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Full text of "Manuel pour servir à l'étude de l'antiquité celtique"

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h  AS  Been  maôe  possiBle 

ihRouqh  the  qeneROSity 


of 


Stephen  B.  Roman 

From  the  Library  of  Daniel  Binchy 


I 


Digitized  by  the  Internet  Archive 

in  2009  witli  funding  from 

University  of  Ottawa 


littp://www.arcliive.org/details/manuelpourservirOOdottuoft 


LA  BRETAGNE  ET  LES  PAYS  CELTIQUES 


I''»  série.  Beaux  volumes  in-12  : 

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quité celtique 6  fr.  »» 

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des  Côtes-du-Nord 3  fr.  50 

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exemples  et  pièces  en  vers  bretons  anciens  et  modernes.      2  fr.  »>» 

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volumes 12  fr.  »» 

Ile  série.  Beaux  volumes  in-8  raisin  : 

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communauté  de  Pontivy  au  XVKIe  siècle.  (Essai  sur  l'or- 
ganisation municipale  en  Bretagne).  1911,  396  pages    .      7  fr.  50 

—  H  JjOui«  Eunius  ou  le  purgatoire  de  Saint-Patrice.  Mys- 
tère breton  en  deux  journées,  publié  avec  introduction,  traduction 
et  notes  par  G.  Uottiw,  1911,  4U8  pages  el  planche    .     .       7  fr.  50 

—  III.  QuEssETTE.  —  L'administration  finanoière  des  États  de 
Bretagne  de  1689  à  1715.  1911,  251  pages.     ...      6  fr.  »» 

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dei»a -tetnent  des  Côf^^-d'i-Nord  (1790-1'^30;  Fort  volume  de 
xvui-707  pages  autiraenté  d'une  carte  de  département,  de  la  liste 
des  administrateurs  el  des  prétels  de  1790  à  1848,  de  divers  appen- 
dices et  d'un  index  alphabétique  renvoyant  aux  pages  du  livre  et 
comprenant  plus  de  2.300  noms  de  personnes.     ...       15  fr.  »» 

—  V  f  «  r«rime  rè>'olnt;onnair*»  dans  le  district  de  Dinan 
Î2.T  nivôse  an  H-3o  floréal  an  III.  Publication  de  textes  avec  une 
carie  du  district  de  Dinan,  une  introduction,  des  notns  et  un  index 
alphabétique  des  noms  propres.  Fort  volume  de  cxxiii-186  p   5  fr- 

—  VI  Canal  ^S.).  —  «.es  origine"  de  l'Intendance  de  Bretagne. 
Essai  snr  les  relations  de  la  Breiagne  avec  le  pouvoir  central. 
244  pages 5  fr.  »» 

—  Vil.  Benaebts  (Louis).  —  '  e  régime  consulaire  en  Bretagne- 
Le  département  d'IUe-et-Vilaine  durant  le  Consulat  (1799-1804). 
Avec  une  carte  et  un  portrait,  ln-8.  {Sous  pressei. 

—  VllI.  DuiNB  (F.).  —  Origines  bretonnes.  Études  sur  les  sources. 
Questions  d'hagiographie  et  vie  de  saint  Samson.   3  fr.  >* 


La  Bretagne  et  les  Pays  Celtiques.   —  IV 

MANUEL 

POUR    SERVIR    A    L'ÉTUDE 

DE 

L'AMOUITË  CELTIOUE 

PAR 

Georges    DOTTIN 

PROFESSEUR    A    l'uNIVERSITÉ    DE    RENNES 

2'"«  édition  revue  et  augmentée 


PARIS 

LIBRAIRIE    ANCIENNE    HONORÉ   CHAMPION 

EDOUARD    CHAMPION 

5,       QUAI      MALAQUAIS 

1915 
Tous  droits  réservés 


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Manuel   d'irlandais  moyen.   Tome   I.  Gramn3aire.   —  Tome  II. 
Textes  et  glossaires.  Ensemble  2  vol.  in-16  ....      12  tr.  »» 

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Glossaire  du  Parler  de    Pléchatel   (en  collaboration  avec  J. 
Langouët).    In-8 10  fr.  »» 


PRÉFACE  DE  LA  PREMIÈRE  ÉDITION 


C'est  do  1858  à  1868  que  Roget  de  Belloguet  a  pu- 
blié, sous  h  titre  d^Ethnogénie  gauloise  (1),  un  ouvrage 
en  trois  volumes  où  il  étudiait  la  langue,  le  type  phy- 
sique, les  facultés  intellectuelles,  les  mœurs,  les 
croyances  religieuses,  les  institutions  civiles,  poli- 
tiques et  militaires,  l'industrie  et  le  commerce  des 
anciens  Celtes.  Ces  livres  ont  rendu  et  rendront  encore 
beaucoup  de  services  ;  il  n'est  guère  d'hypothèses 
intéressantes  ni  d'explications  ingénieuses  qui  ne  s'y 
trouvent  et  je  serais  bien  ingrat  si  je  ne  disais  ici  tout 
le  profit  que  j'en  ai  tiré.  Mais  ils  n'ont  point  laisse  de 
vieillir  dans  quelques-unes  de  leurs  parties.  Le  volume 
consacré  à  la  langue  n'est  plus  au  courant  de  la  science. 
Déjà,  en  1872,  en  rendant  compte  du  Glossaire  gau- 
lois^ H.  d'Arbois  de  Jubainville  (2)  y  relevait  des 

(1)  Roget  de  Belloguet,  né  en  1796,  est  mort  en  1872.  Une 
seconde  édition  du  Glossairç  gaulois  (t.  I  de  VEthnogénie),  a 
paru  en  1872  ;  et  une  seconde  édition  des  Types  gaulois  et  ceho- 
bretons  (t.  II,  de  VEthnogénie),  en  1875.  Voici  les  dates  de  pu- 
blication des  volumes  de  la  1^^  édition,  t.  I  en  1858  ;  t.  II,  en 
1861  ;  t.  III,  en  1868.  Le  tome  IV  o  été  publié  par  les  soins  de 
A.  Maury  et  H.  Gaidoz,  en  1873. 

(2)  Revue  celtique,  t.  I,  p.  457-459. 


VIII  PREFACE     DE    LA    PREMIÈRE     ÉDITION 

inexactitudes  de  détail.  L'anthropologie  des  Celtes, 
pour  laquelle  les  documents  sûrs  nous  font  défaut, 
occupe  chez  Roget  de  Belloguet  une  place  dispropor- 
tionnée à  son  importance.  La  part  de  l'archéologie, 
au  contraire,  me  semlile  avoir  été  trop  réduite.  Enfin, 
en  lisant  ces  treize  cents  pages,  le  lecteur  peut  avoir 
l'illusion  que  nous  ne  manquons  pas  de  renseignements 
sur  les  anciens  Celtes,  et  la  richesse  des  commentaires 
lui  dissimule  la  pauvreté  des  textes. 

Depuis  l'apparition  de  VEthno génie  gauloise,  des 
travaux  importants  ont  en  partie  renouvelé  l'ancienne 
histoire  des  Celtes.  La  fondation  de  la  Revue  celtique, 
en  1870,  par  H.  Gaidoz,  a  permis  aux  savants  de  coor- 
donner leurs  efforts.  Deux  autres  revues,  la  Revue  ar- 
chéologique, et,  tout  récemment,  la  Revue  des  études 
anciennes  (1)  font  une  part  importante  à  l'étude  des 
antiquités  celtiques  et  gallo-romaines.  H.  d'Arbois  de 
Jubainville  a  tenté,  avec  succès,  de  compléter  les 
rares  renseignements  que  les  écrivains  grecs  et  ro- 
mains nous  fournissent  sur  les  origines  celtiques  par 
l'étude  des  noms  de  lieux  et  par  la  comparaison  de 
l'état  social  des  Celtes  du  continent  avec  la  civilisation 

(1)  Revue  archéologique,  depuis  1844.  Revue  des  Etudes  an- 
ciennes (nouvelle  série  des  Annales  de  lu  Faculté  des  lettres  de 
Bordeaux  et  des  Universités  du  midi),  depuis  1899.  De  1865  à 
1888,  ont  paru  sous  le  titre  de  Matériaux  pour  Vhistoire  de 
Vhomme  des  bulletins  des  travaux  et  découvertes  concernant 
l'anthropologie  et  les  temps  antéhistoriques.  On  peut  y  trouver 
de  nombreux  articles  sur  l'archéologie  celtique.  Depuis  1906, 
M.  C.  Jullian  donne  dans  la  Revue  des  Etudes  anciennes  une 
chronique  gallo-romaine  où  sont  signalées  toutes  les  publica- 
tions relatives  à  l'histoire  des  anciens  Celtes. 


PREFACE    DE    LA    PREMIERE    EDITION  IX 

irlandaise  antérieure  au  christianisme  (1).  M.  H.  Gai- 
doz  a  commenté,  à  l'aide  des  traditions  populaires,  la 
religion  des  Celtes  (2).  A.  Bertrand  et  M.  S.  Reinach 
ont  clairement  exposé  et  ingénieusement  résolu  un 
grand  nombre  de  problèmes  que  pose  l'archéologie  (3). 
Ils  ont  fourni  aux  érudits,  par  le  classement  scienti- 
fique des  collections  du  musée  de  Saint-Germain,  des 
matériaux  d'étude  d'une  inappréciable  valeur  (4). 
Dans  La  Gaule  romaine  (5),  Fustel  de  Coulanges  a 

(1)  Cours  de  littérature  celtique,  Paris,  1883-1902  ;  12  vol.  in- 
8°  ;  —  Les  premiers  habitants  de  V Europe  diaprés  les  écrivains  de 
V antiquité  et  les  travaux  des  linguistes,  l''®  éd.,  Paris,  1877  ; 
2  6  éd.,  Paris,  1889-1892  ;  —  Recherches  sur  V  origine  de  la  pro- 
priété foncière  et  des  noms  de  lieux  habités  en  France,  Paris,  1891. 
Nombreux  articles  dans  la  Revue  celtique,  la  Revue  archéolo- 
gique. 

(2)  Article  Gaulois  dans  V Encyclopédie  des  Sciences  religieuses 
de  F.  LiCHTENBERGER,  t.  V,  p.  428-441.  Articles  dans  la  Revue 
celtique,  la  Revue  archéologique,  Mélusine. 

(3)  A.  Bertrand  et  S.  Reinach,  Les  Celtes  dans  les  vallées 
du  Pô  et  du  Danube,  Paris,  1894.  —  A.  Bertrand,  Archéologie 
celtique  et  gauloise,  2«  éd.,  Paris,  1889.  A.  Bertrand,  La  reli- 
gion des  Gaulois,  Paris,  1897.  —  S.  Reinach,  Bronzes  figurés 
de  la  Gaule  Romaine  (Description  raisonnée  du  musée  de  Saint- 
Germain,  t.  II).  La  plupart  des  importants  travaux  de  M.  S. 
Reinach  ne  sont  publiés  que  dans  des  revues,  surtout  la  Revue 
archéologique,  la  Revue  celtique,  V Anthropologie.  Plusieurs  de 
ces  articles  sont  réunis  dans  Cultes,  mythes  et  religions,  Pa- 
ris, 1905. 

(4)  Voir  le  Catalogue  sommaire  du  musée  des  antiquités  natio- 
nales au  château  de  Saint-  Germain  en  Laye,  3^  éd.,  Paris,  1898. 

(5)  Paris,  1875.  Troisième  édition,  revue  et  complétée  sur  le 
manuscrit  et  d'après  les  notes  de  l'auteur  par  G.  Jullian,  Paris, 
1891. 


X  PREFACE     DE     LA     PREMIERE      EDITION 

consacré  à  la  Gaule  avant  la  conquête  quelques  page- 
lumineuses.  M.  C.  JuUian,  qui  s'est  fait  une  spécialiti 
de  l'étude  de  la  Gaule  romaine,  a  donné  sur  diverses 
questions  relatives  aux  anciens  Celtes  des  articles 
d'une  érudition  élégante  et  solide  (i).  M.  J.  Déche- 
lette  a  exposé  avec  précision  les  derniers  résultats  de 
l'archéologie  celtique  et  fourni  aux  travailleurs  une 
précieuse  bibliographie  (2).  Enfin,  le  vaste  répertoire 
où  A.  Holder  (3)  a  réuni,  avec  les  mots  supposés  col- 
tiques,  tous  les  passages  où  ces  mots  apparaissent  a 
singulièrement  facilité  des  recherches  jadis  pénibles 
et  mis  en  lumière  dos  textes  qui  s'éclairent  par  le 
simple  rapprochement.  On  peut  donc  penser  que  le 
domaine  de  l'histoire,  de  la  niythologie,  de  l'archéolo- 
gie Qt  de  la  linguistique  s'e^t,  en  ce  qui  cpppepnf  les 
Celtes  (4),  notablement  accru  depuis  1872. 

Ces  raisons  m'ont  conduit  à  reprendre  en  quatre 
cents  pages  le  sujet  si  magistralement  traité  par  Roget 
de  Bellpguet.  Je  me  suis  surtout,  préoccupé  4e  fojiirnir 

(1)  Recherclies  sur  la  religion  gauloise,  Bordeaux,  190-4  (ex- 
trait de  la  Revue  des  études  anciennes).  Divers  aPticles  dans  cette 
revue,  la  Rei^ue  historique,  la  Revue  critique,  la  Revue  archéolo- 
gique. M.  Jullian  a  bien  voulu  lire  mon  livre  on  épreuves  et  je 
tiens  à  lui  témoigner  ici  ma  l'cconnaissîince  pour  les  précieuses 
indications  qu'il  m'a  communiquées. 

(2)  Revue  de  synthèse  historique,  t.  m,  j).  30-59.  Pour  les  tra- 
vaux antérieurs  à  1870,  consulter  Ruelle,  Bibliographie  géné- 
rale des  Gaules,  Paris,  1880. 

(3)  Altceltischer  Sprachschatz,   Leipzig.  1891-1911. 

(4)  On  s'en  convaincra  facilement  en  lisant  les  excellents 
chapitres  consacrés  aux  Celtes  et  à  la  Gaule  indépendante,  par 
G.  Bloch  dans  VHistoire  de  France,  de  E.  Lavisse.  t.  i,  2.  2 


PREFACE    DE    LA   PREMIERE    EDîTïON  XI 

aux  érudits  un  répertoire  classé  des  divers  renseigne- 
ments que  l'on  a  pu  recueillir  sur  les  plus  anciens 
Celtes.  Les  faits  y  tiennent  une  plus  grande  place  que 
les  hypothèses,  quelque  intéressantes  que  soient  celles- 
ci.  La  période  étudiée  s'étend  du  vi^  siècle  avant  notre 
ère  à  la  conquête  romaine.  Quelques  détails  de  cou- 
tumes, de  mœurs  ou  d'institutions  sont  empruntés  à 
des  époques  postérieures,  sans  que  j'aie  pu  en  dater 
l'origine.  Je  me  suis  volontairement  abstenu  de  toute 
restitution  et  restauration  des  fragments  d'histoire 
qui  nous  sont  parvenus.  En  lisant  les  pages  qui 
suivent,  le  lecteur  aura  sans  doute  l'impression  qu'il 
traverse  rapidement  un  musée  où  aucun  des  objets 
exposés  n'est  intact.  Mais  les  restaurations,  quelque 
ingénieuses  qu'elles  soient,  sont-elles  jamais  con- 
formes à  la  réalité  et  n'a-t-on  pas,  depuis  quelque 
temps  déjà,  renoncé,  dans  les  musées,  à  rendre  aux 
monuments  antiques  les  parties  que  le  temps  leur  a 
enlevées  ?  Il  y  a  deux  méthodes  pour  faire  connaître 
le  passé  :  l'une  consiste  à  h  faire  revivre  sous  nos  yeux 
en  suppléant  par  les  analogies  que  fournit  la  science 
ou  les  visions  que  crée  l'imagination  au  manque  de 
documents  ;  l'autre  expose  le  plus  exactement  pos- 
sible ce  que  l'on  sait,  en  se  gardant  de  trop  ajouter 
aux  témoignages  des  hommes  et  à  la  description  des 
choses.  C'est  la  seconde  méthode  que  je  me  suis  efforcé 
de  mettre  en  pratique  dans  ce  manuel  (1). 

(1  )  Comme  ce  livre  est  surtout  un  livre  cie  vulgarisation,  j'ai 
pris  soin  que  les  références  données  en  note  ne  se  rapportassent, 
autant  que  possible,  qu'à  des  ouvrages  qu'on  peut  facilement 
se  procurer  ou  qui  figurent  dans  la  plupart  des  bibliothèques 


XII  PREFACE    DE    LA    PREMIERE    EDITION 

publiques.  Mais  presque  tous  les  livres  cités  sont  de  première 
main  et  fournissent  les  éléments  nécessaires  pour  étudier  les 
questions  proposées. 

Les  citations  des  auteurs  anciens,  à  moins  d'avis  contraire, 
comprennent,  en  chiffres  romains,  l'indication  du  livre  ;  eu 
chiffres  arabes,  l'indication  du  chapitre.  Quand  deux  chiffres 
arabes  consécutifs  sont  séparés  par  une  virgule,  le  premier  in- 
dique le  chapitre,  le  second  le  paragraphe.  Si  deux  chiffres 
arabes  consécutifs  sont  séparés  par  un  point  et  virgule,  tous 
doux  indiquent  soit  des  chapitres,  soit  des  paragraphes. 

Pline  l'Ancien  est  cité  avec  la  division  en  paragraphes  de 
l'édition  L.  Jan  (Leipzig,  Teubner). 


AVERTISSEMENT  DE  LA  SECONDE  ÉDITION 


La  méthode  et  le  plan  suivis  dans  la  première  édi- 
tion n'ont  subi  aucune  modification.  Les  détails  ont 
été  souvent  remaniés  à  la  suite  d'une  révision  atten- 
tive des  textes  utilisés.  L'index  a  été  augmenté.  De- 
puis 1906,  il  a  paru  sur  l'Antiquité  celtique  d'impor- 
tants travaux  :  les  deux  premiers  volumes  de  V His- 
toire de  la  Gaule,  de  M.  C.  Jullian  (1908)  et  le  tome  II 
du  Manuel  (V archéologie  préhistorique,  celtique  et  gallo- 
romaine  de  M.  J.  Déchelette  (1)  (1913-1914).  Le  Re- 
cueil général  des  bas-reliefs  de  la  Gaule  romaine  de 
E.  Espérandieu  (1907-1914)  et  le  Répertoire  de  reliefs 
grecs  et  romains  de  M.  S.  Reinacli  (1910),  ont  singuliè- 
rement facilité  la  connaissance  des  monuments  figu- 
rés. Ces  livres  ont  été  largement  mis  à  profit  pour  tenir 
ce  Manuel  au  courant  de  la  science.  En  terminant  le 
travail  pénible  et  fastidieux  qu'est  une  réédition,  je 
n'ai  qu'un  regret  :  c'est  que  le  maître  qui  l'avait  ins- 
piré et  dont  le  nom  est  cité  presque  à  chaque  feuillet 
ne  soit  plus  là  pour  en  recevoir  l'hommage. 

Saint-Briac,  le  28  juillet  1914. 

(1)  Avec  la  plus  gracieuse  obligeance,  M.  J.  Déchelette  a 
bien  voulu  me  communiquer  les  bonnes  feuilles  de  son  livre. 


ABRÉVIATIONS 


ace.  accusatif, 
ail.  allemand, 
angl.  anglais, 
att.  dialecte  attique. 
bret.  breton. 

britt.   brittonique,   ensemble  linguistique   formé    du   ^'allois,   du 
breton  et  du  comique. 

C.  I.  L.  Corpus  inscriptionui/t  latinarum . 

corn,  comique. 

coït,  correction  de  manuscrit. 

d.  nom  de  divinité. 

éol.  dialecte  éolien. 

f.  nom  de  femme. 

F.  H.  (j-  Fragmenta  hutoricoriitn  yrœcoruin ,  éd.  Didot. 

fr.  français. 

g.,  gén.  génitif. 

gall.  gallois. 

got.  gotique. 

gr.  grec  attique. 

h.  nom  d'homme. 

irl.  irlandais. 

1.  nom  de  lieu. 

lat.  latin 

lit.  lituanien.  * 

m   h.  a.  moyen  haut  allemand. 

ms.  manuscrit. 

ogham.  oghamique. 

p.  nom  de  peuple. 

pi.  pluriel, 

prov.  provençal 


XVI  ABREVIATIONS 

r.  nom  de  cours  d'eau. 

Rev.  Et.  gr.  Revue  des  Etudes  grecques. 

sg.  singulier. 

skr.  sauskrit. 

V.  voir. 

var.  variante. 

V.  br.  vieux-breton. 

V.  gall.  vieux-gallois. 

V.  h   a    vieux-haut-alleuiand. 

V.  irl.  vieil-irlaudais. 

V.  prussien,  vieux-prussien. 

V.  si    vieux  slave. 


MANUEL 

t'OUR  SERVIR  A  L'ÉTUDE  DÉ 

L'ANTIQUITÉ    CELTIQUE 


CHAPITRE  PREMIER 


LES  SOURCES  ET  LA  MÉTHODE 

Diverses  définitions  des  Celtes.  —  La  littérature  et  les  annales 
des  Gaëls  et  des  Bretons.  —  Les  écrivains  grecs  et  latins.  — 
Noms  des  Celtes  en  général  :  Celtse,  Galli,  Galatse  ;  Belgse 
Brittani. —  Les  îles  Cassitérides  ;  les  Hyperboréens  ;  les  Cim- 
mériens,  les  Cinibres  et  les  Kymry  ;  les  Ombriens  et  les  In- 
subres  ;  les  Lestrygons.  —  Noms  des  peuplades  celtiques.  — 
La  notion  de  race  celtique  chez  les  anciens.  —  L'archéologie 
celtique  :  Hallstatt  et  la  Tène.  —  Les  Celtes  sur  les  monu- 
ments figurés.  —  Les  Celtes  d'après  l'anthropologie.  —  Les 
Celtes  d'après  la  linguistique. 

Pour  les  historiens  et  les  géographes,  les  Celtes  sont  les 
peuples  établis  au  centre  et  à  l'ouest  de  l'Europe  que  les 
écrivains  de  l'Antiquité  désignaient  sous  les  noms  de  Celtes 
(KeXTot,  Celtae)^  de  Galls  (Galli),  ou  de  Galates  (raXâxai) 
Galatae).  Pour  les  anthropologues,  les  Celtes  et  les  Galls 
sont  des  peuples  européens  qui  offrent  deux  ensembles  de 
caractères  physiques  bien  déterminés  :  un  groupe  brachy- 
céphale,  de  taille  peu  élevée  et  aux  cheveux  châtains  ;  un 

G.  DoTTiN.   —  Manuel  de  l'antiquité  celtique.  1 


L  CELTES    MODERNES 

groupe  dolichocéphale,  de  haute  stature,  au  teint  blanc 
et  aux  cheveux  blonds.  Les  archéologues  considèrent 
comme  Celtes  les  peuples  qui  ont  propagé  dans  l'Europe 
centrale  et  occidentale  la  civilisation  des  époques  d'Halls- 
tatt  et  de  la  Tène,  c'est-à-dire  du  premier  et  du  second 
âge  du  fer.  Pour  les  linguistes,  les  Celtes  sont  les  peuples 
qui  parlent  une  langue  indo-européenne  caractérisée  en 
particulier  par  la  chute  du  p  et  par  les  modifications  que 
peut  subir  dans  la  phrase  la  consonne  initiale  des  mots  va- 
riables . 

Si  l'on  veut  se  faire  des  anciens  Celtes  une  idée  précise, 
il  importe  de  commencer  par  passer  en  revue  ces  concep- 
tions diverses. 


I 


Il  semble  naturel,  pour  se  renseigner  sur  les  Celtes,  de 
s'adresser  tout  d'abord  aux  Celtes  eux-mêmes,  aux  Gaëls 
d'Irlande  et  d'Ecosse,  aux  Bretons  du  pays  de  Galles  et  de 
l'Armorique. 

Les  Celtes  insulaires  pourront-ils  nous  instruire  de  l'an- 
cienne histoire  non  seulement  des  Iles  Britanniques,  mais 
encore  de  la  Celtique  continentale  ?  Deux  ordres  de  do- 
cuments, s'offrent  à  nous  :  les  annales  et  les  légendes 
épiques  (1). 

En  Irlande,  les  plus  anciennes  annales,  mélangées  de  latin 


(1)  Sur  la  littérature  des  Celtes  insulaires,  voir  Bévue  de  syn- 
thèse historique,  t.  m,  p,  60-97  ;  t.  vi,  p.  317-362  ;  t.  viii,  p.  78- 
104. —  J.-J.  DuNN,  The  Gaelic  literature  of  Irelaud,  Washington, 
1906. 


LES    SOURCES    ET    F.A    METHODE  3 

et  de  gaélique,  ont  été  composées  au  xi*  siècle.  Pour  les 
époques  les  plus  anciennes,  elles  semblent  contenir  plus  de 
mythologie  que  d'histoire.  La  critique  n'en  a  point  été 
faite.  L'épopée  irlandaise  a  sans  doute  été  rédigée  entre  le 
vu*"  et  le  IX'  siècle  ;  le  plus  ancien  manuscrit  est  du  xii*  siè- 
cle. FJle  comprend  trois  cycles.  Le  premier,  qui  met  en 
scène  les  plus  anciens  habitants  de  l'Irlande,  ne  nous  est 
connu  que  par  des  résumés  du  xvi''  siècle.  L'Irlande  où  ha- 
bitaient les  Fomoré  aurait  été  successivement  envahie  par 
Partholon,  qui  venait  de  Grèce  ;  par  les  fils  de  Nemed,  qui 
venaient  de  Scythie  ;  par  les  Fir  Bolg,  qui  venaient  de 
Grèce  ;  par  les  Tuatha  Dô  Danann,  peuple  surnaturel 
tombé  du  ciel  ;  par  les  fils  de  Mile,  qui  venaient  d'Espagne, 
mais  étaient  originaires  de  Scythie  ;  par  les  Gruithnech. 
qui  venaient  de  Thrace  et  qui  passèrent  d'Irlande  en  Grande- 
Bretagne.  On  n'a  pas  encore  démêlé  dans  ces  traditions 
confuses  les  éléments  historiques  qu'elles  peuvent  enfer- 
mer (1).  Les  deux  autres  cycles  retracent  la  légende  d'Uls- 
ter  aux  environs  de  l'ère  chrétienne,  du  temps  du  roi  Gon- 
chobhar  et  du  héros  Cûchulainn,  et  la  légende  de  Find  et 
d'Oïsin  aux  n^  et  m'  siècles  de  notre  ère.  Le  cycle  d'Ulster 
nous  dépeint  assez  fidèlement  l'état  de  la  société  irlandaise 
antérieurement  au  christianisme  et  fournit  la  matière  de 
rapprochements  curieux  avec  l'ancienne  civilisation  cel- 
tique (2). 

Au  Pays  de  Galles,  les  plus  anciennes  chroniques  sont  en 

(1)  H.  d'Arbois  de  JuBAiNviLLE,  Le  cycle  mythologique  ir- 
landais et  la  mythologie  celtique  (Cours  de  littérature  celtique,  t.  ii) 
considère  ces  traditions  comme  purement  mythiques. 

(2)  Die  Altirischen  Heldensage  Tàin  B6  Cualnge,  herausge- 
geben  von   E.  Windisch,   Leipzig,   1905,   introduction,  p.  xi- 

XXXIX. 


4  -  CELTES    MODERNES 

partie  traduites  de  Geoffroi  de  Monmouth  (xii*  siècle)  et 
n'ont,  en  général,  guère  de  valeur  historique.  L'épopée  ap- 
paraît scindée  en  deux  genres  distincts  :  le  roman  de  che- 
valerie en  prose,  et  l'ode.  Les  plus  anciennes  odes  sont 
l'œuvre  de  bardes  du  xi®  siècle.  Les  plus  anciens  romans, 
connus  sous  le  nom  de  Mabinogion,  ne  sont  pas  antérieurs 
au  commencement  du  xu'  siècle.  Il  est  rarement  question, 
dans  les  odes  ou  dans  les  romans,  des  origines  historiques 
de  la  Grande  Bretagne,  et  la  société  qui  y  est  décrite  est  le 
plus  souvent  la  féodalité  du  moyen-âge.  Cependant,  au 
moins  quatre  romans  offrent  des  restes  de  traditions  anté- 
rieures au  christianisme(l).  L'obscurité  de  la  poésie  galloise 
ne  permet  pas  de  tirer  grand  profit  des  rapprochements 
que  les  odes  pourraient  suggérer  (2). 

Quant  aux  Bretons  d'Armorique,  on  sait  qu'ils  sont  venus 
de  la  Grande-Bretagne  au  vi^  siècle,  fuyant  devant  l'inva- 
sion saxonne,  et  que  les  plus  vieux  monuments  de  leur  lit- 
térature, presque  exclusivement  religieuse,  datent  du 
XV*  siècle. 

Si  des  littératures  en  langue  celtique  nous  passons  à  la 
littérature  latine  des  Celtes  insulaires,  nous  n'y  trouvons, 
outre  de  sèches  annales  (3),  que  des  traditions  fabuleuses 
sur  l'ancienne  histoire  bretonne  (4)  ;  les  vies  de  saints, 


(1)  Les  Mahinogion  traduits  en  entier  pour  la  première  fois 
en  français  avec  un  commentaire  explicatif  et  des  notes  cri- 
tiques, par  J.  LoTH,  Paris,  1889,  p.  9-12  ;  nouvelle  édition,  1913, 
p.  42-43. 

(2)  J.  LoTH,  Revue  celtique,  t.  xxt,  p.  £8-58. 

(3)  Les  Annales  Cambrise,  terminées  entre  954  et  955  sont 
jmbliées  par  E.  Phillimore,  1'  Cjjmmrodor,  t.  ix,  p.  152-169  ; 
J.  LoTH,  Les  Mahinogion,  t.  ii,  p.  345-357. 

(4)  Par  exemple,  chez  Gildas,  De  cxcidio  Briiannise,  et  chez 
Nennius,  Historia  Britonum. 


LES    SOURCES    ET    LA    METHODE  O 

quand  on  arrive  à  déterminer  l'âge  des  documents  sur  les- 
quels elles  reposent,  peuvent  donner  matière  à  quelques 
rapprocliementsd'institutions,  de  mœurs  ou  de  croyance  (1). 

Les  peuples  celtiques  qui  ont  subsisté  jusqu'à  nos  jours 
dans  l'ouest  de  l'Europe  ne  nous  apportent  donc,  en  l'état 
actuel  de  la  science,  aucune  indication  certaine  sur  leurs 
origines  et  ne  pourront  fournir  que  des  éléments  de  compa- 
raison. Les  Celtes  établis  sur  le  continent  avant  l'ère  chré- 
tienne ne  nous  ont  point  laissé  d'annales  manuscrites  ou 
gravées  sur  pierre.  Des  Celtes  de  l'Antiquité,  nous  savons 
donc  seulement  ce  que  les  Grecs  ou  les  Romains  nous  ont 
raconté  (2),  en  des  temps  oii  les  moyens  d'information 
étaient  rares  et  la  tritique  historique  rudimentaire. 

Peu  d'écrivains  anciens  ont  été  en  rapport  avec  les 
Celtes.  Au  temps  d'Alexandre  le  Grand  (336-323),  un  Mar- 
si  illais,  Pythéas,  fut  le  premier  Grec  qui  visita  les  côtes  oc- 
cdentales  de  l'Europe.  Il  longea  l'Espagne,  atteignit  l'Ar- 
morique,  et  de  là  gagna  la  Grande-Bretagne,  puis  il  re- 
monta au  nord  jusqu'à  Thulé  et  termina  son  voyage  parles 
cùlcs  méridionales  de  la  mer  du  Nord  (3).  Polybe,  au  mi- 
lieu du  second  siècle  avant  notre  ère,  accompagna  Scipion 
Eiailien  en  Espagne  (134)  et  fut  en  relation,  non  seulement 


(1)  Sur  la  valeur  de  ces  sources,  voir  J.  Lotii,  L'émigration 
bretonne  en  Armorique,  Rennes,  1883,  p.  26-46. 
•  (2)  Voir  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Principaux  auteur!^ 
de  V antiquité  à  consulter  sur  l'histoire  des  Celtes  depuis  les  iemp-i 
les  plus  anciens  jusqu'au  rè^ne  de  Théodose  I^^,  Paris,  1902 
(t.  XII  du  Cours  de  littérature  celtique). 

(3)  Sur  Pythéas,  voir  Hergt,  Die  JSordlundjahrt  des  Pytheas, 
Halle,  1893  ;  F.  Mathias,  Pytiteas  ro?i  Rlassilia  und  die  àltestm 
NachricJiten  i'on  den  Germanen,  Berlin,  1901  ;  J.  Lubbock, 
L'homme  préhistorique,  Paris,  1888,  1.  i,  p.  62  ;  C.  Jult.jan, 
Histoire  de  la  Gaule,  t.  i,  p.  415-425. 


6  ÉCRIVAINS    ANCIENS 

avec  les  Celtes  d'Espagne,  mais  aussi  avec  les  Celtes  du  sud 
de  la  Gaule.  Au  commencement  du  i'''"  siècle  avant 
notre  ère,  le  pliilosophe  stoïcien  Poseidônios  (1),  auteur  de 
plusieurs  traités  de  géograpiiie,  entreprit  de  nombreux 
voyages  :  il  séjourna  dans  des  villes  du  littoral,  telles  que 
Cadix  où  il  resta  trente  jours  ;  il  pénétra  en  Gaule  et  fit  des 
observations  personnelles  sur  les  mœurs  des  Gaulois.  César, 
pendant  les  neuf  années  qu'il  passa  en  Gaule  (58-50),  fut 
en  contact  constant  avec  les  habitants  du  pays»;  mais,  pres- 
que exclusivement  préoccupé  par  les  affaires  militaires,  il 
ne  semble  pas  avoir  beaucoup  observé  par  lui-même  les 
mœurs  et  les  institutions  des  Gaulois. 

Virgile  est  né  à  Andes  près  de  Mantoue,  en  Gaule  Ci- 
salpine, et  son  nom  semble  d'origine  celtique.  Trogue 
Pompée  est  un  Gaulois  de  la  tribu  des  Voconces  (2),  mais 
il  appartient  à  une  famille  romanisée  depuis  trois  généra- 
tions et  on  ne  sait  s'il  avait  recueilli  auprès  de  ses  compa- 
triotes certains  éléments  de  ses  Histoires. 

Nous  ne  connaissons  l'histoire  de  Trogue  Pompée,  com- 
posée en  9  après  J.-C,  que  par  un  abrégé  fait  au  second 
siècle  de  notre  ère  par  Justin.  Les  Commentaires  de  César 
et  les  œuvres  de  Virgile  nous  ont  été  conservés.  Mais  la 
plus  grande  partie  do  l'teuvre  de  Polybe  est  perdue  ;  sur 
les  quarante  livres  (ju'elle  comprenait  nous  n'avons  plus 
quo  les  cinq  premiers  ;  des  trente-cinq  autres,  il  ne  nous 
reste  que  des  fragments,  d'ailleurs  assez  considérables,  que 
nous  ont   transmis   un    manuscrit  d'Urbino   et   le   recueil 


(1)  Sur  Poseidônios,  voir  Sciieppig,  De  Posidonio  Apamensi 
rerum  genliiim  terrarum  srriptore,  Berlin,  1870  ;  Miilenuoik, 
Deutsche  Altertiimskiiiidc,  '2''  éd.,  licilin,   1S',)0,  I.  ii,  p.  l'i.'). 

(2)  Justin,  xliii,  5. 


LES    SOUnCES    ET    LA    METHODE  7 

d'extraits  de  Constantin  Porpliyrogennète.  Quant  aux  //t'ç- 
toires  de  Poseidônios,  qui  faisaient  suite  à  celles  de  Polybe 
et  qui  comprenaient  cinquante-deux  livres,  elles  sont 
presque  entièrement  perdues  ;  en  ce  qui  concerne  les  Celtes 
un  fragment  nous  en  est  rapporté  par  Strabon  (1)  ;  quatre 
autres  par  Athénée  (2)  ;  il  est  probable,  sans  qu'on  puisse 
toujours  le  démontrer,  que  Diodore,  Strabon,  peut-être 
aussi  César  dans  son  livre  VI,  ont  fait  de  nombreux  em- 
prunts à  Poseidônios.  L'ouvrage  de  Pythéas,  dont  le  titre 
paraît  avoir  été  riEp-.  'ii-/.t^  ■'>'>  ne  nous  est  guère  connu  que 
par  les  critiques  qu'en  font  Polybe  (3j  et  Strabon  (4)  qui 
traitent  Pythéas  d'impudent  menteur. 

La  plupart  des  écrivains  de  l'Antiquité  qui  nous  parlent 
des  Celtes  ne  travaillent  donc  que  de  seconde  main.  Nous 
le  regretterions  moins  s'ils  prenaient  soin  d'indiquer  exac- 
tement les  sources  auxquelles  ils  ont  puisé,  mais,  le  plus 
souvent,  les  éléments  essentiels  de  la  critique  historique 
nous  font  défaut.  Nous  sommes  parfois  exposés  à  prendre 
pour  l'expression  des  observations  personnelles  d'un  écri- 
vain des  renseignements  qu'il  a  copiés  chez  un  de  ses  loin- 
tains prédécesseurs.  Quand  les  sources  sont  indiquées, 
nous  ne  pouvons  déterminer  dans  quelle  mesure  et  avec 
quelle  probité  l'écrivain  s'en  est  servi  ;  les  citations  sont- 
clles  faites  de  mémoire  ou  exactement  transcrites  ?  De  pré- 
cieux documents  peuvent  nous  avoir  été  conservés  par  des 


(i)    Géographie,  iv,  4,  5.' 

(2)  Athénée,  iv,  p.  154  a  ;    ix,  151e-152/  ;    vi,  246cd  ;  233d. 
Fragmenta  historicorum  grsecorum,  éd.  C.  Miillcr,  t.  m,  p.  245. 

(3)  Chez  Strabon,  ii,  4,  1-2  ;  iv,  2,  1. 

(4)  Géographie,   i,   4,   3  ;   5  ;   m,    2,   11  ;   iv,   5,   5  ;  vu,    3,  1. 
Pline,  Histoire  naturelle,  iv,  27,  95  ;  xxxvii,  11,  35. 


8  ÉCR1VA1>S    ANCIENS 

écrivains  de  basse  époque,  sans  que  nous  puissions  distin- 
guer les  parties  anciennes  des  rajeunissements  postérieurs, 
et  riiistoire,  de  la  légende.  Quelle  est  la  valeur  exacte  des 
voyages  de  circumnavigation,  des  périples,  qui  nous  sont 
parvenus?  Sont-ce  les  prodigieux  monuments  de  la  crédu- 
lité des  Grecs,  ou,  au  contraire,  des  œuvres  d'une  grande 
valeur  scientifique?  Il  est  probable  que  la  vérité  est  entre 
ces  deux  extrêmes  et  qu'ils  mélangent  à  doses  à  peu  près 
égales  les  observations  exactes  et  les  conjecturesimaginaires. 
Quelle  méthode  critique  faut-il  appliquer  à  VOra  mari- 
tiina  de  Rufius  Festus  Aviénus  (i),  proconsul  d'Afrique  en 
366  de  notre  ère?  Nous  avons  conservé  de  ce  poème  un 
fragment  de  713  vers  ;  on  y  lit  une  singulière  description 
des  côtes  de  l'Océan  depuis  le  détroit  de  Gibraltar  jusqu'aux 
îles  Britanniques.  Sur  les  côtes  d'Espagne,  on  trouve  les 
Cynètes,  les  Cempses,  les  Saeîes,  mais  ni  Celtes,  ni  Gelti- 
bères  ;  séparées  du  continent  par  le  sinus  Œstrymnicus, 
sont  les  îles  Œstrymtiides^  riches  en  étain  et  en  plomb  ;  du 
cap  de  VŒstrymnis  on  atteint  en  deux  jours  l'île  des 
Hierni;  à  côté  est  l'île  des  Albioiies.  Au  nord,  on  rencontre 
un  pays  d'où  les  Ligures  ont  été  chassés  par  les  Celtes.  La 
source  principale  d'Aviénus  semble  avoir  été  un  arrange- 
ment grec,  aujourd'hui  perdu,  d'un  périple  phénicien  dû  à 
Himilcon  dont  le  nom  est  cité  dans  VOra  maritima,  et  qui 
avait  été  envoyé  explorer  l'ouest  de   lEurope  ^2),  à  une 


(1)  Une  étude  complète  de  ce  texte  se  trouve  chez  Mullenhokk, 
Deutsche  Aller lumskunde,  2^  éd.,  t.  i,  p.  73-210.  Un  fac-similé 
de  la  partie  concernant  la  Gaule  dans  l'édition  princcps  a  été 
publié  dans  la  Revue  des  éludes  anciennes,  t.  viii  (1906),  pi.  vu, 

VIII,    IX,    X. 

(2)  Pline,  Histoire  naturelle,  ii,  67,  169.  Cf.  C.  Jullian, 
Himilcon  et  Pythéas,  Journal  des  Savants,  t.  m  (1905),  p.  95-98. 


LES    SOURCES    ET    LA    METHODE  9 

époque  que  l'on  ne  peut  déterminer  exactement,  mais  qui 
n'est  pas  postérieure  au  v''  siècle.  Si  l'Ora  maritima  est 
une  reproduction  fidèle  des  principaux  traits  du  périple 
phénicien,  elle  constitue  un  document  pour  l'étude  de  la 
géographie  ethnique  de  l'ouest  de  l'Europe  vers  l'an  500 
avant  J.-G.  Mais  comment  déterminer  les  déformations 
qu'a  dû  subir  l'ouvrage  d'Himilcon  dans  l'arrangement  en 
vers  latins  qu'en  a  fait  Aviénus,  neuf  siècles  après  sa  pu- 
blication ? 

Nous  trouvons  ainsi,  sans  qu'il  soit  toujours  facile  de 
déterminer  la  valeur  des  sources,  des  renseignements  sur 
1  histoire,  les  institutions,  les  mœurs,  la  langue,  le  pays 
des  Celtes  chez  la  plupart  des  auteurs  grecs  et  latins. 

Parmi  les  Grecs  on  peut  citer  :  Hérodote  (48i-425), 
Xénophon  (434-359),  Aristote  (384-322),  l'auteur  du  pé- 
riple dit  de  Scylax  (vers  335),  Ephore  (vers  340),  Théo- 
pompe (375-306),  Ptolémée,  fils  de  Lagos  (367-283),  Calli- 
maque(névers  300).  Timée  (352-256).  Eratosthène  (275- 
195),  ApoUonios  de  Rhodes  {m"  siècle),  Phylarque 
(ni*  siècle),  Fabius  Pictor  (né  vers  254),  Artémidore 
d'Ephèse  (i"  siècle  avant  Jésus-Christ),  Diodore  de  Sicile 
(i^""  siècle  avant  Jésus-Christ),  Timagène  (1),  (i"  siècle  avant 
Jésus-Christ)  traduit  par  Ammien  Marcellin,  Alexandre 
Polyhistor  (vers  85  avant  J.-C),  Denys  d'Halicarnasse 
(vers  30  avant  Jésus- Christ),  Nicolas  de  Damas  (né  vers 
74  avant  Jésus-Christ),  Strabon  (né  vers  63  avant  J.C.), 
Philon  le  Juif  (vers  30  avant  Jésus-Christ),   Dioscoride 


(1)  D'après  A.  Klotz,  C sesarsiudien ,  nebst  einer  Analyse  der 
Strabonischen  Beschreibung  von  Gallien  und  Britannien,  Leipzig 
1910,  Strabon  n'a  utilisé  Poseidônios,  Arténaidore  et  César  que 
par  l'intermédiaire  de  Timagène. 


iO  ÉCRIVAINS    A>fCIE>S 

(i"  siècle  de  notre  ère),  Josèphe  (37-100),  Plutarque  (50- 
120;,  Dion  Ghrysostome  (i^""  siècle),  Favorinus  (mort  vers 
1:^5),  Denys  le  Périégète  (u^  siècle  après  Jésus-Christ), 
Ptolémée  (u**  siècle),  Appien  (ii"  siècle),  Arrien  (93-175), 
Piiusanias  (vers  174),  Polyen  (ii^  siècle).  Galien  (131-200). 
Lucien  (125-200),  Athénée  (ii'  siècle),  les  Oppien  (n'  siècle), 
Dion  Gassius  (150-2.(5),  les  Philostrate  (m"  siècle'.  Diogène 
Laërce  (vers  190),  Elien  (ni*  siècle),  Hérodien  (ni*  siècle), 
Porphyre  de  Tyr  (233-304j,  Julien  (331-363),  Laurentius 
Lydus   v''-vi''  siècles)  (1), 

Parmi  les  Latins  :  Gaton  l'Ancien  (234-149),  Sempronius 
Asellio.  trihun  militaire  en  134,  Q.  Glaudius  Quadrigarius, 
Valerius  Antias,  Gornelius  Sisenna  ^vers  78),  Gicéron  (2) 
(100-43),  Varron  (110-27),  Gornchus  Nepos  (99-2i\  Vir- 
gile (70-19),  Properce  ^49-13),  Vitruve  (f  siècle  avant 
Jésus-Ghrist),  Horace  (05-8),  Titc-Livo  (59  avant,  —  17 
a[)iès\  (Iraltius  Faliscus  (r""  siècle),  Pompeius  Fcstus  (peut 
être  au  i"  siècle),  Gornelius  Celsus  (r'  siècle),  Yelleius  Pa- 
tcrculus  (vers  30),  Valère  Maxime  (i""  siècle),  Goluinelle, 
Pomponius  Mêla  (i"  siècle),  Lucaiii  i39-0."S),  Pline  l'Ancieii 
(23-70).  Silius  Italicus  (25-10!).  Frontin  (40-103),  Martial 
(40-102),  Tacite  (55-120  ,  Florus  (peut-être  u^  siècle),  Sué- 
tone 1^69-141),  Juvénal  (OO-l-iOi  et  ses  glossateurs,  Aulu- 
Gelle  (125-175  ,  Tertullicn  (lC.0-245),  Ulpien  (mort  en  228), 
Solin  (vers  230),  Némésien  (m"  siècle),  l'auteur  de  la  liste 


(1)  Les  textes  des  auteurs  grecs  relatifs  aux  Celtes  ont  été 
publiés  avec  une  traduclion  française  par  Edm.  Cougnv  et 
II.  Lebègue,  Extraits  des  auteurs  grecs  concernant  la  géographie 
et  l'histoire  des  Ciaules  (Soelélé  de  l'Histoire  de  France,  Paris, 
1878-1892,  6  vol.  in-8o). 

(2)  Cf.  11.  DE  L.\  Ville  de  Mirmont,  Cicàron  et  les  (iauhis. 
Revue  celtique,  t.  xxv,  p.  11)3-180. 


LES    SOURCES    ET    LA    AfETHODE  ii 

des  provinces  romaines  (297),  les  auteurs  de  l'iiisloire  Au- 
guste 284  337),  des  panégyriques  (284  389;,  de  lltincraire 
d'Antonin  (iv"  siècle),  de  Fltinéraire  de  Bordeaux  à  Jérusa- 
lem (333),  Aurelius  Victor  (iv^  siècle),  Eutrope  (iv'*'  siècle), 
Riifius  Festus  (iv'  siècle),  Ammien  Marcellin  (330-400), 
Ausone  (3! 0-395).  Marcellus  Empiricus  de  Bordeaux  (i) 
(fin  du  iv^  siècle),  Sulpice  Sévère  (363-425^,  l'auteur  de  la 
Nolitia  dignilatiwi  (vers  410)  (2). 

Celte  longue  liste  ne  doit  pas  faire  illusion  ;  car  la  plu- 
part des  écrivains  que  nous  venons  d'énumérer  ne  contri- 
buent que  par  quelques  mots  ou  quelques  phrases  à  enri- 
chir le  fonds  de  nos  connaissances  sur  les  Celtes.  Les  com- 
pilateurs comme  Diodore  de  Sicile,  qui  avait  compulsé  à 
Rome  les  bibliothèques  et  les  archives  et  passé  trente  ans 
à  écrire  son  grand  ouvrage,  sont  particulièrement  précieux. 
Pausanias  utilise  soit  l'histoire  des  successeurs  d'.Alexandre 
par  lliéronymo  de  Gardie  (272  avant  Jésus-Chiist),  soii 
Timée  (mort  vers  'ii)(\),  soit  Ménodote  de  Pérlnthe  (vers 
217).  soit  Timagène  ou  Agatharchide  de  Cnide  (né  vers 
250)  (3).  Les  anciens  écrivains  dont  les  livres  sont  perdus 
ont  donc  ainsi  été  souvent    mis  à   [)rofit  et  il   est  possible 


(1)  Voir,  sur  cet  auteur,  J.-A.  Guillaud,  Revue  des  études 
anciennes,  t.  xii,  p.  183. 

(2i  Les  textes  latins  relatifs  aux  Gaulois  se  trouvent,  avec 
les  textes  grecs,  chez  D.  Bouquet,  Berum  gallicarum  et  franci- 
carum  scriptores,  t.  i,  Paris,  1738,  p.  1-821.  Les  textes  relatifs 
aux  Bretons  ont  été  publiés  dans  les  Monumenta  Jiistorica 
Britannica,  de  Henry  Pétrie  et  Thomas  Duffus  Hardy, 
London,  1848,  p.  I-CV,  sous  le  titre  de  Ex  scriptoribus  grœcis 
atque  latin is  excerpta  de  Brilannia.  On  trouvera  encore  les  plus 
anciens  textes  relatifs  aux  Celtes  dans  l'article  Celtes  (dû  à 
M.  G.  Lagneau)  du  Dictionnaire  enciiclopédique  des  sciences 
médicales  sous  la  direction  de  A.  IJeclianibre,  t.  xiii. 

(3)   Cf.  C.  Jullian,  Histoire  de  la  Gaule,  t.  i,  p.  301,  n.  6, 


i'I  NOMS    DES    CELTES 

que  le  meilleur  de  leur  œuvre  ait  passé  dans  les  ouvrages 
qui  nous  sont  parvenus. 


II 


Il  n'y  a  pas  qu'une  seule  dénomination  pour  désigner 
l'ensemble  des  tribus  celtiques  du  continent.  Chez  les 
Grecs  (1),  le  mot  généralement  en  usage  est  KïXto!  (2).  On 
le  trouve  pour  la  première  fois  chez  Hérodote  (3),  et  il  est 
le  seul  employé  jusqu'au  ni*  siècle  avant  notre  ère. 
C'est,  d'après  César  (4)  et  Pausanias  (5),  l'ancien  nom 
par  lequel  ils  se  désignaient  eux-mêmes  (6).  Dès  le  ni«  siècle 
avant  notre  ère,  un  second  mot,  Valizrt^,  apparaît 
chez  Callimaque(7),  comme  synonyme  de  KeXtô;  ;  Vali-.T^<: 
est  aussi  employé  chez  Eratosthène  (8)  et  dans  deux  épi- 
taphes  :  l'une  est  celle  d'un  jeune  Athénien  (9)  tué  à  la  ba- 
taille des  Thermopylcs  en  279  ;  l'antre,  celle  de  trois  jeunes 


(1)  Cf.  H.  n'Annois  de  Jubainvii.t.t;,  Les  premiers  hcthilanls 
de  l'Europe,  2^  éd.,  t.  ii,  p.  393-'i09. 

(2)  On  trouve  la  variante  liîXTa'  chez  Stuabon,  iv,  1,  1  ; 
14  ;  Cellœ,  chez  Cksar,  i,  1. 

(3)  Histoire,  ii,  33  ;  iv,  49. 

(4)  Guerre  de  Gaule,  i,  1. 

(5)  Description  de  la  Grèce,  i,  3,  fi. 

(6)  On  a  souvent  tonte  de  pénétrer  le  sens  de  ce  nom  ethnique  ; 
H.  d'Arbois  de  Jidiainvillc  l'explique  par  «  celui  qui  prend  du 
butin  ».  Cf.  irl.  ar-ccllim  «  j'enlève  »,  to-chell  «  victoire  ».  (Les 
premiers  habitants  de  l'Europe,  t.  ii,  p.  396).  Ruys  (Celiic  Bri- 
tain,  2^  éd.,  p.  2),  par  «  guerrier  »,  cf.  v.  h.  a.  hillja  «  combat  »  ; 
Gliick  le  rapproche  du  latin  celsus,  lit.  keltas  «  élevé  ». 

(7)  Hymne  à  Dêmêtêr,  v,  184. 

(8)  Strabon,  II,  4,  4. 

(9)  Pausanias,  x,  21,  5, 


LES    SOURCES    ET    LA    METHODE  13 

filles  de  Milet  (1)  qui  se  tuèrent  pour  échapper  aux  bar- 
bares ;  et  dans  cette  épitaphe  les  barbares  sont  désignés 
successivement  par  les  deux  synonymes  Ktl-zo'.  et  raXixat. 
Chez  Polybe  (2),  les  Gaulois  qui  ravagent  le  Latin  m  au 
IV*  siècle  et  les  Gaesatae  sont  appelés  tantôt  KeXxof,  tantôt 
raXàiat,  selon,  sans  doute,  qu'il  utilise  des  documents  grecs 
ou  des  documents  romains.  Il  en  est  de  même  chez  Plu- 
tarque  (3)  et  chez  Pausanias.  Dans  le  grec  des  administra- 
teurs romains  (4),  les  Celtes  sont  désignés  sous  le  nom  de 

TaXâtai  ^o). 

Malheureusement,  une  fois  en  possession  de  deux  termes 
pour  désigner  le  même  ensemble  de  peuples,  certains  au- 
teurs grecs  décidèrent  de  les  répartir  en  des  emplois  diffé- 
rents. Diodore  de  Sicile  (6)  désigne  les  Celtes  sous  le  nom 
de  KeXtoî,  mais  se  sert  du  mot  raXâ-a'.  pour  dénommer  les 
peuples  transrhénans.  Dion  Cassius,  au  contraire,  place  les 
Celtes  sur  la  rive  droite  du  Rhin  et  les  Galates  sur  la  rive 
gauche  (7)  ;  mais,  dans  le  récit  des  événements  qui  pré- 
cèdent le  i"  siècle  avant  notre  ère,  c'est-à-dire  avant 
que  Ton  eût  distingué  clairement  les  Gaulois  des  Germains, 
il  emploie  indifféremment  KtXxoî   ou  TaXàiai  pour  désigner 


(1)  Anthologie  palatine^  vu,  492.  Cf.  Saint  Jérôme.  Contre 
Jovinien,  i,  41.  Ad.  Reinacm,  Bei'ue  celtique,  t.  xxx,  p.  71,  n.  2. 

(2)  Histoires,  ii,  18,  6  et  8  ;  23,  1  et  5  ;  22,  1  ;  2  ;  26,  4  ;  5  ; 
31,  1  ;  2. 

(3)  Par  exemple,  Camille,  18  ;  20.  Cf.  Diodore,  xxv,  13  ; 
Pausanias,  Description  de  la  Grèce,  1,  4,  1  ;  Appien,  Ibériques,  1. 

(4)  Par  exemple  dans  le  testament  d'Auguste,  vi,  20  ;  xxv, 
4  ;  XV,  19. 

(5)  D'après  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Les  premiers 
habitants  de  l'Europe,  t.  ii,  p.  409,  ce  nom  signifierait  en  cel- 
tique "  brave  guerrier  »,  irl.  galach. 

(6)  Bibliothèque,  v,  32  ;  i  ;  25,  4. 

(7)  Histoire  romaine,  xxxix,  49,  1. 


44 


.NOMS    DES    CELTES 


les  uns  ou  les  autres  (1).  Strabon  pensait  que  le  nom  de 
Celte  avait  été  étendu  par  les  Grecs,  des  peuples  de  la  Ntir- 
bonnaise  qu'il  désignait  primitivement,  aux  habitants  du 
reste  de  la  Gaule  (2)   mais  il  confond  Ktl-.^y.  et  V'Ai-.-x:. 

Chez  les  Romains,  les  Celtes  du  continent  ont  été  unifor- 
mément désignés  par  le  nom  de  GuUi,  qu'il  s'agisse  des 
Celtes  de  l'Europe  centrale,  deThrace  ou  d'Asie  Mineure  (3). 
GaUia  apparaît  pour  la  première  fois  dans  les  Origines  de 
Caton  (4)  vers  168  av.  J.-C.  Le  terme  Galatae  ne  s'ap- 
plique qu'aux  Celtes  d'Asie  Mineure.  Ces  deux  mots  n'ont 
aucun  rapport  avec  le  nom  de  Ga'd  que  nous  donnons 
maintenant  aux  peuples  celtiques  d'Irlande  et  d'Ecosse. 
Gaël  a  en  effet  en  irlandais  ancien  la  forme  Gàidel,  Gôklel, 
essentiellement  différente  de  Galli,  Galatae. 

La  confusion  de  ces  anciennes  dénominations,  résultat 
de  l'ignorance  des  uns  et  du  manque  de  précision  des 
autres,  n'a  pas  paru  absolument  irrémédiable  aux  érudits 
modernes  qui  ont  tenté  de  trouver  des  traces  d'une  distinc- 
tion ancienne  entre  les  Celtes  et  les  Gala  tes.  Alexandre 
Bertrand  a  essayé  de  démontrer  que  pour  Polybe  les  Celles 
sont  les  antiques  populations  sédentaires  de  l'Italie  du  nord, 
tandis  que  les  Galates  sont  des  tribus  d'origine  plus  récente 
dont  le  trait  principal  est  d'avoir  pris  Rome  avec  l'aide  des 


(1)  Histoire  romaine.  Fragments  25,  31,  34.  Cf.  Ahhie.n,  Ana- 
base,  I,  3,  1. 

(2)  Géographie,  iv,  1,  14. 

(3)  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Les  premiers  habitants  de 
l'Europe,  2^  éd.,  t.  ii,  p.  410-420.  Gallm,  d'après  Wh.  Stokes, 
signifierait  «  étranger  >\  irl.  gall. 

(4)  Origines,  II,  fragm.  34,  chez  Charisius,  Grammatici  latini, 
éd.  Keil,  t.  i,  p.  202.  H.  Peter,  Historicorum  romanorum  frag- 
menta, p.  48. 


LES    SOURCRS    ET    LA    METHODE  15 

Celtes  (1).  M.  G.  Jullinn  pense  que  l'ancienne  dénomina- 
tion est  Kil-oi  et  que  raXàia-.  désignait  primitivement  les 
Belges  et  s'applique  au  second  ban  des  envahisseurs  de  la 
Gaule  (2). 

Les  archéologues  distinguent  encore  souvent  par  les 
noms  de  Celtes  et  de  Gaulois  deux  grou])e8  de  populations 
qui  ont  habité  la  Gaule  ;  ils  appellent  ère  celtique  celle  qui 
est  caractérisée  par  l'apparition  des  métaux,  la  prédomi- 
nance des  armes  en  bronze  et  l'introduction  du  rite  de  l'in- 
cinération dans  le  sud-est  et  le  sud  ;  et  ère  gauloise,  celle 
qui  est  caractérisée  par  la  prédominance  des  armes  en  fer 
et  la  substitution  de  l'inhumation  sous  lumiili  ou  en  pleine 
terre  à  l'inhumation  dans  les  monuments  mégalithiques  et 
à  l'incinération  (3.  Mais,  du  point  de  vue  historique,  une 
pareille  distinction  ne  peut  s'appuyer  sur  aucun  fait.  . 

Indépendamment  de  ces  termes  généraux,  d'autres  mots 
composés  ou  dérivés  de  KeXtôî  ou  GaUus,  raXâxr;!;  servent 
à  dénommer  des  peuples  celtiques  (4). 

Les  KeXti/.oi  (var.  Kil-.rJ.)  Celiici,  sont  les  Celtes  établis 
au  Dord-ouest  de  l'Espagne,  au  sud  de  la  Lusitanie  et  en 
Bétiquc  (oj. 


(1)  Revue  archéologique,  t.  xxxi  (1876),  p.  1-16,  73-90.  On 
trouvera  p.  17-24,  91-98,  153-161  les  textes  anciens  relatifs  à 
la  question.  A.  Bertrand,  Archéologie  celtique  et  gauloise, 
p.  371-419. 

(2)  Histoire  de  la  Gaule,  t.  i,  p.  317-319, 

(3)  S.  Reinach,  Catalogue  sommaire  du  inusée  des  antiquités 
nationales  au  château  de  Saint- Germain-en-Laye,  3^  éd.,  Paris 
1898, p. 147. 

(4)  On  trouvera  ces  noms  avec  tous  les  textes  où  on  les  a  re- 
levés dans  le  Altceltischer  Sprachschatz,  von  Alfred  Holder 
Leipzig,  1891. 

(5j  Strabon,  III,  1,  6  ;  3,  5.  Cf.  Jullian,  Histoire  de  la  Gaule, 
t.  I,  p.  307. 


16  NOMS    DES    CÊLTE^ 

Les  KtXxloript;  Celtiberi,  sont  les  Celtes,  mélangés  aux 
Ibères,  qui  peuplaient  l'Espagne,  des  sources  du  Guadiana 
à  celles  du  Guadalquivir  (1). 

Pour  désigner  les  Celtes  d'Espagne,  les  mots  Celte,  Ga- 
late,  Gallus  sont  très  rares  (2).  Un  peuple  établi  sur  la  rive 
droite  de  la  Bétis  s'appelle  d'après  Pline  Celli  (3). 

Les  KeXxoYaÀdc-ca'.  sont  les  habitants  de  la  Gaule  (4). 

Les  KeXxoXÎYUEç  sont  les  Celtes  mélangés  aux  Ligures  dans 
les  environs  de  Marseille  (5). 

Les  KeX-roj/.ôOa;  sont  les  Celtes  voisins  des  Scythes  (6). 

Quant  aux  KtX-ôp'.o'.  établis  entre  les  Pyrénées  et  les 
Alpes,  leur  nom  ne  se  trouve  que  chez  Plutarque  (7)  et  ré- 
sulte peut-être  d'une  mauvaise  lecture. 

Gallograeci,  raXÀoYpaixo'.,  'EXArjvoYaÀâxai  désigne  les 
Celtes  établis  en  Asie  Mineure  (8).  C'est  un  synonyme  de 
Galatae. 

Souvent  aussi,  on  ajoute  à  Galli  ou  à  Keàxoî  une  déter- 
mination géographique  : 

Gain  Transalpini,  Kil-o\  (jiztpil-:zno'.,  désigne  les  Celtes 
de  Gaule  (9). 


(1)  DioDORE,  V,  33.  Strabon,  ni,  2,  11  ;  15  ;  3,  3  ;  4  ;  4,  5  ; 
12-13  ;  cf.  I,  2,  27. 

(2)  H.    d'Arbois    de   Jubainville,   Les   Celtes  en  Espagne, 
Revue  celtique,  t.  xiv,  p.  361-365. 

(3)  Pline,  Histoire  naturelle,  ni,  3,  11.  Voir  ci-dessus,  1.  2. 

(4)  Etienne  de  Byzance  au  mot  *aj3îo.  Cf.  Ptolémée,  xi,  7,  1. 

(5)  Strabon,    iv,    6,    3.    Pseudo-ARiSTOTE,   Des    singularités 
merveilleuses,  85. 

(6)  Strabon,  xi,  6,  2  ;  cf.  I,  2,  27.   Plutarque,  Alarius,  II. 

(7)  Camille,  15,  1. 

(8)  TiTE  LivE,  XXXVIII,  17  ;  Strabon,  ii,  5,  31  ;  Diodore,  v, 
32,  5. 

(9)  Tite  LivE,  XXXIX,  22  ;  Polybe,  ii,  15  ;  Strabon,  iv,  6,  3. 


LES    SOURCES    ET    LA    METHODE  ]7 

Gain  Cisalpini  désigne  les  Celtes  du  nord  de  l'Italie  (1). 

D'autres  noms,  qui  ne  se  rattachent  ni  à  KeXtôc  ni  à  Gal- 
lus,  ont  servi  à  désigner  des  ensembles  de  peuples  que  les 
auteurs  de  l'Antiquité  considèrent  comme  celtiques. 

Tels  sont  les,  Belgae  BiXyat,  qui,  au  temps  de  César,  habi- 
taient la  partie  de  la  Gaule  comprise  entre  le  Rhin,  la 
Marne  et  l'Océan  (2).  Strabon  comprend  les  Armoricains 
parmi  les  Belges  (3).  Les /iewi  apprirent  à  César  que  la  plu- 
part des  Belgae  étaient  issus  des  Germains.  Les  Belgae  dif- 
féraient des  Celtae  ou  Galli  et  des  Aquitains  par  la  langue, 
les  institutions,  les  lois  (4).  Pour  Strabon,  ils  ne  diffèrent 
pas  des  Gaulois  par  l'aspect  physique  ;  ils  parlent  la  même 
langue,  sauf  quelques  particularités  dialectales  ;  leurs  ins- 
titutions et  leur  genre  de  vie  ne  diffèrent  (ju'un  peu  de  ceux 
des  Gaulois  (5).  César  donne  expressément  le  nom  de  Ger- 
mains à  quelques  peuples  belges  :  Condrusos,  Ebiirones, 
Caerosos,  Paemanos  qui  uno  nomine  Germani  appellantur  ; 
Segni  Condrusique  ex  gente  et  numéro  Germanorum  (6) . 
Mais  Ambiorix,  roi  des  Ehuro?ies,  appelle  Galli  ses  compa- 
triotes (7),  Strabon  (8)  qaa\iiielesNerç>ii,  Nepoûtoi,  peuple 
belge,  de  Germains  yepjjLavixov  à'Bvoc.  Tacite  (9)  rapporte  que 
les  Treviri  et  les  Nerçii  prétendaient  être  d'origine  germa- 
nique, et  en  tiraient  vanité.  Les  Treviri,  d'après  Hirtius , 
ne  différaient  guère  des  Germains  par  le  genre  de  vie  et  la 

(1)  TiTE   LiVE,   XXVII,   38. 

(2)  Guerre  de  Gaule,  i,  1  ;  Plutarque,  César,  20,  3. 

(3)  Géographie,  iv,  4,  1. 

(4)  Guerre  de  Gaule,  ii,  4,  1  ;  i,  1,  2. 

(5)  Géographie,  iv,  1,  1. 

(6)  Guerre  de  Gaule,  ii,  4  ;  vi,  32. 

(7)  Guerre  de  Gaule,  v,  27,  6.  Cf.  xi,  4,  7. 

(8)  Géographie,  iv,  3,  4. 

(9)  Germanie,  28. 

G.   DoTTiN.  —  Manuel  de  l'anliquité  cJtique.  2 


18 


BELGES,     BRETONS 


barbarie  (1).  Ces  témoignages  ne  laissent  pas  d'être  un  peu 
contradictoires  :  on  ne  peut  guère  les  concilier  qu'en  ad- 
mettant que  les  Belges  étaient  une  population  celtique  mé- 
langée d'éléments  germaniques  A  moins  que  l'on  ne  pense, 
avec  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  que  l'origine  germanique 
des  Belges  ne  doit  être  entendue  que  du  point  de  vue  géo- 
graphique, et  qu'il  s'agit  d'un  peuple  celtique  venu  de 
Germanie.  Peut-on  môme  aller  plus  loin  et  soutenir  que  la 
tradition  de  l'origine  gcrmani(|ue  des  Belges  ne  repose  que 
sur  l'ancienne  confusion  des  Celtes  et  des  Germains,  con- 
fusion que  l'on  trouve  encore  chez  Gicéron  (2)  où  les 
Cimbres  et  les  Teutons,  peuple  germanique,  sont  qualifiés 
do  Galli  ? 

liGS  Celtes  des  Iles  Britanniques,  (jui  se  rapprochent  des 
G((lli  à  la  fois  |)ar  la  langue,  la  religion  et  la' bravoure  et! 
qui  sont  en  relation  avec  les  peuples  de  la  presqu'île  armo- 
ricaine (3),  ne  sont  jamais  désignés  par  les  noms  de  KilxrA 
ou  de  Galli.  Le  plus  ancien  nom  de  ces  peuples  est 
il-^£XTavo',  celui  de  leur  pays  iipEXTav !•/./,  leçon  de  plusieurs 
manuscrits  de  Strabon  confirmée  par  Etienne  de  Byzance 
qui  attribucà  Marcien  et  à  Ptolémée  l'orthographe  ripExavîoi; 
pour  le  nom  d'îles  situées  dans  l'Océan,  et  qui  nomme 
UpiT'jiJi/Ji  l'île  semblable  à  un  continent  qui  se  trouve  auprès 
de  la  Celtique  f4).  Ce  dernier  nom  est  apparenté  à  l'irlan- 
dais Craithnech  qui  désigne  les  Pietés,  et  le  gallois  Pry- 
dain,  «  Grande-Bretagne  »  ,  comme  l'irlandais  Cruùhne 
<(  pays  des  Pietés  »,  représentent  une  ancienne  forme  Pre- 


(1)  Guerre  de  Gaule,  viii,  25. 

(2)  Des  provinces  consulaires,  32. 

.    (3)   César,  Guerre  de  Gaule,  m,  9  ;  iv,  21. 
(4)   Strabon,  h,  5,  12  ;  iv,  5,  4  ;  iv,  5, 1.   Cf.  Diodore,  v,  21,  2. 


LES    SOUftCRS    ET    LA     METHODE  19 

îania  (1).  Mais  les  formes  les  plus  employées  du  nom  des 
Celtes  des  Iles  Britanniques  commencent  par  B.  Ce  sont 
H-.ET-avof,  Briitani,  Bpe-avot,  Briiani,  Brilanni,  Brittones 
liilentique  au  gallois  BrythonBvetons),  Britones.  Il  n'y  a  chez 
les  auteurs  anciens  guère  de  traces  d'une  distinction  qui 
permette  de  retrouver  chez  les  Britanni  non  seulement  les 
ancêtres  des  Bretons  du  Pays  de  Galles,  mais  aussi  ceux 
desGaëls  d'Irlande  et  d'Ecosse.  Pour  César  (2),  l'intérieur 
du  pays  est  occupé  par  une  population  que  la  tradition  con- 
sidère comme  indigène  ;  les  côtes  sont  habitées  par  des 
Belges  attirés  hors  de  Gaule  par  la  guerre  ou  l'appât  du 
butin. 

Les  Celtes  de  l'Ecosse  semblent  avoir  été  désignés,  à 
partir  du  moins  de  l'expédition  d'Agricola,  sous  le  nom 
général  de  Caledonii  ou  Caledones  qui  plus  anciennement 
dénommait  seulement  une  peuplade  du  nord  de  la  Grande- 
Bretagne.  On  ne  trouve  pas  avant  Ammien  Marcellin  (3) les 
deux  noms  de  Picti  et  de  6'co/ii  appliqués  à  deux  peuples 
de  Grande-Bretagne.  Les  Picti  qu'Eumène  (4)  regarde 
comme  identiques  au  Caledonii  étaient,  autant  qu'on  en 
peut  juger  par  les  noms  de  personnes  et  de  lieux  qui  nous 
sont  parvenus,  un  peuple  parlant  une  langue  celtique  du 
rameau  breton  (o).  Les  Scotti  sont,  au  contraire,  des  Celtes 
du  rameau  gaélique  venus  d'Irlande. 

(1)  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  L'île  Prétanique,  Revue 
celtique,  t.  xin,  p.  398-403. 

(2)  Guerre  de  Gaule,  v,  12  ;  cf.  ii,  4.  Cf.  Tacite,  Agricola,  ii. 

(3)  Histoire  romaine,  xx,  1. 

(4)  Panégyrique  de  Constance,  11. 

(5)  J.  LoTH,  Les  Pietés  d'après  des  travaux  récents.  Annales 
de  Bretagne,  t.  vi,  p.  111-116.  Chez  J.  Rhys  and  D.  Brynmor 
Jones,  The  Welsh  people,  3^  éd.,  London,  1902  ;  et  surtout 
chez  E.  W.  B.  Nicholson,  Keliic  researches,  London,  1904,  la 
question  picte  est  traitée  avec  une  hardiesse  trop  aventureuse. 


20  ILES    CASSITÉRIDES 

La  plupart  des  auteurs  de  l'Antiquité  distinguent  des  Iles 
Britanniques  les  lies  Cassitérides,  Kacrj-TEofoe;  v;;70'.,d'où 
l'on  tirait  l'étain,  /.aa^i-Epo;  et  qui  sont  en  pays  celtique  (1). 
Hérodote  dit  qu'il  ne  les  connaît  pas  (2).  L'étain  est  appelé 
par  le  Pseudo-Aristote  (3)  xxaaîxEpov  lov  xcX-ctxôv.  D'après 
Strabon(4),  en  face  des  Pyrénées,  au  nord,  est  située  l'île 
Prettanique,  et  les  îles  Cassitérides  font  face  au  pays  des 
Ariabri,  peuple  celtique  de  la  Lusitanie  ;  elles  sont  au 
nombre  de  dix,  proches  les  unes  des  autres.  Diodore  (t), 
sans  doute  d'après  Poséidon ios,  place  les  îles  Cassitérides 
au-dessus  de  la  Lusitanie.  Pline  6)  les  situe  de  même  en 
face  de  la  Celtibérie.  On  peut  s'étouner  que  les  anciens  se 
soient  représenté  la  Grande-Bretagne  comme  faisant  face  à 
l'Espagne.  En  98  de  notre  ère,  Tacite  écrivait  encore  que 
l'Espagne  était  en  face  du  pays  des  Silures,  posita  contra 
Hispania  (7).  Cette  erreur  était  entretenue  par  la  disposi- 
tion singulière  des  cartes  anciennes  qui,  comme  la  Table 
dePeutinger,  se  développaient  en  longueur  au  détriment  de 
la  hauteur  (8). 

Oua  souvent  identifié  les  îles  Cassitérides  au.v  Sorlingues 
ou  Scilly  qui  sont  au  nombre  d'une  centaine,  dont  si.v  seu- 


il) ïn  Celticis.  Mél.\,  iii,  6,  47.  Cf.  Pline,  Histoire  naturelle, 
VII,  57,  197. 

(2)  Histoire,  m,  115. 

(3)  Des  singularités  merveilleuses,  50. 

(4)  Géographie,  u,  5,  15  ;  30  ;  m,  5,  11. 

(5)  Bibliothèque,  v,  38,  4. 

(6)  Histoire  naturelle,  iv,  36,  119.  Cf.  Solin,  23,  10. 

(7)  Agricola,  11.  Cf.  Pline,  Histoire  naturelle,  iv,  30,  102.  C'est 
l'origine  d'erreurs  qui  ont  influé  sur  toute  la  géographie  de  la 
Gaule.  J.  LoTH,  L'émigration  bretonne  en  Armorique,  p.  53-55. 

(8)  E.  Desjardins,  La  Table  de  Peutinger,  Paris,  1869-1876. 
Cf.  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Cours  de  littérature  celtique, 
t.  xii,  p.  254-257. 


LES    SOURCES    ET    LA    METHODE  21 

lement  ont  quelque  importance.  Mais  ces  iles  ne  contien- 
nent pas  de  mines  d'étain  et  les  principales  mines  d'étain 
dans  le  Nord-Ouest  de  l'Europe  sont  celles  de  la  Cor- 
nouaille  anglaise  .  Il  est  probable  que  les  écrivains  anciens 
se  sont  contentés  de  rapporter,  sans  essayer  de  les  concilier, 
des  renseignements  venant,  les  uns  de  voyageurs  bien  infor- 
més, et  les  autres  de  gens  qui  ne  connaissaient  les  îles  Gassité- 
rides  que  par  des  on-dit.  Peut-être  ont-ils  confondu  trois 
groupes  d'îles  qui  servaient  de  dépôts  d'étain,  les  Scilly  pour 
la  Grande-Bretagne,  les  îles  de  la  Galice  (1)  pour  le  pays  des 
Artabri  et  les  îlesdeTArmorique,  —  la  Gornouaille  anglaise, 
la  Galice  et  l'Armorique  contenant  des  gisements  stanni- 
fères  (2). 

M.  S.  Reiuach  (3)  pense  que  /.aad'Tspo;  est  un  mot  celti- 
tique  et  que  le  nom  des  îles,  au  lieu  d'èlce  dérivé  de 
•/coiu!j;x£po;,  lui  était  identique.  Ce  seraient  les  Grecs  qui  au- 
raient ajouté  la  désinence  -(oïî.  Il  ne  manque  pas  d'exemples 
analogues  pour  les  noms  de  métaux  (4).  Le  nom  de  l'étain, 
y.aj(j;xïpo;,  se  trouvant  déjà  dans  neuf  passages  de  V Iliade, 
il  en  résulterait,  si  ce  nom  est  celtique,  qu'il  y  avait  déjà 
des  Celtes  dans  les  îles  Britanniques  vers  le  ix*  siècle  avant 
notre  ère. 

Avant  que  le  nom  de  Celtes  fût  connu   des  Grecs,  les 


(1)  Je  dois  cette  observation  à  M.  C.  Jullian. 

(2)  L.  SiRET,  Les  Cassitérides  et  l'empire  colonial  des  Phéni- 
ciens, L'Anthropologie,  t.  xix,  p.  129-165  ;  t.  xx,  p.  129,  283  ; 
t.  XXI,  p.  281. 

(3)  L'Anthropologie,  t.  m  (1892),  p.  275-281  ;  t.  x  (1899), 
p.  397-409. 

(4)  Cuivre  (K'Jirpoc)  ;  bronze  (Brundisium]  ;  /iXui^,  acier 
(XàÀ-i3£;a.8f,po-:/.tovE;).  Berthelot, /?erue  archéologique, t.  xvii 
(1891),  p.  49-51. 


22  HYPERBORÉENS 

peuples  celtiques  ont  dû  être  compris  sous  des  dénomina- 
tions plus  générales  (1). 

11  est  possible  que  le  nom  d'IIyperboréens.  'v■^Ep3'5p^ol, 
qui  a  désigné  une  race  mythologique,  peuple  de  l'âge  d'or 
habitant  un  paya  fertile  et  chez  lesquels  réside  Apollon,  ait 
été  aussi  une  expression  géographique  (2).  Poseidônios,  au 
i"  siècle  avant  notre  ère,  donne  les  Alpes  comme  rési- 
dence aux  Hyperboréens  (3).  Héraclide  de  Pont,  à  la  fin  du 
iv"  siècle  avant  notre  ère,  avait  écrit  que,  d'après  une  nou- 
velle qui  venait  do  l'Ouest,  Rome  avait  été  prise  par  une 
armée  venant  de  chez  les  Hyperboréens  (4).  A  la  même 
époque,  Hécatée  d'Abdère  plaçait,  en  face  de  la  Celtique,  le 
long  de  l'Océan,  une  île  aussi  grande  que  la  Sicile,  (jui 
s'étendait  vers  le  nord  et  était  habitée  par  les  Hyper- 
boréens (5).  Dans  ces  textes,  le  mot  Hyperboréens  semble 
synonyme  de  Celtes.  Faut-il  y  joindreles  textes  où  il  est  dit 
que  ristros  prend  sa  source  dans  les  monts  llhipées, 
'Pir,oc\oLopT,,  chez  les  Hyperboréens,  et  que  Rhipées  est  l'an- 
cien nom  des  Alpes  (6)  ?  En  dépit  du  scepticisme  d'Héro- 


(1)  pELLOUTiEn  (Histoire  des  Celtes  et  parliculièremenl  des 
Gaulois  et  des  Germains,  depuis  les  temps  fabuleux  jusqu'à  la 
prise  de  Rome  par  les  Gaulois,  nouv.  éd.,  Paris,  1771),  partant 
de  cette  idée,  en  arrive  à  rattacher  à  la  race  celtique  à  peu  près 
tous  les  peuples  de  l'Europe  ancienne. 

(2)  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Les  premiers  liabilants  de 
l'Europe,  2^  éd.,  t.  i,  p.  232-240.  S.  Reinacu,  Les  Hyperboréens, 
Revue  celtique,  t.  xii,  p.  163-166. 

(3)  ScnoLiASTE  d'Apollonios  de  Rhodes,  ii,  677.  Fragmenta 
historicorum  grœcorum,  éd.  Didot,  t.  lu,  p.  290.  Cf.  Protarque 
DE  Tralles  chez  Etienne  de  Byzancc,  P^ragmenta  historicorum 
grœcorum,  t.  iv,  p.  485. 

{'i).  Plutarque,  Camille,  22,  2. 

(5)  ScHOLiASTE  d'Apollonios  de  Rhodes,  ii,  675  ;  Diodore, 
II,  47.  Fragmenta  historicorum  grœcorum,  éd.  Didot,  t.  ii,  p.  386. 

(6)  Eschyle  chez  le  vScholiaste  d'ApoLLOMos  de  Rhodes,  iv, 


LES    SOUUCES    ET    LA    METHODE  23 

dote  (1)  et  de  Strabon  (2),  il  est  probable  que  les  anciennes 
populations  celtiques  du  centre  de  l'Europe  et  de  la 
Grande-Bretagne  ont  été  désignées  jadis  par  le  nom  vague 
d'Hyperboréens  (3). 

Une  théorie  qui  a  eu,  au  siècle  dernier,  un  grand  succès 
auprès  des  historiens  de  la  Gaule  consistait  à  rattacher  à 
la  race  celtique  (4)  les  Cimmériens,  K'.[jL[jL;pio'.,  descen- 
dants, d'après  Josèphe,  de  Gonier,  fils  de  Japhet.  Dans 
l'Odyssée  (o),  les  Cimmériens  sont  enveloppés  de  nuages  et 
de  brouillards  ;  jamais  le  soleil  brillant  ne  les  regarde  de 
ses  rayons,  ni  lorsqu'il  va  vers  le  ciel  éloilé,  ni  lorsqu'il 
retourne  du  ciel  sur  la  terre;  mais  une  nuit  pernicieuse 
s'étend  sur  les  malheureux  mortels.  Hérodote  (6)  dit 
(jue  la  Scythie  de  son  temps  est  l'ancienne  Cimmérie  et 
(|ue  c'est  chassés  par  les  Scythes  que  les  Cimmériens 
ont  quitté  l'Europe  pour  aller  ravager  l'Asie  Mineure. 
C'est   Poseidônios  (7)   qui    le    premier    conjectura     que 


■JS'i  ;   PiNDARE,  Olympiques,  m,  14  ;  IG.   H.  d'Arbois  de  Ju- 
liAiNviLLE,  Les  premiers  habitants  de  l'Europe,  2^  éd.,  t.  i,  p.  233- 

(1)  Histoire,  iv,  32  ;  36. 

(2)  Géographie,  vu,  3,  1. 

(•':!)  Le  Pseudo-ScYMNus  de  Chio  (v.  184)  raconte  que  les 
(illes  sont  très  amis  des  Grecs,  È'/ovte;  o'./.ïioTzxa  irpo;  t/jV 
l./.Xioof.  Diodore  emploie  presque  les  mêmes  expressions  en  par- 
iant des  IIyperboréens:o"y.î'.OT7ia  o:7.-/.z'.-:()y.'.  "po;  ':oùî"t]X).ï,v7^ 
/libliolhèque,  ii,  47,  4).  Cf.  aussi  chez  Hérodote,  iv,  33,  les 
1  raditions  qui  attestent  les  rapports  qu'eurent  les  Déliens  avec 
l'ï  llyperboréens. 

|4)  On  trouve  cette  théorie  chez  P.  Pezron,  Antiquités  de 
ht  nation  et  de  la  langue  des  Celtes  autrement  appelez  Gaulois, 
Paris,  1703,  p.  8-9. 

(."))   Odyssée,  xi,  14-19. 

(6)  Histoire,  iv,  11,  1  :  12. 

(7)  Strabon,  vu,  2,  2. 


24  CIMMÉRIENS,    CIMBR-ES 

Ki|jL|jiép'.o'.  était  la  forme  grecque  du  nom  des  Gimbres. 
Cette  conjecture  fut  adoptée  par  Strabon,  Diodore  (1) 
et  par  Plutarque  (2).  Fût-elle  exacte,  qu'elle  serait  loin 
de  nous  conduire  à  regarder  les  Cimmériens  comme 
les  ancêtres  des  Celtes,  car  les  Cimbres.  Kifi^poi,  son' 
sans  doute  des  Germains.  César  (3),  le  Testament  d'Au- 
guste (4),  Strabon  (5;,  Tacite  {&),  Pline  l'Ancien  (7) 
nous  le  disent  plus  ou  moins  expressément.  A  ces  témoi- 
gnages on  ne  pourrait  guère  opposer  que  l'opinion  de  Ci  • 
céron  (8)  et  de  Salluste  (9).  reproduite  apparemment  par 
Diodore  (10)  et  Appien  (11). 

En  tout  cas,  il  n'y  a  aucun  rapport  entre  le  nom  des 
Cimbres  et  celui  des  Gallois  modernes  Cymry  (12).  Au 
temps  des  Romains,  ce  dernier  nom  aurait  été  Com- 
hroges  (13)  et  non  Cimbri,  et  d'ailleurs  tout  nom  com- 
mençant par  un  C  dans  les  langues  celtiques  ne  peut  cor- 
respondre qu'à   un  mot   germanique  commençant   par  //. 


(1)  Bibliothèque,  v,  32,  4. 

(2)  Marins,  IL  9. 

(3)  Guerre  de  Gaule,  i,  40. 

(4)  Corpus  inscriptionum  latinarum,  t.  m,  p.  782,  1.  16-18. 

(5)  Géographie,  vu,  1,  3. 

(6)  Germanie,  37.  Histoires,  iv,  73. 

(7)  Histoire  naturelle,  iv,  28,  99. 

(8)  De  l'orateur,  ii,  66,  266. 

(9)  Jugurtha,  114.  Cf.  Florus,  m,  3  (i,  38). 
(Kl)   Bibliothèque,  v,  32,  5. 

(11)  Illyrique,  4.  Guerres  civiles,  i,  29. 

(12)  H.  d'Arbois  DE  JuBAiNviLLE,  Lcs  premiers  habitants  de 
l'Europe,  2^  éd.,  t.  i,  p.  257-258.  M.  Ridge%\ay,  dans  une  com- 
munication à  la  Cambridge  Philological  Society  (20  févr.  1908) 
rapproche  cymry,  Cumber-land,  de  Cimbri  et  K'.iJ.uÉp'.&'.  Mais  la 
phonétique  s'oppose  à  cette  comparaison.  J.  Loth,  Revue  cel- 
tique, t.  XXX,  p.  384-391. 

(13)  Zeuss,   Grammatica  celtica,  2^  éd.,  p.  207. 


LES    SOURCES    ET    LA    METHODE  25 

C'est   la  loi  de  phonétique  germanique  bien  connue  sous 
le  nom  de  loi  de  Grimm  ou  première  Lautverschiebung. 

Quant  aux  Teutons  qui  furent  les  compagnons  des 
Cimbres  lors  de  l'invasion  de  102  avant  J.-C,  ils  appar- 
tiennent aussi,  d'après  César  et  Pline,  à  la  race  germanique. 
Le  nom  qu'ils  portent  chez  les  auteurs  latins  est,  il  est  vrai, 
antérieur  à  la  première  Lautverschiebung,  qui  a  changé 
le  t  en  //i,  et  leur  nom  germanique  serait  dès  102  av. 
J.  C.  Theudanâs.  Aussi  G.  Kossinna  a-t-il  soutenu  que 
Teutoni  était  un  nom  celtique  (1).  Mais  H.  d'Arbois  de 
Jubainville  pense  que  c'est  l'aneien  nom  germanique  cris- 
talUsé  en  quelque  sorte  dans  la  prononciation  gau- 
loise (2). 

Pour  des  raisons  linguistiques,  il  convient,  de  même, 
d'écarter  la  thèse  d'après  laquelle  les  Ombriens  seraient  un 
peuple  celtique.  Cette  thèse  apparaît  au  ni^  siècle  de  notre 
ère  chez  Solin  (3),  qui  rapporte  que  d'après  Bocchus,  his- 
torien du  i"  siècle  de  notre  ère,  les  Ombriens  étaient 
un  vieux  rameau  des  Gaulois.  Servius  (4)  donne  la 
même  tradition,  mais  en  l'attribuant  à  M.  Antonius,  sans 
doute  M.  Antonius  Gnipho,  écrivain  du  i"""  siècle  avant 
notre  ère.  Ou  la  trouve  aussi  chez  Isidore  (5).  Dos 
écrivains  modernes  (6)  ont  cru  fortifier  cette  alléga- 
tion   en    comparant    au    nom    des    Ombriens,     Umbri, 


(1)  Westdeutsche  Zeitschrift  fur  Geschichte    und  Kunst,  t.  ix, 
p.  199-216. 

(2)  Revue    celtique,  t.  xii,  p.  16-18.  Cf.  t.  xxix,  p.  217-218. 

(3)  Collectanea  leruni  memorabilium,  ii,  11. 
i'i)  Enéide,  xii,  753. 

(5)  Origines;  ix,  2,  87. 

(6)  Par  exemple,  A.  Thierry,  Histoire  desGaulois,  t.  i,  p.  xliij. 


^6  OMBRIENS,    LESTRVeoNS 

en  grec  'OuSiiT,  une  variante  du  nom  des  Insubres, 
peuple  celtique  de  la  Gaule  cisalpine,  établi  sur  la  rive 
gauche  du  Pô  ;  cette  variante  "ijo^'ipn;  pourrait,  en 
effet,  prêter  à  un  rapprochement  d'ailleurs  peu  étroit  avec 
"0[jippot  ;  mais  nous  n'avons  aucune  raison  de  la  préférer  à 
la  leçon  "ivjoppEç,  Insubres.  Si  les  Ombriens  étaient  une 
branche  de  la  famille  celtique,  leur  langue  serait  plus  pro- 
chement  apparentée  au  celtique  que  celui-ci  ne  l'est  nu 
latin  ou  au  grec  Or  il  n'en  est  rien  ;  l'ombrien  se  distingue 
nettement  du  celtique  et  les  ressemblances  grammaticales 
que  présentent  les  deux  langues  leur  sont  communes  avec 
le  latin  qui  n'a  jamais  été  regardé  comme  une  langue  cel- 
ti(jue.  Tout  au  plus,  pourrait-on  remarquer  que  le  celtique, 
l'ombrien  et  le  latin  ont  en  commun  certaines  formations 
grammaticales  (1)  et  que  cette  parenté  du  langage  ne  peut 
guère  s'expliquer  que  par  des  relations  intimes  et  pro- 
longées entre  les  Celtes  et  les  Italiotes.  Si  les  OmbricMis 
sont  d'origine  celtique,  il  faudrait  qu'ils  eussent  renoncé  à 
leur  langue  pour  adopter  une  langue  italique  (2). 

Faut-il  chercher  à  retrouver  les  Celtes  de  Grande-Bre- 
tagne dans  les  Lestrygons  anthropophages  de  la  légende 
homérique  ?  Les  Lestrygons  habitent  un  pays  où  un  berger 
ramenant  son  troupeau  appelle  un  autre  berger  qui  sort  à 
son  tour  ;  là  un  homme  qui  ne  dormirait  pas  gagnerait 
deux  salaires,  l'un  à  garder  les  b(pufs,  l'aulre  à  faire  paître 
les  moutons  blancs,  car  les  chemins  du   jour  sont  proches 

(1)  Voir  ci-dessous,  ch.  ii. 

(2)  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Les  premiers  liabita?ifs  de 
l'Europe,  t.  ii,  p.  242-251.  Bréal,  Les  Tables  Euguhines  (Paris, 
1875),  p.  xxvii.  On  trouvera  les  principaux  textes  relatifs  aux 
Ombriens  chez  Bertrand  et  S.  Reinach,  Les  Celtes  dans  les 
vallées  du  Pô  et  du  Danube,  p.  73-7G. 


LES    SOURC.KS    ET    LA    METHODE 


^7 


(?es  chemins  de  la  nuit  (1).  Or  on  peut  rapprocher  ce  texte 
(le  remarques  de  PHne  et  de  Tacite.  En  Grande-Bretagne, 
d'après  Pline  (2),  il  y  a  en  été  des  journées  de  dix-sept 
heures  et  môme  des  nuits  claires,  tandis  que  les  plus  longs 
jours  en  Italie  ne  durent  pas  plus  de  quinze  heures.  Ta- 
cite (3)  dit  que  dans  le  nord  de  la  Grande-Bretagne,  certains 
jours,  la  nuit  est  si  claire  qu'il  n'y  a  que  très  peu  de  diffé- 
rence entre  le  commencement  et  la  fin  de  la  journée.  Cé- 
sar (4)  rapporte  que,  d'après  quelques  écrivains,  il  y  avait 
trente  jours  de  nuit  continue  en  hiver  dans  les  îles  Britan- 
niques ;  il  n'avait  pas  entendu  parler  de  ce  fait,  mais  il 
avait  seulement  remarqué  que  mesurées  à  la  clepsydre  les 
nuits  étaient  sûrement  plus  courtes  que  sur  le  continent. 
D'autre  part,  on  pourrait  comparer  aux  Lestrygons  man- 
geurs d'hommes  les  Irlandais  que  Strabon  (5j,  sans  témoi- 
gnages sûrs,  nous  rei)résGnte  comme  de  voraces  anthropo- 
})hages  qui  croyaient  faire  bien  en  mangeant  les  cadavres 
lie  leurs  pères,  et  les  Aiticoii  de  Grande-Bretagne  qui, 
(1  après  saint  Jérôme  (6),  se  repaissaient  avec  délices  de  cer- 
taines parties  du  corps  des*  bergers  et  des  femmes.  Au 
t  inps  de  César  (7) ,  l'Arverne  Gritognatus  rappelait  en- 
core que  les  ancêtres  des  Gaulois,  enfermés  dans  leurs 
[•laces  fortes  lors  de  l'invasion  des  Cimbres  et  des  JTeutons, 
et  pressés  par  la  faim,  avaient  soutenu  leur  existence  grâce 
aux  corps  de  ceux  d'entre  eux  que  leur  âge  rendait  inutiles  à 


(1)  Odyssée,  x,  82-86. 

(2)  Histoire  naturelle,  ii,  77,  136.  Cf.  Juvénal,  Satires,  u,  161. 
(:{)  Agricola,  12. 

j'i)  Guerre  de  Gaule,  v,  13. 

."))  Géographie,  iv,  5,  4.  Cf.  Diodore,  v,  32,  3. 

<))  Contre  Jorinien,  ii,  7. 

7)  Guerre  de  Gaule,  vu,  77.  Cf.  Strabon,  iv,  5,  4. 


28  PEUPLES    CELTIQUES 

la  guerre.  Des  Celtes  qui  envahirent  l'Etolie  buvaient, 
d'après  Pausanias(l),  le  sang  des  petits  enfants  et  goûtaient 
à  leur  cliair.  Toutes  ces  vagues  coïncidences  sont  loin  de 
permettre  une  assimilation  des  Lestrygons  (2j  aux  Celtes. 

Des  noms  généraux  des  Celtes,  passons  aux  désignations 
particulières. 

Les  noms  des  peuplades  celtiques  qui  nous  ont  été  trans-^ 
mis  par  les  anciens  sont  très  nombreux.  On  en  compte  plus 
de  cent  cinquante.  Une  énumération  complète  (3)  n'offrirait 
que  peu  d'intérêt.  Aussi  ne  mentionnerons-nous  ici  qu( 
quelques  noms  curieux  à  divers  titres,  et,  en  premier  lieu,j 
ceux  qui  servent  à  désigner  à  la  fois  plusieurs  peuplades  e\ 
qui  témoignent  soit  de  migrations  diverses,  soit  de  l'unité 
de  la  langue  des  anciens  Celtes  au  point  de  vue  des  déno- 
minations ethnographiques. 

Parmi  ces  noms,  quelques-uns  s'appliquent  à  plusieurs^ 
tribus  qui  sont  distinguées  chacune  par  un  nom  parti 
cuîier. 

Les  Volcac  sont  partagés  en  deux  branches  :  les  Areco-i 
mici  établis  entre  le  Rhône  et  la  Garonne  ;  les  Teclosagt 
dans  la  région  de  la  haute  Garonne.  Le  nom  des  Volcae  es! 
devenu  chez  les  Allemands  Walah,  puis  Walch,   d'où  est 


(1)  Description  de  la  Grèce,  x,  22,  3. 

(2)  D'après  Bérard,  Les  Phéniciens  et  l'Odyssée,  t.  II,  p.  250J 
le  pays  des  Lestrygons  serait  situé  en  Sardaigne. 

(3)  Cf.   FoRBiGER,   Handbuch  der  alten    Géographie  aus  dei 
Quellen  bearbeitet,  2^  éd.,  Hanihurg,  1877,    t.   m.    E.  Desjar- 
dins,   Géographie  historique  et  administratire  de  la   Gaule  Ro- 
maine, Paris,  1878,  t.  ii.  Longnon,  Atlas  historique  de  la  France,\ 
l""®  livraison,  Paris,  1885. 

Pour  les  peuplades  citées,  je  donne  l'indication  du  plus  an- 
cien texte  où  apparaît  leur  nom.  On  trouvera  les  autres  réfé-J 
renées  chez  Holder,  Altceltischer  Sprachschatz. 


LES    SOURCES    ET    LA    METHODE  29 

dérivé  Welsch  qui  désigne  les  peuples  de  langue  romane, 
Italiens  et  Français  ;  chez  les  Anglo-Saxons,  Wealh,  d'où 
le  dérivé  Wehh  qui  désigne  les  Gallois  (1). 

Les  Bituriges  Cubi  au  centre  de  la  Gaule  ;  les  Bituriges 
Vwisci,  sur  la  rive  gauche  près  de  l'embouchure  de  la  Ga- 
ronne (2). 

Les  .4w/erci  se  divisent  en  quatre  tribus  :  les  Eburovices, 
dans  le  pays  d'Evreux  ;  les  Cenomanni,  sur  les  rives  de  la 
Sarthe  et  de  la  Mayenne;  les  Diablintes,  sur  la  rive  gauche 
de  la  Mayenne;  les  Branriovices  entre  la  Saune  et  la  Loire  (3) . 

D'autres  peuples  ont  des  établissements  en  des  régions 
différentes  du  monde  celtique,  sans  que  leurs  diverses  frac- 
tions soient  distinguées  par  des  noms  différents. 

Il  y  a  des  Tectosages  au  sud  de  la  Gaule  ;  eu  Germanie 
près  de  la  forêt  Hercynienne  ;  et  d'autres  Tectosages  en  Asie 
Mineure  (4). 

Les  Menapii  de  Gaule  sur  les  bords  de  la  Meuse  sont 
peut-être  le  même  peuple  que  les  Manapii  d'Irlande  (5).  Il 
est  singulier  que  les  voisins  des  Menapii  soient  des  Chauci 
et  les  voisins  des  Manapii,  des  Cauci. 

On  trouve  des  Parisii  en  Gaule  et  des  nâpiaoi  en  Grande- 
Bretagne  (6). 


(1)  Guerre  de  Gaule,  vu,  7,  4  ;  Strabon,  iv,  1,  12.  Cf.  G.  Pa- 
ris, Romania,  t.  i,  p.  5.  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Les  pre- 
miers habitants  de  l'Europe,  2^  éd.,  t..  ii,  p.  420. 

(2)  Strabon,  iv,  2,  1  ;  2. 

(3)  Guerre  de  Gaule,  vu,  75,  2  ;  3  ;  Ptolémée,  ii,  8,  7  ;  8.  9. 

(4)  César,  Guerre  de  Gaule,  vi,  24,  2  ;  Strabon,  iv,  1,  12.  Cf. 
Justin,  xxxii,  3. 

(5)  César,  Guerre  de  Gaule,  iv,  4,  2  ;  Ptolémée,  ii,  9,  5  ;  ii, 
2,  8. 

(6)  César,  Guerre  de  Gaule,  vi,  3,  3  ;  4  ;  Ptolémée,  ii,  8,  10  ; 
II,  3,  10. 


30  PEUPLES    CELTIQUES 

Des  BriganLes  en  Grande  Bretagne  et  en  Irlande  (1)  ;  cf. 
les  Brigantii  de  Rhétie  (2). 

Des  Caturiges  dans  les  Alpes  Gottiennes  (3)  ;  en  Gaule 
Belgique  (4)  ;  au  temps  de  Pline  (3),  des  Caliirigcs  jadis 
établis  près  de  Milan  avaient  disparu. 

Des  Belgae  en  Gaule  entre  le  Rliin,  la  Marne,  la  Seine 
et  l'Océan  ;  des  Belgae  en  Grande-Bretagne  vers  Bath  et 
Winchester  (d). 

Des  Atrebates  en  (Jaule  et  en  Grande-Bretagne  (7). 

Des  Senories  en  Gaule  et  des  Senones  eu  Italie  entre  Ari- 
minum  et  Ancône  (8). 

Des  Lingones  en  Gaule  et  des  Lingones  en  Italie  vers  le 
delta  du  Pô  (9). 

Des  Boii  en  Pannonie  et  en  Bohème  ;  dans  l'Italie  du 
nord  au  pied  de  l'Apennin  ;  en  Gaule  Aquitaine  dans  le 
pays  de  Buch  ;  en  Gaule  celtique  (10). 

Des  Insubres  en  Italie  auprès  de  Milan,  des  Iiisubres  en 
Gaule  dans  m\  pugus  ù&9,  Aedui  (11). 

Des  Cenoniani  ou  Cenomanni  en  Italie,  à  l'Est  au  delà 
du  Pô  ;  sur  les  rives  de  la  Sarthc  et  de  la  Mayenne  (12). 


(1)  Tacite,  Annales,  xii,  32  ;  Ptolémée,  ii,  2,  6. 

(2)  Strabon,  IV,  6,  8. 

(3)  Strabon,  iv,  6,  5. 

(4)  Itinéraire  d'Antonin,  265,  2. 

(5)  Histoire  naturelle,  m,  21,  125. 

(6)  César,  Guerre  de  Gaule,  i,  1,  1  ;  v,  12.  Ptolémée,  h,  3,  13. 

(7)  César,  ibid.,  ii,  16,  2  ;  Ptolémée,  ii,  9,  4  ;  ii,  3,  12  ;  13. 

(8)  PoLYBE,  II,  17,  7  ;  César,  ibid.,  u,  2,  3. 
(V')   PoLYBE,  II,  17,  7  ;  César,  ibid.,  iv,  10,  1- 

(10)  PoLYBE,  II,  17,  7  ;  César,  ibid.,  i,  5,  4  ;Strabon,  iv,  6, 
8;  VII,  2,  2. 

(11).  PoLYBE,  II.  17,  4  ;  Tite  LivE,  V,  34,  ,  9. 

(12)^César,  ibid.,  vu,  75,  3  ;  Polybe,  ii,  17,  4;  Pline,  Histoire 
naturelle,  iv,  32,  107. 


LES  SOURCES  ET  LA  METHODE  31 

Des  Meduli  en  Gaule,  à  l'embouchure  de  la  Garonne  ; 
lies  MeduUi  (var.  Meduli)  dans  les  Alpes,  vallée  de 
l'Arc  (1). 

Des  Caiuellauni  (Calavellauni)  en  Grande-Bretagne  et 
des  CatueUauni  en  Gaule  sur  la  Marne  (2). 

Des  Cornavii  en  Grande-Bretagne,  à  l'extrême  nord  de 
l'Ecosse  et  à  l'Est  du  Pays  de  Galles  (3). 

Si  l'on  s'en  rapporte  à  Pline,  il  y  aurait  eu,  outre  les 
r>rilanni  de  Grande-Bretagne,  des  Britanni  à  l'embou- 
chure de  la  Somme  (4). 

Aux  Velio-casses,  Bodio-casses,  Vidu-casses  de  Gaule, 
on  peut  comparer  les  Cassi  de  Grande-Bretagne  (o  i. 

La  similitude  de  deux  noms  de  peuples  peut  n'être  qu'ap- 
parente. Le  nom  des  Veneti  de  Gaule,  établis  dans  le  Van- 
netais,  fait  songer  aux  Veneti  d'Italie  dont  le  pays  est  situé 
au  nord  de  l'Adriatique.  Strabon  (6)  pense  que  les  Vénètes 
de  Gaule  ont  établi  une  colonie  dans  l'Italie  du  nord, 
comme  l'ont  fait  les  Boii  et  les  Senones  ;  il  ne  l'affirme 
pas,  tenant  la  vraisemblance  comme  suffisante  en  pareille 
matière.  L'opinion  de  Strabon  est  en  contradiction  avec  un 
texte  d'Hérodote  (7)  qui  nous  apprend  que  les  Vénètes, 
iv/^To!  étaient  un  peuple  illyrien.  D  après  Polybe  (8),  les 
Vénètes  se  distinguent  peu  des  Celtes  sous  le  rapport  des 


(1)  Pline,  Histoire  naturelle,  xxxii,  21,  62  ;  Strabon,  iv,  1, 
11. 

(2)  Ptolémée,  II,  3,  11  ;  Corpus  inscriptionum  latinarum,  vu, 
363  ;  Notitia  Galliarum,  6,  3. 

(3)  Ptolémée,  ii,  3,  8  ;  11. 

(4)  Histoire  naturelle,  iv,  31,  106. 

(5)  Guerre  de  Gaule,  v,  21,  1. 

(6)  Géographie,  iv,  4,  1  ;  v,  1,  4. 
(i)  Histoire,  i,  196,  1. 

(8)  Histoires,  ii,  17,  5. 


32  PEUPLES    CELTIQUES 

coutumes  et  du  vAtement,  mais  les  deux  langues  sont  diffé- 
rentes. Depuis,  on  a  trouvé  uue  vingtaine  d'inscriptions 
vénètes  et  il  a  été  facile  de  constater  que  le  vénète  n'est  pas 
un  dialecte  celtique  (1).  Il  est  donc  impossible  que  les  Vé- 
nètes d'Italie,  peuple  illyrien,  établi  au  fond  de  l'Adriatique 
dès  le  temps  d'Hérodote,  c'est-à-dire  dès  le  v°  siècle, 
soient  une  tribu  détachée  des  Vénètes  de  Gaule,  peuple 
celtique.  Que  les  Vénètes  d'Italie  se  rattachent  ou  non 
aux  'Evexoi  de  Paphlagonie  qui,  dans  la  légende  homé- 
rique, prennent  part  à  la  guerre  de  Troie  (2),  ils  n'en  sont 
pas  moins  illyriens  de  nation  et  de  langue,  comme  d'ailleurs 
les  Aapoàvio'.  dont  le  nom  évoque,  lui  aussi,  le  souvenir  de 
la  Troade  (3). 

De  même,  il  serait  imprudent  de  confondre  les  Tanrisci 
avec  les  Taiirini.  Les  deux  peuples  sont  établis  dans  deux 
régions  différentes  :  les  Taurisci^  entre  le  Birnbaumerwald 
et  la  Save,  les  Taurini,  autour  de  Turin.  Et  tandis  que  les 
Taurisci  sont  expressément  qualifiés  de  Celtes  par  Stra- 
bon  (4),  les  Taurini  sont  pour  le  même  Strabon  (5;  une 
nation  ligure.  Les  auteurs  anciens  confondent  souvent  ces 
deux  peuples  (6). 

Certaines  peuplades  celtiques  sont  isolées  au  milieu  de 


(1)  C.  Paum,  Die  Veneter  und  ihre  Schrifidenkmaeler,  Leipzig, 
1891  (Alliialische  Studien,  t.  m).  Cf.  un  suggestif  compte  rendu 
par  L.  DuvAu,  Rei>iie  celtique,  t.  xiii,  p.  511-516. 

(2)  Iliade,  ii,  852. 

(3)  Géographie,  vu,  5,  6.  Cf.  H.  d'Arbois  de  Jubainville, 
Les  premiers  habitants  de  l'Europe,  2^  éd.,  t.  i,  p.  301-302. 

(4)  Géographie,  vu,  2,  2,  ;  5,  2. 

(5)  Géographie,  iv  ;  6,  6  ;  xxi,  38,  5.  Cf.  Garofalo  et  II. 
d'Akbois  DE  Jubainville,  iiev'ue  celtique,  t.  xxvii,  p.  155-1 G2. 

(6)  Etienne  de  Bvzance  les  identifie. 


I 


LES    SOURCES    ET    LA    METHOnE  33 

populations  de  race  et  de  langue  différentes  et  il  importe 
de  les  signaler.  Tels  sont  : 

Les  Gotini  (var.  Cotini)  tributaires  à  la  fois  des  Quadi 
et  des  Sarmates  et  qui  parlaient  gaulois  au  temps  de  Ta- 
cite (1)  ;  ils  étaient  établis  sur  la  rive  gauche  de  la  haute 
Vistule, 

Les  Celtes  du  Danube,  mélangés  aux  lUyriens  et  aux 
Tiiraces  et  parmi  lesquels  il  faut  citer  : 

Les  Scordisci  que  Strabon,  d'après  Poseidônios,  qualifie 
de  l'a/âxat  (2)  et  qui  habitaient  entre  la  Save,  la  Drave  et 
le  Danube. 

Les  lapodes,  peuple  illyrien,  mélangés  de  Celtes  (3). 

Les  Bastarnae  qui  avaient  une  langue  et  des  coutumes 
qui  ne  s'écartaient  pas  de  celles  des  Scordisci  (4).  Ils  oc- 
cupaient le  bas  Danube. 

Un  grand  nombre  de  noms  de  peuples  celtiques  sont  spé- 
cialement intéressants  pour  nous  parce  qu'ils  ont  subsisté 
jusqu'à  nos  jours,  soit  comme  noms  de  pays  ou  dans  des 
noms  de  pays  (5)  : 

6'(//7u' de  Pannonie  (d'où  Garniole),  ra^/ma  du  No rique 
(Tauern,  nom  allemand  d'un  massif  des  Alpes  Noriques)  ; 
Vcîiocasses  (d'où  Veliocassinus  Vexin),  Ccdeti  (pays  de 
Caux),    Viromandiii  (d'où  Viromandiietisis  Vermandois), 


(1)  Germanie,  43. 

(2)  Géographie,  vu,  2,  2.  Cf.  vii,  1,  1  ;  Athénée,  vi,  25  ; 
Justin,  xxxii,  3.  Cf.  P.  Perdrizet,  Bulletin  de  correspondance 
hellénique,  t.  xx,  p.  485  et  suiv. 

!.'^)   Strabon,  iv,  6,  10. 

l'i)  Tite  Live,  XL,  57,  6.  Cf.  Jullian,  Revue  des  éludes  an- 
ciennes, t.  viii,  p.  263-264. 

(5)  Voir  F.  Bourquelot,  Mémoires  de  la  Société  nationale  des 
anliciuaires  de  France,  t.  xxiii,  p.  387-436. 

G.   Dottin.  —  Manuel  de  l'antiquité  celtique.  3 


34  PEIPLES    CELTIQUES 

Andeccwi  (Anjou),  Petnicorii  (d'où  PetrocoricumPéngord), 
Riiteni  [d'où  RiUeniciim,B.ouevgue),  Vellavi  (d'où  Vellai'i- 
cum  Yelay,  Vellavum  Goëllo)  Meduli  (d'où  Meduliciim 
Médoc),  Santones  (d'où  Santonicnm  Saintooge),  Pidavi 
(Poitou),  Arverni  (d'où  Arverniciim  (1)  Auvergne),  Verla- 
cornacori  (Vercors),  Cantii  (Kent  en  Grande-Bretagne), 
Durotriges  (Dorset),  Durnnonii  (Devon),  Demetae  (Dyvet, 
forme  ancienne  du  nom  gallois  du  pays  situé  entre  la  Teivi 
et  la  Tywy)  ;  Boii  (d'où  Boiohaemûm  Bohême)  ; 

soit  comme  noms  de  villes  : 

Amhiani  (Amiens),  Beïïovaci  (Beauvais),6'ae55io/<es  (Sois- 
sons),  Rémi  (Reims),  Atrebates  (Arras  ,  Tricasses  {Troye&), 
Senones  (Sens),  Parisii  (Paris),  Meldi  (Meaux),  Eburovices 
(Evreux),  Duroaisses  (Dreux),  Diablintes  (Jublains, 
Mayenne),  Cenomanni  (Le  Mans),  6'e(/f»n'  (Sion  en  Suisse), 
Lingones  (Langres),  Catuellauni  (Chàlons-sur-Marne) , 
Treviri  (Trêves),  CarniUes  (Chartres),  Tiirones  (Tours), 
Namneîes  (Nantes),  Veneti  (Vannes),  Ciiriosoliles  (Gor- 
seult,  Côtes-du-Nord) ,  Redones  (Rennes),  Abrincatui 
(Avranches),  Baiocasses  (Bayeux),  Vidiicasses  (Vieux,  Cal- 
vados), Lea;o^à'  (Lisieux),  Cadiirci  (Gahors),  6'a^a/i  (Javols, 
Lozère),  Santones  (Saintes),  Lemouices  (Limoges),  Bitu- 
riges  (Bourges),  Caturiges  (Chorges,  Hautes- Alpes),  Silva- 
nectes  (Senhs). 

On  connaît  donc  assez  bien  les  noms  des  peuples  cel- 
tiques mais  on  peut  se  demander  si  la  quahté  celtique  d'un 
nom  de  peuplade  est  suffisamment  établie  par  le  témoi- 
gnage des  anciens. 

(1)  A.  Thomas,  Journal  des  Sai>ants,  1901,  p.  368  ;  Revue 
critique,  t.  lx,  (1905),  p.  37. 

(2)  Cf.  R.  Haberl,  Zur  Kenntnis  des  Gallischen,  /eitschrifi 
jiXr  Celtische  Philologie,  t.  vin,  p.  89-90. 


K 


.      LES    SOURCES    ET    LA    METHODE  35 

Quelles  raisons  conduisaient  un  auteur  grec  ou  latin  à 
reconnaître  pour  celtiques  un  peuple  ou  une  tribu  i*  A  quels 
caractères  distinguait-il  un  Celte?  Quand  il  s'agit  de  na- 
tions modernes,  c'est  l'unité  politique  qui,  plus  forte  que 
la  langue,  plus  forte  que  les  coutumes,  plus  forte  que  la 
race  constitue  le  peuple.  On  ne  constate  point  de  lien  sem- 
blable chez  les  Celtes  qui  occupaient  le  centre  et  l'ouest  de 
l'Europe.  Tribus  éparses  sur  de  vastes  territoires,  [»lus 
souvent  en  guerre  les  unes  contre  les  autres  que  réunies 
contre  un  ennemi  commun,  quels  motifs  avait  un  géogra[>he 
ou  un  historien  pour  les  comprendre  sous  une  dénomina- 
tion commune  ?  Les  différences  linguistiques,  qui  nous 
semblent  les  plus  précises  et  les  plus  faciles  à  apprécier, 
ne  semblent  pas  avoir  été  seules  à  préoccuper  les  écrivains 
de  l'Antiquité.  Polybe  (1)  remarque  que  les  VénèLes 
avaient  avec  les  Gaulois  quelque  ressemblance  pour  les  vê- 
tements et  les  mœurs,  mais  aucune  pour  le  langage.  Puur 
César  (2),  les  Belges,  les  Aquitains,  les  Celtes  diffèrent  les 
uns  des  autres  par  la  langue,  les  institutions,  les  lois.  Pour 
Strabon  (3),  les  Aquitains  se  distinguent  non  seulement  [lar 
la  langue,  mais  encore  par  Leur  type  physique.  Quant  aux 
Germains,  César  ne  les  oppose  aux  Gaulois  qu'au  point  de 
vue  des  usages  (4).  Strabon  (5)  au  contraire  les  trouva 
plus  sauvages,  plus  grands,  plus  blonds  que  les  Gaulois, 
mais  déclare  qu'ils   ont  le   même   caractère  et  le  même 

(1)  Histoires,  ii,  17. 

(2)  Guerre  de  Gaule,  i,  1,2. 

(3)  Géographie,  iv,  1,  1. 

(4)  Guerre  de  Gaule,  vi,  21.  Voir  toutefois  i,  .39  ;  ci-dessous, 
ch.  m. 

(5)  Géographie,  vu,  1,  2.  D'après  Strabon,  le  caractère  des 
peuples  dépend  non  seulement  du  climat  et  du  sol,  mais  aussi 
de  l'habitude  et  de  l'exercice.  Géographie,  ii,  3,  7. 


36  CARACTÉRISTIQUES    DES    CELTES 

genre  de  vie  que  les  Celtes.  Tacite  semble  déterminer  la 
nationalité  tantôt  par  la  langue  seule,  tantôt  par  les  cou- 
tumes, tantôt  par  l'aspect  physique.  La  preuve  pour  lui  que 
les  Gotini  ne  sont  pas  Germains,  c'est  la  langue  qu'ils 
parlent  (1).  D'autre  part,  Tacite  (2)  se  demande  s'il  doit 
ranger  les  Veneili  de  Germanie  parmi  les  Germains  ou 
parmi  les  Sarmates,  et  trouve  qu'ils  se  rapprochent  plutôt 
des  Germains  parce  qu'ils  bâtissent  des  maisons,  portent 
des  boucliers  et  aiment  à  aller  à  pied.  Les  Aestii  ont  les 
mœurs  et  l'extérieur  des  Suèves,  mais  leur  langue  se  rap- 
proche de  celle  des  Bretons  (3).  Les  Irlandais  diffèrent  peu 
des  Bretons  pour  le  caractère  et  la  civilisation  (4).  La  pa- 
renté des  habitants  du  sud  de  la  Grande-Bretagne  avec  les 
Gaulois  s'établit  par  le  type  physique,  par  les  pratiques  re- 
ligieuses, par  la  langue,  par  l'audace  qui  cherche  les  dan- 
gers, et  la  crainte  qui  les  évite.  Quant  aux  Calédoniens, 
c'est  à  cause  de  leurs  cheveux  roux  et  de  leur  grande  taille 
que  Tacite  leur  attribue  une  origine  germanique  o"*.  Sué- 
tone (6)  rapporte  que  Caligula,  voulant  que  l'on  crût  que 
des  prisonniers  germains  figuraient  dans  son  triomphe  et 
n'ayant  sous  la  main  que  des  Gaulois,  leur  fit  apprendre 
la  langue  germanique  et  changer  la  coupe  et  la  couleur  de 
leur  cheveux.  C'étaient  donc  là  pour  lui  les  deux  caracté- 
ristiques des  Germains 

Une  fois  la  conquête  romaine  effectuée,   il  est  probable 
que  la  géographie  administrative  des  Romains  remplaça  les 

(1)  Germanie,  43. 

(2)  Germanie,  46. 

(3)  Germanie,  45. 

(4)  Agricola,  24. 

(5)  Agricola,  11. 

(6)  Caligula,  47. 


LES    SOURCES    ET    LA    METHODE  37 

notions  ethnographiques  plus  ou  moins  conluses  que  les 
anciens  avaient  conservées  des  Celtes,  et  que  les  historiens 
et  les  géographes  romains  appliquèrent  aux  Celtes  et  à  la 
Celtique  de  César  des  renseignements  qui  leur  étaient  par- 
venus sur  d'autres  Celtes  et  d'autres  Celtiques.  Ainsi  nous 
ne  pouvons  être  assuré  que  la  dénomination  commune  de 
Celtes  n'ait  été  réservée  qu'à  des  peuples  de  même  langue, 
et  que  des  ressemblanceg,  pour  nous  superficielles,  de  vê- 
tements ou  de  coutumes  n'aient  pas  suffi  à  faire  rattacher 
aux  Celtes  des  tribus  parlant  une  langue  non  celtique,  ou 
n'ayant  jamais  constitué  avec  les  Celtes  un  ensemble  poli- 
tique. 


III 


L'archéologie  celtique  offre  des  difficultés  que  ne  présen- 
tent point  au  même  degré  l'archéologie  grecque  et  l'archéo- 
logie romaine.  C'est  qu'elle  est  tout  entière  anépigraphe. 
Aucune  inscription  importante  en  langue  celtique  n'est 
gravée,  semble-t-il,  sur  les*  monuments  ou  sur  les  objets 
que  nous  sommes  tentés  d'attribuer  à  l'art  des  Celtes.  On 
est  donc  réduit,  pour  résoudre  les  problèmes  que  pose 
l'archéologie  celtique,  à  des  méthodes  d'investigation  qui 
font  une  grande  part  à  l'hypothèse.  Ou  peut  chercher  à 
dater  les  restes  que  les  peuples  passés  ont  laissés  sur  le  sol, 
et,  si  la  date  restituée  coïncide  avec  l'occupation  du  sol  en 
question  par  les  Celtes,  attribuer  à  la  civilisation  celtique 
les  objets  ou  les  monuments  découverts.  L'hypothèse  serait 
fortifiée  si  les  mêmes  objets  se  retrouvaient  exclusivement 
dans  les  pays  occupés  par  les  Celtes.   Mais  une  telle  dé- 


38 


ARCHEOLOGIE 


inonstration  est  à  peu  près  impossible,  la  date  restant  tou- 
jours discutable  et  les  fouilles  et  les  découvertes  étant, 
malgré  l'activité  des  archéologues,  limitées  à  des  étendues 
restreintes.  De  plus,  comme  l'a  remarqué  H.  d'Arbois  de 
Jnbainville,  on  ne  peut  pas  établir  de  rapport  certain  entre 
la  langue  d'un  peuple  et  la  forme  des  armes  ou  des  outils 
dont  ce  peuple  se  sert.  «  On  peut  changer  d'armement 
sans  changer  de  langue;  la  Frïmce  n'a  pas  abandonné 
l'iisiige  du  français  quand  elle  a  adopté  la  poudre  de  guerre 
et  les  armes  à  feu  (1)  ».  «  Quelle  preuve  avons-nous  que 
la  circonscription  géographique  dans  laquelle  le  commerce 
a  répandu  un  objet  artistique  ou  industriel  quelconque  à 
une  date  reculée  ait  été,  à  cette  date,  occupée  par  des 
peuples  qui  parlaient  la  même  langue  ou  qui  formaient  le 
même  groupe  politique  (2)  ?  »  Enfin  des  peuplades  géogra- 
phiquement  isolées  ou  peu  douées  de  qualités  d'assimila- 
tion pouvaient  être,  à  un  certain  moment,  dans  un  état  de 
civilisation  très  difrérent  de  celui  d'autres  peuples  de  même 
race  et  de  môme  langue  qu'eux.  L'unité  de  civilisation 
n'implique  ni  la  parenté  de  race,  ni  l'identité  de  langue  et 
ce  que  l'on  serait  tenté  d'attribuer  à  la  différence  des  temps 
peut  tenir  souvent  à  la  différence  des  lieux. 

La  distinction  des  peuples  par  les  modes  de  sépulture  ne 
donne  guère  de  résultats  plus  précis  que  la  distinction  par 
los  objets.  A  la  période  la  pins  ancienne  de  leur  histoire, 
les  Romains  inhumaient  leurs  morts  (3)  ;  vers  le  temps  de 
Servius  ïuUius,  mort  en  334  avant  J.-C,  l'inhumation  est 
remplacée  par  l'usage  de  brûler  les  morts  ;  et.  à  l'époqne 

(1)  Revue  celtique,  t.  xx,  p.  391. 

(2)  Revue  celtique,  t.  xviii,  p.  126. 

(3)  CicÉRON,  De  legibus,  u,  22.  Pline,  54,  187. 


LES  SOURCES  ET  LA  METHODE  39 

chrétienne,  l'inhumation  redevient  en  usuge.  On  ne  peut 
prétendre  que  les  Celtes  n'ont  pas,  de  même,  passé  par  des 
usages  différents  ou  employé  simultanément  les  divers 
modes  de  sépulture.  Sur  le  sol  de  la  Gaule,  on  trouve  une 
population  qui  inhumait  ses  morts  sous  les  dolmens  ;  une 
population  qui  incinérait  les  défunts,  mettait  leurs  cendres 
dans  des  urnes  et  enfouissaient  ces  urnes  sous  des  tom- 
belles  ;  puis  une  troisième  population  qui  inhumait  les 
morts.  On  hésite  à  donner  à  ces  populations  trois  noms 
différents  et  à  attacher  exclusivement  à  l'une  d'elles  le  nom 
des  Celtes.  Mais  on  a  remarqué  avec  raison  que,  si  en  un 
siècle  la  fabrication  des  armes,  des  outils  ou  des  parures 
peut  subir  dans  un  même  pays  des  transformations  consi- 
dérables, les  changements  dans  les  croyances  religieuses  ou 
les  rites  funéraires  sont  en  général  insignifiants  et  inappré- 
ciables (1). 

L'archéologie  doit  seulement  nous  apprendre  à  quelles 
civilisations  on  peut  rattacher  les  Celtes,  sans  qu'il  soit 
possible  de  déterminer  à  quel  peuple  ces  civilisations  ont 
originairement  appartenu.  Nous  avons  de  l'état  industriel  et 
social  des  habitants  du  centre  et  de  l'ouest  de  l'Europe  des 
indices  qui  sont  bien  antérieurs  aux  premiers  témoignages 
historiques  un  peu  détaillés  qui  nous  aient  été  conservés 
sur  les  Celtes. 

G'est^  en  effet,  dans  la  période  comprenant  les  huit  der- 
niers siècles  avant  notre  ère  que  l'on  peut  rechercher  les 
traces  archéologiques  de  l'ancienne  civilisation  celtique. 

On  ne  peut  la  jalonner  de  quelques  dates  qu'à  l'aide  des 


(1)   Ch.  ReiNEL,  Les  religions  de  la  Gaule  ai^atii  le  christianisme, 
Paris,  1906,  p.  113-114. 


40  HALLSTATT 

monnaies  que  contiennent  les  tombes,  et,  quand  les  mon- 
naies manquent,  à  l'aide  des  objets,  mieux  datés,  des  civi- 
lisations historiques  grecque  ou  italique.  Mais  ces  objets 
peuvent  avoir  été  transportés  dans  le  pays  longtemps  avant 
l'époque  oii  on  les  a  enterrés  dans  le  sol.  (1) 

Cette  période  se  divise  en  deux  époques. 

La  première,  qui  s'étend  de  l'apparition  du  fer  en  Eu- 
rope (vers  l'an  900)  jusqu'aux  environs  de  l'an  500,  s'ap- 
pelle civilisation  hallslattienne,  du  nom  d'une  nécropole 
célèbre,  llallstatt,  située  dans  l'ancien  Norique,  actuelle- 
ment en  Haute-Autriche. 

On  distingue  deux  phases  de  cette  civilisation  ;  une  pre- 
mière phase  (900-700)  où  le  mobilier  des  sépultures  est 
assez  pauvre  et  qui  semble  contemporaine  des  vases 
grecs  de  style  géométrique  (xr-vni''  siècles)  ;  une  seconde 
phase  (700-500)  riche  en  objets  de  parure  et  pendant  la- 
quelle ont  été  importés  des  vases  de  style  ionien  et  des 
vases  attiques  du  vi^  siècle  (2). 

La  seconde  est  l'époque  de  la  Tène,  ainsi  nommée  d'une 
sorte  de  blockhaus  sur  le  lac  de  Neufchàtel  ;  c'est  le  second 
âge  du  fer  où  les  progrès  de  la  métallurgie  développent  à  la 
fois  l'industrie  et  le  commerce  extérieur  et  qui  s'étend  de 


(1)  JuLLiAN,  Histoire  de  la  Gaule,  t.  i,  p.  163. 

(2)  Sur  la  civilisation  de  Hallstatt,  consulter  :  Ed.  von  Sac- 
Ken,  Dos  Grabjeld  von  Hallstatt,  Vienne,  1868  ;  IIoernes,  Revue 
d'anthropologie,  t.  iv  (1889),  p.  328-336  ;  Archiv  fiir  Anthropo- 
logie, t.  XXXI  (1905),  p.  233  et  suiv.  ;  Urgeschichte  der  bildenden 
Kiinst,  liv.  V  et  VI  ;  A.  Bertrand,  Archéologie  celtique  et  gau- 
loise, 2^  éd.,  p.  269-325  ;  A.  Bertrand  et  S.  Reinach,  Les 
Celtes  dans  les  vallées  du  Pô  et  du  Danube,  1894,  p.  49-181  ; 
S.  Reinach,  Catalogue  du  musée  de  Saint-Germain  (salle  VI), 
3^  éd.,  p.  156-157  ;  J.  Déchelette,  Manuel  d'archéologie  pré- 
historique, celtique  et  gallo-romaine,  t.  ii,  2^  partie,  Paris,  1913. 


J 


LES    SOURCES    ET    LA    METHODE  41 

500  au  début  du  i"^  siècle  de  notre  ère.  La  monnaie  appa- 
raît. Oq  construit  des  o/^pic?a.  C'est  à  cette  époque  que  se 
rattache  la  civilisation  décrite  dans  les  é[)opées  irlandaises 
du  cycle  d'Ulster  (1). 

La  civilisation  de  la  Tène  présente  une  unité  que  n'offre 
point  l'époque  de  Hallstatt.  On  divise  d'ordinaire  l'époque 
de  la  Tène  en  trois  phases  (2)  : 

La  Tène  1  (500-300)  ;  la  Tène  II  (300-100)  ;  la  Tène  III 
(i"  siècle  avant  J.-C.)  ;  que  l'on  détermine  par  les  importa- 
tions grecques  et  italiques. 

La  nécropole  de  Hallstatt  où  l'on  a  trouvé  environ  1.800 
tombes  a  fourni  plus  de  6.000  objets.  Les  tombes  sont  soit 
à  inhumation,  soit  à  incinération  ;  ces  dernières  offrent  un 
matériel  plus  riche.  Les  armes  offensives  y  sont  en  grand 
nombre  ;  la  plupart,  épées,  poignards,  coutelas,  lances, 
flèches,  haches  sont  en  fer  ;  sur  28  épées,  trois  sont  en  fer 
et  en  bronze,  6  seulement  en  bronze  ;  on  a  trouvé  peu 
d'armes  défensives.  Les  ornements,  ceintures,  bracelets, 
fibules  sont  en  bronze.  Près  de  200  vases  sont  en  bronze, 
un  très  grand  nombre  en  argile.  Les  couteaux  sont  en  fer  ; 
les  épingles,  les  mors  de  chevaux  sont  en  fer  ou  en  bronze. 
Les  outils  sont  des  limes,  enclumes,  tenailles,  aiguilles, 
poinçons,  clous. 

(1)  W.  RiDGEWAY,  On  ihe  date  of  the  jirst  shaping  of  tlie  Cu- 
chulainn  Saga  (Proceedings  of  the  Bvitish  Acadenuf,  vol.  II). 

(2)  Cette  division  est  due  à  Tisculer,  Ueber  die  prsehistori- 
chen  Arbeiten,  Konigsberg,  1884.  Sur  la  civilisation  de  la  Tène, 
consulter  :  E.  Vouga,  Les  HeU'ètes  à  la  Tène,  Neufchàtel,  1885 
(pi.)  ;  V.  Gross,  La  Tène,  un  oppidum  heWète,  Paris,  1886  (pi.)  ; 
Revue  d'anthropologie,  t.  m  (1888),  p.  732-735  ;  IIoernes,  Die 
Urgeschichte  des  hienschen.  Vienne,  1892,  p.  629  et  suiv.  ; 
O.  MoNTELius,  L'Anthropologie,  t.  xii  (1901),  p.  609-623  ; 
J.  Déchelette,  L'archéologie  celtique  en  Europe  [Revue  de  syn- 
thèse historique,  t.  m,  p.  30-59  ;  Manuel  d'archéologie  préhisto- 
rique, celtique  et  gallo-romaine,  t.  ii,  3^  partie,  Paris,  1914. 


42 


LA    TE.NE 


Comme  on  n'a  trouvé  à  Hallstatt  ni  pièces  de  monnaies, 
ni  objets  en  argent,  il  est  probable  qu'on  n'enterrait  plus  à 
Hallstatt  à  l'époque  où  commence  l'exploitation  des  mines 
d'argent  de  la  Macédoine  sous  Philippe  II,  à  la  fin  du 
iv*  siècle  avant  notre  ère  (1). 

La  civilisation  de  Hallstatt  à  sa  première  phase  apparaît 
en  Gaule  dans  les  provinces  de  l'est  et  du  centre  :  Bour- 
gogne, Berry,  Lorraine,  nord  de  la  Franche-Comté.  A  sa 
seconde  phase,  elle  est  représentée  sur  une  grande  partie 
de  la  Gaule,  le  nord-ouest  excepté  (2).  Les  objets  qui  la  ca- 
ractérisent se  trouvent  dans  des  sépultures  et  dans  des  en- 
ceintes. 

La  station  de  la  Tène,  située  entre  la  baie  de  Préfargier 
et  la  baie  d'Espagnier  à  l'extrémité  Est  dulacdeNeufchâtel,  a 
été  abandonnée  ou  détruite  un  peu  avant  le  commencement 
de  notre  ère  ;  les  monnaies  qu'on  y  trouve  ne  sont  pas  pos- 
térieures à  la  seconde  moitié  du  i"  siècle  avant  notre  ère. 
Les  ustensiles  de  ménage  et  les  objets  agricoles  y  sont  ex- 
cessivement rares  ;  les  armes  (épées  et  fers  de  lance)  en  fer 
remarquablement  bien  conservé,  y  sont  très  nombreuses, 
ainsi  que  les  fibules.  Les  outils  et  ustensiles  sont  des  haches, 
de  grandes  faux,  des  rasoirs,  des  couteaux,  des  ciseaux  à 
froid,  des  ciseaux  à  tondre,  des  lianieçons,  des  chaudrons, 
des  marteaux,  des  meules  de  moulin. 

La  civilisation  de  la  Tène  est  représentée  en  Gaule  dans 
des  tombes  et  dans  des  oppida.  Les  tombes  les  plus  nom- 
breuses sont  en  Champagne  ;  il  y  a  dans  le  seul  départe - 

(1)  J.  FouRNET,  Du  mineur,  son  rôle  et  son  influence  sur  les 
progrès  de  la  civilisation  d'après  les  données  actuelles  de  l'archéo- 
logie et  de  la  géologie,  Lyon,  1862,  p.  276. 

(2)  Déchelette,  Manuel  d'archéologie  préhistorique,  t.  ii, 
p.  4-5, 


LES  SOURCES  ET  LA  METHODE  43 

ment  de  la  Marne  191  cimetières  de  l'époque  de  la  Tène  ; 
certains  comptent  jusqu'à  500  tombes.  Parmi  les  sépultures 
les  plus  intéressantes,  il  faut  citer  celles  de  Somme-Tourbe, 
Somme  Bionne,  Berru.  Dans  l'Aisne,  les  deux  arrondisse- 
ments de  Soissons  et  de  Château-Thierry  renferment  22  ci- 
metières. Dans  le  Sud-ouest,  les  monuments  de  la  Tène  I  et 
II  font  défaut  (l). 

Voppidiim  de  Bibracte  (2)  (le  Mont-Beuvray,  Saône-et- 
Loire)  semble  avoir  été  abandonné  peu  de  temps  après  la 
conquête  romaine.  La  plupart  des  monnaies  qu'on  y  a  re- 
cueillies sont  gauloises  ;  des  monnaies  romaines  aucune 
n'est  postérieure  à  l'an  5  avant  J.-C.  V oppidum  de  Stra- 
donitz  en  Bohême  qui,  d'après  M.  J.  Déchelette(3),  était  oc- 
cupé par  les  Celtes  au  i""  siècle  avant  notre  ère  appartient  à 
une  civilisation  presqueidentique  à  celle  qui  est  représentée 
à  Bibracte.  Sur  l'emplacement  d'Alesia,  à  Alise  Sainte- 
Reine  (4)  (Gùte-d'Or),  on  a  trouve  un  assez  grand  nombre 
d'objets,  surtout  des  armes,  qui  datent  du  siège  de  celle 
ville  par  les  Romains  en  52  avant  notre  ère  ;  aucune  des 
monnaies  romaines  qu'on  y  a  recueillies  n'est  postérieure  à 
52.  L'oppidum  de  Pommiers  (5)  (Aisne),  qui  paraît  être 
Vwac\QTiNo(^ioduinwi  des  Siiessiojies,  contenait 25. 000  mon- 


(1)  DÉCHELETTE,  MaHucl  d'archéologie,  t.  ii,  p.  1032-1054  ; 
carte,  p.  1018  ;  L'Anthropologie,  t.  xiii  (1902),  p.  77-83. 

(2)  BuLLioT,  Fouilles  du  Mont-Beuvray,  Autun,  1899  ;  Revue 
archéologique,  1870  et  1872  ;  Déchelette,  L'oppidum  de  Bi- 
bracte, Paris,  1903. 

(3)  Le  hradischt  de  Stradonic  (Congrès  archéologique,  1899). 

(4)  Revue  archéologique,  t.  iv  (1861),  p.  66  ;  pi.  xiii  ;  t.  x 
(1864),  p.  337,  pi.  XXII.  Journal  des  savants,  1880,  p.  558,  622. 
Une  revue  spéciale,  Pro  Alesia,  paraît  depuis  juillet  1906. 

(5)  Vauvillé,  iSlémoires  de  la  Société  des  Antiquaires  de 
France,  t.  lxv  (1904),  p.  79. 


44  OPPIDA 

naies  ;  les  monnaies  romaines  les  plus  récentes  sont  de  ol 
avant  J. -G.  A  Gergovie  (1)  (La  Roche-Blanche,  Puy-de- 
Dôme)  on  a  trouvé  des  monnaies  gauloises  et  des  débris  de 
poteries  semblables  à  celles  de  Bibracte. 

Les  principaux  oppida  de  construction  gauloise  sont, 
outre  ceux  que  nous  venons  de  citer  :  Le  Mont  Ghàtel 
(Meuse),  Avesnelles  (Nord),  Le  Ghàtelet  en  Montigny  l'En- 
grain  (Aisne),  Vertault  (Côte  d'Or),  Le  Grêt-Ghàtelard  en 
Saint-Marcel  de  Félines,  Essalois  enChambles,  LeGhàtelard 
de  Chazi  en  Saint-Georges  de  Baroilles  (Loire),  La  Ségource 
en  Fief-Sauvin  (Maine-et-Loire),  Vue  (Loire-Inférieure), 
Luzech,  Murcens  (Lot),  Goulounieix  (Dordogne)  (2). 

Dans  les  Iles  Britanniques,  on  trouve  à  l'époque  de  la 
Tène,  outredes  oppida  et  des  casteUa,  des  villages  lacustres 
{crannog)  établis  sur  des  îlots  artificiels.  Celui  de  Glaston- 
bury,  Sommerset),  d'une  étendue  de  plus  d'un  hectare,  con- 
tenait une  soixantaine  de  huttes  circulaires  ou  ovales,  en 
matériaux  légers.  On  y  a  trouvé  des  poteries  à  décor  incisé, 
des  fibules,  des  peignes  de  tisserands,  des  creusets,  des 
perles  de  verre  et  d'ambre,  de  la  vaisselle  de  bois,  un  très 
petit  nombre  d'armes  (3). 

La  sculpture  romaine  et  grecque  nous  fournit  des  repré- 
sentations de  barbares  dont  un  grand  nombre  doivent  être 
des  Celtes.  Malheureusement,  la  plupart  des  monuments 
de  ce  genre  ne  portent  point  d'inscription  qui  nous  atteste 


(1)  Napoléon  III,  Histoire  de  Jules  César,  t.  II,  18GG,  p.  270  ; 
C.  JuLLiAN,  Vercingétorix,  p.  365-.378. 

(2)  DÉGHELETTE,  Alanucl  d' (irchéologie ,  t.  ii,  p.  986-996  (fiir.)- 
Cf.  A.  Bertrand,  La  ieli'4ou  des  Gaulois,  Paris,  1897,  p.  245- 
251   (carte). 

(3)  BuLLEiD,  Gray  and  Munro,  The  Glastonhurii  lake  village, 
1910.  DÉGHELETTE,  Munuel  d'archéologie,  t.  ii,  p.  973-977. 


LES    SOURCES    ET    LA    METHODE  45 

que  ce  sont  bien  îles  Celtes  que  le  sculpteur  a  figurés  De 
plus,  on  peut  se  demander  si  l'artiste  ne  reproduisait  pas 
UQ  type  de  convention,  assez  différent,  pour  l'apparence 
physique,  les  vêtements  et  les  armes,  de  la  réalité.  M.  S. 
Reiaacli  a  remarqué  pourtant  que,  dès  le  m"  siècle,  les  ar- 
tistes de  Pergame  ont  eu  le  souci  de  l'exactitude  ethnogra- 
phique, et  que  l'art  romain,  bien  que  s'inspirant  des  mo- 
dèles grecs,  a  été  plus  loin  qu'eux  dans  la  voie  du  réa- 
lisme (1). 

Les  œuvres  d'art  gréco-romaines  où  sont  représentés  des 
Celtes  (2)  sont  assez  nombreuses.  Une  première  série  est 
constituée  par  les  statues'qui  proviennent  vraisemblablement 
des  monuments  destinés  par  Attale  P' ,  roi  de  Pergauie 
(241-197),  à  perpétuer  le  souvenir  de  ses  victoires  sur  les 
Galates.  On  a  découvert  à  Pergame,  autour  du  temple 
d'Athêna  Nikêphore,  une  série  de  bases  qui  ont  dû  sup- 
porter des  statues.  Pline  (3)  nous  apprend  que  plusieurs  ar- 
tistes avaient  représenté  les  victoires  d'Attale  I*'"  et  d'Ru- 
mène  II  (197-159)  sur  les  Galates;  et  nous  lisons  chez  Pau- 
sauias(4)  qu'Attale  I"  avait  dédié  sur  l'Acropole  d'Athènes, 
du  côté  du  mur  situé  au'sud,  des  groupes  hauts  de  deux 
coudées  représentant,  entre  autres  batailles,  la  défaite  des 
Galates  en  Mysie. 

Les  statues  de  Pergame,  en  bronze  et  de  grandes  dimen- 
sions, semblent  avoir  été  souvent  reproduites  dans  l'Anti- 


(1)  S.  Reinach,  Les  Gaulois  dans  l'art  antique  et  le  sarco- 
phage de  la  vigne  Arnmendola,  Revue  archéologique,  t.  xii  (1888) 
p.  273. 

(2)  BiENKOwsKi,  Die  Darstellungen  der  Gallier  in  der  hellenis- 
iischen  Kunst,  Wien,  1908. 

(3)  Histoire  naturelle,  xxxiv,  24,  84. 

(4)  Description  de  la  Grèce,  i,  25,  2. 


4IÎ  STATUAIRE    ANTIQUE 

quité  ;  certaines  statues  en  marbre  qui  nous  sont  parve- 
nues sont,  croit-on,  des  copies  anciennes  de  ces  statues  en 
bronze.  Ce  serait  le  cas  du  Gaulois  mouranl  du  Capitole, 
eu  qui  on  a  vu  longtemps  un  gladiateur,  et  du  groupe  de 
la  villa  Ludovisi  à  Rome  (représentant  un  Gaulois  se  tuant 
après  avoir  tué  sa  femme),  dans  lequel  on  croyait  autrefois 
reconnaître  Arria  et  Paetus.  Les  statues  figurant  des  Gâ- 
tâtes, qui  se  rapportent  sans  doute  àl'ex-voto  de  l'Acropole, 
sont  au  nombre  de  six  ;  toutes  représentent  des  blessés  ou 
des  morts  (1). 

Une  autre  série  comprend  des  sarcopliages  ornés  de  bas- 
reliefs  représentant  des  batailles  contre  les  Gaulois.  Le 
plus  important  de  ces  sarcophages  est  celui  qui  a  été  dé- 
couvert en  1830  sur  la  voie  Appienne  dans  la  vigne  do 
Santé  Ammendola.  La  partie  supérieure  des  bas-reliefs 
représente  des  groupes  de  captifs  et  de  captives  avec  leurs 
enfants,  des  armes  et  deux  morts.  Aux  angles  sont  fignrées 
des  têtes  de  Barbares.  Le  reste  des  bas-reliefs  est  occupé 
par  une  scène  de  combat  (2). 

Parmi  les  monuments  qui  représentent   vraiaemblahh' 
ment  des  Gaulois,  on  peut  encore  citer  :  la  statue  trouvée 
à  Montdragon  (Vaucluse)  et  conservée  au  Musée  Calvel  à 


(1)  Revue  archéologique,  t.  xiii  (1889),  p.  11-13,  Bulletin  de 
correspondance  hellénique,  t.  xiii  (1889),  p,  123  ,pl.  I.  Baumeis- 
TER,  Denkmàler  des  klassischen  Alterlums,  fig.  1411  et  suiv. 
Œuvres  de  A.  de.  Longpérier,  réunies  par  G.  Sciilumbehger, 
Paris,  1883,  t.  ii,  p.  374-380,  pi.  VII.  Dans  un  article  de  la 
Revue  celtique,  (t  xxx.  p.  67-72),  M.  Ad.  Reinach  étudie  oL 
compare  aux  trophées  de  Pergame  les  trophées  de  la  frise  du 
bouleuterion  de  Milet  élevé  par  le  roi  de  Svrie  Antiochus  iv 
(  175-1  r.4). 

(2)  Voir  l'excellente  reproduction  donnée  dans  la  Revue  ar- 
chéologique, t.  XII  (1888),  pi.  xxn-xxiii. 


LES  SOURCES  ET  LA  METHODE  47 

Avignon,  précieuse  pour  l'étude  de  l'armement  celtique  (1)  ; 
l'arc  d'Orange  qui  daterait  du  i"  siècle  avant  J.-C,  sur 
lequel  sont  sculptés  des  combats  entre  Romains  et  Barbares 
et  des  trophées  d'armes  (2)  ;  le  tombeau  des  Jule?.  à  vSaint- 
Rémy  (Bouches-du-Rhône),  dont  une  face  représente  un 
combat  de  cavalerie  (3);  le  pilier  d'Entremont  (Bouches 
du-Rliône)  où  sont  figurés  des  cavaliers  barbares,  et  (jui 
semble  dater  do  la  fin  du  ii*  siècle  avant  J,G.  (4)  ;  le  mo- 
nument de  Biot  (Alpes-Maritimes),  où  l'on  a  retrouvé  les 
restes  d'un  trophée  d'armes  gauloises  (o),  les  autels  des 
Nauiae  Parisiaci  au  musée  de  Gluny  qui  représentent, 
outre  des  divinités  celtiques,  deux  groupes  de  personnages 
armés,  au  dessus  deux  inscriptions  portent  :  lune  Evrises, 
l'autre   Sbnani    vseilo  ..     (6)    ;    le    portifjue   d'Athéna   à 


(1)  Revue  archéologique,  t.  xvi  (1867),  pi.  xiii,  p.  69.  Diction~ 
nuire  archéologique  de  la  Gaule,  t.  i,  planches.  Espérandieu, 
Recueil  gêné  al,  .t.  i,  p.  210.  D'après  J.  Formigé  [Revue  ar- 
chéologique, t.  XVI  (1910),  p.  24.3),  cette  statue  proviendrait 
de  la  décoration  de  l'arc  d'Orange. 

(2)  A.  DE  Laborde,  Monuments  de  la  France,  pi.  xlviii-xi.ix. 
Desjardins,  Géographie  historique  et  administrative  de  la  Gaule 
romaine,  t.  m,  pi.  xii  et  xiii  ;  Courbaud,  Le  bas-relief  romain  à 
représentations  historiques,  Paris,  1899,  p.  330-334;  Es:  éran- 
dieu,  Recueil  général,  t.  i,  p.  188-205. 

(3)  A.  de  Laborde,  Monuments  de  la  France,  pi.  lxxxiii- 
Lxxxv  ;  RiTscHL,  Opuscula  philologica,  t.  iv,  p.  557  et  suiv.  ; 
Courbaud,  Le  bas-relief  romain,  p.  328-330  ;  Espérandieu, 
Recueil  général,  t.  i,  p.  92-98. 

('i)  E.  Desjardins,  Géographie  Iiistorique  et  administrative  de 
la  Gaule  romaine,  t.  ii,  p.  112,  pi.  1  ;  Espérandieu,  Recueil 
général,  t.  i,  p.  83-85. 

(5)  R.  Laurent  et  Ch.  Dugas,  Le  monument  romain  de  Biot, 
Revue  des  études  anciennes,  t.  ix,  p.  48-68  ,pl.  ii-vi  ;  Espéran- 
dieu, Recueil  général,  t.  i,  p,  29-31. 

(6)  E.  Desjardins,  Géographie  historique  et  administrative 
de  la  Gaule  romaine,  t.  iii,  p.  261-263  ;  A.  T.  Vercoutre,  Re- 
vue archéologique,  t.  ix   (1907),  p.  31-37   (fig.)  ;  Espérandieu, 


48  MONNAIES 

Pergame,  décoré  de  trophées  d'armes  (1)  ;  un  vase  de 
bronze  provenant  de  Pompéi  et  orné  de  deux  hommes 
barbus  (2)  ;  deux  statuettes  de  la  nécropole  de  Myrina  (3). 
Le  chaudron  en  argent,  de  Gundestrup,  découvert  dans 
une  tourbière  du  Jutland,  est  décoré  de  bas-reliefs  oii  sont 
figurées,  croit-on,  les  divinités  les  plus  singulières  de  la 
mythologie  celtique  (4), 

Il  est  probable  que  la  plupart  des  représentations  an- 
ciennes de  Celtes  proviennent  de  modèles  antérieurs  et 
qu'elles  ne  sont  pas  directement  inspirées  de  la  nature. 
M.  S.  Reinach  pense  qu'elles  dérivent  de  deux  sources 
principales,  l'une  pergaménienne  que  nous  connaissons  en 
partie,  l'autre  delphique,  issue  des  expéditions  gauloises 
en  Grèce  (280-279),  et  dont  nous  ne  savons  presque  rien. 
Dans  ce  cas,  les  monuments  gréco-romains  ne  nous  ren- 
seigneraient que  sur  les  Gaulois  d'Orient  du  iiT  siècle  avant 
notre  ère. 

Les  principales  monnaies  où  l'on  peut  trouver  des  types 
ou  des  armes  celtiques  sont  des  monnaies  romaines  :  les 
deniers  des  familles  Claudia  et  Gornelia,  d'IIostilius  Saserna, 


Recueil  général,  t.  iv,  p.  208-214  ;  Revue  des  études  anciennes, 
t.  IX,  pi.  xi-xiv. 

(1)  Revue  archéologique,  t.  xiii  (1889),  pi.  ix. 

(2)  A.  DE  LoNGPÉRiER,  Œuvrcs,  t.  II,  p.  379  ;  Quiciierat, 
Histoire  du  costume  en  France,  p.  8. 

(3)  Revue  archéologique,  t.  xiii  (1889),  p.  197. 

(4)  Voir  la  reproduction  et  le  coninientaire  donnés  chez 
A.  Bertrand,  La  religion  des  Gaulois,  p.  363-380  ;  et  par 
M.  C.  JuLLiAN  [Revue  des  études  anciennes,  t.  x  (1908),  p.  71-75, 
pi.  i-x)  qui  croit  le  vase  d'origine  cimbrc  et  le  compare  au  vase 
aux  sept  dieux  du  Cabinet  des  médailles.  Cf.  J.  Déchelette, 
Revue  de  synthèse  historique,  t.  m,  p.  54.  Sur  les  monuments  non 
cités  ici,  consulter  S.  Reinach,  Les  Gaulois  dans  l'art  antique 
Revue  archéologique,  t.  xiii  (1889),  p.  187-203,  317-352. 


LES    SOURCES    ET    LA    METHODE  49 

des  familles  Aurélia,  Cosconia,  Domitia,  Licinia,  Pom[)o- 
nia,  Porcia,  Sergia  (1).  Les  monnaies  autonomes  de  la 
Gaule,  sauf  quelques  exceptions  (2),  offrent  non  des  por- 
traits, mais  des  reproductions  grossières  d'effigies  grecques. 
Il  est  fort  possible  que  le  graveur  ait  parfois  emprunté 
quelque  détail  à  la  civilisation  gauloise,  mais,  d'après  A.  de 
Barthélémy  (3),  ce  serait  exceptionnel.  «  Le  plus  sage  est 
de  chercher  si  telle  figure,  bizarre  à  première  vue,  ne 
s'explique  pas  naturellement  par  la  loi  de  dégénérescence.  » 
D'autre  part,  les  détails  de  la  gravure  sont  rarement  assez 
nets  pour  que  l'on  puisse  décrire  avec  précision  les  objets 
représentés.  Les  monnaies  les  plus  anciennes  sont  généra- 
lement dépourvues  d'inscriptions;  puis,  apparaissent  des 

(1)  Blanchet,  Les  Gaulois  et  les  Germains  sur  les  monnaies 
romaines,  Congrès  international  de  numismatique,  Bruxelles,  1891. 
On  trouvera  des  reproductions  des  monnaies  gauloises  dans  le 
Dictionnaire  archéologique  de  la  Gaule,  t.  i  et  ii  ;  dans  l'Atlas  de 
monnaies  gauloises  (2.000  reproductions),  publié  par  M.  de  la 
Tour,  Paris,  1892  ;  cf.  le  Catalogue  des  monnaies  gauloises  de  la 
Bibliothèque  nationale,  par  MM.  Muret  et  Chabouillet,  Paris, 
1889  ;  dans  la  Revue  archéologique,  t.  xii  (1866),  pi.  x  et  xi  ; 
t.  XIV  (1867),  pi.  III  ;  t.  xLi  (1881),  pi.  v,  vi,  vu  ;  t.  vu  (1886), 
pi.  m  ;  dans  la  Revue  numismatique,  t.  i  (1883),  p.  1-19  (pi.)  ; 
t.  II  (1884),  p.  1-2  ;  t.  III  (1585),  p.  137-156  (pi.)  ;  t.  iv  (1886), 
p.  193-202  (pi.)  ;  t.  xi  (1893),  p.  305-326  (pi.)  ;  t.  xii  (1894), 
p.  12-46  (pi.)  ;  t.  m  (1899),  p.  129-172  (monnaies  du  Mont-Beu- 
vray)  ;  p.  258-273  (pi.)  ;  t.  viii  (1904),  (p.  23-32  ;  297-316  ;  chez 
M.  Blanchet,  Traité  des  monnaies  gauloises,  Paris,  1905  (pi.), 
qui  tient  compte  de  toutes  les  publications  antérieures  et  con- 
tient 620  reprodvictions  de  monnaies.  M.  Blanchet  publie  dans 
la  Revue  celtique,  depuis  1910,  une  chronique  de  numismatique. 

(2)  Voir  surtout  F.  de  Saulcy,  Numismatique  des  chefs  gau- 
lois mentionnés  dans  les  Commentaires  de  Jules  César,  Paris, 
1867  ;  Blanchet,  Traité  des  monnaies  gauloises,  p.  153-157. 
M.  Babelon  a  recherché  (Revue  numismatique,  t.  vi  (1902), 
p.  3-35),  l'effigie  de  Vercingétorix  sur  les  monnaies  gauloises  et 
romaines.  Jullian,   Vercingétorix,  p.  353-357. 

(3)  Ra  ue  celtique,  t.  xi,  p.  77.  Cf.  Revue  ceUique,  t.  i,  p.  292. 
Cf.  A.  Blanchet,  Traité  des  monnaies  gauloises,  p.  179-225. 

G.  DoTTiN.  —  Manuel  de  l'antiquité  celtique.  4 


50  A^JTHUOPOLOr.lE 

lettres  isolées  ;  puis,  deux  lettres  réunies  ou  disposées  en 
niunogramines,  enfin,  des  légendes,  abrégées  ou  non,  écrites 
en  caractères  grecs  ou  romains.  En  haute  Italie,  on  trouve 
aussi  employé  l'alphabet  étrusque,  et  en  Narbonnaise  l'al- 
phabet celtibérien  (1  .  Les  monnaies  ont,  au  point  de  vue 
archéologique,  outre  les  représentations  qu'elles  peuvent 
nous  fournir,  une  grande  importance,  car  elles  permettent 
souvent,  lors(|u'ou  est  sûr  qu'elles  ont  été  enfouies  en 
même  temps  que  les  objets  avec  lesquels  on  les  trouve, 
de  déterminer  la  date  de  ces  objets.  Malheureusement, 
pour  la  période  ((ui  nous  occupe,  de  telles  déterminations 
sont  rarement  (lossibles. 


IV 


La  certitude  dans  l'identification  des  Celles  que  l'histoire 
et  l'archéologie  ne  nous  donnent  pas  existe  à  un  bien 
moindre  degré  encore  dans  l'anthropologie  (2j.  Pour  déter- 
miner le  type  des  anciens  Celtes,  nous  pouvons  utiliser 
seulement  les  S(iuelettes  trouvés  dans  des  nécropoles  que 
pour  des  raisons  archéologiques  nous  regardons  comme 
celtiques.  D'autre  part,  la  forme  des  crânes  et  les  dimen- 
sions des  os  ne  peuvent  suffire  à  caractériser  une  race. 

Il  n'y  a  pas  de  travail  d'ensemble  sur  l'anthropologie 
d'Hallstatt  et  de  la  Bavière.  Mais  les  osspments  enfermés  dans 


11)  On  trouve  cet  alphabet  employé  concurrement  avec 
l'alphabet  grec  sur  des  monnaies  des  Longostalètes.  La  tour, 
Atlas  de  monnaies  gauloises,  n"^  2350-2399. 

(2)  On  trouvera  la  bibliographie  de  l'anthropologie  celtique 
chez  W.  Z.  RiPLEY,  The  races  of  Europe,  a  sociological  study, 
London,  1900,  p.  140-141. 


LÉS    SOLRCeS    ET    LA    METHODE  51 

les  liimnli  de  Bourgogne  et  de  Franche -Comté  ont  été  étu- 
diés (1).  Les  cimetières  delà  Marne  ont  fourni  de  nombreux 
crânes,  dispersés  aujourd'hui.  On  a  trouvé  à  la  Tène  une  dou- 
zaine de  crânes  et  les  restes  d'une  trentaine  de  squelettes  (2). 

On  possède  peu  de  crânes  celtibères.  Dans  les  Iles  Bri- 
tanniques, on  a  retrouvé  peu  de  crânes  antérieurs  à  la  do- 
mination romaine  (3).  On  ne  connaît  aucun  crâne  de 
Gaulois  d'Asie  (4).  Il  est  inutile  de  chercher,  au  xx""  siècle 
de  notre  ère,  en  déterminantl'indice  céphalique  des  peuples 
de  langue  celtique,  à  en  conclure  la  forme  du  crâne  des 
Celtes  du  iv''  siècle  avant  notre  ère.  Les  mélanges  entre 
peuples,  les  différences  dans  les  conditions  matérielles  de 
la  vie  et  dans  la  situation  géographique  ont  dû  nécessaire- 
ment modifier  le  squelette.  En  tout  cas,  actuellement.au 
point  de  vue  anthropologique,  les  Bretons  sont  aussi  loin 
des  Gallois  que,  à  certains  égards,  les  Gallois  des  Ecos- 
sais (5),  si  l'on  s'en  rapporte  à  des  statistiques  dont  de 
nouvelles  recherches  pourront  modifier  les  conclusions  (6). 

Les  œuvres  d'art  antique  représentant  des  Gaulois  ne 
peuvent  guère,  étant  donné  qu'elles  reproduisent  sans 
doute  un  type  conventionnel,  nous  fournir  des  documents 
anthropologiques  (7). 

(1)  E.  T.  Hamy,  Les  premiers  Gaulois.  L'AnUiropologie, 
t.  XVII,  p.  1-25,  127-139. 

(2)  Gross,  La  Tène  p.  50-52. 

(3)  Greenwell,  British  harrows,  Oxford,  1877,  p.  129. 

(4)  G.  Vacher  de  Lapouge,  L'Aryen,  son  rôle  historique, 
p.  305-310. 

(5)  RiPLEY,  The  races  of  Europe,  p.  127. 

(6)  Voir  sur  l'incertitude  de  ces  données  J.  Loth,  Annales 
de  Bretagne,  t.  xxii,  p.  152-155. 

(7)  A.  Bertrand  et  S.  Reinacii,  Les  Celtes  dans  les  vallées 
du  Pô  et  du  Danube,  p.  39. 


52  LINGUISTIQUE 


Les  hypothèses  initiales  que  nécessitent  les  démonstra- 
tions de  l'archéologie  et  de  l'anthropologie  ne  sont  pas  né- 
cessaires à  la  linguistique.  Cette  science  se  propose  de  re- 
chercher les  traces  qu'a  laissées  la  langue  des  anciens 
Celtes,  et  de  reconstituer  ainsi  une  partie  de  leur  civilisa- 
tion et  de  leur  histoire.  Tout  objet  portant  un  nom  celtique 
a  évidemment  été  en  usage  chez  les  Celtes.  Toute  idée  dont 
l'expression  celtique  a  subsisté  appartenait  sûrement  au 
fonds  intellectuel  des  Celtes.  Tout  peuple  dont  le  nom  est 
formé  de  mots  celtiques  est  vraisemblablement  celte.  Tout 
lieu  dont  le  nom  s'explique  par  les  langues  celtiques  a  été 
nécessairement  occupé  par  les  Celtes  qui  l'ont  dénommé. 
Cette  méthode  précise  ne  pourra  donner  des  résultats  com- 
plets. Les  Celtes  ont  pu  emprunter  à  d'autres  langues  des 
noms  d'objets  et  d'idées  ;  ils  ont  pu  adopter,  pour  dénom- 
mer leurs  tribus,  des  noms  que  des  étrangers  leur  appli- 
quaient ;  ils  ont  pu  occuper  des  villes  sans  en  changer  le 
nom  ancien. 

Nous  connaissons  directement  les  anciennes  langues  cel- 
tiques par  les  quelques  citations  qu'en  donnent  les  écri- 
vains grecs  et  romains  ;  ce  sont  pour  la  plupart,  si  l'on 
excepte  les  noms  de  personnes  et  de  lieux,  des  termes 
techniques  pour  désigner  des  objets  d'invention  celtique 
ou  des  noms  de  plantes  cultivées  en  Gaule  (1). 

Le  plus  souvent,  les  écrivains  qui  nous  les  ont  conservés 

(1)  Ces  termes  nous  ont  été  conservés  surtout  par  Pline,  Dios- 
coride,  Apulée  et  MarccUus  de  Bordeaux, 


LES    SOURCES    ET    LA    METHODE  53 

et  qui  nous  renseignent  sur  leur  origine  les  ont  empruntés 
à  des  auteurs  plus  anciens.  On  peut,  dans  certains  cas, 
douter  de  l'exactitude  de  la  transcription.  Peu  d'auteurs  de 
l'Antiquité  ont  été,  nous  l'avons  dit,  en  rapport  direct 
avec  des  Celtes,  et  il  est  improbable  que  les  mots  qui  nous 
sont  parvenus  aient  été  recueillis  verbalement  par  ceux 
qui  nous  les  ont  transmis  (1).  La  provenance  est  souvent 
suspecte.  Chez  les  Gr«cs,  KeXxo-  et  PaÀiTat  ne  sont  pas 
toujours  synonymes  ;  nous  avons  vu  que  pour  Dion  Cas- 
sius,  par  exemple,  Talixa'.  désigne  les  Gaulois,  et  KeXto! 
les  Germains.  De  bonne  heure,  Gaîlia,  Galli  ont  été  des 
expressions  géographiques  plutôt  qu'ethnographiques  et 
ont  désigné  le  pays  situé  entre  l'Atlantique,  le  Rhin,  les 
Alpes,  la  Méditerranée,  les  Pyrénées,  et  les  habitants  de 
ce  pays.  Dans  un  grand  nombre  de  cas,  nous  ne  pouvons 
déterminer  que  par  conjecture  l'extension  de  ces  termes. 
Quand  donc  un  écrivain  grec  ou  latin  nous  dit  qu'un  mot 
est  gaulois  ou  celtique,  nous  ne  savons  pas  toujours  ce 
qu'il  veut  dire  par  là.  Le  terme  en  question  est-il  em- 
prunté à  une  des  langues  qui  représentent  l'état  ancien  des 
langues  celtiques  actuelles,  ou  à  un  des  dialectes  parlés  par 
les  peuples  non-celtiques  établis  dans  les  territoires  désignés 
sous  le  nom  géographique  de  Celtique  '^  Si  l'origine  du 
terme  est  souvent  douteuse,  la  forme  et  le  sens  en  sont 
aussi  sujets  à  caution,  toutes  les  fois  que  nous  ne  pouvons 
savoir  comment  l'auteur  grec  ou  latin  a  pu  le  connaître  et 

(1)  Ainsi,  un  scholiaste  des  Géorgiques  (ii,  88)  à  propos  du 
mot  volema  qui  désigne  une  espèce  de  poires,  écrit  :  volema 
Gallica  lingua  bona  et  grandia  dicunlw.  Or,  on  ne  trouve  aucun 
mot  semblable  dans  les  langues  celtiques,  tandis  que  valaernon, 
en  osque,  signifie  i  très  bon  ».  Il  est  donc  probable  que  le  scho- 
liaste a  confondu  le  gaulois  et  l'osque. 


54  LI.NfillFSTIOCE 

qui  lui  en  a  fourni  la  traduction.  Quant  aux  mots  que  les 
écrivains  du  moyen-âge  nous  donnent  comme  gaulois,  ils 
appartiennent,  évidemment,  à  la  langue  vulgaire  parlée  en 
Gaule,  langue  qui  n'était  point,  à  cette  époque,  un  dialecte 
celtique,  et  Torigine  celtique  de  ces  mots  ne  peut  être 
prouvée  que  par  la  linguistique. 

Les  mots  celtiques  que  nous  offrent  les  inscriptions 
grecques  ou  latines  sont  presque  tous  des  noms  propres. 
Tandis  que,  chez  les  écrivains,  le  contexte  i^ermet  de  dé- 
terminer la  nationalité,  celtique  ou  non,  d'un  personnage, 
il  arrive  souvent  que,  dans  les  inscriptions,  la  nationalité 
n'est  pas  indiquée.  Dans  ce  cas,  les  noms  barbares  ne  peu- 
vent être  attribués  aux  Celtes  qu'à  la  suite  d'une  minu- 
tieuse comparaison  linguistique,  la  provenance  géogra- 
phique d'un  nom  ne  pouvant,  à  elle  seule  déterminer  ni  la 
race,  ni  la  nationalité,  ni,  à  plus  forte  raison,  la  langue. 

Mais,  parmi  les  inscriptions  découvertes  dans  les  pays 
(jui  portent  dans  l'Antiquité  le  nom  de  ccltit/aes,  il  en  est 
(juelques-unes  qui  sont  rédigées  en  une  langue  qui  n'est  ni 
le  grec  ni  le  latin.  Tant  qu'on  no  les  aura  pas  expliquées 
d'un  bout  à  l'autre  à  l'aide  des  formes  anciennes  des 
langues  celtiques  actuelles,  il  serait  téméraire  de  leur  don- 
ner le  nom  d'inscriptions  celtiques.  Du  fait  qu'on  y  trouve 
des  noms  propres  celtiques,  on  ne  saurait  rien  conclure, 
comble  nous  venons  de  le  faire  remarquer.  Si  même  on 
découvre  dans  une  inscription  quelques  mots  qui,  expli- 
qués à  l'aide  des  langues  celtiques,  auraient  un  sens  vrai- 
semblable, il  est  peu  scientifique  d'en  tirer  une  conclusion 
sur  la  langue  de  l'ensemble  de  l'inscription,  les  langues 
l)arlées  en  Gaule  ayant  sans  doute  emprunté  quelques 
mots  au  celtique,  et,  d'ailleurs,  les  co'iucidences  fortuites 


LES  SOURCES  ET  LA  METHODE  55 

entre  des   mots  appartenant  à  des  familles   de  langues 
différentes  n'étant  pas  rares  (1). 

Le  moyen  le  plus  sûr  pour  connaître  les  anciens  dialectes 
celtiques  est  de  les  chercher  dans  les  langues  celtiques  en- 
core vivantes,  dont  nous  avons  des  textes  qui  remontent  au 
inoins  au  ix"  siècle.  Ces  langues  se  divisent  en  deux 
,i;roupes:le  gaélique,  parlé  en  Irlande  et  en  Ecosse  ;  le 
i)reton,  conservé  dans  le  pava  de  Galles  et  importé  dans  la 
Hretagne  française  au  vi*  siècle  de  notre  ère  ;  au  xviii^  siècle, 
on  parlait  encore  un  dialecte  breton  dans  la  Cornouaillc  an- 

(1)  Le  premier  recueil  scientifique  des  mots  celtiques  que  l'on 
peut  relever  chez  les  auteurs  de  l'Anticpiité  est  dû  à  Diefenbach 
Cellica,  I.  Stuttgart,  1839.  Mais  l'étude  du  vocabulaire,  d'après 
la  méthode  com})arative  historique,  a  été  faite  pour  la  première 
fois  par  le  fondateur  de  la  philologie  celtique,  I.  G.  Zeuss,  dans 
sa  célèbre  Graintndtica  cellica,  dont  la  première  édition  parut  à 
Leipzig  en  1853.  Après  lui,  Gliick  a  étudié  spécialement  les  noms 
celtiques  que  l'on  trouve  chez  Ct:sAR  [Die  bel  Caius  Julius  Ciesar 
vorkommendcn  keliischen  Naiiien,  Munich,  1857  );  J.  Becker, 
dans  les  Beitrœgede  Kuun  et  Schleicher  (t.  m  et  iv)  ;  Pictet, 
dans  la  Rente  archéologique  (1864,  1865,  1867)  ;  Ebel,  dans  la 
seconde  édition  de  la  Grainmatica  cellica  (1871),  ont  renouvelé 
en  partie  l'étude  de  la  grammaire  et  de  la  lexicographie  celtique. 
A  une  époque  plus  rapprochée  de  nous,  Wu.  Stokes  (surtout 
dans  Celtic  declension,  Bezzenberger's  Beilrdge,  t.  xi,  p.  64-175)  ; 
IL  d'Arbois  de  JuBAiNvitLE  (cu  parliculicr  dans  Les  mots 
gaulois  chez  César  et  Hirtius,  De  bello  gallico,  Paris,  1891)  ; 
E.  Ernault  (Dictionnaire  étymologique  du  breton  moyen,  Nantes, 
1888  ;  Glossaire  moyen-breton,  Paris,  1895-1896),  ont  montré 
autant  d'ingéniosité  que  de  science  soit  en  proposant  des  expli- 
cations nouvelles  de  mots  déjà  interprétés,  soit  en  essayant  de 
déterminer  le  sens  de  mots  obscurs.  R.  Tiiurneysen  (Kcltoro- 
manisches,  Halle,  1884)  ;  W.  Mever-Luebke  [Einfuhrung  in 
das  Studium  der  Rowcinischen  Sprach<>visse7ischaft,  Heidelberg, 
1901),  ont  étudié  les  éléments  celtiques  qui  persistent  dans  les 
langues  romanes.  Un  bon  précis  de  nos  connaissances  sur  le  cel- 
tique continental  et  le  vieux  celtique  de  Grande-Bretagne  est 
contenu  dans  la  Chrestomathie  bretonne  de  J.  Loth  (Paris,  1890). 
Voir  aussi  Windiscu,  dans  le  Grundriss  der  Romanischen  Phi- 
lologie de  Grœber,  t.  I,  p.  283. 


56  LINGUISTIQUE 

glaise.  La  comparaison  de  ces  deux  groupes  permet  de  dé- 
terminer les  éléments  qui  leur  sont  communs  et  qui  for- 
maient les  caractéristiques  de  la  langue  commune  des  Celtes 
ou  Gaulois  à  l'époque  lointaine  où  elle  ne  s'était  pas  sé- 
parée en  deux  rameaux  distincts.  On  peut  même  remonter 
plus  loin  en  comparant  la  langue  celtique  ainsi  restituée 
aux  autres  langues  indo-européennes,  rétablies,  elles  aussi, 
sous  leur  forme  la  plus  ancienne.  Pour  donner  un  exemple 
de  cette  méthode,  considérons  quelques  désinences  de  la 
déclinaison  en-o.  En  gaélique  comme  en  breton,  lés  voyelles 
brèves  en  syllabe  finale  sont  tombées,  en  sorte  que  le  mot 
qui  correspond  au  latin  equos,  grec  "ttuo;,  est  en  gaélique 
ech,  en  breton  *  eb.  Mais,  en  gaélique,  les  consonnes  ont 
deux  sons  :  un  son  vélaire,  quand  elles  sont  suivies  de  a,  o, 
Il  ;  un  son  palatal,  quand  elles  sont  suivies  de  e,  i.  Or,  le 
eh  de  ech  a  maintenant  encore  le  son  vélaire.  Il  était  donc 
suivi  primitivement  d'une  des  voyelles  a,  o,  u.  La  compa- 
raison avec  le  grec  et  le  latin  nous  montre  que  cette  voyelle 
était  un  o.  Au  génitif,  on  a  eich  avec  un  ch  palatal  ;  donc 
la  voyelle  tombée  était  un  e  ou  un  i  ;  le  latin  eqiil  nous  a|)- 
prend  que  cette  voyelle  était  /.  Au  vocatif,  ech,  axecch  pa- 
latal, était  jadis  terminé  par  c,  comme  le  montre  le  lai  in 
eqiie.  L'ancien  celtique  avait  donc  au  nominatif,  vocatif  et 
génitif  de  la  déclinaison  en  o  les  mômes  désinences  que  le 
latin.  Il  n'y  aura  aucune  témérité  à  restituer  aux  formes  an- 
ciennes des  dialectes  celtiques  ces  désinences  perdues.  De 
même,  on  pourra  rétablir,  au  commencement  ou  à  l'inté- 
rieur des  mots,  les  voyelles  ou  les  consonnes  dont  la  com- 
paraison des  langues  celtiques  entre  elles,  d'abord,  puis  la 
comparaison  avec  les  autres  langues  indo-européennes,  en- 
suite, permettra  d'établir  la  présence  ancienne.  Ainsi,  si 


LES    SOURCES    ET    LA    METHODE  57 

l'on  compare  l'irlandais  sét  a  chemin  »  au  breton  lient  qui 
a  le  même  sens,  on  remarque  qu'à  l\s^  irlandais  répond  un 
h  en  bretjpn,   et  que  nt  breton  est  représenté  en  irlandais 
par  t,  avec  allongement  compensatif  de  la  voyelle  précé- 
dente. Ces  phénomènes  ne  sont  pas  propres  au  seul  mot 
sét-hent.  On  a  de  même  pour  s  ^^  h  :   irl.  sen  «  vieux  », 
bret.  hen  ;  irl.  samail  «  semblable  )s  bret.  hével;  irl.  sa- 
lann  «  sel  »,  gall.  halen  ;  irl.  sir  «  long  »,  bret.  hir,  gall. 
hir  \  et  pour  /=   nt:    cet   «cent»,    gall.    cant;   \x\.dtt 
«  dent  »,  gall.  dant,  bret.  dant.  On  sera  donc  fondé  à  res- 
tituer *  senlo  comme  la  forme  celtique  antérieure  à  sét  et  à 
hent.  C'est  sans  doute  ce  mot  qui  a  formé  la  seconde  partie 
de  Gabro-sentum,  nom   d'une  ville  de  Grande-Bretagne. 
Les  restitutions  de  ce  genre  nous  donneront  des  formes  cel- 
tiques antérieures  môme  aux  plus  anciens  exemples  que 
nous  puissions  recueillir  de  la  langue  des  Celtes.  On  a  pu 
dresser  le  vocabulaire  vieux-celtique  que  la  méthode  com- 
parative permet  d'établir  (1).  Ce  vocabulaire  compte  en- 
viron 2.250  mots.  Outre  l'intérêt  de  curiosité  qu'il  présente, 
il  est  indispensable  pour  déterminer  l'origine  et  l'étymo- 
logie  des  mots  qui  nous  sont  donnés  comme  celtiques  par 
les  écrivains   anciens,  ou  que  l'on  suppose   tels  dans  les 
livres  ou  les  inscriptions.  Mais  il  ne  faut  pas  dissimuler  que 
ce  vocabulaire  est  loin  de  contenir  tous  les  mots  du  vieux 
celtique,  et  qu'on  ne  saurait  conclure  à  la  non-celticité  d'un 
mot  du  fait  qu'il  ne  coïncide  avec  aucun  mot  du  vocabu- 
laire vieux-celtique  restitué.  D'autre  part,  les  seules  langues 
celtiques  qui    aient    persisté  jusqu'à  nos  jours  sont   les 

(1)  Urkeltischer  Sprachschatz,  von  Wh.  Stokes  und  Ad.  Bez- 
zenbergeu  (Fick,  Vergleichendes  Wôrterbuch  der  Indogerma- 
nischen  Sprachen,  'i^  éd.,  t.  n),  Gôttingen,  1894, 


58  LINGUISTIQUE 

langues  des  îles  Britanniques,  et  elles  ne  nous  fournissent 
aucun  renseignement  direct  surl'étatdu  celtiquecontinental. 

L'emploi  de  la  méthode  linguistique  permettra,  par 
l'étude  des  noms  de  lieux  et  de  personnes,  de  trouver  les 
traces  d»'s  Celtes  là  où  Ihistoire  ne  les  avait  guère  signa^. 
lées.  Il  serait  d'ailleurs  téméraire  de  demander  à  cette  mé- 
thode plus  quelle  ne  peut  nous  donner.  D'abord  les  noms 
propres  sont  souvent  altérés  et  on  ne  saurait  être  trop  pru- 
dent quand  on  essaie  den  restituer  la  forme  primitive. 
Puis,  les  noms  propres  que  pour  des  raisons  de  linguistique 
nous  regardons  comme  celtiques  ne  le  sont  pas  tous  à  un 
égal  degré  de  vraisemblance.  L'identité  de  forme  d'un  nom 
propre  ou  d'un  terme  de  nom  propre  avec  un  mot  du  vieux 
celtique  insulaire,  quand  d'autre  part  el'e  entraine  une 
explication  raisonnable  du  nom  propre,  nous  amène  très 
près  de  la  certitude  scientifique.  Lorsqu'il  n'y  a  plus  iden- 
tité, mais  seulement  parenté  de  forme,  ou  lorscjue  le  sens 
du  mot  celtique  nous  semble  par  trop  éloigné  du  sens  pos- 
sible du  nom  propre,  le  rapprochement  peut  être  dû  au 
hasard,  lùifin,  lorsque  l'on  sera  arrivé  à  fixer,  avec  la  plus 
grande  somme  possible  de  vraisemblance,  la  qualité  cel- 
tique d'un  nom  de  lieu,  il  restera  encore  à  déterminera 
f|uelle  époque  le  lieu  a  été  ainsi  dénommé  et  quel  rapport 
cet  établissement  a  avec  l'histoire  des  anciens  Celtes. 
L'étude  critique  des  noms  de  personnes  présumés  celtiques 
présentera  des  difficultés  analogues  et  plus  grandes  encore. 

Quoi  qu'il  en   soit,    la  méthode  linguistique  nous  appor 
tera,  pour  résoudre  les  problèmes  que  pose  à  chaque  ins- 
tant l'ancienne  histoire  des  Celtes,  une  aide  efficace,  et 
dresser  l'inventaire  des  ressources  qu'elle  nous  offre  devra 
être  notre  [iremier  soin. 


LES    SOURCES    ET    LA    METHODE  59 

L'histoire,  la  linguistique,  l'archéologie,  l'anthropologie 
nous  renseigneront  ainsi,  à  des  degrés  divers,  sur  les  an- 
ciens Celtes.  Mais  tandis  que  l'anthropologie  nous  fait  con- 
naître des  types  de  la  race  humaine,  l'archéologie  des  ci- 
vilisations, la  linguistique  des  langues,  l'histoire  seule  nous 
met  en  contact  avec  des  peuples.  Que  la  notion  de  peuple 
ait  été  dans  l'Antiquité  plus  confuse  qu'aujourd'hui,  il  n'en 
subsiste  pas  moins  que  les  historiens  et  les  géographes 
grecs  et  romains  ont  eu  l'idée  d'un  peuple  celte,  comme  ils 
avaient  l'idée  d'un  peuple  scythe  on  d'un  peuple  carthagi- 
nois. Quelque  inexacte  dans  le  détail  que  soit  cette  idée, 
nous  n'avons  en  tout  cas  rien  de  plus  solide  où  nous 
prendre  quand  nous  cherchons,  presque  à  tâtons,  les  an- 
ciens Celtes.  Ce  sont  donc  les  témoignages  des  anciens  qui 
constituent  le  fonds  même  de  notre  science.  La  linguistique 
se  tient  sur  un  terrain  moins  large  et  plus  sur  ;  mais  nous 
avons  à  déterminer  qu'un  mot  est  celtique  par  une  mé- 
thode qui,  quelque  minutieuse  qu'elle  soit,  n'apporte  pas 
une  certitude  absolue  Attribuer  aux  Celtes  un  objet,  un 
monument,  ou  un  type  déterminé  ne  sera  possible  que  si 
les  textes  nous  en  ont  laissé  une  description  qui  réponde 
assez  exactement  à  la  réalité.  Si  nous  ne  voulons  pas  ris- 
quer d'errer  au  hasard,  il  faudra  nous  résoudre  à  ne  nous 
servir  de  la  linguistique,  de  l'archéologie  et  de  l'anthropo- 
logie que  comme  de  sciences  auxiliaires  de  l'histoire  et  à  ne 
faire  intervenir  les  renseignements  qu'elles  nous  four- 
nissent que  pour  commenter  et  vivifier  les  textes  histo- 
riques. 


CHAPITRE    II 


LA  LANGUE  (1) 

Les  noms  communs  conservés  par  les  écrivains  Grecs  et  Latins. 
— ■  Les  inscriptions  gauloises  en  caractères  nord-étrusques,  en 
caractères  grecs,  en  caractères  latins.  —  Les  inscriptions  la- 
tines et  grecques.  —  Les  noms  propres  de  personnes  et  de 
lieux  ;  sens  des  éléments  qui  entrent  dans  la  composition  des 
noms  propres.  —  Les  mots  restitués  par  la  linguistique.  — 
Caractéristiques  du  vieux  celtique.  —  Histoire  du  celtique 
continental  ;  sa  disparition.  —  Les  celtomanes  ;  le  breton, 
ancêtre  du  français. 

Si  l'on  en  juge  par  l'étendue  des  répertoires  où  les  re 
liques  linguistiques  des  anciens  Celtes  nous  ont  été  conser- 
vées, il  semljle  que  nous  puissions  nous  faire  du  vieux  cel- 
tique une  idée  exacte  et  précise.  Le  Dictionnaire  ginilois  de 
Roget  de  Belloguet  (2)  ne  contient  guère  que  500  mots. 
Mais  le  Alt-celfischcr  Sprachs(/i(itz,d'A\lved  Holder,  encore 
inachevé,  en  compte  déjà  plus  de  30.000.  A  ne  considérer 
que  ce  total,  on  connaîtrait  donc  près  de  dix  fois  plus  de 
mots  celtiques  que  de  mots  gothiques  (3).  11  s'en  faut  pour- 
tant, et  de  beaucoup,  que  l'on  soit  aussi  bien  rensei- 
gné sur  la  langue  des  anciens  Celtes  que  sur  celle  dos 

(1)  Cf.  JuLLiAN,  Histoire  de  ta  Gaule,  t.  ii,  p.  360-379. 

(2)  Ethnogénie  gauloise,  t.  i. 

(r()  Le  texte  d'Ulfilas  ne  contient  guère  plus  de  3,000  mots 
(Jifférents  , 


LA    LANGUE  61 

Gots.  Si  l'on  étudie  les  éléments  dont  se  composent  les 
vocabulaires  du  vieux  celtique,  on  remarque  d'abord 
que  les  noms  propres  y  entrent  dans  une  énorme  pro- 
portion ;  les  noms  communs  n'y  figurent  guère  que  dans 
la  mesure  de  4  0  0;  la  plupart  de  ces  mots  sont  isolés; 
quelques-uns  seulement  font  partie  de  courtes  phrases  ;  à 
peine  peut-on  soupçonner  l'existence  de  quelques  formes 
verbales.  De  plus,  ce  qui  est  pire,  nous  ignorons  la  signi- 
fication de  presque  tous  les  mots  donnés  comme  celtiques  ; 
les  auteurs  de  l'Antiquité  nous  en  ont  traduit  environ  250  ; 
la  comparaison  avec  les  dialectes  celtiques  modernes  per- 
met en  outre  d'en  expliquer  environ  loO,  dont  un  grand 
nombre  de  noms  propres.  Enfin,  il  ne  faut  pas  dissimuler 
qu'on  fait  figurer  dans  les  vocabulaires  celtiques  non  seu- 
lement les  mots  des  divers  dialectes  celtiques  de  Grande- 
Bretagne,  de  Gaule,  de  l'Europe  centrale,  d'Espagne,  d'Ita- 
lie et  de  Galatie,  mais  encore  tous  les  mots  qui,  transmis  par 
les  auteurs  de  l'Antiquité,  ne  sont  ni  grecs  ni  latins.  Ils 
peuvent  être,  aussi  bien  que  celtiques,  ligures,  ibères,  ger- 
maniques. Il  n'est  possible  de  faire  le  triage  qu'en  essayant 
d'identifier  les  mots  barbare^  avec  les  mots  conservés  dans 
les  dialectes  celtiques  modernes,  après  avoir  toutefois  res- 
titué à  ceux-ci  la  forme  qu'ils  avaient  aux  environs  de  l'ère 
chrétienne. 

Dresser  en  quelque  sorte  le  bilan  du  vieux  celtique  en 
classant  à  part  les  mots  qui  peuvent  sans  trop  de  difficulté 
s'expliquer  par  les  langues  celtiques  et  ceux  qui  attendent 
encore  de  cette  méthode  une  explication  raisonnable,  tel 
sera  l'objet  de  ce  chapitre  (1).  Le  plan  suivi  dans  l'exposé 

(1)  A  la  suite  de  chaque  mot,  nous  indiquons  le  texte  ancien 
où  il  est  donné  comme  celtique. 


62 


.NOMS    COMML'NS 


est  emprunté  au  Glossaire  gaulois  de  Roget  de  Belloguet.  A 
son  exemple,  je  traiterai  successivement  :  i"  des  mots  cel- 
tiques chez  les  écrivains  de  l'Antiquité  :  ceux  qui  sont 
donnés  expressément  comme  celtiques,  ceux  qui  sont 
vraisemblablement  donnés  comme  celtiques,  ceux  qui  ne 
sont  pas  donnés  comme  celtiques,  mais  que  nous  avons 
des  raisons  de  croire  tels  ;  2"  des  inscriptions  gauloises  ; 
3°  des  noms  propres  celtiques.  J'ajouterai  une  courte 
étude  sur  les  mots  du  vieux  celtique  continental  que  l'on 
n'a  pu  relever  nulle  part,  mais  dont  l'existence  est  attestée 
par  l'accord  des  langues  celtiques  modernes  et  des  langues 
romanes. 

1.  Mots  celtiques  chez  les  écrivains  db  l'antiquité 

1°  Mots  donnés'  expressément  connue  celtiques. 

Parmi  les  mots  donnés  expressément  comme  celtiques 
par  les  écrivains  de  l'Anliquité,  voici  ceux  qui  correspon- 
dent à  des  mots  conservés  parles  langues  celtiques  (1). 

xôpjjLa  (Poseidônios,  chez  Athénée,  IV,  36,  p.  132'^), 
•M'jpii:  (Dioscoride,  II,  110).  C'est  l'irlandais  co/rm,, en  vieux 
gallois  kuref,  c^vrf  «  bière  »,  gall.  mod.  c^vnv  ;  cf.  cen'esia 
ci-après,  p.  83. 

pâpoot  (Poseidônios,  chez  Athénée,  VI,  49,  p.  246"'')  ; 
hardus  «  gallice  »  cantor  qui  virorum  fortium  laudes  canit 
Paul  Diacre,  extrait  de  Festus,  p.  34;  en  irlandais  bard,  on 

(1)  Je  n'ai  pas  donné  tous  les  mots  qui,  dans  les  langues  néo- 
celtiques sont  identiques  ou  apparentés  à  leurs  ancêtres  vieux- 
ccltiqucs  ;  mais  seulement  ceux  dont  la  parenté  était  visible, 
même  à  des  personnes  n'ayant  aucune  préparation  linguistique. 


LA    LANGUE  63 

gsWois  banld  «  poète» (1). Cf.  le  nom  de  lieu   Bardo-magos. 
ambactus  «  servus  »   (Eonius  ;  César,  IV,  15,2;   Paul 
Diacre,  extrait  de  Festus,  p.  4)  ;  en  gallois  aniaeth,  «  la- 
boureur ». 

bulga  «  petit  sac  de  cuir  »  (Paul  Diacre,  extrait  de  Fes- 
tus,  p.  3o)  ;  en  irlandais  boig,  gallois  boly  «  sac,  panse  »  ; 
c'est  le  vieux  français  bouge  «  sac  ». 

SputSai  (Pseudo-Aristote,  p.  1479  a),  opouîoai  (Diodore, 
V,  31,  4);  druides  {Céssiv,  De  bell.  gaîl.,  VI,  14, 1),  rf/-«ù/ae 
(Gicéron,  De  DU'..  I,  41,  90),  drasidae,  dryaridae  (Tiraa- 
gène,  chez  Ainmien  Marcellin,  XV,  9,  4  ;  8)  ;  en  irlandais 
drui,  pluriel  druid. 

arepennis,  mesure  de  surface  (Colu nielle, /^e  re  rust., 
V,  1,  6),  semble  identiqueà  l'irlandais  a  wc/im/i  =  a/'epewni. 
C'est  le  français  arpent. 

sasia  (ms.  a^ia)  a  seigle  »  chez  les  Taurini  (Pline,  Nat. 
hist.,  XVIII,  40,  141)  correspond  au  gallois  haidd,  bret. 
heiz  «  orge  ».  Ce  serait  un  mot  gaulois  emprunté  par  les 
Ligures. 

b ra ce  &CC.  braccfn  «  farine  de  choix  »  (Pline,  .V«/.  hist., 
XVIII,  II,  62)  dont  on  fait  la  cervoise  (Glose  chez  Ducange)  ; 
en  irlandais  braich  k  malt  »,  gallois  brag  ;  c'est  le  vieux 
français  brais  «  orge  broyée  pour  préparer  la  bière  ». 

rëda,  nom  d'une  voilure  gauloise  à  quatre  roues  (  Quinii- 
lien,  I,  5,  57  ;  Uidore, Origi?ies^  xx,  2,  1)  ;  en  irlandais,  dé- 
riad  glose  bigae  ;  riad  signifie  :  «  course,  transport  »  ; 
mais  en  gallois  fJuvydd signllie  :  «  aisé,  libre  »,  bret.  roue:. 

reno  «  vestis  de  pellibus  »  (Salluste,  Hist.,  III,  fragm. 

(1)  Stokes,  {Urkeltischer  Sprachschatz)  rapproche  ce  mot  du 
V.  prussien  gerdaut  «  parler  ». 


64 


NOMS    COMMU.NS 


104  ;  Varroa,i)e  li)ig.  Int.,  V,  35).  Il  y  a  en  irlandais  un 
mot  rôin,  gallois  rhawn,\(im  signifie  :  «  longs  poils  rudes  », 
«  crinière  de  cheval  »,  et  qui  suppose  un  vieux  celtique  : 
rdni-,  râno. 

benna  «  genus  vehiculi  »  (Paul  Diacre,  extrait  de  Festus, 
p.  32)  ;  en  gallois  henn  «  chariot  »  ;  fr.  banne  L'extrait  de 
Festus  cite  aussi  le  composé  com-bennônes  «  in  eadem 
benna  sedentes.  » 

[air/.a  (ace.  i^ip>'-2'''),  noui  du  cheval  chez  les  Celtes  (Pau- 
sanias,  X,  19,  11)  ;  en  gallois  mardi,   breton  marc  h. 

gacsa  (YaTja)  «  javelots  »  (var.  cesa,  caesa)  mot  gaulois 
d'aprèsServius(.4c^  Aen.  VIII,  660).  adopté  par  les  Romains 
(César,  B.  G.  111,4,1),  mais  apparenté  à  l'irlandais  gfh',  gde, 
gallois  gwaew.  Polybe(II,  22)  rattachant  sans  doute  ce  mot  au 
grec  -(iz,%  «  trésor  »  traduit  raïaà-ratpar  «mercenaires  »  (1). 

•/.àpvov  «  corne,  trompette  »  chez  les  Galates  (Hésychius), 
cf.  /.ipvj;  «  trompette  »  des  Celtes  (Eustathe  ad  Jîiad. 
^'Ài9),  est  sans  doute  le  gallois  et  breton  car/i  «corne, 
sabot  de  cheval  »  ;  v.  gallois  carn  «  corne  à  boire  ». 

chrotta  (var.  roita)  «  harpe  «  des  Bretons  (Fortunat,  VII, 
8,  64)  ;  en  irlandais  crot,  en  gallois  croth.  crwth  ;  mais  le 
vieux  français  a  rote. 

ovriQ'i  «  TÔTTov  èEé)(^ovTa  ))  (CUtophon,  chez  le  Pseudo-Plu- 
tarque,i)e5  fleuves,  W,  4)  «  dunum  enim  montem  »  [Glos- 
saire d'Endlicher)  (2)  ;  «  gallica  lingua  montem  vocari  dunum 

(1)  Cf.  l'étymologie  de  VEtymologicon  Magnum  :  o't  tt.v  TV 
^ïlxo'JVTs;  qui  est  un  véritable  calembour. 

(2)  Ainsi  nommé  du  philologue  qui  le  découvrit  dans  un  ma- 
nuscrit du  ix^  siècle  conservé  à  la  bibliothèque  de  la  cour  de 
Vienne.  Il  a  été  publié  avec  toutes  les  variantes,  par  H.  Zimmer, 


à 


LA    LANGUE  65 

studiosis    non   est  incognituin   (Sigebert,    Vita  Deoderici, 
ch.  17).  C'est  l'irlandais  dûn  «  forteresse  >,  gallois  din. 

TiitxTtéSooAat  (var.  TroiJLTrafoouXa,  pompedulon)  chez  Diosco- 
ride  (IV,  42)  et  Apulée  {De  herb.,  2)  «  quintefeuille  »  «  po- 
tentille  ».  C'est  le  breton  pempdelyen,  qui,  d'ailleurs,  ne 
remonte  vraisemblablement  pas  au  vieux-celtique,  mais  a 
été  calqué  sur  le  mot  français.  Le  second  terme  du  mot 
composé  est  mieux  conservé  dans  l'irlandais  c^M//e=*c?aiZw. 

(j)co6i/5v  <  sureau  »  (Dioscoride,  IV,  171)  doit  être  iden- 
tique au  gallois  ysgaw,  breton  scao. 

ratis  «  fougère  »  (Marcellus,  De  medic,  XXV,  37)  ;  en 
irlandais  raith,  en  breton  raden,  gallois  rhedyn. 

[pj  renne  «  arborem  grandem  »  (Endlicher)  ;  en  breton 
et  gallois  prenn  «  bois  »,  irlandais  crann. 

avallo  «  poma  »  (Endlicher)  :  en  breton  ai^al  «  pomme  »  ; 
gallois  afall,  irlandais  ahall  ;  cf.  le  nom  de  lieu  Aballo 
«  Avallon  » . 

trinanto  a  très  valles  »,  nanto  «  valle  »  (Endlicher)  ;  en 
gallois  nant  «  vallée  »  ;  Trineint,  «  Trois  Vallées  »,  nom 
gallois  de  Turnant. 

lauiro  «  balneo  »  (glossaire  d'Endlicher),  apparenté  à  l'ir- 
landais loathar  «  bassin  >,  lôthur  «  canal  »  ;  en  breton  loiiazr 
«  auge  ». 

camhiare  «  rem  pro  re  dare  »  (Endlicher)  ;  en  breton 
kemma.  Camhiare  a  passé  par  l'intermédiaire  du  latin  dans 
les  langues  romanes,  fr.  changer. 


Zeitschrift  fiir  vergleichende  Sprachforschung,  t.  xxxii,  p.  230- 
240. 

G.  DoTTiN.  —  Manuel  de  l'antiquité  celtique.  5 


66 


NOMS    COMMUNS 


bessus  «  habitude  w  (Virgile  le  Grammairien,  14)  ;  ap- 
parenté à  l'irlandais  bés,  breton  boas  «  coutume  ». 

D'autres  mots,  qui  n'ont  pas  de  correspondants  exacts 
dans  les  langues  celtiques,  peuvent  néanmoins  être  inter- 
prétés en  tout  ou  en  partie  à  l'aide  de  ces  langues  : 

vergobretus,  magistrat  suprême  des  Aedui  (César,  De 
bello  gallicOyl,  16,  5)  ;  mot  composé  dé  (^ergo-,v.  bret,  guerg 
«  efficace,  qui  accomplit  »  et  de  breto-,  irlandais  breth 
«  jugement  ». 

petorritum  (Varron,  chez  Aulu-Gelle,  XV,  30,7),  char 
gaulois  à  quatre  roues  (Festus,  extrait,  p.  207)  ;  mot  formé 
de  petor-,  en  gallois  m.  pedwar^  i.  pedair,  «  quatre  », 
cf.  le  nom  de  ville  de  Grande-Bretagne  ii£xouap(a  ;  irlandais 
cethir  «  quatre  »  ;  et  de  ritum,  cf.  irlandais  roth  «  roue  >\, 
ou  rith  ((  course  »,  breton  redek,  gallois  rhedeg  «  courir  ». 
Petora  signifie  «  quatre  »  aussi  en  osque. 

candetum,  mesure  de  surface  valant  cent  pieds  (Colu- 
melle.  De  re  riist.,  V,  i,  6  ;  cf.  Isidore,  Orig.^  XV,  15,  6), 
est  sans  doute  dérivé  du  mot  signifiant  «  cent  »,  gallois 
cant. 

covinnus,  char  de  guerre  des  Bretons  (Mêla,  III,  6,  52)  et 
des  Belges  iLucain,  I,  426),  peut  être  rapproché  du  gallois 
cywein  {=*co-vegno-)  «  voiturer  »  ;  cf.  aussi  l'irlandais 
fén  =  *vegnos  «  chariot  ».  Ce  mot  a  donné  le  dérivé  laliu 
covinnarius. 

eporedias  Galli  bonos  equorum  domitores  vocant  (Pline, 
Nat.  hist. ^111,21,  123),  sans  doute  composé  deepo-,y. 
gallois  ep,  irlandais  ech  «  cheval  »,  et  d'un  mot  de  la  même 
racine  qaereda  (ci-dessus,  p.  63),  en  gallois  eb-rwydd  c(  vif, 
rapide  ». 


LA    LANGUE  17 

acaunu-marga  «  marne  pierreuse  »  (Pline,  Nat.  hist.^ 
XVII,  4,  44)  est  formé  des  deux  mots  celtiques  acaunum  et 
marga  {voir  p.  71). 

glisso-margau  marne  blanche»  (Pline,  Nat.  hist.,  XVll, 
4,  46)  a  sans  doute  pour  premier  terme  un  mot  apparenté 
à  l'irlandais  glés  «  éclat  »,  gallois  ghvys  »  pur  ».  Chez  les 
Aestii,  l'ambre  s'appelle  glesiim  (Tacite,  Germ.  45,  cf. 
Pline,  Nat.  hist.,  XXXVII,  11,42. 

rufius,  sorte  de  lynx  (Pline,  Nat.  hist.,  VIII.  28,  70), 
pourrait  avoir  quelque  rapport  avec  l'irlandais  rob  «  qua- 
drupède. » 

oùipTpaYoi,  chiens  rapides  (TïoSwxetç)  dans  la  langue  des 
Celtes  (Arrien,  Cyneg.,  3,6  ;  cf.  Grattius  Faliscus,  Cyn. 
203-206),  semble  composé  de  i>er-,  irl.  for-,  particule  in- 
tensive,  et  trago-,     cf.  irl.  traig   «    pied   »  ;   en   v.   fr. 

veltre. 

Tpi(j.«pxi<iîa,  ensemble  de  trois  cavaliers  (Pausanias,  X, 
19,11)  ;  composé  de  tri-,  irl.  tri  u  trois  »,  et  marcisia,  dé- 
rivé de  marca,  gall.  march  a  cheval  ». 

^er/îeiM5,  plante  herbacée  (Marcellus,  Demedic,  IX,  181), 
est  sans  doute  dérivé  de  *vern-,  en  irlandais  jern,  en  gallois 
gwern  «  aulne  ».  Cf.  le  nom  de  lieu  Vernetum.  On  trouve 
venia  «  aulne  »  {Corpus  gloss.  lut.  lu,  596,35). 

baditis,  nom  gaulois  du  nénuphar  (Marcellus,  De  medic, 
XXXIII,  63)  est  sans  doute  parent  de  l'irlandais  bàdud 
'<  plonger  »,  gall.  boddi. 

calliomarcus  «  pas-d'âne,  tussilage  »  (Marcellus,  i)e  medic. , 
XVI,  101).  Le  second  terme  du  mot  est  *marcos  «  cheval», 
gallois  march  :   le  premier  termo  pourrait  être  l'irlandais 


68  >OMS    COMMU>S 

caill  «  sentier  »  (Glossaire  de  Cor  mac).  Cf.  le  nom  de  lieu 
Calle-marcium. 

visumarus  «  trèfle  »  (Marcellus,  De  medic,  III,  9),  dont 
le  second  terme  est  marus,  irl.  mâr  «  grand  ». 

8poûYY<>;  S^  p.jxTii^p  e'touv  p'jyx.°^  xaÀETTat  en  Galatie  (Saint 
Épiphane.  Ad  haer.,  II,  1,  14).  Ce  mot  est  sans  doute  ap- 
parenté au  gallois  trwyn  t  nez  «  ;  pour  t  =  d,  cf.  irl.  druim 
«  dos  »,  gall.  tram. 

dusii  :  demones  quos  dusios  Galli  nuncupant  (Saint  Au- 
gustin, Deciv.  Dei,  XV,  23),  peut  s'expliquer  par  l'irlan- 
dais duis  (Glossaire  d'O'Davoren)  (1)  «  noble  »>.  Les  déno- 
minations honorifiques  de  ce  genre  pour  les  génies  et  les 
fées  ne  sont  pas  rares  (2). 

vernenietis  quod  quasi  «  fanum  ingens  »  Gallica  lingua 
refert  (Fortunat,  Cann.,  I,  9)  ;  composé  de  ver,  qui  sem- 
ble une  particule  intensive,  irl.  jor,  v.  bret.  wor,  et  de  ne- 
metis,  irl.  nemcd  «  sacellum  ».  Gf.  Ver-nemetum  en 
Grande-Bretagne  et  le  nom  de  personne  gallois  Gor-nivet. 

bagaudae,  révoltés  gaulois  (Aurélius  Victor,  De  Ca&s-., 
XXXIX,  17),  cf.  irl.  bâg  «  combat  ». 

aremorici  «  antemarini  quia  are  «  ante  » ,  mare  a  mare  »? , 
morici  «  marini  »  (Endlicher)  s'explique  par  are,  irlandais 
air  «  sur  »  ;  gallois  et  breton  mor  «  mer  »,  irlandais  muir 

(1)  Wh.  Stokes,  Three  Irish  Glossaries  :  Cormac's  Glossary 
O'Davorens  Glossary  and  a  Glossary  to  the  Calendar  of  Oengus 
the  Culdee,  with  a  préface  and  index,  London,  1862. 

(2)  On  a  rapproché  ce  mot  du  v.  si.  diicfiû  «  souffle  »  diisa 
«  âme  »,  lit.  d^vnsè  «  souffle  »,  dùsas  «  exhalaison  »,  m.  h.  a.  get- 
was  >  spectre  »  lat.  lertdis.  O.  Schrader,  Realle.ricon  der  In  do- 
germanischen  Altertumskunde ,  Grundziige  einer  Kultur-  itnd 
Vôlkergeschichte  Alteuropus,  Strasbourg,  1901,  p.  28. 


LA    LANGUE 


69 


=  *mori.  César  (VII,  75,  4)  semble  traduire  aremoricae  p&T 
"  quse  Oceanum  attingunt  ». 

arevermis  «  ante  obsta  »  ?  (Endlicher)  contient  aussi 
are-. 

caio  «  breialo  sive  bigardio  «  (Endlicher),  irl.  câi  «  mai- 
son t,  V.  br.  cai  «  haie  »  gallois  cae  =''cagio-  ;  fr.  chai  ; 
quai. 

liigdunum  :  lugduno  «  desiderato  monte  »  (Endlicher)  ; 
(f  lucidus  mons  »  {Vit.  S.  Germ.  Aiitess.  IV,  2,  2)  ;  le  se- 
cond terme  de  ce  mot  est  connu  dans  les  langues  celtiques  : 
irl.  dûn,  gall.  din  «  forteresse  »,  en  français  dune. 

treicle  «  pede  »  (Endlicher  ;  ms.  ireide),  à  rapprocher  de 
l'irlandais  traig,  gallois  troed. 

ysarnodori...  Gallica  lingua...  ferrei  ostii  [Acia  Sanct.f 
Ijun.  I,  p.  50).  Ce  mot  peut,  en  effet,  s'expliquer  par  wamo-, 
en  irlandais  iani  =  *isarno-  «  fer  »  et  doro-,  en  breton  dor 
«  porte  »  ;  doro  «  ostio  «  (Endlicher). 

allobrogae  :  ideo  dicti  quoniam  brogae  Galli  agrum  di- 
cunt,  alla  autem  aliud,  dicti  autem  Allobroges  quia  ex  alio 
loco  fuerant  translati  (Schol.  Juvénal,  VIII,  234)  ;  alla-  est 
le  vieil  irlandais  ail  «  autre  »  ;  brog-  est  le  vieil  irlandais 
briiig  «  pays  »,  cf.  le  gallois  all-fro  «  exilé  )).Broga  a  sub- 
sisté dans  divers  dialectes  de  la  langue  d'oc  avec  le  sens  de 
«  bord,  haie  »  (1). 

Il  y  a  des  mots  qui  ne  semblent  pas  avoir  été  conservés 
par  les  langues  celtiques,  mais  qui,  empruntés  par  le  latin, 
se  retrouvent  souvent  dans  les  langues  romanes,  où  ils 

(1)  A.  Thomas,  Revue  Celtique,  t.  xv,  p.  216-219. 


70  NOMS   COMMUNS 

peuvent  provenir  soit  du  latin,  soit  du  vieux  celtique. 
Quelques-uns  de  ces  mots  ont  passé  du  latin  ou  du  français 
dans  une  ou  plusieurs  langues  celtiques  (1). 

omasum  «  triperie  »  (Naevius,  chez  Nonius,  p.  151,  1). 
mot  latin  donné  comme  d'origine  gauloise  par  un  gram- 
mairien {Corpus  glossarioriini  latinoru?n,  II,  p.  138,  29). 

sagiis  (Ennius,  chez  Nonius,  p.  223.  30).  Ce  mot  peut 
être  d'origine  celtique  (cf.  Isidore,  Orig.,  XIX,  24,  13), 
mais  il  a  été  latinisé,  et  c'est  du  mot  roman  saga,  fr.  saie, 
que  vient  l'irlandais  sâi  <s  tunique  »  ;  le  breton  sae  «  robe  » 
est  emprunté  au  français. 

caterva  «  troupe  »  (Plante,  Cist.  510)  formation  straté- 
gique des  Gaulois  d'après  Végèce  {Epit.,rei  mi7.II,  2); 
mot  gaulois  d'après  Isidore  {Orig.,  IX,  3). 

braca  (Lucilius,  11,  fragm.  303  ;  Diodore,  V,  30),  âpx/s;, 
Ppà/.xa.  (Hésychius)  peut  être  d'origine  celtique  (cf.  Hésy- 
chius),  mais  appartient,  en  tout  cas,  à  un  dialecte  très 
différent  de  celui  qui  a  donné  le  gallois  gnregys  par  gn'  et 
non  par  b  ;  il  s'est  répandu  sous  la  lovmebraga  dans  toutes 
les  langues  romanes,  par  exemple,  fr.  braie,  et  a  été  em- 
prunté par  les  Bretons  Armoricains  :  bragou  «  culotte  »,  et 
par  les  Gaëls  :  broc  «  chaussure  ». 

essedum,  voiture  des  Gaulois,  Belges  et  Bretons  (Gicé- 
ron,  Ad  Trebat.  epist.,  VII,  7,  1  ;  César,  De  bello  galL,  IV, 
32,  o  ;  Virgile,  Georg.,llk,  204;  cf.  Servius,  /.  c,  qui  en 
attribue  l'usage  aux  Belges)  ;  cf,  Mandu-essedum,  Turv- 


(1)  Sur  ces  emprunts,  voir  J.  Loth,  Les  mots  latins  dans  les 
langues  brittoniques,  Paris,  1892  ;  J.  Vendryès,  De  hibernicis 
^ocabulis  qux  a  latina  lingua  originem  duxerunt,  Lutetiae,  1902, 


LA   Langue 


74 


cssediim;  essedarius  »  Conducteur  d'esseda  ».  Ce  mot  a  été 
emprunté  par  le  latin. 

mannus^  petit  clieval  do  trait  (Lucrèce,  III,  1063)  des 
Gaulois  (cf.  Consentius,  éd.  Keil,  t.  V,  p.  364,  1.  9). 
Est-ce  le  premier  terme  du  nom  de  ville  de  Grande-Bre- 
tagne Mandii-essediim  ? 

lancea  «  javelot  »,  mot  emprunté  par  les  Romains  aux 
Hispani,  d'après  Varron  (Aulu-Gelle,  XV,  30,  6.  Cf.  Dîo- 
dore,  V,  30). 

laena,  laina,  vêtement  de  dessus  fabriqué  en  Gaule  (Stra- 
bon,  IV,  4,  H  ;  cf.  Isidore,  Orig.,  XIX,  23,  1)  ;  c'est  peut- 
être  le  grec  yXatva. 

marga  «  marne  "  fPline,  Nat.  hist.,  XVII,  4,  42);  le  mot 
français  vient  du  diminutif  margula,  v.  fr.  marie  ;  le  breton 
marg  doit  être  emprunté  à  quelque  dialecte  français. 

haliis  «  symphytum  »  (Pline,  Nat.  hist.,  XXVI,  42,  Sq; 
XXVIT,  26,  41)  n'est  donné  expressément  comme  gaulois 
que  par  Marcellus  (De  medic,  XXXI,  29).  Le  texte  des 
manuscrits  de  Pline  porte  :  («  halus  autem  quam  Galli  sic 
(corr.  sil)  vocant  >  ;  sil  est  d'origine  obscure. 

sâpo,  teinture  employée  par  les  Gaulois  pour  rougir 
leurs  cheveux  (Pline,  Nat.  hist.,  XXVIII,  51,  191).  Ce  mot 
a  pénétré  dans  les  langues  romanes,  par  exemple,  fr.  savon, 
qui,  par  contamination  avec  bret.  soaff  <  sébum  »,  a  donné 
le  breton  soavcn,  saon. 

çettonica  (var.  bettonica)  «  bétoine  »  (Pline,  Nat.  hist., 
XXV,  46,  84  ;  Celse,  V,  27,  10)  n'est  conservé  que  dans 
les  langues  romanes.  Cf.  Vettones,  nom  d'un  peuple  d'Es- 
pagne. 


72 


IVOMS    COMMUNS 


alaiida  «  alouette  »,  mot  gaulois  d'après  Suétone, 
{Caes.  4,  cf.  Pline,  Nat.  hist.,Xl,  44, 121)  n'est  conservé  que 
dans  les  langues  romanes,  par  exemple  :  v.  fr.  aloue. 

viriolae  «  bracelet  »  en  celtique  ;  viriae  en  celtibère 
(Pline,  Nat.  hist.,  XXXin.  12,  40)  ;  fr.  i>irole. 

candosoccus,  mss.  candosoccos,  var.  ando  occos  a  marcotte 
de  vigne  »  (Columelle,  De  re  rust.,  V,  5,  16)  semble  avoir 
pour  second  terme  le  mot  roman  qui,  sous  sa  forme  fémi- 
nine, a  donné  le  français  «  souche  >>  ;  l'irlandais  soc,  gal- 
lois swch,  signifie  «  soc  de  charrue  ». 

bascauda  (var.  mascauda),  vase  breton  (Martial,  XIV, 

89)  ;  v.  fr.  baschoe. 

larix,  nom  du  mélèze  dans  la  Gaule  subalpine  (Diosco- 
ride,  I,  92),  est  conservé  en  italien  et  rétoroman.  Est-co 
une  transcription  latine  d'un  mot  celtique  correspondant  à 
l'irlandais  dair,  gén.  darach  «  chêne  »"/ 

menia  «  menthe  k,  mot  d'origine  gauloise  d'après  Apulée 
{De  herb.,  91),  a  passé  en  latin,  et  de  là,  par  emprunt  sa- 
vant, dans  les  langues  celtiques  :  gaélique  nieannd,  breton 
metit,  irlandais  miontas. 

baccar,  «  asaret  »,  nom  gaulois  d'après  Dioscoride  (1,  9), 
passé  en  latin  (Virgile,  Bac.  IV,  18)  ;  le  gaélique  bachar,  di- 
gitale, est  d'origine  savante.  Le  nom  supposé  gaulois  est 
plutôt  grec  ou  sémitique  (1). 

salianca,  nom  du  nard  chez  les  peuples  des  Alpes,  var. 
aa/.iojYxa,  àXtou-j-Y^»»  àÀiojàjy.a  (Dioscoride,  I,  7,  9,  cf.  Vir- 


il)  J.  ZwicKER,  De  i'ocabidis  et  rébus  gallicis  sive  tratispadanis 
apud  Veri^iliiim,  Lipsiœ,  1905,  p.  51-54. 


LA    LANGUE  73 

gile,  Bue.  V,  17),  a  passé  en  latin.  Cf.  SaXiô^xavoc  XtjjLVjv  en 
Gaule  (Ptolémée,  II,  6,  52).  Ge  mot  peut  être  ligure  (1). 

leiiga  (var.  leuca^  leiiva),  mesure  gauloise  (Itiner.  Ant.  ; 
Saint  Jérôme,  in  loel,  3,  17  ;  Ammien  Marcellin,  XV,  11, 
17),  conservé  dans  les  langues  romanes,  fr,  lieue,  a  passé 
du  français  en  breton  :  léo. 

gigarus  «  serpentaire  »  (Marcellus,  De  medic,  X,  58)  est 
conservé  dans  l'italien  gicaro  «  pied-de-veau  »,  Arum. 

cavannus  «  chat  huant  »,  mot  gaulois  d'après  le  scholiaste 
de  Berne  (Ad  Virg.,  Bue.  VIII,  55).  Le  moyen  breton  eouan 
est  emprunté  au  français.  Le  gallois  euan  est  peut-être 
d'origine  celtique,  si  eavannus  n'est  pas  d'origine  latine 

gnatus  «  filius  »,  lingua  gallica  {Corpus  gloss.  lat.,  V, 
p.  635,  3).  L'irlandais  g/^rf///,  gallois  gnawd  «  accoutumé  >, 
semble  être  un  mot  différent.  Gf  nate,  p.  80. 

Mais  le  plus  grand  nombre  des  mots  donnés  comme  cel- 
tiques par  les  auteurs  de  l'Antiquité  ne  peuvent  s'expliquer 
par  les  langues  celtiques  et  ne  sont  pas  conservés  par  les 
langues  romanes.  Tels  sont  : 

padi  «  sapins  »,  donné  comme  gaulois  chez  Métrodore  de 
Scepsis  (Pline,  Nat.  hist.,  III,  2u,  122). 

taxea  «  lard  »  (Afranius,  fragm,  284),  domné  comme 
gaulois  par  Isidore  {Origines^  XX,  2,  24). 

urus  «  bœuf  sauvage  »  (Gésar,  VI,  28)  donné  comme 
gaulois  par  Gaecina  chez  Macrobe  {Sat.  VI.  4,  23).  Gf.  le 
nom  de  lieu  Uro-magus. 


(1)  Cf.  .T. -A.  GuiLLAUD  et  A.  Cuny,  Revue  des  études  anciennes, 
t.  XI,  p.  246-252  ;  364-365  ;  xii,  183-185. 


74r  NOMS    COMMUNS 

Cimhri  lingua  gallica  latrones  dicuntur  (Paul  Diacre, 
extrait  de  Festus,  p.  43).  Mais  Plutarqae  {Marins,  \\) 
donne  le  mot  comme  germanique. 

ceva  (var.  geua),  espèce  de  vache  de  la  Gaule  cisalpine 
(Columelle,  VI,  24,  5). 

marcus  ou  emarcus  «  vigne  médiocre  »,  mot  employé  en 
Gaule  (Columelle,  III,  2,  55). 

casnar  (var.  casamo)  «  affectator  »  ou  «  assec(âtôf  » 
(Quintilien,  Institui.,  I,  5,  8). 

Xoùyoc  «  corbeau  »  (Clitophon,  chez  lePseudo-Phitarque, 
Des  fleuves,  VI,  4).  Ce  serait,  d'après  Clitophon,  le  premier 
terme  de  Lugdunum  (1). 

£[ji7:ov:?,v...  «  k),).r,v'.(Txl  'T,ptut8a  )i  (Plutarque,  Erot.,  25). 
C'est  le  nom  ou  le  surnom  delà  femme  de  Sabinus,  ailleurs 
appelée  Epponina  (Tacite,  Histoires,  IV,  67),  n£7:ov;XXa 
(Dion  Cassîus,  LXVI,  16). 

exactim,  espèce  de  centaurée  (Pline,  Xat.  hist.,  XXV,  31, 
68)  ;  il  est  douteux  que  ce  mot  soit,  comme  le  suppose 
M.  Ernault,  apparenté  au  breton  eaiig  «  roui  »,  car  Pline 
explique  ce  mot  par  «  qui  fait  évacuer  ». 

glastiiDi,  pastel  (Plhic,  ?\at.  hist.,  XXII,  2,  2),  a  peut- 
être  quelque  rapport  avec  l'irlandais  glas  «  vert,  gris  »  et 
le  breton  glas  «  vert,  bien  ». 

passernices,  pierres  à  aiguiser,  dans  la  Gaule  transalpine 
(Pline,  Nat.  hist.,  XXXVI,  47,  165). 

limeiim  «  cervarium  »,  herbe  fournissant  un  poison  dans 

(1)  Voir  A.  HoLDER,  Le  mot  soi-cUsant  gaulois  }.o~jyoç,  Revue 
celtique,  t.  xxvi,  p.  129. 


ÎA    LANGUE  75 

lequel  les  Gaulois  trempent  leurs  flèches  (Pline,  Nat.  hist., 
XXVII,  76,  101),  ellébore. 

plaumoraii,  corrigé  en  ploum  Raeti,  charrue  à  deux 
roues  des  Rètes  (Pline,  Nat.  hist.,  XVIII,  48,  172). 

rodarum,  nom  gaulois  de  la  Spiraea  ulmaria  (Pline, 
Nat.  hist.,  XXIV,  112,  172). 

samolum  (var.  samosum,  famosum),  nom  gaulois  du  sé- 
neçon (Pline,  Nat.  hist.,  XXIV,  63,  104). 

cela,  sorte  de  céréale  semblable  à  la  sésame,  en  grec 
ip'j(jt|jtov  (Pline,  Nat.  hist.,  XXII,  75,  1S8). 

cruppellarii   «  gladiateurs   gaulois  cuirassés  »   (Tacite, 
iA?inales,  III,  43)  ;  il  semble  difficile  de  rattacher  ce  mot  au 
gallois  crwb  a  bosse  ». 

galba  «  praepinguis  »  (Suétone,  Galba,  3). 

Tiéxpivo;,  Ç'jvYjfJia,    xoXoûtSYov    (var.    axoXojxEyov)    façons   de 

lancer  le  javelot  chez  les  Celtes  (Arrien,  Tact.,  XXXVII,  4; 
XLII,  4  ;  XLIIl,  2). 

^EXiou/.âvoa;,  nom  gauloisde  ïAchillea  millejolium  (Dios- 
coride,  IV,  113),  beUocandium  (Apulée,  De  /lerè.,  89).  Peut- 
être  le  second  terme  serait-il  le  celtique  ca^ic^o-, bret.  cann 
«  blanc  ». 

betilolen,  nom  gaulois  de  la  bardane  (Apulée,  De  herb., 

36). 

^iXivouvxîa  (Dioscoride,  IV,  69),  bellimintia  (Apulée,  De 
herb.,  4),  «  jusquiame  »,tire  peut-être  son  nom  de  Belenus, 
lom  d  Apollon  en  celtique  ;  cf.  Apollinaris,  nom  de  la 
nème  plante  en  latin. 


7B 


iNOMS    COMMUNS 


holusseron  (var.  holus  serron,  -sellon),  nom  gaulois  du 
lierre  noir  (Apulée,  De  herb.,  99). 

haematites  {Apulée,  De  herb.^  49)  «  héliotrope  »  semble 
un  mot  grec. 

oualidia  «  camomille  »  (Apulée,  De  herb.,  23). 

oùaoup(|ji  «  lauréole  »  (Dioscoride,  IV,  147),  usuben,  var. 
eugubim  (Apulée,  De  herb.,  28). 

Ttovép.  ((  armoise  »  (Dioscoride,  III,  117). 

titumen  «  armoise  »  (Apulée,  De  herb.,  10). 

lira  a  satyrion  orchidée  »  (Apulée,  De  herb.,  16)  semble 
être  le  grec  oùpâ. 

Tap§T,Xo8â9iov  var.  xapPrjXoOàSiov  «  plantain  »  (Dioscoride, 
II,  152).  Une  très  ingénieuse  correction  de  Zeu8s(l)  a  trans- 
formé ce  mot  en  Tapootaoàtiov,  qui  pourrait  s'expliquer  par 
le  gallois  tarw  «  taureau  >  et  tafod  «  langue  » . 

vigentiana  «  millefeuille  »  (Apulée,  De  herb.,  89)  semble 
un  mot  latin.  Dioscoride  (UI,  138)  dit  oJîyvTjTa. 

àvEij/â,  li.'^vio^  «  hellébore  blanc  »  (Dioscoride,  IV,  145), 
laginen  (ace.)  chez  Pline  [Aat.  hist.,  XXIV,  89,  139). 

aXêoXov  «  Galeopsis»  (Dioscoride,  III,  33)  semble  le  latin 
albulum. 

(TXTrâva  (var.  xépxEp)  «  mourou  des  champs  >  (Dioscoride, 
II,  209). 

x(ipva  «  aigremoine  »  (Dioscoride,  II,  208). 

•yeXaaovÉv  «  cotonuière  »  (Dioscoride,  III,  122). 

îoo;jL6apoJ|jt  «  hellébore  noir  »  (Dioscoride,  IV,  16). 

(1)    Grammatica  celtica,  2^  éd.,  p.  77. 


LA    LANGUE  77 

'ouTCt/iXXoujov  «  genévrier  »  (Dioscoride,  I,  103),  semble 
une  corruption  du  latin  juniperus.  * 

[jtEoiaeijjiôp'.ov  «  mélisse  »  (Dioscoride,  III,  108)  n'a  sans 
doute  aucun  rapport  avec  l'irlandais  semar  «  trèfle  ». 

TîïTTêpà/.ioujji  «  iris  des  marais  »  (^Dioscoride,  I,  2),  pipe- 
rapium  (var.  piperatium)  chez  Apulée  {De  herb.,  6) 
semble  latin. 

axouêoûXoufx  «  morelle  noire  »  (Dioscoride,  IV,  71). 

c7ou6''tt)i;  var.  ao'jtj3(xr,;  «  lierre  »  (Dioscoride,  II,  210)  me 
semble  difficile  à  rapprocher  de  l'irlandais  suibh  «  fraise  >, 
gallois  syfi  «  fraises  » . 

laupojy.  «  glaïeul  »  (Dioscoride,  IV,  99). 

Oéttjjiov  «clématite  »  (Dioscoride,  III,  6). 

9û)va  «  grande  chélidoine  »  (Dioscoride,  II,  211). 

Sojxwvé  «  hièble  »  (Dioscoride,  IV,  172),  ducone  (Apulée, 
De  herb.,  92).  Cf.  odocos,  ci-après. 

Taaxô;  uap'  aùxoT;    (en  Galatie)    iriaaaXo;    «  pieU  »  /.aXeïxat 

(Saint  Épiphane,  Adhaer.,  II,  i,  14). 

blutthagio,  nom  gaulois  d'une  plante  marécageuse  (Mar- 
cellus.  De  medic.y  IX,  132). 

bricumum,  nom  gaulois  de  l'armoise  (Marcellus,  De 
med.,  XXVI,  41).  Cf.  ponem  (p.  76). 

calocatanos  «  coquelicot  »  (Marcellus,  De  medic,  XX, 
68)  semble  un  mot  grec. 

gilarus  «  serpolet  »  (Marcellus,  De  medic,  XI,  5), 


/O  NOMS    COMMUAS 

odocos  (1)  «  hièble  »  (Marcellus,  De  medic,  Yll,  13). 

laurio  «  pervenche  »  (Pline  Valérien.  De  re  med.,  I,  33) 
est,  sans  doute,  d'origine  latine  comme  le  mot  savant 
gallois  llawrig  «  pervenche  ». 

picatus,  ace.  pi.  picaîos  (var.  pecatos,  pictas),  sorte  de 
bateau  chez  les  Bretons  (Végèce,  Epit.  rei  mil.,  IV,  37). 

\jç  «  chêne  à  kermès  »  chez  les  Galates  (Pausanias,  X, 
36,  I). 

'Avopâatr,  (var.  àSpàaTT;,  àvSâxrJ,  nom  de  la  Victoire  chez 
les  Bretons  (Dion  Cassius,  LXII,  6,  7)  est,  peut-être,  un 
nom  grec  traduisant  un  mot  celtique  inconnu. 

àyaajaToî,  chien  de  chasse  breton  (Oppien,  Cyneget.,  I, 
470;. 

volema  Gallica  lingua  bona  et  grandia  dicuntur  (Servius 
Ad  Georg.  II,  88).  Voir  ci-dessus,  p.  53. 

cecos  ac  césar  (var.  caesar)  quod  Gallorum  lingua  «  di- 
mitte  »  significat  (Servius,  Ad  Aen.,  XI,  743). 

i>irga  «  pourpre  »  en  langue  gauloise  (Servius.  Ad  Aen. 
VIII,  660). 

Alpes,  quae  Gallorum  lingua  «  alti  montes  »  vocantur 
(Servius,  Ad  Aen.,  IV,  442)  ;  omnes  altitudines  montium 
HcetaGallisAlpesvocentur(.4(/.4(';/..  X,  13).  Festus  d'après 
Paul  Diacre  (p.  4)  explique  ce  mot  par  le  sabin  nlpus, 
latin  albus.  Alpes  ne  semble  pas  être  un  mot  gaulois  (2). 


(1)  Sur  ce  mot  et  surSouxtuvè  qui  en  est  sans  doute  une  défor- 
mation, voir  A.  CuNY,  Mémoires  de  la  Société  de  linguistique  de 
Paris,  t.  XVI,  p.  327. 

(  )  A  moins  que  Alpes  ne  soit  pour  Albes.  J.  Loth,  Annales 
de  Bretagne,  t.  xxii,  p.  157. 


LA    LAiNGUE  79 

âépàvac  (corr.  àêâvaç),  nom  du  singe  chez  les  Celtes 
(Hésychius).  Peut-être  ce  mot  est-il  emprunté  au  germa- 
nique *apan,  ail.  Affe. 

}v£;o'jcj|jiaxa  t]  Xsyojafjiaxa,  sorte  de  cuirasse  chez  les  Ga 
lates  (Hésychius). 

sjjiSpexTÔv,  sorte  de  soupe  chez  les  Galates  (Hésychius) 
semble  un  mot  grec  ;  cf.  l^èpix^:^  «  tremper  ». 

xupxtà;  :  KeXtoî  làn;  àaTitSaç  (Hésychius),  cf.  caetra. 

xapTafiépa,  vulgairement  xaprâXafiov,  nom  de  l'ensemble 
du  ceinturon  chez  les  Gaulois  (Laurentius  Lydus,  Des  ma- 
gistratures, n,  13). 

xXonla;.  var.  /.ÀtuTit'a;  (poisson  de  la  Saône,  sans  doute 
lotte  (Laurentius  Lydus,  De  Vannée  et  des  mois,  S,  cf. 
Boissonade,  Anecdota  grœca,  t.  I,  p.  417).  Le  Pseudo-Plu- 
tarque,  Des  fleuves,  2,  2,  écrit  jxo)-Ô7i'.5o<;  qui  est  un  mot 
grec. 

pâppojv  (=  Varro)  «  courageux  »,  en  langue  celtique 
(Laurentius  Lydus,  Desmag.,  I,  12  ;  23  ;  citant  Hérennius). 

cisium,  voiture  gauloise  à.deux  roues  (Schol.  Gronov. 
ad  Cic.  Rose.  Am.,  VH,  19). 

tuceta  (var.  tuccefa]  «  porc  farci  »,  en  Cisalpine  (scho- 
liaste  de  Perse,  II,  42).  On  a  rapproché  de  ce  mot  l'ombrien 
toco  (1). 

hrodanus  :  roîh  «  violentum  »,  dan  et  in  gallico  et  in 
hebraeo  judicem  (Endlicher). 

brio  «  ponte  »  (Endlicher),  cf.  Brii>a  Isarae  «  Pontoise  » 
it  Samaro-briva. 

(1)  BnÉAL,  Les  Tables  Eugubines,  p.  259. 


80  NOMS    COMMUNS 

amhe  ■>  rivo  j-  ;  inter  ambes  »   in  ter  ri  vos  »  (Endlicher). 

arîam  «  paludem  »  (Endlicher). 

onno  «  f lumen  »  (Endlicher). 

nate  «  fili  »  (Endlicher).  C'est  le  mot  latin  ;  à  moins 
qu'il  ne  s'agisse  de  filiim,  «  fil  »,  irl.  snâth.  Voir  ci-dessus, 
p.  73,  gnatus. 

mastruga  lingua  Gallica  dicitur  vestis  ex  pellibus  fera- 
rum  facta  (God.  Bern.  386,  f.  18  a). 

(igaiinum,  interpretatione  Gallici  sermonis  «  sa.xum  » 
dicunt(-4d.  Sand.,  22  sept.  VI,  2i^)\agaunus  vester 
Gallico...  sermone...  petra  (.4c/.  Sanct.,%%  febr.,  Ill,  741 

a)  ;  cf.  acaunumarga. 

Les  auteurs  anciens  ne  nous  ont  pas  donné  le  sens  des 
mots  suivants  : 

Tau  gallicum  (Virgile,  d'après  Quintilien,  VIII,  3,  28), 
sans  doute,  la  lettre  T,  dont  la  forme  est  celle  d'un  gibet. 
Il  semble  bien  que,  comme  le  remarque  Rogetde  Belloguet, 
le  thau  de  Grégoire  de  Tours  {Hist.  Franc,  IV,  5),  signe 
qui  apparut  sur  les  murs  des  maisons  préservées  de  la 
peste,  soit  la  lettre  hébraïque,  par  allusion  au  passage  de 
la  Bible  (Ezéchiel,  IX,  4,  6). 

.4/  Geltarum  (Ausone,  Technopaegn.,  XIII,  5)  :  Die  quid 
significent  Catalepta  Maronis  ?  In  his  al  Geltarum  posuit, 
sequitur  non  lucidius  tau.  Nous  n'en  savons  pas  plus 
qu'Ausone. 

2°  Mots  vraisemblablement  donnés  comme  celtiques. 

Quelques-uns  de  ces  mots  existent  dans  les  langues  cel- 
tiques : 


LA    LANGUE  81 

|jiavLâ/,T)<;,  collier  gaulois  (Polybe,  II,  29,8  ;  31,  5),  en  ir- 
laudais  muiiice  =  *monikia  ;  en  vieux  gallois  minci. 

esox  a  saumon  »  (Pline,  Nat.  hist.,  IX,  17,  44),  en 
moyen  breton  ehoc,  gallois  eog,  irlandais  eo  =  *esocs-s. 

coccum  a  Galatiae  rubens  granum  »  (Pline,  Nat.  hisL, 
IX,  65,  141),  gall.  coch  «  rouge  »,  à  moins  que  ce  dernier 
ne  soit  emprunté  au  latin. 

becco  «  bec  de  poule  »  à  Toulouse  (Suétone,  VitelL,  18)  ; 
ce  mot  est  conservé  par  quelques  langues  romanes.  Le 
breton  bec  est  emprunté  au  français  ;  le  gaélique  beic  est 
peut-être  emprunté  à  l'anglais. 

Cimenice  [regio],  adjectif  dérivé  de  KÉ|a[a£vov,  Gebenna, 
Cevenna  «  Cévenue  »,  signifie,  d'après  Aviénus(Or.  marii., 
622)  :  «  mons  dorsa  celsus  ».  Cebenno — ,  cemeno  —  cor- 
respond au  V.  gallois  cemn,  gall.  mod.  cejn  a  dos  ». 

liiDia,  sorte  de  manteau  (Isidore,  Orig.,  XIX,  23,3),  en 
irlandais  lenn,  gallois  et  breton  lenn  «  saie,  couverture  ». 

giilbia  (var.  gubia,  giilvia)  «  bec  »  (Végèce,  Mulomed., 
I,  26,  2;  Isidore.  Orig.,  XIX,  19,  15),  en  irlandais  gulba 
4  bec  »,  cf.  gallois  gylfin,  breton  golvan  «  passereau  »  ;  en 
français  gouge. 

nimidae  :  de  sacris  silvarum  quas  nimidas  vocant  {In- 
dic.  super stit.  et  pagan.{\)\  en  irlandais  nemed  «  sanc- 
tuaire »,  qui  est  sans  doute  aussi  le  second  terme  de 
Ôpj-vi(jiexov  (Strabon,  XII,  5,  i)  lieu  de  réunion  du  conseil 
des  Galates  ;  cf.  ver-nemetis,  Dru -talus. 


(1)  BoRETius,   Capitula ria  reu,Hm  Francorum,  p.   223,  1.   G  ; 
cf.  p.  69,  1.  39-42. 

G.  DoTïi.N.  —  Manuel  de  V antiquité  celtique.  b 


82  NOMS    COMMUNS 

tunnel,  tonna  {Ada  san  do  mm,  Febr.  I,  p.  202  c)  sorte  de 
récipient  ;  irl.  tond,  «  peau  »,  gall.  ton  ;  en  provençal  tona. 

vidiibiiini  :  marrae  vulgo  vidubia  dicuntur  (scholiaste 
de  Juvénal,  III,  311);  glosé  par  ?fy.£À>.or  «  hoyau  »  (Corpus 
glossarioruin  latinorum,  III,  p.  368,  64)  ;  v.  irl.  fidba  «  fal- 
castrum  »,  gall.  gwyddif  «  serpe  «  ;  fr.  voiigc. 

taratrwn  «  tarière  »  (Isidore,  Orig.,  XIX,  19,  15),  en  ir- 
landais tarathar,  en  gallois  taradr,  breton  moyen   tarazr. 

D'autres  mots  peuvent  s'expliquer  par  les  langues  cel- 
tiques : 

medio-lannni  «  vocatuin  ab  eo  quod  ibi  suo  «  aiedio 
ianea  »  perhibetur  inventa  »  (Isidore,  Orig.,  XV,  i,  îi7)  ;  le 
premier  terme  de  ce  mot  peut  être  celtique  ;  irlandais  Mide, 
nom  de  la  province  centrale  de  l'Irlande.  Pour  Sidoine 
Apollinaire  [Epist.,  VII,  17,  2,  20)  l'explication  de  ce  mot 
est  tout  autre  :  ;<  quae  lanigero  de  sue  nomen  habent  ». 

gutnater,  espèce  de  prêtre  {De  bello  gallico,  VIII,  38  ;  cf. 
Revue  épi  graphique,  t.  II  et  VI)  a  vraisemblablement  pour 
premier  terme  un  mot  identique  à  l'irlandais  guth  «  voix  », 
cf.  guide  «  prière  »  ;  le  second  terme  est  comparable  h  -<itr 
qui  entre  dans  la  formation  d'un  grand  nombre  de  noms 
propres  bretons  et  qui  peut  correspondre  à  l'irlandais  af/iir 
«  père»  (1). 

D'autres  mots  n'ont  subsisté  que  dans  les  langues  ro- 
manes. Tels  sont  : 

pontones  «  genus  naviutn  gallicarum  »  (César,  De  hell. 
cii>.,  III,  29),  en  français  ponton.  Est-ce  un  mol  latin'? 

(1)  J.  LoTH,  Revue  celtique,  t.  xv,  p.  224-227,  t.  xxviii, 
p.  119-121. 


LA    LANGUE  83 

materis  {\SiV.  fnataris),  sorte  de  javelot  (Sisenna,  chez 
Nonius,  p.  556),  v.  fr.  mettras. 

betulla  «  bouleau.)  (Pline,  TVa/.  Jiist.,  XVI,  30,  74); 
conservé  dans  les  langues  romanes,  fr.  boule.  Le  gallois 
bedw,  breton  bézô  semblé  dérivé  de  la  même  racine. 

cervesia  «  bière  »  (Pline,  Nat.  hist.,  XXII,  82,  164), 
conservé  dans  les  langues  romanes,  ff .  cervoise.  Voir  ci- 
dessus  /.6p[JLa,  p.  62. 

ciicullus  (var.  cuculla  «  capuchon  ^  (Columelle,  I,  8,  9  ; 
Santonico  cucullo,  Juvénal,  VIII,  145),  mot  adopté  parle 
latin,  qui  dii  latin  a  passé  dans  les  langues  romanes,  fr. 
coule,  et  dans  les  langues  celtiques  :  irl.  cocull,  bret. 
cougoul. 

bardo-cucullus ,  capuchon  de  barde  en  Gaule  (Martial,  I, 
53,  5),  a  pour  premier  terme  un  mot  celtique  (v.  p.  62). 

sparus  «  lance  »  (Lucilius  d'après  Festus,  p.  330),  mot 
passé  en  latin  et  en  germanique,  et  de  Là  en  gallois  :  ysbar. 

balma  «  grotte  »^  Gallico  ut  reor  sermone  sic  vocatam 
{Act.  Sanct.,  28  febr.  IIJ,  p.  746  a),  conservé  dans  les 
langues  romanes  ;  v.  fr.  balme. 

tarinca  (var.  taringa)  instrument  de  supplice  {Ad. 
Sanct.  31  oct.  XIII,  p.  783  a),  fr.  taranche  (1). 

mercasius  :  loco  qui  prisco  vocabulo  propter  genuinum 
lacunar  gemellus  mercasius  nuncupabatur  (Act.  sanct. 
30  Aug.  VI,  p.  o82  d).  v.  fr.  marchois  «  marais  ». 

olca,  champ  fertile,  en  Champagne  (Grégoire  de  Tours, 
In  glor.  conf.,  78)  ;  fr.  ouche. 

(1)  A.  Thomas,  Mélanges  d'élyniologie  française,  Paris,  1902, 
p.  149. 


84  NOMS   COMMUNS 

brogiliis  ((  bois  »  en  langue  vulgaire  (Capitiilare  de  i'illis^ 
ch.  46)  ;  c'est  le  mot  roman  bien  connu  représenté  en  fran- 
çais par  breuil  et  sans  doute  apparenté  au  celtique  *brogi 
(V.  p.  69). 

camisia,  vêtement  des  soldats  et  des  prêtres  (Saint  Jé- 
rôme, Epist.  LXIV,  II)  mot  de  provenance  germanique  em- 
prunté par  le  celtique  et  le  latin  et  passé  du  latin  dans  les 
langues  celtiques  [iTi.  caimse,  gall.  Ae/i/^)  et  dans  les  langues 
romanes,  fr.  chemise. 

D'autres  mots,  enfin,  n'existent  pas  en  celtique  et  n'ont 
pas  subsisté  dans  les  langues  romanes  : 

aÀxY],  alce  (var.  altes),  élan  (César,  DcBell.  galL,  VI,  27  ; 
Pausanias,  V,  12,  1)   C'est  sans  doute  le  germanique  alcis. 

amellus  «  plante  »  (Virgile,  Georg.,  IV,  271  ;  cf.  Ser- 
vius). 

pilefUum,  sorte  de  voiture  (Virgile,  .£'//.,  VIII,  665  ;  Ho 
race,  Epist.,  II,  i,  192)  ;  chez  Isidore,  ce  mot  est  donné 
comme  synonyme  de  petorriiiim  {Or.,  XX,  12,  4), 

atinia,  espèce  d'orme  en  Gaule  (C^lumelle,  De  re  riist., 
V,  6,  2). 

rumpotinui',  arbre  servait  à  soutenir  la  vigne  (CoIh- 
melle,  De  re  riist.,  V,  7,  1). 

arinca,  sorte  d'épeautre  en  Gaule  (Pline,  Nat.  hisL, 
XVIII,  19,  81). 

colisatum,  espèce  de  voiture  (Pline,  Nat.  hist.,  XXXIV, 
48,  163). 

caeira  (var.  cetra),  bouclier  (Varron  chez  Nonius,  p.  82, 
12)  espagnol  (Tite  Live,  XXI,  27,  5)  et  breton  (Tacite,  Agr., 
36)  ;  y.aÎTpïa;,  bouclier  ibère  chez  Ilésychius. 


LA    LANGUE  85 

ploxenum  «  coffre  de  voiture  »  en  Gaule  cisalpine  (Quin- 
tilien,  Inst.  or.,  I,  5,  8). 

murmillo  (var.  myrmillo,  mirmillo),  sorte  de  gladiateur 
armé  à  la  gauloise  (Festus,  p.  285  ;  Scholiaste  de  Ju vé- 
nal, VIII,  200).  Mais  ce  mot  semble  venir  du  grec  ;rjpa'.5tov. 

euhages  (var.  eubages),  sorte  de  prêtre  gaulois  (Ammien 
Marcellin,  XY,  9)  ;  c'est  sans  doute  le  grec  îj^yt^c,  de  même 
que  olitf.i  (Strabon,  IV,  4,  4)  est  vraisemblablement  le 
latin  çates,  bien  que  ce  dernier  mot  ait  pu  être  emprunté 
par  les  Latins  aux  Celtes  ;  cf.  irl.  fâith  =  çâlis  (1).  Win- 
disch  (2)  regarde  euhages  comme  une  mauvaise  lecture  de 

caracalla,  vêtement  (Aurélius  Victor,  Epit.  XXI,  2). 

cateia,  arme  de  jet  germaine  et  gauloise  (Seryius,  Ad 
Aen.,  VII,  741  ,  que,  d'après  Isidore  ((9 ngr.  XVIII,  7,  7),  les 
Gaulois  et  les  Espagnols  appelaient  teuiona.  Le  gallois 
ratai  «  hache,  massue  »  est  sans  doute  un  mot  emprunté. 

3°  Mots  qui  ne  sont^pas  donnés  comme  celtiques. 

Quelques  mots  dont  aucun  écrivain  de  l'Antiquité  n'in- 
dique la  provenance  s'expliquent  assez  facilement  par  les 
langues  celtiques.  Ce  sont  : 

caballus  «  cheval  »  (Lucilius,  Sat.  III,  70),  irl.  capall,, 
v.  gall.  bret.  caçall. 

gabalus  «  gibet  »  (V^arron,  Sat.  Men.,  p.  165,  24),  irl. 


(1)  J.  ZwicKER,  De  i'ocahulis  et  rébus  Gallicia  sive  transpa- 
danis  apud  Vei  gilium,  p.  50. 

(2)  Tûin  Bô  Cu(ilns;e,  p.  xli. 


86 


NOMS    COMMUNS 


gabul,  gall.  gafl,   bret.  gavl  «   fourche  »  ;  sans  cloute  les 
mots  français  javelle,  javelot  sont  apparentés  à  ce  mot. 

carpentum  «  char  »,  mot  latin  sans  doute  emprunté  aux 
Gaulois  (cf.  Arrien,  Tact.,  33),  en  tout  identique  à  l'irlan- 
dais carbat  ;  cf.  fr.  charpente,  gall.  carfan,  bret.  carcan 
«  cadre  ».  On  le  trouve  dans  Carhanto-rate,  var.  Carpento- 
rate  et  dans  Kap^avxô-p'.Yov. 

carras  (1)  a  char  »  (César,  De  hello  Gallico,  \,  24  ;  Tite 
Live,  X,  28,  9  ,  en  irlandais  et  en  breton  carr,  français 
char  ;  on  ne  peut  décider  si  ce  mot  n'est  pas  venu  au  cel- 
tique moderne  par  le  latin.  Il  en  est  de  même  de  carruca 
«  voiture  à  quatre  roues  »  d'où  fr.  charrue. 

cantiis,  <(  cercle  de  fer  de  la  roue  (Quintilien,  Inst.,  1,  5, 
8j,  en  breton  kanl  «  cercle  »,  gallois  cani  «  bord  d'un 
cercle  »,  prête  à  la  même  observation. 

"opxo;  «  chèvre  sauvage  »  (OppieniCî/«.II,296)  en  gallois 
iwrch,  bret.  ioiircli  «  chevreuil  ». 

naiisiim,  sorte  de  navire  (Ausone,  Episl.,  XXIT,  i)  peut 
être  comparé  à  l'irlandais  naii  a  navire  ». 

cattiis  u  chat  »  (Martial,  XIII,  69,  1),  nom  propre  gau- 
lois Cattos,  en  irlandais  cat,  gallois  cath  f.,  breton  caz,  mais 
existait  aussi  dans  les  langues  romanes  et  n'est  pas  néces- 
sairement d'origine  celtique. 

beber  «  castor  »  (Priscien,  V,  14),  gaélique  beabhar,  cor- 
nique  befer  ;  en  français  bièvre.  Cf.  Bebriaciim  (2)   «  locus 

(1)  M.  A.  Meillet  me  fait  remarquer  que  ce  mot  existe  aussi 
en  arménien  :  karkh. 

(2)  L.  Herr,  Betriacum-Bebriacum,  Res'ue  de  philologie, 
t.  XVII  (1893),  p.  208-212.  Cf.  H.  d'Arbois  dk  JunAiNvii.i.E, 
Re\>ue  celtique,  t.  xxvii,  p.  340-342, 


LA    LA.NGUE 


87 


castorura  »  (Tacite,  Hist.  II,  24  ;  Juvénal,  II,  i06,  Scbol. 
ad  II,  106  ;  cf.  Schol.  ad  XII,  34;  Eutrope,  VII,  17). 

paraveredus  «  cheval  de  trait  »  (Cod.  Justinien,  XII, 
50,  2),  conservé  dans  les  langues  romanes,  fr.  palefroi, 
prov.  palafre,  est  un  mot  hybride,  dont  la  seconde  partie 
cerediis,  qui  existe  aussi  à  l'état  indépendant  (Festus,  p.  372), 
correspond  au  gallois  go-rwydd  «  coursier  ». 

iannare  «  tanner  »  {Corpus  gloss.  lut.,  II,  p.  566,  14)  est 
peut-être  apparenté  au  breton  tann  «  chêne  ». 

capanna  «  cabane  »  (Isidore,  Orig.^  XV,  12,  2)  ;  le  gallois 
cahan  «  hutte  »  est  emprunté  au  français  par  l'intermé- 
diaire de  l'anglais. 

curnba  «  locus  imus  navis  »  (Isidore,  Orig.,  XIX,  2,  1), 
ga.\\. cwrti  «  vallée  »,  fr.  combe.  Cf.  Ciimba,  nom  de  lieu. 

drungos  :  drungos  hoc  est  «  globos  »  (Végèce,  Epit.  rei 
mil.,  III,  16)  ;  irl.  drong  n  troupe  »,  v.  br.  drogn. 

beriila  «  cresson  »,  donné  comme  latin  par  Marcellus 
{De  Medic.  XXXVI.  51)  répond  à  l'irlandais  hinir,  bilar  ; 
gall,  berwr,  bret.  bêler  ;  Tv.  berle. 

darsiis  «  Oard  »  poisson  chez  Smaragdus,  en  breton  dars 
qui  est  sans  doute  emprunté  au  vieux  français  (1). 

D'autres  mots  ne  sont  conservés  que  par  les  langues 
romanes,  et  on  ne  peut  donner  aucune  preuve  de  leur  ori- 
gine celtique, 

alausa  «  alose  »  (Ausone,  iMos.,  127). 

ti}ica  ('  tanche  »  (Ausone,  Mos.,  125). 

(1)   A.  Thomas,  Romania,  t.  xxxvi,  p,  91-90. 


88  NOMS    COMMUNS 

gambn  «  jambe  »  (Végèce,  Mulomed.,  II,  28,  38),  est 
sans  doute  apparent  au  celtique  camho-,  gall.  cam,  irl. 
CiiDim  «  courbe  »,  de  même  que  camhiitta  «  bâton  pasto- 
ral »  {Monument a  Germaniaehistorica,  Scriptores  rerum 
Merovingicarum,  t.  iv,  p.  251,  39). 

gnnna  «  robe  »  (Anthol.  lat.,  209,  4),  v,  fr.  gonne,  d'où 
le  gallois  gwn  par  l'intermédiaire  de  l'anglais  gown. 

Une  classification  des  mots  celtiques  que  nous  venons 
d'énumérer  peut  offrir  quelque  intérêt. 

Le  plus  grand  nombre  de  ces  mots  proviennent  du  Pseu- 
do-Apulée et  de  Marcellus  de  Bordeaux  et  désignent  des 
végétaux  employés  dans  la  pharmacopée  antique.  Presque 
toutes  les  familles  y  sont  représentées,  autant  du  )noin8 
qu'on  admet  les  identifications  qu'en  ont  données  les  bota- 
nistes modernes  :  amentinées  {vernetus^  hetulla),  urticinées 
{atinia),  lauracées  (usubim),  rosinées  {rodarum),  légumi- 
neuses (oisumariis),  nym^héinécs  {baditis),  crucifères  (glas- 
tum^  beriila),  papavéracées  (/Aona,  c«/oro/a/?o,ç),  renoncula- 
cées  {boliisseron,  subites,  theximon),  borraginacées  (hae- 
matites),  solanacées  (biîinuntio,  scubulum),  labiées  (//?er?/a, 
gilarus),  primulacées  {sapana,  cercer),  caprifoliacées  {sco- 
bien,  ducône,  odocos),  composées  {beliucanUas,  ualidia, 
ponem,  bricumum),  graminées  (sasia,  coccum,  arinca), 
aroïdées  (gigarus),  iridacées  {peperacium),  gymnospermes 
{larix,  padi,  jnpicelluson),  cryptogames  {raiis). 

Les  noms  d'animaux  sont  moins  nombreux  ;  ce  sont  des 
noms  d'animaux  domestiques  :  chiens  :  vertragus,  agas- 
saios  ;  chevaux  :  marca,  mannus,  caballus,  parai'eredus  ; 
chat  :  cciUus:  bêtes  à  cornes  :  ceca  ;  ou  d'animaux  sau- 
vages :   mammifères  :  ruftus,  urus,  alcr,  abranas,  beber  ; 


LA    LANGUE  89 

oiseaux  :  alauda,  lugos;  poissons  :  clopia^,  esox,  alausa, 
tinca,  darsiis. 

On  trouve  aussi  quelques  noms  de  parties  du  corps  : 
drnngos,  treide,  gamba,  becco,  giilbia  et  des  adjectifs  de 
qualités  physiques  :  galba,  varrôn. 

Les  noms  qui  nous  intéressent  le  plus  sont  ceux  qui  se 
rapportent  à  la  civilisation  : 

habitation  :  lautro,  caio,  capanna. 

alimentation  :  corma,  brace,  cervesia,  omasum,  Uixea, 
luceta,  arùica,  coccum,  sasia,  cela. 

vêtement  et  toilette  :  sagas,  braca,  laena,  linna,  cii- 
ndliis,  bardocnmlliis,  caracalla,  gunna,  sapo,  viriolae, 
maniaces,  bulga. 

outils   :    passernices,  plaumorati,  vidubium,  taratrum, 

ti!scos,tarînca,  gabalus. 

vases  :  hascaiida,  tunna. 

voitures  :  reda,  henna,  petorritum,  covinnus,  essedum,  ci- 
sium,,  pilentiwi,  colisatum,  carpentum,  carrus,  cantus, 
ploxenum. 

navigation  :  picatiis,  pontones,  nausiim.,  cumba. 

mesures  de  longueur  et  de  surface  :  arepennis,  candetum 

If  II  g  a. 

société  :  bardiis,  ambactus,  druidae,  euhages,  vergobre- 
tns,  casiiar. 

famille  :  gnatiis^  nate. 

guerre  :  formations  stratégiques  :  trimarcisia,  caterva, 
rnleia,  drungos  ;  armes  offensives  :  gaesa,  lancea,  petrinos, 
xi/nêma,  tolutegon,  materis,   spams,  cateia  ;  armes  défen- 


yU  INSCRIPTIONS    GAULOISES 

sives  ;  njrlids,  ccietra,  cnrtamera,  cnippeJlarii  ;  forteresse  : 
diino?}. 

musique  :  camon,  chrotta. 

agriculture  :  les  noms  d'animaux  domestiques  ci-dessus; 
les  mots  relatifs  à  l'alimentation,  au  vêtement,  aux  outils  ; 
aux  mesures  ;  aux  engrais  :  acauniimarga,  glissomarga  ;  aux 
diverses  espèces  de  terrains  :  nanto,  anibe,  o?ino,  anam, 
agaiinum,  balrna,  mercasius^  olca,  hrogilus,  herula. 

commerce  et  industrie  :  cambiare,  tannare. 

religion  :  diisii,  Adrastè,  nimidae,  giituater,  druidae, 
euhages. 


II.  Mots  celtiques  dans  lbs  inscriptions 


Les  inscriptions  gauloises  qui  sont  au  nombre  d'une  cin- 
quantaine (1),  constitueraient  le  fond  de  connaissances  le 
plus  solide  que  nous  puissions  atteindre  pour  le  vieux  cel- 
tique, si  l'interprétation  en  était  claire.  Ces  inscriptions  se 
répartissent  en  trois  groupes,  d'après  l'alphabet  avec  lequel 
oUos  sont  écrites  :  le  nord-otrusque,  le  grec  et  le  latin. 


(1)  .1.  RiiYS,  The  Celtic  inscriptiotis  of  France  and  Italy  (Pro- 
ceedings  of  ihe  British  Academy,  vol.  II).  The  Celtic  inscriptions 
of  Gaul,  additions  and  corrections  [Proc.  of  the  Br.  Ac,  vol.  V); 
Stokes,  Celtic  Declension  {Bczzenberger's  Beitràge,  t.  xi,  p.  128- 
141.  Enumération  bibliographique  chez  Espérandieu,  Epigra- 
phie  romaine  du  Poitou  et  de  la  Saintonge,  Paris,  1888,  p.  116-118. 
On  tronvora  quelques  reproductions  dans  le  Dictionnaire  ar- 
chéologique de  la  (kiule,  t.  i  et  ii,  planches. 


LA    LANGUE  91 

1°  Inscriptions  en  caractères  nord-étrusques  (1). 

Il  est  a  priori  peu  vraisemblable  que  ces  in8criptions 
soient  celtiques.  Elles  semblent  dater  de  la  seconde  moitié 
du  n"  siècle  avant  notre  ère.  Plusieurs  sont  d'une  lecture 
difficile. 

La  première,  qui  est  maintenant  au  musée  du  Vatican,  a 
été  trouvée  à  Todi,  en  1839  ;  elle  est  bilingne.  Les  pre- 
mières lignes  sont  en  grande  partie  effacées,  ainsi  que  le 
commencement  de  cbaque  ligne  de  la  première  face.  On  a 
ainsi  restitué  la  première  face  : 

Ategnato  Drutei  urnum  Coisis  Drutei  f  frater  eins  mi- 
u  nimus  locauitet  statuit. 

Ateknati  Trutikni  karnitu  artuas  Koisis  Truiiknos. 

Voici  la  restitution  de  la  seconde  face  : 

Ategnato  Drutei  urnum  Coisis  Druti  /  frater  eius  mini- 
mus  locauit  et  statuit  qui. 

Ateknati  Trutikni  karnitu  lokan  Koisis  Trutiknos 
(C.  /.  L.,  I,  n°  1408). 

Si  l'on  retranche  les  noms  propres  qui  se  correspondent 
dans  les  deux  textes,  il  reste  dans  le  texte  latin  :  urnum... 
frater  eius  minimus  locauit  et  statuit,  et  dans  le  texte  dit 
celtique  :  karnitu  artuas  d'une  part,  karnitu  lokan  de 
l'autre.  La  comparaison  des  deux  textes  nous  montre  qu'ils 


(1)  On  trouvera  ces  inscriptions  chez  Pauli,  Die  Inschrijten 
nord-etruskischen  Alphabets  [Italische  Foischungeji.  t.  i).  La  der- 
nière édition  est  celle  de  Riiys,  Tlie  Celtic  inscri plions  of  Cisal- 
pine Gaul  (Proc.  of  the  Br.  Ac.,  vol.  VI). 


92  1NSCRIPTI0>S    GAULOISES 

ne  se  correspondent  pas  exactement,  et,  de  plue,  que  si  le 
texte  latin  de  deux  faces  est  identique,  le  texte  celtique  est   ,j 
différent.  On  ne  peut  donc  tirer  grand  secours  du  texte  la- 
tin, qui  d'ailleurs  est  obscur. 

Les  langues  celtiques  ne  nous  fournissent  rien  de  satis- 
faisant pour  l'interprétation  de  l'inscription.  On  a  rappro- 
ché lokan  de  lo  «  tombe  »  ?  mot  d'une  inscription  ogamique 
de  Grande-Bretagne,  artuas  de  l'irlandais  art  «  pierre  »,  et 
karnitu  de  l'irlandais  carn  «  amas  de  pierre  ». 

Une  seconde  inscription,  trouvée  à  Briona,  dans  le  pays  i 
de  Novare,  en  1864,  et  conservée  dans  le  cloître  de  la  ca-  ' 
thédrale  de  Novare,  a  été  lue  ainsi  : 

Kui(n)tes  asoioikeni   Tanotaliknoi   Kiii(n)tos  Lekatos   li 
Anokopokios  Setupokios  Esanekoti  Anareuiseos  Tanotalos 
karnitiis.  Tekos  toutious  (C.  I.  L.,  V,  p.  719). 

Il  semble  qu'elle  soit  composée  surtout  de  noms  propres  ; 
nous  y  relevons  la  terminaison-Av^oi,  qui  indique  la  filia- 
tion (cf.,  dans  la  première  inscription,  Koisis  Trutiknos  = 
Coisis  Druti  filius);  et  karnitus{cl.  karnitu  de  la  première 
inscription  et  /.otpvtToj  dans  une  inscription  d'Apt  {C.I.L., 
t.  XII,  p.  822). 

Kui?ites!,  kuinfos  (quintus),  lekatos  (legatus)  sont  sans 
doute  latins. 

La  troisième  inscription,  découverte  près  de  Limone,  sur 
la  rive  occidentale  du  lac  de  Garde  et  conservée  au  musée 
de  Brescia,  est,  s'il  se  peut,  encore  plus  «bscure  que  les 
deux  premières.  En  voici  la  transcription  : 

Tetumus  Sexidiigiana  sasadis  toine  ccaai  nhaa  anatina 
(C./.L.  V,  n''488). 


Là    langue 


93 


A  l'exception  de  Sexti  et  de  decuvi  =  dicavii  ('?)  qui  sem- 
blent latins,  l'inscription  n'offre  rien  qui  puisse  être  expli- 
qué (1). 

11  existe  encore  d'autres  inscriptions  plus  courtes  ou  plus 
obscures  que  les  précédentes  ;  parmi  celles  qui  se  réduisant 
à  un  ou  deux  mots  on  trouve  quelques  noms  d'apparence 
celtique  :  Alkovinos,  Atepu,  Ritukalos,  Namu  Esopnio, 
Athiti,  Latumarui. 

2"  Inscriptions  en  caractères  grecs. 

Ces  inscriptions  proviennent  toutes  de  la  Narbonnaise. 
Elles  datent,  comme  les  inscriptions  en  caractères  latins, 
du  temps  de  l'empire  romain. 

1.  Inscription  de  Vaison,  au  musée  Calvet  d'Avignon  (2)  : 

I.i'^(j\io.^o<^  OuiÀXov£o;  Toouxious  Na[ji.au!Taxi(;  îtwpo'j  lJï)XrjCjajji'. 

70T..V    V£(JLr,TOV    (C.I.L.,    XII,    p.    162). 

Le  mot^^R'^f^^  cf.  l'irlandais  nemed  ((  sanctuaire  «,  sem- 
ble celtique. 

2.  Inscriptions  de  Nîmes  : 

a)  KapTapoç  iXXavoutaxo;  ^i^z  [jiaTpeêo  vaixauaixaêo  P'.axo'jSE 

[C.  I.  L.,  XII,  p.  383.  Dict.  arch.  n°  1). 

b)  KajaixaXoi;   O'jepaixvo;    oeoe    PpaTouoe   xavceva  Xa|jit  sivoui 

:C./.  L.,  XII,p.  383). 

^1)  L'inscription  de  Vérone  (Stokes,  u°  4)  et  l'inscription 
i'Este  (Stokes,  n°  5)  ne  sont  vraisemblablement  pas  celtiques. 
Cf.  Rhys,  The  Celtic  inscriptions,  m,  p.  1.  Sur  l'inscription  de 
Vérone,  voir  M.  Olsen,  Zeilschrifi  fur  Celtisdie  Philologie,  t.  iv, 
[).  23-30  ;  Rhys,  The  Cellic  inscriptions,  vi. 

(i!)  Cf.  la  nouvelle  inscription  celtique  d'Alise  chez  Espé- 
iiANDiEu,  Pro  Alesia,  t.  i,  p.  43-45. 


94  INSCIUI'TIO.'NS    (JAULOISES 

c)  ETMr{opv/^  KovoiÀ/.ço,'  {C.  I.  L.,  XII,  p.  383). 

3.  Inscription  d'Orgon,  près  d'Arles,  au  musée  Calvet 
d'Avignon  : 

c)    OuT,6po'j[jiCi(po;  Oeoe  Tapavoo'j  ^pa-rouSe  xavcêii.    {C .    I.    L., 

XII,  p.  820). 

Des  inscriptions  analogues  (1)  à  ces  trois  dernières, 
mais  incomplètes,  ont  été  étudiées  par  H.  d'Arbois  de  Ju- 
bainville  et  M.  Vacher  de  Lapouge  (2). 

M.  Bréal  et  H.  d'Arbois  de  Jubainville  ont  fait  re- 
marquer (3)  que  l'inscription  «)  ne  pouvait  être  celtique  et 
s'expliquait  par  un  dialecte  italique.  Il  en  est  de  même  des 
inscriptions  b)  et  c),  dont  les  éléments  principaux,  oioi  et 
Ppaxouoe,  leur  sont  communs  avec  l'inscription  a).  Parmi  les 
noms  propres  contenus  dans   ces   inscriptions,  SEYouapoc, 


(1)  Inscriplion  de  Saint  Saturnin  d'Apt  au  musée  Calvet 
(Stokes,  rO  9,  note  ;  Rnvs,  n°  8  ;  C  /.  L.,  xii,  p.  137)  ;  ins- 
cription de  Gargas  au  musée  Calvet  (Stokes,  n°  9,  note  ;  Ruys, 
n°  9  ;  C.  I.  L.,  xii,  p.  137)  ;  inscription  de  l'Isle-sur-Sor^ue,  au 
musée  Calvet,  C.  I.  L.,  xii,  p.  822  ;  Riivs,  n°  10  ;  inscription 
d'Apt  au  musée  Calvet,  Rhys,  n°  il,  C.  I.  J  .,  xii,  p.  822; 
inscription  de  Notre-Dame  de  Groseau,  près  Malauccne  (Ruys, 
n°  13  ;  C.  I.  L.,  xii,  p.  824)  ;  inscription  de  l'église  de  Saignon 
(Rhys,  n"  14  ;  C.  I.  L.,  xii,  p.  824  ;  deux  inscriptions  de  Saint-Rc- 
my,  au  musée  de  cette  ville(RHYs,  n°^  15, 16  ;  Stokes,  n°^  10,  11  ; 
C.  I.  L.,  XII,  p.  127)  ;  inscription  de  Nîmes  (Stokès,  n°  9,  note  ; 
RiiYS,  11°  19  ;  C.  I.  L.,  XII,  p.  833)  ;  inscriplion  de  Saint-Côme, 
au  musée  de  Nîmes  (Rhy'S,  n°  22  ;  C.  I.  L.,  xii,  p.  833)  ;  ins- 
cription de  Notre-Dame  de  Laval,  près  CoUias,  au  musée  do 
Nîmes  (Rhys,  n»  24  ;  Stokes,  11°  13  ;  C.  I.  L.,  xii,  5887  ;  ins- 
cription d'Alise  (Rhys,  p,  100).  On  trouvera  dans  The  Celte 
inscriptions  of  Gaul,  additions  and  corrections,  par  Rhys,  quelques 
autres  inscriptions.  Voir  aussi  C.  I.  L.,  t.   xii,  p.  127,  183. 

(2)  Reçue  Celtique,  t.  xviii,  p.  318-324.  Bulletin  historique  et 
philologique,  1898,  p.  328-349. 

(3)  M.  Bréal,  Re\^ue  archéologique,  t.  xxxi  (1897),  p.  104-108  ; 
H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Eléments  de  la  grammaire  Cel- 
tique, p.  173-177. 


LA    LANGUE  93 

K7.77'.--:aXo<;,  O'jr,6pou-[io!po<;,  Tapo.Kjoj  sont  sûrement  cel- 
tiques. L'inscription  de  Vaison  n'est  sans  doute  pas  rédigée 
dans  le  même  dialecte  que  les  trois  autres  inscriptions  et 
contient  deux  mots,  s'wpou  et  ao^tv,  que  l'on  trouve  dans  les 
inscriptions  en  caractères  latins  sous  la  forme  ieuni  et 
sosin. 

Ces  inscriptions  en  caractères  grecs,  lesquels  on  retrouve 
aussi  sur  les  monnaies,  nous  rappellent  le  texte  de  César  oii 
il  est  dit  que  les  druides,  dans  les  comptes  publics  et  privés, 
se  servent  de  lettres  grecques,  litteris  graecis  (1),  Les  Ro- 
mains trouvèrent  dans  le  camp  des  Hehetiiàes  registres  en 
lettres  grecques,  litteris  graecis,  où  étaient  relevés  les  noms 
de  tous  les  émigrés,  le  nombre  des  hommes  en  état  de  por- 
teries armes  et,  séparément,  celui  des  vieillards,  des  enfants 
et  des  femmes  (2).  D'autre  part,  lorsque  dans  le  [)ays  des 
Nen>iiGéssLT  eut  à  faire  parvenir  une  lettre  à  son  lieutenant 
Gicéron,  il  l'écrivit  litteris  graecis,  pour  que  l'ennemi,  s'il 
arrivait  à  l'intercepter,  ne  pût  connaître  son  dessein  (3). 
Pour  expliquer  ce  second  texte,  il  faut  admettre  ou  bien 
f!  que  litteris  graecis  y  a  un  autre  sens  que  dans  le  premier 
et  signifie  «en  langue  grecque  «  (4),  ou  bien  que  la  connais- 
sance de  l'alphabet  grec  ne  s'était  pas  répandue  dans  toutes 
les  parties  de  la  Gaule.  Tacite  rapporte  l'opinion  d'après  la- 
quelle il  y  avait  sur  les  confins  de  la  Rhétie  et  de  la  Ger- 
manie des  monuments  et  des  iJima/i  portant  des  inscriptions 


(1)  De  bello  gallicco,  vi,  14. 

(2)  De  bello  gallico,  i,  29. 

(3)  De  bello  gallico,  v,  48. 

(4)  C'est  ainsi  que  l'entend  Dion   Cassius  qui  dit  ÈÀXr,'. 

(xL,   9).   Cf.    POLYEN,   VIII,   23,   6. 


96  LNSCUIPTIONS    GAULOISES 

en  caractères  grecs  (1).  Les   plus  anciennes  monnaies  gau- 
loises portent  des  caractères  grecs  (2). 

3°  Inscriptions  en  caractères  latins. 


Les  inscriptions  eu  caractères  latins  présentent  dans 
quelques  mots  deux  signes  qui  leur  sont  particuliers  :  le  d 
noté  e  sur  les  légendes  de  quelques  monnaies  gauloises,  et 
le  X  (3). 

Le  premier,  b,  est  souvent  remplacé  par  s.  Abbedoma- 
Ros  sur  une  monnaie  de  Grande-Bretagne,  Assedomari  en 
Norique  ;  Garabbovna  à  Metz  et  Garassovnvs  à  Vichy, 
Tebbi  à  Vienne  et  Tessi  à  Saint-Gliristol  ;  Mkbbillvs  à 
Lezoux  et  Medsillvs  à  Gallarate  près  Milan,  cf.  MBeniL- 
Los  à  Nîmes  ;  VEi.iOKAei  sur  une  monnaie,  reconnu  [)ai' 
F.  de  Sauliy  pour  le  nom  de  peuple  bien  connu  Velio- 
casses  ;  bironae  à  Trêves  et  Sirokab  à  Luxeuil.  Le  b  est 
donc  vraisemblablement  une  spirante  dentale  analogue 
as. 

Le  second,  x,  s'échange  avec  le  c  devant  un  t  :  Lvxtupios 
sur  une  monnaie,  Lvcterii  à  Pern  (Lot)  ;  Divixta  à  Scarpone, 
DiviCTA  à  Ghianocco  ;  Atextorigi  à  Néris-les-Bains,  Atecto- 
rix  sur  des  monnaies  ;  c'était  sans  doute  une  spirante 
gutturale  analogue  au  ch  irlandais. 

Parmi  les  inscriptions  en  caractères  latins,  la  plus  consi- 
dérable est  la  table  de  Goligny,   découverte  en  1897  (4). 

(1)  Germanie,  3.  Il  s'agit  peut-être  de  l'écriture  runique. 

(2)  Blanchet,  Traité  des  monnaies  gauloises,  p.  92,  274-278. 

(3)  Cf.  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Eludes  grammaticales 
sur  les  langues  celtiques,  p.  27-40. 

(  '■■  )  Voir  les  noies  de  MAL  Dissard  et  Thiers  dans  les  Comptes 
rendus  de  l'Académie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres,  t.  xxv 


LA    LANGUE  97 

Très  intéressante  de  divers  points  de  vue,  cette  inscription 
est,  du  point  de  vue  linguistique,  d'une  importance  mé- 
diocre ;  aliène  contient  qu'une  phrase  ;  la  plupartdesmots 
y  sont  sans  doute  notés  en  abrégé.  Nous  ne  pouvons  songer 
à  la  reproduire  ici;  elle  a  été  publiée  plusieurs  fois  (1). 
C'est,  sans  aucun  doute,  un  calendrier.  Elle  contient  treize 
noms,  que  l'on  regarde  comme  des  noms  de  mois  ;  trente 
autres  mots  ou  fragments  de  mots,  et  un  fragment  de  phrase 
qui  a  été  transcrit  ainsi  : 

mb  rixtio  cob...  cariedit  ox...  aniia  pogdedortonin  qiiimon. 

Oq  n'a  encore  pu  reconnaître  dans  cette  phrase  aucun 
mot  appartenant  à  une  langue  connue.  Quant  aux  quarante- 
trois  mots  ou  fragments  de  mots  isolés,  quelques-uns  peu- 
vent s'expliquer  par  les  langues  celtiques.  Ce  sont  : 

cantlos  :   en  irlandais  cétal  «  chaut  »,  en  gallois  cathl. 

cingos  dans  sowio-cingos, irl.  cingim  «  je  marche  ». 

giamon  :  en  vieux  gallois  gflem  =  *giamo  «  hiver  »,  irl. 
gem-red.  Cf.  les  noms  de  personne  Giamillus,  Giamilos,  Gia- 
millo. 

lagit  :  en  irlandais  laigiu  «  plus  petit  >,  en  gallois  liai. 

lot  :  en  irlandais  laithe  c  jour  ». 

loudin  :  en  irlandais  im-luadi,  «  il  remue  ». 

mid  :  en  irlandais  mi  «  mois  »,  gallois  mis. 


1 


(1897),  p.  703,  730  ;  t.  xxvi  (1898),  p.  163-180.  Bulletin  de  la 
Société  nationale  des  Antiquaires  de  France,  1897,  p.  411-414. 

(1)  Revue  celtique,  t.  xix,  p.  212-223  (cf.  t.  xxi,  p.  10-27). 
On  en  retrouvera  deux  reproductions  en  fac-similé  dans  la  même 
revue  :  la  première  due  à  M.  Dissard,  t.  xix,  après  la  page  212  ; 
la  seconde  due  à  M.  Espérandieu,  t.  xxi,  après  la  page  428. 

G.  DoTTiN.  —  Manuel  de  l'antiquité  celtique.  7 


98  INSCRIPTIONS    GALLOISES 

ogron  :  en  irlandais  iiar  =  *ogro  «  froid»,   gallois  oer. 

prinni  :  en  gallois  et  en  breton  prenn  «  bois  » . 

samon  :  en  vieil  irlandais  sam  a  été  »,  gallois  haf  = 
*hamo-. 

Enfin,  d  peut  être  l'abréviation  d'un  mot  analogue  à  l'ir- 
landais die  a  jour  »,  gallois  dydd,  et  n  peut  être  l'abrévia- 
tion d'un  mot  analogue  à  l'irlandais  nocht  «  nuit  »,  gallois 
nos  (1). 

Mais  toutes  ces  comparaisons,  exactes  ou  à  peu  près 
exactes  quant  à  la  phonétique,  sont  évidemment  subor- 
données à  l'interprétation  générale  du  calendrier,  laquelle 
n'est  point  définitive. 

Les  inscriptions  en  caractères  latins  que  l'on  a  attribuées 
au  celtique  sont  au  nombre  de  quinze  (2).  Les  plus  intéres- 
santes sont  celles  qui  semblent  contenir  un  verbe.  Les 
voici  : 

1.  Inscription  de  Vieux-Poitiers  {C.  I.  L.,  XIIÏ,  tl71)  : 

Ratin  hriuatiom  Frontii  Tarheisonios  ienru. 


(1)  J.  LoTH,  Comptes  rendus  de  l'Académie  des  Inscriptions  et 
Belles-Lettres,  t.  xxvi,  1898,  p.  17.5  ;  Nicholson,  Celtic  resear- 
ches  ;  Rhys,  Celtse  and  Galli,  p.  1-37  ;  Rhys,  The  Celtic  ins- 
criptions of  France  and  Italy,  p.  82-94  ;  Seymour  de  Ricci, 
Revue  celtique,  t.  xix,  p.  213-223  ;  R.  Thurneysen,  Zeit^chrijl 
fur  Cdtischc  Pliilolo'^ic,  t.  ii,  p.  523-54'i;  Rhys,  Notes  on  the 
Coligny  Calendar,  Proceedings  of  the  British  Academy,  t.  iv, 
London,  1910.  On  trouvera  dans  la  Revue  celtique,  t.  xxi,  p. 
10-27,  un  article  de  S.  de  Ricci  donnant  l'indication  des  princi- 
paux travaux  relatifs  à  l'inscription  de  Coligny. 

(2)  On  en  trouvera  quelques-unes  avec  bibliographie  et  com- 
mentaire chez  P.  Lejay,  Inscriptions  antiques  de  la  Côte-d'Or, 
Paris,  1889  (Bibliothèque  de  l'Ecole  pratique  des  Hautes-Eludis, 
80),  et  chez  E.  Espébandieu,  Epigraphie  romaine  du  Poitou 
et  de  la  Saintonge,  Paris,  1888,  p.  107-116. 


LA    LANGUE  99 

2.  Inscriplîon  d'Auxey,  dite  de  Volnay  {C.  I.  L.,  XIII, 
2638,  Bict.  arch.  n°  4),  au  musée  de  Beaune. 

Iccaiios  Oppianicnos  ieiirii  Brigindoni  cantalon. 

3.  Inscription  d'Autun  [C,  I.L.,  XIII,  2733,  I>id.  arch. 
n^S). 

...licnos  Contextos  ieiirii  Anualonnacu  canecosedlon. 

4.  Inscription  de  Nevers  (C.  /.  L.,  XIII,  2821)  : 

Andecamulos  Toutissicnos  ieiirn. 

8.  Inscription  de  Couchey,  au  musée  de  Dijon  {C.  I.  L., 
XIII,  Dict.  arch.,  n°'  6,  6  bis),  gravée  au  pointillé  sur  le 
manche  d'une  patère  en  bronze  : 

Doiros  Segomari  ieurii  Alisanu. 

6.  Inscription  d'Alise-Sainte- Reine  (C.  /  L.,  XIII,  2880, 
Dict.  arch.  n°7),  sur  un  cartouche  avec  moulures  et  queues 
d'aronde. 

Martialis  Dannotali  ieuru  uciiete  sosin  celicnon  (1)  etic 
gobedbi  dugiiontiio  uciietin  Alisiia. 

7.  Inscription  de  Sazeirat  près  Marsac  (Creuse),  au  musée 
de  Guéret  [C.  I.  L.,  XIII,  1452)  : 

Sacer  Peroco  ieuru  duorico  u.  s.  L  m, 

8.  Inscription  trilingue  de  Genouilly  (Cher)  au  musée  de 
Bourges  (C. /.  L.,  XIII,  1326)  : 

Le  texte  latin  et  le  texte  grec  sont  incomplets. 


(1)  On  a  rapproché  ce  mot  du  gothique  kêlikn  «  tour  ».  Bei- 
tràge  de  Kuhn,  t.  n,  p.  108.  Sur  le  sens  de  l'inscription,  voir 
R.  Thurneysen,  Zeitschrift  fur  Celtische  Philologie,  t.  vi,  p.  558. 
On  trouvera  une  photogravure  de  cette  inscription  dans  Pro 
Alesia,  t.  i,  p.  77. 


lOO  INSCRIPTIONS    GAULOISES 

Eliiontiu  ieuru.   uAneuno  Oclicno  Lugiiri  Aneunicno, 

9.  Inscription  de  Lezoux  (Puy-de-Dôme)  au  musée  de 
Saint-Germain  (Rhys,  p.  56)  : 

Apronios  ieuru.  sosi...  esu... 

Si  l'on  compare  entre  elles  ces  inscriptions,  on  peut 
douter  que  le  mot  qu'elles  ont  en  commun,  ieuru  (voir 
plus  haut  £'-(>j?ou)  soit  un  verbe.  S'il  était  tel.  on  ne  trouve- 
rait sans  doute  pas  dans  l'inscription  7  v{otum)  s{olvii) 
l{ibens)m{erito),  et,  dans  l'inscription  8,  ieuru  ne  serait  pas 
mis  en  parallèle  avec  les  noms  propres  Oclicno  et  Aneunicno. 
D'ailleurs,  malgré  les  efforts  desceltistes,  on  n'avait  jamais 
pu  déterminer  quelle  flexion  verbale  pouvait  re[)résenter 
ieuru  (1).  Il  est  vraisemblable  que  c'est  un  nom  propre  au 
datif.  Le  seul  mot  que  l'on  puisse  expliquer  dans  ces  ins- 
criptions à  l'aide  des  langues  celtiques  est  :  ratin  ;  cf.  ir- 
landais raith,  fort  entouré  de  remparts  en  terre. 

On  trouve  sur  l'arc  de  triomphe  d'Orange,  sur  des  mon- 
naies et  des  terres  cuites,  divers  noms  propres  gaulois  : 
Rextugenos,  Aucirix,  Sacrillos,  suivis  de  auot,  auuot, 
auotis,  auoti  qui  pourrait  être  un  verbe  ou  un  nom  gaulois, 
mais  qui  peut  aussi  s'expliquer  simplement  par  le  latin  a 
votis,  comme  l'a  fait  remarquer  R.  Thurneysen. 

10.  Inscription  de  Néris  les-Bains  (Allier)  actuellement  à 
Paris  au  musée  de  Cluny  {C.  I.  L.,  XIII,  1388)  : 

Bratronos  N antonicn{os)  epad  Atextorigi  leucullosu 
iorebe  locitok  (ou  locitoe...) 

Aucun  mot  de  cette  inscription,    sauf  epad  (cf.  epo-, 

(1)  Cf.  Revue  celtique,  t.  vi,  p.  94  ;  191  ;  t.  vin,  p.  237  ;  Revue 
critique  d'histoire  et  de  littérature,  t.  xliv  (189;),  p.  149. 


I 


LA    LANGUE  101 

«  cheval  »)  qui  signifie  sans  doute  «  cava4ier  »,  ne  s'ex- 
plique sûrement  par  les  langues  celtiques  ;  iorebe  est  peut- 
être  apparenté  à  ieuru  ;  est-ce  un  verbe,  ou  un  datif  plu- 
riel? 

11.  Inscription  de  Séraucourt  près  Bourges,  au  musée  de 
Saint- Germain,  sur  un  vase  {Revue  archéologique,  t.  VI 
(1849),  p.  555)  : 

Buscilla  sosio  legasit  in  Alixie  Magalu. 

Legasit  semble  un  verbe  à  la  troisième  personne  du  sin- 
gulier. Cf.  le  latin  legavit. 

On  a  découvert  quelques  autres  inscriptions  d'un  moindre 
intérêt,  et  qui  ne  s'interprètent  pas  plus  facilement  par  les 
langues  celtiques  (1),  bien  qu'on  y  reconnaisse  quelques 
noms  d'apparence  celtique  (2). 

L'inscription  gravée  sur  une  plaque  d'argent  trouvée  à 
Poitiers  et  conservée  au  musée  de  Saint-Germain  doit  être 
une  formule  médicale  mélangée  de  grec  et  de  latin  : 

Bis  gontaurion  analabis,  bis  gontaurion  ce  analabis  bis 
gontaurios    catalages    s'explique    sans    doute     par    bis 

xtvTaûpetov  xal  (8')  àva).à6r|Ç    bis     xtvTaupsiov    xaxaXXayfiî,      et 

n'offre,  en  tout  cas,  aucun  mot  celtique  (3). 


(1)  Inscription  d'Evreux  (Stokes,  dP  21  ;  Rhys,  n°  1  ; 
C.  I.  L.,  XIII,  3204)  ;  inscription  de  Beaumont  conservée  à  Ma- 
laucène,  Vaucluse  (Stokes,  n°  24  ;  Rhys,  n°  12  ;  C.  I.  L., 
XII,  1351)  ;  inscription  de  Bavai,  Nord  (Stokes,  n°  22  ;  Rhys, 
nO  336  ;  C.  I.  L.,  xiii,  1010,  2097)  ;  inscription  de  Thiaucourt 
Meurthe-et-Moselle  (Stokes,  n^  27  ;  Rhys,  n°  33c). 

(2)  Stokes,  Celtic  declension,  Bezzenberger's  Beitràge,  t.  xi, 
p.  128-141. 

[?>)  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Revue  celtique,  t.  i,  p.  499  ; 
Ricochon,  La  tablette  de  Poitiers,  Vienne  et  Paris,  1901.  De 
même,  on  ne  songe  plus  guère  depuis  Zeuss  [Grammatica  Cel- 


102  1NSCR1PT10?(S    LATIÎSES 

Rien  n'autoriBe  non  plus  à  regarder  comme  celtiques  les 
formules  magiques  sur  plaques  de  plomb  trouvées  à  Rom 
(Deux-Sèvres)  (1).  On  lit  sur  la  tablette  de  Rom  Cialli  qui 
est  à  rapprocher  de  Ciallos  (calendrier  de  Goligny). 


4°  Inscriptions  en  langue  latine. 

Ces  inscriptions,  comme  les  inscriptions  grecques,  ne 
comprennent  guère,  en  fait  de  celtique,  que  des  noms 
propres.  Mais  quelquefois  on  y  peut  découvrir  des  mots 
latinisés  d'origine  celtique.  Tel  serait  le  peirudecameto 
d'une  inscription  de  Gélignieu^C  /.  L.,  XIII,  2494)qui  est 
phonétiquement  identique  au  breton  pei'arzekved  «  quator- 
zième » ,  et  qui  pourrait  s'expliquer  par  «  le  quatorzième 
jour  »,  Sans  doute  aussi,  dans  la  même  inscription.  Tri- 
contis,  comme  l'a  supposéH.d'Arboisde  Jubainville  (2),  cor- 


tica,  1'^  éd.,  p.  XLviii)  à  interpréter  par  le  celtique  les  formules 
médicales  de  Marcellus  de  Bordeaux,  pas  plus  que  les  mots 
rares  du  giamniairien  Virgile  et  les  gloses  malbergiques. 

(1)  C.  JuLLiAN,  Bei'ue  celtique,  t.  xix,  p.  168-170  ;  Re^'iie  des 
éludes  anciennes,  t.  ii,  p.  47-55,  136-141.  Cf.  Nicholson,  Keltic 
researches,  p.  132,  154  ;  Rhys,  The  Celtic  inscriptions  of  France 
and  Ilaly,  p.  94-98  ;  Celtse  and  Galli,  p.  37. 

(2)  Revue  celtique,  t.  xxv,  p.  361.  Voici  le  texte  complet  de 
l'iiiscripliou  :  Memoriœ  aeternai.  M.  Rufius  Catullus  curatot 
n(autarum)  R(hodanicorum)  vivus  sibi  et  R(ufio)  Rufiano  f(ilio) 
Ruf(iie)  Pupœ  fil(iae)  saciratœ  fil(ia))  defunctae  aniiorum  XXII 
œdiclam  cum  vinea  et  mûris  ad  opus  consummandum  et  tute- 
lam  eius  et  ad  cenam  omnibus  tricontis  ponendam  denariorum 
Liaorum  in  perpetuum  sic  ut  petFudecameto  consumatur.  Hoc 
opus  sub  ascia  est  ;  hœc  o(pera)  s(ive)  l(ocus)  hc^redem  n{on) 
s(t'quetur).  Voir  J.  Loth,  Comptes  rendus  des  séances  de 
l'Aradéniie  des  Inscriptions  et  Belles- Le  tires,  1909,  p.  10-28. 
Jin.i.iAN,  lles'ue  des  études  anciennes,  1.  xiii,  p.  351, 


LA    LANGUE  103 


reâpond  au  breton  tregont  «  trente  »,  et  désignerait,  d'après 
J.  Loth,  les  mois  de  trente  jours. 


III.  LbS   iVOMS    PROPRES    CBLTIQUBS 

Les  noms  propres  en  vieux  celtique  se  forment  comme 
dans  les  autres  langues  indo-européennes  (1).  Ils  sont  le 
plus  souvent  composés  de  deux  termes  ;  les  noms  dérivés 
semblent  être  des  formes  abrégées  des  noms  composés  : 

sanskrit  Açva-pati  ;  grec  "luTr-ap/oç,  'ircnfac  ;  gaulois 
Epo-redios,  Epona  ;  irlandais  Ech-cenn,  Echach. 

skr.  Upari-cara  ;  gr. 'VTttp-àviup  ;  gaul.  Ver  cingetorix; 
gallois  Gur-nerth. 

skr.  Tri-bhânu  ;  gr.  rpi-ôira^  ;  gaul.  Tri-casses, 

vieux  haut  allemand  Hadu-bald  ;  gaul.  Catu-rix,  Caiiis. 

gr.  Neo-xX^î  ;  V.  h.  ail.  Niwi-rât  ;  gaul.  Novio-dunum, 
Novios. 

skr.  Çruta-karman  :  gr.  KX'jTo-aOévr,;  ;  v.  h.  a.  Hliid- 
berht,  gaul.  Clutamus. 

La  comparaison  des  noms  anciens  supposés  celtiques 
avec  les  noms  propres  conservés  dans  les  dialectes  celtiques 
modernes  donne  des  résultats  satisfaisants.  On  peut  iden- 
tifier un  assez  grand  nombre  de  ces  noms  en  restituant 
toutefois  aux  noms  modernes  la  forme  archaïque  que  la 
phonétique  historique  permet  de  reconstituer.  Ainsi  l'iden 

(1)   FicK,  Die  griechischen  Personennamen,  Gôttingen,  1874, 

p.  LXVI-XCI. 


104  NOMS    PROPRES 

tité  du  nom  de  lieu  gaulois  Vindoniagos  et  de  l'irlandais 
Find-mag  n'apparaît  nettement  que  si  l'on  se  rappelle  que 
/initial  irlandais  répond  à  v  (cf.,  par  exemple,  les  mots 
empruntés  par  l'irlandais  au  latin  :  jerh  --=  verbum,  fin  = 
vinum,  focul  =  vocula),  et  que  les  voyelles  désinencielles 
ont  disparu  en  irlandais  ;  de  même,  le  nom  d'homme  gau- 
lois Seno-carus  et  le  vieux  breton  H  en-car  ne  deviennent 
identiques  que  si,  outre  les  voyelles  tombées,  on  restitue  à 
H  en-car  Vs  initial  dont  h  a  pris  la  place  (voir  p.  48).  S'il 
est  relativement  rare  qu'on  puisse  identifier  en  entier  un 
nom  vieux  celtique  avec  un  nom  celtique  moderne,  on 
trouve  fréquemment  les  mêmes  éléments  employés  soit 
comme  premier  terme,  soit  comme  second  terme  du  nom 
composé.  Voici  les  mots  communs  au  vieux-celtique  et  au 
celtique  moyen  (1),  qui  entrent  le  plus  fréquemment  dans 
la  composition  des  noms  d'hommes  ou  de  lieux  : 

Agro-  :  Ver-agri  p.  ;  v.  bret.  Aer-uuiu. 

Argento-  :  Argento-magos  1.,  Argento-rate  1.  ;  irl.  Airget- 
mar  ;  gall.  Argant-bad,  Argant-hell. 

Avi-  :  Avi-cantos  d.  ;  bret.  Eu-cant,  Eu-hocar. 
Arto-  :  Arto-briga  1.  ;  irl.  Art-bran,  Art-gai  ;  gall.  Arth- 
gen,  Arth-mail. 

(1)  On  trouvera  les  noms  vieux-bretons  chez  J.  Loth,  Chres- 
iomathie  bretonne  ;  les  noms  vieux-celtiques,  dans  le  Altceltis- 
cher  Sprachschatz  de  A.  Holder  ;  dans  la  Revue  celtique,  t.  m, 
p.  153,  297  ;  t.  vin,  p.  378  ;  t.  xii,  p.  131,  254,  354  ;  t.  xiii, 
p.  301-333  ;  t.  xiv,  p.  163-187  ;  et  spécialement  les  légendes 
monétaires  dans  la  Revue  celtique,  t.  ix,  p.  26  et  chez  A.  Blan- 
CHET,  Traité  des  monnaies  gauloises,  t.  i,  p.  95-150. 

Je  distingue  les  diverses  sortes  de  noms  propres  par  les  abré- 
viations suivantes  :  1.  (nom  de  lieu),  r.  (nom  de  cours  d'eau), 
p.  (nom  de  peuple),  h.  (nom  d'homme),  d.  (nom  de  dieu  ou  df 
déesse),  f.  (nom  de  femme], 


LA    LANGUE  105 

Anai-'o-  :  Anavos  h.  ;  gall.  Anau-gen  ;  bret.  Anau- 
guistl. 

Bôdio-  :  Sego  bodiom  1.  ;  gall.  Bud  gualan,  Cat-bud  ; 
bret.  Bud-guoret. 

Boduo-  :  Teuto-boduosh.  ;  v.  bret.  Tri  bodu,  Arth-bodu  ; 
gall.  Gur-bodu. 

Bruno-  :  Brano-dunom  1.  ;  irl.  Bran-dubh,  Art-bran  ;  v. 
bret.  Bran-hucar. 

Brlgo-  :  Brigo-banne  l.,Nitio-brigesp.  ;  v.  bret.  Cat-wo- 
brl,  Hael -wo-bri,  Bri-wal. 

Brocco-  :  Bro(e)co-magos  1.  ;  v.  bret.  Broho-magli,  gall. 
Broch-mail. 

-broges  :  Allo-broges  p.  ;  gall.  Cymry  =*  Com-broges. 

Cambo-  :  Cambo-dunom  1.  ;  gall.  Gam-dubr. 

Camulo-  :  Gamulo-gnata  f.,  Gamulo-rix  h.,  Gamulos  d. 
h.  :  irl.  Gumal. 

Canto-  :  Ganto-senos  h.,  Medio-cantos  1.  :  v.  bret.  Hin- 
cant,  Hael-cant.  , 

Caranto-  :  Garanto-magos  1.  ;  v.  bret.  Garant-car. 

Catu-  :  Gatu-maros  h.,  Duno-catus  h.  ;  irl.  Dûn-chadh, 
Cath-buadach,  Im-chath  ;  gall.  Gad-bud  ;  bret.  Gat-ne- 
met. 

Cintu-  :  Gintu-maros  h.  ;  gaél.  Ken-tegern  ;  gall.  Gyn- 
deyrn  ;  bret.  Kint  uuallon. 

Cobro-  :  Gobro-mara  f.  ;  irl.  Gon-chobar. 

Cuno-  :  Guno  pennos  h.  ;  irl,  Gune-dag  ;  gall.  Mail-cun. 
Çon  raor. 


106  NOMS    PROPRES 

Dago-  :  Dago-dubnos,  h.,  Bitu-daga  f.  ;  irl.  Dag-dé  ;  v 
gall.  Cune-dag. 

Diimno-,  Diihno-  :  Dumno-rix  h.,  Dubno-rix  h.,  Dago- 
dubnos  h.  ;  irl.  Domn-al  ;  gall.  Domn-guaret,  Dyfn-wal. 

Diibro-  :  Dubro-dunom  1.,  Verno-dubrom  r.;  bret.  Dubr- 
ien  ;  gall.  Cain-dubr. 

Epo-  :  Epo-redia  1.  ;  irl.  Each-marcach,  Ech-tigern. 

-genos  :  Camulo-genos  h.  ;  Esu-genos  h.,  Rectu-genos 
h.  ;  V.  gall.  Arth-gen  ;  v.  bret.  Hoiarn-gen,  Rit-gen. 

Isarno-  :  Isarnos,  Isarninos  li.  ;  v.  bret.  Hoiarn-scoet, 
Gathoiarn. 

-magos  :  Roto-magos  1.  :  irl.  Dairmagh,  Fern-mag, 
Find-inag  ;  gall.  G\vyn-fa. 

Marco-  :  Marco-magos  1.  ;  gall.  March-vid,  Cad-farch  ; 
bret.  Guion-varch. 

Maro-  :  Ad-maros  h.  ;  v.  bret.  Er-mor. 

Matu-  :  Matu -genos  b.  ;  gall.  Mat-gueith. 

Mari-:  Mori-dunom  1.  ;  gall.  Mor-bran,  Mor-gan  ;  irl. 
Muir-chad  ;  v.  celt.  Are-inoricus,  bret.  Arvor;  gall.  arfor- 
dir. 

Nemeto-  :  Nemeto-briga  1.,  Ver-nemeton  1.  ;  v.  gall.  Gor- 
nivet,  V.  bret.  Gat-nemet;  irl.  Nemed. 

Rigo  ;  rix  :  Rigo-inagos  1.,  Gatu-rix  d.  h.;  irl.  Rig- 
bardan  ;  gall.  Ri  owen ,  bret.  Ri-uuallon  ;  v.  celt.  Catu- 
rigia,  irl.  Cothraige. 

Ritu-  :  Ritu-magos  1.  ;  v.  bret.  Rit  hergabail  ;  gall. 
Rhyd-ychen. 


À 


LA    LANGUE  107 

Ro-  :  Ro-smerta  d.,  Ro-talos  h.  ;  v.  bret.  Ro-hoiarn,  Ro- 
mael. 

Seno-  :  Seno  caros,  v.  bret.  Hen-car. 

Su-  :  Su-caros,  v.  bret.  Eu-ho-car. 

Talo-  :  Dumno-talos  h.  ;  y.  bret.  Tal-houarn. 

Vasso-  :  Vasso-rix  h.,  Dago-vassosh.  ;  v.  bret.  Cun-uuas, 
Pen-uuas. 

Vellauno-  :  Vellauno-dunom  1.,  Cassi-vellaunos  h.  ;  v. 
bret.  Cat-uuallon,  Dre-uuallon. 

Ver-  :  Ver-cingetorix  h.,  Yer-cassi-vellaunos  h.  ;  gall. 
Gur-cant,  Guor-tigirn. 

Verno-  :  Verno-sole  1.  ;  irl.  Fera-mag. 

Vesii-  :  Bello-vesus  h.  ;  v.  bret.  Uuiu-cant, 

Vindo-  :  Vindo-magos  1.  ;  irl.  Find-mag,  gall.  Gwyn-fa. 

Si  l'on  essaie  de  déterminer  le  sens  de  ces  noms  propres, 
on  ne  peut  guère  se  flatter  d'aboutir  à  autre  chose  quà 
d'ingénieuses  liypotlièses.  La  coïncidence  entre  un  élément 
d'un  nom  propre  vieux- celtique  et  un  mot  conservé  dans 
les  langues  celtiques  peut  être  purement  fortuite. 

Le  rapport  entre  les  deux  éléments  du  nom  composé 
pourra  parfois  conduire  à  des  explications  analogiques  ;  par 
exemple  Tri-contii  comparé  au  breton  tre-gont  «  trente  » 
nou8  amènera  à  chercher  dans  Vo-coiitii  (cf.  les  vigintiviri 
des  Voconces)  un  composé  analogue  qui  peut  être  identique 
au  breton  ugeni  «  vingt  »  (1).  Mais  comme,  d'autre  part, 
les  termes  d'un   nom  propre  indo  européen  ne  sont  pas 

(1)   Be^'ue  des  études  anciennes,  t.  viii,  p.  172-174» 


108  NOMS    PROPRES 

toujours  combinés  pour  donner  un  sens  logique,  et  comme 
ils  avaient  déjà,  pour  la  plupart,  la  valeur  abstraite  qui  de 
bonne  heure  s'attache  aux  noms  propres,  quelque  signifi- 
catifs qu'ils  aient  été  à  l'origine,  on  ne  saurait  prendre 
comme  preuve  de  la  vraisemblance  d'une  explication  le 
sens  raisonnable  et  logique  qu'elle  attribuerait  au  nom 
propre.  Les  combinaisons  d'idées  les  plus  incohérentes 
peuvent  être  conformes  à  la  réalité.  Il  est  donc  probable 
que,  quelque  précision  phonétique  que  l'on  mette  à  ces  éty- 
moiogies,  un  grand  nombre  d'entre  elles  sont  fausses.  11 
n'en  subsiste  pas  moins  que  le  système  onomastique  du 
vieux  celtique  est  conforme  au  système  onomastique  du 
gaélique  et  du  breton,  et  que,  dans  l'ensemble,  les  noms 
vieux-celtiques  s'expliquent  aisément  par  des  mots  appar- 
tenant au  celtique  moderne.  Voici  les  termes  dont  l'identi- 
fication est  phonétiquement  exacte  1)  et  dont  la  traduc- 
tion évoque  des  idées  analogues  à  celles  que  les  autres 
peuples  indo-européens  ont  introduites  dans  leurs  noms 
propres  : 

aballo-  :  Aballo  1.  ;  v.  irl.  aball,  v.  gall.  ahall 
«  pomme  ». 

aidu-  :  Aedui  p.  ;  v.  irl.  aed  «  feu  »,  Aed  nom  propre. 

-agro-  :  Ver-agri  p.,  cf.  Su-agriosh.  ;  irl.  àr  «  carnage  », 
gall.  aer. 

albio-  :  Albio-rix  d.  h.  ;  gall.  elfydd  «  monde  ». 

ambi-  :  Ambi-barii  p.,  Ambi-gatos  h.,  Ambi-dravi  p.; 
V.  irl.  imb  ;  gall.  amm-  «  autour  de  ». 

(1)  Dans  la  transcription  des  noms  celtiques,  pour  faciliter  la 
comparaison,  nous  avons  remplacé  u  latin  par  o  partout  où  Vu 
n'est  pas  étymologique  en  celtique. 


LA    LANGUli  109 

anavo-  :  Anavos  h.  ;  gall.  anau  «  harmonie,  poésie  ». 

ande-  :  Ande-matunnom  !..  Ande  ritoml.  ;  v.  irl.  ind  ; 
bret.  an-  (intensif). 

arduo-  :  Arduenna  1.  ;  irl.  ard  «  grand  »  ;  gall.  ardd. 

are- :  Are-morical.,(l),  Are-dunoml.,  V.  ivl.air-  «sur»; 
gall.  ar-. 

arganto-,  argento- :  Argento-magos  1.,  Argento-rate  1., 
Argento-coxosh.  ;irl.  argat,  arget  ;  bret.  arc  haut  «  argent  ». 
Cf.  bret.  cann  «  blanc  »,  gall.  ar-gan  «  très  brillant  ». 

-arto-  :  Arto-briga  1.,  And-arta  d.,  Artos  h.  ;  gall.  arth 
«  ours  »  ;  irl.  art  «  pierre  >) . 

ate-  :  Ate-boduos  h.,  Ate-cingos  h.,  Ate-gnata  f.,  At-epo 
h.,  Ate-spatos  h.  ;  v.  irl.  aith-  ;  gall.  at-  «  re-  »  (intensif). 

-bena  :  Sacro-bena  f.,  Vitu-bena  f.  ;  v.  irl.  ben  «  femme  ». 

-benno-  :  Canto-bennom  1.  ;  y.  irl.  benn  «  corne  »,  gallois 
ban?i  a  pic  »,  cf.  prov.  bana. 

-bilo-,    bili-  :   Mandu-bilos   h.,   Bili-catus  h.  ;  irl.   bil 

«  bon  » . 

« 

-bitu-  ;   Bitu-rix  p.  h.,  Bitu-daga  f.,  Dago-bitus  h.  ;  v. 

irl.  bith  ;  v.  gall.  bit  «  monde  ». 

blato- :  Blato-magos  1.,  Blato-bulgios  1.;  v.  irl.  blàth 
«  fleur  ». 

-bodio-  :  Bodio- casses  p.,  Bodiontici  p.,  Touto-bodiaod 
p.  ;  V.  irl.  buaid  «  victoire  »>  ;  gall.  budd  «  profit  ». 


(1)  Sur  ce  mot,  voir  J.  Loth,  De  vocis  aremoricae  usque  ad 
sexlum  post  Christum  natum  sseculum  forma  atque  significatione, 
Rennes,  1883. 


Ho 


NOMS    PROÎ>BES 


-bodiio-  :  Boduo-gnatos  h.,  Boduo-genos  h.  ;  v.  irl.  bodb 
«  corneille  »  ;  nom  d'une  fée  guerrière. 

boudo-  :  Boudo-briga  1.,  Boudicca  f.  ;  v.  irl.  biiaid  «  vic- 
toire ». 

brano-  :  Brano-dunom  1.  ;  irl.  bran  «  corbeau  ». 

bratu-  :   Bratu-spantium  1.  ;    irl.  Jirntli  «  jugement  »,  cl. 
ppaxo'jSî  des  inscriptions  gauloises. 

•briga  :  Deobriga  1.  ;  v.  irl.  bri,  gall.  bret.  bre  «  mont  ». 

-brlgo^  :  Brigo-banne  1.,  Nitio-briges  p.,  Brigia  r.  ;  irl. 
brig  «  force  %  gall.  bri  «  dignité  ». 

-brogi-  :  Allo-broges  (1)  p.,  Ande-brogi-rix  f.,  Brogi- 
maros  h.  ;  v.  irl.  bruig  ;  gall.  bro  «  pays  ». 

brocco-  :  Broc[c]o-magos  1.  ;  irl.  broc;  gall.  broch  ;  bret. 
broc' h  «  blaireau  ». 

-cadro-  :  Belatu-cadros  d.  ;  v.  bret.  cadr  «  beau  ». 

-caleto-  :  Caleti  p.,  Yassocaletos  d.  ;  bret.  calet  «  dur  ». 

cambo-  :   Cambo-dunom    1.,   Cambo-ritom   1.  ;    v.   irl. 
camm  ;  gall.  canmi  <  courbe  » . 

-canto-  :  Canto-rix  h.,  Canto-senos  h.,  Viro-cantos  h.; 
gall.  cant  «  brillant  » . 

-ccfjD/o- :  Moeni-captos  h.  ;  irl.  cacht  «  esclave  »,  gall.  caeth, 

caranto-  :  Caranto-magos  1.,  Carantos  h.  ;  irl.  cara,  gén. 
carat  «  parent  »,  gall.  carant. 

-cassi-  :  Cassi-gnatos  h.,  Velio-casses  p.,  Ver-cassi-vel- 


(  1  )  Brogae  Galli  «  agrum  »  dicuut  ;  alla  autem  «  aliud  ».  Schol,    I , 
de  JuvÉNAL,  VIII,  234.  Brogilo-  «  breuil  »  est  dérivé  de  brogi-. 


La  Langue  Hl 

launos  h.,  Duro -casses  p..  Cassi-vellaunos  h.  ;  irl.  cais 
«joli  ».  Cf.  xajjt'xEio;  u  étain  ».  On  trouve  sur  des  mon- 
naies la  variante  -ca^i. 

cata-  :  Cata-mantaloedis  h.  ;  v.  irl.  cet-,  v.  gall.  cant- 
«  contre,  avec  ». 

-catu-  :  Catu-maros  h.,  Catu-rix  h.  d.,  Catu-sualis  h., 
Catu-volcos  h.,  Duno  catus  h.,  Divi-catus  h.;  irl.  cath  l 
gall.  cat  «  combat  ». 

-ceto-  ;  Gelo-briga  1.,  Uto-cetom  1.  ;  v.  gall.  coit  ;  bret. 
coet  «  bois  n. 

-cingo-  :  Ate-ciugos  h.,  Ex-cingosh.,  Ex-cingo-magosl.  ; 
irl.  cingim  «  je  marche  «  ;  gall.  rhy-gyngua  aller  l'amble  ». 

-cingeto-  :  Ver-cingeto-rix  h.,  (1)  Gingeto-rixh.,  Ginge- 
tios  h.  ;  ir.  cing,  gén.  cinged  «  guerrier  ». 

cintu   :  Gintu-gnatos  h  ,  Gintu-genos  h.,  Cintu  marcs  h.; 
irl.  cet  «  premier  >  ;  gall.  cynt,  bret.  Kent, 
cob-  :  Gob-nertos  h.,  Goblanuo  f.  ;  irl.  cob  «  victoire  ». 

co-,  -com-,  con-  :  Gom-boio-maros  h.,  Ver-com-bogios 
h.,  Gon-victo-litavis  h.,  Gon-date  l.,Go-viros  h.,  Go-matu- 
maros  h.  ;  irl.  cofn-    «  com-,  con-  ». 

-co?i-  :  Viroconiom  1.,  Ari-coniom  1.  ;  irl.  a'',  gén.  con 
«  chien  »  ;  cf.  le  nom  d'homme  irlandais  Fer  chu,  g.  Fcr- 
chon. 

-corio-  :  Petru-corii  p.,  Tri-corii  p.  ;  v.  irl.  cuire  «  ar- 
mée ». 


(1)     «  Nomine  etiam  quasi  ad  terrorem  composito  Vercinge- 
torix  ».  Florus,  i,  45,  21. 


142  NOMS    PROPRES 

-covero-  :  Dumno-coverosh.  ;  gall.  cywir  «  juste,  vrai  ». 

-coxo-  :  Argento-coxos  h.  ;  v.  irl.  coss  «  pied  »  gall.  coes 
«  jambe  ». 

crixo-  :  Grixos  h.  ;  v.  gall.  crych  «  crépu  ». 
•cuno-:  'Ap-y.jv.a  opr,  1.,  cl.  V.  bret.   Guno-pennos  ;  gall. 
cynu  «  élever  ». 

-dago-  :  Dago-bitu8  h.,  Bitu-daga  f.  ;  v.  irl.  dag-  ;  gall.  da 
«  bon  *. 

-derco-  :  Derceia  1.,  Con-dercos  h.,  Derco-iedus  h.  ;  irl. 
derc  «  œil  » . 

-dervo-:  Dervones  d.,  Dervoniaf.,  Dervos  1.,  gall.  derw  : 
bret,  deri)  «  chêne  ». 

déw-,  divo-:  Devo-gnataf.,  Divo-dnroiu  I.,  Divonar.  (1)  ; 
irl.  dia,  g.  dé  a  dieu  ». 

-donna-  :  Donno-tauros  h.,  Mati-donnos  h.,  Seno-donna 
I.  ;  Donnes  h.  ;  irl.  donn,  gall.  dwnn  «  brun  »  :  irl.  donn 
«  noble,  roi  ». 

-dummo-,  dubno-  :  Gongonneto-dubnos  h.,  Dago-dubnos 
h.,  Dubno-rix  h.,  Dumno-rix  h.,  Vero-dumna  f.  ;  v.  irl. 
domun  «  monde,  profond»  ;  gall.,  domain,  dwfn  «  pro- 
fond M, 

-dubro-  :  Verno-dubrom  r..  Dubro-dunom  1.,  Dubral., 
V.  irl.  dobor;  gall.  d^vfr  ;  bret.  dour  «  eau  ». 

-diino-  :  Lugu-dunom  1  ,  Vellauno-dunom  1.,  Duno-ma- 
ro8  h.  ;  irl.  dùn  «  forteresse  »  ;  gall.  din. 


(1)  «  Divona  Celtorum  liiigua  îons  addite  Divis.  »  Ausone, 
Des  villes  illustres,  14. 


LA    LANGUE  113 

durno-  :  Durno-magos  1.,  Dago-durnos  h.,  Durnacos  h.  ; 
irl.  dorn  ;  gall.  d^rn  «  poing  ». 

eburo-  :  Eburo-brigal.,  Ebufo-vicesp.,  Eburacusl.,  Ebu- 
rones  p..  Eburos  h.  ;  irl.  ibar  «  if  ;  bret.  eçor  «  bour- 
daine ». 

eli'o-  :  Elvo-rix  h.  ;  gall.  elw  «  gain  ». 

-epo-  :  At-epo-maros  h.,  At-epo-rix  h.,  Epo-manduo-du- 
rom  ].,  Epo-meduos  h.,  Epo-sterovidus  h.,  Epona  d.  ; 
bret.  ep  dans  ken-ep  «  jument  pleine  »  ;  irl.  ech  «  cheval  ». 

ex-  :  Ex-cingos  h.,  Ex-ciogo-maros  h.  ;  irl.  ess-  «  ex-  », 
gall.  bret.  es-  devant  consonnes. 

gabro-:  Gabro-magos  1.,  Gabro-sentom  1,  ;  v.  irl.  ga- 
bor  ;  V.  gall.  gabr  «  chèvre  »  bret.  gcwr,  gaor. 

-geistlo-  :  Gon-geistlos  h.  ;  gall.  cyn-gwystl  «  gage  mu- 
tuel »,  irl.  giallu  otage». 

genava  :  Genava  1.  ;  v.  gall.  genou,  mod.genau,  «  bouche  » , 
cf.  lat.  Ostia. 

-genos  :  Cintu-genos  h.,*Esu-genosh.,  ïotati-genos  h.  ; 
gall.  geni  «  naître  »  ;  irl.  gein. 

glano-  :  Glana  r.,  Glanon  1.,  irl.  gall.  glan  «  pur  ». 

•gnato-  :  Gatu-gnatos  h.  ;  Epo-so-gnatos  h.  ;  irl.  gnàth 
«  accoutumé  »  ,  gall.  gnawt. 

gobann-  :  Gobanni-cnos  h.  (corr.),  Gobannitio  h.,Goban- 
nio  1.  ;  irl.  goba,  gén.  gobann,  «  forgeron  »  ;  gall.  gofaint 
«  forgerons  ». 

-iantu-  :  lantu-maros,  lentu-maros  h.,  Ad-ianto  h.  ;  irl, 
étmar  '<  zélé  »  et  t  zèle  »  ;  gall.  add-iant  «  désir  ». 

G.  DoTTiN.  —  Manuel  de  l'antiquité  celtique.  8 


114  NOMS   PROPRES 

isarno-  :  Isarnos  h.,  Isarninos  h  ,  Ysarnodori  1.  (1)  ;  irl. 
iarn,  gall.  haiarn  a  fer  ». 

-iugo-  :  Ver-iugo-dumnosd.,  Ver  iugosh..Rigo-ver-iugos 
h.,  gall.  iau,  bret.  ieo  «  joug  ». 

lindo-  :  Lindca  1.  ;  irl.  lind  «  eau.  étaog  »  ;  gall.  lyji, 

litano-  :  Litano-briga  1.,  Smertu-litanos  h.,  Litania 
silva  (2)  ;  irl.   lelhaii  «  large  »  ;  v.  gall.  ///(//.•. 

liiu-  :  Litu-maros  h.,  Litu-genos  h.  ;  irl.  lith  «  fête  >'  ; 
bret.  lid. 

loucetio-  leucetio  :  Leucetiosd.,  Loucetios  d.  ;  irl.  loche, 
gén.  lôchet  «  éclair  »  ;  gall.  lliiched,  bret.  liiked  {=  *  loue- 
seto-). 

loverno-  :  Luernios  li.,  Lovernucos  h  ;  v.  bret.  louuern 
«  renard  ». 

-rnagos  :  Rigo-magos  1.,  Gaturigo-magos  1.,  Condato- 
magos  1.,  ilitu-magos  1.  ;  v.  irl  ?nag.  u  cliauip  »  ;  gall. 
mues. 

-magu-:  Ivo-magush.,  >Iagu-rix  h.,  Magula  f.  ;ir\.?nug, 
corn,  rnmv  (..  serviteur  p. 

marco-  :  Marco-durom  1.,  Marco-magos  1.  ;  irl.  marc  ; 
gall.  mardi  ^^  cheval  ». 

-wa/o-:  Gatu-maros  1.,  Excingo-uiaroSjh.,Cobro-mara  f., 
Maro-boduos  h.  ;  irl.  mâr  «  grand  »  ;  v.  gall.  maur. 

mati-  :  Mati-donnos  h.  ;  irl.  maith  «  bon  ». 


(1)  Gallica  lingua  Ysarnodori  id  est  ferrei  ostii.  Acta  sanclo- 
rum,  janv,  I,  p.  50. 

i2)  Silva  oral  vasta,  Litanam  Galli  vocahant.  Tite  Live, 
xXTii,  24,  7. 


LA    LANGUE  115 

-matu-  :  Matu-genos  h.,  Teuto-raatus  h.  ;  irl.  math 
«  ours  ». 

medio-  :  Medio-lanom  I.,  Medio-matrici  p.  ;  irl.  mide, 
mid-  «  milieu  » . 

medu-  :  Medu-genos  h.,  Medu-briga  1.,  Meduli  p.  ;  irl. 
mid,  gall.  medd^  hydromel  »,  moy.  bret.  mez. 

mori-  :  Mori-dunom  1.  Mori  tasgos  h.  d.  ;  irl.  muir 
«  mer  »,  bret.  mor.  Cf.  monmariisatu  id  est  mortuum 
mare,  qui  serait  d'après  Philemon  (1)  un  mot  de  la  langue 
des  Cimbres. 

-nantu-  :  Nantu-ates  p.  ;  Nantus  1.';  gall.  nant  «  vallée  ». 

nemeto-  :  Ver-nemetom  1.  (2),  Nemeto-briga  1.,  Nenieto- 
gena  f.,  Nemetona  d.  ;  irl.  nemed  «  sanctuaire  ». 

-nerto-  :  Nerto-briga  1.  ;  Nerto-maros  h.,  Esu-nertos  h.  ; 
V.  irl.  nert  ;  v.  gall.  nerth  «  force  ». 

nitio-'.  Nitio-broges  p.,  Nitio-genna  f.  ;  irl.  nith  n  com- 
bat ». 

nouio-,nei>io-  :Novio-dunoml  ,  Nevio-dunom,  Novio-ma- 
gos  1.  ;  V.  irl.  nue  =  *  novio,  gall.  newydd. 

-obno-,  omno-  :  Ex-obnos  h.  Ex-omnos  h.  ;  v.  irl.  ornun 
«  crainte  »  ;  gall.  ofn  ;  irl.  es-omun,  gall.  eh-ofn  «  sans 
«rainte  ». 

octo- :  Octo-duros  1.,  Octo  gesa  1.  :  cf.  irl.  ochte  «an- 
goisse >. 


(1)  Pline,  Histoire  naturelle,  iv,  27,  94. 

(2)  «  Vernemetis...   quod  quasi  fanum  ingens  gallica  lingua 
refert.  »  Fortunat,  Carmina,  i,  9,  9. 


116  NOMS    PROPRES 

ollo-  :  Ollo  dagos  h.,  OUo-gnatos  h.,  OUo-totae  d.  ;  irl. 
oll  «  grand  ». 

orgeto-  :  Orgeto-rix  h.,  Orgetia  f.  ;  cf.  v.  bret.  orgiat, 
irl.  orgim  «  je  tue  ». 

penno- :  Penno-vindos  h.  (1),  Penno-lucos  1.,  Pennos 
h.  ;  gall.  penn  ;  irl.  cenn  «  tête  ». 

petru-  :  Petru-corii  p.  ;  gall.  pedry-  «  quatre  ». 

rectu-  :  Rectu-genos  h  ;  irl.  recht  «  droit,  juste  ».  bret. 
reiz. 

-redo-  :  Epo-redo-rix  h.,  Redones,  cf.  ve-redus,  para-ve- 
redus  :  irl.  riad  «  course  » . 

rêno-  :  Renos  r.  h.,  Ambi-renos  h.  ;  irl.  rian  «  mer  ». 

rigo-,  rig-  {rrg-,reig-)  :Rigo-dulom  1.,  Garbanto-rigon  1., 
Gatu-rix  h.  d.  ;  Ambio-rix,  h.  ;  Boio-rixh.,  Dubnoreix,-rex 
h.,  irl.  V.  bret.  ri  «  roi  ». 

-ritu-  :  Ritu-magos  l.,  Loco-ritum  1.,  Ande-ritum  1.;  v. 
gall,  rit  «  gué  ». 

ro-:  Ro-smerta  d.,  Ro-talos  h.  ;  irl.  ro-,  particule  in- 
tensive. 

roto-:  Roto-magos  1.  ;  irl.  roth  «  roue  ». 

rondo-  :  Ande-roudos  b..  Roudios  h.  ;  irl.  riiad  ;  gall. 
rudd  «  rouge  ». 

sego- :  Sego-briga  1.,  Sego-dunom  1.,  Sego-marosh.  ; 
Sego-vellauni  p.  ;  irl.  seg  «  force  ». 

-selva-  :  Lugu-selva  f.  ;  irl.  selh  ;  gall.  helw  «  possession  ». 

(1)  Sur  ce  mot  et  ses  transformations  modernes,  voir  A.  Lon- 
GNON,  Revue  celtique,  t.  xxv,  p.  17, 


LA    LAISGUË  117 

-seno-  :  Seno-gnatos  h.,  Seno-rix  h.,  Seno-condos  h,, 
Seno-magos  1.,  Canto-senos  h.;  v.irl.  sen  '<  vieux  »  ;  v. 
bret.  hen. 

slôgo-,  slougo-  ;  Gatu-slugi  p.  ;  irl.  slôg,  slûagi<.  armée  », 
gall.  llu. 

su-  :  Su-anetes  p.,  Sucariosh.  ;  irl.  su-  ;  v.  bret.  hu- 
«  bien  ». 

-talo- :  Argio-talos  h.,  Cassi-talos  h.,  Dubno-talos  h.  ; 
Vepo-talosh.  ;  gall.  tal  «  front  ». 

taxi-  :  Taxi-magulos  h.  ;  irl.  tais  «  doux  ». 

teuto-,  touto- ,  tôto-  :  Touto  matus  h. ,  Touto-bodiaci  p. ,  Ten- 
tâtes d.,  Toutatis  d.,  Totati-genos  h.,  Toutio-rix  d.  ;  irl. 
tuath  «  peuple  »  ;  gall.  bret.  tud. 

togi-  :  Togi-rix  h.,  Togi-sonos  r,,  Togios  h.  ;  irl.  toig 
«  aimable  ». 

tri-  :  tri-garanus  :  TarvosTrigaranus  d.  ;  irl.  iarbh  «  tau- 
reau »  ;  tria  trois  »  ;  gall.  garan  «  grue»  ;  v.  celt.  Tri-boci 
p.,  Tri-cassini,  Tri-ulatti/Tri-casees  p. 

trôgO'  :  Trogos  h.  ;  irl.  truag  «  malheureux  »,  gall.  tru. 
On  rattache  à  cette  racine  le  français  truand. 

uxello-  :  Uxello-dunom  1.,  Uxellos  d.  1.  cf.  Uxi-sama  1.  ; 
uasal  ;  gall.  uchel  «  élevé  ». 

■vasso-  :  Dago-vassosh.,  Vasso  rix  h.,  Vassoh.  ;  irl.  jos  ; 
gall.  gwas  «  serviteur  »  :  cf.  fr.  vass  al 

vecti-  :  Vecti-marosh.,  Vecti-rix  h.  ;  irl.  jecht  «combat  ». 
ver-:  Ver-agri  p.,  Ver-cobius  h.,  Ver-iugo-dumnos  d.  ; 


H8  NOMS    PROPRES 

Ver-cassi-vellaunosh.,  Ver-lucio  1.,  Ver-condari-dubnos  h. 
irl.  jor-  ;  gall.  gwr-  (intensif),  bret.  gour-. 

verno-  :  Verno-dubrom  r.,  Verno-sole  1.  ;  irl.  fern 
«  aulne  »  ;  gall.  bret.  gwern    «  aulnes  »,  «  marais  ». 

-vesu-  {visu-]:  Bello-vesush..  Sigo-vesus  h.,  Visu-rix 
h.  ;  irl.  iiu  ;  gall.  gwiw  o  digne  ». 

vidu-  :  Vidu-cassesp.,  Viducosh.  ;  irl.  fid  ;  v.  gall.  guid 
«  arbre,  bois  ». 

-vindo-:  Vindo-bona  1.  Vindo-mora  1.,  Vindo-magos  1. 
(gall.  Gwynfa)  ;  Vinda  f.,  Penno-vindos  h.  ;  irl.  jind  :  gall. 
gwynn  «  blanc  ». 

•PîVo- :  Viro-manduos  h.  p.,  Sacro-viros  h.,  Seno-viros 
h.  ;  irl.  fir  ;  gall.  gwr  «  homme  »,  m.  bret.  gour. 

-vlro-,  -vrro-  :  Co-viros  h.  ;  gall.  ajwir  «  juste  »  ;  Dumno- 
coveros  h. 

co-  :  Vo-bergensis  1.,  Yo-segus  d.  ;  irl.  fo  ;  gall.  guo- 
((  sous  ». 

Du  point  de  vue  du  sens,  les  noms  de  lieux  en  vieux- 
celtique  peuvent  se  classer  en  cinq  catégories  : 

1°  Les  noms  religieux  :  Divo-durom  «  ville  des  dieux. 
Camulo-dunom  »  «  forteresse  de  Camulos  »,  Lugu-dnnom 
«  forteresse  de  Lug  ». 

2°  Les  noms  géographiques  :  Briva-Isarae  «  Pont  de 
l'Oise  »,  Moso-magos  «  champ  de  la  Meuse  »,  Coudato- 
magos   «champ  du  confluent»,    Acaunum  uxoch&c  ^-i  [i), 

(1)  «  Agaunum  incolae  interpretatione  Gallici  sermonis  saxum 
diciint  )>  [Acta  Sanci.,  sept.,  vi,  345D. 


LA    LANGUE  119 

Avaricom  dérivé  de  Avara  Yèvre,  Autricom  dérivé  de  ^4»- 
turaEviXQ,  Genava  «  embouchure  ». 

4°  Les  noms  relatifs  à  la  faune  ou  à  la  flore  :  Bibracle 
«  lieu  des  castors  »,  Uro-magus  «  champ  de  l'urus  », 
Gahro-sentom  «  chemin  de  chèvre  »,  Matu-caiom  «  bois 
Ag%  oViV?, 's>^  Brocco-magos  a  champ  du  blaireau»,  Aballo 
«  pommeraie  »,  Dcrventio  «  chênaie  »,  Ciilaro  «  ville  des 
concombres  »,  Limonotn  «  ville  des  ormes  »  (1). 

4°  Les  noms  relatifs  à  l'industrie  :  Gohanniom  «  forge  », 
Carbanio-raie  «  fabrique  (?)  de  chars  ». 

5°  Les  noms  de  terres  dont  le  premier  terme  est  un  nom 
d'homme  :  Novio-dunom  «forteresse  de  Novios  ».  Uxello- 
dunom  «  forteresse  d'Uxellos  » ,  Cambo-dunom  «  forteresse 
de  Cambos  »,  Scno-mngos  «  champ  de  Senos  ».  Quelques- 
uns  de  ces  mots  peuvent  s'expHquer  comme  des  noms  géo- 
graphiques :  «  forteresse  neuve,  haute,  courbe  ;  vieux 
champ  1). 

Les  noms  dérivés  en  -acos  n'apparaissent  que  sous  l'em- 
pire romain.  A  l'origine,  ces  noms  s'employaient  sans 
doute  comme  des  formes  abrégées  des  noms  composés.  La 
ville  d'Arras,  appelée  Nemeto-cenna  chez  Hirtius  (2),  le 
continuateur  de  César,  est  désignée  dans  l'Itinéraire  d'An- 
tonin  sous  le  nom  de  Nemetacum  (3).  Il  est  possible  que  de 
même  Eburacns  réponde  à  Eburodunom,  Noviacus  à  No- 
viodunom,  Turnaciis  à  Tiirnodurom  (4).  A  l'époque  gallo- 

(1)  Cf.  J.  Vendryès,  Mémoires  de  la  Société  de  linguistique 
de  Paris,  t.  xiii,  p.  387-389. 

(2)  De  belle  gallico,  viii,  46  ;  52, 

(H)  P.  377,  8  ;  378,  10  ;  379,  2.  Cf.  Ptolémée,  ii,  9,  4  ;  Table 
de  Peutinger  :  MUliaire  de  Tongres. 

[\]  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Mémoires  de  la  Société  de 
linguistique  de  Paris,  t.  ix,  p.  190.  Recherches  sur  l'origine  de  la 


120 


NOMS    PROPRES 


romaine,  cette  formation  a  pris  un  développement  considé- 
rable. Le  suffixe- r/cti^  s'est  ajouté  aux  gentilices  romains 
pour  désigner  des  jundi  (1).  Mais  on  ne  le  trouve  qu'en 
pays  celtique. 

Le  sens  des  noms  de  tribus  et  de  peuple^  est  le  plus  sou- 
vent obscur  ;  la  plupart  semblent  des  surnoms  honorables  : 
Cnta-riges  «  les  rois  du  combat  »,  Bitu-riges  »  les  rois  du 
monde  »  ;  d'autres  font  allusion  à  des  totems  :  Branno- 
çices  i  les  guerriers  du  Corbeau  »  ;  d'autres  à  des  divisions 
de  la  peuplade  :  Tri-corii  «  les  trois  armées  »,  Petru-corii 
«  les  quatre  armées  ». 

Les  noms  de  personnes  en  vieux  celtique  (2)  se  divisent, 
autant  toutefois  qu'on  en  peut  pénétrer  le  sens,  en  : 

1"  Noms  exprimant  une  filiation  divine  :  Dico-genus, 
«  fils  de  dieu»,  au  féminin  Divo-gena  <<  fille  de  dieu  », 
Camulo-genos  u  fils  de  Gamulos  »,  Esa-genos  «  fils  d'Esus  », 
Esu-n-^rtos  «  force  d'Esus  »,  Totati-genos  «  fils  de  Totatis  », 
Eni-geiws  «  fils  de  l'Inn  »,  Moeni-caplos  «  esclave  du 
Main  ». 

Peut-être  a-ton  raison  de  rattacher  à  ces  noms  ceux 
dont  le  premier  terme  est  un  nom  d'animal  ou  de  plante 
et  qui  rappelleraient  ainsi  d'anciens  totems  des  tribus  cel- 
tiques :  Uro-geiio-?iertos  «  qui  a  la  force  du  fils  de  l'urus  »  ; 
Matii  genos  «  fils  de  l'ours  ». 

2°  Noms  exprimant  des  particularités  physiques  ou  mo- 


propriété  foncière  et  des  noms  de  lieux  habités  en  France  (période 
celtique  et  période  romaine),  p.  151-155. 

(1)  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Recherches  sur  l'origine  de 
la  propriété  foncière,  p.  156-162. 

(2)  H.  d'Arbois  de  Jubainvit.t.e,  Les  noms  gaulois  chez  César 
et  Hirtius,  De  bello  gallico  ;  Cours  de  littérature  celtique,  t.  vi, 
p,  172-177.  Recherches  sur  l'origine  de  la  propriété  foncière,  p.  398. 


LA    LANGUE 


d21 


raies  :  Diibno-talos  «  qui  a  le  front  profond  »,  Dago-diib- 
nos  «  à  la  profonde  bonté  »  Seno-viros  «  vieil  homme  », 
Seno-hena  «  vieille  femme  y. 

3"  Noms  guerriers  :  Ver-cingeto-rix  «  grand  roi  des 
guerriers  »,  Catu-gnatos  «  habitué  au  combat  »,  Catu-ma- 
ros  «  grand  dans  le  combat  »,  Catu-rix  «  roi  du  combat  », 
Orgeto-rix  «  roi  des  tueurs  »,  Eporedo-rix  «  roi  des  cava- 
liers » . 

Les  noms  hypocoristiques  se  forment,  soit  en  ajoutant 
un  suffixe  au  premier  terme  du  composé  :  Dumnacos,  de 
Dumno-rix,  Diimno-talos  ;  Catiienos,  de  Catu-rix,  Catii- 
vellaunos  ;  Nertacos,  de  Nerto-maros  ;  Teutalos,  de  Teuto- 
matos  ;  Senacos  de  Seno-rix  ;  —  soit  en  déclinant  le  pre- 
mier terme  :  Bitus,  de  Bitii-rix  ;  Caius,  de  Catu-rix  ;  Nertos, 
de  Nerto-maros;  Senos^  de  Seno-rix. 

Les  noms  propres  celtiques  sont  particulièrement  appa- 
rentés aux  noms  propres  germaniques,  soit  pour  les  termes 
des  composés,  soit  pour  l'ensemble  même  de  la  formation  : 


Geltiqce 

Germaniquk 

boduo- 

:  Maro-boduos 

bathu-  :  Mara-bathu8 

catu- 

.    Catu-maros,   Catu-rix 

hadu-  :  Hadu-mâr,  Hadu-rich 

cuno- 

:  Cuno-maros 

hun-  :  Hun-màr 

oluto- 

:  Cluto-rix 

filud-  :  Hlud-rîch 

nitio- 

:  Nitio-genna 

7iid-  :  Nîd-bald 

rigo-  : 

Rigo-maros 

rie-  :  Ric-mâr 

rectu- 

:  Rectu-genos 

recht-  :  Reht-hart 

sego-  : 

Sego-maros 

sigu-  :  Sigu-mâr 

teuto- 

:  Teuto-matos 

diet-  :  Diet-mâr 

422  MOTS    RESTITUÉS 


IV.   Mors    DU    VIEUX   CBLTIQUR    RBSIITUéS    PAR    LA    LiriGU'STIQUB 

Parmi  ces  mots,  les  plus  intéressants  pour  nous  sont 
ceux  que  l'on  peut  attribuer  au  celtique  continental.  Les 
seuls  mots  celtiques  dont  l'existence  sur  le  continent  puisse 
être  démontrée  sont  ceux  qui  ont  persisté  à  la  fois  dans  les 
langues  celtiques  et  dans  celles  des  langues  romanes  qui 
sont  parlées  dans  des  pays  jadis  occupés  par  les  Celtes. 
Nous  nous  bornerons  ici  à  relever  les  mots  qui  existent  à 
la  fois  dans  les  langues  celtiques  et  en  français  ot  dont  une 
liste  dressée  avec  soin  figure  dans  le  Dictionnaire  général 
de  la  langue  française  de  Darmesteter.  Hatzfeld  et  A.  Tho- 
mas (1).  L'étude  des  mots  français  présente  une  difficulté 
particulière  parce  qu'une  langue  celtique,  le  breton,  est 
encore  parlée  en  France  et  que  le  breton  a  emprunté  an 
français  un  grand  nombre  de  mots,  tandis  que  le  français 
lui  même  empruntait  quelques  mots  au  breton.  Lorsqu'un 
mot  existe  à  la  fois  on  français  et  en  breton,  il  est  donc- 
possible  que  ce  soit  un  mot  d'emprunt  dans  l'une  ou  l'autre 
langue  ;  la  phonétique  historique  permettra  le  plus  souvent 
de  résoudre  la  question  (2).  La  présence  du  mot  en  question 
en  gallois  peut,  dans  une  certaine  mesure,  démontrer  l'ori 
gine  celtique  ;  il  est  toutefois  possible  que  le  mot  gallois 
soit  un  terme  anglo -normand  emprunté  à  l'anglais.  L'hypo- 
llièse  d'un  tel  emprunt  sera  moins  vraisemblable  en  irlan- 

(1)  Traité  de  la  formation  de  la  lans.ue  française,  p.  11-12. 

(2)  Pour  l'étude  des  mots  bretons,  consulter  V.  Henky, 
Lexique  étymologique  des  termes  les  plus  usuels  du  breton  mo- 
derne, Rennes,  1900. 


LA    LANGUE  123 

dais.  La  plus  grande  somme  de  probabilité  en  faveur  de 
l'origine  celtique  sera  donc  réalisée  seulement  quand  un 
mot  sera  conservé  à  la  fois  en  gaélique,  en  brittonique  et  en 
français.  Voici  les  principaux  mots  vieux-celtiques  que  l'ac- 
cord du  français  et  des  langues  celtiques  permet  de  resti- 
tuer (1)  : 

*  harga-  :  irl.  barc  «  barque  »  ;  fr.  barge. 

*  barica-  :  fr.  berge  ;  en  gallois  on  a  bargod  =*  baricât 
«  bord  j>. 

*  bilio-  :  irl.  bile  «  tronc  d'arbre  »  ;  fr.  bille. 

*  branno-  :  gall.  brann  ;  bret.  brenna  son  »  ;  fr.  bran. 

*  bris-  :  irl.  brissim  ;  fr.  briser. 

*  brozdo-  :  irl.  brot  «  pointe,  aiguillon  »  ;  bret.  broz 
«  jupe  »  ;  fr.  broder. 

*  clëta-  :  irl.  cliath  :  gall.  dwyd  «  claie  »  ;  d'où  le  bas- 
latin  clêta,  fr.  claie. 

*  cambita-  :  br.  c.amhet  ;  fr.  jante.  Voir  cambo-  (p.  110). 

*  camino- :  n'est  conservé  que  dans  les  langues  ro- 
manes :  fr.  chemin  ;  mais  est  certainement  apparenté  à 
lirl.  céimm  ;  bret.  kamm  a  pas  ». 

*  derveità  :  br.  derçoed  dartres  ;  fr.  dertre,  dartre. 

'  drillo-  :  gall.  dryll  «  morceau  »  ;  fr.  drille  «  lambeau 
d'étoffe  »  ;  cf.  bret.  draill,  corn.  dral. 

*  dlnto-  :  irl.  dlnth  «  épais  »  ;  fr.  dru. 


(1)  Cf.  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Eevue  celtique,  t.  xviii, 
p.  103-107.  W.  Meyer-Lubke,  Romanis'^hes  etijmologisches  Wôr- 
terbuch,  Hcidclbcrg:,  19!!-l9l4. 


124  MOTS    RESTITUÉS 

*  garri-  :  irl.  gairri  a  mollets  »  ;  bret.  garr  «  jambe  »  ; 
gall.  garr  «  jarret  »  ;  d'où  le  dérivé  fr.  jarret. 

*  gatali-  :  bret.  gadal  «  débauché  »,  v.  fr.  jaal,  jaelise  ; 
prov.  gazai. 

*  gobo-  :  irl.  gob  «  bec,  »  d'où  en  français  gober,  gohet. 

*  gravo-  :  gall.  bret.  gro  «  sable,  »  d'où  la  forme  fémi- 
nine fr.  grève. 

*  grenna-  :  irl.  grenn  «  barbe  »,  bret.  grann.  «  sourcil, 
cil  »,  prov.  gren,  y.  fr.  grenon. 

*  ivo-  :  irl.  eo  ;  gall.  yw  ;  fr.  if. 

*  landa-  :  irl.  land,  gall.  llun  «  parvis  »  ;  fr.  lande. 

*  mesga-  :  irl.  medg  «  petit  lait  »  ;  gall.  maidd  ;  fr. 
mègue. 

*  mue-  :  irl.  mi'/chaini  «  je  cache  »  ;  v.  fr.  inucicr. 

*  pario-  :  gall.  pair  «  chaudron  »  ;  prov.  pairol. 

*  rica-  :  irl.  rech,  gall.  rhycJi  «  sillon  »  ;  fr.  raie. 

*  rocca  :  bret.  rocli  ;  fr.  roche. 

"  riisca  :  v.  irl.  ruse  «  écorce  »  ;  fr.  ruche  ;  le  breton 
riisk  «  écorce,  ruche  »  a  subi  l'influence  du  mot  français, 
car  à  II  irlandais  répond  i  breton,  et  la  forme  galloise  est 

rh  isg . 

*  sesca-  :  irl.  seisc,  gall.  hesg  «  laîche  »  ;  v.  fr.  sesche. 

*  socco-  :  V.  irl.  socc  ;  bret.  soc'h  ;  fr.  soc. 

*  verno-  :  irl.  fern  «  aulne  »  ;  gall.  gwern  ;  fr.  i>erne.  Cf. 
les  noms  gaulois  en  Verno-. 

Outre  les  ressources  qu'ils  fournissent  pour  l'étude  du 
vocabulaire  vieux  celtique,  les  mots  restitués  par   la  lin- 


LA    LA>GUE  125 

guistique  permettent  d'étudier  à  fond  les  sons  et  les  formes 
grammaticales.  Les  mots  transmis  par  les  anciens  ont  été 
latinisés  ou  grécisés,  et  ne  peuvent  servir  à  déterminer  que 
des  lois  très  générales  de  phonétique  ou  de  morphologie. 

La  parenté  du  vocabulaire  vieux-celtique  avec  celui  des 
autres  langues  indo-européennes  (1),  hors  de  doute  lors- 
qu'on prend  comme  éléments  de  comparaison  le  vieil  ir- 
landais et  le  vieux  breton,  serait  facile  à  démontrer  même 
si  l'on  n'avait  que  les  mots  transmis  par  les  auteurs  de 
l'antiquité. 

pempe-  «  cinq  »,  [bret.  pemp,  irl.  côic]  ;  lat.  qiiinque. 
gr.  TTÉvxe,  éol.  TÉfjLTTc,  gkr.  pdnca. 

(1)  Sur  cette  question  consulter  :  Brugmann,  Grundriss  der 
vergleichenden  Grammatik  der  Indogermanischen  Sprachen, 
Strassburg,  1886-1893.  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Etudes 
grammaticales  sur  les  langues  celtiques,  Paris,  1881,  p.  83-103  ; 
Eléments  de  la  grammaire  celtique,  déclinaison,  conjugaison,  Pa- 
ris, 1903  ;  A.  Meillet,  Introduction  à  l'étude  comparative  des 
langues  indo-européennes,  Paris,  1903  ;  Pedersen,  Verglei- 
chende  Grammatik  der  keltischen  Sprachen,  Gottingen,  1909- 
1913. 

Voici  quelques  détails  précis  sur  la  parenté  du  vocabulaire 
des  langues  celtiques  avec  le  vocabulaire  des  autres  langues 
indo-européennes,  telle  que  nous  pouvons  l'établir  à  l'aide  des 
éléments  dont  r\pus  disposons.  Sur  un  millier  de  mots  relevés 
dans  le  Urkeltischer  Sprachschatz,  418  sont  communs  au  celtique 
et  aux  autres  langues  du  rameau  asiatique  (sanskrit,  zend,  ar- 
ménien) et  du  rameau  européen  (slave,  grec,  italique,  germa- 
nique) ;  143  sont  communs  seulement  au  celtique  et  au  germa- 
nique ;  106  au  celtique  et  à  l'italique  ;  74  au  celtique  et  au  grec  ; 
68  au  celtique  et  au  letto-slave  ;  39  au  celtique,  à  l'italique  et  au 
F  germanique  ;  34  au  celtique,  au  grec  et  à  l'italique  ;  34  au  cel- 
tique, au  slave  et  au  germanique  ;  22  au  celtique,  au  grec,  à 
l'italique  et  au  germanique  ;  18  au  celtique,  au  grec,  à  l'italique 
tt  au  slave  ;  17  au  celtique,  à  l'italique  et  au  slave  ;  16  au  cel- 
tique, au  grec  et  au  germanique  ;  15  au  celtique,  au  grec,  à 
l'italique,  au  germanique  et  au  slave  ;  12  au  celtique,  à  l'ita- 
lique, au  germanique  et  au  slave  ;  7  au  celtique,  au  grec,  au 
germanique  et  au  slave. 


426  MOTS    RESTITUÉS 

petor-  «  quatre  »,  [v.  gall.  petguar,  irl.  cethir],  lat.  qua- 
tuor, gr.  att.  -î-:xap£;,  éol.  Ti'.aupt;. 

ver  go-  «  efficace  »,  [v.  gall.    guerg],  anglo-saxon  work, 
ail.  werk^  gr.  Fspyov. 

c/oro  «  porte  »,  [v.  bret.  dor,  irl.  doras],  lat.  /or^s,  got. 
daur,  V.  si.  dvorïi,  gr.  O^pa. 

epo-  «  cheval  »,  [v.  irl.  ecli,  gall.  c/j-o/]   lat.   cqvos,  gr. 
'(ttho;,  skr.  âçvas,  got.  aUiwa,  lit.  aszva. 

tri-  «  trois  »,  [v.  irl.  i/'/,   gall.    //•/].  lat.  Irrs,  gr.  'p^^î, 
angl.  i/iree,  v.  si.  ^ri/>. 

Mais  ce  n'est  pas  à  l'aide  du  vocabulaire  que  l'on  établit 
le  mieux  la  parenté  des  langues  celtiques  avec  les  autres 
langues  indo-européennes,  car  les  mots  peuvent  avoir  été 
empruntés  par  une  langue?  à  une  autre.  Ce  sont  les  concor- 
dances de  certains  détails  de  phonétique  et  de  morphologie 
qui  prouvent  l'intime  parenté  des  langues  itaUques  et  des 
langues  celtiques  (1).  Par  exemple  :  l'identité  de  la  con- 
sonne initiale  des  deux  syllabes  dans  lat.  quinque,  irl.  cûic, 
gall.  pimp  en  regard  de  itîvtc  ;  le  génitif  en  1  des  thèmes 
en  0  :  lat.  viri,  irl.  ogam.  maqi  ;  le  superlatif  :  lat. 
maximus,  osq.  nessimas,  v.  irl.  nessam  ;  le  passif  en  -r  : 
lat.  canitur,  v.  irl.  canir,  bret.  caner  ;  le  déponent  en  -/■  : 
lat.  sequor,  v.  irl.  sechur;  le  subjonctif  en  à  :  lat.  ferain, 
V.  irl.  bera;  le  subjonctif  en  -s  :  lat.  faxô,  v.  irl.  tiasu  ;  le 
futur  en  -b  :  lat.  atnâbo,  v.  irl.  carub  ;  le  suffixe  nominal 
i&t. -tiô, -tiôn-,  V.  irl.-tiu,  -ten;lea  prépositions  et  pré- 
fixes lat.  dé,  V.  irl.  di,  hritt.  di;  lat.    curïi  v.   irl.   com. 


(1)  Voir  A.  Meillet,  Les  dialectes  indo-européens,  Paris,  1908, 
p.  33-39. 


LA    LANGUE  127 

Ces  coïncidences,  particulières  aux  langues  celtiques  et 
italiques  à  l'exclusion  des  autres,  permettent  de  supposer 
que  l'italique  et  le  celtique  formaient  un  dialecte  indo- 
européen. 

Voici  les  principaux  traits  caractéristiques  de  la  gram- 
maire des  langues  celtiques  : 

Le  vocalisme  celtique  ne  diffère  guère  du  vocalisme  des 
autres  langues  indo-européenne.  Il  a  comme  particularité 
principale  le  changement  de  ê  en  l  (i)  :  irl.  sî-l.  «  se 
mence  »,  lat.  së-men,  got.  -seths\  irl.  ri  «  roi  »,  lat.  rêx, 
gaul.  -rix  ;  irl.  ///•  «  vrai  »,  v.  bret.  giiir,  lat.  vèrus. 

Les  voyelles  brèves  a  o  ii  c  i  sont  en  général  conservées  : 
V.  irl.  alim,  «j'élève  ■>,  lat.  ulo  ;  gall.  inri-  «autour», 
gttul.  ambi-,  gr.  àjAtpi  ;  v.  irl.  ocht  «  huit  »,  lat.  odo  ;  v.  irl. 
rolk  «  roue  »,  lat.  rola  ;  v.  irl.  cluiiint  a  j'entends  »,  gr.  ''■ÀJ'»  ; 
V.  irl.  calJi  «  combat  »,  gaul.  catu-,  v.  h.  a.  hadu  ;  irl.  fiel 
«  bois  »,  gaul.  vidii-,  v.  h.  a.  witii  ;  irl.  beriiti  «  je  porte  ", 
lat.  /e/'o,  skr.  bharûmi,  got.  baira. 

Les  diphtongues  tendent  à  se  réduire  à  des  voyelles 
longues  :  irl.  -têaid  «  vou^  irez  *,  gr.  aTeîçE-cô,  cf.  got. 
sleiga  ;  v.  irl.  Dia,  gén.  Dé  «  Dieu  »,  gaul.  dëvo-,  dh'o-, 
gall.  Z)vV2/,  bret.  Doué,  lat.  divos  ;  irl.  6  «  oreille  »,  lat. 
auris  ;  irl.  ùg  «  intact  »,  lat.  aug-,  got.  âuk-  augmenter. 

Le  consonantisme  est  plus  original.  Le  p  initial  a  disparu 
dans  toutes  les  langues  celtiques  :  irl.  athir  «  père  », 
gr.  T^ax/p  ;  V.  gall.  rit  «  gué  »,  gaul.  -ritum,  lat.  portas, 
V.  h.  a.  fart  ;  irl.  orc  «  porc  »,  lat.  porciia. 

Le  groupe  pt  est  devenu   -cht,  puis  le  ch  s'est  vocalisé  : 

(1)  Au  temps  de  Consentius,  on  reconnaissait  les  Gaulois  à 
leur  prononciation  de  \'i,  qui  était  intermédiaire  entre  i  et  e, 
|Keii.,  Grammalici  latini,  t.  v,  p.  394), 


i  28  PHONÉTIQUE 

irl.  secht  «  sept  »,  gall.  seith,  lat.  septem  ;  irl.  necht 
«  nièce  ».  lat.  neptis. 

Ce  ^  et  le  Â;  sont  conservés  :  irl.  tuath  «  peuple  »,  bret. 
tud,  gaul.  Teiito-,  got.  thiiida  ;  irl.  cet  «  cent  »,  gall.  cant, 
lat.  centiim  ;  le  k  vélaire  conservé  en  gaélique  s'altère  en  p 
en  breton  et  en  gaulois  :  v.  irl.  cruim  «  ver  »,  gall.  pryf  ; 
V.  irl.  cethir  «  quatre  »,  v.  gall.  petguar,  gaul.  petor-,  lat. 
quatuor. 

Les  anciennes  aspirées  bh,  dh,  gh  sont  devenues  des  oc- 
clusives sonores  :  irl.  biu  «t  je  suis  »,  gall.  bydd-,  cf.  lat. 
iio,  gr.  çjw  ;  irl.  ruad  «  rouge  »,  gall.  rudd,  gaul.  -roudos, 
gr.  È-po0p6<;,  got.  ràuths  ;  irl.  gaw  «  hiver  »,  v.  gall. 
gaem,  gr.  x^'K^^"'- 

Les  explosives  sonores  persistent,  sauf  g  vélaire  qui  tend 
à  devenir  b  :  v.  irl.  iblrn  «  je  bois  »,  cf.  corn,  evaf,  lat. 
bibo  ;  V.  irl.  derc  «  œil  »,  cf.  gr.  oipv.oixa-.  ;  irl.  gein  «  nais- 
sance »,  gall.  geni  ;  cf.  lat.  getius,  gr.  yâvo;  ;  irl.  bo  «  vache  », 
gall.  buwch,  gr.  poOc,  skr.  gâus. 

La  fricative  5  à  l'initiale  est  conservée  en  gaélique  ;  mais 
devient  h  en  breton  :  v.  irl.  su-  «  bien  »,  gall.  Jnj-,  gaul  su-  ; 
V.  irl.  snàini  «  je  nage  »,  skr.  siiàini;  v.  irl.  6m/'  «  sœur  », 
gall.  cliwaer,  lat.  soror,  skr.  5U'a5ar-. 

Des  semi-consonnes,/  initial  a  disparu  en  gaélique  :  gall. 
ieuanc  «  jeune  »,  v.  irl.  ôac,  cf.  gaul.  lovinc-illus,  lat. 
juveticus  ;  —  v  subsiste  sous  diverses  formes  :  /  en  gaé- 
lique, gw  en  breton  :  v.  irl.  fiss  «  savoir  »,  gall.  gwydd,  cf. 
lat.  video,  skr.  çêda,  gr.  FoïSa. 

Les  liquides  et  les  nasales  ne  subissent  guère  de  change- 
ment :  V.  irl.  fer  «  homme  »,  gall.  gar,  lat.  vir,  got.  vair  ; 
V.  irl.  lOthur  «  canal  »,  gaul.  lautro,  gr.  XojTpôv  ;  v.  irl. 
mâthir  «  mère   »,  lat.  mater,  v.  h.  ail.  imwter  ;  v.  irl.  wa-, 


I 


LA    LANGUE  129 

gr.  vJ  «  maintenant  »  ;  en  gaélique  Ji  tombe  devant  les 
sourdes  :  v.  irl.  cet  k  cent  »,  gall.  bret.  cant,  gaul.  canto-, 
lat.  centum. 

En  résumé,  le  gaulois  a  en  commun  avec  le  breton  le 
traitement  du  A;  vélaire  et  de  n  devant  les  sourdes  ;  il  se 
rapproche  du  gaélique  pour  le  traitement  de  s  initial. 

Ce  qui  caractérise  particulièremenl  les  langues  celtiques 
modernes,  bien  qu'on  ait  relevé  des  faits  analogues  dans  le 
dialecte  sarde  de  Logudoro  (1),  c'est  la  modification  des 
consonnes  initiales  après  les  mots  qui  se  lient  étroitement 
an  mot  suivant  :  l'article,  les  adjectifs  possessifs,  certaines 
prépositions  et  particules  verbales. 

Cette  modification  ou  mutation  des  initiales  se  fait  dans 
plusieurs  directions.  Les  seuls  ordres  de  mutation  com- 
muns aux  deux  familles  de  langues  celtiques  sont  : 

1°  La  mutation  des  occlusives  sonores  en  fricatives  :  b 
>»  f ,  d  >  0»  g  >•  Y  qui  tombe  en  gallois  :  gall  dy  fiuvch 
«  ta  vache  »,  dy  ddant  «  ta  dent  »,  dy  afr  «  ta  chèvr"  »,  i»rl. 
do  bhô.  do  dhét,  do  ghabhar. 

2°  La  mutation  des  occlusives  sonores  en  nasales  :  b  >> 
m,  d'^  n.  g  ^  ng  :  gall.  fy  mmvch  «  ma  vache  »,  vy  nant 
«  ma  dent  »,  vy  ngafr  «  ma  chèvre  »  ;  irl.  ar  mbô  «  notre 
vache  »,  ar  ndét  «  notre  dent  »,  ar  ngabhar  «  notre  chèvre  » . 

Bien  que  ces  mutations  soient  rarement  notées  par  l'écri- 
ture dans  les  plus  anciens  textes  gaéliques  et  bretons,  ©n 
ne  peut  guère  douter  de  leur  antiquité. 

La  déclinaison  et  la  conjugaison  du   celtique   sont  plus 


I 


(1)  ScHUCHARDT,  Les  modifications  syntactiques  de  la  consonne 
initiale  dans  les  dialectes  de  la  Sardaigne,  du  centre  et  du  sud  de 
l'Italie,  Romania,  t.  m,  p.  1-30. 

G.  DoTTiN.  —  Manuel  de  l'antiquité  celtique.  9 


130  MOUPHOLOGIE 

difficiles  à  restituer  par  l'accord  du  gaélique  et  du  ])reton, 
car  les  dialectes  bretons  n'ont  gardé  que  des  traces  de  l'an- 
cienne flexion.  C'est  surtout  en  gaélique  que  l'on  trouve  un 
état  de  la  langue  comparable  à  celui  du  grec,  du  latin,  ou 
du  gotique. 

C'est  ainsi  que  l'on  peut  constater  que  le  celtique  offre 
les  mêmes  thèmes  de  déclinaison  et  les  mêmes  désinences 
nominales  que  les  autres  langues  indo-européennes. 

Ou  trouve  en  irlandais  des  thèmes  en  à-  :  tuath 
«  peuple  »,  got.  thiuda  ;  des  thèmes  en  î-  :  si  «  elle  »,  v.h.  a. 
si  ;  des  thèmes  eno  :  gaul.  tarvos,  v.  xvX.tarbh  u  taureau  », 
lat.  tauras  ;  en  io-  :  v.  irl.  «/7e  «  autre  »,  lat.  alius  ;  des 
thèmes  en  i-:  v.  irl.  fâith  <  poète  »,  lat.  i^ates;  des  thèmes 
en  u-  :  V.  irl.  fui  »  bois  ",  v.  h.  ail.  witii  ;  des  thèmes 
consonantiques :  v.  irl,  air-rnitia  «  honneur  »,  lat.  mentio  ; 
c)'  «  chien  »,  gr.  x^wv  ;  v.  irl.  màlhir  «  mère  »,  lat.  mater  \ 
V.  irl.  mao  «  plus  graml  »,  lat.  major  ;  v.  irl.  ôiliii  <  jeu- 
nesse »,  lat.  jiwenius;  ;  irl.  tech  «  maison  )),gr.  uteyo;  ;  irl.  ht'i 
((  vache  »,  lat.  bOs.  Mais  les  cas  ne  sont  plus  qu'au  nombre 
de  cinq  :  nominatif,  vocatif,  accusatif,  génitif,  datif.  Le 
duel  n'est  conservé  qu'avec  le  nom  de  nombre  deux  :  du 
tharbh  «  deux  taureaux  ».  Le  neutre  subsiste  dans  les 
thèmes  en  o-,  en  io-,  en  v ,  en  u-,  en  n-.  en  s-- 

Les  pronoms  personnels  ont,  en  brittonique  comme  en 
gaélique,  trois  formes*;  la  forme  absolue  quand  ils  sont  su- 
jets ou  compléments  directs;  la  forme  infixe,  quand  ils  sont 
compléments  directs  ou  indirects  d'un  verbe  composé  ;  la 
forme  suffixe  après  les  pré[iositions. 

Les  noms  de  nombre  irlandais  de  1  à  4  se  déclinent  ot 
ontdes  formes  spéciales  a  chaque  genre.  La  numération  est 
décimale  et  vigésimale  ;  ou  dit  en  irlandais  ceiiir  ficliit,  en 


LA    LANfillE  i31 

moyen  breton  pecflr»gc;??comme  en  français  i(  quatre-vingts». 
Les    formations    verbales     n'ont  aucune    particularité 
propre  à  l'irlandais  ;  elles  sont  peu  variées  ;  on  n'y  retrouve 
pas  la  richesse  de  suffixes  que  l'on  constate  en  grec  et  en 
sanskrit.  Gomme  verbes   à  suffixes,  on  ne  peut  guère  citer 
que  lïe^  verbes  en  -«-  et  des  dénominatifs  en  -a-  et  en  -i-. 
Il  n'y  a  que  trois  modes  personnels  :  l'indicatif,  l'impératif 
el  le  subjonctif  Les  caractéristiques  de  temps  et   de  modes 
se  rapprochent  surtout  de  celles   du  latin  :   on  trouve  en 
gaélique  et  en  brittonique  le  subjonctif  en  à,  P  ;   le   passif 
et  le  déponent  en  r  ;    mais  aussi  le  futur  et  le  prétérit  en  s  ; 
en  vieil-irlandais  le  futur  en  -b  -/.  Le  parfait  à  redouble- 
ment ou  à  voyelle  radicale  longue  est  conserv'é.  Les  verbes 
simples  ont  un  futur  à   redoublement  ou  à  vo\elle  radi- 
cale longue.  La  formation  du  présent  en  t   est  devenue  un 
prétérit.  La  particularité  la  plus  intéressante  que  [)résente 
la  conjugaison  irlandaise  est  la  double  série  de  désinences 
que  prennent  les  verbes  au  présent,  selon  qu'ils  sont  simples 
ou  composés.  Au  présent,  le  verbe  simple,  qu'il  soit  primi- 
tif ou  dérivé,  prend  les  désinences  de  la  conjugaison  en  h', 
et  le  verbe  composé  prend  les  désinences  de  la  conjugaison 
en  0  ;  ainsi  le  verbe  simple  à  la  première  personne  du  sin- 
gulier se  termine  en  -im  :    herini  =*  beronii  «  je  [)orte  »  ; 
le  verbe  composé  se  terminait,  avant  la  chute  des  voyelles 
finales,  en  ô  :  dobiur  =  doberô  a  je  donne  ».  Une  autre  ca- 
ractéristique curieuse  des  verbes  composés   est  la  tmèse. 
c'est-à-dire  l'intercalation  des  pronoms  compléments  après 
le  premier  élément  de  composition  :  ni-chnra-t  «  ils  n'aiment 
pas  »  ni  m-charat  «  ils  ne  m'aiment  pas  ",  ud-ci  «  il  voit  », 
al  ob-ci  «  il  vous  voit  »,  ro-chluinethar  <   il  a  entendu  », 
ro-d'  chliiinethar  «  qui  l'a  entendu  i. 


132  ACCENT 

L'accent  du  vieux  celtique  nous  est  connu  à  la  fois  par 
les  mots  transrais  par  les  anciens  et  par  les  langues  cel- 
tiques des  Iles  Britanniques.  Un  assez  grand  nombre  de 
noms  de  lieux  celtiques  ont,  comme  nous  l'avons  vu,  per- 
sisté jusqu'à  nos  jours  et  il  est  facile  de  déterminer  quelle 
était  dans  ces  noms  la  place  de  l'accent.  Dans  un  certain 
nombre  de  ces  mots, les  lois  de  l'accentuation  latine  ne  sont 
pas  observées  (1).  On  a,  par  exemple,  les  composés  :  Ebii- 
rùvices,  Evreux  ;  Vidûcasses,  Vieux  ;  Durôcasses,  Dreux  ; 
Tricasses,  Troyes  ;  Bodiôcasses,  Baveux  ;  Bitùriges, 
Bourges  ;  Catûriges,  Ghorges  ;  Autessiôdunim,  Auxerre  ; 
Epomanduôdnrnm,  Mandeure  ;  les  dérivés  :  Némausum, 
Nîmes  ;  Arelate,  Arles  ;  Brimte,  Brioude  ;  Côndate,  Candos. 

Au  contraire,  les  lois  de  l'accent  celtique  concordent  avec 
les  lois  de  l'accent  latin  dans  : 

Lugiidûniun,  Lyon  ;  Carohriças,  Ghabris  ;  Medioléniim, 
Milan  ;  Vernodnbrum,  Vernoubre  ;  Atrebdtes,  Arras  ;  Cam- 
bârilum,  Ghambord  ;  Rotômagus,  Rouen;  Diirocôregnm, 
Donqueur  ;  et  dans  :  Nemours,  Arlet,  Brivé,  Gondé,  dou- 
blets de  Nimes,  Arles,  Brioude  et  Gandes  ;  peut-être  aussi 
dans  Berry,  Ghéry  doublets  de  Bourges,  Gborges,  s'ils  ne 
dérivent  pas  des  adjectifs  Bituriciim,  Caturicuni. 

L'accent  de  l'initiale,  qui  apparaît  comme  accent  prin- 
cipal en  vieil  irlandais  et  qui  était  sans  doute  aussi  à  l'oii- 
gine  l'accent  du  vieux  celtique,  semble  avoir  coexisté  avec 
un  accent   qui  ne   dépassait   pas  l'antépénultième,  et  qui 

(1)  H.  d'Arbois  de  JuBAiNviLLE,  Mémoires  de  la  Société  de 
linguistique  de  Paris,  t.  ii,  p.  278  ;  t.  vi,  p.  337.  W.  Meyer- 
LùHKE,  Si(zui}gsberichte  der  kais.  Akademie  der  Wissenschaften 
in  Wien,  Philosophisch-historisohe  Classe,  t.  cxi,ni  (1901)  ; 
R.  Haberl,  Die  Betojiung  im  Gallischen,  Zeitsclirift  (iir  Celtische 
Philologie,  t.  viii,  p.  95-101. 


LA    LANGUE  133 

dans  les  composés  en  -casses,  -riges,  -rituni,  -magiis,  -re- 
guni  et  peut-être  dans  quelques  composés  en -(/wz-um  portait 
sur  la  voyelle  finale  du  premier  terme. 

L'histoire  intérieure  du  vieux-celtique  est  assez  mal 
connue.  On  doit  se  contenter  des  rares  renseignements 
transmis  par  les  anciens,  que  les  langues  des  barbares  n'in- 
téressaient guère.  Diodore  écrit  que  les  sons  du  gaulois 
étaient  rudes  (1).  La  comparaison  des  mots  du  celtique  de 
Grande-Bretagne  avec  les  mots  provenant  du  celtique 
continental  ne  permet  pas  de  relever  des  différences  im- 
portantes entre  les  deux  dialectes.  La  réduction  des 
diphtongues  à  des  voyelles  longues  que  l'on  a  notée  en 
Grande-Bretagne  peut  tenir  à  ce  que  les  inscriptions  des 
îles  sont  postérieures  à  celles  du  continent  (2).  Commius, 
roi  des  Morini,  envoyé  par  César  en  Grande-Bretagne,  n'a 
pas,  semble-t-il,  besoin  d'interprète  pour  se  faire  entendre 
des  Bretons  (3).  La  langue  des  Bretons  est,  d'après  Ta- 
cite (4),  peu  différente  de  celle  des  Gaulois.  Les  dialectes 
celte  et  belge  ne  différaient  que  légèrement  l'un  de 
l'autre  (5).  Les  trois  jjcuplades  galates  des  Trocmi,  Tolis- 
tohogii  et  Tectosages  parlaient  la  même  langue  (6).  Les  as- 
semblées générales  des  peuples  gaulois  n'étaient  possibles 
qu'entre  peuples  de  même  langue. 

La  domination  romaine  en  Grande-Bretagne,  qui  dura 
quatre  siècles,  n'ent  pas  pour  conséquence  le  remplacement 


(1)  Bibliothèque,  v,  31,  1. 

(2)  J.  LoTii,  Chrentoniathie  bretonne,  p.  32. 

(3)  Guerre  de  Gaule,  iv,  27.  Cf.  i,  19,  3  ;  v,  36,  1. 

(4)  Agricola,  11. 

(.j)  Strabon,  IV,   1,1. 

(b)  Strabon,  xii,  5,  1. 


134  ÎIISTdlUK    IX     (.1:1. TIQUE 

du  celtique  par  le  latin.  Les  Romains  eurent  beau  ouvrir 
(les  écoles  (1),  leur  langue  ne  laissa  que  quelques  mots 
dans  les  dialectes  bretons  (2). 

Le  celtique  continental  a  disparu,  senible-t-il.  de  bonne 
heure,  en  ne  laissant  que  quelques  traces  dans  les  langues 
romanes  et  les  laneues  germaniques.  A  quelle  date  a-t- il 
disparu  ?  Dès  le  temps  de  Strabon,  la  plupart  des  Cavari 
avaient  appris  le  latin  (3).  Lucien  parle  d'un  sorcier  de  Paph^ 
lagonie  qui  pouvait  répondre  en  celtique,  KsXxtaTÎ,  sans 
que  nous  puissions  savoir  s'il  s'agit  du  celtique  des  Iles,  du 
continent  ou  de  l'Asie  .Mineure  (4).  Ulpien,  mort  en  228, 
déclare  que  les  fidéicommis  peuvent  être  rédigés  en  langue 
gauloise:  gallicanu.  Lampride  \^o)  raconte  qu'une  dry  us 
prédit  en  gaulois,  gallico  ser/nune,  à  Alexandre  Sévère  sa 
fin  prochaine.  Sulpice  Sévère  6),  au  commencement  du 
Y*  siècle,  met  en  scène  dans  un  de  ses  dialogues  un  Gaulois 
qui  s'excuse  de  son  langage  et  auquel  son  interlocuteur  ré- 
[)ond  :  Parle- nous  celtique  (ccUicc),  ou,  si  tu  i)réfère8. 
gaulois  (^'«//m)  (7).  Saint  Jérôme  (8),  341-420,  qui  avait 
séjourné  à  Trêves  et  à  Ancyre,  écrit  que  les  Galates  se 
servent  de  la  langue  grecque,  mais  que,  de  plus,  ils  ont 
un  idiome   qui  leur  appartient  en  propre  et  qui  est  à  peu 

(1)  Tacite,  Agricola,  21. 

(2)  Voiï  J.  LoTH,  Les  mois  latins  dans  les  langues  hriltoniques, 
p.  17-22. 

(3)  Strabon,  iv,  1,  12. 

(4)  Alexandros,  51. 

(5)  Sévère,  60,  6. 

(6)  Dialogues,  1,  27,  4. 

(7)  Cf.  E.  Ch.  Babut,  Revue  historique,  t.  civ,  p.  287-292. 
Toutes  les  inscriptions  galates  ou  relatives  aux  Galates  sont  eu 
grec.  C.  JuLLiAN,  Ilisloire  de  ta  Gaule,  t.  i,  p.  367. 

(s)  Commentaire  de  l'EpHre  aux  Galates,  ii,  chez  Migne,  Pa- 
trologia  latina,  t.  xxvi,  col.  382. 


L.\    LAN(;UK  135 

près  le  môme  que  celui  que  parlent  les  Trévlres.  11  est,  à 
la  rigueur,  possible  que  saint  Jérôme  ait -reproduit,  d'après 
un  autre,  un  renseignement  qui  aurait  été  exact  trois  ou 
(juatre  siècles  plus  tôt.  H  est  probable  que  le  dialecte  bar- 
bare que  saint  I renée,  évêque  de  Lyon  au  n^  siècle,  se  dé- 
clarait occupé  à  étudier  (1)  était  le  celtique. 

Des  surnoms  donnés  à  l'Empereur  Galba  (68-69)  et  à 
Autonius  Primus  i/iO-IOO)  s'expliquent  par  les  langues  cel- 
tiques (2)  et  étaient  compris  au  i"  siècle  de  notre  ère.  Du 
IV*  au  vi"  siècle,  Ausone,  Forlunat,  Grégoire  de  Tours 
citent  des  mots  gauloÏH.  Marcellus  de  Bordeaux  donne  en 
gaulois  les  noms  de  certaines  plantes.  Rien  ne  prouve  qu'il 
s'agisse  d'autre  chose  que  de  survivances  d'une  langue  à 
peu  près  disparue.  Et  nous  avons  vu  (3)  que  la  plupart  des 
mots  transmis  par  îMarcellus  ne  s'expliquent  pas  par  les 
langues  celtiques.  Enfin,  dans  quelques  cas.  il  peut  être 
question,  non  d'une  langue  celtique,  mais  de  la  langue  ro- 
mane de  Gaule  (4).  Nous  n'avons  donc  aucun  témoignage 
clair  sur  l'usage  et  la  disparition  du  celtique  continental. 
Il  est  probable  qu'il  étaif  tout  à  fait  oublié  en  Gaule  au 
VI»  siècle  (dj.  La  disparition  en  fut  sans  doute  aussi  com- 
plète dans  la  péninsule  armoricaine  que  dans  le  reste  de  notre 


(1)  Contra  hsereses,  I,  pref.,  Migne,  Patrologia  grœca,  t.  vii, 
col.  444. 

(2)  Voir  ci-dessus,  p.  75,  81. 

(3)  Ci-dessus,  p.  77-78. 

(4)  Par  exemple  le  tripetias  «  tripodas  »  cité  par  Sulpice  Sé- 
vère (Dialogues,  ii,  1),  semble  appartenir  au  latin  vulgaire. 

(5)  F.  Brunot,  Origines  de  la  langue  française  (Petit  de 
Julleville,  Histoire  de  la  langue  et  de  la  littérature  française, 
t.  I,  p.  xix-xLii)  ;  F.  G.  MoHL,  Introduction  à  la  chronologie  du 
latin  vulgaire,  Paris,  1899,  p.  65. 


136 


CELTOMANES 


pays  (1).  Ce  ne  fut  qu'au  vi*  siècle  que  des  Celtes  chassés 
de  Grande-Bretagne  par  rinvasii»n  saxonne  débarquèrent 
en  Armorique  par  petites  troupes  et  y  apportèrent  leur 
langue  et  leur  civilisation.  Rien  n'autorise  à  #roire  qu'ils 
trouvèrent,  dans  la  langue  des  Gallo-Rouiains  auxquels  ils 
se  mélangèrent,  quelques  restes  du  celtique  de  Gaule. 

Aussi  ne  conroit-on  guère  l'erreur  fondamentale  des  cel- 
tomanes français  du  xvin®  siècle  qui  prirent  le  breton  de  leur 
temps  comme  type  de  vieux  celtique,  sans  se  préoccuper 
des  modifications  qu'il  avairt  pu  subir  dans  le  cours  de  dix- 
huit  siècles.  Ils  ne  s'en  tinrent  mal'ieureusement  pas  là.  Ils 
prétendirent  expliquer,  non  seulement  le  français,  mais  en- 
core toutes  les  langues  par  le  breton  (2).  Pour  démontrer 
l'origine  bretonne  de  la  langue  Irançaise,  il  leur  suffit  de 
renverser  l'ordre  historique  des  rapports  pour  les  doublets 
formés  par  les  mots  bretons  identiques  à  des  mots  français; 
ces  mots  ont  été  empruntés  soit  au  latin  (3),  soit  au  français 
par  le  breton,  depuis  l'époque  des  premières  relations  avec 
llome,  puis  avec  la  Fiance,  jusqu'en  notre  temps  ;  on  s'en 
servit  pour  prouver  que  le  français  avait  tiré  du  breton 
plusieurs  milliers  de  mots.  Ainsi  par  exemple,  d'après  La 
Tour  d'Auvergne  (1743-1800;  le  français  air  viendrait  du 
bictoné/-  {i),  chambre  du  hveton  cainbr,   dent   du  breton 

(1)  J.  LoTH,  L'Emii^ration  bretonne  en  Armorique,  p.  82-84. 
Les  liavaux  ingénieux  de  A.  Travers  (Rei^ue  de  Bretagne, 
t.  XI,  et  à  part,  Rennes,  1906,  1907),  n'ont  pas  réussi  à  dé- 
montrer la  persistance  du  celtique  en  Armorique. 

,2)  Sur  les  théories  sur  la  langue  des  Celtes,  voir  V.  Tour- 
neur, Esquisse  d'une  histoire  des  études  celtiques,  Liège,  1905, 
p.  188-206. 

(3)  Voir  J.  LoTH,  Les  mots  latins  dans  les  latigues  briitoniques, 
Paris,  1892. 

(4)  La    Tour    d'Auvergne-Corret,    Origines    gauloises    ou 


LA    LAÎSGUE  137 

datil,  haleine  du  breton  halan,  chaîne  du  breton  chaden, 
nialin  du  breton  minlin,  prix  du  breton  pris  (1). 

Quant  au  rapport  du  breton  avec  d'autres  langues,  on  ne 
put  l'établir  que  par  des  coïncidences  dues  au  hasard, ou  de 
véritables  calembours.  Le  breton  dour  «  eau  »  aurait 
donné  le  grec  jowp  ;  de  tan  «  feu  »  et  de  ti  «  maison  »  s'est 
formé  le  grec  Tfxav  ;  de  hara  <  pain  «  vient  l'hébreu  barach  ; 
de  ran  «  grenouille  »,  l'hébreu  ranach  «  il  a  crié  »  ;  Noé  est 
l'homme  «  nu  »  bret.  noeth  ;  Mercure  «  l'homme  des 
femmes  »  bret.,  merc'h-wr  ;  Adam  et  Eve  tirent  leur  nom  des 
premières  expressions  qui  sortent  de  la  bouche  des  enfants 
bretons  pour  demander  à  boire  et  à  manger  ;  Carolus  ?,\gm- 
fie  <(  ami  du  soleil  »,  car-eol  en  breton;  Paris  signifie 
«  l'égale  dis  »  par-ls  \2).  Taudis  que  Le  Brigant  (1720- 
1804)  expliquait  parle  basbrelou  le  ta'itien,  le  caraïbe,  le 
chinois  et  le  sanskrit  (3j,  une  autre  langue  celtique,  l'irlan- 
dais moderne,  était  donnée  par  Vallancey  (1721-1812) 
comme  interprétant  les  racines  primitives  du  punique  et  de 
l'algonquin  (4). 

Les  couclusions  de  l'étud'e  qui  précède  ressortent,  il  me 
semble,  assez  clairement  du  simple  exposé  des  faits  pour 
qu'il  ne  soit  pas  nécessaire  de  les  développer  longuement 
ici. 

recherches  sur  la  langue,  l'origine  et  les  antiquités  des  Celto- 
Bretons  de  l'Arniorique,  pour  servir  à  l'histoire  ancienne  et 
moderne  de  ce  peuple  et  à  celle  des  Français,  3®  éd.,  Hambourg, 
1801,  p.  179. 

(1)  Cf.  MicHELET,  Histoire  de  France,  t.  i  (1833),  p.  142,  note. 

(2)  La  Tour  d'Auvergne,  Ihid.,  p.  178,  99,  102,  136,  104. 
Cambry,  Alonunieiits  celtiques,  p.  355,  361. 

(3)  Observations  fondamentales  sur  les  langues  anciennes  et 
modernes,  Paris,  1787. 

(4)  An  essajj  on  the  antiquitij  oj  tite  Irisk  language,  Dublin, 
1772. 


138 


CONCLUSION 


L'identification  et  la  traduction  des  noms  propres,  pure- 
ment hypothétiques  f|uand  ces  noms  ne  coïncident  pas  en 
tout  ou  en  partie  avec  des  noms  communs  connus  par 
ailleurs,  ne  peuvent  donner  aucun  renseignement  certain 
sur  le  vocabulaire  du  vieux  celtique.  Or,  c'est  l'onomas- 
tique qui  nous  offre  la  matière  la  plus  riche,  tant  dans  les 
inscriptions  que  chez  les  auteurs  de  l'Antiquité. 

Quant  aux  quelques  noms  communs  conservés  par  les 
auteurs  anciens,  un  petit  nombre  seulement  ont  pu  être 
identifiés  à  des  mots  celtiques  ;  pour  les  noms  dont  les  an- 
ciens ne  nous  ont  pas  donné  le  sens,  cette  identification  est 
nécessairement  problématique.  Il  est  encore  plus  hasardeux 
de  chercher  à  retrouver  les  siihsirata  romans  des  restes  de 
vieux  celtique. 

Les  inscriptions  trouvées  en  Gaule  et  que  l'on  attribue 
d'ordinaire  à  la  langue  celtique  semblent  se  partager  en  deux 
groupes  :  dans  l'un,  la  langue  est  sans  aucun  doute  proclie- 
ment  apparentée  à  l'italique  ;  dans  l'autre,  à  peine  çà  et  là 
un  mot  peut-il  s'expliquer  avec  quelque  vraisemblance  par 
les  langues  celtiques,  le  reste  appartient  à  une  langue  en- 
core indéterminée  (1).  Les  inscriptions  de  la  Gaule  Cisal 
pine  offrent  encore  moins  d'éléments  celtiques  que  celles 
de  la  Gaule  Transalpine. 

La  linguistique  peut  nous  faire  connaître  scientifiquement 


(1)  Il  est  possible  que  la  plupart  des  mots  que  l'on  n'interprète 
pas  par  les  langues  celliqiu^s  appartiennent  au  ligure.  Mais  on 
ne  peut  le  démontrer,  puisque  le  ligure  n'a  pas,  comme  le  vieux- 
celtique,  donné  naissance  à  des  langues  que  l'on  puisse  étudier. 
Sur  le  ligure,  voir  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Les  premiers 
habitatits  de  l'Europe,  2^  éd.,  t.  ii,  p.  47-70,  8G-205  ;  Jullian, 
Histoire  de  la  Gaule,  t.  i,  p.  123-125  ;  t.  ii,  p.  367. 


LA    LAiSGÛE  139 

l'état  ancien  des  dialectes  celtiques  pariés  dans  les  Iles 
Britanniques  et  restituer  un  vocabulaire  qui  ne  doit  s'écar- 
ter que  sur  quelques  points  de  détail  de  la  réalité,  mais 
l'étude  des  restes  du  celtique  continental  ne  nous  révèle 
que  de  misérables  débris. 


CHAPITRE    III 


LES  PERSONNES  ET  LES  COUTUMES  (1) 


Portrait  physique  des  Celtes  par  les  anciens.  — ■  Portrait  moral 
et  intellectuel.  —  L'habitation.  —  La  nourriture.  —  Le 
vêtement.  —  La  parure.  —  Les  femmes  :  Chiomara,  Gamma, 
Gyptis  ou  Petta.  —  Les  pères  et  les  enfants.  —  La  nais- 
sance et  la  mort  ;  inhumation,  incinération.  —  L'agriculture. 
—  La  chasse.  —  L'industrie  et  l'art  ;  les  mines  ;  le  corail  ; 
l'éinail  ;  l'étamiage  ;  la  plastique  ;  les  monnaies.  —  Le  com- 
merce ;  les  voies  de  communication.  —   La  marine. 


Si  nous  voulions  entreprendre  de  restituer  la  vie  privée 
des  anciens  Celles,  les  éléments  nous  feraient  défaut.  Stra- 
bon  et  Diodore,  peut-être  même  César,  ne  font  guère  que 
reproduire  les  quelques  observations  que  nous  devons  à 
Poseidônios.  Dans  quelle  mesure  pouvons-nous  utiliser  les 
renseignements  qui  nous  sont  parvenus  sur  les  Celtes  au 
temps  de  la  domination  romaine  pour  compléter  ce  que 
nous  savons  sur  leurs  ancêtres  ?  Les  objets  que  l'on  a 
trouvés  dans  des  tombes  de  guerriers  celtes  ne  sont  pas 
très  variés  ,  le  mobilier  funéraire  se  compose  surtout  de 
vases,  d'armes  de  toute  espèce  et  de  bijoux.  Les  représen- 
tations figurées  d'ustensiles  et  de   meubles,  assez   rares 

(1)  Voir  G.  JuLLiAN,  Histoire  de  la  Gaule,  t.  l,  p.  833-347  ; 
p.  415-436,t.  II,  400-414,  260-355,  222-259. 


LES    PERSONNES    ET    LES    COUTUMES  144 

d'ailleurs,  ne  datent  que  de  l'époque  gallo-romaine.  Pour 
étudier  la  vie  journalière  des  Celtes,  nous  sommes  donc  le 
plus  souvent  privés  du  commentaire  qu'ajoutent  à  la  con- 
cision ou  à  l'ambiguïté  des  textes  les  inscriptions,  les 
dessins  des  objets  ou  les  objets  eux-mêmes.  Tout  ce  que 
l'on  peut  extraire  des  auteurs  anciens  n'est  guère  qu'une 
série  de  notes  avec  lesquelles  il  est  difficile  de  composer  un 
ensemble  harmonieux. 


Du  point  de  vue  physique,  les  Celtes  sont  caractérisés 
par  une  taille  élevée  (1)  et  par  des  cheveux  blonds  ou 
roux  (2)  ;  leurs  corps  blancs  (3)  sont  mous  et  résistent  mal 
à  la  fatigue  et  à  la  chaleur  (4)  ;  pleins  d'impétuosité  dans 
l'attaque,  ils  se  lassent  vile  (5j.  Ce  type  est  attribué  par  les 


(1)  PoLYBE,  II,  15,  7  ;  30,  .3  ;  29  ;  Timagène  chez  Ammien 
Marcellin,  XV,  12,  1  ;  Tite  Live,  v,  44  ;  Diodore,  v,  28  ; 
Florus,  I,  7,  13  (Senons)  ;  ii,  4  (Insubres)  ;  Denys  (I'Halicar- 
NASSE,  XIV,  9,  13.  Appien,  IV,  3  ;  Pausanias  x,  20,  7.  Cf.  au 
contraire  Pausanias,  i,  35,  5  (Celtes  de  Cavaros  ?) 

(2)  Timagène  chez  Ammien  Marcellin,  xv,  12,  1  ;  Tite  Live 
XXXVIII.  17,  3  (Galates)  ;  Diodore.v,  28,  1  ;  cf.  32,  2  ;  Virgile, 
Enéide  ,viii,  659,  où  aurea  semble  désigner  plutôt  le  métal  du 
bouclier  d'Enée  que  la  couleur  des  cheveux  ;  Tibulle,  i,  7,  12 
(Carnutes)  ;  Lucain^  i,  402  (Rutènes)  ;  Silius  Italicus,  iv,  200 
(Cisalpins)  ;  Claudien,  xxii,  2,  240-241  (Gaule  personnifiée)  ; 
Contre  Rufin,  2,  110  (Gaulois).  Scriplores  physiognomici  Grseci 
éd.  R.  Fœrster,  t.  i,  p.  393,  1.  5,  12  ;  t.  ii,  p.  306,  1.  1. 

(3)  Timagène  chez  Ammien  Marcellin,  xv,  12,  1  ;  Diodore, 
V,  28  ;  Virgile,  Enéide,  viii.  660  ;  Silius  Italicus,  iv,  154  ;  Ga- 
LiEN,  De  la  santé,  i,  5  ;  Des  tempéraments,  ii,  6  ;  Florus,  ii,  202. 

(4)  PoLYBE,  m,  79,  4.  Tite  Live,  v,  44,  4  ;  x,  28  ;  xxii,  2, 
6  ;  xxxiv,  47,  5  ;  xxxv,  5,  7  ;  xxxviii,  17  (Galates)  ;  Plutarque, 
Crassus,  25,  10  ;  Appien,  iv,  7  ;  Florus,  ii,  4. 

(5)  PoLYBE,  II,  33  ;  III,  79  ;  Tite  Live,  v,  44  ;  vu,  12  ;  x,  28  ; 


142  PORTRAIT    PHYSIQUE 

anciens  aux  Celtes  qui  j3rirent  Rome  comme  à  ceux  qui 
ravagèrent  la  Grèce,  aux  Gaulois  de  la  Cisalpine  et  c)e  la 
Transalpine,  ainsi  qu'aux  Galates  d'Asie  Mineure.  Il  fut 
bientôt  appliqué  indistinctement  à  tous  les  barbares  du 
Nord-Ouest  de  l'Europe  (1  -  Strabon  constate  que  les  Bre- 
tons sont  plus  grands,  moins  blonds  et  plus  mous  que  les 
Gaulois,  mais  assez  mal  bâtis  (2),  et  que  les  Germains  sont 
plus  grands  et  plus  blonds  que  les  Gaulois  (3).  D'ailleurs, 
les  Gaulois  et  les  marchands  vantaient  aux  soldats  romains 
la  haute  stature  des  Germains  et  déclaraient  n'avoir  pu 
soutenir  l'éclat  de  leurs  yeux  (4).  Lorsque  Caligula  voulut 
joindre  des  Gaulois,  en  les  faisant  passer  pour  des  Ger- 
mains, au  petit  nombre  de  ses  captifs,  il  choisit  les  hommes 
les  plus  grands  qu'il  força  de  laisser  croître  et  de  rougir 
leur  chevelure  (5).  Il  semble  donc  que  les  Gaulois  aient  été 
de  taille  assez  élevée,  supérieure  à  celle  des  soldats  ro- 
mains (6),  mais  inférieure  à  celle  des  Germains  ;  et  qu'il  y 
ait  eu,  au  moins  chez  les  peuplades  gauloises  a[»parcntées 
aux  Germains,  une  prépondérance  de  chevelures  blondes. 
Ouant  aux  yeux  bleus,  caractéristiques  des  Germains  (7U 
on  ne  peut  démontrer  qu'ils  aient  appartenu  au  type  cel- 
tique. Timagène,  d'après  Ammien  Marcellin,  ne  parle  que 

Strabon,  iv,  4,  5  ;  Florus,  ii,  4  ;  Denys,  xiv,  8  ;  Silius  Itah- 
cus,  XV,  716-718  ;  cf.  iv,  311-312. 

(1)  Cimbres  :  Plutarque,  Marias,  25-20  ;  Germains  :  Tacite, 
Germanie,  4  ;  Suèves  :  Appien,  iv,  1,  3. 

('!)  Géographie,  iv,  5,  2  ;  cf.  Lucain,  m,  77  ;  Jordanès, 
Histoire  dea   Golhs,  9. 

(3)  Géographie,  vu,  1,  2  ;  cf.  Manilius,  Astronomiques,  iv, 
713-714. 

(4)  César,   Guerre  de  Gaule,  i,  39. 

(5)  Suétone,  Caligula,  47. 

(6)  Guerre  de  Gaule,  ii,  30  ;  vi,  24. 

(7)  Tacite,  Germanie,  4.  Plutarque,  Alarius,  11.  Juvénal, 
XIII,  164. 


LES    PERSONNES    ET    LES    COUTl'MES  143 

des  yeux  torves  des  Gaulois  (1).  Il  est  d'ailleurs  vraisem- 
blable que,  même  dès  l'époque  la  plus  ancienne  à  laquelle 
nous  puissions  remonter,  les  Celtes  présentèrent  divers 
types  physiques.  Tacite  distingue  en  Grande-Bretagne  trois 
races  :  les  Caledonii,  les  Silures-  et  les  habitants  de  la  côte 
méridionale.  Les  Caledonii  ont  des  cheveux  roux  et  de 
grands  membres  comme  les  Germains  ;  les  Silures  ont  le 
visage  coloré  et  les  cheveux  frisés  comme  les  Ibères  ;  les 
habitants  de  la  côte  méridionale  ressemblent  aux  Gau- 
lois (2).  Dans  la  plus  ancienne  épopée  irlandaise  (3),  les 
blonds  ou  roux  sont  aux  bruns  dans  la  proportion 
de  l  i  à  6. 

Les  squelettes  trouvés  dans  les  tombes  de  la  Marne  ne 
sont  pas  d'uue  taille  très  haute.  Ils  mesurent  en  moyenne 
1  m.  6(j.  En  Vindélicie,  on  a  une  moyenne  plus  élevée  : 
1  m.  70  (4).  Quant  à  l'indice  céphalique,  les  crânes  des 
sépultures  hallstattiennes  comme  des  sépultures  de  laTène 
sont  en  général  dolichocéphales.  Dans  les  tumulus  halls- 
tattiens  de  la  Gaule  orientale  (o),  les  dolichocéphales  sont 
mélangés  avec  les  brachycéphales  de  la  fin  de  ré[)oque 
néolithique.  Sur  vingt-huit  crânes  des  sépultures  de  la 
Marne,  les  deux  tiers  étaient  dolichocéphales  ou  sous- 
dolichocéphales  (6).  A.  la  Tène,  la  plupart  des  crânes  ont 

(1)  Histoire  romaine,  xv,  12,  1.  Cf.  Diodore,  v,  31,  1  ;  Denys, 
XIV,  9,  15. 

(2)  Agricola,  M.  Cf.  Jordanès,  Histoire  des  Goths,  2. 

(3)  Tain  Bô  Cualnge,  éd.  Wiiulisch,  introduction,  p.  xvi. 

(4)  Vacher  de  Lapouge,  L'Aryen,  p.  306,  310. 

(5)  T.  HvMY,  Les  premiers  Gaulois,  L' Anthropologie,  t.  xvi 
1906)  p.  1  ;  t.  XVII  (1907),  p.  127  et  suiv. 

(6)  Raymond,  Les  caractères  physiques  des  Gaulois,  Rei'ue 
préhistorique  (1907),  p.  15. 


144  PORTRAIT    MORAL 

un  indice  céphalique  moyen  (1).  Les  crânes  découverts  en 
Grande-Bretagne  dans  les  barrows  ou  tertres  funéraires 
sont  surtout  dolichocéphales,  tandis  que  les  sépultures 
plus  anciennes  contiennent  un  plus  grand  nombre  de  bra- 
chycéphales  (2). 

Gomme  il  est  probable  que  les  guerriers  dont  on  a  trouvé 
la  dépouille  étaient  des  chefs,  on  peut  se  demander  si  les 
observations  que  l'on  a  faites  ont  quelque  valeur  pour 
déterminer  les  caractères  physiques  de  la  population  en  gé- 
néral, et  si  elles  ne  se  rapportent  pas  presque  exclusive- 
ment à  l'élite  de  la  nation.  Les  Gaulois  du  Capitoie  et  de 
la  villa  Ludovisi  ont  les  traits  rudes,  le  front  bas,  le  nez 
court,  le  menton  développé,  la  mâchoire  puissante,  le  cou 
épais  ;  ils  sont  nettement  brachycéphales  ;  ils  ont  des 
membres  vigoureux,  plus  massifs  qu'élégants  (3). 

La  précision,  que  nous  ne  pouvons  mettre  dans  la  des- 
cription i)hysique  des  Celtes,  nous  manque  plus  complè- 
tement encore  lorsqu'il  s'agit  de  tracer  leur  portrait  moral 
et  intellectuel.  Les  qualités  et  les  défauts  des  Celtes  n'ont 
guère  été  rapportés  que  par  leurs  ennemis.  Il  n'y  a  pas 
lieu  d'attacher  une  importance  exagérée  à  des  généralisa- 
tions naïves,  fondées  sur  des  observations  superficielles. 
Les  opinions  dos  anciens  sont  d'ailleurs  loin  de  concorder 
exactement  (4) 


(1)  Gross,  La   Tène,  p.   50-52. 

(2)  Greenwell,  British   barrows,     p.   129,    212.   Davis    and 
Thurnam,  Crania  hritannica,  London,  1865,  p.  226-232- 

(3)  CouRB.\uD,  Le  bas-relief  romain   à    représentations   histo- 
riques, p.  257-258. 

(4)  RoGET    DE  Belloguet,    Ethnooénie    canloise,  t.  m,  p.4- 
55. 


LES    PERSONNES    ET    LÉS    COUTUMES  145 

Tandis  que  Tite-Live  (1)  considère,  après  César  (2),  la 
religiosité  comme  un  trait  distinctif  du  caractère  gaulois, 
Cicéron  (3)  leur  refuse  tout  sentiment  de  piété  et  de  jus- 
tice. Aristote  (4)  et,  après  lui,  Diodore  (5)  et  Athénée  (G) 
ont  accusé  les  Celtes  de  pédérastie  ;  mais  les  écrivains  ru- 
mains  ne  leur  attribuent  pas  ce  vice. 

Leur  perfidie  est  notée  par  Polybe  (7)  ;  Brennos  est 
habile  aux  ruses  de  guerre  (8)  ;  mais  Slrabon  (9)  et  l'au- 
teur du  De  bello  Africano  ^^10)  leur  reconnaissent  une  nature 
simple  et  pas  méchante,  un  caractère  ouvert  et  très  peu 
insidieux  ;  ce  sont,  disent-ils,  des  hommes  qui  ont  l'habi- 
tude de  lutter  avec  le  courage  et  non  avec  la  ruse  (11). 

Tous  les  anciens  s'accordent  à  les  taxer  d'inconstance  et 
de  mobilité  d'esprit  ainsi  que  d'irréflexion  (12).  Chez  les 
Gaulois,  dit  Polybe,  c'est  la  passion  bien  plus  que  le  calcul 
et  la  raison  qui  règle  tout  en  souverain  arbitre  (13).  César 
connaissait  leur  caractère  léger,  mobile,  avide  de  nou- 
veauté (14)  ;  il  avait  remarqué  qu'ils  décidaient  souvent  les 

(i)  V,  46,  3. 

(2)  Guerre  de  Gaule,  vi,  1»6. 

(3)  Pour  Fonteius,  12  ;  13. 

(4)  Politiques,    ii,    6,    6. 

(5y)   Bibliothèque,  v,  32.  Cf.  Strabon,  iv,  4,  6. 

(6)  XIII,  8.  79.  Cf.  H.  d'ÂRBOis  de  Jubaiisville,  La  famille 
celtique,  Paris,  1905,  p.  187. 

(7)  Histoires,  ii,  7. 

(8)  Pausamas,  X,  20,  7. 

(9)  Géographie,  iv,  4,  2.  Cf.  Diodore,  v,  21,  5  (Bretons). 

(10)  Guerre    d'Afrique,    73. 

(11)  Voir  toutefois  la  ruse  de  guerre  racontée  par  Théopompe, 
ci-dessous,    ch.    vu. 

(12)  Polybe,  ii,  32  ;  m,  70  ;  78  ;  Tite  Live,  xxii,  i  ;  Guerre 
de  Gaule  iv,  5  :  Strabon,  iv,  4,  2  ;  5;  Silius  Italicus,  viii, 
16-17. 

(Iri)   Histoires,     ii,     35. 

(14)   Cf.  Horace,  Epodes,  xvi,  6. A.  Jacob,  Revue  de  philologie, 

G.  DoTTiN.  —  Manuel  de  l'antiquité  celtique.  10 


146  POUTItAir    MllKAL 

affaires  les  plus  importantes  sur  des  bruits  et  des  rapports 
qu'ils  ne  prenaient  point  la  peine  de  contrôler,  et  qu'ils 
ne  tardaient  pas  à  se  repentir  d'avoir  agi  d'a[)rès  des  nou- 
velles incertaines  et  la  plupart  du  temps  inventées  pour 
leur  plaire  (1). 

La  bravoure  des  Celtes  est  bien  connue  (2).  Ils  étaient 
belliqueux,  vifs,  [)rompts  à  se  battre  et  toujours  prêts  à 
répondre  aux  provocations  qu'on  leur  adressait  (3).  Jadis 
supérieurs  aux  Germains  par  le  courage,  les  Gaulois 
s'étaient  peu  à  peu  accoutumés  à  se  laisser  battre  par 
eux  (4)  Au  temps  de  César,  les  Belges  étaient  les  plus 
braves  des  peuples  de  la  Gaule  et  les  Helvetii  l'empor 
talent  en  courage  sur  les  autres  Gaulois.  Les  Bellovaci 
sur()assaient  en  gloire  militaire  tous  les  Gaulois  et  les 
Belges  (5).  Mais  siles  Gaulois  étaient  [)rom[)ts  à  prendre  les 
armes  ils  manquaient  de  fermeté  pour  supporter  les  dé- 
faites (6). 

Leur  cruauté  à  la  guerre  avait  terrifié  les  Grecs  et  les 
Romains  (7).  Les  Celtes  qui  envahirent  la  Grèce  immolaient 


t.  XXXVI  (1912)  lit  tp'.XôvcO'.  au  lieu    de    tpiXô.eixo'.  chez   Stua 
BON,    IV,   4,    3. 

(1)  Guerre  de  Gaule,  iv,  5.  Cf.  m,  10  ;  vi,  20,  2;  nata  in  vaiws 
tumultus  gens  :  Tite  Live,  v,  37,8. 

(2)  PoLYBE,  II,  14,  30.  Tite  Live,  v,  44  ;  Strabon,  iv,  ^.2; 
Florus,  II,  4  ;  Elien,  Histoire  variée,  xii,  23  ;  Ammien  Mar- 
cellin,  xv,  12,  3. 

(3)  Strabon,  iv,  4,  2. 

(4)  Guerre  de  'Gaule,  vi,  24. 

(5)  Strabon,  iv,  4,3.  Guerre  de  Gaule,  I,  1.  Cf.  Plutarque, 
César,    20,   4. 

(6)  Guerre  de   Gaule,  m,  19. 

(7)  Justin,  xxiv,  4  ;  Silius  Italicus,  viii,  18-19.  Cf.  CicÉ- 
ron,  Des  provinces  consulaires,  33  ;  Lettres,  i,  1  -,  Justin,  xxxii, 
3  {Scordisci)  ;  Orose,  v,  23,  17  [Scordisci], 


LES    PERSONNES    ET    LES    COUTUMES  147 

les  captifs  (1),  achevaient  les  blessés  (2),  massacraient  les 
vieillards  et  les  petits  enfants,  violaient  les  femmes  (3). 
Les  Bretons  étaient  aussi  sanguinaires  que  les  lUyriens  (4) 
pourtant  réputés  pour  leur  barbarie.  Les  Gaulois  cisalpins 
et  transalpins  coupaient  les  têtes  des  ennemis  tués  et  les 
rapportaient  suspendues  au  cou  de  leurs  chevaux  ou  fixées 
au  bout  de  leurs  lances  (5)  pour  les  clouer  comme  autant 
de  trophées  devant  leurs  maisons  ,  Poseidônios  en  avait  vu 
souvent  ;  il  avait  été  long  à  pe  faire  à  ce  spectacle  ;  toutefois 
l'habitude  avait  fini  par  le  rendre  insensible.  Les  têtes  des 
chefs   ou    personnages  illustres   étaient  conservées  dans 
l'huile  de  cèdre,  en  un  coffre,  et  ils  les  montraient  avec 
orgueil  aux  étrangers,  refusant  de  les  vendre,  même  quand 
on  voulait  les  leur  acheter  au  poids  de  l'or  (6).  En  216 
avant  Jésus-Christ,  les  Boii,  après  avoir  tué  dans  la  ba- 
taille le  consul  désigné  Postumius,  lui  coupèrent  la  tête  et 
la  portèrent  en  triomphe  dans  leur  temple  le  plus  vénéré  ; 
là,  suivant  la  coutume,  ils  la  nettoyèrent  et  l'ornèrent  d'or 
pour  qu'elle  servît  aux  libations  dans  les  fêtes  religieuses  i^ 7). 
Les  Scordisci    buvaient  le    sang  des  ennemis    dans  des 
crânes  (8). 

Sur  l'arc  de  triomphe  d'Orange  figurent  des  lêtes  cou 

(1)  DioDORE,  V,  32.  Pausanias,  X,  22,  3.  Cf.  Sopatros  chez 
Athénée,  iv,  51. 

(2)  Pausanias,  x,  23,  6. 

(3)  Pausanias,  x,  22,  3-4  ;  Diodore,  xxxi,    13.  Cf.  Parthé- 

NIOS,  8. 

(4)  HÉRODiEN,  III,  7,  2  ;  14,  8. 

(5)  TiTE  LivE,  x,  26,  11.  Diodore,  v,  29  ;  xiv,  115.  Strabv)n, 
IV,  4,  5  ;  Justin,  xxiv,  5  ;  Silius  Italicus,  ïv,  213-215  ;  Polven, 
Stratagèmes,  viii,  7.  2. 

(6)  Strabon,  IV,  4,  5.  Cf.  Diodore,  v,  29. 

(7)  Tite  LiiiE,  XXIII,  24.  Cf.  Silius  Italicus,  xni,  482.  La 
mèmecoutunic  est  attribuée  par  Solin,  (15,  13)  aux  Essedones. 

(Sy  Ammien  Marcellin,  xxvii,  4,  4. 


148  PORTRAIT    MOHaL 

pées.  On  en  trouve  aussi  sur  le  trophée  d'Entremont  au 
cou  d'un  cheval  (i).  Sur  une  monnaie,  un  guerrier  tient  à 
la  main  une  tête  ;  et  ce  sont  peut-être  des  têtes  coupées 
qui  figurent  sur  des  monnaies  de  tribus  de  l'ouest  de  la 
Gaule  (2). 

L'épopée  irlandaise  nous  fournit  plusieurs  exemples  de 
cette  coutume.  Lugaid  coupe  la  tête  de  Guchulaian  ;  Gouall 
Cernach  coupe  la  tête  de  Lugaid  ;  dans  une  salle  du  palais 
des  rois  d'Ulster,  on  conservait  les  têtes  des  ennemis 
illustres  qu'on  avait  lues  (.'i;  D'après  Solin,  les  Irlandais 
se  barbouillaient  le  visage  du  sang  de  leurs  ennemis 
morts  4). 

Dans  la  bataille,  les  Celtes  avaient  des  accès  de  fureur 
sauvage  (5;  ;  ils  étaient  honteux  de  périr  des  suites  de 
légères  blessures  ;  ils  élargissaient  leurs  blessures  pour 
qu'elles  fussent  plus  apparentes  6)  ;  vaincus,  ils  tournaient 
leurs  armes  contre  eux-mêmes  après  avoir  tué  leurs 
femmes  et  leurs  enfants  (7).  Les  Celtibères  jugeaient  impie 


(1)  S.  Beinacii,  Catalogue  sommaire  du  musée  des  antiquités 
nationales,  p.  40.  Matériaux  pour  l'histoire  de  l'iiontme,  t.  iv, 
(1868),  p.  381-382.  Espérandieu,  Recueil  général  des  bas-reliefs 
de  la  Gaule  romaine,  t.  I,  p.  83,  197. 

(2)  Blanciikt,  Traité  des  monnaies  gauloises,  p.  302,  308,  341. 
P.  Ch.  Robert,  Comptes  rendus  de  l'Académie  des  Inscriptions  et 
belles-lettres,  1885,  p.  272-278.  C.  Jullian  Histoire  de  la  Gaule, 
t.   II,   p.   202,   351. 

(3)  Cours  de  littérature  celtique,  t.  v,  p.  ii,  347,  352,  353.  Cath 
Finntràga,  ediled  by  Kuno  Meycr  [Anccdota  Oxoniensia,  mcdiae- 
val  and  modem  séries,  i,  4)  Oxford,   1885,  p.  79. 

(4)  Collectanea  rerum  mirabilium,  22,  2. 

S  (5)  Denys  d'HALiCARNAssE,  XIV,  10,  17  ;  Florus,  II,  4  ;  Pau- 
SANIAS,    X,    21,    3. 

(())   TiTE  LivE,  XXXVIII,  21    (Galates). 

(7)  PoLYBE,  II,  31,  2.APPIEN,  IV  (Séiions)  11.  90^97 (Celtibères) 
DioDORE,  XXII,    9.  Strabon,  III,  4,  17  ;  Pausania»,  x,    23,  8  ; 


LES    PERSONNES    ET    LES    COUTUMES  149 

de  survivre  dans  la  bataille  à  celui  auquel  ils  avaient  voué 
leur  vie(l).  Le  groupe  de  la  villa  Ludovisi  représente  un 
Gaulois  se  tuant,  après  avoir  tué  sa  femme,  sans  doute 
pour  échapper  à  l'esclavage. 

Les  Celtes  étaient  arrogants  et  querelleurs  (2). 

Ils  allaient  en  armes  à  la  rencontre  des  vagues  qui 
envahissaient  leurs  rivages  (3)  ;  ils  bravaient  les  incen- 
dies (4)  ;  ils  se  seraient  crus  déshonorés  s'ils  avaient  évité 
la  chute  d'un  mur  ou  d'une  maison  (5).  Leur  vanité  s'expri- 
mait en  fanfaronnades  (6)  et  l'Antiquité  prêtait  à  des  Gau- 
lois plusieurs  réponses  fameuses  (7).    . 

Les  Celtes  étaient  très  avides.  C'était  par  cupidité,  pré- 
tendent les  anciens,  qu'ils  s'engageaient  en  de  lointaines 
expéditions  pour  se  livrer  au  pillage,  et  vendaient  leurs 
corps  et  leur  bravoure  à  qui  voulait  les  acheter  (8).  Pourtant 
Appien  rapporte  qu'ils  refusèrent  l'argent  que  le  sénat  ro- 
main leur  offrait  s'ils  consentaient  à  lui  laisser  les  Fabius, 


Justin,  xxiv,  8.  Orose,  v,  14,  5-6.Florus,  ii,  ii,  6,  (Galates)  ; 
II,  18,15  (Celtibères). 

(1)  Valère  Maximb,  II,  6,  11. 

(2)  Timagène  chez  Ammien  Marcellin,xv,  12,  i  ;  Strabon,  iv 
4,   6. 

(3)  Morale  à  Eiidème,  ni,  1  ;  Aristote,  Morale  à  Nicomaque, 
m,  7,  7. 

(4)  Elien,  Histoire  variée,  xii,  23. 

(5)  Nicolas  de  Damas,  chez  Stobée,  Anthologie,  xliv,  41. 

(6)  Strabon,  iv,  4,  5  ;  Diodore,  v,  29  ;  Arrien,  Anabase,  i, 
4,  8  ;  Denys,  xiv,  9,  15. 

(7)  Ptolémée  Lagos,  chez  Strabon,  vu,  3,  8  ;  Arrien,  Ana- 
base, i,  4,  7  ;  TiTE  Live,  v,  36  ;  48  ;  Plutarque,  Camille,  17; 
28.  Justin,  xxiv,  5,  6.  Cf. Valère  Maxime  i,  1,  ext.  9,  Diodore, 
XXII,  9,  4. 

(8)  PoLYBE,  II,  22  ;  TiTE  Live,  xxi,  20  ;  xxxviii,  27  (Galates)  ; 
Appien,  iv,  11  ;  Diodore,  v,  27  ;  Justin,  xxv,  1  ;  2.  Plutarque 
Pyrrhus,  26,  10. 


150  PORTRAIT    MORAL 

coupables  d'avoir  violé  le  droit  des  gens  (1).  Les  Scordisci 
n'introduisaient  pas  d'or  dans  leur  pays  (2). 

L'inlempérance  des  Celtes  élait  célèbre  (3).  L'aniuur  du 
vin,  disait-on,  les  avait  attirés  en  Italie  (4)  Ils  rogardaient 
le  mélange  d'eau  et  de  vin  comme  un  poison,  disait  Cicé- 
roi!  (5),  et,  à  en  croire  Ammien  Marceilin  (G),  des  gens  de 
la  basse  classe  tombaient,  à  force  de  boire,  dans  une  sorte 
(lo  folie. 

Los  Celtes  étaient  fort  hospitaliers.  Ils  ne  fermaient  ja- 
mais les  portes  de  leurs  maisons  (7).  Le  passant  qui  entrait 
partageait  leur  repas  et  après  dîner  seulement,  les  Gaulois 
demandent  à  leurs  hôtes  qui  ils  sont  et  de  quoi  ils  ont  be- 
soin (8).  Quand  des  étrangers  voyageaient  chez  les  Celti- 
bères,  tout  le  monde  voulait  les  recevoir  :  on  regardait 
comme  aimés  des  dieux  ceux  qui  étaient  en  compagnie 
d'étrangers  (9).  Faut-il  dès  lors  attribuer  aux  Celtes  la 
coutume  de  mettre  à  mort  les  étrangers  qu'Héraklès,  selon 
Diodore,  abolit  dans  la  Celtique  '^  (10).  Les  habitants  de  la 

(i)   Histoire  romaine,  iv,  3. 

(2)  Athénée,   vi,   25. 

(3)  Platon,  Lois,  i,  p.  637  d.  ;  Appien,  iv,  7.  Cf.  Polybe,  xi, 
3,  1  ;  Plutarque,  Camille,  30  ;  Polyen,  Stratagèmes,  viii, 
25,  1. 

(4)  Pi.iNE,  xn,  2,  5.  Cf.  JUSTIN,  xxiv,  7. 

(5)  Pour  Fonleius,  d'après  Ammien  Marcellin,  xv,  12. 

(6)  Histoire  romaine,  xv,  12  ;  cf.  Diodore,  v,  26  ;  Arrien, 
Entretiens  d'Epictète,  ii,  20,  17. 

(7)  Nicolas  de  Damas,  fr.  105  (Stobée,  Anthologie,  xliv,  41). 
M.  Pf.hdizet  (Rei^ue  des  études  anciennes,  t.  vu,  p.  30-32)  pense 
que  c'était  pour  permettre  aux  âmes  des  morts  d'entrer  dans 
leurs  anciennes  demeures  et  rapproche  diverses  croyances  ana- 
logues chez  les  peuples  celtiques.  Voir  A.  Le  Braz,  La  légende  de 
la  mort,  3^  éd.,  t.  i,  p   xlix. 

(8)  Diodore,  v,  28. 

(9)  Diodore,  Bibliothèque,  v,  34. 

(10)  Bihliothèque,  iv,  19.  Cf.  v,  24. 


LES    PKRSONNES    ET    LES    COUTUMES  151 

Grande-Bretagne  sont,  d'après  Horace  il),  cruels  pour  les 
étrangers. 

Quelles  que  soient  les  contradictions  qu'il  présente,  ce 
portrait  moral  n'est  en  général  pas  flatteur  pour  les  Celtes. 
Les  Celtes  qui  sont  mentionnés  individuellement  chez  les 
écrivains  grecs  et  latins  sont  dépeints  sous  des  traits  plus 
agréables.  Gicéron  était  devenu  l'ami  du  druide  gaulois 
Diviciacns  (2),  et  se  porte  garant  de  la  douceur  et  de  la 
probité  du  roi  galate  Déjotarus  (3).  Les  deux  fils  du  roi 
galate  Adiatorix  luttent  de  générosité  pour  décider  lequel 
d'entre  eux  mourra  avec  leur  père  4).  Glondicus,  roi  des 
Gaulois,  renvoie  sain  et  sauf  Antigone  qui  s'était  chargé 
de  porter  à  l'armée  gauloise  les  propositions  perfides  du 
roi  de  Macédoine  Persée  (3).  Même,  certains  peuples  cel- 
tiques sont  re[)iésenté-î  comme  doués  de  sérieuses  (jualités. 
Les  Allobroges  refusèrent  (6)  de  livrer  aux  Romains  les 
princes  des  Saliji  qui  s'étaient  réfugiés  chez  eux.  César  (7) 
reconnaît  que  les  Volques  Tectosages  ont  une  grande  répu- 
tation de  justice. 

Sur  la  valeur  intellectuelle  des  Celtes,  les  anciens  ne 
s'accordent  guère  mieux 'que  sur  leur  nature  morale.  Ca- 
toM,  dans  une  phrase  célèbre,  nous  apprend  que  les  Gau- 
lois cisalpins  cultivent  avec  un  grand  talent  deux  arts  : 
l'ait  de  la  guerre  et  l'art  de  [)arler  avec  habileté  (8).  Po- 
il) Odes,  m,  4,  33. 

(2)  De  la  Divination,  i,  41.  Cf.  Guerre  de  Gaule,  i,  19. 

(3)  Ibid.,  Il,  37  ;  Pour  Déjotarus,  (",  1G  ;  De  la  réponse  des  arus- 
pices,  13. 

(4)  Strabon,  XII,  3,  35. 

(5)  TiTE  LiVE,  XLI,   26. 

(6)  Appien,  Histoire  romaine,  iv,  12. 

(7)  Guerre  de  Gaule,  vi,  2^,  3. 

(8)  Origines,  ii,  fr.  3,  chez  Charisius  ;  Keit.,  Grammaiiri  latini, 


152  PORTRAIT    INTELLËCTDEL 

lybe,  contemporain  de  Gaton,  dit  que  les  Cisalpins  étaient 
étrangers  à  tout  ce  qui  n  était  pas  guerre  ou  agriculture; 
toute  autre  science,  tout  autre  art  leur  était  inconnu  (1). 
César  leur  reconnaît  surtout  l'esprit  d'imitation  (2).  Dio- 
dore  représente  les  Gaulois  transalpins  comme  des  hommes 
qui  parlent  peu  en  conversation,  qui  s'expriment  par 
énigmes  et  affectent  de  laisser  deviner  la  plupart  des 
choses.  Ils  emploient  beaucoup  l'hyperbole,  pour  se  vanter 
eux-mêmes  et  pour  abaisser  les  autres.  Dans  leurs  dis- 
cours, ils  sont  menaçants,  hautains,  et  portés  au  tragique  ; 
ils  sont  cependant  intelligents  et  capables  de  s'instruire  (3). 
Les  mêmes  Transalpins,  d'après  Strabon,  ont  l'esprit 
simple  (i-Xoôv)  et  peu  sensé  (ivô/Tov)  ;  on  était  parvenu  à 
leur  faire  goûter  l'étude  des  lettres  (4)  Les  Romains  d'Agri- 
cola,  pour  déterminer  les  habitants  de  la  Bretagneà  adopter 
la  civilisation  romaine,  disaient  préférer  les  dispositions 
naturelles  des  Bretons  à  l'instruction  des  Gaulois  et  avaient 
obtenu  ce  résultat,  que  les  Bretons,  qui  peu  auparavant 
refusaient  d'apprendre  la  langue  latine,  désiraient  dès  lors 
se  former  à  l'éloquence  (o).  Juvénal  [G)  regarde  la  Gaule 
comme  la  maîtresse  d'éloquence  des  Bretons. 

t.  I,  p.  202, 1.  20.  Cf.  MÉL.\,  m,  2, 18  :  habent  tamen  et  lacundiam 
siiani. 

(1)  Histoires,  ii.  17.  Chez  Caton  argute  loqui  serait-il  une  cor- 
ruption de  agriculturam  ?  Voir  Philologie  et  lin  gui  tique,  mélanges 
olferts  à  Louis  Hapet,  Paris,  1909,  p.  119-128.  La  conjecture  avait 
déjà  été  émise  en  1886  par  W.  Soltau,  Wochenschrift  fur  klas- 
sische  Philologie,  herausgegebcn  vou  M.  Hirschfelder,  t.  m, 
p.  890. 

(2)  Guerre  de  Gaule,  vu,  22,  1. 

(3)  Bibliothèque,  v,  31.  Cf.  ingenio  fluxi...  vaniloquom  genus. 
Silius  Italicus,  viii,  16-17. 

(4)  Géographie,  iv,  4,  2  ;  5. 

(5)  Agricola,  21. 

(6)  XV,  III.  Cf.  VII,  148. 


LES    PERSONNES    ET    LES    COUTUMES  153 

Il  n'y  a  pas  grand'chose  à  ret^^nir  de  ce  portrait  phy- 
sique, moral  et  intellectuel  des  Celtes.  Il  ne  diffère  guère 
de  celui  que  les  Grecs  et  les  Romains  ont  tracé  des  autres 
barbares.  Fùt-il  exact  eu  tout  point,  qu'on  ne  pourrait  en 
conclure  que  les  Celtes  fussent  dissemblables  des  peuples 
arrivés  au  même  degré  de  civilisation. 


II 


L'habitation,  la  nourriture,  le  vêtement  et  la  parure  des 
Celtes  ont  fourni  aux  anciens  des  sujets  d'observation  plus 
précise. 

Les  peuples  gaulois  qui  s'établirent  en  Cisalpine  étaient, 
nous  dit  Polybe  (1),  dispersés  dans  des  villages  sans  mu- 
railles. Ces  villages  étaient  sans  doute  analogues  aux  vici 
que  Tite-Live  mentionne  en  Cisalpine  (2)  et  que  César 
trouva  en  Gaulé  et  qui  se  composaient  de  maisons  bâties 
en  bois,  qu'il  est  facile  de  détruire  et  de  brîiler  (3).  La  ville 
telle  que  nous  la  concevons  maintenant  n'apparaît  qu'après 
la  couquète  romaine  (4).  Octodurus  était  un  viens  assez 
grand  pour  loger  huit  cohortes  (5).  Ce  mot  désigne  aussi 
les  constructions  des  vici  et  des  oppida  (6),  quelquefois 
appelées  teda  {!).  Les  habitations  isolées  sont  appelées 

(1)  Histoires,  ii,  17.  Cf.  Strabon,  v,  i,  6. 

(2)  XXXII,  31  ;  XXXIII,  22. 

(3)  II.  d'ARBOis  DE  JuBAiNviLLE,  Reclierckes  sur  l'origine  de 
la  propriété  foncière,  p.   77-79. 

(4)  Guerre  de  Gaule,  m,  i. 

(5)  BuLLiOT  et  RoiDOT,  La  cité  gauloise  selon  l'histoire  et  les 
traditions,  Autun,  1879,  p.  34-46. 

(6)  Ibid.,  VI,  30  ;  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Recherches 
sur  l'origine  de  la  propriété  foncière,  p.  90-94. 

(7)  Guerre  de  Gaule,  vin,  5. 


154  HABITATION 

par  César  aedificia  ;  ce  sont  soit  des  maisons  sans  doute 
considérables,  entourées  de  bois,  soit  des  bâtiments  d'ex- 
pioUalion  où  logent  les  cultivateurs,  les  bestiaux  et  les  ré- 
coltes (1).  Les  maisons  des  Gaulois  étaient  d'ordinaire  cou- 
vertes de  paille  (2)  ;  balles  en  planches  et  en  claies  d'osier, 
spacieuses,  elles  avaient  la  forme  de  coupoles  (3).  Certaines 
étaient  revêtues  d'un  enduit  de  boue  ;  d'autres  couvertes 
de  bardeaux  de  chêne  ou  déterre  pétrie  avec  de  la  paille  (4) 
Les  maisons  des  Rretons  étaient  presque  semblables  à 
celles  des  Gaulois  (o)  ;  l'île  étant  extrêmement  peuplée. 
elles  étaient  très  nombreuses  ;  on  les  bâtissait  en  roseaux 
ou  en  bois  (6)  ;  les  Bretons  partageaient  avec  leurs  trou- 
peaux leurs  cabanes  d'osier  (7).  Les  Cahdonii  n'avaient 
encore  ni  murailles,  ni  villes,  ni  terres  labourées  (8)  à  la 
fin  du  second  siècle  après  notre  ère 

Les  maisons  et  les  palais  des  Irlandais  de  l'épopée  sem- 
blent avoir  été  circulaires  comme  les  rotondes  gauloises 
dont  parle  Strabon.  Elles  étaient  construites  généralement 
en  bois  et  en  osier,  couvertes  en  chaume  et  en  osier,  avec 
un  trou  au  centre  pour  laisser  ccluipper  la  fumée  ;  le  sol 
était  jonché  de  roseaux.  Le  feu  était  placé  au  milieu.  Il  n'y 
avait  qu'une  porte.  Les  couches  étaient  tout  à  l'entour  de 
la  chambre,  dun  côté  de  la  porte  à  l'autre.  Le  siège  royal 
était  deri  ière  le  feu  et  en  face  de  la  porte.  Les  principaux 

(1)  Guerre  de  Gaule,  vu,  6,  6  ;  viii,  5. 

(2)  Guerre  de  Gaule,  v,  43. 

(3)  Strabon,  iv,  4,  3.  Cf.  Matériaux  pour  l'histoire  de  l'homme, 
1.  XI  (1876),  p.  349-352. 

(4)  VlTRUVE,   II,  I,   5. 

(5)  Guerre  de  Gaule,  v,  12. 

(6)  DioDORE,  V,  21.  Cf.  Pliîse,  Histoire  naturelle,  xvi,  04,  156. 

(7)  JoRDANÈs,  Histoire  des  Goths,  2. 

(8)  Dion  Cassius,  lxxvi,  12. 


LES    PERSO>NRS    ET    LES    COUTUMES  155 

chefs  s'asseyaient  de  chaque  côté  du  roi,  contre  le  mur  (1). 
En  temps  de  guerre,  les  Gaulois  se  réfugiaient  dans  des 
lieux  fortifiés  (2)  appelés  par  César  oppida  Les  oppida  das 
Bretons  ne  sont  que  des  sortes  de  camps  retranchés  situés 
au  milieu  de  forêts  et  de  marais  et  défendus  par  un  fossé 
et  une  levée  de  terre  garnie  de  palissades  ;  ils  y  élèvent 
temporairement  des  cabanes  pour  eux-mêmes  à  côté  des 
élables  de  leurs  troupeaux  (3).  Les  peuples  belges  qui  ha- 
bitent la  forêt  d'Ardenne,  en  temps  de  guerre  et  d'inva- 
sion, entrelacent  les  branches  d'arbut^les  épineux  et  ram- 
pants comme  des  ronces  pour  que  i  ennemi  trouve  tous  les 
passages  obstrués  ;  dans  certains  endroits,  ils  enfoncent  en 
tLi'.e  de  gros  pieux.  Ils  vont  se  cacher  eux  et  leurs  familles 
au  plus  profond  des  bois  dans  les  petites  îles  de  leurs  ma- 
rais (4).  Les  oppida  de  Gaule  sont  des  forts  où  l'on  ras- 
semble des  approvisionnements  et  qui  peuvent  offrir  un 
abri  aux  habitants  du  voisinage,  à  leurs  troupeaux  et  leurs 
meubles,  mais  qui  eu  outre  ont  une  population  permanente, 
parmi  laquelle  on  compte  des  marchands  (^5).  Les  oppida 
sont  bien  moins  nombreux  en  Gaule  que  les  pj'a  (6).  Les 

(1)  Joyce,  A  social  history  of  ancient  Ireland,  London,  1903, 
t.  II,  p.  20  ;  Arthur  C.  L.  Brown,  The  Round  Table  before  Wace  ; 
Studies  and  notes  in  philology  and  litefature,  Boston,  1900,  t.  vu, 
p.  196  note. 

(2)  Guerre  de  Gaule,  \ï-,  4  ;  vin,  3  ;  Strabon  dit  opoûpiov  (iv, 
3,  2). 

(3)  Guerre  de  Gaule,  v,  21  ;  Strabon,  iv,  5,  2. 

(4)  Strabon,  iv,  3,  5.  Cf.  Guerre  de  Gaule,  ii,  17  ;  Plutarque, 
César,  20,  4. 

(5)  Guerre  de  Gaule,iv,5  ;  cf.i,38  ;  ni,  9  ;  vu,  3  ;  5  ;  32  ;  42  ; 
.54  ;  VIII,  5,  2.  Le  mot  urbs  est  chez  César  un  synonyme  d'oppi- 
dum. Cf.  Guerre  de  Gaule,  vu,  15  ;  36  ;  47  ;  68  ;  69. 

(  )  On  trouve  des  oppida  chez  les  Aduatuci,  Aedui,  Ambarri, 
Arverni,  Aulerci  Eburovices,  Bellovaci,  Biluriges,  Boii,  Cadurci, 
Carnutes,  Curiosolites,  Eburones,  Esubii,  Helvelii,  Leçpoi'i,  Man- 


156 


OPPIDA 


Helvetii  ont  douze  oppida  et  quatre  cents  vici  (1).  Les 
Suessiones  ont  douze  oppida  {2).  Dans  l'oppidum  de  Bm- 
tuspanlium,  les  Bellovaci  avaient  pu  se  renfermer  avec 
leurs  femmes,  leurs  enfants  et  tous  leurs  biens  ('6).  Or  les 
bellovaci  promettent,  lors  de  l'insurrection  de  la  Gaule, 
une  armée  de  dix  mille  hommes  ;  et  ils  pouvaient,  disait- 
on,  mettre  sur  pied  cent  mille  hommes  (4j.  V oppidum  des 
Adiiatici  pouvait  renfermer  plus  de  53.000  personnes  (5). 
^fa/-icam  renfermait  environ  quarante  mille  personnes  (6). 
Les  oppida  de  Gaule  que  les  arcliéologues  ont  explorés 
occupaient  des  étendues  de  terrain  assez  considérables  : 
Murcens,  150  hectares;  Besançon,  150;  Bibracte,  135; 
Alise,  97  ;  Gcrgovie,  70  (7).  Les  castella  que  César  men- 
tionne à  côté  des  oppida  éi?i.\Qni  sans  doute  de  petites  places 
fortes  Aduatuca,  ville  des  Eburones,  est  qualifiée  de  cas- 
tellnm  (8).  Les  AUobroges  n'avaient  point  d'oppida  et  leur 
métropole  elle-même,  Vienne,  n'était  autrefois  qu'un  vil- 
lage (9). 

Les  murailles  des  fortifications  gauloises  ont  été  minu- 
tieusement décrites  par  César  (10).  Pour  les  construire,  les 
Gaulois  disposent  par  terre  des  poutres  d'une  seule  pièce, 

dubii,  Nen'ii,  Parisii,  Piclones,  Raurici,  Rémi,  Senones,  Seqiiuni, 
Suessiones,  Veneti.  Cf.  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Recherches 
sur  l'origine  de  la  propriété  foncière,  p.  81-90. 

(1)  Guerre  de  Gaule,  i,  5  ;  Plutarque,  César,  18. 

(2)  Guerre  de  Gaule,  ii,  4,  6-7. 

(3)  Guerre  de  Gaule,  ii,  13.  Cf.  Réunie  des  études  anciennes, 
t.  VIII,  p.  172,  269. 

(  i)  Ibid.,  VII,  75  ;  ii,  4. 

(5)  Guerre  de  Gaule,  ii,  33. 

(6)  Ibid.,  vu,  28. 

(7)  RuLLioT,  Fouilles  du  Mont  Beuvray,  t.  i,  p.  m. 

(8)  Ibid.,  VI,  32  ;  cf.  ii,  29  ;  m,  1. 

(9)  Strabon,  IV,  1,  11. 

(10)  Guerre  de  Gaule,  vu,  23.  Cf.  ii,  29. 


LES    PERSONNES    ET    LES    COUTUMES  157 

à  la  distance  de  deux  pieds  les  unes  des  autres  ;  elles  sont 
liées  à  l'intérieur  par  des  traverses  et  l'intervalle  est  rempli 
de  terre.  Sur  le  devant,  l'intervalle  est  revêtu  de  grosses 
pierres.  A  ce  premier  rang  ainsi  formé  on  en  ajoute  un 
autre,  eu  gardant  toujours  les  mêmes  distances,  de  ma- 
nière que  les  poutres  ne  se  touchent  point  et  quelles  soient 
supportées  par  les  pierres  placées  entre  chaque  rang.  L'ou- 
vrage est  ainsi  continué  jusqu'à  ce  que  le  mur  ait  atteint 
la  hauteur  voulue.  Ces  rangs  entremêlés  de  pierres  et  de 
poutres,  assez  agréables  à  l'œil,  ont  en  outre  de  grands 
avantages  pour  la  défense  des  places,  car  la  pierre  les  dé- 
fend contre  le  feu,  et  le  bois  contre  les  ravages  du  bélier. 
Les  poutres  ont  souvent  quarante  pieds  de  long. 

On  a  trouvé  sur  le  Mont  Beuvray  des  chevilles  et  de 
grands  clous  provenant  des  murs  de  l'ancienne  Bibractei^l). 
On  a  pu  observer  dans  les  ruines  de  Voppidum  de  Murcens 
(Lot)  l'association  des  pierres  et  des  poutres  en  bois  (2). 
A  rimpernal,  les  poutres  dépassaient  de  0,15  à  0,20  la 
face  du  mur  et  les  bouts  en  étaient  arrondis.  Les  pou- 
tres transversales  étaient  reliées  par  de  grandes  che- 
villes en  fer  (3)  aux  poutres  perpendiculaires  à  la  muraille. 
Les  Gaulois  ne  creusaient  pas  de  fondations  ;  ils  n'em- 
ployaient ni  ciment,  ni  mortier  ;  ils  ne  taillaient  pas  la 
pierre  (4;.  Quant  aux  maisons  découvertes  dans  Voppidum 

(1)  Revue  archéologique,  t.  xxi  (1870),  pi.  VII  ;  t.  xxii  (1870), 
pi.  XIX.  BuLLiOT,  Fouilles  du  Monl-Beuvray,  t.  i,  p.  23,  2.5,  34. 

(2)  Re'.tie  archéologique,  t.  xvii  (1868),  p.  249-253,  pi.  VIII; 
1.  XVIII,  p.  73  ;  Dictionnaire  archéologique  de  la  Gaule,  t.  r, 
jijaiiches.  Desjardins,  Géographie  historique  et  administrative 
de  la  Gaule  romaine,  t.  ii,  p.  119. 

(3)  Sur  la  métallurgie  de  ces  clous  ou  chevilles,  voir  M.  Caille- 
TET,  Revue  archéologique,  t.  i  (1883),  p.  73. 

(4)  BuLLioT  et  RoiDOT,  La  cité  gauloise  selon  l'histoire  et  les 
traditions,  p.  103. 


)8 


HirfTES 


de  Bibracte  et  qui  peuvent,  comme  dous  l'avons  dit,  être 
antérieures  à  la  conquête  romaine,  elles  étaient  construites 
sur  un  pian  rectangulaire,  la  plupart  en  maçonnerie  d'ar- 
gile, sans  chaux  ;  un  assez  grand  nombre,  en  pisé  et  en 
bois.  Elles  sont  le  plus  souvent  à  demi  souterraines  ;  on  y 
descend  par  un  escalier  intérieur  de  plusieurs  marches.  Le 
sol  est  en  terre  battue.  La  toiture  était  sans  doute  en 
paille  (1).  On  a  trouvé  à  Alesia  (2)  et  sur  d'autres  point? 
de  la  Gaule  des  vestiges  de  huttes  gauloises.  Dans  le  pays 
messin,  ce  sont  maintenant  des  trous  circulaires  de  10  a 
40  mètres  de  diamètre  et  profonds  de  2  à  10  mètres,  que 
Ton  désigne  d'ordinaire  sous  le  nom  de  «  margelles  »  ou 
de  «  mardelles  ».  On  y  a  découvert  des  troncs  d'arbres  qui 
formaient  autrefois  avec  de  menues  branches  et  de  l'argile 
une  sorte  de  toiture  conique  au  dessus  du  sol.  Dans  b  s 
plus  grandes  huttes,  la  toiture  était  soutenue  [fdv  des  pi- 
liers. Dos  clayonnoges  consliluaient  la  porte.  Il  est  possib  e 
(piun  bas-relief  du  i""  siècle  de  notre  ère,  conservé  au 
Musée  du  Louvre,  représente  au  second  [)lan  une  hutte 
gauloise.  C'est  une  cabane  ronde  recouverte  d'un  (oit  co- 
nique dont  le  milieu  semble  à  ciel  ouvert  ;  elle  est  tapissée, 
à  l'extéi'ieur,  de  roseaux  ;  une  ouverture  rectangulaiic 
forme  la  porte  (3).  Les  emplacements  de  maisons  à  xMur- 


(1)  Déciielette,  Note  sur  l'oppidum  de  Bibracte,  L' Anthropo- 
logie, l.  xiii  (1902),  p.  74-78.  Les  Fouilles  du  Mont-Beuvray  (' 
1897  à  1904,  Paris,  1904,  p.  5-59  (avec  planches). 

(2)  Cf.  Pro  Alesia,  1.  i,  p.  160  :  t.  ii,  p.  377-.'^80  ;  Revue  archco 
logique,  t.  viii  (1906),  p.  3.0  ;  t.  ix  (1907),  p.  178. 

(3)  A.  Grenier,  Habitations  gauloises  et  villas  latines  dans  la 
cité  des  l\lédiomatrices,  p.  25-43.  M.  Grenier  pense  que  rsanto- 
suelta  tient  à  la  n^ain  une  réduction  d'une  Jiutte  de  ce  srenrc. 
que  d'autres  prennent  pour  une  cassolette  à  encens.  Voir  ci-des- 
sous ch.  V. 


LES    PERSONNES    ET    LES    COLTUMES  159 

ceiis  ont  soit  la  forme  circulaire,  soit  la  forme  elliptique  (1). 
Les  maisons  de  Bibracte  sont  munies  de  cheminées.  De- 
vant le  foyer  étaient  placés  des  chenets  à  tête  de  bélier,  en 
argile  recouvert  de  poussière  de  mica  (2)  On  ne  rencontre 
guère  qu'à  l'époque  de  la  Tène  les  chenets  (en  fer  ou  en 
argile),  les  broches  à  rôtir  (en  bronze  ou  en  fer)  et  les  cré- 
maillères (en  fer). 

Les  vastes  enceintes  désignées  en  Irlande  sous  le  nom 
de  dûn  et  dont  le  dûn  Aengiis  en  Aranmore  dans  la  baie 
de  Galway  offre  l'un  des  exemples  les  plus  intéiessants 
sont  construites  en  pierres  sèches.  Les  murs  du  Dun  Aen- 
giis se  développent  en  trois  cercles  irréguliers,  au  sommet 
d'une  falaise  de  90  mètres.  Leur  épaisseur  est  de  6  mètres  ; 
leur  hauteur  de  6  à  lo  mètres  (3).  Mais  outre  les  forteresses 
en  pierre,  les  Irlandais  se  servaient  aussi  comme  lieux  de 
défense  et  de  refuge,  d'enceintes  en  terre  nommées 
rath  (4). 

Les  Gaulois  que  nous  décrit  Polybe  (5)  ignoraient  l'usage 
des  meubles  et  ne  connaissaient  d'autre  lit  que  le  gazon. 
Les  Boii  de  Cisalpine,  d'après  Tite  Live,  avaient  des  vases 
d'airain,  vasa  aenea   Gallidi,  assez  artistement  travaillés, 


(1)  Castagne,  Mémoire  sur  les  ouvrages  de  fortification  des 
oppidum  gaulois,  Tours,  1875,  p.  103-110. 

(2)  J.  DÉCHELETTE,  Le  bélier  consacré  aux  divinités  domestiques 
sur  les  chenets  gaulois.  Revue  archéologique,  t.  xxxiii  (1898), 
p.  63-81,  245-262  ;  Bulliot,  Fouilles  du  Mont-Beuvraij,  t.  i, 
p.  207  ;  Vauvillé,  Congrès  archéologique,  LIV^  session,  Soissoxis, 
1888,  p.  178. 

(3)  Archaeologia  Cambrensis,  t.  iv  (1835),  p.  297  ;  t.  iv  (1858), 
p.  100  ;  Joyce,  .1  social  history  of  ancient  Jreland,  t.  ii,  p.  57-58. 

(4)  On  trouvera  le  plan  du  rath  d'Emain  Mâcha,  capitale  de 
rUlster,  chez  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Revue  celtique, 
t.  XVI,  p.  1-7  (fig.). 

(5)  Histoires,  ii,  17. 


160  MEUBLES 

qui  figurèrent  en  191  au  triomphe  de  P.  Cornélius  Scipio  ; 
mais  ces  vases  appartenaient  sans  doute,  comme  les  sta- 
tues. .Hgna,  et  les  lingots  d'argent  dont  il  est  question  dans 
le  même  texte,  au  mobilier  dun  temple  (1).  Poseidùnios, 
cité  par  Athénée  (2),  rapporte  que  les  Celtes,  pour  prendre 
leurs  repas,  s'asseyaient  sur  du  foin  autour  de  tables  en 
bois  rondes  et  peu  élevées  au-dessus  de  terre  Ils  n'avaient 
ni  cuillers  ni  fourchettes  ;  ils  prenaient  à  deux  mains  les 
morceaux  de  viande  et  les  déchiraient,  comme  des  lions. 
S'ils  ti  cuvaient  quelque  chose  de  difficile  à  séparer,  ils  Je 
découpaient  avec  un  petit  coutelas  (.aa/aipiov),  pendu  dans 
une  gaine  particulière  à  côté  des  fourreaux  (3).  Les  plais 
étaient  de  cuivre,  d'argent  ou  de  terre;  on  les  rem[)la(;ait 
quelquefois  par  des  corbeilles  de  bois  et  d'osier.  Les 
coupes  (4),  semblables  aux  vases  grecs  appelés  àu[i.xoi, 
étaient  de  terre  ou  d'argent.  Des  cornes  d'urus,  cerclées 
d'argent  sur  les  bords,  servaient  de  coupes  dans  les  grands 
festins  (5).  Nous  avons  parlé  [)lus  haut  des  coupes  faites  de 
crânes  humains.  Les  cribles  étaient  en  crins  de  cheval  (6) 
Diodore  (7)  nous  montre  les  Gaulois  couchés  sur  des  peaux 
de  bêtes  sauvages  et  accroupis  pendant  leurs  repas  sur  des 
peaux  de  loups  ou  de  chiens,  pendant  qu'à  côté  d'eux  sont 

(1)  TiTE  LiVE,  XXXVI,  40. 

(2)  IV,  36. 

(3)  Cf.  A.  Blanciiet,  Revue  des  éludes  anciennes,  t.  ix  (1907), 
p.  181-183. 

('^)  Cf.  Plutarque,  César,  27. 

(5)  CÉSAR,  Guerre  de  Caule,  vi,  28  ;  Cf.  Pline,  xi,  45,  126  ; 
Corpus  inscriptiojium  latinarum,  t.  xiii,  n°  5708,  1.  28,  où  l'on 
trouve  le  testament  d'un  Lingon  qui  énumère  un  grand  nombre 
d'objets  mobiliers. 

(6)  Pline,  Histoire  naturelle,  xviii,  28,  108. 

(7)  Bibliothèque,  v,  28.  Cf.  H.  d'Arbois  de  Jubainville, 
Cours  de  littérature  celtique,  t.  v,  p.  G7. 


LES  PERSONNES  ET  LES  COUTUMES  161 

des  foyers  flamboyants  avec  des  chaudières  et  des  broches 
garnies  de  quartiers  entiers  de  viande.  Strabon  (1)  dit  que 
presque  tous  les  Celtes  couchent  sur  la  terre  et  prennent 
leurs  repas  assis  sur  des  lits  de  paille,  d'herbe  ou  de 
feuillage  11  parlait  sans  doute  de  l'opoque  où  Poseidonios 
visita  la  Gaule,  car  Pline  l'Ancien  nous  apprend  que  les 
matelas  et  les  lits  rembourrés  étaient  une  invention  gau- 
loise (2). 

Les  Celtes  de  Cisalpine  élevaient,  pour  se  nourrir  de 
leur  chair,  un  grand  nombre  de  porcs,  que  les  porchers 
ralliaient  du  pâturage  en  sonnant  de  la  trompe  (3)  Posei- 
donios nous  apprend  que  les  Gaulois  mangeaient  beau- 
coup de  viande  rôtie,  bouilUe  ou  grillée  et  peu  de  pain  [4). 
Le  pain  de  froment  était,  d'après  Pline  (5  ,  très  léger.  On  a 
trouvé,  à  la  station  de  la  Tène  et  à  Murcens  ainsi  que  dans 
d'autres  oppida,  des  fragments  de  meules  circulaires  à  bras 
plus  ou  moins  semblables  à  celles  des  moulins  rotatifs  des 
Romains  (6).  Yarron  avait  vu,  en  Gaule  Transalpine,  près 
du  Rhin,  des  contrées  dont  les  habitants,  n'ayant  pas  de 
sel  marin  ou  fossile,  se  servaient  des  charbons  salés  de  cer- 
tains bois  (7  .  Les  Gaulois  ert  particulièrement  les  Seqiiani 
faisaient,  au  temps  de  Strabon,  un  grand  commerce  de  sa- 
laisons (8),  non  seulement  avec  Rome,  mais  avec  la  plu- 

(1)  Géographie,  iv,  4,  3.  Cf.  m,  4,  16. 

(2)  Histoire  naturelle,  viii,  73,  192  ;  xix,  2,  13. 

(3)  polybe,  xii,  4. 

(4)  Athénée,  iv,  36. 

(5)  Histoire  naturelle,  xviii,  12,  68.  Sur  le  pain  galatc,  voir 
A.  J.  Reinach,  Revue  celtique,  t.  xxviii,  p.  225.  Sur  le  pain  d'orge 
ou  de  millet,  voir  Pliise,  xviii,  11,  62  ;  25,  101. 

(•')   Déchelette,  Manuel,  t.  ii,  p.  1386-1390. 

(7)  De  l'agriculture,  1,  7.  Cf.  Pline,  Histoire  naturelle,  ^x^i, 
;!!>,  82. 

(8)  Strabon,  iv,  4,  3  ;  cf.  iv,  3,  2  ;  Martial,  xiii,  54. 

G    Dot  in.  —  Manuel  de  l'antiquité  celtique.  11 


162 


NOLiRUITURE 


part  des  autres  marchés  de  l'Italie.  Les  jambons  et  la  char- 
cuterie des  Gaules  étaient  renommés  au  f  siècle  avant 
notre  ère  (1).  La  graisse  de  porc  tenait  lieu  dhuile  (2). 
Les  Marseillais  connaissaient  la  bouillie  d'orge,  la  farine 
de  millet  (3j.  Le  laitage  était  un  des  principaux  aliments  des 
Gaulois  (4).  On  a  trouvé  au  Mont  Beuvray  des  débris  de 
grands  égouttoirs  pour  le  fromage,  Les  habitants  des  côtes 
de  la  Méditerranée  et  de  l'Océan  se  nourrissaient  de  pois- 
son, qu'ils  assaisonnaient  avec  du  vinaigre,  du  sel  et  du 
cumin  (b).  Les  Caledonii  et  les  Maeatae,  au  contraire,  ne 
tiraient  pour  leur  nourriture  aucun  parti  des  poissons  qui 
pullulaient  chez  eux  et  vivaient  du  proiluit  de  leurs  trou- 
peaux et  de  leur  chasse  et  des  fruits  des  arbres  (6).  J^es 
Bretons  de  l'intérieur  de  l'île  ignoraient,  au  temps  de 
César  (71,  l'agriculture  et  se  nourrissaient  de  lait  et  de 
viande.  D'autres,  chaque  jour,  pour  vivre,  égrenaient  les 
plus  anciens  des  épis  conservés  dans  des  granges  (8).  Cer- 
taines de  leurs  tribus  étaient  si  peu  industrieuses  que, 
bien  qu'elles  eussent  du  lait  en  abondance,  elles  n'en  fai- 
saient pas  du  fromage  (9).  D'autres  vivaient  d'écorces  et  de 
racines,  et  préparaient  un  aliment  tel  qu'il  suffisait  d'en 
manger  la  grosseur  d'une  fève  pour  n'avoir  plus  ni  faim, 
ni  soif  (10). 

(1)  Varron,  De  l'agriculture,  ii,  4  ;  Athénée,  xiv,  75. 

(2)  Denys  d'Halicarnasse,  XIII,  16. 

(3)  César,  Guerre  civile,  ii,  22. 

(4)  Strabon,    IV,   4,   3.   Cf.   A.   Jacob,   Revue  de  philologie, 
t.  XXXVI  (1912),  p.  162-163. 

(5)  Athénée,  iv,  36  ;  cf.  César,  Guerre  de  Gaule,  iv,  10. 

(6)  Dion  Cassius,  lxxvi,  12. 

(7)  Guerre  de  Gaule,  v,  14. 

(8)  DiODORE,  V,  21. 

(9)  Strabon,  iv,  5,  2. 

(10)  Dion  Cassius,  lxxvi,  12. 


LES    PERSONNES    ET    LES    COOTIMES  163 

La  boisson  ordinaire  des  Gaulois,  au  temps  de  Poseidô- 
nios,  était  une  bière  (1)  faite  de  froment  avec  ou  sans 
miel  ;  on  l'appelait  corma  ;  on  y  mettait  aussi  du  cumin. 
Tous  les  convives  buvaient  dans  la  même  coupe  ;  le  servi- 
teur la  faisait  circuler  à  droite  et  à  gauche  ;  chacun  n'ava- 
lait guère  plus  d'un  cyathe  (0  1  045),  mais  on  y  revenait. 
Diodore  distingue  deux  sortes  de  boissons  gauloises  :  une 
bière  d'orge  et  de  l'hydromel  (2).  La  bière  n'était,  d'après 
Denys,  qu'un  jus  fétide  d'orge  pourrie  (3).  Dioscoride  dé- 
clare qu'elle  donnait  des  maux  de  tète  et  qu'elle  était  nui- 
sible aux  nerfs  (4).  Aussi  les  Gaulois  préféraient-ils  le  vin 
que  leur  apportaient  les  marchands  d'Italie.  C'était,  déjà 
au  1-"^  siècle  avant  notre  ère,  la  boisson  des  gens 
riches  ;  ils  échangeaient  volontiers  un  tonneau  de  vin 
contre  un  jeune  garçon,  et  buvaient  le  vin  sans  mélange 
jusqu'à  l'ivresse  (o).  Il  y  en  avait  qui,  pour  de  l'argent  ou 
un  certain  nombre  de  cruches  de  vin,  s'étendaient  sur  leurs 
boucliers  et  se  laissaient  couper  la  gorge  à  condition  que 
l'argent  ou  le  vin  fût  donné  à  leurs  parents  après  leur 
mort  (6).  Mais,  au  temps  de  César  (7),  les  Nervii  interdi- 
saient qu'on  introduisit  chez  eux  du  vin,  ainsi  que  tous  les 
objets  de  luxe.  Les  Celtibères  buvaient  du  vin  mélangé  de 


(1)  Poseidônios  chez  Athénée,  iv,  36.  Cf.  Dioscoride,  ii, 
110  ;  Pline,  xxii,  82,  164. 

(2)  DioDOKE,  V,  26. 

(3)  Denys  d'Halicarnasse,  xiii,  16. 

(4)  Sur  la  matière  médicale,  ii,  110. 

(5)  Diodore,   y,   26  ;  Athénée,   iv,  36  \  Ammien  Marccllin 
(d'après  Cicéron),  xv,  12,  4. 

(6)  Poseidônios,  chez  Athénée,  iv,  40. 

(7)  Guerre  de  Gaule,  ii,  15. 

(8)  Diodore,  v,  34. 


1H4  BOISSON 

miel  (8).  Les  Irlandais  de  l'épopée  buvaient  de  la  bière 
(cuirni)  et  de  rbydromel  (tnid)  (1). 

Nous  connaissons  par  Poseidônios  {2)  l'ordonnance  des 
grands  repas  des  Celtes.  Les  convives  s'asseyaient  en 
cercle  (3)  ;  au  milieu,  comme  un  maître  de  chœur,  est 
celui  qui  l'emporte  sur  les  autres  par  la  gloire  militaire, 
la  naissance  ou  la  richesse.  Le  maître  de  la  maison  se 
place  à  côté  de  celui-là,  les  autres  se  mettent  de  chaque 
côté  SL-lon  leur  rang.  Les  porteurs  de  boucliers  se  rangent 
derrière,  et  les  porteurs  de  lances,  assis  en  cercle  au  bout 
o[)posé,  mangent  ensemble  servis  comme  les  maîtres.  Les 
meilleurs  morceaux  étaient  offerts  aux  hommes  les  plus 
braves,  d'où  des  disputes  et  des  combats  souvent  mor- 
tels (4).  D'ailleurs,  à  la  fin  des  repas,  les  convives  aimaient 
à  lutter  sans  se  prendre  à  bras  le  corps  ;  quelquefois  même, 
ils  allaient  jusqu'à  se  blesser  et  se  seraient  tués  si  les  assis- 
tants ne  les  avaient  séparés  (5).  Daprès  Phylarque,  chez 
les  Gaiates.  on  disposait  pèle-mèle  sur  la  table  des  mor- 
ceaux de  pain  et  des  viandes  tirées  des  chaudières  ,  mais 
personne  n'y  goûtait  avant  qu'on  n'eût  vu  le  roi  toucher  à 
l'un  quelconque  des  mets  servis  (6). 

Dans  l'ancienne  Irlande,  rien  n'était  plus  fréquent  que 
les  querelles  et  les  combats  qui  s'engageaient  entre  les 
guerriers    pour  décider    à    qui    reviendrait    le    «    mor- 


(1)  Cf.  medu-,  ci-dessus,  p.  115.  Tàin  Bô  Cualnge,  éd.  Win- 
disch,  p.  XXV. 

(2)  Poseidônios  chez  Athénée,  iv,  36. 

(.3)  Arthur  C.  L.  Brown,  The  round  table  hefore  Wacc,  p.  195- 
196. 

(   )   Diodore,  V,  28  ;  cf.  Athénée,  iv,  40. 

(5)  Athénée,  iv,  40. 

(6)  Phylarque  chez  Athénée,  iv,  o4. 


LES    PEKSO.NNES    ET    LES    COLTUMES  lG5 

ceau  du  héros  (curalhmîr)  cl  l'honneur  de  faire  les  parts  (!). 
Certains  repas  celtiques  étaient  restés  célèbres  Luernios, 
père  de  Bituitos  le  roi  des  Arverni  qui  fut  vaincu  par  les 
Romains  en  121  avant  Jésus-Christ,  avait  fait  faire  une 
enceinte  carrée  de  douze  stades  oij  l'on  avait  placé  des 
cuves  pleines  d'excellente  boisson  et  une  si  grande  quantité 
de  choses  à  manger  que  pendant  nombre  de  jours  ceux  qui 
voulurent  y  entrer  eurent  la  liberté  de  se  rassasier  de  ces 
aliments  et  furent  servis  sans  interruption  '2).  Ariamnès, 
riche  Galate  d'Asie,  avait  publié  qu'il  traiterait  tous  les 
Galates  pendant  un  an.  Il  s'y  prit  ainsi.  Sur  les  routes  du 
pays,  il  fit  établir,  aux  endroits  les  mieux  placés,  des 
tentes  faites  de  pieux,  de  roseaux  et  d'osier,  pouvant 
abriter  chacune  quatre  cents  hommes  et  même  davantage. 
Il  y  fit  disposer  de  grands  chaudrons,  remplis  de  toute 
sorte  de  viande,  et  qu'il  avait  fait  faire  à  l'avance.  Tous  les 
jours,  on  tuait  un  grand  nombre  de  victimes,  taureaux, 
porcs,  moutons.  On  avait  préparé  des  tonneaux  (rîOoj;)  de 
vin  et  une  quantité  de  farines.  Et  non  seulement  les  Ga- 
lates venus  des  champs  et  ^es  villes  pouvaient  y  goûter, 
mais  les  serviteurs  ne  laissaient  pas  même  les  étrangers 
de  passage  s'éloigner  avant  qu'ils  n'eussent  pris  leur  part 
des  mets  servis  (3).  A  peu  près  de  même,  dans  l'épopée 
irlandaise,  Mac  Dâlhô  traitait  ses  hôtes  :  l'hôtel  avait  sept 
portes  ;  à  chacune  aboutissait  un  chemin.  Il  y  avait  aussi 
sept  foyers  et  sept  chaudrons,  un  bœuf  et  un  cochon  dans 
chacun  d'eux.  Chaque  passant  plongeait  une  fourclretle 
dans  le  chaudron  ;  si  du  premier  coup  il  atteignait  un  mor- 

(1)  Cours  de  littérature  celtique,  t.  v,  p.  72,  86. 

(2)  Poseidônios  chez  Athénée,  iv,  37. 
(.3)    Phylarque  chez  Athénée,  iv,  34. 


16H 


VETEMENTS 


ceau  il  le  mangeait  ;  s'il  ne  réussissait  pas  la  première  fois, 
il  ne  pouvait  recommencer  (1), 

Sur  le  vêtement  des  Celtes,  les  témoignages  des  anciens 
et  l'archéologie  nous  renseignent  suffisamment.  A  la  ba- 
taille de  Télamon  livrée  par  les  Gaulois  cisalpins  aux  Ro- 
mains en  225  avant  J.-C,  tandis  que  les  Gaesati  com- 
battaient nus  et  parés  de  colliers  et  de  bracelets  d'or,  les 
Insabres  et  les  Boii  étaient  vêtus  de  braies  et  de  saies 
légères.  Mais  le  nom  gaulois  des  braies  n'est  pas  donné  par 
Polybe  qui  emploie  le  nom  grec  du  pantalon  persan  : 
à'-itijs'os;  (2).  Diodore  nous  donne  une  description  complète 
du  costume  des  Gaulois.  Ceux-ci  portent  des  tuniques  bi- 
garrées de  diverses  couleurs,  des  i)antalons  qu'ils  appellent 
Pp-ixat  ;  avec  des  agrafes,  ils  attachent  à  leurs  épaules  des 
saies  rayées,  d'une  étoffe  à  petits  carreaux  multicolores, 
épaisse  en  hiver  et  légère  en  été  (3).  Les  braies  étaient 
quelquefois  en  peau  de  chèvre  (4  . 

Les  braies  sont  rarement  figurées  sur  les  statues  et  les 
bas-reliefs,  qui  d'ordinaire  représentent  les  Gaulois  entiè- 
rement nus.  Sur  l'arc  d'Orange,  quehiues  Gaulois  sont 
viHus  de  braie.s  Un  vase  de  bronze  provenant  de  Pompéi 
porte  deux  hommes  barbus  vêtus  de  braies,  ayant  au  cou 
le  lorques  et  au  bras  gauche  un  long  bouclier  hexagonal. 
Un  des  guerriers  du  sarcophage  de  la  Vigne  Amniendola 
porte  des  braies  étroites,  ainsi  que  les  prisonniers  figurés  à 


(1)  H.  d'Arbois  de  JuBAi.NviLLE,  Couis  de  littérature  celtique, 
t.  V,  p.  67. 

(2)  Histoires,  ii,  28,  7. 

(3)  Bibliothèque,  v,  30.  Cf.  Cicéron,  Pour  Fontéius,  23  ; 
Strabon,  IV,  4,3  ;  Virgile,  isnéirfp,  vin,  657-660  :  Properce,  v, 
10,  39-45  ;  Pline,  viii,  73,  191. 

(4)  riÉsYv.Hius,  au  mot  iJpix/cai, 


LES    PEKSO.NNES    ET    LES    COUTUMES  167 

la  partie  supérieure  du  bas-relief  (1).  Ces  pantalons  des- 
cendaient jusqu'à  la  cheville  et  étaient  parfois  attacliés  à  la 
chaussure  C^). 

Le  pantalon  ne  semble  pas  d'origine  celtique;  il  est 
inconnu  aux  habitants  de  la  (îaule  Belgique  (3)  comme 
aux  anciens  Gaëls  d'Irlande  et  d'Ecosse  :  la  Narbonnaise 
seule  porte  le  nom  de  Gallia  brarata  (4)  ;  le  mot  braca 
parait  se  rattacher  à  la  même  racine  que  le  mot  latin  siif- 
frago  jarret  ;  s'il  en  est  ainsi,  le  mot  braca  a  été  emprunté 
I>ar  les  Celtes  aux  Germains,  les  langues  germaniques 
changeant  le  g  en  k,  tandis  que  le  celtique  conserve 
le  g  (5). 

Le  sagum  ou  saguliim  (6)  est,  en  même  temps  que  le  man- 
teau gaulois,  le  manteau  des  Ligures,  des  Germains,  des 
Lusitains  et  des  soldats  romains  7'.  11  était  en  laine  de 
mouton.  Les  saies  en  laine  très  rude,  mais  longue  de  poil, 
s'appelaient  lainai  (8).  La  laina  était  vraisemblablement 
différente  de  la  linyia  tissée  en  Gaule  d'après  Piaule  (9);  la 
liiina  était  une  saie  carrée  et  souple.  Le  sagum  des   Celti- 

(1)  S.  Reinach, /îet^ae  «/Trtéo/ogiçMe,  t.  XIII,  1889,  p.  195-19G, 
337. 

(2)  S.  Reinach,  Bronzes  figurés  de  la  Gaule  romaine,  p.  138. 
Cf.  les  Gaulois  d'Alesia,  Pro  Alesia,  t.  i,  p.  73-75  (pi.),  113-114 
(pi.). 

(3)  F.  Hettner,  Zur  Kultur  i^on  Geimainen  und  Galha  Be'- 
^ica,  We'tdeutsche  Zeilschri  l  jùr  Gcschiclite  un  l  Kunst,  t.  ii, 
(18b3),  p.  11. 

(4)  Mêla,  ii,  5,  74  ;  Pline,  Histoire  naturelle,  m,  5,  31. 

(5)  H.  d'Arbois  de  Jubaiinville,  Le  pantalon  gaulois,  Revue 
archéologique,  t.  i  (1903),  p.  337-342.  Dans  l'Antiquité,  le  panta- 
lon était  en  usage  chez  les  Perses  et  les  Scythes. 

('))    Guerre  de  Gaule,  v,  42,  3. 

(7)  RoGET  de  Belloguet,  Ethnogénie  gauloise,  t.  m,  p.  74. 

(8)  Strabo.x,  IV,  4,  3. 

(•j)   Isidore,  Origines,  xix,  23,  3, 


168  VÊTEMENTS 

bères  était,  d'après  Appieu  [i),  une  sorte  de  luauteau 
double  et  épais  attaciié  par  uue  fibule  ;  il  était  fait  d'une 
laine  noire  hérissée  qui  ressemblait  au  poil  de  chèvre  (2,. 

Sur  l'arc  de  triomphe  d'Orange,  des  Gaulois  sont  figurés 
nus  avec  un  sagiim  sur  les  épaules.  Ce  sagum  s'attachait 
par  une  fibule  sur  l'épaule  droite  au-dessus  de  la  tunique, 
comme  on  le  voit  à  la  statue  de  Montdragon.  Le  sagum 
est  encore  représenté  sur  la  statue  du  Gaulois  de  la 
villa  Ludovisi  et  sur  le  sarcophage  de  la  vigne  Ammeu- 
(lola. 

On  a  trouvé,  en  grand  nombre,  les  fibules  (broches  ou 
épingles  de  sûreté)  qui  servaient  à  attacher  le  sagum. 
Elles  sont  en  forme  d'arc  ;  l'épingle  s'attache  à  l'arc  soit 
directement,  soit  au  moyen  d'anneaux  ou  de  boutons  ;  il  y 
en  a  un  grand  nombre  de  variétés  quelquefois  en  fer,  plus 
souvent  en  bronze,  rarement  en  argent  ou  en  or.  A 
Hallstatt,  où  elles  remplacent  l'épingle  vers  700  av.  J.-C, 
on  trouve  des  fibules  demi-circulaires,  naviformes,  serpen- 
tiformes,  deini-luiiaires,  à  double  disque,  à  timbale,  en 
forme  de  T  ou  d'arbalète  ;  on  en  trouve  même  d'historiées, 
avec  des  chaînettes  terminées  par  des  disques  (3)  ;  les  unes 
sont  munies  d'un  ressort  unilatéral,  d'autres  d'un  ressort 
bilatéral,  quelques-unes  n'ont  pas  de  ressort.  A  la  période 
de  la  Tène  appartiennent  des  fibules  dont  le  pied  figurant 
un  S  avec  l'arc  remonte  vers  celui-ci  et  le  rejoint  en  for- 
mant un  onllet  ou  en  se  terminant  par  un  bouton  ;  les 
modèles  compliqués  sont   (  nrichis  démaux  ou  de  corail  ; 

(1)  Histoire  romaine,  vi,  42. 

(2)  DioDORE,  V,  33,  2. 

(3)  Matériaux  pour  l'iiistoire  de  l'homme,  t.  xx  (1886),  p.  54 
(fig-)- 


LES    PERSONNES    ET    LES    COUTUMES  169 

les  fibules  en  fer  sont  quelquefois  ornées  de  perles  de 
verre  ou  de  bronze  (1).  On  trouve  une  représentation  nette 
d'une  fibule  sur  les  statères  de  Cricirn  (2). 

La  tunique  des  Gaulois  différait  de  celle  des  Grecs  et  des 
Romains  en  ce  qu'elle  avait  des  manches  ;  elle  ne  dépassait 
pas  le  haut  des  cuisses  et  le  bas  du  dos  (3j.  Le  guerrier  de 
Montdragon  porte  une  tunique  très  longue.  Le  barbare  qui, 
sur  le  sarcophage  delà  vigne  Ammendola,  semble  se  donner 
la  mort,  est  vêtu  d'une  tunique  serrée  descendant  à  mi- 
cuisses.  Sur  la  tunique,  les  Gaulois  ceignaient  des  ceintures 
dorées  ou  argentées  (4).  Ces  ceintures  étaient  sans  doute  en 
métal,  comme  celle  que  le  jeune  Gaulois  mort  de  Venise 
porte  directement  sur  la  peau.  A  la  seconde  période  hallstat- 
tienne,  la  parure  féminine  est  caractérisée  par  une  large 
ceinture  de  cuir  revêtue  d'une  ou  de  plusieurs  feuilles  de 
bronze  battu,  à  ornements  géométriques,  ou  simplement 
ornée  de  rangs  serrés  de  boutons.  Les  agrafes  de  ceintu- 
rons sont  en  tôle  de  bronze  et  se  terminent  par  une  pointe 
triangulaire,  dont  le  crochet  s'engage  dans  une  boucle.  Cer- 
tains objets  de  bronze,  composés  d'un  système  de  cercles 
plats,  concentriques  et  mobiles,  semblent  avoir  constitué 
une  parure  abdominale  (5). 

A  l'époque  de  La  Tène  II,  les  ceintures  féminines  que 
l'on  trouve  passées  autour  des  os  du  bassin  sont  formées 


(1)  S.  Reinach,  article  fibula  dans  le  Dictionnaire  des  anti- 
quités de  Saclio.  Dictionnaire  archéologique  de  la  Gaule,  t.  i, 
planches  ;  Déchelette,  Manuel,  t.  ii,  p.  845-856,  1245-126:'. 

(2)  Blanciiet,  Traité  des  monnaies  gauloises,  p.  376   (fig.  373). 

(3)  Strabon,  IV,  4,  3.  S.  Reinach,  Bronzes  figurés  de  la  Gaule 
romaine,  p.  137-185. 

(4)  DiODORE,  V,  30. 

(5)  DÉCHELETTE,  Muiiuel,  l.  II,  p.  856-867. 


170 


VETEMENTS 


de  chaînettes  en  bronze  composées  d'anneaux  alternant  ou 
non  avec  de  petits  bâtonnets  (1). 

D'après  Dion  Cassius  (2),  la  caracalla,  manteau  en  forme 
de  |jtavojr,  composé  de  plusieurs  morceaux  et  que  l'empe- 
reur M.  Aurelius  AntoninusBassianus  fit  allonger  jusqu'aux 
talons,  est  d'origine  gauloise.  Le  reno  est  un  manteau  de 
fourrure  à  longs  poils  qui  couvrait  les  épaules  et  la  poitrine 
jusqu'au  nombril.  Varron  lattribuo  aux  Gaulois  (3).  Au 
I  '■  siècle  de  notre  ère,  Martial  (4)  cite  une  épaisse  couver- 
liire  tissée  chez  les  Sequani  et  qu'il  appelle  d'un  nom  grec: 
endromis.  Il  n'est  point  question  du  cucuUus  avant  Colu- 
nielle  (5).  Le  cucullus  était  un  capuchon  qui  s'adaptait  soit 
au  sagum,  soit  à  la  lacerna  (6).  Le  bardo-cucullus  était 
sans  doutelec'»cM//M.9  porté  parles  bardes;  on  le  fabriquait, 
au  temps  de  Martial  (7),  à  Langros  et  à  Saintes.  Les  habi- 
tants des  îles  Cassitérides  portaient,  d'après  Strabon  (8),  des 
manteaux  noirs,  des  tuniques  qui  tombaient  jusqu'aux  pieds 
et  étaient  attachées  par  une  ceinture  à  la  poitrine.  Mais  les 
habitants  de  l'intérieur  de  la  Grande-Bretagne  étaient,  au 
temps  de  César,  vêtus  de  peaux  (9). 

Les  Celtes  aimaient  les  vêtements  de  couleurs  éclatantes  : 
les  chefs  portaient  des  vêtements  teints  et  brochés  d'or  (10)  ; 


(1)  DÉCHELETTE,  Mauucl,  t.  II,  p.  1230-1235. 

(2)  Histoire  romaine,  lxxviii,  3,  3. 

(3)  De  la  langue  latine,  v,  35  ;  Isidore,  Origines,  xix,  23,  4. 

(4)  Epigrammes,  iv,  19. 

(5)  I,  8,  9. 

(6)  Martial,  xiv,  139. 

(7)  Epigrammes.  i,  53  ;  4  ;  xiv,  128,  1. 

(8)  Geo^Trtp/îie,  III,  5,  11.  Peut-être  s'agit-il  des  îles  de  Galice. 

(9)  Guerre  de  Gaule,  \,  14. 

(10)  DioDORE,  V,  30,  1  ;  Strabon,  iv,  4,  5  ;  Tite  Live,  vu,  10  : 
VlRGii-E,  Enéide,  viii,  600  ;    Properce,  iv,  10,  43;  SiLirs    Ita- 


LES   l'ERSONiXES    ET    LES    COUTUMES      '  171 

leurs  habits  brodés  (1),  à  raies,  avaient  attiré  l'attention 
des  anciens.  D'après  Pline,  les  Gaulois  étaient  les  inventeurs 
des  étoffes  à  carreaux  (2).  Ils  avaient  su  extraire  de  l'ai- 
relle une  couleur  pourpre,  de  l'hyacinthe  une  écarlate  et 
tiraient  des  planles  toutes  les  autres  couleurs  (3). 

Les  chaussures  d'origine  gauloise  que  les  Romains  appe- 
laient gallicae  et  dont  l'usage  se  répandit  en  Italie  peu  de 
temps  avant  l'époque  de  Gicéron  étaient  des  sortes  de  san- 
dales assez  semblables  aux  solme,  qui  .laissaient  à  décou- 
vert en  grande  partie  le  dessus  du  pied;  ou  les  attachait 
avec  des  cordons  ou  des  lacets  de  cuir  (4).  La  plupart  des 
guerriers  représentés  sur  le  sarcophagede  la  Vigne  Aramen- 
dola  sont  nu-pieds.  Seuls  le  chef  et  quelques  captifs  portent 
une  chaussure  à  semelle  épaisse  découpée  sur  l'em- 
peigne (5). 

Le  capuchon,  qui  faisait  souvent  partie  de  la  saie,  servait 
de  coiffure  ;  mais  les  naulae  Parisiaci  portent  une  sorte  de 
bonnet  à  deux  étages  (6),  et  les  déesses-mères  des  chapeaux 
à  larges  bords  (7  )  :  il  est  possible  que  certaines  calottes  sphé- 
riques  que  nous  prenons  pour  des  casques  soient  simple- 
ment des  chapeaux  (8). 


Licus,  IV,  155  ;  268  ;  Pxutarque,  Marcellus,  7  ;  Pline,  xxii,  2, 
3,  écrit  que  dans  la  Gaule  transalpine  on  teint  en  pourpre  et  en 
diverses  couleurs. 

(1)  Pline,  viii,  73,  191. 

(2)  Histoire  naturelle,  viii,  74,  196. 

(3)  Ihid.,  XXI,  97,  170  ;  xvi,  33,  77. 

(4)  Aulu-Gelle,  xxii,  21  ;  Lafaye,  article  Gallicae  dans  le 
Dictionnaire  des  antiquités  grecques  et  romaines  de  Saglio. 

(  )   S.  Reinagh,  Bronzes  figurés  de  la  Gaule  romaine,  p.  142, 
144,  146,  152,  153. 

(6)  EspÉRANDiEu,  Recueil  général,  n°  3132. 

(7)  Ihm,  Bonner  Jahrhiichcr,  t.  lxxxiii,  p.  38,  44-47  (pi.). 

(8)  C.  Jvi.i^iAis,  Histoire  de  la  Gaule,  t.  n,  p.  197,  n,  4;  297. 


172  VÊTEMENTS 

Quant  au  vêtement  des  femmes,  nous  n'avons  guère 
d'autre  document  que  le  portrait  de  Boudicca  chez  Dion 
Cassius  :  elle  étaitgrande,  avait  l'aspect  effrayant,  le  regard 
perçant,  la  voix  rude  ;  sa  clievelure  épaisse  et  très  blonde 
lui  tombait  jusqu'au  bas  des  reins  ;  elle  portait  un  grand 
collier  en  torsade  d'or  ;  elle  était  revêtue  d'une  tunique 
plissée  couverte  de  broderies,  sur  laquelle  s'agrafait  un 
épais  manteau  (1).  D'après  les  bas-reliefs  des  déesses-mères, 
on  peut  conjecturer  que  les  femmes  gauloises  ont  porté  une 
tunique  descendant  aux  talons  et  un  manteau  attaché  sur  le 
devant  par  un  uceud,  un  bouton  ou  une  fibule  (2). 

On  a  trouvé  quelques  débris  d'étoffes,  tantôt  grossières, 
tantôt  fines  et  légères,  qui  enveloppaient  des  offrandes  funé- 
raires de  l'époque  de  llallstatt  (3). 

L'usage  des  vêtements  semble  avoir  été  inconnu  à  cer- 
taines peuplades  celtiques.  Les  habitants  du  nord  de  la  Bre- 
tagne étaient,  au  II''  siècle  après  Jésus -Christ,  complètement 
nus  et  restaient  des  jours  entiers  plongés  dans  leurs  ma- 
rais (4).  D'après  Aristote(5),  les  Celtes  se  couvraient  peu. 
Les  Caulois  figurés  sur  les  monuments  antiques  sont  en  gé- 
néral représentés  nus.  On  sait  que  quelques  peuples  gauluis 
avaient  l'habitude  de  quitter  leurs  vêtements  pour  com- 
battre (6). 


(1)  Histoire  romaine,  lxii,  2. 

(2)  Ihm,  l.  c.  p.  38  (pi.). 

(3)  Perron,  Matériaux  pour  l'histoire  de  l'homme,  t.  xv  (1880) , 
pi.  XII-XIV,  p.  355. 

(4)  Dion  Cassius,  lxxvi,  12,   4.  Cf.  Hérodien,  m,  14,  7  ; 
EuMÈNE,  Panégyrique  de  Constance,  11. 

(5)  Politiques,  vu,  2,  17. 

(6)  PoLYBE,  II,  28,  8  ;  29,  7  ;  30,  2-3  ;  m,  114,  4  ;  Tite  Live, 
XXII,  46,  6  ;  XXXVIII,  21,  9  (Galites)  ;  Denys  d'Halicarnasse, 


LES    PERSONNES    ET    LES    COUTUMES  173 

Le  goût  des  Celtes  pour  la  parure  avait  frappé  les  an- 
ciens (1).  Comme  il  y  avait  beaucoup  d'or  natif  en  Gaule, 
les  habitants  le  recueillaient  pour  s'en  parer  (2)  ;  non  seu- 
lement les  femmes,  mais  aussi  les  hommes  (3)  portaient 
des  anneaux  d'or  aux  poignets  et  aux  bras,  de  gros  colliers 
tout  en  or  au  cou,  de  belles  bagues  aux  doigts  et,  de  plus, des 
cuirasses  d'or  i^v  Certains  colliers  d'or  atteignaient  un 
poids  considérable.  Le  sénat  romain  donna  en  170  à  deux 
petits  rois  transalpins  deux  colliers  pesant  cinq  livres  (o)^ 
Un  autre  collier  donné  aussi!  à  un  petit  roi  transalpin  en 
169  pesait  deux  livres  (6).  Avec  les  colliers  des  Cisalpins, 
C.  Flaminius  put  ériger  un  trophée  d'or  à  Jupiter  (7).  On 
fit  faire  en  196  avec  les  colliers  d'or  des  Boii  un  grand 
torques  qu'on  déposa  dans  le  temple  de  Jupiter  Capitolin. 
P.  Cornélius  Scipio  en  191  emporta  à  la  suite  de  sa  victoire 
sur  \QS,Boii  1471  colliers  d'or  (8).  I^es  Gaulois  firent  don  à 
Auguste  d'un  collier  du  poids  de  cent  livres  (9 1.  Les  Bretons 
portaient  des  ornements  de  fer  autour  du  cou  et  sur  les 
flancs  (10 1. 

Les  Gaulois  sont  souvent  figurés  avec  des  colliers  et  des 


XIV,  13  ;  DiODORE,  V,  29.  Cf.  S.  Reinach,  Revue  archéologique, 
t.  XIII  (1889),  p.  333,  335,  337. 
•   (1)   Strabon,  IV,  4,  5. 

(2)  Cf.  E.  Cartailhac,  L'or  gaulois,  Revue  d'anthropologie, 
t.  IV,  p.  272-292. 

(3)  Cf.  Reloue  celtique,  t.  vu,  p,  390.  Revue  critique  d'histoire  et 
de  littérature,  t.  xxii  (1886),  p.  275.  Revue  archéologique,  t.  xi 
(1888),  p.  19-20. 

(4)  DioDORE,  V,  27  ;  Strabon,  iv,  4,  5. 

(5)  TiTE   LiVE,  XLIII,   5. 

(6)  TiTE  LiVE,  XLIV,   14. 

(7)  Florus,  II,  4. 

(8)  TiTE  LivE,  XXXIII,  36  ;  xxxvi,  40. 

(9)  QUINTILIEN,   VI,  3,  79. 

.  (10)   Hérodien,  III,  14,  7. 


\7\ 


PAKUKE 


bracelets.  Le  Gaulois  mourant  du  Capltole  porte  un  torques 
au  cou  ;  six  guerriers  gaulois  du  sarcophage  de  la  Vigne 
Ammendola  présentent  aussi  cet  ornement  Le  Gaulois  de 
Montdragon  a  un  anneau  passé  au  bras.  Le  torques  est  sou- 
vent représenté  sur  lesmonnaiesgauloises  (1).  On  le  trouve 
aussi  sur  le  monument  de  Biot  ''2i. 

On  a  trouvé  de  nombreux  colliers  en  Gaule  surtout  à  par- 
tir de  l'époque  à  laquelle  appartiennent  les  tombes  de  la 
Champagne;  dans  le  territoire  des  Renii  le  torques  était 
porté  plus  souvent  parles  femmes  et  les  enfants  que  par  les 
guerriers  (3).  Ce  sont  des  colliers  faits  de  tiges  de  métal  lisses 
ou  torses. 

Très  rare  à  l'époque  de  Hallstatt,  le  torques^  est,  à  l'époque 
de  LaTène  I,  presque  exclusivement  porté  parles  femmes  ; 
il  disparaît  presque  entièrement  des  sépultures  à  partir  de 
La  Tène  11.  C'est  sans  doute  vers  300  qu'il  devient  l'insigne 
des  chefs  celtes.  Les  torques  des  femmes  étaient  en  bronze 
ou  en  or,  très  rarement  en  fer,  décorés  quelquefois  d'orne- 
ments en  relief,  de  corail,  d'émail  onde  disques  ajourés  (4). 

Les  bracelets  et  les  anneaux  des  jambes,  qui  ne  diffèrent 
souvent  que  par  leurs  dimensions,  sont  nombreux  et  varies 
à  la  seconde  phase  hallstattienne  ;  ils  sont  en  bronze,  ornés 


(1)  Blanchet,  Traité  des  monnaies  gauloises,  t.  i,  p.  162. 

(2)  Laurent  et  Dugas,  Revue  des  éludes  anciennes^  t.  ix,  p.  64  ; 
EspÉRANDiEU,  Recueil  général,  t.  i,  p.  31. 

(3)  J.  DE  Baye,  Rulletin  archéologique  du  Comité  des  travaux 
historiques,  1885,  p.  208-213.  Cf.  Revue  celtique,  t.  vu,  p.  390  ; 
Dictionnaire  archéologique  de  la  Gaule,  t.  ii,  planches  ;  Bertrand, 
Archéologie  celtique  et  gauloise,  p.  265  ;  A.  Nicaise,  Le  port  fé- 
minin du  torques  chez  certaines  tribus  de  l'Est  de  la  Gaule,  Chà- 
lons,  1886.  Ci'.  Matériaux  pour  l'histoire  de  l'homme,  t.  xx  (1886), 
p.  308. 

(4)  DÉCHELETTE,  Alaiiuel  d'urchéologie,  t.  ii,  p.  1211-1217  (£ig.) 


LES    PErsS<»>>ES    ET    LES    COUTUMES  \'U 

de  godrons,  de  côtes,  de  traits  parallèles  ;  en  fer  ;  en  lignite. 
Les  modèles  en  sont  très  variés  ;  creux  ou  pleins,  ouverts 
ou  fermés  ;  cylindriques,  en  forme  de  turban  ou  de  ton- 
nelet, de  sphéroïde  aplati  (!). 

A  l'époque  de  la  Tène,  le  bracelet  est  un  des  éléments 
les  plus  communs  de  la  parure  féminine;  il  est  souvent 
placé  au-dessus  du  coude;  il  est  généralement  eu  bronze, 
quelquefois  eu  fer,  en  lignite,  en  verre,  en  ambre,  très  ra- 
rement en  or  ou  en  argent  (2). 

On  a  trouvé  dans  des  tumulus  de  l'époque  de  Hallstatt 
des  anneaux  et  des  petits  manches  d'instruments  de  toilette 
en  ivoire  tourné  (3),  ainsi  que  des  trousses  de  toilette 
comprenant  d'ordinaire  une  pince,  un  cureoieille  et  un 
grattoir  passés  dans  un  anneau  (4).  Ces  trousses,  en  bronze 
ou  en  fer,  subsistent  à  l'époque  de  la  Tène  ;  elles  com- 
prennent souvent  de  petites  cuillères  perforées  (o). 

Les  épingles  employées  comme  parure  de  tète  à  l'époque 
de  Hallstatt  se  terminaient  soit  en  cou  de  cygne,  soit 
par  plusieurs  sphéroïdes  superposés  ;  elles  comportaient  le 
«  protège-pointe  »  (G). 

Les  perles  de  verre  servant  de  grains  de  colliers  sont 
rares  à  l'époque  de  Hallstatt  ;  elles  sont  bleues  avec  une 
zone  blanche  en  zigzag,  ou  jaune  orange  avec  des  yeux 
formés  de  zones  bleues  et  blanches  concentriques.  A  l'époque 
de  la  Tène  I  domine  la  perle  en  verre  bleu  avec  des  yeux 


(1)  DÉCHELETTE,  Monuel,  t.  II,  p.  832-843  (H^.). 

(2)  DÉCHELETTE,  Muiiuel,  t.  II,  p,  1218-1230  (fig.) 

(3)  DÉCHELETTE,  Maiiuel,  t.  II,  p.  875  (fig.). 

(4)  DÉCHELETTE,  Mcmucl,  t.  II,  p.  879-883  (fig.). 

(5)  DÉCHELETTE,  Maiiuel,  t.  H,  p.  1271-1278  (fig.). 

(6)  DÉCHELETTE,  Muiiuel,  t.  II,  p.  843-845  (fig.). 


176  fARURË 

blancs  et  bleus  ;  à  l'époque  de  la  Tène  II,  l'œil  est  remplacé 
par  une  spirale  (1). 

A  l'époque  de  Hallstatt,  les  pendants  d'oreilles  en  bronze 
sont  ou  de  petits  croissants  creux,  ou  de  petits  rubans 
fermés  par  un  crochet  ;  on  trouve  aussi  des  pendeloques 
coniques  que  l'on  passait  sans  doute  dans  les  boucles 
d'oreilles  (2). 

A  l'époque  de  la  Tène  I,  les  pendants  d'oreilles  ont  une 
forme  dérivée  du  croissant  ;  on  en  trouve  quelques-uns  en 
or  (3). 

Les  bagues,  très  rares  à  l'époque  de  Hallstatt,  sont  fré- 
quentes aux  diverses  périodes  de  la  Tène  ;  elles  sont  le  plus 
souvent  en  bronze,  rarement  en  fer,  en  or  ou  en  argent. 
Les  femmes  les  portaient  à  la  main  droite  ou  aux  deux 
mains. 

Les  Celtes  portaient  les  cheveux  longs  ^4).  La  Gaule  tran-j 
salpine  a  été    surnommée   par  les   Romains    Gallia  Co- 
mata  (o). 

Les  Gaulois  lavaient  fréquemment  leurs  cheveux  avec  une! 
lessive  de  chaux,  et  les  relevaient  (6)  du  front  vers  le  som-l 
met  de  la  tête  et  la  nuque,  en  sorte  qu'ils  ressemblaient  àj 
des  Satyres  ou  à  des  Pans.  Leurs  cheveux  devenaient  sij 
rudes  qu'ils  ne  différaient  en  rien  des  crins  de  chevaux. 
Quelques-uns  se  rasaient  la  barbe  et  d'autres  la  laissaient^ 

(1)  DÉcHELETTE,  Manucl,  t.  II,  p.  870-872  (fig.)  ;  1314-1322.' 

(2)  DÉCHELETTE,  Manuel,  l.  ii,  p.  841-843  (fig.)- 

(3)  DÉCHELETTE,  Maiiuel,  t.  II,  p.  1263-1264  (fig.). 

(4)  Strabon,  IV,  4,  3  ;  Denys  d'Halicarnasse,  xiv,  9,  15  ; 
LucAiN,  i,  442. 

(5)  CicÉRON,  Philippiques,  viii,  9,  27  ;  Pline,  Histoire  natu- 
relle, IV,  31,  105. 

(6)  Appien,  Histoire  romaine,  iv,  8.     * 


LES    PERSONNES    ET    LES    COUTUMES  477 

croître  modérément,  mais  les  nobles  se  rasaient  les  joues  et 
laissaient  pousser  leurs  moustaches  en  sorte  qu'elles  leur 
couvraient  la  bouche  ;  quand  ils  mangeaient,  la  nourriture 
s'y  embarrassait  et  quand  ils  buvaient,  la  boisson  y  passait 
comme  à  travers  un  crible  (1).  Sur  les  monuments,  les 
Gaulois  sont  caractérisés  par  une  chevelure  épaisse  et  rude. 
Les  trois  angles  supérieurs  du  sarcophage  de  la  Vigne 
Animendola  se  terminent  par  deux  têtes  d'hommes  et  une 
tête  de  femme  ;  les  cheveux  sont  très  longs  et  partagés  en 
touffes  épaisses.  Les  guerriers  figurés  sur  le  bas-relief  ont 
de  longs  cheveux  flottants  ;  comme  les  têtes  d'hommes  qui 
ornent  les  angles,  ils  portent  une  longue  moustache,  mais 
tandis  que  celles-ci  ont  à  peine  une  courte  barbiche  au  men- 
ton, ils  ont  des  barbes  assez  longues  et  incultes.  Le  Gaulois 
du  Capitule  et  celui  de  la  villa  Ludovisi  portent  seulement 
la  moustache.  Le  Gaulois  de  'V^enise  est  barbu.  Les  mon- 
naies portent,  de  même,  tantôt  des  têtes  à  longue  barbe  et 
à  longs  cheveux,  comme  le  chef  gaulois  du  denier  de 
L.  Hostilius  Saserna,  tantôt  des  têtes  ayant  seulement  la 
moustache,  comme  sur  des  monnaies  frappées  par  les 
Senonesk  Rimini  (2).  Le  jeune  Gaulois  mort  de  Venise  est 
imberbe.  On  trouve  à  l'époque  de  Hallstatt  des  lames  de 
bronze  en  forme  de  demi-lune  et  tranchantes  à  l'extérieur, 
munies  ou  non  de  pédoncules,  lesquelles  semblent  avoir  été 
des  rasoirs  (3).  Ces  lames  sont  en  fer  à  l'époque  de  la 
Tène  (4).  C'est  à  cette  époque  aussi  que  l'on  trouve  des  ci- 

(1)  DioDORE,  V,  28.  Cf.  Pline,  xxviii,  51,  191. 

(2)  Reinach,  Les  Gaulois  dans  l'art  antique,  Revue  archéolo- 
gique, t.  XII  (1888),  p.  273,  284  ;  t.  xiii  (1889),  p.  11,  323  note, 
o33. 

(3)  A.  Bertrand,  Archéologie  celtique  et  gauloise,  2"  éd., 
p.  292-300,  440-447  ;  Déchelette,  Manuel,  t.  ii,  p.  878  (fig.). 

(i)   Déchelette,  Manuel,  t.  ii,  p.  1278-1280  (fig.). 

G.  DoTTiN.  -     Manuel  de  l'antiquité  c4tique.  12 


178  PARURE 

seaux  formés  de  deux  lames  de  fer  réunies  par  un  res- 
sort (1). 

I.es  soins  de  propreté  chez  les  anciens  Celtes  n'étaient  sans 
doute  pas  très  minutieux.  Ammien  Marcellin  (2)  nous  dit 
que  les  Gaulois  de  son  temps  étaient  très  propres.  Le  savon 
fabriqué  d'abord  avec  du  suif  et  des  cendres  était,  d'après 
Pline  (3),  une  invention  gauloise.  Pour  entretenir  la  fraî- 
cheur de  leur  teint^  les  femmes  celtes  se  servaient  de  mousse 
de  bière  (4).  Pour  se  laver,  et  pour  se  nettoyer  les  dents, 
les  Geltibères  employaient  de  l'urine  vieillie  dans  des  réser- 
voirs (5"!.  La  Valeriana  cellica  servait  à  préparer  un  parfum 
connu  sous  le  nom  de  nard  gaulois  (6). 

Aux  bijoux  de  fer,  les  Bretons  ajoutaient  des  totouages. 
Tous  les  Bretons,  dit  César  (7),  se  teignent  le  corps  avec  du 
pastel,  ce  qui  leur  donne  une  couleur  azurée  (8)  et  rend  leur 
aspect  horrible  dans  les  combats.  Ils  laissent  croître  leurs 
cheveux  et  se  rasent  tout  le  corps,  excepté  la  tête  et  la  lèvre 
sui)érieure.  Les  femmes  et  les  filles  des  Bretons,  d"aj>rès 
Pline  (9),  se  teignent  le  corps  avec  du  pastel  et  ainsi,  noires 
comme  des  Ethiopiennes,  elles  figurent  nues  dans  certaines 


(1)  DÉCHELETTE,  Mauiiel,  t.  II,  p.  1280-1284. 

(2)  XV,  12. 

(3)  Histoire  naturelle,  xxviii,  51,  191  ;  Reynier,  De  l'écono- 
mie publique  et  rurale  des  Celtes,  Genève,  1818,  p.  327. 

(4)  Ibid.,  XXII,  82, 

(5)  DioDORE,  V,  33  ;  Strabon,  m,  4,  16  ;  Catulle,  xxxix, 
17-19  ;  cf.  XXXVII,  20. 

(6)  Pline,  Histoire  naturelle,  xii,  26,  45. 

(7)  Guerre  de  Gaule,  v,  14  ;  Cf.  Properce,  ii,  14,  26  ;  Mêla, 
III,  6,  51  ;  JoRDANÈs,  Histoire  des  Goths,  2. 

(S)  Cf.  Caervileos  cute  Bripjantas  (ms.  scuta)  (Sénèque,  Apoko- 
loki/ntose,  193)  ;  caeruleis  Britannis  (Martial,  xi,  53,  1). 

(9)  Histoirelnaturelle,  xxii,  2,  2.  Cf.  Vendryès,  Res>ue  cel- 
tique, t.  XXXII,  ip.  235. 


LES    PI£RS0?<>CS    liT    LES    COUTUMES  179 

cérémonies  religieuses.  Ce  n'est  que  chez  Hérodien  (1)  et 
Solin  (2)  que  l'on  voit  que  les  tatouages  des  Bretons  re- 
présentaient toutes  sortes  d'animaux. 

On  a  souvent  dit  que  la  richesse  relative  des  parures 
celtiques  prouvait  un  état  avancé  de  civilisation  qui  con- 
trastait étrangement  avec  ce  que  nous  rapportent  les  an- 
ciens de  la  pauvreté  des  habitations  et  de  la  grossièreté  des 
repas,  et  on  a  parfois  tenté  de  récuser  les  témoignages 
grecs  ou  romains.  Mais  rien  ne  prouve  que  le  rapport 
qu'on  établit  de  nos  jours  entre  les  diverses  conditions  de 
la  vie  fiât  le  même  chez  les  anciens  Celtes  que  chez  les  na- 
tions modernes.  Et  il  semble  que  l'aspect  de  la  Gaule  et  de 
ses  habitants  ait  bien  été,  à  cette  époque  lointaine,  telle  que 
se  le  figurait  Cicéron  (3)  :  «  Pourquoi  »,  disait-il,  «  César 
veut-il  rentrer  dans  sa  province,  sinon  pour  achever  son 
œuvre  ?  Faut-il  croire  que  le  charme  du  pays,  la  beauté 
des  villes,  la  civilisation  et  l'élégance  des  habitants  le  re- 
tiennent *?  Qu'y  a-t-il  de  plus  rude  que  cette  terre,  de  plus 
grossier  que  ses  oppida,  de  plus  sauvage  que  ses  habi- 
tants? >' 


m 


La  vie  des  Celtes  nous  est  peu  connue.  A  l'exception  de 
César,  qui  l'a  d'ailleurs  peu  observée,  les  anciens  ne  nous 
ont  guère  laissé  que  des  anecdotes  destinées  à  orner  les 


(1)   Histoires,  in,  14,  7. 

( ')  Collectanea,  xxii,  20.  Peut-être  des  tatouages  sont-ils 
représentés  sur  les  effigies  de  certaines  monnaies.  Blanchet, 
Traité  des  monnaies  gauloises,  p.  158. 

(.3)  Des  provinces  consulaires,  12, 


180 


FEMMES 


recueils  de  morale  enseignée  par  l'exemple.  L'archéologie, 
en  l'absence  de  tout  monument  épigraphique,  ne  nous  fait 
connaître  que  les  coutumes  de  l'inhumation  ou  de  la  cré- 
mation. 

Voici  ce  que  l'on  a  de  plus  sûr  sur  la  condition  des 
femmes  et  des  enfants  et  sur  les  usages  relatifs  à  la  nais- 
sance et  à  la  mort. 

La  femme  apporte  une  dot,  mais  le  mari  y  joint  une  va- 
leur égale  prise  sur  ses  biens.  Celui  des  deux  époux  qui 
survit  reçoit  les  deux  parts  avec  les  fruits  des  années  anté- 
rieures (1)  Le  maria  sur  sa  femme  le  droit  de  vie  et  de 
mort.  Quand  un  père  de  famille  de  haute  naissance  vient  à 
mourir,  ses  proches  s'assemblent  et  si  l'on  a  quelque  soup- 
çon au  sujet  de  sa  mort,  ils  mettent  les  femmes  à  la  ques- 
tion comme  des  esclaves  ;  si  leur  mauvaise  conduite  est  dé- 
montrée, ils  les  font  périr  par  le  feu  et  dans  toute  sorte  de 
supplices  (2).  Au  siège  de  Gergovie,  les  mères  de  famille 
jetaient  du  haut  des  murailles  des  vêtements  et  de  l'argent 
et,  les  seins  nus,  les  bras  étendus,  suppliaient  les  Romains 
de  les  épargner  ;  quelques-unes  se  laissaient  tomber  à  la 
force  des  bras  et  se  livraient  aux  soldats  (3).  Quant  à  la 
polygamie  en  Gaule,  on  ne  pourrait  invoquer  d'autre  texte 
que  celui  cité  plus  haut  et  où  le  pluriel  uxoribus  s'oppose 


(1)  César,  Guerre  de  Gaule,  vi,  19.  Cf.  Justinien,  Novelles, 
97.  La  dot  était  en  espèces  d'après  C.  Jullian  qui  remarque  que 
pecunias  n'a  chez  César  que  le  sens  de  «  valeur  monnayée  »  (His- 
toire de  la  Gaule,  t.  n,  p.  408).  Cf.  H.  d'Arbois  de  Jubain  ville, 
Cours  de  littérature  celtique,  t.  vu,  p.  231-240.  P.  Collinet,  Revue 
celtique,  t.  xvii,  p.  321-333  ;  Lefort,  Revue  générale  du  droit, 
t.  IV  (1880),  p.  503-504. 

(2)  /6id.,  VI,  19. 

(3)  Ibid.,  vu,  47.  Cf.  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Cours  de 
littérature  celtique,  t.  vi,  p.  321. 


LES    PERSONNES    Et    LES    COUTUMES  184 

au  singulier  paferfamilias  (1).  Chez  les  Bretons,  les  femmes 
appartiennent  en  commun  à  dix  ou  douze  hommes,  surtout 
à  des  frères,  à  des  pères  et  à  leurs  fils  ;  mais  les  enfants  qui 
naissent  de  ces  unions  appartiennent  à  celui  qui  a  eu  la 
femme  vierge  (2).  En  Irlaf  de,  on  trouve  tout  naturel  que 
(les  hommes  aient  des  rapports  avec  les  femmes  des  autres, 
avec  leurs  mères  ou  leurs  sœurs  (3).  La  communauté  des 
femmes  existe  en  Calédonie  (4j.  Les  Gaulois  (raHta-.),  rap- 
porte un  auteur  anonyme,  lorsqu'il  se  produit  une  disette 
ou  une  épidémie,  châtient  leurs  femmes  comme  étant  la 
cause  de  ces  maux  ;  ils  décident,  sur  leur  conseil,  de  la 
paix  ou  de  la  guerre  ;  mais  s'ils  sont  vaincus,  ils  coupent 
les  têtes  de  leurs  femmes  et  les  jettent  hors  de  leur  terri- 
toire (5). 

La  littérature  épique  et  les  lois  de  l'Irlande  nous  font 
connaître  un  état  social  à  peu  près  semblable  ;  le  mariage 
irlandais  est  une  vente  par  laquelle  le  père,  ou  le  parent 
qui  remplace  le  père  défunt,  cède  à  l'époux  ses  droits  sur 
la  femme  ;  la  valeur  d'une  femme  est  évaluée  à  trois  bêtes  à 
cornes,  plus  le  prix  de  l'honneur  qui  varie  selon  la  condi- 
tion sociale  ;  à  côté  de  la  femme  légitime,  le  mari  peut  en- 
tretenir au  domicile  conjugal  une  ou  plusieurs  concubines. 


(1)  De  bello  gallico,  vi,  19.  Cf.  au  contraire  vu,  66  •  sanclissimo 
jurejurando  confirmari  oportere,  ne  lecto  reclpiatur,  ne  ad  liberos, 
ne  ad  parentes,  ne  ad  uxorem  adiUim  habeat... 

(2)  Ihid.,  V,  14. 

(3)  Strabon,  IV,  5,  4.  Cf.  Saint  Jérôme,  Contre  Jovinien,  ii, 
7  ;  MiGNE,  t.  xxui,  col.  335. 

(A)  Dion  Cassius,  lxxvi,  12.  Cf.  ce  que  dit  la  femme  du  ca- 
lédonien Argentocoxos,  lxxvi,  16  ;  et  lxii,  6. 

(5)  Paradoxographus  Vaticanus  Rohdii,  25,  416,  dans  les 
Rerum  naturalium  scriptores  graeci  minores  de  O.  Keller,  Lip- 
siae,  1877,  p.  109, 


182  FEMMES 

Lugaid,  roi  suprême  d'Irlande,  épouse  sa  mère.  Un  roi  de 
Leinster  a  pour  femmes  les  deux  sœurs.  Diarmait  mac 
Fergusa,  roi  suprême  d'Irlande,  avait  quatre  femmes  dont 
deux  avaient  le  rang  de  reines.  La  coutume  de  la  dot  et  du 
douaire  est  commune  à  l'ancienne  Irlande  et  au  pays  de 
Galles  (1). 

La  condition  des  femmes  chez  les  anciens  Celtes  paraît 
donc  avoir  été  assez  misérable.  La  domination  des  femmes, 
qui  est  très  fréquente  chez  les  peuples  belliqueux,  nous  dit 
Aristote,  est  inconnue  chez  les  Celtes  2).  Cependant,  au 
milieu  du  i"  siècle  après  notre  ère,  en  Grande-Bretagne, 
les  Brigantes  sont  gouvernés  par  une  femme,  Cartisnian- 
dua  (3).  Plus  tard,  en  l'an  62  de  notre  ère,  Prasutagus,  roi 
des  Iccni,  avait  désigné  ses  deux  filles  comme  héritières  de 
son  royaume  (4).  En  61  après  Jésus-Christ,  Boudicca, 
femme  de  race  royale,  commande  l'armée  des  Bretons  (3\ 
D'après  une  tradition  recueillie  par  un  compilateur  grec 
anonyme,  c^était  une  femme,  Onomaris,  qui  avait  guidé  les 
Galates  lorsqu'ils  franchirent  l'Istros,  et  qui  était  devenue 
leur  reine  dans  le  pays  qu'ils  conquirent  (6).  Mais  on  ne 
trouve  aucun  autre  fait  semblable  sur  le  continent  et  à  des 
époques  anciennes.  On  voit  seulement  que  le  mariage  était 
un  moyen  souvent  employé  pour  s'assurer  une  alliance  po- 
litique ;  ainsi  Orgétorix  donne  sa  fille  à  Dumnorix  ;  celui- 


(1)  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Cours  de  littérature  celtique, 
t.  VII,  p.  210-241. 

(2)  Politiques,  ii,  6,  6, 

(3)  Tacite,  Annales,  xii,  .36. 

(4)  Ibid.,  XIV,  31. 

(5)  Tacite,  Agricola,  16  ;  31  ;  Annales,  xiv,  35  ;  Dion  Cas- 
sius,  abrégé  par  Xiphilin,  lxii,  2. 

(6)  Revue  des  éludes  anciennes,  l.  viii,  p.  123. 


i 

LES    PERSO.N.NES    ET    LES    r.OUTL'MES  J  83 

ci  fait  épouser  à  sa  mère  un  noble  Biturige,  et  marie  sa 
sœur  et  ses  parentes  dans  d'autres  cités  (1).  Il  est  donc 
probable  que  les  femmes  n'étaient  pas  dénuées  de  toute  in- 
fluence. Nous  verrons  plus  loin  qu'on  les  prenait  comme 
arbitres. 

La  fidélité  des  femmes  celtiques  était  célèbre  chez  les 
anciens,  et  l'histoire  et  la  légende  oni  recueilli  quelques  ré- 
cits dont  elles  sont  les  héroïnes  (2).  L'historien  Polybe  (3) 
avait  eu  occasion,  à  Sardes,  de  parler  à  une  femme  galate 
célèbre  pour  sa  sagesse  et  sa  grandeur  d'âme.  C'était  Chio- 
inara,  femme d'Ortiagon,  roi  des  Tolistobogii.  Elle  avait  été 
faite  prisonnière  dans  la  guerre  contre  les  Romains,  en 
l'an  189  avant  Jésus-Chris! .  Un  centurion  s'empara  d'elle 
et  lui  fit  violence.  C'était  un  homme  aussi  cupide  que  dé- 
bauché. On  lui  promit  une  grosse  somme  pour  la  rançon  de 
la  captive.  Il  la  conduisit  à  l'endroit  désigné.  Mais,  à  peine 
les  Gaulois  avaient-ils  remis  au  centurion  l'or  convenu  et 
reçu  Ghiomara,  qu'elle  fit  signe  à  l'un  de  ses  compatriotes 
de  frapper  le  Romain  au  moment  oii  elle  lui  dirait  adieu. 
Le  Gaulois  obéit  et  coupa  la  tète  du  centurion,  qu'elle  saisit 
et  emporta  dans  les  plis  de  sa  robe.  Arrivée  auprès  de  son 
mari,  elle  jeta  la  tête  à  ses  pieds.  Ortiagon  étonné  lui  dit  : 
«  Femme,  la  fidélité  est  une  belle  chose.  »  —  «  Oui  »,  ré- 
pondit-elle, «  mais  il  y  a  quelque  chose  de  plus  beau  en- 
core :  c'est  qu'il  n'y  ait  à  vivre  qu'un  seul  homme   à  qui 


(1)  Guerre  de  Gaule,  i,  3  ;  18. 

(2)  H.  d'Arbois  de  Jub.\inville.  La  légende  et  les  femmes  dans 
la  plUs  ancienne  histoire  des  Celtes  et  de  la  Gaule,  Revue  celtique, 
t.  VII,  p.  129-144. 

(;>)  Histoires,  xxii,  21.  CI.  Tite  Live,  xxxviii,  24  ;  Plu- 
TARQUE,  Des  vertus  des  femmes,  22  ;  Valère  Maxime,  vi,  1, 
ext.  2. 


184  FEMMES 

j'aie  appartenu  !  »  Dans  l'épopée  irlandaise,  la  douce  Der- 
driu  se  tue  lorsque  le  roi  d'Ulster,  après  un  an  passé  avec 
lui,  la  livre  au  meurtrier  de  son  mari  (1).  Gomme  Chio- 
mara,  elle  n'admettait  pas  qu'une  femmS  eut  à  la  fois  deux 
époux  vivants. 

Le  dévoûment  héroïque  de  la  Gauloise  Eponine  (ou  Em- 
ponê)  à  son  mari  Sabinus  (2)  est  d'une  époque  où  les  Celtes 
avaient  été  pénétrés  par  la  civilisation  romaine. 

Les  malheurs  et  l'héroïsme  d'une  autre  Galate,  Gamma, 
prêtresse  d'Artémis  et  femme  du  tétrarque  Sinatos,  ra- 
contés par  Plutarque  (3i,  appartiennent-ils  à  l'histoire  ou  à 
la  légende  ?  Il  est  impossible  de  le  décider.  Un  des  parents 
de  son  mari,  Sinorix,  devint  amoureux  d'elle  et  voyant 
qu'il  ne  pourrait  triompher  de  su  vertu  et  de  sa  fidélité, 
tua  Sinatos  par  trahison.  Il  lui  parla  de  sa  passion,  de  sa 
puissance,  de  ses  richesses  et  finit  par  lui  avouer  que,  par 
amour  pour  elle,  il  avait  assassiné  son  mari.  Gamma 
d'abord  le  repoussa  avec  horreur,  puis  sembla  s'adoucir  et 
consentit  enfin  à  s'unir  à  lui.  Au  jour  fixé,  dans  le  temple 
d'Artémis,  suivant  le  rite  traditionnel,  elle  lui  présenta  une 
coupe  d'hydromel,  en  versa  quelques  gouttes  par  terre,  en 
but  une  partie  et  invita  Sinorix  à  boire  le  reste.  Celui-ci 
aciieva  la  coupe.  Avant  l'arrivée  des  invités,  Gamma  avait 
mélangé  à  l'hydromel  un  poison  mortel.  Et  elle  eut  la  sa- 
tisfaction, en  mourant,  d'avoir  vengé  son  mnri  par  la  mort 
de  celui  qui  l'avait  tué. 

La    femme  celtique  apparaît  encore  dans   le  récit  de  la 

(1)  H.  d'Arbois  de  Juba  inville.  Cours  de  littérature  celtique 
t.  V,  p.  236. 

(2)  Tacite,  Histoires,  iv,  G7  ;  Plutauque,  De  l'amour,  25  ; 
Dion  Cassius,  lxvi,  3,  2  ;  IG,  2. 

(3)  Des  vertus  des  femmes,  20  ;  De  l'amour,  22. 


LES    PERSO.NMES    ET    LES    COUTUMES 


185 


fondation  de  Marseille  (Ij.  Bien  qu'accueilli  par  Aristote(2) 
et  Trogue  Pompée  (3),  ce  récit  semble  être  une  fable  gé- 
néalogique imaginée  pour  donner  une  origine  illustre  à  la 
famille  marseillaise  des  Prôtiades.  Gomme  Nannos,  roi  des 
Segobrigii,  préparait  les  noces  de  sa  fille  Gyptis  (ou  Petta), 
deux  Phocéens,  Simos  et  Prùtis  (ou  Euxenos),  abordèrent  en 
terre  celtique  et  vinrent  demander  au  roi  son  amitié  et  le 
terrain  nécessaire  pour  établir  une  ville.  Gelui-ci  les  invita 
au  repas  de  fiançailles.  Quand  la  réunion  fut  complète,  la 
jeune  fille  entra  et  son  père  lui  ordonna  d'offrir  une  coupe 
d'eau  et  de  vin  à  celui  qu'elle  choisissait  pour  mari.  Gyptis 
se  tourna  vers  les  Grecs  et  présenta  la  coupe  à  Prùtis.  Cet 
usage  était-il  celtique  ou  ligure?  On  ne  peut  le  déterminer  ; 
car,  si  le  nom  de  Segobrigii  est  celtique,  les  environs  de 
Marseille  étaient  alors  occupés  par  les  Ligures. 

Les  anciens,  d'après  ces  exemples,  semblent  avoir  parlé 
avec  plus  d'indulgence  des  femmes  celtes  que  de  leurs 
maris.  Ce  n'est  qu'au  iv"  siècle  après  notre  ère  qu'on  trouve 
rapportée  une  coutume  celtique  d'où  l'on  pourrait  conclure 
que  les  femmes  de  l'Est  de  la  Gaule  étaient  légères  et  co- 
quettes. L'empereur  Julien  raconte  que  les  Celtes  prenaient 
le  Rhin  comme  juge  de  la  fidélité  de  leurs  femmes  (4). 


(1)  J'admets  ici  cette  histoire  ((juoiqu'il  s'agisse  probablement 
de  Ligures),  à  cause  du  nom  des  Sego-brigii,  qui  paraît  celtique  ; 
cf.  Sego-briga,  Sego-dunum,  Sego-marus,  Sego-vellauni  ;  Nitio-hri- 
ges,  Brigo-magus.  La  légende  peut  d'ailleurs  être  en  partie  de 
provenance  celtique.  L'étude  en  a  été  faite  par  C.  Julhan,  His- 
toire de  la  Gaule,  t.  i,  p.  201-208. 

(î)   Athénée,  xiii,  36. 

(3)   Justin,  xliii,  3,  8-11. 

('ij  Discours,  II.  Cf.  Lettre  à  Maxime,  16  ;  Anthologie  palatine, 
IX,  125  ;  EusTATHE,  Hijsmine  et  Hysminias,  viii,  7  (Erotici  scrip- 
tores  graeci,  éd.  Didot,  p.  570). 


186  FKMMES 

Lorsqu'un  enfant  naissait,  le  père  le  mettait  sur  un  bouclier, 
et  le  déposait  sur  le  fleuve.  Si  l'enfant  était  légitime,  il  res- 
tait h  la  surface;  sinon,  les  flots  Ipiigloutissaient.  Mais 
s'agit-il  vraiment  des  Celtes  et  non  des  Germains?  Chez 
Julien,  CeJtis  désigne  la  Germanie  par  opposition  à  Galatia, 
Gaule  Transalpine  (1). 

Outre  la  fidélité  conjugale,  les  femmes  gauloises  avaient 
d'autres  qualités.  Elles  étaient  grandes,  fortes,  belles  (2), 
fécondes  (3),  bonnes  nourrices  et  élevaient  bien  leurs  en- 
fants (4).  Sur  les  occupations  des  femmes  gauloises,  r  ous 
devons  nous  contenter  du  texte  obscur  de  Strabon  (o)  où 
il  est  dit  que  les  travaux  des  deux  sexes  sont  répartis  chez 
les  Gaulois  juste  à  l'inverse  de  ce  qu'ils  sont  chez  les  Grecs, 
mais  que  c'es^  là  une  particularité  qui  leur  est  commune 
avec  mainte  autre  nation  barbare. 

Nous  savons  par  ailleurs  que  les  femmes  des  Celtes 
accompagnaient  leurs  maris  à  la  guerre  16).  Les  femmes  et 
les  enfants  des  Helvètes  défendaient  des  retranchemeiiis 
contre  les  Romains  (7).  Les  femmes  des  Bretons  les  exci- 
taient au  combat  (8).  Au  siège  de  Gergovie,  les  femmes 
gauloises,  pour  encourager  leurs  maris,  leur  montraient 
leur  chevelure  éparse  à  la  manière  gauloise  et  amenaient 


(1)  Discours,  m,  '124  a  ;  cf.  279  c. 

(2)  Athénée,  xiii,  79  ;  Diodore,  v,  32. 

(3)  L'accroissement  de  population  est  donne  par  les  anciens 
comme  la  cause  des  émigrations  gauloises,  Jtllian,  Histoire  de 
la  Gaule,  t.  i,  p.  283,  n.  2. 

(4)  Strabon,  iv,  i,  2  ;  4,  3. 

(5)  Géographie,  iv,  4,  3. 

(C.)  PoLYBE,  V,  78.  1.  Cf.  77  ;  111  ;  Tite  Live,  xxxviii,  23; 
(Galales)  ;  Tacite,  Annales,  xiii,  34  (Bretons). 

(7)  Plutarque,  César,  18. 

(8)  Tacite,  Annales,  xiv,  34  ;  3G. 


LES  PERSONNES  ET  LES  COUTUMES 


187 


en  leur  présence  leurs  enfants  (1).  L'épopée  irlandaise  fait 
souvent  mention  de  fées  et  de  femmes  guerrières  {"i). 
Ammien  Marcellin  (n)  nous  fait  un  pittoresque  tableau  de 
la  femme  gauloise  venant  en  aide  h  son  mari  engagé  dans 
une  querelle:  il  la  montre  plus  forte  que  son  mari,  ver- 
dàtre,  le  cou  gonflé,  frémissante,  balançant  ses  bras  blancs 
énormes,  jouant  des  pieds  et  lançant  ses  poings  comme  des 
:atapultes  chassées  par  la  corde  enroulée. 

Avant  le  passage  des  Alpes  et  la  conquête  de  la  Cisalpine 
par  les  Gaulois,  il  y  eut  chez  eux  une  terrible  guerre  civile. 
Les  femmes  s'avancèrent  au  milieu  des  armées,  et,  prenant 
le  rôle  d'arbitres,  réconcilièrent  les  partis  en  présence.  De- 
puis lors,  ajoute  Plutarque,  les  Celtes  n'ont  pas  cessé,  quand 
ils  délibèrent  sur  la  paix  et  la  guerre,  d'admettre  leurs 
femmes  au  conseil  et  de  faire  régler  par  leur  arbitrage  les 
coulestations  qu'ils  ont  avec  leurs  alliés.  Entre  Annibal  et 
les  Celtes,  il  avait  été  convenu  que  si  les  Celtes  avaient  à  se 
plaindre  des  Carthaginois,  les  généraux  carthaginois  les  ju- 
geraient, et  que  si  les  Carthaginois  avaient  à  se  plaindre 
des  Celtes,  le  différend  serait  jugé  par  les  femmes  des 
Celtes  (4). 

Quant  aux  rapports  du  père  avec  ses  enfants,  César  nous 
apprend  qu'en  Gaule  le  père  avait  droit  de  vie  et  de  mort 
sur  ses  enfants  (5),   et  Gaius  remarque  que  les  Galates 


\l)    Guerre  de  Gaule,  vu,  48. 

■J)   Cath  Finntrâgo  edited  by  Kuno  Meyer   (Anecdota  Oxo- 
iiii  iisia,  nied.  séries,  i,  4),  p.  76-77. 

i     Histoire  romaine,  xv,  12.  Cf.  Diodore,  v,  32,  2. 
i)  Des  vertus  des  femmes,  6.  Cf.  Polyen,  vu,  50.  Paradoxo- 
Lji.iphus   Vaticanus   Rohdii,   46   [Rerum    naturalium    scriptores 
-i-"ri'i  tniiiores,  p.  112). 

Guerre  de  Gaule,  vi,  19. 


188  ENFANTS 

comme  les  Romains  croient  que  les  enfants  sont  sous  le 
pouvoir,  in  potestate,  de  leurs  parents  (i).  Il  en  est  de 
même  chez  les  anciens  Irlandais  et  les  anciens  Bretons  (2). 
Mais  César  nous  fait  connaître  aussi  une  coutume  singu- 
lière. «  Les  Gaulois,  nous  dit-il,  diffèrent  des  autres  peuples 
en  ce  qu'ils  ne  permettent  pas  à  leurs  enfants  de  les  aborder 
en  public  avant  qu'ils  n'aient  atteint  l'âge  où  ils  sont  ca- 
pables du  service  militaire  ;  ils  regardent  comme  une  honte 
qu'un  fils  à  l'âge  d'enfant  paraisse  en  public  en  présence  de 
son  père  (3).  »  Ce  texte  est  difficile  à  interpréter.  Signifie- 
t  il  que  les  fils  restaient  aux  mains  des  femmes  jusqu'à 
l'âge  de  porter  les  armes,  ou  doit-il  s'expliquer  par  l'usage 
irlandais  de  faire  élever  les  enfants  des  nobles  hors  de  la 
maison  de  leur  père  (4)  ?  M.  S.  Reinach  pense  qu'il  s'agit 
d'un  tabou  guerrier  (5). 

Au  temps  de  César,  il  n'\  a  que  quelques  traces  de  la  vie 
de  clans  (6)  :  les  tribunaux  de  famille  (7),  la  prépondérance 
que  donnait  l'ancienneté  ou  le  nombre  des  parents  (8).  Mais 
les  luttes  ne  sont  pas  rares  à  l'intérieur  d'une  même  famille, 
et  les  familles  ne  sont  pas  responsables  des  crimes  de  leurs 
membres  (9),  au  contraire  de  ce  qui  se  passe  en  Irlande. 

(1)  Institutions,  i,  51,  52,  55  ;  J.  Havet,  Revue  celtique, 
t.  XXVIII,  p.  113-116. 

(2)  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Eludes  sur  le  droit  celtique 
(Cours  de  littérature  celtique,  t.  vu),  p.  242-253. 

(3)  Guerre  de  Gaule,  vi,  18. 

(4)  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Cours  de  littérature  cel- 
tique, t.  VII,  p.  112-116. 

(5)  Mélanges  offerts  à  M.  d'Arbois  de  Jubainville,  Paris,  1906, 
p.  271-277. 

(6)  JuLLiA^;,  Histoire  de  la  Gaule,  t.  ii,  p.  401. 

(7)  César,  Guerre  des  Gaules,  vi,  19,  3. 

(8)  Ibid.,  VII,  32,  4. 

(9)  JuLLiAN,  Histoire  de  la  Gaule,  t.  ii,  p.  403. 


LES    PERSONNES    ET    LES    COUTLMES  189 

Si  les  coutumes  celtiques  relatives  à  la  naissance,  à  l'ex- 
ception de  riiabitude,  que  cite  Ari>tote  (1;,  de  plonger  les 
nouveau-nés  dans  l'eau  froide  d'un  fleuve,  et  du  singulier 
usage  rapporté  par  Julien  (2),  n'ont  pas  été  relevées  par  les 
anciens,  les  coutumes  funéraires  nous  sont  mieux  connues. 
Les  Gaulois  qui  prirent  Roma  inhumaient  d'ordinaire  leurs 
morts  ;  ce  n'est  qu'à  la  suite  d'une  épidémie  qu'ils  amon- 
cèlent  les  cadavres  pour  les  brûler  (3).  Les  Gaulois  qui  en- 
vahirent la  Grèce  (4),  les  Celtibères  abandonnaient  leurs 
morts  aux  vautours  et  aux  bêtes  carnassières  (o)  ;  Plu- 
tarque  (6)  et  Pausanias  (7)  remarquent  que  les  Gaulois 
n'ont  point  coutume  de  pleurer  les  morts.  Les  Gaulois  de 
Pyrrhus  violaient  des  tombes  (8). 

Les  funérailles  des  Gaulois,  étant  donné  leur  degré  de 
civilisation,  sont  magnifiques  et  somptueuses.  Tout  ce  qu'on 
croit  avoir  été  cher  aux  vivants,  on  le  porte  dans  le  feu, 
même  les  animaux  (9)  ;  il  y  a  peu  de  temps,  dit  César,  on 
brûlait  ensemble,  pour  que  les  funérailles  fussent  réguhères, 
les  esclaves  et  les  clients  que  les  morts  avaient  aimés  (lOj. 


(1)  Politiques,  vu,  15,  2.  Cf.  Galien,  De  la  santé,  1,10. 

(2)  Voir  ci-dessus,  p.  186. 

(3)  TiTE  LivE,  V,  48.         • 

(4)  Pausanias,  x,  21,  9. 

(5)  SiLius  Italicus,  III,  340-343. 

(6)  Consolation  à  Apollônios,  22. 

(7)  Description  de  la  (irèce,  x,  21',  7. 

(8)  DiODORE,  XXII,  12  ;  Plutarque,  Pyrrhus,  26. 

(9)  On  a  trouvé  des  chevaux  enterrés  avec  le  mort  à  Nanterre 
et  dans  le  comté  d'York  ;  Déchelette,  Manuel,  t.  ii,  p.  1025  ; 
Hubert,  Comptes  rendus  du  Congrès  international  d'Anthropo- 
logie, t.  XII  (1900),  p.  410. 

(10)  Guerre  de  Gaule,  vi,  19.  Cf.  Mêla,  m,  2,  19;  J.  Naue, 
Revue  archéologique,  t.  xxvii  (1895),  p.  40-77,  signale  dans  des 
sépultures  du  Haut-Palatinat  des  indices  de  sacrifices  humains. 


190  .MOKT 

Pendant  les  funérailles,  on  jetait  dans  le  bûcher  des  lettres 
adressées  à  des  parents  défunts  comme  s'ils  ])ouvaient  les 
lire  (1).  En  même  temps  que  l'incinération,  Mêla  mentionne 
1  inhumation  (2). 

A  l'époque  où  le  bronze  prédomine  dans  la  fabrication 
des  armes,  l'incinération  est  dusage  en  Gaule  sur  quelques 
points,  notamment  au  sud-est  et  au  sud. 

La  nécropole  de  Hallstatt  offre  un  mélange  de  sépultures 
à  inhumation  (525)  et  de  sépultures  à  incinération  (4oo) 
confondues  pèle-mèle.  Ce  sont  les  tombes <les  incinérés  qui 
contiennent  presque  tous  les  objets  de  luxe  que  l'on  a 
trouvés.  Les  inhumés  semblent  avoir  été  plus  pauvres. 
Mais  les  deux  séries  de  tombes  sont  sans  doute  contempo- 
raines (3).  Les  morts  étaient  ensevelis  vêtus  et  parés  ;  les 
ossements  briilés  sont  réunis  en  un  tas;  des  vases  sont 
placés  autour  ou  auprès  des  squelettes  ou  des  morts  inci- 
nérés. D'une  manière  générale,  c'est  ]eturnulu.<;  soit  à  sépul- 
ture centrale  non  excavée,  soit  à  sépulture  excavée,  formé 
d'un  amoncellement  de  pierres  ou  de  sable,  recouvrant 
souvent  des  cordons  circulaires  de  blocs  plantés  dans  le  sol, 
qui  caractérise  la  civilisation  hallstattienne  (4). 

Pendant  la  première  et  la  seconde  phase  de  la  civilisation 

En  Irlande,  aux  funérailles  d'un  chef,  on  immolait  sur  la  toml)c 
ses  animaux.  Une  fois,  on  enterra  vivants  des  prisonniers  de 
guerre  avec  le  chef  irlandais  que  leurs  compagnons  d'armes 
avaient  tué.  Joyce,  .4  social  history  of  ancient  Ireland,  t.  ii,  p 
5'i.'ï.  F.  N.  Robinson,  Anniversary  papers  by  coUeai^ues  and  pu- 
pih  of  G.  L.  Kittredge,  Boston,   im3,  p.  1S5-197. 

(1)  DiODORE,    V,    28. 

(2)  Chorographia,  m,  2,  19. 

('■])  Re^fue  d'Anthropologie,  t.  iv  (1889),  p.  330  ;  A.  Bertrand 
et  S.  RrAisi\cH,~Les'!Celte'^''dans  les  vallées  du  Pô  et  du  Dannhe, 
p.  122-129. 

(4)   Déchelette,  Manuel  d'arcliéologie,  t.  ii,  p.  630-635. 


LES    PERSONNES    ET    LES    COUTUMES  191 

(le  La  Tène.  ce  sont  les  sépultures  plates  par  inhumation 
qui  dominent  en  territoire  celtique.  Au  début  de  La  Tène  III, 
l'usage  de  l'incinération,  caractéristique  du  territoire  ger- 
manique, se  répand  dans  la  Gaule  du  Nord  (1).  La  trans- 
formation du  tuinulus  en  tombe  plate  n'a  eu  lieu  que  pro- 
gressivement (2).  Dans  les  plus  riches  sépultures  de  la 
Marne,  les  chefs  sont  inhumés  revêtus  de  leur  costume  et 
de  leur  équipement  guerrier,  couchés  sur  leur  char  ;  des 
provisions  étaient  contenues  dans  des  vases  de  formes  di- 
verses ;  ce  sont  des  morceaux  de  bœuf,  de  porc,  de  sanglier, 
de  volaille  et  de  gibier  (3). 

Là  oîi  il  n'y  a  pas  de  char,  on  trouve  dans  les  tombes 
d'hommes  des  armes  :  épée,  javelot,  umbo  de  bouclier.  Les 
femmes  sont  inhumées  avec  leurs  parures  :  torques  de 
bronze,  anneaux  de  poignets  ou  de  chevilles,  pendeloques 
d'ambre,  de  corail,  de  verroterie.  Les  fosses  rectangulaires 
sont  creusées  dans  la  craie  à  une  profondeur  variant  de 
0  m.  00  à  1  m.  50,  mais  qui  va  jusqu'à  2  m.  65  pour  les 
sépultures  à  char.  Dans  la  plupart  des  cimetières  de  la 
Marne,  on  trouve  des  sépultures  doubles,  contenant  le  plus 
souvent  un  homme  et  une  femme.  Les  sépultures  à  inciné- 
ration sont  dans  la  Marne  très  pauvres  en  mobilier  (4). 
Dans  les  Iles  Britanniques,  les  tombes  du  comté  d'York 
rap[)ellent  celles  de  la  Marne  par  l'abondance  des  chars  ; 
mais  les  tombes  sont  sous  tu/nulus,  les  corps  sont  repliés  et 

(1)  BuLLioT,  Fouilles  du  Mont-Beuvray,  t.  i,  p.  73-76  ;  Déche- 
LETTE,  Manuel  d'archéologie,  t.  ii,  p.  1013-1014. 

(2)  S.  Reinach,  Guide  illustré  du  musée  national  de  Saint- Ger- 
main, p.  36-38  (fig.)  ;  Déchelette,  Manuel,  t.  ii,  p.  1014-1015. 

(3)  H.  Mazard,  Essai  sur  les  cliars  gaulois  de  la  Marne.  Cf.  Dé- 
chelette, Manuel  d'archéologie,  t.  ii,  p.  1022-1027. 

(4)  Déchelette,  Manuel  d'archéologie,  t.  ii,  p.  1030-1037, 


192  AGRICULTURE 

les  armes  sont  très  rares,  tandis  que  dans  la  Marne  les 
tombes  sont  plates,  les  corps  allongés  et  les  armes  nom- 
breuses (1). 

Dans  l'Irlande  de  l'épopée,  les  funérailles  des  nobles 
étaient  célébrées  par  des  jeux.  Quelquefois  on  sacrifiait  des 
animaux  ;  les  plus  anciens  textes  ne  contiennent  que 
quelques  allusions  à  la  crémation  ;  l'inhumation  est  de 
règle  '2}. 

En  résumé,  sur  le  mariage  et  la  condition  des  femmes  et 
des  enfants  le  témoignage  des  anciens  manque  de  précision. 
Quant  aux  coutumes  funéraires,  elles  paraissent  avoir  varié 
chez  les  Celtes  selon  les  temps. 


IV 


L'agriculture,  le  commerce  et  l'industrie  chez  les  Celles 
ne  nous  sont  guère  connus  qu'à  partir  de  la  conquùte  ro- 
maine, et  les  renseignements  que  l'on  peut  recueillir  con- 
cernent presque  exclusivement  la  Gaule. 

C'est  d'agriculture  que  le  peuple  s'occupait  surtout  (3). 
De  ce  point  de  vue,  il  y  avait  une  grande  différence  entre 
les  Germains  et  les  Gaulois  ;  car  les  Germains  ne  consom- 
maient pas  beaucoup  de  blé  et  vivaient  principalement  du 
lait  et  de  la  chair  de  leurs  bestiaux  4).  Le  bétail  était  nom- 
breux en  Gaule  ;  il  n'y  a  guère  d'expéditi;ui  de  César  qui  ne 


(1)  Déchelette,  Ibid.,  t.  ii,  p.  tlO''t.  R.  Allen,  Notes  onlate 
Celtic  art,  Archaeologia  Camhrensis,  t.  xiii  (1896),  p.  220-227. 

(2)  A  social  history  of  ancienl  Ireland,  t.  ii,  p.  548-5.^. 

(3)  Cf.  Guerre  de  Gaule,  m,  17  ;  Reynier,  De  l'économie  pu- 
blique et  rurale  des  Celtes,  Paris,  1818. 

(4)  Ibid.,  IV,  1  ;  vi,;_22. 


LES    PERSONNES    ET    LES    COUTUMES  193 

donne  lieu  à  une  capture  de  bestiaux  ;  les  Germains 
viennent  en  Gaule  s'emparer  des  troupeaux  des  Ebii- 
roncs  (1).  Mais  la  culture  du  blé  était  très  répandue  chez 
les  Gaulois  transalpins  et,  dans  toutes  ses  campagnes,  César 
peut  se  ravitailler  facilement  en  céréales.  Il  obtient  du  blé 
chez  les  Aedui,  Sequani^  Lmgones,  Esubii,  Curiosolites , 
Veneti,  Leiici,  Rémi,  Ambiant  (2).  Dans  la  région  autour 
d'Avaricum,  on  trouvait  en  abondance  le  froment  et  le 
fourrage.  En  prévision  de  la  guerre,  les  Venètes  font  des 
réserves  de  froment  dans  les  oppida  (3).  A  Alesia,  on  avait 
amassé  de  quoi  nourrir  quatre-vingt  mille  personnes  pen- 
dant un  mois  (4),  Les  Helvetii,  avant  de  partir  pour  s'éta- 
blir en  Gaule,  font  les  semailles  les  plus  considérables 
qu'ils  peuvent  pour  se  procurer  le  blé  dont  ils  auront  be- 
soin pendant  leur  expédition  ;  et  lorsqu'ils  sont  contraints 
de  rentrer  dans  leur  pays,  comme  ils  avaient  briàlé  le  blé 
qu'ils  ne  pouvaient  emporter,  ce  sont  les  AUobroges  qui 
leur  fournissent  le  blé  nécessaire  à  leur  consommation  (5). 
Les  espèces  de  blé  cultivées  en  Gaule  au  temps  de  Pline  (6) 
étaient  :  le  siligo,  gros  blé  blanc,  qui  ne  réussissait  que 
chez  les,  AUobroges  et  les  Memini  ;  le  blé  de  trois  mois, 
cultivé  dans  le  nord  ;  Varinca,  qui  est  peut-être  une  sorte 
d'épeautre  (7). 


(1)  Ibid.,  VI,  6  ;  35,  6. 

(2)  Guerre  de  Gaule,  i,  40  ;  Strabon,  iv,  1,  2  ;  Appien,  iv,  7  ; 
Cf.  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Recherches  sur  l'origine  de  la 
propriété  foncière,  p.  72-74. 

(3)  Guerre  de  Gaule,  m,  9. 

(4)  Ihid.,  VII,  71. 

(5)  Ihid.,  I,  3  ;  5  ;  28. 

(G)   Histoire  naturelle,  xviii,  19,  81  ;  20,  85. 

(7)  C.  JuLLiAN,  Histoire  de  la  Gaule,  t.  h,  p.  267. 

C.  DoTTiN.  — ■  Mar^uel  de  l'antiquité  celtique,  13 


11)4  AGRICULTURE 

Outre  lé  froment,  que  cultivaient  les  Gaulois  dans  les 
champs  fertiles  dont  il  est  question  dans  les  Commen- 
taires (1)  ?  Nous  savons  par  Pline  (2)  que  le  panic  {holciis 
sorgiim)  était  cultivé  surtout  en  Aquitaine.  Lorge  à  deux 
rangs  surnommée  galaticum  par  Goliimelle  (3)  est  sans  doute 
d'origine  gauloise.  En  Belgique,  on  trouvait  des  pommes 
sans  pépins  que  l'on  appelait  spadonUi  (4).  La  culture  de  la 
vigne  no  se  développa  guère  en  Gaule  qu'après  la  conquête 
romaine  (5).  La  nourriture  (6)  d'hiver  des  bestiaux  consistait 
pour  une  grande  part  eu  raves.  Au  temps  de  Pline,  la 
culture  du  lin  avait  fort  bien  réussi  en  Gaule  et  les  Ca- 
diirci,  les  Ruteiii,  les  Bitariges,  les  Caleti  et  les  Morini 
produisaient  des  toiles  très  estimées  (^7).  On  appelait  cadur- 
cum  chez  les  Romains  une  couverture  de  toile  ^8).  Hiéron 
de  Syracuse  faisait  venir  du  chanvre  de  la  vallée  du 
Rhône  (9).  Parmi  les  légumes,  on  ne  trouve  cités  que  les 
oignons  (10),   le  fenouil   (11;.  le   panais   (12)  ;  parmi    les 


(1)  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Recherches  sur  l'origine  de 
la  propriété  foncière,  p.  15-17. 

(2)  Histoire  naturelle,  xviii,  25,  101.  Cf.  Strabon,  iv,  1,  2. 

(3)  De  l'agriculture,  ii,  9,  16. 

(4)  Pline,  Histoire  naturelle,  xv,  15,  51. 

(5)  Varron,  De  l'agriculture,  7  ;  Diodore,  v,  26,  2-3  ;  Stra- 
bon, IV,  1,  2  ;  E.  DESJARDiNb,  Géographie  historique  et  adtninis- 
iralive  de  la  Gaule  romaine,  t.  i,  p.  442-448  ;  S.  Reinach,  Revue 
archéologique,  t.  xxx  (1901),  p.  368. 

(6)  COLUMICLLE,  II,    10,  22. 

(7)  Jlifiloire  naturelle,  xix,  2,  8  ;  Strabon,  iv,  2,2, 

(8)  JuvÉNAL,  VI,  537  ;  vu,  221. 
(fj)   Athénée,  v,  40. 

(10)  Pline,  xix,  32,  105. 

(11)  Pline,  xxi,  50,  86. 

(12)  Pline,  xix,  27,  89. 


LES    PERSONNES    ET    LES    COUTUMES  195 

plantes  industrielles  :   la  jacinthe  (1),  le  myrtille  (2),   le 
pastel  (3). 

La  Grande-Bretagne  était  fertile  en  productions  plus 
propres  à  la  nourriture  des  troupeaux  qu'à  celle  des 
hommes  (4). 

Plusieurs  noms  de  mesures  agraires  conservés  par  les 
Romains  sont  d'origine  celtique  et  témoignent  de  l'im- 
portance des  questions  d'arpentage  chez  les  Gaulois.  Le 
candetum  rural  était  un  carré  de  cent  coudées  ou  cent  cin- 
quante pieds  romains  (0,296)  de  côté  (5)  ;  il  valait  envi- 
ron vingt  ares.  Le  candetum  urhain  avait  pour  côté  exac- 
tement cent  pieds  romains.  L'arpent,  arepennis,  est  un 
demi-jugerum  de  cent  vingt  pieds  de  long  et  cent  dix  de 
large  valant  12  ares  et  demi  (6).  La  leiiga,  mesure  de 
longueur  adoptée  par  les  Romains,  est  aussi  une  mesure 
gauloise.  Elle  valait  2.220  mètres  (7)  environ. 

Ainsi  donc,  à  l'époque  de  la  conquête  romaine,  la  Gaule 
est  fertile  et  bien  cultivée  (8).  Mais  au  temps  dePomponius 
Mêla,  la  Narbonaise  était  mieux  cultivée,  plus  productive 


(1)  Pline,  xxi,  97,  170. 

(2)  Pline,  xvi,  31,  77. 

(3)  Pline,  xxii,  1,  2. 'Voir  C.  Jullian,  Histoire  de  la  Gaule, 
t.  Il,  p.  271. 

(4)  Mêla,  m,  6,  50  ;  Cf.  César,  Guerre  de  Gaule,  v,  12,  3. 

(5)  Columelle,  De  l'agriculture,  v,  1,  G  ;  Isidore,  xv,  6.  Cf* 
H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Le  candetum  gaulois,  Bévue  cel- 
tique, t.  XXIV,  p.  317-318  ;  F.  P.  Garofai.o,  Bolletlino  di  jilologia 
classica,  1903,  p.  268. 

(6)  Columelle,  v,  1,  6.  Cf.  une  ancienne  glose  à  Gains  chea 
HoLDER,  Allceltischer  Sprachschatz,  t.  i,  col.  205). 

(7)  C.  Jullian,  Revue  des  études  anciennes,  t.  ix,  p.  189  ;  His- 
toire de  la  Gaule,  t.  ii,  p.  395. 

(8)  Guerre  de  Gaule,  i,  28  ;  31  ;  ii,  4  ;  Strabon,  iv,  1,  2.  Cf. 
JosÈPHE,  Guerre  des  Juifs,  u,  10,4  ;  SonN,Co/ieftawea,21  ;  Pom- 
PONius  Mêla,  m,  2,  16. 


196  AGRICULTURE 

et  plus  riche  que  la  Celtique  (1).  Les  Gaulois  transalpins  ne 
le  cédaient  point  comme  agriculteurs  aux  Cisalpins  dont 
au  II*  siècle  avant  Jésus-Christ  la  principale  richesse  était 
constituée  par  les  troupeaux  et  qui  cultivaient  la  terre  (2). 
Les  expressions  manquent,  écrivait  Polybe,  pour  dire  la 
fertilité  de  ce  pays.  L'abondance  du  blé  y  est  telle  que  Ion 
a  vu  plus  d'une  fois  le  médimne  sicilien  (52  1.)  de  froment 
ne  valoir  que  quatre  oboles  (0  fr.  GO),  celui  d'orge,  deux 
(0  fr.  30)  et  le  métrète  de  vin  (39  1.)  ne  pas  coûter  plus 
qu'une  mesure  d'orge.  Le  millet  et  le  panic  y  poussent  à 
foison  ;  les  chênes  fournissent  tant  de  glands  que  la  plupart 
des  porcs  consommés  en  Italie  ont  été  nourris  en  Cisalpine. 
Les  voyageurs  qui  s'arrêtent  dans  les  auberges  ne  con- 
viennent pas  du  prix  de  chaque  objet  séparément,  mais  ils 
demandent  combien  on  prend  par  tête  :  le  plus  souvent, 
l'hôte  s'engage  à  fournir  tout  ce  qui  est  nécessaire  pour  un 
quart  d'obole  (0  fr.  04)  et  le  prix  est  rarement  dépassé  (3). 
On  ne  saurait  dès  lors  ai)pliquer  aux  Gaulois  ce  que  Cicéron 
nous  dit  eu  général  des  peuples  de  cette  race,  à  savoir 
qu'ils  considèrent  comme  déshonorant  de  produire  le  blé 
par  le  travail  des  mains,  et  qu'en  conséquence  ils  s'en  vont 
en  armes  moissonner  les  champs  des  autres  (4).  Après 
Cicéron,  Strabon  répète  qu'autrefois  les  Gaulois  étaient 
guerriers  plutôt  que  laboureurs  ;  mais  qu'en  son  temps 
(18  après  Jésus-Christ)  ils  sont  forcés  de  cultiver  la  terre 
parce  qu'ils  ont  déposé  les  armes  (5).  Or  Tite-Live  (6)  parle 

(1)  Choro graphie,  ii,  5. 

(2)  Polybe,  ii,  17,  10. 

(3)  Polybe,  ii,  14. 

(4)  République,  m,  9,  15  ;  Tacite,  Germanie,  14,  dit  à  peu 
près  la  même  chose  des  Germains. 

(5)  Géographie,  iv,  i,  2.  Cf.  1,  5  ;  1,  12. 

(6)  V,  34. 


LES    PERSONNES    ET    LES    COUTUMES  197 

de  la  fertilité  de  la  Gaule  lors  de  l'expédition  de  Bellovèse 
et  de  Sigovèse  dès  le  iv^  siècle.  Annibal,  en  218,  pouvait  se 
procurer  chez  les  Allobroges  du  blé  pour  plusieurs  jours  (1). 
Les  Belges  qui  conquirent  la  partie  maritime  de  la  Grande- 
Bretagne  y  introduisirent,  d'après  César  (2),  l'agriculture. 
La  plupart  des  habitants  de  l'intérieur  de  l'Ile  ne  semaient 
pas  de  froment.  «  Ce  que  nos  pères  nous  ont  enseigné  », 
disait  Boudicca  aux  Bretons,  «  ce  n'est  point  la  science  de 
l'agriculture,  mais  la  façon  de  faire  la  guerre;  l'herbe  suffit 
à  notre  nourriture,  l'eau  à  notre  boisson,  l'arbre  à  notre 
toit  (3).  »  Les  Gaulois  mêlés  aux  lUyriens  étaient  d'actifs 
cultivateurs  (4). 

Les  agronomes  latins  nous  ont  laissé  quelques  ren- 
seignements sur  les  procédés  agricoles  des  Gaulois  ;  ils 
usaient  d'engrais  variés  :  la  craie  blanche  près  du  Rhin  (5;; 
la  chaux  chez  les  Aedui  et  les  Pidones',  la  marne,  dont 
Pline  mentionne  plusieurs  espèces  (6),  chez  les  Gaulois  et 
les  Bretons.  Les  Cisalpins  au  nord  du  Pô  préféraient  pour 
certaines  terres  les  cendres  au  fumier  (7).  Les  Salassi,  au 
pied  des  Alpes,  découvrirent,  en  labourant  du  fianic  et  du 
millet,  et  en  faisant  leurs  semailles  sur  ce  labour,  un  nou- 
veau procédé  de  fumure  (8). 

C'est  en  Rétie  gauloise  que  l'on  avait  inventé  d'ajouter 
deux  petites  roues  à  la  charrue  (9).  Dans  les  grands  do- 

(1)  PoLYBE,  III,  49  ;  51. 

(2)  Guerre  de  Gaule,  v,  12  ;  cf.  14. 

(3)  Dion  Cassius,  lxii,  5,  5. 

(4)  TiTE  LivE,  xLv,  30,  5. 

(5)  Varron,  De  l'agriculture,  i,  7,  8. 

(6)  Histoire  naturelle,  xvii,  4,  43  ;  74. 

(7)  Ibid.,  XVII,  5,  49. 

(8)  Ibid.,  XVIII,  49,  182. 

(9)  Ibid.,  XVIII,  48,  172.  Sur  les  Rhètes,  voir  A.  Bertrand  et 


198 


FORETS 


maines  de  la  Gaule,  en  terrain  plat,  on  se  servait,  pour 
moissonner,  d'une  sorte  de  tombereau  à  deux  roues  dont 
le  bord  antérieur  était  armé  de  dents  qui  arrachaient  les 
épis  :  les  épis  tombaient  alors  dans  le  tombereau  (1).  Pour 
recueillir  le  millet  et  le  panic,  on  employait  un  peigne  (2). 
Pour  faucher  les  prés,  il  y  avait  des  faux  qui  coupaient 
l'herbe  haute  sans  toucher  à  l'herbe  courte  (3)  ;  on  affilait 
les  faux  avec  des  pierres  à  aiguiser  provenant  de  la  Gaule 
Transalpine  et  que  l'on  nommait  passernices{A). 

Dans  la  Gaule  Belgique,  on  trouvait  des  forêts  considé- 
rables :  la  forêt  d'Ardenne  (5)  ;  les  forêts  des  Ebnrones,  des 
Menapii,  des  Morini  et  des  Nervii.  En  Celtique,  César 
mentionne  les  forêts  des  Bitnriges,  des  Carmites,  et  des 
Seqnani  (6).  Mais,  chez  les  Gaulois,  les  forêts  semblent  avoir 
été  considérées  comme  dépourvues  de  valeur  ;  ce  sont  les 
champs  et  non  les  bois  que  les  peuples  dévastent  et  se  dis- 
putent entre  eux  ;  ce  sont  les  champs  que  les  Germains 
aiment  et  dont  ils  cherchent  à  s'emparer  (7).  Les  forêts 
sombres  et    mystérieuses,  peuplées  d'êtres  fantastiques, 


S.  Reinach,  Les  Celles  dans  les  vallées  du  Pô  et  du  Danube,  p.  G3- 
80.  Oii  trouvera  des  représentations  de  charrues  gauloises  chez 
EspÉRANDiEu,  Recueil  général,  n^  102,  464,  1682. 

(1)  Ibid.,  XVIII,  72,  296  ;  Varron,  De  l'agriculture,  i,  52  ; 
Palladius,  De  l'agriculture,  vu,  2. 

(2)  Ibid.,  XVIII,  72,  297. 

(3)  Ibid.,  XVIII,  67,  261  ;  Décuelette,  Manuel,  t.  ii,  p.  1381. 

(4)  Ibid.,  XXXVI,  47,  165. 

(5)  Guerre  de  Gaule,  v,  3  ;  vi,  29  ;  Strabon,  iv,  3,  5  ;  Tacite, 
Annales,  m,  42. 

(6)  Eburones,  vi,  34  ;  37  ;  Mcnapii,  m,  28  ;  29  ;  iv,  38  ;  vi,  5  ; 
Morini,  m,  28  ;  29  ;  (cf.  Dion  Cassius,  xxxix,  44)  ;  Nervii,  ii, 
18  ;  19  ;  v,  52  ;  Bituriges,  vu,  16  ;  18  ;  Carnutes,  viii,  5  ;  Se- 
quani,  i,  12  ;  39. 

(7)  Guerre  de  Gaule,  i,  11  ;  H.  d'Arbois  de  Jubainville, 
Recherches  sur  l'origine  de  la  propriété  foncière,  p.  74-75. 


LES    PERSONNES    ET    LES    COUTUMES  199 

étaient  pour  les  Gaulois  des  lieux  sacrés  (1).  Au  temps  de 
Pline  (2),  un  des  arbres  les  plus  utiles  était  le  bouleau,  qui 
servait  à  faire  des  cercles,  des  corbeilles,  les  insignes  des 
magistrats  et  dont  on  extrayait  une  sorte  de  résine.  On 
trouvait  aussi  en  Gaule  le  chêne,  qui  était  abondant  chez 
les  Vénètes,  le  hêtre,  l'orme,  le  saule,  le  buis.  César  cite 
l'if  comme  très  commun  dans  les  forêts  gauloises.  Gatu- 
volcus,  roi  des  Eburones,  s'empoisonna  avec  le  poison  tiré 
de  cet  arbre  et  Pline  raconte  que  les  barils  en  bois  d'if 
fabriqués  en  Gaule  pour  contenir  le  vin  pouvaient  causer  la 
mort  (3).  En  Grande-Bretagne. comme  en  Gaule  il  croit  des 
arbres  de  toute  espèce, à  l'exception  du  hêtre  et  du  sapin  (4). 
Nous  avons  conservé  les  noms  celtiques  du  sureau,  scobien, 
de  la  fougère,  raiis,  de  la  pomme,  aballo,  d'une  espèce  de 
sapins,  padi,  du  bouleau,  betulla,  d'une  espèce  d'orme, 
atinia,  et  de  diverses  plantes. 

Les  animaux  domestiques  élevés  dans  l'ancienne  Gaule  (5) 
étaient  sans  doute  à  peu  près  les  mêmes  qu'aujourd'hui.  Les 
races  de  bœufs  cisalpins  étaient  très  estimées  pour  le  tra- 
vail (6).  César  mentionne  des  troupeau  .\  nombreux  chez  les 
Nervii  (7),  les  Menapii  (8),  les  Eburones  (9),  mais  il  en 

(1)  LucAiN,  Pharsale,  uh  390-425. 

(2)  Histoire  naturelle,  xvi,  30,  75.  Sur  les  autres  arbres  des  fo- 
rêts gauloises,  cf.  ibid.,  xvi  ;  A.  Maury,  Les  forêts  de  la  Gaule 
et  de  l'ancienne  France,  Paris,  1867,  p.  82-85.  Sur  la  bibliographie 
des  forêts  depuis  1867,  voir  C.  Jullian,  Revue  des  études  an- 
ciennes, t.  IX,  p.  89-90,  369. 

(3)  Guerre  de  Gaule,  vi,  31  ;  Strabon,  iv,  4,  1  ;  Pline,  His- 
toire naturelle,  xvi,  20,  50. 

(4)  Ihid.,  V,  12. 

(5)  C.  JuLLiAN,  Histoire  de  la  Gaule,  t.  ii,  p.  278-283. 

(6)  Varron,  De  l'agriculture,  ii,  5. 

(7)  Guerre  de  Gaule,  vi,  3,  2. 

(8)  Ihid.,  VI,  G,  1. 

(9)  Ihid.,  VI,  35,  6. 


200  ANIMAUX    DOMESTIQUES 

trouve  aussi  beaucoup  dans  le  Centre  1).  Annibal  avait  trouvé 
un  grand  nombre  de  bestiaux  et  de  bêtes  de  somme  dans 
la  Maurienne  (2).  Les  fromages  des  vaches  des  Alpes  et 
des  Gévennes  étaient  très  renommés  ;  on  faisait  aussi  du 
fromage  de  lait  de  chèvre  (3),  Il  y  avait  en  Gaule  de  nom- 
breux troupeaux  de  moutons  ;  la  valeur  de  leur  laine  va- 
riait beaucoup  avec  les  races  (4)  ;  avec  cette  laine  on  fournis- 
sait de  saies  Rome  et  la  plus  grande  partie  de  l'Italie.  Ces 
moutons  transhumaient  des  plaines  à  la  montagne  comme 
de  nos  jours  (3).  Les  porcs  étaient  si  grands,  si  vigoureux, 
si  rapides  qu'ils  étaient  dangereux  pour  les  hommes  qu'ils 
ne  connaissaient  pas  ;  ils  fournissaient  d'excellentes  salai- 
sons (6).  On  menait  les  oies  de  la  Morinie  jusqu'à  Rome  (7); 
pour  les  faire  marcher,  on  mettait  les  plus  fatiguées  devant 
les  autres. 

Les  Celtes  de  Gaule  recherchaient  fort  les  chevaux  étran- 
gers et  les  payaient  très  cher  (8).  En  52,  il  y  avait  assez  de 
chevaux  en  Gaule  pour  monter  une  cavalerie  de  quinze 
mille  hommes  (9). 

Les  armées  de  Claude  II  avaient  ramené  à  Rome  un 
grand  nombre  de  juments  celtiques.  Ces  juments  étaient 
très  renommées  (10).  Les  chevaux  bretons  étaient  de  petite 

(1)  Ibid.,  VII,  56,  5  ;  vu,  71,  7. 

(2)  TiTE  LivE,  XXI,  33,  11  ;  Polybe,  m,  51,  12. 

(3)  Pline,  xi,  97,  240.  Cf.  viii,  70,  179. 

(''ij  Guerre  de  Gaule,  m,  29  ;  vi,  3  ;  6  ;  35  ;  viii,  24  ;  vu,  17  ; 
56  ;  71  ;  Strabon,  iv,  4,  3  ;  Columelle,  vu,  2  ;  Horace,  Odes, 
m,  16  ;  Pline,  vin,  73,  192  ;  Martial,  xiv,  159. 

(5)  Pline,  Histoire  tiaturelle,  xxi,  31,  57. 

(6)  Strabon,  iv,  4,  3.  Cf.  iv,  3,  2  ;  ni,  4,  11  ;  Martial,  xiii, 
54  ;  Caton  chez  Varron,  De  l'agriculture,  ii,  4. 

(7)  Pline,  x,  27,  53. 

(8)  César,  Guerre  de  Gaule,  iv,  2.  Cf.  Tite  Live,  xhv,  6,  8. 

(9)  Ibid.,  vii,  64,  i.  Cf.  Strabon,  m,  4,  15  ;  iv,  6,  10. 

(10)  Histoire  Auguste,  Trebellius  PollioNj  Claude,  9, 


LES    PERSONNES    ET    LES    COUTUMES  201 

taille,  mais  rapides  (1).  Les  chevaux  des  Geltibères  étaient 
supérieurs  aux  autres  pour  la  vitesse  (2). 

On  a  trouvé  à  La  Tène  des  restes  de  chevaux  dont  les 
mesures  coïncident  avec  celles  des  chevaux  actuels  de  la 
Camargue;  ces  mesures  sont  aussi  celles  d'un  cheval  trouvé 
dans  un  tiimiiliis  près  de  Loughrea  en  Irlande  (3). 

Les  mules  de  Gaule  ou  de  Galatie  sont  mentionnées  par 
Plutarque  (4):  Arrien  cite  les  freins  celtiques  (5). 

Les  housses  en  cuir  s'appelaient  en  latin  scordisca,  du 
nom  du  peuple  celtique,  les  Scordisci  qui  les  avait  in- 
ventées (6),  On  trouve  des  objets  de  harnachement  figurés 
sur  Tare  d'Orange. 

Les  chiens  celtes  étaient  très  réputés,  surtout  ceux  des 
Morins,  des  Bretons,  des  Belges  (7).  Les  segusii  avaient 
l'odorat  très  développé,  l'apparence  de  bêtes  sauvages  ;  ils 
tiraient  leur  nom  du  peuple  gaulois  des  Segusiavi  ;  on  les 
comparait  en  Gaule  à  des  mendiants,  car  leur  aboiement 
ressemblait  à  une  voix  plaintive  et  pleurarde.  Les  vertragi, 
lévriers  de  couleur  tachetée  ou  unie,  étaient  très  rapides  à 
la  course  {H). Les p et ronii  découvraient  facilement  le  gibier, 
mais  ne  l'approchaient  pas  en  silence  (9). Les  agassaei  bre- 

(1)  Arrien,  Tactique,  IQ,  3  ;  Dion  Cassius,  lxxvi,  12,  3. 

(2)  Poseidônios  chez  Strabon,  m,  4,  15. 

(3)  RiDGEWAY,  Origin  and  influence  of  the  thorou ghbred 
horse,  p.  321,  399. 

(4)  De  l'amour  des  richesses,  2. 

(5)  Indica,  xvi,  10  ;  cf.  Horace,  Odes,  i,  8,  6. 

(6)  Végèce,  Le  vétérinaire,  ii,  60,  1.  Corpus  glossariorum 
latinorum,  t.  ii,  p.  180,  20. 

(7)  Grattius  Faliscus,  Cynégétiques,  156,  174,  203  (Poetae 
latini  minores,  éd.  Baehrens,  t.  i)  ;  Silius  Italicus,  x,  77.  Cf. 
Ovide,  Métamorphoses,  i,  533-538  ;  Némésien,  Cyn.,  125  ; 
TiiÉMisTius,  Discours,  xxii  et  xxvii. 

(8)  Arrien,  Cynégétique,  3,  4  ;  Martial,  xiv,  200. 

(9)  Grattius  Faliscus,  201,  206. 


202 


CHASSE 


tons  étaient  une  race  de  petits  chiens  vigoureux  et  sui- 
vant bien  une  piste  (1).  Pline  assure  que  les  Gaulois  fai- 
saient couvrir  leurs  chiennes  par  des  loups  et  que  chaque 
meute  avait  pour  guide  un  chien  auquel  les  autres  obéis- 
saient (2).  Les  chiens  bretons,  comme  ceux  de  leur 
pays,  étaient  utilisés  pour  la  guerre  par  les  Celtes  du  con- 
tinent (3).  Le  roi  arverne  Bituitos  avait  une  garde  com- 
posée de  chiens  qui  ne  devaient  faire  qu'une  bouchée  de 
l'armée  romaine  (4).  Ainsi,  dans  l'Irlande  de  l'épopée,  le 
chien  Ailbe  suffisait  à  garder  à  lui  seul  le  royaume  de 
Laighen  (5). 

La  chasse  était,  avec  la  guerre,  la  principale  occupation 
des  Celtes.  Ils  y  étaient  fort  habiles.  Ceux  qui  considé- 
raient la  chasse,  non  comme  un  moyen  d'alimentation, 
mais  comme  une  distraction,  ne  se  servaient  point  defilets. 
Les  Celtes  riches  envoyaient  dès  l'aurore  explorer  les  lieux 
où  ils  soupçonnaient  la  présence  d'un  lièvre  au  repos. 
Quand  on  leur  avait  rendu  compte,  ils  se  rendaient  au  lieu 
indiqué  et  lançaient  leurs  chiens  après  avoir  fait  lever  la 
bête.  Ils  employaient  deux  espèces  de  chiens  :  les  uns 
cherchaient  la  piste,  les  autres  étaient  tenus  à  l'endroit  où 
il  était  vraisemblable  que  le  lièvre  dirigeât  sa  course,  pour 
se  lancer  sur  lui  à  son  passage.  A  chaque  animal  au'ils 
avaient  pris,  des  Celtes  mettaient  de  cùlé  une  petite  somme 

(1)  Oppien,  Cynégétique^  i,  467-4G8. 

(2)  Histoire  naturelle,  viii,  61,  148. 

(3)  Strabon,  IV,  5,  2.  Cf.  Pline,  Histoire  naturelle,  vin,  61, 
142. 

(4)  Appien,  IV,  12  l'OnosE,  Histoires,  v,  14. 

(5)  II.  d'Arbois  de  Jubainville,  Cours  de  littérature  cel- 
tique, t.  V,  p.  66.  Cf.  Tàin  Bô  Cùalnge,  1.  1003,  1007,  1008,  1019, 
1025,  1028,  1037,  1935,  2612,  3977  ;  J.  Loth,  Revue  celtique, 
t.  xxvii,  p.  163-165. 


LES  PERSONNES  ET  LES  COUTUMES  203 

d'argent  :  deux  oboles  pour  un  lièvre,  une  drachme  pour 
un  renard  ;  quatre  drachmes  pour  un  chevreuil.  Au  bout 
d'un  an,  au  jour  de  la  naissance  d'Artémis,  on  ouvrait  le 
trésor  ainsi  constitué,  et  on  l'employait  à  faire  les  frais 
d'un  sacrifice  à  la  déesse  où  Ton  immolait  des  brebis,  des 
chèvres  ou  des  veaux, et  d'un  banquet  où  les  chiens  parais- 
saient couronnés  de  fleurs  (1).  Parmi  les  animaux  sauvages 
propres  à  la  forêt  Hercynienne,  César  cite  un  bœuf  ayant 
la  forme  d'un  cerf  ;  ïalce  ou  élan,  et  Viirus,  sorte  de  bœuf 
sauvage.  Comme  les  élans  se  reposent  en  s'appuyant  contre 
les  arbres,  et  ne  se  couchent  pas  pour  dormir,  car  il  leur 
est  impossible  de  se  relever,  le  chasseur  déracine  les 
arbres  dans  les  heux  où  ils  fréquentent,  ou  les  scie  de 
façon  à  ce  qu'ils  puissent  encore  tenir  debout.  Les  animaux 
venant  s'y  appuyer  selon  leur  coutume  les  font  fléchir  et 
tombent  avec  eux.  On  capture  l'urus,  qui  a  une  force  et 
une  vitesse  prodigieuse,  dans  des  fosses  disposées  avec 
soin  (2).  Nous  connaissons  le  nom  gaulois  du  lynx  :  nifius. 
Les  Celtes  atteignaient  les  oiseaux  avec  un  dard  en  bois 
lancé  à  la  main  (3  .  Ils  empoisonnaient  les  flèches  destinées 
à  la  chasse  avec  le  suc  des  fruits  d'un  arbre  assez  semblable 
à  un  figuier  ;  ces  fruits  ont  à  peu  près  la  forme  d'un  cha- 
piteau corinthien  (4).  Pline  (5)  rapporte  que  ce  poison  pro- 


(1)  Arrien,  Cynégétique,  19  ;  21  ;  33.  Cf.  Varron,  De  re  rus- 
iica,  III,  12,  2  ;  5  ;  6  ;  C.  Jullian,  Histoire  de  la  Gaule,  t.  ii, 
p.  284-289. 

(2)  Guerre  de  Gaule,  vi,  26-28. 

(3)  Strabon,  IV,  4,  3. 

(4)  Pseudo-Aristote,  Singularités  merveilleuses,  86  ;  Arté- 
midore  chez  Strabox,  iv,  4,  6.  Cf.  A.  J.Reinacii,  L'Anthropolo- 
gie, t.  XX,  p.  189-206. 

(5)  Pline,  xxv,  25,  61  ;  xxviii,  76,  101. 


204  CHASSE 

venait  de  l'ellébore  blanc.  Les  animaux  ainsi  tués  étaient, 
raconte  Aulu-Gelle  (1),  plus  tendres  à  manger  ;  mais  il 
fallait  enlever  toutes  les  parties  qui  entouraient  les  bles- 
sures. Le  limeum  servait  à  composer  un  poison  que  l'on 
appelait  cervarium  et  dont  on  enduisait  les  flèches  de 
chasse  (2).  D'après  Gelse,  les  poisons  de  chasse  des  Gau- 
lois ressemblaient  au  venin  du  serpent  ;  ils  étaient  dange- 
reux dans  les  blessures,  mais  inoffensifs  dans  la  bouche  si 
celle-ci  ne  contenait  pas  d'ulcération  (3).  Dans  le  testa- 
ment d'un  Lingon  sont  mentionnées  toutes  sortes  d'armes 
de  chasse  :  lances,  glaives,  couteaux,  deux  sortes  de  filets, 
lacs,  épouvantails  (4). 

Il  y  avait  en  Gaule  des  renards,  des  chevreuils,  des  cha- 
mois (o).  Au  temps  de  Pline,  les  Alpes,  le  Midi  et  les  bords 
du  Rhin  sont  les  contrées  de  Gaule  où  l'on  rencontre  le  plus 
curieux  gibier  à  plume  (6). 

La  pèche  ne  tenait  sans  doute  pas  dans  les  divertisse- 
ments des  Celtes  la  même  place  que  la  chasse.  Nous  avons 
vu  que  certaines  peuplades  bretonnes  ne  profitaient  pas  des 
poissons  qui  pullulaient  sur  leurs  côtes  (7).  Les  huîtres  de 
Bretagne  sont  citées  par  Pline  (8).  A  la  pêche,  des  habi- 

(1)  Nuits  uniques,  xvii,  15,  7.  Cf.  Pline,  xxv,  25,  61. 

(2)  Pline,  Histoire  naturelle,  xxvii,  76,  101. 

(3)  Celse,  V,  27,  3.  Cf.  Lagneau,  Remarques  toxicologiques 
sur  certaines  substances  employées  par  les  anciens  peuples  de 
l'Europe  pour  empoisonner  leurs  flèches  et  autres  armes  de  jet, 
Gazette  hebdomadaire  de  médecine  et  de  chirurgie,  t.  xiv,  1877, 
p.  789-874. 

(4)  Corpus  inscriptionum  latinarum,  l.  xiii,  11°  5708.  Voir  des 
scènes  de  chasse  chez  Espérandieu,  Recueil  général,  n°  168, 175, 
534,  1560,  1648,  1704,  3179.      . 

(5)  Arrien,  Cynégétique,  34,  1  ;  Grattius  Faliscus,  200  ; 
Arrien,  34,  1  ;  Pline,  viii,  79,  214. 

(6)  Pline,  x,  29,  56  ;  57,  116  ;  66,  131  ;  68,  133  ;  68,  134. 

(7)  Voir  ci-dessus,  p.  162. 

(8)  Histoire  naturelle,  xxxii,  21,  62. 


LKS    PERSOMXES    ET    l.ES    COUTUMES  205 

tants  des  rivages  de  la  Méditerranée  employaient,  prétend 
Pline  (1),  des  dauphins  dressés  auxquels  ils  abandonnaient 
une  part  du  butin  et  auxquels  ils  donnaient,  en  plus,  du 
pain  trempé  dans  du  vin.  Les  anciens  nous  ont  conservé 
quelques  noms  celtiques  de  poissons  :  esox,  saumon  ;  clopias, 
lotte;  ce  poisson  se  trouvait  dans  la  Saône  ;  alausa,  alose  ; 
tinca,  tanche.  Le  thon  et  le  muge  sont  cités  par  Strabon, 
Pline  et  Martial  [2). 

L'industrie  gauloise  trouvait  de  précieuses  ressources 
dans  le  sol  même  du  pays  (3).  Il  y  avait  en  Gaule  beaucoup 
d'or  natif  (4).  Les  fleuves  charriaient  des  fragments  de  roche 
remplis  de  sable  d'or  ;  on  brisait  les  roches,  on  enlevait  la 
partie  terreuse  par  des  lavages  et  on  faisait  fondre  le  résidu 
dans  des  fourneaux  (3).  Les  Salassi,  peuple  des  Alpes,  se 
livraient  au  lavage  de  l'or  dans  les  eaux  du  Durias  (6).  Le 
pays  des  Volcae  Tedosages  était  riche  en  or  (7).  Chez  les 
Cisalpins,  l'or,  avec  les  troupeaux,  constituaient  la  ri- 
chesse (8).  Nous  avons  vu  que  les  colliers  et  les  bracelets 
d'or  sont  la  parure  caractéristique  des  guerriers  celtes  (9). 


(1)  Histoire  naturelle,  lx,  9,  29  ;  32. 

(2)  Strabon,  iv,  1,  6.  Cft  Athénée,  vin,  4  ;  Mêla,  ii,  83  ; 
Pline,  ix,  26,  59  ;  Martial,  xiii,  103  ;  Cf.  Elien,  Histoire  des 
animaux,  xiii,  16. 

(3)  A.  Daubrée,  Exploitation  des  métaux  dans  la  Gaule,  Rei>ue 
archéologique,  t.  xvii  (1868),  p.  298-313  ;  t.  xl  (1881),  p.  201- 
221,  261-284,  327-353. 

(4)  Suétone,  César,  54  ;  Tacite,  Annales,  xi,  24.  Sur  l'or 
gaulois,  voir  E.  Cartailhac,  Revue  d'anthropologie,  t.  iv  (1889), 
p.  272-292. 

(5)  DioDORE,  V,  27. 

(6)  Strabon,  iv,  6,  7. 

(7)  Strabon,  iv,  i,  13  ;  cf.  m,  2,  8  ;  iv,  2,  1. 

(8)  POLYBE,   II,   19. 

(9)  Voir  ci-dessus,  p.  173. 


206  MINES 

Strabon  signale  de  l'or  en  Grande-Bretagne  (1).  En  Irlande, 
on  a  trouvé  dans  des  tourbières,  dans  des  champs,  et  sous 
des  rochers  un  nombre  considérable  d'objets  en  or.  Les  plus 
anciens  seraient,  d'après  M.  S.  Reinach,  contemporains  de 
la  première  période  de  l'âge  du  bronze  (i).  Les  parures  en 
or  sont  plus  rares  et  plus  légères  à  l'époque  de  Hallstatt 
qu'à  l'âge  du  bronze.  A  l'époque  de  la  Tène  on  en  trouve 
en  Gaule  surtout  sur  les  bords  du  Rhin,  et  dans  le  haut 
bassin  de  la  Garonne  (3). 

Les  mines  d'argent  se  trouvaient  en  Gaule  surtout  dans 
les  Pyrénées  et  dans  le  pays  des  Gahali  et  des  Rutetii  (4). 
Elles  étaient  nombreuses  en  Espagne  (5).  Il  y  en  avait  en 
Grande-Bretagne  (G).  Dès  l'époque  du  bronze  on  trouve  de 
l'argent  à  Garnoet  en  Moelan  (Finistère)  et  près  de  Bor- 
deaux (7). 

Mais,  en  général,  les  parures  en  argent  sont  très  rares 
aux  époques  de  Hallstatt  et  de  la  Tène,  sauf  dans  les  pays 
de  minerais  argentifères  comme  la  Hongrie,  la  Bosnie  et 
quelques  cantons  des  Alpes  (8). 

Les  mines  de  fer  étaient  en  grand  nombre  en  Gaule  et  le 
travail  en  était  très  familier  aux  Gaulois,  Strabon  cite  celles 
des  Peinicorii  et  des  Bituriges  Cubi   (9).  Elles  étaient  en 


(1)  Géographie,  iv,  5,  2.  Cf.  Tacite,  Agricola,  12. 

(2)  'làpvïj  TtoXiivpudo;,   Re^ue  celtique,  t.  xxi,  p.  75-97  ;  166- 
175. 

(3)  DÉCHELETTE,  Manuel,  t.  Il,  p.  867-870,  1332-1347. 

(4)  Strabon,  iv,  2,  2.  Corpus  inscriptionum  latinarum,  t.  xiii, 
nO  1550. 

(5)  DioDORE,  V,  35. 

(6)  Tacite,  Agricola,  12. 

(7)  DÉCHELETTE,  Moiiuel,  t.  II,  p.  3G6. 

(8)  DÉCHELETTE,  Manuel,  t.  ii,  p.  1347-1351, 

(9)  Guerre  de  Gaule,  vu,  22  ;  Strabon,  iv,  2,  2. 


LES    PERSOINiNES    ET    LES    COUTUMES  207 

petite  quantité  en  Grande-Bretagne  et  les  Bretons  en  guise 
de  monnaies  se  servaient  de  cuivre  ou  d'anneaux  de  fer 
d'un  poids  déterminé  (1).  Les  Caledonii  portaient  autour 
du  cou  et  au-dessus  du  ventre  des  ornements  en  fer  qui 
étaient  pour  eux  des  signes  de  richesse  (2).  Les  Nervii,  au 
temps  de  César,  manquaient  des  instruments  en  fer  néces- 
saires pour  construire  des  retranchements  (3).  Les  Geltibé- 
riens  donnaient  au  fer  sa  finesse  et  sa  solidité  en  l'enfouis- 
sant en  terre  (4).  Les  outils  en  fer,  à  l'exception  des  cou- 
teaux, sont  rares  dans  les  sépultures  hallstattiennes.  Ce 
n'est  guère  qu'à  l'époque  de  la  Tène  111  que  s'introduit 
l'usage  de  déposer  des  instruments  et  outils  de  fer  dans  les 
tombes  ;  on  en  trouve  aussi  dans  les  oppida. 

Ce  sont  des  haches,  des  couteaux,  des  ciseaux,  tranchets, 
planes  de  tonnelier,  poinçons,  gouges,  marteaux,  enclumes, 
scies  à  main,  limes  ;  on  a  trouvé  peu  d'instruments  agri- 
coles :  socs  de  charrues,  faux  et  faucilles,  serpes  ;  quelques 
instruments  de  pêche  :  hameçons  et  tridents  (5). 

On  trouvait  du  cuivre  en  Aquitaine  et  chez  les  Ceutrones, 
mais  les  Gaulois  ne  savaient  pas  bien  le  traiter  (6).  En 
Grande-Bretagne,  on  se  servait  de  cuivre  importé  (7).  Le 
plomb  était  répandu  dans  toute  la  Gaule  et  en  Grande- 
Bretagne  (8). 

L'étain  se  rencontrait  surtout  dans  les  Iles  Britanniques  ; 


(1)  Guerre  de  Gaule,  v,  12. 

(2)  Hérodien,  III,  4,  7.  Voir  ci-dessus,  p.  173. 

(3)  Guerre  de  Gaule,  v,  42. 

(4)  Plutarque,  Du  bavardage,  17. 

(5)  DÉCHELETTE,  Maiiuel,  t.  II,  p.  793-796,  1352-1386  (fig,). 

(6)  Pline,  xxxiv,  2,  3  ;  20,  96.  Cf.  Guerre  de  Gaule,  m,  21. 

(7)  Guerre  de  Gaule,  v,  12. 

(8)  Pline,  Histoire  naturelle^  xxxiv,  49,  1«64, 


208  MINES 

on  le  préparait  aux  environs  du  cap  Belerion  en  faisant 
fondre  et  en  épurant  les  veines  de  métal  qui  se  trouvaient 
dans  les  roches  du  promontoire  ;  puis  on  le  transportait 
sur  des  chariots,  à  marée  basse,  dans  l'île  d'Iclis  (Wight). 
Là  les  marchands  venaient  l'acheter  (1)  On  a  signalé  en 
Gaule  des  traces  d'exploitation  de  filons  stannitères  qui 
peuvent  remonter  à  l'époque  gauloise  (2). 

L'industrie  gauloise  utilisait  comme  décoration  le  corail 
et  l'émail.  Le  corail  le  plus  estimé  était  péché  sur  la  côte 
méridionale  de  la  Gaule  (3).  Les  Gaulois  en  ornaient  leurs 
glaives,  leurs  boucliers  et  leurs  casques  i4).  L'usage  du  co- 
rail dans  l'Antiquité  a  été  constaté  presque  exclusivement 
dans  les  pays  celtiques  ou  soumis  à  l'influence  des  Celtes. 
Il  apparaît  seulement  vers  la  fin  de  l'époque  de  Hallstatt  (o). 
On  le  trouve  surtout  en  Gaule  et  particulièrement  dans  le 
pays  des  Rémi,  dans  les  sépultures  à  inhumation,  en  com- 
pagnie de  perles  d'ambre,  de  verroterie,  de  bijoux  d'or, 
jamais  avec  des  monnaies.  Il  sert  surtout  à  décorer  des 
objets  de  bronze,  fibules,  boutons,  harnais,  fourreaux, 
casques,  bracelets,  chaînettes,  tètes  d'épingles  ;  dans  des 
colliers,  il  est  employé  comme  pendeloques  (6).  D'après 
Pline,  le  corail  passait  pour  avoir  diverses  vertus  curatives 


(1)  PoLYBE,  m,  57  ;  Timi'e  chez  Pline,  iv,  30,  104  ;  César, 
Guerre  de  Gaule,  v,  12,  4  ;  Diodore,  v,  22  ;  38  ;  cf.  Poseidônios 
chez  Strabon,  m,  2,  9  ;  Rice  Holmes,  Ancient  Dritain,  ch.  v. 

(2)  A.  Daubrée,  Revue  archéologique,  t.  xvii  (18G8),  p.  306  ; 
Blanciiet,  Traité  des  monnaies  gauloises,  t.  i,  p.  35. 

(3)  Pline,  Histoire  naturelle,  xxxii,  ii,  21. 

(4)  Ibid.,  XXXII,  11,  23. 

(5)  DÉciiELETTE,  Mauuel,  t.  II,  p.  875. 

(6)  Cf.  S.  Reinacii,  Le  corail  dans  l'industrie  celtique,  Revue 
celtique,  t.  xx,  p.  13-29,  117-131  ;  Déciielette,  Manuel,  t.  ii, 
p.  1330-1332. 


LES  PERSONNES  ET  LES  COUTUMES  209 

et  une  branche  de  corail  pendue  au  cou  d'un  enfant  le 
mettait,  croyait-on,  en  sûreté  (1).  Les  objets  ornés  de  corail 
appartiennent  sans  doute  à  la  fin  de  l'époque  de  Hallstatt  et 
à  la  première  partie  de  l'époque  de  la  Tène  (2).  Le  carail 
semble  avoir  été  remplacé  par  l'émail  vers  l'an  200  avant 
J.-G.  (3). 

Philostrate  (4)  raconte  que  les  barbares  voisins  de  l'Océan 
savent  verser  les  couleurs  blanche,  noire,  jaune,  rouge,  sur 
du  cuivre  incandescent  où  elles  se  fixent  ensemble,  prennent 
la  consistance  de  la  pierre  et  conservent  les  ligures  qu'on  y 
a  dessinées  II  v.ut  parler  probablement  des  Celtes  et  cer- 
tainement d'un  procédé  d'émaillage.  Cet  art,  presque  com- 
plètement ignoré  des  Grecs  et  des  Romains,  était  pratiqué 
chez  les  Aediii.  On  a  trouvé  dans  les  ruines  de  Bibracte  de 
l'émail  rouge  sous  diverses  formes  :  lingots,  déchets,  ba- 
vures ;  tout  un  quartier  de  la  ville  semble  avoir  été  occupé 
par  des  ateliers  d'émailleurs.  Les  objets  sur  lesquels  on 
appliquait  l'émail  sont  des  rouelles,  des  boutons,  des  fi- 
bules, des  têtes  de  clous  (5). 

Le  commerce  de  l'ambre  est  très  développé  au  premier 
âge  du  fer.  A  Hallstatt,  plus  de  trois  cents  sépultures,  parmi 
lesquelles  quelques-unes  à  mobilier  pauvre,  contenaient 
plusieurs  milliers  de  perles  d'ambres  ;  les  fils  portant  les 
grains  ou  les  bâtonnets  d'ambre  sont  disposés  en  rangées 
parallèles  et  traversent  de  petites  plaquettes  qui  leur  servent 

(1)  Histoire  naturelle,  xxxii,  11,  24. 

(2)  S.  Reinach,  Revue  celtique,  t.  xx,  p.  118. 

(3)  S.  Reinach,  Revue  archéologique,  t.  vi  (1905),  p.  309. 

(4)  Tableaux,  i,  27,  3. 

(5)  BuLLiOT,  Fouilles  du  Mont-Beuvray,  t.  i,  p.  129-146.  Mé- 
moires de  la  Société  nationale  des  antiquaires  de  France,  t. 
xxxn,  p.  71-105.    DÉCHELETTE,  Manuel,  t.  ii,  p.  1547-1557, 

G.  DoTTiN.  —  Manuel  de  l'antiquité  celtique.  14 


210  ÉMAIL 

de  support  et  d'où  ils  pendent  (1).  La  voie  commerciale  de 
l'ambre  aboutissait  d'après  Pline  (2)  au  nord  de  l'Adriatique, 
en  passant  par  la  Pannonie.  Il  venait  d'abord  du  Jutland, 
puis  de  la  Prusse  orientale.  On  a  trouvé  une  grande  quan- 
tité de  perles  d'ambre  dans  les  nécropoles  de  la  Yénétie, 
en  particulier  à  Santa  Lucia,  et  à  l'époque  de  la  Tène  c'est 
surtout  dans  le  voisinage  de  l'Italie  du  nord  qu'on  trouve 
des  colliers  d'ambre  (3). 

Le  verre,  formé  d'une  pâte  bleue,  blanche,  verte  ou  noire, 
servait  h  fabriquer  des  bracelets  d'une  seule  pièce  ou  des 
colliers  composés  de  boules  ou  de  pendeloques  (4). 

L'étamage  du  cuivre  par  l'étain  était,  d'après  Pline  (5), 
une  invention  gauloise.  L'étamage  par  l'argent  fut  appliqué 
dans  la  ville  d'Alise  d'abord  aux  harnais  des  chevaux  et 
des  bêtes  de  somme.  Par  la  suite,  le  renom  passa  aux  Bitii- 
riges  qui  se  mirent  à  orner  ainsi  esseda  et  petorrila.  Le  char 
du  roi  des  Arvernes  Bituitos  était  argenté  (6). 

On  peut  juger  de  l'industrie  gauloise  en  étudiant  les 
nombreux  objets  recueillis  dans  les  tombes.  Mais  dans  les 
tumuli  de  la  Bourgogne,  dans  les  cimetières  à  inhumation 
de  la  Marne,  sur  l'emplacement  de  Bibracte  et  d'Alesia,  on 
a  trouvé,  à  côté  des  produits  d'un  art  assez  primitif,  des 
objets  d'un  art  parfait  qui,  s'ils  ne  proviennent  pas  de  la 


(1)  DÉcHELETTE,  Monuel,  t.  Il,  p.  872-875  (fig.). 

(2)  Histoire  naturelle,  ,  xxxvii,  11,   43;    Diodobe,  y,    23,  1. 
Cf.  DÉCHELETTE,  Mauucl,  t.  I,  p.  623-627. 

(3)  DÉCHELETTE,  Maiiuel,  t.  II,  p.  873,  1329. 

(4)  S.  Reinach,  Catalogue  sommaire  du  musée  des  Antiquités 
nalioiiales,  p.  145,  157,  165. 

(5)  Histoire  naturelle,  xxxiv,  48, 162  ;  G.  Bapst,  L'étain,  Paris, 
1884.  Cf.  R.  Durand  dans  Pro  Alesia,  t.  ii,  p.  320-322. 

(6)  Florus,  m,  2. 


LES    PERSON.NES    ET    LES    COUTUMES  211 

Grèce,  procèdent,  en  tout  cas,  de  l'art  gréco -étrusque,  et 
l'on  a  pu  constater,  surtout  à  l'époque  de  la  Tène,  l'in- 
fluence hellénique  sur  les  œuvres  des  artistes  et  des  arti- 
sans indigènes.  Il  est  probable  que  les  modèles  ont  été 
apportés  en  Gaule  soit  par  des  marchands,  soit  par  des 
soldats  revenus  d'expéditions  fructueuses  aux  vallées  du 
Pô,  du  Tessin  et  du  Rhin  avant  la  conquête  romaine,  à 
la  vallée  du  Rhône  après  la  conquête  (1).  Les  objets  dont 
on  peut  attribuer  la  fabrication  aux  Celtes  se  rapportent 
presque  tous  à  l'art  industriel. 

A  l'époque  de  llallstatt,  les  formes  des  vases  en  bronze 
sont  très  variées  ;  ce  sont  des  situles  coniques  de  grande  di- 
mension à  anses,  des  cistes  cylindriques  à  côtes  horizon- 
tales ou  cordons,  des  écuelles,  des  plats,  des  coupes,  des 
cuvettes  et  des  chaudrons  en  feuilles  de  bronze  rivées  avec 
beaucoup  d'art.  La  décoration  des  vases  est  le  plus  souvent 
géométrique  dans  les  sépultures  de  l'époque  hallsttatienne  ; 
seules^  des  situles  en  bronze  sont  ornées  au  repoussé  de 
scènes  diverses,  de  style  gréco-oriental,  où  figurent  des 
hommes  et  des  animaux.  Les  ornements  incisés  ou  impri- 
més sur  les  vases  en  argile  sont  des  triangles  avec  lignes 
parallèles,  de  petits  cercles  avec  point  central,  de  petits 
triangles  opposés  par  le  sommet  et  disposés  en  bandes  ou 
simplement  des  lignes  brisées  et  des  bandes  ;  les  vases  en 
argile  sont  frottés  de  plombagine  ou  peints  en  rouge  et  en 


(1)  Cette  idée  a  été  émise  d'abord  par  Iloernes  et  par  Rei- 
necke.  Voir  aussi  S.  Reinach,  Catalogue  sommaire  du  musée  des 
antiquités  nationales,  p.  148  ;  Déchelette,  Manuel,  t.  ii,  p.  514- 
515,  1429-1454  ;  L.  Joulin,  Les  «ges  protohistoriques  dans  le  sud 
de  la  France  et  dans  la  péninsule  hispanique.  Revue  archéologique, 
t.  XVI  (1910),  p.  1-29  ;  193-235  ;  t.  xvii  (1911),  p.  15-40  ;  t.  xix 
(1912),  p.  1-59  ;  235-254. 


212  VASES 

noir  sur  un  fond  jaune  clair  (1).  Le  tour  n'est  pas  encore 
en  usage.  On  a  trouvé  quelques  coupes  de  verre  apparte- 
nant à  la  seconde  phase  de  Hallstatt  [2). 

A  l'époque  de  la  Tène,  on  trouve  des  vases  où  les  orne- 
ments font  saillie  ;  des  décorations  en  rouge  et  en  noir 
appliquées  soit  avant  soit  après  la  cuisson.  On  remarque 
une  grande  richesse  d'imagination  dans  les  motifs  de  déco- 
ration géométrique  :  des  ornements  coudés,  des  cercles, 
des  doubles  courbes  en  S,  des  carrés,  des  croix  asso- 
ciées à  des  cercles  et  des  triangles,  des  échiquiers  ;  des 
croix  gammées  en  noir  sur  des  vases  jaune  clair.  Les  vases 
à  décor  géométrique  curviligne  sont  soit  peints,  soit  inci- 
sés. Certaines  poteries  du  Mont-Beuvray  sont  ornées  d'ins- 
criptions en  lettres  grecques  (3).  En  général,  la  poterie 
gauloise  est  assez  grossière  (4).  Chez  les  Rcmi,  on  trouve 
pourtant  de  belles  urnes  à  ornements  géométriques  (5)  ; 
en  Armorique,  des  vases  analogues  avec  des  dessins  à  spi- 


(1)  Rei'ue  d'anthropologie,  t.  iv  (1889),  p.  332-333.  On  trouvera 
une  étude  des  seaux  liisloriés  chez  A.  Bertiiand  et  S.  Reinacu, 
Les  Celtes  datis  les  vallées  du  Pô  et  du  Danube,  p.  94-122  ;  et  une 
étude  des  seaux  à  cordon,  ibid.,  p.  213-217.  Cf.  Archéologie  cel- 
tique et  gauloise,  2^  éd.,  p.  302-212;  Déchelette,  Manuel  d'ar- 
chéologie préhistorique,  t.  II,  p.  809-830  qui  rattache  (p.  426-444) 
au  cuUe  du  soleil  les  situles  ornées  d'une  roue  portée  sur  une 
barque  dont  l'avant  est  orné  de  deux  cygnes. 

(2)  Déchelette,  Manuel,  t.  ii,  p.  789. 

(3)  Revue  archéologique,  t.  xvii  (1868),  pi.  m  ;  J.  Déchelette, 
Poteries  de  la  Tène  à  décoration  géométrique  incisée.  Revue  archéo- 
logique, t.  xxxix  (1901),  p.  51  ;  Cf.  t.  xxvi  (1895),  p.  196-212  ; 
S.  Reinach.  Catalogue  somnujire  du  musée  des  antiquités  natio- 
nales, p.  105  ;  Déchelette,  I\Ianuel,  t.  ii,  p.  1458-1506. 

(4)  C.  Jui.LiAN,  Histoire  de  la  Gaule,  t.  ii,  p.  317. 

(5)  DÉCHELETTE,  Vases  céramiques,  t.  i,  p.  4. 


J 


LES    PERSO.NNES    ET    LES    COUTUMES 


213 


raies  (1)  et  fleurons  compliqués  (2).  11  est  rare  de  trouver 
(le  la  céramique  polychrome  qui  remonte  vraisemblable- 
ment à  l'époque  gauloise  (3). 

Les  œuvres  de  la  plastique  sont  rares  (4).  A  Hallstatt, 
ce  sont  tantôt  des  figures  grossières  d'hommes,  les  bras 
coudés,  ou  représentés  à  mi-corps  ;  tantôt  des  chevaux 
posés  sur  des  douilles  de  haches,  ou  figurés  au  repoussé 
sur  des  vases  de  bronze  ;  des  oiseaux  en  relief  sur  une 
coupe  ;  une  vache  suivie  de  son  veau,  groupe  formant  le 
couronnement  d'un  vase  en  métal  ;  une  tête  de  vache  en 
bronze  avec  une  incrustation  triangulaire  au  milieu  du 
front.  Une  hache  en  bronze  est  surmontée  d'un  homme 
chevauchant  un  animal  bizarre.  Quelques  poteries  hallstat- 
tiennes  sont  ornées  de  figures  humaines  ou  animales 
(cygne,  cheval,  bovidé,  bélier)  exécutées  soit  en  gravure, 
soit  en  ronde  bosse  (5).  Des  fourreaux  en  bronze  d'épées 
de  la  Tène  portent  des  animaux  dont  les  jambes  de  der- 
rière et  la  queue  se  terminent  en  fleurons,  des  fleurons 

(1)  Du  Chatellier,  La  poterie  aux  époques  préhistorique  et 
gauloise  en  Armorique,  1897,  p.  53  ;  C.  Jullian,  Histoire  de  la 
Gaule,  t.  II,  p.  318. 

(2)  Ces  décors  à  spirales  sont  particulièrement  fréquents  chez 
les  Belges,  les  Bretons  et  les  Irlandais.  Romilly  Allen,  Celtic 
art  in  pagan  and  Christian  tintes,  p.  50,  154,  169  ;  Jullian,  His- 
toire de  la  Gaule,  t.  ii,  p.  386. 

(3)  Voir  toutefois  les  vases  en  couleur  :  violet,  rose,  jaune  et 
noire,  trouvés  à  Cavaillon  ;  Mazauric,  Revue  des  études  anciennes 
t.  XIII  (1911),  p.  82. 

(4)  On  les  trouvera  chez  S.  Reinach,  La  sculpture  en  Europe 
avant  les  influences  gréco-romaines  (avec  442  figures),  L'Anthro- 
pologie, t.  V,  p.  15-34,  173-186,  288-305  ;  t.  vi,  p.  18-39,  293-311, 
549-563,  062-674  ;  t.  vu,  p.  168-194.  (Index  alphabétique  des 
provenances  à  la  page  192).  Cf.  Hoernes,  Urgeschichte  der  bil- 
denden  Kunst  in  Europa,  Vienne,  1898.  Sophus  Mûller,  Urges- 
chichte Europas,  Strasbourg,  1905. 

(5)  Déchelette,  Manuel,  t.  ii,  p.  825-830. 


214  l'art 

transformés  en  lignes  sinueuses  géométriques.  Un  petit 
bronze  de  la  même  provenance  représente  sans  doute  un 
chien.  On  peut  encore  citer  les  poignards  ou  épées  anthro- 
poïdes de  la  Tène  III  dont  le  manche  représente  grossière- 
ment un  homme.  On  trouve  à  la  même  époque  des  figurines 
ou  des  pendeloques  de  bronze  qui  servaient  sans  doute 
d'amulettes  et  qui  représentent  des  êtres  humains  ou  des 
animaux  divers,  sangliers,  chevaux,  béliers,  taureaux  (1). 
Mais  de  bonne  heure,  les  produits  de  l'art  étrusque  et  de 
l'art  grec  pénétrèrent  en  Gaule  et,  se  trouvant  dans  les 
tombes  gauloises,  sont  quelquefois  attribués  à  tort  à  l'art  in- 
digène (2).  Les  chenets  à  tête  de  bélier  semblent  originaires 
de  Gaule  (3).  Plusieurs  torques  découverts  dans  les  cime- 
tières de  la  Marne  sont  ornés  de  têtes  humaines  en  relief 
ou  indiquées  au  burin  (4).  Un  te- son  de  poterie  jaunâtre 
teintée  de  brun  foncé  à  la  surface,  que  l'on  a  trouvé  à  Am- 
plepuis  (Rhône),  porte  un  dessin  au  pointillé  représentant 
grossièrement  deuxchevaux  ("i).  Des  vases  peints  du  musée 
de  Genève  sont  ornés  d'oiseaux  et  de  losanges  (6). 

Il  est  difficile  de  caractériser  l'art  gaulois,  puisque  nous 
jgnorons  le  plus  souvent  l'origine  des  objets  d'art  trouvés 

(!)  JuLLiAN-,  Revue  des  études  anciennes,  1.  vi  (1904),  p.  GO, 
n.  1  ;  Cf.  p.  47  ;  Déchelette,  Manuel,  t.  ii,  p.  1137-1143  (fig.  ), 
1300-1311  (fig.). 

(2)  C.  JuLLiA.N,  Histoire  de  la  Gaule,  t.  ii,  p.  331,  n.  3. 

(3)  J.  Déchelette,  Revue  archéologique,  t.  xxxiii  (1898), 
p.  250-251.  Voir  ci-dessus,  p.  159. 

(^)  J.  DE  Baye,  Sujets  décoratifs  empruntés  au  règne  animal 
dans  l'industrie  gauloise,  Mémoires  de  la  Société  nationale  des 
antiquaires  de  France,  t.  xliv,  p.  124-132;  t.  xlvi  (1885),  p.  112- 
121. 

(f)  J.  DÉCHELETTE,  Rcvus  archéologique^  t.  xxix  (1896), 
p.  172-176. 

(6)  A.  Cartier,  Revue  des  études  anciennes,  L.  x,  p.  257-2C1 
(pi.). 


LES    PERSONNES    ET    LES    COUTUMES  215 

en  Gaule,  et  que  nous  ne  connaissons  pas  les  modèles,  le 
plus  souvent  grecs,  qui  ont  inspiré  les  artistes  indigènes. 
M.  S.  Reinach  (1)  considère  que  les  divers  styles  gaulois 
ont  eu  en  commun  la  simplicité  et  la  clarté  et  que  l'esprit 
géométrique  y  domine.  Vers  800  avant  J.-C,  se  manifeste 
le  goût  des  Celtes  pour  les  ornements  de  métal  ajourés  ; 
vers  300,  apparaît  la  polychromie  dont  l'élément  principal 
est  d'abord  le  corail,  puis  l'émail.  Les  statues  des  dieux  (2) 
sont  caractérisées  par  la  raideur  hiératique  de  l'attitude  et 
par  la  gravité  maussade  de  la  physionomie.  Comme  les  Gau- 
lois, les  Irlandais  semblent  avoir  eu  de  l'aversion  pour  la 
représentation  des  êtres  animés  ;  ils  n'ont  tiré  aucun  élément 
de  décoration  du  règne  végétal  et  se  sont  limités  à  la  com- 
plication savante  et  puérile  des  ornements  géométriques  (3). 
Avec  les  métaux  précieux  qu'ils  trouvaient  dans  leur 
pays  les  Gaulois  fabriquèrent  des  monnaies  aussitôt  que 
les  commerçants  grecs  leur  firent  connaître  ce  moyen 
d'échange.  Luernios,  père  du  roi  Bituitos  (121  avant  J.-C.) 
parcourait  la  plaine  sur  un  char  d'où  il  semait  de  la  mon- 
naie dor  et  d'argent,  que  son  cortège  ramassait  (4).  Nous 
avons  conservé  des  milliers  de  monnaies  gauloises  dont  les 
variétés  sont  presque  aussi  nombreuses  que  les  pièces 
mêmes.  A.  de  Barthélémy  a  essayé  d'en  établir  le  classe- 
ment chronologique.  Les  plus  anciennes  sont  celles  de 
Marseille  (5)  ;  elles  ne  peuvent  guère  être  antérieures  au 

(1)  Idées  générales  sur  l'art  de  la  Gaule  (Rei>iie  archéologique, 
t.  VI  (1905),  p.  308-313).  Bronzes  figurés  de  la  Gaule  romaine, 
p.  1  et  suiv.  Cf.  Déchelette,  Manuel,  t.  ii,  p.  1507-1527. 

(2)  Voir  ci-après,  ch.  v. 

(3)  L.  GouGAUD,  L'art  celtique  (Réunie  de  l'art  chrétien,  mars- 
avril  1911,  p.  89-108). 

(4)  Strabon,  IV,  2,  3. 

(5)  Cf.  Strabon,  iv,  1,  5. 


21 G 


M0>>A1RS 


y"  siècle  avant  notre  ère,  époque  où  furent  conclus  entre 
diverses  villes  grecques,  parmi  lesquelles  Phocée,  des 
traités  monétaires.  Un  autre  groupe  de  monnaies  sont 
imitées  de  celles  de  Rhoda,  et  d'Emporium  (Ampurias), 
colonie  de  Marseille,  deux  ports  situés  au  nord-est  de  l'Es- 
pagne ;  les  monnaies  de  ces  deux  villes  et  certaines  mon- 
naies marseillaises  ont  une  grande  analogie  avec  les  mon- 
naieo  frappées  en  Sicile  dès  la  fin  du  V  siècle,  elles  peuvent 
avoir  été  introduites  en  Gaule  dès  le  iv*  siècle.  Les  mon- 
naies de  Marseille,  d'Emporium  et  de  Rhoda  sont  en  ar- 
gent. Les  premières  monnaies  de  bronze  semblent  avoir  été 
fabriquées  entre  les  Pyrénées  et  l'Hérault  vers  la  fin  du 
ni'=  siècle  ;  elles  se  rapprochent  singulièrement  des  pièces 
de  Phintiasd'Agrigente  (287-279),  et  de  Hiéron  II  de  Syra- 
cuse (275-215).  Quant  au  numéraire  d'or,  on  n'en  a  pas 
constaté  l'usage  dans  le  sud  ni  dans  le  sud-ouest  de  la 
Gaule.  Il  se  répandit  en  Gaule  peut-être  dès  la  première 
moitié  du  uf  siècle.  Il  procède  des  statères  de  Philippe  II, 
roi  de  Macédoine  (3G0-336  avant  J.-C),  représentant  sur 
un  cùté  une  tête  d'Apollon  de  profil,  et  sur  l'autre  un  char 
à  deux  chevaux  ;  ou  des  statères  de  Tarente  portant  sur  la 
face  une  tête  d'Amphitrite,  et  sur  le  revers  les  Dioscures  à 
cheval.  Les  premières  imitations  furent  assez  exactes,  mais 
peu  à  peu  les  graveurs  altérèrent  leurs  modèles  au  point 
qu'il  est  impossible  de  saisir  le  rapport  qui  unit  les  phi- 
lippes  aux  pièces  gauloises  si  l'on  n'a  pas  toute  la  série  des 
pièces  progressivement  défigurées.  Ces  imitations  parais- 
sent avoir  cessé  en  Gaule  lors  de  la  conquête  romaine.  Les 
derniers  statères  portent  les  noms  de  Yercingétorix  [i)  et 

(1)  Voir  C.  JuLLiAN,  Vercingétorix,  Paris,  1903,  p.  353-357. 


LES    PERSOX.N'ES    ET    LES    COUTUMES  217 

de  quelques  autres  chefs.  Dès  l'époque  de  rétablissement 
des  Romains  dans  la  Province  (118  avant  J.-C),  les  de- 
niers de  la  République  servirent  de  modèles,  même  pour 
des  monnaies  en  bronze.  Après  la  conquête  de  la  Gaule, 
les  villes  libres  et  alliées  eurent  le  droit  de  battre  mon- 
naie (1). 

En  Grande-Bretagne,  au  temps  de  César,  on  se  servait, 
comme  nous  l'avons  vu,  de  monnaies  de  cuivre  ou  de  fer 
en  forme  d'anneaux  d'un  poids  déterminé  (2).  Les  habi- 
tants de  l'île  Silure,  en  face  des  Dumnonii,  ne  se  servaient 
pas  de  monnaies,  d'après  Solin  (3),  et  ne  connaissaient  que 
l'échange  des  marchandises.  Les  plus  anciennes  monnaies 
recueillies  en  Grande-Bretagne  dérivent  des  monnaies  de 
la  Gaule  continentale;  les  graveurs  se  sont  efforcés  de 
transformer  les  types  monétaires  en  figures  symétriques 
d'exécution  facile  (4).  Dans  les  oppida  et  les  crannogs  de 
Grande-Bretagne  on  a  trouvé  des  barres  de  fer  qui  semblent 
bien  être  les  instruments  d'échange  dont  parle  César  (o). 

Le  monnayage  de  l'Europe  centrale    est  très   barbare. 

(i)  A.  DE  Barthélémy,  Essai  de  classification  chronologique 
de  différents  groupes  de  monnaies  gauloises,  Revue  celtique,  t.  xi, 
p.  173-179.  Cf.  t.  XII,  p.  309-316  ;  Comptes  rendus  de  l'Académie 
des  inscriptions  et  belles-lettres,  1892,  p.  251  et  suiv.  ;  Blanchet, 
Traité  des  monnaies  gauloises,  p.  177-178  ;  Cii.  Robert,  Dissémi- 
nation et  centralisation  alternative  de  la  fabrication  monétaire  de- 
puis les  Gaulois  jusqu'au  commencement  de  la  domination  caro- 
lingienne. Revue  archéologique,  t.  vi  (1885),  p.  324-330  ;  A.  Blan- 
chet, L'influence  de  l'art  grec  dans  le  nord  de  la  Gaule  Belgique, 
Revue  numismatique,  t.  vu  (1903),  p.  100-117  ;  E.  Hucher,  L'art 
gaulois  ou  les  Gaulois  d'après  leurs  médailles,  1868-1874  ;  Déche- 
lette.  Manuel,  t.  ii,  p.  1559-1573. 

(2)  Ci-dessus,  p.  '207. 

(3)  Recueil  de  choses  merveilleuses,  22,  8. 

(4)  J.  Evans,  The  Coins  of  the  ancient  Britons,  Loivdon,  1864- 
1890  (pi.). 

(5)  Déchelette,  Manuel  d'archéologie,  t.  ii,  p.  978,  1558. 


218  MONNAIES 

M.  A.  Blanchet  a  signalé  la  dissémination  des  monnaies 
gauloises,  ainsi  que  les  rapports  que  présentent  des  pièces 
de  la  vallée  du  Danube  avec  celles  de  la  vallée  du  Rhin  et 
de  la  Gaule.  11  y  aurait  donc  eu  entre  les  diverses  tribus 
celtiques  du  centre  et  de  l'ouest  de  l'Europe  des  relations 
commerciales  assez  étendues,  dans  la  période  comprise 
entre  le  iii'^  et  le  i"  siècle  avant  notre  ère.  Après  les 
monnaies  d'or  imitées  des  monnaies  grecques,  on  trouve 
vers  l'an  100  des  statères  ornés  de  motifs  indigènes  :  co- 
quille, tète  d'oiseau,  serpent,  et  de  grosses  pièces  d'ar- 
gent à  légendes  (1).  l.e  titre  des  monnaies  d'or  et  d'argent 
varie  avec  les  temps  et  les  lieux.  Les  monnaies  d'or  con- 
tiennent de  7  à  37  0/0  d'argent  et  de  19  à  13  0/0  de  cuivre, 
avec  souvent  des  traces  détain.  Les  monnaies  d'argent 
contiennent  de  22  à  85  0^0  de  cuivre  et  quelquefois  de  8  à 
16  0/0  d'étain,  de  7  à  30  0/0  d'or.  Les  monnaies  de  bronze 
allient  au  cuivre  de  12  à  280/0  d'étain,  de  1  à  80,0  de 
plomb,  quelquefois  jusquà  lGO/0  de  zinc.  On  appelle  po- 
tin un  alliagede  cuivre  (68  à  82  0/0)  et  d'étain  (17  à  31  0/0), 
avec  des  traces  d'argent  et  de  plomb. 

Les  divisions  monétaires  sont  imitées  des  pièces  grecques  : 
en  or  :  le  slalère  (environ  8  gr.  6),  le  demi  statère,  le  tiers 
de  statère,  le  quart  do  statère,  le  sixième  de  statère,  et  le 
huitième  de  statère  ;  en  argent  :  le  tétradrachme,  la 
drachme  (environ  4  gr.  31 1,  l'obole  (0  gr.  72),  la  demi- 
obole,  le  quart  d'obole  (2). 


(1)  Recherches  sur  les  monnaies  celtiques  de  l'Europe  centrale, 
Revue  numismatique,  t.  vi  (1902),  p.  36-51,  157-173.  Traité  des 
monnaies  gauloises,  t.  ii,  p,  ^i't3-'ill  ;  G.  Jullian,  Histoire  de  la 
Gaule,  t.  I,  p.  375,  n.  6. 

(2)  Blanchet,  Traité  des  monnaies  gauloises,  t.  i,  p.  36-74, 


LES    PERSONNES    ET    LES    COUTUMES  219 

Le  droit  de  battre  monnaie  appartenait  aux  cités.  Les 
noms  d'hommes,  qui  sont  les  plus  nombreux  dans  les  ins- 
criptions des  monnaies  gauloises,  appartiennent  sans  doute 
à  des  chefs  ou  à  des  magistrats  monétaires  (1). 

Il  est  possible  qu'antérieurement  à  l'introduction  en 
Gaule  des  monnaies  grecques,  les  Gaulois  aient  utilisé 
comme  monnaies  des  fragments  de  haches  de  bronze  et  de 
bijoux,  des  lingots  marqués,  «les  anneaux  et  des  rouelles  (2). 
En  191,  P.  Cornélius  Scipion  avait  rapporté  de  ses  vic- 
toires sur  les  Boii  2.340  livres  de  lingots  d'argent  (3). 

Hormis  les  renseignements  que  fournit  l'archéologie, 
nous  savons  peu  de  choses  sur  le  commerce  des  Gaules  (4), 
les  exportations  et  les  importations.  Cicéron  semble  re- 
garder comme  synonymes  les  deux  mots  Insuber  et  merca- 
tor  (5).  Au  temps  de  César,  la  proximité  de  la  Province 
romaine  et  le  commerce  d'outre-mer  fournissait  aux  Gau- 
lois d'abondantes  ressources.  César  parle  des  marchands 
autour  desquels  les  Gaulois  se  rassemblaient  pour  apprendre 
les  nouvelles  (6).  Varrou,  citant  Caton  (7),  mentionne  la 
quantité  énorme  de  salaisons  que  les  Romains  faisaient 
venir  des  deux  Gaules  cisalpine  et  transalpine.  Mais  à 
quelle  époque  ce  commerce,  ainsi  que  celui  des  fromages 
et  des  laines,  s'est-il  surtout  développé  '?  N'est-ce  pas  sous 


(1)  Blanchet,  ibid.,  p.  81  ;  Jullian,  Histoire  de  la  Gaule, 
t.  II,  p.  341-344. 

(2)  Blanchet,  ibid.,  p.  21-29. 

(3)  TiTE  LivE,  XXXVI,  40,  12. 

(4)  Voir  BuLLiOT  et  Roidot,  La  cité  gauloise  selon  l'histoire 
et  les  traditions,  p.  118-147  ;  E.  de  Fréville,  Mémoires  de  la 
Société  des  antiquaires  de  France,  t.  xxii,  p.  87-149. 

(5)  Contre  Pison,  fragm.  7. 

{Cl)    Guerre  de  Gaule,  iv,  5  ;  vi,  24. 

(7)  De  l'agriculture,  u,  4.  Cf.  Strabon,  iv,  4,  3. 


220  COMMERCE 

l'influence  de  la  civilisation  romaine  ?  Les  marchands  qui 
commerçaient  en  Gaule  étaient  pour  la  plupart  des  Ro- 
mains. D'après  Gicéron,  la  Gaule  était  remplie  de  négo- 
ciants romains  ;  aucun  Gaulois  ne  faisait  d'affaires  sans 
eux  ;  il  ne  circulait  pas  en  Gaule  une  seule  pièce  d'argent 
qui  ne  fût  portée  sur  les  livres  des  Romains  (1).  Au  temps 
de  la  conquête,  des  citoyens  romains  qui  s'étaient  fixés  à 
Cenabum  pour  faire  du  commerce,  y  sont  massacrés  par 
les  Carnutes.  Des  marchands  et  des  voyageurs  romains 
sont  tués  à  Noviodunum  par  des  Atdiii  (2).  Le  vin  est 
transporté  d'Italie  en  Gaule  au  moyen  de  bateaux  sur  les 
fleuves, et  de  chariots  dans  les  plaines  (3V.  D'autre  part,  les 
Vénètes  commercent  avec  les  Bretons,  et,  sur  les  bords  du 
Rhin,  les  marchands  romains  viennent  souvent  chez  les 
Ubii  (i).  Les  habitants  du  promontoire  Belerion.au  sud 
de  la  Grande-Bretagne,  devaient  d'être  hospitaliers  et  civi- 
lisés aux  rapports  continuels  qu'il  avaient  avec  les  mar- 
chands étrangers  (S).  Les  cotes  elles  ports  d'Irlande  étaient 
bien  connus  des  marchands  qui  y  commerçaient  (6). 

Les  trouvailles  archéologiques  permettent  de  déterminer 
les  routes  préhistoriques  qu'elles  jalonnent.  Certains  types 
de  sépultures  mégalithiques,  ainsi  qu'une  divinité  féminine 
souvent  associée  à  la  hache,  marquent  la  route  maritime 
que  suivaient  les  marchands  à  partir  des  colonnes  d'Her- 
cule, lelong  des  côtes  occidentales  del'Ibérie  et  de  la  Gaule. 

(1)  CicÉRON,  Pour  Fontéius,  2,  4. 

(2)  César,  Guerre  de  Gaule,  vu,  3  ;  cf.  42  ;  44  ;  55. 

(3)  DioDORE,  V,  26,  4. 

(4)  Guerre  de  Gaule,  m,  8  ;  iv,  320. 

(5)  DioDORE,  V,  22,  1  ;  Zimmer,  Ueber  dirckte  Handelsrerbin- 
dungen  Weslgalliens  mit  Irlnul.  Siizuiigsberichte  der  hœniglich 
Preussischen  Akadeinie  der  Wissenschaften,  t.  xiv{1909),  p.  363. 

(6)  Agricola,  24. 


LES    PERSON.NES    ET    LES    COUTUMES  221 

vers  la  Gornouaille,  pays  de  l'étain,  l'Irlande  pays  de  l'or, 
les  côtes  de  la  mer  du  Nord,  pays  de  l'ambre.  La  spirale 
du  second  âge  du  bronze  et  l'ambre  marquent  la  route 
continentale  allant  du  Nord  de  l'Adriatique  à  la  Scandina- 
vie par  le  Norique,  les  vallées  de  la  Moldau  et  de  l'Elbe,  et 
traversant  la  vallée  du  Danube  qui  la  mettait  en  commu- 
nication avec  la  mer  Noire  et  la  vallée  du  Rhin  ;  c'est  par 
cette  route  que  se  répandit  le  fer  du  Norique.  Enfin,  les 
civilisations  de  Hallstatt  et  de  la  Tcne  ont  eu  pour  dé- 
bouché la  route  fluviale,  de  l'Adriatique  aux  hautes  vallées 
du  Rhône  et  du  Rhin,  par  le  Pô,  le  Tessin  et  'es  lacs 
suisses  (1). 

Les  voies  de  communication  ne  manquaient  point  en 
Gaule.  Les  fleuves  sont  si  heureusement  distribués  entre 
eux,  remarque  Strabon  (2),  qu'on  peut  faire  passer  aisé- 
ment les  marchandises  d'une  mer  à  l'autre,  en  empruntant 
pour  une  très  petite  partie  du  trajet  la  voie  de  terre  ;  mais 
ces  charrois  n'offrent  point  de  difficultés,  parce  qu'ils  peu- 
vent se  faire  facilement  en  plaine. 

Les  chemins  étaient  suffisamment  nombreux  en  Gaule 
pour  permettre  à  César  les  évolutions  rapides  de  ses  troupes  ; 
mais  ils  étaient  difficiles  (3).  Il  y  avait  des  ponts  à  Gena- 
bum  (Orléans),  Metlosedum  (Melun),  Lutetia  (Paris),  Ge- 
nava  (Genève)  (4).  Deux  grandes  routes  commerciales  re- 
liaient Marseille  au  nord  de  la  Gaule.  La  première  suivait 


(1)  Déchelette,   Manuel   d'archéologie,   t.    ii,    p.    562-563  ; 
C.  JuLLiAN,  Histoire  de  la  Gaule,  t.  i,  p.  377,  n.  7. 

(2)  Géographie,  iv,  1,  2. 

(3)  Guerre  de  Gaule,  viii,  4  ;  Jullian,  Histoire  de  la  Gaule, 
t.  II,  p.  229. 

(4)  Guerre  de  Gaule,  i,  6  ;  vu,  11  ;  58.  Cf.  vu,  53  ;  viii,  26. 


222  ■  COMMEKCE 

le  Rhône,  la  Saône  qui  au  temps  de  César  servait  au  trans- 
port des  blés  (1),  empruntait  la  voie  de  terre  pour  gagner 
ja  Seine,  puis  descendait  ce  fleuve  pour  arriver  au  littoral. 
La  seconde  était  la  voie  de  terre  jusqu'au  pays  des  Ar- 
vernes  et  là  on  empruntait  le  cours  de  la  Loire.  Vers  le 
ni''  siècle  avant  notre  ère,  il  y  avait,  à  l'embouchure  de  la 
Loire,  un  port  très  important,  que  Pythéas  nomme  Gor- 
bilon  (2). 

La  Grande-Bretagne  exportait  du  blé,  du  bétail,  de  l'or, 
de  l'argent,  du  fer,  des  peaux,  des  esclaves  et  des  chiens  de 
chasse  (3).  Les  perles  que  l'on  trouvait  sur  les  côtes  étaient 
petites  et  ternes  (4).  Le  commerce  avec  la  Gaule  se  fai- 
sait par  l'intermédiaire  des  Venètes  (5).  On  transportait 
l'étain  de  Grande-Bretagne  en  Gaule,  puis  on  le  chargeait 
sur  des  chevaux  et  les  marchands  traversaient  à  pied  la 
Gaule  en  trente  jours  pour  aboutir  à  l'embouchure  du 
Rhône  (6).  Les  Bretons  importaient  de  Gaule  des  freins 
d'ivoire,  des  colliers,  de  l'ambre  fossile,  des  vases  en  verre 
et  de  menues  marchandises  (7). 

Les  transports  sur  terre  se  faisaient  à  dos  de  bête  de 
somme  ou  au  moyen  de  chariots.  Nous  avous  conservé 
quelques  noms  celtiques  de  véhicules  variés  qui  témoignent 

(1)  Ibid.,  I,  16. 

(2)  Strabon,  IV,  1,  14  ;  2,  1.  Cf.  L.  Maître,  Annales  de  Bre- 
tagne, t.  IV,  p.  420-541  ;  A.  de  La  Borderie,  Histoire  de  Bre- 
tagne, t.  I,  p.  91. 

(3)  Strabon,  IV,  5,  2.  Cf.  Tacite,  Agricola,  12.  César  avait 
trouvé  du  blé  dans  le  sud  de  la  Grande-Bretagne  (Guerre  de 
Gaule,  IV,  32). 

(4)  Pline,  Histoire  naturelle,  ix,  57,  116.  Cf.  Suétone,  César, 
47  ;  MÊLA,  m,  6,  51  ;  Solin,  53,  28. 

(5)  Guerre  de  Gaule,  m,  8  ;  cf.  iv,  20  ;  21. 

(6)  Diodore,  V,  22  ;  38. 

(7)  Strabon,  iv,  5,  3. 


LES   PERSONNES    ET    LES    COUTUMES  223 

de  l'importance  du  charronnage  gaulois  :  Vessediim,  char 
de  guerre  chez  les  Celtes,  sorte  de  cabriolet  chez  les  Ro- 
mains ;  le  coçinnas^chdiT  de  guerre  chez  les  Bretons,  char 
de  voyage  chez  les  Romains  ;  la  benna,  chariot,  sans  doute 
en  osier  ;  le  cisiiim,  sorte  de  cabriolet  ;  le  colisatnm,  le  car- 
pentiim,  char  à  deux  roues  ;  le  carras,  sorte  de  tombereau  ; 
la  reda,  le  petorritum,  la  carruca,  voitures  à  quatre  roues  (1). 
Pour  les  transports  par  eau,  on  utilisait  diverses  sortes 
de  barques.  Les  navires  des  Vénètes  et  de  leurs  alliés  les 
Pidones  et  les  Santones  sont  minutieusement  décrits  par 
César  (2).  Ils  ont  la  carène  plus  plate  que  les  navires  des 
Romains,  les  proues  sont  très  hautes  ;  les  poupes  cons- 
truites de  façon  à  résister  aux  vagues  et  aux  tempêtes  ;  les 
bancs  sont  faits  de  poutres  d'un  pied  d'épaisseur  et  sont 
attachés  par  des  clous  en  fer  de  la  grosseur  d'un  pouce;  les 
interstices  des  planches  sont  calfatés  avec  des  algues  ;  les 
ancres  sont  retenues  par  des  chaînes  de  fer  ;  les  voiles  sont 
des  peaux  molles  et  cousues  au  petit  point.  Tout  est  com- 
biné pour  que  ces  navires  puissent  lutter  contre  des  mers 
orageuses,  mais  l'agilité  et  la  vitesse  laissent  à  désirer.  Les 
Vénètes,  qui  surpassaient  les  autres  Gaulois  par  leur 
science  et  leur  pratique  de  la  navigation,  avaient  un 
grand  nombre  de  ces  navires  qui  leur  servaient  à  commu- 
niquer avec  la  Grande-Bretagne.  César  trouva  chez  les 
Morini  quatre-vingts  vaisseaux  de  charge  (3). 

(1)  Voir  ci-dessus,  p.  55,  57,  58,  61,  72,  7.3,  74.  Cf.  Saglio, 
Dictionnaire  des  antiquités  grecques  et  romaines,  et  Espérandieu, 
Recueil  général,  n°^  4,  293,  811,  3245,  3175,  3232,3521-3523. 
Déchelette,  Manuel  d'Archéologie,  t.  ii,  p.  1197-1198. 

(2)  Guerre  de  Gaule,  m,  8  ;  13.  Cf.  Strabon,  iv,  4,  1.  ;  Dion 
Cassius,  XXXIX,  4,  1  ;  Serre,  Les  marines  de  guerre  de  l'Anti- 
quité, Paris,  1891,  p.  313. 

(3)  Guerre  de  Gaule,  iv,  22,  4. 


224  NAVIGATIO.N 

Les  peuples  qui  habilaientsur  les  rives  du  Rhône  avaient 
un  grand  nombre  débarques  d'une  seule  pièce  et  de  canots 
qui  leur  servaient  au  commerce  maritime,  et  qu'Anuibal 
utilisa  pour  franchir  le  fleuve  (1).  Quelques-unes  de  ces 
barques  fabriquées  à  la  hâte  n'étaient  que  des  troncs 
d'arbres  creusés  (2).  Pour  traverser  le  Rhône  et  la  Saône, 
les  Helvetii  utilisent  des  bateaux  attachés  ensemble,  et  des 
radeaux  (3).  Il  est  aussi  question,  dans  les  Commentaires, 
de  bateaux  sur  la  Loire  et  sur  la  Seine,  à  Noviodunum,  et 
à  Metlodunum,  où  Labiénus  forme  un  radeau  avec  une 
cinquantaine  de  barques  (4).  On  a  découvert,  dans  les  tra- 
vaux du  canal  de  la  Marne  au  Rhin,  une  pirogue  en  chêne 
oii  l'on  avait  enseveli  à  l'époque  gauloise  un  guerrier  armé 
d'une  épée  de  fer  dans  son  fourreau  (3).  Les  barques  des 
Bretons  étaient  en  osier  couvert  de  cuir,  comme  le  currach 
des  Irlandais  modernes  (6). 

Des  Cisalpins  fabriquaient  les  voiles  de  leurs  bateaux 
avec  des  joncs  des  marais  du  Pô  (7).  Les  Belges  em- 
ployaient les  panicules  des  roseaux  à  faire  des  étoupes  pour 
calfater  leurs  navires  (8). 


(1)  POLYBE,  III,  42,  2-8. 

(2)  TiTE  LivE,  XXI,  26,  8. 

(3)  Guerre  de  Gaule,  i,  8  ;  cf.  i,  12. 

(4)  Ihid.,  VII,  55  ;  58  ;  GO. 

(5)  S.  Reinach,  Catalogue  sommaire  du  musée  des  antiquités 
nationales,  p.  21,  109. 

(6)  AviÉNUs,  Ora  maritima,  v,  105-107  ;  Timce,  chez  Pline, 
IV,  30,  104. 

(7)  Pline,  xvi,  70,  178. 

(8)  Pline,  xvi,  64,  158.  On  trouvera  des  représentations  de 
barques  chez  Espérandieu,  Recueil  général,  n°^  683,  685,  686, 
687,  690. 


LES    PERSONNES    ET    LES    COUTUMES  225 

Quels  que  soient  à  l'époque  de  la  conquête  romaine  l'in- 
dustrie, le  commerce  et  l'agriculture  en  Gaule,  on  n'en 
saurait  conclure  qu'en  général  les  Celtes  fussent  de  remar- 
marquables  agriculteurs,  des  commerçants  habiles  et  des 
industriels  hors  ligne.  Les  Gaulois,  d'après  César  (I), 
étaient  remarquablement  doués  pour  imiter  et  reproduire 
ce  qu'on  leur  apprenait.  Ils  avaient  sans  doute  plus  de  qua- 
lités d'assimilation  que  de  création  et  ils  ne  les  dévelop- 
pèrent qu'au  contact  de  la  civilisation  romaine.  Les  condi- 
tions de  leur  vie  pratique  n'avaient,  en  tout  cas,  guère  bé- 
néficié, si  nous  nous  en  rapportons  aux  témoignages  des 
anciens,  de  leurs  aptitudes  au  travail  soit  de  la  terre,  soit 
des  niatériaux,  ou  à  l'échange  des  produits.  Le  manque  de 
sécurité  qui  résultait  de  la  faiblesse  de  l'Etat  et  des  guerres 
continuelles  ne  constituait  pas  une  situation  favorable  au 
développement  agricole,  industriel  et  commercial. 

(1)    Guerre  de  Gaule,  vu,  22. 


G.  DoTTiN,  —  Manuel  de  l'antiquité  celtique,  15 


CHAPITRE    IV 


L'ETAT  (1) 

Les  rois.  —  Los  magistrats.  —  Les  principes  et  les  équités.  —  Los 
sénats.—  Les  assemblées. —  La  plèbe,  les  ambacti,  les  clientes  ; 
les  esclaves  ;  les  prisonniers  de  guerre.  —  Les  cités,  les  peuples 
clients,  les  pagi.  —  La  propriété.  —  La  justice  ;  le  serment  ; 
le  combat  judiciaire  ;  la  composition  pour  meurtre;  la  procé- 
dure. —  Les  mercenaires  celtes.  —  Le  pouvoir  militaire.  — 
La  cavalerie.  — •  Les  chars  de  guerre.  —  La  tactique  guerrière  ; 
les  combats  singuliers  ;  le  siège  des  places  fortes.  —  Les  armes 
offensives  et  défensives. 

H.  d'Arbois  de  Jabainville  (2)  a  fait  ressortir  les  diffé- 
rences qui  séparent  l'ancienne  conception  de  l'Etat  de 
l'idée  que  s'en  font  les  peuples  modernes.  Au  i"  siècle 
avant  notre  ère,  les  Gaulois  n'attribuaient  an  gouverne- 
ment central,  quand  il  en  existait  un,  d'autre  fonction  que 
de  maintenir  l'indépendance  de  la  cité  et  l'intégrité  des 
biens  de  la  nation  contre  les  agressions  de  l'étranger. 
Tout  ce  qui  concerne  les  particuliers,  même  le  vol  et  le 
meurtre,  ne  peut  être  puni  que  par  les  personnes  lésées  ou 


(1)  Voir  C.  JuLLiAN,  Histoire  de  la  Gaule,  t.   i,  p.  360-365, 
t.  II,  p.  37-83,  182-221,  437-448. 

(2)  Etudes  sur  le  droit  celtique  (Cours  de  littérature  celtique, 
t.  vu),  p.  1-13. 


l'état  2*27 

leur  famille.  Celles-ci  ont  recours,  soit  à  l'arbitrage,  soit  à 
la  force.  De  même,  aucune  autorité  n'est  chargée  de  régler 
les  contestations  entre  peuples.  A  l'intérieur  de  chaque 
cité,  il  n'y  a  rien  qui  ressemble  aux  partis  politiques  des 
nations  modernes  ;  les  petits  et  les  faibles  sont  clients  des 
grands  seigneurs  et  ne  peuvent  constituer  un  parti  démo- 
cratique. L'autorité  publique,  qu'elle  soit  aux  mains  des 
rois,  des  magistrats,  des  principaux  citoyens,  des  sénats, 
est  très  faible  et  ne  peut  s'opposer  aux  entreprises  des 
nobles  riches  et  possédant  une  nombreuse  clientèle  (1). 
Elle  devient  plus  forte  en  temps  de  guerre,  lorsque  tous  les 
citoyens,  réunis  contre  un  ennemi  commun,  reconnaissent 
la  nécessité  d'obéir  à  un  chef  choisi  par  eux. 


Chez  les  peuplades  celtiques,  la  forme  du  gouvernement 
est  ou  monarchique,  ou  oligarchique. 

Pour  la  Gaule  cisalpine,  Polybe  mentionne  en  223  les 
rois  des  Boii  Atis  et  Galatos  et  ceux  des  Gaesalae  Gonco- 
litanos  et  Anêroestos,  qui  venaient  d'au  delà  des  Alpes.  Un 
roi  gaulois  Magilos,  qui  venait  des  plaines  qu'arrose  le  Pô, 
s'oppose  à  Annibal  lors  du  passage  du  Rhône  (2). 

En  Gaule  transalpine,  à  la  fin  du  iV  siècle  avant 
notre  ère,  le  chef  de  la  coalition  contre  les  Marseillais  est 
le  petit  roi  gaulois   Catumandus  (3).   Les   Salyi  avaient 

(1)  FusTEL  DE  CouLANGEs,  La  Guule  romaine,  3^  éd.,  p.  35-44. 

(2)  TiTE  LivE,  epitome  lxi. 

(3)  Justin,  xliii,  5. 


228  ROIS 

pour  roi  Teutomalius  vers  122.  Annibal  trouve  chez 
les  Allobroges  deux  frères  qui  se  disputaient  la  royauté  et 
prête  le  secours  de  ses  armes  à  l'aîné,  Brancus  (1).  En  121, 
les  Arvernes  sont  gouvernés  par  le  roi  Bituitos  (2),  que 
Q.  Fabius  Maximus  défait  en  12i. 

A  l'époque  où  César  fit  la  conquête  de  la  Gaule,  il  n'y  a 
plus  de  rois  en  Celtique  que  chez  les  Niiiohroges  (3)  et 
chez  les  Senones  {i).  Ce  sont  Teutomatus  et  Moritasgus. 
Mais  déjà,  malgré  la  protection  de  César,  Gavarinus,  qui 
demandait  la  succession  de  Moritasgus,  ne  peut  l'obtenir 
et  il  est  condamné  à  mort  par  une  assemblée  publique  (3). 
Chez  d'autres  peuples,  les  rois  qui  exerçaient  le  pouvoir 
avant  l'arrivée  de  César  n'ont  pas  été  remplacés.  Chez  les 
Arvenii,  Celtillus,  accusé  de  prétendre  à  la  royauté,  a  été 
mis  à  mort  (6)  ;  chez  les //e/tv^///,  Orgétorix,  objet  d'une 
accusation  semblable,  est  soustrait  à  la  sentence  qui  l'au- 
rait atteint  par  une  mort  subite  et  sans  doute  volon- 
taire (7).  Tasgetius,  auquel  César  fait  rendre  la  royauté 
de  ses  pères  chez  les  Carnutes,  est  tué  publiquement  par 
ses  ennemis  après  deux  ans  de  règne  (8).  L'Eduen  Dum- 
norix  espère  obtenir  de  César  la  dignité  royale,  mais  il 
mécontente  ses  concitoyens  en  s'en  vantant  dans  l'assem- 
blée publique  et  César  le  fait  tuer  (9).  Quant  à  Casticus,  il 


(1)  POLYBE,  III,  49  ;  TiTE   LiVE,  XXI,   31,   6. 

(2)  TiTE  LivE,  epitome  lxi.  Valère  Maxime,  ix,  6,  3  ;  Orose, 
V,  14,  1  ;  Strabon,  iv,  2,  3. 

(3)  Guerre  de  Gaule,  vu,  31  ;  46. 

(4)  Ihid.,  V,  54. 

(5)  Ihid.,  V,  54. 

(6)  Ihid.,  VII,  4. 

(7)  Ihid.,  I,  4. 

(8)  Ihid.,  V,  25. 

(9)  Ihid.,  V,  6  ;  7. 


l'état  229 

essaie  vainement  d'obtenir  la  royauté  que  son  père  Cata- 
mantaloedis  avait  exercée  chez  les  Sequani  (i).  La  royauté 
de  Vercingétorix  ne  fut  qu'éphémère,  et  à  peine  avait-il 
été  nommé  par  les  siens  chef  snprême  de  la  Gaule  que 
déjà  on  l'accusait  de  trahison  (2).  La  royauté  semble  donc 
être  devenue  impopulaire  en  Gaule  Celtique. 

En  Belgique,  si  la  royauté  est  moins  impopulaire  et 
plus  respectée,  elle  semble  encore  exceptionnelle.  Le  roi 
des  Saessiones  s'appelle  Galba  (3).  Les  Ehurones  sont 
gouvernés  par  deux  rois  qui  régnent  chacun  sur  une  moi- 
tié du  pays  (4).  L'Atrébate  Commius,  roi  des  Morini,  qui 
tenait  son  pouvoir  de  César,  est  accepté  sans  difficulté  par 
ses  sujets  (5). 

Les  Bretons  étaient  gouvernés  par  des  rois  et  chefs  qui 
la  plupart  du  temps  vivaient  en  paix  entre  eux  (6).  César 
cite  les  noms  de  plusieurs  rois  :  Cassivellaunus,  Cingetorix, 
Carvilius,  Taximagulus,  Segovax  (7).  Chez  les  Caledonii,  le 
gouvernement  était  le  plus  souvent  démocratique  (8).  Au 
temps  dAgricola,  le  gouvernement  était  aux  mains  des 
principes  (9). 

Mais,  pour  la  Gaule  comme  pour  la  Grande-Bretagne, 
nous  ignorons  quelles  étjaient  les  attributions  de  la  royauté 
et  quel  régime  politique  était  désigné  sous  ce  nom.  Il  est 
probable  que  le  pouvoir  des  rois  n'était  pas  très  étendu  ; 


(9 


Guerre  de  Gaule,  i,  3. 
Ibid.,  VII,  4  ;  20. 
Ibid.,  II,  4. 
Ibid.,  V,  24  ;  vi,  31. 
Ibid.,  IV,  21  ;  vu,  75  ;  76  ;  79  ;  viii,  G  ;  7  ;  10. 

DiODORE,   V,   21.   Cf.   POMPONIUS   MÊLA,   III,   6,   51. 

Guerre  de  Gaule,  v,  20  ;  22. 

Dion  Cassius,  lxxxvi,  12. 

Agricola,  12.  Cf.  Guerre  de  Gaule,  v,  28  ;  60. 


230  MAGISÎRATS 

ils  étaient  sans  doute  choisis  par  le  peuple  qui  pouvait  les 
renversera  sa  guise  (1).  C'étaient  d'ordinaire  les  plus  puis- 
sants et  ceux  qui  avaient  des  richesses  suffisantes  pour 
soudo}  er  des  hommes,  qui  arrivaient  à  la  royauté  (2).  Il 
ne  semble  pas  que  les  rois  aient  été  hiérarchisés  comme  ils 
le  furent  en  Irlande  (3). 

Chez  la  plupart  des  peuples  de  Gaule,  le  gouvernement 
est  oligarchique  et  aristocratique  (4). 

Pour  désigner  ceux  qui  détiennent  le  pouvoir,  César  se 
sert  du  terme  vague  de  magistratiis.  Chez  les  H elvetii,  ce 
sont  les  magistrats  qui  réunissent  les  cultivateurs  pour 
défendre  par  les  armes  contre  Orgétorix  les  droits  de  la 
cité  (5).  Il  semble  que  chez  quelques  peuples  il  y  ait  eu 
un  magistrat  suprême,  siimmus  magisiratus  (6).  Cliez  les 
Aedui  il  n'est  pas  permis  d'élever  à  Cftte  dignité  deux 
membres  de  la  môme  famille  (7)  ;  le  magistrat  suprême 
s'appelait  vergobrelos  ;  il  avait  le  droit  de  vie  et  de  mort; 
il  n'était  nommé  que  pour  un  an  ;  il  ne  pouvait  sortir  du 
territoire  de  la  cité  ;  son  élection  était  faite  par  les  prêtres 
avec  l'intervention  des  magistrats  et  selon  des  formes 
légales  [)our  le  temps  et  le  lieu  (8).  Il  y  avait  une  magistra- 
ture du  même  nom  chez  les  Lexovii  et  peut-être  chez  les 
Santones  (9).  Dans  les  cités  bien   administrées,  il  est  or- 

(1)  FusTEL  DE  CouLANGES,  La  Gttule  romaine,  p.  13. 

(2)  Guerre  de  Gaule,  ii,  1,  4  ;  cf.  i,  3. 

(3)  Joyce,  A  social  history  of  ancient  Ireland,  t.  i,  p.  41. 

(4)  Strabon,  IV,  4,  3. 

(5)  Guerre  de  Gaule,  i,  4. 

(6)  Ibid.,  I,  16  ;  VII,  33. 

(7)  Ibid.,  VII,  33. 

(8)  Ibid.,  I,  16  ;  vu,  33  ;  cf.  32. 

(9)  I\IowAT,  Le  duel  dans  la  déclinaison  gauloise,  Revue  cel- 
tique, t.  V,  p.  122.  Mémoires  de  la  Société  de  linguistique,  t.  vi, 
p.  158. 


l'état  231 

donné  par  les  lois  que  toute  nouvelle  qui  intéresse  l'Etat 
aoit  aussitôt  connue,  transmise  aux  magistrats.  Ceux-ci 
cachent  ce  qu'il  leur  paraît  bon  de  dissimuler  et  ne  fout 
connaître  à  la  multitude  que  ce  qu'ils  croient  utile  de  lui 
dire  (1).  Quand  il  se  produit  quelque  événement  impor- 
tant, on  l'annonce  par  les  champs  et  les  pays  au  moyen  de 
cris  qui  se  transmettent  de  proche  en  proche  (2), 

Quelle  était  la  fonction  que  César  désigne  sous  le  nom 
de /?rmcipfl^u5?  C'est  probablement  la  primauté  parmi  les 
principes.  On  voit  chez  les  Treveri  Indutiomarus  et  Cingé- 
torix  se  disputer  le  principalus  (3)  ;  et,  après  la  mort  d"In- 
dutiomarus,  le  pouvoir  (4)  qu'il  exerçait  est  transféré  à  ses 
proches  ;  chez  les  Aediii  il  en  est  de  même  d'Eporédorix  et 
Viridomarus  (5)  ;  Dumnorix  chez  les  Aediii  (6),  Adbucillus 
chez  les  Allobrogea  {!)  occupait  le  principatiis.  Celtillus 
avait  occupé  le  principal  de  toute  la  Gaule  (8).  En  tout  cas, 
ce  n'est  pas  une  fonction  annuelle  ;  on  peut  l'occuper  pen- 
dant plusieurs  années  ;  il  est  probable  qu'elle  est  attribuée 
au  personnage  le  plus  influent  de  l'Etat.  Quant  aux  prin- 
cipes dont  César  parle  souvent,  ils  ne  semblent  pas  consti- 
tuer un  corps  de  fonctionnaires  ;  on  les  envoie  en  am- 
bassade, on  les  prend  comme  otages  ;  on  les  convoque 
pour  débattre  avec  eux  les  questions  qui  intéressent  leurs 
concitoyens  (9).  César  les  désigne  sous  le  nom  de  nobi- 

(1)  Guerre  de  Gaule,  vi,  20. 

(2)  Ihid.,  VII,  3. 

(3)  Ihid.,  y,  3. 

(4)  Imperium.  Ihid.,  vi,  2. 

(5)  Ihid.,  vu,  39. 

(6)  Ihid.,  I,  3. 

(7)  Guerre  civile,  m,  59. 

(8)  Guerre  de  Gaule,  vu,  4. 

(9)  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Recherches  sur  l'origine  de 
la  propriété  foricière,  p.  46-49. 


232  PRINCES 

litas  (1).  Ce  sont  sans  doute  les  personnages  les  plus 
nobles,  les  plus  riches,  et  ceux  qui  ont  la  plus  nombreuse 
clientèle.  Il  est  dailleurs  vraisemblable  que  la  situation 
représentée  par  le  mot  de  principatus  n'était  pas  la  même 
chez  tous  les  peuples  celtiques.  Les  Cenomani  de  Cisalpine 
avaient  des  principes  (2).  Un  synonyme  de  principes  est 
primi  ciniatis  que  César  emploie  en  parlant  des  Rémi  et 
des  Siiessiones  (3). 

L'influence  des  magistrats  et  des  principes  était  souvent 
combattue  par  des  hommes  qui  profitaient  de  leur  haute 
situation  et  de  leur  fortune  pour  s'attacher  les  gens  du 
peuple.  C'est  ainsi  qu'Orgétorix  peut  se  soustraire  au 
jugement  prononcé  contre  lui,  grâce  au  secours  de  ses 
clients  (4).  De  même,  Dumnorix  avait  chez  les  Aedui  une 
telle  autorité  que  personne  navait  osé  enchérir  sur  lui 
lorsqu'il  avait  demandé  la  perception  des  péages  et  des 
autres  impôts  ;  il  était  toujours  entouré  d'une  cavalerie 
nombreuse  qu'il  entretenait  à  ses  frais,  il  avait  une  in- 
fluence supérieure  à  celle  des  magistrats  (5).  Etait-ce  par 
ses  distributions  d'argent  que  Lueruios  sétait  attiré  la 
faveur  du  peuple  et  était  sans  doute  parvenu  à  la 
royauté  (6)  ?  Il  y  a  en  Gaule  une  noblesse  de  naissance, 
nobilit^s,  dans  laquelle  César  distingue  des  degrés  :  natus 
ex  humili  locojionesto  loco,  illuslriore  loco ,  summo  loco  (7). 


(1)  Comparez,  vu,  38,  2  :  omnis  noster  equitatus,  omnis  nobi- 
litas  interiit  ;  vu,  38,  10  :  de  caede  equiium  et  principum. 

(2)  TiTE  LivE,  XXXII,  30. 

(3)  Guerre  de  Gaule,  ii,  3,  2  ;  ii,  13,  1. 

(4)  Guerre  de  Gaule,  i,  4. 

(5)  Ibid.,  I,  18  ;  cf.  I,  17,  1. 

(6)  Poseidônios  chez  Atuénée,  iv,  37  ;  Strabon,  iv,  2,  3. 

(7)  Guerre  de  Gaule,  vu,  39,  1  ;  v,  45,  2  ;  vi,  19,  3  ;  vu,  39,  1. 


l'état  233 

L'antiquité  de  la  famille  conférait  la  plus  haute  noblesse  (1),. 
ainsi  que  les  hauts  faits  des  ancêtres  (2),  l'étendue  de  la 
parenté  (3),  et,  sans  doute  aussi,  la  richesse  (4). 

A  côté  de  la  puissance  de  l'Etat,  personnifiée  par  les 
rois  ou  les  magistrats,  il  y  a  donc  en  Gaule  une  sorte  d'or- 
ganisation féodale.  Dans  la  Gaule,  nous  dit  César,  chaque 
cité,  chaque  pagus,  chaque  localité  et  presque  chaque 
maison  se  divise  en  partis  ;  à  la  tête  de  ces  partis  sont  les 
citoyens  qui  jouissent  du  plus  grand  crédit;  la  plupart  des 
affaires  et  des  résolutions  sont  soumises  à  leur  jugement. 
La  raison  de  cet  antique  usage  semble  être  de  protéger  le 
peuple  contre  les  grands.  Personne  ne  souffre  qu'on  op- 
prime ou  qu'on  tourmente  ses  clients  ;  celui  qui  agirait 
autrement  n'aurait  plus  d'autorité  parmi  les  siens  (oj.  La 
puissance  féodale  est  fondée  sur  le  nombre  des  clients. 
Celui  qui  se  fait  le  plus  craindre,  écrit  Polybe,  et  celui  qui 
est  le  plus  puissant  est  celui  qui  semble  avoir  le  plus  grand 
nombre  de  serviteurs  et  de  compagnons  (G). 

Chez  quelques-uns  des  peuples  gaulois,  le  pouvoir  est 
exercé,  à  côté  du  magistrat  ou  du  roi,  par  une  assemblée 
que  César  appelle  senatus  et  qui  constitue  une  institution 
commune  à  la  Celtique  et  à  la  Belgique  (7).   Les  sénateurs 


(1)  Ihid.,  VII,  32,  4  ;  cf.  vu,  67,  7. 

(2)  Tacite,  Annales,  m,  40. 

(3)  César,  Guerre  de  Gaule,  vu,  32,  4. 

(4)  Ihid.,  IV,  55  ;  I,  2  ;  Jullian,  Histoire  de  la  Gaule,  t.  ii, 
p.  70-71. 

(5)  Guerre  de  Gaule,  vi,  11. 

(6)  Polybe,  n,  17,  12.  Cf.  Guerre  de  Gaule,  vi,  15,  2. 

(7)  Dans  les  Commentaires  de  César,  des  sénats  sont  men- 
tionnés chez  les  Aedui  (vu,  32)  Aulerci  Ehurovices  et  Lexovii 
(m,  17),  Senones  (v,  54),  Veneti  (m,  16),  en  Celtique  ;  chez  les 
Bellovaci  (viii,  21),  Nervii  (ii,  28),  Rémi  (ii,  5),  en  Belgique. 


'234  SÉNAT 

étaient  souvent  fort  nombreux.  Chez  les  Nervii,\\  y  en 
avait  six  cents  (1).  Les  lois  des  Aedui  interdisaient  à  deux 
membres  de  la  même  famille  de  faire  partie  du  sénat  (2). 
Sur  la  question  des  attributions  du  sénat,  nous  sommes 
assez  mal  renseignés.  Le  sénat  des  Aedui  nommait, 
semble-t-il,  le  vergobrdos  (3).  Lorsqu'il  s'agit  de  décider 
s'il  faut  ou  non  prendre  parti  contre  les  Romains,  c'est  le 
sénat  qui  décide  la  question.  C'est  sans  doute  le  sénat  des 
Feneii  qui  dirige  l'insurrection  des  cités  armoricaines  (4). 
Le  sénat  des  Aulerci  Ebnrovices  et  des  Lexovii  ne  veut  pas 
décider  la  guerre  contre  les  Romains  (5).  Les  magistrats 
et  le  sénat  appliquent  le  droit  et  les  lois  traditionnelles  de 
l'Etat  (6). 

D'après  César,  il  n'y  a  à  compter  et  à  être  honorées  en 
Gaule  que  deux  classes  d'hommes,  les  druides  et  les 
équités  (7).  C'était  sans  doute  parmi  les  équités  que  se  re- 
crutaient les  sénateurs  et  les  principes,  du  moins  ceux 
d'entre  eux  qui  prennent  part  à  la  guerre  (8).  Car  si  les 
druides  sont  dispensés  du  service  militaire,  les  équités,  au 
contraire,  prennent  tous  les  armes  en  cas  de  guerre  offen- 
sive ou  défensive  (9).  Avec  les  druides  ils  sont  évidemment 
maîtres  de  toute  la  richesse  du  pays.  Les  plus  nobles  et  les 

H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Recherches  sur  l'origine  de  la  pro- 
priété foncière,  p.  50-52. 

(1)  Guerre  de  Gaule,  ii,  28. 

(2)  Ihid.,  VII,  33. 

(3)  Ihid.,  VII,  32  ;  33. 

(4)  Guerre  de  Gaule,  m,  8  ;  16. 

(5)  Ihid.   m,  17. 

(6)  Lege.'i  est  remplacé  par  nntiquilus  (vu,  32,  3);  cf.  xo  TtaXoitôv 
(Stuabon,  IV,  4,  3). 

(7)  Ihid.,  VI,  13. 

(8)  Ihid.,  VI,  14. 

(9)  Ihid.,  VI,  15. 


l'état  235 

plus  riches  d'entre  eux  sont  entourés  d'un  très  grand 
nombre  d'ambadiei  de  clients  (1)  qui  constituent  la  marque 
de  leur  puissance.  Y  avait-il  parmi  les  équités  une  hié- 
rarchie à  laquelle  César  ferait  allusion  dans  la  phrase  oii  il 
dit  que  dans  leurs  luttes  contre  les  Germains  les  Aedui 
ont  perdu  toute  la  noblesse,  tout  le  sénat,  toute  la  cheva- 
lerie, omnem  nobilitatem,  omncm  senatum,  omnem  equi- 
taium  (2)  ? 

Il  est  quelquefois  question  chez  César  de  l'assemblée  gé- 
nérale des  Gaulois,  sans  que  nous  ayons  des  renseigne- 
ments bien  précis  sur  la  composition  de  cette  assemblée  (3). 
Une  assemblée  se  réunit  pour  décider  de  demander  à  César 
son  secours  contre  les  Germains  (4).  Dans  une  assemblée 
de  toute  la  Gaule  à  Bibracte,  la  multitude  confirme  par  ses 
suffrages  unanimes  le  choix  de  Vercingétorix  (5j  comme 
chef  suprême.  Dans  une  assemblée  des  principes  de  la 
Gaule,  on  décide  de  convoquer  tous  les  hommes  en  état  de 
porter  les  armes  (6). 

Nous  n'avons  pas  de  renseignements  clairs  sur  les  as- 
semblées particulières  de  chaque  cité.  Il  n'était  permis  de 
parler  des  affaires  publiques  qu'en  assemblée  générale  (7). 
C'était  la  multitude  qui  anciennement  élisait  dans  chaque 
cité  le  chef  de  l'armée (8).  Chez  les  Bellovaci,  la  multitude 


(1)  Ihid.,  VI,  15,  2. 

(2)  Ibid.,  I,  31.  Cf.  nohilissimos  civilatis,  i,31,  7  ;  omnis  noster 
equilatus,  omnis  nohilitas  interiit,  vu,  38. 

(3)  E.  Desjardins,  Géographie  historique  et  administrative  de 
la  Gaule  romaine,  t.  ii,  p.  540-544. 

(4)  Guerre  de  Gaule,  i,  30. 

(5)  Guerre  de  Gaule,  vu,  63. 

(6)  Ihid.,  VII,  75.  Cf.  VII,  1. 

(7)  Ibid.,  VII,  43  ;  cf.  VI,  20,  3. 

(8)  Strabon,  IV,  4,  3. 


236  ASSEMBLÉES 

prend  des  décisions  de  concert  avec  les  chefs  (1).  Ciiez  les 
Senones,  c'est  par  une  assemblée  publique,  publico  concilio, 
que  le  roi  Gavarinos,  imposé  par  César,  est  condamné  à 
mort  (2).  Ambiorix,  roi  des  Eburones,  déclare  que  la  puis- 
sance de  la  multitude  est  égale  à  la  sienne  (3).  Du  vivant  de 
Correus,  le  sénat  des  Belloçaci  n'avait  pas  tant  de  pouvoir 
dans  l'Etat  que  la  plèbe  ignorante  (4).  Les  Belges  avaient 
leur  assemblée  particulière  (o)  où  l'on  déterminait  le  con- 
tingent militaire  que  chaque  peuple  devait  fournir. 

Au  commencement  de  chaque  guerre,  l'usage  des  Gau- 
lois était  de  convoquer  une  assemblée  en  armes  (6).  Là,  en 
vertu  d'une  loi,  tous  les  jeunes  gens  adultes  se  rendent 
armés  :  celui  qui  arrive  le  dernier  est  torturé  et  niis  à  mort 
à  la  vue  de  la  foule.  Ce  fut  une  assemblée  de  ce  genre  qui 
déclara  Cingétorix  ennemi  public.  Mais  même  pour  traiter 
des  affaires  publiques,  les  Celtes  du  ni^  siècle  avant  notre 
ère  se  réunissent  en  armes  (7). 

Dans  les  assemblées  politiques,  il  y  avait,  nous  dit  Stra- 
bon  (8),  un  usage  particulier.  Si  l'un  des  assistants  inter- 
rompt bruyamment  l'orateur  ou  cause  quelque  désordre, 
l'appariteur  {'j-nr^piz-r,^)  s'avance  l'épée  nue  à  la  main,  et  lui 


(1)  Guerre  de  Gaule,  viii,  7  ;21. 

(2)  Ihid.,  V,  54,  2. 
(,';)   Ihid.,  V,  27. 
('.)   Ihid.,  viii,  21. 

(5)  Ihid.,  II,  fi. 

(6)  Ihid.,  V,  56.  On  peut  remarquer  que  l'assemblée  se  lient 
en  armes  parce  que,  en  fait,  il  n'y  a  que  les  hommes  qui  ont  des 
armes,  à  y  prendre  part. 

(7)  Nicolas  de  Damas  chez  Stobée,  xliv,  41.  Cf.  Tite  Live, 
XXI,  20.  D'après  Thucydide,  i,  6,  les  barbares  ont  pour  caracté- 
ristique de  porter  sur  eux  des  armes  dans  toutes  les  circons- 
tances de  la  vie. 

(8)  Géographie,  iv,  4,  3. 


l'état  237 

impose  silence  d'un  air  menaçant  ;  s'il  continue,  l'appari- 
teur répète  deux  ou  trois  fois  son  ordre  et  finit  par  couper 
au  perturbateur  un  pan  de  sa  saie,  assez  large  pour  que  le 
reste  ne  puisse  plus  servir.  Pour  applaudir,  les  assistants 
faisaient  entendre  le  cliquetis  des  armes  (1). 

Toutes  les  assemblées,  soit  du  peuple  de  chaque  cité, 
soit  de  plusieurs  ou  de  toutes  les  cités  ne  se  réunissent, 
semble-t-il,  que  dans  des  circonstances  graves,  pour  déci- 
der une  action  commune.  Rien  ne  nous  atteste  l'existence 
d'assemblées  régulières  à  époques  fixes  et  à  attributions 
déterminées  (2). 

La  plèbe  de  Gaule,  nous  dit  César  (3),  était  dans  un  état 
voisin  de  l'esclavage.  Elle  n'osait  rien  par  elle-même  et 
n'était  jamais  consultée  (4).  Sa  dépendance  à  l'égard  des 
équités  et  des  sénateurs  était  complète.  Mais  il  semble  y 
avoir  eu  plusieurs  degrés  de  dépendance.  Lorsque  Orgé- 
torix  fut  appelé  au  tribunal  pour  se  justifier  de  l'accusa- 
tion de  haute  trahison  qu'on  avait  portée  contre  lui,  il  se 
présenta  avec  toute  sa  familia  qui  comptait  environ  dix 
mille  personnes,  et  il  amena  aussi  ses  clients  et  ses  débi- 
teurs qui  étaient  en  grand  nombre  (5).  Nous  avons  là  l'in- 
dication d'au  moins  trois  classes  sociales  :  les  esclaves,  qui 
formaient  la  plus  grande  partie  de  la  familia  entendue  au 
sens  large  du  mot,  les  clients  et  les  débiteurs.  La  clientèle 
des  chefs  gaulois  était  souvent  fort  nombreuse.  Lucterius 
avait  eu  dans  sa  clientèle  la  ville  d'Uxellodunum  (6). 

(1)  Guerre  de  Gaule,  vu,  21. 

(2)  FusTEL  DE  CouLANGEs,  La  Gaulc  romaine,  2^  éd.,  p.  1-8. 

(3)  Guerre  de  Gaule,  vi,  13. 

(4)  Voir  cependant  ci-dessus,  p.  236. 

(5)  Guerre  de  Gaule,  i,  4.  Cf.  vi,  13  ;  vu,  32. 

(6)  Ihid.,  VIII,  32, 


238  CLIENTS 

Faut-il  regarder  comme  identiques  aux  clients  les  arn- 
bacti  dont  s'entouraient  les  nobles  et  les  riches  ?  Bien  que 
Festus  (1),  dans  une  citation  d'Ennius,  traduise  ambactus 
par  serviis  et  que  César  lui-même  semble  employer  ambacti 
comme  synonyme  de  ser^-i  (2),  il  est  probable  que  les  am^ 
bacti  étaient  dans  une  situation  supérieure  à  celle  des  scrçi 
chez  les  Romains.  Le  lexique  latin-grec  dit  de  Pliiloxène 
traduit  ambactus  par  SojXoç  jjl'.jQwtoi;  «  esclaveà  gages»  (3). 
Polybe  semble  traduire  ambacti  par  cruuT:£p'.'4;£'vfj[jLEvot. 

Les  clientes  étaient  sans  doute  les  compagnons  de  guerre 
du  chef,  ces  serviteurs  de  condition  libre  choisis  parmi  les 
pauvres,  qui  lui  servaient  de  cochers  et  de  porte-boucliers 
dans  les  combats  (4j.  Les  liens  qui  unissent  le  chef  à  ses 
compagnons  sont  qualifiés  par  Polybe  de  àtaipet'a,  camara- 
derie (5).  Les  cavaliers  d'Ambiorix  sont  ses  compagnons  et 
ses  familiers  (6).  C'est  à  ses  clients,  d'abord,  que  Vercingé- 
torix  communique  ses  projets  d'affranchissement  de  la 
Gaule  (7-8). 

Selon  les  mœurs  gauloises,  c'était  pour  les  clients  un 
crime  d'abandonner  leurs  patrons  même  dans  le  dernier 
péril  (9).    Salluste  fait  allusion  à  la  môme  coutume  et 

(1)   Paul  Diacre,  p.  4. 

(:')    Guerre  de  Gaule,  vi,  19  ;  Cf.  vi,  15. 

(3)  Corpus  glossariorum  lalinorum,  t.  ii,  p.  16. 

(4)  DioDORE,  V,  29. 

(5)  Polybe,  ii,  17. 

(6)  Guerre  de  Gaule,  vi,  30. 

(7)  Ibid.,  VII,  4. 

(8)  En  Aquitaine,  AdialunnuS;  chef  des  S oli tates  a.y Rit  autour 
de  lui  six  cents  hommes  dévoués  qu'on  appelait  soldurii.  Ces 
hommes  partagent  la  bonne  comme  la  mauvaise  fortune  de  ceux 
auxquels  ils  se  sont  donnés,  et,  si  le  chef  meurt,  ils  ne  lui  sur- 
vivent pas.  Ibid.,  m,  22.  Cf.  Nicolas  de  Damas  chez  Athénée, 
VI,  45,  qui  les  appelle  dtXooojvoj;  ou  TiXooojpou;. 

(9)  César,  Guerre  de  Gaule,  vu,  40,  7. 


l'état  239 

l'attribue  aux  Geltibères  (1).  Les  causes  qui  amènent  les 
gens  de  la  plèbe  à  se  mettre  sous  le  pouvoir  des  grands 
sont  les  dettes,  la  grandeur  des  impôts  ou  les  injustices  des 
puissants. 

En  Irlande  comme  en  Gaule,  il  y  a  deux  catégories  de 
vassaux  :  les  vassaux  libres,  soer-chéli,  et  les  vassaux  non- 
libres,  doer-chéli,  et  le  nom  qui  désigne  le  vassal,  cèle,  si- 
gnifie en  même  temps  camarade.  Ces  vassaux  sont  unis  au 
seigneur  par  le  contrat  de  cheptel.  Les  classes  sociales  sont 
au  nombre  de  cinq  ;  rois,  nobles,  hommes  libres  proprié- 
taires, hommes  libres  sans  propriété,  hommes  non-libres  (2). 

César  emploie  le  moi  serviis  pour  désigner  l'esclave  gau- 
lois. Aux  funérailles,  on  brûlait  jadis  les  esclaves  et  les 
clients  que  le  défunt  avait  aimés  pendant  sa  vie,  servi  et 
clientes  (3)  ;  dans  ce  passage  de  César,  clientes  est  uni  à 
servi  comme  dans  un  passage  précédent  il  est  uni  à  am- 
hacti  :  anibacios  clientesque  (4).  Pendant  le  siège  que  Q.  Gi- 
céron  soutint  dans  sou  camp,  un  noble  Nervien,  Vertisco, 
décida  un  de  ses  esclaves  par  l'espoir  de  la  liberté  et  de 
grands  présents  à  porter  une  lettre  à  César  (o),  Hirtius  rap- 
porte que  dans  l'insurrection  de  o2  avant  J.-C,  Drappès, 
chef  des  Senons,  avait  appelé  les  esclaves  à  prendre  les 
armes  en  leur  promettant  la  liberté  (6).  PUne  (7)  nous  ap- 

(1)  Servius,  ad  Georgica,  iv,  218.  Cf.  Valère  Maxime,  ii,  6, 
11  ;  Plutarque,  Sertoriiis,  14,  4  ;  Dion  Cassius,  lui,  20  ;  Stra- 
BON,  III,  4,  18  ;  Orose,  v,  14. 

(2)  H.  d'Arbois  de  Jub.\inville,  Recherches  sur  l'origine  de 
la  propriété  foncière,  p.  62-67  ;  Joyce,  A  social  history  of  ancient 
Ireland,  t.  i,  p.  155-156. 

(3)  Guerre  de  Gaule,  vi,  19. 

(4)  Ibid.,  VI,  15. 

(5)  Ibid.,  V,  45  ;  49. 

(6)  Guerre  de  Gaule,  vin,  30. 

(7)  Histoire  naturelle,  xvi,  31,  77. 


240  ESCLAVES 

prend  que  l'airelle  {"accinium  myrtilns)  sert  en  Gaule  à 
teindre  les  vêtements  des  esclaves.  Les  deux  serviteurs  qui 
accompagnaient,  lors  de  l'expédition  en  Grèce,  chaque  ca- 
valier gaulois  sont  appelés  par  Pausanias  (1)  tantôt  o'/irai, 
tantôt  ooùXoi.  Mais  les  Celtes  ne  pouvaient  guère  recruter 
d'esclaves  à  l'époque  oi!i  ils  avaient  coutume  de  massacrer 
les  prisonniers  de  guerre. 

Il  est  probable  que  le  jeune  garçon  que  les  Gaulois 
échangeaient  contre  une  mesure  de  vin  était  un  esclave  (2), 
ainsi  que  les  enfants  de  l'un  et  l'autre  sexe  qui  servaient  à 
table  dans  les  festins  (3).  Les  Helvetii  en  guerre  contre  les 
Sequani  emmènent  les  enfants  des  6'egwa/zi  en  esclavage  (4). 
Il  n'est  pas  douteux  que  les  Celtes  n'eussent  ramené  de 
leurs  expéditions  de  nombreuses  esclaves  (5).  Parthénios  (6), 
a  raconte  l'histoire  d'une  Milésienne,  Hêrippè,  emmenée 
comme  esclave  en  Gaule  et  que  son  mari  Xanthos  alla  ra- 
cheter. Le  Celte  qu'Aristodènie  nomme  Cavaras,  fut  hospi- 
talier et  généreux  et  ne  voulut  accepter  qu'une  rançon  mo- 
dique. La  femme  fit  avouer  à  son  mari  qu'il  avait  apporté 
beaucoup  plus  d'argent  qu'il  n'en  avait  offert  à  Cavaras  et 
conseilla  à  ce  dernier  de  tuer  Xanthos  que,  disait-elle,  elle 
détestait,  pour  s'emparer  de  sa  fortune.  Lorsque  Xanthos, 
après  avoir  payé  la  rançon,  partit  avec  Hèrippê,  Cavaras 
l'accompagna  ;  mais,  le  moment  de  la  séparation  venu, 
sous  prétexte  d'offrir  un  sacrifice,  il  fit  tenir  la  victime  par 


(1)  Description  de  la  Grèce,  x,  19,  9  ;  10. 

(2)  DioDORE,  V,  26. 

(3)  DioDORE,  V,  28. 

(4)  Guerre  de  Gaule,  i,  11. 

(5)  Cf.  Pausanias,  x,  22,  4. 

(6)  Parthénios,  Erotiques,  8.   Fragmenta  historicorum  grœ- 
corum,  t.  III,  p.  307. 


l'état  241 

Hêrippê  et,  au  lieu  de  décapiter  la  victime,  ce  fut  à  la 
femme  qu'il  coupa  la  tête.  Puis  il  raconta  au  mari  la  per- 
fidie d'Hèrippè  et  lui  restitua  la  rançon. 

Si  l'on  veut  résumer  en  quelques  lignes  ce  que  nous  sa- 
vons de  la  société  gauloise,  on  peut  s'en  tenir  à  l'idée  gé- 
nérale qu'en  donne  Fustel  de  Goulanges  :  beaucoup  de 
paysans  et  très  peu  de  classe  urbaine,  beaucoup  d'hommes 
attachés  au  sol  et  très  peu  de  propriétaires  ;  beaucoup  de 
serviteurs  et  peu  de  maîtres  ;  une  plèbe  qui  ne  compte  pas, 
des  druides  très  vénérés,  une  aristocratie  guerrière  très 
puissante  (1). 

II 

11  est  difficile  d'évaluer  la  population  de  la  Gaule.  Le 
anciens  affirment  que  le  pays  d'où  partirent  les  Celtes  était 
très  peuplé.  César  (2),  Tite-Live  (3),  Justin  (4)  résumant 
Trogue  Pompée,  Appien  (3),  Plutarque  (6),  sans  doute 
d'après  une  source  commune,  prétendent  même  que  l'excès 
de  population  est  la  cause  des  migrations  gauloises.  Il  n'est 
guère  de  déplacement  de  peuplade  gauloise  qui,  d'après  les 
écrivains,  ne  soit  dû  à  ce  motif  (7).  C'est  une  des  raisons 
auxquelles  César  attribue  .l'émigration  des  Helvetii  (8).  La 
Cisalpine  nourrissait  une  immense  population  (9). 

(1)  La  Gaule  romaine,  p.  34. 

(2)  Guerre  de  Gaule,  vi,  24. 

(3)  V,  34,  2. 

(4)  Histoires  philippiques,  xxiv,  4  ;  cf.  xxv,  2. 

(5)  Celtica,  2,  2. 

(6)  Camille,  15. 

(7)  Strabon,  IV,  1,  13  ;  Memnon,  14  ;  Scriplores  rerum  mi- 
rabilium  grœci,  p.  218. 

(8)  Guerre  de  Gaule,  i,  2. 

(9)  POLYBE,    II,    14. 

G.  DoTTiN,  —  Manuel  de  l'antiquité  celtique.  16 


24*2  CITÉS 

En  tout  cas,  la  population  de  la  Gaule  transalpine  était 
très  diversement  répartie  entre  les  différentes  civitatcs. 
Diodore  (1)  remarque  l'inégalité  des  cités  gauloises  ;  d'après 
lui,  les  plus  fortes  sont  d'environ   ^îJOO.OOO  hommes  et  les 
plus  faibles  de  50.000.  Les  Helvei.ii  étaient  au  nombre  de 
263.000,  les  TuUngi  36.000,  les  Boii  32.000,  les  Raiiraci 
23.000,  les  Lalobrigi  14.000  (2).  Le  nombre  des  hommes 
en  état  de  porter  les  armes  était  dans  l'armée  helvète  envi- 
ron le  quart  du  chiffre  total  (3).  En  raisonnant  d'après  cela, 
les  Bellovaci  (4)  qui  pouvaient  mettre  en  ligne  une  armée 
de  100.000  hommes  auraient  été  en  tout  au  nombre  de 
400.000.  Mais  comme  l'a  remarqué  M.  F.  P.  Garofalo  (5). 
les  chiffres  donnés  par  César  sont  plus  ou  moins  suspects. 
Le  dénombrement  des  Helvètes  ne  peut  conduire  à  aucune 
conclusion  raisonnable  sur  lu  densité  de  la  population  du 
reste  de  la  Gaule.  Les  chiffres  donnés  à  propos  des  contin- 
gents des  peuples  belges  (6)  sont  probablement  exagérés.  Il 
est  difficile  de  déterminer  dans  l'évaluation  des  forces  de 
l'armée  fédérale  (7)  en  52  d'abord  le  rapport  du  contingent 
à  l'armée  entière  de  chaque  cité,  puis  le  rapport  de  l'armée 
à  la  population  totale,  ce  rapport  n'étant  certainement  pas 
fixe  pour  toute  la  Gaule  (8^. 

Les   Etats,  civitates,    dont  nous  parle    César  sont  au 

(1)  Bibliothèque,  v,  25. 

(2)  Guerre  de  Gaule  i,  29. 

(3)  Ibid.,    I,  29. 

(4)  Ibid.,  II,  4. 

(5)  Revue  celtique,  t.  xxii,  p.  227-236. 

(6)  Guerre  de  Gaule,  ii,  4.  Cf.  Strabon,  iv,  4,  3. 

(7)  Ibid.,  VII,  75. 

(8)  Sur  celle  question,  voir  J.  Beloch,  Rheinisches  Muséum 
fiir  Philologie,  t.  liv  (1899),  p.  414  et  suiv.  Die  Bevôlkcrung  der 
griechischeii-rômischen  Welt,  Leipzig,  1886,  p.  460  ;  C.  Jullian, 
Histoire  de  la  Gaule,  t.  ii,  p.  3-8. 


l'état  243 

nombre  d'une  cinqunntaine  (1).  Mais  d'autres  peuples  gau- 
lois qui  n'ont  point  rang  de  CH'itatei  apparaissent  aussi  dans 
les  Commentaires,  et  l'historien  Josèphe  nous^apprend  qu'en 
Gaule  les  peuples  étaient  au  nombre  de  trois  cent  cinq  (2)  ; 
Plutarque  dit  trois  cents  (3)  et  Appien  quatre  c^nts  (4).  On 
peut  supposer  que  César  ne  nous  a  pas  cité  toutes  les 
civitales  et  admettre  que  le  nombre  de  ces  civitates  appro- 
chait du  nombre  de  celles  qui  existaient  en  Gaule  au  com- 
mencement de  l'empire  romain,  soit  soixante  ou  soixante- 
cinq  (5).  Si  l'on  retranche  de  trois  cents,  d'abord  cinquante 
ch'itales,  puis  les  peuples  de  l'Aquitaine  dont  Pline  nous 
donne  la  liste  et  qui  sont  au  nombre  de  trente  (6),  on  voit 
qu'il  !y  avait  en  Gaule  plus  de  deux  cents  peuples  qui 
n'avaient  pas  rang  de  cù'ilates. 

Ces  peuples,  pour  être  protégés  contre  leurs  ennemis,  se 
mettent  sous  la  dépendance  des  cités  puissantes.  Ainsi  les 
Arverni  ont  sous  leur  commandement,  siib  imper io,  les 
Eleiiteti,  les  Gabali,  les  Vellavi  (7).  Les  Aedui  ont  pour 
clients,  clientes,  les  Segusiavi,  les  Ambibareti,  et  les  Au- 
lerci  Brannovices  (8).  Les  Nervii  ont  sous  leur  commande- 


(1)  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Recherches  sur  l'origine  de 
la  propriété  foncière,  p.  39. 

(2)  Guerre  des  Juifs,  ii,  16,  4. 

(3)  César,  15,  où  Plutarque  dit  au&ei  que  César  soumit 
800  villes. 

(4)  Histoire  romaine,  iv,  2r.  Cf.  toutefois  Guerres  civiles,  n,  73, 
où  les  peuples  Ibères  et  les  Bretons  sont  compris  dans  le  nombre 
de  quatre  cents. 

(5)  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  RecfiercJies  sur  l'origine  de 
la  propriété  foncière,  p.  39.  Longnon,  Atlas  historique,  p.  4-7. 

(6)  Histoire  naturelle,  iv,  33,  108. 

(7)  Guerre  de  Gaule  vu,  75, 

(8)  Ihid.,  VII,  75. 


244  CITÉS 

ment  les  Ctulrones,  Gradii,  Levaci,  Pleumoxii,  Gei- 
diimni  (1). 

Même  des  riVz7rt/e5  se  mettent  dans  la  dépendance  d'autres 
civilates  plus  puissantes.  Les  Bituriges,  les  Senones,  les 
Bellovaci,  sont  sous  la  protection,  in  fide,  des  Aediii  (2)  ; 
les  Boii  ont  reçu  des  Aedui  des  champs  sur  .leur  territoire  ; 
il  semble  qu'ils  leur  paient  tribut  (3).  Les  Arçerni  avaient 
sous  leur  commandement  les  Caciwrci  (4).  Les  Siiesdones 
dépendaient  depuis  57  des  Rémi  ;  ils  avaient  les  mêmes 
lois,  le  même  chef  militaire,  le  même  magistrat  (oj.  Les 
Eburones?,ovi\.Q\iQn\.'&,clietites,  des  Treveri{'o).  LesCarnutes 
sont  après  57,  clients  des  Rémi  (7).  César  met  les  Morini 
sous  la  dépendance  de  Commius  (8). 

Certaines  cités  étaient  étroitement  unies  :  les  Parisii  an- 
ciennement s'étaient  joints  aux  Senones  {9)  ;  les  cités  armo- 
ricaines formaient  une  sorte  de  confédération  ayant  un 
contingent  et  des  envoyés  communs  et  qui  comprenait  les 
Curiosolites,  Redones,  Ambibarii,  Culcti,  Osismi,  Lemo- 
viccs  {ïQ),Veneti,  Unelli  (11).  Avant  de  quitter  leur  pays, 
les  Helvetii  confirment  les  traités  de  paix  et  d'alliance  avec 


(1)  Guerre  de  Gaule,  v,  39. 

(2)  Ibid.,  VII,  5  ;  vi,  4  ;  ii,  14. 

(3)  Ihid.,  I,  28  ;  vu,  10. 

(4)  Ihid.,  vu,  75. 

(5)  Ibid.,  VIII,  6  ;  ii,  3. 

(6)  Ibid.,  IV,  6. 

(7)  Ibid.,  VI,  4. 

(8)  Ibid.,  VII,  76. 

(9)  Ibid.,  VI,  3. 

(lO)Svir  ces  Lemovices,  voir  M.  Deloche,  Mémoires  de  la  so- 
ciété nationale  des  Antiquaires  de  France,  t.  xxiii,  p.  46-108. 

(l\)Ibid.,  V,  53  ;  vu,  75  ;  Cf.  m,  8  ;  viii,  31  ;  J.  Loth,  De  vocis 
Aremoricae  usque  ad  sextum  post  Cliristum  nalum  sœculum  forma 
atque  significatione,  1883,  p.  18-33. 


l'état  245 

leurs  voisins  (1).  En  temps  de  guerre,  des  liens  d'alliance 
se  nouaient  entre  les  diverses  cités  ;  elles  se  donnaient  des 
otages  (2)  comme  garanties  du  traité  ;  mais  l'engagement  le 
plus  solennel  et  le  plus  sacré  se  contractait  en  jurant  de- 
vant les  enseignes  militaires  réunies  (3).Ghez  les  Bretons,  la 
conspiration  des  cités  coalisées  est  sanctionnée  par  des  sa- 
crifices et  des  assemblées  (4)  Un  roi  pouvait  être  uni  à  une 
cité  par  des  liens  d'hospitalité  (5)  ;  tel  était  Ambiorix,  roi 
des  Ebnrones,  à  l'égard  des  Menapii. 

Les  cwitates  qui  ont  un  grand  nombre  de  clients  arrivent, 
à  certaines  époques,  à  dominer  la  plus  grande  partie  de 
la  Gaule.  Les  Aedui,  au  temps  de  César,  prétendaient  avoir 
eu  la  primauté,  principatum,suT  toute  la  Gaule  (6).  Ils  dis- 
putaient cette  primauté  aux  Arverni  et  aux  Sequani  qui 
avaient  appelé  les  Germains  (7).  Après  la  défaite  des  Ger- 
mains par  César,  les  Rémi  prirent  la  place  des  Sequani  (8). 
Vers  121  avant  notre  ère,  les  Arverni  étaient  maîtres  du 
territoire  qui  s'étend  entre  Marseille,  Narbonne,  les  Pyré- 
nées, l'Océan  et  le  Rhin.  L'armée  de  Bituitus  comptait,  di- 
sait-on, cent  quatre  vingt  mille  hommes  (0).  Vercingétorix 
avait  proposé  aux  Allobroges  la  primauté  sur  la  province 
romaine  (10). Nous  ne  savons  pas  exactement  en  quoi  con- 


(1)  Guerre  de  Gaule,  i,  3. 

(2)  Ibid.,  I,  14  ;  19  ;  31  ;  vi,  2. 

(3)  Ihid.,  VII,  2. 

(4)  Tacite,  Agricola,  27. 

(5)  Guerre  de   Gaule,  vi,  5. 

(6)  Ibid.,  I,  43. 

(7)  Ibid.,  I,  31. 

(8)  Ibid.,  I,  12. 

(9)  Strabon,  IV,  2,  3,  sans  doute  d'après  Poseidônios  ;  Orose, 
V,  14,  4. 

(10)  Guerre  de  Gaule,  vu,  G4,  8. 


246  PAGi 

sistait  cette  primante.  Elle  nous  apparaît  dans  les  Commen- 
taires comme  une  suprématie  militaire.  Les  tronpes  des 
peuples^clients  ne  sont  pas  distinctes  des  troupes  de  la  mé- 
tropole. Les  clients  ne  reçoivent  pas  d'ordres  directs  du 
conseil  des  principes  de  la  Gaule  (1). 

Rien  n'indique  que  les  Etats  fussent  formés  de  tribus 
ou  de  clans  comme  chez  les  Celtes  des  Iles  Britanniques, 
L^&civitates  se  divisent  en  circonscriptions  que  César  appelle 
pagi-  La  cité  des  Helvètes  comprenait  quatre  pagi  :  lun 
s'appelait  Tigurinus  ;  un  autre,  Verbigeniis,  peut-être  un 
troisième  Toygenus  (2).  Selon  Tite-l.ive,  les  Insuhres  sont 
un  pagiis  des  Aediii.  Selon  Pline,  Novarefut  fondée  par  un 
pagus  des  Vocontii,  les  Veriacomacori.  Il  seml}le  d'après 
cela  qu'à  l'origine  le  pagus  fut  non  pas  un  canton  territo- 
rial, mais  un  groupe  d'hommes  (3).  César  mentionne  les 
pagi  des  Morini  et  des  Ari>erni  (4). 

On  ne  trouve  chez  César  que  quehiues  mots  sur  les  res- 
sources financières  des  Etats  de  la  Caule.  Il  est  question 
d'impôts  de  toute  sorto;  tributa,  sans  doute  les  impôts 
directs  (5);  reliqua  omnia  vectigalia,  impôts  indirects  que 
l'on  affermait,  ainsi  que  les  péages  (portoria)  (6).  Les  mar- 
chands payaient  des  droits  de  passage  onéreux  dans  les 


^  (1)   H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Recherches  sur  l'origine  de 
la  propriété  foncière,  p.  33-34. 

(2)  Guerre  de  Gaule,  i,  12  ;  21  ;  Cf.  iv,  22  ;  vi,  11  ;  vu,  64  ; 
Strabon,  Géographie,  iv,  1,  8;  vu,  2,2;  CI.  L.,  vu,  1072. 
Strabon  parle  de  trois  cpjXa  des  Helvètes  (iv,  3,  3).  Sur  les  pagi 
gaulois,  voir  C.  Jullian,  Rame  des  éludes  anciennes,  t.  m,  p.  77- 
97.  Histoire  de  la  Gaule,  t.  ii,  p.  8,  n.  3. 

(3)  TiTE  LivE,  V,  34  ;  Pline,  Histoire  naturelle,  m,  21,  124. 

(4)  Guerre  de  Gaule,  iv,  22  ;  vu,  64. 

(5)  Guerre  de  Gaule,  vi,  13. 

(6)  Ibid.,  I,  18.  Cf.  Strabon,  iv,  3,  3. 


L  ETAT 


247 


montagnes  du  Valais  (1).  Les  navigateurs  étrangers  payaient 
tribut  pour  entrer  dans  les  ports  des   Veneii  (2).  Certains 
impôts  se  payaient  en  nature  ;  c'était  surtout  des  fourni- 
tures de  blé  que  César  imposait  aux  peuples  gaulois  (3) 
Les  impôts  directs  étaient  fort  lourds  (4). 

Les  civitates  possédaient  de  grandes  propriétés  territo- 
riales, si  étendues  qu'elles  pouvaient  accueillir  sur  leur  do- 
maine un  peuple  entier  (5).  D'après  Nicolas  de  Damas,  on 
honorait  surtout  ceux  qui  accroissaient  le  domaine  pu- 
blic (6). 

La  féodalité  celtique  diffère  de  la  féodalité  française  en 
ce  qu'elle  ne  semble  pas  exclusivement  fondée  comme  celle- 
ci  sur  la  propriété  immobilière.  Chez  les  Gaulois  d'Italie, 
au  iv*"  siècle  avant  notre  ère,  la  fortune  consistait  en  trou- 
peaux et  en  or,  parce  que  ces  objet?  seuls  peuvent  facile- 
ment, quand  les  circonstances  l'exigent,  être  emmenés  par- 
tout et  changés  de  place  à  volonté.  Chez  les  Vaccaei,  voi- 
sins des  Geltibères,  chaque  année,  on  partageait  le  pays 
pour  le  cultiver  :  à  la  récolte  on  mettait  en  commun  les 
fruits  et  ou  distribuait  à  chacun  sa  part  ;  celui  qui  essayait 
d'en  mettre  de  côté  une  portion  était  condamné  à  mort  ^7). 

En  Gaule  transalpine,  l'émigration  des  Helvetii,  décidée 
par  une  loi  (8)  et  effectuée  en  l'an  o8  avant  notre  ère,  ne 
peut  guère  s'accorder  avec  la  propriété  individuelle  du  sol  ; 

(1)  Guerre  de  Gaule,  m,  1. 

(2)  Ihid.,  III,  8. 

(3)  Ibid.,  I,  16  ;  17.  Cf.  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Re- 
cherches, p.  72-74. 

(4)  Guerre  de  Gaule,  vi,  13. 

(5)  Voir  ci-dessus,  p.  244. 

(6)  Stobée,  Anthologie,  xliv,  41. 

(7)  DioDORE,  V,  34. 

•  (8)    Guerre  de  Gaule,  i,  3. 


248  PROPRIÉTÉ 

on  ne  conçoit  guère  que  les  deux  cent  soixante-trois  mille 
Helvetii  se  soient  décidés  à  renoncer  à  leurs  propriétés.  De 
même,  l'établissement  des  B^ii  sur  une  partie  du  territoire 
des  ^edwt  moyennant  une  redevance  annuelle,  stipendium, 
semble  prouver  que  le  sol  des -4é'f/u/  appartenait  à  l'Etat 
comme  ager  publicus  et  non  comme  ensemble  de  pro- 
priétés privées.  D'autre  part,  il  n'apparaît  pas  que  les  Boii 
soient  ni  les  esclaves,  ni  les  domestiques,  ni  les  fermiers 
d'aucun  particulier.  Le  régime  des  biens  entre  époux  ne 
s'explique  guère  si  l'on  ne  suppose  pas  que  les  biens  con- 
sistaient en  troupeaux  ;  César  nous  fait  connaître  qu'à  la 
mort  d'un  des  deux  époux  le  survivant  reçoit  non  seule- 
ment son  apport,  et  l'apport  fait  à  la  communauté  par  son 
conjoint,  mais  aussi  les  fruits  produits  antérieurement,  su- 
periorum  tcmponim  ;  comment  pourrait-on  conserver  les 
fruits  si  ces  fruits  ne  sont  pas  le  croît  des  troupeaux  "l 

A  cette  théorie  de  H.  d'Arbois  de  Jubainville  (1),  Fustel 
de  Coulanges  (2)  a  opposé  le  texte  de  César  où  il  est  ques- 
tion do  procès  sur  l'héritage  ou  sur  les  limites,  fines,  et  qui 
prouverait  que  les  Gaulois  connaissaient  la  propriété  héré- 
ditaire du  sol.  Mais  le  contexte  montre  qu'il  peut  être  ques- 
tion de  contestations  entre  peuples  {fines  chez  César  a  le 
plus  Bouvent  le  iens  de  territoire),  aussi  bien  qu'entre  par- 
ticuliers et  l'hérédité  n'a  pas  nécessairement  pour  objet  la 
propriété  immobilière.  Il  est,  d'autre  part,  singulier  que 
César  n'ait  pas  expressément  signalé  la  communauté  du  sol 
chez  les  Gaulois,  alors  qu'il  remarque  que  les  Germains  ne 

(1)  II.  d'Arbois  de  Jubainville,  Recherches  sur  l'origine  de 
la  propriété  foncière,  p.  99-121  ;  Cf.  p.  xxiii-xxxi. 

(2)  Revue  des  questions  historiques,  t.  xlv  (1889),  p.  427-437, 
Voir  aussi  F.  P.  Garofalo,  Questioni  di  diritto  celtico,  Res'ue  cel- 
tique, t.  XXIV,  p.  417-422. 


l'état  249 

connaissent  pas  la  propriété  privée  (1).  M.  Lécrivain  (2) 
ajoute  aux  arguments  de  Fustel  de  Coulanges  des  observa- 
tions intéressantes.  L'impôt  que  César  appelle  trihiitum  ne 
peut  guère  être  qu'un  impôt  foncier  ;  la  redevance  due  pour 
l'exploitation  de  Yager  piibliciis  sappeUe  plutôt  vectigùlia\ 
or  il  n'y  a  guère  que  les  propriétaires  de  plein  droit  qui 
paient  l'impôt  foncier.  Quand  Critognatus  reproche  aux 
Romains  de  vouloir  s'établir  dans  les  terres,  a  gris  y  des 
nobles  et  des  puissants.  (3)  il  semble  bien  qu'il  parie  de 
propriétés  privées.  Lorsque  le  premier  terme  des  noms  de 
lieux  celtiques  en  -masus  «  champ  >>  est  un  nom  de  per- 
sonne (4  ,  il  est  évident  que  ces  noms  désignent  des  pro- 
priétés privées.  Si  l'on  n'admet  pas  la  propriété  indivi- 
duelle chez  les  Gaulois,  on  ne  peut  expliquer  les  ventes  et 
confiscations  de  biens  (5).  ni  même  les  impôts  et  les 
dettes  (6),  ni  les  réquisitions  de  blé  aux  particuliers  (7  .  ni 
la  puissance  des  grands  (8). 

Les  textes  nous  manquent  pour  que  nous  puissions  don- 
ner une  solution  exacte  du  problème  de  la  propriété  chez 
los  Gaulois.  En  Irlande,  la  terre  appartenait  en  principe  à 
la  tribu  ;  une  portion  était  assignée  au  roi,  qui  pouvait  la 
partager  à  ses  officiers  ou  la  faire  exploiter  par  ses  fermiers  ; 
le  reste  était  occupé  par  les  hommes  de  la  tribu,  soit  en 
commun,  soit  à  titre  individuel  précaire  (9). 

(1)  Guerre  de  Gaule,  vi,  22. 

(2)  La  propriété  foncière  chez  les  Gaulois,  Annales  de  la  Fa- 
culté des  lettres  de  Bordeaux,  1889,  p.  182-194. 

(3)  Guerre  de  Gaule,  vu,  77,  15. 

(4)  Voir  ci-dessus,  p.  119. 

(5)  Guerre  de  Gaule,  v,  56,  3  ;  vu.  43,  2. 

(6)  Ihid.,  VI,  13,  2. 

(7)  Ihid.,  I,  17,  2. 

(8)  JuLLiAN,  Histoire  de  la  Gaule,  t.  ii,  p.  73-74. 

(9)  Joyce,  A  social  history  of  ancient  Ireland,  t.  i,  p.  186-187. 


250  UNITÉ    NATIONALE 

Le  manque  de  sens  politique  et  un  particularisme  om- 
brageux sont,  en  général,  la  caractéristique  do  ces  tribus 
gauloises.  Les  Cenomani  d'Italie  s'allient  aux  Romains 
contre  leurs  congénères  les  Boii  et  les  Insiibres  (1).  Les 
Arvenii  et  les  Sequani  appellent  Arioviste  en  Gaule  (2). 
Les  Rémi  aident  César  à  vaincre  la  coalition  des  Belges 
après  l'avoir  dénoncée  (3).  Les  Lingones  et  les  Rémi  re- 
fusent de  prendre  part  à  l'insurrection  générale  de  la  Gaule 
et  fournissent  des  troupes  à  César  (4).  Dans  ses  campagnes 
en  Gaule,  César  avait  des  auxiliaires  gaulois  (5). 

Et  pourtant,  d'autres  faits  prouvent  que  les  Celtes  ont 
eu,  de  bonne  beure,  conscience  de  l'unité  de  leur  race.  En 
3G1,  les  Cisalpins,  pour  éviter  une  guerre  avec  les  Transal- 
pins, invoquent  leur  parenté  (6).  En  225  avant  notre  ère, 
les  Insiibres  et  les  Boii  d'Italie  pour  décider  les  Gaulois 
transalpins  à  se  joindre  à  eux  leur  rappelèrent  les  hauts 
faits  de  leurs  ancêtres  (7).  La  tradition  du  royaume  d'Am- 
bigatus,  si  elle  n'a  point  de  réalité  historique,  symbolisait 
la  croyance  à  l'origine  commune  de  tous  les  Celtes  (8). 
L'unité  de  la  Gaule  fut  réalisée  autour  des  Arvernes  par 
Celtillus,  puis  par  Vercingétorix.  Une  sorte  d'unité  reli- 
gieuse était  constituée  par  le  druidisme  et  l'assemblée  an- 
nuelle dans  le  pays    des  Carnutes,  centre  de   toute  la 


(1)  TiTE  LivE,  XXXII,  30  ;  Strabon,  v,  1,  9. 

(2)  Guerre  de  Gaule,  1,  31. 

(3)  Ibid.,  II,  5. 

(4)  Ibid.,  VII,  63  ;  viir,  11. 

(5)  Ibid.,  I,  7,  8  ;  23,  ;  ii,  17  ;  m,  18  ;  vu,  34  ;  45  ;  viii,  10. 

(6)  POLYBE,   II,  19. 

(7)  PoLYBE,    II,    22. 

(8)  TiTE  LivE,  V,  34.  Cf.  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Les 
premiers  habitants  de  l'Europe,  2^  édit.,  t.  ii,  p.  387-393.  Voir  ci- 
dessoiis,  chap.  vu,  p.  460. 


l'état  251 

Gaule  (1).  La  ville  d'Alésia  était  honorée  comme  étant  le 
foyer  et  la  métropole  de  toute  la  Celtique  (2;.  Les  druides 
racontaient  que  les  Gaulofs  étaient  tous  nés  du  Dieu  que  les 
Romains  appelaient  .0^5  pater  (3).  Des  faits  historiques  dé- 
montrent que  les  divers  peuples  celtiques  avaient  gardé  vi- 
vante la  notion  de  leur  antique  parenté.  Les  Bellovaci  (4), 
peuple  belge,  avaient  été  de  tout  temps  les  alliés  et  les  amis 
&Çi?,Aedui.  Le  roi  des  Suessiones,  Diviciacus,  occupait  aussi 
le  trône  de  Grande-Bretagne  (3).  Les  Armoricains  demandent 
des  secours  à  la  Grande-Bretagne  (6).  C'est  en  Grande-Bre- 
tagne que  se  réfugient  les  principes  des  Bellovaci  lorsqu'ils 
ont  compris  à  quels  malheurs  ils  ont  livré  leur  patrie  (7). 
Dans  presque  toutes  les  guerres,  les  Bretons,  d'après  César, 
avaient  envoyé  des  secours  aux  Gaulois  (8).  Les  Ambarri 
sont  parents  consanguins  des  Aedui  (9).  Les  Rémi  sont 
frères  consanguins  des  Suessions,  et  proches  parents  des 
Belges  (10).  Ces  exemples,  auxquels  il  faut  ajouter  la  coali- 
tion de  la  Gaule  (11)  contre  les  Romains  en  52,  autorisent  ils 
à  prononcer  avec  M.  C.  JuUian  (12)  le  mot  de  patriotisme 
saulois  '^ 


(1)  Guerre  de  Gaule,  vi,  13,  10. 

(2)  DiODORE,  Bibliothèque,  iv,  19,  2. 

(3)  Guerre  de  Gaule,  vi,  18,  1. 

(4)  Ibid.,  II,  14. 

(5)  Ibid.,  II,  4. 

(6)  Ibid.,  III,  9. 

(7)  Ibid.,  II,  14. 

(8)  Ibid.,  IV,  20. 

(9)  Ibid.,  I,  11. 

(10)  Ibid.,  11,3. 

(H)   Ibid.,  VII,  29,  6  ;  77,  7. 

(12)  JuLLiAN,  Le  patriotisme  gaulois,  Reme  celtique,  t.xxiii, 

373-394. 


252  SERMENT 


III 


Sur  les  coutumes  judiciaires  des  Celtes,  nous  sommes 
mal  renseignés.  Les  cas  d'intervention  des  pouvoirs  publics 
étant  rares,  la  plupart  des  procès  se  règlent  entre  particu- 
liers. A  peine  pouvons-nous  recueillir  quelques  notes  sur  le 
serment  qui  consacre  les  conventions,  le  duel  qui  décide 
des  querelles,  la  procédure  et  les  sanctions  pénales. 

Nous  ne  connaissons  pas  la  formule  exacte  du  serment 
solennel  que  Vercingétorix  imposa  aux  chefs  de  sa  cava- 
lerie et  par  lequel  chacun  s'engage  à  ne  pas  revenir  dans 
sa  maison,  à  ne  pas  aborder  ses  enfants,  ses  parents,  sa 
femme,  avant  d'avoir  traversé  deux  fois  à  cheval  les  lignes 
ennemies  (1).  H.  d'Arbois  de  Jubainville  a  cru  retrouver 
une  formule  de  serment  dans  la  réponse  célèbre  des 
Celtes  de  l'Adriatique  auxquels  Alexandre  avait  de- 
mandé ce  qu'ils  craignaient  le  plus  :  «  Nous  ne  craignons 
qu'une  chose,  c'est  que  le  ciel  ne  nous  tombe  sur  la 
tcte  »  (2).  L'hypothèse  de  la  chute  du  ciel  est  fréquente 
dans  les  serments  de  l'épopée  irlandaise  (3). 

Le  duel  décidait  chez  les  peuples  celtiques  de  certaines 
questions  litigieuses.  Poseidônios  (4)  entendit  raconter  en 

(1)  Guerre  de  Gaule,  vu,  G6. 

(2)  Arrien,  Anabase,  i,  4,  7-8  ;  Ptolémée  chez  Strabon,  vu, 
3,  8.  Cf.  Aristote,  Morale  à  Nicomaque,  m,  7,  6.  Cf.  Tite  Live, 
XL,  58,  6  ;  JuLLiAN,  Revue  des  études  anciennes,  t.  viii,  1906, 
p.  259. 

(3)  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Cours  de  litléralure  cel- 
tique, VII,  p.  19-25.  Cf.  WiNDiscii,  Tàin  Bô  Cualnge,  introduc- 
tion, p.  XXX. 

(4)  Athénée,  iv,  40. 


l'état  253 

Gaule  que  dans  les  festins,  anciennement,  lorsqu'on  ser- 
vait des  jambons,  le  plus  fort  se  saisissait  de  la  cuisse 
et  si  quelqu'un  la  lui  disputait,  ils  se  levaient  ensemble 
pour  se  battre  à  mort.  L'usage  de  réserver  au  plus  brave 
le  meilleur  morceau  se  retrouve  dans  la  légende  irlandaise 
où  le  morceau  du  liéros  est  le  sujet  d'une  des  épopées  les 
plus  vivantes  et  les  plus  dramatiques  du  cycle  d'Ulster  : 
«  Le  porc  de  Mac-Dàthô  »,  et  constitue  d'importants  épi- 
sodes du  «  Festin  de  Bricriu  »  (1).  Il  est  possible  que  dans 
quelques  cas,  il  s'agisse  d'une  sorte  de  duel  judiciaire  ;  mais 
souvent  il  n'y  avait  là  qu'un  passe-temps  (2). 

Chez  les  Cellibères,  à  Carthagène,  lorsque  P.  Cornélius 
Scipio  Africanus  voulut,  en  206  avant  J.-C,  pour  honorer 
la  mémoire  de  son  père  et  de  son  oncle,  donner  des  com- 
bats de  gladiateurs,  il  trouva  autant  de  guerriers  qu'il  en 
voulut  pour  s'entre-tuer  volontairement  et  gratuitement. 
Parmi  ces  guerriers,  il  y  en  avait  qui,  n'ayant  pu  résoudre 
des  différends  par  la  discussion  et  n'ayant  pas  voulu 
s'accorder,  avaient  décidé  de  s'en  remettre  au  sort  des 
armes  (3).  Dans  le  droit  irlandais,  le  duel  est  un  des  moyens 
par  lequel  deux  parties  conviennent  de  donner  une  solu- 
tion à  un  procès  pendant.  41  ne  donne  pas  lieu  à  indemnité 
pour  meurtre  quand  il  a  été  précédé  d'un  contrat  fait  avec 
le  consentement  de  la  famille  du  vaincu  et  quand  il  a  pour 
cause  le  refus  par  le  demandeur  de  laisser  procéder  contre 
lui  à  une  saisie  régulière  (4). 

(1)  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Cours  de  littérature  cel- 
tique, t.  V,  p.  71-78  ;  86-146  ;  t.  vi,  35-47. 

(2)  Athénée,  iv,  40.  Ci-dessus,  p.  164. 

(3)  TiTE  LivE,  XXVIII,  21.  Cf.  Valère  Maxime,  ix,  11  ;  Silius 
Italicus,  XVI,  56. 

(4)  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Etudes  sur  le  droit  celtique 
Cours  de  littérature  celtique,  t,  vu,  p.  44-48. 


254  PÉNALITÉS 

Sur  la  composition  pour  meurtre  chez  les  Gaulois,  it  n'y 
a  qu'une  phrase  chez  César  :  dans  le  cas  de  crime  ou  de 
meurtre,  ce  sont  les  druides  qui  décident  et  qui  déter- 
minent  les    amendes    et    les    châtiments,  preemia    pœ- 
nasque  (1).  L'interprétation  de  ces  deux  mots  ne  laisse  pas 
d'être  difficile.  Pœnas  peut  désigner  soit  la  somme  que 
paiera  le  défendeur  ou,  s'il  est  insolvable,  sa  famille  ;  soit 
le  supplice  qu'il  subira  en  cas  d'insolvabilité  de  lui  même 
et  de  sa  famille  ;  prœrnUt  serait,  à  un  autre  point  de  vue,  le 
gain,  la  somme  que  se  partagera  la  famille  du  m.ort  ou 
celle  que  recevra  le  demandeur  s'il  na  été  que  blessé  ou 
injurié.  Une  autre  explication  est  possible.  En  droit  irlan- 
dais, on  distingue  dans  la  composition  le  prix  du  corps  qui 
est  le  même  pour  tous  les  hommes  libres,  et  le  prix  de 
l'honneur  qui  s'ajoute  au  prix  du  corps  et  dont  le  montant 
dépend  du  rang  social  de  celui  qui  a  été  injurié,  blessé  ou 
tué.  Peut-être  pœruis  est-il  le  prix  du  corps,  prœmia  le 
prix  de  l'honneur  (2). 

Chez  les  Celtes,  nous  rapporte  Nicolas  de  Damas  (3),  la 
pénalité  est  plus  forte  pour  le  meurtre  d'un  étranger  que 
pour  celui  d'un  citoyen  ;  dans  le  premier  cas,  c'est  la  mort; 
dans  le  second,  l'exil.  L'exil  était  sans  doute  la  ressource 
de  ceux  qui  ne  pouvaient  pas  payer  la  composition.  L'exilé 
était  seulement,  semble- t-il,  banni  du  territoire  de  la  cité, 
mais  non  du  territoire  de  la  Gaule.  Car,  lors  des  insurrec- 
lions    contre  les  Romains,  les  condamnés  à  l'exil  four- 


(1)  Guerre  de  Gaule,  vi,  13. 

(2)  II.  d'Arbois  de  Jubainville,  Cours  de  littérature  celtique, 
t.  vu,  p.  80-83. 

(3)  Stobée,  Anthologie,  xliv,  41.  Cf.  Pseudo-Aristote,  Sifi- 
gulariUs  mer\'eiUeuses,  85. 


l'état  255 

Dirent  des  contingents  au  Trévire  Indutiomarus  (1)  et  au 
Senon  Drappes  (2). 

La  procédure  judiciaire  des  anciens  Celtes  nous  est  à 
peu  près  inconnue.  Nous  avons  vu  que  les  femmes  pou- 
vaient être  mises  à  la  question  et  condamnées  à  périr  par 
le  feu  ou  par  d'autres  supplices.  De  même,  la  peine  du  feu 
était  appliquée  dans  l'Irlande  de  l'épopée  aux  femmes  adul- 
tères (3).  Orgétorix  est  enchaîné  pour  répondre  à  l'accusa- 
tion portée  contre  lui .  et  le  châtiment  de  son  crime  devait 
être  le  feu  (4).  Ceux  qui  sont  convaincus  de  vol,  de  brigan- 
dage ou  de  quelque  autre  crime  sont  aussi  brûlés  vifs  (5). 
En  temps  de  guerre,  les  peines  qu'infligeait  Vercingétorix 
à  ses  soldats  pour  des  fautes  graves  étaient  le  feu  et  toute 
sorte  de  tourments  ;  pour  des  fautes  légères  il  faisait  crever 
les  yeux  ou  couper  les  oreilles  (6).  Lorsqu'un  Gaulois  dé- 
tourne ou  cache  une  partie  du  butin  de  guerre,  ou  ravit 
quelque  objet  des  dépôts  établis  dans  les  lieux  consacrés, 
il  est  mis  à  mort  avec  de  cruelles  tortures  (7).  D'après 
Diodore,  on  garde  les  malfaiteurs  pendant  cinq  ans  avant 
de  les  empaler  et  de  les  brûler  sur  d'énormes  bûchers  (8). 
Ces  divers  supplices  peuvent  être  aussi  bien  des  sacrifices 
religieux  que  des  sanctions  judiciaires  (9). 

La  peine  prononcée  ordinairement  pour  crime  politique 


(1)  Guerre  de  Gaule,  v,  55. 

(2)  Ibid.,  VIII,  30. 

(3)  Joyce,  A  social  history  of  ancient  Ireland,  t.  i,  p.  212. 

(4)  Guerre  de  Gaule,  i,  4.  Cf.  ci-dessus,  p.  180. 

(5)  Ibid.,  VI,  16  ;  Strabon,  iv,  4,  5  ;  Diodore,  v,  31. 

(6)  Ibid.,  VII,  4  ;  cf.  71. 

(7)  Ibid.,  VI,  17. 

(8)  Bibliothèque,  v,  32,  6. 

(9)  Voir  toutefois  S.    Reinach,   Rei^ue  archéologique,  t.  xxii 
;i913)  p.  101. 


256  PÉNALITÉS 

est  la  confiscation  des  biens.  Dans  une  assemblée,  Indu- 
tioinarus  déclare  ennemi  public  son  gendre  Cingétorix, 
chef  du  parti  adverse,  et  confisque  ses  biens  (1).  Celui  qui 
tue  un  de  ses  concitoyens  est  condamné  à  l'exil  ,2).  Les 
druides  prononçaient  l'excommunication  contre  ceux  qui  ne 
se  soumettaient  pas  à  leurs  sentences  (3).  Etait-ce  l'amende 
ou  quelque  autre  peine  légère  que  l'on  prononçait  contre 
les  jeunes  gens  obèses  dont  le  ventre  était  trop  proémi- 
nent et  dont  le  tour  de  taille  dépassait  une  certaine  me- 
sure ?   Strabon    citant    Ephore  se    sert  du    mot    vague 

Çr,ij.'.o0cr6a'.  (4). 

Sauf  dans  le  cas  d'Orgétorix  où  il  semble  bien  que  l'ac- 
cusé comparaît  devant  un  tribunal  d'Etat,  il  n'est  point 
question  de  l'intervention  de  l'Etat  dans  les  crimes  ou  les 
procès.  A  côté  de  la  juridiction  arbitrale  et  facultative  des 
druides  (5),  y  avait-il  en  Gaule  une  justice  publique  bien  ou 
mal  organisée  ?  Aucun  texte  ne  l'établit  clairement. 

Il  semble  que  ce  soit  l'assemblée  du  peuple  qui  juge  les 
crimes  contre  l'Etat  ;  chez  les  Aediii,  le  vergobret  a  droit  de 
vie  et  de  mort  ;  le  père  de  famille  a  un  pouvoir  analogue 
sur  les  siens  ;  les  chefs  de  faction  jugent  les  différends  de 
leurs  clients  (6).  En  cas  de  rébellion,  les  magistrats  font 
appel  aux  citoyens  armés  pour  assurer  l'exécution  du  ju- 
gement (7). 

(1)  Guerre  de  Gaule,  v,  56. 

(2)  Cf.  p.  254. 

(3)  Guerre  de  Gaule,  vi,  13. 

(4)  Géographie,  iv,  4,  6. 

(5)  Voir  plus  loin  chap.  vi.  p.  380. 

(6)  Lefort,  Les  institutions  et  la  législation  des  Gaulois,  Revue 
générale  du  droit,  t.  iv,  1880,  p.  396. 

(7)  Guerre  de  Gaule,  i,  4. 


l'état  257 


IV 


C'est  dans  les  questions  militaires  qu'apparaît  le  mieux 
le  pouvoir  de  l'Etat  celtique. 

Les  anciens  nous  représentent  les  Celtes  comme  sans 
cesse  occupés  à  la  guerre.  Avant  l'arrivée  de  César  en 
Gaule,  il  y  avait  presque  chaque  année  des  guerres  pour 
faire  du  tort  ou  le  repousser  (1).  Les  Bretons  se  faisaient 
souvent  la  guerre,  soit  par  ambition  de  commander,  soit 
pour  accroître  ce  qu'ils  possédaient  (2).  Quand  les  Celtes 
ne  pouvaient  se  battre  pour  leur  propre  compte  entre  eux 
ou  contre  leurs  voisins,  ils  offraient  leur  service  à  prix 
d'argent  à  des  rois  étrangers.  Il  n'est  guère  de  pays  que 
n'aient  parcouru  des  mercenaires  celtes  et  de  luttes  aux- 
quelles ils  n'aient  pris  part  (3).  Déjà,  en  368  avant  J.-C, 
une  armée  envoyée  par  Denys  l'Ancien  à  Gorinthe  au  se- 
cours des  Spartiates  était  en  partie  formée  de  fantassins 
celtes  (4).  Vers  343,  Carthage  employait  des  mercenaires 
celtes  à  la  guerre  de  Sicile  contre  Timoléon  (5).  En  274, 
Pyrrhus,  roi  d'Epire,  et  Antigone  Gonatas,  roi  de  Macé- 
doine, en  guerre  l'un  contre  l'autre,  avaientr  chacun  des 

(1)  Guerre  de  Gaule,  vi,  15  ;  cf.  Strabon,  iv,  4,  2;  TacitEj 
Histoires,  i,  74. 

(2)  JoRDANÈs,  Histoire  des  Goths,  2. 

(3)  Voir  aussi  ci-dessus,  p.  64,  l'étymologie  donnée  par  Polybe 
du  nom  des  Gaesalae.  Justin,  xxv,  2.  Cf.  d'Arbois  de  Jubain- 
VILLE,  La  civilisation  des  Celtes  et  celle  de  l'épopée  homérique. 
Cours  de  littérature  celtique,  t.  vi,  p.  116-123  ;  C.  Jullian,  His- 
toire de  la  Gaule,  t.  i,  p.  324-328. 

(4)  DiODORE,  Bibliothèque,  xvi,  73,  3. 

(5)  Xénophon,  Helléniques,  vu,  1,  20  ;  31  ;  Diodore,  xv,  70. 
Cf.  Justin,  xx,  5. 

G.  DoTTiN.  —  Manuel  de  l'antiquité  celtique-  17 


258  MEIICEIN  AIRES 

Celtes  dans  leur  armée  (1).  Parmi  les  mercenaires,  dont  la 
révolte,  en  238  avant  J.-C,  mit  Garthage  si  près  de  sa 
perte,  se  trouvent  des  Gaulois  dont  le  chef  est  Auta- 
ritos  (2).  Dès  262,  les  Carthaginois  avaient  recruté  des 
Celtes  pour  leur  armée  de  Sicile  (3)  et  pendant  les  deux 
premières  guerres  puniques  (264-241  ;  219-202),  les  Gau- 
lois fournissent  un  contingent  important  aux  armées  car- 
thaginoises (4).  Mille  Galates  figurent  dans  l'armée  d'An- 
tigone.  roi  de  Macédoine,  en  224  (o)  ;  des  cavaliers  galates 
font  partie  de  l'armée  d'un  autre  roi  de  Macédoine,  Phi- 
lippe V,  en  218  (6).  Nicomède,  roi  de  Bithynie,  les  appelle 
en  Asie  comme  auxiliaires  en  278  (7).  Lors  de  la  guerre 
entre  Autiochus  le  Grand,  roi  de  Syrie,  et  Molon,  satrape 
de  Médie  vers  220,  il  y  avait  des  Galates  mercenaires  des 
deux  côtés  (8).  Eumcnc  II,  roi  de  Pergame.  avait  à  son 
service  en  168  des  cavaliers  gaulois  qui,  embarqués  sur 
des  hippagoges,  ne  pouvaient  pas  supporter  la  mer  (9), 
Ptolémée  Philadelphe  (285-247)  avait  des  Gaulois  dans 
ses  armées  ;  il  en  fit  tuer  quatre  mille  qui  s'étaient  révoltés 
contre  son  autorité  (10).  La  garde  de  Gléopàtre  comprenait 
des  Gaulois  (11). 

(1)  Plutarque,  Pyrrhus,  26,  8  ;  9  ;  Pausanias,  i,  13,  2. 

(2)  PoLYBE,  I,  80-87.  Cf.  DiODORE,  XXV,  2,  9  ;  Appien,  viii,  5. 

(3)  PoLYBE,  I,  17,  4  ;  II,  7,  7  ;  Fro.ntin,  Stratagèmes,  m,  16,  3. 

(4)  PoLYBE,  I,  43,  4  ;  II,  7,  8  ;  Frontin,  m,  16,  2  ;  Dion  Cas- 
sius,  XII,  43. 

(5)  POLYBE,  II,  65,  2. 

(6)  PoLYBE,  V,  3,  2. 

(7)  Memnon,  Sur  Héraclée,  22  ;  Fragmenta  historicorum  grae- 
corum,  t.  III,  p.  537. 

(8)  PoLYBE,  V,  53,  3  ;  8. 

(9)  TiTE  LivE,  XLiv,  28.  Sur  les  Galates,  mercenaires  des  rois 
de  Pergame,  voir  A.  J.  Reinacii,  Rei^'ue  arcliéologique,  L.  xiii, 
p.  102-'l08. 

(10)  Pausanias,  i,  7  ;  Scholiaste  de  Callimaque,  iv,  185-188. 
{lljJosÈPHE,  Antiquités  judaïques,  xv,  7,  3.  Guerre  des  Juifs, 


l'état  259 

En  168,  sur  le  Danube,  les  mercenaires  celtes  recevaient 
10  statères  d'or  par  cavalier,  o  par  fantassin,  1.000  pour  le 
chef  (1). 

En  Gaule,  à  l'exception  des  druides,  tous  les  hommes 
libres  étaient  astreints  au  service  militaire  (2).  Nous  avons 
déjà  vu  qu'au  commencement  de  chaque  guerre  on  convo- 
quait tous  les  hommes  en  état  de  porter  les  armes  (3).  Les 
vieillards  ne  prétextaient  pas  leur  âge  pour  se  dispenser 
de  combattre  (4). 

Le  commandement  militaire  semble  avoir  été  souvent 
distinct  du  i)ouvo  r  civil.  Anciennement,  nous  dit  Strabon, 
on  choisissait  un  chef  pour  un  an  et  de  même,  pour  une 
guerre,  un  seul  général  était  élu  par  la  multitude  (5).  On 
voit  chez  César  le  commandement  de  l'armée  des  Lemo- 
vices  exercé  par  Sedulius  qui  est  qualifié  en  même  temps 
de  princeps  (6).  Chez  les  Rémi,  Vertiscus,  princeps  civita- 
tis,  n'a  le  commandement  que  de  la  cavalerie  (7).  De  trois 
Aedui  de  la  plus  haute  noblesse  amenés  prisonniers  à  Cé- 
sar, l'un,  Gottus,  était  chef  de  la  cavalerie;  un  autre,  Ca- 
variilus,  avait  commandé  l'infanterie;  le  troisième,  Epore- 
dorix,  avait  commandé  les  Aedui  dans  la  guerre  contre 
les  Sequani  (8).  Chez  les  Treveri,  César  rend  à  Cingétorix 

I,  20,  3.  Cf.  Horace,  Epodes,  9,  18  ;  A.  J.  Reinach,  Les  Gaulois 
en  Egypte,  Revue  des  études  anciennes,  t.  xiii,  p.  33-74. 

(1)  TiTE  LivE,  xLiv,  26,  4.  Voir  Jullian,  Histoire  de  la  Gaule, 
t.  I,  p.  324-328. 

(2)  Guerre  de  Gaule,  vi,  56,  2  ;  cf.  14,  1  ;  15,  1. 

(3)  Ci-dessus,  p.  236. 

(4)  Guerre  de  Gaule,  vin,  12  ;  cf.  vu,  57,  3. 

(5)  Géographie,  iv,  4,  3.  Cf.  H.  d'Arbois  de  Jubainville, 
Recherches  sur  l'origine  de  la  propriété  foncière,  p.  44,  note  4. 

(G)    Guerre  de  Gaule,  vu,  88. 

(7)  Ibid.,  vin,  12. 

(8)  Ibid.,  VII,  67. 


260  CHEFS 

le  principafus  et  Yimperiiim,  sans  cloute  le  pouvoir  civil  et 
le  pouvoir  militaire  (1).  Le  conseil  de  guerre  de  Yercingé- 
torix  est  formé  des  principes  de  plusieurs  cités  (2).  L'armée 
envoyée  par  les  principes  de  la  Gaule  au  secours  de  Alésia 
était  commandée  par  quatre  chefs  :  l'Atrébate  Gommius, 
les  Acchii  Viridomarus  et  Eporedorix,  l'Arverne  Vercassi- 
veliaunus,  assistés  d'un  conseil  d'hommes  choisis  dans  les 
diverses  cités  (3). 

Souvent  un  seul  chef  commandait  les  forces  de  plusieurs 
peuples.^ Galba,  roi  des  Suessiones,  commande  les  Belges 
coalisés  (4).  Cassivellaunus  est  choisi  comme  commandant 
en  chef  par  des  peuples  du  sud  de  la  Grande-Bretagne, 
avec  lesquels  il  avait  eu  autrefois  des  guerres  conti- 
nuelles (o).  Ambiorix,  Camulogenus  commandent  des  coa- 
litions de  peuples  gaulois  (6). 

En  61,  Boudicca,  qui  commande  l'armée  bretonne,  rap- 
pelle que  les  Bretons  ont  coutume  d'aller  à  la  guerre  con- 
duits par  des  femmes  (7).  En  Irlande,  il  semble  résulter  de 
(juelques  textes  de  lois  que  la  fille,  qui,  à  défaut  de  fils,  hé- 
ritait des  biens  maternels,  est  obligée  au  service  militaire. 
Cette  obligation  fut  abolie,  grâce  à  l'intervention  d'Adam- 
nan,  au  vu''  siècle  (8). 

Du  point  de  vue  militaire,  les  équités,  classe  sociale,  sont 
les  cavaliers.  Leur  nombre  s'élève,   lors  de  la  dernière 

(1)  Guerre  de  Gaule,  vi,  8. 

(2)  Ibid.,  VII,  36. 

(3)  Ibid.,  vn,  76. 

(4)  Ibid.,  II,  4,  7. 

(5)  Ihid.,  V,  11. 

(6)  Guerre  de  Gaule,  v,  38  ;  39  ;  vu,  57. 

(7)  Tacite,  Annales,  xiv,  35.  Cf.  ci-dessus,  p.  182,  186. 

(8)  H.  d'Arbois  de  JuBAi.NViLLE,  Lu  famille  celtique,  Paris, 
1905,  p.  81-83. 


L  ETAT 


261 


lutte  où  la  Gaule  tout  entière  (moins  les  Rémi,  les  Lin- 
gones  et  les  Treveri)  se  souleva  contre  les  Romains,  à 
quinze  mille  (1).  Les  Aediii  mettaient  leur  principal  espoir 
dans  leur  cavalerie  (2).  Mais  les  Nervii,  qui  avaient  six 
cents  sénateurs,  avaient  très  peu  ou  pas  de  cavalerie  (8)  ; 
il  est  donc  probable  que  chez  eux  la  classe  sociale  qui  cor- 
respondait aux  équités  des  autres  peuples  fournissait  à  leur 
armée  des  fantassins.  D'autre  part,  il  y  avait  des  cavaliers 
qui  n'avaient  pas  le  rang  social  des  équités  ;  tels  les  nom- 
breux cavaliers,  magnum  numenim  equitatus,  que  Dum- 
norix  entretenait  à  ses  frais  (4)  et  qui  n'étaient  sans  doute 
que  des  ambacii  ou  des  clientes.  César  mentionne  les  prae- 
fecti  equitum  (5).  D'après  Strabon,  les  Celtes  combattaient 
mieux  à  cheval  qu'à  pied  (6).  C'était  sur  leur  cavalerie  que 
les  Gaesatae  et  les  Insubres  comptaient  surtout,  dans  leur 
lutte  contre  les  Romains  (7).  La  cavalerie  gauloise  était, 
en  général,  supérieure  à  la  cavalerie  romaine,  mais  infé- 
rieure à  la  cavalerie  germaine  (8).  La  cavalerie  des  Treveri 
était  renommée  (9).  Au  contraire,  toute  la  force  des  Bre- 
tons était  dans  leur  infanterie  (10).  Les  Celtibères  étaient  à 
la  fois  bons  cavaliers  et  solides  fantassins  (H).  La  cavalerie 


(1)  Guerre  de    Gaule,   vu,   64.   Cf.   Cicéron,   Pour  Fonléius 
fr.  12. 

(2)  Guerre  de  Gaule,  vu,  68,  2. 

(3)  Ibid.,  II,  17,  4. 

(4)  Ihid.,  I,  18,  5. 

(5)  Ihid.,  VII,  66,  3. 

(6)  Géograpliie,  iv,  4,  2.  Cf.  Cicéron,  Pour  Fontéius,  4  ;  Plu- 
TARQUE,  Marcellus,  6. 

(7)  Plutarque,  Marcellus,  6. 

(8)  Jui.LiAN,  Histoire  de  la  Gaule,  t.  ii,  p.  209,  n.  3. 

(9)  Guerre  de  Gaule,  v,  3,  1. 

(10)  Tacite,  Agricola,  12. 

(11)  DiODORE,   V,   33. 


262 


CAVALERIE 


des  Celtibères  avait  une  manœuvre  qui  lui  était  propre. 
Lorsqu'ils  voyaient  l'infanterie  pressée  par  les  ennemis, 
les  cavaliers  descendaient  de  leurs  chevaux  et  les  laissaient 
rangés  en  ligne  ;  à  l'extrémité  des  rênes  ils  avaient  attaché 
de  petits  bâtons  qu'ils  fichaient  en  terre  ;  leurs  chevaux 
étaient  dressés  à  demeurer  tranquilles  jusqu'à  ce  qu'ils 
vinssent  les  détacher  (1).  Puis  les  cavaliers  prenaient  leur 
rang  comme  fantassins  (2). 

Chez  les  Celtes  qui  envahirent  la  Grèce,  chaque  cavalier 
était  accompagné  de  deux  serviteurs  à  cheval.  Pendant  la 
bataille,  ceux-ci  se  tiennent  en  arrière  ;  si  le  maître  suc- 
combe, l'un  ou  l'autre  le  remplace  ;  s'il  est  blessé,  l'un 
d'entre  eux  l'emmène  au  camp,  tandis  que  l'autre  prend 
sa  place  ;  s'il  est  démonté,  l'un  ou  l'autre  lui  amène  son 
cheval.  Cet  ensemble  se  nommait  xp'.iJiap/.iTfa  (3).  Les  Gau- 
lois d'Illyrie  avaient  une  organisation  analogue  ;  à  chaque 
cavalier  était  attaché  un  fantassin  qui  remplaçait  dans  la 
bataille  le  guerrier  tombé  de  cheval  (4). 

A  l'époque  la  plus  ancienne  à  laquelle  nous  puissions 
remonter,  les  Gaulois  d'Italie  ont  non  seulement  une  ca- 
valerie, mais  aussi  des  guerriers  montés  sur  des  chars.  A 
la  bataille  de  Sentiuum,  295  avant  J.-C,  il  y  avait,  dit-on, 
un  millier  de  ces  chars  (5).  A  la  bataille  de  Télamon,  en 
223,  il  y  avait  vingt  mille  guerriers  tant  à  cheval  qu'en 

(1)  Polybe,  chez  Suidas,  au  mot  'oiov. 

(2)  DiODORE,  V,  33. 

(3)  Pausanias,  X,  19,  9:12. 

(4)  TiTE  LivE,  xLiv,  2G  ;  Plutarque,  Paul-Emile,  12. 

César  attribue  aux  Germains  d'Arioviste  une  tactique  sem- 
blable ;  ces  fantassins  étaient  si  agiles  qu'en  se  tenant  à  la  cri- 
nière des  chevaux  ils  les  suivaient  à  la  course.  Guerre  de  Gaule, 
I,  48. 

(5)  TiTE  LivE,  X,  28  ;  30. 


l'état  263 

char  (1).  A  la  bataille  de  Clastidium,  en  222,  le  roi  Yirdo- 
marus  est  monté  sur  un  char  doii  il  lance  ses  javelots  sur 
les  ennemis  (2).  Les  Gaulois  d'Italie  paraissent  avoir  re- 
noncé de  bonne  heure  à  l'usage  des  chars  de  guerre.  Déjà, 
à  la  bataille  de  Télamon,  ils  ne  s'en  étaient  servis  que 
pour  protéger  les  deux  ailes  de  leur  armée  (3). 

En  Gaule,  en  121,  le  roi  des  Arvernes,  Bituitos,  au  con- 
fluent de  l'Isère  et  du  Rhône,  combattait  du  haut  d'un 
char  argenté  (4),  A  l'arrivée  de  César,  il  semble  qu'il  n'y 
ait  plus  de  char  de  guerre  dans  les  armées  gauloises.  Dio- 
dore  de  Sicile  copie  un  auteur  plus  ancien,  sans  doute  Po- 
seidônios,  lorsqu'il  nous  dit  que  dans  les  combats  les  Gau- 
lois se  servent  de  chars  à  deux  chevaux  portant  un  con- 
ducteur et  un  guerrier.  Les  guerriers  montés  sur  les  chars 
dirigent  leurs  attaques  contre  les  cavaliers.  Ils  lancent  le 
javelot  ((Tauvii^oua-.),  puls  descendent  pour  combattre  l'en- 
nemi à  l'épée  (o).  Strabon  dit  que  quelques-uns  des  Celtes 
ont  des  chars  de  guerre  (6).  Lucain  parle  du  Belge  conduc- 
teur de  covinïius  (7). 

Mais  César  trouve  pour  la  première  fois  (8)  des  chars  de 
guerre  à  deux  roues  en  Grande-Bretagne.  Le  roi  Cassivel- 
launus,  en  54,  avait  à  la  fois  des  cavaliers  et  quatre  mille 


(1)  POLYBE,  II,   23. 

(2)  Properce,  iv,  10,  .39-44  ;  Plutarque,  Marcelliis,  6,  5  ; 
7,  4,  n'en  parle  pas. 

(3)  PoLYBE,  II,  28.  Cf.  JuLLiAN,  Histoùe  de  la   Gaule,  t.  i, 
p.  348. 

(4)  Florus,  III,  2. 

(5)  Bibliothèque,  v,  29. 

(6)  Géographie,  iv,  5,  2. 

(7)  Pharsale,  i,  42G. 

(8)  Les  carri  dont  il  est  question  en  Gaule,  par  exemple  à  pro- 
pos des  Helvetii  (i,  24  ;  26)  sont  des  chariots  de  bagages. 


264  CHARS    DE    GUERRE 

essedarii.  Ceux-ci  faisaient  d'abord  courir  leurs  chars  dans 
tous  les  sens,  en  lançant  des  traits  ;  puis  ils  se  faufilaient 
entre  les  cavaliers  ennemis  et  sautaient  à  bas  de  leur  char 
pour  combattre  à  pied  ;  pendant  ce  temps,  les  conducteurs 
ramenaient  les  chars  hors  de  la  mêlée  et  les  plaçaient  de 
façon  à  ce  que  les  guerriers,  s'ils  étaient  accablés  par  le 
nombre,  pussent  y  trouver  un  refuge  (1).  Au  temps  d'Agri- 
cola,  78-84,  le  char  de  guerre  était  encore  employé  chez 
quelques  peuples  bretons  (2).  Strabon  (3),  Arrien  (4)  et 
Dion  Gassius  (5)  parlent  des  chars  des  Bretons.  Ces  |chars 
étaient  peints  (6)  ;  ils  étaient  propres  à  évoluer  sur  toute 
espèce  de  terrain  et  traînes  par  des  petits  chevaux  rapides 
et  durs  à  la  fatigue.  D'après  Tacite,  chez  les  Bretons,  le 
conducteur  était,  au  contraire  de  ce  qui  se  passait  chez  les 
Grecs,  d'une  condition  plus  élevée  que  le  combattant  (7). 

Rien  ne  prouve  que  les  deux  mille  chars,  â;jiot;a'.,  que  les 
Gaulois  de  Brennos  emmenaient  dans  leur  expédition 
contre  Delphes  aient  été  montés  par  des  guerriers  ;  il  est 
probable  que  c'était  des  chariots  destinés  au  transport  des 
femmes,  des  enfants  et  des  bagages  (8).  Car  les  Gaulois 
avaient  l'habitude,  même  quand  ils  étaient  armés  à  la  lé- 
gère, de  se  faire  suivre  d'une  multitude  de  chariots  (9). 

(1)  Guerre  de  Gaule,  iv,  33  ;  Cf.  iv,  24  ;  32  ;  v,  9  ;  15  ;  16  ;  19. 

Cf.   DiODORE,   V,   21,   5. 

(2)  Tacite,  Agricola,  12  ;  35  ;  36. 

(3)  Géograpliie,  iv,  5,  2. 

(4)  Tactique,  19,  2-3. 

(5)  Histoire  romaine,  lxxvi,  12. 

(6)  Properce,  v,  3,  9. 

(7)  Agricola,  12.  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Le  cliar  de 
guerre  des  Celtes  dans  quelques  textes  historiques,  Revue  celtique, 
t.  IX,  p.  387-393. 

(8)  DiODORE,  XXII,  9.  Cf.  Guerre  de  Gaule,  viii,  14, 

(9)  Guerre  de  Gaule,  viii,  14,  2  ;  Guerre  civile,  i,  51,  1. 


L  ETAT 


265 


Les  chars  de  guerre  étaient-ils  armés  de  faux  1  Lucien  (1), 
racontant  la  bataille  gagnée  par  Antiochus  Sôter  sur  les 
Galates,  vers  2~r2  avant  J.-C,  dit  que  sur  le  front  de  l'ar- 
mée galate  il  y  avait,  prêts  à  s'élancer,  quatre-vingts  chars 
porte-faux  (àpaaTa  opEzavr^oôpa)  et  deux  fois  autant  de 
chars  ordinaires  (auvwpto£;).Mais  la  source  de  Lucien  paraît 
être  un  poème  épique  de  Simonide  de  Magnésie  et  tous  les 
détails  qu'il  nous  donne  sur  le  nombre  et  l'armement  des 
Gaulois  n'ont  aucune  valeur  historique.  Que  valent  par 
ailleurs  les  témoignages  de  Frontin  (2)  parlant  des  quadriges 
gaulois  armés  de  faux  que  César  arrêta  au  moyen  de  pieux 
fichés  en  terre  ;  de  Pomponius  Mêla  (3)  citant  les  covinni 
bretons,  équipés  à  la  façon  gauloise  et  dont  les  essieux  se 
terminent  par  des  faux  ;  du  poète  Silius  Italiens  (4)  mem- 
tionnant  dans  une  comparaison  le  covinniis  falcifer  des 
habitants  de  Thulé,  et  de  Jordanès  (5)  signalant  chez  les 
Bretons  les  chars  à  deux  chevaux  et  les  chars  armés  de 
faux  vulgairement  appelés  essedae  1  Quelle  autorité  ont  ces 
textes  en  regard  du  silence  unanime  des  historiens  tels  que 
Polybe,  César,  Tite-Live,  Tacite  qui  parlent  plusieurs  fois 
des  chars  de  guerre  des  Celtes,  mais  ne  les  représentent 
jamais  comme  armés  de  faux,  alors  qu'ils  connaissent  les 
chars  porte-faux  d'Antiochus  le  Grand  et  dePharnace?  On 
est  bien  tenté  d'adopter  sur  cette  question  la  conclusion  de 
létude  de  M.  Théodore  Reinach  sur  les  chars  à  faux  des 
Gaulois  (6)  et  qui  est  qu'il  n'y  en  avait  point,  à  moins  tou- 

(1)  Anliochos,  8. 

(2)  Stratagèmes,  u,  3,  18. 

(3)  III,  6,   52.   Cf.  SCHOLIASTE  à  JUVÉNAL,  IV,  12G. 

(4)  Puniques,  xvii,  417. 

(5)  Histoire  des  Goths,  2. 

(6)  Rei'ue  celtique,  t.  x,  p.  122-133.  Cf.  Windiscii,  Tain  bô 
Cualnge,  p.  xiv. 


266  CHARS    DE    GUERRE 

tefois  que,  les  chars  armés  de  faux  n'ayant  été  qu'une  ex- 
ception, les  historiens  ne  les  aient  considérés  comme  quan- 
tité négligeable  et  n'en  aient  point  parlé  pour  cette  -seule 
raison. 

Les  chars  de  guerre,  qui  semblent  avoir  été  empruntés 
par  les  Celtes  aux  Italiotes,  sont  peu  nombreux  dans  les 
tombes  à  l'époque  de  Hallstatt.  Quelques-uns  sont  à  quatre 
roues  ;  ils  portent  des  revêtements  métalliques  sur  les 
moyeux  et  les  rayons  des  roues  (1).  Ceux  de  l'époque  de  la 
Tène,  particulièrement  nombreux  dans  les  tombes  de  la 
Champagne,  sont  montés  sur  deux  roues  très  légères  dont 
on  retrouve  les  bandes  en  fer  et  les  essieux  en  bronze. 
Les  roues  semblent  avoir  eu  de  0,80  à  8,95  de  diamètre. 
Les  frettes  des  moyeux  ont  0,lo  de  diamètre.  On  a  recueilli 
aussi  diverses  parties  du  char  dont  on  ne  peut  préciser 
l'emploi  :  des  tiges  inégales  réunies  par  un  anneau,  articu- 
lées, ou  isolées  ;  des  garnitures  en  fer  repliées  sur  elles- 
mêmes  et  ayant  0,07  d'ouverture.  Des  ornements  en  bronze 
découpé  semblent  avoir  appartenu  aux  harnais.  Les  mors 
enbronze,  puis  en  fer,  d'ordinaire  au  nombre  de  deux,  sont 
brisés  et  terminés  par  des  anneaux  ou  dos  montants  laté- 
raux munis  d'ouvertures.  Certaines  pièces  du  joug  et  la 
clavette  étaient  parfois  émaillées  12).  A  Somme-Tourbe,  on 
a  trouvé  des  pièces  de  bronze  qui,  d'après  M.  Flouest,  étaient 
fixées  à  l'extrémité  du  timon.  Ce  sont  deux  plaques  trian- 


(1)  Déchelette,  JMajiuel,  t.  ii,  p.  749. 

(2)  H.  A.  Mazard,  Essai  sur  les  chars  gaulois  de  la  Marne, 
Revue  archéologique,  t.  xxxiii  (1877),  p.  154-172,  pi.  vu  et  fig.  ; 
p.  217-229.  Bullclin  de  la  Société  nationale  des  Antiquaires  de 
France,  année  1877,  p.  45-47  ;  H.  Hubert,  Sépulture  à  char  de 
Nanterre,  L'Anthropologie,  t.  xiii,  1902,  p.  66-73.  Cf.  Rei'ue  cel- 
tique, t.  IX,  p.  423-424. 


l'état  2H7 

guîaires  ajourées  de  façon  à  ce  que  les  parties  pleines 
figurent  des  S  alternativement  adossés  ou  affrontes;  les 
deux  plaques  étaient  réunies  bout  à  bout  et  appliquées  à 
laide  d'un  clou  à  tête  de  corail.  L'armure  pleine  de  l'extré- 
mité du  timon  était  ornée  d'un  tieuron,  de  pointillés  et  de 
cercles  tracés^au  burin  (1.  D'après  des  traces  de  char  gravées 
dans  une  couche  de  calcaire  compact,  à  Trosly-Loire  'Aisne) 
récartemenf  des  roues  n'aurait  été  que  de  l''\0'6  (2).  D'après 
d'autres  observations,  il  aurait  atteint  1"\.30  environ  La 
longueur  du  timon,  fourche  comprise,  aurait  été  de  plus 
de  2  mètres  (3).  Des  jougs  en  bois  de  chêne,  trouvés  à  la 
station  de  la  Tène  et  longs  de  1™,16,  appartenaient  à  un 
attelage  de  bœufs  (4).  On  ne  trouve  plus  guère  de  char 
de  guerre  après  l'époque  de  la  Tène  II  (o). 

A  l'époque  de  la  Tène  III,  quandle  char  de  guerre  n'est 
plus  en  U6age  et  que  les  guerriers  gaulois  combattent  à 
cheval,  on  a  trouvé  divers  modèles  d'éperon  ;  il  semble 
que  les  cavaliers  ne  l'attachaient  qu'à  un  seul  pied.  L'étrier 
est  inconnu  (6). 

Un  denier  des  Rémi  et  un  denier  de  Jules  César  portent 
un  esseduni  breton,  très  rudimentaire,  composé  d'une  plate- 
forme et  dont  les  côtés  sont  munis  de  deux  ridelles  circu- 
laires (7),  Au  revers  d'un  denier  de  L.  Hostilius  Saserna  est 


(1)  E.  Flouest,  Le  char  de  la  sépulture  gauloise  de  la  Bouvan- 
dau,  Mémoires  de  la  Société  nationale  des  Antiquaires  de  France, 
t.  XLvi,  (1885),  p.  99. 

(2)  Matériaux  pour  l'histoire  de  l'homme,  t.  iv  (1868),  p.  277. 

(3)  Déchelette,  Alanuel  d'archéologie,  t.  ii,  p.  1186. 

(4)  Déchelette,  Ibid.,  t.  ii,  p.  1195. 

(5)  Déchelette,  Manuel  d'archéologie,  t,  ii,  p.  1181-1182. 

(6)  DÉCHELETTE,  Ibid.,  t.  II,  p.  1203-1204. 

(7)  Babelon,  Description  historique  et  chronologique  des  mon- 
naies de  la  république  romaine,  Paris,  1885-1887,  t.  ii,  p.  12. 


268  TACTIQUE 

représenté  un  guerrier  combattantsur  un  char  de  guerre  (1)  ; 
et  un  guerrier  debout  sur  un  char  à  deux  roues,  quelque- 
fois casqué,  lançant  un  javelot  et  tenant  le  carnyx,  figure 
sur  des  monnaies  de  plusieurs  familles  romaines  (2).  Sur  les 
trophées  de  Pergame,  on  remarque  des  roues  de  char  de 
guerre  (3). 

La  littérature  |épique  de  l'Irlande  nous  atteste  que  les 
Irlandais  combattaient  encore  en  char  aux  premiers  siècles 
après  l'ère  chrétienne.  L'équitation  est  exceptionnelle  dans 
les  textes  les  plus  anciens  du  cycle  d'Ulster  ;  le  combat  à 
cheval  remplace  le  combat  en  char  dans  le  cycle  de  Leins- 
ter.  Le  char  de  guerre  irlandais  était  à  deux  places  :  celle 
de  gauche  est  occupée  par  le  guerrier  ;  celle  de  droite  par  le 
cocher;  c'est  un  char  à  deux  roues  traîné  par  deux  chevaux. 
Une  seule  fois  il  est  question  d'un  char  armé  de  faux;  c'est 
le  calh-charpat  senla  du  héros  d'Ulster,  Gûchulainn  ;  il 
était  garni  de  pointes  de  fer,  de  tranchants  minces,  de  crocs, 
et  avait  les  essieux  hérissés  de  pointes  (4). 

Le  chef  irlandais  Cobthach,  voulant  se  faire  passer  pour 
mort,  est]étendu  sur  son  char  de  guerre,  comme  les  guer- 
riers des  tombes  de  la  Marne  (o  . 

Les  Celtes  allaient  au  combat  couronnés  de  fleurs, 
comme  à  une  fête  (G)  ;  ils  se  précipitaient  à  l'ennemi  en 


(1)  Reproduit  chez  II.  d'Arbois  de  Jubai.nyille,  Cours  de 
littérature  celtique,  t.  vi,  p.  330. 

(2)  Reproduction  dans  la  Revue  archéologique,  t.   x   (1887), 
p.  135,  pi.  XIV. 

(3)  S.  Reinach,  Revue  archéologique,  t.  xiii  (1889),  p.  199. 

(4)  H.   d'Arbois   de   Jubainville,   Cours  de  littérature  cel- 
tique, t.  VI,  p.  332-333,  340. 

(5)  Miss  M.  Dobbs,  Zeitschrift  fiir  Celtische  Philologie,  t.  viii, 
(1911),  p.  278-284.  Voir  ci-dessus,  p.  191. 

(6)  Elien,  Histoire  variée,  xii,  23. 


l'ktat  269 

entonnant  un  chant  de  guerre  (1),  en  poussant  d'affreux 
hurlements,  en  frappant  leurs  boucliers,  en  secouant  leurs 
longues  épées,  et  leurs  chevelures  flottantes  (2).  Leur  façon 
de  combattre  avait  quelque  chose  de  désordonné  et  d'étran- 
ger à  la  science  des  armes.  Tantôt,  élevant  haut  leurs 
sabres,  ils  frappaient  d'une  façon  sauvage,  avec  un  mouve- 
ment de  tout  leur  corps,  comme  des  bûcherons  ou  des  ter- 
rassiers ;  tantôt  ils  portaient  de  côté  leurs  coups,  sans  viser, 
comme  s'ils  allaient  entailler  leurs  adversaires,  corps  et 
armes  défensives  tout  à  la  fois  ;  puis  ils  retournaient  dans 
l'autre  sens  la  pointe  de  leur  fer.  Renversés  à  terre,  ils  ru- 
gissaient, mordaient  les  boucliers  et  poussaient  comme  des 
bêtes  sauvages  des  cris  semblables  à  des  hurlements  (3). 
Certaines  monnaies  gauloises  semblent  représenter  des 
danses  guerrières  (4). 

Les  Helvetii  se  forment  en  bataillon  serré  comme  la  pha- 
lange ;  puis,  battant  en  retraite  devant  les  Romains,  ils  se 
font  un  rempart  de  leurs  chariots  et  lancent  de  là  des 
traits  (o).  Les  Gaulois  qui  allaient  au  secours  d'Alesia 
avaient  disposé  des  archers  et  des  soldats  armés  à  la  légère 
entre  leurs  cavaliers  (6j.  A  Avaricum,  l'infanterie  gauloise 
avait  pris  la  formation  en  coin,  cuneatim  (7).  D'après  Vé- 
gèce,  les  formations  des  Gaulois  et  des  Geltibères  étaient 


(1)  PoLYBE,  II,  29,  6  ;  TiTE  LivE,  V,  37,8  ;  38,  6  ;  39,  5  ;  vu, 
23.  6;  X,  36, 11;  XXI,  28,  1  ;  xxxvii,  17,4.  Cf.  Dion  Cassius, 
Lxii,  12  (iSretons). 

(2)  Appien,  IV,  8.  Cf.  Denys  cI'Halicarnasse,  xxv,  9,  15. 

(3)  Denys  cI'Halicarnasse,  Antiquités  romaines,  xiv,  10. 

(4)  JuLLiAN,  Revue  des  éludes  anciennes^  t.  vi,  p.  54.  Cf.  la 
danse  de  l'épée  chez  les  Germains  (Tacite,  Gei^anie,  24). 

(5)  Guerre  de  Gaule,  i,  24,  25  ;  20. 

(6)  Ibid.,  vil,  80. 

(7)  Ihid.,  VII,  28. 


'270  r.OMIlATS    SINCtM.lKliS 

des  ailcrvdc  tlo  six  mille  lioniincs  {\).  Dans  le  récil  de 
Tile  Livo,  les  Ciunlois  qui  priionl  Uomo  montent  vers  la 
citiulello  en  formant  la  torlnc(2). 

L'histoire  romaine  nous  a  conservé  le  souvenir  do  plu- 
sieurs combats  singuliers  livrés  en  présence  de  deux  armées 
par  lies  (laulois  anonymes  à  dos  Uomains  de  marque.  Le 
plus  ancien  (3(')7  avanl  Jésus-Christ)  est  celui  dt;  T.  Man- 
lius  surnomme  aiircs  sa  victoire  Torquatus.  C'est  peut-être 
une  léi^onde  ;  car  l*olyi)C  n'en  parle  point  {'.\)  et  Tile  Live 
se  contredit  en  essayant  ilon  déterminer  la-dale  (4).  L'ad- 
versaire de  T.  Manlius  est  un  Gaulois  armé  d'un  bou- 
clier et  de  deux  épées,  comi)lètemcnt  nu,  et  paré  d'un 
collier  et  de  bracelets  ;  il  s'avance  au  milieu  des  combat- 
tauls  et,  levant  la  main,  fait  signe  aux  deux  partis  darré- 
\cv  le  combat.  Puis,  au  milieu  du  sileiu'C,  il  crie  d'une  voix 
très  forte  que  celui  (pii  voudrait  combattre  avec  lui  sorte 
des  rangs.  Comme  personne  n'osait  répoudre,  le  Gaulois 
se  mit  à  se  motiuor  des  Romains  et  à  leur  tirer  la  langue; 
sa  longue  épée  Iranchanle,  mais  sans  pointe,  ne  put 
riposter  avec  succès  h  la  pointe  aiguë  do  l'épée  espagnole  de 
'r.  Manlius  (">.  Vax  l'an  'M\)  avant  .lésus-Christ,  les  histo- 
riens (G)  ont  placé  un  autre  duel  entre  Romain  et  Gaulois. 
Un  Gaulois  de  grande  taille,  aux  armes  d'or,  demande  le 
silence  en  frap[)ant  son  bouclier  de  sa  lance  et  provoque 


(I)   De  l'art  niilitairr,  ii,  2. 

{■:)   TiTK  LivE,  V,  ft3  ;  of.  x,  2\),  \2. 

(:\)   nisfmrcs,   n.   18. 

('■)  Tni-  T-ivF,  VII,  9-10.  Cf.  vi,  'i2.  IT.  iI'Aruois  do  Ji  ivin- 
vum-.  Cours  (/<•  littnatiirc  ct'lfiqih',  t.  vi,  p.  0-10. 

('■>)   (".liUi(litisT)ua«lriii;uiiischo/,  Ai'lu-Gelle,  ix,  13 

((>)  TiTK  LivE,  VU.  'Jl)  ;  Denvs  d'HAi  haunassi:,  Anli(itnlés 
roiiuiiiu\s,  XV,  1  ;  Avlu-Gelle,  ix,  ii. 


l'ktat  27i 

par  inlur[)rèLc  un  llotnaiu  pour  croiser  le  fer  avec  lui.  Le 
tribun  M.  V^alerius  accepte  le  dél'i.  On  sait  qu'un  corbeau 
vint  se  i)erclier  sur  le  casque  du  lioinain  et  attaquant  le 
(jiiulois  à  coui)S  de  bec  et  de  griffes  assura  la  victoire  à 
M.  Valerius  qui  reçut  alors  le  surnom  de  Gorvus.  Gicé- 
ron  (1),  qui  parle  do  M.  Valerius  Gorvus,3ne  fait  aucune 
allusion  à  ce  combat.  D'autres  récits  de  combats  analogues 
nous  ont  été  conservés  sans  ([ue  nous  ayons  des  raisons 
sérieuses  de  suspecter  leur  authenticité.  L'un  est  le  duel  de 
M.  Glaiidius  Marcellus  avec  le  roi  des  Gésales  Viridomaros 
(ou  iiritomartos),  eu  l'an  2i2,  avant  Jésus-Gbrist.  L'allu- 
sion qu'y  fait  le  poète  Properce  est  pleine  de  détails  inté- 
ressants: «  Glaudius  écarta  les  ennemis  (jui  avaient  passé 
l'jMidan  et  ap[)orta  le  bouclier  belge  de  V'irdomarus  (2)  au 
grand  cori)S.  Il  se  vantait  de  sa  noblesse  et  la  faisait  remon- 
ter an  llliin  lui  même  ;  du  haut  de  son  char  il  lançait  des 
javelots  (gat'6rt).  Son  collier  arrondi  tombe  de  sa  tète  tran- 
chée; son  sang  tache  ses  braies  rayées  »  (3).  En  liî8  avant 
Jésus-Ghrist,  Scipion  Emilien  luttant  contre  les  Geltibères 
vainquit  en  combat  singulier  un  barbare  d'Inlercatia  armé 
de  biilles  armes  et  qui  s'avançait  en  prenant  des  poses  de 
danseur  entre  les  deux  armées  (4).  Diodore  mentionne 
tl'une  manière  générale  ces  combats  singuliers  :  lorsque  les 
deux  armées  sont  rangées  en  bataille,  des  Gaulois 
s'avancent  et  provoquent  les  plus  braves  de  leurs  adver- 


(1)  De  la  viciUrsse,  17. 

(2)  Auso>,'E  {Technopaegnion,  9,  15)  lo  dit  armofîcain.  Pi,u- 
TAnQUE,  (Hornulus,  IG,  Marcellus,  G-8)  rcrit  f3p'.TÔ[j.«pxoi;. 

(.'{)  l>uoi'i;uf;i;,  iv,  10,  .'J9-43.  Cf.  l^i.JrAnouE,  Marcellus,  7. 
Kaj)[)io(;hi;rlc  poiLraJl,  du  du:!"  boien  Cri-xus  ctn-z  Silius  Italicus 
Puni(]ues,  iv,  154-1.jG. 

Cl)   Apimen,  VI,  53. 


272  FORTERESSES 

saires  en  agitant  leurs  armes.  Si  quelqu'un  accepte  le  com- 
bat, ils  célèbrent  la  bravoure  de  leurs  ancêtres,  vantant 
leur  propre  courage,  injurient  et  rabaissent  leur  adversaire 
et  s'efforcent  de  lui  enlever  toute  confiance  par  leurs  dis- 
cours f  I  ) . 

Dans  la  littérature  épique  de  l'Irlande,  il  y  a  quelques 
exemples  de  combats  singuliers  eu  bataille  rangée.  Le  plus 
célèbre  est  contenu  dans  l'épopée  intitulée  L'enlè- 
cemenl  des  vaches  de  Cuanlgé.  Pendant  que  les  guerriers  de 
rUlster  sont  réduits  à  l'impuissance  par  l'effet  d'une  malé- 
diction qu'ils  ont  encourue,  Gùcliulainn  est  seul  à  soutenir 
le  choc  de  l'armée  de  Gonnachtqui  a  envahi  l'Ulster.  On  lui 
propose  un  arrangement  ;  chaque  matin  on  enverra  un 
guerrier  se  battre  en  duel  avec  lui,  et  pendant  ce  temps 
l'armée  de  Gonnacht  restera  sans  poursuivre  sa  marche  en 
avant.  Gùcliulainn  lutte  ainsi  contre  onze  guerriers  ;  après 
le  scptit  lac,  il  prend  trois  jours  et  trois  nuits  de  repos  et  le 
onzième  combat  dure  trois  jours  entiers  (2). 

Les  forteresses  gauloises  étaient  établies  dans  des  lieux 
naturellement  fortifiés  ;  tantôt  entourées  de  rivières  et 
d'un  marais,  comme  Avaricum  (}\),  tantôt  situées  sur  une 
montagne  comme  Gergovieou  Alise  (4). Les  oppic^a  des  Ve- 
nètcs  étaient  situés  à  l'extrémité  de  pointes  et  de  promon- 
toires et  n'offraient  point  d'accès  à  la  marée  haute  (Î3). 

(1)  Bibliothèque,   v,   29,   3.   Le    Icxtc   d'IIiRTius    Guerre  de 
Gaule,  VIII,  15,  d'après  lequel  les  Gaulois  auraient  eu  l'habitude 
en  bataille  rangée  de  s'asseoir  sur  des  fagots,  semble   corrrompu 
ou  interpolé.  Cf.  les  éditions  de  Nipperdcy  et  de  llolder. 

(2)  IL  il'AuBOis  de  Jubaipsyille,  Cours  de  Uuéniture  celtiqu  . 
I.  VI,  p.  27-34. 

(3)  Guerre  de  Gaule,  vu,  15. 

('i)    Guerre  de  Gaule,  vu,  36  ;  69. 

(5)  Ibid.,  III,  12.  Cf.  A.  Lallemand,  Campagne  de  César  dans 
la  Vénélie  armoricaine.  Vannes,  1800,  p.  42. 


l'état  273 

Voppidum  de  Vesontio  (Besançon)  était  presque  entière- 
ment entouré  par  le  Doubs  :  l'intervalle  que  ne  protégeait 
pas  la  rivière  était  occupé  par  une  haute  montagne  entou- 
rée d'un  mur  qui  la  joignait  à  l'oppidum  (1).  Le  mieux 
iovlUié  iesoppida  des  Aduatuci  éiâit  environné  de  toute 
part  par  des  rochers  escarpés  et  des  précipices  ;  il  n'avait 
d'autre  côté  accessible  qu'une  pente  douce  large  d'environ 
deux  cents  pieds.  Les  Adiiatiici  avaient  fortifié  cet  endroit 
par  un  double  mur  très  élevé  et  avaient  placé  dans  le 
mur  des  rocs  d'un  grand  poids  et  des  poutres  aigui- 
sées (2).  Toutes  les  parties  de  Voppidum  d'UxeWodnnum 
étaient  fortifiées  par  des  rochers  escarpés  (3).  Les  murs, 
construits  à  la  mode  gauloise  (4),  étaient,  àNovioduuum, 
précédés  d'un  large  fossé  (5j.  Sur  les  murs,  on  avait  dressé 
à  Avaricum  des  tours  en  bois  recouvert  de  cuir  (6). 

L'épaisseur  des  murs  est  de  4"\80  à  7", 30  àBibracte,  de 
5  à  10  mètres  à  Murcens  (7),  de  13  à  14  mètres  à  Boviolles  (8) 
La  hauteur  est  très  variable.  César  parle  parfois  d'un  mur 
élevé  (9).  Des  murailles  d' Avaricum,  les  Gaulois  lançaient 
divers  projectiles  sur  une  terrasse  élevée  par  les  Romains 
et  haute  de  quatre-vingts  pieds  (10).  A.  Gergovie,  il  suffit 
d'une  courte  échelle  de  trois  hommes  pour  atteindre  le 


(1)  Guerre  de  Gaule,  i,  38. 

(2)  Ibid.,  II,  29. 

(3)  Ibid.,    VIII,    33. 

(4)  Voir  ci-dessus,  p.  156. 

(5)  Guerre  de  Gaule,   ii,  12. 

(6)  Ibid,  VII,  22  ;  24  ;  25. 

(7)  Castagne,  Mémoire  sur  les  ouvrages  de  jortification  des 
oppidum  gaulois.  Tours,    1876,  p.  484. 

(8)  C.  JuLLiAN,  Histoire  de  la  Gaule,  t.  ii,  p.  219,  n.  4. 

(9)  Guerre  de  Gaule,  11,  29,  3  ;  11,  12,  2. 

(10)  Ibid.,  VII,  24. 

G.  DoTTiN.  —  Manuel  de  l'antiquité  celtique.  18 


274  SIÈGES 

sommet  du  mur  (1).  A  Murcens,  les  murs  ont  de  4  à  5  mè- 
tres en  moyenne  ;  plus  de  10  mètres  sur  les  points  faibles  ; 
il  n'y  a  qu'un  simple  amoncellement  de  terre  sur  les  points 
d'accès  difficile  (2). 

Les  Gaulois  assiégés  se  portaient  sur  les  tours  et  les  rem- 
parts et  de  là  lançaient  sur  les  travaux  d'approche  des  en- 
nemis du  bois  sec,  des  torches  allumées,  de  la  poix,  du 
suif  et  d'autres  matières  inflammables  (3).  A  Avaricum  ils 
saisissaient  avec  des  nœuds  coulants  (laquei)  les  faux  des- 
tinées à  détruire  les  remparts. Ils  crensaientdes  tnines  pour 
détruire  les  terrasses  des  Romains  (4).  A  Gergovio  et  à  Alise, 
ils  avaient  construit  au  milieu  du  coteau  au  sommet  duquel 
était  située  la  forteresse  un  mur  de  fortes  pierres,  haut  de 
six  pieds,  pour  briser  l'éJan  des  l^omains  (5). 

Pour  assiéger  une  place,  les  Gaulois,  comme  les  Belges, 
commencent  par  l'investir  avec  toutes  leurs  troupes  ;  de 
toute  part,  ils  lancent  des  pierres  et  des  traits  sur  le  rem- 
part ;  quand  les  ennemis  l'ont  abandonné,  ils  s'avancent 
jusqu'aux  portes  en  formant  la  tortue  et  sapent  la  mu- 
raille (6).  Ils  ignoraient  d'abord  les  divers  appareils  de  siège, 
les  mantelets,  les  tours,  les  terrasses  (7)  et  s'en  moquèrent, 
les  premières  fois  qu'ils  virent  les  Romains  les  employer 
contre  eux  (8).  Mais  ils  ne  tardèrent  pas  à  les  emprunter  à 
leurs  ennemis  (9). 

(1)  Guerre  de  Gaule,  vu,  47,  7. 

(2)  Revue  archéologique,  t.  xvii  (1868),  p.  251. 

(3)  Guerre  de  Gaule,  vu,  24  ;  25  ;  viii,  42. 

(4)  Ihid.,  vu,  22. 

(5)  Ihid.,  VII,  4G  ;  69. 

(6)  Ihid.,  H,  6. 

(7)  Ihid.,  II,  12.  Cf.  VII,  29.  Tite  Live,  xxi,  25,  6  (Gaulois 
d'Italie). 

(8)  Ihid.,  II,  30. 

(9)  Ihid.,  Vj  42  ;  52  ;  vu,  84.  Sur  les  fortifications  gauloises 


I 


l'état  275 

Après  la  bataille,  les  Celtes  avaient  l'habitude  de  couper 
les  têtes  des  ennemis  morts  et  de  les  attacher  autour  du 
cou  de  leurs  chevaux,  mais  ils  abandonnaient  à  leurs  servi- 
teurs les  dépouilles  et  n'emportaient  comme  butin  que  les 
têtes  ensanglantées,  en  chantant  leur  triomphe  et  un  hymne 
de  victoire  (1). 

Les  armes  des  Gaulois  frappèrent  d'étonnement  les  habi- 
tants de  Clusium  qui  n'en  avaient  jamais  vu  de  sembla- 
bles (2).  C'était  d'ailleurs,  comme  chez  les  autres  peuples, 
des  armes  de  jet,  des  épées,  des  boucliers,  des  casques 
et  des  cuirasses  (3).  Les  armes  de  jet  étaient  très  va- 
riées. Les  Aduatuci  avaient  des  réserves  considérables  (4). 
Au  temps  de  César  il  y  avait  des  fabriques  d'armes  chez  les 
Aedni  (5)  Annibal  avait  pu  renouveler  son  armement  chez 
les  Allobroges  (6). 

Le  gaesurn  (^a^jov)  est  proprement  le  javelot  de  peuples  cel- 
tiques habitant  les  Alpes  (7)  et  surnommés  gaesati  «  armés 
du  gaesum  ».  Bien  que  le  nom  celtique  de  cette  arme  soit 
connu  de  César  (8),  de  Virgile  (9),  de  Tite  Live  (10),  Pro- 
perce (II),  et  qu'il  se  trouve  souvent  chez  d'autres  auteurs 

voir  G.  DE  LA  NOE,  Principes  de  la  fortification  antique,  Parisi 
1890. 

(1)  DioDORE,  V,  29,  4  ;  Tite  Live,  x,  26,  11.  Cf.  ci-dessus,  p. 
147.  Ad.  Reinach,  Revue  celtique,  t.  xxxiv,  p.  38-60,  253-286. 

(2)  Tite  Live,  v,  35.  Cf.  Florus,  i,  7,  13. 

(3)  On  trouvera  des  représentations  de  guerriers  gaulois  chez 
Espérandieu,  Recueil  général,  n°^  35,  114,  271,  427  (v^  siècle 
av.   J.C.    (?)   2372. 

(4)  Guerre  de    Gaule,   ii,   32. 

(5)  Panegyrici  latini,  éd.  Baehrens,  8,  §  3. 

(6)  PoLYBE,  m,  49,  11. 

(7)  PoLYBE,  II,  22. 

(8)  Guerre  de  Gaule,  m,  4,  1. 

(9)  Enéide,  viii,  661-662. 

(10)  VIII,  8,  5. 

(11)  IV,  10,'^41. 


270  AUIIES    DR    JET 

latins  et  grecs  (l),nous  ne  savons  pas  exactement  quelle  en 
était  la  matière  et  la  forme.  D'ordinaire,  le  guerrier  arrivant 
sur  le  champ^de  bataille  en  portait  deux  à  la  main  (2).  Pol- 
lux  qualifie^le  gaes-um  de  lance  tout  en  fer,  oôpu  6Xoj£or,pov  (3) 
et  on  tfouve  chez  Hésychius  (4)  le  même  renseignement, 
mais  cette  épithète  convient  mieux  à  certains  javelots 
des  Celtibères,  qu'à  ceux  des  Celtes  (o).  Il  n'est  pas  sûr 
que  chez  Virgile  dao  alpina  gaesa  doive  s'expliquer  par  : 
gaesa  dont  le  bois  a  été  fourni  par  les  arbres  des  Aljjes  ; 
il  est  plus  probable  qu'il  y  a  là  une  allusion  aux 
peuples  des  Alpes  armés  du  gaesiim.  M.  A.  Blanchet  (6)  a 
pensé  qu'un  guerrier,  représenté  sur  des  monnaies  portant 
le  nom  du  censeur  Gn.Domitius  Ahenobarbus  qui  vainquit 
à  Vindalium  le  roi  arvernc  Bituitos  et  les  Allobroges  en 
121  avant  J. -G.,  lançait  un  gaesam  ;  les  autres  détails  de  la 
monnaie,  le  carnyx  et  le  bouclier  allongé,  sont  aussi  des 
objets  propres  aux  Gaulois.  D'après  cette  représentation,  le 
gaesum  se  terminerait  par  une  pointe  large  ressemblant  à 
une  feuille.  Sur  la  plaque  de  ceinturon  de  Watsch  (Garniole). 
on  voit  des  guerriers  armés  d'un  javelot  à  large  pointe  (7) 
et  on  a  trouvé  à  la  Tène  un  fer  de  cette  forme  qui  est  con- 
serv^é  maintenant  au    musée  de    Bienne.  Dans   quelques 


(1)  Voir  HoLDER,  AUccUischer  Sprachschatz,  t.  i,  col.  1517- 
1520. 

(2)  Varron  chez  Nonius,  19,  p.  155,  1.  12  ;  Virgile,  Enéide, 
VIII,  G61-G62  ;  Tite  Live,  ix,  36,  6  ;  Claudien,  Sur  le  consulat 
de  Slilichon,  ii,  242. 

(3)  Onomasticon,  vu,  33,  156. 

(4)  Lexicon,  au  mot  y^-'^^î- 

(5)  Déchelette,  Manuel,  t.  ii,  p.  1150-1153. 

(6)  Revue  celtique,  t.  xxv,  p.  229-231. 

(7)  A.  Bertrand  et  S.  Reinach,  Les  Celtes  dans  les  vallées  d 
Pô  et  du  Danube,  p.  107,  (fig). 


l'état  277 

tombes  de  Hallstatt,  les  javelots  ensevelis  avec  le  guerrier 
sont  au  nombre  de  deux;  dans  une  tombe  même,  ces  deux 
javelots  sont  placés  des  deux  côtés  de  la  main  gauche  du 
squelette  (1).  A  l'époque  de  la  Tène,  ces  fers  de  lance  ou  de 
javelot  sont  au  nombre  de  deux  ou  trois  et  sont  de  dimen- 
sions inégales  (2). 

Le  javelot  irlandais,  nommé  dans  l'épopée  gai,gae,  porte 
un  nom  identique  à  gaesum  (3).  Le  guerrier  gaël  a  souvent 
deux  javelots  à  la  main.  Il  semble  qu'anciennement  telle 
était  aussi  la  coutume  chez  les  Gallois  (4). 

La  caleia  attribuée  par  Virgile  (o)  aux  Teutons  est  d'après 
Servius  (0)  el  Isidore  (7)  une  arme  commune  aux  Celtes  et 
aux  Germains.  C'est  une  arme  de  jet,  en  bois  très  flexible  ; 
à  cause  de  sa  pesanteur  on  doit  la  lancer  de  près,  mais  elle 
brise  avec  une  très  grande  force  le  but  qu'elle  atteint.  Si 
elle  est  lancée  par  un  homme  habile,  elle  revient  à  celui 
qui  l'a  envoyée.  Ce  dernier  détail  fait  penser  au  houmerang 
africain  et  australien.  Mais  M.  Salomon  Reinach  (8)  a  fait 
remarquer  que,  dans  !a  mythologie  germanique,  le  marteau 
lancé  par  le  dieu  Thor  revient  se  placer  après  chaque  coup 
dans  la  main  du  dieu  ;  le  renseignement  donné  par  Isidore 
pourrait  donc  n'être  que'  l'écho  d'une  légende.  La  cateia 
est  vraisemblablement  une  hache  de  jet  comparable  à  la 


(1)  E.  von  Sacken,  Das  Grabfeld  von  Hallstatt,  p.  36-37. 

(2)  Déchelette,  Manuel    d'archéologie,  t.  ii,  p.  1144. 

(3)  H.  d'ARBOis  de  Jubainville,  Cours  de  littérature  celtique, 
t.  VI,  p.  365. 

(4)  J.  LoTH,  Revue  celtique,  t.  xxviii,  p.  67,  342. 

(5)  Enéide,  vu,  741. 

(6)  Ad  Aeneida,  vu,  741.  Servius  parle  de  lanières  qui  servent 
à  la  ramener. 

(7)  Origines,  xviii,  7,  7. 

(8)  Les  Celtes  dans  les  vallées  du  Pô  et  du  Danube,  p.  191-199. 


278  ARMES   DE    JET 

francisque  des  Germains.  l.aLcateia  serait  représentée  sur  la 
plaque  de  ceinturon  de  Watsch  (i). 

Parmi  les  armes  de  jet  des  Celtes,  on  peut  encore  citer  : 

1°  La,  matara, mater is  ou  [jià^ap'.;,  sorte  de  trait  dont  nous 
ne  connaissons  que  le  nom  (2). 

2°  Les  javelots  désignés  sous  le  nom  grec  de  aajv.ov  ;  ils 
avaient,  d'après  Diodore  (3).  la  pointe  plus  grande  que  les 
épées  ;  les  uns  étaient  droits,  d'autres  recourbés,  en  sorte 
que  non  seulement  ils  coupent,  mais  encore  déchirent  les 
chairs  et  qu'en  retirant  le  javelot  on  agrandit  la  plaie. 
Dans  un  autre  passage  de  Diodore  (4),  on  voit  que  le 
saiinion,  comme  le  gaesnm,  est  lancé  du  haut  du  char  de 
guerre. 

3°  Un  javelot  en  bois  (fjXov),  semblable  à  celui  des  vé- 
lites  romains  (ypocicpo;),  qu'ils  lancent,  sans  arnentum  ou 
courroie  et  rien  qu'avec  la  main,  plus  loin  qu'une  flèche  ; 
aussi  s'en  servent-ils  de  préférence  pour  chasser  à  l'oi- 
seau (5).  De  même,  on  voit,  dans  l'épopée  irlandaise  intitu- 
lée :  «  La  maladie  de  Giichulainn  «,  le  héros  d'Ulster  at- 
teindre un  oiseau  dun  coup  de  javelot  (G). 

4°  Une  sorte  de  trait  employé  dans  la  mêlée  et  que  César 
appelle  i>erutiun  (7). 

(1)  Revue  archéologique,  t.  m  (1884),  pi.  m.  On  trouve  la  hache 
figurée  sur  les  monnaies  gauloises  dites  à  la  croix.  Blanchet, 
Traité  des  monnaies  gauloises,  p.  160. 

(2)  Sisenna  chez  Nonius  Marcellus,  xviii,  26, p.  556.STnABON 
IV,  i,  3.  Césah,  Guerre  de  Gaule  i,  20,  3.  IIesvcuios,  au 
mot  [jiaoàps'.ç. 

(3)  Bibliothèque,  v,  30. 

(4)  Ibid.,  v,  29.  Voir  ci-dessus,  p.  2G3. 

(5)  Strabon,  IV,  4,  3. 

(G)   H.  d'ÀRBOis  de  Jubainville,  L'épopée  celtique  en  Irlande, 
Cours  de  littérature  celtique,  t.  v,  p.  178. 
(7)    Guerre  de  Gaule,  v,  44,  "  ;  10. 


L  ETAT 


279 


0°  Un  \aye\ot  {ira giila)  muni  d'une  courroie  (1). 

On  appelait  en  langue  celtique  peirinos  une  façon  parti- 
culière de  lancer  le  javelot  ;  un  autre  coup  s'appelait  xy- 
néma  ;  un  autre  tolutegon  ou  stolutegon  {"2). 

Outre  les  armes  de  jet,  les  Celtes  connaissent  aussi  les 
piques  qu'ils  appellent  lanciae  ;  le  fer  a  une  coudée  (0,  44) 
de  longueur  et  un  peu  moins  de  deux  palmes  (0,  074  X  2 
=  0,148)  de  largeur  ;  le  fût  a  plus  d'une  coudée  de  long  (3). 
Au  temps  de  l'empereur  Septime  Sévère,  en  208,  chez  les 
Caledonii,  la  pique,  oôpo,  est  courte;  elle  se  termine  à  l'ex- 
trémité inférieure  par  une  pomme  d'airain  qui  fait,  quand 
on  l'agite,  un  bruit  effrayant  pour  les  ennemis.  Les  Ca- 
ledonii ont  aussi  des  poignards  (ÈY/eiptota)  (4).  Il  ne 
semble  pas  que  les  diverses  sortes  de  poignards  que  l'on 
peut  attribuer  aux  Celtes  leur  aient  servi  d'armes  de 
guerre  (3). 

Les  fers  de  lance  et  de  javelot,  de  forme  très  variée,  se 
trouvent  fréquemment  dans  les  tombes  de  Hallstatt  et  les 
tumulus  de  la  Bavière  (6)*  Certaines  lances  de  l'époque  du 
bronze  se  terminaient  par  un  talon  sphérique  formé  de 
sphères  creuses  emmanchées  au  moyen  d'une  douille.  Ce 
sont  sans  doute  les  pomm'es  d'airain  dont  parle  Dion  Cas- 
sius  (7). 


(1)  Guerre  de  Gaule,  i,  26  ;  v,  35  ;  48. 

(2)  Arrien,  Tactique,  37  ;  42  ;  43. 

(3)  DioDORE,  V,  30.  Cf.  TiTE  LivE,  X,  26,  11  ;  xxii,  6,  4. Guerre 
de  Gaule,  viii,  48.  Sisenna  (voir  ci-dessus,  note).  Denys  cI'Ha- 

LICARNASSE,    XIV,    9,    12. 

(4)  Dion  Gassius,  ftcxvi,    12. 

(5)  JuLLiAN,  Histoire  de  la  Gaule,  t.  ii,  p.  194. 

(6)  DÉCI1ELETTE,  Munucl,  t.  II,  p,  746  (îig.). 

7)   Déchelette,  Manuel,  t.  ii,  p.  216,  (fig).  Re<>>ue  des  études 
anciennes  t.  xiv,  p.  282. 


200  FLÈCHES 

Les  javelots  de  la  Tène  sont  à  douille  et  à  arête  mé- 
diane, en  forme  de  feuilles  de  saule  ;  quelques-uns  pré- 
sentent des  découpures  en  forme  de  croissant  ;  ce  sont 
peut-être  les  craj-na  de  Diodore  de  Sicile  (l).On  trouve 
aussi  des  fers  à  larges  ailerons  dont  les  bords  sont  réguliè- 
rement ondules.  La  longueur  des  fers  de  lance  et  de  javelot 
variede0'",10,à0'°,50. Une  lance  trouvée  à  L'Epine  (Marne), 
et  dont  le  fer  avait  0™,oO  de  long,  mesurait  en  tout  1™,G0  ; 
une  autre,  trouvée  à  La  Tène,  mesurait  2"",  50  (2). 

Les  Celtes  employaient  à  la  guerre,  comme  à  la  chasse, 
les  arcs  et  les  frondes.  La  profession  d'archer  était  très  ré- 
pandue en  Gaule  (3)  ;  mais  les  Venètes  ne  se  servaient  point 
de  flèches  pour  combattre  (4).  Des  carquois  remplis  de 
flèches  sont  figurés  sur  le  sarcophage  de  la  Vigne  Ammen- 
dola  (5).  Les  pointes  de  flèche  sont  très  rares  à  l'époque 
de  Hallstatt  ainsi  qu'à  l'époque  de  La  Tène  ;  elles  sont  d'or- 
dinaire barbelées  et  plus  souvent  à  douille  qu'à  soie  (6). 
Les  Veragri  jetaient  dans  le  camp  de  Galba  des  gaesa  et 
des  pierres  (7).  Dans  la  bataille  livrée  par  Ambiorix  à 
Sabinus,  L.  Cotta,  légat,  fut  blessé  au  visage  d'un  coup 
de  fronde  (8).  Des  balles  de  fronde  en  argile  rougies 
au   feu   sont  jetées  par    les  Gaulois  sur  les  huttes  cou- 


(1)  Revue  d'anthropologie, t.  m  (1888),  p.  734  ;  Gross, La  Tène, 
p.  24-25,  pi.  V,  VI. 

(2)  DÉCHELETTE,  Maiiuel  d'archéologie,  t.  ii,  p.  1143-1150. 

(3)  César,  vu,  31,  4  ;  36,  4  ;  41,  3,  80,  3  ;  80,  7  ;  81,2.  Strabon, 
IV,  4,  3. 

(4)  Dion  Cassius,  xxxix,  43.  Sur  la  flèche  en  Gaule,  voir 
A.  J.  Reinach,  L'anthropologie,  t.  xx,  f>.  51-80. 

(5)  S.  Reinach,  Rc%>uc  archéologique,  t.  xiii,  (1889),  p.  330. 

(6)  DÉCHELETTE,  t.  II,  p.  747  (flg),  1153-1154  (fig). 

(7)  Guerre  de  Gaule,  m,  4. 

(8)  Guerre  de  Gaule,  v,  35. 


l'état  281 

vertes  en  paille  où  logeaient  les  soldats  de  Gicérou  et  y 
mettent  le  feu  (1). 

Eu  Irlande  et  en  Galles,  l'emploi  des  flèches  est  d'impor- 
tation germanique  ou  latine  (2).  Mais  la  fronde  est  une  des 
armes  favorites  des  guerriers  du  cycle  mythologique  et  du 
cycle  d'Ulster.  Cûchulainn  se  servait  d'une  fronde,  non  seu- 
lement pour  chasser  les  oiseaux,  mais  aussi  pour  tuer  les 
hommes  à  la  guerre.  A  la  bataille  de  Moytura,  Lug,  le  hé- 
ros aux  mille  métiers,  d'un  coup  de  fronde,  crève  à  Balor 
son  mouvais  œil  qui  ne  s'ouvrait  que  sur  un  champ  de  ba- 
taille et  dont  la  paupière  ne  se  soulevait  que  sous  les  efforts 
de  quatre  hommes.  Gonchobhar,  le  roi  d'Ulster,  avait  reçu 
dans  la  tête  une  balle  de  fronde  fabriquée  avec  un  mélange 
de  terre  et  de  cervelle  humaine  (3). 

L'épée  des  Cisalpins  qui  luttèrent  contre  les  Romains,  en 
223,  était  sans  pointe; elle  ne'pouvait  frapper  que  de  taille, 
et  un  seul  coup  ;  au  second  coup,  elle  était  émoussée  et  elle 
pliait  tellement  en  long  et  en  large  que,  si  on  ne  laissait  pas 
au  soldat  le  temps  de  la  redresser  avec  son  pied  contre 
erre,  l'atteinte  en  était  dès  lors  impuissante  (4).  D'après 
Diodore,  les  Gaulois  ont  des  épées  (TTriOai)  longues,  sus- 
pendues au  côté  droit  par  des  chaînes  de  fer  ou  d'airain, 
sortes  de  glaives  (V'fi)  qui  ne  sont  guère  moins  grands  que 
le  javelot  des  autres  nations  (3).  Strabon  parle  d'un  long 
sabre  ou  coutelas  (ijià/a'.px)  pendu  au  côté  droit  (6).  A  la 

(1)  Guerre  de  Gaule,  v,  43,  Cf.  vu,  81. 

(2)  J.  LoTH,  Annales  de  Bretagne,  t.  xxii,  p.  161. 

(3)  H.  d'ARBOis  de  Jubainville,  Cours  de  littérature  celtique, 
t.  VI,  p.    353-355. 

(4)  PoLYBE,  II,  33.  Cf.  Plutarque,  Camille,  40  ;  41  ;  Polyen, 
Stratagèmes,  viii,  7,  2. 

(5)  Bibliothèque,  v,  30.  Cf.  Appien,  iv,  8  ;  Tite  Live,  xxxviii, 
17  (Galates)  ;  Végèce,  ii,  15. 

(6)  Géographie,  iv,  4,  3. 


282  ÉpÉEs 

bataille  de  Cannes  (216),  les  Gaulois,  qui  avaient  des  bou- 
cliers presque  semblables  à  ceux  des  Hispani,  se  distin- 
guaient de  ceux-ci  par  la  forme  de  leurs  épées  (1).  Celles 
des  Gaulois  étaient  très  longues  et  sans  pointe  ;  celles  des 
Hispani,  faciles  à  manier  à  cause  de  leur  petitesse  et  mu- 
nies de  pointes.  Les  Bretons  aussi  avaient  de  longs  glaives 
sans  pointe  (2).  Les  Galates,  en  189,  avaient  de  très  longs 
glaives  (3). 

Les  épées  des  Cdliberi  étaient  renommées  dans  l'Anti- 
quité :  elles  avaient  une  pointe  fort  solide  et  frappaient 
également  bien  d'estoc  et  de  taille.  Les  Romains,  à  partir 
de  leurs  guerres  contre  Annibal,  abandonnèrent  les  épées 
jusqu'alors  en  usage  cliez  eux  pour  prendre  celle  des  His- 
pani (4).  Outre  une  épée  d'excellent  fer  forgé  à  deux  tran- 
cbants,  les  Celtibères  portaient  encore  un  poignard  long 
d'un  spithame  (0,222)  dont  ils  se  servaient  dans  la  mê- 
lée (5). 

Dans  la  première  phase  de  Ilallstatt,  l'épée  de  fer  est  une 
grande  épée,  d'un  mètre  de  long,  à  deux  tranchants,  élar- 
gie au  milieu,  à  pointe  mousse,  à  soie  plato,  à  longue  poi- 
gnée, qui  semble  une  variante  agrandie  de  l'épée  de  bronze 
la  plus  répandue  en  Allemagne  et  dans  l'Est  de  la  Gaule. 
Cette  épée  servait  à  frapper  de  taille  et  non  d'estoc.  On  la 
trouve  à  Ilallstatt,  surtout  dans  les  tombes  à  incinération, 
quelquefois  en  Allemagne,  plus  fréquemment  dans  l'Est  de 
la  Gaule.  On  serait  tenté  de  l'identifier  à  l'épée  attribuée 
pnr  Polybe  aux  Gaulois  Cisalpins  si  on  l'avait  trouvée  dans 

(1)  TiTE  LiVE,  XXII,  46. 

(2)  Tacite,  ylgrico/a,  36. 

(3)  TiTE  Ln^E,  XXXVIII,  17. 

(4)  Suidas,  au  mot  ijiàya'.pa,  donne   comme   source  Polybe. 

(5)  DiODORE,  V,  3S.  Cf.  Pline,  xxxiv,  41,  144. 


L  ETAT 


283 


ritalie  du  Nord.  Sous  l'influence  des  Grecs  et  des  Italiotcs, 
un  glaive  court  et  pointu,  à  fourreau  de  bronze  battu  et 
dont  le  pommeau  est  surmonté  d'antennes,  apparaît  dans 
la  seconde  phase  de  Hallstatt  (1). 

L'épée  que  l'on  trouve  dans  les  sépultures  gauloises  de  la 
Cisalpine  est  l'épée  de  laTène  (2),  de  0,80  à  0,95  de  long,  à 
tige  terminée  par  un  bouton  au  lieu  de  soie,  à  lame  large 
au  sommet,  puis  rétrécie  eu  forme  de  feuille  d'olivier.  On 
distingue  de  cette  épée  trois  types  :  effilée  à  l'époque  de  la 
Tène  I,  elle  est  obtuse  à  l'époque  de  la  Tène  II,  et  'arron- 
die à  l'époque  de  la  Tène  III  (3). 

On  a  trouvé  dans  des  tombes  en  Normandie,  en  Cham- 
pagne, dans  les  vallées  du  Rhône  et  du  Rhin,  en  Suisse, 
dans  l'Italie  du  Nord,  en  Hongrie,  quelquefois  à  l'époque  de 
Hallstatt,  plus  souvent  à  l'époque  de  la  Tène,  des  épées  tor- 
dues, repliées  en  deux,  en  trois  et  même  en  quatre.  M.  S. 
Reinach  pense  qu'au  moins  pour  les  épées  repliées,  il  s'agit 
d'un  rite  celtique  rentrant  dans  la  catégorie  de  ce  que  les 
ethnographes  appellent  les  brisures  intentionnelles  ;  Polybe 
aurait  connu  des  groupes  de  tombes    celtiques  contenant 

(1)  A  JîERTRAND  ct  S.  Reinach,  Lcs  Celtes  dans  les  i^allées  du 
Pô  et  du  Danube,  p.  125  (fig).  l'<5-157.  Cf.  S.  Reinach, 
Guide  illustré  du  musée  de  Saint- Germain.,]).  33  (fig.).  cf.  p.  41. 
C  JuLLiAN,  Histoire  de  la  Gaule,  t.  i,  p.  372,  n.  4.  Déciie- 
LETTE,  Manuel,  t.  ii,  p.  717-744.  On  trouve  chez  Déchelette, 
Manuel,  t.  ii,  appendice  m,  un  inventaire  des  épées  et  poignards 
de  fer  de  l'époque  de  Hallstatt  découverts  en  France,  et  p.  1121 
un  inventaire  semblable  pour  l'époque  de  la  Tène. 

(2)  A.  Bertrand  et  S.  Reinach,  ibid.,  p.  172-179  ;  Cf.  p.  87, 
88  (fig). 

(3)  Cf.  Dictionnaire  archéologique  de  la  Gaule,  t.  ii,  planches. 
Gross,  La  Tène,  p.  21-23,  pi.  i-iv-vii  ;  Déchelette,  A/a- 
nuel  d'archéologie,  t.  ii,  p.  1106-1128.  Revue  archéologique,  t. 
IV,  (1861),  p.  66,  141,  pi.  XIII  et  xiv  ;  t.  x,(1864),  p.  337,  pi.  xxii  ; 
t.  XI,  (1865),  p.  82.  pi.  m. 


284  ÉpÉEs 

des  épées  repliées  et  aurait  cru  que  ces  épées  avaient  été 
faussées  dans  le  combat  (1).  La  remarque  de  Polybe  sur  la 
mauvaise  qualité  des  épées  gauloises  serait  donc  le  résultat 
d'une  généralisation  et  d'une  interprétation  erronées  (2). 
On  a  depuis  longtemps  remarqué  qu'il  était  inconcevable 
qu'une  nation  qui  avait  toujours  le  fer  à  la  main  n'en  eût 
connu  ni  la  qualité  ni  la  trempe  et  qu'avec  de  telles  armes 
elle  eût  gagné  des  batailles  (3).  Une  épée  ondulée,  sorte  de 
yatagan  qui  est  peut-être  la  p-i/a'-pa  de  Strabon,  et  qui 
apparaît  en  Espagne  dans  les  stationset  dans  les  sépultures 
des  v'-iv*' siècles,  semble  d'origine  grecque  (4), 

Le  fourreau  de  l'épée  de  fer  est  en  bois,  en  bronze  ou  en 
fer  ;  il  est  quelquefois  orné  de  gravures  représentant  la 
volute  en  S  ou  le  triscèle,  rarement  des  sujets  figurés.  Des 
bouterolles  ou  bases  de  fourreau,  en  bronze,  à  ailettes,  ont 
été  trouvées  auprès  de  plusieurs  épées  hallstattiennes  en 
fer  (5).  D'abord  semi-circulaires  ou  eu  forme  de  trèfle,  à 
l'époque  de  la  Tène,  les  bouterolles  sont  devenues  déforme 
étranglée,  puis  rectangulaire  (6).  Dans  les  Iles  Britanniques, 
les  bouterolles  ont  une  terminaison  bifide  et  les  fourreaux 
sont  plus  richement  gravés  (7). 

A  côté  de  chaque  épée,  on  trouve  souvent  dans  les  tom- 

(1)  S.  Reinach,  Rei>ue  celtique,  t.  xx,  p.  120-121.  Verchère 
de  Reffye,  Revue  archéologique,  t.  x,  (1864),  p.  347. 

(2)  S.  Reinach,  L'épée  de  Brennus,  L' Anthropologie,  t.  xvii 
(1906),  p.  343-358  ;  D.  Viollier,  Revue  archéologique,  t.  xvii 
(1911),  p.  130-134. 

(3)  De  SiGRAis,  Considérations  sur  l'esprit  militaire  des  Gau- 
lois, Paris,  1774,  p.  26. 

(4)  Déchelette,  IManuel  d'archéologie,  t.  ii,  p.  1134. 

(5)  A.  Bertrand  et  S.  Reinach,  Les  Celtes  dans  la  vallée  du  Pô 
et  du  Danube,  p.  154-156. Cf.  p.  100. 

(6)  Déchelette,  Manuel,  t.  ii,  p.  1120. 

(7)  Déchelette,  ibid.,  t.  ii,  p.  1123  (fig.). 


l'état  285 

beaux  une  courte  chaîne  de  plusieurs  anneaux,  en  fil  de  fer 
tordu.  Ce  sont  sans  doute  les  chaînes  dont  parle  Diodore  et 
qui  attachaient  l'épée  au  côté  droit  du  ceinturon  (1).  On  a 
trouvé  aussi  à  Hallstatt  et  à  Alaise  des  plaques  de  ceinture 
gravées  ou  repoussées  (2). 

Le  guerrier  de  Montdragon  porte  une  épée  suspendue  au 
côté  droit  par  un  ceinturon. 

On  trouve  sur  les  monnaies  le  poignard  et  l'épée  à  an- 
tennes (3) . 

La  pièce  la  plus  caractéristique  de  l'armement  gaulois 
était  le  bouclier.  C'est  à  la  forme  du  bouclier  que  les  Gau- 
lois de  Brennos  pouvaient  se  reconnaître  (4). 

Les  boucliers  que  les  Aduatuci  se  fabriquent  à  la  hâte, 
sont  en  écorces  ou  en  osier  recouvert  de  peaux  (o).  Les  bou- 
cliers des  HeU'eLii  étaient  transpercés  et  cloués  ensemble 
par  les  javelots  romains  (6).  D'après  Diodore  (7),  les  bou- 
cliers gaulois  sont  aussi  hauts  qu'un  homme,  et  chacun  les 
orne  à  sa  manière.  Quelques-uns  portent  des  figures  d'ai- 
rain en  bosse  représentant  des  animaux  et  travaillées  avec 
beaucoup  d'art.  D'autres  sont  peints  de  diverses  couleurs 
ou  ornés  de  ciselures  d'or  ou  d'argent  (8).  Les  boucliers  des 


(1)  J.  de  Baye,  Revue  archéologique,  t.  xxxiv,  (1877),  p.  43. 
Dictionnaire  archéologique  de  la  Gaule,  t.  ii,    planches.    Déche- 
LETTE,  Manuel  d'archéologie,   t.  ii,  p.  1115. 

(2)  Dictionnaire  archéologique  de  la  Gaule,  t.  ii,  planches. 

(3)  Blanchet,  Traité  des  monnaies  gauloises,  p.  161, 

(4)  Pausanias,   X,    23,   8. 

(5)  César,  Guerre  de  Gaule,  ii,  33. 

(6)  Ihid.,  I,  25.  Cf.  Plutarque,  Camille,  41,  5. 

(7)  Bibliothèque,  v,  30. 

(8)  Diodore,  v,  30  ;  Cf.  Tite  Live,  10  ;  Florus,  m,  2  ;  Plu- 
tarque, César,  27  ;  Lucain,  i,  398.  Les  boucliers  des  Germains 
étaient  peints  de  couleurs  choisies.  Tacite,   Germanie,  6.  Voir 

i-dessus,  p.  270,  451  ;  Sinus  Italicus,  iv,  153. 


Cl 


286  BOUCLIERS 

Cisalpins  ne  couvraient  pas  suffisamment  les  soldats,  re- 
marque Polybe  (1),  et  plus  ceux-ci  étaient  grands,  plus  ils 
étaient  exposés  aux  traits.  Les  ijoucliers  des  soldats  de 
Brennos  pouvaient  leur  servir  ce  radeaux  pour  traverser  un 
fleuve;  ils  ressemblaient  beaucoup  aux  viopa;  des  Perses  (2). 
Le  bouclier  (caetra)  des  Bretons  était  petit  (3).  Les  Gelti- 
bères  portaient  soit  des  boucliers  gaulois,  soit  des  boucliers 
(x'jpxia)  ronds  (4). 

Les  boucliers  figurés  sur  les  statues  représentant  des 
Gaulois  sont  de  forme  oblongue,  mais  non  de  la  liauteur 
d'unhomme.  Tels  sont  les  boucliers  du  Gaulois  mourant  du 
Capitole,  du  groupe  de  la  villa  Ludovisi,  du  jeune  Gaulois 
mort  de  Venise  (o).  Sur  la  statue  trouvée  à  Montdragon  le 
long  bouclier  (1°,33  x  O^^jôo)  présente  des  stries  au  moyen 
desquels  le  s-cnlpteur  semble  avoir  voulu  indiquer  que  le 
bouclier  était  on  bois  (6).  On  le  trouve  aussi  sur  le  chau- 
dron de  Gundestrup,  sur  une  situle  de  la  Gertosa  et  sur 
un  fourreau  d'épée  de  Ilallstatt.  Sur  l'autel  des  nanuie 
Parisiaci,  trois  hommes  coiffés  d'un  bonnet  portent  des 
boucliers  ovales  ;  trois  autres  hommes  portent  des  bou- 
cliers hexagonaux.  Sur  l'arc  de  triomphe  d'Orange  sont 
figurés   :ies    boucliers  gaulois,    très  grands   et  de  forme 

(1)  Histoires,  ii,  30.  Titf.  Live,  xxxviii,  21,  4,  dit  la  même 
chose  des  Galates.  Virgile,  Enéide,  viii,  002,  dit  seulcmenl  : 
scuiis  prolecti  corpora  longis.  Cf.  longis  Suessioncs  in  armi>, 
LucAiN,  I,  423. 

(2)  Pausanias,   X,  20,  8  ;  x,  19,  4.  Cf.  viii,  50,  1. 

(3)  Tacite,  Agricola,  36.  Hérodien,  m,  14,  8. 

(4)  DioDORE,  V,  33. 

(5)  S.  Reinach,  Répertoire  de  la  statuaire  grecque  et  romaine, 
t.  i,  p.  530,  498,  531. 

(6)  S.  Reinach,  Catalogue  sommaire  du  musée  des  antiquités 
nationales,  p.  167,  note.  Répertoire  de  la  statuaire  grecque  et  ro- 
maine, t.  Il,  p.  196. 


l'état  287 

ol)longuc  ou  hexagonale  avec  une  bordure  et  une  large 
bosse  ou  iimbo  reliée  à  une  armature  en  forme  de  croix  à 
branches  contournées;  quelques-uns  de  ces  boucliers  sont 
décorés  de  grues,  de  croissants,  d'étoiles,  d'anneaux  et 
portent  des  noms  d'hommes  (1).  Les  monnaies  gauloises 
offrent  des  boucliers  en  losange  ou  en  hexagone  avec  ou 
sans  iimbo  (2). 

A  l'époque  de  Hallstatt,  on  ne  trouve  pas  de  bouclier  en 
métal;  on  a  découvert  en  Bavière  les  restes  d'uu  bouclier 
rectangulaire  en  bois,  de  0,90  de  haut  sur  0,jo  de  large, 
muni  d'un  cadre  de  fer  et  portant  au  centre  deux  grands 
umbo  géminés  à  sommet  conique  (3).  Un  bouclier  en  bois 
découvert  à  la  station  de  la  Tène  mesure  dans  son  état  ac- 
tuel 1",04  de  long  sur  0"\28  de  large  (4).  A  partir  de  la 
Tène  II  on  rencontre  fréquemment  des  umbo  de  boucliers, 
en  bronze  ou  en  fc^r,  dont  la  partie  centrale  est  tantôt  semi- 
cylindrique,  tantôt  ellipsoïdale,  puis  conique  ou  hémisphé- 
rique. Deux  boucliers  de  bronze,  richement  décorés  de  co- 
rail et  d'émail,  ont  été  découverts  en  Grande-Bretagne  (5). 

On  a  recueilli  diverses  garnitures  de  bouclier  en  fer  et 
en  bronze  (6).  Les  poignéps  sont  en  forme  de  demi-brace- 
lets. 

Les  Irlandais  de  l'ancienne  épopée  portent  des  boucliers 


(1)  F.  de  Saulcy,  Journal  des  savants,  1880  p.  77. 

(2)  Laurent  et  Dugas,  Revue  des  études  anciennes,  t.  ix,  p.  64, 
note  5.  Blanchet,  Traité  des  monnaies  gauloises,  p.  161. 

(3)  DÉCHELETTE,  Muiiuel  d'urcliéologie,  t.  ii,  p.  719. 

(4)  DÉCHELETTE,  ibid.,  p.  1170-1171  (fig). 

(5)  Briiisli  Muséum,  Guide  io  the  earbj  iron  âge,  p.  93.  Dé- 
ciiELETTE,  Manuel  d'archéologie,  t.  ii,  p.  1174-1176  (l'ig). 

(6)  Revue  archéologique,  t.  xvi,  (1867),  p.  71  ;  t.  xxxviii  (1879), 
p.  217-218.  Dictionnaire  archéologique  de  la  Gaule,  t.  i,  planches. 
Gross,  La  Tène,  p.  27,  pi.  vu. 


288  CUIRASSES 

ovales  en  osier  recouvert  de  peau,  souvent  de  la  taille  d'un 
homme  (1). 

Diodore  nous  dit  que  chez  les  Gaulois,  les  uns  portent 
des  cottes  de  mailles  de  fer  et  que  d'autres,  contents  de 
leurs  avantages  naturels,  combattent  nus  (2).  D'après  Var- 
ron,  la  cotte  de  mailles  en  fer,  sorte  de  tunique  formée 
d'anneaux,  est  d'origine  gauloise  (3).  A  la  Tiefenau,  en 
Suisse,  on  a  trouvé  des  restes  d'une  cotte  de  mailles  de  ce 
genre  (4). 

Le  chef  gaulois  de  Vachères  (Basses-Alpes)  porte  une 
sorte  de  haubert  en  mailles  de  fer  (o).  Sur  les  trophées  de 
Pergame  est  figurée  une  cotte  de  mailles  ainsi  qu'une  cui- 
rasse ornée  de  croix  gammées  et  de  signes  en  S  (6).  Le 
guerrier  de  Grézan,  qui  peut  être  un  Celto-grec,  porte  une 
cuirasse  ornée  de  dessins  géométriques  (7).  Les  Celtes  qui 
combattirent  Antlochus  Sôter  portaient  des  cuirasses  de 
bronze  (8). 

On  trouve,  h  l'époque  de  Hallstatt,  quelques  cuirasses 
en  bronze  de  type  grec  archaïque  (9). 

Le  roi  des  Gaesaii  tué  par  Marcellus  avait  une  armure 
(TiavoTrÀîa)  ornée  d'or,  d'argent,  de  broderies  et  de  vives 

(1)  Joyce,  A  social  hislory  of  ancient  Ireland,  t.  i,  p.  125. 

(2)  Bibliothèque,  v,  30,  3  ;  cf.  29,  2  ;  Tite  Live,  xxxviii,  21,  9 
(Gaulois  d'Attale). 

(3)  Delà  langue  latine,  v,  24,  116.  Cf.  au  contraire  Polybe,  vr, 
23,  15.  Mais  chez  les  Aedui,  il  y  avait  des  gladiateurs  couverts 
d'armures  en  fer  {cruppcllarii).  Tacite,  Annales,  ni,  43. 

(4)  Gross,  La  Tène,  p.  26. 

5)  Revue  archéologique,  t.  xsiu  (1893),  p.  270,  pi.  xix  ;  S.  Rei- 
NACH,  Répertoire  de  la  statuaire  ii,  p.  196. 

(G)   S.   Reinach,  Revue  archéologique,  t.  xiii  (1889),  p.  199. 

(;)  EspÉRANDiEC",  RecucH  clcs  bas-rcUefs  de  la  Gaule  romaine, 
t.    I,    p.    295. 

(8)  Lucien,  Antiochos,  8.  Cf.  Appien,  Syriaques,  32, 

(9)  Déchelette,  Manuel,  t.  11,  p.  719. 


I 


L  ETAT 


289 


couleurs  (1).  Le  chef  boïen  Crixus,  lue  en  218,  portait, 
d'après  Silius  Italicus,  une  cuirasse  de  cuir  recouvert  de 
liu  plissé  (2).  Mais  les  Celtes  qui  envahirent  la  Grèce  et 
ceux  qui  prirent  Rome  n'avaient  pas  d'autre  arme  défen- 
sive que  le  bouclier  (3).  Les  Gaulois  d'Annibal  étaient  nus 
jusqu'au  nombril  (4). 

Les  casques  sont  en  airain,  garnis  de  grandes  saillies,  et 
donnent  à  ceux  qui  les  portent  un  aspect  tout  fantastique. 
A  quelques-uns  de  ces  casques  sont  fixés  des  cornes  ;  à 
d'autres,  des  figures  d'oiseaux  ou  de  quadrupèdes  en  re- 
lief (S).  Ceux  des  Celtibères  portaient  une  aigrette  de 
pourpre  (6).  On  voit  des  casques  à  cornes,  quelquefois 
munis  de  joues  (7),  sur  l'arc  de  triomphe  d'Orange,  sur  le 
monument  de  Biot,  sur  le  monument  des  Jules  à  Saint-Remy, 
sur  le  vase  d'argent  de  Gundestrup,  sur  des  monnaies  ro- 
maines représentant  des  Gaulois  (8)  ;  mais,  sur  des  mon- 
naies gauloises,  le    casque  est    une  simple  calotte  sphé- 


(1)  Plutarque,  Marcellus,  7  ;  8  ;  cf.  César,  27. 

(2)  Puniques,  iv,  290. 

(3)  Pausanias,  X,  21,  2  ;'Denys    (I'Halicarnasse,  xiv,  9, 
13    (Discours   de   Camille) 

(4)  TiTE  LivE,  XXII,  46. 

(5)  DioDORE,  V,  30.  Cf.  Revue  archéologique,  t.  xxix,  (1875), 
r.  244,  pi.  IX  ;  t.  ii,  (1883),  p.  273,  (fig.)  ;  t,  xiii  (1889),  p.  199. 
Les  cîsques  des  Cisalpins  sont  mentionnés  par  Silius  Italicus, 
I,  624  iv  213  ;  mais  les  casques  coniques  sont  attribués  aux 
LigureSj  i,  627.  Le  texte  de  Diodore  a  été  rapproché  par  Ber- 
trand (Rei^ue  archéologique,  t.  xxiv  (1894),  p.  167),  d'un  texte 
de  Plutarque  (Marius,  26)  sur  les  casques  des  Cimbres,  qui  se 
terminaient  par  des  mufles  de  bêtes  sauvages. 

(6)  Diodore,  v,  33. 

(7)  Rei^nie  des  études  ancienues,  t.  iK,-pl.v.  Espérandieu, iîecueiZ 
général,    n°^    24,    114. 

(8)  Revue  archéologique,  t.  xxiv  (1894),  p.   162. 

G,  DoTTiN.  —  Manuel  de  l'antiquité  celtique.  19 


290  CASQUES 

rique  (1).  Les  casques  des  trophées  de  Pergatne  sont 
terminés  par  une  pointe.  Le  casque  de  Grézan  a  une  cri- 
nière. En  général,  les  guerriers  gaulois  représentes  sur  les 
monuments  figurés  ont  la  tête  nue.  On  ne  trouve  pas  de 
casque  en  métal  de  l'époque  de  Hallstatt  en  pays  cel- 
tique (2).  Les  casques,  assez  rares,  de  l'époque  de  la  Tène 
sont  en  forme  d'ogive  à  crête  avec  ou  sans  pointe  ou  bien 
en  forme  de  cônes  (casques  d'Amfreville,  de  Berru  et  de  la 
Gorge  Meillet)  (3).  Un  casque  en  bronze  découvert  dans  la 
Tamise  porte  deux  cornes  droites  très  [divergentes  (4)- 
Le  casque  de  Breuvannes  est  orné  de  cornes  d'urus  (5). 

Lors  de  la  guerre  des  Romains  contre  Caratacus,  les 
Bretons  n'avaient  ni  casques  ni  cuirasses  (6).  Il  en  est  de 
même  des  soldats  de  Boudicca  [1),  des  Bretons  que  combat 
Septime  Sévère  (8)  et  des  Irlandais  de  l'ancienne  épopée  (9). 
Les  Geltibères  se  préservaient  les  jambes  au  moyen  de 
jambières  faites  de  crin  ou  de  poil  (10). 

César  mentionne  seulement  les  enseignes  de  guerre  des 
Gaulois,  militaria  signa,  sans  nous  les  décrire  (11).  Nous 


(1)  H.  de  La  Tour,  Atlas  de  monnaies  gauloises,  pi.  xii,  n° 
3775. 

(2)  Déchelette,  Manuel,  t.  ii,  p.  719. 

(3)  S.  Reinach,  article  Galea  dans  le  Dictionnaire  des  anti- 
quités grecques  et  romaines  de  Saglio  ;  Esquisses  archéologiques, 
p.   61-63. 

(4)  Read  and  Smitii,  British  Muséum,  Guide  ta  the  early 
iron  âge,  p.  88  (fig). 

(5)  E.  Flouest,  Mémoires  de  la  Société  des  antiquaires  de 
France,  t.  xliii,  p.  69. 

(6)  Tacite,  Annales,  xii,  35. 

(7)  Dion   Cassius,   lxii,   12. 

(8)  IIÉRODIEN,    III,    14,    8. 

(9)  Tâin  Bô  Cualnge,  éd.  Windisch,  introduction,  p.  xviii. 

(10)  DiODORE,    V,    33. 

(11)  Guerre  de  Gaule,  vu,  2. 


l'état  291 

savons  par  ailleurs  que  ces  enseignes  étaient  plantées  en 
terre  lorsque  l'armée  s'arrêtait  et  qu'on  les  arrachait  avant 
de  partir  (1),  qu'elles  étaient  fort  nombreuses,  puisque  les 
Romains,  dans  les  batailles  où  ils  vainquirent  les  Gaulois, 
purent  s'emparer  quelquefois  de  plusieurs  centaines  d'en- 
seignes (2).  A  Alésia,  on  apporta  à  César  soixante-quatorze 
enseignes  gauloises  (^3).  Chez  les  Insubres,  il  y  avait  des 
enseignes  en  or  dites  immobiles  (à/v/^^oj;  Ityoïx^/a.:;)  que 
l'on  gardait  dans  un  temple  d'Athênà  (4).  Nous  ne  savons 
si  les  Coralli  de  Thrace,  qui  avaient  pour  enseignes  des 
roues  et  des  sangliers,  sont  des  Celtes  (5). 

Sur  l'arc  de  triomphe  d'Orange  et  la  cuirasse  de  la  statue 
d'Auguste  sont  figurées  des  enseignes  gauloises.  Ce  sont 
des  perches  surmontées  d'un  sanglier.  On  retrouve  ces  en- 
seignes sur  les  monnaies  de  divers  peuples  gaulois  (les  Aii- 
lerci  Ebiirovices,  les  Caleti,  les  Veliocasses,  les  Leiici,  les 
Aediii)  et  bretons,  ainsi  que  sur  quelques  monnaies  ro- 
maines représentant  des  Gaulois  (6).  Un  assez  grand  nombre 
de  sangliers -enseignes  en  bronze  ont  été  découverts  en 
Gaule  (7). 


(1)  TiTE  LivE,  V,  37;  cf.  39. 

(2)  TiTE  LivE,  XXXI,  21  ;  xxxiii,  23  ;  36  ;  xxxv,  5.  César, 
Guerre  de   Gaule,  vu,  88,  4. 

(3)  Guerre  de  Gaule,  vu,  88. 

(4)  PoLYBE,  II,  32.  Cf.  les  enseignes  des  Germains  conservées 
dans  les  bois    sacrés.    Tacite,    Germanie,  7. 

(5)  Valerius  Flaccus,  Argonautiques,  vi,  88.  S.  Reinach, 
Revue  celtique,  t.  xx,  p.  127. 

(6)  S.  Reinach,  Description  raisonnée  du  musée  de  Saint- 
Germain-en  Laye,  t.  ii,  p.  255.  Laurent  et  Dugas,  Revue  des 
études  anciennes,  t.  ix,  p.  64. 

(7)  S.  Reinach,  ihid.,  t.  ii,  p.  268-270.  Espérandieu,  Recueil 
général,  n°^  24,  260,  695,  737. Cf.  les  enseignes  des  Germains  qui 
représentaient  des  bêtes  sauvages.  Tacite,  Hisi,oires,  iv,  22. 


292  TROMPETTES 

La  trompette  gauloise,  xâp  vjï,  rendait  un  son  rauque  ou 
aigu  ;  elle  n'était  pas  très  grande  ;  le  pavillon  était  en 
forme  d'animal,  le  tube  en  plomb  ;  on  la  fabriquait  en  mé- 
tal fondu  (1).  Les  Cisalpins  avaient  une  quantité  considé- 
rable de  buccins  et  de  trompettes  {'^■s/.x^rr-ùyi  ■/.■x\  iolI-'.-c/.-.ùj-j) 
dont  le  bruit,  s'ajoutant  aux  cris  de  guerre  de  toute  l'armée, 
était  répercuté  par  les  alentours  (2).  Vercingétorix  fait 
donner  par  la  trompette  le  signal  du  combat  (3).  C'est  au 
son  de  la  trompette  que  l'assemblée  des  Bellovaci  se  réu- 
nit (4).  La  trompette  gauloise  est  souvent  représentée  sur 
les  monuments  figurés  ;  on  la  trouve  à  côté  du  Gaulois 
mourant  du  musée  Capitolin  ;  sur  des  monnaies  gauloises 
et  sur  le  chaudron  de  Gundestrup  ;  sur  les  soubassements 
de  la  colonne  Trajane  ;  sur  le  monument  de  Biot;  dans  les 
trophées  de  l'arc  de  triomphe  d'Orange  ;  sur  une  peinture  de 
Pompéi,  dans  les  mains  d'une  Victoire  ailée.  Sur  la  cuirasse 
de  la  statue  d'Auguste  de  la  villa  de  Livie,  une  femme 
qui  paraît  symboliser  la  Gaule  tient  à  la  main  une  trompette 
à  tête  de  dragon  analogue  à  celles  que  portent  des  monnaies 
romaines  représentant  des  Gaulois  (5).  On  a  trouvé  en 
Irlande  des  trompettes  de  bronze  qui  rappellent  celle  du 
Gaulois  mourant  (6). 

(1)  DioDORE,  V,  30.  EusTATHE,  ttil  lUdda,  s  219.  Cf.  Lucain, 
431-432. 

(2)  POLYBE,   II,   29. 

(3)  Guerre  de  Gaule,  vu,  81,  3. 

(4)  Guerre  de  Gaule,  viii,  20. 

(5)  S.  Reinach,  Revue  archéologique,  t.  xiii,  (1889),  p.  230. 
Rayet,  Monuments  de  l'arl  antique,  t.  ii,  pi.  71.  Bertrand,  La 
religion  des  Gaulois,  p.  376,  pi.  xxxi.  Revue  des  études  anciennes, 
t.  IX,  pi.  VI.  Froehner,  La  colonne  Trajane,  t.  i,  pi.  7,  8,  11,  12, 
17,  21,  22,  23.  Saglio,  Dictionnaire  des  antiquités  grecques  et  ro-  . 
maines,  article  carnyx.  Voir  ci-dessus,  p.  268. 

(6)  Journal   o{  the    royal,  historical  and  archaeological    asso- 
ciation of  Ireland.   (1875),  p.  422. 


L  ETAT 


293 


L'cpée,  le  javelot,  la  lance,  le  torques,  le  cornyx,  l'en- 
seigne et  le  cheval  figurent  comme  emblèmes  guerriers  sur 
des  monnaies  gauloises  (l). 

Certains  cris  de  guerre  avaient  une  signification  particu- 
lière. Outre  le  cri  que  les  Gaulois  poussaient  en  abordant 
l'ennemi,  il  y  avait  encore  le  cri  de  victoire,  et  le  cri  pour 
demander  à  parlementer  (2).  En  signe  de  paix,  pour  se  faire 
connaître  d'alliés,  les  soldats  se  découvraient  l'épaule 
droite  (3). 

Tous  les  détails  que  l'on  peut  recueillir  sur  les  coutumes 
militaires  des  Celtes  nous  montrent  l'Etat  celtique  organisé 
en  vue  de  la  guerre  :  guerres  d'invasion  et  de  conquête, 
guerres  de  défense  contre  l'envahisseur.  C'est  presque  uni- 
quement là  qu'apparaît  le  pouvoir  collectif  des  citoyens, 
qui,  pas  plus  qu'il  ne  règle  les  rapports  entre  les  particu- 
liers, ne  s'occupe,  semble-t-il,  des  croyances  et  des  institu- 
tions religieuses. 

(1)  C.  JuLLiAN,  Histoire  de  la  Gaule,  t.  ii,  p.  350. 

(2)  Guerre  de  Gaule,  v,  37  ;  26. 

(3)  Ibid.,     VII,     50. 


CHAPITRE  V 


LA  RELIGION  (1) 

Difficultés  de  cette  étude.  —  Les  diviuités  assimilées  chez  les 
écrivains  de  l'Antiquité  et  dans  les  inscriptions  gallo-romaines. 

—  Les  divinités  à  nom  celtique  :  Taranis,  Tentâtes,  Esus, 
Ogmios,  les  Mères.  —  Les  monuments  figurés,  le  Taureau,  le 
Bûcheron,  les  dieux  cornus,  l'Anguipède  ;  le  dieu  au  maillet, 
le  dieu  à  la  roue  ;  Epona  ;  les  divinités  des  eaux  ;  les  villes  di- 
vinisées ;  les  dieux  et  leurs  parèdres.  —  Signes  symboliques. 

—  La  divination.  —  Restes  du  culte  des  animaux  et  des 
plantes.  —  Les  enceintes  sacrées  et  les  temples.  —  Les  sta- 
tues. —  Los  offrandes.  —  Les  prières.  —  Les  libations.  —  Les 
sacrifices.  —  La  croyance  à  l'immortalité  de  l'âme. 


I 


Les  notions  que  nous  pouvons  glaner  chez  les  auteurs  de 
l'Antiquité   sur  la   religion  des   Celtes  se  répartissent  sur 

(1)  Sur  la  religion  des  Celtes,  voir  la  bibliographie  donnée  par 
J.  Déchelette,  Renie  de  synthèse  historique,  t.  m,  p.  50-53,  et 
quelques  ouvrages  généraux  :  H.  Gaidoz,  article  Gaulois  dans 
l'Encyclopédie  des  sciences  religieuses  de  F.  Licutenberger, 
t.  V,  p.  428-441,  Paris,  1879  ;  A.  Bertrand,  La  religion  des 
Gaulois,  les  druides  et  le  druidisme,  Paris,  1897  ;  C.  Jui.lian, 
Recherches  sur  la  religion  gauloise,  Bordeaux,  1903  (extrait  de  la 
Rame  des  éludes  anciennes,  t.  iv-vi)  ;  Histoire  de  la  Gaule,  t.  i, 
p.  356-359  ;  t.  ii,  p.  113-181  (bibliographie,  p.  113)  ;  E.  Anwyl, 
Ancient  Ccltic  goddesscs  [The  Celtic  Review,  t.  m,  p.  26,  51)  ; 
Ch.  Renel,  Les  religions  de  la  Gaule  aidant  le  christianisme, 
Paris,  1907. 


LA    RELIGION  295 

plusieurs  siècles  et  s'étendent  à  toutes  les  contrées  où  les 
Celtes  ont  séjourné.  Nul  n'oserait  affirmer  que  du  ni"  siècle 
avant  J.-C,  où  vivait  Timée,  au  temps  d'Ammien  Mar- 
cellin  (iv-  siècle  après  J.-C),  les  pratiques  religieuses  des 
Gaulois  fussent  demeurées  immuables.  On  ne  pourrait  avec 
plus  de  raison  soutenir  que  les  Galates  d'Asie  Mineure,  les 
Celtibères  d'Espagne,  les  Gaulois  de  la  Cisalpine,  les  Celtes 
qui  pillèrent  Delphes  et  ceux  qui  prirent  Rome,  les  Gaulois 
transalpins  et  les  Celtes  de  Grande-Bretagne  eussent  pro- 
fessé les  mêmes  doctrines  et  adoré  les  mêmes  dieux,  sans 
que  le  contact  avec  des  nations  étrangères  eût  en  rien  altéré 
les  vieilles  croyances  de  la  race.  Les  témoignages  des  an- 
ciens sur  la  religion  des  Celtes  ne  peuvent  donc  être 
utilisés  qu'avec  prudence  ;  dispersés  dans  l'espace  et  dans 
le  temps,  de  valeur  et  d'importance  variable,  ils  se  prêtent 
malaisément  à  une  construction  d'ensemble.  A  peine  a-t-on 
quelques  preuves  de  l'identité  de  certaines  croyances  ou 
coutumes  religieuses  chez  les  divers  peuples  celtiques. 
Tacite  a  signalé  les  rapports  que  présentaient  les  insti- 
tutions religieuses  des  Bretons  avec  celles  des  Gaulois  (1). 
Certaines  divinités  se  rencontrent  sur  divers  points  du 
monde  celtique  (2). 

Les  inscriptions  trouvées  en  pays  celtique  et  contenant 
des  dédicaces  à  des  dieux  se  rencontrent  en  France,  en 
Allemagne,  dan^  les  Pays-Bas,  en  Grande-Bretagne.  Mais 
on  ne  peut  être  sûr  d'avoir  affaire  à  des  divinités  celtiques 
si  l'on  n'a  d'autre  raison  de  le  supposer  que  la  provenance 
de  l'inscription.  On  peut  fort  bien  rencontrer  en  pays  cel- 
tique une  dédicace  à  une  divinité  étrangère  ou  vice  versa. 

(1)  Agiicola,  11.  Le  texte  semble  d'ailleurs  corrompu. 

(2)  Ci-après,  p.  305,  314. 


296 


METHODE 


La  grammaire  comparée  seule  permet  de  résoudre  la  ques- 
tion. Il  faut  que  le  nom  de  la  divinité  s'explique  par  les 
langues  celtiques,  ou  soit  apparenté  à  des  noms  dont  la 
provenance  celtique  n'est  pas  douteuse,  pour  que  ce  nora 
ait  droit  de  figurer  dans  une  histoire  de  la  religion  des 
Celtes.  Quant  aux  divinités  dont  le  nom  n'est  pas  celtique, 
en  l'absence  de  textes  historiques,  il  est  impossible  de  dé- 
cider si  elles  ont  été  ou  non  adorées  par  les  peuples  celtiques. 

En  dehors  des  textes  et  des  inscriptions,  nous  n'avons 
plus  de  documents  qui  nous  permettent  d'étudier  directe- 
ment la  religion  des  Celtes.  Gomment  déterminer  l'origine 
des  dieux  anonymes  dont  on  a  trouvé  de  nombreuses  et 
caractéristiques  représentations  figurées?  Un  très  petit 
nombre  de  ces  monuments  sont  antérieurs  à  la  conquête 
romaine.  Sont  ils  des  vestiges  des  cultes  locaux  antérieurs 
à  l'invasion  des  Celtes  en  Gaule,  ou  des  survivances  de  la 
religion  des  Celtes,  ou  ont-ils  été  introduits  en  Gaule  par 
les  marchands  et  les  légionnaires  romains  ?  Rien  ne  nous 
permet  de  le  déterminer.  Les  statues  gallo-romaines  qui 
nous  semblent  représenter  des  dieux  gaulois  pourraient 
être  des  déformations  successives  de  statues  grecques, 
comme  les  monnaies  gauloises  sont  des  dégénérescences  de 
monnaies  grecques.  Il  faut  prendre  garde,  aussi,  que  des 
statuettes  artistiques  peuvent  ne  pas  avoir  la  signification 
religieuse  que  nous  leur  prêtons. 

Les  monnaies  ou  les  médailles  gauloises,  quand  elles  ne 
sont  pas  imitées  des  monnaies  grecques,  peuvent  offrir  des 
représentations  de  dieux  ou  de  symboles  religieux  sans 
qu'il  soit  toujours  possible  d'attribuer  avec  sûreté  ces  re- 
présentations à  la  religion  des  Celtes  (1). 

(1)   Voir  des  articles  de  A.  de  Barthélémy  dans  la  Renie 


LA     RELIGION  297 

On  peut  rechercher  dans  quelques  noms  de  lieux  les 
noms  des  divinités  celtiques  sous  la  protection  desquelles  on 
aurait  mis  une  demeure  nouvellement  fondée.  Mais,  comme 
les  noms  divins  ont  été  de  bonne  heure  employés  pour  dé- 
signer des  hommes,  on  a  souvent  à  se  demander  si  au  lieu 
d'un  dieu  ce  n'est  pas  plutôt  d'un  homme  à  nom  divin  que 
tel  ou  tel  lieu  tire  son  nom.  On  se  tromperait  beaucoup  si 
l'on  croyait  que  tous  les  anciens  Mercuriacus  de  France, 
devenus  aujourd'hui  Mercuray,  Mercurey,  Mercoirey,  Mer- 
cury sont  dérivés  du  nom  de  dieu  Mercurius.  Ils  pro- 
viennent plus  vraisemblablement  du  gentilice  romain  Mer- 
curius, assez  fréquent  dans  les  inscriptions,  et  au  lieu  de 
désigner  l'emplacement  de  temples  de  Mercure,  dénomment 
simplement  le  fandiis,  la  propriété  d'un  Gallo-Romain 
du  nom  de  Mercurius.  11  en  est  de  même  de  Martiacns  (1), 

Enfin,  on  s'est  demandé  si  l'on  ne  pouvait  trouver  dans 
l'ancienne  littérature  des  Irlandais  et  des  Gallois  des  traces 
de  la  mythologie  celtique  (2).  Cette  littérature  ne  nous  a 
conservé  rien  de  semblable  aux  Eddas  Scandinaves  ou  aux 
Védas  indous.  L'épopée  irlandaise  a  été  remaniée  sous 
l'influence  des  idées  chrétiennes,  et  on  n'y  trouve  guère  de 
traces  d'offrandes  ou  de  prières  à  des  divinités  (3).  Les  élé- 


numismatique,  1884,  p.  179-202,  et  dans  la  Revue  celtique,  t.  i, 
p.  291-298  ;  t.  ix,  p.  26-35  ;  t.  xii,  p.  309-316  ;  A.  Bertrand, 
La  religion  des  Gaulois,  p.  228-244  ;  Blanchet,  Traité  des  mon- 
naies gauloises,  p.  152  ;  Jullian,  Histoire  de  la  Gaule,  t.  ii,  p.  347. 

(1)  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Recherches  sur  l'origine 
de  la  propriété  foncière,  p.  270-275,  447-448. 

(2)  Voir  ci-dessus,  p.  2-4. 

(3)  Les  formules  de  serments,  seules,  font  mention  de  dieux. 
Joyce,  A  social  history  of  ancient  Ireland,  t.  i,  p.  250.  Cf.  Revue 
archéologique,  t.  xi  (1908),  p.  8.  Dans  les  documents  relatifs  à 
la  vie  de  saint  Patrice,  il  est  quelquefois  question  des  idoles 


298  IRLANDE    ET    GALLES 

ments  merveilleux  qui  y  abondent  sont  des  faits  de  magie 
et  de  sorcellerie,  ainsi  que  les  prodiges  variés  que  l'on  ren- 
contre dans  les  contes  populaires.  Essayer  de  déterminer  à 
l'aide  des  épisodes  de  la  vie  d'un  héros  irlandais  les  attri- 
buts primitifs  de  la  divinité  dont  il  peut  être  une  transfor- 
mation évhémériste  demande  beaucoup  d'ingéniosité  et 
d'érudition  ;  il  est  douteux  que  les  résultats  acquis  à  la 
science  soient  jamais  équivalents  aux  efforts  dépensés  à  ces 
recherches  curieuses  (1).  La  comparaison  de  l'épopée  irlan- 
daise avec  les  textes  grecs  et  latins  et  les  monuments  de 
l'épigraphie  gallo-romaine  ne  peut  nous  donner  que  des 
rapprochements  de  coutumes  ou  de  noms  propres;  cou- 
tumes signalées  comme  particulières  aux  Celtes  et  conser- 
vées ou  modifiées  dans  quelque  mesure  par  les  Gaëls  d'Ir- 
lande ;  noms  ou  épithètes  de  dieux  gallo-romains  servant 
on  Irlande  à  désigner  des  guerriers  ou  des  artisans  fameux. 
Mais  il  est  invraisemblable  que  les  idées  religieuses  des 
Celtes  de  l'île  d'Erin  telles  qu'elles  nous  apparaissent  dans 
des  poèmes  épiques  rédigés  sans  doute  au  vn^  siècle  ne 
soient  pas  très  différentes  des  conceptions  théologiques  des 
Gaulois  du  temps  de  César,  et  il  serait  sans  doute  imprudent 
de  restituer  à  laide  de  l'épopée  irlandaise  le  vieux  Pan- 
théon celtique.  La  littérature  du  Pays  de  Galles  ne  nous 
offre  pas  plus  de  ressources  pour  l'étude  de  la  mythologie 

qu'adoraient  les  Scots  [The  Tripartite  life  of  Patrick,  éd.  Slokes 
(Rolls  séries),  London,  1887,  p.  369,  1.  20)  ;  et  la  Confessio  do 
saint  Patrice  iéd.  White,  §  19i  mentionne  l'offrande  de  miel  sau- 
vage en  sacrifice. 

(1)  H.  d'Arbois  de  Jub.\inville,  Le  cycle  nujlhologique  ir- 
landais et  la  mythologie  celtique  (Cours  de  littérature  celtique,  t.  ii), 
Paris,  1884  ;  J.  Ruys,  Lectures  on  the  origin  and  growth  of  reli- 
gion as  illustrated  by  Celtic  heathendom,  London,  1888  (The  Hib- 
bert  lectures,  1886). 


LA    RELIGION  299 

celtique.  On  y  peut  trouver  quelques  éléments  des  mythes 
familiers  aux  Celtes  des  Iles  Britanniques  sans  que  Ton 
puisse  déterminer  si  ces  mythes  ont  été  connus  des  Celtes 
du  continent  (1). 

Les  sources  de  l'histoire  religieuse  des  Celtes,  mani- 
festement insuffisantes,  ne  pourront  fournir  les  éléments 
d'un  exposé  suivi,  qu'à  condition  que  l'on  comble  par  l'in- 
terprétation et  l'hypothèse  les  lacunes  considérables 
qu'elles  laissent  dans  nos  connaissances.  Tous  les  efforts 
du  critique  devront  tendre  à  ne  pas  franchir  la  limite  qui 
sépare  une  hypothèse  scientifique  d'une  pure  conception  de 
l'esprit. 

I 

Le  texte  le  plus  expUcite  que  nous  ayons  sur  les  dieux 
gaulois  se  trouve  chez  César  (2).  Il  semble  bien  que  César 
rapporte,  non  le  résultat  de  ses  observations  personnelles, 
mais  l'opinion  d'écrivains  antérieurs  à  lui.  S'il  eût  étudié 
lui-même  la  religion  gauloise,  il  est  probable  qu'il  aurait 
été  à  la  fois  moins  précis  et  plus  exact.  D'après  César,  le 
dieu  que  les  Gaulois  honorent  le  plus  est  Mercure  ;  ils  le 
regardent  comme  l'inventeur  de   tous  les  arts,  comme  le 

(1)  Sur  ce  sujet,  outre  les  ouvrages  de  H.  d'Arbois  de  Ju- 
bainville  et  J.  Rhys,  il  faut  encore  citer  les  nombreux  ouvrages 
de  A.  Nutt  et  particulièrement  Stiidies  on  the  legend  of  the  hohj 
Grail  with  especial  références  to  the  hypothesis  of  its  Celtic  origin, 
London,  1888,  et  un  article  intitulé  Celtic  mijth  and  saga  dans 
The  folklore  journal,  t.  ii,  p.  234  et  suiv.  Les  différences  entre  la 
religion  des  Celtes  continentaux  et  celle  des  Celtes  insulaires 
ont  été  notées  par  H.  d'Arbois  de  Jubaiisville,  Les  Celtes  de- 
puis les  temps  les  plus  anciens  jusqu'en  l'an  100  avant  notre  ère, 
Paris,  1904,  p.  31-67. 

(2)  Guerre  de  Gaule,  vi,  17. 


300  DIEUX 

guide  des  routes  et  des  voyages  et  comme  très  puissant  pour 
toute  sorte  de  gains  et  de  commerce  (1).  Après  lui,  ils  adorent 
Apollon,  Mars,  Jupiter  et  Minerve.  Ils  ont  de  ces  divinités 
à  peu  près  la  même  idée  que  les  autres  nations  :  Apollon 
guérit  les  maladies  (2)  ;  Minerve  enseigne  les  éléments  de 
l'industrie  et  des  métiers  (3)  ;  Jupiter  tient  l'empire  du  ciel; 
Mars,  celui  de  la  guerre  ;  c'est  à  lui,  lorsqu'ils  ont  résolu  de 
combattre,  qu'ils  font  vœu,  d'ordinaire,  de  consacrer  les  dé- 
pouilles de  l'ennemi. 

Ce  passage  ne  laisse  pas  de  prêter  à  la  critique.  Est-il 
possible  que  les  peuples  gaulois,  que  César  nous  représente 
comme  différant  entre  eux  par  la  langue,  les  mœurs  et  les 
•  lois  (4),  aient  eu  les  mêmes  cinq  divinités  ?  Quels  étaient  les 
noms  de  ces  dieux  et  de  cette  déesse  dans  la  langue  des 
Celtes  1  Une  assimilation  aussi  complète  entre  ces  cinq  di- 
vinités romaines  est-elle  vraisemblable  "?  On  est  tenté  de 
rappeler  l'opinion  d'Asinius  Pollion  qui  pensait  que  les 
Cominenlaircs  de  César  étaient  composés  avec  pou  de  soin 
et  d'exactitude  (5).  Mais  César  lui-même  prend  soin  de 
nous  avertir  que  ces  assimilations  ne  sont  que  des  h  peu 
près  :  de  Iiis  eandem  Icvcquaffi  reliquœ  gentes  hahent  opi- 
nioiiem  ;  et  il  assimile  les  attributs  des  dieux  celtiques  non 


(1)  Cf.  Mercurio  Veatori  (Corpus  inscriptionum  latinarum, 
t.  XII,  n»  1084)  ;  Deo  Mercurio  Cultori  (t.  xiii,  n»  6594).  Les 
déesses  des  routes,  matres  biviae,  triviœ,  quadriviae,  sont  fré- 
quentes en  Gaule. 

(2)  Cf.  «  Apollini  Mapono,  pro  sainte  d.  n.  [C.  I.  L.,  t.  vu, 
11°  218). 

(3)  Cf.  «  Minervas  dolubrarii,  Minervaî  seneatores  (Corpus 
i?iscriptio?ium  rhenanarum,  n^^  677,   1738). 

(4)  Guerre  de  Gaule,  i,  1. 
(.5)   Suétone,  César,  56. 


LA    RELIGION  301 

pas  tant  à  ceux  des  dieux  romains  qu'à  ceux  des  dieux  des 
autres  nations. 

Quoi  qu'il  en  soit,  César  ne  nous  donne  des  dieux  gau- 
lois qu'une  pliysionomie  incomplète,  sinon  inexacte.  La 
plupart  des  auteurs  de  l'Antiquité  ne  font  pas  preuve  d'un 
sens  critique  plus  affiné.  Au  temps  des  migrations  des 
Celtes,  leur  plus  grand  dieu  semble  Arès-Mars  (1).  Chez 
les  Insubres,  il  y  a  un  temple  d'Athènà  où  l'on  abrite  les 
enseignes  de  guerre  (2).  La  déesse  des  Bretons  est,  d'après 
Solin,  une  Minerve  dans  le  temple  de  laquelle  brûle  un  feu 
perpétuel  (3).  La  principale  divinité  des  Galates  était  Ar- 
témis  (4).  En  223,  des  Celtes  vouent  à  Vulcain  les  armes  ro- 
maines (5).  Varron  prétend  que  c'était  à  Saturne  que  les 
Gaulois  immolaient  des  hommes  (6). 

Les  Celtes  riverains  de  l'Océan  ont  une  vénération  parti- 
culière pour  les  Dioscures  et,  selon  une  tradition  qui  re- 
monte chez  eux  aux  temps  anciens,  ces  dieux  arrivèrent 
par  l'Océan  (7). 

Enfin  la  légende  d'Héraklès  a  été  mise  en  relation  avec 
Tancienne  histoire  de  la  Gaule.  Diodore  rapporte  qu'Hé- 
raklès,  ayant  rassemblé  s^es  troupes,  s'avança  jusqu'à  la 

(1)  Callimaque,  IV,  173  ;  Florus,  ii,  4  ;  Silius  Italicus, 
IV,  200-202  ;  Ammien  Marcellin,  xxvii,  4,  4. 

(2)  PoLYBE,  II,  32,  6.  Cf.  Justin,  xliii,  5,  5. 

(3)  Collection  de  choses  nien>eilleiises,  22,  10. 

(4)  De  la  vertu  des  jemmes,  20  ;  De  l'amour,  22.  Cf.  Usener, 
Rheinisches  Muséum,  t.  l  (1895),  p.  147  ;  S.  Reinach,  Cultes, 
mythes  et  religions,  t.  i,  p.  272-278. 

(5)  Florus,  ii,  4. 

(6)  Saint  Augustin,  De  lu  cité  de  Dieu,  vu,  19.  Cf.  Denys 
d'Halicarnasse,  i,  38,  2  ;  Tertullien,  Apologétique,  9,  qui 
dit  Mercure  au  lieu  de  Saturne. 

(7)  Diodore,  iv,  56,  4.  Cf.  Revue  archéologique,  t.  xxxix 
(1901),  p.  35  ;  D'Arbois  de  Jubainville,  Les  Celtes  depuis  les 
temps  les  plus  anciens,  p.  57-67.  Voi*  ci-après,  p.  318. 


302  HÉRAKLÈS  ^ 

Celtique,  la  parcourut  tout  entière,  abolissant  les  coutumes  ^ 
contraires  au  droit,  comme  celle  du  meurtre  des  étrangers. 
Une  multitude  d'hommes  de  toutes  les  nations  étant  venus 
se  joindre  volontairement  à  son  armée,  il  fonda  une  ville 
très  grande,  celle  qui  en  raison  de  sa  course  errante  (aXr,i;) 
s'appela  Alesia.  Il  mélangea  aux  premiers  habitants  un 
grand  nombre  d'indigènes  ;  comme  ceux-ci  étaient  plus 
nombreux  que  les  autres,  il  arriva  que  toute  la  population 
devint  barbare.  Cette  ville  est  en  honneur  parmi  les  Celtes 
qui  la  regardent  comme  le  foyer  et  la  métropole  de  toute  la 
Celtique.  Elle  est  demeurée  libre  et  imprenable  depuis 
Héraklès  jusqu'à  Jules  César.  Passant  de  la  Celtique  en 
Italie,  Héraklès  traversa  les  Alpes.  Il  rendit  la  route,  de 
rude  et  difficile  qu'elle  était,  accessible  à  une  armée  avec 
tous  ses  bagages.  Les  Barbares  qui  habitaient  cette  région 
montagneuse  avaient  coutume  de  piller  et  de  massacrer 
dans  les  passages  difficiles  les  troupes  qui  les  traversaient. 
Héraklès  les  soumit  tous,  et  après  avoir  puni  les  chefs  des 
brigands  il  assura  pour  l'avenir  la  sécurité  de  ces  pas- 
sages (1). 

Pour  aller  d'Italie  en  Celtique  et  chez  les  Celto-ligures  et 
les  Ibères,  il  y  a  une  route  que  l'on  appelle  route  d'Héra- 
klès  ;  l'étranger  qui  y  passe  est  sous  la  protection  des  habi- 
tants et  s'il  lui  était  fait  quelque  injustice^  ceux  chez  qui 
l'injustice  aurait  lieu  devraient  la  réparer  (2). 

Une  autre  légende  fait  d'Hercule  l'exterminateur  de  deux 
cruels  tyrans,  Géryon  et  Tauriscus,  dont  l'un  dévastait  les 

(1)  DiODORE,  Bibliothèque,  iv,  19.  C.  Jullian,  Pro  Alesia, 
t.  I,  p.  145-146.  Cf.  Hérodote,  v,  8-10,  qui  place  le  voyage 
d'Héraklè»  on  Scylhie. 

(2)  Pseudo-Aristote,  Des  singularités  merveilleuses,  85, 


LA    nELIGION  303 

Espagnes  et  l'autre  les  Gaules  ;  et  de  son  commerce  avec 
diverses  Gauloises  de  noble  famille,  Hercule  eut  un  grand 
nombre  d'enfants  qui  donnèrent  leur  nom  aux  pays  qu'ils 
gouvernaient  (1).  La  fille  du  roi  de  la  Celtique  lui  donna 
un  fils  nommé  Galatès  (2). 

D'après  d'autres,  d'Héraklès  et  de  l'Atlantide  Astéropê 
naquirent  deux  fils,  Ibéros  et  Keltos  (3).  Parthénios  raconte 
que  Keltos  est  né  de  l'union  d'Héraklès  avec  Keltinê,  fille 
de  Bretannos  (4),  chez  lequel  était  arrivé  Héraklès  après 
avoir  erré  dans  le  pays  des  Celtes. 

Peut-être  aussi  faut-il  compter  au  nombre  des  dieux  gau- 
lois le  Dispater  dont  les  Gaulois  se  prétendaient  tous  issus  ; 
l'usage  de  compter  le  temps  par  nuits  et  non  par  jours  se 
rattachait  à  cette  croyance  (5).  Dis^  Ditis  pourrait  être  la 
forme  latinisée  d'un  nom  celtique  conservé  en  irlandais 
sous  la  iormedilh,  «  mort,  destruction  ». 

D'autre  part,  il  faut  rappeler  que  le  nom  qui  désigne  la 
divinité  chez  les  peuples  indo-européens,  *deivos,  existe 
dans  toutes  les  langues  celtiques  :  irl.  dia,  gall.  c?u'y,»bret. 
doué.  La  racine  de  ce  mot,  div,  deiv  signifie  «  briller  »  ; 
'deivos  est  donc  vraisemblablement  la  lumière  du  jour  di- 
vinisée (6).  A  quelle  époque  fut  elle  remplacée  chez  les 
Celtes  par  le  dieu  de  la  nuit  ? 

(1)  Timagène,  chez  Ammien  Marcellin,  xv,  9. 

(2)  DiODORE,  V,  24.  Voir  L.  Berthoud,  Pro  Alesia,  t.  i, 
p.  154-156  ;  A.  T.  Vercoutre,  ibid.,  t.  ii,  p.  193-194  ;  C.  Jul- 
LiAN,  ibid.,  p.  241-242. 

(3)  Denys  d'Halicarnasse,  XIV,  1,  3. 

(4)  Erotiques,  30.  D'après  Appien,  Illyriques,  2,  Keltos  est 
fils  de  Polyphème  et  de  Galatée. 

(5)  Guerre  de  Gaule,  vi,  18.  Diespiter  chez  Sénèque,  Apoko- 
lokyniose,  9  ;  H.  Gaidoz,  Dispater  etAerecura,  Revue  archéolo- 
gique, t.  XX  (1892),  p.  198. 

(6)  Rhys,  Hibbert  lectures,  p.  116-118. 


304  SURNOMS    UES    DIEUX 

Si  des  écrivains  nous  passons  aux  inscriptions  latines  en 
pays  celtiques,  nous  y  retrouvons  les  noms  des  cinq  grandes 
divinités  romaines,  avec  des  épithètes  variées. 

Mercure  :  Alaunius  (1),  Arcecius,  Artaius,  Arvernorix, 
Arvernus,  Adsmerius,  Biausius,  Canetonessis,  Cimiacinus 
Cissonius,  Clavariatis,  Dumiatis,  Magniacus  (Macniacus  . 
Moccus,  Naissatis,  Vassocaletis  (2),  Vellaunus  (Veilaunus), 
Visucius  (3). 

Apollon  :  Amarcolitanus,  Anextiomarus,  Atepomarus  (4), 
Belenus,  Borvo,  Gobledulitavus,  Grannus,  Livic(us),  Ma- 
ponus,  Mogounus,  Moritasgus  (o),  Siannus,  Toutiorix,  Vi- 
rotutis,  Vindonnus. 

Mars:  Albiorix  (6),  Barrex,  Beladonnls,  Belatucadrus, 
Bolvinnus,  Braciaca,  Britovius,  Budeuicus,  Buxenus,  Ga- 
mulus,  Cariociecus,  Garru?,  Gaturix  (7),  Gemenelus,  Ci- 
cinus.  Cicolluis,  Gnabetius,  Gocidius,  Condatis,  Corotiacus, 
Cososus,  Dinomogetimarus,  Divanno,  Dunatis,  Giarinus, 
Ilarmogius,  Lacavus,  Latobius,  Lenus,  Leucetius  (Louce- 
tius),»Leucimalacus,  Leusdrinus,  Medocius,  Mogetius,  Mo- 
gienius,  Mullo,  Nabelcus,  Ocelus,  OUoudius  (Olludius), 
Randosatis,  Riga,  Rigieamus,  Rudianus,  Segomo,  Sinatis, 


(1)  Cf.  Alaunos,  nom  de  rivière  ;  alauna,  nom  de  rivière  et 
de  lieu  ;  Alaunœ,  Alounœ,  nom  de  divinités. 

(2)  Grégoire  de  Tours,  Historia  Francorum,  i,  32  ;  R.  Mo- 
AVAT,  Revue  archéologique,  t.  xxx  (1875),  p.  359-372  ;  cf.  t.  xxxix 
p.  175,  325-329. 

(3)  Cf.   Visuciœ  dece  à  Trêves. 

(4)  J.  A.  HiLD,  Renie  celtique,  t.  xvii,  p.  34-40. 

(5)  EspÉRANDiEu,  Revue  des  études  ancietines,  t.  xii,  p.  285- 
286. 

(6)  Cf.  Alhiorice  (datif)  dans  une  inscription  de  Sablet,  près 
Vaison  (Vaucluse). 

(7)  Mars  Caturix  semble  propre  aux  Helvètes.  Jullian,  .Re- 
vue des  études  anciennes,  t.  xiii,  p.  467. 


LA    RELIGION 


305 


Smertatius,  Toutatis  (Totatis,  Tutatis),  Tritullns,  Yin- 
tius  (1),  Voroclus. 

Jupiter  :  Accio,  Baginatis  (2),  Bussumarus,  Poeninus  (3), 
Tanarus  '4),  Taranucus,  Uxellimus. 

Minerve  :  Belisama(o),  Sulis,  peut-être  Sulevia  (6),  Iden- 
nica. 

D'autres  dieux  romains  apparaissent  en  pays  celtique 
avec  des  épithètes  qui  ne  semblent  pas  toutes  d'origine  la- 
tine : 

Hercule  :  Deusoniensis,  Magusanus,  Saegon. 

SiLVAiN,  dont  le  culte  est  assez  répandu  en  Gaule  et  en 
Grande-Bretagne  (7)  :  Cocidius,  Sinquatis. 

La  plupart  de  ces  épithètes  se  trouvent  sur  le  continent, 
quelques-unes,  surtout  des  épithètes  de  Mars,  en  Grande- 
Bretagne  (8). 

Un  certain  nombre  de  ces  épithètes  s'expliquent  dans  les 
langues  celtiques.  Parmi  les  épithètes  de  Mars,  on  peut 
citer  Albion' X,  en  gallois  elfydd  u  monde  »,  en  gaulois  rix 


(1)  Vintius  est,  dans  deux  inscriptions,  une  cpithète  de  Pol- 
lux  (C.  I.  L.,  VI,  2561,  2562). 

(2)  Cf.  Bagino  et  Baginahabus  dans  une  inscription  de  Belle- 
comlie  (Drônie). 

(3)  TiTE  LivE,  XXI,  38,  6. 

(4)  Cf.  le  germanique  Thunar. 

(5)  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Le  dieu  gaulois  Belenus, 
la  déesse  gauloise  Belisama,  Revue  archéologique,  t.  xxv  (1873), 
p.  197-206. 

(6)  Le  plus  souvent,  on  trouve  ce  nom  applique  à  des  Maires  ; 
une  inscription  porte   :   Sulevis  Junonibus. 

(7)  H.  d'Arbois  de  Jubainville  [Revue  celtique,  t.  xxvi, 
p.  282)  suppose  que  le  nom  celtique  de  ce  dieu  était  Selvanos, 
cf.  irl.  sealbhan  «  troupeau  ». 

(8)  A,  Bertrand,  La  religion  des  Gaulois,  p.  325,  326,  327, 
329-330,  331  ;  Roscher,  Ausfïilirliches  Lexikon  der  griechischen 
und  rômischen  Mythologie,   t.   ii,   col.   2828-2830  ;   2398-2399  ; 


G.  DoTTiN.  —  Manuel  de  l'antiquité  celtique. 


20 


300  SURNOMS    DES    DIEUX 

«  roi  »,  irlandais  ri  ;  Belatucadrus  dout  le  second  terme  se 
retrouve  dans  le  vieux-breton  cadr  «  beau  »  ;  Briiovius 
dont  le  radical  est  sans  doute  le  même  que  celui  de  Brit- 
iones,  Bretons  ;  Camuliis  qui  ressemble  au  nom  de 
Ciunal  (1),  père  du  héros  irlandais  Find,  et  qui  se  retrouve 
dans  le  premier  terme  du  nom  d'homme  gaulois  Camiilo- 
geniis  ;  Catu-rix  «  roi  du  combat  »,  cf.  le  gallois  cad  et 
l'irlandais  cath  «  bataille  »  ;  Braciaca  peut  être  dérivé  de 
brace  «  sorte  de  farine  »  ;  Leiicetiiis  ou  Loiicetiiis  semble  dé- 
rivé du  mot  celtique  qui  est  devenu  en  gallois  Uuched 
a  éclairs  »  ;  Segomo  semble  une  forme  abrégée  du  nom 
d'homme  gRulois  S  egomaros,  cf.  S  ego  fnonas  dans  nn  ogham 
irlandais  (2)  ;  Toutatis  (3)  est  un  dérivé  du  mot  qui  est 
devenu  en  irlandais  tuath  c  peuple  »,  en  breton  tud 
«  gens  »  :  Sinatis  est  à  comparer  au  nom  d'homme  gaulois 
Sinorix  ;  Bela-donnis  ùoni  le  premier  terme  se  trouve  dans 
Bello-vesus  (cf.  pour  1  =  U  le  doublet  BelatiiUa,  Bella- 
tulliis)  ;  Condatis  dérivé  du  nom  de  lieu  Condate,  Condé, 
qui  signifie  confluent  (4)  ;  Rigi-samus  dont  le  second 
terme  entre  dans  Samo-rix  ;  Diin-atis,  cf.  dunum  ;  «  for- 
teresse ». 

Parmi  les  épithètes  de  Mercure  (5)  :  Arverno-rix  signifie 

Allmer,  Revue  épigraphique  du  midi  de  la  France,  années  1894 
el  suiv.  ;  Renel,  Les  religions  de  la  Gaule,  p.  391-406. 

(1)  A  moins  que  ce  nom  ne  doive  être  lu  Umal.  K.  Meyer, 
Revue  celtique,  t.  xxxii,  p.  390. 

(2)  Sur  les  inscriptions  oghamiques,  voir  MACALisTER,5<udies 
in  Irish  epigraphy,  London,  1897-1907. 

(3)  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Teutatès,  Revue  celtique, 
t.  I,  p.  451. 

(A)  Zeuss,  Grammatica  Cellica,  2^  éd.,  p.  998,  note  7.  Ce  mot, 
très  fréquenl  comme  nom  de  lieu  en  France,  se  trouve  aussi  en 
Grande-Bretagne  [Itin.  Ant.,  469,  1  ;  482,  3). 

(5)  Sur  le  culte  de  Mercure  en  Gaule,  cf.  P.  Monceaux,  Le 


LA    RELIGION  307 

roi  des  Arvernes  ;  Ad-smeriiis  est  un  nom  dont  on  re- 
trouve le  premier  terme  dans  les  noms  gaulois  Ad-bogiiis, 
Ad-ua/iniôi  et  le  second  terme  dans  Smerlii-litaniis,  Ro- 
smerla,  Canti-smeria  ;  Diimiatis  est  sans  doute  apparenté 
à  l'irlandais  duma  «  tertre  »  ;  Moccus  est  la  forme  ancienne 
du  breton  moc'h  «  cochon  »  ;  à  Artaius  on  peut  comparer 
le  gallois  arth  «  ours  »  ;  Vasso-caletis  est  formé  de  deux 
mots  celtiques  :  vassos,  actuellement  en  breton  gwaz 
«  garçon  »  et  caletiis,  cf.  le  breton  calet  «  dur  »  et  le  nom 
de  peuple  Caleti  ;  Vellannus  est  conservé  comme  second 
terme  dans  le  nom  propre  breton  Cat-wallaun  qui  signifie 
<;  brave  au  combat  » , 

Parmi  les  surnoms  d'Apollon  :  Anextio-mariis,  Atepo- 
marus  qui  ont  pour  second  terme  l'adjectif  maros,  en 
breton  ?neur  «  grand  »  ;  dans  Cobledu-litavus,  le  second 
terme  est  apparenté  à -/i7anw5  de  Stnertii-litaniis  ;  Maponus 
est  sans  doute  le  gallois  mahon  «  jeune  homme  (1)  »  ;  Mo- 
goiuuis  est  apparenté  au  nom  gaulois  Mogetilla  et  au  Deo 
Mogonti  honoré  en  Grande-Bretagne  ;  Viro-iutis  (2)  à 
Virodunum  ;  Vindonnus,  dont  le  premier  terme  se  trouve 
dans  le  nom  de  ville  celtique  Vindo-bona  et  est  conservé 
en  irlandais  sous  la  forme  find,  en  breton  sous  la  forme 

grand  temple  du  Puy-de-Dôme,  le  Mercure  gaulois  et  l'histoire  des 
Ars'ernes,  Revue  historique,  t.  xxxv  (1887),  p.  232-262  ;  t.  xxxvi 
(1888),  p.  1-28,  241-278.  Sur  les  montagnes  des  /Edui  où  l'on  a 
trouvé  des  dédicaces  à  Mercure,  voir  C.  Jullian,  Histoire  de  la 
Gaule,  t.  II,  p.  136. 

(1)  Cf.  «  Deus  bonus  puer  Apollo  »  (Corpus  inscriptionum 
latinarum,  t.  m,  n^^  1130,  1132)  ;  et  l'enfant  placé  à  droite  de 
Vcsta  sur  l'autel  de  Mavilly  (Côte-d'Or)  et  qui  semble  bien  être 
un  Apollon.  S.  Reinach,  Revue  archéologique,  t.  xvii,  (1891), 
p.  1-6  (pL).  - 

(2)  Sur  le  second  terme,  voir  J.  Loth,  Revue  celtique,  t.  xxxiii, 
p.  258,  qui  traduit  Viro-tulis  par  «  qui  guérit  les  hommes  ». 


308  SURNOMS    DES    DIEUX 

guetin  a  blanc  «  ;  les  deux  termes  de  Toiitio-rix  «  roi  du 
peuple  »  sont  celtiques  ;  Belenus  est  à  comparer  à  l'irlan- 
dais Bel-tene  (1),  «  feu  de  Bel  »,  fête  du  i.-''  mai  ;  Borvo  a 
été  rapproché  du  gallois  berw  «  ébullition  »  ;  à  Mori- 
iasgiis  on  a  comparé  Tasgetius  et  le  premier  terme  a  été 
identifié  à  mori  «  mer  ». 

Plusieurs  surnoms  de  Jupiter  s'expliquent  dans  les 
langues  celtiques  :  Taranucus  [cl.  les  dieux  Taraniicnos, 
Tarants  et  le  breton  taran  «  tonnerre  »)  Uxellimus  «  sum- 
mus  »,  superlatif  latinisé  de  iixellos,  bret.  iihel  «  haut  »  ; 
Bussii-manis,  cf.  irl.  màr  «  grand  ».  Parmi  les  autres  sur- 
noms, on  peut  expliquer  Beli-sama  (qui  est  aussi  le  nom 
de  l'embouchure  de  la  Mersey  en  Grande-Bretagne),  que 
l'on  compare  pour  le  second  terme  à  Rigi-samus  ;  et 
Siilis,  en  irlandais  siiil  «  œil  »,  cf.  breton  Aéo/  «  soleil  », 
gall.  haul. 

Ces  exemples  démontrent  que  de  nombreux  surnoms,  ap- 
pliqués en  pays  celtiques  aux  dieux  romains,  s'expliquent 
par  le  celtique.  On  peut  se  demander  quelle  est  la  A-aleur 
de  ces  surnoms.  Cette  valeur  est  évidemment  variable.  Cer- 
tains de  ces  surnoms  sont  employés  tantôt  comme  épi- 
thctes,  tantôt  seuls.  Tels  sont  par  exemple  :  Atesmerius 
(Adsmerius),  Borvo,  Grannus  (2),  Belenus  (3),  Maponus. 
Siannus,  Scgomo,  Camulus,  Belatucadrus,  Latobius,  Co- 
cidius,  Sulevia,  Sulis  (4).  Dans  ce  cas,  il  est  probable  que 

(1)  Cormac's  Glossary,  éd.  Stokes,  Revue  celtique,  t.  xi, 
p.  443.  Joyce,  A  social  hislory  of  ancient  Ireland,  t.  i,  p.  290- 
293. 

(2)  Dion  C.vssius,  t.xxvii,  15,  6. 

(3)  Tertui.lien,  Apologétique,  24  ;  IIérodien,  viii,  3,  8  ; 
AusoxE,  Projcssorcs,  5,  7  ;  11,  22  ;  Jxjlius  Capitolinus,  Maxi- 
min,  22. 

(4)  Le  texte  de  Solin,  xxii,  10  est  :  preesul  est  Minen>x  nu- 


LA    RELIGION  309 

ces  surnoms  sont  les  noms  mêmes  des  divinités  indi- 
gènes (1).  Quelquefois  le  surnom  a  une  signification  locale  : 
Arvernus  Arverne,  Condatis  de  Condé,  Pœninus  des  Alpes 
Pennines,  Diimialis  du  Puy-de-Dôme,  Alaunius,  Caneton- 
nessis,  Braciaca  (cf.  le  nom  de  lieu  Braciacus),  Budenicus 
{d'où  Budenicenses),  CetJienelus  {à' on  CemeneleJisis),  Ocelus, 
Rafidosatis,  Vinliiis,  Vorociiis^  Borço,  Baginatis  ;  il  est 
alors  vraisemblable  que  nous  avons  affaire  à  une  divinité 
romaine,  objet  d'un  culte  local.  Restent  les  surnoms  qui 
n'ont  pas  un  sens  local  et  qui  ne  s'emploient  que  comme 
épithètes.  Un  certain  nombre  d'entre  eux  peuvent  désigner 
des  divinités  gauloises  que  l'on  a  assimilées  à  celles  des  di- 
vinités romaines  qui  avaient  des  attributs  analogues. 

L'étude  des  inscriptions  gallo-romaines  complète  donc  et 
rectifie  le  texte  de  César.  Les  dieux  romains  auxquels  les 
dieux  gaulois  out  été  assimilés  sont  bien  Mercure,  Mars, 
Apollon,  Jupiter  et  Minerve.  Il  faudrait  y  ajouter  peut- 
être  Hercule  et  SU  vain.  Le  nom  de  Mercure  est  bien  moins 
fréquent  dans  les  inscriptions  de  Grande-Bretagne  que  celui 
de  Mars  ;  c'est  le  contraire  en  Gaule  transalpine.  Peut-on 
en  conclure  qu'à  l'époque  gallo-romaine  le  grand  dieu  des 
Celtes  était,  comme  à  'l'époque  des  invasions,  un  Mars 
plutôt  qu'un  Mercure?  Ou  bien,  pour  adopter  la  sédui- 
sante hypotbèse  de  M.  JuUian  (2),  Mars  et  Mercure  ne  se- 
raient-ils que  deux  aspects  différents  du  même  dieu  qui 
présidait  à  la  fois  aux  travaux  de  la  guerre  et  à  ceux  de  la 
paix? 

men  et  non  prœest  Sul  Minervse  numen.  Corpus  inscriptionum 
lalinarum,  t.  xiii,  no  6266  ;  vu,  39,  40,  41,  42,  43,  44,  53. 

(1)  Voir  ci-après,  p.  314. 

(2)  Rei^ue  des  études  anciennes,  t.  iv,  p.  109. 


310  TEUTATÈS 

A  côté  des  dieux  qui  ne  nous  sont  connus  que  sons  des 
noms  latins  accompagnés  ou  non  d'épithètes  celtiques,  on 
trouve,  tant  chez  les  écrivains  que  dans  les  inscriptions,  les 
noms  celtiques  de  quelques  divinités.  C'est  d'abord  chez 
Lucain  les  vers  célèbres  oii  il  énumère  trois  divinités  cel- 
tiques :  Taranis  dont  lautel  n'est  pas  plus  doux  que  celui 
de  la  Diane  scythique,  le  cruel  Tentâtes  que  l'on  a[)aisse 
par  un  sang  affreux,  et  l'horrible  Hésus  aux  sauvages  au- 
tels (I).  Taranis  (2)  est  à  comparer  au  Deo  Taranucno  «  fils 
de  Taranus  »  de  deux  inscriptions  (3j  et  s'ex[!lique  sans 
doute  par  le  gallois  laran  «  tonnerre  «.Nous  avons  déjà 
trouvé,  comme  épithète  de  Mars,  Toulates  qui  est  une  va- 
riante de  Teutatès  (4).  Nous  parlerons  plus  loin  de  l'Esas 
de  l'autel  de  Paris  dont  le  nom  forme  le  premier  terme  des 
noms  gaulois  Esu-geniis,  Esii-nerius,  Esiibii.  Peut-être 
Lucain  nous  donne-t-il  ainsi  les  noms  celtiques  des  dieux 
assimilés  aux  grands  dieux  des  Romains.  Taranis  serait  un 
Jujjiter  ;  Teutatès  un  Mars  ;  les  scholiastes  de  Lucain  iden- 
tifient Teutatès  à  Mars  et  plus  souvent  à  Mercure  '  3)  ;  Hésus 
à  Mercure  et  à  Mars,  Taranis  à  Dispater  et  à  Jupiter  ;  pour 
apaiser  Teutatès,  on  étouffait  la  victime  en  la  plongeant  la 
tête  la  première  dans  une  cuve  d'eau  ;  pour  Hésus,  on 
suspendait  à  un  arbre  jusqu'à  ce  que  les  membres  fussent 
disloqués  ;  pour  Taranis,  on  brûlait  des  hommes  (6).  Le 


(1)  Pharsale,  i,  444-446.  Cf.  Plutarque,  De  la. superstition,  13. 

(2)  J.  F.  Cerquand,  Revue  celtique,  t.  v,  p.  381. 

(3)  Corpus  iuscripiionum  latinarum,  t.  xiii,  n"®  6094,  6478. 

(4)  H.    d'Arbois    de    Jubainville,    Revue   celtique,    t.    xiv, 
p.  249-253. 

(5)  JuLLiAN,  Histoire  de  la  Gaule,  t.  ii,  p.  118,  n.  2. 

(6)  Usener,   Commenta  Bernensia,  Lipsiœ,  1869,  p.  32  ;  cf. 
TouRHEURj  Le  Musée  belge  (1902),  p.  77-81  ;  Jullian,  Revue 


LA     RELIGION  311 

culte  d'Esiis,   Taranis,   et    Teutatès  semble    être  localisé 
chez  quelques  peuplades  gauloises  (1). 

Lucien  nous  apprend  que  les  Celtes  donnent  à  Héraklès 
le  nom  d'Ogmios  :  «  Ils  le  représentent  sous  la  forme  d'un 
vieillard  très  âgé,  chauve  sur  le  sommet  de  la  tête  ;  le  peu  de 
cheveux  qui  lui  restent  sont  entièrement  blancs.  Il  a  la  peau 
ridée  et  brûlée  par  le  soleil  au  point  d'être  noire.  Il  est  re- 
vêtu de  la  peau  de  lion  ;  il  tient  la  massue  dans  sa  main 
droite  ;  de  la  gauche  il  présente  un  arc  tendu  :  un  carquois 
est  suspendu  à  son  épaule.  Cet  Héraklès  vieillard  attire  à 
lui  une  multitude  considérable  qu'il  tient  attachée  par  les 
oreilles  ;  les  liens  dont  il  se  sert  sont  de  petites  chaînes 
d'or  et  d'ambre,  d'un  travail  délicat  et  semblables  à  des 
colliers  de  la  plus  grande  beauté.  Malgré  la  faiblesse  de  leurs 
chaînes,  ces  captifs  ne  cherchent  point  la  fuite,  quoiqu'ils  le 
puissent  aisément,  et  loin  de  faire  aucune  résistance,  de 
roidir  les  pieds,  de  se  renverser  en  arrière,  ils  suivent  avec 
joie  celui  qui  les  guide  ;  ils  le  comblent  d'éloges  ;  ils  s'em- 
pressent de  l'atteindre  ;  ils  voudraient  même  le  devancer  et 
par  cette  ardeur  ils  relâchent  leur  chaîne  ;  on  dirait  qu'ils 
seraient  fâchés  de  recouvrer  leur  liberté.  Ce  qu'il  y  a  de 
plus  bizarre  dans  cette  peinture,  c'est  que  l'artiste,  ne  sa- 
chant où  attacher  le  bout  des  chaînes,  car  la  main  droite 
du  héros  tient  une  massue,  la  gauche  un  arC;  a  imaginé  de 


des  études  anciennes,  t.  iv,  p.  113  et  suiv.  ;  voir  ci-dessus  p.  £01, 
n.  6. 

On  a  depuis  longtemps  comparé  Esus  au  sanskrit  asus 
«  souffle,  vie  ».  O.  Schrader,  Reallexicon  der  indogermanisclien 
Altertumskunde,  p.  682,  le  rapproche  du  got.  anses  que  Jordanès 
traduit  par  «  semideos  ». 

(1)  S.  Reinach,  Revue  celtique,  t.  xviii,  p.  137-149.  Cultes, 
t.  I,  p.  204-216. 


312 


OGMIOS 


percer  l'extrémité  de  la  langue  du  dieu  et  de  faire  attirer 
par  elle  tous  ces  hommes  qui  le  suivent.  Ileraklès,  le  visage 
tourné  vers  eux,  les  conduit  avec  un  gracieux  sourire  (1).  » 
L'explication  de  ce  symbole  est  mise  par  Lucien  dans  la 
bouche  d'un  Celte  instruit,  parlant  grec,  et  renseigné  sur 
choses  de  son  pays  ;  les  Celtes  représentent  léloquence 
par  Héraklès,  parce  qu'il  est  plus  fort  qu'Hermès  ;  c'est  un 
vieillard,  parce  que  c'est  pendant  la  vieillesse  que  l'éloquence 
est  à  son  plus  haut  point  ;  le  rapport  de  la  langue  et  des 
oreilles  est  marqué  par  les  liens  ;  les  flèches  sont  pointues  et 
ailées  comme  les  discours  (2).  Nous  retrouvons  le  dieu  Og- 
mios  dans  la  littérature  épique  de  l'Irlande,  en  la  personne 
d'Ogmé,  un  des  champions  des  Tuatha  De  Danaun,  dont 
l'épithète  ordinaire  est  grianainech,  «  à  la  face  du  soleil  », 
le  soi  disant  inventeur  de  l'écriture  oghamique  (3).  Le 
texte  de  Lucien  nous  offre  peut-être  un  exemple  de  la  mé- 
thode suivie  dans  l'assimilation  des  dieux  celtiques  aux 
dieux  étrangers.  Ces  assimilations  sont,  semble-t-il,  en- 
core plus  superficielles  qu'on  ne  le  pouvait  supposer.  Un 
dieu  grec  s'appelle  Héraklès  ;  c'est  le  dieu  de  la  force  vi- 
rile ;    on   le   représente  d'ordinaire  sous  la  forme    d'un 

(1)  Héraklès,  1-3.  Certains  détails  semblent  d'origine  greeque  ; 
cf.  D.  Martin,  La  religion  des  Gaulois  tirée  des  plus  pures 
sources  de  l'antiquité,  Paris,  1727,  t.  i,  p.  307.  M.  Th.  Reinach  a 
cru  retrouver  dans  une  inscription  de  Salins  aujourd'hui  perdue, 
la  dédicace  Herculei  Ogmio  (Re<,'ue  celtique,  t.  xxiii,  p.  53-56). 
Sur  Ogmios,  cf.  Rhys,  Hibbert  Lectures,  p.  13-20  ;  Roscher, 
Ausfulirliches  Lexikon  der  Griechischen  wid  Rômischen  Mytho- 
logie, Leipzig,  1897,  p.  682  ;  \Yindisch,  Das  keltische  Brillan- 
nien  bis  zu  Kaiser  Arthur,  Leipzig,  1912,  p.  98. 

(2)  Héraklès,  4-5. 

(3)  Zeuss,  Grammatica  celtica,  2^  éd.,  p.  1  note  ;  H.  d'Ar- 
Bois  DE  JuBAiNviLLE,  Coviptes  rcndus  de  l'Académie  des  Ins- 
criptions et  Belles-Lettres,  t.  ix  (1881),  p.  20-26. 


LA    ÏIELIGION  313 

homme  fort,  barbu  ou  imberbe,  tantôt  assis  avec  une  ex- 
pression de  lassitude  ou  de  courage  satisfait,  tantôt  debout, 
animé  d'un  mouvement  impétueux,  appuyé  sur  la  massue, 
la  peau  de  lion  drapée  sur  le  bras  gauche.  Un  dieu  des 
Celtes  s'appelle  Ogmios  ;  c'est  le  dieu  de  l'éloquence  ;  on  le 
représente  sous  la  forme  d'un  vieillard  armé  d'un  arc,  con- 
duisant avec  sa  langue  les  hommes  enchaînés  par  les 
oreilles.  Il  a  suffi  qu'un  peintre,  voulant  manifester  aux 
yeux  la  force  de  l'éloquence,  eût  ajouté  à  Ogmios  la  massue 
et  la  peau  de  lion  d'Héraklès,  pour  qu'on  regardât  Ogmios 
comme  l'Héraklès  gaulois  et  qu'on  établit  entre  les  deux 
divinités  un  rapport  fondé  uniquement  sur  un  attribut  sym- 
bolique. C'est  à  tort  qu'on  a  cru  trouver  sur  les  monnaies 
gauloises  des  représentations  de  l'Ogmios  de  Lucien  (1). 
Mais  on  a  rapproché  d'Ogmios  le  personnage  noir  du  Tain 
Bô  Ciiaîngé  qui  porte  au  cou  sept  chaînes,  au  bout  de 
chacune  desquelles  sont  attachés  sept  hommes  (2). 

Dion  Gassius  (3)  signale  le  culte,  chez  les  Bretons  de 
Boudicca,  d'une  déesse  de  la  Victoire,  Andatê_ou  Andrastô, 
à  laquelle  on  offrait  des  sacrifices  humains.  Le  nom  de 
cette  déesse  semble  une  mauvaise  leçon  du  nom  grec 
'ASpxa-r,  «  l'Inévitable  »,  traduction  ou  défiguration  d'un 
nom  celtique.  Toutefois  une  déesse  des  Voconces  s'appelle 
Andarta,  et  la  plupart  des  autels  de  la  Victoire  découverts 
dans  la  Gaule  méridionale  appartiennent  au  pays  des  Vo- 
conces  (4).  Andarla  pourrait  s'expliquer  par  le  vieux-cel- 

(1)  E.  HucHER,  Art  gaulois,  t.  i,  p.  10.  Cf.  Ch.  Robert, 
Comptes  rendus  de  l'Académie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres, 
t.  XIII  (1885),  p.  268-272. 

(2)  Tàin  bô  Cualnge,  éd.  Windisch,  p.  797,  1.  5524. 
(;:;)  Histoire  romaine,  lxii,  6,  7. 

(4)  JuLLiAN,  Revue  des  études  anciennes,  t.  i,  p.  47-50. 


314 


DIRUX 


tique  anâe,  v.  irl.  ma,  br.  r/;?-,préfixe  intensif  et  artn  cr. 
gall.  arth  «  ours  ». 

Les  inscriptions  latines  nous  font  connaître  encore  les 
noms  de  divinités  celtiques  qui  n'ont  point  été  complète- 
ment assimilées  à  des  divinités  romaines  Nous  avons  déjà 
parlé  de  : 

Belenus,  Borç'o,  Grannus,  Maponus,  Moritasgns,  Sian- 
?ins,  quelquefois  assimilés  à  Apollon  ; 

De  Belatiicadrus,  Camiilus,  Cocidius,  Latohius,  Rndia- 
nus,  Segomo,  Viniius,  quelquefois  assimilés  à  Mars  ; 

De  Atesmerius,  Cissonius,  Visucius,  quelquefois  assi- 
milés à  Mercure  ; 

De  Belisama,  Sulis,  quelquefois  assimilées  à  Minerve  ; 

De  Pœninus,  quelquefois  assimilé  à  Jupiter. 

On  trouve,  en  outre,  en  s'en  tenant  aux  noms  pré- 
cédés de  deus  ou  de  dea,  les  dieux  suivants  : 

Abianiiis,  Abinius,  à  Cimiez  et  dans  le  Vaucluse. 

Alisanus,  dans  la  Côfe-d'Or. 

Anmliis,  àAutun. 

Baco  (i),  à  Chalon-sur-Saône. 

Bemiluciovis,  dans  la  Gôte-d'Or. 

Brixantus,  dans  la  Nièvre. 

Gisacns,  à  Evreux. 

laloniis,  à  Lancastre. 

Ibosus,  à  Néris. 

Matimiis,  en  Grande-Bretagne. 

Mogons  (2),  en  Grande-Bretagne;  Dco  Mounti,  Dis 
Moiiniibus  n'en  est  sans  doute  qu'une  variante. 

(1)  Cf.  Acla  Sanciomm,  4  sept.,  ii,  p.  200D. 

(2)  Mogontiacum  «  Mayence  »  semble  dérivé  de  Mogons,  dat. 
Mogonli. 


I 


LA     RELIGIOIV  315 

Moltiniis,  h  Le  Puy. 

Nemaiisiis,  à  Nîmes.  C'est  sans  doute  la  «  Fontaine  » 
divinisée. 

Nerius,  à  Néris. 

Nodons  (Nudens,  Nodens),  en  Grande-Bretagne  ;  iden- 
tique au  héros.  Niiadu  des  Irlandais  et  apparenté  au 
Niidd  des  Gallois  (1). 

Ouniorix,  en  Champagne. 

Ratamatus,  à  Mâcon, 

Taraniicnus,  en  Bavière  rhénane  et  en  Wurtemberg. 

Uciietis,  à  Alise  (2). 

Uxellus,  à  Hyères. 

Parmi  les  déesses  on  peut  citer  : 

Ancasta  et  Latis,  en  Grande-Bretagne. 

Bergusia,  à  Alise. 

Brigaiitia  (Nympha  ou  Victoria),  en  Grande-Bretagne, 
Ce  nom  est  identique  à  celui  de  Brigit,  la  fée  du  Moyen 
Age  irlandais,  qu'un  texte  appelle  «  mère  des  dieux  »  (3). 

Burorina,  à  Domburg. 

Camuloriga,  à  Soissons. 

Camiorica,  à  Soissons.  ' 

Dexsiça,  dans  le  Vaucluse, 

Icaunis,  à  Auxerre. 

Icovellauna,  sur  les  bords  du  Rhin. 


(1)  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Cours  de  littérature  celtique, 
t.  II,  p.  155  ;  J.  LoTH,  Les  Mabinogion,  t.  i,  p.  252  ;  J.  Rhys, 
The  Hibbert  lectures,  p.  119-133. 

(2)  K  Deo  Ucueti  et  Bergusiœ  ».  Morillot,  Deux  inscriptions 
d'Alésia,  Dijon,  1909. 

(3)  Revue  celtique,  t.  vu,  p.  398.  Cf.  Rhys,  Hibbert  Lectures, 
p.  74-76, 


316 


DIEUX 


Mogontia,  à  Metz. 

Noreia,  dans  l'ancien  Norique. 

Rosmerta,  dans  la  Gote-d'Or. 

Segeta,  dans  la  Loire. 

Soio,  à  Soyons  (Ardèche). 

Suniixsalis,  sur  les  bords  du  Rhin. 

Temusio,  Saint-^Iarcel-lès-Chalon  (Saûne-et-Loire). 

Virodactis,  à  Mayence. 

Une  dédicace  votive  de  Savoie  porte  un  nom  auquel 
manque  peut-être  une  letttre  initiale  :  athuboduœ  ;  on  a 
restitué  un  c  initial  et  comparé  [C]athuboduœ  à  Bodb,  fée 
guerrière  de  l'épopée  irlandaise  (1). 

Les  déesses-mères,  Maires  ou  Matronœ,  auxquelles  sont 
adressées  en  Gaule  de  nombreuses  dédicaces,  sont  des  divi- 
nités répandues  surtout  chez  les  Geltes  (2)  et  les  Germains. 
Elles  sont  souvent  groupées  par  deux  ou  trois  (3).  Les 
matronœ  Dervonnœ  ou  falœ  Dcrvones  portent  un  nom  qui 
s'explique  par  le  nom  celtique  du  chêne  (4).  Les  Ambio- 
marcœ,  les  Uro-brocœ,  les  Nemetiales,  les  Ollo-totse 
semblent  aussi  porter  un  nom  celtique.  Nous  ne  savons 

(1)  Corpus  inscripiionum  lalinarum,  t.  xii,  n°  2571  W.M.Hen- 
NESSY  et  C.  LoTTNER,  Revuc  celtique,  t.  i,  p.  32-57.  Cf.  Rnvs, 
Hibbei't  Lectures,  p.  43. 

(2)  Gallis  Matronis.  Corpus  inscripiionum  latinarum,  t.  vu, 
p.  5. 

(3)  F.  Vallentin,  Renie  celtique,  t.  iv,  p.  27-36  ;  J.  A.  Hild, 
article  Maires  dans  le  Dictionnaire  des  antiquités  grecques  et  ro- 
maines de  Saglio  ;  Ihm,  chez  Koscher,  Ausjuhrliches  Lexikon  ; 
Gassies,  Revue  des  études  anciennes,  t.  viii,  p.  55-58  ;  Frie- 
DERiciis,  Mutronarum  monumenta,  Bonn,  1886  ;  Renel,  Les 
religions  de  la  Gaule,  p.  274-286  (carte).  On  trouvera  de 
nombreuses  représentations  de  déesses-mères  chez  Espéran- 
dieu,  Recueil  général,  t.  i.  Cf.  C.  Jullian,  Histoire  de  la  Gaule, 
t.  II,  p.  131. 

(4)  Voir  ci-dessus,  p.  112. 


LA    RELIGION  317 

I  ien  des  dii  Casses  dont  le  nom  est  comparable  au  premier 
terme  des  noms  gaulois  :  Cassi-gnaius,  Cassi-mara,  Cassi- 
taliis,  Cassi-vellaimiis  et  auxquels  ont  été  faites  des  dédi- 
caces sur  les  bords  du  Rhin  (Y). 

On  pourra^it  accroître  de  beaucoup  la  liste  des  divinités 
gallo-romaines  en  relevant  tous  les  noms  qui  ne  sont  pas 
précédés  de  deiis  ou  de  dea,  mais  qui  sont  suivis  d'une 
formule  dédicatoire,  par  exemple  Veriugodum?ius  uni  à  la 
Victoire  d'Auguste  et  à  Apollon  dans  une  inscription  votive 
de  Saint-Acheul-lez-Amiens. 

Dans  les  inscriptions  gauloises,  on  peut  trouver  des 
noms  de  divinités  :  Brigindo,  cf.  la  déesse  Brigantia  ;  An- 
valonnacos,  cf.  le  dieu  Anvalos  ;  Alisanos  que  Ion  trouve 
aussi  dans  une  inscription  latine  (2);  Ucuetis,  cf.  le  dieu 
Uciieiis  ;  Taranous,  cf.  le  dieu  Tarants  ;  Bélésamis,  cf. 
Minen>8e  Belisamœ. 

Les  inscriptions  les  plus  intéressantes  sont  celles  qui 
sont  jointes  à  des  monuments  figurés;  mais  ces  monu- 
ments ne  sont  pas  antérieurs  à  l'époque  romaine.  Les  plus 
curieux  sont  les  deux  autels  trouvés  à  Paris  en  1710,  et 
conservés  au  musée  de  Cluny.  Une  face  du  premier  autel 
représente  un  bûcheron  abattant  un  arbre  et  porte  le  nom 
d'Esus.  Une  autre  face  est  ornée  d'un  taureau  sur  lequel 
sont  perchés  trois  oiseaux  ressemblant  à  des  grues,  deux 
sur  le  dos,  un  sur  la  tète  du  taureau  :  le  fond  du  bas-rehef 
est  constitué  par  des  feuillages  ;  l'inscription  porte  :  tarvos 
TRiGARANcs   (.3,1,   qui  s'cxpliquc   facilement  par  l'irlandais 

(1)  H.  d'Arbois  de  .Jutîainville,  Les  noms  gaulois  chez 
César,  p.  187  et  suiv. 

(2)  MoRiLLOT,  Deux  inscriptions  d'Alésia,  Dijon,  1909, 

(3)  S.  Reinach,  Cultes,  t.  i,  p.  2.33-246. 


3i0  MONUMENTS    FIGURES 

tarbJi,  le  bretoD  tarv  «  taureau  »  ;  l'irlandais  et  le  breton 
tri  «trois  »  ;  le  breton  et  gallois  garan  «  grue  »,  et  signifie 
le  «  Taureau  aux  trois  grues  (i)  ».  Sur  les  deux  autres 
faces  sont  figurés  Jupiter  (lovis)  et  Volcanus,  deux  dieux 
spécialement  honorés  par  les  Celtes  (2).  Une  face  du  second 
autel  représente  un  dieu  à  tète  humaine  ornée  de  deux 
cornes  dans  chacune  desquelles  est  passé  un  torques  ;  le 
nom  gravé  au-dessus  de  la  sculpture  est  Cerntjnnos.  Sur 
une  autre  face  est  figuré  un  homme  barbu  armé  d'une 
massue  dont  il  menace  un  serpent.  On  y  lit  le  nom  gaulois 
Smer^tull^os  (3).  Les  autres  faces  portent  les  Dioscures, 
Castor,  Pollux,  avec  leurs  chevaux  (4). 

On  a  rapproché  les  diverses  figures  de  ce  monument  des 
représentations  analogues.  L'autel  de  Reims  nous  offre  un 
dieu  assis,  les  jambes  croisées,  pressant  de  la  main  droite 
un  sac  d'où  s'échappent  des  graines  que  mangent  un  cerf 
et  un  taureau  figurés  à  la  partie  inférieure  du  bas-relief  ;  ce 
dieu  a  sur  la  tête  des  bois  de  cerf  (5)  ;   à  sa  droite  est  un 

(1)  M.  J.  Vendryès,  Revue  celtique,  t.  xxviii,  p.  123-127, 
rapproche  le  xpuY^pavoç  que,  d'après  une  comédie  de  Philé- 
mon,  citée  par  Athénée  (xiii,  57,  p.  590A),  les  Athéniens  vou- 
laient envoyer  à  Seleucus. 

(2)  Voir  ci-dessus,  p.  300-301.  D'après  César  (vi,  21)  Vulcain 
est  un  dieu  des  Germains. 

(3)  II.  d'Arbois  de  Jubai.nville,  Revue  archéologique, 
l.  XXXVI  (1900),  p.  66-74.  Revue  celtique,  t.  xx,  p.  369.  On  trouve 
des  reproductions  de  ces  autels  dans  la  Revue  celtique,  t.  xviii, 
p.  254.  (Cf.  Corpus  inscriptionum  latinarum,  t.  xiii,  n°  3026)  ; 
et  chez  Espérandieu,  Recueil  général,  n°  3133. 

(4)  Cf.  plus  haut,  p.  301,  le  texte  de  Diodore  (iv,  56)  sur  le 
culte  des  Dioscures  chez  les  Celtes,  et  dans  une  inscription  de 
Seyssel  (Ain)  :  Deo  Vintio  Polluci.  On  trouvera  dci  repré- 
sentations de  Castor  et  Pollux,  chez  Espérandieu,  l'ecueil 
zcnérnl,  n*»  16,  169,  340,  2351,  2751.  C.  Juli.tan,  Histoire  de 
la   Gaule,  t.  ii,  p.  125,  n.  4. 

(5)  Sur  les  dieux  cornus,  cf.  S.  Reixach,  Répertoire  de  la  sta- 


LA    RELIGION  319 

Apollon  :  à  gauche  un  INIercure.  L'autel  de  Vendœuvres 
(Indre)  représente  un  dieu  à  ramure  de  cerf,  à  attUude 
bouddhique;  il  presse  une  outre  entre  ses  mains  ;  à  sa  droite 
et  à  sa  gauche  sont  deux  personnages  qui  lui  saisissent  les 
cornes  et  ont  les  pieds  sur  des  dragons  et  dont  l'un  tient  à 
la  main  un  collier.  Sur  un  des  côtés  de  l'autel  est  figuré  un 
Apollon  tenant  la  lyre  (1).  Le  groupe  de  Saintes  représente 
sur  l'une  de  ses  faces  un  dieu  cornu,  assis,  les  jambes 
croisées,  sur  un  siège  que  décorent  ou  supportent  deux 
tètes  de  taureaux  ;  il  tient  d'une  main  une  bourse,  de 
l'autre  un  objet  indéterminé.  A  sa  droite  une  femme 
drapée,  à  sa  gauche  un  homme  nu,  tenant  l'un  et  l'autre  de 
la  main  gauche  un  objet  rond  (vase  ou  fruit)  ;  l'homme 
appuie  sa  main  droite  sur  une  massue  (2).  Ce  dieu  à  carac- 
tère semi-humain  semi-bestial  se  retrouve  avec  le  dieu  à 
la  roue  et  le  sanglier  sur  le  chaudron  de  Gundestrup  où  il 
porte  deux  torques,  l'un  au  cou  et  l'autre  à  la  main.  On 
peut  lui  comparer  :  la  déesse  cornue  qu'on  peut  considérer 
comme  son  doublet  féminin  (3),  peut-être  assimilée  à  la 
Terre-Mère  ;  les  dieux  à  cornes  de  ruminants  (4)  ;  le  dragon 
à  tête  de  bélier  qui  orne  des  autels  tricéphales,  la  face  laté- 
rale de  la  niche  d'un  Hermès,  le  chaudron  de  Gundes- 
trup {i)),  et  qui  est  figuré  sur  les  genoux  d'un  dieu  barbu  ; 

luaire  grecque  et  romaine,  t.  ii,  p.  24-25  (fig.).  Bronzes  figurés  de 
la  Gaule  romaine,  p.  193-195,  pi.  211.  Cf.  Gassies,  Revue  des 
études  anciennes,  t.  vu  (1905),  p.  372  (fig.). 

(1)  A.  Bertrand,  Revue  archéologique,  t.  xliii  (1882),  p.  321- 
323,  pi.  IX. 

(2)  Voir  EspÉRANDiEu,  Recueil  général,  n^  1319, 

(3)  G.  Gassies,  Revue  des  études  anciennes,  t.  viii,  p.  55  '. 
t..  l'x,  p.  184  (fig.),  364.  Sur  le  culte  de  Dêmêtêr  en  Gaule,  voir 
Strabon,  IV,  4,  6. 

(4)  Voir  EspÉRANDiEU,  Recueil  général,  n°  3015. 

(5)  A.  Bertrand,  La  religion  des  Gaulois,  p.  315-317,  368, 


320 


MONUMENTS  FIGURES 


le  géant  anguiiiède  foulé  aux  pieds  du  cheval  par  un  cavalier 
porteur  d'une  roue  1 1  ;  l'homme  tenant  une  grande  corne 
d'abondance  remplie  de  fruits,  aux  pieds  duquel  est  figurée 
une  tète  de  cerf  dont  la  bouche  laisse  échapper  un  flot  d'ob- 
jets ronds  qui  se  répandent  dans  une  caisse  (bas-relief  de 
Differdauge)  (2)  ;  et  peut-être  dans  l'histoire  mythique  de 
l'Irlande,  les  Fomoré,  antagonistes  des  Tuatha  De  Danann 
et  peuple  envahisseur,  qui  portent  lepithète  de  gobor- 
chind  «  à  tète  de  chèvre  »  et  les  génies  à  visage  de  bouc 
(bocc  ai/iich)  (3). 

La  ressemblance  que  certaines  représentations  du  Mer- 
cure gallo-romain  ont  avec  le  tricéphale  du  Musée  Carna- 
valet indique  que  le  dieu  cornu  a  été  assimilé  à  Mer- 
cure (4). 

L'autel  de  Trêves  représente  un  bûcheron  abattant  un 
arbre.  Sur  les  branches  de  cet  arbre  sont  perchées  trois 
grues  et  on  aperc^oit  daus  le  feuillage  une  tête  de  taureau. 
C'est  évidemment  une  reproduction  abrégée  du  mythe  re- 

planchc  xxx  ;  S.  Reinacii,  Bronzes  figurés  de  la  Gaule  romaine, 
p.  195-198  ;  Comptes  rendus  de  l'Académie  des  Inscriptions,  1899, 
p.  'i55.  Voir  EspÉRANDiEU,  Recueil  général,  n°^  2067,  2072, 1572. 

(1)  A.  Prost,  Revue  archéologique,  t.  xxxvii  (1879),  p.  2-20  ; 
65-83  ;  F.  Voulût,  Revue  archéologique,  t.  xl  (1880),  p.  112-116, 
291-298  ;  t.  xli  (1881),  p.  104-112  ;  G.  Gassies,  Revue  des 
éludes  anciennes,  t.  iv,  p.  287-297. 

On  trouvera  des  représentations  du  cavalier  et  de  l'anguipède 
chez  EsrÉRANDiEu,  Recueil  général,  2293,  3036,  3037,3039,  3207^ 
de  l'anguipède  luttant  avec  Jupiter  (?),  2856  (t.  iv,  p.  56),  3166* 
M.  Albert  Fuchs  regarde  l'anguipède  comme  le  talisman  pro- 
tecteur des  maisons  et  des  cours  de  maisons  (Re\'ue  des  éludes 
anciennes,  t.  xv    (1913),  p.  83. 

(2)  G.  Welter,  Rei'ue  archéologique,  t.  xvii  (1911),  p.  63-66. 

(3)  H.  d'Arbois  de  Jubatnville,  Cours  de  littérature  cel- 
tique, t.  II,  p.  95  ;  Revue  archéologique,  t.  xi  (1908),  p.  4-7. 

(4|  S.  Reinacii,  Rerue  de  l'histoire  des  religions,  t.  lvi,  p.  60  ; 
Esperandieu,  Recueil  général,  n"  3143. 


LA    RELIGION  321 

présenté  sur  deux  faces  de  l'autel  de  Paris.  M.  S.  Reinach 
a  comparé  les  deux  autels  et  démontré  que  Tarvos  Triga- 
ranus  et  Esus  appartenaient  à  la  môme  scène  (1).  L'inter- 
prétation de  cette  scène  présente  de  grandes  difficultés. 
H.  d'Arbois  de  Jubainville  (2)  a  eu  l'ingénieuse  idée  d'en 
chercher  la  survivance  dans  deux  épisodes  de  la  principale 
épopée  du  cycle  d'Ulster,  l'Enlèvement  des  vaches  de 
Cualngé.  Dans  l'un  de  ces  épisodes,  Gûchulainn,  le  cham- 
pion d'Ulster,  abat  des  arbres  pour  retarder  la  marche  de 
l'armée  ennemie.  Dans  un  autre  épisode,  la  fée  Morrigu, 
soQS  la  forme  d'un  oiseau,  conseille  la  fuite  au  taureau 
Donn.Il  y  aurait  là  la  mise  en  action  d'une  ancienne  tradi- 
tion celtique  dont  l'écho  serait  venu  jusqu'en  Irlande.  Le 
nom  d'homme  gaulois  Donno-taurus  qui  semble  bien 
signifier  «  taureau  Donn  »  serait  encore  une  preuve  de  la 
communauté  des  légendes  entre  les  Gaulois  et  les  Irlan- 
dais. Mais  la  légende  irlandaise  ne  saurait  nous  renseigner 
sur  la  signification  primitive  du  mythe  du  bûcheron  et  du 
taureau  aux  trois  grues. 

Sur  un  des  autels  de  Sarrebourg,  étudiés  par  M.  Salo- 
mon  Reinach  (3),  est  figuré  un  personnage  debout,  vêtu 
d'une  tunique,  tenant  de  la  main  gauche  un  maillet  à 
longue  hampe  et  de  la  main  droite  un  vase.  A  sa  droite  est 
une  femme  de  même  grandeur,  complètement  drapée, 
tenant  de  la  main  gauche  levée  une  longue  hampe  sur- 
montée d'une  espèce  d'édicule  et  abaissant  la  main  droite, 


(1)  Revue  celtique,  t.  xviii,  p.  253-266  (avec  figures.  Cf.) 
ti  XXVIII,  p.  41-42  (pi.)  ;  Revue  de  l'histoire  des  religions,  t.  lvi 
(1907),  p.  71-79.  Cf.  JwLLiAN,  Histoire  de  la  Gaule,  t.  ii,  p.  147. 

(2)  Revue  celtique,  t.  xix,  p.  245-250. 

(3)  Revue  celtique,  t.  xvii,  p.  45  et  suiv.  Cultes,  t.  i,  p.  217-232, 

G.  DoTTiN.  —  Manuel  de  l'antiquité  celtique,  21 


322  MONUMENTS    FIGURES 

qui  tient  une  patère,  vers  un  autel.  Une  inscription  placée 
au-dessus  du  bas-relief  nous  apprend  que  le  dieu  s'appelle 
Sucellos  et  sa  parèdre  Nantosuelta.  Si  le  second  nom  est 
assez  obscur,  quoiqu'on  puisse  rapprocher  Nanio  -  de 
l'Irlandais  'Nêl,  guerrier  de  l'épopée  irlandaise,  Sucellos 
est  évidemment  celtique  ;  le  premier  terme  se  retrouve 
dans  les  noms  gaulois  Sii-carus,  Su-essiones,  et  le  sens  du 
mot  semble  être  «  qui  frappe  bien  »  ou  «  qui  a  un  bon 
marteau  »  (1). 

Sur  un  second  autel  est  figuré  une  femme  ailée  tenant  de 
la  main  droite  la  hampe  surmontée  de  l'édicule  et  de  la 
main  gauche  abaissée,  une  cassolette  à  encens  (2). 

Le  dieu  au  maillet  est  une  divinité  dont  l'on  a  trouvé 
d'autres  représentations  (3),  en  pierre  ou  en  bronze,  qui  le 
plus  souvent  ne  diffère  guère  du  Sucellos  de  Sarrebourg. 
La  plus  singulière  représente  un  dieu  barbu  revêtu  d'une 
peau  de  lion,  s'appuyant  de  la  main  gauche  sur  une  hampe 
et  tenant  de  la  main  droite  un  vase  ;  derrière  lui  se  dresse 
au-dessus  de  sa  tête  un  énorme  maillet  dans  lequel  sont 
fiches  cinq  maillets  plus  petits  rangés  en  demi-cercle. 
M.  de  Barthélémy  pense  que  ce  dieu  est  le  Dispater  légen- 
daire des  Gaulois  (4). 

(2)  V.  Henry,  Revue  celtique,  t.  xvii,  p.  66.  Dans  une  ins- 
cription de  Mayence  [C.  I.  L.,  xii,  6730,  Sucsslo  semble  être  une 
épithùtc  de  Jupiter. 

(2)  Voir  le  détail  des  figures  dans  la  Revue  des  études  anciennes, 
t.  VII,  p.  240-247. 

(3)  S.  Reinach,  Répertoire  de  la  statuaire  grecque  et  romain, 
t.  II,  p.  21-24  ;  780  ;  Bronzes  figurés  de  la  Gaule  romaine,  p.  137- 
185  (fig.)  ;  Revue  celtique,  t.  xxii,  p.  159-164  ;  Cultes,  t.  i, 
p.  264-271  ;  Revue  archéologique,  t.  iv  (1884),  pi.  vin  ;  Ed. 
Flouest  et  H.  Gaidoz,  Revue  archéologique  t.  xv  (1890), 
p.  153-17G  (fig.). 

(4)  Revue   celtique,  t.  i,  p.  1-8  ;  cf.  t.  xxii,  p.  159-164,    Cette 


LA    RELIGION  323 

Quant  au  dieu  figuré  aveu  une  roue  sur  l'épaule,  à  la 
main  ou  à  ses  pieds  (1),  M.  H.  Gaidoz  le  regarde  comme  le 
dieu  gaulois  du  Soleil  ;  mais  une  statuette  trouvée  à  Lan- 
douzy- la-Ville  semble  l'identifier  à  Jupiter  (2).  Il  nous  est 
impossible  de  savoir  si  cette  divinité  portait  un  nom  cel- 
tique ou  non. 

L'origine  celtique  ne  peut  pas  non  plus  être  démontrée 
pour  les  divinités  tricéphales  de  Reims,  de  Dennevy,  de 
Beaune,  de  Gondet,   de  Langres,  de  Paris  (3),   la  singu- 

idée  a  été  émise  pour  la  première  fois  par  Grivaud  de  la  Vin- 
celle  (1762-1819).  A.  Michaelis  (Jahrbuch  der  Gesellschajl  fur 
loUiringische  Geschichte,  t.  vu  (1895),  p.  128-163)  le  rapproche  de 
Silvain.  Renel,  Les  religions  de  la  Gaule,  p.  253-256.  Les  plis 
du  capuchon  ont  été  pris  pour  une  cravate.  Dangibeaud, 
Revue  des  études  anciennes,  t.  x  (1908),  p.  76-78.  On  trouvera 
des  représentations  du  dieu  avec  le  vase  et  le  maillet  chez 
EspÉRANDiEU,  Recueil  général  des  bas-reliefs  de  la  Gaule  ro- 
maine, n03  436,  437  ;  cf.  434,  435,  53,  276  ;  n^^  1733-1735, 1839, 
2028,  2034  ;  206G,  2348,  3441  (à  côté  d'une  femme  tenant  un 
vase  de  la  main  droite  et  une  corne  d'abondance  de  la  main 
gauche)  ;  2134,  2208,  2216,  2750  ;  —  du  maillet,  ibid.,  n°^  284 
(Silvano),  440,  511  ;  nos  1736,  2645,  2699,  3385,  3633  ;  1691 
(avec  la  roue)  ;  —  du  vase  et  du  maillet,  ibid.,  t.  i,  n°  497 
(Deo  Silvano)  ;  1736.  Cf.  Jullian,  Histoire  de  la  Gaule,  t.  ii, 
p.  121,  n.  3. 

(1)  Cf.  S.  Reinach,  Répertoire  de  la  statuaire  grecque  et  ro- 
maine, t.  II,  p.  17  (fig.)  ;  Héron  de  Villefosse,  Re^'ue  archéo- 
logique, t.  xLi  (1881),  p.  1-13  ;  pi.  I  ;  t.  IV  (1884),  pi.  i  ;  C.  de 
Mensignac,  Revue  des  études  anciennes,  t.  vu,  p.  156-157  (fig.). 
On  trouvera  des  représentations  du  dieu  à  la  roue  chez  Espé- 
RANDiEu,  Recueil  général  des  bas-reliefs  de  la  Gaule  romaine, 
nos  299,  303  ;  de  la  roue  ,ibid.,  nos  421,  428,  430,  517,  524  (Jovi 
et  Augusto),  2650  (Jovi),  2681  (Jovi),  3048  (Augusto  deo  Jovi). 
Cf.  la  divination  par  la  roue  chez  les  druides  irlandais.  Joyce, 
A  social  history  of  ancient  Ireland,  t.  i,  p.  231. 

(2)  S.  Reinach,  Répertoire  de  la  statuaire  grecque  et  romaine, 
t.  II,  p.  17  ; 

(3)  Voir  EspÉRANDiEu,  Recueil  général,  n°^  2083  (trois  divi- 
nités), 2131  (trois  divinités),  2668  (deux  faces  barbues,  une 
imberbe),  3137  (t.  iv,  p.  220),  3287  (trois  faces  barbues,  uae 
surmontée  de  cornes  en  spirales  ;  cf.  1316. 


324  MONUMENTS    FIGURES 

lière  statuette  d'Aulua  (représentant  un  personnage  barbu 
et  cornu,  les  jambes  croisées  sur  un  coussin,  portant  entre 
ses  genoux  deux  serpents  à  tête  de  bélier  et  un  torques  (1), 
et  les  statuettes  analogues.  Est-ce  un  dieu  celtique  qui  est 
figuré  sur  la  stèle  de  laraire  de  Vignory  (Haute- Marne)  (2)? 

Certaines  monnaies  gauloises  portent  des  monstres  di- 
vers :  gnomes,  chevaux  à  tête  humaine  ou  à  tête  d'oiseau, 
oiseaux  à  figure  de  femmes,  hommes  à  queue  de  serpent, 
qui  peuvent  être  des  divinités  secondaires  des  Celtes  (3). 

Le  menhir  sculpté  de  Kernuz  (Finistère)  porte  sur  ses 
quatre  faces  des  figures  en  relief,  de  1",30  de  haut.  L'une 
représenterait  Mercure  accompagné  d'un  enfant,  une  autre 
Hercule,  une  troisième  Mars,  et  la  quatrième  Sucellos  et 
Nantosuelta(4).  D'après  H.  d'Arbois  de  Jnbainville,  le  Mer- 
cure, tenant  un  caducée  et  accompagné  d'un  enfant,  ne  se- 
rait autre  que  l'Irlandais  Lug  avec  son  fils  Setanta  sur- 
nommé Cûchulainn  (5). 

Un  monument  qui,  par  certains  côtés,  se  rapproche  du 
Mercure  de  Kernuz,  avait  été  découvert  à  Melun  en  1812  et 
détruit  depuis.  Il  représentait  un  personnage  nu,  avec  des 

(1)  A.  Bertrand,  La  religion  des  Gaulois,  p.  316,  317,  318  et 
planches  xxvii,  xxviii  ;  S.  Reinach,  Bronzes  figurés  de  la  Gaule 
romaine,  p.  185-193  ;  Revue  de  l'histoire  des  religions,  t.  lvi, 
p.  00-71.  L'étude  des  tricéphales  a  été  faite  par  M.  S.  Reinach, 
Cultes,  mythes  et  religions,  2^  éd.,  t.  m,  p.  160-185  ;  Renel,  les 
religions  de  la  Gaule,  p.  264,  268-269.  Cf.  une  monnaie  des  Rémi 
chez  Blanchet,  Traité  des  monnaies  gauloises,  p.  152  ;  Espé- 
randieu,  Recueil,  n°  1316. 

(2)  E.  Flouest,  Deux  stèles  de  laraire,  Revue  archéologique, 
t.  IV  (1884),  p.  285-298,  pi.  vu. 

(3)  JuLLiAN,  Histoire  de  la  Gaule,  t.  ii,  p.  142-143. 

(4)  P.  DU  Ciiatellier,  Revue  archéologique,  t.  xxxvii  (1879), 
p.  104-110,  129-135  (pi.)  ;  G.  Guénin,  Annales  de  Bretagne, 
t.  XXV,  p.  438. 

(5)  Revue  celtique,  t.  xxvii,  p.  313-323  (pi.). 


LA    RELIGION  3'25 

ailes  aux  chevilles,  une  bourse  au  côté  et  les  débris  d'un 
caducée  près  du  bras.  Derrière  lui  se  trouvait  un  enfant 
vêtu  d'une  tunique  sans  manches,  liée  par  une  ceinture,  et 
qui  porte  une  chaussure  fermée  ;  il  supporte  ou  touche  la 
bourse  de  Mercure.  Entre  ces  deux  personnages  ou  aper- 
çoit les  vestiges  d'une  tête.  Ce  serait,  d'après  H.  d'Arbois 
de  Jubainville,  celle  d'un  des  trois  fils  de  Necht  que  tua 
Setanta,  alors  âgé  de  sept  ans  (1). 

La  déesse  romaine  Epona,  figurée  souvent  sous  la  forme 
d'une  femme  assise  sur  un  cheval  et  dont  le  culte  était 
officiellement  célébré  en  Cisalpine,  est  sans  doute  une  divi- 
nité d'origine  celtique  (2)  ;  son  nom  semble  dérivé  du  vieux 
celtique  *epo-  «  cheval  »  ;  cf.  le  mot  gaulois  epo-redias 
«  conducteurs  de  chevaux  »  (3). 

On  a  reconstitué  à  Berne  un  groupe  formé  d'une  déesse 
assise  portant  une  patère  et  des  fruits,  d'une  ourse  et  d'un 
arbre,  portés  sur  un  piédestal  oîi  on  lit  la  dédicace  :  Deae 
Artioni  (4)  ;  arlh  est  en  gallois  le  nom  de  l'ours  ;  on  peut 
comparer  au  nom  de  cette  déesse  ceux  de  la  dea  Andarta 
des  Vocontii  et  du  Mercurius  Artuius  de  Beaucroissant 
(Isère). 

Un  bas-relief  trouvé  près  deHaguenau  représente  un  per- 


(1)  Revue  celtique,  t.  xxviii,  p.  223  (pi.). 

(2)  Corpus  inscriptionum  latinarum,  t.  i,  n^  1  ;  S.  Reinacii, 
Epona,  Revue  archéologique,  t.  xxvi,  1895,  p.  163-195,  309-335  ; 
t.  XXXIII,  p.  187-200  ;  t.  xxxv,  p.  61-72  ;  t.  xl  (1902),  p.  231- 
238  ;  Mémoires  de  la  Société  nationale  des  antiquaires  de  France, 
1899,  p.  241-245  ;  Keuxe  dans  la  Realencyklopsedie  de  Wissowa  ; 
Ch.  Dangibeaud,  Revue  des  études  anciennes,  t.  vu,  p.  234-238  ; 
EspÉRANDiEU,  Pro  Alcsia,  t.  ii,  p.  257-258  (pi.)  ;  Jullian,  His- 
toire de  la  Gaule,  t.  ii,  p.  124,  n.  4. 

(3)  Ci-dessus,  p.  66. 

(4)  S.  ReinacHj  Revue  celtique^  t.  xxi,  p.  288-289. 


326  MO>UME?(TS    FIGURÉS 

sonnage  tenant  de  la  main  gauche  une  lance  et  s'appuyant 
de  la  main  droite  sur  la  tête  d'un  taureau  (1).  La  dédicace 
porte  D.  MEDRu.  S'agit-il  d'un  dieu  dont  le  nom  serait  appa- 
renté à  celui  de  Mider,  héros  de  la  légende  irlandaise  ? 

Un  autre  bas-relief,  découvert  à  Brumath,  porte  au- 
dessous  d'un  personnage  barbu  complètement  nu,  le  mot 
Erumo.  Est-ce,  comme  l'a  pensé  M.  S.  Reinach  (2),  un  dieu 
celtique'? 

Nous  avons  quelques  représentations  des  divinités  des 
eaux  :  un  fragment  d'une  statue  de  la  déesse  Sequana  ;  un 
buste  d'une  divinité  appelée  Sirona  ou  Dirona  (par  un  d 
barré). 

Mais  parmi  toutes  les  nymphes  des  eaux  auxquelles  des 
ex-voto  ont  été  offerts  en  Gaule  :  Acionna,  Aventia,  Gar- 
punda,  Clutoida,  Divona,  Ura,  Urnia,  Vesunna,  il  en  est 
peu  dont  les  noms  soient  celtiques.  Les  cours  d'eau  divi- 
nisés Icaunis,  Sequana,  Matrona,  portent  des  noms  qui 
peuvent  être  antérieurs  à  l'occupation  de  la  Gaule  par  les 
Celtes,  et  qui  en  tout  cas  ne  s'expliquent  pas  facilement 
par  les  langues  celtiques. 

Le  Rhin,  dont  Virdomarusse  vantait  d'être  issu  (3),  a-t- 
il  été  dénommé  par  les  Celtes,  et  le  culte  dont  il  était 
l'objet  a-t-il  été  inauguré  ou  continué  par  les  Celtes  ?  Nous 
ne  pouvons  répondre  à  cette  question.  L'irlandais  rian  = 
*reno  signifie  «  mer  ».  Nous  avons  vu  que  les  Celtes  pre- 
naient le  Rhin  comme  arbitre  de  la  fidélité  de  leurs 
femmes. 

Des  Celtes,  daprès  ApoUonios  de  Rhodes,  disaient  que 

(1)  Fr,  Cumont,  Rei>ue  celtique,  t.  xxv,  p.  47-50. 

(2)  Rei>ue  celtique,  t.  xvi,  p.  369-373  ;  Cultes,  t.  i,  p.  247-252, 

(3)  Properce,  iv,  10,  41. 


LA    RELIGION  327 

les  eaux  de  l'Eridan  étaient  les  larmes  sans  nombre  qu'avait 
versées  Apollon  lorsque,  chassé  du  ciel,  il  se  dirigeait  vers 
le  peuple  sacré  des  Hyperboréens  (1). 

Les  diisii,  démons  incubes  auxquels  croyait  saint  Au- 
gustin (2),  étaient,  d'après  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  des 
cours  d'eau  divinisés  (Cf.  Dhuys,  nom  de  rivière)  (3).  Il  y 
avait  à  Toulouse  des  lacs  sacrés  oii  les  habitants  du  pays 
jetaient  des  lingots  d'or,  des  masses  d'argent  battu  en  forme 
de  meules  (4). 

Faut-il  regarder  comme  celtiques  les  noms  des  divinités 
des  montagnes  :  Vosegiis,  dieu  des  Vosges  ;  Ardiiifina, 
déesse  de  la  forêt  des  Ardennes,  figurée  en  Diane  ;  Abnoba, 
déesse  de  la  Forêt  Noire,  identifiée  à  Diane  ? 

Quelques  noms  de  dieux  et  de  déesses  sont  identiques  à 
des  noms  de  villes  et  peuvent  désigner  des  villes  divinisées 
ou  des  divinités  éponymes  de  villes  ou  de  peuples;  par 
exemple,  Bibracte,  la  métropole  des  Eduens  (5).  La  dea 
Aventia  est  sans  doute  la  protectrice  d'Aventicum,  et  la 
dea  Mogontia  la  déesse  de  Mogoniiacum.  D'après  H.  d'Ar- 
bois de  Jubainville  (6),  le  nom  de  Lyon,  Lugudunum  (7), 
dont  le  second  terme  est  le  nom  celtique  bien  connu  dunos, 
en  irlandais  dûn  «  forteresse  »,  aurait  pour  premier  terme 


(1)  Argonautiques,  iv,  609-616. 

(2)  De  civitate  Dei,  xv,  23.  Cf.  Isidore,  Origines,  viii,  11,  103. 

(3)  Cours  de  littérature  celtique,  t.  vi,  p.  165,  180-184.  Cf.  ci- 
dessus,  p.  68. 

(4)  Strabon,  IV,  1,  13.  Cf.  Justin,  xxxii,  3. 

(5)  J.  A.  BuLLioT,  Revue  celtique,  t.  i,  p.  306-319  ;  Fouilles 
du  Mont-Beuvray,  t.  ii,  p.  205-228. 

(6)  Revue  celtique,  t.  vu,  p.  396-400  ;  t.  viii,  p.  169  ;  t.  x, 
p.  238. 

(7)  Cf.  Lugu-balia  pour  Lugu-valia  chez  Bède,  Histoire  ec- 
clésiastique, IV,   29  ;  Luguvallum   (Itin.  Ant.) 


328  DIEUX    LOCAUX 

le  nom  d'un  dieu  gaulois  Lugus.  11  y  au  moins  une  coïnci- 
dence curieuse  dans  le  fait  que  depuis  Fan  10  av.  J.-C,  la 
fête  d'Auguste  se  célébrait  à  Lyon  le  1*'  août  et  que  le 
1"  août  est  dénommé  en  vieil-irlandais  Lug-nasad,  c'est-à- 
dire  «  fête  de  Lug  »  (1).  On  aurait  choisi  pour  célébrer  la 
fête  de  l'empereur  le  jour  où  l'on  fêtait  jadis  le  dieu  épo- 
nyme  de  la  ville.  On  a  trouvé  dans  deux  inscriptions  le 
nom  de  génies  Lugoves  (2),  qui  est  le  pluriel  eu  celtique  de 
Lugus.  Dans  l'épopée  irlandaise,  Lug,  le  bon  ouvrier  ca- 
pable d'exécuter  tout  ouvrage  qu'on  lui  confie,  a  gardé 
peut-être  quelques  traits  de  son  ancêtre  supposé  Lugus, 
sans  qu'il  soit  possible  de  restituer  avec  quelque  précision 
la  physionomie  de  celui-ci. 

Dexiva  est  la  déesse  des  Dexivates  qui  habitaient  les 
bords  de  laDurance;  Tricoria  (3),  la  déesse  des  Tricorii, 
peuple  de  la  vallée  du  Drac. 

Le  vent  du  nord-ouest,  appelé  Circius  en  Narbonnaise, 
était  honoré  par  les  habitants  parce  que,  bien  qu'il  renver- 
sât leurs  maisons,  il  contribuait  à  la  salubrité  du  climat. 
Auguste,  pendant  son  séjour  en  Gaule,  lui  dédia  un 
temple  (4). 

Les  divinités  celtiques  sont  souvent,  dans  les  dédicaces, 
groupées  deux  à  deux,  un  dieu  et  une  déesse.  Nous  avons 

(1)  Suétone,  Claude,  2  ;  Corpus  inscriptlonum  latinarum, 
t.  I,  n°  398  ;  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Cours  de  littérature 
celtique,  t.  vu,  p.  305-317  ;  Les  Celtes  depuis  les  temps  les  plus 
anciens,  p.  39-45  ;  Rhys,  Hibbert  lectures,  p.  410  ;  O.  Hirsch- 
FELD,  Westdeutsche  Zeitschrift  fiir  Geschichte  und  Kunst,    1904, 

t,   XXIII. 

(2)  Revue  celtique,  t.  vi,  p.  488-487  ;  Cf.  Cours  de  littérature 
celtique,  t.  ii,  p.  178. 

(3)  Voir  EspÉRANDiEU,  Recueil  général,  n°  539. 

(4)  Sénèque,  Questions  naturelles,  v,  17,  5  ;  cf.  Aulu-Gelle, 
II,  22,  20. 


LA    RELIGION 


329 


déjà  cité  Sucellos  et  Nantosuelta.  On  trouve  de  plus  dans 
les  inscriptions  gallo-romaines  :  Mercure  associé  à  Ros- 
merta  (1),  déesse  dont  le  nom  est  certainement  celtique, 
(cf.  Smertorix)  ;Borvo  (var.  Bormo),  le  dieu  de  Bourbonne- 
les-Bains,  de  Bourbon-Lancy  et  d'Aix-ies-Bains,  associé  à 
Damona  ;  Bormanus  et  Bormana,  Albius  et  Damona,  Luxo- 
vius  et  Brixia  ;  Apollon  (2),  associé  à  Sirona,  la  nymphe  des 
eaux  ;  Mars  Loucetios  associé  à  Nemetona  (dont  le  nom 
rappelle  celui  de  Nemon,  fée  guerrière  de  l'épopée  irlan- 
daise) et  à  Epona  (3)  ;  Telo  associé  à  Stannachez  les  Peiru- 
corii  ;  Mars  Cicolluis  associé  à  Litavis,  laquelle  dans  une 
inscription  est  remplacée  par  Bellona  (4).  On  trouve  quel- 
quefois deux  dieux  associés  dans  la  même  formule  :  Di- 
vaiuioni,  Dinomogeiimaro  Martibus. 

Ce  dualisme  n'a  rien  de  particulier  aux  Celtes.  On  le 
trouve  souvent  ailleurs.  Le  groupement  des  divinités  en 
triades  n'est  pas  non  plus  spécialement  celtique,  bien  qu'il 
soit  fréquent  en  Gaule  (5).  Nous  avons  parlé  plus  haut  de 
l'autel  de  Reims,  oii  un  dieu  cornu  figure  avec  Apollon  et 
Mercure  ;  on  peut  citer  encore  l'autel  de  Beaune  et  l'autel 
de  Dennevy  ;  dans  chacun  de  ces  autels  figurent  trois  per- 
sonnages dont  un  tricéphale.  La  tête  du  personnage  princi- 
pal manque  dans  l'autel  de  Saintes  (6).  Le  dieu  tricéphale 

(1)  Revue  celtique,  t.  xviij,  p.  143,  256. 

(2)  Cf.  EuMÈNE,  Panégyrique  de  Conslanlin,  21. 

(3)  H.  Gaidoz,  Religion  des  Gaulois  [Encyclopédie  des  sciences 
religieuses,  t.  v,  p.  432). 

(4)  Cf.  Mars  et  Bellone  des  Scordisci.  Ammien,  xxvii,  4,  4, 

(5)  On  la  trouve  encore  chez  les  Grecs,  les  Macédoniens,  les 
Thraces,  les  Phrygiens,  les  Italiotes,  les  Germains,  les  Hindous 
et  les  Sémites.  Usener,  Rheinisches  Muséum,  t.  lviii  (1903), 
p.  24-34. 

(6)  A,  Bertrand,  L'autel  de  Saintes  et  les  triades  gauloises^ 


330  SIGNES    SYMBOLIQUES 

lui-même  semble  une  représentation  réduite  de  la  triade. 
On  a  souvent  remarqué  que  Tentâtes,  Esus  et  Taranis,  les 
trois  divinités  sanguinaires  citées  par  Lucain,  pouvaient 
constituer  une  triade.  On  peut  encore  citer  le  Taureau  aux 
trois  grues  et  le  Taureau  à  trois  cornes  (1).  La  triade  est, 
dans  la  littérature  irlandaise  (2)  et  surtout  dans  la  littéra- 
ture des  Bretons  du  Pays  de  Galles,  un  genre  de  composi- 
tion qui  a  eu  un  grand  succès  et  qui  a  été  appliqué  au  droit, 
à  la  littérature,  à  l'histoire  (3) .  Mais  la  plus  ancienne  triade 
galloise  provient  d'un  manuscrit  du  xii*  siècle  et  la  plus  an- 
cienne triade  irlandaise  provient  d'un  manuscrit  du 
VIII®  siècle.  Saurons-nous  jamais  si  quelque  lien  relie  la 
triade  religieuse  des  Gallo-Romains  au  genre  littéraire  si 
en  honneur  chez  les  Bretons  d'Outre-Manche  et  les  Gaëls  ? 
En  tout  cas,  la  pièce  du  gallo-romain  Ausone  sur  le  nombre 
trois  ne  semble  pas  fondée  sur  des  triades  celtiques  (4). 
Mais  Diogène  Laerce  nous  a  conservé  une  maxime  drui- 
dique sous  forme  de  triade  (o). 

Pour  terminer  ce  qui  a  trait  aux  divinités  celtiques  et  à 
leur  représentation,  il  faut  dire  quelques  mots  de  certains 
signes  symboliques  que  l'on  trouve  sur  divers  monuments. 
On  a  depuis  longtemps  renoncé  à  voir  dans  les  monuments 
mégalithiques  (6)  l'œuvre  d'un  peuple  celtique  et  les  cu- 

Revue  archéologique,  t.  xxxix  (1880),  p.  337-347,  pi.  ix  et  x  ; 
t.  XL  (1880),  p.  1-18,  pi.  XI,  XII,  xii  bis  ;  p.  70-84  (fig.)  ;  Gassies, 
Revue  des  études  anciennes,  t.  ix,  p.  364-368. 

(1)  S.  Reinach,  Bronzes  figurés  de  la  Gaule  romaine,  p.  282. 

(2)  KuNO  Meyer,  The  triads  of  Ireland  (Todd  lecture  séries, 
xiii),  Dublin,  1906. 

(3)  Cf.  J.  LoTH,  Annales  de  Bretagne,  t.  v,  p.  500,  692. 

(4)  Idylles,  xi  (xvi). 

(5)  Voir  ci-après,  chap.  vi.  p.   374. 

(6)  Sur  ces  monuments,  voir  C.  Jullian,  Histoire  de  la  Gaule,     U 


LA    RELIGION  331 

pules  creusées  dans  ces  monuments  et  environnées  d'un 
nombre  plus  ou  moins  grand  de  lignes  circulaires  (1)  ne 
sauraient  appartenir  à  notre  sujet.  Mais  il  est  possible  que 
les  Celtes  aient,  comme  d'autres  peuples,  anciennement 
attaché  une  idée  religieuse  au  svastika  ou  croix  gammée  (2) 
ainsi  appelée  parce  qu'elle  constitue  une  croix  dont  les 
quatre  branches  égales  sont  recourbées  à  angle  droit  à  leurs 
extrémités  et  qu'elle  paraît  formée  de  quatre  gammas  grecs 
mis  bout  à  boni  deux  par  deux  et  tournés  en  sens  inverse 
les  uns  des  autres  ;  ce  signe  est  souvent  associé  à  la 
roue  ou  rouelle  formée  d'un  cercle  et  d'un  nombre  variable 
de  rayons,  que  l'on  trouve  aussi  employée  seule  sur  des 
monuments  et  des  monnaies  (3).  On  a  signalé  la  croix 
gammée  sur  diverses  monnaies  gauloises  (4)  ;  et  aussi  sur 
des  cippes  sans  inscriptions  de  la  région  pyrénéenne,  et  des 
stèles  irlandaises  du  vu*  siècle  (5).  On  sait  que  la  croix 
gammée  s 3  trouve  sur  les  vêtements  de  plusieurs  person- 
nages représentés  sur  des  peintures  des  catacombes,  où 
elle  semble  bien  n'avoir  qu'une  valeur  ornementale.  Dans 


t.  II,  p.  147-167  ;  S.  Reinach,  Cultes,  mythes  et  religions,  t.  m, 
p.  434-448  ;  Déchelette,  Manuel,  t.  i,  p.  373-447. 

(1)  A.  DE  MoRTiLLET,  Revue  de  l'Ecole  d'anthropologie  de 
Paris,  1894,  p.  273  ;  G.  de*Closmadeuc,  Soc.  d'anthr.  de  Paris, 
1893,  A.  Bertrand,  Archéologie  celtiqui'  et  gauloise,  2^  éd., 
p.  100-159. 

(2)  Voir  EspÉRANDiEu,  Recueil  général,  n°  10,  1691. 

(3)  Par  exemple  sur  des  autels  conservés  au  musée  de  Nîmes, 
Renel,  Les  religions  de  la  Gaule,  p.  259  ;  Déchelette,  Manuel 
d'archéologie  préhistorique,  t.  ii,  453-463,  885-892  ;  Revue  ar- 
chéologique, t.  XIV  (1909),  p.  117.  Voir  ci-dessus,  p.  323,  note 
1,  II.  DE  La  Tour,  Atlas,  pi.  v,  n"  2173^ 

(4)  E.  HucHER,  L'art  gaulois,  t.  ii,  p.  105,  106,  134. 

(5)  A.  Bertrand,  La  religion  des  Gaulois,  pi.  xiii  ;  Espé- 
RANDiEu,  Recueil  général,  n°^  863  (avec  roue)  ;  854  ;  861,  865 
(avec  un  arbre). 


332  AMULETTES 

de  nombreuses  enceintes  gauloises,  on  a  trouvé  en  abon- 
dance des  rouelles,  en  or,  en  argent,  en  bronze,  en  plomb, 
qui  servaient  sans  doute  d'amulettes  et  étaient  peut-être, 
comme  l'a  pensé  M.  H.  Gaidoz,  un  symbole  du  culte  du 
Soleil  (1).  Rien  ne  nous  prouve  expressément  que  les  Celtes 
l'aient  ainsi  interprété.  On  trouve  figuré  sur  quelques  autels 
en  pierre  un  maillet,  seul  ou  avec  un  vase  ;  ce  sont  évidem- 
ment les  attributs  symboliques  du  dieu  au  maillet  (2),  Un 
ornement  en  forme  d'S  est  fréquent  chez  les  Belges  et  les 
Bretons  (3). 

Il  est  possible  que  des  symboles  religieux  et  divers 
objets  servant  au  culte  soient  représentés  sur  les  monnaies 
gauloises  (4). 

Il  est  difficile  de  déterminer  quels  étaient  les  objets  qui 
servaient  aux  Celtes  de  fétiches  et  d'amulettes.  Sans  doute 
on  peut  mettre  dans  cette  catégorie  :  les  têtes  coupées  que 
les  chefs  gaulois  conservaient  précieusement  (8)  ;  la  rouelle, 
le  signe  en  S,  le  svastika,  la  hache  qui  semblent  être  sou- 


(1)  H.  Gaidoz,  Etudes  sur  la  mythologie  gauloise.  Le  dieu 
gaulois  du  Soleil  et  le  symbolisme  de  la  roue,  Revue  archéologique, 
t.  IV,  1884,  p.  7-37,  136-149,  t.  v,  1885,  p.  179-203  ;  364-371  ; 
t.  VI,  p.  16-27,  17-191,  319-320  (avec  figures).  Déchelette, 
Manuel  d'archéologie  préhistorique,  t.  ii,  p.  413-417.  D'après  la 
Confessio  de  saint  Patrice,  éd.  White,  §  60,  il  semble  que  les 
Irlandais  adoraient  le  Soleil. 

(2)  Renel,  Les  religions  de  la  Gaule,  p.  254  note  ;  C.  Jullian, 
Histoire  de  la  Gaule,  t.  ii,  p.  140,  n.  6.  Cf.  le  tau  gallicum,  ci- 
dessus,  p.  80. 

(3)  RoMiLLY  Allen,  Celtic  art,  p.  151-153  ;  Espérandieu, 
Recueil  général,  n°^  326,  1525,  3278  ;  de  la  Tour,  Atlas  des 
monnaies  gauloises,  p.  302. 

(4)  C.  Jullian,  Histoire  de  la  Gaule,  t.  ii,  p.  347. 

(5)  Voir  ci-dessus,  p.  147.  Cf.  Ad.  Reinach,  Revue  de  l'his- 
toire des  religions,  t.  lxvii,  p.  41-48;/îe^'ue  celtique,  t.  xxxiv,  p.284- 
286. 


LA    RELIGION  333 

vent,  à  l'époque  de  Hallstatt  et  à  l'époque  de  la  Tène,  des 
bijoux  talismans  destinés  à  protéger  contre  le  mauvais  sort 
et  le  mauvais  œil. 

Ainsi  donc,  divinités  à  noms  et  à  attributs  romains,  di- 
vinités gallo-romaines  à  noms  celtiques,  monstres  entière- 
ment ou  à  demi  animalisés,  triade  de  Lucain,  Ogmios  de 
Lucien,  symboles  dont  nous  ne  pouvons  pénétrer  que  par 
conjecture  la  signification,  voilà  les  éléments  dont  se  com- 
pose le  panthéon  celtique.  Si  nous  essayons  de  restituer  la 
physionomie  de  ces  divinités  mystérieuses,  il  faut  nous  les 
figurer,  non  pas  semblables  aux  mythiques  habitants  de 
l'Olympe  grec  dont  chacun  représente  une  idée  distincte, 
force  de  la  nature,  ou  conception  de  l'esprit,  mais  plutôt 
apparentés  aux  dieux  rustiques  et  guerriers  du  Latium, 
dont  les  aspects  sont  multiples  et  les  pouvoirs  variés.  A 
l'époque  des  grandes  invasions,  les  dieux  des  diverses 
tribus  gauloises  étaient  sans  doute  presque  exclusivement 
des  dieux  guerriers.  Lorsque  les  Celtes  s'établirent  à  de- 
meure dans  les  pays  qu'ils  avaient  conquis,  ces  mêmes 
dieux  eurent  à  protéger  les  villes  fortes  et  les  maisons  de 
culture  répandues  sur  le  territoire,  à  distribuer  la  pluie  et 
le  soleil  aux  champs  fertiles,  ainsi  qu'aux  forêts  immenses, 
et  ténébreuses  ;  dans  la  Cisalpine  et  dans  la  province  ro- 
maine, de  bonne  heure  ils  présidèrent  aux  transactions  et 
aux  échanges  que  faisaient  les  Gaulois  avec  les  marchands 
romains  et  les  négociants  grecs  de  Marseille  ;  enfin,  de 
temps  à  autre,  leur  vertu  guerrière  se  réveillait  lorsqu'il 
fallait  défendre  l'indépendance  du  pays,  ou  tenter  de  se- 
couer le  joug  des  vainqueurs.  Et  l'on  conçoit  que  les  Ro- 
mains, étonnés  de  la  multiplicité  des  attributs  de  ces  divi 
nités  complexes,  ne  surent  s'ils  devaient  les  appeler  Mars 


334  B*TOJlTK)»5 

cm  Mgxaatr  •<»  Japiter,oa  Apolkn,  cm  Milieu  e,  rt  essayè- 
leat  de  nttadier  a>  bohi  dTna  £ea  on  d'âne  déesse  dn  pan- 
théon befléoiqaeeliQaaiaeiiagpea^cct^fféieDt  des  di- 
viaités  eeifiqaei. 

n 

Les  éenrains  de  F  Antiquité  s'aecordent  à  reooniiaitre  la 
rdigioâté  des  Ganlois.  An  ténKMgnage  bien  omna  de  Cessa 
qn  dit  qve  les  Gaulois  sont  on  peuple  très  adonné  aux 
pratiqiies  nli^evses  (1  ),  il  fant  ajonter  ceox  de  Tîte-Lire  (2  , 
de  Denji  d'Hafieaniaise  ^3]  et  d'Arrien  (4).  L'Ednen 
Dofluiorlx,  poor  ne  pas  accompagner  César  en  Grande- 
Brefs^ne,  allégnait  des  sonpoks  leligirax  fo).  Les  rois 
des  Tectosagea.  ponrne  pas  se  rendre  an  reodez-vons  qnHa 
araicsit  donné  à  Cn.  Manlins,  pr^eztent  des  moUts  rell- 
fpeox  (6),  L«s  Cadurcir  rédirîts  par  César  à  la  dernière  ex- 
trémité, s'abandonnent  an  rainqneor,  pensant  que  ce  qni 
leur  arrife  est  rena  non  des  dessôns  des  hommes,  mais  de 
ht  rotonlé  des  dienx  fT). 

Coonne  les  Romains,  les  Celtes  cherchent  à  connaître 
l'avenir  par  les  entrailles  des  victimes  ''8)  ;  ils  ajoutent  foi 
aox  indications  données  par  les  songes  (9).  D'après  Nicandre 


ft)(   Guerre  de  Gaule,  ri,  16, 1.  La  piété  était,  d'après  Strabo» 
{ru,  3,  Z),  la  camclérirtiqu*  dea  Thraco-Celtes. 
(2)   Livrft  V,  cb-  xxxxvi,  3. 
1"^      '  'é-i  romaines,  tii,  70. 

f  V  •    fi>xe,  Z'*. 

\'ti    •! j^rrf-  de  Gaule,  V,  6. 
(G)  Tn-e.  Live,  xxxviii,  25. 
(7^   Guerre  de  Gaule,  tiii,  43,  5. 
(8)  Ji;»Tf?»,  XXVI,  2  ;  DiObORE,  v,  31. 

(9)1    JUSTIJI,  XLIH,  5. 


/ 


LA    RELIGION  335 

de  Colophon  cité  par  Tertullien  (1),  les  Celtes  passaient  la 
nuit  auprès  des  tombeaux  {busia)  des  hommes  braves  pour 
recueillir  des  oracles.  Certains  phénomènes  physiques  les 
pénétraient  de  crainte.  En  218,  les  Galates  alliés  d'Altale 
effrayés  par  une  éclipse  de  lune,  refusèrent  d'aller  plus 
loin  (2).  A  Delphes,  les  grondements  du  tonnerre  les  frap- 
paient d'épouvante  (3).  Les  présages  sinistres  que  les  Bre- 
tons du  l"  siècle  remarquaient  étaient  très  variés  :  c'étaient 
des  bruits  à  l'extérieur  de  la  curie  ;  des  hurlements  dans  le 
théâtre  ;  l'apparence  d'une  ville  engloutie  à  l'estuaire  de  la 
Tamise  ;  l'Océan  semblant  ensanglanté  ;  des  formes  hu- 
maines laissées  par  le  reflux  sur  le  rivage  (4).  Seuls  les 
Celtes  de  Brennos,  à  ce  que  raconte  Pausauias,  ne  consul- 
taient pas  les  devins  (5). 

Les  Celtes  étaient  plus  habiles  que  les  autres  peuples  en 
science  augurale  (6)  ;  Déjotarus  passait  pour  un  augure  re- 
marquable (7).  La  divination  s'exerçait  par  divers  oiseaux, 
le  corbeau  (8),  l'aigle,  même,  chez  les  Bretons,  par  la 
course  d'un  quadrupède,  le  lièvre  (9).  Des  oiseaux  indiquent 
à  des  armées  la  direction  qu'elles  doivent  suivre  (10)  ;  averti 
par  le  vol  d'un  aigle,  Déjotarus  revient  sur  ses  pas  (11). 
D'après  Artémidore  (i'"'"  siècle  avant  Jésus-Christ),  dans  un 
port  sur  la  côte  de  l'Océan,  il  y  avait  deux  corbeaux  à  l'aile 

(1)  De  l'âme,  57. 

(2)  POLYBE,   V,  78. 

(i)  Pausanias,  X,  23,  2. 

(4)  Tacite,  Annales,  xiv,  32. 

(5)  Pausanias,  x,  21,  1. 

(6)  Justin,  xxiv,  4,  4. 

(7)  CicÉRox,  De  divinatione,  i,  15,  26-27. 

(8)  Artémidore,  chez  Strabon,  iv,  4,  6» 

(9)  Dion  Cassius,  lxii,  6. 

(10)  Justin,  xxiv,  4,  3. 

(11)  De  divinatione,  i,  15,  26. 


336  ANIMAUX    SACRÉS 

droite  blanchâtre  ;  les  gens  qui  avaient  entre  eux  quelque 
contestation  mettaient  sur  une  planche  des  gâteaux,  cha- 
cun disposant  les  siens  de  manière  à  ce  qu'on  ne  pût  les 
confondre.  Les  corbeaux  s'abattaient  sur  les  gâteaux,  man- 
geaient les  uns,  dispersaient  les  autres,  et  celle  des  deux 
parties  dont  les  gâteaux  avaient  été  dispersés  l'empor- 
tait (1). 

Il  reste  encore,  à  l'époque  la  plus  ancienne,  des  souve- 
nirs du  culte  que  l'on  rendait  à  certains  animaux  (2).  Le 
corbeau,  qui  est  le  symbole  de  Lugiidiinum  (Lyon),  sur 
plusieurs  monuments  gallo-romains,  avait,  dit-on,  donné 
son  nom  à  cette  ville  (3).  Chez  les  Bretons,  l'oie,  la  poule  et 
le  lièvre  sont  tabous  (4).  Les  Galates  de  Pessinunte  ne 
mangent  pas  de  porc  (3).  Nous  avons  cité  plus  haut  les  sur- 
noms de  Mercurius  :  Mocciis  «cochon  «et  Artaius i  ours  » 
(cf.  la  Dea  Artio).  Onsait  que  le  cochon  sauvage,  le  sanglier, 
était  l'insigne  guerrier  des  Celtes,  et  qu'il  figure  comme  tel 
sur  l'arc  de  triomphe  d'Orange.  D'après  Tacite  (6),  les 
Aestii  qui  ont  l'aspect  et  les  mœurs  des  Suèves,  mais  dont 
la  langue  est  assez  proche  du  breton,  portent  comme  talis- 
mans des  figures  de  sangliers.  Nenniusnous  parle  d'un  ani- 
mal merveilleux,  porciis  iroit,  poursuivi  par  le  roi  Arthur 


(1)  Strabon,  IV,  4,  6. 

(2)  Voir  S.  Reinach,  Revixe  celtique,  t.  xxi,  p.  269-306  ; 
Cultes,  t.  I,  p.  30-78. 

(3)  Allmeu  et  DissARD,  Inscriptions  antiques  de  Lyon,  1889, 
t.  II,  p.  148  et  suiv.  Voir  ci-dessus,  p.  74. 

(4)  Guerre  de  Gaule,  v,  12. 

(5)  Pausamas,  VII,  17,  10.  M.  S.  Reînach  pense  que  si  Ver- 
cingétorix  a  renvoyé  sa  cavalerie  d'Alésia.  c'est  parce  que  les 
Gaulois  ne  mangeaient  pas  de  viande  de  cheval.  Revue  cel- 
tique,  t.  XXVI I,  p.  1-15. 

^6)  Germanie,  45. 


LA    RELIGION  337 

dans  une  chasse  fantastique  (1)  ;  c'est  le  Uvrch  trwijth  du 
roman  gallois  intitulé  Kulhwdi  et  Ohven  (2)  et  ce  porc  ou 
ce  sanglier  fameux  est  sans  doute  dans  la  légende  celtique 
un  souvenir  du  temps  où  le  porc  était  le  symbole  et  le 
totem  (3)  d'une  tribu  gauloise.  Sur  les  monnaies  gauloises, 
les  emblèmes  que  l'on  trouve  le  plus  fréquemment  sont  le 
cheval,  le  sanglier,  l'aigle  et  le  serpent  ;  on  ne  sait  si  le 
cheval  androcéphale  des  monnaies  de  l'Ouest  de  la  Gaule 
est  un  symbole  religieux  (4).  Sur  le  fronton  de  l'autel  de 
Reims  est  sculpté  un  rat.  Le  petit  autel  tricéphale  trouvé 
dans  la  même  ville  est  surmonté  d'une  tête  de  bélier.  A  la 
partie  inférieure  de  l'autel  de  Sarrebourg  est  figuré  un 
oiseau  (o).  Le  dieu  au  maillet  est  quelquefois  représenté  avec 
un  chien  ou  un  loup  (6),  une  fois  avec  un  coq,  une  fois  avec 
un  serpent  s'enroulant  autour  de  la  hampe  du  maillet,  une 
autre  fois  avec  deux  oiseaux  au-dessus  de  sa  tête  (7).  Les 
carnassiers  androphages  ne  sont  pas  rares  dans  l'art  gallo- 


(1)  MoMMSEN,-  Chroiiica  minora,  t.  m,  p.  217,  1.  18.  (Monu- 
menta  Germanise  historica,  auctoritm  antiquissimorum,  t.  xiii). 

(2)  J.  LoTH,  Les  Mabinogion,  t.  i,  p.  252-281.  Cf.  Rhys,  Cel- 
tic  folklore,  Oxford,  1901,  p.   498-555. 

(3)  Sur  le  tolémisme  chez  les  Celtes,  voir  S.  Reinach,  Cultes, 
mythes  et  religions,  t.  i,  p.  i^O-78. 

(4)  Revue  numismatique,  1840,  p.  247  ;  1903,  p.  1.  Sur  la 
diffusion  du  sanglier-enseigne,  cf.  S.  Reinach,  Description  rai- 
sonnée  du  musée  de  Saint-Germain,  t.  ii,  p.  255-256,  note. 
Revue  celtique,  t.  xxii,  p.  153-159  ;  Blanchet,  Traité  des  mon- 
naies gauloises,  p.  164-168. 

(5)  Pour  les  détails  de  cet  autel,  voir  C.  Jullian,  Revue  des 
études  anciennes,  t.  vu,  p.  246-247. 

(6)  Cf.  le  loup  androphage  d'Oxford  et  d'Angoulême.  S.  Rei- 
nach, Revue  celtique,  t.  xxv,  p.  209  (fig.)  ;  G.  Welter,  Revue 
archéologique,  t.  xvii  (1911),  p.  55-61,  en  rapproche  la  louve 
d'Arlon. 

(7)  Renel,  Les  religions  de  la  Gaule,  p.  255  note  ;  Jullian, 
Histoire  de  la  Gaule,  t.  ii,  p.  139. 

G.  DoTTiN.  —  Manuel  de  l'antiquité  celtique.  22 


338  ANIMAUX    SACRÉS 

romain.  Nous  avons  déjà  parlé  [du  taureau  aux  trois 
grues  (i),  et  des  dieux  à  cornes  de  bélier  et  de  cerf  qui  ne 
rappellent  plus  que  par  un  détail  le  culte  primitif  des  ani- 
maux sacrés  (2). 

Le  serpent  cornu  (3)  s'enroule  sur  les  bras  d'un  homme 
barbu  qui  tient  ses  bras  levés,  la  paume  de  la  main  à  lex- 
térieur,  dans  le  bas-relief  d'Arlon  ;  on  le  trouve  à  la  main 
d'un  des  deux  personnages  de  la  slèle  de  Nancy,  ainsi  que 
sur  les  stèles  de  Vignory  et  de  Xertigny  (4).  Il  figure  sur 
l'autel  de  ^lavilly,  au  milieu  des  douze  grands  dieux  ro- 
mains ;  à  la  gauche  du  Mercure  de  Néris  et  sur  l'autel  de 
Beauvais  (5). 

Les  animaux  qui  figurent,  peut-être  à  titre  d'emblèmes 
religieux,  sur  les  monnaies  gauloises  sont  ;  le  cheval,  le 
chamois,  le  loup,  le  sanglier,  l'aigle,  le  serpent,  le  renard, 
l'ours  (G). 

Outre  certains  monuments  figurés  qui  peuvent  nous 
attester  le  culte  des  arbres  (7),  on  peut  regarder  comme 


(1)  Sur  la  diffusion  de  ce  type,  cf.  S.  Reinach,  Description, 
p.  121  note. 

(2)  Cf.  H.  d'Arboïs  de  Jubainvili-e,  Les  Celtes  depjiis  les 
temps  les  plus  anciens,  p.  47-50.  Les  druides  et  les  dieux  celtiques 
à  forme  d'animaux,  Paris,  1906,  p.  150-163. 

(3)  Sur  le  serpent  cornu,  voir  S.  Reinach,  Cultes,  mythes  et 
religions,  t.  ii,  p.  63. 

(4)  A.  J.  Reinach,  Revue  archéologique,  t.  xvii  (1911), 
p.  221-256  (pi.)  ;  Revue  des  éludes  anciennes,  t.  xiii,  p.  348-349. 

(.-.)  S.  Reinach,  Cultes,  mythes  et  religions,  t.  i,  p.  63,  75  ; 
t.  II,  p.  64,  191  ;  t.  III,  p.  166  ;  Windisch,  Das  keltische  Brittan- 
nien,  p.  83-84. 

(6)  C.  JuLLiAN,  Histoire  de  la  Gaule,  t.  ii,  p.  348.  Le  coq  est 
rare  et  peut  venir  d'une  imitation  de  monnaie  étrangère. 

(;)  Cf.  Sexarbori  Deo  à  Arbas.  Corpus  inscriptionum  lati- 
nariim,  t.  xiii,  n^  132.  Voir  Espérandieu,  Recueil  général  des 
has-reliefs  de  la  Gaule  romaine,  t.  i,  n°^  243,  32  (laurier  avec 


LA    RELIGION  339 

tels  les  deux  faces  de  l'autel  de  Paris  et  l'autel  de  Trêves 
où  sont  figurés  soit  un  arbre,  soit  des  feuillages.  Mais  nous 
savons  par  Pline  que  le  chêne  rouvre  est  chez  les  Gaulois 
l'arbre  des  bois  sacrés  (1)  et  qu'on  n'accomplit  aucune  céré- 
monie sans  son  feuillage.  Maxime  de  Tyr  (2)  nous  apprend 
qu'un  chêne  élevé  est  la  représentation  (â'YaXfxa)  celtique  de 
Zeus.  Nous  trouvons  dans  un  passage  de  Pline  que  leselago 
était  en  Gaule  un  préservatif  contre  les  accidents  et  que  la 
fumée  en  était  utile  pour  toutes  les  maladies  d'yeux.  On 
devait  cueillir  cette  plante  sans  se  servir  de  fer,  avec  la 
main  droite  passée  par  l'ouverture  gauche  de  la  tunique, 
comme  pour  un  vol  ;  il  fallait  être  couvert  d'un  vêtement 
blanc  et  avoir  préalablement  sacrifié  avec  du  pain  et  du 
vin  (3).  Le  gui,  que  Ton  appelait  d'un  nom  qui  signifie  re- 
mède universel,  était  un  remède  contre  les  poisons  et 
donnait  la  fécondité  à  tout  animal  stérile.  Le  gui  venant 
sur  le  rouvre  est  extrêmement  rare  ;  aussi  le  regardait-on 
comme  envoyé  du  ciel.  La  cueillette  du  gui,  nous  dit  Pline, 
se  fait  le  sixième  jour  de  la  lune.  Après  avoir  préparé  selon 
les  rites,  sous  l'arbre,  des  sacrifices  et  un  repas,  on  fait 
approcher  des  taureaux  de  couleur  blanche  dont  les  cornes 

deux  oiseaux  perchés  dan?  ses  branches,  dédicace  :  Deo  Rudiano. 
On  trouve  aussi  la  dédicace  :  Fago  Deo  près  des  Pyrénées. 

(1)  Cf.  Deo  Robori,  Corpus  inscriptionum  latinarum,  t.  xiii, 
nO  1112. 

(2)  Dissertations,  viii,  8.  Peut-être  KeXxo'!  dans  ce  passage 
signifie-t-il  Germains.  Sur  le  culte  des  arbres  chez  les  Gaëls, 
voir  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Les  Celtes  depuis  les  temps 
les  plus  anciens,  p.  51-52. 

(3)  Histoire  naturelle,  xxiv,  62,  103.  On  a  identifié  le  selago 
soit  au  Lycopodium  selago,  soit  au  Sedum  telephium.  (L.  Er- 
NAULT,  Des  idées  et  con?iaissances  médicales  chez  les  Celtes,  Bulle- 
tin de  la  Société  archéologique  d' I Ile-et-Vilaine,  t.  xvi  (1883), 
p.  121)  ;  soit  à  la  rue  des  champs  ou  millepertuis.  Béjottes,  Le 
livre  sacré  d'Hermès  Trismégiste,  Bordeaux,  1911,  p.  47. 


340  ENCEINTES    SACREES 

sont  attachées  alors  pour  la  première  fois.  Un  prêtre,  vêtu 
de  blanc,  monte  sur  l'arbre  et  coupe  le  gui  avec  une  serpe 
d'or  ;  on  le  reçoit  sur  une  saie  blanche  ;  puis  on  immole 
les  victimes  en  priant  que  le  dieu  rende  le  don,  qu'il  a  fait, 
propice  à  ceux  auxquels  il  l'accorde  (1).  A  ces  plantes  à 
vertus  merveilleuses  il  faut  encore  ajouter  le  Samolns,  re- 
mède contre  la  maladie  des  bœufs  et  des  porcs,  dont  la 
cueillette  donne  lieu  à  des  procédés  magiques  :  il  faut  que 
celui  qui  le  cueille  soit  à  jeun,  l'arrache  de  la  main  gauche, 
ne  le  regarde  pas  et  ne  le  mette  pas  ailleurs  que  dans 
l'auge  oii  on  le  broie  (2).  La  verveine  sert  aux  Gaulois  pour 
tirer  les  sorts  et  prédire  l'avenir  (3).  La  divination  par  les 
morceaux  de  bois  marqués  que  Tacite  signale  chez  les 
Germains  (4)  était  connue  des  Gaëls  et  des  Bretons (5).  Des 
pratiques  superstitieuses  identiques  ou  an;dogues  sont  en- 
core en  usage  daos  certaines  de  nos  campagnes. 

Les  b  lis  sacrés  des  Gaulois  dont,  au  temps  de  Pliue,  le 
chêne  rouvre  était  le  principal  élément,  sont  mentionnés 
par  les  auteurs  de  l'Antiquité  (6).  Les  Galates  d'Asie  Mi- 
neure avaient  un  conseil  composé  des  douze  tétrarques  qui 
se  réunissait,  pour  juger  les  affaires  de  meurtre,  dans  un  en- 
droit appelé  Apj-vÉjiî-ov  ;  or,  le  second  terme  de  ce  mot  si- 

(1)  Histoire  luiturelle,  xvi,  95,  249  ;  xxiv,  62,  103.  Cf.  H.  Gai- 
Doz,  Revue  de  l'histoire  des  religions,  t.  ii,  p.  68-82. 

(2)  Pline,  xxiv,  63,  104.  On  l'identifie  soit  au  Samolns  Va- 
lerandi,  soit  à  V Anémone  piilsatilla ,  soit  à  la  ^'eronica  beccabunga, 
soit  à  la  Barharea  vulgaris  (L.  Ernault,  Bulletin  de  la  Société 
archéologique  d' Ille-ct-V Haine,  t.  xvi,  p.  121),  soit  au  millepertuis 
androsseme  (Béjottes,  Le  livre  sacré  d'Hermès  Trismégiste,  p.  48). 

(3)  Pline,  xxv,  59,  106.  Cf.  Servius,  Enéide,  m,  57. 

(4)  Germanie,  10. 

(5)  J.  LoTH,  Revue  celtique,  t.  xvi,  p.  313-314.  Cf.  Annales  de 
Bretagne,  t.  xx,  p.  350. 

(6)  PoMPONius  Mêla,  m,  2,  17  ;  Lucain,  m,  399-425. 


LA    RELIGION  341 

gnifie  en  celtique  bois  sacré  (1).  Ces  bois  sacrés  tenaient-ils 
lieu  de  temples  aux  Gaulois  transalpins  ?  On  serait  tenté 
de  le  croire,  car  César  ne  parle  que  de  l'endroit  consacré, 
loco  consecrato,  oii,surle  territoire  des  Carnutes,  les  druides 
s'assembilaient  cha  jue  année  à  époque  fixe  pour  rendre  la 
justice  (2).  Le  bois  sacré  situé  près  de  Marseille  et  décrit 
par  Lucain  contenait  les  autels  servant  aux  sacrifices  hu- 
mains (3).  Il  n'y  a  rien  à  conclure  pour  l'époque  gauloise 
de  l'existence  de  nombreux  temples  en  Gaule  au  temps  des 
Gallo-Romains  (4).  Tout  au  plus,  peut-on  remarquer  qu'un 
grand  nombre  de  ces  temples  sont  consacrés  à  Mercure, 
quelques-uns  à  Apollon,  à  Jupiter  et  à  Mars  (5),  et  qu'il  y 
a  là  une  confirmation  du  texte  de  César  :  Deum  maximum 
Mercurium  colunt.  Tite  Live  nous  rapporte  qu'en  216  avant 
J.-C.  les  dépouilles  et  la  tête  du  consul  désigné  Posturaius 
furent  portées  par  les  Boii  de  Cisalpine  dans  le  temple 
(templum)  le  plus  respecté  de  leur  nation  (6).  Il  y  avait 
chez  les  Insubres  un  temple  (Upôv)  d'Athènâ  (7).  Les  Bre- 
tons de  Boudicca  ont  des  lieux  consacrés  (lecâ)  ;  ils  offrent 
des  sacrifices  humains  dans  le  bois  sacré  (àXiro;)  de  la  déesse 
Adrastê  (8).  En   61   avant  J.-C,  Suetonius  Paulinus  fait 
couper  les  bois  de  Mona  consacrés  à  de  sauvages  supersti- 
tions (9).  Les  mots  vaôc,  aedes  ne  sont  pas  employés  chez 

(1)  H.   d'Arbois   de  Jubainville,   Cours  de  littérature  ceU 
tique,  t.  I,  p.  114.  Voir  ci-dessus,  p.  81. 

(2)  Guerre  de  Gaule,  vi,  13  ;  cf.  17, 

(3)  Pharsale,  ni,  404. 

(4)  Renel,  Les  religions  de  la  Gaule,  p.  349-350. 

(5)  A.  Bertrand,  La  religion  des   Gaulois,  p.  323-325,  328, 
331. 

(6)  Tite  Live,  xxiii,  24. 

(7)  POLYBE,   II,   32. 

(8)  Xiphilin,  abrégé  de  Dion  Cassius,  lxii,  7, 

(9)  Tacite,  Annales,  xiv,  30, 


342  STATUES 

les  écrivains  grecs  ou  latins  pour  désigner  les  temples  des 
Celtes  (1).  Nous  n'avons  aucune  description  des  autels  gau- 
lois pour  lesquels  les  Latins  emploient  les  mots  arae  (2), 
altaria  (3), 

Les  temples  étaient-ils  ornés,  comme  chez  les  Romains, 
de  statues  de  dieux  auquels  ou  rendait  un  culte  ?  Sur  ce 
point,  les  témoignages  des  anciens  sont  contradictoires. 
Les  Galates,  au  dire  de  Strabon,  avaient  à  Tavium  une 
statue  colossale  de  Zeus  en  airain  et  une  enceinte  sacrée 
(t£[jievo;)  qui  servait  de  lieu  d'asile  (4).  Zénodore  avait  fait 
pour  la  cité  gauloise  des  Arvernes,  en  dix  ans,  au  prix  de 
400.000  sesterces,  une  statue  colossale  de  Mercure  qui  sur- 
passait par  ses  dimensions  toutes  les  statues  du  temps  de 
Pline  (o).  D'autre  part,  Diodore  nous  rapporte  que  Brennos 
étant  entré  dans  un  temple  grec  n'y  vit  aucune  offrande 
d'or  ou  d'argent,  mais  seulement  des  statues,  et  rit  beau- 
coup de  ce  que  les  Grecs,  croyant  à  des  dieux  antliropo- 
morphes,  les  eussent  représentés  en  bois  et  en  pierre  (6). 
Les  mots  employés  pour  désigner  des  représentations  des 
divinités  sont  souvent  très  vagues.  Lucain  décrit  dans  le 
bois  sacré  situé  près  de  Marseille  des  troncs  d'arbre  gros- 
sièrement sculptés  pour  représenter  les  dieux  :  simulacra 


(1)  Outre  locus  consecratus,  on  trouve  hpôv  (Diodore,  v, 
27  ;  Strabon,  iv,  4,  5  ;  Plutarque,  César,  26  ;  Dion  Cassius, 
Lxii,  7  ;  xxvii,  90)  ;  templum  (ïite  Live,  xxiii,  24,  11  ;  Sué- 
tone, César,  54)  ;  xâjjiEvo;  (Strabon,  xii,  5,  2  ;  Diodore,  v,  27, 
4)  ;  (TTjxôî  (Strabon,  iv,  1,  13)  ;  fanitm  (Suétone,  César,  54). 

(2)  CicÉRON,  Pour  Fonteius,  x,  21  ;  Lucain,  i,  446  ;  m,  404  ; 
Tacite,  Annales,  xiv,  20. 

(3)  Lucain,  m,  404  ;  Mêla,    m,  2. 

(4)  Strabon,  xii,  5,  2. 

(5)  Pline,  Histoire  naturelle,  xxxiv,  18,  45. 

(6)  Bibliothèque,  xxii,  9.  4, 


LA    HELIGION 


343 


mspsta  deorum  (1).  Enfin  César  nous  fait  connaître  qu'il  y 
a  en -Gaule  d'assez  nombreuses  représentations  de  Mercure  : 
cuj'us  surit  plura  simulacra  (t) .  Comme  Tont  fait  remarquer 
Fustel  de  Coulanges  (3)  et  M.  Salomon  Reinach,  il  n'est 
pas  sûr  que  sùnulacra  signifie  statues  :  simulacra  a  le 
sens  vague  d'image,  d'indication  symbolique.  S'il  y  avait 
eu  des  statues  de  dieux  gaulois  avant  la  conquête  romaine, 
il  serait  inadmissible  qu'on  n'en  eût  pas  découvert  quel- 
ques-unes à  Bibracte  ou  à  Alésia.  Or,  on  n'a  point  trouvé 
en  Gaule  de  représentations  figurées  appartenant  à  la  pé- 
riode qui  s'étend  entre  l'époque  du  renne  et  l'époque  ro- 
maine. Les  simulacra  de  César  étaient-ils,  comme  le  sug- 
gère M.  S.  Reinach,  les  accumulations  de  pierres,  menhirs, 
galgals  que  l'on  a  trouvés  sur  tous  les  points  du  territoire 
de  l'ancienne  Gaule  (4)'^  Gela  est  possible,  sans  qu'on  puisse 
le  démontrer.  Dans  la  Vie  de  saint  Samson,  écrite  au  com- 
mencement du  vu*  siècle,  il  est  question  d'une  pierre  levée, 
simulacnun  qbominahile  (5),  sur  laquelle  le  saint  grava  le 
signe  de  la  croix  et  qui  était  placée  sur  une  montagne  dans  le 
pagus  Tricorius  en  Domnonée  insulaire.  Dans  l'ancienne 
Irlande,  on  trouve  des  traces  nombreuses  du  culte  des 
pierres.  Une  pierre  nommée  Cer?nand  Cestach  portait  les 
traces  des  attaches  qui   servaient  à  y  fixer,  au  temps  du 


(1)  Pharsale,  m,  412.  Valerius  Flaccus,  vi,  91.  Cf.  S.  Rei- 
nach, Rei'ue  celtique,  t.  xiii,  p.  191-192. 

(2)  Guerre  de  Gaule,  vi,  17. 

(3)  Rc'ue  celtique,  t.  iv,  p.  49,  note  4. 

(4)  Revue  celtique,  t.  xi,  p.  224.  Cf.  t.  xxvii,  p.  313  ;  Revue 
archéologique,  t.  xxi  (1893),  p.  195-226,  329-367. 

(5)  Mabillon,  Acta  sanclorum  ordinis  S.  Benedicli,  Lutetiaj, 
1668,  t.  I,  p.  177-178.  Cf.  Revue  celtique,  t.  xxvii,  p.  314. 


344 


STATUES 


paganisme,  des  ornements  d'or  et  d'argent  (1).  Une  pierre 
servant  de  limite  aux  terres  s'appelle  lia  adrada  (2) 
«  pierre  d"adoration  »  ;  la  pierre  parlante,  clocli  labhrais, 
donnait  des  réponses  comme  la  lech  lavar  des  Gallois  ; 
la  pierre  du  roi,  lia  fail,  rugissait  quand  un  roi  de  la 
vraie  race  milésienne  s'asseyait  dessus  (3). 

A  l'époque  gallo-romaine,  les  identiîications  de  divinités 
gréco-romaines  avec  les  divinités  celtiques  peuvent  tenir, 
pour  une  bonne  part,  à  ce  qu'on  acceptait  comme  re- 
présentation d'une  divinité  celtique  un  des  types  de  statues 
romaines  que  l'on  trouvait  le  plus  facilement  dans  le 
commerce. 

Il  n'y  a  évidemment  aucune  conclusion  à  tirer,  pour 
l'époque  ancienne,  des  statues  et  des  statuettes  que  l'on  a 
*de  l'époque  gallo-romaine.  Il  faut  remarquer,  toutefois,  que 
les  statues  et  les  statuettes  en  bronze  sont  en  général 
rares,  à  l'exception  cependant  de  celles  qui  représentent 
Mercure  ;  il  y  a  au  Musée  de  Saint-Germain  trente  et  une 
de  ces  statuettes  de  Mercure,  quarante  et  une  à  Lyon  (4). 

Peut-être  est-il  permis  de  chercher  dans  les  statues 
gallo-romaines  les  caractères  d'originalité  qu'elles  pré- 
sentent et  que  l'on  peut  imputer  à  l'art  celtique.  L'Apollon 

(1)  Félire  Oenguso,  éd.  Wh.  Stokes,  Dublin,  1880,  p.  186,  187, 
378.  Revue  celtique,  t.  xxvii,  p.  316. 

(2)  Ancient  laws  of  Ireland,  London,  1865,  t.  iv,  p.  142,  1.  16. 

(3)  Joyce,  A  social  history  of  ancient  Ireland,  t.  i,  p.  277-280. 
Le  culte  des  pierres,  des  arbres  ou  des  fontaines  est  condamné 
en  Gaule  par  divers  canons  et  capitulaires  ;  Bruns,  Canones 
apostolorum  et  conciliorum  sœculorum  iv,  v,  vi,  vu,  2^  partie, 
p.  133  ;  Maasen,  Concilia  sei^i  merovingici,  p.  133  ;  Boretius, 
Capitularia  regum  Fraiicorum,  t.  i,  p.  59.  Cf.  S.  Reinach,  Rei'ue 
archéologique, ^t.  xxi  (1893),  p.  333. 

(4)  A.  Bertrand,  La  religion  des  Gaulois,  p.  323.  Voir  Renel, 
Les  religions  de  la  Gaule,  p.  304-307. 


« 


LA    RELIGION  345 

en  bronze  de  Vaupoisson  (au  musée  de  Troyes)  offre 
quelques  traces  d'hiératisme  dans  son  attitude  et  sa  phy- 
sionomie. Le  dieu  de  Lezoux  (au  musée  de  Saint-Germain) 
a,  comme  le  Mercure  romain,  des  ailerons,  un  pétase,  un 
caducée;  il  est,  de  même,  accompagné  d'un  bélier  et  d'un 
coq,  mais  au  lieu  du  jeune  homme  imberbe,  élégant  et 
souple  qu'ont  conçu  les  artistes  grecs  et  romains,  c'est  un 
vieillard  barbu,  rébarbatif  et  d'une  raideur  hiératique  que 
les  Arvernes  ont  (vers  oO  avant  J.-G.)  consacré  à  Mercure 
et  à  Auguste.  Le  dieu  au  maillet  de  Beaune  est  inspiré  du 
Sérapis  de  l'Egypte  grecque,  mais  il  est  revêtu  de  la  saie 
gauloise  serrée  à  la  taille  par  une  ceinture  (1  . 

Dans  les  temples  et  les  enceintes  sacrées,  h  toT;  kpoTc  xal 
T£[j.iv£a'.-<,  les  Celtes  du  nord  entassent  une  grande  quantité 
d'or  qu'ils  offrent  aux  dieux,  et  quoique  tous  les  Celtes 
aiment  l'argent,  pas  un  d'eux  n'ose  y  toucher  (2).  Les 
Arvernes  avaient  suspendu  à  un  temple,  Trpô;  Upù),  la 
petite  épée  que  César  avait  laissée  entre  leurs  mains  et  le 
conquérant  des  Gaules,  qui  la  revit  plus  tard  à  cette  place 
refusa  de  la  reprendre,  disant  qu'il  fallait  respecter  un 
objet  consacré  aux  dieux  (3).  Les  dépouilles  des  ennemis 
devaient  pour  une  grande  partie  constituer  les  trésors  des 
temples  (4). 

Avant  la  bataille,  les  Gaulois  consacrent  à  Mars  les  dé- 


(1)  S.  Reinach,  Idées  générales  sw  l'art  de  la  Gaule  [Revue 
archéologique,  t.  vi  (1905),  p.  310-312).  On  trouvera  les  statues 
et  les  bas-reliefs  représentant  les  dieux,  chez  S.  Reinach, 
Bronzes  figurés  de  la  Gaule  romaine,  et  chez  Espérandieu,  Re- 
cueil général  des  bas-reliefs  de  la  Gaule  romaine. 

(2)  DioDORE,  V,  27.  Cf.  Suétone,  César,  54. 

(3)  Plutarque,  César,  26. 

(4)  Cf.  JuLLiAN,  Revue  des  études  anciennes,  t.  iv,  p.  281. 


34<)  PRIÈRES 

pouilles  des  ennemis  ;  après  la  victoire,  ils  immolent  les 
êtres  animés  qu'ils  ont  pris  ;  le  reste  est  rassemblé  en  un 
seul  endroit  ;  et  dans  beaucoup  de  cités  on  peut  voir  dans 
les  lieux  consacrés  des  monceaux  de  butin  pris  à  la 
guerre  (1).  Pendant  la  guerre  de  218,  un  Gaulois  avait 
voué  sa  chevelure  à  Mars  (2).  Catumandus  avait  offert  à 
Minerve  un  collier  d'or  (3).  Les  Insubres  avaient  voué  un 
collier  à  Mars  (4).  Les  Tectosages  avaient  rassemblée  Tou- 
louse, dans  les  enceintes  et  les  lacs  sacrés,  des  lingots  d'or 
et  d'argent  pour  une  valeur  d'environ  la. 000  talents 
(88.350.000  francs).  D'après  Trogue  Pompée,  un  lac  de 
Toulouse  contenait  un  million  de  livres  d'argent  et  cinq 
millions  de  livres  d'or.  Orose  dit  seulement  cent  mille 
livres  d'or  (o). 

Le  culte  comportait  des  prières,  peut-être  des  danses,  des 
libations  et  des  sacrifices.  La  reine  bretonne  Boudicca  (6) 
invoque  Adrastê  en  levant  une  main  vers  le  ciel.  Les 
druides  de  l'île  de  Mona  (7;  prient  en  levant  les  bras  au 
ciel  et  en  lançant  contre  les  ennemis  d'affreuses  impréca- 
tions, sans  doute  même  des  incantations.  Chez  ks  Galates 
d'Orient,  d'après  Eudoxe  (m*  siècle  avant  Jésus-Christ) 
quand  les  sauterelles  envahissaient  le  pays,  on  faisait  cer- 


(1)  Guerre  de  Gaule,  vi,  17.  Cf.  Tite-Live,  v,  39,  1  ;  Diodore, 
\,  32,  6.  Pour  le  sens  de  animalia,  cf.  Tacite,  Annales,  xiii,  57. 

(2)  SiLius  Italicus,  IV,  200-201. 

(3)  JUSTIIS',    XLIII,    5. 

(4)  Florus,  II,  4. 

(5)  Poscidônios  chez  Straiîon,  iv,  1,  13  ;  Justin,  xxxii,  3, 
10  ;  G.  Bloch,  Revue  des  études  anciennes,  t.  xv  (1913),  p.  278, 
essaie  de  concilier  ces  indications  diverses.  La  leçon  d'Orose  est 
plus  vraisemblable. 

(6)  Dion  Cassius,  lxii,  6. 

(7)  Tacite,  Annales,  xiv,  30. 


LA    RELIGIOM 


347 


taines  prières  et  on  accomplissait  certaines  cérémonies  qui 
avaient  la  vertu  d'appeler  les  oiseaux,  el  ceux-ci  obéissaient 
et  venaient  détruire  les  sauterelles  (1).  Dans  l'adoration, 
les  Gaulois  se  tournaient  vers  la  droite  (2).  Chez  les  Irlan- 
dais du  Moyen  Age,  le  tour  à  droite  assurait  une  heureuse 
chance  (3).  Etait-ce  à  cette  croyance  qu'obéissait  Vercingé- 
torix  lorsqu'il  fit  tourner  son  cheval  autour  de  César  (4)  ? 

Dans  une  des  îles  situées  sur  les  côtes  de  la  Grande-Bre- 
tagne, on  célébrait,  d'après  Artémidore,  des  cérémonies 
religieuses  rappelant  tout  à  fait  les  rites  du  culte  de  Dê- 
mêtêr  et  de  Corê  dans  l'île  de  Samothrace  (5).  Dans  cer- 
taines cérémonies  religieuses,  les  femmes  et  les  filles  des 
Bretons  figuraient  nues  après  s'être  teint  le  corps  avec  du 
pastel  (6). 

C'est  par  des  danses  que  pendant  la  nuit,  à  la  pleine 
lune,  les  Celtibères  célébraient  devant  leurs  portes  le  culte 
d'un  dieu  dont  nous  ignorons  le  nom  (7). 

Nous  ne  savons  à  quel  temps  remontent  en  Gaule  les 
cérémonies  (sacra),  réservées  aux  'plus  chastes,  que  Pes- 
cennius  Niger  fit  célébrer,  et  nous  ignorons  en  quoi  elles 
consistaient  (8). 

Les  Boii  de  la  Gaule  oisalpine  se  servirent  du  crâne  du 


(1)  Elien,  Histoire  naturelle,  xvii,  19. 

(2)  Poseidônios,  chez  Athénée,  iv,  36.  Cf.  Pline,  xxviii,  5, 
25,  qui  dit  le  contraire. 

(3)  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  La  civilisation  des  Celtes  et 
celle  de  l'épopée  homérique,  p.  143,  255. 

(4)  Plutarque,   César,  27  ;   H.   d'Arbois   de  Jubainville, 
Cours  de  littérature  celtique,  t.  xii,  p.  302. 

(5)  Strabon,  IV,  4,  6. 

(6)  Pline,  xxii,  2,  2. 

(7)  Strabon,  Géographie,  m,  4,  16 

(8)  Spartien,  Pescennius  Niger,  6. 


348 


SACRIFICES    HUMAINS 


consul  Postumius,  orné  de  ciselures  d'or,  comme  d'un  vase 
sacré  pour  offrir  des  libations  dans  les  fêtes  (1).  Avant  de 
cueillir  le  selago,  on  faisait  des  libations  de  pain  et  de 
vin  (2). 

Les  sacrifices  étaient  souvent  des  sacrifices  humains,  sa- 
crifices en  l'honneur  des  dieux  ou  pour  obtenir  de  bonnes 
récoltes  (3)  ou  pour  racheter  la  vie  dun  homme.  Cicéron, 
en  l'an  75  avant  J.-C,  parle  de  la  coutume  atroce  et  bar- 
bare qu'ont  les  Gaulois  de  sacrifier  des  hommes  (4).  Ceux 
des  Gaulois,  nous  dit  César,  qui  sont  atteints  de  maladies 
assez  graves  et  ceux  qui  vivent  au  milieu  des  dangers  de 
la  guerre  immolent  des  victimes  humaines  ou  font  vœu 
d'en  immoler,  et  emploient  les  druides  comme  ministres 
de  ces  sacrifices.  Ils  croient  que  la  vie  d'un  homme  est 
nécessaire  pour  racheter  la  vie  d'un  autre  homme,  et  qu'on 
no  peut  apaiser  autrement  les  dieux  immortels.  Chez  cer- 
tains peuples,  les  sacrifices  de  ce  genre  font  même  partie 
des  institutions  de  l'Etat.  D'autres  ont  d'immenses  manne- 
quins (simulacra)  aux  membres  d'osier  tressé,  qu'ils  rem- 
plissent d'hommes  vivants  ;  ils  y  mettent  le  feu  et  ces 
hommes  périssent  enveloppés  par  les  flammes.  Ils  croient 
que  le  supplice  de  ceux  qui  sont  convaincus  de  vol,  de 
brigandage  ou  de  quelque  autre  crime  est  celui  qui  plaît 
le  plus  aux  dieux  immortels  ;  mais  quand  ces  sortes  de  vic- 


(1)  TiTE  LivE,  XXIII,  24.  Cf.  Ad.  Reinach,  Revue  celtique, 
t.  XXXIV,  p.  281. 

(2)  Pline,  Histoire  naturelle,  xxiv,  62,  103. 

(3)  Strabon,  IV,  4,  4.  Voir  ci-dessous,  p.  380. 

(4)  Pour  Fonteius,  10,  14,  21  ;  République,  m,  9.  15.  Cf.  So- 
LiN,  21,  1  ;  Tertullien,  Apologétique,  9,  nomme  Mercure  le 
dieu  auquel  on  offrait  ces  sacrifices.  Cf.  Saint  Augustin,  De  la 
Cité  de  Dieu,  vu,  19. 


LA    RELIGION  349 

times  ne  sont  point  assez  nombreuses,  ils  y  suppléent  en 
sacrifiant  des  innocents  (1).  Antérieurement  à  César,  on 
brûlait  les  clients  et  les  esclaves  aux  funérailles  des 
grands  (2).  D'après  Strabon  (3),  qui  utilise  sans  doute  la 
même  source  que  César,  les  sacrifices  et  les  pratiques 
divinatoires  des  Gaulois  s'opposaient  à  ceux  des  Romains  ; 
la  victime  recevait  un  coup  de  sabre  dans  le  dos  ;  puis 
l'on  prédisait  l'avenir  d'après  la  nature  de  ses  convul- 
sions ;  d'autres  fois,  la  victime  était  tuée  à  coups  de  flèches, 
ou  crucifiée  dans  les  temples  ;  ou  bien  on  construisait  un 
mannequin  colossal  avec  du  bois  et  du  foin  ;  on  y  faisait 
entrer  des  bestiaux  et  des  animaux  de  toute  sorte  pêle-mêle 
avec  des  hommes,  puis  on  y  mettait  le  feu.  Diodore  de 
Sicile  (4)  rapporte  que  les  Gaulois  gardent  les  malfaiteurs 
pendant  cinq  ans,  puis,  en  l'honneur  des  dieux,  ils  les 
empalent  et  les  brûlent  avec  beaucoup  d'autres  offrandes 
sur  d'énormes  bûchers.  Il  est  possible  que  cet  usage  de 
brûler  des  êtres  vivants  se  rattache  au  culte  du  feu  (5), 
Avant  et  après  César,  il  est  aussi  question  de  sacrifices 
humains  à  la  guerre,  avant  ou  après  la  bataille.  Dans  la 
première  moitié  du  ni^  siècle  avant  J.-C,  Sopatros,  cité 
par  Athénée,  dit  que  les  ^Gaulois  sacrifiaient  les  prisonniers 
de  guerre  (6).   En  167   avant  J.-C,  la  même   coutume 

(1)  Ce  détail,  qui  ne  se  trouve  que  chez  César,  paraît  invrai- 
semblable à  M.  S.  Reinach,  Revue  archéologique,  t.  xxii 
(1913),  p.  101. 

(2)  Guerre  de  Gaule,  vi,  16.  Cf.  Strabon,  iv,  4,  4  ;  Diodore, 
V,  32,  6.  Voir  ci-dessus,  p.  189,  310. 

(3)  Géographie,  iv,  4,  5.  Cf.  Diodore,  v,  31. 

(4)  Bibliothèque,  v,  32  ;  cf.  César,  Guerre  de  Gaule,  vï,  17. 

(5)  II.  d'Arbois  de  Jub  AIN  ville,  Cours  de  littérature  cel- 
tique, t.  VI,  p.  2i2. 

(6)  Athénée,  iv,  51.  Cf.  H.  d'Arbois  de  Jubain ville,  Cours 
de  littérature  celtique,  t.  xii,  p.  297. 


350  SACRIFICES    HLMAI.NS 

subsistait  cliez  les  Gaulois  d'Asie  (l).  Diodore  (2)  dit 
expressément  que  les  Gaulois  et  les  Galates  immo'aient 
les  prisonniers  en  l'honneur  des  dieux  et  tuaient  avec  les 
hommes  les  animaux  pris  à  la  guerre.  Les  Scordisci  immo- 
laient à  Bellone  et  à  Mars  les  ennemis  captils  (3).  Dion 
Cassius  (4)  nous  rapporte  que  les  Bretons  de  Boudlcca 
massacrèrent  avec  des  raffinements  de  cruauté  les  femmes 
captives,  en  l'honneur  de  la  déesse  Adrastê.  Justin  nous 
apprend  que  les  Gallo-Grecs  font  des  sacrifices  avant  de 
livrer  bataille  ;  un  jour  que  les  présages  étaient  funestes, 
ils  égorgèrent  même  leurs  femmes  et  leurs  enfants  pour 
apaiser  la  colère  divine  (3).  Tacite  nous  parle  de  l'horrible 
superstition  des  habitants  de  INIona  qui  regardaient  comme 
un  acte  religieux  d'arroser  les  autels  du  sang  des  captifs  et 
de  consulter  les  dieux  dans  les  entrailles  humaines  (6). 

Dès  l'an  97  avant  J. -G.,  un  sénatus-consulte  prohibait 
les  sacrifices  humains.  Denys  d'Halicarnasse,  qui  termina 
ses  Antiquités  romaines  vers  Tan  8  avant  J.-C.,  constate 
que  les  sacrifices  humains  sont  encore  en  usage  dans  la 
Gaule  de  son  temps  (7).  Lorsque  Lucain  (39-65)  nous 
parle  des  horribles  sacrifices  offerts  à  Esus,  Taranis  et  Ten- 
tâtes (8),  il  est  probable  qu'il  faisait  allusion  à  des  cou- 
tumes disparues,  au  moins  dans  les  pays  soumis  à  la  domi- 
nation romaine.  Eu  77,  il   semble  [^)  que  les  sacrifices 

(1)  TiTE  LivE,  xxxviii,  47,  12. 

(2)  Bibliothèque,  v,  32  ;  xxxi,  13. 

(3)  Ammien  Marcellin,  xxvii,  4,  4. 

(4)  Histoire  romaine,  lxii,  7. 

(5)  Histoires,  xxvi,  2. 

(6)  Annales,  xiv,  30. 

(7)  Antiquités  romaines,  i,  38. 

(8)  Pharsale,  i,  444-446.  Usener,  Commenta  Bernensia,  p.  32. 

(9)  Pline,  Histoire  naturelle,  xxx,  4,  13.  Cf.  vu,  2,  9,  où  Pline 


LA    RELIGION  351 

humains  subsistaient  encore  dans  les  parties  de  la  Grande- 
Bretagne  restées  indépendantes  ;  mais  en  Gaule,  vers  40 
après  J.-C.,  les  druides  attiraient  à  leurs  autels  des  hommes 
liés  par  des  vœux  et  leur  faisaient  couler  un  peu  de  sang, 
sans  les  mettre  à  mort  (1).  L'ancienne  barbarie  n'était  plus 
alors  qu'un  souvenir  (2).  Les  druides  [mugi)  de  Grande- 
Bretagne,  au  milieu  du  v^  siècle,  apprennent  au  roi  Yorti« 
gern  qu'avant  de  commencer  la  construction  d'une  forte- 
resse, il  faut  arroser  le  sol  avec  le  sang  d'un  enfant  (3).  En 
Irlande,  une  Vie  de  saint  Patrice  mentionne  encore  une 
idole  appelée  Cenn  Cruaich,  qui  était  couverte  d'or  et  d'ar- 
gent et  entourée  de  douze  autres  idoles  et  à  laquelle  on 
immolait  des  enfants  (4).  Ce  nom  est  identique  à  celui  de 
Pennocriiciiim,  station  romaine  chez  les  Cornavii  (5). 

Parmi  les  croyances  religieuses,  une  de  celles  qui  ont  le 
plus  étonné  les  anciens  est  la  croyance  à  l'immortalité  de 
l'âme.  «  Je  traiterais  les  Celtes  d'insensés  »,  écrit  Valère 
Maxime,  «  si  l'opinion  de  ces  gens  à  braies  n'était  celle  de 


nous  apprend  que  chez  les  Transalpins  celte  coutume  vient  de 
disparaître  [nuperrime] . 

(1)  M.  S.  Reinach  [Revue  archéologique,  t.  xxii  (1913),, 
pense  que  ce  rite  n'a  rien  à  voir  avec  les  sacrifices  humains. 

(2)  PoMPONius  Mêla,  m,  2,  18. 

(3)  Nennius,  Historia  Britlonum,  40  ;  Mommsen,  Chronica 
minora,  t.  m,  p.  182  et  suiv.  (M.  G.  IL,  A.  A.,  t.  xiii).  Cf. 
J.  H.  ToDD,  The  Irish  version  oj  the  Historia  Brittonum  of  Nen- 
nius,  p.  90.  F.*  Robinson  a  réuni  et  discuté  les  textes  relatifs 
aux  sacrifices  humains  en  Irlande  dans  Anniversary  Papers  by 
colleague>  and  pupils  of  G.  L.  Kittredge,  Boston,  1913,  p.  185- 
197. 

(4)  The  tripartite  life  of  Patrick,  t.  i,  p.  90,  92.  Cf.  Revue  cel- 
tique, t.  XVI,  p.  35  ;  Joyce,  A  social  history  of  ancienl  Ireland, 
t.  I,  p.  275-276,  281. 

(5)  Itinéraire  d'Antonin,  470,  1.  Cf.  Ruvs,  Hibbert  Lectures, 
p.  203. 


352  IMMORTALITÉ    UE    l'aME 

Pythagore  vêtu  du  pallium  ».  D'après  d'autres  écrivains, 
cette  doctrine  était  venue  aux  Celtes  par  les  druides  (1). 
Toujours  est-il  qu'elle  était  très  répandue  et  très  populaire. 
De  là  l'ancien  usage  de  se  prêter  entre  eux  des  sommes 
remboursables  dans  l'autre  monde  (2),  de  fixer  les  enfers 
comme  lieu  de  règlement  de  leurs  affaires  commerciales, 
de  brûler  et  d'enterrer  avec  les  morts  ce  qui  sert  aux  vi- 
vants (3),  de  jeter  dans  le  bûcher  des  lettres  adressées  aux 
morts  (4).  On  a  même  vu,  dit  PomponiusMéla,  des  parents 
se  jeter  volontairement  dans  le  bûcher  de  leurs  proches 
dans  l'espoir  d'aller  vivre  avec  eux  (5).  Les  Celtes  préten- 
dent ne  craindre  ni  les  tremblements  de  terre  ni  les  inon- 
dations ;  ils  s'avancent  tout  armés  au  devant  des  flots  (6). 
C'est  que  la  foi  en  une  autre  vie  est  éminemment  propre  à 
exalter  le  courage  (7)  ;  elle  était  sans  doute  aussi  la  cause 
de  ces  suicides  d'un  caractère  rehgieux  que  l'on  a  signalés 
chez  les  Celtes  (8)  ;  elle  peut,  de  même,  dans  certains  cas, 
rendre  compte  des  sacrifices  humains,  dont  nous  venons 
de  parler.  La  substitution  de  l'incinération  à  l'inhumation  (9) 
est  peut-être  aussi  en  rapport  avec  l'idée  de  survivance  des 
âmes. 

Il  ne  semble  pas,  bien  que  les  textes  soient  obscurs  et 


(1)  Guerre  de  Gaule,  vi,  14.  Timagène,  chez  Ammien  Mar- 

CELLIN,   XV,   9,   8.   Cf.   StRAUON,   IV,   4,   4. 

(2)  Valère  Maxime,  ii,  6,  10. 

(3)  Guerre  de  Gaule,  vi,  19,  4.  Cf.  Mêla,  m,  2,  19. 

(4)  DioDORE,  V,  28. 

(5)  Chorographie,  m,  2,  19. 

(6)  Aristote,  Ethique  à  Nicomaque,  m,  7,  7  ;  Morale  à  Eu- 
dème,  ii,  1,  25. 

(7)  Guerre  de  Gaule,  vi,  14.  Cf.  Lucain,  i,  459-462. 

(8)  Nicolas  de  Damas,  chez  Stobée,  vu,  40. 

(9)  Voir  ci-dessus,  p.  189-191. 


LA    RELIGION  353 

contradictoires  (1),  que  cette  immortalité  ait  consisté  en 
une  seconde  vie  sur  la  terre  dans  un  corps  nouveau.  Ce 
n'est  pas  la  doctrine  pythagoricienne,  d'après  laquelle 
l'âme  des  méchants  revenait  en  ce  monde  habiter  un  autre 
corps,  tandis  que  l'âme  des  justes  menait  dans  les  espaces 
aériens  une  vie  purement  spirituelle.  Ce  n'est  pas  non  plus 
les  demeures  silencieuses  de  l'Erèbe,  ni  les  profondeurs  du 
pâle  royaume  de  Dis  que  gagnent  les  âmes.  Le  même  souffle 
anime  leurs  membres  dans  un  autre  monde,  la  mort  est  le 
milieu  d'une  longue  vie  (2).  La  situation  de  cet  autre 
monde  (3)  varie  suivant  la  position  géographique  des  di- 
vers peuples  celtiques.  Comme  Ta  fait  remarquer  M.  A.  Le 
Braz  (4),  les  gens  du  continent  le  plaçaient  volontiers  dans 
les  îles.  Une  tradition  fixée  par  écrit  au  vi°  siècle  par  Pro- 
cope  (5)  rapporte  que  les  habitants  du  pays  situé  en  face 
de  la  Grande-Bretagne  avaient  pour  charge  de  conduire 
les  âmes  des  morts  du  continent  dans  l'ile.  Au  milieu  de 
la  nuit,  ils  entendent  frapper  à  leur  porte,  et  une  voix  les 
appelle  tout  bas.  Alors  ils  se  rendent  au  rivage  sans  savoir 

(1)  César,  vi,  14  :  «  non  interire  animas,  sed  ab  aliis  post 
mortem  transire  ad  alios.  Lucain,  i,  454-458  :  «  UmbrcC  non... 
Erebi  sedes...  petunt  ;  régit  idem  spiritus  artus  orbe  alio  ; 
longse...  vitse  mors  média  est.  »  Mêla,  m,  2,  19  :  «  tieternas  esse 
animas  vitamque  alteram  ad  Mânes  ».  Diodore,  v,  28,  6  : 
lài;  d/o^à;...  aOavaTO'j;;  e.Tva'....  xa!  ùi'  ettov  â)p'.a[i.=vwv  7:dtXi.v 
S'.oyv,  eÎç  EtEpo»;  (itû[Jia  if^z  (|;uyY;î  E'.JO'JOjjiivr,?. 

(2)  hvcAïîi , ,Pharsale,  i,  454-458. 

(3)  M.  S.  Reinach  a  démontré  [Revue  celtique,  t.  xxii,  p.  447- 
457  ;  Cultes,  t.  i,  p.  184-194),  que  par  les  mots  orbis  alius,  Lu- 
cain voulait  désigner  une  autre  région  de  la  terre  et  non  une 
autre  planète  ou  un  astre. 

(4)  La  légende  de  la  mort  chez  les  Bretons  armoricains,  2^  éd., 

p.  XII. 

(5)  Guerre  des  Goths,  iv,  20  ;  Tzetzès,  Scholies  à  Hésiode, 
Les  travaux  et  les  jours,  v  169.  Cf.  Claudien,  Contre  Ruffin,  i, 
124  ;  A.  Le  Braz,  La  légende  de  la  mort  chez  les  Bretons  armori- 
cains, 2^  éd.,  p.  xii-xiii. 

G.  DoTTiN,  —  Manuel  de  l'antiquité  celtique.  23 


354  ELYSÉE    CELTIQUE 

quelle  force  les  y  entraîne.  Ils  y  trouvent  des  barques  qui 
semblent  vides,  mais  qui  sont  tellement  chargées  des  âmes 
des  morts  que  leur  bordage  s'élève  à  peine  au-dessus  des 
flots.  En  moins  d'une  heure,  ils  sont  arrivés  au  terme  de 
leur  voyage,  alors  que  d'ordinaire  il  leur  faut  une  journée 
pour  s'y  rendre.  Là,  dans  l'île  des  Bretons,  ils  ne  voient 
personne,  mais  ils  entendent  une  voix  qui  dénombre  les 
passagers  en  les  appelant  chacun  par  leur  nom.  Une  tra- 
dition aussi  étrange  est  rapportée  par  Plutarque.  Dans  une 
île  voisine  de  hi  Bretagne  habitaient  des  hommes  que  les 
Bretons  considéraient  comme  sacrés  et  inviolables.  A  peine 
Demetrius  (1)  y  avait-il  abordé  qu'ils  se  produisit  un  grand 
trouble  dans  l'atmosphère;  des  souffles  firent  rage;  des 
trombes  de  feu  s'abattirent.  Les  habitants  de  l'île  lui  dirent 
que  c'était  quelqu'un  des  meilleurs  qui  venait  de  trépas- 
ser (2).  Enfin  c'est  aussi  du  côté  de  la  Grande-Bretagne,  à 
cinq  jours  de  navigation,  que  Plutarque  situe  l'île  de  Sa- 
turne où  les  hommes  conversent  avec  des  génies  (3). 

Ce  n'est  que  d'après  la  littérature  épique  de  l'Irlande 
que  l'on  peut  se  faire  une  idée  de  l'Elysée  rêvé  par  les 
Gaëls,  pays  merveilleux  que  l'on  atteignait  en  s'embar- 
quant  sur  une  barque  de  verre  (4)  ;  au  delà  de  la  mer,  on 
apercevait  une  grande  tour  transparente  aux  contours  in- 
décis ;  dans  les  ouvertures  des  créneaux  apparaissaient  des 
formes  qui  ressemblaient  à  des  hommes.  Quiconque  essayait 
d'aborder  au  pied  de  la  tour  était  emporté  par  les  flots  de 


(1)  Personnage  du  dialogue  de  Plutarque,  inconnu  d'ailleurs. 

(2)  Des  oracles  qui  ont  cessé,  18. 

(3)  De  la  face  de  la  lune,  26. 

(4)  Voir  surtout  VEchtra  Condla  Caim,  H.  d'Arbois  de  Ju- 
BAiNviLLE,  Cours  de  littérature  celtique,  t.  v,  p.  385-390. 


LA    RELIGION  355 

la  mer.  Au  delà  de  la  tour  s'étendaient  des  plaines  fertiles 
plantées  d'arbres  étranges.  Quelques-uns  avaient  des 
branches  d'argent  auxquelles  pendaient  des  pommes 
d'or  (1).  Quand  on  heurtait  ces  pommes  les  unes  contre 
les  autres,  elles  produisaient  un  son  si  harmonieux  qu'on 
ne  pouvait  l'entendre  sans  oublier  tous  ses  maux.  Au  pied 
des  arbres  coulaient  des  ruisseaux  de  vin  et  d'hydromel. 
La  pluie  qui  rafraîchissait  la  terre  était  de  bière.  Les  porcs 
qui  paissaient  dans  la  plaine  renaissaient,  une  fois  mangés, 
pour  de  nouveaux  festins.  Partout  une  agréable  musique 
flattait  l'oreille  et  ravissait  l'âme  par  ses  douces  mélodies. 
C'était  bien  la  vie  que  le  Gaël  avait  pu  rêver  ici-bas.  Tou- 
jours jeune,  toujours  beau,  couronné  de  fleurs,  il  passait 
ses  jours  dans  de  longs  festins  où  la  bière  ne  cessait  de 
couler  et  où  la  viande  de  porc  ne  manquait  pas.  Jamais  il 
ne  s'élevait  de  contestations  pour  savoir  à  qui  devait  re- 
venir le  meilleur  morceau.  Les  combats  étaient  au  nombre 
des  plaisirs  du  peuple  des  morts  ;  les  guerriers  étaient  armés 
d'armes  éclatantes  ;  ils  brillaient  de  l'éclat  de  la  jeunesse  ; 
les  batailles  étaient  plus  acharnées  et  plus  terribles  que 
chez  les  vivants  et  des  fleuves  de  sang  coulaient  dans  la 
Grande  Plaine.  Ainsi  le  Gaël  retrouvait  dans  l'autre  vie 
tout  ce  qu'il  avait  aimé  sur  la  terre,  la  musique,  la  bonne 
chère  et  la  guerre  (2). 
En  résumé,  parmi  les  croyances  et  les  pratiques  reli- 

(1)  M.  Jullian  me  fait  remarquer  qu'Apollodore  (ii,  5,  11) 
place  les  pommes  des  Hespérides  dans  le  pays  des  Hyperbo- 
réens.  Nous  avons  vu  (p.  22)  que  les  Celtes  sont  parfois  confon- 
dus avec  les  Hyperboréens. 

(2)  Revue  de  l'histoire  des  religions,  t.  xiv,  p.  53-66.  A.  Nutt, 
Essay  on  the  Irish  Vision  of  Ihe  happy  Otherworld ,  and  the  Celtic 
doctrine  ofrebirth, dans  The  Voyage  of  Bran,  son  of  Febal,  to  the 
Landof  the  Living,  éd.  Kuno  Meyer,  London,  1895-1897  ;  ii, 
p.  133-218. 


356  CONCLUSION 

gieuses  des  Celtes,  un  grand  nombre  n'ont  rien  qui  puisse 
attirer  notre  attention.  La   divination  par  le  vol  des  oi- 
seaux, par  les  entrailles  des  victimes,  par  les  songes,  la 
croyance  aux  vertus  magiques  des  plantes,  l'usage  des  li- 
bations et  des  sacrifices  sont  bien  connus  dans  l'Antiquité  ; 
on  peut  même  se  demander  si  certains  auteurs  latins  ou 
grecs  n'ont  pas  attribué  aux  Celtes  ces  îornies  de  culte 
parce  qu'ils  les  trouvaient  chez  eux-mêmes,  et  sans  être 
autrement  documentés  sur  les  usages  rituels  des  peuples 
celtiques.  Nous  devons  attribuer  plus  d'autorité  aux  textes 
qui  nous  font  connaître  des  pratiques  tombées  en  désuétude 
à  Rome  (4)  ou  en  Grèce  (2),  comme  les  sacrifices  humains. 
Quant  à  la  croyance  à  la  survivance  des  âmes,  que  les  an- 
ciens ont  signalée  avec  curiosité  et  intérêt,  mais  sans  pré- 
cision ni  clarté,  nous  ne  pouvons   l'interpréter  qu'eu   la 
rattachant  à  la  tradition  conservée  dans  l'ancienne  littéra- 
ture de  l'Irlande.  Loin  d'être  le  résultat  des  méditations 
des  philosophes  de  Grande-Bretagne,   cette   doctrine   est 
indo-européenne  ;  on  la  trouve  déjà  dans  les  Yédas  (3)  ; 
Hérodote  l'a  signalée  chez  les  Egyptiens  (4)  et  les  Gètes(5). 
Les  Perses  étalent  convaincus   de  leur  résurrection  (6). 
Elle  ne  constitue  donc  pas  une  croyance  religieuse  propre 
aux  Celtes  (7). 


(1)  En  216  avant  J.-C,  on  enterra  vivants  dans  le  forum  boa- 
riuni  un  Gaulois  et  une  Gauloise. 

(2)  Pausanias,  Description  de  la  Grèce,  viii,  2,  3  ;  6. 

(3)  Bergaigne,   La  religion   i^édique  d'après   les   hymnes  du 
Rig-Vcda,  t.  I,  p.  191-198. 

(4)  Histoire,  ii,  123. 

(5)  Histoire,  iv,  93-94. 

(6)  Thcopompe  chez  Diogène  Laerce,  pref.  9. 

(7)  Cf.  Strabon,  IV,  4,4  :  àaOâpToo;  oï  Xîyojji  y.xl  oixo-  xaî 
aX  ).  0  '.  xà;  <!fi^-/i^. 


CHAPITRE  VI 


LES  BARDES,  LES  VATÈS,  LES  DRUIDES  (1) 


Les  bardes.  —  Les  vatès,  les  devins,  les  euhages.  —  Les  druides. 

—  Les  prêtres  gaulois.  ^ — ■  Attributions  religieuses  des  druides  ; 
la  magie.  —  Leur  enseignement  ;  la  cosmogonie  ;  le  calen- 
drier ;  les  druides  et  Pythagore.  —  Leur  rôle  judiciaire  en 
Gaule.  - — ■  Leur  rôle  politique.  —  Les  druidesses  ;  les  prê- 
tresses de  Sein. —  Les  collèges  de  druides.- —  Le néodruidisme, 

—  Originalité  du  druidisme. 


D'après  Strabon  (2),  chez  tous  les  peuples  celtiques  sans 
exception,  se  trouvent  trois  classes  d'hommes  qui  sont 
l'objet  d'honneurs  extraordinaires,  à  savoir  :  les  bardes 
px'pooi,  les  vatès  oùixen;  et  les  druides  opjîSai.  Diodore  (3) 
nous  apprend  que  les'Gaulois  ont  des  poètes  lyriques  qu'ils 
appellent  bardes  ;  qu'ils  ont  aussi  des  philosophes  et  des 
théologiens  très  honorés  qu'ils  appellent  druides  et  des  de- 
vins (fjiâvT£i;)  qui  sont  en  grande  vénération.  Ammien  Mar- 
cellin  (4),  citant  sans  doute  Timagène,  rapporte  que  les 

(1)  Voir  C.  JuLLiAN,  Histoire  de  la  Gaule,  t.  ii,  p.  84-112,  383- 
385. 

(2)  Géographie,  iv,  4,  5. 

(3)  Bibliothèque,  v,  31. 

(4)  Histoire  romaine,  xv,  9. 


358 


BARDES 


Gaulois  ont  été  civilisés  par  les  bardes,  les  euhages  (1)  et 
les  druides.  César  ne  mentionne  que  les  druides  (2)  ;  il  est 
probable  qu'il  comprenait  sous  ce  terme  général  les  druides, 
au  sens  propre,  les  devins  et  peut-être  aussi  les  bardes  ;  le 
nom  de  druides  aurait  donc  désigné  à  peu  près  tous  les 
bommes  à  carrière  libérale. 

L'ancienne  Irlande  connaissait  de  même  trois  ordres  de 
lettrés  :  les  bardes,  bard  ;  les  druides  drui,  druad,  et  les 
filé.  De  très  bonne  heure  les  bardes  sont  remplacés,  comme 
poètes  panégyristes  ou  satiriques,  par  les  filé  qui  rem- 
plissent en  même  temps  les  fonctions  de  devins  et  de  juges 
et  qui  sont  répartis  en  plusieurs  classes  d'après  le  nombre 
d'histoires  épiques  qu'ils  peuvent  raconter.  La  durée  régu- 
lière de  leurs  études  était  de  douze  ans.  Au  Pays  de  Galles, 
le  barde  est  le  huitième  des  fonctionnaires  de  la  cour  du 
roi  (3). 

I 

Les  bardes  gaulois  chantent  la  louange  ou  le  blâme  en 
s'accompagnant  sur  des  instruments  semblables  aux  lyres  4). 
Les  Celtes,  nous  dit  Poseidonios  dans  le  vingt-troisième 
livre  de  ses  Histoires,  mènent  avec  eux,  même  à  la  guerre, 
des  compagnons  qu'ils  appellent  commensaux.  Ceux-ci  dé- 
bitent des  éloges  de  leurs  patrons  devant  de  nombreuses 
assemblées,  et  aussi  en  particulier  devant  quiconque  les 

(1)  Voir  ci-dessus,  p.  85. 

(2)  Guerre  de  Gaule,  vi,  13. 

(3)  Cf.  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Introduction  à  l'étude 
de  la  littérature  celtique  (Cours  de  littérature  celtique,  t.  i),  p.  64. 
Revue  archéologique,  t.  xliv,  (1882),  p.  225-242. 

(4)  DiODORE,  V,  31,  2.  Cf.  Strabon,  iv,  4,  4. 


LES    BARDES 


359 


écoute  (1).  Ce  sont  des  poètes  et  c'est  en  chantant  (2) 
qu'ils  débitent  leurs  éloges.  Le  sujet  de  leurs  chants  était 
aussi  le  récit  des  hauts  faits  des  hommes  illustres  ;  ils  con- 
servaient par  leurs  poèmes  pendant  de  longs  siècles  la  mé- 
moire des  braves,  tombés  dans  les  combats.  Les  bardes, 
comme  les  druides,  avaient  autant  d'influence  en  temps  de 
guerre  qu'en  temps  de  paix.  Souvent,  quand  les  armées 
étaient  rangées  en  bataille  l'une  en  face  de  l'autre,  épées 
tirées  et  lances  en  arrêt,  ils  s'avançaient  au  milieu  et  les 
apaisaient,  comme  des  bêtes  sauvages,  par  le  charme  de 
leurs  chants.  Ainsi,  ajoute  Diodore,  même  chez  les  Bar- 
bares les  plus  grossiers,  la  vaillance  cède  à  la  sagesse  et  Ares 
respecte  les  Muses  (3).  Nous  n'avons  aucun  renseigne- 
ment direct  sur  les  poèmes  des  bardes  celtiques,  analogues 
sans  doute  aux  compositions  poétiques  des  anciens  bardes 
irlandais  et  gallois  (4).  Tite  Live  (3)  et  Justin  (6)  nous  con- 
servent vraisemblablement,  dans  les  récits  plus  ou  moins 
légendaires  qu'ils  nous  ont  faits  des  conquêtes  des  Celtes, 
la  trace  d'anciennes  épopées.  Les  traditions  relatives  à  la 
fondation  de  Lyon  (7)  et  à  celle  d'Alesia  (8j  avaient  sans 


(1)  Athénée,  vi,  4y. 

(2)  Cf.  PsEUDO-ScYMNus,  V,  186.  Geographi  grseci  minores, 
éd.  Didot,  t.  I,  p.  202. 

(3)  Diodore  de  Sicile,  v,  31,  2.  Cf.  Ammien  Marcellin,  xv, 
9,  8  ;  LucAiN,  Pharsale,  i,  447-449  ;  Elien,  Histoire  variée,  xii, 
23. 

(4)  C.  JuLLiAN,  De  la  littérature  poétique  des  Gaulois,  Revue 
archéologique,  t.  xl  (1902),  p.  304-327,  a  recueilli  et  discuté  tous 
les  textes  des  anciens  qui  peuvent  s'y  rapporter.  Cf.  Histoire  de 
la  Gaule,  t.  u,  p.  379-382. 

(5)  V,  34,  1-5. 

(6)  Histoires  Philippiques,  xxiv,  4,  1. 

(7)  Pseudo-Plutarque,  Des  fleuves,  6.  Voir  ci-dessus,  p.  74. 

(8)  Diodore,  iv,  19.  Voir  ci-dessus,  p.  302. 


360  BARDES 

doute  donné  lieu  chiez  les  Gaulois  à  des  poèmes  compa- 
rables aux  Ktite'.;  des  Grecs.  Comme  les  bardes  de  l'Irlande 
et  du  Pays  de  Galles,  les  bardes  gaulois  composaient,  outre 
des  panégyriques,  des  poésies  satiriques  (1).  Il  est  possible 
que  leur  satire  ait  eu,  comme  celle  des  bardes  irlandais, la 
réputation  de  causer  la  destruction  ou  la  mort  (2). 

Les  bardes  gaulois  que  nous  représentent  Poseidônios  et 
Appien  sont  des  sortes  de  griots  qui  vivent  aux  dépens  des 
grands.  Un  jour  que  le  ricbe  Arverne  Luernios  avait  donné 
un  festiu,  un  poète  qui  comptait  y  assister  arriva  trop  tard. 
Le  poète  se  mit  à  cbanter  la  grandeur  du  roi  et  à  se  la- 
menter d'être  arrivé  en  retard.  Lnernios,  charmé,  demanda 
un  petit  sac  d'or  et  le  jeta  au  poète  qui  courait  à  côté  de 
lui.  Celui-ci  le  ramassa  et  de  nouveau  se  mit  à  cbanter, 
disant  que  les  traces  laissées  sur  terre  par  son  char  pro- 
duisaient aux  hommes  de  l'or  et  des  bienfaits  i3).  Un  autre 
barde  est  rattaché  à  la  légende  de  Bituitos,  fils  de  Luernios 
et  roi  des  Arvernes.  C'était  au  moment  où  Cn.  Domitius, 
en  122  avant  Jésus-Christ,  conduisant  une  expédition  contre 
les  Allobroges,  quittait  le  territoire  des  Salyi,  peuple  gau- 
lois établi  autour  d'Aixet  d'Arles  (4).  Un  envoyé  de  Bituitos 
vint  à  sa  rencontre.  Il  était  suivi  d'un  poète  qui  dans  une 
poésie  barbare  célébrait  le  roi  Bituitos,  puis  les  Allobroges, 
puis  l'envoyé  lui-même,  pour  leur  naissance  et  leur  cou- 
rage et  leur  puissance  (5).  C'est  pour  cela  surtout,  ajoute 

(1)  DiODORE,    V,    31. 

(2)  Cf.  F.  N.  RoBiNsoN,  Satirisls  and  enchanters  in  early  Irish 
Uteralure  (Studies  in  the  hisiory  of  religions,  New- York,  1912, 
p.  95-130,1. 

(3)  Athénée,  iv,  37.  Cf.  Stradon,  iv,  2,  3. 

(4)  Sur  ce  peuple,  voir  C.  Jullian,  Mélanges  H.  d'Arhois  de 
Jubainville,  p.  97-109. 

(5)  Appien,  Histoire  romaine,  iv,  12. 


LES    BARDES  361 

malicieusement  Appien,  que  les  envoyés  illustres  emmènent 
avec  eux  ces  sortes  de  gens. 

La  lyre  des  bardes  était  sans  doute  l'instrument  que  For- 
tunat  appelle  chrotta  et  qu'il  attribue  aux  Bretons  (1).  On 
trouve  représentée  sur  les  monnaies  des  A edu i,  des  A r- 
verni  et  des  Aremorici  une  lyre  à  quatre  ou  cinq  cordes  (2). 
Le  nom  de  la  chrotta  est  identique  à  celui  de  la  harpe  des 
anciens  bardes  irlandais,  cniilh,  et  des  bardes  gallois 
crwlli.  C'était  en  Irlande  un  instrument  de  O'",7o  de  hau- 
teur en  moyenne  (3). 

Il  semble  que  le  nom  de  barde  ait  été  employé  dans  di- 
verses parties  du  monde  celtique.  Dans  l'Italie  septentrio- 
nale, on  trouve  près  de  Milan  une  localité  appelée  Bardo- 
magiis  «  champ  du  barde  »  (4).  Un  Helvète  a  porté  le  nom 
de  Bardus  ;  on  trouve  le  même  nom  en  Carinthie,  à  Vienne, 
en  Styrie,  à  Misène  (Italie)  (5). 

Le  nom  de  barde  avait  pénétré  en  Germanie  où  le  mot 
harditiis  désignait,  d'après  Tacite  (6),  le  genre  de  chant  par 
lequel  les  Germains  enflammaient  les  âmes  des  guerriers 
avant  de  commencer  la  bataille. 


II 


Les  oCpâxEtc;  de  Strabon  sont-ils  identiques  aux  fj^àv-cet;  de 
Dioilore  de  Sicile?  C'est  assez  vraisemblable,  oùâtsi!;  n'étant 

(1)  Odes,  VII,  8,  66. 

(2)  Muret  et  Chabouillet,  Catalogue,  p.  291  ;  Blanchet, 
Traité  des  monnaies  gauloises,  p.  163. 

(3)  Joyce,  A  social  hislory  of  ancient  Ireland,  t.  i,  p.  576. 

(4)  Corpus  inscriptionum  latinaruin,  vi,  5872. 

(5)  HoLDER,  Altceltischer  Sprachschatz,  t.  i,  coi.  348. 

(6)  Germanie,  3.  On  a  proposé  de  corriger  barditus  en  harritus. 


362  VATÈS 

autre  chose  que  la  transcription  grecque  du  latin  uates.  Il 
n'y  a  aucune  raison  de  transcrire  oùâTet;;  par  ovates  comme 
l'ont  fait  les  érudits  du  siècle  dernier. 

Les  devins  prédisaient  l'avenir  par  le  vol  des  oiseaux  et 
par  l'inspection  des  entrailles  des  victimes  ;  on  leur  accor- 
dait une  grande  autorité.  Lorsqu'on  les  consulte  sur  une 
affaire  importante,  ils  immolent  un  homme  en  le  frappant 
d'un  coup  d'épée  au-dessus  du  diaphragme  et  déterminent 
l'avenir  d'après  sa  chute,  les  convulsions  de  ses  membres 
et  l'écoulement  de  son  sang,  confiants  dans  des  observa- 
tions anciennes  et  continues  (1).  Les  çates  sont  ceux  qui 
s'occupent  des  sacrifices  et  étudient  la  nature  (2).  Les  ha- 
ruspices des  Tectosages  de  Toulouse  leur  prescrivent,  pour 
les  délivrer  d'une  épidémie  pestilentielle,  de  jeter  dans  le 
lac  de  Toulouse  l'or  et  l'argent  qu'ils  ont  rapportés  de  l'ex- 
pédition de  Brennus  (3).  Tacite  appelle  druides  les  pro- 
phètes gaulois  qui  en  69  prédisaient  la  fin  de  l'empire 
romain  et  la  domination  de  Rome  par  les  races  transal- 
pines (4).  Dans  l'île  Silure,  d'après  Solin  i5),  les  hommes 
et  les  femmes  se  flattent  de  connaître  l'avenir. 

Les  euhages  d'Ammien  Marcellin  (6)  s'efforcent  d'expli- 
quer l'enchaînement  elles  merveilles  sublimes  de  la  nature. 
Ils  sont  sans  doute  identiques  aux  oja-ce-.;  de  Strabon  et  aux 
|jiâvxet;  de  Diodore  de  Sicile. 


(i)   Diodore,  v,  31,  3. 

(2)  Strabon,    Géographie,  iv,  4,  4. 

(3)  Justin,  xxxii,  3,  10. 

(4)  Histoires,  iv,  54. 

(5)  Collections  de  choses  merveilleuses,  22,  7. 

(G)  Histoire  romaine,  xv,  9,  8.  Cf.  Scidas,  Lexique.  Voir  ci- 
dessus,  p.  85. 


LES    DRUIDES  363 


III 


La  plus  ancienne  mention  du  nom  des  druides  (1)  se  trouve 
chez  Diogène  Laerce  dans  ses  Vies  des  philosophes.  Celui-ci 
dit  que  la  philosophie  a  commencé  chez  les  barbares,  que 
les  premiers  philosophes  ont  été  chez  les  Perses  les  Mages, 
à  Babylone  et  en  Assyrie  les  Chaldéens,  dans  l'Inde  les 
Gymnosophites,  chez  les  Celtes  et  les  Galates  les  druides 
ou  semnothées.  ôpjîoac  i]  ffE|i.vo6iou;  et  il  cite  comme  auto- 
rités un  traité  apocryphe  d'Aristote,  MaYixd;,  ainsi  que  So- 
tion  le  péripatéticien  (190  avant  J.-C),  au  vingt-troisième 
livre  de  l'ouvrage  intitulé  Aiaoo/ji  iwv  c^iXocrôtpojv  (2). 

Le  nom  de  druide  n'a  pas  trouvé  une  explication  satisfai- 
sante dans  les  langues  celtiques  (3).  Il  est  probable  que 
les  auteurs  grecs  qui  écrivent  opoutoat  ont  transcrit  le  nom 
latin  druides.  L'étymologie  par  le  grec  opù;  «  chêne  »,  qui 
faisait  des  druides  «  les  hommes  des  chênes  »,  a  tenté  bien 
des  écrivains  depuis  Pline  l'ancien  (4).  On  pourrait  songer 
à  une  traduction  ou  une  étymologie  populaire  grecque  d'un 

(1)  Sur  les  druides  en  général,  voir  outre  les  ouvrages  de 
H.  d'Arbois  de  Jubainville  cités  ci-après  et  l'Histoire  de  la  Gaule, 
de  G.  JuLLiAN,  t.  II,  p.  84-112,  l'article  de  Ihm  dans  la  Real- 
Ëncyclopxdie. 

(2)  Vies  des  philosophes,  i,  préf.,  1.  Suidas,  Lexique  au  mot 
opufoai.  Cf.  RoDiER,  Revue  des  études  anciennes,  t.  iv  (1902), 
p.  231,  n.  sur  l'attribution  et  l'authenticité. 

(3)  Voir  toutefois  une  étymologie  de  R.  Thurneysen,  qui 
explique  ce  mot  par  *dru-vids  «  très  savant  »  ;  cf.  l'irlandais 
sui  =  *su-vids  «  sage  »,  et  le  mot  cf/iXôjocpo;  par  lequel  Dio- 
bORE  (v,  31)  désigne  les  druides.  H.  d'Arbois  de  Jubain- 
ViLLE,  \Les  druides  et  les  dieux  celtiques  à  forme  d'animaux, 
p.  85. 

(4)  Histoire  naturelle,  xvi,  95,  249. 


364  >'0M    DES    DUUIDES 

nom  celtique  ignoré  si  le  mot  driii  (au  génitif  driiad)  n'ap- 
paraissait pas  dans  les  textes  les  plus  anciens  de  la  littéra- 
ture irlandaise.  Il  est  probable  que  ledratis,  drasidse,  drya- 
ridae  d'Ammien  Marcellin,  comme  le  Sapwvîoot;  (1),  Zapo- 
•jîôa;  des  manuscrits  de  Diodore,  repose  sur  une  mauvaise 
lecture  ou  est  la  traduction  d'une  étymologie  populaire. 
Pour  les  copistes  de  Lucain  et  des  historiens  de  Y  Histoire 
Auguste,  l'étymologie  grecque  de  druide  est  si  bien  passée 
dans  le  domaine  public  que  les  druides  et  les  druidesses 
sont  devenus  des  dryades,  driadae,  dryadae  (2). 

«  Dans  toute  la  Gaule,  nous  dit  César  (3),  il  y  a  deux 
classes  d'hommes  à  compter  et  à  être  honorées  :  l'une,  celle 
des  druides,  l'autre,  celle  des  chevaliers.  »  Tandis  que  les 
chevaliers  constituent  l'élite  de  l'armée  gauloise,  les  druides 
ne  vont  pas  à  la  guerre  et  sont  exempts  de  tout  service  mi- 
litaire. Ils  ne  paient  pas  les  impôts  avec  les  autres  (4).  Ils 
prennent  part  à  l'exercice  du  pouvoir  public  aussi  bien  que 
les  chevaliers  ;  ainsi,  Diviciacus  qui,  à  ce  que  Cicéron  nous 
apprend,  était  un  druide,  mène  une  vie  assez  peu  différente 
de  celle  de  son  frère  Dumnorix  qui  n'était  pas  druide,  et 
est  très  mêlé  aux  affaires  politiques  de  son  temps  (5).  11  ne 
s'agit  donc  pas  d'une  classe  sacerdotale  ;  à  plus  forte  raison 
comme  on  l'a  dit,  d'un  clergé  gaulois.  César  parle  une  fois 
des  sacerdotes  (6),  qui  peuvent  être  différents  des  druides, 

(1)  Cf.  le  grec  «  japojvîj  vieux  chêne  pourri  ». 

(2)  Voir  ci-après,  p.  384. 

(3)  Guerre  de  Gaule,  vi,  13  ;  14. 

(4)  C.  JuLLiAN,  Histoire  de  la  Gaule,  t.  ii,  p.  55,  n.  1.  Le  texte 
des  manuscrits  n'est  pas  sûr. 

(5)  CicÉRO.N,  De  la  divination,  i,  41,  90  ;  César,  Guerre  de 
Gaule,  1,  31,  9  ;  vi,  12,  5  ;  Panegyrici  veteres,  8,  3  ;  C.  Jullian, 
Revue  des  études  anciennes,  t.  m,  p.  205-210. 

(6)  Guerre  de  Gaule,  vu,  33. 


LES    DRUIDES  365 

et  rien  ne  nous  indique  que  les  prêtres  des  Boii  de  Cisal- 
pine sacer dotes,  aniistites,  que  mentionne  Tite-Live,  fussent 
des  druides,  ni  le  sacerdos  de  la  forêt  sacrée  chantée  par  Lu- 
cain  (1). 

Pour  désigner,  à  l'époque  gallo-romaine,  les  prêtres  affec- 
tés aux  cultes  locaux,  il  y  avait  un  mot  qui  est  sans  doute 
celtique  (2),  gutuater.  Les  inscriptions  nous  apprennent  qu'il 
y  avait  à  Màcon  un  gutuater  de  Mars  (3)  et  à  Autun  des 
gutuatri  qui  font  des  dédicaces  au  dieu  AnvaIos(4).  Lacon. 
fusion  du  gutuaier  et  du  druide  n'est  faite  que  chez  Ausone, 
qui  d'ailleurs  se  sert  dans  un  autre  passage,  pour  désigner 
un  prêtre  de  Belenus,  de  l'expression  Beleni  seditaus  (3). 

L'institution  druidique  n'était  pas  originaire  de  Gaule. 
On  ne  l'a  constatée  ni  chez  les  Celtes  d'Italie,  ni  chez  les 
Celtibères  d'Espagne,  ni  chez  les  Galates  de  Thrace  et 
d'Asie  Mineure,  ni  chez  les 'Celtes  du  Danube.  Nous  igno- 
rons même  si  elle  avait  pénétré  dans  toute  la  Gaule,  bien 
qu'il  semble  que  Strabon  atteste  l'existence  de  druides, 
bardes  et  vates  chez  tous  les  peuples  gaulois  (6).  Elle 
avait  été,  pensait-on,  créée  en  Grande-Bretagne  et  de  là 
avait  été  transportée  en  Gaule.  Les  Gaulois  qui  voulaient 
la  connaître  plus  à  fond  s^  rendaient  le  plus  souvent  de 
l'autre  côté  de  la  Manche  (7).  Nous  n'avons  aucun  rensei- 

(1)  TiTE-LivE,  XXIII,  24,  12  ;  Lucain,  m,  424. 

(2)  Voir  ci-dessus,  p.  82.  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Les 
druides  et  les  dieux  celtiques  à  forme  d'animaux,  p.  2-5.  Cf. 
J.  LoTH,  Annales  de  Bretagne,  t.  xx,  p.  550. 

(3)  Corpus  inscriptionum  latinarum,  t.  xiii,  n°  2585.  Cf.  1577. 

(4)  Re^'ue  épigraphique,  1900,  p.  132-133.  Cf.  Revue  celtique, 
t.  XIV,  p.  355. 

(5)  Professeurs,  v,  7  ;  xi,  24. 

(6)  Géographie,  iv,  4,  4. 

(7)  Guerre  de  Gaule,  vi,  13. 


366  PRÊTRES 

gnement  ancien  sur  le  druidismc  de  Grande-Bretagne.  Le 
druidisme  irlandais  seul  peut  donner  matière  à  des  rappro- 
chements avec  les  notions  que  nous  fournissent  les  écrivains 
de  l'antiquité  sur  les  druides  de  la  Gaule. 

D'après  César,  qui  semble  parler  des  druides  en  général 
plutôt  que  des  druides  de  son  temps,  les  druides  rem- 
plissent des  fonctions  religieuses,  éducatives,  judiciaires, 
politiques.  Nous  allons  les  étudier  successivement  sous  ces 
divers  aspects. 

Les  fonctions  religieuses  des  druides  consistaient,  d'après 
César,  surtout  à  assister  aux  cérémonies  et  à  s'occuper  des 
sacrifices  publics  et  privés  (1).  Il  semble,  d'autre  part,  que 
ce  soit  pour  se  rendre  au  désir  du  peuple  qu'ils  assistent 
aux  sacrifices,  et  qu'ils  ne  jouent  pas  dans  les  cérémonies  un 
rôle  prépondérant.  Strabon  et  Diodore  sont  d'accord  sur  ce 
point.  Strabon  écrit  que  les  Celtes  sacrifiaient  avec  l'assis- 
tance des  druides  (2);  Diodore,  que  la  coutume  était  que 
personne  ne  fît  de  sacrifice  sans  un  philosophe,  car  on 
croyait  devoir  user  de  l'intermédiaire  de  ces  hommes,  qui 
connaissent  la  nature  des  dieux  et  parlent  la  même  langue 
qu'eux,  pour  leur  offrir  des  sacrifices  d'actions  de  grâce 
et  implorer  leurs  bienfaits  (3). 

La  divination  était  au  nombre  des  sciences  qu'ils  prati- 
quaient. Diviciacus  annonçait  l'avenir  tant  par  l'observation 
des  oiseaux  que  par  conjecture  (4).  D'après  César,  les  druides 
interprètent  la  volonté  des  dieux  (3).  Au  temps  de  Tacite, 

(1)  Guerre  de  Gaule,  vi,  13  ;  16,  2. 

(2)  Géographie,  iv,  4,  5. 

(3)  Bibliothèque,  v,  31,  4.  S.  Reinach,  Revue  archéologique , 
t.  XXII  (1913),  p.  105. 

(4)  CicÉRON,  De  la  divination,  i,  41,  90. 

(5)  Guerre  de  Gaule,  vi,  13. 


LES    DRUIDES  367 

des  druides  gaulois  annonçaient  que  l'incendie  du  Capitole 
présageait  la  clmte  prochaine  de  l'empire  romain  et  la 
domination  du  monde  par  les  Transalpins  (1).  Les  druides 
prédisaient  l'avenir  par  les  nombres  et  les  cailloux  à  la 
manière  pythagoricienne  (2).  Ils  prédisaient  après  avoir 
mangé  des  glands,  disait-on  (3). 

A  l'époque  de  Pline,  la  magie  est  en  grande  faveur  en 
Gaule  et  en  Grande-Bretagne  (4)  et  les  druides,  dont  il  in- 
terprète le  nom  par  fiiagi  (o),  sont  pour  lui  des  sortes  de 
sorciers  et  de  féticheurs  dépositaires  de  secrets  magiques  et 
de  receties  médicales.  Ce  sont  les  druides  gaulois  qui  pré- 
tendent que  leselago  préserve  des  accidents  et  que  la  fumée 
en  est  utile  pour  toutes  les  maladies  des  yeux.  Ce  sont  eux 
qui  regardent  le  gui  du  rouvre  comme  sacré,  et  comme  en- 
voyé du  ciel.  Enfin,  ils  ont  indiqué  les  prescriptions  à  rem- 
plir pour  s'emparer  de  l'œuf  de  serpent  (oursin  fossile).  II 
faut  le  recevoir  sur  une  saie  avant  que,  lancé  en  l'air  par  les 
serpents,  il  ait  touché  à  terre  ;  s'enfuir  à  cheval,  car  les 
serpents  poursuivent  jusqu'à  ce  qu'ils  rencontrent  un  cours 
d'eau.  Tout  cela  doit  être  fait  à  une  certaine  époque  de  la 
lune.  Cet  œuf  est  un  talisman  qui  fait  gagner  les  procès  et 
donne  accès  auprès  des  souverains.  Toutefois  Pline  rapporte 
qu'un  chevalier  du  pays  cfes  Voconces  qui  en  portait  un 
dans  sa  tunique  fut,  sans  motif,  mis  à  mort  par  l'empereur 
Claude  (6). 

(1)  Histoires,  iv,  54. 

(2)  HippoLYTE,  Philosophumena,  25,  2. 

(3)  UsENER,  Commenta  Bernensia,  p.  33. 

(4)  Histoire  naturelle,  xxx,  4,  13. 

(5)  C'est  aussi  inagus  qui  est  l'équivalent  de  l'irlandais  drui 
chez  les  écrivains  latins  de  l'Irlande. 

(6)  Histoire   naturelle,    xxiv,    62,    103  ;    xvi,    95,    249-251  ; 


368  MÉDECINS 

Peut-être  faut-il  rattacher  à  la  médecine  druidique  les 
remèdes  populaires  usités  en  Gaule  d'après  Pline,  Apulée 
etMarcellus  :  le  gui,fécondant  et  antidote,  quiguérittout  (1)  ; 
le  trèfle  {visumarus)  qui  est  bon  contre  le  vertige  (2)  ;  la 
jusquiame  {Belinuniia)  qui  guérit  les  maux  de  laine  et  du 
pied  (3)  ;  la  verveine  qui  est  un  remède  contre  l'ophthal- 
raie  (4)  ;  la  bétoine  {vettonica)(\VL\  sert  à  faire  un  vinaigre 
bon  pour  les  maux  d'yeux  et  d'estomac  (3)  et  guérit  les 
morsures  de  serpents  ;  lerodarum  dont  on  fait  un  onguent 
contre  les  tumeurs  et  les  abcès,  à  condition  ,que  l'arbuste 
n'ait  pas  été  touché  par  le  fer  et  que  le  patient,  après  l'onc- 
tion, crache  trois  fois  à  droite  ;  l'onguent  est  encore  plus 
efficace  si  la  friction  est  faite  de  la  main  droite  par  trois 
hommes  de  nation  différente  (6)  ;  l'herbe  aux  corbeaux  qui 
sert  d'antidote  (7)  ;  la  pierre  de  la  source  de  la  Saône  qui 
est  un  fébrifuge  (8).  Certaines  herbes  magiques,  mises  en 
rapport  avec  les  decans  des  signes  du  Zodiaque,  avaient 
sans  doute  dans  l'opinion  des  Gaulois  des  vertus  curatives(9). 
Il  est  probable  que  les  chapelets  d'ambre,  les  grains  de 
jaspe,  d'agathe,  de  cristal,  les  perles  de  verre,  les  annelets 


XXIX,  12,  52  ;  cf.  ci-dessus,  p.  337.  Ciiauvet,  Bévue  archéolo- 
gique, t.  XXXVI  (1900),  p.  281-285  ;  S.  Reinach,  Cultes,  mythes 
et  religions,  t.  ii,  p.  63-65. 

(1)  Vi-iisE,  Histoire  naturelle,  y.\i,  95,  250-251.  Ci-dessus,  p.  339. 

(2)  Marcellus,  Des  médicaments,  m,  9.  Ci-dessus,  p.  68. 

(3)  Apulée,  Des  herbes,  4. 

(4)  Marcellus,    Des    médicaments,  viii,  28  ;  Pline,  Histoire 
naturelle,  xxv,  59,  106. 

(5)  Pline,  Histoire  naturelle,  xxv,  46,  84  ;  cf.  55,  101. 

(6)  Pline,  Histoire  naturelle,  xxiv,  112,  172, 

(7)  Singularités  merveilleuses,  86. 

(8)  Pseudo-Plutarque,  Des  fleuves,  6,  3. 

(9)  Cf.  Béjottes,  Le  livre  sacré  d'Hermès  Trismégiste  et  ses 
trente-six  herbes  magiques,  Bordeaux,  1911. 


I 


LES    DRUIDES  369 

de  bronze,  les  dents  d'animaux  divers  trouvés  dans  les 
tombes  ne  sont  'pas  exclusivement  des  ornements  et  que 
quelques-uns  de  ces  objets  constituent  des  amulettes  thé- 
rapeutiques (1). 

Si  les  sacrifices  et  la  divination  sont  dans  l'Antiquité  deux 
pratiques  religieuses  importantes,  les  secrets  magiques, 
dont  au  temps  de  Pline  les  druides  sont  les  dépositaires, 
étaient  laissés  à  des  sorciers  peu  estimés.  Gomment  conci- 
lier l'idée  que  les  druides  étaient  des  philosophes  à  la  fois 
physiciens  et  moralistes  avec  le  rôle  assez  méprisable  que 
leur  fait  jouer  Pline  le  naturaliste  V  On  peut  sans  doute 
s'expliquer  cette  contradiction  en  tenant  compte  de  la  diffé- 
rence des  dates.  Entre  l'époque  de  César  et  celle  de  Pline  se 
placent  le  règne  de  Tibère  et  le  règne  de  Claude.  Tibère 
supprima  les  druides  et  cette  espèce  de  devins  et  de  méde- 
cins (2)  ;  Claude  abolit  complètement  cette  religion  des 
druides,  si  effroyablement  cruelle,  qui  sous  Auguste  n'avait 
été  qu'interdite  aux  citoyens  romains  (3). 

Au  temps  dé  Pomponius  Mêla,  les  druides  donnent  leur 
enseignement  soit  dans  un  antre,  soit  dans  des  clairières 
cachées  (4).  La  persécution  n'aurait  donc  pas  été  favorable 
au  maintien  des  traditiçns  morales  qui  avaient  fait  des 
druides  les  premiers  personnages  de  la  Gaule  et  les  plus 
justes  des  hommes.  Ou  bien    faut-il  croire  que,  de  tout 

(1)  Cf.  P.  Pansier,  La  médecine  des  Gaulois  au  temps  des 
druides,  Janus,  Archives  inlernationales  pour  l'histoire  de  la 
médecine  et  la  géographie  médicales,  t.  xii,  (1907). 

(2)  «  Tiberii  Csesarîs  principatus  sustulit  druidas  et  hoc  ge- 
nus  vatum  medicorumque  »,  Histoire  naturelle,  xxx,  4,  13. 

(3)  SuKTONE,  Claude,  25.  Cf.  H.  d'Arbois  de  Jubainville, 
Cours  de  littérature  celtique,  t.  vu,  p.  172-177  ;  Duruy,  Revue 
archéologique,  t.  xxxix  (1880),  p.  347-352.  Voir  ci-après,  p.  379, 

(4)  Chorographie,  m,  2,  19.  Cf.  Lucain,  i,  453-454. 

G.  DoTTiN.  —  Manuel  de  l'antiquité  celtique.  24 


370  MAGICIENS 

temps,  les  druides  avaient  cherché  à  assurer  leur  pouvoir 
non  seulement  par  leur  science,  mais  par  des  pratiques 
magiques,  dont  ils  étaient  les  premiers  à  connaître  l'inanité 
et  que,  lorsque  la  domination  romaine  leur  eut  supprimé 
toute  actionjudiciaire  et  politique,  il  ne  leur  resta  plus  que 
l'exercice  misérable  d'un  charlatanisme  grossier  ? 

Les  druides  d'Irlande  nous  apparaissent  surtout  comme 
des  magiciens  et  des  prophètes.  Ils  prédisent  l'avenir  par 
j'observation  des  nuages,  par  les  baguettes  d'if,  par  la  roue, 
par  le  chant  des  oiseaux.  Ils  interprètent  les  volontés  se- 
crètes des  fées,  ils  jettent  des  sorts.  A  l'aide  de  formules  et 
d'incantations,  ils  peuvent  trouver  l'endroit  oîj  se  cache  une 
personne,  accabler  un  ennemi  de  toute  sorte  de  maux,  faire 
lever  entre  deux  armées  un  brouillard  épais,  faire  tomber 
delà  neige,  changer  le  jour  en  nuit,  produire  la  folie,  rendre 
grosse  une  femme  stérile  (1).  Ils  connaissent  les  breuvages 
qui  font  oublier.  Ils  ont  le  pouvoir  d'imposer  des  obligations, 
geis,  dont  il  est  impossible  de  s'écarter,  et  de  rendre  tabous 
certains  objets  Ces  geis  sont  très  divers  :  tantôt  c'est  un  guer- 
rier qui  reçoit  la  défense  de  dire  son  nom  à  un  adversaire  ; 
Mael  Duin  ne  peut  emmener  trois  compagnons  en  sus  d'un 
nombre  déterminé  par  un  druide  ;  il  était  interdit  à  Noïse 
de  venir  en  Irlande  en  temps  de  paix  sauf  avec  trois 
hommes  :  Gûchulainn,  Gonall  etFergus.  Fergus  avait  reçu 
pour  loi  de  ne  jamais  refuser  une  invitation  et  de  ne  pas 
quitter  un  festin  avant  qu'il  ne  fût  terminé  ;  Cùchulainn 
était  obligé  de  ne  jamais  passer  près  d'un  foyer  sans  s'y 


(1)  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Coufs  de  littérature  cel- 
tique, t.  I,  p.  136-139.  Les  druides  et  les  dieux  celtiques  à  forme 
d'animaux,  p.  93-94  ;  Joyce,  A  social  history  of  ancient  Ireland, 
t.  I,  p.  223-228. 


LES    DRUIDES  371 

arrêter  et  y  accepter  à  manger  ;  il  lui  était  interdit  de  man- 
ger du  chien.  A  la  Fête  du  taureau,  on  mettait  à  mort  un 
taureau  blanc  ;  un  homme  se  rassasiait  de  la  chair  et  du 
bouillon  du  taureau  :  puis  l'homme  dormait  tant  qu'il  vou- 
lait et  quatre  druides  chantaient  sur  lui  un  chant  de  justice. 
L'homme  voyait  dans  une  vision  celui  qui  devait  être  roi, 
sa  figure,  sa  réputation  et  ce  qu'il  faisait.  Lorsque  l'homme 
se  réveillait,  il  racontait  son  rêve  aux  rois  (1).  Les  prédic- 
tions des  druides  ont  pour  objet  tantôt  la  naissance,  la 
gloire  ou  les  malheurs  futurs  d'un  enfant  ;  l'effet  meurtrier 
d'une  arme  ;  une  vengeance  dont  un  vaincu  menace  son 
vainqueur. 

11  est  rarement  question  de  sacrifices  en  Irlande  ;  toutes 
les  mentions  d'offrandes  aux  dieux  ont  été,  semble-t-il, 
supprimées  des  textes  irlandais  ;  mais  on  trouve  dans  les 
gloses  le  mot  gaélique  qui  signifie  victime  et  sacrifice.  Les 
druides  irlandais  faisaient  des  offrandes  aux  sources  (2). 
Dans  une  Vie  latine  de  saint  Patrice,  il  est  dit  qu'à  la  Fes 
Temrach  ou  «  Festin  de  Tara  »  non  seulement  les  princes 
de  tout  le  royaume,  les  grands  et  les  chefs  de  provinces, 
mais  aussi  les  maîtres  des  druides,  dniidum  magistri,  s'as- 
semblaient pour  immoler  des  victimes  aux  idoles  (3).  Aux 
funérailles  d'un  chef,  on  tue  sur  la  tombe  ses  animaux. 
Mais  quel  rapport  offrent  les  prodiges  de  contes  popu- 
laires que  nous  venons  de  rapporter  avec  l'ancienne  reli- 
gion des  Celtes  '?  Les  druides  irlandais  se  meuvent,  tantôt 


(1)  Revue  celtique,  t.  vu,  p.  280. 

^2)  The  Tripartite  Life  of  Patrick,  éd.  Stokes,  p.  122  ;  Ti- 
RECHAN,  39,  ibid.,  p.  323. 

(3)  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Cours  de  littérature  cel- 
tique, t.  I,  p.  155,  157.  Voir  ci-dessus,  p.  189,  297. 


372  ÉDUCATEURS 

dans  un  monde  de  féerie  où  l'imagination  du  conteur  crée 
les  prodiges  les  plus  incroyables  ;  tantôt  dans  une  société 
peu  civilisée  oii  les  pratiques  de  sorcellerie  semblent  tenir 
lieu  de  toute  croyance  religieuse.  Le  fétichisme  n'y  occupe 
guère  de  place,  sans  doute  parce  que  les  rédacteurs  chré- 
tiens des  épopées  irlandaises  en  ont  fait  disparaître  tout  ce 
qui  pouvait  rappeler  l'idolâtrie.  Peut-être  la  religion  des 
Gallo  Romains  a-t-elle  quelques  traits  communs  avec  cet 
ensemble  de  superstitions  qu'avaient  conservé  les  Irlandais 
des  premiers  siècles  de  notre  ère.  Il  est  peu  probable  que  les 
druides  du  tein^js  do  César  n'aient  été  comme  leurs  confrères 
d'Irlande  que  des  sorciers  et  des  faiseurs  de  prestiges.  Le 
druide  Diviciacus,  en  tout  cas,  ne  différait  guère,  semble- 
t-il,  des  Romains  instruits  de  sou  temps  (1). 

Les  druides  étaient  les  éducateurs  de  la  jeunesse  gau- 
loise (2).  Attirés  par  leurs  privilèges,  dont  le  principal  étai^ 
l'exemption  des  impôts  et  du  service  militaire,  beaucoup 
déjeunes  gens  allaient  s'instruire  auprès  d'eux  ou  y  étaient 
envoyés  par  leurs  parents  et  leurs  proches.  On  disait  que 
ces  jeunes  gens  avaient  à  retenir  de  mémoire  un  grand 
nombre  de  vers.  Aussi  quelques-uns  restaient-ils  une  ving- 
taine d'années  à  s'instruire.  Les  druides  pensaient  que  les 
matières  de  leur  enseignement  ne  devaient  pas  être  confiées 
à  lécrilure alors  que,  dans  presque  toutes  les  affaires  pu- 
bliques et  les  comptes  particuliers,  ils  se  servaient  de  lettres 
grecques.  Ils  ne  voulaient  pas,  pense  César,  queleurscience 


(1)  Cf.  C.  JuLLiAN,  Revue  des  études  anciennes,  t.  m,  p.  20"5- 
210. 

(2)  C.  JuLLiAN,  [Histoire  de  la  Gaule,  t.  ii,  p.  105,  n.  G),  com- 
pare les  devins  étrusques  auxquels  on  confiait  les  fils  des  grands 
de  l'Etrurie.  Cicéro.n,  De  la  divination,  i,  41,  92. 


375 

LES    DRUIDES 

se  répandît  dans  le  vulgaire  (1),  ni  que  leurs  disciples)  &■„ 
fiant  à  l'écriture,  négligeassent  leur  mémoire.  Ce  qu'ils  vou- 
laient surtout  persuader,  c'était  que  l'âme  ne  périt  pas  et 
qu'après  la  mort,  au  bout  d'un  cycle  d'années,  elle  passe  d'un 
corps  dans  un  autre  (2).  Une  foule  de  questions  sur  les 
astreset  leurs  mouvements  (3),  sur  la  grandeur  du  monde 
et  de  la  terre,  sur  les  lois  de  la  nature,  sur  l'action  et  la 
puissance  des  dieux  immortels  faisaient  partie  de  leurs  doc- 
trines et  de  leur  enseignement  (4).  Il  faut  ajouter  à 
la  physiologie  ou  philosophie  naturelle  (o),  l'éthique 
ou  philosophie  morale.  Tout  en  affirmant  que  les 
âmes  et  le  monde  sont  immortels,  les  druides  prétendent 
qu'un  jour  prévaudront  le  feu  et  l'eau  (6)  ;  c'est  sans 
doute  la  doctrine  stoïcienne  que  Poséidônios,  hanté, 
comme  la  plupart  des  doxographes,  par  l'idée  de  re- 
trouver chez  les  peuples  les  plus  divers  les  théories 
grecques  (7),  prête,  peut-être  sur  des  analogies  superfi- 
cielles, aux  druides  gaulois.  Les  Gaulois  disaient  tenir  des 
druides  une  tradition  d'après  laquelle  ils  étaient  tous  issus 
de  Dispater  (8).  Pomponius  Mêla,  confirmant  les  renseigne- 
ments donnés  par  César  sur  les  sujets  et  la  durée  de  l'en- 
seignement des  druides,  affirme  que  leur  enseignement  était 

(1)  Cf.  LucAiN,  Pharsale,  i,  452-453, 

(2)  Voir  ci-dessus,  p.  252. 

(3)  Sur  l'astrologie  chez  les  Gallo-Romains,  voir  H.  de  La 
Ville  de  Mirmont,  Revue  des  études  anciennes,  t.  iv,  v,  viii, 

IX,    XI. 

(4)  Guerre  de  Gaule,  vi,  14. 

(5)  CicÉRON,  De  la  divination,  i,  41,  90. 

(6)  Strabon,  IV,  4,  4. 

(7)  Cf.  A.  RivAUD,  Le  problème  du  devenir  dans  la  science  et 
la  philosophie  grecques,  Alcan,  1906,  p.  68,  77.  C'est  le  Aluspilli 
germanique. 

(8)  Guerre  de  Gaule,  vi,  17. 


374 


GALENDIUER 


secret  et  que  le  seul  point  de  leur  doctrine  qui  eût  pénétré 
dans  le  public  était  l'éternité  des  âmes  et  l'existence  d'une 
autre  vie  après  la  mort  (1).  Diogène  Laërcenous  a  conservé 
en  grec  une  maxime  sous  forme  de  triade  qu'il  attribue  aux 
Druides  :  honorer  les  dieux,  ne  faire  aucun  mal,  pratiquer 

la    bravoure,  aÉêstv  ÔeoÙî   xaî   jjtr,0£v     xa/ov    ^pàv   xal    àvêpEiav 

àcT/CcTv  (2).  Rien  ne  nous  permet  de  supposer  que  la  philo- 
sophie et  la  science  druidiques  puissent  être  comparées  à  la 
philosophie  et  à  la  science  grecque. 

Nous  ne  savons  si  les  druides,  comme  les  pontifes  ro- 
mains, étaient  chargés  de  rédiger  le  calendrier.  Bien  qu'on 
ait  découvert  récemment  à  Coligny  un  calendrier,  que  l'on 
a  de  bonnes  raisons  de  croire  celtique,  ce  n'est  guère  que 
par  les  textes  irlandais  et  gallois  que  l'on  peut  connaître 
l'année  celtique  (3). 

L'année  était  lunaire  chez  les  Celtes  comme  chez  les 
autres  Indo-Européens.  Le  nom  du  mois  se  confond  sou- 
vent avec  celui  de  la  lune.  En  sanskrit  mc75  signifie  «  lune  » 
et  «  mois  »  ;  le  gotique  môna  signifie  «  lune  »  ;  le 
vieux-haut-allemand  mono  signifie  «lune»  et  «mois». 
Les  mois  et  les  années  des  Celtes  commençaient  avec  le 
sixième    jour  de   la  lune  (4).   L'âge  do  la    lune  servait 


(1)  Chorographie,  m,  2,  19.  '  "        . 

(2)  Vies  des  philosophes,  préface,  6.  Cf.  H.  d'Arbois  de  Ju- 
liAiNviLLE,  Cours  de  littérature  celtique,  t.- vi,  p.  loO-l.");}. 

(.3)  J.  LoTH,  L'année  celtique  d'après  les  testes  irlatidais,  gal- 
lois, bretons  et  le  calendrier  de  Coligny  [Revue  celtique,  t.  xxv, 
p.  113-162).  Voir  aussi  S.  de  Ricci,  Revue  celtique,  t.  xxv,  p.  10- 
27  ;  TiiiERs,  Comptes  rendus  de  l'Académie  des  inscrijitions,  1898, 
p.  167,  612  ;  J.  Rhys,  Notes  on  ihe  Coligny  Calendar  together 
witli  an  édition  of  the  reconstructed  Calendar.  Proceedings  of  the 
British  Academy,  iv,  London,  1910. 

(4)    Pline,  Histoire  naturelle,  xvi,  95,  250. 


LES  DRUIDES  375 

aux  druides  irlandais  pour  calculer  les  jours  néfastes  (1). 

Les  Celtes  ont  pour  habitude  de  compter  par  nuits  ; 
César  nous  le  dit  formellement  (2)  et,  dans  l'ancienne  litté- 
rature irlandaise  comme  dans  l'ancienne  littérature  galloise 
oa  date  souvent  par  nuits  ;  en  gallois  semaine  se  dit 
ççythnos,  «  huit  nuits  »  ;  quinzaine,  pythejnos  «  quinze 
nuits  »  ;  en  irlandais  oidhche  Samhain  «  nuit  de  Samhain  » 
(1"  novembre)  désigne  la  nuit  qui  précède  et  non  celle  qui 
suit  le  1"  novembre.  La  coutume  de  compter  par  nuits  et 
d'une  nuit  à  l'autre  n'est  c^'ailleurs  pas  spéciale  aux 
Celtes  (3). 

On  ne  pait  rien  dé  bien  précis  sur  la  durée  de  l'année 
celtique.  Le  calendrier  de  Goligny  oifrait  un  mois  interca- 
laire de  30  jours  destiné  sans  doute  à  établir  tous  les  deux 
ans  et  demi  l'accord  entre  l'ann  e  solaire  et  l'année  lunaire, 
laquelle  aurait  compté  354  ou  355  jours.  Un  des  nombres 
consacrés  de  l'épopée  irlandaise  est  de  350  nuits.  En  Bre- 
tagne armoricaine  comme  au  pays  de  Galles,  il  y  a  des 
jours  complémentaires,  appelés  en  breton  gourdeziou,  en 
gallois  dyddiau  dyddon.  Ces  jours  auxquels  sont  attachées 
diverses  superstitions  populaires,  auraient  été  ajoutés 
lorsque  l'on  convertit  l'année  lunaire  en  année  solaire.  Il 
est  intéressant  de  remarquer  que  chaque  jour  du  mois  com- 

(1)  Joyce,  /i  social  history  of  ancient  Irehmd,  t.  i,  p.  233. 

(2)  Guerre  de  Gaule,  vi,  18. 

(3)  On  la  trouve  chez  les.  Athéniens  (Pline,  ii,  79,  88)  ; 
chez  les  Germains  (Tacite,  Germanie,  11)  ;  chez  les  Numides 
(Nicolas  de  Damas,  Fragmenta  historicorum  grsecorum,  t.  m, 
p.  463,  fr.  139).  Est-ce  cette  coutume  qui  explique  la  ridicule 
anecdote  d'Eudoxe  de  Rhodes  d'après  laquelle  il  y  aurait  vers 
la  Celtique  un  peuple  qui  voit  la  nuit  (Fragm.  hist.  grxc,,  t.  iv, 
p.  407).  Etienne  de  Byzance,  donne,  d'après  le  Pseudo-Aristote, 
•nepl  ôo'jijiaaîojv,  le  nom  de  ce  peuple:   répjjiapa. 


376 


CALEM)RIER 


plémentaire  du  caleadrier  de  Goligny  porte  le  nom  d'un 
des  trente  mois  qui  suivaient,  tandis  qu'en  Bretagne,  la 
tradition  attribue  aux  douze  jours  complémentaires  la 
vertu  des  douze  mois  correspondants  (1). 

L'année  se  divisait  d'abord  en  deux  moitiés.  Il  est  sou- 
vent question  de  demi-année  dans  les  textes  irlandais  et 
gallois,  et  on  trouve  aussi  cette  division  dans  le  calendrier 
de  Goligny.  Mais  la  division  la  plus  commune  est  celle  de 
l'année  en  quatre  séries  de  trois  mois.  On  la  rencontre  dans 
les  lois  irlandaises  comme  dans  les  lois  galloises. 

Les  noms  des  mois  du  calendrier  de  Goligny  sont  : 
Samonios,  Anagantios,  Giamonios,  Simivisonnios,Equos  (cf. 
le  grec  "Itttt'.oç),  Elembivios  (cf.  le  mois  grec  'EXaœr^poXttôv), 
Edrinios,  Rivros,  Gantlos,  Dumannios,  Ogronios,  Gutios, 
Giallos  (mois  intercalaire). 

Quant  aux  subdivisions  du  mois,  elles  sont  indiquées  par 
les  mots  gallois  pijthefnos,  irlandais  coicthiges  «  quinzaine  »  ; 
la  wylhnos  galloise  dont  nous  avons  parlé  plus  haut  est 
une  subdivision,  en  chiffres  ronds,  de  la  quinzaine  (2).  La 
période  de  trois  jours  et  trois  nuits  que  Ton  rencontre  sou- 
vent dans  les  anciens  textes  gallois  ou  irlandais  est  sans 
doute  une  ancienne  subdivision  du  mois  lunaire  de 
29  jours  12. 

Le  calendrier  de  Goligny  comprendrait  un  cycle  de  deux 
ans  et  demi.  On  ne  trouve  rien  de  semblable  chez  les  Ir- 
landais et  chez  les  Gallois,  chez  lesquels  les   périodes   en 

(1)  Seymour  de  Ricci,  Revue  celtique,  t.  xxiv  (1903),  p.  313- 
316. 

(2)  Les  noms  des  jours  de  la  semaine  ont  été  empruntés  par 
les  Celtes  aux  Romains.  Cf.  Tiiurneysen,  Die  yamen  der  ^Vo- 
chentage  in  der  keltischen  Dialekten,  Zeitschrilt  jur  deutsche 
Wortforschung,  t.  i  (1900),  p.  1.86  sq. 


J 


LES    DRUIDES  377 

usage  sont  respectivement  de  3  et  de  7  ans.  D'après 
Pline  (1),  le  cycle  des  anciens  Celtes  était  de  trente 
ans. 

Certaines  périodes  ou  certains  jours  étaient  plus  favo- 
rables à  certains  actes  ;  à  midi  et  à  minuit  le  prêtre  craint 
de  rencontrer  le  dieu  (2).  Les  animaux,  et  même  l'homme, 
sur  les  bords  de  la  mer  de  Gaule,  ne  meurent  qu'au 
jusant  (3). 

Les  anciens  avaient  été  frappés  des  analogies  que  présen- 
tait la  doctrine  des  Celtes  sur  l'immortalité  de  l'âme  avec 
l'enseignement  de  Pythagore.  La  plupart  d'entre  eux  ne 
disent  pas  que  les  druides  aient  eu  des  rapports  avec  Py- 
thagore ou  ses  disciples.  Diodore  de  Sicile  emploie  les  ex- 
pressions hr.'jyyz:  uxp'  «j-roT;  6  QjOaYopoj  Xoyo;,  «  chez  euX, 
[chez  les  Celtes]  prévaut  l'opinion  de  Pythagore,  d'après 
laquelle  les  âmes  des  hommes  sont  immortelles  et,  après 
un  nombre  déterminé  d'années,  recommencent  à  vivre  en 
pénétrant  dans  un  autre  corps  (4)  ».  Valère  Maxime  établit 
seulement  un  rapprochement  entre  les  deux  doctrines  (5). 
Le  texte  d'Amraien  Marcellin,  qui  a  sans  doute  pour  source 
Timagène,  est  moins  clair  :  «  Parmi  eux  les  druides,  plus 
hauts  dans  leurs  conceptions,  comme  l'établit  l'autorité  de 
Pythagore,  liés  par  des  associations  collégiales,  s'élevèrent 
aux  questions  cachées  et  profondes  et,  méprisant  les  choses 
humaines,  proclamèrent  les  âmes    immortelles  »  (6).   La 

(1)  Histoire  naturelle,  xvi,  95,  250. 

(2)  LucAiN,  Pharsale,  m,  423-425. 

(3)  Aristote  chez  Pline,  ii,  101,  220.  Cf.  Le  Braz,  La  légende 
de  la  mort,  2^  éd.,  t.  i,  p.  76.  Pour  d'autres  jours  fastes  ou  né- 
fastes, voir  ci-dessus,  p.  339. 

(4)  Bibliothèque,  v,  28,  6. 

(5)  Faits  et  dits  mémorables,  ii,  6,  10. 

(6)  «  Inter  eos  druidee  ingeniis  celsiores,  ut  auctoritas  Pytha- 


378  PYTHACORE 

phrase  ut  audoritas  Pythagorx  decrevit,  d'après  l'usage  or- 
dinaire des  Latins,  se  rapporte  à  ce  qui  suit  :  elle  peut  si- 
gnifier simplement  que  les  sodalicia  consoriia  des  druides 
étaient  une  organisation  semblable  à  celle  qu'avait  établie 
Pythagore  ;  il  n'est  pas  certain  qu'elle  détermine  Ten- 
semble  de  la  phrase.  C'est  seulement  Alexandre  Polyhistor 
qui  veut  que  Pythagore  ait  suivi  les  leçons  des  Gaulois  et 
des  Brachmanes  (1). 

Sur  l'origine  de  la  doctrine  druidique,  nous  devons 
donc  nous  en  tenir  à  l'opinion  rapportée  par  César  et 
d'après  laquelle  l'enseignement  des  druides  venait  de 
Grande-Bretagne  (2).  Il  aurait  été  apporté  sur  le  continent 
par  les  Celtes  d'outre-mer  qui,  d'après  une  tradition  drui- 
dique rapportée  par  Ammien  Marcellin  citant  Timagène, 
constituaient  une  partie  importante  de  la  population  de  la 
Gaule  :  les  druides  rapportent  qu'en  réalité  une  partie  du 
peuple  est  indigène,  mais  qu'il  s'y  est  ajouté  d'autres  élé- 
ments provenant  des  Iles  extrêmes  et  des  contrées  au  delà 
du  Rhin  (3). 

L'enseignement  druidique,  qui  fut  en  grande  faveur  tant 
que  la  Gaule  resta  indépendante,  ne  survécut  pas  long- 
temps à  la  conquête  (4).  Un  sénatus-consulte,  sous  le  règne 


gorîB  decrevit,  sodalicîis  adstricti  consortiis,  qu.i^stionîbus  occul-» 
tarum  rcruni  aUarumque  erecti  sunt  et  despectantcs  humana 
pronuntiarunt  animas  imniortalcs.  »  Histoire  romaine,  xv,  9,  8. 

(1)  CLÉMErs'T  d'Alexandrie,  Siromates,  i,  15  (Fragmenta 
historicorum  Grsecorum,  éd.  Didot,  t.  m,  p.  239.  Cf.  le  texte 
mutilé  de  Jamblique,  Vie  de  Pythagore,  xxviii,  151. 

(2)  Guerre  de  Gaule,  vi,  13,  11.  Cf.  Pokorny,  The  Celtic  Re^ 
View,  t.  V  (1908),  p.  1-20. 

(3)  Histoire  romaine,  xv,  9,  4. 

('*)  FusTEL  DE  CouLANGES,  Rcvue  celtique,  t.  IV,  p.  37  ; 
H.  d'Arbois  de  Jubai.nville,  ibid.,  t.  xii,  p.  316. 


LES    DRUIDES 


379 


de  Tibère,  supprima  les  druides  (1).  Officiellement 
supprimés,  les  druides  pendant  quelque  temps  continuèrent 
à  enseigner  dans  les  forêts  (2).  Ji'ouverture  des  écoles  ro- 
maines dont  la  plus  ancienne  est  celle  d'Autun  (3),  leur 
enleva  la  clientèle  des  jeunes  nobles  gaulois.  Du  temps 
d'Ausone,  il  y  avait  à  Bordeaux  des  gens  qui  se  disaient 
descendants  des  druides  (4).  Cela  ne  prouve  pas  qu'il  y  eût 
encore  des  druides  en  Gaule  au  iv^  siècle. 

Chez  les  Irlandais,  les  druides  sont  entourés  de  nom- 
breux disciples.  Cathbad  avait  auprès  de  lui  cent  hommes 
qui,  sous  sa  direction,  apprenaient  le  druidisme,  druidecht. 
Dans  une  des  légendes  hagiographiques  rattachées  à  la 
vie  de  saint  Patrice,  deux  druides  sont  chargés  de  l'éduca- 
cation  des  deux  filles  du  roi  Loégaire.  En  quoi  consistait 
l'enseignement  druidique*?  Une  glose  du  Senchus  Mor, 
recueil  de  jurisprudence  irlandaise,  nous  apprend  que  les 
druides  irlandais  disaient  que  c'étaient  eux  qui  avaient  fait 
le  ciel,  la  terre,  la  mer,  le  soleil,  la  lune,  etc.,  et  il  est  pos- 
sible que  ce  soit  là  le  dernier  mot  de  cette  cosmogonie  drui- 
dique dont,  sans  la  connaître,  on  s'est  plu  à  vanter  la  pro- 
fondeur scientifique.  De  plus,  les  druides  enseignaient  la 
magie,  et  les  seuls  écrits  qufe  la  légende  leur  attribue  sont 
des  caractères  oghamiques  (5)  gravés  sur  quatre  baguettes 
d'if  qui  servaient  à  des  pratiques  de  divination.  Quant  à  la 
doctrine  de  l'immortalité  de  l'âme,  qui  était  généralement 

(1)  Pline,  Histoire  naturelle,  xxx,  4,  13. 

(2)  Voir  ci-dessus,  p.  369. 

(3)  Tacite,  Annales,  m,  43.  Cf.  Suétone,  Des  grammairiens 
illustres,  3. 

(4)  Professeurs,  v,  7  ;  xi,  27. 

(5)  Sur  l'alphabet  oghamique,  voir  H.  d'Arbois  de  Jubain- 
viLLE,  Comptes  rendus  de  l'Académie  des  Inscriptions  et  Belles- 
Lettres,  t.  IX  (1881),  p.  20-26.  Revue  celtique,  t.  xxvii,  p.  109, 


380  JUGES 

admise  en  Irlande  avant  le  christianisme,  il  ne  semble  pas 
qu'elle  fût  spécialement  enseignée  par  les  druides  irlan- 
dais (1). 

Les  druides  de  Gaule  sont  réputés  les  plus  justes  des 
hommes  (2).  Aussi  les  fait-on  Juges  des  contestations  pu- 
bliques et  privées.  S'il  y  a  eu  un  crime  de  commis,  si  un 
meurtre  a  eu  lieu,  si  Ton  se  dispute  à  propos  d'héritage  ou 
de  limites,  ce  sont  eux  qui  décident,  et  qui  déterminent  les 
amendes  et  les  châtiments.  Si  un  particuher  ou  un  homme 
public  ne  veut  pas  s'en  tenir  à  leur  sentence,  ils  lui  inter- 
disent les  sacrifices.  C'est  là  le  châtiment  le  plus  grave 
chez  eux  ;  ceux  auxquels  a  été  faite  cette  interdiction  sont 
mis  au  nombre  des  impies  et  des  criminels  ;  tout  le  monde 
s'écarte  d'eux,  on  fuit  leur  approche  et  leur  conversation 
pour  ne  pas  recevoir  quelque  dommage  de  leur  contact  ; 
s'ils  déposent  une  plainte,  on  ne  leur  rend  pas  la  justice  et 
ils  n'ont  part  à  aucune  dignité.  A  une  époque  déterminée 
de  Tannée,  les  druides  se  réunissent  sur  le  territoire  des 
Carnutes,  qui  est  regardé  comme  le  centre  de  la  Gaule  (3), 
dans  un  endroit  consacré.  Là,  de  toute  part  s'assemblent 
tous  ceux  qui  ont  des  procès,  et  ils  obéissent  à  leurs  juge- 
ments et  à  leurs  décrets  (4).  Strabon  ajoute  que  les  druides 
sont  surtout  chargés  de  juger  les  procès  pour  cause  d% 
meurtre  et  que,  lorsqu'il  y  a  abondance  de  ces  procès,  on 
pense  qu'il  y  aura  aussi  abondance  des  biens  de  la  terre. 

(1)  H.   d'Arbois   de   Jubainville,   Cours  de  littérature  cel- 
tique, t.  I,  p.  165-189. 

(2)  Strabon,  iv,  4,  4. 

(3)  Cf.  Mide,  nom  de  la  province  centrale  de  l'Irlande,  qui 
s'explique  par  medio-,  lat.  médius. 

('i)   CÉSAB,  Guerre  de  Gaule,  vi,  13.  Cf.  Diodore,  v,  31,  5,  et 
Strabon,  iv,  4,  4.  Voir  ci-dessus,  p.  254. 


LES    DRUIDES 


381 


H.  d'Arbois  de  Jubainville  (1)  a  fait  remarquer  qu'il  était 
naturellement  impossible  que  les  druides  connussent  de 
toutes  les  contestations  publiques  ou  privées  qui  s'élevaient 
on  Gaule.  De  plus,  aucune  des  contestations  entre  Gaulois 
qui  sont  mentionnées  dans  les  Commentaires  n'est  soumise 
au  jugement  des  druides  et  il  ne  semble  pas  que  les  druides 
aient  empêché  les  guerres  civiles  qui  désolaient  la  Gaule 
avant  la  conquête  romaine.  Il  est  probable  que  César,  re- 
produisant des  textes  plus  anciens,  parle  ainsi  d'un  état 
social  qui  n'existait  déjà  plus  à  l'époque  de  la  conquête  des 
Gaules.  On  peut  d'ailleurs  faire  remarquer  que  la  juridic- 
tion des  druides  n'était  pas  obligatoire  et  qu'il  n'y  avait 
sans  doute  à  se  rendre  une  fois  l'an  à  l'assemblée  tenue  sur 
le  territoire  des  Carnutes  que  les  plaideurs  qui  n'avaient 
pu  s'accorder  par  aucun  autre  moyen.  Toujours  est-il  que 
rien  de  semblable  n'a  été  signalé  en  Irlande,  et  que  là  ce 
sont  les  filé  et  non  les  druides  qui  interviennent  dans  les 
causes  judiciaires. 

Le  rôle  politique  des  druides  dans  l'ancienne  Gaule,  si 
l'on  excepte  toutefois  la  vie  publique  de  Diviciacus,  nous 
est  peu  connu  ;  c'est  seulement  chez  Dion  Chrysostome,  au 
premier  sièclç  de  notre  ère,' que  nous  lisons  que  les  rois  ne 
peuveut  rien  décider  sans  les  druides,  qui  sont  vertes  dans 
la  divination  et  les  autres  sciences,  et  qu'il  serait  juste  de 
dire  que  ce  sont  eux  qui  commandent  et  que  ces  rois  assis 
sur  des  trônes  d'or,  habitant  de  magnifiques  demeures, 
sont  leurs  ministres  et  les  serviteurs  de  leur  pensée  (2). 
Est-ce  d'une  élection  par  les  druides  qu'il  s'agit  dans  le 


(1)  Revue  celtique,  t.  viii,  p.  519-525. 

(2)  Discours,  xlix. 


382  ROLE    POLITIQUE 

passage  où  César  nous  parle  de  raccession  au  pouvoir  de 
Convictolitavis,  nommé  selon  l'usage  de  la  cité  par  les 
prêtres,  per  sacerdotes  more  civitatis  {i)''l  N'est-ce  pas  à 
leur  pouvoir  moral  plutôt  qu'à  leur  pouvoir  politique  que 
les  druides  doivent  d'avoir  une  grande  autorité  dans  les 
affaires  de  la  paix,  aussi  bien  que  dans  celles  de  la  guerre, 
et  de  pouvoir  apaiser  deux  armées  sur  le  point  d'en  venir 
aux  mains  en  se  jetant  au  milieu  des  combattants  (2)  ^Rien 
ne  vient  confirmer  pour  l'époque  ancienne  l'assertion  de 
Dion  Clirysostome.  Si  les  druides  avaient  une  influence 
politique,  elle  était  sans  doute  due  à  leur  situation  person- 
nelle et  ne  constituait  pas  un  privilège  de  leurs  fonctions. 
Diviciacus,  dans  les  nombreux  incidents  de  sa  carrière  po- 
litique, use  si  peu  de  sa  qualité  de  druide  qu'il  semble  que 
César  ait  ignoré  qu'il  l'était  (3). 

Le  meilleur  commentaire  du  texte  de  Dion  Chrysostome 
se  trouve  dans  une  épopée  irlandaise  intitulée  V Enlèvement 
des  vaches  de  Cuabigé.  Cûchulainn,  le  liéros  dUlster, après 
avoir  essayé  de  repousser  à  lui  tout  seul  l'invasion  des 
hommes  de  Connacbt,  est  grièvement  blessé;  il  se  voit 
alors  forcé  d'envoyer  prévenir  le  roi  Conchobar  et  l'armée 
des  Ulates  du  danger  qui  les  menace.  Le  messager  arrive 
en  vue  de  la  forteresse  et  s'écrie  :  «  On  tue  les  hommes, 
on  enlève  les  femmes,  on  emmène  les  vaches,  ô  habitants 
d'Ulster  »  !  Mais  il  n'obtient  pas  de  réponse.  11  va  sous  les 
murs  de  la  forteresse  et  renouvelle  son  appel  :  «  On  tue 
les  hommes,  on  enlève  les  femmes,  on  emmène  les  vaches, 
ô  habitants  d  Ulster  !  »  Et  personne  ne  lui  répond.  Alors  il 

(1)  Guerre  de  Gaule,  vu,  33. 

(2)  DioDORE  ÔE  Sicile,  v,  31,  5.  Cf.  Str.vbon,  iv,  4,  4. 

(3)  Guerre  de  Gaule,  i,  20-21. 


LES   DRUIDES  383 

s'avance  encore  ;  il  s'arrête  sur  la  pierre  des  hôtes  dans  la 
forteresse  et  il  répète  :  «  On  tue  les  hommes,  on  enlève 
les  femmes,  on  emmène  les  vaches  ».  Et  c'est  alors  seule- 
ment que  le  druide  Gathbad  ouvre  la  bouche  :  «  Qui  donc 
tue  les  hommes,  qui  enlève  les  femmes,  qui  emmène  les 
vaches  ?  »  Car,  explique  le  narrateur,  telle  était  la  règle  en 
Ulster  :  défense  aux  Ulates  de  parler  avant  le  roi,  défense 
au  roi  de  parler  avant  son  druide  (1). 

Un  des  sujets  qui  ont  le  plus  passionné  les  écrivains  qui, 
en  l'absence  de  renseignements  suffisants,  essayaient  de 
restituer  le  druidisme  à  l'aide  des  seules  ressources  de  leur 
imagination,  est  celui  des  druidesses  (2).  Velléda,  qui  a 
donné  son  nom  à  une  des  figures  les  plus  dramatiques  des 
Martyrs  de  Chateaubriand,  est  une  prophétesse  de  Germa- 
nie (3).  Mais  le  géographe  romain  Pomponius  Mêla  (4) 
nous  parle  des  prêtresses  de  l'île  de  Sein,  dans  la  mer  de 
Bretagne,  en  face  des  rivages  des  Osisnti.  Elles  ont  fait 
vœu  de  virginité  perpétuelle  ;  elles  sont  au  nombre  de 
neuf.  On  les  appelle  Gallizenae  (5)  ;  on  les  croit  douées  de 
talents  singuliers  ;  elles  excitent  par  leurs  chants  la  mer  et 
les  vagues  ;  elles  se  changent  en  animal  à  leur  volonté  ; 
elles  guérissent  des  maux  qui  sont  inguérissables  chez 
d'autres  ;  elles  connaissent  l'avenir  et  le  prédisent  aux  na- 
vigateurs lorsqu'ils  viennent  les  consulter. 

(1)  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Introduction  à  l'élude  de  la 
littérature  celtique,  t.  i,  p.  190  et  suiv, 

(2)  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  ibid.,  p.  109-110  ;  Toutain, 
Mélanges  Boissier,  Paris,  1903,  p.  439-442. 

(3)  Tacite,  Histoires,  iv,  61  ;  65  ;  v,  22  ;  24.  On  a  expliqué 
ce  nom  par  le  mot  irlandais  file,  gén.  filed  «  poète  ». 

(4)  Clioro graphie,  m,  6,  48.  Cf.  éd.  Tzschucke,  t.  ii,  3,  p.  159. 

(5)  Mss.  Gallizenas,  Gallicenas,  Galligenas.  Rhys,  Lectures 
on  Welsh  philology,  p.  196,  lit  :  Galli  Senas.  Cf.  les  Gallicands 
dryadas  de  Vopiscus. 


384 


DRUIDESSES 


Il  semble  bien  que  cette  histoire  ne  soit  qu'un  résumé 
de  quelque   récit  fabuleux  comprenant  beaucoup   d'élé- 
ments empruntés  à  l'histoire  de  Circé  (1).  Remarquons  de 
plus  que  le  nom  de  druidesse  n'y  est  pas  prononcé.  Si 
nous  n'acceptons  qu'avec  réserve  le  témoignage  de  Mêla  sur 
les  vierges  de  Sein,  nous  ne  trouvons  qu'au  m*  siècle  en 
Gaule  des  prophétesses  appelées  dryades.   L'une   aurait 
prédit  en  gaulois  à  Alexandre  Sévère  (208-235)  sa  fin  pro- 
chaine (2).  L'empereur  Aurélien  (270-273)  avait  consulté 
dos  prophétesses  gauloises,  GaUicanos  drijadas,  sur  l'ave- 
nir de  sa  postérité  (3).  Une  de  ces  femmes  aurait  promis 
l'empire  à  Dioctétien  (284-303)  (4).  Cette  dernière  était  une 
aubergiste  de  Tongres.  Les  druidesses  gauloises,  si  tant  est 
qu'il  y  en  ait  eu ,  n'étaient  plus  à  cette  époque  que  de 
simples  diseuses  de  bonne  aventure.  L'inscription  de  Metz 
où  on  lit  Arête  druis  antistita  est  fausse  (5),  comme  sans 
doute  aussi  l'inscription  de  Killeen  Cormac  près  de  Dunla- 
vin  (Kildare)  en  Irlande  (6j,  qui  porte  ivvere  drvvidbs. 

Rien  ne  permet  de  qualifier  de  druidesses  les  femmes 
des  Namnètes  (7)  que  Poseidônios  représente  vivant  dans 
une  lie  de  peu  d'étendue  en  face  de  l'embouchure  de  la 
Loire  et  s'adonnant  au  culte  bachique.  Aucun  homme  n'y 

(1)  S.  Reinach,  Revue  celtique,  t.  xviii,  p.  1-8  ;  Cultes,  t.  i, 
p.  195-203.  Au  contraire,  C.  Jullian,  Revue  des  études  anciennes, 
t.  VI,  admet  l'existence  de  ces  prêtresses. 

(2)  Lampkide,  Alexandre  Sévère,  60. 

(3)  Vopiscus,  Aurélien,  44. 

(4)  Vopiscus,  Niimérien,  14. 

(5)  Ch.  Robert,  Epigraphie  gallo-romaine  de  la  Moselle,  p.  89. 
et  suiv. 

(6)  Gaidoz,  Revue  celtique,  t.  m,  p.  453  ;  Rhys,  Proceedings 
of  the  Brilish  Academy,  t.  i,  p.  4  (pi.),  n'a  pas  le  même  sccpti 
cisme  et  traduit  par  «  druide  d'Irlande  ». 

(7)  Les  manuscrits  de  Strabon  portent  ^a|jtv'.xwv,  corrigé  en 
Nafxvtxwv  par  Tyrhwitt, 


LES    DRUIDES  385 

avait  accès,  mais  elles  allaient  par  mer  rejoindre  leurs 
maris  et  revenaient  ensuite  dans  l'île.  Elles  avaient  cou- 
tume, une  fois  l'an,  d'enlever  la  toiture  du  temple  de  leur 
dieu  et  de  le  recouvrir  dans  la  même  journée.  Si  l'une 
d'elle  laissait  tomber  sa  charge  de  matériaux,  elle  était 
aussitôt  mise  en  pièces  par  ses  frénétiques  compagnes  (1). 
En  61  après  J.-C,  chez  les  Bretons,  des  femmes  trans- 
portées par  un  délire  prophétique  annonçaient  la  ruine  de 
la  domination  romaine.  Tacite  les  dépeint  dans  l'île  de 
Mona  semblables  à  des  furies,  courant  au  milieu  des  sol- 
dats, en  vêtements  funèbres,  les  cheveux  épars,  des  torches 
dans  les  mains  (2). 

Chez  les  Irlandais,  il  est  quelquefois  question  de  drui- 
desses,  ban-dnii,  et  plus  souvent  de  bafi-filé  qui,  comme 
les  filé,  étaient  à  la  fois  devineresses  et  poétesses  (3). 

Une  question  importante  est  l'organisation  du  corps 
druidique.  César  nous  dit  seulement  que  les  druides  ont  un 
chef  qui  a  sur  eux  l'autorité  suprême  (4).  Ce  chef,  à  sa 
mort,  est  remplacé  par  le  plus  digne,  et  si  plusieurs  com- 
pétiteurs ont  des  titres  égaux,  le  successeur  est  élu  par  les 
suffrages  des  druides.  Quelquefois  même,  on  se  dispute  les 
armes  à  la  main  cette  dignité  suprême.  Le  texte  d'Ammien 
Marcellin  cité  plus  haut  (p.  377)  parle  incidemment  des 
associations  corporatives  des  druides  analogues  aux  asso- 
ciations pythagoriciennes  (5). 

(1)  Strabon,  IV,  4,  6.  Cf.  Denys  le  Périégète,  v,  .570-574. 

(2)  Tacite,  Annales,  xiv,  32.  Cf.  30. 

(3)  Dinnsenchus  de  Rennes,  83  ;  Revue  celtique,  t.  xvi,  p.  34, 
277  ;  H.  d'Arbois  de  Jubai.nville,  Cours  de  littérature  celtique, 
t.  VI,  p.  92-93  ;  Tàin  hô  Cûalnge,  éd.  Windisch,  p.  331,  note  1. 

(4)  Guerre  de  Gaule,  vi,  13. 

(5)  Histoire  romaine,  xv,  9,  8. 

G,  DoTTiN.  —  Manuel  de  V  antiquité  celtique.  25 


386  HIÉRARCHIE 

En  Irlande,  il  n'est  question  expressément  ni  d'un  chef 
suprême  (1),  ni  d'une  hiérarchie,  ni  de  corporations  drui- 
diques. Les  druides  agissent  isolément  ou  par  deux  ou 
trois.  Ils  sont  mariés  et  vivent  en  famille  chacun  dans  leur 
maison.  Dans  une  Vie  de  saint  Patrice  on  lit  qu'un  jour 
dix  druides  {tiiagi),  vêtus  de  blanc,  se  réunirent  contre 
l'apôtre  de  l'Irlande  ;  rien  n'indique  que  ces  druides  consti- 
tuassent une  association  (2). 

Les  collèges  de  druides,  plus  ou  moins  analogues  aux 
collèges  sacerdotaux  des  Romains,  ne  ressemblaient  sans 
doute  ni  aux  lamaseries  du  Thibet  ni  aux  communautés 
cénobitiques  des  moines  chrétiens.  Le  druide  Diviciacus 
était  marié,  avait  des  enfants  et  prenait  part  non  seulement 
aux  affaires  politiques,  mais  même  aux  expéditions  guer- 
rières. Aucun  texte  ne  justifie  les  théories  ingénieuses, 
mais  contestables,  de  A.  Bertrand  sur  les  communautés 
druidiques  (3). 

Le  peu  que  nous  savons  des  druides  n'a  pas  suffi  aux 
érudits  modernes  (4).  Dès  la  fin  du  xvn"  siècle,  les  monu- 
ments mégalithiques  de  Stonehenge  (Salisbury,  'Wills)  et 
d'Avebury  ou  Abury  (Wilts)  furent  attribués  aux  druides. 
Les  alignements  de  pierre  furent,  au  xvni®  siècle,  expliques 

(1)  Dans  les  noies  de  Tirechan  sur  saint  Patrice  il  est  toute- 
fois question  d'un  primus  magus  nommé  Recrad.  Wn.  Sto,:es, 
The  tripartite  life  of  Patrick,  t.  ii,  p.  325.  Cf.  aussi  ci-dessus 
druidum  magistri,  p.  371. 

(2)  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Les  druides  et  les  dieux 
celtiques  à  forme  d'animaux,  p.  111-115  ;  Wh.  Stokes,  T//."  tri- 
partite life  of  Patrick,  t.  ii,  p.  325-326. 

(3)  La  religion  des  Gaulois,  p.  297-312,  Cf.  Rei'ue  de  l'histoire 
des  religions,  t.  xxxviii,  p.  149-152  ;  Revue  celtique,  t.  xix,  p.  72- 
73. 

(4)  Voir  lu  bibliographie  dressée  par  C.  Jullian,  Histoire  de 
la  Gaule,  t.  ii,  p.  84,  n.  1  ;  p.  86,  n.  2. 


LES    DRUIDES  387 

par  le  serpent  cosmique  dont  ils  reproduisaient,  pensait-on, 
les  replis  tortueux  ;  ce  serpent  serait  le  symbole  de  l'Etre 
infini  et  les  druides  en  auraient  emprunté  l'idée  aux  my- 
tliologies  orientales.  Ces  rêveries  archéologiques  dues  à 
l'érudit  anglais  Stukeley  (1687-1763)  (1)  ne  tardèrent  pas  à 
pénétrer  en  France  (2). 

En  ISOo,  Cambry  exposa  dans  les  Monuments  cel- 
tiques (3)  une  nouvelle  explication  druidique  des  monu- 
ments mégalithiques  (4).  Les  dolmens  seraient  le  signe  des 
traités  passés  entre  les  peuples,  l'emblème  de  l'union,  de  la 
stabilité,  de  l'immutabilité.  Les  positions  respectives  des 
astres  et  leur  correspondance  avec  telle  ou  telle  partie  de 
la  terre  seraient  figurées  par  des  pierres  disposées  de  ma- 
nière à  donner  1  idée  de  ces  positions  dans  le  ciel,  et  on  ne 
peut  douter  que  ces  monuments  symboliques  n'aient  été  les 
premiers  temples.  Tous  les  peuples  auraient  imité  les  mo- 
numents druidiques  à  des  époques  variées.  L'historien 
Henri  Martin  adopta  avec  plus  d'enthousiasme  que  de  cri- 
tique les  théories  aventureuses  des  savants  anglais  (5). 
Divers  numismates  prétendirent  expliquer  par  le  symbo- 
lisme druidique  les  détails  des  monnaies  gauloises  (6). 

Les  dolmens  et  les  druides  ne  furent  pas  mis  en  rapport 
seulement  à  cause  de  la  signification  symbolique  que  l'on 
attribuait  aux  monuments  mégalithiques.  «  C'est  sur  de 

(1)  Stonehenge,  a  temple  restored  to  the  British  Druicls,  London, 
1740  ;  Abury,  a  temple  of  the  British  druids,  London,  1743. 

(2)  De  Penhouet,  De  l'ophiolatrie,  Nantes,  1833. 

(3)  Alonumenl.s  celtiques  ou  recherches  sur  le  culte  des  pierres, 
précédées  d'une  notice  sur  les  Celtes  et  sur  les  Druides  et  suivies 
d'Etymologies  celtiques,  Paris,  1805,  p.  271-289. 

(4)  Voir  ci-dessus,  p.  S30. 

(5)  Etudes  d'archéologie  celtique,  Paris,  1872,  p.  31,  85,  171. 

(6)  Voir  Blanchet,  Traité  des  monnaies  gauloises,  p.  14-19. 


388  NÉO-DRÙIDISMÈ 

tels  autels  »,  écrit  La  Tour  d'Auvergne,  «  que  les  Gaulois, 
au  rapport  de  Diodore  de  Sicile,  juraient  leurs  traités  et 
que  les  druides,  leurs  prêtres,  sacrifiaient  à  la  divinité, 
choisissant  le  plus  souvent  des  hommes  pour  victimes  (1)  ». 
Rien  ne  permet  d'affirmer  que  les  dolmens  aient  eu  à 
l'époque  celtique  un  tel  usage.  On  ne  sait  même  pas  si  les 
tables  des  dolmens  étaient,  au  temps  des  druides,  visibles 
et  utilisables  (2). 

Ce  ne  furent  pas  que  les  archéologues  qui  contribuèrent 
à  créer  ainsi  un  druidisme  de  fantaisie.  Un  érudit  gallois  du 
xvni"  siècle,  Edward  Williams,  dout  le  nom  bardique  était 
lolo  Morganwg  (1740-1820)  (3)  et,  après  lui,  Edward  Da- 
vies  (1750-1831)  (4)  ont  essayé  de  démontrer  que  les 
bardes  gallois  étaient  restés  dépositaires  des  secrets  des  an- 
ciens druides  de  l'île  de  Bretagne  et  qu'ils  avaient  continué 
à  pratiquer  en  secret,  depuis  l'introduction  du  christia- 
nisme, la  religion  druidique.  Ces  deux  ingénieux  savants, 
si  l'on  met  à  part  les  textes,  manifestement  créés  au 
xvn"  siècle,  du  Mystère  des  bardes  de  l'île  de  Bretagne 
{Cyfrinach  beirdcl  ynys  Prydain)  (5),  n'ont  pu  fonder  leur 


(1)  Origines  gauloises,  3^  éd.,  p.  22.  Cf.  Dépic,  Histoire  ecclé- 
siastique de  Bretagne,  Rennes,  1847,  t.  ii,  p.  207. 

(2)  Cf.  Fr.  Delage,  Dolmens  et  druides  {Bulletin  de  la  Société 
archéologique  du  Limousin,  t.  lviii. 

(3)  lolo  manuscripts,  a  sélection  of  ancient  Welsh  mss.,  in 
prose  and  verse  ;  from  the  collection  made  by  the  laie  Edward 
Williams,  editcd  with  translations  and  notes  by  his  son  Taliesin 
Williams,  Llandovery,  1848  ;  Livcrpool,  1888. 

(4)  The  mythology  oj  the  British  druids,  ascertained  by  national 
documents  and  compared  with  the  traditions  and  customs  of  the 
Hcathenism,  London,  1809. 

(5)  On  en  trouve  un  résumé  dans  la  Revue  archéologique, 
t.  xviii  (1868),  p.  329-344,  431-439  ;  t.  xix  (1869),  p.  27-41. 
Cf.  Sh.  Turner,  Vindication  of  the  genuiness  of  the  ancient  Bri- 


LES    DRUIDES  389 

doctrine  que  ur  un  roman  merveilleux  du  commencement 
du  xvii'^  siècle,  l'Histoire  de  Taliessin,  qui  reproduit  quelques 
pièces  attribuées  à  tort  au  célèbre  barde  du  vi*  siècle,  et  sur 
une  collection  d'écrits  plus  ou  moins  authentiques  réunis 
par  Llywelyn  Siou  de  Llangewydd  qui  vivait  au  xvi*  siècle. 
Cela  n'empêcha  pas  A.  Pictet,  J.  Reynaud  et  Henri  Mar- 
tin (1)  d'y  découvrir  une  doctrine  originale,  remontant  aux 
traditions  les  plus  anciennes  de  la  race  celtique  ("J,). 

Pour  retrouver  dans  ces  textes  et  dans  d'autres  plus  ar- 
chaïques des  traces  de  mythologie  cosmique,  Edward 
WiUiams  et  Edward  Davies  avaient  dû  expliquer  par  des 
symboles  les  phrases  les  plus  simples,  à  la  manière  de 
H.  de  la  Villemarqué  qui  publia  dans  le  Barzaz-Breiz 
comme  poète  druidique  une  formulette  bretonne  destinée  à 
apprendre  à  compter  aux  petits  enfants  et  connue  sous  le 
nom  de  Vêpres  des  grenouilles  (3). 

Le  druidisme  est-il  dans  l'Antiquité  une  institution  isolée 
dont  l'analogue  n'existe  point  (4j'?  11  semble  bien  que  chez 
les  Gètes  il  ait  existé  quelque  chose  de  semblable.  Jordanès, 


tish  Poems  of  Aneurin,  Taliesin,  Llywarch  H  en  and  Merdhin, 
London, 1803. 

(1)  Bibliothèque  de  Genève,  t.  xxiv,1853;  L'Esprit  de  la  Gaule, 
1864,  Histoire  de  France,  Paris,  1855,  t.  i,  p.  74  ;  Etudes  d'ar- 
chéologie celtique,  p.  286-397. 

(2)  L'histoire  de  cette  question  est  résumée  chez  Skene,  The 
four  ancient  books  of  Wales,  t.  i,  p.  6-16,  29-32.  Voir  aussi  S.  Rei- 
NACH,  Esquisse  d'une  histoire  de  l'archéologie  gauloise.  Revue 
celtique,  t.  xix,  p.  111-116  ;  J.  Leflocq,  Etudes  de  mythologie 
celtique,  Orléans,  1869  ;  Ch.  Picquenard,  Le  néo-druidisme. 
Revue  de  Bretagne,  t.  xli  (1909),  p.  113-125,  196-215. 

(3)  Barzaz-Breiz,  6^  éd.,  Paris,  1867,  p.  1-18.  Cf.  Luzel,  An- 
nales de  Bretagne,  t.  v,  p.  284-292  ;  Revue  celtique,  t.  vi,  p.  500- 
505. 

(4)  SciiRADER,  Reallexicon  der  indogermanischen  Altertums- 
kunde,  Strasbourg,  1901,  p.  643. 


390 


ORIGl.NE    DU    DRUIDISME 


citant  les  Géliques  attribuées  à  Dion  Gassius,  nous  dit  que 
Philippe  de  Macédoine  ayant  envahi  la  Mésie,  quelques 
prêtres,  de  ceux  que  les  Gètes  nomment  pii,  vêtus  de  robes 
blanches,  des  harpes  à  la  main,  s'avancèrent  à  la  ren- 
contre de  Tennemi,  en  chantant  d'une  voix  suppliante  des 
hymnes  en  l'honneur  des  divinités  protectrices  de  la  na- 
tion. Et  les  Macédoniens,  troublés  par  l'apparition  de  ces 
homoies  sans  armes,  firent  la  paix  et  retournèrent  chez 
eux  (1).  Cette  intervention  des  prêtres  gètiques  rappelle  le 
texte  de  Diodore  qui  nous  montre  les  bardes  ou  les  druides 
apaisant  deux  armées  en  présence  et  se  jetant  au  milieu  des 
épées  tirées  et  des  lances  en  arrêt  (2). 

Strabon  nous  apprend  qu'un  ancien  esclave  de  Pytha- 
gore,  un  Gète  nommé  Zamolxis,  revenu  chez  ses  compa- 
triotes, y  attira  l'attention  des  chefs  par  les  prédictions 
qu'il  savait  tirer  des  phénomènes  célestes  et  finit  par  per- 
suader à  un  roi  de  l'associer  à  son  pouvoir.  Un  des  succes- 
seurs de  Zamolxis,  Dicaineos,  enseigna  aux  Gètes  l'éthique 
et  la  logique  ;  il  leur  apprit  les  noms  et  la  marche  des 
astres,  les  propriétés  des  herbes,  et  par  sa  science  leur 
inspira  une  telle  admiration  qu'il  commandait  non  seule- 
ment aux  hommes  d'un  rang  modeste,  mais  aux  rois  eux- 
mêmes.  En  effet,  choisissant  dans  les  familles  royales  des 
hommes  à  l'àme  noble  et  à  l'esprit  sage,  il  leur  persuada 
de  se  vouer  au  culte  de  certaines  divinités  et  d'en  honorer 
les  sanctuaires  (3). 

(1)  Histoire  des  Goths,  10  ;  A.  Bertrand,  La  religion  des  Gau- 
lois, p.  293-294. 

(2)  Bihliolhèque,  v,  31.  Cf.  Strabon,  iv,  4,  4.  Les  Celtes  et  les 
Gètes  ont  été  en  guerre  les  uns  avec  les  autres,  d'après  Lucien, 
De  la  manière  d'écrire  l'histoire,  5. 

(3)  Strabon,  vu,  3,  5  ;  Jordanès,  Histoire  des   Goths,  11  ; 


LES    DRUIDES 


391 


La  corporation  religieuse  établie  chez  les  Gètes  par  Di- 
caineos,  l'enseignement  qu'il  donnait,  la  mission  civilisa- 
trice qu'il  remplit,  tous  ces  faits  sont-ils  comparables  aux 
collèges  druidiques,  à  leur  doctrine  philosophique,  à  leur 
rôle  social  ?  Nous  ne  pouvons  l'affirmer.  Origène,  pourtant, 
citant  Celse,  dit  que  les  peuples  les  plus  sages  sont  les  Ga- 
lactophages  d'Homère,  les  druides  des  Gaulois  (raXa-uwv)  et 
les  Gètos  (1).  Comme  le  druidisme,  la  doctrine  de  Zamolxis 
a  été  rattachée  par  les  anciens  à  l'influence  de  Pythagore. 
Y  aurait-il  eu  diffusion,  chez  les  peuples  les  plus  divers, 
des  doctrines  pythagoriciennes,  ou  la  doctrine  de  Pytha- 
gore ne  serait- elle  qu'un  aspect  particulier  d'un  grand 
mouvement  d'idées  qui  aurait  pénétré  le  monde  civilisé  six 
siècles  avant  l'ère  chrétienne  ? 

Que  la  doctrine  des  druides  fût  ou  non  d'origine  étran- 
gère, elle  était  distincte,  semble-t-il,  des  pratiques  reli- 
gieuses fort  nombreuses  auxquelles  s'adonnaient  les  Gau- 
lois, gens  admodiim  dedita  religionibus.  En  tous  cas,  ces 
pratiques  religieuses  n'avaient  pas  été  apportées  par  les 
druides  qui  se  bornaient  à  les  interpréter,  à  leur  trouver 
sans  doute  un  sens  symbolique.  Les  doctrines  druidiques 
venues  de  la  Grande-Bretagne  étaient-elles  en  Gaule  d'in- 
troduction récente  au  moment  de  la  conquête  romaine,  et, 
réservées  à  un  petit  nombre  de  privilégiés,  s'étaient-elles 
juxtaposées  à  l'ancienne  religion  de  la  Gaule  sans  la  mo- 
difier essentiellement  ?  La  religion  répandue  en  Gaule  dans 
le  peuple  était-elle  la  religion  de  ceux  qui  habitaient  notre 


A.  Bertrand,  La  religion  des  Gaulois,  p.  292-295  ;  Hippolyte, 
Philosophumena,  2,  17,  cf.  27,  7,  dit  que  Zamolxis  enseigna  aux 
druides  la  philosophie  de  Pythagore. 
(1)  Contre  Celse,  i,  16. 


392  CONCLUSION 

pays  antérieurement  à  l'invasion  celtique  et  qui  auraient 
donné  à  leurs  vainqueurs  leurs  croyances  religieuses  "?  Si 
la  plebs  dont  parle  César  est  formée  des  anciens  vaincus, 
tandis  que  les  équités  et  les  druides  seuls  sont  de  race  cel- 
tique, et  s'il  est  vrai  que  la  plupart  des  enfants  des  équités 
fussent  élevés  dans  le  druidisme,  quels  étaient  alors  les 
adorateurs  de  ces  divinités  celtiques  que  les  Grecs  et  les 
Romains  ont  assimilées  à  leurs  dieux  ?  Autant  de  pro- 
blèmes que  le  manque  de  textes  historiques  empêche  de 
résoudre. 


CHAPITRE  VII 


L'EMPIRE   CELTIQUE   (I) 


Témoignages  des  anciens  sur  les  pays  occupés  par  les  Celtes.  — 
Extension  des  civilisations  auxquelles  appartiennent  les 
Celtes.  —  Les  noms  de  villes  fondées  par  les  Celtes  :  -diinum, 
-durum,  -nemetum,  -magus,  -briga,  -rilum,  -bona,  mediolanurn, 
icoranda.  -acus.  — •  Pays  où  l'on  a  trouvé  des  noms  celtiques 
de  personnes.  —  Rapports  des  Celtes  et  des  Germains.  — 
Origine  des  Celtes  ;  l'ancienne  Celtique  ;  les  Celtes  dans  l'Alle- 
magne centrale. —  Les  migrations  ;  l'empire  d'Ambigatus  ; 
décadence  de  la  puissance    celtique. 


L'histoire  des  Celtes  ne  commence  guère  qu'avec  leurs 
premières  relations  avec  les  Grecs  et  les  Romains.  Tant 
que  les  Celtes  n'eurent  pas  pris  contact  avec  le  monde  ci- 
vilisé, ils  restèrent  confondus  dans  la  masse  des  barbares 
qui  habitaient  l'Europe  occidentale  (2).  A  peine  quelque  té- 
moignage de  navigateur  carthaginois  ou  grec,  bien  ou  mal 
renseigné,  nous  fournit-il  sur  les  côtes  occupées  par  les 
Celtes  antérieurement  à  l'invasion  celtique  en  Italie,  quel- 

(1)  Voir  C.  JuLLiAN,  Histoire  de  la  Gaule,  t.  i,  p.  227-254, 
281-332  ;  Déchelette,  Manuel  d'archéologie,  t.  ii,  p.  558-587. 

(2)  Strabon,  Géographie,  i,  2,  27. 


394  l'bmpire  celtique 

que  brève  indication,  qu'il  nous  est  impossible  de  con- 
trôler (1).  Lorsque  les  anciens  emploient  le  nom  de  Celte, 
nous  ne  savons  s'ils  lui  donnent  la  valeur  qui  lui  fut  attri- 
buée dans  la  suite  ;  lorsqu'ils  nomment  des  peuplades  sans 
déterminer  à  quel  groupe  ethnographique  on  doit  les  rat- 
tacher, comment,  même  si  la  linguistique  leur  reconnaît 
une  physionomie  celtique,  peut  on  avec  sûreté  les  attribuer 
aux  Celtes  ?  Le  récit  des  premières  invasions  nous  apprend 
surtout  comment  et  par  qui  les  Celtes  furent  repoussés, 
sans  que  nous  puissions  savoir  exactement  le  lieu  d'oîi  ils 
venaient  et  les  causes  de  leur  émigration.  On  conçoit  faci- 
lement qu'en  face  du  danger  les  Grecs  et  les  Romains 
ne  se  soient  préoccupés  que  de  la  défense  commune  et  que 
l'histoire  intérieure  de  ces  barbares  venus  on  ne  savait  d'oii 
ait  eu  pour  eux  peu  d'intérêt.  Les  fragments  que  l'histoire, 
la  linguistique  et  l'archéologie  peuvent  à  grand  peine  ras- 
sembler permettent-ils  une  reconstruction  partielle  de  l'em- 
pire celtique  ?  Pour  que  le  lecteur  puisse  se  prononcer  en 
connaissance  de  cause,  il  hnporte  de  lui  mettre   sous  les 
yeux,   d'abord,  les  principaux  textes,  rangés,  autant  que 
possible,  par  ordre  de  date,  qui  se  rapportent  à  la  ques- 
tion (2). 


(1)  Cf.  BuLLiOT  et  RoiDOT,  La  cité  gauloise  selon  l'histoire  et 
les  traditions,  p.  1-4. 

(2)  Sur  les  textes  les  plus  anciens  relatifs  ux  Celtes,  cf. 
A.  Bertrand  et  S.  Reinach,  Les  Celtes  dans  les  vallées  du  Pô 
et  du  Danube,  p.  7-35  ;  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Cours  de 
littérature  celtique,  t.  xii. 


l'empire  celtique  395 


On  ne  trouve  aucune  mention  de  pays  occupés  par  les 
Celtes  avant  la  fin  du  vi^  siècle  avant  notre  ère.  Deux  frag- 
ments de  la  «  Description  de  la  Terre  »  par  Hécatée  de 
Milet  ^o40-47o),  conservés  par  Etienne  de  Byzance  (I),  qui 
rédigea  à  la  fin  du  v^  siècle  de  notre  ère  un  dictionnaire 
géographique,  (abrégé  au  siècle  suivantpar  le  byzantin  Her- 
molaos),  contiennent  le  nom  de  Celtique,  Kslziy.ri  (2).  Le 
premier  fragment  nomme  Massalia,  ville  de  la  Ligystique, 
près  de  la  Celtique.  Le  second  nomme  Nyrax,  ville  cel- 
tique. La  situation  de  Nyrax  est  inconnue.  Les  Ligures,  au 
VI'  siècle,  occupaient  en  Gaule  les  côtes  de  la  Méditerranée 
entre  les  Alpes  et  Tembouchure  du  Rhône  (3). 

Eschyle  (325-456)  dit  que  l'Eridan  est  en  Ibérie  et  qu'on 
l'appelle  aussi  Rhodanos  (4). 

Hérodote  (5),  dans  deux  passages  écrits  entre  445  et  432, 
nous  apprend  que  l'Istros  (Danube)  est  un  fleuve  dont  les 
sources  se  trouvent  chez  les  Celtes,  près  de  la  ville  de 


(1)  Etienne  de  Byzance,  aux  mots  Massalia  et  Nyrax.  Un 
troisième  fragment,  sur  Narbôn,  place  de  commerce  et  ville  cel- 
tique, attribué  par  erreur  à  Hécatée  dans  l'édition  MûUer,  pro- 
vient en  réalité  du  quatrième  livre  de  Strabon  (i,  12). 

(2)  Le  nom  de  KEÀxtx/^.  qui  semble  désigner  d'abord  tout  l'ouest 
de  l'Europe  au  nord  des  Pyrénées,  depuis  l'Elbe  et  les  Alpes, 
a  chez  Apollodore  (fr.  60,  62),  le  sens  de  Gaule  ;  mais  la  Gaule  est 
désignée  par  Polybe  (m,  59,  7),  sous  le  nom  de  FaXaiia.  Au 
temps  de  Cicéron  apparaît  le  nom  de  Gallia. 

(3)  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Les  premiers  habitants  de 
l'Europe,  2^  éd.,  t.  i,  p.  271  ;  cf.  376,  notes  2,  3  ;  t.  ii,  p.  36-37. 

(4)  Pline,  Histoire  naturelle,  xxxvii,  11,  32. 

(5)  II,  33,  2  et  3  ;  iv,  49,  3. 


396  HIMILCO.V,    HÉRODOTE 

Pyrène  ;  les  Celtes  habitent  au  delà  des  colonnes  d'Hercule 
et  sont  voisins  des  Cynesii  {C>/netes),  le  dernier  peuple 
d'Europe  du  côté  du  couchant.  Le  pays  des  Cynetes  était 
situé  au  sud  du  Portugal.  Il  semble  d'abord  que  pour  Hé- 
rodote le  domaine  des  Celtes  s'étende  sur  une  partie  de  la 
péninsule  ibérique,  que  la  ville  de  Pyrène  désigne  ou  non 
les  Pyrénées,  où  d'anciens  géographes  ont  placé  la  source 
du  Danube.  Mais  si,  comme  le  pense  M.  Jullian  (1).  le  nom 
des  Cynètes,  qui  est  avec  celui  des  Celtes  le  seul  nom  que 
mentionne  Hérodote  à  l'occident  de  l'Europe, est  pris  au  sens 
large  et  désigne  vaguement  les  peuples  de»la  péninsule 
ibérique,  les  Celtes,  qui  sont  au  nord  et  à  l'est  des  Cynètes, 
peuvent  habiter  au  nord  des  Pyrénées.  Hérodote  n'admet 
pas  un  fleuve  appelé  Eridan  par  les  barbares  et  se  jetant 
dans  la  mer  boréale,  d'où  vient,  dit-on,  l'ambre,  et  il  ne 
connaît  pas  l'existence  des  îles  Cassitérides  d'où  l'étain 
vient  aux  Grecs  ;  mais  c'est  bien  des  extrémités  de  l'Eu- 
rope que  viennent  l'étain  et  l'ambre  (2). 

Le  périple  du  Carthaginois  Ilimilcon,  tel  que  Festus 
Aviénus  nous  le  fait  connaître,  ne  mentionne  les  Celtes  qu'à 
propos  d'un  pays  inhabité  situé  au  nord  des  îles  CEstrym- 
nides  et  d'où  les  Ligures  ont  été  chassés  par  les  Celtes  (3). 
11  nomme  l'île  sacrée,  .sacra  i/isnla,  habitée  par  les  Hierni 
et,  à  côté,  l'île  des  Albiones.  Il  est  facile  de  reconnaître  en 
ces  îles   les  îles   Britanniques,    lipt'.Trr./.y.]  v^jo-.,    que  le 

(1)  Revue  des  études  anciennes,  t.  vu,  p.  367-372  ;  Histoire  de 
la  Gaule,  t.  i,  p.  308. 

(2)  m,  115. 

(3)  Ora  marilima,  130-135.  Voir  ci-dessus,  p.  8-9.  Ce  périple 
semble  antérieur  à  Hérodote  et  peut-être  même  à  Hécatée. 
M.  Jullian,  Revue  des  études  anciennes,  t.  vii,  p.  232,  compare 
Théopompe,  chez  Etienne  de  Byzance,  'l'M/.oupot.  Cf.  Histoire 
de  la  Gaule,  t.  i,  p.  228,  n.  244. 


l 


l'empire  celtique  397 

Pseudo-Aristote  appelle  'Upvr;  et  'AÀ^tcov  (1).  Quant  aux  îles 
(Estrymnides,  riches  en  étain  et  en  plomb,  séparées  du  con- 
tinent par  le  sinus  Oestrynifiicus,  et  où  se  rendent  les  Tor- 
tessii  et  les  Carthaginois  pour  faire  le  commerce,  ce  sont 
sans  doute  les  îles  que  les  Grecs  appellent  KajTi-Epîoî;.  Hi- 
milcon  affirmait  qu'il  fallait  au  moins  quatre  mois  pour 
faire  la  traversée  (2). 

Au  temps  de  Xénophon,  d'après  Arrien  (3),  on  ne  con- 
naissait pas  les  peuples  de  l'Europe  occidentale.  Mais  Xé- 
nophon mentionne  les  mercenaires  celtes  envoyés  comme 
renfort  par  Denys  de  Syracuse  aux  Lacédémoniens  (4). 

Aristute  place  la  montagne  de  Pyrène  d'où  descendent 
ristros  et  le  Tartessos,  vers  le  couchant  équinoxial,  dans 
la  Celtique  (o)  ;  il  parle  aus>i  du  climat  froid  du  pays  des 
Celtes,  au-dessus  de  l'Ibérie  (6),  et  où  l'âne  ne  peut  pas 
vivre.  Il  met  la  perte  du  Rhône,  qui  se  trouve  au-dessus 
de  Bellegarde,  dans  la  Ligystique  (7).  Il  connaît  la  prise  de 
Rome  par  les  Celtes  (8).  Il  dit  que  les  Celtes  ne  craignent 
ni  les  tremblements  de  terre  ni  les  inondations  (9). 

Théopompe,   vers  350,  cite  la  ville  des  Celtes  la  plus 

(1)  Ora  maritima,  108-112  ;  Du  monde,  3.  'iî,:vr,  =  IFIovt) 
répond  assez  exactement  à  l'irlandais  Eriu,  gén.  Erenn  ;  cf.  le 
gallois  Iwerddon.  La  forme  latine  Hihernia  a  subi  l'influence 
d'une  étymologie  populaire  [hibernus);  de  même  li:'>r,  a  été 
rapproché  de  ';£ooî  «  sacré  ».  Cf.  Strabon,  iv,  5,  4.  Diodore,  v, 
32,  3,  donne  le  nom  d  Is; c. 

(2)  Ora  maritima,  113-119.  Voir  ci-dessus,  p.  20. 

(3)  Cynégétique,  2. 

(4)  Voir  ci-dessus,  p.  257. 

(5)  Météorologiques,  i,  13,  19  et  20. 

(6)  De  la  génération  des  animaux,  ii,  8.  Cf.  Guerre  de  Gaule, 
I,  16  ;  VIII,  4  ;  TiTE  Live,  v,  48  ;  Piodore,  v,  26. 

(7)  Météorologiques,  i,  13,  30. 

(8)  Plutarque,  Camille,  22,  4. 

(9)  Morale  à  Nicomaque,  m,  7j  7. 


398  THÉOPOMPE,    SCYLAX,    ÉPHORE 

éloignée  :  Drilônios  ;  nous  ne  savons  où  la  situer  (1).  Il 
nous  montre  les  Celtes  en  guerre  avec  les  Vardii,  peuple 
illyrien.  Connaissant  l'intempérance  des  lUy riens,  les 
Celtes  firent  dresser  dans  leur  camp  des  tables  chargées  de 
mets  dans  lesquels  ils  répandirent  une  herbe  vénéneuse 
qui  produit  un  effet  violent  sur  les  entrailles.  Grâce  à  cette 
crise,  les  Illyriens  furent  les  uns  surpris  et  tues  par  les 
Celtes,  les  autres  se  jetèrent  dans  les  rivières  voisines,  par- 
ce qu'ils  ne  pouvaient  supporter  les  coliques  dont  ils  étaient 
atteints  (2).  Théopompe  mentionne  la  prise  de  Rome  par 
les  Celtes  (3). 

Le  périple  dit  de  Scylax  [de  Caryanda,  dont  la  rédaction 
se  placerait  vers  335,  ne  cite  comme  habitants  des  côtes  de 
la  Méditerranée  entre  les  Pyrénées  et  l'Italie  que  les  Li- 
gures et  les  colons  grecs.  Les  Celtes,  restes  de  lexpédition, 
occupent  après  les  Tyrrhènes  une  bande  étroite  de  terrain 
sur  la  côte  orientale  de  l'Italie  jusqu'à  Adria.  Après  les 
Celtes,  viennent  les  Vcnètes  chez  lesquels  coulerEridan(4), 

Ephore,  qui,  à  peu  près  à  la  môme  époque,  avait  com- 
posé des '1(^:0,: 'a:'.,  ne  nous  est  connu  que  par  Strabon  et 
Cosmas  Indicopleustes  (vi*^  siècle  après  J.-C).  Pour  lui,  les 
Celtes  étaient  un  des  peuples  occupant  les  extrémités  du 
monde  ;  leur  pays  situé  à  l'ouest  et  qui  s'étend  du  cou- 
chant d'été  au  couchant  d'hiver  est,  de  même  que  celui  des 


(1)  Etienne  de  Byzance,  au  mot  Drilônios.   Fragm.  hist. 
grœc,  t.  I,  p.  316,  fr.  223. 

(2)  Athénée,   x,   60  ;   Fragm.  hist.   grsec,  t.   i,   p.   284-285, 
fr.  41.  Cf.  PoLYEN,  Stratagèmes,  vu,  42  ;  Justin,  kxiv,  4,  3. 

(3)  Pline,  Histoire  naturelle,  ni,  9,51.  F.  H.  G.  p.  303,  fr.  144. 

(4)  §  3  ;  4  ;  18  ;  19.  Geographi  grœci  minores,  t.  i,  fr.  25.  Cf. 
Justin,  xx,  5. 


l'empire  celtique  399 

Indiens  qui  lui  fait  vis-à-vis  (1),  moins  grand  que  le  pays 
des  Ethiopiens  et  que  celui  des  Scythes  (2).  Les  eaux  leur 
font  éprouver  plus  de  pertes  que  la  guerre  ;  ils  laissent  les 
flots  submergei:  leurs  maisons  ;  puis  ils  les  rebâtissent  (3). 
Les  Celtes  possédaient  la  plus  grande  partie  de  la  péninsule 
ibérique  jusqu'à  Gadeira  (Cadix),  mais  Ephore  était  si  mal 
renseigné  sur  les  Ibères  qu'il  croyait  que  ceux-ci  étaient 
une  ville  (4).  Les  Celtes  étaient  amis  des  Grecs  (5). 

Ces  notions  vagues  sur  les  régions  occupées  par  les  Celtes 
seraient  sans  doute  plus  précises  si  nous  avions  conservé  le 
récit  du  voyage  d'exploration  que  Pythéas  fit  dans  l'Ouest 
de  l'Europe,  vers  320-310.  Malheureusement,  les  quelques 
fragments,  relatifs  aux  pays  occupés  par  les  Celtes,  que 
nous  en  a  transmis  Strabon  ajoutent  peu  à  nos  connais- 
sances. D'après  Pythéas,  le  Cantion  (pays  de  Kent  en 
Grande-Bretagne)  est  à  quelques  jours  de  navigation  de  la 
Celtique  (6). 

Ptolémée,  fils  de  Lagos,  un  des  lieutenants  d'Alexandre, 
avait  rapporté  l'entrevue  fameuse  d'Alexandre  avec  les 
Celtes  de  l'Adriatique,  en  335  avant  notre  ère,  et  la  ré- 
ponse qu'ils  lui  firent  loFsqu'il  leur  demanda  ce  qu'ils  re- 
doutaient le  plus  au  monde  :  «  Nous  ne  craignons  qu'une 
chose,  c'est  que  le   ciel  ne  tombe  sur  nous,   mais  nous 


(1)  Poseidônios  chez  Solin,  52,  1. 

(2)  Cosmas  Indicopleustès,  Topographie  chrétienne  ;  Frag- 
menta historicorum  grsecorum,  t.  i,  p.  243,  244,  fragment  38. 
Cf.   Pseudo-Hésiode,   Catalogues,   chez  Strabon,   vu,  3,  7   et 

PSEUDO-SCYMMUS    DE    ChIO,    V,    170-182. 

(3)  Strabon,  vu,  2,  1.  Cf.  ci-dessus,  p.  I'i9,  note  2. 

(4)  JosÈPHE,  Contre  Apion,  i,  12. 

(5)  Strabon,  iv,  4,  6.  Cf.  Scymnus  de  Ciiio,  v.  183-185. 

(6)  Strabon,  i,  4,  3. 


400 


TIMEE 


mettons  au-dessus  de  tout  l'amitié  d'un  homme  tel  que 
toi  (1).  » 

Hiéronyme  de  Cardia,  continuateur  ^  de  l'histoire 
d'Alexandre  par  Ptolémée,  avait  raconté  l'invasion  celtique 
en  Grèce  et  son  ouvrage  est  sans  doute  sur  ce  point  la 
source  de  Diodore  et  de  Pausanias. 

L'historien  Timée  !3o2-2o6)  connaît  les  Celte:^  voisins  de 
l'Océan,  et  explique  le  flux  et  le  reflux  de  la  mer  par  l'ac- 
tion des  fleuves  qui  descendent  de  la  partie  montagneuse 
de  la  Celtique  dans  l'Atlantique  (2).  Timée  est  sans  doute, 
pour  la  question  qui  nous  intéresse,  la  source  d'Apollonios 
de  Rhodes  et  du  traité  Des  singularités  îJier  veilleuse  s  attri- 
bué à  Aristote.  Dans  ce  traité  on  lit  qu'il  y  a  une  route 
dite  d'IIéraklès  qui  d'Italie  conduit  jusqu'en  Celtique,  jus- 
que chez  les  Colto-ligures  et  chez  les  Ibères  (3).  D'après 
Ad.  Schmidt  (4),  Timée  serait  aussi  la  source  principale  de 
Justin,  Pausanias  et  Diodore  pour  le  récit  des  invasions  cel- 
tiques. 

Callimaque,  bibliothécaire  d'Alexandrie  sous  Ptolémée  II 
(283-24f7),  rappelle  dans  une  hymne  l'invasion  de  la  Grèce 


(1)  Strabon,  vu,  3,  8.  Justin  (xii,  13)  ;  Diodore  (xvii, 
113),  et  Arrien  (vu,  15,  4),  inentionncnl  vaguement  une  se- 
conde ambassade  des  Gaulois  à  Alexandre  en  323,  l'anuée  de  sa 
mort  à  Babylone. 

(2)  Plutarque,  Des  opinions  des  philosophes,  m,  17,  4.  Sur 
l'œuvre  de  Timée,  cf.  J.  Geffcken,  Timaios' Géographie  des 
Wcstens,  1892,  dans  les  Philologische  Untersuchungen  de  Kiess- 
ling  et  lie  v.  Wilamowitz-MoUcndorf,  xiii. 

(3)  Des  singularités  mcrv-eilleuses,  85.  Voir  plus  haut,  p.  302. 

(4)  De  jontibus  retcruni  auctorum  in  enarrandis  expeditionibus 
a  Gallis  susceptis,  1834.  Cf.  Jullian,  Histoire  de  la  Gaule,  t.  i, 
p.  301,  n.  6. 


l'empire  celtique  401 

par  ]es  Celtes,  derniers  nés  des  Titans,  venus  des  extrémi- 
tés de  rOccident  (1). 

Eratosthène,  qui  fut  bibliothécaire  d'Alexandrie  sous 
Ptolémée  III  (2'i7-222),  place  des  Galates  dans  la  partie 
occidentale  de  l'Europe  jusqu'auprès  de  Gadeira,  sans 
doute  d'après  Ephore;  mais  dans  sa  description  de  l'Ibérie, 
il  ne  fait  plus  nulle  part  mention  des  Galates  (2). 

Dans  les  Argonaiitiques  d' A^ollonïos  de  Rhodes  (ni'^siècle 
avant  notre  ère),  on  voit  les  Argonautes  remonter  le  Rhône 
et  de  ce  fleuve  passer  dans  les  lacs  orageux  qui  s'étendent  à 
l'infini  dans  le  pays  des  Celtes  ;  puis,  revenir  en  arrière,  et 
après  être  parvenus  au  rivage  de  la  mer,  traverser  les 
nombreuses  tribus  des  Celtes  et  dés  Ligyes  (3). 

Le  premier  historien  romain,  Q.  Fabius  Pictor,  né  en  2o4 
avant  Jésus-Christ,  avait  raconté  la  guerre  des  Romains 
avec  les  Gaesati,  peuple  venu  de  Gaule  (4). 

Ainsi,  au  u''  siècle  avant  Jésus-Christ,  à  l'époque  où  un 
historien  bien  renseigné  et  digne  de  foi,  Polybe,  va  nous 
faire  connaître  les  plus  anciennes  relations  des  Celtes  avec 
les  Romains,  les  renseignements  que  nous  avons  pu  glaner 
chez  les  anciens  historiens  et  géographes  sur  les  pays  occu- 
pés par  les  Celtes  se  réduisent  à  peu  de  chose.  Nous  savons 
que  les  Celtes  sont  établis  près  des  Ligures  ;  de  Rimini  à 
Ancône,  sur  les  côtes  de  l'Adriatique  ;  en  Illyrie,  sur  les 
bords   du  Danube  ;   auprès  des  lacs  de  la  Suisse  et  des 

(1)  Pour  Délos,  173-175. 

(2)  Strabon,  II,  4,  4.  D'après  Strabon,  Eratosthène  ignorait 
complètement  la  géographie  de  la  Celtique  et  de  la  Bretagne 
(II,  1,  41). 

(3)  Argonautiques,  iv,  627-647.  Cf.  Apollodore,  Biblio- 
thèque, I,  9,  24,  5. 

(4)  Orose,  Histoires,  iv,  13. 

G.  DoTTiN.  —  Manuel  de  l'antiquité  celtique.  26 


402 


POLYBE 


sources  du  îlliône,  du  Pô  et  du  Danube  ;  sur  les  côtes  de 
TEspagne. 

Polybe  connut  surtout  les  Celtes  d'Italie.  Il  nous  raconte 
que,  séduits  par  la  beauté  et  la  fertilité  de  la  plaine  du  Pô 
les  Celtes  voisins  des  Tyrrhènes  (Etrusques)  envahirent 
sous  quelque  léger  prétexte  le  pays  que  ceux-ci  occupaient 
et  les  en  chassèrent.  Il  nous  donne  le  nom  de  peuples  gau- 
lois qui  s'établirent  alors  en  Cisalpine.  Ce  sont  les  Lai 
{Laepi),  \es  Lebecii,  les  Isombres  (Insubres),  les  Gonomani 
{Ccnomani),  \q%  Ananes  [Anares  ou  Anamares),  les  Boii, 
les  Lingones,  les  Sènonesii).  Après  la  prise  de  Rome  (390;, 
les  Celtes  furent  contraints  à  traiter  avec  ies  Romains  à  la 
suite  d'une  invasion  des  Venètes  dans  leur  pays  (2).  Ils  re- 
parurent encore  deux  fois  dans  le  Latium,  en  361  et  en  349, 
mais  s'en  retournèrent  sans  avoir  livré  bataille  et  le  traité 
do  paix  fut  renouvelé  en  328  (3). 

Quant  aux  Gaulois  transalpins,  qui  sont  de  la  même  race 
que  les  Cisalpins,  ils  occupent,  d'après  Polybe,  la  partie 
des  Alpes  qui  regarde  le  Rhône,  et  le  nord.  Entre  les  Alpes 
et  le  Rhône,  habitent  les  Galates  surnommés  Gaesati  (4). 
D'autre  part,  Annibal,  se  [rendant  d'Espagne  en  Italie,  ren- 
contre des  Celtes  entre  les  montagnes  des  Pyrénées  et  le 
Rhône,  puis  au  delà  du  Rhône  (3).  La  partie  septentrionale 
de  la  vallée  du  Rhône  est  occupée  par  les  Celtes  Ardijes 
[Aedui  ?)  (G).  Depuis  le  Narbon  (l'Aude)  et  les  campagnes 

(1)  Histoires,  ii,  17. 

(2)  Histoires,  ii,  18. 

(3)  Histoires,  n,  18,  6  ;  7-8  ;  9  ;  19,  1. 

(4)  Histoires,  ii,  15  ;  22. 

(5)  Histoires,  m,  40  ;  41  ;  43.  Cf.  Dion  Cassius,  fr.  54,  10, 
qui  écrit  que  les  peuples  au  travers  desquels  Annibal  se  fraya 
passage  lui  étaient  inconnus. 

(6)  Histoires,  ni,  47,  3. 


l'empire  celtique  403 

voisines  jusqu'aux  Pyrénées,  on  ne  rencontre  que  des 
Celtes  (1). 

Les  pays  situés  sur  le  grand  Océan  sont,  nous  dit  Polybe, 
récemment  découverts  et  n'ont  pas  encore  de  dénomination 
commune  :  «  Ils  sont  habités  j)ardes  peuplades  nombreuses 
et  barbares  dont  nous  aurons  plus  tard  à  parler  en  détail... 
Tout  l'espace  qui  s'étend  entre  le  Narbon  et  le  Tanaïs  (Don) 
nous  est  complètement  inconnu.  Peut-être  d'activés  re- 
cherches pourront-elles  nous  en  apprendre  quelque  chose, 
mais  quant  à  ceux  qui  parlent  de  ces  régions  ou  en  écrivent, 
nous  déclarons  hautement  qu'ils  n'en  savent  pas  plus  que 
nous  même  et  qu'ils  ne  font  que  débiter  des  fables  »  (2). 
Polybe  tient  pour  nuls  et  non  avenus  les  renseignements 
fournis  par  les  récits  de  voyage  de  Pythéas.  Les  chapitres 
qu'il  annonçait  sur  les  barbares  de  l'Océan  sont  malheu- 
reusement perdus. 

En  Espagne,  Polybe  connaît  quelques  peuples  celtiques. 
Il  nomme  les  Celtici  voisins  des  Tardeiani  (3),  et  raconte 
les  guerres  des  Celtibères  avec  les  Romains  (4) .  Le  terri- 
toire des  Celtibères  s'étendait  de  Sagonte  (Murviedro)  aux 
source  del'Anas  (Guadiarîa)  et  du  Baetis  (Guadalquivir)  (5)  ; 
il  était  occupé  par  les  Vaccaei  dans  le  bassin  du  Duero,  les 
Aravacae  [Arevaci)  chez  lesquels  était  située  Numance,  les 
Belli  et  les  Tiiii  (6). 

A  peine  Polybe  fait-il  quelques  allusions  aux  établisse- 


0  Histoires,  m,  37,  9. 

(2)  Histoires,  m,  37  ;  38. 

(3)  Histoires,  xxxiv,  9,  3.  Strabon,  m,  2,  5. 

(4)  Histoires,  m,  59,  7  ;  xxvi,  2.  Cf.  Valerius  Anlias  chez  Tite 
LlVE,  xxxiv,  10. 

(5)  Histoires,  m,  17,  2  ;  xxxiv,  9,  12  ;  13. 

(6)  Histoires,  xxxv,  2,  3,  4. 


404 


POLYBE 


ments  des  Celtes  dans  la  péninsule  des  Balkans.  Il  men- 
tionne la  défaite  infligée  en  281,  à  Ptolémée  Keraunos,  roi 
de  Macédoine,  par  les  Galates  (1),  la  résistance  des  Etoliens 
aux  Galates  commandés  par  Brennos  en  279  (2),  et  la  des- 
truction d'une  partie  de  l'armée  galatique  lors  de  l'expédi- 
tion contre  Delphes  ;3).  Après  ce  désastre,  les  Galates  se 
dispersèrent.  Les  uns,  nous  dit  Polybe  (4),  allèrent  fonder 
en  Thrace  un  Etat,  dont  la  capitale  était  Tylé,  et  dont  les 
Grecs  de  Byzance  étaient  tributaires.  Le  premier  roi  de  cet 
Etat  fut  Comontorios,  et.  le  dernier,  Cavaros  (5).  LesThraces 
détruisirent  ce  royaume  gaulois  vers  le  troisième  siècle  av. 
J.-C.  Un  autre  débris  de  l'armée  galatique  alla  s'établir  en 
Asie-Mineure  (6)  ;  ce  furent  les  Tolistohogii,  les  Teclosages 
et  les  Troani  (7).  D'autres  peuples  gaulois  furent  appelés  en 
Asie  Mineure  comme  mercenaires.  Des  Tedtîi'age^  servaient, 
en  220  av.  J.-G. ,  dans  l'armée  d'Antiochus  III,  roi  de 
Syrie  (8).  Des  Aïgosages  appelés  par  Attale  I",  roi  de  Per- 
game,  en  218  après  l'avoir  quitté,  fondèrent  en  Troade,  sur 
l'Hellespont,  un  Etat  indépendant  qui  fut  détruit  en  21G  par 
Prusias,  roi  de  Bithynie  (9). 

Les  Chroniques   d'ApoUodore    (n*"    siècle   avant  Jésus- 


(1)  Histoires,  iv,  35,  4. 

(2)  Histoires,  ix,  30,  3. 

(3)  Histoires,  i,  6,  5  ;  ii,  20,  6  ;  35,  7. 

(4)  Histoires,  iv,  45,  10  ;  46,  i  ;  cf.  48  ;  52  ;  viii,  24.  Cf.  Jus- 
tin, XXXII,  3,  6. 

(5)  On  trouve  le  nom  de  ce  roi  sur  des  monnaies.  Blanchet, 
Traité  des  monnaies  gauloises,  p.  466.  Cf.  Jullian,  Histoire  de 
la  Gaule,  t.  i,  p.  303. 

(6)  Histoires,  i,  6,  5.  Cf.  Tite-Live,  xxxviii,  16  ;  Memnon,  19. 

(7)  Histoires,  xxn,  20  ;  22,  2  ;  xxxi,  13,  2. 

(8)  Histoires,  x,  53,  3.  Les  manuscrits  portent  'FiYOGavs;. 

(9)  Histoires,  v,  77  ;  78  ;  111. 


, 


L  EMPIRE   CELTIQUE 


405 


Christ),  dans  trois  fragments  conservés  par  Etienne  de 
Bysance,  nomment  la  ville  celtique  d'Aeria,  les  Aidusii, 
A'ôcjcrto'.  {Acdui?)  alliés  des  Romains  près  de  la  Gaule  cel- 
tique et  les  Arçerni,  le  peuple  le  plus  belliqueux  des  Ga- 
lates  de  Celtique  (1). 

Les  citations  de  Poseidôuios  qui  nous  sont  parvenues  ne 
nous  apprennent  rien  sur  les  pays  occupés  parles  Celtes. 

Dans  le  périple  attribué  à  Scymnus  de  Chio,  on  lit 
qu'après  la  ville  de  Tartesse  on  trouve  jusqu'à  la  mer  de 
Sardaigne  le  pays  des  Celtes,  la  plus  grande  nation  de  l'Oc- 
cident. Les  plus  éloignés  des  Celtes  habitent  auprès  de  la 
colonne  boréale  ("'r'M,  pôpi'.o;)  ainsi  que  les  Enètes  et  les 
Istres  de  l'Adriatique  (2). 

Artémidore  d'Ephèse  avait  composé,  au  commencement 
du  I*"""  siècle  avant  notre  ère,  une  géographie  en  onze  livres 
qui  est  une  source  importante  de  Strabon  (3).  Etienne  de 
Byzance  nous  en  a  conservé  des  fragments  où  il  nomme  les 
Agnôtes,  peuple  celtique  sur  l'Océan  ;  Mastramélè,  ville  et 
lac  de  la  Celtique. 

On  ne  trouve  guère  de  renseignements  chez  les  premiers 
historiens  latins.  Caton  l'Ancien  nous  apprend  que  les  Le- 
pontii  (près  de  Domo  d'Ossola)  et  les  Salassi  (près  d'Aoste) 
sont  de  nation  taurisque  (4)  ;  que  les  Cenomani  de  Cisal- 
pine (entre  Bergame  et  Trente)  avaient  habité  chez  les 
Volcae  près  de  Marseille,  et  que  les  Boii  étaient  divisés  en 

(1)  Apollodore,  chez  Etienne  de  Byzance,  Fragmenta  his' 
toricorum  ^rsecorum,  t.  i,  p.  437,  fr.  59,  60,  62.  Cf.  Strabon,  4, 
1,  11  ;  Pli^ne,  III,  5,  36. 

(2)  V.  165-170,  191-194.  Geo gr aphi  grxci  minores,  t.  i,  p.  200- 
203  ;  Pline,  iv,  35,  118.  Cf.  Aviénus,  Ora  maritima,&9i. 

(3)  Voir  ci-dessus,  p.  335. 

(4)  Voir  ci-dessus,  p.  32. 


406  CICÉRON 

cent  douze  tribus  (1).  Sempronius  Asellio  place  en  Gaule 
la  ville  de  Noreia,  aujourd'hui  Neumarkt  en  Styrie  (2). 

Varron  est  sans  doute  la  source  de  Pline  lorsque  celui-ci 
nous  raconte  que  les  Gaulois  franchirent  la  barrière  insur- 
montable des  Alpes  parce  que  HéUco,  citoyen  Helvète,  qui 
avait  séjourné  à  Rome  en  qualité  d'artisan,  avait  rapporté 
dans  son  pays  des  figues  sèches,  du  raisin,  des  échan- 
tillons d'huile  et  de  vin  (3). 

Il  faut  arriver  à  Jules  César  pour  avoir  sur  les  Celtes  de 
Gaule  et  de  Grande-Bretagne  des  renseignements  quelque 
peu  dévelopi)ées.  Aussi  Gicéron,  bien  qu'il  nous  fasse  con- 
naître qnelques  noms  de  peuples  gaulois, ^//oÔAoge^,  Volcac^ 
Ruteni(i),  Aediii,  Helvetii,  Sequani{p),  peut-il  dire  :  «  Des 
contrées  et  des  nations  qu'aucune  histoire,  aucun  récit, 
aucun  bruit  public  ne  nous  avaient  encore  fait  connaître, 
notre  général,  nos  troupes,  nos  armes  les  ont  parcourues. 
Nous  n'occupions  auparavant  qu'un  sentier  dans  la  Gaule  : 
le  reste  était  aux  mains  de  nations  ou  ennemies  de  cet 
empire,  ou  peu  sûres,  ou  inconnues,  on  du  moins  féroces, 
barbares  et  belliqueuses  »  (6).  En  54  avant  Jésus-Christ 
Gicéron  écrivait  à  son  frère  Qnintus  :  Où  habitent  ces 
Nervii  ?  Est-ce  loin  ?  Je  l'ignore  »  (7). 

Les  campagnes  de  César  nous  font  connaître  successive- 

(1)  Pline,  m,  24,  134  ;  23,  130  ;  20,  116. 

(2)  ScHOLiASTE  DE  ViRGiLË,  Géorgiques,  III,  474. 

(H)  Histoire  naturelle,  xii,  2,  5.  Bertrand  et  Reinach,  Les 
Celles  dans  les  vallées  du  Pô  et  du  Danube,  p.  212  Cf.  Jullian, 
Revue  des  études  anciennes,  t.  viii  (1906),  p.  122  ;  Bertrand  et 
S.  Reinach,  Les  Celles  dans  les  vallées  du  Pô  et  du  Danube,  p.  2\2. 

(4)  Dans  le  discours  pour  Fontcius,  écrit  en    69  av.  J.-C. 

(5)  Lettres  à  Atticus.  1. 19  (écrite  en  59  av.  J.-C).  Pour  Balbus. 
14,  32. 

(6)  Des  provinces  consulaires  13,  33. 

(7)  Lettres  à  Quintus,  m,  8. 


l'empire  celtique  407 

ment  toutes  les  parties  de  la  Gaule,  l'Est  où  demeurent  les 
Aediii,  le  Nord-Est  occupé  par  les  peuples  belges,  le  Nord- 
Ouest  où  s'est  formée  la  confédération  armoricaine,  le 
centre  où  se  livre  la  lutte  suprême  engagée  par  Verciugé- 
torix  pour  l'indépeadance  de  la  Gaule.  Pour  la  première 
fois,  une  armée  romaine  pénètre  dans  la  Grande-Bretagne 
dont  l'existence  était  à  peine  connue.  Une  partie  considé- 
rable du  monde  celtique  fut  ainsi,  en  quelques  années,  ré- 
vélée aux  Romains.  D'autre  part,  les  expéditions  de  César 
au  delà  du  Rhin  ne  l'avaient  mis  en  présence  que  de 
peuples  germaniques  et  il  ne  faut  pas  s'étonner  si  désormais 
la  Gaule  est  considérée  comme  le  centre  de  la  puissance 
celtique  et  le  berceau  de  la  race.  «  Il  fut  un  temps,  nous  dit 
César,  où  les  Gaulois,  surpassant  les  Germains  en  valeur, 
portaient  la  guerre  chez  eux  et  envoyaient  au  delà  du  Rhin 
des  colonies  parce  qu'ils  avaient  trop  de  population  et 
manquaient  de  terres  pour  la  nourrir.  C'est  ainsi  que  les 
Volcae  Tectosages  s'étaient  emparés  des  contrées  les  plus 
fertiles  de  la  Germanie  près  de  la  forêt  Hercynienne.  Cette 
nation  s'y  est  maintenue  jusqu'à  ce  jour  et  jouit  d'une 
grande  réputation  de  justice  et  de  valeur  «  (1).  L'intérieur 
de  la  Grande-Bretagne  est  habité  par  des  peuples  que  la 
tradition  représente  comme  indigènes  ;  la  partie  maritime, 
par  des  peuples  attirés  de  Belgique  par  la  guerre  ou  le  désir 
du  butin  ;  ceux-ci  ont  conservé  presque  tous  les  noms  des 
cités  dont  ils  étaient  originaires,  et  après  la  guerre  ils  sont 
restés  là  et  se  sont  mis  à  cultiver  les  champs   (2). 

Les  auteurs  postérieurs  à  César,  lorsqu'ils  se  contentent 


(1)  Guerre  de  Gaule,  vi,  24. 

(2)  Guerre  de  Gaule  v,  12.  Cf.  Tacite,.  Agricola,  11, 


408 


TITE    LIVE 


de  reproduire  des  témoignages  anciens,  peuvent  nous  avoir 
laissé  des  renseignements  précieux  sur  l'étendue  de  l'an- 
cien empire  celtique.  Le  plus  intéressant  à  ce  point  de  vue 
est  l'historien  Tite  Live.  Avant  d'exposer  la  défaite  des 
Romains  par  les  Gaulois,  Tite  Live  raconte  ce  qu'il  sait  de 
l'immigration  des  Gaulois  en  Italie.  A  ll'époque  oii  Tarquin 
l'Ancien  régnait  à  Rome,  chez  les  Celtes,  qui  occupent  la 
troisième  partie   de   la  Gaule,  c'étaient  les  Bituriges  qui 
avaient  le  souverain  pouvoir  ;   c'étaient  eux  qui  donnaient 
un  roi  à  la  Celtique.  Celui-ci  fut  Ambigatus  (1),  tout  puis- 
sant par  sa  vertu  et  la  prospérité  tant  de  lui-même  que  de 
son  peuple  :  car  sous  son  empire,  la  Gaule  (2)  était  si  fer- 
tile en  fruits  delà  terre  et  en  hommes  qu'il  était  difficile  à 
un  roi  de  gouverner  une  si  nombreuse  multitude.  Déjà  âgé 
et  voulant  débarrasser  son  royaume  de  cette  foule  qui  le 
surchargeait,  il  exposa  qu'il  allait  envoyer  Bellovesus  et 
Sigovesus,  fils  de  sa  sœur,  jeunes  gens  actifs,  dans  le  sé- 
jour que  les  dieux  leur  indiqueraient  par  des  présages  ; 
qu'ils  levassent  autant  d'hommes  qu'ils  voudraient  de  façon 
à  ce  qu'aucune  nation  ne  pût  repousser  les  nouveaux  venus. 
Le  sort  donna  à  Sigovesus  la  forêt  Hercynienne  ;  à  Bello- 
vesus, les  dieux  donnaient  un  chemin  bien  plus  beau,  celui 
de  l'Italie.  Celui-ci  leva,  du  milieu  de  ses  surabondantes 
populations,  des  Bituriges,  Arverniy  Senones,  Aecliii,  Am- 

(1)  Wii.  Stokes,  On  the  linguistic  value  of  the  Irish  annals, 
Beiiràge  de  Bezzenbcrger,  t.  xvm,  p.  97,  propose  de  corriger 
Ambigatus  en  Ambicatus  qui  signifierait  en  celtique  «  grand 
batailleur  »,  cf.  irl.  Immchalh. 

(2)  Sur  les  conclusions  étranges  auxquelles  conduirait  ce 
récit  si  l'on  admet  qu'il  s'agit  de  la  Gaule  dans  le  sens  où  l'en- 
tendaient les  Romains  après  la  conquête  de  César,  voir  A.  Ber- 
trand et  S.  Reinach,  Les  Celtes  dans  les  vallées  du  Pô  et  du 
Danube,  p.  20-27. 


l'empire  celtique  409 

harri,  Carnutes,  Aulerci.  Parti  avec  de  nombreuses  troupes 
à  pied  à  clieval,  il  arriva  chez  les  Tricasiini.  Plus  loin,  les 
Gaulois  aidèrent  les  Phocéens  à  s'établir  dans  le  pays  de 
Marseille.  Puis  ils  franchirent  les  Alpes  par  le  pays  des 
Taurini  et  les  Alpes  Juliennes  et,  après  avoir  mis  en  dé- 
route les  Tiisci  près  du  Tessin,  s'établirent  dans  le  pays 
que  l'onappelait  Insubrieu,  nom  qui  était  celui  d'un  pagus 
des  Aediii  ;  obéissant  à  ce  présage,  ils  fondèrent  là  une  ville 
qu'ils  appelèrent  J/ec?wZa/u'a/«.  Peu  après,  une  autre  troupe 
de  Ccnomanl,  sous  la  conduite  d'Elitovius,  suivit  les  traces 
des  premiers  envahisseurs,  passa  les  Alpes  par  le  même 
défilé  avec  l'aide  de  Bellovèse  et  s'établit  aux  lieux  alors 
occupés  par  les  Libiii  et  où  sont  maintenant  les  villes  de 
Brescia  et  de  Vérone.  Après  ceux-là,  vinrent  les  ^alliivii  (1) 
à  côté  de  l'antique  nation  des  Ligures  Laevi  qui  habitent 
autour  du  fleuve  du  Tessin. Puis  les^oa'et  Lingones,  ayant 
franchi  les  Alpes  Pennines  et  trouvant  tout  le  pays  occupé 
entre  les  Alpes  et  le  Pô,  traversent  le  Pô  sur  des  radeaux  et 
chassent  de  leur  territoire  non  seulement  les  Etrusques, mais 
même  les  Ombriens  :  toutefois  ils  se  tinrent  en  deçà  de 
l'Apennin.  Alors  les  Senones,  les  derniers  venus,  eurent 
leur  territoire  depuis  le  fleuve  Utens  jusqu'à  l'Aesis.  Ce  fut 
cette  nation  qui,  d'après  les  renseignements  recueiUis  par 
Tite  Live,  vint  à  Clusium  et  à  Rome  ;  mais  ou  ne  savait  si 
c'était  seule  ou  soutenue  par  tous  les  peuples  gaulois  de  la 
Cisalpine  (2). 

D'après  ce  récit,  la  première  invasion  des  Celtes  en  Italie 
serait  contemporaine  de  Tarquin  l'Ancien  (616-578  avant 


L 


(1)  Cf.  Corpus  inscriptionum  latinarum,  i,  t.  p.  460. 

(2)  Tite  Live,  v,  34-35. 


410 


TITE    LIVE 


J.-G  )  et  de  la  fondation  de  Marseille  (600  avant  J.-G.) 
Tite  Live  n'en  rapporte  pas  moins  une  autre  tradition, 
déjà  mentionnée,  d'après  laquelle  les  Gaulois  auraient  été 
appelés  en  Italie  par  l'Etrusque  Arruns  de  Glusium  qui  au- 
rait transporté  du  vin  dans  la  Gaule  pour  les  attirer,  et  se 
venger  ainsi  du  ravisseur  de  sa  femme,  Lucumon  (dont  il 
avait  été  le  tuteur),  riche  et  puissant  jeune  homme  qu'il  ne 
pouvait  punir  quà  l'aide  d'un  secours  étranger  (1).  Et 
lorsque  Tite  Live  raconte  [la  rencontre  des  Romains  et  des 
Gaulois  au  siège  de  Glusium,  il  semble  bien  qu'à  cette  date, 
390  avant  notre  ère,  c'était  la  première  fois  que  les  Bar- 
bares apparaissaient  en  Italie  et  qu'ils  y  rencontraient  les 
Romains  (2).  Il  y  a  donc  contradiction  entre' les  deux  textes. 
Par  ailleurs,  Polybe  nous  dit  que  les  Tyrrhènes  (Etrusques) 
étaient  maîtres  de  la  plaine  du  Pô  à  l'époque  où  ils  ré- 
gnaient sur  les  champs  voisins  de  Noie  et  de  Gapoue  (3). 
Or  c'est  seulement  sous  le  consulat  de  M,  Genucius  et 
G.  Gurtius,  en  44o  avant  J.-G.,  que  les  Campant  se  soule- 
vèrent et  c'est  en  424  qu'ils  enlevèrent  aux  Etrusques  la 
ville  de  Gapoue  (4).  D'après  le  même  Polybe,  c'est  di.x-nouf 
ans  après  la  bataille  d'Aïgos  Potamos  (405),  seize  ans  avant 
la  bataille  de  Leuctrcs  (371),  au  temps  où  les  Lacédérao- 
niens  conclurent  avec  le  Grand  Roi  le  traité  d'Antalcidas 
(387-380)  et  où  Denys,  vainqueur,  sur  les  bords  de  l'EUé- 


(1)  Voir  ci-dessus,  p.  406. 

(2)  «  Gentem  iiwisitatam,  novos  accolas  »,  v,  17.  «  Clusini 
novo  belle  cxterriti,  cum  multitudincra,  cum  formas  hominum 
iiuisiiatas  cernèrent  »,  v,  35,  4  ;  «  etsi  novum  notnen  audiant 
Ronianorum  »,  v,  36,  2.  «  Invisitato  atque  inaudito  hoste  ab 
Oceano  terrarumque  ultimis  oris  bcllum  cientc  »,  v,  37,  2. 

(3)  Histoires,  ii,  17. 

(4)  Tite  Live,  iv,  1  ;  37. 


L  EMPlllE    CELTIQUE 


414 


pore,  des  Grecs  d'Italie,  avait  mis  le  siège  sous  les  murs  de 
Rhégium,  que  les  Gaulois  venaient  de  s'emparer  de  Rome 
et  l'occupaient  tout  entière  à  l'exception  du  Capitole  (1). 
Le  synchronisme  de  ces  quatre  dates  nous  donne  pour  la 
prise  de  Rome  l'année  387-386.  La  chronologie  romaine 
fixe  en  390  avant  J.-C.  la  magistrature  des  tribuns  mili- 
taires au  temps  desquels  fut  livrée  la  bataille  de  l'Allia.  La 
prise  de  Rome  par  les  Gaulois  eut  donc  lieu  environ  trois 
ans  après  Tinvasion  celtique  en  Italie,  si  l'on  s'en  rapporte 
àPolybe  et  à  un  des  textes  de  Tite  Live,  et  près  de  deux 
cents  ans  après,  si  l'on  admet  la  véracité  du  premier  texte  de 
Tite  Live  (2).  IN^ous  verrons  plus  loin  qu'Appien  donne  la 
97<=  olympiade  (392-389),  comme  date  de  l'invasion  gauloise 
en  Italie. 

Une  autre  question,  d'ordre  géographique  celle-là,  est 
soulevée  par  le  récit  de  l'invasion  de  Rellovesus.  Cette  in- 
vasion se  fit,  nous  dit  Tite  Live,  per  Taurinos  salUisqne 
Juliae  Alpis  (3).  Or,  les  Taiirini  étaient  établis  aux  envi- 
rons de  Turin,  au  nord-ouest  de  l'Italie,  et  la  Julia  Alpis 
s'appelle  aujourd'hui  1&  Birnbaumerwald,  montagne  au 
nord-est  de  l'Italie.  Il  est  difficile  d'admettre  que  les  Celtes 
aient  pénétré  en  Cisalpine  par  les  deux  extrémités  des 
Alpes.  Mais  les  manuscrits  s'accordent  à  donner  la  leçon 
iuliae.  à  l'exception  du  Harleianus  I  où  l'on  lit  iiiriae.  Et 
c'est  en  vain  que  divers  éditeurs,  émus  de  cette  contradic- 
tion, ont  essayé  de  corriger  iuliae  en  Ligiiriae,  en  Diiriae, 


(1)  PoLYBE,  I,  6.  Cf.  Justin,  vi,  9. 

(2)  H.   d'Arbois   de   Jubainville,   Cours  de  littérature  cel- 
tique, t.  XII,  p.  117-121. 

(3)  V,  34,  8. 


412 


DIODORE 


en  iniiias  ou  imiios  (1),  puisqu'ils  n'ont  pu  démontrer 
d'une  manière  satisfaisante  pourquoi  une  leçon  aussi  claire 
et  simple  que  iniiias,  iniiios,  Ligiiriae,  Diiriae  aurait  pu 
s'altérer  en  iuriae  qui  n'est  pas  latin,  et  d'autre  part  pour- 
quoi la  plupart  des  manuscrits  auraient  remplacé  la  bonne 
leçon  par  iuliae. 

On  peut  d'abord  se  demander  si,  la  leçon  des  manus- 
crits étant  considérée  comme  authentique.  Tite  Live  n'au- 
rait pas  réuni  deux  traditions  différentes,  l'une  qui  faisait 
venir  les  Gaulois  par  le  nord-ouest,  l'autre  par  le  nord- 
est  de  l'Italie  (2).  Quelles  étaient  sur  ce  point  les  sources  de 
Tile-Live  ?  Sans  doute  le  traité  de  géographie  et  la  chro- 
nique en  trois  livres  de  Cornélius  Nepos  et  peut-être  le 
TTîpi  pajiXétuv  du  grec  Timagène  (commencement  du  i^""  siècle 
avant  notre  ère)  (3).  Malheureusement,  nous  ne  connais- 
sons ces  deux  ouvrages  que  par  de  rares  citations  dont  au- 
cune n'a  trait  à  la  question  qui  nous  occupe. 

Mais  il  serait  beaucoup  plus  simple  d'admettre  une  con- 
fusion, due  soit  à  un  historien,  soit  à  un  copiste,  des  Taa- 
riiii  avec  les  Taurisci  (4),  les  Taurisci  étant  établis  préci- 
sément auprès  de  la  Jiilia  Alpis. 

Diodore  de  Sicile  raconte  que  la  Grande-Bretagne,  avant 
César,  n'avait  jamais  été  envahie  par  des  forces  étran- 
gères (o).  Quant  à  la  Gaule,  elle  fut  visitée  par  Héraklès 

(1)  Voir  les  notes  critiques  de  l'édition  Weissenborn  (Teub- 
ner). 

(2)  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Cours  de  littérature  cel' 
tique,  t.  XII,  p.  240-246. 

(3)  S.  Reinach,  Le  récit  de  Tite-Live  sur  la  migration  gau- 
loise (Les  Celtes  dans  les  vallées  du  Pô  et  du  Danube,  p.  205-212). 

(4)  M-  C.  JuUian  m'a  fait  remarquer  que  chez  Polybe  (par 
ex.  II,  15,  8  ;  28,  4),  Taupîa/.ot  désigne  les  Taurini. 

(5)  Bibliothèque,  v,  21. 


i 


l'empire  celtique  413 

qui  eut  de  la  fille  d'un  roi  du  pays  un  fils  appelé  Galatès  (1). 
Les  Ibères  et  les  Celtes  se  firent  longtemps  la  guerre  pour 
la  possession  de  l'Espagne,  puis  finirent  par  se  mélanger  (2). 
Au  temps  oii  Denys  l'Ancien  faisait  le  siège  de  Rhegiura 
(388-ô'87),  les  Celtes  habitant  au  delà  des  Alpes  traver- 
sèrent ces  montagnes  et  occupèrent  avec  de  grandes  forces 
le  pays  situé  entre  l'Apennin  et  les  Alpes,  après  en  avoir 
chassé  les  Tyrrtiènes  qui  l'habitaient  (3).  Dès  la  plus  haute 
antiquité  ou  trouve  les  Gaulois  adonnés  au  brigandage,  en- 
vahissant les  terres  étrangères  et  méprisant  toutes  les  lois 
humaines.  Ce  sont  ceux  qui  ont  pris  Rome,  saccagé  le 
temple  de  Delphes,  rendu  tributaires  une  grande  partie  de 
l'Europe  et  plusieurs  contrées  de  l'Asie  et  qui  se  sont 
établis  sur  le  territoire  des  peuples  qu'ils  avaient  vaincus  (4). 
La  Grande-Bretagne  était,  dit-on,  habitée  par  des  races 
autochthones  (5).  Diodore  dénombre  l'armée  de  Brennos 
pénétrant  en  Macédoine  avec  cent  cinquante  mille  por- 
teurs de  boucliers,  dix  mille  cavaliers,  toute  une  foule  de 
marchands  de  gros  et  de  détail  et  deux  mille  chars  (6). 

Le  résumé  de  Timagène  par  Ammien  Marcellin  contient 
quelques  détails  curieux  sur  l'ancienne  histoire  des  Celtes. 
Les  Celtes  sont  aborigènes  en  Gaule  d'après  certaines  tra- 
ditions, et  leur  nom  est  celui  d'un  roi  de  leur  pays,  tandis 
que  le  mot  Galates  vient  du  nom  de  la  mère  de  ce  roi  ;  mais. 


(1)  Bibliothèque,  v,  24.  Voir  ci-dessus,  p.  303. 

(2)  Bibliothèque,  v,  33. 

(3)  Bibliothèque,  xiv,  113. 

(4)  Bibliothèque,  v,  32,  4-5. 

(5)  Bibliothèque,  v,  21,  5. 

(G)  Diodore,  xxii,  9.  Cf.  Pausanias,  x,  19,  9,  qui  dit 
152.000  fantassins  et  20.400  cavaliers  (ou,  en  comptant  les 
écuyers,  61.200). 


414  DENYS    d'hALICARNASSE 

d'après  les  druides,  à  la  population  primitive  (1)  s'ajou- 
tèrent aussi  des  tribus  venues  des  îles  les  plus  reculées  et 
des  contrées  transrhénanes  et  qui  avaient  été  chassées  de 
leur  pays  par  la  fréquence  des  guerres  et  les  inondations 
de  la  mer.  Selon  d'autres,  les  lieux  qui  confinent  à  l'Océan 
furent  habités  par  des  Doriens  qui  avaient  suivi  Hé- 
raklès  i2). 

D'après  Cornélius  Nepos,  la  ville  étrusque  de  3Ielpum 
fut  détruite  par  les  Boii,  les  Insubres  et  les  Senones,  le 
jour  où  Camille  prit  Véies  sur  les  Etrusques,  c'est-à-dire  en 
395  (3). 

Denys  d'Halicarnasse  nous  décrit  ainsi  la  Celtique  :  a  La 
Celtique  est  située  dans  la  partie  occidentale  de  l'Europe, 
entra  le  pôle  boréal  et  le  couchant  d'équinoxe.  Elle  est  en 
forme  de  tétragone  ;  elle  touche  au  levant  les  Alpes,  qui 
sont  les  montagnes  les  plus  hautes  de  l'Europe  ;  au  midi 
et  là  où  souffle  le  vent  du  sud  est,  elle  atteint  les  Pyré- 
nées ;  au  couchant,  elle  a  pour  limite  la  mer  qui  est  au 
delà  des  colonnes  d'Hercule  ;  les  races  scythique  et 
thrace  la  bornent  au  nord  et  là  où  coule  le  Danube,  qui 
prend  sa  source  dans  les  Alpes,  qui  est  le  plus  grand  des 
fleuves  de  la  région  et  qui,  après  avoir  traversé  tout  le  con- 
tinent septentrional,  se  jette  dans  le  Pont-Euxin.  La  Celtique 
est  assez  grande  pour  qu'on  puisse  dire  qu'elle  comprend 
presque  le  quart  de  l'Europe.  C'est  un  pays  arrosé  de  nom- 
breuses rivières  ;  il  est  fertile,  les  récoltes  y  sont  abon- 
dantes, et  les  pâturages  nourrissent  de  nombreux  trou- 


(1)  Cf.  LucAiN,  I,  443-444,  qui  semble  indiquer  que  les  Li- 
gures ont  été  maîtres  de  la  Gaule  chevelue  tout  entière. 

(2)  Ammien  Marcellin,  xv,  9. 

(3)  Pline,  Histoire  naturelle,  m,  21,  125. 


l'empire  celtique  415 

peaux.  Il  est  divisé  en  deux  parties  égales  par  le  Rhin  qui, 
après  le  Danube,  paraît  être  le  plus  grand  des  fleuves 
d'Europe.  La  partie  de  ce  côté-ci  du  Rhin,  qui  touche  aux 
Scythes  et  aux  Thraces,  s'appelle  Germanie  ;  elle  s'étend 
jusqu'à  la  forêt  Hercynie  et  jusqu'aux  monts  Rhipées  ; 
l'autre,  du  côté  qui  regarde  au  midi  jusqu'aux  Pyrénées 
et  qui  entoure  le  golfe  Galatique,  s'appelle,  du  nom  de 
la  mer,  Galatie.  Chez  les  Grecs,  le  nom  de  l'ensemble  du 
pays  est  Celtique  (1).  » 

On  voit  que  Denys  réunissait  sous  le  nom  de  Celtique  la 
Gaule  et  la  Germanie.  D'après  lui,  l'invasion  celtique  en 
Italie  fut  causée  par  un  Etrusque,  Arruns,  lequel,  pour  se 
venger  de  Lucumon  qui  avait  séduit  sa  femme,  engagea  les 
Gaulois  d'au  delà  des  Alpes  à  venir  s'installer  en  Italie.  Il 
conduisit  chez  les  Gaulois  des  chariots  chargés  de  vin, 
d'huile  et  de  figues.  Ceux-ci  prirent  tant  de  goût  à  ces 
bonnes  choses  qu'ils  n'eurent  bientôt  plus  qu'un  désir, 
celui  de  pénétrer  au  plus  tôt  dans  le  pays  où  on  les  récol- 
tait (2).  L'expédition  des  Gaulois  qui  prirent  la  ville  de 
Rome  eut  lieu  sous  l'arphontat  de  Pyrgion,  la  première 
année  de  la  quatre-vingt-dix-huitième  olympiade  (3). 

Trogue  Pompée,  abrégé  par  Justin,  raconte  ainsi  les  in- 
vasions gauloises  :  «  Les  Gaulois,  dont  la  population  était 
si  nombreuse  que  leur  territoire  natal  ne  pouvait  plus  les 
nourrir,  avaient  envoyé  trois  cent  mille  d'entre  eux  cher- 
cher des  habitations  nouvelles  dans  des  pays  étrangers. 
Les  uns   s'arrêtèrent  en  Italie,  prirent  Rome  et  l'incen- 


(1)  Antiquités  romaines,  xiv,  1.  Cf.  Plutarque,  Marins,  11. 

(2)  Antiquités  romaines,  xiii,  10-11  (14-17).  Cf.  Plutarque, 
Camille,  17. 

(3)  Antiquités  romaines,  i,  74.  C'est-à-dire  en  388  av.  J.-C. 


416  TROGUE    POMPÉE 

dièreut  :  d'autres,  guidés  par  le  vol  des  oiseaux,  péné- 
trèrent en  Illyrie  et,  après  avoir  massacré  les  barbares, 
s'établirent  en  Pannonie.  Ce  peuple  rude,  audacieux  et 
guerrier,  franchit,  le  premier  après  Hercule,  les  sommets 
invincibles  des  Alpes  et  les  lieux  que  le  froid  rendait  ina- 
bordables. Là,  vainqueurs  des  Pannoniens,  pendant  de 
nombreuses  années  ils  furent  en  guerre  avec  leurs  voisins. 
Encouragés  par  le  succès,  ils  se  divisèrent  en  deux  armées 
et  gagnèrent  les  uns  la  Grèce,  les  autres  la  Macédoine,  dé- 
truisant tout  par  le  fer»  (1).  Dans  un  autre  texte,  Justin 
attribue  l'invasion  des  Gaulois  en  Italie  à  des  discordes 
intestines,  à  une  anarchie  perpétuelle,  et  constate  que  le 
résultat  de  cette  invasion  fut  l'expulsion  des  Etrusques  (2). 
La  mention  de  l'invasion  gauloise  en  Italie  coïncide  si  exac- 
tement dans  les  idées  et  les  termes  avec  le  texte  de  Tite 
Live  qu'elle  a  sans  doute  la  même  source  (3).  C'est  lorsque 
la  paix  eut  succédé  à  de  nombreuses  guerres  des  Grecs  de 
Marseille  contre  les  Ligures  et  les  Gaulois  que  les  envoyés 
marseillais,  revenant  de  Delphes  où  ils  avaient  porté  des 
présents  à  Apollon,  apprirent  la  prise  et  l'incendie  de 
Rome  par  les  Gaulois  (4). 

Après  l'expédition  contre  Delphes  et  la  mort  deBrennus, 
une  partie  des  Gaulois  se  réfugia  en  Asie  ;  d'autres  gagnè- 
rent la  Thrace,  d'où  ils  se  dirigèrent  vers  leur  patrie  par  le 
chemin  qu'ils  avaient  suivi  pour  venir  en  Grèce.  Quelques- 
uns  s'arrêtèrent  au  confluent  du  Danube  et  de  la  Save,  et  se 


(1)  Justin,  xxiv,  4.  Cf.  xxiv,  5-8  :  xxxii,  3. 

(2)  Justin,  xx,  5. 

(3)  S.  Reinach,  Les  Celtes  dans  les  vallées  du  Pô  et  du  Danube, 
p.  209. 

(4)  Justin,  xliii,  5,  8.  Cf.  Pausanias,  x,  18,  7. 


l'empire  celtique  417 

firent  appeler  Scordisci.  Un  grand  nombre  de  Tectosages 
pénétrèrent  en  Ulyrie  et,  après  avoir  pillé  ce  pays,  s'établi- 
rent en  Pannonie  (1). 

Pour  Strabon,  les  Celtes  d'Italie  sont  sortis  du  pays  d'au 
delà  des  Alpes  (2).  Des  éléments  celtiques  sont  mêlés  aux 
populations  germaniques,  illyriques  et  thraces  d'en  deçà 
ristros  (3).  Les  Autariatae,  qui  étaient  le  peuple  le  plus 
nombreux  et  le  plus  vaillant  de  l'illyrie,  furent  soumis 
d'abord  par  les  Scordisci,  peuple  celtique,  et  plus  lard  par 
les  Romains,  sous  les  attaques  desquels  les  Scordisci, 
longtemps  puissants,  tombèrent  à  leur  tour  (4).  Les  Ga- 
lates  ont  occupé  l'Asie-Mineure  après  avoir  longtemps  erré 
et  fait  des  incursions  dans  les  pays  soumis  aux  rois  de  Per- 
game  et  de  Bithynie  (5).  La  facilité  des  migrations  gauloises 
s'explique  par  leur  caractère.  Dans  leurs  expéditions,  ils 
marchaient  tous  à  la  fois,  ou  plutôt,  se  transportaientailleurs 
avec  leurs  familles  toutes  les  fois  qu'ils  étaient  chassés  par 
des  ennemis  supérieurs  en  force  (6). 

Plutarque  donne  pour  causes  de  l'invasion  des  Gaulois 
en  Italie  l'excès  de  populjition  et  le  manque  de  ressources 
de  leur  pays.  Au  nombre  de  plusieurs  myriades  d'hommes 
jeunes  et  braves,  avec  beaucoup  de  femmes  et  d'enfants, 
ils  se  divisèrent  en  deux  troupes.  Les  uns  franchirent  les 
monts  Rhipées,  se  répandirent  vers  l'Océan  boréal  et  occu- 
pèrent les  extrémités  de  l'Europe  ;  les  autres,  s'étant  éta- 
blis entre   les  monts   Pyrénées  et  les  Alpes,  habitèrent 

(1)  Justin,  xxxii,  3. 

(2)  Géographie,  iv,  4,  1. 

(3)  Géographie,  vu,  1,  1  ;  3,  2. 

(4)  Géographie,  vu,  5,  11.  Cf.  Tite  Live,  Epit.,  lxiii. 

(5)  Géographie,  xii,  5,  1. 

(6)  Géographie,  iv,  4,  2. 

G.  DoTTiN.  —  Manuel  de  l'antiquité  celtique.  27 


418  APPIRN 

longtemps  près  des  Senones  et  des  Celtorii.  Ce  fut  plus 
tard,  qu'après  avoir  goûté  du  vin  d'Italie,  ils  envahirent  le 
pays  qui  produisait  un  tel  breuvage  (1). 

D'après  Florus,  c'est  des  derniers  rivages  de  la  terre  et 
de  l'Océan  qui  entoure  tout  (2)  que  partirent  en  grande 
foule  les  Senons  ;  et,  après  avoir  ravagé  les  pays  situés  sur 
leur  passage,  ils  s'établirent  entre  les  Alpes  et  le  Pô  et  de 
là  se  répandirentdans  toute  l'Italie  (3).  Les  Gallo-grecs  (Ga- 
lates  d'Asie)  sont  les  restes  des  Gaulois  qui  sous  la  conduite 
de  Brennus  avaient  dévasté  la  Grèce  (4). 

Denys  le  Périégète  place  les  Celtes  après  les  Ibères  et  les 
Pyrénées,  près  des  sources  del'Eridan  aux  belles  eaux.  Les 
enfants  des  Celtes,  assis  sous  les  peupliers,  sur  les  bords  de 
ce  fleuve,  recueillent  les  larmes  de  l'ambre  (o). 

Dans  les  livres  IV  et  VI  de  l'histoire  romaine  d'Appien, 
il  est  question  des  premières  migrations  des  Celtes.  Entre 
392  et  389  avant  Jésus  Christ,  une  bonne  partie  des  Celtes 
qui  habitaient  auprès  du  Rhin  se  mirent  à  la  recherche 
d'un  autre  pays,  leur  terre  ne  suffisant  pas  à  leur  multi- 
tude ;  ils  franchirent  les  Alpes  et  attaquèrent  les  habitants 
de  Clusium  (5).  Appien  pense  que  les  Celtes  ont  jadis  passé 
les  Pyrénées  et  ont  habité  avec  les  premiers  occupants  de 
la  péninsule;  de  là  est  venu  le  nom  des  Celtibères  (7). 


(1)  Camille,  15.  Cf.  Pli>;e,  Histoire  naturelle,  xii,  2,  5.  ; 
C.  JuLLiAN  regarde  ce  récit  de  Plutarque  comme  la  narration, 
intervertie  chronologiquement,  de  la  migration  des  Belges,  His- 
toire de  la  Gaule,  t.  i,  p.  287,  note. 

(2)  Cf.  TiTE  LivE,  V,  37,  2.  Juvénal,  xi,  113. 

(3)  Histoire  romaine,  i,  13. 

(4)  Histoire  romaine,  ii,  11. 

(5)  V.  288-293.  Geographi  grœci  minores,  t.  ii,  p.  117, 

(6)  Histoire  romaine,  iv,  2. 

(7)  Histoire  romaine,  vi,  2, 


l'empire  celtique  419 

Pausanias  nous  rapporte  les  invasions  celtiques  en 
Grèce  (1).  Il  distingue  trois  grandes  expéditions.  La  pre- 
mière, sous  la  conduite  de  Gambaulos,  fut  une  sorte  de 
razzia  en  Thrace  ;  les  Celtes,  peu  nombreux,  n'osèrent  pas 
aller  plus  loin  parce  qu'ils  reconnurent  qu'ils  n'étaient  pas 
de  force  à  lutter  contre  les  Grecs.  La  seconde  fut  une  inva- 
sion simultanée  de  la  Thrace  par  Kéréthrios,  de  la  Péonie 
par  Brennos  et  Atichôrios,  de  la  Macédoine  et  de  l'IUyrie  par 
Bolgios  (Belgios).  Après  avoir  défait  les  Macédoniens,  les 
Celtes  retournèrent  dans  leur  pays.  La  troisième,  com- 
mandée par  Brennos,  commença  par  l'envahissement  de  la 
Macédoine;  de  Macédoine,  les  Celtes  se  dirigèrent  parla 
Thessalie  vers  la  Grèce  centrale.  Après  avoir  vainement 
essayé  de  pénétrer  en  Grèce  par  le  Sperchios  et  par  l'Oeta, 
ils  se  divisèrent  en  deux  corps.  L'un  remonta  vers  le  nord, 
envahit  l'Etolie  et  fut  repoussé  par  les  Etoliens.  L'autre 
contourna  les  Thermopyles  et  arriva  devant  Delphes,  où 
les  Grecs  coalisés  lui  causèrent  de  grandes  pertes.  Les 
Celtes  battirent  en  retraite  V3rs  le  Sperchios,  mais  ils 
furent  assailhs  par  les  Tbessaliens  et  pas  un  seul  d'entre 
eux  ne  retourna  sain  et  sauf  dans  leur  pays.  Du  pays  d'oii 
partirent  les  Celtes,  Pausanias  ne  nous  dit  rien  ;  il  les  dé- 
signe seulement  dans  un  passage  par  la  périphrase  «  les 
barbares  de  l'Océan  (2)  »  to'j;  i-zb-zoZ  'iiy.savovi  pappâpcjç,  et 
ailleurs  il  nous  dit  que  les  Gaulois  (raÀâTat)  habitent  aux 
extrémités  de  l'Europe,  près  d'une  vaste  mer  dont  les  na- 


(1)  Description  de  la  Grèce,  x,  19-23.  Cf.  Justin,  xxiv,  4-8  ; 
DioDORE,  XXII,  9,  1.  ;  F.  P.  Garofalo,  Revue  des  études  grec- 
ques, t.  XIII,  p.  456. 

(%)  Description  ^e  la  Grèce^  x,  20,  3,  Voir  plus  haut,  p.  418, 
notes  2  et  3. 


420  PAUSANIAS 

vires  ne  peuvent  atteindre  les  limites  ;  elle  présente  un  reflux, 
des  brisants  et  des  monstres  qui  ne  ressemblent  en  rien  à 
ceux  qu'on  voit  dans  les  autres  mers  ;  à  travers  leur  pays 
coule  l'Eridan  près  duquel  on  croit  que  les  filles  du  Soleil 
gémissent  sur  le  malheur  de  Phaéthon,  leur  frère  (i). 

Que  retenir  de  ces  nombreux,  et  souvent  peu  précis  té- 
moignages des  écrivains  grecs  et  latins  sur  les  anciens 
Celtes  1  Surtout  l'idée  que  la  domination  celtique  n'est  pas 
limitée  à  la  Gaule  transalpine  et  cisalpine  et  à  la  Celtibérie, 
mais  que  les  Celtes  ont  été  établis  aussi  au  nord-ouest  et 
au  centre  de  l'Europe.  De  plus,  les  historiens  anciens  nous 
ont  conservé  le  souvenir  de  migrations  des  Celtes  en  Es- 
pagne, en  Italie,  en  Germanie,  en  Grande-Bretagne,  en 
Thrace  et  en  Asie-Mineure.  Il  importe  d'examiner  mainte- 
nant si  les  notions  fournies  par  l'archéologie  et  la  linguis- 
tique s'accordent  avec  ces  données  historiques. 


II 


Dans  tous  les  pays  où  ils  se  sont  établis  à  demeure,  les 
Celtes  ont  laissé  des  traces  :  les  unes  anonymes,  comme 
les  objets  que  l'on  retrouve  dans  les  sépultures  de  l'Autriche 
et  de  la  France  orientale  ;  les  autres,  que  la  linguistique 
peut  reconnaître,  comme  les  noms  de  lieux  et  de  personnes 
conservés  dans  les  textes  ou  les  inscriptions. 

La  civilisation  de  Ilallstatt  comprendrait,  d'après 
MM.  Iloernes  (2)  et  Déchclette  (3),  quatre  groupes  distin- 

(1)  Description  de  la  Grèce,  i,  3,  G.  Cf.  Horace,  Odes,  iv,  14, 
47-48. 

(2)  Die  Hallstatt  période,  Archii'  jûr  Anthropologie,  1905j 
p.  278  ;  Kultur  der  Urzeit,  m  ;  Eisenzeit,  1912,  p.  54. 

(3)  Manuel  d'archéo]ogie,  t.  ii,  p.  549,  589. 


4 

1 


l'empire  celthjue  421 

gués  par  la  céramique  et  les  fibules  :  un  groupe  adria- 
tique  (1)  ou  illyrien  comprenant  la  Carniole,  la  Slyrie 
méridionale,  la  Carinthie  méridionale,  la  Bosnie-Herzégo- 
vine, la  Croatie  et  une  partie  du  littoral  ;  un  groupe  danu- 
bien (2)  comprenant  la  Carintbie  et  la  Styrie  septentrionale, 
la  Hongrie  occidentale,  la  Basse  et  la  Haute  Autriche,  la 
Bohème  et  la  Moravie  méridionales  ;  un  groupe  de  l'Elbe- 
Oder  (3),  ou  germanique,  comprenant  le  Haut  Palatinat,  la 
Bohême  et  la  Moravie  septentrionales,  la  Silésie  et  Posen  ; 
un  groupe  rhéno-rhodanien    4),  Allemagne  du  Sud  et  de 

(1)  S.  Reinach,  Fouilles  dans  les  nécropoles  de  Watsch  et 
Sanct  Margarethen  en  Carniole,  Esquisses  archéologiques,  p.  52- 
71.  Revue  archéologique,  t.  ii  (1883),  p.  265  ;  F.  von  Hochs- 
TETTER,  Die  neuesten  Gràberfunde  von  Watsch  und  St.  Marga- 
rethen und  der  Culturkreis  der  Rallstatter-Periode,  Wien,  1883, 
Cf.  Matériaux  pour  l'histoire  de  l'homme,  t.  xviii  (1884),  p.  167- 
172  (fig.)  ;  Marcuesetti,  La  nécropole  préhistorique  de  Santa- 
Lucia    (La  Nature,   1907,   ii,   p.   395). 

(.')  F.  DE  PuLszKY,  Monumer.ts  de  la  dorvinaticn  celtique  en 
Hongrie,  Revue  archéologique,  t.  xxxviii  (1879),  p.  158-172, 
211-222,  265-275  (fig.)  ;  Hoernes,  La  paléoethnologie  en  Au- 
triche-Hongrie, Revue  cl' anthropologie,  t.  m  (1888),  p.  333-347. 

(3)  M.  ZiMMER,  Die  bemalten  thongefàsse  Schlesiens.  Cf.  Dé- 
CHELETTE,  Manucl  d'archéologie,  t.  ii,  p.  821. 
'  (4)  J.  Naue,  L'époque  de  Hallstatl  en  Bavière,  Revue  archéolo- 
gique, t.  XXVII  (1895),  p.  40-77  ;  Nouvelles  trouvailles  préhistori- 
ques dans  la  Haute-Bavière, L'Anthropologie,  t.  viii  (1897),  p.  641  ; 
M.  PiRouTET,  Contribution  à  l'étude  du  premier  âge  du  jer  dans 
les  départements  du  Jura  et  du  Doubs,  L'Anthropologie,  t.  xi 
(1900),  p.  369-400  ;  cf.  t.  xiv,  p.  692-698  ;  A.  Castan,  Les  tombelles 
celtiques  du  massif  d'Alaise,  Revue  archéologique,  t.  xv  (1858), 
p.  298-313  ;  589-612  (pi.  337,  338,  348,  349)  ;  t.  i  (1860),  p.  325- 
336  (pi.  xii,  xiii)  ;  Dictionnaire  archéologique  de  la  Gaule,  p.  370  ; 
ViOLLiER,  Essai  sur  les  rites  funéraires  de  la  Suisse,  Bibliothèque 
de  l'Ecole  des  Hautes-Etudes,  Sciences  religieuses,  t.  xxiv,  1911  ; 
CoMHAiRE,  Les  premiers  âges  du  métal  dans  les  bassins  de  la 
Meuse  et  de  l'Escaut,  Bulletin  de  la  Société  d'anthropologie  de 
Bruxelles,  t.  xiii,  1894-1895  ;  J.  Déchelette,  Essai  sur  la 
chronologie  préhistorique  de  la  péninsule  ibérique,  Revue  archéolo- 
gique, t.  XII  (1908),  p.  219,  390  ;  t.  xiii  (1909),  p.  15, 


422 


HALLSTATT 


rOuest,  Suisse  du  Nord,  France  orientale  et  méridionale, 
Bourgogne,  Franche-Comté,  Lorraine,  Savoie,  Dauphiné, 
Provence,  Espagne  occidentale.  Elle  n'apparaît  qu'à  peine 
dans  l'Italie  du  nord  (1)  ;  le  nord  et  l'ouest  de  la  France  (2)  ; 
les  Iles  Britanniques,  la  Scandinavieet  l'Allemagne  du  Nord, 
où  l'âge  du  bronze  a  duré  jusque  vers  500  av.  J.-G.  (3). 
A  sa  phase  la  plus  ancienne,  elle  s'est  développée  surtout 
chez  les  peuples  illyriens. 

Bien  que  la  civilisation  de  La  Tène  présente,  en  son  en- 
semble, plus  d'unité  que  la  civilisation,  assez  disparate,  de 
Hallstatt,  on  peut,  après  M.  Déchelette,  y  distinguer  trois 
provinces  géographiques,  caractérisées  surtout  par  la  forme 
des  épées.  La  première  comprendrait  la  Gaule  (4),  lAUe- 
magne  du  Sud  (5).  la  Bohême,  la  Moravie,  la  Hongrie  (6), 

(1)  MoNTELius,  La  cii'ilisation  primitive  en  Italie,  Italie  sep- 
tentrionale, 1895  ;  Chantre,  Etudes  sur  quelques  nécropoles 
hallstattiennes  de  l'Autriche  et  de  l'Italie,  Matériaux  pour  l'his- 
toire de  l'homme,  t.  xviii  (1883),  l.  i,  p.  127  ;  120-140  ;  305-318. 

(2)  Déchelette,  Manuel  d'archéologie,  t.  ii,  p.  552. 

(3)  DÉCHELETTE,  Mttnuel  d'archéologie,  t.  ii,  p.  588.  Cf.  556. 

(4)  On  trouvera  une  carte  des  nécropoles  de  la  Marne  chez 
DÉCHELETTE,  Manucl  d'orchéologie,  t.  n,  p.  1018,  et  un  inven- 
taire, t.  II,  appendices  v  et  vi  ;  voir  Revue  archéologique,  t.  xiv 
(1866),  p.  22-34  (pi.)  ;  t.  xxxiv  (1877),  p.  40-46  (pi.)  ;  212-216  ; 
t.  VI  (1885),  p.  70-78;  le  Dictionnaire  archéologique  de  la  Gaule, 
époque  celtique,  planches  ;  L.  Morel,  La  Champagne  souter- 
raine, Reims,  1898  ;  Revue  archéologique,  t.  xiv,  (1866),  p.  23- 
34  (pi.).  Sur  l'âge  de  la  Tène  en  Franche-Comté,  voir  M.  Pi- 
ROUTET,  L'Anthropologie,  t.  xiv  (1903),  p.  698-701  ;  Déche- 
lette, Manuel  d'archéologie,  t.  n,  p.  1082-1086.  Voir  aussi 
Matériaux  pour  l'histoire  de  l'homme,  t.  vi  (1870),  p.  269-279  ; 
t.  VIII  (1873),  p.  30-37  ;  t.  xv  (1880),  p.  191-201  (fig.)  ;  t.  xix 
(1885),  p.  521-523. 

(5)  Déchelette,  Manuel  d'archéologie,  t.  ii,  p.  1071-1075. 
(b)   HoERNEs,  L'époque  de  la   Tène  en   Bosnie,   Paris,  1900; 

F.  DE  PuLszKY,  Monuments  de  la  domination  celtique  en  Hongrie, 
Revue  archéologique,  t.  xxxviii  (1879),  p.  158  ;  Déchelette, 
Manuel  d'archéologie,  t.  ii,  p.  1098-1100. 


i 


L  EMPIRE    CELTIQUE 


423 


l'italie  du  Nord  (1)  et  lEspagne  du  Nord  (2)  ;  les  trois 
phases  de  la  civilisation  de  La  Tène  y  sont  intégralement 
représentées.  La  seconde,  qui  ne  se  manifeste  guère  qu'à  la 
fin  ce  La  Tène  I  et  qui  a  son  complet  développement  à 
l'époque  de  La  Tène  III,  comprendrait  les  Iles  Britan- 
niques (3).  La  troisième,  qui  commence  à  La  Tène  II,  com- 
prendrait l'Allemagne  du  Nord  (4),  le  Danemark  et  la 
Suède '5).  Elle  semble  d'abord  s'être  implantée  en  Europe 
partout  où  les  Celtes  ont  porté  leurs  armes,  puis,  à  partir 
du  m®  s-ècle,  s'être  répandue  de  proche  en  proche  chez  les 
Germains  du  Nord-Est  de  lAUemagne  et  de  la  Scandina- 
vie (6). 

Les  oppida  et  les  castella  de  La  Tène  III,  dont  on  peut 
comparer  la  civilisation  à  ceux  de  Gaule  sont,  outre  celui 
de  Strad^nitz  en  Bohême,  Manching  près  Ingolstadt  et 
Karlstein  près  Reichenliall  en  Haute  Bavière,  Velem  St. 
Veit  en  Steinamanger  (Hongrie),  Gerichstetten  (Bade), 
Gurina  (Carinthie).  La  construction  en  pierres  et  en  bois 

(1)  ]MoNTELius,  La  civilisation  primitive  en  Italie,  t.  i,  pi.  112  ; 
A.  J3ertrand,  Archéologie  celtique  et  gauloise,  p.  359  ;  G.  de 
McRTiLLET,  Revue  archéologique,  t.  xxii  (1871),  p.  288  ;  Déche- 
LEiTE,  Manuel  d'archéologie,  t.  ii,  p.  1087-1097. 

(2)  Déchelette,  Manuel  d'archéologie,  t.  ii,  p.  1100-1102. 

(3)  RoMiLLV  Allen,  Notes  on  late  Celtic  art,  geographical 
distribution  of  the  finds  of  ohjects  of  the  late  Celtic  period,  Archseo- 
logia  Cambrensis,  t.  xiii  (1896),  p.  220,  325  ;  Wood-Martin, 
Pagan  Ireland,  London,  1895  ;  Munro,  Prehistoric  Scotland  and 
ils  place  in  European  civilisation,  Edinburgh,  1899  ;  R.  Allen, 
Celtic  Art  in  pagan  and  Christian  times,  London,  1905  ;  Déche- 
lette, Manuel  d'archéologie,  t.  ii,  p.  1102-1105  ;  Read  and 
Smith,  Guide  to  British  Muséum,  Early  iron  âge  ;  Greewell, 
British  Barrows. 

(4)  Déchelette,  Manuel  d'archéologie,  p.  1076  (fig.). 

(5)  Déchelette,  Ihid.,  p.  1077  (fig.)  ;  Montelius  et  S.  Rei- 
NACH,  Les  temps  préhistoriques  en  Suède,  Paris,  1895. 

(6)  Déchelette,  Manuel  d'archéologie,  t.  ii,  p.  921-928. 


424  LA    TÈNE 

caractéristique  des  oppida  gaulois  se  trouve  à  HastedJn 
(Namur),  Altkônig  (Nassau),  Zarten  près  Fribourg-en-B*is- 
gau,  Burghead  et  Abernethy  (Ecosse)  (1). 

Aucune  de  ces  deux  civilisations  n'est  exclusivenent 
limitée  aux  pays  reconnus  comme  celtiques  par  les  iisto- 
riens.  D'ailleurs,  les  deux  aires  ne  coïncident  pas  ecacte- 
ment.  Si  nous  comparons  leur  extension  dans  ui  pays 
incontestablement  celtique,  la  Gaule,  nous  pouvonn  même 
remarquer  quelles  sont  juxtaposées  plutôt  que  méjugées. 
Ainsi  on  a  constaté  la  civilisation  hallstattienne  surtout  en 
Bourgogne,  en  Franche-Comté,  en  Savoie,  en  Dauphiné, 
dans  la  région  pyrénéenne  et  le  Tarn,  dans  le  Beiry  ;  —  et 
la  civilisation  de  la  Tène,  surtout  en  Champagne^  dans  le 
Bas-Daupliiné,  dans  le  Forez  et  l'Ardèche,  dans  les  oppida 
de  Bibracte,  Alesia,  Murcens  (Lot),  et  d'autres  moins  im- 
portants  (Voir  p.  43-44). 

Si  l'on  compare  les  résultats  de  l'histoire  aux  données 
de  l'archéologie,  on  remarque  qu'ils  ne  concordent  pas 
complètement.  La  civilisation  de  Hallstatt  semble  anté- 
rieure à  l'époque  où  nous  avons  sur  les  migrations  des 
Celtes  des  témoignages  précis  et  détaillés  (2).  Les  périoles 
de  la  civilisation  de  la  Tène  comprennent  trois  siècles  de 
l'histoire  des  Celtes,  depuis  la  prise  de  Rome  jusqu'à  k 
conquête  de  la  Gaule  par  César.  Mais,  dans  le  détail,  les 
données  de  l'archéologie  ne  s'appliquent  pas  toujours  à  ce 
que  nous  savons  des  Celtes  de  l'histoire. 


(1)  Déchelette,  Manuel  d'archéologie,  t.  ii,  p.  969,  992. 

(2)  M.  C.  Jullian  attribue  la  civilisation  de  Hallstatt  aux 
Sigynnes  dont  l'empire  aurait  été  renversé  par  les  Celtes.  Revue 
des  études  anciennes,  t.  viii,  p.  119-122  ;  Histoire  de  la  Gaule, 
1. 1,  p.  370  n. 


l'empire  celtique  425 

La  première  période  de  la  Tène,  du  iv"  au  ni"  siècle,  est 
celle  à  laquelle  appartiennent  les  cimetières  de  la  Cham- 
pagne ;  or  les  hommes  dont  les  restes  ont  été  inhumés  dans 
ces  cimetières  ne  sont  pas  les  Belges  tels  que  l'histoire 
nous  les  fait  connaître;  ils  inhument  leurs  morts  ;  ils  ont 
des  chars  de  guerre;  ils  ne  connaissent  pas  les  monnaies  ; 
ils  emploient  le  corail  ;  leurs  épées  de  fer  sont  d'un  type 
plus  ancien  que  les  épées  gauloises  que  l'on  a  découvertes 
à  Alesia  (1).  Les  Belges  de  César  n'ont  laissé  que  de  pauvres 
sépultures  à  incinération  de  l'époque  de  la  Tène  III. 

La  deuxième  période,  du  ni''  à  la  fin  du  ii°  siècle,  à  la- 
quelle appartient  la  station  même  de  la  Tène,  se  rapporte- 
rait à  une  époque  où  les  Helvètes  n'étaient  peut-être  pas  en- 
core venus  dans  le  pays  qu'ils  occupaient  à  l'arrivée  de  Cé- 
sar. 

La  troisième  période,  qui  comprend  le  premier  siècle  et 
qui  est  représentée  par  les  oppida  de  la  Gaule,  est  la  seule 
pour  laquelle  on  peut  faire  coïncider  les  résultats  de  l'ar- 
chéologie et  ceux  de  l'histoire. 

Nous  pouvons  retenir  des  indications  de  l'archéologie 
deux  importantes  hypothèses  :  des  deux  civilisations  aux- 
quelles on  rattache  les  Celtes,  Tune  semble  avoir  eu  pour 
point  de  départ  l'Europe  Centrale,  d'où  elle  aurait  rayonné 
à  quelque  distance  à  l'Est  et  à  l'Ouest  ;  l'autre  aurait  peut- 
être  eu  pour  foyer  le  Nord-Est  de  la  Gaule  d'où  elle  se  se- 
rait répandue  sur  toute  l'Europe  occidentale,  orientale  et 
septentrionale. 

(1)  S.  Reinacii,  Catalogue  sommaire  du  musée  des  antiquités 
nationales,  3*^  éd.,  p.  162-163  ;  Déchelette,  Manuel  d'archéo- 
logie, t.  II,  p.  578  ;  C.  JuLLiAN,  Histoire  de  la  Gaule,  t.  ii,  p.  171, 
n.  2,  ne  considère  pas  ces  arguments  comme  probants. 


426 


■DUNUM 


III 


La  linguistique  ne  permet  pas  de  distinguer  plusieur 
couches  successives  de  traces  des  Celtes.  Les  noms  de  lieux 
que  l'on  regarde  comme  celtiques  sont  des  noms  composés 
dont  le  second  terme  e&t-(lunum,-nemetum,  -magus,  -briga, 
-ritum,  -darum.  Ils  ne  sont  pas  tous  celtiques  au  même  de- 
gré de  vraisemblance.  Mais  aucun  indice  linguistique  ne 
nous  conduit  aies  classer  chronologiquement  1;,  bien  que, 
vraisemblablement,  les  fondations  des  villes  celtiques  ne 
soient  pas  contemporaines. 

-dunum 

Le  second  terme  de  noms  de  lieux  le  plus  incontestable- 
ment celtique,  puisque  non-seulement  il  s'explique  par  les 
langues  celtiques  modernes,  mais  encore  nous  a  été  trans- 
mis et  traduit  par  les  anciens,  est  -dunum. 

On  trouve  des  noms  en  -dunum  dans  l'Europe  centrale, 
la  Gaule,  la  péninsule  ibérique,  l'Italie  du  nord,  ia  Grande- 
Bretagne  et  l'Irlande. 

Certains  noms  se  trouvent  à  la  fois  dans  plusieurs  pays  : 

Cambo-dunum  est  l'ancien  nom  de  Slack.  comté  d'York 


(1)  Sur  ces  noms  consulter  H.  d'Arbois  de  Jubain ville, 
Les  premiers  habitants  de  l'Europe,  2^  éd.,  t.  ii,  p.  256-270  ; 
E.  Des  JARDINS,  Géographie  historique  et  administrative  de  la 
Gaule  romaine,  t.  ii  et  iv  ;  Longnon,  Atlas  historique  de  la 
France  ;  Géographie  de  la  Gaule  au  IV'^  siècle,  Paris,  1878  ; 
Thomas  ^VHIGIIT,  The  Celt,  the  Roman  and  the  Saxon,  4^  éd., 
London,  1885.  Nous  les  donnons  sous  leur  forme  latinisée. 


l'empire  celtique  427 

en  Angleterre  {Itinéraire  d'Antoni?i,  468,  6  ;  Ptolémée,  II, 
3,  10  écrit  KajjiouXôSojvov)  et  de  Kempten  en  Bavière  (Stra- 
bon,  IV,  6,  8). 

Carro-dunmn  désigne  Karnberg  en  Bavière  (Ptol.  II,  12, 
4)  ;  —  Krappvitz  en  Silésie  (Ptot.  II,  11,  14)  ;  —  Pitoraaza 
en  Croatie  (Ptol.  II,  14,  4)  ;  —  une  ville  dont  l'emplacement 
exact  n'a  pas  été  retrouvé,  mais  qui  devait  être  située  près 
du  Dniester  et  des  côtes  de  la  mer  Noire  (Ptol.  III,  5, 
15). 

Ebiiro-dummi,  Embrun  (Strabon.  IV,  i,  3),  en  France  ; 
—  Yverdun,  Vaud,  Suisse  (Table  de  Peutinger);  —  Briinn, 
Moravie,  Autriche  (Ptol.  II,  11,  14). 

Sego-dunum,  Rodez  en  France  (Ptol.  II,  7, 12)  ;  —  Burg- 
sinn  en  Bavière  (Ptol.  II,  11,  14),  est  sans  doute  le  même 
nom  que  Sege-dunum  Walls-end,  comté  de  Northumber- 
land,  Angleterre  [Noiitia  dignitatum  occ,  40,  33),  et  Seo- 
dunum,  Suin,  Saôue-et-Loire,  nom  conservé  dans  des  textes 
du  moyen-âge. 

Viro-dunum  est  commun  à  Verdun,  France  (Itin.  Ant. 
364,  3)  ;  —  Verduno  en  Piémont  (charte  de  1014)  ;  —  Cf. 
Verdunum,  Verdù  en  Catalogiie  ;  Berdun  en  Aragon  (di- 
plômes de  1183,  1258)  ;  et  se  trouve  comme  premier  terme 
dans  Wirtin-berg,  ancien  nom  du  Wurtemberg. 

Uxello-dunum  près  de  Cahors,  France  (Hirtius,  VIII,  32; 
40  ;  43)  ;  Eltenborough,  Gumberland,  Angleterre  {Corpus 
inscriptionum  latinarum,  t.  VII,  n"  1291,  p.  84,  85). 

Cala-dimum,  Gala,  province  de  Tras-os-montes  en  Por- 
tugal (Ptol.  II,  6,  38),  est  peut-être  aussi  le  nom  ancien 
de  Ghàlons,  Mayenne,  écrit  dans  les  chartes  du  moyen-àge 
Caladunniim,  Caladon. 

Liigii-dunum,  Lug-diinum,  Lyon,  Rhône  (Strab.  IV,  1, 1. 


428  -DUNUM 

Dion  Cassius,  XL VI,  50,  5;  CI.  L.  X,  6087)  ;  —  Saint- 
Bertrand  de  Comminges,  Haute-Garonne,  en  France  (Strab. 
IV,  2,  1)  ;  —  Lug-diinnin,  Leyde  dans  les  Pays-Bas  (Ptol. 
II,  9,  1)  ;  —  Lugi-diwum,  Liegnitz  dans  la  Silésie  prus- 
sienne (Ptol  II,  11,  13).  On  peut  y  ajouter  Laon  (Aisne)  et 
Loudon  en  Parigné  l'Evêque  (Sarttie)  que  des  textes  du 
moyen-âge  nomment  Lugdimum,  Lucdunum. 

Taro-diiniim,  Zarten,  Bade  (Ptol.  II,  11,  15)  est  peut-être 
le  même  nom  que  Tauro-danum  (Grégoire  de  Tours,  His- 
toria  Frnncorum,  IV,  24)  dans  le  canton  de  Vaud,  Suisse. 

Novio-dunum,  ville  des  Suessiones  (César,  II,  12,  2)  ; 
des  Bituriges  Cubi  César,  Vil,  12,  2)  ;  Xevers  (VII,  55,  1)  ; 
Jublains,  Mayenne  Ptol.  Il,  8,  7)  ;  —  Isaktcha,  Roumanie 
(Ptol.  III,  10,  2)  ;  —  Nycn,  Suisse  (JSotitia  Galliarum, 
IX,  2)  :  —  pagus  de  Placentia,  Italie  du  Nord  (C.  I.L.,  XI, 
1147,  5,  72)  ;  c"est  peut-être  le  même  nom  que  N evio-diinum 
Dernovo,  Carniole,  Autriche  {C.  I.  L.  III,  3919,  3921  ; 
Ptol.  Il,  14,  4). 

Brano-diimim  peut-être  Brancaster,  Norfolk,  Angleterre 
[Notitia  dignilaium,  occ.  28,  16)  ;  —  Brandon,  Saôneet- 
Loire,  France,  est  appelé  Brandono  dans  une  charte  du 
moyen-âge. 

Mori-dumim  peut-être  Sea ton,  Angleterre  (Géographe  de 
Ravenne,  V,  31)  ;  —  Murten  (1),  Fribourg,  Suisse. 

Bigo-dimnm.  en  Lancastershire,  Angleterre  (Ptol.  II,  3, 
10)  ;  Begadomim,  ville  située  près  de  la  Moselle  (dans  une 
charte  du  moyen-âge). 

Bisul-dunum,  Besalù  en  Catalogne,  Espagne  (diplôme  de 


(1)  Cf.  II.  d'Arbois  de  Jubainville,  Revue  celtique,  t.  xxvi, 
p.  383. 


l'empire  celtique  429 

834)  ;  —  Besal-dinmm,  Bézaudun,  Alpes-Maritimes  ;  Be- 
zaudun,  Drôme,  France. 

D'autres  noms  ne  se  rencontrent  que  dans  un  pays  : 

En  France  : 

Acito-dunum,  Aliun^  Creuse  {Table  de  Peiitinger). 

Metlo-dunum,  Melun  (1),  Seine-et-Marne  (César,  VII, 
58,  2). 

Vellauno-dunum,  ville  des  Senons  (Ces.  VII,  11  ;  14). 

En  Suisse  : 

Minno-duîium,  Moudon,  Vaud  {Itin.  Ant.  332,  3). 

En  Allemagne  : 

Lupo-dunum,  Lopo-diinum,  Ladenburg,  Bade  (Ausone, 
Moselle,  423). 

En  Serbie  : 

Singi-dunum,  Belgrade  (Ptol.  III,  9,  3). 

En  Grande-Bretagne  : 

Camulo-dunujn,  Colchester,  Essex  (Pline,  Histoire  nata- 
relie,  II,  77,  187  ;  Tacite,  Annales ,  XII,  32).  Voir  ci-dessus, 
p.  321,  I.  19. 

Margi-dimum,  Bridgeford,  Nottingham  {Itiii.  Ant., 
477,  6). 

Sorvio-dunum,  Sorbio-dunum,  Old  Sarum,  Wilts  {Itin. 
Ant.,  483,  4;  486,  23). 

Peut-être  en  Irlande  : 

*Seno-du?ium,  irl.  Sen-dun,  Shandon.  Cf.  Aoùvov,  nom 
d'une  ville  d'Irlande  chez  Ptolémée  (II,  2,  9.) 

En  Espagne  : 

Esttle-dunum,  Estola,  Andalousie  (Cf.  C.  I.  L.  II,  1601). 


(1)  Cf.  J.  Vendryès,  Le  nom  de  la  ville  de  Melun,  Mémoires 
de  la  Société  de  linguistique  de  Paris,  t.  xiii,  p.  225-230. 


i 


9 


430  -DL'ÎN'CM 

Seben-dunum  en  Catalogne  (Ptol.  II,  6,  70). 

Tous  ces  noms,  bien  qu'ils  ne  nous  soient  le  plus  sou- 
vent connus  que  par  des  documents  du  temps  de  l'empire 
romain  ou  même  du  haut  moyen-âge  peuvent  désigner  des 
fondations  dues  aux  Celtes  ;  leur  premier  terme,  s'il  ne 
peut  pas  toujours  s'expliquer  par  les  langues  celtiques, 
n'est  en  tout  cas  ni  grec,  ni  latin.  Il  n'en  est  pas  de  même 
des  noms  suivants  qui  ont  été  formés,  à  l'imitation  des 
noms  celtiques  en  -dunum,  avec  des  premiers  termes  la-  '*'- 
tins  : 

Caesaro-dumim,  Tours,  France  (Ptol.  II,  8,  11). 

Au gusto 'dunum,  Autun,  France  (Pomponius  Mêla,  III, 
2,  20. 

Duro-,  -dunim. 

Duro-,  -durum  n'a  pas  d'équivalent  exact  dans  les 
langues  celtiques;  car  l'irlandais  dur  «  dur  »,  le  gallois 
dur,  breton  dir  «  acier  »,  gallois  dir  «  force  »,  semblent 
empruntés  au  latin,  et  le  breton  dor,  irlandais  dor-us 
«  porte  »  ont  un  vocalisme  légèrement  différent  (1).  Mais 
on  ne  peut  douter  que  -durum  ne  soit  celtique.  Il  est  en 
effet  facile  de  dresser  une  liste  de  sortes  de  doublets  en 
-dunum,  -magus,  -briga  d'une  part,  en  -durum  d'autre 
part,  dont  les  premiers  termes  sont  identiques. 

(1)  J.  LoTH,  Les  mots  latins  dans  les  langues  brittoniques,  Paris, 
1892,  p.  162.  Re<.'ue  celtique,  t.  xviii,  p.  98  ;  J.  VENDRYÈs.De  hiber- 
nicis  i'ocabulis  qusea  Latinalingua  originem  duxerunt,  Lutctiae, 
1912,  p.  137.  C'est  M.  Meycr-Lùbke  qui  a  proposé  d'expliquer 
durum  parle  vieux-celtique  doro  «  porte  »  (Siztungsberichte  der 
kaiserlichen  Akademie  der  Wissenschaften  in  Wien,  philoso- 
chisch-historische^Classe,  t.  cxliii).  Voir  E.  Philïpon,  Revue 
celtique,  t.  xxx,  p.  73-77.  Cf.  p.  120, 


L  EMPinE    CELTIQUE 


431 


^Melo-dunum 
Rigo-dunum 
Sorvio-dunum 
Augusto-dunum 
Icio-magus 

*Lindo-magus 
Marco -ma giis 
Rigo-magiis 

*Salo-magus 
Turno-magus 
Augusto-magus 
Nemeto-briga 

*  Volo-hriga 

*Salo-briga 
Augusto-briga 


Melo-durum 

Rigo-durum 

Sorvio-diirum 

Aiigasto-diirum 

Icio-durum 

Lindo'diirum 

Marco-durum 

Rigo-durum 

Salo-durum 

Turno-durum 

Augusto-durum 

Nemeto-durum 

Volo-durum 

Salo-durum 

Augusto-durum 


En  France  on  trouve  : 

Autessio-durum,  Anxerre  (Yonne)  {Itin.  Anl.  361,  1  : 
Table  Peut.) 

Brei'io-durum,  Brionne  (Eure)  (Rin.  Ant.  385.  2). 

Brivo-durum,  Briare  (Loiret)  [Table  Peut.)  ;  sans  doute 
aussi  BrieuUes  (Meuse),  dont  le  nom  est  écrit  au  Moyen 
Age  Briodorum. 

Epomanduo-durum,  Mandeure  (Doubs)  (Itin.  Ant.  386, 
4). 

Erno-durum,  Saint-Ambroix  (Cher)  {Rin.  Ant.  460,  3). 

Iblio-durum,  près  de  Rezonville  (Meurthe-et-Moselle) 
{Rin.  Ant.  364,  o). 

Iccio-durum,  Icio-durum,  Yzeures  (Indre-et-Loire)  (Grég. 
de  Tours,  Hist.  Franc.  X,  31)  ;  Issoire  (Puy-de-Dôme)  (Grég. 
de  Tours,  In  glor.  conf.  29). 


432 


■DURUM 


*  Isarno-durum,  Izernore  (Ain)  {Acta  Sand.,  Jan.  I, 
p.  50). 

*  Nemeto-durum,  Nanterre  (Vita  S.  Genovejae,  1),  cf. 
Nemthur,  ancien  nom  gaélique  de  Dunbarton,  Ecosse. 

*  Tiirno-durum,  Tonnerre  (Yonne)  (Fortunat,  Vit.  S. 
Germant,  XXXV,  102). 

Velaiu-durum,  Vellerot-lès-Belvoir  (Doubs)  [Itin.  Ant. 
349,  1). 

Aux  Pays-Bas  : 

Baiavo-durum,  Valkhof  près  Nimègue  (Tacite,  Hist. 
V,  20). 

En  Grande-Bretagne  : 

Lado-duruin  (ms.  Lactodoro)  Towcester,  Northampton- 
shire  {Itin.  Ant.  476,  11). 

En  Allemagne  : 

Boio-dunim,  Innstadt  près  Passau  (Ptol.  II,  12,  4). 

Divo-diinim,  Metz  (Tac.  Hist.  I,  63). 

Marco-diirwn,  Dùren ,  Prusse  Rhénane  {Ta.c.  Hist.  IV,  28). 

Sorvio-darum,  en  Rhétie  (Taft/e  Peut.) 

Venaxamo-diirum ,  en  Rhétie,  {Notitia  Dign.   occ.  33). 

Rigo-dûlam,  Riol,  Prusse  rhénane  (Tac.  Hist.  IV,  71), 
est  sans  doute  pour  Rigo-dunim,  par  suite  de  la  dissimila- 
tion  de  r  (1). 

En  Suisse  : 

Ebo-duruni,\'àx.  Ebradiirum,  Yvorne,  Vaud  (Ptol.  II' 
12,  3). 

Octo-durum,  près  de  Martigny,  Valais  (César,  III,  i). 

Salo-dunim  (ms.  Gano-diirum),  Soleure  (Ptol.  II,  9, 
10). 

(1)  J.  Vendryès,  Mémoires  de  la  Société  de  linguistique  de 
Paris,  t.  XIII,  p.  389. 


l'empire  celtique  433 

Vitu-durum,  (Ober-  Winterthûr,  canton  de  Zurich  {Itin. 
Ant.  251,  5). 

On  trouve  diiro-  employé  aussi  comme  premier  terme  de 
nom  de  lieu  : 

En  France  : 

Duro-corlorum,  Reims  (César.  VI,  44,  i). 

Duro-cat[u]ellaiini,  Châlons-sur-Marne  (/^m.  Afit.  361, 
o). 

En  Grande-Bretagne  : 

Buro-briçae,  Csi&tor,  comté  de  Northampton  {liùi.  Ant. 
475,  1) 

Diiro-brivae  (1),  Rochester,  Kent  {Itin.  Ant.  472, 
3). 

Duro-cobrivae,  ville  de  Grande  Bretagne  {Itin.  Ant.  471, 
2). 

Diiro-cornovium,  Girencester,  Gloucester  [Itin.  /ln^,585, 
5). 

Duro-levum,  Davington,  Kent  {Table  Peut.) 

Duro-vernum,  Ganterbury,  Kent(/im.  Ant.  472,  5). 

D uro-vigùtum  {Geogr.  Rav.  V,  31). 

Daro-litum  (Itin.  Ant.  480,  7). 

En  Bulgarie,  si  toutefois  ce  n'est  pas  un  nom  thrace  : 

Duro-storum,  Duro-stoluni, S'ûislrie  (Ptol.  III,  10,  5). 

A  l'époque  romaine  on  a  créé  : 

Albio-diinim,  Angers,  Seine-et-Marne  (Frédégaire, 
Chron.  IV,  83). 

Augiisto-durum,  Bayeux,  France  {Table  de  Peutin- 
ger. 

(1)  -hriva,  hrivo-  semble  être  la  forme  archaïque  de  hrio 
«  pont  »  [Glossaire  (I'Endlicher),  ci-dessus,  p.  79. 

G.  DoTTiiN.  —  Manuel  de  l'antiquité  celtique.  28 


434  -NEMETUM 


■nemetum 


-nemetum,(\\n.  est  conservé  dans  les  langues  celtiques  mo- 
dernes avec  le  sens  d'  «  enceinte  sacrée  »  (1),  mais  dont  le 
sens  ne  nous  est  donné  que  dans  un  texte  latin  du  VP  siè- 
cle, n'a  formé  qu'un  petit  nombre  de  noms  de  lieux  : 

*Ar-nemetum  d'où  Arnemetici  chez  les  Volcae  Arecomici 
[C.  I.  L.  XII,  2820). 

Tasi-nemetum,  près  de  Klagenfurt  en  Carinti)ie  (Table  de  • 
Peutingcr). 

Fer-7îe/rte/?fm,  lieu  situé  soit  dans  le  diocèse  de  Bordeaux,  ^l 
soit  dans  celui  d'Agen  (Fortunat,  I,  9,  9,  10)  ;  ville  de  £ 
Grande-Bretagne  (/^m.  .4«i.,  479,2).  1 

Medio-fiemetum,  Kirkintilloch  en  Ecosse  (Géographe  de 
Ravenne,  V,  31). 

Ce  dernier  nom  a  peut  être  un  premier  terme  latin  ;  l'ori- 
gine latine  du  suivant  est  certaine  : 

Aiigiisio-nemetum,  Clermont-Ferrand  (Ptol.  II.  7,  12). 

Quelques  noms  ont  pour  premier  terme  JSemeto,  qui  est 
sans  doute  un  nom  d'homme  de  la  même  racine  que  ne-  % 
meioii  : 

Nemeto-diirum,   ms.  Ncmptudoro   (Grégoire   de  Tours, 
Hist.  Franc.  X,  28)  ;  Nemeto-briga  (Ptol .  II,  6,  36)  ;  NemetO'  if' 
iaciuni  (Géogr.  de  Rav.  V,  31). 

■magiis 

i 

Le  second  terme  de  noms  de  lieux  -inagiis  ne  nous  esf*. 

pas  donné  comme  celtique  par  les  auteurs  anciens  ;  mais 
(1)   Voir  plus  haut,  p.  68,  81.  / 


l'empire  celtique  435 

il  s'explique  facilement  par  les  langues  celtiques  modernes. 
Il  est  identique  à  l'irlandais  mag,  en  gallois  ma  «  champ  » 
et  entre,  sous  la  forme  -mag,  dans  la  composition  de  noms 
de  lieux  anciens  en  Irlande,  par  exemple  Find-mag  =  Vin- 
do-magus.  Tandis  que  les  noms  en  -dunum  désignent  des 
forteresses  de  guerre,  les  noms  en  magus  s'appliquent, 
semble-t-il,  à  des  fondations  agricoles  dans  des  pays  pacifiés, 
Peut-être  magus  était-il  équivalent  pour  le  sens  au  latin 
forum  (1). 

N oç>io- fnagus  {var.  Noiomagus),  nom  de  huit  Ailles  de 
France  :  Noyon,  Oise  {Itin.  Ant.  362,  3)  ;  Nijon,  Haute- 
Marne  {Table  Peut.)  ;  chez  les  Vadicasii  (Ptol.  II,  8,  11)  ; 
Nyon,  Drôme  (Ptol.  II,  10.  7)  ;  les  Tourettes  près  Lisieux, 
Calvados  (Ptol.  II,  8,  2  ;  Itin.  Ant.  385,  3)  ;  Saint-Loup. 
Ardennes  (Taô/e  PewL);  peut-être  la  ville  de  Brion,  Gi 
ronde  (Ptol.  Il,  7,  7)  ;  Noyon  sur  Sarthe  (monnaies  méro- 
vingiennes ;  —  Hollywood  hill  près  Bromley,  Kent  (Ptol. 
1, 15, 7)  en  Angleterre  ;  — Nimèguc, Pays-Bas  {Table  Peut.). 
—  Neumagen,  Prusse  Rhénane  {Table  Peut.)  ;  Spire,  Pala- 
tinat  (Ptol.  II,  9,  9),  en  Allemagne. 

Rigo-magus,  vallée  de  Golmars,  Basses- Alpes  {Not.  Gall. 
XVII.  3)  ;  Riom,  Puy-de-Dôme  (dans  les  textes  du  moyen- 
âge),  en  France; —  Remagen,  en  Prusse  rhénane  {Table 
Peut.)  ;  —  près  de  Trino-Vecchio,  en  Piémont  {Itin.  Ant. 
350,  5),  Italie. 

Excingo-magus  (var.  Scingo-magus)  Exilles,   Piémont 


(1)  C.  JuLLiAN,  Histoire  de  la  Gaule,  t.  ii,  p.  238,  n.  8,  com- 
pare Julio-magus  (Angers),  Forum  Julii  (Fréjus),  et  Julio-bona 
(Lilleboniie).  Cf.  Augusto-magus  (Senlis)  et  Augusio-bona 
(Troyes),  Vindo-magus  (Ville  vieille,  Gard)  et  Vindo-hona 
(Vienne). 


436 


•MAGUS 


(Strab.  IV,  l,  3);  Scingo-magus  en  Asie-Mineure  (Rev. 
Et.  Gr.  t.  1904.  p.  331). 
En  Grande-Bretagne  : 

Sito-magus,  Duuwich,  Suffolk  {Itin.  Ant.  480,  i). 
Maro-magiis  (Géogr.  Rav.  V,  31). 
En  France  : 

Caranto-magus,  LeCranton,  Compolibat,  AyeyTon[Table 
Peut.)  ;  sans  doute  aussi  Gharenton-sur-Cher,  Cher,  et 
Carentau,  Manche,  appelés  Carentomiun  dans  des  textes  du 
moyen  âge. 

Cassino-magus,  Ghassenon,  Charente;  près  de  Gimont, 
Gers  {Table  Peut.). 

Caturigo-magus,  Ghorges,  Hautes- Alpes  (Table  Peut.  ; 
C.  I.L.  3281). 

Ciso-magus,  Giran,  Indre-et-Loire  (Gf.  Grég.  de  Tours, 
Hist.  Fr.,  X,  31). 
Condato-magus,  Milhau,  Aveyron  (Table  Peut.). 
Eburo-magus,  Bram,  Aude  (Table  Peut.). 
Icio-magus,  Usson,  Loire  (Table  Peut.). 
Linto-magus,  Brimeux,  Pas-de-Galais  Table  Peut.). 
*Nerio-magus,  Néris,  Allier,  d'où  N eriomagienses  (C.  I, 
L.  XIII,  1374). 

Ratu-magus,  Pa-.rj.<j.7.yo;  (var.  Rotomagus)  Rouen,  Seine- 
Inférieure  (Ptol.  II,  8,  7)  ;  Le  Mont  de  Gésar,  Oise  (Ptol.  II, 
9,  6)  ;  Rodomagus,  Pont-de-Ruan,  Indre-et-Loire  (Grég.  de 
Tours,  Hist.  Franc.  X,  31,  4). 
Ritu-màgus,  Radepont,  Eure(7'aZ'/e  Peut.). 
Seno-magus,  près  de  Saint-Paul  -  Trois -GhâteauXjDrôme, 
{Table  Peut.). 

Sosto-?nagus,  Castelnaudary,  Aude   (Itinéraire  de  Bor- 
deaux, 551,  6). 


l'empire  celtique  437 

*  Turno-magiis,  Toiirnon- Saint-Pierre,  Indre-et  Loire. 
(Grég.  de  Tours,  Hist.  Franc.  X,  31,  3). 

*  V enetoni-magus ,  Vieu,  Ain,  d'oii  Venetonimagenses, 
{C.  I.  L.  Xm,  1341). 

Vindo-jnagus,  Villevieille,  Gard  (Ptol.  ÏI  10,  6). 

En  Suisse  : 

JJro-magus  (var.  Bro-magus)  Oronle-Châtel,  canton  de 
Vaud  {Itin.  ^??^,3o2,  2).  Cf.  Viro-magus  {Table  Peut.) 

En  Allemagne  : 

^roco-magM5',Brumath.  Alsace-Lorraine  [Itin.Ant.'^o^,  1) 
(var.  Breuco-,  Ptol.  IL  9,  9). 

Durno-magus,  Dormagen,  Prusse  Rhénane  {Itin.  Ant., 
4,3). 

M arco-magu s, MaTmagen,  Prusse  Rhénane  {Table  Peut.). 

Borbeto-magus ,  Worms,  Hesse  Rhénane  (Ptol.  ITI  9, 
9). 

Gabro-magus ,  Windischgarsten,  Haute  Autriche  {Tabl. 
Peut.). 

En  Italie  : 

Bardo-magus,  près  de  Milan,  Lombardie  {C.  I.  L.  V, 
5872,  5878). 

Camelio-magus,  Broni,  près  de  Stradella,  Lombardie 
{Tabl.  Peut.). 

Bodinco-magus,  près  de  Monteu  da  Pô,  Piémont  (Plin. 
III,  20,  122). 

Sur  le  modèle  des  noms  celtiques  on  a  créé  : 

Caesaro-magus,  Beauvais,  France  (Ptol.  II,  9,  4)  ;  — 
Ghelmsford,  Grande-Bretagne  {Itin.   Ant.  474.  3). 

Augusto-magus,  Sentis,  FranceJ(/im.  Ant.  380,  3). 

Julio-magus,  Angers,  capitale  des  Andecavi  (Ptol.  II,  8, 
8)  ;  —  Schleitheim,  Suisse  {Table  Peut.). 


438  -BRIGA 

Quelques  premiers  termes  peuvent  appartenir  à  une 
langue  autre  que  le  celtique.  Ainsi  Bodincus  est  d'après 
Pline  (III,  20,  122),  le  nom  ligure  du  Pô. 

-briga  (1) 

briga  trouve  son  équivalent  exact  dans  les  langues  cel- 
tiques modernes,  l'irlandais  bri  «  hauteur  »,  le  gallois  bre 
«  pic  »  qui  perdent  régulièrement  le  g  intervocaîique  et  les 
voyelles  brèves  finales.  C'est  donc  presqu'un  synonyme  de 
dunum.  Mais  il  est  dun  emploi  bien  plus  restreint  que 
diiniim.  Sa  variante  brica  est  apparentée  au  gallois  brig 
«  sommet  »  (2). 

En  France  : 

Eburo-briga,  AvroUes,  Yonne  {Itin.  Ant.  331,  2). 

Litano-brigUy  à  côté  de  Creil,  Oise  (Itin.  Ant.  380,  4). 

Seuls,  quelques  manuscrits  dePtolémée  nomment  Ea[xa- 
pô3ptYa,  II,  9,  4,  la  ville  appelée  dans  les  autres  textes  ^par 
ex.  Ces.  V,  24)  Samaro-brwa,  Amiens. 

Si  l'on  admet,  avec  M.  d'Arbois  de  Jubainville,  que 
obriga,  devenu  au  moyen-âge  -obria,  a  donné  en  français 
-euvre  (3),  on  peut  accroître  cette  liste  des  noms  suivants  : 


(1)  Sur  ces  noms,  voir  C.  Jullian,  Revue  des  éludes  anciennes, 
t.  VIII,  p.  47-51  ;  cf.  t.  IX,  p.  175-180  ;  H.  d'Arbois  de  Jubain- 
ville, Revue  celtique,  t.  xxvii,  p.  192-196  ;  J.  Loth,  Revue  cel- 
tique, t.  XXVIII,  p.  337-339. 

(2)  A  propos  d'un  nom  de  ville  d'Espagne  (écrit  sur  une 
monnaie  Brutohrica),  Etienne  de  Byzance,qui  l'écrit  pooutoSpt'a 
traduit  ^oia.  par  tiôX'c.  Mais,  d'après  Strabon,  vu,  6,  1,  c'est 
en  langue  thrace  que  le  mot  pp!a  signiiie  «  ville  ».  On  trouve 
dans  la  région  thraco-dace  ^r^\-j]j.^p'.a,  Sicamhrta. 

(3)  Mémoires  de  la  Société  de  linguistique  de  Paris,  t.   vu, 


l'empire  celtique    •  439 

*  Donno-bris.a,  Deneuvre,  Meurthe-et-Moselle  ;  *  Sodo- 
briga,  Suevres,  Loir-et-Cher  ;  *  Vindo-briga,  Vandeuvre, 
Meurthe-et-Moselle  ;  Vendeuvre,  Aube  ;  Vandœuvres, 
canton  de  Genève,  Suisse  ;  *  Volo-briga,  Voleuvre,  Saône- 
et-Loire  ;  cf.  Volii-briga  en  Portugal. 

En  Allemagne  : 

Admageto-briga  ou  Mageio-briga,  peut-être  Moyeu vre, 
Alsace-Lorraine  (César,  I,  31,  12). 

Boudo-briga,Bo])paTt,  Prusse  Rhénane  (Itin.A ni.  374,  2). 

Arto-briga  près  de  Laufen,  Bavière  (Ptol.  II,  12,  4) 

En  Espagne  : 

N emetO'briga  peut-être  Puente  de  Navéa  (Ptol.  Il,  6, 
36). 

CottaiO'briga,  ville  des  Vettones  (Ptol.  II,  5,  7). 

Deo-briga,  ville  des  Vettones  (Ptol.  II,  5,  7)  ;  Miranda 
de  Ebro  (Ptol.  II,  6,  32).  Dfp-i/'i^w/a,  ville  des  Turmogi 
(Ptol.  II,  6,  51). 

Miro-briga,OàT^\\\i!i  en  Estramadure  (Plin.  Hist.  nat.  III, 
3,  14)  ;  Ciudad-Rodrigo  (C.  /.  L.  II,  857  ;  Mero-brica 
Plin.  Hist.  nat.  IV,  35,   118). 

Laco-briga,  var.  Lac'co-briga  Lobera,  Palencia  (Ptol.  II, 
6,  49  ;  cf.  Lacobrigefises,  Plin.  III,  4,  26j. 

Desso-briga,  peut-être  Melgar  de  Yuso  {Ilin.  Ant. 
449,  4). 

Nerio-briga,  Valera  la  Vieja,  Estramadure  (Plin.  Hist. 
nat.  TII,  3,  14);  ville  près  de  Bilbilis  {hin.  Ant.  439,  2)  ; 
La  Almunia  de  Doua  Godina  (Florus,  II,  17,  10).  C'est 
sans  doute  le  NspxôjJp'.xa,  'Es-/.ôpp-.xa  dePolybe,XXXV,2,2). 


p.  2-4.  Certains  de  ces  -bria  peuvent  représenter  anncien  -brU'a 
«  pont  ».  Voir  ci-dessus,  p.  79,  433  n. 


440 


-BRiGA 


Sego-briga,   Segorbe,  Valence    (Strabon,  ITI,  4,  13). 

Tunio-hriga  (corr.  Tongo-)  Brozas,  près  d'Alcantara 
(Ptol.  II,  6,38). 

Turo-briga  peut-être  près  d'Aroche,  en  Andalousie  (Plin. 
Hist.nat.,  III,  3,  14). 

CaZw-^Wga  peut-être  près  de  Compostelle  {C.  I.  L.  II, 
2610). 

Cento-briga  (var.  -brica)  chez  les  Celtibères  (Valère  Max. 
V,  1.5). 

Arco-briga  chez  les  Celtibères  (Pfcol.  II,  6,  o7,  Cf.  Arco- 
brigenses  Pline,  III,  4,  24)  ;  Ferrol  (Ptol.  II,  5,  5). 

En  Portugal  : 

Volii-brigaoM  sud  de  Braga  (Ptol.  II,  6,  40). 

Lango-briga  au  sud  d'Oporto  {Itin,  Ant.  421,  7). 

Tala-briga,  Souza,  Estramadure  (Appien,  VI.  73  ;  var. 
brica,  Plin.  Ilist.  nat.  IV,  35,  113). 

Conem-briga,  Condeixa  a  velha(/^m.  Ant.  421,  4;  Ci- 
niim-brica,  Plin.  IV,  35,  113,  Conimbrica  C.  I.  L.,  t.  II, 
Q°  391,  13). 

Medo-hriga  ou  M edii-hriga  près  de  la  Serra  da  Estrella 
{Bell.  Alex.  48,  2  ;  C.  /.  L.  11,458,  760;  cf.  Plin.  Hist.  Nat. 
IV,  35,  118). 

Ara-briga,  Alemquer  (Ptol.  II,  5,  6  ;  C.  /.  L.  II,  760, 
14). 

Mere-briga,  var.  Meribriga,  Santiago  de  Caçém,  Estra- 
madure (Ptol.  II,  5,   5). 

Mo?ito-biiga  peut-être  PoTtalegre  {Itin.  Ant.  420,  4). 

Lacco-briga,  Lagos,  Algarve  (Mêla,  III,  1,  7). 

Caeilio-briga,  Calabre,  Aldea  Nova  (C.  L  L.  II,  416  ; 
Ptol.  II,  6.  41). 

En  Asie-Mineure  : 


l'empire  celtique  441 

Ecco-briga,  ville  de  Galatie   [Table  Peut.) 

Peut-être  aussi  *  Peto-briga  (ms.  Petobrogen)  Kalé  en 
Galatie  {Itin.  Burd.  574,  11). 

D'après  ces  noms  les  Romains  ont  créé  : 

Caesaro-briga,  Talavera  delà  Reina,  Espagne  (C.  /.  L.  II 
896,  Caesarobricences,  Pline,  Hist.nat.  IV,  33,  118) 

Augusto-briga,  Talavera  la  vieja,  Espagne  (Ptol.  II,  5,  7, 
Augustobriceiises,  Pline,  Hlsi.  nat.,  IV,  35,  118)  ;  Aldea 
del  Muro.  Espagne  (Ptol.  II,  6,  53). 

Julio-briga,  Retortillo,  Santander,  Espagne  (Pline,  Hist, 
nat.  m,  4,  27). 

Un  certain  nombre  de  cas  noms  présentant  la  variante 
-brica  au  lieu  de  -briga,  il  est  probable  que  les  noms  pour 
lesquels  on  ne  trouve  que  -brica  ont  été  originairement  ter- 
minés en  -briga.  C'est  le  cas  de  ;  Adro-brica  en  Espagne 
(Mêla,  III,  1,  13)  ;  Amallo-brica  sur  le  Duero  (Itin.  Ant. 
435,  \)  ;  Abo-brica chez  les  Cileni(Plin.  Hist.  nat.  IV,  34, 
11:2)  ;  Teno-brica  (Géogr.  Rav.  IV  43).  Valabricensis  (C. 
I.  L,  II,  5561)  cf.  Volu-briga  ;  Ceto-bricca  (Géogr.  Rav. 
4,  43  ;  KaiTÔJîo'.ï  (Ptol.  2,  5,  2,  KanTo^^fï  Marcianos  d'Héra- 
clée,  II,  13)  ville  des  Tûrdetani. 

La  plupart  des  premiers  termes  des  noms  en  -briga  de  la 
péninsule  ibérique  ne  semblent  pas  celtiques.  Ce  seraient 
donc  des  formations  postérieures  à  la  domination  des 
Celtes. 

-ritum 

Le  second  terme  -ritum  ne  nous  a  pas  été  expliqué  par 
les  auteurs  anciens,  mais  il  est  conservé  en  vieux-gallois  : 
rit  «  gué  »,  gallois  moderne  rhyd.  On  ivovxwQ -ritum  : 


442  -RITUM 

En  France  : 

Ande-riium,  Javols  (Lozère)  (Table  Peut.,  Ptol.  II,  7, 
11). 

Band-ritiim,  Bassou,  (Yonne)  {Table  Peut.). 

Dario-ritum  (var.  Dariorigum,  Dartoritum^  Vannes 
(Ptol.  8.  6). 

Vago-ritum,  chez  les  Arvii  (Ptol.  II,  8,  7). 

Ritu-  est  premier  [terme  dans  Ritu-magus  Radepont, 
Eure   (Table  Peut.) 

En  Grande-Bretagne  : 

Cambo-ritum,  Icklingham  ?  (/iw.  Ant.  474,  7),  cf.  Catn- 
bortus,  Chambord  (Loir-et-Cher),  qui  peut  représenter  un 
ancien  *  Cambo-ritum. 

En  Allemagne  : 

Loco-ritum,  Lohr  am  Main,  Bavière  (Ptol.  Il,  11,  14). 

De  l'époque  romaine  date  : 

Augusto-rituni,  Limoges  (Ptol.  II,  7,  9). 

-bona  (1) 

Ce  mot,  dont  on  n'a  pas  une  explication  satisfaisante  par 
les  langues  celtiques,  se  trouve  dans  : 

Equa-bona  en  Espagne   (Itin.  Ant.  416,  5). 

Vindo-bona,  Y'ienne,  Autriche  (T'a è/c  Peut.). 

Peut-être  :  Ralis-bona  var.  Radaspona,  Ratisbonne 
(Pertz,  Thésaurus  anecdotorum,  1,  3,  p.  220). 

Arra-bona  en  Pannonie  [Itin.  Ant.  246,  3). 

De  l'époque  romaine  datent  : 

Augusio-bona,  Troyes  (Ptolémée,  II,  8,  10). 

(1)  Voir  ci-dessus,  p.  435  noie. 


l'empire  celtique  443 

Jiilio-hona  Lillebonne,  Seine-Inférieure  (Ptolémée,  II. 

8,5.) 

Mediolaniim 

Medio-lanum  ou  Medio-lanium  (Milan)  a  été  fondé  par 
les  Gaulois  (1).  Nous  ne  pouvons  donc  guère  douter  que 
ce  mot  appartienne  à  une  langue  celtique,  bien  qu'il  soit 
difficile  à  expliquer  (2).  C'est  un  nom  de  lieu  extrêmement 
répandu  tant  en  France  que  hors  de  France  et  qui  semble 
désigner  des  villes  situées  à  peu  près  à  égale  distance  des 
points  extrêmes  de  leur  cité  (3). 

Chez  les  auteurs  de  l'Antiquité,  on  trouve  neuf  Medio- 
laniim  ou  Mediolanium. 

En  Gaule  transalpine  ; 

Mediolanum  ou  MsStoXâvtov,  Saintes  (Strabon,  IV,  2,  1). 

Mediolanum,  Châteaumeillant  (Cher),  [Table  Peut.). 

Mediolanum,  ou  MEO'.oÀâviov,  Evreux  (Ptol.  II,  8,  9). 

Mediolanum,  Le  Miolau,  Pontcharra  (Rhône),  [Table 
Peut.). 

Mediolanum.  chez  les  Treveri  (Fortunat,  111,  9). 

En  Gaule  Cisalpine  : 

Mediolanum,  Mediolanium,  Milan  (Polybe,  II,  34). 

En  Germanie  : 

Mediolanium,  Metelen,  Westphalie  (Ptol.  Il,  11,  13). 

Mediolanium,  Wolkersdorf,  Autriche  (Ptol.  II,  11,  15). 

En  Grande-Bretagne  : 

Mediolanium,  Clav^'ddcoch,  Shropshire  (Ptol.  Il,  3,  11). 


(1)  TiTE  LivE,  V,  34,  8. 

(2)  Voir  ci-dessus,  p.  82,  115. 

(3)  JuLLiAN,  Histoire  de  la  Gaule,  t.  ii,  p.  59-60. 


444 


-ACUS 


Mais  si  l'on  ajoute  aux  cinq  Mediolanum  de  la  Gaule 
transalpine  tous  les  noms  de  lieux  de  France  dont  la  forme 
moderne  peut  s'expliquer  par  Mediolanum  ou  Medio-la- 
nium  on  arrive  au  chiffre  de  trente-sept  exemples  de  ce 
nom  pour  la  France  (1). 

Icoranda 

Les  lieux  situés  à  la  frontière  de  deux  cités  gauloises 
portent  souvent  le  nom  &' Icoranda  (2)  qui  semble  celtique 
et  dont  le  second  terme  s'explique  peut-être  par  l'irlandais 
rand,  rann,  bret.  ranji  «  partie  ». 

-a  eus 

On  pourrait  encore  songer  à  déterminer  les  établisse- 
ments des  Celtes  au  moyen  des  noms  en  -acus.  Ces  noms 
sont  en  France  au  nombre  de  plusieurs  milliers  (3);  on  en 
trouve  dans  l'Italie  du  Nord  plus  de  quatre  cents  (4)  ;  ils 
sont  plus  rares  en  Espagne,  en  Grande-Bretagne,  et  dans 
l'Europe  centrale.  Mais,  comme  nous  l'avons  déjà  dit  (5), 
ces  noms  ne  sont  généralement  pas  antérieurs  à  l'empire, 
et  la  plupart  sont  formés  avec  des  gentilices  romains.  Ils 


(1)  Cf.  LoNGNON,  Mediolanium  (Rei^ue  celtique,  t.  viii,  p.  374- 
378  ;  Ant.  Thomas,  Meilhan  (Revue  celtique,  t.  xx,  p.  443). 

(2)  Formes  modernes  :  Ingrandes,  Ingrannes,  Aigurande, 
Eygurande,  Aigurande,  Egarande,  Iguerande  ;  J.  Havet,  Revue 
archéologique,  t.  xx  (1892),  p.  170. 

(3)  Cf.  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Recherches  sur  l'origine 
de  la  propriété  foncière  et  des  noms  de  lieux  en  France,  p.  125- 
343  ;  453-462  ;  467-499. 

(4)  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Les  Gaulois  et  les  popula- 
tions qui  les  ont  précédés  dans  l'Italie  du  nord,  Revue  celtique,  t.  xi, 
p.  152-172. 

(5)  Ci-dessus,  p.  119, 


L  EMPIRE    CELTIQUE 


445 


n'offrent  donc  que  des  traces  très  effacées  de  l'occupation 
celtique  ;  ce  sont,  en  général,  des  formations  nouvelles  sur 
des  modèles  anciens.  Parmi  ceux  dont  le  premier  terme 
semble  celtique,  on  peut  citer  :  Amhactiams,  Argentacus, 
Becciacus,  Beliniacus,  Benacus,  Brennacus,  Britinniacus, 
Cainhiacus,  Carantiacus,  Catuiaciis,  Eburacus,  Epiacus, 
Epponiacus,  Gabriacus,  Iciacus,  Mogontiacus,  Nantiacus, 
Nemetacus,  Nerciacus,  Noviacus,  Sedegenacus,  Segontia- 
eus,  Solimariacus,  Trociacus,  Uriacus,  Vassiaciis,.  Ver- 
niacus,  Vindiacus. 

D'après  les  noms  de  lieux  dont  nous  avons  étudié  la  ré- 
partition sur  le  sol,  les  établissements  celtiques  s'étendent 
sur  un  domaine  considérable  : 


Désignation 

s 

s 
z 

o 
a 

26 
2 

13 
6 

10 

a 

o 

H 
U 

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1 
2 

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39 
5 
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-< 

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3 

5 
1 
2 

1 

#■ 

France,  Suisse,  Belgique,  Hol- 
lande, Provinces  Rhénanes . . 
Italie  du  Nord 

Europe  centrale  et.  orientale  . . . 
Espagne  et  Portugal 

Iles  Urilanniques  (1) 

Asie  Mineure 

(1)  On  trouve  une  carte  des  noms  de  lieux  celtiques  dans  les 
Iles  Britanniques  chez  W.  Z.  Ripley,  The  races  of  Europe, 
p.  312,  et  une  carte  de  la  répartition  de  ces  noms  de  lieux  pour 
l'Europe,  par  M.  Pic,  Starozitnosti,  ii,  1,  carte  C. 


446  NOMS    DE  PERSONNES 

Ces  nombres  pourraient  être  de  beaucoup  augmentés  si 
l'on  ajoutait  tous  les  noms  de  lieux  dont  la  forme  moderne 
suppose  un  élément  -duniuii,  -nemctum,  -magiis,  -briga, 
-ritiuii,  -durum  (1).  Il  est  remarquable  que  les  noms  de 
forteresses  en  -duniim  et  -briga  soient  employés  à  l'exclu- 
sion des  autres  dans  la  péninsule  ibérique  et  qu'au  contraire 
les  noms  en  -magus  soient  les  plus  nombreux  dans  l'Italie 
du  Nord.  Toutes  les  formations  se  trouvent  dans  l'Europe 
centrale  et  dans  lancienne  Gaule. 

Malheureusement,  la  plupart  de  ces  noms  n'apparaissent 
pour  la  première  fois  que  dans  des  documents  de  basse 
époque  par  rapport  à  la  période  que  nous  étudions.  Ainsi, 
sur  173  noms,  52  noms  sont  signalés  par  Ptolémée  (n''  siècle), 
33  par  \ Itinéraire  d'Anionin  (iv'  siècle),  32  par  la  Table 
de  Peutinger  (iv^  siècle).  A  quelle  époque  remonte  la  fon- 
dation de  ces  établissements  celtiques  ?  Rien  n'autorise  à 
les  attribuer  à  une  date  très  reculée.  11  serait  également 
peu  sensé  de  vouloir  les  dater  du  plus  ancien  texte  où  ils 
apparaissent.  Le  problème  restera  donc  sans  solution  dans 
la  plupart  des  cas. 

Noms  de  personnes. 

On  peut  encore  rechercher  quels  ont  été  les  lieux  occu- 
pés par  les  Celtes  en  relevant  dans  les  inscriptions  grecques 
et  latines  la  provenance  des  noms  de  personnes  qui  sont  le 
plus  vraisemblablement  celtiques.  Ces  inscriptions  datent, 
pour  la  plupart,  du  temps  de  l'empire  romain  et  ne  nous 

(1)  Voir  sur  ce  sujet  les  articles  de  M.  Antoine  Thomas, 
Revue  celtique,  t.  xx,  p.  1-0,  -'i.SS-^'i'-  ;  t.  xxii,  p.  216-226,  et  Irs 
ouvrages  déjà  cités  de  H.  d'Arbois  de  Jubainville. 


l'empire  celtique  447 

donnent  guère  la  répartition  des  personnes  à  nom  celtique 
antérieurement  à  l'ère  chrétienne.  L'endroit  où  l'on  a 
trouvé  l'inscription  n'est  pas  toujours  le  lieu  d'origine  du 
Celte  dont  le  nom  est  mentionné.  Quelquefois  le  lieu  d'ori- 
gine est  indiqué.  Mais  le  plus  souvent  l'indication  du  lieu 
d'origine  manque.  Toutes  les  inscriptions  n'ont  pas  la 
même  valeur  pour  un  relevé  de  ce  genre.  Les  noms  de  fa- 
bricants, en  particulier  les  noms  de  potiers,  ne  doivent  pas 
entrer  en  compte  ;  la  même  marque  apparaît  sur  un  grand 
nombre  de  points  de  l'ancien  territoire  celtique  sans  qu'il 
soit  possible  de  déterminer  où  était  situé  l'atelier  de  pro- 
duction. Les  soldats  sont  rarement  originaires  du  pays  où 
ils  tiennent  garnison. 

Quoi  qu'il  en  soit,  la  répartition  des  noms  celtiques  de 
personnes  que  l'on  trouve  dans  les  inscriptions  coïncide 
à  peu  près  avec  la  répartition  des  noms  celtiques  de  lieux. 

C'est  dans  l'ancienne  Gaule  qu'on  en  trouve  le  plus 
grand  nombre.  Sur  614  noms  de  personnes,  dont  l'origine 
celtique  paraît  à  peu  près  incontestable,  500  proviennent 
de  Gaule  ;  398  sont  situés  sur  le  territoire  de  la  France  ac- 
tuelle, 23  en  Suisse,  3  en  Hollande,  1  en  Belgique  et  75  en 
Allemagne,  sur  les  bords  du  Rhin.  Ces  noms  sont  inégale- 
ment disséminés  en  Gaule.  Ils  ont  été  conservés  surtout, 
comme  on  devait  s'y  attendre,  dans  les  régions,  riches  en 
monuments,  où  étaient  situées  les  grandes  villes  gallo-ro- 
maines ;  71  dans  le  pays  de  Nîmes;  56  à  Bordeaux,  24  à 
Lyon,  24  à  Dijon  et  dans  la  Gôte-d'Or,  46  dans  le  pays 
d'Avignon,  14  à  Langres,  12  à  Narbonne,  11  à  Saintes,  9  à 
Vienne. 

En  dehors  de  la  Gaule  transalpine,  le  pays  où  l'on  eu 
rencontre  le  plus  grand  nombre  est  l'Italie  du  Nord,  l'an- 


448 


NOMS    DE    PERSONISES 


cienne  Gaule  cisalpine,  où   j'en  ai  relevé  43  exemples. 

La  péninsule  ibérique  en  compte  28. 

La  Rhétie,  la  Vindélicie,  le  Norique,  la  Pannonie,  l'Illy- 
rie,  la  Dalmatie  en  comptent  ensemble  27  ;  on  en  a  relevé 
un  dans  la  Dobrutscha. 

La  Grande-Bretagne  en  a  H. 

On  en  relève  enfin  2  en  Asie-Mineure,  1  en  Syrie,  1  en 
Egypte. 

Si  l'on  considère  l'extension  soit  de  chaque  espèce  de 
noms,  soit  de  chacun  de  ces  noms  en  particulier,  on  peut 
constater  de  même  que  leur  domaine  correspond  à  celui 
des  noms  de  lieux.  Un  groupe  considérable  est  formé  par 
les  noms  dont  le  second  terme  est  -maros  «  grand  »  (1). 
On  en  trouve  : 

5  dans  l'Italie  du  nord. 

22  dans  la  Gaule  transalpine. 

1  en  Grande-Bretagne. 

1  eu  Espagne. 
18  en  Norique. 
20  en  Pannonie. 

2  en  Germanie  occidentale. 

3  en  Asie-Mineure. 

Certains  de  ces  noms  ont  été  trouvés  sur  divers  points 
du  domaine  celtique  ;  par  exemple  : 

Iblio-marus  à  Magyar-Peterd  (Hongrie)  et  à  Lyon. 

Nertomarus  à  Wiener-Neustadt  (Basse- Autriche),  Celov- 
nik  (Styrie),  Cilli  (Styrie),  Autun  (Saône-et-Loire),  Ver- 
tault  (Côte-d'Or),  Zinsweiler  (Alsace). 


(1)  H.  d'Arbois  de  JuBAiNviLLE,  Etudcs  grammaticales  sur 
les  langues  celtiques,  p.  5*-12*. 


l'empire  celtique  449 

Sego-marus  à  Brescia  (Italie),  Yaison  (Vaucluse),  Mont- 
Beuvray  (Saône -et-Loire,  Gouchey  (Côte-d'Or),  Dijon,  Les 
Baux  (Bouches-du-Rhône). 

Soli-marus  à  Cilli  (Styrie),  Sziszek  (Croatie),  Gherchell 
(Algérie),  Martigues  (Bouches-du-Rhône),  Brignon  (Gard), 
Narbonne,  Bordeaux,  Mayence,  Heddernheim  (Prusse)  (1). 

Dans  les  pays  qu'ils  occupèrent,  les  Geltes  furent  en 
contact  avec  des  peuples  indo-européens  ou  non,  les 
Thraces,  les  lUyriens,  les  Ligures,  les  Ibères,  les  Etrus- 
ques, dont  nous  connaissons  mal  la  langue  et  il  est  impos- 
sible de  déterminer,  faute  de  documents  suffisants,  quels 
échanges  de  mots  et,  par  suite,  d'idées  et  d'objets  les  Geltes 
firent  avec  ces  peuples.  Mais  ils  rencontrèrent  aussi  en 
Europe  des  Indo-Européens  mieux  connus,  les  Slaves,  les 
Grecs,  les  Germains,  les  Italiotes,  et  si  Ton  pouvait  déter- 
miner exactement  quels  furent  dans  le  vieux  celtique  resti- 
tué les  emprunts  aux  autres  langues  indo  européennes,  on 
éclairerait  d'autant  les  rapports  des  Celtes  avec  les  peuples 
voisins.  Mais  il  est  le  plus  souvent  difficile  de  décider  si  un 
mot  commun  aux  Geltes  et  à  un  autre  peuple  appartient 
au  fonds  général  des  Indo-Européens  et  a  persisté  indépen- 
damment chez  les  deux  peuples,  ou  si  ce  mot  a  été  em- 
prunté par  l'un  des  deux  peuples  à  l'autre.  Cette  étude  a 
été  faite  pour  le  germanique  par  H.  d'Arbois  de  Jubain- 
ville  (2).  Les  termes  que  les  langues  celtiques  et  germa- 

(1)  HoLDER,  Altceltischer  Sprachschatz,  t.  ii,  col.  9,  15,  725, 
1447,  1605. 

(2)  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Les  premiers  habitants  de 
l'Europe,  2^  éd.,  t.  ii,  p.  330-367.  Cf.  H.  Paul,  Grundriss  der 
germanischen  Philologie,  V^  éd.,  t.  i,  p.  303-305  ;  H.  Hirt,  Die 
Indogermanen,  ihre  Verbreitung,  ihreUrheimat  und  ihre  Kullur, 
Strassburg,  1907,  t.  ii,  p.  614. 

G.  DoTTiN.  —  Manuel  de  l'antiquité  celtique.  29 


450 


CELTES    ET    GERMAINS 


niques  possèdent  en  commun  concernent  pour  la  plupart 
les  institutions  politiques  et  sociales  et  la  guerre.  Pour 
quelques-uns  (1),  • —  comme  ambactos  «  serviteur  w,  en 
gallois  atnaeth,  vieux-liaut-allemand  ambaht  «  service  », 
—  on  peut  démontrer  qu'ils  ont  été  empruntés  par  les  Ger- 
mains aux  Celtes. 

D'autre  part,  les  noms  de  personnes,  comme  les  noms 
de  lieux,  nous  attestent  l'établissement  des  Celtes,  non 
seulement  dans  la  Gaule  transalpine,  dans  la  Gaule  cisal- 
pine (2),  en  Espagne,  dans  la  Grande-Bretagne  et  dans 
l'Asie-Mineure,  pays  pour  lesquels  les  textes  historiques 
nous  instruisent  suffisamment,  mais  encore  en  ISorique,  en 
Pannonie  et  en  Germanie,  pays  dont  l'ancienne  histoire 
nous  est  assez  mal  connue.  Enfin,  les  renseignements  re- 
cueillis sur  l'ère  d'extension  des  civilisations  de  Hallstatt 
et  de  la  Tène  ne  sont  pas  contradictoires  aux  données  de 
l'onomastique.  Nous  sommes  donc  amenés  à  rechercher  le 
lieu  d'origine  des  anciens  Celtes  dans  la  Gaule  et  l'Europe 
centrale,  à  proximité  des  Germains. 

Les  rapports  étroits  qui  unissaient  les  Celtes  à  leurs  voi- 
sins les  Germains  ont  été  remarqués  par  les  anciens.  Dio- 
dore  confond  ces  deux  peuples  (3).  Strabon,  après  avoir  dit 
que,  pour  la  figure,  les  mœurs  et  la  manière  de  vivre,  les 
Germains  se  rapprochent  des  Celtes,  tandis  qu'ils  en 
diffèrent  un  peu  par  leur  nature  qui  est  plus  sauvage,  leur 
taille  plus  grande  et  leur  chevelure  plus  blonde,  ajoute  que 

(1)  Voir  ci-dessus,  p.  167. 

(2)  Cf.  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Les  Gaulois  et  les  po- 
pulations qui  les  ont  précédés  dans  l'Italie  du  Nord,  Revue  cel- 
tique, t.  XI,  p.  152-172. 

(3)  Voir  ci-dessus,  p.  13  ;  Jullian,  Histoire  de  la  Gaule,  t.  i, 
p.  231,  n.  1. 


l'empire  celtique  451 

c'est  pour  exprimer  cette  parenté  que  les  Romains  leur  ont 
donné  le  nom  de  Germant,  qui  signifie  frères  en  latin  (1). 
Sans  donner  à  cette  étymologie  populaire  plus  d'impor- 
tance qu'elle  n'en  mérite,  il  convient  de  remarquer  qu'elle 
répond  bien  à  l'idée  que  se  faisaient  les  Grecs  et  les  Ro- 
mains des  relations  intimes  des  Celtes  et  des  Germains. 
Beaucoup  de  particularités  de  mœurs  et  d'usages  ou  bien 
sont  communes  aux  deux  peuples,  ou  ont  été  attribuées 
tantôt  à  l'un,  tantôt  à  l'autre.  Mercure  est,  d'après  Tacite, 
le  dieu  qu'honoraient  le  plus  les  Germains  ;  ils  regardaient 
comme  plus  conforme  à  la  grandeur  céleste  de  ne  pas  en- 
fermer les  dieux  dans  des  murailles  et  de  ne  pas  les  figurer 
à  l'image  de  l'homme,  et  le  lieu  consacré  au  culte  est  une 
portion  de  bois  (2).  Les  Semnons,  peuple  suève,  faisaient 
des  sacrifices  humains  (3).  Les  Germains  se  prétendaient 
issus  d'un  dieu  (4).  Les  cadavres  des  nobles  Germains 
étaient  brûlés  sur  des  bûchers  formés  de  certaines  espèces 
de  bois  (5).  Les  nobles  germains  sont  entourés  de  comités 
analogues  aux  amhacti  des  Gaulois  (6).  Les  Germains  ne 
traitent  aucune  affaire  publique  ou  privée,  qu'en  armes  (7). 
Ils  comptent  par  nuits  et  non  par  jours  (8),  ils  sont  très 
lîOspitaUers  i9).  Leurs  boucliers  sont  peints  des  couleurs  les 

(1)  Géographie,  iv,  4,  2  ;  vu,  1,  2.  Cf.  Eustathe,  Commentaire 
de  Denys  le  Périégète,  v.  285  ;  Jullian,  Histoire  de  la  Gaule,  t.  i, 
p.  231,  n.,  croit  que  l'identité  des  Celtes  et  des  Germains  fut 
acceptée  jusqu'au  temps  de  Poseidônios. 

(2)  Germanie,  9.  Cf.  ci-dessus,  p.  299,  341,  S45. 

(3)  Germanie,  39.  Cf.  9  et  ci-dessus,  p.  348. 

(4)  Germanie,  2.  Cf.  ci-dessus,  p.  303. 

(5)  Germanie,  27.  Cf.  ci-dessus,  p.  189. 

(6)  Germanie,  14.  Cf.  ci-dessus,  p.  258. 
(/)    Germanie,  13.  Cf.  ci-dessus,  p.  236. 

(8)  Germanie,  11.  Cf.  ci-dessus,  p.  375. 

(9)  Guerre  de  Gaule,  vi,  23,  9  ;  cf.  ci-dessus,  p.  150. 


452  CELTES    ET    GERMAINS 

plus  belles  (1).  Philon  rapporte  que  les  Germains  osent 
prendre  les  armes  contre  les  éléments  et  vont  au  devant  de 
la  mer  comme  à  la  rencontre  d'une  bande  d'ennemis  (2). 
En(in,  comme  nous  l'avons  déjà  remarqué  (p.  12),  les 
noms  KsXto!  et  raXâxai  désignent  tantôt  les  Germains, 
tantôt  les  Gaulois  (3).  Nous  avons  déjà  signalé  p.  121  la 
parenté  des  noms  d'hommes  germains  et  gaulois.  ^ 

Môme,  quelques  noms  de  peuplades  données  comme  ger-  l 
maniques  sont  celtiques,  ou  du  moins  s'expliquent  facile-  ! 
ment  par  les  langues  celtiques.  Tels  sont  les  Nemetes  ou 
Nemetae,  cf.  nemeton  «  endroit  consacré  »  ;  les  Triboci,  cf.  i 
le  nom  carnute  Toiito-hocios  et  les  noms  bien  connus  Tri-  ■ 
casses,  Tri-uocanles  ;\es  Marco-manni,'cî.  Marco-magus,  à 
Marco-diirum,  Ceno-maïuii.  1 

Ces  rapports  sont  d'autant  plus  curieux  que  les  anciens    H 
ont  plus  d'une  fois  signalé  les  différences  qui  séparaient  la    ij 
langue  des  Gaulois  de  celle  des  Germains.  Le  gaulois  étai-    ; 
pour  Arioviste  une  langue  étrangère  qu'il  avait  apprise  à  la    i 
suite  des  rapports   continuels  qu'il  avait  avec  les  Gau-    | 
lois  (4).  Tacite  distingue  à  l'aide  de  la  langue  certaines  peu- 
plades celtiques  établies  en  Germanie  (5).   Les  prisonniers 
gaulois   que   Caligula   veut  faire    passer  pour  Germains 
doivent  apprendre  la  langue  germanique  (6). 

Quoi  qu'il  en  soit,  si  l'on  ne  peut  douter  que  les  rapports 


(1)  Tacite,  Germanie,  6.  Cf.  ci-dessus,  p.  285. 

(2)  Des  songes,  p.  1124.  Cf.  ci-dessus,  p.  149. 

(3)  Sur  l'état  social  des  Germains  comparé  à  celui  des  Gau- 
lois, voir  L.  DE  Valroger,  Les  Celtes  cl  la  Gaule  celtique,  Paris, 
1879,  p.  86-185. 

(4)  Guerre  de  Gaule,  i,  47. 

(5)  Germanie,  43. 

(6)  Suétone,  Caligula,  47. 


l'empire^celtique  453 

entre  Celtes  et  Germains  aient  été  singulièrement  étroits, 
les  seules  preuves  linguistiques  que  nous  possédons  ne 
peuvent  suffire  à  démontrer  que  les  Celtes  et  les  Germains 
aient  constitué  un  même  tout  politique  et,  à  plus  forte 
raison,  que  les  Germains  aient  été  sous  la  domination  cel- 
tique. 

IV 

L'opinion  commune,  tant  des  anciens  que  des  modernes, 
place  l'établissement  primitif  des  Celtes  en  Gaule.  La  plus 
ancienne  population  de  la  Gaule  que  la  science  puisse 
atteindre  serait  la  population  celtique.  C'est  de  Gaule  que 
les  hordes  celtiques  qui  envahirent  l'Espagne,  l'Italie,  la 
péninsule  Balkanique,  l' Asie-Mineure  et  la  Grande-Bretagne 
seraient  parties. 

A' cette  opinion  des  objections  d'ordre  linguistique  ont 
été  faites.  Si  les  Celtes  étaient  les  plus  anciens  habitants 
de  la  Gaule,  il  est  vraisemblable  que  leur  langue  aurait 
laissé  dans  notre  nomenclature  géographique  plus  de 
traces  que  nous  n'en  coHslatons,  et  surtout  que  les  déno- 
minations celtiques  s'appliqueraient  aussi  bien  aux  mon- 
tagnes et  aux  cours  d'eaux  qu'aux  noms  de  lieux  habités. 
Or  si  les  noms  de  lieux  habités  qui  peuvent  s'interpréter 
par  le  celtique  sont  assez  nombreux  en  Gaule,  les  noms 
appartenant  à  l'orographie  ou  à  l'hydrographie,  à  l'excep- 
tion de  Cebennon,  Cévennes,  de  Vernodubrum  «  rivière  des 
Aulnes  »,  en  français  Verdouble,  peut-être  de  Renus, 
Rhin,  Diibis  <i  (rivière)  noire»,  Vidubia  i\  Vouge  >/,  Vici- 
nonia  «  Vilaine  »  (cf.  Marti   Vicinno)  (1)  semblent  étran- 

(1)  J.  LoTii,  Annales  de  Bretagne,  t.  xxii,  p.  163. 


454  ORIGINE    DES    CELTES 

gers  aux  langues  celtiques.  Tels  sont  :  Rhodanus  et  Rho- 
taniis,  Sequana  ;  Isara,  Oscara,  Avara,  Savara,  Jura, 
Sara,  Autura,  Thara,  Lesiira  ;  Drueniia.  Cantia,  As- 
mantia  ;  Vimina,  Sumina,  Ganimna,  Irumna,  Olomna, 
Vultumna;  Oltis;  Aliso  ;  Dornonia,  Matrona.  D'après 
H.  d'Arbois  de  Jubainville  (1),  ces  noms  seraient  ligures. 
Les  Celtes  n'auraient  donc  dénommé  en  Gaule  que  les  for- 
teresses qu'ils  avaient  fondées,  et  les  noms  proprement 
géographiques  seraient  dûs  aux  populations  qui  les  ont  pré- 
cédés sur  le  sol  de  notre  pays.  Ces  populations  constitue- 
raient pour  une  bonne  partie  la  plebs,  réduite  presque  à 
l'état  d'esclavage,  que  dominait  l'aristocratie  celtique  des 
druides  et  des  cqnites.  Cette  aristocratie  celtique,  peu  nom- 
breuse, mais  fortement  organisée  et  bien  armée,  serait 
arrivée  en  Gaule  à  une  époque  historique  et  il  faudrait 
chercher  au  delà  du  Rhin  le  lieu  d'origine  des  anciens 
Celtes.  C'est  ce  qu'aurait  indiqué  Marcellin  lorsqu'il  rap- 
porte que,  d'après  les  druides,  à  la  population  primitive  de 
la  Gaule  s'ajoutèrent  des  tribus  venues  des  contrées  trans- 
rhénanes et  des  îles  les  plus  reculées  (2  . 

D'autre  part,  si  l'on  fait  partir  les  Celtes  de  l'Europe  cen- 
trale, on  s'explique  mieux  et  la  présence  dans  l'Europe 
centrale  de  nombreux  noms  de  lieux  témoignant  d'établis- 
sements à  demeure  des  Celtes,  et  leurs  invasions  au  sud- 
est  de  l'Europe,  plus  difficiles  à  concevoir  s'ils  avaient  eu 
à  traverser  les  forêts  de  la  Germanie.  L'émigration  d'un 
peuple  vers  des  pays  plus  fertiles   est  assez  naturelle  ;  le 

(1)  Les  premiers  habitants  de  l'Europe,  2^  éd.,  t.  ii,  p.  124-195, 
Sur  la  langue  des  Ligures,  voir  C.  Jullian,  Histoire  de  la  Gaule. 
t.  I,  p.  110-125. 

(2)  Ci-dessus,  p.  414. 


L  EMPIRE    CELTIQUE 


455 


départ  des  Celtes  d'un  pays  fertile  comme  la  Gaule  pour 
un  pays  moins  fertile  comme  la  Germanie  serait  fort  in- 
vraisemblable. Enfin,  les  écrivains  anciens  eux-mêmes, 
bien  qu'ils  semblent  avoir  traduit  le  plus  souvent  le  mot 
KîXTr/.ôv,  qui  désigne  le  peuple  ou  le  pays  des  Celtes  en  gé- 
néral, par  Gallia  (1),  qui  dénomme  à  l'époque  romaine  la 
Gaule  habitée  par  les  Celtes  lors  de  la  conquête  romaine, 
n'ont-ils  pas,  peut-être  à  leur  insu,  laissé  subsister  dans 
leur  texte  quelques  traces  de  l'ancienne  géographie  poli- 
tique de  l'Europe  *?  Je  ne  crois  guère  que  l'on  puisse  fonder 
une  thèse  scientifique  sur  la  description  naïve  d'Ephore  qui 
place  aux  quatre  extrémités  de  la  terre  les  Celtes,  les  In- 
diens, les  Ethiopiens  et  les  Scythes  (2).  Faut-il  attacher 
plus  d'importance  au  texte  de  Denys  d'Halicarnasse  qui 
nous  dit  que  la  Celtique  est  un  grand  pays  qui  occupe 
presque  le  quart  de  l'Europe,  qu'elle  est  bornée  par  les 
Pyrénées,  l'Océan,  les  Scythes,  les  Thraces  et  le  Danube. 
Ce  texte  est,  en  tout  cas,  le  développement  de  celuj 
d'Ephore,  et  le  fait  que  Denys  ajoute  que  la  Celtique  est 
partagée  en  deux  par  le  Rhin  prouve  qu'il  confondait  les 
Celtes  et  les  Germains.  Mais  on  doit  remarquer  que  Tite 
Live,  dans  son  récit  de  l'invasion  celtique  en  Italie,  emploie 
pour  désigner  le  pays  des  Galli  le  mot  Celiicum  :  ii  regem 
Geltico  (3)  dabant  (mot  que  l'on  ne  retrouve  nulle  part 
ailleurs  employé  comme  substantif,  et  qui  n'est  sans  doute 
que  la  transcription  du  grec  ivcÀt-.y.ôv),  et  qu'il   fait  passer 


(1)  Voir  ci-dessus,  p.  406. 

(2)  Strabon  (iv,  4,  6),  trouvait  qu'Ephore  avait  singulière- 
ment exagéré  l'étendue  de  la  Celtique. 

(3)  Cf.  to  'E).Xr|V'./.ôv  «  les  Grecs  »,  zh  S/uOt/.ôv  «  les  Scythes  », 
10  Deoo-i/.ôv  '<  les  Perses  ». 


456 


ORIGINE    DES    CELTES 


les  Celtes,  de  leur  pays  en  Italie,  par  VAlpis  Julia.  Si  les 
Celtes  étaient  établis  dans  l'AlIemagno  du  sud,  ïAlpis 
Julia  était  le  chemin  le  plus  direct.  Or,  dans  le  bassin  du 
haut  Danube,  on  trouve  non-seulement  des  noms  cel- 
tiques de  villes  comme  Segodunum  Wiirzburg,  Devona 
Bamberg,  Locoritum  Lohr,  mais  aussi  des  noms  celtiques 
de  rivières  :  Diihra  Taubei',  affluent  du  Main  ;  Labara 
Laber,  nom  de  quatre  affluents  du  Danube  (cf.  le  gallois 
llajar  résonnant)  ;  LiUra  d^où  Lauter,  nom  d'affluents  du 
Danube  et  du  Rhin  ;  et  un  nom  celtique  de  montagne  : 
Arciinia,  nom  de  l'Erzgebirge  (1).  De  plus,  les  auteurs  an- 
ciens qui  nous  parlent  des  invasions  celtiques  en  Italie 
nous  disent  que  les  Celtes  traversèrent  les  Alpes,  sans  que 
nous  puissions  déterminer  s'il  s'agit  des  Alpes  occidentales, 
centrales  ou  orientales  ;  il  nous  est  donc  permis  de  préciser 
à  notre  guise  les  notions  vagues  qu'ils  nous  ont  données. 

Les  plus  anciens  écrivains,  du  vi*  au  iv*  siècle,  a  re-     ff 
marqué  M.  Jullian  (2),  semblent  placer  les  Celtes  sur  les      f 
côtes  de  la  mer  du  Nord,  dans  les  plaines  basses  et  souvent      £ 
envahies  par  la  mer  du  nord-ouest  de  la  Germanie.  Dans 
le  périple  traduit  par  Aviénus,  les  Celtes  sont  les  peuples 
que   l'on  trouve  en    quittant  les  Iles  Britanniques  et  en 
allant  vers  le  Nord.  Leur  pays  était  inondé  par  l'Océan, 
nous  apprennent  Timagène  (rapportant  une  tradition  drui- 
dique), Aristote  et  Ephore.  Les  anciens  allaient  chercher 
l'ambre  sur  les  côtes  méridionales  de  la  mer  du  Nord ,  dans 


(1)  H.  d'Arbois  de  Judainville,  Les  premiers  habitants  de 
l'Europe,  2e  éd.,  t.  ii,  p.  278-282.  Voir  ci-dessus,  p.  64,  G5,  112, 
11  G. 

(2)  L' Anthropologie,  t.  xiv  (1903),  p.  251.  Histoire  de  la  Gaule, 
t.  I,  p.  229  et  suiv. 


L  EMPIRE    CELTIQUE 


457 


un  pays  d'abord  occupé  par  les  Ligures,  puis  par  les 
Celtes  (1).  Diodore  place  les  Galates,  qu'il  distingue  à  tort 
des  Celtes,  dans  les  régions  situées  au-dessus  de  la  Cel- 
tique, le  long  de  l'Océan  (2).  Ce  sont  ces  Galates,  ajoute-t- 
11.  qui  prirent  R,onie,  qui  pillèrent  le  temple  de  Delphes, 
qui  rendirent  leur  tributaire  une  grande  partie  de  l'Eu- 
rope et  une  partie  importante  de  l'Asie,  et  qui  s'établirent 
dans  les  pays  occupés  par  les  peuples  qu'ils  avaient 
vaincus.  Il  fut  donc  un  temps  où  les  Celtes  habitaient  au 
nord-ouest  de  la  région  oîi  nous  les  trouvons  étabHs  vers 
le  IV"'  siècle. 

Si  l'on  admet  comme  vraisemblable  que  le  domaine  des 
Celtes,  le  plus  ancien  que  nous  puissions  déterminer,  était 
l'Europe  centrale,  dans  quel  ordre  se  classent  les  établis- 
sements celtiques  (3)  dans  le  reste  de  l'Europe  ? 

La  première  invasion  des  Celtes  aurait  eu  lieu  dans  les 
Iles  Britanniques  vers  l'an  800  avant  notre  ère,  d'après 
H.  d'Arbois  de  Jubainville  (4)  et  il  est  vraisemblable  qu'il 
faut  encore  reculer  cette  date  (5).  Mais  aucun  témoignage 
historique  ne  nous  l'atteste.  On  ne  peut  en  fixer  la  date 
que  si  le  mot  /.aajÎTspoç,  qui  désigne  l'étain  dans  Y  Iliade, 
est  un  mot  celtique.  D'autre  part,  les  différences  profondes 

(1)  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Les  premiers  habitants  de 
l'Europe,  2^  éd.,  t.  i,  p.  342-343. 

(2)  Bibliothèque,  v,  32.  Cf.  Pausanias,  i,  4  ;  Tite-Live,  v, 
27,2. 

(3)  Voir  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Les  Celles  depuis  les 
temps  les  plus  anciens,  p.  17-26,  79-204.  On  trouvera  un  exposé 
chronologique  de  l'histoire  des  Celtes  jusqu'en  324  av.  J.-C. 
chez  Dom  Martin,  Eclaircissemens  historiques  sur  les  origines 
celtiques  et  gauloises,  avec  les  quatre  premiers  siècles  des  annales 
des  Gaules,  Paris,  1744,  p.  207-288. 

(4)  Les  premiers  habitants  de  l'Europe,  2^  éd.,  t.  ii,  p.  282-283. 
(.5)  J.  LoTH,  Annales  de  Bretagne,  t.  xxii,  p.  165. 


458 


MIGRATIONS 


qui  séparent  le  gaélique  des  dialectes  bretons  ne  peuvent 
s'expliquer  que  si  les  deux  rameaux  actuels  de  la  race 
celtique,  les  Gaëls  et  les  Bretons,  ont  été  séparés  pendant 
des  siècles,  et  s'il  y  a  eu  deux  invasions  celtiques,  à  des 
époques  éloignées  l'une  de  l'autre,  dans  les  îles  Britan- 
niques. L'invasion  des  Celtes  de  Belgique  dans  le  sud  de  la 
Grande-Bretagne  pouvant  être  datée  du  ni^  siècle  (1),  on 
est  donc  fondé  à  reporter  à  quelques  siècles  en  arrière  la  3 
première  invasion.  l 

Ce  serait  entre  700  et  oOO  que  les  Celtes  auraient  pour  la 
première  fois  pénétré  dans  le  nord  et  l'est  de  notre  pays. 
Car  au  vii^  siècle,  on  ne  mentionne  que  les  Ligures  (2), 
tandis  que  Festus  Aviénus,  reproduisant  sans  doute  le  pé- 
riple dHimilcon  (v*  siècle),  parle  d'une  région  jadis  habitée 
par  les  Ligures,  mais  alors  occupée  par  les  Celtes.  D'autre 
part,  Festus  Aviénus  ne  cite  pas  les  Celtes  parmi  les  habi- 
tants de  l'Espagne  (3),  tandis  qu'Hérodote  au  milieu  du 
V®  siècle,  Ephore  au  milieu  du  iv"  siècle,  Eratosthène 
à  la  fin  du  ni^  les  y  montrent  établis.  Or  les  Celtes 
n'ont  dû  pénétrer  en  Espagne  qu'après  avoir  soumis  la 
Gaule  (4). 

L'établissement  des  Celtes  en  Espagne  daterait,  d'après 
ce  qui  précède,  du  v''  siècle.  Les  noms  de  lieux  celtiques  que 


(1)  Ci-dessous,  p.  461.  Romilly  Allen  (Celtic  Art  in  pagan 
and  Christian  times,  p.  21  ;  61)  suppose  que  l'âge  de  fer  dans  la 
Grande-Bretagne  commence  à  l'invasion  des  Belges. 

(2)  PsEUDO-HÉsioDE,  Calulogues,  fr.  132,  chez  Strabon,  vu, 
3,  7. 

(3)  A  moins  qu'ils  ne  se  dissimulent,  comme  le  pense  M.  L.  Si- 
ret,  sous  le  nom  des  Cempsi.  Revue  archéologique,  t.  x  (1907), 
p.  385-386. 

(4)  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Renie  celtique,  t.  xxiv, 
p.  162-169. 


l'empire  celtique  459 

l'on  relève  dans  la  péninsule  ibérique  pourraient  donc  re- 
monter à  cette  époque  (1). 

C'est  peut-être  aussi  lorsqu'ils  développaient  leur  puis- 
sance à  l'ouest  et  au  sud,  que  les  Celtes  envahirent  au 
sud-est  la  Vindélicie  et  chassèrent  les  Illyriens  du  Norique 
et  de  la  Pannonie  (2).  Cette  hypothèse,  outre  qu'elle  ren- 
drait compte  de  la  présence  de  noms  celtiques  tant  de 
personnes  que  de  lieux  dans  ces  pays,  expliquerait  pour- 
quoi, au  i^""  siècle  avant  notre  ère,  l'historien  Sempronius 
Asellio,  reproduisant  sans  doute  un  auteur  plus  ancien, 
écrivait  que  la  ville  de  Noreia  (aujourd'hui  Neumarkt  en 
Styrie)  était  située  in  Gallia,  c'est-à-dire  en  pays  cel- 
tique (3). 

Pour  Trogue  Pompée,  la  conquête  de  la  Pannonie  par  les 
Gaulois  est  contemporaine  de  leur  invasion  en  Italie. 

Nous  avons  vu  d'ailleurs  que  les  Taurisci  du  Norique, 
les  Boii,  les  Scordisci  de  Pannonie,  les  lapodes  d'dlyrie 
sont  des  peuples  celtiques.  Les  guerres  des  Celtes  avec  les 
Autariates  et  les  Venètes,  peuples  illyriens  qui  étaient 
maîtres  de  la  Pannonie, ^d'une  partie  de  la  Thrace  et  des 
bords  de  l'Adriatique,  leur  alliance  en  336  avec  Alexandre 
le  Grand  contre  les  Triballes,  peuple  de  Thrace,  les  luttes 


(1)  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Les  Celles  en  Espagne. 
Revue  celtique,  t.  xiv,  p.  357-395  ;  t.  xv,  p.  1-61,  160-173, 
J.  Leite  de  Vasconcellos,  Les  Celtes  de  la  Lusitanie  portu- 
gaise. Revue  celtique,  t.  xxiii,  p.  74-82. 

(2)  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Les  premiers  habitants  de 
l'Europe,  2®  éd.,  t.  i,  p.  304-305.  Voir  ci-dessus,  p.  416. 

(3)  Cf.  Velleius  Paterculus  (ii,  12,  2),  qui  place  in  Galliis 
la  défaite  de  Carbon  à  Noreia  par  les  Cimbres  et  les  Teutons  ; 
et  Florus,  m,  3,  1,  qui  fait  venir  les  Cimbres  et  les  Teutons  des 
extrémités  de  la  Gaule.  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Revue 
celtique,  t.  xii,  p.  18-19. 


460 


AMBIGATUS 


i^ 


des  Boii  avec  les  Daces,  sont  attestées  par  les  historiens      'i. 
de  l'Antiquité  (l). 

Y  eut-il,  à  cette  époque,  une  solide  unité  politique  chez 
les  Celtes,  et  le  roi  Ambigatus  fut-il  une  sorte  de  Gharle- 
magne  qui  aurait  réuni  sous  son  empire  tous  les  pays 
conquis  par  les  Celtes  (2)*?  Rien  n'autorise  à  l'affirmer,  et 
le  texte  concis  de  Tite  Live  ne  peut  guère  fournir  une 
matière  suffisante  à  de  telles  déductions.  Au  lieu  d'être  un 
Charleinagne  historique,  Ambigatus  est-il  seulement  un 
Cbarlemagne  de  légende  ?  cela  même,  nous  ne  pouvons 
guère  le  dire.  Est-ce  Ambigatus  qui  provoqua  l'invasion 
celtique  en  Italie?  Il  y  a  contradiction,  comme  nous  l'avons 
vu,  entre  Polybe  qui  nous  montre  les  Gaulois  s'emparant 
de  Rome  vers  38G  et  Tite  Live  qui  donne  deux  dates  diffi- 
cilement conciliables,  600  (3)  et  390  (4).  Si  Polybe  a  raison 
l'invasion  des  Gaulois  en  Italie  et  la  i)rise  de  Rome  ne 
peuvent  être  contemporains  d'Ambigatus  qui  vivait  au 
temps  de  Tarquin  l'Ancien.  Pline,  Diodore  de  Sicile  et 
Appien  s'accordent  à  placer  vers  396  les  luttes  des  Gau- 
lois avec  les  Etrusques  ou  Tyrrliènes  et  fortifient  ainsi  le 
témoignage  de  Polybe.  Il  n'est  donc  guère  probable  qu'il 
y  ait  eu  deux  invasions  celtiques  en  Italie,  à  trois  siècles 
de  distance  (5). 

(1)  Voir  ci-dessus,  p.  30,  ?,2,  33,  405,  417.  Polybe,  ii,  18  ; 
Strabon,  V,  1,  6. 

(2)  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  ibid.,  t.  ii,  p.  297-304. 

(3)  V,  33,  5  ;  34,  1.  Cf.  Plutarque,  Camille,  16  ;  Romulus, 
17,  12. 

(4)  V,  33,  2.  Cf.  Diodore,  xiv,  113,  1  ;  Appien,  Celtiques,  2, 
1  ;  Plutarque,  Camille,  22. 

(5)  H.  Hubert,  Revue  celtique,  t.  xxxiv,  p.  426  ;  Niese, 
Real-Encijclopœdie  de  Pauly-Wissowa,  t.  vu,  col.  613-617. 
Voir  toutefois  A.  Bertrand  et  S.  Reinach,  Les  Celtes  dans  les 
vallées  du  Pô  et  du  Danube,  p.  27-32  ;  43-45. 


l'empire  celtique  461 

Quoi  qu'il  en  soit,  d'après  le  récit  même  de  Tite  Live, 
tandis  qu'une  fraction  de  l'armée  celtique  pénétrait  en 
Italie,  sans  doute  par  la  vallée  du  Danube  et  la  voie  du  No- 
rique  (1),  un  autre  corps  de  troupes  remontait  au  nord, 
vers  la  forêt  Hercynienne.  Il  dut  se  trouver  en  contact  avec 
les  Germains.  Les  Celtes  soumirent- ils  les  Germains  ?  On  ne 
peut  l'affirmer  (2)  ;  mais,  plusieurs  siècles  plus  tard,  on 
trouvait  encore  au  centre  de  l'Europe  des  peuples  celtiques, 
par  exemple  les  Voîcae  Tedosages,  près  de  la  forêt  Hercy- 
nienne (3j,  les  Gotini,  au  sud-est  de  la  Germanie  (4),  les 
Boii,  en  Bohême  (o),  et  on  se  souvenait  encore  que  les  Hel- 
vetii  étaient  jadis  établis  entre  la  forêt  Hercynie,  le  Rhin  et 
le  Main  (6). 

A  quelle  date  les  Belges,  peuple  celtique  mélangé  d'élé- 
ments germaniques,  franchirent-ils  le  Rhin  pour  s'établir 
au  nord  de  la  Gaule  '?  Probablement  au  temps  oii  d'autres 
Celtes,  venus  sans  doute  aussi  de  Germanie,  s'établissaient 
dans  la  Aallée  du  Rhône.  Or,  entre  les  Pyrénées  et  le 
Rhône,  le  Pseudo-Scylax  (milieu  du  iv''  siècle)  ne  men- 
tionne que  des  Ibéro-Li^ures,  et  entre  le  Rhône  et  les  Alpes 
que  des  Ligures.  La  perte  du  Rhône,  d'après  Aristote,  est 
située  en  Ligurie.  Il  n'en  était  plus  de  même  en  218.  An- 
nibal,  traversant  la  Gaule  méridionale,  ne  trouva  sur  son 


(1)  DÉCHELETTE,  Muiiuel  d'arcliéologie,  t.  ii,  p.  577. 

(2)  H.  d'Arbois  de  Jubainvii-le,  Les  premiers  habitants  de 
l'Europe,  t.  ii,  p.  32.5-329,  a  essayé  de  démontrer  cette  thèse  que 
combat  E.  Windisch,  Beridite  ïihcr  die  Verhandliingen  der  kôni- 
glich  sàchsischen  Gesellschajl  der  Wissenschaften  :u  Leipzig, 
1897,  p.  101-126. 

(3)  César,  Guerre  de  Gaule,  vi,  24. 

(4)  Tacite,  Germanie,  43. 

(5)  Tacite,  Germanie,  28  ;  42. 

(6)  Tacite,  Germanie,  28. 


462 


BELGES 


passage  que  des  Gaulois.  D'autre  part,  Tite  Live  mentionne 
l'arrivée  des  Gaulois  eu  Provence  en  même  temps  que  leur 
première  descente  en  Italie,  et  Justin  place  les  guerres  des 
Grecs  de  Marseille  contre  les  Gaulois  et  les  Ligures  avant 
la  prise  de  Rome  par  les  Gaulois.  L'invasion  des  Belges  se 
placerait  donc  au  ni'^  siècle.  Elle  est  sans  doute  contempo- 
raine de  l'invasion  celtique  en  Grèce  (1). 

L'établissement  des  Belges  en  Gaule  est  sans  doute  un 
peu  antérieur  à  leur  passage  en  Grande-Bretagne,  oii  ils  se 
trouvèrent  en  contact  avec  les  Gaëls  arrivés  depuis  plu- 
sieurs siècles,  et  où  ils  substituèrent  le  breton  au  gaé- 
lique, (2).  Le  gaélique  ne  se  maintint  qu'en  Irlande,  oîi  les 
établissements  des  Belges  furent  peu  nombreux.  Le  roi  Di- 
viciacus,  peu  avant  la  conquête  de  la  Gaule,  avait  régné  non 
seulement  sur  une  grande  partie  de  la  Belgique,  mais  en- 
core sur  la  Grande-Bretagne  (3). 

Les  autres  invasions  des  Celtes  nous  sont  mieux  connues. 
Nous  savons  que  c'est  en  279  qu'eut  lieu  l'expédition  de 
Brennos  en  Grèce  et  que,  peu  après  cette  date,  les  Celtes 
fondèrent  en  Thrace  un  royaume,  et  s'établirent  au  centre 
de  r Asie-Mineure,  en  Galatie  (278).  Mais,  presque  au  mo- 
ment oii  des  Celtes  pénétraient  dans  la  péninsule  des  Bal- 
kans, d'autres  Celtes,  passant  les  Alpes,  descendaient  en 
Italie  (29s)  et  faisaient  alliance  avec  les  Gaulois  cisalpins  (i) 

(1)  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Revue  celtique,  t.  xxiv, 
p.  162,  169.  Recherches  sur  l'origine  de  la  propriété  foncière, 
p.  119  ;  Les  premiers  habitants  de  l'Europe,  2«  éd.,  t.  I,  p.  377- 
378. 

(2)  D'après  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Revue  celtique, 
t.  xxvin,  p.  32-40,  ces  Belges  sont  sans  doute  les  Galiàin  dont 
l'épopée  irlandaise  raconte  l'arrivée  en  Irlande  vers  216  av.  J.-C. 

(3)  Guerre  de  Gaule,  ii,  4.  Cf.  v,  12. 

('ij  PoLYBE,  II,  19.  D'après  Diodore,  xiv,  117,  7,  les  Celtes 
pénétrèrent  jusqu'en  lapygie  au  sud  de  l'Italie. 


l'empire  celtique  463 

qui  occupaient  le  pays  depuis  un  siècle.  En  236,  22o,  222, 
des  Transalpins  sont  appelés  en  Italie  par  les  Cisalpins  (1). 
En  186,  des  Celtes  encore  allaient  bâtir  une  ville  au  nord 
de  l'Adriatique  (2).  Enfin,  en  179,  trois  mille  Gaulois  tran- 
salpins venaient  en  Italie  demander  des  terres  au  peuple 
romain  (3). 

Tels  auraient  été,  autant  qu'on  peut  le  déduire  des  rares 
données  de  l'histoire  et  de  la  linguistique,  les  développe- 
ments successifs  et  intermittents  de  la  puissance  celtique. 
Cette  puissance  fut  éphémère. 

Dès  le  ni®  siècle  238-219),  les  Carthaginois  s'emparaient 
de  l'Espagne  ;  les  Romains  les  y  remplaçaient  en  201. 
Puis  les  Romains  conquéraient  successivement  la  Gaule 
Cisalpine  (283-192),  la  Galatie  (189-25),  la  Gaule  Nar- 
bonnaise  (154-118),  l'IUyrie  (129),  la  Gaule  Celtique  et  Bel- 
gique (58-50)  (4),  la  Rhétie,  la  Vindélicie,  le  Norique  (16-9 
av.  J.-C.).  Enfin,  la  Grande-Bretagne,  dont  la  conquête 
avait  été  commencée  en  55  av.  J.-C,  est  soumise  jus- 
qu'aux montagnes  de  l'Ecosse  (78-85  après  J.-C). 

Seule,  à  l'extrême  ouest  de  l'Europe,  l'Irlande  restera 
celtique  jusqu'à  la  conquête  momentanée  des  Scandinaves 
et  la  conquête  définitive,  semble-t-il,  des  Anglo  Saxons. 


(1)  PoLYBE,  II,  21  ;  22  ;  23  ;  34.  Cf.  Mommsen,  Die  gallische 
Katastrophe,  Rômische  Forschungen,  Berlin,  1879,  t.  ii,  p.  297- 
381. 

(2)  TiTE  LivE,  XXXIX,  22  ;  54. 

(3)  TiTE  LxvE,  XL,  53,  5-6. 

(4)  Voir  sur  la  date  de  l'annexion  C.  Jullian,  Revue  archéolo- 
gique, t.  XV  (1910),  p.  104-136,  en  réponse  à  une  hypothèse  do 
G.  Ferrero,  ibid.,  p.  93-103. 


ROYAL  DUBLIN  SOCIETY 

SPRiV&WoW 


May  5,  6,  7,  8  &  9,  1953 


CONCLUSION 


L'inventaire,  que  nous  venons  de  dresser,  de  tous  les 
renseignements  que  l'on  peut  recueillir  sur  les  plus  anciens 
Celtes  donne,  il  faut  l'avouer,  des  résultats  médiocres.  Les 
Celtes  insulaires  ne  nous  ont  laissé  aucun  document  qui 
soit  antérieur  au  viii^  siècle,  et  les  plus  anciennes  légendes 
irlandaises,  si  l'on  admet  qu'elles  soient  fondées  sur  des 
faits  historiques,  n'ont  trait  qu'à  une  partie  peu  étendue  du 
monde  celtique.  Les  Celtes  du  continent  ne  nous  sont 
connus  que  par  le  portrait  qu'en  firent  les  Grecs  et  les  Ro- 
mains ;  mais,  par  une  malice  du  sort,  les  textes  les  plus  in- 
téressants pour  l'histoire  des  Celtes  occidentaux  antérieu- 
rement à  la  conquête  romaine  ne  nous  sont  point  parve- 
nus ;  nous  n'en  trouvons  que  des  fragments  dans  des  com- 
pilations de  valeur  discutable  ;  nous  risquons  de  considérer 
comme  des  phases  successives  de  l'existence  des  peuples 
celtiques  les  notions  qu'en  acquirent  progressivement  au 
cours  des  siècles  les  écrivains  de  l'Antiquité.  A  peine  sa- 
vons-nous quelle  signification  attribuer  aux  mots  par  les- 
quels les  anciens  désignaient  les  Celtes  ;  car,  le  plus  sou- 
vent, ils  confondaient  les   Celtes  et  les   Germains.  De  la 

G,  DoTTiN,  —  Manuel  de  l'antiquité  celtique-  30 


1 

466  CONCLUSION  y-, 


langue  nous  ne  connaissons,  sauf  les  noms  propres,  que 
quelques  termes  et  nous  ne  pouvons  la  restituer  dans  ses 
éléments  essentiels  qu'à  l'aide  des  dialectes  celtiques  des 
lies  Britanniques. 

La  vie  privée  et  la  vie  publique  ne  nous  sont  guère  con- 
nues (si  l'on  meta  part  les  monuments  et  les  objets  qui,  étanj 
tous  sans  inscriptions,  ne  peuvent  être  avec  une  certitude 
absolue  attribués  aux  Celtes),  qu'à  l'époque  de  la  conquête 
romaine  et  par  des  écrivains  que  leur  patriotisme  étroit 
rendait  peu  curieux  et  peu  clairvoyants.  La  religion  nous 
apparaît  tout  obscurcie  par  des  assimilations,  sans  doute 
superficielles,  avec  la  mythologie  gréco-romaine.  Et  la 
superposition  des  images  que  nous  fournissent  l'histoire,  la 
linguistique  et  l'archéologie  ne  laisse  des  Celtes  qu'un  por- 
trait confus. 

Ils  nous  apparaissent,  perdus  dans  les  brouillards  glacés, 
dans  les  sombres  forêts  et  les  déserts  incultes  du  centre  et 
du  nord-ouest  de  l'Europe,  instinctivement  attirés  vers  les 
pays  du  soleil.  L'Espagne,  l'Italie,  la  Grèce  voient  passer 
leurs  hordes  sauvages,  guerriers  à  demi-nus  ornés  de  colliers 
et  de  bracelets  d'or,  lourds  chariots  portant  des  femmes  et 
des  enfants.  F.orsqu'après  des  combats  sans  merci  ils  ont 
conquis  un  coin  de  terre,  ils  s'y  établissent  et  construisent 
des  enceintes  aux  murs  solides  oiî  ils  puissent  se  réfugier  en 
cas  de  guerre.  Mais,  quand  ils  n'ont  plus  d'ennemis  à  com- 
battre, ils  se  divisent  entre  eux  et,  à  la  faveur  de  leurs  dis- 
sensions, les  peuples  qu'ils  ont  soumis  ou  de  nouveaux 
conquérants  les  obligent  à  quitter  le  sol  qu'ils  ont  acquis 
par  la  force  de  leurs  armes.  Alors  ils  reprennent  leur 
course  vagabonde  vers  les  extrémités  de  l'Europe,  harcelés 
par  les  tribus  dont  ils  traversent  le  territoire.  Ils  arrivent 


A' 


CONCLUSION  467 

sur  les  bords  de  rOcéan,  et  parviennent  jusqu'à  l'Helles- 
pont  ;  rien  ne  les  arrête  :  ils  passent  dans  les  îles  extrêmes 
de  l'Ouest;  ils  pénètrent  jusqu'au  centre  de  l'Asie-Mineure. 
Les  routes  qu'ils  suivirent  sont  sans  doute  celles  où  huit 
siècles  plus  tard  défilèrent  dans  le  même  désordre  les 
Goths,  les  Huns,  les  Vandales,  les  Gépides,  les  Lombards 
et  les  Burgondes,  et  à  défaut  de  description  des  migrations 
gauloises,  nous  pourrions  lire  chez  les  écrivains  du  Moyen 
Age  ie  récit  des  invasions  barbares. 

Les  Celtes  du  m®  siècle  avant  notre  ère  ne  tardèrent  pas 
à  se  civiliser  au  contact  des  populations  voisines  qu'ils 
avaient  soumises  ou  quijles  subjuguèrent,  Les  Galates  d'Asie- 
Mineure  furent  rapidement  grécisés.  Les  Gaulois  adoptèrent 
avec  empressement  la  civilisation  romaine  et  oublièrent 
leur  langue  pour  parler  latin.  Lorsqu'ils  eurent  renoncé 
aux  expéditions  lointaines  et  aux  guerres  civiles,  la  vie  pas- 
torale, qu'ils  menaient  dans  leur  pays  d'origine,  les  reprit 
tout  entiers.  En  Gaule  Cisalpine  comme  en  Gaule  Transal- 
pine, ils  se  livrent  à  l'élevage  du  bétail  et  à  la  culture  des 
céréales.  Ils  font  preuve  de  bonne  heure  de  dispositions  heu- 
reuses pour  l'industrie  et  s'appliquent  à  décorer  leurs 
armes  par  de  nouveaux  procédés. 

Il  est  difficile  de  les  distinguer  des  peuples  arrivés  à  un 
état  de  civilisation  analogue  ;  la  commune  dénomination  de 
barbares  dans  laquelle  les  Grecs  et,  après  eux,  les  Romains 
comprenaient  toutes  les  nations  qui  n'étaient  ni  grecques 
ni  romaines,  nous  apparaît  ainsi,  avec  le  recul  des  siècles, 
comme  l'expression  d'une  vérité  ethnographique.  Quels 
détails  de  mœurs  ou  d'institutions,  quelle  communauté  de 
souvenirs  historiques  constituaient  la  caractéristique  des 
Celtes  par  opposition   aux   Germains,  aux  Ligures,   aux 


468  CONCLUSION  § 

Ibères,  aux  Ulyriens,  aux  Thraces  et  aux  Scythes?  Nous  ne 
pouvons  le  dire  d'après  les  vagues  notions,  dispersées  dans 
l'espace  et  dans  le  temps,  que  les  anciens  nous  ont  laissées. 
Les  hommes  d'imagination  que  hante  l'idée  d'une  race 
celtique  ne  sauraient  trouver  chez  les  Celtes  de  l'Antiquité 
une  matière  suffisante  à  leurs  délicates  recherches.  Peuvent- 
ils  essayer  de  dégager  ce  qui  appartiendrait  au  fonds  cel- 
tique dans  l'ensemble  des  caractères  propres  aux  peuples 
modernes  qui  habitent  aujourd'hui  les  pays  jadis  occupés 
par  les  Celtes  1  II  leur  faudrait  alors  étudier  à  ce  point  île 
vue  non  seulement  les  Français,  mais  encore  les  Allemands 
du  sud  et  les  Autrichiens,  les  Itahens  du  bassin  du  Pô  et 
même  les  Espagnols.  Il  est  évident  que  les  caractéristiques 
de  ces  peuples  tiennent  plus  à  la  terre  qu'ils  habitent  et 
aux  groupements  politiques  dont  ils  font  partie  qu'aux  sur- 
vivances hypothétiques  d'un  état  antérieur  que  nous  ne 
connaissons  guère.  A-t-ou  [)lus  de  chances  de  retrouver  les 
Celtes  primitifs  chez  les  peuples  celtiques  qui  habitent  en- 
core aujourd'hui  les  Iles  Britanniques?  Peut-être.  Mais  la 
situation  géograpbique  des  Celtes  insulaires  n'en  a-t-elle 
pas  fuit  une  race  à  part  qui,  dès  l'Antiquité,  se  distinguait 
nettement  des  Celtes  du  continent?  Peut-on  d'ailleurs  faire 
abstraction  des  conditions  historiques  dans  lesquelles  ils  se 
sontdéveloppés  ?  Le  Gallois,  l'Irlandais  et  le  Breton  sont-ils 
donc  si  semblables  '?  Il  est  probable  que  les  Celtes  de  notre 
temps  n'ont  de  commun  avec  ceux  de  l'Antiquité  que  les 
formes  de  pensée  créées  parl'emploidu  même  langage  en  ses 
traits  essentiels  ;  et  que,  si  l'on  fait  abstraction  de  ce  qu'ils 
doivent  à  leur  sol  et  aux  influences  extérieures,  ils  n'ont 
guère  recueilU  d'autre  héritage  de  leurs  ancêtres  que  cette 
angue  celtique  qu'ils  tiennent  à  faire  revivre. 


CONCLISION 


469 


Il  y  a  quelque  tristesse  à  montrer  ainsi  les  bornes  de  la 
science  de  l'antiquité  celtique,  bornes  provisoires,  il  est 
vrai,  qu  a  l'avenir  peut-être  des  chercheurs  pourront  recu- 
ler encore  ;  bornes  nécessaires  pour  arrêter  l'élan  des  im- 
prudents lancés  à  toute  vitesse  sur  la  route  de  l'hypothèse 
et  de  la  chimère  ;  et  l'on  se  sent  quelque  regret  de  toute  la 
peine  dépensée,  lorsqu'on  songe  qu'il  ne  manque  pas  de 
sources  d'étude  plus  fécondes  que  celles  de  ce  passé  loin- 
tain, et  lorsque  l'on  craint  que  les  restes  exhumés  des  an- 
ciennes civilisations  ne  gardent  à  jamais  leur  secret.  Mais  il 
y  a  aussi  quelque  douceur  à  évoquer,  comme  jadis  Odys- 
seus,  les  fantômes  vagues  et  muets  des  Cimmériens  de  la 
lécende. 


I 


INDEX   DES   AUTEURS 


(Les  chiffres  indiquent  les  pages  de  ce  manuel.  Pour  les  auteurs 
modernes,  on  trouve  le  lieu  et  la  date  de  publication  à  la  première 
référence. 


A 


Acta  Sanctorum.  69,  80,  82,  83, 
114,  118,  314,  343,  432. 

Afranius,  73. 

Agatharchide  de  Cnide,  11. 

Alexandre  Polvhistor,  9,  378. 

Allen  (Romilly),  192,  423,  458. 

Allmer.  Voir  :  Revue  épigra- 
phique. 

Ammien  Marcellin,  19,  63.  73,  85, 
141,  143,  146,  147,  149,  150, 
163,  187,  301,  350,  352,  357, 
359,  362,  364,  377,  378,  385, 
413. 

Ancient  laws  of  Ireland,  344.  , 

Annales  Carnbriae,  4. 

Annales  de  Bretagne.  19.  78,  222, 
324,  330,  34o,  365,  389,  453. 

Annales  de  la  Faculté  des  lettres 
de  Bordeaux,  249. 

Anthologie  latine,  88. 

Anthologie  palatine.  13.  185. 

Anthropologie  (L').  21.  41,  43,  51, 
143,  212.  266,  284,  421,  456. 

Antias.  Voir  :  Valerius. 

Antiquaires  de  France.  Voir  Mé- 
moires, Bulletin. 

Anwyl  (E.),  294. 

Apolïodore,  355,  395,  401,  404. 

Apollonios  de  Rhodes,  326,  401. 

Appien,  13,  24, 141, 142, 148, 151, 
168,  176,  193,  202,  241,  243, 
258,  269,  271,  281,  288,  360, 
418,  440,   460. 


Apulée,  65,  72,  76, «77. 

Arbois  de  Jubainville  (H.d'),  VI, 
VII, 3.  5,  12,  13,  14,  16,  19,  20, 
22,  23,  24.  26.  29,  32,  55,  86, 
94.  96.  101.  119,  120, 123, 125, 
132,  138.  153,  156,  159,  160, 
166,  167,  180,  182,  183,  184, 
188,  193,  194,  195,  198,  202, 
226,  231,  234,  239,  243,  246, 
247,  248,  250,  252,  253,  254, 
257,  259,  260,  264,  268,  270, 
272,  277.  278,  281,  297,  298, 
299,  301,  305,  306.  310,  312, 
315,  317,  318,  320,  321,  327, 
328,  338,  339,  341,  345,  347, 
349,  358,  363,  365,  369,  370, 
371,  374,  378,  379,  380,  383, 
385,  386,  394,  395,  411,  412, 
426,  428,  438,  444,  446,  448, 
449,  450,  454,  456,  457,  458, 
459,  460,  461,  462. 

Archaeologia  Cambrensis,  159, 
192,  423. 

Archiv  fur  Anthropologie,  40. 

Aristodème,  240. 

Aristote,  145,  149,  172,  189,  377, 
397,  456,  461. 

Arrien,  10,  14,  67,  75,  86,  149, 
201,   203,   204.   252,   264.   279, 

334,  397,  400. 
Artémidore    d'Ephèse,    9,    203, 

335,  405. 
Asinius  PoUion,  300. 
Athénée,  7,  33,  62,  145,  147,  160, 

161,  162,  163,  164,  165,  185, 


472 


INDEX     DES     AUTEURS 


186,  238,  253,  318,  347,  349, 

359,  360,  398. 
Auguste,  13. 

Augustin  (saint),  68,  301,  327. 
Aulu-Gelle,  66,  71,  171,  204,  270. 
Aurelius  Victor,  68,  85. 
Ausone,  80,  86,  87,  112,  135,  271, 

308,  330,  365,  379,  429. 
Aviénus  (Festus),  8,  81,  224,  396, 

405,  456,  458. 


B 


Babelon,  49,  267. 

Babut  (Ch.),  134. 

Barthélémy  (A.  de),  49,  215,  216, 
296. 

Barzaz  Breiz,  389. 

Baumeister,  46. 

Baye  (J.  de),  174,  214,  285. 

Becker  (J.),  55. 

Beilriige  zur  Kunde  der  indoger- 
manischen  Sprachen,  55,  57, 
90,   101,  408. 

Bcitriige  zur  verglcichendcn  Spra- 
chforschung,  55,  99. 

Béjottes,  339,  340, -368. 

Beloch  (J.),  242. 

Bérard  (A.),  28. 

Bergaigne  (A.),  356. 

Berichte  ûber  die  Verhandlungcn 
der  kôniglich  suchsischen  Ge- 
sellschaft  der  IVissenschaften 
zii  Leipzig,  461. 

Bertrand  (Alexandre),  VII,  14, 
26, 40, 44, 48, 51, 174, 177, 197, 
212,  276,  283,  284,  289,  292, 
294,  297,  305,  319,  324,  331, 
341,  344,  386,  390,  391,  394, 
408,  423,  460. 

Bezzenberger.  Voir  :  Beilriige  zur 
Kunde... 

Bienkowski,  44. 

Blanchet  (A.),  49,  96,  104,  148, 
160,  179,  217,  218,  276,  278, 
285,  287,  297,  324,  387,  404. 

Bloch  (G.),  VIII,  346. 

Boissonade,  79. 

Boretius,  81,  344. 

Bouquet  (Dom),  11. 

Bourquelot  (F.),  33. 

Bréal  (Michel),  26,  79,  94. 
British  Museurn,  287. 


Brown  (A.  G.  L.),  155,  164. 

Brugmann  (K.),  125. 

Brunot  (F.),  135. 

Bruns,  344. 

BuUeid,  44. 

Bulletin  archéologique  du  Comité 

des  travaux  historiques,  174. 
Bulletin  de  correspondance   hellé- 
nique, 46. 
Bulletin  historique  et  philologique 

94. 
Bulletin  de  la  Société  archéologique 

d'Ille-et-Vilaine,   339,   340. 
Bulletin  de  la  Société  archéologique 

du  Limousin,  388. 
Bulletin  de  la  Société  nationale  des 

Antiquaires  de  France,  97,  266. 
Bulliot  (J.-G.),  43,  153,  157,  158, 

191,  219,  327,  394. 


Caecina,  73. 

Cailletet,  157. 

Callimaque,  157,  12,  301,  400. 

Cambry,  137,  387. 

Capitulare  de  villis,  84. 

Cartailhac,  173,  205. 

Castagne,  273. 

Gastan  (A.),  421. 

Cath  Finntriiga,  148,  187. 

Caton  l'Ancien,  14,  151,  219,  405. 

Catulle,  71,  204,391. 

Celse,  71,  204,  391. 

Celtic  Beview  (The),  294,  378. 

Cerquand  (J.-F.),  310. 

César  et  Ilirtius,  6,  9,  12,  17,  18, 
19,  24,  27,  29,  30,  31,  35,  63, 
64,  66,  69,  70,  73,  82,  86,  95, 
119,  133,  142,  145,  146,  151, 
152,  153,  154,  155.  156,  160, 
162,  163,  167,  170,  178,  180, 
181,  183,  187,  188,  189,  193, 
194,  195,  197,  198,  199,  200, 
203,  206,  207,  208,  217,  219, 
220,  221,  222,  223,  224,  225, 
228,  229,  230,  231,  232,  233, 
234,  235,  236,  237,  238,  239, 
240,  241,  242,  243,  244,  245, 
246,  247.  249,  250,  251,  252, 
254,  255,  256,  257,  259,  260, 
261,  263,  264,  269,  272,  273, 
274,  275,   278,  279,   280,  281, 


•^: 


INDEX    DES    AUTEURS 


473 


285,  290,  291,  292,  293,  299, 
300,  303,  334,  336,  341,  343, 
346,  349,  352,  353,  358,  364, 
365,  366,  373,  375,  378,  380, 
382,  385,  407,  427,  428,  429, 
433,  439,  452,  461,  462. 

Ghabouillet  (A.),  49. 

Chantre  (E.),  422. 

Charisius,  14,  151. 

Chateaubriand,  383. 

Chatellier  (P.  du),  213,  324. 

Cicéron,  18,  24,  38,  63,  70,  145, 
146,  150,  151,  166,  176,  179, 
196,  219,  220,  261,  271,  335, 
348,  364,  366,  372,  373,  406. 

Claudien,  141,  276,  353. 

Clément  d'Alexandrie,  378. 

Clitophon,  64,  74. 

Closmadeuc  (G.  de),  331. 

Collinet  (P.),  180. 

Columelle,  10,  63,  66,  72,  74,  83, 
84,170,194,195,200. 

Comhaire  (Ch.),  421. 

Comptes  rendus  de  V  Académie 
des  Inscriptions  et  Belles-lettres, 
90,  98,  217,  313,  320,  374,  379. 

Confessio  S.  Patricii,  éd.  White, 
298,332. 

Congrès  archéologique  de  France, 
158. 

Congrès  international  d'anthropo- 
logie, 189. 

Congrès  international  de  numisma- 
tique, 49.  , 

Consentius,  71,  127. 

Cormac  (Glossaire  de),  68,  308. 

Cornélius  Nepos,  412,  414. 

Corpus  glossariorum  latinorum, 
67,  70,  73,  82,  87,  238. 

Corpus  inscriptionum  latinarum, 
24,  31,  92,  93,  94,  98,  99,  100, 
101,  102,  160,  204,  300,  305, 
309,  310,  316,  318,  328,  338, 
339,  361,  365,  409,  427,  428, 
429,  434,  436,  437,  439,  440, 
441. 

Cosmas  Indicopleustes,  399. 

Cougny  (Edm.),  10. 

Courbaud, 47, 144. 

Cumont  (Fr.),  326. 

Cuny  (A.),  73,  78. 
Cymmrodor  (Y),  4. 


Daremberg.  Voir  Saglio. 

Darmesteter  (A.),  122. 

Daubrée,  205,  208. 

Davies  (Edw.),  388. 

Davis,  144. 

De  Bello  Africano,  145. 

De  Bello  Alexandrino,  449. 

Dechambre  (A.),  11. 

Déchelette  (J.),  VIII,  40,  41,  42, 
43,  44,  158,  161,  169,  170,  174, 
175,  176,  177,  178,  190,  191, 
192,  198,  206,  207,  208,  210, 
211,  212,  213,  214,  217,  220, 
223,  260,  267,  276,  277,  279, 
280,  283,  284,  285,  287,  288, 
290,  294,  393,  420,  421,  422, 
423,  424,  425. 

Delage  (Fr.),  388. 

Deloche  (M.),  244. 

Denys  d'Halicarnasse,  141,  143, 
162,  163,  172,  176,  269,  270, 
289,  334,  350,  415,  455. 

Denys  le  Périégète,  385,  418. 

Desjardins  (Ernest),  20,  28,  47, 
157,  194,  235,  426. 

Diacre  (Paul),  63,  64,  74,  78,  238. 

Dictionnaire  archéologique  de  la 
Gaule,  47,  90,  157,  169,  283, 
287. 

Dictionnaire  des  antiquités 
grecques  et  romaines.  Voir  Sa- 
glio. 

Diefenbach,  55. 

Digeste.  Voir  :  Ulpien. 

Dinn-Senchus,  385. 

Diodore  de  Sicile,  13,  16,  18,  20, 
22,  23,  24,  27,  63,  70,  71,  133, 
141,  143,  145,  147,  149,  150, 
152,  154,  160,  162,  163,  164, 
166,  168,  169,  170,  173,  177, 
178,  186,  187,  190,  194,  205, 
206,  208,  220,  222,  229,  238, 
240,  242,  247,  251,  255,  257, 
258,  262,  263,  264,  271,  272, 
275,  278,  279,  281,  282,  285, 
286,  288,  289,  290,  292,  301, 
302,  303,  334,  345,  346,  349, 
352,  357,  358,  359,  360,  362, 
366,  377,  382,  390,  397,  400, 
412,  413,  457,  460, 462. 


474 


INDEX    DES    AUTEURS 


Diogène  Laërce,    330,  363,  374, 

Dion  Cassius  et  Xiphilin,  13,  74, 
78,  95,  154,  162,  170,  172,  181, 
182,  184,  198,  224,  229,  239, 
264,  269,  279,  290,  308,  313, 
335,  342,  346,  350,  402,  428. 

Dion  Chrysostome,  381. 

Dioscoride,  65,  72,  75,  76,  77, 
163. 

Dissard,  96,  97,  336. 

Ducange,  63. 

Dugas{Ch.),47,  174,  287,  291. 

Dunn  (J.),  2. 

Duruy,  369. 

Duvau  (L.),  32. 


E 


Ebel,  55. 

Elien,  146,  149,  268,  347,  359. 

Encyclopédie  des  sciences  reli- 
gieuses, 218,  243. 

Endlicher,  65,  68,  69,  79,  80. 

Ennius,  70. 

Ephore,  398,  401,  455,  458. 

Epiphane  (saint),  77,  68. 

Eratosthène,  401,  458. 

Ernault  (E.),  55,  74. 

Ernault  (L.),  339,  340. 

Eschyle,  22,  395. 

Espérandieu,  47,  90,  93,  97,  98, 
148,  171,  174,  198,  204,  223, 
275,  288,  289,  304,  316,  318, 
319,  320,  323,  325,  328,  331, 
338,  345. 

Etienne  de  Byzance,  16.  22,  375, 
395,  396. 

Etymologicon  magnum,  64. 

Eudème,  149,  352. 

Eudoxe,  346,  375. 

Eumène,  19,  172,  329. 

Eustathe,  64,  185,  292,  451. 

Eutrope,  87. 

Evans  (J.),  217. 

Ezéchiel,  80. 


Fabius  Pictor,  401. 

Felire  Oenguso,  344. 

Ferrero  (G.),  463. 

Festus  Aviénus.  Voir  :  Aviénus. 


Festus  (Pompeius)  et  Paul  Diacre 

63,  64,  66,  74,  78,  83,  85,  87, 

141,  238. 
Fick  (A.),  103. 
Florus,   24,  111,   141,   142,   146, 

149,   173,   210,   263,   275,  285, 

301,  346,  418,  439,  459. 
Flouest  (E.),  267,  324. 
Fœrster,  141. 
Forbiger,  28. 
Formigé,  47. 
Fortunat,  64,  68,  115,  135,  361, 

434,  443. 
Fournet,  42. 
Fragmenta    historicorum    graeco- 

rum,  7,  22.  240,  258, 375, 378, 

398,  399,  405. 
Friederichs,  316. 
Froehner,  292. 
Frontin.  258,  265. 
Fustel   de   Coulanges,  VII,  227, 

230,  237,  241,  249,  378.  ■ 


a 


Gaidoz  (H.),  V.VI.VII,  294,303, 

322,  329,  332,  340,  384. 
Gains,  188,  195. 
Galien.  141,  188. 
Garofalo   (F.-P.),   32,   195,   248, 

419. 
Gassies  (G.),  319,  320. 
Geffoken   (J.),  400. 
Geoffroi  de  Monmouth,  4. 
Géographe  de  Ravenne,  428,  433, 

434,  436,  441. 
Geographi    graeci    minores,    359. 

398,  405,  418. 
Gildas,  4. 

Gloses  malbergiques,  102. 
Glûck  (W.).  12,  55. 
Gougaud  (L.),  215. 
Grammalici  Intini,  éd.    Keil,   14, 

71,  127,  151. 
Grattius  Faliscus,  67,  201,  202. 
Gray, 44. 

Greenwell,  51,  144,423. 
Grégoire  de  Tours,  80,  83,  135, 

304,  428,  431,  434,  436. 
Grivaud  de  la  Vincelle,  323. 
Grœber,  55. 
Oross  (V.),  41,  51,  144,  280.  283, 

287. 


INDEX    DES    AUTEURS 


475 


Grundriss  der  Germaniachen  Phi- 
lologie, 449. 

Grundriss  der  Romanischen  Phi- 
lologie, 55. 

Guénin  (G.),  324. 

Ouillaud  (J.-A.),  11,  73. 


Haberl  (R.),  34,  132. 
Hamy  (E.-T.),  51,  148,  144. 

Hardv  (Thomas  Duffus),  11. 

Hatzfeld,  122. 

Havet  (Julien),  188,  444. 

Hécatée  d'Abdère,  22. 

Hécatée  de  Milet,  395. 

Hennessy  (W.  M.),  316. 

Henry  (Victor),  122,  322. 

Héraclide  de  Pont,  22. 

Hergt,  5. 

Hermolaos,  395. 

Hérodien,    147,    172,    179,    207, 
286,  290,  308. 

Hérodote,   12,   20,    23,   31,   356, 
395,  395. 

Héron  de  Villefosse,  323. 

Herr  (L.),  86. 

Hésiode,   353.    —   Voir   pseudo- 
Hésiode. 

Hésychius,  64,  70,  79,  276,  278. 

Kettner  (F.),  167. 

Hiéronyme  de  Cardia,  400. 

Himilcon,  9,  396.  Voir  :  Aviénus. 

Hippolvte,  367.  391. 

Hirscliield  (O.),  328. 

Hirt  (H.),  449. 

Hirtius.  Voir  :  César,  120. 

Histoire  Auguste,  364. 

Hochstetter  (F.  von),  421. 

Hoernes  (M.),  40,  421,  422. 

Holder  (A.),  VIII,  15,  28,74,104, 
195,  276,  361,  449. 

Horace,   IV,  84,  145,  200,  259, 
420. 

Hubert  (H.),  189,  266,  460. 

Hucher  (E.),  217,  313,  331. 


Ihm,  316,  363. 

Iliade,  32,  457. 

Indiculus  supcrstitionum,  81. 

Jolo  ntanuscripts,  388. 


Irénée  (saint),  135. 

Isidore,  25,  63,  66,  70,  81,  82,  85, 
87,  168,  170,  277,  327. 

Itinéraire  d'Antonin,  30,  73,  119, 
306,  351,  427,  429,  431,  432, 
433,  434,  435,  436,  437,  438, 
439,  440,  441,  442,  454. 

Itinéraire  de  Bordeaux  à  Jérusa- 
lem, 436. 


Jacob  (A.),  145,  162. 

Jamblique,  280. 

Jan,  VI. 

Janus,  369. 

Jérôme  (saint),  13,  27,  73,  84, 
134,  181. 

Jones  (Brynmor),  19. 

Jordanès  (Jornandês),  143,  154, 
178,  257,  265,  389,  390. 

Josèphe,23,  193,  195,  243,  258, 
399. 

Journal  des  Savants,  8,  34,  43. 

Jovce  (P.  W.),  155,  159,  190, 192, 
230,  239,  249,  255.  288,  297, 
308,  323,  344,  355,  361,  370, 
375. 

Julien  (l'empereur),  185. 

Julius  Capitolinus,  308. 

Jullian  (C),  5,  8,  11,  15,  21,  33, 
40, 44, 48, 49, 60, 102, 134, 138, 
140,  148,  171,  185,  186,  188, 
189,  194,  195,  199,  203,  213, 
214,  215,  217,  218,  219,  220, 
221,  226,  233,  246,  251,  252, 
257,  261,  263,  269,  273,  279, 
283,  293,  294,  297,  302,  304, 
307,  309,  310,  313,  316,  318, 
324,  325,  330,  332,  337,  338, 
345,  355,  357,  359,  360,  463, 
364,  372,  393,  396,  400,  404, 
406,  412,  418,  424,  425,  435, 
438,  443,  450,  451,  454,  463. 

Justin,  6,  29,  33,  146,  147,  149, 
150,  185,  227,  241,  257,  301, 
327,  334,  335,  346,  350,  359, 
362,  398,  400,  404,  411,  416, 
417,  419. 
Justinien,  87. 
Juvénal,  27,  83,  87,  142,  418. 


476 


INDEX  DES    AUTEURS 


Keil.  Voir  Grammatici  latini. 
Kiessling,  400. 
Klotz  (A.),  9. 
Kossinna  (G.),  25. 
Kuhn,  55. 


Laborde  (A.  de),  47. 

LaBorderie  (A.  de),  222. 

Lagneau  (G.),  11,  204. 

Lallemand  (A.),  272. 

Lampride,  272,  134,  384. 

La  Tour  (H.  de),  49,  50. 

La  Tour  d'Auvergne,  136,   137, 

388. 
Laurent  (R.),  47,  174,  287.  294. 
Laurentius  Lydus,  10,  79. 
La  Ville  de  Mirmont  (H.  de),  10. 
Lavisse  (E.),  VIIL 
Lebègue  (H.),  10. 
Le  Braz  (Anatole),  150,  353,  377. 
Le  Brigant,  137. 
Lécrivain,  249. 
Leflocq  (J.),  389. 
Lefort  (J.),  180,  256. 
Leite  de  Vasconcellos,  459. 
Lejay  (P.),  98. 
Lichtenberger  (F.),  VII,  294. 
Longnon  (A.),  28,  116,  243,  420 

444. 
Longpérier  (A.  de),  46,  48. 
Loth  (J.),  4,  19,  20,  51,  55,  70, 

78,  82,  98,  102,  104,  109,  134 

136,  244,  277,  307,  330,  340, 

365,  374,  430,  438,  453,  457. 
Lottner  (C),  316. 
Lubbock  (J.),  5. 
Lucain,  66,  141,  176,  199,  263 

285,  292,  310,  340,  343,  352! 

353,  359,  365,  369,  373,  377, 

414. 
Lucien,  134,  265,  288,  311,  390. 
Lucilius,  70,  83,  85. 
Lucrèce,  71. 
Luzel  (F.  M.),  389. 

M 

Maasen,  344. 
Mabilion,  343. 
Mabinogion,  4,  337. 


Macalister,  306. 

Macrobe,  73. 

Maître  (L.),  222. 

Manilius,  142. 

Marcellus  Empiricus,  65,  67,  68, 
73,  77,  78,  87,  102,  135,  368. 

Marchesetti,  421. 

Marcianus  d'Héraclée,  441. 

Martial,  72,  83,  86,  161,  170,  178, 
200. 

Martin  (Dom),  312,  457. 

Martin  (Henri),  389. 

Matériaux  pour  l'hixtoire  de 
l'homme,  148,  154,  169  172, 
267,  421,  422. 

Matthias  (F.),  5. 

Maury  (A.),  V,  199. 

Maxime  de  Tyr,  339. 

Mazard  (H.  A.),  266. 

Meillet  (A.),  86,  125,  126. 

Mêla  (Pomponius),  20,  66,  152, 
167,  178,  189,  190,  194,  205, 
222,  229,  265,  340,  351,  352, 
353,  369,  374,  383,  430,  440. 

Mélanges  H.  d  Arbois  de  Jubain- 
i'ille,  189,  360. 

Mélanges  Boissier,  383. 

Mélanges  L.  Hacet,  152. 

Memnon,  241,  258,  404. 

Mémoires  de  la  Société  de  linguis- 
tique de  Paris,  78,  119,  132, 
230,  429,  432,  438. 

Mémoires  de  la  Société  nationale 
des  Antiquaires  de  France,  33, 
43,  209,  214,  219,  244,  266, 
290. 

Ménodote  de  Périnthe,  11. 

mercasius,  83. 

IMétrodore  de  Scepsis,  73. 

Meyer  (Kuno),  148,  187,  330. 

Mever-Lubke  (W.),  55,  132,  430. 

Michelet,  137. 

Mignc,  134. 

Miliaire  de  Tongres,  119. 

Mohl  (F. -G.),  135. 

Monimsen,   337,   463. 

Monceaux  (P.),  306. 

Montelius  (O.),  41,  422,  423. 

Monumenta  Germaniae  histo- 
rina,  337,  351. 

Morale  à  Eudème.  Voir:  Eudème. 

Morel  (L.),  422. 

Mortillet  (A.  de),  331. 


I 


INDEX  DES   AUTEURS 


477 


Mortillet  (G.  de),  423. 
MoAvat  (R.),  230. 
Mûllenhoff  (K.),  6,  8. 
Munro  (R.),  44,  423. 
Muret  (E.),  49. 

N 

Naevius,  70. 
Napoléon  III,  44. 
Naturalium     rerum     Scriptores 

graeci  minores,  éd.  Keller,  181, 

187. 
Naue  (J.),  189,  421. 
Némésien,  201. 
Nennius,  4,  336,  351. 
Nicaise  (A.),  174. 
Nicandre  de  Colophon,  334. 
Nicholson  (E.  W.  B.),  19,  98,  102. 
Nicolas  de  Damas,  150,  236,  238, 

254,  352,  375. 
Xiese,  460. 
Xoë  (G.  de  la),  275. 
Nonius,  70,  83,  84,  276,  278. 
Xotitia    Dignitatum,     427,     428, 

432. 
.\otitia  Galliarum,  31,  428,  435. 
Nuit  (Alfred),  299,  355. 


0  Davoren,  68. 

Odyssée,  23,  27. 

Olsen,  93. 

Oppien,  78,  86,  202. 

Orifrène,  391. 

Orose,  146,  202,  228,  401. 

Ovide,  201. 


Palladius,  198. 

Panegi/rici  ceteres,  éd.  Baehrens, 

275,  364. 
Pansier.  369. 
ParadoxQf^raphe  du  Vatican,  181, 

185. 
Paris  (Gaston),  29. 
Parthénios,  147,  240,  303. 
Patrice  (Saint),  297,  298. 
Paul  (H.),  449. 
Pauli  (G.),  32,  91. 
Pauly-Wissowa,  363,  400. 
Pausanias,  12,  13,  28,  45,  64,  67, 


78,  84,  141,  145,  147,  148,  189, 
240,   258,   262,   285,   286,   289, 
336,  413,  416,  419,  420. 
Pedersen,  125. 
Pelloutier,  22. 
Penhouët  (de),  387. 
Perdrizet  (P.),  33,  150. 
Perron,  172. 
Peter  (H.),  14. 
Petit  de  Julle\i]le,  135. 
Pétrie  (Henry),  11. 
Pezron,  23. 
Philémon,  318. 
Philipon  (E.),  430. 
Phillimore  (E.),  4. 
Philon,  452. 
Philostrate,  209. 
Philoxène,  238. 
Phylarque,  164,  165. 
Pic  445. 
Pictet,  55,  389. 
Pindare,  23. 
Piroutet  (M.),  421,  422. 
Platon,  150. 
Plaute,  70. 

Pline  l'Ancien,   X,   7,  8,  16,  20, 

24,  27,  30,  31,  38,  45,  63,  66, 

67,  71,  72,  74,  75,  81,  83,  84, 

115,150,  154,160,  161,166,  167, 

171,176,  177,  178,  194,195,197, 

199,   200,   202,   203,   204,   207, 

208,   209,   210,   222,   224,   246, 

282,   339,   340,   342,   347,   348, 

350,   371,   367,   368,   374,   377, 

379,   395,   398,   405,   406,   414, 

418,   429,   437,   439,   440,  441. 

Pline  Valérien,  78. 

Plutarque,  13,  16,  17,  22,  24,  74, 

141,   142,   149,   150,   155,   160, 

171,   183,   184,   186,   189,   201, 

207,   239,   243,   258,   261,   262, 

263,   271,   281,   285,   289,   347, 

354,  397,  400,  415,  418,  460. 

Poetae  latini  minores,  152. 

Pollux,  275. 

Polybe,  13,  16,  30,  31,  64,  81, 
141,  142,  145,  150,  152,  153, 
161,  166,  172,  183,  186,  196, 
197,  200,  205,  224,  228,  233, 
238,  241,  250,  258,  262,  263, 
269,  275,  281,  282,  288,  291, 
292,  301,  335,  341,  395,  402, 
404,  411,  443,  460,  463. 


478 


INDEX   DES  AUTEURS 


Polyen,  95,  147,  187,  281,  398. 
Pomponius.  Voir  :  Mêla. 
Poseidônio.s,   6,   9,   20,   22,    160, 

163,   164,   208,   347,   373,   384, 

399,  405. 
Priscien,  86. 

Pro  Alesia,  43,  93,  99,  158,  210. 
Proceedings   o1    the    British    Aca- 

demy,  41,  90,  91,  98. 
Procope,  353. 
Properce,  166,  170,  178,  263,  264, 

271,  275,  326. 
Prost  (A.),  236. 
Protarque  de  Tralles.  22. 
Pseudo-Aristote,  16,  20,  63,  203, 

254,  302,  363,  397,  400. 
Pseudo- Hésiode,  399,  459. 
Pseudo-Plutarque,    64,    74,    79, 

368. 
Pseudo-Scylax,  398,  461. 
Pseudo-Scymnus,   23,   359,   399, 

405. 
Ptolémée,   29,   30,   31,   73,   119, 

427,   428,  429,  430,   432,   433, 

434,  435,  436,  437,   439,  440, 

441,  442,  443. 
Ptolémée,  fils  de  Lagos,  149,  252, 

399. 
Pulszky  (F.  de),  421,  422. 
Pythéas,  5,  222,  399. 


Q 


Quadrigarius   (Claudiu.s),   270. 

Quicherat,  48. 

Quintilien,  74,  80,  85,  86,  173. 


B 


Rayet,  292. 

Raymond,  144. 

Read  (Ch.),  423. 

Reinarh  (.\d.),  13,  46,  161,  203, 
258,  259.  275,  280,  332,  338. 

Reinach  (Saiomon),  VII,  15,22, 
26,  40,  45,  48,  51,  148,  167, 
169,  171,  173,  174,  175,  176, 
177,  188,  190,  194,  208,  209, 
211,  212,  215,  224,  255,  268, 
273,  276,  280,  283,  284,  286, 
288,  290,  291.  292,  307,  311, 
317,  318,  320,  321,  322,  323, 
324,   325,   326,   330,  331,   336, 


337,  338,  343,  345,  349,  351, 
353,  366,  368,  384,  389,  394, 
406,  408,  412,  416,  421,  425, 
460. 

Reinach  (Théodore),  265,  312. 

René)  (Ch.),  39,  190,  294,  306, 
316,  323,  324,  331,  332,  337, 
341,  344. 

Revue    d^  anthropologie,     40,     41, 

173,  212,  421. 

Revue  archéologique,  15,  21,  40, 
41,  43,  45,  46,  47,  48,  49,  55, 
94,  157,  158,  167,  173,  177, 
189,  194,  205,  208,  209,  211, 
212,  214,  217,  258,  266,  268, 
274,  280.  283,  284,  287,  288, 
289,  292,  297,  301,  304,  305, 
307,  319,  322,  323,  324,  325, 
330,  331,  332,  337,  338,  345, 
349,  351,  358,  359,  366,  368, 
369,  388,  421,  422,  423. 

Rci'ue  de  l'art  chrétien,  215. 

Hernie  celtique,  VI,  10,  16,  19,  22, 
24,  25,  32,  38,  46,  69,  74,  82, 
86.  94,  97,  98,  100,  101,  102, 
lO'i,  116,  123,  159,  161.  183, 
195,  202,  206,  208,  209,  217, 
230,  242,  248,  251,  264,  265, 
266,  275,  276,  277,  284,  297, 
304,  305,  306,  307,  308,  310, 
311,  312,  315,  316,  318,  321, 
322,  324,  325,  326,  327,  328, 
329,  332,  336,  337,  340,  343, 
344,  353,  365,  371,  374,  376, 
378,  379,  381,  384,  385,  386, 
389,  430,  438,  444,  446,  450, 
458,  462. 

Revue  critique  d'histoire  et  de  lit- 
térature, 100,  173. 

Revue  de  l'Ecole  d'anthropologie 
de  Paris,  331. 

Revue  épigraphique  du  midi  de  la 
France,  82.  306,  365. 

Revue  des  études  anciennes,  VI, 8, 
11,  47,  48,  102,  150,  156,  160, 

174,  182,  195,  199,  212,  213, 
214,  246,  252,  259,  269,  279, 
287,  289,  292,  316,  319,  320, 
322,  323,  325,  337,  338,  346, 
364,  372, 

Revuedes  éludesgr.''cques,k\  9,436. 
Revue  de  l'histoire  des  religions, 
340,  355,  386. 


INDEX    DES    AUTEURS 


479 


Reçue  historique,  307. 

Revue  numismatique,  49,  218,  337. 

Revue  de  philologie,  86,  145. 

Revue  préhistorique,  144. 

Revue  des  questions  historiques, 
248. 

Revuede synthèse historipuc,  VIII, 
2,  41,  48,  294. 

Reynaud  (J.),  389. 

Reynier,  193. 

Rheinisches  Muséum  fiir  Philo- 
logie, 242. 

Rhys  (J.),  12,  19,  90,  91,  93,  94, 
98,  101,  102,  298,  299,  303, 
312,  315,  316,  328,  337,  351, 
374,  384. 

Ricci  (S.  de).  Voir  Seymour. 

Ricochon  (J.),  101. 

Ridgeway,  24,  41,  201. 

Ripley  (W.-Z.),  50,  445. 

Ritsciil,  47. 

Rivaud  (A.),  373. 

Robert  (Ch.),  148,  217,  313,  384. 

Robinson  (F.-N.),  360. 

Roget  de  Belloguet,  V,  VI,  60, 
80,    145,  167. 

Roidot,  153,  157,  219,  394. 

Remania,  29,  87. 

Roscher,  305,  312. 

Ruelle,  VIII. 

Rufius  Festus.  Voir  Aviénus. 


Sacken  (E.  von),  40,  277. 
Saglio,  169,  171,  223,  290,  29'.', 

316. 
Salluste,  24,  63. 
Saulcy  (F.  de),  49. 
Scheppig,  6. 
Schleicher,  55. 
Schlumberger,  46. 
Scholiaste        d'Apollonios        de 

Rhodes,  22. 
Scholiaste  de  Gallimaque,  258. 
Scholiaste  de  Cicéron,  79. 
Scholiaste    de    Juvénal,    69,    82. 

85,  S7,  110,  265. 
Scholiaste  de  Perse,  79. 
Scholiaste  de  Virgile,  53,  73,  406. 
Schrader  (0.).  68,  311,  389. 
Schuchardt,  129. 
Scriptores     rerum     mirabilium 


Graeci,   (Paradoxographi),   éd. 

Westermann,  241. 
Sempronius  Asellio,  406,  459. 
Sénèque,  178,  328. 
Serre,  224. 
Servius,  25,  64,  70,  78,  84,  85, 

239,  277. 
Seymour  de  Ricci,  98,  374,  376. 
Sidoine  Apollinaire,  82. 
Sigebert,  65. 
Sigrais  (de),  284. 
Silius  Italicus,  141,  142,  145,  146, 

152,  170,  189,  201,  265,  271, 
285,  289,  346. 

Simonide  de  Magnésie,  265. 
Siret  (L.),  21. 
Sisenna,  83,  279. 
Sitzungsberichte    der    kaiserlichen 

Akademie    der    W issenschaften 

in  Wien,  132,  430. 
Skene,  389. 
Smith  (R.-A.),  423. 
Société  de  l'histoire  de  France.  10. 
Solin,  20,  25,  147,  148,  179,  217, 

222,  301,  308,  362, 399. 
Soltau  (W.),  152. 
Sopatros  de  Paphos,  147. 
Sotion  d'Alexandrie,  363. 
Spartien,  347. 

Stobée,  149, 150,  236,  247,  254. 
Stokes  (Wh.),  14,  55,  57,  63,  68' 

90,  93,  94,  101,  298.  308,  344, 

371,  385,  386.  408. 
Strabon,  7,  12,  14,  15,  16,  17,  18, 

19,  23,  24,  27,  29,  30,  31,  32, 

33, 35, 71, 81, 85. 133, 134, 142, 

145,   146,  148,   149,   151,   152, 

153,  154,  155,  156,  161,  162, 
166,  167.  169,  170,  173,  176, 
178,  181,  186,  193,  194,  195, 
196,-  199,  200,  201,  202,  203, 
205,  206,  208,  215,  219,  221, 
222,  223,  230,  232,  234.  235, 
236,  239,  241.  242,  245,  246, 
250,  255,  256,  257,  259,  261, 
263,  264,  278,  280,  281,  327, 
334,  135,  336,  342,  346,  347, 
348,  349,  356,  357,  358,  360, 
362,  365,  366,  373,  380,  382, 
385,  390,  393,  399,  401,  403, 
427,428,440,443,451,455,  460. 

Studies  and  notes  in  philology  and 
literature,    155. 


480 


INDEX    DES    AUTEURS 


Stukeley,  387. 

Suétone,  36,  72,  758,  142,  222, 

300,  328,  342,  345,  369,  379, 

452. 
Suidas,  282,  362. 
Sulpice  Sévère,  134,  135. 


Table  de  Peutinger,  20,  119,  427, 
429,  431,  432,  433,  434,  435, 
437,441,442,443. 

Tacite,  17,  19,  20,  24,  27,  30,  33, 
36,  74,  75,  87,  96,  134,  142, 
143,  152,  182,  184,  186,  196, 
198,  205,  221,  229,  245,  257, 
261,  264,  282,  285,  286,  288, 
295,  335,  340,  341,  346,  350, 
362,  3G6,  375,  379,  383,  385, 
407,  432,  451,  452,  461. 

Tain  B6  Cualnge,  3,  85,  143,  164, 
252,  265,272,290,313,321,385. 

Taliesin,  389. 

Tertullien,  301,  308,  335,  348. 

Testament  d'Auguste,  13. 

Thémistius,  201. 

Théopoinpe,  145,  356,  396,  397. 

Thierry  (A.),  25. 

Thiers  (F. -P.),  96,  374. 

Thomas  (Ant.),  33,  69,  83,  87, 
122,  444. 

Thurnam,  144. 

Thucydide,  236. 

Thurneysen  (R.),  55.  98,  99,  363, 
376. 

Tibulle,  141. 

Timagène,  9,  11.  Voir  Ammien 
Marcellin. 

Tiniée,  11,  208,  224,  400. 

Tirechan,  371. 

Tischler,  41. 

Tite  Live,  16,  17,  33,  84,  86,  114, 
141,  142,  145,  146,  147,  148, 
149,  151,  153,  160,  170,  172, 
173,  183,  186,  189,  196,  197, 
200,  219,  224,  227,  228,  232, 
236,  241,  246,  250,  252,  253, 
258,  262,  269,  270,  274,  275, 
276,  279,  281,  282,  285,  286, 
288,  289,  291,  305,  334,  341, 
342,  346,  348,  350,  359,  365, 
397,  404,  408-412,  418,  443, 
457,  460,  463. 


Todd  (J.H.),  351. 
Tourneur  (V.),  136,  310. 
Toutain,  383. 
Travers  (A.),  136. 
Trebellius  Pollion,  201. 
Tripartite  life  of  Patrick,  298,351, 

371,  386. 
Trogue  Pompée.  Voir  Justin. 
Turner  (Sh.),  388. 
Tzetzès,  353. 


Ulfilas,  60. 
Ulpien,  134. 
Usener,  310. 


Vacher  de  Lapouge,  51,  94,  143. 
Valère  Maxime,   149,   183,   228, 

239,  253,  352,  377,  440. 
Valerius  Antias,  403. 
Vaierius  Flaccus,  291,  343. 
Vallancey,  137. 
Valientin  (FI.),  316. 
Valroger  (L.  de),  452. 
Varron,  66,  84,  85,  162,  170,  194, 

197,   198,   199,   200,   203,   219, 

288 
Vauviilé  (0.),  43,  158. 
Védas,  356. 

Végèce,  70,  78,  81,  201,  269,  281. 
Velleius  Paterculus,  459. 
Vendryès  (J.),  70,  110,  178,  318, 

429,  430,  432. 
Verchôre  de  Reffve,  284. 
Vercoutre  (A.  T.)',  47. 
Vie  de  sainte  Geneviève,  69,  432. 
Vie  de  saint  Germain,  69,  432. 
Vie  de  saint  Patrice,  2%%, 'àSi,^!!, 

386. 
Vie  de  saint  Samson,  343. 
Villemarqué  (H.  de  la),  389. 
Viollier  (D.),  284,  421. 
Virgile,  6,  70,  72,  73,  80,  84,  141, 

166,  170,  275,  277,  286. 
Virgile  le  Grammairien,  66,  102. 
Vitruve,  154. 
Vopiscus,  384. 
Vouga  (E.),  41. 
Voulot  (F.),  320. 


lî^DEX    DES    AUTEURS 


481 


w 


Weissenborn,  412. 

Welter  (G.),  320. 

Westdeutsche  Zeitschrift  fur  Ges- 
chichte  und  Kunst,  25,167,327. 

Wilamowitz-Môllendorff    (von), 
400. 

Williams  (Edw.),  388. 

Windisch  (E.),  3,  55,  85,252,  461. 

Wochenschrift  fur  klassische  Phi- 
lologie,   152. 

Wood-Martin  (W.  G.),  423. 

Wright  (Thomas),  426. 


Zeitschrift  fur  deutsche  Wortfors- 

chung,  376. 
Zeitschrift  fur  vergleichende  Spra- 

chforschung,  65. 
Zeitschrift  fur  Celtische  Philologie, 

34   93    132 
Zeuss  (I.'-C.),'24,  55,  76, 104,  306, 

312. 
Zimmer(H.),  64,  220. 
Zimmer  (M.),  421. 
Zwicker  (J.),  72,  85. 


Xénophon,  257,  397. 
Xiphilin.Voir  Dion  Cassius. 


G.  DoTTiN.  —  Manuel  del'antiquité  celtique. 


31 


«£ 

A 


INDEX    GÉNÉRAL 


Les     chiffres    indiquent   les    pages.   Les   mots  en   italique    sont 
étudiés  pour  leur  forme. 


aballo-,  108. 

Aballo,  65,  108,  119. 

Abernethy,  424. 

Abianius,  Abinius,  314. 

Abnoba,  327. 

Abo-brica,   441. 

abondance  (année  d'),  380. 

abranas,  79. 

Abrincatui,  34. 

acaunum,  118. 

acaunu-marga,  67. 

accent,  132. 

Accio,  305.  ♦ 

acier,  21. 

Acionna,  326. 

Acito-dunum,  429. 

-acos,  -acus,  119,  444. 

Acropole,  45,  46. 

Adam,  137. 

Adamnan,  260. 

Ad-ianto,  113. 

Adiatorix,  151. 

Adiatunnus,  238. 

Admageto-briga,   439. 

Ad-marus,  106. 

adoration  (signe  d'),  347. 

Adrastê,  78,  313,  341,  346,  350. 

Adria,  398. 

Adriatique,   221,  252,   399,  401, 

405,  459,  463. 
Adro-brica,  441. 
Adsmerius,    304,    307.    Cf.    Ate- 


Aduatuca,  156. 

Aduatuci,  155, 156,  273,  275,  285. 

aedificia,  154. 

Aedui  (Eduens),  66,  108,  155, 
193,  197,  209,  228,  230,  231, 
232,  233,  234,  243,  244,  245, 
246,  251,  256,  259.  261,  275, 
291,  361,  405,  406,  408. 

Aeria,  405. 

Aestii,  36,  67,  336. 

agassaios,  78,  201. 

agathe,  368. 

agaunum,  80,  118.  Cf.   acaunum. 

ager  publicus,  248. 

Agnôtes,  405. 

agrafes,  166,  172.  Voir  :  fibules. 

Agricola,  152,  229. 

agriculture,  90,  152,  192-198. 

Agrigente,  216. 

-agro-,  104,  108. 

aidu-,  108. 

Aidusii,  405.  Cf.  Aedui. 

aigle,  335,  337,  338. 

Aigosages,  404. 

Aigos  potamos,  410. 

Ailbe,  202. 

airain,  159,  285,  289.  Voir  :' 
bronze,  cuivre. 

airelle,  171,  240; 

Aisne,  43. 

Aix,  360. 

al,  80. 

Alaise  (Doubs),  285* 


4B4 


INDEX    GENERAL 


alauda,  72. 

Alaunius,  304,  309. 

alausa,  87,  205. 

Albio-,  108. 

Alhion,  397. 

Albio-rix,  108,  304,  305. 

Albius,  329. 

albolon,  76. 

alcc,  84,  203. 

Alesia  (Alise),  43,  156,  158,  210, 

272,  274,  302,  359,  424,  425. 
Alexandre-le-Grand,  5,  252,  399, 

459. 
Alexandre  Sévère,  134,  384. 
algues,  223. 
alimentation,  89. 
Alisanos,  99,  314,  317. 
Alise-Sainte-Reine,    93,    94,    99. 

Voir  Alesia. 
Aliso,  454. 
Alixie,  101. 
Alkooinos,  93. 
Allemagne,   282,   295,   421,   422, 

423,  429,  432,  437,    439,    442. 

Vo.r  :  Germanie,  Bavière,  Pa- 
latin at. 
Allia,  411. 
alliances,  247. 
Allobrogae,   Allobroges,    69,  105, 

110,  151,  156,  193,  197,  228, 

275,  276,  360,  406. 
Alpes,  22,  78,  200,  206,  302,  395, 

402,  409,  414,  415,  416,  418. 
alphabet,  95,  379. 
altes,  84. 
Altkônig,  424. 
Amallo-brica,  441. 
Amarco-litanus,  304. 
Ambactiacus,  445. 
ambactus,  63,  235,  238,  239,  261, 

450. 
Ambarri,  155,  251,  309. 
ambe,  80. 
ambi-,  108,  127. 
Ambiani,  34,  193. 
Ambibareti,  243. 
Ambi-barii,  108,  244. 
ambici,  160. 
Ambi-dravi,  108. 
Ambi-gatus,  108,  250,  408,  460, 
Ambio-niarcae,  316. 
Ambiorix,  17,  116,  236,  238,  245, 

260,  280. 


Ambi-renos,  116. 

ambre,  44,  175,  191,  208^  209, 
221,  222,  368,  396,  418,  456. 

âme,  351-353,  373. 

amellus,  84. 

amendes,  254,  380. 

Amfreville,  290. 

Ammendola  (vigne),  46, 169, 171. 
174,  177,  280. 

Amphitrile,  216. 

Amplepuis,  214. 

Ampurias,  216. 

amulettes,  209,  332,  369. 

anam,  80. 

Anamares,  Anares,  402. 

Anas  (Guadiana),  403. 

anai'o-,  105,  109. 

Anavos,  105,  109. 

Ancasta,  315. 

ancêtres,  27,  272.  Voir  :  famille, 

Ancône,  401. 

Ancyre,  134. 

And-arta,  109,  313,  325. 

Andatê,  78,  313.  Voir  :  Adrastê. 

ande-,  109. 

Ande-brogi-rix,  110. 

Ande-camulos,  99. 

Andecavi,  34. 

Ande-matunnuia,  109. 

Ande-ritum,  109,  116,  442, 

Ande-roudus,  116. 

Andrastê,  78,  313. 

androcéphale,  324,  337. 

anepsa,  76. 

Aneroestos,  227. 

Aneuni-cnos,  100. 

Aneunos,  100. 

Anextio-marus,  304. 

Angleterre,  435.  Voir  :  Grande- 
Bretagne. 

anguipède,  320. 

animaux  domestiques,  88,  189, 
199-202,  349,  350.  Voir  :  marca, 
mannus,  ceva,  cattus,  paravere- 
dus,  vertragi,  agassaios,  cheval, 
chien,  bétail,  oie,  mouton, 
chèvre,  bélier,  porc,  bœufs, 
vaches. 

animaux  représentés,  213-214, 
287,  289,  292,  294,  336-338. 

animaux  sacrés,  336. 

animaux  sauvages,  88.  Voir  : 
uruSf  abranas,  alce,  beber,  ru- 


INDEX    GENERAL 


485 


iius,  blaireau,  ours,  chevreuil, 
lièvre,  loup,  sanglier, 
annales  irlandaises,  2.  Voir  chro- 
niques, 
anneaux,  174, 191,  194,  207, 217, 

287, 368. 
année,  374. 
Annibal,  187,  197,  200,  224,  227, 

282,  402,  461. 
Antalcidas,  410. 
antennes,  283. 
•nthropologie,  2,  50-51. 
mthropomorphisme,     342. 
nthropophagie,  26,  27. 
ntidote,  368.  Voir  poison. 
.ntigone  Gonatas,  258. 
Antiochus  I«^^  Sôter,  265,  288. 
Antiochus  III  le  Grand,  258,  265, 

404. 
Antiochus  IV,  46. 
Antonius  Primus,  135. 
Anvalonnacos,  99,  317. 
Anvalos,  314,  317,  365. 
Apennin,  409, 

\pollon,  22,  216,  299,  304,  307, 
309,   314,  317,   319,   327,   329, 
341,  345. 
appariteur,  236. 
Appienne  (voie),  46. 
applaudissement,  237. 
Apt,  94. 

Aquitains,  35,  238,  243. 
Ara-briga,  440 

Aranmore,  159.  » 

Aravacae  (Arevaci),'403. 
arbitrage,  187,  380. 
arbres,   198-199,   317,    320,   325, 
339,  342.  Voir  :  aballo,  rumpo- 
tinus,     verno- ,     vilu-,    scobiên 
renne,  derco-,marcus,  larix,padi, 
iupicelluson,  hys,   betulla,   bro- 
gilus,  atinia,  bouleau,  if,  chêne. 
Arcecius,   304. 
archéologie,   3,    15,    37-50,    420- 

425. 
archers,  269,  280. 
Arco-briga,  440. 
Ar-cynia,  112,  456.  Voir  :  Hei- 

cynie. 
Ardèche,  424. 
Ardenne,   155,   198.   Voir   :   Ar- 

duinna. 
Arduenna,  109. 


Arduinna,  327. 
arduo-,  109. 
Ardyes,  402. 
are-,  68,  109. 
Arecomici,  28. 
Are-dunum,  109. 
Arelate,  132. 
Are-morica,  109. 
are-morici,  68. 
are-pennis,  63,  195. 
Ares.  Voir  :  Mars. 
are-vernus,  69. 
arganto-,  109. 

argent,  42,  48,  160,  168, 175, 176, 
206, 210,215, 218,222,  285, 288, 
327,  332,346.  Voir  :    arganto-. 
Argentacus,  445. 
argento-,  104,  109. 
Argento-coxos,  109. 
Argento-magus,  104,  109. 
Argento-rate,  104,  109. 
argenture,  120. 
argile,  160,  211. 
Argio-talus,  117. 
Argonautes,  401. 
Ariamnès,  165. 
Ari-conium,  111. 
arinca,  84,  193. 
Arioviste,  250,  262,  452. 
Arles,  360. 
armée.  Voir  :  guerre, 
arménien,  86. 

armes  défensives,  41,  43,  89,  191, 
285-290.  Voir  :  leiusmata,  cur- 
tia,  cartamera,  caetra  ;  bouclier, 
ceinture,    cuirasse,   jambières, 
casque, 
armes  offensives,  41,  42,  43,  44, 
89,  191,  275-285.  Voir  :  gaesa, 
lancea,    pétrinos,    xymêna,    to- 
lutegon,  niateris,  spams,  cateia  ; 
épée,  javelot,  archer,  fronde. 
Armoricains,  17,  244,  251,  361. 
Armorique,  2,  4,  5,  21, 136,  234. 

Voir  :  Bretagne. 
Ar-nemetici,  434. 
arpent,  195. 
Arra-bona,  442. 
Arria  et  Paetus,  46. 
arrogance,  149. 
Arruns,  410,  415. 
art  décoratif,  208,  214,  285.  Voir  : 
ornements. 


486 


INDEX    GENERAL 


Artabri,  20,  21. 
Artaius,  304,  307,  325,  336. 
Artémis,  184,  203,  301, 
Artio,  325,  336. 
-arto-,  104,  109. 
Arto-briga,  104,  109,  439. 
Artos,  109. 
artuas,  92. 

Aruns.  Voir  :  Arruns. 
Arverni  (Arvernes),  27,  34,  155, 
222,   228,   243,  245,   250,   263, 
276,  342,  360,  405,  408. 
Arverno-rix,  304,  306. 
Arvernus,  304,  309. 
Arvii,  442. 
asia,  63. 

Asie-Mineure,  23,  404,  416,  417, 
436,  440,  448,  450,  457,  462. 
Voir  :  Galatie. 
asile,  342. 
Asmantia,  454. 
assaisonnement,  162. 

Assedo-marus,  96. 
assemblées,    133,    235-237,    245, 
250,  256. 

associations,  386. 

Asteropè,  303. 

astrologie,  astronomie,  373. 
Atbiti,   93. 

aie-,  109. 

Ate-boduos,  109,  307 
Ate-cingos,  109,  111. 

Ate-gnata,  109. 

Ate-gnatus,  91. 

At-epo,  109. 

Aîepo-marus,  113,  304,  307. 

Atepu,  93. 

At-epo-rix,  113. 

Atesmerius,  314.  Cf.  Adsmerius. 

Ate-spatus,  109,  307. 

Atexto-rix,  96,  100. 

Athênâ,   45,   48,   291,   301,   341. 
Voir  Minerve. 

Athéniens,  375. 

Atichôrios,  419, 

atinia,  84. 

Atis,  227. 

Atlantique,  400. 

Atrebates,    30,     34,    132,     229, 
260. 

Attale  I",  45,  335,  404. 

Atticoti,  27. 

auberges,  148,  384. 


Auci-rix,  100. 

augures,  335,  362,  416. 

Auguste,  291,  292,  328, 

Augusto-bona,  442. 

Augusto-briga,  441. 

Augusio-dunum,  430. 

Augusto-durum,   433. 

Augusto-magus,  435,  437. 

Augusto-nemelum,  434. 

Augusio-ritiun,  442. 

Aulerci,  29,  155,  233,409.  Voir: 
Eburovices. 

aulne.  —  Voir;  verno-, 

auot,  auotis,  100. 

Aurélien,  384. 

Autariatae    (Autariates),    417, 
459. 

Autaritos,  258. 

autels,  341,  342. 

Aulessio-durum,  132,  431. 

autorité  publique,  227. 

Autriche,  40,  421,  422. 

Autriciun,  119. 

Autun,  324,  365,  379. 

Autura,  119,  454. 

auuot,  100. 

Auxey   99. 

auxiliaires,    250.    Voir   :    merce- 
naires. 

avallo,  65. 

Avara,  119,  454. 

avarice,  149. 

Avaricum,  119,  193,  269,  273. 

Avebury,  386. 

Aventia,  326,  237. 

Aventicum,  327. 

Avesnelles,  44. 

avi-,  104. 

Avi-cantus,  104. 

avidité,  149. 

Aviénus,  8. 

Avignon,  47.  Voir  :  Calvet. 

avot,  100. 


B 

baccar,  72, 

Baco,  314. 

baditis,  67. 

Baetis  (Guadalquivir),  403. 

bagaudae,  68. 

Baginatis,  305,  309. 


I 


INDEX    GENERAI. 


487 


bagues,  176. 

Baiocasses,  34.  Voir  :  Bodiocasses. 

Balkans,  404. 

balma,  83. 

Balor,  281. 

Band-ritum,  442, 

bannis,  254. 

banquet,  203, 

barbe,  177. 

barde,  358-361. 

barditus,  361. 

bardo-cucullus,  83,  170. 

Bardo-magus,  361,  437. 

bardus,  62,   361. 

""oarga,  123. 

*barica,  123. 

barils,  199. 

barques,  223.  Voir  :  navires,  ba- 
teaux. 

Barrex,  304. 

barrôn,  79. 

barrows,  144. 

bascauda,  72. 

bas-reliefs,  46. 

Bastarnes,  33. 

bataille,  283.  Voir  :  combat, 
guerre. 

Batavo-durum,  432. 

bateaux,  220,  223-224. 

Bath,  30. 

Bavai,  101. 

Bavière,  279. 

Beaumont,  101. 

Beaucroissant,  325. 

Beaune,  323,  345. 

beber,  86. 

Bebriacum,  86. 

Becciacus,  445. 

becco,  81. 

Beladonnis,  304,  306. 

Belatu-cadrus,  110,  304,  306, 
314. 

Belatulla,  306. 

Belenus,  304,  308,  314,  365. 

Belerion  ,208,  220. 

Bêlêsamis,93,  305.  317.  Cf.  Beli- 
sama. 

Belges,  15,  19,  30,  35,  70,  146, 
155,  197,  201,  224,  236,  251, 
263,  274,  418,  425,  458,  462. 

Belgique,  167,  229,  233,  407,  462. 

bélier,  159,  213,  3^9,  329,  337, 

Beliniacus,  445. 


Belisama,  305,  308,  314,  317  ;  cf. 

Bêlêsamis. 
beliucandas,  75. 
Bellatullus,  306. 
Bellegarde,  397. 
Belli,  403. 
Bellone,  329,  350. 
Bellovaci,  34,  146,  155,  233,  236, 

242    244    251    292. 
Bello-'vesus,   107,   118,   197,   306, 

409. 
Beltene,  308. 
Bemiluciovis,  314. 
-bena,  109. 
Benacus,  445. 
beniia,  64,  223. 
-benno-,  109. 
Bergusia,  315. 
Berne,  325. 
Berru,  43,  290. 
Berry,  42,  424. 
berula,  87. 
Besal-dunum,  429. 
Besançon,  156,  273. 
bessus,  66. 

bétail,  192,  199,  222,  340. 
beiilolen,  75. 

bettonica  (bétoine),  71,  368. 
betulla,  83. 
Biausius,  304. 
Bibracte,  43,  119,  156,  157,  158, 

209,  210,  235,  273,  327,  424. 

Voir  :  Mont-Beuvray. 
Bienne,  207. 
bière,  163,  178,  355. 
bijoux,  41,  173-176,  208. 
Bilicalus,  109. 
bilinuntia,  75,  272. 
bilio-,  123. 
bilo-,  109. 
Biot,  47. 

Bisul-dunum,  428. 
Bithynie,  258,  404,  417. 
-bitu-,  109. 

Bitu-daga,  106,  109,  112. 
Bituitos,  165,  202,  210,  228,  263, 

276,  360. 
Bituriges,  29,  34,  120.  132,  155, 

194,  198,  210,  244,  408. 
Bitu-rix,  109. 
Bitus,  121. 

lilaireau,  119.  Voir  :  brocco-. 
blanc  (vêtement),  340. 


488 


INDEX     GENERAL 


blato-,  109. 

Blato-bulgios,  109. 

Blato-magiis,  109. 

blé,  162,  192-193,'222,  247.  Voir: 

épis.    ■  -«*; 
blonds,  141,  172. 
blutthagio,  77. 
Bodb,  316. 
Bodinco-magus,  437. 
Bodincus,  438. 
-bôdio-,  105,  109. 
Bodiocasses,  31,  109,  132. 
Bodiontici,  109. 
-boduo-,  105,  110. 
Boduo-genus,  110. 
Boduo- gnatus,  110. 
bœufs,  191,  199,  213,  340. 
Bohême,  29,  43,  421,  422. 
Boii  (Boiens),  30,  31,  147,  155, 

159,   166,   173,   219,   227,   244, 

248,   341,   347,   365,   402,  406, 

409,  414,  460,  461. 
Boio-durum,  432. 
Boio-rix,  116. 

bois  (divination  par  le),  340,  379. 
bois,  155,  199.  Voir  :   forêts, 
bois  sacrés,  199,  339,  340,  342, 

365. 
boisson,    163,   165,    177.   Voir   : 

corma,  cervesia. 
Bolgios,  419. 
bolusseron,  75. 
Bolvinnus,  304. 
-bona,  442. 

bonnets,  171.  Voir  :  chapeaux. 
Borbeto-magus,  437. 
Bordeaux,  379. 
Bormana,  Bormanus,   329. 
Bormo,  329. 

Borvo,  304,  308,  314,  329. 
Bosnie,  206,  421. 
boucles  d'oreille,  176. 
boucliers,    163,    164,    166,    208, 

271,  285-288.  Voir  caetra,  cur- 

tia. 
Boudicca,  110,  172,182,  260,  290, 

313,  341,  346,  350. 
bouda-,  110. 
Boudo-briga,  110,  439. 
bouillie,  162. 
bouleau,  199. 
Bourges,  101. 
Bourgogne,  42,  51,  210,  424. 


bouteroUes,  284. 

boutons,  172.  208,  209. 

Boviolles,  273. 

braca,  70,  167. 

brace,  63. 

bracelets,  41,  166,  174-175,  208. 
Voir  :  viriolae,  viriae. 

brachycéphales,  2,  143, 

Braciaca,  304,  309. 

brahmanes,  378. 

braies,  70,  166-167,  271. 

branno-,  123. 

Brancus,  228. 

Branno-vices,  120,  243. 

brano-,  105,  110. 

Brano-dunum,  105,  110,  428. 

Bratronos,  100. 

bratu-,  110. 

bratude,  94,  110. 

Bratuspantium,  110,  156. 

bravoure,  146,  335. 

Brennacus,  445. 

Brennos,  Brennus,  145,  264,  285, 
286,  335,  342,  404,  416,  418, 
462. 

Brescia,  409. 

Bretagne,  55.  Voir  :  Armorique. 

Bretannos,  303. 

breton,  55,  62-69,  80-82,  86-87, 
107,  109-118,  123-219,  136- 
137,  303,  306-308,  318. 

Bretons  (d' Armorique),  51,  251. 

Bretons  (de  Grande-Bretagne), 
18,  36,  142,  147,  152,  154, 173, 
178,  181,  186,  188,  197,  201, 
202,  207,  223,  229,  245,  251, 
257,  260,  261,  264,  265,  282, 
286,  290,  295,  313,  340,  341, 
350,  354,  458. 

Brevio-durum,  431. 

-bria,  438. 

Bricriu,  253. 

bricumum,  77. 

-briga,  110. 

brigandage,  255,  348,  413. 

Brigantes,  30,  182. 

Brigantia,  315. 

Brigantii,  30. 

Brigia,  110. 

Brigindo,  99,  317. 

Brigit,  315. 

brigo-,  105,  110. 

Brigo-magus,  110. 


INDEX    GENERAL 


489 


brio.  Voir  :   briva. 
Briona,  92. 
*  bris-,  123. 

brisures  intentionnelles,  283. 
Britanni,  19.  31.  Voir  :  Brittones. 
Britanniques  (îles),  44,  58,  191, 
207,  396,  422,  423,  456.  Voir 
Grande-Bretagne,    Irlande. 
Britomartos,  271. 
Britovius,  304,  306. 
Brittones,  19,  306. 
hriva,  439.  Voir  :  brio. 
Briva- Isarae,  79. 
Brivate,  132. 
brivatiom,  98. 
Brivo-durum,  431. 
Brixantus,  314. 
Brixia,  329. 
brocco-,  105,  110. 
Brocco-magus,  110. 
broches  (de  cuisine),   159,   161  ; 

(bijoux),  168.  Voir  :  fibules. 
Broco-magus,  110,  119,  437. 
broderie,  170,  172,  298. 
-brogi-,  105,  110. 
brogilus,  84,  110. 
Brogi-marus,  110. 
bronze,   41,   159,   168,   174,   175, 
176,   190,   191,   211,   213,   214, 
217,   218,   221,   266,   282,   283, 
284,   287,   288,   290,   291,   292, 
322,  332,  345.  Voir  :  airain. 
*brozdo-,  123. 
brûler  vif,  180,  255,  348. 
Brumath,  326. 
Brundisium,  21. 
Brython,  19. 
bûchers,  255,  348,  352. 
bûcheron,  317,  320. 
Budenicus,  304,  309. 
buis,  199. 
bulga,  63. 
Bulgarie,  423. 
Burghead,  424. 
burin,  214. 
Burorina,  315. 
Buscilla,  101. 
Bussu-marus,  303. 
butin  de  guerre,  255,  275,  346. 
Buxenus,  304. 
Byzance,  404. 


caballus,  85. 

cabanes,  154,  158. 

Cadix  (Gadeira),  6,  399. 

-cadra-,  110. 

Cadurci,  34,  155,  194,  334. 

Caeilio-briga,  440. 

Caerosi,  17. 

Caesaro-briga,  441. 

Caesaro-dunurn  430. 

Caesaro-magus,  437. 

caetra,  84. 

cailloux,  367. 

caio,  69. 

Cala-dunum,  427. 

calcul,  145. 

Caledonii,  19,  36,  143,  154,  181. 

207,  229,  279. 
calendrier,  97,  374-377. 
Caleti,  33,  110, 194,  244,  291,  307. 
-caleto-,  110. 
Galigula,  142. 
Calleniarcium,  68. 
calliornarcus,   68. 
calocatanos,  77. 
Calu-briga,  440. 
Camargue,  201. 
Calvet  (musée),  46,  93,  94. 
Cambaulos,  419. 
cambiare,  65. 
*cambita-,  123. 
cambo-,  105,  110. 
Cambo-dunum,     105,     110,     119, 

426. 
Cambo-rilum,  110,  132,  442. 
cambutta,  88. 
Camelio-magus,  437. 
Camille,  414. 
*camino-,  123. 
Camiorica,  315. 
camisia,  84. 
Gamma,  184. 
Campani,  410. 
Camulo-,  105. 

Camulo-dunum,  118,  427,  429. 
Camulo- genus,  106, 120,  260,  306. 
Camuloriga,  315. 
Camulo-gnata,  105. 
Camulo-rix,  105. 
Camulus,  105,    306,    308,     314. 
Voir:  Camulodunum. 


490 


INDEX    GENERAL 


candetum,  66,  195. 

candosoccus,  72. 

caneco-sedlon,  99. 

Canetonessis,  304,  309. 

Cannes,  282. 

canots,  224.  Voir  :  jjarques. 

Cantia,  454. 

Cantii,  34. 

cantlos,  97. 

-canto-,  105,  110,  129. 

Canto-bennum,  109. 

Canto-rix,  110. 

Canto-senus,  105,  110,  117. 

cantus,  86. 

capanna,  87. 

Capitule,  144,  174   177,  286,  367, 

411. 
Capoue,  410. 

captifs,  46.  Voir  :  prisonniers. 
-capto-,  110. 

capuchon,  170.  Voir:  cucullus. 
caracalla,  85,  170. 
caractère,  145. 

caractéristique  de  peuples,  35-37. 
Carantiacus,  445. 
cnranto-,  105,  110. 
Caranto-magus,  105,  110,  436. 
Carantus,  110. 
Carassounus,  96. 
Caratacus,  290. 
Carbanto-rate,  86,  119. 
Carbanto-rigum,  86,  116. 
Carinthie,  361,  421,  423. 
Cariociecus,  304. 
Carni,  33. 
Carniole,  421. 
carnon,  64, 
Carnutes,  34,  141,  155,  198,  220, 

244,  250,  341,  380,  409. 
carnyx,  268,  276,  292. 
Carpento-rate,  86. 
Caro-brivas,  132. 
carpentum,  86,  223. 
Carpunda.  326. 
carquois,  280. 
carreaux,  171. 
Carrodunum.  437. 
carruca,  86,  223. 
Carrus,  304. 
carrMj?,  86,  223,  263, 
cartamera,  79. 
Carthage,  257,  258. 
Carthaffène,  253. 


Carthaginois,  187,  258,  463. 

Cartismandua,  182. 

Carvilius,  229. 

casamo,  74. 

casnar,  74. 

casques,  171,  208,  289-290. 

Casses,  317. 

Cassi,  31. 

-cassi-,  110. 

Cassi-gnatus,   110,   317. 

Cassi-mara,  317, 

Cassino-magus,  436. 

Cassi-talus,  93,  117,  317. 

Cassitérides  (îles)  20-21,170,397. 

cassiteros,  111,  457. 

Cassi-vellaunus,  111,  229,  260, 
317. 

castella,  156. 

Casticus,  228. 

castor,  86,  119. 

Castor,  318. 

cata-,  1  11. 

Cata-mantaloedis,  111,  229. 

cateia,  85,  277-278. 

caterva.  70,  270. 

Cathbad,  379,  383. 

Cathubodua,  316. 

Cattus,  86. 

cattus,  86. 

-catu-,  105,  111,  127. 

Catuellauni,  31,  34. 

Catuenus,  121. 

Catu-gnatus,  113,  121. 

Catuiaciis ,  445. 

Catumandus,  227. 

Catu-marus.  105,  111,  114,  211. 

Catu-riges,  30,  34,  120,  132. 

Caturigo-magus,  114,  436. 

Catu-rix,  106,  111.  116,  121,  304. 

Catus,  121. 

Catii-slogi,  117. 

Catu-sualis,   111. 

Catu-vellaunus,  111,  121. 

Catu-volcus,  111,  199. 

Cauci,  29. 

cavalerie,  47,  200,  258,  261-262, 
269.  Voir  :  trimarcisia^  cheva- 
liers, équités, 

cavannus,  73. 

Cavaras,  240. 

Cavari,  134. 

Cavarillus,  259. 

Cavarinus,  236. 


INDEX    GENERAL 


491 


Cavaros,  404. 

Cebennon,  81,  453. 

cecos  ac  césar,  78. 

cèdre  (huile  de),  147. 

ceintures,  41, 170,  256,  285.  Voir  : 

cartamera. 
celicnon,  99. 
Celta,  12. 
ccltibèrG    72. 
Celtibères,  16,  51,  148,  150,  163, 

178,   201,   207,   239,  253,   262, 

276,  282,  286,  298,  365,  418. 
celtibérien  (alphabet),  50. 
Celtici,  15,  403. 
Celticum,  455. 
Celtillus,  228. 
Celtinê,  303. 
Celtique,  22,  228,  233,  302,  395, 

397,  405,  414,  455. 
Celtis,  186. 
Celto-galates,  16. 
Gelto-ligures,  16,  302,  400. 
celtomanes,  136-137,  387. 
Celtorii   16,  418. 
Celtos,  303. 
Celtoscythes,  16. 
Cemenelus,  304,  309. 
Cemmenon,  81. 
Cempses,  8. 
Cenabum,  221. 
cendres,  197. 
Cenn  Cruaich,  351. 
Cenomani,     Cenomanni     (Gaule 

transalpine),     30,     34,     452  ; 

(Gaule  cisalpine),30,  23/,  250, 

303,  309,  402,  405. 
Cento-briga,  440. 
centre  de  la  Gaule,  380. 
céramique,  421.  Voir:  poterie. 
cercer,  76. 
cercles,  199. 
céréales,   192-194.   Voir   :   sasia, 

brace,  arinca,  coccum,  vêla. 
cérémonies,  179,  366. 
Céréthrios,  419. 
cerf,  319,  320.  Voir  :  élan, 
Cernunnos,  318. 
Certosa  (La),  286. 
cervarium,  204. 
cervoise,  63. 
cenesia,  83, 
César,  6. 
.ceto-,  111. 


Ceto-briga,  111. 

cetra,  84. 

Ceutrones,  207,  244. 

ceva,  74. 

Cévennes,  200. 

chaînes,  chaînettes,  170,  208, 
281,  285. 

Chaldéens,  363. 

Chalybes,  21. 

chamois,  204,  338. 

Champagne,  42,  174,  260,  283, 
424.  Voir:  Marne. 

champs,  198.  Voir  :  olca,  magus. 

chants,  275,  359-360,  383. 

chapeaux, 171. 

chanvre,  194. 

charbons,  161. 

charcuterie,  162. 

chariots,  208,  222,  264,  269. 

charrue,  197.  Voif  :  plaumorati 
soc. 

chars,  191,  210,  262-268,  425. 

chasse,  162,  202-204,  278,  280. 

chasteté,  347, 

chat,  86. 

Château-Thierrv,  43. 

Châtelard  (Le) ,"44. 

Châtelet  (La),  44. 

châtiments,  254,  380.  Voir  :  pé- 
nalités. 

Chauci,  29. 

chaudières,  161,  165,  211. 

chaume,  154. 

chaussures,  171. 

chaux, 176, 197. 

chef  militaire,  235,  244,  259. 

cheminées,  159. 

chemins,  221.  Voir  :  routes. 

chêne,  196,  199,  224,  339,  340. 

chenets,  159. 

chevaliers,  364.  Voir  équités. 

chevaux, 147, 189, 200, 324, 337, 
338.  Voir  :  marca,  mannus, 
eporedias,  cpo-,  cavalerie, 

cheveux,  36,  141,  142,  176,  177, 
186,  269,  346. 

chevilles,  157. 

chèvres,  166,  200.  Voir  :  gabro-. 

chevreuil,  203,  204.  Voir:  iorcos 

chiens,  160,  201-203,  222,  337, 

Chiomara,  183. 

Chorges,  33. 

chroniques  galloises,  3. 


492 


INDEX    GENERAL 


chrotta,  64,  361. 

Chypre,  21. 

Cicéron  (Q.  Tullius),  95. 

Cicinus,  304. 

Cicoll'iis,  304,  329. 

ciel,  252,  300,  346,  379,  399. 

Cimbres,  24,  27,  115,  142,  289. 

Cimbri,  74. 

Cimenice,  81. 

Cimiacinus,  304. 

Cimmériens,  23,  24. 

Cingetius,  111. 

-cingeto-,  111. 

Cingeto-ri.r,   111,   229,   231,   236, 
256,  259. 

-cingos,  97. 

cintU',  105,  111. 

Cintu-genus,  111,  113. 

Cintu-gnatus,  111. 

Cintu-marus,  105,  111. 

Circé,  384. 

circius,  328. 

Cisalpine,  91,  153,  161,  187,  196, 
227,   232,   241,  283,  325,   361, 
365,  402,   411,  443,  448,   463. 
Voir  :  Italie. 
Cisalpins,    141,    147,    151,    159, 
196,   197,   224,   247,   250,   263, 
281,   28G,   289,   341,  346,   365, 
402,  410,  462. 
ciseau.t,  178. 
ciselures,  285. 
cisium,  79,  223,  add. 
Ciso-magus,  436. 
Cissonius,  304,  314. 
cistes.  Voir  :  seaux, 
civitates  (cités),  242-247,  260. 
claies,  154. 
clans,  188,  246. 
Clastidium,  263. 
Claude,  367. 
Claude  II,  200. 
Clavariatis,      304. 
Cléopâtre,  258. 
*clêta,  123. 

clients,   189,   233,   235,   238-256, 
261,  349  ;  peuples  clients,  243, 
244,  245. 
climat,  397. 
Clondicus,  151. 
clopias,  79,  205. 
clous,  209,  223. 
Cluny  (musée  de),  317. 


Clusium,  409,  410,  418. 

Cluto-rix,  121. 

Clutoida,  326. 

co-,  111. 

coh-,  111. 

Cob-lanuo,  111. 

Cobledu-litavus,  304,  307.      . 

Cob-nertus,  111. 

Cobra-,  105. 

Cobro-mara,  105. 

coccum,  81. 

cochers,  238,  268.  Voir  :  conduc- 
teurs. 

Cocidius,  304,  305,  308,  314. 

coffre,  147. 

Coligny  (inscription  de),  96-98, 
374-377. 

colisatum,  84,  223. 

collèges,  386. 

Collias,  94. 

collier,  166,  172,  173,  174,  191, 
208,  214,  271,  319,  324,  346. 
Voir  :  maniacês. 

-corn-,  111. 

Co-matu-marus,  111. 

combat,  46,  268,  270-272,  355, 
382.  Voir  bataille. 

combennoncs ,  64. 

Comboio-marus,  111. 

commandement  militaire,  259. 

commerce,  90,  219-221,  300. 
Voir  :  marchands. 

Commius,  133,  229,  244,  260. 

communauté  des  biens,  247  ;  des 
femmes,  181  ;   religieuse,   386. 

communications,  221. 

Comontorios,  404. 
■  composition  pour  meurtre,  254. 

comptes,  372. 

con-,  111. 

Conall,  148,  370. 

Conchobbar,  3,  281,  382. 

Concolitanos,  227. 

Cond, 143. 

Condate,  111,  132,  306. 

Condatis,  304,  306,  309. 

Condaio-magus,  114,  118,  436. 

Condet,  323. 

Con-dercus,  112. 

Condrusi,  17. 

conducteurs,  263,  264.  Voir  :  co- 
chers. 

Conem-briga,  440. 


INDEX    GENERAL 


493 


confédération,  244. 
confiscation,  256. 
Conim-briga,  440. 
Con-geistlos,  113. 
Con-gonneto-dubnos,  112. 
conjugaison,  131. 
Connaclit  (Connaught),  272. 
conseil,  260,340.  Voi.-  :  assemblées, 

sénat, 
construction,  351. 
contestations,  380. 
contingent,  244. 
Con-victo-litavis,  111,  382. 
corail,  191,  208-209,  267,  425. 
coq,  337. 
coquille,  218. 
Coralli,  291. 
corbeau,  335,  336.  Voir  :  lugos, 

boduo-,  brano-. 
corbeilles,  160,  199. 
Corbilon,  222. 
'corio-,  111. 
corma,  62,  163. 
corna,  76. 
Cornavii,  31,  351. 
cornes,  160,  289,  318.  319,  320, 

338,  339. 
Cornouaille  anglaise,  21,  55,  221. 
Corotiacus,  304. 
corporations,  385. 
Correus,  236. 
cosmogonie,  373,  379. 
Cososus,  304. 

Cotini,  33.  » 

Cotta,  280. 
Cottaio-briga,  439. 
cottes  de  maille,  288. 
Cottus,  259. 
Couchey,  99. 
couleurs,  170,  171,  209,  212,  214, 

289 
coupes,  160,  163,  184,  185,  212. 
courage,  146. 
couronnes,  268. 
couteaux,  207. 
coutelas,  41,  160,  281. 
-covero-,  112. 
covinnus,  66,  223,  263. 
coxo-,  112. 
craie,  197. 
crânes,  147,  160. 
crannog,  44,  217. 
crémaillères,  159. 


crémation.  Voir  :  incinération. 

Crêt-Châtelard,  44. 

creusets,  44. 

cribles,  160. 

Criciru,  169. 

crins,  160,  290. 

cristal,  368. 

crimes,  254,  256,  380. 

cris  de  guerre,  293. 

Critognatus,  27. 

crixo-,  112. 

Crixos,  112,  271. 

croissants,  176,  287.  Voir  :  lune. 

croix  gammée,  212,  288,  331. 

cruauté,  146,  151. 

crucifier,  349. 

Cruithne,  18. 

Cruithnech,  18. 

cruppellarii,  75. 

Cualngé,  3,  272, 321, 362. 

Cûchulainn,    3,    148,    268,    272, 

278,  281,  321,  324,  370. 
cucullus,  83,  170. 
cuillères,  175. 

cuir,  201,  224.  Voir  :  peaux, 
cuirasse,  288-289.  Voir  :  leiusmata 
cuivre,  21,  160,  207,  209,  217. 
Cularo,  119. 
culte,  346. 
Cumal,  306. 
cumba,  87. 
cumin,  162. 
-cuno-,  105,  112. 
Cuno-marus,  121. 
Cuno-pennus,  105,  112. 
cupidité,   149. 
cupules,  331. 

Curiosolites,  34,  155,  193,  244. 
curmi,  62. 
currach,  224. 
Curtius  (C),  410. 
cuves,  165,  310. 
cuvettes,  211. 
cycles,  376,  377. 
cygnes,  213. 
Cymry,  24. 
Cynètes,  8,  396. 
Gypre,  21. 
cyrtias,  79. 


D  barré,  96. 
Daces,  460. 


494 


INDEX    GENERAL 


dago-.  106,  112. 

Dago-bitus,  106,  112. 

Dago-dubnus,  106,  112,  121, 

Dago-durnus,  113. 

Dago-vassus,  117. 

Dalmatie,  448. 

Damona,  329. 

dan,  69. 

Danno-talos,  99.  Cf.  Tanotaliknoi. 

danses,  269,  271,  346,  347. 

Danube  (Istros),  22,  33,  182,  221, 

259,   395,   397,  401,  402,   414, 

416,  417. 
Dardani,  32. 

dards,  203.  Voir  :  javelot. 
Dario-ritum,  442. 
darsus,  87. 
Dauphiné,  424. 
dauphins,  205. 
dates,  39-40. 
Davies  (Edward),  389. 
débiteurs,  239. 
déclinaison,  130. 
décoration,  215. Voir  :  ornements. 
dede,  93,  94. 
dédicaces,  365. 
déesse  cornue,  319. 
Dejotarus,  151. 

Delphes,  335,  404,  416,  419,  457. 
Demetae,  34. 
Dêmêtêr,  347. 
Demetrius,  354. 
démocratie,  229. 
Dennevy,  323. 
dents,  369. 
Denvs  l'Ancien,   257,  397,   410, 

413. 
Deo-briga,  110,  439. 
Deo-brigula,  439. 
dépouilles.  Voir  :  butin. 
Derceia,  112. 
derco-,  112. 
Derco-iedus,  112. 
Derdriu,  18  i. 
Dervaci,  112. 
*derveita,  123. 
Derventio,  119. 
derco-,  112. 
Dervones,  112,  316.    ' 
Dervos,  112. 
Desso-briga,  4.')'.i. 
dettes,  237,  239,  249,  352. 
Deusoniensis,  305. 


devins,  334,  362.  Voir  :  divina- 
tion. 

dêvo-,  112,  127. 

Dei>o-gnata,  112. 

Devon,  34. 

Devona,  456. 

Dexiva,  315,  328. 

Dexivates,  328. 

Diablintes,  34. 

Diarmait  mac  Fergusa,  182. 

Dicaineos,  390. 

dieux,  299-334,  348,  408.  Voir  : 
Divo-durum. 

Dieu  à  la  roue,  319, 323. 

Dieu  au  maillet, 322,  332,337,345. 

Dieu  cornu,  318,  330,  338. 

Dieu  tricéphale,  323. 

Differdange,  320. 

Dijon,  99. 

dîner,  150.  Voir  :  repas. 

Dinomogetimarus,  304,  829. 

Dioclétien,  384. 

Diodore  de  Sicile,  11,  400. 

Dioscure.s,216,301,318. 

Dirona,  326. 

discours,  152,  272.  Voir  :  élo- 
quence. 

disette,  181. 

dislocation,  316. 

Dispater,  251,  303,  310,  322,  353, 
373. 

disputes,  164. 

disques,  168. 

distractions,  202-205. 

Divanno,  304,  329. 

Divi-catus,  111. 

Diviciacus  (Eduen),151,  364,  372, 
381. 

Diviciacus  (Suession),  251,  462. 

divination,  334,  335,  340,  349, 
362,  366,  379,  383.  Voir  :  pré- 
sages. 

Divixia,  96. 

divo-,  112. 

Divo-durum,  112,  118,  432. 

Divo-gena,  120. 

Divo-genua,   I2i1. 

Divona,  112,  326. 

*dl',!o-,  123. 

Do  iras,  99. 

dolichocéphales,  2,  143. 

dolmens,  39,  387.  Voir:  menhirs. 

domaine  publie,  248. 


INDEX    GENERAL 


495 


domination  univefselîe,  367. 

Domitius  AhenohafbUs,  276,  360. 

Domnonée,  343.  Voir  :  Dumnonîi. 

Don  (Tanaïs),  403. 

iDonû,  321. 

-donna-,  112. 

Donnas,  112. 

Donno-taurus,  112,  321. 

Doriens,  414. 

Dornonia,  454. 

dora,  69,  126,  430. 

Dorset,  34. 

dot,  180. 

douaire,  182. 

Doubs,  273. 

dragon,  292,  312.  Voir  :  serpent. 

Drappès,  255. 

drasidae,  364. 

Drave,  33. 

*drillo-,  123. 

Drilônios,  398. 

droit  irlandais,  254. 

droit  de  vie  ou  de  mort,  180, 187, 

230,  256. 
droite,  347. 
Druentia,  454. 

druidae,  druides,  63,  234,  251, 
254,  256,  259,  341,  348,  351, 
357,  358,  363-392,  414. 

druidesses,  383-385. 

druidisme,  250,  388. 

dru-nemetan,  81,  340. 

*  drungas,  68,  87. 

Drutalus,    81. 

Dubis,  453. 

dubno-,  106,  112. 

Dubno-rix,  106,  112. 

Dubno-talus,  117,  121. 

Dubra,  112,  456. 

-dubro-,  106,  110. 

Dubro-dunum,  106,  llO. 

ducône,  77. 

duel,  252-253,  270-272. 

dugiiontiio,  99. 

Dumiatis,  304,  309. 

Dumnacus,  121. 

dunino-,  106,  112. 

Dumno-coveros,  112. 

Dumnonii,  34,  217. 

Dumna^rix,   106,    112,    182,   228, 

231,  261,  364. 
Dunvno-talus,  107. 
dûn,  159. 


Dun  Aengus,  159. 
Dunatis,  304,  306. 
-duno-,  112. 
Duna-catus,  105,  111. 
Duna-marus,  112. 
Dunon,  429. 

dunum,  64,  306,  426-430. 
Durnacus,  113. 
-durno-,  113. 
Durna-magus,  113,  437. 
-dura-,  430. 
Duro-brivae,  433. 
Dura-casses,  34,  111,  132. 
Duro-catuellauni,  433. 
Dura-cobrivae,  433. 
Duro-coregum,  132. 
Duro-cornovium,  433. 
Duro-cortarum,  433. 
Dura-levum,  433. 
Duro-liUmi,  433. 
Duro-storum,  433. 
Durotriges,  34. 
Dura-vernum,  433. 
Duro-vigutum,  433. 
dusii,  68,  327. 
dvorico,  99. 
Dyvet,  34. 


eau,  185,  373. 

eaux  (culte  dès),  326. 

Eba-durum,  432. 

Eburacus,  113,  119,  445. 

ebura-,  113. 

Eburo-briga,  113,  438. 

EbuTo-dunum,  427. 

Eburo-niagus,  436. 

Eburone^     (Eburons),     17,     113, 

155,  156,  193,  198,  199,  236, 

244,  245. 
Eburos,  113. 
Ebura-viccs,    34,    113,    132,    155, 

233,  234,  291. 
écarlato,  171. 
Ecco-b,-.:;a,  441. 
éclipse,  o35. 
écoles,  379. 
écorces,  162,  285. 
Ecossais,  51. 
Ecosse,  19,  55,  463. 
écriture,  95,  372. 


496 


INDEX     GENERAL 


écrivains  de  l'Antiquité,  12,  62- 

88. 
écuelles,  211. 
éducation,  186,  372-374. 
Eduens.  Voir  :  Aedui. 
égouttoirs,  162. 
Egypte,  Egyptiens,  356,  448. 
eiôru,  93,  100.  Cf.  ieuru. 
élan,  203. 
Elbe,  395. 

élection,  230,  371,  381,  385. 
Eleuteti,  243. 
Elitovius,  409. 
ellébore,  204. 
EUépore,  410. 

éloquence,  151,  152,  272,  312. 
Elvontiu,  100. 
Elvo-rix,  113. 
Elysée  gaélique,  354-355. 
émail,  208-209,  266. 
Emain  Mâcha,  159. 
emarcus,  74. 
embrecton,  79. 
émigration  bretonne,  136. 
empaler,  349. 
emporté,  74,  184. 
Emporium,  216. 
enclumes,  207. 
Enétes,  405. 
enfants,  174,  181,  186,  187,  350, 

351,  418. 
engrais,  90,  197.  Voir  :    marga, 

acaunumarga,  glissomarga. 
Eni-genos,  120. 
énigme,  152. 
enseignement,  372. 
enseignes,  245,  294,  336. 
entrailles  des  victimes,  334,  350, 

362. 
Entremont  (trophée  d'),  47,  148. 
epad,  100. 
épées,  41,  42,  191,  224,  263,  260. 

281-285,  345,  425. 
éperon,  267. 

épidémie.lSl,  362. Voir  :  maladies 
épingles,  41,  175,  208. 
Epire,  257. 
épis,  162.  Voir  :  blé. 
■epo-,  106,  113,  126. 
Epo-manduo-durum,\  13,132,  431. 
Epo-meduos,  113. 
Epona,  113,  325,  329. 
Eponine,  64,  184, 


épopée  irlandaise,   3,   143,   297, 

382.  Voir  :  Cualngé. 
eporedias,  66,  325. 
Epo-redia,  106. 

Epu-redo-nx,  116,  121,  231,  259. 
Epo-stero-vidus,  113. 
époux,  248.  Voir  :  mariage. 
Epponiacus,  445. 
Epponina,  74. 
Equa-hona.  442. 
équités,     234,    237,      260,    392, 

454. 
Eratosthène,  401. 
Erèbe,  353. 
Eridan.  Voir  :  Pô. 
Erno-durum,  431. 
Erumo,  326. 
esclaves,  189,  222,  288,  239-240, 

349.  Voir  ambactus,  capto-. 
Esopnio,  93. 
esox,  81,  205. 

Espagne  (Ibérie),  3,  5,  20,  206, 
216,  221,  303,  402,  413,  429, 
430,  439-441,     442,  450,  458, 
463.  Voir  :  Portugal,  Ibères, 
esprit,  152. 

Essalois,  44. 

Essedones,  147. 

essedum,  70,  210,  223,  265,  267. 

essieux,  266. 

Este,  93. 

Esttle-dunum,  429. 

Esubii  (Esuvii).  155,  193,  310. 

Esu-genu3,  106,  113,  120,  310. 

Esu-nertus,  115,  120,  310. 

Esus,  310,  317,  321. 

Esuvii.  Voir  .  Esubii. 

étain,  21,  207-208,  218,  221,  222, 
396,  457.  Voir  :  cassiteros. 

étamage,  210. 

éternité,  373. 

Ethiopiens,  399. 

éthique,  373. 

ctic,  99. 

étoffes,  172. 

étoiles,  287. 

Etolie,  Etoliens,  404,  419. 

étoupes,  294. 

étrangers,  150,  254,  302. 

étrusque  (alphabet),  50,  91. 

Etrusques.  372,  409,  410,  414, 
415,  416,  449.  Voir  :  Tyr- 
rhènes.  Tusci. 


INDEX   GENERAL 


497 


cubages,  euhages,  85,  362. 
Eumène  II,  45,  258. 
eurises,  47. 

Europe  centrale,  217,  446. 
Euxenos,  185. 
Eve,  137. 
Evreux,  101. 
exacum,  74. 

Excingo-magus,  111,  435. 
Ex-cingo-marus,  113,  114. 
Ex-cingus,  111,  113. 
excommunication,  380. 
exil,  254,  256. 
Ex-obnus,  115. 
Ex-omnus,  115. 


Fabius  (les),  149. 

Fabius  Maximus  (Q.),  228. 

fagots,  272. 

familia,  237. 

famille,  89,  233. 

fanfaronnades,  149. 

farine,  163,  165.  Voir  :  brace. 

fatalisme,  334. 

faux, 198, 207, 265, 268. 

fébrifuge,  368. 

femmes,  147,  156,  172,  178,  180- 

187,  260,  350,  362,  417. 
féodalité,  247. 
fer,  40,  41,  42.  159,  168,  173,  175, 

178,   206,   207,   217,   221,   222, 

266,  284,  287,  339. 
Fergus,  370. 

fertilité,  194,  195,  196,  408,  414. 
Fes  Temrach,  371. 
festins,  160,  164,  165,  240,  253. 
fêtes,  147,  348. 
fétiches,  369. 
feu,  255,  349,  373.  Voir  :  brûler, 

incinération, 
fiançailles,  185. 
fibules,  42,  44,  168-169,  172,  208, 

209,  421. 
fidélité,  183-184. 
figues,  415. 
filé,  358,  381. 
filets,  202. 
finances,  246. 
Find  (Fingal),  3,  306. 
Findmag,  104. 
Fir  Bolg,  3. 


flèches,  41,  203,  204,  349. 
fleuves,  189,  205,  220,  414,  453. 

Voir  :  ritu-. 
flux  et  reflux,  400. 
Fomoré,  320. 
forêt,    155,    198-199,    327,    369. 

Voir  :   brogilus,  celo-,  Litana, 

bois, 
forge,  119.  Voir  :  goban-. 
fortifications,  155-157,  272-274. 

Voir  :  dunum,  castellum,  op- 

pida. 
fosses,  191.  Voir  :  sépultures, 
fougère,  199. 
fourrage,  193. 

fourreaux,  160,  208,  213,  224. 
fourrure,  170. 
foyers,  161. 
français,  82-84,  87-88. 
Franche-Comté,  42,  51,  422. 
freins,  201,  222.  Voir  :  mors, 
froid,  397. 

fromage,  162,  200,  219. 
froment,  163.  Voir  :  blé. 
frondes,  280. 
Frontu,  98. 
fruits,  162. 
fumée,  339. 
fumier,  197. 

funérailles,    189-192,    239,    371. 
Voir  incinération,  inhumation. 


Gabali,  34,  206,  243. 

gabalus,  85. 

Gabriacus,  445. 

gabro-,  113. 

Gabro-magus,  113,  437. 

Gabro-sentum,  57,  113,  119. 

Gadeira.  Voir  :  Cadix. 

gaélique,  55,  462.  Voir  :  irlandais. 

Gaëls,  2,  14,  340,  354-355,  458, 
462.  Voir  :  Irlandais. 

gaesa,  64,  271,  275-277,  278. 

Gaesatae,  Gaesati,  13,  64,  166, 
227,  261, 288, 401, 402. 

Galata,  12,  13. 

Galates  (Galatae),  13,  14,  45,  51, 
78,  79, 133,  141,  142,  151, 165, 
184,  187,  258,  282,  335,  340, 
342,  346,  350,  365, 418. 

Galatès,  303,  413. 


G.  DoTTiN.  —  Manuel  de  l'antiquité  celtique. 


32 


498 


INDEX    GENERAL 


Galatie,  77,  186,  201,  462.  Voir  : 

Asie-Mineure. 
Galatos,  227. 
galba,  75. 

Galba  (Servius),  280. 
Galija  (empereur),  135. 
Galba  (roi),  229,  260. 
galbais,  343. 
Galiâin,  462. 
Galice,  21,  170. 
Galles  (Pays  de),  2,  3,  55.  182, 

281,  298,  358,  360. 
Galli,  13. 
gallicae,  171. 
Gallizenae,  383. 
Gallo-grecs,  16,  350,  418.  Voir  : 

Gai  a  tes. 
gallois,  4,   55,   62-69,   72-73,   75, 

81-88,  104,  105,  106.  107,  108- 

118,     123-124,    126-130,     305- 

308,  310,  318,  325,  361,  375, 

397,  430,  435,  438,  441,  450. 
Gallois,  51,  297,  344. 
Gallus,  14. 
gamba,  88. 
Garde  (lac  de),  92. 
Gargas,  94. 
Garonne,  206. 
*garri,  124. 
Garumna,  454. 
*gatali-,  124. 
gâteaux,  336. 
gauche,  340. 
Gaule,  6,  53,  422,  424,  425,  443, 

450,    461,    462,    463.    Voir    : 

Celtique, 
gaulois,  60-136,  384,  452. 
Gaulois   mourant,   46,    144,    286, 

292. 
Geidumni,  244. 
geis,  370.  Voir  :  tabou. 
geisilo-,  113. 
gelasonen,  76. 
Gélignieu,  102. 
genava,  113. 

Gennva  (Genève),  113,  119,  221. 
général.  Voir  :  chef. 
-genos,  106.  113. 
Genouilly,  99. 
Genuciu.s  (M.),  410. 
Geol'froi  de  Monmouth,  4. 
Gergovie,  44,  156,  180,  186,  273, 


Germains,  18,  24,  35-36, 142, 143, 
146,  167,  186,  192,  235,  245, 
262,  277,  291,  339,  340,  361, 
375,  449,  450,  451,  452,  453, 
461. 

Germanie,  29,  383,  415,  443,  450, 
452,  461. 

germanique,  36,  61,  74,  79,  83, 
121,  125,  440,  452. 

Géryon,  302. 

Gètes,  356,  339,  390. 

geva,  74. 

Giamilos,  Giamillus,  Giamillo, 
97. 

giainon,  97. 

Giarinus,  304. 

gibier,  191,  201,  204.  Voir  :  chasse 

gigarus,  73. 

gilarus,  78. 

Gisacus,  314. 

gladiateurs,  253.  Voir  :  cruppel- 
larii,   murmillo. 

glaives,  208. 

glana,  113. 

glands,  196,  367. 

glano-,  113. 

Glastonbury,  44. 

glastum,  74. 

glesuni,  74. 

glisso-marga,  67. 

-gnato-,  113. 

gnatus,  73. 

gnomes,  324. 

gobann-,  113. 

Gobanni-cnos,  113. 

Gobannio,  113. 

Gobannium,  119. 

Gobannitio.  113. 

gobedbi,  99. 

*gobo,  124. 

Goëllo,  33. 

Goidel,  14. 

Gomer,  23. 

Gorge-Meillet  (La),  290. 

Gotini,  33,  36,  461. 

gotique,  60,  126-128. 

gouges,  207. 

graisse,  162. 

Grande-Bretagne,  3,  4,  5,  23,  26, 
29-31,  36,  133,  170,  172,  183, 
195,  197,  206,  207,  217,  222, 
223,  251,  260,  287,  295,  354, 
365,  378,  399,  406,  407,  412, 


INDEX    GENERAL 


499 


413,   429,   432,  433,   436,   442, 

443,   448,   450,   458,   462,   463. 

Voir  :  Angleterre,  Ecosse,  Iles 

Britanniques, 
granges,  162. 
Grannus,  304,  314,. 
'  gravo-,  124. 
gravure,  49. 
grec,  71,  72,  76,  77,  79,  85.  95, 

103,  125-130,  362. 
Grèce,  3,  146,  289,  400,  418,  419, 

462. 
grecques  (lettres),  95,  372. 
Grecs,.  8,  9,  404,  419. 
*grenna,  124. 
Grézan,  288. 
Grimm  (loi  de),  25. 
Grudii,  244. 

grues,  287,  317-318,  320,  338. 
guhia,  81. 

guérison.  Voir  :  maladie, 
gué.  Voir  :  -ritum. 
guerre,  89, 145, 187, 257-293,381, 
382. Voir  :  bodio-,  catu-,  cingeto-, 
cob-,  corio-,  orgeto-,  slogo-. 
guerrières,  182,  186-187. 
gui,  339,  368. 
gulbia,  81. 
gunna,  88. 
Gundestrup   (chaudron   de),   48, 

286,  289,  292,  319. 
gutuater,  82,  365. 
gymnosophistes,  363. 
Gyptis,  185. 


H 


habitation,  89,  153-161. 

habits,  166-172. 

haches,  41,   207,  213,   220    277 
332. 

haematites,  76. 

Haguenau,  325. 

Hallstatt,  2,  40-42,  50,  143,  168 
169,  172,  174,  175,  176  177 
189,  190,  206,  207,  208  209 
211,  213,  221,  266,  277  279 
282,  284,  285,  286,  287,  288' 
290,  420,  424,  450. 

halus,  71. 

hameçons,  207. 

Harmogius,  204. 


harnais,  201,  208,  210. 

harpe,  361. 

haruspicine,  362. 

Hastedon,  424. 

hébreu,  79,  80,  137. 

Helico,  406. 

Hellénogalates,  16. 

Hellespont,  404. 

Helvètes,  Helvetii,  95,  146,  155 
193,  224,  228,  230,  240,  24l' 
242,   244,   246,   247,   269,  285, 

406,  461. 

Héraklès   (Hercule),   150,   302, 
305,    309,    311-313,    400,    412 
414,  416. 

Hérault,  216. 

herbe,  197, 198. 

herbe  aux  corbeaux,  368. 

Hercynie,    Hercynienne    (forêt), 

407,  408,  415,  461. 
Voir  :  Arcunia. 

Herco-brica,  439. 

Hêrippê,  240. 

héritage,  248,  260,  380. 

Hermès,  312,  319.  Voir  :  Mercure. 

Hespérides,  355. 

Hesus,  310.  Voir  :  Esus. 

hêtre,  199. 

Hibernia,  397. 

hiérarchie  druidique,  386. 

Hierni,  396. 

Hiéron,  216. 

Hiéronyme  de  Cardie,  11,  400. 

Himilcon,  8,  9. 

Hispani,  282.  Voir  :  Espagne. 

Hongrie,  206,  283,  421,  422. 

hospitalité,  150,  220,  245. 

Hostilius  Saserna,  177,  267. 

hôtes,  150. 

housses,  201. 

huile,  162,  415. 

huîtres,  204. 

huttes,  44,  158.  Voir  :  cabanes. 

hyacinthe,  171. 

hydromel,  163,  184.  Voir  :  medu- 

hyperbole,  152. 

Hyperboréens,  22,  327,  355. 

kys,  78. 


lalonus,  314. 
iantu-,  113. 


500 


INDEX    GENERAL 


lantu-marus,  113. 

lapodes,  33,  459. 

Ibères,  143,  302,  399,  413,  418, 
449. 

Ibérie,  397.  Voir  :  Espagne. 

Ibéro-Ligures,  461. 

Ibéros,  303. 
Iblio-durum,   431. 
Iblio-marus,  448. 

Ibosus,  314. 

Icaunis,  315,  326. 

Iccavos,  99. 

Iccio-dururn,  Icio-durum,  431. 

Iciacus,  445. 

Iceni,  182. 

Ico-randa,  444. 

Icio-magus,  436. 

Ico-vellauna,  315. 

Ictis,  208. 

Idennica,  305. 

lentu-marus,  113. 

lerne,  397. 

leusdrinus.  Voir:  Leusdrinus. 

icuru,  100.  Voir  :  eiôru. 

if,   122,  370,  379.  Voir  :  eburo-, 

Illyrie",  Illyriens,  31,  32,  33,  147, 
197,  262,  398,  401,  417,  419, 
421,  448,  449,  459, 463. 

imitation,    152. 

immortalité,  351-354,  373,  377. 
imperium,  260. 

Impernal  (L'),en  Luzech  44, 157. 

impiété,  145. 

impôts.  232,  239,  246,  249,  364, 
372.  ■ 

incantations,  346,  370. 

incendies,  149. 

inceste,  181. 

incinération,    15,    39,    189-192, 
282,  352,   451.  Voir  :  bûchers. 

inconstance,  145. 

indice  céphalique,  51,  143. 

Indiens,  309,  455. 

industrie,  90,  119,  205-219.  Voir  : 
émail,  étain,  jannare. 

Indutiomarus,  231,  255. 

infanterie,  269. 

infanterie  montée,  262. 

inhumation,  15,  39,  189-191,  208, 
352,  425. 

injustices,  239,  302. 

inondations,149, 352,399,414,456. 


inscriptions  gallo-romaines,  296, 

304-330,  314. 
inscriptions  gauloises,  37,  54,  91- 

103. 
inscriptions  grecques  et  latines, 

102-103,  446. 
instruments.  Voir  :  outils. 
Insubres,  (Isombres),  26,  30,  141, 
166,   219,   246,  250,   261,   291, 
301,  341,  346,  402,  414. 
intelligence,  151-152. 
intempérance,  150. 
Intercatia,  271. 
interdire,  380. 
iorcos,  86. 
iorebe,  100,  101. 
lovincillus,  128. 
Iris,  397. 

irlandais,  62-69,  81-82,  86-87,  92, 
103,  104-107,  108-118,  123- 
124,  125-131,  137,  303,  306- 
308,  316,  318,  326,  361,  375, 
397,  430,  435. 
Irlandais,  27,  36,  148,  164,  188, 

222,  297,  321,  379. 
Irlande,  2,  55,  165,  181,  192,  206, 
220,   221,   230,   239,   249,   260, 
268,   272,  281,   320,  343,   351, 
358,  360,   361,  370,   381,   386, 
397,  429,  462. 
irréflexion,  145. 
Irumna,  454. 
Is,  137. 
Isara,  454. 
Isarninus,  106,  114. 
Isarno-,  106,  114. 
Jsarno-durum,  432. 
Isarniis,  106,  114. 
Isle-sur-Sorgue  (L'),  94. 
Istros.  Voir  :  Danube. 
IstrGS    40o 

Italie,'  283,  398,  402,  408,  410, 
415,  417,  418,  437,  448,  462. 
Voir  :  Cisalpine. 
iugo-,  114. 
iumbarum,  76. 
iupicelluson,  77. 
*tVo-,  124. 
ivoire,  175,  222. 
Ivo-magus,  114. 
ivrognerie,  150. 


INDEX    GENERAL 


501 


jacinthe,  195. 

jambières,  290. 

jambon,  162,  253. 

Japhet,  23. 

jaspe,  368. 

javelot,  191,  263,  268,  275-280. 

Voir  :  gaesum. 
Jérôme  (saint),  13-'!. 
Jérôme  de  Carclie.  Voir  :  Iliéro- 

nyme. 
joncs,  224. 
joug,  "67. 
jours    complémentaires,    375  ; 

néfastes,  375. 
Jules  (tombeau  des),  47,  289. 
Juliennes  (Alpes),  411,  412,  456. 
Julio-hona,  435,  443. 
Julio-briga,  441. 
Julio-magus,  435,  437. 
juments,  200. 
Junon,  305. 
Jupiter    (Zeus),    300,    305,    308, 

309,   314,  318,   322,   323,   339, 

341,  342. 
Jura,  454. 
jusquiame,  368. 
justice,  252-256,  341,  380-381. 
Jutland,  48. 


karnitu,  92. 

Kent  (Cantion),  34,  399. 

Kernuz,  324. 

Killeen  Cormac,  384. 

-knos,  92,  93. 


Labara,  456. 
Labiénus,  224. 
Lacavus,  304. 
Lacco-briga,  440. 
Lacédémoniens,  397. 
lacets,  171,  204,  274. 
Laco-briga,  439. 
lacs,  327,  436. 
Lacto-durum,  432. 
lacustres  (villages),  44. 
aena,  71,  167. 


Laevi,  402. 

laginon,  76. 

lagit,  97. 

laine,  167,  200. 

Laighen  (Leinster),  202. 

lait,  laitage,  162.  Voir  :  vaches. 

lamaseries,  386. 

lance,  41,  147,  164,  279. 

lancea,  71,  279. 

*landa-,  124. 

Landouzy-la-Ville,  323. 

Lango-briga,  440. 

Langres,  170,  323. 

langue  celtique,  35,  52-139.  Voir: 

phonétique,  morphologie, 
laraire,  324. 

lard,  73.  Voir  :  salaisons. 
larix,  72. 
lat,  97. 

La  Tène.  Voir  :  Tène. 
latin,  70-73,  76,  78,  82,  83,  93, 

125-129,  130-131. 
Latins.  Voir  :  Romains. 
Latis,  315. 

Latobius,  304,  308,  314. 
Latobrigi,  242. 
Latumarui,  93. 
laurio,  78. 
lautro,  65. 
Lebecii,  402. 
legasit,  101. 
légèreté,  145. 
légumes,  194. 
leiusmata,  79. 
Lemovices,  34,  244. 
Lenus,  304. 
Lepontii,  405. 
Lestrygons,  26. 
Lesura,  454. 
lettres,  95,  96,  190,  372. 
leuca,  73. 
leucetio-,  114. 
Leucetius,  114,  304,  306. 
Leuci,  193,  291. 
Leucimalacus,  304. 
Leuctres,  410. 
Leucullosu,  100. 
leuga    73    195. 
Leusdrinus    304. 
Levaci    244. 

Lexovii,  34,  155,  230,  233,  234. 
Lezoux,  100,  345. 
libations,  147,  184,  348. 


502 


INDEX    GENERAL 


Libui,  409. 

lieue,  195. 

lieux  (noms  de),  103,  107,  108, 
118-120,  297,  426-446. 

lièvre,  202,  203,  336. 

lignite,  175. 

ligure,  61,  73,  188,  438.  454. 

Lisfures  (Ligyes),  63,  167,  185, 
396,  398,  401,  409,  414,  416, 
440,  454,  457,  458,  461,  462. 
Voir  :  Celto-ligures,  Ibéro-li- 
gures. 

Ligystique,  395,  397. 

limes,  207. 

limeum,  74,  204. 

Limone,  92. 

Limonum,  119. 

lin,  194. 

lindo-,  114. 

Lindon,  114. 

Lingones  (Lingons),  30,  34,  160, 
193,  204,  250,  261,  402,  409. 

lingots,  346. 

linguistique,  52-58. 

linna,  81,  167. 

Linlo-magus,  436. 

Litana,  114. 

lilano-,  114. 

Litano-briga,  114,  438. 

Litavis,  329. 

lits,  159,  160,  161. 

littérature  des  Gaëls,  2  ;  des  Bre- 
tons, 3  ;  des  Gaulois,  359. 

Util-,  114. 

lituanien,  126. 

Litu-genus,  114. 

Litu-marus,  114. 

Livicus,  304. 

Livie  (villa  de),  292. 

locitoe,  100. 

Loco-ritum,  442,  456. 

Loégairé,  372. 

Loire,  222,  224. 

lois,  35,  231,  234,  236,  244. 

lokan,  92. 

Lopo-dunum,  429. 

Lorraine,  42. 

loucetio-,  114. 

Loucelius,  114,  304,  306,  329. 

loudin,  97. 

Loughrea,   201. 

Loceniacus,  114. 

loverno-,  114. 


loups,  160,  202,  237. 

Lucterius,  237. 

Lucumon,  415. 

Ludovisi  (villa),  46,  144,  149, 
168,  177,  286. 

Luernios,  114,  165,  215,  232,  360. 

Lug,  281,  324,  328. 

Lugaid,  148,  182. 

lug-dunum,  69, 

Lugnasad,  328. 

lugos,  74. 

Lugoves,  328. 

Lugu-balia,  327. 

Lugu-dunum,  112,  118,  132,  327, 
336,  427. 

Luguris,  100. 

Lugu-selva,  116. 

Lugu-oallum,  327. 

lune,  335, 339, 374-375. 

Lupo-dunum,  429. 

Lusitanie,  20.  Voir  :  Portugal. 

Lutetia  (Paris),  221. 

luttes,  164. 

Luxovius,  329. 

Luxterius,  96. 

Lycopodium   selago,   339. 

lynx,  203. 

Lyon,  135,  344,  359.  Voir:  Lugu- 
dunum. 

lyres,  358,  361.  Voir  :  chrotta. 

M 

Mabinogion,  4. 

Mac  Dâthô,  165,  253. 

Macédoine,  42,  258,  390,  404, 
419. 

Macédoniens,  390. 

Mâcon,  365. 

Mael  Duin,  370. 

Ma  gain,  101. 

mages,  363,  367. 

Mageto-briga,  439. 

magiciens,  370. 

magie,  367,  370,  379.  Voir  :  talis- 
man. 

Magilos,  227. 

magistrats,  230,  232,  244,  256. 

Magniacus,  304. 

-magos,  106,  114,  434. 

-magu-,  114. 

Magula,  114. 

magus  (mage),  367. 


IKDEX    GENERAL 


503 


Magu-rix,  114. 

Magusanus.  305. 

maillet,  322,  332,  337. 

maisons,    153-154,    158.     Voir  : 

huttes,  cabanes, 
maladie,  300,  339,  348,362,367, 

383. 
Malaucène,  94,  101. 
malfaiteurs,  349. 
Manapii,  29. 
Manduhii,  155-156. 
Mandu-bilos,     109. 
Mandu-essedum,  70,  71. 
maniacês,  81. 
Manlius  Torquatus,  270. 
mannequins,  348-349. 
mannus,  71. 
manteau,  170,  172. 
Maponus,  304,  307,  308,  314. 
marais,  155. 
niarca,  64,  67. 

Marcellus  (Claudius),  271,  288. 
marchands,  155,   219,   220,   222, 

246,  413.  Voir  :  commerce. 
marco-,  106,  114. 
Marco-durum,  114,  432,  452. 
Marco-magus,  106,  114,  437,  452. 
Marco-manni,  452. 
marcus,  74. 
warga."  71. 
margelles,  158. 
Margi-dunum,  429. 
mari,  180. 
mariage,  180-182,   183-185,-385, 

386. 
marine,  223. 
marne,  197. 
Marne,    43,    51,    143,    191,    214, 

280. 
-maro-,  106,  114. 
Maro-boduos,  114,  121. 
Maro-magus,  436. 
Mars  (Ares),  300,  301,  304,  305, 

309,   310,   314,   324,  329,   341, 

346,  350, 365. 
Marsac,  99. 
Marseille    (Ma.ssalia),    185,    215, 

216,   245,   341,   395,   406,   409, 

410,  416. 
marteaux,  207. 
Martiacus,  297. 
Martin  (Henri),  389. 
mascauda,  72. 


Mastramélê,  405. 

mastruga,  80. 

matelas,  161. 

materis,  83,  278. 

mati-,  114. 

Mati-donnus,  112,  114. 

Matres,  Matronae,  172,  305,  316. 

Matrona,  326. 

-matu-,  106,  115. 

Matu-caiuin,  119. 

Matu-genus,  106,  115,  120. 

Matunus,  314. 

Maurienne,  200. 

Mavilly,  307,  338. 

médecine,  367-369. 

Médie,  258. 

niedio-,  115. 

Medio-cantus,  105. 

Mediolanium,  Medio-lanum,  82, 
115,  132,  409,  443. 

Medio-matrici,  115. 

Medio-nemeium,  434. 

Medo-briga,  440. 

Medocius,  304. 

Medru,  326. 

Medsillus,  96. 

medu-,  115. 

Medu-briga,  115,  440. 

Medu-genus,  115. 

Meduli,  31,  34,  115. 

mégalithiques  (monuments),  220, 
330,  343,  386-387. 

Meldi,  34. 

Melpum,  414. 

Melun.  Voir  :  Metlodunum. 

Memini,  193. 

Menapii,  29,  198,  199,  245. 

menhirs,  343.  Voir  :  mégali- 
thiques. 

inenta,  72. 

mer,  258,  385,  399,  420,  452. 
Voir  :  navigation,  mori-,  rêno-, 
inondation. 

mercenaires,  149,  257-259,  397, 
404. 

Mercure,  297,  299,  301,  304,  306, 
309,  310.  314,  319,  324,  325, 
329,  341,  343,  344,  345,  451. 

Mercuriacus,  297. 

Mere-briga,  440. 

Mères.  Voir  :  Matres. 

meriseimorion,  11. 

Mero-brica,  439. 


504 


INDEX    GENERAL 


Mersey,  308. 

*mesga-,  124. 

Mésiè,  390. 

mesures  d'étendue,  89, 193.  Voir  : 

candetinn,    arepennis,    leuga. 
métamorphose,  383. 
mélempsychose,  353. 
métiers,  300. 
Metlo-duniwi,  Metlo-sedum  (Me- 

lun),  221,  224,  428. 
métrologie,  195. 
Metz,  384. 
meubles,  160. 
meule,  161,  327. 
meurtre,  254,  302,  340,  380. 
inid,  97. 
Mider,  326. 
miel,  164. 
migrations,    28,    241,    408,    415, 

417,  418,  419,  457-463. 
Mile,  3. 
Milet,  13,  240. 

millet,  162, 196, 198.  Voir  :  panic. 
Minerve,  300,  301,  305,  309,  346. 

Voir  :  Athénâ. 
mines,  206,208,  274. 
Minno-dunum,  429. 
Miro-briga,  439. 
Misène,  361. 
mobilité,  145. 
Moccus,  304,  307. 
Moelan,  206. 
Moeni-captus,  110,  119. 
Mogetilla,  307. 
Mogetius,  304. 
Mogienius,  227. 
Mogoiis,  307,  314. 
Mogontia,  316,  327. 
Mogontiacus,  327,  445. 
Mogounus,  304,  307. 
moissonneuse,  198. 
mollesse,  141. 
l\Ioltinus,  315. 
Mona  (Anglesey),  341,  346. 
monarchie,  227-230. 
monastères,  386. 
monnaies  gauloises,   42,   43,  49- 

50,    100,    148,    174,    177,    215- 

219,   269,   276,   285,   287,   291, 

292,   293,   296,   313,   324^   337, 

3'38,   425. 
monnaies  romaines,  43,  48,  267, 

276,  289,  292. 


Mont-Beuvray,  43,  157,  212. 

Mont-Ghâtel,  44. 

Montdragon,  46,  168,  169,  174, 

285,  286. 
Monto-briga,  440. 
monuments  figurés,  44,  317. 
morale,  373. 
Moravie,  421. 
morceau  (meilleur),  164. 
Morganwg  (lolo),  388. 
mori-,  106,  115. 
morici,  68. 

Mori-dunum,  106,  115,  428. 
Mori-marusam,  115. 
Morins   (Morini),   133,   194,   198, 

201,  229,  244. 
Mori-tnsgus,  115,  228,  234. 
morphologie,  130-131. 
Morrigu,  321. 
mors,  41,  266. 
mort  (peine  de),  228,  255. 
morts  (âmes  des),  150,  260. 
Moso-magus,  118. 
mousse  de  bière,  178. 
moutons,  165,  167,  200. 
Moytura,  281. 
*muc-,  124. 
muge,  205. 
mules,  201. 
Mullo,  304. 
multitude,    231,    235,    236,    408, 

424.  Voir  :  peuple, 
murailles,  156-157,  273,  274. 
Murcens,  44,  156,  157,  161,  273. 
musique,  90. 
murmillo,  85. 
myrtille,  195. 
Myrina,  48. 
Mysie,  45. 

N 

Nabelcus,  304. 

naissance,  186, 189. 

Naissatis,  304. 

Namu,  93. 

Namnetes,  34. 

Nannos,  185. 

Nanterre,  189. 

Nantiacus,  445. 

nanlo-,  65. 

Nantoni-cnos,  100. 

Nanto-suelta,  322,  324,  329. 


I 


INDEX    GENERAL 


505 


-nantu-,  115. 

Nantuates,  115. 

Narbôn,  395,  402,  403. 

Narbonnaise,  14,  93,  167,  195. 

Narbonne,  245,  395. 

nard,  178. 

note,  80. 

nausum,  86. 

Nautae  Parisiaci,  47,  171,  286. 

navigation,  89. 

navires,  223-224.  Voir  :  picatus, 
pontones,  nausum,  cuniba,  ra- 
deaux. 

Necht,  325. 

néfastes  (jours),  375,  377. 

Nemausus,  132,  315. 

Nemed,  3. 

Nemetacum,  119,  445. 

Nemetes,  452. 

Nemetiales,  316. 

nemeto-,  106,  115. 

Nemeto-briga,  106,  115,  434,  439. 

Nemeto- cenna,  119. 

Nemeto-durum,  432,  434. 

Nemeto- gêna,  115. 

nemeton,  81,  93,  452. 

Nemetona,  115,  329. 

Nemeto-tacium,  434. 

Nemon,  329. 

néo-druidisme,  388. 

Nerco-brica,  439. 

Nerio-magienses,  436. 

Néris-les-Bains,  100. 

Nerius,  315. 

Nertacus,   121. 

-nerto-,  115. 

Nerto-briga,  115,  439. 

Nerto-marus,  115,  121,  448. 

Nertus,  121. 

Nervii,  17,  95,  156,  163,  199,  207, 
233,  234,  239,  243,  261,  406. 

Net,  322. 

neuf,  383. 

Neufchâtel,  42. 

Nevers,  99. 

Nevio-dunum,  428. 

Nicomède,  258. 

Nîmes,  93,  94. 

nimidac,  81. 

Nitio-briges,  105,  110. 

Nitio-broges,  115,  228. 

Nitio-genna,  115,  121. 

nobles,  177. 


noblesse,  232,  235. 

nocher.  Voir  :  passeur. 

Nodons,  315. 

Noé,  137. 

nœud,  172. 

Noïse,  370. 

Noie,  410. 

nombres,  367. 

nombril,  170. 

noms  communs  celtiques,  62-88, 

122-124  ;  noms  propres,  28-34, 

103-121,  426-449,  453-454. 
Nord  (mer  du),  221. 
nord-étrusque  (alphabet),  91. 
Noreia  (Dea),  316. 
Noreia  (Neumarkt),  406,  459. 
Norique,  40,  22,  448,  450,  459, 

461,  463. 
Normandie,  283. 
nourrices,  186. 
nourriture,  160-166,  202.  Voir  : 

sasia,    brace,    omasûm,    taxea, 

embrecton,  tuceta. 
Novare,  921,  246. 
Noviacus,  119,  445. 
novio-,  115. 
Novio-dunum,  43,  115,  119,  220, 

224,  273,  428. 
Novio-magus,  115,  435. 
Nuadu,  315. 
Nudd,  315. 

nudité,  166,  172,  178,  347. 
nuit,  303,  375. 
Numance,  403. 
Numides,  375. 
nyctalopes,  375. 
Nyrax,  341. 


obligations  magiques,  370. 

-obno-,  18. 

Océan,  209,  245,  301,  400,  403, 

414,  418,  419,  456. 
Ocelus,  304,  309. 
Ocli-cnos,  100. 
octo-,  115. 

Octo-durus,  Octo-durum,  115,  432, 
Octo-gesa,  115. 
odocos,  78. 
Odyssée,  23. 

Œstrymnides  (îles),  8,  396-397. 
Oestrymnis,  8. 


506 


INDEX    GENERAL 


œuf  de  serpent,  367. 

offrandes,  297,  346. 

ogham,  312,  379. 

Ogmé,  312. 

Ogmios,  311-313. 

ogron,  98. 

oies,  200,  336. 

oignons,  194. 

oiseaux,  203,  218,  278,  324,  335, 
347,  362,  366,  416.  Voir  : 
alauda,  becco,  gulbia,  lugos, 
oie,  poule,  corbeau,  grue. 

Oisin  (Ossian),  3. 

olca,  83. 

oligarchie,   230. 

*ollo-,  116. 

Olloudius,  304. 

Ollo-tolae,  316. 

Olornna,  454. 

Oltis,  454. 

omasum,  70. 

ombrien,  79. 

Ombriens,  25-26,  409. 

-omno-,   115. 

onno,  80. 

Onomaris,  182. 

onomastique.  Voir  :  noms. 

Oppiani-cnos,  99. 

oppida,  43-44,  155-157,  193,  217, 
272-274.  425. 

or,  147,  168,  172,  173,  175,  205- 
206,  208,  215,  216,  288,  327, 
332,  340,  346,  348,  360. 

oracles,  335. 

Orange  (arc  d'),  47,  100,  147, 
166,  201,  286,  289,  292. 

oreilles,  255. 

orge,  162,  163,  194. 

Orgetia,  116. 

'  orgeto- ,  116. 

Orseto-rix,  116,  121,  182,  228, 
230,  232,  237,  255. 

Orgon, 94. 

orgueil,  149. 

orme,  199. 

ornements,  41,  173,  209. 

Ortiagon,  183. 

Oscara,  454. 

osier,  154,  155,  223,  224,  285, 
348. 

Osismi,  244,  383. 

osque,  53,  66. 

ossements,  190. 


Ossian  (Oisin),  3. 

otages,  245. 

oualidia,  76. 

ours,    115,    119,    120,    325,    338. 

Voir  :  arto-,matu-. 
Ouniorix,  315. 
outils,  41.  42,  89,  207.  Voir  :  gul- 

hia,  hache,  taratrum. 
ovates,  362. 


padi,  73. 

Paemani,  17. 

Paetus,  46. 

pagi,  233,  246. 

paille,  154. 

pain,  161,  205,  339, 348. 

paix,  359,  382. 

Palatinat,  189,  421. 

panais,  194. 

panégyriques,  360. 

panic,''l94,  196,  198. 

Pannonie,  Pannoniens,  33,  417, 

448,  450,  459. 
pantalon,  166-167. 
Paphlagonie,  32,  134. 
paraveredus.  87. 
parèdres,  322,  329. 
parfum,  178. 
*pario,  124. 
Paris,    310,    317-318,    321,    323, 

339. 
Paris,  137. 
Parisii,  29,  34,  156.  Voir  :  nau- 

tae. 
part  du  plus  brave,  165,  253. 
Partholon,  3. 
parure,  40,  173,  191,  206. 
passernices,  74,  198. 
passeurs  des  morts,  353. 
passion,  145. 
pastel,  178,  195. 
palère,  322,  325. 
Patrice  (saint),  371,  379,  386. 
patriotisme,  251. 
Pauillac,  206. 
Pausanias,  400. 
Pavs-Bas.  295.  432. 
péages,  232,  246. 
peaux,  160,  222,  223,  285.  Voir  : 

cuir, 
pêche,  204,  207. 


I^'DEX    GENERAL 


507 


pédérastie,  145. 

Iii'igne,  44,  198. 

iirinture,  211,  264,  285. 

i"  inpe-dula,  65,  125. 

iH'nalités,  254-256. 

[ifiidaison,  310. 

]i'^ndants  d'oreille,  176. 

lendeloques,  176,  191,  208. 

penno-,  116. 

Penno-cruciutn,  351. 

Penno-lucos,  116. 

Penno-i'indos,  116,  118. 

Pennus,  116. 

Péonie,  419. 

peperacium,  77. 

Peponilla,  74. 

pères,  188,  256. 

perfidie,  145. 

Pergame,   45,   46,   48,  268,   290, 

404,  417. 
perles,  175,  208,  222. 
Persée,  151. 

Perses,  167,  286,  356,  366. 
Pescennius  Niger,  347. 
Pessinunte,  336. 
Peto-briga,  441. 
petor-,  126,  128.' 
petor-ritum,  66,  210,  223. 
petrinos,  75,  279. 
petronii,  201. 
petru-,  116. 
Pet  ru-cor a,    34,    111,    116,    120, 

329. 
petrudecameto,  102.  , 

Petta,  185. 
Petuaria,  66. 
peuples,  28.  35,  242-246. 
peupliers,  418. 
Phaéthon,  420. 
Pharnace,  265.' 
philhellènes.  23,  399. 
Philippe  II,  42,  216,  690. 
Philippe  V,  258. 
Phintias,  216. 
Phocéens,  185,  216. 
phonétique   celtique,    125-129. 
physiologie,  373. 
picatus,  78. 
Pictavi,  34. 
Pietés,  18,  19. 
Pictet.  389. 

Pictones,  156,  197,  223. 
pierres  (culte  des),  343. 


pierres  à  aiguiser,  198. 

piété,  334. 

pieux,  155. 

pilentum,  84. 

piques,  279. 

pirogue,  224. 

planes,  207. 

plantes,  63,  65,  67,  68,  71,  72, 

73,  74,  75,  76,  77,  78,  84,  87, 

88,  340.  Voir  :  céréales,  arbres, 
plastique,   213. 
plats,  160,  211. 
plaiimorati,  75. 
plèbe,  237,  392,  454. 
Pleumoxii,  244, 
pleurer  les  morts,  189. 
plomb,  8,  207,  218,  292,  332. 
plombagine,  211. 
ploxenutn,  85. 
Pô  (Eridan),  221,  224,  227,  271, 

327,   395,   396,   398,  402,  409, 

410,  418. 
poèmes,  359. 
Poeninus,  305,  309. 
poignards,  214,  279,  285.  Voir  : 

coutelas, 
poinçons,  207. 
poison,     199,     203,    339,     398. 

Voir  :  antidote, 
poissons,    89,    162,    204.    Voir    : 

alausn,  tinca,  esox. 
Poitiers,  101. 
poix,  274. 
Pollux,  305,  318. 
polyandrie,  181. 
Polybe,  5. 
polygamie,   180. 
pommes,  65,  194,  199,  355. 
Pommiers,  43. 
pompedulon,  65. 
Pompéi,  48,  166,  292. 
ponem,  72. 
pontones,  82. 
ponts,  221. 
population,   241,  408,   415,  417, 

418. 
porc,    161,    165,    191,    200,    336, 

337,  340. 
portes,  150.  Voir  :  doro,  ysarno- 

d.ori. 
porte-boucliers,  164,  238,  413. 
portrait  physique,141-144  ;  moral 

144-151  ;  intellectuel,  151-152, 


508 


INDEX    GENERAL 


Portugal  (Lusitanie),  396,  440. 
Poseidônios,  6,  147. 
Postumius,  147,  314,  348. 
poterie,   44,100,   211-213.  Voir  ; 

vases,  céramique, 
potin,  218. 
poule',  336. 
pourpre,  171. 
poutres,  156,  273. 
Prasufa<,nis,  182. 
pratiques  superstitieuses,  340. 
prédictions,  362,  367,  383,  384. 
prés,  198. 

présages,  335,  350,  362,  367,  408. 
prêtres,   340,   365,   382.   Voir   : 

druidae,  gutuater. 
prêtresses,  184,  383-385. 
prêts,  352. 
Prettani,  18. 
prières,  297,  340,  346. 
princes  (principes),  229,  231-232, 

234, 235,246, 251, 259. 
principat,  231-232,245. 
prinni,  98. 

prisonniers,  46,  147,  349. 
procédure,  255. 
procès,  252,  367,  380-381. 
prophètes,    362,    370,    383,    385. 

Voir  :  devins, 
propriété,  247-249. 
Prôtis,  185. 
Prusias,  404. 
Prydain,  18. 
Ptolémée    11,    Pliiladelphe,   258, 

400. 
Ptolémée  II,  401. 
Ptolémée  Keraunos,  404. 
puissance  paternelle,  187,  256. 
Pyrène,  396. 
Pvrénées,  206,  216,  245,  395,  396, 

398,   402,   403,  414,   415,   417, 

418,  424. 
Pyrrhus,  189,  257. 
Pvthagore,  352,  353,367,  377,378, 

391. 
Pythéas,  5,  399, 403. 

Q 

Quades,  33. 

qualités.  Voir  :  portrait, 
querelles,   149. 

question,  180,  255.  Voir  :   sup- 
plices. 


B 


race  (idée  de),  30,  468. 

racines,  162. 

radeaux,  224,  286,  409. 

railleries,  272. 

rançon, 183, 240. 

-randa,  444. 

Randosatis,  304,  309. 

rasoirs,  177. 

Ratamatus,  315. 

rat,  337. 

■rate,  86,  104,  109,  119. 

rath,  159. 

ratin,  98,  100. 

ratis,  65. 

Ratis-bona,  442. 

Ralu-inagus,  436. 

Rauraci,  Raurici,  156,  242. 

raves,  194. 

rayures,  171. 

reconnaissance  (signes  de),  293. 

rectu-,  116. 

Reclu-genus,  116,  121. 

rêda,  63,  223. 

-redo-,  116. 

Redones,  34,  116,  244. 

Regadonurn,  428. 

Reims    (autel    de),     318,     323, 

337. 
relief,  213. 
religiosité,  145,  334. 
religion,  90,  294-356. 
remèdes,  339,  340,  367,  368. 
Rémi,  17,  34,  156,  174,  193,  208, 

212,  232,   233,   245,   250,   251, 

259,  261. 
renard,  203,  204,  338. 
renne,  65. 

rêno-,  116,  326.  Voir  :  Rhin. 
reno,  63,  173. 
Renos,  116. 

repas,  160-166,  253,  339. 
repoussé,  211. 
retranchements,  155,  273. 
rêves.  Voir  :  songes. 
Rextu-genos,   100.   Voir   :   Reclii- 

genus. 
Rhégium,  411,  413. 
Rhétie,  30,  95,  197,  448,  463. 
Rhin,   185,   206,   218,   221,   245, 

283,   317,   326,   378,   415,  418, 

461.   Voir  :  Renos. 


INDEX    GENERAL 


509 


Rhipées  (monts),  22,  415,  417. 

Rhoda,  216. 

Rhodanus,  Rhotanus,  Rhône, 
221,  222,  224,  227,  283,  395, 
397,401,402,454. 

rie-,  rix,  106,  116. 

*rico-,  124. 

Riga,  304. 

Rigi-samus,  304,  30G,  308. 

-rigo-,  106,  116. 

Rigo-dulum,  116,  432. 

Rigo-dunum,  428. 

Rigo-durum,  431,  432. 

Rigo-magus,  106,  114,  435. 

Rigo-marus,  121. 

Rigo-ver-iugos,  114. 

Rimini,  177,  401. 

-ritu-,  106,  116,  127. 

Ritukalos,  93. 

Ritu-magus,  106,  116,  436,  442. 

rivure,  211. 

ro-,  107,  116. 

Robur,  339. 

*  rocca-,  124. 

Rodanus,  79,  395.  Voir:  Rhoda- 
nus. 
rodarum,  75.  368. 
rois,  164,  165,  227-229,  381,  408. 
Romains,  10,  407,  408,  410,  417, 

463. 
romans  gallois,  4,  382. 
Rome,   22,   161,   200,   398,    411, 

415,  416. 
roseaux,  158,  165,  224. 
Rosmerta,  107,  116,  307,  316,  329. 
roto-,  116. 
Ro-talus,  107. 
Roto-magus,  116,  132. 
Roudius,  116,  128. 
-roudo-.  116. 

roues,  266,  291,  320,  323,  370. 
rouelles,  209,  332. 
Rouergue,  33. 
routes,  221,  300,  302. 
roux,  141-143. 
royauté,  227-229. 
Rudianus,  304,  314,  339. 
rufius,  67. 
rumpotinus,  84. 
runes,  96. 
*rusca,  124. 
Ruteni,  33,  141,  194,  206,  406. 


S 


S.  Voir  :  signes. 

Sabinus  (Julius),  184. 

Sabinus  (Titurius),  280. 

sabre,  269,  281.  Voir  :  épée. 

sacrifices,  203,  240,  245,  310, 
339,  346-351,  362,  366,  371, 
380.  Voir  :  nimidas. 

Sacro-vir,  118. 

Saefes,  8. 

Saegon,  305. 

Sagonte,  403. 

sagus,  70. 

saie,  167,200,  340,  367.  Voir  :  sa- 
gus. 

Saignon,  94. 

Saint-Côme,  94. 

Saintes,  170,  319. 

Saint-Germain  (musée  de),  344. 

Saint-Remy,  47,  94,  289. 

Saint-Saturnin  d'Apt,  94. 

saisie,  253. 

salaisons,  161,  200,  219.  Voir  : 

taxea,  tuceta. 
Salassi,  197,  205,  405. 
Salioncanos,  73. 
saliunca,  73. 

Sailuvii,  409.  Voir  :  Salyi. 
Salo-duruni,  432. 
Salyi,  151,  360. 
Samaro-briva,  79,  438. 
samolus,  75,  340. 
samon,  98. 
Samo-rix,  306. 
Samothrace,  347. 
sang,  148,  351,  362. 
sanglier,  191,  291,  319, 337, 338. 
sanskrit,  103,  125-129,  311. 
Santones,  34,  223, 230. 
Saône,  222,  224,  368. 
sapana,  76. 
sapin,  199. 
sapo,  71. 
Sara,  454. 
Sardaigne,  405. 
Sardes,  183. 
Sarmates,  33,  36. 
Saronides,  364. 

Sarrebourg  (autel  de),  321,  337. 
sasia,  63. 
satires,  360. 
Saturne,  301,  354. 


510 


INDEX    GENERAL 


saule,  199. 

sauterelles,  346. 

Savara,  454. 

Save,  33,  416. 

savon,  71,  178. 

Sazeirat,  99. 

Scandinavie,  422,  423. 

scies,  207. 

Scilly  (îles),  20. 

Scingo-niagus,  436. 

Scipion  l'Africain,  219,  253. 

Scipion  Emilien,  271. 

scobicn,  65 . 

scordisca,  201. 

Scordisques  (Scordisci),  33,  147, 

150,  201,  350,  416,  417,  459. 
Scots,  19. 

scrupules  religieux,  334. 
scubulum,  77. 

sculpture  gréco-romaine,  44. 
Scythes,  167,  399,  415. 
Scythie,  3,  23. 
seaux,  211. 
Seben-dunum,  430. 
Sedum  telephium,  339. 

Sedulius,  259. 

Seduni,  34. 

Segeta,  316. 

Segni,  17. 
se  go-,  117. 

Sego-bodiuin,  105. 

Sego-briga,  116,  440. 

Segobrigii,  185. 

Sego-dunum,  116,  247,  456. 

Sego-marus,  93,  99,  116, 121,  306, 
449. 

Segomo,  304,  306,  308,  314. 

Segomonas,  306. 

Scgontiacus,  445. 

Ségource  (La),  44. 

Segovax,  229. 

Sego-vellauni,  116. 

Segusiavi,  201,  243. 

Segusii,  201. 

Sein  (île  de),  383. 

Seine,  222,  224. 

sel,  161,  162.  Voir  :  salaisons. 

Selago,  339, 348. 

Séleucus,  318. 

-selva-,  116. 

Sémitique,  72.  Voir  :  hébreu. 

Semnons,  451. 

Semnothées,  363. 


Senacus,  121. 

sénats,  233-234,  236,  237.  Voir  : 

assemblée. 
Sen-dun,  429. 
Senlis,  33. 
-seno-,  107,  117. 
Seno-bena,   121. 
Seno-carus,  107. 
Seno-condos,  117. 
Seno-donna,  112. 
Seno-gnatus,  117. 
Seno-magus,  117,  436. 
Senones,  30,  34,  141,  156,  228, 

233,  236,  239,  244,  255. 
Senones  (de  Cisalpine),  402,  409, 

414, 418. 
Seno-rix,  117,  121. 
Senos,  121. 
Seno-viros,  118,  121. 
Sentinum,  262. 

sépultures,   38,    39,    190.   Voir   : 
inhumation. 

Sequana,  326,  454. 

Sequani,  156,  161,  170,  193,  198, 
229, 240,245,250,259. 

Séraucourt,  101. 

Serbie,  429. 

serment,  245,  252,  297. 

serpe,  207,  340. 

serpent,  218,  291,  318,  324,  337, 
367,  387.  Voir  :  dragon. 

service  militaire,  252,  260. 

serviteurs,  164,  165,  240,  262. 
Voir  :  magu-,  esclaves,  vasso-. 

Servius  Tullius,  38. 

*sesca-,  124. 

Setanta,  324,  325. 

Siannus,  304,  308, 314. 

Sicile,  216,  258. 

siège  des  places  fortes,  274. 

sièges,  160,  272. 

signes  en  S,  212,  284,  288,  332. 

Sigo-i'esus,  118,  197,  408. 

Sigynnes,  424. 

Siligo»  193. 

Silures,  20,  143,  217. 

Silure  (île),  362. 

Silvain,  305,  309,  323. 

Sihanecles,  33. 

Simos,  185. 

simplicité,  152. 
Sinatis,  304,  306. 
Sinalos,  184. 


INDEX    GENERAL 


511 


Singi-dunum,  429. 

Sino-rix,  184,  306. 

Sinquatis,  305. 

Sirona,  96,  326,  329. 

Sito-magus,  436. 

situles.  Voir  :  seaux. 

slave,  126. 

-slogo-,  117. 

Smertatius,  305. 

Smertorix,  329. 

Smertu-litanus,  114,  307. 

Smertullos,  318. 

*socco-,  124. 

socs,  207. 

société,  89. 

Soio,  316. 

Soissons,  43. 

solde,  259. 

soldurii,  238. 

soleil,  308,  332,  420. 

Solimariacus,  445. 

Somme-Bionne,    Somme-Tourbe, 

43. 
SoU-marus,  449. 
songes,  334,  371. 
sonno-cingos,  97. 
sorciers,  367. 
Sorlingues,  20. 
sorts,  340,  370. 
Sorvio-dunum,  429. 
Sorvio-durum,  432. 
sosin,  99. 
sosio,  101. 
Sosto-magus,  436. 
Sotiates,  238. 
.sources,  326,  371. 
Spartiates,  257. 
s parus,  83. 
spirale,  221. 
squelettes,  143.  191. 
Stanna,  329. 
statères,  216. 
statues,  44,  160,^343-344. 
stolutegon,  75. 
Stonehenge,  386. 
Stradonitz,  43,  423. 
Styrie,  361,  421,  459. 
su-,  107,  117,  128. 
Su-agrios,  108. 
Su-anetes,  117. 
subites,  77. 
|f      Su-carius,  117. 
Su-carus,  107,  322. 


SuceUos,  322,  329. 

Suessiones,    34,    156,    229,    232, 

251,  260,  322. 
Suetonius  Paulinus,  341. 
Suèves,  36,  142,  451. 
suicide,  148,  352. 
suif,  274. 

Suisse,  283,  401,  432,  437. 
Sulevia,  305. 
Sulis,  305,  308,  314. 
Sumina,  454. 
Sunuxsalis,  316. 
supplices,    180,    255.   Voir    :    ta- 

ringa,  gabalus,  tau. 
sureau, 199. 

surnoms  des  dieux,  304-308. 
svastika,  331,  332. 
symboles,  232. 
Syracuse,  216. 
Syrie,  258,  448. 


tables,  160. 

tabou, 188, 336, 370. 

tactique,  268-274. 

taille,  141-143. 

Tala-briga,  440. 

Taliessin,  389. 

talisman,    209,    336,    367,    369. 

Voir  :  amulettes. 
-talo-,  107,  117. 
Tamise.  335. 
Tanaïs  ;Don),  403. 
Tanarus,  305. 
tannare,  87. 
Tanotali-knoi,   92. 
Tanotalos,  92. 
Taranis,  308,  310. 
Taranous,  94,  317. 
Taranucnos,  308,  310,  315. 
Taranucus,  305. 
taratrum,  82. 
Tarbeisonios,  98. 
tarbêlodathion,  76. 
taringa,  83. 
Tarn,  424. 
Taro-dunum,  428. 
Tarquin  l'Ancien.  408,  409. 
Tartessii  (Tarlesse),  397,  405. 
Tarv-essedum,  70. 
tan'os,  117,  130. 
Tarvos  Trigaranus,  117,  317,  321. 


512 


INDEX    GENERAL 


tascos,  77. 
Tasgetius,  228. 
Tasi-nemetum,  434. 
tatouages,  178,  179. 
tau,  80,  232. 

taureau,  165,  317,  318,  319,  320, 
321,  326,  330,  338,  371.  Voir  : 
tarvos. 
Taurini,  32,  63,  411,  412. 
Taurisci,  32,  302,  405,  412,  459. 
Tauriscus,  302. 
Tauro-dunum,  428. 
tauruc,  77. 
Tavium,  342. 
taxea,  73. 
taxi-,  117. 

Taxi-magulus,  117,  229. 
Tectosages,    29,    133,    151,    346, 

362, 404, 407,417, 461. 
teinture,  171,  240. 
Telamon,  263. 
Telo,  329. 
temples,  160,  342-346,  349,  385. 

Voir  :  vernemetis,  nemeto-. 
Temusio,  316. 

Tène  (La),  41,  42,  51,  143,  161, 
168,   169,   174,   175,   176,   177, 
190,   201,   206,   207,   209,  210, 
212,   221,   266,   267,   276,   277, 
280,   283,   284,   287,   290,  422, 
423,  424,  425,  450. 
Teno-brica,  441. 
terrains.  90. 
Terre-Mère,  319. 
Tessin   409. 
tête  coupée,  147,  181,  183,  241, 

275,  332. 
tétrarque,  340. 
Teutalus,  121. 
Teutates,  117,  310. 
teuto-,  117. 
Teuto-bodiaci,  117. 
Teuto-boduos,  105. 
Teuto-malius,  228. 
Teuto-matus,  115,  117,  121. 
teutona,  85. 
Teutons,  25,  27. 
Thara,  454. 
Thermopyles,  419. 
Thessalie,  419. 
theximon,  77. 
Thiaucourt,  101. 
Thibet,  386. 


thon, 205. 

thôna,  77. 

Thor,  277. 

Thrace,  Thraces,  3,  33,  291,  404, 
415,  416,  417,  419,  449,  459, 
462. 

thrace,  438. 

Thule,  5,  265. 

Thunar,  305. 

Tibère,  369. 

Tiefenau  (La),  288. 

Tigurinus  pagus,  246. 

tinca,  87,  205. 

tisserands,  44. 

Titans,  401. 

titre  des  monnaies,  218. 

Titti,  403. 

titumen,  76. 

Todi,  91. 

togi-,  117. 

T  agios,  117. 

Togi-rix,  117.   • 

Togi-sonus,  117. 

toilette,  89,  175. 

toit,  154,  158. 

Tolistobogii,  183,  404. 

tolutegon,  75,  279. 

tombelles,  39.  Voir  :  inhumation, 
tumulus. 

Tongo-briga,   440. 
tonneaux,  165.  Voir  :  barils, 
tonnerre,  335.  Voir  :  Taranis. 
torches,  385. 
torques.  Voir  :  colliers, 
torsades,  172,  174. 
tortue,  270,  274. 
Totati-genus,  113,  117. 
totem,  120,  337. 
Toulouse,  327,  346, 362. 
tour  à  droite,  347. 
tours,  273. 

Toutalis,  117,  305,  306,  310. 
Toutio-rix,  117,  304,  308. 
toutious,  92,  93. 
Toutissi-cnos,  99. 
Touto-bocios,  452. 
Toygenus  pagus,  246. 
traités,  245. 
Trajane  (colonne),  292. 
tranchets,  207. 

Transalpine,  Transalpins,  16, 147, 
152,  196,  198,  250,  351,  367, 
402. 


i 


INDEX    GENERAL 


513 


transports,  219-220. 

traversée  de  la  Gaule,  222. 

trèfle,  368. 

treicle,  treide,  69. 

tremblements  de  terre,  352. 

trésors,  327,  346. 

Treveri   (Trévires),   17,   34,   135, 

244,  255,  259,  261. 
Trêves,  134,  320,  339. 
tri-,  117,  126. 
triades,  317,  329,  374. 
Triballes,  459. 
Tri-boci,  117,  452. 
tribus  (phylai),  246,  406. 
tributs,  246,  249. 
Tri-casses,    34,    103,    117,     132, 

452. 
Tri-cassini,  117. 
Tricastini,  409. 
tricéphales,  323,  329,  337. 
tricontii,  102,  107. 
Tricoria,  328. 
Tri-corii,  111,  120. 
Tricorius  pagus,  343. 
.tridents,  207. 
tri- garanus ,  117. 
tri-marcisia,  67,  262. 
tri-nanto,  65. 
Trinovantes,  452. 
tripetias,  135. 
triscèle,  284. 
Tritullus,  305. 
Tri-ulatti,  117. 
Troade,  32,  404. 
Trociacus,  445. 
Trocmi,  133,  404. 
trogo-,  117. 
Trogos,  117. 
Trogue  Pompée,  6. 
trois.  Voir  :  triades, 
trompe,  161. 
trompette,    292.    Voir  :    carnon, 

carnyx. 
trophées,  47. 
Trosly-Loire,  267. 
troupeaux,   154,   161,   194,   199, 

247,  248,  414.  Voir  :  bestiaux, 
trousses  de  toilette,  475. 
trygeranos,  318. 
Tuatha  De  Danann,  3,  312,  320. 
tuceta,  79. 
Tulingi,  242. 
tumulus,  15,  190,  191,  192. 


tunique,  169,  172. 

tunna,  82. 

Tunto-briga,  440. 

Turdetani,  403. 

Turnacus,  119. 

Turno-durum,  119,  432. 

Turno-magus,  437. 

Turo-briga,  440. 

Turones,  34. 

Tusci   (Etrusques),   409.   Voir    : 

Tyrrhènes. 
Twrch  Trwyth,  337. 
Tylé,  404. 
Tyrrhènes  (Etrusques),  398,  402, 

410,  413,  460. 


Ubii,  220. 

Ueuetis,  99,  315,  317. 

Ulster  (Ulaid),   3,   41,   148,  253 

268,  272,  278,  281,  321,  383. 
umbo,  191,  287. 
Unelli,  244. 
unité  de  langue,|28. 
Ura,  326. 
ura,  76.  i*,; 

Uriacus,  445.  '^■•^  *  ' 
urine,  178.     g^  f'\ 
urnes,  212.      ^'  p 
Urnia,  326.      'tij.wfi 
Uro-brocae,  316.f7i 
Uro-geno-nertus,  120. 
Uro-magus,  73,  119,  437. 
urus,  73, 160, 203. 
usubim,  76. 
uto-cetuni,  111. 
Uxellimus,  305,  308. 
uxello-,  117. 

Uxello-dunuin,  237,  273,  427. 
Uxellos,  117,  315. 
Uxi-aama,  117. 


Vaccaei,  247,  403. 

Vachères,  288. 

vaches,  200. 

Vago-ritum,  442. 

Vaison,  93,  304. 

vaisselle,  44,  160.  Voir  :  vases< 

Vala-brica,  441. 

valaemon,  53. 


G.   DoTTiN.  Manuel  de  l'antiquité  celtique. 


3S 


514 


INDEX    GENERAL 


Valerius  Corvus,  271. 
vanité,  149,  152,  272. 
Vardii,  398. 

vases,  40-41,  89,  159,  160,  190, 
191,  211-214,  222,  348.  Voir  : 
hascauda. 
vassaux,  239. 
Vasso,  117. 
-vasso-,  107,  117. 
Vasso-caletis,  110,  304,  307. 
Vasso-rix,  107,  117. 
vates,  85,  362. 
Vaupoisson,  345. 
vautours,  189. 
Vebrumarus,  94. 
Vecti-marus,  117. 
Vecti-rix,  93. 
Védas,  356. 
végétaux,  88. 
Véies,  414.     i 
vêla,  75. 

Velatu-durum,  432 
Velay,  33. 

Veliocasses,  31,  110,  294. 
vellauno-,  107. 
Vellauno-dunum,  107,  112. 
Vellaunus,  304,  307. 
VeUavi,  33,  243. 
Velléda,  383. 

Venaxamo-durum,  432. 
Vendœuvres,  319. 
Venedi,  36. 

Veneti  (Venètes),  32,  34,  35,  156, 
193,  220,  222,   223,  233,   234, 
244,  247,  272,  398,  402. 
Vénètes  d'Italie,  32,  459. 

V enetoni-magus ,  437. 
Venise,  169,  177,  286. 

Vepo-talus,  117. 

ver-,  107,  117. 

Ver-agri,  104,  108,  117,  280. 
Verbigenus  (pagus),  246. 

Ver-cassi-vellaunus,  107, 110, 118, 
260. 

Ver-cingeto-rix,  49,  107,  111, 
121,  216,  229,  235,  238,  245, 
250,  255,  260,  347. 

Ver-cobius,lil. 

Ver-com-bogius,  111. 

Ver-condari-dubnus,  118. 

veredus,  87,  116. 

vergo-bretus,  66,  126,  230,  234. 

Ver-iugus,  114. 


Ver-iugo-dumnus,  114,  117. 

Ver-lucio,  118. 

verna,  67. 

ver-nemetis,  68,  81,  115. 

Ver-nemetum,  68,  434. 

vernetus,  67. 

Verniacus,  445. 

*verno-,  107,  118,  124. 

Verno-dubrum,  106, 112, 118, 132 
453. 

Verno-sole,  107,  118. 

Vero-dumna,  112. 

Vérone,  93,  409. 

Verotutis,  304,  307. 

verre,  verroterie,  156,  163,  175, 
191,  210,  368. 

vers,  372. 

Vertacomacori,  34,  246. 

Vertault,  44. 

Vertisco,  239. 

ver-tragi,  67,  201. 

verveine,  340,  368. 

Vesontio.  Voir  :  Besançon.  >. 

Vesta,  307. 

-vesu-,  107,  118. 

Vesunna,  326. 

vêtement,  35,  89,  166-172,  340, 
386.  Voir  :  reno,  sagus,  braca, 
laena,  linna,  cucullus,  bardocu- 
cullus,  caracalla,  gunna. 

Vettones,  71. 

veltonica,  71,  368. 

viande,  160-162,  164, 165. 

vici,  153,  156. 

Vicinnus,  453. 

Vicinonia,  453. 

victimes.  Voir  :  sacrifices. 

Victoire,  78,  292,  313,  315. 

vidu-,  118,  127. 

Vidubia,  453. 

vidubium,  82. 

Vidu-casses,  31,  34,  118,  132. 

Viducus,  118. 

vieillards,  259. 

Vienne,  156,  361. 

vieux  haut-allemand,  103,  127, 
450. 

Vieux-Poitiers,  98. 
vieux-prussien,  63. 
vigentiana,  76. 
vigne,  194. 
vignêta,  76. 
Vignory,  324. 


I 


INDEX      GENERAL 


515 


villages,  153,  156. 

ville  engloutie,  335. 

villes,  154. 

Vimina,  454. 

vin,     150,    163,    165,    185,    220, 

240,   339,348,410,  415.  Voir: 

vigne, 
vinaigre,  162. 
Vinda,  118. 
Vindalium,  276. 
Vindélicie,  143,  448,  459,  463. 
Vindiacus,  445. 
vindo-,  107,  118. 
Vindo-bona,  118,  307,  442. 
Vindo-magus,  104,  107,  118,  435, 

437. 
Vindo-mora,  118. 
Vindonnus,  304,  307. 
Vintius,  305,  308,  309,  314. 
virga,  78. 
Virgile,  6. 
virginité,  383. 
viriae,  viriolae,  72. 
Viridomarus,  260,  271,  326. 
-viro-,  118. 
Viro-cantus,  110. 
Viro-conium,  111. 
Virodactis,  316. 
Viro-dunum,  307,  427. 
Viro-magus,  437. 
V  iro-manduos ,  118. 
Viro-mandui,  33. 
visions,  371.  Voir  :  songes. 
Vistule,  33. 
Visucius,  304,  314. 
visu-marus,  68,  368. 
Visu-rix,  118. 
Vitu-durum,  433. 
vo-,  118. 

Vo-bergensis,  118. 
vocabulaire,  52-126. 
Vocontii  (Voconces),  6,  107,246, 
313,  367. 


voiles,  223. 

voitures,  89,  223.  Voyez  :  reda, 
benna,  petorritum,  covinnus, 
essedum,  cisium,  pilentum,  co- 
lisatum,  carpentum,  carrus,  car- 
ruca,  cantus,  ploxenum. 

vol,  255,  348. 

volaille,  191. 

volema,  53,  78. 

Volnay,  99. 

Volques  (Volcae),  28,  151,  205, 
406,  407,  461. 

Volu-briga,  439,  440. 

Vortigern,  351. 

Vorocius,  305,  309. 

Vosegus,  327. 

voyageurs,  299. 

Vue,  44. 

Vulcain,  301,  318. 

Vultumna,  454. 

W 

Watsch,  276,  278,  421. 
Wight,  208. 

Williams  (Edward),  388. 
Winchester,  30. 


X  devant  T,  96. 
xynêma,  75,  279. 


yeux,  142,  172,  255,  339,  368. 
York,  189,  191. 
Ysarno-dori,  69,  114. 


Zamolxis,  390. 

Zarten,  424. 

Zénodore,  342. 

Zeus,  339,  342.  Voir  :  Jupiter. 


1 


ADDITIONS   ET  CORRECTIONS 


p.  5,  1.  3,  au  lieu  de  :  croyance,  lire  :  croyances. 

P.  19,  dernière  ligne,  ajouter  :  Le  plus  ancien  nom  des  habitants 

de  rirland-e   semble  avoir  été  Ivemi,  transcrit  en  grec  'lojspvot, 

en  latin  Hiberni,  d'où  la  forme  composite  'loijjîepvot. 
P.  41,  n   2,  lire  :  Kônigsberg. 

P.  45,  n.  2,  ajouter  :  Décielettk,  Manuel,  t.  ii,  p.  1580-1590. 
P.  47,  n.  4,  1.  5,  ajouter  :  Ad.   Rbinach,   Bévue  archéologique,  t.  xx, 

(1912),  p.  216-235. 
P.  48,  n  4,  1.  5,  ajouter  :  Ci.  S.  Rbihach,  Répertoire  de  reliefs  grect 

et  romains,  t   i,  p.  148150. 
P.  49,  n.   1,  ajouter  :  Revue  numismatique,  t.  x  (1^06),  p.  117-131, 

381-411,  412-424;  t.  xi  (1907),  p.   170  183,  324-336,  461-475;  t.  xii 

(1908),  p.  455-489;  t.  xiv  (1910),  p    461-476. 
P.  49,  n.  2,  ajouter  :  DÉcHELBriB,  Manuel,  t.  ii,  p.  1592-1593. 
P.  63,  1.  6,  lire  :  Irlandais  bolg  a  gac  »,  gallois  boly  i  panse  ». 
P.  65, 1.  23,  ajouter  :  doro  «  ostio  »  lEndlicher)  ;  en  breton  et  gallois 

dnr  «  porte  i,  irl.  dorus, 
P   66,  1.  9,  ajouter  :  Cf.  le  nom  propre  dérivé  Vergilius. 
P.  79,  1.  19,  ajouter  :  var.    cissutn,  que   M.  Vbndbtès   (Mémoires  de 

la   Société  de  linguistique  de  Paris,  t.  xix,  p.  60-62)    rapproche 

de  l'irlandais  cixs  a  panier  ». 
P.  99,  n.  1,  ajouter  :  Cf.  G.  Poisson,  Bulletin  rie  la  Société  de  géo- 
graphie de  Rocbefort,  1908. 
P.  99,  1.   17,   au   lieu   de  :    ucuetin    Alisiia,  lire  :   uouetin  in  Ali- 

siia. 
P     109,   1.    15,   au  lieu  de  :  Canto-bennom,  lire  ;  Canto-bennlcus 

mons. 
P.  112,  1.  18,  au  lieu  de  :  -dummo-,  lire  :  -du^nno: 
P.  112,  n.  1,  au  lieu  de  :  Celtorum,  lire  :  Celtarum. 


518  ADDITIONS    ET    CORRECTIONS 

P.  H3,  1.  25,  ajouter  :  -ialo-  :  Maro  ialos  1.,  Naiito  ialos  I.,  Rigo- 
ialos  1.  ;  V.  irl.  idl  «  espace  découvert  ». 

P.  121,  1.  13,  28,  au  lieu  de  :  Teuio-matos,  lire  :  Teuto-matus. 

P.  126,  1.  3,  au  lieu  de  :  anglo  saxon,  lire  :  anglais. 

P.  126,  1.  26,  au  lieu  de  :  -tio,  tion-,  lire  :  -tiô,  -tiûn-. 

P.  127,  1.  8,  au  lieu  de  :  indo-européenne,  lire  :   indo  européennes. 

P.  134,  n.  7,  les  lignes  2  et  3  de  cette  note  appartiennent  à  la  n.  8. 

P.  150,  n.  7,  1   2,  au  lieu  de  Perdizet,  lire  :  Perdkizbt. 

P.  150,  n.  7,  ajouter  :  On  a  trouvé  quelques  clefs  de  l'époque  de  la 
Tène  III. 

P.  156,  1.  8,  au  lieu  de  :  Aduatici,  lire  :  Aduatuci. 

P.  159,  1   4,  au  lieu  de  :  recouvert,  lire  :  recouverte. 

P.  159,  1   5,  au  lieu  de  :  chenets,  lire  :  chenets. 

P.  159,  1.  6,  ajouter  :  les  fourchettes  et  les  tisonniers.  Dkchblktte, 
Manuel,  p.  1412-1428. 

P.  159,  n.  1,1   3,  ajouter  :   Déchelbttb,  Manuel,   t.  ii,  p.   1399-1410. 

P.  179,  1.  13,  au  lieu  de  :  telle,  lire  :  tel. 

P.  184,  1.  4,  au  lieu  de  :  eut,  lire  :  eût. 

P.  199,  1.  12,  au  lieu  de  :  à  l'exception,  lire  :  mais  à  l'exception. 

P.  208,  1.  7,  ajouter  :  On  a  trouvé  à  l'époque  de  la  Tène  des  ves- 
tiges de  forges  gauloises,  fours  à  minerai,  pinces,  creusets, 
moules.  Décuelette,  Manuel,  t.  ii,  p.  1539-1547. 

P.  211,  n  1,  ajouter  :  La  liste  des  objets  de  fabrique  grecque,  ita- 
logrecque  ou  étrusque  appartenant  aux  époques  de  Hallstatt  et 
de  la  Tène  I,  et  trouvés  au  nord  des  Alpes  a  été  dressée  par 
M    Dkchelette,  Manuel,  t.  ii,  p.  1595-1608. 

P.  213,  1.  3,  ajouter  :  Mais  la  céramique,  développée  par  l'emploi 
du  tour  et  influencée  par  de  bons  modèles,  a  réalisé  un  grand 
progrès.  D'autre  part,  outre  de  nombreux  et  variés  vases  en 
bronze  de  fabrication  grecque  ou  italiote,  on  trouve  même  un 
petit  nombre  de  va^'es  en  bronze  que  l'on  peut  attribuer  à  l'in- 
dustrie des  Celtes.  Déchelettb,  Manuel,  t.  n,  p.  1454-1456. 

P.  221,  n.  1,  1.  1,  ajouter  :  Cf.  p.  91-98,  616. 

P.  285,  n.  1,  1.  3,  ajouter  :  cf.  p.  1235-1245. 

P.  287,  1.  5,  ajouter  ;  Le  bouclier  oblong  se  trouve  aussi  sur  le  mo- 
nument des  Jules. 

P.  304,  1.  11,  à  Mogounus  mettre  en  note  :  Cf.  Dec  Mouno,  C.  I.  L., 
vu,  997. 

P.  315,  n.  2,  aiouter  :  Cf.  Rhys,  The  Celtic  inscriptions  of  Gaul, 
additions,  p.  34. 

P.  328,  1.  23,  ajouter  en  note  :  Cf.  Foucher,  Revue  archéologique, 
t.  XX  (1912).  p.  341-349. 


ADDITIONS    ET    CORRECTIONS  519 

P.  329,  n.  5,  1.  4  :  Sur  la  croyance  à  la  vertu  magique  du  nombre 
trois,  qui  a  produit  la  triple  répétition  du  même  motif,  le  tris- 
kèle,  les  trois  S,  la  palraette  trèflée,  voir  Déchelette,  Manuel, 
t.  II,  p.  1527-1530. 

P.  333,  1.  3,  ajouter  :  L'ornementation  des  armes  peut  avoir  quel- 
quefois un  caractère  phylactérique.  Déchelette,  Manuel,  t.  ii, 
p    1311-1314. 

P.  355,  1.  24,  ajouter  :  La  littérature  irlandaise  offre  quelques 
exemples  de  métempsychose  ;  ainsi  Find  était  ressuscité  trois 
cents  ans  après  sa  mort  en  la  personne  de  Mongàn  ;  Tuan  mac 
Cairill  fut  successivement  homme,  cerf,  sanglier,  faucon,  sau- 
mon, homme.  H.  d'ARBOis  de  Jdbainville,  Cours  de  littérature 
celtique,  t.  ii,  p.  43-63,  336-343  :  I,es  druides  et  les  dieux  celtiques 
à  forme  d'animaux,  p.  136  142.  J.  Hastings,  Encyclopaedia  of 
religion  and  ethics  (art.  nietempsychôsis). 

P.  355,  n.  2,  ajouter  :  p.  285-292. 

P.  432,  1.  10,  ajouter  :  «  oppidum  Batavorum  »  (Tacite,  Hist   v,  19). 

P.  444,  1.  10,  ajouter  :  Le  même  mot  se  trouvait  comme  premier 
terme  dans  Rando-satis  (ci-dessus,  p.  304). 


• 


TABLE   DES  MATIÈRES 


Préface    vu 

Avertissement  de  la  seconde  édition   xiii 

Abréviations xv 

CHAPITRE  PREMIER.  —  Les  sources  et  la  mé- 
thode      1 

Diverses  définitions  des  Celtes,  p.  1.  —  La  littérature  et 
les  Annales  des  Gaels  et  des  Bretons,  p.  2.  —  Les  écri- 
vains grecs  et  latins,  p.  5.  —  Noms  des  Celtes  en  gé- 
néral :  Celtae,  Galli,  Galatae  ■,Belgae;  Brittani,  p.  12. 
—  Les  îles  Cassitérides;  les  Hyperboréens  ;  les  Cimmé- 
riens,  les  Cimbres  et  les  Kymry  ;  les  Ombriens  et  les 
Insubres  ;  les  Lestrygons,  p.  20.  —  Noms  des  peu- 
plades celtiques,  p.  28.  —  La  notion  de  race  celtique 
chez  les  anciens,  p.  35.  —  L'archéologie  celtique  : 
Hallstatt  et  La  Tène.p.  37.  —  Les  Celtes  sur  les  monu- 
ments figurés,  p.  44.  —  Les  Celtes  d'après  l'anthropo- 
logie, p.  50.  —  Les  Celtes  d'après  la  linguistique,  p.  52. 

CHAPITRE  IL  —  La  langue    60 

Les  noms  communs  conservés  par  les  écrivains  grecs  et 
latins,  p.  62.  —  Les  inscriptions  gauloises  en  carac- 
tères nord-étrusques,  en  caractères  grecs,  en  carac- 
tères latins,  p.  91.  —  Les  inscriptions  latines  et  grec- 
ques, p.  102.  —  Les  noms  propres  de  personnes  et  de 


522  TABLE    DES    MATIÈRES 

lieux  ;  sens  des  éléments  qui  entrent  dans  la  composi- 
tion des  noms  propres,p.l03.  —  Les  mots  restitués  par 
la  linguistique,  p.  122.  —  Caractéristiques  du  vieux- 
celtique,  p.  125.  —  Histoire  du  celtique  continen- 
tal, p.  133.  —  Les  celtomanes  ;  le  breton  ancêtre  du 
français,  p.  136. 

CHAPITRE  III.  —  Les  personnes  et  les  cou- 
tumes     

Portrait  physique  des  Celtes  par  les  anciens,  p.  141.  — 
Portrait  moral  et  intellectuel,  p.  144.  —  L'habita- 
tion, p.  153.  —  La  nourriture,  p.  160.  —  Le  vête- 
ment, p.  166.  —  La  parure,  p.  173.  —  Les  femmes  : 
Chiomara,  Camma,  Gyptis  ou  Petta,  p.  180.  —  Les 
pères  et  les  enfants,  p.  187.  —  La  naissance  et  la  mort; 
inhumation,  incinération,  p.  189.  —  L'agricul- 
ture, p.  192.  —  La  chasse,  p.  201.  —  L'industrie  et 
l'art  ;  les  mines  ;  le  corail  ;  l'émail  ;  l'étamage  ;  la 
plastique  ;  les  monnaies,  p.  205.  —  Le  commerce,  les 
voies  de  communication,  p.  219.  —  La  marine,  p.  223. 

CHAPITRE  IV.  —  L'ÉTAT. 226 

Les  rois,  p.  227.  —  Les  magistrats,  p.  230.  —  Les  prin- 
cipes et  les  équités,  p.  231.  —  Les  sénats,  p.  233.  — 
Les  assemblées,  p.  235.  —  La  plèbe,  les  ambacti,  les 
clientes  ;  les  esclaves,  les  prisonniers  de  guerre,  p.  237. 
Les  cités,  les  peuples  clients,  les  pagi,  p.  242.  —  La 
propriété,  p.  247.  —  La  justice,le  serment,  le  combat 
judiciaire  ;  la  composition  pour  meurtre  ;  la  procé- 
dure, p.  252.  —  Les  mercenaires  celtes,  p.  257.  — 
Le  pouvoir  militaire,  p.  259.  —  La  cavalerie,  p.  260. 
—  Les  chars  de  guerre,  p.  262.  — La  tactique  guer- 
rière, les  combats  singuliers  ;  le  siège  des  places 
fortes,  p.  268.  —  Les  armes  offensives  et  défensives, 
p.  275. 


TABLE    DBS   MATIÈRES  523 

CHAPITRE  V.  —  La  religion 294 

Difficultés  de  cette  étude,  p.  294.  —  Les  divinités  assi- 
milées chez  les  écrivains  de  l'Antiquité  et  dans  les  ins- 
criptions gallo-romaines,  p.  299.  —  Les  divinités  à 
nom  celtique  :  Taranis,  Tentâtes,  Esus,  Ogmios  ;  les 
Mères,  p.  310.  —  Les  monuments  figurés,  le  Taureau, 
le  Bûcheron,  les  dieux  cornus  ;  le  dieu  au  maillet  ;  le 
dieu  à  la  roue  ;  Epona  ;  les  divinités  des  eaux  ;  les 
villes  divinisées  ;  les  dieux  et  leurs  parèdres,  p.  317.  — 
Signes  symboliques,  p.  330.  —  La  divination,  p.  334. 

—  Restes  du  culte  des  animaux  et  des  plantes,  p.  336. 

—  Les  enceintes  sacrées  et  les  temples,  p.  340.  —  Les 
statues,  p.  342.  —  Les  offrandes,  p.  345.  —  Les 
prières,  p.  346.  —  Les  libations,  p.  348.  —  Les  sacri- 
fices, p.  348.  —  La  croyance  à  l'immortalité  de 
l'âme,  p.  351. 

CHAPITRE  VI.  —  Les  Bardes,    les  Vatès,   les 

DRUIDES 357 

Les  bardes,  p.  358.  —  Les  vatès,  les  devins,  les  euh- 
ages,  p.  361.  —  Les  druides,  p.  363.  —  Les  prêtres 
gaulois,  p.  364.  —  Attributions  religieuses  des 
druides;  la  magie,  p.  366.  —  Leur  enseignement;  la 
cosmogonie  ;  le  calendrier  ;  les  druides  et  Pytha- 
gore,  p.  372.  —  Leur  rôle  judiciaire  en  Gaule,  p.  380. 

—  Leur  rôle  politique,  p.  381.  —  Les  druid esses,  les 
prêtresses  de  Sein,  p.  383.  —  Les  collèges  de 
druides,  p.  385.  —  Le  néodruidisme,  p.  386.  —  Origi- 
nalité du  druidisme,  p.  389. 

CHAPITRE  VII.  —  L'Empire  celtique 393 

Témoignages  des  anciens  sur  les  pays  occupés  par  les 
Celtes,  p.  395.  —  Extension  des  civilisations  aux- 
quelles appartiennent  les  Celtes,  p.  420.  —  Les  noms 
de  villes  fondées  par  les  Celtes  ;  -dunum,  durum,  -ne- 
metum,  -magus,  -briga,  -ritum,  Medio-lanum,    Ico- 


524  TABLE     DES    MATIÈRES 

randa,  -acus,  p.  426.  —  Pays  où  l'on  a  trouvé  des, 
noms  celtiques  de  personnes,  p.  446.  —  Rapports  des 
Celtes  et  des  Germains,  p.  449.  —  Origine  des  Celtes, 
l'ancienne  Celtique,  les  Celtes  dans  l'Allemagne  cen- 
trale, p.  453.  —  Les  migrations,  l'empire  d'Ambiga- 
tus  ;  décadence  de  la  puissance  celtique,  p.  457. 

CONCLUSION 465 

Index  des  auteurs,  p.  471.  —  Index  général,  p.  483. 
Additions   et  corrections,  p.  517. 


Saint- Amand  (Cher).  —  Imprimerie  Bussisae. 


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