais il est
108 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
difficile, dans l’état actuel de nos connaissances, d’en préciser les
caractères. Une des plus intéressantes est le PA. farinifera Manr.,
dont le tronc court et massif contient une forte proportion de fécule,
qu'on en extrait pour en faire une sorte de pain et des potages.
PHORMIUM {enax Forsr.— Lin de la Nouvelle-Zélande. Grande
Lilacée vivace par ses rhizomes, qui produisent chaque année des
feuilles rubanées de { à 3 mètres de longueur, sur 5 à 8 centimètres
de largeur, lisses, coriaces, contenant une grande quantité de fibres
tellement tenaces que la force d’un homme suffit à peine pour rom-
pre une de ces feuilles, quoiqu’elles soient facilement divisibles en
lanières dans le sens longitudinal. En conséquence le Phormium
prendrait rang parmi les plantes textiles de premier ordre si on par-
venait à débarrasser sa fibre d’une matière gommeuse qui en rend
l'extraction difficile et qui en abrège la durée. Cependant les indi-
gènes de la Nouvelle-Zélande parviennent, à l’aide de procédés sim-
plement mécaniques, mais qui exigent beaucoup de patience, à con-
fectionner avec ces fibres des tissus d’une certaine finesse. Les
colons européens se contentent d'en fabriquer des cordages et de Ja
pâte à papier qui s’exporte en Europe. Le papier ainsi obtenu est
très blanc et d’une grande force.
Le Phormium est commun dans toutes les parties de la Nouvelle-
Zélande, où il semble presque indifférent à la nature des sols et aux
diverses expositions. On le retrouve aux îles Chatam, Norfolk, Lord
Howe, et jusqu'aux îles Auckland, presque sous le 51° degré de
latitude australe.
Introduit en Europe dès le siècle dernier, il s’est montré rustique
dans tout le midi de la France, dans la région océanique jusqu’en
Bretagne et même dans le sud-ouest de l'Angleterre. Ce sera donc
une plante acquise à la culture industrielle quand on se sera décidé à
lui donner une attention sérieuse. Jusqu'ici on ne l’a considéré que
comme une plante d'agrément, propre à former des massifs sur les
pelouses des parcs ou à orner le bord des ruisseaux et des lacs ar-
üficiels. Il fleurit et mürit ses graines en France, mais on ne le
multiplie guère que par division des rhizomes.
A la Nouvelle-Zélande on reconnaît trois variétés principales de
Phormium : le {éhore et le lin de montagne, qui donnent la fibre la
plus belle et la plus souple, et dont les feuilles ne dépassent guère
160 en longueur, et le lin des marais, chez lequel elles atteignent
jusqu’à 3 mètres, mais dont la fibre plus grossière ne sert qu’à la
corderie et à la préparation de la pâte à papier. Il y a en outre
quelques variétés naines, dont une, connue sous le nom de Ph. Co-
lensoi, a été récemment introduite en Angleterre. Toutes ces races
et variétés mériteraient un examen attentif de la part des industriels
et des acclimateurs.
D’après nos propres observations, en France et ailleurs, le Phor-
mium s’accommode de tous les terrains, sauf de ceux qui sont abso-
lument secs et arides, cependant il préfère ceux qui sont profonds,
fertiles et frais. Les irrigations lui sont favorables, pourvu que l’eau
ne reste pas stagnante dans le sol. Il ne paraît même pas craindre
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ÉNUMÉRATION DES PLANTES 109
l'eau légérement saumâtre. Si on essayait de le cultiver dans des
terrains marécageux, il faudrait les drainer à l’aide de tranchées
pour en écouler l’eau surabondante.
Outre leur produit en feuilles utilisables les plantations de Phor-
mium rendraient d’autres services. Le feu n’a aucune prise sur lui,
et on conçoit que, planté en lignes de quelques mètres d'épaisseur
à travers et autour des massifs forestiers, il mettrait obstacle à
l'extension des incendies, comme le font des lignes d’Opuntias
dans l'Amérique du Sud. On n’a pas assez compris jusqu'ici le rôle
des plantes protectrices des forêts contre les ravages du feu.
Malgré la difficulté de l'extraction de la fibre du Phormium, on
en fabrique quelques tissus en Europe, soit employée seule, soit mé-
langée au coton ou à la soie. En 1872 la Nouvelle-Zélande a expédié
à Londres, pour le tissage, 11,500 balles de cette fibre, au prix de
20 à 30 livres sterling (de 500 à 750 fr.) la balle. Aujourd’hui le prix
de la tonne de Phormium à Londres est encore de 10 à 20 livres,
c’est-à-dire de 250 à 500 fr.
PHYLLOCALYX edulis Jos. H00Kk. — Arbrisseau du Brésil, de
la famille des Myrtacées, remarquable par la beauté de son feuillage
persistant et de ses fleurs, plus intéressant encore par ses fruits, qui
sont de la grosseur d’une noix, sillonnés dans le sens de leur lon-
gueur, d’un jaune vif et d’une odeur suave. Leur saveur rappelle
celle de l'ananas.
Cette jolie myrtacée est encore rare en Europe, et jusqu'ici cul-
tivée en serre, mais il est vraisemblable qu’elle réussirait en plein
air dans la plus grande partie de la région méditerranéenne, en Es-
pagne, en Italie et surtout dans le nord de l'Afrique, comme les
Goyaviers ( Psidium) et les Eugénias, avec lesquels elle a des affini-
tés de tempérament.
PHYLLOCLADUS. — Arbres conifères des îles de l’océan Paci-
fique austral, caractérisés par leurs feuilles relativement larges et
diversement lobées, ce qui leur donne un aspect très différent de
celui des conifères d'Europe et d'Amérique. Deux espèces, réduites
jusqu'ici au rôle d’arbres d'ornement dans nos parcs, sont intéres-
santes sous d’autres rapports :
PH. rhomboidalis Rica. — Le pin-céleri de Tasmanie. Arbre
d’une vingtaine de mètres de hauteur, sur 150 à 2 mètres de dia-
mètres à la base. Son bois sert principalement à faire des mâts de
vaisseaux. Ce bel arbre ne prend son entier développement que
dans les vallées humides et ombragées de l'ile.
PH. frichomanoides DoN. — De la Nouvelle-Zélande, mais seu-
lement dans l’île du Nord, où les indigènes lui donnent les noms de
Tanekaha et Tamkatra. Get arbre est un peu plus grand que le
précédent, sur une tige moins massive, très droite, dont le bois à
grain fin, lourd, compacte et d’une longue durée, est fort recherché
pour les divers travaux de l’industrie et de la marine, où il faut des
bois dont la première qualité soit la force et la résistance. Outre
cette utilité toute locale l’arbre fournit depuis quelques années des
110 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
écorces au commerce d'exportation, car on a découvert qu’elles
contiennent des matières tinctoriales de premier ordre, donnant des
couleurs jaunes, fauves ou pourpres des plus belles nuances et très
solides, associées à une forte proportion de tannin. L’exportation
de ces écorces est récente, et néanmoins déjà considérable. En
1873 elle se réduisait à 24 tonnes, dans les six premiers mois de
1883 elle en dépassait 575, d’une valeur d’environ 100,000 fr. Ces
écorces sont dirigées sur Londres, d’où on les expédie à Grenoble,
où elles servent à teindre les gants de chevreau. Les repousses du
pied des arbres abattus par cette exploitation servent à faire des
cannes très agréablement annelées ou bariolées de blanc et de noir,
ce qu’on obtient par le procédé très simple de la décortication sur
certains points de ces repousses quelque temps avant de les couper.
PHYLLOSTACHYS — Genre de Graminées ligneuses, longtemps
réunies aux bambous (ZBambusa), avec lesquels on les confond dans
la pratique, et dont elles ne diffèrent que par des caractères bota-
niques de peu d'importance. Les plus répandues sont les suivantes :
PH. bambusoides SiEBOLD ; Bambusa Sieboldi Horr. — Espèce
comparativement naine, mais très rustique, et dont les chaumes
durs, solides et d’une belle teinte jaune, font d'excellentes cannes.
Elle est de la Chine et du Japon.
PH. rigra MuNro; B. nigra Lopp. — De la Chine et du Japon;
depuis longtemps introduit dans le midi de la France. Son nom de
bambou notr lui vient de la couleur de ses chaumes, d’un noir lui-
sant, et dont l'effet est très pittoresque. Dans les bonnes terres il
atteint 7 à 8 mètres de hauteur, même davantage, mais il s’élève
beaucoup moins dans les sols secs et graveleux. Ses tiges, dont la
grosseur dépasse quelquefois celle du pouce, servent à faire des
cannes, des manches d’ombrelles et autres menus ouvrages ana-
logues.
PH. mitis MuNRo ; B. mitis Horr. — De la Chine; très répandu
déjà dans le midi de la France, où il s'élève communément à 6 ou
7 mètres, quelquefois plus dans les bonnes terres, et alors ses chau-
mes approchent de la grosseur de ceux du Bambusa arundinacea.
C’est une belle plante, rustique, un peu trop drageonnante, et qui
se multiplie aisément par division de la souche.
PH. viridi-glaucescens HorrT. — Des mêmes pays que le précé-
dent, dont il se distingue par ses chaumes plus élevés, d’une cou-
leur verte plus vive, et dont le feuillage est plus dense. Il est assez
répandu dans les jardins du midi de la France, mais on n’est pas
encore suffisamment renseigné sur les proportions qu’il peut attein-
dre avec les années. C’est le Bambusa viridi-glaucescens des hor-
ticulteurs.
PH. aurea MuNro; Bambusa aurea des jardins.— Moins grand
que les précédents, et reconnaissable au rapprochement des nœuds
au bas des chaumes. Ce bambou, originaire de Chine ou du Japon,
est rustique en France.
PHYMOSPERMUM paroifolium BENTH.; Adenachæna paroi-
ÉNUMÉRATION DES PLANTES AA
folia DG. — Composée frutescente de l’ Afrique australe, où, d’après
le professeur Mac-Owan, elle rend les mêmes services que le Pent-
aia virgata pour la nourriture des moutons. Ce qui nous la rend
surtout intéressante c’est qu’elle peut se naturaliser dans le sable
pur et le plus aride.
PHYSALIS. — Coqueret, alkékenge. Genre de Solanées herba-
cées, souvent vivaces, dont le fruit est une baie recouverte par le
calyce, qui s’accroiîtet devient membraneux-vésiculeux à mesure que
ce fruit grossit. Les trois espèces suivantes peuvent nous intéresser :
PH. Alkekengi L. — Petite plante annuelle ou vivace suivant
les lieux ou les années, qu'on croit originaire de Perse, mais au-
jourd’hui naturalisée spontanément dans le midi de l Europe, l'Asie
centrale et le nord de l’Afrique. Ses baies, d’un rouge vif et de la
grosseur d’une petite cerise, sont rigoureusement comestibles, mais
la plante a plus de valeur en médecine qu’en économie domestique,
et n’a, que nous sachions, jamais été cultivée.
PH. angulata L. — Plante annuelle, qui paraît insensible aux di-
versités de climats, et qu'on rencontre dans beaucoup de contrées
tropicales, dans le nord de l'Amérique et au Japon. Ses baies jau-
nâtres sont un peu sucrées et comestibles. On lui rattache comme
variété le PA. minima où Ph. parvifiora d'Australie.
PH. peruviana L. (Ph. pubescens, Ph. edulis).— Cette espèce, à
laquelle on donne quelquefois le nom de groseille du Cap, qu’elle
ne mérite d’ailleurs à aucun titre, est la seule du genre qui ait une
valeur réelle. Elle paraît originaire du Pérou, mais elle est aujour-
jourd’hui répandue dans toutes les régions chaudes ou tempérées-
chaudes de l’ancien et du nouveau monde, partout cultivée pour ses
baies, qui se mangent comme fruits de dessert, mais sont surtout
employées à faire des confitures et des conserves. Ces fruits sont
jaunes, de la taille d’une grosse cerise et sucrés. La plante en pro-
duit en abondance, et comme elle est plus fertile dans la première
année que dans les suivantes, on la cultive presque uniquement
comme plante annuelle.
La culture en est un peu difficile sous le climat de Paris, où elle
ne réussit qu’à l’aide de couches chaudes et d’abris vitrés pendant
une partie du printemps, mais elle n’offre aucune difficulté en Pro-
vence et autres pays méditerranéens. On peut s'étonner que cette
solanée ne figure dans les jardins de la région que comme plante de
fantaisie, car ses fruits, qui voyagent facilement et sans s’altérer,
sont déjà recherchés par la confiserie parisienne, et pourraient de-
venir l’objet d’un commerce assez important, au même tre que
ceux des tomates et des légumes de primeur.
PHYTELEPHAS.— Arbres ou tout au moins végétaux de grande
taille, que plusieurs botanistes rattachent au groupe des Palmiers,
dont ils ont l'aspect, mais que d’autres rangent dans la famille voi-
sine des Cyclanthées, d’ailleurs tous remarquables par l'ampleur de
leurs frondes en éventail. Un caractère qui leur est propre est la
grosseur de leurs graines, dont l’abondant périsperme, d’une blan-
412 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
cheur parfaite, acquiert presque la dureté de livoire. On le travaille
au tour pour en faire maints petits objets d'ornement ou de fantaisie.
C’est l’ivoire végétal du commerce.
La plupart des Phytelephas sont essentiellement de serre chaude
en Europe, il est cependant quelques espèces qui semblent devoir
s’accommoder du climat des pays tempérés-chauds. Tels seraient,
si ces prévisions sont fondées, le Ph. microcarpa Rurz et Pay., des
Andes du Pérou, le Ph. macrocarpa Rurz et Pav., de la même ré-
gion, plante superbe, qui fournit la plus grande partie de l’ivoire
végétal, et le Ph. æquatorialis SPRUCE, du versant oriental des
Andes, jusqu’à l'altitude de 1,500 mètres, qui donne aussi de livoire.
C’est un des végétaux les plus imposants de la nature par la grandeur
extraordinaire de ses frondes, larges et longues de 8 à 10 mètres.
, PHYTOLACCA. — Genre principal de la famille des Phytolac-
cacées, comprenant un certain nombre d'espèces, parmi lesquelles
il suffira de citer les suivantes :
PH. decandra L. — Grande plante herbacée et vivace par sa
racine, dont les tiges annuelles s’élèvent à 1 mêtre ou 1"50. Aux
Etats-Unis on en mange les pousses à la manière des asperges,
après les avoir fait blanchir par étiolement, mais elles sont peu
goûtées en Europe. La plante produit en abondance des baies, dont
le suc pourpre foncé est employé en Allemagne à colorer certains
mets, el plus souvent à teindre les vins faibles en couleur. Un point
plus intéressant de l’histoire de cette plante c’est la grande quantité
de potasse qu’elle contient. Ses cendres, d’après le chimiste Bra-
connot, peuvent fournir jusqu’à 4? pour 100 de leur poids de potasse
caustique. À ce point de vue la plante, presque inutile jusqu'ici,
pourrait rendre des services à l’industrie.
PH. esculenta L. —- Yama-Gobo et Radzuca des Japonais. Ses
feuilles sont mangées au Japon en guise d’épinards, qu’elles sont
loin de valoir, du moins en Europe.
PICEA. — Genre d'arbres conifères, analogues aux sapins (Abies)
et longtemps confondus avec eux, mais qui en diffèrent par plusieurs
caractères, dont le plus facile à saisir est la direction de leurs cônes
pendants et non dressés, et dont les écailles, plus coriaces que celles
des sapins, persistent sur l’axe du cône après la chûte des graines.
Dans la pratique on les distingue des sapins proprement dits sous
le nom de pesses et de sapinettes.
P. alba Link. — Sapinette blanche. De l'Amérique septentrio-
nale, du Canada à la Caroline. Arbre de 15 à 25 mètres, à tige très
droite, à feuilles glauques ou blanchâtres, couvrant presque entiè-
rement le rameau, à cônes plus ou moins roux. Cette espèce, très
rustique en Europe et très répandue, a produit un grand nombre
de variétés, dont la principale est la sapinette bleue. Cet arbre se
plait dans les terres humides ou même détrempées.
P. Alcockiana Link. (Abies A lcockiana Lainp1..). —- Grand et bel
arbre du Japon, de 30 à 40 mètres de hauteur, introduit en Europe
depuis une quarantaine d’années. Son feuillage est petit, raide et
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 113
d’une teinte glauque d’un bel effet dans le paysage; son bois, un peu
tendre, ne parait servir au Japon que pour les ouvrages de menui-
serie. Il est rustique dans l’Europe occidentale.
P. excelsa LiNKk. — Epicéa, pesse, sapin du Nord ou de Norwège.
Arbre de 35 à 40 mètres, de forme pyramidale ou conique, de ver-
dure sombre, commun sur les Alpes et les monts Carpathes, ainsi
que dans les plaines du centre de l’Europe et de la Scandinavie,
mais ne se rencontrant point dans le midi ni dans l’ouest de l’Eu-
rope. Cette espèce a produit une multitude de variétés, souvent dé-
crites comme autant d'espèces différentes, ce qui a mis beaucoup
de confusion dans sa nomenclature. Il importe de ne pas la con-
fondre avec le Pinus eæcelsa, qui est de l’Inde, ni surtout avec
l’'Abies pectinata (A. excelsa de quelques auteurs). Nous n’avons
pas besoin de rappeler que l’espèce dont il est question ici est un
arbre forestier de premier ordre, et qu’il est aussi un des ornements
les plus ordinaires de nos parcs.
P. jesoensis Carr. ; Abies jezoensis Sie8. et Zucc.— Jeso-Matsu
des Japonais. Grand et bel arbre du Japon, à bois mou et léger, qui
n’est guère dans ce pays qu’un arbre d'ornement dans les parcs et
les jardins. Il est encore peu connu et rare en Europe.
P. Menziesit Carr.; Pinus Mensziesit Douez. — Petit arbre de
12 à 15 mètres de hauteur, commun dans le nord-ouest de l’'Amé-
rique et jusqu’en Californie. De simple agrément en Europe, où il
est tout à fait rustique.
P. Morinda Link.; Pinus Smithiana Lams.; Abies Khutrow
Loup. — Noms vulgaires dans l’Inde : Morinda, Khutrow. Arbre
superbe de l'Himalaya, où il atteint les altitudes de 2,800 à 3,200
mètres, ce qui lui assure une certaine rusticité dans l’ouest de l'Eu-
rope, aussi y est-il devenu un ornement des parcs et des grands
jardins, principalement en Angleterre. Sa hauteur dépasse souvent
99 à 36 mètres.
P. nigra Link.; Pinus nigra AITON. — Sapinette noire. Arbre
de moyenne grandeur (20 à 25 mètres), répandu sur une vaste
étendue de l'Amérique du Nord, entre les 40° et 50° degrés de lati-
tude. Il est rustique en France, sans y être commun.
P. obovata LEDEB. — De la Sibérie et des monts Altaï, où 1l cons-
titue de.grandes forêts jusqu’à l’altitude de 1,300 mètres. Il a beau-
coup de ressemblance avec le P. excelsa par sa taille et son port,
mais il en diffère par plusieurs caractères et surtout par ses cônes
plus petits. Encore assez rare dans l’Europe occidentale.
P. orientalis LiNk.; Pinus orientalis L. — Petit arbre du Cau-
case et des montagnes d'Arménie. Planté çà et là dans les pares
comme arbre d'agrément; hors de là, d’une faible utilité.
P. polita Carr; Abies polita S1E8. et Zucc.— Torano-momi des
Japonais. Grand et bel arbre du Japon, de l’île de Nippon et de la
Corée, qui rappelle d’assez près le Picea excelsa de l'Europe, sans
en avoir toute la rusticité. Il est du reste encore rare en France.
P. rubra LiNk.; Pinus rubra LamB. — Sapinette rouge. Du nord
des Etats-Unis, du Canada et de Terre-Neuve. Analogue au Picea
excelsa et tout aussi rustique, mais un peu moins grand.
A4 ÉNUMÉRATION DÉS PLANTES
PILOCARPUS pinnatifidus LEMAIRE. — Arbrisseau du groupe
des Rutacées-Diosmées, du Brésil tropical et extratropical, où il
porte le nom vulgaire de Jaborandi. Ses feuilles et son écorce con-
tiennent un alcaloïde, la pilocarpine, qui est un puissant sudorifique,
et dans lequel on a cru trouver le spécifique de la rage. Malheureu-
sement des essais faits à Paris ont démontré son impuissance contre
cette cruelle maladie. I] n’en reste pas moins que le Jaborandi pourra
être adopté dans la pratique de la médecine pour ses propriétés
réelles, comme sudorifique et sialagogue, propriétés qu'il partage
avec une seconde espèce, le P. simplex, des mêmes pays. On croit
que tous deux pourront être acclimatés dans les parties chaudes du
midi de l’Europe.
PIMPINELLA Anisum L. — Anis. Ombellifère annuelle de
l'Orient, où elle est cultivée de longue date pour ses graines aro-
matiques, employées en médecine, mais surtout dans l’art de la
confiserie, ou comme condiment. Elle doit son arome à une huile
essentielle, l’anéthol, qu'on en retire par distillation.
L’anis est cultivé dans diverses parties de l’Europe; en France
c’est surtout aux environs de Tours et de Chinon, ainsi que dans le
Midi. On consacre à cette culture des terres légères, autant que
possible calcaires, ameublies et amendées. Suivant les lieux, le
semis se fait en avril ou mai. Les plantes fleurissent en juin et juillet
et mürissent leurs graines un mois ou six semaines après. On les
coupe à la faux ou à la faucille et on les étale sur une aire pour les
faire sécher et en récolter les graines. Dans les bonnes années le
produit atteint jusqu’à 700 kil. par hectare, et les graines se ven-
dent de 100 à 140fr.les 100 kil. La graine d’anis est plus aromatique
dans le midi que dans le nord, en France qu’en Allemagne; mais la
production française ne suffisant pas à la demande des distillateurs
et des confiseurs, le commerce nous en apporte d'assez grandes
quantités de ce dernier pays. On en tire aussi d’Espagne et d'Italie.
Au total la culture de l’anis est suffisamment rémunératrice.
Le P. saxifraga L., plante vivace d'Europe, est utilisé en méde-
cine, ainsi que d’autres espèces. Le P. sisarum BENTH. (Sion st-
sarum L.) produit de petits tubercules qui sont un excellent légume.
PINUS. — Pin. Grand genre d'arbres conifères, appartenant pres-
que exclusivement aux climats froids ou tempérés de l'hémisphère
septentrional, représenté seulement par un petit nombre d’espèces
dans les climats chauds, et entièrement étranger à l’hémisphère
austral, où il est remplacé par d’autres genres de conifères. Les pins
sont pour la plupart des arbres forestiers de première grandeur et de
première utilité; néanmoins plusieurs espèces exotiques introduites
en Europe n’y ont encore qu’un intérêt de curiosité.
Ce genre d'arbres est assez voisin de celui des sapins (Abies) pour
que Linné et plusieurs autres botanistes à sa suite les aient réunis
en un seul. Cependant, outre certains caractères botaniques qui ne
sont pas sans valeur, ces deux groupes d'arbres diffèrent tellement
l’un de l’autre, qu’on les distingue au premier coup d’œæil. On recon-
ÉNUMÉRATION DES PLANTES M5
naîtra aisément les pins à leur port moins pyramidal, à leurs feuilles
plus étroites, plus longues et toujours réunies en une sorte de pin-
ceau, au nombre de deux à cinq, dans une gaîne commune qui les
entoure à leur base, et enfin à leurs cônes moins cylindriques et
composés d’écailles plus épaisses, plus dures et renflées près de
leur extrémité en une tubérosité plus où moins saillante et quelque-
fois crochue. Leur maturité n’arrive jamais avant la seconde année.
Les pins sont répandus dans toutes les contrées boréales de l’Eu-
rope, de l’Asie et de l'Amérique, et plusieurs d’entre eux sont propres
aux régions montagneuses. On en connait aujourd’hui une centaine
d'espèces, la plupart très variables et souvent très difficiles à carac-
tériser, ce qui a donné lieu à une nomenclature compliquée et des
plus confuses. On est parvenu cependant à les répartir en un cer-
tain nombre de groupes assez tranchés, d’après le nombre des
feuilles réunies dans une même gaïîne; de là les divisions du genre
en pins à deux, trois, quatre ou cinq feuilles. Les cônes dressés ou
pendants, et les graines aïlées ou non aiïlées fournissent aussi de bons
caractères spécifiques.
Les services que les pins rendent à la sylviculture et à l’industrie
sont nombreux. Outre leur bois, qui est employé dans toutes les
constructions de terre et de mer, ils fournissent de la résine, du bois
de chauffage, du charbon, et quelques-uns des graines comestibles.
Ce sont aussi les arbres les plus propres aux reboisements en mon-
tagnes et à l’utilisation des terres trop médiocres pour les exploita-
tions agricoles. Ajoutons enfin que certaines espèces conviennent
particulièrement pour fixer les sables maritimes ou donner de la
valeur aux sols marécageux, sans préjudice des produits divers que
le cultivateur et l'industriel savent en tirer.
Dans la liste qui va suivre nous nous bornerons à parler des es-
pèces les plus recommandables, en les classant par lettre alpha-
bétique.
P. australis Micax.— Pin de Géorgie, pin jaune d'Amérique, etc.
Arbre de 25 à 30 mètres, croissant dans les dunes et les landes sili-
ceuses voisines de la mer, de la Géorgie à la Floride, où il remplit
le même rôle que le pin maritime ( P. pinaster) de l'Europe, pro-
duisant comme lui du bois de construction, de la résine et de la
térébenthine. C’est essentiellement un arbre forestier et un des plus
utiles de cette partie de l'Amérique. Son bois est dur, compacte,
d’une bonne durée et n’a qu’une faible couche d’aubier, toutes qua-
lités qui le font rechercher même hors du pays où il croît. En
Amérique on attribue de nombreuses propriétés à cet arbre, par
exemple celles d’assainir les lieux marécageux et de régler la chûte
de la pluie. Néanmoins on en fait peu de cas en Europe, où le pin
maritime le remplace avantageusement. Il est même peu recherché
comme arbre décoratif, d'autant plus qu’il est sujet à geler à la lati-
tude de Paris.
P. austriaca Hoss.; P. nigra Link. — Pin noir d'Autriche.
Commun sur les montagnes calcaires de la Basse-Autriche, en
Moravie, en Gallicie, etc. Arbre de 25 à 30 mètres, à longues feuilles
d’un vert sombre, et dont les branches sont grosses et rapprochées,
27
AG ÉNUMÉRATION DES PLANTES
ce qui multiplie les nœuds dans le bois et le rend difficile à tra-
vailler. Cet arbre a beaucoup d’analogie avec le laricio (P. Laricio),
et quelques personnes même n’en font qu’une race particulière de
ce dernier.
P. Ayacahuite EHRENBG. — Tablas, A yacahuite des Mexicains.
Arbre de 35 à 40 mètres et plus, des hautes montagnes du Mexique,
jusqu’à la hauteur de 2,500 mètres, rappelant par son port le P. eæ-
celsa, et donnant un bois de bonne qualité. Il est rustique en Europe.
P. Benthamiana Hanrw.— Très grand arbre de la Californie,
principalement des montagnes de Santa-Cruz, où il forme de vastes
forêts, soit seul, soit associé au P. Lambertiana. Sa hauteur est, dit-
on, de 50 à 60 mètres, et son bois très résineux. Introduit en Europe
depuis quelques années.
P. brutia TENORE. — De la région méditerranéenne, principale-
ment de la Calabre, propagé sur différents points du midi de l'Eu-
rope. Il de dépasse guère 25 mètres de hauteur, et souvent reste
plus bas. Rien ne le recommande d’une manière particulière.
P. Bungeana Zucc.— Kiéou des Chinois. Grand et bel arbre du
nord de la Chine, et fréquemment cultivé dans diverses parties de
l'empire pour ses graines comestibles autant que pour son bois. II
offre cette particularité remarquable que son écorce se détache par
grandes plaques laissant voir l’écorce blanche plus jeune, d’où ré-
sultent de curieuses bigarrures sur le tronc. Il est rustique en France,
où il est d’ailleurs resté rare.
P. Cembra L. — Arole, cembrot, tinier. Arbre essentiellement
alpin, de 20 à 30 mètres de hauteur, répandu des Alpes du Dauphiné
jusqu'aux montagnes de la Sibérie et au Kamtchatka, probablement
aussi au Japon et dans les îles Kouriles. D’après les meilleures au-
torités les P. koraiensis et mandschurica, de l'Asie orientale, ne
seraient .que des formes particulières, c’est-à-dire de simples va-
riétés du P. Cembra.
C’est un arbre remarquable, non seulement par les sites qu'il oc-
cupe au voisinage de la limite inférieure des neiges éternelles, mais
aussi par sa lenteur à croître, son port pyramidal et compacte, son
feuillage glauque et ses graines comestibles. Son bois est légère-
ment jaunâtre, à grain fin et d’un grand emploi dans l’ébénisterie
et la sculpture sur bois. Get arbre fournit aussi de la résine et de la
térébenthine.
P. canariensis DC. — Pin des Canaries. Arbre magnifique, des
montagnes de l’île de Ténérifie et de la grande Canarie, où il occupe
une aire comprise entre 1,200 et 2,000 mètres d’altitude suprama-
rine. Sa forme plus ou moins régulièrement pyramidale et son feuil-
lage en longues aiguilles, de la verdure la plus vive, en font un des
plus beaux arbres paysagers du midi de l'Europe. Très rustique
dans toute la région des orangers, il gèle fréquemment à des latitu-
des plus élevées, et pour cette raison est incultivable dans le centre
et le nord de la France. Ce bel arbre ressemble d'assez près au
P. longifolia de l'Inde septentrionale, sans en avoir la rusticité.
P. cembroides Gorb. — Petit arbre de 6 à 10 mètres de hauteur,
commun sur les montagnes du Mexique, aux allitudes de 2,400 à
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 417
3,000 mètres, où il semble représenter l’Arole (P. Cembra) des
Alpes de l'Europe. Le seul ütre que nous lui voyons à l’intérêt des
arboriculteurs réside dans ses graines comestibles. Il est très voisin
du P. Llaveana, qui est de même taille et presque des mêmes ré-
gions, et dont les graines sont également comestibles.
P. contorta Douaz. — Des montagnes de la Californie et du Co-
lorado. C’est un arbre dont la taille est variable suivant les localités;
tantôt elle est de 5 à 6 mètres, tantôt elle en atteint 15 ou 20, et
même, paraît-1l, quelquelois beaucoup plus. En Californie cet arbre
constitue d’épais massifs forestiers le long de la côte, qu’il abrite
ainsi contre les vents violents de la mer, ce qui le fait rechercher
pour ce genre de service, comme en Europe le laricio et le pin d’A-
lep. Son bois, d’ailleurs, est très estimé dans le pays pour tous les
genres de constructions civiles et maritimes. Les Américains donnent
à l’arbre les noms de Tamarak et Hack-me-Tack.
P. Coulteri Don.; P. macrocarpa Lainpz.--Arbre de 25 à 30 mètres
du versant oriental de la chaîne californienne qui est parallèle à la
mer, aux altitudes de 1,000 à 1,500 mètres. Cet arbre est surtout
remarquable par le volume de ses cônes, qui ont de 20 à 25 centi-
mètres de longueur, et qui sont très résineux. Les graines, qui sont
aussi très grosses, contiennent une amande comestible. Beaucoup
d'individus adultes existent aujourd’hui en France.
P. densifiora Si8. et Zucc. — Akamatsou des Japonais. Arbre
de moyenne taille (12 à 15 mètres), de l’île de Nipon, où il consti-
tue, mêlé au P. Massoniana, de vastes forêts à de faibles altitudes
supramarines. Il vitdes siècles, et quoiqu'il n’atteigne pas de grandes
dimensions, son bois est employé dans les constructions. Il est
moins résineux que le P. Massoniana.
P. Elliotti ENGezm.— Du sud des Etats-Unis. C’est un bel arbre
forestier de 30 à 35 mètres de hauteur, croissant rapidement, et se
plaisant dans les lieux découverts, surtout au voisinage des cours
d’eau et des terres inondées.
P. excelsa WALLICH. — Pin pleureur, strobus de l'Himalaya.
Arbre superbe de plus de 40 mètres de hauteur, à longues feuilles
retombantes et formant comme des houpes à l’extrémité des ra-
meaux, ce qui lui donne une certaine ressemblance avec le pin des
Canaries et avec le P. Strobus de l'Amérique du Nord, dont il est
d’ailleurs assez voisin, ayant comme lui les feuiles ou aiguilles réu-
nies par cinq dans une même gaîne. Il constitue de vastes forêts
dans l'Himalaya occidental et diverses parties du Népaul, entre les
latitudes de 1,500 à 3,000 mètres. Son bois est de première qua-
lité, et dure presque aussi longtemps que celui du Déodar. Il fournit
aussi de la résine et de la térébenthine. Sa beauté et son utilité lui
ont valu dans l’Indele nom de roi des pins. Il est rustique en France.
P. fleæilis Wisziz.— Le pin cembra d'Amérique. Des Montagnes
rocheuses et d’autres localités froides du nord-ouest américain.
Arbre peu connu, mais très analogue à l’arole (P. C'embra) de
l'Europe, de moyenne grandeur suivant les uns, de grande taille
(30 à 40 mètres) suivant les autres, à graines comestibles. D’après
le professeur Sargent, il serait intermédiaire entre les P. Strobus
la Et — RTI Te PA Mer PRET Me A UC R, VUS LE ue R'ééa 7 2
%
AS ÉNUMÉRATION DES PLANTES
et Lambertiana. Sa croissance est aussi lente que celle de l’arole.
P. Fremontiana ENpricn; P. monophylla Torn. — Petit arbre
de 7 à 8 mètres, très commun sur la Sierra-Nevada de Californie,
où il prend quelquefois la forme d’un buisson. Il est remarquable
en ce que ses aiguilles, raides et presque épineuses, sont solitaires
dans la gaîne qui en enveloppe la base, ce qui est une exception
dans le genre, où les feuilles sont réunies au moins au nombre de
deux. Il est glauque, extrêmement résineux et très fertile, en ce
sens qu’il produit de grandes quantités de cônes à grosses graines
comestibles, ce qui en fait un arbre précieux pour les indigènes du
pays. Il est rustique dans toute la France.
P. Gerardiana WazricH. — Le Pin néosa du Népaul. De l’Hi-
malaya occidental, aux altitudes de 3,000 à 3,800 mètres, où il
forme de vastes forêts. Il est de moyenne grandeur (15 à 16 mètres)
et croît assez lentement. Il produit beaucoup de résine, mais ce qui
en fait la principale valeur c’est que ses graines, relativement volu-
mineuses, sont alimentaires pour les habitants du pays. L’estime
qu’ils en font se résume dans ce dicton populaire : un néosa nourrit
un homme pendant tout l'hiver. Cet arbre intéressant est très rus-
tique en France; il passe pour difficile à élever de graines, mais il
réussit greffé sur le pin sylvestre.
P. halepensis MILLER. — Pin d'Alep. Arbre de 15 à 30 mètres,
suivant les localités, caractéristique, comme l'olivier, de la région
méditerranéenne, en Europe, en Asie et en Afrique, particulière-
ment propre aux terrains calcaires. Sa grande endurance de la cha-
leur et de la sécheresse la plus prolongée et son aptitude à croître
dans les sols les plus rocailleux en font un arbre précieux pour les
reboisements dans les pays méridionaux. Son bois est blanc et léger
dans la jeunesse, mais il prend de la consistance et une teinte bru-
nâtre dans l’arbre adulte, et il est alors avantageusement employé
dans la charpente. Le pin d'Alep fournit aussi de la résine et une
sorte particulière de térébenthine. On l’a propagé dans beaucoup de
pays où le climat a de l’analogie avec celui du midi de Europe,
entre autres dans l’Australie méridionale ; mais il ne peut guère
sortir, en France, de la région de l’olivier, parce que ses pousses,
trop précoces pour le Nord et le Centre, y sont habituellement dé-
truites par les dernières gelées de l'hiver. Cet arbre a donné nais-
sance à un grand nombre de variétés, dont quelques-unes ont même
été décrites comme espèces distinctes.
P. Hartwegii LiNpz. — Palo blanco des Mexicains. Arbre de
moyenne taille (15 à 16 mètres), à feuilles ou aiguilles menues et
très longues. Il habite les montagnes du Mexique jusqu’à 3,000
mètres d'altitude, ce qui ne l’empêche pas de geler à la latitude de
Paris. Son bois rougeâtre passe pour avoir de la qualité; il est en
outre très résineux.
P. inops SOLANDER. — Pin chétlf, pin de Jersey. Simple arbris-
seau ou petit arbre de 8 à 10 mètres, mais pouvant devenir beaucoup
plus grand dans les terres profondes et fertiles. 11 est très commun
dans une grande partie des Etats-Unis, de la baie d'Hudson à la Ca-
roline, dans les terrains sablonneux. La seule utilité qu’il paraisse
-.
s
a
.
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PESTE PTIT 07
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 419
avoir est de fixer les sables le long des côtes et de fournir du bois
de chauffage. Il est rustique dans toute l’Europe.
P. insignis DouGLas. — De la Californie, et principalement des
environs de Monterey. C’est un des plus beaux arbres du genre,
sans être des plus grands (25 à 30 mètres); il est d’ailleurs vigoureux,
de croissance rapide, et ce qui lui donne un intérêt spécial c’est
qu’il s’accommode du voisinage de la mer, à peu près comme le pin
maritime de l’Europe. Ilest déjà assez répandu en France, quoi-
qu’il souffre du froid dans les hivers rigoureux à la latitude de Pa-
ris. Cette espèce est le P. radiata de divers auteurs.
P. Jeffreyt Bazrour. — Grand et très bel arbre du nord de la
Californie, où il s'élève jusqu’à 40 mètres et plus, dans les sols
pauvres et siliceux. D’après Carrière il serait intermédiaire entre
les P. Sabiana et Coulteri. Dans tous les cas c’est un arbre inté-
ressant par ses belles proportions, la rapidité de sa croissance et
son peu d’exigence sur la qualité du terrain.
P. Lambertiana Douaras. — C’est un des plus grands du genre,
peut-être le plus grand de lous les pins, car il dépasse souvent 70
mètres. Il appartient à la côte nord-ouest de l'Amérique, entre les
40° et 45° degrés de latitude, où il ne quitte guère les sommets des
montagnes. On en cite des individus presque rivaux des gigantes-
ques Séquoias, dont le tronc, très droit et dénudé de branches jus-
qu'à une grande hauteur, mesure de 15 à 18 mètres de circonfé-
rence. Ses cônes sont proportionnés à cette grande taille, car ils
ont de 30 à 35 centimètres de longueur, sur une épaisseur de 7 à 10;
ils sont très résineux et contiennent des graines alimentaires con-
sommées par les indigènes du pays, qui se servent en outre de la
résine sucrée de l’arbre pour assaisonner leurs mets. De là le nom
de Sugar-pine (pin à sucre) que lui donnent les Américains. Le
pin de Lambert n’est pas seulement un des plus majestueux du
groupe, c’est aussi un des plus utiles par son bois, qui est très re-
cherché pour la menuiserie et la charpente, et par la résine limpide
qu’il produit en abondance. Il est rustique en France, et il semble
particulièrement indiqué pour les landes sablonneuses des bords de
l'Océan.
P. Laricio Porrer. — Laricio de Corse. C’est un des beaux ar-
bres du midi de l’Europe, où on le rencontre depuis l'Espagne jus-
qu'aux confins de l’Asie, en Italie, en Grèce et dans les îles de la
Méditerranée. Sa hauteur est de 30 à 40 mètres, sur une tige droite
dont le diamètre, à la base, peut atteindre à 2 mètres. Son bois est
excellent et employé à tous les genres de constructions, de plus
c’est un des arbres les plus résineux du genre. Il préfère les sols
calcaires, mais il vient encore assez bien dans les terres siliceuses
et même dans les sables.
Le laricio est une des espèces les plus variables du genre, et c’est
à lui, d’après Carrière, qu’il faut rattacher les P. Pallasiana de
la Crimée, P. caramanica ou pin de Caramanie, du mont Taurus,
et peut-être le P. Salzmanni, des Cévennes, et le P. Fenzlii, des
montagnes de la Grèce.
P. leiophylla Scuiepe et DEPPE.— Candle-wood des Américains.
POAATe. 0 Net TE
120 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
Arbre de 20 à 30 mètres, des montagnes du Mexique, dont le bois
passe pour être d’une extrême dureté. Il n’est pas rustique à Paris,
et on le voit même souffrir du froid en Provence.
P. longifolia RoxBG. — Pin de l’'Emodi. C’est un des plus beaux
arbres du genre, ce qu’il doit à la noblesse de son port et à la finesse
de son feuillage d’une verdure claire et très long. Sa hauteur est de
30 mètres et plus, sur un tronc droit, dont la circonférence peut
dépasser 3 mètres. Il constitue de vastes forêts sur l'Himalaya, où il
atteint les altitudes de 2,500 à 3,000 mètres. On l’exploite pour sa
résine et pour son bois, qui est de bonne qualité. On regrette que
cet arbre remarquable ne soit pas rustique sous le climat de Paris.
P. Massoniana LamB. — De la Chine et du Japon, et c’est peut-
être l'arbre le plus commun dans ce dernier pays. Sa hauteur est
d’une trentaine de mètres, et sa beauté le fait rechercher pour l’or-
nementdes pares et la plantation des avenues. Son bois résineux est
employé par la menuiserie pour les boiseries d'intérieur, mais il
dure peu lorsqu'il est exposé aux injures de l’air. Il est rustique
jusque dans le nord de la France. On dit que ses racines brûlées
dans l’huile d’une sorte de colza ( Brassica orientalis) servent à la
fabrication du noir de fumée de Chine.
P. mitis Micax. — Des Etats-Unis, où il porte plusieurs noms.
Il paraît très voisin du P. inops, dont 1l n’est peut-être qu’une va-
riété, mais il s'élève davantage, pouvant atteindre une trentaine de
mètres dans les terres argilo-sableuses. Son bois est jaunâtre, com-
pacte, peu résineux et de bonne durée, ce qui le fait employer pour
tous les travaux de menuiserie et même pour les constructions na-
vales. D’après le docteur Vasey, ce bois atteindraitun prix plus élevé
que celui du P. Strobus.
P. Montezumcæe Law8.; P. occidentalis Humws. et Boxpz. — Bel
arbre du Mexique, où il monte jusqu’à 3,000 mètres d'altitude supra-
marine. Son bois est blanc, tendre et résineux. Il est rustique dans
l’ouest de la France, mais il gèle souvent à Paris.
P. monticola Douras. — De la Colombie anglaise et de la Ca-
lifornie, aux altitudes de 1,500 à 2,000 mètres. C’est un arbre élancé,
qui atteint 40 mètres de hauteur et quelquefois beaucoup plus, sans
que le tronc corresponde par sa grosseur à cette grande taille. Il
semble préférer les sols granitiques et pauvres à tous les autres.
Son bois est blanc et a beaucoup de ressemblance avec celui du
strobus. Le docteur Gibbons fait observer que cet arbre, sans être
aussi grand que le P. Lambertiana, a de nombreux rapports avec
lui; les bûcherons eux-mêmes inclinent à confondre les deux es-
pèces sous le nom de Sugar-pine.
P. muricata DON.—Bishops pine des Américains. Des montagnes
de la Californie. Arbre de moyenne grandeur, dont on sait peu de
chose, mais qui s’est montré rustique dans le nord de la France. Il
pourrait servir à faire des brise-vent dans les localités montagneuses.
P. Parryana GonD. —- Des montagnes de la haute Californie, et
rustique en Europe. C’est un grand arbre assez semblable au P. Ben-
lhamiana, sauf par ses cônes. Ses graines sont comestibles.
P. parviflora Sies. et Zucc. — Zmeko matsou des Japonais. Arbre
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 421
de moyenne taille, des îles Kouriles et du Japon, qui a beaucoup
d’analogie avec le P. Cembra de l'Europe. Au Japon on en fait un
arbre d’avenue, et on y ulilise aussi son bois, qui, d’après M. Du-
pont, est plus dur et plus résistant que celui du P. Massoniana.
P. Pattoniana PARLATORE. — Des montagnes de Californie, aux
altitudes de 1,500 à 2,000 mètres. Grand et bel arbre de 60 mètres et
plus, à tige parfaitement droite. Il est pauvre en résine, mais son
bois, de couleur rougeûtre, est dur et de longue conservation.
P. patula Semieve et Depp. — Des montagnes du Mexique, jus-
qu'à L 000 mètres d'altitude, ce qui ne lui assure pas une parfaite
rusticité dans le nord de la France. C’est d’ailleurs un arbre gra-
cieux, dont la hauteur est de 20 à 25 mètres.
P. pinaster SOLANDER; P. maritima DC. — Pin maritime, pin
de Bordeaux. Des terrains siliceux et des sables au voisinage de la
Méditerranée. Cet arbre, qui dépasse souvent 25 mètres en hauteur,
est incontestablement un de ceux qui rendent le plus de services à
l’agriculture et à l’industrie. C’est à lui que les landes de Bordeaux,
si stériles et si malsaines pendant des siècles, doivent leur salubrité
actuelle et leur haute valeur comme terres productives, depuis que
l'ingénieur Brémontier a imaginé d’en fixer les sables par des plan-
tations de cette espèce de pin. Non seulement il produit du bois qui
s’exporle aujourd’hui par cargaisons entières en Angleterre et en
Espagne, mais il fournit en outre le goudron si nécessaire à la ma-
rine, de la résine et de la térébenthine, qui sont de même l’objet d’un
commerce considérable et lucratif. Cette rénovation des landes à en
même temps ouvert la voie à de nombreuses améliorations agri-
coles, parmi lesquelles.il faut compter l'élevage des bestiaux et la
culture du blé et de la vigne.
On obtient la résine en saignant les arbres, à partir de l’âge de
quinze à vingt ans. À vingt-cinq ans l’arbre est dans la période de
sa pleine production, et si l'opération n’est pas trop souvent répétée,
il peut vivre de longues années, mais la qualité du bois en est dimi-
nuée d'autant et il ne peut guère servir que comme combustible.
Un arbre en plein rapport et un peu ménagé produit annuellement
de ? à 4 kilogrammes de résine. On se fera une idée de la produc-
tion totale des landes en cette denrée, par ce fait qu’en 1874 il s’en
est exporté plus de huit millions de kilogrammes. Le pin maritime est
une des espèces du genre qui résistent le mieux à la chaleur et aux
longues sécheresses du climat méditerranéen. Comme d’autres il a
donné naissance à un grand nombre de variétés, dont une, désignée
sous le nom de pin de Corté, parce qu’il croît aux environs de cette
ville de Corse, se distingue des autres par sa grande taille. On com-
prend qu’un arbre si utile ait été propagé dans beaucoup de pays,
même hors de l’Europe, où il a reçu des noms différents, ce qui a
beaucoup contribué a en embrouiller la nomenclature.
P. Pinceana GORDON. — Pin pleureur du Mexique. Très bel
arbre, que ses branches pendantes rendent surtout remarquable. 11
est des hauts sommets du plateau mexicain, entre 2,000 et 3,000
mètres d'altitude. I] conviendrait plus que tout autre pour la déco-
ration des cimetières,
422 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
P. Pinea L. — Pin pignon, pin parasol. De la région méditer-
ranéenne et de quelques parties de l’Asie occidentale, propagé au-
jourd’hui dans beaucoup d’autres pays, à cause de ses graines co-
mestibles, et dont l’amande est même employée en confiserie pour
remplacer les pistaches, que cependantelle ne vaut pas. Un caractère
parüculier de ce pin est l'élargissement de sa tête touffue en forme
de parasol, ce qui donne à certains paysages du midi de l'Europe,
principalement de l'Italie, un aspect des plus pittoresques. Suivant
la nature des terrains, cet arbre s'élève à 12, 15, 20 mètres; son
bois est blanc, léger, très résineux, utilisé dans tous les genres de
constructions, toutefois on ne le rencontre guère qu’en individus
isolés ou en petits massifs, et ne formant nulle part de véritables fo-
rêts. Son principal rôle est celui d’un arbre d'ornement; cependant,
comme nous l’avons dit tout à l'heure, ses graines ont une certaine
valeur commerciale.
P. ponderosa Dou&r. — Du nord-ouest de l'Amérique, des Mon-
tagnes rocheuses et de quelques points de la Californie. Cet arbre
est sujet à varier et ses caractères spécifiques sont encore incertains.
Ce qu’on en sait c’est qu’il constitue de grands massifs forestiers sur
les montagnes de Californie, entre 1,500 et 3,500 mètres d’altitude;
que son bois est léger, facile à travailler, presque sans nœuds et à
peine résineux, et que son écorce contient une forte proportion de
tannin. Le docteur Gibbons affirme que le bois du P. ponderosa,
exposé aux injures de l’air entouré de son écorce, pourrit en moins
d’un an, tandis que dépouillé de l'écorce il dure fort longtemps,
même dans la terre, et le docteur Kellog en a vu des madriers qui,
après douze ans de séjour dans la terre, étaient encore parfaitement
sains. Cet arbre, introduit dans la colonie de Victoria, en Australie,
y réussit fort bien dans les terres un peu sèches.
P. pseudo-Strobus Linz. — Des montagnes du Mexique, entre
2,000 et 2,800 mètres d’altitude. C’est un arbre de 20 à 25 mètres,
très élégant, et qui passe pour l’espèce la plus ornementale au Mexi-
que. Introduit en France, il s’est montré très sensible à la gelée
sous la latitude de Paris.
P. pungens Micax. — Arbre relativement peu élevé, des parties
orientales des Etats-Unis, sur les monts Alléghanys et autres chaînes
de montagnes de moyenne hauteur. Le seul mérite qu’on lui recon-
naisse est d’être parfaitement rustique en Europe et de croître très
vite.
P. pyrenaica LAPEYROUSE. — Pin nazaron des Espagnols. Arbre
de 25 à 35 mètres, de la région pyrénéenne, tant en France qu’en
Espagne, mais qu’on croit avoir aussi trouvé sur quelques points de
l’'Asie-Mineure. Son bois est peu chargé de résine, d’ailleurs de
bonne qualité, et exploité dans la charpente et la menuiserie. Ce
pin, d'après Carrière, est également voisin des P. brutia et hale-
pensis, et pourrait même n'être qu’une variété un peu tranchée de
ce dernier. Il en est de même du P. persica, de divers auteurs, qui
semble n’être qu’une forme orientale du pin d’Alep.
P. rigida MiLLEr.; Pinus tœda rigida Arron. — Des Etats-
Unis orientaux. C’est un arbre de proportions très variables, tantôt
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 193
rabougri et tortueux, tantôt s’élevant à une vingtaine de mètres ou
plus, suivant les natures de sols, d’ailleurs très rustique en Europe.
Dans les terres rocailleuses et sèches son bois est lourd, résineux
et compacte; dans les alluvions où l’humidité persiste il est léger et
un peu mou. Sa véritable utilité est de produire de la résine, de la
térébenthine et du goudron. Cet arbre réussit bien au bord de la
mer, et comme il semble indifférent à la sécheresse et à l'humidité,
on pourrait l’employer à couvrir les sols bas, marécageux et mal-
sains. On dit qu'il est peu exposé à brûler dans les incendies de
forêts.
P. Sabiniana DouGLas. — Grand arbre du versant occidental
des Montagnes rocheuses et de la chaîne californienne, où 1l s’élève
jusqu’à la limite des neiges éternelles. Sa hauteur dépasse souvent
40 mètres, sur un tronc droit, dont le diamètre est de 1"50 à 2 mè-
tres. De tous les pins, c’est lui qui produit les cônes les plus volu-
mineux, sans en excepter ceux du P. Coulteri, qui d’ailleurs en
approchent. Ces cônes sont remplis de graines comestibles, qui
étaient autrefois une des grandes ressources alimentaires des In-
diens. Son bois est très résineux, dur et se conserve longtemps
quand l'arbre a été abattu dans la saison convenable. Il croît avec
rapidité et résiste aisément à la gelée, du moins en France. Intro-
duit en Australie, il y réussit d’une manière satisfaisante dans les
sols un peu secs.
P. serotina Micax. — Arbre de moyenne grandeur, des Etats-
Unis méridionaux, afiectionnant les sols bas, plus ou moins maré-
cageux, surtout au voisinage de la mer. Malgré ses faibles propor-
tons (12 à 15 mètres), son bois un peu mou trouve quelque emploi
dans la menuiserie locale. Le meilleur parti à tirer de cet arbre se-
raitde l’employer à l’assainissement des localités sujettes à la fièvre.
P. sylvestris L.— Pin sylvestre, pin de Haguenau, pin d’Ecosse,
pin de Riga, etc. De l’Europe centrale et septentrionale, d’où il s’a-
vance jusqu’en Laponie, et de la Sibérie. Sa hauteur est d’une tren-
taine de mètres, plus ou moins suivant les lieux où il croît et les
latitudes; quelquefois il se réduit presque à un buisson. C’est du
reste une des espèces les plus variables du genre, et aussi une de
celles qui rendent le plus de services. La culture l’a propagé dans
beaucoup de pays où primitivement il n'existait pas, et c’est celui
dont on se sert Le plus ordinairement pour donner de la valeur aux
terres ingrates, celles de la Sologne en France par exemple, où le
sable domine.
Le bois du pin sylvestre, surtout celui qui nous arrive du Nord,
est utilisé par la marine. Aucun autre ne donne des mâts de vais-
seaux plus élastiques et plus forts. On l’emploie d’ailleurs à tous les
genres de constructions où la solidité et la durée sont les premières
conditions à remplir. Il fournit de la résine et de la térébenthine;
son écorce contient du tan, et de ses feuilles, ou aiguilles, tombées
à terre, on retire une sorte de bourre dont on confectionne des ma-
telas. Enfin ses jeunes pousses remplacent quelquefois, dans les
pays du Nord, le houblon pour la confection de la bière. Au total,
le pin sylvestre est un des arbres les plus utiles de nos climats.
424 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
P. Strobus L. — Pin du Lord, pin de Weymouth. Grand et bel
arbre du Canada et des Etats-Unis orientaux, s’élevant de 30 à 50
mètres, quelquefois plus, sur un tronc de ! mètre à 1"50 de dia-
mètre. Il ne prend d’ailleurs de belles proportions que dans les terres
grasses, fertiles et non sujettes à se dessécher. Comme arbre déco-
ratif c’est un des plus beaux du genre, et c’est à ce titre qu'il est
cultivé dans les parcs de l’Europe, surtout en Angleterre, car il
réussit médiocrement en France, quoiqu'il ne manque pas de rus-
ticité. Son bois est léger, peu résineux, presque sans nœuds, facile
à travailler et si peu coloré qu’au Canada on lui donne le nom de
pin blanc. I sert d’ailleurs à de nombreux usages, entre autres à
faire des mâts de navires. Quoique peu résineux, cet arbre fournit
de la térébenthine et du galipot. L’aubier est peu épais, relative-
ment au bois de cœur.
P. tœda L.— Torch pine et Loblolly des Américains. Des parties
les plus méridionales des Elats-Unis, la Floride, la Virginie, la Ca-
roline, où il abonde à peu de distance de la mer. Il peut atteindre
à 30 mètres de hauteur, et il croît très rapidement, et comme son
aubier est fort épais, son bois a peu de valeur, mais il produit beau-
coup de résine, qui est toutefois de qualité inférieure. Cet arbre peut
cependant être utilisé pour boïser les sables humides des bords de
la mer. Il s’est montré rustique en France.
P. Teocote Cuaw. et ScucecaT.—Candle-wood des Américains.
Des montagnes du Mexique, aux altitudes de 1,800 à 2,600 mètres.
C’est un arbre de moyenne grandeur, très résineux, qui fournit la
plus grande partie du brai et de la térébenthine du Mexique. Son
bois est d’assez bonne qualité et dure longtemps s’il est préservé de
l'humidité. Il est peu rustique dans le nord de la France.
Plusieurs autres espèces de pins, la plupart d’origine américaine,
pourraient être ajoutées à cette liste, mais sans grand intérêt. Celles
que nous venons d’énumérer sont plus que suffisantes pour satis-
faire les forestiers et les amateurs d'arbres d'utilité ou d'agrément.
PIPTADENIA rigida BENTHAM.— Arbre de l'Amérique du Sud,
en dedans et en dehors des tropiques, ressemblant à un acacia, et
produisant une sorte de gomme très analogue à la gomme arabique,
et qui est connue dans le commerce sous le nom de gomme Angieco.
Le bois de l’arbre, qui est très solide, est employé dans les cons-
tructions navales.
PIPTURUS propinquus WEDDELL. — Urticée vivace de l’Inde,
des îles de la Malaisie et de l'Australie orientale. Elle est plus dé-
veloppée que le Bœhmeria (Urtica) nivea, et, paraît-il, un peu
plus rustique ; mais sa fibre ressemble presque de tous points à
celle de ce dernier. Il y aurait évidemment des expériences à faire
sur la culture industrielle de cette plante et de quelques autres es-
pèces du même genre, telles, par exemple, que le P. velutinus.
PIRCUNIA dioica MoQuiN ; Phytolacca dioica L,.— Arbre de 7 à
8 mètres de l'Amérique du Sud, à bois très mou et sans utilité, mais
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 495
croissant très rapidement et formant une tête touffue. Les Espagnols
l'ont introduit en Europe, sous le nom de Bella sombra (bel om-
brage). On le cultive dans quelques jardins du Midi, où il passe
assez facilement l'hiver. Dans le nord de l'Afrique il sert à donner
de l’ombre sur les places publiques et sur les avenues des villes et
des villages. Peut-être y aurait-il quelque avantage à cultiver cet
arbre pour retirer de la potasse caustique de ses cendres, à en ju-
ger du moins par analogie avec les Phytolaccas herbacés. Dans le
sud du Brésil et les Etats de la Plata on lui donne le nom d'Ombu,
PISONIA aculeata L. — Arbrisseau sarmenteux et épineux des
pays tropicaux et subtropicaux des deux hémisphères, indigène
aussi en Australie. Il pourrait servir à épaissir les haies défensives
dans les pays chauds. Il appartient à la famille des Nyctaginées.
PISTACIA. — Arbres et arbrisseaux dioïques, de la famille des
Anacardiacées, indigènes du midi de l’Europe, de l’Asie et du nord
de l'Afrique, à feuilles composées, persistantes ou caduques sui-
vant les espèces. Quelques-uns de ces arbres sont intéressants
pour l’acclimateur; tels sont en particulier les suivants :
P. Lentiscus L.— Lentisque. Grand arbrisseau de la région mé-
diterranéenne en Europe et en Afrique, à feuilles persistantes, pen-
nées et sans impaire terminale. Il vit des siècles, et avec l’âge il
arrive à former un arbre de 5 à 6 mètres, à large tête arrondie et
touflue, en forme de parasol; mais comme il est fréquemment recépé
pour le chauffage des fours, 1l arrive rarement à cette taille, qui le
rend très ornemental dans les jardins méridionaux. Dans les îles
de la Grèce il transsude de son écorce une sorte de résine, qui est
le mastic de Chio. Get arbrisseau, qui croît dans les endroits les plus
rocailleux et les plus arides, est souvent employé à faire ou à épais-
sir des haies.
P. Terebinthus L. — Térébinthe. Arbrisseau ou petit arbre de la
même région que le précédent, à feuillage plus grand, penné, avec
une impaire terminale et caduque. Plus rustique que le lentisque, il
s’avance un peu plus haut vers le nord, dans la vallée du Rhône.
Cet arbrisseau fournit aussi une résine aromatique, connue sous le
nom de térébenthine de Chypre ou de Chio.
P. vera L.; P. narbonensis DC. — Pistachier. Petit arbre origi-
naire d'Orient et de la Perse, depuis longtemps naturalisé dans le
midi de l’Europe pour ses amandes connues sous le nom de pis-
taches, dont le goût est très fin, et qui sont employées dans l’art du
confiseur pour faire les dragées et les pralines. On les remplace
souvent par les amandes ordinaires et même par celles du pin pi-
gnon, qui leur sont très inférieures pour cet usage.
Le pistachier diffère des espèces précédentes par une taille plus
élevée et un feuillage plus grand, qui est d’ailleurs penné avec une
foliole impaire et caduque comme celui du térébinthe. Il est cultivé
industriellement dans quelques localités de la Provence, et, comme
il est dioïque, on a soin de grefier quelques rameaux mâles sur les
arbres femelles pour en obtenir des fruits. On l’a vu quelquefois
426 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
fructifier à Paris, appliqué en espalier sur des murs orientés au midi.
Outre ces trois espèces qui sont classiques, le genre en renferme
plusieurs autres qui ne sont pas dénuées d'intérêt. La plus impor-
tante est le térébinthe de l'Atlas (P. atlantica L.), arbre de moyenne
grandeur, des montagnes de l'Algérie et du Maroc, et fort employé
dans la colonie française pour les reboisements. C’est le Bétoum
des Arabes.
PISUM. — Genre de Légumineuses herbacées, annuelles ou vi-
vaces par leur racine, des pays tempérés et tempérés-froids de l’an-
cien continent. On en distingue plusieurs espèces, dont deux, plus
particulièrement, intéressent l’agriculteur, savoir :
P. satioum L. — Le pois proprement dit, un des meilleurs légu-
mes de nos jardins et universellement connu. Les variétés en sont
nombreuses et leur culture se modifie suivant les climats et les
époques de l’année, car dans le midi de l’Europe elle se fait même
en hiver. Pour cette branche importante du jardinage maraîcher,
nous renvoyons les lecteurs aux ouvrages où la culture des pois est
traitée avec tout le détail nécessaire. Nous voulons seulement faire
observer que l’herbe des pois constitue un fourrage nourrissant et
très aimé des bestiaux, et qu’on a quelquefois intérêt à les cultiver
dans ce but.
P. arvense L. — Bisaille. Cette seconde espèce, qu’on croit ori-
ginaire de la région méditerranéenne, est de tous points semblable
à la précédente, sauf par la couleur pourpre de ses fleurs et par la
moindre proportion de sucre de ses graines, qui sont d’un gris noi-
râtre à la maturité. C’est du reste un bon fourrage annuel, qui réus-
sit sur toutes les terres. On le fauche un peu après la floraison,
quand les gousses commencent à se former, et on le fane comme les
fourrages ordinaires, avec lesquels on le mêle pour le distribuer aux
animaux.
Le P. Aucheri JaAuB. et Spacx., des parties élevées du Taurus,
est vivace, et fournirait probablement un bon fourrage, mais jus-
qu'ici on ne l’a pas cultivé.
PITTOSPORUM.— Genre d’arbres et d’arbrisseaux de la famille
des Pittosporées, répandus sur une vaste étendue de l’ancien con-
tinent, en Australie et dans les îles voisines. Ils sont très élégants
par leur feuillage et par leurs fleurs, ce qui les a fait admettre dans
le jardinage d'agrément. La plupart sont rustiques dans le midi de
l’Europe, où ils sont devenus populaires et l’objet d’un commerce
horticole assez important, principalement ceux dont nous donnons
la liste suivante :
P. coriaceum A1ToN. — Des îles Canaries et de Madère. Bel
arbrisseau à feuilles luisantes et à fleurs blanches. Il müûrit ses
graines en Provence.
P. crassifolium SOLANDER. — De la Nouvelle-Zélande. C’est un
des plus grands et en même tempe un des plus beaux du genre par
son feuillage et l'abondance de ses fleurs, d’abord carmin foncé,
puis tournant au rouge-brun presque noir.
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 497
P. Mayi HuGELz. — D'Australie. Remarquable par son feuillage
luisant et lustré et par ses fleurs d’un pourpre presque noir.
P. Tobira ArToN. — De la Chine, haut de 3 à à mètres et for-
mant un arbre à large tête; il est superbe de feuillage et de florai-
son, aussi est-il le plus répandu dans la région du midi méditerra-
néen, où il est entièrement rustique.
P. undulatum VENTENAT. — Du sud-est de l'Australie, très beau
de feuillage et de fleurs, et remarquable encore par ses baies de
couleur orangée, qui se conservent longtemps sur l'arbre. Par la
distillation de ses fleurs on obtient une huile essentielle volatile et
très parfumée. Son bois dur est propre aux ouvrages de tour, et
pourrait même remplacer celui du buis dans une certaine mesure.
Il en est de même du bois du P. bicolor.,, qui est aussi de l'Australie.
PLANERA aquatica GMELIN. — Arbre de la famille des Ulma-
cées, appartenant aux contrées méridionales des Etats-Unis, où il
recherche le voisinage des fleuves et des rivières. Quoique voisin
de l’orme commun, il ressemble davantage au charme (Carpinus)
par son port et son feuillage. Cet arbre, dont le bois a une certaine
valeur, a été cultivé au commencement du siècle dans le nord et
dans le midi de la France. Peut-être l’est-il encore.
PLATANUS.— Seul genre de la famille des Platanacées, réduit
lui-même à quatre ou cinq espèces, savoir :
P. occidentalis L. — Platane d'Amérique. Répandu sur une vaste
étendue des Etats-Unis, du Canada à la Floride et de l’océan Atlan-
tique aux Montagnes rocheuses. C’est un grand et très bel arbre,
dont le tronc atteint quelquefois plus de 3 mètres de diamètre. Il est
de premier ordre comme arbre de paysage, et on le plante commu-
nément le long des routes et des avenues, pour les ombrager de son
large feuillage. Il croît très rapidement, mais son bois léger, peu
élastique, facile à rompre et exposé à l’attaque des insectes, ne sau-
rait être employé dans les grandes constructions. La menuiserie en
tire cependant quelque parti, mais il est surtout utilisé dans la fa-
brication des instruments de musique à cordes, tels que les pianos,
les harpes, etc. On en fait aussi des vis de pressoir et divers usten-
siles de ménage. Cet arbre est depuis longtemps introduit en Europe
etil y est peut-être plus commun que le suivant.
P. orientalis L. — Le plane ou platane d'Orient. Arbre tout aussi
grand que celui d'Amérique, dont il est d’ailleurs difficile de le dis-
tinguer. Sa patrie première est l’Asie occidentale, mais il est natu-
ralisé depuis une haute antiquité dans la Turquie d'Europe, où on en
cite des individus de taille et de grosseur colossales. On l’emploie aux
mêmes usages décoratifs que le précédent, pour donner de l’ombre
sur les routes, les avenues des villes et les promenades publiques,
mais il ne faut pas le planter près des constructions en maçonnerie,
_ ni dans les rues pavées, parce que ses grosses racines traçantes
soulèvent les pavés et font perdre aux murs leur équilibre. A ce dé-
faut il oppose une qualité qui a son prix dans les villes du Nord : il
y résiste mieux que tout autre arbre à la fumée des usines et des
4928 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
foyers domestiques. Son bois paraît un peu meilleur que celui du
platane d'Amérique, et il trouve aujourd’hui un certain emploi en
ébénisterie. C’est lui aussi qui fournit en partie les boiseries inté-
rieures des wagons de luxe. Quelques botanistes ne sont pas éloi-
gnés de croire que le platane d'Orient et celui d'Amérique ne sont
que deux variétés d’une même espèce.
P. racemosa NuTTAL. — Platane de Californie. Bel arbre d’une
trentaine de mètres, plus touffu, dit-on, et croissant plus rapidement
que le P. occidentalis. C’est aussi un arbre d'ornement et de pay-
sage. Son bois cassant est quelquefois utilisé par les tourneurs.
Le P. mexicana, des montagnes du Mexique, est peu connu et ne
paraît pas avoir été introduit de Europe. Ce n’est probablement
qu'une simple variété de l’espèce précédente.
PLATONIA nobilis MUNRO. — Graminée gigantesque, qu’on
rapproche des bambous proprement dits, quoiqu’elle en diffère sous
bien des rapports. Au dire des voyageurs ses feuilles auraient de
4 à 5 mètres de longueur, sur plus de 0"30 de large. Cette curieuse
plante habite les hauts sommets des Andes de Panama et de la Nou-
velle-Grenade, où le climat est déjà froid. On ne saurait dire si elle
croitrait en Europe, où les saisons sont tranchées, tandis qu’elles
ne le sont pas ou le sont à peine sur les Andes équatoriales.
PLECTOCOMIA himalayana GRIFrITH. — Palmier à tiges me-
nues, longues et grimpantes, du groupe de ceux qu’on appelle Rat-
tans et Rotins. On en fait des cannes de peu de valeur, et nous n’en
parlons ici qu’à cause de sa rusticité, qui paraît assez grande pour
qu’on puisse le cultiver dans le midi de l’Europe en qualité de plante
d'agrément ou tout au moins de curiosité botanique. Il est de l'Hi-
malaya et des environs de Sikkim, à plus de 2,000 mètres d’altitude,
sous le 27° degré.
Le P. macrostachya Kurz, du Ténasserim, à la hauteur d’un
millier de mètres, pourrait de même s’accommoder d’un climat
tempéré-chaud.
PLECTRANTHUS madagascariensis BENTH. — Labiée tubé-
rifère cultivée en qualité de légume aux îles Maurice et de la Réu-
nion, ainsi qu'à Madagascar et sur la côte orientale d'Afrique. Ses
tubercules sont assez analogues à ceux de la pomme de terre, mais
d’une saveur différente. Ils peuvent servir à propager la plante, qui
se reproduit d’ailleurs aisément de boutures. C’est l’'Oumime des
habitants de Madagascar.
L'histoire horticole de cette labiée est encore fort obscure; il se
peut même qu’elle n’appartienne pas au genre botanique sous le
nom duquel elle est désignée. Elle paraît même très voisine de plu-
sieurs autres espèces congénères, qui produisent de même des tu-
bercules comestibles. Sa culture essayée à Paris n’a eu aucun succès,
et paraît ne pas pouvoir sortir des pays chauds.
PLECTRONIA ventosa L.— Arbuste de la famille des Rubiacées,
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ÉNUMÉRATION DES PLANTES 429
de l'Afrique australe, où on l’emploie surtout à faire des haies, con-
curremment avec les P. ciliata Sonner et P. spinosa KLorscx. Les
fleurs parfumées de ces arbrisseaux sont très recherchées des
abeilles.
POA.— Paturin. Genre de Graminées vivaces ou annuelles, la
plupart fourragères et diversement utilisées en agriculture. Ce genre
contient de nombreuses espèces, et pour ce fait est subdivisé en
sous-genres ou genres distincts qu'il n’y a aucun inconvémient à
réunir ici sous la même dénomination. Nous appelons l’attention du
lecteur principalement sur les espèces suivantes :
P. abyssinica JAcQUIN. — Teff d'Abyssinie. Plante annuelle de
l'Afrique orientale, où elle est cultivée à la fois comme céréale et
comme fourrage. Ses graines, très menues, servent à faire du pain
et des potages, et ses pailles à nourrir les bestiaux. La culture en a
été essayée à plus d’une reprise dans le nord de la France, où elle
n’a pas trouvé une chaleur suffisante, mais elle réussirait à coup
sûr dans le midi de l’Europe et dans les colonies intratropicales.
P. alpina L. — Paturin des Alpes. Des régions arctiques de l’hé-
misphère septentrional et des hautes montagnes de l’Europe. C’est
un bon fourrage vivace à faire pâturer dans les pays froids. Les
P. sudetica Hoenk. et kybrida Gaup. rendraient les mêmes ser-
vices dans des conditions analogues.
P. angustifolia L. — Des pays froids et tempérés-froids de l’hé-
misphère du nord. Ilest vivace et propre surtout au pâturage dans
les localités humides. Le P. fertiis Hosr. n’en est probablement
qu’une variété.
P. aquatica L.; Glyceria aquatica SM. — Grande et belle plante
des terrains très humides ou marécageux, de presque tout l’hémis-
phère septentrional. Elle est vivace et s’élève droite et ferme jus-
qu'à ? mètres de hauteur. Ses grosses tiges sont trop dures pour
être consommées par les bestiaux, mais son feuillage leur convient,
et son produit sous ce rapport est considérable. Au dire du docteur
Curl, ce fourrage est considéré comme un des plus avantageux à la
Nouvelle-Zélande.
P. Brownii KuNTH; Eragrostis Brownit N£es. — De l’Aus-
tralie tropicale et extra-tropicale. Plante vivace, dont la principale
qualité est de conserver sa verdure sur les terres les plus arides et
pendant les plus longues sécheresses de ce climat. Si ce n’est pas
un fourrage de premier ordre, il a du moins l’avantage d’être une
ressource pour les moutons aux époques de grande pénurie. Ce
serait une utile introduction à faire dans le nord de l'Afrique.
P. chinensis Koeni1@. — Du sud-est de l’Asie et de l'Australie.
Recommandé par le docteur Bailey comme un bon fourrage. Il
réussit dans les terres les plus sablonneuses.
P. cynosuroides Retz. — Du nord-est de l'Afrique, de l'Arabie
et de l'Inde. Graminée vivace, à tiges dures, lenaces, impropres à
l'alimentation des bestiaux, mais utilisée dans le nord-ouest de l’Inde
comme plante à filasse, pour faire des nattes et des cordages. Le
P. cœspitosa Ferd. vox MULLER, qui est commun dans le sud-est
430 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
australien, peut lui être comparé sous ce rapport. Les indigènes se
servent de ses fibres pour confectionner des filets très solides. Ces
deux plantes sont, comme on le voit, assez analogues à l’alfa et à
l’esparto (Lygeum spartum L..) du nord de l'Afrique.
P. digitata Rob. Br. — De l'Australie centrale et orientale. Très
bonne plante vivace et drageonnante pour fixer les sables meubles,
et fournir en même temps du pâturage aux bestiaux.
P. distans L. — De l’Europe et de tous les pays tempérés ou
froids de l’hémisphère du nord. Cette graminée vivace est du petit
nombre de celles qui recherchent les terrains salés, et qui y rendent
des services comme plante fourragère.
P. fluitans Scor.; Glyceria fiuitans Rob. BR. — Manna grass
des Américains. De tout l’hémisphère septentrional, et même de
l'Australie orientale. Plante vivace, qui flotte à la surface des eaux
calmes ou dont le cours est peu rapide. Elle est tendre et aimée
des bestiaux, mais elle rend plus de services par sa graine, qu’on
récolte dans divers pays, surtout dans l'Amérique du Nord, pour en
faire des potages. Comme aliment elle n’est pas inférieure au riz.
P. nemoralis L. — Paturin des bois. C’est un des bons fourrages
de l’Europe et de l'Amérique. Il est vivace, très rustique, et, ce qui
fait un de ses principaux mérites, 1l ne craint pas l’ombre des bois,
funeste à tant d’autres plantes. Il est en outre très envahissant et
étoufte la plupart des plantes auxquelles il se trouve mêlé, qualité
qui le fait rechercher pour la composition des pelouses et des
gazons.
P. pectinacea Micax.; Eragrostis pectinacea GRAY.— Du centre
et du sud des Etats-Unis. C’est une plante vivace, drageonnante,
qui se propage rapidement sur les terrains secs et même sur le
sable des côtes, ce qui indique l’emploi qu’on en peut faire. C’est
d’ailleurs un fourrage passable.
P. pralensis L. — Paturin des prés. Vivace, très cultivé dans
presque toute l’Europe, plutôt pour être pâturé par les animaux que
pour être fauché, mais son foin est excellent. Il s’accommode de
tous les genres de terrains, préférant toutefois ceux qui ont du fond
et ne se dessèchent pas trop, quoiqu'il résiste assez bien à la sé-
cheresse. Partout, d’ailleurs, on l’emploie à faire des gazons, qui
deviennent très beaux et durent longtemps. Quelques agriculteurs
cependant lui préfèrent pour ces divers emplois l’espèce suivante :
P. trivialis L. — De l’Europe et de l'Asie septentrionale; aussi
commun en France que le P. pratensis, et croissant comme lui dans
tous les terrains, restant assez bas dans ceux qui sont secs, mais
prenant un beau développement dans ceux qui conservent de l’hu-
midité, ce qui en fait alors un bon fourrage à faucher. L’agronome
Sinclair regardait ce paturin comme supérieur à tous les autres, et
comme manifestement préféré par les chevaux, les bœufs et les mou-
tons. Il est plus tardif que le P. pratensis, mais donne néanmoins
un regain considérable.
Beaucoup d’autres graminées du genre Poa ou de genres voisins,
dont nous ne parlons pas ici, mériteraient d’être soumises à l’é-
tude par les agriculteurs. Nous n’avons signalé dans la liste qui
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ÉNUMÉRATION DES PLANTES 431
précède que celles qui ont été l’objet d'expériences et qui ont fait
leurs preuves d'utilité.
PODACHÆNIUM «latum BENTH.; Ferdinanda eminens LAGAscA.
— Grande plante arborescente ou arbrisseau de la famille des Com-
posées, introduite des montagnes de l'Amérique centrale dans les
jardins d'agrément de l’Europe, ce qu’elle justifie par sa haute taille,
son grand feuillage et sa riche floraison.
PODOPHYLLUM peltatum L. — Plante herbacée, vivace, des
forêts de l'Amérique du Nord, qu’on rattache à la famille des Ber-
béridées. Elle a une certaine importance en médecine par un alca-
loïde, la berbérine, contenu dans son tubercule. Ce dernier est vé-
néneux, et néanmoins les fruits de la plante, qui sont relativement
gros et de forme ovoïde, sont comestibles.
Une seconde espèce, le P. Æmodi Wazr., des hautes montagnes
de l’Inde, et très analogue à celle d'Amérique, est douée vraisem-
blablement des mêmes propriétés médicinales. Son fruit aussi est
comestible. Dans les jardins de l’Europe ces deux plantes n’ont été
jusqu'ici que des objets de curiosité.
PODOCARPUS. — Arbres et arbrisseaux conifères, tous étran-
gers à l’Europe ét dont les espèces sont plus nombreuses dans l’hé-
misphère austral que dans celui du nord, où elles ne dépassent guère
le tropique du Cancer. Leurs fleurs sont le plus souvent dioïques,
et leurs fruits sont des baies succulentes dont l’unique graine est
quelquefois entourée d’un testa ou noyau osseux. Quoique très voisins
des Nageia par leurs organes de fructification, les Podocarpus s’en
distinguent aisément à leur feuillage étroit et pourvu d’une nervure
médiane généralement bien prononcée. On en connaît aujourd’hui
une quarantaine d'espèces, parmi lesquelles 1l suffira de citer les
suivantes :
P. amara BLuue— Le Ximerak des Javanais. Arbre d’une soixan-
taine de mèêtres de hauteur, qui occupe les sommets les plus élevés
des montagnes volcaniques de Java. On ne sait s’il serait rustique
dans le midi de l’Europe, mais il conviendrait pour plusieurs colonies
intratropicales à climat humide. On peut en dire autant du P. brac-
teata, des îles de la Sonde. Il est de moitié moins grand que le pré-
cédent, et utilisé comme lui pour la charpente et la menuiserie.
P. andina PorpriG.; Prumnopitys elegans Pairippr.— Lleuque
des Chiliens. Des hautes montagnes du Chili. C’est à la fois un
arbre forestier, malgré sa taille médiocre, et un arbre fruitier par
ses baies assez semblables à des cerises et comestibles. Son bois
dur et jaunâtre est employé à divers ouvrages de tour et de tablet-
terie.
P. chilina Ricu. — Connu au Chili sous les noms dé Mangui et
Labual. C’est un arbre d’une quinzaine de mètres, à fleurs dioïques.
Bois blanc, et, dit-on, d'excellente qualité.
P. cupressina Rob. Br. — Très grand arbre de Java et des îles
Philippines, haut de 60 à 80 mètres, sur une grosseur proportionnée.
2s
439 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
Son bois est recherché pour la charpente et les constructions na-
vales. C’est le C’aomano des Javanais.
P. dacrydioides Ricu.; Dacrydium excelsum Dox.— Très grand
arbre de la Nouvelle-Zélande septentrionale, d’un aspect singulier
par suite de la teinte cuivrée ou bronzée de son feuillage, ce qui le
fait rechercher pour l’ornementation des parcs dans le midi de
l'Europe, mais il n’est pas rustique dans le nord de la France. Ses
baies blanches et succulentes sont mangées par les indigènes. Le
bois de l’arbre est lourd, dense, d’une teinte pâle, excellent pour
tous les ouvrages d'intérieur, la menuiserie, le parquetage des ap-
partements, etc., mais il ne résiste pas longtemps à l'humidité lors-
qu’il est exposé à l'air. Il a autant de force que celui du Rimu (Da-
crydium cupressinum), quoique moins résistant aux attaques des
insectes. C’est le Kahicatea des Maoris et le White pine des colons
anglais.
P. elata Rob. Br. — Bel arbre de l'Australie orientale, haut de
20 à 25 mètres, à tronc droit, de 150 à 2 mètres de tour au niveau
du sol. Son bois est tendre, léger, sans nœuds, facile à travailler,
ce qui le fait rechercher des menuisiers. Sur le marché de Brisbane
son prix varie de 25 à 35 fr. par 1,000 pieds anglais superficiels.
P. elongata L'Hérir.; Taæus capensis Lamk. — De l'Afrique
australe, et un des plus grands arbres de cette région, quoiqu'il ne
dépasse guère une vingtaine de mètres en hauteur. Son bois, assez
semblable à celui du sapin, mais non résineux, est jaunâtre et em-
ployé en menuiserie. On s’en sert aussi pour la mâture des na-
vires.
P. ferruginea Dox.—Miro des indigènes de la Nouvelle-Zélande ;
Black pine des colons anglais. C’est un arbre de 20 à 25 mètres, à
rameaux rougeñtres, comme l’est le bois, et qui produit une résine
d’un brun rouge et de saveur amère. Le bois est très dur, à grain
fin et particulièrement recherché par les ébénistes. Il est d’ailleurs’
d’une bonne durée même lorsqu'il est exposé aux embruns de la
mer. Ses graines sont comestibles, au moins pour les indigènes de
la Nouvelle-Zélande.
P. macrophylla Don — Du Japon, où il porte le nom d’Znou-
Maki. C’est un arbre de 15 à 20 mètres, dont le bois blanc et com-
pacte est utilisé dans la menuiserie du pays. Son écorce, enlevée
par grandes plaques, sert à couvrir les habitations rurales. Ses
fruits, ou plutôt leurs pédoncules devenus charnus, sont comes-
tibles.
P. nubigena Lainbs. — Des Andes du Chili et de la Patagonie,
jusqu’à la limite des neiges éternelles. C’est un grand arbre fores-
tier, dont le bois est utilisé au Chili, sous le nom de Pino.
P. spicata Rob. Br. — Arbre de 50 à 60 mètres, de la Nouvelle-
Zélande septentrionale, qui recherche les terrains tourbeux et hu-
mides des forêts. C’est le Mataï des Maoris et un des Zlack-pine
des colons anglais. Son bois est rougeâtre, facile à travailler et
employé aux usages les plus variés de la charpente et de la menui-
serie; on en fait même des pilotis pour les ponts et des traverses
de chemins de fer.
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 433
P. Thunbergiü Hook. — De l'Afrique australe, où son bois est
considéré comme supérieur à celui des autres conifères du pays. Il
est jaune, à grain très fin et devient très beau après le polissage.
P. Totara Don. — De la Nouvelle-Zélande. Arbre magnifique,
de 35 à 40 mètres de hauteur, sur 2? mètres ou plus de diamètre à
la base. C’est le Pin acajou des colons anglais, qui le tiennent pour
l'arbre forestier le plus précieux du pays. Son bois rougeâtre, com-
pacte et d’une longue durée, est propre à toutes les constructions,
même à celles de la marine, car on dit qu’il n’est point attaqué par
les tarets. Quoique moins résistant que celui du Kauri (Dammara
australis), on l’emploie à faire des poteaux télégraphiques et des
traverses de chemins de fer. Ce bel arbre est rustique dans le midi
de la France, où on le rencontre dans quelques parcs ou jardins
d'agrément.
POINCIANA. — Arbrisseaux de la famille des Légumineuses-
Cæsalpiniées, réunis par quelques auteurs aux Cæsalpinia. L’es-
pèce la plus connue est le P. Gilliesii L., arbrisseau du Chili, sim-
plement ornemental, et depuis longtemps introduit dans les jardins
de l’Europe. Son port est défectueux, mais ses grandes fleurs
jaunes et ses longues étamines pourpres sont d’un bel effet dans
les massifs. Il est très rustique dans toute la région méditerra-
néenne. On cultive’ aussi, mais moins communément, le P. pul-
cherrima, également ornemental.
POGOSTEMON Patchouli PELLETIER. —Patchouli. Labiée vivace
des montagnes de l’Inde, devenue célèbre en parfumerie, ce qu’elle
doit à une essence aromatique qu’on extrait de ses racines et de ses
feuilles. Comme plante d'agrément elle n’a rien de remarquable,
mais il se pourrait qu’elle acquit un jour une certaine importance
industrielle, car il serait facile de la cultiver comme plante odorifé-
rante dans le midi de l’Europe et ailleurs.
POLYANTHES {uberosa L. — Tubéreuse. Liliacée bulbeuse de
l'Inde, à feuilles étroites et à fleurs blanches, introduite depuis long-
temps en Europe, où on la cultive comme plante d'agrément dans le
Nord et comme plante à parfum dans le Midi. A ce dernier point de
vue elle donne lieu à une industrie et à un commerce lucratifs en
Provence, où des champs entiers sont plantés de tubéreuses. Les
fleurs, dont l’odeur est suave et pénétrante, sont distillées principa-
lement dans la ville de Grasse, qui a en Europe le monopole de ce
parfum. Des cultures analogues ont été instituées aux environs
d'Alger.
POLYGALA crotalarioides HamiLT. — Plante de la famille des
Polygalées, indigène dans la région tempérée de l'Himalaya. On la
vante, dans ce pays, comme un antidote de l’empoisonnement par
la morsure des serpents venimeux, ce que jusqu'ici rien n’a con-
firmé. Plusieurs autres espèces du même genre, tant de l’Asie que
de l'Amérique, jouissent d’une pareille renommée, qui n’est sans
4134 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
doute pas plus justifiée que celle de beaucoup d’autres plantes pré-
conisées pour le même usage.
Un intérêt plus réel s’attache à quelques espèces du genre, qui ne
jouent, dans nos jardins, que le rôle de plantes d'ornement. L'une
d'elles est le P. chamæbuzxus L., fruticule des Alpes, à joli feuillage
persistant et à fleurs jaunes; les autres, originaires de l'Afrique
australe, sont de grands buissons à fleurs roses ou pourpres, dont
le plus répandu et le plus beau est le P. myrtifolia. Toutes ces es-
pèces ou variétés sont rustiques dans le midi de l'Europe.
Le P. Senega L., herbe vivace de l'Amérique du Nord, a quel-
ques emplois en médecine.
POLYGASTER Sampadarius FRIES.-— Champignon souterrain
du sud-est de l'Asie. On dit que c’est une des meilleures trufies
connues. Il doit être bien entendu, cependant, que ce champignon
n’a rien de commun avec les véritables trufies de l’Europe.
POLYGONUM finclorium LOUR. — Persicaire indigo ou tincto-
riale. De la famille des Polygonées. Plante annuelle, cultivée au
Japon et en Chine, où on en retire une teinture bleue analogue à
l’indigo. Dans ces deux pays cette culture a de l’importance, et on a
essayé de l’introduire en France. La plante s’y ‘est montrée rustique
et s’est même ressemée de ses graines; ses feuilles étaient riches’
en matière tinctoriale, et elle réussissait dans tous les sols non su-
jets à se dessécher. Il semblait donc qu’elle eût un certain avenir
agricole; cependant, pour des raisons purement économiques sans
doute, elle est tombée dans l'oubli. Toutelois elle pourra être re-
prise un jour avec plus de succès. D’après les expériences de MM. de
Vilmorin, la plante se plairait paruculièrement dans les terrains
tourbeux et même marécageux.
POLYPORUS giganteus FRies. — Sorte de gros champignon
qui croît sur le tronc pourri des arbres. Il est alimentaire et se vend
même sur les marchés en Silésie. C’est toutefois un aliment mé-
diocre, comme les autres espèces du genre, telles que les P. fron-
dosus; ovinus, tuberaster et citrinus. Le docteur Atkinson cite,
comme comestible, au Cachemyre, les P. fomentarius et P. squamo-
sus.
ne POLYMNIAedulis WEDDELL,— Poire déterre,Yacon et Aricoma.
$ Composée des Andes de la Nouvelle-Grenade, dont la racine produit
des tubercules comestibles de la grosseur du poing et quelquefois
beaucoup plus volumineux, et dont le poids peut atteindre ? kilo-
grammes. Chaque plante en produit en moyenne 4 ou 5, et excep-
tionnellement de 15 à 20. Ces tubereules, qui ont la consistance du
navet et un faible goût de poire, sont mangés crus par la population
indigène et pauvre des Andes; ils sont meilleurs cuits et se rap-
prochent alors de ceux du topinambour, Comme légume, la plante
a eu jusqu'ici peu de succès en France, mais elle semble promettre
une bonne plante agricole pour la nourriture des bestiaux, et elle
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 435
aurait sur le topinambour l’avantage de ne pas drageonner. Elle
pourrait devenir aussi une plante industrielle pour l’extraction du
sucre que ses tubercules contiennent en proportion assez notable.
Pour ces diverses raisons, la poire de terre, ou yacon, nous paraît
mériter l'attention des expérimentateurs. Elle est d’ailleurs assez
rustique dans une grande partie de la France.
POPULUS. — Peuplier. Genre d’arbres de la famille des Salici-
nées, dont les espèces, peu nombreuses si on les compare à celles
des saules, se trouvent en Europe, en Asie, dans le nord de l'Afrique
et dans l'Amérique septentrionale. Quelques-unes de ces espèces
deviennent des arbres de première grandeur, mais le bois de la plu-
part, blanc et mou, n’a qu'un emploi assez restreint dans les grandes
constructions. Tous sont rustiques sous nos climats et à feuilles ca-
duques. .
P. alba L. — Peuplier blanc, ypréau, blanc de Hollande. Arbre
indigène, de 30 à 40 mètres, croissant avec rapidité, très pittoresque
par son port et par son feuillage vert en dessus, cotonneux et blanc
en dessous. Cet arbre se plaît dans les terres profondes et fraîches.
Son bois, blanc, léger et facile à travailler, est employé en menui-
serie pour des ouvrages communs, et il dure assez longtemps s’il est
tenu au sec.
Le peuplier blanc a quelques variétés, parmi lesquelles nous ci-
terons le grisard, ou grisaille (P. canescens), qui se distingue du
type par la teinte blanc-grisâtre du coton de ses feuilles, et le peu-
a cotonneux ( P. nivea), dont les feuilles sont obtusément trilo-
bées, et d’un blanc de neige en dessous, ce qui le rend particulière-
_ ment ornemental.
P. angustifolia JAMES. —- Arbre d’assez grande taille, vigoureux
et de croissance rapide. Utilisé en Amérique pour faire des brise-
vent et des abris contre le soleil. |
P. balsamifera L. — Beaumier, Tacamahac. Des parties froides
de l'Amérique du Nord, de la Sibérie et même de l'Himalaya, aux
altitudes de 3,500 à 4,000 mètres. Il est de moyenne grandeur (20 à
25 mètres), plus petit encore en Europe. Ce qui le rend remarquable
c’est l'espèce de résine aromatique qu’il exsude de ses bourgeons et
qu'on recueille pour la livter au commerce sous le nom de baume
de Tacamahac.On lui rattache, comme simple variété, le P. candi-
cans de quelques auteurs. <
P. ciliata WaLricH. — De l'Himalaya, aux altitudes de 1,500 à
3,000 mètres. C’est un gros arbre de 20 à 25 mètres, sur un mètre
ou plus de diamètre.
P. euphratica Ozivier. — Répandu du nord de l'Afrique à l’Hi-
malaya, où il monte jusqu’à 4,000 mètres. Son bois est plus dur que
celui des autres peupliers, et prend une couleur brune sur les arbres
âgés. On s’en sert pour les constructions ordinaires, en menuiserie
commune et pour divers autres ouvrages. Sa feuille est utilisée pour
la nourriture des bestiaux. Cet arbre était connu des anciens; c’est
. celui dont il est parlé dans le 137° psaume de la bible.
P. grandidentata Micax. — Du nord de l'Amérique. Arbre de
Le
436 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
20 à 25 mètres, à bois blanc et léger, qui, réduit en pâte, sert à fa=
briquer du papier. |
P. heterophylla L. — Cotton-wood des Américains. Arbre d’une
vingtaine de mètres, à bois blanc, mou, facile à fendre, employé
aux mêmes usages que les précédents et servant comme eux à as-
sainir les terres imbibées d’eau. Et
P. monilifera AITON; P. canadensis Desr. — Désigné aussi
sous le nom de Cotton-wood en Amérique. C’est un des plus grands
arbres du genre, car 1l atteint jusqu’à 40 mètres de hauteur, sur une
circonférence de 6 à 7 mètres à la base du tronc. C’est aussi un des
plus utiles par son bois, qui, bien que léger et tendre, se prête à de
nombreux emplois en menuiserie. Ce bois s’enflamme difficilement, M
ce qui est une sécurité contre les incendies, néanmoins il fournit
un assez bon chauffage. La rapidité de sa croissance en fait un arbre
précieux sous d’autres rapports, par exemple pour ombrager les
avenues, les routes, les places publiques, etc., mais il ne faut y
employer que les arbres mâles, parce que les femelles laissent tom- …
ber une sorte d’ouate, qui flotte dans l’air et devient très.incommode …
pour les passants et les promeneurs. Du reste, il est peu difficile sur
la nature du terrain et réussit à peu près partout.
P. nigra L. — Peuplier noir. L'arbre classique du genre. Il est
répandu sur la plus grande partie de l’Europe, en Asie et jusqu’en
Chine et sur l'Himalaya. C’est un grand arbre, à tronc droit, qui
croît très vite dans les terrains frais. Dans le midi de la France on
est dans l'habitude de le tailler en têtard, ce qui le rend difforme, “
mais lui fait développer de nombreux rameaux, qu’on utilise de bien
des manières, et qui, réunis en fagots garnis de feuilles, sont une M
provision pour les moutons pendant l'hiver. Son bois léger et un «=
peu mou est usité en menuiserie, et sert surtout à faire des caisses
d'emballage. On le reproduit ordinairement par plançons, c’est-à=
dire par simples gaules fichées dans la terre humide, où presque
toutes s’enracinent.
Dans le type de l’espèce les branches sont plus ou moins étalées, M
mais il a produit une variété très habituellement cultivée, dont les M
branches rapprochées du tronc et dressées en font un arbre élancé.
C’est le peuplier pyramidal, où peuplier d'Italie (P. fastigiata), n
connu de tout le monde. à
P. angulata Horr. KEew. — Peuplier de la Caroline. Grand et
très gros arbre du sud des Etats-Unis, remarquable par la grandeur
de son feuillage vert et luisant, mais par cela même donnant trop
de prise au vent, qui en casse souvent les branches. C’est un bel.
arbre d'ornement, quoiqu'il ne soit pas suffisamment rustique dans
le nord de la France, surtout pendant sa jeunesse. Son bois, léger
et cassant, ne convient que pour les ouvrages communs de menui- M
serie. Il se reproduit aisément de branches bouturées en terre "
humide, mais il faut ne le planter que dans des massifs d’autres M
arbres pour le défendre contre la violence des vents.
P. tremula L. — Tremble. De l’Europe et d'une grande partie
de l'Asie, jusqu’au Japon. Sa hauteur est de 20 à 25 mètres. C’est
plutôt un arbre paysager que d’utilité, son bois blanc et léger n'ayant |
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 431
que peu de valeur pour les travaux de menuiserie, mais il pourrait,
étant broyé, entrer dans la confection de la pâte à papier, comme
celui du P. tremuloides, où faux-tremble de l'Amérique du Nord.
Ces deux arbres ne réussissent pas dans les terres humides qui
conviennent à d’autres peupliers et aux aunes.
On trouve dans les plantations de l’Europe plusieurs autres es-
pèces de peupliers exotiques, telles que les P. græca, hudsonica,
lœævigata, ontariensis, etc., mais ce sont plutôt des arbres de col-
lections d'amateurs que des arbres d'utilité réelle après ceux que
nous avons signalés ci-dessus.
La culture et la multiplication des peupliers sont des plus simples.
On peut recourir aux semis des graines, mais généralement on se
contente de bouturer des branches, même déjà grosses, et leur re-
prise manque rarement dans les terres fraîches et un peu humides.
Malgré le peu de valeur de leur bois, les peupliers ne laissent pas
que de donner des profits relativement considérables en bois de
chauffage, en fagots et perches, qui trouvent toujours un emploi à la
campagne. Les branches coupées sur les arbres taillés en têtard au
milieu de l’été, et tenues au sec, conservent leurs feuilles et de-
viennent une sorte de fourrage d'hiver, profitable surtout aux mou-
tons. Il faut considérer en outre que les plantations de peupliers,
surtout de peuplier noir, sont très utiles pour fixer les sables allu-
vionnaires le long des rivières sujettes aux débordements. Dans les
prairies des lignes de peupliers d'Italie arrêtent les vents et four-
nissent de l'ombre aux bestiaux.
PORPHYRA oulgaris AGARDH. — Plante marine de la famille
des Algues, qu'on pourra s’étonner de voir figurer ici, car jamais
en Europe on n’a songé à soumettre ces plantes à la culture, bien
qu’on les récolte sur nos côtes océaniques pour en faire de engrais.
Il en est autrement au Japon, où plusieurs espèces d’algues sont
alimentaires et en quelque sorte cultivées dans l’eau de mer. C’est
particulièrement le cas de celle dont il est question ici, et qui oc-
cupe de vastes étendues dans les mers froides ou tempérées de l’hé-
misphère septentrional.
Les Japonais y procèdent de la manière suivante : ils choisissent
des baies peu profondes, donnant la préférence à celles ou l’eau
douce de quelque rivière se mêle à l’eau salée. Ils fichent dans le
limon des branches de chêne (Quercus serrata), sur lesquelles les
algues ne tardent pas à se fixer. Cela a lieu au printemps et la ré-
colte se fait en hiver, à partir du mois d'octobre. Les jeunes algues
sont alors détachées des branches et livrées à la consommation, au
fur et mesure de la cueillette.
Les algues sont plus riches en substances alimentaires qu’on ne
le soupçonnerait au premier abord. Ce sont elles d’ailleurs qui nour-
rissent l'immense population animale des océans. L'analyse chi-
mique a fait reconnaître que, sur 100 parties, le Porphyra vulgaris
en contient 26 de matières azotées et environ 5 de phosphate de
potasse, indépendamment de quelques autres substances également
utiles à l’alimentation.
4138 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
Bien d’autres algues d’ailleurs sont usitées en Chine et au Japon
pour la nourriture de l’homme, telles que le Glæopeltis intricata,
le Laminaria saccharifera et diverses espèces de Phylloderma,
Phyllitis, Calhymenia, Cystoseira, Gelidium, etc.
PORTULACARIA afra JACQ. — Portulacée arbustive de l’Afri-
que australe, à tige et rameaux charnus et succulents, et qui est la
principale nourriture des éléphants. On l’emploie aussi à celle des
moutons. Cette plante croissant dans les lieux les plus arides pour-
rait évidemment rendre des services en divers pays, et surtout dans
le nord de l’Afrique.
POUZOLZIA tuberosa WiGnT. — Urtücée de l'Inde, dont la ra-
cine napiforme est comestible. On pourrait sans doute l'améliorer
par la culture et en faire une plante utile dans la plupart des pays
chauds.
PRANGOS pabularia LiNpL. — Grande ombellifère des plateaux
de la Mongolie et du Thibet, vivace, rustique et renommée pour la
nourriture des bestiaux et des moutons. Vers le milieu du siècle elle
a été l’objet de quelques essais de culture en France, et bientôt ou-
bliée, peut être à tort. D’autres espèces du même genre existent sur
les hautes montagnes de l'Inde, dans l'Atlas et le Caucase. On croit
que le Prangos pabularia est le Silphium mentionné par Arrien.
PRINGLEA antiscorbutica ANDERS. — Crucifère qu’on pourrait
appeler le chou de Kerguelen. C’est une plante vivace, dont les
longues racines ont le goût du radis ou du cran de Bretagne. Ses
feuilles, sans cesse renouvelées, se serrent les unes contre les au-
tres pour former une tête ou pomme assez semblable à celle d’un
chou cabus, et c’est au-dessous de cette pomme que naissent les
rameaux chargés de fleurs. La plante prospère surtout au voisinage
de la mer, dans les terres basses et salées, mais elle s'élève aussi à
4 où 500 mètres sur les montagnes de l’île. Elle rend les plus grands
services aux baleiniers qui fréquentent ces parages, en leur four-
nissant un excellent légume, et en guérissant du scorbut les marins
qui en sont atteints. Toutes les parties de la plante sont imprégnées
d’une huile essentielle analogue à celle de la moutarde, du cresson,
du cochléaria et de quelques autres crucifères. La culture pourrait
en tirer un bon légume, qui serait surtout apprécié dans les pays
froids. C’est au Pringlea que le célèbre navigateur Cook dût de
sauver ses équipages ravagés par le scorbut, dans son voyage au
pôle antarctique.
PRINSEPIA utilis ROYLE. — Arbre des montagnes du Népaul,
dont les graines très huileuses sont utilisées dans le pays. Il appar-
tient à la famille des Chrysobalanées. Probablement rustique en
Europe.
PROSOPIS. — Arbres et arbrisseaux de la tribu des Légumi-
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ÉNUMÉRATION DES PLANTES 439
neuses-Mimosées, dont plusieurs espèces donnent des produits utiles
à l’industrie et à l’agriculture. Il faut surtout signaler les suivantes :
P. dulcis KuNrH. — Cashaw, Mesquite et Algarroba de la Cali-
fornie et du Texas. Petit arbre épineux, à bois dur, extraordinaire-
ment fort, fréquemment employé pour faire des haies très défen-
sives. Ses siliques, à pulpe sucrée, et assez analogues à celles du
caroubier de l’Europe, servent à nourrir le bétail et quelquefois
l’homme lui-même. Plusieurs autres Prosopis sont également uti-
lisés pour la nourriture des animaux, mais seulement de ceux qui
ruminent, et qui par là se préservent des gaz que cette nourriture
développerait dans leur estomac et qui auraient pour conséquence
des accidents graves et quelquefois mortels. Ces siliques, d’après
les analyses de Sievert, contiennent de 25 à 28 pour 100 de sucre
de raisin, de {1 à 17 pour 100 de fécule, de 7 à 11 pour 100 de pro-
téine, de pectine et d’autres substances alimentaires non azotées.
Elles sont également riches en potasse, en chaux et en acide phos-
phorique. Un autre emploi de ces fruits consiste à en fabriquer une
sorte de bière mousseuse, nommée À/oja. Enfin on tire de l'écorce,
des feuilles et des gousses elles-mêmes de plusieurs espèces ou va-
riélés de Prosopis, jusqu’à 20 ou 21 pour 100 de tannin.
Le P. glandulosa, simple variété du précédent, exsude uue gomme
analogue à la gomme arabique, qu’on a soin de recueillir et qui est
achetée par les droguistes du pays. Vingt mille kilogrammes, en
moyenne, sont la récolte annuelle de cette gomme, et elle laisse un
bénéfice important si l’on considère que la culture des arbres est
pour ainsi dire nulle, et que la récolte de la gomme est faite par des
femmes et des enfants. Le bois de l’arbre n’est pas d’ailleurs sans
valeur ; sa dureté et sa beauté, qui approchent de celles de l’acajou,
en font un excellent bois d’ébénisterie. Ce serait, comme on le voit,
un arbre à introduire dans le midi de l'Europe et le nord de l'Afrique.
P. pubescens BeNTH. — Des mêmes lieux que le précédent et ap-
pelé à rendre les mêmes services. Ses siliques, qui mürissent en
toute saison, sont riches en sucre et autres matières nutrilives.
P. spicigera L. — De la Perse et de l'Inde, assez rustique pour
pouvoir s’acclimater dans la région méditerranéenne et les déserts
de l’Afrique. C’est aussi un arbre épineux et à siliques comestibles.
Plusieurs autres espèces du genre méritent encore d'attirer l’at-
tention des cultivateurs.
PROTEA mellifera THuNBG.— Arbrisseau de l’Afrique australe,
du groupe des Protéacées, remarquable par la beauté de ses fleurs
réunies en capitules, mais bien plus intéressant par l'abondance du
nectar que ces fleurs sécrètent, et qui est telle qu’on peut le re-
cueillir dans des vases en laissant simplement égoutter les inflores-
cences. Ce nectar est un sirop naturel, presque entièrement com-
posé de glucose, qu’on emploie à divers usages domestiques au cap
de Bonne-Espérance. Il est susceptible de cristalliser et peut même
remplacer le sucre proprement dit, ou saccharose. C’est toutefois
à un autre point de vue que nous appelons sur cet arbrisseau lPat-
tention des acclimateurs, car nous y voyons une des plantes les plus
410 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
utiles pour la nourriture des abeilles et par suite la production du
miel. Par lui on donnerait de la valeur à beaucoup de terrains du
midi de l’Europe et du nord de l’Afrique dont l’aridité s’opposerait
à toute autre culture profitable.
Plusieurs autres arbrisseaux du même genre, et pareïllement de
l'Afrique australe, sont aussi très mellifères et mériteraient qu’on
s’occupât d’eux autrement que comme simples arbustes d'ornement.
PRUNUS. — Prunier. Arbres et arbrisseaux de l’hémisphère
septentrional, qu’on peut regarder comme le type des Rosacées-
Amygdalées, dont le fruit est une drupe succulente, sucrée ou
acerbe, contenant un noyau. Les pruniers sont si voisins des ceri-
siers, des abricotiers, pêchers et amandiers, que Linné a réuni tous
ces arbres sous la dénomination commune de Prunus. Toutelois,
dans la pratique de l’arboriculture, il est plus commode de les tenir
séparés en genres particuliers, quoique souvent leurs différences
soient difficiles à préciser.
Plusieurs espèces de pruniers sont devenues des arbres fruitiers
de premier ordre, et la culture, qui en est fort ancienne, y a fait
naître une multitude de variétés, dont nous n’avons pas à nous oc-
cuper ici, renvoyant les lecteurs aux traités spéciaux d’arboriculture
fruitière. Nous citerons seulement pour mémoire les pruniers my-
robolan, de Damas, perdrigons, mirabelles, Reine-Claude verte,
rouge et violette, et parmi les prunes à pruneaux celles de Brignolles
et d'Agen et les quetsches. Nulle part les pruniers ne sont aussi
largement cultivés qu’en France, et c’est là que se confectionnent
les meilleurs pruneaux, qui sont devenus l’objet d’un commerce très
important et s’exportent dans le monde entier.
Outre les espèces fruitières proprement dites, il en existe beau-
coup d’autres qui ne sont pas sans intérêt; telles, par exemple, que
les suivantes :
P. drigantiaca L.; Armeniaca DC. — Prunier de Briançon, abri-
cot du pape. Arbrisseau ou petitarbre des Alpes, à gros fruits jaunes,
acerbes et à peine mangeables à leur complète maturité, mais con-
tenant un noyau volumineux dont l’amande sert à faire de lhuile.
Elle est connue sous le nom d’huile de marmotte. L'arbre est extrè-
mement productif.
P. spinosa L. — Le prunellier commun. Arbrisseau de presque
toute l'Europe, épineux et très ramifié, communément employé à
faire des haies, soit seul, soit en compagnie de l’aubépine, mais il a
le défaut de drageonner du pied. Ses fruits, qui sont de petites prunes
rondes, d’un violet presque noir, sont très acerbes; on les emploie
cependant, mêlées à d’autres fruits sauvages, pour faire une mau-
vaise piquette dont se contentent, faute de mieux, les pauvres gens
des campagnes.
P. maritima WANGENHEIN. — Jeech plum des Américains. Ar-
buste épineux des régions maritimes de l'Amérique du Nord. Très
drageonnant du pied; il est utile pour fixer les sables, que d’ailleurs
il recherche. Ses fruits, de la grosseur d’une prune de mirabelle,
sphériques, rouges ou violets, sont rigoureusement comestibles. Ils
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 4
pourraient d’ailleurs servir à faire des piquettes ou même une sorte
de kirsch.
P. japonica HonT.—- Du Japon, signalé récemment dans le Gar-
dener's Chronicle, comme une des espèces les plus intéressantes
du genre pour ses fruits volumineux, de la grosseur d’une pêche
moyenne, lisses, assez semblables à ceux des brugnons(Nectarines
des Anglais) et, dit-on, délicieux. L'arbre ne paraît pas avoir été
encore introduit en Europe, mais il fructifie en Californie, où il a
été envoyé du Japon. Si cette belle prune réalise les espérances
qu’elle a fait concevoir, elle prendra rang parmi les meilleures du
genre.
Beaucoup d’autres espèces de pruniers, les uns d'ornement pour
leur belle floraison, les autres de simple curiosité, pourraient être
ajoutées à cette liste. On les trouvera citées dans les ouvrages qui
traitent spécialement de l’horticulture d'agrément.
PSAMMA arenariaRoex. et ScH.; Calamagrostis arenaria ROTH.
— Roseau du midi de l’Europe, du nord de l'Afrique et de quelques
parties de l'Amérique du Nord, qui vit presque exclusivement dans
les sables humides le long des rivières et au voisinage de la mer.
C’est une des plantes les plus drageonnantes que l’on connaisse ; ses
stolons souterrains ou rampants À la surface du sol s'étendent sou-
vent à plusieurs mètres du pied de la plante, aussi est-elle une des
meilleures dont on puisse se servir pour fixer les sables et consoli-
der ceux qui pourraient être entraînés par les débordements des ri-
vières. Les sables les plus pauvres lui conviennent, pour peu qu’ils
conservent d'humidité à la suite des pluies. Ses tiges serrées ar-
rêtent en outre le sable apporté d’ailleurs par les cours d’eau, et par
là épaississent de plus en plus celui où elles enfoncent leurs racines,
quelquefois à plusieurs mêtres de profondeur. Le feuillage de ce
roseau est trop grossier pour pouvoir servir de fourrage, mais on
peut l'utiliser comme litière ou en faire de la pâte à papier.
PSIDIUM. — Goyavier. Genre de Myrtacées comprenant des
arbres et des arbrisseaux, la plupart de l'Amérique du Sud intra et
extratropicale. Tous peuvent à la rigueur être considérés comme
arbres fruitiers, mais il n’y en a encore qu’un petit nombre qui soient
cultivés. Leurs fruits sont des baies succulentes, à chair sucrée-aci-
dulée et parfumée, dans laquelle sont nichées les graines. Les es-
pèces suivantes méritent d’être recommandées aux arboriculteurs
et aux acclimateurs des pays chauds ou tempérés-chauds.
PS. acidum MarrTius. — De la région du Haut-Amazone. C’est
un arbre d’une dizaine de mètres, dont les fruits sont jaune pâle et
de la grosseur d’une pomme.
PS. Araca Rappr. — Des Antilles au Brésil méridional et au
Pérou. Ses fruits sont, dit-on, délicieux, et ils avaient déjà été re-
marqués par les anciens botanistes Pison et Margrafi. L'arbre re-
cherche les lieux élevés et secs, ce qui fait supposer qu’il s ’accli-
materait aisément dans le midi de l Europe.
PS. arboreum VELLOZ0. — Des environs de Rio-Janeiro et au-
449 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
tres localités du Brésil méridional. Ses fruits sont de la grosseur
d’un œuf de pigeon et excellents.
PS. Cattleyanum SABINE.— Goyavier de Cattley. Du Brésil et de
l'Uruguay. Grand arbrisseau, qui est un des plus rustiques du genre,
et déjà cultivé dans le midi de l’Europe. Il müûrit parfaitement ses
fruits en Provence, dans la partie la plus chaude de ce pays. Ses
baies sont d’un rouge pourpre obscur, de la grosseur et de la forme
d’une corme, et ont quelque chose du goût de la fraise. Le Ps. buæt-
folium Nurr., de la Floride, en est très voisin et probablement aussi
rustique.
PS. chrysophyllum Ferd. vox MüLLer ; Abbevillea chrysophylla
BERG. — Guabiroba do mato des Brésiliens. Arbre d’une SR
de mètres, du Brésil méridional. Ses fruits sont en moyenne de la
grosseur d’une cerise, comestibles d’ailleurs, comme ceux du Ps.
cinereum MarT. des mêmes régions, du Ps. cordatum Sims des
Antilles et du Ps. cuneatum GaAMBEss. de la province de Minas-
Geraes, au Brésil.
PS. grandifiorum MarT. — Petit arbrisseau ou simple buisson
des parties les plus méridionales du Brésil. Ses baies sont de la
grosseur d’une noix.
PS. Guyava Rapp1. — Goyavier jaune. C’est l’espèce classique
du genre, et la plus ordinairement cultivée depuis le Mexique et les
Antilles jusqu’à l'extrémité sud du Brésil. Ses fruits sontles goyaves
proprement dites, dont on fait grand usage en Amérique comme
fruits de table et pour les convertir en conserves qui s’exportent jus-
qu’en Europe. Leur grosseur ofdinaire est celle d’un œuf de poule,
et la chair en est excellente. Du reste il existe de nombreuses varié-
tés de cet arbre, et parmi elles il s’en trouve qui produisent toute
l’année, d’une manière continue. La culture en est facile dans tous
les climats chauds, et on le voitquelquefois mürir ses fruits dans les
localités les mieux abritées de la Provence. Son succès serait plus
assuré encore en Algérie et dans tout le nord de l’Afrique. C’est ce
goyavier dont Linné avait fait deux espèces sous les noms de Ps.
pomiferum et Ps. pyriferum.
PS. incanescens MarT. — Du Brésil méridional. C’est un simple
arbrisseau de 1"50 à 2 mètres. Ses fruits sont comestibles.
ES: Do eAE pum ANDERSON. — Des Antilles et du Brésil. Arbris-
seau des plus fertiles, et donnant ses fruits d’une manière continue
pendant l’année entière. Ils sont jaunes, de la grosseur d’une belle
cerise et exquis.
PS. rufum MarT. — Arbrisseau de 2 à 3 mètres, qui habite les
montagnes de moyenne hauteur, dans le sud du Brésil, où la gelée
se fait sentir en hiver. C’est peut-être l’espèce du genre la plus rus-
tique. Il en serait probablement de même du Ps. lineatifolium des
montagnes du Brésil, et du Ps. malifolium de l'Uruguay, tous deux
à fruits comestibles.
PSORALEA esculenta PursH. — Picotiane. Légumineuse vivace
de l'Amérique du Nord, introduite en France vers le milieu du siè-
cle par Lamare-Picot, qui l’annonçait comme pouvant devenir une
ÉNUMÉRATION DÉS PLANTES 413
plante économique de valeur, par l’unique tubercule qu’elle produit,
et d’où naissent tous les ans des tiges nouvelles. Ce tubercule, dont
la consistance est celle d’un navet, est effectivement comestible, ou
tout au moins pourrait servir à nourrir des bestiaux, mais il Jui faut
des années pour atteindre une grosseur qui permette de l'utiliser.
La picotiane a été, en France, l’objet de plusieurs essais, et elle a
été finalement abandonnée comme ne pouvant pas payer les frais de
sa culture.
PSYCHOTRIA Æckloniana Ferd. von MuLLEr; Grumilia cy-
mosa E. MEYER. — Arbre de l'Afrique australe, de la famille des
Rubiacées, dont le bois, d’une belle couleur jaune citron, peut devenir
un bois d’ébénisterie et de labletterie d’une certaine valeur.
PTEROCARPUS. — Genre de Légumineuses du groupe des
Dalbergiées, composé de grands arbres, utilisés en Asie pour leurs
bois et divers autres produits. Les suivants sont surtout à signaler :
PT. indicus Rox8G. — Lingo de la Chine et de l’Inde. Ilest re-
nommé pour l’excellence et la beauté de son bois flammé de rouge.
Il produit en outre une résine analogue au sang-dragon.
PT. Marsupium Rox8G. — Grand arbre de l’Inde et de Ceylan,
où il s'élève sur les montagnes jusqu’à 1,000 mètres d’altitude, ce
qui lui confère une certaine rusticité, probablement suffisante pour
en permettre la culture dans les pays tempérés-chauds exempts de
gelée. C’est de lui que l’on obtient la résine kino la plus employée
en médecine, et qui contient jusqu’à 75 pour 100 d'acide tannique.
L'arbre est à feuilles caduques.
PT. santalinus L. fs. — Des montagnes de l’Inde et relativement
rustique. On l’exploite pour son bois, très connu sous le nom de
bois de santal rouge, et aussi pour la matière üinctoriale qu’il con-
tient. Sa culture a pris de l’importance au Japon, surtout à ce der-
nier point de vue.
PTEROCARYA. — Genre d'arbres de la famille des Juglandées,
originaires des pays tempérés et tempérés-chauds de l'Asie. Ce
sont des arbres forestiers et d'ornement, qu’on a depuis peu intro-
duits dans les collections européennes. Trois espèces sont à signa-
ler :
PT. caucasica L. — De la région du Caucase, grand arbre dont
le feuillage composé de 5 à 9 folioles rappelle celui du noyer. On dit
son bois de bonne qualité. Il est d’ailleurs rustique dans Île centre et
le midi de l’Europe.
PT. fraxinifolia Kunru. — De la Perse et de l'Asie centrale.
Assez semblable au précédent. Une troisième espèce, le Pé. stenop-
tera, du Japon, introduit dans le midi méditerranéen de la France,
s'y montre assez rustique, quoiqu'il y souffre dans les hivers rigou-
reux.
PTEROXYLON wtile Ecxz. et ZEy. — Arbre de l'Afrique aus-
trale, de la famille des Sapindacées, renommé pour la solidité et la
444 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
beauté de son bois, comparable à l’acajou et employé à de nom-
breux usages domestiques. Il est très combustible, même encore
vert, ce qu’il doit à un principe volatil inflammable, qui se dégage
par la chaleur et le frottement.
PTYCHOSPERMA. — Genre de Palmiers de la Nouvelle-Hol-
lande et des îles de l’océan Pacifique, analogues aux Arecs, à feuilles
pennatifrondes et tous remarquables par la majesté de leur port,
aussi sont-ils fort recherchés pour l’ornementation des grandes
serres chaudes de l’Europe. Quelques-uns pourraient croître à l'air
libre sur les bords de la Méditerranée.
PT. Alexandræ Ferd, von Muzzer. — De l’Australie orientale
(Queen's Land). C’est le plus grand des palmiers australiens et une
des plus belles productions végétales de cette partie du monde. Sa
hauteur dépasse 30 mètres et la couronne de feuilles qui termine son
stipe élancé est proportionnée à cette grande taille. Ce sera une
importante acquisition pour les pays tempérés-chauds exempts de
elées.
; PT. arfakiana BEccari. — Espèce peu connue, des hautes mon-
tagnes de la Nouvelle-Guinée. Encore rare dans les serres chaudes
de l’Europe.
PT. Cunninghami H. WENDLAND.— De l’Australie orientale, s’a-
vançant très loin au sud, en dehors des tropiques, ce qui lui assure
une rusticité relative probablement suffisante pour l’acclimater dans
les parties les plus méridionales de l’Europe. C’est aussi un grand
arbre, presque rival du P{. Alexandre.
PT. Mussenbrockiana BEccari.— De Ternate et autres îles voi-
sines de l’Inde, jusqu’à 1,000 mètres d'altitude. Sa taille est d’une
trentaine de mètres. Cette espèce est encore peu connue, mais sa
beauté lui assure de l'avenir dans les collections de l’Europe. On
croit qu'il serait rustique au sud de la Méditerranée et peut-être
dans quelques îles de cette mer.
Aux espèces précédentes on peut ajouter les P4. disticha Mio.
(Areca disticha GriFriTH), espèce montagnarde de la province
d’Assam, et Pé. elegans BLUME (Seaforthia elegans Rob. Br.), des
côtes intratropicales de l’Australie. Ce palmier est déjà assez com-
mun dans les serres chaudes de l’Europe.
PUERARIA Thunbergiana BENTH. — Koudzou des Japonais.
Légumineuse vivace du Japon, à racine féculente et à longues tiges
sarmenteuses, qu’on a introduite en France dans ces dernières an-
nées, dans l’espoir d’en faire une plante économique. Les essais qui
en ont été faits pendant plusieurs années consécutives n’ont pas ré-
pondu à l’attente des expérimentateurs. Tout au plus pourrait-on
utiliser les longs et forts sarments de la plante en les convertissant
en filasse, comme on le fait au Japon, mais encore faudrait-il que
la plante vint sans culture et dans des terres qui ne pourraient pas
être occupées autrement. Il y a moins à attendre encore de sa racine,
qui, en France du moins, n’a pas produit jusqu'ici de véritables tu-
bercules.
de à bc HS 4 ” M À nina nr 4 77 To
: ,
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 445
Le P. tuberosa DC., de l'Asie méridionale, qui croît à des alti-
tudes de plus de 1,000 mètres et produit, dit-on, de gros tubercules
comestibles, pourrait être essayé dans des pays plus chauds que
l’Europe. Il semble peu probable cependant qu'il y ait quelque ser-
vice à en attendre.
PUGIONIUM cornutum GÆRTN. — Plante herbacée de la famille
des Crucifères, de l’Asie centrale, depuis la mer Caspienne jusqu’à
la Chine. Elle est employée en qualité de légume par les Mongols.
Peut-être est-elle cultivée sur quelques points.
PUNICA Granatum L. — Le grenadier. Grand arbrisseau qu'on
croit originaire d'Orient, à feuilles caduques, à grandes fleurs rouge
de sang, naturalisé depuis les temps les plus anciens dans le nord
de l'Afrique et le midi de l’Europe, où il produit ces volumineux et
beaux fruits connus sous le nom de grenades. Il est commun dans
tout le Midi méditerranéen, et même retourné à l’état sauvage sur
quelques points. On s’en sert fréquemment pour faire des haies,
que ses épines rendent assez défensives. Dans le nord de la France,
où il n’est qu’un arbre d'ornement, comme l’oranger et le bigara-
dier, on le cultive en caisse, et on l’hiverne dans les orangeries,
pour le remettre à l’air libre pendant la belle saison.
Le grenadier a produit de nombreuses variétés, au sujet des-
quelles nous renverrons le lecteur aux traités spéciaux d’arboricul-
ture fruitière. Ses fruits ont le défaut de ne pouvoir pas se con-
server longtemps et de ne pas résister à de longs voyages.
L’écorce de sa racine et la peau coriace de ses fruits contiennent
un principe amer qui passe pour un des meilleurs remèdes contre
le ténia. Ses fleurs et ses graines jouissent aussi de quelques pro-
priétés anthelminthiques, cependant la médecine en fait peu d'usage
aujourd’hui.
PYCNANTHEMUM incanum Micax. — Labiée vivace du nord
de l'Amérique, dont l’odeur aromatique rappelle celle de la menthe
poivrée. Elle se plait dans des lieux rocailleux qui pourraient être
utilisés par sa culture.
Une seconde espèce, le P. montanum Micax., est employé par les
Américains comme le sont les menthes en Europe. Il en a d’ailleurs
toutes les propriétés, et pourrait comme elles être soumis à la dis-
tillation.
PYRULARIA edulis MEISSNER. — Grand et bel arbre de la fa-
mille des Santalacées, indigène des hautes montagnes du Népaul et
des régions voisines. Ses fruits drupacés servent à la nourriture
des habitants. D’autres espèces du même genre existent dans P'Hi-
malaya et sur les montagnes de l’île de Ceylan. Une espèce, le
P. pubera Micux., du nord de l'Amérique, pourrait être cultivée en
Europe pour l'huile que contiennent ses noyaux.
PYGEUM c/icifolium Dre; Cerasus ilicifolia Hort.; Prunus ilici-
446 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
folia NuTrrALL. — Grand arbrisseau de Californie, à feuilles persis-
tantes, épineuses sur leur contour, ce qui leur donne quelque res-
semblance avec celles du houx. Le fruit, semblable à une petite
prune d’un violet foncé à la maturité, contient un noyau très gros
relativement, dont l’amande pourrait fournir de l’huile. Ce bel arbris-
seau est rustique dans le midi de la France ; il croît très vite et se
prête bien à la taille et au ciselage, ce qui, joint à ses feuilles un peu
épineuses, d’une verdure vive et coriaces, le rend propre à faire des
haies à la fois décoratives et défensives.
PYRUS. — Poirier et pommier. Arbres et arbrisseaux de l’hé-
misphère septentrional, types du sous-ordre des Pomacées, dans la
grande famille des Rosacées, qui ont fourni les arbres fruitiers les
plus importants dans tous les pays tempérés de l’ancien et du nou-
veau monde. Il suffit de nommer les poires et les pommes pour
rappeler aux lecteurs l’immense service que ces arbres rendent à
l’agriculture et à l’horticulture fruilière.
Dans la pratique on considère les poiriers et les pommiers comme
deux genres différents, et en effet on ne peut guère les confondre
l’un avec l’autre; au point de vue strictement botanique on est obligé
de les réunir en un seul. Non seulement la structure de leurs fleurs
et de leurs fruits est la même, ils y ajoutent un autre caractère im-
portant, qui est d’avoir des pepins, et non des noyaux ou nucules
osseux comme d’autres pomacées à fruits comestibles. Les pom-
miers proprement dits, reconnaissables à leur fruit sphérique, sphé-
rique-déprimé, plus rarement ovoïde, et dont le pédoncule ou queue
est plus ou moins enfoncé dans une cavité, sont, d’une manière gé-
nérale, plus septentrionaux que les poiriers. On distingue ordinaire-
ment au premier coup d'œil les poires à leur forme allongée, pres-
que toujours rétrécie du côté du pédoncule, peu ou point enfoncé
dans une cavité. Il y a cependant quelques exceptions, car on con-
naît des poires presque ou tout à fait sphériques, qui ont beaucoup
de ressemblance avec des pommes, mais leur saveur n’a jamais
l'acidité qui existe toujours dans ces dernières à divers degrés, sur-
tout dans les variétés sauvages de pommiers. Les poires sauvages
sont surtout acerbes, souvent au point d’être immangeables, mais
elles blettissent dans l'extrême maturité, et le tannin dont elles
étaient imprégnées se change en sucre, ce qui les rend alors comes-
tibles.
Les pommiers et les poiriers sont cultivés sur une immense
échelle, en Europe et en Amérique, non seulement pour les fruits
de table dont il se fait de grandes exportations, mais aussi pour les
boissons alcooliques qu’on obtient par la fermentation du suc de
leurs fruits. Les pommes donnent le cidre proprement dit; les poires
fournissent le poiré, boisson assez analogue au vin blanc, et qui
sert même à faire des imitations de vin de Champagne. Cette indus-
trie est déjà florissante en France.
Si l’on excepte la vigne, le pommier et le poirier sont peut-être
les arbres chez lesquels la culture a fait naître le plus de variétés.
On les compte par centaines dans les catalogues de l’horticulture,
,
3
$
.
.
Ven
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 447
mais il s’en faut de beaucoup que toutes aient une réelle valeur. Les
personnes intéressées dans la question trouveront tous les détails
nécessaires dans les traités spéciaux, très nombreux, qui ont été
écrits sur ce vaste sujet, et parmi lesquels on doit meltre en pre-
mière ligne, pour la France du moins, le Dictionnaire de pomolo-
gie d'André Leroy.
On ignore de quelles espèces sauvages sont sortis primitivement
les pommiers et les poiriers de nos jardins; nous ne savons pas da-
vantage s'ils sont d’origine européenne ou asiatique, toutefois il
existe en Europe un petit nombre de pommiers et de poiriers sau-
vages qui pourraient être tout aussi bien des variétés dégénérées de
nos races cultivées qu’en être la souche première. Il faut d’ailleurs
reconnaître que nous sommes dans la même ignorance relativement
à l’origine de la plupart des plantes économiques depuis longtemps
cultivées.
En dehors de la production des fruits, les pommiers et les poi-
riers rendent quelques services par leur ‘bois. Celui des vieux pom-
miers est léger et peu sujet à se fendre, ce qui fait qu'on l’emploie
à faire de menus ustensiles qui demandent ces deux qualités. On en
nu surtout des sabots de femmes, légers et d’une assez longue
urée.
Le poirier, qui, avec les années, devient un grand arbre, fournit
un bois de qualité, dur et solide, employé en menuiserie et en ébé-
nisterie. Dans une certaine mesure il peut remplacer le buis pour
la gravure sur bois. Il vit des siècles et on en voit dont le tronc a
jusqu’à 3 mètres de circonférence à hauteur d'homme. Ces vieux
poiriers sont souvent extrêmement fertiles ; il en est qui produisent
en une seule récolte de 20 à 30,000 fruits, mais ce sont toujours
des arbres non greffés et qui se rapprochent beaucoup des variétés
sauvages.
Le pommier et le poirier ne prennent que difficilement de grefle
l’un sur l’autre; on y a cependant réussi quelquelois, mais ces greffes
n'ont ni solidité ni durée. Ce qui est plus étonnant, si le fait qu’on
rapporte est vrai, c’est le croisement de ces deux espèces, c’est-à-
dire la fécondation du pommier par le pollen du poirier, qui aurait
réussi une fois en Amérique, et dont le résultat serait un hybride.
Le genre d'arbres qui nous occupe a aussi fourni quelques es-
pèces à ornement, fort belles au moment de leur floraison, mais la
plupart stériles et sans autre utilité. Il suffira de citer les P. coro-
naria de l'Amérique du Nord, P. spectabilis de la Chine, P. sem-
pervirens ou angustifolia À Orient, et P. cerasifera de Sibérie,
dont les fruits, très semblables de couleur et de grosseur à des ce-
rises, pourraient être comestibles. Tous ces arbres se rattachent au
groupe des pommiers proprement dits et ont été réunis par divers
auteurs au genre Malus, le nom botanique du pommier.
448 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
QUERCUS. — Chêne. Genre principal de la famille des Cupuli-
fères, comprenant près de 300 espèces, la plupart très variables et
souvent difficiles à distinguer, appartenant principalement à l’hé-
misphère septentrional, mais dont quelques-unes s’avancent vers
le sud un peu au-delà de l’équateur. Les chênes sont en majeure
partie des arbres de grande et de moyenne taille, dont plusieurs
sont des arbres forestiers de premier ordre par les qualités de leur
bois ; d’autres fournissent à l’industrie divers produits dont les plus
importants sont le liège, des écorces à tan et des matières lincto-
riales. Leurs graines volumineuses, qui portent le nom de glands,
et qui sont enchâssées plus ou moins profondément dans une sorte
de réceptable, ou de cupule, sont utilement employées à l’engraisse-
ment des porcs; il en est même qui servent à la nourriture de
l’homme. La fécule qu’elles contiennent, débarrassée d’un principe
amer qui s’y mêle, fournit matière à diverses fabrications, entre
autres à celle du racahout, qui a eu tant de vogue dans la première
moitié de ce siècle.
Beaucoup de chênes sont de beaux arbres paysagers, et c’est à
ce titre surtout que plusieurs espèces exotiques ont trouvé place
dans les parcs de l’Europe. Leurs fleurs monoïques, en châtons et
dépourvues de corolle, sont sans apparence, mais leur port majes-
tueux et leur élégant feuillage, caduc ou persistant suivant les es-
pèces, et qui chez quelques-unes revêt en automne de brillantes
teintes de jaune ou de rouge, justifie amplement l’usage que l’on en
fait dans l’horticulture décorative.
Au point de vue purement botanique les chênes diffèrent très peu
des châtaigniers; 1l en est même quelques-uns, dont les glands,
presque entièrement recouverts par l’involucre ou cupule, pourraient
tout aussi bien être classés dans les deux genres. Les botanistes
ont pris un moyen terme en créant pour eux un troisième genre, ce-
lui des Castanopsis.
Dans la liste qui va suivre nous nous bornerons à citer les espèces
les plus intéressantes au point de vue de l’industrie, ou au moins les
plus recherchées jusqu’à ce jour, sans dissimuler que parmi celles
que nous négligerons il en est encore de tout à fait dignes de l’at-
tention et des soins de l’arboriculteur.
Q. Ægilops L. — Le chêne vélani, le Va/onia des Grecs: Grand
arbre de Grèce et d’Asie-Mineure, à feuilles demi-persistantes, dont
les cupules des glands, connues dans le commerce sous le nom de
valonée, sont employées dans la teinture et la tannerie. Les glands
eux-mêmes sont ulilisés de cette manière avant leur maturité. La
valonée alimente un commerce considérable d'exportation. On en
jugera par ce fait que 33,802 tonnes de cette denrée ont été expor-
tées de Smyrne à Londres, dans la seule année 1876, au prix de
450 fr. la tonne. La Grèce en exporte environ 10,000 tonnes par
an, et néanmoins ces quantités ne suffisent pas à satisfaire la de-
mande. La valonée est, en effet, une des meilleures matières de
tannage; elle communique au cuir une belle teinte et le rend moins
perméable à l’humidité que les autres tannins. Les glands du chêne
vélani sont rigoureusement comestibles, cuits ou même crus, et l’in-
F
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 449
dustrie pourrait en tirer de la fécule. L'arbre est rustique et prend
un beau développement dans le midi de la France, où il n’a cepen-
dant été considéré jusqu'ici que comme arbre d'agrément ou de cu-
riosité.
Q. agrifolia Née. — Du Mexique et de la Californie. C’est un des
plus beaux arbres à feuilles persistantes de tout le genre et un des
plus grands. Sa hauteur dépasse souvent 30 mètres sur un tronc de
o à 6 mètres de circonférence. Le diamètre de sa tête touffue est de
25 à 40 mètres, suivant l’âge des arbres. Au dire des bûcherons il
existe deux variétés de ce chêne, l’une à bois blane, l’autre à bois
rouge, et ce bois, qui est fragile lorsqu'il est encore vert, et dure
peu s’il est exposé aux injures de l’air, devient presque aussi fort
que celui du chêne rouvre de l’Europe quand il a été abattu en sai-
son convenable et qu’il est devenu sec. On l’emploie à diverses cons-
tructions en Amérique, principalement à faire des pièces courbes
pour la marine. L'arbre croîtindifféremment au voisinage de la mer
et dans les vallées des montagnes.
Q. alba L.— Chêne blanc de Québec. Répandu dans l'Amérique
du Nord du Canada à la Floride et à l’ouest du Texas. C’est un des
chênes forestiers les plus précieux de l'Amérique, aussi bien par
ses belles proportions que par l’excellence de son bois, propre à
toutes les constructions civiles et maritimes. On en fait des imstru-
ments agricoles, des madriers pour les machines de tout genre, des
traverses de chemins de fer, des meubles, ete. L'arbre s'élève à
30 mètres et plus, et on en voit dont le tronc ne mesure pas moins
de 20 mètres au-dessous des premières branches. Son écorce con-
tient 8 pour 100 de tannin.
Q. annulata SuITH. — Grand arbre à feuilles persistantes du
Népaul. On dit son bois de bonne qualité. Plusieurs autres chênes
intéressants existent dans l'Himalaya, entre autres le Q. spicata,
très gros et très grand arbre, qui ne dépasse pas l’altitude de 1,700
mètres, et qu’on croit exister aussi sur les montagnes de Bornéo,
Java et Sumatra.
Q. aqguatica WALTER. — Du nord de l'Amérique. Cet arbre, haut
de 15 à 20 mètres, fournit du bois de construction etsurtoutd’excel-
lentes écorces pour le tannage. Il se plaît dans les lieux humides et
au bord des rivières.
Q. Cerris L.— Chêne chevelu du midi oriental de l’Europe, indi-
gène aussi dans quelques parties de la France. Il se distingue des
autres chênes d'Europe par les écailles saillantes et pointues de ses
cupules, ce qui lui a valu son nom vulgaire. Son feuillage est caduc
ou demi-persistant suivant les climats et la rigueur des hivers. C’est
un arbre forestier de premier ordre, par ses dimensions et par la
solidité de son bois, également utilisé dans les constructions civiles
et dans la marine. On en fait aussi de nombreux ustensiles domes-
tiques, et même des meubles qui sont fort beaux. 4
Q. chrysolepis LieBmaxN. — De Californie. Très variable par la
taille, prenant quelquefois des proportions presque gigantesques,
d’autres fois ne dépassant pas celles d’un arbre moyen de 12 à 15
mètres. Son bois est des plus durs et des plus solides, et on s’ac-
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450 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
corde à le regarder comme un des meilleurs arbres forestiers de
Californie. C’est, pour ce dernier pays, l'équivalent du chêne rouvre
de l’Europe. |
Q. coccifera L.— Le chêne kermès. De tout le midi de l’Europe,
du nord de l'Afrique et de l’Orient. Petit arbre ou arbrisseau buis-
sonnant, à feuilles coriaces, épineuses sur leur contour et persis-
tantes. Il croît dans les terrains les plus rocailleux et les plus arides,
où il reste à l’état de buisson; en meilleur sol il forme un arbre à
tête arrondie, de 4 à 5 mètres de hauteur. C’est sur cet arbre qu’on
récolte une sorte de cochenille, le kermès (Coccus Ilicis), qui donne
un pigment rouge, jadis très employé en teinture et en médecine,
mais dont l’usage est aujourd’hui fort restreint. En France le chêne
kermès ne sert plus guère qu’à fournir des fagots pour le chauffage
des fours.
Q. coccinea WANGENH. — Chêne quercitron, chêne noir d’Amé-
rique. Des Etats-Unis. Arbre à feuilles caduques, de 30 à 35 mètres
de hauteur, sur ! mêtre à 1"50 de diamètre, et de croissance rapide,
mais il recherche les bonnes terres, profondes et fraîches. Son bois
est presque aussi bon que celui du chêne blanc d'Amérique, et il est
employé dans la charpente et la menuiserie. Toutefois le principal
produit de l’arbre est la teinture jaune connue sous le nom de quer-
citron, et qui est préférable à la gaude.
On rattache à cet arbre, comme variété, le Q. fincloria BARTR.,
dont le bois fin et serré est de longue durée d’après le professeur
Sargent, et recherché pour le charronnage, la tonnellerie et la
charpente. Son écorce intérieure fournit aussi une teinture jaune.
Le chône écarlate (Scarlet oak des Américains), qui est une autre
variété du Q. coccinea, est fort inférieur au type de l’espèce, et ne
fournit guère à l’industrie que des écorces à tan, qui encore sont
d’une richesse médiocre. On dit que le Q. heterophylla, de Bartram,
est un hybride du chêne à feuilles de saule (Q. phellos) et du chêne
quercitron.
Q. cornea Lour. — De la Chine. Arbre de 12 à 15 mètres, à
feuillage persistant, dont les glands sont comestibles. Il occupe en
Chine la même place que le chêne ballote en Espagne et le nord de
l'Afrique.
Q. cuspidata TauN8G.— Arbre superbe du Japon, dont les glands,
réunis en des sortes de grappes, mais à peine plus gros que des ha-
ricots moyens, sont excellents à manger après avoir été grillés
comme les châtaignes. On les vend régulièrement sur les marchés
du Japon.
Q. densiflora Hook. et ARNT.— Chône-châtaignier de Californie.
Grand et bel arbre à feuilles persistantes, et formant une tête com-
pacte. Son bois est médiocre et sujet à se détériorer rapidement,
mais son écorce est riche en tannin.
Q. dentata TaunBG. — Du Japon. Nous avons peu de renseigne-
ments sur cet arbre, mais nous savons que c’est une des espèces de
chênes qui nourrissent le ver à soie connu sous le nom de Yama-
Maï, ce qui lui donne de l'intérêt.
Q. Douglasit Hook. et Annr. — Le chêne bleu de Califormie.
2) NÈREE
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 451
Très grand arbre, dont le tronc mesure quelquefois plus de 6 mè-
tres de circonférence. Son bois rivalise en force et en durée avec
celui du chêne blanc d'Amérique.
Q. dilatata Linz. -- De l'Himalaya et des montagnes de l’Af-
ghanistan, entre les altitudes de 1,600 et 3,000 mètres. C’est un bel
arbre, très feuillu, donnant beaucoup d'ombre et dont les rameaux
servent de fourrage au bétail. Son bois est dur, lourd, d’une longue
durée, et employé dans tous les genres de constructions.
Q. falcata Micax. — De l'Amérique du Nord; haut de 20 à 30
mètres sur { mètre ou plus de diamètre à la base du tronc. Cet arbre,
qui perd ses feuilles en hiver, se plaît dans les terrains sablonneux
et secs, et pourrait être planté aux abords de la mer. Son bois, très
médiocre, sert quelquefois à faire des douves de barriques, mais n’a
guère d'autre emploi. En revanche son écorce contient un tannin
d'excellente qualité, et les galles de ses feuilles servent à faire une
encre de qualité supérieure.
Q. Garryana Douaras. — Du nord-ouest de l’Amérique, entre
les 38° et 50° parallèles. C’est un grand arbre de 35 à 40 mètres de
hauteur, sur 2 mètres de diamètre au pied du tronc. Son bois est
remarquablement pâle pour un chêne, mais à grain fin, dur, très
résistant et de longue durée, ce qui le rend propre à tous les ouvra-
ges de charpente et de menuiserie. Ses glands, à peu près doux et
mangeables, sont surtout une excellente nourriture pour les porcs.
Q. glabra Taun8G. — Gracieux arbrisseau du Japon, à feuillage
persistant et presque semblable à celui du laurier. On le rencontre
dans les jardins d'agrément de la Provence. Ses glands sont réputés
comestibles au Japon.
. Q. glauca THUNBG.— Cachi des Japonais. Grand et bel arbre à
feuilles persistantes, dont le bois fin et dur sert à faire divers usten-
siles pour l’usage domestique. Cet arbre intéressant existe aussi
dans quelques jardins de Provence, où toutefois nous ne le connais-
sons encore qu’à la taille d’arbrisseau.
Q. Zlex L — Yeuse, chêne vert. De tout le midi de l’Europe, du
nord de l’Afrique et de l'Asie centrale jusqu’à l'Himalaya, où il ar-
rive aux altitudes de 3,000 mètres. La taille de cet arbre est très
variable, et il est rare qu’elle dépasse 15 mètres; le plus souvent
elle n’y atteint pas, ce qui peut tenir à la mauvaise qualité des ter-
rains où on le relègue. Livré à lui-même le chêne yeuse forme une
large tête, dont le feuillage dense et persistant fait l’ornement des
paysages méridionaux. Son bois est dur et solide, mais à cause de
ses faibles dimensions il ne peut guère servir qu’à faire des instru-
ments agricoles, des manches d'outils, des vis de pressoirs, etc.
C’est un arbre fertile, qui produit en abondance des glands pour la
nourriture et l’engraissement des porcs, et qui utilise ainsi des ter-
rains rocailleux impropres à toute culture. Son écorce est quelque-
fois employée dans les tanneries.
Le chêne yeuse est extrêmement variable et a souvent induit les
botanistes en erreur par les aspects différents qu’il peut prendre. A
tort ou à raison on lui rattache comme variété le chêne Ballote, ou
chène à glands doux (Q. Ballota L.), de l'Espagne et du nord de
402 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
l'Afrique, qui lui ressemble par son feuillage coriace et légèrement
épineux sur son contour, mais qui en difière par des glands plus
gros et surtout de saveur beaucoup moins âpre, dont les populations
pauvres font leur nourriture. Ces glands se mangent grillés à la fa-
çon des châtaignes ou rôtis sous la cendre. L'arbre n’a jamais été :
soumis à une culture régulière, et il serait intéressant de chercher
à l’améliorer par la sélection des bonnes variétés, par la greffe et
par les soins qu’on donne en France aux diverses bonnes races de
châtaigniers.
C’est cette espèce de chêne qui, dans quelques départements de
la France, a reçu le nom de chène truffier, parce que c’est au voi-
sinage de ses racines qu’on récolte les belles truffes du commerce
(Tuber cibarium, T. melanosporum), et il suffit d’en semer les
glands dans un terrain calcaire pour obtenir, au bout de quelques
années, ce qu’on appelle une truffière. Ce n’est cependant pas la
seule espèce du genre qui favorise le développement des truffes.
Tous les chênes capables de vivre dans les sols calcaires sont dans
ce cas, et, sous ce rapport, le chêne yeuse n’est pas supérieur au
chône pubescent, qu’on lui préfère dans certaines localités.
Un autre service qu’on peut demander au chêne vert, c’est d’en
faire servir les feuilles à la nourriture des nouvelles espèces de vers
à soie importées de Chine, les Bombyx (Antherea) Yama-Maï et
Pernyi. Une éducation de vers de cette dernière espèce, faite sous
nos yeux, à l’aide des feuilles du chêne vert, a parfaitement réussi
dans les conditions ordinaires des magnaneries. L'expérience a
d’ailleurs démontré que ces vers peuvent être élevés à l’air libre sur
des chênes simplement taillés en buissons, ce qui est une impor-
tante simplification de cette industrie.
Q. incana RoxB@. — De l'Himalaya, aux altitudes de 1,000 à
2,500 mètres. Grand et bel arbre à feuillage persistant. Ce qui ajoute
à son intérêt c’est qu’il nourrit un ver-à-soie, l'Antherea Roylei,
qui produit de très gros cocons, et qu’il serait fort désirable d’intro-
duire en Europe.
Q. infectoria Oriv. — Chêne des teinturiers. Arbrisseau ou petit
arbre d'Orient et de Perse, naturalisé sur quelques points de la ré-
gion méditerranéenne. Il fournit au commerce la noix de galle, si
usitée en teinture. On sait que ce produit est une excroissance pro-
voquée par la piqûre d’un insecte (Cyrips), d’où il suit que pour cul-
tiver l'arbre au point de vue industriel, là où il n’est pas indigène,
il faudrait y apporter l’insecte lui-même, ce qui ne semble pas offrir
des difficultés insurmontables.
Q. lamellosa Suit. — De l'Himalaya, entre 1,600 à 3,000 mètres
d'altitude. C’est un des plus grands chônes connus, car il atteint,
d’après les voyageurs, jusqu’à 40 mètres de hauteur, et le trone,
très droit, a quelquefois de 18 à 20 mètres de longueur sous les
branches. Comme arbre forestier il est de premier ordre. Plusieurs
autres chênes de l'Himalaya (Q. lanuginosa Don, Q. lancifolia
Rox8&., elc.) mériteraient de même d'attirer l’attention des arbo-
riculteurs.
Q. lobata NÉE. — Le chêne blanc du Sacramento. De Californie.
Ca
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 453
Rival du précédent pour les dimensions, car il atteint, comme lui,
jusqu’à 40 mètres et plus, formant une énorme tête, dont les longues
branches étalées arrivent jusqu’à toucher le sol. Son bois, fragile
quand il est vert, durcit en séchant, et il semble valoir mieux que la
réputation qu’on lui a faite. Ses glands, à peu près doux, contri-
buent dans une large mesure à nourrir les populations indigènes de
la Californie septentrionale pendant l'hiver.
Q. {yrata WALTER. — Du sud des Etats-Unis, de l'Illinois à la
Floride et à la Louisiane. Arbre majestueux, de 20 à 25 mètres, qui
se plaît dans les sols humides. Nous ignorons ce qu’il peut valoir
comme arbre forestier, mais il pourrait devenir dans le midi de
l’Europe un bel arbre paysager.
Q. macrocarpa Micax.— De l'Amérique du Nord. Arbre remar-
quable par l’ampleur de son feuillage caduc et la grosseur de ses
glands. En Europe c’est un des beaux arbres paysagers que nous
devons aux Etats-Unis, mais en Amérique on l'estime surtout pour
son bois, qu’on dit être presque aussi bon que celui du chêne blanc.
Q. macrolepis Korscxy. — De la Grèce. Cet arbre difière très
peu du vélani (Q. ægilops), et les cupules de ses glands ont la même
valeur commerciale.
Q. mongolica FiscHer. — De la Mandschourie et du nord de la
Chine. Ses feuilles servent, comme celles du Q. serrata, à nourrir
les vers à soie des chênes (Bombyx Yama-Mai et B. Pernyi), par-
ticuliers à cette partie de l’Asie.
Q. palustris Du Ror.— Des localités marécageuses de l'Amérique
du Nord. C’est un arbre de 20 à 25 mètres, de croissance relative-
ment rapide, dont le bois agréablement veiné est recherché pour les
travaux de menuiserie et d’ébénisterie.
Q. phellos L.-- Le chêne à feuilles de saule des Etats-Unis, ainsi
nommé de l’étroitesse de son feuillage lancéolé et luisant. Il est in-
troduit depuis longtemps en Europe, où il ne remplit que le rôle
d'arbre paysager, car son bois a peu de valeur. Ses glands sont co-
mestibles.
Q. Mirbecki Coss. — Le chêne zen des Arabes. Grand et bel
arbre des montagnes d'Algérie et de Tunisie, répandu surtout dans
la partie montagneuse de la province de Constantine. Peut-être
existe-t-il aussi dans le midi de l'Espagne, décrit sous un autre nom
par les botanistes. Sa taille approche de celle du chêne rouvre, mais
il en difière beaucoup par son grand feuillage demi-persistant, d’une
verdure claire, et assez semblable par sa forme à celui du châtai-
gnier. Cet arbre est déjà naturalisé sur quelques points de la Pro-
vence, où il semble se plaire dans les terres fraîches et siliceuses.
Il donne beaucoup d'ombre et tient une place distinguée parmi les
arbres paysagers de cette région.
Un point sur lequel il convient d’appeler l’attention des acclima-
teurs, c’est que le chêne zen est très précoce et développe ses bour-
geons dès la fin de l’hiver, plusieurs semaines avant les chênes du
pays, ce qui serait un avantage considérable pour les personnes qui
élèvent les vers à soie des chênes du Japon et de la Chine, dont
l’éclosion a lieu ordinairement de très bonne heure, ce qui les oblige
4154 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
à activer en serre la végétation de nos chênes communs, et par là
complique très notablement les opérations de cette nouvelle mdus-
trie séricicole.
Q. Prinus L.— Chêne des marais et chêne-châtaignier des Amé-
ricains. C’est un des plus beaux arbres du genre par ses vasles pro-
portions, ses belles formes et l'abondance de son feuillage, qui en
font un arbre paysager de premier ordre. La valeur de son bois est
contestée; les uns le disent médiocre, les autres élastique et résistant,
divergences d'opinion qui peuvent tenir aux différences des lieux où
l'arbre a crû ou aux variétés de l’espèce. Il est léger, facile à fendre
et à convertir en merrain, aussi est-il employé par les tonneliers.
Son écorce contient une matière rouge qui sert en teinture, mais
elle est surtout recherchée pour le tannage des cuirs, auxquels elle
communique une grande solidité et une longue durée. |
Q. pubescens Wirzp. — Chêne pubescent, chêne blanc du Lan-
guedoc. Du midi de l'Europe, principalement de la région méditer-
ranéenne, commun dans le midi de la France surtout dans la partie
méridionale des Cévennes, où il constitue presque à lui seul de
vastes forêts. C’est un arbre de grandeur moyenne (15 à 20 mètres),
donnant assez souvent des pièces de calibre suffisant pour être em-
ployées dans la marine, où son bois dense et presque aussi lourd
que l’eau le fait rechercher. Il est très variable d'aspect, comme
beaucoup d’autres chênes, ce qui a induit plusieurs botanistes à le
confondre avec le Q. sessiliflora, quoiqu'il en soit réellement dis-
tinct comme espèce. Un de ses caractères les plus saillants, et qui
suffit ordinairement pour le faire reconnaître, est la pubescence to-
menteuse de ses jeunes rameaux et de la face inférieure de ses
feuilles, ce qui lui a valu son nom vulgaire de chêne blanc. Il affec-
tionne les sols calcaires, et on ne le rencontre qu’accidentellement
sur les terres siliceuses, où il reste comparativement chétif, et où il
est remplacé par d’autres essences, telles que le rouvre, le tauzin,
le chône-liège, ete. Comme bois de chauffage le chêne pubescent
ne le cède à aucun autre, et son écorce est des plus riches en
tannin. Dans les meilleures conditions elle en renferme jusqu'à
16 pour 100 de son poids. Comme arbre forestier il est précieux,
surtout en ce sens qu’il est un des plus avantageux pour reboïser
les montagnes à sols calcaires. Il a une autre qualité qui ne doit pas
être passée sous silence : c’est qu’il est, parmi ses congénères, un
de ceux qui conviennent le mieux pour l’établissement des truf-
fières. Sous ce rapport il ne le cède à aucun autre, si même 1l n’est
le meilleur de tous.
Q. Robur L. — Le chène rouvre. D'une grande partie de l'Eu-
rope et de l’Asie occidentale, mais extrêmement variable suivant les
lieux, et, pour ce fait, divisé en plusieurs sous-espèces, d’ailleurs
difficiles à distinguer les unes des autres. On peut l’appeler le roi
des chênes, car aucun autre ne fournit un bois plus fort et plus du-
rable, et en même temps un des plus beaux, car il se prête non
seulement à tous les grands ouvrages de charpente, mais tout aussi
bien à ceux de menuiserie. L’ébénisterie raffinée elle-même le re-
cherche pour en faire des meubles sculptés d’un haut prix.
|
4
:
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 455
Le chêne rouvre est encore un des arbres les plus décoratifs de
l'Europe, et c’est un grand ornement des parcs et des paysages,
quoiqu'il perde son feuillage pendant l’hiver. Emblême de la force
et de la longévité, on le voit atteindre, exceptionnellementil est vrai,
jusqu’à 40 mètres de hauteur, sur un tronc dont la circonférence
peut dépasser 6 mètres; mais ces vétérans de l’espèce deviennent de
plus en plus rares en Europe, où on laisse rarement les arbres
vieillir. Son écorce est la plus recherchée pour le tannage des cuirs,
et elle est l’objet d’un commerce considérable ; mais cette exploita-
tion qui se fait sur des arbres jeunes élevés en taillis est funeste à
l'accroissement du domaine forestier, parce qu'un arbre dépouillé
de son écorce est infailliblement condamné à périr.
Le bois de chêne rouvre est aujourd’hui d’un prix très élevé, non
seulement à cause de son excellence, mais aussi par suite de la
lenteur qu’il met à se former. Un chêne doit être âgé d'au moins
cent ans pour fournir des pièces utilisables dans la charpente; le
plus souvent même on ne peut l’exploiter avec profit qu'à l’âge de
cent cinquante ans ou plus. Cette lenteur à croître estcompensée par
la longévité des arbres, qui peut s'étendre à plusieurs siècles, et
l'extrême durée de leur bois. On trouve encore en France et ailleurs
des charpentes d’églises et d'anciens couvents, construites en chêne,
et qui ont conservé toute leur valeur après cinq ou six cents ans de
durée.
Deux variétés principales du chêne rouvre, regardées par plu-
sieurs botanistes comme des espèces distinctes, doivent être signa-
lées ici. Ce sont le chène pédonculé ou gravelin (Q. pedunculata
Wizp.), à tronc droit, à feuilles courtement pétiolées et dont les
glands sont sensiblement pédonculés, et le chêne à glands sessiles,
désigné aussi sous le nom de durelin, qui a les feuilles moins pro-
fondément découpées, plus longuement pétiolées que celles de la
variété précédente, et les glands presque sessiles. C’est le Q. ses-
silifiora Su. Le tronc de l’arbre est ordinairement moins droit que
celui du chêne pédonculé, mais le bois en est plus lourd et plus
élastique. On lui rattache comme sous-variété le chène pyramidal
(Q. fastigiata Lawx.) des Pyrénées, auquel ses branches rappro-
chées du tronc et presque verticales donnent presque le port d’un
cyprès pyramidal.
Le rouvre est propre aux climats tempérés et tempérés-froids.
En Europe il ne dépasse qu’exceptionnellement le 60° degré de lati-
tude en Norwège.Commun autrefois en Danemark, il semble reculer
insensiblement vers le sud, pour y être remplacé par le hêtre. Dans
la région méditerranéenne il recherche les montagnes, où il trouve
plus de fraîcheur et d'humidité que dans les plaines. Jusqu'ici on ne
l’a point trouvé dans le nord de l’Afrique, où 1l est remplacé par le
chêne zen (Q. Mirbeckii Goss.), qui est aussi un arbre remarquable.
Q. rubra L. — Le chêne rouge de l'Amérique du Nord, ainsi
nommé parce qu’en automne son feuillage, avant de tomber, prend
une teinte rouge, d’un grand effet pittoresque. Sa hauteur dépasse
souvent 30 mètres et son tronc atteint à 3 ou 4 mêtres de circonfé-
rence à la base. Son bois, quoique un peu grossier, ne manque pas
456 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
de qualité; il est fort et peu sujet à se fendre ou à se déjeter, ce qui
le fait employer dans les constructions; sa valeur toutefois est assez
inégale, suivant les lieux où l’arbre s’est développé. Son écorce con-
tient une bonne proportion de tannin, et ses glands servent à la
nourriture des porcs. On le cultive en Europe comme arbre pay-
sager.
Q. semecarpifolia Smirx. — Des hauteurs de l'Himalaya. C’est
le plus volumineux des chênes de l'Inde, car le tronc atteint jusqu’à
6 mètres de circonférence, sur une hauteur d’une trentaine de
mètres, Ses feuilles ne tombent que tardivement, vers la fin de l’hi-
ver, et son bois est utilisé pour divers genres de travaux.
Q. serrata THUNBG. — Arbre à feuilles caduques, du Japon, où
on connaît aujourd’hui plus de 20 espèces de chênes. On le rencontre
aussi en Chine et au Népaul. Ce qui lui donne un intérêt particu-
lier, c’est que ses feuilles sont celles que préfèrent les vers à soie
des chênes (Bombyx Yama-Maï, B. Pernyi), qu’on s'efforce d’ac-
climater en Europe. L'introduction de ce chêne en France serait
tout à fait désirable.
Q. sideroxylon HumBoLDT. — Des montagnes du Mexique, aux
altitudes de 2,000 à 2,500 mètres. C’est un grand arbre, dont le
bois, dur et compacte, passe pour presque incorruptible dans l’eau,
ce qui lui a valu le nom botanique qu’il porte. Cet arbre est encore
peu connu, ainsi que beaucoup d’autres chênes du Mexique exploités
par les habitants du pays. Il en est un, entre autres, près de la ville
de Saint-Jean, qui nourrit une chenille (Bombyx) productrice de
soie, et dont les cocons sont filés dans le pays.
Q. Skinneri BENTH. — Du Mexique. Tout ce que nous savons de
cet arbre c’est qu’il produit des glands qui approchent de la gros-
seur d’un œuf de poule, et qui servent à nourrir les animaux do-
mestiques.
Q. stellata WANGENH. — Du nord-est des Etats-Unis. C’est un
petit arbre des terrains sablonneux, dont le bois dense et de longue
durée est recherché pour faire des poteaux, des traverses de che-
mins de fer et des ustensiles agricoles. On l’emploie de même pour
diverses pièces des navires qui demandent beaucoup de résistance.
Q. suber L. — Le chêne-liège. Un des arbres forestiers les plus
importants du midi de l’Europe et du nord de l’Afrique, non par
son bois, qui ne peut servir que de combustible, mais par le grand
développement des couches extérieures de son écorce, qui consti-
tuent ce qu’on nomme le ège, cette matière à la fois tenace, légère
et compressible, dont l'emploi est universel pour faire les bouchons
de bouteilles, les flotteurs des filets de pêche, des appareils de sau-
vetage, des semelles de chaussures imperméables à l’humidité, et
beaucoup d’autres menus ouvrages usités dans l’économie domes-
tique.
re chêne-liège est particulier aux terrains siliceux, et il réussit
même dans les plus arides et les plus pauvres, résistant aux longues
sécheresses et aux ardeurs du climat méridional. Il est rare qu’il
atteigne à 20 mètres de hauteur, le plus souvent même il n’en dé-
passe pas {0 ou 12. Le tronc est rarement droit, et sa tête s’élargit
VITRE L
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 451
en dôme touffu, qui donne de l’ombre même en hiver, car son feuil-
lage menu et grisâtre est coriace el persistant. On le reproduit par
semis de glands sur les lieux mêmes où il doit rester, et sa culture
se réduit à nettoyer le sol des broussailles qui étoufferaient les jeunes
arbres, et qui leur nuisent même quand ils sont arrivés à l’état
adulte.
Ce n’est guère que vers la vingtième année, tantôt plus, tantôt
moins, que la récolte du liège donne du profit, et elle ne doit se ré-
péter sur les arbres qu’à des intervalles de huit à dix ans, encore en
ne soumettant à l’opération que le tronc de l’arbre et la base des
plus grosses branches. Le liège varie beaucoup de qualité etd’épais-
seur ; le plus fin est réservé pour la fabrication des bouchons, le
lus commun et le plus crevassé ne sert qu’à faire des flotteurs ou
‘autres engins à l’usage de la marine.
La culture du liège, en forêts, est très profitable, malgré les longs
intervalles des récoltes successives, et elle est très florissante sur
les collines siliceuses et rocailleuses de la Provence, du Roussillon,
de la Corse et de la Catalogne. L'Algérie produit aussi d’excellent
liège et d’une remarquable épaisseur. Un autre avantage de cette
culture est d’être peu exposée aux incendies qui ravagent trop sou-
vent les pinèdes du midi de la France, et pour lesquelles des mas-
sifs interposés de chênes-lièges sont presque une protection contre
l’extension de ces incendies.
Quelques botanistes ont voulu voir deux espèces dans le chône-
liège, l’une méditerranéenne, l’autre occidentale et propre aux ter-
rains siliceux de la Gascogne et des Landes. Ce ne sont que deux
variétés assez tranchées du reste, dont la seconde, sensiblement plus
rustique que la première, peut remonter le long de l'Océan jusqu’à
la Loire.
Q. sundaica BLUME. —- Des sommets de l’île de Java, où il existe
d’ailleurs plusieurs autres espèces du genre. Le voyageur Beccari
en a récemment découvert sur les montagnes de la Nouvelle-Gui-
née, presque sous l’équateur. Ces arbres, probablement tous à
feuilles persistantes, appellent l'attention des acclimateurs non moins
que celles des botanistes. Les grandes îles de la Sonde nous réser-
vent encore bien des découvertes intéressantes.
Q. Toza Bosc. — Chêne tauzin. Du midi de l’Europe. Assez ana-
logue au chêne rouvre, mais beaucoup moins grand. C’est un bel
arbre paysager, quoique à feuilles caduques, et qui croît avec une
certaine rapidité relative. 11 aime les terrains légers et sablon-
neux, non sujets à se dessécher. Son écorce est de qualité supé-
rieure pour le tannage des peaux.
Q. cirens L. — Le chêne vert de l'Amérique du Nord, où il fait le
pendant de celui de l'Europe, mais il ne se trouve que dans les par-
tes les plus méridionales des Etats-Unis, ainsi qu’au Mexique. Il
prospère surtout dans les terres profondes et enrichies de terreau
végétal. Dans ces conditions il s’élève à une vingtaine de mètres,
sur un tronc dont la circonférence est quelquefois de 5 à 6 mètres.
Son bois compacte, à grain fin et très résistant, est fort recherché
dans l’architecture navale; on dit même qu'il est le meilleur de tous
458 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
les bois de chêne de l'Amérique. On le rencontre assez souvent dans
les terrains sablonneux du voisinage de la mer, mais il n’y prend
qu’un faible développement.
Nous n'avons fait qu’effleurer, dans les pages qui précèdent, l’his-
toire d’un des plus beaux genres d’arbres qui existent sur la terre,
et cette brièveté nous était commandée par la nature même de ce
Manuel, qui doit se renfermer dans d’étroites limites. Nous ne quit-
terons cependant pas ce sujet sans recommander aux botanistes,
aux sylviculteurs et à tous ceux qui comprennent l'importance de
la culture et de la propagation des arbres, une étude plus appro-
fondie des chênes, considérés soit comme arbres forestiers et in-
dustriels, soit comme arbres de simple agrément. Cette étude serait
puissamment aidée par l'observation des arbres croissant dans leur
site natal, et, à son défaut, par celle des espèces déjà introduites
dans les parcs des amateurs, les collections particulières et les jar-
dins de l’Etat. Ce qui serait surtout à désirer ce serait l’acquisition
d’une multitude d'espèces qui nous manquent et sur lesquelles il y
a d’intéressantes découvertes à faire.
C’est aux voyageurs et aux directeurs de jardins botaniques ou
d’acclimatation de tous les pays civilisés de combler cette lacune.
Pour ceux qui voudront y concourir nous rappellerons que les glands
des chênes rancissent assez promptement, qu’ils doivent être récel-
tés au moment où leur maturité est complète et expédiés par les
voies les plus rapides pour être semés ou mis en stratification dès
leur arrivée dans les pays auxquels on les destine. Il ne leur faut
que quelques mois pour perdre leur vitalité.
QUILLAJA saponaria MoLiNA.— Arbre colossal du Chili, qu'on
rattache à la famille des Rosacées. Son écorce contient un alcaloïde,
la saponine, qui a la propriété de dégraisser les étofies de laine et
de soie, aussi en exporte-t-on des quantités assez considérables en
Europe. Le Quillaja existe aujourd’hui dans beaucoup de jardins de
la Provence maritime, où il se montre tout à fait rustique et mürit
ses graines ; mais son introduction étant assez récente, il n’y a pas
encore pris le développement qu’il atteindra sans doute avec les
années. En attendant 1l est, par son feuillage luisant et persistant
et par ses abondantes fleurs blanches au printemps, un arbre déco-
ratif d’une certaine valeur.
RAFNIA amplexicaulis THUNBG. — Légumineuse frutescente de
l'Afrique australe, assez analogue aux genets de l’Europe et dont la
racine contient un suc doux qui rappelle celui de la réglisse. Elle a
quelques emplois en médecine, ainsi qu’une seconde espèce, le ZX.
perfoliata E. MEY., des mêmes régions.
RAPHANUS satious L. — Radis, raifort. Légume de la famille
des Crucifères, connu de tout le monde et cultivé partout pour sa
racine, semblable à une petite rave et qui se mange crue. Son ori-
4
)
|
:
4
ÉNUMÉRATION DÉS PLANTES 459
gine est inconnue, mais il se pourrait qu’il fût venu de l'Asie à une
époque très reculée. Il est d’ailleurs si voisin des 2. raphanistrum
L. et À. Landra L., plantes sauvages du midi de l’Europe, que plu-
sieurs botanistes le croient descendu de l’un ou de l’autre, si non de
tous deux.
Le radis a produit un nombre presque illimité de variétés, dont
on trouvera l’énumération dans les livres de jardinage; la seule dont
nous voulions parler ici est celle qui a été importée de l’Inde en
Europe, vers le milieu du siècle, sous le nom de Mougri où de ra-
dis de Madras, et dont les botanistes ont fait une espèce, le À. cau-
datus, caractérisé par l'extraordinaire longueur de ses siliques, qui
atteignent par fois à plus de { mètre. Hors de là, cette variété ne
difière en rien du radis commun. Ses siliques se confisent dans le
vinaigre, à la manière des cornichons et autres légumes. On peut
aussi les manger cuites, en guise d’asperges ou de petits pois, que
d’ailleurs elles ne valent pas. Le mougri dégénère promptement en
Europe, et n’est après tout qu’un légume de fantaisie.
REMIREA maritima AUBLET. — Cypéracée de la Guyane et de
presque tous les pays intratropicaux, où elle recherche les sables
maritimes, qu’elle consolide par l’entrelacement de ses rhizomes.
À ce point de vue elle peut rendre des services dans les pays chauds
et humides.
RESEDA. — Plantes herbacées de la famille des Résédacées,
indigènes des pays tempérés et tempérés-chauds de l’ancien conti-
nent. Deux espèces, dans le nombre, sont particulièrement intéres-
santes.
R. luteola L. — La gaude. Plante bisannuelle, cultivée en Eu-
rope depuis le temps des Gaulois pour la matière jaune, ou lutéoline,
qu’elle contient dans toutes ses parties et qui est très employée en
teinture. La plante aime les terrains légers, sablonneux, calcaires et
un peu secs. On la sème au milieu de l'été, et on la récolte l’année
suivante, vers le milieu de juin, quand elle commence à jaunir, car
à partir de ce moment la matière tinctoriale diminue. Les graines
étant très fines ne doivent être que très légèrement couvertes.
R. odorata L. — Le réséda proprement dit, où mignonette.
D’Egypte et de Syrie, et très habituellement cultivé dans les par-
terres pour l’odeur exquise de ses fleurs, qu’on utilise aussi en par-
fumerie. Le réséda se ressème de lui-même dans les jardins, où on
le traite habituellement comme plante annuelle; mais, en réalité, il
est vivace et peut durer plusieurs années sous un climat chaud ou
dans les serres, et alors il prend les proportions d’un sous-arbuste.
En Angleterre on le fait grimper sur des treillis façonnés en pyra-
mides, et ilatteint à { ou ? mètres de hauteur.
RHAGODIA Billiardieri Rob. Br. — Chénopodée de l'Australie
extratropicale, buissonnante, qui croît dans les sables mouvants des
bords de la mer et qu’elle contribue à consolider. Elle y marque la
ligne que les marées ne dépassent pas. D’autres chénopodées peu-
460 ÉNUMÉRATION DÉS PLANTES
vent lui être associées, telles que l’Atriplex crystallina J. Hook.,
ainsi que plusieurs Mesembrianthemum (M. australe, M. æquila-
terale, elc.). Cette chénopodée rendrait aussi des services en four-
nissant de la nourriture aux bestiaux dans les temps de disette. Plu-
sieurs autres Rhagodias (2. hastata,etc.) pourraient être également
utilisés de cette manière dans les localités marécageuses du nord de
l'Afrique.
RHAMNUS. — Nerprun. Arbrisseaux types de la famille des
Rhamnées, la plupart des pays tempérés et tempérés-chauds de
l’ancien continent. Plusieurs espèces sont utilisées dans l’industrie
et la médecine.
RH. catharticus L.—Nerprun purgatif de l’Europe et de l'Asie.
Ses feuilles et ses baies sont employées en médecine. |
RH. chlorophorus LiNpcey. — De la Chine, où on tire de son
écorce la célèbre teinture verte connue sous les noms de vert de
Chine et de Lo-Kao, et qui est surtout employée pour la temture
des soieries. Une autre espèce du même pays, le Rh.utilis, rend les
mêmes services. Vers le milieu de ce siècle, les deux arbrisseaux
ont été introduits en France, où on espérait les utiliser comme en
Chine, mais leur culture semble abandonnée, sans qu’on sache
pourquoi. I] serait intéressant de la reprendre. |
RH. Frangula L.— Bourgène. De presque toute l'Europe et de
l'Asie. Le charbon du bois de cet arbrisseau est un des meilleurs
pour la confection de la poudre de guerre, et peut-être y aurait-il
avantage à cultiver en laillis ce nerprun spécialement dans ce but,
comme l’a récemment proposé sir Jos. Hooker. =
RH. græcus REUTER.— Des montagnes rocailleuses et arides de
la Grèce, où il croît en compagnie du ?h.prunifolius Sisrnorr. Les
baies de ces arbrisseaux sont récoltées par les Grecs pour latemture
en vert. |
RH.injeciorius L.— De la région méditerranéenneet du Levant.
C’est une des espèces les plus utiles du genre par ses baies, qui
donnent une belle teinture verte, et que le commerce exporte sous
les noms de graines d'Avignon et graines de Perse. |
D'autres nerpruns ont encore de l'intérêt et méritent d’être si-
gnalés au lecteur. Ce sont le 2. alaternus L., l’'alaterne du midi
de l'Europe, très cultivé partout comme arbrisseau d'agrément, et
qui a donné un grand nombre de variétés ; il est mellifère et très 7°
cherché des abeilles au premier printemps; le 2h. amygdalina, du
nord de l'Afrique, qui fournit les graines jaunes usitées en tein-
ture; le Ah. sanguineus, dont les Espagnols se servent pour guérir
la gale. Plusieurs autres ont aussi des emplois en médecine.
ns he.
RHAPIS flabelliformis L. f. — Petit palmier de la Chine et du
Japon, haut de 1 à 2 mètres, à feuilles flabelliformes, et dont les
tiges, plus ou moins nombreuses, partant de la même souche, sont
à peine plus grosses que le doigt. Il est assez rustique pour croître
à l’air libre dans le midi de l’Europe, où il ne remplit que le rôle
d'arbuste d'ornement. Une seconde espèce, le Æh. Sierotsick, du
ÉNUMÉRATION DES PLANTES A6
Japon, introduite plus récemment, paraît moins rustique que la pré-
cédente; elle est aussi un peu moins élevée.
RHAPONTICUM acaule DC. — Composée de la région médi-
terranéenne, vivace par sa racine charnue, qui est comestible. Elle
pourrait s'améliorer par la culture, c’est-à-dire par les semis et la
sélection longtemps continuée.
RHEUM. — Rhubarbe. Genre de Polygonées à racines vivaces, à
tiges annuelles et à très grandes feuilles, presque toutes originaires
des montagnes de l’Asie, principalement de l'Asie centrale, et dont
les racines sont usitées en médecine depuis l'antiquité, sous les
noms de ha barbarum et de rhubarbe. Quelques-unes sont culti-
vées en Europe, soit comme plantes médicinales, soit comme plan-
tes potagères. Il leur faut à toutes un climat frais et une terre pro-
fonde ; elles réussissent mieux dans le nord ou dans les pays mon-
tagneux que dans le midi de l’Europe.
RH. australe Don. (Rh. Emodi Wazr.). — De la région de
l'Himalaya, jusqu'à plus de 4,000 mètres d'altitude supramarine.
Cette espèce fournit une partie notable de la rhubarbe du commerce.
Elle est cultivée en Angleterre et en Bretagne pour fournir ce mé-
dicament aux pharmacies, ce qui n'empêche pas qu’il n’en arrive
encore de l'Orient. Il faut plusieurs années à la plante pour former
une racine marchande et lui donner les qualités qui en font la va-
leur. Ces qualités tiennent à la présence d’un alcaloïde, l’émodine,
combinée à l'acide chrysophanique.
RH. officinale BaizzoN.— De la Chine occidentale et du Thibet.
C’est une énorme plante, dont les feuilles ont souvent plus de 0”70
de long et de large, et dont les tiges annuelles s’élèvent à 3 mètres.
La rhubarbe dite de Turquie est en majeure partie produite par cette
espèce.
RH. palmatum L. — Des parties orientales et septentrionales de
l'Asie et peut-être aussi du Thibet. Cette espèce de rhubarbe est
une des plus estimées, et elle nous arrive presque exclusivement
par la Russie.
RH. Rhaponticum L. — De la région du Caucase à l'Asie cen-
trale. C’est l’espèce la plus classique du genre. On en tire aussi de
la rhubarbe, mais qui n’est guère recherchée que dans la médecine
vétérinaire. Le principal objet de sa culture en Europe est actuelle-
ment d’en obtenir des feuilles et des inflorescences, qui, avant que
les fleurs ne s'ouvrent, sont estimées comme légume. Les volumi-
neux pétioles de ces feuilles, tendres et acidules, sont recherchés
par les confiseurs, et c’est peut-être le produit le plus important de
cette culture.
Ce n’est du reste pas la seule espèce de rhubarbe qui ait un em-
ploi économique. On cultive dans le même but les 2h. {ataricum et
undulatum, et surtout le RA. hybridum, dont l’origine est incer-
taine. Toutes ces espèces et plusieurs autres que nous omettons de
nommer sont quelquefois cultivées dans les parcs et jardins d’a-
grément, comme plantes pittoresques et curieuses, ce que justifie
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462 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
l'ampleur de leur feuillage, aussi longtemps du moins qu’il conserve
sa fraicheur.
RHODODENDRON. — Rosage. Arbrisseaux de la famille des
Éricacées, renommés dans l’horticulture d'agrément pour la beauté
de leurs fleurs, et généralement cultivés dans les parties froides ou
tempérées de l’Europe. La plupart sont originaires des hautes mon-
tagnes de l’ancien continent; quelques-uns sont de l'Amérique du
Nord; on en trouve aussi sur les sommets des montagnes des îles
de la Malaisie. Trois espèces sont indigènes en Europe : les RA.
ferrugineum, hirsutum et chamæcistus, des Alpes. L’Asie-Mineure
nous à envoyé le /h. ponticum L., un des plus beaux du genre,
qu’on trouve spontané ou naturalisé sur quelques points du midi de
l'Espagne. Les espèces de l'Himalaya se font surtout remarquer par
la grandeur de leurs fleurs.
Il n'entre pas dans notre plan de décrire les nombreuses espèces
de rosages, ce qu’on trouvera dans tous les traités de la culture
d'agrément; il nous suffira d'appeler l’attention du lecteur sur une
espèce de l'Amérique du Nord, le 2h. maximum, petit arbre de 5 à
6 mètres, qui semble appelé à jouer un certain rôle dans l’industrie
par son bois presque aussi dur et aussi compacte que celui du buis,
et pouvant suppléer ce dernier dans l’art de la gravure. Faisons en
outre observer que les fleurs de ces arbrisseaux sont réputées véné-
neuses, et que les ruches d’abeilles doivent en être éloignées.
RHUS. — Sumac. Arbres et arbrisseaux de la famille des Téré-
binthacées, originaires des pays tempérés de l’ancien et du nouveau
monde, quelques-uns de l'Afrique australe, plus ou moins impré-
gnés d’un principe vénéneux, mais dont plusieurs espèces fournis-
sent des produits intéressants à l’industrie. Les uns ont des feuilles
simples, les autres des feuilles composées de folioles en nombre
impair, caduques ou persistantes. |
RH. caustica Hook. et AnNr. — Litré. Du Chili. Arbre de
moyenne taille dont le bois très dur est employé à faire les dents
des pignons pour les machines, les arbres de couche, divers meu-
bles de petit volume, etc. D’après le docteur Philippi cet arbre ne
serait pas vénéneux comme quelques personnes le croient.
RH. copallina L. — Copal d'Amérique. Des Etats-Unis et du
Canada. Arbrisseau qui fournit la résine copal, et dont les feuilles
servent au tannage.
RH. coriaria L. — Arbrisseau du midi méditerranéen de lEu-
rope, dont les feuilles desséchées et pulvérisées ont été employées
de tout temps au tannage des cuirs. C’est le sumac du commerce.
Il contient jusqu’à 30 pour 100 de tannin, et il sert surtout pour la
maroquinerie et la préparation des cuirs fins de Cordoue. Son prix
est assez élevé pour en rendre la culture avantageuse dans divers
pays de l’Europe, notamment en Espagne, en Sicile et en Italie.
L’arbuste se plait dans les terres calcaires sèches; on le reproduit
de ses drageons, et on peut en récolter des feuilles dès la première
année, quoi qu’il vaille mieux attendre à la seconde et aux suivantes.
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 463
La plantation peut durer une quinzaine d’années. Le sumac est
aussi employé pour les teintures en noir, la fabrication de certaines
encres, etc.
RH. Cotinus L. — Scotino des [taliens, fustet, arbre à perruque.
De la région méditerranéenne et de l’Asie occidentale, s'étendant
même aux premiers contreforts de l'Himalaya. Cet arbrisseau four-
nit la malière connue sous le nom de scotino, dont on tire une tein-
ture jaune et une teinture e noire. Sa feuille desséchée et réduite en
poudre donne jusqu'à 24 pour 100 de tannin. On le cultive assez
souvent dans les jardins comme arbrisseau d'ornement ou plutôt de
curiosité, à cause des houppes plumeuses qui résultent de l’allon-
gement des pédoncules de ces fleurs, ce’qui lui a valu son nom vul-
gaire d'arbre à perruque.
RH. glabra L.. — Du nord de l'Amérique, jusqu’au 54° degré de
latitude. Des galles qui naissent sur ses feuilles et les feuilles elles-
mêmes peuv ent remplacer celles du sumac ordinaire dans la tanne-
rie. Cet arbrisseau, plus rustique que ce dernier, peut utiliser les
terrains rocailleux et stériles. On le multiplie aisément de ses dra-
geons. Les sumacs américains contiennent en général de 15 à 20
pour 100 de tannin, quelquefois beaucoup plus.
RH. lucida L.— Arbrisseau de l’Afrique australe, à feuilles per-
sistantes, souvent employé à composer des haies. Une cinquantaine
d’autres espèces de sumacs habitent le sud de l’Afrique, mais nous
ne savons à peu près rien de leurs propriétés, qu’on peut d’ailleurs
supposer analogues à celles de leurs congénères.
RH. semialata Murr. — De la Chine, du Japon et de l’Asie cen-
trale. Arbre de 8 à 10 mètres, dont les feuilles et leurs galles sont
employées dans la tannerie de ces pays.
RH. succedanea L. — Le sumac à cire du Japon. Ses baies
broyées et soumises à la vapeur d’eau donnent, par expression,
environ 15 pour 100 de leur poids d’une sorte de cire que le com-
merce apporte en Europe et qui est principalement formée de pal-
matine et d'acide palmatique. Cet arbrisseau ne serait rustique que
dans les parties les plus chaudes du midi de l’Europe.
RH. {yphina L. — Sumac corne de cerf. Du nord des Etats-Unis
et du Canada. C’est un arbrisseau de 7 à 8 mètres, souvent plus
petit, dont le bois est de couleur orangée. On retire par incision de
son écorce une sorte de copal, et ses feuilles sont employées au tan-
nage des peaux comme celles des autres sumacs, mais il faut les
cueillir de bonne heure, c’est-à-dire avant l’automne, si on tient à
en obtenir des cuirs de couleur blanche ou claire comme ceux que
donne le sumac de Sicile, et cette remarque s’applique à toutes les
espèces de sumacs de l'Amérique.
RH. vernicifera DC. — Vernis du Japon. Arbrisseau ou arbre
suivant les lieux, répandu aujourd’hui du Népaul au depot où il est
habituellement cultivé, assez rustique pour croître à 2,000 mètres
de hauteur dans l'Himalaya et dans l’île de Nippon, la plus sep-
tentrionale de l’ archipel japonais. Cet arbre est un des plus inté-
ressants du genre, car c’est lui dont la sève fournit la célèbre laque
du Japon, vernis incomparable qu'aucun autre ne peut remplacer et
30
kG4 ÉNUMÉRATION DES PLANTÉS
qui sera peut-être utilisé un jour comme isolant pour les fils des té-
légraphes et autres engins électriques. Ses baies broyées donnent
aussi de la cire comme celles du 2h. succedanea, mais cette exploi-
tation de l’arbre n’est pas compatible avec celle de l'extraction de la
sève, qui est d’ailleurs beaucoup pius importante. Il est douteux que
le vernis du Japon soit spécifiquement le même que celui de l'Inde.
Tous deux sont d’ailleurs vénéneux comme le /?h. succedanea et
beaucoup d’autres.
Citons seulement pour mémoire les 2h. aromatica et toxicoden-
dron de l'Amérique du Nord, aujourd’hui assez communs days les
parcs et les jardins de l’Europe. Ce dernier est très vénéneux, et il
suffit d’en froisser les feuilles dans les mains pour que leur suc y
donne lieu à une violente inflammation.
RIBES.— Groseillier. Principal genre de la petite famille des Ri-
bésiacées, entièrement composé de sous-arbrisseaux, dont les fruits
sont des baies à suc acidulé plus ou moins sucré, quelquefois as-
tringent et souvent aromatique. Les groseilliers, dont on connaît
aujourd’hui beaucoup d'espèces, appartiennent principalement aux
régions froides ou tempérées de l’hémisphère septentrional, mais on
en trouve aussi quelques-uns sur les hautes montagnes de l’'Amé-
rique du Sud, et de là jusqu’au Chili. Plusieurs sont devenus des
végétaux économiques d’une certaine valeur. Distinguons surtout
les suivants :
R. aureum PursH. — Des parties sud-ouest des Etats-Unis, in-
troduit depuis longtemps dans les arbusteries de l’Europe, où il ne
remplit que le rôle de plante d'agrément, mais peut-être rendrait-il
des services plus sérieux si on l’amenait à fructifier abondamment.
Ses baies, d’abord jaunes, tournent au noir en mûrissant, et elles ont
une certaine âpreté que la culture pourrait faire disparaître. Le pro-
fesseur Meehan en signale une variété de l’Utah dont les fruits sont
plus gros que ceux du cassis (2. nigrum) et qui passent dans ce
pays pour un bon fruit de dessert. Une autre variété, le ?. {enuiflo-
rum Lanpt., de la Californie, produit aussi des fruits estimés, dont
la couleur est jaune, pourpre ou brune. Ces espèces ou variétés,
ainsi que d’autres de l'Amérique du Nord, y servent communément
de sujets pour la greffe du groseillier commun.
R. cynosbati L. — Du Canada et des Etats-Unis septentrionaux.
Cette espèce produit de gros fruits, de saveur douce, mais qui ont le
défaut d’être hérissés de poils raides, presque épineux. Il en existe
cependant une variété à peu près inerme, et il est vraisemblable
que par des semis et une bonne sélection on parviendrait à faire
disparaître ce défaut.
R. divaricatum DouGLas.— C’est le groseillier de l’Orégon et de
la Californie, où on en récolte les baies, qui sont inermes, d’une
bonne grosseur et de saveur douce. Celle espèce aussi pourrait être
améliorée par la culture. On lui rattache, à titre de variété, le À. Nut-
talli, dont les fruits sont pareillement comestibles.
R. floridum L'Hérir.— De l'Amérique du Nord, où il représente
le cassis de l’Europe, ayant, comme ce dernier, des baies noires et
|
L.
’
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 465
aromatiques. Le Æ. hudsonianum, des régions les plus froides des
Etats-Unis, semble n’en être qu’une variété.
R. Griffithu Hook. et Taours.— Des hauteurs de l'Himalaya, aux
altitudes de 3,000 à 4,000 mètres. C’est une espèce analogue à notre
groseillier commun d'Europe, avec des baies plus grosses, de saveur
un peu âpre. Plusieurs autres groseilliers de l'Himalaya, également
à baies rouges (22. lacinialun, R. glaciale, R. villosum, etc.), mé-
riteraient aussi d'attirer l’attention des cultivateurs.
R. grossularia L. — Groseillier à maquereau, groseillier épi-
neux, Gooseberry des Anglais. Arbrisseau buissonnant, très épi-
neux, propre aux terrains siliceux et arides d’une grande partie de
l’Europe et de l’Asie septentrionale; on le trouve aussi dans l’Hi-
malaya à 3,000 et 4,000 mètres de hauteur. Il est commun dans
plusieurs départements du centre de la France, où ses fruits, même
à l’état sauvage, sont sucrés et comestibles.
Peu de plantes témoignent mieux que cet arbuste de l’influence
améliorante de la culture. Dans nos jardins il a produit une multi-
tude de variétés et de sous-variétés qui diffèrent du type sauvage
par la grosseur, la forme, la couleur et la saveur des fruits. Chez
quelques-unes ils atteignent le volume d’un œuf de pigeon; chez la
plupart les poils raides qui les caractérisent à l’état sauvage ont en-
tièrement disparu. Quant à leur couleur, elle varie du vert au jaune
ambré, au rose, au pourpre et au violet. En somme, la groseille
sauvage d'Europe est devenue un fruit, si non de premier ordre, du
moins très présentable et digne de figurer dans les desserts. Les
confiseurs aussi en font usage de bien des manières. En Angleterre
la culture du groseillier épineux a plus d'importance encore qu’en
France, parce qu’elle y remplace la vigne, dont le raisin ne mürit
pas suffisamment, même dans les parties les plus chaudes de ce pays.
Avec les groseilles on y fabrique une sorte de vin qui n’est point à
dédaigner ; c’est le gooseberry wine de nos voisins.
Pour rester productives, les plantations de groseilliers doivent
être renouvelées tous les cinq ans.
R. nigrum L. — Cassis, Black Currant des Anglais. De l’Eu-
rope, de l’Asie moyenne et des hautes montagnes du Thibet. On
croit même qu’il existe dans l'Amérique du Nord. Ce sous-arbris-
seau se distingue de la plupart de ses congénères par l’odeur forte-
ment aromatique de ses feuilles et de ses fruits. Ces derniers sont
noirs à la maturité, d’une saveur un peu âpre, mais néanmoins co-
mestibles, quoiqu’on ne les présente guère sur les tables. Leur prin-
cipal usage est de servir à faire et à aromatiser des liqueurs.
Outre ses emplois économiques, le cassis passe pour avoir quel-
ne propriétés médicinales qui, si elles étaient confirmées, lui
onneraient une certaine importance dans la thérapeutique. On as-
sure que ses feuilles vertes, hachées ou pilées, sont un excellent
topique pour hâter la cicatrisation des plaies et en prévenir l’ulcéra-
tion ; elles seraient même, assure-t-on, plus efficaces pour cet objet
que l’eau de Saturne et le phénol, et elles ne perdraient pas cette
vertu par la dessiccation. On dit encore que leur décoction, ou bouil-
lon de cassis, est un remède souverain contre le choléra des poules,
466 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
Enfin quelques personnes font avec les feuilles sèches du cassis des
infusions auxquelles elles attribuent le goût et l’arome du thé.
R. niveum Linpz.— De l’Orégon. Arbuste à petites baies noires,
sucrées-acidules.
R. rotundifolium Micax. — Du Canada et des Etats-Unis. Son
fruit est petit, mais délicieux, aussi sa culture a-t-elle fait des pro-
grès en Amérique. On en a obtenu des variétés à fruits notable-
ment plus gros que ceux du type sauvage. On dit que cet arbuste
n’est pas sujet à être attaqué par les mucédinées parasites (mildew),
comme d’autres espèces américaines.
R. rubrum L. — Le groseillier rouge; le Red Currant des An-
glais. De l’Europe, de l’Asie centrale et de l'Himalaya, jusqu’à l’al-
titude où commence à se montrer le 2. Griffithii. On le dit aussi du
nord de l'Amérique. Le groseillier rouge, ou groseillier commun,
est certainement l'espèce du genre la plus généralement cultivée en
Europe; on le trouve dans tous les jardins, et ses fruits, malgré une
certaine acidité, sont servis sur les tables. Il en existe du reste un
nombre assez considérable de variétés, parmi lesquelles celles à fruits
blancs ou plutôt jaunâtres, sont généralement préférées comme
moins acides. Dans certaines autres variétés le fruit a plus que dou-
blé de grosseur. Le principal emploi des groseilles rouges est de
servir à faire des confitures, utiles surtout aux malades, et dont les
hôpitaux fontune grande consommation. À ce point de vue, la cul-
ture du groseillier commun a une certaine importance. Elle est d’ail-
leurs facile et réussit dans tous les terrains frais. Ce groseilher,
comme la plupart des autres, se multiplie de drageons qu’on enlève
autour des vieux pieds.
Plusieurs autres espèces de groseilliers restés jusqu'ici à l’état
sauvage pourraient être ajoutées à celles qui précèdent.
RICHARDIA africana KUNTH. (À. æthiopica ROSENTH.).— Aroï-
dée demi-aquatique de la région du Nil et de l'Afrique australe,
vivace par son rhizome, très belle de feuillage, plus remarquable
encore par la blancheur parfaite de la grande spathe qui entoure
son inflorescence. Introduite depuis longtemps dans les jardins de
‘l'Europe méridionale, elle orne avantageusement le bord des lacs
arbficiels, des bassins et des ruisseaux. On la reproduit aisément
par fragments de son rhizome.
RICHARDSONIA scabra KüNTH. — Rubiacée herbacée des par-
ties chaudes de l'Amérique, du Mexique au Brésil. Elle s’est répan-
due dans les Etats-Unis méridionaux, où elle est considérée comme
plante fourragère, utile surtout dans les terrains sablonneux.
RICINUS communis L. — Ricin, Castor-oil Plant des Anglais.
Euphorbiacée arborescente des régions tropicales et subtropicales
de l’Asie et de l’Afrique, aujourd’hui très répandue dans le monde
et naturalisée de longue date dans la région méditerranéenne. Elle
était connue des anciens Egyptiens, et la plupart des auteurs grecs
qui ont traité de la médecine, Hérodote, Hippocrate, Pioscoride et
VOS PP RFO MORE OÙ «DUT |
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 467
Théophraste, en font mention. Elle est célèbre aussi dans la méde-
cine des Arabes. Aujourd’hui encore l'huile qu’on retire de ses
graines est un purgalif souventemployé, mais elle sert aussi à beau-
coup d’autres usages.
Le ricin, fréquemment cultivé en Europe comme plante ornemen-
tale, est très variable, ce qui l’a fait subdiviser à tort en un certain
nombre d'espèces; il faut remarquer cependant que ces variations
ne portent guère que sur la taille de la plante et la teinte du feuil-
lage. Certaines variétés restent annuelles et herbacées, certaines
autres, mais seulement dans les pays où elles peuvent passer l’hi-
ver sans souffrir du froid, arrivent à la taille d’un arbre de 4 à
5 mètres, ainsi qu’on le voit dans beaucoup de localités du midi de
l'Europe et du nord de l’Afrique.
A ne considérer le ricin que comme plante médicinale et indus-
trielle on ne peut lui refuser une certaine importance. Il réussit
pour ainsi dire sans culture, dans tous les terrains, pourvu qu’il y
trouve une chaleur suffisante, et partout il produit en abondance,
même dès la première année, les graines dont on retire, par pres-
sion, jusqu’à 90 pour 100 de leur poids d’une huile qui est également
propre aux usages médicinaux et à la lubréfaction des machines
motrices. Cette huile est purifiée par décantation ou par d’autres
procédés et blanchie par simple exposition au soleil. La chimie en
retire divers produits, dont il n’y a pas lieu d'indiquer ici les emplois.
Il nous suffit d'appeler l’attention des lecteurs sur une plante qui
peut devenir une source de profits dans beaucoup de lieux. Ajoutons,
pour compléter l’histoire du ricin à notre point de vue, que ses
feuilles sont la nourriture d’un ver à soie introduit de Chine en
Europe dans le cours de ce siècle, le Bombyx Arrindia, qu’on élè-
vera avec succès dans tous les pays où le ricin peut passer l’hiver à
l'air libre.
Les graines du ricin sont vénéneuses, même à petite dose, et il
ne serait pas sans danger d’en manger quelques-unes.
ROBINIA pseudacia L. — Faux-acacia, robinier. Arbre de taille
moyenne, de l'Amérique du Nord, du groupe des Légumineuses-
Papilionacées, très rustique dans presque toute l’Europe, de crois-
sance rapide et drageonnant du pied. Il est armé de fortes épines ;
ses feuilles sont caduques et il se couvre au printemps de grappes
de fleurs blanches, agréablement odorantes et très recherchées des
abeilles.
Quoiqu'il n’arrive pas en Europe aux proportions d’un arbre fo-
restier proprement dit, ce n’en est pas moins un des plus utiles de
ceux que nous a envoyés l'Amérique. Son bois extrêmement dur,
compacte, de longue durée, d’une légère teinte jaunâtre, est très
utilement employé à faire des ustensiles dont la première qualité
est la résistance, tels que vis de pressoirs, écrous, chevilles, man-
ches d’outils, etc. On en fait aussi des ouvrages de tour et de tablet-
terie.
Le robinier réussit dans tous les terrains, même les plus grave-
leux, pourvu qu’ils conservent un peu de fraîcheur en été, et comme
168 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
il croît très vite et donne de nombreux drageons aucun autre arbre
n’est plus propre à consolider les talus des chemins de fer et des
routes. Tous les trois ou quatre ans on le meten coupe, et il fournit
alors des perches de diverses grosseurs, dont on trouve facilement
l'emploi dans les campagnes, principalement pour en faire des tu-
teurs et des échalas dans les pays vignobles. Ses fortes et dange-
reuses épines en font aussi un arbre défensif contre les maraudeurs,
et, dans ce but, on le plante en ligne serrée autour des propriétés.
Loin d’épuiser la terre, le robinier, comme d’autres légumineuses,
lui rend la fertilité qu’elle a perdue par d’autres cultures, et il amé-
liore en quelques années celles qui, par elles-mêmes, n’ont que peu
de valeur.
Dans le nord de l'Amérique cet arbre devient beauçgoup plus
grand qu’en Europe; il y atteint ou même dépasse 30 mètres de hau-
teur, et alors son bois est employé aux grandes constructions. Peut-
être arriverait-il aux mêmes proportions dans l’Ouest de la France,
si on le laissait vieillir.
Le faux-acacia est aussi un bel arbre d'ornement, au moins par
quelques-unes de ses variétés horticoles, telles que le robinier py-
ramidal, le robinier boule, le robinier sans épines, etc.
Une seconde espèce du genre existe encore dans les jardins de
l'Europe; c’est le À. hispida L., ou robinier rose de la Caroline,
simple arbrisseau de ? à 3 mètres, dont les fleurs, beaucoup plus
grandes que celles du robinier commun et d’une belle couleur rose,
en font un des arbustes les plus élégants des parcs et des jardins.
Nous l’avons toujours vu stérile en France, ce qui oblige à le mul-
tiplier de drageons.
ROCCELLA #inctoria DG.—Orseille. Lichen qui croît sur les ro-
chers des Açores, des Canaries et de diverses régions de l’Europe
méridionale et de l’Afrique du Nord. C’est de lui qu’on extrait la
teinture connue sous le nom de rouge d’orseille, et dont le com-
merce n’est pas sans importance. On récolte le lichen en râclant les
rochers, opération qui ne laisse pas que d’être quelquefois fort
dangereuse.
Y aurait-il quelque possibilité de soumettre l’orseille à une sorte
de culture, de manière à en rendre la récolte à la fois plus abon-
dante et plus facile? Cela semble peu probable, néanmoins il y aurait
quelque intérêt à tenter l’expérience. Ce n’est pas d’ailleurs le seul
lichen utilisé dans l’industrie; plusieurs autres, tels que les ZLeca-
noratartarea, L. Parella, Pertusaria communis, Parmelia sordida,
Isidium corallinum et d’autres encore, fournissent des matières
tinctoriales. Quelques-uns sont utilisés par la médecine; il en est
enfin qui sont alimentaires, comme le Cenomyce rangiferina des
régions arctiques, qui servent à nourrir les troupeaux de rennes, et
le Lecanora desertorum, lichen globuleux qui croît en immenses
quantités sur les sables des déserts de l'Asie centrale et qui est, dans
certains cas, une ressource pour les caravanes. Les ouragans qui
se déchaînent dans ces régions transportent quelquefois ces lichens
à plusieurs centaines de kilomètres du point où ils les ont enlevés.
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 469
Quelques commentateurs ont voulu y voir la manne qui a nourri
les Hébreux dans le désert du Sinaï, ce qui n’est guère vraisem-
blable.
ROSA. — Rosier. Genre type de la famille des Rosacées, conte-
nant un grand nombre d'espèces sur les caractères desquelles les
botanistes sont souvent en désaccord, ce qui tient probablement à
leur variabilité et sans doute aussi à leurs croisements. La culture
des rosiers, qui remonte aux premiers âges de l’histoire, a d’ailleurs
beaucoup contribué à en embrouiller la nomenclature par la mul-
titude de variétés qu’elle a fait naître, et qui se compteraient aujour-
d’hui par milliers.
Dans tous les pays civilisés, partout où on aime les fleurs, les ro-
siers, ou plutôt certaines espèces de rosiers, sont au premier rang
dans les parterres, les jardins d'agrément et les parcs. Aucun autre
genre de plantes ne peut rivaliser avec eux, parce qu’ils réunissent
toutes les qualités qui sont dispersées sur les autres, la beauté des
fleurs, le parfum mcomparable, la grâce du port, la rusticité, la fa-
cilité de la culture. Certains rosiers ne sont que d’humbles sous-
arbustes qu’on peut cultiver en pots et qui se prêtent par là à la dé-
coration des appartements et des fenêtres ; d’autres sont de grands
sous-arbrisseaux, dont la place est marquée dans les plates-bandes
ou les massifs des jardins; il en est enfin qui sont de véritables
arbres grimpants, de grandes lianes qui peuvent s’enrouler aux
troncs des arbres les plus hauts eten atteindre le sommet, ou grim-
per sur les murs des habitations et en couvrir le toit de leur feuil-
lage et de leurs fleurs.
Tous les rosiers jusqu'ici connus appartiennent à l’hémisphère
septentrional; tous sont originaires de climats tempérés, plus ou
moins froids en hiver, plus ou moins chauds en été, suivant les lati-
tudes. Quelques-uns sont essentiellement montagnards, d’autres
n’habitent que les plaines et même les lieux marécageux, Avant la
découverte de l'Amérique et l’époque des grands voyages en Asie,
l'Europe ne connaissait guère qu’une douzaine d’espèces de rosiers;
mais depuis lors il lui en est arrivé de Chine, du Japon, de la Perse
et de l'Amérique du Nord, et ces nouveaux venus, sous l’influence
des procédés horticoles si perfectionnés de notre temps, ont donné
naissance à une telle multitude de formes nouvelles qu’il est presque
impossible aujourd’hui de les rattacher à leurs espèces primitives.
Nous n’apprendrons rien à personne en rappelant que les rosiers de
simple agrément sont l’objet d’un commerce considérable autant
que lucratif, et que leur culture est devenue une spécialité pour bien
des horticulteurs, en Europe et en Amérique.
Mais tous les rosiers ne sont pas de simples arbrisseaux d’agré-
ment, il en est qu’on cultive spécialement pour la parfumerie, et à
ce point de vue encore ils donnent lieu à une exploitation impor-
tante. L’essence de rose, longtemps tirée de l’Orient, se fabrique
aujourd’hui en France et dans d’autres parties de l’Europe.
Pour ce qui concerne la nomenclature et la culture des innom-
brables variétés de rosiers, nous ne pouvons faire autrement que de
470 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
renvoyer le lecteur aux traités spéciaux; toutefois nous croyons
utile de lui fournir quelques renseignements sur les espèces sui-
vantes :
R. centifolia L. — La rose cent-feuilles. C’est incontestablement
la plus belle et la plus parfumée de toutes les roses, comme aussi
la plus anciennement connue. Elle est mêlée à l’histoire, aux tradi-
tions et à la poésie de tous les peuples de l’Orient, et son introduc-
tion dans le midi de l'Europe remonte aussi à une antiquité fort re-
culée.
On ne sait au juste de quelle contrée de l’Orient elle est origi-
naire, mais 1l est du moins fort probable qu’elle nous est venue de :
la Perse et de la région du Caucase, où cependant les botanistes ne
semblent pas l'avoir rencontrée à l’état sauvage. De plus nous ne la
connaissons qu'avec des fleurs doubles ou pleines, ce qui est mani-
festement le résultat de la culture. Il en est sorti de nombreuses
variétés, dont quelques-unes se sont en quelque sorte naturalisées
sur divers points de l’Europe méridionale, ainsi que cela a eu lieu
pour divers arbres ou arbrisseaux de l'Asie occidentale.
Le rosier cent-feuilles n’est qu'un simple arbuste de 1 mètre à
150, un peu drageonnant du pied et épineux, caractérisé par ses
feuilles comparativement larges et gaufrées, et par ses fleurs volu-
mineuses, ordinairement très pleines, et dont les pétales, de couleur
rose, sont rapprochées en forme de coupe. Leur parfum est délicieux,
aussi s’en sert-on de temps immémorial pour préparer, par distlla-
tion, l’essence de rose ou attar des Orientaux. On estime qu’il faut
de 12,000 à 16,000 roses, soit de 1,200 à 1,500 kilogrammes de pé-
tales, pour fournir une once (environ 30 grammes) d'essence, ce qui
porte cette dernière à un très haut prix. Il y a plusieurs manières
d'extraire ce parfum, mais toutes plus ou moins compliquées et qui
exigent, outre l'outillage nécessaire, les connaissances pratiques du
distillateur. La ville de Grasse, en Provence, est renommée pour
l'importance de ses distilleries d’essence de rose et l’exportation de
ses produits dans le monde entier.
Parmi les variétés horticoles de la rose cent-feuilles 1l convient
de citer la Rose moussue des jardins et la Rose de Provins, cultivée
en grand aux environs de Paris, principalement pour ses emplois
médicinaux. On croit que cette dernière variété n’est autre chose
que le À. gallica des botanistes, qui n’est lui-même qu’une variété
amoindrie du rosier cent-feuilles.
R. damascena Mizcer. — Rosier de Damas. Très voisin du ro-
sier cent-feuilles, et probablement même une simple variété fort
ancienne. En Orient on le cultive sur une grande échelle pour en
extraire l'essence de roses. En Europe c’est un simple arbuste d’a-
grément, d’ailleurs recherché.
R. indica L. — Rosier de l'Inde. Rosier de l’île Bourbon. Espèce
exotique introduite en Europe vers la fin du siècle dernier, du nord
de l'Inde, de la Chine et du Japon, où elle est cultivée de temps im-
mémorial. Sa fleur est comparativement peu odorante, mais la flo-
raison est de longue durée, presque perpétuelle sous les climats
doux du midi de l'Europe. Entre les mains des horticulteurs cette
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ÉNUMÉRATION DES PLANTES 471
belle espèce a produit une multitude de variétés et de sous-variétés,
devenues très populaires et très importantes pour le commerce hor-
ticole. Soit par simple variation, soit par hybridation, la couleur
de ses fleurs varie du rose au pourpre foncé, et du blanc au jaune
pâle. Toutes les races ou variétés issues du rosier de l’Inde sont
rustiques dans le midi de la France, mais elles gèlent souvent sous
le climat de Paris, à moins d’être abritées pendant la mauvaise,
saison.
R. lævigata Micax.; À. sinica AITON.— De la Chine et du Japon,
d’où il a été introduit aux Etats-Unis, où on s’en sert surtout pour
composer des haies à la fois défensives et décoratives, ce à quoi cet
arbrisseau sarmenteux et épineux est particulièrement propre. C’est
le Rosier Cherokee des Américains. On recommande aussi, pour le
même usage, le À. microphylla Taunec., du Japon, qui est en outre
remarquable par la grosseur de ses fruits épineux, semblables à de
petites pommes et comestibles.
R. moschata Mizzer.— La rose musquée. Arbrisseau grimpant,
du nord de l’Afrique et de l’Asie méridionale, cultivé jusqu’en Chine
et au Japon, presque uniquement pour en tirer une essence de roses,
qui n’est pas tout à fait identique à celle de la rose cent-feuilles,
mais qui se vend tout aussi cher. Ce rosier est cultivé dans les Bal-
kans pour les besoins de l’industrie locale, qui a pris une certaine
importance à Késanlik, en Roumélie, et une plus grande encore à
Tunis. L’attar des Balkans se vend environ 40 fr. l’once (28 à 30
grammes), et on estime à un million le revenu total annuel que la
Roumélie tire de ce commerce.
R. sempervirens L. — De l’Europe méridionale et de l'Asie. C’est
un grand arbrisseau grimpant à feuilles persistantes et luisantes, à
fleurs blanches, très utile pour couvrir des murs, des rochers, des
berceaux, etc. Il a produit quelques variétés horticoles d’un certain
intérêt.
R. setigera Micax. — Le seul rosier grimpant de l'Amérique,
remarquable par la rapidité de sa croissance, car il donne des pous-
ses de 3 à 6 mètres de longueur dans une année. Il peut servir à
couvrir de feuillage et de fleurs des arbres rustiques de peu de va-
leur, mais ses fleurs sont presque inodores.
Beaucoup d’autres rosiers appelleraient l’attention des fleuristes,
mais nous ne pouvons les citer ici que pour mémoire. Ce sont, entre
autres, le 2. canina L., ou églantier, espèce très répandue dans
toute l’Europe, et qui sert presque partout à fournir des sujets pour
la greffe des autres rosiers; le 2. alba L., ou rosier blanc, arbris-
seau de 2? à 3 mètres, à grandes fleurs blanches très parfumées; le
À. alpina L.., ou rosier des Alpes, espèce totalement dépourvue d’é-
pines; le À. persica L., à fleurs jaune vif, dont il semble que le rosier
capucine, à fleurs mordorées et toujours stériles, soit descendu par
hybridation ; le ?.polyantha Linpz., du Japon, à petites fleurs blan-
_ches ou rosées, en larges corymbes au sommet des rameaux, dont
on croit qu’est sorti le rosier multifiore de nos jardins; le À. brac-
teata L.., de la Chine, joli buisson à feuillage luisant et persistant, et
à fleurs blanches involucrées; le Æ. camellia HorT., espèce très
472 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
grimpante, très épineuse, à larges fleurs d’un blanc de neige, ré-
cemment introduite du Japon en France, et qui est admirablement
ropre à recouvrir des murs; on croit que ce rosier n’esf autre que
e À. sinica mentionné ci-dessus.
Le À. Banksiæ, ou rosier de Lady Banks, introduit de la Chine
en Europe sur la fin du siècle dernier, est une grande liane arbo-
rescente, qui peut s'élever à 15 mètres et plus à l’aide d’appuis, et
couvrir des arbres et des maisons entières d'innombrables fleurs
blanches, rosées ou jaune pâle, simples ou doubles. Citons enfin, à
cause de sa singularité, le À. berberifolia, de la Perse, dont quel-
ques botanistes ont fait un genre distinct sous le nom d’Aulthemia,
et qui se distingue de tous les rosiers connus par ses feuilles simples
et non composées de folioles comme dans les autres espèces. Ses
fleurs sont jaunes, avec cinq macules brunes au fond de la corolle.
C’est un sous-arbuste extrêmement drageonnant et très envahissant,
qui pourrait servir à consolider les terres ou sables meubles le long
des cours d’eau.
Si nombreuses que soient déjà les espèces connues de rosiers, il
est probable qu’on en découvrira encore dans bien des pays insuffi-
Ses explorés de l'Afrique, de l'Asie et des grandes îles de la
Malaisie.
ROSMARINUS officinalis L. — Romarin des Français, Æose-
mary des Anglais. Sous-arbrisseau de la famille des Labiées, à
feuilles étroites, coriaces et raides, à fleurs bleu-pâle, se montrant
presque toute l’année, mais surtout en hiver et au printemps, et
alors très recherchées des abeilles. Le romarin, qui abonde sur les
collines arides des alentours de la Méditerranée, est tout à la fois
une plante médicinale et une plante industrielle, dont on distille
les feuilles et les rameaux pour la parfumerie. C’est aussi un arbuste
d'ornement dont on se sert assez souvent pour faire de petites haies
ou des bordures dans les jardins. Il n’est qu’à demi-rustique dans
le nord de la France.
ROTTBŒLLIA ophiuroides BENTH.— Grande Graminée vivace,
de l’Australie orientale-tropicale, à laquelle on reconnaît une cer-
taine valeur fourragère. Elle serait rustique dans les pays où la tem-
pérature ne descend jamais au zéro du thermomètre centigrade.
ROYENA pseudebenus E. MEYER.— Ebénier du Cap. Petit arbre
de la famille des Ebénacées, dont le bois très dur est d’un noir de
jais, et pourrait être utilisé pour beaucoup de menus ouvrages de
tour ou de tabletterie. Une espèce voisine, des mêmes régions de
l'Afrique australe, le AR. pubescens Wizco., donne un bois assez
dur pour y servir à la gravure sur bois. On trouverait peut-être,
dans cette famille des Ebénacées, un substitut au buis de l’Orient,
qui devient de plus en plus rare et cher.
RUBIA tinctorum L. — Garance, alizari. Plante tinctoriale de
la famille des Rubiacées, vivace, indigène des contrées qui entou-
rent la Méditerranée, à longues racines traçantes et contenant plu-
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 473
sieurs principes colorants dans les différentes teintes du rouge et du
jaune, les uns alcalins, les autres acides, et dont les principaux sont
’alizarine, la purpurine, la rubiacine, la xanthine et l’acide rube-
rythrique. La plante était exploitée industriellement en Orient de-
puis les temps les plus anciens, quand un Persan, Jean Althen, au
siècle dernier, en introduisit la culture dans les terres paludéennes
des environs d'Avignon, dont elle a fait longtemps la fortune. Cette
culture, sans y être tout à fait abandonnée aujourd’hui, a beaucoup
perdu par suite de la découverte des teintures que la chimie est par-
venue à tirer de la houille. Rappelons cependant que ces teintures
artificielles ont peu de solidité et ne sont appliquées qu'aux étoffes
communes, les étoffles de prix étant toujours teintes avec la ga-
rance, dont la majeure partie est actuellement importée du Levant et
de la Grèce. L'Italie en fournit aussi une certaine quantité, et comme
les prix en sont très élevés en Angleterre et en Hollande (jusqu’à
125 fr. les 100 kilogrammes), cette culture tend à se relever en
France, et il ne serait pas impossible qu’elle recouvrât sa prospérité
d'autrefois.
La garance se propage par graines ou par plant enraciné, quel-
quefois par la plantation des racines les plus menues qu’on dédaigne
pour la vente lors de la récolte. Dans le premier cas, la plante oc-
cupe le sol pendant trois ans; dans le second on récolte à la deuxième
année. De toutes manières cette culture demande beaucoup de soin
et de main-d'œuvre, et elle est d'autant plus rémunératrice que la
terre a été mieux ameublie et purgée de mauvaises herbes. Dans
l’année qui précède la récolte, on peut faucher les tiges de la plante
pour en faire du fourrage, ce qui ne nuit pas sensiblement à la qua-
lité du produit. L’extraction des racines équivaut presque à un dé-
foncement du terrain, parce qu’elles s’enfoncent à 040 ou 0"50 de
profondeur. Retirées de terre, elles sont exposées sur une aire, où
on les remue de temps en temps à la fourche pour en faire tomber
la terre qui y est restée adhérente. Suivant les cas, on les livre au
commerce sous cette forme, sans autre préparation, d’autres fois
après les avoir pulvérisées dans des moulins spéciaux. C’est alors
l'alizari du commerce. Quand la manipulation est poussée plus
loin, c’est-à-dire à l’extraction même des principes colorants, on
obtient le produit connu sous le nom de garancine.
La garance se plaît dans les bonnes terres, profondes et fraîches,
mais non dans celles où l’eau reste stagnante. Dans les terrains secs
l'irrigation augmente beaucoup le produit. Nulle part elle ne donne
de meilleurs résultats que dans les paluds, ou anciens marais des-
séchés du département de Vaucluse, en France.
L’exportation de la garance et de la garancine françaises dépasse
aujourd’hui de beaucoup l'importation, qui est en décroissance de-
puis quelques années. En 1884 la garance exportée d'Avignon a été
de plus de 530,000 kil., et la garancine de près de 150,000 kil.
La garance proprement dite n’est pas la seule espèce du genre qui
puisse fournir de la teinture ; toutes les espèces en contiennent. C’est
en particulier le cas de la garance pèlerine (À. peregrina), presque
semblable à la précédente et qui abonde dans le midi de la France,
474 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
Dans l’Inde, en Chine et au Japon on utilise la racine du Æubia cor-
difolia, où mongiste, indigène dans ces divers pays, ainsi que dans
certaines parties de l’Afrique. Au Chilile 2. Relboun rend des ser-
vices analogues. Il ne serait pas sans intérêt de faire des recherches
sur les espèces jusqu'ici négligées par l’industrie, et dont chacune
peut être mieux appropriée que d’autres à telle nature de sol et à
tel climat.
RUBUS. — Ronce. Genre de sous-arbustes de la famille des Ro-
sacées, la plupart grimpants, souvent épineux, à feuilles simples ou
composées, dont les fruits consistent en petites drupes agrégées,
rappelant assez bien la forme d’une fraise. La plupart de ces es-
pèces, qui sont d’ailleurs nombreuses, appartiennent aux climats
froids ou tempérés des deux hémisphères, mais on en trouve aussi
entre les tropiques. Quelques-unes sont devenues économiques par
leurs fruits; plusieurs autres, négligées jusqu'ici, pourraient le de-
venir si la culture essayait de les améliorer. Citons les plus intéres-
santes :
R. canadensis L. — Dew berry des Américains. Du Canada et
des Etats Unis septentrionaux. Son fruit noir et excellent mürit
avant celui d’une autre espèce du même pays, le 2. villosus Arr.,
qui, par compensation, est plus gros et tout aussi estimé. Ce dernier
est le Æigh blackberry des Etats-Unis.
R. Chamæmorus L.— Du nord de l’Europe et dela zone arctique
de l’Asie et de l'Amérique. C’est un simple fruticule, presque une
herbe, un des plus petits du genre, mais non des moins utiles, car
son fruit sucré-acidulé, rouge ou couleur d’ambre, est fort recherché
des populations septentrionales. Cet humble sous-arbuste recherche
les lieux tourbeux et couverts de mousse. On réussirait probable-
ment à le cultiver sur les Alpes et autres grandes chaînes de mon-
tagnes dans les sites analogues. Le ZÆ. arcticus de la Laponie se
rencontre souvent dans les mêmes lieux, et son fruit est également
comestible. Peut-être aussi y aurait-il de l’intérêt à essayer la
culture du À. Gunnianus Hook., des sommets neigeux des Alpes
Tasmaniennes. Ses fruits sont rouges, juteux, agréables à manger
même à l’état sauvage.
R. cuneifolius Pursa. — Du nord de l’Amérique, où il porte le
nom de Sand blackberry. Sous-arbuste nain, à fruit sucré et
agréable.
R. deliciosus Torrey. — Des sources du Missouri. Buisson
dressé et très beau, qui mériterait d’être introduit dans les jardins
comme plante d'ornement, mais qui a plus de valeur encore par ses
fruits, semblables à de grosses framboises et d’un goût très agréable.
R. ellipticus Suiru.; À. flavus HamizTroN. — Des montagnes de
l'Inde, entre 1,500 et 2,000 mètres d'altitude, existant aussi dans le
Yu-Nan et sur les montagnes de Ceylan. C’est un grand buisson, à
fruits jaunes, tout à fait comparables pour la saveur aux framboises
d'Europe.
R. fruticosus L. — La ronce proprement dite; Zramble des An-
glais. Plante commune dans toute l’Europe, l’Asie centrale, l’Afri-
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 475
que du Nord, etc. Cette ronce, connue de tout le monde, abonde en
France dans les haies, qu’elle rend défensives par ses fortes épines,
et où elle mürit, sur la fin de l'été, des fruits noirs, légèrement
sucrés, recherchés par bien des personnes et surtout par les enfants.
On en fait des conserves avec du sucre et quelquelois de l’eau-de-
vie. Si le framboisier n’existait pas, cette espèce serait certainement
cultivée et aurait produit des variétés plus méritantes que le type
sauvage. Elle est déjà tellement variable dans la nature que les bo-
tanistes l’ont subdivisée en plus de cent espèces.
Il faut cependant en distinguer le Æ. cœsius L., espèce plus trai-
nante et moins grimpante que la ronce ordinaire, moins grande et
surtout moins épineuse, qui abonde dans certains pays calcaires du
midi de la France, principalement dans les moissons. Elle s’en dis-
tingue encore par des fruits plus volumineux, de couleur pourpre
noire, mais rendus glauques par une fine pulvérulence, et qui sont
plus acides que ceux de la ronce commune. Soit par des semis ré-
pétés, combinés avec la sélection, soit par hybridation avec d’autres
espèces du genre, 1l est vraisemblable qu'on tirerait de celle-ci
quelques variétés nouvelles d’un véritable intérêt.
R. geoides SMITH. — Espèce presque herbacée ou fruticuleuse
des îles Falkland, de la Terre de Feu et de la Patagonie. Ses fruits,
d’un jaune verdâtre, sont sucrés et d’un goût agréable. Cette curieuse
ronce pourrait être acclimatée dans les pays tempérés-froids de
l'Europe occidentale.
R. Hawaiensis As. Gray. — Sorte de framboisier des îles Sand-
wich, dont la culture devrait être essayée dans les pays tropicaux
humides, où il remplacerait le framboisier d'Europe.
R. /dœus L. — Le framboisier proprement dit, le Æaspberry des
Anglais. Des parties froides et des régions montagneuses de l’Eu-
rope et de l’Asie. C’est jusqu'ici l'espèce la plus intéressante du
genre, et la seule cultivée dans les jardins de l’Europe. Tout le
monde connaît ses fruits sucrés et parfumés, quise mangent en na-
ture comme fruits de dessert, et dont on fait des conserves. Il est
d’ailleurs recherché par les confiseurs. Il en existe plusieurs va-
riétés horticoles, qui se distinguent les unes des autres par la gros-
seur et la couleur des fruits, rouges, jaunes ou presque blancs. Le
framboisier ne se multiplie guère que de drageons, qu’on enlève
autour des vieux pieds, et qui fructifient l’année d’après. Une planta-
tion de framboisier doit être renouvelée tous les trois ou quatre ans.
R. imperialis CHaAmiss0.—- Du Brésil et de la République Argen-
tine. Cette espèce, peu connue en Europe, passe pour donner des
fruits de qualité supérieure. Il y aurait évidemment un certain in-
térêt à l’améliorer par la culture et à en faire une plante écono-
mique pourles pays tempérés-chauds, dont le climat est défavorable
au framboisier. É
R. lasiocarpus SMITH. — De l'Inde et de Ceylan, où cette ronce
habite les points élevés des montagnes jusqu’à plus de 3,000 mètres
de hauteur. Son fruit est noir et comestible.
Le R. biflorus HAMILTON, qui monte à la même hauteur sur lP'Hi-
malaya, produit aussi des fruits comestibles.
à .
"2
3 :
‘.
|
R. macropetalus DouGLas. — De la Californie et de l’Orégon.
Espèce dioïque, à fruit ovoïde-cylindrique, noir et très sucré.
R. occidentalis L. — De l'Amérique du Nord. Cette espèce se
distingue par des tiges tout à fait ligneuses et de gros fruits noirs
recouverts d’une fine pulvérulence glauque. Ils mûrissent de bonne
heure et sont de bon goût.
R. odoratus L. — De l'Amérique du Nord, où cette ronce semble
correspondre par ses fruits parfumés au framboisier d'Europe. C’est
un joli buisson, que ses grandes fleurs pourpres devraient faire in-
troduire dans les jardins d'agrément. Les fruits pourraient d’ailleurs
en être améliorés par la culture. Le À. nutkanus MociNo, du nord-
ouest de l'Amérique, à fruits rougeâtres, pourrait n’en être qu’une
variété.
R. paroifolius L. — De l'Asie orientale et de l'Australie méridio-
nale. Le baron Ferd. von Müller a observé que cette ronce donne
des fruits beaucoup plus beaux et meilleurs sur les montagnes que
dans les plaines.
R. rosifolius Sir. — Des régions tropicales et subtropicales
de l’Afrique et de l’Asie, très répandu aussi dans les forêts du litto-
ral oriental de l'Australie. C’estun arbuste très fertile, dont les fruits,
relativement gros, mürissent de bonne heure, et se succèdent d’une
manière continue pendant une partie de l’année.
R. rugosus SMITH. — Des montagnes de l’Asie méridionale. Sous
un climat tempéré cette ronce produit d’une manière continue, et
ses fruits ont presque le double de la grosseur d’une framboise com-
mune.
R. strigosus Micux. — De l'Amérique du Nord. Espèce très voi-
sine du framboisier, à fruits très gros et excellents.
R. frivialis Micux. — Du sud des Etats-Unis, à gros fruits noirs
et très bons. Cette ronce recherche les terres légères, sèches et sa-
blonneuses. Ses tiges et ses feuilles contiennent une forte proportion
de tannin, comme celles de beaucoup d’autres espèces du genre.
476 ÉNUMÉRATION DÉS PLANTES
RUMEX. — Genre de plantes herbacées, annuelles ou vivaces par
leur racine, de la famille des Polygonées, assez voisines des Rhu-
barbes (Æheum), mais sous des proportions beaucoup moindres.Ce
genre contient des espèces économiques et médicinales, la plupart
propres aux climats tempérés ou tempérés-froids, mais on en trouve
aussi entre les tropiques.
R. acetosa L. — Oseille des jardins. Plante indigène des régions
froides de l’hémisphère septentrional, et cultivée dans tous les jar-
dins potagers. On connaît son acidité, qui est due principalement à
l'acide oxalique, et qui la fait employer dans diverses préparations
culinaires, assez souvent mélangée aux épinards, dont elle relève
la saveur un peu fade. On en possède plusieurs variétés, parmi les-
quelles on peut citer l’oseille de Belleville, à feuilles plus grandes et
moins acides que celles de la variété commune.
R. Patientia L. — Patience. De l’Europe et de l'Asie centrale.
Forte plante vivace, des terres grasses et profondes, dont la racine,
très amère, a des emplois en médecine. Les longues et larges feuilles
à
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 471
de la plante sont considérées comme fourragères, mais on les utilise
aussi dans la cuisine en guise d’épinards, surtout au printemps,
quand elles sont encore jeunes et tendres.
R. sculatus L. — Oseille à feuilles rondes. De l’Europe et de l’O-
rient. Elle est vivace et ses feuilles remplacent quelquelois celles de
l’oseille commune, dont elles ont l'acidité.
R. vesicarius L. —- Du midi de l’Europe et de l'Asie moyenne.
Herbe annuelle, dont les feuilles servent aux mêmes usages culi-
naires que celles des précédentes.
RUSCUS. — Genre de Liliacées-Asparaginées, vivaces, à liges
ligneuses, annuelles ou bisannuelles, remarquables en ce que les
dernières ramifications de ces tiges s’aplatissent, s’élargissent et
prennent l'apparence de véritables feuilles, sur lesquelles naissent
les fleurs et plus tard les fruits, au moins dans quelques espèces.
On peut citer les suivantes comme ayant quelque emploi en hor-
ticulture :
R. aculeatus L. — Fragon, petit-houx. Plante des terrains sili-
ceux d’une grande partie de l’Europe, recherchant l’ombre des bois.
Ses phyllodes, de forme ovale, sont terminés par une pointe épineuse
et portent lesfleurs à leur face supérieure. Ses grosses baies, rouges
en automne, en font un sous-arbuste d'ornement.
On a introduit aussi dans les jardins du midi le R. racemosus L.,
d'Italie, plus beau que le précédent, le 2. kypophyllum L., du même
pays, et le 2. androgynus L., de Madère, à longues tiges sarmen-
teuses.
RUTA graveolens L. — Rue officinale. Plante herbacée, vivace
par la racine, de la famille des Rutacées, commune dans le midi de
l’Europe et le nord de l’Afrique, souvent cultivée comme plante mé-
dicinale. Son odeur est forte, pénétrante et désagréable, et son suc
très âcre mis en contact avec la peau des mains y fait naître une
éruption pustuleuse qui ressemble à un érysipèle. D’autres espèces
du genre ont les mêmes propriétés, quelques-unes à un plus haut de-
gré, telles que le 2. montana L., d'Espagne, qu’il convient de ne
manier qu'avec précaution. L’âcreté de ces plantes est due à une
huile volatile et à de la glycoside. En Allemagne la rue est em-
ployée à petites doses comme condiment.
SABAL. — Genre de palmiers américains longtemps réunis aux
Chamærops, auxquels ils ressemblent par leur feuillage en éven-
tail, mais dont ils diffèrent beaucoup par la structure de leurs fruits.
_ Ils appartiennent principalement aux grandes Antilles, à l'Amérique
centrale et à la région méridionale des Etats-Unis, où quelques-
unes des espèces du genre s’avancent au nord presque jusqu’au
39° degré de latitude, ce qui en fait des palmiers relativement rusti-
ques. Citons les plus intéressantes. 1
478 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
S. umbraculifera Roëm. — Des grandes Antilles, où il est fort
répandu. C’est un arbre majestueux et élégant de 10 à 12 mètres de
hauteur et dont la tête est formée de vingt à trente frondes flabelli-
formes, larges de 150 à ? mètres. On le trouve dans toutes les
grandes serres chaudes, mais il en existe aussi quelques individus
en plein air dans les jardins les mieux abrités du midi de l’Europe.
S. mexicana MarT. — Des parties chaudes et maritimes du
Mexique. Il a beaucoup de ressemblance avec le précédent, mais
avec une taille de moitié moindre.
S. Palmelto Roem.— Longtemps connu sous le nom de C'hamæ-
ne C’est l’espèce la plus intéressante du genre, tant par sa grande
taille et sa rusticité que par les nombreux services qu’elle rend
dans les lieux où elle croît naturellement. Ce beau palmier, dont le
stipe atteint communément de 10 à 12 mètres, est commun sur les
bords septentrionaux du golfe du Mexique, dans la Floride et la
Louisiane, mais il remonte le long de l'océan Atlantique jusqu’au
cap Fear, un peu au nord du 34° degré. Nulle part il ne s’écarte de
l'océan, ce qui explique sans doute le peu de succès de sa culture
dans les serres de l’Europe et dans les jardins du midi trop éloignés
de la mer. Aux Etats-Unis, où il porte le nom de Great cabbage
palm (grand chou palmiste), son bourgeon terminal est considéré
comme un légume délicat, malheureusement son ablation entraîne
la mort de l’arbre, ainsi que cela arrive pour beaucoup d’autres pal-
miers soumis à la même mutilation. La partie extérieure du tronc,
sur une certaine épaisseur, est constituée par un bois extrêmement
dur, à peu près incorruptible dans l’eau, où il défie toute attaque
des tarets, aussi l’emploie-t-on à faire des pilotis pour les ponts
des rivières et les quais des ports. Ce bois a d’ailleurs beaucoup
d’autres usages : on en tire des cannes et divers menus objets de
tour et de tabletterie. La partie centrale du tronc se compose d’une
moëlle spongieuse parcourue de fibres ligneuses, dures et résis-
tantes, dont on fait des brosses. Enfin les feuilles elles-mêmes,
soumises à certaines préparations, servent à la fabrication de cor-
dages, de chapeaux légers, de nattes, etc.
S. serrulata Rœn. — Espèce naine, mais s’élevant parfois à 2? ou
3 mètres, et dont le stipe est armé d’épines acérées. Il est très abon-
dant sur les côtes de la Géorgie, de la Caroline du Sud et de la Flo-
ride, où il forme des fourrés presque impénétrables. Ses fruits
bacciformes, de la grosseur et de la figure d’une petite prune, sont
recherchés par les indigènes du pays, mais les porcs et les autres
animaux herbivores surtout en sont friands. On emploie ses feuilles
et les fibres intérieures de la tige aux mêmes usages que ceux de
l'espèce précédente. Ce palmier est à peine connu dans les jardins
de l’Europe; il n’y réussirait probablement que dans le sud et au
bord de la mer.
S. Aystrix Rom. — Le palmier hérisson. Espèce naine, dont la
tige, haute au plus de 0"50 à 0"60, est hérissée de dards acérés,
noirs, de 30 à 40 centimètres de longueur, entourés d’un épais capil-
litium de même couleur et semblable à du crin. Ce curieux palmier,
qui habite la Géorgie et surtout la Floride, n’a guère d’autre emploi
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ÉNUMÉRATION DES PLANTES 479
que celui de plante d'agrément. On en trouve quelques-uns dans les
jardins du midi de l’Europe et dans les serres du nord.
S. Adansonit L. — Des mêmes régions que le précédent. C’est
une espèce tout à fait acaule, à souche enterrée, d’où sortent de
longues inflorescences. Ce palmier est peu ornemental, cependant
on le cultive dans quelques jardins du midi de la France, où il est
rustique.
D’autres palmiers acaules existent encore aux Etats-Unis(S. pu-
mila, S. minima), mais ils sont peu recherchés par l’horticulture.
SABBATIA angularis PURSH. — Gentianée bisannuelle du nord-
est des Etats-Unis, dont les médecins américains font le plus grand
cas comme succédané de la gentiane proprement dite. Elle mérite-
rait d’être introduite dans les jardins médicinaux, et même dans
les jardins d'agrément. L’amertume de ses feuilles la fait repousser
par le bétail.
SACCHARUM officinarum L. — La canne à sucre. Grande gra-
minée de l'Inde, célèbre depuis les temps les plus anciens pour le
jus sucré que contiennent ses tiges, aujourd’hui cultivée dans tous
les pays intratropicaux et alimentant un immense commerce. Tout
le monde sait qu’elle fournit le sucre cristallisable auquel celui de
betterave fait concurrence aujourd’hui, et la mélasse, sucre incris-
tallisable, qui a aussi de nombreux usages, entre autres celui de
fournir le rhum des colonies.
Les grands profits que la canne à sucre a valus aux cultivateurs
Va fait introduire dans plusieurs pays extratropicaux, où, malgré
l'insuffisance relative de la chaleur, elle a encore donné des béné-
fices. C’est ainsi que sa culture s’étend en Chine jusqu’au 30° degré
de latitude, aux Etats-Unis jusqu’au 32°, au Japon jusqu’au 36°, dans
le midi de l'Espagne jusqu’au 37°; mais, sous ces latitudes élevées,
non seulement la plante est moins riche en sucre que dans les co-
lonies intratropicales, elle y est en outre exposée à périr de froid
dans les hivers exceptionnellement rigoureux. Dans les localités les
mieux abritées de la Provence les rares échantillons de canne à
sucre qu’on y cultive, comme objet d'étude ou de curiosité, passent
assez facilement l'hiver, mais leurs tiges ne contiennent qu’une très
faible proportion de sucre, et elles n’atteignent jamais les dimen-
sions des cannes cultivées sous des climats plus chauds. La culture
de la canne à sucre a été essayée en Algérie; mais, faute d’irriga-
tions suffisantes et surtout par suite de la cherté de la main-d'œuvre,
ces premiers essais ont dû être abandonnés. Pour l’Afrique du Nord
comme pour le midi de l’Europe, la plante sucrière par excellence
sera le sorgho sucré (Sorghum saccharatum), principalement la
variété dite de Minnesota.
La canne à sucre, comme toutes les plantes depuis longtemps
cultivées, a produit un certain nombre de variétés d’inégale valeur,
les unes parce qu’elles contiennent plus de sucre, les autres parce
qu’elles s’accommodent mieux de telle ou telle nature de terrain,
d’autres enfin parce qu’elles ont plus de rusticité, Une des plus re-
31
480 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
nommées pour la richesse en sucre est la canne de Bourbon, variété
ui tend à en supplanter beaucoup d’autres dans les îles du Paci-
ue.
Cette belle graminée, dont la hauteur atteint à 3, 4 et quelquefois
5 mètres, et dont les tiges ont presque la grosseur du poignet, ne
produit que très rarement des graines, aussi la multiplie-t-on exclu-
sivement par bouturage de tronçons de ses tiges munis d’un œil. Ce
mode de reproduction sans cesse répété avec la même variété et
sur les mêmes champs finirait par amener la dégénérescence de la
plante; on pare à cet inconvénient en renouvelant de loin en loin la
culture par l'introduction de variétés nouvelles tirées d’un autre
pays. Il est à craindre cependant qu’à la longue les races ne s’épui-
sent, et il serait prudent de chercher à faire fleurir et grainer quel-
ques plantes, pour en régénérer l’espèce par le semis.
La production du sucre de canne, dans le monde entier, s'élevait,
en 1875, à l'énorme quantité de 2,140,000 tonnes de 1,016 kil. cha-
cune, ce qui peut faire juger de l'importance de cette culture.
Le genre Saccharum contient quelques autres espèces, parmi
lesquelles il s’en trouve une qui peut avoir un certain intérêt écono-
mique; c’est le S. sinense, de Roxburg, plus rustique que la canne
à sucre proprement dite et supportant mieux la sécheresse. Sa cul-
ture est aussi plus simple, et elle müûrit en sept mois, lorsqu'elle est
plantée au printemps, mais alors son produit est plus faible que si
elle est plantée en automne, et ses cannes récoltées seulement au
bout d’un an. Malgré ces avantages il ne paraît pas que cette espèce
se soit répandue en dehors de la Chine.
Le S. spontaneum L., de l’Inde, dont les cannes atteignent à
5 mètres de hauteur, n’est cultivé que comme plante ornementale
dans le midi de l'Asie et jusqu’en Egypte. C’est peut-être à cette
espèce (ou variété ?) qu’il faut rapporter la canne éléphant de Co-
chinchine, qui, avec les années, peut s’élever jusqu’à 10 mètres et
fournir des cannes de la grosseur du bras d’un homme. Dans la
province de Mytho on la cultive en grand, mais uniquement pour
la vendre dans les bazars. D’après le docteur Pierre, de Saïgon, elle
est seulement mâchée par les indigènes comme friandise, et sa
fragilité la rend impropre à être utilisée par les machines usitées
dans les sucreries. Pour en extraire le sucre il faudrait un autre
outillage. |
SAGITTARIA. — Genre de plantes aquatiques de la famille des
Alismacées, qui ont quelques emplois économiques, et peuvent en
outre servir à l’ornementation des pièces d’eau et des rivières arti-
ficielles dans les parcs et les jardins d'agrément. L'espèce classique
est la suivante :
S. sagittifolia L.— De l’Europe et de l'Asie, jusqu’au Japon. Elle
est commune en France où la forme de ses feuilles lui a fait donner
le nom de flèche d’eau. Outre qu’elle est belle par son feuillage et
par ses fleurs, elle produit une racine charnue, qui est comestible
pour les peuples de l’Asie centrale.
Le S. lancifolia L., de la Virginie et des Antilles, est une plante
thé.
ÉNUMÉRATION DES PLANTES A8]
un peu plus grande que l'espèce d'Europe et peut-être plus belle.
Dans le nord des Etats-Unis, le S. oblusa MusuLensG est le pen-
dant de notre S. sagittifolia. On attribue à une espèce du genre la
racine connue en Californie sous le nom de Tule et de Wapaton,
qui entre dans le régime des Indiens du pays.
SALIX. — Saule. Grand genre d’arbres et d’arbrisseaux qui
constitue avec les peupliers toute la famille des Salicinées. On en
connaît aujourd’hui plus de 150 espèces, souvent difficiles à distin-
guer, et on en trouve sous tous les climats, depuis les régions arc-
tiques jusqu’à l’équateur. Les saules sont tantôt de grands arbres,
tantôt des arbrisseaux, quelquefois de simples fruticules si bas qu’on
les prendrait pour des herbes. Le bois des grandes espèces, quoique
léger, est néanmoins propre aux travaux de charpente et de menui-
serie ; il dure même assez longtemps lorsqu'il est soustrait à l’hu-
midité. Beaucoup de saules se font remarquer par la rapidité de
leur croissance, et parmi les petites espèces il en est plusieurs qui
ont une importance considérable pour l’industrie de la vannerie.
Quelques saules contiennent dans leur écorce un principe fébrifuge,
la salicine, souvent efficace contre les fièvres de marais. Ajoutons
enfin que ceux qui croissent dans les lieux marécageux tendent à
les assainir en évaporant par leurs feuilles l’excès d’eau stagnante
dans le sol. Toutes les espèces du genre sont dioïques. On les mul-
tiplie de graines et plus souvent de boutures, qui reprennent en
général facilement quand la terre est suffisamment humide.
S. alba L. — Le saule blanc. Indigène ou peut-être introduit
d'Asie à une époque ancienne, mais très répandu aujourd’hui dans
toute l’Europe. C’est un arbre d’une vingtaine de mètres ou plus,
très beau quand on lui laisse prendre tout son développement, ce
qui n’est pas ordinaire, car on le taille habituellement en têtard, à
2 mètres du sol, pour lui faire pousser des branches qu’on récolte
tous les deux ou trois ans. Il se déforme alors ; le sommet de la
tige s’élargit, et le tronc, tout en grossissant, ne tarde pas à pourrir
et à se creuser au centre, ne vivant plus que par les couches exté-
rieures du bois et par l’écorce. Cet arbre utile est ordinairement
planté en lignes le long des routes ou dans les prairies. Il abonde
dans nos pays de plaines.
Outre les perches qu’il fournit par le genre de taille que nous ve-
nons d'indiquer, le saule blanc rend beaucoup d’autres services.
Parvenu à tout son développement naturel il donne un bois blanc,
léger, élastique, non sujet à se fendre, propre à toutes sortes d’u-
sages. Son écorce est employée au tannage des peaux auxquelles
on demande de la souplesse, comme celle qui sert à confectionner
les gants; son charbon est un des meilleurs pour la fabrication de
la poudre de guerre, et le bois lui-même, étant convenablement tri-
turé, peut servir à faire du papier. Il est à peine nécessaire d’ajouter
que son feuillage contribue à la nourriture des bestiaux, comme celui
des peupliers, soit à l’état vert, soit desséché sur les fagots de bran-
chages et mis en réserve pour l'hiver.
La croissance du saule blanc est rapide dans les terres profondes
RADIO se PE \
482 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
et fraîches, mais entre 30 et 40 ans il cesse de grandir, et comme le
bois commence à se détériorer il est opportun alors de l’abattre.
On le multiplie de plançons, c'est-à-dire de branches fichées en
terre.
S. babylonica TourNer. — Le saule pleureur. Originaire d’une
grande partie de l'Asie, de la Perse à la Chine et au Japon, aujour-
d'hui répandu dans le monde entier. C’est un arbre de moyenne
taille, à bois mou, mais très ornemental par ses branches et ses
longs rameaux pendants, aussi le cultive-t-on dans presque tous les
pares autour des pièces d’eau. On le multiplie de branches boutu=
rées, qui deviennent des arbres en peu d'années. D’après le dendro=
logiste Koch, il existe au Japon un autre saule, le S. elegantissima,
analogue au saule pleureur, qu’on y emploie à consolider les berges
des rivières.
C’est aussi dans le voisinage du saule de Babylone qu'il faut
placer le S. capensis TauNBG. (S. Gariepina BurcHeLL), dont les
branches sont également pendantes. On pourrait encore en rappro-
cher les S. daphnoides Vizz., de l’Europe, petiolaris SMITH, cor-
data MUEHLENBG., {ristis AITON, du nord de l'Amérique, tous à ra-
meaux plus où moins pendants et propres à maintenir les terrains
meubles au bord des eaux.
S. caprœa L.— Le saule marceau. De l’Europe et de l'Asie. C’est
un arbre de moyenne taille, qui diffère de la plupart des autres saules
par ses feuilles arrondies ou largemnnt ovales. Son bois a peu
d'emplois, mais son charbon est recherché pour la fabrication de
la poudre. Son écorce sert au tannage des peaux fines, et comme il
est un des premiers à fleurir au sortir de l’hiver il attire beaucoup
d’abeilles. C’est une des espèces de saules qui s’accommodent le
mieux des terrains secs.
S. daphnoides Vizars.— De l’Europe moyenne et de l'Asie sep-
tentrionale, ainsi que de l'Himalaya, où il s'élève à l’altitude de
3,500 à 4,000 mètres. C’est un des beaux arbres du genre et un
des plus grands, car il atteint à la taille de 18 à 20 mètres. Sa crois-
sance est rapide, et par ses longues racines traçantes il maintient
fortement les terres sur les pentes des montagnes. Ses rameaux
flexibles servent à faire de la vannerie, et son écorce contient une
notable quantité de salicme. La beauté de son feuillage luisant et sa
haute taille doivent le faire rechercher comme arbre ornemental et
paysager.
S. fragilis L. — Grand arbre d’une vingtaine de mètres, répandu
sur une vaste étendue de l’Europe et de l’Asie, très variable d’as-
pect, tantôt de forme pyramidale, tantôt à branches étalées, extrê-
mement fragiles. Son bois blanc et léger, malgré son peu de force,
est cependant employé en menuiserie, mais il est inférieur à celui
du saule blanc. On lui rattache plusieurs variétés, entre autres celle
qui à été décrite comme espèce sous le nom de S. Russelliana, qui
s’en distingue par un bois beaucoup meilleur et par une plus forte
proportion de tannin et de salicine dans son écorce. D’après sir H.
Davy les couches jaunes de l’écorce contiendraient jusqu’à 16 pour
100 de tannin, l'écorce entière 7 pour 100. ;
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ÉNUMÉRATION DES PLANTES 483
S. Humboldtiana Wirzo. — De l'Amérique du Sud, où il s’a-
vance jusqu’à la Patagonie. Son port est pyramidal, et il s'élève
jusqu’à 15 ou 16 mètres, ce qui permet d’en tirer des pièces de char-
pente pour les petites constructions. Le bois est aussi employé en
menuiserie, ainsi que dans le charronnage, principalement pour
faire les jougs des bœufs de labour.
S. nigra MarsSHALL.; S. Purshiana SPRENG. — Le saule noir
des ‘Américains. Petit arbre ou grand arbrisseau de 6 à 10 mètres,
- très variable sous tous les rapports, exploité aux Etats-Unis comme
osier, quoique inférieur pour cet usage à plusieurs autres saules.
S. purpurea L. — Osier rouge. Arbrisseau de 3 à 4 mètres, quel-
quefois plus grand ou plus petit, répandu sur une grande partie de
l'Europe et de l’Asie occidentale. C’est une des espèces les plus
utiles et les plus recherchées par la vannerie et la tonnellerie, pour
la longueur, la souplesse et la ténacité de ses rameaux, qui se
laissent fendre avec régularité et donnent ainsi des liens solides
pour les cerceaux, les corbeilles et autres ouvrages analogues. Cet
arbrisseau est cultivé en oseraies dans beaucoup de pays, principa-
lement dans l’Europe occidentale, et avec un profit considérable. II
croît rapidement dans les terres légères, même sablonneuses, pourvu
qu’elles soient fraîches et un peu humides, mais les terres glai-
seuses lui sont défavorables. La France et la Belgique exportent
des quantités considérables de branches de cet osier en Angleterre.
S. rubra Hupsox. — De l’Europe, de l’Asie et même du nord de
l'Amérique. Ce saule est intermédiaire entre le S. purpurea et le
S. viminalis, dont il semble même être un hybride. C’est, dans tous
les cas, un arbrisseau vigoureux, de croissance rapide et un bon
osier.
S. tetrasperma RoxBG. — Des montagnes de l’Inde, jusqu’à l’al-
titude de 2,000 mètres. C’est un arbre de 12 à 15 mètres, à tronc
robuste, dont on emploie les rameaux à faire de la vannerie com-
mune. Son bois est utilisé pour la fabrication de la poudre, et ses
feuilles servent à nourrir les bestiaux.
S. triandra L. — Arbrisseau de 8 à 10 mètres répandu sur toute
l'Europe, depuis la Méditerranée jusqu’à la Laponie, et sur une
grande partie de l’Asie. Ce saule extrêmement variable se distingue 2"
de presque tous les autres en ce qu’il se dépouille tous les ans de
sa vieille écorce. Cultivé en oseraies et recépé, il fait chaque année
des pousses de 2 à 3 mètres, qu’on récolte pour la vannerie. Il lui
faut moins d'espace qu'aux S. viminalis et S. purpurea, et on peut
en planter jusqu’à 60,000 pieds par hectare; dès la troisième année
on peut récolter des osiers, mais la grande production date de la
cinquième, et elle peut se continuer ainsi pendant 15 à 20 ans.
S. viminalis L. — Osier vert, osier de rivière. D'une grande par-
tie de l’Europe et de l'Asie, au voisinage des cours d’eau et souvent
même dans le lit des rivières, qu’il encombre quelquefois au point
d'en changer le cours. De tous les saules, c’est le plus propre à
consolider le bord des eaux, c’est aussi celui qu’on recherche le plus
pour la vannerie. Les tiges qu’il repousse tous les ans de sa souche,
très droites et sans branches, atteignent communément 2"50 à
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À
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si ÉNUMÉRATION DES PLANTES
3 mètres de longueur, et, soit dépouillées de leur écorce, soit à l'état |
brut, elles sont l’objet d’un commerce considérable.
S. oitellina L. — Osier jaune. Longtemps considéré comme une
espèce distincte, cet osier, qu’on ne connaît qu’à l’état de culture,
est aujourd’hui rattaché au saule blanc (S. alba) comme simple
variété. Il doit son nom à la couleur jaune ou orangée de ses ra-
meaux, longs et souples, qui servent à faire des liens économiques,
très employés par les tonneliers. Les jardiniers aussi s’en servent
pour attacher des plantes à leurs tuteurs ou pour palisser des arbres
sur les murs. Dans ce but ils plantent quelques souches de cet osier
dans leurs jardins. L’osier jaune se cultive aussi en grandes oseraies,
dans les terres tourbeuses et humides, dont il est le meilleur pro-
duit.
Nous n’avons fait qu’effleurer l’histoire économique des saules,
mais les limites dans lesquelles nous sommes obligés de nous ren-
fermer ne nous permettent pas de plus grands développements.
Toutefois nous en avons dit assez pour intéresser le lecteur à un
genre d'arbres et d’arbrisseaux auxquels il y a de nombreux services
à demander. Nous n’avons pas pu davantage traiter, même très
sommairement, de l'établissement et de la culture des oseraies:;
mais on trouvera tous les détails qu’on pourrait désirer dans les
traités spéciaux d’agriculture et d’arboriculture.
SALPICHROMA rhomboidea MiEers. — Solanée demi-frutes-
cente des régions tempérées-froides de l'Amérique du Sud, jusqu’au
détroit de Magellan. Nous l’indiquons ici à cause de ses baies d’une
bonne grosseur, rouge vif à la maturité et comestibles. Plusieurs
autres espèces du même genre pourraient avoir quelque intérêt si
elles étaient mieux connues.
SALVIA. — Sauge. Genre de Labiées, comprenant aujourd’hui
plus de 500 espèces distribuées sur une aire géographique très éten-
due et comprenant presque tous les climats. Ce sont des plantes
vivaces par leur souche, quelquefois, mais assez rarement fruti-
queuses et formant des buissons. Toutes sont plus ou moins aro-
matiques, et quelques-unes ont des emplois en médecine. Un très
grand nombre sont devenues des plantes d'ornement. Dans la longue
série des espèces on trouve des fleurs de tous les coloris, depuis le
blanc pur jusqu’au jaune, au rouge de sang, au bleu intense el au
violet. Suivant leur provenance, ces belles plantes sont cultivées à
l'air libre ou en serre. Beaucoup d’espèces exotiques, et des plus
ornementales, passent facilement l’hiver dans les jardins du midi
de la France.
A un autre point de vue que la décoration des parterres, deux es-
pèces du genre doivent être signalées :
S. Matico Grise8.— Plante médicinale des montagnes de la Ré-
publique Argentine, à laquelle on attribue, dans ce pays, de grandes
vertus curatives.
S. officinalis L. — Sauge officinale. Fruticule buissonnant de la
région méditerranéenne, où il recherche les terres calcaires les
L'
bé nn 2
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 485
plus sèches. La plante exhale de toutes ses parties une forte odeur
aromatique non déplaisante, due à une huile essentielle particu-
lière. Les paysans la récoltent pour l'envoyer aux distillateurs et
surtout aux herboristes, qui en utilisent les feuilles et les fleurs.
SAMBUCUS. — Sureau. Genre d’arbrisseaux, de sous-arbris-
seaux et quelquefois d'herbes vivaces, de la famille des Caprifolia-
cées, la plupart propres aux climats tempérés de l’ancien et du
nouveau monde, et dont quelques espèces ne manquent pas d’in-
térêt. Citons particulièrement les suivantes :
S. australis CHAmISs0. — Du Brésil et de la République Argen-
tine. C’est un arbrisseau de quelques mètres, fort ressemblant au
sureau commun de l’Europe. On l’y emploie à faire de grandes
haies.
S. canadensis L. — De l'Amérique du Nord, de la Virginie au
Canada. Espèce demi-ligneuse, demi-herbacée, dont les baies pour-
pre-noir servent, comme celles des Phytolacca, à colorer des bois-
sons alcooliques. Outre cet emploi, le sureau du Canada est une
plante médicmale usitée aux Etats-Unis, comme d’autres espèces
de la même région. Ses fleurs, en infusions, sont excitantes et su-
dorifiques, et ses baies sont assez souvent employées à faire une
sorte de vin. L’écorce intérieure de l’arbuste est un émétique un peu
faible.
S. nigra L. — Le sureau commun. De l’Europe, de l’Asie et du
nord de l’Afrique. C’est l'espèce classique du genre, et peut-être la
plus grande, car elle atteint quelquefois à 10 ou 12 mètres de hau-
teur, sur un tronc qui approche de la grosseur du corps d’un homme.
Les pousses annuelles de l'arbre, celles surtout qui partent du pied,
s'élèvent souvent à 3 ou 4 mètres dans l’année, et elles sont remar-
quables par le volume de leur moëlle, qui sert à diverses expériences
de physique, et qui est aussi utilisée par les entomologistes. Les
fleurs du sureau sont en larges corymbes, blanches, odorantes,
aimées des abeilles, mais leur principale utilité est de fournir à la
médecine un bon sudorifique. Les fruits du sureau sont de petites
baies noires, dont le suc sert à colorer des vins et des liqueurs, et
souvent aussi à faire des boissons alcooliques, qu’on fait passer pour
du vin ou qui servent à sophistiquer le vin véritable. Ajoutons enfin
que le sureau commun est un arbre ornemental d’une certaine va-
leur au moment de sa floraison, qui est précoce, mais de courte
durée.
S. racemosa L. — Le sureau à grappes. De l’Europe centrale et
méridionale. Cet arbrisseau est moins grand que le sureau commun,
et il en difière encore par ses inflorescences en panicules, ses fleurs
jaunâtres et ses baies rouge de corail. Il n’a d’autre rôle à remplir
dans nos parcs que celui d’un arbrisseau d'agrément.
Le S. pubens Micux., de l'Amérique septentrionale, a beaucoup
de rapport avec le sureau à grappes et se cultive pour le même ob-
jet en Europe. Le S. xanthocarpa Ferd. vox MuLLer, de l’Aus-
tralie extratropicale, est un arbre comparable pour la taille au su-
reau d'Europe.
486 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
SANTALUM album L. — Petit arbre de l'Inde, qui atteint la ré=
gion tempérée dans la partie montagneuse du Mysore, célèbre dans
tout l'Orient pour le parfum de son bois et de ses racines, qui, sOu=
mises à une lente distillation, donnent environ 2? 1/2 pour 100 de leur
poids d’une essence d’un prix très élevé (75 fr.le demi-kil.). La meiïl-
leure, ou tout au moins la plus recherchée, est celle qu’on retire des
arbres qui vivent dans les lieux les plus rocailleux et les plus arides.
D’autres espèces du genre sont ou peuvent être exploitées de la
même manière, telles que le S. Freycinetianum Gaur., des îles
Sandwich; le S. austro-caledonicum Vieizr., de la Nouvelle-Calé-"
donie, qui peut rivaliser avec le Santal de l'Inde; le S. cycnorum «
Miquez, de l'Australie sud-occidentale ; le S. Preissianum MIQUEL, «
des déserts de l’Australie extratropicale, dont les drupes, assez sem-
blables à de petites pêches, sont comestibles, ainsi que l’amande de
leur noyau; enfin le S. Yasi SEE, des îles Fidji, et de plusieurs
autres archipels des mêmes régions. Ces arbres pourraient sans
doute être acclimatés dans les pays chauds ou tempérés-chauds.
SANGUINARIA canadensis L.— Sanguinaire du Canada. Herbe
vivace par sa racine, à fleurs blanches, ne portant qu’une seule
feuille qui sort de sa souche enterrée. Elle doit son nom à la couleur
rouge du suc de toutes ses parties, principalement de la racine. On
lui attribue une grande valeur médicinale. Elle appartient à la fa-
mille des Papavéracées.
SANSEVIERA =eylanica Wirrp. — Liliacée de l’Inde, à feuilles
épaisses, contenant une forte proportion ( presque le quart de leur
poids) de fibres très résistantes, quoique fines, douces et d’un éclat
soyeux. Les indigènes font avec ces fibres les cordes de leurs arcs.
Il semble que cette plante pourrait utiliser les terrains rocailleux
et arides des pays exempts de gelée.
PT CURTIS
SANTOLINA Cyparissias L. — Santoline officinale. Plante aro-
matique, demi-ligneuse etun peu buissonnante, d’une teinte grise …
ou blanchâtre, appartenant à la famille des Composées. Elle est in-
digène du midi de l’Europe, principalement de la région méditerra-
néenne, et usitée en médecine depuis l’antiquité. On la plante sou- -
vent en bordures, dans les jardins, où elle remplace le buis. Il en
est de même de la santoline verte (S. viridis L.), qui jouit des
mêmes propriétés, quoique un peu moins aromatique.
SAPONARIA officinalis L. — Saponaire. Herbe vivace de la fa-
mille des Caryophyllées, indigène dans une grande partie de l’Eu-
rope et de l’Asie tempérée. Elle a quelque utilité dans les arts pour |
le lavage des étoffes de soie et de laine, par la saponine qu’elle con-
tient, et qui communique un très beau lustre à ces étofles, sans en
altérer les teintes. Une variété double de la saponaire est cultivée
dans les jardins d'agrément.
SAPINDUS. — Genre type de la famille des Sapindacées, com- ke
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 481
prenant des arbres et des arbrisseaux, la plupart des contrées in-
tratropicales. Quelques-uns produisent des fruits comestibles, mais
dont l’amande est réputée vénéneuse. Un caractère assez général
de ces arbres est de contenir dans leur sève, surtout dans la pulpe
de leurs fruits, une substance alcaline, la saponine, qui a toutes les
propriétés du savon, et est employée au lavage des étoffes. Citons
plus particulièrement :
S. emarginatus L. — Grand arbre des Elats-Unis méridionaux
(Géorgie et Virginie), déjà introduit en Algérie, où il pourrait deve-
nir un arbre forestier d’une certaine valeur, par suite de la dureté
et de la beauté de son bois. Ses fruits, de la grosseur d’une cerise,
sont enveloppés d’une pulpe glutineuse, riche en saponine, déjà uti-
lisée dans le pays pour le dégraissage des étoffes de laine, et dont
les pharmaciens fabriquent un savon de toilette. Cet arbre est très
rustique en Algérie, et il le serait de même dans une grande partie
de l’Europe méridionale.
S. saponaria L. — Des Antülles. Son écorce, sa racine et ses
fruits amers et astringents sont entrés dans la matière médicale.
La pulpe des fruits, écrasée dans l’eau, y mousse comme le savon,
et on l’emploie au blanchissage des étoffes, que d’ailleurs elle finit
par corroder. Cette espèce, moins rustique que la précédente, sup-
porte difficilement le climat d'Alger et n’y fructifie pas.
S. Rarak DC. — Grand arbre de Java, croissant jusqu’à 1,250
mètres de hauteur sur les montagnes, utilisé de temps immémorial
par les indigènes, qui se servent de la pulpe de ses fruits pour le
savonnage des étoffes, sans autre préparation. Cette pulpe passe
pour vénéneuse, car aucun animal n’y touche. L’écorce jouit des
mêmes propriétés, et le bois est employé à faire divers ouvrages de
tabletterie. L'arbre, qui est beau et décoratif par son feuillage et ses
fleurs, a été introduit dans les Antilles anglaises.
Parmi les autres espèces du genre nous pouvons citer encore les
S. laurifolius et aromaticus de l'Inde, dont les fruits, doués d’une
certaine amertume, sont souvent employés dans la médecine indi-
gène, le S. fruticosus, de l’Inde, et surtout les S. esculentus, du
Brésil, et S. senegalensis, de l'Afrique occidentale, dont les baies
sont comestibles. Ces derniers arbres ne peuvent prospérer que
dans nos colonies intratropicales, et n’ont en définitive qu'un mé-
diocre intérêt pour l’acclimateur.
SARCOCEPHALUS esculentus AFzEL. — Grand arbrisseau de
la famille des Rubiacées, répandu dans l’Afrique occidentale depuis
la Sénégambie jusqu'à Sierra-Leone et au Gabon, dans un autre
sens jusqu’au Niger, peut-être même beaucoup plus loin et jusqu’à
la côte orientale d'Afrique. Suivant les lieux il porte des noms dif-
férents, dont celui de Doundaké est le plus famillier aux Européens
de la Sénégambie. Il n’est connu en Europe que depuis un petit
nombre d'années, par suite des recherches des médecins et des
pharmaciens de la marine française, et plus particulièrement parles
travaux du docteur Heckel. Dans le pays les Européens le dési-
gnent assez souvent sous le nom de pêcher des nègres, par allusion
188 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
à son fruit comestible, qui, tant par son volume que par son appa-
rence extérieure, ressemble grossièrement à une pêche. Suivant
l'appellation botanique ce fruit est un syncarpe, c’est-à-dire un as-
semblage de baies résultant chacune d’une fleur, mais congénitale-
ment agrégées et soudées entre elles, plus intimement que celles
qui consütuent le fruit du müûrier. Ce fruit se vend communément
sur les marchés de la Sénégambie. Très apprécié des nègres, il
l’est aussi des Européens; toutefois, mangé en excès, il passe pour
provoquer le vomissement.
En tant qu’arbre fruitier, le doundaké n’est pas sans valeur, et il
est vraisemblable que s’il était soumis à une culture intelligente ses
fruits pourraient encore s’améliorer; toutefois, ce qui lui donne une
véritable importance c’est son écorce, qui jouit de propriétés médi-
cinales bien constatées et qui commence à entrer dans le commerce
de la droguerie. Son principe actif est une substance amère, la doun-
dakine, que quelques personnes regardent comme un véritable al-
caloïde, bien que ce point soit contesté. Toujours est-il que, pour les
indigènes, l’écorce du doundaké est le remède souverain des fièvres
nées de l’impaludisme, si fréquentes et si redoutables en Afrique.
Plusieurs médecins partagent cette opinion, et peu s’en faut qu'ils
ne mettent cette écorce au niveau du quinquina. Sans lui attribuer
autant de vertu qu’à ce dernier, il n’en est pas moins certain que son
emploi en thérapeutique a déjà rendu de grands services, et on
peut augurer qu’il en rendra de plus grands encore quand des ex-
périences suffisamment répétées auront fait reconnaître dans quelles
circonstances et par quel mode d’administration le remède aura le
plus d'efficacité.
L’écorce de doundaké, qu’on appelle quelquefois quinquina afri-
cain, est assez souvent mêlée, dans le commerce, à celle d’autres
arbrisseaux d’un genre voisin, les Morinda, et qui est douée de pro-
priétés analogues. La fraude en ceci n’est pas très grave, mais il en
est autrement lorsqu'on y ajoute l’écorce inerte, ou peut-être nui-
sible, du Cochlospermum tinctorium, ternstræmiacée africaine plus
utilement employée dans l’art de la teinture.
SASSAFRAS officinale HAYNE. — Laurier sassafras. Arbre de
18 à 20 mètres, de la famille des Laurinées, à feuilles caduques,
aromatique dans toutes ses parties, indigène dans l'Amérique du
Nord, du Canada à la Floride. Le tronc de l’arbre atteint jusqu’à
6 mètres et plus de circonférence. Ce laurier, qui diffère de ceux de
l’ancien continent par la forme de ses feuilles, tantôt simples, tantôt
à deux ou trois lobes et caduques, leur ressemble par tous les autres
caractères. C’est lui qui fournit l’écorce et le bois de sassafras em-
ployés en médecine et dont on retire, par distillation, une huile
éthérée. D’après les analyses de Reinach, l'écorce des racines con-
tiendrait, lorsqu'elles sont sèches, jusqu’à 58 pour 100 de leur poids
de tannin. Le bois de l’arbre est aussi employé en teinture.
SATUREIA hortensis L. — Sarriette. Labiée annuelle de la ré-
gion méditerranéenne, aromatique, souvent cultivée dans les jardins
|
4
_-
1
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 489
comme condiment. Il en est de même du S. montana L., plante
vivace des mêmes régions, et du S. thymbra L., sous-arbuste à
feuilles persistantes, et dont l’odeur rappelle celle du thym. Plu-
sieurs autres espèces du midi de l’Europe et de l'Orient sont égale-
ment usitées.
SAUSSUREA Zappa BeNrH.— Composée vivace du Cachemyre,
dont la racine aromatique est employée en médecine. Quelques bo-
tanistes croient que c’est la plante connue des anciens sous le nom
de Costus.
SAXE-GOTHÆA conspicua LiNDL. — Arbre de 10 à 12 mètres,
de l’ordre des Conifères et du groupe des Taxinées, originaire des
montagnes du Chili et de la Patagonie. Introduit en Europe vers le
milieu du siècle, comme arbre paysager. Il est jusqu'ici assez peu
répandu.
SCANDIX grandifiora L. — Ombellifère annuelle des alentours
de la Méditerranée, aromatique et usitée comme condiment dans les
salades.
SCHIMA Wallichii CHoisy. — Grand arbre des montagnes de
l'Inde, dont on dit le bois d’excellente qualité. Il est encore peu
connu. |
SCHIZOSTACHYUM. — Genre de Graminées arborescentes, dé-
tachées des bambous (Bambusa) proprement dits parles botanistes,
comprenant une douzaine d’espèces, des îles de la Sonde et des Mo-
luques, dont il peut être utile de signaler les suivantes :
S. Blumei. — Très grand bambou de Java, où il croît sur les
montagnes jusqu’à l’altitude de 1,000 mètres.
S. brachycladum Kurz. — Desîles de la Sonde et des Moluques.
Ses chaumes ont de 12 à {4 mètres de hauteur et sont très creux.
Leurs courtes ramifications donnent à la plante un aspect singulier.
On en connaît une variété dont les chaumes sont d’un jaune très
brillant.
S. elegantissimum Kurz. — De Java, jusqu'aux altitudes de 1,800
à 2,000 mètres. A la différence des autres bambous, celui-ci fleurit
dès l’âge de trois ans, ce qui lui donne une importance particulière
pour l’ornementation des parcs et des jardins. Ses tiges, hautes de
7 à 8 mètres, sont robustes. Il vaut mieux le propager de graines que
de fragments de la souche.
S. Hasskarlianum Kurz. — De Java. On peut le considérer
comme une plante économique, attendu qu’on en récolte les jeunes
pousses au moment où elles sortent de terre, pour les manger pré-
parées de diverses manières. Plusieurs autres espèces de bambous
sont utilisées de même, mais celle-ci est une des meilleures.
Citons encore les S. irratum STEur., des Moluques, et S. Zol-
lingeri Sreup., de Java, grande espèce, à tiges grêles et très fré-
quemment cultivée.
490 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
SCHINUS Molle L. — Arbre de la famille des Anacardiacées,
originaire du Pérou et du Chili, introduit dans le midi méditerranéen
de l’Europe comme arbre d'ornement, ce qu’il justifie par l’élégance
de son feuillage persistant et par ses grappes de baies rouge corail
en automne et en hiver. Dans l'Amérique du Sud ces baies, d’une
saveur âcre et piquante, servent de condiment, ce qui leur a fait
donner le nom de poivre d'Amérique. D'après le docteur Sace, éta-
bli depuis longtemps en Bolivie, le poivrier d'Amérique rendrait un
service beaucoup plus important, en préservant de l’oïdium les
vignes de grande arborescence auxquelles il sert de soutien et qui,
sur tous les autres arbres, sont ravagées par ce parasite. Si cette
propriété est réelle, l’arbre acquerrait une valeur considérable là
où le climat en permettrait la culture à l'air libre. Outre cette es-
pèce, nous possédons le S. Aroeira, du Brésil, encore assez rare.
SCHŒNOCAULON officinale As. GRAY; Asagræa officinalis
Linpz. — Mélanthacée des montagnes du Mexique, analogue aux
varaires ( Veratrum) de l’Europe par quelques-unes de ses pro-
priétés médicinales. Ses graines, connues sous le nom de sabadille,
sont usitées en pharmacie; mais on retire surtout de la racine bul-
beuse de la plante, ainsi que de ses feuilles, deux alcaloïdes, la vé-
ratrine et la sabadilline, une matière résineuse, l’hélonine, et en
outre les acides sabadillique et vératrique.
SCIADOPITYS certicillata SIEBOLD. — Arbre conifère du Japon,
où il porte le nom de Koya-Maki, haut de 50 à 60 mètres, très re-
marquable par la noblesse de son port pyramidal et la disposition
de ses aiguilles en verticilles ou en rosaces à l’extrémité des ra-
meaux. Au dire des voyageurs c’est le plus bel arbre du Japon, et
il y paraît assez rare à l’état sauvage, mais on l’y trouve fréquem-
ment cultivé dans les parcs des riches Japonais et au voisinage des
temples. Introduit en Angleterre vers l’année 1860, il s’y est montré
parfaitement rustique, ainsi que sur divers point du continent, où il
a même produit quelques graines. Jusqu'ici nous ne savons rien de
la valeur industrielle de son bois; mais, comme arbre décoratif et .
paysager, il est dans les premiers rangs et mérite toute l’attention
des arboriculteurs, principalement de ceux qui habitent au voisi-
nage de l’océan et, d’une manière générale, les climats doux et un
peu humides.
SCILLA esculenta KER; Camassia esculenta LiNpz. — Liliacée
bulbeuse de l'Amérique du Nord occidentale, où elle abonde dans
les prairies humides. Ses bulbes, assez semblables à des oignons,
constituent une partie considérable du régime végétal des indigènes
de cette partie de l'Amérique, et, en effet, rôtis sous la cendre, ils
ne sont pas déplaisants. La plante a été introduite en Europe, comme
potagère, dans la première moitié du siècle, mais sa culture a été
promptement abandonnée, comme beaucoup moins profitable que
celle de toutes nos races d'oignons. Elle est réduite aujourd’hui au
rôle de plante d'agrément ou plutôt de simple curiosité. Il ne serait
.
247
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 49
cependant pas sans intérêt de la planter dans les terres humides,
sauf à l’abandonner ensuite à elle-même.
Une seconde espèce, le S. Fraseri As. Gray, des parties orien-
tales des Etats-Unis, est très prolifique; ses bulbes ont, dit-on, le
goût de la pomme de terre.
Rappelons en passant que plusieurs espèces de Scilles, d'Europe
et de l'Orient, sont d’intéressantes plantes de parterre, qui ont une
grande analogie avec les jacinthes. Une espèce du genre, la squille
ou scille marine (S. maritima L.), du midi de l’Europe et du nord
de l’Afrique, est une plante médicinale, qui est surtout remarquable
par l’énormité de ses bulbes, dont le poids dépasse souvent un kilo-
gramme.
SCOLYMUS ispanicus L. — Scolyme, cardouille. Tagarninas
des Espagnols. Composée bisannuelle de la région méditerranéenne,
commune dans le midi de la France et en Espagne, utilisée comme
légume, mais cultivée seulement en Espagne, surtout aux alentours
de Madrid. La plante est épineuse et a toute l’apparence d’un char-
don à fleurs jaunes. En France on n’en mange que la racine, qui
ressemble beaucoup à celle du salsifis; en Espagne on en mange
les côtes des feuilles et les pétioles, qui se vendent en grande quan-
tité sur les marchés des villes, pendant plusieurs mois de l’année.
Comme beaucoup d’autres plantes celle-ci est susceptible de s’amé-
liorer par la culture, et il est à regretter qu’elle soit négligée en
France, où on se contente de la récolter à l’état sauvage. Sa racine
est un meilleur légume que les salsifis et les scorsonères.
SCORZONERA. — Scorsonère, salsifis. Genre de Composées bi-
sannuelles ou vivaces, du midi de l’Europe et d'Orient, à fleurs jaunes
ou pourpres et à racine comestible, dont quelques-unes sont deve-
nues des plantes potagères. C’est principalement le cas des sui-
vantes.
S. crocifolia Sigraorp. — De la Grèce. D’après le professeur
Heldreich ses feuilles sont mangées en salade ou cuites à la façon
des épinards.
S. deliciosa GUSSoNE. — De Sicile. On le dit égal, sinon même
supérieur par le goût de sa racine, au salsifis commun.
S. hispanica L. — Salsifis commun. Du centre et du midi de
l'Europe. Sa racine vivace est non seulement un bon légume, mais
elle est encore employée en médecine comme celle du pissenlit/Ta-
razacum). Par l’ébullition un peu prolongée elle perd ses propriétés
médicinales. Plusieurs espèces voisines, principalement asiatiques,
semblent être dans le même cas.
S. tuberosa Parras. — De la Russie méridionale et de la Syrie,
où on en mange la racine à la manière du salsifis. Citons encore,
comme méritant d’être cultivées et par là améliorées, les S. albi-
caulis BUNGE, de la Chine; S. Szovvitsit DC., de la Perse; S. un-
dulata Vaur., du nord de l'Afrique; S.ramosa SirH., de la Grèce;
S. semicana, de Turquie; S. lanata BigBEersr., du Caucase. Plu-
sieurs autres pourraient être ajoutées à cette liste.
49? ÉNUMÉRATION DES PLANTES
SCUTIA indica BRONGT. — Arbrisseau épineux de l'Asie méri-
dionale, de la famille des Rhamnées. Très propre, d’après le docteur
Gleghorn, à faire des haies défensives dans les pays chauds.
SEBÆA ovala Rob. Br. — Gentianée de l'Australie extratropi-
cale et de la Nouvelle-Zélande. C’est une jolie plante annuelle, qui
a toutes les propriétés médicinales de la gentiane d'Europe. Le S.
albidiflora Ferd. von MuLrer en est une espèce très voisine, qui
recherche les terrains un peu salés. Ces deux plantes, à cause de
leur amertume, sont rebulées par les bestiaux.
SECALE cereale L. — Le seigle proprement dit. Graminée an-
nuelle, qu’on suppose originaire de l’Asie occidentale, mais cultivée
comme céréale depuis l’antiquité. Sa rusticité, plus grande que celle
du blé (Triticum), permet de le cultiver plus loin vers le nord et à
de plus grandes altitudes sur les montagnes. C’est la céréale domi-
nante des pays froids et des terres siliceuses, aussi tient-elle une
place importante dans l’agricullure de l’Europe et de l'Asie septen-
trionale. Son grain, quoique moins riche en gluten que celui du
blé, fournit cependant un pain nourrissant et qui a l'avantage de se
conserver longtemps frais. Dans le nord de l’Europe le seigle est
aussi cultivé comme fourrage et, sous cette forme, il donne un pro-
duit considérable, précieux par sa qualité et sa précocité. Sa paille,
longue et plus ferme que celle du blé, sert à de nombreux usages
dans les travaux de la ferme, et c’est avec elle principalement que
se confectionnent les paillassons qui servent à abriter les jeunes
plantes ou les arbres fruitiers en fleurs à la fin de l'hiver. On trou-
vera dans les livres d'agriculture tout ce qui a rapport à la culture
du seigle et à ses variétés.
Le seigle, dans certains pays, surtout dans les années pluvieuses,
est attaqué par une sorte de champignon qui en altère le grain dans
sa forme et ses propriétés ; c’est ce qu’on appelle l’ergot de seigle,
à cause de sa ressemblance avec l’ergot d’un coq. Les botanistes
l'ont nommé Sclerotium Clavus, où mieux Cordyceps purpurea.
Ce produit anormal est très vénéneux, mais c’est aussi un médica-
ment énergique très employé en thérapeutique.
SECHIUMedule SWaRTz.—Chayotte,chocho,christophine.Grande
cucurbitacée de l'Amérique Centrale, du Mexique et des Antilles,
devenue plante potagère et aujourd’hui cultivée dans la plupart des
pays chauds et jusque dans le midi de l'Espagne et en Algérie. Elle
est vivace et pousse chaque année de son tubercule souterrain de
longues tiges grimpantes, qui deviennent demi-ligneuses, et passent
l'hiver sans périr si le climat du lieu est assez chaud. Son fruit, de
forme ovoïde, à peu près de la grosseur du poing d’un homme et
portant quelques tubercules terminés en épine, restent verts à la
maturité. Ils ne contiennent qu'une graine, enveloppée d’une chair
épaisse et ferme, qui s’attendrit par la cuisson, et fournit un mets
délicat.
La reproduction s’opère par la plantation du fruit entier. A la
ee nd a Éd Mt CUS OS à NES GR LES Re à
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 493
germination la jeune plante est alimentée par ses cotylédons, restés
sous terre et qu absorbent la substance du fruit graduellement dé-
composé. La plante est d'autant plus fertile qu’elle trouve plus faci-
lement des arbres ou des tuteurs sur lesquels elle puisse grimper;
mais on peut aussi la cultiver à plat, comme d’autres cucurbita-
cées. On estime qu’un hectare de terrain, contenant 10,000 pieds
de chayotte, produit annuellement de 120,000 à 130,000 fruits, du
poids de 600 à 700 grammes chacun. Ces fruits se récoltent, sui-
vant les lieux et les climats, en octobre, novembre et décembre, et
comme ils se conservent aisément pendant plusieurs mois, le com-
merce en enlève de notables quantités pour les pays septentrionaux,
surtout pour l’Angleterre, où ils sont particulièrement estimés.
La souche ou tubercule de la chayotte contient une assez forte
proportion de fécule, mais qu’on ne peut utiliser qu'après l’avoir dé-
barrassée d’un principe amer auquel elle est mêlée.
SELINUM annesorrhizum Ferd. von MULLER; Annesorrhiza ca-
pensis SCHLECHT. — Ombellifère bisannuelle de l'Afrique australe,
à racine fusiforme, charnue et comestible, désignée par les colons
d'origine hollandaise sous le nom d’Anryswortel (racine anisée), qui
fait allusion à l'odeur et à la saveur de la plante. Telle qu’elle est
encore aujourd’hui, c’est-à-dire restée à l’état sauvage, cette ombel-
lifère a peu d'importance, mais quand on se rappelle ce qu’une cul-
ture intelligente a su tirer de la carotte et du panais sauvages, on ne
peut s'empêcher de croire que la domestication de l'Anyswortel ne
doive être suivie d’un pareil succès. L'expérience pourrait d’ailleurs
s'appliquer à d’autres espèces de la même section générique et du
même pays, telles que les Annesorrhiza montana, villosa, hirsuta
et quelques autres.
SEQUOIA. — Genre de Conifères de l'Amérique du Nord, réduit
à deux espèces, que leurs proportions colossales rendent remarqua-
bles entre tous les arbres connus.
S. gigantea DECAISNE ; Wellingtonia gigantea Linot. ; Washing-
tonia californica WiNsSLOW. — Mammoth-tree des Américains.
Des montagnes de la Californie, jusqu'aux altitudes de 2,600 mè-
tres au-dessus du niveau de la mer. C’est un des plus grands arbres
connus, si non le plus élevé, quoiqu'il atteigne à 100 mètres et plus,
du moins un des plus volumineux, car il a jusqu’à 10 mètres de
diamètre à la base du tronc. Cet arbre énorme a été l’objet de tant
de récits, quelquefois exagérés, de la part des voyageurs, que nous
regardons comme inutile de les reproduire ici. L’épaisseur de son
écorce est proportionnée à sa grande taille; elle est, suivant la région
de la tige, de 10 à 20 centimètres. Ramifié dès la base, cet arbre
extraordinaire forme une masse conique de verdure d’un effet sai-
sissant, aussi a-t-il été introduit en Europe presque dès sa décou-
verte. En Angleterre eten France, surtout au voisinage de l'Océan,
il s’est montré rustique, résistant sans peine à des froids de 12 à
15 degrés au-dessous de zéro, mais il a péri, dans l’hiver de 1878-79,
partout où le thermomètre est descendu à —20 degrés. Il faut au
494 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
Sequoia gigantea une atmosphère un peu humide et un sol qui ne
se Hedseche pas en été, ce qui explique le peu de succès de sa cul-
ture dans le Midi méditerranéen. Son bois est à peu près sans va-
leur.
S. semperoirens ENbricH.; Taxodium Sempervirens LAMBERT. —
Bois rouge, cèdre bâtard. Du nord-ouest de l'Amérique septentrio-
nale, principalement de Californie. Arbre gigantesque, à peine in-
férieur au précédent, d’une verdure sombre, dont le bois rougeâtre
est tendre, léger, facile à fendre et peu solide, pouvant toutefois se
conserver longtemps quand il est à l’abri de l'humidité, car on cite
des charpentes construites avec ce bois qui ont un siècle de durée.
Son port est très différent de celui du S. gigantea; au lieu de
prendre la forme pyramidale de ce dernier, il forme des fûts très
élevés, sans ramifications, dont le sommetest couronné d’une large
tête à branches étalées, puis retombantes. Malgré la qualité infé-
rieure de son bois, il rend de nombreux services en Californie, où
d’ailleurs il abonde. En Europe ce n’est et ne peut guère être qu’un
arbre paysager. Il réussit mieux aux alentours de la Méditerranée
que l’autre séquoia.
SESAMUM indicum L. — Sésame, gingili. Plante herbacée, an-
nuelle, de la famille des Bignoniacées, cultivée dans une grande
partie de l'Asie méridionale et au Japon jusque sous le 42° degré
de latitude, ainsi que dans certaines parties de la région méditerra-
néenne, à Malte, en Grèce et en Turquie, pour ses graines oléagi-
neuses, dont la teneur en huile varie de 45 à 50 pour 100. Cette huile
est excellente pour la table, peu inférieure à celle de l’olive, et
conservant sa fluidité à des températures plus basses que cette der-
nière. Il existe plusieurs races de sésame, qui diffèrent les unes des
autres par la couleur de leurs graines, blanches, rouges ou noires.
Le sésame à graines noires est le plus productif et le plus précoce,
mais son huile est d’une teinte plus foncée que celles des autres va-
riétés. On estime que dans la seule présidence de Madras plus de
400,000 hectares de terre sont cultivés en sésame, et, d’après la
statistique commerciale, il a été exporté de Bangkok, en 1870, pour
4,575,000 fr. d'huile, vendue sur le marché de Londres de 51 à
43 fr. le quintal. Le sésame réussirait dans le midi de la France, si
le sol n’était pas déja occupé par des cultures plus certaines et plus
productives, ce qui explique pourquoi, après quelques essais, il y a
été abandonné. Les graines de sésame torréfiées servent aussi à faire
des potages et quelques autres préparations culinaires, et le résidu
de l'huile entre dans la composition de l'encre de Chine. Un des
grands avantages de cette culture dans les pays chauds, c’est la
promptitude avec laquelle elle donne son produit.
SESBANIA aculeata PERSOON. — Danchi. Grande plante légu-
mineuse annuelle, de l'Asie méridionale, de l’Afrique et de l’Austra-
lie, propre aux pays déserts et arides, où elle croît sans culture. On
la récolte pour sa fibre, forte et tenace, qui sert surtout à faire des
cordages et de la pâte à papier. Son prix, à Londres, est de 30 à 40
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ÉNUMÉRATION DES PLANTES 495
livres sterling (de 750 à 1,000 fr.) la tonne. Plusieurs autres plantes
du même genre peuvent être utilisées de la même manière, et ren-
draient vraisemblablement de bons services dans le nord de l’A-
frique.
Le S. cannabina Pers., de l'Asie, est aussi cultivé comme plante
filassière, mais seulement dans les terres humides.
Le S. ægyptiaca PErs., qu’on trouve dans toute l’Asie méridio-
nale, l’Afrique et même le nord de l'Australie, est vivace, et plutôt
utilisé comme plante fourragère qu'autrement. Il en est de même
du S. brachycarpa Kerd. von Muier, d'Australie, que les bestiaux
broutent avec avidité. On dit même que ses gousses, cueillies vertes,
sont un bon légume. D’après Roxburgh les feuilles et les jeunes
gousses du S. grandiflora peuvent avantageusement remplacer les
épinards.
SESLERIA cœrulea ARDUINO. — Graminée fourragère vivace,
d’une grande partie de l’Europe, assez commune en France dans les
terres calcaires peu profondes et sujettes à se dessécher. Elle est
précoce au printemps, et fournit une bonne pâture aux moutons.
Une autre espèce, qui est de l'Amérique du Nord, le S. dactyloides
Nurr. (Buchloa dactyloides Torr.), y est considérée comme un
fourrage de valeur; c’est le Buffalo grass du Kansas.
SESUVIUM portulacastrum L. — Herbe vivace, rampante, de
là famille des Portulacées, répandue sur toutes les plages maritimes
du globe, entre les tropiques ou dans leur voisinage. Elle se plaît
dans les sables, qu’elle contribue à consolider, et peut-être aussi à
dessaler.
SHEPHERDIA argentea NurT. — Buffalo berry des Améri-
cains. Arbrisseau buissonnant de la famille des Eléagnées, répandu
dans l'Amérique du Nord, du Missouri à la baie d'Hudson. Ses
baies rouges, molles et acidules, sont comestibles.
D’autres espèces du genre sont cultivées dans les jardins de l’Eu-
rope en qualité d’arbustes d'agrément, telles que le S. canaden-
sis L., du nord des Etats-Unis, et le SA. reflexa DC., du Japon,
arbrisseau à fleurs jaunes et à feuilles argentées en dessous.
SHOREA robusta GÆrTN. — Le Sal. Grand arbre du nord de
l'Inde, de la famille des Diptérocarpées, renommé pour la solidité et
la longue durée de son bois, qui est presque sans rival sous ces deux
rapports. Il atteint à 40 mètres et plus de hauteur, sur une circon-
férence de 7 à 8 mètres au niveau du sol. L'importance de cet arbre
forestier a nécessairement attiré l'attention des sylviculteurs et des
administrateurs de l’Inde, etnous savons, par les rapports des doc-
teurs Stewart et Brandis, qu’il s’élève sur les pentes de l'Himalaya
jusqu’à 1,000 mètres d’altitude, où il endure sans dommage les
faibles gelées qui s’y font quelquefois sentir en hiver. Les sols qu'il
semble préférer sont les terres graveleuses, perméables à l’eau des
pluies et dans lesquelles s’est accumulée une forte proportion d’hu-
32
4196 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
mus. Quant aux conditions climatériques elles peuvent se résumer
de la manière suivante : de 950 à 2,500 millimètres d’eau pluviale
annuelle, avec une température hivernale variant de 12 à 15 degrés
et une température estivale de 25 à 30 degrés, conditions qu’on ne
peut guère rencontrer qu'entre les tropiques, principalement en
Amérique.
Le bois du Sal est employé à tous les ouvrages de grande char-
pente, à la construction des bateaux de rivière, en traverses de
chemins de fer, ete. Le bois de cœur, d’un brun foncé et particuliè-
rement dur, est aussi utilisé en menuiserie. De son écorce suinte
une sorte de résine aromatique, et ses feuilles servent à nourrir un
ver à soie, le Zombyx Tussa.
Une seconde espèce, le SA. Talura RoxBG.(Sh. laccifera HEYNE),
qui habite le Mysore, nourrit un insecte producteur de laque, et
donne aussi une résine odoriférante.
SICANA odorifera Nox.— Curuba des Brésiliens. Grande plante
grimpante de la famille des Cucurbitacées, des parties chaudes de
l'Amérique méridionale, dont les fruits, assez semblables à des
courges, sont comestibles, mais surtoutrecherchés pour l’odeur aro-
matique qu'ils exhalent et qui passe pour éloigner les teignes et
autres insectes des appartements où on les tient renfermés. C’est
aussi une plante ornementale, employée à couvrir des tonnelles et
des treillis. On en distingue trois variétés, suivant la couleur que
prennent les fruits en mûrissant, jaunes, rouges ou proupre noir.
Elle exige plus de chaleur que la plupart des cucurbitacées écono-
miques ordinairement cultivées dans nos jardins.
SIMABA Cedron AUBLET. — Arbrisseau ou petit arbre de la
Nouvelle-Grenade et de la Guyane, appartenant à la famille des
Simaroubées, dont le tronc lisse et droit, couronné par une touffe
de grandes feuilles pennées, lui donne quelque ressemblance avec
un palmier. Longtemps méconnu des médecins européens, cet ar-
brisseau est peut-être sur le point d'occuper une place très impor-
tante dans la thérapeutique. Ce que nous savons de ses propriétés
est dû principalement au docteur Saffray, médecin français à la
Nouvelle-Grenade, qui a eu de fréquentes occasions d'employer ce
médicament. La partie utile de la plante est son fruit, sorte de drupe
de la grosseur d’un œuf d’oie, dont le noyau, connu sous le nom de
noix de cédron, contient une amande où résident les vertus curatives
qui ont fait la renommée de l’arbre.
De même que pour d’autres médicaments de valeur, ce sont les
indigènes du pays qui ont les premiers fait connaître aux Européens
les propriétés médicinales de la noix de cédron. En 1828 ils en ap-
portèrent à Carthagène, annonçant que la poudre ou la teinture de
ces amandes guérissait infailliblement les personnes et les animaux
mordus par les serpents les plus venimeux, et ils en donnèrent la
preuve en se soumettant eux-mêmes aux morsures et en se traitant
par la poudre de cédron. Le docteur Saffray a eu dans maintes cir-
constances l’occasion de vérifier le dire des Indiens; il a de plus
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ÉNUMÉRATION DES {PLANTES 497
reconnu que les propriétés toniques et fébrifuges attribuées par eux
au cédron étaient également fondées, et il l’a très utilement employé
contre les épidémies de dyssenterie, les maladies scrofuleuses, la
chlorose, et surtout contre les fièvres intermittentes, véritable fléau
des Européens dans les terres chaudes et humides de l'Amérique.
Sous ce dernier rapport, le cédron s’est montré beaucoup plus effi-
cace que le quinquina lui-même.
Un arbre si utile ne peut manquer d’attirer l’attention des méde-
cins et des colonisateurs, et il est à souhaiter qu’il soit prompte-
ment propagé partout où la chaleur et l'humidité du climat intratro-
pical constituent un danger permanent pour les Européens.
SINAPIS. — Moutarde. Genre de Crucifères voisin des Bras-
sica, auxquels il est réuni par quelques auteurs. Toutes les espèces
en sont annuelles et indigènes de l’Europe et de l’Asie centrale.
Deux d’entre elles sont économiques et habituellement cultivées.
S. alba IL. — La moutarde blanche. C’est une plante fourragère,
qu’on fait consommer en vert au bétail, et qui est surtout avanta-
geuse pour les vaches laitières. On la sème à raison de 10 ou 12 kil.
de graine à l’hectare sur des chaumes de céréales, sans autre pré-
paration du terrain qu’un bon hersage, immédiatement après l’en-
lèvement des récoltes. Sa croissance est rapide, et elle fournit des
feuilles jusqu'aux gelées. Elle est moins cultivée comme plante oléi-
fère, mais sa graine, plus grosse et moins âcre que celle de la mou-
tarde noire, et qui est aussi employée comme condiment, a une
certaine importance en médecine, et pendant bien des années elle
a fait, à ce point de vue, l’objet d’un commerce lucratif en pharma-
cie et en droguerie. Ses feuilles sont quelquefois mangées en sa-
lade, comme celles du cresson, et passent de même pour antiscor-
butiques.
S. nigra L. — La moutarde noire, ainsi nommée de sa graine,
qui est de couleur foncée. Elle est fourragère comme la précédente,
mais le principal objet de sa culture est la production de la graine,
avec laquelle on fait par simple trituration le condiment si univer-
sellement usité et connu de tout le monde. Cette graine est aussi fré-
quemment employée en médecine comme révulsif, sous forme de
cataplasmes ou sinapismes. La culture de la moutarde noire est
avantageuse, mais elle ne réussit bien que dans les terres fraîches
et profondes. On la sème au printemps, à raison de 3 à 4 kil. à
l’hectare. Ses propriétés sont dues à un principe azoté, la sinapine,
qui y est accompagnée de quelques autres composés neutres et d’un
acide, l’acide myronique.
SISON A momum L. — Du centre et du midi de l’Europe. Ombel-
lifère bisannuelle, des terrains calcaires, dont les graines servent
quelquefois de condiment.
SIUM Sisarum L. — Ombellifère introduite de Chine en Europe,
dont la racine tendre et sucrée se mange à la façon des scorsonères.
Elle est vivace et se multiplie également de graines et d’éclats du
498 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
rs On la cultive assez fréquemment aux alentours de Paris, sous
es noms de girole et cherois.
SMILAX. — Genre de plantes monocotylédones, de la famille des
Liliacées-Asparaginées, vivaces, à tiges dures et grimpantes, quel-
quefois épineuses. Plusieurs espèces ont de l’intérêt comme plantes
médicinales.
S. aspera L. — Salsepareille d'Europe. De toute la région médi-
terranéenne. Sa racine fournit la salsepareille d'Italie, moins esti-
mée que les sortes qui nous sont apportées d'Amérique. Le smilax”
d'Europe, et surtout sa variété mauritanica, est cultivé dans quel-
ques jardins comme plante d'ornement grimpante, surtout pour les
grappes de fruits rouge corail, que porte la plante femelle lorsque
ses fleurs ont été fécondées.
S. medica Cnam. et ScHLEcHT. — Du Mexique, où cette espèce
produit la plus grande partie de la salsepareille usitée dans ce pays.
S. officinalis HumBpr. — Salsepareille de Colombie. De la Nou-
velle-Grenade et autres parties de l'Amérique centrale.
S. papyracea DUHAMEL. — Salsepareille du Brésil. De l'Amérique
du Sud. Cette espèce fournit la majeure partie de la salsepareille du
commerce, mais probablement mélangée avec celles de quelques
autres smilax des mêmes pays. Il est vraisemblable que plusieurs
de ces espèces, si non toutes, pourraient être cultivées, pour les be-
soins de la médecine, dans les localités les plus chaudes des pays
tempérés.
S. rotundifolia L. — Des parties orientales de l'Amérique du
Nord, y compris le Canada. C’est une espèce épineuse, comme celle
d'Europe, et à feuilles caduques. Il ne paraît pas qu’elle soit usitée
en médecine, en revanche elle entretient une industrie locale d’une
certaine importance, qui consiste à employer ses racines ligneuses
pour ex faire des fourneaux de pipes, les pipes de terre étant in-
connues ou peu recherchées dans cette partie de l'Amérique. Envi-
ron trois millions de ces pipes de bois sont fabriquées chaque année
et livrées au commerce. Leurs tuyaux sont tirés d’uneespèce d’aune,
PA lnus serrulata.
Beaucoup d’autres espèces de Smilaæ, jusqu'ici négligées par les
Européens, mériteraient cependant d’attirer leur attention. Quel-
ques-unes, ainsi que les espèces du genre Æipogonum, qui en est
voisin, produisent des tubercules féculents et comestibles. La plu-
part pourraient être introduites dans les pays tempérés-chauds.
SOLANUM. — Morelle. Genre type de la famille des Solanées,
comprenant aujourd’hui près de mille espèces, disséminées dans
presque toutes les régions habitées du globe, les unes annuelles, les
autres vivaces par des tubercules ou des tiges ligneuses, quelques-
unes mêmes arborescentes. Presque toutes contiennent dans quel-
qu’une de leurs parties, même dans leurs baies, des substances nar-
cotiques et vénéneuses, qu'on retrouve d’ailleurs dans leurs feuilles;
aussi sont-elles généralement rebutées par le bétail. Devant un si
grand nombre d'espèces, nous devons nous borner à citer seule-
LE 18 PNA)
: M
EN RE OR MU PUR. PO I ee OL ee Me DE
! r FA \
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 499
ment celles qui ont le plus d'intérêt au point de vue de l’agriculture
et du jardinage d’utilité.
S. œthiopicum L. — De l'Afrique tropicale. Plante annuelle,
cultivée çà et là pour ses baies comestibles, qui sont grosses, de
forme globuleuse et rouge vif. *
S. belaceum CAVANILLES; Cyphomandra betacea SENDTNER. —
De l'Amérique centrale. Forte plante, annuelle ou vivace, dont les
fruits ovoïdes, de la grosseur d’un petit œuf, se mangent à la façon
des tomates, que d’ailleurs ils ne valent pas. On la cultive jusqu’à la
latitude de Valparaiso et de Buenos-Ayres. Dans le midi méditer-
ranéen de l’Europe elle n’a servi jusqu'ici que comme plante d’or-
nement, que ses grosses baies rouge-orangé rendent remarquable.
S. Commersont GAVAN. ; S. Ohrondi Garr.— De la République
Argentine. C’est une plante à tiges annuelles, mais qui est vivace
par ses tubercules, semblables à de petites pommes de terre et qui
sont comestibles. Introduite en Europe dans ces derniers temps, elle
est l’objet d'expériences qui en feront peut-être une espèce potagère.
S. Dulcamara L. — Douce-amère. De l’Europe et de l’Asie.
Plante fruticuleuse, un peu grimpante, vivace, à feuilles caduques.
Elle contient deux alcaloïdes, la dulcamarine et la solanine, qui lui
ont valu un certain emploi en thérapeutique.
S. Fendleri As. GrAy.— Du Nouveau-Mexique. Plante analogue
à la pomme de terre et, comme elle, jouissant d’une certaine rus-
ticité. Elle produit des tubercules farineux et comestibles, mais de
petite taille, ce qui leur ôte beaucoup de leur valeur. On espère
toutefois en obtenir des variétés plus productives. Plusieurs autres
espèces mexicaines, se reproduisant de même par tubercules, sont
également l’objet d'expériences aux Etats-Unis, telles, entre autres,
que les S. demissum, cardiophyllum, utile, verrucosum, bulbo-
castanum et stoloniferum. On cite encore les S. Maglia, du Chili,
et S.immite, du Pérou, comme méritant d’être étudiés à ce point de
vue.
S. Gilo Rappi. — De l'Amérique tropicale, où on le cultive com-
munément comme plante potagère pour ses grosses baies sphé-
riques, rouge-orangé, comestibles à la manière des tomates.
S. quineense Lux. — Plante tropicale, cultivée dans plusieurs
pays chauds pour les teintures de diverses nuances, principalement
violettes, qu’on retire de ses baies. Ces teintures sont surtout em-
ployées pour les étoffes de soie.
S. indigoferum ASH. — Du Brésil méridional. C’est aussi une
espèce tinctoriale dont la culture pourrait être profitable.
S. Lycopersicum L.; Lycopersicum esculentum Mizi.— Tomate,
pomme d'amour. Plante annuelle de l'Amérique du Sud, introduite
depuis longtemps dans les jardins potagers du monde entier, où elle
a produit un nombre considérable de variétés. Tout le monde con-
naît son fruit, grosse baie succulente, qui se mange cuite, mais que
quelques personnes mangent aussi à l’état cru. Comme légume, la
tomate tient une large place dans les jardins, surtout dans le midi
de la France etde l’Europe, d’où il s’en exporte de grandes quantités
vers les pays du nord, soit à l’étatnaturel, soit à celui de couserves,
200 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
Ce fruit est très sain et très hygiénique, et on en recommande l’usage
dans les obstructions du foie et des reins. Les tiges et le feuillage
de la tomate exhalent une forte odeur narcotique qui éloigne les
insectes, et les rend utiles pour préserver les arbres fruitiers des
attaques de ces animaux. Les infusions de ces feuilles sont même
employées en seringuages, comme insecticide.
S. macrocarpum L. — Plante herbacée, vivace, de Madagascar
et de l’île Maurice, à baïe jaune, de la grosseur d’une pomme. Cette
espèce est voisine du S. Thonningii JAcQ., de Guinée, et du S. ca-
lycinum Mocino et SESsÉ, du Mexique, dont les fruits sont rigou-
reusement comestibles.
S. melongena L.— Aubergime, melongène. De l’Inde et de quel-
ques autres parties tropicales de l'Asie, où elle est vivace. De même
que la tomate l’aubergine est devenue un légume de grande valeur
dans les potagers de l’Europe, principalement dans le midi, où elle
est cultivée sur une grande échelle, mais seulement comme plante
annuelle. Son fruit est une très grosse baie de forme allongée, de
couleur violette, à chair ferme, et qui ne se mange que cuit. La
culture, toutefois, l’a fait varier de bien des manières. Dans cer-
taines variétés ce fruit arrive à la grosseur d’un melon ordinaire,
dans d’autres il s’arrête à celle d’un œuf de poule, dont il prend
aussi la forme et la couleur blanche. Cette variété, à laquelle on a
donné le nom de plante aux œufs, n’est qu'une plante de fantaisie
et de curiosité. On connaît aussi des aubergines à fruits jaunes. Les
meilleures, pour la consommation et le profit, sont celles à fruits
longs et violets, qui rentrent dans le type normal décrit plus haut.
Plusieurs autres espèces de Solanum asiatiques ont des analogies
avec l’aubergine, et produisent des fruits qui pourraient être comes-
tibles si on les améliorait par la culture. Il faut cependant se tenir
en garde contre un usage irréfléchi de ces fruits, dont quelques-uns
sont ou peuvent être vénéneux.
S. muricatum L'HÉérir. — Connu au Pérou sous le nom de Pe-
pino. C’est une espèce frutescente, dont les fruits, de forme ovoïde
ou allongée, sont blancs, tachetés de pourpre et comestibles.
S. quitoense LAMK. — Du même pays que le précédent, et fru-
tescent comme lui. Ses fruits ressemblent à de petites oranges pour
la couleur et le goût. Les S. Plumieri, des Antilles, et S. Topiro,
des Guyanes, ont une certaine analogie avec lui.
S. tuberosum L.— Pomme de terre. Des Andes de l'Amérique
du Sud, principalement de celles du Pérou et du Chili, où l'espèce
était cultivée par les indigènes avant la découverte de l'Amérique.
De toutes les plantes que l’ancien monde a reçues de l'Amérique,
la pomme de terre est incontestablement la plus importante; c’est
grâce à elle que les famines ne sont plus connues en Europe. Tout
le monde sait aujourd’hui que les tubercules de la pomme de terre
sont riches en fécule, qu’elles sontun excellent aliment pour l’homme
et pour les animaux domestiques, et qu’en outre on en retire de l’al-
cool et divers autres produits utilisés dans l’industrie. La culture en
a fait naître un nombre presque illimité de variétés, dont les tuber-
cules diffèrent de grosseur, de couleur et de qualité, les unes avan-
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 501
tageuses pour la grande culture,les autres pour la culture poltagère,
quelques-unes même pour celle de primeur sur couche etsous châs-
sis. Nous ne pouvons entrer ici dans le détail de la culture de la
pomme de terre, qu’on trouvera dans les traités spéciaux d’agricul-
ture et de jardinage, non plus que dans les emplois industriels de
ses tubercules. Rappelons seulement que la plante donne ses meil-
leurs produits dans les terrains légers, bien ameublis et additionnés
de fumier décomposé. Certaines variétés surtout sont excellentes
dans les terrains sablonneux, mais non sujets à se dessécher. Com-
me denrée commerciale, la pomme de lerre est un objet d’exporta-
tion et d'importation des plus considérables dans le monde entier.
Elle a été introduite en Europe dans le courant du seizième siècle,
mais c’est seulement au dix-huitième qu’elle a été définitivement
adoptée par l’agriculture. Son importance, comme plante alimentaire
pour l’homme, ne date, en France, que du règne de Louis XVI, qui
favorisa les efforts de Parmentier pour la faire accepter. On citerait
peu d'exemples d’un pareil succès dans la naturalisation d’une plante
étrangère.
Dans la première moitié du siècie la pomme de terre, qui jusque-
là était restée parfaitement indemne de toute maladie, a été subite-
ment attaquée par un champignon parasite, le Peronosporainfestans,
qui en fait pourrir les tubercules. Dans les premières années la perte
a été considérable ; mais, quoique le mal dure encore, on en a gran-
dement atténué les effets par certains procédés, dont les principaux
consistent à changer tous les ans la culture de place, à planter de
préférence les variétés hâtives et à éviter l’emploi du guano et du fu-
mier de basse-cour. Ce qui importe surtout est de ne planter que
des tubercules parfaitement sains.
On peut encore citer, comme pouvant devenir économiques quand
elles seront mieux connues, les espèces suivantes : S. Uporo Dux.,
des îles de l’océan Pacifique, qui est frutescent, et dont les grosses
baies rouges sont comestibles à la manière des tomates; le S. ves-
cum Ferd. von MuLzer, de l'Australie méridionale, dont les baies
sont pareillement comestibles, mais qui pourraient être vénéneuses
avant leur complète maturité. On peut en dire autant des S. {oroum
SwARTZz, des Antilles et du Pérou, et du S. xanthocarpum ScHrap.,
de l’Afrique et de l’Asie.
L’horticulture d'agrément s’est approprié un grand nombre d’es-
pèces de Solanum, remarquables les uns par leur feuillage, les au-
tres par leurs fleurs ou par leurs fruits vivement colorés. Citons,
seulement pour mémoire, les S. jasminoides, pseudo-capsicum,
bonariense, Rantonnetit, pyracanthum, atrosanguineum et auri-
culatum, communs dans les jardins du midi de la France.
SOPHORA. — Genre de Légumineuses-Papilionacées, composé
d'arbres et d’arbrisseaux à feuilles pennées; on en compte une ving-
taine d’espèces, parmi lesquelles il importe de noter les suivantes :
S. japonicaL.; Strypholobium japonicum ScHorr.— Le sophora
du Japon, introduit en Europe dès 1747. Il y est fort répandu au-
jourd’hui, mais seulement en qualité d'arbre d'ornement. Il est rus-
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À : p Het 1 ACL
502 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
tique dans toute la France, et même dans le midi de l’Angleterre,
où on en voit des exemplaires d’une vingtaine de mètres. Ses feuilles,
caduques à la fin de l’automne, conservent leur fraîcheur et leur
verdure pendant les plus fortes chaleurs et les sécheresses de l’été,
et c’est dans cette saison qu’il se couvre de fleurs blanches ou jau-
nâtres, quelquefois violettes, suivant les variétés. Il réussit dans tous
les terrains, et on peut s'étonner qu’on n’ait pas encore songé à
l'utiliser comme arbre forestier, ce qu’il mériterait par ses belles
proportions, sa vigueur et les qualités de son bois dur et très beau.
Les Chinois et les Japonais tirent de ses fleurs une teinture verte,
et de ses graines une sorte de vernis de couleur jaune. Toutes les
parties de l'arbre sont purgatives et semblent même vénéneuses à
haute dose.
Il a produit, dans nos jardins, une variété bizarre et curieuse, le
S. pendula des horticulteurs, dont le tronc, arrivé à une certaine
hauteur, ne produit plus que des branches qui s’inclinent vers la
terre et finissent par l’atleindre. Elle se reproduit de greffes sur les
sujets de la forme ordinaire.
S. tetraptera Airox.— Du Chili et de la Nouvelle-Zélande. Grand
arbre, dont le tronc atteint quelquefois à 1 mètre de diamètre au mi-
veau du sol. Son bois est excessivement dur, et sert principalement
à faire des roues dentées, des engrenages, des moyeux de voi-
tures, etc. Il serait rustique en France. C’est le Pelu des Chiliens.
S. macrocarpa Morixa.— Du Chili, où les habitants le nomment
Mayu. C’est un bel arbre, dont les usages économiques sont peu
connus, mais que sa riche floraison devrait faire introduire dans
nos pares. Sa provenance indique qu’il serait rustique dans le midi
de la France.
S. secundifiora Às. Gray. — De l'Amérique du Nord, mais des
contrées tempérées ou tempérées-chaudes de ce continent, aussi
n'est-il rustique en France que dans la région de l’olivier et surtout
de l’oranger. Ses fleurs sont violettes et odorantes. Ses grosses
graines, d’un rouge de corail, contiennent un alcaloïde des plus
vénéneux, la sophorine, qui pourra avoir quelque emploi en mé-
decine.
SORBUS. — Sorbier, cormier. Arbres du groupe des Rosacées-
Pomacées, très voisins des poiriers, dont ils ne diffèrent guère que
par leurs feuilles pennées, c’est-à-dire composées de plusieurs fo-
lioles, avec une impaire terminale. Deux espèces sont à signaler :
S. domestica L. — Le sorbier ou cormier proprement dit. Arbre
de moyenne grandeur, indigène dans presque toute l’Europe, sou-
vent cultivé comme arbre fruitier, et s’accommodant de tous les ter-
rains, même les plus rocailleux. Ses fruits, de la grosseur d’un œuf
de pigeon et assez semblables à de petites poires, sont extrêmement
acerbes avant la maturité, mais ils deviennent doux et agréables à
manger quand ils se sont ramollis par blettissement. Bien des per-
sonnes les préfèrent alors aux nèfles, qui sont moins parfumées et
ont en outre le désavantage de contenir des noyaux.
Le sorbier varie beaucoup par sa taille suivant les lieux où il croît,
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 503
Dans les bonnes terres profondes il atteint 15 à 16 mètres de hau-
teur, etil donne alors un bois très beau et très solide, recherché en
menuiserie et en ébénisterie. Dans les sols pauvres et arides il ne
s'élève guère qu’à 4 ou 5 mètres, ce qui ne l’empêche pas de pro-
duire beaucoup de fruits.
S. aucuparia L. — Le sorbier des oiseleurs ou cochène. Du nord
de l’Europe, jusqu’en Laponie. Assez semblable au précédent par
la taille et le feuillage ; mais ses fruits, réunis en grappes, sont à
peine plus gros que des pois et toujours acerbes et immangeables,
aussi ne s’en sert-on que pour tendre des pièges aux oiseaux affa-
més, pendant l’hiver. Cette espèce de sorbier est cependant fré-
quemment cultivée dans les parcs et les grands jardins en qualité -
d'arbre d'ornement, ce qu’elle justifie d’ailleurs par ses fleurs blan-
ches au printemps, et ses grappes de fruits d’une brillante teinte
orangée en hiver.
SORGHUM. — Genre de Graminées originaires des parties chau-
des ou tempérées-chaudes de l’ancien continent, dont plusieurs sont
cultivées comme céréales ou comme plantes fourragères et indus-
trielles, sous le nom de sorghos. Ce sont des plantes annuelles, gé-
néralement de grande taille, très répandues aujourd’hui dans tous
les pays où le climat en permet la culture. Quelques-unes réus-
sissent jusque sous le climat de Paris, mais ne s’avancent guère plus
loin vers le nord. Celles qu’il importe le plus de connaître sont les
suivantes :
S. oulgare L. — Le sorgho commun, connu aussi sous les noms
de mil, grand millet de l'Inde, blé de Guinée et Dourra ; très cultivé
dans l’Inde et en Afrique.C’est le Couscous des Arabes et des nègres
de la Sénégambie, qui en font la base de leur nourriture. Sous un
climat chaud et en terre arrosée naturellement ou artificiellement,
la plante est extrêmement productive. Coupée avant la formation
du grain elle constitue un bon fourrage. Elle a donné, par le fait
d’une culture très ancienne, une multitude de variétés, qui diffèrent
les unes des autres par la taille, la grosseur, la couleur et la qualité
du grain. Elle est peu cultivée en Europe, où on a cependant recom-
mandé, il y a quelques années, la variété à panicule recourbée, qui
est remarquable par la grosseur et la blancheur de son grain, et
dont quelques botanistes ont fait une espèce distincte sous le nom de
S. cernuum. Dans le midi de la France, où elle réussit fort bien,
son grain pourrait être avantageusement employé à la nourriture
des volailles et des pores.
Une autre variété du sorgho commun est le millet ou sorgho à ba-
lais, dont la panicule dépouillée de ses graines sert à faire des ba-
lais. On la cultive jusque dans le nord de la France, exclusivement
pour cet usage.
S. saccharatumL.; Andropogon saccharatus de quelques bota-
nistes. — Le sorgho à sucre proprement dit, introduit en France
depuis une quarantaine d'années. Il est cultivé sur une grande
échelle dans toute l’Asie tropicale et en Cafrerie, non seulement
pour son grain, mais aussi pour la sève sucrée de ses tiges, qui
504 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
constituent en outre un excellent et abondant fourrage. Le célèbre
agriculteur français Louis de Vilmorin a démontré par ses expé-
riences que le sorgho à sucre peut; même en France, être cultivé
avantageusement comme plante saccharifère, et sa sève être con-
vertie en boissons alcooliques analogues au vin et au cidre. Ces re-
cherches ont été longtemps oubliées et la plante perdue de vue;
mais une nouvelle variété, récemment importée de l'Amérique
du Nord sous le nom de sorgho sucré hätif de minnesota, et plus
saccharifère que la première, a éveillé de nouveau l'attention des
agriculteurs méridionaux, avec d'autant plus de raison que, d’une
part, les récoltes de vin ont été fort amoindries par le phylloxéra,
et que, d'autre part, la culture de la betterave à sucre traverse une
crise inquiétante pour son avenir. Elle ne peut d’ailleurs être pro-
fitable que dans le nord et le centre de la France, où la chaleur est
modérée et l’été pluvieux. Le sorgho à sucre semble donc appelé à
combler une lacune dans l’industrie sucrière, qui pourrait, avec lui,
s'établir dans le midi de la France et de l’Europe, trop chaud et
trop sec pour la betterave. Diverses expériences faites en Pro-
vence ont démontré la parfaite réussite du sorgho sucré de min-
nesota, et sa richesse saccharine, qui n’est pas très inférieure à celle
de la canne à sucre elle-même. Les procédés pour l'extraction du
sucre seront à peu près les mêmes que pour cette dernière, et il y
aura cet avantage que les cossettes épuisées pourront être utilisées
pour la nourriture des vaches.
On jugera de l'importance agricole du sorgho sucré par les résul-
tats qu’il a déjà donnés aux Etats-Unis. En 1860, la récolte totale a
été de près de 7 millions de gallons de mélasse, et la variété hâtive
en particulier en a produit jusqu’à 250 de la meilleure qualité par
acre de terre. Ainsi que nous l’avons dit tout à l’heure, la canne de
sorgho dont on a extrait la sève contient encore une assez forte pro-
portion de matière nutritive pour pouvoir servir à l’alimentation du
bétail, mais on peut aussi la faire consommer en vert, à la façon des
tiges de maïs, c’est-à-dire débitée en petits morceaux à l’aide du
hache-paille. La culture simplement fourragère du sorgho devrait
être recommandée dans les pays du Nord, où l'été est de trop courte
durée pour mûrir la graine et amener la plante elle-même au degré
de richesse saccharine requis pour que l'extraction du sucre en soit
profitable. Aujourd’hui que l’ensilage des fourrages verts commence
à se répandre, on comprend quel avantage il y aurait à mélanger le
sorgho sucré aux fourrages ordinaires, qu’il rendrait plus appéüs-
sants aux bestiaux, en en relevant la saveur.
Il est encore un mérite du sorgho sucré qu’il ne faut pas oublier,
et qui a été signalé parle comte de Beaurepaire : c’est l’abondance
de son produit en graines, qui est tel que, dans le midi de la France,
on l’a vu atteindre à 50 hectolitres par hectare, et cela sans dimi-
nution bien sensible de la proportion de sucre contenue dans les
tiges. Cette graine, qui est très féculente, serait une nouvelle res-
source pour l’engraissement des volailles et des pores, et pourrail,
dans un moment de disette, servir même à la nourriture de l’homme.
A ces divers points de vue le sorgo à sucre serait utile en Algérie.
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 505
SPARTINA cynosuroides Wizzp. — Des parties orientales du
nord de l'Amérique. C’est une graminée vivace, qui recherche les
terres marécageuses ou du moins humides, et dont on pourrait faire
du fourrage si elle était moins dure. Sa véritable valeur est dans les
fibres tenaces de ses feuilles, presque aussi résistantes que celles
du sparte, et qui pourraient les remplacer dans la fabrication du pa-
pier. La plante drageonnant beaucoup du pied, on la recommande
pour fixer les sables humides ou consolider les berges des cours
d’eau.
Une seconde espèce, le Sp. juncea Wizo., également de l’'Amé-
rique du Nord, mais mieux adaptée que la précédente aux terrains
imbibés d’eau saumâtre, rendrait les mêmes services, tant comme
matière à papier que comme moyen de consolider les terres sa-
blonneuses des bords de la mer. Le Sp. polystachya Wizzo., des
mêmes régions, conviendrait encore mieux pour lés terrains salés.
Le Sp. stricta Rorx, du midi et de l’ouest de l’Europe, et qu’on
retrouve aussi dans l'Amérique du Nord, pourrait être utilisé de
même dans les terres humides et graveleuses, impropres à toute
autre culture.
SPERGULA arvensis L. — Spergule. Plante annuelle, de la fa-
mille des Caryophyllées-Alsinées, indigène dans toute l’Europe, le
nord de l’Afrique et une grande partie de l’Asie, propre aux terrains
siliceux et sablonneux. Quoiqu’elle ne prenne qu’un faible dévelop-
pement relatif, ce n’en est pas moins un fourrage très avantageux
eu égard à la pauvreté des terrains qu’on lui consacre, et qui con-
vient surtout aux vaches laitières. On croit même qu’il communique
à leur lait et à leur beurre des qualités exceptionnelles. Ce qui est
encore à considérer c’est la croissance rapide de la spergule, qui,
deux mois après le semis, peut être pâturée par les bestiaux. Elle
n’est d’aileurs consommée qu’en vert, soit sur place, soit à l’étable,
car sa dessication, outre qu’elle est difficile vu la nature aqueuse de
la plante, amènerait un déchet considérable. On la sème du prin-
temps à l’automne, souvent après une céréale récemment enlevée.
Enfouie en vert, la spergule est un des meilleurs engrais végétaux
connus.
Il existe une variété de spergule plus grande que celle dont nous
venons de parler, et dont quelques agriculteurs ont fait une espèce
distincte sous le nom de Sp.maxima. Sa taille est à peu près double
de celle de la précédente, mais elle talle peu et couvre moins le sol;
en outre elle est plus exigeante sur la qualité de la terre; aussi, mal-
gré sa taille plus forte, est-elle généralement abandonnée.
SPIGELIA marylandica 1. — Plante herbacée vivace, de l’A-
mérique du Nord, où elle porte le nom de Pinkroot. Elle appartient
à la famille des Loganiacées, dont elle partage les principales pro-
priétés. Sa racine est un puissant vermiluge, mais dont il ne faut
user qu'avec circonspection, des doses trop fortes pouvant causer
la mort. Aussi, bien des praticiens ont-ils renoncé à la prescrire.
Les mêmes propriétés se retrouvent dans les autres espèces du
De Au
ve
1. -
PER de CE PET I Er 4 AE
506 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
genre, notamment dans le Sp, anthelmia, des régions tropicales de
l'Amérique du Sud.
SPILANTHES o/eracea L. — Cresson du Para. Plante annuelle,
de la famille des Composées, originaire de l'Amérique du Sud, où
on l’emploie comme condiment. Sa saveur est très âcre et exeite
une salivation abondante. On la cultive dans quelques jardins de
l’Europe, plutôt comme plante de curiosité et de fantaisie que comme
légume.
SPINIFEX squarrosus L. — Graminée de l'Inde, vivace, dra-
geonnante, dont les longs et nombreux rhizomes servent à conso-
lider les sables des bords de la mer et à en empêcher les érosions
par les vagues et les eaux de pluie. Elle y forme un lacis serré, qui
est pour elle un puissant moyen de multiplication sur place ; mais
elle en a un autre pour se propager à distance et qui est curieux :
ses panicules, resserrées en formes de capitules et hérissées d’arètes
élastiques, se détachent au moment de la maturité des graines et sont
roulées au loin par les vents. Tombées dans la mer, elles flottent à
la surface, comme de petites bouées, et lorsque le flot les a poussées
à terre leurs épines s’y fixent, les graines tombent, germent et s’y
enracinent immédiatement. C’est là un des nombreux exemples des
ingénieux mécanismes employés par la nature pour assurer la con-
servation et la propagation des espèces.
Deux autres espèces, des côtes extratropicales de l’Australie, les
Sp. hirsutus LaBiz. et Sp. longifolius Rob. Br., ressemblent à la
précédente par leur mode de végétation et sont également efficaces
pour fixer les sables maritimes.
SPONDIAS dulcis G. FORSTER.— Grand et bel arbre fruitier des
îles Fidji, Tonga et de la Société, appartenant à la famille des Ana-
cardiacées, introduit aux îles Mascareignes (Maurice et de la Ré-
union), et qu’il y aurait un certain intérêt à propager dans toutes
les colonies intratropicales. Ses fruits, qui ont quelque ressemblance
avec des prunes jaunes, sont également prisés pour leur saveur, qui
rappelle celle de l’ananas, et pour leur salubrité. On en recommande
d’ailleurs l’usage dans beaucoup de maladies causées par les climats
chauds, et l'expérience prouve que celte recommandation est justi-
fiée.
Cette espèce n’est pas la seule du genre dont les fruits soient
comestibles. Il faut y ajouter le Sp. purpurea des Antilles, connu
dans nos colonies sous le nom de Prunier d'Espagne, le Sp. lutea
ou Mombin, dont les fruits moins doux que ceux du précédent sont
recommandés dans les fièvres bilieuses, le Sp. mangifera de l'Inde,
etle Sp. Birrea du Sénégal, où ses fruits servent à faire une sorte
de cidre à l’usage des nègres.
SPOROBOLUS virginicus Rob. Br. — Graminée fourragère de
la Jamaïque, très vigoureuse même sur les sables maritimes, où
elle se conserve parfaitement verte après plusieurs mois de sèche-
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ÉNUMÉRATION DES PLANTES 507
resse. Elle est très aimée des chevaux, qu’elle engraisse rapidement.
Deux autres espèces du genre, les Sp. purpuraceus et Sp. Jacque-
montii des Antilles, sont également recommandées comme fourrage,
pour les pays intratropicaux.
STACHYS t{uberifera Nox.; St. affinis Horr. — Labiée vivace
du Japon et probablement aussi de la Chine, à tiges herbacées et
annuelles, mais vivace par sa souche, et se reproduisant par des tu-
bercules souterrains, qui en sont la partie utile. Ces tubercules sont
tendres, de facile cuisson, et déjà appréciés de quelques consom-
mateurs. L'introduction en France de ce nouveau légume est toute
récente, et elle est due à un membre de la Société d’acclimatation,
M. Pailleux, qui, après plusieurs années d’essais habilement con-
duits et persévérants, est parvenu à cultiver la plante sur une grande
échelle et à en faire accepter les produits sur les marchés de Paris.
On les y désigne sous le nom de Crosnes, en souvenir de la localité
où les expériences de culture ont été faites.
Le stachys tubérifère s’est montré parfaitement rustique sous le
climat du nord de la France, et il paraît s’accommoder de tous les
genres de terrains, à condition qu’ils soient convenablement ameu-
blis. Ses tubercules sont peu volumineux, mais le nombre en est
considérable autour de chaque pied, et l’arrachage en est des plus
faciles. C’est essentiellement un légume d'hiver, les tubercules se
formant sur la fin de l’été, et ne devant être récoltés qu’à partir du
mois de novembre. Ils se conservent d’ailleurs sous terre, et résis-
tent aux plus fortes gelées de l’hiver.
STENOTAPHRUM americanum SCHRANK. — Graminée vivace
des parties chaudes de l'Amérique, de l'Asie méridionale et de l'A-
frique, introduite en Australie sous le nom de Buffalo grass. C’est
une herbe rampante, drageonnante et admirablement propre à con-
solider les sables et les berges des rivières, ainsi qu’à faire des pe-
louses verdoyantes, d’une longue durée et peu susceptibles d’être
détériorées par le piétinement des hommes et des animaux. Elle
n’est pas sans valeur non plus comme herbe à pâturer. Un pointin-
téressant à signaler dans l’histoire de cette plante, c’est qu’elle a été
employée avec succès, par M. John C. Bell, pour couvrir les ro-
chers arides de l’île de l’Ascension, où, de concert avec les acacias
de l'Australie, elle a été le début de la culture dans cette île désolée.
Cette graminée s’est naturalisée spontanément aux environs de
Bayonne, où elle a été trouvée par le botaniste Darracq.
e°
STERCULIA. — Arbres du groupe des Sterculiacées, presque
tous des régions intratropicales, utiles à divers titres, mais dont le
bois mou n’a presque aucune valeur. Les seuls qui puissent nous
intéresser dans l’état actuel de nos connaissances sont les suivants,
et surtout le premier :
ST. acuminata PaziS DE BEAUv.; Cola acuminata Rob. Br. —
Le kola des Européens. Arbre de la côte occidentale d'Afrique, entre
les 10° degrés de latitude nord et 5° de latitude sud, comprenant les
508 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
pays situés entre Sierra-Leone et le Congo, et s’avançant dans l’in-
térieur jusqu’à environ 200 lieues de la côte. Il est douteux, quoi
qu'en aient dit quelques voyageurs, que l’arbre soit indigène au
centre du continent, ainsi que sur la côte orientale, où les Anglais
l'ont introduit sur quelques points. Sa hauteur est de 12 à 15 mè-
tres, quelquefois plus, et par son aspect et son port il rappelle assez
bien le châtaignier de l'Europe.
Ce sont les graines ou noix du kola qui en sont la partie utile.
Ces graines volumineuses, presque de la grosseur d’un œuf de pi-
geon, rouges ou blanches suivant les variétés, passent, chez les
populations noires de l'Afrique, pour une sorte de panacée, étant
douées en outre de beaucoup d’autres propriétés que celles de guérir
ou de prévenir les maladies, aussi sont-elles l’objet d’un vaste com-
merce dans une moitié du continent africain, servant même de mon-
naie chez quelques peuplades. Une denrée à laquelle on attribue
tant de vertus ne saurait être dépourvue de toute valeur, et elle ne
pouvait manquer d'attirer l’attention des Européens établis à la côte
occidentale d'Afrique. Bien que les recherches des médecins et des
chimistes au sujet du kola ne datent encore que d’un petit nombre
d'années, il est parfaitement démontré aujourd’hui que cette graine
doit prendre rang parmi les aliments antidéperdiüifs, tels que le café,
le thé, le maté et la coca, et que son usage, comme masticatoire ou
sous une autre forme, ne peut être qu’avantageux aux Européens
qui vivent sous les climats équatoriaux, si insalubres et si débili-
tants. Il semble même, à la suite de quelques expériences faites dans
les hôpitaux de la marine, que le kola est le remède ou tout au
moins le prophylactique de la gastroentérite, ou diarrhée de Cochin-
chine, qui fait tant de victimes dans les colonies intratropicales. Ce
qu’on en sait déjà, sans parler des bénéfices commerciaux qui en
résulteraient, suffit amplement pour qu’on puisse recommander la
propagation de l’arbre producteur de kola dans toutes les parties de
la zone équatoriale fréquentée par les Européens.
Nous ne pouvons mieux renseigner le lecteur sur les propriétés et
l'importance hygiénique du kola qu’en donnant ici le résumé des re-
cherches faites en commun par deux savants français, les docteurs
Heckel et Schlagdenhauffen, résumé que nous empruntons à un
mémoire publié par eux en 1884, et dont voici les conclusions :
« Sur 100 parties la noix de kola contient 2,346 de caféine, 0,023 de
théobromine, 1,591 de tannin, 2,875 de glucose, 33,754 d’amidon,
3,040 de gomme, 6,761 de matières protéiques, plus de faibles pro-
portions d’autres substances (sels, matières colorantes, etc.) sans
intérêt pour l’objet qui nous occupe. Au total, la tenéur en caféine
de la noix de kola est supérieure à celle des thés et des cafés du
commerce. Si l’on compare celte graine avec le café, le thé et le ca-
cao au point de vue de la richesse en principes azotés et alibiles,
c’est à elle que revient le premier rang. Il résulte de cette composi-
tion que le kola vrai est un antidéperditif au plus haut degré et un
reconstituant énergique par son amertume et son astringence dans
les cas de troubles profonds des organes digestifs. En thérapeutique
il se place bien au-dessus du maté, de la coca et du paullimia. »
ANS ab tes UNS cour! fa tr SE de ve PT RUES. 4 ME RS EE of
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 509
Il importe de ne pas confondre le kola dont il vient d’être question
avec un faux kola connu sous le nom kola mâle ou kola bitter, qui
est la graine d’un arbrisseau de la famille des Guttifères, le Garct-
nia Kola Heckez. Les nègres le prennent assez souvent pour le
vrai kola, quoiqu'il ait des propriétés toutes différentes et qu’il soit
loin de le valoir comme agent médicamenteux. Il est d’ailleurs des
mêmes régions que le vrai kola.
es 400,000 kil. de noix de kola ont été expédiés en Angleterre
en 1879.
ST. carthagenensis CAVANILLES; St. Chicka SaiNt-Hiz. — Du
Brésil méridional, où ses graines, dont la saveur rappelle celle des
amandes, sont comestibles. Quelques autres espèces du même pays
sont aussi dans ce cas.
ST. monosperma VENTENAT ; S. nobilis Rob. Br. — De la Chine.
C’est un petit arbre, à tête élargie en dôme, dont les grosses graines
se mangent roties, à la façon des châtaignes. Il serait intéressant
de l’introduire dans le midi de l'Europe.
ST. quadrifida Rob. Br.— Du nord-est de l’Australie, où les
indigènes le nomment Caloul. Ses graines, qui ont le goût de noi-
settes, sont recherchées. Les fruits, d’un bel écarlate, contiennent
chacun de 8 à 10 graines.
ST. urens RoxsG. —- De l’Inde et de Ceylan. Ses graines sont
comestibles, comme celles des précédents et de plusieurs autres
Sterculias d'Asie, des Moluques et des îles de la Sonde.
Le St. platanifolia L., arbre de la Chine, à larges feuilles cadu-
ques, est depuis longtemps cultivé en France, mais seulement
comme arbre paysager. Il est rustique jusque sous le climat de
nue Ses graines, à peine de la grosseur d’un pois, n’ont aucune
valeur.
STILBOCARPA polaris Dre et PL. — Herbe vivave de la famille
des Araliacées, indigène dans les îles Auckland et Campbell, et
peut-être aussi à la pointe australe de la Nouvelle-Zélande. Ses lon-
gues racines sucrées ont plus d’une fois servi à sauver de la faim
de malheureux naufragés sur ces îles désertes. Il y aurait lieu de
faire des recherches sur cette plante, qui pourrait devenir une res-
source dans les pays froids.
STIPA aristiglumis Ferd. von MuiLEr. — Graminée vivace du
sud-est de l’Australie, très fourrageuse et d’excellente qualité, d’a-
près les éleveurs de bestiaux. Elle est en outre remarquable par la
célérité de sa végétation, qui, au printemps, croît de 15 à 18 centi-
mètres en une quinzaine de jours, et mürit ses graines deux ou trois
mois plus tard. Les chevaux, les bœufs et les moutons en sont
également avides.
Le St. tortilis Desr., du midi de l’Europe et du nord de l'Afrique,
doit être signalé ici comme une plante dangereuse, parce que ses
graines allongées, dures et terminées par une pointe acérée, pé-
nètrent dans la toison des moutons et finalement dans leur peau, ce
qui leur occasionne des abcès assez souvent suivis de mort.
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510 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
ST. tenacissima L.; Macrochloa tenacissima KuNTH. — Esparto
et Atocha des Espagnols; sparte et alfa des Français. Graminée
vivace du midi de l’Europe et du nord de l'Afrique, s’élevant sur
la Sierra-Nevada à plus de 1,000 mètres d’altitude, abondante sur-
tout en Algérie, aux confins du Sahara, où on l’exploite sur une
grande échelle. Ce qui en fait la valeur c’est la ténacité des fibres de
ses feuilles, longues et étroites, employées depuis des siècles à faire
des cordages, des nattes, des paniers, etc. Aujourd’hui elle est re-
cherchée pour la fabrication du papier, et la principale exportation
est destinée à l'Angleterre, qui, en 1870, en a reçu à elle seule près
de 150,000 tonnes. On a fait dans le midi de la France quelques
essais de naturalisation de l’alfa, qui peut y croître, mais dont la
culture ne semble pas devoir étre rémunérative, tant à cause de la
valeur du sol que de la cherté de la main-d'œuvre, et il est à croire
que la plante restera longtemps le produit naturel des terres incultes
du midi de l'Espagne et du nord de l’Afrique. Il y aurait lieu, toute-
fois, à en régler l’exploitation, pour conserver cette ressource aux
pays où nulle autre culture ne donnerait autant de profit.
Le St. arenaria BroTERO, d'Espagne et de Portugal, est très
analogue à l’alfa proprement dit, et de plus grande taille. Cette se-
conde espèce pourrait être utilisée, au moins comme fourrage, pour
la dépaissance des moutons.
STREBLUS asper LOUREIRO. — Arbrisseau de la famille des Ar-
tocarpées, de l’Asie méridionale, à rameaux nombreux et entre-
lacés, et dont on fait des haies épaisses et de longue durée. Il ne
peut rendre ce service que dans les pays intratropicaux.
STROBILANTHES flaccidifolius NE£Es; Ruelliaindigofera GRir-
rit. — Le Æoum des Indous, ou indigo de l’Assam. Acanthacée
arbustive de l’Inde et de la Chine méridionale, où on l’exploite de
temps immémorial pour la teinture bleue qu’on en retire par simple
macération dans l’eau. Quoique vivace et originaire de climats
chauds, elle est cultivée en Chine, comme plante annuelle, jusque
dans les provinces où elle ne résisterait pas aux rigueurs de l’hiver.
Dans ce cas on la propage uniquement de boutures, choisies au mo-
ment de la récolte, et qu'on tient en réserve à l’abri du froid pour
l’année suivante. Ces boutures sont mises en terre au printemps,
quand il n’y a plus de gelées à craindre, et les plantes sont fauchées
en automne, lorsqu'elles ont atteint la hauteur de 0"50 à 0"60. Si
l’on adoptait la méthode chinoise, l’indigo de l’Assam pourrait être
cultivé, probablement avec profit, dans une grande partie de l’'Eu-
rope et dans beaucoup d’autres pays de climats tempérés.
STYRAX officinalis L. — Aliboufier. Grand arbrisseau de la ré-
gion méditerranéenne, type de la famille des Styracées, cultivé
comme arbre d'ornement dans les parcs et les jardins du midi de la
France. En Orient on en retire par incision de l’écorce, sous forme
de larmes, une résine balsamique, usitée en médecine sous le nom
de storax. D’autres espèces du genre fournissent des produits ana
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 511
logues, mais le plus usité aujourd’hui est le benjoin, qu’on tire du
St. Benzoin, des Moluques. On sait que le benjoin joue un rôle
considérable en médecine et qu’il est un article important du com-
merce de la droguerie.
SWERTIA chirata BENTHAM; Ophelia chirata Grises. — Gen-
tianée vivace répandue dans toute la région des hautes montagnes
de l'Inde, où elle passe pour un des meilleurs toniques usités en
médecine. Elle est douée en effet d’éminentes propriétés fébrifuges
etantarthritiques et fréquemment administrée par les médecins sous
forme de simples infusions dans l’eau froide. Plusieurs autres gen-
tianées de genres voisins (Ophelia, Exacum, ete.) jouissent de pro-
priétés analogues. C’est aussi le cas des gentianes d'Europe et de
notre petite centaurée ({Chironia C'entaurium), souvent administrée
dans les cas de fièvres intermittentes.
SWIETENIA Mahogont L. — Acajou. Grand arbre des parties
chaudes de l'Amérique, des Antilles au Mexique et à la Floride,
appartenant à la famille des Cédrélacées. Il est célèbre par la beauté
et l’excellence de son bois, dur, compacte, d’une teinte brun-rou-
geâtre, diversement et élégamment veiné, et susceptible du plus beau
poli. C’est essentiellement un bois d’ébénisterie et dont il se fait en
Europe une importation considérable. Ce bois s’emploie soit massif,
soit scié en plaques minces pour recouvrir des bois plus communs.
Il ne faut pas confondre l’acajou proprement dit avec d’autres
arbres de même famille {Cedrela), auxquels on donne assez sou-
vent, dans le commerce, le nom d’acajou, ni surtout avec le fauæ-
acajou où anacardier, qui appartient à un groupe botanique tout
différent.
SYMPHYTUM peregrinum LEDEBOUR. — Consoude du Caucase.
Grande plante vivace de la famille des Boraginées, dont la racine
volumineuse et charnue s'enfonce profondément dans la terre, et
produit en grande abondance un feuillage que les animaux domes-
tiques mangent avec plaisir, malgré les aspérités qui le rendent rude
au toucher. Depuis quelques années la consoude du Caucase a été
introduite dans l’agriculture en qualité de plante fourragère, mais
elle ne donne un produit abondant que sur les bonnes terres, qui
conservent toute l’année leur humidité. Sur les sols peu profonds et
sujets à se dessécher le résultat de la culture est médiocre ou pres-
que nul. En somme ce nouveau fourrage n’a de valeur que dans les
pays à climat humide, froid ou tempéré, et, comme il est aqueux, on
doit l’associer à des plantes plus nourrissantes sous un moindre vo-
lume. Il ne se consomme guère qu’en vert.
La consoude officinale (S. officinale L.), qui est commune dans
les prairies humides de presque toute l’Europe, est fourragère au
même titre que celle du Caucase. Sa racine a en outre quelque em-
ploi dans la médecine vétérinaire.
Plusieurs autres Boraginées peuvent de même servir à la nour-
riture du bétail. Le Cynoglossum Morisoni DC., de l'Amérique
33
US FT DO cor dat ré M ET ON 06 es Le RS a dE ra
548 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
du Nord, est dans ce cas. Il peut donner jusqu’à trois coupes par
an.
SYMPLOCOS ramosissima WALLICH. — Arbre ou arbrisseau de
la famille des Styracées, croissant à plus de 2,000 mètres d'altitude
sur l'Himalaya. Ses feuilles, d’après le docteur Stewart, y servent
à nourrir une sorte de ver à soie particulière au pays, ce qui pourra
rendre l’arbre intéressant au point de vue de l’acclimatation de cet
insecte en Europe et ailleurs.
Nous devons signaler encore le $S. tincloria L’'Hérir., dont les
feuilles servent à préparer une teinture jaune, et le S. Alstoniæ
L'Hérir., de l'Amérique centrale, où ses feuilles sont considérées
comme un succédané du thé.
SYNCARPIA laurifolia TENORE. — Très grand arbre du groupe
des Myrtacées-Leptospermées, connu en Australie sous le nom de
Turpentine tree, à cause de l'odeur térébenthinée de son feuilage.
Sa hauteur peut atteindre ou même dépasser 60 mètres, et son bois,
quoique relativement tendre et peu résistant, est néanmoins fort
employé pour les travaux de charpente et surtout de menuiserie. Il
est susceptible d’un beau poli et il dure assez longtemps lorsqu'il
n’est pas exposé à l'humidité.
SYNOUM glandulosum Adr. De Juss. — Arbre à feuilles persis-
tantes du groupe des Méliacées, indigène de la Nouvelle-Galles du
Sud, intéressant par son bois couleur de rose. Il recherche les val
lées abritées et un peu humides, et réussirait peut-être dans les
parties les plus chaudes du midi de l'Europe, mais plus certaine-
ment dans le nord de l'Afrique. Il en serait sans doute de même de
plusieurs Disoæylon du même pays, pareillement de la famille des
Méliacées, et à bois rose.
SYSIMBRIUM Vasturtium L. — Cresson de fontaine. Crucifère
vivace, indigène dans une grande partie de l’Europe et de l’Asie,
propagée aujourd’hui dans l'Amérique du Nord et dans beaucoup
d’autres pays. C’est une plante essentiellement aquatique, mais
dont les tiges redressées s'élèvent au-dessus de la surface de l’eau
Tout le monde connaît son emploi dans les cuisines, tant comme
condiment de certains mels que pour être mangée en salade. En
thérapeutique elle est considérée comme un puissant dépuratif du
sang et un antiscorbutique éprouvé. On lui a même longtemps attri-
bué de l'efficacité dans la phtisie pulmonaire.
Le cresson de fontaine est devenu l’objet d'un commerce assez
important dans toutes les grandes villes de PEurope, notamment à
Paris, où il en arrive chaque jour des quantités considérables aux
marchés aux légumes. Pour satisfaire à cette large consommation
il a fallu établir des cultures spéciales, connues sous le nom de
cressonnières, toutes alimentées par des cours d’eau. Dans beaucoup
de jardins privés on cultive quelques pieds de cresson dans des bas-
sins, où même dans de simples baquels remplis de terre et d’eau, ce
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ÉNUMÉRATION DES PLANTES 513
qui suffit pour la consommation du ménage. La plante se reproduit
avec une grande facilité, tant de graines que de fragments de tiges
enracinées.
TACCA pinnatifida G. Fonsrer.— Plante monocotylédone, her-
bacée, du groupe des Taccacées, dont la volumineuse racine est
gorgée de fécule. Elle appartient aux Moluques, aux îles de la Sonde
et à quelques archipels de l’océan Pacifique, d’ailleurs partout cul-
tivée dans ces régions. C’est de sa racine qu’on retire l’arrow-root
des îles Fidji, dont la médecine fait un fréquent usage pour com-
battre la dysenterie et la diarrhée. Quoique originaire de pays très
chauds, il ne serait peut-être pas impossible de la cultiver dans des
pays plus tempérés, mais exempts de gelées.
Ce genre comprend plusieurs autres espèces, encore peu connues,
mais bien dignes d'attirer l'attention des acclimateurs. Il en existe
deux (7. maculata et T. Brownit SEEMAN), dans le nord de l’Aus-
tralie, et sept ou huit dans l’Inde, à Madagascar, en Guinée et à la
Guyane, qui toutes contiennent de la fécule dans leurs racines tu-
bereuleuses.
TACSONIA. — Genre de Passiflorées américaines, qui ne difière
des passifiores proprement dites que par l’allongement du tube du
calyce des fleurs. Toutes sont des lianes grimpantes, la plupart re-
marquables par la beauté et le vif coloris de leurs fleurs; de plus
elles sont généralement rustiques dans le midi de l’Europe, où on
les emploie à couvrir des murs ou des tonnelles. Les plus répandues
dans nos jardins sont les T°. mollissima, trineroia, pinnatistipula,
Buclranani et Jamesoni, toutes des Andes de l'Amérique du Sud.
TAGETES glanduligera ScHRANKk. — Grande plante annuelle de
la famille des Composées, de l'Amérique du Sud, que sa forte odeur
aromatique fait employer pour chasser les puces des habitations.
Plusieurs autres espèces du genre sont cultivées en Europe comme
plantes de plate-bande. Il nous suffira de nommer l’Œillet d'Inde
(T. patula L.)et la Rose d'Inde (T. erecta L.), plantes connues de
tout le monde et auxquelles on ne peut reprocher que leur odeur dé-
plaisante.
TALINUM patens WizL.; T. paniculatum GærTN. — Portula-
cée vivace à feuilles succulentes, de l'Amérique centrale et de la
République Argentine. Pour les peuples de ces pays c’est une sorte
de légume qui se mange cuit ou en salade, sous le nom de Puchero.
Cette plante pourrait être facilement naturalisée sur les sols rocail-
leux dans les pays tempérés-chauds.
TAMARINDUS indica L. — Tamarinier de l'Inde. Arbre su-
perbe, du groupe des Légumineuses-Césalpinées, de l’Asie tropicale,
de l'Afrique et du nord de l’Australie. C'est la pulpe acide de ses
514 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
gousses qui fournit la drogue médicinale connue sous le nom de
tamarin, et qui doit ses propriétés à une forte proportion d'acide
formique et d'acide butyrique, alliés d’ailleurs à d’autres substances.
L'Egypte est la limite septentrionale où le tamarinier croît à l'air
libre, du moins dans l’état actuel des choses. Entre les tropiques ou
dans leur voisinage le tamarinier peut prendre rang parmi les arbres
paysagers les plus remarquables.
TAMARIX. — Genre principal et presque unique de la petite
famille des Tamariscinées, composée d'arbres et d’arbrisseaux tou-
jours verls, au feuillage menu et à fleurs roses. Les espèces en ap
partiennent pour la plupart à la région méditerranéenne et à la ré-
gion saharienne, où elles recherchent les terrains sablonneux et
imprégnés de sel. Quelques - unes cependant s’avancent en Asie
jusqu’à l’Inde et même jusqu’en Chine et au Japon.
T. dioica Rox8G. — De l'Inde; c’est un simple arbrisseau qui
croit au bord des rivières, et sert à consolider leurs alluvions, même
quand elles sont imprégnées de matières salines.
T. gallica L. — Le tamarix commun. Du midi méditerranéen
de l’Europe, de l’Asie occidentale et du nord de l’Afrique, abondant
surtout dans les sables du Sahara algérien, où il forme un arbre de
8 à 10 mètres. On croit l’avoir trouvé jusque sur l'Himalaya, à des
altitudes de 2,500 à 5,000 mètres. Ce petit arbre s'adapte avec une
étonnante facilité à tous les sites et à toutes les natures de terrains;
il réussit aussi bien le pied dans l’eau, douce ou saumâtre, que dans
les sables les plus arides, et il se reproduit de boutures avec la
même facilité et la même rapidité qu’un saule, ce qui en fait un arbre
précieux pour couvrir de verdure les pays déserts et en préparer la
colonisation. C’est en outre un arbre gracieux, recherché par l’hor-
ticulture, qui l’emploie pour abriter “contre le soleil et contre les
vents des plantes plus délicates. Son bois fournit d’ailleurs un char-
bon de première qualité. Cet arbre intéressant a été propagé en
Australie par les soins du baron Ferd. von Müller.
T. germanica L.; Myricaria germanica DEsv. — Sous-arbris-
seau de l'Europe centrale et de l'Asie, jusqu’à l'Himalaya, croissant
surtout le long des rivières, dont il contribue à consolider les berges.
T. orientalis FORSk AL; T°. articulata Var. —- Du nord et du
centre de l'Afrique, de l'Arabie et de l'Asie méridionale. Celui-ci
est un assez grand arbre, haut quelquefois de 20 mètres, sur 3 ou
4 mètres de circonférence au pied. Son bois sert, dans l’Inde, à faire
des ustensiles agricoles, des charrues, des roues de voitures, des
jougs, etc., mais il est aussi employé comme combustible, et, à cet
effet, les arbres sont élevés en taillis ou étêtés comme le sont en
Europe les peupliers et les saules. On le reproduit aisément de
graines ou de boutures, et des deux manières il croît avec rapidité.
Ce serait un arbre à introduire dans le Sahara algérien, où il ren-
drait indubitablement de bons services.
Le”T. mannfera EHRENBG., qui ressemble beaucoup au T°. gal-
lica, est propre à l'Arabie pétrée et au mont Sinaï. De ses rameaux,
piqués par un insecte du groupe des Coccidés, découle une matüère
1 1 2h %
CT A -
PCR 777. À
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 515
sucrée, la manne de lamarix, que quelques personnes croient être
celle qui a nourri les Hébreux dans le désert, opinion peu vraisem-
blable. On récolte encore sur diverses espèces du genre des galles
que leur forte astringence fait employer dans la médecine populaire,
ou qu’on utilise pour la teinture des étoffes.
TANACETUM Balsamita L.; Balsamita suaveolens DESF. —
Baume-coq, menthe-coq. Plante herbacée, vivace, de la famille des
Composées, dont les tiges hautes environ de 1 mètre portent de
nombreux capitules jaunes, ce qui l’a fait admettre dans les parterres
comme plante d'ornement. Ses feuilles froissées entre les doigts
exhalent une odeur aromatique forte et agréable. Nous ne citons ici
cette plante que pour la propriété qu’on lui attribue de dissoudre en
très peu de temps la chair des cadavres d'animaux mis en contact
avec ses racines, et dont elle ne laisse bientôt que le squelette. L’ex-
périence plusieurs fois répétée a, dit-on, toujours donné les mêmes
résultats. Si cette propriété est réelle, ainsi qu’il semble, elle pour-
rait trouver une utile application dans bien des cas. La plante se
multiplie aisément par division de ses toufies.
TANACETUM oulgare L. — Tanaisie. Plante vivace, de la fa-
mille des Composées, des régions tempérées de l’ancien continent
et du nord-ouest de l'Amérique. Elle est fortement aromatique, ce
qu’elle doit à une huile essentielle volatile, aussi est-elle employée
en médecine, et surtout en médecine vétérinaire.
TARAXACUM officinale VizLars; T. Dens-leonis DESr.— Pis-
senlit, dent-de-lion. Composée herbacée, acaule et vivace, de toutes
les parties tempérées de l’Europe et de l’Asie, commune surtout
dans les terres un peu humides, les prairies et sur les bords des
chemins. Sa racine a quelques emplois en médecine, et ses feuilles,
surtout lorsqu'elles sont un peu blanchies par la privation de lu-
mière, sont estimées comme salade. Longtemps négligée, cette
modeste plante est entrée dans la culture potagère, où on la fait
blanchir par les moyens usités pour d’autres salades. Elle est extré-
mement variable dans son feuillage, et on doit naturellement pré-
férer, pour la culture, les variétés dont les feuilles sont les plus
grandes et les moins découpées. On la propage par semis et par
l'éclat des racines. Sa floraison, très printanière, est recherchée
des abeilles au sortir de l’hiver.
TAXODIUM. — Grands arbres de l’ordre des Conifères et de la
famille des Cupressinées, appartenant à l'Amérique septentrionale.
Ce genre est réduit aux deux espèces suivantes :
T. distichum RicHarD. — Cyprès chauve de Virginie. Des Etats-
Unis méridionaux, où il recherche les bords des rivières et les ter-
rains imbibés d’eau. Sa hauteur est de 30 à 40 mètres, et la circon-
férence du tronc, au niveau du sol, dépasse quelquefois 10 mètres.
On croit alors qu’il est âgé de 1,500 à 2,000 ans. Cependant sa crois-
sance est relativement rapide, au moins dans les premières années,
516 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
Cet arbre est remarquable par deux particularités : ses feuilles ca-
duques comme celles du mélèze et les exostoses ligneuses de forme
conique qui s'élèvent de ses racines traçantes lorsqu'il est arrivé à
l’âge adulte, et dont la hauteur dépasse quelquelois 1 mètre. A tort
ou à raison, on lui attribue en Amérique la propriété d’assainir l'air
des pays marécageux. Son bois, à grain fin, est dur, quoique léger,
élastique, facile à fendre et à travailler, d’une bonne durée même
dans l’eau, aussi est-il employé à tous les travaux de charpente et
de menuiserie. On en extrait aussi de Ja térébenthine de qualité su-
périeure. Ce bel arbre, qui est l’ornement agreste de la Géorgie et
de la Caroline, où il domine tous les autres, a été introduit en Eu-
rope dès le commencement du dix-huitième siècle, et on en voit de
beaux exemplaires en Angleterre et en France, mais il ne réussit
bien que dans les terres profondes et constamment humides.
T. mucronatum TENORE; 7. Montezumæ D; T. mexicanum
Carr. — Cyprès de Montézuma. Des montagnes du Mexique, où il
atteint des proportions colossales, soit une quarantaine de mètres
de hauteur, sur 12 mètres de circonférence à la base. Il a quelque
ressemblance dans le port avec l'espèce précédente, maïs ses feuilles
ne tombent que tous les deux ou trois ans. Il est moins ruslique en
France que le 7. distichum, car il y gèle souvent, même dans les
provinces voisines de l'Océan, où le climat est relativement doux.
Celui de l'Espagne et du Portugal lui conviendrait mieux.
Les Taxodium sont éminemment des arbres paysagers, aussi
l’horticulture d'agrément s’en est-elle emparée dès leur introduction
en Europe. On les multiplie presque exclusivement de graines qu’on
tire d'Amérique, les arbres cullivés en Europe n’en produisant que
très exceptionnellement qui soient capables de germer.
TAXUS. — If. Genre d’arbres conifères, à fruits bacciformes,
charnus et ne contenant qu’une seule graine, constituant, avec un
petit nombre d’autres genres (Torreya, Ginko, Phyllocladus), le
groupe des Taxinées. Les auteurs ont décrit plusieurs espèces d'ifs,
mais elles sont si voisines les unes des autres qu’on peut les con-
sidérer comme de simples variétés de l’if commun, qui est le sui-
vant :
T. baccata L. — De presque toute l’Europe, jusqu’au 61° degré
de latitude, et d’une grande partie de l’Asie, où il s’élève aux alu-
tudes de 3,006 mètres et plus. On le trouve aussi dans le nord de
l'Amérique, et dans les îles japonaises.
L’if est un arbre très variable par ses proportions; c’est tantôt un.
arbre d’une trentaine de mètres, tantôt un grand ou même un petit
arbrisseau, mais toujours très touffu et d’une verdure foncée. Il eroît
lentement, et sa longévité est extrême, car il en existe quelques-
uns en Angleterre et dansle nord de la France dont on fait remonter
l’âge à 2,000 ans. Avant l'invention des armes à feu l'if avait le
privilège de fournir le bois dont on faisait les meilleurs arcs. Avec
le temps, c’est-à-dire après la destruction de beaucoup de forêts,
cet arbre est devenu relativement rare en Europe et il ne sert plus
guère qu’à orner les parcs, le paysage et les cimetières, ce à quoi
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 5
la densité et la verdure sombre de son feuillage le rendent éminem-
ment propre; son bois est d’ailleurs de première qualité par sa
force, sa souplesse el sa longue durée. Ajoutons à ces détails que
les feuilles de l’if sont vénéneuses et ont plus d’une fois causé la
mort des bestiaux qui les avaient broutées. La pulpe douceñtre de
ses baies est au contraire inoffensive. L’if ne se reproduit guère que
de graines, et les horliculteurs en ont obtenu un grand nombre de
variétés.
T. brevifolia NurraLz; 7. Lindleyana Laws. — Du nord-ouest
de l'Amérique. On le dit plus grand et plus élancé que l’if d'Europe,
auquel d’ailleurs il ressemble. Peut-être n’en est-il qu’une variété.
Son bois est blanc ou légèrement jaunâtre, propre à beaucoup d’u-
sages. Les Indiens s’en servent pour faire leurs arcs.
A la suite de ces deux espèces nous pouvons citer encore le
T. canadensis Wizo., des parties froides de l'Amérique du Nord;
ce n’est qu'un arbrisseau de # à 5 mètres; le 7. Wallichiana
Zucc., de l'Himalaya, où il constitue de vastes forêts; c’est un
arbre d’une vingtaine de mètres; on dit que les populations du pays
font avec ses jeunes pousses une infusion, analogue au thé, et qui,
sans être vénéneuse, n’est pas exempte d’'inconvénients ; le 7. flo-
ridana NUTTAL, qui paraît n’être qu'une variété méridionale du T7.
canadensis ; enfin, le 7. globosa, grand arbrisseau des montagnes
du Mexique, jusqu'ici très peu connu en Europe.
TECOMA radicans Juss. — Arbrisseau grimpant de l'Amérique
du Nord, de la famille des Bignoniacées, réuni autrefois aux Bigno-
nia, dont on le distingue à ce que ses feuilles composées se terminent
par une foliole et non par une vrille. Ses grandes fleurs rouge pon-
ceau en font un bel arbrisseau d'ornement, propre à couvrir des
treillis ou à épaissir des haies, mais il nous intéresse aussi par
l'abondance du nectar que produisent ses fleurs fort recherchées des
abeilles. Il est rustique, en France, jusque sous le climat de Paris.
Plusieurs autres bignoniacées, sans être aussi mellifères, peuvent
servir aux mêmes usages, telles que les 7°. grandifiora de la Chine,
T. capensis de l'Afrique australe, 7°. australis de la Nouvelle-Hol-
lande, Bignonia capreolata de l'Amérique du Nord, B. speciosa
‘de Buenos-Ayres, 2.venusta du Brésil, et beaucoup d’autres, toutes
plus ou moins sarmenteuses et depuis longtemps introduites dans
l’horticulture d'agrément. La plupart sont rustiques dans le midi
de l'Europe.
TECTONA grandis L. f. — Grand arbre de la famille des Ver-
bénacées, indigène dans la moitié septentrionale de l’Inde, où il
porte le nom de Teck. C’est un arbre forestier de premier ordre,
moins encore par ses belles proportions que par l’excellence de son
bois, qui ne le cède à aucun autre en force et en durée pour les
grandes constructions et surtout pour les constructions navales.
Sans parler de ce qui s’en consomme dans le pays même, on en im-
porte de grandes quantitésen Europe, principalement en Angleterre.
La limite septentrionale de cet arbre est ledistrict de Bandalkhand,
518 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
mais il s’y élève sur les montagnes jusqu'aux altitudes de 1,000 à”
1,200 mètres. Dans l’Inde occidentale, au rapport de MM. Stewart
et Brandis, la gelée n’est pas un phénomène rare dans les lieux oc-
cupés par le Teck, qui n’en est pas sensiblement maltraité, mais il
n’y prend pas le développement qu’il montre dans des sites plus
favorables. C’est aussi ce qui arrive à Alger, où il a été introduit il
y a quelques années; il y fleurit et donne des graines, mais sa faille
n'y à pas encore dépassé 6 à 8 mètres. Il est probable qu’on obtien-
drait un meilleur résultat de sa culture dans la région méridionale
de notre colonie.
TEINOSTACHYUM attenualum Munro. — Bambou de 8 à 10
mètres, des montagnes de l’île de Ceylan, où il monte jusqu’à l’alti-
tude de 2,000 mètres, ce qui semble lui donner assez de rusticité
pour pouvoir se naturaliser dans le midi de l’Europe, ou tout au
moins sur les rivages méridionaux de la Méditerranée.
TELFAIRIA pedata Jos. Hook.; Feuillea pedata Smira ; Joliffia
Boyer. — Grande cucurbitacée dioïque et vivace, longuement sar-
menteuse et grimpante, de l'Afrique sud-orientale, cultivée en qua-
lité de plante économique dans plusieurs parties de cette région, et
particulièrement dans l’île de Zanzibar, où elle porte le nom de
Kouémé. Elle est remarquable par la forme de son feuillage dé-
coupé, par ses fleurs frangées, de couleur violette, et surtout par
ses fruits de forme oblongue, comparables à ceux des plus grosses
citrouilles, et pesant jusqu’à 20 ou 25 kilogrammes. Ces fruits énor-
mes, dont la chair ne paraît pas comestible, contiennent des cen-
taines de graines, de la forme et de la grosseur d’une châtaigne,
dont l’amande se mange crue ou plus habituellement cuite dans
l’eau. On en tire un meilleur parti en exprimant l’huile qu’elles
contiennerit et qu’on dit comparable à la meilleure huile d’olives.
On a essayé, mais jusqu'ici sans résultat, de cultiver cette remar-
quable cucurbitacée à Alger, où elle ne résiste pas aux abaisse-
ments de la température en hiver ; mais il semble probable que sa
culture aurait plus de succès dans les oasis du Sahara, sous le cou-
vert des dattiers.
Une seconde espèce du genre, plus récemment découverte, est le!
T. occidentalis, qui, ainsi que son nom l’indique, appartient à l'A-
frique occidentale (Sierra-Leone, Vieux-Calabar, Angola, ete.). Elle
difière de l’espèce précédente par divers caractères, dont le principal
est la figure de son fruit, plus court et relevé longitudinalement
de huit à dix ailes très saillantes. Les noirs de ces divers pays la
cultivent pour en manger les graines ou en retirer de l’huile. Ce que
nous avons dit ci-dessus des essais de naturalisation de l'espèce
orientale s’applique également à celle-ci.
TERFEZIA ZLeonis TULASNE. — Champignon hypogé, analogue
aux truffes, avec lesquelles on l’a longtemps confondu, mais qu'il
est loin de valoir, quoiqu'il soit comestible. On le trouve dans le midi
de l’Europe et, paraît-il, aussi dans l’Amérique du Nord.
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 519
TERMINALIA. — (Genre d'arbres de la famille des Combrétacées,
tous des régions intratropicales et intéressants à divers titres. Ci-
tons dans le nombre les espèces suivantes :
T. buceras Jos. Hook.; Bucida buceras L. — Des côtes orien-
tales de l'Amérique, des Antilles au Brésil, où il croît le pied dans
l’eau de mer, ce qui le fait classer parmi les palétuviers. On pour-
rait peut-être l'utiliser pour fixer les terrains bourbeux et les sables
balayés par les vagues.
T. Catappa L.— De l'Inde. Peu d'arbres, au dire de Roxburgh,
sont aussi élégants que celui-ci, et ce serait une intéressante acqui-
sition à faire pour la décoration des parcs dans les pays exempts
d'hiver. Peut-être aurait-il quelque chance de s’acclimater dans les
parties les plus chaudes du midi de l'Europe et dans le nord de l’A-
frique, où 1l aurait à lutter non seulement contre les abaissements
de la température hivernale, mais aussi contre les longues séche-
resses de l’été. Son introduction serait d'autant plus désirable que
ses graines, semblables à des amandes et rappelant le goût de la
noisette, sont agréables à manger et très saines.
T. Chebula Rertz. — Des montagnes sèches de l'Inde. Cet arbre
produit, comme le précédent, des amandes comestibles, et en outre
des galles, qui, ainsi que les feuilles et les fruits jeunes, sont très
employées en teinture et en tannerie, sous le nom de myrobolans.
L'expression de myrobalans serait plus conforme à l’étymologie.
Plusieurs autres espèces de Terminalia sont dignes de lattention
des botanistes et des acclimateurs. On en connaît en Australie qui
s’avancent jusqu’au tropique et qui entrent peut-être dans la zone
tempérée. D’autres sont des montagnes de l’Inde ou des îles voisines.
Quelle qu’en soit l’origine, tous ces arbres sont riches en tannin, et
la plupart fournissent des bois de valeur.
TETRAGONIA expansa MurRAY. — Tétragone, épinard de la
Nouvelle-Zélande. Herbe annuelle, à tiges étalées sur la terre, et
dont les feuilles charnues se mangent cuites en guise d’épinards. On
la cultive assez souvent dans les jardins potagers de l’Europe. Son
seul défaut est d’être trop aqueuse. La plante est répandue dans
beaucoup de pays de l’hémisphère austral, jusqu’à la Nouvelle-Ca-
lédonie. Les botamistes la classent dans la famille des Portulacées,
mais elle a beaucoup d’analogie aussi avec les Ficoïdes, ou Mésem-
brianthémées.
Une seconde espèce, le T. implexicoma Jos. Hook., de l’Austra-
lie extratropicale, de la Nouvelle-Zélande et de l’île Chatam, doit
être encore signalée. Elle est frutescente et forme de longs et larges
tapis sur le sable et les rochers, toujours au voisinage de la mer.
Comme plante potagère, elle a les mêmes qualités que la précédente,
et pourrait d’ailleurs servir à consolider les sables ou à tapisser des
rochers maritimes. Le 7°. {rigyna BANKs et SOLANDER ne paraît
pas différer de cette espèce.
TETRANTHERA. — Arbres de la famille des Laurinées, assez
analogues au laurier commun et pouvant être utilisés comme arbres
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520 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
forestiers. Quelques-uns sont rustiques dans le midi de l’Europe,
d’autres conviendront aux pays intratropicaux.
T. californica Hook. et ARNTr.; Oreodaphne californica N&ës.
— Laurier de montagne, de l’Orégon et de la Californie. Au voisi-
nage des rivières, c’est-à-dire en terrain frais, il s'élève à 30 mètres
et plus, donnant un excellent bois de construction, propre à la char-
pente et à la menuiserie, exhalant une légère odeur de camphre, qui
le met à l’abri des insectes. Ce bel arbre croît un peu lentement,
mais il vient pour ainsi dire sans culture.
T. calophylla Miquez; Cylicodaphne BLum. — Des montagnes
de Java et des Nilgherries, dans l’Inde. Ses graines, qu’il produit en
grande abondance, contiennent une matière grasse, de la consis-
tance du suif, qu’on en extrait par pression pour en faire des bou-
gies.
Le T. laurifolia JAcQ., de l'Asie méridionale et du nord de l’Aus-
tralie, et le 7”. japonica SPRENG., rendent des services analogues.
TEUCRIUM. — Genre de Labiées, les unes herbacées, les autres
frutescentes, la plupart de la région méditerranéenne, plus ou moins
aromatiques, et dont quelques-unes sont utilisées en médecine. Les
plus intéressantes pour nous sont les suivantes :
T. chamædrys 1. — Petit chêne. Des terrains rocailleux d’un
grande parte de l’Europe. Il a eu jadis une certaine réputation en
thérapeutique, mais 1l est presque abandonné aujourd’hui, quoique
encore en usage dans la médecine populaire.
T. fruticans L. — Sous-arbrisseau buissonnant, de 2 à 3 mètres,
des parties les plus chaudes du midi de l’Europe, fréquemment eul-
tivé dans les jardins, où, taillé en boule, il est d’un grand effet pit-
toresque, par son feuillage blanc argenté en dessous et par ses fleurs
d’un bleu grisâtre.
T. Marum L. — Marum des officines. Sous-arbuste de la région
méditerranéenne et de l'Orient. Très usité autrefois en médecine, et
conservant encore quelques emplois en pharmacie. Son odeur aro-
matique est due à la stéaroptène.
Plusieurs autres Teucrium ont aussi été en faveur, tels que les
T. Scordium, T.. creticum, T. polium, etc., des mêmes régions mé-
ridionales.
THAMNOCALAMUS. — Grands bambous de la zone tempérée
de l'Himalaya, où l'hiver fait tous les ans sentir ses rigueurs. Leur
acclimatation en Europe ne fait aucun doute, principalement pour
le Th. Falconeri Hook., qui dépasse la zone de 2,000 mètres d’al-
titude, etle Th. spathifiorus Muxko, qui atteint celle de 3,500 mè-
tres, et qui est, selon toute vraisemblance, le bambou introduit en
Europe sous le nom impropre d'Arundinaria falcata.
Ce que nous venons de dire des Thamnocalamus s'applique de
tous points au Pseudostachyum polymorphum et au Teinostachyum
Griffithiüi MuNro, autres bambous des mêmes régions.
THAPSIA edulis BENTH.; Monisia edulis LOWE. — Grande
mil / dm.
Le * ÿ
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 521
ombellifère à racine charnue et comestible, de l’ile Déserte, près de
Madère, où elle porte le nom de carotte en arbre. Quoique sa racine
ne vaille pas la carotte, la plante a cependant quelque intérêt pour
certaines localités maritimes. Elle pourrait d’ailleurs être améliorée
par la culture comme tant d’autres espèces sauvages.
Une autre espèce, le Th. garganica L., du midi de l'Europe et
du nord de l'Afrique, a joui, pendant quelque temps, d’une grande
vogue dans la thérapeutique. Plusieurs médecins l’ont préconisée
comme le remède de la phtisie, ce que l'expérience n’a pas confirmé.
Elle est cependant encore employée contre d’autres maladies. On la
croit d’ailleurs un peu vénéneuse, et il faut n’en user qu’avec ré-
serve.
THELIGONUM cynocrambe L. — Herbe annuelle de la région
méditerranéenne, où elle entre en végétation dès les mois de janvier
et de février. Les pauvres gens la récoltent pour la manger en guise
d’épinards. C’est le seul usage qu’on lui connaisse.
THEOPHRASTA imperialis REG. — Pelit arbre ou grand arbris-
seau de la famille des Sapotées, originaire du Brésil et cultivé de-
puis longtemps dans les serres chaudes de l’Europe en qualité de
plante d'ornement. Il est surtout remarquable par la grandeur et la
beauté de son feuillage, qui a quelquefois près de { mètre de lon-
gueur, sur 25 à 30 centimètres de largeur. Ses fruits ressemblent à
de petites pommes à cinq côtes mousses, et à chair épaisse, mais
ne sont pas comestibles que nous sachions. Il est probable que cet
arbrisseau, cultivé en pleine terre et à l’air libre dans un climat suf-
fisamment chaud, prendrait de toutes autres proportions que dans
les serres du Nord. Il en existe quelques sujets dans les jardins les
mieux abrités de la Provence maritime, où ils passent aisément l’hi-
ver à l’aide de quelques abris.
THRINAX parvifiora SWARTZ. —- Palmier de la Floride, des
Antilles et de l'Amérique centrale, à feuilles flabelliformes, et dont
le stipe remarquablement grêle s'élève à 10 ou 12 mètres et quel-
quefois plus. Cet élégant palmier serait rustique dans les parties les
plus méridionales et les mieux abritées du midi de l’Europe et peut-
être de la Provence.
THUIA.— Genre de Conifères du groupe des Cupressinées, com-
prenant quatre ou cinq espèces américaines, toutes introduites en
Europe. Deux d’entre elles doivent particulièrement nous intéresser.
TH. gigantea Nurt.; Libocedrus decurrens Torr. — Du nord-
ouest de l’Amérique, où il porte, suivant les lieux, les noms de
Cèdre rouge, Cèdre blanc et Cyprès jaune. C’est un arbre superbe
dont le tronc, parfaitement droit, s'élève verticalement à 60 et quel-
quefois à près de 100 mètres, sur un diamètre proportionné à cette
grande taille. Son port est régulièrement pyramidal, ou plutôt de
forme conique, élancé, de verdure dense et de teinte foncée. Tel que
nous le connaissons en Europe, le grand thuia est un arbre paysa-
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22 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
ô
ger de premier ordre, mais en Amérique on l’exploite pour son bois ;
qui est également propre aux grandes constructions et aux travaux
de menuiserie. Ce bois est léger, lendre, blanc ou un peu jaunâtre,
facile à travailler, et d’une bonne durée lorsqu'il est à l’abri des
injures de l'air. L'arbre est quelquefois si volumineux qu’on a pu
creuser, dans un seul tronc, des canots de quatre tonnes de jauge.
Son écorce fibreuse s’enlève en lanières plus ou moins longues, dont “
on fait des nattes et de grossiers cordages. L'arbre est très rustique
dans la majeure partie de l’Europe. 3
TH. occidentalis L.— Arbre de vie, cèdre blanc. De l'Amérique «
du Nord, du Canada à la Caroline, Arbre de 15 à 20 mètres, quel-
quefois réduit à la taille d’un grand arbrisseau, à bois résineux, rou=
geâtre ou jaunâtre, léger, mais d’une bonne force, employé dans les
constructions, surtout pour les pilotis dans l’eau, les traverses de M
chemins de fer, l’outillage des machines et même pour les objets de
tour. Des charpentes de maisons construites avec ce boïs étaient
encore bien conservées au bout de 50 et de 60 ans, d’après le bota-
niste Michaux ; l’arbre, avec sa ramification serrée, forme une py-
ramide étroite et compacte, aussi l’emploie-t-on communément aux «
Etats-Unis pour faire des brise-vent autour des terres cultivées, et =
nul arbre de ce pays n’y est plus propre. L'horticulture a fait naître «
un assez grand nombre de variélés dans cette espèce, et il en est
quelques-unes de tout à fait naines qui sont très utiles dans les jar- M
dins pour abriter les jeunes plantes contre le soleil et le vent. On les M
plante en rideaux, qu’on maintient par la taille à une hauteur déter-
minée, et auxquelles on peut donner, par le ciselage, la rectitude
et la régularité d’un mur. Le thuia occidental est très rustique en
Europe. Ne
50
THUIOPSIS dolabrata Sies. et Zucc. — Arbre de 20 à 30 mètres,
du Japon, assez analogue aux Thuia, auxquels il avait d’abord été
réuni. C’est l’Akébi des Japonais, qui le plantent communémenten
avenues et l’exploitent comme arbre forestier, car le bois, qui est
de couleur rouge, a toutes les qualités de force et de durée requises
pour tous les genres de constructions. Il est tout à fait rustique en
Europe et en France, et il réussit surtout dans les terres fraîches,
un peu humides. 2
Le Thuiopsis læte- virens Lino. de la Chine, est beaucoup moins
grand que le précédent, mais il est d’une rare élégance, etfortre-
cherché pour l’ornementation des parcs et des jardins. à.
fra
THYMELEA {inctoria ENDL.; Passerina tinctoria POURR. —
Sous-arbuste de la famille des Thyméléacées, indigène dans le midi
de la France, en Espagne et en Portugal. On s’en sert pour la tein- n
ture des étoffes en jaune. $ e
Un genre très voisin, les Pimelea, contient aussi des matières |
tinctoriales, et deux espèces australiennes, en particulier, fournis
sent une matière colorante bleue qui ne paraît pas avoir encore été
utilisée. Rappelons aussi que l'écorce de ces divers arbustes jouit
de propriétés médicinales analogues à celle du garou (Daphne Me-
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ÉNUMÉRATION DES PLANTES 523
zereum), et que leurs fibres tenaces pourraient servir à faire de la
pâte à papier. Celles du Pimelea clavata, de la Nouvelle-Hollande
occidentale, sont si résistantes qu’on en fait des ficelles et des la-
nières de fouets.
THYMUS oulgaris L.— Le thym commun. Fruticule du midi de
l'Europe, très commun sur les collines arides de la région méditer-
ranéenne de la France, employé de toute antiquité comme condi-
ment dans les sauces, auxquelles il communique une saveur aroma-
tique très agréable. Il doit son odeur à une huile essentielle, dont la
parfumerie tire le thymol cristallisé, si employé aujourd’hui comme
antiseptique. Le thym est cultivé dans tous les jardins potagers ;
on en fait même de jolies bordures autour des plates-bandes du
parterre. La fleur du thym est rose plus ou moins foncé, mais il en
existe aussi une variété à fleur blanche.
A la suite du thym proprement dit, nous pouvons citer le serpolet
(Th. serpyllum L.), petite herbe vivace, très aromatique, qu’on
trouve dans la plus grande partie de l’Europe, et qui peut remplacer
le thym dans les préparations culinaires. Les Th. capitatus HorrM.
et Th. mastichina L. étaient employés en médecine par les an-
ciens ; ces deux plantes sont aujourd’hui à peu près abandonnées,
peut-être sans raison suffisante.
TILIA. —- Tilleul. Genre principal de la famille des Tiliacées,
comprenant un petit nombre d’arbres à feuilles caduques, indigènes
des pays tempérés de l’ancien et du nouveau continent. Tous sont
des arbres d’avenues, souvent plantés sur les places publiques pour
donner de l’ombre en été. Leur bois, blanc et mou, n’a guère de
valeur que comme combustible, mais leur écorce filandreuse sert à
faire des cordes, surtout des cordes de puits. Leurs fleurs, très odo-
rantes, sont recherchées des abeilles, et elles trouvent un fréquent
emploi dans la médecine domestique, où elles servent à faire des
tisanes et des infusions.
T. europæa L. — Le tilleul commun. De l’Europe et de l’Asie,
jusqu’au Japon. Dans les terres fraîches et profondes, le tilleul de-
vient, avec les années, un arbre de 25 à 30 mètres et même plus,
avec un tronc de 5 à 6 mètres de tour à la base, mais il reste fort
au-dessous de cette taille dans les mauvaises terres, surtout si elles
se dessèchent en été. C’est du reste un fort bel arbre, qu’on plante
partout aujourd’hui, mais plus dans Je Nord que dans le Midi, où la
sécheresse lui est défavorable et fait tomber ses feuilles de bonne
heure. Les horticulteurs ont obtenu un grand nombre de variétés de
cette espèce.
T. americana L. — Tilleul d'Amérique. Il ne diffère guère de l’es-
pèce d'Europe que par ses feuilles plus larges. On l’emploie d’ail-
leurs aux mêmes usages.
T. argentea Horr. — Tilleul argenté. Il est venu de Hongrie, et
passe pour une espèce distincte du tilleul commun. Il diffère de ce
dernier par ses feuilles cotonneuses et blanches à la face inférieure
et qui tombent plus tardivement en automne. Il fleurit aussi un mois
594 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
plus tard et ses fleurs ont plus de parfum. Mêmes usages que ceux
des autres tilleuls.
TILLANDSIA. — Plantes vivaces américaines de la famille des
Broméliacées, très recherchées aujourd’hui par l’horticulture, mais
presque toutes de serre chaude en Europe. Beaucoup d'espèces de
ce genre sont remarquables par leurs fleurs et par leur feuillage
marbré ou zébré. Il en est quelques-unes qui vivent en épiphytes
sur le tronc ou les branches des arbres, comme la plupart des or-
chidées de pays chauds et humides, mais il en est aussi un petit
nombre qui peuvent s’accommoder du climat de l’Europe méri-
dionale, où elles ne peuvent être d’ailleurs que des plantes de curio-
sité ou de fantaisie. Telles sont entre autres les deux suivantes :
T. dianthoides L. — Petite plante à feuilles coriaces et à fleurs
bleues, dont les touffes sont suspendues aux arbres par le lacis de
leurs racines. Elle passe aisément l'hiver dans les jardins de la ré-
gion méditerranéenne, soit sous le couvert des arbres, soit sur des 4
rocailles abritées contre les rayons directs du soleil.
T. usneoides L. — D'une grande partie de l'Amérique, depuis la M
Caroline jusqu’à l’Uruguay et au Chili. C’est une espèce arboricole,
qui forme de curieux festons en se suspendant aux branches des
arbres. Elle est aussi rustique que la précédente. En Amérique, on
s’en sert souvent pour décorer les églises, les portiques, etc.
TODEA africana WiLio. — Grande fougère de l’Afrique aus-
trale, du sud-est de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande, qui est
devenue, depuis quelques années, l’objet d’un commerce considé-
rable entre ces divers pays et l’Europe, où elle est recherchée pour
la décoration des serres chaudes. Elle est remarquable, en effet,
par la grandeur et l’élégance de ses frondes. Sans être présisément
arborescente, elle produit, avec les années, une énorme souche,
dont le poids dépasse quelquefois une tonne, et d’où naissent des
centaines de frondes. Comme toutes les fougères, celle-ci se repro-
duit par les séminules, ou spores, qui se forment dans le tissu de
ses feuilles, mais il est plus expéditif d'importer directement en
Europe ou en Amérique les souches adultes de la plante, qui sup-
porte ainsi de longs voyages par mer. Il n’est pas douteux que cette
belle fougère ne puisse être naturalisée dans beaucoup de lieux de
l’Europe méridionale et occidentale, où le climat est à la fois doux
et humide. ‘ |
TORREYA. — Arbres et arbrisseaux conifères du groupe des
Taxinées, appartenant à l'hémisphère septentrional. Un de leurs
caractères les plus saillants consiste dans leurs fruits drupacés. Les
trois ou quatre espèces connues sont étrangères à l’Europe.
T. californica Torr.; T. myristica Hook. — Arbre d’une tren-
taine de mètres, de forme régulière et très droit, pouvant atteindre
à ? mètres de diamètre à la base. Des Sierras de la Californie, où il
s'élève jusqu’à 2,000 mètres. Son bois solide et résineux n’est, dit-
on, jamais attaqué par les insectes.
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 595
T. grandis Rob. Font. — Du nord de la Chine, où il porte le
nom de Æaya. Haut d’une vingtaine de mètres, à tête arrondie en
parasol. Son bois est estimé pour les grandes constructions, mais
il ne paraît pas qu’on ait réussi jusqu'ici à le cultiver en Europe,
parce qu’il est sujet à geler, du moins sous le climat du nord de la
France.
T. nucifera SiE8.; Caryotaæus Zucc. — Petit arbre ou grand
arbrisseau du Japon, à branches verticillées et d’un port élégant.
La pulpe de ses fruits, quoique un peu acerbe et aromatique, est co-
mestible, et ses graines donnent par pression une huile également
usitée dans les préparations culinaires. Le bois de l'arbre est re-
marquablement dur et habituellement employé pour les ouvrages de
tour, ainsi que dans la tonnellerie.
T. taxifolia ArNoTr. — De la Floride. Arbre d’une quinzaine de:
mètres, à bois rougeâtre et d’une longue durée, même dans la terre.
Il sert à divers usages et est surtout employé en menuiserie. On en
tire aussi une térébenthine de couleur rouge. Malgré sa provenance
méridionale le 7”. {axifolia est rustique dans toute la France. C’est
un. très bel arbre d'ornement, dont le feuillage rappelle celui du
Cunnighamia de la Chine. Froissé entre les doigts, ce feuillage,
surtout lorsqu'il est jeune, répand une forte odeur bitumineuse, à
laquelle, sans doute, il doit son immunité contre les attaques des
insectes.
TOUCHARDIA latifolia GaunicHaun. — Urticée frutescente des
iles Hawaï, analogue au Zœhmeria nivea, où ramie, dont les indi-
gènes retirent une fibre textile très forte et facile à séparer des par-
es ligneuses. Plante à introduire dans les climats chauds et hu-
mides.
TRAGOPOGON porrifolius L. — Salsifis. Plante herbacée, tris-
annuelle, de la famille des Composées, commune dans les prairies
humides de presque toute l’Europe et de l’Asie centrale. Sa longue
racine tendre et comestible en a fait une plante potagère, analogue
à la scorsonère, et qui est cultivée comme cette dernière dans les
jardins potagers.
TRACHYCARPUSexcelsus WENDL.; Chamoærops excelsa MarrT.;
C. Fortunei Horr. — Petit palmier dioïque, du midi de la Chine,
introduit en Angleterre dans la première moitié du siècle, aujour-
d'hui très commun dans une grande partie de l'Europe. C’est, jus-
qu'ici, le plus rustique des palmiers connus, car il résiste à 10 ou
12 degrés de froid, et, jusqu’à la latitude de Paris, il mûrit ses
graines à l’air libre. Sa tige, qui est unique et ne drageonne pas du
pied comme celle du palmier nain du midi de l’Europe, s’élève à 4ou
5 mètres, et elle est enveloppée dans toute sa longueur d’un épais
capillitium, sorte de fourrure brunâtre, qui la protège contre le froid.
Ses feuilles flabelliformes, moins résistantes au vent que celles du
palmier nain, ont jusqu’à 0"70 de largeur. |
Sous sa petite taille, ce palmier est très élégant el sa croissance
526 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
est fort rapide. En Europe il ne remplit que le rôle d'arbre d'agré-
ment, mais en Chine on utilise la bourre qui enveloppe sa tige pour
en faire des nattes, des cordages et jusqu’à de grossiers vêtements
à l’usage des gens de la campagne, ce qui lui a valu, de la part des
Anglais, le nom de Æ/emp palm, ou palmier-chanvre.
TRACHYLOBIUM verrucosum HAYNE; ymenœa verrucosa L.
— Copalier d'Afrique. Arbre de la famille des Légumineuses, qui
représente dans l’Afrique orientale intratropicale les Hyménéas de
l'Amérique. De même que chez ces derniers, une résine odorifé-
rante, analogue au copal américain, suinte de son écorce ou s’ac-
cumule entre l’écorce et le bois. Cette résine, recueillie par les
indigènes, est expédiée en Angleterre, où elle entre dans le com-
merce de la droguerie. On la retire aussi du 77. Hornemannia-
num, qui croît dans les mêmes régions.
TRAPA.— Mâcre, châtaigne d’eau. Genre de plantes aquatiques,
de la famille des Haloragées, flottantes à la surface des eaux tran-
quilles, représenté par plusieurs espèces indigènes de l'Europe et de
l'Asie. Leurs fruits, qui sont des sortes de capsules indéhiscentes,
armés de deux ou quatre cornes terminées en pointe plus ou moins
aiguë, contiennent une amande féculente comestible, qui entre dans
l'alimentation des classes populaires et se vendent même sur les
marchés. Ce sont principalement les trois espèces suivantes :
TR. bicornis L. f".— De la Chine, où on la cultive dans les étangs
et les lacs. Ses fruits sontarmés de deux longues cornes recourbées.
Cette espèce pourrait facilement être acclimatée en Europe. Les
Chinois lui donnent les noms de Zeng et de Links. j
TR. bispinosa RoxBG.— De l’Asie centrale et méridionale. C’est
le Singhara des Indous. On le trouve aussi au Japon, en Chine, à
Ceylan et paraît-il même en Afrique jusqu’à la latitude du Zambèse.
Ses amandes se consomment à la façon des châtaignes, cuites dans
l’eau, mais servent aussi à faire des gâteaux et des potages. Le pro-
duit de la plante est considérable, et il peut se conserver plusieurs
années. Cette plante a surtout de l’importance au Cachemyre, où
elle entre pour une large part dans la nourriture du peuple. Il est
probable que les 77. cochinchinensis Lour. et Tr.1incisa S1e8. et
Zucc. ne sont autre chose que cette espèce.
TR. natans L. — La mâcre proprement dite. Indigène d’une
grande partie de l’Europe, commune surtout dans les étangs du
centre de France, où les paysans en récoltent les fruits. On la
trouve anssi en Asie et jusqu’au centre de l'Afrique, mais il ne pa-
raît pas qu’elle ait jamais été soumise à la culture. Ses fruits sont
d’ailleurs moins gros que ceux des espèces précédentes. Le Tr.
DCR EEE Roxg&., du nord de l'Inde, n’est peut-être que la
mâcre d'Europe.
TRICHODESMA seylanicum Brown. — Boraginée annuelle
d'Abyssinie, de l'Asie méridionale et de l'Australie extratropicale.
En Afrique les chameaux ont une prédilection pour cette herbe,
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 597
qui pourrait devenir un très bon fourrage vert, ou un engrais, ce
qui serait à essayer dans les pays chauds.
TRICHOLÆNA rosea N£Es. — Graminée vivace de l'Afrique
australe, qui semble pouvoir devenir une bonne plante fourragère
our les pays secs et arides, comme le nord de l'Afrique. Il y aurait
ieu de faire aussi des expériences sur le 77. Tenerifire et sur quel-
ques autres espèces congénères.
TRIFOLIUM.—-Trèfle. Genre de Légumineuses herbacées com-
prenant un grand nombre d’espèces, les unes annuelles, caractéri-
sées par des feuilles à trois folioles et par des fleurs papilionacées
rapprochées en capitules sphériques, ovoïdes ou allongés en épis.
Plusieurs espèces du genre sont des plantes fourragères de premier
ordre et largement représentées dans l’agriculture de tous les pays
tempérés. Signalons les plus importantes :
TR. agrarium L. —Trèfle à fleurs jaunes. Plante peu étoftée, de
toute l’Europe, peu cultivée à cause de la faiblesse de son produit,
mais néanmoins fort utile dans les terrains sablonneux et pauvres,
où elle est pâturée par les bestiaux.
. TR. AlexandrinumL.—Trèfle Bersin ou d'Alexandrie. Du nord
de l’Afrique et de l’Asie occidentale. Très cultivé en Egypte, où il
est le principal fourrage légumineux. Dans les terres arrosées par
le Nilil s’élève à plus de 0"70, et donne trois coupes dans la sai-
son. Il est annuel. On le sème à raison de 20 à 25 kil. de graines à
l’hectare.
T. alpestre L. — Vivace; de l’Europe et de l'Asie occidentale. Il
est précoce, aimé des bestiaux et se contente de terres légères où
beaucoup d’autres trèfles ne réussiraient pas, mais à condition que
ces terres soient un peu calcaires.
TR. fragiferum L.—Trèflie fraise. Ainsi nommé de la ressem-
blance de ses capitules défleuris avec une fraise, dont ils ont la
forme, la grosseur et presque la couleur. C’est une espèce vivace,
d’une grande partie de l’Europe et de l’Asie centrale, très drageon-
nante, et qui forme tapis sur le sol. Il se plaît dans les terres hu-
mides, argileuses ou mêmes sablonneuses. C’est un fourrage à pâ-
turer et non à couper.
TR. Aybridum L.—Trèfie d’Alsike.Indigène d’une grande partie
de l’Europe, de l'Asie moyenne et du nord de l'Afrique, cultivé sur-
tout en Suède en prairies artificielles. Il est vivace et se plaît dans
les terres humides, et il réussit mieux dans les sols sablonneux que
la luzerne et le trèfle des prés, sans résister aussi bien à la séche-
resse. En Suède il ne donne guère qu’une coupe par an, mais elle
est abondante, car les tiges de cette espèce s'élèvent plus que celles
du trèfle des prés. Ses fleurs sont blanches, un peu rosées, assez
semblables à celles du trèfle blanc, et fort recherchées des abeilles.
TR. incarnatum L.— Trèfle incarnat, farouch. Espèce annuelle,
du midi de l’Europe, longtemps négligée parles agriculteurs du Nord,
aujourd’hui cultivée dans presque toute l’Europe. Quoiqu'il ne donne
qu'une coupe par an, ce n’en est pas moins une des plantes les plus
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598 ÉNUMÉRATION DES PLANTES pv
utiles, parce qu’elle s’intercale facilement entre deux cultures, et ;
qu ’elle donne son produit de très bonne heure au printemps. L’ ue. L
sage en France est de la semer en août et septembre, après l'en=
lèvement d’une récolte, et cela sur les chaumes, sans qu'il soit né-
cessaire de labourer le terrain. Le trèfle incarnat réussit surtout”
dans les terres calcaires, principalement quand elles ont été plâtrées. “4
Son fourrage, sans être aussi fin que celui du trèfle commun, n’en
est pas moins de bonne qualité. Ses capitules, un peu alone È
sont rouge vif, mais il en existe une variété à fleurs blanches. +4
TR. medium L.— Espèce vivace, de l’Europe et de l'Asie, très
drageonnante, assez voisine du trèfle des prés, mais réussissant
mieux que lui dans les terrains sablonneux, où sa racine s’enfonce
profondément. Il ne craint pas l’ombre des arbres, et donne encore …
un assez bon produit sous le couvert des bois, surtout si la terre est
calcaire; cependant, de toutes manières, son “produit est plus faible
que celui du trèfle des prés, et il est moins aimé des bestiaux. On ‘4
le cultive peu en France.
TR. montanum L. — De l’Europe et de l’Asie. Il est vivace et,
quoique négligé par les cultivateurs, il peut rendre de bons services
dans certaines conditions de sols et de climats. e.
TR. ochroleucum L. — De l'Europe centrale et moyenne. On le
distingue des autres trèfies à ses gros capitules de fleurs blanc-jau-
nâtre. Peu cultivé en France, il l’est au contraire habituellement
dans la Haute-Italie. Comme fourrage il est de qualité moyenne. ,
TR. pannonicum JACQ. — Trèfie de Hongrie. Espèce vivace, très …
voisine du trèfle des prés, mais plus précoce, et moins aimé des de
bestiaux. "24
TR. pratense L. — Trèfle rouge, trèfle des prés. C’est de beau- M
coup le plus important du genre. est indigène d’une grande partie
de l’Europe, du nord de l'Afrique et de l’ Asie j jusqu’à la Chine et au
Japon. Suivant les cas et suivant les exigences de la culture, il est |
annuel, bisannuel ou vivace. Les bestiaux le consomment à l’état |
de foin sec ou en vert; mais, dans ce dernier cas, il ne faut le leur
administrer qu'avec réserve, parce qu'ilest dangereux et cause sou-
vent leur mort, surtout s’il est mouillé par la pluie ou la rosée. Le
trèfle est en outre un puissant engrais pour les terres fatiguées.
Tout le monde sait que le plâtrage des prairies de trèfle en aug ;
mente considérablement le produit.
La graine du trèfle rouge est un objet de commerce important.
L'Amérique en envoie de grandes quantités en Europe, mais comme
elle appartient pour la plus grande partie à une variété plus velue
que la forme commune, et par là moins aimée des bestiaux, il vaut
mieux récolter la graine en Europe. On y trouve en outre cet avan-.
tage qu’elle est moins mêlée de graine de cuscute, si toutefois on à |
eu soin de détruire cette plante parasite dans les prairies, ce qu'on …
devrait toujours faire dès son apparition. ge
TR. reflezum L. — Trèfle de Pensylvanie ou des Bisons. Plante 3
annuelle ou bisannuelle, à capitules plus gros que ceux du trèfle
rouge. Ce trèfle, qui recherche les terrains d’alluvion, le long des E
rivières, n’est pas cultivé en Europe. 3
POSE UE 0 27 AO US A D ESC CNT E PÉTER AT AS
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 529
TR. repens L. — Trèfle blanc, trèfle de Hollande. Espèce vivace,
de toute l’Europe, de l'Asie et des parties les plus froides de l'Amé-
rique du Nord. Ses tiges rampantes ou peu dressées ne permettent
guère de le faucher, ce que l’on fait cependant en quelques pays,
quand il croit sur des terres de bonne qualité, mais il est très avan-
tageux comme fourrage à pâturer. Il réussit sur toutes les terres et
résiste assez bien à la sécheresse. Le plâtre est aussi pour lui un ex-
cellent amendement. N'oublions pas de rappeler que ses fleurs sont
très recherchées des abeilles et qu’elles donnent un miel de première
qualité.
TR. resupinatum L. — Du midi de l’Europe, de l’Asie occiden-
tale, du nord de l'Afrique, des Canaries et des Açores; commun
dans le midi de la France sur les terrains siliceux des alentours de
la Méditerranée. Il est annuel, et il offre cette particularité que ses
fleurs, en petits capitules roses, sont renversées par la demi-torsion
de leur pédicelle. Quoique annuel et peu fourrageux, ce trèfle est
cultivé dans le nord de l’Inde. En Europe on se contente de le faire
pâturer par les bestiaux.
Nous sommes loin d’avoir épuisé la liste des espèces de trèfles
qui sont ou peuvent être utilisées par l’agriculture, un bon nombre
d’ailleurs sont ou totalement inconnues ou seulement connues de
nom, el il y a encore sur ce point beaucoup de recherches à faire.
Aucune espèce n’est indigène en Australie, mais elles sont nom-
breuses en Asie et en Abyssinie; quelques-unes existent en Cali-
fornie, au Pérou, au Chili et dans le sud de l'Afrique. C’est, comme
on le voit, un vaste et intéressant sujet d’études pour les agriculteurs
et les acclimateurs.
TRIGONELLA Fœnum græcum L. — Fenugrec. Légumineuse
fourragère du midi de l’Europe, cultivée dans quelques pays de la
région méditerranéenne, mais rarement en France. La plante est
annuelle et ses graines ont quelque emploi dans la médecine vété-
rinaire.
TR. suavissima LiNp1..— De l’intérieur de la Nouvelle-Hollande.
Cette espèce est vivace, odorante et acceptée des bestiaux comme
hérbe à pâturer. Plusieurs autres espèces du genre, tant euro-
péennes qu’asiatiques et africaines, Jusqu'ici négligées, mérite-
raient d'attirer l’attention des agriculteurs.
TRIPSACUM dactyloides L.— Grande graminée vivace du nord
de l'Amérique, où elle porte le nom de Gama grass. Sa valeur
comme plante fourragère est contestée, mais on tire quelque parti
de ses graines pour la nourriture des volailles et des bestiaux. En
tout cas elle peut servir à fixer les sables et les alluvions des ri-
vières. Ses chaumes atteignent à 2 mètres de hauteur.
TRISTANIA conferta Rob. Br. — Grand arbre de la famille des
Myrtacées-Leptospermées, de la Nouvelle-Galles du Sud et de la
colonie de Queen’s Land. Sa hauteur est de 35 à 40 mètres, et plus.
Outre son utilité comme arbre d’avenue, il donne un bois très es-
530 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
timé pour les constructions navales. On le cultive dans quelques
jardins de la Provence maritime, en compagnie d'Eucalyptus, aux=
quels il ressemble par son feuillage. Ses fleurs blanches et abon-
dantes en font un bel ornement des massifs. On y trouve aussi Je
Tr. laurina, à fleurs jaunes, qui n’est d’ailleurs qu’un arbre d’agré-
ment chez nous.
TRITHRINAX campestris DRUDE. — Palmier à frondes flabelli-
formes, de la République Argentine, jusqu’au-delà du 32° degré de
latitude, ce qui en fait un des palmiers les plus avancés vers le sud,
en dehors de la région tropicale. Son stipe, haut de 8 à 10 mètres,
porte une large couronne de feuilles extrêmement coriaces et raides,
qui résistent aux vents les plus violents, ce en quoi il l’emporte sur
beaucoup d’autres palmiers. Sa rusticité dans le midi de l’Europe
ne fait aucun doute, et 1l supporte mieux la sécheresse que le pal-
mier nain (Chamærops humilis), qui est cependant remarquable
sous ce rapport. Au point de vue de l’horticulture c’est une impor-
tante acquisition à faire.
D’autres Trithrinaæ ont encore de l'intérêt. C’est le cas du Tr.
acanthocoma DruDE, du Brésil méridional ; il est montagnard et en-
dure facilement la sécheresse; sa taille atteint rarement à 2? mètres.
Il en est de même du 77. brasiliensis, des mêmes régions, et tout
aussi nain que le précédent.
TRITICUM. — Froment, blé proprement dit. C’est la première
de toutes les céréales et la base de l’agriculture dans tous les pays
occupés par les hommes de race blanche. La découverte du blé
semble aussi ancienne que l’origine même du genre humain, avec
laquelle elle se perd dans la nuit des temps.
Nous n'avons pas à traiter ici de la culture du blé, ni des usages
multiples que l’on fait de cette céréale, mais nous croyons devoir
indiquer sommairement les principales espèces auxquelles on rap-
porte les innombrables variétés de blés aujourd’hui connues. Ces es-
pèces, qu’on n’a jamais trouvées à l’état sauvage, sont peut-être le
produit toutartificiel de la culture. Quoi qu’il en soit, on s’accorde à
répartir les blés dans les quatre espèces suivantes :
TR. oulgare VizLars (Tr. satioum Lamx.).— Subdivisé en nom-
breuses variétés, les unes barbues, les autres sans barbe. Parmi elles
on distingue les blés à gros grains très farineux, ou blés poulards
(Tr. turgidum L..), et les blés à grain dur (77. durum Desr.), eul-
tivés surtout dans le midi de l’Europe eten Afrique, plus riches en
gluten que les autres variétés.
TR. polonicum L. — Le blé de Pologne. Il se distingue des races
précédentes par la longueur excessive de ses glumes et de ses glu-
melles, qui donnent à son épi un aspect très différent de celui des
autres blés. é
TR. spella L. — Epeautre. Son grain, au lieu d’être nu comme
dans les blés précédents, est recouvert par les balles (glume et glu-
melle), ce qui oblige à le faire passer une première fois sous la meule
pour l’en débarrasser, avant de le réduire en farine. On en distingue
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 531
deux races principales : l’épeautre barbue et l’épeautre sans barbe.
On rattache à cette race le Tr. amyleum de Seringe, ou blé amidon-
nier, plus cultivé en Allemagne qu’en France.
TR. monococcum L. — Engrain commun, ou petite épeautre.
Race à grain enveloppé, plus petite dans toutes ses parties que l’es-
pèce précédente, dont elle se distingue d’ailleurs par son épi dressé
et très serré. Ce blé jouit d’une propriété précieuse pour l’agricul-
teur : c’est de réussir sur les terrains les plus pauvres, siliceux ou
crayeux.
Tous les blés peuvent être cultivés comme plantes fourragères à
faucher. Le plus avantageux, sous ce rapport, est l’épeautre (Tr.
. spelta), qui talle du pied plus que les autres blés. Elle a en outre cet
avantage d’être très rustique, et de réusssir sous des climats trop
froids pour beaucoup d’autres races de blés.
Pour les autres détails concernant la culture du blé nous ne pou-
vons mieux faire que de renvoyer le lecteur aux ouvrages spéciaux,
aujourd’hui très nombreux, surtout à ceux de MM. de Vilmorin.
En dehors des espèces de Triticum cultivées comme céréales, il
en existe un certain nombre qui vivent à l’état sauvage dans tous les
pays tempérés, et qui sont à proprement parler ce que l’on appelle
de mauvaises herbes. Plusieurs sont vivaces par des rhizomes qui
drageonnent sous le sol, ce qui les rend difficiles à extirper. Il y a
cependant quelque service à en attendre. C’est ainsi quele Tr. jun-
ceum L., du midi de l’Europe, peut être utilisé pour fixer les sables
et les berges des ruisseaux, et le 77. repens L., si commun dans
les terres cultivées, fournit à la pharmacie des rhizomes sucrés et
mucilagineux, dont on fait des tisanes. C’est le chiendent propre-
ment dit.
TROPÆOLUM. — Capucine. Genre type de la famille des Tro-
péolées, qui est toute américaine. Ilse compose d'espèces vivaces, les
unes par des rhizomes ou des tubercules, les autres par leur souche
enterrée, mais ces dernières ne sont cultivées en Europe quecomme
plantes annuelles. Elles sont à la fois potagères et ornementales, .
toutes à tiges grimpantes.
TR. majus L. — La grande capucine. Du Pérou, et introduite en
Europe depuis plus d’un siècle. C’est surtout une plante de parterre,
mais elle est aussi potagère par ses feuilles et ses fleurs, qu’on mêle
aux salades, où elles peuvent remplacer le cresson. Les boutons de
fleurs et les jeunes fruits se confisent au vinaigre comme les câpres.
La capucine doit sa saveur piquante à une huile volatile, âcre, ana-
logue à celle du cochléaria, de la moutarde et du cresson, ce qui en
fait un bon antiscorbutique. En Europe elle est seulement annuelle,
ou du moins cultivée comme telle.
TR. sessilifolium Porpri&. — Du Chili. Ses tubercules, malgré
leur âcreté, sont comestibles, même à l’état cru. Ils sont plus volu-
mineux et meilleurs que ceux des autres espèces.
TR. tuberosum Ruiz et Pav. — Du Pérou. La plante est depuis
longtemps cultivée en Europe, mais ses tubercules sont si âcres
qu'il n’a pas été possible de les faire accepter comme alimentaires,
LA
532 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
Plusieurs autres espèces de capucines, plus ornementales que les
précédentes, sont cultivées par les fleuristes et les horticulteurs.
TSUGA. — Genre de Conifères souvent confondu avec celui des
sapins (Abies), mais dont il convient de le séparer à cause de ses
cônes pendants, à écailles persistantes. Il est plus voisin encore des
épicéas (Picea), dont on ne le distingue guère qu'à ses graines
entourées d’une aile adhérente, tandis qu’elle en est détachée à la
maturité dans ces derniers. Ce groupe contient quelques espèces
intéressantes :
TS. Brunoniana Carr; Pinus Brunoniana WaiLicu; P. du-
mosa Dox. — Arbre de 40 à 60 mètres, indigène dans l'Himalaya,
entre les altitudes de ?,000 et de 3,600 mètres. D’après le docteur
Hooker on en rencontre des individus dont le tronc a plus de 2 mè-
tres de diamètre. Son bois est léger, de couleur claire, propre aux
ouvrages de menuiserie, mais peu propre à résister aux injures de
l'air.
TS. canadensis Carr.; Abies canadensis Micax.— Sapin du Ca-
nada ou Hemlock spruce. Des parties froides du nord de Amérique,
des Montagnes Rocheuses au Canada. C’est à la fois un des plus
beaux arbres du groupe des sapins et un des plus utiles. Haut de
30 à 40 mètres, il fournit un bois solide, de longue durée, même
employé en pilotis dans l’eau douce ou salée, propre d’ailleurs à
tous les genres de constructions de terre et de mer. Il n’a pas.
moins de valeur par son écorce, riche de 9 à 14 pour 100 de tan-
nin, et qui, mélangée à l’écorce de chêne, sert à préparer des cuirs
d’une grande résistance et d’un long usage. Le tannin extrait de
cette écorce se vend à Londres sur le pied de 16 à 18 livres (de
400 à 450 fr.) la tonne, et l’importation en Angleterre s’élève en
moyenne à 6,000 tonnes par an. On fait avec les jeunes pousses de
l'arbre, au printemps, une boisson qui porte le nom de Spruce-beer
(bière de sapin). Ar
TS. Douglasit Carr.; Pinus Douglasii SABINE. — Pin de l’Oré-
gon. Arbre forestier de première ordre, car sa hauteur dépasse sou-
vent 100 mètres, sur un tronc dont la circonférence atteint de 6 à
9 mètres au niveau du sol. De plus c’est un bois excellent, dont 1l se
fait un grand commerce d'exportation dans le nord-ouest de l'Amé- |
rique, l’arbre y constituant de vastes forêts, depuis l’île de Vancou-
ver jusqu’à la Californie et même jusqu'aux montagnes du Haut-
Mexique. Dans ces forêts les arbres croissent très serrés, et on en
compte jusqu'à 36 arrivés à toute leur taille sur une surface d’un
acre. Le bois de l’arbre est lourd, imprégné de résine, très solide et
très élastique, ce qui le rend particulièrement propre à la mâture :…
des navires ; il sert d’ailleurs à toutes les autres constructions de
terre et de mer. Au total c’est le meilleur bois de la région qui longe
la côte du Pacifique, et, d’après diverses expériences, sa force serait
le triple de celle du bois de séquoia. Si l’on considère les services.
qu’il rend en Amérique, on ne peut guère douter que son introduc-
tion en Europe ne doive être une utile acquisition, surtout au voisi-
nage de l’océan Atlantique, où le climat présente des analogies in-
De De
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 533
contestables avec celui de la région américaine qui est la patrie de
cet arbre.
TS. /ookeriana Carn.; Abies Hookeriana Murr. — Grand
arbre d’une quarantaine de mètres de hauteur, indigène du nord de
la Californie, introduit en Europe vers 1860. Il en existe un certain
nombre dans les collections d’arbres de la France et de l'Angleterre.
Nous ne savons encore rien ou à peu près rien de sa valeur comme
arbre forestier.
TS. Mertensiana RoEzLz; Pinus Mertensiana BoNGarp. — Ce bel
arbre, de la Californie et du nord-ouest américain, arrive presque à
la taille du Ts. Douglasii, dont il pourrait n’être qu’une variété. Son
bois paraît cependant être moins fort que celui de ce dernier; il est
léger, facile à travailler et souventemployé aux constructions civiles.
TS. Sieboldi Canr.; Abies Tsuga Sims. et Zucc. — Simple ar-
brisseau du nord du Japon, de 7 à 8 mètres de hauteur. Rustique en
France, où il ne paraît devoir être qu’un arbre d'ornement.
TUBER. — ‘l'rufie. On donne ce nom à plusieurs genres de cham-
pignons souterrains, dont les botanistes modernes ont fait la famille
des Tubéracées, mais qu’on peut sans inconvénient réunir sous la
même dénomination générique. Ce sont des tubercules ordinaire-
ment de forme arrondie, plus ou moins irrégulière, charnus, et dont
la grosseur varie, suivant les espèces, de la taille d’une noisette à
celle de la tête d’un enfant. Ils diffèrent aussi par leur couleur, leur
consistance et leur saveur; tous sont d’ailleurs comestibles, et quel-
ques-uns sont des condiments recherchés.
Les truffes proprement dites, c’est-à-dire les tubercules, ne sont
autre chose que l’appareil fructifère, ou plutôt séminifère, de ces
champignons, etelles contiennent, outre le tissu filamenteux et feutré
qui leur donne de la consistance, une immense quantité de séminules
microscopiques, où spores, destinées à reproduire et à multiplier
l'espèce. La partie végétative de ces plantes consiste en un réseau
de filaments blancs et déliés, autrement dit en un mycélium ana-
logue à celui du champignon de couches, qui se développe lentement
dans le sol et produit les tubercules après quelques années de végé-
tation souterraine. Les truffes ne sont pas parasites, dans le sens
propre du mot, mais elles ne se montrent qu’au voisinage de certains
arbres, de chênes plus particulièrement, dont les feuilles décompo-
sées à la surface du sol, et sans doute aussi les racines, fournissent
les détritus organiques dans lesquels les champignons puisent leur
nourriture. La nature du terrain, le climat et les saisons plus ou
moins favorables sont encore des conditions de la production truf-
fière
On connaît plusieurs espèces de truffes, tant en Europe qu’ail-
leurs, mais 1l s’en faut de beaucoup qu’elles aïent la même valeur.
La meilleure de toutes est la truffe noire (T. cibarium, T. mela-
nosporum), connue aussi sous les noms de érufje du Périgord.
Après elle on peut citer comme étant encore recommandables la
grosse truffe blanche d'Italie (T. magnatum) ; la truffe grise (T.
brumale) et la truffe rouge (T. rufum) de la Champagne et de la
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534 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
Bourgogne, qui s’exportent à Paris et dans nos départements de
l'Est, principalement à Strasbourg et à Nancy; la truffe blanche \
d'été (T. æstioum) et la truffe blanche d'hiver (T. hiemale). Toutes
ces espèces sont indigènes en France. Dautres, moins connues, sont
particulières au nord de l'Afrique, à l’Amérique et à l’Australie ;
elles sont inférieures à notre truffe noire, mais quelquefois beaucoup
plus grosses.
La production des truffes alimente un commerce considérable, et …
qui est une source de richesse pour quelques-uns de nos départe-
ments du Midi. Sans parler du Périgord et du Poitou, où on se con-
tente d'exploiter les truffières naturelles, les trois départements de
la Drôme, des Basses-Alpes et de Vaucluse, où on favorise cette
production par la plantation de chênes truffiers, récoltent, ensemble,
pour près de 20 millions de francs de truffes, année moyenne. Ce
résultat est d'autant plus encourageant que la terre ainsi occupée a
peu de valeur par elle-même, et que, pour produire des trufies, elle
ne demande qu’une mise de fonds relativement insignifiante. Une
fois la truffière établie, la main-d'œuvre se borne à récolter les
truffes, récolte qui se fait à l’aide de porcs ou de chiens dressés à
les découvrir par l’odorat et à les déterrer.
On a longtemps cru à l'impossibilité de produire artificiellement
les truffes ; aujourd’hui on sait les faire naître partout où le sol con-
tient une certaine proportion de calcaire et où le climat convient à la
culture de la vigne. Il suffit, après la préparation du terrain par un
labourage, d'y semer des glands de chênes truffiers, c’est-à-dire de
chênes sous lesquels il se trouve des truffes. Au bout de six à huit
ans, plus où moins suivant l’état et le développement des arbres,
on trouvera des truffes au-dessous d’eux, et le produit ira en aug-
mentant pendant une trentaine d’années, puis restera stationnaire
et plus tard diminuera, à mesure que le terrain sera plus épuisé par
les récoltes successives. Toutes les espèces de chênes de l'Europe
peuvent servir à la production des trufes, mais les plus favorables,
au moins dans le midi et le centre de la France, sont le chêne vert
(Quercus Ilex), le chône kermès (Q. coccifera) et surtout le chêne
pubescent (Q. pubescens). On récolte quelquefois la truffe noire
sous le châtaignier, mais assez exceptionnellement, parce qu'il faut
à la truffe un terrain calcaire, et que le châtaignier périt dès que la
proportion de cette matière dans le sol dépasse 2 ou 3 pour 100.
Tout ce que nous venons de dire des truffières artificielles s’ap-
plique à la truffe noire, qui est de toutes la plus importante par le
revenu qu’elle procure au cultivateur ; mais les autres espèces du
genre pourraient être également cultivées par des moyens analogues,
que l’observation des conditions dans lesquelles elles croissent ferait
découvrir, Nous en disons autant de beaucoup d’autres champi-
FE AD e
L. ATRLE, nt él né Ve Cr pi de SÉnhatr dns
gnons, européens et exotiques, dont la culture arüficielle serait
certainement profitable. A ceux qui voudraient essayer la culture
des truffes nous recommanderons la lecture du 7raité de la truffe,
publié en 1869 par M. A. Chatin, membre de l’Institut et de la So-
ciété nationale d'agriculture.
On sait qu'un des principaux emplois de la truffe est de servir à :
L'ANE]
DO POP AVR SET CURE SPORE, TIR PU RUE
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 539
la préparation des pâtés de foie gras, branche lucrative de com
merce dans le Périgord, mais il est assez fréquent, surtout dans les
pays qui ne produisent pas la vraie truffe (T°. cibarium), qu’elle soit
remplacée dans la confection des pâtés par d’autres espèces de peu
de valeur, ou qui même n’appartiennent pas au genre botanique
des trufies. C’est ainsi qu’on y fait entrer la truffe d'été /T. æstioum)
et le Chæromyces meandriformis, tubéracée sans valeur décorée
du nom de f{rufje blanche. La fraude, d’ailleurs, est facile à recon-
naître à l’aide du microscope, qui fait saisir au premier coup d'œil
la différence des spores de ces deux espèces, car elles se conservent
parfaitement dans les préparations culinaires. Celles de la fausse
truffe sont très petites et sphériques; celles de la vraie truffe sont
sept à huit fois plus grosses et de forme elliptique. En Angleterre
la fraude est encore poussée plus loin : on y vend, comme pâtés du
Périgord, des pâtés de foie d’oies et de dindons assaisonnés de
Scleroderma vulqare, tubéracée insipide, coriace et indigeste.
ULEX. — Ajonc, jonc marin, tuye, landier, brusc. Genre de
Légumineuses-Papilionacées, de l'Europe occidentale et du nord
de l’Afrique, composé d’arbrisseaux épineux, à feuilles très réduites
-ou presque nulles, affectionnant à peu près exclusivement les terres
siliceuses ou argilo-siliceuses. Une des espèces du genre jouit d’une
importance considérable dans lPagriculture de certains pays; c’est
l’ajonc proprement dit, lUlexæ europæus des botanistes.
L’ajonc est commun en Bretagne, en Sologne et dans les landes
de Bordeaux. Il s'élève à 2 ou 3 mètres, et comme :il est à la fois
touffu et épineux, on en fait ordinairement des clôtures autour des
champs; quoiqu’en vieillissant il se dégarnisse du bas.
Sa véritable utilité est de fournir aux animaux de la ferme un
fourrage très nourrissant ; mais, à cause de ses épines, il ne peut
leur être administré qu'après avoir subi une certaine préparation,
qui consiste dans le broyage des rameaux, soit à l’aide de pilons ou
de marteaux manœuvrés à la main, soit à l’aide de broyeurs méca-
niques, qui l’écrasent de manière à en rendre les épines inoffensives.
Les parties trop ligneuses et trop dures sont utilisées comme en-
grais ou comme combustible.
C’est surtout en hiver que l’ajonc rend des services qu’on peut
dire inappréciables, et un long usage a prouvé qu’il est particulière-
ment favorable aux chevaux. Ce fourrage se consommant en vert,
on le coupe au fur et à mesure des besoins, ce qui dispense du soin
de le faner et de l’engranger. Sous cette forme il est beaucoup plus
nutritif qu'aucun fourrage sec, ce qu’il doit à sa richesse en matières
albuminoïdes et azotées. Il contient, d’après les analyses de Johnson,
sur {00 parties, 21,23 de substances organiques, 1,37 de matières
minérales et 77,40 d’eau. D’après M. de Vilmorin la proportion d’a- ,
zote serait de 0,62. Peu d’autres légumineuses en contiennent autant.
La présence des épines sur une plante fourragère de si haute va-
leur est un défaut qu’on a cherché depuis longtemps à corriger, en
536 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
se procurant des races peu ou point épineuses et plus feuillues, et
on y a réussi dans une certaine mesure, par des semis et par la sé
lection. Parmi ces races perfectionnées, il faut citer l’ajone pyra-
midal où queue de renard, dont les épines avortent ou restent ru-
dimentaires; .le jan doux de Dinan, encore moins épineux que le
précédent; enfin le petit ajonc où ajonc nain, qui n’a plus d’épines
du tout, et peut être donné au bétail sans préparation. Son défaut
est d’être moins productif, sur un espace donné, que l’ajone ordi-
naire. Il faut en outre remarquer que les graines de ces races d’a-
jones reproduisent toujours, plus ou moins, les races épineuses.
Le rendement de l’ajonc est de 15 à 20,000 kil. à l’hectare. On le
fauche avant que ses tiges aient durci; mais, comme nous l’avons
dit plus haut, seulement au fur et à mesure des besoins du bétail, et
ordinairement en hiver. Ce fourrage, d’après M. G. Heuzé, qui fait
autorité en agriculture, augmente l’embonpoint et l’énergie des che-
vaux, et leur rend le poil luisant. Les bêtes à cornes et les moutons
en sont avides, et les vaches qui en reçoivent journellement donnent 1
un lait très butyreux et très agréable. Dans les landes du sud-ouest 2
de la France, l’ajonc fournit la plus grande partie de la litière du 4
bétail, ce qui en fait un engrais de première valeur, sans lequel
d’ailleurs la culture du maïs, la principale céréale de ce pays, ne 4
donnerait que des récoltes insuffisantes. Les vieux ajoncs sont en-
core utiles d’une autre manière. C’est un bon combustible, tant
pour la boulangerie que pour la cuisson de la chaux et des tuiles.
Enfin les cendres des souches, brûlées sur le terrain même, sont
considérées comme un excellent amendement.
ULLUCUS {uberosus LOzANo ; Melloca tuberosa Linz. — Ul-
luco, melloco. Plante herbacée, grimpante, des Andes de la Nou-
velle-Grenade et du Pérou, aux altitudes de 2 à 3,000 mètres, in-
troduite en Europe dans la première moitié de ce siècle, pour ses.
tubercules comestibles, qui devaient, disait-on, remplacer ceux de
la pomme de terre, alors menacée dans son existence par le Pero-
nospora. Cette espérance ne s’est point réalisée. La pomme de terre ;
a survécu, et les tubercules de l’Ulluco ont été trouvés si mauvais |
qu’il n’a pas été possible de les faire accepter. La plante est aujour-
d’hui complètement oubliée. Les botanistes la rapportent avec doute
à la famille des Portulacées.
ULMUS. — Orme. Genre d'arbres et d’arbrisseaux de la famille
des Ulmacées, comprenant une quinzaine d’espèces, la plupart des
pays tempérés et tempérés-froids de l'hémisphère septentrional, gé-
néralement à feuilles caduques. Plusieurs ormes sont des arbres de k
grande taille, dont le bois trouve de nombreux emplois dans l’indus- €
trie. Les espèces les plus intéressantes à ce dernier point de vue
sont les suivantes: |
U. americana L. — Orme blanc des Américains. Arbre d'une
trentaine de mètres, répandu sur une grande étendue de pays, du
Canada à la Géorgie, et recherchant le voisinage des rivières. C’est
un bel arbre forestier, dont le tronc atteint quelquefois à 5 ou 6 mè-
4
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 037
tres de circonférence. Son bois, quoique léger, est résistant et propre
à tous les genres de constructions, mais recherché surtout pour le
charronnage, les corps de pompes, les conduites d’eau, etc. L'arbre
lui-même est souvent planté en alignements sur les routes, les ave-
nues et les boulevardsdes villes. L’U. floridana Gnarmax, des Etats-
Unis méridionaux, paraît n’en être qu’une variété.
U. campestris L. — L’orme commun. De l’Europe et de l'Asie
tempérée jusqu’au Japon. Tout le monde connaît cet arbre, si fré-
quemment planté le long des routes. Il peut vivre des siècles, et,
s'il est en bonne terre fraîche et profonde, il atteint à plus de 30 mè-
tres de hauteur. Son bois est nerveux, dur, à grain fin, d’une très
longue durée s’il est tenu au sec ou constamment plongé dans l’eau.
C’est certainement un des meilleurs bois de l’Europe, et il se vend
à des prix élevés lorsqu'il est sain et de dimensions à servir dans
la charpente. Touteïois on l’emploie plus habituellement dans le
charronnage et dans la construction des ponts, des supports de ma
chines, etc.
L’orme a produit un grand nombre de variétés, quelquefois si
différentes de ce qu’on est convenu de regarder comme le type spé-
cifique, qu’on les a érigées en espèces. Il en est deux qu’il faut citer:
l'orme du Nord, trouvé à Lille par un pépiniériste, variété vigou-
reuse, à écorce lisse, poussant très droit, et supérieur à la variété
commune comme arbre d’alignement et même comme arbre fores-
tier. Cette intéressante variété commence à se répandre aux envi-
rons de Paris. L'autre variété est l’orme tortillard, dont le tronc
noueux, à fibres entrelacées, est particulièrement recherché pour
faire les moyeux des roues.
L’orme a deux ennemis retoutables qui causent souvent sa mort.
L'un est une grosse chenille, le Cossus ligniperda, qui vit dans le
tronc de l’arbre, en y creusant des galeries; l’autre est un petit co-
léoptère,le Scolytus destructor, qui s’insinue en troupes nombreuses
entre le bois et l'écorce, vivant du tissu nouvellement formé. Il en
résulte la mortification de l’écorce, qui se détache et laisse le bois
à nu. Des miliers d’ormes ont péri de celte manière sur les boule-
vards et les avenues de Paris.
On peut préserver les arbres des dégâts des cossus en les visitant
souvent et en tuant les nichées de jeunes chenilles logées sous l’é-
corce avant qu’elles n’aient pénétré plus profondément. Comme
elles sont situées à peu de distance du pied de l’arbre, il est assez
facile de reconnaître leur présence aux détritus qui s'accumulent
autour du point d'entrée des larves, ou qui tombent à terre. Ce qui
n’est pas moins utile, c’est de faire la chasse aux papillons, une
sorte de grosse phalène grise, qui voltige autour des ormes, le ma-
tin avant le lever du soleil ou le soir après son coucher, pendant
les mois de juin et de juillet. Souvent aussi on trouve les femelles
engourdies sur le tronc des arbres.
Pour détruire les scolytes, il suffit de raboter l'écorce des arbres
en hiver et au printemps pour mettre à nu les pontes des femelles
ou les larves déjà écloses, qui ne tardent pas à périr par leur expo-
sition à l’air,
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538 ÉNUMÉRATION DES PLANTES £
:On a vu souvent des ormes très vieux, en apparence pleins de
vigueur, mais pourris dans le cœur, sans qu’on s’en doutât, perdre
de grosses branches abattues par le vent. De graves accidents en
ont été quelquefois la suite, et c’est un danger contre lequel il est.
bon de se prémunir.
U. juloa Micax. — Orme rouge d'Amérique. Grand et bel arbre,
à bois rouge, très solide, préféré à celui de l’orme commun d'Amé-
rique pour les ouvrages qui demandent une grande résistance aux
chocs, pour le charronnage, etc. Son écorce est utilisée en médecine
et on prétend que ses feuilles peuvent servir à nourrir les vers à
soie.
U. integrifolia RoxBG.; Holoptelea integrifolia PLANCHON. —
Grand arbre des montagnes du nord de l’Inde, où il atteint la région
subalpine, Son bois y est estimé comme bois d'œuvre, et sa rusti-
cité, attestée par la caducité du feuillage en hiver, permettrait de
l'introduire dans la culture forestière de l’Europe.
U. racemosa THoMAS. — Orme à liège des Etats-Unis. C’est un
des plus estimés en Amérique pour l'excellence de son bois, lourd,
résistant, non sujet à se fendre ou à gauchir, et d’une très longue
durée dans l’eau. Sa teinte rouge-marron le fait rechercher par la
menuiserie, qui en confectionne de très beaux meubles; mais il n’est.
pas moins estimé pour le charronnage, la construction des affûts de
canons, les pilotis des ponts, les ustensiles agricoles, etc.
Citons encore pour mémoire VU. mexicana des hautes montagnes
du Mexique, l’U. crassifolia du Texas, remarquable entre beaucoup
d’autres par son feuillage persistant, etl’U. Wallichiana, un des
plus grands du genre, qui habite l'Himalaya, aux altitudes de 2,000
à 3,000 mètres.
UMBELLULARIA californica NUTT.; Oreodaphne californica
NEzs. — De la famille des Laurinées. Arbre de 30 mètres, indigène
en Californie et dans l’Orégon. Son bois est recherché par la me-
nuiserie et celui de ses racines pour les ouvrages de tour.
UNIOLA gracilis Micax. — Graminée fourragère de l'Amérique
du Nord, vivace, très utile pour les terrains sablonneux, surtout au
voisinage de la mer. L’U. latifolia des mêmes régions, plus élevée
que la précédente, n’est pas moins estimée pour ses qualités fourra-
gères, et elle a l’avantage de bien réussir sous le couvert des bois.
Une troisième espèce, l’U. paniculata, à longs rhizomes rampants,
est employée à fixer les sables des bords de la mer, où on la fait.
pacager par les bestiaux.
URENA lobata L. — Malvacée vivace, répandue dans tous les
pays intratropicaux, dont les fibres, comme celles de beaucoup d’au- …
tres plantes de la même famille, peuvent être utilisées à faire des …
tissus, des cordages et surtout de la pâte à papier. QE
URTICA. — Ortie. Genre d'Urticées, caractérisé surtout par les »
poils urticants dont la plupart de ses espèces sont hérissées et qui
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ÉNUMÉRATION DES PLANTES 539
causent de vives brûlures lorsqu'ils s’introduisent dans la peau, ce
qui arrive au moindre contact. Toutes sont herbacées, vivaces ou
annuelles, et on les trouve dans tous les climats, principalement
dans les climats tempérés. Les deux espèces suivantes ont un cer-
tain intérêt :
U. cannabina L. — De l’Asie centrale. Plante vivace, haute de
2 mètres, presque dépourvue d’aiguillons, croissant spontanément
dans de mauvais terrains, qui ne sauraient guère être mieux em-
ployés. Ses longues tiges contiennent une filasse qui peut être utili-
sée comme celle du chanvre pour faire de la toile, ou tout au moins
être convertie en pâte à papier. Toute la plante, d’ailleurs, peut être
donnée en fourrage aux bestiaux, qui la mangent volontiers quand,
après avoir élé coupée, elle a été exposée pendant quelques heures
au soleil.
U. dioica L. — La grande ortie. C’est l'espèce classique de nos
pays, car elle est commune dans presque toute l’Europe, mais on
croit qu’elle y à été introduite d'Asie à une époque fort ancienne,
car on ne la trouve guère qu’autour des lieux habités par l’homme,
qu’elle suit dans toutes les colonies où il va s'établir. Elle croît de
préférence dans les haies, sur les décombres, le long des murs et
généralement dans les lieux où s'accumulent les sels de potasse,
dont elle est avide.
Malgré ses aiguillons, qui causent des brûlures douloureuses, elle
n’est pas entièrement à dédaigner et elle rend quelques services.
Dans beaucoup de pays la population pauvre se nourrit de ses
feuilles cuites. On les utilise plus souventencore, hachées et mêlées
au son, pour la nourriture des volailles, qu’elles entretiennenten santé
et qu’elles excitent à pondre. Enfin on en récolte quelquefois les
tiges pour en tirer de la filasse, dont on fait des cordages et même
une toile grossière à l’usage des gens de la campagne.
Plusieurs autres espèces d’orties pourraient rendre des services
analogues, mais il en est aussi de fort dangereuses et qu’on devrait
chercher à détruire. Ce sont principalement des espèces de l'Inde,
entre autres les LU. crenulata, stimulans, urentissima, ete., dont les
piqûres causent une douleur si violente et de si longue durée qu’elle
peut occasionner de graves désordres dans l’économie et amener le
tétanos et même la mort. Trop d'exemples funestes le prouvent.
UVARIA odorata L. — Kananga des Malais. Arbre ou arbris-
seau très élégant de la famille des Anonacées, célèbre dans l’Inde
méridionale et les îles de la Malaisie pour le parfum de ses fleurs et
l'huile aromatique qu’on retire de ses graines, et qui est un cosmé-
tique également recherché des indigènes et des Européens. L’arbre
est fréquemment cultivé aux alentours des villes, dans les jardins
particuliers et les cours des habitations. On lui attribue aussi quel-
ques propriétés médicinales, mais son principal intérêt réside dans
les parfums que l’industrie pourrait en retirer. Il ne semble pas ce-
pendant que sa culture puisse être profitable en dehors de la zône
équatoriale.
do A Le Rs he Lester 4; MAS DA SG Te GC 9 DONNE, ce,
540 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
VACCINIUM. —- Airelle. Genre de la famille des Éricacées, tribu
des Vacciniées, comprenant un grand nombre d'espèces, dont quel
ques-uncs en ont été distrailes sous d’autres noms génériques ( Thi-
baudia, Oxycoccos, À gapetes, Ceratostemma, etc.). Toutes ces es=
pèces sont des arbrisseaux ou des arbustes, la plupart montagnards
et quelques-uns des climats froids de la région boréale. Leurs fruits À
sont des baies comestibles, qui donnent à ces arbrisseaux une certaine
valeur économique. Dans le nombre nous nous bornerons à citer M
ceux qui ont le plus d'intérêt à ce point de vue. 4
V. alatum DomsEey; Thibaudia alata Dunaz. — Des régions .
froides des Andes du Pérou. Arbrisseau superbe par son feuillage
persistant, ses grappes de fleurs roses et ses baies rouges, de la
grosseur d’une cerise.
V. arctostaphylos L. — Des montagnes de l’Asie-Mineure. Ses
feuilles desséchées servent à faire des infusions analogues au thé.
On les connaît dans le pays, et même en Europe, sous le nom de
thé de Brousse.
V. bicolor Ferd. von MuLLer ; Thibaudia bicolor Ruiz et Paw.
— Des localités froides des Andes du Pérou. C’est un grand arbris-
seau, à feuilles persistantes, à baies rouges, de la grosseur d’une
noiselte et comestibles, comme dans tout le sous-genre Thibaudia.
Plusieurs autres espèces de ce groupe, des montagnes du Pérou, de
l'Amérique centrale et du Mexique, méritent d’attirer l'attention des
acclimateurs. L'une d'elles, le Th. mellifiora DC., dont les fleurs |
se
sont richement nectarifères, serait précieux pour les éleveurs d'a
beilles. C
V. canadense Karm. — Airelle du Canada. De la moitié septen-
trionale des Etats-Unis et du Canada. C’est un petit arbrisseau des
terres basses et marécageuses, dont les baies parfumées et sucrées
sont délicieuses, aussi les récolte-t-on pour les envoyer sur les mar-
chés de New-York, où elles se vendent à des prix fortélevés (de5 à
11 dollars le boisseau). On les consomme en nature, mais elles ser-
vent surtout à confectionner des confitures et des conserves; quel-
quefois aussi on les dessèche, comme on le fait ailleurs pour les
prunes et les raisins, ce qui ne leur ôte rien de leur saveur aroma-
tique et sucrée. L’arbrisseau vient dans tous les sols humides et à
toutes les expositions. Exceptionnellement il s’élève à 3 ou 4 mètres.
Le V. pensyloanicum, qui a beaucoup d’analogie avec lui, produit
de même des baies comestibles. ê ;
V. corymbosum L. — Des mêmes régions que le précédent, mais
plus élevé et à feuilles caduques. Ses baies, d’un noir bleuâtre, aro=
matiques, un peu grosses et d’un goût sucré, mürissent tardivement
en automne. Fa
V. erythrocarpum Micax.; Oxycoccos erectus PursH. — Des
plus hautes montagnes de la Caroline et de la Virginie. C’est un ar- £
brisseau dressé, de ! à 2? mètres, à feuilles caduques, dont les baies
rouges et transparentes sont, dit-on, délicieuses. DE:
V. humifusum GRAHAM.— Des montagnes Rocheuses. Ses baies
sont agréables à manger. Il en est de même de celles du V. leu-
canthum, arbrisseau des montagnes du Mexique. %
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 54À
V. macrocarpum A1TON ; Oxycoccos maérocarpus PERSOON. —
La grande airelle d'Amérique, où elle porte le nom de Large Cran-
berry. Arbuste à feuilles persistantes, à rameaux étalés, qui recher-
che les sables humides et les terrains tourbeux, froids et couverts
de mousse, du Canada à la Virginie et à la Caroline. C’est de toutes
les espèces du genre la plus importante et la plus généralement
cultivée ; par elle on donne une valeur considérable à des sols ma-
récageux qui ne sauraient être utilisés autrement. On y récolte d’é-
normes quantités de fruits, qui sont non seulement recherchés sur
les marchés de l'Amérique, mais s’exportent en Europe, principa-
lement en Angleterre, où on a plus d’une fois tenté de cultiver
l’arbuste. Ses baies sucrées-acidules sont parfumées, d’une belle
couleur rouge écarlate, comme celles de l’airelle d'Europe, mais
beaucoup plus grosses.
V. meridionale SWARTZ. — Des plus hauts sommets de la Ja-
maïque, d’où 1l descend presque au niveau des plantations de café.
C’est un arbre de 8 à 10 mètres, très beau de feuillage et de fleurs.
Ses fruits ressemblent beaucoup à ceux du V. Vitis-1dæa de l'Eu-
rope, et semblent propres aux mêmes usages.
V. Mortinia BENTH. — Des montagnes de la Colombie. C’est un
arbrisseau dont les baies ressemblent à celles du myrtil de l’Eu-
rope, mais sont plus acides ; cependant elles se vendentsur les mar-
chés du pays.
V. myrlilloides Micax. — Du Canada, de l'ile de Terre-Neuve et
du Labrador. C’estun petit sous-arbuste, à grosses baies d’un bleu-
noir, douces et comestibles, qui s’acclimaterait aisément dans les
régions alpines de l’Europe.
V. Myrtillus L. — Le myrtil d'Europe. Sous-arbuste à feuilles
caduques, dressé, répandu dans toutes les parties froides de l’Eu-
rope, de l’Asie centrale et même de l’Amérique du Nord, où il se
plait dans les terres siliceuses plus ou moins humides, même sous
le couvert des forêts. IL est très fertile, et ses baies, de la grosseur
d'un grain de groseille rouge, d’un noir bleuâtre, sont sucrées-aci-
dulées. Dans beaucoup de pays on les récolte pour en faire des con-
filures et des conserves, quelquefois pour les employer dans la tein-
turerie. La plante contient de l’acide quinique.
V. ooalum PursH. —- Arbrisseau de ? à 3 mètres, commun dans
les montagnes de la Californie et de la Colombie anglaise, aux alti-
tudes de 1,000 à 2,000 mètres. Ses baies, de la grosseur d’une belle
groseille, d’un bleu-noir, et réunies en grappes serrées, sont comes-
übles et de saveur agréable. Il y a tout lieu de croire que la culture
pourrait faire de cet arbrisseau un arbre fruitier de valeur.
V. Oxycoccos L.; Oxycoccos palustris PERS. — Airelle d'Eu-
rope. Des terrains siliceux, imbibés d’eau et tourbeux, d’une grande
partie de l’Europe, de l’Asie et de l'Amérique du Nord. C’est un sous-
arbuste, à rameaux étalés, dont les baies rouges font d'excellentes
conserves et passent même pour antiscorbutiques. Cette intéres-
sante petite plante pourrait être cultivée avec profit dans les terres
détrempées des régions alpines.
. V. prœstans Runorpur. — Très pelit fruticule du Kamtchatka,
549 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
dont les fruits sont relativement gros et délicieux. Ce serait aussi”
une plante à introduire dans les montagnes d’une grande altitude.
V. Vitis-idœa L. — Airelle des Alpes. Fruticule à tiges étalées,
de toutes les hautes montagnes d'Europe et de l'Asie moyenne. De
même que les précédents il recherche les sols sablonneux et sili-
ceux. Ses petites baies rouges sont récoltées pour la confection de
conserves et de confitures.
Nous n'avons fait qu'effieurer le genre des Vaccinium, où il se-
rait facile de trouver bien d’autres espèces dignes d’attirer l’atten-
tion des amateurs. Beaucoup d’entre elles sont encore à peine
connues, celles surtout de l'Asie méridionale, de l’archipel indien
et de l'Amérique du Sud, où elles occupent les sommets des hautes
montagnes. Nul doute que plusieurs ne donnent de bons fruits, qui
pourraient être améliorés par une culture régulière, mais nous
n'avons encore aucun renseignement sur ce point.
VAHEA florida Ferd. von MuLLER ; Landolphia fiorida BENTH.
— Arbrisseau grimpant de la famille des Apocynées, de la côte
occidentale d'Afrique, où il monte jusqu'aux altitudes de 700 à
800 mêtres. D’après le botaniste voyageur Welwitsch, cet arbris-
seau produirait des fruits comestibles, mais il aurait plus d'intérêt
comme producteur de caoutchouc, ainsi que les V. Heudelotii, de-
Sénégambie, et V. owariensis, des montagnes de la région d’An-
gola, qui seront peut-être un jour exploités à ce point de vue dans
l'Afrique occidentale. Ce ne sont pas là d’ailleurs les seules espèces
du genre qui s’y trouvent. Les Vahea, en attendant que l’industne
s’en empare, peuvent servir à l’ornementation des serres chaudes
de l’Europe par leur abondante floraison. Le V. florida est surtout
remarquable sous ce rapport. Les genres Zandolphia et Vahea se
confondent en un seul.
VALERIANA. — Valériane. Genre type de la petite famille des
Valérianées, également intéressante par les espèces médicinales et
les espèces potagères qu’elle contient. D’autres sont des plantes
d'ornement d’une certaine valeur.
V. edulis Nurrazz. — Du nord-ouest de l'Amérique septentrio=
nale, de l’Orégon aux Montagnes Rocheuses, où son épaisse raeme
fusiforme sert à la nourriture des populations indigènes. Guite, c’est
un aliment sain et agréable. Quand nous nous rappelons que tous
nos légumes sont sortis de plantes sauvages et qu’ils doivent à la
culture les qualités qui les distinguent, nous pouvons beaucoup es-
pérer de l'introduction de cette valériane dans nos jardins potagers.
V. officinalis L. — Herbe vivace des montagnes de l’Europe et
de l'Asie moyenne, où elle recherche les lieux boisés et humides.
C’est la seule espèce du genre qui ait une grande importance en
médecine. Elle doit ses propriétés à l'acide valérianique, ainsi qu’à
une huile essentielle, qu’elle contient dans sa racine et sa tige. Il est
remarquable qu'aucune espèce de valérianées n'existe en Australie.
La valériane celtique (V. celtica L.), que les anciens connais-
saient sous le nom de Saliunca, était jadis employée en médecine.
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 543
Sa racine vivace est aromatique. Elle se trouve sur les Alpes et au-
tres grandes chaînes de montagnes de l’Europe.
VALERIANELLA o/itoria Mosncu. — Mâche, doucette. Petite
plante herbacée, annuelle, commune en Europe dans les terres cul-
tivées, ou beaucoup de personnes vont la cueillir pour la manger
en salade. Il est plus commode et plus avantageux de la cultiver sur
une planche de jardin, d'autant plus qu’on l’a améliorée par ce
moyen. Elle n’est pas d’ailleurs la seule espèce du genre qui ait
passé à l’état de légume; c’est aussi le cas du V. coronata, ou mâche
d'Italie, plante plus développée et tout aussi bonne que l'espèce or-
dinaire. Ces deux plantes se plaisent dans les terres fraîches et sou-
vent remuées.
VANGUERIA infausta BURCHELL. — Arbrisseau de Cafrerie, de
la famille des Rubiacées, dont les fruits, de la grosseur d’une nèfle,
sont comestibles et d’une saveur agréable. Il serait à désirer que la
culture essayât de l'améliorer, comme elle l’a fait avec succès pour
tant d’autres plantes.
VANILLA.— Genre d'Orchidées sarmenteuses et grimpantes
des Antilles et de l'Amérique centrale, dont une espèce est devenue
célèbre par le parfum qu’elle fournit à l’industrie; c’est le vantllier
proprement dit, le V. aromatica des botanistes, actuellement cul-
tiré au Mexique, aux Antilles, à la Guyane, au Brésil et dans plu-
sieurs autres pays intratropicaux, chauds et humides ou du moins
peu sujets à de longues sécheresses, et dont la température moyenne
n’est pas inférieure à 20 degrés centigrades et peut atteindre jusqu’à
26 ou 28 degrés pendant trois ou quatre mois de l’année.
Le vaniller se plaît surtout dans les terres légères, fraîches et
riches en humus. Suivant les lieux et les saisons on lui donne des
arrosages plus ou moins copieux, et on le fait grimper sur des tu-
teurs, auxquels il s’attache solidement par des racines adventives,
sortes de crampons analogues à ceux du lierre. Ces tuteurs sont
ordinairement des arbres ou de grands arbrisseaux, tels que l’avo-
catier, le manguier, les filaos (casuarinas), le bibassier et autres
arbres qui ne changent pas d’écorce, afin d'éviter la chute des
plantes auxquelles elle servirait de soutien.
Le vanillier, quoique produisant des graines, ne se multiplie in-
dustriellement que de boutures, tantôt plantées à demeure, tantôt et
plus habituellement en pépinière, où elles restent deux ans avant
d'être mises en place. Ces boutures sont de simples fragments de
quelques décimêtres de longueur, portant de deux à quatre nœuds,
avec autant d'yeux ou bourgeons bien conformés. On les plante
obliquement, ne laissant hors de terre qu’un ou deux yeux, suivant
la longueur du fragment. Lorsque les yeux commencent à se déve-
lopper on les attache avec un lien à leur tuteur, en ayant soi de
tourner les racines adventives du côté de ce dermier.
A l’âge de trois ou quatre ans les vanilliers, ayant atteint plu-
sieurs mètres de longueur, commencent à fleurir. Leurs fleurs, en
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544 ÉNUMÉRATION DÉS PLANTES A4
grappes axillaires, sont de couleur jaune-verdâtre. Quoique ht
phrodites elles ne peuvent guère être fécondées sans l’interve
des insectes, et la plupart du temps elles resteraient stériles; il ra
donc que l’homme intervienne pour en assurer la fertilité, ce qui se
fait par une manœuvre assez facile pour qui en a l'habitude, et qui
consiste à pousser l’étamine unique de la fleur vers le spnse ss 4
elle adhère immédiatement. La fécondation opérée, l’ovaire se dé=
veloppe en une longue silique, ou gousse, dont la maturité s’an-
nonce par un changement de couleur, qui devient alors jaunâtre ou
d’un brun tirant sur le rouge. Tout à fait mûre la gousse s’ouvre en"
deux valves, dont une plus large que l’autre, et elle met au jour les
graines très menues qu’elle contient au milieu d’une pulpe noire qui.
exhale, ainsi que les valves du fruit, une odeur suave d’acide ben:
zoïque. Ces fruits sont la vanille du commerce. | TRES
Il en existe plusieurs variétés d’inégale valeur. Elles diffèrent «
grosseur et de longueur, suivant les lieux où les plantes ont été cul |
üivées ; elles ne diffèrent pas moins par la qualité et la quantité d'a=
rome, ce qui tient en grande partie à la manière dont la récollea
été faite et à la préparation des gousses, manipulations qui ne peu
vent être bien faites que par des personnes déjà exercées. Il en esl "
de même du triage et de l’empaquetage. Les meilleures vanilles
nous arrivent du Mexique; celles des Antilles et du Brésil ne vien-""
nent qu’en seconde ligne ; celles de Saint-Domingue sont les moins
‘estimées. Dans le commerce on distingue trois sortes principales de
vanilles, qui sont : 1° la vanille légitime, ou vanille lec ; ? la vanille «
bâtarde, où cimarona; et 3° le vanillon, qui est la sorte la plus in=s M
férieure. Son odeur est forte, mais peu aromatique. Il est assez pros"
bable qu’il provient d’une espèce différente de celle qui produit la
vanille du Mexique. De même que beaucoup d’autres denrées le
diverses sortes de vanille sont souvent falsifiées à l’aide d’acide b
zoïque. &
La valeur commerciale des vanilles varie suivant les années
les qualités, et cela dans la forte proportion de 50 à 300 fr. le kilo-
gramme. Les vanillons se vendent communément un liers moin
cher que les bonnes vanilles. “40
La vanille proprement dite est cullivée depuis longtemps dans
serres chaudes de l’Europe, en qualité de plante d'agrément, et
gousses qu’elle y produit, après fécondation artificielle, sont tou!
aussi parfumées que celles qui nous viennent des Antilles; au
. quelques personnes ont-elles eu l’idée que la culture industrielle de
| la plante pourrait être tentée avec assez de probabilité de ue
dans des serres construites et aménagées tout exprès. Il serait di
ficile de se prononcer sur ce point avant que l'expérience en ait été
faite; mais si elle devait réussir ce serait surtout dans les locali
où existent des eaux thermales, qu’on pourrait employer à cha
économiquement les serres. La culture des ananas pourrait €
leurs y être associée à celle de la vanille. 54
*
VERATRUM «album L. — Varaire.@lante des montagnes l Eu-
rope, de l’Asie centrale et du Japon, de la famille des Mélanthacé
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 545
vivace par sa racine. Les alcaloïdes (vératrine, jervine et sabadil-
line) qu'elle contient l'ont, depuis longtemps, fait admettre en mé-
decine. C’est l’hellébore blanc des anciennes pharmacies.
Le V. viride Airox, du Canada et des Etats-Unis, très voisin de
l'espèce d'Europe, sert aux mêmes usages médicinaux, Le V. Sa-
badilla Rerz, des Antilles, passe pour avoir plus d'énergie que ceux
de pays plus septentrionaux. Toutes les plantes de ce genre sont
d’ailleurs vénéneuses à quelque degré.
VICIA. — Vesce. Genre de plantes légumineuses, herbacées, an-
nuelles ou vivaces, représenté dans les pays tempérés et tempérés-
chauds par une multitude d’espèces, dont quelques-unes sont de-
venues des plantes économiques de grande valeur. Presque toutes
sont grimpantes à l’aide de vrilles, et à feuilles composées d’un plus
ou moins grand nombre de folioles.
V. Cracca L. — Vesce mulüflore. Plante vivace par sa racine,
répandue en Europe et en Asie. Quoique très fourrageuse et précoce
elle ne semble pas avoir jamais été régulièrement cultivée, parce que
ses tiges, hautes de 1"50 à 2 mètres, sont trop débiles pour se sou-
tenir d’elles-mêmes, et qu’il leur faut des rames ou des appuis quel-
conques. C’est aussi l'obstacle qu’on rencontre avec beaucoup d’au-
tres espèces de ce genre. Il n’y aurait qu'un moyen d’y obvier : ce
serait de cultiver en mélange avec les vesces des plantes fourragères,
à tiges fermes et dressées, qui leur serviraient de soutien, et qui
seraient fauchées en même temps. Malheureusement on n’en a
trouvé aucune, jusqu'ici, qui puisse rendre convenablement ce ser-
vice. Il y aurait donc des recherches à faire sur ce point.
V. Eroilia Win; Eroum Ervoilia L. — Ers, ervilier. Espèce
annuelle, peu élevée et se soutenant seule, fourrageuse et très fertile
en graines. Elle est surtout cultivée dans le midi de l’Europe et en
Afrique, où on l’emploie principalement à la nourriture des chevaux;
mais il ne faut leur administrer ce fourrage qu'avec mesure, parce
qu’il est très échauffant. Sa graine est donnée aux volailles, quoique
l’usage excessif en soit dangereux.
V. Faba L. — La fève et la fèverolle. Plante légumineuse an-
nuelle, qu'on croit originaire d'Orient et qui est.cultivée depuis les
temps les plus reculés. Elle est mentionnée dans plusieurs passages
de la Bible et, d’après les annales de la Chine, elle aurait été con-
nue dans ce pays près de 3,000 ans avant l’ère chrétienne.
Avant l'introduction en Europe de la pomme de terre, du maïs et
du haricot, la fève avait presque l’importance d’une céréale, et au-
jourd’hui encore elle tient une place considérable en agriculture et
en culture potagère. La faveur dont elle jouit est d’ailleurs justifiée
par les qualités alimentaires de sa graine et par la bonté de son
fourrage donné en vert. Ses fanes ou tiges feuillées constituent aussi
un engrais à enfouir, soit immédiatement, soit après avoir servi de
litière aux animaux. Dans plusieurs pays méditerranéens on la sème
autour du pied des oliviers, pour l’enfouir au moment de sa florai-
son.
… La culture de la fève occupe annuellement, en France, environ
vée jusqu’en Écosse, où elle réussit tout aussi bien qu’en Egypte.
Il en est sorti un grand nombre de variétés, dont les principales
sont la fève à &rosses graines aplaties, ou fève proprement dite, qui
est surtout potagère, et la fèverolle, à tiges ordinairement plus éle= 108
vées et à graines quatre ou cinq fois plus petites et plus arrondies,
et qui est plus particulière à la grande culture. Cette dernière se M
divise encore en fèverolles d'hiver et fèverolles de printemps. Toutes
ces variétés d’ailleurs réussissent également dans les terres pro-
fondes et un peu fraîches, surtout si ces terres sont argilo-calcaires,
comme celles d'anciens marais desséchés. On y voit les fèverolles …
s’y élever à 1"50 et quelquefois jusqu’à 2 mètres, mais alors leur
produit en graines est un peu moindre que sur des plantes plus
basses. Dans tous les cas les qualités nutritives de ces fèves etfè-
verolles sont à peu près équivalentes, car elles contiennent de 78 à
80 pour 100 de leur poids de parties assimilables. EE:
Si peu difficiles qu’elles soient sur la nature du terrain, les fèves
viennent mal sur les sols graveleux, sableux et granitiques sujets à M
se dessécher. Quoique peu épuisantes, l'expérience a fait reconnaître
que leur produit est toujours plus élevé dans les terres amendées où #
quelque peu fumées, et bien ameublies par la charrue. Suivant les
lieux et les climats l’époque des semis varie. En France c’est bha- 1
bituellement en septembre qu’on sème les fèves d'hiver ; en février,
mars ou avril, celles de printemps. Le semis se fait à la volée ou en
lignes, quelquefois en poquets si l’espace de terrain est peu étendu.
Au total, la quantité de semence à employer varie de 2 à 3 hectoli=
tres par hectare. La récolte se fait en juin ou commencement de
juillet pour les fèves d'hiver; en août, septembre ou octobre po
celles qui ont été semées au printemps. : , 41880
Le produit varie suivant la qualité du terrain. Dans les terres de
qualité moyenne on compte sur 25 à 30 hectolitres de graines par
hectare, mais dans les très bonnes terres, surtout après fumure, le
produit peut s'élever à 40 hectolitres ou même plus. La quantité de
paille ou fanes varie davantage; elle peut être, suivant les cas, infé=
rieure à 4,000 kilogrammes par hectare, ou atteindre à 6,000 ou
7,000 kilogrammes. TS ÉRYTES
Les fèves, comme tout le monde le sait, servent à la nourriture
des hommes et des animaux. Les grosses fèves se mangent crues
ou cuites avant leur maturité complète, lorsqu'elles sont encore ten-
dres. Sèches et durcies, on les réduit en farine qui se-consomme en …
potages, ou qu’on fait entrer dans la composition du pain, Jane
proportion de 3 à 8 pour 100. Les fèverolles, concassées et ramol= …
lies dans l’eau, sont employées avantageusement à la nourriture des |
chevaux, associées à des fourrages moins échauffants ; réduites en …
farine, elles engraissent rapidement les porcs et les bêtes bovines,
et accroissent notablement la sécrétion du lait chez les vaches.
D
‘>
AUS 2
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 547
Quant à la paille, c’est un assez bon fourrage, qu’on distribue aux
bêtes après l'avoir haché, et qui en outre fait une bonne litière.
V. narbonensis L. — Fève de Narbonne. Plante indigène du
midi de l’Europe, semblable à la fève ordinaire par son feuillage,
mais moins élevée. Elle en diffère surtout par la couleur rouge-car-
min de ses fleurs, par ses gousses beaucoup plus petites et par ses
graines rondes, noires et à peine de la grosseur d’un pois. Elle est
cultivée çà et là dans les terres siliceuses du Roussillon et de la
Catalogne, trop infertiles et trop sèches pour la fève commune.
Nous ne citons cette espèce que parce qu’on a voulu y voir la forme
primitive et sauvage de la fève, ce qui est certainement une erreur.
V. satioa L. — La vesce proprement dite. Plante indigène de
presque toute l’Europe et d’une grande partie de l'Asie, générale-
ment cultivée comme fourrage annuel à faire consommer en vert
ou à faucher. On en récolte aussi les graines pour la nourriture des
pigeons et de la volaille. C’est un excellent fourrage, mais qu’il faut
donner avec mesure aux animaux, et surtout ne pas leur offrir hu-
mide de rosée, parce qu’alors il est tout aussi dangereux que le trèfle
dans les mêmes conditions. On évite tout accident en laissant la
plante coupée se faner au soleil pendant quelques heures. On dis-
tingue deux variétés principales de cette espèce de vesce, celle de.
printemps, qui se sème en mars, avril ou mai, suivant les lieux et.
les années, et celle d'hiver, qu’on sème en automne. Toutes deux
aiment les terres fraiches, et on est dans l’habitude de semer avec
elles une petite quantité d'avoine ou de seigle, dont les tiges servent
de soutiens aux vesces.
V. sepium L. — Des mêmes régions que la précédente, très four-
rageuse dans les pays à climat humide, même sur les terres pauvres.
Cultivée, elle peut fournir une carrière d’une quinzaine d’années sur
le même champ, avec deux ou trais coupes par an. Plus encore que
l'espèce précédente, elle doit être soutenue par des plantes à tiges
fermes et dressées.
V. sitchensis Boxcarp. — Du nord-ouest de l’Amérique septen-
_trionale. C’est une forte plante qu’il y aurait peut-être intérêt à in-
troduire en Europe, où elle n’est pas encore connue. D’après le bo-
taniste As. Gray, ses graines vertes peuvent se manger en guise de
petits pois.
V. syloatica L. — De l'Europe et du nord de l’Asie. Elle est vi-
vace et ne craint pas l’ombrage des bois un peu clairsemés. Son
produit est considérable et les animaux domestiques la mangent
avec plaisir.
V. tetrasperma Kocu.; Eroum tetraspermum L. — Plante an-
nuelle, d'assez petite taille, commune en Europe et en Asie, recher-
chant les terres sablonneuses et légères. C’est un fourrage excel-
lent et d’une prompte venue, mais donnant peu, comparativement à
d’autres espèces du genre. Il n’y aurait d'avantage à la cultiver que
sur des terres siliceuses et de qualité médiocre, mais il ne semble
pas qu’elle puisse équivaloir, dans ces conditions, à la jarosse (Er-
oum monanthos L.), beaucoup plus fourrageuse.
V. villosa Vizm. — Plante annuelle, originaire de Russie, intro-
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D18 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
1
duite en France dans la première moitié de ce siècle. C’est peut-êtr.
la plus fourrageuse de tout le genre, car ses tiges ont jusqu’à 2 mè-
tres de longueur, et forment par leur enchevêtrement d'énormes
touffes. C'est là précisément le défaut qu’on lui reproche et qui l'a«
fait presque entièrement abandonner. On y reviendra peut-être si.
l’on trouve quelque autre plante fourragère à tige ferme pour la
soutenir, et dont la végétation sera en concordance avec la sienne.
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Ca
#
C\
VIGNA lanceolata BENTH. — Légumineuse de l'Australie tropi- -
cale et subtropicale, à tiges grimpantes, et qui produit deux sortes
de gousses, les unes aériennes, les autres enterrées comme celles
des arachides, et qui toutes contiennent des graines comestibles. GS.
Cette curieuse plante mériterait de passer dans la culture potagère =
des pays chauds. * "ASIE
On rattache à ce genre, sous le nom de V. sinensis, une seconde |
espèce annuelle, détachée du genre Dolichos, qui est depuis long- »
temps cultivée en Asie, en Afrique et même sur quelques points de |
l'Europe méridionale. Elle produit de très longues gousses, dont
les graines, analogues à des haricots, se mangent en vert et en sec. M
On assure que, dans les bonnes terres, le produit de ce dolic va
jusqu’à quarante fois la semence. Les V. Catjang, sesquipedalis et "mn
melanophtalma, mentionnés par divers auteurs, ne sont que des
variétés du V. sinensis.
1
VILLEBRUNIA integrifolin GaunicH. — Urticée frutescente, |
arrivant même à la taille d’arbrisseau sur les montagnes du nord _
de l'Inde, jusqu’à l'altitude de 1,500 mètres ou plus, là où les pluies |
sont très abondantes. Sa fibre, très analogue à celle de la ramie
(Urtica où Bæhmeria nivea), est plus résistante que cette dernière,
aussi la préfère-t-on à toule autre pour faire les cordes des arcs.
Elle est en outre plus facile à extraire que celles de beaucoup d’au- …
tresurticées, qui, telles que le Haoutia Puya, servent à des usages
analogues et sont cultivées comme plantes textiles. Nous devons …
signaler, au même point de vue, le V. /rutescens, ainsi que diverses.
espèces du genre Debregeasia, et plus particulièrement le D. oelu- "M
tina. Toutes ces urticées peuvent prospérer dans les pays à la fois
chauds et humides et y donner des produits considérables avec très. (%,
peu de frais de culture. VER
VIOLA odorata L. — Violette. Plante vivace, de tous les pays »
tempérés et tempérés-chauds de l’ancien continent, commune sur-n …
tout en Europe et dans l'Asie moyenne, et fréquemment cullivée
dans les parterres pour le parfum de ses fleurs. La violette est de-
venue une plante industrielle d’une certaine importance aux alen=
tours des grandes villes pour la confection des bouquets, elle l’e
aussi pour l’essence qu'on relire de ses fleurs par distillation. C’est
surtout en Provence que cette industrie s’est développée. LES
Par le fait de la culture, la violette a produit un certain nombre
de variétés, toutes cultivées dans les jardins, entre autres la violette …
de Parme, qui est la plus parfumée, et dont les fleurs s’expédient
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 549
du midide la France à Paris et dans les autres capitales de l’Europe.
. Cette modeste plante fait vivre et même procure l’aisance à de
. . nombreuses familles de cultivateurs.
Plusieurs autres espèces du genre, à fleurs blanches, jaunes ou
bleues, ont été de même introduites dans le jardinage d'agrément.
” L'une d’elles est devenue célèbre par la variété et la beauté du colo-
ris de ses fleurs : c’est la pensée ou violette tricolore ( V. tricolor.),
» le plus bel ornement des parterres et une des plantes qui attestent
… le mieux le pouvoir de l’art pour modifier et améliorer des espèces
" qui sont insignifiantes à l’étal sauvage.
VITIS. — Vigne. Genre de la famille des Ampélidées, compre-
nant un grand nombre d'espèces, toutes vivaces, la plupart à tiges
sarmenteuses et grimpantes, pouvant s'élever à l’aide d’appuis à
plusieurs mêtres de hauteur et s’accrochant à leurs soutiens par des
vrilles qui deviennent ligneuses et très solides. Quelques espèces
des pays intratropicaux se distinguent des précédentes par l’exis-
tence de tubercules souterrains d’où naissent tous les ans, à l’é-
poque des pluies, des rameaux ou sarments herbacés qui périssent
- après avoir porté fruit. Ce sont les vignes tuberculeuses dont on a
tant parlé dans ces dernières années.
Le fruit des vignes est le raisin, grappe composée de baies succu-
lentes plus ou moins sucrées et comestibles dans plusieurs espèces,
trop âpres ou trop peltes dans quelques autres pour pouvoir être
utilisées. Parmi les espèces dont l’homme a su tirer parti il en est
une qui est célèbre dans le monde entier et dont la culture remonte
aux temps bibliques, c’est la vigne proprement dite (V. vinifera
des botanistes), la plante écocomique la plus importante au bien-être
et à la richesse des sociétés civilisées, après le blé, le riz et quelques
autres céréales.
| La vigne est originaire de l’Asie, mais depuis un temps immé-
morial elle s’est répandue dans tous les pays tempérés ou tempérés-
chauds de l’ancien continent, principalement dans le bassin mé-
diterranéen, et sur bien des points elle y est retournée à la forme
sauvage primilive. Aucune plante peut-être n’a produit un aussi
> grand nombre de races et de variétés; on les compte par centaines,
et il en est de si nettement caractérisées que plus d’une fois les
__ botanistes les ont considérées comme des espèces distinctes. Elles
| diffèrent les unes des autres par le degré de rusticité, la fécondité,
l'aptitude à s’accommoder des diverses natures de sols, et plus en-
core par la qualité du fruit. Une longue expérience a fait classer les
races de vignes cultivées en deux grandes catégories : celles dont
_ les raisins sont exclusivement consommés comme fruits de table, et
… … celles qui donnent les raisins de cuve, c’est-à-dire à peu près uni-
… quement destinés à faire le vin.
“ie Les raisins de table sont très nombreux : les plus classiques, c’est-
à-dire ceux qui sont le plus habituellement cultivés comme tels, du
moins en France, sont les chasselas, les raisins muscats, les moril-
. | Jons, les malvoisies et quelques autres subdivisés eux-mêmes en
. sous-variétés. Quant aux raisins de cuve, le nombre en est si grand.
ART.
550 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
que nous devons renoncer à en donner même une liste très abrégée: ,
Chaque pays a les siens, comme il a ses procédés de culture et sa.
manière de faire le vin. L’ampélographie, la viticulture et tout ce
qui se rattache à l’industrie vinicole constituent une des branches
les plus vastes de l’agriculture, et on ne peut en prendre une con-=
naissance suffisante que par des années d’études et de pratique.
La culture de la vigne occupe une aire géographique aussi étendue
que celle du blé. Si elle s’avance moins vers le nord, elle va plus
loin vers le sud. Sa limite septentrionale, à l’air libre, ne dépasse
guère le 50° degré de latitude, si ce n’est sur des points particuliè-
rement abrités contre les vents froids, ainsi qu’on le voit sur les
bords du Rhin; au sud elle réussit encore à quelques degrés de l’é-
quateur, dans le nord du Pérou, par exemple, qui jouit, il est vrai,
d’un climat exceptionnellement tempéré et sec. Pour que la vigne
donne un vin potable, il faut qu’il y aït entre la formation du grain
et l’époque de sa maturité, en automne, un mois entier dont la tem-
pérature moyenne atteigne au moins à 19 degrés centigrades. C’est
ce qui arrive ordinairement aux environs de Paris, où on récolte,
sur des coteaux exposés au sud, et à l’aide des variétés de vignes
les plus précoces, un vin qui n’est pas à dédaigner. La vigne sup-
porte aisément des températures hivernales de 12 à 15 degrés au-
dessous de zéro, mais il lui faut une chaleur élevée, beaucoup de
lumière et une certaine sécheresse atmosphérique en été pour mû-
nr convenablement son fruit. Dans les pays intratropicaux, où à
une chaleur continue s’ajoute une longue série de jours pluvieux et
peu lumineux, sa végétation est incessante, mais elle reste impro-
ductive. On a depuis longtemps fait la remarque que là où l’on ré-
colte de bon vin, la culture de l'arbre à thé ne réussit pas, et que
réciproquement les pays producteurs de thé sont impropres à celle
de la vigne, en tant du moins qu’il s’agit d’en obtenir du vin. D’une
manière générale on peut dire que les pays propres à la culture de
la vigne sont ceux qui ont des saisons tranchées, un hiver modéré,
des étés et des automnes chauds et secs, toutes conditions qui se
rencontrent dans le centre et le midi de l'Europe, l’orient, le nord
et l’extrême sud de l’Afrique, la Californie, l'Amérique du Sud au-
delà du tropique et l'Australie méridionale. Dans les pays trop froids
pour que la vigne puisse y être cultivée à l’air libre, on peut encore
obtenir des raisins de table de qualité supérieure à l’aide des serres …
vitrées construites exclusivement dans ce but. Cette industrie a pris
un développement considérable dans le nord de l’Europe, principa-
lement en Angleterre, où elle est pratiquée avec un art consommé.
Les variétés de raisins qui y réussissent le mieux, et donnent les
produits les plus rémunérateurs dans ces conditions de cullure, sont.
le muscat d'Alexandrie, le raisin noir de Hambourg (Black Ham-
burg), le raisin noir d’Alicante (Black Alicante), le Forster”’s white
et le Zady Downe’s. Ces vignes atteignent quelquefois, dans les
serres anglaises, des proportions colossales; c’est ainsi qu’on voit
à Hampton-Court, près de Londres, un pied de vigne, plus que cen-
tenaire, qui garnit à lui seul une serre d’une vingtaine de mètres de Er
longueur, sur dix de large, et produit annuellement de 1,800 à
| 4
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 551
2,500 grappes de raisin. Un autre cep, qui appartient comme le pré-
cédent à la variété noire de Hambourg, et qui se trouve dans le parc
de Windsor, est plus remarquable encore : il remplit une serre de
42 mètres de longueur, sur 6 de largeur, et produit, année com-
mune, de 700 à 1, 000 kilogrammes de raisin. Ces grandes serres à
vignes sont aujourd’ hui très nombreuses en Angleterre, et leur
usage tend à se répandre dans beaucoup d’autres pays où le climat
ne favorise pas la maturité du raisin à l’air libre.
Pendant des siècles, c’est-à-dire depuis l’époque romaine, la cul-
ture de la vigne a été florissante dans tout le midi de /’ Europe, et
jusque dans ces derniers temps elle a fait la fortune de plusieurs
provinces de France ponné dans le monde entier pour l’excel-
lence de leurs vins, la Bourgogne, la Champagne, le Bordelais, le
Languedoc, le Roussillon, etc. Cette longue prospérité est aujour-
d’hui, si non entièrement compromise, du moins fortement atteinte
par les ravages du phylloxéra, sorte de puceron d’origine améri-
caine, qui se multiplie avec une effrayante rapidité sur les racines de
la vigne, qu’il épuise et fait périr en un petit nombre d’années. Des
milliers d'hectares de vignes ont été ainsi anéantis en France depuis
moins de vingt ans, et le fléau ne cesse de s'étendre, gagnant suc-
cessivement les pays voisins, l'Italie, l'Espagne, le Portugal, lAu-
triche, la Hongrie, etc., malgré les mesures prises par les gouver-
nements de ces divers Etats” pour arrêter cette invasion. De très
grands efforts, couronnés d’un certain succès, sont incessamment
faits en France et ailleurs pour lutter contre le mal. Ils se ramènent
à trois procédés, qui sont : la submersion des vignes quand elle est
possible, l'emploi des insecticides, notamment du sulfure de car-
bone, et la substitution à la vigne d'Europe de certaines vignes
américaines réfractaires aux attaques du phylloxéra, soit RS la
production directe du raisin, soit pour servir de porte-grefies. Cette
question de l’emploi des vignes américaines est enc ore à l'étude
aujourd'hui, et si elle compte des partisans résolus, elle a aussi des
adversaires. Il semble avéré cependant, par suite de très nombreuses
expériences, que, dans des conditions déterminées de sols et de cli-
mats, les vignes américaines rendront des services considérables et
qu’elles contribueront peut-être plus que tout autre moyen à la re-
constitution des vignobles de l’Europe.
Ces vignes nouvelles sont toutes originaires de l'Amérique du
Nord, depuis le Canada jusqu'au Mexique. Les espèces en sont .
nombreuses et souvent difficiles à reconnaître. Elles ont d’ailleurs
produit, par le fait de la culture, et probablement aussi par suite de
croisements, beaucoup de variétés d’inégale valeur au point de vue
de la viticulture. Nous allons essayer d’en donner une idée au lec-
teur, d’après les expériences faites dans les écoles d'agriculture du
midi de la France, principalement dans celle de Montpellier, mais
citons d’abord les principales espèces auxquelles ces variétés ont
été empruntées.
V. æstivalis Micux. —- Summer grape des Américains. Elle se
distingue au parfum prononcé de ses fleurs et à ses baies d’un bleu
| foncé, d’ un goût agréable, de maturation précoce ou tardive suivant:
oi
»
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 1e
les lieux. Elle se rapproche beaucoup, par plusieurs caractères, des
V. canescens et cinerea, qui en sont peut-être de simples variétés. À
Il est même difficile de décider si les V. monticola et V. Berlan=
dieri, du Texas, en diffèrent spécifiquement. > FA
V. candicans Micux. — Mustang des Américains. Très ee "a
liane qui grimpe jusqu’au sommet des arbres lés plus élevés, qu’elle à
êtouffe, dit-on, sous l’épaisse couverture de ses sarments entrelacés
et de son feuillage. Elle est originaire de l’Arkansas, où on en ré-
colte le raisin pour faire le vin de mustang. Cette vigne existe dans
beaucoup de jardins de l’Europe, mais il ne semble pas, jusqu'ici,
qu’elle puisse y être cultivée avec quelque profit, à cause de Pâ-
preté de ses fruits, d’ailleurs peu abondants. | Des
V. cordifolia Micux. — Winter grape et Frost grape des Amé-
ricains. Espèce répandue du Canada à la Floride, où elle suit prin-
cipalement les cours d’eau. C’est une grande liane qui s’élance jus=
qu'au sommet des arbres les plus élevés. Ses baies sont petites,
noires ou couleur d’ambre et très acides. On en fait cependant des
conserves, mais elles ne sont propres à cet usage que quand elles
ont ressenti les premières gelées de l'hiver. Elle est très rustique et ="
déjà très répandue dans les vignobles du midi de la France, où on lui
rattache à titre de variétés, probablement hybrides, le Clinton, le 10
Vialla, l'Oporto, le Franklin et le Solonis. Le V. riparia, considéré
par quelques botanistes comme une espèce distincte, paraît n'être
qu’une forme du cordifolia. Le cépage connu sous le nom de Taylor
paraîl se rattacher au riparia plus qu’au cordifolia. 2:40
V. Labrusca 1. — Fox grape des Américains. Répandue dans
une grande partie de l'Amérique du Nord, du Canada au Texas et à
la Floride, et paraît-il aussi au Japon, cette espèce est une de celles
qui se rapprochent le plus de la vigne d'Europe, dont elle se dis=
tingue cependant par son feuillage plus ample et surtout par la sa
veur à la fois fade et musquée (ce qu’on appelle le goût foxé) de ses …
raisins. Introduite depuis longtemps en Europe, elle n’y a long="
temps été employée qu’à couvrir des berceaux et des tonnelles
mais elle a donné naissance, en Amérique, à des variétés, de
pure ou hybride, qui tiennent une place importante en viticullu
et dont les principales sont l’Zsabelle, le Catawba, le Concord
Diana, Y Hartford prolific, \ York-madeira, le Shuilkill, V Alexan
| der, ete., et qui toutes servent à faire du vin. On dit que ces diver
| cépages ne sont pas attaqués par l’oïdium, qui cause tant de ravages
en Europe et ailleurs sur la vigne commune, mais ils résisten
moins que d’autres aux piqûres du phylloxéra. Quelques-uns d’ent
eux n’en sont pas moins estimés comme porte-greffes pour la vig
d'Europe, et déjà des vignobles considérables ont été reconstit
X.
en France par leur moyen. " }
V. rotundifolia Micax. ; V. oulpina L.— C’est une des plus g:
des lianes qui existent, et elle prend un tel développement que
à douze individus de celte espèce suffiraient à couvrir un heclare
leurs sarments si on leur fournissait des soutiens. Originaire d
Texas et des Elats-Unis méridionaux, où elle est cultivée en grand
arborescence, elle a produit plusieurs variétés, dont les plus con-
Fr
ANT
al do Ps Vt + a : 1 pie 2 et À le dan * PA € L'"àt 2! 4
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 553
nues sontle Flowers, le Thomas, le Mish, le Richmond, le Ten-
derpulp, et surtout le Scuppernong, toutes fort estimées dans le
sud des Etats-Unis, mais qui ne paraissent pas devoir rendre des
services en Europe, parce qu’elles ne reprennent pas de bouture, et
que leur culture exige des soutiens dont l'établissement est dispen-
dieux. Les raisins de ces diverses variétés exigent d’ailleurs, pour
müûrir, une plus forte chaleur que celle du midi de la France; mais
peut-être leur introduction dans le nord de l'Afrique et autres pays
de climat analogue donnerait-elle de tout autres résultats.
V. rupestris Micax. — Bush grape et Sand grape des Améri-
cains. Des lieux élevés et secs des Etats-Unis. Espèce plutôt buis-
sonnante que grimpante, dont les racines dures et ligneuses résis-
tent parfaitement au phylloxéra, aussi est-elle estimée en Europe
comme porte-greffes pour la vigne commune. Croisée, suppose-t-on,
avec le V. riparia, elle a produit la variété connue sous le nom de
Solonis, que d’autres attribuent au cordifolia et qui est un des meil-
leurs porte-greffes que nous possédions, d'autant plus'que c’est un
des cépages exotiques qui s’accommodent le mieux de toutes les
natures de sols, hormis ceux qui manquent de profondeur ou se
dessèchent à l’extrême. À ces avantages il joint celui d’être peu ou
point sujet à la chlorose, qui fait quelquefois des ravages sur le
riparia de race pure.
Beaucoup d’autres vignes américaines dont il est difficile de pré-
ciser l’origine spécifique sont encore l’objet des recherches de nos
viticulteurs. On ne sait ce que l’avenir permettra d’en tirer, mais il
en est dès à présent quatre qui sont spécialement recommandées
par l’école d’agriculture de Montpellier, et qui semblent devoir suf-
fire à tous les besoins ; ce sont le Jacquez, qu’on croit issu du V.
æstivalis croisé avec la vigne d'Europe, et qui est également avan-
tageux pour la production directe et pour la greffe de la vigne com-
mune, quoiqu'il ne soit pas tout à fait indemne vis à vis du phylloxéra;
le Vialla, V York-madeira et le Solonis dont nous venons de parler.
Ne pouvant entrer dans de plus longs détails sur un sujet qui rem-
plirait un volume, nous devons nous borner à renvoyer le lecteur
aux nombreux mémoires qui ont été publiés sur les vignes améri-
* caines par les Sociétés d'agriculture du midi de l’Europe et surtout
aux traités spéciaux publiés par MM. Planchon et Sahut, de Mont-
pellier, et Millardet, de Bordeaux.
L’Asie n’est pas moins riche que l'Amérique en vignes sauvages,
mais elles sont encore peu connues, malgré l’intérêt qu’elles peu-
vent nous offrir, car plusieurs d’entre elles, indigènes des parties
les plus chaudes du continent asiatique ou des grandes îles voi-
sines, pourraient être introduites dans les colonies intratropicales de
l’Europe d’où la vigne ordinaire est exclue par le climat. Telles se-
raient, pour n’en pas citer d’autres, les V. indica des montagnes de
Pinde, V. lævigata BLux., V. thyrsifioraMiQ., V. mutabilis BLu.,
VW. Blumeana Sreur., de Java. On peut ajouter à cette liste les
VW. imperialis M10., de Bornéo; V. auriculata et V.elongata WaL-
10H, des montagnes du Coromandel, et V. quadrangularis L., qui
S'étend de l'Arabie au centre de l'Afrique. D’autres vignes, à peine.
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554 ÉNUMÉRATION DES PLANTES ETES
connues de nom, existent au Japon, en Chine, en Mongolie et de
l'Asie centrale, et déjà quelques-unes sont cultivées dans nos ja
dins botaniques. Une des plus belles est le V. rugosa, introduite ré-
cemment du Japon en France; ses raisins sont comestibles et ne
dit-on, à faire du vin, mais elle est dioïque et nous n’en connaissons {
encore que des individus mâles. Re
Pour terminer cet aperçu sommaire des vignes nous dirons quel-
ques mots de celles dont les tiges, seulement herbacées, repoussent …
tous les ans d’une souche enterrée et tuberculeuse, toutes de pays
intratropicaux, la Cochinchine, le Soudan, Madagascar et le nord 2 à
de l’Australie. En Europe leur culture ne serait possible qu’en serre |
chaude, et par conséquent elles n’y pourraient devenir à aucun ütre
des plantes économiques, mais il ne serait pas sans intérêt de cher-
cher à les améliorer dans les pays mêmes où elles sont indigéne
et peut-être parviendrait-on à leur y faire remplir, dans une cer-
taine mesure, le rôle de la vigne proprement dite sous nos climats “e
tempérés.
VOANDZEIA subterranea Du PEriT-THOUARS. — Légumineuse
herbacée el annuelle de Madagascar et de la région africaine voi- .
sine, jusqu’à la colonie de Natal. Elle a une certaine ressemblance
avec l’Arachide (Arachis hy ypogæa), enfonçant comme elle ses. 2
gousses dans la terre pour les y müri*. Les graines qu’elles con
tiennent sont comestibles crues et cuites, et elles sont d’un usage
vulgaire dans plusieurs pays tropicaux.
WALLICHIA. — Genre de Palmiers de l'Inde, acaules ou à se à
peu élevé, mais très remarquables par la forme insolite deleur feuil-
lage, et dont quelques-uns font déjà l’ornement des serres de l'Eu- 948
rope. Il en est, dans le nombre, qui semblent devoir être asse:
rustiques pour vivre à l’air libre dans le midi de l Europe. Ce ee
particulièrement le cas du W. caryotoides RoxBt., espèce aca
de l'Himalaya, jusqu’à plus de 1,000 mètres d'altitude, et du
densiflora MARTIUS, qu'on rencontre dans cette même région mon-
tagneuse vers le 27° degré de latitude. Cette seconde espèce, qui es
caulescente, mais de petite taille, serait vraisemblablement aussi
rustique chez nous que plusieurs autres palmiers du même pays
déjà introduits dans nos jardins méridionaux.
WASHINGTONIA. — (Genre de Palmiers de la Californie ne |
dionale et du haut Mexique, à feuilles flabelliformes et à fleurs her
maphrodites, récemment introduits en Europe sous les noms impro-
pres de Brahea et de Pritchardia. On n’en connaît jusqu'ici Se N
deux espèces, toutes deux fort remarquables, et déjà assez com-
munes dans le midi de la France. Ex
W. filifera WexDL. — Arbre de grande taille, à en juger) par la
grosseur de son stipe et l’ampleur de ses feuilles larges de plus d’un
mètre et portées par de robustes pétioles armés d’épines. Ces gran
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 555
des feuilles, surtout dans la jeunesse de l'arbre, se terminent par
de longs filaments, qui rappellent assez bien la barbe blanche d’un
vieillard. De tous les palmiers jusqu'ici connus c’est celui qui croît
le plus vite, et on est surpris du développement qu’il prend en un
petit nombre d'années. À ce précieux avantage s’ajoute celui d’une
parfaite rusticité aux alentours de la Méditerranée, partout où l’o-
ranger mûrit ses fruits à l’air libre.
W. robusta WENDL. — Analogue au précédent, dont il diffère
cependant à bien des égards, principalement par la forme de ses
feuilles, dont le limbe, presque orbiculaire et plissé en éventail jus-
qu’au milieu de sa longueur, se termine par des pinnules aiguës
bordées de filaments blancs et diversement entortillés. Ce palmier,
dont l'introduction est toute récente, n’est pas moins beau que le
W. fiifera, avec lequel il rivalise par sa taille et la rapidité de son
développement. Comme lui, c’est une précieuse acquisition pour les
‘13e et jardins du midi de l’Europe et pour les pays de climats ana-
ogues.
WETTINIA. — Palmiers montagnards du Pérou, qu’on suppose
avec quelque probabilité capables d’endurer à l’air hibre le climat
du midi de l’Europe. Deux espèces sont particulièrement à citer : le
W. augusta Poxrpi@ et le W. maynensis Spruce, de la Cordillère,
où ils montent à plus de 1,000 mètres d’altitude. Ce sont des arbres
de 12 à 15 mètres, d’un grand effet ornemental.
_ Ces arbres n’appartiennent qu'imparfaitement à la famille des
Palmiers, et quelques botanistes les rangent dans une famille voi-
sine, celle des Cyclanthées.
WILLUGHBEIA. — Lianes arborescentes des parties méridio-
nales de l’Inde, de la Malaisie et des îles de la Sonde, dont le com-
merce et l’industrie du caoutchouc commencent à s'occuper. Elles
sont, en Asie et dans les îles voisines, les analogues des Zandolphia
ou Vahéa, de l'Afrique, qui appartiennent comme elles à la famille
des Apocynées et sont de même de riches producteurs de caout-
chouc.
Les espèces du genre sont encore peu connues; on peut citer ce-
pendant les suivantes, à cause de leur importance relative :
W. edulis RoxB&. — De l'Inde, où il a été surtout cultivé pour
ses fruits comestibles, qui atteignent la grosseur d’une orange. La
plante a été propagée dans plusieurs colonies intratropicales.
W. martabanica WALLICH. — Analogue au précédent et cultivé
comme lui pour ses fruits.
W. Burbidgei Jos. Hook. — De Bornéo. Tout ce qu’on en sait
est que cette liane produit le caoutchouc désigné par les indigènes
sous le nom de WManungan-Poulo, et qui est de bonne qualité. Il en
a été importé 530 tonnes à Londres en 1880.
VW. Treacheri Jos. Hook. —- Aussi peu connu que le précédent,
et de même provenance. Son caoutchouc, comme celui du W. Bur-
EM est connu dans le commerce sous le nom de caoutchouc de
_ Bornéo.
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556 ÉNUMÉRATION DES PLANTES no
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Plusieurs autres espèces du genre, que l'avenir fera connaitre
existent dans les grandes îles de Bornéo et de la Nouvelle Guin
WISTARIA chinensis DC.; Glycine sinensis Curris. —- Glyci
ou wistaria de la Chine. Grande liane arborescente de la famille des
Légumineuses-Papilionacées, introduite depuis le siècle dernier
Europe, de la Chine ou du Japon. A l’aide d’appuis, sa tige peut s’
lever à plus de 10 ou 12 mètres, aussi s’en sert-on pour garnir des
murs ou couvrir des berceaux. Cette belle plante, qui est rustique …
dans toute l’Europe occidentale, peut vivre plus d’un siècle, et ar-«
river à d'énormes proportions. Le voyageur Fortune en a vu, au
Japon, un pied dont la circonférence, au niveau du sol, dépassait …
2 mètres, et qui couvrait de sa ramure et de son feuillage un espace $
de plus de 660 mètres carrés. La glycine fournit avec profusion des
grappes de fleurs bleu pâle, d’une odeur très douce, qui pourrai
être utilisées dans la parfumerie. 41
5
WITHERINGIA solanacea L'HÉriT. — Solanée herbacée et
vivace de l'Amérique du Sud, qui produit de gros tubercules comes- «
tibles, analogues à la pomme de terre, et qui, à ce titre, mérit
erait
d’être soumise à des essais de culture: | me. Fe
4 Ye
XANTHOCHYMUS piciorius Hook.; Garcinia pictoria RoxBG.;
Hebradendron GRAHAM. —- Arbrisseau du groupe des Clusiacées,
de l'Inde centrale, utile à deux fins, d’abord comme arbre fruitier.
puis comme arbre industriel, car c’est de lui qu’on tire une partie »
de la gomme-gutte du commerce. Ses fruits sont de la grosseur et ”
presque de la forme d’une prune de reine-Claude, et contiennent …
des amandes volumineuses. Il ne semble pas qu’on puisse le @
tiver avec profit en dehors des tropiques, mais il fructifie dans les …
serres chaudes de l’Europe. Re.
? EF
XANTHORRHIZA apüfolia L’'Hérir.— Renonculacée sous-fru=
tescente et vivace, du nord de l’Amérique, où elle a quelques em :
plois en thérapeutique. Sa racine fournit une teinture jaune sem-…
blable à celle de l’'Æydrastis canadensis, et contient comme elle de …
la berbérine. ;
XANTHOXYLON piperitum DC. — Arbrisseau de la Chine et
Japon, dont toutes les parties sont imprégnées d’un principe &
et aromatique, qui domine surtout dans les capsules du fruit. E
Chinois et les Japonais en font grand usage en qualité de condi-
ment. AE
Plusieurs autres arbrisseaux du même genre, d'Asie et d'Amé-
rique, sont doués de propriétés analogues et servent à de nombr
usages économiques; quelques-uns fournissent des produits à
médecine. Le nom du genre est écrit quelquefois Zanthoæylon,
de même que celui de la famille, Zanthoæylées pour Xanthoæylées.
'XIMENIA americana L. — Arbrisseau de la famille des Olaci-
nées, appartenant à la région tropicale de l'Amérique, aujourd’hui
. répandu en Asie, en Afrique et même en Australie, un peu en de-
hors des tropiques. Il est naturalisé en Floride, et peut-être pourra-
t-il l'être aussi dans tous les pays tempérés exempts de gelée. Ses
- fruits, assez semblables à des prunes, sont comestibles et d’un goût
agréable. Le bois de l’arbre est aromatique. C’est l’A/varillo del
campo des Mexicains. |
et gros arbre de la famille des Légumineuses-Mimosées, de l'Inde,
_ oùils’élève jusqu’à l'altitude de 1,000 mètres, de la Chine méridio-
nale et des Philippines. Malgré son origine tropicale, cet arbre perd
_ ses feuilles tous les ans, ce qui semble indiquer qu’il pourrait s’ac-
climater dans des pays moins chauds que ceux où on le trouve au-
jourd’hui. Sa hauteur atteint quelquefois 60 mètres et le trone volu-
mineux s'élève droit et sans branches à une grande hauteur, ce qui
en fait un arbre de haute futaie. Le bois en est d’un brun rougeâtre,
à grain lrès fin, imbibé d’une sorte de résine huileuse, et il est si
compacte qu'il dépasse en dureté même celui du Teck. 1] résiste
merveilleusement aux chocs les plus violents, aussi s’en sert-on
pour en construire les ustensiles qui exigent la plus grande résis-
: tance et la plus longue durée, tels que les affüts de canons, les courbes
_ pour la marine, les traverses de chemins de fer, les pilotis des ponts,
… les charrues, etc. On le considère comme indestructible, ce qui lui
a fait donner le nom de bois de fer. C’est à peine si, à 20 mètres de
- distance, une balle de fusil peut l’entamer. Le bois du cœur de l’arbre
n’est jamais attaqué par les termites ou les tarets, et on ne peut guère
_ le scier que lorsqu'il est encore vert. Le tronc exsude une sorte de
_ gomme résine de couleur rouge.
__ YUCCA. — Plantes monocotylédones de la famille des Liliacées,
toutes originaires d'Amérique, principalement du Texas et du Mexi-
que. Les unes restent herbacées et acaules, d’autres deviennent ar-
… borescentes et s'élèvent plus ou moins haut, sur une tige ligneuse
- qui ne se ramifie qu’à la suite des floraisons successives. Les feuilles
des yuccas sont étroites, allongées, souvent raides et coriaces, et
alors terminées par une pointe dure et piquante. Les fleurs, toujours
blanches, quelquefois striées à l’extérieur de pourpre violacé, sont
grandes et rapprochées en énormes panicules terminales. Les fruits
* qui leur succèdent, quand elles ont été fécondées, sont de grosses
- baies allongées, assez semblables à de petites bananes, et comes-
… tibles à la maturité, au moins chez quelques espèces. Plusieurs yuc-
= cas sont depuis longtemps introduits en Europe, comme plantes de
…_ haut ornement, et la plupart sont rustiques dans la région méditer-
-_ ranéenne. Les plus habituellement cultivées sont les suivantes :
Y. aloifolia L. — Du Mexique; espèce arborescente, s’élevant à
_ 2 ou 3 mètres, commune dans les jardins du midi de l’Europe.
A,
XYLIA dolabriformis BENTH. — Pyengadu de l'Inde. Grand
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558 | ÉNUMÉRATION DES PLANTES
Ms CE
Y. brevifolia ENGELMANN. — De l’Arizona et de l’Utah, dans l'A
mérique du Nord. Espèce arborescente de 8 à 10 mètres de hauteur
Les feuilles et la tige elle-même pourraient être converties en
à papier. |
Y. Draconis L. — De la Caroline; espèce arborescente, de
{0 mètres, rustique en Provence et déjà assez commune dans
jardins de la région. | | + 40
Ÿ. filamentosa L. — De Virginie. Espèce acaule, dont les feuilles
portent sur leurs bords des fibres blanches, qui semblent échappées=
de leur tissu. Ses panicules fleuries ont souvent plus de { mètre de 2
longueur. #7
Y. gloriosa L. — Des Etats-Unis méridionaux, et une des espès
cesles plus anciennement introduites dans l’horticulture de l'Europe Ne
Elle est un peu arborescente, à feuilles raides et terminées par une | we
pointe aiguë. Elle est commune dans nos jardins du Midi. JTE
Y. filifera Macxoy. — Du Mexique. C’est une des plus grandes
espèces du genre et une des plus arborescentes. Le tronc, qui dé-
passe communément { mètre de circonférence à la base, peut at=
teindre à 7 ou 8 mètres de hauteur, tout en se rétrécissant graduel-
lement. La panicule florale, longue de plus de 1 mètre, s’inclme
ordinairement et devient pendante. Cette remarquable plante est
rustique dans toute la région des orangers. ‘PANIER
Y. Treculeana Carrière. — Du Texas. Espèce très arbores-
cente, à longues feuilles raides, terminées par une pointe aiguë et
piquante. Elle se ramifie à la suite de chaque floraison et finit, au
bout de quelques années, par représenter un arbre massif, d’un as-
pect étrange. Elle est surtout imposante au moment où ses rameaux
se terminent par les grandes panicules de fleurs blanches, caracté- »
ristiques du genre. Espèce très rustique en Provence. Et
Y. yucatana ENGELM. — De l'Amérique centrale. Elle est arbo= …
rescente, haute de 6 à 8 mètres et se ramifie dès la base. AFP
A la suite de ces espèces, nous citerons seulement pour mémoire.
les Y. canaliculata Hoox., du Texas et du Mexique, plante arbo=
rescente, remarquable par la longueur de ses feuilles; le Y. baccata
Torr., du Texas et de la Californie, la plus grande espèce connue.
du genre, car elle atteint ou même dépasse 12 mètres de hauteur;
ses feuilles sont relativement très courtes; enfin, les Y. faite Era
er ns et stricta, espèces acaules où presque acaules, intro
uites en Europe dans ces dernières années. D RE
Tous les yuccas sont des plantes d'ornement de premier Mu À
mais en Amérique on utilise la fibre de leurs feuilles, qu’on faiten-
trer dans la confection du papier, auquel elle donne de la solidité.
On y fait le même usage des feuilles d’agave. Toutefois, l'emploi in
dustriel de ces plantes ne peut devenir profitable que dans le pays
où elles abondent et où elles ne réclament aucune culture.
LP
ZALACCA secunda GrirrrrH. — Palmier de l'Inde, princip
ment de la province d’Assam, jusque sous le 28° degré de latitr
ÉNUMÉRATION DES PLANTES 559
ce qui permet de lui supposer assez de rusticité pour pouvoir vivre
à l'air Libre dans tous les pays tempérés-chauds. C’est une espèce
acaule, mais à très grandes feuilles finement divisées en pinnules,
au total très élégante et très ornementale.
ZEA mays L. — Maïs, blé de Turquie, blé d'Inde, Zndian corn
des Anglais. Grande graminée annuelle et céréale de premier ordre,
la seule jusqu'ici qui nous soit venue d'Amérique, où les indigènes
la cultivaient de temps immémorial, avant l’arrivée des Européens.
On ne sait pas exactement de quelle partie de l'Amérique du Sud
elle est originaire, mais on a quelque raison de croire que sa patrie
première est le Brésil méridional et le Paraguay, où le voyageur
botaniste Auguste de Saint-Hilaire croit l'avoir trouvée à l’état sau-
vage. Aujourd’hui le maïs est cultivé dans tous les pays chauds et
tempérés-chauds de la terre. Par quelques-unes de ses innombrables
variétés 1l s’avance même en Europe et en Amérique jusqu’à la li-
mite des pays froids. C’est ainsi qu’il mûrit encore son grain sous
le climat de Paris, mais ce n’est qu’au sud de la Loire, et principa-
lement dans les départements du Midi, que sa culture est devenue
réellement importante, et qu’elle entre pour une large part dans le
régime alimentaire des populations. La farine du maïs sert à faire
du pain, soit seule, soit mélangée avec celle du blé, mais on la con-
somme plus habituellement sous forme de potages ou de pâtes, qui,
suivant les lieux, portent les noms degaudes,millasses, polenta, etc.,
et sont surtout en usage dans les campagnes. On a accusé le maïs
de donner lieu à une redoutable maladie, la pellagre, souvent ob-
servée dans le sud-ouest de la France et dans la Haute-Italie, mais
il est bien reconnu aujourd’hui que cette maladie est due à une sorte
d’ergot, analogue à celui du seigle, et qui est très vénéneux; on
l'emploie comme ce dernier à divers usages médicinaux.
De même que les autres céréales, le maïs est exploité industriel-
lement pour la fabrication de boissons alcooliques. Dans l'Amérique
du Sud les indigènes en font une sorte de bière, la chicha, dont l’u-
sage est général parmi ces populations. En Europe, par des procé-
dés plus perfectionnés, la fécule du maïs est convertie en sucre, en
mélasses et en eaux-de-vie.
Sa tige elle-même, avant la formation du grain, contient assez de
sucre pour qu'il y ait quelque bénéfice à l’en extraire, au moins
dans quelques variétés; mais ce sucre est encore mieux utilisé dans
l'alimentation des bestiaux,auxquels le maïs vert est donné en four-
rage. Ce nouvel emploi du maïs tend à se généraliser en Europe,
même dans les pays où le grain n’arriverait pas à maturité par
l'insuffisance de la chaleur, et cela surtout depuis que s’est établi
l'usage de conserver les fourrages verts en silos. Les tiges du maïs
se prêtent admirablement à ce mode de conservation; elles fermen-
tent par leur tassement et leur échauffement, et elles acquièrent par
là des qualités qu’elles n’auraientpas à l’état de fraîcheur. Toutes les
variétés de maïs peuvent être ainsi utilisées, mais on choisit de pré-
férence celles qui sont de grande taille et bien pourvues de feuilles,
et parmi elles les grands maïs connus sous les noms de dent de
36
\:
RER TT E DES PLANTES
cheval et de caragua, dont les tiges ont Liteci plus de 3 mêl
de hauteur. Toutefois ces grandes races ne mürissant leur grain ( qu
dans le midi de l'Europe, les cultivateurs du Nord doivent en
les graines des pays producteurs ou s’en tenir aux variétés qui. "
rissent sous leur climat. Considéré comme plante fourragèr
maïs rend de très grands services, mais à lui seul il ne suffit.
pour entretenir les animaux en état de santé, et on ne doit le le
administrer que comme accessoire à des aliments plus réparateur
tels que le foin ordinaire, les légumineuses, les tourteaux, etc. G
qui plaide surtout en sa faveur c’est l'abondance du produit, si
un espace donné, comparativement à la plupart des autres four-
rages.
Les feuilles du maïs pourraient servir à la confection du papiers |
celles qui enveloppent immédiatement l’épi, et qui sont remarqua-
blement fibreuses et tenaces, outre qu’à elles seules elles fourniraient
un papier de qualité supérieure, donneraient de la force aux papiers …
peu résistants qu’on fabrique aujourd’hui avec des bois pulvérisés.
Toutefois ces enveloppes de l’épi du maïs sont déjà généralement
employées à faire des couchettes et des matelas.
Pour de plus amples renseignements sur la culture et l'emploi
industriel du maïs, nous renvoyons le lecteur aux traités d’agri
culture proprement dite. b
ZELCOVA. — Arbres dela famille des Ulmacées, réunis autrelo
au genre Planera, avec lequel d’ailleurs ils ont beaucoup d’affinit
Ils en diffèrent surtout par leur fruit, qui est une sorte de nucule. Ce
genre ne renferme que les trois espèces suivantes : : HAS
Z. acuminata PLANCHON ; Planera acuminata Linz. — Kéaki
des Japonais. Très bel arbre de 25 à 30 mètres de hauteur, sur 0"70 |
à 2 mètres de diamètre à la base. Il est renommé pour l'excellence
de son bois, peut-être le meilleur du Japon, et qui est employé à ”
tous les genres de constructions, même pour les ouvrages de tour,
parce qu À1 nest pas sujet à se fendre. Il croît ra pidement dans
terres profondes un peu humides. #44
Z. crenata Spacu.; PI. crenata Desk. — De la région du Caucase M
et des environs de la mer Caspienne. Ses dimensions sont celles. du #
précédent, dont il se distmgue par ses branches plus dressées et
formant la gerbe. Son bois est aussi d’une haute valeur, et on
rencontre çà et là en France, plutôt comme arbre d'ornement €
comme arbre forestier, quoiqu'il mérite l'attention des acclimate
à ce dernier point de vue.
Z. crelica SPACH. — Apélika et Apélitsia des Grecs. Des mon- :
tagnes de l’île de Crète, où il n’est d’ailleurs pas commun. Arbre
moins grand que les précédents, mais très ornemental. Ses fleurs, |
qui sont Lirèsodorantes, sontune précieuse ressource pour les abeil £
Le bois en est compacte et solide, et d’une teinte rouge prononcée .
dans les arbres vieux ou tout au moins adultes. SE
ZINGIBER officinale Rosc. — Le gingembre. Plante herbacée Si
vivace, cullivée de temps immémorial dans l’Inde et dans le midi
G
AE
nn ÉNUMÉRATION DES PLANTES 561
de la Chine, pour sa racine aromatique qui fournit la denrée connue
sous ce nom, et qui sert de condiment. Elle a aussi de nombreux
emplois en médecine. Au point de vue industriel et commercial sa
culture serait peut-être possible dans les pays tempérés-chauds ;
elle le seraittout au moins dans les colonies intratropicales de l’Eu-
rope, d'autant plus qu’elle a déjà réussi dans les possessions des
Espagnols aux Antilles et sur le continent de l'Amérique.
Les Japonais cultivent plusieurs variétés de gingembre, sous le
nom de Shoga. Il y est surtout employé comme condiment et den-
rée médicinale.
Plusieurs autres espèces du genre(Z. C'assumunar RoxBG., Z. Ze-
rumbet RoxBG., Z. dubium AFzEL., etc.), mériteraient de même d’at-
rer l'attention des acclimateurs, ainsi que d’autres zingibéracées,
principalement des genres Amomum, Kœmpferia, Costus, Galanga,
qui sont asiatiques, et Renealmia, qui est américain.
ZIZANIA. — Graminées aquatiques oudes terrains très humides,
qui peuvent rendre ou rendent déjà d’utiles services dans des condi-
tons particulières. Les unes sont annuelles, les autres vivaces. Telles
sont ies suivantes :
Z. aquatca L.; Hydropyrum esculentum Link. — Vulgairement
ris du Canada. Plante annuelle, de 2 à 5 mètres de hauteur, qui
croît dans les terres inondées ou le long des cours d’eau, du Canada
à la Floride. Son grain est récolté et sert à faire du pain et des po-
tages, mais 1l serait surtout utile pour la nourriture des oiseaux
d’eau. La naturalisation de cette plante serait facile en Europe.
Z. latifolia HaxcE; Æydropyrum latifolium Grise. — Plante
très analogue à la précédente, qu’on trouve dans leslacs et les eaux
dormantes de la Mandchourie, de la Chine et du Japon. Outre sa
graine, la plante fournit dans la base de ses tiges un légume très ap-
précié des Chinois, qui d’ailleurs la cultivent d’une manière régu-
hère, comme les mâcres et autres plantes aquatiques.
Z. fluitans Micux.; Jydrochloa carolinensis Brauv.— Des Etats-
Unis méridionaux, où elle garnit les bords des rivières et des mares.
D’après M. Mobhr, c’est un bon fourrage, qui ne manque à aucun
moment de l’année.
Z. miliacca Micax. — Des mêmes localités que le Z. aquatica,
dont elle a les usages, mais elle est vivace. Dans le sud du Brésil
se trouve le Z. microstachys N&ës, qui pourrait être utilisé comme
les espèces précédentes.
ZIZYPHUS. — Arbres et arbrisseaux de la famille des Rhamnées,
épineux et la plupart à feuilles caduques, dont le fruit est une sorte
de drupe, comestible dans plusieurs espêces. Tous appartiennent
aux climats chauds ou tempérés-chauds de l’ancien et du nouveau
monde. Les plus intéressants sont ceux qui suivent : ;
Z. Joazeiro MarT. — Du Brésil. Ses fruits sont comestibles, et
- pourraient encore s'améliorer par la culture. Cet arbre réussirait
P
dans les pays les plus arides.
Z. Jujuba Lauk. — De l’Inde, de la Chine, de l’Australie orien-
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562 ÉNUMÉRATION DES PLANTES
DAAT 77
tale et de l'Afrique tropicale. Ses fruits sont comestibles, mais ne
müûrissent tout à fait que dans les pays chauds, en dedans et en de-
hors des tropiques. Sa feuille est plus utile que ses fruits, parce.
qu’elle sert à nourrir les vers à soie Tussa, qui sont les plus répan=
dus dans l’Inde, et qui s'élèvent presque sans soins sur ces arbres, -
à l'air libre. Souvent même on se contente d’en récolter les cocons
dans les forêts. :: FC
Z. Lotus Lauk. — Grand buisson ou petit arbre des alentours de
la Méditerranée, principalement en Afrique, où les gens de lacam=
pagne récoltent ses fruits, qui sont d’ailleurs loin de valoir les vraies
jujubes. En Algérie ce buisson épineux est principalement employé
à faire des clôtures dans la région saharienne, pour protéger les …
terres cultivées contre les troupeaux de chèvres et de moutons.
Z. Mistal Grises.— De la République Argentine, et d’autres p:
ties de l'Amérique du Sud. C’est, dit-on, un bel arbre, dont les fru
sont comestibles. “EUR
Z. rugosa Lawk. — Du Népaul et des autres pays montagneux
du nord de l'Inde, relativement rustique, à fruits comestibles, comme
d’ailleurs ceux de plusieurs autres espèces sauvages des mêmes ré
gions. +
Le Z. sinensis, de la Chine et du Japon, est dans le même cas.
Z. spina Christi Wizzp.— Epine du Christ. Il est ainsi nommé
parce qu’on croit que la couronne d’épines du Sauveur était faite de |
ses rameaux, qui sont très épineux. Il habite le nord de Afrique et M
l'Asie occidentale, et n’y sert guère qu’à faire des clôtures, d’ailleurs
très défensives. LA
Z. vulgaris LAMK. — Le jujubier commun. De l'Orient, surtout
de la Syrie, mais existant aussi dans le nord de l’Inde, jusqu’à l’al- M
titude de 2,000 mètres. C’est un des plus rustiques du genre, et …
le plus important, aussi est-il cultivé depuis les temps les plus an=
ciens dans toute la région méditerranéenne, pour ses fruits, plus …
volumineux que ceux des autres espèces et beaucoup plus sucrés:
Ce sont les jujubes proprement dites, qui se vendent sur les mar- …
chés du midi de l’Europe et du nord de l’Afrique, et sont très em=…
ployées en confiserie. L’arbre atteint à 8 ou 10 mètres de hauteur ER.
et est très productif quand il reçoit des arrosages en été, maisila
le défaut de drageonner du pied et d’envahir le terrain consacré à
d’autres cultures, ce qui oblige à le tenir à l'écart. ne.
ZOYSIA pungens WizLo. — Graminée à longues tiges rampantes
et radicantes, de l'Asie orientale et de l'Australie entre les tropiques.
Cette modeste plante rend d'importants services dans les lieux où .
elle croît spontanément, en fixant les sables meubles des bords de |
la mer. Elle se plaît d’ailleurs dans les terrains imprégnés de sel:
Sous nos climats tempérés ou froids, plusieurs autres plantes rus=
tiques, principalement des graminées et des cypéracées, rendent des.
services analogues. Jusqu’ici elles ont été trop négligées.
NOMS DES AUTEURS
CITÉS DANS LE COURS DE L'OUVRAGE
avec les abréviations usitées
A. Rich. Cambessèdes ...... Cambess.
A. de Juss. Caruel.
Afzel. Carriére AC arr:
CARS AM RTE ae TCASS:
1t01 Cavanilles ........ Cavan.
MImao Se..." Allem: Chamisso......... Cham.
Alph. de Candolle.. A. DC. Chapman.
Anderson......... Anders. Choisie ni CHOIS:
_ Arduino. Colebrook......... Colebr.
MAO ENS, Arntt. FOSSODP MM EC OSS:
GTA Ve 2 AS: Gr. Crantz.
MAublet.:..:..,.... Aubl. Cunningham...... Cunngh.
_ Aug.deSt-Hilaire.. ASH. Curtis.
_ Babington. Dale. 814. Dalz:
HeBaillon:."....... Br. Déecasnes:1 .%5-Dne
Baker. De Candoile....... DC.
Malone... Bal" Delile.
Banks. Desfontaines ...... Desf.
HG eV 2r: Becc: Desvaux...:...... Desv.
Bentham ......... Benth. Dombey.
“Bergmann........ Bergm. - Don.
Bert. D'Orbieny 292 D'Or;
… Bieberstein ....... Bieb. Douglas .......... Dougl.
HBlume..::........ BI. Drude.
Bossier .........1 Boiss. Duchène.......... Duch.
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Bouché. Du Roi.
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FranchetetSavatier : Lamarck........ re
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Gaudichaud ....... Gaudich. Ledebour .........
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Hugel. Moore.
Hüumholdt.. 5. Humblt. Moquin.s eee :
Humboldt et Bonpland Muehlenberg......
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James. Mutis.
Jaubert et Spach.
Joseph Hooker .... Jos. Hook. Naudn be evie :
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Karwinski,:.,.,4..: Karw. Oliver.
Kaufmann ........ Kaufm. Olivier.
Ker. Otto.
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GORRESE
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M POAMOOMES de stes » de Mebeoier es 0h Tee SANT EITE LC uE Se FEES
Considérations générales sur l’acclimatation des plantes .........
des espèces déjà utilisées ou qui peuvent l’être..........,..... AE
Description sommaire des familles ou groupes naturels auxquels
se rattachent la plupart des plantes indiquées dans ce volume...
Noms vulgaires des plantes et synonymes rapportés aux noms bo
faniques .............4...4444eeesrseeeseeseesseeeeseneees re
Énumération des plantes, leurs usages et leur culture ........,..
Noms des auteurs cités dans le cours de l’ouvrage, avec les abré-
ANTIBES — IMPRIMERIE DE J. MARCHAND
SOCIÉTÉ NATIONALE
D'ACCLIMATATION
DE FRANCE
41, rue de Lille, à Paris
Le but de la Société est de concourir :
1° A l'introduction, à l’acclimatation et à la domestication des espCOs à
d'animaux utiles et d'ornement; ?e au perfectionnement et à la multi-
plication des races nouvellement introduites ou domestiquées; 3 à lin FE
troduction et à la propagation des végétaux utiles ou d'ornement. |
Les Français et les Étrangers peuvent en faire partie.
Pour faire partie de la Société, on devra être présenté par un membre
sociétaire, qui signera la proposition de présentation, ou en faire la
demande à M. le Secrétaire général. +4
Chaque membre paye : 4° un droit d'entrée de 10 fr. ; 2° une cotisation
annuelle de 25 fr., ou 250 fr. un fois payés.
Il est accordé aux membres un rabais de 5 pour 100 sur le prix di
ventes (exclusivement personnelles) qui leur seront faites au Jard
d’Acclimatation (animaux et plantes).
Les publications périodiques de la Société sont gratuitement déli
à chaque membre.
La Société confie des animaux et des plantes en cheptel.
La Société décerne, chaque année, des récompenses et encoura
ments aux personnes qui l’aident à atteindre son but.
ANTIBES — IMPRIMERIE DE J. MARCHAND
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