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ihRouqh the qeneROSity
of
Stephen B. Roman
From the Library of Daniel Binchy
I
Digitized by the Internet Archive
in 2009 witli funding from
University of Ottawa
littp://www.arcliive.org/details/manuelpourservirOOdottuoft
LA BRETAGNE ET LES PAYS CELTIQUES
I''» série. Beaux volumes in-12 :
— I. Le Goffic (Ch.) — L'Ame bretonne, l'^« série, illustrée. 3 fr. 50
— II. Le Braz (A.). — Vieilles histoires du Pays breton. 3 fr. 50
— III. TiERCEuw (L.). — Bretons de lettres .... 3 fr. 50
— IV. DoTTiN (G.). — Manuel pour servir à l'étude de l'anti-
quité celtique 6 fr. »»
— V. Le Goffic. — L'Ame bretonne, 2» série, illustrée. 3 fr. 50
— VI. Le Braz (A.) — Àu pays d'exil de Chateaubriand. 3fr. 50
— VU. DuBREuiL (L.). — La Révolution dans le département
des Côtes-du-Nord 3 fr. 50
— VIII. Le Goffic. — L'Ame bretonne, 3* série. . . 3 fr. 50
— IX. Erhault. — Tj'ancif>n vers breton. Exposé sommaire avec
exemples et pièces en vers bretons anciens et modernes. 2 fr. »>»
— X. GÉiNiaux (Ch.). — La Breiagne vivante ... 3 fr. 50
— XI et XII. DoTTiN (G ). — Manuel d'irlandais moyen. 1914, 2
volumes 12 fr. »»
Ile série. Beaux volumes in-8 raisin :
— I. F. Le Lay, docteur ès-lettres. — Histoire de la ville et
communauté de Pontivy au XVKIe siècle. (Essai sur l'or-
ganisation municipale en Bretagne). 1911, 396 pages . 7 fr. 50
— H JjOui« Eunius ou le purgatoire de Saint-Patrice. Mys-
tère breton en deux journées, publié avec introduction, traduction
et notes par G. Uottiw, 1911, 4U8 pages el planche . . 7 fr. 50
— III. QuEssETTE. — L'administration finanoière des États de
Bretagne de 1689 à 1715. 1911, 251 pages. ... 6 fr. »»
— IV. DuBUEuiL (Léonj. La veuie des bi ns nationaux dans le
dei»a -tetnent des Côf^^-d'i-Nord (1790-1'^30; Fort volume de
xvui-707 pages autiraenté d'une carte de département, de la liste
des administrateurs el des prétels de 1790 à 1848, de divers appen-
dices et d'un index alphabétique renvoyant aux pages du livre et
comprenant plus de 2.300 noms de personnes. ... 15 fr. »»
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Î2.T nivôse an H-3o floréal an III. Publication de textes avec une
carie du district de Dinan, une introduction, des notns et un index
alphabétique des noms propres. Fort volume de cxxiii-186 p 5 fr-
— VI Canal ^S.). — «.es origine" de l'Intendance de Bretagne.
Essai snr les relations de la Breiagne avec le pouvoir central.
244 pages 5 fr. »»
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Le département d'IUe-et-Vilaine durant le Consulat (1799-1804).
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— VllI. DuiNB (F.). — Origines bretonnes. Études sur les sources.
Questions d'hagiographie et vie de saint Samson. 3 fr. >*
La Bretagne et les Pays Celtiques. — IV
MANUEL
POUR SERVIR A L'ÉTUDE
DE
L'AMOUITË CELTIOUE
PAR
Georges DOTTIN
PROFESSEUR A l'uNIVERSITÉ DE RENNES
2'"« édition revue et augmentée
PARIS
LIBRAIRIE ANCIENNE HONORÉ CHAMPION
EDOUARD CHAMPION
5, QUAI MALAQUAIS
1915
Tous droits réservés
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Textes et glossaires. Ensemble 2 vol. in-16 .... 12 tr. »»
Louis Eunius ou le purgatoire de St Patrice. In-8. 7 fr. 50
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Glossaire du Parler de Pléchatel (en collaboration avec J.
Langouët). In-8 10 fr. »»
PRÉFACE DE LA PREMIÈRE ÉDITION
C'est do 1858 à 1868 que Roget de Belloguet a pu-
blié, sous h titre d^Ethnogénie gauloise (1), un ouvrage
en trois volumes où il étudiait la langue, le type phy-
sique, les facultés intellectuelles, les mœurs, les
croyances religieuses, les institutions civiles, poli-
tiques et militaires, l'industrie et le commerce des
anciens Celtes. Ces livres ont rendu et rendront encore
beaucoup de services ; il n'est guère d'hypothèses
intéressantes ni d'explications ingénieuses qui ne s'y
trouvent et je serais bien ingrat si je ne disais ici tout
le profit que j'en ai tiré. Mais ils n'ont point laisse de
vieillir dans quelques-unes de leurs parties. Le volume
consacré à la langue n'est plus au courant de la science.
Déjà, en 1872, en rendant compte du Glossaire gau-
lois^ H. d'Arbois de Jubainville (2) y relevait des
(1) Roget de Belloguet, né en 1796, est mort en 1872. Une
seconde édition du Glossairç gaulois (t. I de VEthnogénie), a
paru en 1872 ; et une seconde édition des Types gaulois et ceho-
bretons (t. II, de VEthnogénie), en 1875. Voici les dates de pu-
blication des volumes de la 1^^ édition, t. I en 1858 ; t. II, en
1861 ; t. III, en 1868. Le tome IV o été publié par les soins de
A. Maury et H. Gaidoz, en 1873.
(2) Revue celtique, t. I, p. 457-459.
VIII PREFACE DE LA PREMIÈRE ÉDITION
inexactitudes de détail. L'anthropologie des Celtes,
pour laquelle les documents sûrs nous font défaut,
occupe chez Roget de Belloguet une place dispropor-
tionnée à son importance. La part de l'archéologie,
au contraire, me semlile avoir été trop réduite. Enfin,
en lisant ces treize cents pages, le lecteur peut avoir
l'illusion que nous ne manquons pas de renseignements
sur les anciens Celtes, et la richesse des commentaires
lui dissimule la pauvreté des textes.
Depuis l'apparition de VEthno génie gauloise, des
travaux importants ont en partie renouvelé l'ancienne
histoire des Celtes. La fondation de la Revue celtique,
en 1870, par H. Gaidoz, a permis aux savants de coor-
donner leurs efforts. Deux autres revues, la Revue ar-
chéologique, et, tout récemment, la Revue des études
anciennes (1) font une part importante à l'étude des
antiquités celtiques et gallo-romaines. H. d'Arbois de
Jubainville a tenté, avec succès, de compléter les
rares renseignements que les écrivains grecs et ro-
mains nous fournissent sur les origines celtiques par
l'étude des noms de lieux et par la comparaison de
l'état social des Celtes du continent avec la civilisation
(1) Revue archéologique, depuis 1844. Revue des Etudes an-
ciennes (nouvelle série des Annales de lu Faculté des lettres de
Bordeaux et des Universités du midi), depuis 1899. De 1865 à
1888, ont paru sous le titre de Matériaux pour Vhistoire de
Vhomme des bulletins des travaux et découvertes concernant
l'anthropologie et les temps antéhistoriques. On peut y trouver
de nombreux articles sur l'archéologie celtique. Depuis 1906,
M. C. Jullian donne dans la Revue des Etudes anciennes une
chronique gallo-romaine où sont signalées toutes les publica-
tions relatives à l'histoire des anciens Celtes.
PREFACE DE LA PREMIERE EDITION IX
irlandaise antérieure au christianisme (1). M. H. Gai-
doz a commenté, à l'aide des traditions populaires, la
religion des Celtes (2). A. Bertrand et M. S. Reinach
ont clairement exposé et ingénieusement résolu un
grand nombre de problèmes que pose l'archéologie (3).
Ils ont fourni aux érudits, par le classement scienti-
fique des collections du musée de Saint-Germain, des
matériaux d'étude d'une inappréciable valeur (4).
Dans La Gaule romaine (5), Fustel de Coulanges a
(1) Cours de littérature celtique, Paris, 1883-1902 ; 12 vol. in-
8° ; — Les premiers habitants de V Europe diaprés les écrivains de
V antiquité et les travaux des linguistes, l''® éd., Paris, 1877 ;
2 6 éd., Paris, 1889-1892 ; — Recherches sur V origine de la pro-
priété foncière et des noms de lieux habités en France, Paris, 1891.
Nombreux articles dans la Revue celtique, la Revue archéolo-
gique.
(2) Article Gaulois dans V Encyclopédie des Sciences religieuses
de F. LiCHTENBERGER, t. V, p. 428-441. Articles dans la Revue
celtique, la Revue archéologique, Mélusine.
(3) A. Bertrand et S. Reinach, Les Celtes dans les vallées
du Pô et du Danube, Paris, 1894. — A. Bertrand, Archéologie
celtique et gauloise, 2« éd., Paris, 1889. A. Bertrand, La reli-
gion des Gaulois, Paris, 1897. — S. Reinach, Bronzes figurés
de la Gaule Romaine (Description raisonnée du musée de Saint-
Germain, t. II). La plupart des importants travaux de M. S.
Reinach ne sont publiés que dans des revues, surtout la Revue
archéologique, la Revue celtique, V Anthropologie. Plusieurs de
ces articles sont réunis dans Cultes, mythes et religions, Pa-
ris, 1905.
(4) Voir le Catalogue sommaire du musée des antiquités natio-
nales au château de Saint- Germain en Laye, 3^ éd., Paris, 1898.
(5) Paris, 1875. Troisième édition, revue et complétée sur le
manuscrit et d'après les notes de l'auteur par G. Jullian, Paris,
1891.
X PREFACE DE LA PREMIERE EDITION
consacré à la Gaule avant la conquête quelques page-
lumineuses. M. C. JuUian, qui s'est fait une spécialiti
de l'étude de la Gaule romaine, a donné sur diverses
questions relatives aux anciens Celtes des articles
d'une érudition élégante et solide (i). M. J. Déche-
lette a exposé avec précision les derniers résultats de
l'archéologie celtique et fourni aux travailleurs une
précieuse bibliographie (2). Enfin, le vaste répertoire
où A. Holder (3) a réuni, avec les mots supposés col-
tiques, tous les passages où ces mots apparaissent a
singulièrement facilité des recherches jadis pénibles
et mis en lumière dos textes qui s'éclairent par le
simple rapprochement. On peut donc penser que le
domaine de l'histoire, de la niythologie, de l'archéolo-
gie Qt de la linguistique s'e^t, en ce qui cpppepnf les
Celtes (4), notablement accru depuis 1872.
Ces raisons m'ont conduit à reprendre en quatre
cents pages le sujet si magistralement traité par Roget
de Bellpguet. Je me suis surtout, préoccupé 4e fojiirnir
(1) Recherclies sur la religion gauloise, Bordeaux, 190-4 (ex-
trait de la Revue des études anciennes). Divers aPticles dans cette
revue, la Rei^ue historique, la Revue critique, la Revue archéolo-
gique. M. Jullian a bien voulu lire mon livre on épreuves et je
tiens à lui témoigner ici ma l'cconnaissîince pour les précieuses
indications qu'il m'a communiquées.
(2) Revue de synthèse historique, t. m, j). 30-59. Pour les tra-
vaux antérieurs à 1870, consulter Ruelle, Bibliographie géné-
rale des Gaules, Paris, 1880.
(3) Altceltischer Sprachschatz, Leipzig. 1891-1911.
(4) On s'en convaincra facilement en lisant les excellents
chapitres consacrés aux Celtes et à la Gaule indépendante, par
G. Bloch dans VHistoire de France, de E. Lavisse. t. i, 2. 2
PREFACE DE LA PREMIERE EDîTïON XI
aux érudits un répertoire classé des divers renseigne-
ments que l'on a pu recueillir sur les plus anciens
Celtes. Les faits y tiennent une plus grande place que
les hypothèses, quelque intéressantes que soient celles-
ci. La période étudiée s'étend du vi^ siècle avant notre
ère à la conquête romaine. Quelques détails de cou-
tumes, de mœurs ou d'institutions sont empruntés à
des époques postérieures, sans que j'aie pu en dater
l'origine. Je me suis volontairement abstenu de toute
restitution et restauration des fragments d'histoire
qui nous sont parvenus. En lisant les pages qui
suivent, le lecteur aura sans doute l'impression qu'il
traverse rapidement un musée où aucun des objets
exposés n'est intact. Mais les restaurations, quelque
ingénieuses qu'elles soient, sont-elles jamais con-
formes à la réalité et n'a-t-on pas, depuis quelque
temps déjà, renoncé, dans les musées, à rendre aux
monuments antiques les parties que le temps leur a
enlevées ? Il y a deux méthodes pour faire connaître
le passé : l'une consiste à h faire revivre sous nos yeux
en suppléant par les analogies que fournit la science
ou les visions que crée l'imagination au manque de
documents ; l'autre expose le plus exactement pos-
sible ce que l'on sait, en se gardant de trop ajouter
aux témoignages des hommes et à la description des
choses. C'est la seconde méthode que je me suis efforcé
de mettre en pratique dans ce manuel (1).
(1 ) Comme ce livre est surtout un livre cie vulgarisation, j'ai
pris soin que les références données en note ne se rapportassent,
autant que possible, qu'à des ouvrages qu'on peut facilement
se procurer ou qui figurent dans la plupart des bibliothèques
XII PREFACE DE LA PREMIERE EDITION
publiques. Mais presque tous les livres cités sont de première
main et fournissent les éléments nécessaires pour étudier les
questions proposées.
Les citations des auteurs anciens, à moins d'avis contraire,
comprennent, en chiffres romains, l'indication du livre ; eu
chiffres arabes, l'indication du chapitre. Quand deux chiffres
arabes consécutifs sont séparés par une virgule, le premier in-
dique le chapitre, le second le paragraphe. Si deux chiffres
arabes consécutifs sont séparés par un point et virgule, tous
doux indiquent soit des chapitres, soit des paragraphes.
Pline l'Ancien est cité avec la division en paragraphes de
l'édition L. Jan (Leipzig, Teubner).
AVERTISSEMENT DE LA SECONDE ÉDITION
La méthode et le plan suivis dans la première édi-
tion n'ont subi aucune modification. Les détails ont
été souvent remaniés à la suite d'une révision atten-
tive des textes utilisés. L'index a été augmenté. De-
puis 1906, il a paru sur l'Antiquité celtique d'impor-
tants travaux : les deux premiers volumes de V His-
toire de la Gaule, de M. C. Jullian (1908) et le tome II
du Manuel (V archéologie préhistorique, celtique et gallo-
romaine de M. J. Déchelette (1) (1913-1914). Le Re-
cueil général des bas-reliefs de la Gaule romaine de
E. Espérandieu (1907-1914) et le Répertoire de reliefs
grecs et romains de M. S. Reinacli (1910), ont singuliè-
rement facilité la connaissance des monuments figu-
rés. Ces livres ont été largement mis à profit pour tenir
ce Manuel au courant de la science. En terminant le
travail pénible et fastidieux qu'est une réédition, je
n'ai qu'un regret : c'est que le maître qui l'avait ins-
piré et dont le nom est cité presque à chaque feuillet
ne soit plus là pour en recevoir l'hommage.
Saint-Briac, le 28 juillet 1914.
(1) Avec la plus gracieuse obligeance, M. J. Déchelette a
bien voulu me communiquer les bonnes feuilles de son livre.
ABRÉVIATIONS
ace. accusatif,
ail. allemand,
angl. anglais,
att. dialecte attique.
bret. breton.
britt. brittonique, ensemble linguistique formé du ^'allois, du
breton et du comique.
C. I. L. Corpus inscriptionui/t latinarum .
corn, comique.
coït, correction de manuscrit.
d. nom de divinité.
éol. dialecte éolien.
f. nom de femme.
F. H. (j- Fragmenta hutoricoriitn yrœcoruin , éd. Didot.
fr. français.
g., gén. génitif.
gall. gallois.
got. gotique.
gr. grec attique.
h. nom d'homme.
irl. irlandais.
1. nom de lieu.
lat. latin
lit. lituanien. *
m h. a. moyen haut allemand.
ms. manuscrit.
ogham. oghamique.
p. nom de peuple.
pi. pluriel,
prov. provençal
XVI ABREVIATIONS
r. nom de cours d'eau.
Rev. Et. gr. Revue des Etudes grecques.
sg. singulier.
skr. sauskrit.
V. voir.
var. variante.
V. br. vieux-breton.
V. gall. vieux-gallois.
V. h a vieux-haut-alleuiand.
V. irl. vieil-irlaudais.
V. prussien, vieux-prussien.
V. si vieux slave.
MANUEL
t'OUR SERVIR A L'ÉTUDE DÉ
L'ANTIQUITÉ CELTIQUE
CHAPITRE PREMIER
LES SOURCES ET LA MÉTHODE
Diverses définitions des Celtes. — La littérature et les annales
des Gaëls et des Bretons. — Les écrivains grecs et latins. —
Noms des Celtes en général : Celtse, Galli, Galatse ; Belgse
Brittani. — Les îles Cassitérides ; les Hyperboréens ; les Cim-
mériens, les Cinibres et les Kymry ; les Ombriens et les In-
subres ; les Lestrygons. — Noms des peuplades celtiques. —
La notion de race celtique chez les anciens. — L'archéologie
celtique : Hallstatt et la Tène. — Les Celtes sur les monu-
ments figurés. — Les Celtes d'après l'anthropologie. — Les
Celtes d'après la linguistique.
Pour les historiens et les géographes, les Celtes sont les
peuples établis au centre et à l'ouest de l'Europe que les
écrivains de l'Antiquité désignaient sous les noms de Celtes
(KeXTot, Celtae)^ de Galls (Galli), ou de Galates (raXâxai)
Galatae). Pour les anthropologues, les Celtes et les Galls
sont des peuples européens qui offrent deux ensembles de
caractères physiques bien déterminés : un groupe brachy-
céphale, de taille peu élevée et aux cheveux châtains ; un
G. DoTTiN. — Manuel de l'antiquité celtique. 1
L CELTES MODERNES
groupe dolichocéphale, de haute stature, au teint blanc
et aux cheveux blonds. Les archéologues considèrent
comme Celtes les peuples qui ont propagé dans l'Europe
centrale et occidentale la civilisation des époques d'Halls-
tatt et de la Tène, c'est-à-dire du premier et du second
âge du fer. Pour les linguistes, les Celtes sont les peuples
qui parlent une langue indo-européenne caractérisée en
particulier par la chute du p et par les modifications que
peut subir dans la phrase la consonne initiale des mots va-
riables .
Si l'on veut se faire des anciens Celtes une idée précise,
il importe de commencer par passer en revue ces concep-
tions diverses.
I
Il semble naturel, pour se renseigner sur les Celtes, de
s'adresser tout d'abord aux Celtes eux-mêmes, aux Gaëls
d'Irlande et d'Ecosse, aux Bretons du pays de Galles et de
l'Armorique.
Les Celtes insulaires pourront-ils nous instruire de l'an-
cienne histoire non seulement des Iles Britanniques, mais
encore de la Celtique continentale ? Deux ordres de do-
cuments, s'offrent à nous : les annales et les légendes
épiques (1).
En Irlande, les plus anciennes annales, mélangées de latin
(1) Sur la littérature des Celtes insulaires, voir Bévue de syn-
thèse historique, t. m, p, 60-97 ; t. vi, p. 317-362 ; t. viii, p. 78-
104. — J.-J. DuNN, The Gaelic literature of Irelaud, Washington,
1906.
LES SOURCES ET F.A METHODE 3
et de gaélique, ont été composées au xi* siècle. Pour les
époques les plus anciennes, elles semblent contenir plus de
mythologie que d'histoire. La critique n'en a point été
faite. L'épopée irlandaise a sans doute été rédigée entre le
vu*" et le IX' siècle ; le plus ancien manuscrit est du xii* siè-
cle. FJle comprend trois cycles. Le premier, qui met en
scène les plus anciens habitants de l'Irlande, ne nous est
connu que par des résumés du xvi'' siècle. L'Irlande où ha-
bitaient les Fomoré aurait été successivement envahie par
Partholon, qui venait de Grèce ; par les fils de Nemed, qui
venaient de Scythie ; par les Fir Bolg, qui venaient de
Grèce ; par les Tuatha Dô Danann, peuple surnaturel
tombé du ciel ; par les fils de Mile, qui venaient d'Espagne,
mais étaient originaires de Scythie ; par les Gruithnech.
qui venaient de Thrace et qui passèrent d'Irlande en Grande-
Bretagne. On n'a pas encore démêlé dans ces traditions
confuses les éléments historiques qu'elles peuvent enfer-
mer (1). Les deux autres cycles retracent la légende d'Uls-
ter aux environs de l'ère chrétienne, du temps du roi Gon-
chobhar et du héros Cûchulainn, et la légende de Find et
d'Oïsin aux n^ et m' siècles de notre ère. Le cycle d'Ulster
nous dépeint assez fidèlement l'état de la société irlandaise
antérieurement au christianisme et fournit la matière de
rapprochements curieux avec l'ancienne civilisation cel-
tique (2).
Au Pays de Galles, les plus anciennes chroniques sont en
(1) H. d'Arbois de JuBAiNviLLE, Le cycle mythologique ir-
landais et la mythologie celtique (Cours de littérature celtique, t. ii)
considère ces traditions comme purement mythiques.
(2) Die Altirischen Heldensage Tàin B6 Cualnge, herausge-
geben von E. Windisch, Leipzig, 1905, introduction, p. xi-
XXXIX.
4 - CELTES MODERNES
partie traduites de Geoffroi de Monmouth (xii* siècle) et
n'ont, en général, guère de valeur historique. L'épopée ap-
paraît scindée en deux genres distincts : le roman de che-
valerie en prose, et l'ode. Les plus anciennes odes sont
l'œuvre de bardes du xi® siècle. Les plus anciens romans,
connus sous le nom de Mabinogion, ne sont pas antérieurs
au commencement du xu' siècle. Il est rarement question,
dans les odes ou dans les romans, des origines historiques
de la Grande Bretagne, et la société qui y est décrite est le
plus souvent la féodalité du moyen-âge. Cependant, au
moins quatre romans offrent des restes de traditions anté-
rieures au christianisme(l). L'obscurité de la poésie galloise
ne permet pas de tirer grand profit des rapprochements
que les odes pourraient suggérer (2).
Quant aux Bretons d'Armorique, on sait qu'ils sont venus
de la Grande-Bretagne au vi^ siècle, fuyant devant l'inva-
sion saxonne, et que les plus vieux monuments de leur lit-
térature, presque exclusivement religieuse, datent du
XV* siècle.
Si des littératures en langue celtique nous passons à la
littérature latine des Celtes insulaires, nous n'y trouvons,
outre de sèches annales (3), que des traditions fabuleuses
sur l'ancienne histoire bretonne (4) ; les vies de saints,
(1) Les Mahinogion traduits en entier pour la première fois
en français avec un commentaire explicatif et des notes cri-
tiques, par J. LoTH, Paris, 1889, p. 9-12 ; nouvelle édition, 1913,
p. 42-43.
(2) J. LoTH, Revue celtique, t. xxt, p. £8-58.
(3) Les Annales Cambrise, terminées entre 954 et 955 sont
jmbliées par E. Phillimore, 1' Cjjmmrodor, t. ix, p. 152-169 ;
J. LoTH, Les Mahinogion, t. ii, p. 345-357.
(4) Par exemple, chez Gildas, De cxcidio Briiannise, et chez
Nennius, Historia Britonum.
LES SOURCES ET LA METHODE O
quand on arrive à déterminer l'âge des documents sur les-
quels elles reposent, peuvent donner matière à quelques
rapprocliementsd'institutions, de mœurs ou de croyance (1).
Les peuples celtiques qui ont subsisté jusqu'à nos jours
dans l'ouest de l'Europe ne nous apportent donc, en l'état
actuel de la science, aucune indication certaine sur leurs
origines et ne pourront fournir que des éléments de compa-
raison. Les Celtes établis sur le continent avant l'ère chré-
tienne ne nous ont point laissé d'annales manuscrites ou
gravées sur pierre. Des Celtes de l'Antiquité, nous savons
donc seulement ce que les Grecs ou les Romains nous ont
raconté (2), en des temps oii les moyens d'information
étaient rares et la tritique historique rudimentaire.
Peu d'écrivains anciens ont été en rapport avec les
Celtes. Au temps d'Alexandre le Grand (336-323), un Mar-
si illais, Pythéas, fut le premier Grec qui visita les côtes oc-
cdentales de l'Europe. Il longea l'Espagne, atteignit l'Ar-
morique, et de là gagna la Grande-Bretagne, puis il re-
monta au nord jusqu'à Thulé et termina son voyage parles
cùlcs méridionales de la mer du Nord (3). Polybe, au mi-
lieu du second siècle avant notre ère, accompagna Scipion
Eiailien en Espagne (134) et fut en relation, non seulement
(1) Sur la valeur de ces sources, voir J. Lotii, L'émigration
bretonne en Armorique, Rennes, 1883, p. 26-46.
• (2) Voir H. d'Arbois de Jubainville, Principaux auteur!^
de V antiquité à consulter sur l'histoire des Celtes depuis les iemp-i
les plus anciens jusqu'au rè^ne de Théodose I^^, Paris, 1902
(t. XII du Cours de littérature celtique).
(3) Sur Pythéas, voir Hergt, Die JSordlundjahrt des Pytheas,
Halle, 1893 ; F. Mathias, Pytiteas ro?i Rlassilia und die àltestm
NachricJiten i'on den Germanen, Berlin, 1901 ; J. Lubbock,
L'homme préhistorique, Paris, 1888, 1. i, p. 62 ; C. Jult.jan,
Histoire de la Gaule, t. i, p. 415-425.
6 ÉCRIVAINS ANCIENS
avec les Celtes d'Espagne, mais aussi avec les Celtes du sud
de la Gaule. Au commencement du i'''" siècle avant
notre ère, le pliilosophe stoïcien Poseidônios (1), auteur de
plusieurs traités de géograpiiie, entreprit de nombreux
voyages : il séjourna dans des villes du littoral, telles que
Cadix où il resta trente jours ; il pénétra en Gaule et fit des
observations personnelles sur les mœurs des Gaulois. César,
pendant les neuf années qu'il passa en Gaule (58-50), fut
en contact constant avec les habitants du pays»; mais, pres-
que exclusivement préoccupé par les affaires militaires, il
ne semble pas avoir beaucoup observé par lui-même les
mœurs et les institutions des Gaulois.
Virgile est né à Andes près de Mantoue, en Gaule Ci-
salpine, et son nom semble d'origine celtique. Trogue
Pompée est un Gaulois de la tribu des Voconces (2), mais
il appartient à une famille romanisée depuis trois généra-
tions et on ne sait s'il avait recueilli auprès de ses compa-
triotes certains éléments de ses Histoires.
Nous ne connaissons l'histoire de Trogue Pompée, com-
posée en 9 après J.-C, que par un abrégé fait au second
siècle de notre ère par Justin. Les Commentaires de César
et les œuvres de Virgile nous ont été conservés. Mais la
plus grande partie do l'teuvre de Polybe est perdue ; sur
les quarante livres (ju'elle comprenait nous n'avons plus
quo les cinq premiers ; des trente-cinq autres, il ne nous
reste que des fragments, d'ailleurs assez considérables, que
nous ont transmis un manuscrit d'Urbino et le recueil
(1) Sur Poseidônios, voir Sciieppig, De Posidonio Apamensi
rerum genliiim terrarum srriptore, Berlin, 1870 ; Miilenuoik,
Deutsche Altertiimskiiiidc, '2'' éd., licilin, 1S',)0, I. ii, p. l'i.').
(2) Justin, xliii, 5.
LES SOUnCES ET LA METHODE 7
d'extraits de Constantin Porpliyrogennète. Quant aux //t'ç-
toires de Poseidônios, qui faisaient suite à celles de Polybe
et qui comprenaient cinquante-deux livres, elles sont
presque entièrement perdues ; en ce qui concerne les Celtes
un fragment nous en est rapporté par Strabon (1) ; quatre
autres par Athénée (2) ; il est probable, sans qu'on puisse
toujours le démontrer, que Diodore, Strabon, peut-être
aussi César dans son livre VI, ont fait de nombreux em-
prunts à Poseidônios. L'ouvrage de Pythéas, dont le titre
paraît avoir été riEp-. 'ii-/.t^ ■'>'> ne nous est guère connu que
par les critiques qu'en font Polybe (3j et Strabon (4) qui
traitent Pythéas d'impudent menteur.
La plupart des écrivains de l'Antiquité qui nous parlent
des Celtes ne travaillent donc que de seconde main. Nous
le regretterions moins s'ils prenaient soin d'indiquer exac-
tement les sources auxquelles ils ont puisé, mais, le plus
souvent, les éléments essentiels de la critique historique
nous font défaut. Nous sommes parfois exposés à prendre
pour l'expression des observations personnelles d'un écri-
vain des renseignements qu'il a copiés chez un de ses loin-
tains prédécesseurs. Quand les sources sont indiquées,
nous ne pouvons déterminer dans quelle mesure et avec
quelle probité l'écrivain s'en est servi ; les citations sont-
clles faites de mémoire ou exactement transcrites ? De pré-
cieux documents peuvent nous avoir été conservés par des
(i) Géographie, iv, 4, 5.'
(2) Athénée, iv, p. 154 a ; ix, 151e-152/ ; vi, 246cd ; 233d.
Fragmenta historicorum grsecorum, éd. C. Miillcr, t. m, p. 245.
(3) Chez Strabon, ii, 4, 1-2 ; iv, 2, 1.
(4) Géographie, i, 4, 3 ; 5 ; m, 2, 11 ; iv, 5, 5 ; vu, 3, 1.
Pline, Histoire naturelle, iv, 27, 95 ; xxxvii, 11, 35.
8 ÉCR1VA1>S ANCIENS
écrivains de basse époque, sans que nous puissions distin-
guer les parties anciennes des rajeunissements postérieurs,
et riiistoire, de la légende. Quelle est la valeur exacte des
voyages de circumnavigation, des périples, qui nous sont
parvenus? Sont-ce les prodigieux monuments de la crédu-
lité des Grecs, ou, au contraire, des œuvres d'une grande
valeur scientifique? Il est probable que la vérité est entre
ces deux extrêmes et qu'ils mélangent à doses à peu près
égales les observations exactes et les conjecturesimaginaires.
Quelle méthode critique faut-il appliquer à VOra mari-
tiina de Rufius Festus Aviénus (i), proconsul d'Afrique en
366 de notre ère? Nous avons conservé de ce poème un
fragment de 713 vers ; on y lit une singulière description
des côtes de l'Océan depuis le détroit de Gibraltar jusqu'aux
îles Britanniques. Sur les côtes d'Espagne, on trouve les
Cynètes, les Cempses, les Saeîes, mais ni Celtes, ni Gelti-
bères ; séparées du continent par le sinus Œstrymnicus,
sont les îles Œstrymtiides^ riches en étain et en plomb ; du
cap de VŒstrymnis on atteint en deux jours l'île des
Hierni; à côté est l'île des Albioiies. Au nord, on rencontre
un pays d'où les Ligures ont été chassés par les Celtes. La
source principale d'Aviénus semble avoir été un arrange-
ment grec, aujourd'hui perdu, d'un périple phénicien dû à
Himilcon dont le nom est cité dans VOra maritima, et qui
avait été envoyé explorer l'ouest de lEurope ^2), à une
(1) Une étude complète de ce texte se trouve chez Mullenhokk,
Deutsche Aller lumskunde, 2^ éd., t. i, p. 73-210. Un fac-similé
de la partie concernant la Gaule dans l'édition princcps a été
publié dans la Revue des éludes anciennes, t. viii (1906), pi. vu,
VIII, IX, X.
(2) Pline, Histoire naturelle, ii, 67, 169. Cf. C. Jullian,
Himilcon et Pythéas, Journal des Savants, t. m (1905), p. 95-98.
LES SOURCES ET LA METHODE 9
époque que l'on ne peut déterminer exactement, mais qui
n'est pas postérieure au v'' siècle. Si l'Ora maritima est
une reproduction fidèle des principaux traits du périple
phénicien, elle constitue un document pour l'étude de la
géographie ethnique de l'ouest de l'Europe vers l'an 500
avant J.-G. Mais comment déterminer les déformations
qu'a dû subir l'ouvrage d'Himilcon dans l'arrangement en
vers latins qu'en a fait Aviénus, neuf siècles après sa pu-
blication ?
Nous trouvons ainsi, sans qu'il soit toujours facile de
déterminer la valeur des sources, des renseignements sur
1 histoire, les institutions, les mœurs, la langue, le pays
des Celtes chez la plupart des auteurs grecs et latins.
Parmi les Grecs on peut citer : Hérodote (48i-425),
Xénophon (434-359), Aristote (384-322), l'auteur du pé-
riple dit de Scylax (vers 335), Ephore (vers 340), Théo-
pompe (375-306), Ptolémée, fils de Lagos (367-283), Calli-
maque(névers 300). Timée (352-256). Eratosthène (275-
195), ApoUonios de Rhodes {m" siècle), Phylarque
(ni* siècle), Fabius Pictor (né vers 254), Artémidore
d'Ephèse (i" siècle avant Jésus-Christ), Diodore de Sicile
(i^"" siècle avant Jésus-Christ), Timagène (1), (i" siècle avant
Jésus-Christ) traduit par Ammien Marcellin, Alexandre
Polyhistor (vers 85 avant J.-C), Denys d'Halicarnasse
(vers 30 avant Jésus- Christ), Nicolas de Damas (né vers
74 avant Jésus-Christ), Strabon (né vers 63 avant J.C.),
Philon le Juif (vers 30 avant Jésus-Christ), Dioscoride
(1) D'après A. Klotz, C sesarsiudien , nebst einer Analyse der
Strabonischen Beschreibung von Gallien und Britannien, Leipzig
1910, Strabon n'a utilisé Poseidônios, Arténaidore et César que
par l'intermédiaire de Timagène.
iO ÉCRIVAINS A>fCIE>S
(i" siècle de notre ère), Josèphe (37-100), Plutarque (50-
120;, Dion Ghrysostome (i^"" siècle), Favorinus (mort vers
1:^5), Denys le Périégète (u^ siècle après Jésus-Christ),
Ptolémée (u** siècle), Appien (ii" siècle), Arrien (93-175),
Piiusanias (vers 174), Polyen (ii^ siècle). Galien (131-200).
Lucien (125-200), Athénée (ii' siècle), les Oppien (n' siècle),
Dion Gassius (150-2.(5), les Philostrate (m" siècle'. Diogène
Laërce (vers 190), Elien (ni* siècle), Hérodien (ni* siècle),
Porphyre de Tyr (233-304j, Julien (331-363), Laurentius
Lydus v''-vi'' siècles) (1),
Parmi les Latins : Gaton l'Ancien (234-149), Sempronius
Asellio. trihun militaire en 134, Q. Glaudius Quadrigarius,
Valerius Antias, Gornelius Sisenna ^vers 78), Gicéron (2)
(100-43), Varron (110-27), Gornchus Nepos (99-2i\ Vir-
gile (70-19), Properce ^49-13), Vitruve (f siècle avant
Jésus-Ghrist), Horace (05-8), Titc-Livo (59 avant, — 17
a[)iès\ (Iraltius Faliscus (r"" siècle), Pompeius Fcstus (peut
être au i" siècle), Gornelius Celsus (r' siècle), Yelleius Pa-
tcrculus (vers 30), Valère Maxime (i"" siècle), Goluinelle,
Pomponius Mêla (i" siècle), Lucaiii i39-0."S), Pline l'Ancieii
(23-70). Silius Italicus (25-10!). Frontin (40-103), Martial
(40-102), Tacite (55-120 , Florus (peut-être u^ siècle), Sué-
tone 1^69-141), Juvénal (OO-l-iOi et ses glossateurs, Aulu-
Gelle (125-175 , Tertullicn (lC.0-245), Ulpien (mort en 228),
Solin (vers 230), Némésien (m" siècle), l'auteur de la liste
(1) Les textes des auteurs grecs relatifs aux Celtes ont été
publiés avec une traduclion française par Edm. Cougnv et
II. Lebègue, Extraits des auteurs grecs concernant la géographie
et l'histoire des Ciaules (Soelélé de l'Histoire de France, Paris,
1878-1892, 6 vol. in-8o).
(2) Cf. 11. DE L.\ Ville de Mirmont, Cicàron et les (iauhis.
Revue celtique, t. xxv, p. 11)3-180.
LES SOURCES ET LA AfETHODE ii
des provinces romaines (297), les auteurs de l'iiisloire Au-
guste 284 337), des panégyriques (284 389;, de lltincraire
d'Antonin (iv" siècle), de Fltinéraire de Bordeaux à Jérusa-
lem (333), Aurelius Victor (iv^ siècle), Eutrope (iv'*' siècle),
Riifius Festus (iv' siècle), Ammien Marcellin (330-400),
Ausone (3! 0-395). Marcellus Empiricus de Bordeaux (i)
(fin du iv^ siècle), Sulpice Sévère (363-425^, l'auteur de la
Nolitia dignilatiwi (vers 410) (2).
Celte longue liste ne doit pas faire illusion ; car la plu-
part des écrivains que nous venons d'énumérer ne contri-
buent que par quelques mots ou quelques phrases à enri-
chir le fonds de nos connaissances sur les Celtes. Les com-
pilateurs comme Diodore de Sicile, qui avait compulsé à
Rome les bibliothèques et les archives et passé trente ans
à écrire son grand ouvrage, sont particulièrement précieux.
Pausanias utilise soit l'histoire des successeurs d'.Alexandre
par lliéronymo de Gardie (272 avant Jésus-Chiist), soii
Timée (mort vers 'ii)(\), soit Ménodote de Pérlnthe (vers
217). soit Timagène ou Agatharchide de Cnide (né vers
250) (3). Les anciens écrivains dont les livres sont perdus
ont donc ainsi été souvent mis à [)rofit et il est possible
(1) Voir, sur cet auteur, J.-A. Guillaud, Revue des études
anciennes, t. xii, p. 183.
(2i Les textes latins relatifs aux Gaulois se trouvent, avec
les textes grecs, chez D. Bouquet, Berum gallicarum et franci-
carum scriptores, t. i, Paris, 1738, p. 1-821. Les textes relatifs
aux Bretons ont été publiés dans les Monumenta Jiistorica
Britannica, de Henry Pétrie et Thomas Duffus Hardy,
London, 1848, p. I-CV, sous le titre de Ex scriptoribus grœcis
atque latin is excerpta de Brilannia. On trouvera encore les plus
anciens textes relatifs aux Celtes dans l'article Celtes (dû à
M. G. Lagneau) du Dictionnaire enciiclopédique des sciences
médicales sous la direction de A. IJeclianibre, t. xiii.
(3) Cf. C. Jullian, Histoire de la Gaule, t. i, p. 301, n. 6,
i'I NOMS DES CELTES
que le meilleur de leur œuvre ait passé dans les ouvrages
qui nous sont parvenus.
II
Il n'y a pas qu'une seule dénomination pour désigner
l'ensemble des tribus celtiques du continent. Chez les
Grecs (1), le mot généralement en usage est KïXto! (2). On
le trouve pour la première fois chez Hérodote (3), et il est
le seul employé jusqu'au ni* siècle avant notre ère.
C'est, d'après César (4) et Pausanias (5), l'ancien nom
par lequel ils se désignaient eux-mêmes (6). Dès le ni« siècle
avant notre ère, un second mot, Valizrt^, apparaît
chez Callimaque(7), comme synonyme de KeXtô; ; Vali-.T^<:
est aussi employé chez Eratosthène (8) et dans deux épi-
taphes : l'une est celle d'un jeune Athénien (9) tué à la ba-
taille des Thermopylcs en 279 ; l'antre, celle de trois jeunes
(1) Cf. H. n'Annois de Jubainvii.t.t;, Les premiers hcthilanls
de l'Europe, 2^ éd., t. ii, p. 393-'i09.
(2) On trouve la variante liîXTa' chez Stuabon, iv, 1, 1 ;
14 ; Cellœ, chez Cksar, i, 1.
(3) Histoire, ii, 33 ; iv, 49.
(4) Guerre de Gaule, i, 1.
(5) Description de la Grèce, i, 3, fi.
(6) On a souvent tonte de pénétrer le sens de ce nom ethnique ;
H. d'Arbois de Jidiainvillc l'explique par « celui qui prend du
butin ». Cf. irl. ar-ccllim « j'enlève », to-chell « victoire ». (Les
premiers habitants de l'Europe, t. ii, p. 396). Ruys (Celiic Bri-
tain, 2^ éd., p. 2), par « guerrier », cf. v. h. a. hillja « combat » ;
Gliick le rapproche du latin celsus, lit. keltas « élevé ».
(7) Hymne à Dêmêtêr, v, 184.
(8) Strabon, II, 4, 4.
(9) Pausanias, x, 21, 5,
LES SOURCES ET LA METHODE 13
filles de Milet (1) qui se tuèrent pour échapper aux bar-
bares ; et dans cette épitaphe les barbares sont désignés
successivement par les deux synonymes Ktl-zo'. et raXixat.
Chez Polybe (2), les Gaulois qui ravagent le Latin m au
IV* siècle et les Gaesatae sont appelés tantôt KeXxof, tantôt
raXàiat, selon, sans doute, qu'il utilise des documents grecs
ou des documents romains. Il en est de même chez Plu-
tarque (3) et chez Pausanias. Dans le grec des administra-
teurs romains (4), les Celtes sont désignés sous le nom de
TaXâtai ^o).
Malheureusement, une fois en possession de deux termes
pour désigner le même ensemble de peuples, certains au-
teurs grecs décidèrent de les répartir en des emplois diffé-
rents. Diodore de Sicile (6) désigne les Celtes sous le nom
de KeXtoî, mais se sert du mot raXâ-a'. pour dénommer les
peuples transrhénans. Dion Cassius, au contraire, place les
Celtes sur la rive droite du Rhin et les Galates sur la rive
gauche (7) ; mais, dans le récit des événements qui pré-
cèdent le i" siècle avant notre ère, c'est-à-dire avant
que Ton eût distingué clairement les Gaulois des Germains,
il emploie indifféremment KtXxoî ou TaXàiai pour désigner
(1) Anthologie palatine^ vu, 492. Cf. Saint Jérôme. Contre
Jovinien, i, 41. Ad. Reinacm, Bei'ue celtique, t. xxx, p. 71, n. 2.
(2) Histoires, ii, 18, 6 et 8 ; 23, 1 et 5 ; 22, 1 ; 2 ; 26, 4 ; 5 ;
31, 1 ; 2.
(3) Par exemple, Camille, 18 ; 20. Cf. Diodore, xxv, 13 ;
Pausanias, Description de la Grèce, 1, 4, 1 ; Appien, Ibériques, 1.
(4) Par exemple dans le testament d'Auguste, vi, 20 ; xxv,
4 ; XV, 19.
(5) D'après H. d'Arbois de Jubainville, Les premiers
habitants de l'Europe, t. ii, p. 409, ce nom signifierait en cel-
tique " brave guerrier », irl. galach.
(6) Bibliothèque, v, 32 ; i ; 25, 4.
(7) Histoire romaine, xxxix, 49, 1.
44
.NOMS DES CELTES
les uns ou les autres (1). Strabon pensait que le nom de
Celte avait été étendu par les Grecs, des peuples de la Ntir-
bonnaise qu'il désignait primitivement, aux habitants du
reste de la Gaule (2) mais il confond Ktl-.^y. et V'Ai-.-x:.
Chez les Romains, les Celtes du continent ont été unifor-
mément désignés par le nom de GuUi, qu'il s'agisse des
Celtes de l'Europe centrale, deThrace ou d'Asie Mineure (3).
GaUia apparaît pour la première fois dans les Origines de
Caton (4) vers 168 av. J.-C. Le terme Galatae ne s'ap-
plique qu'aux Celtes d'Asie Mineure. Ces deux mots n'ont
aucun rapport avec le nom de Ga'd que nous donnons
maintenant aux peuples celtiques d'Irlande et d'Ecosse.
Gaël a en effet en irlandais ancien la forme Gàidel, Gôklel,
essentiellement différente de Galli, Galatae.
La confusion de ces anciennes dénominations, résultat
de l'ignorance des uns et du manque de précision des
autres, n'a pas paru absolument irrémédiable aux érudits
modernes qui ont tenté de trouver des traces d'une distinc-
tion ancienne entre les Celtes et les Gala tes. Alexandre
Bertrand a essayé de démontrer que pour Polybe les Celles
sont les antiques populations sédentaires de l'Italie du nord,
tandis que les Galates sont des tribus d'origine plus récente
dont le trait principal est d'avoir pris Rome avec l'aide des
(1) Histoire romaine. Fragments 25, 31, 34. Cf. Ahhie.n, Ana-
base, I, 3, 1.
(2) Géographie, iv, 1, 14.
(3) H. d'Arbois de Jubainville, Les premiers habitants de
l'Europe, 2^ éd., t. ii, p. 410-420. Gallm, d'après Wh. Stokes,
signifierait « étranger >\ irl. gall.
(4) Origines, II, fragm. 34, chez Charisius, Grammatici latini,
éd. Keil, t. i, p. 202. H. Peter, Historicorum romanorum frag-
menta, p. 48.
LES SOURCRS ET LA METHODE 15
Celtes (1). M. G. Jullinn pense que l'ancienne dénomina-
tion est Kil-oi et que raXàia-. désignait primitivement les
Belges et s'applique au second ban des envahisseurs de la
Gaule (2).
Les archéologues distinguent encore souvent par les
noms de Celtes et de Gaulois deux grou])e8 de populations
qui ont habité la Gaule ; ils appellent ère celtique celle qui
est caractérisée par l'apparition des métaux, la prédomi-
nance des armes en bronze et l'introduction du rite de l'in-
cinération dans le sud-est et le sud ; et ère gauloise, celle
qui est caractérisée par la prédominance des armes en fer
et la substitution de l'inhumation sous lumiili ou en pleine
terre à l'inhumation dans les monuments mégalithiques et
à l'incinération (3. Mais, du point de vue historique, une
pareille distinction ne peut s'appuyer sur aucun fait. .
Indépendamment de ces termes généraux, d'autres mots
composés ou dérivés de KeXtôî ou GaUus, raXâxr;!; servent
à dénommer des peuples celtiques (4).
Les KeXti/.oi (var. Kil-.rJ.) Celiici, sont les Celtes établis
au Dord-ouest de l'Espagne, au sud de la Lusitanie et en
Bétiquc (oj.
(1) Revue archéologique, t. xxxi (1876), p. 1-16, 73-90. On
trouvera p. 17-24, 91-98, 153-161 les textes anciens relatifs à
la question. A. Bertrand, Archéologie celtique et gauloise,
p. 371-419.
(2) Histoire de la Gaule, t. i, p. 317-319,
(3) S. Reinach, Catalogue sommaire du inusée des antiquités
nationales au château de Saint- Germain-en-Laye, 3^ éd., Paris
1898, p. 147.
(4) On trouvera ces noms avec tous les textes où on les a re-
levés dans le Altceltischer Sprachschatz, von Alfred Holder
Leipzig, 1891.
(5j Strabon, III, 1, 6 ; 3, 5. Cf. Jullian, Histoire de la Gaule,
t. I, p. 307.
16 NOMS DES CÊLTE^
Les KtXxloript; Celtiberi, sont les Celtes, mélangés aux
Ibères, qui peuplaient l'Espagne, des sources du Guadiana
à celles du Guadalquivir (1).
Pour désigner les Celtes d'Espagne, les mots Celte, Ga-
late, Gallus sont très rares (2). Un peuple établi sur la rive
droite de la Bétis s'appelle d'après Pline Celli (3).
Les KeXxoYaÀdc-ca'. sont les habitants de la Gaule (4).
Les KeXxoXÎYUEç sont les Celtes mélangés aux Ligures dans
les environs de Marseille (5).
Les KeX-roj/.ôOa; sont les Celtes voisins des Scythes (6).
Quant aux KtX-ôp'.o'. établis entre les Pyrénées et les
Alpes, leur nom ne se trouve que chez Plutarque (7) et ré-
sulte peut-être d'une mauvaise lecture.
Gallograeci, raXÀoYpaixo'., 'EXArjvoYaÀâxai désigne les
Celtes établis en Asie Mineure (8). C'est un synonyme de
Galatae.
Souvent aussi, on ajoute à Galli ou à Keàxoî une déter-
mination géographique :
Gain Transalpini, Kil-o\ (jiztpil-:zno'., désigne les Celtes
de Gaule (9).
(1) DioDORE, V, 33. Strabon, ni, 2, 11 ; 15 ; 3, 3 ; 4 ; 4, 5 ;
12-13 ; cf. I, 2, 27.
(2) H. d'Arbois de Jubainville, Les Celtes en Espagne,
Revue celtique, t. xiv, p. 361-365.
(3) Pline, Histoire naturelle, ni, 3, 11. Voir ci-dessus, 1. 2.
(4) Etienne de Byzance au mot *aj3îo. Cf. Ptolémée, xi, 7, 1.
(5) Strabon, iv, 6, 3. Pseudo-ARiSTOTE, Des singularités
merveilleuses, 85.
(6) Strabon, xi, 6, 2 ; cf. I, 2, 27. Plutarque, Alarius, II.
(7) Camille, 15, 1.
(8) TiTE LivE, XXXVIII, 17 ; Strabon, ii, 5, 31 ; Diodore, v,
32, 5.
(9) Tite LivE, XXXIX, 22 ; Polybe, ii, 15 ; Strabon, iv, 6, 3.
LES SOURCES ET LA METHODE ]7
Gain Cisalpini désigne les Celtes du nord de l'Italie (1).
D'autres noms, qui ne se rattachent ni à KeXtôc ni à Gal-
lus, ont servi à désigner des ensembles de peuples que les
auteurs de l'Antiquité considèrent comme celtiques.
Tels sont les, Belgae BiXyat, qui, au temps de César, habi-
taient la partie de la Gaule comprise entre le Rhin, la
Marne et l'Océan (2). Strabon comprend les Armoricains
parmi les Belges (3). Les /iewi apprirent à César que la plu-
part des Belgae étaient issus des Germains. Les Belgae dif-
féraient des Celtae ou Galli et des Aquitains par la langue,
les institutions, les lois (4). Pour Strabon, ils ne diffèrent
pas des Gaulois par l'aspect physique ; ils parlent la même
langue, sauf quelques particularités dialectales ; leurs ins-
titutions et leur genre de vie ne diffèrent (ju'un peu de ceux
des Gaulois (5). César donne expressément le nom de Ger-
mains à quelques peuples belges : Condrusos, Ebiirones,
Caerosos, Paemanos qui uno nomine Germani appellantur ;
Segni Condrusique ex gente et numéro Germanorum (6) .
Mais Ambiorix, roi des Ehuro?ies, appelle Galli ses compa-
triotes (7), Strabon (8) qaa\iiielesNerç>ii, Nepoûtoi, peuple
belge, de Germains yepjjLavixov à'Bvoc. Tacite (9) rapporte que
les Treviri et les Nerçii prétendaient être d'origine germa-
nique, et en tiraient vanité. Les Treviri, d'après Hirtius ,
ne différaient guère des Germains par le genre de vie et la
(1) TiTE LiVE, XXVII, 38.
(2) Guerre de Gaule, i, 1 ; Plutarque, César, 20, 3.
(3) Géographie, iv, 4, 1.
(4) Guerre de Gaule, ii, 4, 1 ; i, 1, 2.
(5) Géographie, iv, 1, 1.
(6) Guerre de Gaule, ii, 4 ; vi, 32.
(7) Guerre de Gaule, v, 27, 6. Cf. xi, 4, 7.
(8) Géographie, iv, 3, 4.
(9) Germanie, 28.
G. DoTTiN. — Manuel de l'anliquité cJtique. 2
18
BELGES, BRETONS
barbarie (1). Ces témoignages ne laissent pas d'être un peu
contradictoires : on ne peut guère les concilier qu'en ad-
mettant que les Belges étaient une population celtique mé-
langée d'éléments germaniques A moins que l'on ne pense,
avec H. d'Arbois de Jubainville, que l'origine germanique
des Belges ne doit être entendue que du point de vue géo-
graphique, et qu'il s'agit d'un peuple celtique venu de
Germanie. Peut-on môme aller plus loin et soutenir que la
tradition de l'origine gcrmani(|ue des Belges ne repose que
sur l'ancienne confusion des Celtes et des Germains, con-
fusion que l'on trouve encore chez Gicéron (2) où les
Cimbres et les Teutons, peuple germanique, sont qualifiés
do Galli ?
liGS Celtes des Iles Britanniques, (jui se rapprochent des
G((lli à la fois |)ar la langue, la religion et la' bravoure et!
qui sont en relation avec les peuples de la presqu'île armo-
ricaine (3), ne sont jamais désignés par les noms de KilxrA
ou de Galli. Le plus ancien nom de ces peuples est
il-^£XTavo', celui de leur pays iipEXTav !•/./, leçon de plusieurs
manuscrits de Strabon confirmée par Etienne de Byzance
qui attribucà Marcien et à Ptolémée l'orthographe ripExavîoi;
pour le nom d'îles situées dans l'Océan, et qui nomme
UpiT'jiJi/Ji l'île semblable à un continent qui se trouve auprès
de la Celtique f4). Ce dernier nom est apparenté à l'irlan-
dais Craithnech qui désigne les Pietés, et le gallois Pry-
dain, « Grande-Bretagne » , comme l'irlandais Cruùhne
<( pays des Pietés », représentent une ancienne forme Pre-
(1) Guerre de Gaule, viii, 25.
(2) Des provinces consulaires, 32.
. (3) César, Guerre de Gaule, m, 9 ; iv, 21.
(4) Strabon, h, 5, 12 ; iv, 5, 4 ; iv, 5, 1. Cf. Diodore, v, 21, 2.
LES SOUftCRS ET LA METHODE 19
îania (1). Mais les formes les plus employées du nom des
Celtes des Iles Britanniques commencent par B. Ce sont
H-.ET-avof, Briitani, Bpe-avot, Briiani, Brilanni, Brittones
liilentique au gallois BrythonBvetons), Britones. Il n'y a chez
les auteurs anciens guère de traces d'une distinction qui
permette de retrouver chez les Britanni non seulement les
ancêtres des Bretons du Pays de Galles, mais aussi ceux
desGaëls d'Irlande et d'Ecosse. Pour César (2), l'intérieur
du pays est occupé par une population que la tradition con-
sidère comme indigène ; les côtes sont habitées par des
Belges attirés hors de Gaule par la guerre ou l'appât du
butin.
Les Celtes de l'Ecosse semblent avoir été désignés, à
partir du moins de l'expédition d'Agricola, sous le nom
général de Caledonii ou Caledones qui plus anciennement
dénommait seulement une peuplade du nord de la Grande-
Bretagne. On ne trouve pas avant Ammien Marcellin (3) les
deux noms de Picti et de 6'co/ii appliqués à deux peuples
de Grande-Bretagne. Les Picti qu'Eumène (4) regarde
comme identiques au Caledonii étaient, autant qu'on en
peut juger par les noms de personnes et de lieux qui nous
sont parvenus, un peuple parlant une langue celtique du
rameau breton (o). Les Scotti sont, au contraire, des Celtes
du rameau gaélique venus d'Irlande.
(1) H. d'Arbois de Jubainville, L'île Prétanique, Revue
celtique, t. xin, p. 398-403.
(2) Guerre de Gaule, v, 12 ; cf. ii, 4. Cf. Tacite, Agricola, ii.
(3) Histoire romaine, xx, 1.
(4) Panégyrique de Constance, 11.
(5) J. LoTH, Les Pietés d'après des travaux récents. Annales
de Bretagne, t. vi, p. 111-116. Chez J. Rhys and D. Brynmor
Jones, The Welsh people, 3^ éd., London, 1902 ; et surtout
chez E. W. B. Nicholson, Keliic researches, London, 1904, la
question picte est traitée avec une hardiesse trop aventureuse.
20 ILES CASSITÉRIDES
La plupart des auteurs de l'Antiquité distinguent des Iles
Britanniques les lies Cassitérides, Kacrj-TEofoe; v;;70'.,d'où
l'on tirait l'étain, /.aa^i-Epo; et qui sont en pays celtique (1).
Hérodote dit qu'il ne les connaît pas (2). L'étain est appelé
par le Pseudo-Aristote (3) xxaaîxEpov lov xcX-ctxôv. D'après
Strabon(4), en face des Pyrénées, au nord, est située l'île
Prettanique, et les îles Cassitérides font face au pays des
Ariabri, peuple celtique de la Lusitanie ; elles sont au
nombre de dix, proches les unes des autres. Diodore (t),
sans doute d'après Poséidon ios, place les îles Cassitérides
au-dessus de la Lusitanie. Pline 6) les situe de même en
face de la Celtibérie. On peut s'étouner que les anciens se
soient représenté la Grande-Bretagne comme faisant face à
l'Espagne. En 98 de notre ère, Tacite écrivait encore que
l'Espagne était en face du pays des Silures, posita contra
Hispania (7). Cette erreur était entretenue par la disposi-
tion singulière des cartes anciennes qui, comme la Table
dePeutinger, se développaient en longueur au détriment de
la hauteur (8).
Oua souvent identifié les îles Cassitérides au.v Sorlingues
ou Scilly qui sont au nombre d'une centaine, dont si.v seu-
il) ïn Celticis. Mél.\, iii, 6, 47. Cf. Pline, Histoire naturelle,
VII, 57, 197.
(2) Histoire, m, 115.
(3) Des singularités merveilleuses, 50.
(4) Géographie, u, 5, 15 ; 30 ; m, 5, 11.
(5) Bibliothèque, v, 38, 4.
(6) Histoire naturelle, iv, 36, 119. Cf. Solin, 23, 10.
(7) Agricola, 11. Cf. Pline, Histoire naturelle, iv, 30, 102. C'est
l'origine d'erreurs qui ont influé sur toute la géographie de la
Gaule. J. LoTH, L'émigration bretonne en Armorique, p. 53-55.
(8) E. Desjardins, La Table de Peutinger, Paris, 1869-1876.
Cf. H. d'Arbois de Jubainville, Cours de littérature celtique,
t. xii, p. 254-257.
LES SOURCES ET LA METHODE 21
lement ont quelque importance. Mais ces iles ne contien-
nent pas de mines d'étain et les principales mines d'étain
dans le Nord-Ouest de l'Europe sont celles de la Cor-
nouaille anglaise . Il est probable que les écrivains anciens
se sont contentés de rapporter, sans essayer de les concilier,
des renseignements venant, les uns de voyageurs bien infor-
més, et les autres de gens qui ne connaissaient les îles Gassité-
rides que par des on-dit. Peut-être ont-ils confondu trois
groupes d'îles qui servaient de dépôts d'étain, les Scilly pour
la Grande-Bretagne, les îles de la Galice (1) pour le pays des
Artabri et les îlesdeTArmorique, — la Gornouaille anglaise,
la Galice et l'Armorique contenant des gisements stanni-
fères (2).
M. S. Reiuach (3) pense que /.aad'Tspo; est un mot celti-
tique et que le nom des îles, au lieu d'èlce dérivé de
•/coiu!j;x£po;, lui était identique. Ce seraient les Grecs qui au-
raient ajouté la désinence -(oïî. Il ne manque pas d'exemples
analogues pour les noms de métaux (4). Le nom de l'étain,
y.aj(j;xïpo;, se trouvant déjà dans neuf passages de V Iliade,
il en résulterait, si ce nom est celtique, qu'il y avait déjà
des Celtes dans les îles Britanniques vers le ix* siècle avant
notre ère.
Avant que le nom de Celtes fût connu des Grecs, les
(1) Je dois cette observation à M. C. Jullian.
(2) L. SiRET, Les Cassitérides et l'empire colonial des Phéni-
ciens, L'Anthropologie, t. xix, p. 129-165 ; t. xx, p. 129, 283 ;
t. XXI, p. 281.
(3) L'Anthropologie, t. m (1892), p. 275-281 ; t. x (1899),
p. 397-409.
(4) Cuivre (K'Jirpoc) ; bronze (Brundisium] ; /iXui^, acier
(XàÀ-i3£;a.8f,po-:/.tovE;). Berthelot, /?erue archéologique, t. xvii
(1891), p. 49-51.
22 HYPERBORÉENS
peuples celtiques ont dû être compris sous des dénomina-
tions plus générales (1).
11 est possible que le nom d'IIyperboréens. 'v■^Ep3'5p^ol,
qui a désigné une race mythologique, peuple de l'âge d'or
habitant un paya fertile et chez lesquels réside Apollon, ait
été aussi une expression géographique (2). Poseidônios, au
i" siècle avant notre ère, donne les Alpes comme rési-
dence aux Hyperboréens (3). Héraclide de Pont, à la fin du
iv" siècle avant notre ère, avait écrit que, d'après une nou-
velle qui venait do l'Ouest, Rome avait été prise par une
armée venant de chez les Hyperboréens (4). A la même
époque, Hécatée d'Abdère plaçait, en face de la Celtique, le
long de l'Océan, une île aussi grande que la Sicile, (jui
s'étendait vers le nord et était habitée par les Hyper-
boréens (5). Dans ces textes, le mot Hyperboréens semble
synonyme de Celtes. Faut-il y joindreles textes où il est dit
que ristros prend sa source dans les monts llhipées,
'Pir,oc\oLopT,, chez les Hyperboréens, et que Rhipées est l'an-
cien nom des Alpes (6) ? En dépit du scepticisme d'Héro-
(1) pELLOUTiEn (Histoire des Celtes et parliculièremenl des
Gaulois et des Germains, depuis les temps fabuleux jusqu'à la
prise de Rome par les Gaulois, nouv. éd., Paris, 1771), partant
de cette idée, en arrive à rattacher à la race celtique à peu près
tous les peuples de l'Europe ancienne.
(2) H. d'Arbois de Jubainville, Les premiers liabilants de
l'Europe, 2^ éd., t. i, p. 232-240. S. Reinacu, Les Hyperboréens,
Revue celtique, t. xii, p. 163-166.
(3) ScnoLiASTE d'Apollonios de Rhodes, ii, 677. Fragmenta
historicorum grœcorum, éd. Didot, t. lu, p. 290. Cf. Protarque
DE Tralles chez Etienne de Byzancc, P^ragmenta historicorum
grœcorum, t. iv, p. 485.
{'i). Plutarque, Camille, 22, 2.
(5) ScHOLiASTE d'Apollonios de Rhodes, ii, 675 ; Diodore,
II, 47. Fragmenta historicorum grœcorum, éd. Didot, t. ii, p. 386.
(6) Eschyle chez le vScholiaste d'ApoLLOMos de Rhodes, iv,
LES SOUUCES ET LA METHODE 23
dote (1) et de Strabon (2), il est probable que les anciennes
populations celtiques du centre de l'Europe et de la
Grande-Bretagne ont été désignées jadis par le nom vague
d'Hyperboréens (3).
Une théorie qui a eu, au siècle dernier, un grand succès
auprès des historiens de la Gaule consistait à rattacher à
la race celtique (4) les Cimmériens, K'.[jL[jL;pio'., descen-
dants, d'après Josèphe, de Gonier, fils de Japhet. Dans
l'Odyssée (o), les Cimmériens sont enveloppés de nuages et
de brouillards ; jamais le soleil brillant ne les regarde de
ses rayons, ni lorsqu'il va vers le ciel éloilé, ni lorsqu'il
retourne du ciel sur la terre; mais une nuit pernicieuse
s'étend sur les malheureux mortels. Hérodote (6) dit
(jue la Scythie de son temps est l'ancienne Cimmérie et
(|ue c'est chassés par les Scythes que les Cimmériens
ont quitté l'Europe pour aller ravager l'Asie Mineure.
C'est Poseidônios (7) qui le premier conjectura que
■JS'i ; PiNDARE, Olympiques, m, 14 ; IG. H. d'Arbois de Ju-
liAiNviLLE, Les premiers habitants de l'Europe, 2^ éd., t. i, p. 233-
(1) Histoire, iv, 32 ; 36.
(2) Géographie, vu, 3, 1.
(•':!) Le Pseudo-ScYMNus de Chio (v. 184) raconte que les
(illes sont très amis des Grecs, È'/ovte; o'./.ïioTzxa irpo; t/jV
l./.Xioof. Diodore emploie presque les mêmes expressions en par-
iant des IIyperboréens:o"y.î'.OT7ia o:7.-/.z'.-:()y.'. "po; ':oùî"t]X).ï,v7^
/libliolhèque, ii, 47, 4). Cf. aussi chez Hérodote, iv, 33, les
1 raditions qui attestent les rapports qu'eurent les Déliens avec
l'ï llyperboréens.
|4) On trouve cette théorie chez P. Pezron, Antiquités de
ht nation et de la langue des Celtes autrement appelez Gaulois,
Paris, 1703, p. 8-9.
(.")) Odyssée, xi, 14-19.
(6) Histoire, iv, 11, 1 : 12.
(7) Strabon, vu, 2, 2.
24 CIMMÉRIENS, CIMBR-ES
Ki|jL|jiép'.o'. était la forme grecque du nom des Gimbres.
Cette conjecture fut adoptée par Strabon, Diodore (1)
et par Plutarque (2). Fût-elle exacte, qu'elle serait loin
de nous conduire à regarder les Cimmériens comme
les ancêtres des Celtes, car les Cimbres. Kifi^poi, son'
sans doute des Germains. César (3), le Testament d'Au-
guste (4), Strabon (5;, Tacite {&), Pline l'Ancien (7)
nous le disent plus ou moins expressément. A ces témoi-
gnages on ne pourrait guère opposer que l'opinion de Ci •
céron (8) et de Salluste (9). reproduite apparemment par
Diodore (10) et Appien (11).
En tout cas, il n'y a aucun rapport entre le nom des
Cimbres et celui des Gallois modernes Cymry (12). Au
temps des Romains, ce dernier nom aurait été Com-
hroges (13) et non Cimbri, et d'ailleurs tout nom com-
mençant par un C dans les langues celtiques ne peut cor-
respondre qu'à un mot germanique commençant par //.
(1) Bibliothèque, v, 32, 4.
(2) Marins, IL 9.
(3) Guerre de Gaule, i, 40.
(4) Corpus inscriptionum latinarum, t. m, p. 782, 1. 16-18.
(5) Géographie, vu, 1, 3.
(6) Germanie, 37. Histoires, iv, 73.
(7) Histoire naturelle, iv, 28, 99.
(8) De l'orateur, ii, 66, 266.
(9) Jugurtha, 114. Cf. Florus, m, 3 (i, 38).
(Kl) Bibliothèque, v, 32, 5.
(11) Illyrique, 4. Guerres civiles, i, 29.
(12) H. d'Arbois DE JuBAiNviLLE, Lcs premiers habitants de
l'Europe, 2^ éd., t. i, p. 257-258. M. Ridge%\ay, dans une com-
munication à la Cambridge Philological Society (20 févr. 1908)
rapproche cymry, Cumber-land, de Cimbri et K'.iJ.uÉp'.&'. Mais la
phonétique s'oppose à cette comparaison. J. Loth, Revue cel-
tique, t. XXX, p. 384-391.
(13) Zeuss, Grammatica celtica, 2^ éd., p. 207.
LES SOURCES ET LA METHODE 25
C'est la loi de phonétique germanique bien connue sous
le nom de loi de Grimm ou première Lautverschiebung.
Quant aux Teutons qui furent les compagnons des
Cimbres lors de l'invasion de 102 avant J.-C, ils appar-
tiennent aussi, d'après César et Pline, à la race germanique.
Le nom qu'ils portent chez les auteurs latins est, il est vrai,
antérieur à la première Lautverschiebung, qui a changé
le t en //i, et leur nom germanique serait dès 102 av.
J. C. Theudanâs. Aussi G. Kossinna a-t-il soutenu que
Teutoni était un nom celtique (1). Mais H. d'Arbois de
Jubainville pense que c'est l'aneien nom germanique cris-
talUsé en quelque sorte dans la prononciation gau-
loise (2).
Pour des raisons linguistiques, il convient, de même,
d'écarter la thèse d'après laquelle les Ombriens seraient un
peuple celtique. Cette thèse apparaît au ni^ siècle de notre
ère chez Solin (3), qui rapporte que d'après Bocchus, his-
torien du i" siècle de notre ère, les Ombriens étaient
un vieux rameau des Gaulois. Servius (4) donne la
même tradition, mais en l'attribuant à M. Antonius, sans
doute M. Antonius Gnipho, écrivain du i""" siècle avant
notre ère. Ou la trouve aussi chez Isidore (5). Dos
écrivains modernes (6) ont cru fortifier cette alléga-
tion en comparant au nom des Ombriens, Umbri,
(1) Westdeutsche Zeitschrift fur Geschichte und Kunst, t. ix,
p. 199-216.
(2) Revue celtique, t. xii, p. 16-18. Cf. t. xxix, p. 217-218.
(3) Collectanea leruni memorabilium, ii, 11.
i'i) Enéide, xii, 753.
(5) Origines; ix, 2, 87.
(6) Par exemple, A. Thierry, Histoire desGaulois, t. i, p. xliij.
^6 OMBRIENS, LESTRVeoNS
en grec 'OuSiiT, une variante du nom des Insubres,
peuple celtique de la Gaule cisalpine, établi sur la rive
gauche du Pô ; cette variante "ijo^'ipn; pourrait, en
effet, prêter à un rapprochement d'ailleurs peu étroit avec
"0[jippot ; mais nous n'avons aucune raison de la préférer à
la leçon "ivjoppEç, Insubres. Si les Ombriens étaient une
branche de la famille celtique, leur langue serait plus pro-
chement apparentée au celtique que celui-ci ne l'est nu
latin ou au grec Or il n'en est rien ; l'ombrien se distingue
nettement du celtique et les ressemblances grammaticales
que présentent les deux langues leur sont communes avec
le latin qui n'a jamais été regardé comme une langue cel-
ti(jue. Tout au plus, pourrait-on remarquer que le celtique,
l'ombrien et le latin ont en commun certaines formations
grammaticales (1) et que cette parenté du langage ne peut
guère s'expliquer que par des relations intimes et pro-
longées entre les Celtes et les Italiotes. Si les OmbricMis
sont d'origine celtique, il faudrait qu'ils eussent renoncé à
leur langue pour adopter une langue italique (2).
Faut-il chercher à retrouver les Celtes de Grande-Bre-
tagne dans les Lestrygons anthropophages de la légende
homérique ? Les Lestrygons habitent un pays où un berger
ramenant son troupeau appelle un autre berger qui sort à
son tour ; là un homme qui ne dormirait pas gagnerait
deux salaires, l'un à garder les b(pufs, l'aulre à faire paître
les moutons blancs, car les chemins du jour sont proches
(1) Voir ci-dessous, ch. ii.
(2) H. d'Arbois de Jubainville, Les premiers liabita?ifs de
l'Europe, t. ii, p. 242-251. Bréal, Les Tables Euguhines (Paris,
1875), p. xxvii. On trouvera les principaux textes relatifs aux
Ombriens chez Bertrand et S. Reinach, Les Celtes dans les
vallées du Pô et du Danube, p. 73-7G.
LES SOURC.KS ET LA METHODE
^7
(?es chemins de la nuit (1). Or on peut rapprocher ce texte
(le remarques de PHne et de Tacite. En Grande-Bretagne,
d'après Pline (2), il y a en été des journées de dix-sept
heures et môme des nuits claires, tandis que les plus longs
jours en Italie ne durent pas plus de quinze heures. Ta-
cite (3) dit que dans le nord de la Grande-Bretagne, certains
jours, la nuit est si claire qu'il n'y a que très peu de diffé-
rence entre le commencement et la fin de la journée. Cé-
sar (4) rapporte que, d'après quelques écrivains, il y avait
trente jours de nuit continue en hiver dans les îles Britan-
niques ; il n'avait pas entendu parler de ce fait, mais il
avait seulement remarqué que mesurées à la clepsydre les
nuits étaient sûrement plus courtes que sur le continent.
D'autre part, on pourrait comparer aux Lestrygons man-
geurs d'hommes les Irlandais que Strabon (5j, sans témoi-
gnages sûrs, nous rei)résGnte comme de voraces anthropo-
})hages qui croyaient faire bien en mangeant les cadavres
lie leurs pères, et les Aiticoii de Grande-Bretagne qui,
(1 après saint Jérôme (6), se repaissaient avec délices de cer-
taines parties du corps des* bergers et des femmes. Au
t inps de César (7) , l'Arverne Gritognatus rappelait en-
core que les ancêtres des Gaulois, enfermés dans leurs
[•laces fortes lors de l'invasion des Cimbres et des JTeutons,
et pressés par la faim, avaient soutenu leur existence grâce
aux corps de ceux d'entre eux que leur âge rendait inutiles à
(1) Odyssée, x, 82-86.
(2) Histoire naturelle, ii, 77, 136. Cf. Juvénal, Satires, u, 161.
(:{) Agricola, 12.
j'i) Guerre de Gaule, v, 13.
.")) Géographie, iv, 5, 4. Cf. Diodore, v, 32, 3.
<)) Contre Jorinien, ii, 7.
7) Guerre de Gaule, vu, 77. Cf. Strabon, iv, 5, 4.
28 PEUPLES CELTIQUES
la guerre. Des Celtes qui envahirent l'Etolie buvaient,
d'après Pausanias(l), le sang des petits enfants et goûtaient
à leur cliair. Toutes ces vagues coïncidences sont loin de
permettre une assimilation des Lestrygons (2j aux Celtes.
Des noms généraux des Celtes, passons aux désignations
particulières.
Les noms des peuplades celtiques qui nous ont été trans-^
mis par les anciens sont très nombreux. On en compte plus
de cent cinquante. Une énumération complète (3) n'offrirait
que peu d'intérêt. Aussi ne mentionnerons-nous ici qu(
quelques noms curieux à divers titres, et, en premier lieu,j
ceux qui servent à désigner à la fois plusieurs peuplades e\
qui témoignent soit de migrations diverses, soit de l'unité
de la langue des anciens Celtes au point de vue des déno-
minations ethnographiques.
Parmi ces noms, quelques-uns s'appliquent à plusieurs^
tribus qui sont distinguées chacune par un nom parti
cuîier.
Les Volcac sont partagés en deux branches : les Areco-i
mici établis entre le Rhône et la Garonne ; les Teclosagt
dans la région de la haute Garonne. Le nom des Volcae es!
devenu chez les Allemands Walah, puis Walch, d'où est
(1) Description de la Grèce, x, 22, 3.
(2) D'après Bérard, Les Phéniciens et l'Odyssée, t. II, p. 250J
le pays des Lestrygons serait situé en Sardaigne.
(3) Cf. FoRBiGER, Handbuch der alten Géographie aus dei
Quellen bearbeitet, 2^ éd., Hanihurg, 1877, t. m. E. Desjar-
dins, Géographie historique et administratire de la Gaule Ro-
maine, Paris, 1878, t. ii. Longnon, Atlas historique de la France,\
l""® livraison, Paris, 1885.
Pour les peuplades citées, je donne l'indication du plus an-
cien texte où apparaît leur nom. On trouvera les autres réfé-J
renées chez Holder, Altceltischer Sprachschatz.
LES SOURCES ET LA METHODE 29
dérivé Welsch qui désigne les peuples de langue romane,
Italiens et Français ; chez les Anglo-Saxons, Wealh, d'où
le dérivé Wehh qui désigne les Gallois (1).
Les Bituriges Cubi au centre de la Gaule ; les Bituriges
Vwisci, sur la rive gauche près de l'embouchure de la Ga-
ronne (2).
Les .4w/erci se divisent en quatre tribus : les Eburovices,
dans le pays d'Evreux ; les Cenomanni, sur les rives de la
Sarthe et de la Mayenne; les Diablintes, sur la rive gauche
de la Mayenne; les Branriovices entre la Saune et la Loire (3) .
D'autres peuples ont des établissements en des régions
différentes du monde celtique, sans que leurs diverses frac-
tions soient distinguées par des noms différents.
Il y a des Tectosages au sud de la Gaule ; eu Germanie
près de la forêt Hercynienne ; et d'autres Tectosages en Asie
Mineure (4).
Les Menapii de Gaule sur les bords de la Meuse sont
peut-être le même peuple que les Manapii d'Irlande (5). Il
est singulier que les voisins des Menapii soient des Chauci
et les voisins des Manapii, des Cauci.
On trouve des Parisii en Gaule et des nâpiaoi en Grande-
Bretagne (6).
(1) Guerre de Gaule, vu, 7, 4 ; Strabon, iv, 1, 12. Cf. G. Pa-
ris, Romania, t. i, p. 5. H. d'Arbois de Jubainville, Les pre-
miers habitants de l'Europe, 2^ éd., t.. ii, p. 420.
(2) Strabon, iv, 2, 1 ; 2.
(3) Guerre de Gaule, vu, 75, 2 ; 3 ; Ptolémée, ii, 8, 7 ; 8. 9.
(4) César, Guerre de Gaule, vi, 24, 2 ; Strabon, iv, 1, 12. Cf.
Justin, xxxii, 3.
(5) César, Guerre de Gaule, iv, 4, 2 ; Ptolémée, ii, 9, 5 ; ii,
2, 8.
(6) César, Guerre de Gaule, vi, 3, 3 ; 4 ; Ptolémée, ii, 8, 10 ;
II, 3, 10.
30 PEUPLES CELTIQUES
Des BriganLes en Grande Bretagne et en Irlande (1) ; cf.
les Brigantii de Rhétie (2).
Des Caturiges dans les Alpes Gottiennes (3) ; en Gaule
Belgique (4) ; au temps de Pline (3), des Caliirigcs jadis
établis près de Milan avaient disparu.
Des Belgae en Gaule entre le Rliin, la Marne, la Seine
et l'Océan ; des Belgae en Grande-Bretagne vers Bath et
Winchester (d).
Des Atrebates en (Jaule et en Grande-Bretagne (7).
Des Senories en Gaule et des Senones eu Italie entre Ari-
minum et Ancône (8).
Des Lingones en Gaule et des Lingones en Italie vers le
delta du Pô (9).
Des Boii en Pannonie et en Bohème ; dans l'Italie du
nord au pied de l'Apennin ; en Gaule Aquitaine dans le
pays de Buch ; en Gaule celtique (10).
Des Insubres en Italie auprès de Milan, des Iiisubres en
Gaule dans m\ pugus ù&9, Aedui (11).
Des Cenoniani ou Cenomanni en Italie, à l'Est au delà
du Pô ; sur les rives de la Sarthc et de la Mayenne (12).
(1) Tacite, Annales, xii, 32 ; Ptolémée, ii, 2, 6.
(2) Strabon, IV, 6, 8.
(3) Strabon, iv, 6, 5.
(4) Itinéraire d'Antonin, 265, 2.
(5) Histoire naturelle, m, 21, 125.
(6) César, Guerre de Gaule, i, 1, 1 ; v, 12. Ptolémée, h, 3, 13.
(7) César, ibid., ii, 16, 2 ; Ptolémée, ii, 9, 4 ; ii, 3, 12 ; 13.
(8) PoLYBE, II, 17, 7 ; César, ibid., u, 2, 3.
(V') PoLYBE, II, 17, 7 ; César, ibid., iv, 10, 1-
(10) PoLYBE, II, 17, 7 ; César, ibid., i, 5, 4 ;Strabon, iv, 6,
8; VII, 2, 2.
(11). PoLYBE, II. 17, 4 ; Tite LivE, V, 34, , 9.
(12)^César, ibid., vu, 75, 3 ; Polybe, ii, 17, 4; Pline, Histoire
naturelle, iv, 32, 107.
LES SOURCES ET LA METHODE 31
Des Meduli en Gaule, à l'embouchure de la Garonne ;
lies MeduUi (var. Meduli) dans les Alpes, vallée de
l'Arc (1).
Des Caiuellauni (Calavellauni) en Grande-Bretagne et
des CatueUauni en Gaule sur la Marne (2).
Des Cornavii en Grande-Bretagne, à l'extrême nord de
l'Ecosse et à l'Est du Pays de Galles (3).
Si l'on s'en rapporte à Pline, il y aurait eu, outre les
r>rilanni de Grande-Bretagne, des Britanni à l'embou-
chure de la Somme (4).
Aux Velio-casses, Bodio-casses, Vidu-casses de Gaule,
on peut comparer les Cassi de Grande-Bretagne (o i.
La similitude de deux noms de peuples peut n'être qu'ap-
parente. Le nom des Veneti de Gaule, établis dans le Van-
netais, fait songer aux Veneti d'Italie dont le pays est situé
au nord de l'Adriatique. Strabon (6) pense que les Vénètes
de Gaule ont établi une colonie dans l'Italie du nord,
comme l'ont fait les Boii et les Senones ; il ne l'affirme
pas, tenant la vraisemblance comme suffisante en pareille
matière. L'opinion de Strabon est en contradiction avec un
texte d'Hérodote (7) qui nous apprend que les Vénètes,
iv/^To! étaient un peuple illyrien. D après Polybe (8), les
Vénètes se distinguent peu des Celtes sous le rapport des
(1) Pline, Histoire naturelle, xxxii, 21, 62 ; Strabon, iv, 1,
11.
(2) Ptolémée, II, 3, 11 ; Corpus inscriptionum latinarum, vu,
363 ; Notitia Galliarum, 6, 3.
(3) Ptolémée, ii, 3, 8 ; 11.
(4) Histoire naturelle, iv, 31, 106.
(5) Guerre de Gaule, v, 21, 1.
(6) Géographie, iv, 4, 1 ; v, 1, 4.
(i) Histoire, i, 196, 1.
(8) Histoires, ii, 17, 5.
32 PEUPLES CELTIQUES
coutumes et du vAtement, mais les deux langues sont diffé-
rentes. Depuis, on a trouvé uue vingtaine d'inscriptions
vénètes et il a été facile de constater que le vénète n'est pas
un dialecte celtique (1). Il est donc impossible que les Vé-
nètes d'Italie, peuple illyrien, établi au fond de l'Adriatique
dès le temps d'Hérodote, c'est-à-dire dès le v° siècle,
soient une tribu détachée des Vénètes de Gaule, peuple
celtique. Que les Vénètes d'Italie se rattachent ou non
aux 'Evexoi de Paphlagonie qui, dans la légende homé-
rique, prennent part à la guerre de Troie (2), ils n'en sont
pas moins illyriens de nation et de langue, comme d'ailleurs
les Aapoàvio'. dont le nom évoque, lui aussi, le souvenir de
la Troade (3).
De même, il serait imprudent de confondre les Tanrisci
avec les Taiirini. Les deux peuples sont établis dans deux
régions différentes : les Taurisci^ entre le Birnbaumerwald
et la Save, les Taurini, autour de Turin. Et tandis que les
Taurisci sont expressément qualifiés de Celtes par Stra-
bon (4), les Taurini sont pour le même Strabon (5; une
nation ligure. Les auteurs anciens confondent souvent ces
deux peuples (6).
Certaines peuplades celtiques sont isolées au milieu de
(1) C. Paum, Die Veneter und ihre Schrifidenkmaeler, Leipzig,
1891 (Alliialische Studien, t. m). Cf. un suggestif compte rendu
par L. DuvAu, Rei>iie celtique, t. xiii, p. 511-516.
(2) Iliade, ii, 852.
(3) Géographie, vu, 5, 6. Cf. H. d'Arbois de Jubainville,
Les premiers habitants de l'Europe, 2^ éd., t. i, p. 301-302.
(4) Géographie, vu, 2, 2, ; 5, 2.
(5) Géographie, iv ; 6, 6 ; xxi, 38, 5. Cf. Garofalo et II.
d'Akbois DE Jubainville, iiev'ue celtique, t. xxvii, p. 155-1 G2.
(6) Etienne de Bvzance les identifie.
I
LES SOURCES ET LA METHOnE 33
populations de race et de langue différentes et il importe
de les signaler. Tels sont :
Les Gotini (var. Cotini) tributaires à la fois des Quadi
et des Sarmates et qui parlaient gaulois au temps de Ta-
cite (1) ; ils étaient établis sur la rive gauche de la haute
Vistule,
Les Celtes du Danube, mélangés aux lUyriens et aux
Tiiraces et parmi lesquels il faut citer :
Les Scordisci que Strabon, d'après Poseidônios, qualifie
de l'a/âxat (2) et qui habitaient entre la Save, la Drave et
le Danube.
Les lapodes, peuple illyrien, mélangés de Celtes (3).
Les Bastarnae qui avaient une langue et des coutumes
qui ne s'écartaient pas de celles des Scordisci (4). Ils oc-
cupaient le bas Danube.
Un grand nombre de noms de peuples celtiques sont spé-
cialement intéressants pour nous parce qu'ils ont subsisté
jusqu'à nos jours, soit comme noms de pays ou dans des
noms de pays (5) :
6'(//7u' de Pannonie (d'où Garniole), ra^/ma du No rique
(Tauern, nom allemand d'un massif des Alpes Noriques) ;
Vcîiocasses (d'où Veliocassinus Vexin), Ccdeti (pays de
Caux), Viromandiii (d'où Viromandiietisis Vermandois),
(1) Germanie, 43.
(2) Géographie, vu, 2, 2. Cf. vii, 1, 1 ; Athénée, vi, 25 ;
Justin, xxxii, 3. Cf. P. Perdrizet, Bulletin de correspondance
hellénique, t. xx, p. 485 et suiv.
!.'^) Strabon, iv, 6, 10.
l'i) Tite Live, XL, 57, 6. Cf. Jullian, Revue des éludes an-
ciennes, t. viii, p. 263-264.
(5) Voir F. Bourquelot, Mémoires de la Société nationale des
anliciuaires de France, t. xxiii, p. 387-436.
G. Dottin. — Manuel de l'antiquité celtique. 3
34 PEIPLES CELTIQUES
Andeccwi (Anjou), Petnicorii (d'où PetrocoricumPéngord),
Riiteni [d'où RiUeniciim,B.ouevgue), Vellavi (d'où Vellai'i-
cum Yelay, Vellavum Goëllo) Meduli (d'où Meduliciim
Médoc), Santones (d'où Santonicnm Saintooge), Pidavi
(Poitou), Arverni (d'où Arverniciim (1) Auvergne), Verla-
cornacori (Vercors), Cantii (Kent en Grande-Bretagne),
Durotriges (Dorset), Durnnonii (Devon), Demetae (Dyvet,
forme ancienne du nom gallois du pays situé entre la Teivi
et la Tywy) ; Boii (d'où Boiohaemûm Bohême) ;
soit comme noms de villes :
Amhiani (Amiens), Beïïovaci (Beauvais),6'ae55io/<es (Sois-
sons), Rémi (Reims), Atrebates (Arras , Tricasses {Troye&),
Senones (Sens), Parisii (Paris), Meldi (Meaux), Eburovices
(Evreux), Duroaisses (Dreux), Diablintes (Jublains,
Mayenne), Cenomanni (Le Mans), 6'e(/f»n' (Sion en Suisse),
Lingones (Langres), Catuellauni (Chàlons-sur-Marne) ,
Treviri (Trêves), CarniUes (Chartres), Tiirones (Tours),
Namneîes (Nantes), Veneti (Vannes), Ciiriosoliles (Gor-
seult, Côtes-du-Nord) , Redones (Rennes), Abrincatui
(Avranches), Baiocasses (Bayeux), Vidiicasses (Vieux, Cal-
vados), Lea;o^à' (Lisieux), Cadiirci (Gahors), 6'a^a/i (Javols,
Lozère), Santones (Saintes), Lemouices (Limoges), Bitu-
riges (Bourges), Caturiges (Chorges, Hautes- Alpes), Silva-
nectes (Senhs).
On connaît donc assez bien les noms des peuples cel-
tiques mais on peut se demander si la quahté celtique d'un
nom de peuplade est suffisamment établie par le témoi-
gnage des anciens.
(1) A. Thomas, Journal des Sai>ants, 1901, p. 368 ; Revue
critique, t. lx, (1905), p. 37.
(2) Cf. R. Haberl, Zur Kenntnis des Gallischen, /eitschrifi
jiXr Celtische Philologie, t. vin, p. 89-90.
K
. LES SOURCES ET LA METHODE 35
Quelles raisons conduisaient un auteur grec ou latin à
reconnaître pour celtiques un peuple ou une tribu i* A quels
caractères distinguait-il un Celte? Quand il s'agit de na-
tions modernes, c'est l'unité politique qui, plus forte que
la langue, plus forte que les coutumes, plus forte que la
race constitue le peuple. On ne constate point de lien sem-
blable chez les Celtes qui occupaient le centre et l'ouest de
l'Europe. Tribus éparses sur de vastes territoires, [»lus
souvent en guerre les unes contre les autres que réunies
contre un ennemi commun, quels motifs avait un géogra[>he
ou un historien pour les comprendre sous une dénomina-
tion commune ? Les différences linguistiques, qui nous
semblent les plus précises et les plus faciles à apprécier,
ne semblent pas avoir été seules à préoccuper les écrivains
de l'Antiquité. Polybe (1) remarque que les VénèLes
avaient avec les Gaulois quelque ressemblance pour les vê-
tements et les mœurs, mais aucune pour le langage. Puur
César (2), les Belges, les Aquitains, les Celtes diffèrent les
uns des autres par la langue, les institutions, les lois. Pour
Strabon (3), les Aquitains se distinguent non seulement [lar
la langue, mais encore par Leur type physique. Quant aux
Germains, César ne les oppose aux Gaulois qu'au point de
vue des usages (4). Strabon (5) au contraire les trouva
plus sauvages, plus grands, plus blonds que les Gaulois,
mais déclare qu'ils ont le même caractère et le même
(1) Histoires, ii, 17.
(2) Guerre de Gaule, i, 1,2.
(3) Géographie, iv, 1, 1.
(4) Guerre de Gaule, vi, 21. Voir toutefois i, .39 ; ci-dessous,
ch. m.
(5) Géographie, vu, 1, 2. D'après Strabon, le caractère des
peuples dépend non seulement du climat et du sol, mais aussi
de l'habitude et de l'exercice. Géographie, ii, 3, 7.
36 CARACTÉRISTIQUES DES CELTES
genre de vie que les Celtes. Tacite semble déterminer la
nationalité tantôt par la langue seule, tantôt par les cou-
tumes, tantôt par l'aspect physique. La preuve pour lui que
les Gotini ne sont pas Germains, c'est la langue qu'ils
parlent (1). D'autre part, Tacite (2) se demande s'il doit
ranger les Veneili de Germanie parmi les Germains ou
parmi les Sarmates, et trouve qu'ils se rapprochent plutôt
des Germains parce qu'ils bâtissent des maisons, portent
des boucliers et aiment à aller à pied. Les Aestii ont les
mœurs et l'extérieur des Suèves, mais leur langue se rap-
proche de celle des Bretons (3). Les Irlandais diffèrent peu
des Bretons pour le caractère et la civilisation (4). La pa-
renté des habitants du sud de la Grande-Bretagne avec les
Gaulois s'établit par le type physique, par les pratiques re-
ligieuses, par la langue, par l'audace qui cherche les dan-
gers, et la crainte qui les évite. Quant aux Calédoniens,
c'est à cause de leurs cheveux roux et de leur grande taille
que Tacite leur attribue une origine germanique o"*. Sué-
tone (6) rapporte que Caligula, voulant que l'on crût que
des prisonniers germains figuraient dans son triomphe et
n'ayant sous la main que des Gaulois, leur fit apprendre
la langue germanique et changer la coupe et la couleur de
leur cheveux. C'étaient donc là pour lui les deux caracté-
ristiques des Germains
Une fois la conquête romaine effectuée, il est probable
que la géographie administrative des Romains remplaça les
(1) Germanie, 43.
(2) Germanie, 46.
(3) Germanie, 45.
(4) Agricola, 24.
(5) Agricola, 11.
(6) Caligula, 47.
LES SOURCES ET LA METHODE 37
notions ethnographiques plus ou moins conluses que les
anciens avaient conservées des Celtes, et que les historiens
et les géographes romains appliquèrent aux Celtes et à la
Celtique de César des renseignements qui leur étaient par-
venus sur d'autres Celtes et d'autres Celtiques. Ainsi nous
ne pouvons être assuré que la dénomination commune de
Celtes n'ait été réservée qu'à des peuples de même langue,
et que des ressemblanceg, pour nous superficielles, de vê-
tements ou de coutumes n'aient pas suffi à faire rattacher
aux Celtes des tribus parlant une langue non celtique, ou
n'ayant jamais constitué avec les Celtes un ensemble poli-
tique.
III
L'archéologie celtique offre des difficultés que ne présen-
tent point au même degré l'archéologie grecque et l'archéo-
logie romaine. C'est qu'elle est tout entière anépigraphe.
Aucune inscription importante en langue celtique n'est
gravée, semble-t-il, sur les* monuments ou sur les objets
que nous sommes tentés d'attribuer à l'art des Celtes. On
est donc réduit, pour résoudre les problèmes que pose
l'archéologie celtique, à des méthodes d'investigation qui
font une grande part à l'hypothèse. Ou peut chercher à
dater les restes que les peuples passés ont laissés sur le sol,
et, si la date restituée coïncide avec l'occupation du sol en
question par les Celtes, attribuer à la civilisation celtique
les objets ou les monuments découverts. L'hypothèse serait
fortifiée si les mêmes objets se retrouvaient exclusivement
dans les pays occupés par les Celtes. Mais une telle dé-
38
ARCHEOLOGIE
inonstration est à peu près impossible, la date restant tou-
jours discutable et les fouilles et les découvertes étant,
malgré l'activité des archéologues, limitées à des étendues
restreintes. De plus, comme l'a remarqué H. d'Arbois de
Jnbainville, on ne peut pas établir de rapport certain entre
la langue d'un peuple et la forme des armes ou des outils
dont ce peuple se sert. « On peut changer d'armement
sans changer de langue; la Frïmce n'a pas abandonné
l'iisiige du français quand elle a adopté la poudre de guerre
et les armes à feu (1) ». « Quelle preuve avons-nous que
la circonscription géographique dans laquelle le commerce
a répandu un objet artistique ou industriel quelconque à
une date reculée ait été, à cette date, occupée par des
peuples qui parlaient la même langue ou qui formaient le
même groupe politique (2) ? » Enfin des peuplades géogra-
phiquement isolées ou peu douées de qualités d'assimila-
tion pouvaient être, à un certain moment, dans un état de
civilisation très difrérent de celui d'autres peuples de même
race et de môme langue qu'eux. L'unité de civilisation
n'implique ni la parenté de race, ni l'identité de langue et
ce que l'on serait tenté d'attribuer à la différence des temps
peut tenir souvent à la différence des lieux.
La distinction des peuples par les modes de sépulture ne
donne guère de résultats plus précis que la distinction par
los objets. A la période la pins ancienne de leur histoire,
les Romains inhumaient leurs morts (3) ; vers le temps de
Servius ïuUius, mort en 334 avant J.-C, l'inhumation est
remplacée par l'usage de brûler les morts ; et. à l'époqne
(1) Revue celtique, t. xx, p. 391.
(2) Revue celtique, t. xviii, p. 126.
(3) CicÉRON, De legibus, u, 22. Pline, 54, 187.
LES SOURCES ET LA METHODE 39
chrétienne, l'inhumation redevient en usuge. On ne peut
prétendre que les Celtes n'ont pas, de même, passé par des
usages différents ou employé simultanément les divers
modes de sépulture. Sur le sol de la Gaule, on trouve une
population qui inhumait ses morts sous les dolmens ; une
population qui incinérait les défunts, mettait leurs cendres
dans des urnes et enfouissaient ces urnes sous des tom-
belles ; puis une troisième population qui inhumait les
morts. On hésite à donner à ces populations trois noms
différents et à attacher exclusivement à l'une d'elles le nom
des Celtes. Mais on a remarqué avec raison que, si en un
siècle la fabrication des armes, des outils ou des parures
peut subir dans un même pays des transformations consi-
dérables, les changements dans les croyances religieuses ou
les rites funéraires sont en général insignifiants et inappré-
ciables (1).
L'archéologie doit seulement nous apprendre à quelles
civilisations on peut rattacher les Celtes, sans qu'il soit
possible de déterminer à quel peuple ces civilisations ont
originairement appartenu. Nous avons de l'état industriel et
social des habitants du centre et de l'ouest de l'Europe des
indices qui sont bien antérieurs aux premiers témoignages
historiques un peu détaillés qui nous aient été conservés
sur les Celtes.
G'est^ en effet, dans la période comprenant les huit der-
niers siècles avant notre ère que l'on peut rechercher les
traces archéologiques de l'ancienne civilisation celtique.
On ne peut la jalonner de quelques dates qu'à l'aide des
(1) Ch. ReiNEL, Les religions de la Gaule ai^atii le christianisme,
Paris, 1906, p. 113-114.
40 HALLSTATT
monnaies que contiennent les tombes, et, quand les mon-
naies manquent, à l'aide des objets, mieux datés, des civi-
lisations historiques grecque ou italique. Mais ces objets
peuvent avoir été transportés dans le pays longtemps avant
l'époque oii on les a enterrés dans le sol. (1)
Cette période se divise en deux époques.
La première, qui s'étend de l'apparition du fer en Eu-
rope (vers l'an 900) jusqu'aux environs de l'an 500, s'ap-
pelle civilisation hallslattienne, du nom d'une nécropole
célèbre, llallstatt, située dans l'ancien Norique, actuelle-
ment en Haute-Autriche.
On distingue deux phases de cette civilisation ; une pre-
mière phase (900-700) où le mobilier des sépultures est
assez pauvre et qui semble contemporaine des vases
grecs de style géométrique (xr-vni'' siècles) ; une seconde
phase (700-500) riche en objets de parure et pendant la-
quelle ont été importés des vases de style ionien et des
vases attiques du vi^ siècle (2).
La seconde est l'époque de la Tène, ainsi nommée d'une
sorte de blockhaus sur le lac de Neufchàtel ; c'est le second
âge du fer où les progrès de la métallurgie développent à la
fois l'industrie et le commerce extérieur et qui s'étend de
(1) JuLLiAN, Histoire de la Gaule, t. i, p. 163.
(2) Sur la civilisation de Hallstatt, consulter : Ed. von Sac-
Ken, Dos Grabjeld von Hallstatt, Vienne, 1868 ; IIoernes, Revue
d'anthropologie, t. iv (1889), p. 328-336 ; Archiv fiir Anthropo-
logie, t. XXXI (1905), p. 233 et suiv. ; Urgeschichte der bildenden
Kiinst, liv. V et VI ; A. Bertrand, Archéologie celtique et gau-
loise, 2^ éd., p. 269-325 ; A. Bertrand et S. Reinach, Les
Celtes dans les vallées du Pô et du Danube, 1894, p. 49-181 ;
S. Reinach, Catalogue du musée de Saint-Germain (salle VI),
3^ éd., p. 156-157 ; J. Déchelette, Manuel d'archéologie pré-
historique, celtique et gallo-romaine, t. ii, 2^ partie, Paris, 1913.
J
LES SOURCES ET LA METHODE 41
500 au début du i"^ siècle de notre ère. La monnaie appa-
raît. Oq construit des o/^pic?a. C'est à cette époque que se
rattache la civilisation décrite dans les é[)opées irlandaises
du cycle d'Ulster (1).
La civilisation de la Tène présente une unité que n'offre
point l'époque de Hallstatt. On divise d'ordinaire l'époque
de la Tène en trois phases (2) :
La Tène 1 (500-300) ; la Tène II (300-100) ; la Tène III
(i" siècle avant J.-C.) ; que l'on détermine par les importa-
tions grecques et italiques.
La nécropole de Hallstatt où l'on a trouvé environ 1.800
tombes a fourni plus de 6.000 objets. Les tombes sont soit
à inhumation, soit à incinération ; ces dernières offrent un
matériel plus riche. Les armes offensives y sont en grand
nombre ; la plupart, épées, poignards, coutelas, lances,
flèches, haches sont en fer ; sur 28 épées, trois sont en fer
et en bronze, 6 seulement en bronze ; on a trouvé peu
d'armes défensives. Les ornements, ceintures, bracelets,
fibules sont en bronze. Près de 200 vases sont en bronze,
un très grand nombre en argile. Les couteaux sont en fer ;
les épingles, les mors de chevaux sont en fer ou en bronze.
Les outils sont des limes, enclumes, tenailles, aiguilles,
poinçons, clous.
(1) W. RiDGEWAY, On ihe date of the jirst shaping of tlie Cu-
chulainn Saga (Proceedings of the Bvitish Acadenuf, vol. II).
(2) Cette division est due à Tisculer, Ueber die prsehistori-
chen Arbeiten, Konigsberg, 1884. Sur la civilisation de la Tène,
consulter : E. Vouga, Les HeU'ètes à la Tène, Neufchàtel, 1885
(pi.) ; V. Gross, La Tène, un oppidum heWète, Paris, 1886 (pi.) ;
Revue d'anthropologie, t. m (1888), p. 732-735 ; IIoernes, Die
Urgeschichte des hienschen. Vienne, 1892, p. 629 et suiv. ;
O. MoNTELius, L'Anthropologie, t. xii (1901), p. 609-623 ;
J. Déchelette, L'archéologie celtique en Europe [Revue de syn-
thèse historique, t. m, p. 30-59 ; Manuel d'archéologie préhisto-
rique, celtique et gallo-romaine, t. ii, 3^ partie, Paris, 1914.
42
LA TE.NE
Comme on n'a trouvé à Hallstatt ni pièces de monnaies,
ni objets en argent, il est probable qu'on n'enterrait plus à
Hallstatt à l'époque où commence l'exploitation des mines
d'argent de la Macédoine sous Philippe II, à la fin du
iv* siècle avant notre ère (1).
La civilisation de Hallstatt à sa première phase apparaît
en Gaule dans les provinces de l'est et du centre : Bour-
gogne, Berry, Lorraine, nord de la Franche-Comté. A sa
seconde phase, elle est représentée sur une grande partie
de la Gaule, le nord-ouest excepté (2). Les objets qui la ca-
ractérisent se trouvent dans des sépultures et dans des en-
ceintes.
La station de la Tène, située entre la baie de Préfargier
et la baie d'Espagnier à l'extrémité Est dulacdeNeufchâtel, a
été abandonnée ou détruite un peu avant le commencement
de notre ère ; les monnaies qu'on y trouve ne sont pas pos-
térieures à la seconde moitié du i" siècle avant notre ère.
Les ustensiles de ménage et les objets agricoles y sont ex-
cessivement rares ; les armes (épées et fers de lance) en fer
remarquablement bien conservé, y sont très nombreuses,
ainsi que les fibules. Les outils et ustensiles sont des haches,
de grandes faux, des rasoirs, des couteaux, des ciseaux à
froid, des ciseaux à tondre, des lianieçons, des chaudrons,
des marteaux, des meules de moulin.
La civilisation de la Tène est représentée en Gaule dans
des tombes et dans des oppida. Les tombes les plus nom-
breuses sont en Champagne ; il y a dans le seul départe -
(1) J. FouRNET, Du mineur, son rôle et son influence sur les
progrès de la civilisation d'après les données actuelles de l'archéo-
logie et de la géologie, Lyon, 1862, p. 276.
(2) Déchelette, Manuel d'archéologie préhistorique, t. ii,
p. 4-5,
LES SOURCES ET LA METHODE 43
ment de la Marne 191 cimetières de l'époque de la Tène ;
certains comptent jusqu'à 500 tombes. Parmi les sépultures
les plus intéressantes, il faut citer celles de Somme-Tourbe,
Somme Bionne, Berru. Dans l'Aisne, les deux arrondisse-
ments de Soissons et de Château-Thierry renferment 22 ci-
metières. Dans le Sud-ouest, les monuments de la Tène I et
II font défaut (l).
Voppidiim de Bibracte (2) (le Mont-Beuvray, Saône-et-
Loire) semble avoir été abandonné peu de temps après la
conquête romaine. La plupart des monnaies qu'on y a re-
cueillies sont gauloises ; des monnaies romaines aucune
n'est postérieure à l'an 5 avant J.-C. V oppidum de Stra-
donitz en Bohême qui, d'après M. J. Déchelette(3), était oc-
cupé par les Celtes au i"" siècle avant notre ère appartient à
une civilisation presqueidentique à celle qui est représentée
à Bibracte. Sur l'emplacement d'Alesia, à Alise Sainte-
Reine (4) (Gùte-d'Or), on a trouve un assez grand nombre
d'objets, surtout des armes, qui datent du siège de celle
ville par les Romains en 52 avant notre ère ; aucune des
monnaies romaines qu'on y a recueillies n'est postérieure à
52. L'oppidum de Pommiers (5) (Aisne), qui paraît être
Vwac\QTiNo(^ioduinwi des Siiessiojies, contenait 25. 000 mon-
(1) DÉCHELETTE, MaHucl d'archéologie, t. ii, p. 1032-1054 ;
carte, p. 1018 ; L'Anthropologie, t. xiii (1902), p. 77-83.
(2) BuLLioT, Fouilles du Mont-Beuvray, Autun, 1899 ; Revue
archéologique, 1870 et 1872 ; Déchelette, L'oppidum de Bi-
bracte, Paris, 1903.
(3) Le hradischt de Stradonic (Congrès archéologique, 1899).
(4) Revue archéologique, t. iv (1861), p. 66 ; pi. xiii ; t. x
(1864), p. 337, pi. XXII. Journal des savants, 1880, p. 558, 622.
Une revue spéciale, Pro Alesia, paraît depuis juillet 1906.
(5) Vauvillé, iSlémoires de la Société des Antiquaires de
France, t. lxv (1904), p. 79.
44 OPPIDA
naies ; les monnaies romaines les plus récentes sont de ol
avant J. -G. A Gergovie (1) (La Roche-Blanche, Puy-de-
Dôme) on a trouvé des monnaies gauloises et des débris de
poteries semblables à celles de Bibracte.
Les principaux oppida de construction gauloise sont,
outre ceux que nous venons de citer : Le Mont Ghàtel
(Meuse), Avesnelles (Nord), Le Ghàtelet en Montigny l'En-
grain (Aisne), Vertault (Côte d'Or), Le Grêt-Ghàtelard en
Saint-Marcel de Félines, Essalois enChambles, LeGhàtelard
de Chazi en Saint-Georges de Baroilles (Loire), La Ségource
en Fief-Sauvin (Maine-et-Loire), Vue (Loire-Inférieure),
Luzech, Murcens (Lot), Goulounieix (Dordogne) (2).
Dans les Iles Britanniques, on trouve à l'époque de la
Tène, outredes oppida et des casteUa, des villages lacustres
{crannog) établis sur des îlots artificiels. Celui de Glaston-
bury, Sommerset), d'une étendue de plus d'un hectare, con-
tenait une soixantaine de huttes circulaires ou ovales, en
matériaux légers. On y a trouvé des poteries à décor incisé,
des fibules, des peignes de tisserands, des creusets, des
perles de verre et d'ambre, de la vaisselle de bois, un très
petit nombre d'armes (3).
La sculpture romaine et grecque nous fournit des repré-
sentations de barbares dont un grand nombre doivent être
des Celtes. Malheureusement, la plupart des monuments
de ce genre ne portent point d'inscription qui nous atteste
(1) Napoléon III, Histoire de Jules César, t. II, 18GG, p. 270 ;
C. JuLLiAN, Vercingétorix, p. 365-.378.
(2) DÉGHELETTE, Alanucl d' (irchéologie , t. ii, p. 986-996 (fiir.)-
Cf. A. Bertrand, La ieli'4ou des Gaulois, Paris, 1897, p. 245-
251 (carte).
(3) BuLLEiD, Gray and Munro, The Glastonhurii lake village,
1910. DÉGHELETTE, Munuel d'archéologie, t. ii, p. 973-977.
LES SOURCES ET LA METHODE 45
que ce sont bien îles Celtes que le sculpteur a figurés De
plus, on peut se demander si l'artiste ne reproduisait pas
UQ type de convention, assez différent, pour l'apparence
physique, les vêtements et les armes, de la réalité. M. S.
Reiaacli a remarqué pourtant que, dès le m" siècle, les ar-
tistes de Pergame ont eu le souci de l'exactitude ethnogra-
phique, et que l'art romain, bien que s'inspirant des mo-
dèles grecs, a été plus loin qu'eux dans la voie du réa-
lisme (1).
Les œuvres d'art gréco-romaines où sont représentés des
Celtes (2) sont assez nombreuses. Une première série est
constituée par les statues'qui proviennent vraisemblablement
des monuments destinés par Attale P' , roi de Pergauie
(241-197), à perpétuer le souvenir de ses victoires sur les
Galates. On a découvert à Pergame, autour du temple
d'Athêna Nikêphore, une série de bases qui ont dû sup-
porter des statues. Pline (3) nous apprend que plusieurs ar-
tistes avaient représenté les victoires d'Attale I*'" et d'Ru-
mène II (197-159) sur les Galates; et nous lisons chez Pau-
sauias(4) qu'Attale I" avait dédié sur l'Acropole d'Athènes,
du côté du mur situé au'sud, des groupes hauts de deux
coudées représentant, entre autres batailles, la défaite des
Galates en Mysie.
Les statues de Pergame, en bronze et de grandes dimen-
sions, semblent avoir été souvent reproduites dans l'Anti-
(1) S. Reinach, Les Gaulois dans l'art antique et le sarco-
phage de la vigne Arnmendola, Revue archéologique, t. xii (1888)
p. 273.
(2) BiENKOwsKi, Die Darstellungen der Gallier in der hellenis-
iischen Kunst, Wien, 1908.
(3) Histoire naturelle, xxxiv, 24, 84.
(4) Description de la Grèce, i, 25, 2.
4IÎ STATUAIRE ANTIQUE
quité ; certaines statues en marbre qui nous sont parve-
nues sont, croit-on, des copies anciennes de ces statues en
bronze. Ce serait le cas du Gaulois mouranl du Capitole,
eu qui on a vu longtemps un gladiateur, et du groupe de
la villa Ludovisi à Rome (représentant un Gaulois se tuant
après avoir tué sa femme), dans lequel on croyait autrefois
reconnaître Arria et Paetus. Les statues figurant des Gâ-
tâtes, qui se rapportent sans doute àl'ex-voto de l'Acropole,
sont au nombre de six ; toutes représentent des blessés ou
des morts (1).
Une autre série comprend des sarcopliages ornés de bas-
reliefs représentant des batailles contre les Gaulois. Le
plus important de ces sarcophages est celui qui a été dé-
couvert en 1830 sur la voie Appienne dans la vigne do
Santé Ammendola. La partie supérieure des bas-reliefs
représente des groupes de captifs et de captives avec leurs
enfants, des armes et deux morts. Aux angles sont fignrées
des têtes de Barbares. Le reste des bas-reliefs est occupé
par une scène de combat (2).
Parmi les monuments qui représentent vraiaemblahh'
ment des Gaulois, on peut encore citer : la statue trouvée
à Montdragon (Vaucluse) et conservée au Musée Calvel à
(1) Revue archéologique, t. xiii (1889), p. 11-13, Bulletin de
correspondance hellénique, t. xiii (1889), p, 123 ,pl. I. Baumeis-
TER, Denkmàler des klassischen Alterlums, fig. 1411 et suiv.
Œuvres de A. de. Longpérier, réunies par G. Sciilumbehger,
Paris, 1883, t. ii, p. 374-380, pi. VII. Dans un article de la
Revue celtique, (t xxx. p. 67-72), M. Ad. Reinach étudie oL
compare aux trophées de Pergame les trophées de la frise du
bouleuterion de Milet élevé par le roi de Svrie Antiochus iv
( 175-1 r.4).
(2) Voir l'excellente reproduction donnée dans la Revue ar-
chéologique, t. XII (1888), pi. xxn-xxiii.
LES SOURCES ET LA METHODE 47
Avignon, précieuse pour l'étude de l'armement celtique (1) ;
l'arc d'Orange qui daterait du i" siècle avant J.-C, sur
lequel sont sculptés des combats entre Romains et Barbares
et des trophées d'armes (2) ; le tombeau des Jule?. à vSaint-
Rémy (Bouches-du-Rhône), dont une face représente un
combat de cavalerie (3); le pilier d'Entremont (Bouches
du-Rliône) où sont figurés des cavaliers barbares, et (jui
semble dater do la fin du ii* siècle avant J,G. (4) ; le mo-
nument de Biot (Alpes-Maritimes), où l'on a retrouvé les
restes d'un trophée d'armes gauloises (o), les autels des
Nauiae Parisiaci au musée de Gluny qui représentent,
outre des divinités celtiques, deux groupes de personnages
armés, au dessus deux inscriptions portent : lune Evrises,
l'autre Sbnani vseilo .. (6) ; le portifjue d'Athéna à
(1) Revue archéologique, t. xvi (1867), pi. xiii, p. 69. Diction~
nuire archéologique de la Gaule, t. i, planches. Espérandieu,
Recueil gêné al, .t. i, p. 210. D'après J. Formigé [Revue ar-
chéologique, t. XVI (1910), p. 24.3), cette statue proviendrait
de la décoration de l'arc d'Orange.
(2) A. DE Laborde, Monuments de la France, pi. xlviii-xi.ix.
Desjardins, Géographie historique et administrative de la Gaule
romaine, t. m, pi. xii et xiii ; Courbaud, Le bas-relief romain à
représentations historiques, Paris, 1899, p. 330-334; Es: éran-
dieu, Recueil général, t. i, p. 188-205.
(3) A. de Laborde, Monuments de la France, pi. lxxxiii-
Lxxxv ; RiTscHL, Opuscula philologica, t. iv, p. 557 et suiv. ;
Courbaud, Le bas-relief romain, p. 328-330 ; Espérandieu,
Recueil général, t. i, p. 92-98.
('i) E. Desjardins, Géographie Iiistorique et administrative de
la Gaule romaine, t. ii, p. 112, pi. 1 ; Espérandieu, Recueil
général, t. i, p. 83-85.
(5) R. Laurent et Ch. Dugas, Le monument romain de Biot,
Revue des études anciennes, t. ix, p. 48-68 ,pl. ii-vi ; Espéran-
dieu, Recueil général, t. i, p, 29-31.
(6) E. Desjardins, Géographie historique et administrative
de la Gaule romaine, t. iii, p. 261-263 ; A. T. Vercoutre, Re-
vue archéologique, t. ix (1907), p. 31-37 (fig.) ; Espérandieu,
48 MONNAIES
Pergame, décoré de trophées d'armes (1) ; un vase de
bronze provenant de Pompéi et orné de deux hommes
barbus (2) ; deux statuettes de la nécropole de Myrina (3).
Le chaudron en argent, de Gundestrup, découvert dans
une tourbière du Jutland, est décoré de bas-reliefs oii sont
figurées, croit-on, les divinités les plus singulières de la
mythologie celtique (4),
Il est probable que la plupart des représentations an-
ciennes de Celtes proviennent de modèles antérieurs et
qu'elles ne sont pas directement inspirées de la nature.
M. S. Reinach pense qu'elles dérivent de deux sources
principales, l'une pergaménienne que nous connaissons en
partie, l'autre delphique, issue des expéditions gauloises
en Grèce (280-279), et dont nous ne savons presque rien.
Dans ce cas, les monuments gréco-romains ne nous ren-
seigneraient que sur les Gaulois d'Orient du iiT siècle avant
notre ère.
Les principales monnaies où l'on peut trouver des types
ou des armes celtiques sont des monnaies romaines : les
deniers des familles Claudia et Gornelia, d'IIostilius Saserna,
Recueil général, t. iv, p. 208-214 ; Revue des études anciennes,
t. IX, pi. xi-xiv.
(1) Revue archéologique, t. xiii (1889), pi. ix.
(2) A. DE LoNGPÉRiER, Œuvrcs, t. II, p. 379 ; Quiciierat,
Histoire du costume en France, p. 8.
(3) Revue archéologique, t. xiii (1889), p. 197.
(4) Voir la reproduction et le coninientaire donnés chez
A. Bertrand, La religion des Gaulois, p. 363-380 ; et par
M. C. JuLLiAN [Revue des études anciennes, t. x (1908), p. 71-75,
pi. i-x) qui croit le vase d'origine cimbrc et le compare au vase
aux sept dieux du Cabinet des médailles. Cf. J. Déchelette,
Revue de synthèse historique, t. m, p. 54. Sur les monuments non
cités ici, consulter S. Reinach, Les Gaulois dans l'art antique
Revue archéologique, t. xiii (1889), p. 187-203, 317-352.
LES SOURCES ET LA METHODE 49
des familles Aurélia, Cosconia, Domitia, Licinia, Pom[)o-
nia, Porcia, Sergia (1). Les monnaies autonomes de la
Gaule, sauf quelques exceptions (2), offrent non des por-
traits, mais des reproductions grossières d'effigies grecques.
Il est fort possible que le graveur ait parfois emprunté
quelque détail à la civilisation gauloise, mais, d'après A. de
Barthélémy (3), ce serait exceptionnel. « Le plus sage est
de chercher si telle figure, bizarre à première vue, ne
s'explique pas naturellement par la loi de dégénérescence. »
D'autre part, les détails de la gravure sont rarement assez
nets pour que l'on puisse décrire avec précision les objets
représentés. Les monnaies les plus anciennes sont généra-
lement dépourvues d'inscriptions; puis, apparaissent des
(1) Blanchet, Les Gaulois et les Germains sur les monnaies
romaines, Congrès international de numismatique, Bruxelles, 1891.
On trouvera des reproductions des monnaies gauloises dans le
Dictionnaire archéologique de la Gaule, t. i et ii ; dans l'Atlas de
monnaies gauloises (2.000 reproductions), publié par M. de la
Tour, Paris, 1892 ; cf. le Catalogue des monnaies gauloises de la
Bibliothèque nationale, par MM. Muret et Chabouillet, Paris,
1889 ; dans la Revue archéologique, t. xii (1866), pi. x et xi ;
t. XIV (1867), pi. III ; t. xLi (1881), pi. v, vi, vu ; t. vu (1886),
pi. m ; dans la Revue numismatique, t. i (1883), p. 1-19 (pi.) ;
t. II (1884), p. 1-2 ; t. III (1585), p. 137-156 (pi.) ; t. iv (1886),
p. 193-202 (pi.) ; t. xi (1893), p. 305-326 (pi.) ; t. xii (1894),
p. 12-46 (pi.) ; t. m (1899), p. 129-172 (monnaies du Mont-Beu-
vray) ; p. 258-273 (pi.) ; t. viii (1904), (p. 23-32 ; 297-316 ; chez
M. Blanchet, Traité des monnaies gauloises, Paris, 1905 (pi.),
qui tient compte de toutes les publications antérieures et con-
tient 620 reprodvictions de monnaies. M. Blanchet publie dans
la Revue celtique, depuis 1910, une chronique de numismatique.
(2) Voir surtout F. de Saulcy, Numismatique des chefs gau-
lois mentionnés dans les Commentaires de Jules César, Paris,
1867 ; Blanchet, Traité des monnaies gauloises, p. 153-157.
M. Babelon a recherché (Revue numismatique, t. vi (1902),
p. 3-35), l'effigie de Vercingétorix sur les monnaies gauloises et
romaines. Jullian, Vercingétorix, p. 353-357.
(3) Ra ue celtique, t. xi, p. 77. Cf. Revue ceUique, t. i, p. 292.
Cf. A. Blanchet, Traité des monnaies gauloises, p. 179-225.
G. DoTTiN. — Manuel de l'antiquité celtique. 4
50 A^JTHUOPOLOr.lE
lettres isolées ; puis, deux lettres réunies ou disposées en
niunogramines, enfin, des légendes, abrégées ou non, écrites
en caractères grecs ou romains. En haute Italie, on trouve
aussi employé l'alphabet étrusque, et en Narbonnaise l'al-
phabet celtibérien (1 . Les monnaies ont, au point de vue
archéologique, outre les représentations qu'elles peuvent
nous fournir, une grande importance, car elles permettent
souvent, lors(|u'ou est sûr qu'elles ont été enfouies en
même temps que les objets avec lesquels on les trouve,
de déterminer la date de ces objets. Malheureusement,
pour la période ((ui nous occupe, de telles déterminations
sont rarement (lossibles.
IV
La certitude dans l'identification des Celles que l'histoire
et l'archéologie ne nous donnent pas existe à un bien
moindre degré encore dans l'anthropologie (2j. Pour déter-
miner le type des anciens Celtes, nous pouvons utiliser
seulement les S(iuelettes trouvés dans des nécropoles que
pour des raisons archéologiques nous regardons comme
celtiques. D'autre part, la forme des crânes et les dimen-
sions des os ne peuvent suffire à caractériser une race.
Il n'y a pas de travail d'ensemble sur l'anthropologie
d'Hallstatt et de la Bavière. Mais les osspments enfermés dans
11) On trouve cet alphabet employé concurrement avec
l'alphabet grec sur des monnaies des Longostalètes. La tour,
Atlas de monnaies gauloises, n"^ 2350-2399.
(2) On trouvera la bibliographie de l'anthropologie celtique
chez W. Z. RiPLEY, The races of Europe, a sociological study,
London, 1900, p. 140-141.
LÉS SOLRCeS ET LA METHODE 51
les liimnli de Bourgogne et de Franche -Comté ont été étu-
diés (1). Les cimetières delà Marne ont fourni de nombreux
crânes, dispersés aujourd'hui. On a trouvé à la Tène une dou-
zaine de crânes et les restes d'une trentaine de squelettes (2).
On possède peu de crânes celtibères. Dans les Iles Bri-
tanniques, on a retrouvé peu de crânes antérieurs à la do-
mination romaine (3). On ne connaît aucun crâne de
Gaulois d'Asie (4). Il est inutile de chercher, au xx"" siècle
de notre ère, en déterminantl'indice céphalique des peuples
de langue celtique, à en conclure la forme du crâne des
Celtes du iv'' siècle avant notre ère. Les mélanges entre
peuples, les différences dans les conditions matérielles de
la vie et dans la situation géographique ont dû nécessaire-
ment modifier le squelette. En tout cas, actuellement.au
point de vue anthropologique, les Bretons sont aussi loin
des Gallois que, à certains égards, les Gallois des Ecos-
sais (5), si l'on s'en rapporte à des statistiques dont de
nouvelles recherches pourront modifier les conclusions (6).
Les œuvres d'art antique représentant des Gaulois ne
peuvent guère, étant donné qu'elles reproduisent sans
doute un type conventionnel, nous fournir des documents
anthropologiques (7).
(1) E. T. Hamy, Les premiers Gaulois. L'AnUiropologie,
t. XVII, p. 1-25, 127-139.
(2) Gross, La Tène p. 50-52.
(3) Greenwell, British harrows, Oxford, 1877, p. 129.
(4) G. Vacher de Lapouge, L'Aryen, son rôle historique,
p. 305-310.
(5) RiPLEY, The races of Europe, p. 127.
(6) Voir sur l'incertitude de ces données J. Loth, Annales
de Bretagne, t. xxii, p. 152-155.
(7) A. Bertrand et S. Reinacii, Les Celtes dans les vallées
du Pô et du Danube, p. 39.
52 LINGUISTIQUE
Les hypothèses initiales que nécessitent les démonstra-
tions de l'archéologie et de l'anthropologie ne sont pas né-
cessaires à la linguistique. Cette science se propose de re-
chercher les traces qu'a laissées la langue des anciens
Celtes, et de reconstituer ainsi une partie de leur civilisa-
tion et de leur histoire. Tout objet portant un nom celtique
a évidemment été en usage chez les Celtes. Toute idée dont
l'expression celtique a subsisté appartenait sûrement au
fonds intellectuel des Celtes. Tout peuple dont le nom est
formé de mots celtiques est vraisemblablement celte. Tout
lieu dont le nom s'explique par les langues celtiques a été
nécessairement occupé par les Celtes qui l'ont dénommé.
Cette méthode précise ne pourra donner des résultats com-
plets. Les Celtes ont pu emprunter à d'autres langues des
noms d'objets et d'idées ; ils ont pu adopter, pour dénom-
mer leurs tribus, des noms que des étrangers leur appli-
quaient ; ils ont pu occuper des villes sans en changer le
nom ancien.
Nous connaissons directement les anciennes langues cel-
tiques par les quelques citations qu'en donnent les écri-
vains grecs et romains ; ce sont pour la plupart, si l'on
excepte les noms de personnes et de lieux, des termes
techniques pour désigner des objets d'invention celtique
ou des noms de plantes cultivées en Gaule (1).
Le plus souvent, les écrivains qui nous les ont conservés
(1) Ces termes nous ont été conservés surtout par Pline, Dios-
coride, Apulée et MarccUus de Bordeaux,
LES SOURCES ET LA METHODE 53
et qui nous renseignent sur leur origine les ont empruntés
à des auteurs plus anciens. On peut, dans certains cas,
douter de l'exactitude de la transcription. Peu d'auteurs de
l'Antiquité ont été, nous l'avons dit, en rapport direct
avec des Celtes, et il est improbable que les mots qui nous
sont parvenus aient été recueillis verbalement par ceux
qui nous les ont transmis (1). La provenance est souvent
suspecte. Chez les Gr«cs, KeXxo- et PaÀiTat ne sont pas
toujours synonymes ; nous avons vu que pour Dion Cas-
sius, par exemple, Talixa'. désigne les Gaulois, et KeXto!
les Germains. De bonne heure, Gaîlia, Galli ont été des
expressions géographiques plutôt qu'ethnographiques et
ont désigné le pays situé entre l'Atlantique, le Rhin, les
Alpes, la Méditerranée, les Pyrénées, et les habitants de
ce pays. Dans un grand nombre de cas, nous ne pouvons
déterminer que par conjecture l'extension de ces termes.
Quand donc un écrivain grec ou latin nous dit qu'un mot
est gaulois ou celtique, nous ne savons pas toujours ce
qu'il veut dire par là. Le terme en question est-il em-
prunté à une des langues qui représentent l'état ancien des
langues celtiques actuelles, ou à un des dialectes parlés par
les peuples non-celtiques établis dans les territoires désignés
sous le nom géographique de Celtique '^ Si l'origine du
terme est souvent douteuse, la forme et le sens en sont
aussi sujets à caution, toutes les fois que nous ne pouvons
savoir comment l'auteur grec ou latin a pu le connaître et
(1) Ainsi, un scholiaste des Géorgiques (ii, 88) à propos du
mot volema qui désigne une espèce de poires, écrit : volema
Gallica lingua bona et grandia dicunlw. Or, on ne trouve aucun
mot semblable dans les langues celtiques, tandis que valaernon,
en osque, signifie i très bon ». Il est donc probable que le scho-
liaste a confondu le gaulois et l'osque.
54 LI.NfillFSTIOCE
qui lui en a fourni la traduction. Quant aux mots que les
écrivains du moyen-âge nous donnent comme gaulois, ils
appartiennent, évidemment, à la langue vulgaire parlée en
Gaule, langue qui n'était point, à cette époque, un dialecte
celtique, et Torigine celtique de ces mots ne peut être
prouvée que par la linguistique.
Les mots celtiques que nous offrent les inscriptions
grecques ou latines sont presque tous des noms propres.
Tandis que, chez les écrivains, le contexte i^ermet de dé-
terminer la nationalité, celtique ou non, d'un personnage,
il arrive souvent que, dans les inscriptions, la nationalité
n'est pas indiquée. Dans ce cas, les noms barbares ne peu-
vent être attribués aux Celtes qu'à la suite d'une minu-
tieuse comparaison linguistique, la provenance géogra-
phique d'un nom ne pouvant, à elle seule déterminer ni la
race, ni la nationalité, ni, à plus forte raison, la langue.
Mais, parmi les inscriptions découvertes dans les pays
(jui portent dans l'Antiquité le nom de ccltit/aes, il en est
(juelques-unes qui sont rédigées en une langue qui n'est ni
le grec ni le latin. Tant qu'on no les aura pas expliquées
d'un bout à l'autre à l'aide des formes anciennes des
langues celtiques actuelles, il serait téméraire de leur don-
ner le nom d'inscriptions celtiques. Du fait qu'on y trouve
des noms propres celtiques, on ne saurait rien conclure,
comble nous venons de le faire remarquer. Si même on
découvre dans une inscription quelques mots qui, expli-
qués à l'aide des langues celtiques, auraient un sens vrai-
semblable, il est peu scientifique d'en tirer une conclusion
sur la langue de l'ensemble de l'inscription, les langues
l)arlées en Gaule ayant sans doute emprunté quelques
mots au celtique, et, d'ailleurs, les co'iucidences fortuites
LES SOURCES ET LA METHODE 55
entre des mots appartenant à des familles de langues
différentes n'étant pas rares (1).
Le moyen le plus sûr pour connaître les anciens dialectes
celtiques est de les chercher dans les langues celtiques en-
core vivantes, dont nous avons des textes qui remontent au
inoins au ix" siècle. Ces langues se divisent en deux
,i;roupes:le gaélique, parlé en Irlande et en Ecosse ; le
i)reton, conservé dans le pava de Galles et importé dans la
Hretagne française au vi* siècle de notre ère ; au xviii^ siècle,
on parlait encore un dialecte breton dans la Cornouaillc an-
(1) Le premier recueil scientifique des mots celtiques que l'on
peut relever chez les auteurs de l'Anticpiité est dû à Diefenbach
Cellica, I. Stuttgart, 1839. Mais l'étude du vocabulaire, d'après
la méthode com})arative historique, a été faite pour la première
fois par le fondateur de la philologie celtique, I. G. Zeuss, dans
sa célèbre Graintndtica cellica, dont la première édition parut à
Leipzig en 1853. Après lui, Gliick a étudié spécialement les noms
celtiques que l'on trouve chez Ct:sAR [Die bel Caius Julius Ciesar
vorkommendcn keliischen Naiiien, Munich, 1857 ); J. Becker,
dans les Beitrœgede Kuun et Schleicher (t. m et iv) ; Pictet,
dans la Rente archéologique (1864, 1865, 1867) ; Ebel, dans la
seconde édition de la Grainmatica cellica (1871), ont renouvelé
en partie l'étude de la grammaire et de la lexicographie celtique.
A une époque plus rapprochée de nous, Wu. Stokes (surtout
dans Celtic declension, Bezzenberger's Beilrdge, t. xi, p. 64-175) ;
IL d'Arbois de JuBAiNvitLE (cu parliculicr dans Les mots
gaulois chez César et Hirtius, De bello gallico, Paris, 1891) ;
E. Ernault (Dictionnaire étymologique du breton moyen, Nantes,
1888 ; Glossaire moyen-breton, Paris, 1895-1896), ont montré
autant d'ingéniosité que de science soit en proposant des expli-
cations nouvelles de mots déjà interprétés, soit en essayant de
déterminer le sens de mots obscurs. R. Tiiurneysen (Kcltoro-
manisches, Halle, 1884) ; W. Mever-Luebke [Einfuhrung in
das Studium der Rowcinischen Sprach<>visse7ischaft, Heidelberg,
1901), ont étudié les éléments celtiques qui persistent dans les
langues romanes. Un bon précis de nos connaissances sur le cel-
tique continental et le vieux celtique de Grande-Bretagne est
contenu dans la Chrestomathie bretonne de J. Loth (Paris, 1890).
Voir aussi Windiscu, dans le Grundriss der Romanischen Phi-
lologie de Grœber, t. I, p. 283.
56 LINGUISTIQUE
glaise. La comparaison de ces deux groupes permet de dé-
terminer les éléments qui leur sont communs et qui for-
maient les caractéristiques de la langue commune des Celtes
ou Gaulois à l'époque lointaine où elle ne s'était pas sé-
parée en deux rameaux distincts. On peut même remonter
plus loin en comparant la langue celtique ainsi restituée
aux autres langues indo-européennes, rétablies, elles aussi,
sous leur forme la plus ancienne. Pour donner un exemple
de cette méthode, considérons quelques désinences de la
déclinaison en-o. En gaélique comme en breton, lés voyelles
brèves en syllabe finale sont tombées, en sorte que le mot
qui correspond au latin equos, grec "ttuo;, est en gaélique
ech, en breton * eb. Mais, en gaélique, les consonnes ont
deux sons : un son vélaire, quand elles sont suivies de a, o,
Il ; un son palatal, quand elles sont suivies de e, i. Or, le
eh de ech a maintenant encore le son vélaire. Il était donc
suivi primitivement d'une des voyelles a, o, u. La compa-
raison avec le grec et le latin nous montre que cette voyelle
était un o. Au génitif, on a eich avec un ch palatal ; donc
la voyelle tombée était un e ou un i ; le latin eqiil nous a|)-
prend que cette voyelle était /. Au vocatif, ech, axecch pa-
latal, était jadis terminé par c, comme le montre le lai in
eqiie. L'ancien celtique avait donc au nominatif, vocatif et
génitif de la déclinaison en o les mômes désinences que le
latin. Il n'y aura aucune témérité à restituer aux formes an-
ciennes des dialectes celtiques ces désinences perdues. De
même, on pourra rétablir, au commencement ou à l'inté-
rieur des mots, les voyelles ou les consonnes dont la com-
paraison des langues celtiques entre elles, d'abord, puis la
comparaison avec les autres langues indo-européennes, en-
suite, permettra d'établir la présence ancienne. Ainsi, si
LES SOURCES ET LA METHODE 57
l'on compare l'irlandais sét a chemin » au breton lient qui
a le même sens, on remarque qu'à l\s^ irlandais répond un
h en bretjpn, et que nt breton est représenté en irlandais
par t, avec allongement compensatif de la voyelle précé-
dente. Ces phénomènes ne sont pas propres au seul mot
sét-hent. On a de même pour s ^^ h : irl. sen « vieux »,
bret. hen ; irl. samail « semblable )s bret. hével; irl. sa-
lann « sel », gall. halen ; irl. sir « long », bret. hir, gall.
hir \ et pour /= nt: cet «cent», gall. cant; \x\.dtt
« dent », gall. dant, bret. dant. On sera donc fondé à res-
tituer * senlo comme la forme celtique antérieure à sét et à
hent. C'est sans doute ce mot qui a formé la seconde partie
de Gabro-sentum, nom d'une ville de Grande-Bretagne.
Les restitutions de ce genre nous donneront des formes cel-
tiques antérieures môme aux plus anciens exemples que
nous puissions recueillir de la langue des Celtes. On a pu
dresser le vocabulaire vieux-celtique que la méthode com-
parative permet d'établir (1). Ce vocabulaire compte en-
viron 2.250 mots. Outre l'intérêt de curiosité qu'il présente,
il est indispensable pour déterminer l'origine et l'étymo-
logie des mots qui nous sont donnés comme celtiques par
les écrivains anciens, ou que l'on suppose tels dans les
livres ou les inscriptions. Mais il ne faut pas dissimuler que
ce vocabulaire est loin de contenir tous les mots du vieux
celtique, et qu'on ne saurait conclure à la non-celticité d'un
mot du fait qu'il ne coïncide avec aucun mot du vocabu-
laire vieux-celtique restitué. D'autre part, les seules langues
celtiques qui aient persisté jusqu'à nos jours sont les
(1) Urkeltischer Sprachschatz, von Wh. Stokes und Ad. Bez-
zenbergeu (Fick, Vergleichendes Wôrterbuch der Indogerma-
nischen Sprachen, 'i^ éd., t. n), Gôttingen, 1894,
58 LINGUISTIQUE
langues des îles Britanniques, et elles ne nous fournissent
aucun renseignement direct surl'étatdu celtiquecontinental.
L'emploi de la méthode linguistique permettra, par
l'étude des noms de lieux et de personnes, de trouver les
traces d»'s Celtes là où Ihistoire ne les avait guère signa^.
lées. Il serait d'ailleurs téméraire de demander à cette mé-
thode plus quelle ne peut nous donner. D'abord les noms
propres sont souvent altérés et on ne saurait être trop pru-
dent quand on essaie den restituer la forme primitive.
Puis, les noms propres que pour des raisons de linguistique
nous regardons comme celtiques ne le sont pas tous à un
égal degré de vraisemblance. L'identité de forme d'un nom
propre ou d'un terme de nom propre avec un mot du vieux
celtique insulaire, quand d'autre part el'e entraine une
explication raisonnable du nom propre, nous amène très
près de la certitude scientifique. Lorsqu'il n'y a plus iden-
tité, mais seulement parenté de forme, ou lorscjue le sens
du mot celtique nous semble par trop éloigné du sens pos-
sible du nom propre, le rapprochement peut être dû au
hasard, lùifin, lorsque l'on sera arrivé à fixer, avec la plus
grande somme possible de vraisemblance, la qualité cel-
tique d'un nom de lieu, il restera encore à déterminera
f|uelle époque le lieu a été ainsi dénommé et quel rapport
cet établissement a avec l'histoire des anciens Celtes.
L'étude critique des noms de personnes présumés celtiques
présentera des difficultés analogues et plus grandes encore.
Quoi qu'il en soit, la méthode linguistique nous appor
tera, pour résoudre les problèmes que pose à chaque ins-
tant l'ancienne histoire des Celtes, une aide efficace, et
dresser l'inventaire des ressources qu'elle nous offre devra
être notre [iremier soin.
LES SOURCES ET LA METHODE 59
L'histoire, la linguistique, l'archéologie, l'anthropologie
nous renseigneront ainsi, à des degrés divers, sur les an-
ciens Celtes. Mais tandis que l'anthropologie nous fait con-
naître des types de la race humaine, l'archéologie des ci-
vilisations, la linguistique des langues, l'histoire seule nous
met en contact avec des peuples. Que la notion de peuple
ait été dans l'Antiquité plus confuse qu'aujourd'hui, il n'en
subsiste pas moins que les historiens et les géographes
grecs et romains ont eu l'idée d'un peuple celte, comme ils
avaient l'idée d'un peuple scythe on d'un peuple carthagi-
nois. Quelque inexacte dans le détail que soit cette idée,
nous n'avons en tout cas rien de plus solide où nous
prendre quand nous cherchons, presque à tâtons, les an-
ciens Celtes. Ce sont donc les témoignages des anciens qui
constituent le fonds même de notre science. La linguistique
se tient sur un terrain moins large et plus sur ; mais nous
avons à déterminer qu'un mot est celtique par une mé-
thode qui, quelque minutieuse qu'elle soit, n'apporte pas
une certitude absolue Attribuer aux Celtes un objet, un
monument, ou un type déterminé ne sera possible que si
les textes nous en ont laissé une description qui réponde
assez exactement à la réalité. Si nous ne voulons pas ris-
quer d'errer au hasard, il faudra nous résoudre à ne nous
servir de la linguistique, de l'archéologie et de l'anthropo-
logie que comme de sciences auxiliaires de l'histoire et à ne
faire intervenir les renseignements qu'elles nous four-
nissent que pour commenter et vivifier les textes histo-
riques.
CHAPITRE II
LA LANGUE (1)
Les noms communs conservés par les écrivains Grecs et Latins.
— ■ Les inscriptions gauloises en caractères nord-étrusques, en
caractères grecs, en caractères latins. — Les inscriptions la-
tines et grecques. — Les noms propres de personnes et de
lieux ; sens des éléments qui entrent dans la composition des
noms propres. — Les mots restitués par la linguistique. —
Caractéristiques du vieux celtique. — Histoire du celtique
continental ; sa disparition. — Les celtomanes ; le breton,
ancêtre du français.
Si l'on en juge par l'étendue des répertoires où les re
liques linguistiques des anciens Celtes nous ont été conser-
vées, il semljle que nous puissions nous faire du vieux cel-
tique une idée exacte et précise. Le Dictionnaire ginilois de
Roget de Belloguet (2) ne contient guère que 500 mots.
Mais le Alt-celfischcr Sprachs(/i(itz,d'A\lved Holder, encore
inachevé, en compte déjà plus de 30.000. A ne considérer
que ce total, on connaîtrait donc près de dix fois plus de
mots celtiques que de mots gothiques (3). 11 s'en faut pour-
tant, et de beaucoup, que l'on soit aussi bien rensei-
gné sur la langue des anciens Celtes que sur celle dos
(1) Cf. JuLLiAN, Histoire de ta Gaule, t. ii, p. 360-379.
(2) Ethnogénie gauloise, t. i.
(r() Le texte d'Ulfilas ne contient guère plus de 3,000 mots
(Jifférents ,
LA LANGUE 61
Gots. Si l'on étudie les éléments dont se composent les
vocabulaires du vieux celtique, on remarque d'abord
que les noms propres y entrent dans une énorme pro-
portion ; les noms communs n'y figurent guère que dans
la mesure de 4 0 0; la plupart de ces mots sont isolés;
quelques-uns seulement font partie de courtes phrases ; à
peine peut-on soupçonner l'existence de quelques formes
verbales. De plus, ce qui est pire, nous ignorons la signi-
fication de presque tous les mots donnés comme celtiques ;
les auteurs de l'Antiquité nous en ont traduit environ 250 ;
la comparaison avec les dialectes celtiques modernes per-
met en outre d'en expliquer environ loO, dont un grand
nombre de noms propres. Enfin, il ne faut pas dissimuler
qu'on fait figurer dans les vocabulaires celtiques non seu-
lement les mots des divers dialectes celtiques de Grande-
Bretagne, de Gaule, de l'Europe centrale, d'Espagne, d'Ita-
lie et de Galatie, mais encore tous les mots qui, transmis par
les auteurs de l'Antiquité, ne sont ni grecs ni latins. Ils
peuvent être, aussi bien que celtiques, ligures, ibères, ger-
maniques. Il n'est possible de faire le triage qu'en essayant
d'identifier les mots barbare^ avec les mots conservés dans
les dialectes celtiques modernes, après avoir toutefois res-
titué à ceux-ci la forme qu'ils avaient aux environs de l'ère
chrétienne.
Dresser en quelque sorte le bilan du vieux celtique en
classant à part les mots qui peuvent sans trop de difficulté
s'expliquer par les langues celtiques et ceux qui attendent
encore de cette méthode une explication raisonnable, tel
sera l'objet de ce chapitre (1). Le plan suivi dans l'exposé
(1) A la suite de chaque mot, nous indiquons le texte ancien
où il est donné comme celtique.
62
.NOMS COMML'NS
est emprunté au Glossaire gaulois de Roget de Belloguet. A
son exemple, je traiterai successivement : i" des mots cel-
tiques chez les écrivains de l'Antiquité : ceux qui sont
donnés expressément comme celtiques, ceux qui sont
vraisemblablement donnés comme celtiques, ceux qui ne
sont pas donnés comme celtiques, mais que nous avons
des raisons de croire tels ; 2" des inscriptions gauloises ;
3° des noms propres celtiques. J'ajouterai une courte
étude sur les mots du vieux celtique continental que l'on
n'a pu relever nulle part, mais dont l'existence est attestée
par l'accord des langues celtiques modernes et des langues
romanes.
1. Mots celtiques chez les écrivains db l'antiquité
1° Mots donnés' expressément connue celtiques.
Parmi les mots donnés expressément comme celtiques
par les écrivains de l'Anliquité, voici ceux qui correspon-
dent à des mots conservés parles langues celtiques (1).
xôpjjLa (Poseidônios, chez Athénée, IV, 36, p. 132'^),
•M'jpii: (Dioscoride, II, 110). C'est l'irlandais co/rm,, en vieux
gallois kuref, c^vrf « bière », gall. mod. c^vnv ; cf. cen'esia
ci-après, p. 83.
pâpoot (Poseidônios, chez Athénée, VI, 49, p. 246"'') ;
hardus « gallice » cantor qui virorum fortium laudes canit
Paul Diacre, extrait de Festus, p. 34; en irlandais bard, on
(1) Je n'ai pas donné tous les mots qui, dans les langues néo-
celtiques sont identiques ou apparentés à leurs ancêtres vieux-
ccltiqucs ; mais seulement ceux dont la parenté était visible,
même à des personnes n'ayant aucune préparation linguistique.
LA LANGUE 63
gsWois banld « poète» (1). Cf. le nom de lieu Bardo-magos.
ambactus « servus » (Eonius ; César, IV, 15,2; Paul
Diacre, extrait de Festus, p. 4) ; en gallois aniaeth, « la-
boureur ».
bulga « petit sac de cuir » (Paul Diacre, extrait de Fes-
tus, p. 3o) ; en irlandais boig, gallois boly « sac, panse » ;
c'est le vieux français bouge « sac ».
SputSai (Pseudo-Aristote, p. 1479 a), opouîoai (Diodore,
V, 31, 4); druides {Céssiv, De bell. gaîl., VI, 14, 1), rf/-«ù/ae
(Gicéron, De DU'.. I, 41, 90), drasidae, dryaridae (Tiraa-
gène, chez Ainmien Marcellin, XV, 9, 4 ; 8) ; en irlandais
drui, pluriel druid.
arepennis, mesure de surface (Colu nielle, /^e re rust.,
V, 1, 6), semble identiqueà l'irlandais a wc/im/i = a/'epewni.
C'est le français arpent.
sasia (ms. a^ia) a seigle » chez les Taurini (Pline, Nat.
hist., XVIII, 40, 141) correspond au gallois haidd, bret.
heiz « orge ». Ce serait un mot gaulois emprunté par les
Ligures.
b ra ce &CC. braccfn « farine de choix » (Pline, .V«/. hist.,
XVIII, II, 62) dont on fait la cervoise (Glose chez Ducange) ;
en irlandais braich k malt », gallois brag ; c'est le vieux
français brais « orge broyée pour préparer la bière ».
rëda, nom d'une voilure gauloise à quatre roues ( Quinii-
lien, I, 5, 57 ; Uidore, Origi?ies^ xx, 2, 1) ; en irlandais, dé-
riad glose bigae ; riad signifie : « course, transport » ;
mais en gallois fJuvydd signllie : « aisé, libre », bret. roue:.
reno « vestis de pellibus » (Salluste, Hist., III, fragm.
(1) Stokes, {Urkeltischer Sprachschatz) rapproche ce mot du
V. prussien gerdaut « parler ».
64
NOMS COMMU.NS
104 ; Varroa,i)e li)ig. Int., V, 35). Il y a en irlandais un
mot rôin, gallois rhawn,\(im signifie : « longs poils rudes »,
« crinière de cheval », et qui suppose un vieux celtique :
rdni-, râno.
benna « genus vehiculi » (Paul Diacre, extrait de Festus,
p. 32) ; en gallois henn « chariot » ; fr. banne L'extrait de
Festus cite aussi le composé com-bennônes « in eadem
benna sedentes. »
[air/.a (ace. i^ip>'-2'''), noui du cheval chez les Celtes (Pau-
sanias, X, 19, 11) ; en gallois mardi, breton marc h.
gacsa (YaTja) « javelots » (var. cesa, caesa) mot gaulois
d'aprèsServius(.4c^ Aen. VIII, 660). adopté par les Romains
(César, B. G. 111,4,1), mais apparenté à l'irlandais gfh', gde,
gallois gwaew. Polybe(II, 22) rattachant sans doute ce mot au
grec -(iz,% « trésor » traduit raïaà-ratpar «mercenaires » (1).
•/.àpvov « corne, trompette » chez les Galates (Hésychius),
cf. /.ipvj; « trompette » des Celtes (Eustathe ad Jîiad.
^'Ài9), est sans doute le gallois et breton car/i «corne,
sabot de cheval » ; v. gallois carn « corne à boire ».
chrotta (var. roita) « harpe « des Bretons (Fortunat, VII,
8, 64) ; en irlandais crot, en gallois croth. crwth ; mais le
vieux français a rote.
ovriQ'i « TÔTTov èEé)(^ovTa )) (CUtophon, chez le Pseudo-Plu-
tarque,i)e5 fleuves, W, 4) « dunum enim montem » [Glos-
saire d'Endlicher) (2) ; « gallica lingua montem vocari dunum
(1) Cf. l'étymologie de VEtymologicon Magnum : o't tt.v TV
^ïlxo'JVTs; qui est un véritable calembour.
(2) Ainsi nommé du philologue qui le découvrit dans un ma-
nuscrit du ix^ siècle conservé à la bibliothèque de la cour de
Vienne. Il a été publié avec toutes les variantes, par H. Zimmer,
à
LA LANGUE 65
studiosis non est incognituin (Sigebert, Vita Deoderici,
ch. 17). C'est l'irlandais dûn « forteresse >, gallois din.
TiitxTtéSooAat (var. TroiJLTrafoouXa, pompedulon) chez Diosco-
ride (IV, 42) et Apulée {De herb., 2) « quintefeuille » « po-
tentille ». C'est le breton pempdelyen, qui, d'ailleurs, ne
remonte vraisemblablement pas au vieux-celtique, mais a
été calqué sur le mot français. Le second terme du mot
composé est mieux conservé dans l'irlandais c^M//e=*c?aiZw.
(j)co6i/5v < sureau » (Dioscoride, IV, 171) doit être iden-
tique au gallois ysgaw, breton scao.
ratis « fougère » (Marcellus, De medic, XXV, 37) ; en
irlandais raith, en breton raden, gallois rhedyn.
[pj renne « arborem grandem » (Endlicher) ; en breton
et gallois prenn « bois », irlandais crann.
avallo « poma » (Endlicher) : en breton ai^al « pomme » ;
gallois afall, irlandais ahall ; cf. le nom de lieu Aballo
« Avallon » .
trinanto a très valles », nanto « valle » (Endlicher) ; en
gallois nant « vallée » ; Trineint, « Trois Vallées », nom
gallois de Turnant.
lauiro « balneo » (glossaire d'Endlicher), apparenté à l'ir-
landais loathar « bassin >, lôthur « canal » ; en breton loiiazr
« auge ».
camhiare « rem pro re dare » (Endlicher) ; en breton
kemma. Camhiare a passé par l'intermédiaire du latin dans
les langues romanes, fr. changer.
Zeitschrift fiir vergleichende Sprachforschung, t. xxxii, p. 230-
240.
G. DoTTiN. — Manuel de l'antiquité celtique. 5
66
NOMS COMMUNS
bessus « habitude w (Virgile le Grammairien, 14) ; ap-
parenté à l'irlandais bés, breton boas « coutume ».
D'autres mots, qui n'ont pas de correspondants exacts
dans les langues celtiques, peuvent néanmoins être inter-
prétés en tout ou en partie à l'aide de ces langues :
vergobretus, magistrat suprême des Aedui (César, De
bello gallicOyl, 16, 5) ; mot composé dé (^ergo-,v. bret, guerg
« efficace, qui accomplit » et de breto-, irlandais breth
« jugement ».
petorritum (Varron, chez Aulu-Gelle, XV, 30,7), char
gaulois à quatre roues (Festus, extrait, p. 207) ; mot formé
de petor-, en gallois m. pedwar^ i. pedair, « quatre »,
cf. le nom de ville de Grande-Bretagne ii£xouap(a ; irlandais
cethir « quatre » ; et de ritum, cf. irlandais roth « roue >\,
ou rith (( course », breton redek, gallois rhedeg « courir ».
Petora signifie « quatre » aussi en osque.
candetum, mesure de surface valant cent pieds (Colu-
melle. De re riist., V, i, 6 ; cf. Isidore, Orig.^ XV, 15, 6),
est sans doute dérivé du mot signifiant « cent », gallois
cant.
covinnus, char de guerre des Bretons (Mêla, III, 6, 52) et
des Belges iLucain, I, 426), peut être rapproché du gallois
cywein {=*co-vegno-) « voiturer » ; cf. aussi l'irlandais
fén = *vegnos « chariot ». Ce mot a donné le dérivé laliu
covinnarius.
eporedias Galli bonos equorum domitores vocant (Pline,
Nat. hist. ^111,21, 123), sans doute composé deepo-,y.
gallois ep, irlandais ech « cheval », et d'un mot de la même
racine qaereda (ci-dessus, p. 63), en gallois eb-rwydd c( vif,
rapide ».
LA LANGUE 17
acaunu-marga « marne pierreuse » (Pline, Nat. hist.^
XVII, 4, 44) est formé des deux mots celtiques acaunum et
marga {voir p. 71).
glisso-margau marne blanche» (Pline, Nat. hist., XVll,
4, 46) a sans doute pour premier terme un mot apparenté
à l'irlandais glés « éclat », gallois ghvys » pur ». Chez les
Aestii, l'ambre s'appelle glesiim (Tacite, Germ. 45, cf.
Pline, Nat. hist., XXXVII, 11,42.
rufius, sorte de lynx (Pline, Nat. hist., VIII. 28, 70),
pourrait avoir quelque rapport avec l'irlandais rob « qua-
drupède. »
oùipTpaYoi, chiens rapides (TïoSwxetç) dans la langue des
Celtes (Arrien, Cyneg., 3,6 ; cf. Grattius Faliscus, Cyn.
203-206), semble composé de i>er-, irl. for-, particule in-
tensive, et trago-, cf. irl. traig « pied » ; en v. fr.
veltre.
Tpi(j.«pxi<iîa, ensemble de trois cavaliers (Pausanias, X,
19,11) ; composé de tri-, irl. tri u trois », et marcisia, dé-
rivé de marca, gall. march a cheval ».
^er/îeiM5, plante herbacée (Marcellus, Demedic, IX, 181),
est sans doute dérivé de *vern-, en irlandais jern, en gallois
gwern « aulne ». Cf. le nom de lieu Vernetum. On trouve
venia « aulne » {Corpus gloss. lut. lu, 596,35).
baditis, nom gaulois du nénuphar (Marcellus, De medic,
XXXIII, 63) est sans doute parent de l'irlandais bàdud
'< plonger », gall. boddi.
calliomarcus « pas-d'âne, tussilage » (Marcellus, i)e medic. ,
XVI, 101). Le second terme du mot est *marcos « cheval»,
gallois march : le premier termo pourrait être l'irlandais
68 >OMS COMMU>S
caill « sentier » (Glossaire de Cor mac). Cf. le nom de lieu
Calle-marcium.
visumarus « trèfle » (Marcellus, De medic, III, 9), dont
le second terme est marus, irl. mâr « grand ».
8poûYY<>; S^ p.jxTii^p e'touv p'jyx.°^ xaÀETTat en Galatie (Saint
Épiphane. Ad haer., II, 1, 14). Ce mot est sans doute ap-
parenté au gallois trwyn t nez « ; pour t = d, cf. irl. druim
« dos », gall. tram.
dusii : demones quos dusios Galli nuncupant (Saint Au-
gustin, Deciv. Dei, XV, 23), peut s'expliquer par l'irlan-
dais duis (Glossaire d'O'Davoren) (1) « noble »>. Les déno-
minations honorifiques de ce genre pour les génies et les
fées ne sont pas rares (2).
vernenietis quod quasi « fanum ingens » Gallica lingua
refert (Fortunat, Cann., I, 9) ; composé de ver, qui sem-
ble une particule intensive, irl. jor, v. bret. wor, et de ne-
metis, irl. nemcd « sacellum ». Gf. Ver-nemetum en
Grande-Bretagne et le nom de personne gallois Gor-nivet.
bagaudae, révoltés gaulois (Aurélius Victor, De Ca&s-.,
XXXIX, 17), cf. irl. bâg « combat ».
aremorici « antemarini quia are « ante » , mare a mare »? ,
morici « marini » (Endlicher) s'explique par are, irlandais
air « sur » ; gallois et breton mor « mer », irlandais muir
(1) Wh. Stokes, Three Irish Glossaries : Cormac's Glossary
O'Davorens Glossary and a Glossary to the Calendar of Oengus
the Culdee, with a préface and index, London, 1862.
(2) On a rapproché ce mot du v. si. diicfiû « souffle » diisa
« âme », lit. d^vnsè « souffle », dùsas « exhalaison », m. h. a. get-
was > spectre » lat. lertdis. O. Schrader, Realle.ricon der In do-
germanischen Altertumskunde , Grundziige einer Kultur- itnd
Vôlkergeschichte Alteuropus, Strasbourg, 1901, p. 28.
LA LANGUE
69
= *mori. César (VII, 75, 4) semble traduire aremoricae p&T
" quse Oceanum attingunt ».
arevermis « ante obsta » ? (Endlicher) contient aussi
are-.
caio « breialo sive bigardio « (Endlicher), irl. câi « mai-
son t, V. br. cai « haie » gallois cae =''cagio- ; fr. chai ;
quai.
liigdunum : lugduno « desiderato monte » (Endlicher) ;
(f lucidus mons » {Vit. S. Germ. Aiitess. IV, 2, 2) ; le se-
cond terme de ce mot est connu dans les langues celtiques :
irl. dûn, gall. din « forteresse », en français dune.
treicle « pede » (Endlicher ; ms. ireide), à rapprocher de
l'irlandais traig, gallois troed.
ysarnodori... Gallica lingua... ferrei ostii [Acia Sanct.f
Ijun. I, p. 50). Ce mot peut, en effet, s'expliquer par wamo-,
en irlandais iani = *isarno- « fer » et doro-, en breton dor
« porte » ; doro « ostio « (Endlicher).
allobrogae : ideo dicti quoniam brogae Galli agrum di-
cunt, alla autem aliud, dicti autem Allobroges quia ex alio
loco fuerant translati (Schol. Juvénal, VIII, 234) ; alla- est
le vieil irlandais ail « autre » ; brog- est le vieil irlandais
briiig « pays », cf. le gallois all-fro « exilé )).Broga a sub-
sisté dans divers dialectes de la langue d'oc avec le sens de
« bord, haie » (1).
Il y a des mots qui ne semblent pas avoir été conservés
par les langues celtiques, mais qui, empruntés par le latin,
se retrouvent souvent dans les langues romanes, où ils
(1) A. Thomas, Revue Celtique, t. xv, p. 216-219.
70 NOMS COMMUNS
peuvent provenir soit du latin, soit du vieux celtique.
Quelques-uns de ces mots ont passé du latin ou du français
dans une ou plusieurs langues celtiques (1).
omasum « triperie » (Naevius, chez Nonius, p. 151, 1).
mot latin donné comme d'origine gauloise par un gram-
mairien {Corpus glossarioriini latinoru?n, II, p. 138, 29).
sagiis (Ennius, chez Nonius, p. 223. 30). Ce mot peut
être d'origine celtique (cf. Isidore, Orig., XIX, 24, 13),
mais il a été latinisé, et c'est du mot roman saga, fr. saie,
que vient l'irlandais sâi <s tunique » ; le breton sae « robe »
est emprunté au français.
caterva « troupe » (Plante, Cist. 510) formation straté-
gique des Gaulois d'après Végèce {Epit.,rei mi7.II, 2);
mot gaulois d'après Isidore {Orig., IX, 3).
braca (Lucilius, 11, fragm. 303 ; Diodore, V, 30), âpx/s;,
Ppà/.xa. (Hésychius) peut être d'origine celtique (cf. Hésy-
chius), mais appartient, en tout cas, à un dialecte très
différent de celui qui a donné le gallois gnregys par gn' et
non par b ; il s'est répandu sous la lovmebraga dans toutes
les langues romanes, par exemple, fr. braie, et a été em-
prunté par les Bretons Armoricains : bragou « culotte », et
par les Gaëls : broc « chaussure ».
essedum, voiture des Gaulois, Belges et Bretons (Gicé-
ron, Ad Trebat. epist., VII, 7, 1 ; César, De bello galL, IV,
32, o ; Virgile, Georg.,llk, 204; cf. Servius, /. c, qui en
attribue l'usage aux Belges) ; cf, Mandu-essedum, Turv-
(1) Sur ces emprunts, voir J. Loth, Les mots latins dans les
langues brittoniques, Paris, 1892 ; J. Vendryès, De hibernicis
^ocabulis qux a latina lingua originem duxerunt, Lutetiae, 1902,
LA Langue
74
cssediim; essedarius » Conducteur d'esseda ». Ce mot a été
emprunté par le latin.
mannus^ petit clieval do trait (Lucrèce, III, 1063) des
Gaulois (cf. Consentius, éd. Keil, t. V, p. 364, 1. 9).
Est-ce le premier terme du nom de ville de Grande-Bre-
tagne Mandii-essediim ?
lancea « javelot », mot emprunté par les Romains aux
Hispani, d'après Varron (Aulu-Gelle, XV, 30, 6. Cf. Dîo-
dore, V, 30).
laena, laina, vêtement de dessus fabriqué en Gaule (Stra-
bon, IV, 4, H ; cf. Isidore, Orig., XIX, 23, 1) ; c'est peut-
être le grec yXatva.
marga « marne " fPline, Nat. hist., XVII, 4, 42); le mot
français vient du diminutif margula, v. fr. marie ; le breton
marg doit être emprunté à quelque dialecte français.
haliis « symphytum » (Pline, Nat. hist., XXVI, 42, Sq;
XXVIT, 26, 41) n'est donné expressément comme gaulois
que par Marcellus (De medic, XXXI, 29). Le texte des
manuscrits de Pline porte : (« halus autem quam Galli sic
(corr. sil) vocant > ; sil est d'origine obscure.
sâpo, teinture employée par les Gaulois pour rougir
leurs cheveux (Pline, Nat. hist., XXVIII, 51, 191). Ce mot
a pénétré dans les langues romanes, par exemple, fr. savon,
qui, par contamination avec bret. soaff < sébum », a donné
le breton soavcn, saon.
çettonica (var. bettonica) « bétoine » (Pline, Nat. hist.,
XXV, 46, 84 ; Celse, V, 27, 10) n'est conservé que dans
les langues romanes. Cf. Vettones, nom d'un peuple d'Es-
pagne.
72
IVOMS COMMUNS
alaiida « alouette », mot gaulois d'après Suétone,
{Caes. 4, cf. Pline, Nat. hist.,Xl, 44, 121) n'est conservé que
dans les langues romanes, par exemple : v. fr. aloue.
viriolae « bracelet » en celtique ; viriae en celtibère
(Pline, Nat. hist., XXXin. 12, 40) ; fr. i>irole.
candosoccus, mss. candosoccos, var. ando occos a marcotte
de vigne » (Columelle, De re rust., V, 5, 16) semble avoir
pour second terme le mot roman qui, sous sa forme fémi-
nine, a donné le français « souche >> ; l'irlandais soc, gal-
lois swch, signifie « soc de charrue ».
bascauda (var. mascauda), vase breton (Martial, XIV,
89) ; v. fr. baschoe.
larix, nom du mélèze dans la Gaule subalpine (Diosco-
ride, I, 92), est conservé en italien et rétoroman. Est-co
une transcription latine d'un mot celtique correspondant à
l'irlandais dair, gén. darach « chêne »"/
menia « menthe k, mot d'origine gauloise d'après Apulée
{De herb., 91), a passé en latin, et de là, par emprunt sa-
vant, dans les langues celtiques : gaélique nieannd, breton
metit, irlandais miontas.
baccar, « asaret », nom gaulois d'après Dioscoride (1, 9),
passé en latin (Virgile, Bac. IV, 18) ; le gaélique bachar, di-
gitale, est d'origine savante. Le nom supposé gaulois est
plutôt grec ou sémitique (1).
salianca, nom du nard chez les peuples des Alpes, var.
aa/.iojYxa, àXtou-j-Y^»» àÀiojàjy.a (Dioscoride, I, 7, 9, cf. Vir-
il) J. ZwicKER, De i'ocabidis et rébus gallicis sive tratispadanis
apud Veri^iliiim, Lipsiœ, 1905, p. 51-54.
LA LANGUE 73
gile, Bue. V, 17), a passé en latin. Cf. SaXiô^xavoc XtjjLVjv en
Gaule (Ptolémée, II, 6, 52). Ge mot peut être ligure (1).
leiiga (var. leuca^ leiiva), mesure gauloise (Itiner. Ant. ;
Saint Jérôme, in loel, 3, 17 ; Ammien Marcellin, XV, 11,
17), conservé dans les langues romanes, fr, lieue, a passé
du français en breton : léo.
gigarus « serpentaire » (Marcellus, De medic, X, 58) est
conservé dans l'italien gicaro « pied-de-veau », Arum.
cavannus « chat huant », mot gaulois d'après le scholiaste
de Berne (Ad Virg., Bue. VIII, 55). Le moyen breton eouan
est emprunté au français. Le gallois euan est peut-être
d'origine celtique, si eavannus n'est pas d'origine latine
gnatus « filius », lingua gallica {Corpus gloss. lat., V,
p. 635, 3). L'irlandais g/^rf///, gallois gnawd « accoutumé >,
semble être un mot différent. Gf nate, p. 80.
Mais le plus grand nombre des mots donnés comme cel-
tiques par les auteurs de l'Antiquité ne peuvent s'expliquer
par les langues celtiques et ne sont pas conservés par les
langues romanes. Tels sont :
padi « sapins », donné comme gaulois chez Métrodore de
Scepsis (Pline, Nat. hist., III, 2u, 122).
taxea « lard » (Afranius, fragm, 284), domné comme
gaulois par Isidore {Origines^ XX, 2, 24).
urus « bœuf sauvage » (Gésar, VI, 28) donné comme
gaulois par Gaecina chez Macrobe {Sat. VI. 4, 23). Gf. le
nom de lieu Uro-magus.
(1) Cf. .T. -A. GuiLLAUD et A. Cuny, Revue des études anciennes,
t. XI, p. 246-252 ; 364-365 ; xii, 183-185.
74r NOMS COMMUNS
Cimhri lingua gallica latrones dicuntur (Paul Diacre,
extrait de Festus, p. 43). Mais Plutarqae {Marins, \\)
donne le mot comme germanique.
ceva (var. geua), espèce de vache de la Gaule cisalpine
(Columelle, VI, 24, 5).
marcus ou emarcus « vigne médiocre », mot employé en
Gaule (Columelle, III, 2, 55).
casnar (var. casamo) « affectator » ou « assec(âtôf »
(Quintilien, Institui., I, 5, 8).
Xoùyoc « corbeau » (Clitophon, chez lePseudo-Phitarque,
Des fleuves, VI, 4). Ce serait, d'après Clitophon, le premier
terme de Lugdunum (1).
£[ji7:ov:?,v... « k),).r,v'.(Txl 'T,ptut8a )i (Plutarque, Erot., 25).
C'est le nom ou le surnom delà femme de Sabinus, ailleurs
appelée Epponina (Tacite, Histoires, IV, 67), n£7:ov;XXa
(Dion Cassîus, LXVI, 16).
exactim, espèce de centaurée (Pline, Xat. hist., XXV, 31,
68) ; il est douteux que ce mot soit, comme le suppose
M. Ernault, apparenté au breton eaiig « roui », car Pline
explique ce mot par « qui fait évacuer ».
glastiiDi, pastel (Plhic, ?\at. hist., XXII, 2, 2), a peut-
être quelque rapport avec l'irlandais glas « vert, gris » et
le breton glas « vert, bien ».
passernices, pierres à aiguiser, dans la Gaule transalpine
(Pline, Nat. hist., XXXVI, 47, 165).
limeiim « cervarium », herbe fournissant un poison dans
(1) Voir A. HoLDER, Le mot soi-cUsant gaulois }.o~jyoç, Revue
celtique, t. xxvi, p. 129.
ÎA LANGUE 75
lequel les Gaulois trempent leurs flèches (Pline, Nat. hist.,
XXVII, 76, 101), ellébore.
plaumoraii, corrigé en ploum Raeti, charrue à deux
roues des Rètes (Pline, Nat. hist., XVIII, 48, 172).
rodarum, nom gaulois de la Spiraea ulmaria (Pline,
Nat. hist., XXIV, 112, 172).
samolum (var. samosum, famosum), nom gaulois du sé-
neçon (Pline, Nat. hist., XXIV, 63, 104).
cela, sorte de céréale semblable à la sésame, en grec
ip'j(jt|jtov (Pline, Nat. hist., XXII, 75, 1S8).
cruppellarii « gladiateurs gaulois cuirassés » (Tacite,
iA?inales, III, 43) ; il semble difficile de rattacher ce mot au
gallois crwb a bosse ».
galba « praepinguis » (Suétone, Galba, 3).
Tiéxpivo;, Ç'jvYjfJia, xoXoûtSYov (var. axoXojxEyov) façons de
lancer le javelot chez les Celtes (Arrien, Tact., XXXVII, 4;
XLII, 4 ; XLIIl, 2).
^EXiou/.âvoa;, nom gauloisde ïAchillea millejolium (Dios-
coride, IV, 113), beUocandium (Apulée, De /lerè., 89). Peut-
être le second terme serait-il le celtique ca^ic^o-, bret. cann
« blanc ».
betilolen, nom gaulois de la bardane (Apulée, De herb.,
36).
^iXivouvxîa (Dioscoride, IV, 69), bellimintia (Apulée, De
herb., 4), « jusquiame »,tire peut-être son nom de Belenus,
lom d Apollon en celtique ; cf. Apollinaris, nom de la
nème plante en latin.
7B
iNOMS COMMUNS
holusseron (var. holus serron, -sellon), nom gaulois du
lierre noir (Apulée, De herb., 99).
haematites {Apulée, De herb.^ 49) « héliotrope » semble
un mot grec.
oualidia « camomille » (Apulée, De herb., 23).
oùaoup(|ji « lauréole » (Dioscoride, IV, 147), usuben, var.
eugubim (Apulée, De herb., 28).
Ttovép. (( armoise » (Dioscoride, III, 117).
titumen « armoise » (Apulée, De herb., 10).
lira a satyrion orchidée » (Apulée, De herb., 16) semble
être le grec oùpâ.
Tap§T,Xo8â9iov var. xapPrjXoOàSiov « plantain » (Dioscoride,
II, 152). Une très ingénieuse correction de Zeu8s(l) a trans-
formé ce mot en Tapootaoàtiov, qui pourrait s'expliquer par
le gallois tarw « taureau > et tafod « langue » .
vigentiana « millefeuille » (Apulée, De herb., 89) semble
un mot latin. Dioscoride (UI, 138) dit oJîyvTjTa.
àvEij/â, li.'^vio^ « hellébore blanc » (Dioscoride, IV, 145),
laginen (ace.) chez Pline [Aat. hist., XXIV, 89, 139).
aXêoXov « Galeopsis» (Dioscoride, III, 33) semble le latin
albulum.
(TXTrâva (var. xépxEp) « mourou des champs > (Dioscoride,
II, 209).
x(ipva « aigremoine » (Dioscoride, II, 208).
•yeXaaovÉv « cotonuière » (Dioscoride, III, 122).
îoo;jL6apoJ|jt « hellébore noir » (Dioscoride, IV, 16).
(1) Grammatica celtica, 2^ éd., p. 77.
LA LANGUE 77
'ouTCt/iXXoujov « genévrier » (Dioscoride, I, 103), semble
une corruption du latin juniperus. *
[jtEoiaeijjiôp'.ov « mélisse » (Dioscoride, III, 108) n'a sans
doute aucun rapport avec l'irlandais semar « trèfle ».
TîïTTêpà/.ioujji « iris des marais » (^Dioscoride, I, 2), pipe-
rapium (var. piperatium) chez Apulée {De herb., 6)
semble latin.
axouêoûXoufx « morelle noire » (Dioscoride, IV, 71).
c7ou6''tt)i; var. ao'jtj3(xr,; « lierre » (Dioscoride, II, 210) me
semble difficile à rapprocher de l'irlandais suibh « fraise >,
gallois syfi « fraises » .
laupojy. « glaïeul » (Dioscoride, IV, 99).
Oéttjjiov «clématite » (Dioscoride, III, 6).
9û)va « grande chélidoine » (Dioscoride, II, 211).
Sojxwvé « hièble » (Dioscoride, IV, 172), ducone (Apulée,
De herb., 92). Cf. odocos, ci-après.
Taaxô; uap' aùxoT; (en Galatie) iriaaaXo; « pieU » /.aXeïxat
(Saint Épiphane, Adhaer., II, i, 14).
blutthagio, nom gaulois d'une plante marécageuse (Mar-
cellus. De medic.y IX, 132).
bricumum, nom gaulois de l'armoise (Marcellus, De
med., XXVI, 41). Cf. ponem (p. 76).
calocatanos « coquelicot » (Marcellus, De medic, XX,
68) semble un mot grec.
gilarus « serpolet » (Marcellus, De medic, XI, 5),
/O NOMS COMMUAS
odocos (1) « hièble » (Marcellus, De medic, Yll, 13).
laurio « pervenche » (Pline Valérien. De re med., I, 33)
est, sans doute, d'origine latine comme le mot savant
gallois llawrig « pervenche ».
picatus, ace. pi. picaîos (var. pecatos, pictas), sorte de
bateau chez les Bretons (Végèce, Epit. rei mil., IV, 37).
\jç « chêne à kermès » chez les Galates (Pausanias, X,
36, I).
'Avopâatr, (var. àSpàaTT;, àvSâxrJ, nom de la Victoire chez
les Bretons (Dion Cassius, LXII, 6, 7) est, peut-être, un
nom grec traduisant un mot celtique inconnu.
àyaajaToî, chien de chasse breton (Oppien, Cyneget., I,
470;.
volema Gallica lingua bona et grandia dicuntur (Servius
Ad Georg. II, 88). Voir ci-dessus, p. 53.
cecos ac césar (var. caesar) quod Gallorum lingua « di-
mitte » significat (Servius, Ad Aen., XI, 743).
i>irga « pourpre » en langue gauloise (Servius. Ad Aen.
VIII, 660).
Alpes, quae Gallorum lingua « alti montes » vocantur
(Servius, Ad Aen., IV, 442) ; omnes altitudines montium
HcetaGallisAlpesvocentur(.4(/.4(';/.. X, 13). Festus d'après
Paul Diacre (p. 4) explique ce mot par le sabin nlpus,
latin albus. Alpes ne semble pas être un mot gaulois (2).
(1) Sur ce mot et surSouxtuvè qui en est sans doute une défor-
mation, voir A. CuNY, Mémoires de la Société de linguistique de
Paris, t. XVI, p. 327.
( ) A moins que Alpes ne soit pour Albes. J. Loth, Annales
de Bretagne, t. xxii, p. 157.
LA LAiNGUE 79
âépàvac (corr. àêâvaç), nom du singe chez les Celtes
(Hésychius). Peut-être ce mot est-il emprunté au germa-
nique *apan, ail. Affe.
}v£;o'jcj|jiaxa t] Xsyojafjiaxa, sorte de cuirasse chez les Ga
lates (Hésychius).
sjjiSpexTÔv, sorte de soupe chez les Galates (Hésychius)
semble un mot grec ; cf. l^èpix^:^ « tremper ».
xupxtà; : KeXtoî làn; àaTitSaç (Hésychius), cf. caetra.
xapTafiépa, vulgairement xaprâXafiov, nom de l'ensemble
du ceinturon chez les Gaulois (Laurentius Lydus, Des ma-
gistratures, n, 13).
xXonla;. var. /.ÀtuTit'a; (poisson de la Saône, sans doute
lotte (Laurentius Lydus, De Vannée et des mois, S, cf.
Boissonade, Anecdota grœca, t. I, p. 417). Le Pseudo-Plu-
tarque, Des fleuves, 2, 2, écrit jxo)-Ô7i'.5o<; qui est un mot
grec.
pâppojv (= Varro) « courageux », en langue celtique
(Laurentius Lydus, Desmag., I, 12 ; 23 ; citant Hérennius).
cisium, voiture gauloise à.deux roues (Schol. Gronov.
ad Cic. Rose. Am., VH, 19).
tuceta (var. tuccefa] « porc farci », en Cisalpine (scho-
liaste de Perse, II, 42). On a rapproché de ce mot l'ombrien
toco (1).
hrodanus : roîh « violentum », dan et in gallico et in
hebraeo judicem (Endlicher).
brio « ponte » (Endlicher), cf. Brii>a Isarae « Pontoise »
it Samaro-briva.
(1) BnÉAL, Les Tables Eugubines, p. 259.
80 NOMS COMMUNS
amhe ■> rivo j- ; inter ambes » in ter ri vos » (Endlicher).
arîam « paludem » (Endlicher).
onno « f lumen » (Endlicher).
nate « fili » (Endlicher). C'est le mot latin ; à moins
qu'il ne s'agisse de filiim, « fil », irl. snâth. Voir ci-dessus,
p. 73, gnatus.
mastruga lingua Gallica dicitur vestis ex pellibus fera-
rum facta (God. Bern. 386, f. 18 a).
(igaiinum, interpretatione Gallici sermonis « sa.xum »
dicunt(-4d. Sand., 22 sept. VI, 2i^)\agaunus vester
Gallico... sermone... petra (.4c/. Sanct.,%% febr., Ill, 741
a) ; cf. acaunumarga.
Les auteurs anciens ne nous ont pas donné le sens des
mots suivants :
Tau gallicum (Virgile, d'après Quintilien, VIII, 3, 28),
sans doute, la lettre T, dont la forme est celle d'un gibet.
Il semble bien que, comme le remarque Rogetde Belloguet,
le thau de Grégoire de Tours {Hist. Franc, IV, 5), signe
qui apparut sur les murs des maisons préservées de la
peste, soit la lettre hébraïque, par allusion au passage de
la Bible (Ezéchiel, IX, 4, 6).
.4/ Geltarum (Ausone, Technopaegn., XIII, 5) : Die quid
significent Catalepta Maronis ? In his al Geltarum posuit,
sequitur non lucidius tau. Nous n'en savons pas plus
qu'Ausone.
2° Mots vraisemblablement donnés comme celtiques.
Quelques-uns de ces mots existent dans les langues cel-
tiques :
LA LANGUE 81
|jiavLâ/,T)<;, collier gaulois (Polybe, II, 29,8 ; 31, 5), en ir-
laudais muiiice = *monikia ; en vieux gallois minci.
esox a saumon » (Pline, Nat. hist., IX, 17, 44), en
moyen breton ehoc, gallois eog, irlandais eo = *esocs-s.
coccum a Galatiae rubens granum » (Pline, Nat. hisL,
IX, 65, 141), gall. coch « rouge », à moins que ce dernier
ne soit emprunté au latin.
becco « bec de poule » à Toulouse (Suétone, VitelL, 18) ;
ce mot est conservé par quelques langues romanes. Le
breton bec est emprunté au français ; le gaélique beic est
peut-être emprunté à l'anglais.
Cimenice [regio], adjectif dérivé de KÉ|a[a£vov, Gebenna,
Cevenna « Cévenue », signifie, d'après Aviénus(Or. marii.,
622) : « mons dorsa celsus ». Cebenno — , cemeno — cor-
respond au V. gallois cemn, gall. mod. cejn a dos ».
liiDia, sorte de manteau (Isidore, Orig., XIX, 23,3), en
irlandais lenn, gallois et breton lenn « saie, couverture ».
giilbia (var. gubia, giilvia) « bec » (Végèce, Mulomed.,
I, 26, 2; Isidore. Orig., XIX, 19, 15), en irlandais gulba
4 bec », cf. gallois gylfin, breton golvan « passereau » ; en
français gouge.
nimidae : de sacris silvarum quas nimidas vocant {In-
dic. super stit. et pagan.{\)\ en irlandais nemed « sanc-
tuaire », qui est sans doute aussi le second terme de
Ôpj-vi(jiexov (Strabon, XII, 5, i) lieu de réunion du conseil
des Galates ; cf. ver-nemetis, Dru -talus.
(1) BoRETius, Capitula ria reu,Hm Francorum, p. 223, 1. G ;
cf. p. 69, 1. 39-42.
G. DoTïi.N. — Manuel de V antiquité celtique. b
82 NOMS COMMUNS
tunnel, tonna {Ada san do mm, Febr. I, p. 202 c) sorte de
récipient ; irl. tond, « peau », gall. ton ; en provençal tona.
vidiibiiini : marrae vulgo vidubia dicuntur (scholiaste
de Juvénal, III, 311); glosé par ?fy.£À>.or « hoyau » (Corpus
glossarioruin latinorum, III, p. 368, 64) ; v. irl. fidba « fal-
castrum », gall. gwyddif « serpe « ; fr. voiigc.
taratrwn « tarière » (Isidore, Orig., XIX, 19, 15), en ir-
landais tarathar, en gallois taradr, breton moyen tarazr.
D'autres mots peuvent s'expliquer par les langues cel-
tiques :
medio-lannni « vocatuin ab eo quod ibi suo « aiedio
ianea » perhibetur inventa » (Isidore, Orig., XV, i, îi7) ; le
premier terme de ce mot peut être celtique ; irlandais Mide,
nom de la province centrale de l'Irlande. Pour Sidoine
Apollinaire [Epist., VII, 17, 2, 20) l'explication de ce mot
est tout autre : ;< quae lanigero de sue nomen habent ».
gutnater, espèce de prêtre {De bello gallico, VIII, 38 ; cf.
Revue épi graphique, t. II et VI) a vraisemblablement pour
premier terme un mot identique à l'irlandais guth « voix »,
cf. guide « prière » ; le second terme est comparable h -<itr
qui entre dans la formation d'un grand nombre de noms
propres bretons et qui peut correspondre à l'irlandais af/iir
« père» (1).
D'autres mots n'ont subsisté que dans les langues ro-
manes. Tels sont :
pontones « genus naviutn gallicarum » (César, De hell.
cii>., III, 29), en français ponton. Est-ce un mol latin'?
(1) J. LoTH, Revue celtique, t. xv, p. 224-227, t. xxviii,
p. 119-121.
LA LANGUE 83
materis {\SiV. fnataris), sorte de javelot (Sisenna, chez
Nonius, p. 556), v. fr. mettras.
betulla « bouleau.) (Pline, TVa/. Jiist., XVI, 30, 74);
conservé dans les langues romanes, fr. boule. Le gallois
bedw, breton bézô semblé dérivé de la même racine.
cervesia « bière » (Pline, Nat. hist., XXII, 82, 164),
conservé dans les langues romanes, ff . cervoise. Voir ci-
dessus /.6p[JLa, p. 62.
ciicullus (var. cuculla « capuchon ^ (Columelle, I, 8, 9 ;
Santonico cucullo, Juvénal, VIII, 145), mot adopté parle
latin, qui dii latin a passé dans les langues romanes, fr.
coule, et dans les langues celtiques : irl. cocull, bret.
cougoul.
bardo-cucullus , capuchon de barde en Gaule (Martial, I,
53, 5), a pour premier terme un mot celtique (v. p. 62).
sparus « lance » (Lucilius d'après Festus, p. 330), mot
passé en latin et en germanique, et de Là en gallois : ysbar.
balma « grotte »^ Gallico ut reor sermone sic vocatam
{Act. Sanct., 28 febr. IIJ, p. 746 a), conservé dans les
langues romanes ; v. fr. balme.
tarinca (var. taringa) instrument de supplice {Ad.
Sanct. 31 oct. XIII, p. 783 a), fr. taranche (1).
mercasius : loco qui prisco vocabulo propter genuinum
lacunar gemellus mercasius nuncupabatur (Act. sanct.
30 Aug. VI, p. o82 d). v. fr. marchois « marais ».
olca, champ fertile, en Champagne (Grégoire de Tours,
In glor. conf., 78) ; fr. ouche.
(1) A. Thomas, Mélanges d'élyniologie française, Paris, 1902,
p. 149.
84 NOMS COMMUNS
brogiliis (( bois » en langue vulgaire (Capitiilare de i'illis^
ch. 46) ; c'est le mot roman bien connu représenté en fran-
çais par breuil et sans doute apparenté au celtique *brogi
(V. p. 69).
camisia, vêtement des soldats et des prêtres (Saint Jé-
rôme, Epist. LXIV, II) mot de provenance germanique em-
prunté par le celtique et le latin et passé du latin dans les
langues celtiques [iTi. caimse, gall. Ae/i/^) et dans les langues
romanes, fr. chemise.
D'autres mots, enfin, n'existent pas en celtique et n'ont
pas subsisté dans les langues romanes :
aÀxY], alce (var. altes), élan (César, DcBell. galL, VI, 27 ;
Pausanias, V, 12, 1) C'est sans doute le germanique alcis.
amellus « plante » (Virgile, Georg., IV, 271 ; cf. Ser-
vius).
pilefUum, sorte de voiture (Virgile, .£'//., VIII, 665 ; Ho
race, Epist., II, i, 192) ; chez Isidore, ce mot est donné
comme synonyme de petorriiiim {Or., XX, 12, 4),
atinia, espèce d'orme en Gaule (C^lumelle, De re riist.,
V, 6, 2).
rumpotinui', arbre servait à soutenir la vigne (CoIh-
melle, De re riist., V, 7, 1).
arinca, sorte d'épeautre en Gaule (Pline, Nat. hisL,
XVIII, 19, 81).
colisatum, espèce de voiture (Pline, Nat. hist., XXXIV,
48, 163).
caeira (var. cetra), bouclier (Varron chez Nonius, p. 82,
12) espagnol (Tite Live, XXI, 27, 5) et breton (Tacite, Agr.,
36) ; y.aÎTpïa;, bouclier ibère chez Ilésychius.
LA LANGUE 85
ploxenum « coffre de voiture » en Gaule cisalpine (Quin-
tilien, Inst. or., I, 5, 8).
murmillo (var. myrmillo, mirmillo), sorte de gladiateur
armé à la gauloise (Festus, p. 285 ; Scholiaste de Ju vé-
nal, VIII, 200). Mais ce mot semble venir du grec ;rjpa'.5tov.
euhages (var. eubages), sorte de prêtre gaulois (Ammien
Marcellin, XY, 9) ; c'est sans doute le grec îj^yt^c, de même
que olitf.i (Strabon, IV, 4, 4) est vraisemblablement le
latin çates, bien que ce dernier mot ait pu être emprunté
par les Latins aux Celtes ; cf. irl. fâith = çâlis (1). Win-
disch (2) regarde euhages comme une mauvaise lecture de
caracalla, vêtement (Aurélius Victor, Epit. XXI, 2).
cateia, arme de jet germaine et gauloise (Seryius, Ad
Aen., VII, 741 , que, d'après Isidore ((9 ngr. XVIII, 7, 7), les
Gaulois et les Espagnols appelaient teuiona. Le gallois
ratai « hache, massue » est sans doute un mot emprunté.
3° Mots qui ne sont^pas donnés comme celtiques.
Quelques mots dont aucun écrivain de l'Antiquité n'in-
dique la provenance s'expliquent assez facilement par les
langues celtiques. Ce sont :
caballus « cheval » (Lucilius, Sat. III, 70), irl. capall,,
v. gall. bret. caçall.
gabalus « gibet » (V^arron, Sat. Men., p. 165, 24), irl.
(1) J. ZwicKER, De i'ocahulis et rébus Gallicia sive transpa-
danis apud Vei gilium, p. 50.
(2) Tûin Bô Cu(ilns;e, p. xli.
86
NOMS COMMUNS
gabul, gall. gafl, bret. gavl « fourche » ; sans cloute les
mots français javelle, javelot sont apparentés à ce mot.
carpentum « char », mot latin sans doute emprunté aux
Gaulois (cf. Arrien, Tact., 33), en tout identique à l'irlan-
dais carbat ; cf. fr. charpente, gall. carfan, bret. carcan
« cadre ». On le trouve dans Carhanto-rate, var. Carpento-
rate et dans Kap^avxô-p'.Yov.
carras (1) a char » (César, De hello Gallico, \, 24 ; Tite
Live, X, 28, 9 , en irlandais et en breton carr, français
char ; on ne peut décider si ce mot n'est pas venu au cel-
tique moderne par le latin. Il en est de même de carruca
« voiture à quatre roues » d'où fr. charrue.
cantiis, <( cercle de fer de la roue (Quintilien, Inst., 1, 5,
8j, en breton kanl « cercle », gallois cani « bord d'un
cercle », prête à la même observation.
"opxo; « chèvre sauvage » (OppieniCî/«.II,296) en gallois
iwrch, bret. ioiircli « chevreuil ».
naiisiim, sorte de navire (Ausone, Episl., XXIT, i) peut
être comparé à l'irlandais naii a navire ».
cattiis u chat » (Martial, XIII, 69, 1), nom propre gau-
lois Cattos, en irlandais cat, gallois cath f., breton caz, mais
existait aussi dans les langues romanes et n'est pas néces-
sairement d'origine celtique.
beber « castor » (Priscien, V, 14), gaélique beabhar, cor-
nique befer ; en français bièvre. Cf. Bebriaciim (2) « locus
(1) M. A. Meillet me fait remarquer que ce mot existe aussi
en arménien : karkh.
(2) L. Herr, Betriacum-Bebriacum, Res'ue de philologie,
t. XVII (1893), p. 208-212. Cf. H. d'Arbois dk JunAiNvii.i.E,
Re\>ue celtique, t. xxvii, p. 340-342,
LA LA.NGUE
87
castorura » (Tacite, Hist. II, 24 ; Juvénal, II, i06, Scbol.
ad II, 106 ; cf. Schol. ad XII, 34; Eutrope, VII, 17).
paraveredus « cheval de trait » (Cod. Justinien, XII,
50, 2), conservé dans les langues romanes, fr. palefroi,
prov. palafre, est un mot hybride, dont la seconde partie
cerediis, qui existe aussi à l'état indépendant (Festus, p. 372),
correspond au gallois go-rwydd « coursier ».
iannare « tanner » {Corpus gloss. lut., II, p. 566, 14) est
peut-être apparenté au breton tann « chêne ».
capanna « cabane » (Isidore, Orig.^ XV, 12, 2) ; le gallois
cahan « hutte » est emprunté au français par l'intermé-
diaire de l'anglais.
curnba « locus imus navis » (Isidore, Orig., XIX, 2, 1),
ga.\\. cwrti « vallée », fr. combe. Cf. Ciimba, nom de lieu.
drungos : drungos hoc est « globos » (Végèce, Epit. rei
mil., III, 16) ; irl. drong n troupe », v. br. drogn.
beriila « cresson », donné comme latin par Marcellus
{De Medic. XXXVI. 51) répond à l'irlandais hinir, bilar ;
gall, berwr, bret. bêler ; Tv. berle.
darsiis « Oard » poisson chez Smaragdus, en breton dars
qui est sans doute emprunté au vieux français (1).
D'autres mots ne sont conservés que par les langues
romanes, et on ne peut donner aucune preuve de leur ori-
gine celtique,
alausa « alose » (Ausone, iMos., 127).
ti}ica (' tanche » (Ausone, Mos., 125).
(1) A. Thomas, Romania, t. xxxvi, p, 91-90.
88 NOMS COMMUNS
gambn « jambe » (Végèce, Mulomed., II, 28, 38), est
sans doute apparent au celtique camho-, gall. cam, irl.
CiiDim « courbe », de même que camhiitta « bâton pasto-
ral » {Monument a Germaniaehistorica, Scriptores rerum
Merovingicarum, t. iv, p. 251, 39).
gnnna « robe » (Anthol. lat., 209, 4), v, fr. gonne, d'où
le gallois gwn par l'intermédiaire de l'anglais gown.
Une classification des mots celtiques que nous venons
d'énumérer peut offrir quelque intérêt.
Le plus grand nombre de ces mots proviennent du Pseu-
do-Apulée et de Marcellus de Bordeaux et désignent des
végétaux employés dans la pharmacopée antique. Presque
toutes les familles y sont représentées, autant du )noin8
qu'on admet les identifications qu'en ont données les bota-
nistes modernes : amentinées {vernetus^ hetulla), urticinées
{atinia), lauracées (usubim), rosinées {rodarum), légumi-
neuses (oisumariis), nym^héinécs {baditis), crucifères (glas-
tum^ beriila), papavéracées (/Aona, c«/oro/a/?o,ç), renoncula-
cées {boliisseron, subites, theximon), borraginacées (hae-
matites), solanacées (biîinuntio, scubulum), labiées (//?er?/a,
gilarus), primulacées {sapana, cercer), caprifoliacées {sco-
bien, ducône, odocos), composées {beliucanUas, ualidia,
ponem, bricumum), graminées (sasia, coccum, arinca),
aroïdées (gigarus), iridacées {peperacium), gymnospermes
{larix, padi, jnpicelluson), cryptogames {raiis).
Les noms d'animaux sont moins nombreux ; ce sont des
noms d'animaux domestiques : chiens : vertragus, agas-
saios ; chevaux : marca, mannus, caballus, parai'eredus ;
chat : cciUus: bêtes à cornes : ceca ; ou d'animaux sau-
vages : mammifères : ruftus, urus, alcr, abranas, beber ;
LA LANGUE 89
oiseaux : alauda, lugos; poissons : clopia^, esox, alausa,
tinca, darsiis.
On trouve aussi quelques noms de parties du corps :
drnngos, treide, gamba, becco, giilbia et des adjectifs de
qualités physiques : galba, varrôn.
Les noms qui nous intéressent le plus sont ceux qui se
rapportent à la civilisation :
habitation : lautro, caio, capanna.
alimentation : corma, brace, cervesia, omasum, Uixea,
luceta, arùica, coccum, sasia, cela.
vêtement et toilette : sagas, braca, laena, linna, cii-
ndliis, bardocnmlliis, caracalla, gunna, sapo, viriolae,
maniaces, bulga.
outils : passernices, plaumorati, vidubium, taratrum,
ti!scos,tarînca, gabalus.
vases : hascaiida, tunna.
voitures : reda, henna, petorritum, covinnus, essedum, ci-
sium,, pilentiwi, colisatum, carpentum, carrus, cantus,
ploxenum.
navigation : picatiis, pontones, nausiim., cumba.
mesures de longueur et de surface : arepennis, candetum
If II g a.
société : bardiis, ambactus, druidae, euhages, vergobre-
tns, casiiar.
famille : gnatiis^ nate.
guerre : formations stratégiques : trimarcisia, caterva,
rnleia, drungos ; armes offensives : gaesa, lancea, petrinos,
xi/nêma, tolutegon, materis, spams, cateia ; armes défen-
yU INSCRIPTIONS GAULOISES
sives ; njrlids, ccietra, cnrtamera, cnippeJlarii ; forteresse :
diino?}.
musique : camon, chrotta.
agriculture : les noms d'animaux domestiques ci-dessus;
les mots relatifs à l'alimentation, au vêtement, aux outils ;
aux mesures ; aux engrais : acauniimarga, glissomarga ; aux
diverses espèces de terrains : nanto, anibe, o?ino, anam,
agaiinum, balrna, mercasius^ olca, hrogilus, herula.
commerce et industrie : cambiare, tannare.
religion : diisii, Adrastè, nimidae, giituater, druidae,
euhages.
II. Mots celtiques dans lbs inscriptions
Les inscriptions gauloises qui sont au nombre d'une cin-
quantaine (1), constitueraient le fond de connaissances le
plus solide que nous puissions atteindre pour le vieux cel-
tique, si l'interprétation en était claire. Ces inscriptions se
répartissent en trois groupes, d'après l'alphabet avec lequel
oUos sont écrites : le nord-otrusque, le grec et le latin.
(1) .1. RiiYS, The Celtic inscriptiotis of France and Italy (Pro-
ceedings of ihe British Academy, vol. II). The Celtic inscriptions
of Gaul, additions and corrections [Proc. of the Br. Ac, vol. V);
Stokes, Celtic Declension {Bczzenberger's Beitràge, t. xi, p. 128-
141. Enumération bibliographique chez Espérandieu, Epigra-
phie romaine du Poitou et de la Saintonge, Paris, 1888, p. 116-118.
On tronvora quelques reproductions dans le Dictionnaire ar-
chéologique de la (kiule, t. i et ii, planches.
LA LANGUE 91
1° Inscriptions en caractères nord-étrusques (1).
Il est a priori peu vraisemblable que ces in8criptions
soient celtiques. Elles semblent dater de la seconde moitié
du n" siècle avant notre ère. Plusieurs sont d'une lecture
difficile.
La première, qui est maintenant au musée du Vatican, a
été trouvée à Todi, en 1839 ; elle est bilingne. Les pre-
mières lignes sont en grande partie effacées, ainsi que le
commencement de cbaque ligne de la première face. On a
ainsi restitué la première face :
Ategnato Drutei urnum Coisis Drutei f frater eins mi-
u nimus locauitet statuit.
Ateknati Trutikni karnitu artuas Koisis Truiiknos.
Voici la restitution de la seconde face :
Ategnato Drutei urnum Coisis Druti / frater eius mini-
mus locauit et statuit qui.
Ateknati Trutikni karnitu lokan Koisis Trutiknos
(C. /. L., I, n° 1408).
Si l'on retranche les noms propres qui se correspondent
dans les deux textes, il reste dans le texte latin : urnum...
frater eius minimus locauit et statuit, et dans le texte dit
celtique : karnitu artuas d'une part, karnitu lokan de
l'autre. La comparaison des deux textes nous montre qu'ils
(1) On trouvera ces inscriptions chez Pauli, Die Inschrijten
nord-etruskischen Alphabets [Italische Foischungeji. t. i). La der-
nière édition est celle de Riiys, Tlie Celtic inscri plions of Cisal-
pine Gaul (Proc. of the Br. Ac., vol. VI).
92 1NSCRIPTI0>S GAULOISES
ne se correspondent pas exactement, et, de plue, que si le
texte latin de deux faces est identique, le texte celtique est ,j
différent. On ne peut donc tirer grand secours du texte la-
tin, qui d'ailleurs est obscur.
Les langues celtiques ne nous fournissent rien de satis-
faisant pour l'interprétation de l'inscription. On a rappro-
ché lokan de lo « tombe » ? mot d'une inscription ogamique
de Grande-Bretagne, artuas de l'irlandais art « pierre », et
karnitu de l'irlandais carn « amas de pierre ».
Une seconde inscription, trouvée à Briona, dans le pays i
de Novare, en 1864, et conservée dans le cloître de la ca- '
thédrale de Novare, a été lue ainsi :
Kui(n)tes asoioikeni Tanotaliknoi Kiii(n)tos Lekatos li
Anokopokios Setupokios Esanekoti Anareuiseos Tanotalos
karnitiis. Tekos toutious (C. I. L., V, p. 719).
Il semble qu'elle soit composée surtout de noms propres ;
nous y relevons la terminaison-Av^oi, qui indique la filia-
tion (cf., dans la première inscription, Koisis Trutiknos =
Coisis Druti filius); et karnitus{cl. karnitu de la première
inscription et /.otpvtToj dans une inscription d'Apt {C.I.L.,
t. XII, p. 822).
Kui?ites!, kuinfos (quintus), lekatos (legatus) sont sans
doute latins.
La troisième inscription, découverte près de Limone, sur
la rive occidentale du lac de Garde et conservée au musée
de Brescia, est, s'il se peut, encore plus «bscure que les
deux premières. En voici la transcription :
Tetumus Sexidiigiana sasadis toine ccaai nhaa anatina
(C./.L. V, n''488).
Là langue
93
A l'exception de Sexti et de decuvi = dicavii ('?) qui sem-
blent latins, l'inscription n'offre rien qui puisse être expli-
qué (1).
11 existe encore d'autres inscriptions plus courtes ou plus
obscures que les précédentes ; parmi celles qui se réduisant
à un ou deux mots on trouve quelques noms d'apparence
celtique : Alkovinos, Atepu, Ritukalos, Namu Esopnio,
Athiti, Latumarui.
2" Inscriptions en caractères grecs.
Ces inscriptions proviennent toutes de la Narbonnaise.
Elles datent, comme les inscriptions en caractères latins,
du temps de l'empire romain.
1. Inscription de Vaison, au musée Calvet d'Avignon (2) :
I.i'^(j\io.^o<^ OuiÀXov£o; Toouxious Na[ji.au!Taxi(; îtwpo'j lJï)XrjCjajji'.
70T..V V£(JLr,TOV (C.I.L., XII, p. 162).
Le mot^^R'^f^^ cf. l'irlandais nemed (( sanctuaire «, sem-
ble celtique.
2. Inscriptions de Nîmes :
a) KapTapoç iXXavoutaxo; ^i^z [jiaTpeêo vaixauaixaêo P'.axo'jSE
[C. I. L., XII, p. 383. Dict. arch. n° 1).
b) KajaixaXoi; O'jepaixvo; oeoe PpaTouoe xavceva Xa|jit sivoui
:C./. L., XII,p. 383).
^1) L'inscription de Vérone (Stokes, u° 4) et l'inscription
i'Este (Stokes, n° 5) ne sont vraisemblablement pas celtiques.
Cf. Rhys, The Celtic inscriptions, m, p. 1. Sur l'inscription de
Vérone, voir M. Olsen, Zeilschrifi fur Celtisdie Philologie, t. iv,
[). 23-30 ; Rhys, The Cellic inscriptions, vi.
(i!) Cf. la nouvelle inscription celtique d'Alise chez Espé-
iiANDiEu, Pro Alesia, t. i, p. 43-45.
94 INSCIUI'TIO.'NS (JAULOISES
c) ETMr{opv/^ KovoiÀ/.ço,' {C. I. L., XII, p. 383).
3. Inscription d'Orgon, près d'Arles, au musée Calvet
d'Avignon :
c) OuT,6po'j[jiCi(po; Oeoe Tapavoo'j ^pa-rouSe xavcêii. {C . I. L.,
XII, p. 820).
Des inscriptions analogues (1) à ces trois dernières,
mais incomplètes, ont été étudiées par H. d'Arbois de Ju-
bainville et M. Vacher de Lapouge (2).
M. Bréal et H. d'Arbois de Jubainville ont fait re-
marquer (3) que l'inscription «) ne pouvait être celtique et
s'expliquait par un dialecte italique. Il en est de même des
inscriptions b) et c), dont les éléments principaux, oioi et
Ppaxouoe, leur sont communs avec l'inscription a). Parmi les
noms propres contenus dans ces inscriptions, SEYouapoc,
(1) Inscriplion de Saint Saturnin d'Apt au musée Calvet
(Stokes, rO 9, note ; Rnvs, n° 8 ; C /. L., xii, p. 137) ; ins-
cription de Gargas au musée Calvet (Stokes, n° 9, note ; Ruys,
n° 9 ; C. I. L., xii, p. 137) ; inscription de l'Isle-sur-Sor^ue, au
musée Calvet, C. I. L., xii, p. 822 ; Riivs, n° 10 ; inscription
d'Apt au musée Calvet, Rhys, n° il, C. I. J ., xii, p. 822;
inscription de Notre-Dame de Groseau, près Malauccne (Ruys,
n° 13 ; C. I. L., xii, p. 824) ; inscription de l'église de Saignon
(Rhys, n" 14 ; C. I. L., xii, p. 824 ; deux inscriptions de Saint-Rc-
my, au musée de cette ville(RHYs, n°^ 15, 16 ; Stokes, n°^ 10, 11 ;
C. I. L., XII, p. 127) ; inscription de Nîmes (Stokès, n° 9, note ;
RiiYS, 11° 19 ; C. I. L., XII, p. 833) ; inscriplion de Saint-Côme,
au musée de Nîmes (Rhy'S, n° 22 ; C. I. L., xii, p. 833) ; ins-
cription de Notre-Dame de Laval, près CoUias, au musée do
Nîmes (Rhys, n» 24 ; Stokes, 11° 13 ; C. I. L., xii, 5887 ; ins-
cription d'Alise (Rhys, p, 100). On trouvera dans The Celte
inscriptions of Gaul, additions and corrections, par Rhys, quelques
autres inscriptions. Voir aussi C. I. L., t. xii, p. 127, 183.
(2) Reçue Celtique, t. xviii, p. 318-324. Bulletin historique et
philologique, 1898, p. 328-349.
(3) M. Bréal, Re\^ue archéologique, t. xxxi (1897), p. 104-108 ;
H. d'Arbois de Jubainville, Eléments de la grammaire Cel-
tique, p. 173-177.
LA LANGUE 93
K7.77'.--:aXo<;, O'jr,6pou-[io!po<;, Tapo.Kjoj sont sûrement cel-
tiques. L'inscription de Vaison n'est sans doute pas rédigée
dans le même dialecte que les trois autres inscriptions et
contient deux mots, s'wpou et ao^tv, que l'on trouve dans les
inscriptions en caractères latins sous la forme ieuni et
sosin.
Ces inscriptions en caractères grecs, lesquels on retrouve
aussi sur les monnaies, nous rappellent le texte de César oii
il est dit que les druides, dans les comptes publics et privés,
se servent de lettres grecques, litteris graecis (1), Les Ro-
mains trouvèrent dans le camp des Hehetiiàes registres en
lettres grecques, litteris graecis, où étaient relevés les noms
de tous les émigrés, le nombre des hommes en état de por-
teries armes et, séparément, celui des vieillards, des enfants
et des femmes (2). D'autre part, lorsque dans le [)ays des
Nen>iiGéssLT eut à faire parvenir une lettre à son lieutenant
Gicéron, il l'écrivit litteris graecis, pour que l'ennemi, s'il
arrivait à l'intercepter, ne pût connaître son dessein (3).
Pour expliquer ce second texte, il faut admettre ou bien
f! que litteris graecis y a un autre sens que dans le premier
et signifie «en langue grecque « (4), ou bien que la connais-
sance de l'alphabet grec ne s'était pas répandue dans toutes
les parties de la Gaule. Tacite rapporte l'opinion d'après la-
quelle il y avait sur les confins de la Rhétie et de la Ger-
manie des monuments et des iJima/i portant des inscriptions
(1) De bello gallicco, vi, 14.
(2) De bello gallico, i, 29.
(3) De bello gallico, v, 48.
(4) C'est ainsi que l'entend Dion Cassius qui dit ÈÀXr,'.
(xL, 9). Cf. POLYEN, VIII, 23, 6.
96 LNSCUIPTIONS GAULOISES
en caractères grecs (1). Les plus anciennes monnaies gau-
loises portent des caractères grecs (2).
3° Inscriptions en caractères latins.
Les inscriptions eu caractères latins présentent dans
quelques mots deux signes qui leur sont particuliers : le d
noté e sur les légendes de quelques monnaies gauloises, et
le X (3).
Le premier, b, est souvent remplacé par s. Abbedoma-
Ros sur une monnaie de Grande-Bretagne, Assedomari en
Norique ; Garabbovna à Metz et Garassovnvs à Vichy,
Tebbi à Vienne et Tessi à Saint-Gliristol ; Mkbbillvs à
Lezoux et Medsillvs à Gallarate près Milan, cf. MBeniL-
Los à Nîmes ; VEi.iOKAei sur une monnaie, reconnu [)ai'
F. de Sauliy pour le nom de peuple bien connu Velio-
casses ; bironae à Trêves et Sirokab à Luxeuil. Le b est
donc vraisemblablement une spirante dentale analogue
as.
Le second, x, s'échange avec le c devant un t : Lvxtupios
sur une monnaie, Lvcterii à Pern (Lot) ; Divixta à Scarpone,
DiviCTA à Ghianocco ; Atextorigi à Néris-les-Bains, Atecto-
rix sur des monnaies ; c'était sans doute une spirante
gutturale analogue au ch irlandais.
Parmi les inscriptions en caractères latins, la plus consi-
dérable est la table de Goligny, découverte en 1897 (4).
(1) Germanie, 3. Il s'agit peut-être de l'écriture runique.
(2) Blanchet, Traité des monnaies gauloises, p. 92, 274-278.
(3) Cf. H. d'Arbois de Jubainville, Eludes grammaticales
sur les langues celtiques, p. 27-40.
( '■■ ) Voir les noies de MAL Dissard et Thiers dans les Comptes
rendus de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, t. xxv
LA LANGUE 97
Très intéressante de divers points de vue, cette inscription
est, du point de vue linguistique, d'une importance mé-
diocre ; aliène contient qu'une phrase ; la plupartdesmots
y sont sans doute notés en abrégé. Nous ne pouvons songer
à la reproduire ici; elle a été publiée plusieurs fois (1).
C'est, sans aucun doute, un calendrier. Elle contient treize
noms, que l'on regarde comme des noms de mois ; trente
autres mots ou fragments de mots, et un fragment de phrase
qui a été transcrit ainsi :
mb rixtio cob... cariedit ox... aniia pogdedortonin qiiimon.
Oq n'a encore pu reconnaître dans cette phrase aucun
mot appartenant à une langue connue. Quant aux quarante-
trois mots ou fragments de mots isolés, quelques-uns peu-
vent s'expliquer par les langues celtiques. Ce sont :
cantlos : en irlandais cétal « chaut », en gallois cathl.
cingos dans sowio-cingos, irl. cingim « je marche ».
giamon : en vieux gallois gflem = *giamo « hiver », irl.
gem-red. Cf. les noms de personne Giamillus, Giamilos, Gia-
millo.
lagit : en irlandais laigiu « plus petit >, en gallois liai.
lot : en irlandais laithe c jour ».
loudin : en irlandais im-luadi, « il remue ».
mid : en irlandais mi « mois », gallois mis.
1
(1897), p. 703, 730 ; t. xxvi (1898), p. 163-180. Bulletin de la
Société nationale des Antiquaires de France, 1897, p. 411-414.
(1) Revue celtique, t. xix, p. 212-223 (cf. t. xxi, p. 10-27).
On en retrouvera deux reproductions en fac-similé dans la même
revue : la première due à M. Dissard, t. xix, après la page 212 ;
la seconde due à M. Espérandieu, t. xxi, après la page 428.
G. DoTTiN. — Manuel de l'antiquité celtique. 7
98 INSCRIPTIONS GALLOISES
ogron : en irlandais iiar = *ogro « froid», gallois oer.
prinni : en gallois et en breton prenn « bois » .
samon : en vieil irlandais sam a été », gallois haf =
*hamo-.
Enfin, d peut être l'abréviation d'un mot analogue à l'ir-
landais die a jour », gallois dydd, et n peut être l'abrévia-
tion d'un mot analogue à l'irlandais nocht « nuit », gallois
nos (1).
Mais toutes ces comparaisons, exactes ou à peu près
exactes quant à la phonétique, sont évidemment subor-
données à l'interprétation générale du calendrier, laquelle
n'est point définitive.
Les inscriptions en caractères latins que l'on a attribuées
au celtique sont au nombre de quinze (2). Les plus intéres-
santes sont celles qui semblent contenir un verbe. Les
voici :
1. Inscription de Vieux-Poitiers {C. I. L., XIIÏ, tl71) :
Ratin hriuatiom Frontii Tarheisonios ienru.
(1) J. LoTH, Comptes rendus de l'Académie des Inscriptions et
Belles-Lettres, t. xxvi, 1898, p. 17.5 ; Nicholson, Celtic resear-
ches ; Rhys, Celtse and Galli, p. 1-37 ; Rhys, The Celtic ins-
criptions of France and Italy, p. 82-94 ; Seymour de Ricci,
Revue celtique, t. xix, p. 213-223 ; R. Thurneysen, Zeit^chrijl
fur Cdtischc Pliilolo'^ic, t. ii, p. 523-54'i; Rhys, Notes on the
Coligny Calendar, Proceedings of the British Academy, t. iv,
London, 1910. On trouvera dans la Revue celtique, t. xxi, p.
10-27, un article de S. de Ricci donnant l'indication des princi-
paux travaux relatifs à l'inscription de Coligny.
(2) On en trouvera quelques-unes avec bibliographie et com-
mentaire chez P. Lejay, Inscriptions antiques de la Côte-d'Or,
Paris, 1889 (Bibliothèque de l'Ecole pratique des Hautes-Eludis,
80), et chez E. Espébandieu, Epigraphie romaine du Poitou
et de la Saintonge, Paris, 1888, p. 107-116.
LA LANGUE 99
2. Inscriplîon d'Auxey, dite de Volnay {C. I. L., XIII,
2638, Bict. arch. n° 4), au musée de Beaune.
Iccaiios Oppianicnos ieiirii Brigindoni cantalon.
3. Inscription d'Autun [C, I.L., XIII, 2733, I>id. arch.
n^S).
...licnos Contextos ieiirii Anualonnacu canecosedlon.
4. Inscription de Nevers (C. /. L., XIII, 2821) :
Andecamulos Toutissicnos ieiirn.
8. Inscription de Couchey, au musée de Dijon {C. I. L.,
XIII, Dict. arch., n°' 6, 6 bis), gravée au pointillé sur le
manche d'une patère en bronze :
Doiros Segomari ieurii Alisanu.
6. Inscription d'Alise-Sainte- Reine (C. / L., XIII, 2880,
Dict. arch. n°7), sur un cartouche avec moulures et queues
d'aronde.
Martialis Dannotali ieuru uciiete sosin celicnon (1) etic
gobedbi dugiiontiio uciietin Alisiia.
7. Inscription de Sazeirat près Marsac (Creuse), au musée
de Guéret [C. I. L., XIII, 1452) :
Sacer Peroco ieuru duorico u. s. L m,
8. Inscription trilingue de Genouilly (Cher) au musée de
Bourges (C. /. L., XIII, 1326) :
Le texte latin et le texte grec sont incomplets.
(1) On a rapproché ce mot du gothique kêlikn « tour ». Bei-
tràge de Kuhn, t. n, p. 108. Sur le sens de l'inscription, voir
R. Thurneysen, Zeitschrift fur Celtische Philologie, t. vi, p. 558.
On trouvera une photogravure de cette inscription dans Pro
Alesia, t. i, p. 77.
lOO INSCRIPTIONS GAULOISES
Eliiontiu ieuru. uAneuno Oclicno Lugiiri Aneunicno,
9. Inscription de Lezoux (Puy-de-Dôme) au musée de
Saint-Germain (Rhys, p. 56) :
Apronios ieuru. sosi... esu...
Si l'on compare entre elles ces inscriptions, on peut
douter que le mot qu'elles ont en commun, ieuru (voir
plus haut £'-(>j?ou) soit un verbe. S'il était tel. on ne trouve-
rait sans doute pas dans l'inscription 7 v{otum) s{olvii)
l{ibens)m{erito), et, dans l'inscription 8, ieuru ne serait pas
mis en parallèle avec les noms propres Oclicno et Aneunicno.
D'ailleurs, malgré les efforts desceltistes, on n'avait jamais
pu déterminer quelle flexion verbale pouvait re[)résenter
ieuru (1). Il est vraisemblable que c'est un nom propre au
datif. Le seul mot que l'on puisse expliquer dans ces ins-
criptions à l'aide des langues celtiques est : ratin ; cf. ir-
landais raith, fort entouré de remparts en terre.
On trouve sur l'arc de triomphe d'Orange, sur des mon-
naies et des terres cuites, divers noms propres gaulois :
Rextugenos, Aucirix, Sacrillos, suivis de auot, auuot,
auotis, auoti qui pourrait être un verbe ou un nom gaulois,
mais qui peut aussi s'expliquer simplement par le latin a
votis, comme l'a fait remarquer R. Thurneysen.
10. Inscription de Néris les-Bains (Allier) actuellement à
Paris au musée de Cluny {C. I. L., XIII, 1388) :
Bratronos N antonicn{os) epad Atextorigi leucullosu
iorebe locitok (ou locitoe...)
Aucun mot de cette inscription, sauf epad (cf. epo-,
(1) Cf. Revue celtique, t. vi, p. 94 ; 191 ; t. vin, p. 237 ; Revue
critique d'histoire et de littérature, t. xliv (189;), p. 149.
I
LA LANGUE 101
« cheval ») qui signifie sans doute « cava4ier », ne s'ex-
plique sûrement par les langues celtiques ; iorebe est peut-
être apparenté à ieuru ; est-ce un verbe, ou un datif plu-
riel?
11. Inscription de Séraucourt près Bourges, au musée de
Saint- Germain, sur un vase {Revue archéologique, t. VI
(1849), p. 555) :
Buscilla sosio legasit in Alixie Magalu.
Legasit semble un verbe à la troisième personne du sin-
gulier. Cf. le latin legavit.
On a découvert quelques autres inscriptions d'un moindre
intérêt, et qui ne s'interprètent pas plus facilement par les
langues celtiques (1), bien qu'on y reconnaisse quelques
noms d'apparence celtique (2).
L'inscription gravée sur une plaque d'argent trouvée à
Poitiers et conservée au musée de Saint-Germain doit être
une formule médicale mélangée de grec et de latin :
Bis gontaurion analabis, bis gontaurion ce analabis bis
gontaurios catalages s'explique sans doute par bis
xtvTaûpetov xal (8') àva).à6r|Ç bis xtvTaupsiov xaxaXXayfiî, et
n'offre, en tout cas, aucun mot celtique (3).
(1) Inscription d'Evreux (Stokes, dP 21 ; Rhys, n° 1 ;
C. I. L., XIII, 3204) ; inscription de Beaumont conservée à Ma-
laucène, Vaucluse (Stokes, n° 24 ; Rhys, n° 12 ; C. I. L.,
XII, 1351) ; inscription de Bavai, Nord (Stokes, n° 22 ; Rhys,
nO 336 ; C. I. L., xiii, 1010, 2097) ; inscription de Thiaucourt
Meurthe-et-Moselle (Stokes, n^ 27 ; Rhys, n° 33c).
(2) Stokes, Celtic declension, Bezzenberger's Beitràge, t. xi,
p. 128-141.
[?>) H. d'Arbois de Jubainville, Revue celtique, t. i, p. 499 ;
Ricochon, La tablette de Poitiers, Vienne et Paris, 1901. De
même, on ne songe plus guère depuis Zeuss [Grammatica Cel-
102 1NSCR1PT10?(S LATIÎSES
Rien n'autoriBe non plus à regarder comme celtiques les
formules magiques sur plaques de plomb trouvées à Rom
(Deux-Sèvres) (1). On lit sur la tablette de Rom Cialli qui
est à rapprocher de Ciallos (calendrier de Goligny).
4° Inscriptions en langue latine.
Ces inscriptions, comme les inscriptions grecques, ne
comprennent guère, en fait de celtique, que des noms
propres. Mais quelquefois on y peut découvrir des mots
latinisés d'origine celtique. Tel serait le peirudecameto
d'une inscription de Gélignieu^C /. L., XIII, 2494)qui est
phonétiquement identique au breton pei'arzekved « quator-
zième » , et qui pourrait s'expliquer par « le quatorzième
jour », Sans doute aussi, dans la même inscription. Tri-
contis, comme l'a supposéH.d'Arboisde Jubainville (2), cor-
tica, 1'^ éd., p. XLviii) à interpréter par le celtique les formules
médicales de Marcellus de Bordeaux, pas plus que les mots
rares du giamniairien Virgile et les gloses malbergiques.
(1) C. JuLLiAN, Bei'ue celtique, t. xix, p. 168-170 ; Re^'iie des
éludes anciennes, t. ii, p. 47-55, 136-141. Cf. Nicholson, Keltic
researches, p. 132, 154 ; Rhys, The Celtic inscriptions of France
and Ilaly, p. 94-98 ; Celtse and Galli, p. 37.
(2) Revue celtique, t. xxv, p. 361. Voici le texte complet de
l'iiiscripliou : Memoriœ aeternai. M. Rufius Catullus curatot
n(autarum) R(hodanicorum) vivus sibi et R(ufio) Rufiano f(ilio)
Ruf(iie) Pupœ fil(iae) saciratœ fil(ia)) defunctae aniiorum XXII
œdiclam cum vinea et mûris ad opus consummandum et tute-
lam eius et ad cenam omnibus tricontis ponendam denariorum
Liaorum in perpetuum sic ut petFudecameto consumatur. Hoc
opus sub ascia est ; hœc o(pera) s(ive) l(ocus) hc^redem n{on)
s(t'quetur). Voir J. Loth, Comptes rendus des séances de
l'Aradéniie des Inscriptions et Belles- Le tires, 1909, p. 10-28.
Jin.i.iAN, lles'ue des études anciennes, 1. xiii, p. 351,
LA LANGUE 103
reâpond au breton tregont « trente », et désignerait, d'après
J. Loth, les mois de trente jours.
III. LbS iVOMS PROPRES CBLTIQUBS
Les noms propres en vieux celtique se forment comme
dans les autres langues indo-européennes (1). Ils sont le
plus souvent composés de deux termes ; les noms dérivés
semblent être des formes abrégées des noms composés :
sanskrit Açva-pati ; grec "luTr-ap/oç, 'ircnfac ; gaulois
Epo-redios, Epona ; irlandais Ech-cenn, Echach.
skr. Upari-cara ; gr. 'VTttp-àviup ; gaul. Ver cingetorix;
gallois Gur-nerth.
skr. Tri-bhânu ; gr. rpi-ôira^ ; gaul. Tri-casses,
vieux haut allemand Hadu-bald ; gaul. Catu-rix, Caiiis.
gr. Neo-xX^î ; V. h. ail. Niwi-rât ; gaul. Novio-dunum,
Novios.
skr. Çruta-karman : gr. KX'jTo-aOévr,; ; v. h. a. Hliid-
berht, gaul. Clutamus.
La comparaison des noms anciens supposés celtiques
avec les noms propres conservés dans les dialectes celtiques
modernes donne des résultats satisfaisants. On peut iden-
tifier un assez grand nombre de ces noms en restituant
toutefois aux noms modernes la forme archaïque que la
phonétique historique permet de reconstituer. Ainsi l'iden
(1) FicK, Die griechischen Personennamen, Gôttingen, 1874,
p. LXVI-XCI.
104 NOMS PROPRES
tité du nom de lieu gaulois Vindoniagos et de l'irlandais
Find-mag n'apparaît nettement que si l'on se rappelle que
/initial irlandais répond à v (cf., par exemple, les mots
empruntés par l'irlandais au latin : jerh --= verbum, fin =
vinum, focul = vocula), et que les voyelles désinencielles
ont disparu en irlandais ; de même, le nom d'homme gau-
lois Seno-carus et le vieux breton H en-car ne deviennent
identiques que si, outre les voyelles tombées, on restitue à
H en-car Vs initial dont h a pris la place (voir p. 48). S'il
est relativement rare qu'on puisse identifier en entier un
nom vieux celtique avec un nom celtique moderne, on
trouve fréquemment les mêmes éléments employés soit
comme premier terme, soit comme second terme du nom
composé. Voici les mots communs au vieux-celtique et au
celtique moyen (1), qui entrent le plus fréquemment dans
la composition des noms d'hommes ou de lieux :
Agro- : Ver-agri p. ; v. bret. Aer-uuiu.
Argento- : Argento-magos 1., Argento-rate 1. ; irl. Airget-
mar ; gall. Argant-bad, Argant-hell.
Avi- : Avi-cantos d. ; bret. Eu-cant, Eu-hocar.
Arto- : Arto-briga 1. ; irl. Art-bran, Art-gai ; gall. Arth-
gen, Arth-mail.
(1) On trouvera les noms vieux-bretons chez J. Loth, Chres-
iomathie bretonne ; les noms vieux-celtiques, dans le Altceltis-
cher Sprachschatz de A. Holder ; dans la Revue celtique, t. m,
p. 153, 297 ; t. vin, p. 378 ; t. xii, p. 131, 254, 354 ; t. xiii,
p. 301-333 ; t. xiv, p. 163-187 ; et spécialement les légendes
monétaires dans la Revue celtique, t. ix, p. 26 et chez A. Blan-
CHET, Traité des monnaies gauloises, t. i, p. 95-150.
Je distingue les diverses sortes de noms propres par les abré-
viations suivantes : 1. (nom de lieu), r. (nom de cours d'eau),
p. (nom de peuple), h. (nom d'homme), d. (nom de dieu ou df
déesse), f. (nom de femme],
LA LANGUE 105
Anai-'o- : Anavos h. ; gall. Anau-gen ; bret. Anau-
guistl.
Bôdio- : Sego bodiom 1. ; gall. Bud gualan, Cat-bud ;
bret. Bud-guoret.
Boduo- : Teuto-boduosh. ; v. bret. Tri bodu, Arth-bodu ;
gall. Gur-bodu.
Bruno- : Brano-dunom 1. ; irl. Bran-dubh, Art-bran ; v.
bret. Bran-hucar.
Brlgo- : Brigo-banne l.,Nitio-brigesp. ; v. bret. Cat-wo-
brl, Hael -wo-bri, Bri-wal.
Brocco- : Bro(e)co-magos 1. ; v. bret. Broho-magli, gall.
Broch-mail.
-broges : Allo-broges p. ; gall. Cymry =* Com-broges.
Cambo- : Cambo-dunom 1. ; gall. Gam-dubr.
Camulo- : Gamulo-gnata f., Gamulo-rix h., Gamulos d.
h. : irl. Gumal.
Canto- : Ganto-senos h., Medio-cantos 1. : v. bret. Hin-
cant, Hael-cant. ,
Caranto- : Garanto-magos 1. ; v. bret. Garant-car.
Catu- : Gatu-maros h., Duno-catus h. ; irl. Dûn-chadh,
Cath-buadach, Im-chath ; gall. Gad-bud ; bret. Gat-ne-
met.
Cintu- : Gintu-maros h. ; gaél. Ken-tegern ; gall. Gyn-
deyrn ; bret. Kint uuallon.
Cobro- : Gobro-mara f. ; irl. Gon-chobar.
Cuno- : Guno pennos h. ; irl, Gune-dag ; gall. Mail-cun.
Çon raor.
106 NOMS PROPRES
Dago- : Dago-dubnos, h., Bitu-daga f. ; irl. Dag-dé ; v
gall. Cune-dag.
Diimno-, Diihno- : Dumno-rix h., Dubno-rix h., Dago-
dubnos h. ; irl. Domn-al ; gall. Domn-guaret, Dyfn-wal.
Diibro- : Dubro-dunom 1., Verno-dubrom r.; bret. Dubr-
ien ; gall. Cain-dubr.
Epo- : Epo-redia 1. ; irl. Each-marcach, Ech-tigern.
-genos : Camulo-genos h. ; Esu-genos h., Rectu-genos
h. ; V. gall. Arth-gen ; v. bret. Hoiarn-gen, Rit-gen.
Isarno- : Isarnos, Isarninos li. ; v. bret. Hoiarn-scoet,
Gathoiarn.
-magos : Roto-magos 1. : irl. Dairmagh, Fern-mag,
Find-inag ; gall. G\vyn-fa.
Marco- : Marco-magos 1. ; gall. March-vid, Cad-farch ;
bret. Guion-varch.
Maro- : Ad-maros h. ; v. bret. Er-mor.
Matu- : Matu -genos b. ; gall. Mat-gueith.
Mari-: Mori-dunom 1. ; gall. Mor-bran, Mor-gan ; irl.
Muir-chad ; v. celt. Are-inoricus, bret. Arvor; gall. arfor-
dir.
Nemeto- : Nemeto-briga 1., Ver-nemeton 1. ; v. gall. Gor-
nivet, V. bret. Gat-nemet; irl. Nemed.
Rigo ; rix : Rigo-inagos 1., Gatu-rix d. h.; irl. Rig-
bardan ; gall. Ri owen , bret. Ri-uuallon ; v. celt. Catu-
rigia, irl. Cothraige.
Ritu- : Ritu-magos 1. ; v. bret. Rit hergabail ; gall.
Rhyd-ychen.
À
LA LANGUE 107
Ro- : Ro-smerta d., Ro-talos h. ; v. bret. Ro-hoiarn, Ro-
mael.
Seno- : Seno caros, v. bret. Hen-car.
Su- : Su-caros, v. bret. Eu-ho-car.
Talo- : Dumno-talos h. ; y. bret. Tal-houarn.
Vasso- : Vasso-rix h., Dago-vassosh. ; v. bret. Cun-uuas,
Pen-uuas.
Vellauno- : Vellauno-dunom 1., Cassi-vellaunos h. ; v.
bret. Cat-uuallon, Dre-uuallon.
Ver- : Ver-cingetorix h., Yer-cassi-vellaunos h. ; gall.
Gur-cant, Guor-tigirn.
Verno- : Verno-sole 1. ; irl. Fera-mag.
Vesii- : Bello-vesus h. ; v. bret. Uuiu-cant,
Vindo- : Vindo-magos 1. ; irl. Find-mag, gall. Gwyn-fa.
Si l'on essaie de déterminer le sens de ces noms propres,
on ne peut guère se flatter d'aboutir à autre chose quà
d'ingénieuses liypotlièses. La coïncidence entre un élément
d'un nom propre vieux- celtique et un mot conservé dans
les langues celtiques peut être purement fortuite.
Le rapport entre les deux éléments du nom composé
pourra parfois conduire à des explications analogiques ; par
exemple Tri-contii comparé au breton tre-gont « trente »
nou8 amènera à chercher dans Vo-coiitii (cf. les vigintiviri
des Voconces) un composé analogue qui peut être identique
au breton ugeni « vingt » (1). Mais comme, d'autre part,
les termes d'un nom propre indo européen ne sont pas
(1) Be^'ue des études anciennes, t. viii, p. 172-174»
108 NOMS PROPRES
toujours combinés pour donner un sens logique, et comme
ils avaient déjà, pour la plupart, la valeur abstraite qui de
bonne heure s'attache aux noms propres, quelque signifi-
catifs qu'ils aient été à l'origine, on ne saurait prendre
comme preuve de la vraisemblance d'une explication le
sens raisonnable et logique qu'elle attribuerait au nom
propre. Les combinaisons d'idées les plus incohérentes
peuvent être conformes à la réalité. Il est donc probable
que, quelque précision phonétique que l'on mette à ces éty-
moiogies, un grand nombre d'entre elles sont fausses. 11
n'en subsiste pas moins que le système onomastique du
vieux celtique est conforme au système onomastique du
gaélique et du breton, et que, dans l'ensemble, les noms
vieux-celtiques s'expliquent aisément par des mots appar-
tenant au celtique moderne. Voici les termes dont l'identi-
fication est phonétiquement exacte 1) et dont la traduc-
tion évoque des idées analogues à celles que les autres
peuples indo-européens ont introduites dans leurs noms
propres :
aballo- : Aballo 1. ; v. irl. aball, v. gall. ahall
« pomme ».
aidu- : Aedui p. ; v. irl. aed « feu », Aed nom propre.
-agro- : Ver-agri p., cf. Su-agriosh. ; irl. àr « carnage »,
gall. aer.
albio- : Albio-rix d. h. ; gall. elfydd « monde ».
ambi- : Ambi-barii p., Ambi-gatos h., Ambi-dravi p.;
V. irl. imb ; gall. amm- « autour de ».
(1) Dans la transcription des noms celtiques, pour faciliter la
comparaison, nous avons remplacé u latin par o partout où Vu
n'est pas étymologique en celtique.
LA LANGUli 109
anavo- : Anavos h. ; gall. anau « harmonie, poésie ».
ande- : Ande-matunnom !.. Ande ritoml. ; v. irl. ind ;
bret. an- (intensif).
arduo- : Arduenna 1. ; irl. ard « grand » ; gall. ardd.
are- : Are-morical.,(l), Are-dunoml., V. ivl.air- «sur»;
gall. ar-.
arganto-, argento- : Argento-magos 1., Argento-rate 1.,
Argento-coxosh. ;irl. argat, arget ; bret. arc haut « argent ».
Cf. bret. cann « blanc », gall. ar-gan « très brillant ».
-arto- : Arto-briga 1., And-arta d., Artos h. ; gall. arth
« ours » ; irl. art « pierre >) .
ate- : Ate-boduos h., Ate-cingos h., Ate-gnata f., At-epo
h., Ate-spatos h. ; v. irl. aith- ; gall. at- « re- » (intensif).
-bena : Sacro-bena f., Vitu-bena f. ; v. irl. ben « femme ».
-benno- : Canto-bennom 1. ; y. irl. benn « corne », gallois
ban?i a pic », cf. prov. bana.
-bilo-, bili- : Mandu-bilos h., Bili-catus h. ; irl. bil
« bon » .
«
-bitu- ; Bitu-rix p. h., Bitu-daga f., Dago-bitus h. ; v.
irl. bith ; v. gall. bit « monde ».
blato- : Blato-magos 1., Blato-bulgios 1.; v. irl. blàth
« fleur ».
-bodio- : Bodio- casses p., Bodiontici p., Touto-bodiaod
p. ; V. irl. buaid « victoire »> ; gall. budd « profit ».
(1) Sur ce mot, voir J. Loth, De vocis aremoricae usque ad
sexlum post Christum natum sseculum forma atque significatione,
Rennes, 1883.
Ho
NOMS PROÎ>BES
-bodiio- : Boduo-gnatos h., Boduo-genos h. ; v. irl. bodb
« corneille » ; nom d'une fée guerrière.
boudo- : Boudo-briga 1., Boudicca f. ; v. irl. biiaid « vic-
toire ».
brano- : Brano-dunom 1. ; irl. bran « corbeau ».
bratu- : Bratu-spantium 1. ; irl. Jirntli « jugement », cl.
ppaxo'jSî des inscriptions gauloises.
•briga : Deobriga 1. ; v. irl. bri, gall. bret. bre « mont ».
-brlgo^ : Brigo-banne 1., Nitio-briges p., Brigia r. ; irl.
brig « force % gall. bri « dignité ».
-brogi- : Allo-broges (1) p., Ande-brogi-rix f., Brogi-
maros h. ; v. irl. bruig ; gall. bro « pays ».
brocco- : Broc[c]o-magos 1. ; irl. broc; gall. broch ; bret.
broc' h « blaireau ».
-cadro- : Belatu-cadros d. ; v. bret. cadr « beau ».
-caleto- : Caleti p., Yassocaletos d. ; bret. calet « dur ».
cambo- : Cambo-dunom 1., Cambo-ritom 1. ; v. irl.
camm ; gall. canmi < courbe » .
-canto- : Canto-rix h., Canto-senos h., Viro-cantos h.;
gall. cant « brillant » .
-ccfjD/o- : Moeni-captos h. ; irl. cacht « esclave », gall. caeth,
caranto- : Caranto-magos 1., Carantos h. ; irl. cara, gén.
carat « parent », gall. carant.
-cassi- : Cassi-gnatos h., Velio-casses p., Ver-cassi-vel-
( 1 ) Brogae Galli « agrum » dicuut ; alla autem « aliud ». Schol, I ,
de JuvÉNAL, VIII, 234. Brogilo- « breuil » est dérivé de brogi-.
La Langue Hl
launos h., Duro -casses p.. Cassi-vellaunos h. ; irl. cais
«joli ». Cf. xajjt'xEio; u étain ». On trouve sur des mon-
naies la variante -ca^i.
cata- : Cata-mantaloedis h. ; v. irl. cet-, v. gall. cant-
« contre, avec ».
-catu- : Catu-maros h., Catu-rix h. d., Catu-sualis h.,
Catu-volcos h., Duno catus h., Divi-catus h.; irl. cath l
gall. cat « combat ».
-ceto- ; Gelo-briga 1., Uto-cetom 1. ; v. gall. coit ; bret.
coet « bois n.
-cingo- : Ate-ciugos h., Ex-cingosh., Ex-cingo-magosl. ;
irl. cingim « je marche « ; gall. rhy-gyngua aller l'amble ».
-cingeto- : Ver-cingeto-rix h., (1) Gingeto-rixh., Ginge-
tios h. ; ir. cing, gén. cinged « guerrier ».
cintu : Gintu-gnatos h , Gintu-genos h., Cintu marcs h.;
irl. cet « premier > ; gall. cynt, bret. Kent,
cob- : Gob-nertos h., Goblanuo f. ; irl. cob « victoire ».
co-, -com-, con- : Gom-boio-maros h., Ver-com-bogios
h., Gon-victo-litavis h., Gon-date l.,Go-viros h., Go-matu-
maros h. ; irl. cofn- « com-, con- ».
-co?i- : Viroconiom 1., Ari-coniom 1. ; irl. a'', gén. con
« chien » ; cf. le nom d'homme irlandais Fer chu, g. Fcr-
chon.
-corio- : Petru-corii p., Tri-corii p. ; v. irl. cuire « ar-
mée ».
(1) « Nomine etiam quasi ad terrorem composito Vercinge-
torix ». Florus, i, 45, 21.
142 NOMS PROPRES
-covero- : Dumno-coverosh. ; gall. cywir « juste, vrai ».
-coxo- : Argento-coxos h. ; v. irl. coss « pied » gall. coes
« jambe ».
crixo- : Grixos h. ; v. gall. crych « crépu ».
•cuno-: 'Ap-y.jv.a opr, 1., cl. V. bret. Guno-pennos ; gall.
cynu « élever ».
-dago- : Dago-bitu8 h., Bitu-daga f. ; v. irl. dag- ; gall. da
« bon *.
-derco- : Derceia 1., Con-dercos h., Derco-iedus h. ; irl.
derc « œil » .
-dervo-: Dervones d., Dervoniaf., Dervos 1., gall. derw :
bret, deri) « chêne ».
déw-, divo-: Devo-gnataf., Divo-dnroiu I., Divonar. (1) ;
irl. dia, g. dé a dieu ».
-donna- : Donno-tauros h., Mati-donnos h., Seno-donna
I. ; Donnes h. ; irl. donn, gall. dwnn « brun » : irl. donn
« noble, roi ».
-dummo-, dubno- : Gongonneto-dubnos h., Dago-dubnos
h., Dubno-rix h., Dumno-rix h., Vero-dumna f. ; v. irl.
domun « monde, profond» ; gall., domain, dwfn « pro-
fond M,
-dubro- : Verno-dubrom r.. Dubro-dunom 1., Dubral.,
V. irl. dobor; gall. d^vfr ; bret. dour « eau ».
-diino- : Lugu-dunom 1 , Vellauno-dunom 1., Duno-ma-
ro8 h. ; irl. dùn « forteresse » ; gall. din.
(1) « Divona Celtorum liiigua îons addite Divis. » Ausone,
Des villes illustres, 14.
LA LANGUE 113
durno- : Durno-magos 1., Dago-durnos h., Durnacos h. ;
irl. dorn ; gall. d^rn « poing ».
eburo- : Eburo-brigal., Ebufo-vicesp., Eburacusl., Ebu-
rones p.. Eburos h. ; irl. ibar « if ; bret. eçor « bour-
daine ».
eli'o- : Elvo-rix h. ; gall. elw « gain ».
-epo- : At-epo-maros h., At-epo-rix h., Epo-manduo-du-
rom ]., Epo-meduos h., Epo-sterovidus h., Epona d. ;
bret. ep dans ken-ep « jument pleine » ; irl. ech « cheval ».
ex- : Ex-cingos h., Ex-ciogo-maros h. ; irl. ess- « ex- »,
gall. bret. es- devant consonnes.
gabro-: Gabro-magos 1., Gabro-sentom 1, ; v. irl. ga-
bor ; V. gall. gabr « chèvre » bret. gcwr, gaor.
-geistlo- : Gon-geistlos h. ; gall. cyn-gwystl « gage mu-
tuel », irl. giallu otage».
genava : Genava 1. ; v. gall. genou, mod.genau, « bouche » ,
cf. lat. Ostia.
-genos : Cintu-genos h.,*Esu-genosh., ïotati-genos h. ;
gall. geni « naître » ; irl. gein.
glano- : Glana r., Glanon 1., irl. gall. glan « pur ».
•gnato- : Gatu-gnatos h. ; Epo-so-gnatos h. ; irl. gnàth
« accoutumé » , gall. gnawt.
gobann- : Gobanni-cnos h. (corr.), Gobannitio h.,Goban-
nio 1. ; irl. goba, gén. gobann, « forgeron » ; gall. gofaint
« forgerons ».
-iantu- : lantu-maros, lentu-maros h., Ad-ianto h. ; irl,
étmar '< zélé » et t zèle » ; gall. add-iant « désir ».
G. DoTTiN. — Manuel de l'antiquité celtique. 8
114 NOMS PROPRES
isarno- : Isarnos h., Isarninos h , Ysarnodori 1. (1) ; irl.
iarn, gall. haiarn a fer ».
-iugo- : Ver-iugo-dumnosd., Ver iugosh..Rigo-ver-iugos
h., gall. iau, bret. ieo « joug ».
lindo- : Lindca 1. ; irl. lind « eau. étaog » ; gall. lyji,
litano- : Litano-briga 1., Smertu-litanos h., Litania
silva (2) ; irl. lelhaii « large » ; v. gall. ///(//.•.
liiu- : Litu-maros h., Litu-genos h. ; irl. lith « fête >' ;
bret. lid.
loucetio- leucetio : Leucetiosd., Loucetios d. ; irl. loche,
gén. lôchet « éclair » ; gall. lliiched, bret. liiked {= * loue-
seto-).
loverno- : Luernios li., Lovernucos h ; v. bret. louuern
« renard ».
-rnagos : Rigo-magos 1., Gaturigo-magos 1., Condato-
magos 1., ilitu-magos 1. ; v. irl ?nag. u cliauip » ; gall.
mues.
-magu-: Ivo-magush., >Iagu-rix h., Magula f. ;ir\.?nug,
corn, rnmv (.. serviteur p.
marco- : Marco-durom 1., Marco-magos 1. ; irl. marc ;
gall. mardi ^^ cheval ».
-wa/o-: Gatu-maros 1., Excingo-uiaroSjh.,Cobro-mara f.,
Maro-boduos h. ; irl. mâr « grand » ; v. gall. maur.
mati- : Mati-donnos h. ; irl. maith « bon ».
(1) Gallica lingua Ysarnodori id est ferrei ostii. Acta sanclo-
rum, janv, I, p. 50.
i2) Silva oral vasta, Litanam Galli vocahant. Tite Live,
xXTii, 24, 7.
LA LANGUE 115
-matu- : Matu-genos h., Teuto-raatus h. ; irl. math
« ours ».
medio- : Medio-lanom I., Medio-matrici p. ; irl. mide,
mid- « milieu » .
medu- : Medu-genos h., Medu-briga 1., Meduli p. ; irl.
mid, gall. medd^ hydromel », moy. bret. mez.
mori- : Mori-dunom 1. Mori tasgos h. d. ; irl. muir
« mer », bret. mor. Cf. monmariisatu id est mortuum
mare, qui serait d'après Philemon (1) un mot de la langue
des Cimbres.
-nantu- : Nantu-ates p. ; Nantus 1.'; gall. nant « vallée ».
nemeto- : Ver-nemetom 1. (2), Nemeto-briga 1., Nenieto-
gena f., Nemetona d. ; irl. nemed « sanctuaire ».
-nerto- : Nerto-briga 1. ; Nerto-maros h., Esu-nertos h. ;
V. irl. nert ; v. gall. nerth « force ».
nitio-'. Nitio-broges p., Nitio-genna f. ; irl. nith n com-
bat ».
nouio-,nei>io- :Novio-dunoml , Nevio-dunom, Novio-ma-
gos 1. ; V. irl. nue = * novio, gall. newydd.
-obno-, omno- : Ex-obnos h. Ex-omnos h. ; v. irl. ornun
« crainte » ; gall. ofn ; irl. es-omun, gall. eh-ofn « sans
«rainte ».
octo- : Octo-duros 1., Octo gesa 1. : cf. irl. ochte «an-
goisse >.
(1) Pline, Histoire naturelle, iv, 27, 94.
(2) « Vernemetis... quod quasi fanum ingens gallica lingua
refert. » Fortunat, Carmina, i, 9, 9.
116 NOMS PROPRES
ollo- : Ollo dagos h., OUo-gnatos h., OUo-totae d. ; irl.
oll « grand ».
orgeto- : Orgeto-rix h., Orgetia f. ; cf. v. bret. orgiat,
irl. orgim « je tue ».
penno- : Penno-vindos h. (1), Penno-lucos 1., Pennos
h. ; gall. penn ; irl. cenn « tête ».
petru- : Petru-corii p. ; gall. pedry- « quatre ».
rectu- : Rectu-genos h ; irl. recht « droit, juste ». bret.
reiz.
-redo- : Epo-redo-rix h., Redones, cf. ve-redus, para-ve-
redus : irl. riad « course » .
rêno- : Renos r. h., Ambi-renos h. ; irl. rian « mer ».
rigo-, rig- {rrg-,reig-) :Rigo-dulom 1., Garbanto-rigon 1.,
Gatu-rix h. d. ; Ambio-rix, h. ; Boio-rixh., Dubnoreix,-rex
h., irl. V. bret. ri « roi ».
-ritu- : Ritu-magos l., Loco-ritum 1., Ande-ritum 1.; v.
gall, rit « gué ».
ro-: Ro-smerta d., Ro-talos h. ; irl. ro-, particule in-
tensive.
roto-: Roto-magos 1. ; irl. roth « roue ».
rondo- : Ande-roudos b.. Roudios h. ; irl. riiad ; gall.
rudd « rouge ».
sego- : Sego-briga 1., Sego-dunom 1., Sego-marosh. ;
Sego-vellauni p. ; irl. seg « force ».
-selva- : Lugu-selva f. ; irl. selh ; gall. helw « possession ».
(1) Sur ce mot et ses transformations modernes, voir A. Lon-
GNON, Revue celtique, t. xxv, p. 17,
LA LAISGUË 117
-seno- : Seno-gnatos h., Seno-rix h., Seno-condos h,,
Seno-magos 1., Canto-senos h.; v.irl. sen '< vieux » ; v.
bret. hen.
slôgo-, slougo- ; Gatu-slugi p. ; irl. slôg, slûagi<. armée »,
gall. llu.
su- : Su-anetes p., Sucariosh. ; irl. su- ; v. bret. hu-
« bien ».
-talo- : Argio-talos h., Cassi-talos h., Dubno-talos h. ;
Vepo-talosh. ; gall. tal « front ».
taxi- : Taxi-magulos h. ; irl. tais « doux ».
teuto-, touto- , tôto- : Touto matus h. , Touto-bodiaci p. , Ten-
tâtes d., Toutatis d., Totati-genos h., Toutio-rix d. ; irl.
tuath « peuple » ; gall. bret. tud.
togi- : Togi-rix h., Togi-sonos r,, Togios h. ; irl. toig
« aimable ».
tri- : tri-garanus : TarvosTrigaranus d. ; irl. iarbh « tau-
reau » ; tria trois » ; gall. garan « grue» ; v. celt. Tri-boci
p., Tri-cassini, Tri-ulatti/Tri-casees p.
trôgO' : Trogos h. ; irl. truag « malheureux », gall. tru.
On rattache à cette racine le français truand.
uxello- : Uxello-dunom 1., Uxellos d. 1. cf. Uxi-sama 1. ;
uasal ; gall. uchel « élevé ».
■vasso- : Dago-vassosh., Vasso rix h., Vassoh. ; irl. jos ;
gall. gwas « serviteur » : cf. fr. vass al
vecti- : Vecti-marosh., Vecti-rix h. ; irl. jecht «combat ».
ver-: Ver-agri p., Ver-cobius h., Ver-iugo-dumnos d. ;
H8 NOMS PROPRES
Ver-cassi-vellaunosh., Ver-lucio 1., Ver-condari-dubnos h.
irl. jor- ; gall. gwr- (intensif), bret. gour-.
verno- : Verno-dubrom r., Verno-sole 1. ; irl. fern
« aulne » ; gall. bret. gwern « aulnes », « marais ».
-vesu- {visu-]: Bello-vesush.. Sigo-vesus h., Visu-rix
h. ; irl. iiu ; gall. gwiw o digne ».
vidu- : Vidu-cassesp., Viducosh. ; irl. fid ; v. gall. guid
« arbre, bois ».
-vindo-: Vindo-bona 1. Vindo-mora 1., Vindo-magos 1.
(gall. Gwynfa) ; Vinda f., Penno-vindos h. ; irl. jind : gall.
gwynn « blanc ».
•PîVo- : Viro-manduos h. p., Sacro-viros h., Seno-viros
h. ; irl. fir ; gall. gwr « homme », m. bret. gour.
-vlro-, -vrro- : Co-viros h. ; gall. ajwir « juste » ; Dumno-
coveros h.
co- : Vo-bergensis 1., Yo-segus d. ; irl. fo ; gall. guo-
(( sous ».
Du point de vue du sens, les noms de lieux en vieux-
celtique peuvent se classer en cinq catégories :
1° Les noms religieux : Divo-durom « ville des dieux.
Camulo-dunom » « forteresse de Camulos », Lugu-dnnom
« forteresse de Lug ».
2° Les noms géographiques : Briva-Isarae « Pont de
l'Oise », Moso-magos « champ de la Meuse », Coudato-
magos «champ du confluent», Acaunum uxoch&c ^-i [i),
(1) « Agaunum incolae interpretatione Gallici sermonis saxum
diciint )> [Acta Sanci., sept., vi, 345D.
LA LANGUE 119
Avaricom dérivé de Avara Yèvre, Autricom dérivé de ^4»-
turaEviXQ, Genava « embouchure ».
4° Les noms relatifs à la faune ou à la flore : Bibracle
« lieu des castors », Uro-magus « champ de l'urus »,
Gahro-sentom « chemin de chèvre », Matu-caiom « bois
Ag% oViV?, 's>^ Brocco-magos a champ du blaireau», Aballo
« pommeraie », Dcrventio « chênaie », Ciilaro « ville des
concombres », Limonotn « ville des ormes » (1).
4° Les noms relatifs à l'industrie : Gohanniom « forge »,
Carbanio-raie « fabrique (?) de chars ».
5° Les noms de terres dont le premier terme est un nom
d'homme : Novio-dunom «forteresse de Novios ». Uxello-
dunom « forteresse d'Uxellos » , Cambo-dunom « forteresse
de Cambos », Scno-mngos « champ de Senos ». Quelques-
uns de ces mots peuvent s'expHquer comme des noms géo-
graphiques : « forteresse neuve, haute, courbe ; vieux
champ 1).
Les noms dérivés en -acos n'apparaissent que sous l'em-
pire romain. A l'origine, ces noms s'employaient sans
doute comme des formes abrégées des noms composés. La
ville d'Arras, appelée Nemeto-cenna chez Hirtius (2), le
continuateur de César, est désignée dans l'Itinéraire d'An-
tonin sous le nom de Nemetacum (3). Il est possible que de
même Eburacns réponde à Eburodunom, Noviacus à No-
viodunom, Turnaciis à Tiirnodurom (4). A l'époque gallo-
(1) Cf. J. Vendryès, Mémoires de la Société de linguistique
de Paris, t. xiii, p. 387-389.
(2) De belle gallico, viii, 46 ; 52,
(H) P. 377, 8 ; 378, 10 ; 379, 2. Cf. Ptolémée, ii, 9, 4 ; Table
de Peutinger : MUliaire de Tongres.
[\] H. d'Arbois de Jubainville, Mémoires de la Société de
linguistique de Paris, t. ix, p. 190. Recherches sur l'origine de la
120
NOMS PROPRES
romaine, cette formation a pris un développement considé-
rable. Le suffixe- r/cti^ s'est ajouté aux gentilices romains
pour désigner des jundi (1). Mais on ne le trouve qu'en
pays celtique.
Le sens des noms de tribus et de peuple^ est le plus sou-
vent obscur ; la plupart semblent des surnoms honorables :
Cnta-riges « les rois du combat », Bitu-riges » les rois du
monde » ; d'autres font allusion à des totems : Branno-
çices i les guerriers du Corbeau » ; d'autres à des divisions
de la peuplade : Tri-corii « les trois armées », Petru-corii
« les quatre armées ».
Les noms de personnes en vieux celtique (2) se divisent,
autant toutefois qu'on en peut pénétrer le sens, en :
1" Noms exprimant une filiation divine : Dico-genus,
« fils de dieu», au féminin Divo-gena << fille de dieu »,
Camulo-genos u fils de Gamulos », Esa-genos « fils d'Esus »,
Esu-n-^rtos « force d'Esus », Totati-genos « fils de Totatis »,
Eni-geiws « fils de l'Inn », Moeni-caplos « esclave du
Main ».
Peut-être a-ton raison de rattacher à ces noms ceux
dont le premier terme est un nom d'animal ou de plante
et qui rappelleraient ainsi d'anciens totems des tribus cel-
tiques : Uro-geiio-?iertos « qui a la force du fils de l'urus » ;
Matii genos « fils de l'ours ».
2° Noms exprimant des particularités physiques ou mo-
propriété foncière et des noms de lieux habités en France (période
celtique et période romaine), p. 151-155.
(1) H. d'Arbois de Jubainville, Recherches sur l'origine de
la propriété foncière, p. 156-162.
(2) H. d'Arbois de Jubainvit.t.e, Les noms gaulois chez César
et Hirtius, De bello gallico ; Cours de littérature celtique, t. vi,
p, 172-177. Recherches sur l'origine de la propriété foncière, p. 398.
LA LANGUE
d21
raies : Diibno-talos « qui a le front profond », Dago-diib-
nos « à la profonde bonté » Seno-viros « vieil homme »,
Seno-hena « vieille femme y.
3" Noms guerriers : Ver-cingeto-rix « grand roi des
guerriers », Catu-gnatos « habitué au combat », Catu-ma-
ros « grand dans le combat », Catu-rix « roi du combat »,
Orgeto-rix « roi des tueurs », Eporedo-rix « roi des cava-
liers » .
Les noms hypocoristiques se forment, soit en ajoutant
un suffixe au premier terme du composé : Dumnacos, de
Dumno-rix, Diimno-talos ; Catiienos, de Catu-rix, Catii-
vellaunos ; Nertacos, de Nerto-maros ; Teutalos, de Teuto-
matos ; Senacos de Seno-rix ; — soit en déclinant le pre-
mier terme : Bitus, de Bitii-rix ; Caius, de Catu-rix ; Nertos,
de Nerto-maros; Senos^ de Seno-rix.
Les noms propres celtiques sont particulièrement appa-
rentés aux noms propres germaniques, soit pour les termes
des composés, soit pour l'ensemble même de la formation :
Geltiqce
Germaniquk
boduo-
: Maro-boduos
bathu- : Mara-bathu8
catu-
. Catu-maros, Catu-rix
hadu- : Hadu-mâr, Hadu-rich
cuno-
: Cuno-maros
hun- : Hun-màr
oluto-
: Cluto-rix
filud- : Hlud-rîch
nitio-
: Nitio-genna
7iid- : Nîd-bald
rigo- :
Rigo-maros
rie- : Ric-mâr
rectu-
: Rectu-genos
recht- : Reht-hart
sego- :
Sego-maros
sigu- : Sigu-mâr
teuto-
: Teuto-matos
diet- : Diet-mâr
422 MOTS RESTITUÉS
IV. Mors DU VIEUX CBLTIQUR RBSIITUéS PAR LA LiriGU'STIQUB
Parmi ces mots, les plus intéressants pour nous sont
ceux que l'on peut attribuer au celtique continental. Les
seuls mots celtiques dont l'existence sur le continent puisse
être démontrée sont ceux qui ont persisté à la fois dans les
langues celtiques et dans celles des langues romanes qui
sont parlées dans des pays jadis occupés par les Celtes.
Nous nous bornerons ici à relever les mots qui existent à
la fois dans les langues celtiques et en français ot dont une
liste dressée avec soin figure dans le Dictionnaire général
de la langue française de Darmesteter. Hatzfeld et A. Tho-
mas (1). L'étude des mots français présente une difficulté
particulière parce qu'une langue celtique, le breton, est
encore parlée en France et que le breton a emprunté an
français un grand nombre de mots, tandis que le français
lui même empruntait quelques mots au breton. Lorsqu'un
mot existe à la fois on français et en breton, il est donc-
possible que ce soit un mot d'emprunt dans l'une ou l'autre
langue ; la phonétique historique permettra le plus souvent
de résoudre la question (2). La présence du mot en question
en gallois peut, dans une certaine mesure, démontrer l'ori
gine celtique ; il est toutefois possible que le mot gallois
soit un terme anglo -normand emprunté à l'anglais. L'hypo-
llièse d'un tel emprunt sera moins vraisemblable en irlan-
(1) Traité de la formation de la lans.ue française, p. 11-12.
(2) Pour l'étude des mots bretons, consulter V. Henky,
Lexique étymologique des termes les plus usuels du breton mo-
derne, Rennes, 1900.
LA LANGUE 123
dais. La plus grande somme de probabilité en faveur de
l'origine celtique sera donc réalisée seulement quand un
mot sera conservé à la fois en gaélique, en brittonique et en
français. Voici les principaux mots vieux-celtiques que l'ac-
cord du français et des langues celtiques permet de resti-
tuer (1) :
* harga- : irl. barc « barque » ; fr. barge.
* barica- : fr. berge ; en gallois on a bargod =* baricât
« bord j>.
* bilio- : irl. bile « tronc d'arbre » ; fr. bille.
* branno- : gall. brann ; bret. brenna son » ; fr. bran.
* bris- : irl. brissim ; fr. briser.
* brozdo- : irl. brot « pointe, aiguillon » ; bret. broz
« jupe » ; fr. broder.
* clëta- : irl. cliath : gall. dwyd « claie » ; d'où le bas-
latin clêta, fr. claie.
* cambita- : br. c.amhet ; fr. jante. Voir cambo- (p. 110).
* camino- : n'est conservé que dans les langues ro-
manes : fr. chemin ; mais est certainement apparenté à
lirl. céimm ; bret. kamm a pas ».
* derveità : br. derçoed dartres ; fr. dertre, dartre.
' drillo- : gall. dryll « morceau » ; fr. drille « lambeau
d'étoffe » ; cf. bret. draill, corn. dral.
* dlnto- : irl. dlnth « épais » ; fr. dru.
(1) Cf. H. d'Arbois de Jubainville, Eevue celtique, t. xviii,
p. 103-107. W. Meyer-Lubke, Romanis'^hes etijmologisches Wôr-
terbuch, Hcidclbcrg:, 19!!-l9l4.
124 MOTS RESTITUÉS
* garri- : irl. gairri a mollets » ; bret. garr « jambe » ;
gall. garr « jarret » ; d'où le dérivé fr. jarret.
* gatali- : bret. gadal « débauché », v. fr. jaal, jaelise ;
prov. gazai.
* gobo- : irl. gob « bec, » d'où en français gober, gohet.
* gravo- : gall. bret. gro « sable, » d'où la forme fémi-
nine fr. grève.
* grenna- : irl. grenn « barbe », bret. grann. « sourcil,
cil », prov. gren, y. fr. grenon.
* ivo- : irl. eo ; gall. yw ; fr. if.
* landa- : irl. land, gall. llun « parvis » ; fr. lande.
* mesga- : irl. medg « petit lait » ; gall. maidd ; fr.
mègue.
* mue- : irl. mi'/chaini « je cache » ; v. fr. inucicr.
* pario- : gall. pair « chaudron » ; prov. pairol.
* rica- : irl. rech, gall. rhycJi « sillon » ; fr. raie.
* rocca : bret. rocli ; fr. roche.
" riisca : v. irl. ruse « écorce » ; fr. ruche ; le breton
riisk « écorce, ruche » a subi l'influence du mot français,
car à II irlandais répond i breton, et la forme galloise est
rh isg .
* sesca- : irl. seisc, gall. hesg « laîche » ; v. fr. sesche.
* socco- : V. irl. socc ; bret. soc'h ; fr. soc.
* verno- : irl. fern « aulne » ; gall. gwern ; fr. i>erne. Cf.
les noms gaulois en Verno-.
Outre les ressources qu'ils fournissent pour l'étude du
vocabulaire vieux celtique, les mots restitués par la lin-
LA LA>GUE 125
guistique permettent d'étudier à fond les sons et les formes
grammaticales. Les mots transmis par les anciens ont été
latinisés ou grécisés, et ne peuvent servir à déterminer que
des lois très générales de phonétique ou de morphologie.
La parenté du vocabulaire vieux-celtique avec celui des
autres langues indo-européennes (1), hors de doute lors-
qu'on prend comme éléments de comparaison le vieil ir-
landais et le vieux breton, serait facile à démontrer même
si l'on n'avait que les mots transmis par les auteurs de
l'antiquité.
pempe- « cinq », [bret. pemp, irl. côic] ; lat. qiiinque.
gr. TTÉvxe, éol. TÉfjLTTc, gkr. pdnca.
(1) Sur cette question consulter : Brugmann, Grundriss der
vergleichenden Grammatik der Indogermanischen Sprachen,
Strassburg, 1886-1893. H. d'Arbois de Jubainville, Etudes
grammaticales sur les langues celtiques, Paris, 1881, p. 83-103 ;
Eléments de la grammaire celtique, déclinaison, conjugaison, Pa-
ris, 1903 ; A. Meillet, Introduction à l'étude comparative des
langues indo-européennes, Paris, 1903 ; Pedersen, Verglei-
chende Grammatik der keltischen Sprachen, Gottingen, 1909-
1913.
Voici quelques détails précis sur la parenté du vocabulaire
des langues celtiques avec le vocabulaire des autres langues
indo-européennes, telle que nous pouvons l'établir à l'aide des
éléments dont r\pus disposons. Sur un millier de mots relevés
dans le Urkeltischer Sprachschatz, 418 sont communs au celtique
et aux autres langues du rameau asiatique (sanskrit, zend, ar-
ménien) et du rameau européen (slave, grec, italique, germa-
nique) ; 143 sont communs seulement au celtique et au germa-
nique ; 106 au celtique et à l'italique ; 74 au celtique et au grec ;
68 au celtique et au letto-slave ; 39 au celtique, à l'italique et au
F germanique ; 34 au celtique, au grec et à l'italique ; 34 au cel-
tique, au slave et au germanique ; 22 au celtique, au grec, à
l'italique et au germanique ; 18 au celtique, au grec, à l'italique
tt au slave ; 17 au celtique, à l'italique et au slave ; 16 au cel-
tique, au grec et au germanique ; 15 au celtique, au grec, à
l'italique, au germanique et au slave ; 12 au celtique, à l'ita-
lique, au germanique et au slave ; 7 au celtique, au grec, au
germanique et au slave.
426 MOTS RESTITUÉS
petor- « quatre », [v. gall. petguar, irl. cethir], lat. qua-
tuor, gr. att. -î-:xap£;, éol. Ti'.aupt;.
ver go- « efficace », [v. gall. guerg], anglo-saxon work,
ail. werk^ gr. Fspyov.
c/oro « porte », [v. bret. dor, irl. doras], lat. /or^s, got.
daur, V. si. dvorïi, gr. O^pa.
epo- « cheval », [v. irl. ecli, gall. c/j-o/] lat. cqvos, gr.
'(ttho;, skr. âçvas, got. aUiwa, lit. aszva.
tri- « trois », [v. irl. i/'/, gall. //•/]. lat. Irrs, gr. 'p^^î,
angl. i/iree, v. si. ^ri/>.
Mais ce n'est pas à l'aide du vocabulaire que l'on établit
le mieux la parenté des langues celtiques avec les autres
langues indo-européennes, car les mots peuvent avoir été
empruntés par une langue? à une autre. Ce sont les concor-
dances de certains détails de phonétique et de morphologie
qui prouvent l'intime parenté des langues itaUques et des
langues celtiques (1). Par exemple : l'identité de la con-
sonne initiale des deux syllabes dans lat. quinque, irl. cûic,
gall. pimp en regard de itîvtc ; le génitif en 1 des thèmes
en 0 : lat. viri, irl. ogam. maqi ; le superlatif : lat.
maximus, osq. nessimas, v. irl. nessam ; le passif en -r :
lat. canitur, v. irl. canir, bret. caner ; le déponent en -/■ :
lat. sequor, v. irl. sechur; le subjonctif en à : lat. ferain,
V. irl. bera; le subjonctif en -s : lat. faxô, v. irl. tiasu ; le
futur en -b : lat. atnâbo, v. irl. carub ; le suffixe nominal
i&t. -tiô, -tiôn-, V. irl.-tiu, -ten;lea prépositions et pré-
fixes lat. dé, V. irl. di, hritt. di; lat. curïi v. irl. com.
(1) Voir A. Meillet, Les dialectes indo-européens, Paris, 1908,
p. 33-39.
LA LANGUE 127
Ces coïncidences, particulières aux langues celtiques et
italiques à l'exclusion des autres, permettent de supposer
que l'italique et le celtique formaient un dialecte indo-
européen.
Voici les principaux traits caractéristiques de la gram-
maire des langues celtiques :
Le vocalisme celtique ne diffère guère du vocalisme des
autres langues indo-européenne. Il a comme particularité
principale le changement de ê en l (i) : irl. sî-l. « se
mence », lat. së-men, got. -seths\ irl. ri « roi », lat. rêx,
gaul. -rix ; irl. ///• « vrai », v. bret. giiir, lat. vèrus.
Les voyelles brèves a o ii c i sont en général conservées :
V. irl. alim, «j'élève ■>, lat. ulo ; gall. inri- «autour»,
gttul. ambi-, gr. àjAtpi ; v. irl. ocht « huit », lat. odo ; v. irl.
rolk « roue », lat. rola ; v. irl. cluiiint a j'entends », gr. ''■ÀJ'» ;
V. irl. calJi « combat », gaul. catu-, v. h. a. hadu ; irl. fiel
« bois », gaul. vidii-, v. h. a. witii ; irl. beriiti « je porte ",
lat. /e/'o, skr. bharûmi, got. baira.
Les diphtongues tendent à se réduire à des voyelles
longues : irl. -têaid « vou^ irez *, gr. aTeîçE-cô, cf. got.
sleiga ; v. irl. Dia, gén. Dé « Dieu », gaul. dëvo-, dh'o-,
gall. Z)vV2/, bret. Doué, lat. divos ; irl. 6 « oreille », lat.
auris ; irl. ùg « intact », lat. aug-, got. âuk- augmenter.
Le consonantisme est plus original. Le p initial a disparu
dans toutes les langues celtiques : irl. athir « père »,
gr. T^ax/p ; V. gall. rit « gué », gaul. -ritum, lat. portas,
V. h. a. fart ; irl. orc « porc », lat. porciia.
Le groupe pt est devenu -cht, puis le ch s'est vocalisé :
(1) Au temps de Consentius, on reconnaissait les Gaulois à
leur prononciation de \'i, qui était intermédiaire entre i et e,
|Keii., Grammalici latini, t. v, p. 394),
i 28 PHONÉTIQUE
irl. secht « sept », gall. seith, lat. septem ; irl. necht
« nièce ». lat. neptis.
Ce ^ et le Â; sont conservés : irl. tuath « peuple », bret.
tud, gaul. Teiito-, got. thiiida ; irl. cet « cent », gall. cant,
lat. centiim ; le k vélaire conservé en gaélique s'altère en p
en breton et en gaulois : v. irl. cruim « ver », gall. pryf ;
V. irl. cethir « quatre », v. gall. petguar, gaul. petor-, lat.
quatuor.
Les anciennes aspirées bh, dh, gh sont devenues des oc-
clusives sonores : irl. biu «t je suis », gall. bydd-, cf. lat.
iio, gr. çjw ; irl. ruad « rouge », gall. rudd, gaul. -roudos,
gr. È-po0p6<;, got. ràuths ; irl. gaw « hiver », v. gall.
gaem, gr. x^'K^^"'-
Les explosives sonores persistent, sauf g vélaire qui tend
à devenir b : v. irl. iblrn « je bois », cf. corn, evaf, lat.
bibo ; V. irl. derc « œil », cf. gr. oipv.oixa-. ; irl. gein « nais-
sance », gall. geni ; cf. lat. getius, gr. yâvo; ; irl. bo « vache »,
gall. buwch, gr. poOc, skr. gâus.
La fricative 5 à l'initiale est conservée en gaélique ; mais
devient h en breton : v. irl. su- « bien », gall. Jnj-, gaul su- ;
V. irl. snàini « je nage », skr. siiàini; v. irl. 6m/' « sœur »,
gall. cliwaer, lat. soror, skr. 5U'a5ar-.
Des semi-consonnes,/ initial a disparu en gaélique : gall.
ieuanc « jeune », v. irl. ôac, cf. gaul. lovinc-illus, lat.
juveticus ; — v subsiste sous diverses formes : / en gaé-
lique, gw en breton : v. irl. fiss « savoir », gall. gwydd, cf.
lat. video, skr. çêda, gr. FoïSa.
Les liquides et les nasales ne subissent guère de change-
ment : V. irl. fer « homme », gall. gar, lat. vir, got. vair ;
V. irl. lOthur « canal », gaul. lautro, gr. XojTpôv ; v. irl.
mâthir « mère », lat. mater, v. h. ail. imwter ; v. irl. wa-,
I
LA LANGUE 129
gr. vJ « maintenant » ; en gaélique Ji tombe devant les
sourdes : v. irl. cet k cent », gall. bret. cant, gaul. canto-,
lat. centum.
En résumé, le gaulois a en commun avec le breton le
traitement du A; vélaire et de n devant les sourdes ; il se
rapproche du gaélique pour le traitement de s initial.
Ce qui caractérise particulièremenl les langues celtiques
modernes, bien qu'on ait relevé des faits analogues dans le
dialecte sarde de Logudoro (1), c'est la modification des
consonnes initiales après les mots qui se lient étroitement
an mot suivant : l'article, les adjectifs possessifs, certaines
prépositions et particules verbales.
Cette modification ou mutation des initiales se fait dans
plusieurs directions. Les seuls ordres de mutation com-
muns aux deux familles de langues celtiques sont :
1° La mutation des occlusives sonores en fricatives : b
>» f , d > 0» g >• Y qui tombe en gallois : gall dy fiuvch
« ta vache », dy ddant « ta dent », dy afr « ta chèvr" », i»rl.
do bhô. do dhét, do ghabhar.
2° La mutation des occlusives sonores en nasales : b >>
m, d'^ n. g ^ ng : gall. fy mmvch « ma vache », vy nant
« ma dent », vy ngafr « ma chèvre » ; irl. ar mbô « notre
vache », ar ndét « notre dent », ar ngabhar « notre chèvre » .
Bien que ces mutations soient rarement notées par l'écri-
ture dans les plus anciens textes gaéliques et bretons, ©n
ne peut guère douter de leur antiquité.
La déclinaison et la conjugaison du celtique sont plus
I
(1) ScHUCHARDT, Les modifications syntactiques de la consonne
initiale dans les dialectes de la Sardaigne, du centre et du sud de
l'Italie, Romania, t. m, p. 1-30.
G. DoTTiN. — Manuel de l'antiquité celtique. 9
130 MOUPHOLOGIE
difficiles à restituer par l'accord du gaélique et du ])reton,
car les dialectes bretons n'ont gardé que des traces de l'an-
cienne flexion. C'est surtout en gaélique que l'on trouve un
état de la langue comparable à celui du grec, du latin, ou
du gotique.
C'est ainsi que l'on peut constater que le celtique offre
les mêmes thèmes de déclinaison et les mêmes désinences
nominales que les autres langues indo-européennes.
Ou trouve en irlandais des thèmes en à- : tuath
« peuple », got. thiuda ; des thèmes en î- : si « elle », v.h. a.
si ; des thèmes eno : gaul. tarvos, v. xvX.tarbh u taureau »,
lat. tauras ; en io- : v. irl. «/7e « autre », lat. alius ; des
thèmes en i-: v. irl. fâith < poète », lat. i^ates; des thèmes
en u- : V. irl. fui » bois ", v. h. ail. witii ; des thèmes
consonantiques : v. irl, air-rnitia « honneur », lat. mentio ;
c)' « chien », gr. x^wv ; v. irl. màlhir « mère », lat. mater \
V. irl. mao « plus graml », lat. major ; v. irl. ôiliii < jeu-
nesse », lat. jiwenius; ; irl. tech « maison )),gr. uteyo; ; irl. ht'i
(( vache », lat. bOs. Mais les cas ne sont plus qu'au nombre
de cinq : nominatif, vocatif, accusatif, génitif, datif. Le
duel n'est conservé qu'avec le nom de nombre deux : du
tharbh « deux taureaux ». Le neutre subsiste dans les
thèmes en o-, en io-, en v , en u-, en n-. en s--
Les pronoms personnels ont, en brittonique comme en
gaélique, trois formes*; la forme absolue quand ils sont su-
jets ou compléments directs; la forme infixe, quand ils sont
compléments directs ou indirects d'un verbe composé ; la
forme suffixe après les pré[iositions.
Les noms de nombre irlandais de 1 à 4 se déclinent ot
ontdes formes spéciales a chaque genre. La numération est
décimale et vigésimale ; ou dit en irlandais ceiiir ficliit, en
LA LANfillE i31
moyen breton pecflr»gc;??comme en français i( quatre-vingts».
Les formations verbales n'ont aucune particularité
propre à l'irlandais ; elles sont peu variées ; on n'y retrouve
pas la richesse de suffixes que l'on constate en grec et en
sanskrit. Gomme verbes à suffixes, on ne peut guère citer
que lïe^ verbes en -«- et des dénominatifs en -a- et en -i-.
Il n'y a que trois modes personnels : l'indicatif, l'impératif
el le subjonctif Les caractéristiques de temps et de modes
se rapprochent surtout de celles du latin : on trouve en
gaélique et en brittonique le subjonctif en à, P ; le passif
et le déponent en r ; mais aussi le futur et le prétérit en s ;
en vieil-irlandais le futur en -b -/. Le parfait à redouble-
ment ou à voyelle radicale longue est conserv'é. Les verbes
simples ont un futur à redoublement ou à vo\elle radi-
cale longue. La formation du présent en t est devenue un
prétérit. La particularité la plus intéressante que [)résente
la conjugaison irlandaise est la double série de désinences
que prennent les verbes au présent, selon qu'ils sont simples
ou composés. Au présent, le verbe simple, qu'il soit primi-
tif ou dérivé, prend les désinences de la conjugaison en h',
et le verbe composé prend les désinences de la conjugaison
en 0 ; ainsi le verbe simple à la première personne du sin-
gulier se termine en -im : herini =* beronii « je [)orte » ;
le verbe composé se terminait, avant la chute des voyelles
finales, en ô : dobiur = doberô a je donne ». Une autre ca-
ractéristique curieuse des verbes composés est la tmèse.
c'est-à-dire l'intercalation des pronoms compléments après
le premier élément de composition : ni-chnra-t « ils n'aiment
pas » ni m-charat « ils ne m'aiment pas ", ud-ci « il voit »,
al ob-ci « il vous voit », ro-chluinethar < il a entendu »,
ro-d' chliiinethar « qui l'a entendu i.
132 ACCENT
L'accent du vieux celtique nous est connu à la fois par
les mots transrais par les anciens et par les langues cel-
tiques des Iles Britanniques. Un assez grand nombre de
noms de lieux celtiques ont, comme nous l'avons vu, per-
sisté jusqu'à nos jours et il est facile de déterminer quelle
était dans ces noms la place de l'accent. Dans un certain
nombre de ces mots, les lois de l'accentuation latine ne sont
pas observées (1). On a, par exemple, les composés : Ebii-
rùvices, Evreux ; Vidûcasses, Vieux ; Durôcasses, Dreux ;
Tricasses, Troyes ; Bodiôcasses, Baveux ; Bitùriges,
Bourges ; Catûriges, Ghorges ; Autessiôdunim, Auxerre ;
Epomanduôdnrnm, Mandeure ; les dérivés : Némausum,
Nîmes ; Arelate, Arles ; Brimte, Brioude ; Côndate, Candos.
Au contraire, les lois de l'accent celtique concordent avec
les lois de l'accent latin dans :
Lugiidûniun, Lyon ; Carohriças, Ghabris ; Medioléniim,
Milan ; Vernodnbrum, Vernoubre ; Atrebdtes, Arras ; Cam-
bârilum, Ghambord ; Rotômagus, Rouen; Diirocôregnm,
Donqueur ; et dans : Nemours, Arlet, Brivé, Gondé, dou-
blets de Nimes, Arles, Brioude et Gandes ; peut-être aussi
dans Berry, Ghéry doublets de Bourges, Gborges, s'ils ne
dérivent pas des adjectifs Bituriciim, Caturicuni.
L'accent de l'initiale, qui apparaît comme accent prin-
cipal en vieil irlandais et qui était sans doute aussi à l'oii-
gine l'accent du vieux celtique, semble avoir coexisté avec
un accent qui ne dépassait pas l'antépénultième, et qui
(1) H. d'Arbois de JuBAiNviLLE, Mémoires de la Société de
linguistique de Paris, t. ii, p. 278 ; t. vi, p. 337. W. Meyer-
LùHKE, Si(zui}gsberichte der kais. Akademie der Wissenschaften
in Wien, Philosophisch-historisohe Classe, t. cxi,ni (1901) ;
R. Haberl, Die Betojiung im Gallischen, Zeitsclirift (iir Celtische
Philologie, t. viii, p. 95-101.
LA LANGUE 133
dans les composés en -casses, -riges, -rituni, -magiis, -re-
guni et peut-être dans quelques composés en -(/wz-um portait
sur la voyelle finale du premier terme.
L'histoire intérieure du vieux-celtique est assez mal
connue. On doit se contenter des rares renseignements
transmis par les anciens, que les langues des barbares n'in-
téressaient guère. Diodore écrit que les sons du gaulois
étaient rudes (1). La comparaison des mots du celtique de
Grande-Bretagne avec les mots provenant du celtique
continental ne permet pas de relever des différences im-
portantes entre les deux dialectes. La réduction des
diphtongues à des voyelles longues que l'on a notée en
Grande-Bretagne peut tenir à ce que les inscriptions des
îles sont postérieures à celles du continent (2). Commius,
roi des Morini, envoyé par César en Grande-Bretagne, n'a
pas, semble-t-il, besoin d'interprète pour se faire entendre
des Bretons (3). La langue des Bretons est, d'après Ta-
cite (4), peu différente de celle des Gaulois. Les dialectes
celte et belge ne différaient que légèrement l'un de
l'autre (5). Les trois jjcuplades galates des Trocmi, Tolis-
tohogii et Tectosages parlaient la même langue (6). Les as-
semblées générales des peuples gaulois n'étaient possibles
qu'entre peuples de même langue.
La domination romaine en Grande-Bretagne, qui dura
quatre siècles, n'ent pas pour conséquence le remplacement
(1) Bibliothèque, v, 31, 1.
(2) J. LoTii, Chrentoniathie bretonne, p. 32.
(3) Guerre de Gaule, iv, 27. Cf. i, 19, 3 ; v, 36, 1.
(4) Agricola, 11.
(.j) Strabon, IV, 1,1.
(b) Strabon, xii, 5, 1.
134 ÎIISTdlUK IX (.1:1. TIQUE
du celtique par le latin. Les Romains eurent beau ouvrir
(les écoles (1), leur langue ne laissa que quelques mots
dans les dialectes bretons (2).
Le celtique continental a disparu, senible-t-il. de bonne
heure, en ne laissant que quelques traces dans les langues
romanes et les laneues germaniques. A quelle date a-t- il
disparu ? Dès le temps de Strabon, la plupart des Cavari
avaient appris le latin (3). Lucien parle d'un sorcier de Paph^
lagonie qui pouvait répondre en celtique, KsXxtaTÎ, sans
que nous puissions savoir s'il s'agit du celtique des Iles, du
continent ou de l'Asie .Mineure (4). Ulpien, mort en 228,
déclare que les fidéicommis peuvent être rédigés en langue
gauloise: gallicanu. Lampride \^o) raconte qu'une dry us
prédit en gaulois, gallico ser/nune, à Alexandre Sévère sa
fin prochaine. Sulpice Sévère 6), au commencement du
Y* siècle, met en scène dans un de ses dialogues un Gaulois
qui s'excuse de son langage et auquel son interlocuteur ré-
[)ond : Parle- nous celtique (ccUicc), ou, si tu i)réfère8.
gaulois (^'«//m) (7). Saint Jérôme (8), 341-420, qui avait
séjourné à Trêves et à Ancyre, écrit que les Galates se
servent de la langue grecque, mais que, de plus, ils ont
un idiome qui leur appartient en propre et qui est à peu
(1) Tacite, Agricola, 21.
(2) Voiï J. LoTH, Les mois latins dans les langues hriltoniques,
p. 17-22.
(3) Strabon, iv, 1, 12.
(4) Alexandros, 51.
(5) Sévère, 60, 6.
(6) Dialogues, 1, 27, 4.
(7) Cf. E. Ch. Babut, Revue historique, t. civ, p. 287-292.
Toutes les inscriptions galates ou relatives aux Galates sont eu
grec. C. JuLLiAN, Ilisloire de ta Gaule, t. i, p. 367.
(s) Commentaire de l'EpHre aux Galates, ii, chez Migne, Pa-
trologia latina, t. xxvi, col. 382.
L.\ LAN(;UK 135
près le môme que celui que parlent les Trévlres. 11 est, à
la rigueur, possible que saint Jérôme ait -reproduit, d'après
un autre, un renseignement qui aurait été exact trois ou
(juatre siècles plus tôt. H est probable que le dialecte bar-
bare que saint I renée, évêque de Lyon au n^ siècle, se dé-
clarait occupé à étudier (1) était le celtique.
Des surnoms donnés à l'Empereur Galba (68-69) et à
Autonius Primus i/iO-IOO) s'expliquent par les langues cel-
tiques (2) et étaient compris au i" siècle de notre ère. Du
IV* au vi" siècle, Ausone, Forlunat, Grégoire de Tours
citent des mots gauloÏH. Marcellus de Bordeaux donne en
gaulois les noms de certaines plantes. Rien ne prouve qu'il
s'agisse d'autre chose que de survivances d'une langue à
peu près disparue. Et nous avons vu (3) que la plupart des
mots transmis par îMarcellus ne s'expliquent pas par les
langues celtiques. Enfin, dans quelques cas. il peut être
question, non d'une langue celtique, mais de la langue ro-
mane de Gaule (4). Nous n'avons donc aucun témoignage
clair sur l'usage et la disparition du celtique continental.
Il est probable qu'il étaif tout à fait oublié en Gaule au
VI» siècle (dj. La disparition en fut sans doute aussi com-
plète dans la péninsule armoricaine que dans le reste de notre
(1) Contra hsereses, I, pref., Migne, Patrologia grœca, t. vii,
col. 444.
(2) Voir ci-dessus, p. 75, 81.
(3) Ci-dessus, p. 77-78.
(4) Par exemple le tripetias « tripodas » cité par Sulpice Sé-
vère (Dialogues, ii, 1), semble appartenir au latin vulgaire.
(5) F. Brunot, Origines de la langue française (Petit de
Julleville, Histoire de la langue et de la littérature française,
t. I, p. xix-xLii) ; F. G. MoHL, Introduction à la chronologie du
latin vulgaire, Paris, 1899, p. 65.
136
CELTOMANES
pays (1). Ce ne fut qu'au vi* siècle que des Celtes chassés
de Grande-Bretagne par rinvasii»n saxonne débarquèrent
en Armorique par petites troupes et y apportèrent leur
langue et leur civilisation. Rien n'autorise à #roire qu'ils
trouvèrent, dans la langue des Gallo-Rouiains auxquels ils
se mélangèrent, quelques restes du celtique de Gaule.
Aussi ne conroit-on guère l'erreur fondamentale des cel-
tomanes français du xvin® siècle qui prirent le breton de leur
temps comme type de vieux celtique, sans se préoccuper
des modifications qu'il avairt pu subir dans le cours de dix-
huit siècles. Ils ne s'en tinrent mal'ieureusement pas là. Ils
prétendirent expliquer, non seulement le français, mais en-
core toutes les langues par le breton (2). Pour démontrer
l'origine bretonne de la langue Irançaise, il leur suffit de
renverser l'ordre historique des rapports pour les doublets
formés par les mots bretons identiques à des mots français;
ces mots ont été empruntés soit au latin (3), soit au français
par le breton, depuis l'époque des premières relations avec
llome, puis avec la Fiance, jusqu'en notre temps ; on s'en
servit pour prouver que le français avait tiré du breton
plusieurs milliers de mots. Ainsi par exemple, d'après La
Tour d'Auvergne (1743-1800; le français air viendrait du
bictoné/- {i), chambre du hveton cainbr, dent du breton
(1) J. LoTH, L'Emii^ration bretonne en Armorique, p. 82-84.
Les liavaux ingénieux de A. Travers (Rei^ue de Bretagne,
t. XI, et à part, Rennes, 1906, 1907), n'ont pas réussi à dé-
montrer la persistance du celtique en Armorique.
,2) Sur les théories sur la langue des Celtes, voir V. Tour-
neur, Esquisse d'une histoire des études celtiques, Liège, 1905,
p. 188-206.
(3) Voir J. LoTH, Les mots latins dans les latigues briitoniques,
Paris, 1892.
(4) La Tour d'Auvergne-Corret, Origines gauloises ou
LA LAÎSGUE 137
datil, haleine du breton halan, chaîne du breton chaden,
nialin du breton minlin, prix du breton pris (1).
Quant au rapport du breton avec d'autres langues, on ne
put l'établir que par des coïncidences dues au hasard, ou de
véritables calembours. Le breton dour « eau » aurait
donné le grec jowp ; de tan « feu » et de ti « maison » s'est
formé le grec Tfxav ; de hara < pain « vient l'hébreu barach ;
de ran « grenouille », l'hébreu ranach « il a crié » ; Noé est
l'homme « nu » bret. noeth ; Mercure « l'homme des
femmes » bret., merc'h-wr ; Adam et Eve tirent leur nom des
premières expressions qui sortent de la bouche des enfants
bretons pour demander à boire et à manger ; Carolus ?,\gm-
fie <( ami du soleil », car-eol en breton; Paris signifie
« l'égale dis » par-ls \2). Taudis que Le Brigant (1720-
1804) expliquait parle basbrelou le ta'itien, le caraïbe, le
chinois et le sanskrit (3j, une autre langue celtique, l'irlan-
dais moderne, était donnée par Vallancey (1721-1812)
comme interprétant les racines primitives du punique et de
l'algonquin (4).
Les couclusions de l'étud'e qui précède ressortent, il me
semble, assez clairement du simple exposé des faits pour
qu'il ne soit pas nécessaire de les développer longuement
ici.
recherches sur la langue, l'origine et les antiquités des Celto-
Bretons de l'Arniorique, pour servir à l'histoire ancienne et
moderne de ce peuple et à celle des Français, 3® éd., Hambourg,
1801, p. 179.
(1) Cf. MicHELET, Histoire de France, t. i (1833), p. 142, note.
(2) La Tour d'Auvergne, Ihid., p. 178, 99, 102, 136, 104.
Cambry, Alonunieiits celtiques, p. 355, 361.
(3) Observations fondamentales sur les langues anciennes et
modernes, Paris, 1787.
(4) An essajj on the antiquitij oj tite Irisk language, Dublin,
1772.
138
CONCLUSION
L'identification et la traduction des noms propres, pure-
ment hypothétiques f|uand ces noms ne coïncident pas en
tout ou en partie avec des noms communs connus par
ailleurs, ne peuvent donner aucun renseignement certain
sur le vocabulaire du vieux celtique. Or, c'est l'onomas-
tique qui nous offre la matière la plus riche, tant dans les
inscriptions que chez les auteurs de l'Antiquité.
Quant aux quelques noms communs conservés par les
auteurs anciens, un petit nombre seulement ont pu être
identifiés à des mots celtiques ; pour les noms dont les an-
ciens ne nous ont pas donné le sens, cette identification est
nécessairement problématique. Il est encore plus hasardeux
de chercher à retrouver les siihsirata romans des restes de
vieux celtique.
Les inscriptions trouvées en Gaule et que l'on attribue
d'ordinaire à la langue celtique semblent se partager en deux
groupes : dans l'un, la langue est sans aucun doute proclie-
ment apparentée à l'italique ; dans l'autre, à peine çà et là
un mot peut-il s'expliquer avec quelque vraisemblance par
les langues celtiques, le reste appartient à une langue en-
core indéterminée (1). Les inscriptions de la Gaule Cisal
pine offrent encore moins d'éléments celtiques que celles
de la Gaule Transalpine.
La linguistique peut nous faire connaître scientifiquement
(1) Il est possible que la plupart des mots que l'on n'interprète
pas par les langues celliqiu^s appartiennent au ligure. Mais on
ne peut le démontrer, puisque le ligure n'a pas, comme le vieux-
celtique, donné naissance à des langues que l'on puisse étudier.
Sur le ligure, voir H. d'Arbois de Jubainville, Les premiers
habitatits de l'Europe, 2^ éd., t. ii, p. 47-70, 8G-205 ; Jullian,
Histoire de la Gaule, t. i, p. 123-125 ; t. ii, p. 367.
LA LAiSGÛE 139
l'état ancien des dialectes celtiques pariés dans les Iles
Britanniques et restituer un vocabulaire qui ne doit s'écar-
ter que sur quelques points de détail de la réalité, mais
l'étude des restes du celtique continental ne nous révèle
que de misérables débris.
CHAPITRE III
LES PERSONNES ET LES COUTUMES (1)
Portrait physique des Celtes par les anciens. — ■ Portrait moral
et intellectuel. — L'habitation. — La nourriture. — Le
vêtement. — La parure. — Les femmes : Chiomara, Gamma,
Gyptis ou Petta. — Les pères et les enfants. — La nais-
sance et la mort ; inhumation, incinération. — L'agriculture.
— La chasse. — L'industrie et l'art ; les mines ; le corail ;
l'éinail ; l'étamiage ; la plastique ; les monnaies. — Le com-
merce ; les voies de communication. — La marine.
Si nous voulions entreprendre de restituer la vie privée
des anciens Celles, les éléments nous feraient défaut. Stra-
bon et Diodore, peut-être même César, ne font guère que
reproduire les quelques observations que nous devons à
Poseidônios. Dans quelle mesure pouvons-nous utiliser les
renseignements qui nous sont parvenus sur les Celtes au
temps de la domination romaine pour compléter ce que
nous savons sur leurs ancêtres ? Les objets que l'on a
trouvés dans des tombes de guerriers celtes ne sont pas
très variés , le mobilier funéraire se compose surtout de
vases, d'armes de toute espèce et de bijoux. Les représen-
tations figurées d'ustensiles et de meubles, assez rares
(1) Voir G. JuLLiAN, Histoire de la Gaule, t. l, p. 833-347 ;
p. 415-436,t. II, 400-414, 260-355, 222-259.
LES PERSONNES ET LES COUTUMES 144
d'ailleurs, ne datent que de l'époque gallo-romaine. Pour
étudier la vie journalière des Celtes, nous sommes donc le
plus souvent privés du commentaire qu'ajoutent à la con-
cision ou à l'ambiguïté des textes les inscriptions, les
dessins des objets ou les objets eux-mêmes. Tout ce que
l'on peut extraire des auteurs anciens n'est guère qu'une
série de notes avec lesquelles il est difficile de composer un
ensemble harmonieux.
Du point de vue physique, les Celtes sont caractérisés
par une taille élevée (1) et par des cheveux blonds ou
roux (2) ; leurs corps blancs (3) sont mous et résistent mal
à la fatigue et à la chaleur (4) ; pleins d'impétuosité dans
l'attaque, ils se lassent vile (5j. Ce type est attribué par les
(1) PoLYBE, II, 15, 7 ; 30, .3 ; 29 ; Timagène chez Ammien
Marcellin, XV, 12, 1 ; Tite Live, v, 44 ; Diodore, v, 28 ;
Florus, I, 7, 13 (Senons) ; ii, 4 (Insubres) ; Denys (I'Halicar-
NASSE, XIV, 9, 13. Appien, IV, 3 ; Pausanias x, 20, 7. Cf. au
contraire Pausanias, i, 35, 5 (Celtes de Cavaros ?)
(2) Timagène chez Ammien Marcellin, xv, 12, 1 ; Tite Live
XXXVIII. 17, 3 (Galates) ; Diodore.v, 28, 1 ; cf. 32, 2 ; Virgile,
Enéide ,viii, 659, où aurea semble désigner plutôt le métal du
bouclier d'Enée que la couleur des cheveux ; Tibulle, i, 7, 12
(Carnutes) ; Lucain^ i, 402 (Rutènes) ; Silius Italicus, iv, 200
(Cisalpins) ; Claudien, xxii, 2, 240-241 (Gaule personnifiée) ;
Contre Rufin, 2, 110 (Gaulois). Scriplores physiognomici Grseci
éd. R. Fœrster, t. i, p. 393, 1. 5, 12 ; t. ii, p. 306, 1. 1.
(3) Timagène chez Ammien Marcellin, xv, 12, 1 ; Diodore,
V, 28 ; Virgile, Enéide, viii. 660 ; Silius Italicus, iv, 154 ; Ga-
LiEN, De la santé, i, 5 ; Des tempéraments, ii, 6 ; Florus, ii, 202.
(4) PoLYBE, m, 79, 4. Tite Live, v, 44, 4 ; x, 28 ; xxii, 2,
6 ; xxxiv, 47, 5 ; xxxv, 5, 7 ; xxxviii, 17 (Galates) ; Plutarque,
Crassus, 25, 10 ; Appien, iv, 7 ; Florus, ii, 4.
(5) PoLYBE, II, 33 ; III, 79 ; Tite Live, v, 44 ; vu, 12 ; x, 28 ;
142 PORTRAIT PHYSIQUE
anciens aux Celtes qui j3rirent Rome comme à ceux qui
ravagèrent la Grèce, aux Gaulois de la Cisalpine et c)e la
Transalpine, ainsi qu'aux Galates d'Asie Mineure. Il fut
bientôt appliqué indistinctement à tous les barbares du
Nord-Ouest de l'Europe (1 - Strabon constate que les Bre-
tons sont plus grands, moins blonds et plus mous que les
Gaulois, mais assez mal bâtis (2), et que les Germains sont
plus grands et plus blonds que les Gaulois (3). D'ailleurs,
les Gaulois et les marchands vantaient aux soldats romains
la haute stature des Germains et déclaraient n'avoir pu
soutenir l'éclat de leurs yeux (4). Lorsque Caligula voulut
joindre des Gaulois, en les faisant passer pour des Ger-
mains, au petit nombre de ses captifs, il choisit les hommes
les plus grands qu'il força de laisser croître et de rougir
leur chevelure (5). Il semble donc que les Gaulois aient été
de taille assez élevée, supérieure à celle des soldats ro-
mains (6), mais inférieure à celle des Germains ; et qu'il y
ait eu, au moins chez les peuplades gauloises a[»parcntées
aux Germains, une prépondérance de chevelures blondes.
Ouant aux yeux bleus, caractéristiques des Germains (7U
on ne peut démontrer qu'ils aient appartenu au type cel-
tique. Timagène, d'après Ammien Marcellin, ne parle que
Strabon, iv, 4, 5 ; Florus, ii, 4 ; Denys, xiv, 8 ; Silius Itah-
cus, XV, 716-718 ; cf. iv, 311-312.
(1) Cimbres : Plutarque, Marias, 25-20 ; Germains : Tacite,
Germanie, 4 ; Suèves : Appien, iv, 1, 3.
('!) Géographie, iv, 5, 2 ; cf. Lucain, m, 77 ; Jordanès,
Histoire dea Golhs, 9.
(3) Géographie, vu, 1, 2 ; cf. Manilius, Astronomiques, iv,
713-714.
(4) César, Guerre de Gaule, i, 39.
(5) Suétone, Caligula, 47.
(6) Guerre de Gaule, ii, 30 ; vi, 24.
(7) Tacite, Germanie, 4. Plutarque, Alarius, 11. Juvénal,
XIII, 164.
LES PERSONNES ET LES COUTl'MES 143
des yeux torves des Gaulois (1). Il est d'ailleurs vraisem-
blable que, même dès l'époque la plus ancienne à laquelle
nous puissions remonter, les Celtes présentèrent divers
types physiques. Tacite distingue en Grande-Bretagne trois
races : les Caledonii, les Silures- et les habitants de la côte
méridionale. Les Caledonii ont des cheveux roux et de
grands membres comme les Germains ; les Silures ont le
visage coloré et les cheveux frisés comme les Ibères ; les
habitants de la côte méridionale ressemblent aux Gau-
lois (2). Dans la plus ancienne épopée irlandaise (3), les
blonds ou roux sont aux bruns dans la proportion
de l i à 6.
Les squelettes trouvés dans les tombes de la Marne ne
sont pas d'uue taille très haute. Ils mesurent en moyenne
1 m. 6(j. En Vindélicie, on a une moyenne plus élevée :
1 m. 70 (4). Quant à l'indice céphalique, les crânes des
sépultures hallstattiennes comme des sépultures de laTène
sont en général dolichocéphales. Dans les tumulus halls-
tattiens de la Gaule orientale (o), les dolichocéphales sont
mélangés avec les brachycéphales de la fin de ré[)oque
néolithique. Sur vingt-huit crânes des sépultures de la
Marne, les deux tiers étaient dolichocéphales ou sous-
dolichocéphales (6). A. la Tène, la plupart des crânes ont
(1) Histoire romaine, xv, 12, 1. Cf. Diodore, v, 31, 1 ; Denys,
XIV, 9, 15.
(2) Agricola, M. Cf. Jordanès, Histoire des Goths, 2.
(3) Tain Bô Cualnge, éd. Wiiulisch, introduction, p. xvi.
(4) Vacher de Lapouge, L'Aryen, p. 306, 310.
(5) T. HvMY, Les premiers Gaulois, L' Anthropologie, t. xvi
1906) p. 1 ; t. XVII (1907), p. 127 et suiv.
(6) Raymond, Les caractères physiques des Gaulois, Rei'ue
préhistorique (1907), p. 15.
144 PORTRAIT MORAL
un indice céphalique moyen (1). Les crânes découverts en
Grande-Bretagne dans les barrows ou tertres funéraires
sont surtout dolichocéphales, tandis que les sépultures
plus anciennes contiennent un plus grand nombre de bra-
chycéphales (2).
Gomme il est probable que les guerriers dont on a trouvé
la dépouille étaient des chefs, on peut se demander si les
observations que l'on a faites ont quelque valeur pour
déterminer les caractères physiques de la population en gé-
néral, et si elles ne se rapportent pas presque exclusive-
ment à l'élite de la nation. Les Gaulois du Capitoie et de
la villa Ludovisi ont les traits rudes, le front bas, le nez
court, le menton développé, la mâchoire puissante, le cou
épais ; ils sont nettement brachycéphales ; ils ont des
membres vigoureux, plus massifs qu'élégants (3).
La précision, que nous ne pouvons mettre dans la des-
cription i)hysique des Celtes, nous manque plus complè-
tement encore lorsqu'il s'agit de tracer leur portrait moral
et intellectuel. Les qualités et les défauts des Celtes n'ont
guère été rapportés que par leurs ennemis. Il n'y a pas
lieu d'attacher une importance exagérée à des généralisa-
tions naïves, fondées sur des observations superficielles.
Les opinions dos anciens sont d'ailleurs loin de concorder
exactement (4)
(1) Gross, La Tène, p. 50-52.
(2) Greenwell, British barrows, p. 129, 212. Davis and
Thurnam, Crania hritannica, London, 1865, p. 226-232-
(3) CouRB.\uD, Le bas-relief romain à représentations histo-
riques, p. 257-258.
(4) RoGET DE Belloguet, Ethnooénie canloise, t. m, p.4-
55.
LES PERSONNES ET LÉS COUTUMES 145
Tandis que Tite-Live (1) considère, après César (2), la
religiosité comme un trait distinctif du caractère gaulois,
Cicéron (3) leur refuse tout sentiment de piété et de jus-
tice. Aristote (4) et, après lui, Diodore (5) et Athénée (G)
ont accusé les Celtes de pédérastie ; mais les écrivains ru-
mains ne leur attribuent pas ce vice.
Leur perfidie est notée par Polybe (7) ; Brennos est
habile aux ruses de guerre (8) ; mais Slrabon (9) et l'au-
teur du De bello Africano ^^10) leur reconnaissent une nature
simple et pas méchante, un caractère ouvert et très peu
insidieux ; ce sont, disent-ils, des hommes qui ont l'habi-
tude de lutter avec le courage et non avec la ruse (11).
Tous les anciens s'accordent à les taxer d'inconstance et
de mobilité d'esprit ainsi que d'irréflexion (12). Chez les
Gaulois, dit Polybe, c'est la passion bien plus que le calcul
et la raison qui règle tout en souverain arbitre (13). César
connaissait leur caractère léger, mobile, avide de nou-
veauté (14) ; il avait remarqué qu'ils décidaient souvent les
(i) V, 46, 3.
(2) Guerre de Gaule, vi, 1»6.
(3) Pour Fonteius, 12 ; 13.
(4) Politiques, ii, 6, 6.
(5y) Bibliothèque, v, 32. Cf. Strabon, iv, 4, 6.
(6) XIII, 8. 79. Cf. H. d'ÂRBOis de Jubaiisville, La famille
celtique, Paris, 1905, p. 187.
(7) Histoires, ii, 7.
(8) Pausamas, X, 20, 7.
(9) Géographie, iv, 4, 2. Cf. Diodore, v, 21, 5 (Bretons).
(10) Guerre d'Afrique, 73.
(11) Voir toutefois la ruse de guerre racontée par Théopompe,
ci-dessous, ch. vu.
(12) Polybe, ii, 32 ; m, 70 ; 78 ; Tite Live, xxii, i ; Guerre
de Gaule iv, 5 : Strabon, iv, 4, 2 ; 5; Silius Italicus, viii,
16-17.
(Iri) Histoires, ii, 35.
(14) Cf. Horace, Epodes, xvi, 6. A. Jacob, Revue de philologie,
G. DoTTiN. — Manuel de l'antiquité celtique. 10
146 POUTItAir MllKAL
affaires les plus importantes sur des bruits et des rapports
qu'ils ne prenaient point la peine de contrôler, et qu'ils
ne tardaient pas à se repentir d'avoir agi d'a[)rès des nou-
velles incertaines et la plupart du temps inventées pour
leur plaire (1).
La bravoure des Celtes est bien connue (2). Ils étaient
belliqueux, vifs, [)rompts à se battre et toujours prêts à
répondre aux provocations qu'on leur adressait (3). Jadis
supérieurs aux Germains par le courage, les Gaulois
s'étaient peu à peu accoutumés à se laisser battre par
eux (4) Au temps de César, les Belges étaient les plus
braves des peuples de la Gaule et les Helvetii l'empor
talent en courage sur les autres Gaulois. Les Bellovaci
sur()assaient en gloire militaire tous les Gaulois et les
Belges (5). Mais siles Gaulois étaient [)rom[)ts à prendre les
armes ils manquaient de fermeté pour supporter les dé-
faites (6).
Leur cruauté à la guerre avait terrifié les Grecs et les
Romains (7). Les Celtes qui envahirent la Grèce immolaient
t. XXXVI (1912) lit tp'.XôvcO'. au lieu de tpiXô.eixo'. chez Stua
BON, IV, 4, 3.
(1) Guerre de Gaule, iv, 5. Cf. m, 10 ; vi, 20, 2; nata in vaiws
tumultus gens : Tite Live, v, 37,8.
(2) PoLYBE, II, 14, 30. Tite Live, v, 44 ; Strabon, iv, ^.2;
Florus, II, 4 ; Elien, Histoire variée, xii, 23 ; Ammien Mar-
cellin, xv, 12, 3.
(3) Strabon, iv, 4, 2.
(4) Guerre de 'Gaule, vi, 24.
(5) Strabon, iv, 4,3. Guerre de Gaule, I, 1. Cf. Plutarque,
César, 20, 4.
(6) Guerre de Gaule, m, 19.
(7) Justin, xxiv, 4 ; Silius Italicus, viii, 18-19. Cf. CicÉ-
ron, Des provinces consulaires, 33 ; Lettres, i, 1 -, Justin, xxxii,
3 {Scordisci) ; Orose, v, 23, 17 [Scordisci],
LES PERSONNES ET LES COUTUMES 147
les captifs (1), achevaient les blessés (2), massacraient les
vieillards et les petits enfants, violaient les femmes (3).
Les Bretons étaient aussi sanguinaires que les lUyriens (4)
pourtant réputés pour leur barbarie. Les Gaulois cisalpins
et transalpins coupaient les têtes des ennemis tués et les
rapportaient suspendues au cou de leurs chevaux ou fixées
au bout de leurs lances (5) pour les clouer comme autant
de trophées devant leurs maisons , Poseidônios en avait vu
souvent ; il avait été long à pe faire à ce spectacle ; toutefois
l'habitude avait fini par le rendre insensible. Les têtes des
chefs ou personnages illustres étaient conservées dans
l'huile de cèdre, en un coffre, et ils les montraient avec
orgueil aux étrangers, refusant de les vendre, même quand
on voulait les leur acheter au poids de l'or (6). En 216
avant Jésus-Christ, les Boii, après avoir tué dans la ba-
taille le consul désigné Postumius, lui coupèrent la tête et
la portèrent en triomphe dans leur temple le plus vénéré ;
là, suivant la coutume, ils la nettoyèrent et l'ornèrent d'or
pour qu'elle servît aux libations dans les fêtes religieuses i^ 7).
Les Scordisci buvaient le sang des ennemis dans des
crânes (8).
Sur l'arc de triomphe d'Orange figurent des lêtes cou
(1) DioDORE, V, 32. Pausanias, X, 22, 3. Cf. Sopatros chez
Athénée, iv, 51.
(2) Pausanias, x, 23, 6.
(3) Pausanias, x, 22, 3-4 ; Diodore, xxxi, 13. Cf. Parthé-
NIOS, 8.
(4) HÉRODiEN, III, 7, 2 ; 14, 8.
(5) TiTE LivE, x, 26, 11. Diodore, v, 29 ; xiv, 115. Strabv)n,
IV, 4, 5 ; Justin, xxiv, 5 ; Silius Italicus, ïv, 213-215 ; Polven,
Stratagèmes, viii, 7. 2.
(6) Strabon, IV, 4, 5. Cf. Diodore, v, 29.
(7) Tite LiiiE, XXIII, 24. Cf. Silius Italicus, xni, 482. La
mèmecoutunic est attribuée par Solin, (15, 13) aux Essedones.
(Sy Ammien Marcellin, xxvii, 4, 4.
148 PORTRAIT MOHaL
pées. On en trouve aussi sur le trophée d'Entremont au
cou d'un cheval (i). Sur une monnaie, un guerrier tient à
la main une tête ; et ce sont peut-être des têtes coupées
qui figurent sur des monnaies de tribus de l'ouest de la
Gaule (2).
L'épopée irlandaise nous fournit plusieurs exemples de
cette coutume. Lugaid coupe la tête de Guchulaian ; Gouall
Cernach coupe la tête de Lugaid ; dans une salle du palais
des rois d'Ulster, on conservait les têtes des ennemis
illustres qu'on avait lues (.'i; D'après Solin, les Irlandais
se barbouillaient le visage du sang de leurs ennemis
morts 4).
Dans la bataille, les Celtes avaient des accès de fureur
sauvage (5; ; ils étaient honteux de périr des suites de
légères blessures ; ils élargissaient leurs blessures pour
qu'elles fussent plus apparentes 6) ; vaincus, ils tournaient
leurs armes contre eux-mêmes après avoir tué leurs
femmes et leurs enfants (7). Les Celtibères jugeaient impie
(1) S. Beinacii, Catalogue sommaire du musée des antiquités
nationales, p. 40. Matériaux pour l'histoire de l'iiontme, t. iv,
(1868), p. 381-382. Espérandieu, Recueil général des bas-reliefs
de la Gaule romaine, t. I, p. 83, 197.
(2) Blanciikt, Traité des monnaies gauloises, p. 302, 308, 341.
P. Ch. Robert, Comptes rendus de l'Académie des Inscriptions et
belles-lettres, 1885, p. 272-278. C. Jullian Histoire de la Gaule,
t. II, p. 202, 351.
(3) Cours de littérature celtique, t. v, p. ii, 347, 352, 353. Cath
Finntràga, ediled by Kuno Meycr [Anccdota Oxoniensia, mcdiae-
val and modem séries, i, 4) Oxford, 1885, p. 79.
(4) Collectanea rerum mirabilium, 22, 2.
S (5) Denys d'HALiCARNAssE, XIV, 10, 17 ; Florus, II, 4 ; Pau-
SANIAS, X, 21, 3.
(()) TiTE LivE, XXXVIII, 21 (Galates).
(7) PoLYBE, II, 31, 2.APPIEN, IV (Séiions) 11. 90^97 (Celtibères)
DioDORE, XXII, 9. Strabon, III, 4, 17 ; Pausania», x, 23, 8 ;
LES PERSONNES ET LES COUTUMES 149
de survivre dans la bataille à celui auquel ils avaient voué
leur vie(l). Le groupe de la villa Ludovisi représente un
Gaulois se tuant, après avoir tué sa femme, sans doute
pour échapper à l'esclavage.
Les Celtes étaient arrogants et querelleurs (2).
Ils allaient en armes à la rencontre des vagues qui
envahissaient leurs rivages (3) ; ils bravaient les incen-
dies (4) ; ils se seraient crus déshonorés s'ils avaient évité
la chute d'un mur ou d'une maison (5). Leur vanité s'expri-
mait en fanfaronnades (6) et l'Antiquité prêtait à des Gau-
lois plusieurs réponses fameuses (7). .
Les Celtes étaient très avides. C'était par cupidité, pré-
tendent les anciens, qu'ils s'engageaient en de lointaines
expéditions pour se livrer au pillage, et vendaient leurs
corps et leur bravoure à qui voulait les acheter (8). Pourtant
Appien rapporte qu'ils refusèrent l'argent que le sénat ro-
main leur offrait s'ils consentaient à lui laisser les Fabius,
Justin, xxiv, 8. Orose, v, 14, 5-6.Florus, ii, ii, 6, (Galates) ;
II, 18,15 (Celtibères).
(1) Valère Maximb, II, 6, 11.
(2) Timagène chez Ammien Marcellin,xv, 12, i ; Strabon, iv
4, 6.
(3) Morale à Eiidème, ni, 1 ; Aristote, Morale à Nicomaque,
m, 7, 7.
(4) Elien, Histoire variée, xii, 23.
(5) Nicolas de Damas, chez Stobée, Anthologie, xliv, 41.
(6) Strabon, iv, 4, 5 ; Diodore, v, 29 ; Arrien, Anabase, i,
4, 8 ; Denys, xiv, 9, 15.
(7) Ptolémée Lagos, chez Strabon, vu, 3, 8 ; Arrien, Ana-
base, i, 4, 7 ; TiTE Live, v, 36 ; 48 ; Plutarque, Camille, 17;
28. Justin, xxiv, 5, 6. Cf. Valère Maxime i, 1, ext. 9, Diodore,
XXII, 9, 4.
(8) PoLYBE, II, 22 ; TiTE Live, xxi, 20 ; xxxviii, 27 (Galates) ;
Appien, iv, 11 ; Diodore, v, 27 ; Justin, xxv, 1 ; 2. Plutarque
Pyrrhus, 26, 10.
150 PORTRAIT MORAL
coupables d'avoir violé le droit des gens (1). Les Scordisci
n'introduisaient pas d'or dans leur pays (2).
L'inlempérance des Celtes élait célèbre (3). L'aniuur du
vin, disait-on, les avait attirés en Italie (4) Ils rogardaient
le mélange d'eau et de vin comme un poison, disait Cicé-
roi! (5), et, à en croire Ammien Marceilin (G), des gens de
la basse classe tombaient, à force de boire, dans une sorte
(lo folie.
Los Celtes étaient fort hospitaliers. Ils ne fermaient ja-
mais les portes de leurs maisons (7). Le passant qui entrait
partageait leur repas et après dîner seulement, les Gaulois
demandent à leurs hôtes qui ils sont et de quoi ils ont be-
soin (8). Quand des étrangers voyageaient chez les Celti-
bères, tout le monde voulait les recevoir : on regardait
comme aimés des dieux ceux qui étaient en compagnie
d'étrangers (9). Faut-il dès lors attribuer aux Celtes la
coutume de mettre à mort les étrangers qu'Héraklès, selon
Diodore, abolit dans la Celtique '^ (10). Les habitants de la
(i) Histoire romaine, iv, 3.
(2) Athénée, vi, 25.
(3) Platon, Lois, i, p. 637 d. ; Appien, iv, 7. Cf. Polybe, xi,
3, 1 ; Plutarque, Camille, 30 ; Polyen, Stratagèmes, viii,
25, 1.
(4) Pi.iNE, xn, 2, 5. Cf. JUSTIN, xxiv, 7.
(5) Pour Fonleius, d'après Ammien Marcellin, xv, 12.
(6) Histoire romaine, xv, 12 ; cf. Diodore, v, 26 ; Arrien,
Entretiens d'Epictète, ii, 20, 17.
(7) Nicolas de Damas, fr. 105 (Stobée, Anthologie, xliv, 41).
M. Pf.hdizet (Rei^ue des études anciennes, t. vu, p. 30-32) pense
que c'était pour permettre aux âmes des morts d'entrer dans
leurs anciennes demeures et rapproche diverses croyances ana-
logues chez les peuples celtiques. Voir A. Le Braz, La légende de
la mort, 3^ éd., t. i, p xlix.
(8) Diodore, v, 28.
(9) Diodore, Bibliothèque, v, 34.
(10) Bihliothèque, iv, 19. Cf. v, 24.
LES PKRSONNES ET LES COUTUMES 151
Grande-Bretagne sont, d'après Horace il), cruels pour les
étrangers.
Quelles que soient les contradictions qu'il présente, ce
portrait moral n'est en général pas flatteur pour les Celtes.
Les Celtes qui sont mentionnés individuellement chez les
écrivains grecs et latins sont dépeints sous des traits plus
agréables. Gicéron était devenu l'ami du druide gaulois
Diviciacns (2), et se porte garant de la douceur et de la
probité du roi galate Déjotarus (3). Les deux fils du roi
galate Adiatorix luttent de générosité pour décider lequel
d'entre eux mourra avec leur père 4). Glondicus, roi des
Gaulois, renvoie sain et sauf Antigone qui s'était chargé
de porter à l'armée gauloise les propositions perfides du
roi de Macédoine Persée (3). Même, certains peuples cel-
tiques sont re[)iésenté-î comme doués de sérieuses (jualités.
Les Allobroges refusèrent (6) de livrer aux Romains les
princes des Saliji qui s'étaient réfugiés chez eux. César (7)
reconnaît que les Volques Tectosages ont une grande répu-
tation de justice.
Sur la valeur intellectuelle des Celtes, les anciens ne
s'accordent guère mieux 'que sur leur nature morale. Ca-
toM, dans une phrase célèbre, nous apprend que les Gau-
lois cisalpins cultivent avec un grand talent deux arts :
l'ait de la guerre et l'art de [)arler avec habileté (8). Po-
il) Odes, m, 4, 33.
(2) De la Divination, i, 41. Cf. Guerre de Gaule, i, 19.
(3) Ibid., Il, 37 ; Pour Déjotarus, (", 1G ; De la réponse des arus-
pices, 13.
(4) Strabon, XII, 3, 35.
(5) TiTE LiVE, XLI, 26.
(6) Appien, Histoire romaine, iv, 12.
(7) Guerre de Gaule, vi, 2^, 3.
(8) Origines, ii, fr. 3, chez Charisius ; Keit., Grammaiiri latini,
152 PORTRAIT INTELLËCTDEL
lybe, contemporain de Gaton, dit que les Cisalpins étaient
étrangers à tout ce qui n était pas guerre ou agriculture;
toute autre science, tout autre art leur était inconnu (1).
César leur reconnaît surtout l'esprit d'imitation (2). Dio-
dore représente les Gaulois transalpins comme des hommes
qui parlent peu en conversation, qui s'expriment par
énigmes et affectent de laisser deviner la plupart des
choses. Ils emploient beaucoup l'hyperbole, pour se vanter
eux-mêmes et pour abaisser les autres. Dans leurs dis-
cours, ils sont menaçants, hautains, et portés au tragique ;
ils sont cependant intelligents et capables de s'instruire (3).
Les mêmes Transalpins, d'après Strabon, ont l'esprit
simple (i-Xoôv) et peu sensé (ivô/Tov) ; on était parvenu à
leur faire goûter l'étude des lettres (4) Les Romains d'Agri-
cola, pour déterminer les habitants de la Bretagneà adopter
la civilisation romaine, disaient préférer les dispositions
naturelles des Bretons à l'instruction des Gaulois et avaient
obtenu ce résultat, que les Bretons, qui peu auparavant
refusaient d'apprendre la langue latine, désiraient dès lors
se former à l'éloquence (o). Juvénal [G) regarde la Gaule
comme la maîtresse d'éloquence des Bretons.
t. I, p. 202, 1. 20. Cf. MÉL.\, m, 2, 18 : habent tamen et lacundiam
siiani.
(1) Histoires, ii. 17. Chez Caton argute loqui serait-il une cor-
ruption de agriculturam ? Voir Philologie et lin gui tique, mélanges
olferts à Louis Hapet, Paris, 1909, p. 119-128. La conjecture avait
déjà été émise en 1886 par W. Soltau, Wochenschrift fur klas-
sische Philologie, herausgegebcn vou M. Hirschfelder, t. m,
p. 890.
(2) Guerre de Gaule, vu, 22, 1.
(3) Bibliothèque, v, 31. Cf. ingenio fluxi... vaniloquom genus.
Silius Italicus, viii, 16-17.
(4) Géographie, iv, 4, 2 ; 5.
(5) Agricola, 21.
(6) XV, III. Cf. VII, 148.
LES PERSONNES ET LES COUTUMES 153
Il n'y a pas grand'chose à ret^^nir de ce portrait phy-
sique, moral et intellectuel des Celtes. Il ne diffère guère
de celui que les Grecs et les Romains ont tracé des autres
barbares. Fùt-il exact eu tout point, qu'on ne pourrait en
conclure que les Celtes fussent dissemblables des peuples
arrivés au même degré de civilisation.
II
L'habitation, la nourriture, le vêtement et la parure des
Celtes ont fourni aux anciens des sujets d'observation plus
précise.
Les peuples gaulois qui s'établirent en Cisalpine étaient,
nous dit Polybe (1), dispersés dans des villages sans mu-
railles. Ces villages étaient sans doute analogues aux vici
que Tite-Live mentionne en Cisalpine (2) et que César
trouva en Gaulé et qui se composaient de maisons bâties
en bois, qu'il est facile de détruire et de brîiler (3). La ville
telle que nous la concevons maintenant n'apparaît qu'après
la couquète romaine (4). Octodurus était un viens assez
grand pour loger huit cohortes (5). Ce mot désigne aussi
les constructions des vici et des oppida (6), quelquefois
appelées teda {!). Les habitations isolées sont appelées
(1) Histoires, ii, 17. Cf. Strabon, v, i, 6.
(2) XXXII, 31 ; XXXIII, 22.
(3) II. d'ARBOis DE JuBAiNviLLE, Reclierckes sur l'origine de
la propriété foncière, p. 77-79.
(4) Guerre de Gaule, m, i.
(5) BuLLiOT et RoiDOT, La cité gauloise selon l'histoire et les
traditions, Autun, 1879, p. 34-46.
(6) Ibid., VI, 30 ; H. d'Arbois de Jubainville, Recherches
sur l'origine de la propriété foncière, p. 90-94.
(7) Guerre de Gaule, vin, 5.
154 HABITATION
par César aedificia ; ce sont soit des maisons sans doute
considérables, entourées de bois, soit des bâtiments d'ex-
pioUalion où logent les cultivateurs, les bestiaux et les ré-
coltes (1). Les maisons des Gaulois étaient d'ordinaire cou-
vertes de paille (2) ; balles en planches et en claies d'osier,
spacieuses, elles avaient la forme de coupoles (3). Certaines
étaient revêtues d'un enduit de boue ; d'autres couvertes
de bardeaux de chêne ou déterre pétrie avec de la paille (4)
Les maisons des Rretons étaient presque semblables à
celles des Gaulois (o) ; l'île étant extrêmement peuplée.
elles étaient très nombreuses ; on les bâtissait en roseaux
ou en bois (6) ; les Bretons partageaient avec leurs trou-
peaux leurs cabanes d'osier (7). Les Cahdonii n'avaient
encore ni murailles, ni villes, ni terres labourées (8) à la
fin du second siècle après notre ère
Les maisons et les palais des Irlandais de l'épopée sem-
blent avoir été circulaires comme les rotondes gauloises
dont parle Strabon. Elles étaient construites généralement
en bois et en osier, couvertes en chaume et en osier, avec
un trou au centre pour laisser ccluipper la fumée ; le sol
était jonché de roseaux. Le feu était placé au milieu. Il n'y
avait qu'une porte. Les couches étaient tout à l'entour de
la chambre, dun côté de la porte à l'autre. Le siège royal
était deri ière le feu et en face de la porte. Les principaux
(1) Guerre de Gaule, vu, 6, 6 ; viii, 5.
(2) Guerre de Gaule, v, 43.
(3) Strabon, iv, 4, 3. Cf. Matériaux pour l'histoire de l'homme,
1. XI (1876), p. 349-352.
(4) VlTRUVE, II, I, 5.
(5) Guerre de Gaule, v, 12.
(6) DioDORE, V, 21. Cf. Pliîse, Histoire naturelle, xvi, 04, 156.
(7) JoRDANÈs, Histoire des Goths, 2.
(8) Dion Cassius, lxxvi, 12.
LES PERSO>NRS ET LES COUTUMES 155
chefs s'asseyaient de chaque côté du roi, contre le mur (1).
En temps de guerre, les Gaulois se réfugiaient dans des
lieux fortifiés (2) appelés par César oppida Les oppida das
Bretons ne sont que des sortes de camps retranchés situés
au milieu de forêts et de marais et défendus par un fossé
et une levée de terre garnie de palissades ; ils y élèvent
temporairement des cabanes pour eux-mêmes à côté des
élables de leurs troupeaux (3). Les peuples belges qui ha-
bitent la forêt d'Ardenne, en temps de guerre et d'inva-
sion, entrelacent les branches d'arbut^les épineux et ram-
pants comme des ronces pour que i ennemi trouve tous les
passages obstrués ; dans certains endroits, ils enfoncent en
tLi'.e de gros pieux. Ils vont se cacher eux et leurs familles
au plus profond des bois dans les petites îles de leurs ma-
rais (4). Les oppida de Gaule sont des forts où l'on ras-
semble des approvisionnements et qui peuvent offrir un
abri aux habitants du voisinage, à leurs troupeaux et leurs
meubles, mais qui eu outre ont une population permanente,
parmi laquelle on compte des marchands (^5). Les oppida
sont bien moins nombreux en Gaule que les pj'a (6). Les
(1) Joyce, A social history of ancient Ireland, London, 1903,
t. II, p. 20 ; Arthur C. L. Brown, The Round Table before Wace ;
Studies and notes in philology and litefature, Boston, 1900, t. vu,
p. 196 note.
(2) Guerre de Gaule, \ï-, 4 ; vin, 3 ; Strabon dit opoûpiov (iv,
3, 2).
(3) Guerre de Gaule, v, 21 ; Strabon, iv, 5, 2.
(4) Strabon, iv, 3, 5. Cf. Guerre de Gaule, ii, 17 ; Plutarque,
César, 20, 4.
(5) Guerre de Gaule,iv,5 ; cf.i,38 ; ni, 9 ; vu, 3 ; 5 ; 32 ; 42 ;
.54 ; VIII, 5, 2. Le mot urbs est chez César un synonyme d'oppi-
dum. Cf. Guerre de Gaule, vu, 15 ; 36 ; 47 ; 68 ; 69.
( ) On trouve des oppida chez les Aduatuci, Aedui, Ambarri,
Arverni, Aulerci Eburovices, Bellovaci, Biluriges, Boii, Cadurci,
Carnutes, Curiosolites, Eburones, Esubii, Helvelii, Leçpoi'i, Man-
156
OPPIDA
Helvetii ont douze oppida et quatre cents vici (1). Les
Suessiones ont douze oppida {2). Dans l'oppidum de Bm-
tuspanlium, les Bellovaci avaient pu se renfermer avec
leurs femmes, leurs enfants et tous leurs biens ('6). Or les
bellovaci promettent, lors de l'insurrection de la Gaule,
une armée de dix mille hommes ; et ils pouvaient, disait-
on, mettre sur pied cent mille hommes (4j. V oppidum des
Adiiatici pouvait renfermer plus de 53.000 personnes (5).
^fa/-icam renfermait environ quarante mille personnes (6).
Les oppida de Gaule que les arcliéologues ont explorés
occupaient des étendues de terrain assez considérables :
Murcens, 150 hectares; Besançon, 150; Bibracte, 135;
Alise, 97 ; Gcrgovie, 70 (7). Les castella que César men-
tionne à côté des oppida éi?i.\Qni sans doute de petites places
fortes Aduatuca, ville des Eburones, est qualifiée de cas-
tellnm (8). Les AUobroges n'avaient point d'oppida et leur
métropole elle-même, Vienne, n'était autrefois qu'un vil-
lage (9).
Les murailles des fortifications gauloises ont été minu-
tieusement décrites par César (10). Pour les construire, les
Gaulois disposent par terre des poutres d'une seule pièce,
dubii, Nen'ii, Parisii, Piclones, Raurici, Rémi, Senones, Seqiiuni,
Suessiones, Veneti. Cf. H. d'Arbois de Jubainville, Recherches
sur l'origine de la propriété foncière, p. 81-90.
(1) Guerre de Gaule, i, 5 ; Plutarque, César, 18.
(2) Guerre de Gaule, ii, 4, 6-7.
(3) Guerre de Gaule, ii, 13. Cf. Réunie des études anciennes,
t. VIII, p. 172, 269.
( i) Ibid., VII, 75 ; ii, 4.
(5) Guerre de Gaule, ii, 33.
(6) Ibid., vu, 28.
(7) RuLLioT, Fouilles du Mont Beuvray, t. i, p. m.
(8) Ibid., VI, 32 ; cf. ii, 29 ; m, 1.
(9) Strabon, IV, 1, 11.
(10) Guerre de Gaule, vu, 23. Cf. ii, 29.
LES PERSONNES ET LES COUTUMES 157
à la distance de deux pieds les unes des autres ; elles sont
liées à l'intérieur par des traverses et l'intervalle est rempli
de terre. Sur le devant, l'intervalle est revêtu de grosses
pierres. A ce premier rang ainsi formé on en ajoute un
autre, eu gardant toujours les mêmes distances, de ma-
nière que les poutres ne se touchent point et quelles soient
supportées par les pierres placées entre chaque rang. L'ou-
vrage est ainsi continué jusqu'à ce que le mur ait atteint
la hauteur voulue. Ces rangs entremêlés de pierres et de
poutres, assez agréables à l'œil, ont en outre de grands
avantages pour la défense des places, car la pierre les dé-
fend contre le feu, et le bois contre les ravages du bélier.
Les poutres ont souvent quarante pieds de long.
On a trouvé sur le Mont Beuvray des chevilles et de
grands clous provenant des murs de l'ancienne Bibractei^l).
On a pu observer dans les ruines de Voppidum de Murcens
(Lot) l'association des pierres et des poutres en bois (2).
A rimpernal, les poutres dépassaient de 0,15 à 0,20 la
face du mur et les bouts en étaient arrondis. Les pou-
tres transversales étaient reliées par de grandes che-
villes en fer (3) aux poutres perpendiculaires à la muraille.
Les Gaulois ne creusaient pas de fondations ; ils n'em-
ployaient ni ciment, ni mortier ; ils ne taillaient pas la
pierre (4;. Quant aux maisons découvertes dans Voppidum
(1) Revue archéologique, t. xxi (1870), pi. VII ; t. xxii (1870),
pi. XIX. BuLLiOT, Fouilles du Monl-Beuvray, t. i, p. 23, 2.5, 34.
(2) Re'.tie archéologique, t. xvii (1868), p. 249-253, pi. VIII;
1. XVIII, p. 73 ; Dictionnaire archéologique de la Gaule, t. r,
jijaiiches. Desjardins, Géographie historique et administrative
de la Gaule romaine, t. ii, p. 119.
(3) Sur la métallurgie de ces clous ou chevilles, voir M. Caille-
TET, Revue archéologique, t. i (1883), p. 73.
(4) BuLLioT et RoiDOT, La cité gauloise selon l'histoire et les
traditions, p. 103.
)8
HirfTES
de Bibracte et qui peuvent, comme dous l'avons dit, être
antérieures à la conquête romaine, elles étaient construites
sur un pian rectangulaire, la plupart en maçonnerie d'ar-
gile, sans chaux ; un assez grand nombre, en pisé et en
bois. Elles sont le plus souvent à demi souterraines ; on y
descend par un escalier intérieur de plusieurs marches. Le
sol est en terre battue. La toiture était sans doute en
paille (1). On a trouvé à Alesia (2) et sur d'autres point?
de la Gaule des vestiges de huttes gauloises. Dans le pays
messin, ce sont maintenant des trous circulaires de 10 a
40 mètres de diamètre et profonds de 2 à 10 mètres, que
Ton désigne d'ordinaire sous le nom de « margelles » ou
de « mardelles ». On y a découvert des troncs d'arbres qui
formaient autrefois avec de menues branches et de l'argile
une sorte de toiture conique au dessus du sol. Dans b s
plus grandes huttes, la toiture était soutenue [fdv des pi-
liers. Dos clayonnoges consliluaient la porte. Il est possib e
(piun bas-relief du i"" siècle de notre ère, conservé au
Musée du Louvre, représente au second [)lan une hutte
gauloise. C'est une cabane ronde recouverte d'un (oit co-
nique dont le milieu semble à ciel ouvert ; elle est tapissée,
à l'extéi'ieur, de roseaux ; une ouverture rectangulaiic
forme la porte (3). Les emplacements de maisons à xMur-
(1) Déciielette, Note sur l'oppidum de Bibracte, L' Anthropo-
logie, l. xiii (1902), p. 74-78. Les Fouilles du Mont-Beuvray ('
1897 à 1904, Paris, 1904, p. 5-59 (avec planches).
(2) Cf. Pro Alesia, 1. i, p. 160 : t. ii, p. 377-.'^80 ; Revue archco
logique, t. viii (1906), p. 3.0 ; t. ix (1907), p. 178.
(3) A. Grenier, Habitations gauloises et villas latines dans la
cité des l\lédiomatrices, p. 25-43. M. Grenier pense que rsanto-
suelta tient à la n^ain une réduction d'une Jiutte de ce srenrc.
que d'autres prennent pour une cassolette à encens. Voir ci-des-
sous ch. V.
LES PERSONNES ET LES COLTUMES 159
ceiis ont soit la forme circulaire, soit la forme elliptique (1).
Les maisons de Bibracte sont munies de cheminées. De-
vant le foyer étaient placés des chenets à tête de bélier, en
argile recouvert de poussière de mica (2) On ne rencontre
guère qu'à l'époque de la Tène les chenets (en fer ou en
argile), les broches à rôtir (en bronze ou en fer) et les cré-
maillères (en fer).
Les vastes enceintes désignées en Irlande sous le nom
de dûn et dont le dûn Aengiis en Aranmore dans la baie
de Galway offre l'un des exemples les plus intéiessants
sont construites en pierres sèches. Les murs du Dun Aen-
giis se développent en trois cercles irréguliers, au sommet
d'une falaise de 90 mètres. Leur épaisseur est de 6 mètres ;
leur hauteur de 6 à lo mètres (3). Mais outre les forteresses
en pierre, les Irlandais se servaient aussi comme lieux de
défense et de refuge, d'enceintes en terre nommées
rath (4).
Les Gaulois que nous décrit Polybe (5) ignoraient l'usage
des meubles et ne connaissaient d'autre lit que le gazon.
Les Boii de Cisalpine, d'après Tite Live, avaient des vases
d'airain, vasa aenea Gallidi, assez artistement travaillés,
(1) Castagne, Mémoire sur les ouvrages de fortification des
oppidum gaulois, Tours, 1875, p. 103-110.
(2) J. DÉCHELETTE, Le bélier consacré aux divinités domestiques
sur les chenets gaulois. Revue archéologique, t. xxxiii (1898),
p. 63-81, 245-262 ; Bulliot, Fouilles du Mont-Beuvraij, t. i,
p. 207 ; Vauvillé, Congrès archéologique, LIV^ session, Soissoxis,
1888, p. 178.
(3) Archaeologia Cambrensis, t. iv (1835), p. 297 ; t. iv (1858),
p. 100 ; Joyce, .1 social history of ancient Jreland, t. ii, p. 57-58.
(4) On trouvera le plan du rath d'Emain Mâcha, capitale de
rUlster, chez H. d'Arbois de Jubainville, Revue celtique,
t. XVI, p. 1-7 (fig.).
(5) Histoires, ii, 17.
160 MEUBLES
qui figurèrent en 191 au triomphe de P. Cornélius Scipio ;
mais ces vases appartenaient sans doute, comme les sta-
tues. .Hgna, et les lingots d'argent dont il est question dans
le même texte, au mobilier dun temple (1). Poseidùnios,
cité par Athénée (2), rapporte que les Celtes, pour prendre
leurs repas, s'asseyaient sur du foin autour de tables en
bois rondes et peu élevées au-dessus de terre Ils n'avaient
ni cuillers ni fourchettes ; ils prenaient à deux mains les
morceaux de viande et les déchiraient, comme des lions.
S'ils ti cuvaient quelque chose de difficile à séparer, ils Je
découpaient avec un petit coutelas (.aa/aipiov), pendu dans
une gaine particulière à côté des fourreaux (3). Les plais
étaient de cuivre, d'argent ou de terre; on les rem[)la(;ait
quelquefois par des corbeilles de bois et d'osier. Les
coupes (4), semblables aux vases grecs appelés àu[i.xoi,
étaient de terre ou d'argent. Des cornes d'urus, cerclées
d'argent sur les bords, servaient de coupes dans les grands
festins (5). Nous avons parlé [)lus haut des coupes faites de
crânes humains. Les cribles étaient en crins de cheval (6)
Diodore (7) nous montre les Gaulois couchés sur des peaux
de bêtes sauvages et accroupis pendant leurs repas sur des
peaux de loups ou de chiens, pendant qu'à côté d'eux sont
(1) TiTE LiVE, XXXVI, 40.
(2) IV, 36.
(3) Cf. A. Blanciiet, Revue des éludes anciennes, t. ix (1907),
p. 181-183.
('^) Cf. Plutarque, César, 27.
(5) CÉSAR, Guerre de Caule, vi, 28 ; Cf. Pline, xi, 45, 126 ;
Corpus inscriptiojium latinarum, t. xiii, n° 5708, 1. 28, où l'on
trouve le testament d'un Lingon qui énumère un grand nombre
d'objets mobiliers.
(6) Pline, Histoire naturelle, xviii, 28, 108.
(7) Bibliothèque, v, 28. Cf. H. d'Arbois de Jubainville,
Cours de littérature celtique, t. v, p. G7.
LES PERSONNES ET LES COUTUMES 161
des foyers flamboyants avec des chaudières et des broches
garnies de quartiers entiers de viande. Strabon (1) dit que
presque tous les Celtes couchent sur la terre et prennent
leurs repas assis sur des lits de paille, d'herbe ou de
feuillage 11 parlait sans doute de l'opoque où Poseidonios
visita la Gaule, car Pline l'Ancien nous apprend que les
matelas et les lits rembourrés étaient une invention gau-
loise (2).
Les Celtes de Cisalpine élevaient, pour se nourrir de
leur chair, un grand nombre de porcs, que les porchers
ralliaient du pâturage en sonnant de la trompe (3) Posei-
donios nous apprend que les Gaulois mangeaient beau-
coup de viande rôtie, bouilUe ou grillée et peu de pain [4).
Le pain de froment était, d'après Pline (5 , très léger. On a
trouvé, à la station de la Tène et à Murcens ainsi que dans
d'autres oppida, des fragments de meules circulaires à bras
plus ou moins semblables à celles des moulins rotatifs des
Romains (6). Yarron avait vu, en Gaule Transalpine, près
du Rhin, des contrées dont les habitants, n'ayant pas de
sel marin ou fossile, se servaient des charbons salés de cer-
tains bois (7 . Les Gaulois ert particulièrement les Seqiiani
faisaient, au temps de Strabon, un grand commerce de sa-
laisons (8), non seulement avec Rome, mais avec la plu-
(1) Géographie, iv, 4, 3. Cf. m, 4, 16.
(2) Histoire naturelle, viii, 73, 192 ; xix, 2, 13.
(3) polybe, xii, 4.
(4) Athénée, iv, 36.
(5) Histoire naturelle, xviii, 12, 68. Sur le pain galatc, voir
A. J. Reinach, Revue celtique, t. xxviii, p. 225. Sur le pain d'orge
ou de millet, voir Pliise, xviii, 11, 62 ; 25, 101.
(•') Déchelette, Manuel, t. ii, p. 1386-1390.
(7) De l'agriculture, 1, 7. Cf. Pline, Histoire naturelle, ^x^i,
;!!>, 82.
(8) Strabon, iv, 4, 3 ; cf. iv, 3, 2 ; Martial, xiii, 54.
G Dot in. — Manuel de l'antiquité celtique. 11
162
NOLiRUITURE
part des autres marchés de l'Italie. Les jambons et la char-
cuterie des Gaules étaient renommés au f siècle avant
notre ère (1). La graisse de porc tenait lieu dhuile (2).
Les Marseillais connaissaient la bouillie d'orge, la farine
de millet (3j. Le laitage était un des principaux aliments des
Gaulois (4). On a trouvé au Mont Beuvray des débris de
grands égouttoirs pour le fromage, Les habitants des côtes
de la Méditerranée et de l'Océan se nourrissaient de pois-
son, qu'ils assaisonnaient avec du vinaigre, du sel et du
cumin (b). Les Caledonii et les Maeatae, au contraire, ne
tiraient pour leur nourriture aucun parti des poissons qui
pullulaient chez eux et vivaient du proiluit de leurs trou-
peaux et de leur chasse et des fruits des arbres (6). J^es
Bretons de l'intérieur de l'île ignoraient, au temps de
César (71, l'agriculture et se nourrissaient de lait et de
viande. D'autres, chaque jour, pour vivre, égrenaient les
plus anciens des épis conservés dans des granges (8). Cer-
taines de leurs tribus étaient si peu industrieuses que,
bien qu'elles eussent du lait en abondance, elles n'en fai-
saient pas du fromage (9). D'autres vivaient d'écorces et de
racines, et préparaient un aliment tel qu'il suffisait d'en
manger la grosseur d'une fève pour n'avoir plus ni faim,
ni soif (10).
(1) Varron, De l'agriculture, ii, 4 ; Athénée, xiv, 75.
(2) Denys d'Halicarnasse, XIII, 16.
(3) César, Guerre civile, ii, 22.
(4) Strabon, IV, 4, 3. Cf. A. Jacob, Revue de philologie,
t. XXXVI (1912), p. 162-163.
(5) Athénée, iv, 36 ; cf. César, Guerre de Gaule, iv, 10.
(6) Dion Cassius, lxxvi, 12.
(7) Guerre de Gaule, v, 14.
(8) DiODORE, V, 21.
(9) Strabon, iv, 5, 2.
(10) Dion Cassius, lxxvi, 12.
LES PERSONNES ET LES COOTIMES 163
La boisson ordinaire des Gaulois, au temps de Poseidô-
nios, était une bière (1) faite de froment avec ou sans
miel ; on l'appelait corma ; on y mettait aussi du cumin.
Tous les convives buvaient dans la même coupe ; le servi-
teur la faisait circuler à droite et à gauche ; chacun n'ava-
lait guère plus d'un cyathe (0 1 045), mais on y revenait.
Diodore distingue deux sortes de boissons gauloises : une
bière d'orge et de l'hydromel (2). La bière n'était, d'après
Denys, qu'un jus fétide d'orge pourrie (3). Dioscoride dé-
clare qu'elle donnait des maux de tète et qu'elle était nui-
sible aux nerfs (4). Aussi les Gaulois préféraient-ils le vin
que leur apportaient les marchands d'Italie. C'était, déjà
au 1-"^ siècle avant notre ère, la boisson des gens
riches ; ils échangeaient volontiers un tonneau de vin
contre un jeune garçon, et buvaient le vin sans mélange
jusqu'à l'ivresse (o). Il y en avait qui, pour de l'argent ou
un certain nombre de cruches de vin, s'étendaient sur leurs
boucliers et se laissaient couper la gorge à condition que
l'argent ou le vin fût donné à leurs parents après leur
mort (6). Mais, au temps de César (7), les Nervii interdi-
saient qu'on introduisit chez eux du vin, ainsi que tous les
objets de luxe. Les Celtibères buvaient du vin mélangé de
(1) Poseidônios chez Athénée, iv, 36. Cf. Dioscoride, ii,
110 ; Pline, xxii, 82, 164.
(2) DioDOKE, V, 26.
(3) Denys d'Halicarnasse, xiii, 16.
(4) Sur la matière médicale, ii, 110.
(5) Diodore, y, 26 ; Athénée, iv, 36 \ Ammien Marccllin
(d'après Cicéron), xv, 12, 4.
(6) Poseidônios, chez Athénée, iv, 40.
(7) Guerre de Gaule, ii, 15.
(8) Diodore, v, 34.
1H4 BOISSON
miel (8). Les Irlandais de l'épopée buvaient de la bière
(cuirni) et de rbydromel (tnid) (1).
Nous connaissons par Poseidônios {2) l'ordonnance des
grands repas des Celtes. Les convives s'asseyaient en
cercle (3) ; au milieu, comme un maître de chœur, est
celui qui l'emporte sur les autres par la gloire militaire,
la naissance ou la richesse. Le maître de la maison se
place à côté de celui-là, les autres se mettent de chaque
côté SL-lon leur rang. Les porteurs de boucliers se rangent
derrière, et les porteurs de lances, assis en cercle au bout
o[)posé, mangent ensemble servis comme les maîtres. Les
meilleurs morceaux étaient offerts aux hommes les plus
braves, d'où des disputes et des combats souvent mor-
tels (4). D'ailleurs, à la fin des repas, les convives aimaient
à lutter sans se prendre à bras le corps ; quelquefois même,
ils allaient jusqu'à se blesser et se seraient tués si les assis-
tants ne les avaient séparés (5). Daprès Phylarque, chez
les Gaiates. on disposait pèle-mèle sur la table des mor-
ceaux de pain et des viandes tirées des chaudières , mais
personne n'y goûtait avant qu'on n'eût vu le roi toucher à
l'un quelconque des mets servis (6).
Dans l'ancienne Irlande, rien n'était plus fréquent que
les querelles et les combats qui s'engageaient entre les
guerriers pour décider à qui reviendrait le « mor-
(1) Cf. medu-, ci-dessus, p. 115. Tàin Bô Cualnge, éd. Win-
disch, p. XXV.
(2) Poseidônios chez Athénée, iv, 36.
(.3) Arthur C. L. Brown, The round table hefore Wacc, p. 195-
196.
( ) Diodore, V, 28 ; cf. Athénée, iv, 40.
(5) Athénée, iv, 40.
(6) Phylarque chez Athénée, iv, o4.
LES PEKSO.NNES ET LES COLTUMES lG5
ceau du héros (curalhmîr) cl l'honneur de faire les parts (!).
Certains repas celtiques étaient restés célèbres Luernios,
père de Bituitos le roi des Arverni qui fut vaincu par les
Romains en 121 avant Jésus-Christ, avait fait faire une
enceinte carrée de douze stades oij l'on avait placé des
cuves pleines d'excellente boisson et une si grande quantité
de choses à manger que pendant nombre de jours ceux qui
voulurent y entrer eurent la liberté de se rassasier de ces
aliments et furent servis sans interruption '2). Ariamnès,
riche Galate d'Asie, avait publié qu'il traiterait tous les
Galates pendant un an. Il s'y prit ainsi. Sur les routes du
pays, il fit établir, aux endroits les mieux placés, des
tentes faites de pieux, de roseaux et d'osier, pouvant
abriter chacune quatre cents hommes et même davantage.
Il y fit disposer de grands chaudrons, remplis de toute
sorte de viande, et qu'il avait fait faire à l'avance. Tous les
jours, on tuait un grand nombre de victimes, taureaux,
porcs, moutons. On avait préparé des tonneaux (rîOoj;) de
vin et une quantité de farines. Et non seulement les Ga-
lates venus des champs et ^es villes pouvaient y goûter,
mais les serviteurs ne laissaient pas même les étrangers
de passage s'éloigner avant qu'ils n'eussent pris leur part
des mets servis (3). A peu près de même, dans l'épopée
irlandaise, Mac Dâlhô traitait ses hôtes : l'hôtel avait sept
portes ; à chacune aboutissait un chemin. Il y avait aussi
sept foyers et sept chaudrons, un bœuf et un cochon dans
chacun d'eux. Chaque passant plongeait une fourclretle
dans le chaudron ; si du premier coup il atteignait un mor-
(1) Cours de littérature celtique, t. v, p. 72, 86.
(2) Poseidônios chez Athénée, iv, 37.
(.3) Phylarque chez Athénée, iv, 34.
16H
VETEMENTS
ceau il le mangeait ; s'il ne réussissait pas la première fois,
il ne pouvait recommencer (1),
Sur le vêtement des Celtes, les témoignages des anciens
et l'archéologie nous renseignent suffisamment. A la ba-
taille de Télamon livrée par les Gaulois cisalpins aux Ro-
mains en 225 avant J.-C, tandis que les Gaesati com-
battaient nus et parés de colliers et de bracelets d'or, les
Insabres et les Boii étaient vêtus de braies et de saies
légères. Mais le nom gaulois des braies n'est pas donné par
Polybe qui emploie le nom grec du pantalon persan :
à'-itijs'os; (2). Diodore nous donne une description complète
du costume des Gaulois. Ceux-ci portent des tuniques bi-
garrées de diverses couleurs, des i)antalons qu'ils appellent
Pp-ixat ; avec des agrafes, ils attachent à leurs épaules des
saies rayées, d'une étoffe à petits carreaux multicolores,
épaisse en hiver et légère en été (3). Les braies étaient
quelquefois en peau de chèvre (4 .
Les braies sont rarement figurées sur les statues et les
bas-reliefs, qui d'ordinaire représentent les Gaulois entiè-
rement nus. Sur l'arc d'Orange, quehiues Gaulois sont
viHus de braie.s Un vase de bronze provenant de Pompéi
porte deux hommes barbus vêtus de braies, ayant au cou
le lorques et au bras gauche un long bouclier hexagonal.
Un des guerriers du sarcophage de la Vigne Amniendola
porte des braies étroites, ainsi que les prisonniers figurés à
(1) H. d'Arbois de JuBAi.NviLLE, Couis de littérature celtique,
t. V, p. 67.
(2) Histoires, ii, 28, 7.
(3) Bibliothèque, v, 30. Cf. Cicéron, Pour Fontéius, 23 ;
Strabon, IV, 4,3 ; Virgile, isnéirfp, vin, 657-660 : Properce, v,
10, 39-45 ; Pline, viii, 73, 191.
(4) riÉsYv.Hius, au mot iJpix/cai,
LES PEKSO.NNES ET LES COUTUMES 167
la partie supérieure du bas-relief (1). Ces pantalons des-
cendaient jusqu'à la cheville et étaient parfois attacliés à la
chaussure C^).
Le pantalon ne semble pas d'origine celtique; il est
inconnu aux habitants de la (îaule Belgique (3) comme
aux anciens Gaëls d'Irlande et d'Ecosse : la Narbonnaise
seule porte le nom de Gallia brarata (4) ; le mot braca
parait se rattacher à la même racine que le mot latin siif-
frago jarret ; s'il en est ainsi, le mot braca a été emprunté
I>ar les Celtes aux Germains, les langues germaniques
changeant le g en k, tandis que le celtique conserve
le g (5).
Le sagum ou saguliim (6) est, en même temps que le man-
teau gaulois, le manteau des Ligures, des Germains, des
Lusitains et des soldats romains 7'. 11 était en laine de
mouton. Les saies en laine très rude, mais longue de poil,
s'appelaient lainai (8). La laina était vraisemblablement
différente de la linyia tissée en Gaule d'après Piaule (9); la
liiina était une saie carrée et souple. Le sagum des Celti-
(1) S. Reinach, /îet^ae «/Trtéo/ogiçMe, t. XIII, 1889, p. 195-19G,
337.
(2) S. Reinach, Bronzes figurés de la Gaule romaine, p. 138.
Cf. les Gaulois d'Alesia, Pro Alesia, t. i, p. 73-75 (pi.), 113-114
(pi.).
(3) F. Hettner, Zur Kultur i^on Geimainen und Galha Be'-
^ica, We'tdeutsche Zeilschri l jùr Gcschiclite un l Kunst, t. ii,
(18b3), p. 11.
(4) Mêla, ii, 5, 74 ; Pline, Histoire naturelle, m, 5, 31.
(5) H. d'Arbois de Jubaiinville, Le pantalon gaulois, Revue
archéologique, t. i (1903), p. 337-342. Dans l'Antiquité, le panta-
lon était en usage chez les Perses et les Scythes.
(')) Guerre de Gaule, v, 42, 3.
(7) RoGET de Belloguet, Ethnogénie gauloise, t. m, p. 74.
(8) Strabo.x, IV, 4, 3.
(•j) Isidore, Origines, xix, 23, 3,
168 VÊTEMENTS
bères était, d'après Appieu [i), une sorte de luauteau
double et épais attaciié par uue fibule ; il était fait d'une
laine noire hérissée qui ressemblait au poil de chèvre (2,.
Sur l'arc de triomphe d'Orange, des Gaulois sont figurés
nus avec un sagiim sur les épaules. Ce sagum s'attachait
par une fibule sur l'épaule droite au-dessus de la tunique,
comme on le voit à la statue de Montdragon. Le sagum
est encore représenté sur la statue du Gaulois de la
villa Ludovisi et sur le sarcophage de la vigne Ammeu-
(lola.
On a trouvé, en grand nombre, les fibules (broches ou
épingles de sûreté) qui servaient à attacher le sagum.
Elles sont en forme d'arc ; l'épingle s'attache à l'arc soit
directement, soit au moyen d'anneaux ou de boutons ; il y
en a un grand nombre de variétés quelquefois en fer, plus
souvent en bronze, rarement en argent ou en or. A
Hallstatt, où elles remplacent l'épingle vers 700 av. J.-C,
on trouve des fibules demi-circulaires, naviformes, serpen-
tiformes, deini-luiiaires, à double disque, à timbale, en
forme de T ou d'arbalète ; on en trouve même d'historiées,
avec des chaînettes terminées par des disques (3) ; les unes
sont munies d'un ressort unilatéral, d'autres d'un ressort
bilatéral, quelques-unes n'ont pas de ressort. A la période
de la Tène appartiennent des fibules dont le pied figurant
un S avec l'arc remonte vers celui-ci et le rejoint en for-
mant un onllet ou en se terminant par un bouton ; les
modèles compliqués sont ( nrichis démaux ou de corail ;
(1) Histoire romaine, vi, 42.
(2) DioDORE, V, 33, 2.
(3) Matériaux pour l'iiistoire de l'homme, t. xx (1886), p. 54
(fig-)-
LES PERSONNES ET LES COUTUMES 169
les fibules en fer sont quelquefois ornées de perles de
verre ou de bronze (1). On trouve une représentation nette
d'une fibule sur les statères de Cricirn (2).
La tunique des Gaulois différait de celle des Grecs et des
Romains en ce qu'elle avait des manches ; elle ne dépassait
pas le haut des cuisses et le bas du dos (3j. Le guerrier de
Montdragon porte une tunique très longue. Le barbare qui,
sur le sarcophage delà vigne Ammendola, semble se donner
la mort, est vêtu d'une tunique serrée descendant à mi-
cuisses. Sur la tunique, les Gaulois ceignaient des ceintures
dorées ou argentées (4). Ces ceintures étaient sans doute en
métal, comme celle que le jeune Gaulois mort de Venise
porte directement sur la peau. A la seconde période hallstat-
tienne, la parure féminine est caractérisée par une large
ceinture de cuir revêtue d'une ou de plusieurs feuilles de
bronze battu, à ornements géométriques, ou simplement
ornée de rangs serrés de boutons. Les agrafes de ceintu-
rons sont en tôle de bronze et se terminent par une pointe
triangulaire, dont le crochet s'engage dans une boucle. Cer-
tains objets de bronze, composés d'un système de cercles
plats, concentriques et mobiles, semblent avoir constitué
une parure abdominale (5).
A l'époque de La Tène II, les ceintures féminines que
l'on trouve passées autour des os du bassin sont formées
(1) S. Reinach, article fibula dans le Dictionnaire des anti-
quités de Saclio. Dictionnaire archéologique de la Gaule, t. i,
planches ; Déchelette, Manuel, t. ii, p. 845-856, 1245-126:'.
(2) Blanciiet, Traité des monnaies gauloises, p. 376 (fig. 373).
(3) Strabon, IV, 4, 3. S. Reinach, Bronzes figurés de la Gaule
romaine, p. 137-185.
(4) DiODORE, V, 30.
(5) DÉCHELETTE, Muiiuel, l. II, p. 856-867.
170
VETEMENTS
de chaînettes en bronze composées d'anneaux alternant ou
non avec de petits bâtonnets (1).
D'après Dion Cassius (2), la caracalla, manteau en forme
de |jtavojr, composé de plusieurs morceaux et que l'empe-
reur M. Aurelius AntoninusBassianus fit allonger jusqu'aux
talons, est d'origine gauloise. Le reno est un manteau de
fourrure à longs poils qui couvrait les épaules et la poitrine
jusqu'au nombril. Varron lattribuo aux Gaulois (3). Au
I '■ siècle de notre ère, Martial (4) cite une épaisse couver-
liire tissée chez les Sequani et qu'il appelle d'un nom grec:
endromis. Il n'est point question du cucuUus avant Colu-
nielle (5). Le cucullus était un capuchon qui s'adaptait soit
au sagum, soit à la lacerna (6). Le bardo-cucullus était
sans doutelec'»cM//M.9 porté parles bardes; on le fabriquait,
au temps de Martial (7), à Langros et à Saintes. Les habi-
tants des îles Cassitérides portaient, d'après Strabon (8), des
manteaux noirs, des tuniques qui tombaient jusqu'aux pieds
et étaient attachées par une ceinture à la poitrine. Mais les
habitants de l'intérieur de la Grande-Bretagne étaient, au
temps de César, vêtus de peaux (9).
Les Celtes aimaient les vêtements de couleurs éclatantes :
les chefs portaient des vêtements teints et brochés d'or (10) ;
(1) DÉCHELETTE, Mauucl, t. II, p. 1230-1235.
(2) Histoire romaine, lxxviii, 3, 3.
(3) De la langue latine, v, 35 ; Isidore, Origines, xix, 23, 4.
(4) Epigrammes, iv, 19.
(5) I, 8, 9.
(6) Martial, xiv, 139.
(7) Epigrammes. i, 53 ; 4 ; xiv, 128, 1.
(8) Geo^Trtp/îie, III, 5, 11. Peut-être s'agit-il des îles de Galice.
(9) Guerre de Gaule, \, 14.
(10) DioDORE, V, 30, 1 ; Strabon, iv, 4, 5 ; Tite Live, vu, 10 :
VlRGii-E, Enéide, viii, 600 ; Properce, iv, 10, 43; SiLirs Ita-
LES l'ERSONiXES ET LES COUTUMES ' 171
leurs habits brodés (1), à raies, avaient attiré l'attention
des anciens. D'après Pline, les Gaulois étaient les inventeurs
des étoffes à carreaux (2). Ils avaient su extraire de l'ai-
relle une couleur pourpre, de l'hyacinthe une écarlate et
tiraient des planles toutes les autres couleurs (3).
Les chaussures d'origine gauloise que les Romains appe-
laient gallicae et dont l'usage se répandit en Italie peu de
temps avant l'époque de Gicéron étaient des sortes de san-
dales assez semblables aux solme, qui .laissaient à décou-
vert en grande partie le dessus du pied; ou les attachait
avec des cordons ou des lacets de cuir (4). La plupart des
guerriers représentés sur le sarcophagede la Vigne Aramen-
dola sont nu-pieds. Seuls le chef et quelques captifs portent
une chaussure à semelle épaisse découpée sur l'em-
peigne (5).
Le capuchon, qui faisait souvent partie de la saie, servait
de coiffure ; mais les naulae Parisiaci portent une sorte de
bonnet à deux étages (6), et les déesses-mères des chapeaux
à larges bords (7 ) : il est possible que certaines calottes sphé-
riques que nous prenons pour des casques soient simple-
ment des chapeaux (8).
Licus, IV, 155 ; 268 ; Pxutarque, Marcellus, 7 ; Pline, xxii, 2,
3, écrit que dans la Gaule transalpine on teint en pourpre et en
diverses couleurs.
(1) Pline, viii, 73, 191.
(2) Histoire naturelle, viii, 74, 196.
(3) Ihid., XXI, 97, 170 ; xvi, 33, 77.
(4) Aulu-Gelle, xxii, 21 ; Lafaye, article Gallicae dans le
Dictionnaire des antiquités grecques et romaines de Saglio.
( ) S. Reinagh, Bronzes figurés de la Gaule romaine, p. 142,
144, 146, 152, 153.
(6) EspÉRANDiEu, Recueil général, n° 3132.
(7) Ihm, Bonner Jahrhiichcr, t. lxxxiii, p. 38, 44-47 (pi.).
(8) C. Jvi.i^iAis, Histoire de la Gaule, t. n, p. 197, n, 4; 297.
172 VÊTEMENTS
Quant au vêtement des femmes, nous n'avons guère
d'autre document que le portrait de Boudicca chez Dion
Cassius : elle étaitgrande, avait l'aspect effrayant, le regard
perçant, la voix rude ; sa clievelure épaisse et très blonde
lui tombait jusqu'au bas des reins ; elle portait un grand
collier en torsade d'or ; elle était revêtue d'une tunique
plissée couverte de broderies, sur laquelle s'agrafait un
épais manteau (1). D'après les bas-reliefs des déesses-mères,
on peut conjecturer que les femmes gauloises ont porté une
tunique descendant aux talons et un manteau attaché sur le
devant par un uceud, un bouton ou une fibule (2).
On a trouvé quelques débris d'étoffes, tantôt grossières,
tantôt fines et légères, qui enveloppaient des offrandes funé-
raires de l'époque de llallstatt (3).
L'usage des vêtements semble avoir été inconnu à cer-
taines peuplades celtiques. Les habitants du nord de la Bre-
tagne étaient, au II'' siècle après Jésus -Christ, complètement
nus et restaient des jours entiers plongés dans leurs ma-
rais (4). D'après Aristote(5), les Celtes se couvraient peu.
Les Caulois figurés sur les monuments antiques sont en gé-
néral représentés nus. On sait que quelques peuples gauluis
avaient l'habitude de quitter leurs vêtements pour com-
battre (6).
(1) Histoire romaine, lxii, 2.
(2) Ihm, l. c. p. 38 (pi.).
(3) Perron, Matériaux pour l'histoire de l'homme, t. xv (1880) ,
pi. XII-XIV, p. 355.
(4) Dion Cassius, lxxvi, 12, 4. Cf. Hérodien, m, 14, 7 ;
EuMÈNE, Panégyrique de Constance, 11.
(5) Politiques, vu, 2, 17.
(6) PoLYBE, II, 28, 8 ; 29, 7 ; 30, 2-3 ; m, 114, 4 ; Tite Live,
XXII, 46, 6 ; XXXVIII, 21, 9 (Galites) ; Denys d'Halicarnasse,
LES PERSONNES ET LES COUTUMES 173
Le goût des Celtes pour la parure avait frappé les an-
ciens (1). Comme il y avait beaucoup d'or natif en Gaule,
les habitants le recueillaient pour s'en parer (2) ; non seu-
lement les femmes, mais aussi les hommes (3) portaient
des anneaux d'or aux poignets et aux bras, de gros colliers
tout en or au cou, de belles bagues aux doigts et, de plus, des
cuirasses d'or i^v Certains colliers d'or atteignaient un
poids considérable. Le sénat romain donna en 170 à deux
petits rois transalpins deux colliers pesant cinq livres (o)^
Un autre collier donné aussi! à un petit roi transalpin en
169 pesait deux livres (6). Avec les colliers des Cisalpins,
C. Flaminius put ériger un trophée d'or à Jupiter (7). On
fit faire en 196 avec les colliers d'or des Boii un grand
torques qu'on déposa dans le temple de Jupiter Capitolin.
P. Cornélius Scipio en 191 emporta à la suite de sa victoire
sur \QS,Boii 1471 colliers d'or (8). I^es Gaulois firent don à
Auguste d'un collier du poids de cent livres (9 1. Les Bretons
portaient des ornements de fer autour du cou et sur les
flancs (10 1.
Les Gaulois sont souvent figurés avec des colliers et des
XIV, 13 ; DiODORE, V, 29. Cf. S. Reinach, Revue archéologique,
t. XIII (1889), p. 333, 335, 337.
• (1) Strabon, IV, 4, 5.
(2) Cf. E. Cartailhac, L'or gaulois, Revue d'anthropologie,
t. IV, p. 272-292.
(3) Cf. Reloue celtique, t. vu, p, 390. Revue critique d'histoire et
de littérature, t. xxii (1886), p. 275. Revue archéologique, t. xi
(1888), p. 19-20.
(4) DioDORE, V, 27 ; Strabon, iv, 4, 5.
(5) TiTE LiVE, XLIII, 5.
(6) TiTE LiVE, XLIV, 14.
(7) Florus, II, 4.
(8) TiTE LivE, XXXIII, 36 ; xxxvi, 40.
(9) QUINTILIEN, VI, 3, 79.
. (10) Hérodien, III, 14, 7.
\7\
PAKUKE
bracelets. Le Gaulois mourant du Capltole porte un torques
au cou ; six guerriers gaulois du sarcophage de la Vigne
Ammendola présentent aussi cet ornement Le Gaulois de
Montdragon a un anneau passé au bras. Le torques est sou-
vent représenté sur lesmonnaiesgauloises (1). On le trouve
aussi sur le monument de Biot ''2i.
On a trouvé de nombreux colliers en Gaule surtout à par-
tir de l'époque à laquelle appartiennent les tombes de la
Champagne; dans le territoire des Renii le torques était
porté plus souvent parles femmes et les enfants que par les
guerriers (3). Ce sont des colliers faits de tiges de métal lisses
ou torses.
Très rare à l'époque de Hallstatt, le torques^ est, à l'époque
de LaTène I, presque exclusivement porté parles femmes ;
il disparaît presque entièrement des sépultures à partir de
La Tène 11. C'est sans doute vers 300 qu'il devient l'insigne
des chefs celtes. Les torques des femmes étaient en bronze
ou en or, très rarement en fer, décorés quelquefois d'orne-
ments en relief, de corail, d'émail onde disques ajourés (4).
Les bracelets et les anneaux des jambes, qui ne diffèrent
souvent que par leurs dimensions, sont nombreux et varies
à la seconde phase hallstattienne ; ils sont en bronze, ornés
(1) Blanchet, Traité des monnaies gauloises, t. i, p. 162.
(2) Laurent et Dugas, Revue des éludes anciennes^ t. ix, p. 64 ;
EspÉRANDiEU, Recueil général, t. i, p. 31.
(3) J. DE Baye, Rulletin archéologique du Comité des travaux
historiques, 1885, p. 208-213. Cf. Revue celtique, t. vu, p. 390 ;
Dictionnaire archéologique de la Gaule, t. ii, planches ; Bertrand,
Archéologie celtique et gauloise, p. 265 ; A. Nicaise, Le port fé-
minin du torques chez certaines tribus de l'Est de la Gaule, Chà-
lons, 1886. Ci'. Matériaux pour l'histoire de l'homme, t. xx (1886),
p. 308.
(4) DÉCHELETTE, Alaiiuel d'urchéologie, t. ii, p. 1211-1217 (£ig.)
LES PErsS<»>>ES ET LES COUTUMES \'U
de godrons, de côtes, de traits parallèles ; en fer ; en lignite.
Les modèles en sont très variés ; creux ou pleins, ouverts
ou fermés ; cylindriques, en forme de turban ou de ton-
nelet, de sphéroïde aplati (!).
A l'époque de la Tène, le bracelet est un des éléments
les plus communs de la parure féminine; il est souvent
placé au-dessus du coude; il est généralement eu bronze,
quelquefois eu fer, en lignite, en verre, en ambre, très ra-
rement en or ou en argent (2).
On a trouvé dans des tumulus de l'époque de Hallstatt
des anneaux et des petits manches d'instruments de toilette
en ivoire tourné (3), ainsi que des trousses de toilette
comprenant d'ordinaire une pince, un cureoieille et un
grattoir passés dans un anneau (4). Ces trousses, en bronze
ou en fer, subsistent à l'époque de la Tène ; elles com-
prennent souvent de petites cuillères perforées (o).
Les épingles employées comme parure de tète à l'époque
de Hallstatt se terminaient soit en cou de cygne, soit
par plusieurs sphéroïdes superposés ; elles comportaient le
« protège-pointe » (G).
Les perles de verre servant de grains de colliers sont
rares à l'époque de Hallstatt ; elles sont bleues avec une
zone blanche en zigzag, ou jaune orange avec des yeux
formés de zones bleues et blanches concentriques. A l'époque
de la Tène I domine la perle en verre bleu avec des yeux
(1) DÉCHELETTE, Monuel, t. II, p. 832-843 (H^.).
(2) DÉCHELETTE, Muiiuel, t. II, p, 1218-1230 (fig.)
(3) DÉCHELETTE, Maiiuel, t. II, p. 875 (fig.).
(4) DÉCHELETTE, Mcmucl, t. II, p. 879-883 (fig.).
(5) DÉCHELETTE, Maiiuel, t. H, p. 1271-1278 (fig.).
(6) DÉCHELETTE, Muiiuel, t. II, p. 843-845 (fig.).
176 fARURË
blancs et bleus ; à l'époque de la Tène II, l'œil est remplacé
par une spirale (1).
A l'époque de Hallstatt, les pendants d'oreilles en bronze
sont ou de petits croissants creux, ou de petits rubans
fermés par un crochet ; on trouve aussi des pendeloques
coniques que l'on passait sans doute dans les boucles
d'oreilles (2).
A l'époque de la Tène I, les pendants d'oreilles ont une
forme dérivée du croissant ; on en trouve quelques-uns en
or (3).
Les bagues, très rares à l'époque de Hallstatt, sont fré-
quentes aux diverses périodes de la Tène ; elles sont le plus
souvent en bronze, rarement en fer, en or ou en argent.
Les femmes les portaient à la main droite ou aux deux
mains.
Les Celtes portaient les cheveux longs ^4). La Gaule tran-j
salpine a été surnommée par les Romains Gallia Co-
mata (o).
Les Gaulois lavaient fréquemment leurs cheveux avec une!
lessive de chaux, et les relevaient (6) du front vers le som-l
met de la tête et la nuque, en sorte qu'ils ressemblaient àj
des Satyres ou à des Pans. Leurs cheveux devenaient sij
rudes qu'ils ne différaient en rien des crins de chevaux.
Quelques-uns se rasaient la barbe et d'autres la laissaient^
(1) DÉcHELETTE, Manucl, t. II, p. 870-872 (fig.) ; 1314-1322.'
(2) DÉCHELETTE, Manuel, l. ii, p. 841-843 (fig.)-
(3) DÉCHELETTE, Maiiuel, t. II, p. 1263-1264 (fig.).
(4) Strabon, IV, 4, 3 ; Denys d'Halicarnasse, xiv, 9, 15 ;
LucAiN, i, 442.
(5) CicÉRON, Philippiques, viii, 9, 27 ; Pline, Histoire natu-
relle, IV, 31, 105.
(6) Appien, Histoire romaine, iv, 8. *
LES PERSONNES ET LES COUTUMES 477
croître modérément, mais les nobles se rasaient les joues et
laissaient pousser leurs moustaches en sorte qu'elles leur
couvraient la bouche ; quand ils mangeaient, la nourriture
s'y embarrassait et quand ils buvaient, la boisson y passait
comme à travers un crible (1). Sur les monuments, les
Gaulois sont caractérisés par une chevelure épaisse et rude.
Les trois angles supérieurs du sarcophage de la Vigne
Animendola se terminent par deux têtes d'hommes et une
tête de femme ; les cheveux sont très longs et partagés en
touffes épaisses. Les guerriers figurés sur le bas-relief ont
de longs cheveux flottants ; comme les têtes d'hommes qui
ornent les angles, ils portent une longue moustache, mais
tandis que celles-ci ont à peine une courte barbiche au men-
ton, ils ont des barbes assez longues et incultes. Le Gaulois
du Capitule et celui de la villa Ludovisi portent seulement
la moustache. Le Gaulois de 'V^enise est barbu. Les mon-
naies portent, de même, tantôt des têtes à longue barbe et
à longs cheveux, comme le chef gaulois du denier de
L. Hostilius Saserna, tantôt des têtes ayant seulement la
moustache, comme sur des monnaies frappées par les
Senonesk Rimini (2). Le jeune Gaulois mort de Venise est
imberbe. On trouve à l'époque de Hallstatt des lames de
bronze en forme de demi-lune et tranchantes à l'extérieur,
munies ou non de pédoncules, lesquelles semblent avoir été
des rasoirs (3). Ces lames sont en fer à l'époque de la
Tène (4). C'est à cette époque aussi que l'on trouve des ci-
(1) DioDORE, V, 28. Cf. Pline, xxviii, 51, 191.
(2) Reinach, Les Gaulois dans l'art antique, Revue archéolo-
gique, t. XII (1888), p. 273, 284 ; t. xiii (1889), p. 11, 323 note,
o33.
(3) A. Bertrand, Archéologie celtique et gauloise, 2" éd.,
p. 292-300, 440-447 ; Déchelette, Manuel, t. ii, p. 878 (fig.).
(i) Déchelette, Manuel, t. ii, p. 1278-1280 (fig.).
G. DoTTiN. - Manuel de l'antiquité c4tique. 12
178 PARURE
seaux formés de deux lames de fer réunies par un res-
sort (1).
I.es soins de propreté chez les anciens Celtes n'étaient sans
doute pas très minutieux. Ammien Marcellin (2) nous dit
que les Gaulois de son temps étaient très propres. Le savon
fabriqué d'abord avec du suif et des cendres était, d'après
Pline (3), une invention gauloise. Pour entretenir la fraî-
cheur de leur teint^ les femmes celtes se servaient de mousse
de bière (4). Pour se laver, et pour se nettoyer les dents,
les Geltibères employaient de l'urine vieillie dans des réser-
voirs (5"!. La Valeriana cellica servait à préparer un parfum
connu sous le nom de nard gaulois (6).
Aux bijoux de fer, les Bretons ajoutaient des totouages.
Tous les Bretons, dit César (7), se teignent le corps avec du
pastel, ce qui leur donne une couleur azurée (8) et rend leur
aspect horrible dans les combats. Ils laissent croître leurs
cheveux et se rasent tout le corps, excepté la tête et la lèvre
sui)érieure. Les femmes et les filles des Bretons, d"aj>rès
Pline (9), se teignent le corps avec du pastel et ainsi, noires
comme des Ethiopiennes, elles figurent nues dans certaines
(1) DÉCHELETTE, Mauiiel, t. II, p. 1280-1284.
(2) XV, 12.
(3) Histoire naturelle, xxviii, 51, 191 ; Reynier, De l'écono-
mie publique et rurale des Celtes, Genève, 1818, p. 327.
(4) Ibid., XXII, 82,
(5) DioDORE, V, 33 ; Strabon, m, 4, 16 ; Catulle, xxxix,
17-19 ; cf. XXXVII, 20.
(6) Pline, Histoire naturelle, xii, 26, 45.
(7) Guerre de Gaule, v, 14 ; Cf. Properce, ii, 14, 26 ; Mêla,
III, 6, 51 ; JoRDANÈs, Histoire des Goths, 2.
(S) Cf. Caervileos cute Bripjantas (ms. scuta) (Sénèque, Apoko-
loki/ntose, 193) ; caeruleis Britannis (Martial, xi, 53, 1).
(9) Histoirelnaturelle, xxii, 2, 2. Cf. Vendryès, Res>ue cel-
tique, t. XXXII, ip. 235.
LES PI£RS0?<>CS liT LES COUTUMES 179
cérémonies religieuses. Ce n'est que chez Hérodien (1) et
Solin (2) que l'on voit que les tatouages des Bretons re-
présentaient toutes sortes d'animaux.
On a souvent dit que la richesse relative des parures
celtiques prouvait un état avancé de civilisation qui con-
trastait étrangement avec ce que nous rapportent les an-
ciens de la pauvreté des habitations et de la grossièreté des
repas, et on a parfois tenté de récuser les témoignages
grecs ou romains. Mais rien ne prouve que le rapport
qu'on établit de nos jours entre les diverses conditions de
la vie fiât le même chez les anciens Celtes que chez les na-
tions modernes. Et il semble que l'aspect de la Gaule et de
ses habitants ait bien été, à cette époque lointaine, telle que
se le figurait Cicéron (3) : « Pourquoi », disait-il, « César
veut-il rentrer dans sa province, sinon pour achever son
œuvre ? Faut-il croire que le charme du pays, la beauté
des villes, la civilisation et l'élégance des habitants le re-
tiennent *? Qu'y a-t-il de plus rude que cette terre, de plus
grossier que ses oppida, de plus sauvage que ses habi-
tants? >'
m
La vie des Celtes nous est peu connue. A l'exception de
César, qui l'a d'ailleurs peu observée, les anciens ne nous
ont guère laissé que des anecdotes destinées à orner les
(1) Histoires, in, 14, 7.
( ') Collectanea, xxii, 20. Peut-être des tatouages sont-ils
représentés sur les effigies de certaines monnaies. Blanchet,
Traité des monnaies gauloises, p. 158.
(.3) Des provinces consulaires, 12,
180
FEMMES
recueils de morale enseignée par l'exemple. L'archéologie,
en l'absence de tout monument épigraphique, ne nous fait
connaître que les coutumes de l'inhumation ou de la cré-
mation.
Voici ce que l'on a de plus sûr sur la condition des
femmes et des enfants et sur les usages relatifs à la nais-
sance et à la mort.
La femme apporte une dot, mais le mari y joint une va-
leur égale prise sur ses biens. Celui des deux époux qui
survit reçoit les deux parts avec les fruits des années anté-
rieures (1) Le maria sur sa femme le droit de vie et de
mort. Quand un père de famille de haute naissance vient à
mourir, ses proches s'assemblent et si l'on a quelque soup-
çon au sujet de sa mort, ils mettent les femmes à la ques-
tion comme des esclaves ; si leur mauvaise conduite est dé-
montrée, ils les font périr par le feu et dans toute sorte de
supplices (2). Au siège de Gergovie, les mères de famille
jetaient du haut des murailles des vêtements et de l'argent
et, les seins nus, les bras étendus, suppliaient les Romains
de les épargner ; quelques-unes se laissaient tomber à la
force des bras et se livraient aux soldats (3). Quant à la
polygamie en Gaule, on ne pourrait invoquer d'autre texte
que celui cité plus haut et où le pluriel uxoribus s'oppose
(1) César, Guerre de Gaule, vi, 19. Cf. Justinien, Novelles,
97. La dot était en espèces d'après C. Jullian qui remarque que
pecunias n'a chez César que le sens de « valeur monnayée » (His-
toire de la Gaule, t. n, p. 408). Cf. H. d'Arbois de Jubain ville,
Cours de littérature celtique, t. vu, p. 231-240. P. Collinet, Revue
celtique, t. xvii, p. 321-333 ; Lefort, Revue générale du droit,
t. IV (1880), p. 503-504.
(2) /6id., VI, 19.
(3) Ibid., vu, 47. Cf. H. d'Arbois de Jubainville, Cours de
littérature celtique, t. vi, p. 321.
LES PERSONNES Et LES COUTUMES 184
au singulier paferfamilias (1). Chez les Bretons, les femmes
appartiennent en commun à dix ou douze hommes, surtout
à des frères, à des pères et à leurs fils ; mais les enfants qui
naissent de ces unions appartiennent à celui qui a eu la
femme vierge (2). En Irlaf de, on trouve tout naturel que
(les hommes aient des rapports avec les femmes des autres,
avec leurs mères ou leurs sœurs (3). La communauté des
femmes existe en Calédonie (4j. Les Gaulois (raHta-.), rap-
porte un auteur anonyme, lorsqu'il se produit une disette
ou une épidémie, châtient leurs femmes comme étant la
cause de ces maux ; ils décident, sur leur conseil, de la
paix ou de la guerre ; mais s'ils sont vaincus, ils coupent
les têtes de leurs femmes et les jettent hors de leur terri-
toire (5).
La littérature épique et les lois de l'Irlande nous font
connaître un état social à peu près semblable ; le mariage
irlandais est une vente par laquelle le père, ou le parent
qui remplace le père défunt, cède à l'époux ses droits sur
la femme ; la valeur d'une femme est évaluée à trois bêtes à
cornes, plus le prix de l'honneur qui varie selon la condi-
tion sociale ; à côté de la femme légitime, le mari peut en-
tretenir au domicile conjugal une ou plusieurs concubines.
(1) De bello gallico, vi, 19. Cf. au contraire vu, 66 • sanclissimo
jurejurando confirmari oportere, ne lecto reclpiatur, ne ad liberos,
ne ad parentes, ne ad uxorem adiUim habeat...
(2) Ihid., V, 14.
(3) Strabon, IV, 5, 4. Cf. Saint Jérôme, Contre Jovinien, ii,
7 ; MiGNE, t. xxui, col. 335.
(A) Dion Cassius, lxxvi, 12. Cf. ce que dit la femme du ca-
lédonien Argentocoxos, lxxvi, 16 ; et lxii, 6.
(5) Paradoxographus Vaticanus Rohdii, 25, 416, dans les
Rerum naturalium scriptores graeci minores de O. Keller, Lip-
siae, 1877, p. 109,
182 FEMMES
Lugaid, roi suprême d'Irlande, épouse sa mère. Un roi de
Leinster a pour femmes les deux sœurs. Diarmait mac
Fergusa, roi suprême d'Irlande, avait quatre femmes dont
deux avaient le rang de reines. La coutume de la dot et du
douaire est commune à l'ancienne Irlande et au pays de
Galles (1).
La condition des femmes chez les anciens Celtes paraît
donc avoir été assez misérable. La domination des femmes,
qui est très fréquente chez les peuples belliqueux, nous dit
Aristote, est inconnue chez les Celtes 2). Cependant, au
milieu du i" siècle après notre ère, en Grande-Bretagne,
les Brigantes sont gouvernés par une femme, Cartisnian-
dua (3). Plus tard, en l'an 62 de notre ère, Prasutagus, roi
des Iccni, avait désigné ses deux filles comme héritières de
son royaume (4). En 61 après Jésus-Christ, Boudicca,
femme de race royale, commande l'armée des Bretons (3\
D'après une tradition recueillie par un compilateur grec
anonyme, c^était une femme, Onomaris, qui avait guidé les
Galates lorsqu'ils franchirent l'Istros, et qui était devenue
leur reine dans le pays qu'ils conquirent (6). Mais on ne
trouve aucun autre fait semblable sur le continent et à des
époques anciennes. On voit seulement que le mariage était
un moyen souvent employé pour s'assurer une alliance po-
litique ; ainsi Orgétorix donne sa fille à Dumnorix ; celui-
(1) H. d'Arbois de Jubainville, Cours de littérature celtique,
t. VII, p. 210-241.
(2) Politiques, ii, 6, 6,
(3) Tacite, Annales, xii, .36.
(4) Ibid., XIV, 31.
(5) Tacite, Agricola, 16 ; 31 ; Annales, xiv, 35 ; Dion Cas-
sius, abrégé par Xiphilin, lxii, 2.
(6) Revue des éludes anciennes, l. viii, p. 123.
i
LES PERSO.N.NES ET LES r.OUTL'MES J 83
ci fait épouser à sa mère un noble Biturige, et marie sa
sœur et ses parentes dans d'autres cités (1). Il est donc
probable que les femmes n'étaient pas dénuées de toute in-
fluence. Nous verrons plus loin qu'on les prenait comme
arbitres.
La fidélité des femmes celtiques était célèbre chez les
anciens, et l'histoire et la légende oni recueilli quelques ré-
cits dont elles sont les héroïnes (2). L'historien Polybe (3)
avait eu occasion, à Sardes, de parler à une femme galate
célèbre pour sa sagesse et sa grandeur d'âme. C'était Chio-
inara, femme d'Ortiagon, roi des Tolistobogii. Elle avait été
faite prisonnière dans la guerre contre les Romains, en
l'an 189 avant Jésus-Chris! . Un centurion s'empara d'elle
et lui fit violence. C'était un homme aussi cupide que dé-
bauché. On lui promit une grosse somme pour la rançon de
la captive. Il la conduisit à l'endroit désigné. Mais, à peine
les Gaulois avaient-ils remis au centurion l'or convenu et
reçu Ghiomara, qu'elle fit signe à l'un de ses compatriotes
de frapper le Romain au moment oii elle lui dirait adieu.
Le Gaulois obéit et coupa la tète du centurion, qu'elle saisit
et emporta dans les plis de sa robe. Arrivée auprès de son
mari, elle jeta la tête à ses pieds. Ortiagon étonné lui dit :
« Femme, la fidélité est une belle chose. » — « Oui », ré-
pondit-elle, « mais il y a quelque chose de plus beau en-
core : c'est qu'il n'y ait à vivre qu'un seul homme à qui
(1) Guerre de Gaule, i, 3 ; 18.
(2) H. d'Arbois de Jub.\inville. La légende et les femmes dans
la plUs ancienne histoire des Celtes et de la Gaule, Revue celtique,
t. VII, p. 129-144.
(;>) Histoires, xxii, 21. CI. Tite Live, xxxviii, 24 ; Plu-
TARQUE, Des vertus des femmes, 22 ; Valère Maxime, vi, 1,
ext. 2.
184 FEMMES
j'aie appartenu ! » Dans l'épopée irlandaise, la douce Der-
driu se tue lorsque le roi d'Ulster, après un an passé avec
lui, la livre au meurtrier de son mari (1). Gomme Chio-
mara, elle n'admettait pas qu'une femmS eut à la fois deux
époux vivants.
Le dévoûment héroïque de la Gauloise Eponine (ou Em-
ponê) à son mari Sabinus (2) est d'une époque où les Celtes
avaient été pénétrés par la civilisation romaine.
Les malheurs et l'héroïsme d'une autre Galate, Gamma,
prêtresse d'Artémis et femme du tétrarque Sinatos, ra-
contés par Plutarque (3i, appartiennent-ils à l'histoire ou à
la légende ? Il est impossible de le décider. Un des parents
de son mari, Sinorix, devint amoureux d'elle et voyant
qu'il ne pourrait triompher de su vertu et de sa fidélité,
tua Sinatos par trahison. Il lui parla de sa passion, de sa
puissance, de ses richesses et finit par lui avouer que, par
amour pour elle, il avait assassiné son mari. Gamma
d'abord le repoussa avec horreur, puis sembla s'adoucir et
consentit enfin à s'unir à lui. Au jour fixé, dans le temple
d'Artémis, suivant le rite traditionnel, elle lui présenta une
coupe d'hydromel, en versa quelques gouttes par terre, en
but une partie et invita Sinorix à boire le reste. Celui-ci
aciieva la coupe. Avant l'arrivée des invités, Gamma avait
mélangé à l'hydromel un poison mortel. Et elle eut la sa-
tisfaction, en mourant, d'avoir vengé son mnri par la mort
de celui qui l'avait tué.
La femme celtique apparaît encore dans le récit de la
(1) H. d'Arbois de Juba inville. Cours de littérature celtique
t. V, p. 236.
(2) Tacite, Histoires, iv, G7 ; Plutauque, De l'amour, 25 ;
Dion Cassius, lxvi, 3, 2 ; IG, 2.
(3) Des vertus des femmes, 20 ; De l'amour, 22.
LES PERSO.NMES ET LES COUTUMES
185
fondation de Marseille (Ij. Bien qu'accueilli par Aristote(2)
et Trogue Pompée (3), ce récit semble être une fable gé-
néalogique imaginée pour donner une origine illustre à la
famille marseillaise des Prôtiades. Gomme Nannos, roi des
Segobrigii, préparait les noces de sa fille Gyptis (ou Petta),
deux Phocéens, Simos et Prùtis (ou Euxenos), abordèrent en
terre celtique et vinrent demander au roi son amitié et le
terrain nécessaire pour établir une ville. Gelui-ci les invita
au repas de fiançailles. Quand la réunion fut complète, la
jeune fille entra et son père lui ordonna d'offrir une coupe
d'eau et de vin à celui qu'elle choisissait pour mari. Gyptis
se tourna vers les Grecs et présenta la coupe à Prùtis. Cet
usage était-il celtique ou ligure? On ne peut le déterminer ;
car, si le nom de Segobrigii est celtique, les environs de
Marseille étaient alors occupés par les Ligures.
Les anciens, d'après ces exemples, semblent avoir parlé
avec plus d'indulgence des femmes celtes que de leurs
maris. Ce n'est qu'au iv" siècle après notre ère qu'on trouve
rapportée une coutume celtique d'où l'on pourrait conclure
que les femmes de l'Est de la Gaule étaient légères et co-
quettes. L'empereur Julien raconte que les Celtes prenaient
le Rhin comme juge de la fidélité de leurs femmes (4).
(1) J'admets ici cette histoire ((juoiqu'il s'agisse probablement
de Ligures), à cause du nom des Sego-brigii, qui paraît celtique ;
cf. Sego-briga, Sego-dunum, Sego-marus, Sego-vellauni ; Nitio-hri-
ges, Brigo-magus. La légende peut d'ailleurs être en partie de
provenance celtique. L'étude en a été faite par C. Julhan, His-
toire de la Gaule, t. i, p. 201-208.
(î) Athénée, xiii, 36.
(3) Justin, xliii, 3, 8-11.
('ij Discours, II. Cf. Lettre à Maxime, 16 ; Anthologie palatine,
IX, 125 ; EusTATHE, Hijsmine et Hysminias, viii, 7 (Erotici scrip-
tores graeci, éd. Didot, p. 570).
186 FKMMES
Lorsqu'un enfant naissait, le père le mettait sur un bouclier,
et le déposait sur le fleuve. Si l'enfant était légitime, il res-
tait h la surface; sinon, les flots Ipiigloutissaient. Mais
s'agit-il vraiment des Celtes et non des Germains? Chez
Julien, CeJtis désigne la Germanie par opposition à Galatia,
Gaule Transalpine (1).
Outre la fidélité conjugale, les femmes gauloises avaient
d'autres qualités. Elles étaient grandes, fortes, belles (2),
fécondes (3), bonnes nourrices et élevaient bien leurs en-
fants (4). Sur les occupations des femmes gauloises, r ous
devons nous contenter du texte obscur de Strabon (o) où
il est dit que les travaux des deux sexes sont répartis chez
les Gaulois juste à l'inverse de ce qu'ils sont chez les Grecs,
mais que c'es^ là une particularité qui leur est commune
avec mainte autre nation barbare.
Nous savons par ailleurs que les femmes des Celtes
accompagnaient leurs maris à la guerre 16). Les femmes et
les enfants des Helvètes défendaient des retranchemeiiis
contre les Romains (7). Les femmes des Bretons les exci-
taient au combat (8). Au siège de Gergovie, les femmes
gauloises, pour encourager leurs maris, leur montraient
leur chevelure éparse à la manière gauloise et amenaient
(1) Discours, m, '124 a ; cf. 279 c.
(2) Athénée, xiii, 79 ; Diodore, v, 32.
(3) L'accroissement de population est donne par les anciens
comme la cause des émigrations gauloises, Jtllian, Histoire de
la Gaule, t. i, p. 283, n. 2.
(4) Strabon, iv, i, 2 ; 4, 3.
(5) Géographie, iv, 4, 3.
(C.) PoLYBE, V, 78. 1. Cf. 77 ; 111 ; Tite Live, xxxviii, 23;
(Galales) ; Tacite, Annales, xiii, 34 (Bretons).
(7) Plutarque, César, 18.
(8) Tacite, Annales, xiv, 34 ; 3G.
LES PERSONNES ET LES COUTUMES
187
en leur présence leurs enfants (1). L'épopée irlandaise fait
souvent mention de fées et de femmes guerrières {"i).
Ammien Marcellin (n) nous fait un pittoresque tableau de
la femme gauloise venant en aide h son mari engagé dans
une querelle: il la montre plus forte que son mari, ver-
dàtre, le cou gonflé, frémissante, balançant ses bras blancs
énormes, jouant des pieds et lançant ses poings comme des
:atapultes chassées par la corde enroulée.
Avant le passage des Alpes et la conquête de la Cisalpine
par les Gaulois, il y eut chez eux une terrible guerre civile.
Les femmes s'avancèrent au milieu des armées, et, prenant
le rôle d'arbitres, réconcilièrent les partis en présence. De-
puis lors, ajoute Plutarque, les Celtes n'ont pas cessé, quand
ils délibèrent sur la paix et la guerre, d'admettre leurs
femmes au conseil et de faire régler par leur arbitrage les
coulestations qu'ils ont avec leurs alliés. Entre Annibal et
les Celtes, il avait été convenu que si les Celtes avaient à se
plaindre des Carthaginois, les généraux carthaginois les ju-
geraient, et que si les Carthaginois avaient à se plaindre
des Celtes, le différend serait jugé par les femmes des
Celtes (4).
Quant aux rapports du père avec ses enfants, César nous
apprend qu'en Gaule le père avait droit de vie et de mort
sur ses enfants (5), et Gaius remarque que les Galates
\l) Guerre de Gaule, vu, 48.
■J) Cath Finntrâgo edited by Kuno Meyer (Anecdota Oxo-
iiii iisia, nied. séries, i, 4), p. 76-77.
i Histoire romaine, xv, 12. Cf. Diodore, v, 32, 2.
i) Des vertus des femmes, 6. Cf. Polyen, vu, 50. Paradoxo-
Lji.iphus Vaticanus Rohdii, 46 [Rerum naturalium scriptores
-i-"ri'i tniiiores, p. 112).
Guerre de Gaule, vi, 19.
188 ENFANTS
comme les Romains croient que les enfants sont sous le
pouvoir, in potestate, de leurs parents (i). Il en est de
même chez les anciens Irlandais et les anciens Bretons (2).
Mais César nous fait connaître aussi une coutume singu-
lière. « Les Gaulois, nous dit-il, diffèrent des autres peuples
en ce qu'ils ne permettent pas à leurs enfants de les aborder
en public avant qu'ils n'aient atteint l'âge où ils sont ca-
pables du service militaire ; ils regardent comme une honte
qu'un fils à l'âge d'enfant paraisse en public en présence de
son père (3). » Ce texte est difficile à interpréter. Signifie-
t il que les fils restaient aux mains des femmes jusqu'à
l'âge de porter les armes, ou doit-il s'expliquer par l'usage
irlandais de faire élever les enfants des nobles hors de la
maison de leur père (4) ? M. S. Reinach pense qu'il s'agit
d'un tabou guerrier (5).
Au temps de César, il n'\ a que quelques traces de la vie
de clans (6) : les tribunaux de famille (7), la prépondérance
que donnait l'ancienneté ou le nombre des parents (8). Mais
les luttes ne sont pas rares à l'intérieur d'une même famille,
et les familles ne sont pas responsables des crimes de leurs
membres (9), au contraire de ce qui se passe en Irlande.
(1) Institutions, i, 51, 52, 55 ; J. Havet, Revue celtique,
t. XXVIII, p. 113-116.
(2) H. d'Arbois de Jubainville, Eludes sur le droit celtique
(Cours de littérature celtique, t. vu), p. 242-253.
(3) Guerre de Gaule, vi, 18.
(4) H. d'Arbois de Jubainville, Cours de littérature cel-
tique, t. VII, p. 112-116.
(5) Mélanges offerts à M. d'Arbois de Jubainville, Paris, 1906,
p. 271-277.
(6) JuLLiA^;, Histoire de la Gaule, t. ii, p. 401.
(7) César, Guerre des Gaules, vi, 19, 3.
(8) Ibid., VII, 32, 4.
(9) JuLLiAN, Histoire de la Gaule, t. ii, p. 403.
LES PERSONNES ET LES COUTLMES 189
Si les coutumes celtiques relatives à la naissance, à l'ex-
ception de riiabitude, que cite Ari>tote (1;, de plonger les
nouveau-nés dans l'eau froide d'un fleuve, et du singulier
usage rapporté par Julien (2), n'ont pas été relevées par les
anciens, les coutumes funéraires nous sont mieux connues.
Les Gaulois qui prirent Roma inhumaient d'ordinaire leurs
morts ; ce n'est qu'à la suite d'une épidémie qu'ils amon-
cèlent les cadavres pour les brûler (3). Les Gaulois qui en-
vahirent la Grèce (4), les Celtibères abandonnaient leurs
morts aux vautours et aux bêtes carnassières (o) ; Plu-
tarque (6) et Pausanias (7) remarquent que les Gaulois
n'ont point coutume de pleurer les morts. Les Gaulois de
Pyrrhus violaient des tombes (8).
Les funérailles des Gaulois, étant donné leur degré de
civilisation, sont magnifiques et somptueuses. Tout ce qu'on
croit avoir été cher aux vivants, on le porte dans le feu,
même les animaux (9) ; il y a peu de temps, dit César, on
brûlait ensemble, pour que les funérailles fussent réguhères,
les esclaves et les clients que les morts avaient aimés (lOj.
(1) Politiques, vu, 15, 2. Cf. Galien, De la santé, 1,10.
(2) Voir ci-dessus, p. 186.
(3) TiTE LivE, V, 48. •
(4) Pausanias, x, 21, 9.
(5) SiLius Italicus, III, 340-343.
(6) Consolation à Apollônios, 22.
(7) Description de la (irèce, x, 21', 7.
(8) DiODORE, XXII, 12 ; Plutarque, Pyrrhus, 26.
(9) On a trouvé des chevaux enterrés avec le mort à Nanterre
et dans le comté d'York ; Déchelette, Manuel, t. ii, p. 1025 ;
Hubert, Comptes rendus du Congrès international d'Anthropo-
logie, t. XII (1900), p. 410.
(10) Guerre de Gaule, vi, 19. Cf. Mêla, m, 2, 19; J. Naue,
Revue archéologique, t. xxvii (1895), p. 40-77, signale dans des
sépultures du Haut-Palatinat des indices de sacrifices humains.
190 .MOKT
Pendant les funérailles, on jetait dans le bûcher des lettres
adressées à des parents défunts comme s'ils ])ouvaient les
lire (1). En même temps que l'incinération, Mêla mentionne
1 inhumation (2).
A l'époque où le bronze prédomine dans la fabrication
des armes, l'incinération est dusage en Gaule sur quelques
points, notamment au sud-est et au sud.
La nécropole de Hallstatt offre un mélange de sépultures
à inhumation (525) et de sépultures à incinération (4oo)
confondues pèle-mèle. Ce sont les tombes <les incinérés qui
contiennent presque tous les objets de luxe que l'on a
trouvés. Les inhumés semblent avoir été plus pauvres.
Mais les deux séries de tombes sont sans doute contempo-
raines (3). Les morts étaient ensevelis vêtus et parés ; les
ossements briilés sont réunis en un tas; des vases sont
placés autour ou auprès des squelettes ou des morts inci-
nérés. D'une manière générale, c'est ]eturnulu.<; soit à sépul-
ture centrale non excavée, soit à sépulture excavée, formé
d'un amoncellement de pierres ou de sable, recouvrant
souvent des cordons circulaires de blocs plantés dans le sol,
qui caractérise la civilisation hallstattienne (4).
Pendant la première et la seconde phase de la civilisation
En Irlande, aux funérailles d'un chef, on immolait sur la toml)c
ses animaux. Une fois, on enterra vivants des prisonniers de
guerre avec le chef irlandais que leurs compagnons d'armes
avaient tué. Joyce, .4 social history of ancient Ireland, t. ii, p
5'i.'ï. F. N. Robinson, Anniversary papers by coUeai^ues and pu-
pih of G. L. Kittredge, Boston, im3, p. 1S5-197.
(1) DiODORE, V, 28.
(2) Chorographia, m, 2, 19.
('■]) Re^fue d'Anthropologie, t. iv (1889), p. 330 ; A. Bertrand
et S. RrAisi\cH,~Les'!Celte'^''dans les vallées du Pô et du Dannhe,
p. 122-129.
(4) Déchelette, Manuel d'arcliéologie, t. ii, p. 630-635.
LES PERSONNES ET LES COUTUMES 191
(le La Tène. ce sont les sépultures plates par inhumation
qui dominent en territoire celtique. Au début de La Tène III,
l'usage de l'incinération, caractéristique du territoire ger-
manique, se répand dans la Gaule du Nord (1). La trans-
formation du tuinulus en tombe plate n'a eu lieu que pro-
gressivement (2). Dans les plus riches sépultures de la
Marne, les chefs sont inhumés revêtus de leur costume et
de leur équipement guerrier, couchés sur leur char ; des
provisions étaient contenues dans des vases de formes di-
verses ; ce sont des morceaux de bœuf, de porc, de sanglier,
de volaille et de gibier (3).
Là oîi il n'y a pas de char, on trouve dans les tombes
d'hommes des armes : épée, javelot, umbo de bouclier. Les
femmes sont inhumées avec leurs parures : torques de
bronze, anneaux de poignets ou de chevilles, pendeloques
d'ambre, de corail, de verroterie. Les fosses rectangulaires
sont creusées dans la craie à une profondeur variant de
0 m. 00 à 1 m. 50, mais qui va jusqu'à 2 m. 65 pour les
sépultures à char. Dans la plupart des cimetières de la
Marne, on trouve des sépultures doubles, contenant le plus
souvent un homme et une femme. Les sépultures à inciné-
ration sont dans la Marne très pauvres en mobilier (4).
Dans les Iles Britanniques, les tombes du comté d'York
rap[)ellent celles de la Marne par l'abondance des chars ;
mais les tombes sont sous tu/nulus, les corps sont repliés et
(1) BuLLioT, Fouilles du Mont-Beuvray, t. i, p. 73-76 ; Déche-
LETTE, Manuel d'archéologie, t. ii, p. 1013-1014.
(2) S. Reinach, Guide illustré du musée national de Saint- Ger-
main, p. 36-38 (fig.) ; Déchelette, Manuel, t. ii, p. 1014-1015.
(3) H. Mazard, Essai sur les cliars gaulois de la Marne. Cf. Dé-
chelette, Manuel d'archéologie, t. ii, p. 1022-1027.
(4) Déchelette, Manuel d'archéologie, t. ii, p. 1030-1037,
192 AGRICULTURE
les armes sont très rares, tandis que dans la Marne les
tombes sont plates, les corps allongés et les armes nom-
breuses (1).
Dans l'Irlande de l'épopée, les funérailles des nobles
étaient célébrées par des jeux. Quelquefois on sacrifiait des
animaux ; les plus anciens textes ne contiennent que
quelques allusions à la crémation ; l'inhumation est de
règle '2}.
En résumé, sur le mariage et la condition des femmes et
des enfants le témoignage des anciens manque de précision.
Quant aux coutumes funéraires, elles paraissent avoir varié
chez les Celtes selon les temps.
IV
L'agriculture, le commerce et l'industrie chez les Celles
ne nous sont guère connus qu'à partir de la conquùte ro-
maine, et les renseignements que l'on peut recueillir con-
cernent presque exclusivement la Gaule.
C'est d'agriculture que le peuple s'occupait surtout (3).
De ce point de vue, il y avait une grande différence entre
les Germains et les Gaulois ; car les Germains ne consom-
maient pas beaucoup de blé et vivaient principalement du
lait et de la chair de leurs bestiaux 4). Le bétail était nom-
breux en Gaule ; il n'y a guère d'expéditi;ui de César qui ne
(1) Déchelette, Ibid., t. ii, p. tlO''t. R. Allen, Notes onlate
Celtic art, Archaeologia Camhrensis, t. xiii (1896), p. 220-227.
(2) A social history of ancienl Ireland, t. ii, p. 548-5.^.
(3) Cf. Guerre de Gaule, m, 17 ; Reynier, De l'économie pu-
blique et rurale des Celtes, Paris, 1818.
(4) Ibid., IV, 1 ; vi,;_22.
LES PERSONNES ET LES COUTUMES 193
donne lieu à une capture de bestiaux ; les Germains
viennent en Gaule s'emparer des troupeaux des Ebii-
roncs (1). Mais la culture du blé était très répandue chez
les Gaulois transalpins et, dans toutes ses campagnes, César
peut se ravitailler facilement en céréales. Il obtient du blé
chez les Aedui, Sequani^ Lmgones, Esubii, Curiosolites ,
Veneti, Leiici, Rémi, Ambiant (2). Dans la région autour
d'Avaricum, on trouvait en abondance le froment et le
fourrage. En prévision de la guerre, les Venètes font des
réserves de froment dans les oppida (3). A Alesia, on avait
amassé de quoi nourrir quatre-vingt mille personnes pen-
dant un mois (4), Les Helvetii, avant de partir pour s'éta-
blir en Gaule, font les semailles les plus considérables
qu'ils peuvent pour se procurer le blé dont ils auront be-
soin pendant leur expédition ; et lorsqu'ils sont contraints
de rentrer dans leur pays, comme ils avaient briàlé le blé
qu'ils ne pouvaient emporter, ce sont les AUobroges qui
leur fournissent le blé nécessaire à leur consommation (5).
Les espèces de blé cultivées en Gaule au temps de Pline (6)
étaient : le siligo, gros blé blanc, qui ne réussissait que
chez les, AUobroges et les Memini ; le blé de trois mois,
cultivé dans le nord ; Varinca, qui est peut-être une sorte
d'épeautre (7).
(1) Ibid., VI, 6 ; 35, 6.
(2) Guerre de Gaule, i, 40 ; Strabon, iv, 1, 2 ; Appien, iv, 7 ;
Cf. H. d'Arbois de Jubainville, Recherches sur l'origine de la
propriété foncière, p. 72-74.
(3) Guerre de Gaule, m, 9.
(4) Ihid., VII, 71.
(5) Ihid., I, 3 ; 5 ; 28.
(G) Histoire naturelle, xviii, 19, 81 ; 20, 85.
(7) C. JuLLiAN, Histoire de la Gaule, t. h, p. 267.
C. DoTTiN. — ■ Mar^uel de l'antiquité celtique, 13
11)4 AGRICULTURE
Outre lé froment, que cultivaient les Gaulois dans les
champs fertiles dont il est question dans les Commen-
taires (1) ? Nous savons par Pline (2) que le panic {holciis
sorgiim) était cultivé surtout en Aquitaine. Lorge à deux
rangs surnommée galaticum par Goliimelle (3) est sans doute
d'origine gauloise. En Belgique, on trouvait des pommes
sans pépins que l'on appelait spadonUi (4). La culture de la
vigne no se développa guère en Gaule qu'après la conquête
romaine (5). La nourriture (6) d'hiver des bestiaux consistait
pour une grande part eu raves. Au temps de Pline, la
culture du lin avait fort bien réussi en Gaule et les Ca-
diirci, les Ruteiii, les Bitariges, les Caleti et les Morini
produisaient des toiles très estimées (^7). On appelait cadur-
cum chez les Romains une couverture de toile ^8). Hiéron
de Syracuse faisait venir du chanvre de la vallée du
Rhône (9). Parmi les légumes, on ne trouve cités que les
oignons (10), le fenouil (11;. le panais (12) ; parmi les
(1) H. d'Arbois de Jubainville, Recherches sur l'origine de
la propriété foncière, p. 15-17.
(2) Histoire naturelle, xviii, 25, 101. Cf. Strabon, iv, 1, 2.
(3) De l'agriculture, ii, 9, 16.
(4) Pline, Histoire naturelle, xv, 15, 51.
(5) Varron, De l'agriculture, 7 ; Diodore, v, 26, 2-3 ; Stra-
bon, IV, 1, 2 ; E. DESJARDiNb, Géographie historique et adtninis-
iralive de la Gaule romaine, t. i, p. 442-448 ; S. Reinach, Revue
archéologique, t. xxx (1901), p. 368.
(6) COLUMICLLE, II, 10, 22.
(7) Jlifiloire naturelle, xix, 2, 8 ; Strabon, iv, 2,2,
(8) JuvÉNAL, VI, 537 ; vu, 221.
(fj) Athénée, v, 40.
(10) Pline, xix, 32, 105.
(11) Pline, xxi, 50, 86.
(12) Pline, xix, 27, 89.
LES PERSONNES ET LES COUTUMES 195
plantes industrielles : la jacinthe (1), le myrtille (2), le
pastel (3).
La Grande-Bretagne était fertile en productions plus
propres à la nourriture des troupeaux qu'à celle des
hommes (4).
Plusieurs noms de mesures agraires conservés par les
Romains sont d'origine celtique et témoignent de l'im-
portance des questions d'arpentage chez les Gaulois. Le
candetum rural était un carré de cent coudées ou cent cin-
quante pieds romains (0,296) de côté (5) ; il valait envi-
ron vingt ares. Le candetum urhain avait pour côté exac-
tement cent pieds romains. L'arpent, arepennis, est un
demi-jugerum de cent vingt pieds de long et cent dix de
large valant 12 ares et demi (6). La leiiga, mesure de
longueur adoptée par les Romains, est aussi une mesure
gauloise. Elle valait 2.220 mètres (7) environ.
Ainsi donc, à l'époque de la conquête romaine, la Gaule
est fertile et bien cultivée (8). Mais au temps dePomponius
Mêla, la Narbonaise était mieux cultivée, plus productive
(1) Pline, xxi, 97, 170.
(2) Pline, xvi, 31, 77.
(3) Pline, xxii, 1, 2. 'Voir C. Jullian, Histoire de la Gaule,
t. Il, p. 271.
(4) Mêla, m, 6, 50 ; Cf. César, Guerre de Gaule, v, 12, 3.
(5) Columelle, De l'agriculture, v, 1, G ; Isidore, xv, 6. Cf*
H. d'Arbois de Jubainville, Le candetum gaulois, Bévue cel-
tique, t. XXIV, p. 317-318 ; F. P. Garofai.o, Bolletlino di jilologia
classica, 1903, p. 268.
(6) Columelle, v, 1, 6. Cf. une ancienne glose à Gains chea
HoLDER, Allceltischer Sprachschatz, t. i, col. 205).
(7) C. Jullian, Revue des études anciennes, t. ix, p. 189 ; His-
toire de la Gaule, t. ii, p. 395.
(8) Guerre de Gaule, i, 28 ; 31 ; ii, 4 ; Strabon, iv, 1, 2. Cf.
JosÈPHE, Guerre des Juifs, u, 10,4 ; SonN,Co/ieftawea,21 ; Pom-
PONius Mêla, m, 2, 16.
196 AGRICULTURE
et plus riche que la Celtique (1). Les Gaulois transalpins ne
le cédaient point comme agriculteurs aux Cisalpins dont
au II* siècle avant Jésus-Christ la principale richesse était
constituée par les troupeaux et qui cultivaient la terre (2).
Les expressions manquent, écrivait Polybe, pour dire la
fertilité de ce pays. L'abondance du blé y est telle que Ion
a vu plus d'une fois le médimne sicilien (52 1.) de froment
ne valoir que quatre oboles (0 fr. GO), celui d'orge, deux
(0 fr. 30) et le métrète de vin (39 1.) ne pas coûter plus
qu'une mesure d'orge. Le millet et le panic y poussent à
foison ; les chênes fournissent tant de glands que la plupart
des porcs consommés en Italie ont été nourris en Cisalpine.
Les voyageurs qui s'arrêtent dans les auberges ne con-
viennent pas du prix de chaque objet séparément, mais ils
demandent combien on prend par tête : le plus souvent,
l'hôte s'engage à fournir tout ce qui est nécessaire pour un
quart d'obole (0 fr. 04) et le prix est rarement dépassé (3).
On ne saurait dès lors ai)pliquer aux Gaulois ce que Cicéron
nous dit eu général des peuples de cette race, à savoir
qu'ils considèrent comme déshonorant de produire le blé
par le travail des mains, et qu'en conséquence ils s'en vont
en armes moissonner les champs des autres (4). Après
Cicéron, Strabon répète qu'autrefois les Gaulois étaient
guerriers plutôt que laboureurs ; mais qu'en son temps
(18 après Jésus-Christ) ils sont forcés de cultiver la terre
parce qu'ils ont déposé les armes (5). Or Tite-Live (6) parle
(1) Choro graphie, ii, 5.
(2) Polybe, ii, 17, 10.
(3) Polybe, ii, 14.
(4) République, m, 9, 15 ; Tacite, Germanie, 14, dit à peu
près la même chose des Germains.
(5) Géographie, iv, i, 2. Cf. 1, 5 ; 1, 12.
(6) V, 34.
LES PERSONNES ET LES COUTUMES 197
de la fertilité de la Gaule lors de l'expédition de Bellovèse
et de Sigovèse dès le iv^ siècle. Annibal, en 218, pouvait se
procurer chez les Allobroges du blé pour plusieurs jours (1).
Les Belges qui conquirent la partie maritime de la Grande-
Bretagne y introduisirent, d'après César (2), l'agriculture.
La plupart des habitants de l'intérieur de l'Ile ne semaient
pas de froment. « Ce que nos pères nous ont enseigné »,
disait Boudicca aux Bretons, « ce n'est point la science de
l'agriculture, mais la façon de faire la guerre; l'herbe suffit
à notre nourriture, l'eau à notre boisson, l'arbre à notre
toit (3). » Les Gaulois mêlés aux lUyriens étaient d'actifs
cultivateurs (4).
Les agronomes latins nous ont laissé quelques ren-
seignements sur les procédés agricoles des Gaulois ; ils
usaient d'engrais variés : la craie blanche près du Rhin (5;;
la chaux chez les Aedui et les Pidones', la marne, dont
Pline mentionne plusieurs espèces (6), chez les Gaulois et
les Bretons. Les Cisalpins au nord du Pô préféraient pour
certaines terres les cendres au fumier (7). Les Salassi, au
pied des Alpes, découvrirent, en labourant du fianic et du
millet, et en faisant leurs semailles sur ce labour, un nou-
veau procédé de fumure (8).
C'est en Rétie gauloise que l'on avait inventé d'ajouter
deux petites roues à la charrue (9). Dans les grands do-
(1) PoLYBE, III, 49 ; 51.
(2) Guerre de Gaule, v, 12 ; cf. 14.
(3) Dion Cassius, lxii, 5, 5.
(4) TiTE LivE, xLv, 30, 5.
(5) Varron, De l'agriculture, i, 7, 8.
(6) Histoire naturelle, xvii, 4, 43 ; 74.
(7) Ibid., XVII, 5, 49.
(8) Ibid., XVIII, 49, 182.
(9) Ibid., XVIII, 48, 172. Sur les Rhètes, voir A. Bertrand et
198
FORETS
maines de la Gaule, en terrain plat, on se servait, pour
moissonner, d'une sorte de tombereau à deux roues dont
le bord antérieur était armé de dents qui arrachaient les
épis : les épis tombaient alors dans le tombereau (1). Pour
recueillir le millet et le panic, on employait un peigne (2).
Pour faucher les prés, il y avait des faux qui coupaient
l'herbe haute sans toucher à l'herbe courte (3) ; on affilait
les faux avec des pierres à aiguiser provenant de la Gaule
Transalpine et que l'on nommait passernices{A).
Dans la Gaule Belgique, on trouvait des forêts considé-
rables : la forêt d'Ardenne (5) ; les forêts des Ebnrones, des
Menapii, des Morini et des Nervii. En Celtique, César
mentionne les forêts des Bitnriges, des Carmites, et des
Seqnani (6). Mais, chez les Gaulois, les forêts semblent avoir
été considérées comme dépourvues de valeur ; ce sont les
champs et non les bois que les peuples dévastent et se dis-
putent entre eux ; ce sont les champs que les Germains
aiment et dont ils cherchent à s'emparer (7). Les forêts
sombres et mystérieuses, peuplées d'êtres fantastiques,
S. Reinach, Les Celles dans les vallées du Pô et du Danube, p. G3-
80. Oii trouvera des représentations de charrues gauloises chez
EspÉRANDiEu, Recueil général, n^ 102, 464, 1682.
(1) Ibid., XVIII, 72, 296 ; Varron, De l'agriculture, i, 52 ;
Palladius, De l'agriculture, vu, 2.
(2) Ibid., XVIII, 72, 297.
(3) Ibid., XVIII, 67, 261 ; Décuelette, Manuel, t. ii, p. 1381.
(4) Ibid., XXXVI, 47, 165.
(5) Guerre de Gaule, v, 3 ; vi, 29 ; Strabon, iv, 3, 5 ; Tacite,
Annales, m, 42.
(6) Eburones, vi, 34 ; 37 ; Mcnapii, m, 28 ; 29 ; iv, 38 ; vi, 5 ;
Morini, m, 28 ; 29 ; (cf. Dion Cassius, xxxix, 44) ; Nervii, ii,
18 ; 19 ; v, 52 ; Bituriges, vu, 16 ; 18 ; Carnutes, viii, 5 ; Se-
quani, i, 12 ; 39.
(7) Guerre de Gaule, i, 11 ; H. d'Arbois de Jubainville,
Recherches sur l'origine de la propriété foncière, p. 74-75.
LES PERSONNES ET LES COUTUMES 199
étaient pour les Gaulois des lieux sacrés (1). Au temps de
Pline (2), un des arbres les plus utiles était le bouleau, qui
servait à faire des cercles, des corbeilles, les insignes des
magistrats et dont on extrayait une sorte de résine. On
trouvait aussi en Gaule le chêne, qui était abondant chez
les Vénètes, le hêtre, l'orme, le saule, le buis. César cite
l'if comme très commun dans les forêts gauloises. Gatu-
volcus, roi des Eburones, s'empoisonna avec le poison tiré
de cet arbre et Pline raconte que les barils en bois d'if
fabriqués en Gaule pour contenir le vin pouvaient causer la
mort (3). En Grande-Bretagne. comme en Gaule il croit des
arbres de toute espèce, à l'exception du hêtre et du sapin (4).
Nous avons conservé les noms celtiques du sureau, scobien,
de la fougère, raiis, de la pomme, aballo, d'une espèce de
sapins, padi, du bouleau, betulla, d'une espèce d'orme,
atinia, et de diverses plantes.
Les animaux domestiques élevés dans l'ancienne Gaule (5)
étaient sans doute à peu près les mêmes qu'aujourd'hui. Les
races de bœufs cisalpins étaient très estimées pour le tra-
vail (6). César mentionne des troupeau .\ nombreux chez les
Nervii (7), les Menapii (8), les Eburones (9), mais il en
(1) LucAiN, Pharsale, uh 390-425.
(2) Histoire naturelle, xvi, 30, 75. Sur les autres arbres des fo-
rêts gauloises, cf. ibid., xvi ; A. Maury, Les forêts de la Gaule
et de l'ancienne France, Paris, 1867, p. 82-85. Sur la bibliographie
des forêts depuis 1867, voir C. Jullian, Revue des études an-
ciennes, t. IX, p. 89-90, 369.
(3) Guerre de Gaule, vi, 31 ; Strabon, iv, 4, 1 ; Pline, His-
toire naturelle, xvi, 20, 50.
(4) Ihid., V, 12.
(5) C. JuLLiAN, Histoire de la Gaule, t. ii, p. 278-283.
(6) Varron, De l'agriculture, ii, 5.
(7) Guerre de Gaule, vi, 3, 2.
(8) Ihid., VI, G, 1.
(9) Ihid., VI, 35, 6.
200 ANIMAUX DOMESTIQUES
trouve aussi beaucoup dans le Centre 1). Annibal avait trouvé
un grand nombre de bestiaux et de bêtes de somme dans
la Maurienne (2). Les fromages des vaches des Alpes et
des Gévennes étaient très renommés ; on faisait aussi du
fromage de lait de chèvre (3), Il y avait en Gaule de nom-
breux troupeaux de moutons ; la valeur de leur laine va-
riait beaucoup avec les races (4) ; avec cette laine on fournis-
sait de saies Rome et la plus grande partie de l'Italie. Ces
moutons transhumaient des plaines à la montagne comme
de nos jours (3). Les porcs étaient si grands, si vigoureux,
si rapides qu'ils étaient dangereux pour les hommes qu'ils
ne connaissaient pas ; ils fournissaient d'excellentes salai-
sons (6). On menait les oies de la Morinie jusqu'à Rome (7);
pour les faire marcher, on mettait les plus fatiguées devant
les autres.
Les Celtes de Gaule recherchaient fort les chevaux étran-
gers et les payaient très cher (8). En 52, il y avait assez de
chevaux en Gaule pour monter une cavalerie de quinze
mille hommes (9).
Les armées de Claude II avaient ramené à Rome un
grand nombre de juments celtiques. Ces juments étaient
très renommées (10). Les chevaux bretons étaient de petite
(1) Ibid., VII, 56, 5 ; vu, 71, 7.
(2) TiTE LivE, XXI, 33, 11 ; Polybe, m, 51, 12.
(3) Pline, xi, 97, 240. Cf. viii, 70, 179.
(''ij Guerre de Gaule, m, 29 ; vi, 3 ; 6 ; 35 ; viii, 24 ; vu, 17 ;
56 ; 71 ; Strabon, iv, 4, 3 ; Columelle, vu, 2 ; Horace, Odes,
m, 16 ; Pline, vin, 73, 192 ; Martial, xiv, 159.
(5) Pline, Histoire tiaturelle, xxi, 31, 57.
(6) Strabon, iv, 4, 3. Cf. iv, 3, 2 ; ni, 4, 11 ; Martial, xiii,
54 ; Caton chez Varron, De l'agriculture, ii, 4.
(7) Pline, x, 27, 53.
(8) César, Guerre de Gaule, iv, 2. Cf. Tite Live, xhv, 6, 8.
(9) Ibid., vii, 64, i. Cf. Strabon, m, 4, 15 ; iv, 6, 10.
(10) Histoire Auguste, Trebellius PollioNj Claude, 9,
LES PERSONNES ET LES COUTUMES 201
taille, mais rapides (1). Les chevaux des Geltibères étaient
supérieurs aux autres pour la vitesse (2).
On a trouvé à La Tène des restes de chevaux dont les
mesures coïncident avec celles des chevaux actuels de la
Camargue; ces mesures sont aussi celles d'un cheval trouvé
dans un tiimiiliis près de Loughrea en Irlande (3).
Les mules de Gaule ou de Galatie sont mentionnées par
Plutarque (4): Arrien cite les freins celtiques (5).
Les housses en cuir s'appelaient en latin scordisca, du
nom du peuple celtique, les Scordisci qui les avait in-
ventées (6), On trouve des objets de harnachement figurés
sur Tare d'Orange.
Les chiens celtes étaient très réputés, surtout ceux des
Morins, des Bretons, des Belges (7). Les segusii avaient
l'odorat très développé, l'apparence de bêtes sauvages ; ils
tiraient leur nom du peuple gaulois des Segusiavi ; on les
comparait en Gaule à des mendiants, car leur aboiement
ressemblait à une voix plaintive et pleurarde. Les vertragi,
lévriers de couleur tachetée ou unie, étaient très rapides à
la course {H). Les p et ronii découvraient facilement le gibier,
mais ne l'approchaient pas en silence (9). Les agassaei bre-
(1) Arrien, Tactique, IQ, 3 ; Dion Cassius, lxxvi, 12, 3.
(2) Poseidônios chez Strabon, m, 4, 15.
(3) RiDGEWAY, Origin and influence of the thorou ghbred
horse, p. 321, 399.
(4) De l'amour des richesses, 2.
(5) Indica, xvi, 10 ; cf. Horace, Odes, i, 8, 6.
(6) Végèce, Le vétérinaire, ii, 60, 1. Corpus glossariorum
latinorum, t. ii, p. 180, 20.
(7) Grattius Faliscus, Cynégétiques, 156, 174, 203 (Poetae
latini minores, éd. Baehrens, t. i) ; Silius Italicus, x, 77. Cf.
Ovide, Métamorphoses, i, 533-538 ; Némésien, Cyn., 125 ;
TiiÉMisTius, Discours, xxii et xxvii.
(8) Arrien, Cynégétique, 3, 4 ; Martial, xiv, 200.
(9) Grattius Faliscus, 201, 206.
202
CHASSE
tons étaient une race de petits chiens vigoureux et sui-
vant bien une piste (1). Pline assure que les Gaulois fai-
saient couvrir leurs chiennes par des loups et que chaque
meute avait pour guide un chien auquel les autres obéis-
saient (2). Les chiens bretons, comme ceux de leur
pays, étaient utilisés pour la guerre par les Celtes du con-
tinent (3). Le roi arverne Bituitos avait une garde com-
posée de chiens qui ne devaient faire qu'une bouchée de
l'armée romaine (4). Ainsi, dans l'Irlande de l'épopée, le
chien Ailbe suffisait à garder à lui seul le royaume de
Laighen (5).
La chasse était, avec la guerre, la principale occupation
des Celtes. Ils y étaient fort habiles. Ceux qui considé-
raient la chasse, non comme un moyen d'alimentation,
mais comme une distraction, ne se servaient point defilets.
Les Celtes riches envoyaient dès l'aurore explorer les lieux
où ils soupçonnaient la présence d'un lièvre au repos.
Quand on leur avait rendu compte, ils se rendaient au lieu
indiqué et lançaient leurs chiens après avoir fait lever la
bête. Ils employaient deux espèces de chiens : les uns
cherchaient la piste, les autres étaient tenus à l'endroit où
il était vraisemblable que le lièvre dirigeât sa course, pour
se lancer sur lui à son passage. A chaque animal au'ils
avaient pris, des Celtes mettaient de cùlé une petite somme
(1) Oppien, Cynégétique^ i, 467-4G8.
(2) Histoire naturelle, viii, 61, 148.
(3) Strabon, IV, 5, 2. Cf. Pline, Histoire naturelle, vin, 61,
142.
(4) Appien, IV, 12 l'OnosE, Histoires, v, 14.
(5) II. d'Arbois de Jubainville, Cours de littérature cel-
tique, t. V, p. 66. Cf. Tàin Bô Cùalnge, 1. 1003, 1007, 1008, 1019,
1025, 1028, 1037, 1935, 2612, 3977 ; J. Loth, Revue celtique,
t. xxvii, p. 163-165.
LES PERSONNES ET LES COUTUMES 203
d'argent : deux oboles pour un lièvre, une drachme pour
un renard ; quatre drachmes pour un chevreuil. Au bout
d'un an, au jour de la naissance d'Artémis, on ouvrait le
trésor ainsi constitué, et on l'employait à faire les frais
d'un sacrifice à la déesse où Ton immolait des brebis, des
chèvres ou des veaux, et d'un banquet où les chiens parais-
saient couronnés de fleurs (1). Parmi les animaux sauvages
propres à la forêt Hercynienne, César cite un bœuf ayant
la forme d'un cerf ; ïalce ou élan, et Viirus, sorte de bœuf
sauvage. Comme les élans se reposent en s'appuyant contre
les arbres, et ne se couchent pas pour dormir, car il leur
est impossible de se relever, le chasseur déracine les
arbres dans les heux où ils fréquentent, ou les scie de
façon à ce qu'ils puissent encore tenir debout. Les animaux
venant s'y appuyer selon leur coutume les font fléchir et
tombent avec eux. On capture l'urus, qui a une force et
une vitesse prodigieuse, dans des fosses disposées avec
soin (2). Nous connaissons le nom gaulois du lynx : nifius.
Les Celtes atteignaient les oiseaux avec un dard en bois
lancé à la main (3 . Ils empoisonnaient les flèches destinées
à la chasse avec le suc des fruits d'un arbre assez semblable
à un figuier ; ces fruits ont à peu près la forme d'un cha-
piteau corinthien (4). Pline (5) rapporte que ce poison pro-
(1) Arrien, Cynégétique, 19 ; 21 ; 33. Cf. Varron, De re rus-
iica, III, 12, 2 ; 5 ; 6 ; C. Jullian, Histoire de la Gaule, t. ii,
p. 284-289.
(2) Guerre de Gaule, vi, 26-28.
(3) Strabon, IV, 4, 3.
(4) Pseudo-Aristote, Singularités merveilleuses, 86 ; Arté-
midore chez Strabox, iv, 4, 6. Cf. A. J.Reinacii, L'Anthropolo-
gie, t. XX, p. 189-206.
(5) Pline, xxv, 25, 61 ; xxviii, 76, 101.
204 CHASSE
venait de l'ellébore blanc. Les animaux ainsi tués étaient,
raconte Aulu-Gelle (1), plus tendres à manger ; mais il
fallait enlever toutes les parties qui entouraient les bles-
sures. Le limeum servait à composer un poison que l'on
appelait cervarium et dont on enduisait les flèches de
chasse (2). D'après Gelse, les poisons de chasse des Gau-
lois ressemblaient au venin du serpent ; ils étaient dange-
reux dans les blessures, mais inoffensifs dans la bouche si
celle-ci ne contenait pas d'ulcération (3). Dans le testa-
ment d'un Lingon sont mentionnées toutes sortes d'armes
de chasse : lances, glaives, couteaux, deux sortes de filets,
lacs, épouvantails (4).
Il y avait en Gaule des renards, des chevreuils, des cha-
mois (o). Au temps de Pline, les Alpes, le Midi et les bords
du Rhin sont les contrées de Gaule où l'on rencontre le plus
curieux gibier à plume (6).
La pèche ne tenait sans doute pas dans les divertisse-
ments des Celtes la même place que la chasse. Nous avons
vu que certaines peuplades bretonnes ne profitaient pas des
poissons qui pullulaient sur leurs côtes (7). Les huîtres de
Bretagne sont citées par Pline (8). A la pêche, des habi-
(1) Nuits uniques, xvii, 15, 7. Cf. Pline, xxv, 25, 61.
(2) Pline, Histoire naturelle, xxvii, 76, 101.
(3) Celse, V, 27, 3. Cf. Lagneau, Remarques toxicologiques
sur certaines substances employées par les anciens peuples de
l'Europe pour empoisonner leurs flèches et autres armes de jet,
Gazette hebdomadaire de médecine et de chirurgie, t. xiv, 1877,
p. 789-874.
(4) Corpus inscriptionum latinarum, l. xiii, 11° 5708. Voir des
scènes de chasse chez Espérandieu, Recueil général, n° 168, 175,
534, 1560, 1648, 1704, 3179. .
(5) Arrien, Cynégétique, 34, 1 ; Grattius Faliscus, 200 ;
Arrien, 34, 1 ; Pline, viii, 79, 214.
(6) Pline, x, 29, 56 ; 57, 116 ; 66, 131 ; 68, 133 ; 68, 134.
(7) Voir ci-dessus, p. 162.
(8) Histoire naturelle, xxxii, 21, 62.
LKS PERSOMXES ET l.ES COUTUMES 205
tants des rivages de la Méditerranée employaient, prétend
Pline (1), des dauphins dressés auxquels ils abandonnaient
une part du butin et auxquels ils donnaient, en plus, du
pain trempé dans du vin. Les anciens nous ont conservé
quelques noms celtiques de poissons : esox, saumon ; clopias,
lotte; ce poisson se trouvait dans la Saône ; alausa, alose ;
tinca, tanche. Le thon et le muge sont cités par Strabon,
Pline et Martial [2).
L'industrie gauloise trouvait de précieuses ressources
dans le sol même du pays (3). Il y avait en Gaule beaucoup
d'or natif (4). Les fleuves charriaient des fragments de roche
remplis de sable d'or ; on brisait les roches, on enlevait la
partie terreuse par des lavages et on faisait fondre le résidu
dans des fourneaux (3). Les Salassi, peuple des Alpes, se
livraient au lavage de l'or dans les eaux du Durias (6). Le
pays des Volcae Tedosages était riche en or (7). Chez les
Cisalpins, l'or, avec les troupeaux, constituaient la ri-
chesse (8). Nous avons vu que les colliers et les bracelets
d'or sont la parure caractéristique des guerriers celtes (9).
(1) Histoire naturelle, lx, 9, 29 ; 32.
(2) Strabon, iv, 1, 6. Cft Athénée, vin, 4 ; Mêla, ii, 83 ;
Pline, ix, 26, 59 ; Martial, xiii, 103 ; Cf. Elien, Histoire des
animaux, xiii, 16.
(3) A. Daubrée, Exploitation des métaux dans la Gaule, Rei>ue
archéologique, t. xvii (1868), p. 298-313 ; t. xl (1881), p. 201-
221, 261-284, 327-353.
(4) Suétone, César, 54 ; Tacite, Annales, xi, 24. Sur l'or
gaulois, voir E. Cartailhac, Revue d'anthropologie, t. iv (1889),
p. 272-292.
(5) DioDORE, V, 27.
(6) Strabon, iv, 6, 7.
(7) Strabon, iv, i, 13 ; cf. m, 2, 8 ; iv, 2, 1.
(8) POLYBE, II, 19.
(9) Voir ci-dessus, p. 173.
206 MINES
Strabon signale de l'or en Grande-Bretagne (1). En Irlande,
on a trouvé dans des tourbières, dans des champs, et sous
des rochers un nombre considérable d'objets en or. Les plus
anciens seraient, d'après M. S. Reinach, contemporains de
la première période de l'âge du bronze (i). Les parures en
or sont plus rares et plus légères à l'époque de Hallstatt
qu'à l'âge du bronze. A l'époque de la Tène on en trouve
en Gaule surtout sur les bords du Rhin, et dans le haut
bassin de la Garonne (3).
Les mines d'argent se trouvaient en Gaule surtout dans
les Pyrénées et dans le pays des Gahali et des Rutetii (4).
Elles étaient nombreuses en Espagne (5). Il y en avait en
Grande-Bretagne (G). Dès l'époque du bronze on trouve de
l'argent à Garnoet en Moelan (Finistère) et près de Bor-
deaux (7).
Mais, en général, les parures en argent sont très rares
aux époques de Hallstatt et de la Tène, sauf dans les pays
de minerais argentifères comme la Hongrie, la Bosnie et
quelques cantons des Alpes (8).
Les mines de fer étaient en grand nombre en Gaule et le
travail en était très familier aux Gaulois, Strabon cite celles
des Peinicorii et des Bituriges Cubi (9). Elles étaient en
(1) Géographie, iv, 5, 2. Cf. Tacite, Agricola, 12.
(2) 'làpvïj TtoXiivpudo;, Re^ue celtique, t. xxi, p. 75-97 ; 166-
175.
(3) DÉCHELETTE, Manuel, t. Il, p. 867-870, 1332-1347.
(4) Strabon, iv, 2, 2. Corpus inscriptionum latinarum, t. xiii,
nO 1550.
(5) DioDORE, V, 35.
(6) Tacite, Agricola, 12.
(7) DÉCHELETTE, Moiiuel, t. II, p. 3G6.
(8) DÉCHELETTE, Manuel, t. ii, p. 1347-1351,
(9) Guerre de Gaule, vu, 22 ; Strabon, iv, 2, 2.
LES PERSOINiNES ET LES COUTUMES 207
petite quantité en Grande-Bretagne et les Bretons en guise
de monnaies se servaient de cuivre ou d'anneaux de fer
d'un poids déterminé (1). Les Caledonii portaient autour
du cou et au-dessus du ventre des ornements en fer qui
étaient pour eux des signes de richesse (2). Les Nervii, au
temps de César, manquaient des instruments en fer néces-
saires pour construire des retranchements (3). Les Geltibé-
riens donnaient au fer sa finesse et sa solidité en l'enfouis-
sant en terre (4). Les outils en fer, à l'exception des cou-
teaux, sont rares dans les sépultures hallstattiennes. Ce
n'est guère qu'à l'époque de la Tène 111 que s'introduit
l'usage de déposer des instruments et outils de fer dans les
tombes ; on en trouve aussi dans les oppida.
Ce sont des haches, des couteaux, des ciseaux, tranchets,
planes de tonnelier, poinçons, gouges, marteaux, enclumes,
scies à main, limes ; on a trouvé peu d'instruments agri-
coles : socs de charrues, faux et faucilles, serpes ; quelques
instruments de pêche : hameçons et tridents (5).
On trouvait du cuivre en Aquitaine et chez les Ceutrones,
mais les Gaulois ne savaient pas bien le traiter (6). En
Grande-Bretagne, on se servait de cuivre importé (7). Le
plomb était répandu dans toute la Gaule et en Grande-
Bretagne (8).
L'étain se rencontrait surtout dans les Iles Britanniques ;
(1) Guerre de Gaule, v, 12.
(2) Hérodien, III, 4, 7. Voir ci-dessus, p. 173.
(3) Guerre de Gaule, v, 42.
(4) Plutarque, Du bavardage, 17.
(5) DÉCHELETTE, Maiiuel, t. II, p. 793-796, 1352-1386 (fig,).
(6) Pline, xxxiv, 2, 3 ; 20, 96. Cf. Guerre de Gaule, m, 21.
(7) Guerre de Gaule, v, 12.
(8) Pline, Histoire naturelle^ xxxiv, 49, 1«64,
208 MINES
on le préparait aux environs du cap Belerion en faisant
fondre et en épurant les veines de métal qui se trouvaient
dans les roches du promontoire ; puis on le transportait
sur des chariots, à marée basse, dans l'île d'Iclis (Wight).
Là les marchands venaient l'acheter (1) On a signalé en
Gaule des traces d'exploitation de filons stannitères qui
peuvent remonter à l'époque gauloise (2).
L'industrie gauloise utilisait comme décoration le corail
et l'émail. Le corail le plus estimé était péché sur la côte
méridionale de la Gaule (3). Les Gaulois en ornaient leurs
glaives, leurs boucliers et leurs casques i4). L'usage du co-
rail dans l'Antiquité a été constaté presque exclusivement
dans les pays celtiques ou soumis à l'influence des Celtes.
Il apparaît seulement vers la fin de l'époque de Hallstatt (o).
On le trouve surtout en Gaule et particulièrement dans le
pays des Rémi, dans les sépultures à inhumation, en com-
pagnie de perles d'ambre, de verroterie, de bijoux d'or,
jamais avec des monnaies. Il sert surtout à décorer des
objets de bronze, fibules, boutons, harnais, fourreaux,
casques, bracelets, chaînettes, tètes d'épingles ; dans des
colliers, il est employé comme pendeloques (6). D'après
Pline, le corail passait pour avoir diverses vertus curatives
(1) PoLYBE, m, 57 ; Timi'e chez Pline, iv, 30, 104 ; César,
Guerre de Gaule, v, 12, 4 ; Diodore, v, 22 ; 38 ; cf. Poseidônios
chez Strabon, m, 2, 9 ; Rice Holmes, Ancient Dritain, ch. v.
(2) A. Daubrée, Revue archéologique, t. xvii (18G8), p. 306 ;
Blanciiet, Traité des monnaies gauloises, t. i, p. 35.
(3) Pline, Histoire naturelle, xxxii, ii, 21.
(4) Ibid., XXXII, 11, 23.
(5) DÉciiELETTE, Mauuel, t. II, p. 875.
(6) Cf. S. Reinacii, Le corail dans l'industrie celtique, Revue
celtique, t. xx, p. 13-29, 117-131 ; Déciielette, Manuel, t. ii,
p. 1330-1332.
LES PERSONNES ET LES COUTUMES 209
et une branche de corail pendue au cou d'un enfant le
mettait, croyait-on, en sûreté (1). Les objets ornés de corail
appartiennent sans doute à la fin de l'époque de Hallstatt et
à la première partie de l'époque de la Tène (2). Le carail
semble avoir été remplacé par l'émail vers l'an 200 avant
J.-G. (3).
Philostrate (4) raconte que les barbares voisins de l'Océan
savent verser les couleurs blanche, noire, jaune, rouge, sur
du cuivre incandescent où elles se fixent ensemble, prennent
la consistance de la pierre et conservent les ligures qu'on y
a dessinées II v.ut parler probablement des Celtes et cer-
tainement d'un procédé d'émaillage. Cet art, presque com-
plètement ignoré des Grecs et des Romains, était pratiqué
chez les Aediii. On a trouvé dans les ruines de Bibracte de
l'émail rouge sous diverses formes : lingots, déchets, ba-
vures ; tout un quartier de la ville semble avoir été occupé
par des ateliers d'émailleurs. Les objets sur lesquels on
appliquait l'émail sont des rouelles, des boutons, des fi-
bules, des têtes de clous (5).
Le commerce de l'ambre est très développé au premier
âge du fer. A Hallstatt, plus de trois cents sépultures, parmi
lesquelles quelques-unes à mobilier pauvre, contenaient
plusieurs milliers de perles d'ambres ; les fils portant les
grains ou les bâtonnets d'ambre sont disposés en rangées
parallèles et traversent de petites plaquettes qui leur servent
(1) Histoire naturelle, xxxii, 11, 24.
(2) S. Reinach, Revue celtique, t. xx, p. 118.
(3) S. Reinach, Revue archéologique, t. vi (1905), p. 309.
(4) Tableaux, i, 27, 3.
(5) BuLLiOT, Fouilles du Mont-Beuvray, t. i, p. 129-146. Mé-
moires de la Société nationale des antiquaires de France, t.
xxxn, p. 71-105. DÉCHELETTE, Manuel, t. ii, p. 1547-1557,
G. DoTTiN. — Manuel de l'antiquité celtique. 14
210 ÉMAIL
de support et d'où ils pendent (1). La voie commerciale de
l'ambre aboutissait d'après Pline (2) au nord de l'Adriatique,
en passant par la Pannonie. Il venait d'abord du Jutland,
puis de la Prusse orientale. On a trouvé une grande quan-
tité de perles d'ambre dans les nécropoles de la Yénétie,
en particulier à Santa Lucia, et à l'époque de la Tène c'est
surtout dans le voisinage de l'Italie du nord qu'on trouve
des colliers d'ambre (3).
Le verre, formé d'une pâte bleue, blanche, verte ou noire,
servait h fabriquer des bracelets d'une seule pièce ou des
colliers composés de boules ou de pendeloques (4).
L'étamage du cuivre par l'étain était, d'après Pline (5),
une invention gauloise. L'étamage par l'argent fut appliqué
dans la ville d'Alise d'abord aux harnais des chevaux et
des bêtes de somme. Par la suite, le renom passa aux Bitii-
riges qui se mirent à orner ainsi esseda et petorrila. Le char
du roi des Arvernes Bituitos était argenté (6).
On peut juger de l'industrie gauloise en étudiant les
nombreux objets recueillis dans les tombes. Mais dans les
tumuli de la Bourgogne, dans les cimetières à inhumation
de la Marne, sur l'emplacement de Bibracte et d'Alesia, on
a trouvé, à côté des produits d'un art assez primitif, des
objets d'un art parfait qui, s'ils ne proviennent pas de la
(1) DÉcHELETTE, Monuel, t. Il, p. 872-875 (fig.).
(2) Histoire naturelle, , xxxvii, 11, 43; Diodobe, y, 23, 1.
Cf. DÉCHELETTE, Mauucl, t. I, p. 623-627.
(3) DÉCHELETTE, Maiiuel, t. II, p. 873, 1329.
(4) S. Reinach, Catalogue sommaire du musée des Antiquités
nalioiiales, p. 145, 157, 165.
(5) Histoire naturelle, xxxiv, 48, 162 ; G. Bapst, L'étain, Paris,
1884. Cf. R. Durand dans Pro Alesia, t. ii, p. 320-322.
(6) Florus, m, 2.
LES PERSON.NES ET LES COUTUMES 211
Grèce, procèdent, en tout cas, de l'art gréco -étrusque, et
l'on a pu constater, surtout à l'époque de la Tène, l'in-
fluence hellénique sur les œuvres des artistes et des arti-
sans indigènes. Il est probable que les modèles ont été
apportés en Gaule soit par des marchands, soit par des
soldats revenus d'expéditions fructueuses aux vallées du
Pô, du Tessin et du Rhin avant la conquête romaine, à
la vallée du Rhône après la conquête (1). Les objets dont
on peut attribuer la fabrication aux Celtes se rapportent
presque tous à l'art industriel.
A l'époque de llallstatt, les formes des vases en bronze
sont très variées ; ce sont des situles coniques de grande di-
mension à anses, des cistes cylindriques à côtes horizon-
tales ou cordons, des écuelles, des plats, des coupes, des
cuvettes et des chaudrons en feuilles de bronze rivées avec
beaucoup d'art. La décoration des vases est le plus souvent
géométrique dans les sépultures de l'époque hallsttatienne ;
seules^ des situles en bronze sont ornées au repoussé de
scènes diverses, de style gréco-oriental, où figurent des
hommes et des animaux. Les ornements incisés ou impri-
més sur les vases en argile sont des triangles avec lignes
parallèles, de petits cercles avec point central, de petits
triangles opposés par le sommet et disposés en bandes ou
simplement des lignes brisées et des bandes ; les vases en
argile sont frottés de plombagine ou peints en rouge et en
(1) Cette idée a été émise d'abord par Iloernes et par Rei-
necke. Voir aussi S. Reinach, Catalogue sommaire du musée des
antiquités nationales, p. 148 ; Déchelette, Manuel, t. ii, p. 514-
515, 1429-1454 ; L. Joulin, Les «ges protohistoriques dans le sud
de la France et dans la péninsule hispanique. Revue archéologique,
t. XVI (1910), p. 1-29 ; 193-235 ; t. xvii (1911), p. 15-40 ; t. xix
(1912), p. 1-59 ; 235-254.
212 VASES
noir sur un fond jaune clair (1). Le tour n'est pas encore
en usage. On a trouvé quelques coupes de verre apparte-
nant à la seconde phase de Hallstatt [2).
A l'époque de la Tène, on trouve des vases où les orne-
ments font saillie ; des décorations en rouge et en noir
appliquées soit avant soit après la cuisson. On remarque
une grande richesse d'imagination dans les motifs de déco-
ration géométrique : des ornements coudés, des cercles,
des doubles courbes en S, des carrés, des croix asso-
ciées à des cercles et des triangles, des échiquiers ; des
croix gammées en noir sur des vases jaune clair. Les vases
à décor géométrique curviligne sont soit peints, soit inci-
sés. Certaines poteries du Mont-Beuvray sont ornées d'ins-
criptions en lettres grecques (3). En général, la poterie
gauloise est assez grossière (4). Chez les Rcmi, on trouve
pourtant de belles urnes à ornements géométriques (5) ;
en Armorique, des vases analogues avec des dessins à spi-
(1) Rei'ue d'anthropologie, t. iv (1889), p. 332-333. On trouvera
une étude des seaux liisloriés chez A. Bertiiand et S. Reinacu,
Les Celtes datis les vallées du Pô et du Danube, p. 94-122 ; et une
étude des seaux à cordon, ibid., p. 213-217. Cf. Archéologie cel-
tique et gauloise, 2^ éd., p. 302-212; Déchelette, Manuel d'ar-
chéologie préhistorique, t. II, p. 809-830 qui rattache (p. 426-444)
au cuUe du soleil les situles ornées d'une roue portée sur une
barque dont l'avant est orné de deux cygnes.
(2) Déchelette, Manuel, t. ii, p. 789.
(3) Revue archéologique, t. xvii (1868), pi. m ; J. Déchelette,
Poteries de la Tène à décoration géométrique incisée. Revue archéo-
logique, t. xxxix (1901), p. 51 ; Cf. t. xxvi (1895), p. 196-212 ;
S. Reinach. Catalogue somnujire du musée des antiquités natio-
nales, p. 105 ; Déchelette, I\Ianuel, t. ii, p. 1458-1506.
(4) C. Jui.LiAN, Histoire de la Gaule, t. ii, p. 317.
(5) DÉCHELETTE, Vases céramiques, t. i, p. 4.
J
LES PERSO.NNES ET LES COUTUMES
213
raies (1) et fleurons compliqués (2). 11 est rare de trouver
(le la céramique polychrome qui remonte vraisemblable-
ment à l'époque gauloise (3).
Les œuvres de la plastique sont rares (4). A Hallstatt,
ce sont tantôt des figures grossières d'hommes, les bras
coudés, ou représentés à mi-corps ; tantôt des chevaux
posés sur des douilles de haches, ou figurés au repoussé
sur des vases de bronze ; des oiseaux en relief sur une
coupe ; une vache suivie de son veau, groupe formant le
couronnement d'un vase en métal ; une tête de vache en
bronze avec une incrustation triangulaire au milieu du
front. Une hache en bronze est surmontée d'un homme
chevauchant un animal bizarre. Quelques poteries hallstat-
tiennes sont ornées de figures humaines ou animales
(cygne, cheval, bovidé, bélier) exécutées soit en gravure,
soit en ronde bosse (5). Des fourreaux en bronze d'épées
de la Tène portent des animaux dont les jambes de der-
rière et la queue se terminent en fleurons, des fleurons
(1) Du Chatellier, La poterie aux époques préhistorique et
gauloise en Armorique, 1897, p. 53 ; C. Jullian, Histoire de la
Gaule, t. II, p. 318.
(2) Ces décors à spirales sont particulièrement fréquents chez
les Belges, les Bretons et les Irlandais. Romilly Allen, Celtic
art in pagan and Christian tintes, p. 50, 154, 169 ; Jullian, His-
toire de la Gaule, t. ii, p. 386.
(3) Voir toutefois les vases en couleur : violet, rose, jaune et
noire, trouvés à Cavaillon ; Mazauric, Revue des études anciennes
t. XIII (1911), p. 82.
(4) On les trouvera chez S. Reinach, La sculpture en Europe
avant les influences gréco-romaines (avec 442 figures), L'Anthro-
pologie, t. V, p. 15-34, 173-186, 288-305 ; t. vi, p. 18-39, 293-311,
549-563, 062-674 ; t. vu, p. 168-194. (Index alphabétique des
provenances à la page 192). Cf. Hoernes, Urgeschichte der bil-
denden Kunst in Europa, Vienne, 1898. Sophus Mûller, Urges-
chichte Europas, Strasbourg, 1905.
(5) Déchelette, Manuel, t. ii, p. 825-830.
214 l'art
transformés en lignes sinueuses géométriques. Un petit
bronze de la même provenance représente sans doute un
chien. On peut encore citer les poignards ou épées anthro-
poïdes de la Tène III dont le manche représente grossière-
ment un homme. On trouve à la même époque des figurines
ou des pendeloques de bronze qui servaient sans doute
d'amulettes et qui représentent des êtres humains ou des
animaux divers, sangliers, chevaux, béliers, taureaux (1).
Mais de bonne heure, les produits de l'art étrusque et de
l'art grec pénétrèrent en Gaule et, se trouvant dans les
tombes gauloises, sont quelquefois attribués à tort à l'art in-
digène (2). Les chenets à tête de bélier semblent originaires
de Gaule (3). Plusieurs torques découverts dans les cime-
tières de la Marne sont ornés de têtes humaines en relief
ou indiquées au burin (4). Un te- son de poterie jaunâtre
teintée de brun foncé à la surface, que l'on a trouvé à Am-
plepuis (Rhône), porte un dessin au pointillé représentant
grossièrement deuxchevaux ("i). Des vases peints du musée
de Genève sont ornés d'oiseaux et de losanges (6).
Il est difficile de caractériser l'art gaulois, puisque nous
jgnorons le plus souvent l'origine des objets d'art trouvés
(!) JuLLiAN-, Revue des études anciennes, 1. vi (1904), p. GO,
n. 1 ; Cf. p. 47 ; Déchelette, Manuel, t. ii, p. 1137-1143 (fig. ),
1300-1311 (fig.).
(2) C. JuLLiA.N, Histoire de la Gaule, t. ii, p. 331, n. 3.
(3) J. Déchelette, Revue archéologique, t. xxxiii (1898),
p. 250-251. Voir ci-dessus, p. 159.
(^) J. DE Baye, Sujets décoratifs empruntés au règne animal
dans l'industrie gauloise, Mémoires de la Société nationale des
antiquaires de France, t. xliv, p. 124-132; t. xlvi (1885), p. 112-
121.
(f) J. DÉCHELETTE, Rcvus archéologique^ t. xxix (1896),
p. 172-176.
(6) A. Cartier, Revue des études anciennes, L. x, p. 257-2C1
(pi.).
LES PERSONNES ET LES COUTUMES 215
en Gaule, et que nous ne connaissons pas les modèles, le
plus souvent grecs, qui ont inspiré les artistes indigènes.
M. S. Reinach (1) considère que les divers styles gaulois
ont eu en commun la simplicité et la clarté et que l'esprit
géométrique y domine. Vers 800 avant J.-C, se manifeste
le goût des Celtes pour les ornements de métal ajourés ;
vers 300, apparaît la polychromie dont l'élément principal
est d'abord le corail, puis l'émail. Les statues des dieux (2)
sont caractérisées par la raideur hiératique de l'attitude et
par la gravité maussade de la physionomie. Comme les Gau-
lois, les Irlandais semblent avoir eu de l'aversion pour la
représentation des êtres animés ; ils n'ont tiré aucun élément
de décoration du règne végétal et se sont limités à la com-
plication savante et puérile des ornements géométriques (3).
Avec les métaux précieux qu'ils trouvaient dans leur
pays les Gaulois fabriquèrent des monnaies aussitôt que
les commerçants grecs leur firent connaître ce moyen
d'échange. Luernios, père du roi Bituitos (121 avant J.-C.)
parcourait la plaine sur un char d'où il semait de la mon-
naie dor et d'argent, que son cortège ramassait (4). Nous
avons conservé des milliers de monnaies gauloises dont les
variétés sont presque aussi nombreuses que les pièces
mêmes. A. de Barthélémy a essayé d'en établir le classe-
ment chronologique. Les plus anciennes sont celles de
Marseille (5) ; elles ne peuvent guère être antérieures au
(1) Idées générales sur l'art de la Gaule (Rei>iie archéologique,
t. VI (1905), p. 308-313). Bronzes figurés de la Gaule romaine,
p. 1 et suiv. Cf. Déchelette, Manuel, t. ii, p. 1507-1527.
(2) Voir ci-après, ch. v.
(3) L. GouGAUD, L'art celtique (Réunie de l'art chrétien, mars-
avril 1911, p. 89-108).
(4) Strabon, IV, 2, 3.
(5) Cf. Strabon, iv, 1, 5.
21 G
M0>>A1RS
y" siècle avant notre ère, époque où furent conclus entre
diverses villes grecques, parmi lesquelles Phocée, des
traités monétaires. Un autre groupe de monnaies sont
imitées de celles de Rhoda, et d'Emporium (Ampurias),
colonie de Marseille, deux ports situés au nord-est de l'Es-
pagne ; les monnaies de ces deux villes et certaines mon-
naies marseillaises ont une grande analogie avec les mon-
naieo frappées en Sicile dès la fin du V siècle, elles peuvent
avoir été introduites en Gaule dès le iv* siècle. Les mon-
naies de Marseille, d'Emporium et de Rhoda sont en ar-
gent. Les premières monnaies de bronze semblent avoir été
fabriquées entre les Pyrénées et l'Hérault vers la fin du
ni'= siècle ; elles se rapprochent singulièrement des pièces
de Phintiasd'Agrigente (287-279), et de Hiéron II de Syra-
cuse (275-215). Quant au numéraire d'or, on n'en a pas
constaté l'usage dans le sud ni dans le sud-ouest de la
Gaule. Il se répandit en Gaule peut-être dès la première
moitié du uf siècle. Il procède des statères de Philippe II,
roi de Macédoine (3G0-336 avant J.-C), représentant sur
un cùté une tête d'Apollon de profil, et sur l'autre un char
à deux chevaux ; ou des statères de Tarente portant sur la
face une tête d'Amphitrite, et sur le revers les Dioscures à
cheval. Les premières imitations furent assez exactes, mais
peu à peu les graveurs altérèrent leurs modèles au point
qu'il est impossible de saisir le rapport qui unit les phi-
lippes aux pièces gauloises si l'on n'a pas toute la série des
pièces progressivement défigurées. Ces imitations parais-
sent avoir cessé en Gaule lors de la conquête romaine. Les
derniers statères portent les noms de Yercingétorix [i) et
(1) Voir C. JuLLiAN, Vercingétorix, Paris, 1903, p. 353-357.
LES PERSOX.N'ES ET LES COUTUMES 217
de quelques autres chefs. Dès l'époque de rétablissement
des Romains dans la Province (118 avant J.-C), les de-
niers de la République servirent de modèles, même pour
des monnaies en bronze. Après la conquête de la Gaule,
les villes libres et alliées eurent le droit de battre mon-
naie (1).
En Grande-Bretagne, au temps de César, on se servait,
comme nous l'avons vu, de monnaies de cuivre ou de fer
en forme d'anneaux d'un poids déterminé (2). Les habi-
tants de l'île Silure, en face des Dumnonii, ne se servaient
pas de monnaies, d'après Solin (3), et ne connaissaient que
l'échange des marchandises. Les plus anciennes monnaies
recueillies en Grande-Bretagne dérivent des monnaies de
la Gaule continentale; les graveurs se sont efforcés de
transformer les types monétaires en figures symétriques
d'exécution facile (4). Dans les oppida et les crannogs de
Grande-Bretagne on a trouvé des barres de fer qui semblent
bien être les instruments d'échange dont parle César (o).
Le monnayage de l'Europe centrale est très barbare.
(i) A. DE Barthélémy, Essai de classification chronologique
de différents groupes de monnaies gauloises, Revue celtique, t. xi,
p. 173-179. Cf. t. XII, p. 309-316 ; Comptes rendus de l'Académie
des inscriptions et belles-lettres, 1892, p. 251 et suiv. ; Blanchet,
Traité des monnaies gauloises, p. 177-178 ; Cii. Robert, Dissémi-
nation et centralisation alternative de la fabrication monétaire de-
puis les Gaulois jusqu'au commencement de la domination caro-
lingienne. Revue archéologique, t. vi (1885), p. 324-330 ; A. Blan-
chet, L'influence de l'art grec dans le nord de la Gaule Belgique,
Revue numismatique, t. vu (1903), p. 100-117 ; E. Hucher, L'art
gaulois ou les Gaulois d'après leurs médailles, 1868-1874 ; Déche-
lette. Manuel, t. ii, p. 1559-1573.
(2) Ci-dessus, p. '207.
(3) Recueil de choses merveilleuses, 22, 8.
(4) J. Evans, The Coins of the ancient Britons, Loivdon, 1864-
1890 (pi.).
(5) Déchelette, Manuel d'archéologie, t. ii, p. 978, 1558.
218 MONNAIES
M. A. Blanchet a signalé la dissémination des monnaies
gauloises, ainsi que les rapports que présentent des pièces
de la vallée du Danube avec celles de la vallée du Rhin et
de la Gaule. 11 y aurait donc eu entre les diverses tribus
celtiques du centre et de l'ouest de l'Europe des relations
commerciales assez étendues, dans la période comprise
entre le iii'^ et le i" siècle avant notre ère. Après les
monnaies d'or imitées des monnaies grecques, on trouve
vers l'an 100 des statères ornés de motifs indigènes : co-
quille, tète d'oiseau, serpent, et de grosses pièces d'ar-
gent à légendes (1). l.e titre des monnaies d'or et d'argent
varie avec les temps et les lieux. Les monnaies d'or con-
tiennent de 7 à 37 0/0 d'argent et de 19 à 13 0/0 de cuivre,
avec souvent des traces détain. Les monnaies d'argent
contiennent de 22 à 85 0^0 de cuivre et quelquefois de 8 à
16 0/0 d'étain, de 7 à 30 0/0 d'or. Les monnaies de bronze
allient au cuivre de 12 à 280/0 d'étain, de 1 à 80,0 de
plomb, quelquefois jusquà lGO/0 de zinc. On appelle po-
tin un alliagede cuivre (68 à 82 0/0) et d'étain (17 à 31 0/0),
avec des traces d'argent et de plomb.
Les divisions monétaires sont imitées des pièces grecques :
en or : le slalère (environ 8 gr. 6), le demi statère, le tiers
de statère, le quart do statère, le sixième de statère, et le
huitième de statère ; en argent : le tétradrachme, la
drachme (environ 4 gr. 31 1, l'obole (0 gr. 72), la demi-
obole, le quart d'obole (2).
(1) Recherches sur les monnaies celtiques de l'Europe centrale,
Revue numismatique, t. vi (1902), p. 36-51, 157-173. Traité des
monnaies gauloises, t. ii, p, ^i't3-'ill ; G. Jullian, Histoire de la
Gaule, t. I, p. 375, n. 6.
(2) Blanchet, Traité des monnaies gauloises, t. i, p. 36-74,
LES PERSONNES ET LES COUTUMES 219
Le droit de battre monnaie appartenait aux cités. Les
noms d'hommes, qui sont les plus nombreux dans les ins-
criptions des monnaies gauloises, appartiennent sans doute
à des chefs ou à des magistrats monétaires (1).
Il est possible qu'antérieurement à l'introduction en
Gaule des monnaies grecques, les Gaulois aient utilisé
comme monnaies des fragments de haches de bronze et de
bijoux, des lingots marqués, «les anneaux et des rouelles (2).
En 191, P. Cornélius Scipion avait rapporté de ses vic-
toires sur les Boii 2.340 livres de lingots d'argent (3).
Hormis les renseignements que fournit l'archéologie,
nous savons peu de choses sur le commerce des Gaules (4),
les exportations et les importations. Cicéron semble re-
garder comme synonymes les deux mots Insuber et merca-
tor (5). Au temps de César, la proximité de la Province
romaine et le commerce d'outre-mer fournissait aux Gau-
lois d'abondantes ressources. César parle des marchands
autour desquels les Gaulois se rassemblaient pour apprendre
les nouvelles (6). Varrou, citant Caton (7), mentionne la
quantité énorme de salaisons que les Romains faisaient
venir des deux Gaules cisalpine et transalpine. Mais à
quelle époque ce commerce, ainsi que celui des fromages
et des laines, s'est-il surtout développé '? N'est-ce pas sous
(1) Blanchet, ibid., p. 81 ; Jullian, Histoire de la Gaule,
t. II, p. 341-344.
(2) Blanchet, ibid., p. 21-29.
(3) TiTE LivE, XXXVI, 40, 12.
(4) Voir BuLLiOT et Roidot, La cité gauloise selon l'histoire
et les traditions, p. 118-147 ; E. de Fréville, Mémoires de la
Société des antiquaires de France, t. xxii, p. 87-149.
(5) Contre Pison, fragm. 7.
{Cl) Guerre de Gaule, iv, 5 ; vi, 24.
(7) De l'agriculture, u, 4. Cf. Strabon, iv, 4, 3.
220 COMMERCE
l'influence de la civilisation romaine ? Les marchands qui
commerçaient en Gaule étaient pour la plupart des Ro-
mains. D'après Gicéron, la Gaule était remplie de négo-
ciants romains ; aucun Gaulois ne faisait d'affaires sans
eux ; il ne circulait pas en Gaule une seule pièce d'argent
qui ne fût portée sur les livres des Romains (1). Au temps
de la conquête, des citoyens romains qui s'étaient fixés à
Cenabum pour faire du commerce, y sont massacrés par
les Carnutes. Des marchands et des voyageurs romains
sont tués à Noviodunum par des Atdiii (2). Le vin est
transporté d'Italie en Gaule au moyen de bateaux sur les
fleuves, et de chariots dans les plaines (3V. D'autre part, les
Vénètes commercent avec les Bretons, et, sur les bords du
Rhin, les marchands romains viennent souvent chez les
Ubii (i). Les habitants du promontoire Belerion.au sud
de la Grande-Bretagne, devaient d'être hospitaliers et civi-
lisés aux rapports continuels qu'il avaient avec les mar-
chands étrangers (S). Les cotes elles ports d'Irlande étaient
bien connus des marchands qui y commerçaient (6).
Les trouvailles archéologiques permettent de déterminer
les routes préhistoriques qu'elles jalonnent. Certains types
de sépultures mégalithiques, ainsi qu'une divinité féminine
souvent associée à la hache, marquent la route maritime
que suivaient les marchands à partir des colonnes d'Her-
cule, lelong des côtes occidentales del'Ibérie et de la Gaule.
(1) CicÉRON, Pour Fontéius, 2, 4.
(2) César, Guerre de Gaule, vu, 3 ; cf. 42 ; 44 ; 55.
(3) DioDORE, V, 26, 4.
(4) Guerre de Gaule, m, 8 ; iv, 320.
(5) DioDORE, V, 22, 1 ; Zimmer, Ueber dirckte Handelsrerbin-
dungen Weslgalliens mit Irlnul. Siizuiigsberichte der hœniglich
Preussischen Akadeinie der Wissenschaften, t. xiv{1909), p. 363.
(6) Agricola, 24.
LES PERSON.NES ET LES COUTUMES 221
vers la Gornouaille, pays de l'étain, l'Irlande pays de l'or,
les côtes de la mer du Nord, pays de l'ambre. La spirale
du second âge du bronze et l'ambre marquent la route
continentale allant du Nord de l'Adriatique à la Scandina-
vie par le Norique, les vallées de la Moldau et de l'Elbe, et
traversant la vallée du Danube qui la mettait en commu-
nication avec la mer Noire et la vallée du Rhin ; c'est par
cette route que se répandit le fer du Norique. Enfin, les
civilisations de Hallstatt et de la Tcne ont eu pour dé-
bouché la route fluviale, de l'Adriatique aux hautes vallées
du Rhône et du Rhin, par le Pô, le Tessin et 'es lacs
suisses (1).
Les voies de communication ne manquaient point en
Gaule. Les fleuves sont si heureusement distribués entre
eux, remarque Strabon (2), qu'on peut faire passer aisé-
ment les marchandises d'une mer à l'autre, en empruntant
pour une très petite partie du trajet la voie de terre ; mais
ces charrois n'offrent point de difficultés, parce qu'ils peu-
vent se faire facilement en plaine.
Les chemins étaient suffisamment nombreux en Gaule
pour permettre à César les évolutions rapides de ses troupes ;
mais ils étaient difficiles (3). Il y avait des ponts à Gena-
bum (Orléans), Metlosedum (Melun), Lutetia (Paris), Ge-
nava (Genève) (4). Deux grandes routes commerciales re-
liaient Marseille au nord de la Gaule. La première suivait
(1) Déchelette, Manuel d'archéologie, t. ii, p. 562-563 ;
C. JuLLiAN, Histoire de la Gaule, t. i, p. 377, n. 7.
(2) Géographie, iv, 1, 2.
(3) Guerre de Gaule, viii, 4 ; Jullian, Histoire de la Gaule,
t. II, p. 229.
(4) Guerre de Gaule, i, 6 ; vu, 11 ; 58. Cf. vu, 53 ; viii, 26.
222 ■ COMMEKCE
le Rhône, la Saône qui au temps de César servait au trans-
port des blés (1), empruntait la voie de terre pour gagner
ja Seine, puis descendait ce fleuve pour arriver au littoral.
La seconde était la voie de terre jusqu'au pays des Ar-
vernes et là on empruntait le cours de la Loire. Vers le
ni'' siècle avant notre ère, il y avait, à l'embouchure de la
Loire, un port très important, que Pythéas nomme Gor-
bilon (2).
La Grande-Bretagne exportait du blé, du bétail, de l'or,
de l'argent, du fer, des peaux, des esclaves et des chiens de
chasse (3). Les perles que l'on trouvait sur les côtes étaient
petites et ternes (4). Le commerce avec la Gaule se fai-
sait par l'intermédiaire des Venètes (5). On transportait
l'étain de Grande-Bretagne en Gaule, puis on le chargeait
sur des chevaux et les marchands traversaient à pied la
Gaule en trente jours pour aboutir à l'embouchure du
Rhône (6). Les Bretons importaient de Gaule des freins
d'ivoire, des colliers, de l'ambre fossile, des vases en verre
et de menues marchandises (7).
Les transports sur terre se faisaient à dos de bête de
somme ou au moyen de chariots. Nous avous conservé
quelques noms celtiques de véhicules variés qui témoignent
(1) Ibid., I, 16.
(2) Strabon, IV, 1, 14 ; 2, 1. Cf. L. Maître, Annales de Bre-
tagne, t. IV, p. 420-541 ; A. de La Borderie, Histoire de Bre-
tagne, t. I, p. 91.
(3) Strabon, IV, 5, 2. Cf. Tacite, Agricola, 12. César avait
trouvé du blé dans le sud de la Grande-Bretagne (Guerre de
Gaule, IV, 32).
(4) Pline, Histoire naturelle, ix, 57, 116. Cf. Suétone, César,
47 ; MÊLA, m, 6, 51 ; Solin, 53, 28.
(5) Guerre de Gaule, m, 8 ; cf. iv, 20 ; 21.
(6) Diodore, V, 22 ; 38.
(7) Strabon, iv, 5, 3.
LES PERSONNES ET LES COUTUMES 223
de l'importance du charronnage gaulois : Vessediim, char
de guerre chez les Celtes, sorte de cabriolet chez les Ro-
mains ; le coçinnas^chdiT de guerre chez les Bretons, char
de voyage chez les Romains ; la benna, chariot, sans doute
en osier ; le cisiiim, sorte de cabriolet ; le colisatnm, le car-
pentiim, char à deux roues ; le carras, sorte de tombereau ;
la reda, le petorritum, la carruca, voitures à quatre roues (1).
Pour les transports par eau, on utilisait diverses sortes
de barques. Les navires des Vénètes et de leurs alliés les
Pidones et les Santones sont minutieusement décrits par
César (2). Ils ont la carène plus plate que les navires des
Romains, les proues sont très hautes ; les poupes cons-
truites de façon à résister aux vagues et aux tempêtes ; les
bancs sont faits de poutres d'un pied d'épaisseur et sont
attachés par des clous en fer de la grosseur d'un pouce; les
interstices des planches sont calfatés avec des algues ; les
ancres sont retenues par des chaînes de fer ; les voiles sont
des peaux molles et cousues au petit point. Tout est com-
biné pour que ces navires puissent lutter contre des mers
orageuses, mais l'agilité et la vitesse laissent à désirer. Les
Vénètes, qui surpassaient les autres Gaulois par leur
science et leur pratique de la navigation, avaient un
grand nombre de ces navires qui leur servaient à commu-
niquer avec la Grande-Bretagne. César trouva chez les
Morini quatre-vingts vaisseaux de charge (3).
(1) Voir ci-dessus, p. 55, 57, 58, 61, 72, 7.3, 74. Cf. Saglio,
Dictionnaire des antiquités grecques et romaines, et Espérandieu,
Recueil général, n°^ 4, 293, 811, 3245, 3175, 3232,3521-3523.
Déchelette, Manuel d'Archéologie, t. ii, p. 1197-1198.
(2) Guerre de Gaule, m, 8 ; 13. Cf. Strabon, iv, 4, 1. ; Dion
Cassius, XXXIX, 4, 1 ; Serre, Les marines de guerre de l'Anti-
quité, Paris, 1891, p. 313.
(3) Guerre de Gaule, iv, 22, 4.
224 NAVIGATIO.N
Les peuples qui habilaientsur les rives du Rhône avaient
un grand nombre débarques d'une seule pièce et de canots
qui leur servaient au commerce maritime, et qu'Anuibal
utilisa pour franchir le fleuve (1). Quelques-unes de ces
barques fabriquées à la hâte n'étaient que des troncs
d'arbres creusés (2). Pour traverser le Rhône et la Saône,
les Helvetii utilisent des bateaux attachés ensemble, et des
radeaux (3). Il est aussi question, dans les Commentaires,
de bateaux sur la Loire et sur la Seine, à Noviodunum, et
à Metlodunum, où Labiénus forme un radeau avec une
cinquantaine de barques (4). On a découvert, dans les tra-
vaux du canal de la Marne au Rhin, une pirogue en chêne
oii l'on avait enseveli à l'époque gauloise un guerrier armé
d'une épée de fer dans son fourreau (3). Les barques des
Bretons étaient en osier couvert de cuir, comme le currach
des Irlandais modernes (6).
Des Cisalpins fabriquaient les voiles de leurs bateaux
avec des joncs des marais du Pô (7). Les Belges em-
ployaient les panicules des roseaux à faire des étoupes pour
calfater leurs navires (8).
(1) POLYBE, III, 42, 2-8.
(2) TiTE LivE, XXI, 26, 8.
(3) Guerre de Gaule, i, 8 ; cf. i, 12.
(4) Ihid., VII, 55 ; 58 ; GO.
(5) S. Reinach, Catalogue sommaire du musée des antiquités
nationales, p. 21, 109.
(6) AviÉNUs, Ora maritima, v, 105-107 ; Timce, chez Pline,
IV, 30, 104.
(7) Pline, xvi, 70, 178.
(8) Pline, xvi, 64, 158. On trouvera des représentations de
barques chez Espérandieu, Recueil général, n°^ 683, 685, 686,
687, 690.
LES PERSONNES ET LES COUTUMES 225
Quels que soient à l'époque de la conquête romaine l'in-
dustrie, le commerce et l'agriculture en Gaule, on n'en
saurait conclure qu'en général les Celtes fussent de remar-
marquables agriculteurs, des commerçants habiles et des
industriels hors ligne. Les Gaulois, d'après César (I),
étaient remarquablement doués pour imiter et reproduire
ce qu'on leur apprenait. Ils avaient sans doute plus de qua-
lités d'assimilation que de création et ils ne les dévelop-
pèrent qu'au contact de la civilisation romaine. Les condi-
tions de leur vie pratique n'avaient, en tout cas, guère bé-
néficié, si nous nous en rapportons aux témoignages des
anciens, de leurs aptitudes au travail soit de la terre, soit
des niatériaux, ou à l'échange des produits. Le manque de
sécurité qui résultait de la faiblesse de l'Etat et des guerres
continuelles ne constituait pas une situation favorable au
développement agricole, industriel et commercial.
(1) Guerre de Gaule, vu, 22.
G. DoTTiN, — Manuel de l'antiquité celtique, 15
CHAPITRE IV
L'ETAT (1)
Les rois. — Los magistrats. — Les principes et les équités. — Los
sénats.— Les assemblées. — La plèbe, les ambacti, les clientes ;
les esclaves ; les prisonniers de guerre. — Les cités, les peuples
clients, les pagi. — La propriété. — La justice ; le serment ;
le combat judiciaire ; la composition pour meurtre; la procé-
dure. — Les mercenaires celtes. — Le pouvoir militaire. —
La cavalerie. — • Les chars de guerre. — La tactique guerrière ;
les combats singuliers ; le siège des places fortes. — Les armes
offensives et défensives.
H. d'Arbois de Jabainville (2) a fait ressortir les diffé-
rences qui séparent l'ancienne conception de l'Etat de
l'idée que s'en font les peuples modernes. Au i" siècle
avant notre ère, les Gaulois n'attribuaient an gouverne-
ment central, quand il en existait un, d'autre fonction que
de maintenir l'indépendance de la cité et l'intégrité des
biens de la nation contre les agressions de l'étranger.
Tout ce qui concerne les particuliers, même le vol et le
meurtre, ne peut être puni que par les personnes lésées ou
(1) Voir C. JuLLiAN, Histoire de la Gaule, t. i, p. 360-365,
t. II, p. 37-83, 182-221, 437-448.
(2) Etudes sur le droit celtique (Cours de littérature celtique,
t. vu), p. 1-13.
l'état 2*27
leur famille. Celles-ci ont recours, soit à l'arbitrage, soit à
la force. De même, aucune autorité n'est chargée de régler
les contestations entre peuples. A l'intérieur de chaque
cité, il n'y a rien qui ressemble aux partis politiques des
nations modernes ; les petits et les faibles sont clients des
grands seigneurs et ne peuvent constituer un parti démo-
cratique. L'autorité publique, qu'elle soit aux mains des
rois, des magistrats, des principaux citoyens, des sénats,
est très faible et ne peut s'opposer aux entreprises des
nobles riches et possédant une nombreuse clientèle (1).
Elle devient plus forte en temps de guerre, lorsque tous les
citoyens, réunis contre un ennemi commun, reconnaissent
la nécessité d'obéir à un chef choisi par eux.
Chez les peuplades celtiques, la forme du gouvernement
est ou monarchique, ou oligarchique.
Pour la Gaule cisalpine, Polybe mentionne en 223 les
rois des Boii Atis et Galatos et ceux des Gaesalae Gonco-
litanos et Anêroestos, qui venaient d'au delà des Alpes. Un
roi gaulois Magilos, qui venait des plaines qu'arrose le Pô,
s'oppose à Annibal lors du passage du Rhône (2).
En Gaule transalpine, à la fin du iV siècle avant
notre ère, le chef de la coalition contre les Marseillais est
le petit roi gaulois Catumandus (3). Les Salyi avaient
(1) FusTEL DE CouLANGEs, La Guule romaine, 3^ éd., p. 35-44.
(2) TiTE LivE, epitome lxi.
(3) Justin, xliii, 5.
228 ROIS
pour roi Teutomalius vers 122. Annibal trouve chez
les Allobroges deux frères qui se disputaient la royauté et
prête le secours de ses armes à l'aîné, Brancus (1). En 121,
les Arvernes sont gouvernés par le roi Bituitos (2), que
Q. Fabius Maximus défait en 12i.
A l'époque où César fit la conquête de la Gaule, il n'y a
plus de rois en Celtique que chez les Niiiohroges (3) et
chez les Senones {i). Ce sont Teutomatus et Moritasgus.
Mais déjà, malgré la protection de César, Gavarinus, qui
demandait la succession de Moritasgus, ne peut l'obtenir
et il est condamné à mort par une assemblée publique (3).
Chez d'autres peuples, les rois qui exerçaient le pouvoir
avant l'arrivée de César n'ont pas été remplacés. Chez les
Arvenii, Celtillus, accusé de prétendre à la royauté, a été
mis à mort (6) ; chez les //e/tv^///, Orgétorix, objet d'une
accusation semblable, est soustrait à la sentence qui l'au-
rait atteint par une mort subite et sans doute volon-
taire (7). Tasgetius, auquel César fait rendre la royauté
de ses pères chez les Carnutes, est tué publiquement par
ses ennemis après deux ans de règne (8). L'Eduen Dum-
norix espère obtenir de César la dignité royale, mais il
mécontente ses concitoyens en s'en vantant dans l'assem-
blée publique et César le fait tuer (9). Quant à Casticus, il
(1) POLYBE, III, 49 ; TiTE LiVE, XXI, 31, 6.
(2) TiTE LivE, epitome lxi. Valère Maxime, ix, 6, 3 ; Orose,
V, 14, 1 ; Strabon, iv, 2, 3.
(3) Guerre de Gaule, vu, 31 ; 46.
(4) Ihid., V, 54.
(5) Ihid., V, 54.
(6) Ihid., VII, 4.
(7) Ihid., I, 4.
(8) Ihid., V, 25.
(9) Ihid., V, 6 ; 7.
l'état 229
essaie vainement d'obtenir la royauté que son père Cata-
mantaloedis avait exercée chez les Sequani (i). La royauté
de Vercingétorix ne fut qu'éphémère, et à peine avait-il
été nommé par les siens chef snprême de la Gaule que
déjà on l'accusait de trahison (2). La royauté semble donc
être devenue impopulaire en Gaule Celtique.
En Belgique, si la royauté est moins impopulaire et
plus respectée, elle semble encore exceptionnelle. Le roi
des Saessiones s'appelle Galba (3). Les Ehurones sont
gouvernés par deux rois qui régnent chacun sur une moi-
tié du pays (4). L'Atrébate Commius, roi des Morini, qui
tenait son pouvoir de César, est accepté sans difficulté par
ses sujets (5).
Les Bretons étaient gouvernés par des rois et chefs qui
la plupart du temps vivaient en paix entre eux (6). César
cite les noms de plusieurs rois : Cassivellaunus, Cingetorix,
Carvilius, Taximagulus, Segovax (7). Chez les Caledonii, le
gouvernement était le plus souvent démocratique (8). Au
temps dAgricola, le gouvernement était aux mains des
principes (9).
Mais, pour la Gaule comme pour la Grande-Bretagne,
nous ignorons quelles étjaient les attributions de la royauté
et quel régime politique était désigné sous ce nom. Il est
probable que le pouvoir des rois n'était pas très étendu ;
(9
Guerre de Gaule, i, 3.
Ibid., VII, 4 ; 20.
Ibid., II, 4.
Ibid., V, 24 ; vi, 31.
Ibid., IV, 21 ; vu, 75 ; 76 ; 79 ; viii, G ; 7 ; 10.
DiODORE, V, 21. Cf. POMPONIUS MÊLA, III, 6, 51.
Guerre de Gaule, v, 20 ; 22.
Dion Cassius, lxxxvi, 12.
Agricola, 12. Cf. Guerre de Gaule, v, 28 ; 60.
230 MAGISÎRATS
ils étaient sans doute choisis par le peuple qui pouvait les
renversera sa guise (1). C'étaient d'ordinaire les plus puis-
sants et ceux qui avaient des richesses suffisantes pour
soudo} er des hommes, qui arrivaient à la royauté (2). Il
ne semble pas que les rois aient été hiérarchisés comme ils
le furent en Irlande (3).
Chez la plupart des peuples de Gaule, le gouvernement
est oligarchique et aristocratique (4).
Pour désigner ceux qui détiennent le pouvoir, César se
sert du terme vague de magistratiis. Chez les H elvetii, ce
sont les magistrats qui réunissent les cultivateurs pour
défendre par les armes contre Orgétorix les droits de la
cité (5). Il semble que chez quelques peuples il y ait eu
un magistrat suprême, siimmus magisiratus (6). Cliez les
Aedui il n'est pas permis d'élever à Cftte dignité deux
membres de la môme famille (7) ; le magistrat suprême
s'appelait vergobrelos ; il avait le droit de vie et de mort;
il n'était nommé que pour un an ; il ne pouvait sortir du
territoire de la cité ; son élection était faite par les prêtres
avec l'intervention des magistrats et selon des formes
légales [)our le temps et le lieu (8). Il y avait une magistra-
ture du même nom chez les Lexovii et peut-être chez les
Santones (9). Dans les cités bien administrées, il est or-
(1) FusTEL DE CouLANGES, La Gttule romaine, p. 13.
(2) Guerre de Gaule, ii, 1, 4 ; cf. i, 3.
(3) Joyce, A social history of ancient Ireland, t. i, p. 41.
(4) Strabon, IV, 4, 3.
(5) Guerre de Gaule, i, 4.
(6) Ibid., I, 16 ; VII, 33.
(7) Ibid., VII, 33.
(8) Ibid., I, 16 ; vu, 33 ; cf. 32.
(9) I\IowAT, Le duel dans la déclinaison gauloise, Revue cel-
tique, t. V, p. 122. Mémoires de la Société de linguistique, t. vi,
p. 158.
l'état 231
donné par les lois que toute nouvelle qui intéresse l'Etat
aoit aussitôt connue, transmise aux magistrats. Ceux-ci
cachent ce qu'il leur paraît bon de dissimuler et ne fout
connaître à la multitude que ce qu'ils croient utile de lui
dire (1). Quand il se produit quelque événement impor-
tant, on l'annonce par les champs et les pays au moyen de
cris qui se transmettent de proche en proche (2),
Quelle était la fonction que César désigne sous le nom
de /?rmcipfl^u5? C'est probablement la primauté parmi les
principes. On voit chez les Treveri Indutiomarus et Cingé-
torix se disputer le principalus (3) ; et, après la mort d"In-
dutiomarus, le pouvoir (4) qu'il exerçait est transféré à ses
proches ; chez les Aediii il en est de même d'Eporédorix et
Viridomarus (5) ; Dumnorix chez les Aediii (6), Adbucillus
chez les Allobrogea {!) occupait le principatiis. Celtillus
avait occupé le principal de toute la Gaule (8). En tout cas,
ce n'est pas une fonction annuelle ; on peut l'occuper pen-
dant plusieurs années ; il est probable qu'elle est attribuée
au personnage le plus influent de l'Etat. Quant aux prin-
cipes dont César parle souvent, ils ne semblent pas consti-
tuer un corps de fonctionnaires ; on les envoie en am-
bassade, on les prend comme otages ; on les convoque
pour débattre avec eux les questions qui intéressent leurs
concitoyens (9). César les désigne sous le nom de nobi-
(1) Guerre de Gaule, vi, 20.
(2) Ihid., VII, 3.
(3) Ihid., y, 3.
(4) Imperium. Ihid., vi, 2.
(5) Ihid., vu, 39.
(6) Ihid., I, 3.
(7) Guerre civile, m, 59.
(8) Guerre de Gaule, vu, 4.
(9) H. d'Arbois de Jubainville, Recherches sur l'origine de
la propriété foricière, p. 46-49.
232 PRINCES
litas (1). Ce sont sans doute les personnages les plus
nobles, les plus riches, et ceux qui ont la plus nombreuse
clientèle. Il est dailleurs vraisemblable que la situation
représentée par le mot de principatus n'était pas la même
chez tous les peuples celtiques. Les Cenomani de Cisalpine
avaient des principes (2). Un synonyme de principes est
primi ciniatis que César emploie en parlant des Rémi et
des Siiessiones (3).
L'influence des magistrats et des principes était souvent
combattue par des hommes qui profitaient de leur haute
situation et de leur fortune pour s'attacher les gens du
peuple. C'est ainsi qu'Orgétorix peut se soustraire au
jugement prononcé contre lui, grâce au secours de ses
clients (4). De même, Dumnorix avait chez les Aedui une
telle autorité que personne navait osé enchérir sur lui
lorsqu'il avait demandé la perception des péages et des
autres impôts ; il était toujours entouré d'une cavalerie
nombreuse qu'il entretenait à ses frais, il avait une in-
fluence supérieure à celle des magistrats (5). Etait-ce par
ses distributions d'argent que Lueruios sétait attiré la
faveur du peuple et était sans doute parvenu à la
royauté (6) ? Il y a en Gaule une noblesse de naissance,
nobilit^s, dans laquelle César distingue des degrés : natus
ex humili locojionesto loco, illuslriore loco , summo loco (7).
(1) Comparez, vu, 38, 2 : omnis noster equitatus, omnis nobi-
litas interiit ; vu, 38, 10 : de caede equiium et principum.
(2) TiTE LivE, XXXII, 30.
(3) Guerre de Gaule, ii, 3, 2 ; ii, 13, 1.
(4) Guerre de Gaule, i, 4.
(5) Ibid., I, 18 ; cf. I, 17, 1.
(6) Poseidônios chez Atuénée, iv, 37 ; Strabon, iv, 2, 3.
(7) Guerre de Gaule, vu, 39, 1 ; v, 45, 2 ; vi, 19, 3 ; vu, 39, 1.
l'état 233
L'antiquité de la famille conférait la plus haute noblesse (1),.
ainsi que les hauts faits des ancêtres (2), l'étendue de la
parenté (3), et, sans doute aussi, la richesse (4).
A côté de la puissance de l'Etat, personnifiée par les
rois ou les magistrats, il y a donc en Gaule une sorte d'or-
ganisation féodale. Dans la Gaule, nous dit César, chaque
cité, chaque pagus, chaque localité et presque chaque
maison se divise en partis ; à la tête de ces partis sont les
citoyens qui jouissent du plus grand crédit; la plupart des
affaires et des résolutions sont soumises à leur jugement.
La raison de cet antique usage semble être de protéger le
peuple contre les grands. Personne ne souffre qu'on op-
prime ou qu'on tourmente ses clients ; celui qui agirait
autrement n'aurait plus d'autorité parmi les siens (oj. La
puissance féodale est fondée sur le nombre des clients.
Celui qui se fait le plus craindre, écrit Polybe, et celui qui
est le plus puissant est celui qui semble avoir le plus grand
nombre de serviteurs et de compagnons (G).
Chez quelques-uns des peuples gaulois, le pouvoir est
exercé, à côté du magistrat ou du roi, par une assemblée
que César appelle senatus et qui constitue une institution
commune à la Celtique et à la Belgique (7). Les sénateurs
(1) Ihid., VII, 32, 4 ; cf. vu, 67, 7.
(2) Tacite, Annales, m, 40.
(3) César, Guerre de Gaule, vu, 32, 4.
(4) Ihid., IV, 55 ; I, 2 ; Jullian, Histoire de la Gaule, t. ii,
p. 70-71.
(5) Guerre de Gaule, vi, 11.
(6) Polybe, n, 17, 12. Cf. Guerre de Gaule, vi, 15, 2.
(7) Dans les Commentaires de César, des sénats sont men-
tionnés chez les Aedui (vu, 32) Aulerci Ehurovices et Lexovii
(m, 17), Senones (v, 54), Veneti (m, 16), en Celtique ; chez les
Bellovaci (viii, 21), Nervii (ii, 28), Rémi (ii, 5), en Belgique.
'234 SÉNAT
étaient souvent fort nombreux. Chez les Nervii,\\ y en
avait six cents (1). Les lois des Aedui interdisaient à deux
membres de la même famille de faire partie du sénat (2).
Sur la question des attributions du sénat, nous sommes
assez mal renseignés. Le sénat des Aedui nommait,
semble-t-il, le vergobrdos (3). Lorsqu'il s'agit de décider
s'il faut ou non prendre parti contre les Romains, c'est le
sénat qui décide la question. C'est sans doute le sénat des
Feneii qui dirige l'insurrection des cités armoricaines (4).
Le sénat des Aulerci Ebnrovices et des Lexovii ne veut pas
décider la guerre contre les Romains (5). Les magistrats
et le sénat appliquent le droit et les lois traditionnelles de
l'Etat (6).
D'après César, il n'y a à compter et à être honorées en
Gaule que deux classes d'hommes, les druides et les
équités (7). C'était sans doute parmi les équités que se re-
crutaient les sénateurs et les principes, du moins ceux
d'entre eux qui prennent part à la guerre (8). Car si les
druides sont dispensés du service militaire, les équités, au
contraire, prennent tous les armes en cas de guerre offen-
sive ou défensive (9). Avec les druides ils sont évidemment
maîtres de toute la richesse du pays. Les plus nobles et les
H. d'Arbois de Jubainville, Recherches sur l'origine de la pro-
priété foncière, p. 50-52.
(1) Guerre de Gaule, ii, 28.
(2) Ihid., VII, 33.
(3) Ihid., VII, 32 ; 33.
(4) Guerre de Gaule, m, 8 ; 16.
(5) Ihid. m, 17.
(6) Lege.'i est remplacé par nntiquilus (vu, 32, 3); cf. xo TtaXoitôv
(Stuabon, IV, 4, 3).
(7) Ihid., VI, 13.
(8) Ihid., VI, 14.
(9) Ihid., VI, 15.
l'état 235
plus riches d'entre eux sont entourés d'un très grand
nombre d'ambadiei de clients (1) qui constituent la marque
de leur puissance. Y avait-il parmi les équités une hié-
rarchie à laquelle César ferait allusion dans la phrase oii il
dit que dans leurs luttes contre les Germains les Aedui
ont perdu toute la noblesse, tout le sénat, toute la cheva-
lerie, omnem nobilitatem, omncm senatum, omnem equi-
taium (2) ?
Il est quelquefois question chez César de l'assemblée gé-
nérale des Gaulois, sans que nous ayons des renseigne-
ments bien précis sur la composition de cette assemblée (3).
Une assemblée se réunit pour décider de demander à César
son secours contre les Germains (4). Dans une assemblée
de toute la Gaule à Bibracte, la multitude confirme par ses
suffrages unanimes le choix de Vercingétorix (5j comme
chef suprême. Dans une assemblée des principes de la
Gaule, on décide de convoquer tous les hommes en état de
porter les armes (6).
Nous n'avons pas de renseignements clairs sur les as-
semblées particulières de chaque cité. Il n'était permis de
parler des affaires publiques qu'en assemblée générale (7).
C'était la multitude qui anciennement élisait dans chaque
cité le chef de l'armée (8). Chez les Bellovaci, la multitude
(1) Ihid., VI, 15, 2.
(2) Ibid., I, 31. Cf. nohilissimos civilatis, i,31, 7 ; omnis noster
equilatus, omnis nohilitas interiit, vu, 38.
(3) E. Desjardins, Géographie historique et administrative de
la Gaule romaine, t. ii, p. 540-544.
(4) Guerre de Gaule, i, 30.
(5) Guerre de Gaule, vu, 63.
(6) Ihid., VII, 75. Cf. VII, 1.
(7) Ibid., VII, 43 ; cf. VI, 20, 3.
(8) Strabon, IV, 4, 3.
236 ASSEMBLÉES
prend des décisions de concert avec les chefs (1). Ciiez les
Senones, c'est par une assemblée publique, publico concilio,
que le roi Gavarinos, imposé par César, est condamné à
mort (2). Ambiorix, roi des Eburones, déclare que la puis-
sance de la multitude est égale à la sienne (3). Du vivant de
Correus, le sénat des Belloçaci n'avait pas tant de pouvoir
dans l'Etat que la plèbe ignorante (4). Les Belges avaient
leur assemblée particulière (o) où l'on déterminait le con-
tingent militaire que chaque peuple devait fournir.
Au commencement de chaque guerre, l'usage des Gau-
lois était de convoquer une assemblée en armes (6). Là, en
vertu d'une loi, tous les jeunes gens adultes se rendent
armés : celui qui arrive le dernier est torturé et niis à mort
à la vue de la foule. Ce fut une assemblée de ce genre qui
déclara Cingétorix ennemi public. Mais même pour traiter
des affaires publiques, les Celtes du ni^ siècle avant notre
ère se réunissent en armes (7).
Dans les assemblées politiques, il y avait, nous dit Stra-
bon (8), un usage particulier. Si l'un des assistants inter-
rompt bruyamment l'orateur ou cause quelque désordre,
l'appariteur {'j-nr^piz-r,^) s'avance l'épée nue à la main, et lui
(1) Guerre de Gaule, viii, 7 ;21.
(2) Ihid., V, 54, 2.
(,';) Ihid., V, 27.
('.) Ihid., viii, 21.
(5) Ihid., II, fi.
(6) Ihid., V, 56. On peut remarquer que l'assemblée se lient
en armes parce que, en fait, il n'y a que les hommes qui ont des
armes, à y prendre part.
(7) Nicolas de Damas chez Stobée, xliv, 41. Cf. Tite Live,
XXI, 20. D'après Thucydide, i, 6, les barbares ont pour caracté-
ristique de porter sur eux des armes dans toutes les circons-
tances de la vie.
(8) Géographie, iv, 4, 3.
l'état 237
impose silence d'un air menaçant ; s'il continue, l'appari-
teur répète deux ou trois fois son ordre et finit par couper
au perturbateur un pan de sa saie, assez large pour que le
reste ne puisse plus servir. Pour applaudir, les assistants
faisaient entendre le cliquetis des armes (1).
Toutes les assemblées, soit du peuple de chaque cité,
soit de plusieurs ou de toutes les cités ne se réunissent,
semble-t-il, que dans des circonstances graves, pour déci-
der une action commune. Rien ne nous atteste l'existence
d'assemblées régulières à époques fixes et à attributions
déterminées (2).
La plèbe de Gaule, nous dit César (3), était dans un état
voisin de l'esclavage. Elle n'osait rien par elle-même et
n'était jamais consultée (4). Sa dépendance à l'égard des
équités et des sénateurs était complète. Mais il semble y
avoir eu plusieurs degrés de dépendance. Lorsque Orgé-
torix fut appelé au tribunal pour se justifier de l'accusa-
tion de haute trahison qu'on avait portée contre lui, il se
présenta avec toute sa familia qui comptait environ dix
mille personnes, et il amena aussi ses clients et ses débi-
teurs qui étaient en grand nombre (5). Nous avons là l'in-
dication d'au moins trois classes sociales : les esclaves, qui
formaient la plus grande partie de la familia entendue au
sens large du mot, les clients et les débiteurs. La clientèle
des chefs gaulois était souvent fort nombreuse. Lucterius
avait eu dans sa clientèle la ville d'Uxellodunum (6).
(1) Guerre de Gaule, vu, 21.
(2) FusTEL DE CouLANGEs, La Gaulc romaine, 2^ éd., p. 1-8.
(3) Guerre de Gaule, vi, 13.
(4) Voir cependant ci-dessus, p. 236.
(5) Guerre de Gaule, i, 4. Cf. vi, 13 ; vu, 32.
(6) Ihid., VIII, 32,
238 CLIENTS
Faut-il regarder comme identiques aux clients les arn-
bacti dont s'entouraient les nobles et les riches ? Bien que
Festus (1), dans une citation d'Ennius, traduise ambactus
par serviis et que César lui-même semble employer ambacti
comme synonyme de ser^-i (2), il est probable que les am^
bacti étaient dans une situation supérieure à celle des scrçi
chez les Romains. Le lexique latin-grec dit de Pliiloxène
traduit ambactus par SojXoç jjl'.jQwtoi; « esclaveà gages» (3).
Polybe semble traduire ambacti par cruuT:£p'.'4;£'vfj[jLEvot.
Les clientes étaient sans doute les compagnons de guerre
du chef, ces serviteurs de condition libre choisis parmi les
pauvres, qui lui servaient de cochers et de porte-boucliers
dans les combats (4j. Les liens qui unissent le chef à ses
compagnons sont qualifiés par Polybe de àtaipet'a, camara-
derie (5). Les cavaliers d'Ambiorix sont ses compagnons et
ses familiers (6). C'est à ses clients, d'abord, que Vercingé-
torix communique ses projets d'affranchissement de la
Gaule (7-8).
Selon les mœurs gauloises, c'était pour les clients un
crime d'abandonner leurs patrons même dans le dernier
péril (9). Salluste fait allusion à la môme coutume et
(1) Paul Diacre, p. 4.
(:') Guerre de Gaule, vi, 19 ; Cf. vi, 15.
(3) Corpus glossariorum lalinorum, t. ii, p. 16.
(4) DioDORE, V, 29.
(5) Polybe, ii, 17.
(6) Guerre de Gaule, vi, 30.
(7) Ibid., VII, 4.
(8) En Aquitaine, AdialunnuS; chef des S oli tates a.y Rit autour
de lui six cents hommes dévoués qu'on appelait soldurii. Ces
hommes partagent la bonne comme la mauvaise fortune de ceux
auxquels ils se sont donnés, et, si le chef meurt, ils ne lui sur-
vivent pas. Ibid., m, 22. Cf. Nicolas de Damas chez Athénée,
VI, 45, qui les appelle dtXooojvoj; ou TiXooojpou;.
(9) César, Guerre de Gaule, vu, 40, 7.
l'état 239
l'attribue aux Geltibères (1). Les causes qui amènent les
gens de la plèbe à se mettre sous le pouvoir des grands
sont les dettes, la grandeur des impôts ou les injustices des
puissants.
En Irlande comme en Gaule, il y a deux catégories de
vassaux : les vassaux libres, soer-chéli, et les vassaux non-
libres, doer-chéli, et le nom qui désigne le vassal, cèle, si-
gnifie en même temps camarade. Ces vassaux sont unis au
seigneur par le contrat de cheptel. Les classes sociales sont
au nombre de cinq ; rois, nobles, hommes libres proprié-
taires, hommes libres sans propriété, hommes non-libres (2).
César emploie le moi serviis pour désigner l'esclave gau-
lois. Aux funérailles, on brûlait jadis les esclaves et les
clients que le défunt avait aimés pendant sa vie, servi et
clientes (3) ; dans ce passage de César, clientes est uni à
servi comme dans un passage précédent il est uni à am-
hacti : anibacios clientesque (4). Pendant le siège que Q. Gi-
céron soutint dans sou camp, un noble Nervien, Vertisco,
décida un de ses esclaves par l'espoir de la liberté et de
grands présents à porter une lettre à César (o), Hirtius rap-
porte que dans l'insurrection de o2 avant J.-C, Drappès,
chef des Senons, avait appelé les esclaves à prendre les
armes en leur promettant la liberté (6). PUne (7) nous ap-
(1) Servius, ad Georgica, iv, 218. Cf. Valère Maxime, ii, 6,
11 ; Plutarque, Sertoriiis, 14, 4 ; Dion Cassius, lui, 20 ; Stra-
BON, III, 4, 18 ; Orose, v, 14.
(2) H. d'Arbois de Jub.\inville, Recherches sur l'origine de
la propriété foncière, p. 62-67 ; Joyce, A social history of ancient
Ireland, t. i, p. 155-156.
(3) Guerre de Gaule, vi, 19.
(4) Ibid., VI, 15.
(5) Ibid., V, 45 ; 49.
(6) Guerre de Gaule, vin, 30.
(7) Histoire naturelle, xvi, 31, 77.
240 ESCLAVES
prend que l'airelle {"accinium myrtilns) sert en Gaule à
teindre les vêtements des esclaves. Les deux serviteurs qui
accompagnaient, lors de l'expédition en Grèce, chaque ca-
valier gaulois sont appelés par Pausanias (1) tantôt o'/irai,
tantôt ooùXoi. Mais les Celtes ne pouvaient guère recruter
d'esclaves à l'époque oi!i ils avaient coutume de massacrer
les prisonniers de guerre.
Il est probable que le jeune garçon que les Gaulois
échangeaient contre une mesure de vin était un esclave (2),
ainsi que les enfants de l'un et l'autre sexe qui servaient à
table dans les festins (3). Les Helvetii en guerre contre les
Sequani emmènent les enfants des 6'egwa/zi en esclavage (4).
Il n'est pas douteux que les Celtes n'eussent ramené de
leurs expéditions de nombreuses esclaves (5). Parthénios (6),
a raconte l'histoire d'une Milésienne, Hêrippè, emmenée
comme esclave en Gaule et que son mari Xanthos alla ra-
cheter. Le Celte qu'Aristodènie nomme Cavaras, fut hospi-
talier et généreux et ne voulut accepter qu'une rançon mo-
dique. La femme fit avouer à son mari qu'il avait apporté
beaucoup plus d'argent qu'il n'en avait offert à Cavaras et
conseilla à ce dernier de tuer Xanthos que, disait-elle, elle
détestait, pour s'emparer de sa fortune. Lorsque Xanthos,
après avoir payé la rançon, partit avec Hèrippê, Cavaras
l'accompagna ; mais, le moment de la séparation venu,
sous prétexte d'offrir un sacrifice, il fit tenir la victime par
(1) Description de la Grèce, x, 19, 9 ; 10.
(2) DioDORE, V, 26.
(3) DioDORE, V, 28.
(4) Guerre de Gaule, i, 11.
(5) Cf. Pausanias, x, 22, 4.
(6) Parthénios, Erotiques, 8. Fragmenta historicorum grœ-
corum, t. III, p. 307.
l'état 241
Hêrippê et, au lieu de décapiter la victime, ce fut à la
femme qu'il coupa la tête. Puis il raconta au mari la per-
fidie d'Hèrippè et lui restitua la rançon.
Si l'on veut résumer en quelques lignes ce que nous sa-
vons de la société gauloise, on peut s'en tenir à l'idée gé-
nérale qu'en donne Fustel de Goulanges : beaucoup de
paysans et très peu de classe urbaine, beaucoup d'hommes
attachés au sol et très peu de propriétaires ; beaucoup de
serviteurs et peu de maîtres ; une plèbe qui ne compte pas,
des druides très vénérés, une aristocratie guerrière très
puissante (1).
II
11 est difficile d'évaluer la population de la Gaule. Le
anciens affirment que le pays d'où partirent les Celtes était
très peuplé. César (2), Tite-Live (3), Justin (4) résumant
Trogue Pompée, Appien (3), Plutarque (6), sans doute
d'après une source commune, prétendent même que l'excès
de population est la cause des migrations gauloises. Il n'est
guère de déplacement de peuplade gauloise qui, d'après les
écrivains, ne soit dû à ce motif (7). C'est une des raisons
auxquelles César attribue .l'émigration des Helvetii (8). La
Cisalpine nourrissait une immense population (9).
(1) La Gaule romaine, p. 34.
(2) Guerre de Gaule, vi, 24.
(3) V, 34, 2.
(4) Histoires philippiques, xxiv, 4 ; cf. xxv, 2.
(5) Celtica, 2, 2.
(6) Camille, 15.
(7) Strabon, IV, 1, 13 ; Memnon, 14 ; Scriplores rerum mi-
rabilium grœci, p. 218.
(8) Guerre de Gaule, i, 2.
(9) POLYBE, II, 14.
G. DoTTiN, — Manuel de l'antiquité celtique. 16
24*2 CITÉS
En tout cas, la population de la Gaule transalpine était
très diversement répartie entre les différentes civitatcs.
Diodore (1) remarque l'inégalité des cités gauloises ; d'après
lui, les plus fortes sont d'environ ^îJOO.OOO hommes et les
plus faibles de 50.000. Les Helvei.ii étaient au nombre de
263.000, les TuUngi 36.000, les Boii 32.000, les Raiiraci
23.000, les Lalobrigi 14.000 (2). Le nombre des hommes
en état de porter les armes était dans l'armée helvète envi-
ron le quart du chiffre total (3). En raisonnant d'après cela,
les Bellovaci (4) qui pouvaient mettre en ligne une armée
de 100.000 hommes auraient été en tout au nombre de
400.000. Mais comme l'a remarqué M. F. P. Garofalo (5).
les chiffres donnés par César sont plus ou moins suspects.
Le dénombrement des Helvètes ne peut conduire à aucune
conclusion raisonnable sur lu densité de la population du
reste de la Gaule. Les chiffres donnés à propos des contin-
gents des peuples belges (6) sont probablement exagérés. Il
est difficile de déterminer dans l'évaluation des forces de
l'armée fédérale (7) en 52 d'abord le rapport du contingent
à l'armée entière de chaque cité, puis le rapport de l'armée
à la population totale, ce rapport n'étant certainement pas
fixe pour toute la Gaule (8^.
Les Etats, civitates, dont nous parle César sont au
(1) Bibliothèque, v, 25.
(2) Guerre de Gaule i, 29.
(3) Ibid., I, 29.
(4) Ibid., II, 4.
(5) Revue celtique, t. xxii, p. 227-236.
(6) Guerre de Gaule, ii, 4. Cf. Strabon, iv, 4, 3.
(7) Ibid., VII, 75.
(8) Sur celle question, voir J. Beloch, Rheinisches Muséum
fiir Philologie, t. liv (1899), p. 414 et suiv. Die Bevôlkcrung der
griechischeii-rômischen Welt, Leipzig, 1886, p. 460 ; C. Jullian,
Histoire de la Gaule, t. ii, p. 3-8.
l'état 243
nombre d'une cinqunntaine (1). Mais d'autres peuples gau-
lois qui n'ont point rang de CH'itatei apparaissent aussi dans
les Commentaires, et l'historien Josèphe nous^apprend qu'en
Gaule les peuples étaient au nombre de trois cent cinq (2) ;
Plutarque dit trois cents (3) et Appien quatre c^nts (4). On
peut supposer que César ne nous a pas cité toutes les
civitales et admettre que le nombre de ces civitates appro-
chait du nombre de celles qui existaient en Gaule au com-
mencement de l'empire romain, soit soixante ou soixante-
cinq (5). Si l'on retranche de trois cents, d'abord cinquante
ch'itales, puis les peuples de l'Aquitaine dont Pline nous
donne la liste et qui sont au nombre de trente (6), on voit
qu'il !y avait en Gaule plus de deux cents peuples qui
n'avaient pas rang de cù'ilates.
Ces peuples, pour être protégés contre leurs ennemis, se
mettent sous la dépendance des cités puissantes. Ainsi les
Arverni ont sous leur commandement, siib imper io, les
Eleiiteti, les Gabali, les Vellavi (7). Les Aedui ont pour
clients, clientes, les Segusiavi, les Ambibareti, et les Au-
lerci Brannovices (8). Les Nervii ont sous leur commande-
(1) H. d'Arbois de Jubainville, Recherches sur l'origine de
la propriété foncière, p. 39.
(2) Guerre des Juifs, ii, 16, 4.
(3) César, 15, où Plutarque dit au&ei que César soumit
800 villes.
(4) Histoire romaine, iv, 2r. Cf. toutefois Guerres civiles, n, 73,
où les peuples Ibères et les Bretons sont compris dans le nombre
de quatre cents.
(5) H. d'Arbois de Jubainville, RecfiercJies sur l'origine de
la propriété foncière, p. 39. Longnon, Atlas historique, p. 4-7.
(6) Histoire naturelle, iv, 33, 108.
(7) Guerre de Gaule vu, 75,
(8) Ihid., VII, 75.
244 CITÉS
ment les Ctulrones, Gradii, Levaci, Pleumoxii, Gei-
diimni (1).
Même des riVz7rt/e5 se mettent dans la dépendance d'autres
civilates plus puissantes. Les Bituriges, les Senones, les
Bellovaci, sont sous la protection, in fide, des Aediii (2) ;
les Boii ont reçu des Aedui des champs sur .leur territoire ;
il semble qu'ils leur paient tribut (3). Les Arçerni avaient
sous leur commandement les Caciwrci (4). Les Siiesdones
dépendaient depuis 57 des Rémi ; ils avaient les mêmes
lois, le même chef militaire, le même magistrat (oj. Les
Eburones?,ovi\.Q\iQn\.'&,clietites, des Treveri{'o). LesCarnutes
sont après 57, clients des Rémi (7). César met les Morini
sous la dépendance de Commius (8).
Certaines cités étaient étroitement unies : les Parisii an-
ciennement s'étaient joints aux Senones {9) ; les cités armo-
ricaines formaient une sorte de confédération ayant un
contingent et des envoyés communs et qui comprenait les
Curiosolites, Redones, Ambibarii, Culcti, Osismi, Lemo-
viccs {ïQ),Veneti, Unelli (11). Avant de quitter leur pays,
les Helvetii confirment les traités de paix et d'alliance avec
(1) Guerre de Gaule, v, 39.
(2) Ibid., VII, 5 ; vi, 4 ; ii, 14.
(3) Ihid., I, 28 ; vu, 10.
(4) Ihid., vu, 75.
(5) Ibid., VIII, 6 ; ii, 3.
(6) Ibid., IV, 6.
(7) Ibid., VI, 4.
(8) Ibid., VII, 76.
(9) Ibid., VI, 3.
(lO)Svir ces Lemovices, voir M. Deloche, Mémoires de la so-
ciété nationale des Antiquaires de France, t. xxiii, p. 46-108.
(l\)Ibid., V, 53 ; vu, 75 ; Cf. m, 8 ; viii, 31 ; J. Loth, De vocis
Aremoricae usque ad sextum post Cliristum nalum sœculum forma
atque significatione, 1883, p. 18-33.
l'état 245
leurs voisins (1). En temps de guerre, des liens d'alliance
se nouaient entre les diverses cités ; elles se donnaient des
otages (2) comme garanties du traité ; mais l'engagement le
plus solennel et le plus sacré se contractait en jurant de-
vant les enseignes militaires réunies (3).Ghez les Bretons, la
conspiration des cités coalisées est sanctionnée par des sa-
crifices et des assemblées (4) Un roi pouvait être uni à une
cité par des liens d'hospitalité (5) ; tel était Ambiorix, roi
des Ebnrones, à l'égard des Menapii.
Les cwitates qui ont un grand nombre de clients arrivent,
à certaines époques, à dominer la plus grande partie de
la Gaule. Les Aedui, au temps de César, prétendaient avoir
eu la primauté, principatum,suT toute la Gaule (6). Ils dis-
putaient cette primauté aux Arverni et aux Sequani qui
avaient appelé les Germains (7). Après la défaite des Ger-
mains par César, les Rémi prirent la place des Sequani (8).
Vers 121 avant notre ère, les Arverni étaient maîtres du
territoire qui s'étend entre Marseille, Narbonne, les Pyré-
nées, l'Océan et le Rhin. L'armée de Bituitus comptait, di-
sait-on, cent quatre vingt mille hommes (0). Vercingétorix
avait proposé aux Allobroges la primauté sur la province
romaine (10). Nous ne savons pas exactement en quoi con-
(1) Guerre de Gaule, i, 3.
(2) Ibid., I, 14 ; 19 ; 31 ; vi, 2.
(3) Ihid., VII, 2.
(4) Tacite, Agricola, 27.
(5) Guerre de Gaule, vi, 5.
(6) Ibid., I, 43.
(7) Ibid., I, 31.
(8) Ibid., I, 12.
(9) Strabon, IV, 2, 3, sans doute d'après Poseidônios ; Orose,
V, 14, 4.
(10) Guerre de Gaule, vu, G4, 8.
246 PAGi
sistait cette primante. Elle nous apparaît dans les Commen-
taires comme une suprématie militaire. Les tronpes des
peuples^clients ne sont pas distinctes des troupes de la mé-
tropole. Les clients ne reçoivent pas d'ordres directs du
conseil des principes de la Gaule (1).
Rien n'indique que les Etats fussent formés de tribus
ou de clans comme chez les Celtes des Iles Britanniques,
L^&civitates se divisent en circonscriptions que César appelle
pagi- La cité des Helvètes comprenait quatre pagi : lun
s'appelait Tigurinus ; un autre, Verbigeniis, peut-être un
troisième Toygenus (2). Selon Tite-l.ive, les Insuhres sont
un pagiis des Aediii. Selon Pline, Novarefut fondée par un
pagus des Vocontii, les Veriacomacori. Il seml}le d'après
cela qu'à l'origine le pagus fut non pas un canton territo-
rial, mais un groupe d'hommes (3). César mentionne les
pagi des Morini et des Ari>erni (4).
On ne trouve chez César que quehiues mots sur les res-
sources financières des Etats de la Caule. Il est question
d'impôts de toute sorto; tributa, sans doute les impôts
directs (5); reliqua omnia vectigalia, impôts indirects que
l'on affermait, ainsi que les péages (portoria) (6). Les mar-
chands payaient des droits de passage onéreux dans les
^ (1) H. d'Arbois de Jubainville, Recherches sur l'origine de
la propriété foncière, p. 33-34.
(2) Guerre de Gaule, i, 12 ; 21 ; Cf. iv, 22 ; vi, 11 ; vu, 64 ;
Strabon, Géographie, iv, 1, 8; vu, 2,2; CI. L., vu, 1072.
Strabon parle de trois cpjXa des Helvètes (iv, 3, 3). Sur les pagi
gaulois, voir C. Jullian, Rame des éludes anciennes, t. m, p. 77-
97. Histoire de la Gaule, t. ii, p. 8, n. 3.
(3) TiTE LivE, V, 34 ; Pline, Histoire naturelle, m, 21, 124.
(4) Guerre de Gaule, iv, 22 ; vu, 64.
(5) Guerre de Gaule, vi, 13.
(6) Ibid., I, 18. Cf. Strabon, iv, 3, 3.
L ETAT
247
montagnes du Valais (1). Les navigateurs étrangers payaient
tribut pour entrer dans les ports des Veneii (2). Certains
impôts se payaient en nature ; c'était surtout des fourni-
tures de blé que César imposait aux peuples gaulois (3)
Les impôts directs étaient fort lourds (4).
Les civitates possédaient de grandes propriétés territo-
riales, si étendues qu'elles pouvaient accueillir sur leur do-
maine un peuple entier (5). D'après Nicolas de Damas, on
honorait surtout ceux qui accroissaient le domaine pu-
blic (6).
La féodalité celtique diffère de la féodalité française en
ce qu'elle ne semble pas exclusivement fondée comme celle-
ci sur la propriété immobilière. Chez les Gaulois d'Italie,
au iv*" siècle avant notre ère, la fortune consistait en trou-
peaux et en or, parce que ces objet? seuls peuvent facile-
ment, quand les circonstances l'exigent, être emmenés par-
tout et changés de place à volonté. Chez les Vaccaei, voi-
sins des Geltibères, chaque année, on partageait le pays
pour le cultiver : à la récolte on mettait en commun les
fruits et ou distribuait à chacun sa part ; celui qui essayait
d'en mettre de côté une portion était condamné à mort ^7).
En Gaule transalpine, l'émigration des Helvetii, décidée
par une loi (8) et effectuée en l'an o8 avant notre ère, ne
peut guère s'accorder avec la propriété individuelle du sol ;
(1) Guerre de Gaule, m, 1.
(2) Ihid., III, 8.
(3) Ibid., I, 16 ; 17. Cf. H. d'Arbois de Jubainville, Re-
cherches, p. 72-74.
(4) Guerre de Gaule, vi, 13.
(5) Voir ci-dessus, p. 244.
(6) Stobée, Anthologie, xliv, 41.
(7) DioDORE, V, 34.
• (8) Guerre de Gaule, i, 3.
248 PROPRIÉTÉ
on ne conçoit guère que les deux cent soixante-trois mille
Helvetii se soient décidés à renoncer à leurs propriétés. De
même, l'établissement des B^ii sur une partie du territoire
des ^edwt moyennant une redevance annuelle, stipendium,
semble prouver que le sol des -4é'f/u/ appartenait à l'Etat
comme ager publicus et non comme ensemble de pro-
priétés privées. D'autre part, il n'apparaît pas que les Boii
soient ni les esclaves, ni les domestiques, ni les fermiers
d'aucun particulier. Le régime des biens entre époux ne
s'explique guère si l'on ne suppose pas que les biens con-
sistaient en troupeaux ; César nous fait connaître qu'à la
mort d'un des deux époux le survivant reçoit non seule-
ment son apport, et l'apport fait à la communauté par son
conjoint, mais aussi les fruits produits antérieurement, su-
periorum tcmponim ; comment pourrait-on conserver les
fruits si ces fruits ne sont pas le croît des troupeaux "l
A cette théorie de H. d'Arbois de Jubainville (1), Fustel
de Coulanges (2) a opposé le texte de César où il est ques-
tion do procès sur l'héritage ou sur les limites, fines, et qui
prouverait que les Gaulois connaissaient la propriété héré-
ditaire du sol. Mais le contexte montre qu'il peut être ques-
tion de contestations entre peuples {fines chez César a le
plus Bouvent le iens de territoire), aussi bien qu'entre par-
ticuliers et l'hérédité n'a pas nécessairement pour objet la
propriété immobilière. Il est, d'autre part, singulier que
César n'ait pas expressément signalé la communauté du sol
chez les Gaulois, alors qu'il remarque que les Germains ne
(1) II. d'Arbois de Jubainville, Recherches sur l'origine de
la propriété foncière, p. 99-121 ; Cf. p. xxiii-xxxi.
(2) Revue des questions historiques, t. xlv (1889), p. 427-437,
Voir aussi F. P. Garofalo, Questioni di diritto celtico, Res'ue cel-
tique, t. XXIV, p. 417-422.
l'état 249
connaissent pas la propriété privée (1). M. Lécrivain (2)
ajoute aux arguments de Fustel de Coulanges des observa-
tions intéressantes. L'impôt que César appelle trihiitum ne
peut guère être qu'un impôt foncier ; la redevance due pour
l'exploitation de Yager piibliciis sappeUe plutôt vectigùlia\
or il n'y a guère que les propriétaires de plein droit qui
paient l'impôt foncier. Quand Critognatus reproche aux
Romains de vouloir s'établir dans les terres, a gris y des
nobles et des puissants. (3) il semble bien qu'il parie de
propriétés privées. Lorsque le premier terme des noms de
lieux celtiques en -masus « champ >> est un nom de per-
sonne (4 , il est évident que ces noms désignent des pro-
priétés privées. Si l'on n'admet pas la propriété indivi-
duelle chez les Gaulois, on ne peut expliquer les ventes et
confiscations de biens (5). ni même les impôts et les
dettes (6), ni les réquisitions de blé aux particuliers (7 . ni
la puissance des grands (8).
Les textes nous manquent pour que nous puissions don-
ner une solution exacte du problème de la propriété chez
los Gaulois. En Irlande, la terre appartenait en principe à
la tribu ; une portion était assignée au roi, qui pouvait la
partager à ses officiers ou la faire exploiter par ses fermiers ;
le reste était occupé par les hommes de la tribu, soit en
commun, soit à titre individuel précaire (9).
(1) Guerre de Gaule, vi, 22.
(2) La propriété foncière chez les Gaulois, Annales de la Fa-
culté des lettres de Bordeaux, 1889, p. 182-194.
(3) Guerre de Gaule, vu, 77, 15.
(4) Voir ci-dessus, p. 119.
(5) Guerre de Gaule, v, 56, 3 ; vu. 43, 2.
(6) Ihid., VI, 13, 2.
(7) Ihid., I, 17, 2.
(8) JuLLiAN, Histoire de la Gaule, t. ii, p. 73-74.
(9) Joyce, A social history of ancient Ireland, t. i, p. 186-187.
250 UNITÉ NATIONALE
Le manque de sens politique et un particularisme om-
brageux sont, en général, la caractéristique do ces tribus
gauloises. Les Cenomani d'Italie s'allient aux Romains
contre leurs congénères les Boii et les Insiibres (1). Les
Arvenii et les Sequani appellent Arioviste en Gaule (2).
Les Rémi aident César à vaincre la coalition des Belges
après l'avoir dénoncée (3). Les Lingones et les Rémi re-
fusent de prendre part à l'insurrection générale de la Gaule
et fournissent des troupes à César (4). Dans ses campagnes
en Gaule, César avait des auxiliaires gaulois (5).
Et pourtant, d'autres faits prouvent que les Celtes ont
eu, de bonne beure, conscience de l'unité de leur race. En
3G1, les Cisalpins, pour éviter une guerre avec les Transal-
pins, invoquent leur parenté (6). En 225 avant notre ère,
les Insiibres et les Boii d'Italie pour décider les Gaulois
transalpins à se joindre à eux leur rappelèrent les hauts
faits de leurs ancêtres (7). La tradition du royaume d'Am-
bigatus, si elle n'a point de réalité historique, symbolisait
la croyance à l'origine commune de tous les Celtes (8).
L'unité de la Gaule fut réalisée autour des Arvernes par
Celtillus, puis par Vercingétorix. Une sorte d'unité reli-
gieuse était constituée par le druidisme et l'assemblée an-
nuelle dans le pays des Carnutes, centre de toute la
(1) TiTE LivE, XXXII, 30 ; Strabon, v, 1, 9.
(2) Guerre de Gaule, 1, 31.
(3) Ibid., II, 5.
(4) Ibid., VII, 63 ; viir, 11.
(5) Ibid., I, 7, 8 ; 23, ; ii, 17 ; m, 18 ; vu, 34 ; 45 ; viii, 10.
(6) POLYBE, II, 19.
(7) PoLYBE, II, 22.
(8) TiTE LivE, V, 34. Cf. H. d'Arbois de Jubainville, Les
premiers habitants de l'Europe, 2^ édit., t. ii, p. 387-393. Voir ci-
dessoiis, chap. vu, p. 460.
l'état 251
Gaule (1). La ville d'Alésia était honorée comme étant le
foyer et la métropole de toute la Celtique (2;. Les druides
racontaient que les Gaulofs étaient tous nés du Dieu que les
Romains appelaient .0^5 pater (3). Des faits historiques dé-
montrent que les divers peuples celtiques avaient gardé vi-
vante la notion de leur antique parenté. Les Bellovaci (4),
peuple belge, avaient été de tout temps les alliés et les amis
&Çi?,Aedui. Le roi des Suessiones, Diviciacus, occupait aussi
le trône de Grande-Bretagne (3). Les Armoricains demandent
des secours à la Grande-Bretagne (6). C'est en Grande-Bre-
tagne que se réfugient les principes des Bellovaci lorsqu'ils
ont compris à quels malheurs ils ont livré leur patrie (7).
Dans presque toutes les guerres, les Bretons, d'après César,
avaient envoyé des secours aux Gaulois (8). Les Ambarri
sont parents consanguins des Aedui (9). Les Rémi sont
frères consanguins des Suessions, et proches parents des
Belges (10). Ces exemples, auxquels il faut ajouter la coali-
tion de la Gaule (11) contre les Romains en 52, autorisent ils
à prononcer avec M. C. JuUian (12) le mot de patriotisme
saulois '^
(1) Guerre de Gaule, vi, 13, 10.
(2) DiODORE, Bibliothèque, iv, 19, 2.
(3) Guerre de Gaule, vi, 18, 1.
(4) Ibid., II, 14.
(5) Ibid., II, 4.
(6) Ibid., III, 9.
(7) Ibid., II, 14.
(8) Ibid., IV, 20.
(9) Ibid., I, 11.
(10) Ibid., 11,3.
(H) Ibid., VII, 29, 6 ; 77, 7.
(12) JuLLiAN, Le patriotisme gaulois, Reme celtique, t.xxiii,
373-394.
252 SERMENT
III
Sur les coutumes judiciaires des Celtes, nous sommes
mal renseignés. Les cas d'intervention des pouvoirs publics
étant rares, la plupart des procès se règlent entre particu-
liers. A peine pouvons-nous recueillir quelques notes sur le
serment qui consacre les conventions, le duel qui décide
des querelles, la procédure et les sanctions pénales.
Nous ne connaissons pas la formule exacte du serment
solennel que Vercingétorix imposa aux chefs de sa cava-
lerie et par lequel chacun s'engage à ne pas revenir dans
sa maison, à ne pas aborder ses enfants, ses parents, sa
femme, avant d'avoir traversé deux fois à cheval les lignes
ennemies (1). H. d'Arbois de Jubainville a cru retrouver
une formule de serment dans la réponse célèbre des
Celtes de l'Adriatique auxquels Alexandre avait de-
mandé ce qu'ils craignaient le plus : « Nous ne craignons
qu'une chose, c'est que le ciel ne nous tombe sur la
tcte » (2). L'hypothèse de la chute du ciel est fréquente
dans les serments de l'épopée irlandaise (3).
Le duel décidait chez les peuples celtiques de certaines
questions litigieuses. Poseidônios (4) entendit raconter en
(1) Guerre de Gaule, vu, G6.
(2) Arrien, Anabase, i, 4, 7-8 ; Ptolémée chez Strabon, vu,
3, 8. Cf. Aristote, Morale à Nicomaque, m, 7, 6. Cf. Tite Live,
XL, 58, 6 ; JuLLiAN, Revue des études anciennes, t. viii, 1906,
p. 259.
(3) H. d'Arbois de Jubainville, Cours de litléralure cel-
tique, VII, p. 19-25. Cf. WiNDiscii, Tàin Bô Cualnge, introduc-
tion, p. XXX.
(4) Athénée, iv, 40.
l'état 253
Gaule que dans les festins, anciennement, lorsqu'on ser-
vait des jambons, le plus fort se saisissait de la cuisse
et si quelqu'un la lui disputait, ils se levaient ensemble
pour se battre à mort. L'usage de réserver au plus brave
le meilleur morceau se retrouve dans la légende irlandaise
où le morceau du liéros est le sujet d'une des épopées les
plus vivantes et les plus dramatiques du cycle d'Ulster :
« Le porc de Mac-Dàthô », et constitue d'importants épi-
sodes du « Festin de Bricriu » (1). Il est possible que dans
quelques cas, il s'agisse d'une sorte de duel judiciaire ; mais
souvent il n'y avait là qu'un passe-temps (2).
Chez les Cellibères, à Carthagène, lorsque P. Cornélius
Scipio Africanus voulut, en 206 avant J.-C, pour honorer
la mémoire de son père et de son oncle, donner des com-
bats de gladiateurs, il trouva autant de guerriers qu'il en
voulut pour s'entre-tuer volontairement et gratuitement.
Parmi ces guerriers, il y en avait qui, n'ayant pu résoudre
des différends par la discussion et n'ayant pas voulu
s'accorder, avaient décidé de s'en remettre au sort des
armes (3). Dans le droit irlandais, le duel est un des moyens
par lequel deux parties conviennent de donner une solu-
tion à un procès pendant. 41 ne donne pas lieu à indemnité
pour meurtre quand il a été précédé d'un contrat fait avec
le consentement de la famille du vaincu et quand il a pour
cause le refus par le demandeur de laisser procéder contre
lui à une saisie régulière (4).
(1) H. d'Arbois de Jubainville, Cours de littérature cel-
tique, t. V, p. 71-78 ; 86-146 ; t. vi, 35-47.
(2) Athénée, iv, 40. Ci-dessus, p. 164.
(3) TiTE LivE, XXVIII, 21. Cf. Valère Maxime, ix, 11 ; Silius
Italicus, XVI, 56.
(4) H. d'Arbois de Jubainville, Etudes sur le droit celtique
Cours de littérature celtique, t, vu, p. 44-48.
254 PÉNALITÉS
Sur la composition pour meurtre chez les Gaulois, it n'y
a qu'une phrase chez César : dans le cas de crime ou de
meurtre, ce sont les druides qui décident et qui déter-
minent les amendes et les châtiments, preemia pœ-
nasque (1). L'interprétation de ces deux mots ne laisse pas
d'être difficile. Pœnas peut désigner soit la somme que
paiera le défendeur ou, s'il est insolvable, sa famille ; soit
le supplice qu'il subira en cas d'insolvabilité de lui même
et de sa famille ; prœrnUt serait, à un autre point de vue, le
gain, la somme que se partagera la famille du m.ort ou
celle que recevra le demandeur s'il na été que blessé ou
injurié. Une autre explication est possible. En droit irlan-
dais, on distingue dans la composition le prix du corps qui
est le même pour tous les hommes libres, et le prix de
l'honneur qui s'ajoute au prix du corps et dont le montant
dépend du rang social de celui qui a été injurié, blessé ou
tué. Peut-être pœruis est-il le prix du corps, prœmia le
prix de l'honneur (2).
Chez les Celtes, nous rapporte Nicolas de Damas (3), la
pénalité est plus forte pour le meurtre d'un étranger que
pour celui d'un citoyen ; dans le premier cas, c'est la mort;
dans le second, l'exil. L'exil était sans doute la ressource
de ceux qui ne pouvaient pas payer la composition. L'exilé
était seulement, semble- t-il, banni du territoire de la cité,
mais non du territoire de la Gaule. Car, lors des insurrec-
lions contre les Romains, les condamnés à l'exil four-
(1) Guerre de Gaule, vi, 13.
(2) II. d'Arbois de Jubainville, Cours de littérature celtique,
t. vu, p. 80-83.
(3) Stobée, Anthologie, xliv, 41. Cf. Pseudo-Aristote, Sifi-
gulariUs mer\'eiUeuses, 85.
l'état 255
Dirent des contingents au Trévire Indutiomarus (1) et au
Senon Drappes (2).
La procédure judiciaire des anciens Celtes nous est à
peu près inconnue. Nous avons vu que les femmes pou-
vaient être mises à la question et condamnées à périr par
le feu ou par d'autres supplices. De même, la peine du feu
était appliquée dans l'Irlande de l'épopée aux femmes adul-
tères (3). Orgétorix est enchaîné pour répondre à l'accusa-
tion portée contre lui . et le châtiment de son crime devait
être le feu (4). Ceux qui sont convaincus de vol, de brigan-
dage ou de quelque autre crime sont aussi brûlés vifs (5).
En temps de guerre, les peines qu'infligeait Vercingétorix
à ses soldats pour des fautes graves étaient le feu et toute
sorte de tourments ; pour des fautes légères il faisait crever
les yeux ou couper les oreilles (6). Lorsqu'un Gaulois dé-
tourne ou cache une partie du butin de guerre, ou ravit
quelque objet des dépôts établis dans les lieux consacrés,
il est mis à mort avec de cruelles tortures (7). D'après
Diodore, on garde les malfaiteurs pendant cinq ans avant
de les empaler et de les brûler sur d'énormes bûchers (8).
Ces divers supplices peuvent être aussi bien des sacrifices
religieux que des sanctions judiciaires (9).
La peine prononcée ordinairement pour crime politique
(1) Guerre de Gaule, v, 55.
(2) Ibid., VIII, 30.
(3) Joyce, A social history of ancient Ireland, t. i, p. 212.
(4) Guerre de Gaule, i, 4. Cf. ci-dessus, p. 180.
(5) Ibid., VI, 16 ; Strabon, iv, 4, 5 ; Diodore, v, 31.
(6) Ibid., VII, 4 ; cf. 71.
(7) Ibid., VI, 17.
(8) Bibliothèque, v, 32, 6.
(9) Voir toutefois S. Reinach, Rei^ue archéologique, t. xxii
;i913) p. 101.
256 PÉNALITÉS
est la confiscation des biens. Dans une assemblée, Indu-
tioinarus déclare ennemi public son gendre Cingétorix,
chef du parti adverse, et confisque ses biens (1). Celui qui
tue un de ses concitoyens est condamné à l'exil ,2). Les
druides prononçaient l'excommunication contre ceux qui ne
se soumettaient pas à leurs sentences (3). Etait-ce l'amende
ou quelque autre peine légère que l'on prononçait contre
les jeunes gens obèses dont le ventre était trop proémi-
nent et dont le tour de taille dépassait une certaine me-
sure ? Strabon citant Ephore se sert du mot vague
Çr,ij.'.o0cr6a'. (4).
Sauf dans le cas d'Orgétorix où il semble bien que l'ac-
cusé comparaît devant un tribunal d'Etat, il n'est point
question de l'intervention de l'Etat dans les crimes ou les
procès. A côté de la juridiction arbitrale et facultative des
druides (5), y avait-il en Gaule une justice publique bien ou
mal organisée ? Aucun texte ne l'établit clairement.
Il semble que ce soit l'assemblée du peuple qui juge les
crimes contre l'Etat ; chez les Aediii, le vergobret a droit de
vie et de mort ; le père de famille a un pouvoir analogue
sur les siens ; les chefs de faction jugent les différends de
leurs clients (6). En cas de rébellion, les magistrats font
appel aux citoyens armés pour assurer l'exécution du ju-
gement (7).
(1) Guerre de Gaule, v, 56.
(2) Cf. p. 254.
(3) Guerre de Gaule, vi, 13.
(4) Géographie, iv, 4, 6.
(5) Voir plus loin chap. vi. p. 380.
(6) Lefort, Les institutions et la législation des Gaulois, Revue
générale du droit, t. iv, 1880, p. 396.
(7) Guerre de Gaule, i, 4.
l'état 257
IV
C'est dans les questions militaires qu'apparaît le mieux
le pouvoir de l'Etat celtique.
Les anciens nous représentent les Celtes comme sans
cesse occupés à la guerre. Avant l'arrivée de César en
Gaule, il y avait presque chaque année des guerres pour
faire du tort ou le repousser (1). Les Bretons se faisaient
souvent la guerre, soit par ambition de commander, soit
pour accroître ce qu'ils possédaient (2). Quand les Celtes
ne pouvaient se battre pour leur propre compte entre eux
ou contre leurs voisins, ils offraient leur service à prix
d'argent à des rois étrangers. Il n'est guère de pays que
n'aient parcouru des mercenaires celtes et de luttes aux-
quelles ils n'aient pris part (3). Déjà, en 368 avant J.-C,
une armée envoyée par Denys l'Ancien à Gorinthe au se-
cours des Spartiates était en partie formée de fantassins
celtes (4). Vers 343, Carthage employait des mercenaires
celtes à la guerre de Sicile contre Timoléon (5). En 274,
Pyrrhus, roi d'Epire, et Antigone Gonatas, roi de Macé-
doine, en guerre l'un contre l'autre, avaientr chacun des
(1) Guerre de Gaule, vi, 15 ; cf. Strabon, iv, 4, 2; TacitEj
Histoires, i, 74.
(2) JoRDANÈs, Histoire des Goths, 2.
(3) Voir aussi ci-dessus, p. 64, l'étymologie donnée par Polybe
du nom des Gaesalae. Justin, xxv, 2. Cf. d'Arbois de Jubain-
VILLE, La civilisation des Celtes et celle de l'épopée homérique.
Cours de littérature celtique, t. vi, p. 116-123 ; C. Jullian, His-
toire de la Gaule, t. i, p. 324-328.
(4) DiODORE, Bibliothèque, xvi, 73, 3.
(5) Xénophon, Helléniques, vu, 1, 20 ; 31 ; Diodore, xv, 70.
Cf. Justin, xx, 5.
G. DoTTiN. — Manuel de l'antiquité celtique- 17
258 MEIICEIN AIRES
Celtes dans leur armée (1). Parmi les mercenaires, dont la
révolte, en 238 avant J.-C, mit Garthage si près de sa
perte, se trouvent des Gaulois dont le chef est Auta-
ritos (2). Dès 262, les Carthaginois avaient recruté des
Celtes pour leur armée de Sicile (3) et pendant les deux
premières guerres puniques (264-241 ; 219-202), les Gau-
lois fournissent un contingent important aux armées car-
thaginoises (4). Mille Galates figurent dans l'armée d'An-
tigone. roi de Macédoine, en 224 (o) ; des cavaliers galates
font partie de l'armée d'un autre roi de Macédoine, Phi-
lippe V, en 218 (6). Nicomède, roi de Bithynie, les appelle
en Asie comme auxiliaires en 278 (7). Lors de la guerre
entre Autiochus le Grand, roi de Syrie, et Molon, satrape
de Médie vers 220, il y avait des Galates mercenaires des
deux côtés (8). Eumcnc II, roi de Pergame. avait à son
service en 168 des cavaliers gaulois qui, embarqués sur
des hippagoges, ne pouvaient pas supporter la mer (9),
Ptolémée Philadelphe (285-247) avait des Gaulois dans
ses armées ; il en fit tuer quatre mille qui s'étaient révoltés
contre son autorité (10). La garde de Gléopàtre comprenait
des Gaulois (11).
(1) Plutarque, Pyrrhus, 26, 8 ; 9 ; Pausanias, i, 13, 2.
(2) PoLYBE, I, 80-87. Cf. DiODORE, XXV, 2, 9 ; Appien, viii, 5.
(3) PoLYBE, I, 17, 4 ; II, 7, 7 ; Fro.ntin, Stratagèmes, m, 16, 3.
(4) PoLYBE, I, 43, 4 ; II, 7, 8 ; Frontin, m, 16, 2 ; Dion Cas-
sius, XII, 43.
(5) POLYBE, II, 65, 2.
(6) PoLYBE, V, 3, 2.
(7) Memnon, Sur Héraclée, 22 ; Fragmenta historicorum grae-
corum, t. III, p. 537.
(8) PoLYBE, V, 53, 3 ; 8.
(9) TiTE LivE, XLiv, 28. Sur les Galates, mercenaires des rois
de Pergame, voir A. J. Reinacii, Rei^'ue arcliéologique, L. xiii,
p. 102-'l08.
(10) Pausanias, i, 7 ; Scholiaste de Callimaque, iv, 185-188.
{lljJosÈPHE, Antiquités judaïques, xv, 7, 3. Guerre des Juifs,
l'état 259
En 168, sur le Danube, les mercenaires celtes recevaient
10 statères d'or par cavalier, o par fantassin, 1.000 pour le
chef (1).
En Gaule, à l'exception des druides, tous les hommes
libres étaient astreints au service militaire (2). Nous avons
déjà vu qu'au commencement de chaque guerre on convo-
quait tous les hommes en état de porter les armes (3). Les
vieillards ne prétextaient pas leur âge pour se dispenser
de combattre (4).
Le commandement militaire semble avoir été souvent
distinct du i)ouvo r civil. Anciennement, nous dit Strabon,
on choisissait un chef pour un an et de même, pour une
guerre, un seul général était élu par la multitude (5). On
voit chez César le commandement de l'armée des Lemo-
vices exercé par Sedulius qui est qualifié en même temps
de princeps (6). Chez les Rémi, Vertiscus, princeps civita-
tis, n'a le commandement que de la cavalerie (7). De trois
Aedui de la plus haute noblesse amenés prisonniers à Cé-
sar, l'un, Gottus, était chef de la cavalerie; un autre, Ca-
variilus, avait commandé l'infanterie; le troisième, Epore-
dorix, avait commandé les Aedui dans la guerre contre
les Sequani (8). Chez les Treveri, César rend à Cingétorix
I, 20, 3. Cf. Horace, Epodes, 9, 18 ; A. J. Reinach, Les Gaulois
en Egypte, Revue des études anciennes, t. xiii, p. 33-74.
(1) TiTE LivE, xLiv, 26, 4. Voir Jullian, Histoire de la Gaule,
t. I, p. 324-328.
(2) Guerre de Gaule, vi, 56, 2 ; cf. 14, 1 ; 15, 1.
(3) Ci-dessus, p. 236.
(4) Guerre de Gaule, vin, 12 ; cf. vu, 57, 3.
(5) Géographie, iv, 4, 3. Cf. H. d'Arbois de Jubainville,
Recherches sur l'origine de la propriété foncière, p. 44, note 4.
(G) Guerre de Gaule, vu, 88.
(7) Ibid., vin, 12.
(8) Ibid., VII, 67.
260 CHEFS
le principafus et Yimperiiim, sans cloute le pouvoir civil et
le pouvoir militaire (1). Le conseil de guerre de Yercingé-
torix est formé des principes de plusieurs cités (2). L'armée
envoyée par les principes de la Gaule au secours de Alésia
était commandée par quatre chefs : l'Atrébate Gommius,
les Acchii Viridomarus et Eporedorix, l'Arverne Vercassi-
veliaunus, assistés d'un conseil d'hommes choisis dans les
diverses cités (3).
Souvent un seul chef commandait les forces de plusieurs
peuples.^ Galba, roi des Suessiones, commande les Belges
coalisés (4). Cassivellaunus est choisi comme commandant
en chef par des peuples du sud de la Grande-Bretagne,
avec lesquels il avait eu autrefois des guerres conti-
nuelles (o). Ambiorix, Camulogenus commandent des coa-
litions de peuples gaulois (6).
En 61, Boudicca, qui commande l'armée bretonne, rap-
pelle que les Bretons ont coutume d'aller à la guerre con-
duits par des femmes (7). En Irlande, il semble résulter de
(juelques textes de lois que la fille, qui, à défaut de fils, hé-
ritait des biens maternels, est obligée au service militaire.
Cette obligation fut abolie, grâce à l'intervention d'Adam-
nan, au vu'' siècle (8).
Du point de vue militaire, les équités, classe sociale, sont
les cavaliers. Leur nombre s'élève, lors de la dernière
(1) Guerre de Gaule, vi, 8.
(2) Ibid., VII, 36.
(3) Ibid., vn, 76.
(4) Ibid., II, 4, 7.
(5) Ihid., V, 11.
(6) Guerre de Gaule, v, 38 ; 39 ; vu, 57.
(7) Tacite, Annales, xiv, 35. Cf. ci-dessus, p. 182, 186.
(8) H. d'Arbois de JuBAi.NViLLE, Lu famille celtique, Paris,
1905, p. 81-83.
L ETAT
261
lutte où la Gaule tout entière (moins les Rémi, les Lin-
gones et les Treveri) se souleva contre les Romains, à
quinze mille (1). Les Aediii mettaient leur principal espoir
dans leur cavalerie (2). Mais les Nervii, qui avaient six
cents sénateurs, avaient très peu ou pas de cavalerie (8) ;
il est donc probable que chez eux la classe sociale qui cor-
respondait aux équités des autres peuples fournissait à leur
armée des fantassins. D'autre part, il y avait des cavaliers
qui n'avaient pas le rang social des équités ; tels les nom-
breux cavaliers, magnum numenim equitatus, que Dum-
norix entretenait à ses frais (4) et qui n'étaient sans doute
que des ambacii ou des clientes. César mentionne les prae-
fecti equitum (5). D'après Strabon, les Celtes combattaient
mieux à cheval qu'à pied (6). C'était sur leur cavalerie que
les Gaesatae et les Insubres comptaient surtout, dans leur
lutte contre les Romains (7). La cavalerie gauloise était,
en général, supérieure à la cavalerie romaine, mais infé-
rieure à la cavalerie germaine (8). La cavalerie des Treveri
était renommée (9). Au contraire, toute la force des Bre-
tons était dans leur infanterie (10). Les Celtibères étaient à
la fois bons cavaliers et solides fantassins (H). La cavalerie
(1) Guerre de Gaule, vu, 64. Cf. Cicéron, Pour Fonléius
fr. 12.
(2) Guerre de Gaule, vu, 68, 2.
(3) Ibid., II, 17, 4.
(4) Ihid., I, 18, 5.
(5) Ihid., VII, 66, 3.
(6) Géograpliie, iv, 4, 2. Cf. Cicéron, Pour Fontéius, 4 ; Plu-
TARQUE, Marcellus, 6.
(7) Plutarque, Marcellus, 6.
(8) Jui.LiAN, Histoire de la Gaule, t. ii, p. 209, n. 3.
(9) Guerre de Gaule, v, 3, 1.
(10) Tacite, Agricola, 12.
(11) DiODORE, V, 33.
262
CAVALERIE
des Celtibères avait une manœuvre qui lui était propre.
Lorsqu'ils voyaient l'infanterie pressée par les ennemis,
les cavaliers descendaient de leurs chevaux et les laissaient
rangés en ligne ; à l'extrémité des rênes ils avaient attaché
de petits bâtons qu'ils fichaient en terre ; leurs chevaux
étaient dressés à demeurer tranquilles jusqu'à ce qu'ils
vinssent les détacher (1). Puis les cavaliers prenaient leur
rang comme fantassins (2).
Chez les Celtes qui envahirent la Grèce, chaque cavalier
était accompagné de deux serviteurs à cheval. Pendant la
bataille, ceux-ci se tiennent en arrière ; si le maître suc-
combe, l'un ou l'autre le remplace ; s'il est blessé, l'un
d'entre eux l'emmène au camp, tandis que l'autre prend
sa place ; s'il est démonté, l'un ou l'autre lui amène son
cheval. Cet ensemble se nommait xp'.iJiap/.iTfa (3). Les Gau-
lois d'Illyrie avaient une organisation analogue ; à chaque
cavalier était attaché un fantassin qui remplaçait dans la
bataille le guerrier tombé de cheval (4).
A l'époque la plus ancienne à laquelle nous puissions
remonter, les Gaulois d'Italie ont non seulement une ca-
valerie, mais aussi des guerriers montés sur des chars. A
la bataille de Sentiuum, 295 avant J.-C, il y avait, dit-on,
un millier de ces chars (5). A la bataille de Télamon, en
223, il y avait vingt mille guerriers tant à cheval qu'en
(1) Polybe, chez Suidas, au mot 'oiov.
(2) DiODORE, V, 33.
(3) Pausanias, X, 19, 9:12.
(4) TiTE LivE, xLiv, 2G ; Plutarque, Paul-Emile, 12.
César attribue aux Germains d'Arioviste une tactique sem-
blable ; ces fantassins étaient si agiles qu'en se tenant à la cri-
nière des chevaux ils les suivaient à la course. Guerre de Gaule,
I, 48.
(5) TiTE LivE, X, 28 ; 30.
l'état 263
char (1). A la bataille de Clastidium, en 222, le roi Yirdo-
marus est monté sur un char doii il lance ses javelots sur
les ennemis (2). Les Gaulois d'Italie paraissent avoir re-
noncé de bonne heure à l'usage des chars de guerre. Déjà,
à la bataille de Télamon, ils ne s'en étaient servis que
pour protéger les deux ailes de leur armée (3).
En Gaule, en 121, le roi des Arvernes, Bituitos, au con-
fluent de l'Isère et du Rhône, combattait du haut d'un
char argenté (4), A l'arrivée de César, il semble qu'il n'y
ait plus de char de guerre dans les armées gauloises. Dio-
dore de Sicile copie un auteur plus ancien, sans doute Po-
seidônios, lorsqu'il nous dit que dans les combats les Gau-
lois se servent de chars à deux chevaux portant un con-
ducteur et un guerrier. Les guerriers montés sur les chars
dirigent leurs attaques contre les cavaliers. Ils lancent le
javelot ((Tauvii^oua-.), puls descendent pour combattre l'en-
nemi à l'épée (o). Strabon dit que quelques-uns des Celtes
ont des chars de guerre (6). Lucain parle du Belge conduc-
teur de covinïius (7).
Mais César trouve pour la première fois (8) des chars de
guerre à deux roues en Grande-Bretagne. Le roi Cassivel-
launus, en 54, avait à la fois des cavaliers et quatre mille
(1) POLYBE, II, 23.
(2) Properce, iv, 10, .39-44 ; Plutarque, Marcelliis, 6, 5 ;
7, 4, n'en parle pas.
(3) PoLYBE, II, 28. Cf. JuLLiAN, Histoùe de la Gaule, t. i,
p. 348.
(4) Florus, III, 2.
(5) Bibliothèque, v, 29.
(6) Géographie, iv, 5, 2.
(7) Pharsale, i, 42G.
(8) Les carri dont il est question en Gaule, par exemple à pro-
pos des Helvetii (i, 24 ; 26) sont des chariots de bagages.
264 CHARS DE GUERRE
essedarii. Ceux-ci faisaient d'abord courir leurs chars dans
tous les sens, en lançant des traits ; puis ils se faufilaient
entre les cavaliers ennemis et sautaient à bas de leur char
pour combattre à pied ; pendant ce temps, les conducteurs
ramenaient les chars hors de la mêlée et les plaçaient de
façon à ce que les guerriers, s'ils étaient accablés par le
nombre, pussent y trouver un refuge (1). Au temps d'Agri-
cola, 78-84, le char de guerre était encore employé chez
quelques peuples bretons (2). Strabon (3), Arrien (4) et
Dion Gassius (5) parlent des chars des Bretons. Ces |chars
étaient peints (6) ; ils étaient propres à évoluer sur toute
espèce de terrain et traînes par des petits chevaux rapides
et durs à la fatigue. D'après Tacite, chez les Bretons, le
conducteur était, au contraire de ce qui se passait chez les
Grecs, d'une condition plus élevée que le combattant (7).
Rien ne prouve que les deux mille chars, â;jiot;a'., que les
Gaulois de Brennos emmenaient dans leur expédition
contre Delphes aient été montés par des guerriers ; il est
probable que c'était des chariots destinés au transport des
femmes, des enfants et des bagages (8). Car les Gaulois
avaient l'habitude, même quand ils étaient armés à la lé-
gère, de se faire suivre d'une multitude de chariots (9).
(1) Guerre de Gaule, iv, 33 ; Cf. iv, 24 ; 32 ; v, 9 ; 15 ; 16 ; 19.
Cf. DiODORE, V, 21, 5.
(2) Tacite, Agricola, 12 ; 35 ; 36.
(3) Géograpliie, iv, 5, 2.
(4) Tactique, 19, 2-3.
(5) Histoire romaine, lxxvi, 12.
(6) Properce, v, 3, 9.
(7) Agricola, 12. H. d'Arbois de Jubainville, Le cliar de
guerre des Celtes dans quelques textes historiques, Revue celtique,
t. IX, p. 387-393.
(8) DiODORE, XXII, 9. Cf. Guerre de Gaule, viii, 14,
(9) Guerre de Gaule, viii, 14, 2 ; Guerre civile, i, 51, 1.
L ETAT
265
Les chars de guerre étaient-ils armés de faux 1 Lucien (1),
racontant la bataille gagnée par Antiochus Sôter sur les
Galates, vers 2~r2 avant J.-C, dit que sur le front de l'ar-
mée galate il y avait, prêts à s'élancer, quatre-vingts chars
porte-faux (àpaaTa opEzavr^oôpa) et deux fois autant de
chars ordinaires (auvwpto£;).Mais la source de Lucien paraît
être un poème épique de Simonide de Magnésie et tous les
détails qu'il nous donne sur le nombre et l'armement des
Gaulois n'ont aucune valeur historique. Que valent par
ailleurs les témoignages de Frontin (2) parlant des quadriges
gaulois armés de faux que César arrêta au moyen de pieux
fichés en terre ; de Pomponius Mêla (3) citant les covinni
bretons, équipés à la façon gauloise et dont les essieux se
terminent par des faux ; du poète Silius Italiens (4) mem-
tionnant dans une comparaison le covinniis falcifer des
habitants de Thulé, et de Jordanès (5) signalant chez les
Bretons les chars à deux chevaux et les chars armés de
faux vulgairement appelés essedae 1 Quelle autorité ont ces
textes en regard du silence unanime des historiens tels que
Polybe, César, Tite-Live, Tacite qui parlent plusieurs fois
des chars de guerre des Celtes, mais ne les représentent
jamais comme armés de faux, alors qu'ils connaissent les
chars porte-faux d'Antiochus le Grand et dePharnace? On
est bien tenté d'adopter sur cette question la conclusion de
létude de M. Théodore Reinach sur les chars à faux des
Gaulois (6) et qui est qu'il n'y en avait point, à moins tou-
(1) Anliochos, 8.
(2) Stratagèmes, u, 3, 18.
(3) III, 6, 52. Cf. SCHOLIASTE à JUVÉNAL, IV, 12G.
(4) Puniques, xvii, 417.
(5) Histoire des Goths, 2.
(6) Rei'ue celtique, t. x, p. 122-133. Cf. Windiscii, Tain bô
Cualnge, p. xiv.
266 CHARS DE GUERRE
tefois que, les chars armés de faux n'ayant été qu'une ex-
ception, les historiens ne les aient considérés comme quan-
tité négligeable et n'en aient point parlé pour cette -seule
raison.
Les chars de guerre, qui semblent avoir été empruntés
par les Celtes aux Italiotes, sont peu nombreux dans les
tombes à l'époque de Hallstatt. Quelques-uns sont à quatre
roues ; ils portent des revêtements métalliques sur les
moyeux et les rayons des roues (1). Ceux de l'époque de la
Tène, particulièrement nombreux dans les tombes de la
Champagne, sont montés sur deux roues très légères dont
on retrouve les bandes en fer et les essieux en bronze.
Les roues semblent avoir eu de 0,80 à 8,95 de diamètre.
Les frettes des moyeux ont 0,lo de diamètre. On a recueilli
aussi diverses parties du char dont on ne peut préciser
l'emploi : des tiges inégales réunies par un anneau, articu-
lées, ou isolées ; des garnitures en fer repliées sur elles-
mêmes et ayant 0,07 d'ouverture. Des ornements en bronze
découpé semblent avoir appartenu aux harnais. Les mors
enbronze, puis en fer, d'ordinaire au nombre de deux, sont
brisés et terminés par des anneaux ou dos montants laté-
raux munis d'ouvertures. Certaines pièces du joug et la
clavette étaient parfois émaillées 12). A Somme-Tourbe, on
a trouvé des pièces de bronze qui, d'après M. Flouest, étaient
fixées à l'extrémité du timon. Ce sont deux plaques trian-
(1) Déchelette, JMajiuel, t. ii, p. 749.
(2) H. A. Mazard, Essai sur les chars gaulois de la Marne,
Revue archéologique, t. xxxiii (1877), p. 154-172, pi. vu et fig. ;
p. 217-229. Bullclin de la Société nationale des Antiquaires de
France, année 1877, p. 45-47 ; H. Hubert, Sépulture à char de
Nanterre, L'Anthropologie, t. xiii, 1902, p. 66-73. Cf. Rei'ue cel-
tique, t. IX, p. 423-424.
l'état 2H7
guîaires ajourées de façon à ce que les parties pleines
figurent des S alternativement adossés ou affrontes; les
deux plaques étaient réunies bout à bout et appliquées à
laide d'un clou à tête de corail. L'armure pleine de l'extré-
mité du timon était ornée d'un tieuron, de pointillés et de
cercles tracés^au burin (1. D'après des traces de char gravées
dans une couche de calcaire compact, à Trosly-Loire 'Aisne)
récartemenf des roues n'aurait été que de l''\0'6 (2). D'après
d'autres observations, il aurait atteint 1"\.30 environ La
longueur du timon, fourche comprise, aurait été de plus
de 2 mètres (3). Des jougs en bois de chêne, trouvés à la
station de la Tène et longs de 1™,16, appartenaient à un
attelage de bœufs (4). On ne trouve plus guère de char
de guerre après l'époque de la Tène II (o).
A l'époque de la Tène III, quandle char de guerre n'est
plus en U6age et que les guerriers gaulois combattent à
cheval, on a trouvé divers modèles d'éperon ; il semble
que les cavaliers ne l'attachaient qu'à un seul pied. L'étrier
est inconnu (6).
Un denier des Rémi et un denier de Jules César portent
un esseduni breton, très rudimentaire, composé d'une plate-
forme et dont les côtés sont munis de deux ridelles circu-
laires (7), Au revers d'un denier de L. Hostilius Saserna est
(1) E. Flouest, Le char de la sépulture gauloise de la Bouvan-
dau, Mémoires de la Société nationale des Antiquaires de France,
t. XLvi, (1885), p. 99.
(2) Matériaux pour l'histoire de l'homme, t. iv (1868), p. 277.
(3) Déchelette, Alanuel d'archéologie, t. ii, p. 1186.
(4) Déchelette, Ibid., t. ii, p. 1195.
(5) Déchelette, Manuel d'archéologie, t, ii, p. 1181-1182.
(6) DÉCHELETTE, Ibid., t. II, p. 1203-1204.
(7) Babelon, Description historique et chronologique des mon-
naies de la république romaine, Paris, 1885-1887, t. ii, p. 12.
268 TACTIQUE
représenté un guerrier combattantsur un char de guerre (1) ;
et un guerrier debout sur un char à deux roues, quelque-
fois casqué, lançant un javelot et tenant le carnyx, figure
sur des monnaies de plusieurs familles romaines (2). Sur les
trophées de Pergame, on remarque des roues de char de
guerre (3).
La littérature |épique de l'Irlande nous atteste que les
Irlandais combattaient encore en char aux premiers siècles
après l'ère chrétienne. L'équitation est exceptionnelle dans
les textes les plus anciens du cycle d'Ulster ; le combat à
cheval remplace le combat en char dans le cycle de Leins-
ter. Le char de guerre irlandais était à deux places : celle
de gauche est occupée par le guerrier ; celle de droite par le
cocher; c'est un char à deux roues traîné par deux chevaux.
Une seule fois il est question d'un char armé de faux; c'est
le calh-charpat senla du héros d'Ulster, Gûchulainn ; il
était garni de pointes de fer, de tranchants minces, de crocs,
et avait les essieux hérissés de pointes (4).
Le chef irlandais Cobthach, voulant se faire passer pour
mort, est]étendu sur son char de guerre, comme les guer-
riers des tombes de la Marne (o .
Les Celtes allaient au combat couronnés de fleurs,
comme à une fête (G) ; ils se précipitaient à l'ennemi en
(1) Reproduit chez II. d'Arbois de Jubai.nyille, Cours de
littérature celtique, t. vi, p. 330.
(2) Reproduction dans la Revue archéologique, t. x (1887),
p. 135, pi. XIV.
(3) S. Reinach, Revue archéologique, t. xiii (1889), p. 199.
(4) H. d'Arbois de Jubainville, Cours de littérature cel-
tique, t. VI, p. 332-333, 340.
(5) Miss M. Dobbs, Zeitschrift fiir Celtische Philologie, t. viii,
(1911), p. 278-284. Voir ci-dessus, p. 191.
(6) Elien, Histoire variée, xii, 23.
l'ktat 269
entonnant un chant de guerre (1), en poussant d'affreux
hurlements, en frappant leurs boucliers, en secouant leurs
longues épées, et leurs chevelures flottantes (2). Leur façon
de combattre avait quelque chose de désordonné et d'étran-
ger à la science des armes. Tantôt, élevant haut leurs
sabres, ils frappaient d'une façon sauvage, avec un mouve-
ment de tout leur corps, comme des bûcherons ou des ter-
rassiers ; tantôt ils portaient de côté leurs coups, sans viser,
comme s'ils allaient entailler leurs adversaires, corps et
armes défensives tout à la fois ; puis ils retournaient dans
l'autre sens la pointe de leur fer. Renversés à terre, ils ru-
gissaient, mordaient les boucliers et poussaient comme des
bêtes sauvages des cris semblables à des hurlements (3).
Certaines monnaies gauloises semblent représenter des
danses guerrières (4).
Les Helvetii se forment en bataillon serré comme la pha-
lange ; puis, battant en retraite devant les Romains, ils se
font un rempart de leurs chariots et lancent de là des
traits (o). Les Gaulois qui allaient au secours d'Alesia
avaient disposé des archers et des soldats armés à la légère
entre leurs cavaliers (6j. A Avaricum, l'infanterie gauloise
avait pris la formation en coin, cuneatim (7). D'après Vé-
gèce, les formations des Gaulois et des Geltibères étaient
(1) PoLYBE, II, 29, 6 ; TiTE LivE, V, 37,8 ; 38, 6 ; 39, 5 ; vu,
23. 6; X, 36, 11; XXI, 28, 1 ; xxxvii, 17,4. Cf. Dion Cassius,
Lxii, 12 (iSretons).
(2) Appien, IV, 8. Cf. Denys cI'Halicarnasse, xxv, 9, 15.
(3) Denys cI'Halicarnasse, Antiquités romaines, xiv, 10.
(4) JuLLiAN, Revue des éludes anciennes^ t. vi, p. 54. Cf. la
danse de l'épée chez les Germains (Tacite, Gei^anie, 24).
(5) Guerre de Gaule, i, 24, 25 ; 20.
(6) Ibid., vil, 80.
(7) Ihid., VII, 28.
'270 r.OMIlATS SINCtM.lKliS
des ailcrvdc tlo six mille lioniincs {\). Dans le récil de
Tile Livo, les Ciunlois qui priionl Uomo montent vers la
citiulello en formant la torlnc(2).
L'histoire romaine nous a conservé le souvenir do plu-
sieurs combats singuliers livrés en présence de deux armées
par lies (laulois anonymes à dos Uomains de marque. Le
plus ancien (3(')7 avanl Jésus-Christ) est celui dt; T. Man-
lius surnomme aiircs sa victoire Torquatus. C'est peut-être
une léi^onde ; car l*olyi)C n'en parle point {'.\) et Tile Live
se contredit en essayant ilon déterminer la-dale (4). L'ad-
versaire de T. Manlius est un Gaulois armé d'un bou-
clier et de deux épées, comi)lètemcnt nu, et paré d'un
collier et de bracelets ; il s'avance au milieu des combat-
tauls et, levant la main, fait signe aux deux partis darré-
\cv le combat. Puis, au milieu du sileiu'C, il crie d'une voix
très forte que celui (pii voudrait combattre avec lui sorte
des rangs. Comme personne n'osait répoudre, le Gaulois
se mit à se motiuor des Romains et à leur tirer la langue;
sa longue épée Iranchanle, mais sans pointe, ne put
riposter avec succès h la pointe aiguë do l'épée espagnole de
'r. Manlius (">. Vax l'an 'M\) avant .lésus-Christ, les histo-
riens (G) ont placé un autre duel entre Romain et Gaulois.
Un Gaulois de grande taille, aux armes d'or, demande le
silence en frap[)ant son bouclier de sa lance et provoque
(I) De l'art niilitairr, ii, 2.
{■:) TiTK LivE, V, ft3 ; of. x, 2\), \2.
(:\) nisfmrcs, n. 18.
('■) Tni- T-ivF, VII, 9-10. Cf. vi, 'i2. IT. iI'Aruois do Ji ivin-
vum-. Cours (/<• littnatiirc ct'lfiqih', t. vi, p. 0-10.
('■>) (".liUi(litisT)ua«lriii;uiiischo/, Ai'lu-Gelle, ix, 13
((>) TiTK LivE, VU. 'Jl) ; Denvs d'HAi haunassi:, Anli(itnlés
roiiuiiiu\s, XV, 1 ; Avlu-Gelle, ix, ii.
l'ktat 27i
par inlur[)rèLc un llotnaiu pour croiser le fer avec lui. Le
tribun M. V^alerius accepte le dél'i. On sait qu'un corbeau
vint se i)erclier sur le casque du lioinain et attaquant le
(jiiulois à coui)S de bec et de griffes assura la victoire à
M. Valerius qui reçut alors le surnom de Gorvus. Gicé-
ron (1), qui parle do M. Valerius Gorvus,3ne fait aucune
allusion à ce combat. D'autres récits de combats analogues
nous ont été conservés sans ([ue nous ayons des raisons
sérieuses de suspecter leur authenticité. L'un est le duel de
M. Glaiidius Marcellus avec le roi des Gésales Viridomaros
(ou iiritomartos), eu l'an 2i2, avant Jésus-Gbrist. L'allu-
sion qu'y fait le poète Properce est pleine de détails inté-
ressants: « Glaudius écarta les ennemis (jui avaient passé
l'jMidan et ap[)orta le bouclier belge de V'irdomarus (2) au
grand cori)S. Il se vantait de sa noblesse et la faisait remon-
ter an llliin lui même ; du haut de son char il lançait des
javelots (gat'6rt). Son collier arrondi tombe de sa tète tran-
chée; son sang tache ses braies rayées » (3). En liî8 avant
Jésus-Ghrist, Scipion Emilien luttant contre les Geltibères
vainquit en combat singulier un barbare d'Inlercatia armé
de biilles armes et qui s'avançait en prenant des poses de
danseur entre les deux armées (4). Diodore mentionne
tl'une manière générale ces combats singuliers : lorsque les
deux armées sont rangées en bataille, des Gaulois
s'avancent et provoquent les plus braves de leurs adver-
(1) De la viciUrsse, 17.
(2) Auso>,'E {Technopaegnion, 9, 15) lo dit armofîcain. Pi,u-
TAnQUE, (Hornulus, IG, Marcellus, G-8) rcrit f3p'.TÔ[j.«pxoi;.
(.'{) l>uoi'i;uf;i;, iv, 10, .'J9-43. Cf. l^i.JrAnouE, Marcellus, 7.
Kaj)[)io(;hi;rlc poiLraJl, du du:!" boien Cri-xus ctn-z Silius Italicus
Puni(]ues, iv, 154-1.jG.
Cl) Apimen, VI, 53.
272 FORTERESSES
saires en agitant leurs armes. Si quelqu'un accepte le com-
bat, ils célèbrent la bravoure de leurs ancêtres, vantant
leur propre courage, injurient et rabaissent leur adversaire
et s'efforcent de lui enlever toute confiance par leurs dis-
cours f I ) .
Dans la littérature épique de l'Irlande, il y a quelques
exemples de combats singuliers eu bataille rangée. Le plus
célèbre est contenu dans l'épopée intitulée L'enlè-
cemenl des vaches de Cuanlgé. Pendant que les guerriers de
rUlster sont réduits à l'impuissance par l'effet d'une malé-
diction qu'ils ont encourue, Gùcliulainn est seul à soutenir
le choc de l'armée de Gonnachtqui a envahi l'Ulster. On lui
propose un arrangement ; chaque matin on enverra un
guerrier se battre en duel avec lui, et pendant ce temps
l'armée de Gonnacht restera sans poursuivre sa marche en
avant. Gùcliulainn lutte ainsi contre onze guerriers ; après
le scptit lac, il prend trois jours et trois nuits de repos et le
onzième combat dure trois jours entiers (2).
Les forteresses gauloises étaient établies dans des lieux
naturellement fortifiés ; tantôt entourées de rivières et
d'un marais, comme Avaricum (}\), tantôt situées sur une
montagne comme Gergovieou Alise (4). Les oppic^a des Ve-
nètcs étaient situés à l'extrémité de pointes et de promon-
toires et n'offraient point d'accès à la marée haute (Î3).
(1) Bibliothèque, v, 29, 3. Le Icxtc d'IIiRTius Guerre de
Gaule, VIII, 15, d'après lequel les Gaulois auraient eu l'habitude
en bataille rangée de s'asseoir sur des fagots, semble corrrompu
ou interpolé. Cf. les éditions de Nipperdcy et de llolder.
(2) IL il'AuBOis de Jubaipsyille, Cours de Uuéniture celtiqu .
I. VI, p. 27-34.
(3) Guerre de Gaule, vu, 15.
('i) Guerre de Gaule, vu, 36 ; 69.
(5) Ibid., III, 12. Cf. A. Lallemand, Campagne de César dans
la Vénélie armoricaine. Vannes, 1800, p. 42.
l'état 273
Voppidum de Vesontio (Besançon) était presque entière-
ment entouré par le Doubs : l'intervalle que ne protégeait
pas la rivière était occupé par une haute montagne entou-
rée d'un mur qui la joignait à l'oppidum (1). Le mieux
iovlUié iesoppida des Aduatuci éiâit environné de toute
part par des rochers escarpés et des précipices ; il n'avait
d'autre côté accessible qu'une pente douce large d'environ
deux cents pieds. Les Adiiatiici avaient fortifié cet endroit
par un double mur très élevé et avaient placé dans le
mur des rocs d'un grand poids et des poutres aigui-
sées (2). Toutes les parties de Voppidum d'UxeWodnnum
étaient fortifiées par des rochers escarpés (3). Les murs,
construits à la mode gauloise (4), étaient, àNovioduuum,
précédés d'un large fossé (5j. Sur les murs, on avait dressé
à Avaricum des tours en bois recouvert de cuir (6).
L'épaisseur des murs est de 4"\80 à 7", 30 àBibracte, de
5 à 10 mètres à Murcens (7), de 13 à 14 mètres à Boviolles (8)
La hauteur est très variable. César parle parfois d'un mur
élevé (9). Des murailles d' Avaricum, les Gaulois lançaient
divers projectiles sur une terrasse élevée par les Romains
et haute de quatre-vingts pieds (10). A. Gergovie, il suffit
d'une courte échelle de trois hommes pour atteindre le
(1) Guerre de Gaule, i, 38.
(2) Ibid., II, 29.
(3) Ibid., VIII, 33.
(4) Voir ci-dessus, p. 156.
(5) Guerre de Gaule, ii, 12.
(6) Ibid, VII, 22 ; 24 ; 25.
(7) Castagne, Mémoire sur les ouvrages de jortification des
oppidum gaulois. Tours, 1876, p. 484.
(8) C. JuLLiAN, Histoire de la Gaule, t. ii, p. 219, n. 4.
(9) Guerre de Gaule, 11, 29, 3 ; 11, 12, 2.
(10) Ibid., VII, 24.
G. DoTTiN. — Manuel de l'antiquité celtique. 18
274 SIÈGES
sommet du mur (1). A Murcens, les murs ont de 4 à 5 mè-
tres en moyenne ; plus de 10 mètres sur les points faibles ;
il n'y a qu'un simple amoncellement de terre sur les points
d'accès difficile (2).
Les Gaulois assiégés se portaient sur les tours et les rem-
parts et de là lançaient sur les travaux d'approche des en-
nemis du bois sec, des torches allumées, de la poix, du
suif et d'autres matières inflammables (3). A Avaricum ils
saisissaient avec des nœuds coulants (laquei) les faux des-
tinées à détruire les remparts. Ils crensaientdes tnines pour
détruire les terrasses des Romains (4). A Gergovio et à Alise,
ils avaient construit au milieu du coteau au sommet duquel
était située la forteresse un mur de fortes pierres, haut de
six pieds, pour briser l'éJan des l^omains (5).
Pour assiéger une place, les Gaulois, comme les Belges,
commencent par l'investir avec toutes leurs troupes ; de
toute part, ils lancent des pierres et des traits sur le rem-
part ; quand les ennemis l'ont abandonné, ils s'avancent
jusqu'aux portes en formant la tortue et sapent la mu-
raille (6). Ils ignoraient d'abord les divers appareils de siège,
les mantelets, les tours, les terrasses (7) et s'en moquèrent,
les premières fois qu'ils virent les Romains les employer
contre eux (8). Mais ils ne tardèrent pas à les emprunter à
leurs ennemis (9).
(1) Guerre de Gaule, vu, 47, 7.
(2) Revue archéologique, t. xvii (1868), p. 251.
(3) Guerre de Gaule, vu, 24 ; 25 ; viii, 42.
(4) Ihid., vu, 22.
(5) Ihid., VII, 4G ; 69.
(6) Ihid., H, 6.
(7) Ihid., II, 12. Cf. VII, 29. Tite Live, xxi, 25, 6 (Gaulois
d'Italie).
(8) Ihid., II, 30.
(9) Ihid., Vj 42 ; 52 ; vu, 84. Sur les fortifications gauloises
I
l'état 275
Après la bataille, les Celtes avaient l'habitude de couper
les têtes des ennemis morts et de les attacher autour du
cou de leurs chevaux, mais ils abandonnaient à leurs servi-
teurs les dépouilles et n'emportaient comme butin que les
têtes ensanglantées, en chantant leur triomphe et un hymne
de victoire (1).
Les armes des Gaulois frappèrent d'étonnement les habi-
tants de Clusium qui n'en avaient jamais vu de sembla-
bles (2). C'était d'ailleurs, comme chez les autres peuples,
des armes de jet, des épées, des boucliers, des casques
et des cuirasses (3). Les armes de jet étaient très va-
riées. Les Aduatuci avaient des réserves considérables (4).
Au temps de César il y avait des fabriques d'armes chez les
Aedni (5) Annibal avait pu renouveler son armement chez
les Allobroges (6).
Le gaesurn (^a^jov) est proprement le javelot de peuples cel-
tiques habitant les Alpes (7) et surnommés gaesati « armés
du gaesum ». Bien que le nom celtique de cette arme soit
connu de César (8), de Virgile (9), de Tite Live (10), Pro-
perce (II), et qu'il se trouve souvent chez d'autres auteurs
voir G. DE LA NOE, Principes de la fortification antique, Parisi
1890.
(1) DioDORE, V, 29, 4 ; Tite Live, x, 26, 11. Cf. ci-dessus, p.
147. Ad. Reinach, Revue celtique, t. xxxiv, p. 38-60, 253-286.
(2) Tite Live, v, 35. Cf. Florus, i, 7, 13.
(3) On trouvera des représentations de guerriers gaulois chez
Espérandieu, Recueil général, n°^ 35, 114, 271, 427 (v^ siècle
av. J.C. (?) 2372.
(4) Guerre de Gaule, ii, 32.
(5) Panegyrici latini, éd. Baehrens, 8, § 3.
(6) PoLYBE, m, 49, 11.
(7) PoLYBE, II, 22.
(8) Guerre de Gaule, m, 4, 1.
(9) Enéide, viii, 661-662.
(10) VIII, 8, 5.
(11) IV, 10,'^41.
270 AUIIES DR JET
latins et grecs (l),nous ne savons pas exactement quelle en
était la matière et la forme. D'ordinaire, le guerrier arrivant
sur le champ^de bataille en portait deux à la main (2). Pol-
lux qualifie^le gaes-um de lance tout en fer, oôpu 6Xoj£or,pov (3)
et on tfouve chez Hésychius (4) le même renseignement,
mais cette épithète convient mieux à certains javelots
des Celtibères, qu'à ceux des Celtes (o). Il n'est pas sûr
que chez Virgile dao alpina gaesa doive s'expliquer par :
gaesa dont le bois a été fourni par les arbres des Aljjes ;
il est plus probable qu'il y a là une allusion aux
peuples des Alpes armés du gaesiim. M. A. Blanchet (6) a
pensé qu'un guerrier, représenté sur des monnaies portant
le nom du censeur Gn.Domitius Ahenobarbus qui vainquit
à Vindalium le roi arvernc Bituitos et les Allobroges en
121 avant J. -G., lançait un gaesam ; les autres détails de la
monnaie, le carnyx et le bouclier allongé, sont aussi des
objets propres aux Gaulois. D'après cette représentation, le
gaesum se terminerait par une pointe large ressemblant à
une feuille. Sur la plaque de ceinturon de Watsch (Garniole).
on voit des guerriers armés d'un javelot à large pointe (7)
et on a trouvé à la Tène un fer de cette forme qui est con-
serv^é maintenant au musée de Bienne. Dans quelques
(1) Voir HoLDER, AUccUischer Sprachschatz, t. i, col. 1517-
1520.
(2) Varron chez Nonius, 19, p. 155, 1. 12 ; Virgile, Enéide,
VIII, G61-G62 ; Tite Live, ix, 36, 6 ; Claudien, Sur le consulat
de Slilichon, ii, 242.
(3) Onomasticon, vu, 33, 156.
(4) Lexicon, au mot y^-'^^î-
(5) Déchelette, Manuel, t. ii, p. 1150-1153.
(6) Revue celtique, t. xxv, p. 229-231.
(7) A. Bertrand et S. Reinach, Les Celtes dans les vallées d
Pô et du Danube, p. 107, (fig).
l'état 277
tombes de Hallstatt, les javelots ensevelis avec le guerrier
sont au nombre de deux; dans une tombe même, ces deux
javelots sont placés des deux côtés de la main gauche du
squelette (1). A l'époque de la Tène, ces fers de lance ou de
javelot sont au nombre de deux ou trois et sont de dimen-
sions inégales (2).
Le javelot irlandais, nommé dans l'épopée gai,gae, porte
un nom identique à gaesum (3). Le guerrier gaël a souvent
deux javelots à la main. Il semble qu'anciennement telle
était aussi la coutume chez les Gallois (4).
La caleia attribuée par Virgile (o) aux Teutons est d'après
Servius (0) el Isidore (7) une arme commune aux Celtes et
aux Germains. C'est une arme de jet, en bois très flexible ;
à cause de sa pesanteur on doit la lancer de près, mais elle
brise avec une très grande force le but qu'elle atteint. Si
elle est lancée par un homme habile, elle revient à celui
qui l'a envoyée. Ce dernier détail fait penser au houmerang
africain et australien. Mais M. Salomon Reinach (8) a fait
remarquer que, dans !a mythologie germanique, le marteau
lancé par le dieu Thor revient se placer après chaque coup
dans la main du dieu ; le renseignement donné par Isidore
pourrait donc n'être que' l'écho d'une légende. La cateia
est vraisemblablement une hache de jet comparable à la
(1) E. von Sacken, Das Grabfeld von Hallstatt, p. 36-37.
(2) Déchelette, Manuel d'archéologie, t. ii, p. 1144.
(3) H. d'ARBOis de Jubainville, Cours de littérature celtique,
t. VI, p. 365.
(4) J. LoTH, Revue celtique, t. xxviii, p. 67, 342.
(5) Enéide, vu, 741.
(6) Ad Aeneida, vu, 741. Servius parle de lanières qui servent
à la ramener.
(7) Origines, xviii, 7, 7.
(8) Les Celtes dans les vallées du Pô et du Danube, p. 191-199.
278 ARMES DE JET
francisque des Germains. l.aLcateia serait représentée sur la
plaque de ceinturon de Watsch (i).
Parmi les armes de jet des Celtes, on peut encore citer :
1° La, matara, mater is ou [jià^ap'.;, sorte de trait dont nous
ne connaissons que le nom (2).
2° Les javelots désignés sous le nom grec de aajv.ov ; ils
avaient, d'après Diodore (3). la pointe plus grande que les
épées ; les uns étaient droits, d'autres recourbés, en sorte
que non seulement ils coupent, mais encore déchirent les
chairs et qu'en retirant le javelot on agrandit la plaie.
Dans un autre passage de Diodore (4), on voit que le
saiinion, comme le gaesnm, est lancé du haut du char de
guerre.
3° Un javelot en bois (fjXov), semblable à celui des vé-
lites romains (ypocicpo;), qu'ils lancent, sans arnentum ou
courroie et rien qu'avec la main, plus loin qu'une flèche ;
aussi s'en servent-ils de préférence pour chasser à l'oi-
seau (5). De même, on voit, dans l'épopée irlandaise intitu-
lée : « La maladie de Giichulainn «, le héros d'Ulster at-
teindre un oiseau dun coup de javelot (G).
4° Une sorte de trait employé dans la mêlée et que César
appelle i>erutiun (7).
(1) Revue archéologique, t. m (1884), pi. m. On trouve la hache
figurée sur les monnaies gauloises dites à la croix. Blanchet,
Traité des monnaies gauloises, p. 160.
(2) Sisenna chez Nonius Marcellus, xviii, 26, p. 556.STnABON
IV, i, 3. Césah, Guerre de Gaule i, 20, 3. IIesvcuios, au
mot [jiaoàps'.ç.
(3) Bibliothèque, v, 30.
(4) Ibid., v, 29. Voir ci-dessus, p. 2G3.
(5) Strabon, IV, 4, 3.
(G) H. d'ÀRBOis de Jubainville, L'épopée celtique en Irlande,
Cours de littérature celtique, t. v, p. 178.
(7) Guerre de Gaule, v, 44, " ; 10.
L ETAT
279
0° Un \aye\ot {ira giila) muni d'une courroie (1).
On appelait en langue celtique peirinos une façon parti-
culière de lancer le javelot ; un autre coup s'appelait xy-
néma ; un autre tolutegon ou stolutegon {"2).
Outre les armes de jet, les Celtes connaissent aussi les
piques qu'ils appellent lanciae ; le fer a une coudée (0, 44)
de longueur et un peu moins de deux palmes (0, 074 X 2
= 0,148) de largeur ; le fût a plus d'une coudée de long (3).
Au temps de l'empereur Septime Sévère, en 208, chez les
Caledonii, la pique, oôpo, est courte; elle se termine à l'ex-
trémité inférieure par une pomme d'airain qui fait, quand
on l'agite, un bruit effrayant pour les ennemis. Les Ca-
ledonii ont aussi des poignards (ÈY/eiptota) (4). Il ne
semble pas que les diverses sortes de poignards que l'on
peut attribuer aux Celtes leur aient servi d'armes de
guerre (3).
Les fers de lance et de javelot, de forme très variée, se
trouvent fréquemment dans les tombes de Hallstatt et les
tumulus de la Bavière (6)* Certaines lances de l'époque du
bronze se terminaient par un talon sphérique formé de
sphères creuses emmanchées au moyen d'une douille. Ce
sont sans doute les pomm'es d'airain dont parle Dion Cas-
sius (7).
(1) Guerre de Gaule, i, 26 ; v, 35 ; 48.
(2) Arrien, Tactique, 37 ; 42 ; 43.
(3) DioDORE, V, 30. Cf. TiTE LivE, X, 26, 11 ; xxii, 6, 4. Guerre
de Gaule, viii, 48. Sisenna (voir ci-dessus, note). Denys cI'Ha-
LICARNASSE, XIV, 9, 12.
(4) Dion Gassius, ftcxvi, 12.
(5) JuLLiAN, Histoire de la Gaule, t. ii, p. 194.
(6) DÉCI1ELETTE, Munucl, t. II, p, 746 (îig.).
7) Déchelette, Manuel, t. ii, p. 216, (fig). Re<>>ue des études
anciennes t. xiv, p. 282.
200 FLÈCHES
Les javelots de la Tène sont à douille et à arête mé-
diane, en forme de feuilles de saule ; quelques-uns pré-
sentent des découpures en forme de croissant ; ce sont
peut-être les craj-na de Diodore de Sicile (l).On trouve
aussi des fers à larges ailerons dont les bords sont réguliè-
rement ondules. La longueur des fers de lance et de javelot
variede0'",10,à0'°,50. Une lance trouvée à L'Epine (Marne),
et dont le fer avait 0™,oO de long, mesurait en tout 1™,G0 ;
une autre, trouvée à La Tène, mesurait 2"", 50 (2).
Les Celtes employaient à la guerre, comme à la chasse,
les arcs et les frondes. La profession d'archer était très ré-
pandue en Gaule (3) ; mais les Venètes ne se servaient point
de flèches pour combattre (4). Des carquois remplis de
flèches sont figurés sur le sarcophage de la Vigne Ammen-
dola (5). Les pointes de flèche sont très rares à l'époque
de Hallstatt ainsi qu'à l'époque de La Tène ; elles sont d'or-
dinaire barbelées et plus souvent à douille qu'à soie (6).
Les Veragri jetaient dans le camp de Galba des gaesa et
des pierres (7). Dans la bataille livrée par Ambiorix à
Sabinus, L. Cotta, légat, fut blessé au visage d'un coup
de fronde (8). Des balles de fronde en argile rougies
au feu sont jetées par les Gaulois sur les huttes cou-
(1) Revue d'anthropologie, t. m (1888), p. 734 ; Gross, La Tène,
p. 24-25, pi. V, VI.
(2) DÉCHELETTE, Maiiuel d'archéologie, t. ii, p. 1143-1150.
(3) César, vu, 31, 4 ; 36, 4 ; 41, 3, 80, 3 ; 80, 7 ; 81,2. Strabon,
IV, 4, 3.
(4) Dion Cassius, xxxix, 43. Sur la flèche en Gaule, voir
A. J. Reinach, L'anthropologie, t. xx, f>. 51-80.
(5) S. Reinach, Rc%>uc archéologique, t. xiii, (1889), p. 330.
(6) DÉCHELETTE, t. II, p. 747 (flg), 1153-1154 (fig).
(7) Guerre de Gaule, m, 4.
(8) Guerre de Gaule, v, 35.
l'état 281
vertes en paille où logeaient les soldats de Gicérou et y
mettent le feu (1).
Eu Irlande et en Galles, l'emploi des flèches est d'impor-
tation germanique ou latine (2). Mais la fronde est une des
armes favorites des guerriers du cycle mythologique et du
cycle d'Ulster. Cûchulainn se servait d'une fronde, non seu-
lement pour chasser les oiseaux, mais aussi pour tuer les
hommes à la guerre. A la bataille de Moytura, Lug, le hé-
ros aux mille métiers, d'un coup de fronde, crève à Balor
son mouvais œil qui ne s'ouvrait que sur un champ de ba-
taille et dont la paupière ne se soulevait que sous les efforts
de quatre hommes. Gonchobhar, le roi d'Ulster, avait reçu
dans la tête une balle de fronde fabriquée avec un mélange
de terre et de cervelle humaine (3).
L'épée des Cisalpins qui luttèrent contre les Romains, en
223, était sans pointe; elle ne'pouvait frapper que de taille,
et un seul coup ; au second coup, elle était émoussée et elle
pliait tellement en long et en large que, si on ne laissait pas
au soldat le temps de la redresser avec son pied contre
erre, l'atteinte en était dès lors impuissante (4). D'après
Diodore, les Gaulois ont des épées (TTriOai) longues, sus-
pendues au côté droit par des chaînes de fer ou d'airain,
sortes de glaives (V'fi) qui ne sont guère moins grands que
le javelot des autres nations (3). Strabon parle d'un long
sabre ou coutelas (ijià/a'.px) pendu au côté droit (6). A la
(1) Guerre de Gaule, v, 43, Cf. vu, 81.
(2) J. LoTH, Annales de Bretagne, t. xxii, p. 161.
(3) H. d'ARBOis de Jubainville, Cours de littérature celtique,
t. VI, p. 353-355.
(4) PoLYBE, II, 33. Cf. Plutarque, Camille, 40 ; 41 ; Polyen,
Stratagèmes, viii, 7, 2.
(5) Bibliothèque, v, 30. Cf. Appien, iv, 8 ; Tite Live, xxxviii,
17 (Galates) ; Végèce, ii, 15.
(6) Géographie, iv, 4, 3.
282 ÉpÉEs
bataille de Cannes (216), les Gaulois, qui avaient des bou-
cliers presque semblables à ceux des Hispani, se distin-
guaient de ceux-ci par la forme de leurs épées (1). Celles
des Gaulois étaient très longues et sans pointe ; celles des
Hispani, faciles à manier à cause de leur petitesse et mu-
nies de pointes. Les Bretons aussi avaient de longs glaives
sans pointe (2). Les Galates, en 189, avaient de très longs
glaives (3).
Les épées des Cdliberi étaient renommées dans l'Anti-
quité : elles avaient une pointe fort solide et frappaient
également bien d'estoc et de taille. Les Romains, à partir
de leurs guerres contre Annibal, abandonnèrent les épées
jusqu'alors en usage cliez eux pour prendre celle des His-
pani (4). Outre une épée d'excellent fer forgé à deux tran-
cbants, les Celtibères portaient encore un poignard long
d'un spithame (0,222) dont ils se servaient dans la mê-
lée (5).
Dans la première phase de Ilallstatt, l'épée de fer est une
grande épée, d'un mètre de long, à deux tranchants, élar-
gie au milieu, à pointe mousse, à soie plato, à longue poi-
gnée, qui semble une variante agrandie de l'épée de bronze
la plus répandue en Allemagne et dans l'Est de la Gaule.
Cette épée servait à frapper de taille et non d'estoc. On la
trouve à Ilallstatt, surtout dans les tombes à incinération,
quelquefois en Allemagne, plus fréquemment dans l'Est de
la Gaule. On serait tenté de l'identifier à l'épée attribuée
pnr Polybe aux Gaulois Cisalpins si on l'avait trouvée dans
(1) TiTE LiVE, XXII, 46.
(2) Tacite, ylgrico/a, 36.
(3) TiTE Ln^E, XXXVIII, 17.
(4) Suidas, au mot ijiàya'.pa, donne comme source Polybe.
(5) DiODORE, V, 3S. Cf. Pline, xxxiv, 41, 144.
L ETAT
283
ritalie du Nord. Sous l'influence des Grecs et des Italiotcs,
un glaive court et pointu, à fourreau de bronze battu et
dont le pommeau est surmonté d'antennes, apparaît dans
la seconde phase de Hallstatt (1).
L'épée que l'on trouve dans les sépultures gauloises de la
Cisalpine est l'épée de laTène (2), de 0,80 à 0,95 de long, à
tige terminée par un bouton au lieu de soie, à lame large
au sommet, puis rétrécie eu forme de feuille d'olivier. On
distingue de cette épée trois types : effilée à l'époque de la
Tène I, elle est obtuse à l'époque de la Tène II, et 'arron-
die à l'époque de la Tène III (3).
On a trouvé dans des tombes en Normandie, en Cham-
pagne, dans les vallées du Rhône et du Rhin, en Suisse,
dans l'Italie du Nord, en Hongrie, quelquefois à l'époque de
Hallstatt, plus souvent à l'époque de la Tène, des épées tor-
dues, repliées en deux, en trois et même en quatre. M. S.
Reinach pense qu'au moins pour les épées repliées, il s'agit
d'un rite celtique rentrant dans la catégorie de ce que les
ethnographes appellent les brisures intentionnelles ; Polybe
aurait connu des groupes de tombes celtiques contenant
(1) A JîERTRAND ct S. Reinach, Lcs Celtes dans les i^allées du
Pô et du Danube, p. 125 (fig). l'<5-157. Cf. S. Reinach,
Guide illustré du musée de Saint- Germain.,]). 33 (fig.). cf. p. 41.
C JuLLiAN, Histoire de la Gaule, t. i, p. 372, n. 4. Déciie-
LETTE, Manuel, t. ii, p. 717-744. On trouve chez Déchelette,
Manuel, t. ii, appendice m, un inventaire des épées et poignards
de fer de l'époque de Hallstatt découverts en France, et p. 1121
un inventaire semblable pour l'époque de la Tène.
(2) A. Bertrand et S. Reinach, ibid., p. 172-179 ; Cf. p. 87,
88 (fig).
(3) Cf. Dictionnaire archéologique de la Gaule, t. ii, planches.
Gross, La Tène, p. 21-23, pi. i-iv-vii ; Déchelette, A/a-
nuel d'archéologie, t. ii, p. 1106-1128. Revue archéologique, t.
IV, (1861), p. 66, 141, pi. XIII et xiv ; t. x,(1864), p. 337, pi. xxii ;
t. XI, (1865), p. 82. pi. m.
284 ÉpÉEs
des épées repliées et aurait cru que ces épées avaient été
faussées dans le combat (1). La remarque de Polybe sur la
mauvaise qualité des épées gauloises serait donc le résultat
d'une généralisation et d'une interprétation erronées (2).
On a depuis longtemps remarqué qu'il était inconcevable
qu'une nation qui avait toujours le fer à la main n'en eût
connu ni la qualité ni la trempe et qu'avec de telles armes
elle eût gagné des batailles (3). Une épée ondulée, sorte de
yatagan qui est peut-être la p-i/a'-pa de Strabon, et qui
apparaît en Espagne dans les stationset dans les sépultures
des v'-iv*' siècles, semble d'origine grecque (4),
Le fourreau de l'épée de fer est en bois, en bronze ou en
fer ; il est quelquefois orné de gravures représentant la
volute en S ou le triscèle, rarement des sujets figurés. Des
bouterolles ou bases de fourreau, en bronze, à ailettes, ont
été trouvées auprès de plusieurs épées hallstattiennes en
fer (5). D'abord semi-circulaires ou eu forme de trèfle, à
l'époque de la Tène, les bouterolles sont devenues déforme
étranglée, puis rectangulaire (6). Dans les Iles Britanniques,
les bouterolles ont une terminaison bifide et les fourreaux
sont plus richement gravés (7).
A côté de chaque épée, on trouve souvent dans les tom-
(1) S. Reinach, Rei>ue celtique, t. xx, p. 120-121. Verchère
de Reffye, Revue archéologique, t. x, (1864), p. 347.
(2) S. Reinach, L'épée de Brennus, L' Anthropologie, t. xvii
(1906), p. 343-358 ; D. Viollier, Revue archéologique, t. xvii
(1911), p. 130-134.
(3) De SiGRAis, Considérations sur l'esprit militaire des Gau-
lois, Paris, 1774, p. 26.
(4) Déchelette, IManuel d'archéologie, t. ii, p. 1134.
(5) A. Bertrand et S. Reinach, Les Celtes dans la vallée du Pô
et du Danube, p. 154-156. Cf. p. 100.
(6) Déchelette, Manuel, t. ii, p. 1120.
(7) Déchelette, ibid., t. ii, p. 1123 (fig.).
l'état 285
beaux une courte chaîne de plusieurs anneaux, en fil de fer
tordu. Ce sont sans doute les chaînes dont parle Diodore et
qui attachaient l'épée au côté droit du ceinturon (1). On a
trouvé aussi à Hallstatt et à Alaise des plaques de ceinture
gravées ou repoussées (2).
Le guerrier de Montdragon porte une épée suspendue au
côté droit par un ceinturon.
On trouve sur les monnaies le poignard et l'épée à an-
tennes (3) .
La pièce la plus caractéristique de l'armement gaulois
était le bouclier. C'est à la forme du bouclier que les Gau-
lois de Brennos pouvaient se reconnaître (4).
Les boucliers que les Aduatuci se fabriquent à la hâte,
sont en écorces ou en osier recouvert de peaux (o). Les bou-
cliers des HeU'eLii étaient transpercés et cloués ensemble
par les javelots romains (6). D'après Diodore (7), les bou-
cliers gaulois sont aussi hauts qu'un homme, et chacun les
orne à sa manière. Quelques-uns portent des figures d'ai-
rain en bosse représentant des animaux et travaillées avec
beaucoup d'art. D'autres sont peints de diverses couleurs
ou ornés de ciselures d'or ou d'argent (8). Les boucliers des
(1) J. de Baye, Revue archéologique, t. xxxiv, (1877), p. 43.
Dictionnaire archéologique de la Gaule, t. ii, planches. Déche-
LETTE, Manuel d'archéologie, t. ii, p. 1115.
(2) Dictionnaire archéologique de la Gaule, t. ii, planches.
(3) Blanchet, Traité des monnaies gauloises, p. 161,
(4) Pausanias, X, 23, 8.
(5) César, Guerre de Gaule, ii, 33.
(6) Ihid., I, 25. Cf. Plutarque, Camille, 41, 5.
(7) Bibliothèque, v, 30.
(8) Diodore, v, 30 ; Cf. Tite Live, 10 ; Florus, m, 2 ; Plu-
tarque, César, 27 ; Lucain, i, 398. Les boucliers des Germains
étaient peints de couleurs choisies. Tacite, Germanie, 6. Voir
i-dessus, p. 270, 451 ; Sinus Italicus, iv, 153.
Cl
286 BOUCLIERS
Cisalpins ne couvraient pas suffisamment les soldats, re-
marque Polybe (1), et plus ceux-ci étaient grands, plus ils
étaient exposés aux traits. Les ijoucliers des soldats de
Brennos pouvaient leur servir ce radeaux pour traverser un
fleuve; ils ressemblaient beaucoup aux viopa; des Perses (2).
Le bouclier (caetra) des Bretons était petit (3). Les Gelti-
bères portaient soit des boucliers gaulois, soit des boucliers
(x'jpxia) ronds (4).
Les boucliers figurés sur les statues représentant des
Gaulois sont de forme oblongue, mais non de la liauteur
d'unhomme. Tels sont les boucliers du Gaulois mourant du
Capitole, du groupe de la villa Ludovisi, du jeune Gaulois
mort de Venise (o). Sur la statue trouvée à Montdragon le
long bouclier (1°,33 x O^^jôo) présente des stries au moyen
desquels le s-cnlpteur semble avoir voulu indiquer que le
bouclier était on bois (6). On le trouve aussi sur le chau-
dron de Gundestrup, sur une situle de la Gertosa et sur
un fourreau d'épée de Ilallstatt. Sur l'autel des nanuie
Parisiaci, trois hommes coiffés d'un bonnet portent des
boucliers ovales ; trois autres hommes portent des bou-
cliers hexagonaux. Sur l'arc de triomphe d'Orange sont
figurés :ies boucliers gaulois, très grands et de forme
(1) Histoires, ii, 30. Titf. Live, xxxviii, 21, 4, dit la même
chose des Galates. Virgile, Enéide, viii, 002, dit seulcmenl :
scuiis prolecti corpora longis. Cf. longis Suessioncs in armi>,
LucAiN, I, 423.
(2) Pausanias, X, 20, 8 ; x, 19, 4. Cf. viii, 50, 1.
(3) Tacite, Agricola, 36. Hérodien, m, 14, 8.
(4) DioDORE, V, 33.
(5) S. Reinach, Répertoire de la statuaire grecque et romaine,
t. i, p. 530, 498, 531.
(6) S. Reinach, Catalogue sommaire du musée des antiquités
nationales, p. 167, note. Répertoire de la statuaire grecque et ro-
maine, t. Il, p. 196.
l'état 287
ol)longuc ou hexagonale avec une bordure et une large
bosse ou iimbo reliée à une armature en forme de croix à
branches contournées; quelques-uns de ces boucliers sont
décorés de grues, de croissants, d'étoiles, d'anneaux et
portent des noms d'hommes (1). Les monnaies gauloises
offrent des boucliers en losange ou en hexagone avec ou
sans iimbo (2).
A l'époque de Hallstatt, on ne trouve pas de bouclier en
métal; on a découvert en Bavière les restes d'uu bouclier
rectangulaire en bois, de 0,90 de haut sur 0,jo de large,
muni d'un cadre de fer et portant au centre deux grands
umbo géminés à sommet conique (3). Un bouclier en bois
découvert à la station de la Tène mesure dans son état ac-
tuel 1",04 de long sur 0"\28 de large (4). A partir de la
Tène II on rencontre fréquemment des umbo de boucliers,
en bronze ou en fc^r, dont la partie centrale est tantôt semi-
cylindrique, tantôt ellipsoïdale, puis conique ou hémisphé-
rique. Deux boucliers de bronze, richement décorés de co-
rail et d'émail, ont été découverts en Grande-Bretagne (5).
On a recueilli diverses garnitures de bouclier en fer et
en bronze (6). Les poignéps sont en forme de demi-brace-
lets.
Les Irlandais de l'ancienne épopée portent des boucliers
(1) F. de Saulcy, Journal des savants, 1880 p. 77.
(2) Laurent et Dugas, Revue des études anciennes, t. ix, p. 64,
note 5. Blanchet, Traité des monnaies gauloises, p. 161.
(3) DÉCHELETTE, Muiiuel d'urcliéologie, t. ii, p. 719.
(4) DÉCHELETTE, ibid., p. 1170-1171 (fig).
(5) Briiisli Muséum, Guide io the earbj iron âge, p. 93. Dé-
ciiELETTE, Manuel d'archéologie, t. ii, p. 1174-1176 (l'ig).
(6) Revue archéologique, t. xvi, (1867), p. 71 ; t. xxxviii (1879),
p. 217-218. Dictionnaire archéologique de la Gaule, t. i, planches.
Gross, La Tène, p. 27, pi. vu.
288 CUIRASSES
ovales en osier recouvert de peau, souvent de la taille d'un
homme (1).
Diodore nous dit que chez les Gaulois, les uns portent
des cottes de mailles de fer et que d'autres, contents de
leurs avantages naturels, combattent nus (2). D'après Var-
ron, la cotte de mailles en fer, sorte de tunique formée
d'anneaux, est d'origine gauloise (3). A la Tiefenau, en
Suisse, on a trouvé des restes d'une cotte de mailles de ce
genre (4).
Le chef gaulois de Vachères (Basses-Alpes) porte une
sorte de haubert en mailles de fer (o). Sur les trophées de
Pergame est figurée une cotte de mailles ainsi qu'une cui-
rasse ornée de croix gammées et de signes en S (6). Le
guerrier de Grézan, qui peut être un Celto-grec, porte une
cuirasse ornée de dessins géométriques (7). Les Celtes qui
combattirent Antlochus Sôter portaient des cuirasses de
bronze (8).
On trouve, h l'époque de Hallstatt, quelques cuirasses
en bronze de type grec archaïque (9).
Le roi des Gaesaii tué par Marcellus avait une armure
(TiavoTrÀîa) ornée d'or, d'argent, de broderies et de vives
(1) Joyce, A social hislory of ancient Ireland, t. i, p. 125.
(2) Bibliothèque, v, 30, 3 ; cf. 29, 2 ; Tite Live, xxxviii, 21, 9
(Gaulois d'Attale).
(3) Delà langue latine, v, 24, 116. Cf. au contraire Polybe, vr,
23, 15. Mais chez les Aedui, il y avait des gladiateurs couverts
d'armures en fer {cruppcllarii). Tacite, Annales, ni, 43.
(4) Gross, La Tène, p. 26.
5) Revue archéologique, t. xsiu (1893), p. 270, pi. xix ; S. Rei-
NACH, Répertoire de la statuaire ii, p. 196.
(G) S. Reinach, Revue archéologique, t. xiii (1889), p. 199.
(;) EspÉRANDiEC", RecucH clcs bas-rcUefs de la Gaule romaine,
t. I, p. 295.
(8) Lucien, Antiochos, 8. Cf. Appien, Syriaques, 32,
(9) Déchelette, Manuel, t. 11, p. 719.
I
L ETAT
289
couleurs (1). Le chef boïen Crixus, lue en 218, portait,
d'après Silius Italicus, une cuirasse de cuir recouvert de
liu plissé (2). Mais les Celtes qui envahirent la Grèce et
ceux qui prirent Rome n'avaient pas d'autre arme défen-
sive que le bouclier (3). Les Gaulois d'Annibal étaient nus
jusqu'au nombril (4).
Les casques sont en airain, garnis de grandes saillies, et
donnent à ceux qui les portent un aspect tout fantastique.
A quelques-uns de ces casques sont fixés des cornes ; à
d'autres, des figures d'oiseaux ou de quadrupèdes en re-
lief (S). Ceux des Celtibères portaient une aigrette de
pourpre (6). On voit des casques à cornes, quelquefois
munis de joues (7), sur l'arc de triomphe d'Orange, sur le
monument de Biot, sur le monument des Jules à Saint-Remy,
sur le vase d'argent de Gundestrup, sur des monnaies ro-
maines représentant des Gaulois (8) ; mais, sur des mon-
naies gauloises, le casque est une simple calotte sphé-
(1) Plutarque, Marcellus, 7 ; 8 ; cf. César, 27.
(2) Puniques, iv, 290.
(3) Pausanias, X, 21, 2 ;'Denys (I'Halicarnasse, xiv, 9,
13 (Discours de Camille)
(4) TiTE LivE, XXII, 46.
(5) DioDORE, V, 30. Cf. Revue archéologique, t. xxix, (1875),
r. 244, pi. IX ; t. ii, (1883), p. 273, (fig.) ; t, xiii (1889), p. 199.
Les cîsques des Cisalpins sont mentionnés par Silius Italicus,
I, 624 iv 213 ; mais les casques coniques sont attribués aux
LigureSj i, 627. Le texte de Diodore a été rapproché par Ber-
trand (Rei^ue archéologique, t. xxiv (1894), p. 167), d'un texte
de Plutarque (Marius, 26) sur les casques des Cimbres, qui se
terminaient par des mufles de bêtes sauvages.
(6) Diodore, v, 33.
(7) Rei^nie des études ancienues, t. iK,-pl.v. Espérandieu, iîecueiZ
général, n°^ 24, 114.
(8) Revue archéologique, t. xxiv (1894), p. 162.
G, DoTTiN. — Manuel de l'antiquité celtique. 19
290 CASQUES
rique (1). Les casques des trophées de Pergatne sont
terminés par une pointe. Le casque de Grézan a une cri-
nière. En général, les guerriers gaulois représentes sur les
monuments figurés ont la tête nue. On ne trouve pas de
casque en métal de l'époque de Hallstatt en pays cel-
tique (2). Les casques, assez rares, de l'époque de la Tène
sont en forme d'ogive à crête avec ou sans pointe ou bien
en forme de cônes (casques d'Amfreville, de Berru et de la
Gorge Meillet) (3). Un casque en bronze découvert dans la
Tamise porte deux cornes droites très [divergentes (4)-
Le casque de Breuvannes est orné de cornes d'urus (5).
Lors de la guerre des Romains contre Caratacus, les
Bretons n'avaient ni casques ni cuirasses (6). Il en est de
même des soldats de Boudicca [1), des Bretons que combat
Septime Sévère (8) et des Irlandais de l'ancienne épopée (9).
Les Geltibères se préservaient les jambes au moyen de
jambières faites de crin ou de poil (10).
César mentionne seulement les enseignes de guerre des
Gaulois, militaria signa, sans nous les décrire (11). Nous
(1) H. de La Tour, Atlas de monnaies gauloises, pi. xii, n°
3775.
(2) Déchelette, Manuel, t. ii, p. 719.
(3) S. Reinach, article Galea dans le Dictionnaire des anti-
quités grecques et romaines de Saglio ; Esquisses archéologiques,
p. 61-63.
(4) Read and Smitii, British Muséum, Guide ta the early
iron âge, p. 88 (fig).
(5) E. Flouest, Mémoires de la Société des antiquaires de
France, t. xliii, p. 69.
(6) Tacite, Annales, xii, 35.
(7) Dion Cassius, lxii, 12.
(8) IIÉRODIEN, III, 14, 8.
(9) Tâin Bô Cualnge, éd. Windisch, introduction, p. xviii.
(10) DiODORE, V, 33.
(11) Guerre de Gaule, vu, 2.
l'état 291
savons par ailleurs que ces enseignes étaient plantées en
terre lorsque l'armée s'arrêtait et qu'on les arrachait avant
de partir (1), qu'elles étaient fort nombreuses, puisque les
Romains, dans les batailles où ils vainquirent les Gaulois,
purent s'emparer quelquefois de plusieurs centaines d'en-
seignes (2). A Alésia, on apporta à César soixante-quatorze
enseignes gauloises (^3). Chez les Insubres, il y avait des
enseignes en or dites immobiles (à/v/^^oj; Ityoïx^/a.:;) que
l'on gardait dans un temple d'Athênà (4). Nous ne savons
si les Coralli de Thrace, qui avaient pour enseignes des
roues et des sangliers, sont des Celtes (5).
Sur l'arc de triomphe d'Orange et la cuirasse de la statue
d'Auguste sont figurées des enseignes gauloises. Ce sont
des perches surmontées d'un sanglier. On retrouve ces en-
seignes sur les monnaies de divers peuples gaulois (les Aii-
lerci Ebiirovices, les Caleti, les Veliocasses, les Leiici, les
Aediii) et bretons, ainsi que sur quelques monnaies ro-
maines représentant des Gaulois (6). Un assez grand nombre
de sangliers -enseignes en bronze ont été découverts en
Gaule (7).
(1) TiTE LivE, V, 37; cf. 39.
(2) TiTE LivE, XXXI, 21 ; xxxiii, 23 ; 36 ; xxxv, 5. César,
Guerre de Gaule, vu, 88, 4.
(3) Guerre de Gaule, vu, 88.
(4) PoLYBE, II, 32. Cf. les enseignes des Germains conservées
dans les bois sacrés. Tacite, Germanie, 7.
(5) Valerius Flaccus, Argonautiques, vi, 88. S. Reinach,
Revue celtique, t. xx, p. 127.
(6) S. Reinach, Description raisonnée du musée de Saint-
Germain-en Laye, t. ii, p. 255. Laurent et Dugas, Revue des
études anciennes, t. ix, p. 64.
(7) S. Reinach, ihid., t. ii, p. 268-270. Espérandieu, Recueil
général, n°^ 24, 260, 695, 737. Cf. les enseignes des Germains qui
représentaient des bêtes sauvages. Tacite, Hisi,oires, iv, 22.
292 TROMPETTES
La trompette gauloise, xâp vjï, rendait un son rauque ou
aigu ; elle n'était pas très grande ; le pavillon était en
forme d'animal, le tube en plomb ; on la fabriquait en mé-
tal fondu (1). Les Cisalpins avaient une quantité considé-
rable de buccins et de trompettes {'^■s/.x^rr-ùyi ■/.■x\ iolI-'.-c/.-.ùj-j)
dont le bruit, s'ajoutant aux cris de guerre de toute l'armée,
était répercuté par les alentours (2). Vercingétorix fait
donner par la trompette le signal du combat (3). C'est au
son de la trompette que l'assemblée des Bellovaci se réu-
nit (4). La trompette gauloise est souvent représentée sur
les monuments figurés ; on la trouve à côté du Gaulois
mourant du musée Capitolin ; sur des monnaies gauloises
et sur le chaudron de Gundestrup ; sur les soubassements
de la colonne Trajane ; sur le monument de Biot; dans les
trophées de l'arc de triomphe d'Orange ; sur une peinture de
Pompéi, dans les mains d'une Victoire ailée. Sur la cuirasse
de la statue d'Auguste de la villa de Livie, une femme
qui paraît symboliser la Gaule tient à la main une trompette
à tête de dragon analogue à celles que portent des monnaies
romaines représentant des Gaulois (5). On a trouvé en
Irlande des trompettes de bronze qui rappellent celle du
Gaulois mourant (6).
(1) DioDORE, V, 30. EusTATHE, ttil lUdda, s 219. Cf. Lucain,
431-432.
(2) POLYBE, II, 29.
(3) Guerre de Gaule, vu, 81, 3.
(4) Guerre de Gaule, viii, 20.
(5) S. Reinach, Revue archéologique, t. xiii, (1889), p. 230.
Rayet, Monuments de l'arl antique, t. ii, pi. 71. Bertrand, La
religion des Gaulois, p. 376, pi. xxxi. Revue des études anciennes,
t. IX, pi. VI. Froehner, La colonne Trajane, t. i, pi. 7, 8, 11, 12,
17, 21, 22, 23. Saglio, Dictionnaire des antiquités grecques et ro- .
maines, article carnyx. Voir ci-dessus, p. 268.
(6) Journal o{ the royal, historical and archaeological asso-
ciation of Ireland. (1875), p. 422.
L ETAT
293
L'cpée, le javelot, la lance, le torques, le cornyx, l'en-
seigne et le cheval figurent comme emblèmes guerriers sur
des monnaies gauloises (l).
Certains cris de guerre avaient une signification particu-
lière. Outre le cri que les Gaulois poussaient en abordant
l'ennemi, il y avait encore le cri de victoire, et le cri pour
demander à parlementer (2). En signe de paix, pour se faire
connaître d'alliés, les soldats se découvraient l'épaule
droite (3).
Tous les détails que l'on peut recueillir sur les coutumes
militaires des Celtes nous montrent l'Etat celtique organisé
en vue de la guerre : guerres d'invasion et de conquête,
guerres de défense contre l'envahisseur. C'est presque uni-
quement là qu'apparaît le pouvoir collectif des citoyens,
qui, pas plus qu'il ne règle les rapports entre les particu-
liers, ne s'occupe, semble-t-il, des croyances et des institu-
tions religieuses.
(1) C. JuLLiAN, Histoire de la Gaule, t. ii, p. 350.
(2) Guerre de Gaule, v, 37 ; 26.
(3) Ibid., VII, 50.
CHAPITRE V
LA RELIGION (1)
Difficultés de cette étude. — Les diviuités assimilées chez les
écrivains de l'Antiquité et dans les inscriptions gallo-romaines.
— Les divinités à nom celtique : Taranis, Tentâtes, Esus,
Ogmios, les Mères. — Les monuments figurés, le Taureau, le
Bûcheron, les dieux cornus, l'Anguipède ; le dieu au maillet,
le dieu à la roue ; Epona ; les divinités des eaux ; les villes di-
vinisées ; les dieux et leurs parèdres. — Signes symboliques.
— La divination. — Restes du culte des animaux et des
plantes. — Les enceintes sacrées et les temples. — Les sta-
tues. — Los offrandes. — Les prières. — Les libations. — Les
sacrifices. — La croyance à l'immortalité de l'âme.
I
Les notions que nous pouvons glaner chez les auteurs de
l'Antiquité sur la religion des Celtes se répartissent sur
(1) Sur la religion des Celtes, voir la bibliographie donnée par
J. Déchelette, Renie de synthèse historique, t. m, p. 50-53, et
quelques ouvrages généraux : H. Gaidoz, article Gaulois dans
l'Encyclopédie des sciences religieuses de F. Licutenberger,
t. V, p. 428-441, Paris, 1879 ; A. Bertrand, La religion des
Gaulois, les druides et le druidisme, Paris, 1897 ; C. Jui.lian,
Recherches sur la religion gauloise, Bordeaux, 1903 (extrait de la
Rame des éludes anciennes, t. iv-vi) ; Histoire de la Gaule, t. i,
p. 356-359 ; t. ii, p. 113-181 (bibliographie, p. 113) ; E. Anwyl,
Ancient Ccltic goddesscs [The Celtic Review, t. m, p. 26, 51) ;
Ch. Renel, Les religions de la Gaule aidant le christianisme,
Paris, 1907.
LA RELIGION 295
plusieurs siècles et s'étendent à toutes les contrées où les
Celtes ont séjourné. Nul n'oserait affirmer que du ni" siècle
avant J.-C, où vivait Timée, au temps d'Ammien Mar-
cellin (iv- siècle après J.-C), les pratiques religieuses des
Gaulois fussent demeurées immuables. On ne pourrait avec
plus de raison soutenir que les Galates d'Asie Mineure, les
Celtibères d'Espagne, les Gaulois de la Cisalpine, les Celtes
qui pillèrent Delphes et ceux qui prirent Rome, les Gaulois
transalpins et les Celtes de Grande-Bretagne eussent pro-
fessé les mêmes doctrines et adoré les mêmes dieux, sans
que le contact avec des nations étrangères eût en rien altéré
les vieilles croyances de la race. Les témoignages des an-
ciens sur la religion des Celtes ne peuvent donc être
utilisés qu'avec prudence ; dispersés dans l'espace et dans
le temps, de valeur et d'importance variable, ils se prêtent
malaisément à une construction d'ensemble. A peine a-t-on
quelques preuves de l'identité de certaines croyances ou
coutumes religieuses chez les divers peuples celtiques.
Tacite a signalé les rapports que présentaient les insti-
tutions religieuses des Bretons avec celles des Gaulois (1).
Certaines divinités se rencontrent sur divers points du
monde celtique (2).
Les inscriptions trouvées en pays celtique et contenant
des dédicaces à des dieux se rencontrent en France, en
Allemagne, dan^ les Pays-Bas, en Grande-Bretagne. Mais
on ne peut être sûr d'avoir affaire à des divinités celtiques
si l'on n'a d'autre raison de le supposer que la provenance
de l'inscription. On peut fort bien rencontrer en pays cel-
tique une dédicace à une divinité étrangère ou vice versa.
(1) Agiicola, 11. Le texte semble d'ailleurs corrompu.
(2) Ci-après, p. 305, 314.
296
METHODE
La grammaire comparée seule permet de résoudre la ques-
tion. Il faut que le nom de la divinité s'explique par les
langues celtiques, ou soit apparenté à des noms dont la
provenance celtique n'est pas douteuse, pour que ce nora
ait droit de figurer dans une histoire de la religion des
Celtes. Quant aux divinités dont le nom n'est pas celtique,
en l'absence de textes historiques, il est impossible de dé-
cider si elles ont été ou non adorées par les peuples celtiques.
En dehors des textes et des inscriptions, nous n'avons
plus de documents qui nous permettent d'étudier directe-
ment la religion des Celtes. Gomment déterminer l'origine
des dieux anonymes dont on a trouvé de nombreuses et
caractéristiques représentations figurées? Un très petit
nombre de ces monuments sont antérieurs à la conquête
romaine. Sont ils des vestiges des cultes locaux antérieurs
à l'invasion des Celtes en Gaule, ou des survivances de la
religion des Celtes, ou ont-ils été introduits en Gaule par
les marchands et les légionnaires romains ? Rien ne nous
permet de le déterminer. Les statues gallo-romaines qui
nous semblent représenter des dieux gaulois pourraient
être des déformations successives de statues grecques,
comme les monnaies gauloises sont des dégénérescences de
monnaies grecques. Il faut prendre garde, aussi, que des
statuettes artistiques peuvent ne pas avoir la signification
religieuse que nous leur prêtons.
Les monnaies ou les médailles gauloises, quand elles ne
sont pas imitées des monnaies grecques, peuvent offrir des
représentations de dieux ou de symboles religieux sans
qu'il soit toujours possible d'attribuer avec sûreté ces re-
présentations à la religion des Celtes (1).
(1) Voir des articles de A. de Barthélémy dans la Renie
LA RELIGION 297
On peut rechercher dans quelques noms de lieux les
noms des divinités celtiques sous la protection desquelles on
aurait mis une demeure nouvellement fondée. Mais, comme
les noms divins ont été de bonne heure employés pour dé-
signer des hommes, on a souvent à se demander si au lieu
d'un dieu ce n'est pas plutôt d'un homme à nom divin que
tel ou tel lieu tire son nom. On se tromperait beaucoup si
l'on croyait que tous les anciens Mercuriacus de France,
devenus aujourd'hui Mercuray, Mercurey, Mercoirey, Mer-
cury sont dérivés du nom de dieu Mercurius. Ils pro-
viennent plus vraisemblablement du gentilice romain Mer-
curius, assez fréquent dans les inscriptions, et au lieu de
désigner l'emplacement de temples de Mercure, dénomment
simplement le fandiis, la propriété d'un Gallo-Romain
du nom de Mercurius. 11 en est de même de Martiacns (1),
Enfin, on s'est demandé si l'on ne pouvait trouver dans
l'ancienne littérature des Irlandais et des Gallois des traces
de la mythologie celtique (2). Cette littérature ne nous a
conservé rien de semblable aux Eddas Scandinaves ou aux
Védas indous. L'épopée irlandaise a été remaniée sous
l'influence des idées chrétiennes, et on n'y trouve guère de
traces d'offrandes ou de prières à des divinités (3). Les élé-
numismatique, 1884, p. 179-202, et dans la Revue celtique, t. i,
p. 291-298 ; t. ix, p. 26-35 ; t. xii, p. 309-316 ; A. Bertrand,
La religion des Gaulois, p. 228-244 ; Blanchet, Traité des mon-
naies gauloises, p. 152 ; Jullian, Histoire de la Gaule, t. ii, p. 347.
(1) H. d'Arbois de Jubainville, Recherches sur l'origine
de la propriété foncière, p. 270-275, 447-448.
(2) Voir ci-dessus, p. 2-4.
(3) Les formules de serments, seules, font mention de dieux.
Joyce, A social history of ancient Ireland, t. i, p. 250. Cf. Revue
archéologique, t. xi (1908), p. 8. Dans les documents relatifs à
la vie de saint Patrice, il est quelquefois question des idoles
298 IRLANDE ET GALLES
ments merveilleux qui y abondent sont des faits de magie
et de sorcellerie, ainsi que les prodiges variés que l'on ren-
contre dans les contes populaires. Essayer de déterminer à
l'aide des épisodes de la vie d'un héros irlandais les attri-
buts primitifs de la divinité dont il peut être une transfor-
mation évhémériste demande beaucoup d'ingéniosité et
d'érudition ; il est douteux que les résultats acquis à la
science soient jamais équivalents aux efforts dépensés à ces
recherches curieuses (1). La comparaison de l'épopée irlan-
daise avec les textes grecs et latins et les monuments de
l'épigraphie gallo-romaine ne peut nous donner que des
rapprochements de coutumes ou de noms propres; cou-
tumes signalées comme particulières aux Celtes et conser-
vées ou modifiées dans quelque mesure par les Gaëls d'Ir-
lande ; noms ou épithètes de dieux gallo-romains servant
on Irlande à désigner des guerriers ou des artisans fameux.
Mais il est invraisemblable que les idées religieuses des
Celtes de l'île d'Erin telles qu'elles nous apparaissent dans
des poèmes épiques rédigés sans doute au vn^ siècle ne
soient pas très différentes des conceptions théologiques des
Gaulois du temps de César, et il serait sans doute imprudent
de restituer à laide de l'épopée irlandaise le vieux Pan-
théon celtique. La littérature du Pays de Galles ne nous
offre pas plus de ressources pour l'étude de la mythologie
qu'adoraient les Scots [The Tripartite life of Patrick, éd. Slokes
(Rolls séries), London, 1887, p. 369, 1. 20) ; et la Confessio do
saint Patrice iéd. White, § 19i mentionne l'offrande de miel sau-
vage en sacrifice.
(1) H. d'Arbois de Jub.\inville, Le cycle nujlhologique ir-
landais et la mythologie celtique (Cours de littérature celtique, t. ii),
Paris, 1884 ; J. Ruys, Lectures on the origin and growth of reli-
gion as illustrated by Celtic heathendom, London, 1888 (The Hib-
bert lectures, 1886).
LA RELIGION 299
celtique. On y peut trouver quelques éléments des mythes
familiers aux Celtes des Iles Britanniques sans que Ton
puisse déterminer si ces mythes ont été connus des Celtes
du continent (1).
Les sources de l'histoire religieuse des Celtes, mani-
festement insuffisantes, ne pourront fournir les éléments
d'un exposé suivi, qu'à condition que l'on comble par l'in-
terprétation et l'hypothèse les lacunes considérables
qu'elles laissent dans nos connaissances. Tous les efforts
du critique devront tendre à ne pas franchir la limite qui
sépare une hypothèse scientifique d'une pure conception de
l'esprit.
I
Le texte le plus expUcite que nous ayons sur les dieux
gaulois se trouve chez César (2). Il semble bien que César
rapporte, non le résultat de ses observations personnelles,
mais l'opinion d'écrivains antérieurs à lui. S'il eût étudié
lui-même la religion gauloise, il est probable qu'il aurait
été à la fois moins précis et plus exact. D'après César, le
dieu que les Gaulois honorent le plus est Mercure ; ils le
regardent comme l'inventeur de tous les arts, comme le
(1) Sur ce sujet, outre les ouvrages de H. d'Arbois de Ju-
bainville et J. Rhys, il faut encore citer les nombreux ouvrages
de A. Nutt et particulièrement Stiidies on the legend of the hohj
Grail with especial références to the hypothesis of its Celtic origin,
London, 1888, et un article intitulé Celtic mijth and saga dans
The folklore journal, t. ii, p. 234 et suiv. Les différences entre la
religion des Celtes continentaux et celle des Celtes insulaires
ont été notées par H. d'Arbois de Jubaiisville, Les Celtes de-
puis les temps les plus anciens jusqu'en l'an 100 avant notre ère,
Paris, 1904, p. 31-67.
(2) Guerre de Gaule, vi, 17.
300 DIEUX
guide des routes et des voyages et comme très puissant pour
toute sorte de gains et de commerce (1). Après lui, ils adorent
Apollon, Mars, Jupiter et Minerve. Ils ont de ces divinités
à peu près la même idée que les autres nations : Apollon
guérit les maladies (2) ; Minerve enseigne les éléments de
l'industrie et des métiers (3) ; Jupiter tient l'empire du ciel;
Mars, celui de la guerre ; c'est à lui, lorsqu'ils ont résolu de
combattre, qu'ils font vœu, d'ordinaire, de consacrer les dé-
pouilles de l'ennemi.
Ce passage ne laisse pas de prêter à la critique. Est-il
possible que les peuples gaulois, que César nous représente
comme différant entre eux par la langue, les mœurs et les
• lois (4), aient eu les mêmes cinq divinités ? Quels étaient les
noms de ces dieux et de cette déesse dans la langue des
Celtes 1 Une assimilation aussi complète entre ces cinq di-
vinités romaines est-elle vraisemblable "? On est tenté de
rappeler l'opinion d'Asinius Pollion qui pensait que les
Cominenlaircs de César étaient composés avec pou de soin
et d'exactitude (5). Mais César lui-même prend soin de
nous avertir que ces assimilations ne sont que des h peu
près : de Iiis eandem Icvcquaffi reliquœ gentes hahent opi-
nioiiem ; et il assimile les attributs des dieux celtiques non
(1) Cf. Mercurio Veatori (Corpus inscriptionum latinarum,
t. XII, n» 1084) ; Deo Mercurio Cultori (t. xiii, n» 6594). Les
déesses des routes, matres biviae, triviœ, quadriviae, sont fré-
quentes en Gaule.
(2) Cf. « Apollini Mapono, pro sainte d. n. [C. I. L., t. vu,
11° 218).
(3) Cf. « Minervas dolubrarii, Minervaî seneatores (Corpus
i?iscriptio?ium rhenanarum, n^^ 677, 1738).
(4) Guerre de Gaule, i, 1.
(.5) Suétone, César, 56.
LA RELIGION 301
pas tant à ceux des dieux romains qu'à ceux des dieux des
autres nations.
Quoi qu'il en soit, César ne nous donne des dieux gau-
lois qu'une pliysionomie incomplète, sinon inexacte. La
plupart des auteurs de l'Antiquité ne font pas preuve d'un
sens critique plus affiné. Au temps des migrations des
Celtes, leur plus grand dieu semble Arès-Mars (1). Chez
les Insubres, il y a un temple d'Athènà où l'on abrite les
enseignes de guerre (2). La déesse des Bretons est, d'après
Solin, une Minerve dans le temple de laquelle brûle un feu
perpétuel (3). La principale divinité des Galates était Ar-
témis (4). En 223, des Celtes vouent à Vulcain les armes ro-
maines (5). Varron prétend que c'était à Saturne que les
Gaulois immolaient des hommes (6).
Les Celtes riverains de l'Océan ont une vénération parti-
culière pour les Dioscures et, selon une tradition qui re-
monte chez eux aux temps anciens, ces dieux arrivèrent
par l'Océan (7).
Enfin la légende d'Héraklès a été mise en relation avec
Tancienne histoire de la Gaule. Diodore rapporte qu'Hé-
raklès, ayant rassemblé s^es troupes, s'avança jusqu'à la
(1) Callimaque, IV, 173 ; Florus, ii, 4 ; Silius Italicus,
IV, 200-202 ; Ammien Marcellin, xxvii, 4, 4.
(2) PoLYBE, II, 32, 6. Cf. Justin, xliii, 5, 5.
(3) Collection de choses nien>eilleiises, 22, 10.
(4) De la vertu des jemmes, 20 ; De l'amour, 22. Cf. Usener,
Rheinisches Muséum, t. l (1895), p. 147 ; S. Reinach, Cultes,
mythes et religions, t. i, p. 272-278.
(5) Florus, ii, 4.
(6) Saint Augustin, De lu cité de Dieu, vu, 19. Cf. Denys
d'Halicarnasse, i, 38, 2 ; Tertullien, Apologétique, 9, qui
dit Mercure au lieu de Saturne.
(7) Diodore, iv, 56, 4. Cf. Revue archéologique, t. xxxix
(1901), p. 35 ; D'Arbois de Jubainville, Les Celtes depuis les
temps les plus anciens, p. 57-67. Voi* ci-après, p. 318.
302 HÉRAKLÈS ^
Celtique, la parcourut tout entière, abolissant les coutumes ^
contraires au droit, comme celle du meurtre des étrangers.
Une multitude d'hommes de toutes les nations étant venus
se joindre volontairement à son armée, il fonda une ville
très grande, celle qui en raison de sa course errante (aXr,i;)
s'appela Alesia. Il mélangea aux premiers habitants un
grand nombre d'indigènes ; comme ceux-ci étaient plus
nombreux que les autres, il arriva que toute la population
devint barbare. Cette ville est en honneur parmi les Celtes
qui la regardent comme le foyer et la métropole de toute la
Celtique. Elle est demeurée libre et imprenable depuis
Héraklès jusqu'à Jules César. Passant de la Celtique en
Italie, Héraklès traversa les Alpes. Il rendit la route, de
rude et difficile qu'elle était, accessible à une armée avec
tous ses bagages. Les Barbares qui habitaient cette région
montagneuse avaient coutume de piller et de massacrer
dans les passages difficiles les troupes qui les traversaient.
Héraklès les soumit tous, et après avoir puni les chefs des
brigands il assura pour l'avenir la sécurité de ces pas-
sages (1).
Pour aller d'Italie en Celtique et chez les Celto-ligures et
les Ibères, il y a une route que l'on appelle route d'Héra-
klès ; l'étranger qui y passe est sous la protection des habi-
tants et s'il lui était fait quelque injustice^ ceux chez qui
l'injustice aurait lieu devraient la réparer (2).
Une autre légende fait d'Hercule l'exterminateur de deux
cruels tyrans, Géryon et Tauriscus, dont l'un dévastait les
(1) DiODORE, Bibliothèque, iv, 19. C. Jullian, Pro Alesia,
t. I, p. 145-146. Cf. Hérodote, v, 8-10, qui place le voyage
d'Héraklè» on Scylhie.
(2) Pseudo-Aristote, Des singularités merveilleuses, 85,
LA nELIGION 303
Espagnes et l'autre les Gaules ; et de son commerce avec
diverses Gauloises de noble famille, Hercule eut un grand
nombre d'enfants qui donnèrent leur nom aux pays qu'ils
gouvernaient (1). La fille du roi de la Celtique lui donna
un fils nommé Galatès (2).
D'après d'autres, d'Héraklès et de l'Atlantide Astéropê
naquirent deux fils, Ibéros et Keltos (3). Parthénios raconte
que Keltos est né de l'union d'Héraklès avec Keltinê, fille
de Bretannos (4), chez lequel était arrivé Héraklès après
avoir erré dans le pays des Celtes.
Peut-être aussi faut-il compter au nombre des dieux gau-
lois le Dispater dont les Gaulois se prétendaient tous issus ;
l'usage de compter le temps par nuits et non par jours se
rattachait à cette croyance (5). Dis^ Ditis pourrait être la
forme latinisée d'un nom celtique conservé en irlandais
sous la iormedilh, « mort, destruction ».
D'autre part, il faut rappeler que le nom qui désigne la
divinité chez les peuples indo-européens, *deivos, existe
dans toutes les langues celtiques : irl. dia, gall. c?u'y,»bret.
doué. La racine de ce mot, div, deiv signifie « briller » ;
'deivos est donc vraisemblablement la lumière du jour di-
vinisée (6). A quelle époque fut elle remplacée chez les
Celtes par le dieu de la nuit ?
(1) Timagène, chez Ammien Marcellin, xv, 9.
(2) DiODORE, V, 24. Voir L. Berthoud, Pro Alesia, t. i,
p. 154-156 ; A. T. Vercoutre, ibid., t. ii, p. 193-194 ; C. Jul-
LiAN, ibid., p. 241-242.
(3) Denys d'Halicarnasse, XIV, 1, 3.
(4) Erotiques, 30. D'après Appien, Illyriques, 2, Keltos est
fils de Polyphème et de Galatée.
(5) Guerre de Gaule, vi, 18. Diespiter chez Sénèque, Apoko-
lokyniose, 9 ; H. Gaidoz, Dispater etAerecura, Revue archéolo-
gique, t. XX (1892), p. 198.
(6) Rhys, Hibbert lectures, p. 116-118.
304 SURNOMS UES DIEUX
Si des écrivains nous passons aux inscriptions latines en
pays celtiques, nous y retrouvons les noms des cinq grandes
divinités romaines, avec des épithètes variées.
Mercure : Alaunius (1), Arcecius, Artaius, Arvernorix,
Arvernus, Adsmerius, Biausius, Canetonessis, Cimiacinus
Cissonius, Clavariatis, Dumiatis, Magniacus (Macniacus .
Moccus, Naissatis, Vassocaletis (2), Vellaunus (Veilaunus),
Visucius (3).
Apollon : Amarcolitanus, Anextiomarus, Atepomarus (4),
Belenus, Borvo, Gobledulitavus, Grannus, Livic(us), Ma-
ponus, Mogounus, Moritasgus (o), Siannus, Toutiorix, Vi-
rotutis, Vindonnus.
Mars: Albiorix (6), Barrex, Beladonnls, Belatucadrus,
Bolvinnus, Braciaca, Britovius, Budeuicus, Buxenus, Ga-
mulus, Cariociecus, Garru?, Gaturix (7), Gemenelus, Ci-
cinus. Cicolluis, Gnabetius, Gocidius, Condatis, Corotiacus,
Cososus, Dinomogetimarus, Divanno, Dunatis, Giarinus,
Ilarmogius, Lacavus, Latobius, Lenus, Leucetius (Louce-
tius),»Leucimalacus, Leusdrinus, Medocius, Mogetius, Mo-
gienius, Mullo, Nabelcus, Ocelus, OUoudius (Olludius),
Randosatis, Riga, Rigieamus, Rudianus, Segomo, Sinatis,
(1) Cf. Alaunos, nom de rivière ; alauna, nom de rivière et
de lieu ; Alaunœ, Alounœ, nom de divinités.
(2) Grégoire de Tours, Historia Francorum, i, 32 ; R. Mo-
AVAT, Revue archéologique, t. xxx (1875), p. 359-372 ; cf. t. xxxix
p. 175, 325-329.
(3) Cf. Visuciœ dece à Trêves.
(4) J. A. HiLD, Renie celtique, t. xvii, p. 34-40.
(5) EspÉRANDiEu, Revue des études ancietines, t. xii, p. 285-
286.
(6) Cf. Alhiorice (datif) dans une inscription de Sablet, près
Vaison (Vaucluse).
(7) Mars Caturix semble propre aux Helvètes. Jullian, .Re-
vue des études anciennes, t. xiii, p. 467.
LA RELIGION
305
Smertatius, Toutatis (Totatis, Tutatis), Tritullns, Yin-
tius (1), Voroclus.
Jupiter : Accio, Baginatis (2), Bussumarus, Poeninus (3),
Tanarus '4), Taranucus, Uxellimus.
Minerve : Belisama(o), Sulis, peut-être Sulevia (6), Iden-
nica.
D'autres dieux romains apparaissent en pays celtique
avec des épithètes qui ne semblent pas toutes d'origine la-
tine :
Hercule : Deusoniensis, Magusanus, Saegon.
SiLVAiN, dont le culte est assez répandu en Gaule et en
Grande-Bretagne (7) : Cocidius, Sinquatis.
La plupart de ces épithètes se trouvent sur le continent,
quelques-unes, surtout des épithètes de Mars, en Grande-
Bretagne (8).
Un certain nombre de ces épithètes s'expliquent dans les
langues celtiques. Parmi les épithètes de Mars, on peut
citer Albion' X, en gallois elfydd u monde », en gaulois rix
(1) Vintius est, dans deux inscriptions, une cpithète de Pol-
lux (C. I. L., VI, 2561, 2562).
(2) Cf. Bagino et Baginahabus dans une inscription de Belle-
comlie (Drônie).
(3) TiTE LivE, XXI, 38, 6.
(4) Cf. le germanique Thunar.
(5) H. d'Arbois de Jubainville, Le dieu gaulois Belenus,
la déesse gauloise Belisama, Revue archéologique, t. xxv (1873),
p. 197-206.
(6) Le plus souvent, on trouve ce nom applique à des Maires ;
une inscription porte : Sulevis Junonibus.
(7) H. d'Arbois de Jubainville [Revue celtique, t. xxvi,
p. 282) suppose que le nom celtique de ce dieu était Selvanos,
cf. irl. sealbhan « troupeau ».
(8) A, Bertrand, La religion des Gaulois, p. 325, 326, 327,
329-330, 331 ; Roscher, Ausfïilirliches Lexikon der griechischen
und rômischen Mythologie, t. ii, col. 2828-2830 ; 2398-2399 ;
G. DoTTiN. — Manuel de l'antiquité celtique.
20
300 SURNOMS DES DIEUX
« roi », irlandais ri ; Belatucadrus dout le second terme se
retrouve dans le vieux-breton cadr « beau » ; Briiovius
dont le radical est sans doute le même que celui de Brit-
iones, Bretons ; Camuliis qui ressemble au nom de
Ciunal (1), père du héros irlandais Find, et qui se retrouve
dans le premier terme du nom d'homme gaulois Camiilo-
geniis ; Catu-rix « roi du combat », cf. le gallois cad et
l'irlandais cath « bataille » ; Braciaca peut être dérivé de
brace « sorte de farine » ; Leiicetiiis ou Loiicetiiis semble dé-
rivé du mot celtique qui est devenu en gallois Uuched
a éclairs » ; Segomo semble une forme abrégée du nom
d'homme gRulois S egomaros, cf. S ego fnonas dans nn ogham
irlandais (2) ; Toutatis (3) est un dérivé du mot qui est
devenu en irlandais tuath c peuple », en breton tud
« gens » : Sinatis est à comparer au nom d'homme gaulois
Sinorix ; Bela-donnis ùoni le premier terme se trouve dans
Bello-vesus (cf. pour 1 = U le doublet BelatiiUa, Bella-
tulliis) ; Condatis dérivé du nom de lieu Condate, Condé,
qui signifie confluent (4) ; Rigi-samus dont le second
terme entre dans Samo-rix ; Diin-atis, cf. dunum ; « for-
teresse ».
Parmi les épithètes de Mercure (5) : Arverno-rix signifie
Allmer, Revue épigraphique du midi de la France, années 1894
el suiv. ; Renel, Les religions de la Gaule, p. 391-406.
(1) A moins que ce nom ne doive être lu Umal. K. Meyer,
Revue celtique, t. xxxii, p. 390.
(2) Sur les inscriptions oghamiques, voir MACALisTER,5<udies
in Irish epigraphy, London, 1897-1907.
(3) H. d'Arbois de Jubainville, Teutatès, Revue celtique,
t. I, p. 451.
(A) Zeuss, Grammatica Cellica, 2^ éd., p. 998, note 7. Ce mot,
très fréquenl comme nom de lieu en France, se trouve aussi en
Grande-Bretagne [Itin. Ant., 469, 1 ; 482, 3).
(5) Sur le culte de Mercure en Gaule, cf. P. Monceaux, Le
LA RELIGION 307
roi des Arvernes ; Ad-smeriiis est un nom dont on re-
trouve le premier terme dans les noms gaulois Ad-bogiiis,
Ad-ua/iniôi et le second terme dans Smerlii-litaniis, Ro-
smerla, Canti-smeria ; Diimiatis est sans doute apparenté
à l'irlandais duma « tertre » ; Moccus est la forme ancienne
du breton moc'h « cochon » ; à Artaius on peut comparer
le gallois arth « ours » ; Vasso-caletis est formé de deux
mots celtiques : vassos, actuellement en breton gwaz
« garçon » et caletiis, cf. le breton calet « dur » et le nom
de peuple Caleti ; Vellannus est conservé comme second
terme dans le nom propre breton Cat-wallaun qui signifie
<; brave au combat » ,
Parmi les surnoms d'Apollon : Anextio-mariis, Atepo-
marus qui ont pour second terme l'adjectif maros, en
breton ?neur « grand » ; dans Cobledu-litavus, le second
terme est apparenté à -/i7anw5 de Stnertii-litaniis ; Maponus
est sans doute le gallois mahon « jeune homme (1) » ; Mo-
goiuuis est apparenté au nom gaulois Mogetilla et au Deo
Mogonti honoré en Grande-Bretagne ; Viro-iutis (2) à
Virodunum ; Vindonnus, dont le premier terme se trouve
dans le nom de ville celtique Vindo-bona et est conservé
en irlandais sous la forme find, en breton sous la forme
grand temple du Puy-de-Dôme, le Mercure gaulois et l'histoire des
Ars'ernes, Revue historique, t. xxxv (1887), p. 232-262 ; t. xxxvi
(1888), p. 1-28, 241-278. Sur les montagnes des /Edui où l'on a
trouvé des dédicaces à Mercure, voir C. Jullian, Histoire de la
Gaule, t. II, p. 136.
(1) Cf. « Deus bonus puer Apollo » (Corpus inscriptionum
latinarum, t. m, n^^ 1130, 1132) ; et l'enfant placé à droite de
Vcsta sur l'autel de Mavilly (Côte-d'Or) et qui semble bien être
un Apollon. S. Reinach, Revue archéologique, t. xvii, (1891),
p. 1-6 (pL). -
(2) Sur le second terme, voir J. Loth, Revue celtique, t. xxxiii,
p. 258, qui traduit Viro-tulis par « qui guérit les hommes ».
308 SURNOMS DES DIEUX
guetin a blanc « ; les deux termes de Toiitio-rix « roi du
peuple » sont celtiques ; Belenus est à comparer à l'irlan-
dais Bel-tene (1), « feu de Bel », fête du i.-'' mai ; Borvo a
été rapproché du gallois berw « ébullition » ; à Mori-
iasgiis on a comparé Tasgetius et le premier terme a été
identifié à mori « mer ».
Plusieurs surnoms de Jupiter s'expliquent dans les
langues celtiques : Taranucus [cl. les dieux Taraniicnos,
Tarants et le breton taran « tonnerre ») Uxellimus « sum-
mus », superlatif latinisé de iixellos, bret. iihel « haut » ;
Bussii-manis, cf. irl. màr « grand ». Parmi les autres sur-
noms, on peut expliquer Beli-sama (qui est aussi le nom
de l'embouchure de la Mersey en Grande-Bretagne), que
l'on compare pour le second terme à Rigi-samus ; et
Siilis, en irlandais siiil « œil », cf. breton Aéo/ « soleil »,
gall. haul.
Ces exemples démontrent que de nombreux surnoms, ap-
pliqués en pays celtiques aux dieux romains, s'expliquent
par le celtique. On peut se demander quelle est la A-aleur
de ces surnoms. Cette valeur est évidemment variable. Cer-
tains de ces surnoms sont employés tantôt comme épi-
thctes, tantôt seuls. Tels sont par exemple : Atesmerius
(Adsmerius), Borvo, Grannus (2), Belenus (3), Maponus.
Siannus, Scgomo, Camulus, Belatucadrus, Latobius, Co-
cidius, Sulevia, Sulis (4). Dans ce cas, il est probable que
(1) Cormac's Glossary, éd. Stokes, Revue celtique, t. xi,
p. 443. Joyce, A social hislory of ancient Ireland, t. i, p. 290-
293.
(2) Dion C.vssius, t.xxvii, 15, 6.
(3) Tertui.lien, Apologétique, 24 ; IIérodien, viii, 3, 8 ;
AusoxE, Projcssorcs, 5, 7 ; 11, 22 ; Jxjlius Capitolinus, Maxi-
min, 22.
(4) Le texte de Solin, xxii, 10 est : preesul est Minen>x nu-
LA RELIGION 309
ces surnoms sont les noms mêmes des divinités indi-
gènes (1). Quelquefois le surnom a une signification locale :
Arvernus Arverne, Condatis de Condé, Pœninus des Alpes
Pennines, Diimialis du Puy-de-Dôme, Alaunius, Caneton-
nessis, Braciaca (cf. le nom de lieu Braciacus), Budenicus
{d'où Budenicenses), CetJienelus {à' on CemeneleJisis), Ocelus,
Rafidosatis, Vinliiis, Vorociiis^ Borço, Baginatis ; il est
alors vraisemblable que nous avons affaire à une divinité
romaine, objet d'un culte local. Restent les surnoms qui
n'ont pas un sens local et qui ne s'emploient que comme
épithètes. Un certain nombre d'entre eux peuvent désigner
des divinités gauloises que l'on a assimilées à celles des di-
vinités romaines qui avaient des attributs analogues.
L'étude des inscriptions gallo-romaines complète donc et
rectifie le texte de César. Les dieux romains auxquels les
dieux gaulois out été assimilés sont bien Mercure, Mars,
Apollon, Jupiter et Minerve. Il faudrait y ajouter peut-
être Hercule et SU vain. Le nom de Mercure est bien moins
fréquent dans les inscriptions de Grande-Bretagne que celui
de Mars ; c'est le contraire en Gaule transalpine. Peut-on
en conclure qu'à l'époque gallo-romaine le grand dieu des
Celtes était, comme à 'l'époque des invasions, un Mars
plutôt qu'un Mercure? Ou bien, pour adopter la sédui-
sante hypotbèse de M. JuUian (2), Mars et Mercure ne se-
raient-ils que deux aspects différents du même dieu qui
présidait à la fois aux travaux de la guerre et à ceux de la
paix?
men et non prœest Sul Minervse numen. Corpus inscriptionum
lalinarum, t. xiii, no 6266 ; vu, 39, 40, 41, 42, 43, 44, 53.
(1) Voir ci-après, p. 314.
(2) Rei^ue des études anciennes, t. iv, p. 109.
310 TEUTATÈS
A côté des dieux qui ne nous sont connus que sons des
noms latins accompagnés ou non d'épithètes celtiques, on
trouve, tant chez les écrivains que dans les inscriptions, les
noms celtiques de quelques divinités. C'est d'abord chez
Lucain les vers célèbres oii il énumère trois divinités cel-
tiques : Taranis dont lautel n'est pas plus doux que celui
de la Diane scythique, le cruel Tentâtes que l'on a[)aisse
par un sang affreux, et l'horrible Hésus aux sauvages au-
tels (I). Taranis (2) est à comparer au Deo Taranucno « fils
de Taranus » de deux inscriptions (3j et s'ex[!lique sans
doute par le gallois laran « tonnerre «.Nous avons déjà
trouvé, comme épithète de Mars, Toulates qui est une va-
riante de Teutatès (4). Nous parlerons plus loin de l'Esas
de l'autel de Paris dont le nom forme le premier terme des
noms gaulois Esu-geniis, Esii-nerius, Esiibii. Peut-être
Lucain nous donne-t-il ainsi les noms celtiques des dieux
assimilés aux grands dieux des Romains. Taranis serait un
Jujjiter ; Teutatès un Mars ; les scholiastes de Lucain iden-
tifient Teutatès à Mars et plus souvent à Mercure ' 3) ; Hésus
à Mercure et à Mars, Taranis à Dispater et à Jupiter ; pour
apaiser Teutatès, on étouffait la victime en la plongeant la
tête la première dans une cuve d'eau ; pour Hésus, on
suspendait à un arbre jusqu'à ce que les membres fussent
disloqués ; pour Taranis, on brûlait des hommes (6). Le
(1) Pharsale, i, 444-446. Cf. Plutarque, De la. superstition, 13.
(2) J. F. Cerquand, Revue celtique, t. v, p. 381.
(3) Corpus iuscripiionum latinarum, t. xiii, n"® 6094, 6478.
(4) H. d'Arbois de Jubainville, Revue celtique, t. xiv,
p. 249-253.
(5) JuLLiAN, Histoire de la Gaule, t. ii, p. 118, n. 2.
(6) Usener, Commenta Bernensia, Lipsiœ, 1869, p. 32 ; cf.
TouRHEURj Le Musée belge (1902), p. 77-81 ; Jullian, Revue
LA RELIGION 311
culte d'Esiis, Taranis, et Teutatès semble être localisé
chez quelques peuplades gauloises (1).
Lucien nous apprend que les Celtes donnent à Héraklès
le nom d'Ogmios : « Ils le représentent sous la forme d'un
vieillard très âgé, chauve sur le sommet de la tête ; le peu de
cheveux qui lui restent sont entièrement blancs. Il a la peau
ridée et brûlée par le soleil au point d'être noire. Il est re-
vêtu de la peau de lion ; il tient la massue dans sa main
droite ; de la gauche il présente un arc tendu : un carquois
est suspendu à son épaule. Cet Héraklès vieillard attire à
lui une multitude considérable qu'il tient attachée par les
oreilles ; les liens dont il se sert sont de petites chaînes
d'or et d'ambre, d'un travail délicat et semblables à des
colliers de la plus grande beauté. Malgré la faiblesse de leurs
chaînes, ces captifs ne cherchent point la fuite, quoiqu'ils le
puissent aisément, et loin de faire aucune résistance, de
roidir les pieds, de se renverser en arrière, ils suivent avec
joie celui qui les guide ; ils le comblent d'éloges ; ils s'em-
pressent de l'atteindre ; ils voudraient même le devancer et
par cette ardeur ils relâchent leur chaîne ; on dirait qu'ils
seraient fâchés de recouvrer leur liberté. Ce qu'il y a de
plus bizarre dans cette peinture, c'est que l'artiste, ne sa-
chant où attacher le bout des chaînes, car la main droite
du héros tient une massue, la gauche un arC; a imaginé de
des études anciennes, t. iv, p. 113 et suiv. ; voir ci-dessus p. £01,
n. 6.
On a depuis longtemps comparé Esus au sanskrit asus
« souffle, vie ». O. Schrader, Reallexicon der indogermanisclien
Altertumskunde, p. 682, le rapproche du got. anses que Jordanès
traduit par « semideos ».
(1) S. Reinach, Revue celtique, t. xviii, p. 137-149. Cultes,
t. I, p. 204-216.
312
OGMIOS
percer l'extrémité de la langue du dieu et de faire attirer
par elle tous ces hommes qui le suivent. Ileraklès, le visage
tourné vers eux, les conduit avec un gracieux sourire (1). »
L'explication de ce symbole est mise par Lucien dans la
bouche d'un Celte instruit, parlant grec, et renseigné sur
choses de son pays ; les Celtes représentent léloquence
par Héraklès, parce qu'il est plus fort qu'Hermès ; c'est un
vieillard, parce que c'est pendant la vieillesse que l'éloquence
est à son plus haut point ; le rapport de la langue et des
oreilles est marqué par les liens ; les flèches sont pointues et
ailées comme les discours (2). Nous retrouvons le dieu Og-
mios dans la littérature épique de l'Irlande, en la personne
d'Ogmé, un des champions des Tuatha De Danaun, dont
l'épithète ordinaire est grianainech, « à la face du soleil »,
le soi disant inventeur de l'écriture oghamique (3). Le
texte de Lucien nous offre peut-être un exemple de la mé-
thode suivie dans l'assimilation des dieux celtiques aux
dieux étrangers. Ces assimilations sont, semble-t-il, en-
core plus superficielles qu'on ne le pouvait supposer. Un
dieu grec s'appelle Héraklès ; c'est le dieu de la force vi-
rile ; on le représente d'ordinaire sous la forme d'un
(1) Héraklès, 1-3. Certains détails semblent d'origine greeque ;
cf. D. Martin, La religion des Gaulois tirée des plus pures
sources de l'antiquité, Paris, 1727, t. i, p. 307. M. Th. Reinach a
cru retrouver dans une inscription de Salins aujourd'hui perdue,
la dédicace Herculei Ogmio (Re<,'ue celtique, t. xxiii, p. 53-56).
Sur Ogmios, cf. Rhys, Hibbert Lectures, p. 13-20 ; Roscher,
Ausfulirliches Lexikon der Griechischen wid Rômischen Mytho-
logie, Leipzig, 1897, p. 682 ; \Yindisch, Das keltische Brillan-
nien bis zu Kaiser Arthur, Leipzig, 1912, p. 98.
(2) Héraklès, 4-5.
(3) Zeuss, Grammatica celtica, 2^ éd., p. 1 note ; H. d'Ar-
Bois DE JuBAiNviLLE, Coviptes rcndus de l'Académie des Ins-
criptions et Belles-Lettres, t. ix (1881), p. 20-26.
LA ÏIELIGION 313
homme fort, barbu ou imberbe, tantôt assis avec une ex-
pression de lassitude ou de courage satisfait, tantôt debout,
animé d'un mouvement impétueux, appuyé sur la massue,
la peau de lion drapée sur le bras gauche. Un dieu des
Celtes s'appelle Ogmios ; c'est le dieu de l'éloquence ; on le
représente sous la forme d'un vieillard armé d'un arc, con-
duisant avec sa langue les hommes enchaînés par les
oreilles. Il a suffi qu'un peintre, voulant manifester aux
yeux la force de l'éloquence, eût ajouté à Ogmios la massue
et la peau de lion d'Héraklès, pour qu'on regardât Ogmios
comme l'Héraklès gaulois et qu'on établit entre les deux
divinités un rapport fondé uniquement sur un attribut sym-
bolique. C'est à tort qu'on a cru trouver sur les monnaies
gauloises des représentations de l'Ogmios de Lucien (1).
Mais on a rapproché d'Ogmios le personnage noir du Tain
Bô Ciiaîngé qui porte au cou sept chaînes, au bout de
chacune desquelles sont attachés sept hommes (2).
Dion Gassius (3) signale le culte, chez les Bretons de
Boudicca, d'une déesse de la Victoire, Andatê_ou Andrastô,
à laquelle on offrait des sacrifices humains. Le nom de
cette déesse semble une mauvaise leçon du nom grec
'ASpxa-r, « l'Inévitable », traduction ou défiguration d'un
nom celtique. Toutefois une déesse des Voconces s'appelle
Andarta, et la plupart des autels de la Victoire découverts
dans la Gaule méridionale appartiennent au pays des Vo-
conces (4). Andarla pourrait s'expliquer par le vieux-cel-
(1) E. HucHER, Art gaulois, t. i, p. 10. Cf. Ch. Robert,
Comptes rendus de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres,
t. XIII (1885), p. 268-272.
(2) Tàin bô Cualnge, éd. Windisch, p. 797, 1. 5524.
(;:;) Histoire romaine, lxii, 6, 7.
(4) JuLLiAN, Revue des études anciennes, t. i, p. 47-50.
314
DIRUX
tique anâe, v. irl. ma, br. r/;?-,préfixe intensif et artn cr.
gall. arth « ours ».
Les inscriptions latines nous font connaître encore les
noms de divinités celtiques qui n'ont point été complète-
ment assimilées à des divinités romaines Nous avons déjà
parlé de :
Belenus, Borç'o, Grannus, Maponus, Moritasgns, Sian-
?ins, quelquefois assimilés à Apollon ;
De Belatiicadrus, Camiilus, Cocidius, Latohius, Rndia-
nus, Segomo, Viniius, quelquefois assimilés à Mars ;
De Atesmerius, Cissonius, Visucius, quelquefois assi-
milés à Mercure ;
De Belisama, Sulis, quelquefois assimilées à Minerve ;
De Pœninus, quelquefois assimilé à Jupiter.
On trouve, en outre, en s'en tenant aux noms pré-
cédés de deus ou de dea, les dieux suivants :
Abianiiis, Abinius, à Cimiez et dans le Vaucluse.
Alisanus, dans la Côfe-d'Or.
Anmliis, àAutun.
Baco (i), à Chalon-sur-Saône.
Bemiluciovis, dans la Gôte-d'Or.
Brixantus, dans la Nièvre.
Gisacns, à Evreux.
laloniis, à Lancastre.
Ibosus, à Néris.
Matimiis, en Grande-Bretagne.
Mogons (2), en Grande-Bretagne; Dco Mounti, Dis
Moiiniibus n'en est sans doute qu'une variante.
(1) Cf. Acla Sanciomm, 4 sept., ii, p. 200D.
(2) Mogontiacum « Mayence » semble dérivé de Mogons, dat.
Mogonli.
I
LA RELIGIOIV 315
Moltiniis, h Le Puy.
Nemaiisiis, à Nîmes. C'est sans doute la « Fontaine »
divinisée.
Nerius, à Néris.
Nodons (Nudens, Nodens), en Grande-Bretagne ; iden-
tique au héros. Niiadu des Irlandais et apparenté au
Niidd des Gallois (1).
Ouniorix, en Champagne.
Ratamatus, à Mâcon,
Taraniicnus, en Bavière rhénane et en Wurtemberg.
Uciietis, à Alise (2).
Uxellus, à Hyères.
Parmi les déesses on peut citer :
Ancasta et Latis, en Grande-Bretagne.
Bergusia, à Alise.
Brigaiitia (Nympha ou Victoria), en Grande-Bretagne,
Ce nom est identique à celui de Brigit, la fée du Moyen
Age irlandais, qu'un texte appelle « mère des dieux » (3).
Burorina, à Domburg.
Camuloriga, à Soissons.
Camiorica, à Soissons. '
Dexsiça, dans le Vaucluse,
Icaunis, à Auxerre.
Icovellauna, sur les bords du Rhin.
(1) H. d'Arbois de Jubainville, Cours de littérature celtique,
t. II, p. 155 ; J. LoTH, Les Mabinogion, t. i, p. 252 ; J. Rhys,
The Hibbert lectures, p. 119-133.
(2) K Deo Ucueti et Bergusiœ ». Morillot, Deux inscriptions
d'Alésia, Dijon, 1909.
(3) Revue celtique, t. vu, p. 398. Cf. Rhys, Hibbert Lectures,
p. 74-76,
316
DIEUX
Mogontia, à Metz.
Noreia, dans l'ancien Norique.
Rosmerta, dans la Gote-d'Or.
Segeta, dans la Loire.
Soio, à Soyons (Ardèche).
Suniixsalis, sur les bords du Rhin.
Temusio, Saint-^Iarcel-lès-Chalon (Saûne-et-Loire).
Virodactis, à Mayence.
Une dédicace votive de Savoie porte un nom auquel
manque peut-être une letttre initiale : athuboduœ ; on a
restitué un c initial et comparé [C]athuboduœ à Bodb, fée
guerrière de l'épopée irlandaise (1).
Les déesses-mères, Maires ou Matronœ, auxquelles sont
adressées en Gaule de nombreuses dédicaces, sont des divi-
nités répandues surtout chez les Geltes (2) et les Germains.
Elles sont souvent groupées par deux ou trois (3). Les
matronœ Dervonnœ ou falœ Dcrvones portent un nom qui
s'explique par le nom celtique du chêne (4). Les Ambio-
marcœ, les Uro-brocœ, les Nemetiales, les Ollo-totse
semblent aussi porter un nom celtique. Nous ne savons
(1) Corpus inscripiionum lalinarum, t. xii, n° 2571 W.M.Hen-
NESSY et C. LoTTNER, Revuc celtique, t. i, p. 32-57. Cf. Rnvs,
Hibbei't Lectures, p. 43.
(2) Gallis Matronis. Corpus inscripiionum latinarum, t. vu,
p. 5.
(3) F. Vallentin, Renie celtique, t. iv, p. 27-36 ; J. A. Hild,
article Maires dans le Dictionnaire des antiquités grecques et ro-
maines de Saglio ; Ihm, chez Koscher, Ausjuhrliches Lexikon ;
Gassies, Revue des études anciennes, t. viii, p. 55-58 ; Frie-
DERiciis, Mutronarum monumenta, Bonn, 1886 ; Renel, Les
religions de la Gaule, p. 274-286 (carte). On trouvera de
nombreuses représentations de déesses-mères chez Espéran-
dieu, Recueil général, t. i. Cf. C. Jullian, Histoire de la Gaule,
t. II, p. 131.
(4) Voir ci-dessus, p. 112.
LA RELIGION 317
I ien des dii Casses dont le nom est comparable au premier
terme des noms gaulois : Cassi-gnaius, Cassi-mara, Cassi-
taliis, Cassi-vellaimiis et auxquels ont été faites des dédi-
caces sur les bords du Rhin (Y).
On pourra^it accroître de beaucoup la liste des divinités
gallo-romaines en relevant tous les noms qui ne sont pas
précédés de deiis ou de dea, mais qui sont suivis d'une
formule dédicatoire, par exemple Veriugodum?ius uni à la
Victoire d'Auguste et à Apollon dans une inscription votive
de Saint-Acheul-lez-Amiens.
Dans les inscriptions gauloises, on peut trouver des
noms de divinités : Brigindo, cf. la déesse Brigantia ; An-
valonnacos, cf. le dieu Anvalos ; Alisanos que Ion trouve
aussi dans une inscription latine (2); Ucuetis, cf. le dieu
Uciieiis ; Taranous, cf. le dieu Tarants ; Bélésamis, cf.
Minen>8e Belisamœ.
Les inscriptions les plus intéressantes sont celles qui
sont jointes à des monuments figurés; mais ces monu-
ments ne sont pas antérieurs à l'époque romaine. Les plus
curieux sont les deux autels trouvés à Paris en 1710, et
conservés au musée de Cluny. Une face du premier autel
représente un bûcheron abattant un arbre et porte le nom
d'Esus. Une autre face est ornée d'un taureau sur lequel
sont perchés trois oiseaux ressemblant à des grues, deux
sur le dos, un sur la tète du taureau : le fond du bas-rehef
est constitué par des feuillages ; l'inscription porte : tarvos
TRiGARANcs (.3,1, qui s'cxpliquc facilement par l'irlandais
(1) H. d'Arbois de .Jutîainville, Les noms gaulois chez
César, p. 187 et suiv.
(2) MoRiLLOT, Deux inscriptions d'Alésia, Dijon, 1909,
(3) S. Reinach, Cultes, t. i, p. 2.33-246.
3i0 MONUMENTS FIGURES
tarbJi, le bretoD tarv « taureau » ; l'irlandais et le breton
tri «trois » ; le breton et gallois garan « grue », et signifie
le « Taureau aux trois grues (i) ». Sur les deux autres
faces sont figurés Jupiter (lovis) et Volcanus, deux dieux
spécialement honorés par les Celtes (2). Une face du second
autel représente un dieu à tète humaine ornée de deux
cornes dans chacune desquelles est passé un torques ; le
nom gravé au-dessus de la sculpture est Cerntjnnos. Sur
une autre face est figuré un homme barbu armé d'une
massue dont il menace un serpent. On y lit le nom gaulois
Smer^tull^os (3). Les autres faces portent les Dioscures,
Castor, Pollux, avec leurs chevaux (4).
On a rapproché les diverses figures de ce monument des
représentations analogues. L'autel de Reims nous offre un
dieu assis, les jambes croisées, pressant de la main droite
un sac d'où s'échappent des graines que mangent un cerf
et un taureau figurés à la partie inférieure du bas-relief ; ce
dieu a sur la tête des bois de cerf (5) ; à sa droite est un
(1) M. J. Vendryès, Revue celtique, t. xxviii, p. 123-127,
rapproche le xpuY^pavoç que, d'après une comédie de Philé-
mon, citée par Athénée (xiii, 57, p. 590A), les Athéniens vou-
laient envoyer à Seleucus.
(2) Voir ci-dessus, p. 300-301. D'après César (vi, 21) Vulcain
est un dieu des Germains.
(3) II. d'Arbois de Jubai.nville, Revue archéologique,
l. XXXVI (1900), p. 66-74. Revue celtique, t. xx, p. 369. On trouve
des reproductions de ces autels dans la Revue celtique, t. xviii,
p. 254. (Cf. Corpus inscriptionum latinarum, t. xiii, n° 3026) ;
et chez Espérandieu, Recueil général, n° 3133.
(4) Cf. plus haut, p. 301, le texte de Diodore (iv, 56) sur le
culte des Dioscures chez les Celtes, et dans une inscription de
Seyssel (Ain) : Deo Vintio Polluci. On trouvera dci repré-
sentations de Castor et Pollux, chez Espérandieu, l'ecueil
zcnérnl, n*» 16, 169, 340, 2351, 2751. C. Juli.tan, Histoire de
la Gaule, t. ii, p. 125, n. 4.
(5) Sur les dieux cornus, cf. S. Reixach, Répertoire de la sta-
LA RELIGION 319
Apollon : à gauche un INIercure. L'autel de Vendœuvres
(Indre) représente un dieu à ramure de cerf, à attUude
bouddhique; il presse une outre entre ses mains ; à sa droite
et à sa gauche sont deux personnages qui lui saisissent les
cornes et ont les pieds sur des dragons et dont l'un tient à
la main un collier. Sur un des côtés de l'autel est figuré un
Apollon tenant la lyre (1). Le groupe de Saintes représente
sur l'une de ses faces un dieu cornu, assis, les jambes
croisées, sur un siège que décorent ou supportent deux
tètes de taureaux ; il tient d'une main une bourse, de
l'autre un objet indéterminé. A sa droite une femme
drapée, à sa gauche un homme nu, tenant l'un et l'autre de
la main gauche un objet rond (vase ou fruit) ; l'homme
appuie sa main droite sur une massue (2). Ce dieu à carac-
tère semi-humain semi-bestial se retrouve avec le dieu à
la roue et le sanglier sur le chaudron de Gundestrup où il
porte deux torques, l'un au cou et l'autre à la main. On
peut lui comparer : la déesse cornue qu'on peut considérer
comme son doublet féminin (3), peut-être assimilée à la
Terre-Mère ; les dieux à cornes de ruminants (4) ; le dragon
à tête de bélier qui orne des autels tricéphales, la face laté-
rale de la niche d'un Hermès, le chaudron de Gundes-
trup {i)), et qui est figuré sur les genoux d'un dieu barbu ;
luaire grecque et romaine, t. ii, p. 24-25 (fig.). Bronzes figurés de
la Gaule romaine, p. 193-195, pi. 211. Cf. Gassies, Revue des
études anciennes, t. vu (1905), p. 372 (fig.).
(1) A. Bertrand, Revue archéologique, t. xliii (1882), p. 321-
323, pi. IX.
(2) Voir EspÉRANDiEu, Recueil général, n^ 1319,
(3) G. Gassies, Revue des études anciennes, t. viii, p. 55 '.
t.. l'x, p. 184 (fig.), 364. Sur le culte de Dêmêtêr en Gaule, voir
Strabon, IV, 4, 6.
(4) Voir EspÉRANDiEU, Recueil général, n° 3015.
(5) A. Bertrand, La religion des Gaulois, p. 315-317, 368,
320
MONUMENTS FIGURES
le géant anguiiiède foulé aux pieds du cheval par un cavalier
porteur d'une roue 1 1 ; l'homme tenant une grande corne
d'abondance remplie de fruits, aux pieds duquel est figurée
une tète de cerf dont la bouche laisse échapper un flot d'ob-
jets ronds qui se répandent dans une caisse (bas-relief de
Differdauge) (2) ; et peut-être dans l'histoire mythique de
l'Irlande, les Fomoré, antagonistes des Tuatha De Danann
et peuple envahisseur, qui portent lepithète de gobor-
chind « à tète de chèvre » et les génies à visage de bouc
(bocc ai/iich) (3).
La ressemblance que certaines représentations du Mer-
cure gallo-romain ont avec le tricéphale du Musée Carna-
valet indique que le dieu cornu a été assimilé à Mer-
cure (4).
L'autel de Trêves représente un bûcheron abattant un
arbre. Sur les branches de cet arbre sont perchées trois
grues et on aperc^oit daus le feuillage une tête de taureau.
C'est évidemment une reproduction abrégée du mythe re-
planchc xxx ; S. Reinacii, Bronzes figurés de la Gaule romaine,
p. 195-198 ; Comptes rendus de l'Académie des Inscriptions, 1899,
p. 'i55. Voir EspÉRANDiEU, Recueil général, n°^ 2067, 2072, 1572.
(1) A. Prost, Revue archéologique, t. xxxvii (1879), p. 2-20 ;
65-83 ; F. Voulût, Revue archéologique, t. xl (1880), p. 112-116,
291-298 ; t. xli (1881), p. 104-112 ; G. Gassies, Revue des
éludes anciennes, t. iv, p. 287-297.
On trouvera des représentations du cavalier et de l'anguipède
chez EsrÉRANDiEu, Recueil général, 2293, 3036, 3037,3039, 3207^
de l'anguipède luttant avec Jupiter (?), 2856 (t. iv, p. 56), 3166*
M. Albert Fuchs regarde l'anguipède comme le talisman pro-
tecteur des maisons et des cours de maisons (Re\'ue des éludes
anciennes, t. xv (1913), p. 83.
(2) G. Welter, Rei'ue archéologique, t. xvii (1911), p. 63-66.
(3) H. d'Arbois de Jubatnville, Cours de littérature cel-
tique, t. II, p. 95 ; Revue archéologique, t. xi (1908), p. 4-7.
(4| S. Reinacii, Rerue de l'histoire des religions, t. lvi, p. 60 ;
Esperandieu, Recueil général, n" 3143.
LA RELIGION 321
présenté sur deux faces de l'autel de Paris. M. S. Reinach
a comparé les deux autels et démontré que Tarvos Triga-
ranus et Esus appartenaient à la môme scène (1). L'inter-
prétation de cette scène présente de grandes difficultés.
H. d'Arbois de Jubainville (2) a eu l'ingénieuse idée d'en
chercher la survivance dans deux épisodes de la principale
épopée du cycle d'Ulster, l'Enlèvement des vaches de
Cualngé. Dans l'un de ces épisodes, Gûchulainn, le cham-
pion d'Ulster, abat des arbres pour retarder la marche de
l'armée ennemie. Dans un autre épisode, la fée Morrigu,
soQS la forme d'un oiseau, conseille la fuite au taureau
Donn.Il y aurait là la mise en action d'une ancienne tradi-
tion celtique dont l'écho serait venu jusqu'en Irlande. Le
nom d'homme gaulois Donno-taurus qui semble bien
signifier « taureau Donn » serait encore une preuve de la
communauté des légendes entre les Gaulois et les Irlan-
dais. Mais la légende irlandaise ne saurait nous renseigner
sur la signification primitive du mythe du bûcheron et du
taureau aux trois grues.
Sur un des autels de Sarrebourg, étudiés par M. Salo-
mon Reinach (3), est figuré un personnage debout, vêtu
d'une tunique, tenant de la main gauche un maillet à
longue hampe et de la main droite un vase. A sa droite est
une femme de même grandeur, complètement drapée,
tenant de la main gauche levée une longue hampe sur-
montée d'une espèce d'édicule et abaissant la main droite,
(1) Revue celtique, t. xviii, p. 253-266 (avec figures. Cf.)
ti XXVIII, p. 41-42 (pi.) ; Revue de l'histoire des religions, t. lvi
(1907), p. 71-79. Cf. JwLLiAN, Histoire de la Gaule, t. ii, p. 147.
(2) Revue celtique, t. xix, p. 245-250.
(3) Revue celtique, t. xvii, p. 45 et suiv. Cultes, t. i, p. 217-232,
G. DoTTiN. — Manuel de l'antiquité celtique, 21
322 MONUMENTS FIGURES
qui tient une patère, vers un autel. Une inscription placée
au-dessus du bas-relief nous apprend que le dieu s'appelle
Sucellos et sa parèdre Nantosuelta. Si le second nom est
assez obscur, quoiqu'on puisse rapprocher Nanio - de
l'Irlandais 'Nêl, guerrier de l'épopée irlandaise, Sucellos
est évidemment celtique ; le premier terme se retrouve
dans les noms gaulois Sii-carus, Su-essiones, et le sens du
mot semble être « qui frappe bien » ou « qui a un bon
marteau » (1).
Sur un second autel est figuré une femme ailée tenant de
la main droite la hampe surmontée de l'édicule et de la
main gauche abaissée, une cassolette à encens (2).
Le dieu au maillet est une divinité dont l'on a trouvé
d'autres représentations (3), en pierre ou en bronze, qui le
plus souvent ne diffère guère du Sucellos de Sarrebourg.
La plus singulière représente un dieu barbu revêtu d'une
peau de lion, s'appuyant de la main gauche sur une hampe
et tenant de la main droite un vase ; derrière lui se dresse
au-dessus de sa tête un énorme maillet dans lequel sont
fiches cinq maillets plus petits rangés en demi-cercle.
M. de Barthélémy pense que ce dieu est le Dispater légen-
daire des Gaulois (4).
(2) V. Henry, Revue celtique, t. xvii, p. 66. Dans une ins-
cription de Mayence [C. I. L., xii, 6730, Sucsslo semble être une
épithùtc de Jupiter.
(2) Voir le détail des figures dans la Revue des études anciennes,
t. VII, p. 240-247.
(3) S. Reinach, Répertoire de la statuaire grecque et romain,
t. II, p. 21-24 ; 780 ; Bronzes figurés de la Gaule romaine, p. 137-
185 (fig.) ; Revue celtique, t. xxii, p. 159-164 ; Cultes, t. i,
p. 264-271 ; Revue archéologique, t. iv (1884), pi. vin ; Ed.
Flouest et H. Gaidoz, Revue archéologique t. xv (1890),
p. 153-17G (fig.).
(4) Revue celtique, t. i, p. 1-8 ; cf. t. xxii, p. 159-164, Cette
LA RELIGION 323
Quant au dieu figuré aveu une roue sur l'épaule, à la
main ou à ses pieds (1), M. H. Gaidoz le regarde comme le
dieu gaulois du Soleil ; mais une statuette trouvée à Lan-
douzy- la-Ville semble l'identifier à Jupiter (2). Il nous est
impossible de savoir si cette divinité portait un nom cel-
tique ou non.
L'origine celtique ne peut pas non plus être démontrée
pour les divinités tricéphales de Reims, de Dennevy, de
Beaune, de Gondet, de Langres, de Paris (3), la singu-
idée a été émise pour la première fois par Grivaud de la Vin-
celle (1762-1819). A. Michaelis (Jahrbuch der Gesellschajl fur
loUiringische Geschichte, t. vu (1895), p. 128-163) le rapproche de
Silvain. Renel, Les religions de la Gaule, p. 253-256. Les plis
du capuchon ont été pris pour une cravate. Dangibeaud,
Revue des études anciennes, t. x (1908), p. 76-78. On trouvera
des représentations du dieu avec le vase et le maillet chez
EspÉRANDiEU, Recueil général des bas-reliefs de la Gaule ro-
maine, n03 436, 437 ; cf. 434, 435, 53, 276 ; n^^ 1733-1735, 1839,
2028, 2034 ; 206G, 2348, 3441 (à côté d'une femme tenant un
vase de la main droite et une corne d'abondance de la main
gauche) ; 2134, 2208, 2216, 2750 ; — du maillet, ibid., n°^ 284
(Silvano), 440, 511 ; nos 1736, 2645, 2699, 3385, 3633 ; 1691
(avec la roue) ; — du vase et du maillet, ibid., t. i, n° 497
(Deo Silvano) ; 1736. Cf. Jullian, Histoire de la Gaule, t. ii,
p. 121, n. 3.
(1) Cf. S. Reinach, Répertoire de la statuaire grecque et ro-
maine, t. II, p. 17 (fig.) ; Héron de Villefosse, Re^'ue archéo-
logique, t. xLi (1881), p. 1-13 ; pi. I ; t. IV (1884), pi. i ; C. de
Mensignac, Revue des études anciennes, t. vu, p. 156-157 (fig.).
On trouvera des représentations du dieu à la roue chez Espé-
RANDiEu, Recueil général des bas-reliefs de la Gaule romaine,
nos 299, 303 ; de la roue ,ibid., nos 421, 428, 430, 517, 524 (Jovi
et Augusto), 2650 (Jovi), 2681 (Jovi), 3048 (Augusto deo Jovi).
Cf. la divination par la roue chez les druides irlandais. Joyce,
A social history of ancient Ireland, t. i, p. 231.
(2) S. Reinach, Répertoire de la statuaire grecque et romaine,
t. II, p. 17 ;
(3) Voir EspÉRANDiEu, Recueil général, n°^ 2083 (trois divi-
nités), 2131 (trois divinités), 2668 (deux faces barbues, une
imberbe), 3137 (t. iv, p. 220), 3287 (trois faces barbues, uae
surmontée de cornes en spirales ; cf. 1316.
324 MONUMENTS FIGURES
lière statuette d'Aulua (représentant un personnage barbu
et cornu, les jambes croisées sur un coussin, portant entre
ses genoux deux serpents à tête de bélier et un torques (1),
et les statuettes analogues. Est-ce un dieu celtique qui est
figuré sur la stèle de laraire de Vignory (Haute- Marne) (2)?
Certaines monnaies gauloises portent des monstres di-
vers : gnomes, chevaux à tête humaine ou à tête d'oiseau,
oiseaux à figure de femmes, hommes à queue de serpent,
qui peuvent être des divinités secondaires des Celtes (3).
Le menhir sculpté de Kernuz (Finistère) porte sur ses
quatre faces des figures en relief, de 1",30 de haut. L'une
représenterait Mercure accompagné d'un enfant, une autre
Hercule, une troisième Mars, et la quatrième Sucellos et
Nantosuelta(4). D'après H. d'Arbois de Jnbainville, le Mer-
cure, tenant un caducée et accompagné d'un enfant, ne se-
rait autre que l'Irlandais Lug avec son fils Setanta sur-
nommé Cûchulainn (5).
Un monument qui, par certains côtés, se rapproche du
Mercure de Kernuz, avait été découvert à Melun en 1812 et
détruit depuis. Il représentait un personnage nu, avec des
(1) A. Bertrand, La religion des Gaulois, p. 316, 317, 318 et
planches xxvii, xxviii ; S. Reinach, Bronzes figurés de la Gaule
romaine, p. 185-193 ; Revue de l'histoire des religions, t. lvi,
p. 00-71. L'étude des tricéphales a été faite par M. S. Reinach,
Cultes, mythes et religions, 2^ éd., t. m, p. 160-185 ; Renel, les
religions de la Gaule, p. 264, 268-269. Cf. une monnaie des Rémi
chez Blanchet, Traité des monnaies gauloises, p. 152 ; Espé-
randieu, Recueil, n° 1316.
(2) E. Flouest, Deux stèles de laraire, Revue archéologique,
t. IV (1884), p. 285-298, pi. vu.
(3) JuLLiAN, Histoire de la Gaule, t. ii, p. 142-143.
(4) P. DU Ciiatellier, Revue archéologique, t. xxxvii (1879),
p. 104-110, 129-135 (pi.) ; G. Guénin, Annales de Bretagne,
t. XXV, p. 438.
(5) Revue celtique, t. xxvii, p. 313-323 (pi.).
LA RELIGION 3'25
ailes aux chevilles, une bourse au côté et les débris d'un
caducée près du bras. Derrière lui se trouvait un enfant
vêtu d'une tunique sans manches, liée par une ceinture, et
qui porte une chaussure fermée ; il supporte ou touche la
bourse de Mercure. Entre ces deux personnages ou aper-
çoit les vestiges d'une tête. Ce serait, d'après H. d'Arbois
de Jubainville, celle d'un des trois fils de Necht que tua
Setanta, alors âgé de sept ans (1).
La déesse romaine Epona, figurée souvent sous la forme
d'une femme assise sur un cheval et dont le culte était
officiellement célébré en Cisalpine, est sans doute une divi-
nité d'origine celtique (2) ; son nom semble dérivé du vieux
celtique *epo- « cheval » ; cf. le mot gaulois epo-redias
« conducteurs de chevaux » (3).
On a reconstitué à Berne un groupe formé d'une déesse
assise portant une patère et des fruits, d'une ourse et d'un
arbre, portés sur un piédestal oîi on lit la dédicace : Deae
Artioni (4) ; arlh est en gallois le nom de l'ours ; on peut
comparer au nom de cette déesse ceux de la dea Andarta
des Vocontii et du Mercurius Artuius de Beaucroissant
(Isère).
Un bas-relief trouvé près deHaguenau représente un per-
(1) Revue celtique, t. xxviii, p. 223 (pi.).
(2) Corpus inscriptionum latinarum, t. i, n^ 1 ; S. Reinacii,
Epona, Revue archéologique, t. xxvi, 1895, p. 163-195, 309-335 ;
t. XXXIII, p. 187-200 ; t. xxxv, p. 61-72 ; t. xl (1902), p. 231-
238 ; Mémoires de la Société nationale des antiquaires de France,
1899, p. 241-245 ; Keuxe dans la Realencyklopsedie de Wissowa ;
Ch. Dangibeaud, Revue des études anciennes, t. vu, p. 234-238 ;
EspÉRANDiEU, Pro Alcsia, t. ii, p. 257-258 (pi.) ; Jullian, His-
toire de la Gaule, t. ii, p. 124, n. 4.
(3) Ci-dessus, p. 66.
(4) S. ReinacHj Revue celtique^ t. xxi, p. 288-289.
326 MO>UME?(TS FIGURÉS
sonnage tenant de la main gauche une lance et s'appuyant
de la main droite sur la tête d'un taureau (1). La dédicace
porte D. MEDRu. S'agit-il d'un dieu dont le nom serait appa-
renté à celui de Mider, héros de la légende irlandaise ?
Un autre bas-relief, découvert à Brumath, porte au-
dessous d'un personnage barbu complètement nu, le mot
Erumo. Est-ce, comme l'a pensé M. S. Reinach (2), un dieu
celtique'?
Nous avons quelques représentations des divinités des
eaux : un fragment d'une statue de la déesse Sequana ; un
buste d'une divinité appelée Sirona ou Dirona (par un d
barré).
Mais parmi toutes les nymphes des eaux auxquelles des
ex-voto ont été offerts en Gaule : Acionna, Aventia, Gar-
punda, Clutoida, Divona, Ura, Urnia, Vesunna, il en est
peu dont les noms soient celtiques. Les cours d'eau divi-
nisés Icaunis, Sequana, Matrona, portent des noms qui
peuvent être antérieurs à l'occupation de la Gaule par les
Celtes, et qui en tout cas ne s'expliquent pas facilement
par les langues celtiques.
Le Rhin, dont Virdomarusse vantait d'être issu (3), a-t-
il été dénommé par les Celtes, et le culte dont il était
l'objet a-t-il été inauguré ou continué par les Celtes ? Nous
ne pouvons répondre à cette question. L'irlandais rian =
*reno signifie « mer ». Nous avons vu que les Celtes pre-
naient le Rhin comme arbitre de la fidélité de leurs
femmes.
Des Celtes, daprès ApoUonios de Rhodes, disaient que
(1) Fr, Cumont, Rei>ue celtique, t. xxv, p. 47-50.
(2) Rei>ue celtique, t. xvi, p. 369-373 ; Cultes, t. i, p. 247-252,
(3) Properce, iv, 10, 41.
LA RELIGION 327
les eaux de l'Eridan étaient les larmes sans nombre qu'avait
versées Apollon lorsque, chassé du ciel, il se dirigeait vers
le peuple sacré des Hyperboréens (1).
Les diisii, démons incubes auxquels croyait saint Au-
gustin (2), étaient, d'après H. d'Arbois de Jubainville, des
cours d'eau divinisés (Cf. Dhuys, nom de rivière) (3). Il y
avait à Toulouse des lacs sacrés oii les habitants du pays
jetaient des lingots d'or, des masses d'argent battu en forme
de meules (4).
Faut-il regarder comme celtiques les noms des divinités
des montagnes : Vosegiis, dieu des Vosges ; Ardiiifina,
déesse de la forêt des Ardennes, figurée en Diane ; Abnoba,
déesse de la Forêt Noire, identifiée à Diane ?
Quelques noms de dieux et de déesses sont identiques à
des noms de villes et peuvent désigner des villes divinisées
ou des divinités éponymes de villes ou de peuples; par
exemple, Bibracte, la métropole des Eduens (5). La dea
Aventia est sans doute la protectrice d'Aventicum, et la
dea Mogontia la déesse de Mogoniiacum. D'après H. d'Ar-
bois de Jubainville (6), le nom de Lyon, Lugudunum (7),
dont le second terme est le nom celtique bien connu dunos,
en irlandais dûn « forteresse », aurait pour premier terme
(1) Argonautiques, iv, 609-616.
(2) De civitate Dei, xv, 23. Cf. Isidore, Origines, viii, 11, 103.
(3) Cours de littérature celtique, t. vi, p. 165, 180-184. Cf. ci-
dessus, p. 68.
(4) Strabon, IV, 1, 13. Cf. Justin, xxxii, 3.
(5) J. A. BuLLioT, Revue celtique, t. i, p. 306-319 ; Fouilles
du Mont-Beuvray, t. ii, p. 205-228.
(6) Revue celtique, t. vu, p. 396-400 ; t. viii, p. 169 ; t. x,
p. 238.
(7) Cf. Lugu-balia pour Lugu-valia chez Bède, Histoire ec-
clésiastique, IV, 29 ; Luguvallum (Itin. Ant.)
328 DIEUX LOCAUX
le nom d'un dieu gaulois Lugus. 11 y au moins une coïnci-
dence curieuse dans le fait que depuis Fan 10 av. J.-C, la
fête d'Auguste se célébrait à Lyon le 1*' août et que le
1" août est dénommé en vieil-irlandais Lug-nasad, c'est-à-
dire « fête de Lug » (1). On aurait choisi pour célébrer la
fête de l'empereur le jour où l'on fêtait jadis le dieu épo-
nyme de la ville. On a trouvé dans deux inscriptions le
nom de génies Lugoves (2), qui est le pluriel eu celtique de
Lugus. Dans l'épopée irlandaise, Lug, le bon ouvrier ca-
pable d'exécuter tout ouvrage qu'on lui confie, a gardé
peut-être quelques traits de son ancêtre supposé Lugus,
sans qu'il soit possible de restituer avec quelque précision
la physionomie de celui-ci.
Dexiva est la déesse des Dexivates qui habitaient les
bords de laDurance; Tricoria (3), la déesse des Tricorii,
peuple de la vallée du Drac.
Le vent du nord-ouest, appelé Circius en Narbonnaise,
était honoré par les habitants parce que, bien qu'il renver-
sât leurs maisons, il contribuait à la salubrité du climat.
Auguste, pendant son séjour en Gaule, lui dédia un
temple (4).
Les divinités celtiques sont souvent, dans les dédicaces,
groupées deux à deux, un dieu et une déesse. Nous avons
(1) Suétone, Claude, 2 ; Corpus inscriptlonum latinarum,
t. I, n° 398 ; H. d'Arbois de Jubainville, Cours de littérature
celtique, t. vu, p. 305-317 ; Les Celtes depuis les temps les plus
anciens, p. 39-45 ; Rhys, Hibbert lectures, p. 410 ; O. Hirsch-
FELD, Westdeutsche Zeitschrift fiir Geschichte und Kunst, 1904,
t, XXIII.
(2) Revue celtique, t. vi, p. 488-487 ; Cf. Cours de littérature
celtique, t. ii, p. 178.
(3) Voir EspÉRANDiEU, Recueil général, n° 539.
(4) Sénèque, Questions naturelles, v, 17, 5 ; cf. Aulu-Gelle,
II, 22, 20.
LA RELIGION
329
déjà cité Sucellos et Nantosuelta. On trouve de plus dans
les inscriptions gallo-romaines : Mercure associé à Ros-
merta (1), déesse dont le nom est certainement celtique,
(cf. Smertorix) ;Borvo (var. Bormo), le dieu de Bourbonne-
les-Bains, de Bourbon-Lancy et d'Aix-ies-Bains, associé à
Damona ; Bormanus et Bormana, Albius et Damona, Luxo-
vius et Brixia ; Apollon (2), associé à Sirona, la nymphe des
eaux ; Mars Loucetios associé à Nemetona (dont le nom
rappelle celui de Nemon, fée guerrière de l'épopée irlan-
daise) et à Epona (3) ; Telo associé à Stannachez les Peiru-
corii ; Mars Cicolluis associé à Litavis, laquelle dans une
inscription est remplacée par Bellona (4). On trouve quel-
quefois deux dieux associés dans la même formule : Di-
vaiuioni, Dinomogeiimaro Martibus.
Ce dualisme n'a rien de particulier aux Celtes. On le
trouve souvent ailleurs. Le groupement des divinités en
triades n'est pas non plus spécialement celtique, bien qu'il
soit fréquent en Gaule (5). Nous avons parlé plus haut de
l'autel de Reims, oii un dieu cornu figure avec Apollon et
Mercure ; on peut citer encore l'autel de Beaune et l'autel
de Dennevy ; dans chacun de ces autels figurent trois per-
sonnages dont un tricéphale. La tête du personnage princi-
pal manque dans l'autel de Saintes (6). Le dieu tricéphale
(1) Revue celtique, t. xviij, p. 143, 256.
(2) Cf. EuMÈNE, Panégyrique de Conslanlin, 21.
(3) H. Gaidoz, Religion des Gaulois [Encyclopédie des sciences
religieuses, t. v, p. 432).
(4) Cf. Mars et Bellone des Scordisci. Ammien, xxvii, 4, 4,
(5) On la trouve encore chez les Grecs, les Macédoniens, les
Thraces, les Phrygiens, les Italiotes, les Germains, les Hindous
et les Sémites. Usener, Rheinisches Muséum, t. lviii (1903),
p. 24-34.
(6) A, Bertrand, L'autel de Saintes et les triades gauloises^
330 SIGNES SYMBOLIQUES
lui-même semble une représentation réduite de la triade.
On a souvent remarqué que Tentâtes, Esus et Taranis, les
trois divinités sanguinaires citées par Lucain, pouvaient
constituer une triade. On peut encore citer le Taureau aux
trois grues et le Taureau à trois cornes (1). La triade est,
dans la littérature irlandaise (2) et surtout dans la littéra-
ture des Bretons du Pays de Galles, un genre de composi-
tion qui a eu un grand succès et qui a été appliqué au droit,
à la littérature, à l'histoire (3) . Mais la plus ancienne triade
galloise provient d'un manuscrit du xii* siècle et la plus an-
cienne triade irlandaise provient d'un manuscrit du
VIII® siècle. Saurons-nous jamais si quelque lien relie la
triade religieuse des Gallo-Romains au genre littéraire si
en honneur chez les Bretons d'Outre-Manche et les Gaëls ?
En tout cas, la pièce du gallo-romain Ausone sur le nombre
trois ne semble pas fondée sur des triades celtiques (4).
Mais Diogène Laerce nous a conservé une maxime drui-
dique sous forme de triade (o).
Pour terminer ce qui a trait aux divinités celtiques et à
leur représentation, il faut dire quelques mots de certains
signes symboliques que l'on trouve sur divers monuments.
On a depuis longtemps renoncé à voir dans les monuments
mégalithiques (6) l'œuvre d'un peuple celtique et les cu-
Revue archéologique, t. xxxix (1880), p. 337-347, pi. ix et x ;
t. XL (1880), p. 1-18, pi. XI, XII, xii bis ; p. 70-84 (fig.) ; Gassies,
Revue des études anciennes, t. ix, p. 364-368.
(1) S. Reinach, Bronzes figurés de la Gaule romaine, p. 282.
(2) KuNO Meyer, The triads of Ireland (Todd lecture séries,
xiii), Dublin, 1906.
(3) Cf. J. LoTH, Annales de Bretagne, t. v, p. 500, 692.
(4) Idylles, xi (xvi).
(5) Voir ci-après, chap. vi. p. 374.
(6) Sur ces monuments, voir C. Jullian, Histoire de la Gaule, U
LA RELIGION 331
pules creusées dans ces monuments et environnées d'un
nombre plus ou moins grand de lignes circulaires (1) ne
sauraient appartenir à notre sujet. Mais il est possible que
les Celtes aient, comme d'autres peuples, anciennement
attaché une idée religieuse au svastika ou croix gammée (2)
ainsi appelée parce qu'elle constitue une croix dont les
quatre branches égales sont recourbées à angle droit à leurs
extrémités et qu'elle paraît formée de quatre gammas grecs
mis bout à boni deux par deux et tournés en sens inverse
les uns des autres ; ce signe est souvent associé à la
roue ou rouelle formée d'un cercle et d'un nombre variable
de rayons, que l'on trouve aussi employée seule sur des
monuments et des monnaies (3). On a signalé la croix
gammée sur diverses monnaies gauloises (4) ; et aussi sur
des cippes sans inscriptions de la région pyrénéenne, et des
stèles irlandaises du vu* siècle (5). On sait que la croix
gammée s 3 trouve sur les vêtements de plusieurs person-
nages représentés sur des peintures des catacombes, où
elle semble bien n'avoir qu'une valeur ornementale. Dans
t. II, p. 147-167 ; S. Reinach, Cultes, mythes et religions, t. m,
p. 434-448 ; Déchelette, Manuel, t. i, p. 373-447.
(1) A. DE MoRTiLLET, Revue de l'Ecole d'anthropologie de
Paris, 1894, p. 273 ; G. de*Closmadeuc, Soc. d'anthr. de Paris,
1893, A. Bertrand, Archéologie celtiqui' et gauloise, 2^ éd.,
p. 100-159.
(2) Voir EspÉRANDiEu, Recueil général, n° 10, 1691.
(3) Par exemple sur des autels conservés au musée de Nîmes,
Renel, Les religions de la Gaule, p. 259 ; Déchelette, Manuel
d'archéologie préhistorique, t. ii, 453-463, 885-892 ; Revue ar-
chéologique, t. XIV (1909), p. 117. Voir ci-dessus, p. 323, note
1, II. DE La Tour, Atlas, pi. v, n" 2173^
(4) E. HucHER, L'art gaulois, t. ii, p. 105, 106, 134.
(5) A. Bertrand, La religion des Gaulois, pi. xiii ; Espé-
RANDiEu, Recueil général, n°^ 863 (avec roue) ; 854 ; 861, 865
(avec un arbre).
332 AMULETTES
de nombreuses enceintes gauloises, on a trouvé en abon-
dance des rouelles, en or, en argent, en bronze, en plomb,
qui servaient sans doute d'amulettes et étaient peut-être,
comme l'a pensé M. H. Gaidoz, un symbole du culte du
Soleil (1). Rien ne nous prouve expressément que les Celtes
l'aient ainsi interprété. On trouve figuré sur quelques autels
en pierre un maillet, seul ou avec un vase ; ce sont évidem-
ment les attributs symboliques du dieu au maillet (2), Un
ornement en forme d'S est fréquent chez les Belges et les
Bretons (3).
Il est possible que des symboles religieux et divers
objets servant au culte soient représentés sur les monnaies
gauloises (4).
Il est difficile de déterminer quels étaient les objets qui
servaient aux Celtes de fétiches et d'amulettes. Sans doute
on peut mettre dans cette catégorie : les têtes coupées que
les chefs gaulois conservaient précieusement (8) ; la rouelle,
le signe en S, le svastika, la hache qui semblent être sou-
(1) H. Gaidoz, Etudes sur la mythologie gauloise. Le dieu
gaulois du Soleil et le symbolisme de la roue, Revue archéologique,
t. IV, 1884, p. 7-37, 136-149, t. v, 1885, p. 179-203 ; 364-371 ;
t. VI, p. 16-27, 17-191, 319-320 (avec figures). Déchelette,
Manuel d'archéologie préhistorique, t. ii, p. 413-417. D'après la
Confessio de saint Patrice, éd. White, § 60, il semble que les
Irlandais adoraient le Soleil.
(2) Renel, Les religions de la Gaule, p. 254 note ; C. Jullian,
Histoire de la Gaule, t. ii, p. 140, n. 6. Cf. le tau gallicum, ci-
dessus, p. 80.
(3) RoMiLLY Allen, Celtic art, p. 151-153 ; Espérandieu,
Recueil général, n°^ 326, 1525, 3278 ; de la Tour, Atlas des
monnaies gauloises, p. 302.
(4) C. Jullian, Histoire de la Gaule, t. ii, p. 347.
(5) Voir ci-dessus, p. 147. Cf. Ad. Reinach, Revue de l'his-
toire des religions, t. lxvii, p. 41-48;/îe^'ue celtique, t. xxxiv, p.284-
286.
LA RELIGION 333
vent, à l'époque de Hallstatt et à l'époque de la Tène, des
bijoux talismans destinés à protéger contre le mauvais sort
et le mauvais œil.
Ainsi donc, divinités à noms et à attributs romains, di-
vinités gallo-romaines à noms celtiques, monstres entière-
ment ou à demi animalisés, triade de Lucain, Ogmios de
Lucien, symboles dont nous ne pouvons pénétrer que par
conjecture la signification, voilà les éléments dont se com-
pose le panthéon celtique. Si nous essayons de restituer la
physionomie de ces divinités mystérieuses, il faut nous les
figurer, non pas semblables aux mythiques habitants de
l'Olympe grec dont chacun représente une idée distincte,
force de la nature, ou conception de l'esprit, mais plutôt
apparentés aux dieux rustiques et guerriers du Latium,
dont les aspects sont multiples et les pouvoirs variés. A
l'époque des grandes invasions, les dieux des diverses
tribus gauloises étaient sans doute presque exclusivement
des dieux guerriers. Lorsque les Celtes s'établirent à de-
meure dans les pays qu'ils avaient conquis, ces mêmes
dieux eurent à protéger les villes fortes et les maisons de
culture répandues sur le territoire, à distribuer la pluie et
le soleil aux champs fertiles, ainsi qu'aux forêts immenses,
et ténébreuses ; dans la Cisalpine et dans la province ro-
maine, de bonne heure ils présidèrent aux transactions et
aux échanges que faisaient les Gaulois avec les marchands
romains et les négociants grecs de Marseille ; enfin, de
temps à autre, leur vertu guerrière se réveillait lorsqu'il
fallait défendre l'indépendance du pays, ou tenter de se-
couer le joug des vainqueurs. Et l'on conçoit que les Ro-
mains, étonnés de la multiplicité des attributs de ces divi
nités complexes, ne surent s'ils devaient les appeler Mars
334 B*TOJlTK)»5
cm Mgxaatr •<» Japiter,oa Apolkn, cm Milieu e, rt essayè-
leat de nttadier a> bohi dTna £ea on d'âne déesse dn pan-
théon befléoiqaeeliQaaiaeiiagpea^cct^fféieDt des di-
viaités eeifiqaei.
n
Les éenrains de F Antiquité s'aecordent à reooniiaitre la
rdigioâté des Ganlois. An ténKMgnage bien omna de Cessa
qn dit qve les Gaulois sont on peuple très adonné aux
pratiqiies nli^evses (1 ), il fant ajonter ceox de Tîte-Lire (2 ,
de Denji d'Hafieaniaise ^3] et d'Arrien (4). L'Ednen
Dofluiorlx, poor ne pas accompagner César en Grande-
Brefs^ne, allégnait des sonpoks leligirax fo). Les rois
des Tectosagea. ponrne pas se rendre an reodez-vons qnHa
araicsit donné à Cn. Manlins, pr^eztent des moUts rell-
fpeox (6), L«s Cadurcir rédirîts par César à la dernière ex-
trémité, s'abandonnent an rainqneor, pensant que ce qni
leur arrife est rena non des dessôns des hommes, mais de
ht rotonlé des dienx fT).
Coonne les Romains, les Celtes cherchent à connaître
l'avenir par les entrailles des victimes ''8) ; ils ajoutent foi
aox indications données par les songes (9). D'après Nicandre
ft)( Guerre de Gaule, ri, 16, 1. La piété était, d'après Strabo»
{ru, 3, Z), la camclérirtiqu* dea Thraco-Celtes.
(2) Livrft V, cb- xxxxvi, 3.
1"^ ' 'é-i romaines, tii, 70.
f V • fi>xe, Z'*.
\'ti •! j^rrf- de Gaule, V, 6.
(G) Tn-e. Live, xxxviii, 25.
(7^ Guerre de Gaule, tiii, 43, 5.
(8) Ji;»Tf?», XXVI, 2 ; DiObORE, v, 31.
(9)1 JUSTIJI, XLIH, 5.
/
LA RELIGION 335
de Colophon cité par Tertullien (1), les Celtes passaient la
nuit auprès des tombeaux {busia) des hommes braves pour
recueillir des oracles. Certains phénomènes physiques les
pénétraient de crainte. En 218, les Galates alliés d'Altale
effrayés par une éclipse de lune, refusèrent d'aller plus
loin (2). A Delphes, les grondements du tonnerre les frap-
paient d'épouvante (3). Les présages sinistres que les Bre-
tons du l" siècle remarquaient étaient très variés : c'étaient
des bruits à l'extérieur de la curie ; des hurlements dans le
théâtre ; l'apparence d'une ville engloutie à l'estuaire de la
Tamise ; l'Océan semblant ensanglanté ; des formes hu-
maines laissées par le reflux sur le rivage (4). Seuls les
Celtes de Brennos, à ce que raconte Pausauias, ne consul-
taient pas les devins (5).
Les Celtes étaient plus habiles que les autres peuples en
science augurale (6) ; Déjotarus passait pour un augure re-
marquable (7). La divination s'exerçait par divers oiseaux,
le corbeau (8), l'aigle, même, chez les Bretons, par la
course d'un quadrupède, le lièvre (9). Des oiseaux indiquent
à des armées la direction qu'elles doivent suivre (10) ; averti
par le vol d'un aigle, Déjotarus revient sur ses pas (11).
D'après Artémidore (i'"'" siècle avant Jésus-Christ), dans un
port sur la côte de l'Océan, il y avait deux corbeaux à l'aile
(1) De l'âme, 57.
(2) POLYBE, V, 78.
(i) Pausanias, X, 23, 2.
(4) Tacite, Annales, xiv, 32.
(5) Pausanias, x, 21, 1.
(6) Justin, xxiv, 4, 4.
(7) CicÉRox, De divinatione, i, 15, 26-27.
(8) Artémidore, chez Strabon, iv, 4, 6»
(9) Dion Cassius, lxii, 6.
(10) Justin, xxiv, 4, 3.
(11) De divinatione, i, 15, 26.
336 ANIMAUX SACRÉS
droite blanchâtre ; les gens qui avaient entre eux quelque
contestation mettaient sur une planche des gâteaux, cha-
cun disposant les siens de manière à ce qu'on ne pût les
confondre. Les corbeaux s'abattaient sur les gâteaux, man-
geaient les uns, dispersaient les autres, et celle des deux
parties dont les gâteaux avaient été dispersés l'empor-
tait (1).
Il reste encore, à l'époque la plus ancienne, des souve-
nirs du culte que l'on rendait à certains animaux (2). Le
corbeau, qui est le symbole de Lugiidiinum (Lyon), sur
plusieurs monuments gallo-romains, avait, dit-on, donné
son nom à cette ville (3). Chez les Bretons, l'oie, la poule et
le lièvre sont tabous (4). Les Galates de Pessinunte ne
mangent pas de porc (3). Nous avons cité plus haut les sur-
noms de Mercurius : Mocciis «cochon «et Artaius i ours »
(cf. la Dea Artio). Onsait que le cochon sauvage, le sanglier,
était l'insigne guerrier des Celtes, et qu'il figure comme tel
sur l'arc de triomphe d'Orange. D'après Tacite (6), les
Aestii qui ont l'aspect et les mœurs des Suèves, mais dont
la langue est assez proche du breton, portent comme talis-
mans des figures de sangliers. Nenniusnous parle d'un ani-
mal merveilleux, porciis iroit, poursuivi par le roi Arthur
(1) Strabon, IV, 4, 6.
(2) Voir S. Reinach, Revixe celtique, t. xxi, p. 269-306 ;
Cultes, t. I, p. 30-78.
(3) Allmeu et DissARD, Inscriptions antiques de Lyon, 1889,
t. II, p. 148 et suiv. Voir ci-dessus, p. 74.
(4) Guerre de Gaule, v, 12.
(5) Pausamas, VII, 17, 10. M. S. Reînach pense que si Ver-
cingétorix a renvoyé sa cavalerie d'Alésia. c'est parce que les
Gaulois ne mangeaient pas de viande de cheval. Revue cel-
tique, t. XXVI I, p. 1-15.
^6) Germanie, 45.
LA RELIGION 337
dans une chasse fantastique (1) ; c'est le Uvrch trwijth du
roman gallois intitulé Kulhwdi et Ohven (2) et ce porc ou
ce sanglier fameux est sans doute dans la légende celtique
un souvenir du temps où le porc était le symbole et le
totem (3) d'une tribu gauloise. Sur les monnaies gauloises,
les emblèmes que l'on trouve le plus fréquemment sont le
cheval, le sanglier, l'aigle et le serpent ; on ne sait si le
cheval androcéphale des monnaies de l'Ouest de la Gaule
est un symbole religieux (4). Sur le fronton de l'autel de
Reims est sculpté un rat. Le petit autel tricéphale trouvé
dans la même ville est surmonté d'une tête de bélier. A la
partie inférieure de l'autel de Sarrebourg est figuré un
oiseau (o). Le dieu au maillet est quelquefois représenté avec
un chien ou un loup (6), une fois avec un coq, une fois avec
un serpent s'enroulant autour de la hampe du maillet, une
autre fois avec deux oiseaux au-dessus de sa tête (7). Les
carnassiers androphages ne sont pas rares dans l'art gallo-
(1) MoMMSEN,- Chroiiica minora, t. m, p. 217, 1. 18. (Monu-
menta Germanise historica, auctoritm antiquissimorum, t. xiii).
(2) J. LoTH, Les Mabinogion, t. i, p. 252-281. Cf. Rhys, Cel-
tic folklore, Oxford, 1901, p. 498-555.
(3) Sur le tolémisme chez les Celtes, voir S. Reinach, Cultes,
mythes et religions, t. i, p. i^O-78.
(4) Revue numismatique, 1840, p. 247 ; 1903, p. 1. Sur la
diffusion du sanglier-enseigne, cf. S. Reinach, Description rai-
sonnée du musée de Saint-Germain, t. ii, p. 255-256, note.
Revue celtique, t. xxii, p. 153-159 ; Blanchet, Traité des mon-
naies gauloises, p. 164-168.
(5) Pour les détails de cet autel, voir C. Jullian, Revue des
études anciennes, t. vu, p. 246-247.
(6) Cf. le loup androphage d'Oxford et d'Angoulême. S. Rei-
nach, Revue celtique, t. xxv, p. 209 (fig.) ; G. Welter, Revue
archéologique, t. xvii (1911), p. 55-61, en rapproche la louve
d'Arlon.
(7) Renel, Les religions de la Gaule, p. 255 note ; Jullian,
Histoire de la Gaule, t. ii, p. 139.
G. DoTTiN. — Manuel de l'antiquité celtique. 22
338 ANIMAUX SACRÉS
romain. Nous avons déjà parlé [du taureau aux trois
grues (i), et des dieux à cornes de bélier et de cerf qui ne
rappellent plus que par un détail le culte primitif des ani-
maux sacrés (2).
Le serpent cornu (3) s'enroule sur les bras d'un homme
barbu qui tient ses bras levés, la paume de la main à lex-
térieur, dans le bas-relief d'Arlon ; on le trouve à la main
d'un des deux personnages de la slèle de Nancy, ainsi que
sur les stèles de Vignory et de Xertigny (4). Il figure sur
l'autel de ^lavilly, au milieu des douze grands dieux ro-
mains ; à la gauche du Mercure de Néris et sur l'autel de
Beauvais (5).
Les animaux qui figurent, peut-être à titre d'emblèmes
religieux, sur les monnaies gauloises sont ; le cheval, le
chamois, le loup, le sanglier, l'aigle, le serpent, le renard,
l'ours (G).
Outre certains monuments figurés qui peuvent nous
attester le culte des arbres (7), on peut regarder comme
(1) Sur la diffusion de ce type, cf. S. Reinach, Description,
p. 121 note.
(2) Cf. H. d'Arboïs de Jubainvili-e, Les Celtes depjiis les
temps les plus anciens, p. 47-50. Les druides et les dieux celtiques
à forme d'animaux, Paris, 1906, p. 150-163.
(3) Sur le serpent cornu, voir S. Reinach, Cultes, mythes et
religions, t. ii, p. 63.
(4) A. J. Reinach, Revue archéologique, t. xvii (1911),
p. 221-256 (pi.) ; Revue des éludes anciennes, t. xiii, p. 348-349.
(.-.) S. Reinach, Cultes, mythes et religions, t. i, p. 63, 75 ;
t. II, p. 64, 191 ; t. III, p. 166 ; Windisch, Das keltische Brittan-
nien, p. 83-84.
(6) C. JuLLiAN, Histoire de la Gaule, t. ii, p. 348. Le coq est
rare et peut venir d'une imitation de monnaie étrangère.
(;) Cf. Sexarbori Deo à Arbas. Corpus inscriptionum lati-
nariim, t. xiii, n^ 132. Voir Espérandieu, Recueil général des
has-reliefs de la Gaule romaine, t. i, n°^ 243, 32 (laurier avec
LA RELIGION 339
tels les deux faces de l'autel de Paris et l'autel de Trêves
où sont figurés soit un arbre, soit des feuillages. Mais nous
savons par Pline que le chêne rouvre est chez les Gaulois
l'arbre des bois sacrés (1) et qu'on n'accomplit aucune céré-
monie sans son feuillage. Maxime de Tyr (2) nous apprend
qu'un chêne élevé est la représentation (â'YaXfxa) celtique de
Zeus. Nous trouvons dans un passage de Pline que leselago
était en Gaule un préservatif contre les accidents et que la
fumée en était utile pour toutes les maladies d'yeux. On
devait cueillir cette plante sans se servir de fer, avec la
main droite passée par l'ouverture gauche de la tunique,
comme pour un vol ; il fallait être couvert d'un vêtement
blanc et avoir préalablement sacrifié avec du pain et du
vin (3). Le gui, que Ton appelait d'un nom qui signifie re-
mède universel, était un remède contre les poisons et
donnait la fécondité à tout animal stérile. Le gui venant
sur le rouvre est extrêmement rare ; aussi le regardait-on
comme envoyé du ciel. La cueillette du gui, nous dit Pline,
se fait le sixième jour de la lune. Après avoir préparé selon
les rites, sous l'arbre, des sacrifices et un repas, on fait
approcher des taureaux de couleur blanche dont les cornes
deux oiseaux perchés dan? ses branches, dédicace : Deo Rudiano.
On trouve aussi la dédicace : Fago Deo près des Pyrénées.
(1) Cf. Deo Robori, Corpus inscriptionum latinarum, t. xiii,
nO 1112.
(2) Dissertations, viii, 8. Peut-être KeXxo'! dans ce passage
signifie-t-il Germains. Sur le culte des arbres chez les Gaëls,
voir H. d'Arbois de Jubainville, Les Celtes depuis les temps
les plus anciens, p. 51-52.
(3) Histoire naturelle, xxiv, 62, 103. On a identifié le selago
soit au Lycopodium selago, soit au Sedum telephium. (L. Er-
NAULT, Des idées et con?iaissances médicales chez les Celtes, Bulle-
tin de la Société archéologique d' I Ile-et-Vilaine, t. xvi (1883),
p. 121) ; soit à la rue des champs ou millepertuis. Béjottes, Le
livre sacré d'Hermès Trismégiste, Bordeaux, 1911, p. 47.
340 ENCEINTES SACREES
sont attachées alors pour la première fois. Un prêtre, vêtu
de blanc, monte sur l'arbre et coupe le gui avec une serpe
d'or ; on le reçoit sur une saie blanche ; puis on immole
les victimes en priant que le dieu rende le don, qu'il a fait,
propice à ceux auxquels il l'accorde (1). A ces plantes à
vertus merveilleuses il faut encore ajouter le Samolns, re-
mède contre la maladie des bœufs et des porcs, dont la
cueillette donne lieu à des procédés magiques : il faut que
celui qui le cueille soit à jeun, l'arrache de la main gauche,
ne le regarde pas et ne le mette pas ailleurs que dans
l'auge oii on le broie (2). La verveine sert aux Gaulois pour
tirer les sorts et prédire l'avenir (3). La divination par les
morceaux de bois marqués que Tacite signale chez les
Germains (4) était connue des Gaëls et des Bretons (5). Des
pratiques superstitieuses identiques ou an;dogues sont en-
core en usage daos certaines de nos campagnes.
Les b lis sacrés des Gaulois dont, au temps de Pliue, le
chêne rouvre était le principal élément, sont mentionnés
par les auteurs de l'Antiquité (6). Les Galates d'Asie Mi-
neure avaient un conseil composé des douze tétrarques qui
se réunissait, pour juger les affaires de meurtre, dans un en-
droit appelé Apj-vÉjiî-ov ; or, le second terme de ce mot si-
(1) Histoire luiturelle, xvi, 95, 249 ; xxiv, 62, 103. Cf. H. Gai-
Doz, Revue de l'histoire des religions, t. ii, p. 68-82.
(2) Pline, xxiv, 63, 104. On l'identifie soit au Samolns Va-
lerandi, soit à V Anémone piilsatilla , soit à la ^'eronica beccabunga,
soit à la Barharea vulgaris (L. Ernault, Bulletin de la Société
archéologique d' Ille-ct-V Haine, t. xvi, p. 121), soit au millepertuis
androsseme (Béjottes, Le livre sacré d'Hermès Trismégiste, p. 48).
(3) Pline, xxv, 59, 106. Cf. Servius, Enéide, m, 57.
(4) Germanie, 10.
(5) J. LoTH, Revue celtique, t. xvi, p. 313-314. Cf. Annales de
Bretagne, t. xx, p. 350.
(6) PoMPONius Mêla, m, 2, 17 ; Lucain, m, 399-425.
LA RELIGION 341
gnifie en celtique bois sacré (1). Ces bois sacrés tenaient-ils
lieu de temples aux Gaulois transalpins ? On serait tenté
de le croire, car César ne parle que de l'endroit consacré,
loco consecrato, oii,surle territoire des Carnutes, les druides
s'assembilaient cha jue année à époque fixe pour rendre la
justice (2). Le bois sacré situé près de Marseille et décrit
par Lucain contenait les autels servant aux sacrifices hu-
mains (3). Il n'y a rien à conclure pour l'époque gauloise
de l'existence de nombreux temples en Gaule au temps des
Gallo-Romains (4). Tout au plus, peut-on remarquer qu'un
grand nombre de ces temples sont consacrés à Mercure,
quelques-uns à Apollon, à Jupiter et à Mars (5), et qu'il y
a là une confirmation du texte de César : Deum maximum
Mercurium colunt. Tite Live nous rapporte qu'en 216 avant
J.-C. les dépouilles et la tête du consul désigné Posturaius
furent portées par les Boii de Cisalpine dans le temple
(templum) le plus respecté de leur nation (6). Il y avait
chez les Insubres un temple (Upôv) d'Athènâ (7). Les Bre-
tons de Boudicca ont des lieux consacrés (lecâ) ; ils offrent
des sacrifices humains dans le bois sacré (àXiro;) de la déesse
Adrastê (8). En 61 avant J.-C, Suetonius Paulinus fait
couper les bois de Mona consacrés à de sauvages supersti-
tions (9). Les mots vaôc, aedes ne sont pas employés chez
(1) H. d'Arbois de Jubainville, Cours de littérature ceU
tique, t. I, p. 114. Voir ci-dessus, p. 81.
(2) Guerre de Gaule, vi, 13 ; cf. 17,
(3) Pharsale, ni, 404.
(4) Renel, Les religions de la Gaule, p. 349-350.
(5) A. Bertrand, La religion des Gaulois, p. 323-325, 328,
331.
(6) Tite Live, xxiii, 24.
(7) POLYBE, II, 32.
(8) Xiphilin, abrégé de Dion Cassius, lxii, 7,
(9) Tacite, Annales, xiv, 30,
342 STATUES
les écrivains grecs ou latins pour désigner les temples des
Celtes (1). Nous n'avons aucune description des autels gau-
lois pour lesquels les Latins emploient les mots arae (2),
altaria (3),
Les temples étaient-ils ornés, comme chez les Romains,
de statues de dieux auquels ou rendait un culte ? Sur ce
point, les témoignages des anciens sont contradictoires.
Les Galates, au dire de Strabon, avaient à Tavium une
statue colossale de Zeus en airain et une enceinte sacrée
(t£[jievo;) qui servait de lieu d'asile (4). Zénodore avait fait
pour la cité gauloise des Arvernes, en dix ans, au prix de
400.000 sesterces, une statue colossale de Mercure qui sur-
passait par ses dimensions toutes les statues du temps de
Pline (o). D'autre part, Diodore nous rapporte que Brennos
étant entré dans un temple grec n'y vit aucune offrande
d'or ou d'argent, mais seulement des statues, et rit beau-
coup de ce que les Grecs, croyant à des dieux antliropo-
morphes, les eussent représentés en bois et en pierre (6).
Les mots employés pour désigner des représentations des
divinités sont souvent très vagues. Lucain décrit dans le
bois sacré situé près de Marseille des troncs d'arbre gros-
sièrement sculptés pour représenter les dieux : simulacra
(1) Outre locus consecratus, on trouve hpôv (Diodore, v,
27 ; Strabon, iv, 4, 5 ; Plutarque, César, 26 ; Dion Cassius,
Lxii, 7 ; xxvii, 90) ; templum (ïite Live, xxiii, 24, 11 ; Sué-
tone, César, 54) ; xâjjiEvo; (Strabon, xii, 5, 2 ; Diodore, v, 27,
4) ; (TTjxôî (Strabon, iv, 1, 13) ; fanitm (Suétone, César, 54).
(2) CicÉRON, Pour Fonteius, x, 21 ; Lucain, i, 446 ; m, 404 ;
Tacite, Annales, xiv, 20.
(3) Lucain, m, 404 ; Mêla, m, 2.
(4) Strabon, xii, 5, 2.
(5) Pline, Histoire naturelle, xxxiv, 18, 45.
(6) Bibliothèque, xxii, 9. 4,
LA HELIGION
343
mspsta deorum (1). Enfin César nous fait connaître qu'il y
a en -Gaule d'assez nombreuses représentations de Mercure :
cuj'us surit plura simulacra (t) . Comme Tont fait remarquer
Fustel de Coulanges (3) et M. Salomon Reinach, il n'est
pas sûr que sùnulacra signifie statues : simulacra a le
sens vague d'image, d'indication symbolique. S'il y avait
eu des statues de dieux gaulois avant la conquête romaine,
il serait inadmissible qu'on n'en eût pas découvert quel-
ques-unes à Bibracte ou à Alésia. Or, on n'a point trouvé
en Gaule de représentations figurées appartenant à la pé-
riode qui s'étend entre l'époque du renne et l'époque ro-
maine. Les simulacra de César étaient-ils, comme le sug-
gère M. S. Reinach, les accumulations de pierres, menhirs,
galgals que l'on a trouvés sur tous les points du territoire
de l'ancienne Gaule (4)'^ Gela est possible, sans qu'on puisse
le démontrer. Dans la Vie de saint Samson, écrite au com-
mencement du vu* siècle, il est question d'une pierre levée,
simulacnun qbominahile (5), sur laquelle le saint grava le
signe de la croix et qui était placée sur une montagne dans le
pagus Tricorius en Domnonée insulaire. Dans l'ancienne
Irlande, on trouve des traces nombreuses du culte des
pierres. Une pierre nommée Cer?nand Cestach portait les
traces des attaches qui servaient à y fixer, au temps du
(1) Pharsale, m, 412. Valerius Flaccus, vi, 91. Cf. S. Rei-
nach, Rei'ue celtique, t. xiii, p. 191-192.
(2) Guerre de Gaule, vi, 17.
(3) Rc'ue celtique, t. iv, p. 49, note 4.
(4) Revue celtique, t. xi, p. 224. Cf. t. xxvii, p. 313 ; Revue
archéologique, t. xxi (1893), p. 195-226, 329-367.
(5) Mabillon, Acta sanclorum ordinis S. Benedicli, Lutetiaj,
1668, t. I, p. 177-178. Cf. Revue celtique, t. xxvii, p. 314.
344
STATUES
paganisme, des ornements d'or et d'argent (1). Une pierre
servant de limite aux terres s'appelle lia adrada (2)
« pierre d"adoration » ; la pierre parlante, clocli labhrais,
donnait des réponses comme la lech lavar des Gallois ;
la pierre du roi, lia fail, rugissait quand un roi de la
vraie race milésienne s'asseyait dessus (3).
A l'époque gallo-romaine, les identiîications de divinités
gréco-romaines avec les divinités celtiques peuvent tenir,
pour une bonne part, à ce qu'on acceptait comme re-
présentation d'une divinité celtique un des types de statues
romaines que l'on trouvait le plus facilement dans le
commerce.
Il n'y a évidemment aucune conclusion à tirer, pour
l'époque ancienne, des statues et des statuettes que l'on a
*de l'époque gallo-romaine. Il faut remarquer, toutefois, que
les statues et les statuettes en bronze sont en général
rares, à l'exception cependant de celles qui représentent
Mercure ; il y a au Musée de Saint-Germain trente et une
de ces statuettes de Mercure, quarante et une à Lyon (4).
Peut-être est-il permis de chercher dans les statues
gallo-romaines les caractères d'originalité qu'elles pré-
sentent et que l'on peut imputer à l'art celtique. L'Apollon
(1) Félire Oenguso, éd. Wh. Stokes, Dublin, 1880, p. 186, 187,
378. Revue celtique, t. xxvii, p. 316.
(2) Ancient laws of Ireland, London, 1865, t. iv, p. 142, 1. 16.
(3) Joyce, A social history of ancient Ireland, t. i, p. 277-280.
Le culte des pierres, des arbres ou des fontaines est condamné
en Gaule par divers canons et capitulaires ; Bruns, Canones
apostolorum et conciliorum sœculorum iv, v, vi, vu, 2^ partie,
p. 133 ; Maasen, Concilia sei^i merovingici, p. 133 ; Boretius,
Capitularia regum Fraiicorum, t. i, p. 59. Cf. S. Reinach, Rei'ue
archéologique, ^t. xxi (1893), p. 333.
(4) A. Bertrand, La religion des Gaulois, p. 323. Voir Renel,
Les religions de la Gaule, p. 304-307.
«
LA RELIGION 345
en bronze de Vaupoisson (au musée de Troyes) offre
quelques traces d'hiératisme dans son attitude et sa phy-
sionomie. Le dieu de Lezoux (au musée de Saint-Germain)
a, comme le Mercure romain, des ailerons, un pétase, un
caducée; il est, de même, accompagné d'un bélier et d'un
coq, mais au lieu du jeune homme imberbe, élégant et
souple qu'ont conçu les artistes grecs et romains, c'est un
vieillard barbu, rébarbatif et d'une raideur hiératique que
les Arvernes ont (vers oO avant J.-G.) consacré à Mercure
et à Auguste. Le dieu au maillet de Beaune est inspiré du
Sérapis de l'Egypte grecque, mais il est revêtu de la saie
gauloise serrée à la taille par une ceinture (1 .
Dans les temples et les enceintes sacrées, h toT; kpoTc xal
T£[j.iv£a'.-<, les Celtes du nord entassent une grande quantité
d'or qu'ils offrent aux dieux, et quoique tous les Celtes
aiment l'argent, pas un d'eux n'ose y toucher (2). Les
Arvernes avaient suspendu à un temple, Trpô; Upù), la
petite épée que César avait laissée entre leurs mains et le
conquérant des Gaules, qui la revit plus tard à cette place
refusa de la reprendre, disant qu'il fallait respecter un
objet consacré aux dieux (3). Les dépouilles des ennemis
devaient pour une grande partie constituer les trésors des
temples (4).
Avant la bataille, les Gaulois consacrent à Mars les dé-
(1) S. Reinach, Idées générales sw l'art de la Gaule [Revue
archéologique, t. vi (1905), p. 310-312). On trouvera les statues
et les bas-reliefs représentant les dieux, chez S. Reinach,
Bronzes figurés de la Gaule romaine, et chez Espérandieu, Re-
cueil général des bas-reliefs de la Gaule romaine.
(2) DioDORE, V, 27. Cf. Suétone, César, 54.
(3) Plutarque, César, 26.
(4) Cf. JuLLiAN, Revue des études anciennes, t. iv, p. 281.
34<) PRIÈRES
pouilles des ennemis ; après la victoire, ils immolent les
êtres animés qu'ils ont pris ; le reste est rassemblé en un
seul endroit ; et dans beaucoup de cités on peut voir dans
les lieux consacrés des monceaux de butin pris à la
guerre (1). Pendant la guerre de 218, un Gaulois avait
voué sa chevelure à Mars (2). Catumandus avait offert à
Minerve un collier d'or (3). Les Insubres avaient voué un
collier à Mars (4). Les Tectosages avaient rassemblée Tou-
louse, dans les enceintes et les lacs sacrés, des lingots d'or
et d'argent pour une valeur d'environ la. 000 talents
(88.350.000 francs). D'après Trogue Pompée, un lac de
Toulouse contenait un million de livres d'argent et cinq
millions de livres d'or. Orose dit seulement cent mille
livres d'or (o).
Le culte comportait des prières, peut-être des danses, des
libations et des sacrifices. La reine bretonne Boudicca (6)
invoque Adrastê en levant une main vers le ciel. Les
druides de l'île de Mona (7; prient en levant les bras au
ciel et en lançant contre les ennemis d'affreuses impréca-
tions, sans doute même des incantations. Chez ks Galates
d'Orient, d'après Eudoxe (m* siècle avant Jésus-Christ)
quand les sauterelles envahissaient le pays, on faisait cer-
(1) Guerre de Gaule, vi, 17. Cf. Tite-Live, v, 39, 1 ; Diodore,
\, 32, 6. Pour le sens de animalia, cf. Tacite, Annales, xiii, 57.
(2) SiLius Italicus, IV, 200-201.
(3) JUSTIIS', XLIII, 5.
(4) Florus, II, 4.
(5) Poscidônios chez Straiîon, iv, 1, 13 ; Justin, xxxii, 3,
10 ; G. Bloch, Revue des études anciennes, t. xv (1913), p. 278,
essaie de concilier ces indications diverses. La leçon d'Orose est
plus vraisemblable.
(6) Dion Cassius, lxii, 6.
(7) Tacite, Annales, xiv, 30.
LA RELIGIOM
347
taines prières et on accomplissait certaines cérémonies qui
avaient la vertu d'appeler les oiseaux, el ceux-ci obéissaient
et venaient détruire les sauterelles (1). Dans l'adoration,
les Gaulois se tournaient vers la droite (2). Chez les Irlan-
dais du Moyen Age, le tour à droite assurait une heureuse
chance (3). Etait-ce à cette croyance qu'obéissait Vercingé-
torix lorsqu'il fit tourner son cheval autour de César (4) ?
Dans une des îles situées sur les côtes de la Grande-Bre-
tagne, on célébrait, d'après Artémidore, des cérémonies
religieuses rappelant tout à fait les rites du culte de Dê-
mêtêr et de Corê dans l'île de Samothrace (5). Dans cer-
taines cérémonies religieuses, les femmes et les filles des
Bretons figuraient nues après s'être teint le corps avec du
pastel (6).
C'est par des danses que pendant la nuit, à la pleine
lune, les Celtibères célébraient devant leurs portes le culte
d'un dieu dont nous ignorons le nom (7).
Nous ne savons à quel temps remontent en Gaule les
cérémonies (sacra), réservées aux 'plus chastes, que Pes-
cennius Niger fit célébrer, et nous ignorons en quoi elles
consistaient (8).
Les Boii de la Gaule oisalpine se servirent du crâne du
(1) Elien, Histoire naturelle, xvii, 19.
(2) Poseidônios, chez Athénée, iv, 36. Cf. Pline, xxviii, 5,
25, qui dit le contraire.
(3) H. d'Arbois de Jubainville, La civilisation des Celtes et
celle de l'épopée homérique, p. 143, 255.
(4) Plutarque, César, 27 ; H. d'Arbois de Jubainville,
Cours de littérature celtique, t. xii, p. 302.
(5) Strabon, IV, 4, 6.
(6) Pline, xxii, 2, 2.
(7) Strabon, Géographie, m, 4, 16
(8) Spartien, Pescennius Niger, 6.
348
SACRIFICES HUMAINS
consul Postumius, orné de ciselures d'or, comme d'un vase
sacré pour offrir des libations dans les fêtes (1). Avant de
cueillir le selago, on faisait des libations de pain et de
vin (2).
Les sacrifices étaient souvent des sacrifices humains, sa-
crifices en l'honneur des dieux ou pour obtenir de bonnes
récoltes (3) ou pour racheter la vie dun homme. Cicéron,
en l'an 75 avant J.-C, parle de la coutume atroce et bar-
bare qu'ont les Gaulois de sacrifier des hommes (4). Ceux
des Gaulois, nous dit César, qui sont atteints de maladies
assez graves et ceux qui vivent au milieu des dangers de
la guerre immolent des victimes humaines ou font vœu
d'en immoler, et emploient les druides comme ministres
de ces sacrifices. Ils croient que la vie d'un homme est
nécessaire pour racheter la vie d'un autre homme, et qu'on
no peut apaiser autrement les dieux immortels. Chez cer-
tains peuples, les sacrifices de ce genre font même partie
des institutions de l'Etat. D'autres ont d'immenses manne-
quins (simulacra) aux membres d'osier tressé, qu'ils rem-
plissent d'hommes vivants ; ils y mettent le feu et ces
hommes périssent enveloppés par les flammes. Ils croient
que le supplice de ceux qui sont convaincus de vol, de
brigandage ou de quelque autre crime est celui qui plaît
le plus aux dieux immortels ; mais quand ces sortes de vic-
(1) TiTE LivE, XXIII, 24. Cf. Ad. Reinach, Revue celtique,
t. XXXIV, p. 281.
(2) Pline, Histoire naturelle, xxiv, 62, 103.
(3) Strabon, IV, 4, 4. Voir ci-dessous, p. 380.
(4) Pour Fonteius, 10, 14, 21 ; République, m, 9. 15. Cf. So-
LiN, 21, 1 ; Tertullien, Apologétique, 9, nomme Mercure le
dieu auquel on offrait ces sacrifices. Cf. Saint Augustin, De la
Cité de Dieu, vu, 19.
LA RELIGION 349
times ne sont point assez nombreuses, ils y suppléent en
sacrifiant des innocents (1). Antérieurement à César, on
brûlait les clients et les esclaves aux funérailles des
grands (2). D'après Strabon (3), qui utilise sans doute la
même source que César, les sacrifices et les pratiques
divinatoires des Gaulois s'opposaient à ceux des Romains ;
la victime recevait un coup de sabre dans le dos ; puis
l'on prédisait l'avenir d'après la nature de ses convul-
sions ; d'autres fois, la victime était tuée à coups de flèches,
ou crucifiée dans les temples ; ou bien on construisait un
mannequin colossal avec du bois et du foin ; on y faisait
entrer des bestiaux et des animaux de toute sorte pêle-mêle
avec des hommes, puis on y mettait le feu. Diodore de
Sicile (4) rapporte que les Gaulois gardent les malfaiteurs
pendant cinq ans, puis, en l'honneur des dieux, ils les
empalent et les brûlent avec beaucoup d'autres offrandes
sur d'énormes bûchers. Il est possible que cet usage de
brûler des êtres vivants se rattache au culte du feu (5),
Avant et après César, il est aussi question de sacrifices
humains à la guerre, avant ou après la bataille. Dans la
première moitié du ni^ siècle avant J.-C, Sopatros, cité
par Athénée, dit que les ^Gaulois sacrifiaient les prisonniers
de guerre (6). En 167 avant J.-C, la même coutume
(1) Ce détail, qui ne se trouve que chez César, paraît invrai-
semblable à M. S. Reinach, Revue archéologique, t. xxii
(1913), p. 101.
(2) Guerre de Gaule, vi, 16. Cf. Strabon, iv, 4, 4 ; Diodore,
V, 32, 6. Voir ci-dessus, p. 189, 310.
(3) Géographie, iv, 4, 5. Cf. Diodore, v, 31.
(4) Bibliothèque, v, 32 ; cf. César, Guerre de Gaule, vï, 17.
(5) II. d'Arbois de Jub AIN ville, Cours de littérature cel-
tique, t. VI, p. 2i2.
(6) Athénée, iv, 51. Cf. H. d'Arbois de Jubain ville, Cours
de littérature celtique, t. xii, p. 297.
350 SACRIFICES HLMAI.NS
subsistait cliez les Gaulois d'Asie (l). Diodore (2) dit
expressément que les Gaulois et les Galates immo'aient
les prisonniers en l'honneur des dieux et tuaient avec les
hommes les animaux pris à la guerre. Les Scordisci immo-
laient à Bellone et à Mars les ennemis captils (3). Dion
Cassius (4) nous rapporte que les Bretons de Boudlcca
massacrèrent avec des raffinements de cruauté les femmes
captives, en l'honneur de la déesse Adrastê. Justin nous
apprend que les Gallo-Grecs font des sacrifices avant de
livrer bataille ; un jour que les présages étaient funestes,
ils égorgèrent même leurs femmes et leurs enfants pour
apaiser la colère divine (3). Tacite nous parle de l'horrible
superstition des habitants de INIona qui regardaient comme
un acte religieux d'arroser les autels du sang des captifs et
de consulter les dieux dans les entrailles humaines (6).
Dès l'an 97 avant J. -G., un sénatus-consulte prohibait
les sacrifices humains. Denys d'Halicarnasse, qui termina
ses Antiquités romaines vers Tan 8 avant J.-C., constate
que les sacrifices humains sont encore en usage dans la
Gaule de son temps (7). Lorsque Lucain (39-65) nous
parle des horribles sacrifices offerts à Esus, Taranis et Ten-
tâtes (8), il est probable qu'il faisait allusion à des cou-
tumes disparues, au moins dans les pays soumis à la domi-
nation romaine. Eu 77, il semble [^) que les sacrifices
(1) TiTE LivE, xxxviii, 47, 12.
(2) Bibliothèque, v, 32 ; xxxi, 13.
(3) Ammien Marcellin, xxvii, 4, 4.
(4) Histoire romaine, lxii, 7.
(5) Histoires, xxvi, 2.
(6) Annales, xiv, 30.
(7) Antiquités romaines, i, 38.
(8) Pharsale, i, 444-446. Usener, Commenta Bernensia, p. 32.
(9) Pline, Histoire naturelle, xxx, 4, 13. Cf. vu, 2, 9, où Pline
LA RELIGION 351
humains subsistaient encore dans les parties de la Grande-
Bretagne restées indépendantes ; mais en Gaule, vers 40
après J.-C., les druides attiraient à leurs autels des hommes
liés par des vœux et leur faisaient couler un peu de sang,
sans les mettre à mort (1). L'ancienne barbarie n'était plus
alors qu'un souvenir (2). Les druides [mugi) de Grande-
Bretagne, au milieu du v^ siècle, apprennent au roi Yorti«
gern qu'avant de commencer la construction d'une forte-
resse, il faut arroser le sol avec le sang d'un enfant (3). En
Irlande, une Vie de saint Patrice mentionne encore une
idole appelée Cenn Cruaich, qui était couverte d'or et d'ar-
gent et entourée de douze autres idoles et à laquelle on
immolait des enfants (4). Ce nom est identique à celui de
Pennocriiciiim, station romaine chez les Cornavii (5).
Parmi les croyances religieuses, une de celles qui ont le
plus étonné les anciens est la croyance à l'immortalité de
l'âme. « Je traiterais les Celtes d'insensés », écrit Valère
Maxime, « si l'opinion de ces gens à braies n'était celle de
nous apprend que chez les Transalpins celte coutume vient de
disparaître [nuperrime] .
(1) M. S. Reinach [Revue archéologique, t. xxii (1913),,
pense que ce rite n'a rien à voir avec les sacrifices humains.
(2) PoMPONius Mêla, m, 2, 18.
(3) Nennius, Historia Britlonum, 40 ; Mommsen, Chronica
minora, t. m, p. 182 et suiv. (M. G. IL, A. A., t. xiii). Cf.
J. H. ToDD, The Irish version oj the Historia Brittonum of Nen-
nius, p. 90. F.* Robinson a réuni et discuté les textes relatifs
aux sacrifices humains en Irlande dans Anniversary Papers by
colleague> and pupils of G. L. Kittredge, Boston, 1913, p. 185-
197.
(4) The tripartite life of Patrick, t. i, p. 90, 92. Cf. Revue cel-
tique, t. XVI, p. 35 ; Joyce, A social history of ancienl Ireland,
t. I, p. 275-276, 281.
(5) Itinéraire d'Antonin, 470, 1. Cf. Ruvs, Hibbert Lectures,
p. 203.
352 IMMORTALITÉ UE l'aME
Pythagore vêtu du pallium ». D'après d'autres écrivains,
cette doctrine était venue aux Celtes par les druides (1).
Toujours est-il qu'elle était très répandue et très populaire.
De là l'ancien usage de se prêter entre eux des sommes
remboursables dans l'autre monde (2), de fixer les enfers
comme lieu de règlement de leurs affaires commerciales,
de brûler et d'enterrer avec les morts ce qui sert aux vi-
vants (3), de jeter dans le bûcher des lettres adressées aux
morts (4). On a même vu, dit PomponiusMéla, des parents
se jeter volontairement dans le bûcher de leurs proches
dans l'espoir d'aller vivre avec eux (5). Les Celtes préten-
dent ne craindre ni les tremblements de terre ni les inon-
dations ; ils s'avancent tout armés au devant des flots (6).
C'est que la foi en une autre vie est éminemment propre à
exalter le courage (7) ; elle était sans doute aussi la cause
de ces suicides d'un caractère rehgieux que l'on a signalés
chez les Celtes (8) ; elle peut, de même, dans certains cas,
rendre compte des sacrifices humains, dont nous venons
de parler. La substitution de l'incinération à l'inhumation (9)
est peut-être aussi en rapport avec l'idée de survivance des
âmes.
Il ne semble pas, bien que les textes soient obscurs et
(1) Guerre de Gaule, vi, 14. Timagène, chez Ammien Mar-
CELLIN, XV, 9, 8. Cf. StRAUON, IV, 4, 4.
(2) Valère Maxime, ii, 6, 10.
(3) Guerre de Gaule, vi, 19, 4. Cf. Mêla, m, 2, 19.
(4) DioDORE, V, 28.
(5) Chorographie, m, 2, 19.
(6) Aristote, Ethique à Nicomaque, m, 7, 7 ; Morale à Eu-
dème, ii, 1, 25.
(7) Guerre de Gaule, vi, 14. Cf. Lucain, i, 459-462.
(8) Nicolas de Damas, chez Stobée, vu, 40.
(9) Voir ci-dessus, p. 189-191.
LA RELIGION 353
contradictoires (1), que cette immortalité ait consisté en
une seconde vie sur la terre dans un corps nouveau. Ce
n'est pas la doctrine pythagoricienne, d'après laquelle
l'âme des méchants revenait en ce monde habiter un autre
corps, tandis que l'âme des justes menait dans les espaces
aériens une vie purement spirituelle. Ce n'est pas non plus
les demeures silencieuses de l'Erèbe, ni les profondeurs du
pâle royaume de Dis que gagnent les âmes. Le même souffle
anime leurs membres dans un autre monde, la mort est le
milieu d'une longue vie (2). La situation de cet autre
monde (3) varie suivant la position géographique des di-
vers peuples celtiques. Comme Ta fait remarquer M. A. Le
Braz (4), les gens du continent le plaçaient volontiers dans
les îles. Une tradition fixée par écrit au vi° siècle par Pro-
cope (5) rapporte que les habitants du pays situé en face
de la Grande-Bretagne avaient pour charge de conduire
les âmes des morts du continent dans l'ile. Au milieu de
la nuit, ils entendent frapper à leur porte, et une voix les
appelle tout bas. Alors ils se rendent au rivage sans savoir
(1) César, vi, 14 : « non interire animas, sed ab aliis post
mortem transire ad alios. Lucain, i, 454-458 : « UmbrcC non...
Erebi sedes... petunt ; régit idem spiritus artus orbe alio ;
longse... vitse mors média est. » Mêla, m, 2, 19 : « tieternas esse
animas vitamque alteram ad Mânes ». Diodore, v, 28, 6 :
lài; d/o^à;... aOavaTO'j;; e.Tva'.... xa! ùi' ettov â)p'.a[i.=vwv 7:dtXi.v
S'.oyv, eÎç EtEpo»; (itû[Jia if^z (|;uyY;î E'.JO'JOjjiivr,?.
(2) hvcAïîi , ,Pharsale, i, 454-458.
(3) M. S. Reinach a démontré [Revue celtique, t. xxii, p. 447-
457 ; Cultes, t. i, p. 184-194), que par les mots orbis alius, Lu-
cain voulait désigner une autre région de la terre et non une
autre planète ou un astre.
(4) La légende de la mort chez les Bretons armoricains, 2^ éd.,
p. XII.
(5) Guerre des Goths, iv, 20 ; Tzetzès, Scholies à Hésiode,
Les travaux et les jours, v 169. Cf. Claudien, Contre Ruffin, i,
124 ; A. Le Braz, La légende de la mort chez les Bretons armori-
cains, 2^ éd., p. xii-xiii.
G. DoTTiN, — Manuel de l'antiquité celtique. 23
354 ELYSÉE CELTIQUE
quelle force les y entraîne. Ils y trouvent des barques qui
semblent vides, mais qui sont tellement chargées des âmes
des morts que leur bordage s'élève à peine au-dessus des
flots. En moins d'une heure, ils sont arrivés au terme de
leur voyage, alors que d'ordinaire il leur faut une journée
pour s'y rendre. Là, dans l'île des Bretons, ils ne voient
personne, mais ils entendent une voix qui dénombre les
passagers en les appelant chacun par leur nom. Une tra-
dition aussi étrange est rapportée par Plutarque. Dans une
île voisine de hi Bretagne habitaient des hommes que les
Bretons considéraient comme sacrés et inviolables. A peine
Demetrius (1) y avait-il abordé qu'ils se produisit un grand
trouble dans l'atmosphère; des souffles firent rage; des
trombes de feu s'abattirent. Les habitants de l'île lui dirent
que c'était quelqu'un des meilleurs qui venait de trépas-
ser (2). Enfin c'est aussi du côté de la Grande-Bretagne, à
cinq jours de navigation, que Plutarque situe l'île de Sa-
turne où les hommes conversent avec des génies (3).
Ce n'est que d'après la littérature épique de l'Irlande
que l'on peut se faire une idée de l'Elysée rêvé par les
Gaëls, pays merveilleux que l'on atteignait en s'embar-
quant sur une barque de verre (4) ; au delà de la mer, on
apercevait une grande tour transparente aux contours in-
décis ; dans les ouvertures des créneaux apparaissaient des
formes qui ressemblaient à des hommes. Quiconque essayait
d'aborder au pied de la tour était emporté par les flots de
(1) Personnage du dialogue de Plutarque, inconnu d'ailleurs.
(2) Des oracles qui ont cessé, 18.
(3) De la face de la lune, 26.
(4) Voir surtout VEchtra Condla Caim, H. d'Arbois de Ju-
BAiNviLLE, Cours de littérature celtique, t. v, p. 385-390.
LA RELIGION 355
la mer. Au delà de la tour s'étendaient des plaines fertiles
plantées d'arbres étranges. Quelques-uns avaient des
branches d'argent auxquelles pendaient des pommes
d'or (1). Quand on heurtait ces pommes les unes contre
les autres, elles produisaient un son si harmonieux qu'on
ne pouvait l'entendre sans oublier tous ses maux. Au pied
des arbres coulaient des ruisseaux de vin et d'hydromel.
La pluie qui rafraîchissait la terre était de bière. Les porcs
qui paissaient dans la plaine renaissaient, une fois mangés,
pour de nouveaux festins. Partout une agréable musique
flattait l'oreille et ravissait l'âme par ses douces mélodies.
C'était bien la vie que le Gaël avait pu rêver ici-bas. Tou-
jours jeune, toujours beau, couronné de fleurs, il passait
ses jours dans de longs festins où la bière ne cessait de
couler et où la viande de porc ne manquait pas. Jamais il
ne s'élevait de contestations pour savoir à qui devait re-
venir le meilleur morceau. Les combats étaient au nombre
des plaisirs du peuple des morts ; les guerriers étaient armés
d'armes éclatantes ; ils brillaient de l'éclat de la jeunesse ;
les batailles étaient plus acharnées et plus terribles que
chez les vivants et des fleuves de sang coulaient dans la
Grande Plaine. Ainsi le Gaël retrouvait dans l'autre vie
tout ce qu'il avait aimé sur la terre, la musique, la bonne
chère et la guerre (2).
En résumé, parmi les croyances et les pratiques reli-
(1) M. Jullian me fait remarquer qu'Apollodore (ii, 5, 11)
place les pommes des Hespérides dans le pays des Hyperbo-
réens. Nous avons vu (p. 22) que les Celtes sont parfois confon-
dus avec les Hyperboréens.
(2) Revue de l'histoire des religions, t. xiv, p. 53-66. A. Nutt,
Essay on the Irish Vision of Ihe happy Otherworld , and the Celtic
doctrine ofrebirth, dans The Voyage of Bran, son of Febal, to the
Landof the Living, éd. Kuno Meyer, London, 1895-1897 ; ii,
p. 133-218.
356 CONCLUSION
gieuses des Celtes, un grand nombre n'ont rien qui puisse
attirer notre attention. La divination par le vol des oi-
seaux, par les entrailles des victimes, par les songes, la
croyance aux vertus magiques des plantes, l'usage des li-
bations et des sacrifices sont bien connus dans l'Antiquité ;
on peut même se demander si certains auteurs latins ou
grecs n'ont pas attribué aux Celtes ces îornies de culte
parce qu'ils les trouvaient chez eux-mêmes, et sans être
autrement documentés sur les usages rituels des peuples
celtiques. Nous devons attribuer plus d'autorité aux textes
qui nous font connaître des pratiques tombées en désuétude
à Rome (4) ou en Grèce (2), comme les sacrifices humains.
Quant à la croyance à la survivance des âmes, que les an-
ciens ont signalée avec curiosité et intérêt, mais sans pré-
cision ni clarté, nous ne pouvons l'interpréter qu'eu la
rattachant à la tradition conservée dans l'ancienne littéra-
ture de l'Irlande. Loin d'être le résultat des méditations
des philosophes de Grande-Bretagne, cette doctrine est
indo-européenne ; on la trouve déjà dans les Yédas (3) ;
Hérodote l'a signalée chez les Egyptiens (4) et les Gètes(5).
Les Perses étalent convaincus de leur résurrection (6).
Elle ne constitue donc pas une croyance religieuse propre
aux Celtes (7).
(1) En 216 avant J.-C, on enterra vivants dans le forum boa-
riuni un Gaulois et une Gauloise.
(2) Pausanias, Description de la Grèce, viii, 2, 3 ; 6.
(3) Bergaigne, La religion i^édique d'après les hymnes du
Rig-Vcda, t. I, p. 191-198.
(4) Histoire, ii, 123.
(5) Histoire, iv, 93-94.
(6) Thcopompe chez Diogène Laerce, pref. 9.
(7) Cf. Strabon, IV, 4,4 : àaOâpToo; oï Xîyojji y.xl oixo- xaî
aX ). 0 '. xà; <!fi^-/i^.
CHAPITRE VI
LES BARDES, LES VATÈS, LES DRUIDES (1)
Les bardes. — Les vatès, les devins, les euhages. — Les druides.
— Les prêtres gaulois. ^ — ■ Attributions religieuses des druides ;
la magie. — Leur enseignement ; la cosmogonie ; le calen-
drier ; les druides et Pythagore. — Leur rôle judiciaire en
Gaule. - — ■ Leur rôle politique. — Les druidesses ; les prê-
tresses de Sein. — Les collèges de druides.- — Le néodruidisme,
— Originalité du druidisme.
D'après Strabon (2), chez tous les peuples celtiques sans
exception, se trouvent trois classes d'hommes qui sont
l'objet d'honneurs extraordinaires, à savoir : les bardes
px'pooi, les vatès oùixen; et les druides opjîSai. Diodore (3)
nous apprend que les'Gaulois ont des poètes lyriques qu'ils
appellent bardes ; qu'ils ont aussi des philosophes et des
théologiens très honorés qu'ils appellent druides et des de-
vins (fjiâvT£i;) qui sont en grande vénération. Ammien Mar-
cellin (4), citant sans doute Timagène, rapporte que les
(1) Voir C. JuLLiAN, Histoire de la Gaule, t. ii, p. 84-112, 383-
385.
(2) Géographie, iv, 4, 5.
(3) Bibliothèque, v, 31.
(4) Histoire romaine, xv, 9.
358
BARDES
Gaulois ont été civilisés par les bardes, les euhages (1) et
les druides. César ne mentionne que les druides (2) ; il est
probable qu'il comprenait sous ce terme général les druides,
au sens propre, les devins et peut-être aussi les bardes ; le
nom de druides aurait donc désigné à peu près tous les
bommes à carrière libérale.
L'ancienne Irlande connaissait de même trois ordres de
lettrés : les bardes, bard ; les druides drui, druad, et les
filé. De très bonne heure les bardes sont remplacés, comme
poètes panégyristes ou satiriques, par les filé qui rem-
plissent en même temps les fonctions de devins et de juges
et qui sont répartis en plusieurs classes d'après le nombre
d'histoires épiques qu'ils peuvent raconter. La durée régu-
lière de leurs études était de douze ans. Au Pays de Galles,
le barde est le huitième des fonctionnaires de la cour du
roi (3).
I
Les bardes gaulois chantent la louange ou le blâme en
s'accompagnant sur des instruments semblables aux lyres 4).
Les Celtes, nous dit Poseidonios dans le vingt-troisième
livre de ses Histoires, mènent avec eux, même à la guerre,
des compagnons qu'ils appellent commensaux. Ceux-ci dé-
bitent des éloges de leurs patrons devant de nombreuses
assemblées, et aussi en particulier devant quiconque les
(1) Voir ci-dessus, p. 85.
(2) Guerre de Gaule, vi, 13.
(3) Cf. H. d'Arbois de Jubainville, Introduction à l'étude
de la littérature celtique (Cours de littérature celtique, t. i), p. 64.
Revue archéologique, t. xliv, (1882), p. 225-242.
(4) DiODORE, V, 31, 2. Cf. Strabon, iv, 4, 4.
LES BARDES
359
écoute (1). Ce sont des poètes et c'est en chantant (2)
qu'ils débitent leurs éloges. Le sujet de leurs chants était
aussi le récit des hauts faits des hommes illustres ; ils con-
servaient par leurs poèmes pendant de longs siècles la mé-
moire des braves, tombés dans les combats. Les bardes,
comme les druides, avaient autant d'influence en temps de
guerre qu'en temps de paix. Souvent, quand les armées
étaient rangées en bataille l'une en face de l'autre, épées
tirées et lances en arrêt, ils s'avançaient au milieu et les
apaisaient, comme des bêtes sauvages, par le charme de
leurs chants. Ainsi, ajoute Diodore, même chez les Bar-
bares les plus grossiers, la vaillance cède à la sagesse et Ares
respecte les Muses (3). Nous n'avons aucun renseigne-
ment direct sur les poèmes des bardes celtiques, analogues
sans doute aux compositions poétiques des anciens bardes
irlandais et gallois (4). Tite Live (3) et Justin (6) nous con-
servent vraisemblablement, dans les récits plus ou moins
légendaires qu'ils nous ont faits des conquêtes des Celtes,
la trace d'anciennes épopées. Les traditions relatives à la
fondation de Lyon (7) et à celle d'Alesia (8j avaient sans
(1) Athénée, vi, 4y.
(2) Cf. PsEUDO-ScYMNus, V, 186. Geographi grseci minores,
éd. Didot, t. I, p. 202.
(3) Diodore de Sicile, v, 31, 2. Cf. Ammien Marcellin, xv,
9, 8 ; LucAiN, Pharsale, i, 447-449 ; Elien, Histoire variée, xii,
23.
(4) C. JuLLiAN, De la littérature poétique des Gaulois, Revue
archéologique, t. xl (1902), p. 304-327, a recueilli et discuté tous
les textes des anciens qui peuvent s'y rapporter. Cf. Histoire de
la Gaule, t. u, p. 379-382.
(5) V, 34, 1-5.
(6) Histoires Philippiques, xxiv, 4, 1.
(7) Pseudo-Plutarque, Des fleuves, 6. Voir ci-dessus, p. 74.
(8) Diodore, iv, 19. Voir ci-dessus, p. 302.
360 BARDES
doute donné lieu chiez les Gaulois à des poèmes compa-
rables aux Ktite'.; des Grecs. Comme les bardes de l'Irlande
et du Pays de Galles, les bardes gaulois composaient, outre
des panégyriques, des poésies satiriques (1). Il est possible
que leur satire ait eu, comme celle des bardes irlandais, la
réputation de causer la destruction ou la mort (2).
Les bardes gaulois que nous représentent Poseidônios et
Appien sont des sortes de griots qui vivent aux dépens des
grands. Un jour que le ricbe Arverne Luernios avait donné
un festiu, un poète qui comptait y assister arriva trop tard.
Le poète se mit à cbanter la grandeur du roi et à se la-
menter d'être arrivé en retard. Lnernios, charmé, demanda
un petit sac d'or et le jeta au poète qui courait à côté de
lui. Celui-ci le ramassa et de nouveau se mit à cbanter,
disant que les traces laissées sur terre par son char pro-
duisaient aux hommes de l'or et des bienfaits i3). Un autre
barde est rattaché à la légende de Bituitos, fils de Luernios
et roi des Arvernes. C'était au moment où Cn. Domitius,
en 122 avant Jésus-Christ, conduisant une expédition contre
les Allobroges, quittait le territoire des Salyi, peuple gau-
lois établi autour d'Aixet d'Arles (4). Un envoyé de Bituitos
vint à sa rencontre. Il était suivi d'un poète qui dans une
poésie barbare célébrait le roi Bituitos, puis les Allobroges,
puis l'envoyé lui-même, pour leur naissance et leur cou-
rage et leur puissance (5). C'est pour cela surtout, ajoute
(1) DiODORE, V, 31.
(2) Cf. F. N. RoBiNsoN, Satirisls and enchanters in early Irish
Uteralure (Studies in the hisiory of religions, New- York, 1912,
p. 95-130,1.
(3) Athénée, iv, 37. Cf. Stradon, iv, 2, 3.
(4) Sur ce peuple, voir C. Jullian, Mélanges H. d'Arhois de
Jubainville, p. 97-109.
(5) Appien, Histoire romaine, iv, 12.
LES BARDES 361
malicieusement Appien, que les envoyés illustres emmènent
avec eux ces sortes de gens.
La lyre des bardes était sans doute l'instrument que For-
tunat appelle chrotta et qu'il attribue aux Bretons (1). On
trouve représentée sur les monnaies des A edu i, des A r-
verni et des Aremorici une lyre à quatre ou cinq cordes (2).
Le nom de la chrotta est identique à celui de la harpe des
anciens bardes irlandais, cniilh, et des bardes gallois
crwlli. C'était en Irlande un instrument de O'",7o de hau-
teur en moyenne (3).
Il semble que le nom de barde ait été employé dans di-
verses parties du monde celtique. Dans l'Italie septentrio-
nale, on trouve près de Milan une localité appelée Bardo-
magiis « champ du barde » (4). Un Helvète a porté le nom
de Bardus ; on trouve le même nom en Carinthie, à Vienne,
en Styrie, à Misène (Italie) (5).
Le nom de barde avait pénétré en Germanie où le mot
harditiis désignait, d'après Tacite (6), le genre de chant par
lequel les Germains enflammaient les âmes des guerriers
avant de commencer la bataille.
II
Les oCpâxEtc; de Strabon sont-ils identiques aux fj^àv-cet; de
Dioilore de Sicile? C'est assez vraisemblable, oùâtsi!; n'étant
(1) Odes, VII, 8, 66.
(2) Muret et Chabouillet, Catalogue, p. 291 ; Blanchet,
Traité des monnaies gauloises, p. 163.
(3) Joyce, A social hislory of ancient Ireland, t. i, p. 576.
(4) Corpus inscriptionum latinaruin, vi, 5872.
(5) HoLDER, Altceltischer Sprachschatz, t. i, coi. 348.
(6) Germanie, 3. On a proposé de corriger barditus en harritus.
362 VATÈS
autre chose que la transcription grecque du latin uates. Il
n'y a aucune raison de transcrire oùâTet;; par ovates comme
l'ont fait les érudits du siècle dernier.
Les devins prédisaient l'avenir par le vol des oiseaux et
par l'inspection des entrailles des victimes ; on leur accor-
dait une grande autorité. Lorsqu'on les consulte sur une
affaire importante, ils immolent un homme en le frappant
d'un coup d'épée au-dessus du diaphragme et déterminent
l'avenir d'après sa chute, les convulsions de ses membres
et l'écoulement de son sang, confiants dans des observa-
tions anciennes et continues (1). Les çates sont ceux qui
s'occupent des sacrifices et étudient la nature (2). Les ha-
ruspices des Tectosages de Toulouse leur prescrivent, pour
les délivrer d'une épidémie pestilentielle, de jeter dans le
lac de Toulouse l'or et l'argent qu'ils ont rapportés de l'ex-
pédition de Brennus (3). Tacite appelle druides les pro-
phètes gaulois qui en 69 prédisaient la fin de l'empire
romain et la domination de Rome par les races transal-
pines (4). Dans l'île Silure, d'après Solin i5), les hommes
et les femmes se flattent de connaître l'avenir.
Les euhages d'Ammien Marcellin (6) s'efforcent d'expli-
quer l'enchaînement elles merveilles sublimes de la nature.
Ils sont sans doute identiques aux oja-ce-.; de Strabon et aux
|jiâvxet; de Diodore de Sicile.
(i) Diodore, v, 31, 3.
(2) Strabon, Géographie, iv, 4, 4.
(3) Justin, xxxii, 3, 10.
(4) Histoires, iv, 54.
(5) Collections de choses merveilleuses, 22, 7.
(G) Histoire romaine, xv, 9, 8. Cf. Scidas, Lexique. Voir ci-
dessus, p. 85.
LES DRUIDES 363
III
La plus ancienne mention du nom des druides (1) se trouve
chez Diogène Laerce dans ses Vies des philosophes. Celui-ci
dit que la philosophie a commencé chez les barbares, que
les premiers philosophes ont été chez les Perses les Mages,
à Babylone et en Assyrie les Chaldéens, dans l'Inde les
Gymnosophites, chez les Celtes et les Galates les druides
ou semnothées. ôpjîoac i] ffE|i.vo6iou; et il cite comme auto-
rités un traité apocryphe d'Aristote, MaYixd;, ainsi que So-
tion le péripatéticien (190 avant J.-C), au vingt-troisième
livre de l'ouvrage intitulé Aiaoo/ji iwv c^iXocrôtpojv (2).
Le nom de druide n'a pas trouvé une explication satisfai-
sante dans les langues celtiques (3). Il est probable que
les auteurs grecs qui écrivent opoutoat ont transcrit le nom
latin druides. L'étymologie par le grec opù; « chêne », qui
faisait des druides « les hommes des chênes », a tenté bien
des écrivains depuis Pline l'ancien (4). On pourrait songer
à une traduction ou une étymologie populaire grecque d'un
(1) Sur les druides en général, voir outre les ouvrages de
H. d'Arbois de Jubainville cités ci-après et l'Histoire de la Gaule,
de G. JuLLiAN, t. II, p. 84-112, l'article de Ihm dans la Real-
Ëncyclopxdie.
(2) Vies des philosophes, i, préf., 1. Suidas, Lexique au mot
opufoai. Cf. RoDiER, Revue des études anciennes, t. iv (1902),
p. 231, n. sur l'attribution et l'authenticité.
(3) Voir toutefois une étymologie de R. Thurneysen, qui
explique ce mot par *dru-vids « très savant » ; cf. l'irlandais
sui = *su-vids « sage », et le mot cf/iXôjocpo; par lequel Dio-
bORE (v, 31) désigne les druides. H. d'Arbois de Jubain-
ViLLE, \Les druides et les dieux celtiques à forme d'animaux,
p. 85.
(4) Histoire naturelle, xvi, 95, 249.
364 >'0M DES DUUIDES
nom celtique ignoré si le mot driii (au génitif driiad) n'ap-
paraissait pas dans les textes les plus anciens de la littéra-
ture irlandaise. Il est probable que ledratis, drasidse, drya-
ridae d'Ammien Marcellin, comme le Sapwvîoot; (1), Zapo-
•jîôa; des manuscrits de Diodore, repose sur une mauvaise
lecture ou est la traduction d'une étymologie populaire.
Pour les copistes de Lucain et des historiens de Y Histoire
Auguste, l'étymologie grecque de druide est si bien passée
dans le domaine public que les druides et les druidesses
sont devenus des dryades, driadae, dryadae (2).
« Dans toute la Gaule, nous dit César (3), il y a deux
classes d'hommes à compter et à être honorées : l'une, celle
des druides, l'autre, celle des chevaliers. » Tandis que les
chevaliers constituent l'élite de l'armée gauloise, les druides
ne vont pas à la guerre et sont exempts de tout service mi-
litaire. Ils ne paient pas les impôts avec les autres (4). Ils
prennent part à l'exercice du pouvoir public aussi bien que
les chevaliers ; ainsi, Diviciacus qui, à ce que Cicéron nous
apprend, était un druide, mène une vie assez peu différente
de celle de son frère Dumnorix qui n'était pas druide, et
est très mêlé aux affaires politiques de son temps (5). 11 ne
s'agit donc pas d'une classe sacerdotale ; à plus forte raison
comme on l'a dit, d'un clergé gaulois. César parle une fois
des sacerdotes (6), qui peuvent être différents des druides,
(1) Cf. le grec « japojvîj vieux chêne pourri ».
(2) Voir ci-après, p. 384.
(3) Guerre de Gaule, vi, 13 ; 14.
(4) C. JuLLiAN, Histoire de la Gaule, t. ii, p. 55, n. 1. Le texte
des manuscrits n'est pas sûr.
(5) CicÉRO.N, De la divination, i, 41, 90 ; César, Guerre de
Gaule, 1, 31, 9 ; vi, 12, 5 ; Panegyrici veteres, 8, 3 ; C. Jullian,
Revue des études anciennes, t. m, p. 205-210.
(6) Guerre de Gaule, vu, 33.
LES DRUIDES 365
et rien ne nous indique que les prêtres des Boii de Cisal-
pine sacer dotes, aniistites, que mentionne Tite-Live, fussent
des druides, ni le sacerdos de la forêt sacrée chantée par Lu-
cain (1).
Pour désigner, à l'époque gallo-romaine, les prêtres affec-
tés aux cultes locaux, il y avait un mot qui est sans doute
celtique (2), gutuater. Les inscriptions nous apprennent qu'il
y avait à Màcon un gutuater de Mars (3) et à Autun des
gutuatri qui font des dédicaces au dieu AnvaIos(4). Lacon.
fusion du gutuaier et du druide n'est faite que chez Ausone,
qui d'ailleurs se sert dans un autre passage, pour désigner
un prêtre de Belenus, de l'expression Beleni seditaus (3).
L'institution druidique n'était pas originaire de Gaule.
On ne l'a constatée ni chez les Celtes d'Italie, ni chez les
Celtibères d'Espagne, ni chez les Galates de Thrace et
d'Asie Mineure, ni chez les 'Celtes du Danube. Nous igno-
rons même si elle avait pénétré dans toute la Gaule, bien
qu'il semble que Strabon atteste l'existence de druides,
bardes et vates chez tous les peuples gaulois (6). Elle
avait été, pensait-on, créée en Grande-Bretagne et de là
avait été transportée en Gaule. Les Gaulois qui voulaient
la connaître plus à fond s^ rendaient le plus souvent de
l'autre côté de la Manche (7). Nous n'avons aucun rensei-
(1) TiTE-LivE, XXIII, 24, 12 ; Lucain, m, 424.
(2) Voir ci-dessus, p. 82. H. d'Arbois de Jubainville, Les
druides et les dieux celtiques à forme d'animaux, p. 2-5. Cf.
J. LoTH, Annales de Bretagne, t. xx, p. 550.
(3) Corpus inscriptionum latinarum, t. xiii, n° 2585. Cf. 1577.
(4) Re^'ue épigraphique, 1900, p. 132-133. Cf. Revue celtique,
t. XIV, p. 355.
(5) Professeurs, v, 7 ; xi, 24.
(6) Géographie, iv, 4, 4.
(7) Guerre de Gaule, vi, 13.
366 PRÊTRES
gnement ancien sur le druidismc de Grande-Bretagne. Le
druidisme irlandais seul peut donner matière à des rappro-
chements avec les notions que nous fournissent les écrivains
de l'antiquité sur les druides de la Gaule.
D'après César, qui semble parler des druides en général
plutôt que des druides de son temps, les druides rem-
plissent des fonctions religieuses, éducatives, judiciaires,
politiques. Nous allons les étudier successivement sous ces
divers aspects.
Les fonctions religieuses des druides consistaient, d'après
César, surtout à assister aux cérémonies et à s'occuper des
sacrifices publics et privés (1). Il semble, d'autre part, que
ce soit pour se rendre au désir du peuple qu'ils assistent
aux sacrifices, et qu'ils ne jouent pas dans les cérémonies un
rôle prépondérant. Strabon et Diodore sont d'accord sur ce
point. Strabon écrit que les Celtes sacrifiaient avec l'assis-
tance des druides (2); Diodore, que la coutume était que
personne ne fît de sacrifice sans un philosophe, car on
croyait devoir user de l'intermédiaire de ces hommes, qui
connaissent la nature des dieux et parlent la même langue
qu'eux, pour leur offrir des sacrifices d'actions de grâce
et implorer leurs bienfaits (3).
La divination était au nombre des sciences qu'ils prati-
quaient. Diviciacus annonçait l'avenir tant par l'observation
des oiseaux que par conjecture (4). D'après César, les druides
interprètent la volonté des dieux (3). Au temps de Tacite,
(1) Guerre de Gaule, vi, 13 ; 16, 2.
(2) Géographie, iv, 4, 5.
(3) Bibliothèque, v, 31, 4. S. Reinach, Revue archéologique ,
t. XXII (1913), p. 105.
(4) CicÉRON, De la divination, i, 41, 90.
(5) Guerre de Gaule, vi, 13.
LES DRUIDES 367
des druides gaulois annonçaient que l'incendie du Capitole
présageait la clmte prochaine de l'empire romain et la
domination du monde par les Transalpins (1). Les druides
prédisaient l'avenir par les nombres et les cailloux à la
manière pythagoricienne (2). Ils prédisaient après avoir
mangé des glands, disait-on (3).
A l'époque de Pline, la magie est en grande faveur en
Gaule et en Grande-Bretagne (4) et les druides, dont il in-
terprète le nom par fiiagi (o), sont pour lui des sortes de
sorciers et de féticheurs dépositaires de secrets magiques et
de receties médicales. Ce sont les druides gaulois qui pré-
tendent que leselago préserve des accidents et que la fumée
en est utile pour toutes les maladies des yeux. Ce sont eux
qui regardent le gui du rouvre comme sacré, et comme en-
voyé du ciel. Enfin, ils ont indiqué les prescriptions à rem-
plir pour s'emparer de l'œuf de serpent (oursin fossile). II
faut le recevoir sur une saie avant que, lancé en l'air par les
serpents, il ait touché à terre ; s'enfuir à cheval, car les
serpents poursuivent jusqu'à ce qu'ils rencontrent un cours
d'eau. Tout cela doit être fait à une certaine époque de la
lune. Cet œuf est un talisman qui fait gagner les procès et
donne accès auprès des souverains. Toutefois Pline rapporte
qu'un chevalier du pays cfes Voconces qui en portait un
dans sa tunique fut, sans motif, mis à mort par l'empereur
Claude (6).
(1) Histoires, iv, 54.
(2) HippoLYTE, Philosophumena, 25, 2.
(3) UsENER, Commenta Bernensia, p. 33.
(4) Histoire naturelle, xxx, 4, 13.
(5) C'est aussi inagus qui est l'équivalent de l'irlandais drui
chez les écrivains latins de l'Irlande.
(6) Histoire naturelle, xxiv, 62, 103 ; xvi, 95, 249-251 ;
368 MÉDECINS
Peut-être faut-il rattacher à la médecine druidique les
remèdes populaires usités en Gaule d'après Pline, Apulée
etMarcellus : le gui,fécondant et antidote, quiguérittout (1) ;
le trèfle {visumarus) qui est bon contre le vertige (2) ; la
jusquiame {Belinuniia) qui guérit les maux de laine et du
pied (3) ; la verveine qui est un remède contre l'ophthal-
raie (4) ; la bétoine {vettonica)(\VL\ sert à faire un vinaigre
bon pour les maux d'yeux et d'estomac (3) et guérit les
morsures de serpents ; lerodarum dont on fait un onguent
contre les tumeurs et les abcès, à condition ,que l'arbuste
n'ait pas été touché par le fer et que le patient, après l'onc-
tion, crache trois fois à droite ; l'onguent est encore plus
efficace si la friction est faite de la main droite par trois
hommes de nation différente (6) ; l'herbe aux corbeaux qui
sert d'antidote (7) ; la pierre de la source de la Saône qui
est un fébrifuge (8). Certaines herbes magiques, mises en
rapport avec les decans des signes du Zodiaque, avaient
sans doute dans l'opinion des Gaulois des vertus curatives(9).
Il est probable que les chapelets d'ambre, les grains de
jaspe, d'agathe, de cristal, les perles de verre, les annelets
XXIX, 12, 52 ; cf. ci-dessus, p. 337. Ciiauvet, Bévue archéolo-
gique, t. XXXVI (1900), p. 281-285 ; S. Reinach, Cultes, mythes
et religions, t. ii, p. 63-65.
(1) Vi-iisE, Histoire naturelle, y.\i, 95, 250-251. Ci-dessus, p. 339.
(2) Marcellus, Des médicaments, m, 9. Ci-dessus, p. 68.
(3) Apulée, Des herbes, 4.
(4) Marcellus, Des médicaments, viii, 28 ; Pline, Histoire
naturelle, xxv, 59, 106.
(5) Pline, Histoire naturelle, xxv, 46, 84 ; cf. 55, 101.
(6) Pline, Histoire naturelle, xxiv, 112, 172,
(7) Singularités merveilleuses, 86.
(8) Pseudo-Plutarque, Des fleuves, 6, 3.
(9) Cf. Béjottes, Le livre sacré d'Hermès Trismégiste et ses
trente-six herbes magiques, Bordeaux, 1911.
I
LES DRUIDES 369
de bronze, les dents d'animaux divers trouvés dans les
tombes ne sont 'pas exclusivement des ornements et que
quelques-uns de ces objets constituent des amulettes thé-
rapeutiques (1).
Si les sacrifices et la divination sont dans l'Antiquité deux
pratiques religieuses importantes, les secrets magiques,
dont au temps de Pline les druides sont les dépositaires,
étaient laissés à des sorciers peu estimés. Gomment conci-
lier l'idée que les druides étaient des philosophes à la fois
physiciens et moralistes avec le rôle assez méprisable que
leur fait jouer Pline le naturaliste V On peut sans doute
s'expliquer cette contradiction en tenant compte de la diffé-
rence des dates. Entre l'époque de César et celle de Pline se
placent le règne de Tibère et le règne de Claude. Tibère
supprima les druides et cette espèce de devins et de méde-
cins (2) ; Claude abolit complètement cette religion des
druides, si effroyablement cruelle, qui sous Auguste n'avait
été qu'interdite aux citoyens romains (3).
Au temps dé Pomponius Mêla, les druides donnent leur
enseignement soit dans un antre, soit dans des clairières
cachées (4). La persécution n'aurait donc pas été favorable
au maintien des traditiçns morales qui avaient fait des
druides les premiers personnages de la Gaule et les plus
justes des hommes. Ou bien faut-il croire que, de tout
(1) Cf. P. Pansier, La médecine des Gaulois au temps des
druides, Janus, Archives inlernationales pour l'histoire de la
médecine et la géographie médicales, t. xii, (1907).
(2) « Tiberii Csesarîs principatus sustulit druidas et hoc ge-
nus vatum medicorumque », Histoire naturelle, xxx, 4, 13.
(3) SuKTONE, Claude, 25. Cf. H. d'Arbois de Jubainville,
Cours de littérature celtique, t. vu, p. 172-177 ; Duruy, Revue
archéologique, t. xxxix (1880), p. 347-352. Voir ci-après, p. 379,
(4) Chorographie, m, 2, 19. Cf. Lucain, i, 453-454.
G. DoTTiN. — Manuel de l'antiquité celtique. 24
370 MAGICIENS
temps, les druides avaient cherché à assurer leur pouvoir
non seulement par leur science, mais par des pratiques
magiques, dont ils étaient les premiers à connaître l'inanité
et que, lorsque la domination romaine leur eut supprimé
toute actionjudiciaire et politique, il ne leur resta plus que
l'exercice misérable d'un charlatanisme grossier ?
Les druides d'Irlande nous apparaissent surtout comme
des magiciens et des prophètes. Ils prédisent l'avenir par
j'observation des nuages, par les baguettes d'if, par la roue,
par le chant des oiseaux. Ils interprètent les volontés se-
crètes des fées, ils jettent des sorts. A l'aide de formules et
d'incantations, ils peuvent trouver l'endroit oîj se cache une
personne, accabler un ennemi de toute sorte de maux, faire
lever entre deux armées un brouillard épais, faire tomber
delà neige, changer le jour en nuit, produire la folie, rendre
grosse une femme stérile (1). Ils connaissent les breuvages
qui font oublier. Ils ont le pouvoir d'imposer des obligations,
geis, dont il est impossible de s'écarter, et de rendre tabous
certains objets Ces geis sont très divers : tantôt c'est un guer-
rier qui reçoit la défense de dire son nom à un adversaire ;
Mael Duin ne peut emmener trois compagnons en sus d'un
nombre déterminé par un druide ; il était interdit à Noïse
de venir en Irlande en temps de paix sauf avec trois
hommes : Gûchulainn, Gonall etFergus. Fergus avait reçu
pour loi de ne jamais refuser une invitation et de ne pas
quitter un festin avant qu'il ne fût terminé ; Cùchulainn
était obligé de ne jamais passer près d'un foyer sans s'y
(1) H. d'Arbois de Jubainville, Coufs de littérature cel-
tique, t. I, p. 136-139. Les druides et les dieux celtiques à forme
d'animaux, p. 93-94 ; Joyce, A social history of ancient Ireland,
t. I, p. 223-228.
LES DRUIDES 371
arrêter et y accepter à manger ; il lui était interdit de man-
ger du chien. A la Fête du taureau, on mettait à mort un
taureau blanc ; un homme se rassasiait de la chair et du
bouillon du taureau : puis l'homme dormait tant qu'il vou-
lait et quatre druides chantaient sur lui un chant de justice.
L'homme voyait dans une vision celui qui devait être roi,
sa figure, sa réputation et ce qu'il faisait. Lorsque l'homme
se réveillait, il racontait son rêve aux rois (1). Les prédic-
tions des druides ont pour objet tantôt la naissance, la
gloire ou les malheurs futurs d'un enfant ; l'effet meurtrier
d'une arme ; une vengeance dont un vaincu menace son
vainqueur.
11 est rarement question de sacrifices en Irlande ; toutes
les mentions d'offrandes aux dieux ont été, semble-t-il,
supprimées des textes irlandais ; mais on trouve dans les
gloses le mot gaélique qui signifie victime et sacrifice. Les
druides irlandais faisaient des offrandes aux sources (2).
Dans une Vie latine de saint Patrice, il est dit qu'à la Fes
Temrach ou « Festin de Tara » non seulement les princes
de tout le royaume, les grands et les chefs de provinces,
mais aussi les maîtres des druides, dniidum magistri, s'as-
semblaient pour immoler des victimes aux idoles (3). Aux
funérailles d'un chef, on tue sur la tombe ses animaux.
Mais quel rapport offrent les prodiges de contes popu-
laires que nous venons de rapporter avec l'ancienne reli-
gion des Celtes '? Les druides irlandais se meuvent, tantôt
(1) Revue celtique, t. vu, p. 280.
^2) The Tripartite Life of Patrick, éd. Stokes, p. 122 ; Ti-
RECHAN, 39, ibid., p. 323.
(3) H. d'Arbois de Jubainville, Cours de littérature cel-
tique, t. I, p. 155, 157. Voir ci-dessus, p. 189, 297.
372 ÉDUCATEURS
dans un monde de féerie où l'imagination du conteur crée
les prodiges les plus incroyables ; tantôt dans une société
peu civilisée oii les pratiques de sorcellerie semblent tenir
lieu de toute croyance religieuse. Le fétichisme n'y occupe
guère de place, sans doute parce que les rédacteurs chré-
tiens des épopées irlandaises en ont fait disparaître tout ce
qui pouvait rappeler l'idolâtrie. Peut-être la religion des
Gallo Romains a-t-elle quelques traits communs avec cet
ensemble de superstitions qu'avaient conservé les Irlandais
des premiers siècles de notre ère. Il est peu probable que les
druides du tein^js do César n'aient été comme leurs confrères
d'Irlande que des sorciers et des faiseurs de prestiges. Le
druide Diviciacus, en tout cas, ne différait guère, semble-
t-il, des Romains instruits de sou temps (1).
Les druides étaient les éducateurs de la jeunesse gau-
loise (2). Attirés par leurs privilèges, dont le principal étai^
l'exemption des impôts et du service militaire, beaucoup
déjeunes gens allaient s'instruire auprès d'eux ou y étaient
envoyés par leurs parents et leurs proches. On disait que
ces jeunes gens avaient à retenir de mémoire un grand
nombre de vers. Aussi quelques-uns restaient-ils une ving-
taine d'années à s'instruire. Les druides pensaient que les
matières de leur enseignement ne devaient pas être confiées
à lécrilure alors que, dans presque toutes les affaires pu-
bliques et les comptes particuliers, ils se servaient de lettres
grecques. Ils ne voulaient pas, pense César, queleurscience
(1) Cf. C. JuLLiAN, Revue des études anciennes, t. m, p. 20"5-
210.
(2) C. JuLLiAN, [Histoire de la Gaule, t. ii, p. 105, n. G), com-
pare les devins étrusques auxquels on confiait les fils des grands
de l'Etrurie. Cicéro.n, De la divination, i, 41, 92.
375
LES DRUIDES
se répandît dans le vulgaire (1), ni que leurs disciples) &■„
fiant à l'écriture, négligeassent leur mémoire. Ce qu'ils vou-
laient surtout persuader, c'était que l'âme ne périt pas et
qu'après la mort, au bout d'un cycle d'années, elle passe d'un
corps dans un autre (2). Une foule de questions sur les
astreset leurs mouvements (3), sur la grandeur du monde
et de la terre, sur les lois de la nature, sur l'action et la
puissance des dieux immortels faisaient partie de leurs doc-
trines et de leur enseignement (4). Il faut ajouter à
la physiologie ou philosophie naturelle (o), l'éthique
ou philosophie morale. Tout en affirmant que les
âmes et le monde sont immortels, les druides prétendent
qu'un jour prévaudront le feu et l'eau (6) ; c'est sans
doute la doctrine stoïcienne que Poséidônios, hanté,
comme la plupart des doxographes, par l'idée de re-
trouver chez les peuples les plus divers les théories
grecques (7), prête, peut-être sur des analogies superfi-
cielles, aux druides gaulois. Les Gaulois disaient tenir des
druides une tradition d'après laquelle ils étaient tous issus
de Dispater (8). Pomponius Mêla, confirmant les renseigne-
ments donnés par César sur les sujets et la durée de l'en-
seignement des druides, affirme que leur enseignement était
(1) Cf. LucAiN, Pharsale, i, 452-453,
(2) Voir ci-dessus, p. 252.
(3) Sur l'astrologie chez les Gallo-Romains, voir H. de La
Ville de Mirmont, Revue des études anciennes, t. iv, v, viii,
IX, XI.
(4) Guerre de Gaule, vi, 14.
(5) CicÉRON, De la divination, i, 41, 90.
(6) Strabon, IV, 4, 4.
(7) Cf. A. RivAUD, Le problème du devenir dans la science et
la philosophie grecques, Alcan, 1906, p. 68, 77. C'est le Aluspilli
germanique.
(8) Guerre de Gaule, vi, 17.
374
GALENDIUER
secret et que le seul point de leur doctrine qui eût pénétré
dans le public était l'éternité des âmes et l'existence d'une
autre vie après la mort (1). Diogène Laërcenous a conservé
en grec une maxime sous forme de triade qu'il attribue aux
Druides : honorer les dieux, ne faire aucun mal, pratiquer
la bravoure, aÉêstv ÔeoÙî xaî jjtr,0£v xa/ov ^pàv xal àvêpEiav
àcT/CcTv (2). Rien ne nous permet de supposer que la philo-
sophie et la science druidiques puissent être comparées à la
philosophie et à la science grecque.
Nous ne savons si les druides, comme les pontifes ro-
mains, étaient chargés de rédiger le calendrier. Bien qu'on
ait découvert récemment à Coligny un calendrier, que l'on
a de bonnes raisons de croire celtique, ce n'est guère que
par les textes irlandais et gallois que l'on peut connaître
l'année celtique (3).
L'année était lunaire chez les Celtes comme chez les
autres Indo-Européens. Le nom du mois se confond sou-
vent avec celui de la lune. En sanskrit mc75 signifie « lune »
et « mois » ; le gotique môna signifie « lune » ; le
vieux-haut-allemand mono signifie «lune» et «mois».
Les mois et les années des Celtes commençaient avec le
sixième jour de la lune (4). L'âge do la lune servait
(1) Chorographie, m, 2, 19. ' " .
(2) Vies des philosophes, préface, 6. Cf. H. d'Arbois de Ju-
liAiNviLLE, Cours de littérature celtique, t.- vi, p. loO-l.");}.
(.3) J. LoTH, L'année celtique d'après les testes irlatidais, gal-
lois, bretons et le calendrier de Coligny [Revue celtique, t. xxv,
p. 113-162). Voir aussi S. de Ricci, Revue celtique, t. xxv, p. 10-
27 ; TiiiERs, Comptes rendus de l'Académie des inscrijitions, 1898,
p. 167, 612 ; J. Rhys, Notes on ihe Coligny Calendar together
witli an édition of the reconstructed Calendar. Proceedings of the
British Academy, iv, London, 1910.
(4) Pline, Histoire naturelle, xvi, 95, 250.
LES DRUIDES 375
aux druides irlandais pour calculer les jours néfastes (1).
Les Celtes ont pour habitude de compter par nuits ;
César nous le dit formellement (2) et, dans l'ancienne litté-
rature irlandaise comme dans l'ancienne littérature galloise
oa date souvent par nuits ; en gallois semaine se dit
ççythnos, « huit nuits » ; quinzaine, pythejnos « quinze
nuits » ; en irlandais oidhche Samhain « nuit de Samhain »
(1" novembre) désigne la nuit qui précède et non celle qui
suit le 1" novembre. La coutume de compter par nuits et
d'une nuit à l'autre n'est c^'ailleurs pas spéciale aux
Celtes (3).
On ne pait rien dé bien précis sur la durée de l'année
celtique. Le calendrier de Goligny oifrait un mois interca-
laire de 30 jours destiné sans doute à établir tous les deux
ans et demi l'accord entre l'ann e solaire et l'année lunaire,
laquelle aurait compté 354 ou 355 jours. Un des nombres
consacrés de l'épopée irlandaise est de 350 nuits. En Bre-
tagne armoricaine comme au pays de Galles, il y a des
jours complémentaires, appelés en breton gourdeziou, en
gallois dyddiau dyddon. Ces jours auxquels sont attachées
diverses superstitions populaires, auraient été ajoutés
lorsque l'on convertit l'année lunaire en année solaire. Il
est intéressant de remarquer que chaque jour du mois com-
(1) Joyce, /i social history of ancient Irehmd, t. i, p. 233.
(2) Guerre de Gaule, vi, 18.
(3) On la trouve chez les. Athéniens (Pline, ii, 79, 88) ;
chez les Germains (Tacite, Germanie, 11) ; chez les Numides
(Nicolas de Damas, Fragmenta historicorum grsecorum, t. m,
p. 463, fr. 139). Est-ce cette coutume qui explique la ridicule
anecdote d'Eudoxe de Rhodes d'après laquelle il y aurait vers
la Celtique un peuple qui voit la nuit (Fragm. hist. grxc,, t. iv,
p. 407). Etienne de Byzance, donne, d'après le Pseudo-Aristote,
•nepl ôo'jijiaaîojv, le nom de ce peuple: répjjiapa.
376
CALEM)RIER
plémentaire du caleadrier de Goligny porte le nom d'un
des trente mois qui suivaient, tandis qu'en Bretagne, la
tradition attribue aux douze jours complémentaires la
vertu des douze mois correspondants (1).
L'année se divisait d'abord en deux moitiés. Il est sou-
vent question de demi-année dans les textes irlandais et
gallois, et on trouve aussi cette division dans le calendrier
de Goligny. Mais la division la plus commune est celle de
l'année en quatre séries de trois mois. On la rencontre dans
les lois irlandaises comme dans les lois galloises.
Les noms des mois du calendrier de Goligny sont :
Samonios, Anagantios, Giamonios, Simivisonnios,Equos (cf.
le grec "Itttt'.oç), Elembivios (cf. le mois grec 'EXaœr^poXttôv),
Edrinios, Rivros, Gantlos, Dumannios, Ogronios, Gutios,
Giallos (mois intercalaire).
Quant aux subdivisions du mois, elles sont indiquées par
les mots gallois pijthefnos, irlandais coicthiges « quinzaine » ;
la wylhnos galloise dont nous avons parlé plus haut est
une subdivision, en chiffres ronds, de la quinzaine (2). La
période de trois jours et trois nuits que Ton rencontre sou-
vent dans les anciens textes gallois ou irlandais est sans
doute une ancienne subdivision du mois lunaire de
29 jours 12.
Le calendrier de Goligny comprendrait un cycle de deux
ans et demi. On ne trouve rien de semblable chez les Ir-
landais et chez les Gallois, chez lesquels les périodes en
(1) Seymour de Ricci, Revue celtique, t. xxiv (1903), p. 313-
316.
(2) Les noms des jours de la semaine ont été empruntés par
les Celtes aux Romains. Cf. Tiiurneysen, Die yamen der ^Vo-
chentage in der keltischen Dialekten, Zeitschrilt jur deutsche
Wortforschung, t. i (1900), p. 1.86 sq.
J
LES DRUIDES 377
usage sont respectivement de 3 et de 7 ans. D'après
Pline (1), le cycle des anciens Celtes était de trente
ans.
Certaines périodes ou certains jours étaient plus favo-
rables à certains actes ; à midi et à minuit le prêtre craint
de rencontrer le dieu (2). Les animaux, et même l'homme,
sur les bords de la mer de Gaule, ne meurent qu'au
jusant (3).
Les anciens avaient été frappés des analogies que présen-
tait la doctrine des Celtes sur l'immortalité de l'âme avec
l'enseignement de Pythagore. La plupart d'entre eux ne
disent pas que les druides aient eu des rapports avec Py-
thagore ou ses disciples. Diodore de Sicile emploie les ex-
pressions hr.'jyyz: uxp' «j-roT; 6 QjOaYopoj Xoyo;, « chez euX,
[chez les Celtes] prévaut l'opinion de Pythagore, d'après
laquelle les âmes des hommes sont immortelles et, après
un nombre déterminé d'années, recommencent à vivre en
pénétrant dans un autre corps (4) ». Valère Maxime établit
seulement un rapprochement entre les deux doctrines (5).
Le texte d'Amraien Marcellin, qui a sans doute pour source
Timagène, est moins clair : « Parmi eux les druides, plus
hauts dans leurs conceptions, comme l'établit l'autorité de
Pythagore, liés par des associations collégiales, s'élevèrent
aux questions cachées et profondes et, méprisant les choses
humaines, proclamèrent les âmes immortelles » (6). La
(1) Histoire naturelle, xvi, 95, 250.
(2) LucAiN, Pharsale, m, 423-425.
(3) Aristote chez Pline, ii, 101, 220. Cf. Le Braz, La légende
de la mort, 2^ éd., t. i, p. 76. Pour d'autres jours fastes ou né-
fastes, voir ci-dessus, p. 339.
(4) Bibliothèque, v, 28, 6.
(5) Faits et dits mémorables, ii, 6, 10.
(6) « Inter eos druidee ingeniis celsiores, ut auctoritas Pytha-
378 PYTHACORE
phrase ut audoritas Pythagorx decrevit, d'après l'usage or-
dinaire des Latins, se rapporte à ce qui suit : elle peut si-
gnifier simplement que les sodalicia consoriia des druides
étaient une organisation semblable à celle qu'avait établie
Pythagore ; il n'est pas certain qu'elle détermine Ten-
semble de la phrase. C'est seulement Alexandre Polyhistor
qui veut que Pythagore ait suivi les leçons des Gaulois et
des Brachmanes (1).
Sur l'origine de la doctrine druidique, nous devons
donc nous en tenir à l'opinion rapportée par César et
d'après laquelle l'enseignement des druides venait de
Grande-Bretagne (2). Il aurait été apporté sur le continent
par les Celtes d'outre-mer qui, d'après une tradition drui-
dique rapportée par Ammien Marcellin citant Timagène,
constituaient une partie importante de la population de la
Gaule : les druides rapportent qu'en réalité une partie du
peuple est indigène, mais qu'il s'y est ajouté d'autres élé-
ments provenant des Iles extrêmes et des contrées au delà
du Rhin (3).
L'enseignement druidique, qui fut en grande faveur tant
que la Gaule resta indépendante, ne survécut pas long-
temps à la conquête (4). Un sénatus-consulte, sous le règne
gorîB decrevit, sodalicîis adstricti consortiis, qu.i^stionîbus occul-»
tarum rcruni aUarumque erecti sunt et despectantcs humana
pronuntiarunt animas imniortalcs. » Histoire romaine, xv, 9, 8.
(1) CLÉMErs'T d'Alexandrie, Siromates, i, 15 (Fragmenta
historicorum Grsecorum, éd. Didot, t. m, p. 239. Cf. le texte
mutilé de Jamblique, Vie de Pythagore, xxviii, 151.
(2) Guerre de Gaule, vi, 13, 11. Cf. Pokorny, The Celtic Re^
View, t. V (1908), p. 1-20.
(3) Histoire romaine, xv, 9, 4.
('*) FusTEL DE CouLANGES, Rcvue celtique, t. IV, p. 37 ;
H. d'Arbois de Jubai.nville, ibid., t. xii, p. 316.
LES DRUIDES
379
de Tibère, supprima les druides (1). Officiellement
supprimés, les druides pendant quelque temps continuèrent
à enseigner dans les forêts (2). Ji'ouverture des écoles ro-
maines dont la plus ancienne est celle d'Autun (3), leur
enleva la clientèle des jeunes nobles gaulois. Du temps
d'Ausone, il y avait à Bordeaux des gens qui se disaient
descendants des druides (4). Cela ne prouve pas qu'il y eût
encore des druides en Gaule au iv^ siècle.
Chez les Irlandais, les druides sont entourés de nom-
breux disciples. Cathbad avait auprès de lui cent hommes
qui, sous sa direction, apprenaient le druidisme, druidecht.
Dans une des légendes hagiographiques rattachées à la
vie de saint Patrice, deux druides sont chargés de l'éduca-
cation des deux filles du roi Loégaire. En quoi consistait
l'enseignement druidique*? Une glose du Senchus Mor,
recueil de jurisprudence irlandaise, nous apprend que les
druides irlandais disaient que c'étaient eux qui avaient fait
le ciel, la terre, la mer, le soleil, la lune, etc., et il est pos-
sible que ce soit là le dernier mot de cette cosmogonie drui-
dique dont, sans la connaître, on s'est plu à vanter la pro-
fondeur scientifique. De plus, les druides enseignaient la
magie, et les seuls écrits qufe la légende leur attribue sont
des caractères oghamiques (5) gravés sur quatre baguettes
d'if qui servaient à des pratiques de divination. Quant à la
doctrine de l'immortalité de l'âme, qui était généralement
(1) Pline, Histoire naturelle, xxx, 4, 13.
(2) Voir ci-dessus, p. 369.
(3) Tacite, Annales, m, 43. Cf. Suétone, Des grammairiens
illustres, 3.
(4) Professeurs, v, 7 ; xi, 27.
(5) Sur l'alphabet oghamique, voir H. d'Arbois de Jubain-
viLLE, Comptes rendus de l'Académie des Inscriptions et Belles-
Lettres, t. IX (1881), p. 20-26. Revue celtique, t. xxvii, p. 109,
380 JUGES
admise en Irlande avant le christianisme, il ne semble pas
qu'elle fût spécialement enseignée par les druides irlan-
dais (1).
Les druides de Gaule sont réputés les plus justes des
hommes (2). Aussi les fait-on Juges des contestations pu-
bliques et privées. S'il y a eu un crime de commis, si un
meurtre a eu lieu, si Ton se dispute à propos d'héritage ou
de limites, ce sont eux qui décident, et qui déterminent les
amendes et les châtiments. Si un particuher ou un homme
public ne veut pas s'en tenir à leur sentence, ils lui inter-
disent les sacrifices. C'est là le châtiment le plus grave
chez eux ; ceux auxquels a été faite cette interdiction sont
mis au nombre des impies et des criminels ; tout le monde
s'écarte d'eux, on fuit leur approche et leur conversation
pour ne pas recevoir quelque dommage de leur contact ;
s'ils déposent une plainte, on ne leur rend pas la justice et
ils n'ont part à aucune dignité. A une époque déterminée
de Tannée, les druides se réunissent sur le territoire des
Carnutes, qui est regardé comme le centre de la Gaule (3),
dans un endroit consacré. Là, de toute part s'assemblent
tous ceux qui ont des procès, et ils obéissent à leurs juge-
ments et à leurs décrets (4). Strabon ajoute que les druides
sont surtout chargés de juger les procès pour cause d%
meurtre et que, lorsqu'il y a abondance de ces procès, on
pense qu'il y aura aussi abondance des biens de la terre.
(1) H. d'Arbois de Jubainville, Cours de littérature cel-
tique, t. I, p. 165-189.
(2) Strabon, iv, 4, 4.
(3) Cf. Mide, nom de la province centrale de l'Irlande, qui
s'explique par medio-, lat. médius.
('i) CÉSAB, Guerre de Gaule, vi, 13. Cf. Diodore, v, 31, 5, et
Strabon, iv, 4, 4. Voir ci-dessus, p. 254.
LES DRUIDES
381
H. d'Arbois de Jubainville (1) a fait remarquer qu'il était
naturellement impossible que les druides connussent de
toutes les contestations publiques ou privées qui s'élevaient
on Gaule. De plus, aucune des contestations entre Gaulois
qui sont mentionnées dans les Commentaires n'est soumise
au jugement des druides et il ne semble pas que les druides
aient empêché les guerres civiles qui désolaient la Gaule
avant la conquête romaine. Il est probable que César, re-
produisant des textes plus anciens, parle ainsi d'un état
social qui n'existait déjà plus à l'époque de la conquête des
Gaules. On peut d'ailleurs faire remarquer que la juridic-
tion des druides n'était pas obligatoire et qu'il n'y avait
sans doute à se rendre une fois l'an à l'assemblée tenue sur
le territoire des Carnutes que les plaideurs qui n'avaient
pu s'accorder par aucun autre moyen. Toujours est-il que
rien de semblable n'a été signalé en Irlande, et que là ce
sont les filé et non les druides qui interviennent dans les
causes judiciaires.
Le rôle politique des druides dans l'ancienne Gaule, si
l'on excepte toutefois la vie publique de Diviciacus, nous
est peu connu ; c'est seulement chez Dion Chrysostome, au
premier sièclç de notre ère,' que nous lisons que les rois ne
peuveut rien décider sans les druides, qui sont vertes dans
la divination et les autres sciences, et qu'il serait juste de
dire que ce sont eux qui commandent et que ces rois assis
sur des trônes d'or, habitant de magnifiques demeures,
sont leurs ministres et les serviteurs de leur pensée (2).
Est-ce d'une élection par les druides qu'il s'agit dans le
(1) Revue celtique, t. viii, p. 519-525.
(2) Discours, xlix.
382 ROLE POLITIQUE
passage où César nous parle de raccession au pouvoir de
Convictolitavis, nommé selon l'usage de la cité par les
prêtres, per sacerdotes more civitatis {i)''l N'est-ce pas à
leur pouvoir moral plutôt qu'à leur pouvoir politique que
les druides doivent d'avoir une grande autorité dans les
affaires de la paix, aussi bien que dans celles de la guerre,
et de pouvoir apaiser deux armées sur le point d'en venir
aux mains en se jetant au milieu des combattants (2) ^Rien
ne vient confirmer pour l'époque ancienne l'assertion de
Dion Clirysostome. Si les druides avaient une influence
politique, elle était sans doute due à leur situation person-
nelle et ne constituait pas un privilège de leurs fonctions.
Diviciacus, dans les nombreux incidents de sa carrière po-
litique, use si peu de sa qualité de druide qu'il semble que
César ait ignoré qu'il l'était (3).
Le meilleur commentaire du texte de Dion Chrysostome
se trouve dans une épopée irlandaise intitulée V Enlèvement
des vaches de Cuabigé. Cûchulainn, le liéros dUlster, après
avoir essayé de repousser à lui tout seul l'invasion des
hommes de Connacbt, est grièvement blessé; il se voit
alors forcé d'envoyer prévenir le roi Conchobar et l'armée
des Ulates du danger qui les menace. Le messager arrive
en vue de la forteresse et s'écrie : « On tue les hommes,
on enlève les femmes, on emmène les vaches, ô habitants
d'Ulster » ! Mais il n'obtient pas de réponse. 11 va sous les
murs de la forteresse et renouvelle son appel : « On tue
les hommes, on enlève les femmes, on emmène les vaches,
ô habitants d Ulster ! » Et personne ne lui répond. Alors il
(1) Guerre de Gaule, vu, 33.
(2) DioDORE ÔE Sicile, v, 31, 5. Cf. Str.vbon, iv, 4, 4.
(3) Guerre de Gaule, i, 20-21.
LES DRUIDES 383
s'avance encore ; il s'arrête sur la pierre des hôtes dans la
forteresse et il répète : « On tue les hommes, on enlève
les femmes, on emmène les vaches ». Et c'est alors seule-
ment que le druide Gathbad ouvre la bouche : « Qui donc
tue les hommes, qui enlève les femmes, qui emmène les
vaches ? » Car, explique le narrateur, telle était la règle en
Ulster : défense aux Ulates de parler avant le roi, défense
au roi de parler avant son druide (1).
Un des sujets qui ont le plus passionné les écrivains qui,
en l'absence de renseignements suffisants, essayaient de
restituer le druidisme à l'aide des seules ressources de leur
imagination, est celui des druidesses (2). Velléda, qui a
donné son nom à une des figures les plus dramatiques des
Martyrs de Chateaubriand, est une prophétesse de Germa-
nie (3). Mais le géographe romain Pomponius Mêla (4)
nous parle des prêtresses de l'île de Sein, dans la mer de
Bretagne, en face des rivages des Osisnti. Elles ont fait
vœu de virginité perpétuelle ; elles sont au nombre de
neuf. On les appelle Gallizenae (5) ; on les croit douées de
talents singuliers ; elles excitent par leurs chants la mer et
les vagues ; elles se changent en animal à leur volonté ;
elles guérissent des maux qui sont inguérissables chez
d'autres ; elles connaissent l'avenir et le prédisent aux na-
vigateurs lorsqu'ils viennent les consulter.
(1) H. d'Arbois de Jubainville, Introduction à l'élude de la
littérature celtique, t. i, p. 190 et suiv,
(2) H. d'Arbois de Jubainville, ibid., p. 109-110 ; Toutain,
Mélanges Boissier, Paris, 1903, p. 439-442.
(3) Tacite, Histoires, iv, 61 ; 65 ; v, 22 ; 24. On a expliqué
ce nom par le mot irlandais file, gén. filed « poète ».
(4) Clioro graphie, m, 6, 48. Cf. éd. Tzschucke, t. ii, 3, p. 159.
(5) Mss. Gallizenas, Gallicenas, Galligenas. Rhys, Lectures
on Welsh philology, p. 196, lit : Galli Senas. Cf. les Gallicands
dryadas de Vopiscus.
384
DRUIDESSES
Il semble bien que cette histoire ne soit qu'un résumé
de quelque récit fabuleux comprenant beaucoup d'élé-
ments empruntés à l'histoire de Circé (1). Remarquons de
plus que le nom de druidesse n'y est pas prononcé. Si
nous n'acceptons qu'avec réserve le témoignage de Mêla sur
les vierges de Sein, nous ne trouvons qu'au m* siècle en
Gaule des prophétesses appelées dryades. L'une aurait
prédit en gaulois à Alexandre Sévère (208-235) sa fin pro-
chaine (2). L'empereur Aurélien (270-273) avait consulté
dos prophétesses gauloises, GaUicanos drijadas, sur l'ave-
nir de sa postérité (3). Une de ces femmes aurait promis
l'empire à Dioctétien (284-303) (4). Cette dernière était une
aubergiste de Tongres. Les druidesses gauloises, si tant est
qu'il y en ait eu , n'étaient plus à cette époque que de
simples diseuses de bonne aventure. L'inscription de Metz
où on lit Arête druis antistita est fausse (5), comme sans
doute aussi l'inscription de Killeen Cormac près de Dunla-
vin (Kildare) en Irlande (6j, qui porte ivvere drvvidbs.
Rien ne permet de qualifier de druidesses les femmes
des Namnètes (7) que Poseidônios représente vivant dans
une lie de peu d'étendue en face de l'embouchure de la
Loire et s'adonnant au culte bachique. Aucun homme n'y
(1) S. Reinach, Revue celtique, t. xviii, p. 1-8 ; Cultes, t. i,
p. 195-203. Au contraire, C. Jullian, Revue des études anciennes,
t. VI, admet l'existence de ces prêtresses.
(2) Lampkide, Alexandre Sévère, 60.
(3) Vopiscus, Aurélien, 44.
(4) Vopiscus, Niimérien, 14.
(5) Ch. Robert, Epigraphie gallo-romaine de la Moselle, p. 89.
et suiv.
(6) Gaidoz, Revue celtique, t. m, p. 453 ; Rhys, Proceedings
of the Brilish Academy, t. i, p. 4 (pi.), n'a pas le même sccpti
cisme et traduit par « druide d'Irlande ».
(7) Les manuscrits de Strabon portent ^a|jtv'.xwv, corrigé en
Nafxvtxwv par Tyrhwitt,
LES DRUIDES 385
avait accès, mais elles allaient par mer rejoindre leurs
maris et revenaient ensuite dans l'île. Elles avaient cou-
tume, une fois l'an, d'enlever la toiture du temple de leur
dieu et de le recouvrir dans la même journée. Si l'une
d'elle laissait tomber sa charge de matériaux, elle était
aussitôt mise en pièces par ses frénétiques compagnes (1).
En 61 après J.-C, chez les Bretons, des femmes trans-
portées par un délire prophétique annonçaient la ruine de
la domination romaine. Tacite les dépeint dans l'île de
Mona semblables à des furies, courant au milieu des sol-
dats, en vêtements funèbres, les cheveux épars, des torches
dans les mains (2).
Chez les Irlandais, il est quelquefois question de drui-
desses, ban-dnii, et plus souvent de bafi-filé qui, comme
les filé, étaient à la fois devineresses et poétesses (3).
Une question importante est l'organisation du corps
druidique. César nous dit seulement que les druides ont un
chef qui a sur eux l'autorité suprême (4). Ce chef, à sa
mort, est remplacé par le plus digne, et si plusieurs com-
pétiteurs ont des titres égaux, le successeur est élu par les
suffrages des druides. Quelquefois même, on se dispute les
armes à la main cette dignité suprême. Le texte d'Ammien
Marcellin cité plus haut (p. 377) parle incidemment des
associations corporatives des druides analogues aux asso-
ciations pythagoriciennes (5).
(1) Strabon, IV, 4, 6. Cf. Denys le Périégète, v, .570-574.
(2) Tacite, Annales, xiv, 32. Cf. 30.
(3) Dinnsenchus de Rennes, 83 ; Revue celtique, t. xvi, p. 34,
277 ; H. d'Arbois de Jubai.nville, Cours de littérature celtique,
t. VI, p. 92-93 ; Tàin hô Cûalnge, éd. Windisch, p. 331, note 1.
(4) Guerre de Gaule, vi, 13.
(5) Histoire romaine, xv, 9, 8.
G, DoTTiN. — Manuel de V antiquité celtique. 25
386 HIÉRARCHIE
En Irlande, il n'est question expressément ni d'un chef
suprême (1), ni d'une hiérarchie, ni de corporations drui-
diques. Les druides agissent isolément ou par deux ou
trois. Ils sont mariés et vivent en famille chacun dans leur
maison. Dans une Vie de saint Patrice on lit qu'un jour
dix druides {tiiagi), vêtus de blanc, se réunirent contre
l'apôtre de l'Irlande ; rien n'indique que ces druides consti-
tuassent une association (2).
Les collèges de druides, plus ou moins analogues aux
collèges sacerdotaux des Romains, ne ressemblaient sans
doute ni aux lamaseries du Thibet ni aux communautés
cénobitiques des moines chrétiens. Le druide Diviciacus
était marié, avait des enfants et prenait part non seulement
aux affaires politiques, mais même aux expéditions guer-
rières. Aucun texte ne justifie les théories ingénieuses,
mais contestables, de A. Bertrand sur les communautés
druidiques (3).
Le peu que nous savons des druides n'a pas suffi aux
érudits modernes (4). Dès la fin du xvn" siècle, les monu-
ments mégalithiques de Stonehenge (Salisbury, 'Wills) et
d'Avebury ou Abury (Wilts) furent attribués aux druides.
Les alignements de pierre furent, au xvni® siècle, expliques
(1) Dans les noies de Tirechan sur saint Patrice il est toute-
fois question d'un primus magus nommé Recrad. Wn. Sto,:es,
The tripartite life of Patrick, t. ii, p. 325. Cf. aussi ci-dessus
druidum magistri, p. 371.
(2) H. d'Arbois de Jubainville, Les druides et les dieux
celtiques à forme d'animaux, p. 111-115 ; Wh. Stokes, T//." tri-
partite life of Patrick, t. ii, p. 325-326.
(3) La religion des Gaulois, p. 297-312, Cf. Rei'ue de l'histoire
des religions, t. xxxviii, p. 149-152 ; Revue celtique, t. xix, p. 72-
73.
(4) Voir lu bibliographie dressée par C. Jullian, Histoire de
la Gaule, t. ii, p. 84, n. 1 ; p. 86, n. 2.
LES DRUIDES 387
par le serpent cosmique dont ils reproduisaient, pensait-on,
les replis tortueux ; ce serpent serait le symbole de l'Etre
infini et les druides en auraient emprunté l'idée aux my-
tliologies orientales. Ces rêveries archéologiques dues à
l'érudit anglais Stukeley (1687-1763) (1) ne tardèrent pas à
pénétrer en France (2).
En ISOo, Cambry exposa dans les Monuments cel-
tiques (3) une nouvelle explication druidique des monu-
ments mégalithiques (4). Les dolmens seraient le signe des
traités passés entre les peuples, l'emblème de l'union, de la
stabilité, de l'immutabilité. Les positions respectives des
astres et leur correspondance avec telle ou telle partie de
la terre seraient figurées par des pierres disposées de ma-
nière à donner 1 idée de ces positions dans le ciel, et on ne
peut douter que ces monuments symboliques n'aient été les
premiers temples. Tous les peuples auraient imité les mo-
numents druidiques à des époques variées. L'historien
Henri Martin adopta avec plus d'enthousiasme que de cri-
tique les théories aventureuses des savants anglais (5).
Divers numismates prétendirent expliquer par le symbo-
lisme druidique les détails des monnaies gauloises (6).
Les dolmens et les druides ne furent pas mis en rapport
seulement à cause de la signification symbolique que l'on
attribuait aux monuments mégalithiques. « C'est sur de
(1) Stonehenge, a temple restored to the British Druicls, London,
1740 ; Abury, a temple of the British druids, London, 1743.
(2) De Penhouet, De l'ophiolatrie, Nantes, 1833.
(3) Alonumenl.s celtiques ou recherches sur le culte des pierres,
précédées d'une notice sur les Celtes et sur les Druides et suivies
d'Etymologies celtiques, Paris, 1805, p. 271-289.
(4) Voir ci-dessus, p. S30.
(5) Etudes d'archéologie celtique, Paris, 1872, p. 31, 85, 171.
(6) Voir Blanchet, Traité des monnaies gauloises, p. 14-19.
388 NÉO-DRÙIDISMÈ
tels autels », écrit La Tour d'Auvergne, « que les Gaulois,
au rapport de Diodore de Sicile, juraient leurs traités et
que les druides, leurs prêtres, sacrifiaient à la divinité,
choisissant le plus souvent des hommes pour victimes (1) ».
Rien ne permet d'affirmer que les dolmens aient eu à
l'époque celtique un tel usage. On ne sait même pas si les
tables des dolmens étaient, au temps des druides, visibles
et utilisables (2).
Ce ne furent pas que les archéologues qui contribuèrent
à créer ainsi un druidisme de fantaisie. Un érudit gallois du
xvni" siècle, Edward Williams, dout le nom bardique était
lolo Morganwg (1740-1820) (3) et, après lui, Edward Da-
vies (1750-1831) (4) ont essayé de démontrer que les
bardes gallois étaient restés dépositaires des secrets des an-
ciens druides de l'île de Bretagne et qu'ils avaient continué
à pratiquer en secret, depuis l'introduction du christia-
nisme, la religion druidique. Ces deux ingénieux savants,
si l'on met à part les textes, manifestement créés au
xvn" siècle, du Mystère des bardes de l'île de Bretagne
{Cyfrinach beirdcl ynys Prydain) (5), n'ont pu fonder leur
(1) Origines gauloises, 3^ éd., p. 22. Cf. Dépic, Histoire ecclé-
siastique de Bretagne, Rennes, 1847, t. ii, p. 207.
(2) Cf. Fr. Delage, Dolmens et druides {Bulletin de la Société
archéologique du Limousin, t. lviii.
(3) lolo manuscripts, a sélection of ancient Welsh mss., in
prose and verse ; from the collection made by the laie Edward
Williams, editcd with translations and notes by his son Taliesin
Williams, Llandovery, 1848 ; Livcrpool, 1888.
(4) The mythology oj the British druids, ascertained by national
documents and compared with the traditions and customs of the
Hcathenism, London, 1809.
(5) On en trouve un résumé dans la Revue archéologique,
t. xviii (1868), p. 329-344, 431-439 ; t. xix (1869), p. 27-41.
Cf. Sh. Turner, Vindication of the genuiness of the ancient Bri-
LES DRUIDES 389
doctrine que ur un roman merveilleux du commencement
du xvii'^ siècle, l'Histoire de Taliessin, qui reproduit quelques
pièces attribuées à tort au célèbre barde du vi* siècle, et sur
une collection d'écrits plus ou moins authentiques réunis
par Llywelyn Siou de Llangewydd qui vivait au xvi* siècle.
Cela n'empêcha pas A. Pictet, J. Reynaud et Henri Mar-
tin (1) d'y découvrir une doctrine originale, remontant aux
traditions les plus anciennes de la race celtique ("J,).
Pour retrouver dans ces textes et dans d'autres plus ar-
chaïques des traces de mythologie cosmique, Edward
WiUiams et Edward Davies avaient dû expliquer par des
symboles les phrases les plus simples, à la manière de
H. de la Villemarqué qui publia dans le Barzaz-Breiz
comme poète druidique une formulette bretonne destinée à
apprendre à compter aux petits enfants et connue sous le
nom de Vêpres des grenouilles (3).
Le druidisme est-il dans l'Antiquité une institution isolée
dont l'analogue n'existe point (4j'? 11 semble bien que chez
les Gètes il ait existé quelque chose de semblable. Jordanès,
tish Poems of Aneurin, Taliesin, Llywarch H en and Merdhin,
London, 1803.
(1) Bibliothèque de Genève, t. xxiv,1853; L'Esprit de la Gaule,
1864, Histoire de France, Paris, 1855, t. i, p. 74 ; Etudes d'ar-
chéologie celtique, p. 286-397.
(2) L'histoire de cette question est résumée chez Skene, The
four ancient books of Wales, t. i, p. 6-16, 29-32. Voir aussi S. Rei-
NACH, Esquisse d'une histoire de l'archéologie gauloise. Revue
celtique, t. xix, p. 111-116 ; J. Leflocq, Etudes de mythologie
celtique, Orléans, 1869 ; Ch. Picquenard, Le néo-druidisme.
Revue de Bretagne, t. xli (1909), p. 113-125, 196-215.
(3) Barzaz-Breiz, 6^ éd., Paris, 1867, p. 1-18. Cf. Luzel, An-
nales de Bretagne, t. v, p. 284-292 ; Revue celtique, t. vi, p. 500-
505.
(4) SciiRADER, Reallexicon der indogermanischen Altertums-
kunde, Strasbourg, 1901, p. 643.
390
ORIGl.NE DU DRUIDISME
citant les Géliques attribuées à Dion Gassius, nous dit que
Philippe de Macédoine ayant envahi la Mésie, quelques
prêtres, de ceux que les Gètes nomment pii, vêtus de robes
blanches, des harpes à la main, s'avancèrent à la ren-
contre de Tennemi, en chantant d'une voix suppliante des
hymnes en l'honneur des divinités protectrices de la na-
tion. Et les Macédoniens, troublés par l'apparition de ces
homoies sans armes, firent la paix et retournèrent chez
eux (1). Cette intervention des prêtres gètiques rappelle le
texte de Diodore qui nous montre les bardes ou les druides
apaisant deux armées en présence et se jetant au milieu des
épées tirées et des lances en arrêt (2).
Strabon nous apprend qu'un ancien esclave de Pytha-
gore, un Gète nommé Zamolxis, revenu chez ses compa-
triotes, y attira l'attention des chefs par les prédictions
qu'il savait tirer des phénomènes célestes et finit par per-
suader à un roi de l'associer à son pouvoir. Un des succes-
seurs de Zamolxis, Dicaineos, enseigna aux Gètes l'éthique
et la logique ; il leur apprit les noms et la marche des
astres, les propriétés des herbes, et par sa science leur
inspira une telle admiration qu'il commandait non seule-
ment aux hommes d'un rang modeste, mais aux rois eux-
mêmes. En effet, choisissant dans les familles royales des
hommes à l'àme noble et à l'esprit sage, il leur persuada
de se vouer au culte de certaines divinités et d'en honorer
les sanctuaires (3).
(1) Histoire des Goths, 10 ; A. Bertrand, La religion des Gau-
lois, p. 293-294.
(2) Bihliolhèque, v, 31. Cf. Strabon, iv, 4, 4. Les Celtes et les
Gètes ont été en guerre les uns avec les autres, d'après Lucien,
De la manière d'écrire l'histoire, 5.
(3) Strabon, vu, 3, 5 ; Jordanès, Histoire des Goths, 11 ;
LES DRUIDES
391
La corporation religieuse établie chez les Gètes par Di-
caineos, l'enseignement qu'il donnait, la mission civilisa-
trice qu'il remplit, tous ces faits sont-ils comparables aux
collèges druidiques, à leur doctrine philosophique, à leur
rôle social ? Nous ne pouvons l'affirmer. Origène, pourtant,
citant Celse, dit que les peuples les plus sages sont les Ga-
lactophages d'Homère, les druides des Gaulois (raXa-uwv) et
les Gètos (1). Comme le druidisme, la doctrine de Zamolxis
a été rattachée par les anciens à l'influence de Pythagore.
Y aurait-il eu diffusion, chez les peuples les plus divers,
des doctrines pythagoriciennes, ou la doctrine de Pytha-
gore ne serait- elle qu'un aspect particulier d'un grand
mouvement d'idées qui aurait pénétré le monde civilisé six
siècles avant l'ère chrétienne ?
Que la doctrine des druides fût ou non d'origine étran-
gère, elle était distincte, semble-t-il, des pratiques reli-
gieuses fort nombreuses auxquelles s'adonnaient les Gau-
lois, gens admodiim dedita religionibus. En tous cas, ces
pratiques religieuses n'avaient pas été apportées par les
druides qui se bornaient à les interpréter, à leur trouver
sans doute un sens symbolique. Les doctrines druidiques
venues de la Grande-Bretagne étaient-elles en Gaule d'in-
troduction récente au moment de la conquête romaine, et,
réservées à un petit nombre de privilégiés, s'étaient-elles
juxtaposées à l'ancienne religion de la Gaule sans la mo-
difier essentiellement ? La religion répandue en Gaule dans
le peuple était-elle la religion de ceux qui habitaient notre
A. Bertrand, La religion des Gaulois, p. 292-295 ; Hippolyte,
Philosophumena, 2, 17, cf. 27, 7, dit que Zamolxis enseigna aux
druides la philosophie de Pythagore.
(1) Contre Celse, i, 16.
392 CONCLUSION
pays antérieurement à l'invasion celtique et qui auraient
donné à leurs vainqueurs leurs croyances religieuses "? Si
la plebs dont parle César est formée des anciens vaincus,
tandis que les équités et les druides seuls sont de race cel-
tique, et s'il est vrai que la plupart des enfants des équités
fussent élevés dans le druidisme, quels étaient alors les
adorateurs de ces divinités celtiques que les Grecs et les
Romains ont assimilées à leurs dieux ? Autant de pro-
blèmes que le manque de textes historiques empêche de
résoudre.
CHAPITRE VII
L'EMPIRE CELTIQUE (I)
Témoignages des anciens sur les pays occupés par les Celtes. —
Extension des civilisations auxquelles appartiennent les
Celtes. — Les noms de villes fondées par les Celtes : -diinum,
-durum, -nemetum, -magus, -briga, -rilum, -bona, mediolanurn,
icoranda. -acus. — • Pays où l'on a trouvé des noms celtiques
de personnes. — Rapports des Celtes et des Germains. —
Origine des Celtes ; l'ancienne Celtique ; les Celtes dans l'Alle-
magne centrale. — Les migrations ; l'empire d'Ambigatus ;
décadence de la puissance celtique.
L'histoire des Celtes ne commence guère qu'avec leurs
premières relations avec les Grecs et les Romains. Tant
que les Celtes n'eurent pas pris contact avec le monde ci-
vilisé, ils restèrent confondus dans la masse des barbares
qui habitaient l'Europe occidentale (2). A peine quelque té-
moignage de navigateur carthaginois ou grec, bien ou mal
renseigné, nous fournit-il sur les côtes occupées par les
Celtes antérieurement à l'invasion celtique en Italie, quel-
(1) Voir C. JuLLiAN, Histoire de la Gaule, t. i, p. 227-254,
281-332 ; Déchelette, Manuel d'archéologie, t. ii, p. 558-587.
(2) Strabon, Géographie, i, 2, 27.
394 l'bmpire celtique
que brève indication, qu'il nous est impossible de con-
trôler (1). Lorsque les anciens emploient le nom de Celte,
nous ne savons s'ils lui donnent la valeur qui lui fut attri-
buée dans la suite ; lorsqu'ils nomment des peuplades sans
déterminer à quel groupe ethnographique on doit les rat-
tacher, comment, même si la linguistique leur reconnaît
une physionomie celtique, peut on avec sûreté les attribuer
aux Celtes ? Le récit des premières invasions nous apprend
surtout comment et par qui les Celtes furent repoussés,
sans que nous puissions savoir exactement le lieu d'oîi ils
venaient et les causes de leur émigration. On conçoit faci-
lement qu'en face du danger les Grecs et les Romains
ne se soient préoccupés que de la défense commune et que
l'histoire intérieure de ces barbares venus on ne savait d'oii
ait eu pour eux peu d'intérêt. Les fragments que l'histoire,
la linguistique et l'archéologie peuvent à grand peine ras-
sembler permettent-ils une reconstruction partielle de l'em-
pire celtique ? Pour que le lecteur puisse se prononcer en
connaissance de cause, il hnporte de lui mettre sous les
yeux, d'abord, les principaux textes, rangés, autant que
possible, par ordre de date, qui se rapportent à la ques-
tion (2).
(1) Cf. BuLLiOT et RoiDOT, La cité gauloise selon l'histoire et
les traditions, p. 1-4.
(2) Sur les textes les plus anciens relatifs ux Celtes, cf.
A. Bertrand et S. Reinach, Les Celtes dans les vallées du Pô
et du Danube, p. 7-35 ; H. d'Arbois de Jubainville, Cours de
littérature celtique, t. xii.
l'empire celtique 395
On ne trouve aucune mention de pays occupés par les
Celtes avant la fin du vi^ siècle avant notre ère. Deux frag-
ments de la « Description de la Terre » par Hécatée de
Milet ^o40-47o), conservés par Etienne de Byzance (I), qui
rédigea à la fin du v^ siècle de notre ère un dictionnaire
géographique, (abrégé au siècle suivantpar le byzantin Her-
molaos), contiennent le nom de Celtique, Kslziy.ri (2). Le
premier fragment nomme Massalia, ville de la Ligystique,
près de la Celtique. Le second nomme Nyrax, ville cel-
tique. La situation de Nyrax est inconnue. Les Ligures, au
VI' siècle, occupaient en Gaule les côtes de la Méditerranée
entre les Alpes et Tembouchure du Rhône (3).
Eschyle (325-456) dit que l'Eridan est en Ibérie et qu'on
l'appelle aussi Rhodanos (4).
Hérodote (5), dans deux passages écrits entre 445 et 432,
nous apprend que l'Istros (Danube) est un fleuve dont les
sources se trouvent chez les Celtes, près de la ville de
(1) Etienne de Byzance, aux mots Massalia et Nyrax. Un
troisième fragment, sur Narbôn, place de commerce et ville cel-
tique, attribué par erreur à Hécatée dans l'édition MûUer, pro-
vient en réalité du quatrième livre de Strabon (i, 12).
(2) Le nom de KEÀxtx/^. qui semble désigner d'abord tout l'ouest
de l'Europe au nord des Pyrénées, depuis l'Elbe et les Alpes,
a chez Apollodore (fr. 60, 62), le sens de Gaule ; mais la Gaule est
désignée par Polybe (m, 59, 7), sous le nom de FaXaiia. Au
temps de Cicéron apparaît le nom de Gallia.
(3) H. d'Arbois de Jubainville, Les premiers habitants de
l'Europe, 2^ éd., t. i, p. 271 ; cf. 376, notes 2, 3 ; t. ii, p. 36-37.
(4) Pline, Histoire naturelle, xxxvii, 11, 32.
(5) II, 33, 2 et 3 ; iv, 49, 3.
396 HIMILCO.V, HÉRODOTE
Pyrène ; les Celtes habitent au delà des colonnes d'Hercule
et sont voisins des Cynesii {C>/netes), le dernier peuple
d'Europe du côté du couchant. Le pays des Cynetes était
situé au sud du Portugal. Il semble d'abord que pour Hé-
rodote le domaine des Celtes s'étende sur une partie de la
péninsule ibérique, que la ville de Pyrène désigne ou non
les Pyrénées, où d'anciens géographes ont placé la source
du Danube. Mais si, comme le pense M. Jullian (1). le nom
des Cynètes, qui est avec celui des Celtes le seul nom que
mentionne Hérodote à l'occident de l'Europe, est pris au sens
large et désigne vaguement les peuples de»la péninsule
ibérique, les Celtes, qui sont au nord et à l'est des Cynètes,
peuvent habiter au nord des Pyrénées. Hérodote n'admet
pas un fleuve appelé Eridan par les barbares et se jetant
dans la mer boréale, d'où vient, dit-on, l'ambre, et il ne
connaît pas l'existence des îles Cassitérides d'où l'étain
vient aux Grecs ; mais c'est bien des extrémités de l'Eu-
rope que viennent l'étain et l'ambre (2).
Le périple du Carthaginois Ilimilcon, tel que Festus
Aviénus nous le fait connaître, ne mentionne les Celtes qu'à
propos d'un pays inhabité situé au nord des îles CEstrym-
nides et d'où les Ligures ont été chassés par les Celtes (3).
11 nomme l'île sacrée, .sacra i/isnla, habitée par les Hierni
et, à côté, l'île des Albiones. Il est facile de reconnaître en
ces îles les îles Britanniques, lipt'.Trr./.y.] v^jo-., que le
(1) Revue des études anciennes, t. vu, p. 367-372 ; Histoire de
la Gaule, t. i, p. 308.
(2) m, 115.
(3) Ora marilima, 130-135. Voir ci-dessus, p. 8-9. Ce périple
semble antérieur à Hérodote et peut-être même à Hécatée.
M. Jullian, Revue des études anciennes, t. vii, p. 232, compare
Théopompe, chez Etienne de Byzance, 'l'M/.oupot. Cf. Histoire
de la Gaule, t. i, p. 228, n. 244.
l
l'empire celtique 397
Pseudo-Aristote appelle 'Upvr; et 'AÀ^tcov (1). Quant aux îles
(Estrymnides, riches en étain et en plomb, séparées du con-
tinent par le sinus Oestrynifiicus, et où se rendent les Tor-
tessii et les Carthaginois pour faire le commerce, ce sont
sans doute les îles que les Grecs appellent KajTi-Epîoî;. Hi-
milcon affirmait qu'il fallait au moins quatre mois pour
faire la traversée (2).
Au temps de Xénophon, d'après Arrien (3), on ne con-
naissait pas les peuples de l'Europe occidentale. Mais Xé-
nophon mentionne les mercenaires celtes envoyés comme
renfort par Denys de Syracuse aux Lacédémoniens (4).
Aristute place la montagne de Pyrène d'où descendent
ristros et le Tartessos, vers le couchant équinoxial, dans
la Celtique (o) ; il parle aus>i du climat froid du pays des
Celtes, au-dessus de l'Ibérie (6), et où l'âne ne peut pas
vivre. Il met la perte du Rhône, qui se trouve au-dessus
de Bellegarde, dans la Ligystique (7). Il connaît la prise de
Rome par les Celtes (8). Il dit que les Celtes ne craignent
ni les tremblements de terre ni les inondations (9).
Théopompe, vers 350, cite la ville des Celtes la plus
(1) Ora maritima, 108-112 ; Du monde, 3. 'iî,:vr, = IFIovt)
répond assez exactement à l'irlandais Eriu, gén. Erenn ; cf. le
gallois Iwerddon. La forme latine Hihernia a subi l'influence
d'une étymologie populaire [hibernus); de même li:'>r, a été
rapproché de ';£ooî « sacré ». Cf. Strabon, iv, 5, 4. Diodore, v,
32, 3, donne le nom d Is; c.
(2) Ora maritima, 113-119. Voir ci-dessus, p. 20.
(3) Cynégétique, 2.
(4) Voir ci-dessus, p. 257.
(5) Météorologiques, i, 13, 19 et 20.
(6) De la génération des animaux, ii, 8. Cf. Guerre de Gaule,
I, 16 ; VIII, 4 ; TiTE Live, v, 48 ; Piodore, v, 26.
(7) Météorologiques, i, 13, 30.
(8) Plutarque, Camille, 22, 4.
(9) Morale à Nicomaque, m, 7j 7.
398 THÉOPOMPE, SCYLAX, ÉPHORE
éloignée : Drilônios ; nous ne savons où la situer (1). Il
nous montre les Celtes en guerre avec les Vardii, peuple
illyrien. Connaissant l'intempérance des lUy riens, les
Celtes firent dresser dans leur camp des tables chargées de
mets dans lesquels ils répandirent une herbe vénéneuse
qui produit un effet violent sur les entrailles. Grâce à cette
crise, les Illyriens furent les uns surpris et tues par les
Celtes, les autres se jetèrent dans les rivières voisines, par-
ce qu'ils ne pouvaient supporter les coliques dont ils étaient
atteints (2). Théopompe mentionne la prise de Rome par
les Celtes (3).
Le périple dit de Scylax [de Caryanda, dont la rédaction
se placerait vers 335, ne cite comme habitants des côtes de
la Méditerranée entre les Pyrénées et l'Italie que les Li-
gures et les colons grecs. Les Celtes, restes de lexpédition,
occupent après les Tyrrhènes une bande étroite de terrain
sur la côte orientale de l'Italie jusqu'à Adria. Après les
Celtes, viennent les Vcnètes chez lesquels coulerEridan(4),
Ephore, qui, à peu près à la môme époque, avait com-
posé des '1(^:0,: 'a:'., ne nous est connu que par Strabon et
Cosmas Indicopleustes (vi*^ siècle après J.-C). Pour lui, les
Celtes étaient un des peuples occupant les extrémités du
monde ; leur pays situé à l'ouest et qui s'étend du cou-
chant d'été au couchant d'hiver est, de même que celui des
(1) Etienne de Byzance, au mot Drilônios. Fragm. hist.
grœc, t. I, p. 316, fr. 223.
(2) Athénée, x, 60 ; Fragm. hist. grsec, t. i, p. 284-285,
fr. 41. Cf. PoLYEN, Stratagèmes, vu, 42 ; Justin, kxiv, 4, 3.
(3) Pline, Histoire naturelle, ni, 9,51. F. H. G. p. 303, fr. 144.
(4) § 3 ; 4 ; 18 ; 19. Geographi grœci minores, t. i, fr. 25. Cf.
Justin, xx, 5.
l'empire celtique 399
Indiens qui lui fait vis-à-vis (1), moins grand que le pays
des Ethiopiens et que celui des Scythes (2). Les eaux leur
font éprouver plus de pertes que la guerre ; ils laissent les
flots submergei: leurs maisons ; puis ils les rebâtissent (3).
Les Celtes possédaient la plus grande partie de la péninsule
ibérique jusqu'à Gadeira (Cadix), mais Ephore était si mal
renseigné sur les Ibères qu'il croyait que ceux-ci étaient
une ville (4). Les Celtes étaient amis des Grecs (5).
Ces notions vagues sur les régions occupées par les Celtes
seraient sans doute plus précises si nous avions conservé le
récit du voyage d'exploration que Pythéas fit dans l'Ouest
de l'Europe, vers 320-310. Malheureusement, les quelques
fragments, relatifs aux pays occupés par les Celtes, que
nous en a transmis Strabon ajoutent peu à nos connais-
sances. D'après Pythéas, le Cantion (pays de Kent en
Grande-Bretagne) est à quelques jours de navigation de la
Celtique (6).
Ptolémée, fils de Lagos, un des lieutenants d'Alexandre,
avait rapporté l'entrevue fameuse d'Alexandre avec les
Celtes de l'Adriatique, en 335 avant notre ère, et la ré-
ponse qu'ils lui firent loFsqu'il leur demanda ce qu'ils re-
doutaient le plus au monde : « Nous ne craignons qu'une
chose, c'est que le ciel ne tombe sur nous, mais nous
(1) Poseidônios chez Solin, 52, 1.
(2) Cosmas Indicopleustès, Topographie chrétienne ; Frag-
menta historicorum grsecorum, t. i, p. 243, 244, fragment 38.
Cf. Pseudo-Hésiode, Catalogues, chez Strabon, vu, 3, 7 et
PSEUDO-SCYMMUS DE ChIO, V, 170-182.
(3) Strabon, vu, 2, 1. Cf. ci-dessus, p. I'i9, note 2.
(4) JosÈPHE, Contre Apion, i, 12.
(5) Strabon, iv, 4, 6. Cf. Scymnus de Ciiio, v. 183-185.
(6) Strabon, i, 4, 3.
400
TIMEE
mettons au-dessus de tout l'amitié d'un homme tel que
toi (1). »
Hiéronyme de Cardia, continuateur ^ de l'histoire
d'Alexandre par Ptolémée, avait raconté l'invasion celtique
en Grèce et son ouvrage est sans doute sur ce point la
source de Diodore et de Pausanias.
L'historien Timée !3o2-2o6) connaît les Celte:^ voisins de
l'Océan, et explique le flux et le reflux de la mer par l'ac-
tion des fleuves qui descendent de la partie montagneuse
de la Celtique dans l'Atlantique (2). Timée est sans doute,
pour la question qui nous intéresse, la source d'Apollonios
de Rhodes et du traité Des singularités îJier veilleuse s attri-
bué à Aristote. Dans ce traité on lit qu'il y a une route
dite d'IIéraklès qui d'Italie conduit jusqu'en Celtique, jus-
que chez les Colto-ligures et chez les Ibères (3). D'après
Ad. Schmidt (4), Timée serait aussi la source principale de
Justin, Pausanias et Diodore pour le récit des invasions cel-
tiques.
Callimaque, bibliothécaire d'Alexandrie sous Ptolémée II
(283-24f7), rappelle dans une hymne l'invasion de la Grèce
(1) Strabon, vu, 3, 8. Justin (xii, 13) ; Diodore (xvii,
113), et Arrien (vu, 15, 4), inentionncnl vaguement une se-
conde ambassade des Gaulois à Alexandre en 323, l'anuée de sa
mort à Babylone.
(2) Plutarque, Des opinions des philosophes, m, 17, 4. Sur
l'œuvre de Timée, cf. J. Geffcken, Timaios' Géographie des
Wcstens, 1892, dans les Philologische Untersuchungen de Kiess-
ling et lie v. Wilamowitz-MoUcndorf, xiii.
(3) Des singularités mcrv-eilleuses, 85. Voir plus haut, p. 302.
(4) De jontibus retcruni auctorum in enarrandis expeditionibus
a Gallis susceptis, 1834. Cf. Jullian, Histoire de la Gaule, t. i,
p. 301, n. 6.
l'empire celtique 401
par ]es Celtes, derniers nés des Titans, venus des extrémi-
tés de rOccident (1).
Eratosthène, qui fut bibliothécaire d'Alexandrie sous
Ptolémée III (2'i7-222), place des Galates dans la partie
occidentale de l'Europe jusqu'auprès de Gadeira, sans
doute d'après Ephore; mais dans sa description de l'Ibérie,
il ne fait plus nulle part mention des Galates (2).
Dans les Argonaiitiques d' A^ollonïos de Rhodes (ni'^siècle
avant notre ère), on voit les Argonautes remonter le Rhône
et de ce fleuve passer dans les lacs orageux qui s'étendent à
l'infini dans le pays des Celtes ; puis, revenir en arrière, et
après être parvenus au rivage de la mer, traverser les
nombreuses tribus des Celtes et dés Ligyes (3).
Le premier historien romain, Q. Fabius Pictor, né en 2o4
avant Jésus-Christ, avait raconté la guerre des Romains
avec les Gaesati, peuple venu de Gaule (4).
Ainsi, au u'' siècle avant Jésus-Christ, à l'époque où un
historien bien renseigné et digne de foi, Polybe, va nous
faire connaître les plus anciennes relations des Celtes avec
les Romains, les renseignements que nous avons pu glaner
chez les anciens historiens et géographes sur les pays occu-
pés par les Celtes se réduisent à peu de chose. Nous savons
que les Celtes sont établis près des Ligures ; de Rimini à
Ancône, sur les côtes de l'Adriatique ; en Illyrie, sur les
bords du Danube ; auprès des lacs de la Suisse et des
(1) Pour Délos, 173-175.
(2) Strabon, II, 4, 4. D'après Strabon, Eratosthène ignorait
complètement la géographie de la Celtique et de la Bretagne
(II, 1, 41).
(3) Argonautiques, iv, 627-647. Cf. Apollodore, Biblio-
thèque, I, 9, 24, 5.
(4) Orose, Histoires, iv, 13.
G. DoTTiN. — Manuel de l'antiquité celtique. 26
402
POLYBE
sources du îlliône, du Pô et du Danube ; sur les côtes de
TEspagne.
Polybe connut surtout les Celtes d'Italie. Il nous raconte
que, séduits par la beauté et la fertilité de la plaine du Pô
les Celtes voisins des Tyrrhènes (Etrusques) envahirent
sous quelque léger prétexte le pays que ceux-ci occupaient
et les en chassèrent. Il nous donne le nom de peuples gau-
lois qui s'établirent alors en Cisalpine. Ce sont les Lai
{Laepi), \es Lebecii, les Isombres (Insubres), les Gonomani
{Ccnomani), \q% Ananes [Anares ou Anamares), les Boii,
les Lingones, les Sènonesii). Après la prise de Rome (390;,
les Celtes furent contraints à traiter avec ies Romains à la
suite d'une invasion des Venètes dans leur pays (2). Ils re-
parurent encore deux fois dans le Latium, en 361 et en 349,
mais s'en retournèrent sans avoir livré bataille et le traité
do paix fut renouvelé en 328 (3).
Quant aux Gaulois transalpins, qui sont de la même race
que les Cisalpins, ils occupent, d'après Polybe, la partie
des Alpes qui regarde le Rhône, et le nord. Entre les Alpes
et le Rhône, habitent les Galates surnommés Gaesati (4).
D'autre part, Annibal, se [rendant d'Espagne en Italie, ren-
contre des Celtes entre les montagnes des Pyrénées et le
Rhône, puis au delà du Rhône (3). La partie septentrionale
de la vallée du Rhône est occupée par les Celtes Ardijes
[Aedui ?) (G). Depuis le Narbon (l'Aude) et les campagnes
(1) Histoires, ii, 17.
(2) Histoires, ii, 18.
(3) Histoires, n, 18, 6 ; 7-8 ; 9 ; 19, 1.
(4) Histoires, ii, 15 ; 22.
(5) Histoires, m, 40 ; 41 ; 43. Cf. Dion Cassius, fr. 54, 10,
qui écrit que les peuples au travers desquels Annibal se fraya
passage lui étaient inconnus.
(6) Histoires, ni, 47, 3.
l'empire celtique 403
voisines jusqu'aux Pyrénées, on ne rencontre que des
Celtes (1).
Les pays situés sur le grand Océan sont, nous dit Polybe,
récemment découverts et n'ont pas encore de dénomination
commune : « Ils sont habités j)ardes peuplades nombreuses
et barbares dont nous aurons plus tard à parler en détail...
Tout l'espace qui s'étend entre le Narbon et le Tanaïs (Don)
nous est complètement inconnu. Peut-être d'activés re-
cherches pourront-elles nous en apprendre quelque chose,
mais quant à ceux qui parlent de ces régions ou en écrivent,
nous déclarons hautement qu'ils n'en savent pas plus que
nous même et qu'ils ne font que débiter des fables » (2).
Polybe tient pour nuls et non avenus les renseignements
fournis par les récits de voyage de Pythéas. Les chapitres
qu'il annonçait sur les barbares de l'Océan sont malheu-
reusement perdus.
En Espagne, Polybe connaît quelques peuples celtiques.
Il nomme les Celtici voisins des Tardeiani (3), et raconte
les guerres des Celtibères avec les Romains (4) . Le terri-
toire des Celtibères s'étendait de Sagonte (Murviedro) aux
source del'Anas (Guadiarîa) et du Baetis (Guadalquivir) (5) ;
il était occupé par les Vaccaei dans le bassin du Duero, les
Aravacae [Arevaci) chez lesquels était située Numance, les
Belli et les Tiiii (6).
A peine Polybe fait-il quelques allusions aux établisse-
0 Histoires, m, 37, 9.
(2) Histoires, m, 37 ; 38.
(3) Histoires, xxxiv, 9, 3. Strabon, m, 2, 5.
(4) Histoires, m, 59, 7 ; xxvi, 2. Cf. Valerius Anlias chez Tite
LlVE, xxxiv, 10.
(5) Histoires, m, 17, 2 ; xxxiv, 9, 12 ; 13.
(6) Histoires, xxxv, 2, 3, 4.
404
POLYBE
ments des Celtes dans la péninsule des Balkans. Il men-
tionne la défaite infligée en 281, à Ptolémée Keraunos, roi
de Macédoine, par les Galates (1), la résistance des Etoliens
aux Galates commandés par Brennos en 279 (2), et la des-
truction d'une partie de l'armée galatique lors de l'expédi-
tion contre Delphes ;3). Après ce désastre, les Galates se
dispersèrent. Les uns, nous dit Polybe (4), allèrent fonder
en Thrace un Etat, dont la capitale était Tylé, et dont les
Grecs de Byzance étaient tributaires. Le premier roi de cet
Etat fut Comontorios, et. le dernier, Cavaros (5). LesThraces
détruisirent ce royaume gaulois vers le troisième siècle av.
J.-C. Un autre débris de l'armée galatique alla s'établir en
Asie-Mineure (6) ; ce furent les Tolistohogii, les Teclosages
et les Troani (7). D'autres peuples gaulois furent appelés en
Asie Mineure comme mercenaires. Des Tedtîi'age^ servaient,
en 220 av. J.-G. , dans l'armée d'Antiochus III, roi de
Syrie (8). Des Aïgosages appelés par Attale I", roi de Per-
game, en 218 après l'avoir quitté, fondèrent en Troade, sur
l'Hellespont, un Etat indépendant qui fut détruit en 21G par
Prusias, roi de Bithynie (9).
Les Chroniques d'ApoUodore (n*" siècle avant Jésus-
(1) Histoires, iv, 35, 4.
(2) Histoires, ix, 30, 3.
(3) Histoires, i, 6, 5 ; ii, 20, 6 ; 35, 7.
(4) Histoires, iv, 45, 10 ; 46, i ; cf. 48 ; 52 ; viii, 24. Cf. Jus-
tin, XXXII, 3, 6.
(5) On trouve le nom de ce roi sur des monnaies. Blanchet,
Traité des monnaies gauloises, p. 466. Cf. Jullian, Histoire de
la Gaule, t. i, p. 303.
(6) Histoires, i, 6, 5. Cf. Tite-Live, xxxviii, 16 ; Memnon, 19.
(7) Histoires, xxn, 20 ; 22, 2 ; xxxi, 13, 2.
(8) Histoires, x, 53, 3. Les manuscrits portent 'FiYOGavs;.
(9) Histoires, v, 77 ; 78 ; 111.
,
L EMPIRE CELTIQUE
405
Christ), dans trois fragments conservés par Etienne de
Bysance, nomment la ville celtique d'Aeria, les Aidusii,
A'ôcjcrto'. {Acdui?) alliés des Romains près de la Gaule cel-
tique et les Arçerni, le peuple le plus belliqueux des Ga-
lates de Celtique (1).
Les citations de Poseidôuios qui nous sont parvenues ne
nous apprennent rien sur les pays occupés parles Celtes.
Dans le périple attribué à Scymnus de Chio, on lit
qu'après la ville de Tartesse on trouve jusqu'à la mer de
Sardaigne le pays des Celtes, la plus grande nation de l'Oc-
cident. Les plus éloignés des Celtes habitent auprès de la
colonne boréale ("'r'M, pôpi'.o;) ainsi que les Enètes et les
Istres de l'Adriatique (2).
Artémidore d'Ephèse avait composé, au commencement
du I*""" siècle avant notre ère, une géographie en onze livres
qui est une source importante de Strabon (3). Etienne de
Byzance nous en a conservé des fragments où il nomme les
Agnôtes, peuple celtique sur l'Océan ; Mastramélè, ville et
lac de la Celtique.
On ne trouve guère de renseignements chez les premiers
historiens latins. Caton l'Ancien nous apprend que les Le-
pontii (près de Domo d'Ossola) et les Salassi (près d'Aoste)
sont de nation taurisque (4) ; que les Cenomani de Cisal-
pine (entre Bergame et Trente) avaient habité chez les
Volcae près de Marseille, et que les Boii étaient divisés en
(1) Apollodore, chez Etienne de Byzance, Fragmenta his'
toricorum ^rsecorum, t. i, p. 437, fr. 59, 60, 62. Cf. Strabon, 4,
1, 11 ; Pli^ne, III, 5, 36.
(2) V. 165-170, 191-194. Geo gr aphi grxci minores, t. i, p. 200-
203 ; Pline, iv, 35, 118. Cf. Aviénus, Ora maritima,&9i.
(3) Voir ci-dessus, p. 335.
(4) Voir ci-dessus, p. 32.
406 CICÉRON
cent douze tribus (1). Sempronius Asellio place en Gaule
la ville de Noreia, aujourd'hui Neumarkt en Styrie (2).
Varron est sans doute la source de Pline lorsque celui-ci
nous raconte que les Gaulois franchirent la barrière insur-
montable des Alpes parce que HéUco, citoyen Helvète, qui
avait séjourné à Rome en qualité d'artisan, avait rapporté
dans son pays des figues sèches, du raisin, des échan-
tillons d'huile et de vin (3).
Il faut arriver à Jules César pour avoir sur les Celtes de
Gaule et de Grande-Bretagne des renseignements quelque
peu dévelopi)ées. Aussi Gicéron, bien qu'il nous fasse con-
naître qnelques noms de peuples gaulois, ^//oÔAoge^, Volcac^
Ruteni(i), Aediii, Helvetii, Sequani{p), peut-il dire : « Des
contrées et des nations qu'aucune histoire, aucun récit,
aucun bruit public ne nous avaient encore fait connaître,
notre général, nos troupes, nos armes les ont parcourues.
Nous n'occupions auparavant qu'un sentier dans la Gaule :
le reste était aux mains de nations ou ennemies de cet
empire, ou peu sûres, ou inconnues, on du moins féroces,
barbares et belliqueuses » (6). En 54 avant Jésus-Christ
Gicéron écrivait à son frère Qnintus : Où habitent ces
Nervii ? Est-ce loin ? Je l'ignore » (7).
Les campagnes de César nous font connaître successive-
(1) Pline, m, 24, 134 ; 23, 130 ; 20, 116.
(2) ScHOLiASTE DE ViRGiLË, Géorgiques, III, 474.
(H) Histoire naturelle, xii, 2, 5. Bertrand et Reinach, Les
Celles dans les vallées du Pô et du Danube, p. 212 Cf. Jullian,
Revue des études anciennes, t. viii (1906), p. 122 ; Bertrand et
S. Reinach, Les Celles dans les vallées du Pô et du Danube, p. 2\2.
(4) Dans le discours pour Fontcius, écrit en 69 av. J.-C.
(5) Lettres à Atticus. 1. 19 (écrite en 59 av. J.-C). Pour Balbus.
14, 32.
(6) Des provinces consulaires 13, 33.
(7) Lettres à Quintus, m, 8.
l'empire celtique 407
ment toutes les parties de la Gaule, l'Est où demeurent les
Aediii, le Nord-Est occupé par les peuples belges, le Nord-
Ouest où s'est formée la confédération armoricaine, le
centre où se livre la lutte suprême engagée par Verciugé-
torix pour l'indépeadance de la Gaule. Pour la première
fois, une armée romaine pénètre dans la Grande-Bretagne
dont l'existence était à peine connue. Une partie considé-
rable du monde celtique fut ainsi, en quelques années, ré-
vélée aux Romains. D'autre part, les expéditions de César
au delà du Rhin ne l'avaient mis en présence que de
peuples germaniques et il ne faut pas s'étonner si désormais
la Gaule est considérée comme le centre de la puissance
celtique et le berceau de la race. « Il fut un temps, nous dit
César, où les Gaulois, surpassant les Germains en valeur,
portaient la guerre chez eux et envoyaient au delà du Rhin
des colonies parce qu'ils avaient trop de population et
manquaient de terres pour la nourrir. C'est ainsi que les
Volcae Tectosages s'étaient emparés des contrées les plus
fertiles de la Germanie près de la forêt Hercynienne. Cette
nation s'y est maintenue jusqu'à ce jour et jouit d'une
grande réputation de justice et de valeur « (1). L'intérieur
de la Grande-Bretagne est habité par des peuples que la
tradition représente comme indigènes ; la partie maritime,
par des peuples attirés de Belgique par la guerre ou le désir
du butin ; ceux-ci ont conservé presque tous les noms des
cités dont ils étaient originaires, et après la guerre ils sont
restés là et se sont mis à cultiver les champs (2).
Les auteurs postérieurs à César, lorsqu'ils se contentent
(1) Guerre de Gaule, vi, 24.
(2) Guerre de Gaule v, 12. Cf. Tacite,. Agricola, 11,
408
TITE LIVE
de reproduire des témoignages anciens, peuvent nous avoir
laissé des renseignements précieux sur l'étendue de l'an-
cien empire celtique. Le plus intéressant à ce point de vue
est l'historien Tite Live. Avant d'exposer la défaite des
Romains par les Gaulois, Tite Live raconte ce qu'il sait de
l'immigration des Gaulois en Italie. A ll'époque oii Tarquin
l'Ancien régnait à Rome, chez les Celtes, qui occupent la
troisième partie de la Gaule, c'étaient les Bituriges qui
avaient le souverain pouvoir ; c'étaient eux qui donnaient
un roi à la Celtique. Celui-ci fut Ambigatus (1), tout puis-
sant par sa vertu et la prospérité tant de lui-même que de
son peuple : car sous son empire, la Gaule (2) était si fer-
tile en fruits delà terre et en hommes qu'il était difficile à
un roi de gouverner une si nombreuse multitude. Déjà âgé
et voulant débarrasser son royaume de cette foule qui le
surchargeait, il exposa qu'il allait envoyer Bellovesus et
Sigovesus, fils de sa sœur, jeunes gens actifs, dans le sé-
jour que les dieux leur indiqueraient par des présages ;
qu'ils levassent autant d'hommes qu'ils voudraient de façon
à ce qu'aucune nation ne pût repousser les nouveaux venus.
Le sort donna à Sigovesus la forêt Hercynienne ; à Bello-
vesus, les dieux donnaient un chemin bien plus beau, celui
de l'Italie. Celui-ci leva, du milieu de ses surabondantes
populations, des Bituriges, Arverniy Senones, Aecliii, Am-
(1) Wii. Stokes, On the linguistic value of the Irish annals,
Beiiràge de Bezzenbcrger, t. xvm, p. 97, propose de corriger
Ambigatus en Ambicatus qui signifierait en celtique « grand
batailleur », cf. irl. Immchalh.
(2) Sur les conclusions étranges auxquelles conduirait ce
récit si l'on admet qu'il s'agit de la Gaule dans le sens où l'en-
tendaient les Romains après la conquête de César, voir A. Ber-
trand et S. Reinach, Les Celtes dans les vallées du Pô et du
Danube, p. 20-27.
l'empire celtique 409
harri, Carnutes, Aulerci. Parti avec de nombreuses troupes
à pied à clieval, il arriva chez les Tricasiini. Plus loin, les
Gaulois aidèrent les Phocéens à s'établir dans le pays de
Marseille. Puis ils franchirent les Alpes par le pays des
Taurini et les Alpes Juliennes et, après avoir mis en dé-
route les Tiisci près du Tessin, s'établirent dans le pays
que l'onappelait Insubrieu, nom qui était celui d'un pagus
des Aediii ; obéissant à ce présage, ils fondèrent là une ville
qu'ils appelèrent J/ec?wZa/u'a/«. Peu après, une autre troupe
de Ccnomanl, sous la conduite d'Elitovius, suivit les traces
des premiers envahisseurs, passa les Alpes par le même
défilé avec l'aide de Bellovèse et s'établit aux lieux alors
occupés par les Libiii et où sont maintenant les villes de
Brescia et de Vérone. Après ceux-là, vinrent les ^alliivii (1)
à côté de l'antique nation des Ligures Laevi qui habitent
autour du fleuve du Tessin. Puis les^oa'et Lingones, ayant
franchi les Alpes Pennines et trouvant tout le pays occupé
entre les Alpes et le Pô, traversent le Pô sur des radeaux et
chassent de leur territoire non seulement les Etrusques, mais
même les Ombriens : toutefois ils se tinrent en deçà de
l'Apennin. Alors les Senones, les derniers venus, eurent
leur territoire depuis le fleuve Utens jusqu'à l'Aesis. Ce fut
cette nation qui, d'après les renseignements recueiUis par
Tite Live, vint à Clusium et à Rome ; mais ou ne savait si
c'était seule ou soutenue par tous les peuples gaulois de la
Cisalpine (2).
D'après ce récit, la première invasion des Celtes en Italie
serait contemporaine de Tarquin l'Ancien (616-578 avant
L
(1) Cf. Corpus inscriptionum latinarum, i, t. p. 460.
(2) Tite Live, v, 34-35.
410
TITE LIVE
J.-G ) et de la fondation de Marseille (600 avant J.-G.)
Tite Live n'en rapporte pas moins une autre tradition,
déjà mentionnée, d'après laquelle les Gaulois auraient été
appelés en Italie par l'Etrusque Arruns de Glusium qui au-
rait transporté du vin dans la Gaule pour les attirer, et se
venger ainsi du ravisseur de sa femme, Lucumon (dont il
avait été le tuteur), riche et puissant jeune homme qu'il ne
pouvait punir quà l'aide d'un secours étranger (1). Et
lorsque Tite Live raconte [la rencontre des Romains et des
Gaulois au siège de Glusium, il semble bien qu'à cette date,
390 avant notre ère, c'était la première fois que les Bar-
bares apparaissaient en Italie et qu'ils y rencontraient les
Romains (2). Il y a donc contradiction entre' les deux textes.
Par ailleurs, Polybe nous dit que les Tyrrhènes (Etrusques)
étaient maîtres de la plaine du Pô à l'époque où ils ré-
gnaient sur les champs voisins de Noie et de Gapoue (3).
Or c'est seulement sous le consulat de M, Genucius et
G. Gurtius, en 44o avant J.-G., que les Campant se soule-
vèrent et c'est en 424 qu'ils enlevèrent aux Etrusques la
ville de Gapoue (4). D'après le même Polybe, c'est di.x-nouf
ans après la bataille d'Aïgos Potamos (405), seize ans avant
la bataille de Leuctrcs (371), au temps où les Lacédérao-
niens conclurent avec le Grand Roi le traité d'Antalcidas
(387-380) et où Denys, vainqueur, sur les bords de l'EUé-
(1) Voir ci-dessus, p. 406.
(2) « Gentem iiwisitatam, novos accolas », v, 17. « Clusini
novo belle cxterriti, cum multitudincra, cum formas hominum
iiuisiiatas cernèrent », v, 35, 4 ; « etsi novum notnen audiant
Ronianorum », v, 36, 2. « Invisitato atque inaudito hoste ab
Oceano terrarumque ultimis oris bcllum cientc », v, 37, 2.
(3) Histoires, ii, 17.
(4) Tite Live, iv, 1 ; 37.
L EMPlllE CELTIQUE
414
pore, des Grecs d'Italie, avait mis le siège sous les murs de
Rhégium, que les Gaulois venaient de s'emparer de Rome
et l'occupaient tout entière à l'exception du Capitole (1).
Le synchronisme de ces quatre dates nous donne pour la
prise de Rome l'année 387-386. La chronologie romaine
fixe en 390 avant J.-C. la magistrature des tribuns mili-
taires au temps desquels fut livrée la bataille de l'Allia. La
prise de Rome par les Gaulois eut donc lieu environ trois
ans après Tinvasion celtique en Italie, si l'on s'en rapporte
àPolybe et à un des textes de Tite Live, et près de deux
cents ans après, si l'on admet la véracité du premier texte de
Tite Live (2). IN^ous verrons plus loin qu'Appien donne la
97<= olympiade (392-389), comme date de l'invasion gauloise
en Italie.
Une autre question, d'ordre géographique celle-là, est
soulevée par le récit de l'invasion de Rellovesus. Cette in-
vasion se fit, nous dit Tite Live, per Taurinos salUisqne
Juliae Alpis (3). Or, les Taiirini étaient établis aux envi-
rons de Turin, au nord-ouest de l'Italie, et la Julia Alpis
s'appelle aujourd'hui 1& Birnbaumerwald, montagne au
nord-est de l'Italie. Il est difficile d'admettre que les Celtes
aient pénétré en Cisalpine par les deux extrémités des
Alpes. Mais les manuscrits s'accordent à donner la leçon
iuliae. à l'exception du Harleianus I où l'on lit iiiriae. Et
c'est en vain que divers éditeurs, émus de cette contradic-
tion, ont essayé de corriger iuliae en Ligiiriae, en Diiriae,
(1) PoLYBE, I, 6. Cf. Justin, vi, 9.
(2) H. d'Arbois de Jubainville, Cours de littérature cel-
tique, t. XII, p. 117-121.
(3) V, 34, 8.
412
DIODORE
en iniiias ou imiios (1), puisqu'ils n'ont pu démontrer
d'une manière satisfaisante pourquoi une leçon aussi claire
et simple que iniiias, iniiios, Ligiiriae, Diiriae aurait pu
s'altérer en iuriae qui n'est pas latin, et d'autre part pour-
quoi la plupart des manuscrits auraient remplacé la bonne
leçon par iuliae.
On peut d'abord se demander si, la leçon des manus-
crits étant considérée comme authentique. Tite Live n'au-
rait pas réuni deux traditions différentes, l'une qui faisait
venir les Gaulois par le nord-ouest, l'autre par le nord-
est de l'Italie (2). Quelles étaient sur ce point les sources de
Tile-Live ? Sans doute le traité de géographie et la chro-
nique en trois livres de Cornélius Nepos et peut-être le
TTîpi pajiXétuv du grec Timagène (commencement du i^"" siècle
avant notre ère) (3). Malheureusement, nous ne connais-
sons ces deux ouvrages que par de rares citations dont au-
cune n'a trait à la question qui nous occupe.
Mais il serait beaucoup plus simple d'admettre une con-
fusion, due soit à un historien, soit à un copiste, des Taa-
riiii avec les Taurisci (4), les Taurisci étant établis préci-
sément auprès de la Jiilia Alpis.
Diodore de Sicile raconte que la Grande-Bretagne, avant
César, n'avait jamais été envahie par des forces étran-
gères (o). Quant à la Gaule, elle fut visitée par Héraklès
(1) Voir les notes critiques de l'édition Weissenborn (Teub-
ner).
(2) H. d'Arbois de Jubainville, Cours de littérature cel'
tique, t. XII, p. 240-246.
(3) S. Reinach, Le récit de Tite-Live sur la migration gau-
loise (Les Celtes dans les vallées du Pô et du Danube, p. 205-212).
(4) M- C. JuUian m'a fait remarquer que chez Polybe (par
ex. II, 15, 8 ; 28, 4), Taupîa/.ot désigne les Taurini.
(5) Bibliothèque, v, 21.
i
l'empire celtique 413
qui eut de la fille d'un roi du pays un fils appelé Galatès (1).
Les Ibères et les Celtes se firent longtemps la guerre pour
la possession de l'Espagne, puis finirent par se mélanger (2).
Au temps oii Denys l'Ancien faisait le siège de Rhegiura
(388-ô'87), les Celtes habitant au delà des Alpes traver-
sèrent ces montagnes et occupèrent avec de grandes forces
le pays situé entre l'Apennin et les Alpes, après en avoir
chassé les Tyrrtiènes qui l'habitaient (3). Dès la plus haute
antiquité ou trouve les Gaulois adonnés au brigandage, en-
vahissant les terres étrangères et méprisant toutes les lois
humaines. Ce sont ceux qui ont pris Rome, saccagé le
temple de Delphes, rendu tributaires une grande partie de
l'Europe et plusieurs contrées de l'Asie et qui se sont
établis sur le territoire des peuples qu'ils avaient vaincus (4).
La Grande-Bretagne était, dit-on, habitée par des races
autochthones (5). Diodore dénombre l'armée de Brennos
pénétrant en Macédoine avec cent cinquante mille por-
teurs de boucliers, dix mille cavaliers, toute une foule de
marchands de gros et de détail et deux mille chars (6).
Le résumé de Timagène par Ammien Marcellin contient
quelques détails curieux sur l'ancienne histoire des Celtes.
Les Celtes sont aborigènes en Gaule d'après certaines tra-
ditions, et leur nom est celui d'un roi de leur pays, tandis
que le mot Galates vient du nom de la mère de ce roi ; mais.
(1) Bibliothèque, v, 24. Voir ci-dessus, p. 303.
(2) Bibliothèque, v, 33.
(3) Bibliothèque, xiv, 113.
(4) Bibliothèque, v, 32, 4-5.
(5) Bibliothèque, v, 21, 5.
(G) Diodore, xxii, 9. Cf. Pausanias, x, 19, 9, qui dit
152.000 fantassins et 20.400 cavaliers (ou, en comptant les
écuyers, 61.200).
414 DENYS d'hALICARNASSE
d'après les druides, à la population primitive (1) s'ajou-
tèrent aussi des tribus venues des îles les plus reculées et
des contrées transrhénanes et qui avaient été chassées de
leur pays par la fréquence des guerres et les inondations
de la mer. Selon d'autres, les lieux qui confinent à l'Océan
furent habités par des Doriens qui avaient suivi Hé-
raklès i2).
D'après Cornélius Nepos, la ville étrusque de 3Ielpum
fut détruite par les Boii, les Insubres et les Senones, le
jour où Camille prit Véies sur les Etrusques, c'est-à-dire en
395 (3).
Denys d'Halicarnasse nous décrit ainsi la Celtique : a La
Celtique est située dans la partie occidentale de l'Europe,
entra le pôle boréal et le couchant d'équinoxe. Elle est en
forme de tétragone ; elle touche au levant les Alpes, qui
sont les montagnes les plus hautes de l'Europe ; au midi
et là où souffle le vent du sud est, elle atteint les Pyré-
nées ; au couchant, elle a pour limite la mer qui est au
delà des colonnes d'Hercule ; les races scythique et
thrace la bornent au nord et là où coule le Danube, qui
prend sa source dans les Alpes, qui est le plus grand des
fleuves de la région et qui, après avoir traversé tout le con-
tinent septentrional, se jette dans le Pont-Euxin. La Celtique
est assez grande pour qu'on puisse dire qu'elle comprend
presque le quart de l'Europe. C'est un pays arrosé de nom-
breuses rivières ; il est fertile, les récoltes y sont abon-
dantes, et les pâturages nourrissent de nombreux trou-
(1) Cf. LucAiN, I, 443-444, qui semble indiquer que les Li-
gures ont été maîtres de la Gaule chevelue tout entière.
(2) Ammien Marcellin, xv, 9.
(3) Pline, Histoire naturelle, m, 21, 125.
l'empire celtique 415
peaux. Il est divisé en deux parties égales par le Rhin qui,
après le Danube, paraît être le plus grand des fleuves
d'Europe. La partie de ce côté-ci du Rhin, qui touche aux
Scythes et aux Thraces, s'appelle Germanie ; elle s'étend
jusqu'à la forêt Hercynie et jusqu'aux monts Rhipées ;
l'autre, du côté qui regarde au midi jusqu'aux Pyrénées
et qui entoure le golfe Galatique, s'appelle, du nom de
la mer, Galatie. Chez les Grecs, le nom de l'ensemble du
pays est Celtique (1). »
On voit que Denys réunissait sous le nom de Celtique la
Gaule et la Germanie. D'après lui, l'invasion celtique en
Italie fut causée par un Etrusque, Arruns, lequel, pour se
venger de Lucumon qui avait séduit sa femme, engagea les
Gaulois d'au delà des Alpes à venir s'installer en Italie. Il
conduisit chez les Gaulois des chariots chargés de vin,
d'huile et de figues. Ceux-ci prirent tant de goût à ces
bonnes choses qu'ils n'eurent bientôt plus qu'un désir,
celui de pénétrer au plus tôt dans le pays où on les récol-
tait (2). L'expédition des Gaulois qui prirent la ville de
Rome eut lieu sous l'arphontat de Pyrgion, la première
année de la quatre-vingt-dix-huitième olympiade (3).
Trogue Pompée, abrégé par Justin, raconte ainsi les in-
vasions gauloises : « Les Gaulois, dont la population était
si nombreuse que leur territoire natal ne pouvait plus les
nourrir, avaient envoyé trois cent mille d'entre eux cher-
cher des habitations nouvelles dans des pays étrangers.
Les uns s'arrêtèrent en Italie, prirent Rome et l'incen-
(1) Antiquités romaines, xiv, 1. Cf. Plutarque, Marins, 11.
(2) Antiquités romaines, xiii, 10-11 (14-17). Cf. Plutarque,
Camille, 17.
(3) Antiquités romaines, i, 74. C'est-à-dire en 388 av. J.-C.
416 TROGUE POMPÉE
dièreut : d'autres, guidés par le vol des oiseaux, péné-
trèrent en Illyrie et, après avoir massacré les barbares,
s'établirent en Pannonie. Ce peuple rude, audacieux et
guerrier, franchit, le premier après Hercule, les sommets
invincibles des Alpes et les lieux que le froid rendait ina-
bordables. Là, vainqueurs des Pannoniens, pendant de
nombreuses années ils furent en guerre avec leurs voisins.
Encouragés par le succès, ils se divisèrent en deux armées
et gagnèrent les uns la Grèce, les autres la Macédoine, dé-
truisant tout par le fer» (1). Dans un autre texte, Justin
attribue l'invasion des Gaulois en Italie à des discordes
intestines, à une anarchie perpétuelle, et constate que le
résultat de cette invasion fut l'expulsion des Etrusques (2).
La mention de l'invasion gauloise en Italie coïncide si exac-
tement dans les idées et les termes avec le texte de Tite
Live qu'elle a sans doute la même source (3). C'est lorsque
la paix eut succédé à de nombreuses guerres des Grecs de
Marseille contre les Ligures et les Gaulois que les envoyés
marseillais, revenant de Delphes où ils avaient porté des
présents à Apollon, apprirent la prise et l'incendie de
Rome par les Gaulois (4).
Après l'expédition contre Delphes et la mort deBrennus,
une partie des Gaulois se réfugia en Asie ; d'autres gagnè-
rent la Thrace, d'où ils se dirigèrent vers leur patrie par le
chemin qu'ils avaient suivi pour venir en Grèce. Quelques-
uns s'arrêtèrent au confluent du Danube et de la Save, et se
(1) Justin, xxiv, 4. Cf. xxiv, 5-8 : xxxii, 3.
(2) Justin, xx, 5.
(3) S. Reinach, Les Celtes dans les vallées du Pô et du Danube,
p. 209.
(4) Justin, xliii, 5, 8. Cf. Pausanias, x, 18, 7.
l'empire celtique 417
firent appeler Scordisci. Un grand nombre de Tectosages
pénétrèrent en Ulyrie et, après avoir pillé ce pays, s'établi-
rent en Pannonie (1).
Pour Strabon, les Celtes d'Italie sont sortis du pays d'au
delà des Alpes (2). Des éléments celtiques sont mêlés aux
populations germaniques, illyriques et thraces d'en deçà
ristros (3). Les Autariatae, qui étaient le peuple le plus
nombreux et le plus vaillant de l'illyrie, furent soumis
d'abord par les Scordisci, peuple celtique, et plus lard par
les Romains, sous les attaques desquels les Scordisci,
longtemps puissants, tombèrent à leur tour (4). Les Ga-
lates ont occupé l'Asie-Mineure après avoir longtemps erré
et fait des incursions dans les pays soumis aux rois de Per-
game et de Bithynie (5). La facilité des migrations gauloises
s'explique par leur caractère. Dans leurs expéditions, ils
marchaient tous à la fois, ou plutôt, se transportaientailleurs
avec leurs familles toutes les fois qu'ils étaient chassés par
des ennemis supérieurs en force (6).
Plutarque donne pour causes de l'invasion des Gaulois
en Italie l'excès de populjition et le manque de ressources
de leur pays. Au nombre de plusieurs myriades d'hommes
jeunes et braves, avec beaucoup de femmes et d'enfants,
ils se divisèrent en deux troupes. Les uns franchirent les
monts Rhipées, se répandirent vers l'Océan boréal et occu-
pèrent les extrémités de l'Europe ; les autres, s'étant éta-
blis entre les monts Pyrénées et les Alpes, habitèrent
(1) Justin, xxxii, 3.
(2) Géographie, iv, 4, 1.
(3) Géographie, vu, 1, 1 ; 3, 2.
(4) Géographie, vu, 5, 11. Cf. Tite Live, Epit., lxiii.
(5) Géographie, xii, 5, 1.
(6) Géographie, iv, 4, 2.
G. DoTTiN. — Manuel de l'antiquité celtique. 27
418 APPIRN
longtemps près des Senones et des Celtorii. Ce fut plus
tard, qu'après avoir goûté du vin d'Italie, ils envahirent le
pays qui produisait un tel breuvage (1).
D'après Florus, c'est des derniers rivages de la terre et
de l'Océan qui entoure tout (2) que partirent en grande
foule les Senons ; et, après avoir ravagé les pays situés sur
leur passage, ils s'établirent entre les Alpes et le Pô et de
là se répandirentdans toute l'Italie (3). Les Gallo-grecs (Ga-
lates d'Asie) sont les restes des Gaulois qui sous la conduite
de Brennus avaient dévasté la Grèce (4).
Denys le Périégète place les Celtes après les Ibères et les
Pyrénées, près des sources del'Eridan aux belles eaux. Les
enfants des Celtes, assis sous les peupliers, sur les bords de
ce fleuve, recueillent les larmes de l'ambre (o).
Dans les livres IV et VI de l'histoire romaine d'Appien,
il est question des premières migrations des Celtes. Entre
392 et 389 avant Jésus Christ, une bonne partie des Celtes
qui habitaient auprès du Rhin se mirent à la recherche
d'un autre pays, leur terre ne suffisant pas à leur multi-
tude ; ils franchirent les Alpes et attaquèrent les habitants
de Clusium (5). Appien pense que les Celtes ont jadis passé
les Pyrénées et ont habité avec les premiers occupants de
la péninsule; de là est venu le nom des Celtibères (7).
(1) Camille, 15. Cf. Pli>;e, Histoire naturelle, xii, 2, 5. ;
C. JuLLiAN regarde ce récit de Plutarque comme la narration,
intervertie chronologiquement, de la migration des Belges, His-
toire de la Gaule, t. i, p. 287, note.
(2) Cf. TiTE LivE, V, 37, 2. Juvénal, xi, 113.
(3) Histoire romaine, i, 13.
(4) Histoire romaine, ii, 11.
(5) V. 288-293. Geographi grœci minores, t. ii, p. 117,
(6) Histoire romaine, iv, 2.
(7) Histoire romaine, vi, 2,
l'empire celtique 419
Pausanias nous rapporte les invasions celtiques en
Grèce (1). Il distingue trois grandes expéditions. La pre-
mière, sous la conduite de Gambaulos, fut une sorte de
razzia en Thrace ; les Celtes, peu nombreux, n'osèrent pas
aller plus loin parce qu'ils reconnurent qu'ils n'étaient pas
de force à lutter contre les Grecs. La seconde fut une inva-
sion simultanée de la Thrace par Kéréthrios, de la Péonie
par Brennos et Atichôrios, de la Macédoine et de l'IUyrie par
Bolgios (Belgios). Après avoir défait les Macédoniens, les
Celtes retournèrent dans leur pays. La troisième, com-
mandée par Brennos, commença par l'envahissement de la
Macédoine; de Macédoine, les Celtes se dirigèrent parla
Thessalie vers la Grèce centrale. Après avoir vainement
essayé de pénétrer en Grèce par le Sperchios et par l'Oeta,
ils se divisèrent en deux corps. L'un remonta vers le nord,
envahit l'Etolie et fut repoussé par les Etoliens. L'autre
contourna les Thermopyles et arriva devant Delphes, où
les Grecs coalisés lui causèrent de grandes pertes. Les
Celtes battirent en retraite V3rs le Sperchios, mais ils
furent assailhs par les Tbessaliens et pas un seul d'entre
eux ne retourna sain et sauf dans leur pays. Du pays d'oii
partirent les Celtes, Pausanias ne nous dit rien ; il les dé-
signe seulement dans un passage par la périphrase « les
barbares de l'Océan (2) » to'j; i-zb-zoZ 'iiy.savovi pappâpcjç, et
ailleurs il nous dit que les Gaulois (raÀâTat) habitent aux
extrémités de l'Europe, près d'une vaste mer dont les na-
(1) Description de la Grèce, x, 19-23. Cf. Justin, xxiv, 4-8 ;
DioDORE, XXII, 9, 1. ; F. P. Garofalo, Revue des études grec-
ques, t. XIII, p. 456.
(%) Description ^e la Grèce^ x, 20, 3, Voir plus haut, p. 418,
notes 2 et 3.
420 PAUSANIAS
vires ne peuvent atteindre les limites ; elle présente un reflux,
des brisants et des monstres qui ne ressemblent en rien à
ceux qu'on voit dans les autres mers ; à travers leur pays
coule l'Eridan près duquel on croit que les filles du Soleil
gémissent sur le malheur de Phaéthon, leur frère (i).
Que retenir de ces nombreux, et souvent peu précis té-
moignages des écrivains grecs et latins sur les anciens
Celtes 1 Surtout l'idée que la domination celtique n'est pas
limitée à la Gaule transalpine et cisalpine et à la Celtibérie,
mais que les Celtes ont été établis aussi au nord-ouest et
au centre de l'Europe. De plus, les historiens anciens nous
ont conservé le souvenir de migrations des Celtes en Es-
pagne, en Italie, en Germanie, en Grande-Bretagne, en
Thrace et en Asie-Mineure. Il importe d'examiner mainte-
nant si les notions fournies par l'archéologie et la linguis-
tique s'accordent avec ces données historiques.
II
Dans tous les pays où ils se sont établis à demeure, les
Celtes ont laissé des traces : les unes anonymes, comme
les objets que l'on retrouve dans les sépultures de l'Autriche
et de la France orientale ; les autres, que la linguistique
peut reconnaître, comme les noms de lieux et de personnes
conservés dans les textes ou les inscriptions.
La civilisation de Ilallstatt comprendrait, d'après
MM. Iloernes (2) et Déchclette (3), quatre groupes distin-
(1) Description de la Grèce, i, 3, G. Cf. Horace, Odes, iv, 14,
47-48.
(2) Die Hallstatt période, Archii' jûr Anthropologie, 1905j
p. 278 ; Kultur der Urzeit, m ; Eisenzeit, 1912, p. 54.
(3) Manuel d'archéo]ogie, t. ii, p. 549, 589.
4
1
l'empire celthjue 421
gués par la céramique et les fibules : un groupe adria-
tique (1) ou illyrien comprenant la Carniole, la Slyrie
méridionale, la Carinthie méridionale, la Bosnie-Herzégo-
vine, la Croatie et une partie du littoral ; un groupe danu-
bien (2) comprenant la Carintbie et la Styrie septentrionale,
la Hongrie occidentale, la Basse et la Haute Autriche, la
Bohème et la Moravie méridionales ; un groupe de l'Elbe-
Oder (3), ou germanique, comprenant le Haut Palatinat, la
Bohême et la Moravie septentrionales, la Silésie et Posen ;
un groupe rhéno-rhodanien 4), Allemagne du Sud et de
(1) S. Reinach, Fouilles dans les nécropoles de Watsch et
Sanct Margarethen en Carniole, Esquisses archéologiques, p. 52-
71. Revue archéologique, t. ii (1883), p. 265 ; F. von Hochs-
TETTER, Die neuesten Gràberfunde von Watsch und St. Marga-
rethen und der Culturkreis der Rallstatter-Periode, Wien, 1883,
Cf. Matériaux pour l'histoire de l'homme, t. xviii (1884), p. 167-
172 (fig.) ; Marcuesetti, La nécropole préhistorique de Santa-
Lucia (La Nature, 1907, ii, p. 395).
(.') F. DE PuLszKY, Monumer.ts de la dorvinaticn celtique en
Hongrie, Revue archéologique, t. xxxviii (1879), p. 158-172,
211-222, 265-275 (fig.) ; Hoernes, La paléoethnologie en Au-
triche-Hongrie, Revue cl' anthropologie, t. m (1888), p. 333-347.
(3) M. ZiMMER, Die bemalten thongefàsse Schlesiens. Cf. Dé-
CHELETTE, Manucl d'archéologie, t. ii, p. 821.
' (4) J. Naue, L'époque de Hallstatl en Bavière, Revue archéolo-
gique, t. XXVII (1895), p. 40-77 ; Nouvelles trouvailles préhistori-
ques dans la Haute-Bavière, L'Anthropologie, t. viii (1897), p. 641 ;
M. PiRouTET, Contribution à l'étude du premier âge du jer dans
les départements du Jura et du Doubs, L'Anthropologie, t. xi
(1900), p. 369-400 ; cf. t. xiv, p. 692-698 ; A. Castan, Les tombelles
celtiques du massif d'Alaise, Revue archéologique, t. xv (1858),
p. 298-313 ; 589-612 (pi. 337, 338, 348, 349) ; t. i (1860), p. 325-
336 (pi. xii, xiii) ; Dictionnaire archéologique de la Gaule, p. 370 ;
ViOLLiER, Essai sur les rites funéraires de la Suisse, Bibliothèque
de l'Ecole des Hautes-Etudes, Sciences religieuses, t. xxiv, 1911 ;
CoMHAiRE, Les premiers âges du métal dans les bassins de la
Meuse et de l'Escaut, Bulletin de la Société d'anthropologie de
Bruxelles, t. xiii, 1894-1895 ; J. Déchelette, Essai sur la
chronologie préhistorique de la péninsule ibérique, Revue archéolo-
gique, t. XII (1908), p. 219, 390 ; t. xiii (1909), p. 15,
422
HALLSTATT
rOuest, Suisse du Nord, France orientale et méridionale,
Bourgogne, Franche-Comté, Lorraine, Savoie, Dauphiné,
Provence, Espagne occidentale. Elle n'apparaît qu'à peine
dans l'Italie du nord (1) ; le nord et l'ouest de la France (2) ;
les Iles Britanniques, la Scandinavieet l'Allemagne du Nord,
où l'âge du bronze a duré jusque vers 500 av. J.-G. (3).
A sa phase la plus ancienne, elle s'est développée surtout
chez les peuples illyriens.
Bien que la civilisation de La Tène présente, en son en-
semble, plus d'unité que la civilisation, assez disparate, de
Hallstatt, on peut, après M. Déchelette, y distinguer trois
provinces géographiques, caractérisées surtout par la forme
des épées. La première comprendrait la Gaule (4), lAUe-
magne du Sud (5). la Bohême, la Moravie, la Hongrie (6),
(1) MoNTELius, La cii'ilisation primitive en Italie, Italie sep-
tentrionale, 1895 ; Chantre, Etudes sur quelques nécropoles
hallstattiennes de l'Autriche et de l'Italie, Matériaux pour l'his-
toire de l'homme, t. xviii (1883), l. i, p. 127 ; 120-140 ; 305-318.
(2) Déchelette, Manuel d'archéologie, t. ii, p. 552.
(3) DÉCHELETTE, Mttnuel d'archéologie, t. ii, p. 588. Cf. 556.
(4) On trouvera une carte des nécropoles de la Marne chez
DÉCHELETTE, Manucl d'orchéologie, t. n, p. 1018, et un inven-
taire, t. II, appendices v et vi ; voir Revue archéologique, t. xiv
(1866), p. 22-34 (pi.) ; t. xxxiv (1877), p. 40-46 (pi.) ; 212-216 ;
t. VI (1885), p. 70-78; le Dictionnaire archéologique de la Gaule,
époque celtique, planches ; L. Morel, La Champagne souter-
raine, Reims, 1898 ; Revue archéologique, t. xiv, (1866), p. 23-
34 (pi.). Sur l'âge de la Tène en Franche-Comté, voir M. Pi-
ROUTET, L'Anthropologie, t. xiv (1903), p. 698-701 ; Déche-
lette, Manuel d'archéologie, t. n, p. 1082-1086. Voir aussi
Matériaux pour l'histoire de l'homme, t. vi (1870), p. 269-279 ;
t. VIII (1873), p. 30-37 ; t. xv (1880), p. 191-201 (fig.) ; t. xix
(1885), p. 521-523.
(5) Déchelette, Manuel d'archéologie, t. ii, p. 1071-1075.
(b) HoERNEs, L'époque de la Tène en Bosnie, Paris, 1900;
F. DE PuLszKY, Monuments de la domination celtique en Hongrie,
Revue archéologique, t. xxxviii (1879), p. 158 ; Déchelette,
Manuel d'archéologie, t. ii, p. 1098-1100.
i
L EMPIRE CELTIQUE
423
l'italie du Nord (1) et lEspagne du Nord (2) ; les trois
phases de la civilisation de La Tène y sont intégralement
représentées. La seconde, qui ne se manifeste guère qu'à la
fin ce La Tène I et qui a son complet développement à
l'époque de La Tène III, comprendrait les Iles Britan-
niques (3). La troisième, qui commence à La Tène II, com-
prendrait l'Allemagne du Nord (4), le Danemark et la
Suède '5). Elle semble d'abord s'être implantée en Europe
partout où les Celtes ont porté leurs armes, puis, à partir
du m® s-ècle, s'être répandue de proche en proche chez les
Germains du Nord-Est de lAUemagne et de la Scandina-
vie (6).
Les oppida et les castella de La Tène III, dont on peut
comparer la civilisation à ceux de Gaule sont, outre celui
de Strad^nitz en Bohême, Manching près Ingolstadt et
Karlstein près Reichenliall en Haute Bavière, Velem St.
Veit en Steinamanger (Hongrie), Gerichstetten (Bade),
Gurina (Carinthie). La construction en pierres et en bois
(1) ]MoNTELius, La civilisation primitive en Italie, t. i, pi. 112 ;
A. J3ertrand, Archéologie celtique et gauloise, p. 359 ; G. de
McRTiLLET, Revue archéologique, t. xxii (1871), p. 288 ; Déche-
LEiTE, Manuel d'archéologie, t. ii, p. 1087-1097.
(2) Déchelette, Manuel d'archéologie, t. ii, p. 1100-1102.
(3) RoMiLLV Allen, Notes on late Celtic art, geographical
distribution of the finds of ohjects of the late Celtic period, Archseo-
logia Cambrensis, t. xiii (1896), p. 220, 325 ; Wood-Martin,
Pagan Ireland, London, 1895 ; Munro, Prehistoric Scotland and
ils place in European civilisation, Edinburgh, 1899 ; R. Allen,
Celtic Art in pagan and Christian times, London, 1905 ; Déche-
lette, Manuel d'archéologie, t. ii, p. 1102-1105 ; Read and
Smith, Guide to British Muséum, Early iron âge ; Greewell,
British Barrows.
(4) Déchelette, Manuel d'archéologie, p. 1076 (fig.).
(5) Déchelette, Ihid., p. 1077 (fig.) ; Montelius et S. Rei-
NACH, Les temps préhistoriques en Suède, Paris, 1895.
(6) Déchelette, Manuel d'archéologie, t. ii, p. 921-928.
424 LA TÈNE
caractéristique des oppida gaulois se trouve à HastedJn
(Namur), Altkônig (Nassau), Zarten près Fribourg-en-B*is-
gau, Burghead et Abernethy (Ecosse) (1).
Aucune de ces deux civilisations n'est exclusivenent
limitée aux pays reconnus comme celtiques par les iisto-
riens. D'ailleurs, les deux aires ne coïncident pas ecacte-
ment. Si nous comparons leur extension dans ui pays
incontestablement celtique, la Gaule, nous pouvonn même
remarquer quelles sont juxtaposées plutôt que méjugées.
Ainsi on a constaté la civilisation hallstattienne surtout en
Bourgogne, en Franche-Comté, en Savoie, en Dauphiné,
dans la région pyrénéenne et le Tarn, dans le Beiry ; — et
la civilisation de la Tène, surtout en Champagne^ dans le
Bas-Daupliiné, dans le Forez et l'Ardèche, dans les oppida
de Bibracte, Alesia, Murcens (Lot), et d'autres moins im-
portants (Voir p. 43-44).
Si l'on compare les résultats de l'histoire aux données
de l'archéologie, on remarque qu'ils ne concordent pas
complètement. La civilisation de Hallstatt semble anté-
rieure à l'époque où nous avons sur les migrations des
Celtes des témoignages précis et détaillés (2). Les périoles
de la civilisation de la Tène comprennent trois siècles de
l'histoire des Celtes, depuis la prise de Rome jusqu'à k
conquête de la Gaule par César. Mais, dans le détail, les
données de l'archéologie ne s'appliquent pas toujours à ce
que nous savons des Celtes de l'histoire.
(1) Déchelette, Manuel d'archéologie, t. ii, p. 969, 992.
(2) M. C. Jullian attribue la civilisation de Hallstatt aux
Sigynnes dont l'empire aurait été renversé par les Celtes. Revue
des études anciennes, t. viii, p. 119-122 ; Histoire de la Gaule,
1. 1, p. 370 n.
l'empire celtique 425
La première période de la Tène, du iv" au ni" siècle, est
celle à laquelle appartiennent les cimetières de la Cham-
pagne ; or les hommes dont les restes ont été inhumés dans
ces cimetières ne sont pas les Belges tels que l'histoire
nous les fait connaître; ils inhument leurs morts ; ils ont
des chars de guerre; ils ne connaissent pas les monnaies ;
ils emploient le corail ; leurs épées de fer sont d'un type
plus ancien que les épées gauloises que l'on a découvertes
à Alesia (1). Les Belges de César n'ont laissé que de pauvres
sépultures à incinération de l'époque de la Tène III.
La deuxième période, du ni'' à la fin du ii° siècle, à la-
quelle appartient la station même de la Tène, se rapporte-
rait à une époque où les Helvètes n'étaient peut-être pas en-
core venus dans le pays qu'ils occupaient à l'arrivée de Cé-
sar.
La troisième période, qui comprend le premier siècle et
qui est représentée par les oppida de la Gaule, est la seule
pour laquelle on peut faire coïncider les résultats de l'ar-
chéologie et ceux de l'histoire.
Nous pouvons retenir des indications de l'archéologie
deux importantes hypothèses : des deux civilisations aux-
quelles on rattache les Celtes, Tune semble avoir eu pour
point de départ l'Europe Centrale, d'où elle aurait rayonné
à quelque distance à l'Est et à l'Ouest ; l'autre aurait peut-
être eu pour foyer le Nord-Est de la Gaule d'où elle se se-
rait répandue sur toute l'Europe occidentale, orientale et
septentrionale.
(1) S. Reinacii, Catalogue sommaire du musée des antiquités
nationales, 3*^ éd., p. 162-163 ; Déchelette, Manuel d'archéo-
logie, t. II, p. 578 ; C. JuLLiAN, Histoire de la Gaule, t. ii, p. 171,
n. 2, ne considère pas ces arguments comme probants.
426
■DUNUM
III
La linguistique ne permet pas de distinguer plusieur
couches successives de traces des Celtes. Les noms de lieux
que l'on regarde comme celtiques sont des noms composés
dont le second terme e&t-(lunum,-nemetum, -magus, -briga,
-ritum, -darum. Ils ne sont pas tous celtiques au même de-
gré de vraisemblance. Mais aucun indice linguistique ne
nous conduit aies classer chronologiquement 1;, bien que,
vraisemblablement, les fondations des villes celtiques ne
soient pas contemporaines.
-dunum
Le second terme de noms de lieux le plus incontestable-
ment celtique, puisque non-seulement il s'explique par les
langues celtiques modernes, mais encore nous a été trans-
mis et traduit par les anciens, est -dunum.
On trouve des noms en -dunum dans l'Europe centrale,
la Gaule, la péninsule ibérique, l'Italie du nord, ia Grande-
Bretagne et l'Irlande.
Certains noms se trouvent à la fois dans plusieurs pays :
Cambo-dunum est l'ancien nom de Slack. comté d'York
(1) Sur ces noms consulter H. d'Arbois de Jubain ville,
Les premiers habitants de l'Europe, 2^ éd., t. ii, p. 256-270 ;
E. Des JARDINS, Géographie historique et administrative de la
Gaule romaine, t. ii et iv ; Longnon, Atlas historique de la
France ; Géographie de la Gaule au IV'^ siècle, Paris, 1878 ;
Thomas ^VHIGIIT, The Celt, the Roman and the Saxon, 4^ éd.,
London, 1885. Nous les donnons sous leur forme latinisée.
l'empire celtique 427
en Angleterre {Itinéraire d'Antoni?i, 468, 6 ; Ptolémée, II,
3, 10 écrit KajjiouXôSojvov) et de Kempten en Bavière (Stra-
bon, IV, 6, 8).
Carro-dunmn désigne Karnberg en Bavière (Ptol. II, 12,
4) ; — Krappvitz en Silésie (Ptot. II, 11, 14) ; — Pitoraaza
en Croatie (Ptol. II, 14, 4) ; — une ville dont l'emplacement
exact n'a pas été retrouvé, mais qui devait être située près
du Dniester et des côtes de la mer Noire (Ptol. III, 5,
15).
Ebiiro-dummi, Embrun (Strabon. IV, i, 3), en France ;
— Yverdun, Vaud, Suisse (Table de Peutinger); — Briinn,
Moravie, Autriche (Ptol. II, 11, 14).
Sego-dunum, Rodez en France (Ptol. II, 7, 12) ; — Burg-
sinn en Bavière (Ptol. II, 11, 14), est sans doute le même
nom que Sege-dunum Walls-end, comté de Northumber-
land, Angleterre [Noiitia dignitatum occ, 40, 33), et Seo-
dunum, Suin, Saôue-et-Loire, nom conservé dans des textes
du moyen-âge.
Viro-dunum est commun à Verdun, France (Itin. Ant.
364, 3) ; — Verduno en Piémont (charte de 1014) ; — Cf.
Verdunum, Verdù en Catalogiie ; Berdun en Aragon (di-
plômes de 1183, 1258) ; et se trouve comme premier terme
dans Wirtin-berg, ancien nom du Wurtemberg.
Uxello-dunum près de Cahors, France (Hirtius, VIII, 32;
40 ; 43) ; Eltenborough, Gumberland, Angleterre {Corpus
inscriptionum latinarum, t. VII, n" 1291, p. 84, 85).
Cala-dimum, Gala, province de Tras-os-montes en Por-
tugal (Ptol. II, 6, 38), est peut-être aussi le nom ancien
de Ghàlons, Mayenne, écrit dans les chartes du moyen-àge
Caladunniim, Caladon.
Liigii-dunum, Lug-diinum, Lyon, Rhône (Strab. IV, 1, 1.
428 -DUNUM
Dion Cassius, XL VI, 50, 5; CI. L. X, 6087) ; — Saint-
Bertrand de Comminges, Haute-Garonne, en France (Strab.
IV, 2, 1) ; — Lug-diinnin, Leyde dans les Pays-Bas (Ptol.
II, 9, 1) ; — Lugi-diwum, Liegnitz dans la Silésie prus-
sienne (Ptol II, 11, 13). On peut y ajouter Laon (Aisne) et
Loudon en Parigné l'Evêque (Sarttie) que des textes du
moyen-âge nomment Lugdimum, Lucdunum.
Taro-diiniim, Zarten, Bade (Ptol. II, 11, 15) est peut-être
le même nom que Tauro-danum (Grégoire de Tours, His-
toria Frnncorum, IV, 24) dans le canton de Vaud, Suisse.
Novio-dunum, ville des Suessiones (César, II, 12, 2) ;
des Bituriges Cubi César, Vil, 12, 2) ; Xevers (VII, 55, 1) ;
Jublains, Mayenne Ptol. Il, 8, 7) ; — Isaktcha, Roumanie
(Ptol. III, 10, 2) ; — Nycn, Suisse (JSotitia Galliarum,
IX, 2) : — pagus de Placentia, Italie du Nord (C. I.L., XI,
1147, 5, 72) ; c"est peut-être le même nom que N evio-diinum
Dernovo, Carniole, Autriche {C. I. L. III, 3919, 3921 ;
Ptol. Il, 14, 4).
Brano-diimim peut-être Brancaster, Norfolk, Angleterre
[Notitia dignilaium, occ. 28, 16) ; — Brandon, Saôneet-
Loire, France, est appelé Brandono dans une charte du
moyen-âge.
Mori-dumim peut-être Sea ton, Angleterre (Géographe de
Ravenne, V, 31) ; — Murten (1), Fribourg, Suisse.
Bigo-dimnm. en Lancastershire, Angleterre (Ptol. II, 3,
10) ; Begadomim, ville située près de la Moselle (dans une
charte du moyen-âge).
Bisul-dunum, Besalù en Catalogne, Espagne (diplôme de
(1) Cf. II. d'Arbois de Jubainville, Revue celtique, t. xxvi,
p. 383.
l'empire celtique 429
834) ; — Besal-dinmm, Bézaudun, Alpes-Maritimes ; Be-
zaudun, Drôme, France.
D'autres noms ne se rencontrent que dans un pays :
En France :
Acito-dunum, Aliun^ Creuse {Table de Peiitinger).
Metlo-dunum, Melun (1), Seine-et-Marne (César, VII,
58, 2).
Vellauno-dunum, ville des Senons (Ces. VII, 11 ; 14).
En Suisse :
Minno-duîium, Moudon, Vaud {Itin. Ant. 332, 3).
En Allemagne :
Lupo-dunum, Lopo-diinum, Ladenburg, Bade (Ausone,
Moselle, 423).
En Serbie :
Singi-dunum, Belgrade (Ptol. III, 9, 3).
En Grande-Bretagne :
Camulo-dunujn, Colchester, Essex (Pline, Histoire nata-
relie, II, 77, 187 ; Tacite, Annales , XII, 32). Voir ci-dessus,
p. 321, I. 19.
Margi-dimum, Bridgeford, Nottingham {Itiii. Ant.,
477, 6).
Sorvio-dunum, Sorbio-dunum, Old Sarum, Wilts {Itin.
Ant., 483, 4; 486, 23).
Peut-être en Irlande :
*Seno-du?ium, irl. Sen-dun, Shandon. Cf. Aoùvov, nom
d'une ville d'Irlande chez Ptolémée (II, 2, 9.)
En Espagne :
Esttle-dunum, Estola, Andalousie (Cf. C. I. L. II, 1601).
(1) Cf. J. Vendryès, Le nom de la ville de Melun, Mémoires
de la Société de linguistique de Paris, t. xiii, p. 225-230.
i
9
430 -DL'ÎN'CM
Seben-dunum en Catalogne (Ptol. II, 6, 70).
Tous ces noms, bien qu'ils ne nous soient le plus sou-
vent connus que par des documents du temps de l'empire
romain ou même du haut moyen-âge peuvent désigner des
fondations dues aux Celtes ; leur premier terme, s'il ne
peut pas toujours s'expliquer par les langues celtiques,
n'est en tout cas ni grec, ni latin. Il n'en est pas de même
des noms suivants qui ont été formés, à l'imitation des
noms celtiques en -dunum, avec des premiers termes la- '*'-
tins :
Caesaro-dumim, Tours, France (Ptol. II, 8, 11).
Au gusto 'dunum, Autun, France (Pomponius Mêla, III,
2, 20.
Duro-, -dunim.
Duro-, -durum n'a pas d'équivalent exact dans les
langues celtiques; car l'irlandais dur « dur », le gallois
dur, breton dir « acier », gallois dir « force », semblent
empruntés au latin, et le breton dor, irlandais dor-us
« porte » ont un vocalisme légèrement différent (1). Mais
on ne peut douter que -durum ne soit celtique. Il est en
effet facile de dresser une liste de sortes de doublets en
-dunum, -magus, -briga d'une part, en -durum d'autre
part, dont les premiers termes sont identiques.
(1) J. LoTH, Les mots latins dans les langues brittoniques, Paris,
1892, p. 162. Re<.'ue celtique, t. xviii, p. 98 ; J. VENDRYÈs.De hiber-
nicis i'ocabulis qusea Latinalingua originem duxerunt, Lutctiae,
1912, p. 137. C'est M. Meycr-Lùbke qui a proposé d'expliquer
durum parle vieux-celtique doro « porte » (Siztungsberichte der
kaiserlichen Akademie der Wissenschaften in Wien, philoso-
chisch-historische^Classe, t. cxliii). Voir E. Philïpon, Revue
celtique, t. xxx, p. 73-77. Cf. p. 120,
L EMPinE CELTIQUE
431
^Melo-dunum
Rigo-dunum
Sorvio-dunum
Augusto-dunum
Icio-magus
*Lindo-magus
Marco -ma giis
Rigo-magiis
*Salo-magus
Turno-magus
Augusto-magus
Nemeto-briga
* Volo-hriga
*Salo-briga
Augusto-briga
Melo-durum
Rigo-durum
Sorvio-diirum
Aiigasto-diirum
Icio-durum
Lindo'diirum
Marco-durum
Rigo-durum
Salo-durum
Turno-durum
Augusto-durum
Nemeto-durum
Volo-durum
Salo-durum
Augusto-durum
En France on trouve :
Autessio-durum, Anxerre (Yonne) {Itin. Anl. 361, 1 :
Table Peut.)
Brei'io-durum, Brionne (Eure) (Rin. Ant. 385. 2).
Brivo-durum, Briare (Loiret) [Table Peut.) ; sans doute
aussi BrieuUes (Meuse), dont le nom est écrit au Moyen
Age Briodorum.
Epomanduo-durum, Mandeure (Doubs) (Itin. Ant. 386,
4).
Erno-durum, Saint-Ambroix (Cher) {Rin. Ant. 460, 3).
Iblio-durum, près de Rezonville (Meurthe-et-Moselle)
{Rin. Ant. 364, o).
Iccio-durum, Icio-durum, Yzeures (Indre-et-Loire) (Grég.
de Tours, Hist. Franc. X, 31) ; Issoire (Puy-de-Dôme) (Grég.
de Tours, In glor. conf. 29).
432
■DURUM
* Isarno-durum, Izernore (Ain) {Acta Sand., Jan. I,
p. 50).
* Nemeto-durum, Nanterre (Vita S. Genovejae, 1), cf.
Nemthur, ancien nom gaélique de Dunbarton, Ecosse.
* Tiirno-durum, Tonnerre (Yonne) (Fortunat, Vit. S.
Germant, XXXV, 102).
Velaiu-durum, Vellerot-lès-Belvoir (Doubs) [Itin. Ant.
349, 1).
Aux Pays-Bas :
Baiavo-durum, Valkhof près Nimègue (Tacite, Hist.
V, 20).
En Grande-Bretagne :
Lado-duruin (ms. Lactodoro) Towcester, Northampton-
shire {Itin. Ant. 476, 11).
En Allemagne :
Boio-dunim, Innstadt près Passau (Ptol. II, 12, 4).
Divo-diinim, Metz (Tac. Hist. I, 63).
Marco-diirwn, Dùren , Prusse Rhénane {Ta.c. Hist. IV, 28).
Sorvio-darum, en Rhétie (Taft/e Peut.)
Venaxamo-diirum , en Rhétie, {Notitia Dign. occ. 33).
Rigo-dûlam, Riol, Prusse rhénane (Tac. Hist. IV, 71),
est sans doute pour Rigo-dunim, par suite de la dissimila-
tion de r (1).
En Suisse :
Ebo-duruni,\'àx. Ebradiirum, Yvorne, Vaud (Ptol. II'
12, 3).
Octo-durum, près de Martigny, Valais (César, III, i).
Salo-dunim (ms. Gano-diirum), Soleure (Ptol. II, 9,
10).
(1) J. Vendryès, Mémoires de la Société de linguistique de
Paris, t. XIII, p. 389.
l'empire celtique 433
Vitu-durum, (Ober- Winterthûr, canton de Zurich {Itin.
Ant. 251, 5).
On trouve diiro- employé aussi comme premier terme de
nom de lieu :
En France :
Duro-corlorum, Reims (César. VI, 44, i).
Duro-cat[u]ellaiini, Châlons-sur-Marne (/^m. Afit. 361,
o).
En Grande-Bretagne :
Buro-briçae, Csi&tor, comté de Northampton {liùi. Ant.
475, 1)
Diiro-brivae (1), Rochester, Kent {Itin. Ant. 472,
3).
Duro-cobrivae, ville de Grande Bretagne {Itin. Ant. 471,
2).
Diiro-cornovium, Girencester, Gloucester [Itin. /ln^,585,
5).
Duro-levum, Davington, Kent {Table Peut.)
Duro-vernum, Ganterbury, Kent(/im. Ant. 472, 5).
D uro-vigùtum {Geogr. Rav. V, 31).
Daro-litum (Itin. Ant. 480, 7).
En Bulgarie, si toutefois ce n'est pas un nom thrace :
Duro-storum, Duro-stoluni, S'ûislrie (Ptol. III, 10, 5).
A l'époque romaine on a créé :
Albio-diinim, Angers, Seine-et-Marne (Frédégaire,
Chron. IV, 83).
Augiisto-durum, Bayeux, France {Table de Peutin-
ger.
(1) -hriva, hrivo- semble être la forme archaïque de hrio
« pont » [Glossaire (I'Endlicher), ci-dessus, p. 79.
G. DoTTiiN. — Manuel de l'antiquité celtique. 28
434 -NEMETUM
■nemetum
-nemetum,(\\n. est conservé dans les langues celtiques mo-
dernes avec le sens d' « enceinte sacrée » (1), mais dont le
sens ne nous est donné que dans un texte latin du VP siè-
cle, n'a formé qu'un petit nombre de noms de lieux :
*Ar-nemetum d'où Arnemetici chez les Volcae Arecomici
[C. I. L. XII, 2820).
Tasi-nemetum, près de Klagenfurt en Carinti)ie (Table de •
Peutingcr).
Fer-7îe/rte/?fm, lieu situé soit dans le diocèse de Bordeaux, ^l
soit dans celui d'Agen (Fortunat, I, 9, 9, 10) ; ville de £
Grande-Bretagne (/^m. .4«i., 479,2). 1
Medio-fiemetum, Kirkintilloch en Ecosse (Géographe de
Ravenne, V, 31).
Ce dernier nom a peut être un premier terme latin ; l'ori-
gine latine du suivant est certaine :
Aiigiisio-nemetum, Clermont-Ferrand (Ptol. II. 7, 12).
Quelques noms ont pour premier terme JSemeto, qui est
sans doute un nom d'homme de la même racine que ne- %
meioii :
Nemeto-diirum, ms. Ncmptudoro (Grégoire de Tours,
Hist. Franc. X, 28) ; Nemeto-briga (Ptol . II, 6, 36) ; NemetO' if'
iaciuni (Géogr. de Rav. V, 31).
■magiis
i
Le second terme de noms de lieux -inagiis ne nous esf*.
pas donné comme celtique par les auteurs anciens ; mais
(1) Voir plus haut, p. 68, 81. /
l'empire celtique 435
il s'explique facilement par les langues celtiques modernes.
Il est identique à l'irlandais mag, en gallois ma « champ »
et entre, sous la forme -mag, dans la composition de noms
de lieux anciens en Irlande, par exemple Find-mag = Vin-
do-magus. Tandis que les noms en -dunum désignent des
forteresses de guerre, les noms en magus s'appliquent,
semble-t-il, à des fondations agricoles dans des pays pacifiés,
Peut-être magus était-il équivalent pour le sens au latin
forum (1).
N oç>io- fnagus {var. Noiomagus), nom de huit Ailles de
France : Noyon, Oise {Itin. Ant. 362, 3) ; Nijon, Haute-
Marne {Table Peut.) ; chez les Vadicasii (Ptol. II, 8, 11) ;
Nyon, Drôme (Ptol. II, 10. 7) ; les Tourettes près Lisieux,
Calvados (Ptol. II, 8, 2 ; Itin. Ant. 385, 3) ; Saint-Loup.
Ardennes (Taô/e PewL); peut-être la ville de Brion, Gi
ronde (Ptol. Il, 7, 7) ; Noyon sur Sarthe (monnaies méro-
vingiennes ; — Hollywood hill près Bromley, Kent (Ptol.
1, 15, 7) en Angleterre ; — Nimèguc, Pays-Bas {Table Peut.).
— Neumagen, Prusse Rhénane {Table Peut.) ; Spire, Pala-
tinat (Ptol. II, 9, 9), en Allemagne.
Rigo-magus, vallée de Golmars, Basses- Alpes {Not. Gall.
XVII. 3) ; Riom, Puy-de-Dôme (dans les textes du moyen-
âge), en France; — Remagen, en Prusse rhénane {Table
Peut.) ; — près de Trino-Vecchio, en Piémont {Itin. Ant.
350, 5), Italie.
Excingo-magus (var. Scingo-magus) Exilles, Piémont
(1) C. JuLLiAN, Histoire de la Gaule, t. ii, p. 238, n. 8, com-
pare Julio-magus (Angers), Forum Julii (Fréjus), et Julio-bona
(Lilleboniie). Cf. Augusto-magus (Senlis) et Augusio-bona
(Troyes), Vindo-magus (Ville vieille, Gard) et Vindo-hona
(Vienne).
436
•MAGUS
(Strab. IV, l, 3); Scingo-magus en Asie-Mineure (Rev.
Et. Gr. t. 1904. p. 331).
En Grande-Bretagne :
Sito-magus, Duuwich, Suffolk {Itin. Ant. 480, i).
Maro-magiis (Géogr. Rav. V, 31).
En France :
Caranto-magus, LeCranton, Compolibat, AyeyTon[Table
Peut.) ; sans doute aussi Gharenton-sur-Cher, Cher, et
Carentau, Manche, appelés Carentomiun dans des textes du
moyen âge.
Cassino-magus, Ghassenon, Charente; près de Gimont,
Gers {Table Peut.).
Caturigo-magus, Ghorges, Hautes- Alpes (Table Peut. ;
C. I.L. 3281).
Ciso-magus, Giran, Indre-et-Loire (Gf. Grég. de Tours,
Hist. Fr., X, 31).
Condato-magus, Milhau, Aveyron (Table Peut.).
Eburo-magus, Bram, Aude (Table Peut.).
Icio-magus, Usson, Loire (Table Peut.).
Linto-magus, Brimeux, Pas-de-Galais Table Peut.).
*Nerio-magus, Néris, Allier, d'où N eriomagienses (C. I,
L. XIII, 1374).
Ratu-magus, Pa-.rj.<j.7.yo; (var. Rotomagus) Rouen, Seine-
Inférieure (Ptol. II, 8, 7) ; Le Mont de Gésar, Oise (Ptol. II,
9, 6) ; Rodomagus, Pont-de-Ruan, Indre-et-Loire (Grég. de
Tours, Hist. Franc. X, 31, 4).
Ritu-màgus, Radepont, Eure(7'aZ'/e Peut.).
Seno-magus, près de Saint-Paul - Trois -GhâteauXjDrôme,
{Table Peut.).
Sosto-?nagus, Castelnaudary, Aude (Itinéraire de Bor-
deaux, 551, 6).
l'empire celtique 437
* Turno-magiis, Toiirnon- Saint-Pierre, Indre-et Loire.
(Grég. de Tours, Hist. Franc. X, 31, 3).
* V enetoni-magus , Vieu, Ain, d'oii Venetonimagenses,
{C. I. L. Xm, 1341).
Vindo-jnagus, Villevieille, Gard (Ptol. ÏI 10, 6).
En Suisse :
JJro-magus (var. Bro-magus) Oronle-Châtel, canton de
Vaud {Itin. ^??^,3o2, 2). Cf. Viro-magus {Table Peut.)
En Allemagne :
^roco-magM5',Brumath. Alsace-Lorraine [Itin.Ant.'^o^, 1)
(var. Breuco-, Ptol. IL 9, 9).
Durno-magus, Dormagen, Prusse Rhénane {Itin. Ant.,
4,3).
M arco-magu s, MaTmagen, Prusse Rhénane {Table Peut.).
Borbeto-magus , Worms, Hesse Rhénane (Ptol. ITI 9,
9).
Gabro-magus , Windischgarsten, Haute Autriche {Tabl.
Peut.).
En Italie :
Bardo-magus, près de Milan, Lombardie {C. I. L. V,
5872, 5878).
Camelio-magus, Broni, près de Stradella, Lombardie
{Tabl. Peut.).
Bodinco-magus, près de Monteu da Pô, Piémont (Plin.
III, 20, 122).
Sur le modèle des noms celtiques on a créé :
Caesaro-magus, Beauvais, France (Ptol. II, 9, 4) ; —
Ghelmsford, Grande-Bretagne {Itin. Ant. 474. 3).
Augusto-magus, Sentis, FranceJ(/im. Ant. 380, 3).
Julio-magus, Angers, capitale des Andecavi (Ptol. II, 8,
8) ; — Schleitheim, Suisse {Table Peut.).
438 -BRIGA
Quelques premiers termes peuvent appartenir à une
langue autre que le celtique. Ainsi Bodincus est d'après
Pline (III, 20, 122), le nom ligure du Pô.
-briga (1)
briga trouve son équivalent exact dans les langues cel-
tiques modernes, l'irlandais bri « hauteur », le gallois bre
« pic » qui perdent régulièrement le g intervocaîique et les
voyelles brèves finales. C'est donc presqu'un synonyme de
dunum. Mais il est dun emploi bien plus restreint que
diiniim. Sa variante brica est apparentée au gallois brig
« sommet » (2).
En France :
Eburo-briga, AvroUes, Yonne {Itin. Ant. 331, 2).
Litano-brigUy à côté de Creil, Oise (Itin. Ant. 380, 4).
Seuls, quelques manuscrits dePtolémée nomment Ea[xa-
pô3ptYa, II, 9, 4, la ville appelée dans les autres textes ^par
ex. Ces. V, 24) Samaro-brwa, Amiens.
Si l'on admet, avec M. d'Arbois de Jubainville, que
obriga, devenu au moyen-âge -obria, a donné en français
-euvre (3), on peut accroître cette liste des noms suivants :
(1) Sur ces noms, voir C. Jullian, Revue des éludes anciennes,
t. VIII, p. 47-51 ; cf. t. IX, p. 175-180 ; H. d'Arbois de Jubain-
ville, Revue celtique, t. xxvii, p. 192-196 ; J. Loth, Revue cel-
tique, t. XXVIII, p. 337-339.
(2) A propos d'un nom de ville d'Espagne (écrit sur une
monnaie Brutohrica), Etienne de Byzance,qui l'écrit pooutoSpt'a
traduit ^oia. par tiôX'c. Mais, d'après Strabon, vu, 6, 1, c'est
en langue thrace que le mot pp!a signiiie « ville ». On trouve
dans la région thraco-dace ^r^\-j]j.^p'.a, Sicamhrta.
(3) Mémoires de la Société de linguistique de Paris, t. vu,
l'empire celtique • 439
* Donno-bris.a, Deneuvre, Meurthe-et-Moselle ; * Sodo-
briga, Suevres, Loir-et-Cher ; * Vindo-briga, Vandeuvre,
Meurthe-et-Moselle ; Vendeuvre, Aube ; Vandœuvres,
canton de Genève, Suisse ; * Volo-briga, Voleuvre, Saône-
et-Loire ; cf. Volii-briga en Portugal.
En Allemagne :
Admageto-briga ou Mageio-briga, peut-être Moyeu vre,
Alsace-Lorraine (César, I, 31, 12).
Boudo-briga,Bo])paTt, Prusse Rhénane (Itin.A ni. 374, 2).
Arto-briga près de Laufen, Bavière (Ptol. II, 12, 4)
En Espagne :
N emetO'briga peut-être Puente de Navéa (Ptol. Il, 6,
36).
CottaiO'briga, ville des Vettones (Ptol. II, 5, 7).
Deo-briga, ville des Vettones (Ptol. II, 5, 7) ; Miranda
de Ebro (Ptol. II, 6, 32). Dfp-i/'i^w/a, ville des Turmogi
(Ptol. II, 6, 51).
Miro-briga,OàT^\\\i!i en Estramadure (Plin. Hist. nat. III,
3, 14) ; Ciudad-Rodrigo (C. /. L. II, 857 ; Mero-brica
Plin. Hist. nat. IV, 35, 118).
Laco-briga, var. Lac'co-briga Lobera, Palencia (Ptol. II,
6, 49 ; cf. Lacobrigefises, Plin. III, 4, 26j.
Desso-briga, peut-être Melgar de Yuso {Ilin. Ant.
449, 4).
Nerio-briga, Valera la Vieja, Estramadure (Plin. Hist.
nat. TII, 3, 14); ville près de Bilbilis {hin. Ant. 439, 2) ;
La Almunia de Doua Godina (Florus, II, 17, 10). C'est
sans doute le NspxôjJp'.xa, 'Es-/.ôpp-.xa dePolybe,XXXV,2,2).
p. 2-4. Certains de ces -bria peuvent représenter anncien -brU'a
« pont ». Voir ci-dessus, p. 79, 433 n.
440
-BRiGA
Sego-briga, Segorbe, Valence (Strabon, ITI, 4, 13).
Tunio-hriga (corr. Tongo-) Brozas, près d'Alcantara
(Ptol. II, 6,38).
Turo-briga peut-être près d'Aroche, en Andalousie (Plin.
Hist.nat., III, 3, 14).
CaZw-^Wga peut-être près de Compostelle {C. I. L. II,
2610).
Cento-briga (var. -brica) chez les Celtibères (Valère Max.
V, 1.5).
Arco-briga chez les Celtibères (Pfcol. II, 6, o7, Cf. Arco-
brigenses Pline, III, 4, 24) ; Ferrol (Ptol. II, 5, 5).
En Portugal :
Volii-brigaoM sud de Braga (Ptol. II, 6, 40).
Lango-briga au sud d'Oporto {Itin, Ant. 421, 7).
Tala-briga, Souza, Estramadure (Appien, VI. 73 ; var.
brica, Plin. Ilist. nat. IV, 35, 113).
Conem-briga, Condeixa a velha(/^m. Ant. 421, 4; Ci-
niim-brica, Plin. IV, 35, 113, Conimbrica C. I. L., t. II,
Q° 391, 13).
Medo-hriga ou M edii-hriga près de la Serra da Estrella
{Bell. Alex. 48, 2 ; C. /. L. 11,458, 760; cf. Plin. Hist. Nat.
IV, 35, 118).
Ara-briga, Alemquer (Ptol. II, 5, 6 ; C. /. L. II, 760,
14).
Mere-briga, var. Meribriga, Santiago de Caçém, Estra-
madure (Ptol. II, 5, 5).
Mo?ito-biiga peut-être PoTtalegre {Itin. Ant. 420, 4).
Lacco-briga, Lagos, Algarve (Mêla, III, 1, 7).
Caeilio-briga, Calabre, Aldea Nova (C. L L. II, 416 ;
Ptol. II, 6. 41).
En Asie-Mineure :
l'empire celtique 441
Ecco-briga, ville de Galatie [Table Peut.)
Peut-être aussi * Peto-briga (ms. Petobrogen) Kalé en
Galatie {Itin. Burd. 574, 11).
D'après ces noms les Romains ont créé :
Caesaro-briga, Talavera delà Reina, Espagne (C. /. L. II
896, Caesarobricences, Pline, Hist.nat. IV, 33, 118)
Augusto-briga, Talavera la vieja, Espagne (Ptol. II, 5, 7,
Augustobriceiises, Pline, Hlsi. nat., IV, 35, 118) ; Aldea
del Muro. Espagne (Ptol. II, 6, 53).
Julio-briga, Retortillo, Santander, Espagne (Pline, Hist,
nat. m, 4, 27).
Un certain nombre de cas noms présentant la variante
-brica au lieu de -briga, il est probable que les noms pour
lesquels on ne trouve que -brica ont été originairement ter-
minés en -briga. C'est le cas de ; Adro-brica en Espagne
(Mêla, III, 1, 13) ; Amallo-brica sur le Duero (Itin. Ant.
435, \) ; Abo-brica chez les Cileni(Plin. Hist. nat. IV, 34,
11:2) ; Teno-brica (Géogr. Rav. IV 43). Valabricensis (C.
I. L, II, 5561) cf. Volu-briga ; Ceto-bricca (Géogr. Rav.
4, 43 ; KaiTÔJîo'.ï (Ptol. 2, 5, 2, KanTo^^fï Marcianos d'Héra-
clée, II, 13) ville des Tûrdetani.
La plupart des premiers termes des noms en -briga de la
péninsule ibérique ne semblent pas celtiques. Ce seraient
donc des formations postérieures à la domination des
Celtes.
-ritum
Le second terme -ritum ne nous a pas été expliqué par
les auteurs anciens, mais il est conservé en vieux-gallois :
rit « gué », gallois moderne rhyd. On ivovxwQ -ritum :
442 -RITUM
En France :
Ande-riium, Javols (Lozère) (Table Peut., Ptol. II, 7,
11).
Band-ritiim, Bassou, (Yonne) {Table Peut.).
Dario-ritum (var. Dariorigum, Dartoritum^ Vannes
(Ptol. 8. 6).
Vago-ritum, chez les Arvii (Ptol. II, 8, 7).
Ritu- est premier [terme dans Ritu-magus Radepont,
Eure (Table Peut.)
En Grande-Bretagne :
Cambo-ritum, Icklingham ? (/iw. Ant. 474, 7), cf. Catn-
bortus, Chambord (Loir-et-Cher), qui peut représenter un
ancien * Cambo-ritum.
En Allemagne :
Loco-ritum, Lohr am Main, Bavière (Ptol. Il, 11, 14).
De l'époque romaine date :
Augusto-rituni, Limoges (Ptol. II, 7, 9).
-bona (1)
Ce mot, dont on n'a pas une explication satisfaisante par
les langues celtiques, se trouve dans :
Equa-bona en Espagne (Itin. Ant. 416, 5).
Vindo-bona, Y'ienne, Autriche (T'a è/c Peut.).
Peut-être : Ralis-bona var. Radaspona, Ratisbonne
(Pertz, Thésaurus anecdotorum, 1, 3, p. 220).
Arra-bona en Pannonie [Itin. Ant. 246, 3).
De l'époque romaine datent :
Augusio-bona, Troyes (Ptolémée, II, 8, 10).
(1) Voir ci-dessus, p. 435 noie.
l'empire celtique 443
Jiilio-hona Lillebonne, Seine-Inférieure (Ptolémée, II.
8,5.)
Mediolaniim
Medio-lanum ou Medio-lanium (Milan) a été fondé par
les Gaulois (1). Nous ne pouvons donc guère douter que
ce mot appartienne à une langue celtique, bien qu'il soit
difficile à expliquer (2). C'est un nom de lieu extrêmement
répandu tant en France que hors de France et qui semble
désigner des villes situées à peu près à égale distance des
points extrêmes de leur cité (3).
Chez les auteurs de l'Antiquité, on trouve neuf Medio-
laniim ou Mediolanium.
En Gaule transalpine ;
Mediolanum ou MsStoXâvtov, Saintes (Strabon, IV, 2, 1).
Mediolanum, Châteaumeillant (Cher), [Table Peut.).
Mediolanum, ou MEO'.oÀâviov, Evreux (Ptol. II, 8, 9).
Mediolanum, Le Miolau, Pontcharra (Rhône), [Table
Peut.).
Mediolanum. chez les Treveri (Fortunat, 111, 9).
En Gaule Cisalpine :
Mediolanum, Mediolanium, Milan (Polybe, II, 34).
En Germanie :
Mediolanium, Metelen, Westphalie (Ptol. Il, 11, 13).
Mediolanium, Wolkersdorf, Autriche (Ptol. II, 11, 15).
En Grande-Bretagne :
Mediolanium, Clav^'ddcoch, Shropshire (Ptol. Il, 3, 11).
(1) TiTE LivE, V, 34, 8.
(2) Voir ci-dessus, p. 82, 115.
(3) JuLLiAN, Histoire de la Gaule, t. ii, p. 59-60.
444
-ACUS
Mais si l'on ajoute aux cinq Mediolanum de la Gaule
transalpine tous les noms de lieux de France dont la forme
moderne peut s'expliquer par Mediolanum ou Medio-la-
nium on arrive au chiffre de trente-sept exemples de ce
nom pour la France (1).
Icoranda
Les lieux situés à la frontière de deux cités gauloises
portent souvent le nom &' Icoranda (2) qui semble celtique
et dont le second terme s'explique peut-être par l'irlandais
rand, rann, bret. ranji « partie ».
-a eus
On pourrait encore songer à déterminer les établisse-
ments des Celtes au moyen des noms en -acus. Ces noms
sont en France au nombre de plusieurs milliers (3); on en
trouve dans l'Italie du Nord plus de quatre cents (4) ; ils
sont plus rares en Espagne, en Grande-Bretagne, et dans
l'Europe centrale. Mais, comme nous l'avons déjà dit (5),
ces noms ne sont généralement pas antérieurs à l'empire,
et la plupart sont formés avec des gentilices romains. Ils
(1) Cf. LoNGNON, Mediolanium (Rei^ue celtique, t. viii, p. 374-
378 ; Ant. Thomas, Meilhan (Revue celtique, t. xx, p. 443).
(2) Formes modernes : Ingrandes, Ingrannes, Aigurande,
Eygurande, Aigurande, Egarande, Iguerande ; J. Havet, Revue
archéologique, t. xx (1892), p. 170.
(3) Cf. H. d'Arbois de Jubainville, Recherches sur l'origine
de la propriété foncière et des noms de lieux en France, p. 125-
343 ; 453-462 ; 467-499.
(4) H. d'Arbois de Jubainville, Les Gaulois et les popula-
tions qui les ont précédés dans l'Italie du nord, Revue celtique, t. xi,
p. 152-172.
(5) Ci-dessus, p. 119,
L EMPIRE CELTIQUE
445
n'offrent donc que des traces très effacées de l'occupation
celtique ; ce sont, en général, des formations nouvelles sur
des modèles anciens. Parmi ceux dont le premier terme
semble celtique, on peut citer : Amhactiams, Argentacus,
Becciacus, Beliniacus, Benacus, Brennacus, Britinniacus,
Cainhiacus, Carantiacus, Catuiaciis, Eburacus, Epiacus,
Epponiacus, Gabriacus, Iciacus, Mogontiacus, Nantiacus,
Nemetacus, Nerciacus, Noviacus, Sedegenacus, Segontia-
eus, Solimariacus, Trociacus, Uriacus, Vassiaciis,. Ver-
niacus, Vindiacus.
D'après les noms de lieux dont nous avons étudié la ré-
partition sur le sol, les établissements celtiques s'étendent
sur un domaine considérable :
Désignation
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s
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2
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France, Suisse, Belgique, Hol-
lande, Provinces Rhénanes . .
Italie du Nord
Europe centrale et. orientale . . .
Espagne et Portugal
Iles Urilanniques (1)
Asie Mineure
(1) On trouve une carte des noms de lieux celtiques dans les
Iles Britanniques chez W. Z. Ripley, The races of Europe,
p. 312, et une carte de la répartition de ces noms de lieux pour
l'Europe, par M. Pic, Starozitnosti, ii, 1, carte C.
446 NOMS DE PERSONNES
Ces nombres pourraient être de beaucoup augmentés si
l'on ajoutait tous les noms de lieux dont la forme moderne
suppose un élément -duniuii, -nemctum, -magiis, -briga,
-ritiuii, -durum (1). Il est remarquable que les noms de
forteresses en -duniim et -briga soient employés à l'exclu-
sion des autres dans la péninsule ibérique et qu'au contraire
les noms en -magus soient les plus nombreux dans l'Italie
du Nord. Toutes les formations se trouvent dans l'Europe
centrale et dans lancienne Gaule.
Malheureusement, la plupart de ces noms n'apparaissent
pour la première fois que dans des documents de basse
époque par rapport à la période que nous étudions. Ainsi,
sur 173 noms, 52 noms sont signalés par Ptolémée (n'' siècle),
33 par \ Itinéraire d'Anionin (iv' siècle), 32 par la Table
de Peutinger (iv^ siècle). A quelle époque remonte la fon-
dation de ces établissements celtiques ? Rien n'autorise à
les attribuer à une date très reculée. 11 serait également
peu sensé de vouloir les dater du plus ancien texte où ils
apparaissent. Le problème restera donc sans solution dans
la plupart des cas.
Noms de personnes.
On peut encore rechercher quels ont été les lieux occu-
pés par les Celtes en relevant dans les inscriptions grecques
et latines la provenance des noms de personnes qui sont le
plus vraisemblablement celtiques. Ces inscriptions datent,
pour la plupart, du temps de l'empire romain et ne nous
(1) Voir sur ce sujet les articles de M. Antoine Thomas,
Revue celtique, t. xx, p. 1-0, -'i.SS-^'i'- ; t. xxii, p. 216-226, et Irs
ouvrages déjà cités de H. d'Arbois de Jubainville.
l'empire celtique 447
donnent guère la répartition des personnes à nom celtique
antérieurement à l'ère chrétienne. L'endroit où l'on a
trouvé l'inscription n'est pas toujours le lieu d'origine du
Celte dont le nom est mentionné. Quelquefois le lieu d'ori-
gine est indiqué. Mais le plus souvent l'indication du lieu
d'origine manque. Toutes les inscriptions n'ont pas la
même valeur pour un relevé de ce genre. Les noms de fa-
bricants, en particulier les noms de potiers, ne doivent pas
entrer en compte ; la même marque apparaît sur un grand
nombre de points de l'ancien territoire celtique sans qu'il
soit possible de déterminer où était situé l'atelier de pro-
duction. Les soldats sont rarement originaires du pays où
ils tiennent garnison.
Quoi qu'il en soit, la répartition des noms celtiques de
personnes que l'on trouve dans les inscriptions coïncide
à peu près avec la répartition des noms celtiques de lieux.
C'est dans l'ancienne Gaule qu'on en trouve le plus
grand nombre. Sur 614 noms de personnes, dont l'origine
celtique paraît à peu près incontestable, 500 proviennent
de Gaule ; 398 sont situés sur le territoire de la France ac-
tuelle, 23 en Suisse, 3 en Hollande, 1 en Belgique et 75 en
Allemagne, sur les bords du Rhin. Ces noms sont inégale-
ment disséminés en Gaule. Ils ont été conservés surtout,
comme on devait s'y attendre, dans les régions, riches en
monuments, où étaient situées les grandes villes gallo-ro-
maines ; 71 dans le pays de Nîmes; 56 à Bordeaux, 24 à
Lyon, 24 à Dijon et dans la Gôte-d'Or, 46 dans le pays
d'Avignon, 14 à Langres, 12 à Narbonne, 11 à Saintes, 9 à
Vienne.
En dehors de la Gaule transalpine, le pays où l'on eu
rencontre le plus grand nombre est l'Italie du Nord, l'an-
448
NOMS DE PERSONISES
cienne Gaule cisalpine, où j'en ai relevé 43 exemples.
La péninsule ibérique en compte 28.
La Rhétie, la Vindélicie, le Norique, la Pannonie, l'Illy-
rie, la Dalmatie en comptent ensemble 27 ; on en a relevé
un dans la Dobrutscha.
La Grande-Bretagne en a H.
On en relève enfin 2 en Asie-Mineure, 1 en Syrie, 1 en
Egypte.
Si l'on considère l'extension soit de chaque espèce de
noms, soit de chacun de ces noms en particulier, on peut
constater de même que leur domaine correspond à celui
des noms de lieux. Un groupe considérable est formé par
les noms dont le second terme est -maros « grand » (1).
On en trouve :
5 dans l'Italie du nord.
22 dans la Gaule transalpine.
1 en Grande-Bretagne.
1 eu Espagne.
18 en Norique.
20 en Pannonie.
2 en Germanie occidentale.
3 en Asie-Mineure.
Certains de ces noms ont été trouvés sur divers points
du domaine celtique ; par exemple :
Iblio-marus à Magyar-Peterd (Hongrie) et à Lyon.
Nertomarus à Wiener-Neustadt (Basse- Autriche), Celov-
nik (Styrie), Cilli (Styrie), Autun (Saône-et-Loire), Ver-
tault (Côte-d'Or), Zinsweiler (Alsace).
(1) H. d'Arbois de JuBAiNviLLE, Etudcs grammaticales sur
les langues celtiques, p. 5*-12*.
l'empire celtique 449
Sego-marus à Brescia (Italie), Yaison (Vaucluse), Mont-
Beuvray (Saône -et-Loire, Gouchey (Côte-d'Or), Dijon, Les
Baux (Bouches-du-Rhône).
Soli-marus à Cilli (Styrie), Sziszek (Croatie), Gherchell
(Algérie), Martigues (Bouches-du-Rhône), Brignon (Gard),
Narbonne, Bordeaux, Mayence, Heddernheim (Prusse) (1).
Dans les pays qu'ils occupèrent, les Geltes furent en
contact avec des peuples indo-européens ou non, les
Thraces, les lUyriens, les Ligures, les Ibères, les Etrus-
ques, dont nous connaissons mal la langue et il est impos-
sible de déterminer, faute de documents suffisants, quels
échanges de mots et, par suite, d'idées et d'objets les Geltes
firent avec ces peuples. Mais ils rencontrèrent aussi en
Europe des Indo-Européens mieux connus, les Slaves, les
Grecs, les Germains, les Italiotes, et si Ton pouvait déter-
miner exactement quels furent dans le vieux celtique resti-
tué les emprunts aux autres langues indo européennes, on
éclairerait d'autant les rapports des Celtes avec les peuples
voisins. Mais il est le plus souvent difficile de décider si un
mot commun aux Geltes et à un autre peuple appartient
au fonds général des Indo-Européens et a persisté indépen-
damment chez les deux peuples, ou si ce mot a été em-
prunté par l'un des deux peuples à l'autre. Cette étude a
été faite pour le germanique par H. d'Arbois de Jubain-
ville (2). Les termes que les langues celtiques et germa-
(1) HoLDER, Altceltischer Sprachschatz, t. ii, col. 9, 15, 725,
1447, 1605.
(2) H. d'Arbois de Jubainville, Les premiers habitants de
l'Europe, 2^ éd., t. ii, p. 330-367. Cf. H. Paul, Grundriss der
germanischen Philologie, V^ éd., t. i, p. 303-305 ; H. Hirt, Die
Indogermanen, ihre Verbreitung, ihreUrheimat und ihre Kullur,
Strassburg, 1907, t. ii, p. 614.
G. DoTTiN. — Manuel de l'antiquité celtique. 29
450
CELTES ET GERMAINS
niques possèdent en commun concernent pour la plupart
les institutions politiques et sociales et la guerre. Pour
quelques-uns (1), • — comme ambactos « serviteur w, en
gallois atnaeth, vieux-liaut-allemand ambaht « service »,
— on peut démontrer qu'ils ont été empruntés par les Ger-
mains aux Celtes.
D'autre part, les noms de personnes, comme les noms
de lieux, nous attestent l'établissement des Celtes, non
seulement dans la Gaule transalpine, dans la Gaule cisal-
pine (2), en Espagne, dans la Grande-Bretagne et dans
l'Asie-Mineure, pays pour lesquels les textes historiques
nous instruisent suffisamment, mais encore en ISorique, en
Pannonie et en Germanie, pays dont l'ancienne histoire
nous est assez mal connue. Enfin, les renseignements re-
cueillis sur l'ère d'extension des civilisations de Hallstatt
et de la Tène ne sont pas contradictoires aux données de
l'onomastique. Nous sommes donc amenés à rechercher le
lieu d'origine des anciens Celtes dans la Gaule et l'Europe
centrale, à proximité des Germains.
Les rapports étroits qui unissaient les Celtes à leurs voi-
sins les Germains ont été remarqués par les anciens. Dio-
dore confond ces deux peuples (3). Strabon, après avoir dit
que, pour la figure, les mœurs et la manière de vivre, les
Germains se rapprochent des Celtes, tandis qu'ils en
diffèrent un peu par leur nature qui est plus sauvage, leur
taille plus grande et leur chevelure plus blonde, ajoute que
(1) Voir ci-dessus, p. 167.
(2) Cf. H. d'Arbois de Jubainville, Les Gaulois et les po-
pulations qui les ont précédés dans l'Italie du Nord, Revue cel-
tique, t. XI, p. 152-172.
(3) Voir ci-dessus, p. 13 ; Jullian, Histoire de la Gaule, t. i,
p. 231, n. 1.
l'empire celtique 451
c'est pour exprimer cette parenté que les Romains leur ont
donné le nom de Germant, qui signifie frères en latin (1).
Sans donner à cette étymologie populaire plus d'impor-
tance qu'elle n'en mérite, il convient de remarquer qu'elle
répond bien à l'idée que se faisaient les Grecs et les Ro-
mains des relations intimes des Celtes et des Germains.
Beaucoup de particularités de mœurs et d'usages ou bien
sont communes aux deux peuples, ou ont été attribuées
tantôt à l'un, tantôt à l'autre. Mercure est, d'après Tacite,
le dieu qu'honoraient le plus les Germains ; ils regardaient
comme plus conforme à la grandeur céleste de ne pas en-
fermer les dieux dans des murailles et de ne pas les figurer
à l'image de l'homme, et le lieu consacré au culte est une
portion de bois (2). Les Semnons, peuple suève, faisaient
des sacrifices humains (3). Les Germains se prétendaient
issus d'un dieu (4). Les cadavres des nobles Germains
étaient brûlés sur des bûchers formés de certaines espèces
de bois (5). Les nobles germains sont entourés de comités
analogues aux amhacti des Gaulois (6). Les Germains ne
traitent aucune affaire publique ou privée, qu'en armes (7).
Ils comptent par nuits et non par jours (8), ils sont très
lîOspitaUers i9). Leurs boucliers sont peints des couleurs les
(1) Géographie, iv, 4, 2 ; vu, 1, 2. Cf. Eustathe, Commentaire
de Denys le Périégète, v. 285 ; Jullian, Histoire de la Gaule, t. i,
p. 231, n., croit que l'identité des Celtes et des Germains fut
acceptée jusqu'au temps de Poseidônios.
(2) Germanie, 9. Cf. ci-dessus, p. 299, 341, S45.
(3) Germanie, 39. Cf. 9 et ci-dessus, p. 348.
(4) Germanie, 2. Cf. ci-dessus, p. 303.
(5) Germanie, 27. Cf. ci-dessus, p. 189.
(6) Germanie, 14. Cf. ci-dessus, p. 258.
(/) Germanie, 13. Cf. ci-dessus, p. 236.
(8) Germanie, 11. Cf. ci-dessus, p. 375.
(9) Guerre de Gaule, vi, 23, 9 ; cf. ci-dessus, p. 150.
452 CELTES ET GERMAINS
plus belles (1). Philon rapporte que les Germains osent
prendre les armes contre les éléments et vont au devant de
la mer comme à la rencontre d'une bande d'ennemis (2).
En(in, comme nous l'avons déjà remarqué (p. 12), les
noms KsXto! et raXâxai désignent tantôt les Germains,
tantôt les Gaulois (3). Nous avons déjà signalé p. 121 la
parenté des noms d'hommes germains et gaulois. ^
Môme, quelques noms de peuplades données comme ger- l
maniques sont celtiques, ou du moins s'expliquent facile- !
ment par les langues celtiques. Tels sont les Nemetes ou
Nemetae, cf. nemeton « endroit consacré » ; les Triboci, cf. i
le nom carnute Toiito-hocios et les noms bien connus Tri- ■
casses, Tri-uocanles ;\es Marco-manni,'cî. Marco-magus, à
Marco-diirum, Ceno-maïuii. 1
Ces rapports sont d'autant plus curieux que les anciens H
ont plus d'une fois signalé les différences qui séparaient la ij
langue des Gaulois de celle des Germains. Le gaulois étai- ;
pour Arioviste une langue étrangère qu'il avait apprise à la i
suite des rapports continuels qu'il avait avec les Gau- |
lois (4). Tacite distingue à l'aide de la langue certaines peu-
plades celtiques établies en Germanie (5). Les prisonniers
gaulois que Caligula veut faire passer pour Germains
doivent apprendre la langue germanique (6).
Quoi qu'il en soit, si l'on ne peut douter que les rapports
(1) Tacite, Germanie, 6. Cf. ci-dessus, p. 285.
(2) Des songes, p. 1124. Cf. ci-dessus, p. 149.
(3) Sur l'état social des Germains comparé à celui des Gau-
lois, voir L. DE Valroger, Les Celtes cl la Gaule celtique, Paris,
1879, p. 86-185.
(4) Guerre de Gaule, i, 47.
(5) Germanie, 43.
(6) Suétone, Caligula, 47.
l'empire^celtique 453
entre Celtes et Germains aient été singulièrement étroits,
les seules preuves linguistiques que nous possédons ne
peuvent suffire à démontrer que les Celtes et les Germains
aient constitué un même tout politique et, à plus forte
raison, que les Germains aient été sous la domination cel-
tique.
IV
L'opinion commune, tant des anciens que des modernes,
place l'établissement primitif des Celtes en Gaule. La plus
ancienne population de la Gaule que la science puisse
atteindre serait la population celtique. C'est de Gaule que
les hordes celtiques qui envahirent l'Espagne, l'Italie, la
péninsule Balkanique, l' Asie-Mineure et la Grande-Bretagne
seraient parties.
A' cette opinion des objections d'ordre linguistique ont
été faites. Si les Celtes étaient les plus anciens habitants
de la Gaule, il est vraisemblable que leur langue aurait
laissé dans notre nomenclature géographique plus de
traces que nous n'en coHslatons, et surtout que les déno-
minations celtiques s'appliqueraient aussi bien aux mon-
tagnes et aux cours d'eaux qu'aux noms de lieux habités.
Or si les noms de lieux habités qui peuvent s'interpréter
par le celtique sont assez nombreux en Gaule, les noms
appartenant à l'orographie ou à l'hydrographie, à l'excep-
tion de Cebennon, Cévennes, de Vernodubrum « rivière des
Aulnes », en français Verdouble, peut-être de Renus,
Rhin, Diibis <i (rivière) noire», Vidubia i\ Vouge >/, Vici-
nonia « Vilaine » (cf. Marti Vicinno) (1) semblent étran-
(1) J. LoTii, Annales de Bretagne, t. xxii, p. 163.
454 ORIGINE DES CELTES
gers aux langues celtiques. Tels sont : Rhodanus et Rho-
taniis, Sequana ; Isara, Oscara, Avara, Savara, Jura,
Sara, Autura, Thara, Lesiira ; Drueniia. Cantia, As-
mantia ; Vimina, Sumina, Ganimna, Irumna, Olomna,
Vultumna; Oltis; Aliso ; Dornonia, Matrona. D'après
H. d'Arbois de Jubainville (1), ces noms seraient ligures.
Les Celtes n'auraient donc dénommé en Gaule que les for-
teresses qu'ils avaient fondées, et les noms proprement
géographiques seraient dûs aux populations qui les ont pré-
cédés sur le sol de notre pays. Ces populations constitue-
raient pour une bonne partie la plebs, réduite presque à
l'état d'esclavage, que dominait l'aristocratie celtique des
druides et des cqnites. Cette aristocratie celtique, peu nom-
breuse, mais fortement organisée et bien armée, serait
arrivée en Gaule à une époque historique et il faudrait
chercher au delà du Rhin le lieu d'origine des anciens
Celtes. C'est ce qu'aurait indiqué Marcellin lorsqu'il rap-
porte que, d'après les druides, à la population primitive de
la Gaule s'ajoutèrent des tribus venues des contrées trans-
rhénanes et des îles les plus reculées (2 .
D'autre part, si l'on fait partir les Celtes de l'Europe cen-
trale, on s'explique mieux et la présence dans l'Europe
centrale de nombreux noms de lieux témoignant d'établis-
sements à demeure des Celtes, et leurs invasions au sud-
est de l'Europe, plus difficiles à concevoir s'ils avaient eu
à traverser les forêts de la Germanie. L'émigration d'un
peuple vers des pays plus fertiles est assez naturelle ; le
(1) Les premiers habitants de l'Europe, 2^ éd., t. ii, p. 124-195,
Sur la langue des Ligures, voir C. Jullian, Histoire de la Gaule.
t. I, p. 110-125.
(2) Ci-dessus, p. 414.
L EMPIRE CELTIQUE
455
départ des Celtes d'un pays fertile comme la Gaule pour
un pays moins fertile comme la Germanie serait fort in-
vraisemblable. Enfin, les écrivains anciens eux-mêmes,
bien qu'ils semblent avoir traduit le plus souvent le mot
KîXTr/.ôv, qui désigne le peuple ou le pays des Celtes en gé-
néral, par Gallia (1), qui dénomme à l'époque romaine la
Gaule habitée par les Celtes lors de la conquête romaine,
n'ont-ils pas, peut-être à leur insu, laissé subsister dans
leur texte quelques traces de l'ancienne géographie poli-
tique de l'Europe *? Je ne crois guère que l'on puisse fonder
une thèse scientifique sur la description naïve d'Ephore qui
place aux quatre extrémités de la terre les Celtes, les In-
diens, les Ethiopiens et les Scythes (2). Faut-il attacher
plus d'importance au texte de Denys d'Halicarnasse qui
nous dit que la Celtique est un grand pays qui occupe
presque le quart de l'Europe, qu'elle est bornée par les
Pyrénées, l'Océan, les Scythes, les Thraces et le Danube.
Ce texte est, en tout cas, le développement de celuj
d'Ephore, et le fait que Denys ajoute que la Celtique est
partagée en deux par le Rhin prouve qu'il confondait les
Celtes et les Germains. Mais on doit remarquer que Tite
Live, dans son récit de l'invasion celtique en Italie, emploie
pour désigner le pays des Galli le mot Celiicum : ii regem
Geltico (3) dabant (mot que l'on ne retrouve nulle part
ailleurs employé comme substantif, et qui n'est sans doute
que la transcription du grec ivcÀt-.y.ôv), et qu'il fait passer
(1) Voir ci-dessus, p. 406.
(2) Strabon (iv, 4, 6), trouvait qu'Ephore avait singulière-
ment exagéré l'étendue de la Celtique.
(3) Cf. to 'E).Xr|V'./.ôv « les Grecs », zh S/uOt/.ôv « les Scythes »,
10 Deoo-i/.ôv '< les Perses ».
456
ORIGINE DES CELTES
les Celtes, de leur pays en Italie, par VAlpis Julia. Si les
Celtes étaient établis dans l'AlIemagno du sud, ïAlpis
Julia était le chemin le plus direct. Or, dans le bassin du
haut Danube, on trouve non-seulement des noms cel-
tiques de villes comme Segodunum Wiirzburg, Devona
Bamberg, Locoritum Lohr, mais aussi des noms celtiques
de rivières : Diihra Taubei', affluent du Main ; Labara
Laber, nom de quatre affluents du Danube (cf. le gallois
llajar résonnant) ; LiUra d^où Lauter, nom d'affluents du
Danube et du Rhin ; et un nom celtique de montagne :
Arciinia, nom de l'Erzgebirge (1). De plus, les auteurs an-
ciens qui nous parlent des invasions celtiques en Italie
nous disent que les Celtes traversèrent les Alpes, sans que
nous puissions déterminer s'il s'agit des Alpes occidentales,
centrales ou orientales ; il nous est donc permis de préciser
à notre guise les notions vagues qu'ils nous ont données.
Les plus anciens écrivains, du vi* au iv* siècle, a re- ff
marqué M. Jullian (2), semblent placer les Celtes sur les f
côtes de la mer du Nord, dans les plaines basses et souvent £
envahies par la mer du nord-ouest de la Germanie. Dans
le périple traduit par Aviénus, les Celtes sont les peuples
que l'on trouve en quittant les Iles Britanniques et en
allant vers le Nord. Leur pays était inondé par l'Océan,
nous apprennent Timagène (rapportant une tradition drui-
dique), Aristote et Ephore. Les anciens allaient chercher
l'ambre sur les côtes méridionales de la mer du Nord , dans
(1) H. d'Arbois de Judainville, Les premiers habitants de
l'Europe, 2e éd., t. ii, p. 278-282. Voir ci-dessus, p. 64, G5, 112,
11 G.
(2) L' Anthropologie, t. xiv (1903), p. 251. Histoire de la Gaule,
t. I, p. 229 et suiv.
L EMPIRE CELTIQUE
457
un pays d'abord occupé par les Ligures, puis par les
Celtes (1). Diodore place les Galates, qu'il distingue à tort
des Celtes, dans les régions situées au-dessus de la Cel-
tique, le long de l'Océan (2). Ce sont ces Galates, ajoute-t-
11. qui prirent R,onie, qui pillèrent le temple de Delphes,
qui rendirent leur tributaire une grande partie de l'Eu-
rope et une partie importante de l'Asie, et qui s'établirent
dans les pays occupés par les peuples qu'ils avaient
vaincus. Il fut donc un temps où les Celtes habitaient au
nord-ouest de la région oîi nous les trouvons étabHs vers
le IV"' siècle.
Si l'on admet comme vraisemblable que le domaine des
Celtes, le plus ancien que nous puissions déterminer, était
l'Europe centrale, dans quel ordre se classent les établis-
sements celtiques (3) dans le reste de l'Europe ?
La première invasion des Celtes aurait eu lieu dans les
Iles Britanniques vers l'an 800 avant notre ère, d'après
H. d'Arbois de Jubainville (4) et il est vraisemblable qu'il
faut encore reculer cette date (5). Mais aucun témoignage
historique ne nous l'atteste. On ne peut en fixer la date
que si le mot /.aajÎTspoç, qui désigne l'étain dans Y Iliade,
est un mot celtique. D'autre part, les différences profondes
(1) H. d'Arbois de Jubainville, Les premiers habitants de
l'Europe, 2^ éd., t. i, p. 342-343.
(2) Bibliothèque, v, 32. Cf. Pausanias, i, 4 ; Tite-Live, v,
27,2.
(3) Voir H. d'Arbois de Jubainville, Les Celles depuis les
temps les plus anciens, p. 17-26, 79-204. On trouvera un exposé
chronologique de l'histoire des Celtes jusqu'en 324 av. J.-C.
chez Dom Martin, Eclaircissemens historiques sur les origines
celtiques et gauloises, avec les quatre premiers siècles des annales
des Gaules, Paris, 1744, p. 207-288.
(4) Les premiers habitants de l'Europe, 2^ éd., t. ii, p. 282-283.
(.5) J. LoTH, Annales de Bretagne, t. xxii, p. 165.
458
MIGRATIONS
qui séparent le gaélique des dialectes bretons ne peuvent
s'expliquer que si les deux rameaux actuels de la race
celtique, les Gaëls et les Bretons, ont été séparés pendant
des siècles, et s'il y a eu deux invasions celtiques, à des
époques éloignées l'une de l'autre, dans les îles Britan-
niques. L'invasion des Celtes de Belgique dans le sud de la
Grande-Bretagne pouvant être datée du ni^ siècle (1), on
est donc fondé à reporter à quelques siècles en arrière la 3
première invasion. l
Ce serait entre 700 et oOO que les Celtes auraient pour la
première fois pénétré dans le nord et l'est de notre pays.
Car au vii^ siècle, on ne mentionne que les Ligures (2),
tandis que Festus Aviénus, reproduisant sans doute le pé-
riple dHimilcon (v* siècle), parle d'une région jadis habitée
par les Ligures, mais alors occupée par les Celtes. D'autre
part, Festus Aviénus ne cite pas les Celtes parmi les habi-
tants de l'Espagne (3), tandis qu'Hérodote au milieu du
V® siècle, Ephore au milieu du iv" siècle, Eratosthène
à la fin du ni^ les y montrent établis. Or les Celtes
n'ont dû pénétrer en Espagne qu'après avoir soumis la
Gaule (4).
L'établissement des Celtes en Espagne daterait, d'après
ce qui précède, du v'' siècle. Les noms de lieux celtiques que
(1) Ci-dessous, p. 461. Romilly Allen (Celtic Art in pagan
and Christian times, p. 21 ; 61) suppose que l'âge de fer dans la
Grande-Bretagne commence à l'invasion des Belges.
(2) PsEUDO-HÉsioDE, Calulogues, fr. 132, chez Strabon, vu,
3, 7.
(3) A moins qu'ils ne se dissimulent, comme le pense M. L. Si-
ret, sous le nom des Cempsi. Revue archéologique, t. x (1907),
p. 385-386.
(4) H. d'Arbois de Jubainville, Renie celtique, t. xxiv,
p. 162-169.
l'empire celtique 459
l'on relève dans la péninsule ibérique pourraient donc re-
monter à cette époque (1).
C'est peut-être aussi lorsqu'ils développaient leur puis-
sance à l'ouest et au sud, que les Celtes envahirent au
sud-est la Vindélicie et chassèrent les Illyriens du Norique
et de la Pannonie (2). Cette hypothèse, outre qu'elle ren-
drait compte de la présence de noms celtiques tant de
personnes que de lieux dans ces pays, expliquerait pour-
quoi, au i^"" siècle avant notre ère, l'historien Sempronius
Asellio, reproduisant sans doute un auteur plus ancien,
écrivait que la ville de Noreia (aujourd'hui Neumarkt en
Styrie) était située in Gallia, c'est-à-dire en pays cel-
tique (3).
Pour Trogue Pompée, la conquête de la Pannonie par les
Gaulois est contemporaine de leur invasion en Italie.
Nous avons vu d'ailleurs que les Taurisci du Norique,
les Boii, les Scordisci de Pannonie, les lapodes d'dlyrie
sont des peuples celtiques. Les guerres des Celtes avec les
Autariates et les Venètes, peuples illyriens qui étaient
maîtres de la Pannonie, ^d'une partie de la Thrace et des
bords de l'Adriatique, leur alliance en 336 avec Alexandre
le Grand contre les Triballes, peuple de Thrace, les luttes
(1) H. d'Arbois de Jubainville, Les Celles en Espagne.
Revue celtique, t. xiv, p. 357-395 ; t. xv, p. 1-61, 160-173,
J. Leite de Vasconcellos, Les Celtes de la Lusitanie portu-
gaise. Revue celtique, t. xxiii, p. 74-82.
(2) H. d'Arbois de Jubainville, Les premiers habitants de
l'Europe, 2® éd., t. i, p. 304-305. Voir ci-dessus, p. 416.
(3) Cf. Velleius Paterculus (ii, 12, 2), qui place in Galliis
la défaite de Carbon à Noreia par les Cimbres et les Teutons ;
et Florus, m, 3, 1, qui fait venir les Cimbres et les Teutons des
extrémités de la Gaule. H. d'Arbois de Jubainville, Revue
celtique, t. xii, p. 18-19.
460
AMBIGATUS
i^
des Boii avec les Daces, sont attestées par les historiens 'i.
de l'Antiquité (l).
Y eut-il, à cette époque, une solide unité politique chez
les Celtes, et le roi Ambigatus fut-il une sorte de Gharle-
magne qui aurait réuni sous son empire tous les pays
conquis par les Celtes (2)*? Rien n'autorise à l'affirmer, et
le texte concis de Tite Live ne peut guère fournir une
matière suffisante à de telles déductions. Au lieu d'être un
Charleinagne historique, Ambigatus est-il seulement un
Cbarlemagne de légende ? cela même, nous ne pouvons
guère le dire. Est-ce Ambigatus qui provoqua l'invasion
celtique en Italie? Il y a contradiction, comme nous l'avons
vu, entre Polybe qui nous montre les Gaulois s'emparant
de Rome vers 38G et Tite Live qui donne deux dates diffi-
cilement conciliables, 600 (3) et 390 (4). Si Polybe a raison
l'invasion des Gaulois en Italie et la i)rise de Rome ne
peuvent être contemporains d'Ambigatus qui vivait au
temps de Tarquin l'Ancien. Pline, Diodore de Sicile et
Appien s'accordent à placer vers 396 les luttes des Gau-
lois avec les Etrusques ou Tyrrliènes et fortifient ainsi le
témoignage de Polybe. Il n'est donc guère probable qu'il
y ait eu deux invasions celtiques en Italie, à trois siècles
de distance (5).
(1) Voir ci-dessus, p. 30, ?,2, 33, 405, 417. Polybe, ii, 18 ;
Strabon, V, 1, 6.
(2) H. d'Arbois de Jubainville, ibid., t. ii, p. 297-304.
(3) V, 33, 5 ; 34, 1. Cf. Plutarque, Camille, 16 ; Romulus,
17, 12.
(4) V, 33, 2. Cf. Diodore, xiv, 113, 1 ; Appien, Celtiques, 2,
1 ; Plutarque, Camille, 22.
(5) H. Hubert, Revue celtique, t. xxxiv, p. 426 ; Niese,
Real-Encijclopœdie de Pauly-Wissowa, t. vu, col. 613-617.
Voir toutefois A. Bertrand et S. Reinach, Les Celtes dans les
vallées du Pô et du Danube, p. 27-32 ; 43-45.
l'empire celtique 461
Quoi qu'il en soit, d'après le récit même de Tite Live,
tandis qu'une fraction de l'armée celtique pénétrait en
Italie, sans doute par la vallée du Danube et la voie du No-
rique (1), un autre corps de troupes remontait au nord,
vers la forêt Hercynienne. Il dut se trouver en contact avec
les Germains. Les Celtes soumirent- ils les Germains ? On ne
peut l'affirmer (2) ; mais, plusieurs siècles plus tard, on
trouvait encore au centre de l'Europe des peuples celtiques,
par exemple les Voîcae Tedosages, près de la forêt Hercy-
nienne (3j, les Gotini, au sud-est de la Germanie (4), les
Boii, en Bohême (o), et on se souvenait encore que les Hel-
vetii étaient jadis établis entre la forêt Hercynie, le Rhin et
le Main (6).
A quelle date les Belges, peuple celtique mélangé d'élé-
ments germaniques, franchirent-ils le Rhin pour s'établir
au nord de la Gaule '? Probablement au temps oii d'autres
Celtes, venus sans doute aussi de Germanie, s'établissaient
dans la Aallée du Rhône. Or, entre les Pyrénées et le
Rhône, le Pseudo-Scylax (milieu du iv'' siècle) ne men-
tionne que des Ibéro-Li^ures, et entre le Rhône et les Alpes
que des Ligures. La perte du Rhône, d'après Aristote, est
située en Ligurie. Il n'en était plus de même en 218. An-
nibal, traversant la Gaule méridionale, ne trouva sur son
(1) DÉCHELETTE, Muiiuel d'arcliéologie, t. ii, p. 577.
(2) H. d'Arbois de Jubainvii-le, Les premiers habitants de
l'Europe, t. ii, p. 32.5-329, a essayé de démontrer cette thèse que
combat E. Windisch, Beridite ïihcr die Verhandliingen der kôni-
glich sàchsischen Gesellschajl der Wissenschaften :u Leipzig,
1897, p. 101-126.
(3) César, Guerre de Gaule, vi, 24.
(4) Tacite, Germanie, 43.
(5) Tacite, Germanie, 28 ; 42.
(6) Tacite, Germanie, 28.
462
BELGES
passage que des Gaulois. D'autre part, Tite Live mentionne
l'arrivée des Gaulois eu Provence en même temps que leur
première descente en Italie, et Justin place les guerres des
Grecs de Marseille contre les Gaulois et les Ligures avant
la prise de Rome par les Gaulois. L'invasion des Belges se
placerait donc au ni'^ siècle. Elle est sans doute contempo-
raine de l'invasion celtique en Grèce (1).
L'établissement des Belges en Gaule est sans doute un
peu antérieur à leur passage en Grande-Bretagne, oii ils se
trouvèrent en contact avec les Gaëls arrivés depuis plu-
sieurs siècles, et où ils substituèrent le breton au gaé-
lique, (2). Le gaélique ne se maintint qu'en Irlande, oîi les
établissements des Belges furent peu nombreux. Le roi Di-
viciacus, peu avant la conquête de la Gaule, avait régné non
seulement sur une grande partie de la Belgique, mais en-
core sur la Grande-Bretagne (3).
Les autres invasions des Celtes nous sont mieux connues.
Nous savons que c'est en 279 qu'eut lieu l'expédition de
Brennos en Grèce et que, peu après cette date, les Celtes
fondèrent en Thrace un royaume, et s'établirent au centre
de r Asie-Mineure, en Galatie (278). Mais, presque au mo-
ment oii des Celtes pénétraient dans la péninsule des Bal-
kans, d'autres Celtes, passant les Alpes, descendaient en
Italie (29s) et faisaient alliance avec les Gaulois cisalpins (i)
(1) H. d'Arbois de Jubainville, Revue celtique, t. xxiv,
p. 162, 169. Recherches sur l'origine de la propriété foncière,
p. 119 ; Les premiers habitants de l'Europe, 2« éd., t. I, p. 377-
378.
(2) D'après H. d'Arbois de Jubainville, Revue celtique,
t. xxvin, p. 32-40, ces Belges sont sans doute les Galiàin dont
l'épopée irlandaise raconte l'arrivée en Irlande vers 216 av. J.-C.
(3) Guerre de Gaule, ii, 4. Cf. v, 12.
('ij PoLYBE, II, 19. D'après Diodore, xiv, 117, 7, les Celtes
pénétrèrent jusqu'en lapygie au sud de l'Italie.
l'empire celtique 463
qui occupaient le pays depuis un siècle. En 236, 22o, 222,
des Transalpins sont appelés en Italie par les Cisalpins (1).
En 186, des Celtes encore allaient bâtir une ville au nord
de l'Adriatique (2). Enfin, en 179, trois mille Gaulois tran-
salpins venaient en Italie demander des terres au peuple
romain (3).
Tels auraient été, autant qu'on peut le déduire des rares
données de l'histoire et de la linguistique, les développe-
ments successifs et intermittents de la puissance celtique.
Cette puissance fut éphémère.
Dès le ni® siècle 238-219), les Carthaginois s'emparaient
de l'Espagne ; les Romains les y remplaçaient en 201.
Puis les Romains conquéraient successivement la Gaule
Cisalpine (283-192), la Galatie (189-25), la Gaule Nar-
bonnaise (154-118), l'IUyrie (129), la Gaule Celtique et Bel-
gique (58-50) (4), la Rhétie, la Vindélicie, le Norique (16-9
av. J.-C.). Enfin, la Grande-Bretagne, dont la conquête
avait été commencée en 55 av. J.-C, est soumise jus-
qu'aux montagnes de l'Ecosse (78-85 après J.-C).
Seule, à l'extrême ouest de l'Europe, l'Irlande restera
celtique jusqu'à la conquête momentanée des Scandinaves
et la conquête définitive, semble-t-il, des Anglo Saxons.
(1) PoLYBE, II, 21 ; 22 ; 23 ; 34. Cf. Mommsen, Die gallische
Katastrophe, Rômische Forschungen, Berlin, 1879, t. ii, p. 297-
381.
(2) TiTE LivE, XXXIX, 22 ; 54.
(3) TiTE LxvE, XL, 53, 5-6.
(4) Voir sur la date de l'annexion C. Jullian, Revue archéolo-
gique, t. XV (1910), p. 104-136, en réponse à une hypothèse do
G. Ferrero, ibid., p. 93-103.
ROYAL DUBLIN SOCIETY
SPRiV&WoW
May 5, 6, 7, 8 & 9, 1953
CONCLUSION
L'inventaire, que nous venons de dresser, de tous les
renseignements que l'on peut recueillir sur les plus anciens
Celtes donne, il faut l'avouer, des résultats médiocres. Les
Celtes insulaires ne nous ont laissé aucun document qui
soit antérieur au viii^ siècle, et les plus anciennes légendes
irlandaises, si l'on admet qu'elles soient fondées sur des
faits historiques, n'ont trait qu'à une partie peu étendue du
monde celtique. Les Celtes du continent ne nous sont
connus que par le portrait qu'en firent les Grecs et les Ro-
mains ; mais, par une malice du sort, les textes les plus in-
téressants pour l'histoire des Celtes occidentaux antérieu-
rement à la conquête romaine ne nous sont point parve-
nus ; nous n'en trouvons que des fragments dans des com-
pilations de valeur discutable ; nous risquons de considérer
comme des phases successives de l'existence des peuples
celtiques les notions qu'en acquirent progressivement au
cours des siècles les écrivains de l'Antiquité. A peine sa-
vons-nous quelle signification attribuer aux mots par les-
quels les anciens désignaient les Celtes ; car, le plus sou-
vent, ils confondaient les Celtes et les Germains. De la
G, DoTTiN, — Manuel de l'antiquité celtique- 30
1
466 CONCLUSION y-,
langue nous ne connaissons, sauf les noms propres, que
quelques termes et nous ne pouvons la restituer dans ses
éléments essentiels qu'à l'aide des dialectes celtiques des
lies Britanniques.
La vie privée et la vie publique ne nous sont guère con-
nues (si l'on meta part les monuments et les objets qui, étanj
tous sans inscriptions, ne peuvent être avec une certitude
absolue attribués aux Celtes), qu'à l'époque de la conquête
romaine et par des écrivains que leur patriotisme étroit
rendait peu curieux et peu clairvoyants. La religion nous
apparaît tout obscurcie par des assimilations, sans doute
superficielles, avec la mythologie gréco-romaine. Et la
superposition des images que nous fournissent l'histoire, la
linguistique et l'archéologie ne laisse des Celtes qu'un por-
trait confus.
Ils nous apparaissent, perdus dans les brouillards glacés,
dans les sombres forêts et les déserts incultes du centre et
du nord-ouest de l'Europe, instinctivement attirés vers les
pays du soleil. L'Espagne, l'Italie, la Grèce voient passer
leurs hordes sauvages, guerriers à demi-nus ornés de colliers
et de bracelets d'or, lourds chariots portant des femmes et
des enfants. F.orsqu'après des combats sans merci ils ont
conquis un coin de terre, ils s'y établissent et construisent
des enceintes aux murs solides oiî ils puissent se réfugier en
cas de guerre. Mais, quand ils n'ont plus d'ennemis à com-
battre, ils se divisent entre eux et, à la faveur de leurs dis-
sensions, les peuples qu'ils ont soumis ou de nouveaux
conquérants les obligent à quitter le sol qu'ils ont acquis
par la force de leurs armes. Alors ils reprennent leur
course vagabonde vers les extrémités de l'Europe, harcelés
par les tribus dont ils traversent le territoire. Ils arrivent
A'
CONCLUSION 467
sur les bords de rOcéan, et parviennent jusqu'à l'Helles-
pont ; rien ne les arrête : ils passent dans les îles extrêmes
de l'Ouest; ils pénètrent jusqu'au centre de l'Asie-Mineure.
Les routes qu'ils suivirent sont sans doute celles où huit
siècles plus tard défilèrent dans le même désordre les
Goths, les Huns, les Vandales, les Gépides, les Lombards
et les Burgondes, et à défaut de description des migrations
gauloises, nous pourrions lire chez les écrivains du Moyen
Age ie récit des invasions barbares.
Les Celtes du m® siècle avant notre ère ne tardèrent pas
à se civiliser au contact des populations voisines qu'ils
avaient soumises ou quijles subjuguèrent, Les Galates d'Asie-
Mineure furent rapidement grécisés. Les Gaulois adoptèrent
avec empressement la civilisation romaine et oublièrent
leur langue pour parler latin. Lorsqu'ils eurent renoncé
aux expéditions lointaines et aux guerres civiles, la vie pas-
torale, qu'ils menaient dans leur pays d'origine, les reprit
tout entiers. En Gaule Cisalpine comme en Gaule Transal-
pine, ils se livrent à l'élevage du bétail et à la culture des
céréales. Ils font preuve de bonne heure de dispositions heu-
reuses pour l'industrie et s'appliquent à décorer leurs
armes par de nouveaux procédés.
Il est difficile de les distinguer des peuples arrivés à un
état de civilisation analogue ; la commune dénomination de
barbares dans laquelle les Grecs et, après eux, les Romains
comprenaient toutes les nations qui n'étaient ni grecques
ni romaines, nous apparaît ainsi, avec le recul des siècles,
comme l'expression d'une vérité ethnographique. Quels
détails de mœurs ou d'institutions, quelle communauté de
souvenirs historiques constituaient la caractéristique des
Celtes par opposition aux Germains, aux Ligures, aux
468 CONCLUSION §
Ibères, aux Ulyriens, aux Thraces et aux Scythes? Nous ne
pouvons le dire d'après les vagues notions, dispersées dans
l'espace et dans le temps, que les anciens nous ont laissées.
Les hommes d'imagination que hante l'idée d'une race
celtique ne sauraient trouver chez les Celtes de l'Antiquité
une matière suffisante à leurs délicates recherches. Peuvent-
ils essayer de dégager ce qui appartiendrait au fonds cel-
tique dans l'ensemble des caractères propres aux peuples
modernes qui habitent aujourd'hui les pays jadis occupés
par les Celtes 1 II leur faudrait alors étudier à ce point île
vue non seulement les Français, mais encore les Allemands
du sud et les Autrichiens, les Itahens du bassin du Pô et
même les Espagnols. Il est évident que les caractéristiques
de ces peuples tiennent plus à la terre qu'ils habitent et
aux groupements politiques dont ils font partie qu'aux sur-
vivances hypothétiques d'un état antérieur que nous ne
connaissons guère. A-t-ou [)lus de chances de retrouver les
Celtes primitifs chez les peuples celtiques qui habitent en-
core aujourd'hui les Iles Britanniques? Peut-être. Mais la
situation géograpbique des Celtes insulaires n'en a-t-elle
pas fuit une race à part qui, dès l'Antiquité, se distinguait
nettement des Celtes du continent? Peut-on d'ailleurs faire
abstraction des conditions historiques dans lesquelles ils se
sontdéveloppés ? Le Gallois, l'Irlandais et le Breton sont-ils
donc si semblables '? Il est probable que les Celtes de notre
temps n'ont de commun avec ceux de l'Antiquité que les
formes de pensée créées parl'emploidu même langage en ses
traits essentiels ; et que, si l'on fait abstraction de ce qu'ils
doivent à leur sol et aux influences extérieures, ils n'ont
guère recueilU d'autre héritage de leurs ancêtres que cette
angue celtique qu'ils tiennent à faire revivre.
CONCLISION
469
Il y a quelque tristesse à montrer ainsi les bornes de la
science de l'antiquité celtique, bornes provisoires, il est
vrai, qu a l'avenir peut-être des chercheurs pourront recu-
ler encore ; bornes nécessaires pour arrêter l'élan des im-
prudents lancés à toute vitesse sur la route de l'hypothèse
et de la chimère ; et l'on se sent quelque regret de toute la
peine dépensée, lorsqu'on songe qu'il ne manque pas de
sources d'étude plus fécondes que celles de ce passé loin-
tain, et lorsque l'on craint que les restes exhumés des an-
ciennes civilisations ne gardent à jamais leur secret. Mais il
y a aussi quelque douceur à évoquer, comme jadis Odys-
seus, les fantômes vagues et muets des Cimmériens de la
lécende.
I
INDEX DES AUTEURS
(Les chiffres indiquent les pages de ce manuel. Pour les auteurs
modernes, on trouve le lieu et la date de publication à la première
référence.
A
Acta Sanctorum. 69, 80, 82, 83,
114, 118, 314, 343, 432.
Afranius, 73.
Agatharchide de Cnide, 11.
Alexandre Polvhistor, 9, 378.
Allen (Romilly), 192, 423, 458.
Allmer. Voir : Revue épigra-
phique.
Ammien Marcellin, 19, 63. 73, 85,
141, 143, 146, 147, 149, 150,
163, 187, 301, 350, 352, 357,
359, 362, 364, 377, 378, 385,
413.
Ancient laws of Ireland, 344. ,
Annales Carnbriae, 4.
Annales de Bretagne. 19. 78, 222,
324, 330, 34o, 365, 389, 453.
Annales de la Faculté des lettres
de Bordeaux, 249.
Anthologie latine, 88.
Anthologie palatine. 13. 185.
Anthropologie (L'). 21. 41, 43, 51,
143, 212. 266, 284, 421, 456.
Antias. Voir : Valerius.
Antiquaires de France. Voir Mé-
moires, Bulletin.
Anwyl (E.), 294.
Apolïodore, 355, 395, 401, 404.
Apollonios de Rhodes, 326, 401.
Appien, 13, 24, 141, 142, 148, 151,
168, 176, 193, 202, 241, 243,
258, 269, 271, 281, 288, 360,
418, 440, 460.
Apulée, 65, 72, 76, «77.
Arbois de Jubainville (H.d'), VI,
VII, 3. 5, 12, 13, 14, 16, 19, 20,
22, 23, 24. 26. 29, 32, 55, 86,
94. 96. 101. 119, 120, 123, 125,
132, 138. 153, 156, 159, 160,
166, 167, 180, 182, 183, 184,
188, 193, 194, 195, 198, 202,
226, 231, 234, 239, 243, 246,
247, 248, 250, 252, 253, 254,
257, 259, 260, 264, 268, 270,
272, 277. 278, 281, 297, 298,
299, 301, 305, 306. 310, 312,
315, 317, 318, 320, 321, 327,
328, 338, 339, 341, 345, 347,
349, 358, 363, 365, 369, 370,
371, 374, 378, 379, 380, 383,
385, 386, 394, 395, 411, 412,
426, 428, 438, 444, 446, 448,
449, 450, 454, 456, 457, 458,
459, 460, 461, 462.
Archaeologia Cambrensis, 159,
192, 423.
Archiv fur Anthropologie, 40.
Aristodème, 240.
Aristote, 145, 149, 172, 189, 377,
397, 456, 461.
Arrien, 10, 14, 67, 75, 86, 149,
201, 203, 204. 252, 264. 279,
334, 397, 400.
Artémidore d'Ephèse, 9, 203,
335, 405.
Asinius PoUion, 300.
Athénée, 7, 33, 62, 145, 147, 160,
161, 162, 163, 164, 165, 185,
472
INDEX DES AUTEURS
186, 238, 253, 318, 347, 349,
359, 360, 398.
Auguste, 13.
Augustin (saint), 68, 301, 327.
Aulu-Gelle, 66, 71, 171, 204, 270.
Aurelius Victor, 68, 85.
Ausone, 80, 86, 87, 112, 135, 271,
308, 330, 365, 379, 429.
Aviénus (Festus), 8, 81, 224, 396,
405, 456, 458.
B
Babelon, 49, 267.
Babut (Ch.), 134.
Barthélémy (A. de), 49, 215, 216,
296.
Barzaz Breiz, 389.
Baumeister, 46.
Baye (J. de), 174, 214, 285.
Becker (J.), 55.
Beilriige zur Kunde der indoger-
manischen Sprachen, 55, 57,
90, 101, 408.
Bcitriige zur verglcichendcn Spra-
chforschung, 55, 99.
Béjottes, 339, 340, -368.
Beloch (J.), 242.
Bérard (A.), 28.
Bergaigne (A.), 356.
Berichte ûber die Verhandlungcn
der kôniglich suchsischen Ge-
sellschaft der IVissenschaften
zii Leipzig, 461.
Bertrand (Alexandre), VII, 14,
26, 40, 44, 48, 51, 174, 177, 197,
212, 276, 283, 284, 289, 292,
294, 297, 305, 319, 324, 331,
341, 344, 386, 390, 391, 394,
408, 423, 460.
Bezzenberger. Voir : Beilriige zur
Kunde...
Bienkowski, 44.
Blanchet (A.), 49, 96, 104, 148,
160, 179, 217, 218, 276, 278,
285, 287, 297, 324, 387, 404.
Bloch (G.), VIII, 346.
Boissonade, 79.
Boretius, 81, 344.
Bouquet (Dom), 11.
Bourquelot (F.), 33.
Bréal (Michel), 26, 79, 94.
British Museurn, 287.
Brown (A. G. L.), 155, 164.
Brugmann (K.), 125.
Brunot (F.), 135.
Bruns, 344.
BuUeid, 44.
Bulletin archéologique du Comité
des travaux historiques, 174.
Bulletin de correspondance hellé-
nique, 46.
Bulletin historique et philologique
94.
Bulletin de la Société archéologique
d'Ille-et-Vilaine, 339, 340.
Bulletin de la Société archéologique
du Limousin, 388.
Bulletin de la Société nationale des
Antiquaires de France, 97, 266.
Bulliot (J.-G.), 43, 153, 157, 158,
191, 219, 327, 394.
Caecina, 73.
Cailletet, 157.
Callimaque, 157, 12, 301, 400.
Cambry, 137, 387.
Capitulare de villis, 84.
Cartailhac, 173, 205.
Castagne, 273.
Gastan (A.), 421.
Cath Finntriiga, 148, 187.
Caton l'Ancien, 14, 151, 219, 405.
Catulle, 71, 204,391.
Celse, 71, 204, 391.
Celtic Beview (The), 294, 378.
Cerquand (J.-F.), 310.
César et Ilirtius, 6, 9, 12, 17, 18,
19, 24, 27, 29, 30, 31, 35, 63,
64, 66, 69, 70, 73, 82, 86, 95,
119, 133, 142, 145, 146, 151,
152, 153, 154, 155. 156, 160,
162, 163, 167, 170, 178, 180,
181, 183, 187, 188, 189, 193,
194, 195, 197, 198, 199, 200,
203, 206, 207, 208, 217, 219,
220, 221, 222, 223, 224, 225,
228, 229, 230, 231, 232, 233,
234, 235, 236, 237, 238, 239,
240, 241, 242, 243, 244, 245,
246, 247. 249, 250, 251, 252,
254, 255, 256, 257, 259, 260,
261, 263, 264, 269, 272, 273,
274, 275, 278, 279, 280, 281,
•^:
INDEX DES AUTEURS
473
285, 290, 291, 292, 293, 299,
300, 303, 334, 336, 341, 343,
346, 349, 352, 353, 358, 364,
365, 366, 373, 375, 378, 380,
382, 385, 407, 427, 428, 429,
433, 439, 452, 461, 462.
Ghabouillet (A.), 49.
Chantre (E.), 422.
Charisius, 14, 151.
Chateaubriand, 383.
Chatellier (P. du), 213, 324.
Cicéron, 18, 24, 38, 63, 70, 145,
146, 150, 151, 166, 176, 179,
196, 219, 220, 261, 271, 335,
348, 364, 366, 372, 373, 406.
Claudien, 141, 276, 353.
Clément d'Alexandrie, 378.
Clitophon, 64, 74.
Closmadeuc (G. de), 331.
Collinet (P.), 180.
Columelle, 10, 63, 66, 72, 74, 83,
84,170,194,195,200.
Comhaire (Ch.), 421.
Comptes rendus de V Académie
des Inscriptions et Belles-lettres,
90, 98, 217, 313, 320, 374, 379.
Confessio S. Patricii, éd. White,
298,332.
Congrès archéologique de France,
158.
Congrès international d'anthropo-
logie, 189.
Congrès international de numisma-
tique, 49. ,
Consentius, 71, 127.
Cormac (Glossaire de), 68, 308.
Cornélius Nepos, 412, 414.
Corpus glossariorum latinorum,
67, 70, 73, 82, 87, 238.
Corpus inscriptionum latinarum,
24, 31, 92, 93, 94, 98, 99, 100,
101, 102, 160, 204, 300, 305,
309, 310, 316, 318, 328, 338,
339, 361, 365, 409, 427, 428,
429, 434, 436, 437, 439, 440,
441.
Cosmas Indicopleustes, 399.
Cougny (Edm.), 10.
Courbaud, 47, 144.
Cumont (Fr.), 326.
Cuny (A.), 73, 78.
Cymmrodor (Y), 4.
Daremberg. Voir Saglio.
Darmesteter (A.), 122.
Daubrée, 205, 208.
Davies (Edw.), 388.
Davis, 144.
De Bello Africano, 145.
De Bello Alexandrino, 449.
Dechambre (A.), 11.
Déchelette (J.), VIII, 40, 41, 42,
43, 44, 158, 161, 169, 170, 174,
175, 176, 177, 178, 190, 191,
192, 198, 206, 207, 208, 210,
211, 212, 213, 214, 217, 220,
223, 260, 267, 276, 277, 279,
280, 283, 284, 285, 287, 288,
290, 294, 393, 420, 421, 422,
423, 424, 425.
Delage (Fr.), 388.
Deloche (M.), 244.
Denys d'Halicarnasse, 141, 143,
162, 163, 172, 176, 269, 270,
289, 334, 350, 415, 455.
Denys le Périégète, 385, 418.
Desjardins (Ernest), 20, 28, 47,
157, 194, 235, 426.
Diacre (Paul), 63, 64, 74, 78, 238.
Dictionnaire archéologique de la
Gaule, 47, 90, 157, 169, 283,
287.
Dictionnaire des antiquités
grecques et romaines. Voir Sa-
glio.
Diefenbach, 55.
Digeste. Voir : Ulpien.
Dinn-Senchus, 385.
Diodore de Sicile, 13, 16, 18, 20,
22, 23, 24, 27, 63, 70, 71, 133,
141, 143, 145, 147, 149, 150,
152, 154, 160, 162, 163, 164,
166, 168, 169, 170, 173, 177,
178, 186, 187, 190, 194, 205,
206, 208, 220, 222, 229, 238,
240, 242, 247, 251, 255, 257,
258, 262, 263, 264, 271, 272,
275, 278, 279, 281, 282, 285,
286, 288, 289, 290, 292, 301,
302, 303, 334, 345, 346, 349,
352, 357, 358, 359, 360, 362,
366, 377, 382, 390, 397, 400,
412, 413, 457, 460, 462.
474
INDEX DES AUTEURS
Diogène Laërce, 330, 363, 374,
Dion Cassius et Xiphilin, 13, 74,
78, 95, 154, 162, 170, 172, 181,
182, 184, 198, 224, 229, 239,
264, 269, 279, 290, 308, 313,
335, 342, 346, 350, 402, 428.
Dion Chrysostome, 381.
Dioscoride, 65, 72, 75, 76, 77,
163.
Dissard, 96, 97, 336.
Ducange, 63.
Dugas{Ch.),47, 174, 287, 291.
Dunn (J.), 2.
Duruy, 369.
Duvau (L.), 32.
E
Ebel, 55.
Elien, 146, 149, 268, 347, 359.
Encyclopédie des sciences reli-
gieuses, 218, 243.
Endlicher, 65, 68, 69, 79, 80.
Ennius, 70.
Ephore, 398, 401, 455, 458.
Epiphane (saint), 77, 68.
Eratosthène, 401, 458.
Ernault (E.), 55, 74.
Ernault (L.), 339, 340.
Eschyle, 22, 395.
Espérandieu, 47, 90, 93, 97, 98,
148, 171, 174, 198, 204, 223,
275, 288, 289, 304, 316, 318,
319, 320, 323, 325, 328, 331,
338, 345.
Etienne de Byzance, 16. 22, 375,
395, 396.
Etymologicon magnum, 64.
Eudème, 149, 352.
Eudoxe, 346, 375.
Eumène, 19, 172, 329.
Eustathe, 64, 185, 292, 451.
Eutrope, 87.
Evans (J.), 217.
Ezéchiel, 80.
Fabius Pictor, 401.
Felire Oenguso, 344.
Ferrero (G.), 463.
Festus Aviénus. Voir : Aviénus.
Festus (Pompeius) et Paul Diacre
63, 64, 66, 74, 78, 83, 85, 87,
141, 238.
Fick (A.), 103.
Florus, 24, 111, 141, 142, 146,
149, 173, 210, 263, 275, 285,
301, 346, 418, 439, 459.
Flouest (E.), 267, 324.
Fœrster, 141.
Forbiger, 28.
Formigé, 47.
Fortunat, 64, 68, 115, 135, 361,
434, 443.
Fournet, 42.
Fragmenta historicorum graeco-
rum, 7, 22. 240, 258, 375, 378,
398, 399, 405.
Friederichs, 316.
Froehner, 292.
Frontin. 258, 265.
Fustel de Coulanges, VII, 227,
230, 237, 241, 249, 378. ■
a
Gaidoz (H.), V.VI.VII, 294,303,
322, 329, 332, 340, 384.
Gains, 188, 195.
Galien. 141, 188.
Garofalo (F.-P.), 32, 195, 248,
419.
Gassies (G.), 319, 320.
Geffoken (J.), 400.
Geoffroi de Monmouth, 4.
Géographe de Ravenne, 428, 433,
434, 436, 441.
Geographi graeci minores, 359.
398, 405, 418.
Gildas, 4.
Gloses malbergiques, 102.
Glûck (W.). 12, 55.
Gougaud (L.), 215.
Grammalici Intini, éd. Keil, 14,
71, 127, 151.
Grattius Faliscus, 67, 201, 202.
Gray, 44.
Greenwell, 51, 144,423.
Grégoire de Tours, 80, 83, 135,
304, 428, 431, 434, 436.
Grivaud de la Vincelle, 323.
Grœber, 55.
Oross (V.), 41, 51, 144, 280. 283,
287.
INDEX DES AUTEURS
475
Grundriss der Germaniachen Phi-
lologie, 449.
Grundriss der Romanischen Phi-
lologie, 55.
Guénin (G.), 324.
Ouillaud (J.-A.), 11, 73.
Haberl (R.), 34, 132.
Hamy (E.-T.), 51, 148, 144.
Hardv (Thomas Duffus), 11.
Hatzfeld, 122.
Havet (Julien), 188, 444.
Hécatée d'Abdère, 22.
Hécatée de Milet, 395.
Hennessy (W. M.), 316.
Henry (Victor), 122, 322.
Héraclide de Pont, 22.
Hergt, 5.
Hermolaos, 395.
Hérodien, 147, 172, 179, 207,
286, 290, 308.
Hérodote, 12, 20, 23, 31, 356,
395, 395.
Héron de Villefosse, 323.
Herr (L.), 86.
Hésiode, 353. — Voir pseudo-
Hésiode.
Hésychius, 64, 70, 79, 276, 278.
Kettner (F.), 167.
Hiéronyme de Cardia, 400.
Himilcon, 9, 396. Voir : Aviénus.
Hippolvte, 367. 391.
Hirscliield (O.), 328.
Hirt (H.), 449.
Hirtius. Voir : César, 120.
Histoire Auguste, 364.
Hochstetter (F. von), 421.
Hoernes (M.), 40, 421, 422.
Holder (A.), VIII, 15, 28,74,104,
195, 276, 361, 449.
Horace, IV, 84, 145, 200, 259,
420.
Hubert (H.), 189, 266, 460.
Hucher (E.), 217, 313, 331.
Ihm, 316, 363.
Iliade, 32, 457.
Indiculus supcrstitionum, 81.
Jolo ntanuscripts, 388.
Irénée (saint), 135.
Isidore, 25, 63, 66, 70, 81, 82, 85,
87, 168, 170, 277, 327.
Itinéraire d'Antonin, 30, 73, 119,
306, 351, 427, 429, 431, 432,
433, 434, 435, 436, 437, 438,
439, 440, 441, 442, 454.
Itinéraire de Bordeaux à Jérusa-
lem, 436.
Jacob (A.), 145, 162.
Jamblique, 280.
Jan, VI.
Janus, 369.
Jérôme (saint), 13, 27, 73, 84,
134, 181.
Jones (Brynmor), 19.
Jordanès (Jornandês), 143, 154,
178, 257, 265, 389, 390.
Josèphe,23, 193, 195, 243, 258,
399.
Journal des Savants, 8, 34, 43.
Jovce (P. W.), 155, 159, 190, 192,
230, 239, 249, 255. 288, 297,
308, 323, 344, 355, 361, 370,
375.
Julien (l'empereur), 185.
Julius Capitolinus, 308.
Jullian (C), 5, 8, 11, 15, 21, 33,
40, 44, 48, 49, 60, 102, 134, 138,
140, 148, 171, 185, 186, 188,
189, 194, 195, 199, 203, 213,
214, 215, 217, 218, 219, 220,
221, 226, 233, 246, 251, 252,
257, 261, 263, 269, 273, 279,
283, 293, 294, 297, 302, 304,
307, 309, 310, 313, 316, 318,
324, 325, 330, 332, 337, 338,
345, 355, 357, 359, 360, 463,
364, 372, 393, 396, 400, 404,
406, 412, 418, 424, 425, 435,
438, 443, 450, 451, 454, 463.
Justin, 6, 29, 33, 146, 147, 149,
150, 185, 227, 241, 257, 301,
327, 334, 335, 346, 350, 359,
362, 398, 400, 404, 411, 416,
417, 419.
Justinien, 87.
Juvénal, 27, 83, 87, 142, 418.
476
INDEX DES AUTEURS
Keil. Voir Grammatici latini.
Kiessling, 400.
Klotz (A.), 9.
Kossinna (G.), 25.
Kuhn, 55.
Laborde (A. de), 47.
LaBorderie (A. de), 222.
Lagneau (G.), 11, 204.
Lallemand (A.), 272.
Lampride, 272, 134, 384.
La Tour (H. de), 49, 50.
La Tour d'Auvergne, 136, 137,
388.
Laurent (R.), 47, 174, 287. 294.
Laurentius Lydus, 10, 79.
La Ville de Mirmont (H. de), 10.
Lavisse (E.), VIIL
Lebègue (H.), 10.
Le Braz (Anatole), 150, 353, 377.
Le Brigant, 137.
Lécrivain, 249.
Leflocq (J.), 389.
Lefort (J.), 180, 256.
Leite de Vasconcellos, 459.
Lejay (P.), 98.
Lichtenberger (F.), VII, 294.
Longnon (A.), 28, 116, 243, 420
444.
Longpérier (A. de), 46, 48.
Loth (J.), 4, 19, 20, 51, 55, 70,
78, 82, 98, 102, 104, 109, 134
136, 244, 277, 307, 330, 340,
365, 374, 430, 438, 453, 457.
Lottner (C), 316.
Lubbock (J.), 5.
Lucain, 66, 141, 176, 199, 263
285, 292, 310, 340, 343, 352!
353, 359, 365, 369, 373, 377,
414.
Lucien, 134, 265, 288, 311, 390.
Lucilius, 70, 83, 85.
Lucrèce, 71.
Luzel (F. M.), 389.
M
Maasen, 344.
Mabilion, 343.
Mabinogion, 4, 337.
Macalister, 306.
Macrobe, 73.
Maître (L.), 222.
Manilius, 142.
Marcellus Empiricus, 65, 67, 68,
73, 77, 78, 87, 102, 135, 368.
Marchesetti, 421.
Marcianus d'Héraclée, 441.
Martial, 72, 83, 86, 161, 170, 178,
200.
Martin (Dom), 312, 457.
Martin (Henri), 389.
Matériaux pour l'hixtoire de
l'homme, 148, 154, 169 172,
267, 421, 422.
Matthias (F.), 5.
Maury (A.), V, 199.
Maxime de Tyr, 339.
Mazard (H. A.), 266.
Meillet (A.), 86, 125, 126.
Mêla (Pomponius), 20, 66, 152,
167, 178, 189, 190, 194, 205,
222, 229, 265, 340, 351, 352,
353, 369, 374, 383, 430, 440.
Mélanges H. d Arbois de Jubain-
i'ille, 189, 360.
Mélanges Boissier, 383.
Mélanges L. Hacet, 152.
Memnon, 241, 258, 404.
Mémoires de la Société de linguis-
tique de Paris, 78, 119, 132,
230, 429, 432, 438.
Mémoires de la Société nationale
des Antiquaires de France, 33,
43, 209, 214, 219, 244, 266,
290.
Ménodote de Périnthe, 11.
mercasius, 83.
IMétrodore de Scepsis, 73.
Meyer (Kuno), 148, 187, 330.
Mever-Lubke (W.), 55, 132, 430.
Michelet, 137.
Mignc, 134.
Miliaire de Tongres, 119.
Mohl (F. -G.), 135.
Monimsen, 337, 463.
Monceaux (P.), 306.
Montelius (O.), 41, 422, 423.
Monumenta Germaniae histo-
rina, 337, 351.
Morale à Eudème. Voir: Eudème.
Morel (L.), 422.
Mortillet (A. de), 331.
I
INDEX DES AUTEURS
477
Mortillet (G. de), 423.
MoAvat (R.), 230.
Mûllenhoff (K.), 6, 8.
Munro (R.), 44, 423.
Muret (E.), 49.
N
Naevius, 70.
Napoléon III, 44.
Naturalium rerum Scriptores
graeci minores, éd. Keller, 181,
187.
Naue (J.), 189, 421.
Némésien, 201.
Nennius, 4, 336, 351.
Nicaise (A.), 174.
Nicandre de Colophon, 334.
Nicholson (E. W. B.), 19, 98, 102.
Nicolas de Damas, 150, 236, 238,
254, 352, 375.
Xiese, 460.
Xoë (G. de la), 275.
Nonius, 70, 83, 84, 276, 278.
Xotitia Dignitatum, 427, 428,
432.
.\otitia Galliarum, 31, 428, 435.
Nuit (Alfred), 299, 355.
0 Davoren, 68.
Odyssée, 23, 27.
Olsen, 93.
Oppien, 78, 86, 202.
Orifrène, 391.
Orose, 146, 202, 228, 401.
Ovide, 201.
Palladius, 198.
Panegi/rici ceteres, éd. Baehrens,
275, 364.
Pansier. 369.
ParadoxQf^raphe du Vatican, 181,
185.
Paris (Gaston), 29.
Parthénios, 147, 240, 303.
Patrice (Saint), 297, 298.
Paul (H.), 449.
Pauli (G.), 32, 91.
Pauly-Wissowa, 363, 400.
Pausanias, 12, 13, 28, 45, 64, 67,
78, 84, 141, 145, 147, 148, 189,
240, 258, 262, 285, 286, 289,
336, 413, 416, 419, 420.
Pedersen, 125.
Pelloutier, 22.
Penhouët (de), 387.
Perdrizet (P.), 33, 150.
Perron, 172.
Peter (H.), 14.
Petit de Julle\i]le, 135.
Pétrie (Henry), 11.
Pezron, 23.
Philémon, 318.
Philipon (E.), 430.
Phillimore (E.), 4.
Philon, 452.
Philostrate, 209.
Philoxène, 238.
Phylarque, 164, 165.
Pic 445.
Pictet, 55, 389.
Pindare, 23.
Piroutet (M.), 421, 422.
Platon, 150.
Plaute, 70.
Pline l'Ancien, X, 7, 8, 16, 20,
24, 27, 30, 31, 38, 45, 63, 66,
67, 71, 72, 74, 75, 81, 83, 84,
115,150, 154,160, 161,166, 167,
171,176, 177, 178, 194,195,197,
199, 200, 202, 203, 204, 207,
208, 209, 210, 222, 224, 246,
282, 339, 340, 342, 347, 348,
350, 371, 367, 368, 374, 377,
379, 395, 398, 405, 406, 414,
418, 429, 437, 439, 440, 441.
Pline Valérien, 78.
Plutarque, 13, 16, 17, 22, 24, 74,
141, 142, 149, 150, 155, 160,
171, 183, 184, 186, 189, 201,
207, 239, 243, 258, 261, 262,
263, 271, 281, 285, 289, 347,
354, 397, 400, 415, 418, 460.
Poetae latini minores, 152.
Pollux, 275.
Polybe, 13, 16, 30, 31, 64, 81,
141, 142, 145, 150, 152, 153,
161, 166, 172, 183, 186, 196,
197, 200, 205, 224, 228, 233,
238, 241, 250, 258, 262, 263,
269, 275, 281, 282, 288, 291,
292, 301, 335, 341, 395, 402,
404, 411, 443, 460, 463.
478
INDEX DES AUTEURS
Polyen, 95, 147, 187, 281, 398.
Pomponius. Voir : Mêla.
Poseidônio.s, 6, 9, 20, 22, 160,
163, 164, 208, 347, 373, 384,
399, 405.
Priscien, 86.
Pro Alesia, 43, 93, 99, 158, 210.
Proceedings o1 the British Aca-
demy, 41, 90, 91, 98.
Procope, 353.
Properce, 166, 170, 178, 263, 264,
271, 275, 326.
Prost (A.), 236.
Protarque de Tralles. 22.
Pseudo-Aristote, 16, 20, 63, 203,
254, 302, 363, 397, 400.
Pseudo- Hésiode, 399, 459.
Pseudo-Plutarque, 64, 74, 79,
368.
Pseudo-Scylax, 398, 461.
Pseudo-Scymnus, 23, 359, 399,
405.
Ptolémée, 29, 30, 31, 73, 119,
427, 428, 429, 430, 432, 433,
434, 435, 436, 437, 439, 440,
441, 442, 443.
Ptolémée, fils de Lagos, 149, 252,
399.
Pulszky (F. de), 421, 422.
Pythéas, 5, 222, 399.
Q
Quadrigarius (Claudiu.s), 270.
Quicherat, 48.
Quintilien, 74, 80, 85, 86, 173.
B
Rayet, 292.
Raymond, 144.
Read (Ch.), 423.
Reinarh (.\d.), 13, 46, 161, 203,
258, 259. 275, 280, 332, 338.
Reinach (Saiomon), VII, 15,22,
26, 40, 45, 48, 51, 148, 167,
169, 171, 173, 174, 175, 176,
177, 188, 190, 194, 208, 209,
211, 212, 215, 224, 255, 268,
273, 276, 280, 283, 284, 286,
288, 290, 291. 292, 307, 311,
317, 318, 320, 321, 322, 323,
324, 325, 326, 330, 331, 336,
337, 338, 343, 345, 349, 351,
353, 366, 368, 384, 389, 394,
406, 408, 412, 416, 421, 425,
460.
Reinach (Théodore), 265, 312.
René) (Ch.), 39, 190, 294, 306,
316, 323, 324, 331, 332, 337,
341, 344.
Revue d^ anthropologie, 40, 41,
173, 212, 421.
Revue archéologique, 15, 21, 40,
41, 43, 45, 46, 47, 48, 49, 55,
94, 157, 158, 167, 173, 177,
189, 194, 205, 208, 209, 211,
212, 214, 217, 258, 266, 268,
274, 280. 283, 284, 287, 288,
289, 292, 297, 301, 304, 305,
307, 319, 322, 323, 324, 325,
330, 331, 332, 337, 338, 345,
349, 351, 358, 359, 366, 368,
369, 388, 421, 422, 423.
Rci'ue de l'art chrétien, 215.
Hernie celtique, VI, 10, 16, 19, 22,
24, 25, 32, 38, 46, 69, 74, 82,
86. 94, 97, 98, 100, 101, 102,
lO'i, 116, 123, 159, 161. 183,
195, 202, 206, 208, 209, 217,
230, 242, 248, 251, 264, 265,
266, 275, 276, 277, 284, 297,
304, 305, 306, 307, 308, 310,
311, 312, 315, 316, 318, 321,
322, 324, 325, 326, 327, 328,
329, 332, 336, 337, 340, 343,
344, 353, 365, 371, 374, 376,
378, 379, 381, 384, 385, 386,
389, 430, 438, 444, 446, 450,
458, 462.
Revue critique d'histoire et de lit-
térature, 100, 173.
Revue de l'Ecole d'anthropologie
de Paris, 331.
Revue épigraphique du midi de la
France, 82. 306, 365.
Revue des études anciennes, VI, 8,
11, 47, 48, 102, 150, 156, 160,
174, 182, 195, 199, 212, 213,
214, 246, 252, 259, 269, 279,
287, 289, 292, 316, 319, 320,
322, 323, 325, 337, 338, 346,
364, 372,
Revuedes éludesgr.''cques,k\ 9,436.
Revue de l'histoire des religions,
340, 355, 386.
INDEX DES AUTEURS
479
Reçue historique, 307.
Revue numismatique, 49, 218, 337.
Revue de philologie, 86, 145.
Revue préhistorique, 144.
Revue des questions historiques,
248.
Revuede synthèse historipuc, VIII,
2, 41, 48, 294.
Reynaud (J.), 389.
Reynier, 193.
Rheinisches Muséum fiir Philo-
logie, 242.
Rhys (J.), 12, 19, 90, 91, 93, 94,
98, 101, 102, 298, 299, 303,
312, 315, 316, 328, 337, 351,
374, 384.
Ricci (S. de). Voir Seymour.
Ricochon (J.), 101.
Ridgeway, 24, 41, 201.
Ripley (W.-Z.), 50, 445.
Ritsciil, 47.
Rivaud (A.), 373.
Robert (Ch.), 148, 217, 313, 384.
Robinson (F.-N.), 360.
Roget de Belloguet, V, VI, 60,
80, 145, 167.
Roidot, 153, 157, 219, 394.
Remania, 29, 87.
Roscher, 305, 312.
Ruelle, VIII.
Rufius Festus. Voir Aviénus.
Sacken (E. von), 40, 277.
Saglio, 169, 171, 223, 290, 29'.',
316.
Salluste, 24, 63.
Saulcy (F. de), 49.
Scheppig, 6.
Schleicher, 55.
Schlumberger, 46.
Scholiaste d'Apollonios de
Rhodes, 22.
Scholiaste de Gallimaque, 258.
Scholiaste de Cicéron, 79.
Scholiaste de Juvénal, 69, 82.
85, S7, 110, 265.
Scholiaste de Perse, 79.
Scholiaste de Virgile, 53, 73, 406.
Schrader (0.). 68, 311, 389.
Schuchardt, 129.
Scriptores rerum mirabilium
Graeci, (Paradoxographi), éd.
Westermann, 241.
Sempronius Asellio, 406, 459.
Sénèque, 178, 328.
Serre, 224.
Servius, 25, 64, 70, 78, 84, 85,
239, 277.
Seymour de Ricci, 98, 374, 376.
Sidoine Apollinaire, 82.
Sigebert, 65.
Sigrais (de), 284.
Silius Italicus, 141, 142, 145, 146,
152, 170, 189, 201, 265, 271,
285, 289, 346.
Simonide de Magnésie, 265.
Siret (L.), 21.
Sisenna, 83, 279.
Sitzungsberichte der kaiserlichen
Akademie der W issenschaften
in Wien, 132, 430.
Skene, 389.
Smith (R.-A.), 423.
Société de l'histoire de France. 10.
Solin, 20, 25, 147, 148, 179, 217,
222, 301, 308, 362, 399.
Soltau (W.), 152.
Sopatros de Paphos, 147.
Sotion d'Alexandrie, 363.
Spartien, 347.
Stobée, 149, 150, 236, 247, 254.
Stokes (Wh.), 14, 55, 57, 63, 68'
90, 93, 94, 101, 298. 308, 344,
371, 385, 386. 408.
Strabon, 7, 12, 14, 15, 16, 17, 18,
19, 23, 24, 27, 29, 30, 31, 32,
33, 35, 71, 81, 85. 133, 134, 142,
145, 146, 148, 149, 151, 152,
153, 154, 155, 156, 161, 162,
166, 167. 169, 170, 173, 176,
178, 181, 186, 193, 194, 195,
196,- 199, 200, 201, 202, 203,
205, 206, 208, 215, 219, 221,
222, 223, 230, 232, 234. 235,
236, 239, 241. 242, 245, 246,
250, 255, 256, 257, 259, 261,
263, 264, 278, 280, 281, 327,
334, 135, 336, 342, 346, 347,
348, 349, 356, 357, 358, 360,
362, 365, 366, 373, 380, 382,
385, 390, 393, 399, 401, 403,
427,428,440,443,451,455, 460.
Studies and notes in philology and
literature, 155.
480
INDEX DES AUTEURS
Stukeley, 387.
Suétone, 36, 72, 758, 142, 222,
300, 328, 342, 345, 369, 379,
452.
Suidas, 282, 362.
Sulpice Sévère, 134, 135.
Table de Peutinger, 20, 119, 427,
429, 431, 432, 433, 434, 435,
437,441,442,443.
Tacite, 17, 19, 20, 24, 27, 30, 33,
36, 74, 75, 87, 96, 134, 142,
143, 152, 182, 184, 186, 196,
198, 205, 221, 229, 245, 257,
261, 264, 282, 285, 286, 288,
295, 335, 340, 341, 346, 350,
362, 3G6, 375, 379, 383, 385,
407, 432, 451, 452, 461.
Tain B6 Cualnge, 3, 85, 143, 164,
252, 265,272,290,313,321,385.
Taliesin, 389.
Tertullien, 301, 308, 335, 348.
Testament d'Auguste, 13.
Thémistius, 201.
Théopoinpe, 145, 356, 396, 397.
Thierry (A.), 25.
Thiers (F. -P.), 96, 374.
Thomas (Ant.), 33, 69, 83, 87,
122, 444.
Thurnam, 144.
Thucydide, 236.
Thurneysen (R.), 55. 98, 99, 363,
376.
Tibulle, 141.
Timagène, 9, 11. Voir Ammien
Marcellin.
Tiniée, 11, 208, 224, 400.
Tirechan, 371.
Tischler, 41.
Tite Live, 16, 17, 33, 84, 86, 114,
141, 142, 145, 146, 147, 148,
149, 151, 153, 160, 170, 172,
173, 183, 186, 189, 196, 197,
200, 219, 224, 227, 228, 232,
236, 241, 246, 250, 252, 253,
258, 262, 269, 270, 274, 275,
276, 279, 281, 282, 285, 286,
288, 289, 291, 305, 334, 341,
342, 346, 348, 350, 359, 365,
397, 404, 408-412, 418, 443,
457, 460, 463.
Todd (J.H.), 351.
Tourneur (V.), 136, 310.
Toutain, 383.
Travers (A.), 136.
Trebellius Pollion, 201.
Tripartite life of Patrick, 298,351,
371, 386.
Trogue Pompée. Voir Justin.
Turner (Sh.), 388.
Tzetzès, 353.
Ulfilas, 60.
Ulpien, 134.
Usener, 310.
Vacher de Lapouge, 51, 94, 143.
Valère Maxime, 149, 183, 228,
239, 253, 352, 377, 440.
Valerius Antias, 403.
Vaierius Flaccus, 291, 343.
Vallancey, 137.
Valientin (FI.), 316.
Valroger (L. de), 452.
Varron, 66, 84, 85, 162, 170, 194,
197, 198, 199, 200, 203, 219,
288
Vauviilé (0.), 43, 158.
Védas, 356.
Végèce, 70, 78, 81, 201, 269, 281.
Velleius Paterculus, 459.
Vendryès (J.), 70, 110, 178, 318,
429, 430, 432.
Verchôre de Reffve, 284.
Vercoutre (A. T.)', 47.
Vie de sainte Geneviève, 69, 432.
Vie de saint Germain, 69, 432.
Vie de saint Patrice, 2%%, 'àSi,^!!,
386.
Vie de saint Samson, 343.
Villemarqué (H. de la), 389.
Viollier (D.), 284, 421.
Virgile, 6, 70, 72, 73, 80, 84, 141,
166, 170, 275, 277, 286.
Virgile le Grammairien, 66, 102.
Vitruve, 154.
Vopiscus, 384.
Vouga (E.), 41.
Voulot (F.), 320.
lî^DEX DES AUTEURS
481
w
Weissenborn, 412.
Welter (G.), 320.
Westdeutsche Zeitschrift fur Ges-
chichte und Kunst, 25,167,327.
Wilamowitz-Môllendorff (von),
400.
Williams (Edw.), 388.
Windisch (E.), 3, 55, 85,252, 461.
Wochenschrift fur klassische Phi-
lologie, 152.
Wood-Martin (W. G.), 423.
Wright (Thomas), 426.
Zeitschrift fur deutsche Wortfors-
chung, 376.
Zeitschrift fur vergleichende Spra-
chforschung, 65.
Zeitschrift fur Celtische Philologie,
34 93 132
Zeuss (I.'-C.),'24, 55, 76, 104, 306,
312.
Zimmer(H.), 64, 220.
Zimmer (M.), 421.
Zwicker (J.), 72, 85.
Xénophon, 257, 397.
Xiphilin.Voir Dion Cassius.
G. DoTTiN. — Manuel del'antiquité celtique.
31
«£
A
INDEX GÉNÉRAL
Les chiffres indiquent les pages. Les mots en italique sont
étudiés pour leur forme.
aballo-, 108.
Aballo, 65, 108, 119.
Abernethy, 424.
Abianius, Abinius, 314.
Abnoba, 327.
Abo-brica, 441.
abondance (année d'), 380.
abranas, 79.
Abrincatui, 34.
acaunum, 118.
acaunu-marga, 67.
accent, 132.
Accio, 305. ♦
acier, 21.
Acionna, 326.
Acito-dunum, 429.
-acos, -acus, 119, 444.
Acropole, 45, 46.
Adam, 137.
Adamnan, 260.
Ad-ianto, 113.
Adiatorix, 151.
Adiatunnus, 238.
Admageto-briga, 439.
Ad-marus, 106.
adoration (signe d'), 347.
Adrastê, 78, 313, 341, 346, 350.
Adria, 398.
Adriatique, 221, 252, 399, 401,
405, 459, 463.
Adro-brica, 441.
Adsmerius, 304, 307. Cf. Ate-
Aduatuca, 156.
Aduatuci, 155, 156, 273, 275, 285.
aedificia, 154.
Aedui (Eduens), 66, 108, 155,
193, 197, 209, 228, 230, 231,
232, 233, 234, 243, 244, 245,
246, 251, 256, 259. 261, 275,
291, 361, 405, 406, 408.
Aeria, 405.
Aestii, 36, 67, 336.
agassaios, 78, 201.
agathe, 368.
agaunum, 80, 118. Cf. acaunum.
ager publicus, 248.
Agnôtes, 405.
agrafes, 166, 172. Voir : fibules.
Agricola, 152, 229.
agriculture, 90, 152, 192-198.
Agrigente, 216.
-agro-, 104, 108.
aidu-, 108.
Aidusii, 405. Cf. Aedui.
aigle, 335, 337, 338.
Aigosages, 404.
Aigos potamos, 410.
Ailbe, 202.
airain, 159, 285, 289. Voir :'
bronze, cuivre.
airelle, 171, 240;
Aisne, 43.
Aix, 360.
al, 80.
Alaise (Doubs), 285*
4B4
INDEX GENERAL
alauda, 72.
Alaunius, 304, 309.
alausa, 87, 205.
Albio-, 108.
Alhion, 397.
Albio-rix, 108, 304, 305.
Albius, 329.
albolon, 76.
alcc, 84, 203.
Alesia (Alise), 43, 156, 158, 210,
272, 274, 302, 359, 424, 425.
Alexandre-le-Grand, 5, 252, 399,
459.
Alexandre Sévère, 134, 384.
algues, 223.
alimentation, 89.
Alisanos, 99, 314, 317.
Alise-Sainte-Reine, 93, 94, 99.
Voir Alesia.
Aliso, 454.
Alixie, 101.
Alkooinos, 93.
Allemagne, 282, 295, 421, 422,
423, 429, 432, 437, 439, 442.
Vo.r : Germanie, Bavière, Pa-
latin at.
Allia, 411.
alliances, 247.
Allobrogae, Allobroges, 69, 105,
110, 151, 156, 193, 197, 228,
275, 276, 360, 406.
Alpes, 22, 78, 200, 206, 302, 395,
402, 409, 414, 415, 416, 418.
alphabet, 95, 379.
altes, 84.
Altkônig, 424.
Amallo-brica, 441.
Amarco-litanus, 304.
Ambactiacus, 445.
ambactus, 63, 235, 238, 239, 261,
450.
Ambarri, 155, 251, 309.
ambe, 80.
ambi-, 108, 127.
Ambiani, 34, 193.
Ambibareti, 243.
Ambi-barii, 108, 244.
ambici, 160.
Ambi-dravi, 108.
Ambi-gatus, 108, 250, 408, 460,
Ambio-niarcae, 316.
Ambiorix, 17, 116, 236, 238, 245,
260, 280.
Ambi-renos, 116.
ambre, 44, 175, 191, 208^ 209,
221, 222, 368, 396, 418, 456.
âme, 351-353, 373.
amellus, 84.
amendes, 254, 380.
Amfreville, 290.
Ammendola (vigne), 46, 169, 171.
174, 177, 280.
Amphitrile, 216.
Amplepuis, 214.
Ampurias, 216.
amulettes, 209, 332, 369.
anam, 80.
Anamares, Anares, 402.
Anas (Guadiana), 403.
anai'o-, 105, 109.
Anavos, 105, 109.
Ancasta, 315.
ancêtres, 27, 272. Voir : famille,
Ancône, 401.
Ancyre, 134.
And-arta, 109, 313, 325.
Andatê, 78, 313. Voir : Adrastê.
ande-, 109.
Ande-brogi-rix, 110.
Ande-camulos, 99.
Andecavi, 34.
Ande-matunnuia, 109.
Ande-ritum, 109, 116, 442,
Ande-roudus, 116.
Andrastê, 78, 313.
androcéphale, 324, 337.
anepsa, 76.
Aneroestos, 227.
Aneuni-cnos, 100.
Aneunos, 100.
Anextio-marus, 304.
Angleterre, 435. Voir : Grande-
Bretagne.
anguipède, 320.
animaux domestiques, 88, 189,
199-202, 349, 350. Voir : marca,
mannus, ceva, cattus, paravere-
dus, vertragi, agassaios, cheval,
chien, bétail, oie, mouton,
chèvre, bélier, porc, bœufs,
vaches.
animaux représentés, 213-214,
287, 289, 292, 294, 336-338.
animaux sacrés, 336.
animaux sauvages, 88. Voir :
uruSf abranas, alce, beber, ru-
INDEX GENERAL
485
iius, blaireau, ours, chevreuil,
lièvre, loup, sanglier,
annales irlandaises, 2. Voir chro-
niques,
anneaux, 174, 191, 194, 207, 217,
287, 368.
année, 374.
Annibal, 187, 197, 200, 224, 227,
282, 402, 461.
Antalcidas, 410.
antennes, 283.
•nthropologie, 2, 50-51.
mthropomorphisme, 342.
nthropophagie, 26, 27.
ntidote, 368. Voir poison.
.ntigone Gonatas, 258.
Antiochus I«^^ Sôter, 265, 288.
Antiochus III le Grand, 258, 265,
404.
Antiochus IV, 46.
Antonius Primus, 135.
Anvalonnacos, 99, 317.
Anvalos, 314, 317, 365.
Apennin, 409,
\pollon, 22, 216, 299, 304, 307,
309, 314, 317, 319, 327, 329,
341, 345.
appariteur, 236.
Appienne (voie), 46.
applaudissement, 237.
Apt, 94.
Aquitains, 35, 238, 243.
Ara-briga, 440
Aranmore, 159. »
Aravacae (Arevaci),'403.
arbitrage, 187, 380.
arbres, 198-199, 317, 320, 325,
339, 342. Voir : aballo, rumpo-
tinus, verno- , vilu-, scobiên
renne, derco-,marcus, larix,padi,
iupicelluson, hys, betulla, bro-
gilus, atinia, bouleau, if, chêne.
Arcecius, 304.
archéologie, 3, 15, 37-50, 420-
425.
archers, 269, 280.
Arco-briga, 440.
Ar-cynia, 112, 456. Voir : Hei-
cynie.
Ardèche, 424.
Ardenne, 155, 198. Voir : Ar-
duinna.
Arduenna, 109.
Arduinna, 327.
arduo-, 109.
Ardyes, 402.
are-, 68, 109.
Arecomici, 28.
Are-dunum, 109.
Arelate, 132.
Are-morica, 109.
are-morici, 68.
are-pennis, 63, 195.
Ares. Voir : Mars.
are-vernus, 69.
arganto-, 109.
argent, 42, 48, 160, 168, 175, 176,
206, 210,215, 218,222, 285, 288,
327, 332,346. Voir : arganto-.
Argentacus, 445.
argento-, 104, 109.
Argento-coxos, 109.
Argento-magus, 104, 109.
Argento-rate, 104, 109.
argenture, 120.
argile, 160, 211.
Argio-talus, 117.
Argonautes, 401.
Ariamnès, 165.
Ari-conium, 111.
arinca, 84, 193.
Arioviste, 250, 262, 452.
Arles, 360.
armée. Voir : guerre,
arménien, 86.
armes défensives, 41, 43, 89, 191,
285-290. Voir : leiusmata, cur-
tia, cartamera, caetra ; bouclier,
ceinture, cuirasse, jambières,
casque,
armes offensives, 41, 42, 43, 44,
89, 191, 275-285. Voir : gaesa,
lancea, pétrinos, xymêna, to-
lutegon, niateris, spams, cateia ;
épée, javelot, archer, fronde.
Armoricains, 17, 244, 251, 361.
Armorique, 2, 4, 5, 21, 136, 234.
Voir : Bretagne.
Ar-nemetici, 434.
arpent, 195.
Arra-bona, 442.
Arria et Paetus, 46.
arrogance, 149.
Arruns, 410, 415.
art décoratif, 208, 214, 285. Voir :
ornements.
486
INDEX GENERAL
Artabri, 20, 21.
Artaius, 304, 307, 325, 336.
Artémis, 184, 203, 301,
Artio, 325, 336.
-arto-, 104, 109.
Arto-briga, 104, 109, 439.
Artos, 109.
artuas, 92.
Aruns. Voir : Arruns.
Arverni (Arvernes), 27, 34, 155,
222, 228, 243, 245, 250, 263,
276, 342, 360, 405, 408.
Arverno-rix, 304, 306.
Arvernus, 304, 309.
Arvii, 442.
asia, 63.
Asie-Mineure, 23, 404, 416, 417,
436, 440, 448, 450, 457, 462.
Voir : Galatie.
asile, 342.
Asmantia, 454.
assaisonnement, 162.
Assedo-marus, 96.
assemblées, 133, 235-237, 245,
250, 256.
associations, 386.
Asteropè, 303.
astrologie, astronomie, 373.
Atbiti, 93.
aie-, 109.
Ate-boduos, 109, 307
Ate-cingos, 109, 111.
Ate-gnata, 109.
Ate-gnatus, 91.
At-epo, 109.
Aîepo-marus, 113, 304, 307.
Atepu, 93.
At-epo-rix, 113.
Atesmerius, 314. Cf. Adsmerius.
Ate-spatus, 109, 307.
Atexto-rix, 96, 100.
Athênâ, 45, 48, 291, 301, 341.
Voir Minerve.
Athéniens, 375.
Atichôrios, 419,
atinia, 84.
Atis, 227.
Atlantique, 400.
Atrebates, 30, 34, 132, 229,
260.
Attale I", 45, 335, 404.
Atticoti, 27.
auberges, 148, 384.
Auci-rix, 100.
augures, 335, 362, 416.
Auguste, 291, 292, 328,
Augusto-bona, 442.
Augusto-briga, 441.
Augusio-dunum, 430.
Augusto-durum, 433.
Augusto-magus, 435, 437.
Augusto-nemelum, 434.
Augusio-ritiun, 442.
Aulerci, 29, 155, 233,409. Voir:
Eburovices.
aulne. — Voir; verno-,
auot, auotis, 100.
Aurélien, 384.
Autariatae (Autariates), 417,
459.
Autaritos, 258.
autels, 341, 342.
Aulessio-durum, 132, 431.
autorité publique, 227.
Autriche, 40, 421, 422.
Autriciun, 119.
Autun, 324, 365, 379.
Autura, 119, 454.
auuot, 100.
Auxey 99.
auxiliaires, 250. Voir : merce-
naires.
avallo, 65.
Avara, 119, 454.
avarice, 149.
Avaricum, 119, 193, 269, 273.
Avebury, 386.
Aventia, 326, 237.
Aventicum, 327.
Avesnelles, 44.
avi-, 104.
Avi-cantus, 104.
avidité, 149.
Aviénus, 8.
Avignon, 47. Voir : Calvet.
avot, 100.
B
baccar, 72,
Baco, 314.
baditis, 67.
Baetis (Guadalquivir), 403.
bagaudae, 68.
Baginatis, 305, 309.
I
INDEX GENERAI.
487
bagues, 176.
Baiocasses, 34. Voir : Bodiocasses.
Balkans, 404.
balma, 83.
Balor, 281.
Band-ritum, 442,
bannis, 254.
banquet, 203,
barbe, 177.
barde, 358-361.
barditus, 361.
bardo-cucullus, 83, 170.
Bardo-magus, 361, 437.
bardus, 62, 361.
""oarga, 123.
*barica, 123.
barils, 199.
barques, 223. Voir : navires, ba-
teaux.
Barrex, 304.
barrôn, 79.
barrows, 144.
bascauda, 72.
bas-reliefs, 46.
Bastarnes, 33.
bataille, 283. Voir : combat,
guerre.
Batavo-durum, 432.
bateaux, 220, 223-224.
Bath, 30.
Bavai, 101.
Bavière, 279.
Beaumont, 101.
Beaucroissant, 325.
Beaune, 323, 345.
beber, 86.
Bebriacum, 86.
Becciacus, 445.
becco, 81.
Beladonnis, 304, 306.
Belatu-cadrus, 110, 304, 306,
314.
Belatulla, 306.
Belenus, 304, 308, 314, 365.
Belerion ,208, 220.
Bêlêsamis,93, 305. 317. Cf. Beli-
sama.
Belges, 15, 19, 30, 35, 70, 146,
155, 197, 201, 224, 236, 251,
263, 274, 418, 425, 458, 462.
Belgique, 167, 229, 233, 407, 462.
bélier, 159, 213, 3^9, 329, 337,
Beliniacus, 445.
Belisama, 305, 308, 314, 317 ; cf.
Bêlêsamis.
beliucandas, 75.
Bellatullus, 306.
Bellegarde, 397.
Belli, 403.
Bellone, 329, 350.
Bellovaci, 34, 146, 155, 233, 236,
242 244 251 292.
Bello-'vesus, 107, 118, 197, 306,
409.
Beltene, 308.
Bemiluciovis, 314.
-bena, 109.
Benacus, 445.
beniia, 64, 223.
-benno-, 109.
Bergusia, 315.
Berne, 325.
Berru, 43, 290.
Berry, 42, 424.
berula, 87.
Besal-dunum, 429.
Besançon, 156, 273.
bessus, 66.
bétail, 192, 199, 222, 340.
beiilolen, 75.
bettonica (bétoine), 71, 368.
betulla, 83.
Biausius, 304.
Bibracte, 43, 119, 156, 157, 158,
209, 210, 235, 273, 327, 424.
Voir : Mont-Beuvray.
Bienne, 207.
bière, 163, 178, 355.
bijoux, 41, 173-176, 208.
Bilicalus, 109.
bilinuntia, 75, 272.
bilio-, 123.
bilo-, 109.
Biot, 47.
Bisul-dunum, 428.
Bithynie, 258, 404, 417.
-bitu-, 109.
Bitu-daga, 106, 109, 112.
Bituitos, 165, 202, 210, 228, 263,
276, 360.
Bituriges, 29, 34, 120. 132, 155,
194, 198, 210, 244, 408.
Bitu-rix, 109.
Bitus, 121.
lilaireau, 119. Voir : brocco-.
blanc (vêtement), 340.
488
INDEX GENERAL
blato-, 109.
Blato-bulgios, 109.
Blato-magiis, 109.
blé, 162, 192-193,'222, 247. Voir:
épis. ■ -«*;
blonds, 141, 172.
blutthagio, 77.
Bodb, 316.
Bodinco-magus, 437.
Bodincus, 438.
-bôdio-, 105, 109.
Bodiocasses, 31, 109, 132.
Bodiontici, 109.
-boduo-, 105, 110.
Boduo-genus, 110.
Boduo- gnatus, 110.
bœufs, 191, 199, 213, 340.
Bohême, 29, 43, 421, 422.
Boii (Boiens), 30, 31, 147, 155,
159, 166, 173, 219, 227, 244,
248, 341, 347, 365, 402, 406,
409, 414, 460, 461.
Boio-durum, 432.
Boio-rix, 116.
bois (divination par le), 340, 379.
bois, 155, 199. Voir : forêts,
bois sacrés, 199, 339, 340, 342,
365.
boisson, 163, 165, 177. Voir :
corma, cervesia.
Bolgios, 419.
bolusseron, 75.
Bolvinnus, 304.
-bona, 442.
bonnets, 171. Voir : chapeaux.
Borbeto-magus, 437.
Bordeaux, 379.
Bormana, Bormanus, 329.
Bormo, 329.
Borvo, 304, 308, 314, 329.
Bosnie, 206, 421.
boucles d'oreille, 176.
boucliers, 163, 164, 166, 208,
271, 285-288. Voir caetra, cur-
tia.
Boudicca, 110, 172,182, 260, 290,
313, 341, 346, 350.
bouda-, 110.
Boudo-briga, 110, 439.
bouillie, 162.
bouleau, 199.
Bourges, 101.
Bourgogne, 42, 51, 210, 424.
bouteroUes, 284.
boutons, 172. 208, 209.
Boviolles, 273.
braca, 70, 167.
brace, 63.
bracelets, 41, 166, 174-175, 208.
Voir : viriolae, viriae.
brachycéphales, 2, 143,
Braciaca, 304, 309.
brahmanes, 378.
braies, 70, 166-167, 271.
branno-, 123.
Brancus, 228.
Branno-vices, 120, 243.
brano-, 105, 110.
Brano-dunum, 105, 110, 428.
Bratronos, 100.
bratu-, 110.
bratude, 94, 110.
Bratuspantium, 110, 156.
bravoure, 146, 335.
Brennacus, 445.
Brennos, Brennus, 145, 264, 285,
286, 335, 342, 404, 416, 418,
462.
Brescia, 409.
Bretagne, 55. Voir : Armorique.
Bretannos, 303.
breton, 55, 62-69, 80-82, 86-87,
107, 109-118, 123-219, 136-
137, 303, 306-308, 318.
Bretons (d' Armorique), 51, 251.
Bretons (de Grande-Bretagne),
18, 36, 142, 147, 152, 154, 173,
178, 181, 186, 188, 197, 201,
202, 207, 223, 229, 245, 251,
257, 260, 261, 264, 265, 282,
286, 290, 295, 313, 340, 341,
350, 354, 458.
Brevio-durum, 431.
-bria, 438.
Bricriu, 253.
bricumum, 77.
-briga, 110.
brigandage, 255, 348, 413.
Brigantes, 30, 182.
Brigantia, 315.
Brigantii, 30.
Brigia, 110.
Brigindo, 99, 317.
Brigit, 315.
brigo-, 105, 110.
Brigo-magus, 110.
INDEX GENERAL
489
brio. Voir : briva.
Briona, 92.
* bris-, 123.
brisures intentionnelles, 283.
Britanni, 19. 31. Voir : Brittones.
Britanniques (îles), 44, 58, 191,
207, 396, 422, 423, 456. Voir
Grande-Bretagne, Irlande.
Britomartos, 271.
Britovius, 304, 306.
Brittones, 19, 306.
hriva, 439. Voir : brio.
Briva- Isarae, 79.
Brivate, 132.
brivatiom, 98.
Brivo-durum, 431.
Brixantus, 314.
Brixia, 329.
brocco-, 105, 110.
Brocco-magus, 110.
broches (de cuisine), 159, 161 ;
(bijoux), 168. Voir : fibules.
Broco-magus, 110, 119, 437.
broderie, 170, 172, 298.
-brogi-, 105, 110.
brogilus, 84, 110.
Brogi-marus, 110.
bronze, 41, 159, 168, 174, 175,
176, 190, 191, 211, 213, 214,
217, 218, 221, 266, 282, 283,
284, 287, 288, 290, 291, 292,
322, 332, 345. Voir : airain.
*brozdo-, 123.
brûler vif, 180, 255, 348.
Brumath, 326.
Brundisium, 21.
Brython, 19.
bûchers, 255, 348, 352.
bûcheron, 317, 320.
Budenicus, 304, 309.
buis, 199.
bulga, 63.
Bulgarie, 423.
Burghead, 424.
burin, 214.
Burorina, 315.
Buscilla, 101.
Bussu-marus, 303.
butin de guerre, 255, 275, 346.
Buxenus, 304.
Byzance, 404.
caballus, 85.
cabanes, 154, 158.
Cadix (Gadeira), 6, 399.
-cadra-, 110.
Cadurci, 34, 155, 194, 334.
Caeilio-briga, 440.
Caerosi, 17.
Caesaro-briga, 441.
Caesaro-dunurn 430.
Caesaro-magus, 437.
caetra, 84.
cailloux, 367.
caio, 69.
Cala-dunum, 427.
calcul, 145.
Caledonii, 19, 36, 143, 154, 181.
207, 229, 279.
calendrier, 97, 374-377.
Caleti, 33, 110, 194, 244, 291, 307.
-caleto-, 110.
Galigula, 142.
Calleniarcium, 68.
calliornarcus, 68.
calocatanos, 77.
Calu-briga, 440.
Camargue, 201.
Calvet (musée), 46, 93, 94.
Cambaulos, 419.
cambiare, 65.
*cambita-, 123.
cambo-, 105, 110.
Cambo-dunum, 105, 110, 119,
426.
Cambo-rilum, 110, 132, 442.
cambutta, 88.
Camelio-magus, 437.
Camille, 414.
*camino-, 123.
Camiorica, 315.
camisia, 84.
Gamma, 184.
Campani, 410.
Camulo-, 105.
Camulo-dunum, 118, 427, 429.
Camulo- genus, 106, 120, 260, 306.
Camuloriga, 315.
Camulo-gnata, 105.
Camulo-rix, 105.
Camulus, 105, 306, 308, 314.
Voir: Camulodunum.
490
INDEX GENERAL
candetum, 66, 195.
candosoccus, 72.
caneco-sedlon, 99.
Canetonessis, 304, 309.
Cannes, 282.
canots, 224. Voir : jjarques.
Cantia, 454.
Cantii, 34.
cantlos, 97.
-canto-, 105, 110, 129.
Canto-bennum, 109.
Canto-rix, 110.
Canto-senus, 105, 110, 117.
cantus, 86.
capanna, 87.
Capitule, 144, 174 177, 286, 367,
411.
Capoue, 410.
captifs, 46. Voir : prisonniers.
-capto-, 110.
capuchon, 170. Voir: cucullus.
caracalla, 85, 170.
caractère, 145.
caractéristique de peuples, 35-37.
Carantiacus, 445.
cnranto-, 105, 110.
Caranto-magus, 105, 110, 436.
Carantus, 110.
Carassounus, 96.
Caratacus, 290.
Carbanto-rate, 86, 119.
Carbanto-rigum, 86, 116.
Carinthie, 361, 421, 423.
Cariociecus, 304.
Carni, 33.
Carniole, 421.
carnon, 64,
Carnutes, 34, 141, 155, 198, 220,
244, 250, 341, 380, 409.
carnyx, 268, 276, 292.
Carpento-rate, 86.
Caro-brivas, 132.
carpentum, 86, 223.
Carpunda. 326.
carquois, 280.
carreaux, 171.
Carrodunum. 437.
carruca, 86, 223.
Carrus, 304.
carrMj?, 86, 223, 263,
cartamera, 79.
Carthage, 257, 258.
Carthaffène, 253.
Carthaginois, 187, 258, 463.
Cartismandua, 182.
Carvilius, 229.
casamo, 74.
casnar, 74.
casques, 171, 208, 289-290.
Casses, 317.
Cassi, 31.
-cassi-, 110.
Cassi-gnatus, 110, 317.
Cassi-mara, 317,
Cassino-magus, 436.
Cassi-talus, 93, 117, 317.
Cassitérides (îles) 20-21,170,397.
cassiteros, 111, 457.
Cassi-vellaunus, 111, 229, 260,
317.
castella, 156.
Casticus, 228.
castor, 86, 119.
Castor, 318.
cata-, 1 11.
Cata-mantaloedis, 111, 229.
cateia, 85, 277-278.
caterva. 70, 270.
Cathbad, 379, 383.
Cathubodua, 316.
Cattus, 86.
cattus, 86.
-catu-, 105, 111, 127.
Catuellauni, 31, 34.
Catuenus, 121.
Catu-gnatus, 113, 121.
Catuiaciis , 445.
Catumandus, 227.
Catu-marus. 105, 111, 114, 211.
Catu-riges, 30, 34, 120, 132.
Caturigo-magus, 114, 436.
Catu-rix, 106, 111. 116, 121, 304.
Catus, 121.
Catii-slogi, 117.
Catu-sualis, 111.
Catu-vellaunus, 111, 121.
Catu-volcus, 111, 199.
Cauci, 29.
cavalerie, 47, 200, 258, 261-262,
269. Voir : trimarcisia^ cheva-
liers, équités,
cavannus, 73.
Cavaras, 240.
Cavari, 134.
Cavarillus, 259.
Cavarinus, 236.
INDEX GENERAL
491
Cavaros, 404.
Cebennon, 81, 453.
cecos ac césar, 78.
cèdre (huile de), 147.
ceintures, 41, 170, 256, 285. Voir :
cartamera.
celicnon, 99.
Celta, 12.
ccltibèrG 72.
Celtibères, 16, 51, 148, 150, 163,
178, 201, 207, 239, 253, 262,
276, 282, 286, 298, 365, 418.
celtibérien (alphabet), 50.
Celtici, 15, 403.
Celticum, 455.
Celtillus, 228.
Celtinê, 303.
Celtique, 22, 228, 233, 302, 395,
397, 405, 414, 455.
Celtis, 186.
Celto-galates, 16.
Gelto-ligures, 16, 302, 400.
celtomanes, 136-137, 387.
Celtorii 16, 418.
Celtos, 303.
Celtoscythes, 16.
Cemenelus, 304, 309.
Cemmenon, 81.
Cempses, 8.
Cenabum, 221.
cendres, 197.
Cenn Cruaich, 351.
Cenomani, Cenomanni (Gaule
transalpine), 30, 34, 452 ;
(Gaule cisalpine),30, 23/, 250,
303, 309, 402, 405.
Cento-briga, 440.
centre de la Gaule, 380.
céramique, 421. Voir: poterie.
cercer, 76.
cercles, 199.
céréales, 192-194. Voir : sasia,
brace, arinca, coccum, vêla.
cérémonies, 179, 366.
Céréthrios, 419.
cerf, 319, 320. Voir : élan,
Cernunnos, 318.
Certosa (La), 286.
cervarium, 204.
cervoise, 63.
cenesia, 83,
César, 6.
.ceto-, 111.
Ceto-briga, 111.
cetra, 84.
Ceutrones, 207, 244.
ceva, 74.
Cévennes, 200.
chaînes, chaînettes, 170, 208,
281, 285.
Chaldéens, 363.
Chalybes, 21.
chamois, 204, 338.
Champagne, 42, 174, 260, 283,
424. Voir: Marne.
champs, 198. Voir : olca, magus.
chants, 275, 359-360, 383.
chapeaux, 171.
chanvre, 194.
charbons, 161.
charcuterie, 162.
chariots, 208, 222, 264, 269.
charrue, 197. Voif : plaumorati
soc.
chars, 191, 210, 262-268, 425.
chasse, 162, 202-204, 278, 280.
chasteté, 347,
chat, 86.
Château-Thierrv, 43.
Châtelard (Le) ,"44.
Châtelet (La), 44.
châtiments, 254, 380. Voir : pé-
nalités.
Chauci, 29.
chaudières, 161, 165, 211.
chaume, 154.
chaussures, 171.
chaux, 176, 197.
chef militaire, 235, 244, 259.
cheminées, 159.
chemins, 221. Voir : routes.
chêne, 196, 199, 224, 339, 340.
chenets, 159.
chevaliers, 364. Voir équités.
chevaux, 147, 189, 200, 324, 337,
338. Voir : marca, mannus,
eporedias, cpo-, cavalerie,
cheveux, 36, 141, 142, 176, 177,
186, 269, 346.
chevilles, 157.
chèvres, 166, 200. Voir : gabro-.
chevreuil, 203, 204. Voir: iorcos
chiens, 160, 201-203, 222, 337,
Chiomara, 183.
Chorges, 33.
chroniques galloises, 3.
492
INDEX GENERAL
chrotta, 64, 361.
Chypre, 21.
Cicéron (Q. Tullius), 95.
Cicinus, 304.
Cicoll'iis, 304, 329.
ciel, 252, 300, 346, 379, 399.
Cimbres, 24, 27, 115, 142, 289.
Cimbri, 74.
Cimenice, 81.
Cimiacinus, 304.
Cimmériens, 23, 24.
Cingetius, 111.
-cingeto-, 111.
Cingeto-ri.r, 111, 229, 231, 236,
256, 259.
-cingos, 97.
cintU', 105, 111.
Cintu-genus, 111, 113.
Cintu-gnatus, 111.
Cintu-marus, 105, 111.
Circé, 384.
circius, 328.
Cisalpine, 91, 153, 161, 187, 196,
227, 232, 241, 283, 325, 361,
365, 402, 411, 443, 448, 463.
Voir : Italie.
Cisalpins, 141, 147, 151, 159,
196, 197, 224, 247, 250, 263,
281, 28G, 289, 341, 346, 365,
402, 410, 462.
ciseau.t, 178.
ciselures, 285.
cisium, 79, 223, add.
Ciso-magus, 436.
Cissonius, 304, 314.
cistes. Voir : seaux,
civitates (cités), 242-247, 260.
claies, 154.
clans, 188, 246.
Clastidium, 263.
Claude, 367.
Claude II, 200.
Clavariatis, 304.
Cléopâtre, 258.
*clêta, 123.
clients, 189, 233, 235, 238-256,
261, 349 ; peuples clients, 243,
244, 245.
climat, 397.
Clondicus, 151.
clopias, 79, 205.
clous, 209, 223.
Cluny (musée de), 317.
Clusium, 409, 410, 418.
Cluto-rix, 121.
Clutoida, 326.
co-, 111.
coh-, 111.
Cob-lanuo, 111.
Cobledu-litavus, 304, 307. .
Cob-nertus, 111.
Cobra-, 105.
Cobro-mara, 105.
coccum, 81.
cochers, 238, 268. Voir : conduc-
teurs.
Cocidius, 304, 305, 308, 314.
coffre, 147.
Coligny (inscription de), 96-98,
374-377.
colisatum, 84, 223.
collèges, 386.
Collias, 94.
collier, 166, 172, 173, 174, 191,
208, 214, 271, 319, 324, 346.
Voir : maniacês.
-corn-, 111.
Co-matu-marus, 111.
combat, 46, 268, 270-272, 355,
382. Voir bataille.
combennoncs , 64.
Comboio-marus, 111.
commandement militaire, 259.
commerce, 90, 219-221, 300.
Voir : marchands.
Commius, 133, 229, 244, 260.
communauté des biens, 247 ; des
femmes, 181 ; religieuse, 386.
communications, 221.
Comontorios, 404.
■ composition pour meurtre, 254.
comptes, 372.
con-, 111.
Conall, 148, 370.
Conchobbar, 3, 281, 382.
Concolitanos, 227.
Cond, 143.
Condate, 111, 132, 306.
Condatis, 304, 306, 309.
Condaio-magus, 114, 118, 436.
Condet, 323.
Con-dercus, 112.
Condrusi, 17.
conducteurs, 263, 264. Voir : co-
chers.
Conem-briga, 440.
INDEX GENERAL
493
confédération, 244.
confiscation, 256.
Conim-briga, 440.
Con-geistlos, 113.
Con-gonneto-dubnos, 112.
conjugaison, 131.
Connaclit (Connaught), 272.
conseil, 260,340. Voi.- : assemblées,
sénat,
construction, 351.
contestations, 380.
contingent, 244.
Con-victo-litavis, 111, 382.
corail, 191, 208-209, 267, 425.
coq, 337.
coquille, 218.
Coralli, 291.
corbeau, 335, 336. Voir : lugos,
boduo-, brano-.
corbeilles, 160, 199.
Corbilon, 222.
'corio-, 111.
corma, 62, 163.
corna, 76.
Cornavii, 31, 351.
cornes, 160, 289, 318. 319, 320,
338, 339.
Cornouaille anglaise, 21, 55, 221.
Corotiacus, 304.
corporations, 385.
Correus, 236.
cosmogonie, 373, 379.
Cososus, 304.
Cotini, 33. »
Cotta, 280.
Cottaio-briga, 439.
cottes de maille, 288.
Cottus, 259.
Couchey, 99.
couleurs, 170, 171, 209, 212, 214,
289
coupes, 160, 163, 184, 185, 212.
courage, 146.
couronnes, 268.
couteaux, 207.
coutelas, 41, 160, 281.
-covero-, 112.
covinnus, 66, 223, 263.
coxo-, 112.
craie, 197.
crânes, 147, 160.
crannog, 44, 217.
crémaillères, 159.
crémation. Voir : incinération.
Crêt-Châtelard, 44.
creusets, 44.
cribles, 160.
Criciru, 169.
crins, 160, 290.
cristal, 368.
crimes, 254, 256, 380.
cris de guerre, 293.
Critognatus, 27.
crixo-, 112.
Crixos, 112, 271.
croissants, 176, 287. Voir : lune.
croix gammée, 212, 288, 331.
cruauté, 146, 151.
crucifier, 349.
Cruithne, 18.
Cruithnech, 18.
cruppellarii, 75.
Cualngé, 3, 272, 321, 362.
Cûchulainn, 3, 148, 268, 272,
278, 281, 321, 324, 370.
cucullus, 83, 170.
cuillères, 175.
cuir, 201, 224. Voir : peaux,
cuirasse, 288-289. Voir : leiusmata
cuivre, 21, 160, 207, 209, 217.
Cularo, 119.
culte, 346.
Cumal, 306.
cumba, 87.
cumin, 162.
-cuno-, 105, 112.
Cuno-marus, 121.
Cuno-pennus, 105, 112.
cupidité, 149.
cupules, 331.
Curiosolites, 34, 155, 193, 244.
curmi, 62.
currach, 224.
Curtius (C), 410.
cuves, 165, 310.
cuvettes, 211.
cycles, 376, 377.
cygnes, 213.
Cymry, 24.
Cynètes, 8, 396.
Gypre, 21.
cyrtias, 79.
D barré, 96.
Daces, 460.
494
INDEX GENERAL
dago-. 106, 112.
Dago-bitus, 106, 112.
Dago-dubnus, 106, 112, 121,
Dago-durnus, 113.
Dago-vassus, 117.
Dalmatie, 448.
Damona, 329.
dan, 69.
Danno-talos, 99. Cf. Tanotaliknoi.
danses, 269, 271, 346, 347.
Danube (Istros), 22, 33, 182, 221,
259, 395, 397, 401, 402, 414,
416, 417.
Dardani, 32.
dards, 203. Voir : javelot.
Dario-ritum, 442.
darsus, 87.
Dauphiné, 424.
dauphins, 205.
dates, 39-40.
Davies (Edward), 389.
débiteurs, 239.
déclinaison, 130.
décoration, 215. Voir : ornements.
dede, 93, 94.
dédicaces, 365.
déesse cornue, 319.
Dejotarus, 151.
Delphes, 335, 404, 416, 419, 457.
Demetae, 34.
Dêmêtêr, 347.
Demetrius, 354.
démocratie, 229.
Dennevy, 323.
dents, 369.
Denvs l'Ancien, 257, 397, 410,
413.
Deo-briga, 110, 439.
Deo-brigula, 439.
dépouilles. Voir : butin.
Derceia, 112.
derco-, 112.
Derco-iedus, 112.
Derdriu, 18 i.
Dervaci, 112.
*derveita, 123.
Derventio, 119.
derco-, 112.
Dervones, 112, 316. '
Dervos, 112.
Desso-briga, 4.')'.i.
dettes, 237, 239, 249, 352.
Deusoniensis, 305.
devins, 334, 362. Voir : divina-
tion.
dêvo-, 112, 127.
Dei>o-gnata, 112.
Devon, 34.
Devona, 456.
Dexiva, 315, 328.
Dexivates, 328.
Diablintes, 34.
Diarmait mac Fergusa, 182.
Dicaineos, 390.
dieux, 299-334, 348, 408. Voir :
Divo-durum.
Dieu à la roue, 319, 323.
Dieu au maillet, 322, 332,337,345.
Dieu cornu, 318, 330, 338.
Dieu tricéphale, 323.
Differdange, 320.
Dijon, 99.
dîner, 150. Voir : repas.
Dinomogetimarus, 304, 829.
Dioclétien, 384.
Diodore de Sicile, 11, 400.
Dioscure.s,216,301,318.
Dirona, 326.
discours, 152, 272. Voir : élo-
quence.
disette, 181.
dislocation, 316.
Dispater, 251, 303, 310, 322, 353,
373.
disputes, 164.
disques, 168.
distractions, 202-205.
Divanno, 304, 329.
Divi-catus, 111.
Diviciacus (Eduen),151, 364, 372,
381.
Diviciacus (Suession), 251, 462.
divination, 334, 335, 340, 349,
362, 366, 379, 383. Voir : pré-
sages.
Divixia, 96.
divo-, 112.
Divo-durum, 112, 118, 432.
Divo-gena, 120.
Divo-genua, I2i1.
Divona, 112, 326.
*dl',!o-, 123.
Do iras, 99.
dolichocéphales, 2, 143.
dolmens, 39, 387. Voir: menhirs.
domaine publie, 248.
INDEX GENERAL
495
domination univefselîe, 367.
Domitius AhenohafbUs, 276, 360.
Domnonée, 343. Voir : Dumnonîi.
Don (Tanaïs), 403.
iDonû, 321.
-donna-, 112.
Donnas, 112.
Donno-taurus, 112, 321.
Doriens, 414.
Dornonia, 454.
dora, 69, 126, 430.
Dorset, 34.
dot, 180.
douaire, 182.
Doubs, 273.
dragon, 292, 312. Voir : serpent.
Drappès, 255.
drasidae, 364.
Drave, 33.
*drillo-, 123.
Drilônios, 398.
droit irlandais, 254.
droit de vie ou de mort, 180, 187,
230, 256.
droite, 347.
Druentia, 454.
druidae, druides, 63, 234, 251,
254, 256, 259, 341, 348, 351,
357, 358, 363-392, 414.
druidesses, 383-385.
druidisme, 250, 388.
dru-nemetan, 81, 340.
* drungas, 68, 87.
Drutalus, 81.
Dubis, 453.
dubno-, 106, 112.
Dubno-rix, 106, 112.
Dubno-talus, 117, 121.
Dubra, 112, 456.
-dubro-, 106, 110.
Dubro-dunum, 106, llO.
ducône, 77.
duel, 252-253, 270-272.
dugiiontiio, 99.
Dumiatis, 304, 309.
Dumnacus, 121.
dunino-, 106, 112.
Dumno-coveros, 112.
Dumnonii, 34, 217.
Dumna^rix, 106, 112, 182, 228,
231, 261, 364.
Dunvno-talus, 107.
dûn, 159.
Dun Aengus, 159.
Dunatis, 304, 306.
-duno-, 112.
Duna-catus, 105, 111.
Duna-marus, 112.
Dunon, 429.
dunum, 64, 306, 426-430.
Durnacus, 113.
-durno-, 113.
Durna-magus, 113, 437.
-dura-, 430.
Duro-brivae, 433.
Dura-casses, 34, 111, 132.
Duro-catuellauni, 433.
Dura-cobrivae, 433.
Duro-coregum, 132.
Duro-cornovium, 433.
Duro-cortarum, 433.
Dura-levum, 433.
Duro-liUmi, 433.
Duro-storum, 433.
Durotriges, 34.
Dura-vernum, 433.
Duro-vigutum, 433.
dusii, 68, 327.
dvorico, 99.
Dyvet, 34.
eau, 185, 373.
eaux (culte dès), 326.
Eba-durum, 432.
Eburacus, 113, 119, 445.
ebura-, 113.
Eburo-briga, 113, 438.
EbuTo-dunum, 427.
Eburo-niagus, 436.
Eburone^ (Eburons), 17, 113,
155, 156, 193, 198, 199, 236,
244, 245.
Eburos, 113.
Ebura-viccs, 34, 113, 132, 155,
233, 234, 291.
écarlato, 171.
Ecco-b,-.:;a, 441.
éclipse, o35.
écoles, 379.
écorces, 162, 285.
Ecossais, 51.
Ecosse, 19, 55, 463.
écriture, 95, 372.
496
INDEX GENERAL
écrivains de l'Antiquité, 12, 62-
88.
écuelles, 211.
éducation, 186, 372-374.
Eduens. Voir : Aedui.
égouttoirs, 162.
Egypte, Egyptiens, 356, 448.
eiôru, 93, 100. Cf. ieuru.
élan, 203.
Elbe, 395.
élection, 230, 371, 381, 385.
Eleuteti, 243.
Elitovius, 409.
ellébore, 204.
EUépore, 410.
éloquence, 151, 152, 272, 312.
Elvontiu, 100.
Elvo-rix, 113.
Elysée gaélique, 354-355.
émail, 208-209, 266.
Emain Mâcha, 159.
emarcus, 74.
embrecton, 79.
émigration bretonne, 136.
empaler, 349.
emporté, 74, 184.
Emporium, 216.
enclumes, 207.
Enétes, 405.
enfants, 174, 181, 186, 187, 350,
351, 418.
engrais, 90, 197. Voir : marga,
acaunumarga, glissomarga.
Eni-genos, 120.
énigme, 152.
enseignement, 372.
enseignes, 245, 294, 336.
entrailles des victimes, 334, 350,
362.
Entremont (trophée d'), 47, 148.
epad, 100.
épées, 41, 42, 191, 224, 263, 260.
281-285, 345, 425.
éperon, 267.
épidémie.lSl, 362. Voir : maladies
épingles, 41, 175, 208.
Epire, 257.
épis, 162. Voir : blé.
■epo-, 106, 113, 126.
Epo-manduo-durum,\ 13,132, 431.
Epo-meduos, 113.
Epona, 113, 325, 329.
Eponine, 64, 184,
épopée irlandaise, 3, 143, 297,
382. Voir : Cualngé.
eporedias, 66, 325.
Epo-redia, 106.
Epu-redo-nx, 116, 121, 231, 259.
Epo-stero-vidus, 113.
époux, 248. Voir : mariage.
Epponiacus, 445.
Epponina, 74.
Equa-hona. 442.
équités, 234, 237, 260, 392,
454.
Eratosthène, 401.
Erèbe, 353.
Eridan. Voir : Pô.
Erno-durum, 431.
Erumo, 326.
esclaves, 189, 222, 288, 239-240,
349. Voir ambactus, capto-.
Esopnio, 93.
esox, 81, 205.
Espagne (Ibérie), 3, 5, 20, 206,
216, 221, 303, 402, 413, 429,
430, 439-441, 442, 450, 458,
463. Voir : Portugal, Ibères,
esprit, 152.
Essalois, 44.
Essedones, 147.
essedum, 70, 210, 223, 265, 267.
essieux, 266.
Este, 93.
Esttle-dunum, 429.
Esubii (Esuvii). 155, 193, 310.
Esu-genu3, 106, 113, 120, 310.
Esu-nertus, 115, 120, 310.
Esus, 310, 317, 321.
Esuvii. Voir . Esubii.
étain, 21, 207-208, 218, 221, 222,
396, 457. Voir : cassiteros.
étamage, 210.
éternité, 373.
Ethiopiens, 399.
éthique, 373.
ctic, 99.
étoffes, 172.
étoiles, 287.
Etolie, Etoliens, 404, 419.
étoupes, 294.
étrangers, 150, 254, 302.
étrusque (alphabet), 50, 91.
Etrusques. 372, 409, 410, 414,
415, 416, 449. Voir : Tyr-
rhènes. Tusci.
INDEX GENERAL
497
cubages, euhages, 85, 362.
Eumène II, 45, 258.
eurises, 47.
Europe centrale, 217, 446.
Euxenos, 185.
Eve, 137.
Evreux, 101.
exacum, 74.
Excingo-magus, 111, 435.
Ex-cingo-marus, 113, 114.
Ex-cingus, 111, 113.
excommunication, 380.
exil, 254, 256.
Ex-obnus, 115.
Ex-omnus, 115.
Fabius (les), 149.
Fabius Maximus (Q.), 228.
fagots, 272.
familia, 237.
famille, 89, 233.
fanfaronnades, 149.
farine, 163, 165. Voir : brace.
fatalisme, 334.
faux, 198, 207, 265, 268.
fébrifuge, 368.
femmes, 147, 156, 172, 178, 180-
187, 260, 350, 362, 417.
féodalité, 247.
fer, 40, 41, 42. 159, 168, 173, 175,
178, 206, 207, 217, 221, 222,
266, 284, 287, 339.
Fergus, 370.
fertilité, 194, 195, 196, 408, 414.
Fes Temrach, 371.
festins, 160, 164, 165, 240, 253.
fêtes, 147, 348.
fétiches, 369.
feu, 255, 349, 373. Voir : brûler,
incinération,
fiançailles, 185.
fibules, 42, 44, 168-169, 172, 208,
209, 421.
fidélité, 183-184.
figues, 415.
filé, 358, 381.
filets, 202.
finances, 246.
Find (Fingal), 3, 306.
Findmag, 104.
Fir Bolg, 3.
flèches, 41, 203, 204, 349.
fleuves, 189, 205, 220, 414, 453.
Voir : ritu-.
flux et reflux, 400.
Fomoré, 320.
forêt, 155, 198-199, 327, 369.
Voir : brogilus, celo-, Litana,
bois,
forge, 119. Voir : goban-.
fortifications, 155-157, 272-274.
Voir : dunum, castellum, op-
pida.
fosses, 191. Voir : sépultures,
fougère, 199.
fourrage, 193.
fourreaux, 160, 208, 213, 224.
fourrure, 170.
foyers, 161.
français, 82-84, 87-88.
Franche-Comté, 42, 51, 422.
freins, 201, 222. Voir : mors,
froid, 397.
fromage, 162, 200, 219.
froment, 163. Voir : blé.
frondes, 280.
Frontu, 98.
fruits, 162.
fumée, 339.
fumier, 197.
funérailles, 189-192, 239, 371.
Voir incinération, inhumation.
Gabali, 34, 206, 243.
gabalus, 85.
Gabriacus, 445.
gabro-, 113.
Gabro-magus, 113, 437.
Gabro-sentum, 57, 113, 119.
Gadeira. Voir : Cadix.
gaélique, 55, 462. Voir : irlandais.
Gaëls, 2, 14, 340, 354-355, 458,
462. Voir : Irlandais.
gaesa, 64, 271, 275-277, 278.
Gaesatae, Gaesati, 13, 64, 166,
227, 261, 288, 401, 402.
Galata, 12, 13.
Galates (Galatae), 13, 14, 45, 51,
78, 79, 133, 141, 142, 151, 165,
184, 187, 258, 282, 335, 340,
342, 346, 350, 365, 418.
Galatès, 303, 413.
G. DoTTiN. — Manuel de l'antiquité celtique.
32
498
INDEX GENERAL
Galatie, 77, 186, 201, 462. Voir :
Asie-Mineure.
Galatos, 227.
galba, 75.
Galba (Servius), 280.
Galija (empereur), 135.
Galba (roi), 229, 260.
galbais, 343.
Galiâin, 462.
Galice, 21, 170.
Galles (Pays de), 2, 3, 55. 182,
281, 298, 358, 360.
Galli, 13.
gallicae, 171.
Gallizenae, 383.
Gallo-grecs, 16, 350, 418. Voir :
Gai a tes.
gallois, 4, 55, 62-69, 72-73, 75,
81-88, 104, 105, 106. 107, 108-
118, 123-124, 126-130, 305-
308, 310, 318, 325, 361, 375,
397, 430, 435, 438, 441, 450.
Gallois, 51, 297, 344.
Gallus, 14.
gamba, 88.
Garde (lac de), 92.
Gargas, 94.
Garonne, 206.
*garri, 124.
Garumna, 454.
*gatali-, 124.
gâteaux, 336.
gauche, 340.
Gaule, 6, 53, 422, 424, 425, 443,
450, 461, 462, 463. Voir :
Celtique,
gaulois, 60-136, 384, 452.
Gaulois mourant, 46, 144, 286,
292.
Geidumni, 244.
geis, 370. Voir : tabou.
geisilo-, 113.
gelasonen, 76.
Gélignieu, 102.
genava, 113.
Gennva (Genève), 113, 119, 221.
général. Voir : chef.
-genos, 106. 113.
Genouilly, 99.
Genuciu.s (M.), 410.
Geol'froi de Monmouth, 4.
Gergovie, 44, 156, 180, 186, 273,
Germains, 18, 24, 35-36, 142, 143,
146, 167, 186, 192, 235, 245,
262, 277, 291, 339, 340, 361,
375, 449, 450, 451, 452, 453,
461.
Germanie, 29, 383, 415, 443, 450,
452, 461.
germanique, 36, 61, 74, 79, 83,
121, 125, 440, 452.
Géryon, 302.
Gètes, 356, 339, 390.
geva, 74.
Giamilos, Giamillus, Giamillo,
97.
giainon, 97.
Giarinus, 304.
gibier, 191, 201, 204. Voir : chasse
gigarus, 73.
gilarus, 78.
Gisacus, 314.
gladiateurs, 253. Voir : cruppel-
larii, murmillo.
glaives, 208.
glana, 113.
glands, 196, 367.
glano-, 113.
Glastonbury, 44.
glastum, 74.
glesuni, 74.
glisso-marga, 67.
-gnato-, 113.
gnatus, 73.
gnomes, 324.
gobann-, 113.
Gobanni-cnos, 113.
Gobannio, 113.
Gobannium, 119.
Gobannitio. 113.
gobedbi, 99.
*gobo, 124.
Goëllo, 33.
Goidel, 14.
Gomer, 23.
Gorge-Meillet (La), 290.
Gotini, 33, 36, 461.
gotique, 60, 126-128.
gouges, 207.
graisse, 162.
Grande-Bretagne, 3, 4, 5, 23, 26,
29-31, 36, 133, 170, 172, 183,
195, 197, 206, 207, 217, 222,
223, 251, 260, 287, 295, 354,
365, 378, 399, 406, 407, 412,
INDEX GENERAL
499
413, 429, 432, 433, 436, 442,
443, 448, 450, 458, 462, 463.
Voir : Angleterre, Ecosse, Iles
Britanniques,
granges, 162.
Grannus, 304, 314,.
' gravo-, 124.
gravure, 49.
grec, 71, 72, 76, 77, 79, 85. 95,
103, 125-130, 362.
Grèce, 3, 146, 289, 400, 418, 419,
462.
grecques (lettres), 95, 372.
Grecs,. 8, 9, 404, 419.
*grenna, 124.
Grézan, 288.
Grimm (loi de), 25.
Grudii, 244.
grues, 287, 317-318, 320, 338.
guhia, 81.
guérison. Voir : maladie,
gué. Voir : -ritum.
guerre, 89, 145, 187, 257-293,381,
382. Voir : bodio-, catu-, cingeto-,
cob-, corio-, orgeto-, slogo-.
guerrières, 182, 186-187.
gui, 339, 368.
gulbia, 81.
gunna, 88.
Gundestrup (chaudron de), 48,
286, 289, 292, 319.
gutuater, 82, 365.
gymnosophistes, 363.
Gyptis, 185.
H
habitation, 89, 153-161.
habits, 166-172.
haches, 41, 207, 213, 220 277
332.
haematites, 76.
Haguenau, 325.
Hallstatt, 2, 40-42, 50, 143, 168
169, 172, 174, 175, 176 177
189, 190, 206, 207, 208 209
211, 213, 221, 266, 277 279
282, 284, 285, 286, 287, 288'
290, 420, 424, 450.
halus, 71.
hameçons, 207.
Harmogius, 204.
harnais, 201, 208, 210.
harpe, 361.
haruspicine, 362.
Hastedon, 424.
hébreu, 79, 80, 137.
Helico, 406.
Hellénogalates, 16.
Hellespont, 404.
Helvètes, Helvetii, 95, 146, 155
193, 224, 228, 230, 240, 24l'
242, 244, 246, 247, 269, 285,
406, 461.
Héraklès (Hercule), 150, 302,
305, 309, 311-313, 400, 412
414, 416.
Hérault, 216.
herbe, 197, 198.
herbe aux corbeaux, 368.
Hercynie, Hercynienne (forêt),
407, 408, 415, 461.
Voir : Arcunia.
Herco-brica, 439.
Hêrippê, 240.
héritage, 248, 260, 380.
Hermès, 312, 319. Voir : Mercure.
Hespérides, 355.
Hesus, 310. Voir : Esus.
hêtre, 199.
Hibernia, 397.
hiérarchie druidique, 386.
Hierni, 396.
Hiéron, 216.
Hiéronyme de Cardie, 11, 400.
Himilcon, 8, 9.
Hispani, 282. Voir : Espagne.
Hongrie, 206, 283, 421, 422.
hospitalité, 150, 220, 245.
Hostilius Saserna, 177, 267.
hôtes, 150.
housses, 201.
huile, 162, 415.
huîtres, 204.
huttes, 44, 158. Voir : cabanes.
hyacinthe, 171.
hydromel, 163, 184. Voir : medu-
hyperbole, 152.
Hyperboréens, 22, 327, 355.
kys, 78.
lalonus, 314.
iantu-, 113.
500
INDEX GENERAL
lantu-marus, 113.
lapodes, 33, 459.
Ibères, 143, 302, 399, 413, 418,
449.
Ibérie, 397. Voir : Espagne.
Ibéro-Ligures, 461.
Ibéros, 303.
Iblio-durum, 431.
Iblio-marus, 448.
Ibosus, 314.
Icaunis, 315, 326.
Iccavos, 99.
Iccio-dururn, Icio-durum, 431.
Iciacus, 445.
Iceni, 182.
Ico-randa, 444.
Icio-magus, 436.
Ico-vellauna, 315.
Ictis, 208.
Idennica, 305.
lentu-marus, 113.
lerne, 397.
leusdrinus. Voir: Leusdrinus.
icuru, 100. Voir : eiôru.
if, 122, 370, 379. Voir : eburo-,
Illyrie", Illyriens, 31, 32, 33, 147,
197, 262, 398, 401, 417, 419,
421, 448, 449, 459, 463.
imitation, 152.
immortalité, 351-354, 373, 377.
imperium, 260.
Impernal (L'),en Luzech 44, 157.
impiété, 145.
impôts. 232, 239, 246, 249, 364,
372. ■
incantations, 346, 370.
incendies, 149.
inceste, 181.
incinération, 15, 39, 189-192,
282, 352, 451. Voir : bûchers.
inconstance, 145.
indice céphalique, 51, 143.
Indiens, 309, 455.
industrie, 90, 119, 205-219. Voir :
émail, étain, jannare.
Indutiomarus, 231, 255.
infanterie, 269.
infanterie montée, 262.
inhumation, 15, 39, 189-191, 208,
352, 425.
injustices, 239, 302.
inondations,149, 352,399,414,456.
inscriptions gallo-romaines, 296,
304-330, 314.
inscriptions gauloises, 37, 54, 91-
103.
inscriptions grecques et latines,
102-103, 446.
instruments. Voir : outils.
Insubres, (Isombres), 26, 30, 141,
166, 219, 246, 250, 261, 291,
301, 341, 346, 402, 414.
intelligence, 151-152.
intempérance, 150.
Intercatia, 271.
interdire, 380.
iorcos, 86.
iorebe, 100, 101.
lovincillus, 128.
Iris, 397.
irlandais, 62-69, 81-82, 86-87, 92,
103, 104-107, 108-118, 123-
124, 125-131, 137, 303, 306-
308, 316, 318, 326, 361, 375,
397, 430, 435.
Irlandais, 27, 36, 148, 164, 188,
222, 297, 321, 379.
Irlande, 2, 55, 165, 181, 192, 206,
220, 221, 230, 239, 249, 260,
268, 272, 281, 320, 343, 351,
358, 360, 361, 370, 381, 386,
397, 429, 462.
irréflexion, 145.
Irumna, 454.
Is, 137.
Isara, 454.
Isarninus, 106, 114.
Isarno-, 106, 114.
Jsarno-durum, 432.
Isarniis, 106, 114.
Isle-sur-Sorgue (L'), 94.
Istros. Voir : Danube.
IstrGS 40o
Italie,' 283, 398, 402, 408, 410,
415, 417, 418, 437, 448, 462.
Voir : Cisalpine.
iugo-, 114.
iumbarum, 76.
iupicelluson, 77.
*tVo-, 124.
ivoire, 175, 222.
Ivo-magus, 114.
ivrognerie, 150.
INDEX GENERAL
501
jacinthe, 195.
jambières, 290.
jambon, 162, 253.
Japhet, 23.
jaspe, 368.
javelot, 191, 263, 268, 275-280.
Voir : gaesum.
Jérôme (saint), 13-'!.
Jérôme de Carclie. Voir : Iliéro-
nyme.
joncs, 224.
joug, "67.
jours complémentaires, 375 ;
néfastes, 375.
Jules (tombeau des), 47, 289.
Juliennes (Alpes), 411, 412, 456.
Julio-hona, 435, 443.
Julio-briga, 441.
Julio-magus, 435, 437.
juments, 200.
Junon, 305.
Jupiter (Zeus), 300, 305, 308,
309, 314, 318, 322, 323, 339,
341, 342.
Jura, 454.
jusquiame, 368.
justice, 252-256, 341, 380-381.
Jutland, 48.
karnitu, 92.
Kent (Cantion), 34, 399.
Kernuz, 324.
Killeen Cormac, 384.
-knos, 92, 93.
Labara, 456.
Labiénus, 224.
Lacavus, 304.
Lacco-briga, 440.
Lacédémoniens, 397.
lacets, 171, 204, 274.
Laco-briga, 439.
lacs, 327, 436.
Lacto-durum, 432.
lacustres (villages), 44.
aena, 71, 167.
Laevi, 402.
laginon, 76.
lagit, 97.
laine, 167, 200.
Laighen (Leinster), 202.
lait, laitage, 162. Voir : vaches.
lamaseries, 386.
lance, 41, 147, 164, 279.
lancea, 71, 279.
*landa-, 124.
Landouzy-la-Ville, 323.
Lango-briga, 440.
Langres, 170, 323.
langue celtique, 35, 52-139. Voir:
phonétique, morphologie,
laraire, 324.
lard, 73. Voir : salaisons.
larix, 72.
lat, 97.
La Tène. Voir : Tène.
latin, 70-73, 76, 78, 82, 83, 93,
125-129, 130-131.
Latins. Voir : Romains.
Latis, 315.
Latobius, 304, 308, 314.
Latobrigi, 242.
Latumarui, 93.
laurio, 78.
lautro, 65.
Lebecii, 402.
legasit, 101.
légèreté, 145.
légumes, 194.
leiusmata, 79.
Lemovices, 34, 244.
Lenus, 304.
Lepontii, 405.
Lestrygons, 26.
Lesura, 454.
lettres, 95, 96, 190, 372.
leuca, 73.
leucetio-, 114.
Leucetius, 114, 304, 306.
Leuci, 193, 291.
Leucimalacus, 304.
Leuctres, 410.
Leucullosu, 100.
leuga 73 195.
Leusdrinus 304.
Levaci 244.
Lexovii, 34, 155, 230, 233, 234.
Lezoux, 100, 345.
libations, 147, 184, 348.
502
INDEX GENERAL
Libui, 409.
lieue, 195.
lieux (noms de), 103, 107, 108,
118-120, 297, 426-446.
lièvre, 202, 203, 336.
lignite, 175.
ligure, 61, 73, 188, 438. 454.
Lisfures (Ligyes), 63, 167, 185,
396, 398, 401, 409, 414, 416,
440, 454, 457, 458, 461, 462.
Voir : Celto-ligures, Ibéro-li-
gures.
Ligystique, 395, 397.
limes, 207.
limeum, 74, 204.
Limone, 92.
Limonum, 119.
lin, 194.
lindo-, 114.
Lindon, 114.
Lingones (Lingons), 30, 34, 160,
193, 204, 250, 261, 402, 409.
lingots, 346.
linguistique, 52-58.
linna, 81, 167.
Linlo-magus, 436.
Litana, 114.
lilano-, 114.
Litano-briga, 114, 438.
Litavis, 329.
lits, 159, 160, 161.
littérature des Gaëls, 2 ; des Bre-
tons, 3 ; des Gaulois, 359.
Util-, 114.
lituanien, 126.
Litu-genus, 114.
Litu-marus, 114.
Livicus, 304.
Livie (villa de), 292.
locitoe, 100.
Loco-ritum, 442, 456.
Loégairé, 372.
Loire, 222, 224.
lois, 35, 231, 234, 236, 244.
lokan, 92.
Lopo-dunum, 429.
Lorraine, 42.
loucetio-, 114.
Loucelius, 114, 304, 306, 329.
loudin, 97.
Loughrea, 201.
Loceniacus, 114.
loverno-, 114.
loups, 160, 202, 237.
Lucterius, 237.
Lucumon, 415.
Ludovisi (villa), 46, 144, 149,
168, 177, 286.
Luernios, 114, 165, 215, 232, 360.
Lug, 281, 324, 328.
Lugaid, 148, 182.
lug-dunum, 69,
Lugnasad, 328.
lugos, 74.
Lugoves, 328.
Lugu-balia, 327.
Lugu-dunum, 112, 118, 132, 327,
336, 427.
Luguris, 100.
Lugu-selva, 116.
Lugu-oallum, 327.
lune, 335, 339, 374-375.
Lupo-dunum, 429.
Lusitanie, 20. Voir : Portugal.
Lutetia (Paris), 221.
luttes, 164.
Luxovius, 329.
Luxterius, 96.
Lycopodium selago, 339.
lynx, 203.
Lyon, 135, 344, 359. Voir: Lugu-
dunum.
lyres, 358, 361. Voir : chrotta.
M
Mabinogion, 4.
Mac Dâthô, 165, 253.
Macédoine, 42, 258, 390, 404,
419.
Macédoniens, 390.
Mâcon, 365.
Mael Duin, 370.
Ma gain, 101.
mages, 363, 367.
Mageto-briga, 439.
magiciens, 370.
magie, 367, 370, 379. Voir : talis-
man.
Magilos, 227.
magistrats, 230, 232, 244, 256.
Magniacus, 304.
-magos, 106, 114, 434.
-magu-, 114.
Magula, 114.
magus (mage), 367.
IKDEX GENERAL
503
Magu-rix, 114.
Magusanus. 305.
maillet, 322, 332, 337.
maisons, 153-154, 158. Voir :
huttes, cabanes,
maladie, 300, 339, 348,362,367,
383.
Malaucène, 94, 101.
malfaiteurs, 349.
Manapii, 29.
Manduhii, 155-156.
Mandu-bilos, 109.
Mandu-essedum, 70, 71.
maniacês, 81.
Manlius Torquatus, 270.
mannequins, 348-349.
mannus, 71.
manteau, 170, 172.
Maponus, 304, 307, 308, 314.
marais, 155.
niarca, 64, 67.
Marcellus (Claudius), 271, 288.
marchands, 155, 219, 220, 222,
246, 413. Voir : commerce.
marco-, 106, 114.
Marco-durum, 114, 432, 452.
Marco-magus, 106, 114, 437, 452.
Marco-manni, 452.
marcus, 74.
warga." 71.
margelles, 158.
Margi-dunum, 429.
mari, 180.
mariage, 180-182, 183-185,-385,
386.
marine, 223.
marne, 197.
Marne, 43, 51, 143, 191, 214,
280.
-maro-, 106, 114.
Maro-boduos, 114, 121.
Maro-magus, 436.
Mars (Ares), 300, 301, 304, 305,
309, 310, 314, 324, 329, 341,
346, 350, 365.
Marsac, 99.
Marseille (Ma.ssalia), 185, 215,
216, 245, 341, 395, 406, 409,
410, 416.
marteaux, 207.
Martiacus, 297.
Martin (Henri), 389.
mascauda, 72.
Mastramélê, 405.
mastruga, 80.
matelas, 161.
materis, 83, 278.
mati-, 114.
Mati-donnus, 112, 114.
Matres, Matronae, 172, 305, 316.
Matrona, 326.
-matu-, 106, 115.
Matu-caiuin, 119.
Matu-genus, 106, 115, 120.
Matunus, 314.
Maurienne, 200.
Mavilly, 307, 338.
médecine, 367-369.
Médie, 258.
niedio-, 115.
Medio-cantus, 105.
Mediolanium, Medio-lanum, 82,
115, 132, 409, 443.
Medio-matrici, 115.
Medio-nemeium, 434.
Medo-briga, 440.
Medocius, 304.
Medru, 326.
Medsillus, 96.
medu-, 115.
Medu-briga, 115, 440.
Medu-genus, 115.
Meduli, 31, 34, 115.
mégalithiques (monuments), 220,
330, 343, 386-387.
Meldi, 34.
Melpum, 414.
Melun. Voir : Metlodunum.
Memini, 193.
Menapii, 29, 198, 199, 245.
menhirs, 343. Voir : mégali-
thiques.
inenta, 72.
mer, 258, 385, 399, 420, 452.
Voir : navigation, mori-, rêno-,
inondation.
mercenaires, 149, 257-259, 397,
404.
Mercure, 297, 299, 301, 304, 306,
309, 310. 314, 319, 324, 325,
329, 341, 343, 344, 345, 451.
Mercuriacus, 297.
Mere-briga, 440.
Mères. Voir : Matres.
meriseimorion, 11.
Mero-brica, 439.
504
INDEX GENERAL
Mersey, 308.
*mesga-, 124.
Mésiè, 390.
mesures d'étendue, 89, 193. Voir :
candetinn, arepennis, leuga.
métamorphose, 383.
mélempsychose, 353.
métiers, 300.
Metlo-duniwi, Metlo-sedum (Me-
lun), 221, 224, 428.
métrologie, 195.
Metz, 384.
meubles, 160.
meule, 161, 327.
meurtre, 254, 302, 340, 380.
inid, 97.
Mider, 326.
miel, 164.
migrations, 28, 241, 408, 415,
417, 418, 419, 457-463.
Mile, 3.
Milet, 13, 240.
millet, 162, 196, 198. Voir : panic.
Minerve, 300, 301, 305, 309, 346.
Voir : Athénâ.
mines, 206,208, 274.
Minno-dunum, 429.
Miro-briga, 439.
Misène, 361.
mobilité, 145.
Moccus, 304, 307.
Moelan, 206.
Moeni-captus, 110, 119.
Mogetilla, 307.
Mogetius, 304.
Mogienius, 227.
Mogoiis, 307, 314.
Mogontia, 316, 327.
Mogontiacus, 327, 445.
Mogounus, 304, 307.
moissonneuse, 198.
mollesse, 141.
l\Ioltinus, 315.
Mona (Anglesey), 341, 346.
monarchie, 227-230.
monastères, 386.
monnaies gauloises, 42, 43, 49-
50, 100, 148, 174, 177, 215-
219, 269, 276, 285, 287, 291,
292, 293, 296, 313, 324^ 337,
3'38, 425.
monnaies romaines, 43, 48, 267,
276, 289, 292.
Mont-Beuvray, 43, 157, 212.
Mont-Ghâtel, 44.
Montdragon, 46, 168, 169, 174,
285, 286.
Monto-briga, 440.
monuments figurés, 44, 317.
morale, 373.
Moravie, 421.
morceau (meilleur), 164.
Morganwg (lolo), 388.
mori-, 106, 115.
morici, 68.
Mori-dunum, 106, 115, 428.
Mori-marusam, 115.
Morins (Morini), 133, 194, 198,
201, 229, 244.
Mori-tnsgus, 115, 228, 234.
morphologie, 130-131.
Morrigu, 321.
mors, 41, 266.
mort (peine de), 228, 255.
morts (âmes des), 150, 260.
Moso-magus, 118.
mousse de bière, 178.
moutons, 165, 167, 200.
Moytura, 281.
*muc-, 124.
muge, 205.
mules, 201.
Mullo, 304.
multitude, 231, 235, 236, 408,
424. Voir : peuple,
murailles, 156-157, 273, 274.
Murcens, 44, 156, 157, 161, 273.
musique, 90.
murmillo, 85.
myrtille, 195.
Myrina, 48.
Mysie, 45.
N
Nabelcus, 304.
naissance, 186, 189.
Naissatis, 304.
Namu, 93.
Namnetes, 34.
Nannos, 185.
Nanterre, 189.
Nantiacus, 445.
nanlo-, 65.
Nantoni-cnos, 100.
Nanto-suelta, 322, 324, 329.
I
INDEX GENERAL
505
-nantu-, 115.
Nantuates, 115.
Narbôn, 395, 402, 403.
Narbonnaise, 14, 93, 167, 195.
Narbonne, 245, 395.
nard, 178.
note, 80.
nausum, 86.
Nautae Parisiaci, 47, 171, 286.
navigation, 89.
navires, 223-224. Voir : picatus,
pontones, nausum, cuniba, ra-
deaux.
Necht, 325.
néfastes (jours), 375, 377.
Nemausus, 132, 315.
Nemed, 3.
Nemetacum, 119, 445.
Nemetes, 452.
Nemetiales, 316.
nemeto-, 106, 115.
Nemeto-briga, 106, 115, 434, 439.
Nemeto- cenna, 119.
Nemeto-durum, 432, 434.
Nemeto- gêna, 115.
nemeton, 81, 93, 452.
Nemetona, 115, 329.
Nemeto-tacium, 434.
Nemon, 329.
néo-druidisme, 388.
Nerco-brica, 439.
Nerio-magienses, 436.
Néris-les-Bains, 100.
Nerius, 315.
Nertacus, 121.
-nerto-, 115.
Nerto-briga, 115, 439.
Nerto-marus, 115, 121, 448.
Nertus, 121.
Nervii, 17, 95, 156, 163, 199, 207,
233, 234, 239, 243, 261, 406.
Net, 322.
neuf, 383.
Neufchâtel, 42.
Nevers, 99.
Nevio-dunum, 428.
Nicomède, 258.
Nîmes, 93, 94.
nimidac, 81.
Nitio-briges, 105, 110.
Nitio-broges, 115, 228.
Nitio-genna, 115, 121.
nobles, 177.
noblesse, 232, 235.
nocher. Voir : passeur.
Nodons, 315.
Noé, 137.
nœud, 172.
Noïse, 370.
Noie, 410.
nombres, 367.
nombril, 170.
noms communs celtiques, 62-88,
122-124 ; noms propres, 28-34,
103-121, 426-449, 453-454.
Nord (mer du), 221.
nord-étrusque (alphabet), 91.
Noreia (Dea), 316.
Noreia (Neumarkt), 406, 459.
Norique, 40, 22, 448, 450, 459,
461, 463.
Normandie, 283.
nourrices, 186.
nourriture, 160-166, 202. Voir :
sasia, brace, omasûm, taxea,
embrecton, tuceta.
Novare, 921, 246.
Noviacus, 119, 445.
novio-, 115.
Novio-dunum, 43, 115, 119, 220,
224, 273, 428.
Novio-magus, 115, 435.
Nuadu, 315.
Nudd, 315.
nudité, 166, 172, 178, 347.
nuit, 303, 375.
Numance, 403.
Numides, 375.
nyctalopes, 375.
Nyrax, 341.
obligations magiques, 370.
-obno-, 18.
Océan, 209, 245, 301, 400, 403,
414, 418, 419, 456.
Ocelus, 304, 309.
Ocli-cnos, 100.
octo-, 115.
Octo-durus, Octo-durum, 115, 432,
Octo-gesa, 115.
odocos, 78.
Odyssée, 23.
Œstrymnides (îles), 8, 396-397.
Oestrymnis, 8.
506
INDEX GENERAL
œuf de serpent, 367.
offrandes, 297, 346.
ogham, 312, 379.
Ogmé, 312.
Ogmios, 311-313.
ogron, 98.
oies, 200, 336.
oignons, 194.
oiseaux, 203, 218, 278, 324, 335,
347, 362, 366, 416. Voir :
alauda, becco, gulbia, lugos,
oie, poule, corbeau, grue.
Oisin (Ossian), 3.
olca, 83.
oligarchie, 230.
*ollo-, 116.
Olloudius, 304.
Ollo-tolae, 316.
Olornna, 454.
Oltis, 454.
omasum, 70.
ombrien, 79.
Ombriens, 25-26, 409.
-omno-, 115.
onno, 80.
Onomaris, 182.
onomastique. Voir : noms.
Oppiani-cnos, 99.
oppida, 43-44, 155-157, 193, 217,
272-274. 425.
or, 147, 168, 172, 173, 175, 205-
206, 208, 215, 216, 288, 327,
332, 340, 346, 348, 360.
oracles, 335.
Orange (arc d'), 47, 100, 147,
166, 201, 286, 289, 292.
oreilles, 255.
orge, 162, 163, 194.
Orgetia, 116.
' orgeto- , 116.
Orseto-rix, 116, 121, 182, 228,
230, 232, 237, 255.
Orgon, 94.
orgueil, 149.
orme, 199.
ornements, 41, 173, 209.
Ortiagon, 183.
Oscara, 454.
osier, 154, 155, 223, 224, 285,
348.
Osismi, 244, 383.
osque, 53, 66.
ossements, 190.
Ossian (Oisin), 3.
otages, 245.
oualidia, 76.
ours, 115, 119, 120, 325, 338.
Voir : arto-,matu-.
Ouniorix, 315.
outils, 41. 42, 89, 207. Voir : gul-
hia, hache, taratrum.
ovates, 362.
padi, 73.
Paemani, 17.
Paetus, 46.
pagi, 233, 246.
paille, 154.
pain, 161, 205, 339, 348.
paix, 359, 382.
Palatinat, 189, 421.
panais, 194.
panégyriques, 360.
panic,''l94, 196, 198.
Pannonie, Pannoniens, 33, 417,
448, 450, 459.
pantalon, 166-167.
Paphlagonie, 32, 134.
paraveredus. 87.
parèdres, 322, 329.
parfum, 178.
*pario, 124.
Paris, 310, 317-318, 321, 323,
339.
Paris, 137.
Parisii, 29, 34, 156. Voir : nau-
tae.
part du plus brave, 165, 253.
Partholon, 3.
parure, 40, 173, 191, 206.
passernices, 74, 198.
passeurs des morts, 353.
passion, 145.
pastel, 178, 195.
palère, 322, 325.
Patrice (saint), 371, 379, 386.
patriotisme, 251.
Pauillac, 206.
Pausanias, 400.
Pavs-Bas. 295. 432.
péages, 232, 246.
peaux, 160, 222, 223, 285. Voir :
cuir,
pêche, 204, 207.
I^'DEX GENERAL
507
pédérastie, 145.
Iii'igne, 44, 198.
iirinture, 211, 264, 285.
i" inpe-dula, 65, 125.
iH'nalités, 254-256.
[ifiidaison, 310.
]i'^ndants d'oreille, 176.
lendeloques, 176, 191, 208.
penno-, 116.
Penno-cruciutn, 351.
Penno-lucos, 116.
Penno-i'indos, 116, 118.
Pennus, 116.
Péonie, 419.
peperacium, 77.
Peponilla, 74.
pères, 188, 256.
perfidie, 145.
Pergame, 45, 46, 48, 268, 290,
404, 417.
perles, 175, 208, 222.
Persée, 151.
Perses, 167, 286, 356, 366.
Pescennius Niger, 347.
Pessinunte, 336.
Peto-briga, 441.
petor-, 126, 128.'
petor-ritum, 66, 210, 223.
petrinos, 75, 279.
petronii, 201.
petru-, 116.
Pet ru-cor a, 34, 111, 116, 120,
329.
petrudecameto, 102. ,
Petta, 185.
Petuaria, 66.
peuples, 28. 35, 242-246.
peupliers, 418.
Phaéthon, 420.
Pharnace, 265.'
philhellènes. 23, 399.
Philippe II, 42, 216, 690.
Philippe V, 258.
Phintias, 216.
Phocéens, 185, 216.
phonétique celtique, 125-129.
physiologie, 373.
picatus, 78.
Pictavi, 34.
Pietés, 18, 19.
Pictet. 389.
Pictones, 156, 197, 223.
pierres (culte des), 343.
pierres à aiguiser, 198.
piété, 334.
pieux, 155.
pilentum, 84.
piques, 279.
pirogue, 224.
planes, 207.
plantes, 63, 65, 67, 68, 71, 72,
73, 74, 75, 76, 77, 78, 84, 87,
88, 340. Voir : céréales, arbres,
plastique, 213.
plats, 160, 211.
plaiimorati, 75.
plèbe, 237, 392, 454.
Pleumoxii, 244,
pleurer les morts, 189.
plomb, 8, 207, 218, 292, 332.
plombagine, 211.
ploxenutn, 85.
Pô (Eridan), 221, 224, 227, 271,
327, 395, 396, 398, 402, 409,
410, 418.
poèmes, 359.
Poeninus, 305, 309.
poignards, 214, 279, 285. Voir :
coutelas,
poinçons, 207.
poison, 199, 203, 339, 398.
Voir : antidote,
poissons, 89, 162, 204. Voir :
alausn, tinca, esox.
Poitiers, 101.
poix, 274.
Pollux, 305, 318.
polyandrie, 181.
Polybe, 5.
polygamie, 180.
pommes, 65, 194, 199, 355.
Pommiers, 43.
pompedulon, 65.
Pompéi, 48, 166, 292.
ponem, 72.
pontones, 82.
ponts, 221.
population, 241, 408, 415, 417,
418.
porc, 161, 165, 191, 200, 336,
337, 340.
portes, 150. Voir : doro, ysarno-
d.ori.
porte-boucliers, 164, 238, 413.
portrait physique,141-144 ; moral
144-151 ; intellectuel, 151-152,
508
INDEX GENERAL
Portugal (Lusitanie), 396, 440.
Poseidônios, 6, 147.
Postumius, 147, 314, 348.
poterie, 44,100, 211-213. Voir ;
vases, céramique,
potin, 218.
poule', 336.
pourpre, 171.
poutres, 156, 273.
Prasufa<,nis, 182.
pratiques superstitieuses, 340.
prédictions, 362, 367, 383, 384.
prés, 198.
présages, 335, 350, 362, 367, 408.
prêtres, 340, 365, 382. Voir :
druidae, gutuater.
prêtresses, 184, 383-385.
prêts, 352.
Prettani, 18.
prières, 297, 340, 346.
princes (principes), 229, 231-232,
234, 235,246, 251, 259.
principat, 231-232,245.
prinni, 98.
prisonniers, 46, 147, 349.
procédure, 255.
procès, 252, 367, 380-381.
prophètes, 362, 370, 383, 385.
Voir : devins,
propriété, 247-249.
Prôtis, 185.
Prusias, 404.
Prydain, 18.
Ptolémée 11, Pliiladelphe, 258,
400.
Ptolémée II, 401.
Ptolémée Keraunos, 404.
puissance paternelle, 187, 256.
Pyrène, 396.
Pvrénées, 206, 216, 245, 395, 396,
398, 402, 403, 414, 415, 417,
418, 424.
Pyrrhus, 189, 257.
Pvthagore, 352, 353,367, 377,378,
391.
Pythéas, 5, 399, 403.
Q
Quades, 33.
qualités. Voir : portrait,
querelles, 149.
question, 180, 255. Voir : sup-
plices.
B
race (idée de), 30, 468.
racines, 162.
radeaux, 224, 286, 409.
railleries, 272.
rançon, 183, 240.
-randa, 444.
Randosatis, 304, 309.
rasoirs, 177.
Ratamatus, 315.
rat, 337.
■rate, 86, 104, 109, 119.
rath, 159.
ratin, 98, 100.
ratis, 65.
Ratis-bona, 442.
Ralu-inagus, 436.
Rauraci, Raurici, 156, 242.
raves, 194.
rayures, 171.
reconnaissance (signes de), 293.
rectu-, 116.
Reclu-genus, 116, 121.
rêda, 63, 223.
-redo-, 116.
Redones, 34, 116, 244.
Regadonurn, 428.
Reims (autel de), 318, 323,
337.
relief, 213.
religiosité, 145, 334.
religion, 90, 294-356.
remèdes, 339, 340, 367, 368.
Rémi, 17, 34, 156, 174, 193, 208,
212, 232, 233, 245, 250, 251,
259, 261.
renard, 203, 204, 338.
renne, 65.
rêno-, 116, 326. Voir : Rhin.
reno, 63, 173.
Renos, 116.
repas, 160-166, 253, 339.
repoussé, 211.
retranchements, 155, 273.
rêves. Voir : songes.
Rextu-genos, 100. Voir : Reclii-
genus.
Rhégium, 411, 413.
Rhétie, 30, 95, 197, 448, 463.
Rhin, 185, 206, 218, 221, 245,
283, 317, 326, 378, 415, 418,
461. Voir : Renos.
INDEX GENERAL
509
Rhipées (monts), 22, 415, 417.
Rhoda, 216.
Rhodanus, Rhotanus, Rhône,
221, 222, 224, 227, 283, 395,
397,401,402,454.
rie-, rix, 106, 116.
*rico-, 124.
Riga, 304.
Rigi-samus, 304, 30G, 308.
-rigo-, 106, 116.
Rigo-dulum, 116, 432.
Rigo-dunum, 428.
Rigo-durum, 431, 432.
Rigo-magus, 106, 114, 435.
Rigo-marus, 121.
Rigo-ver-iugos, 114.
Rimini, 177, 401.
-ritu-, 106, 116, 127.
Ritukalos, 93.
Ritu-magus, 106, 116, 436, 442.
rivure, 211.
ro-, 107, 116.
Robur, 339.
* rocca-, 124.
Rodanus, 79, 395. Voir: Rhoda-
nus.
rodarum, 75. 368.
rois, 164, 165, 227-229, 381, 408.
Romains, 10, 407, 408, 410, 417,
463.
romans gallois, 4, 382.
Rome, 22, 161, 200, 398, 411,
415, 416.
roseaux, 158, 165, 224.
Rosmerta, 107, 116, 307, 316, 329.
roto-, 116.
Ro-talus, 107.
Roto-magus, 116, 132.
Roudius, 116, 128.
-roudo-. 116.
roues, 266, 291, 320, 323, 370.
rouelles, 209, 332.
Rouergue, 33.
routes, 221, 300, 302.
roux, 141-143.
royauté, 227-229.
Rudianus, 304, 314, 339.
rufius, 67.
rumpotinus, 84.
runes, 96.
*rusca, 124.
Ruteni, 33, 141, 194, 206, 406.
S
S. Voir : signes.
Sabinus (Julius), 184.
Sabinus (Titurius), 280.
sabre, 269, 281. Voir : épée.
sacrifices, 203, 240, 245, 310,
339, 346-351, 362, 366, 371,
380. Voir : nimidas.
Sacro-vir, 118.
Saefes, 8.
Saegon, 305.
Sagonte, 403.
sagus, 70.
saie, 167,200, 340, 367. Voir : sa-
gus.
Saignon, 94.
Saint-Côme, 94.
Saintes, 170, 319.
Saint-Germain (musée de), 344.
Saint-Remy, 47, 94, 289.
Saint-Saturnin d'Apt, 94.
saisie, 253.
salaisons, 161, 200, 219. Voir :
taxea, tuceta.
Salassi, 197, 205, 405.
Salioncanos, 73.
saliunca, 73.
Sailuvii, 409. Voir : Salyi.
Salo-duruni, 432.
Salyi, 151, 360.
Samaro-briva, 79, 438.
samolus, 75, 340.
samon, 98.
Samo-rix, 306.
Samothrace, 347.
sang, 148, 351, 362.
sanglier, 191, 291, 319, 337, 338.
sanskrit, 103, 125-129, 311.
Santones, 34, 223, 230.
Saône, 222, 224, 368.
sapana, 76.
sapin, 199.
sapo, 71.
Sara, 454.
Sardaigne, 405.
Sardes, 183.
Sarmates, 33, 36.
Saronides, 364.
Sarrebourg (autel de), 321, 337.
sasia, 63.
satires, 360.
Saturne, 301, 354.
510
INDEX GENERAL
saule, 199.
sauterelles, 346.
Savara, 454.
Save, 33, 416.
savon, 71, 178.
Sazeirat, 99.
Scandinavie, 422, 423.
scies, 207.
Scilly (îles), 20.
Scingo-niagus, 436.
Scipion l'Africain, 219, 253.
Scipion Emilien, 271.
scobicn, 65 .
scordisca, 201.
Scordisques (Scordisci), 33, 147,
150, 201, 350, 416, 417, 459.
Scots, 19.
scrupules religieux, 334.
scubulum, 77.
sculpture gréco-romaine, 44.
Scythes, 167, 399, 415.
Scythie, 3, 23.
seaux, 211.
Seben-dunum, 430.
Sedum telephium, 339.
Sedulius, 259.
Seduni, 34.
Segeta, 316.
Segni, 17.
se go-, 117.
Sego-bodiuin, 105.
Sego-briga, 116, 440.
Segobrigii, 185.
Sego-dunum, 116, 247, 456.
Sego-marus, 93, 99, 116, 121, 306,
449.
Segomo, 304, 306, 308, 314.
Segomonas, 306.
Scgontiacus, 445.
Ségource (La), 44.
Segovax, 229.
Sego-vellauni, 116.
Segusiavi, 201, 243.
Segusii, 201.
Sein (île de), 383.
Seine, 222, 224.
sel, 161, 162. Voir : salaisons.
Selago, 339, 348.
Séleucus, 318.
-selva-, 116.
Sémitique, 72. Voir : hébreu.
Semnons, 451.
Semnothées, 363.
Senacus, 121.
sénats, 233-234, 236, 237. Voir :
assemblée.
Sen-dun, 429.
Senlis, 33.
-seno-, 107, 117.
Seno-bena, 121.
Seno-carus, 107.
Seno-condos, 117.
Seno-donna, 112.
Seno-gnatus, 117.
Seno-magus, 117, 436.
Senones, 30, 34, 141, 156, 228,
233, 236, 239, 244, 255.
Senones (de Cisalpine), 402, 409,
414, 418.
Seno-rix, 117, 121.
Senos, 121.
Seno-viros, 118, 121.
Sentinum, 262.
sépultures, 38, 39, 190. Voir :
inhumation.
Sequana, 326, 454.
Sequani, 156, 161, 170, 193, 198,
229, 240,245,250,259.
Séraucourt, 101.
Serbie, 429.
serment, 245, 252, 297.
serpe, 207, 340.
serpent, 218, 291, 318, 324, 337,
367, 387. Voir : dragon.
service militaire, 252, 260.
serviteurs, 164, 165, 240, 262.
Voir : magu-, esclaves, vasso-.
Servius Tullius, 38.
*sesca-, 124.
Setanta, 324, 325.
Siannus, 304, 308, 314.
Sicile, 216, 258.
siège des places fortes, 274.
sièges, 160, 272.
signes en S, 212, 284, 288, 332.
Sigo-i'esus, 118, 197, 408.
Sigynnes, 424.
Siligo» 193.
Silures, 20, 143, 217.
Silure (île), 362.
Silvain, 305, 309, 323.
Sihanecles, 33.
Simos, 185.
simplicité, 152.
Sinatis, 304, 306.
Sinalos, 184.
INDEX GENERAL
511
Singi-dunum, 429.
Sino-rix, 184, 306.
Sinquatis, 305.
Sirona, 96, 326, 329.
Sito-magus, 436.
situles. Voir : seaux.
slave, 126.
-slogo-, 117.
Smertatius, 305.
Smertorix, 329.
Smertu-litanus, 114, 307.
Smertullos, 318.
*socco-, 124.
socs, 207.
société, 89.
Soio, 316.
Soissons, 43.
solde, 259.
soldurii, 238.
soleil, 308, 332, 420.
Solimariacus, 445.
Somme-Bionne, Somme-Tourbe,
43.
SoU-marus, 449.
songes, 334, 371.
sonno-cingos, 97.
sorciers, 367.
Sorlingues, 20.
sorts, 340, 370.
Sorvio-dunum, 429.
Sorvio-durum, 432.
sosin, 99.
sosio, 101.
Sosto-magus, 436.
Sotiates, 238.
.sources, 326, 371.
Spartiates, 257.
s parus, 83.
spirale, 221.
squelettes, 143. 191.
Stanna, 329.
statères, 216.
statues, 44, 160,^343-344.
stolutegon, 75.
Stonehenge, 386.
Stradonitz, 43, 423.
Styrie, 361, 421, 459.
su-, 107, 117, 128.
Su-agrios, 108.
Su-anetes, 117.
subites, 77.
|f Su-carius, 117.
Su-carus, 107, 322.
SuceUos, 322, 329.
Suessiones, 34, 156, 229, 232,
251, 260, 322.
Suetonius Paulinus, 341.
Suèves, 36, 142, 451.
suicide, 148, 352.
suif, 274.
Suisse, 283, 401, 432, 437.
Sulevia, 305.
Sulis, 305, 308, 314.
Sumina, 454.
Sunuxsalis, 316.
supplices, 180, 255. Voir : ta-
ringa, gabalus, tau.
sureau, 199.
surnoms des dieux, 304-308.
svastika, 331, 332.
symboles, 232.
Syracuse, 216.
Syrie, 258, 448.
tables, 160.
tabou, 188, 336, 370.
tactique, 268-274.
taille, 141-143.
Tala-briga, 440.
Taliessin, 389.
talisman, 209, 336, 367, 369.
Voir : amulettes.
-talo-, 107, 117.
Tamise. 335.
Tanaïs ;Don), 403.
Tanarus, 305.
tannare, 87.
Tanotali-knoi, 92.
Tanotalos, 92.
Taranis, 308, 310.
Taranous, 94, 317.
Taranucnos, 308, 310, 315.
Taranucus, 305.
taratrum, 82.
Tarbeisonios, 98.
tarbêlodathion, 76.
taringa, 83.
Tarn, 424.
Taro-dunum, 428.
Tarquin l'Ancien. 408, 409.
Tartessii (Tarlesse), 397, 405.
Tarv-essedum, 70.
tan'os, 117, 130.
Tarvos Trigaranus, 117, 317, 321.
512
INDEX GENERAL
tascos, 77.
Tasgetius, 228.
Tasi-nemetum, 434.
tatouages, 178, 179.
tau, 80, 232.
taureau, 165, 317, 318, 319, 320,
321, 326, 330, 338, 371. Voir :
tarvos.
Taurini, 32, 63, 411, 412.
Taurisci, 32, 302, 405, 412, 459.
Tauriscus, 302.
Tauro-dunum, 428.
tauruc, 77.
Tavium, 342.
taxea, 73.
taxi-, 117.
Taxi-magulus, 117, 229.
Tectosages, 29, 133, 151, 346,
362, 404, 407,417, 461.
teinture, 171, 240.
Telamon, 263.
Telo, 329.
temples, 160, 342-346, 349, 385.
Voir : vernemetis, nemeto-.
Temusio, 316.
Tène (La), 41, 42, 51, 143, 161,
168, 169, 174, 175, 176, 177,
190, 201, 206, 207, 209, 210,
212, 221, 266, 267, 276, 277,
280, 283, 284, 287, 290, 422,
423, 424, 425, 450.
Teno-brica, 441.
terrains. 90.
Terre-Mère, 319.
Tessin 409.
tête coupée, 147, 181, 183, 241,
275, 332.
tétrarque, 340.
Teutalus, 121.
Teutates, 117, 310.
teuto-, 117.
Teuto-bodiaci, 117.
Teuto-boduos, 105.
Teuto-malius, 228.
Teuto-matus, 115, 117, 121.
teutona, 85.
Teutons, 25, 27.
Thara, 454.
Thermopyles, 419.
Thessalie, 419.
theximon, 77.
Thiaucourt, 101.
Thibet, 386.
thon, 205.
thôna, 77.
Thor, 277.
Thrace, Thraces, 3, 33, 291, 404,
415, 416, 417, 419, 449, 459,
462.
thrace, 438.
Thule, 5, 265.
Thunar, 305.
Tibère, 369.
Tiefenau (La), 288.
Tigurinus pagus, 246.
tinca, 87, 205.
tisserands, 44.
Titans, 401.
titre des monnaies, 218.
Titti, 403.
titumen, 76.
Todi, 91.
togi-, 117.
T agios, 117.
Togi-rix, 117. •
Togi-sonus, 117.
toilette, 89, 175.
toit, 154, 158.
Tolistobogii, 183, 404.
tolutegon, 75, 279.
tombelles, 39. Voir : inhumation,
tumulus.
Tongo-briga, 440.
tonneaux, 165. Voir : barils,
tonnerre, 335. Voir : Taranis.
torches, 385.
torques. Voir : colliers,
torsades, 172, 174.
tortue, 270, 274.
Totati-genus, 113, 117.
totem, 120, 337.
Toulouse, 327, 346, 362.
tour à droite, 347.
tours, 273.
Toutalis, 117, 305, 306, 310.
Toutio-rix, 117, 304, 308.
toutious, 92, 93.
Toutissi-cnos, 99.
Touto-bocios, 452.
Toygenus pagus, 246.
traités, 245.
Trajane (colonne), 292.
tranchets, 207.
Transalpine, Transalpins, 16, 147,
152, 196, 198, 250, 351, 367,
402.
i
INDEX GENERAL
513
transports, 219-220.
traversée de la Gaule, 222.
trèfle, 368.
treicle, treide, 69.
tremblements de terre, 352.
trésors, 327, 346.
Treveri (Trévires), 17, 34, 135,
244, 255, 259, 261.
Trêves, 134, 320, 339.
tri-, 117, 126.
triades, 317, 329, 374.
Triballes, 459.
Tri-boci, 117, 452.
tribus (phylai), 246, 406.
tributs, 246, 249.
Tri-casses, 34, 103, 117, 132,
452.
Tri-cassini, 117.
Tricastini, 409.
tricéphales, 323, 329, 337.
tricontii, 102, 107.
Tricoria, 328.
Tri-corii, 111, 120.
Tricorius pagus, 343.
.tridents, 207.
tri- garanus , 117.
tri-marcisia, 67, 262.
tri-nanto, 65.
Trinovantes, 452.
tripetias, 135.
triscèle, 284.
Tritullus, 305.
Tri-ulatti, 117.
Troade, 32, 404.
Trociacus, 445.
Trocmi, 133, 404.
trogo-, 117.
Trogos, 117.
Trogue Pompée, 6.
trois. Voir : triades,
trompe, 161.
trompette, 292. Voir : carnon,
carnyx.
trophées, 47.
Trosly-Loire, 267.
troupeaux, 154, 161, 194, 199,
247, 248, 414. Voir : bestiaux,
trousses de toilette, 475.
trygeranos, 318.
Tuatha De Danann, 3, 312, 320.
tuceta, 79.
Tulingi, 242.
tumulus, 15, 190, 191, 192.
tunique, 169, 172.
tunna, 82.
Tunto-briga, 440.
Turdetani, 403.
Turnacus, 119.
Turno-durum, 119, 432.
Turno-magus, 437.
Turo-briga, 440.
Turones, 34.
Tusci (Etrusques), 409. Voir :
Tyrrhènes.
Twrch Trwyth, 337.
Tylé, 404.
Tyrrhènes (Etrusques), 398, 402,
410, 413, 460.
Ubii, 220.
Ueuetis, 99, 315, 317.
Ulster (Ulaid), 3, 41, 148, 253
268, 272, 278, 281, 321, 383.
umbo, 191, 287.
Unelli, 244.
unité de langue,|28.
Ura, 326.
ura, 76. i*,;
Uriacus, 445. '^■•^ * '
urine, 178. g^ f'\
urnes, 212. ^' p
Urnia, 326. 'tij.wfi
Uro-brocae, 316.f7i
Uro-geno-nertus, 120.
Uro-magus, 73, 119, 437.
urus, 73, 160, 203.
usubim, 76.
uto-cetuni, 111.
Uxellimus, 305, 308.
uxello-, 117.
Uxello-dunuin, 237, 273, 427.
Uxellos, 117, 315.
Uxi-aama, 117.
Vaccaei, 247, 403.
Vachères, 288.
vaches, 200.
Vago-ritum, 442.
Vaison, 93, 304.
vaisselle, 44, 160. Voir : vases<
Vala-brica, 441.
valaemon, 53.
G. DoTTiN. Manuel de l'antiquité celtique.
3S
514
INDEX GENERAL
Valerius Corvus, 271.
vanité, 149, 152, 272.
Vardii, 398.
vases, 40-41, 89, 159, 160, 190,
191, 211-214, 222, 348. Voir :
hascauda.
vassaux, 239.
Vasso, 117.
-vasso-, 107, 117.
Vasso-caletis, 110, 304, 307.
Vasso-rix, 107, 117.
vates, 85, 362.
Vaupoisson, 345.
vautours, 189.
Vebrumarus, 94.
Vecti-marus, 117.
Vecti-rix, 93.
Védas, 356.
végétaux, 88.
Véies, 414. i
vêla, 75.
Velatu-durum, 432
Velay, 33.
Veliocasses, 31, 110, 294.
vellauno-, 107.
Vellauno-dunum, 107, 112.
Vellaunus, 304, 307.
VeUavi, 33, 243.
Velléda, 383.
Venaxamo-durum, 432.
Vendœuvres, 319.
Venedi, 36.
Veneti (Venètes), 32, 34, 35, 156,
193, 220, 222, 223, 233, 234,
244, 247, 272, 398, 402.
Vénètes d'Italie, 32, 459.
V enetoni-magus , 437.
Venise, 169, 177, 286.
Vepo-talus, 117.
ver-, 107, 117.
Ver-agri, 104, 108, 117, 280.
Verbigenus (pagus), 246.
Ver-cassi-vellaunus, 107, 110, 118,
260.
Ver-cingeto-rix, 49, 107, 111,
121, 216, 229, 235, 238, 245,
250, 255, 260, 347.
Ver-cobius,lil.
Ver-com-bogius, 111.
Ver-condari-dubnus, 118.
veredus, 87, 116.
vergo-bretus, 66, 126, 230, 234.
Ver-iugus, 114.
Ver-iugo-dumnus, 114, 117.
Ver-lucio, 118.
verna, 67.
ver-nemetis, 68, 81, 115.
Ver-nemetum, 68, 434.
vernetus, 67.
Verniacus, 445.
*verno-, 107, 118, 124.
Verno-dubrum, 106, 112, 118, 132
453.
Verno-sole, 107, 118.
Vero-dumna, 112.
Vérone, 93, 409.
Verotutis, 304, 307.
verre, verroterie, 156, 163, 175,
191, 210, 368.
vers, 372.
Vertacomacori, 34, 246.
Vertault, 44.
Vertisco, 239.
ver-tragi, 67, 201.
verveine, 340, 368.
Vesontio. Voir : Besançon. >.
Vesta, 307.
-vesu-, 107, 118.
Vesunna, 326.
vêtement, 35, 89, 166-172, 340,
386. Voir : reno, sagus, braca,
laena, linna, cucullus, bardocu-
cullus, caracalla, gunna.
Vettones, 71.
veltonica, 71, 368.
viande, 160-162, 164, 165.
vici, 153, 156.
Vicinnus, 453.
Vicinonia, 453.
victimes. Voir : sacrifices.
Victoire, 78, 292, 313, 315.
vidu-, 118, 127.
Vidubia, 453.
vidubium, 82.
Vidu-casses, 31, 34, 118, 132.
Viducus, 118.
vieillards, 259.
Vienne, 156, 361.
vieux haut-allemand, 103, 127,
450.
Vieux-Poitiers, 98.
vieux-prussien, 63.
vigentiana, 76.
vigne, 194.
vignêta, 76.
Vignory, 324.
I
INDEX GENERAL
515
villages, 153, 156.
ville engloutie, 335.
villes, 154.
Vimina, 454.
vin, 150, 163, 165, 185, 220,
240, 339,348,410, 415. Voir:
vigne,
vinaigre, 162.
Vinda, 118.
Vindalium, 276.
Vindélicie, 143, 448, 459, 463.
Vindiacus, 445.
vindo-, 107, 118.
Vindo-bona, 118, 307, 442.
Vindo-magus, 104, 107, 118, 435,
437.
Vindo-mora, 118.
Vindonnus, 304, 307.
Vintius, 305, 308, 309, 314.
virga, 78.
Virgile, 6.
virginité, 383.
viriae, viriolae, 72.
Viridomarus, 260, 271, 326.
-viro-, 118.
Viro-cantus, 110.
Viro-conium, 111.
Virodactis, 316.
Viro-dunum, 307, 427.
Viro-magus, 437.
V iro-manduos , 118.
Viro-mandui, 33.
visions, 371. Voir : songes.
Vistule, 33.
Visucius, 304, 314.
visu-marus, 68, 368.
Visu-rix, 118.
Vitu-durum, 433.
vo-, 118.
Vo-bergensis, 118.
vocabulaire, 52-126.
Vocontii (Voconces), 6, 107,246,
313, 367.
voiles, 223.
voitures, 89, 223. Voyez : reda,
benna, petorritum, covinnus,
essedum, cisium, pilentum, co-
lisatum, carpentum, carrus, car-
ruca, cantus, ploxenum.
vol, 255, 348.
volaille, 191.
volema, 53, 78.
Volnay, 99.
Volques (Volcae), 28, 151, 205,
406, 407, 461.
Volu-briga, 439, 440.
Vortigern, 351.
Vorocius, 305, 309.
Vosegus, 327.
voyageurs, 299.
Vue, 44.
Vulcain, 301, 318.
Vultumna, 454.
W
Watsch, 276, 278, 421.
Wight, 208.
Williams (Edward), 388.
Winchester, 30.
X devant T, 96.
xynêma, 75, 279.
yeux, 142, 172, 255, 339, 368.
York, 189, 191.
Ysarno-dori, 69, 114.
Zamolxis, 390.
Zarten, 424.
Zénodore, 342.
Zeus, 339, 342. Voir : Jupiter.
1
ADDITIONS ET CORRECTIONS
p. 5, 1. 3, au lieu de : croyance, lire : croyances.
P. 19, dernière ligne, ajouter : Le plus ancien nom des habitants
de rirland-e semble avoir été Ivemi, transcrit en grec 'lojspvot,
en latin Hiberni, d'où la forme composite 'loijjîepvot.
P. 41, n 2, lire : Kônigsberg.
P. 45, n. 2, ajouter : Décielettk, Manuel, t. ii, p. 1580-1590.
P. 47, n. 4, 1. 5, ajouter : Ad. Rbinach, Bévue archéologique, t. xx,
(1912), p. 216-235.
P. 48, n 4, 1. 5, ajouter : Ci. S. Rbihach, Répertoire de reliefs grect
et romains, t i, p. 148150.
P. 49, n. 1, ajouter : Revue numismatique, t. x (1^06), p. 117-131,
381-411, 412-424; t. xi (1907), p. 170 183, 324-336, 461-475; t. xii
(1908), p. 455-489; t. xiv (1910), p 461-476.
P. 49, n. 2, ajouter : DÉcHELBriB, Manuel, t. ii, p. 1592-1593.
P. 63, 1. 6, lire : Irlandais bolg a gac », gallois boly i panse ».
P. 65, 1. 23, ajouter : doro « ostio » lEndlicher) ; en breton et gallois
dnr « porte i, irl. dorus,
P 66, 1. 9, ajouter : Cf. le nom propre dérivé Vergilius.
P. 79, 1. 19, ajouter : var. cissutn, que M. Vbndbtès (Mémoires de
la Société de linguistique de Paris, t. xix, p. 60-62) rapproche
de l'irlandais cixs a panier ».
P. 99, n. 1, ajouter : Cf. G. Poisson, Bulletin rie la Société de géo-
graphie de Rocbefort, 1908.
P. 99, 1. 17, au lieu de : ucuetin Alisiia, lire : uouetin in Ali-
siia.
P 109, 1. 15, au lieu de : Canto-bennom, lire ; Canto-bennlcus
mons.
P. 112, 1. 18, au lieu de : -dummo-, lire : -du^nno:
P. 112, n. 1, au lieu de : Celtorum, lire : Celtarum.
518 ADDITIONS ET CORRECTIONS
P. H3, 1. 25, ajouter : -ialo- : Maro ialos 1., Naiito ialos I., Rigo-
ialos 1. ; V. irl. idl « espace découvert ».
P. 121, 1. 13, 28, au lieu de : Teuio-matos, lire : Teuto-matus.
P. 126, 1. 3, au lieu de : anglo saxon, lire : anglais.
P. 126, 1. 26, au lieu de : -tio, tion-, lire : -tiô, -tiûn-.
P. 127, 1. 8, au lieu de : indo-européenne, lire : indo européennes.
P. 134, n. 7, les lignes 2 et 3 de cette note appartiennent à la n. 8.
P. 150, n. 7, 1 2, au lieu de Perdizet, lire : Perdkizbt.
P. 150, n. 7, ajouter : On a trouvé quelques clefs de l'époque de la
Tène III.
P. 156, 1. 8, au lieu de : Aduatici, lire : Aduatuci.
P. 159, 1 4, au lieu de : recouvert, lire : recouverte.
P. 159, 1 5, au lieu de : chenets, lire : chenets.
P. 159, 1. 6, ajouter : les fourchettes et les tisonniers. Dkchblktte,
Manuel, p. 1412-1428.
P. 159, n. 1,1 3, ajouter : Déchelbttb, Manuel, t. ii, p. 1399-1410.
P. 179, 1. 13, au lieu de : telle, lire : tel.
P. 184, 1. 4, au lieu de : eut, lire : eût.
P. 199, 1. 12, au lieu de : à l'exception, lire : mais à l'exception.
P. 208, 1. 7, ajouter : On a trouvé à l'époque de la Tène des ves-
tiges de forges gauloises, fours à minerai, pinces, creusets,
moules. Décuelette, Manuel, t. ii, p. 1539-1547.
P. 211, n 1, ajouter : La liste des objets de fabrique grecque, ita-
logrecque ou étrusque appartenant aux époques de Hallstatt et
de la Tène I, et trouvés au nord des Alpes a été dressée par
M Dkchelette, Manuel, t. ii, p. 1595-1608.
P. 213, 1. 3, ajouter : Mais la céramique, développée par l'emploi
du tour et influencée par de bons modèles, a réalisé un grand
progrès. D'autre part, outre de nombreux et variés vases en
bronze de fabrication grecque ou italiote, on trouve même un
petit nombre de va^'es en bronze que l'on peut attribuer à l'in-
dustrie des Celtes. Déchelettb, Manuel, t. n, p. 1454-1456.
P. 221, n. 1, 1. 1, ajouter : Cf. p. 91-98, 616.
P. 285, n. 1, 1. 3, ajouter : cf. p. 1235-1245.
P. 287, 1. 5, ajouter ; Le bouclier oblong se trouve aussi sur le mo-
nument des Jules.
P. 304, 1. 11, à Mogounus mettre en note : Cf. Dec Mouno, C. I. L.,
vu, 997.
P. 315, n. 2, aiouter : Cf. Rhys, The Celtic inscriptions of Gaul,
additions, p. 34.
P. 328, 1. 23, ajouter en note : Cf. Foucher, Revue archéologique,
t. XX (1912). p. 341-349.
ADDITIONS ET CORRECTIONS 519
P. 329, n. 5, 1. 4 : Sur la croyance à la vertu magique du nombre
trois, qui a produit la triple répétition du même motif, le tris-
kèle, les trois S, la palraette trèflée, voir Déchelette, Manuel,
t. II, p. 1527-1530.
P. 333, 1. 3, ajouter : L'ornementation des armes peut avoir quel-
quefois un caractère phylactérique. Déchelette, Manuel, t. ii,
p 1311-1314.
P. 355, 1. 24, ajouter : La littérature irlandaise offre quelques
exemples de métempsychose ; ainsi Find était ressuscité trois
cents ans après sa mort en la personne de Mongàn ; Tuan mac
Cairill fut successivement homme, cerf, sanglier, faucon, sau-
mon, homme. H. d'ARBOis de Jdbainville, Cours de littérature
celtique, t. ii, p. 43-63, 336-343 : I,es druides et les dieux celtiques
à forme d'animaux, p. 136 142. J. Hastings, Encyclopaedia of
religion and ethics (art. nietempsychôsis).
P. 355, n. 2, ajouter : p. 285-292.
P. 432, 1. 10, ajouter : « oppidum Batavorum » (Tacite, Hist v, 19).
P. 444, 1. 10, ajouter : Le même mot se trouvait comme premier
terme dans Rando-satis (ci-dessus, p. 304).
•
TABLE DES MATIÈRES
Préface vu
Avertissement de la seconde édition xiii
Abréviations xv
CHAPITRE PREMIER. — Les sources et la mé-
thode 1
Diverses définitions des Celtes, p. 1. — La littérature et
les Annales des Gaels et des Bretons, p. 2. — Les écri-
vains grecs et latins, p. 5. — Noms des Celtes en gé-
néral : Celtae, Galli, Galatae ■,Belgae; Brittani, p. 12.
— Les îles Cassitérides; les Hyperboréens ; les Cimmé-
riens, les Cimbres et les Kymry ; les Ombriens et les
Insubres ; les Lestrygons, p. 20. — Noms des peu-
plades celtiques, p. 28. — La notion de race celtique
chez les anciens, p. 35. — L'archéologie celtique :
Hallstatt et La Tène.p. 37. — Les Celtes sur les monu-
ments figurés, p. 44. — Les Celtes d'après l'anthropo-
logie, p. 50. — Les Celtes d'après la linguistique, p. 52.
CHAPITRE IL — La langue 60
Les noms communs conservés par les écrivains grecs et
latins, p. 62. — Les inscriptions gauloises en carac-
tères nord-étrusques, en caractères grecs, en carac-
tères latins, p. 91. — Les inscriptions latines et grec-
ques, p. 102. — Les noms propres de personnes et de
522 TABLE DES MATIÈRES
lieux ; sens des éléments qui entrent dans la composi-
tion des noms propres,p.l03. — Les mots restitués par
la linguistique, p. 122. — Caractéristiques du vieux-
celtique, p. 125. — Histoire du celtique continen-
tal, p. 133. — Les celtomanes ; le breton ancêtre du
français, p. 136.
CHAPITRE III. — Les personnes et les cou-
tumes
Portrait physique des Celtes par les anciens, p. 141. —
Portrait moral et intellectuel, p. 144. — L'habita-
tion, p. 153. — La nourriture, p. 160. — Le vête-
ment, p. 166. — La parure, p. 173. — Les femmes :
Chiomara, Camma, Gyptis ou Petta, p. 180. — Les
pères et les enfants, p. 187. — La naissance et la mort;
inhumation, incinération, p. 189. — L'agricul-
ture, p. 192. — La chasse, p. 201. — L'industrie et
l'art ; les mines ; le corail ; l'émail ; l'étamage ; la
plastique ; les monnaies, p. 205. — Le commerce, les
voies de communication, p. 219. — La marine, p. 223.
CHAPITRE IV. — L'ÉTAT. 226
Les rois, p. 227. — Les magistrats, p. 230. — Les prin-
cipes et les équités, p. 231. — Les sénats, p. 233. —
Les assemblées, p. 235. — La plèbe, les ambacti, les
clientes ; les esclaves, les prisonniers de guerre, p. 237.
Les cités, les peuples clients, les pagi, p. 242. — La
propriété, p. 247. — La justice,le serment, le combat
judiciaire ; la composition pour meurtre ; la procé-
dure, p. 252. — Les mercenaires celtes, p. 257. —
Le pouvoir militaire, p. 259. — La cavalerie, p. 260.
— Les chars de guerre, p. 262. — La tactique guer-
rière, les combats singuliers ; le siège des places
fortes, p. 268. — Les armes offensives et défensives,
p. 275.
TABLE DBS MATIÈRES 523
CHAPITRE V. — La religion 294
Difficultés de cette étude, p. 294. — Les divinités assi-
milées chez les écrivains de l'Antiquité et dans les ins-
criptions gallo-romaines, p. 299. — Les divinités à
nom celtique : Taranis, Tentâtes, Esus, Ogmios ; les
Mères, p. 310. — Les monuments figurés, le Taureau,
le Bûcheron, les dieux cornus ; le dieu au maillet ; le
dieu à la roue ; Epona ; les divinités des eaux ; les
villes divinisées ; les dieux et leurs parèdres, p. 317. —
Signes symboliques, p. 330. — La divination, p. 334.
— Restes du culte des animaux et des plantes, p. 336.
— Les enceintes sacrées et les temples, p. 340. — Les
statues, p. 342. — Les offrandes, p. 345. — Les
prières, p. 346. — Les libations, p. 348. — Les sacri-
fices, p. 348. — La croyance à l'immortalité de
l'âme, p. 351.
CHAPITRE VI. — Les Bardes, les Vatès, les
DRUIDES 357
Les bardes, p. 358. — Les vatès, les devins, les euh-
ages, p. 361. — Les druides, p. 363. — Les prêtres
gaulois, p. 364. — Attributions religieuses des
druides; la magie, p. 366. — Leur enseignement; la
cosmogonie ; le calendrier ; les druides et Pytha-
gore, p. 372. — Leur rôle judiciaire en Gaule, p. 380.
— Leur rôle politique, p. 381. — Les druid esses, les
prêtresses de Sein, p. 383. — Les collèges de
druides, p. 385. — Le néodruidisme, p. 386. — Origi-
nalité du druidisme, p. 389.
CHAPITRE VII. — L'Empire celtique 393
Témoignages des anciens sur les pays occupés par les
Celtes, p. 395. — Extension des civilisations aux-
quelles appartiennent les Celtes, p. 420. — Les noms
de villes fondées par les Celtes ; -dunum, durum, -ne-
metum, -magus, -briga, -ritum, Medio-lanum, Ico-
524 TABLE DES MATIÈRES
randa, -acus, p. 426. — Pays où l'on a trouvé des,
noms celtiques de personnes, p. 446. — Rapports des
Celtes et des Germains, p. 449. — Origine des Celtes,
l'ancienne Celtique, les Celtes dans l'Allemagne cen-
trale, p. 453. — Les migrations, l'empire d'Ambiga-
tus ; décadence de la puissance celtique, p. 457.
CONCLUSION 465
Index des auteurs, p. 471. — Index général, p. 483.
Additions et corrections, p. 517.
Saint- Amand (Cher). — Imprimerie Bussisae.
fl