Du Val de Mondrainville,
Etienne
Manuscrit d'Etienne Du
Val de Mondrainville
ÛC
801
C11Û8
MANUSCRIT
D'ETIENNE
[)\] VAL DE INDRAINVILLË
Magistrat et Armateur caennais
— 1535-1578 —
PUBLIli: POUR LA PREMIÈRE FOIS
AVEC UNE ÉTUDE SUR LE MANUSCRIT
ET DES DOCUMENTS NOUVEAUX
PAR
GABRIEL VANEL
Ancien Magistkat
^"^0^
CAEN
LOTIS JOI'AX. ÉDIIKIR
Libraire de lu Société des Antiquaires de Sorniundie
i)8, 1«UK SAlNT-PlKllIiK, 98
1908
Extrait des Mémoires de l'Académie nationale des Sciences,
Arts et Belles-Lettres de Caen (1907).
MANUSCRIT
D'ETIENNE DU VAL DE MONDKALWTliE
7'iré à 75 exemplaires.
50 e.veiupldires seiilemenf mis dans le commerce.
DU MEME AUTEUR:
Kn N'ohmandie. (^HOQi'is MAKiTiMEs. — Paris, Houvcyre, 1887,
1 vol. in-12 (épuisé).
I/I">t;i.I.SE DE SECyHEVILLE-EX-liESSIN. — Le PrIEURÉ IlE SaINT-
Gabiuel. — L'Eglise d'Ussy. — • La Croix de Ghisy. —
L'Eglise de Jort. — L'Eglise de Beaumais. — Monographies
parues dans la Xormandie Monumentale, Le Havre, Le
Masie, éditeur.
Journal de Simon Le Marchand, bourgeois de (2aen. 1(510-1693.
— Caen, Louis Jouan, 11)03, 1 vol. in-8" .... 10 fr.
Recueil de Journaux caenxais. 1()()1-1777. — Rouen, Lestringanl,
1904, 1 vol. in-8" 12 fr.
Mémorial de Philippe Lamare, secrétaire de Dom Gouget,
bénédictin de l'abbaye de Fontexay. — ('aen, Louis
Jouan, 1905, 1 vol. in-8" 7 fr. 50
Remarques de Nicolas Le Hot, avocat au IJailliage et Siège
présidial de Caen. 1(580. — (>aen, Louis Jouan, 1905,
in-8" 2 fr.
Tuois Mémoires du lieutenant général du Portal sur la N'ille
ET LE Château de Caen. 1759-1771.— (^aen, 1905, in-8". 2 fr.
Etude sur la prise de (Cherbourg par les Anglais, en 1758. —
Caen, Louis Jouan, 1906, in-8" 2 fr."
Hemarques de Jacques Lk Marchant, conseiller garde scel au
Haii.i,ia(;e et Siège prkisidial de Caen. 1(580-1738. — (]aen,
Louis Jouan, 1907, 1 vol. in-8" (qiu'l(|iu's exemplaires seu-
lement) 15 fr.
Pour ji;ir;iilrf iirai-liniiifini-iil :
Huit annéics d'IOmkjration. — Souvenirs de l'abbé G.-.l. Martinant
DE Préneue, chanoine de St-Meiuiy, cubé de St-Lambeht de
\'au(;iiiard, DI-; Sceaux et di-: St-Li:u. 1792-1801. Paris, Li-
hiairif :u':i(li'Mii(|iif i'cnin cl C" , 1 vol. iii-S".
MANUSCRIT
D'ETIENNE
DU VAL DE MON DRAIN VILLE
Magistrat et Armateur caennais
— 15 3 5-1578 -
PUBLIÉ POUR LA PREMIÈRE FOIS
AVEC UNE ÉTUDE SUR LE MANUSCRIT
ET DES DOCUMENTS NOUVEAUX
PAH
GABRIEL VANEL
Ancien Magistrat
""^^
CAEN
LOUIS JOUAN, ÉDITEUR
Libraire de la Société des Antiquaires de Snrniaiidie
98, RUE Saint-Pieu RF-, 98
1908
DC
ETUDE
Sur le Manuscrit ll:i in-f' de la Bibliothèque de Caen
ETIENNE DU VAL
d'après de nouveaux documents
I
Nous n'avons pas la prétention de refaire Fhis-
toire de la vie d'Etienne du Val de Mundrainville ;
cette étude a été Tobjet d'un article de Georges
Mancel, et, plus tard, M. Gustave Dupont, dans le
tome XV du Bulletin de la Société des Antiquaires
de Normandie, a donné, de ce personnage bien
connu, une biographie basée sur des notes laissées
par du Val lui même, notes qui, Jusqu'à présent,
avaient été peu ou point consultées. iM. de Beaure-
paire, dans Caen ll/usfrr, a également résumé ces
études.
Les notes de du Val, restées inédiles, ne peuvent
prétendre au titre de Journal: elles ne sont, en
effet, que de courts alinéas, écrits sans ordre et
sans aucune préoccupation de style, ni dintontion
littéraire, sur (piebiucs feuillets duu livre de
comptes in-foli(i, d"où elles unt (Hr' tlt'lacbé'es.
4 KTUDE SUR LE MANUSCRIT 113 IN-F"
Ces feuillets, qui sont au nombre de dix, ont
conservé les numéros du registre; on peut lire
encore, bien qu'atteints par le couteau du relieur,
les chiffres 300,... 302,... 309, 310, 311, 312.
On voit par là que du Val avait inscrit ses men-
tions, qui, très certainement, ne nous sont point
parvenues entières, dans le corps et à la fin d'un de
ces grands registres dont il se servait pour sa
comptabilité commerciale. A leur suite, il avait fait
transcrire avec soin, car l'écriture en est beaucoup
plus lisible, les donations faites par lui aux églises
et à l'Université. — Elles sont réunies sous le titre
suivant : « Osmônes et donaons fêtes par le dict
Estienne du Val, des héritages et rentes qui emuy-
vent et de V acquisition des dictz héritages », et
comprennent sept feuillets.
Cette partie du manuscrit, bien que n'offrant que
la copie d'actes passés devant les tabellions de Caen,
présente cependant un réel intérêt. On y rencontre
des renseignements précis sur plusieurs person-
nages de cette époque et sur certaines maisons de
Caen; de plus, nous y trouvons, avec tous les détails
et toutes les conditions imposées, les différents
contrats par lesquels Etienne du Val avait rétabli à
Caen le Puy du Palinod en loo7.
Le registre des Rectoriœ, conservé aux Archives
du Calvados, ne contient pas ces contrats et ne
donne qu'un énoncé succinct de la donation.
L'écriture de du Val, dans ses notes personnelles,
est fort difficile à déchiffrer. Les alinéas, jetés sur
le papier sans aucun soin, écrits souvent très vite,
DE LA BIBLIOTHÈQl'E DE CAEN 5
avec un enchevêtrement de traits et dabréviations
peut-être pittoresque, mais certainement d'une
calligraphie par trop originale, ressemblent à des
hiéroglyphes qui nous ont longtemps arrêté.
Nous n'aurions même pas p\i arriver à une lecture
absolument correcte, sans Taide amicale qu'a bien
voulu nous donner un jeune élève de l'Ecole des
Chartes, M. Norbert Sauvage, auquel nous adressons
nos bien sincères remerciements. Le manuscrit,
collationné ligne par ligne, nous paraît maintenant
offrir un texte sur et délinitil".
Sans entrer dans l'ensemble d'im sujet qui a été,
nous le répétons, traité avec autorité, nous voulons
simplement nous bornera étudier certaines parties
laissées de côté par M. Dupont et à rectifier des
erreurs qui, dans plusieurs passages, avaient quel-
quefois dénaturé le sens des notes de notre auteur.
De plus, nous avons eu la Itonne fortune de retrou-
ver, dans les Registres du Parlement de Rouen,
deux arrêts, qui donnent la solution d'épisodes de
sa vie, restés jusqu'ici inconnus.
Etienne du Val fut un des hommes les plus consi-
dérables de son temps. Toutefois, s'il parvint à une
haute fortune, si les honneurs et les distinctions de
toutes sortes se réunirent sur sa tête, il ne fut p<»ur-
tant pas à l'abri d'accusations et de disgrâces reten-
tissantes. Deux fois, au moins, il fut l'objet de plaintes
graves, de concert avec plusieurs des princijtaux fonc-
tionnaires de la ville, ses deux frères, le grénetier
elle curé de Cursy, sa sœur Marie, «pii avait é|)ousé
Jean de Prétouville, « notable marchand ". dit
6 ÉTUDE SUR LE MANISCIRIT 113 IN-F"
BourguGville, le sieur de Biiron-Moges, procureur
au bailliage, Jean Malherbe, son beau-fr^re, lieute-
nant général, Pierre Le Bourgeois, sieur de Béneau-
ville, lieutenant particulier, Guillaume Désobeaulx,
son cousin, et, plus tard, Guillaume de Malherbe,
conservateur apostolique des privilèges de la Facul-
té. On voit qu'il se trouvait en bonne compagnie.
Emprisonné une première fois par les ordres du
Roi et du chancelier Poyet, le 14 octobre 1539, il fut
traîné de prison en prison, avec ses soi-disant
complices, jusques à Tarrét qui mit fm à la procé-
dure, le 18 mars IMO. Il s'agissait du mariage de sa
nièce, Anne de Prétouville, avec Nicolas de Moges,
procureur du Roi au bailliage. On l'accusait de
lavoir, en abusant d'un prétendu mandat, mariée
par force, sans publicité et même sans le consen-
tement de son père, qui était mourant, et qui
décéda pendant le banquet donné à l'occasion du
contrat, à ce qu'on prétendait.
On n'a, pour élucider ce triste procès, (ju'un
commentaire fort couri et assez vague du vieux
juriste Terrien. MM. Dupont et de Beaurepaire l'ont
cité, mais il ne nous renseigne pas suffisamment
sur les causes du procès, causes qui, d'après M. de
Bras, un contemporain, procédaient d'une appa-
rente vindicte. M. de Bras, d'ailleurs, se montre très
sobre d'appréciations, en dehors de cette phrase (1 ).
(1} Il n'y a pas que M. de Bras qui soit sobre d'appréciations
sur du Val; Huet ne lui consacre en tout que six lignes de ses
Origines, ce qui est peu. L'abbé de La Rue a sifrnalé cet ostra-
cisme dans SOS notes inédites: «II est étonnant, dit-il. que
DE LA BIBLIOTUEQUE DE CAEN /
Il pouvait, toutefois, avoir ses raisons pour garder
un silence discret, car le chancelier Poyet était
de ses amis et le nomma, on 1o41, lieutenant du
bailli, en remplacement de Pierre Le Bourgeois,
sieur de Béneauville, Tun des accusés.
Quoi qu'il en soit, Etienne du Val fut condamné,
avec ses complices, au bannissement en la ville
d'Avranches et à Tamende honorable, en plus de la
confiscation de ses biens. Cependant, il fallait que
la condamnation parût bien rigoureuse, ou que ses
motifs restassent fortement discutés, car, deux
mois après, des lettres royales firent remise de
leurs peines à tous les accusés et les réintégrèrent
dans leurs (> biens et honneurs ».
Ici, nous devons relever deux erreurs commises
par tous ceux qui ont parlé de ce procès.
En premier lieu, on croirait, daprès le manus-
crit, et c'est ce qu'ont écrit MM. Dupont et de Beau-
repaire, qu'Fltienne du Val ne bénéficia que des
seules lettres patentes du 1^1 mai lo40. Ces lettres,
par parenthèse, furent vérifiées le 7 Juillet ioio et
non pas le 29 mars io48, comme un la dit, daprès
une mauvaise lecture d'un chiffre. Cela eût été
d'autant plus étonnant quà celte époque, Fran-
çois I*^ qui les avait accordées, était mort. Mais
d'autres lettres de grâce intervinrent, ce qui prou-
verait quo les premières n'avaient pas rt''glé toutes
M. llii.'i III' iiarli' pas (rKlii'iine Diival. -.iciir ilf Momlraiii-
villfi, qui, le premier, dota le Palinod de 2i livres do rente en
lôTiT et d'une autre rente de 7 livres en l.ôTfi ».
8 ÉTUDE SUR LE MANUSCRIT 113 IN-F"
les questions. Nous les connaissons par le texte des
arrêts postérieurs, où elles sont citées, textes qu'on
n'avait pas consulté jusquïci.
Etienne du Val fut l'objet de secondes lettres
patentes du roi François P', datées du 8 juin 1341 et
vérifiées le 20 décembre de la même année; enfin,
de nouvelles lettres, qui furent les dernières, don-
nées à Paris le 17 mai 1542 et vérifiées en la
Chambre des comptes le 29 mars 1543.
Ceci donne à penser que les premières, qui remet-
taient, comme le constate un arrêt du Parlement
de Rouen de 1569, « Etienne du Val et les autres
dénommez, en leur bonne famé, renommée et
biens, toust ainsy qu'ilz estoient auparavant »,
n'étaient cependant pas aussi catégoriques qu'on
le croyait. On peut, en effet, constater que les pre-
mières ne faisaient remise ni des amendes, ni des
frais du procès, qui se montaient à des sommes
considérables. Les autres réglèrent-elles ces points
importants? C'est possible, mais, en l'absence des
pièces, on ne peut que le conjecturer. Toujours
est-il qu'elles touchaient nécessairement à l'état,
aux biens et à l'honorabilité d'Etienne du Val,
puisque le Parlement de Rouen les fait intervenir,
en les citant comme preuves, dans une poursuite en
diffamation intentée par leur bénéficiaire contre
un nommé Marguerite, de Falaise.
En second lieu, on fait toujours épouser Anne
de Prétouville, par Jehan de Moges, procureur du
Roi à Caen. arrêté en même temps quÉtienne
du Val.
DE LA RTBLIOTIlÈOrE DE CAEN 9
Or, il non csl rien. Ce nest pus Jehan <le iMoges,
mais son frère consanguin, Nicolas, qui épousa
Anne de Prétouville. On avait jusqu'ici confondu
les deux frères. On avait ouidié aussi de consulter
les sources et VÉloge 24. de Cahagnes, consacré
à Nicolas de Moges. Du reste, d'Hozier, dans son
Armoriai, Michel Béziers, dans ses Mémoires,
La Chesnaye des Bois, dans son Dictionnaire, etc.,
sont d'accord. 11 ne peut y avoir aucun doute; la
preuve en est facile.
Nous remarquerons dahord que Jehan de Moges,
procureur du Roi à Caen, nYdait plus dans cette
ville en 1589. Le 5 mars L'iHT, il avait été nommé
lieutenant général d u Itailli de Rouen. Jehan de xMoges
ne pouvait donc figurer en cette qualité, à Caen,
dans le procès de io39. Quel avait été son succes-
seur? Précisément Nicolas de Moges, écuyer, sieur
de Buron, du Breuil, de la Haye, d'Estouteville et
autres lieux. Dans son Éloge 24, Cahagnes dit en
propres termes < (pie Nicolas, frère consanguin de
Jean de Moges, rrnonra à la robe ». Cette démission
n'est i)oint pour nous étonner, ajjrès Farrèi de
1589. Il est vrai que la grâce royale intervint et que
ses finances seules eurent à souffrir, mais il nest
pas moins vrai aussi qu'il lui était difficile de con-
server sa charge après un tel scandale, même
immérité.
(>' (|u il y a de [dus M/arre el ce (|ui a été, en
effet, souligné par MM. Dupont cl île Ik'aurepaire,
c'est que le mariage entaché de raptet de violences,
ne fut point cassé et qu'on n'y toucha pas. Et puis,
\0 ÉTUDE SUR LE MANUSCRIT 113 IN-F"
comment concilier cette prétendue contrainte exer-
cée sur Anne de Prétouville, avec ce passage de
Cahaignes, fort explicite à tous les points de vue,
passage qui, jusqu'ici, n'a pas été cité? Nicolas de
Moges, dit-il, « passa à la campagne une existence
honorable et vécut jusques dans un âge fort avancé ;
heurpux auprès dp .s« femme, qui, outre les grâces
de son sexe et ses qualités éminentes, lui avait
apporté de grandes richesses; heureux dans ses
enfants qui sont revêtus des dignitez de FÉglise,
attachés au Parlement de Rouen, ou voués à la
carrière des armes.... Mûri à Fécole de la bonne
et de la mauvaise fortune, Nicolas fut rangé au
nombre des hommes habiles et sages ».
Dans ces derniers mots, Cahaignes a voulu faire
allusion au procès de lo39. Mûri à cette éc(de,
Nicolas de Moges l'avait été, et l'on peut dire que,
s'il abandonna volontairement les fonctions pu-
bliques, ses concitoyens ne lui retirèrent pas leur
confiance et leur estime ; ils confirmèrent la sanc-
tion des lettres royales en l'appelant à Téchevinat
le jour des Cendres de l'année 1541.
On peut ajouter que ces époux, dont le mariage
était entaché de rapt et de violences, selon l'arrêt
de 1539, vécurent de longues années dans la plus
parfaite union, ce qui s'accorde mal avec ces pré-
misses. Comment, d'ailleurs, expliquer toutes les
données contradictoires que présente cette aM'airo.
quand on l'examine de sang-froid et sans parti
pris? Nous sommes trop loin des faits et nous
manquons trop des documents nécessaires pour
DR LA BIBLIOTIIÈOL'E DE CAEN M
[jouvoir émettre un avis formel en pleine connais-
sance de cause.
11 nous semble toutefois (|u"il ressort de Ten-
senible des faits des présomptions suffisantes pour
attribuer ce factieux procès à la rancune de rivaux
politiques et aussi de candidats évincés, qui étaient
surtout scandalisés de n'avoir pu épouser, en même
temps que la nièce d'Etienne du Val, ses biens
considérables. Il paraît également très douteux
que le père n'ait point été consulté. Le contrat de
mariage, dont une des clauses est relatée dans
Y Armoriai d'Hozier, portait que les parents d'Anne
de Prétouville, « fille et unique héritière de Jean de
Prétouville, écuyer, seigneur d'Ifs, et de Marye du
Val », s'obligeaient « d'accoustrer leur dicte fille
sellon le lieu d'où elle partoyt et le lieu où elle
alloyt ». Ceci semble pourtant bien indiquer que
tout le monde, aussi bien parents que futur, étaient
d'accord.
De [)lus. nous voyons qu'Anne de Prétouville,
devenue dame de Moges, resta toujours intime-
ment liée avec Etienne du Val, ce qui se compren-
drait difficilement si le mariage avait été fait par
lui contre son consentement. En 154"). elle est la
marraine de son fils Jacques, en compagnie de sa
mère, Marie du Val. Et c'est cette femme qui aurait
accusé Kli<MUie d'avoir nbusé de son autorité
d'oncle et de tuteur !
Il y itiiiail lu une anomalie (ju'ou ne pourrait
expliquer.
Nous touchons maintenant à une accusation bien
42 ÉTUDE SIR LE MANUSCRIT 113 IN-F"
autrement grave, qui fut portée contre Kticnne du
Val et d'autres personnages de ses amis et parents
au mois de juillet 1555.
M. Dupont, sur la note du manuscrit qui relate le
fait en lui donnant pour cause une « invention
d'envye », se contente de poser la question sans la
résoudre. « Quelle était la cause vraie ou supposée
de cette accusation, dit-il? Sur quels faits reposait-
elle? Quels étaient les délateurs? Autant de ques-
tions restées obscures et que la note du manuscrit
n'est pas faite pour éclaircir ». M. de Beaurepaire,
qui le cite, ajoute: «Le nom des coaccusés nous fait
supposer qu'il s'agit encore d'une suite de la pre-
mière affaire ».
Il y avait pourtant à tenter une recherche toute
indiquée : s'assurer si, dans les registres criminels du
Parlement de Rouen existant à la Bibliothèque de
cette ville, on ne retrouverait pas les arrêts ou un des
arrêts rendus sur cette accusation. C'est cette re-
cherche qu'a bien voulu faire pour nous l'érudit et
obligeant secrétaire de la Société de l'Histoire de
Normandie, M. P. Le Verdier; grâce à lui, l'arrêt défi-
nitif de d555 nous est connu, et nous savons de quel
crime étaient accusés Etienne du Val et ses complices.
Malheureusement, les pièces de la procédure
flevant le Bailliage de Caen, les arrêts préparatoires
et de renvoi sur l'appel devant la Chambre crimi-
nelle de Rouen n'existeni plus. Il eûtélé intéressant
de connaître la teneur de Ui plainte portée contre
les accusés et le nom des différents personnages
mêlés à cette affaire.
DE LA BIBLIOTHÈOIE DE CAEN 13
Quoi qu'il en soit, nous en savons assez pour qu'il
n'y ait aucun doute sur la nature de l'accusation.
Etienne du Val était accusé, de concert avec
Nicolas de Moges. sieur de Buron, Fancien procu-
reur du Roi et le mari de sa nièce, et Guillaume de
Malherbe, conservateur des privilèges apostoliques
de la Faculté, prieur de IHôtel-Dieu I ,, du crime de
haute trahison. On les soupçonnait de connivences
avec les ennemis du Roi. l'n sieur Jehan de René-
mesnil, également emprisonné avec eux, était aussi
impliqué dans ces poursuites.
Il nV avait, comme on le voit, aucune connexité
entre ce nouveau procès et celui de lo39, ainsi que
l'avaient conjecturé, sur de vagues présomptions,
les biographes d'Etienne ilu Val. Quels étaient ces
ennemis du Roi? Il s'agissait, tout l'indique, de
compromissions avec les adhérents du parti de la
Réforme.
Pour iiien apprécier la situation et les plaintes
(1) Un mot. de lecture fort difticile, avait arrêté M. Dupont
et l'avait imluit en erreur. Il avait cru qu'il s'agissait, dans
cette atTaire, de François de Malherbe, conseiller du Roi au
Présidial, et il avait lu sénateur, au lieu de conservateur.
Or, deux raisons ne permettaient pas d'identitier le coaccusé
de du Val avec le conseiller du Roi. La première, c'est que
François de Malherbe, sieur dlgny, ne devint conseiller qu'en
1Ô63, et que lailaire en question est de 1555. La seconde, c'est
que le mot du manuscrit est beaucoup trop long pour pou-
voir se lire par sénateur. D'ailleurs, on voit, par l'arrêt du
Parlement, que c'était bien de Guillaume de Malherbe dont il
s'agissait. 11 avait éié nommé prieur de l'Hôtei-Dieu en jan-
vier l.'VM.
44' KTUDE SUR LE MANUSCRIT 113 IN-F^
formulées contre les inculpés, 11 faut se reporter à
l'époque où elles furent intentées et aux tendances
des familles qui durent se justifier. Nous sommes
en iooo, c'est-à-dire sept ans seulement avant l'ex-
plosion de 1362. La Réforme a jeté des racines très
profondes dans la classe aisée et dans l'aristocratie.
Il y avait 50 ans que Luther avait paru, et l'Europe
était déjà partagée en deux communions. Les États
du Nord s'étaient séparés de Rome ; si la France pas-
sait de ce côté, la Réforme triomphait. Aussi le gou-
vernement avait-il multiplié les harrières, les défen-
ses et les sanctions. La peine de mort avait même
été décrétée contre les hérétiques. « Mais ils estaient
si opiniastres, dit le vieux Michel de Castelnau, que
plus on faisait de persécutions, plus ils se multi-
pliaient ». La Normandie était une des provinces
les plus favorables à la Réforme. Beaucoup de
familles, à Caen, étaient suspectes d'hérésie et ne se
cachaient pas pour approuver les idées nouvelles.
De ce nombre étaient justement les du Val, les de
Moges et les de Malherbe.
Pour Etienne du Val, il est un fait certain, c'est
qu'en 1502, il fut délégué à Paris par les protestants
de Caen. 11 obtint pour eux la liberté de vivre
suivant leur conscience, à la condition que les
ministres sortiraient de la ville. En 1o5o, il devait
donc avoir avec eux des rapports d'amitié et pro-
bablement de sympathie religieuse.
Quant aux de Moges, nous savons que plusieurs
membres de cette famille avaient adhéré à la
Réforme, et nous ne surprendrons personne en
DK LA BIHLIOTIIKOUF. DK CAEN 15
rappelant comljioiî, à cette épotjue, Torthodoxie de
certains membres de la famille de Malherbe était
sujette à caution. Quelques-uns même s'étaient
déclarés ouvertement pour la Réforme.
On penl nous objecter qu'il s'agit ici d'un prêtre,
du prieur de IHotel-Dieu. iMais ceci nest pas une
preuve. On sait qu'alors nombre de couvents et de
religieux partageaient ces idées, et que, dans le
clergé séculier, il en était de même. Il n'existait pas
de règle certaine, et il avait fallu les décisions du
Concile de Trente pour unifier les croyances. Il n'y
a donc pour nous rien d'étonnant à voir Guillaume
de Malherbe emprisonné avec Ktienne du Val.
L'arrêt du 19 octobre looonous initie aux détails
de la procédure.
Il résulte de la pièce en question, qu'on avait
saisi des « Lettres et escripteures » compromet-
tantes pour les trois accusés; de plus, il paraît
même qu'ils avaient été obligés de faire « des aveux
de bouche » aux commissaires enquêteurs.
Les accusés avaient été arrêtés à Caen, le :22
juillet loo."). Le 18 de ce mois, un arrêt de la
Cbambre criminelle de Rouen avait chargé les con-
seillers Censolz et Rretel d'informer sur les faits
reprochés. De plus, une enquête était faite, à Caen,
le 25 août, par le lieutenant criminel, Charles de
Rourgueville. sieur de firas, ce qui explique encore
mieux le mutisme des Recherches et Antiquitez sur
du Val et ses ad'aires. Cette enquête n'avait pas dû
leur être favorable, car nous voyons les accusés
interjeter appel le 29 août, devant la Chambre des
16 ÉTUDE SUR LE MANUSCRIT 118 IN-F"
vacations de Rouen. Le 13 septembre, la Chambre
rend un arrêt, par lequel, avant de faire droit sur
l'appel, elle veut qu'il « soit ordonné, que leurs let-
tres, cscript euros, soyoni mises devers ladicte Cham-
bre, suyvanl ledicl arrest et avoii.v de jjouschedes-
dicts prisonniers, t'ait/ devani lesdicts citmmis-
saires ».
Enfin, le 25 septembre, elle rend un dernier
arrêt portant que, « toust considéré, après avoir
faict venir en la Chambre lesdicts du Val, Moges et
Malherbe, prisonniers >•, il leur « a esté remonstré
quilz ayent pour l'advenir à soy garder de cbeoir
en telle suspicion de communications avec les enne-
mys du Roy, en laquelle par cy-devant ilz ont esté ».
Les accusés ne s'en tirèrent pas complètement
indemnes, quoi qu'en dise, dans sa note, Etienne du
Val, et quand il écrit qu'ils « furent renvoyés des-
chargés et absous du dict arrest », il force un peu
la vérité. Voici, en effet, le dispositif de la Cour:
« Il sera dict que ladite Chaml)re a mis et mect les-
dites appellations au néant, sans amende et néan-
moins, veu ce qui faict a esté au procès et depuis
produict par les appellans, a ordonné et ordonne que
les prisons leur seront ouvertes et mesme à Jehan
de Renémesnil, aussy prisonnier en la conciergerie,
sans absoudre ny condamner ; à la charge de eulx
représenter par-devant le Roy, ou en ladite Court,
toutefois et quantes il sera ordonné, et ce, à la cau-
tion l'un de l'autre, pour le resguard desdits Mal-
herbe, Moges et du Val, en faisant les soubmissions
au greffe, en lelz cas accoustumées ».
DK LA iiiiujf)Tiii':yri-: dk cakn 17
Ils n'étaient donc ni condamnés, ni absous, mais,
si l'on peut employer une expression qui n'était pas
du temps, laissés en lil)erlé provisoire et mis en
surveillance.
Est-ce à dire que l'on puisse soupçonner, à ci use
de ce procès, le royalisme et la lidélité d'Etienne
du Val, dont il donna si souvent des preuves, récom-
pensées plus tard, en lo63, par Charles [X, qui lui
accorda des lettres de noblesse? Non, certes. Nous
croyons qu'Etienne du Val fut toujours un sujet
fidèle et un royaliste fervent. S'il avait, en religion,
une secrète sympathie pour les idées de la Réforme,
et ceux-là étaient légion, cette sympathie ne l'em-
pêcha pas plus de rester dévoué à son Roi que de
faire de nombreuses fondations au profit des reli-
gieux de Sainte-Croix de Caen et des paroisses de
Saint-Pierre et de Notre-Dame de Froide rue. Nous
inclinerions même à penser que, s'il les fit si nom-
breuses, c'est qu'il voulait se faire pardonner cer-
taine tolérance qui, pour être conforme à nos idées
modernes, pouvait à cette époque lui attirer, comme
on vient de le voir, de graves difficultés. De plus,
deux ans après, en 1557, il rétablissait le Palinod.
11 faut donc voir là, croyons-nous, un de ces inci-
dents que les passions ardentes suscitent à certaines
époques où les dissensions religieuses, arrivées à
la période aiguë, enlèvent à l'oiùaion. el quelque-
fois à la justice, le calme et l'impartialité néces-
saires.
Telle fut cette seconde utlaire qui occasionna à
du Val des pertes sérieuses, dont il nous a laissé, en
-)
18 ÉTUDE SUR LE MANUSCRIT 113 IN-F"
partie, le détail dans ses notes; en outre, il fut obligé
de payer les dépens, qui montaient très haut, et
« des faits articulés considérables». Elle pouvait être
plus grave que la première; elle eut peut-être aussi,
comme iiratTirme,pour cause « une invention d'en-
vye ». Mais, d'un autre côté, on ne peut nier
qu'au point de vue des idées nouvelles, Etienne du
Val et ses coaccusés devaient certainement être
suspects aux autorités d'alors.
Le temps passa: Etienne du Val. par ses libéra-
lités et la Cl insidération qui s'attachait à sa personne,
aurait pu se croire assuré de l'estime el du respect
de tous. II n'en était pourtant pas ainsi. Malgré les
années écoulées, les services rendus et l'attestation
pul)lique de la faveur royale, peut-être à cause de
toutes ces raisons réunies, la calomnie et les mau-
vais propos navaient pas cessé contre lui. Long-
temps après l'arrêt de 1539, en 1569, il fut obligé de
traduire en justice un bourgeois de Falaise, Jacques
Marguerite, qui l'avait diffamé, à propos de cet
arrêt, dans un procès où il était partie.
Nous avons pu, grâce à l'obligeance de M. Le
Verdier, retrouver le texte de cet arrêt dans les
registres du Parlement de Rouen.
Marguerite, sur la plainte de du Val, avait d"abord
été condamné à Caen, par le sieur Guérin de Villy,
lieutenant du bailli, le 20 août 1569, à 10 sols
d'amende envers le Roi et à 4 écus de dommages-
intérêts, pour avoir dit, en plein tribunal, qu'Etienne
du Val avait fait « réparation honorable de ses
crimes » et qu'il était le < destenteur des pauvres
I)H LA lilBLKiTlIKUliE DE CAEN 19
gens». Sa grande fortiino motivait probablement
cette dernière injure.
Estimant la condamnation trop légère, du Val fil
appel de ce Jugement devant la Cour de Rouen. Il
produisit les trois lettres patentes dont nous avons
parlé et déclara qu'il donnait à la Communauté des
Pauvres Valides de Kouen, la totalité des dommages-
intérêts qui lui seraient accordés.
Faisant droit sur son appel, la Cour rendit un
arrêt condamnant Jacques Marguerite « à 25 livres
d'amende euvers le Roy et en 50 livres d'intéresl et
réparation envers ledit du Val, et à tenir prison
jusques au plain paiement desd. sommes; lesquels
50 livres dintérest, ladite Cour, en consentement
dud. du Val, a adjugé et adjuge à la Communauté
des l^uivresdu Bureau de ceste ville de Rouen; et,
oultre, a condamné led. Marguerite, intimé, es
despens dud. du Val; auquel Marguerite et à tous
aultres lad. Court afaict et faict inhibion et detfenses
d'inpropérer, dire ou proférer à l'advenir telles
injures and. du Val, soil en jugement, hors juge-
ment ou aultrement, sur les peines au caz apparte-
nant ». Cette couda mnaticju arrêta probablement
les propos calomnieux, car nous n'en voyons plus
trace.
Nous allons maintenant aborder une autre face de
Ja vie d'Etienne du Val.
20 KTUDE Sl'K LE MANUSCRIT \i'à IN-K"
II
Etienne du Val fut un grand bâtisseur. Tout le
monde connaît les élégantes constructions qu'il fit
élever dans les jardins dont il hérita à la mort de
son père, par suite des partages faits avec ses
frères. Il les agrandit, en 1342, au moyen d'un
échange conclu avec le prieur et les religieux de
Sainte-Croix de Gaen, qui lui cédèrent un lot de
jardins attenant à son hôtel et à ses dépendances,
ainsi que le constate un acte passé devant Michel
Désobeaulx et Jehan de Verolles, tabellions à Caen,
le 12 mai lo42, acte qui a été transcrit par les soins
d'Etienne du Val à la suite de ses notes.
Les jardins et la maison élevée sur leur emplace-
ment avaient été achetés par Jehan du Val, son
père, entre les années lolo et 1520, comme nous
le verrons ci-après.
En effet, dans les deux premières lignes de la
première de ses notes, Etienne du Val nous apprend
que « le mardy, XVI" novembre lo33, estant de
retour d'un voiaige d'Yspaigne», il arriva «en ceste
maison qui fust la Mousche »(1). M. Dupont avait lu
« qui fust ma maignie » ; cela ne présentait qu'un
sens assez vague, et la locution elle-même ne se
(1) La formule t'inployc'o par l-iliciino du Val : « arrivé en ceste
maison qid fust la Mousche », est une formule courante au
XVI« siècle pour désigner le [)r('-cédent propriétaire du logis.
Elle est reproduite dans l'cn-tèlo d'un acte transcrit au début des
« O.tmôtx^s et (lo)ifitions ». à propos d'une maison acquise pai-
DE LA BIBLIOTHÈQUE DE CAEN 21
rencontrait pas dans la langue du XVI° siècle. Nous
avions aussi hésité longtemps pour la lecture de ce
mot, dont le vrai sens nous échappait. Cependant,
on le retrouvait, écrit de la même façon, deux
pages plus loin, et, cette fois, on pouvait lire, sans
erreur possible, « mouschc », au lieu de « maignier).
Il fallait donc lire: « en ceste maison, qui fust la
Mousche ».
Mais que pouvait signifier cette appellation plu-
tôt bizarre? Or, en feuilletant la liste des Recteurs
de l'Université de Caen, nous avons trouvé l'expli-
cation. Au mois de mars 1481, nous voyons que,
« la veille de lÂnnonciation.de la Mousche (Nicolas),
maistre ès-arts et licencié en théologie », avait été
nommé recteur pour la première fois. Il fut réélu,
en effet, une seconde fois, le l*"^ octobre 1490.
Nicolas de la Mousche devint doyen de la Faculté
et mourut peu après Tannée 151o. Le registre des
Rectori;r nous ajtprend. en effet, que sous le rec-
torat de Léonard Koinain, le 10 octobre de cette
même année, ce professeur était très vieux et ne
sortait plus de cliez lui. Dans l'exposé du serment
des régents, on lit ceci : « In aima theologiœ Facul-
tate, Reverendi Magistri nostri Nicholaus de la
Mousche, ejusdem Facuitatis decanus. licet propter
antiqiiifatem ahsens ...
.Jclian (lu Val ni l."il8. Elle est dt-siginV ainsi: »< La maison (lur
fuKt yiditnij. rn la paroisse .Sainl-Eslii'nnf de (^aojm. Il s'airil
iri dt" la famille des marquis deMauny, ramillf liien connue à
Caen, dont l'un des descendants devint ^'ouviTiieiir du C.iiâteau
et ami du poète Malherbe.
22 ÉTUDE SUR LE MANUSCRIT H 3 IN-F°
Son hôtel se trouvait, et il n'y a là rien que de très
naturel, dans le quartier des Facultés, auprès de la
Halle au blé, ou Tripot, et de la rue Froideriie, et il
portait son nom, comme il était d'usage pour les
maisons des riclies particuliers. A sa mort, ainsi que
nous l'avons dit plus haut, il fut acheté par Jehan
du Val, père d'Etienne, qui mourut en 1531. Dans le
partage, intervenu à cette époque entre Etienne
du Val et ses frères, le grènetier et le curé de Cursy,
cette maison et ses dépendances firent partie de
son lot et formèrent le noyau des nouvelles cons-
tructions qu'il fit édifier peu de temps après et que
nous admirons encore aujourd'hui.
L'hôtel si élégant, avec ses sculptures délicates et
ses pittoresques tourelles qu'Etienne termina en
]534, remplace-t-il le vieux logis de notre recteur,
ou faut-il le rechercher dans les constructions avoi-
sinanles?
La réponse est facile et, pour nous, ne fait aucun
doute. Etienne du Val, lui-même, nous la fournit
dans ses notes. La vieille maison qu'habitèrent
Nicolas de la Mousche et, plus tard, Jehan du Val,
est l'édifice, encore à peu près intact, contre lequel
est adossé l'hôtel du XVP siècle, construit de 1333
à 1534. Cette maison, qui présente tous les carac-
tères du XIV« et (hi XV siècle, ainsi que l'attestent
ses larges fenêtres carrées, subdivisées par des
croix de [)ierre, conservant encore leurs encadre-
ments à nervures prismatiques et le cordon qui leur
sert de couronnement, la tourelle descaUer exis-
tant sur la cour, les lucarnes caractéristiques de
DE LA BIBLlOTIIKori-: DE CAEN 23
l'époque, ne laissent aucun doute sur remplacement
du vieil hôtel de famille, devenu Tamorce des super-
bes bâtiments dont le riche négociant caenuais
embellit ses alentours.
Voici, du reste, comment Ktienne du Val s'exprime
à ce sujet: «les dictz partages faicts entre nous,
frères, M" Pierre et Jacques du Val et moy, le XVI«
aoust 1531, durant lequel temps fist bastir le corps
de l'hoslel en potence, où est assys le présent contoyr
en vouste de pierre, lequel fust parfaict de bastir
l'année 1534 ». Ces mots: en potence, avaient vrni-
semblalilement embarrassé les précédents Itiogra-
phes (lEtienne du Val. Ils passent ce membre de
phrase sons silence, tout en citant le reste de lali-
néa. Il est cependant évident que l'édifice de la
Renaissance, désigné de nos jours sous le nom
d'hôtel de la Monnaie, est en potence, par rapport
au vieux logis familial contre lequel il est adossé,
ce qui e\pli(|ue. à la fois, sa position et les termes
du nuumscrit.
Etienne du Val ne fiiisail donc (pie s'agrandir et
conservait, à côté de sa nouvelle habitation, la
demeure de son père et du recteur Mcolas de la
Mouche. M. de Beaurepaire s était demandé sil ne
fallait pas reconnaître, dans le réduit qui termine
la tourelle ronde du bout de cette construction,
«le contoyr vousté en pierre assys dans riiostel".
Pour nous, ce « contoyr » est ailleurs et piulaile-
ment reconnnissable. Dans le gable en bordure sur
la rue de hi Monnaie, gable que dominent les deux
tourelles dont nous venons de parler, on remarque
24 ÉTUDE SUR LE MANUSCRIT 113 IN-F"
Tare surl)aiss6, les montants, la tablette et lamorce
de la porte d'une hoiit'Kfne. tels qu'on les faisait au
XVI'' siècle, boutique (jui a été murée depuis. C'était
là le contoyr voitstr en pierre, dont parle Etienne
du Val. Il étail au rez-de-chaussée, ce qui s'explique
beaucoup plus logiquement, que s'il eut fallu gravir
deux étages pour s'y rendre.
Dans le quartier, nous avons d'autres exemples
de maisons de cette époque; l'immeuble occupé
autrefois par l'imprimerie Le Blanc-Hardel, que
M. de Caumont cite dans son Abécédaire d'Archéo-
logie, fui certainement construit à peu près à la
même date.
D'autres constructions, nécessitées par un com-
merce de plus en plus étendu, ne tardèrent pas à
couvrir une grande partie des jardins contigus.
Elles s'étendaient au nord-ouest de l'hôtel nouvel-
lement bâti. Bientôt Etienne du Val y adjoignit, en
1o49, le pavillon si original, ce casino que M. Palus-
tre déclare le seul échantillon de ce genre de déco-
ration italienne que l'on puisse trouver en Norman-
die, puis le grand hôtel de la cour de la Monnaie,
bâti en 1560.
Dans son Caen Illustré, M. de Beaurepaire cons-
tate que « des investigations récentes avaient fait
découvrir un détail ignoré juscju'ici: dans le pignon,
à droite du casino, s'ouvrait une large porte, déco-
rée de colonnes donl ou voit encore les bases, don-
nanl accès sur une partie du jardin, situé en contre-
bas. Elle était, en ellet, précédée d'un perron dont
les traces sont faciles à reconnaître. Le pignon était
PE I.A MlHI.IOlllÈnUE DE T.AEN 25
décor»'', à sa partie supérieure, de trois ouvertures
juxtaposées ». Or, nous voyons, dans ses noies,
(juKlienne du Val fit Itàtir, « durant l'année I06O,
le corps de maison en potence (il tenait à cette
expression;, avec large escallier et cave; aussy la
porte de derraire à la rustique». Les fondements de
cette large porte, décorée de colonnes et donnant
accès sur un terrain qui est encore à l'état de jardin,
appartiennent certainement à «cette porte de der-
raire à la rusli({ue», dont parle le manuscrit.
MM. Dupont et de Beaurepaire, qui ont cité, sans
en faire l'application à cette découverte, une partie
de cette note, avaient l'ait, tous les deux, une erreur
de lecture en parlant d'un « large escallier à carre »,
mot incompréhensible, au lieu du mot: cave, qui a
un sens beaucoup plus logique et ne peut d'ailleurs
faire aucun doute.
Un autre édifice, qui devait servir de greniers, et
qui fut i)àti «au dnMctde la Halle au bled», pendant
le cours des années 1561 et lo62, vint s'ajouter aux
précédents. C'est la couverture de ce bâtiment qui
fut incendiée par la foudre en 1371 et réédifiée
comme elle était auparavant. Par un singulier
hasard, la << fuye et volière à pigeons », qui se trou-
vait établie dans une partie de ces greniers, n'eut
pas à souffrir de cet incendie. Ktiennc du Val a i\\\
grand soin de noter cette particularité et il se féli-
cite de cette chance. Aui-ait-il été. au \VI'' siècle,
un |irécursenr de nos colomlxtpliilcs actuels?
Des l)àtiments voisins servaient de magasins et
de greniers. Malgré les remaniements et les cons-
26 ÉTUDE SUR LE MANUSCKIT i18 IN-F"
tructions de toutes sortes qui se sont élevées depuis
sur cet emplacement, on peut se faire une idée à
peu pr^s exacte encore aujourd'hui de l'espace
occupé par les corps de logis et les jardins d'Etienne
du Val.
La configuration du terrain, couvert de nos jours
par un dédale de cours et de ruelles, était alors
complètement difrérente. Sauf le vieil hôtel de la
Mouche, rien n'existait sur les jardins qui s'éten-
daient jusqu'à rOdon, du côté de la rue Gémare,
derrière les hôtelleries de la vieille rue de la Halle,
et, de l'autre côté, jusqu'à l'hôtel Le Sens, dont la
cour au Sens, qui existe à l'heure actuelle, vers le
milieu de la rue Froide, indique la situation et les
limites.
En arrière, le domaine d'Etienne du Val tou-
chait la Halle au hlé et se confondait avec les
maisons qui bordaient la rue Saint-Pierre. Une
de ces maisons, au moins, lui appartenait, celle
contre laquelle est appuyé, en potence (c'est la
seconde fois qu'il emploie ce mot), le grand hôtel
bâti en to60.
Etienne du Val ne paraît pas avoir continué ses
constructions après cette année. Du reste, lépoque
troublée où l'on allait entrer n'y prêtait pas, et il
avait assez largement peuplé ses jardins d'élégants
et riches logis pour pouvoir se reposer.
DF, LA BIBLIOTHÈQUE DE CAEN '27
Dans la seconde partie de son manuscrit, Etienne
du Val a fait copier, ainsi que nous l'avons déjà
dit, les actes par lesquels il a constitué des rentes
aux paroisses et à rUniversité de Caen.
Par un acte en date du 12 février 1o()5, le pore
d'Elienne, Jehan du Val, avait acquis à Carpiquet,
sur la place du village, une maison et six vergées
de terre, d'un personnage bien connu à cette
époque, Thomas Le Marchand, sieur du Rozel, dont
nous avons eu souvent à nous occuper au cours de
nos publications sur les annalistes caennais. Dans
le partage fait en t53t, ce domaine était tombé dans
le lot du curé de Cursy. Celui-ci l'avait plus tard
vendu k un autre bourgeois de Caen, fort connu
également, Nicolas Le Fauconnier, et, en fin de
compte, Etienne du Val l'avail racheté en \oi'2. 11
l'avait, à son tour, donné aux prieur et religieux
de Sainte -Croix de Caen, moyennant l'échange
d'une portion de jardins avoisinant ses terrains du
quartier de Froideriie et l'obligation de dire deux
messes basses, à son intention, le lundi et le jeudi
de cha([ue semaine.
Par un aulrc acte, passt' deviuil Dcnys de la Haye
cl .Michel Duloiil. tabellions à Caen, nous voyons
que Jehan du Val sélait également rendu acquéreur,
en I0I8, d'une maison «à plusieurs combles», à
cheval sur la rue des l'rés et la «grand'rue tendant
28 ÉTUDE SUR LE MANUSCRIT 118 IN-F"
à la porte Saint-Étienne », maison qui, par suite des
partages, devint la propriété d'Etienne.
Nous trouvons, dans cet acte, à côté du nom de
Guillelmine Guernon, veuve d'Etienne de Mauny,
le nom d'un caennais célèbre, Jehan Marot. Il s'agit
d'un partage, fait à une date antérieure, entre celui-
ci et les frères Ballargent. La maison « est subjecle,
y est-il dit, par F état dudict décret, à Guillaume
Ballargent, sieur de Saint -Béguin, par recon-
naissance de loths faicts entre Jehan Marot et
Richard Ballargent, frères ». Jehan Marot est
mort en 1523; le nom et l'époque concordent bien
et tout concourt à présumer qu'il est question du
poète et peut-être de la maison où il avait demeuré,
qui serait alors située dans la paroisse de Saint-
Étienne. Mais, comme il y a eu, à Caen, plusieurs
familles portant ce nom, nous nous contentons de
placer ce fait au rang des probabilités.
Cet acte nous apprend aussi qu'Etienne du Val, qui
avait loué cette maison 20 livres tournois, à Loys de
MouUes, de la paroisse Saint-Étienne, « avait osmôné
_ au thrésor, curé et prestres de l'éghse Notre-Dame de
Froideriie », sa paroisse, une somme de 16 livres 10
sols tournois, à charge de « dire, chanter et célébrer,
par chacun an », deux obits et « messes à nottes », le
4" et le 15 juin, ainsi que deux messes basses, tous
les lundis et vendredis, à huit heures du matin.
Il donnait également 70 sols <k' rente aux curé el
prêtres de Saint-Pierre, pour célébrer, à son inten-
tion, tous les ans, un «obit et haulte messe, la veille
de la Sainte-Anne ».
DE LA KllilJOTIIF.Ol'K l>E CAEN 29
Nous avons ici l'explication de ce passage
d'un article de Raymond Bordeaux, à propos
d'Ktienne du Val: « N'oublions pas non plus le
blason de Mondrainville, encore tracé à l'intérieur
d'une chapelle qui sert de passage pour la sacristie
de Saint-Pierre et dont le vocable est perdu. Etienne
du Val aurait-il contribué, avec son immense for-
tune, à l'érection du cbœur de cette église? Nous
n'osons raffirmer: mais ses écussons avaient été
coloriés sur un litre funèbre ». La réponse est conte-
nue dans Tacte et la fondation précédents.
Les deux actes qui suivent consacrent de nou-
velles donations faites par Etienne du Val aux
églises de Notre-Dame de Froiderûe et aux prieur
et religieux de Sainte-Croix de Caen. Ces libéralités
sont des années 1549 et looo.
L'acte de looo a une importance particulière. Il
y règle ses dernières volontés, et entre dans les
détails les plus minutieux sur les cérémonies con-
venues. Le clergé devra célébrer, dans l'église de
Notre-Dame de Froideriie, « pour et à l'intention du
dict du Val, ses parents et amys, tant vivants que
trespassés, par chacune sopmaine de l'an, aux jours
de mardy et samedy, à 10 heures attendant 1 1, deux
basses messes; et, à la fui de chacune desquelles,
dire Libéra, de Profundis et les oraisons accoustu-
mées, sur les sépultures des père et mère dudict du
Val; et faire, préalablement que commencent les
dictes messes, sonner six coups de closche pour
advertir les dicts fondateurs, ses successeurs et le
peuple qui aura dévotion ouyr les dictes messes; et
30 KÏUDE SUR LE MANUSCRIT 113 IN-F"
fournira le thrésor le luminaire, calice et orne-
ments; de ce est requis et de payer au prestre, à la
fvn de la messe, deux sozs tournois, qui, à raison
de la dicte fondation et de la précédente, seront le
dict Ihrésor, curé et prestres fondés, suhjects dire
chacun jour de la sepmaine, une messe à la dicte
heure de 11 heures de matin ».
Suivent encore d'autres donations et engage-
ments réciproques. Il y avait, comme en le voit,
peu de jours de la semaine où plusieurs messes ne
fussent dites pour sa mémoire, à Notre-Dame de
Froiderùe, Saint-Pierre ou Sainte-Croix de Caen. Il
avait, de plus, choisi depuis longtemps la chapelle
où il devait être inhumé à côté de ses parents, et il
avait tenu à assurer, par ses nombreuses libéralités,
les conditions qui devaient conserver sa mémoire
auprès des siens et de ses concitoyens.
Mais les actes les plus importants qui nous ont
été transmis par notre manuscrit sont certainement
les contrats de donation, intervenus entre TUniver-
sité de Caen et lui, pour le rétablissement du Pali-
nod (1), qui, fondé à Caen, en 1527, par Le Mercier
de Saint-Germain, n'avait plus qu'une existence de
nom et était menacé d'une disparition complète.
Grâce aux libéralités d'Etienne du Val, l'institu-
tion du Palinod reprit un nouvel essor et se vit,
(1) L'institution du Palinod, malgré un succès assez vif,
déclina prornptement. En 1540, elle était presque tombée en
oubli. Cependant nous voyons qu'en 1536 le Palinod avait été
célébré à Caen avec la solennité ordinaire. Voici, en otTet, ce
qu'on lit dans les Reg. de l'Hôtel de Ville, à cette date: «18
I)F LA HIHLIOTllKQL'l"- IH: '^AEN 81
par la suite, encouragée par d'autres généreux
donateurs.
Les actes, transcrits avec soin, aussi bien en latin
qu'en français, nous ont conservé dans leur teneur
entière, le conti-at do donalion passé devant MM.
Guillaume Cœurot el Guillaume l^e Gras, tabellions
à Gaen, le samedi G novembre too7, les lettres
d'approl)ation du recteur Jacques Le Porclier. assisté
des doyens des cinq Facultés, et les multiples condi-
tions auxquelles ces libéralités étaient faites. Ktienne
du Val donnait à l'Université une rente perpétuelle
de ^"2 livres lournois, à répartir entre les œuvres
couronnées ; cette rente était établie, pour la somme
de 12 livres, sur « noble homme Jelian de la Ma-
riouze, sieur de Gonneville », et, pour la somme de
20 livres lournois. sur « M. Parisy-Baillehache (I),
sieur de Ranville, ses hoirs et ayants cause ».
novfinhi-t; l')Si'). — Ordoiiiir qu'il sera présenté à M. de Becde-
liévre, conseiller à la Cour de liouen, des vyandes, jusques
à la valleur de 20 escus sol, pour subvenir au banquet de son
Pallinot,en rémunération des ploisyrs qu'il a faicts à la ville;
réservé le dict du sieur Cbevalicr qui est d'avys qu'il suffirait
de 15 escus». Si le Palinod n'était déjà au rabais, du moins
essayait-on de l'y mettre.
(1, Famille très ancienne de (Jaen. Voici ce qu'en dit Huet :
« Cette maison de la Grand'Rue, dans la paroisse de Froiderûe,
qu'on appelle la Court Parisy, a tiré son nom d'une famille du
nom de Parisy. On voit plusieurs actes faits, dans le XVI»
siècle, par (Juillaume Parisy, tabellion, premièrement à Sainte
Paix et ensuite à Caen. Et, dans le siècle précédent, un Jean
Parisy, avocat en rKlection. demeurait sur la paroisse de Froi-
derûe. Cette cour est appelée, dans (iin'Iqucs cliarles. lu Court
Parisy liaillelutche ».
32 i';ïui)E sur le manuscrit 1 l'S in-f"
Il y était stipulé, qu'au Jour dit, les recteur, doyens
et bedeaux i^dont faisait partie Etienne du Val, en
qualité de bedeau de la Faculté de Médecine, charge
quil tenait de son père, ainsi que nous l'apprend
M. Prentout) des cinq Facultés devaient se réunir
en « habits de doyen, chappes et chapperons, à
une heure avant midy >', aux Cordeliers. Le fonda-
teur ou son héritier, coiiiiiie Prince du Puy, devait
assister à cette réunion, « en lieu et place accous-
tumés, pour ouyr la lecture des compositions ».
Ensuite, les recteur et doyens, avec le Prince du
Puy, devaient procéder à la nomination de « six
personnes doctes », chargées d'examiner les com-
positions et d'adjuger les prix.
Le dimanche suivant, même assemblée aux Cor-
deliers, pour la distribution des prix aux vain-
queurs.
Ici, Pacte nous donne, article par article, les som-
mes affectées à chaque épreuve. Nous y voyons
figurer: la composition latine, la composition fran-
çaise, Pépigramme héroïque, le chant royal, la bal-
lade, le sonnet el le dizain. Nous ferons une remar-
que particulière pour le sonnet, qui s'y trouve pour
la première fois; h;s règlements de 15'27 n'en fai-
saient point mention. Il venait, en etfel, d'être im-
porté en France, et, les premiers qui en usèrent.
Clément Marot et Mellin de Saint-Gelais, vivaient
dans la première moitié du XVP siècle. Clément
Marot s'était bien essayé à ce genre de poésie dès
15'29, mais les véritables initiateurs, Ronsard et la
Pléiade, ne devaient paraître que plus tanL Ktienne
I)H LA BIHLIOTKÈQUE DE CAEN 8H
du Val, qui élail un lettré, avait apprécié la nou-
velle forme poétique et avait tenu à ce qu'elle eût
sa part de couronnes dans la réorganisation du
Palinod.
Ce règlement, outre les prix, attribuait des som-
mes diverses, mais minutieusement fixée, saux pré-
sident, juges et assesseurs, sans oublier le fonda-
teur. Nous y voyons, en effet, que le fondateur, ou
son héritier, devait recevoir, pour son offrande à
la messe, comme Prince du Puy, la somme de 3
sols; ceux qui faisaient les compositions latines et
françaises et les « placarts » jjour les invitations au
Puy, affichés à la Toussaint, ^0 sols; aux recteur et
doyens, 48 sols; au lecteur des compositions, qui
« enregistrera les nommez », o sols; au syndic de
l'Université, qui « sera subject contremarquer les
œuvres après qu'elles auront esté leues, pour évi-
ter au changement et variation d'icelles » (précau-
tion peut-être utile), 5 sols; aux six juges (ce sont
les gros bonnets), 60 sols; au couvent des Corde-
liers, qui fournissait les salles et logements (les
bons pères eussent été jaloux de l'Université) 10
sols; au trésor de l'Université, pour «faire les de-
niers bons des dictes partyes et les délivrer, chacun
an, le dict jour, par la main du receveur », 10 sols ;
aux l)edeaux, pour *< faire establir chaires, tapysse-
ries et chouses nécessaires », 40 sols (on voit
qu'Etienne du Val n'oubliait pas ses collègues); au
receveur de l'Université, « pour sa vacation et
fournyr boys, chandelles, vin et pain, lorsque se
fera le dict jugement des dictes compositions (la
3
34 l'/rUDK SUH LK MANUSCRIT 113 IN-K°
Icclure et le classement des ballades et rondeaux
ne préservait, paraît-il, les. juges, ni de la faim, ni
de la soif), 15 sols.
Par une clause spéciale, Etienne du Val écartait
formellement les femmes de la succession aux hon-
neurs du Palinod et les réservait à « ses hoirs masles
et plus prochains héritiers», à la charge expresse,
toutefois. « de porter et continuer ses armes » (1) à
celte cérémonie.
On voit, par ces citations, que le donateur avait
longuement détaillé les différentes conditions du
concours, et Ton peut dire que, d'accord avec
l'Université, il avait, non seulement régénéré, mais
fondé à nouveau l'institution de Le Mercier de Saint-
Germain. .
Etienne du Val ne s'en tint pourtant pas à cette
première libéralité. Dix-neuf ans plus tard, le 8
décembre 1576, par un acte passé devant MM'^^
Jehan Le Maistre et Jehan de la Haye, tabellions à
Gaen, " meu, dit-il, d'ung zèlle et bonne affection
qu'il porte aux lettres et aflin d'inciter davantage,
encourager les jeunes hommes à l'estude des let-
tres », il ajouta à sa précédente fondation une
rente de 6 hvres 10 sols tournois, dont il régla lui-
même la distribution. Il prend, au commencement
(1) Dans ses Notes inédites, l'ablx'' de la Rue s'exprime ainsi
à ce sujet: « Etienne Du val et ses descendants turent créés, par
l'Université, Princes héréditaires du Palinod, par le contrat
de fondation. Mais, comme ils se fixèrent en Champagne, ils
furent remplacés par les Recteurs, qui prennent (luclinicfois le
titre de Vice-Gérant du sieur de Mondraiuville ».
DE LA BIBLIOTHÈQUE DE CAEN 35
de cet acte, les titres de « nohle homme, Estienne
du Val, sieur de Mondraiuville et de Fontenay-le-
Pesnel, conseiller du Roy en ses finances, garde
général des sceaux de Sa Majesté pour les sentences
et jugements des sièges présidiaux du dict Caen,
Costentin et aultres juridictions de la dicte ville et
vicomte et obligations de la dicte vicomte de Caen,
Prince du Puy de la Conception de la Très Saincte
et Immaculée Vierge, Mère de nostre Rédemp-
teur ».
A ces titres, il aurait pu ajouter ceux de bedeau
de la Faculté de Médecine et de receveur de la
baronnie d'Argences (1), ainsi qu'en témoigne un
acte qui nous a été communiqué par notre confrère
M. Lesage.
Dans ce nouvel acte, il répare quelques oublis et
augmente certains émoluments. Il assure, par
exemple, «à celluy qui fera l'oraizon du matin, 15
solz »; il augmente de 50 sols la somme all'ectée
aux compositions latine et française et à la confec-
tion des affiches (il pressentait déjà la puissance
(1) Fieffé faite en 1543, par l'abbayo do Fécamp, à Guiiberl
Lepoulrcl, d'une pièce de terre et l'une masure, à Arj:Cences.
pour 3 livres lU sols di' iv^nte. et 20 livres une fois payées pour
les réparations du four à ban d'Argences.
« En présence d'honorable homme Estienne Duval. écuyer,
receveur de la baronnie d'Argences, devant Denys de la Haye et
Richard Néel. tabellions de la liante justice d'Argences pour
le siège de Sainte-Paix r>.
(Archives du Calvados. Fonds de Fècanip, layette '.), liasse
3G. cote 14).
36 KTUDE SUR LE MANUSCRIT 111^ IN-F"
(le la publicité). Les recteur et doyens recevront
24 sols de plus: les vainqueurs des épreuves voient
leurs prix majorés dans des proportions analogues.
Il n'est pas jusqu'au Prince du Puy, ou son héritier,
qui ne reçoive, pour son offrande, 3 sols de plus.
Enfin, le dernier paragraphe porte qu'il <- sera
distrihué, par les hedeaulx, tant au dict sieur Prince
que plus notables personnaiges qui assisteront à la
messe, pour 20 solz de grant pain ». Ce dernier
article aurait-il été mis, par hasard, pour exciter le
zèle des «notables personnaiges». zMe qui se serait
peut-être ralenti sans cette aubaine, qui, de nos
jours, paraîtrait plutôt maigre?
Ceci se passait sous le rectorat de M^ Germain
Jacques, bachelier en théologie, et nous voyons
signer, au bas du document, les frères Onfroy et le
docteur Etienne de Troismonts, qui figurent avec
honneur dans les fastes de l'Université; étaient
également présents: Messire Baptiste de Villemor,
aumônier ordinaire du Roi et abbé d'Ardaine, et
noble homme Jérôme Le Picard, conseiller du Roi
et lieutenant général criminel au Bailliage.
Cet acte clôt la série des pièces comprises dans
les c<Osmônes et doations > transcrites à la suite des
Notes d'Etienne du Val
C'était en lo'6 ; il se faisait vieux et avait voulu
donner un dernier témoignage d'intérêt à cette fon-
dation du Palinod, qu'il avait, pour ainsi dire, res-
suscitée. Depuis longtemps aussi, il avait renoncé
au commerce; il se contentait d'exercer ses charges
et de surveiller ses propriétés. Une, particulière-
DE LA BIBLIOTIlÈQUli DE CAEN 37
ment, lui tenait à cœur et il aimait à y passer la
plus grande partie de son temj)S. On voit, en efrct,
dans ses Notes, qu'il avait une préférence marquée
pour ce fief de Mondrainville (1), qui lui venait de
sa femme et dont il avait pris le nom. 11 y allait
souvent à cheval, malgré son âge, chaussé de
grandes bottes et, pendant l'hiver, couvert d'un long
manteau; son valet le suivait, et l'aidait à changer
de monture à l'entrée des écuries. Il se promenait
alors autour de son parc et de ses prairies, monté
sur un mulet dont il appréciait le caractère pacifi-
que et débonnaire.
De fait, il lui dut deux fois la vie, et nous voyons
que c'est grâce à cet animal, qui ne bougea pas
lorsque, renversé de sa selle et le pied engagé dans
rétrier, il gisait dans un fossé, qu'il put être
secouru à temps : pareille chute se reproduisit à
deux ans d'intervalle.
Nous voyons aussi que, dans son logis de Mon-
drainville, la cuisine était, comme celle de Gouber-
vilJe, un appartement qui réunissait, à la fois, les
agréments de la table et de la chambre à coucher.
(1) Toute trace de l'ancienne propriété. d'Ktienne du Val est
aujourd'hui disparue. Il ne reste rien du château, ni des com-
muns, et l'on ne sait pas mènic l'endroit précis où était l'habi-
tation.
Mondrainvilh' avait été incendié pi"sque en entier dans la pre-
mière moitié du XIX' siècle M. de Longuemare, qui en a
recherché les vestiges, ajoute dans son Êticde sur le canton de
Tilly. que l'on ne peut en retrouver, à l'heure actuelle, le plan.
Mondrainville est une (onmiune située à 10 kilomètres de
38 KTIIDE SUR LE MANUSCRIT H3 IN-F"
Il y avait un lit, sur lequel il lui déjjosé au moment
de son second accident et où il resta vingt-quatre
heures, pour se remettre du bain hivernal et pro-
longé qui aurait pu l'emporter.
Etienne du Val mourut dune fluxion de poitrine,
le 16 janvier 4578, à l'âge de 7i ans (1). Ses funé-
railles furent suivies par tout ce que la ville de Caen
comptait de remai-quable, tant dans les fonctions
publiques que dans les lettres, les sciences et le
commerce. La poésie, par la plume de Jean Rouxel,
ne manqua pas de célébrer ses mérites, et ses fon-
dations perpétuèrent son nom au cours des siècles
suivants.
Il laissait deux fils: le plus jeune, Nicolas, lui suc-
céda dans son office de garde-scel et de receveur
général des États de la province. Après avoir
acheté une charge de conseiller au Parlement de
Paris, il fut pourvu des abbayes de Saint-Vincent de
Sentis, de Ham et de Moiremont, et devint enfin
ahbé commendataire de l'abbaye de Fontenay, près
Caen, où il mourut à lâge de 47 ans.
Caen. dans le canton de Tilly-sur-Seulles. Elle possède une
église dont une partie date du XIII' siècle. La tour et le porche
ont été ajoutés au XIV'' siècle. Elle renferme une curieuse ins-
cription obituaire, relevée par M. de Gaumont et qui remon-
terait, selon lui. «au moins au X" siècle» et peut-être plus
haut.
(1) « Obiit Stephanus du Val, die 16,Ianuarii 1578, cujus funus
summo apparatu comitata est Universitas usque ad ecclesiam
BeataB Mariœ de Frigide vico. in qua jacet ». (Ahbé de La Rue:
Notes inédites.)
DE LA BIBLIOTHÈQUE DE CAEN 89
L'aîné, Jacques, i\u\ avait embrassé la carrière
des armes, devint chevalier des ordres du Roi, gen-
tilhomme ordinaire de la C-hambre, maître d'hôtel
de Catherine de Mé(;icis, et gouverneur de Sainte-
Menehould. Mais, ayant suivi le parti des Guise, il
tomba en disgrâce et fut ruiné. Ses biens furent
confisqués et vendus (1), notamment le P/r de la
Boucherie, qui fut plus tard remplacement de la
Place Royale.
Il avait épousé Anne de Rossut, dont il eut quatre
garçons et une fille. Elle lui apporta la terre de
Dampierre-le-Chàteau, située en Champagne. Cette
terre avait été érigée en comté, en faveur de Nicolas
de Rossut, chevalier, baron de Razoches, seigneur
de Ham et autres lieux. Ses descendants s y fixèrent
et en prirent le nom.
L'aîné des enfants de Jacques, Etienne du Val,
comte de Dampierre, baron de Ham, seigneur de
Mondrainville et gentilhomme ordinaire delà Cham-
bre, était en 1636 mestre de camp de cavalerie. Il avait
épousé, en premières noces, Marie de Reaufort et,
(1) Après la disgràci' df Jac(jufs du Val, la terre de Mondrain-
ville passa en plusieurs mains.
Vers IfîOG, Claude Le Moutonner avait été établi cninniis-
saire aux régime et gouverni'nient des terres saisit>s sur celui-
ci. Aux XVII'' et XVIII'- siècles, les Berniéres devinrent proprié-
taires de Mondrainville, qui passa ensuite à une autre bran-
che, les Bernières-Ciavrus. A la mort du dernier représentant
de cette famille, Pierre-François-Jean-Baptiste de Berniéres-
Mondrainville, qui avait épousé Marie-Pierre de Tournebu, ce
domaine échut, par héritage, à sa sœur. M"" d'Angerville
d'Orcher, qui le possédait encore en 1H17.
40 ÉTUDE, SUR LE MANUSCRIT 113 IN-F°
en deuxièmes, Claire Le Blond. 11 mourut en 1661.
Son fils aîné, Henry du Val, comte de Dampierre,
colonel d'un régiment d'infanterie en 1667, briga-
dier en 1668, avait épousé, en 1654, Charlotte de
Galéan, veuve de Charles, baron de Fanges, qui
était de l'illustre maison de Ligniville, en Lorraine.
Henry du Val l'ut maintenu dans sa noblesse, avec
son frère Charles, par une ordonnance de Messire
Le Fovre de Caumartin, commissaire départi par le
Roi. Il avait fait ses preuves depuis lo49, année où
son aïeul avait été anobli par Henry II.
Son fils aîné, Henry, dont la terre de Dampierre
fut érigée en marquisat, devint colonel d'un régi-
ment d'infanterie, et épousa, en 1691, Louise de
Boussancourt. 11 eut quatre enfants.
L'aîné, Jean -Armand, marquis de Dampierre,
page de la grande écurie et colonel d'infanterie, eut
un fUs dont la mort tragique est un des épisodes les
plus lamentables de la Révolution. Ancien officier
supérieur de cavalerie, il habitait, en 1791, le châ-
teau familial, situé entre Sainte-Menehould etPont-
de-Sommevesle, auprès de Varennes, sur la route
de Paris, au moment de Tarrestation de Louis XVI.
Lorsque le carrosse royal, escorté par la populace,
passa non loin du château, le descendant d'Etienne
du Val monta à cheval et voulut .tlb'r offrir au Roi
rhommage de sa fidélité.
Bientôt entouré et traité de fourl)e et d'aristo-
crate, il dut s'arrêter à peu de distance de la voiture.
Deux coups de feu lui sont tirés à bout portant; il
pique des deux pour se dégager, mais les coups de
DK LA BIBLIOTHÈUUIi DE CAEN 41
fusil partent de tous côtés, les cavaliers de la
colonne se mettent à sa poursuite et il tombe sous
les coups de la multitude. Sa tète et ses membres,
portés en triomphe au bout des piques, furent expo-
sés aux portières du carrosse, et il fallut Tinterven-
tion du général La Fayette pour faire cesser cette
scène de cannibales. Le comte de Valori, dans son
Précis historique sur les événements de Varennes, a
donné un récit très exact et très détaillé de ce
navrant épisode.
Telle fut la fin de Tarrière-petit-flls d'Etienne du
Val. Malgré des fortunes diverses et des vicissi-
tudes qui auraient abattu des hommes moins bien
trempés, Taïeul avait rendu à ses rois des services
que rhistoire à enregistrés. Le vieillard, massacré
à Varennes, ne fit que continuer les traditions de
sa famille en bravant les fureurs populaires, pour
obéir à des sentiments héréditaires d'honneur et de
loyauté.
Les malheurs de cette famille ne devaient pas
s'arrêter là. Le 22 septembre 1702, Tavant-garde de
l'armée prussienne, battue à Valmy, venait établir
son quartier général dans un village qui apparte-
nait aux Dampierre et oii était situé leur château.
Nous laissons ici la parole au marquis do Maleissyo,
qui servait dans l'armée de C.ondé el fut témoin de
l'événement :
« Un détacbemont prussien fut envoyé pour pren-
dre possession du village et marquer le logement
du Roi dans le château de M"^ de Dampierre,
veuve de celui qui avait été massacré à la portière
42 KTUDK SUR LE MANCSCRIT \ \^ 1N-F°
du roi Louis XVI, au retour de Varennes. Non seu-
lement le village fut pillé, mais le château le fut
aussi. Elle y courut risque de la vie et sa femme de
chambre re(-ut sur la tête un coup de sabre qu'un
soldat prussien portait à M"'' de Dampierre, que sa
mère tenait par la main pour se sauver. Elle fut
obligée, pour fuir, demprunter des habillements à
une paysanne de son village. Elle erra quelque
temps dans les champs, où elle fut recueillie par
les chasseurs autrichiens de Le Loup, qui la rame-
nèrent chez elle et la défendirent courageusement,
toute la nuit, contre la fureur des soldats prussiens.
«Le lendemain, le Roi de Prusse vint habiter ce
château et vit létat affreux dans lequel il était.
Le coupable était facile à trouver, puisqu'on savait
Tofficier qui commandait le détachement, mais on
ne s'en mit point en peine. Toute la grâce que le
Roi fit à M"'*" de Dampierre fut de lui faire res-
tituer trois des quatre chevaux qui lui avaient été
pris, et quand le village fut totalement pillé, le duc
de Rrunswick fit afficher un manifeste qui promet-
tait sûreté des personnes et des propriétés à tous
ceux qui ne se défendraient pas » fi).
(1) L'officier, qu'on ne vouhil })oint punir, était un capitaine
de hussards « qui avait laissé piller d'une manière infâme le
château de M"" de Dampierre » et qui, forcé cependant par
le Roi de restituer trois chevaux à cette dame, osa, en les lui
rendant, exiger dix louis, à titre de compensation.
Ajoutons que c'est au château de Dampierre que fut conclue
la suspension d'armes de trois jours et que commencèrent les
pourparlers .secrets qui aboutirent aux résultats que l'on sait.
DE LA BIBLIOTOÈOUK DE CAEN 48
La famille de Dampierre traversa la Révolution
et survécut à ces désastres: lun de ses représen-
tants, Charles-Antoine du Val de Dampierre, occupa
révéclié do Clorniont-Forrand, du '2 mai 1802 jus-
qu'en 1883.
Le manuscrit de notre premier annaliste, du
magistrat et du négociant qui aima les lettres et les
arts et leur consacra des dons généreux, méritait,
pensons-nous, d'être publié en entier. C'est, en
même temps que la publication d'un document
d'autant plus rare qu'au XVI' siècle ils sont une
exception, un hommage rendu à l'esprit d'initiative
et de générosité d'un Caennais qui a droit à la
reconnaissance de ses concitoyens.
G. Vanel.
MANUSCRIT D'ESTIENNE DU VAL
Le mardy, XVI* novembre 1535, estant de retour
d'un voiaige de Yspaigne, arrivé en ceste maison, qui
fustla Mousche, pour fère demeure et y résider, à rai-
son des partages des biens de feu mon père, pour
lequel Dieu je prye le sanctifié ; les dictz partages
faictz entre nous frères. M'* Pierre (1) et Jacques du
Val (2) et moy, le XVI' aoust 1531, durant lequel
temps fist bastir le corps de l'hostel en potence, où est
assys le présent contoyr en vouste de pierre, lequel
fust parfaict de bastir l'année 1534.
Le pavillon du boult du jardin, année 1549.
Le dimanche, XI* septembre 1536, fust accordé le
mariaige de Loyse Malerbe, ma femme, et de moy,
par nobles hommes M** Jehan Malerbe (3), son père,
(1) Pierre du Val, frère aine d'Etienne, habitait Gaen et occu-
pait la charge d'officier du grenier à sel. Il mourut le 25 juillet
1538.
{•î) Jacques du Val, curé deCursy et de Plumetot, fut nommé,
en 15;%, député du clergé aux États de Normandie. Il mourut
le 26 juillet 1543.
(3) Jehan de Malherbe, seigneur d'Arry, de Mondrainville et
de Missy, avait été nommé lioutenant général du bailly de
Gaen en 1518. Il succédait à M° Hugues Bureau et mourut en
1551. Il s'était marié trois fois : 1» avec Jeanne d'Elbœuf, lille de
Jean d'Elbœut, sieur de Fourmetot, et de danioiselle de la Cres-
sonnière ; 2» avec Marguerite de Moges, tille de Pierre de Moges
46 MANUSCRIT D'ESïIENNE DU VAL
lieutenant général du sieur bailly de Caën; Jehan
Moges (1), procureur du Roy à Caën; Guillaume
Malerbe (2), sieur de Missy : Pierre Le Bourgeois,
escuyer, sieur de Burou, et de diunoiselle Catherine de Berniè-
res; 3" avec Jeanne de la Valette de Troismonts.
(1) Jean de Moges, seigneur de Buron et du Mesnil-au-Grain,
« délmta à Gaen, en 1535, par la charge de procureur du Roy
et parvint ensuite à la dignité de lieutenant général du bailly de
Rouen. Le 7 juin 1548, étant monté sur sa mule, pour aller à
son tribunal rendre la justice, il reçut un coup de poignard d'un
Italien nommé Hieronimo Sarragossa. Ce crime abominable
ne fut puni que deux ans après qu'il avait été commis.- L'as-
sassin expia son crime, à Cologne, par le supplice de la roue».
Jean de Moges était âgé de 50 ans et fut inhumé à Rouen, dans
l'église Saint-Michel, qui était sa paroisse. [Éloges des citoyens
de la ville de Caen, par J. de Cahaignes. Traduction d'un
curieux.)
(2) Guillaume de Malherlte, écuyer, sieur de Missy, hls de
Jean, sieur d'Arry, lieutenant général du bailly de Caon,
demeurant à Caen, paroisse Saiut-Étienne-le-Vieil, épousa en
premières noces Anne de Missy, fille de feu Jean de Missy et
de damoiselle Jacqueline Le Coustellier, et, en secondes noces,
daraoisclle Marie d'Elboîuf, fille de Richard d'Elbœuf, escuyer,
sieur des Portes et de F'ourmetot.
Un de ses fils, qui portait le même prénom que son père,
Guillaume de Malherbe, chanoine du Saint-Sépulcre, prieur de
la Maison-Dieu et conservateur des Privilèges apostoliques de
l'Université de Gaen, fut mêlé, on 1555, à une affaire suscitée
contre Ktienne du Val, par h; Parlement de Rouen, sur une
dénonciation portée contre ce dernier, et emprisonné avec lui.
Voir plus loin.
Par suite de son alliance avec la famille de Missy. cette
branche des Malherbe devint propriétaire de grands biens dans
la paroisse de Missy, qui était proche de la paroisse d'Arry.
aujourd'lmi dans le canton de Villers-Bocage.
MANUSCHIT d'KSTIENNE DU VAL 47
sieur de Beneauvillc(l), et mes deux frères, M** Pierre
du Val, grènetier oudict Caën, et Jacques du Val,
curé de Curssy et Plumetot; sieurs Jehan de Prétou-
ville(2), mon beau-frère, et Guillaume Désobeaulx(3),
mon cousin.
Le samedy, XV^ janvier oudict an ir)37, j'espousay
la dicte Loys Malerbe.
Le vendredy, XVIII® aoust 1538, estant à Argentan^
reçeu lettres de mon dict frère le grènetier, comme
ma dicte femme avoyt eu ung filz naqui du jour précé-
dent, qui fust nommé Jehan, parle dict sieur lieutenant
général du bailly Malherbe et mon dict frère le grè-
netier, présence de damoyselle d'Escoville, dicte
Hennequin (4), natifve de Paris, et Marye du Val, ma
(1) Piort'P L;^ Bourgeois avait épousé Jeanne de Mallierbe,
fille de Jean, seigneur d'Arry, et de sa troisième femme, Jeanne
de la Valette de Troismonts. Il devint ainsi le beau-frère
d'Etienne du Val. Pierre Le Bourgeois, sieur de Navarre et de
Beneauville, avait été pourvu, en 15'^(), de la charge de lieute-
nant du bailly de Gaen, en remplacement de Girard Desquay,
sieur de Rapilly, décédé au cours de la même année.
(•2) <i En ce mesme an (1538), décédèrent en ceste ville de Gaen,
NicoUas Le Fournier, baron de Tournebu et receveur des tail-
les : Pierre du Val. grènetier; maistre .Jehan Denis ; Jean et
Gilles de Prétou ville et Barlx» Fournier, dicte la procureuse
Mabrè, l'une des plus l)elles femmes de son temps ». (Recher-
ches et Antiquités, par de Bras, p. 127. éd. de 1588.)
(3) Guillaume Désobeaulx, cousin d'Etienne du Val. était
tabellion royal en la ville et banlieue de Gaen, avec Jehan de
Foulognes.
(4) Nicolas Le Valois, le riche Gaennais auciuel .lacqucs de
Gahaignes a consacré son Éloge 1", qui « lisl bastir la maison
48 MANUSCRIT d'ESTIENNE DU VAL
sœur, le mesme jour que le dicl enfant fut baptizay.
Obist.
Le jeudy, XXIIII'' aoust 1539, que arrivé en cest
maison, retournant encor d'un aultre voiaige en Yspai-
gne, durant lequel mon dict frère le grènetier décéda
le XXV'' juillet oudict an, et à mon arrivée trouvé ma
femme fort malade.
Le mardy, XX!!!*" septembre 1539, mon beau-frère
Jehan de Prétouville décéda. Par son testament et
derraine volenté, signé de sa main le samedy IX'' aoust
oudict an, me pria estre seul exéquteur de ses biens,
ainsy qu'il est porté en propres termes par le dict tes-
tament, qui ensuit:
« Et le reste de mes biens, je les laisse à Anne, ma
fille, et pour ce fère, je eslys mes exéquteurs nobles
hommes Estienne du Val, sieur du Moust, et Jehan de
la Bigne, leur supplyant qu'ilz ayent à prendre l'entre-
mise et charge de fère le contenu de ung codicille,
signé de ma main, jouxte les partyes cy contenues, et
supplye mon dict sieur du Moust retirer ma dicte fille,
sa niepce, pour demourer avecques luy en attendant sa
bonne fortune; et davantage, prye icelluy sieur du
du Grand-Cheval ot acquist les terres de Fontaine-Ktoupofour,
d'Escovillo et autres... », avait épousé, en premières noces,
Catherine Hennequin, de Paris. Il la perdit à l'âge de 25 ans,
peu de temps après ce baptême, et épousa en secondes noces
Marye Duval, également de Paris, dont il eut quatre iils.
M. Dupont avait lu: « présence de damoyselle de Croviller,,
ce qui altérait complètement le sens de la note.
MANUSCHIT D KSTIRNNE Df VAL 4H
Moust qu'il prengnc toux mes biens, tant héréditaux
que mobiliers, sans en fère aulcun inventaire, desquelz
je ne veulx ny (Mitcns qu'il en rende aulcun compte à
quelque personne que ce soyt, car telle est ma derraine
voulonté et delTentzà toux mes parentz et amys do non
empeser, ny entremettre, en voulloyr avoyr aulcun
manyment ny congnoissance. Et sy ainsy estoyt que le
dict sieur du Moust allast de vye à décès, je ordonne
et veulx que le dict de la Bigne en prengne ains la
charge. Kn tesmoing de vérité, jay signé ce présent
de mon seing, cy mis, le samedy IX" d'aoust 1539 ».
L'original du dict testament ce treuva en ung petit sac
de cuyr blanc avecques les promesses et quictances
du sieur de Buron, Nicollas Moges; lequel sac de cuyr
aussy on treuva dedens ung de toille avecques les
comptes du dict défunct Prétouville et de feu mon
frère le grénetier et moy.
Le mardy, XII'' du moys doctobre 1539, reçeu let-
tres du Roy par lesquelles m'estoyt expressément
mandé me retirer là par où estoyt le chancellier Payet.
Le mardy, Xlllb' du dict moys et an, parti de ceste
ville en la compaignie d'aultres mandés pour le faict
du mariaige de ma niepce, lille du dict i^rétouville, et
arrivé à Fontainebleau, où fusmes arrestés prison-
niers à la suyte de la Court, par le commandement du
dict Payet.
Le samedy, IIII" noveml)re ou dict an 1539, fusmes
renvoyés du dict Fontainebleau au chasteau de ceste
ville de Caën, prisonniers.
4
oO MANUSCUIT D"liSTlEMHE DU VAL
Le mardy, III" de janvier ensuyvant, oudict an,
Breslay, de Paris, commissaire pour le laict du dict
mariaige, estant logé oudict Cliasteau, nous renvoïa à
Paris, prisonniers, à la prison de Fourlevesque, et,
du dict lieu, prisonniers au Chasteau de Abeville en
Picardye, où estoyt le Roy ; auquel lieu de Abeville
l'ust donné par le dict chancellier, avecques conseillers
nommés par commission, l'arrest du dict mariaige, le
samedy XVllI'' mars 1539.
Le derrain de may 1540, par lettres de dom du
Roy et de grâce, neantmoins le dict arrest, le toust est
remys tant aux honneurs que aux biens, sans préju-
dicier ne nuyre en aucune choze, comme il est porté
par les dictes lettres (1), reçeues et passées en la Cham-
bre des comptes à Paris, le XXIX* mars 1543, après
Pasques.
Le vendredy, premier de décembre 1542, viron six
heures de matin, ma dicte femme ce acoucha d'une
fille, laquelle, à l'instant, obist.
Le jeudy, teste Saincte-Anne, XXVI'' juillet 1543,
mon dict frère, curé de Cursy, M" Jacques du Val,
rendist son âme à Dieu (2), à six heures du soyr.
(1) Voir, aux pièces justificatives, l'arrêt de la Cour du Par-
lement de Rouen, du 27 décembre 1569. Les dates des trois
lettres patentes accordées à du Val par François I" s'y trou-
vent visées.
(2) «Ce l'ust ce lUL'sme an. dit M. de Bras, que ^Maislro .Jac-
ques du Val, curé de Gursy (natif de ceste ville, l'un des pro-
lonolaires de M. le Révérendissime Jean, cardinal de Lorraine),
MANUSCRIT l)"i:STlKiNiNK Kf VAL M
Le lundy, XX!!*" septembre, feste Sainct-Mathieu
1545, Dieu, par sa grAce, nous donna ung fîlz, nommé
Jacques, par M'' Guillaume de la Lande, receveur
général des finances ou dict Caën (1), en la compai-
gnie de noble homme M*" Pierre T-,e Bourgeois, s"" de
Béneauville, de ma sœur Marye du Val et de ma niepce,
femme du s"" de Buron. Année de mon âge 38'".
Le mardy, XV'' aoust. feste Nostre-Dame 1549,
ma dicte sœur Marye du Val rendist à Dieu son âme,
six heures du matin.
Le merquedy, XXV" février 1550, viron huict heures
du soyr, Dieu par sa grâce nous donne ung filz, nommé
Philippe, par nobles hommes M" Philippe de Nocey,
archidiacre et officiai à Lisieux, et Jehan Dannebault,
vicomte d'Auge, et damoyselles de Troymons et de
Béneauville. Année de mon âge 43".
Lequel Philippe obist le mardy XXII- septembre
1551.
Le derrain d'avril 1555. à Caën, fust donné par
Monsieur l'évesque de Baieux au dict Jacques du Val
l'ordre de tonsure.
Par aultre invention denvye, par comilion de la
trespassa. G'estoyt un sçavant et bien morigéné personnage,
lequel fust regretté de chascun, et, de ma part, ie en eust
un grant desploisir, pour ce que nous estions compaignons
d'estude et fort grands amys >>.
( 1 ) Guillaume de la Lande, receveur général des finances, était
l'oncle de Jessé de la Lande, qui lui succéda dans cette charge,
et auquel Jacques de Caliaignes a consacré sou Éloge 25.
52 MANUSCRIT \) ESÏIENNE DU VAL
court de Parlement de Rouen, fust mys en arrest au
chasteau de ceste ville de Caën, avec les dicts conser-
vateurs Malerbe (1) et de Buron-Moges, et de là con-
duict par ung greffier au chasteau de Rouen, moy
estant seul au dict chasteau et les dicts conservateur
et de Buron, au vieil Pallays du dict lieu, depuys le
XXII'' juillet 1555, jusques et comprins le XXIIII^
octobre ensuyvant ou dict an, que fusmes renvoies
deschargés et absoulz du dict arrest; durant lequel
temps j"ay payey seul, tant pour la despence que faitz
articulés extraordinairement, la somme de. 850 liv,
sans comprendre les intérêts qui m'en sont
advenus,
Ausy que, durant le dict temps, il cepéryt
devant Dyve ung navyre que Ollivier de
Boullonoys avoyt pour moy faict chargé de
harens à Dieppe, pour la cargaison duquel
j'avoys payé 1.400 liv.
Et ung aultre navyre ce péryt en mer que
le dict Boullonoys avoyt faict chargé en la
rivyère de Charente, pour la cargaison
duquel navyre j'avoys payé, durant le dict
temps, la somme de 1.250 liv.
Plus, il c'est trouvé de perte en ung
navyre que envolai en Yspaigne, duquel
Jehan Le Comte avoyt la facture et charge,
de la valleiir duquel navyre m'appartenoyt
les deux tiers, dont j'avoys payé la sùme . 1.150 liv.
3.800 liv.
(1) Guillaume do Malherbe, docteur en droit, chanoine du
Saint-Si'jiulchre. prieur de la Maison-Dieu de Caon. sur la rési-
MANUSCRIT d'ESTIENNE W VAL 53
Le vendredy, XXVII" novembre 1556, entre six et
sept heures de matin, Dieii, par sa grâce, nous donna
ung filz, baptizé le samedy ensuivant et nommé Nicol-
las, par noble homme Nicollas Bernard, conseiller du
Roy. trésorier et général des finances au dict C.aën et
noble homme Nicollas Moges, s"" de Buron, et damoy-
selles de Tournebu et de Fontenay, sœurs de ma
femme.
Durant Tannée 1560, fust fect et basty le corps de
maison en potence, avecques large escallier et cave,
aussy la porte de derraire à la rustique.
Durant l'année 1501 et 1562, fust aussy basty la
maison de la basse cour, au droict de la Halle à bled,
qui sert de grenier.
(En marge) Le vendredy, sixiesme may 1571, iltumba
sur le hault et couverture de la dicte maison une foul-
dre de feu qui brûla tout le boys de la dicte couverture,
qui fuz, par la grâce de Dieu, incontinent extainct (par)
bons secours de bons voysins et amys qui montèrent
avecques grand travail au hault des dicts greniers, qui
tost après furent réédifiés (comme) premièrement et
gnation do son oncle Jacques de Mosges, conservateur des pri-
vilèges apostoliques de l'Université de Gaen, était lils de Guil-
laume de Malherbe, écuyer, sieur de Missy. demeurant à Gaen.
paroisse 8aint-Étienne-le-Vieil. et de Marie d'Elhœuf. C'était
l'oncle du poète. Il était, dit J. de Cahaignes, dans son 18' Éloge
qu'il lui a consacré, une des lumières de la collégiale du Saint-
Sépulchre. 11 mourut le 9 janvier l.'StR.
ùA MANUSCRIT D ESTIENNE DU VAL
sans que la l'uye et volière à pigeons en fust attaincte
ny endommagée.
Le mardy, W" juillet 1508, Thomas Coquet, faisant
retour de recepvoir denyers à Allençon, Argentan et
Fallaize, suyvant la charge à luy baillée, fust surprins
à l'issue du dict Fallaize, au bas des forbourgs et illec
occis, ayant esté tyré à cheval dedans une cour et voilé
de la somme de 4.288 liv. 18 solz tournoys, comprins
3.060 liv. 5 s. 8 d. reçeus des grénetiers des dicts lieux
sur ventes de sel, et la somme de 1.208 liv. 13 s. t. des
receveurs particuliers, pour remboursement des taxes,
desquelles deux sommes il n'en a este'' ordonné aucune
rescompense.
Par arrest de la Court de Parlement à Rouen, du
XXIll^ décembre 15(39, contre Jacques Marguerite, filz
Charles Marguerite, de Fallaize (1), inhibition et def-
fences fectes de proposer à l'advenyr injures à raison
du dict arrest du XVllI' mars 1539, soyt en jugement
ou hors jugement ou aultrement. Le dict Marguerite le
condamne à 25 liv. d'amende et à 50 liv. d'intérêts, en
réparation vers du Val et à tenyr prison jusques au
plain payement, lesquelles 50 liv. le dict du Val a
adjugé laisser à la communauté des Pauvres Valides à
Rouen, avecques despens.
Le vendredy, XV' avril 1575. par lettres d'avys que
(1) Voir, aux pièces justificatives, l'arrêt de la Cour de Rouen,
du 27 décembre liifV.K concernant cette affaire.
MANUSCRIT n ESTIKNNl!: DU VAL O.)
reçeu le lundy ensuyvant, XVIll' du dict moys. le dict
Jacques du Val fusl en la maison de Scipion Sardini,
italien, et entra en contestations de parolles atrosses,
de sorte que, ayant les armes à la main, le frère du
dict Sardini en est mort, après avoyr tyré plusieurs
esfors de son espée sur le dict Jacques du Val; de
laquelle mort tost après que Sa Majesté du Roy fust
pryée pardonner de grâce la dicte mort(l), par lettres
expédiées au moys de may ensuyvant.
Le dimenche. XVllI* aoust 1576, je reçeu lettres de
Chaallons portantes advys que le jeudy IX*" du dict
moys, le dict Jacques du Val ayant charge de Sa
Majesté de ordonner sur la conduyte et gouvernement
des reistres. estant de séjour autour du dict Chaallons.
fust outrajeusement blessey en divers lieux de son
corps {d'une antre écriture) (2) « et membres, jus-
ques après qu'il soufl'rist (jusqu'en) le jour de sa mort.
Il reçeut seize playes sur son corps et advint cet incon-
vénient le jeudy 9'' jour d'aoust 1576, à III heures
après midy ».
« Le mesme jour, mesmc moys 1577, ensuyvant, le
dict du Val reçut l'Ordre du Roy, par les mains de
M. le mareschal de Cossé. dans la ville dePoictiers. ou
(1) Jacques du Val avait dû r>'f'nt'uir et se réfugier chez le duc
de Deux-Ponts: il y resta jusqu'à ce que son père eût obtenu
des lettres de grâce.
(2) Celte t'crilure est celle de son second tils. Nicolas, con-
seiller au l'arlenicnt de Paris, ablu' de Saint-Vincent de Scidis,
de Hani, de Moiremont. et, en dernier lieu, de Fontenay. près
Gaen.
56 MANUSCRIT d'ESTIENNE DU VAL
premier et au mesme temps, il commença à servir le
Roy en lestât de gentilhomme ordinaire de la Cham-
bre » .
Le mardy, XVIP juillet 1576, estant sur le mullet,
au hault de la beutte de Mondreville, pour descendre
à la prarye des prays de l'abaye, la celle du dict mullet
tourna, de sorte que mon pied destre demoura accro-
ché dedans l'estrier sur le hault de la dicte celle, mon
corps renversé sur la terre le temps de plus de demye
heure, jusques à ce que ung homme estant au long du
dict prays, fenant foins, advisant le dict mullet. accou-
rult par la grâce de Dieu me secourir et tyra mon dict
pied hors du dict estrier, le dict mullet ne ce remuant
aulcunement, néantmoins la challeur du temps et mous-
ches de saizon. que après je montay dessus iceluy.
Le merquedy, XXVIF febvrier 1577, estant party du
matin de ceste maison, allant au dict Mondreville, sur
une haquenée, entrant au parc du dict lieu, je montay
sur le dict mullet, me pourmenant le long de la
muraille et le fossey. vers Grainville; voulans passer
au boult des dicts ibssez, le long du jardin plantey en
pommiers pour passer sur une petite sente, les piedz
de derraire du dict mullet coulèrent au Ibndz du dict
fossey, la celle renversée, mon pied destre acroché à
l'estrier, le tyrant à force de i)ranler la jambe, mon
corps tomba tout renversé dedans le dict fossey pres-
que plain d'eau, de sorte que je en fuz tout couvert
jusques à la gorge et à l'ouye, les bottes plaines et
manteau que javoys prins le matin à raison du froyt et
MANUSCRIT d'eSTIENNE DU VAL 57
grandes bruynes qui estoyent en l'air, sy fortes qu'on
ne voyoit riens que de fort prez, qui empescha que le
vallet qui me pcnsoyt suyvre, après qu'il eust mys la
dicte liacquenée à l'escurye, ne pult me retrouver où
jostoys ainsy renversey les yeulx en hault. implorant à
haulte voix la grâce de Dieu, prest à luy rendre mon
âme; lorsque ma dicte voix fust entendue d'umg mien
vallet qui passoyt par le chemyn de l'autre costey de la
dicte muraille du dict parc, qui fust incontment esmeu
de ma dicte voix, a passé par force par-dessus la dicte
muraille ; me voyant ainsy à l'eaue, ce efforça m'en tirer
avecques l'ayde de l'autre vallet qui advisa le dict
mullet qui n'avoyt bougé sur le hault du dict fossey,
où il c'estoyt dressay à demeurer, jusqu'à ce que le
dict vallet le fist repasser le long de la dicte muraille
que je remontey avecques grande paine, sans manteau,
les nerfs des bras et jambes fortz retirés du grand froyt
qui se porte, depuis dix heures jusques à midy, les
yeulx et la bouche couverts de la dessus dicte bruyne.
que je fuz apportey par le dict mullet à la cuysine de
l'entrée du dict parc, où je demouré jusques au lende-
main sans prendre aucune nourriture; par la grâce de
Dieu que me trouve en Ijonne disposition à mon âge de
soixante-dix ans escheu en mars ou dict an.
[iJe l'ccrilure si^milcc p/us haut). « Le seiziesme
janvier 1578. le dict sieur de Mondreville. mo prre.
fust prins d'un mal de coste, avec ditliculté d aleine et
le XIX' ensuyvant, qui fust le dimanche, à huit heures
du soir, il rendit son âme à Dieu ».
OSMOSNES ET DONAONS FETES PAR LE DICT
EsTiENNE Du Val, des héritages et
RENTES QUI ENSUYVENT ET DE l'aCQUISITION
des DICTZ HÉRITAGES.
Héritages assis à Carpiquet.
Acquisition faicte par Jehan Duval de M' Thomas Le
Marchant, escuyer, s' du Rozel, devant Jehan de Cussy
et Nicolas Corderoy, tabellions en la sergenteriedOyes-
treham et Bernières, le douziesme jour de i'ebvrier,
l'an MV05, d'une masure, cour et jardin et ses appar-
tenances, ainsy que le tout s'estend en long- et en larg'e,
assis en la parroisse de ('arpiquet, en la place, conte-
nant six vergées de terre ou environ, jouxte les hoirs
ou ayants cause du Perrin-Hue, d'une part, etlesQuies-
deville d'autre ; bute d ung bout sur la dite place et
d'autre, sur le chemin de la Motte, avecques toutes
autres terres, comme le dict sieur disoit lui compéler
et appartenir, situé et assis au terroir du dict lieu de
Carpiquet, sans en faire aucune exception ne retenue,
ce qu'il disoit monter jusques au nombre de 25 à 26
acres de terre ou plus, par le prix de 254 liv. tourn.
Sellon la lettre de ce fête y recours.
MANUSCRIT d'eSTIENNE DU VAL 59
Le dixiesme jour de mayMVXXXX. devant Michel
Desobeaulx et Jehan de Verolles, tabellions es mectes
de la sergenterie de Cheulx, vénérable personne
M'' Jacques Du Val, curé de Cursy. auquel appartenoit
par son loth et partag-e faict entre luy, M'"*' Pierre et
Estienne dictz Du Val, ses frères, les héritages cy-
dessus mentionnés, vendy ilceux héritages à Nicolas
Le Fauconyer, bourgeois de Caen. par le prix de six
cents livres tournois, lesquelz ont été retirés et acquis
du dict Le Fauconyer, par clameur de marché, de
bourse, à droict de sang et lignage, par ledit Estienne
Du Val, frère dudit M'' Jacques Du Val, devant les
tabellions de Caen, le 11' jour de may, l'an MVXLII.
Et du depuys, iceux héritages, contenant 26 acres
de terre ou environ, et toutes les rentes appartenant
audit Du Val, en ladite parroisse de Carpiquet. réservés
douze boisseaux de froment de rente à prendre sur
Jehan et Thomas dicts Le Tellyer, ont esté baillés en
eschange, par le dit Estienne Du Val, au Prieur et
Religieux de Sainte-Croix du dit Caen ; sellon et pour
les causes et plan mentionnés au contrat du dit
eschange. dont mention est fête au chap. cy-devant de
Tacquisition fête par le dit s"" Du Val des dits Religieux,
dune portion de jardin.
La maison qui fut Mauny. en la parroisse
St-Estienne de Caen.
Autre acquisition faicte j)ar retraict de marché de
bourse, au nom de Pierre Bacheley et sa femme, par
60 MANUSCRIT d'eSTIENNE DU VAL
Jehan DuVal,d'unemaisonà plusieurs combles, cours,
avecques toutes ses appartenances, jouxte Geor-
ges Lespiné, d'une part, et M*" Hugues de Neufmois,
d'autre; bute d'un bout sur la grand'rue, tendante à la
porte St-Estienne, et d'autre sur la rue des Prés,
jurée et décrétée à la requeste de damoiselle Guille-
mine Guernon, veuve de Eslienne de Mauny; en vertu
de ses lettres héréditales de l'obligation du dict
Estienne; selon le décret faict le 29" jour de mars
avant Pasques, l'an 1518, y recours sy mestyer est,
adjugé à Marin Le Goullu, au prix de 260 liv.. pour
retraict faict le 4" jour d'avril avant Pasques, au dit an.
La dicte maison est subjecte, par le dict décret, et
sellon Testât diceluy, faict le 24" jour de may de Tan
1519, à M"" Pierre Daléchamps et sa femme, à cause de
lafdle du défunct Paulin Le Villain, en 40 solz de rente
foncière, duquel nombre de 40 solz de rente par appoin-
tement faict avecques le dict Daléchamps le 16'' jour
de janvier l'an 1521, devant les tabellions, en a esté
acquité etadmorty six solz, 8 deniers, de rente, à raba-
tre sur les dicts quarante solz et par ainsy, ne demeure
plus sur la dicte maison que 33 solz, 4 den. tournoys
de rente, par condition de les pouvoir bailler en suffi-
sante assiette et en rente foncière, en une partie, en
ceste ville aux forbourg de Caen, toutesffois qu'il
plaira au dict s' Du Val.
I^a dicte maison est subjecte, par Testât du dict
décret, à Guillaume Ballargent, s' de Sainct-Bégnin,
par reconnaissance des loths faicts entre Jean Marot
et Richard, ditz Ballargent, frères, selon iceux, en
100 solz de rente foncière.
MANISCHIT d'eSTIENNE Dl' VAL 61
Laquelle rente de cent solz a esté racquitée et
admortye du dict de Sainct-Bégnin, par sa cédulle
faicte audict s-" M« Pierre Du Val, le 27 aoust 1523.
Laquelle maison a esté fieffée par les dict Maistres
Pierre. Jacques et Estienne dicts DuvaL frères, à
Loys de MouUes, de la parroisse de St-Estienne
de Caen, par vingt iiv. tonrnoys de rente, païables à
la St-Jehan-Baptiste et Noël, par moictié, sellon
le contrat de ce faict et passé devant Guill Deso-
beaulx et Jehan de Foulognes, son adjoint, tabellions
royaux en la ville et banllieue du dict Caen, le 27
novembre 1535.
Du nombre de laquelle rente de 20 Iiv tournoys, en
a esté donné et osmoné,par le dict s"" Estienne Du Val,
au trésor, curé et huict prestres fondés en l'église
N.-D. de Froideriïe du dict Caen, la somme de 16 Iiv.
10 solz tournoys, à avoir et prendre sur le dict Loys de
Moulles, à cause d'icelle fieffé de laquelle les lettres ont
esté baillées par le dict Estienne Du Val aux dictz tré-
soriers, curé et prestres, à la charge d'en ayder aux
prestres et trésor de l'église de St-Pierre du dict
Caen, pour soy faire payer de 70 solz tourn. do rente,
restant des dictes vingt livres de la dicte donation et
osmône faicte, parce que les dictz trésoriers, curé et
prestres de Froideriie sont et demeureront subjects à
perpétuité dire, chanter et célébrer en la dicte église,
par chacun an, deux obits et messes à nottes, l'une
desquelles et obit seront dictz annuellement, le
1" vendredy du moys de juin et l'autre, le quinziesme
prochain ensuivant, mesme demeurant subjects les
dictz curé et prestres de Froideriie à perpétuité
62 MANUSCKiT d'estiknni; du val
chanter et célébrer deux basses messes par chacun an
aux jours de lundy et vendredy, huict heures du
matin, sellon qu'il est porté par le contrat de ce faict
et passé devant Denys de la Haye et Michel Dutout,
tabellions à Caen, le pénultième jour de décembre 1544.
Le reste de la dicte rente et fietre, montant à soixante-
dix solz tournois, a esté, par semblable lettre, donné
et osmôné par le dict Du Val aux curé et prestres de
St-Pierre de Caen, à la subjection de célébrer ung
obit et haulte messe, la veille Ste-Anne. par chacun an,
à l'intention du dict Du Val; comme il appert, par
lettres passées devant tabellions au dict Caen, en date
du 12'' jour de mars, l'an 1544.
Le samedy, vingt-un""' de septembre, l'an 1549,
jour et feste de St-Mathieu, a esté osmôné aux s"
curé et prestres fondés en l'église Nostre-Dame de
Froideriie du dict Caen, la somme de vingt-deux
livres, dix solz tournois de rente à avoir et prendre,
assavoir : sur Nicollas et Nicollas, dictz Gringallet, et
Jehan de la Noe, de St-Pierre de Caen, dix livres
tourn. de rente, par lettres passées dev. les tabellions
à Caen, le 15'' jour de mars 1545.
Autres dix livres de rente à prendre sur Gilles
d'Allemagne et Agnès, sa femme, par lettres passées
dev. les tabellions à Caen, le 28 décembre 153G, et
50 solz tourn. de rente à prendre sur Thomas Le
Tellier, de St-Nicollas de Caen, par lettres passées
devant les tabellions à Caen, le 24 juillet 1515, à la
charge et subjection des dictz trésoriers, curé et pres-
tres fondez à perpétuité, de dire, chanter et célébrer
MANUSCKIT d'KSÏIENNE DU VAL 63
en la dicte église, par chacun an. ung obit et messe à
notte. les jours et lestes St-Mathieu, en septembre,
et 3 basses messes par clia(;un an, aux jours de dimen-
che, mercredy et jeudy, (S heures du matin, chacune
semaine de Tannée, sellon qu'il est porté par les lettres
d'icelle osmône et fondation, faictes et passées devant
les tabellions de Caen, le 21'" jour de septembre au
dictanl549; par lesquelles lettres aussy appert que
le dict trésor demeurera subject chacun an, à perpé-
tuité, le jour de lobit (jui est célébré le jour St-
Mathieu, en septembre, fournir et mettre es mains du
fondateur et ses héritiers 40 solz tournois pour les
donner et distribuer aux pauvres ou les employer
ainsy qu'il verra bon.
Item, le dict Estienne Du Val, par contrat passé
devant Guill. Cœuret et Nicollas Deslandos, tabellions
à Caen, le 4'' jour d'avril 1555, donna et osmôna aux
trésor, cucé et huict prestres fondés en l'églize Nostre-
Dame de Froiderûe. 12 livres tourn. de rente, qu'il
leur assigna à avoir et prendre sur les personnes
dénommées au dict contrat, affin que le dict trésor
soit et demeure subject à perpétuité faire chanter et
célébrer à la dicte églize par le curé ou l'un des 8 pres-
tres fondés, pour et à l'intention du dict Du Val, ses
parents et amys, tant vivans que trespassés (1). par
(1) La chapelle des du Val, dans l'église de Notre-Dame de
Froiderûe. était la seconde à gauche, en entrant. On lit, sur le
mur, cette inscription bizarre:
Un lieu de santé — Daniel est venu — D'ennui t'es lavé
A tu es un délien — Nul a ta devise — La est tm en Dieu
Ces belles choses ont été gravées sur la pierre qui les conser-
64 MANUSCRIT d'ESTIENNE DU VAL
chacune sepmaine de l'an, aux jours de mardy et
samedy à 10 heures attendant 11, deux basses
messes, et, à h\ fin de chanine desquelles dire Libéra,
de Prol'undis et les oraisons accousluniées. sur les
sépultures des père et mère du dict Du Val et faire
préalablement que commencer les dictes messes son-
ner six coups de closche, pour advertir les dicts fon-
dateurs, ses successeurs et le peuple qui aura dévotion
ouyr les dictes messes; et fournira le trésor le lumi-
naire, calice et ornemens; de ce est requis et de payer
au preslre à la fyn de sa messe deux solz tournois,
que, à la raison de la dicte fondation et de la précé-
dente, seront le dict trésor, curé et prestres fondés,
subjects dire chacun jour de la sepmaine, une messe
à la dicte heure de 11 heures de matin.
Oultre, le dict Du Val adonné etosmôné par le dict
contrat au dict trésor 4 liv. tourn. de rente à prendre
sur les personnes y dénommées, parce que le dict trésor
sera subject à perpétuité fournir et quérir, par chacun
an, le jour de Pasques, en la dicte ég-lise, le vin qui
sera administré au peuple après avoir connnunié et
reçeu le sainct sacrement de 1 autel, sellon que du
ve. comme l'indique le millésime qui les surmonte, en 1575.
Raymond Bordeaux remarqua le premier que ces combinaisons,
plus ou moins spirituelles, sont formées avec les treize lettres
dont se composent le nom et le prénom d'Estienne du Val.
Les jetons de cette famille offraient, dès l'année 1551, cette
autre combinaison : D'envie en salut.
On sait qu'une variante: Eti salut d'envie, était t^ravée sur
un médailldu de l'Iiùli'l cnnstiuil l'ti 15(K).
MA.NLSCKIT D KSTIF.NNF. I)L VAL Oo
tout plus ample mention est faicte au dict contrat y
recours.
Item, le dict F.stienne Du Val a donné et osmôné
aux Prieur et Relligieux de Ste-Croix de Caen,
10 liv. 8 solz six deniers tourn. de rente, comprins en
ce. tt boisseaux de fourment de rente, hypothéqués à
2 solz pour chacun boisseau, à avoir et prendre, chacun
an, en plusieurs partyes. sur les personnes y dénom-
mées au contrat de la dicte donation passé devant
M*' Adrien Gossaume. notaire royal au dict Caen, le
9* jour d'octobre 1546, à la subjection des dicts Prieur
et religieux de faire dire, chanter et célébrer en l'église
de Froidcriie de Caen, 1 basses messes par chacune
sepmaine de Tan. aux jour de mardy et sabmedy. en la
chapelle du dict s' Du Val et aux réservations y con-
tenues, à commencer à jouyr des dictes partyes de
rente au terme St-Michel 1547 ; lequel Du Val a payé
présentement comptant aux dicts religieux. 10 livres
pour la dernière année des dictes deux messes, échues
à la St-Michel dernière et leur a présentement baillé
les lettres des dictes partyes de rente, à la charge de
lui en ayder toutetfoys.
Oultre. les dicts religieux ^ont subjects dire et célé-
brer chacune sepmaine, aux jours de lundy et jeudy,
deux messes basses à lintention du dict Du Val. pour
les causes mentionnées au contrat deschange faict
entre eulx, dont est devant traité f° 10.
Donation fête pour la fondation du Puy à tenir par
chacun an, le jour et feste de la Conception Nostre-
Dame. le Puy d icelle Conception à la maison des
6
t>6 MANUSCRIT D'ESTIENNK DU VAL
frères religieulx de S t- François- Cordelliers de Caen:
« Universis présentées litteras inspecturis Jacobus Le
Porcher (1), sacris in litteris Baccalaurcus, Rector iini-
versorum magistroriim, doctor et scholasticorum
Cadomi studentium, salutem in domino sempiternam.
« Quoniam ut ait Seneca non amicitia sed veritate
reddendum est testimonium hinc est quod nos non
amicitia aut favore sed veritati adducti, verum perhi-
bemus testimonium quod anno domini sesquimilles°
quinquagesimo septimo, die sexta novembris, convenit
Universitas Cadomensis in aedem Franciscanam atque
locum solitum comitiis in hac die légitime indictis,
prout semel atque iterum conclusum l'uerat, primum
in domitiolis eodem anno decimo octavo octobris habi-
tis, deinde in congregatione celebrata vicesimo sexto
octobris ; nempe et de principatu podii aliquid certi
tandem concluderetur, deque conditionibus scriptis ab
illustri viro Stéphane Du Val Moudre"'", domino, Aca-
démie Cadomensi oblatis, ut in perpetuum ejusdem
podii princeps, velut quodam jure hereditario, desi-
gnaretur et eligeretur; patrum sufïragio sic qui quod
œquum esset ac bonum decerneretur, ac inter Univer-
sitatem et dictum Duval, iisdem conditionibus, si ita
(1) Jacques Le Porchier [porcarius], bachelier en théologie,
fut élu recteur le S octobre l.">57 et fut remplacé, le 24 mars 1558,
par (lodofroy Le Laboureur. A celte époque, les recteurs
restaicïiil six mois en exercice: ces fonctions ne devinrent tri-
mestrielles qu'en 101(3. 11 fut réélu en mars 1582.
Jacques \a' Porchier avait un frère, Nicolas Le Porchier,
comme lui bachelier en théologie, qui avait été élu deux fois
recteur, le 3 octobre 1536 et le 17 mars 1543. Il est qualifié, la
seconde fois, professeur en lhéolo{i;i('.
MANUSCRIT d'eSTIENNE DU VAL (57
vidoretur, transigeretur. Perlecta itaque contractus
formula, in qua supra commemorata conditiones
describuntur, rogati sunt sententiam a rectore singu-
lorum ordinum proceres ac magistri. qui lum illic
aderant.
«Hii autemerant venerandus vir, magister Johannes
du Verger (1), ordinis theologiœ decanus cum aliquot
theosophiœ professoribus. houorandus atque eximius
vir, magister Tanneguy Sorinus (2), juris canonici
antesignanti ; magister Rodolphus Hérault (3), in
utroque jure licentia, juris civilis prodecanus, magis-
ter Johannes Onf'roy(4). medicorum coryphœus. cum
multis suae facultatis doctoribus, magister ^Egidiusde
(Il Jean du Voi'tcier, licencié en tiiéologie et professeur de
théologie in supra 7nunfiana Facultate theologiœ, avait été
élu recteur le 1" octobre 1526 et le 2'i mars 15;:!4.
(2l Tanneguy Sorin. de Lessay. en (Jotcntin. professeur aux
droits, devint conseiller au siège présidial de Gaen, lorsque ces
charges furent créées en 1552. C'est l'auteur bien connu des
Commentaires sur la coutmne de No)'niandie.
(3) Rodolphe Hérault, docteur es droits, professeur de phy-
sique au collège du Bois, curé de Saint-Ouen de Caen, fut
quatre fois recteur, de 1540 à 15G3.
Il resta recteur pendant trois semestres, du 24 mars 1562 au
24 octobre 1563, fait qui ne s'était jamais produit et qui ne se
renouvela pas. Les ravages des guerres religieuses avaient, à
cette époque, écarté de la Faculté maîtres et élèves, et ce fut
à la lin de l'année 1563 que les cours purent se reformer.
(4) Jean Onfroy, sieur de Gardronney, docteur en médecine,
avait été élu recteur le 17 mars 1553. II mourut le 13 aoiit 1583.
Jacques de Cahaignes a fait son Éloge. Il avait un tils, Etienne
Onfroy, docteur en médecine et maître es arts, qui devint aussi
recteur en 158<J.
68 MANUSCRIT d'ESTIENNE DU VAL
Housteville (1), artium decanus ac sui quidem ordinis
ma^istri, quorum major pars ensuyt, superius comme-
moratas conditiones a dicto Duval, ut prsedictum
est, oblatas, ei placere easque firmas ac ratas velle
habere, ideoque recipere cum gratiarum actione iis-
dem cum dicto Duval esse transigendum, ea tamen
lege ac conditione ut idem Duval suam pnestet obliga-
tionein quemadmodum et Universitas suam, nempe ut
sit utriusque et Universitatis et Duval mutua ac reci-
proca obligatio, idque addendum. expressis verbis,
in formula contractus (s'ensuyt), et sic a majori parte
conclusum est per rectorem transigendum esse cum
dicto Duval, postrema illa conditione de mutua obli-
gatione in formula contractus addita.
«Quod etiam factum est in ipsa congregatione per
rectorem ac supra commemoratos et Hérault, prode-
canuin dicti Universitatis: anno et die supra dictis;
in quorum omnium fidem et testimonium liis prœsenti-
bus litteris sigillum Rectoriatus, una cum signo scribe
dictae Universitatis duximus apponendum.
«Datum Cadomi, in congregatione generalli ejusdem
Universitatis, anno et die predictis».
Ensuyt par ordre les articles du dict contrat :
Premi«"*rement, pour la célébration de la dicte con-
vention. Messieurs les Recteurs, doyens et bedeaulx
des cinq facultés de la dicte Université se assemble-
ront en habit de doyen, en chappes, et chapperons.
(Il (iilli's (ie Housteville {^yidius), bachelier en tliéolo^îie et
maître es arls. avait été élu recteur le l'j mars irw'il.
MANUSCRIT d'ESTIENNE DU VAL 69
une heure après midy, au lieu pour ce préparé, aux
Cordeliers, où assistera le dict fondateur, ou son
héritier, comme prince du Puy, et au lieu et place
accoustumé pour iceluy, pour ouyr la lecture des
dittes compositions qui s'offriront et icelles recevoir;
puis, les dicts bedeaulx servans à la police pour y .
faire garder Tordre et le silence requis.
Item, seront nommées par les dicts sieurs Recteurs
et Doyens et par le dict prince ou son héritier, avant
que partir du dict lieu, six personnes doctes et de
suffisant sçavoir, trois, par les s""* de l'Université,
desquels le Recteur sera lung, et trois par le prince ou
son héritier. Lesquels six seront par le prince prins
par serment qu'ilz n'auront faict, corrigé ou baillé
argument aux dicts compositeurs et que les dicts
compositeurs ne seront leurs parents ny alliés et les-
quels s'assembleront dedans le samedy ensuyvant,
présence du dict Recteur et du dict fondateur, en une
chambre du couvent des dicts Cordeliers, qui leur
sera à ceste fin préparée, pour veoir, examiner et
juger les dictes compositions et en adjuger les prix à
ceulx qui les mériteront, et lequel jugement sera par
les dicts Recteurs et fondateur ou son hoir principal
conjointement conclud et les prix et loiers adjugés à
ceulx qui auront h^ plus de voix et où les voix des
juges seront en ('qualité'. \e dict fondateur ou son hoir
principal déclinera en (juelle part qu'il vouldra pour
arrests.
Kt le dimenche ensuyvant, les dicts s'^ Reclturs.
doyen, juges et bedeaulx s'assembleront au cloistre
des dicts Cordellicrs. ainsy qu'il a esté faict par cy-
70 MANUSCRIT d'ESTIENNE DU VAL
devant, pour délibérer publicquement aux victorieux,
présence du dict prince, estant en sa place, ou son
hoir, comme dict est, les enseignes de leur victoire.
Et ce faict, seront les compositeurs auxquels aura
esté adjugé les prix et débatu, et les bedeaulx de
l'Université subjects convoyer le prince jusques en sa
maison et icelle rendre et restituer les dictes enseignes
qui seront redimiez par les prix cy-après déclairés,
lesquelz seront payez comptant par le receveur d'icelle
Université, présence du dict prince.
Et pour satisfaire à l'entretainement de la dicte fon-
dation et choses cy-devant déclarées, le dict Estienne
du Val a donné et par ces présentes de son bon voul-
loir, donné par pure et libéralle donation entre vifs, à la
dicte Université, la somme de XXII liv. tournoys de
rente à avoir et prendre, par chacun an, à sçavoir:
12 liv. tournoys en deux partyes, sur noble homme
Jehan de La Mariouze, sieur de Gonneville; sellon les
lettres de la vente, Tune en datte le dix-neufvies*
d'octobre 1.54.3, montant cent solz de rente, et l'autre
montant sept liv. tournoys, en datte le XIX*^ de décem-
bre 1543, et X liv. de rente sur M* Parisy-Baillehache,
sieur de Ranville, ses hoirs ou ayant cause, sellon les
lettres de la vente en datte le seiziesme de juillet
1546, lesquelles lettres présentement ont esté baillées
à M* Jehan Le Portier, scribe de la dicte Université,
j)résent pour les bailler au receveur de la dicte Uni-
versité, pour (!n recueillir les arérages qui en esché-
ronl à l'advenir, à la charge des conditions contenues
en icelle et dont j)our commencer à cesle prochaine
feste, comme dict est, le dict du Val advancera une
MANUSCRIT d'ESTIENNE DU VAL 71
année des dictes rentes. Et au cas où la dicte rente ou
partye d'icelle sera racquittée ou admortye, elle sera
remployée en semblable nombre de rente pour la
continuation de la dicte fondation, le dict fondateur,
ou son hoir appelé, tant au racquit que aux dicts
remplacemens, laquelle somme de XXII livres se dis-
tribuera par le dict receveur des deniers de la dicte
Université, comme il ensuyt:
Assavoir
A celluy qui fera loraison du matin,
lequel sera tenu faire commémoration
de la dicte fondation, la somme de . . X s.
Au dict fondateur ou son héritier,
pour son offrande, où il assistera à la
messe à la place accoustumée du prince
du Puy III s.
A ceulx qui feront chacun ans les
compositions latines et françoises des
placars pour les invitations du Puy qui
seront nommés par l'Université à la
Congrégation de la Saint-Denys. pour
estre affichés à la Toussainct, assavoir:
Au compositeur latin XX s.
Au compositeur français .... XX s.
A l'imprimeur, pour imprimer cin-
quante placars, pour attacher aux
portes des collège et lieux publics de
la ville et Université, mesme envoyés à
Rouen et autres lieux Il s. Vi d.
72 MANUSCRIT d'eSïIENNE DU VAL
Au meilleur épigramme héroïque sans
excéder le nombre de trente mètres (1)
sera donné les armes du dict fondateur
rédimables par XLV s.
Et au débatu la somme de. . . . XXII s. VI d.
Au meilleur chant royal (2) conte-
Il) Mètres: la suite des pieds ((ui forment un vers. En
d'autres termes, la mesure des vers.
|2) Sur le Chant Royal, voici ce que dit Fabri [Le Grant et
vrai art de pleine Rhétorique): «Après que l'en a traicté de
liuit syllabes en ligne et au dessoubz, et des espèces de rythme
à ce convénientes, s'ensuyt à parler de l'espèce de Champ
Royal qui se faict de dix syllabes en masculin, et autant de
lignes en une clause qu'il y a de syllabes au pallinod, comptant
la passe féminine pour plaine syllabe, à celle fin que la clause
soit de dix ou unze lignes; et se plus y en a. c'est licence poë-
ti(iuc. Et doibt avoir cinq clauses ou basions de semblable
couleur ou lysière, avec l'envoi semblable à la première ou der-
nière moytié de clause en rentrant à son palinode. à la diffé-
rence des servantoys qui sont sans palinode... Et pour ce que
la pronunciation des lignes de dix syllabes seroit trop longue
à pronuncer sans faire pause ou poinct. il est de nécessité de
coupper sa ligne en deux, la première moytié de quatre syllabes
et le demeurant de six en masculin; et doibt l'en tousiours
terminer substance entre là ofi est la couppe ou la fin de ligne.
Et pour ce qu'il est dist devant que termination féminine ne
faict poinct pleine syllabe, il est requis que la IIII'' syllabe
qui est la couppe en champ royal soit masculine, car syllabe
féminine, en la llll* place, n'est «nie de 111 et sapasse, qui est
diniinulioii de couppe. ou elle est de quallre et sa passe, qui
est addition. Et doibl cstrc le pallinod de taille féminine, et le
rcilrain d(' ballade si est masculin )>.
Et plus loin: « 11 esl dict champ royal, pour ce que. de toutes
les espèces de rithme c'est la plus royalle. noble ou magistralle
f\ où l'en touche les plus graves sul)stances. Parquoy c'est
MANUSCRIT UESTIÉNNE DU VAL 73
nanl le nombre de unze lignes à cinq
couleurs (1), par chacun baston |2).
sans couppe féminine, selles ne sont
sinalimphées (3), à tel palinod qu'il
plaira à l'orateur, pourvu que la ligne
voluntiers l'espèce practiquée en Puy, là ou on pleine audience,
comme en champ de bataille, l'en juge le meilleur et qui est
le plus digne d'avoir le prix, après que l'en a bien débattij de
l'uni^ part et d'aultre en abatant tous les aultres. Aulcuns l'appel-
lent Champ Royal, pource (ju'il est de noble et armonieuse con-
sonance pour la gravité de sa substance et la doulceur de son
éloquence, combien qu'il puisse estre mis en chant, comme il
est dict des chansons ».
Et Fabri ajoute cependant qu'il est certaines licences « durit on
ne doibt poinct user, qu'on ne doibt poinct parler ([ue gravement
et de grave matière en termes positifs et suppellatifz, sans
raesler les diminutifz, comme en louant la Vierge Marie et en la
dysant royne des cielz. il n'est pas élégant de l'appeler «pucel-
latte» ou abrébiette». etc.», toutes choses évidemment contraires
à la majesté d'un Chant Royal.
(1) Couleurs: tigures de rhétorique.
(2) Baston: couplet. «Nota que ie ne mets poinct de ditte-
rence entre clau.se, couplet et baston. pource que toute clause et
couplet se appelent baston en puy. mais le plus commun baston
n'est pris que pour une ligne de clause» (Fabri: l' Art de pleine
Rhétorique).
(:3) Hyatus ou Sinalimphe exprimaii'iit à peu prés la même
idée.
Pierre Fabri. dans son Grand et vrai art de pleine Rhétorique,
nous en donne ainsi l'explication: «Il est beaucoup de tigures
de m('>tapl;isine et d'auitres genres (|ue ie délaisse pour brief-
veté; mais il IjiuU dire de sinalimi)lie en nostre vulgaire, qui
se faict (juant e féminin est tin dung terme, et le prochain terme
ensuyvant se commence par aulcun vocal, ledict e féminin ne
se profèn^ poinct. mais les deux vocalz se profèrent ensemble et
74 MANUSCRIT D'eSTIENNE DU VAL
palinodée (1) soit de lisière féminine,
sera donné la palme rédimable par : XL s.
Et au débatu XX s.
A la meilleure ballade (2) de huict
sillabes et de huict lignes, à tel refrain
des deux syllabes l'en en profère une, comme: «ïu m'as baisé»,
ou «Tu me as baisé».
«Nota que «m'amye» se dict par apocope, et non poinct par
sinalimphe, car on ne dict poinct «mon amye», l'en dict bien
«ma belle amye» et a ne sinalymphe poinct; parquoy de «ma
amye» l'on este a».
(1) « Pallinode est terme grec qui signifie semblable conson-
nance ; lequel terme nos pères ont appliqué en cest art en deux
manières, c'est assavoir pour les dernières lignes de champ royal,
qui se reprennent à chascune clause et sont appelées le palinode;
et en ballade l'en les appelle refrain, et en ce présent lieu
pour espèce distincte et différente des aultrcs espèces, et est
ccstc sorte de pallinode assez semblable à l'espèce de cliappelet
et n'y a différence sinon que le chappelet se practique et des-
pend du rondeau, et la forme de pallinode se practique sur
une clause de lay ou virelay communément, ou sur aultre
clause de quelque aultre espèce de douze lignes, ou plus ou
moins à la volunté du facteur, mais qu'il y ait tousiours trois ou
quatre ou plusieurs lignes closes et ouvertes, pour bien doulce-
ment rentrer, ainsi qu'il est dit du rondeau» (Pierre Fabri :
Le Grant et vrai cvt de pleine Rhétorique.)
(2) « Ballades se font de huyt lignes pour clause et liuyt syl-
labes en masculin pour ligne. Et doibvent estre trois clauses
de semblalJe lisière ou rithme et semblable relîVain pour der-
nière ligne, lequel doiJit esln' masculin avec deniye clause de
semblable ou aultre lisière aux quatre (leniières lignes. (|ui
s'appelle l'cuvoy. (Ui le p|-ini-c, pourcc que. en Icuanl Ir |uiy de
ballades, vnlunlicrs ledictcuvoy se adresse ou rtivoyc au prince
Et disent aulcuns ([uil n'est poinct nécessaire, ne aussy l'en-
voy dung clianip royal, veu que l'en y peult changer lisière.
MANUSCRIT d'eSTIENNE DU VAL 75
que rorateur vouldra, sera donne le lau-
rier rédimable par. . . . . . . XXX s.
Et au débatu XV s.
Au plus parfaict sonnet (1) de qua-
torze lignes sera donné l'estoille rédi-
mable par XIII s.
Au plus parl'aict dizain sera donne''
le signet n'diniable j)iir ■ . . . . X s.
A Messieurs les recteurs et cinq
doyens, pour leur assistance aux dictes
Mais la cousluiric plus commune c'est qui sont de l'essence de
liallado el de champ royal, et doibvent en puy estre de sem-
lilalile lisière, et se, par eulx à redicte, ilz sont à reffusser »
(Pierre Fahri: Le Grnnt et vrai art de -pleine Rhétorique).
(1) I^e sonnet était un genre de poésie nouvellement importé
d'Italie en France. Les premiers qui en usèrent, Clément
Marot et Mellin (le Saint -Gellais. vivaient dans la première
moitié du XVI' siècle. Un sonnet de Clément Marot porte la
date de 1.V27. 11 se développa bientôt avec Ronsard, Belleau,
Baïf et la Pléiade. « La France, il faut oser le dire, ne fut point
une des pi-emiércs à donner des lettres de naturalisation au
sonnet, lisons-nous dans la Monofp'aphie du sonnet par M. L.
de Veyriércs. Plusieurs chansons de Charles d'Orléans (mort
(^n l'iHô). tant par hasard i\\n' par fortune, ont peut-être un faux
air du sonnet. On connaît son fameux rondel:
.\llez-vous-cn, allez, allez.
Siiucy. soin et mélancolie...
«(je pelil poi'ini' esl sur deux rnnies. il est vrai, mais il a ijua-
lorze vers el le i-omleau en a treize, i'X quinze avec le refrain.
Faut-il y voir un emliryon du sonnet? Ouoi qu'il en soit, il ne
faut remonter évidenniKnit qu'à Mellin île Sainl-Gellais («t à
Clément Marot qui composèrent des sonnets véritables avant
tous les autres poètes du XVI'' siècle ».
76 MANUSCRIT DESTIENNE DU VAL
assemblées, à chacun trois solz ; pour
ce XVIIls.
Et où les dicts recteurs el doyens
n'assisteront, l'ancien docteur qui
assistera en prendra l'émolument.
Au lecteur des dictes compositions,
qui sera nommé par la dicte Université,
lors de la dicte congrégation, et lequel
enregistrera les nommez pour faire le
jugement des dictes compositions . . V s.
Au sindic de l'Université qui sera
subject contremarquer les œuvres après
qu'elles auront esté leues, pour éviter
au changement et variation d'icelles. V s.
Aux six juges qui seront nommez
pour faire et donner jugement des
dictes compositions ; à chacun X solz,
pour ce LX s.
Au couvent des dicts Cordelliers,
pour fournir d'une chambre pour le
jugement des dictes compositions . . X s.
Au trésor de la dicte Université pour
faire les deniers bons des dictes par-
tyes et les délivrer, chacun an. le dict
jour, par les mains du receveur, pour
en faire la distribution comme cy-
devant est dict est X s.
Aux bedeaulx des dicts s" recteurs
et doyens qui assisteront à la dicte
convention pour servir à garder Tordre
tant à la dicte lecture que au jugement.
I
MANISCHIT d'esTIRNNK Dl' VAL 77
pour faire faire l'establie, chaire, tapis-
serye et choses nécessaires cy-devanl
dictes XL s.
Au receveur de la dicte Université,
pour sa vacation de receveur, la dicte
somme et icellc délivrée comme dict
est V s.
Au dict receveur, pour fournir de
boys, chandelles, de vin et le pain, lors-
que se fera le dict jugement des dictes
compositions, la somme de ... . XV s.
Et veult et entend le dict fondateur par ce présent
que aux droicts, honneurs et prééminences d'icelle
fondation, ne puissent succéder les femmes, ains qu'il
demeure, et soyt toujours continué au prochain hoir
masle de la lig-ne du dict Du Val, fondateur et portant
son nom et armes, forz en cas d'extinction de ligne
masculine ; ou que cil qui sera prochain héritier suc-
cédera aux honneurs, droictures et prééminences
d'icelle fondation, à la charge expresse toutesfoys
de porter et continuer les armes du dict fondateur aux
dicts actes; et sy, ne pourra aucun de ses hoirs trans-
porter ou aliéner la dicte droicture, que toujours le
dict honneur et droicture ne réside, comme dessus, à
la lignée du dii-l fondateur.
Lequel contiat a dû depuys estre direchef confirmé
et approuvé par la dicte Université, sellon quil
appert par la testimonialle, de laquelle la teneure en-
suyl :
« Universis pra'sentes litteras inspecturis Jacobus
78 MANUSCRIT d'ESTIENNE DU VAL
Le Porcher, in sacratissima theologyae facultaté bacca-
laureus, Hector Universitatis Cadomensis, salutem in
domino.
« Notum vobis facemus quod in conventiis generali-
bus dictœ Universitatis, anno domini sesquimillesimo
quinquag-es" septimo, secunda mensis martii. in œde
Franciscana habitis. interfuit vir illustris Stephanus
Du Val Mondreville, dominus ac podii princeps, qui ab
Universitate pactus vel contractum inter se et ilhim de
principatu podii, secundum conclusionem sexte no-
vembris initum confirmaret ac iterum. approbaret,
perlecto itaque coram omnibus contractu, rogali
sunt sententiam a rectore singulorum ordinum
proceres ac magistri qui, communi omnium suffragio,
eodemque proorsus consensu ac nomine reclamiinte
dictum contractum, prout est inscripta redactus in
sequendo prœdictam conclusionem rursus ac donec
ratum firmumque habueremus et approbareraus.
« In cujus rei testimonium sigillum rectoriœ Univer-
sitatis predicta, una cum signo scribe ejusdem pra;sen-
tibus litteris duximus apponendum.
«Datum Cadomi, in conventiis generalibus, anno
supra dicto, hac die martis secunda».
Signé sur le reply: Le Porcher, et scellé sur double
queue de cire rouge.
A tous ceulx qui ces lettres verront;
Estienne Du Val. sieur de Mondreville et de Fon-
tenay, conseiller du Roy en ses finances, garde géné-
ral des sceaux de Sa Majesté pour les sentences et
jugemens des sièges présidiaux du dicl Caën, Costen-
MANUSCRIT d'rsïTENNE DU VAL 79
tin et aultres juridictions de la dicte ville et vicomte,
et oblig^ations de la dicte vicomte de Caën ; sallut.
Comme aussy soyt que noble homme Estienne Du
Val, sieur de Mondreville et de Fontenay-le-Pesnel,
conseiller du Roy et prince du Puy de la Conception
de la très saincte et immaculée Vierge mère de nostre
rédempteur, fondé au dict Caën dès le sixiesme jour
de novembre mil cinq cents cinquante-sept, eust,
devant les tabellions de ce lieu, pour célébrer annuel-
lement le dict Puy, donné en l'Université de la dicte
ville de Caën, vingt-deux livres tournoys de rente,
pour icelle rente, par chacun an, estre distribuée tant
aux poètes latins que frangoys, pour le rachat de prix
qui leur seroient adjugés et dellivrés pour le mérite
de leur labeur et victoire, q'ue aux oflîciers et aultres
qui à ce employeroyent leur présence et labeur, sellon
et ainsy qu'il est plus à plain porté et contenu par les
dictes lettres de fondation: et icelluy sieur fondateur,
meu d'ung zelle et bonne affection qu'il porte aux let-
tres et affîn d'inciter davantage, encourager les jeunes
hommes à Festude des lettres, a voullu augmenter les
dicts prix et loyer de la somme de six livres dix solz
tournoys de rente ;
Parquoy sçavoir faisons que, par devant Jehan Le
Maistre et Jehan de La Haye, tabellions pour le Koy
nostre sire en la ville et banlieue du dict Caën, fust
présent le dict sieur de Mondreville, lequel, incité de
l'affection susdicte de son bon voulloir et sans aucune
contraincte ny sollicitation, a donné et. par ces pré-
sentes donne sur et par augmentation à la dicte pre-
mière fondation aflin d'héritage à la dicte Université.
80 MANUSCRIT DKSTIKNNK OU VAL
les dictes six livres, dix solz tournoys de rente qu'il a
droict d'avoir et prendre chacun an sur Jehan Vaudon.
de la parroisse de Mery. et deffunct M'' Charles Tres-
hardy. en son vivant procureur au siège présidial du
dict Caën, au terme du ving^t-ung jour de may, sellon
le contrat de la constitution de la dicte rente, passé en
ce tabellionnage le vingl-ung'"" jour de may M V '"
soixante-six, et lesquelz deux prix, tant de la dicte
fondation que la présente augmentation, revenant
parmy le tout, à la somme de vingt-huict livres dix
solz tournoys, il veult et entend estre payées et distri-
buées, ainsy qu'il a esté faict par cy-devant, assavoir
à celluy qui fera l'oraison du matin, quinze solz; au
ditct fondateur ou son héritier, cinq solz pour son
offrande; pour les compo'sitions latines et françoises
des placquars, chacun vingt- cinq solz. qui seroient
cinquante solz; à limprimcur d'iceulx, trente solz ; au
meilleur épigramme et héroïque, cinquante solz: au
débattu, vingt-cinq solz: au meilleur chant roïal,
quarante-cin(j solz ; au débattu, vingt-deux solz. six
deniers; à la meilleure ballade, trente-cinq solz; au
débattu, dix solz, six deniers; au plus parfaict sonnet,
dix-sept solz. six deniers; au plus parfaict dixain,
treize solz, six deniers; au recteur et cinq doyens,
vingt-quatre solz; au lecteur des compositions, sept
solz, six deniers; au syndic de la dicte Université, sept
solz, six deniers; aux six juges, trente-cinq solz; au
couvent des Cordelliers, vingt solz; au trésor de la
dicte Université, dix solz; au receveur, pour ses
paines, dix solz; au dict receveur, pour fournir pain,
vin, boys et chandelles, vingt-cinq solz; aux bedeaulx.
MANUSCRIT d'kSTIRNNK DT VAL 81
quarante-cinq solz. Kt oultre les sommes susdictes
sera distribué par les bcdeaulx, tant au dict sieur
prince que plus notables personnaig'es qui assisteront
à la messe, pour vingt solz de g-rant pain. — Et sy
admortissement (it rachapt desquels partyes de rente
est faict, sera oniployé suyvant qu'il est contenu par
la première fondation. A ce présents, nobles et scien-
tifiques personnes M*'* Germain Jacques (1), recteur
de la dicte Université, Henry Moisy (2), docteur,
doyen en théologye, Jehan Onfroy, docteur et doyen
en médecine, Guillaume de Troismonts (3), docteur
en la dicte Faculté, Estienne Onfroy, doyen en la
Faculté des Artz, et Jehan Champion (4), receveur
d'icelle Université ; lesquelz ont eu pour bon et agréa-
ble la dicte donnation et augmentation et ont promis
pour eulx et les aultres olFiciers et supôts de la dicte
Université, qu'il sera satisfait à l'observation de la
dicte fondation, sellon la teneur d'icelle, de poinct en
poinct, sans aller encontre en aulcune manière et
(1) Germain Jacques, licencié ùs droits, avait été élu recteur
le 1" octobre 1576. Il fut réélu le !'='■ octobre l."i8'2. le 24 mars
1584 et le 1" octobre 1589.
(2) Henry Moisy, docteur en théologie, fut élu cinq fois rec-
teur, entre les années 1.553 et 157:3.
(3) Guillaume de Troismonts, bachelier en médecine, avait
été élu recteur en octobre 1555 et en mars 1557. C'était le père
de Jean de Troismonts, archer de la garde de Henry II, Fran-
çois II et Charles IX. auquel J. de Cahaignes a consacré son
Éloge 37. Ils étaient seigneurs de FeugueroUes.
(4) Jean Champion, licencié en di'oil civil, fut élu recteur le
l»'' et le 2 octobre 1567. Sa double élection termine» le registre
des Rectoriœ, à la date du 2 octobre 1567.
^6
H"! MANUSCRIT d'eSTIENNE DU VAL
quant à se, tenyr, garder, parfaire et accomplir, et
rendre et restaurer tous coustz, mises, despens et
dommages qui, pour ce, seroyent faicts ou soutenus,
les dictes partyes en obligèrent, assavoir: le sieur de
Mondreville, tous ses biens meubles et héritaiges et
les dessus dicts, les biens de la dicte Université, le
tout présent et à venir, à prendre et vendre par exécu-
tion d'ollice de justice, sans procèz.
i.a dicte donation faicte en la présence de Ni-
coUas Duval, escuyer, filz du dict s"" de Mondreville;
en tesmoing desquelles choses ces lettres sont
scellées du dict scel, à la rollation des dicts tabel-
lions, sauf aultruy droict. Ce l'ust faict et passé au
dict Caen, le samedy, huistiesme jour de décembre,
jour et feste de la Conception Nostre-Dame, l'an
M D LXXVl.
Présens, nobles et scientifiques personnes, M^ Bap-
tiste de Villemor (1), ausmonier ordinaire du Roy,
abbé d'Ardaine, et noble homme, M" Hierosme Le
(1) Jean-Baptiste de Villemor, abbé commendataire de l'abbaye
d'Ardennes, était fils de Paul de Villemor. lieutenant général du
grand maître des eaux et forêts. En 1560, il succéda comme
abbé à Marguerin de la Bigne. Il trouva cette abbaye dans un
état qui laissait beaucoup à désirer; aussi, appela-t-il auprès
de lui le Révérend Père Jean de la Croix, du monastère de
Belle-Étoile. Il lui confia le soin de remettre l'ordre dans ce
couvent. I/aljbé de Villemor avait parcouru presque toute l'Eu-
rope à la suite de Gabriel d'Aramont, ambassadeur du roi
Henry II. 11 s'était établi à Caen, où il vécut pendant plus de
quarante ans. Il mourut le 16 décembre 1599. (Éloges des
citoyens de la ville de Caen, par Jacques de Cahaignes,
Éloge 82.)
MANUSCRIT h'RSTIENNE Dl' VAL 88
Picard (1), conseiller du Roy nostre seigneur, et
lieutenant g-énéral criminel au bailliage du dict Caen.
Approuvé, scel, par Le Maistre et Jehan de La
Haye; et en la marge, pour le dict s"" de Mondreville,
Signé, Le Maistre et de La Haye, et chascun ung
parapfe.
(1) Hierosme Le Picard fut lo premier des lieutenants géné-
raux criminels du Présidial de Gaen, créés par Henry II, avec
les Présidiaux, en 1551. Il résigna sa charge en 1578, en faveur
de Jacques de Malherbe, qui la conserva jusqu'à sa mort, le
14 décembre 1592. C'était le père de François de Malherbe, sieur
du Bouillon, conseiller du Roi et trésorier général à Gaen.
PIECES JUSTIFICATIVES
Arrêt de la Coir du Parlement
DE Rouen
[La Tnurnelle, — liappoii. — 1555).
19 OCTOBRE
Entre Maistre Guillaume Malherbe, prieur de
l'Hostel-Dieu de Caen ; Nicolas Moges et Estienne
Duval ; prisonniers appelants de M'" Jacques Centsolz
et Raoul Bretel. conseillers commissaires delà Court:
comparans par Qanynet , leur procureur, dune
part;
Et le procureur général du Roy, inthimé en la dite
appellation, d'autre;
Veu par la Chambre ordonnée par le Roy au temps
des vacations, larrest donné en la Court du XVIll''
jour de juillet dernier passé: les informacions faictes
en vertu dudit arrest. par lesdits Centsolz et Bretel.
conseillers commissaires, à lencontre des dits prison-
niers appelans; l'appellation par eulx interjectée le
XXIX'" jour d'aoust dernier passé; larrest de la dite
Chambre du XI II" septembre V'' cinquante-cinq, par
86 PIÈCES JUSTIFICATIVES
lequel il a esté ordonné avant que faire droict sur
ladite appellation, que lesdits Duval, Moges et Mal-
herbe feront appareoir les pièces dont ilz s'entendent
ayder aux fins de leur appellation ; pour ce faire et le
tout communiqué audit procureur général, estre or-
donné ce qu'il appartiendroit; leurs lettres et escrip-
teures mises devers ladite chambre, suyvant le dict
arrest et aveux de bouche desdits prisonniers, faictz
par lesdits commissaires; autre information faicte
par le bailly de Caen, ou son lieutenant, le XXV* jour
d'aoust dernier ; apportées au greffe de la Court suy-
vant l'ordonnance de ladite Chambre; la requeste
présentée à icelle par lesditz prisonniers, le XXV*
septembre dernier, par laquelle ilz ont esté tenus pour
bien relevez en leur appellation interjectée le XXIX*
jour d'aoust; le relief dappel dudit jour et exploict
[Durand?], du quatriesme du présent mois d'octobre
au dict an ;
Et veu ce qui faict a esté audit procès et oys les-
dites parties sur leurs dites appellations, ensemble le
rapport du conseiller commissaire, auquel le toust
avoit esté [délivré?] pour en faire son rapport; toust
considéré; aprèz avoir faict venir en la Chambre les-
dits Duval, Moges et Malherbe, prisonniers, auxquelz
a esté remonstré qu'il/ ayent pour l'advenir à soy
garder de cheoir en telle sus])ioion de communication
avec les ennemys du Roy, en laquelle, par cy-devant,
ilz ontestf'.
Il sera dict, que ladite Chambre a mis et mect
lesdites appellations au néant, sans amende, et
PIÈCES JUSTIFICATIVES 87
néammoins, veu ce qui a esté faict au procès et
depuys produict par les appelans, a ordonné et
ordonne que les prisons leur seront ouvertes, et mesme
à Jehan de Renémesnil, aussi prisonnier en la concier-
gerie, sans absoudre ne condamner; à la charge de
eulx représenter pardevant le Roy, ou en ladite Court,
toutes fois et quantes qu'il sera ordonné ; et ce, à la
caution l'un de l'autre pour le regard desdits Malherbe,
Moges et Duval, et faisant les submissions au greffe
en telz cas accoustumées.
Lallemant Gebhuiz
Prononcé à la barre de la Court, à Rouen, le XIX'
octobre V*^ LV.
Archives du Pa^lkment de Rouen
Arrêts. Vol. Octobre l')6i> — février loi 0.
Du XXIIl'- jour de décembre 1569.
Entre Estienne du Valj.s"" de Mondreville, appelant
de certaine sentence, donnée par M" Guérin de N'illy.
lieutenant du Bailly de C>aen, au siège du dict lieu, le
XX*" jour d'aoust dernier, et, en principal, demandeur,
en reparaon de injures, dune part: et Jacques Mar-
guerite, filz Charles, intimé en lad. appellaon et oudict
principal, défendeur, d'autre:
88 PIÈCES JUSTIFICATIVES
Veu par la Cour Tarrest donné en icelle le quinz^
jour de ce moys de décembre, par lequel les partyes
ont esté appoinctées à mettre leurs pièces au greffe et
au conseil. lad. sentence du XX^ aoust,dont est appelé,
en Farticle par lequel led. Marguerite auroit esté con-
damné en dix solz d'amende envers le Roy et en quatre
escus d'intérest et reparaon envers led. du Val, pour
avoir, par led. Marguerite, impropéré en jugement
aud. du Val. en parlant au solliciteur d'icelluy du
Val. qu'il avoit faict reparaon honorable et qu'il estoit
destenteur des pauvres gens; relief d'appel oud. appe-
lant, du XVP septembre dernier, exploict d'icelluy
arrest donné par les juges déléguez par le Roy contre
led. du Val et autres dénommez en icelluy, le XVIU^
mars 1539: 1res patentes du feu Roy Françoys premier,
du dernier may 1540, par lesquelles led. du Val, et
autres dénommez en icelles. auroient esté remys et
restituez à leur bonne lame, renommée et biens, toust
ainsy qu'ilz estoient auparavant led. arrest du XVIIP
mars et exécuon d'icelluy; vérifficaon desd. lettres
du Vil' juillet 1540; autres lettres patentes du Vlll'
juing 1541.vérifricaon d'icelles du XX'' décembre oudict
an ; aultres lettres patentes du XVII' mars 1542, vérif-
ficaon d'icelles en la Chambre des comptes du XXIX^
mars 1543; plaidoyé des dictes partyes; et, après que
led. du Val a déclaré qu'il accorde que les deniers qui
luy seront adjugés pour reparaon et intérest desdictes
injures, soient adjugez aux pauvres; après aussy que
Bigot, pour le procureur gnal du Roy. s'est porté pour
appelant a minima de lad. sentence, en l'article de
condamnaon de dix solz d'amende envers le Roy, et
I
PIÈCES JUSTIFICATIVES 89
qu'il a conclud à cassaon de la dicte sentence en ce
resgard, et remys lad. amende à la discrétion de la
Court; vu tout ce qui a esté produict par devers lad.
Court; toust considéré:
Il sera dict que la Court a reçeu et reçoit le dict pro-
cureur général appelant et Ta tenu et tient pour bien
relevé; et, en faisant droict sur lesd. appelaons. tant
du dict procur gnal que dud. du Val. lad. Court a dict
qu'il a esté mal jugé, bien appelé par lesd. appelans,
et, en amendant le jugement, a condamné et condamne
Iftd. Jacques Marguerite, intimé, en vingt-cinq livres
d'amende envers le Roy, et en cinquante livres d'inté-
rest et réparaon envers lad. du Val et à tenir prison
jusques au plain paiement desd. sommes; lesquelz
cinquante livres dintérestz, la dicte Court, au consen-
tement dud. du Val, a adjugé et adjuge à la comu-
nauté des pauvres du Bureau de ceste ville de Rouen ;
et. oultre. a condamné led. Marguerite, intimé, es des-
pens du dict du Val ; auquel Marguerite et à tous
aultres. lad. Court a faict et faict inhibion et défen-
ses d'impropérer. dire ou proférer à l'advenir telles
injures aud. du Val, soit en jugemt, hors jugemt ou
aultrement, sur les peines au cas appartenant, etc.
DE Bacqcemaiœ Le Feuiie
90 PIÈCES JUSTIFICATIVES
Fondation pour le Palinod
Le 2 mars 1551, nouvelle confirmation, à propos
d'an remboursement opéré par les héritiers du s"" de
Parisy-Bailhehache, que nous tî'ouvons au.v Archives
du Cahados, dans le registre intitulé: Rectorise Ca-
domensi Universitatis; i5ik-1567; fol. '216-217; et
dont voici la teneur:
« Eodem anno, in comitiolis 17 decembris habitis,
ubi intererant magistri Johannes du Vergier, theoso-
phise decanus; Bertrandus du Vey, juris pontificii
antesignanus ; ^Egidius La Longny, juris Cœsarii
decanus; Johannes Onfroy. nudicinse decanus; -î^gi-
dius de Housteville, artium decanus; conclusum fuit
accipiendas esse centum libras turonenses ab heredi-
bus nobilis viri Parisii Baillehache, pro qua centum
librarum summa, singulis annis, iidem hcredes per-
solvere Universitati decem libras annui redditus tene-
bantur. Idque ex cessione ac translatione illustris
viri Stephani du Val, Mondrevilli domini, juxta con-
tractum inter Univcrsitatem et dictum du Val initum,
hoc autem anno decem librarum redditu eximere se
numerata sorte volebant dicti heredes, quare hinc
centum librarum summa recipienda, ad id quidem,
présente dicte du Val, delegatus est magister Julianus
Besnard, Universitatis quœstor œrarius, cui injunctuni
est ut restitueret litteras obligatorias, ut dicunt. dicti
annui redditus. numerata tamen prius sorte, iisdem
PIÈCES .II'STIKICATIVES 91
heredibus dicti Baillehache, tanquam liberos et
immunos. Decretum est prœterea distribuendos esse
trigenta très solidos turonenses, non modo iis qui dé-
libération! super hoc negotio adfuerunt, sed et
recipienda pecunia eodem ipso dicerunt adfuturi {sic).
Sifflé: Lk Pohcher.
Archives du Calvados: D. 'JO.
Mort du Marquis de Dampierre
{Juin il 91).
Nous lisons dans les Mémoires de Madame de
Tourzel, arrêtée avec la famille royale à Varennes, le
passage suivant, qui a trait au massacre du marquis
de Dampierre. sur la route entre Clermont et Sainle-
Menehould :
« Lorsque le licji passa sur une chaussée entre Cler-
mont et Sainte-Menehould, nous entendîmes tirer des
coups (K- fusil et nous vîmes coui-ir dans la prairie une
foule de gardes nationaux. Le Koi demanda ce qui se
passait: « Rien, lui répondit-on; c'est un fou que Ion
tue». Va nous sûmes, peu après, que cétait M. de
Dampierre. gentilhomme de Clermont et frère de
l'Evèque actuel de Clermont, que son empressement
à chercher à approcher de la voiture de Sa Majesté
92 PIÈCES JUSTIFICATIVES
avait rendu suspect à la garde nationale. Le Roi et la
famille royale éprouvèrent un saisissement facile à
concevoir et leur douleur augmenta à la pensée des
dangers que pouvaient courir ceux dont on connaissait
l'attachement à la personne du Roi et de son auguste
famille.
« Un motif bien noble engagea M. de Dampierre à
s'exposer aux dangers qui lui coûtèrent la vie. Il voulut
prouver au Roi que la nation était loin de partager les
sentiments des misérables qui entouraient sa voiture,
et que ses malheurs ne portaient aucune atteinte aux
sentiments de ses fidèles sujets, toujours prêts à se
sacrifier pour lui prouver leur respect et leur atta-
chement ».
Nous donnons également le passage du Précis
historique du comte de Valori. Fun des trois gardes
du corps du Roi, qui relate en détail ce triste événe-
ment:
«A quelque distance de Sainte-Menehould, un che-
valier de Saint-Louis, M. le marquis de Dampierre.
suivant le flot immense qui ne désemparait jamais,
s'approche de la voiture du Roi, pour offrir ses hom-
mages à son digne maître. Cet ancien militaire était
un homme d'une figure respectable, vieilli par les
armes, ainsi que l'annonçaient ses cheveux blancs. Il
était bien monté. On le remarqua, une rumeur se fit
entendre: aussitôt les mots d'a/is/ocrate, de //a/tre,
volent de bouche en bouche. » 11 faut l'égorger ».
s'écrie-t-on. L'un des gardes du corps, sans cesse
attentif à ce qui pouvait aggraver les inquiétudes de
PIÈCES JUSTIFICATIVES 9H
la famille royale, pria un des aides de camp de M. de
Lafayette d'engager M. de Dampierre à s'éloigner
s'il ne voulait pas perdre la vie, ce qui était sans uti-
lité pour le Roi, puisque cela ne pouvait rien changer
aux rigueurs des circonstances actuelles. Effective-
ment, on alla lui porter ce conseil; et, soit qu'alors il
s'aperçût qu'on s exaspérait contre lui. il est certain
qu'il ralentit le pas de son cheval, afin de sortir douce-
ment de la foule et la laisser fîler devant lui.
Mais l'espèce de revue qu'il sembla passer fit qu'il
offusqua les plus scélérats de l'énorme bande. L'un
d'eux saute à la bride de son cheval ; quelques autres
essayent violemment de le désarçonner. Il veut se
débarrasser et pique des deux pour se faire jour. On
lui tire deux coups de pistolet qui le manquent. Il
s'arme d'un des siens et le tire en fuyant. Mais, se
jetant, par égarement sans doute, à travers les terres,
en gagnant la tête de la colonne, au lieu de rebrousser
chemin le long de la chaussée jusque derrière elle
(espace qui n'était pas long à parcourir), il est pour-
suivi comme on lest à la chasse au cerf par les chiens ;
quarante coups de fusil sont tirés à la fois sur lui sans
l'atteindre, du moins le crut-on ainsi, à raison de ce
que 1 on ne le vit ni chanceler, ni interrompre la vélo-
cité de sa course. Des cavaliers, qui tenaient la tête de
la colonne, partent au galop et cherchent à le couper:
les fantassins les secondent; tous déchargent leurs
armes, à toute portée, contre sa personne, et, enfin, son
cheval ayant été très grièvement blessé, il se laisse
gagnei- et le feu redoublant incessamment, il tombe. Un
groupe de meurtriers se forma aussitôt autour de lui, ce
94
IMKCKS .11 STIKICATIVKS
qui le déroba aux regards do tout le monde; mais, au
bout de quelques minutes, on vit paraître sa tête et ses
membres inhumainement portés en triomphe au bout
des piques de ces lâches assassins : et cette race de
cannibales vint, en chantant les chansons de la Révo-
lution, en faire trophée à la portière du carrosse du
Roi, tant elle était bien endoctrinée par les meneurs, •
qui déjà dévoraient la France». .|
TABLE
Al)beville (CJliàteau .1) : âl).
Accidents arrivés à ÉliiMinf
du Val : 56. 57.
Accident (Premier) arrivé à
É. du Val: 37.
— (Second) arrivé à K. du
Val : 37.
Acte du 2 mars 1557 (Pali-
nod): i)(3.
Allemagne (Le sieur Gilles
d') : 62.
— (Agnès, femme d'): 62.
Angerville d'Orcher ( Dame
d') : 39.
Annebault (Messire .Jehan d'),
vicomte d'Auge : 51.
Approl)ation du contrat pour
le Palinod (texte latin) : 77.
Aramonl (Messire Gabriel d'),
ambassadeur d'Henry 11 :
82.
Ardennt's (Abi)aye d') : 82.
Argentan : 47.
Armes du fondateur: 72.
.\rrestation d'É. du Val en
1555: 51. 52.
— de du Val de Moudrain-
ville, en l.^;«»: V.).
Arrêt du Parlement de Rouen,
de 1555 : 12.
— du Parlement de Rouen,
du 19 octobre 1555 : 84.
— du Parlement de Rouen,
de 1569 : 8, 54.
— du 20 août 1569 : 18, 19.
— de la Cour de Rouen, du
27 décembre 1569 : 50.
— du 23 décembre 1570 ; 87.
Articles de la donation de
1557 : 68.
Assemblée des juges du Pali-
nod : 69.
Avranches : 7.
Raclieloy (Messire Pierre): 59.
Baïf : 75.
Ballade : 74, 80.
Ballargent (Le sieur Richard) :
60.
— (Le sieur Guillaume),
sieur de Saint-Bégnin: 60.
Baronnie d'Argences (Receveur
de la) : a5.
Basse-cour (Construction de
la) : 53.
Bas Ion : 73.
96
TABLE
Beaufort (Marie de), dame
Etienne du Val, comtesse de
Dampierre : 39.
Bedeaux de l'Université : 33,
70, 70. 80.
Belleau (Rémy) : 75.
Belle-Étoile (Abbaye do) : 82.
Béneauville (Demoiselle de) :
.51.
. — ( Pierre Le Bourgeois ,
sieur de) : G. 7.
Bernard ( Messire Nicolas ),
conseiller du Roi : 53.
Berniëres (Famille de), sei-
gneurs deMondrainville : 39.
— (Demoiselle Catherine de),
dame P. de Moges : 46.
— (Sergenterie de) : 58.
Berniéres-Gavrus : 39.
Besnard (Maître Julien), tré-
sorier de l'Université : 90.
Béziers (Mémoires de Michel):
9.
Bigne (Jehan de la) : 48, 49.
Bigot (Messire), avocat géné-
ral : 88.
Bois (Collège du) : 07.
Bois, cKandelles, vin et pain :
77, 80.
Bordeaux (Raymond) : 29.
Bossut (Anne de), dame Jac-
ques du Val : 39.
— (Nicolas de), l)aron de Ba-
zoches : 39.
Bourgueville (Le sieur Charles
de), lieutenant criminel : 15.
Boussancourt (Louise de).
marquise de Dampierre : 40.
Bras (M. de Bourgueville,
sieur de) : 6.
Breslay (Le sieur), jugo-com-
missaire: 50.
Bretel (Messire), conseiller
au Parlement de Rouen : 15.
— (Messire Raoul), conseil-
ler au Parlement do Rouen :
84.
Brunswick (Le duc de) : 42.
Bureau (Hugues), lieutenant
général : 45.
Caen Illustré: 24.
Cahagnes (Éloges de) : 9, 82.
Carpiquet (Héritages donnés,
sis à) : 58, 59.
Carpiquet : 27.
Casino d'Etienne du Val : 24.
Castelnau (Michel de) : 14.
Censolz (Messire), conseiller
au Parlement de Rouen : 15.
Centsolz (Messire Jacques),
conseiller au Parlement de
Rouen : 84.
Châlons : 55.
Chambre des Comptes de Pa-
ris : 50.
(^■hambre des vacations de
Rouen (Arrêt de la) : 15, 16.
Champion (M. Jehan), rece-
veur de l'Université : 81.
Chant Royal : 72, 73, 80.
Charente (La rivière de) : 52.
Cliarges du Palinod : 77.
Charles IX : 17.
TABLE
97
Château do Cacn : V.).
Gheux (Sergenterie de) : ')9.
Cœuret (Maître Guillaume),
tal)ellion : 81. 6:">.
(Pologne : 40.
Communauté des Pauvres Va-
lides de Rouen : 89.
Compositions pour le Puy du
Palinod : G!).
Compositions latines et fran-
çaises : 71, 80.
Comptoir d'Etienne du Val :
•23.
Gondé (Armée de) : 41.
Contrat de 1557: 81.
— de 1576 : ;M, 85, 86.
Convention de 1576 : 78.
Coquet (Thomas), receveur
de deniers ; son assassinat :
54.
Cordeliers (Les religieux) : 66.
— (Couvent des): 82, ;«, 69,
76, 78, 80.
Corderoy (M. Nicolas), tabel-
lion : 58.
Cossé (Le maréchal de) : 55.
Couleurs: 78.
Cressonnière (Demoiselle de
la), dame d'Elbœuf : 45.
Gussy (M. Jehan de), tabel-
lion : .58.
Daleschamps (Maître Pierre):
60.
Dampierre-le-Chàteau : 89.
— (Château de): 41.
— (Pillagedu château de) : 42.
Denis (Maître Jehan) : 47.
Deslandes (Maître Nicolas),
tabellion : 63.
Désobeaux (Le sieur (Juil-
iaunie) : 6.
— (Maître Michel), tabellion:
20, 59.
— (Maître Guillaume), tabel-
lion : 47, 61.
Desquay (Girard), sieur de
Rapilly. lieutenant du bail-
ly: 47.
Deux-Ponts (Le duc de): 55.
Dieppe : 52.
Disgrâce de Jacques du Val :
39.
Dive : 52.
Dizain : 75. 80.
Donation par E. du Val, à
l'Université, pour le Pali-
nod : 06.
— (Articles et conditions de
cette) : 68.
Dutout (Michel), tabellion : 27,
62.
Elbœuf (Jeanne d'), dame J.
de Malherbe : 45.
— (Demoiselle Marie d'),dame
Guillaume de Malherbe : 46.
— (Richard); sieur des Por-
tes : 46.
Epigramrae : 72, 80.
Escoville (Dame d'). dite lien-
nequin : 47.
Espagne (Voyage en) : 45.
7
98
TABLE
— (Navigation en) : 52.
Estoille : 75.
Fabri : le Grant Art de pleine
Rhétorique : 72, 73.
Falaise : 54.
Feuguerolles (Seigneurie de) :
81.
Fécarap (Abbaye de) : 35.
Fondation nouvelle de 1.^70 : 79.
Fontaine-Etoupefour : 48.
Fontainebleau : 49.
Fontenay (Abbaye de) : 38.
— (Demoiselle de) : 53.
Fort-l'Evesque (Prison du) : 50.
Foulognes (Maître .Jehan de),
tabellion : 47, 61.
Four à ban d'Argences : 35.
Fournier (Demoiselle Barbe) :
47.
Frais du procès de 1555 : 52.
Froide-rùe (Paroisse de Notre-
Dame de) : 17.
— (La rue) : 22, 26.
— ( Eglise de Notre-Dame
de) : 29, 30.
— (Notre-Dame de) : 61, 62,
(53.
Fuye à pigeons : 54.
Galéan (Charlotte de), veuve
de Charles de Fauges, com-
tesse de Dampierre : 40.
Gémare (Rue) : 26.
Germain (Jacques), recteur : ;%.
— (Maître Jacques), recteur:
81.
Gosseaume (Maître Adrien).
tabellion : 65.
Grainville-sur-Odon : 56.
Grand-Cheval (Hôtel du) : 48.
Greniers d'Etienne du Val : 25.
Gringalet (Les frères Nicolas),
bourgeois de Saint-Pierre
de Caen : 62.
Halle au Blé, ou Tripot : 22,
26, 53.
— (Rue de la): 26.
Ham (Abbaye de) : 38.
Harengs (Cargaison de): 52.
Haute messe : 62.
Hérault (Maître Rodolphe),
recteur, curé de Saint-Ouen
de Caen : 67.
Honneurs, prééminences du
Palinod: 77.
Hôtel d'Etienne du Val (Cons-
truction de 1'): 53.
Hôtel en potence : 45.
Hou steville (Maître Gilles de),
recteur : G8, 90.
Hozier (Armoriai d") : 9.
Huet, évêque d'Avranches : 6.
Incendie de la maison d'E-
tienne du Val : .53.
— des greniers d'Etienne du
Val : 25.
Injures contre Etienne du
Val : 87.
Inscription dans la chapelle
des du Val : 63.
TABLE
99
Jardins d'Etienne du Val: 26.
Juges du Palinod : aS, 76, 80.
La Bigne (Mossirc Marguerin
de), abbé d'Ardennes : 82.
La Chesnaye des Bois (Diction-
naire de) : 9.
La Croix (L'abbé Jean de): 82.
La Fayette (Le général de) :
41.
La Haye (Maître Denys de),
tabellion : 27, 20, 62.
— (Maître Jehan de), tal)el-
lion : 34, 79.
La Longny (Maître Gilles),
doyen : 90.
La Mariouze (Messire Jehan
de), sieur de Gonneville : 70.
La Motte (Chemin de): 58.
Lande (Messire Jessé de la),
receveur général des finan-
ces : 51.
Lande (Messire Guillaume de
la), receveur général des
finances : 51.
La Noe (Le sieur Jeiian de),
bourgeois de Saint-Pierre de
Gaen : 62.
Laurier : 75.
Le Blond ( Claire ). dame
Etienne du Val, comtesse
de Dam pierre : 40.
Le Boullonoys (Olivier), pa-
tron de navire : 52.
Le Bourgeois (Pierre), sieur
de Béneauville : 46, 51.
Le Comte (Messire Jehan),
patron de navire : 52.
Le Goustellier ( Demoiselle
Jacqueline ), dame J. de
Missy : 46.
Tjecteur des compositions ; ;iS.
76, 80.
Le Fauconyer (Nicolas), bour-
geois de Gaen : 27, 59.
Le Fournier (Nicolas), baron
de Tournebu: 47.
Le Goullu (Le sieur Marin) : 60.
Le Gras (Guillaume), tabel-
lion : 31.
Le Laboureur (Godcfroy), rec-
teur : 66.
Le Loup ( Chasseurs autri-
chiens de) : 42.
Le Maistre (Messire Jehan),
tabellion : 34, 79.
Le Marchant (Messire Tho-
mas), sieur du Rozel: 27. 58.
Le Mercier de Saint-Germain,
fondattmr du Palinoil : i]0,
M.
Le Moutonner (Claude) : 39.
Le Picard (Messire Jérôme),
lieutenant général : 36, 82.
Le Porcher (Messire Jacques),
recteur : 31, 66, 78, 91.
— (Messire Nicolas), recteur:
66.
Le Portier (Jehan), scribe de
l'Université: 70.
Lepoutrel (Guilbert): 35.
Lespiné (Le sieur Georges) :
6(1.
100
TABLE
Le Sens (Hôtel) : 2(>.
Le Tellyer (Le sieur Thomas),
bourgeois de Saint-Nicolas :
59, 62.
— (Messirc Jehan) : 59.
Lettres de grâce de 1540 : 50.
Lettres patentes de 1540: 7.
— de 1541 et 1542 : 8.
Le Valois (Nicolas) : 47.
Le Villain (Messire Paulin) :
fiO.
Ligne palinodée : 73, 74.
Lisière : 74.
Lorraine (Jean, cardinal de) :
51.
Louis XVI (Arrestation de) :
40.
Malherbe (Le sieur Jean de) :
6.
— (Le sieur Guillaume de) :
Ij, 13, 10.
— (Le sieur François de) :
13.
— (Loyse), dame Etienne du
Val : 45.
— (Jehan), seigneur d'Arry,
de Mondrainville et de
Missy, lieutenant général :
45.
— (Guillaume de), sieur de
Missy : 46.
— (Guillaume de), conserva-
teur des privilèges de la
Faculté, prieur de l'Hôtel-
Dieu ; son arrestation : 46,
52. H4.
— (Jacques de), lieutenant
général criminel: 82.
— (Dem oiselle Jeanne de)
dame P. Le Bourgeois: 47,
Maleissye {Mémoires du mar-
quis de): 41.
Manuscrit d'Etienne du Val :
3, 4.
Mondrainville : 37.
— (Abbaye de) : 56.
— (Butte de): 56.
— (Domaine de): 39.
— (Église de) : 38.
Marguerite (Le sieur Jacques) :
8, 18, 54, 87.
— Sa condamnation : 54.
— (Le sieur Charles) : 54, 87.
Mariage d'Etienne du Val: 47.
Mariouze (Jean de la), sieur de
Gonneville: 31.
Marot (Clément) : 32. 75.
— Jehan : 28, 60.
Mauny (Guillelmine Guernon.
veuve d'Etienne de) : 28, 6t).
— (Maison appelée) : 59.
Médicis (Catherine de): 39.
Mellin de Saint-Gelais : 75.
Méry (Paroisse de) : 80.
Missy (.lean de) : 46.
— (Anne de), dame Guil-
laume de Malherbe : 46.
Moges (Le sieur de Buron) :
6.
— (Le sieur Nicolas de): 6.
9, 10, 12, 16, .53.
— (Le sieur Jean de) : 8.
— (Demoiselle Marguerite de).
TABLE
101
dame de P. Malherbe : 45.
— (Pierre de), sieur de Bu-
ron : 45.
— (Jehan de), seigneur de
Buroii et du M(>snil-au-
Grain, procureur du Roy : 46.
— Sa mort : 46.
— (Messire Nicolas do), sieur
de Buron ; son arrestation :
52, 84.
— (Messire Jacques de),
prieur de l'Hôtel-Dieu : 53.
Moiremont (Abbaye de) : 38.
Moisy (Messire Henry), rec-
teur: 81.
Monnaie (Hôtel de la) : 2:5.
Moulles (Le sieur Loys de) :
28, 61.
Mouche (Nicolas de la), rec-
teur: 21.
— (Son hôtel): 22.
Mousche (Maison de La) :
20. 21.
Naissance d'une fille d'Etienne
\ (lu Val: 50.
Néel (Robert), tabellion : :35.
Neufmois (Le sieur Huj^ues
de) : 60.
Nocey (Messire IMiilippe de),
officiai de Lisieux: 51.
Obits et messes à notes : 61.
63.
Udun (L'): 26.
Onfroy (Les frères) : d&.
— (Messire Jehan), sieur de
Gardronney, recteur: 67.
— (Messire Jehan), doyen :
81, 90.
— (Messire Etienne), rec-
teur : <)7.
— (Messire Etienne), doyen :
81.
Oraison du matin : 71, 80.
Orléans (Ghansons de Gharles
d'i : 75.
Osmônes et donations : 27 à
36, 58.
Oyestreham (Sergenterie d") :
58.
Pain (Distribution de Grant) :
:36, 81 .
Palais de justice de Rouen
(Le vieil): .52.
Palinod : 17, 30, 72, 73. 74.
— (Gonfirmation de la fon-
dation pour le) : tJO.
— (Règlement du): 33.
Palme: 74.
Parisy-Baillehaclie ( Famille
de) : 90.
— (M. de), sieur de Ran
ville: 31,70.
Pauvres Valides de Rouen
(Communauté des) : 19.
Pavillon K^asino): 45.
Perrin-Hue (Famille): 58.
Pièces justificatives: 8'i.
Placards imprimés, pour atli-
chage: 33, 71.80. •
Place Rovale : 39.
102
TABLE
Pléiade (La): 75.
Poitiers: 55.
Pont-dc-Sommevesle : 40.
Porte-Saint-Etienne (Grande
rue de la) : 28.
Poyet (Le chancelier) : 6, 7, 49.
Pré de la Boucherie : 39.
Prétouville (Jean de) : 5. 47.
— (Sa mort) : 47, 48.
— (Anne de) : 6, 8. 9, 10, 11.
— (Gilles de): 47.
Prêtres fondés de Notre-Dame
de Froideriie : 63.
Prés (Rue des) : 27, GO.
Prince du Puy : 32, 69, 71, 80.
Princes héréditaires du Pali-
nod : 34.
Procès de 1555 : 12.
Protestants à Caen: 14.
Puy du Palinod : 4.
— (Fondation du): 65.
Puy de la Conception : 79.
Quanynet (Le sieur), procu-
reur: 84.
Quicsdeville (Famille): 58.
Receveur de l'Université: 33.
77, 80.
Recherches et Antiquités de
Charles de Bourgueville : 15.
Recteurs et doyens, juges du
Palinod : 75. 80.
i?ec<o;7cp (Registre des): 4,21.
Réforme en Normandie (La) :
14.
Registres de l'Hôtel de Ville:
30.
Reitres : r)5.
Règlements du Palinod : 32.
Rénémesnil (Le sieur Jehan
de) : 13, 16. 85.
Romain ( Léonarit ) . recteur : 21 .
Ronsard : 32, 75.
Rouxel (Jean) : 38.
Rue (M. l'abbé de La) : 6.
Rustique (Porte à la) : 53.
Saint-Bégnin (Guillaume Bal-
largent, sieur de): 28.
Saint-Etienne (Porte): 60.
— (Paroisse de): 59, 61.
Saint-Gelais (Mellin de): 32.
Saint-Pierre (Paroisse de): 17,
28, 30.
— (Rue): 26.
Saint -Sépulchre ( Collégiale
du) : 53.
Saint-Vincent de Senlis (Ab-
baye de); 38.
Sainte-Croix de Caen (Reli-
gieux de) : 17, 20, 27, 29, 30.
— (Les prieur et religieux
de) : 59, 65.
Sainte-Menehould : 39, 40.
Sainte-Paix (Couvent de): 3.').
Saragossa (Hiéronimo): 46.
Sardini (Meurtre de Scipion) :
.55.
Signet: 75.
Sinalimphe: 73.
Sonnet : 75. 80.
TABLE
103
Sorin ( Mossire Tanneguy ),
conseiller du Roy: 67.
Syndic de l'Université : 33,
76, 80.
Testament de Jean île Prétou-
ville : 48.
Tonsure (Ordre de), donné à
Jacques du Val : 51.
Tournebu (Marie de), dame
de Berniéres: 39.
— (Demoiselle de): 53.
Tournelle (Chambre de la) :84.
Tréshardy (Le sieur Charles),
procureur au Présidial de
Caen: 80.
Trésor de l'église de Saint-
Pierre : 61.
— de Notre-Dame de Froide-
rûe: 28.
— de l'Université: m, 76, 80.
Troismonts ( Le docteur
Etienne de) : 36.
— (Demoiselle Jeanne de la
Valette de), dame P. de
Malherbe: 46.
— (Demoiselle de): 51.
— (Messire Guillaume de),
seigneur de Feuguerolles,
recteur: 81.
— (Messire Jean de), archer
de la garde d'Henry II : 81.
Université de Claen (Actes de
fondations): m. 66 à 83.
Val (Jacques du), fils d'K-
tienne: 11.
— (Marie du) : 11.
— ( Jehan du ), père d'E-
tienne: 22, 27,58,60.
— (Hôtel de Jehan du) : 2à.
— (Le sieur Pierre du), gré-
netier: 23.
— (Le sieur Jacques du),
curé de Cursy ; 23.
— (Etienne du), bedeau de la
Faculté de médecine : 32.
— (Mort d'Etienne du) : 38.
— ( Funérailles d'Etienne
du) : ;38.
— ( Descendants d'Etienne
du) : 38.
— (Nicolas du) : 38, bS, 82.
— (Jacques du): 39.
— (Etienne du), comte de
Dampierre: 39.
— (Henry du), comte de
Dampierre : 40.
— (Charles du), de Dam-
pierre; 40.
— (Henry du), marquis de
Dampierre : 40.
— (Jean-Armand du), mar-
quis de Dampierre : 40.
— Massacré t'n 1791 : 40. 41.
— ( Charles-Antoine du ).
comte de Dampierre, évèque
de Clermont : 4:3.
— (Manuscrit d'Etienne du) :
45.
— (Pierre du).
45, 47,5;». 61.
'rénelier
104
TABLE
— ( Jacques du ), curé de
Cursy:45, 47, 59, 61.
— Sa mort : 50.
— ( Marye du I, sœur dE
tienne : 47.
— (Mort de Pierre du). grè_
netier : 47, 48.
— (Marye du), dame dEsco-
ville:48, 51.
— Sa mort : 51.
— (Naissance de Jean du) : 47.
— { Naissance de Jacques
du), fils d'Etienne: 51.
— (Naissance de Philippe
du), lils d'Etienne : 51.
— (Jacques du): 55.
— Lettres de pardon à lui
accordées: 55.
— Blessé grièvement : 55.
— (Mort d'Etienne du) : 57.
— (Chapelle des du), dans
l'église de Notre-Dame de
Froiderûe: 63.
— (Messes et fondations
pourla famille du): 63.64,65
— (Jetons de la famille du) :
64.
Valmy : 41 .
Valori (Le comte de): 41.
Varennes (Evénement de): 40.
Vaudon (Le sieur Jehan); 80.
Vergier (Messire Jehan du) :
recteur: 67, 9(J.
VeroUes (Jean de), tabellion :
20, 59.
Vey (Messire Bertrand du).
protonotaire apostolique : !X).
Vice-gérants du sieur de
Mondrainville: 34.
Villemor ( Messire Baptiste
de), abbé d'Ardaine: ;36, 82.
— (Messire Paul de), lieute-
nant général des eaux et
forêts: 82.
Villy (Messire Guérin de),
lieutenant du baiUy de
Gaen: 87.
Vin de communion: 04.
Caon.— Imp. H. Delesques. ruo Demolombo, 34.
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DC Du Val de Mondrainvill
801 Etienne
C11D8 Manuscrit d'Étienn(
Val de Mondrainville