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Full text of "Manuscrit d'Etienne Du Val de Mondrainville, magistrat et armateur caennais, 1535-1578. Publié pou la première fois avec une étude sur le manuscrit et des documents nouveaux par Gabriel Vanel"

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Du  Val  de  Mondrainville, 
Etienne 

Manuscrit  d'Etienne  Du 
Val  de  Mondrainville 


ÛC 

801 

C11Û8 


MANUSCRIT 


D'ETIENNE 

[)\]  VAL  DE  INDRAINVILLË 

Magistrat  et  Armateur  caennais 
—    1535-1578    — 

PUBLIli:    POUR    LA    PREMIÈRE    FOIS 

AVEC     UNE    ÉTUDE     SUR    LE    MANUSCRIT 

ET     DES     DOCUMENTS     NOUVEAUX 

PAR 

GABRIEL  VANEL 

Ancien  Magistkat 


^"^0^ 


CAEN 

LOTIS    JOI'AX.    ÉDIIKIR 

Libraire  de  lu  Société  des  Antiquaires  de  Sorniundie 

i)8,      1«UK     SAlNT-PlKllIiK,     98 


1908 


Extrait  des  Mémoires  de  l'Académie  nationale  des  Sciences, 
Arts  et  Belles-Lettres  de  Caen  (1907). 


MANUSCRIT 

D'ETIENNE  DU  VAL  DE  MONDKALWTliE 


7'iré  à  75  exemplaires. 
50  e.veiupldires  seiilemenf  mis  dans  le  commerce. 


DU    MEME    AUTEUR: 

Kn  N'ohmandie.  (^HOQi'is  MAKiTiMEs.  —  Paris,  Houvcyre,  1887, 
1  vol.   in-12  (épuisé). 

I/I">t;i.I.SE      DE      SECyHEVILLE-EX-liESSIN.    —      Le      PrIEURÉ     IlE     SaINT- 

Gabiuel.  —  L'Eglise  d'Ussy.  — •  La  Croix  de  Ghisy.  — 
L'Eglise  de  Jort. —  L'Eglise  de  Beaumais.  —  Monographies 
parues  dans  la  Xormandie  Monumentale,  Le  Havre,  Le 
Masie,  éditeur. 

Journal  de  Simon  Le  Marchand,  bourgeois  de  (2aen.  1(510-1693. 
—  Caen,  Louis  Jouan,  11)03,  1  vol.  in-8"     ....       10  fr. 

Recueil  de  Journaux  caenxais.  1()()1-1777.  —  Rouen,  Lestringanl, 
1904,   1  vol.  in-8" 12  fr. 

Mémorial  de  Philippe  Lamare,  secrétaire  de  Dom  Gouget, 
bénédictin  de  l'abbaye  de  Fontexay.  —  ('aen,  Louis 
Jouan,  1905,  1  vol.  in-8" 7  fr.  50 

Remarques  de  Nicolas  Le  Hot,  avocat  au  IJailliage  et  Siège 
présidial  de  Caen.  1(580.  —  (>aen,  Louis  Jouan,  1905, 
in-8" 2  fr. 

Tuois  Mémoires  du  lieutenant  général  du  Portal  sur  la  N'ille 
ET  LE  Château  de  Caen.  1759-1771.—  (^aen,  1905,  in-8".    2  fr. 

Etude  sur  la  prise  de  (Cherbourg  par  les  Anglais,  en  1758.  — 
Caen,  Louis  Jouan,  1906,  in-8" 2  fr." 

Hemarques  de  Jacques  Lk  Marchant,  conseiller  garde  scel  au 
Haii.i,ia(;e  et  Siège  prkisidial  de  Caen.  1(580-1738.  —  (]aen, 
Louis  Jouan,  1907,  1  vol.  in-8"  (qiu'l(|iu's  exemplaires  seu- 
lement)     15  fr. 


Pour    ji;ir;iilrf   iirai-liniiifini-iil  : 

Huit  annéics  d'IOmkjration. —  Souvenirs  de  l'abbé  G.-.l.  Martinant 
DE  Préneue,  chanoine  de  St-Meiuiy,  cubé  de  St-Lambeht  de 
\'au(;iiiard,  DI-;  Sceaux  et  di-:  St-Li:u.  1792-1801.  Paris,  Li- 
hiairif  :u':i(li'Mii(|iif   i'cnin  cl  C"  ,    1    vol.  iii-S". 


MANUSCRIT 


D'ETIENNE 

DU  VAL  DE  MON  DRAIN  VILLE 

Magistrat  et  Armateur  caennais 
—    15  3  5-1578    - 

PUBLIÉ    POUR    LA    PREMIÈRE    FOIS 

AVEC     UNE    ÉTUDE    SUR     LE    MANUSCRIT 

ET     DES     DOCUMENTS    NOUVEAUX 

PAH 

GABRIEL  VANEL 

Ancien  Magistrat 


""^^ 


CAEN 
LOUIS  JOUAN,   ÉDITEUR 

Libraire  de  la  Société  des  Antiquaires  de  Snrniaiidie 
98,    RUE    Saint-Pieu  RF-,    98 

1908 


DC 


ETUDE 
Sur  le  Manuscrit  ll:i  in-f'  de  la  Bibliothèque  de  Caen 

ETIENNE   DU  VAL 

d'après   de   nouveaux    documents 


I 

Nous  n'avons  pas  la  prétention  de  refaire  Fhis- 
toire  de  la  vie  d'Etienne  du  Val  de  Mundrainville  ; 
cette  étude  a  été  Tobjet  d'un  article  de  Georges 
Mancel,  et,  plus  tard,  M.  Gustave  Dupont,  dans  le 
tome  XV  du  Bulletin  de  la  Société  des  Antiquaires 
de  Normandie,  a  donné,  de  ce  personnage  bien 
connu,  une  biographie  basée  sur  des  notes  laissées 
par  du  Val  lui  même,  notes  qui,  Jusqu'à  présent, 
avaient  été  peu  ou  point  consultées.  iM.  de  Beaure- 
paire,  dans  Caen  ll/usfrr,  a  également  résumé  ces 
études. 

Les  notes  de  du  Val,  restées  inédiles,  ne  peuvent 
prétendre  au  titre  de  Journal:  elles  ne  sont,  en 
effet,  que  de  courts  alinéas,  écrits  sans  ordre  et 
sans  aucune  préoccupation  de  style,  ni  dintontion 
littéraire,  sur  (piebiucs  feuillets  duu  livre  de 
comptes  in-foli(i,  d"où  elles  unt  (Hr'  tlt'lacbé'es. 


4  KTUDE   SUR    LE   MANUSCRIT    113    IN-F" 

Ces  feuillets,  qui  sont  au  nombre  de  dix,  ont 
conservé  les  numéros  du  registre;  on  peut  lire 
encore,  bien  qu'atteints  par  le  couteau  du  relieur, 
les  chiffres 300,...  302,...  309,  310,  311,  312. 

On  voit  par  là  que  du  Val  avait  inscrit  ses  men- 
tions, qui,  très  certainement,  ne  nous  sont  point 
parvenues  entières,  dans  le  corps  et  à  la  fin  d'un  de 
ces  grands  registres  dont  il  se  servait  pour  sa 
comptabilité  commerciale.  A  leur  suite,  il  avait  fait 
transcrire  avec  soin,  car  l'écriture  en  est  beaucoup 
plus  lisible,  les  donations  faites  par  lui  aux  églises 
et  à  l'Université.  —  Elles  sont  réunies  sous  le  titre 
suivant  :  «  Osmônes  et  donaons  fêtes  par  le  dict 
Estienne  du  Val,  des  héritages  et  rentes  qui  emuy- 
vent  et  de  V acquisition  des  dictz  héritages  »,  et 
comprennent  sept  feuillets. 

Cette  partie  du  manuscrit,  bien  que  n'offrant  que 
la  copie  d'actes  passés  devant  les  tabellions  de  Caen, 
présente  cependant  un  réel  intérêt.  On  y  rencontre 
des  renseignements  précis  sur  plusieurs  person- 
nages de  cette  époque  et  sur  certaines  maisons  de 
Caen;  de  plus,  nous  y  trouvons,  avec  tous  les  détails 
et  toutes  les  conditions  imposées,  les  différents 
contrats  par  lesquels  Etienne  du  Val  avait  rétabli  à 
Caen  le  Puy  du  Palinod  en  loo7. 

Le  registre  des  Rectoriœ,  conservé  aux  Archives 
du  Calvados,  ne  contient  pas  ces  contrats  et  ne 
donne  qu'un  énoncé  succinct  de  la  donation. 

L'écriture  de  du  Val,  dans  ses  notes  personnelles, 
est  fort  difficile  à  déchiffrer.  Les  alinéas,  jetés  sur 
le  papier  sans  aucun  soin,  écrits  souvent  très  vite, 


DE   LA    BIBLIOTHÈQl'E   DE   CAEN  5 

avec  un  enchevêtrement  de  traits  et  dabréviations 
peut-être  pittoresque,  mais  certainement  d'une 
calligraphie  par  trop  originale,  ressemblent  à  des 
hiéroglyphes  qui  nous  ont  longtemps  arrêté. 

Nous  n'aurions  même  pas  p\i  arriver  à  une  lecture 
absolument  correcte,  sans  Taide  amicale  qu'a  bien 
voulu  nous  donner  un  jeune  élève  de  l'Ecole  des 
Chartes,  M.  Norbert  Sauvage,  auquel  nous  adressons 
nos  bien  sincères  remerciements.  Le  manuscrit, 
collationné  ligne  par  ligne,  nous  paraît  maintenant 
offrir  un  texte  sur  et  délinitil". 

Sans  entrer  dans  l'ensemble  d'im  sujet  qui  a  été, 
nous  le  répétons,  traité  avec  autorité,  nous  voulons 
simplement  nous  bornera  étudier  certaines  parties 
laissées  de  côté  par  M.  Dupont  et  à  rectifier  des 
erreurs  qui,  dans  plusieurs  passages,  avaient  quel- 
quefois dénaturé  le  sens  des  notes  de  notre  auteur. 
De  plus,  nous  avons  eu  la  Itonne  fortune  de  retrou- 
ver, dans  les  Registres  du  Parlement  de  Rouen, 
deux  arrêts,  qui  donnent  la  solution  d'épisodes  de 
sa  vie,  restés  jusqu'ici  inconnus. 

Etienne  du  Val  fut  un  des  hommes  les  plus  consi- 
dérables de  son  temps.  Toutefois,  s'il  parvint  à  une 
haute  fortune,  si  les  honneurs  et  les  distinctions  de 
toutes  sortes  se  réunirent  sur  sa  tête,  il  ne  fut  p<»ur- 
tant  pas  à  l'abri  d'accusations  et  de  disgrâces  reten- 
tissantes. Deux  fois,  au  moins,  il  fut  l'objet  de  plaintes 
graves,  de  concert  avec  plusieurs  des  princijtaux  fonc- 
tionnaires de  la  ville,  ses  deux  frères,  le  grénetier 
elle  curé  de  Cursy,  sa  sœur  Marie,  «pii  avait  é|)ousé 
Jean  de   Prétouville,    «   notable   marchand   ".  dit 


6  ÉTUDE    SUR    LE    MANISCIRIT    113    IN-F" 

BourguGville,  le  sieur  de  Biiron-Moges,  procureur 
au  bailliage,  Jean  Malherbe,  son  beau-fr^re,  lieute- 
nant général,  Pierre  Le  Bourgeois,  sieur  de  Béneau- 
ville,  lieutenant  particulier,  Guillaume  Désobeaulx, 
son  cousin,  et,  plus  tard,  Guillaume  de  Malherbe, 
conservateur  apostolique  des  privilèges  de  la  Facul- 
té. On  voit  qu'il  se  trouvait  en  bonne  compagnie. 

Emprisonné  une  première  fois  par  les  ordres  du 
Roi  et  du  chancelier  Poyet,  le  14  octobre  1539,  il  fut 
traîné  de  prison  en  prison,  avec  ses  soi-disant 
complices,  jusques  à  Tarrét  qui  mit  fm  à  la  procé- 
dure, le  18  mars  IMO.  Il  s'agissait  du  mariage  de  sa 
nièce,  Anne  de  Prétouville,  avec  Nicolas  de  Moges, 
procureur  du  Roi  au  bailliage.  On  l'accusait  de 
lavoir,  en  abusant  d'un  prétendu  mandat,  mariée 
par  force,  sans  publicité  et  même  sans  le  consen- 
tement de  son  père,  qui  était  mourant,  et  qui 
décéda  pendant  le  banquet  donné  à  l'occasion  du 
contrat,  à  ce  qu'on  prétendait. 

On  n'a,  pour  élucider  ce  triste  procès,  (ju'un 
commentaire  fort  couri  et  assez  vague  du  vieux 
juriste  Terrien.  MM.  Dupont  et  de  Beaurepaire  l'ont 
cité,  mais  il  ne  nous  renseigne  pas  suffisamment 
sur  les  causes  du  procès,  causes  qui,  d'après  M.  de 
Bras,  un  contemporain,  procédaient  d'une  appa- 
rente vindicte.  M.  de  Bras,  d'ailleurs,  se  montre  très 
sobre  d'appréciations,  en  dehors  de  cette  phrase  (1  ). 

(1}  Il  n'y  a  pas  que  M.  de  Bras  qui  soit  sobre  d'appréciations 
sur  du  Val;  Huet  ne  lui  consacre  en  tout  que  six  lignes  de  ses 
Origines,  ce  qui  est  peu.  L'abbé  de  La  Rue  a  sifrnalé  cet  ostra- 
cisme dans   SOS   notes   inédites:   «II   est   étonnant,  dit-il.   que 


DE   LA    BIBLIOTUEQUE   DE   CAEN  / 

Il  pouvait,  toutefois,  avoir  ses  raisons  pour  garder 
un  silence  discret,  car  le  chancelier  Poyet  était 
de  ses  amis  et  le  nomma,  on  1o41,  lieutenant  du 
bailli,  en  remplacement  de  Pierre  Le  Bourgeois, 
sieur  de  Béneauville,  Tun  des  accusés. 

Quoi  qu'il  en  soit,  Etienne  du  Val  fut  condamné, 
avec  ses  complices,  au  bannissement  en  la  ville 
d'Avranches  et  à  Tamende  honorable,  en  plus  de  la 
confiscation  de  ses  biens.  Cependant,  il  fallait  que 
la  condamnation  parût  bien  rigoureuse,  ou  que  ses 
motifs  restassent  fortement  discutés,  car,  deux 
mois  après,  des  lettres  royales  firent  remise  de 
leurs  peines  à  tous  les  accusés  et  les  réintégrèrent 
dans  leurs  (>  biens  et  honneurs  ». 

Ici,  nous  devons  relever  deux  erreurs  commises 
par  tous  ceux  qui  ont  parlé  de  ce  procès. 

En  premier  lieu,  on  croirait,  daprès  le  manus- 
crit, et  c'est  ce  qu'ont  écrit  MM.  Dupont  et  de  Beau- 
repaire,  qu'Fltienne  du  Val  ne  bénéficia  que  des 
seules  lettres  patentes  du  1^1  mai  lo40.  Ces  lettres, 
par  parenthèse,  furent  vérifiées  le  7  Juillet  ioio  et 
non  pas  le  29  mars  io48,  comme  un  la  dit,  daprès 
une  mauvaise  lecture  d'un  chiffre.  Cela  eût  été 
d'autant  plus  étonnant  quà  celte  époque,  Fran- 
çois I*^  qui  les  avait  accordées,  était  mort.  Mais 
d'autres  lettres  de  grâce  intervinrent,  ce  qui  prou- 
verait quo  les  premières  n'avaient  pas  rt''glé  toutes 

M.  llii.'i  III'  iiarli'  pas  (rKlii'iine  Diival.  -.iciir  ilf  Momlraiii- 
villfi,  qui,  le  premier,  dota  le  Palinod  de  2i  livres  do  rente  en 
lôTiT  et  d'une  autre  rente  de  7  livres  en  l.ôTfi  ». 


8  ÉTUDE    SUR    LE   MANUSCRIT    113   IN-F" 

les  questions.  Nous  les  connaissons  par  le  texte  des 
arrêts  postérieurs,  où  elles  sont  citées,  textes  qu'on 
n'avait  pas  consulté  jusquïci. 

Etienne  du  Val  fut  l'objet  de  secondes  lettres 
patentes  du  roi  François  P',  datées  du  8  juin  1341  et 
vérifiées  le  20  décembre  de  la  même  année;  enfin, 
de  nouvelles  lettres,  qui  furent  les  dernières,  don- 
nées à  Paris  le  17  mai  1542  et  vérifiées  en  la 
Chambre  des  comptes  le  29  mars  1543. 

Ceci  donne  à  penser  que  les  premières,  qui  remet- 
taient, comme  le  constate  un  arrêt  du  Parlement 
de  Rouen  de  1569,  «  Etienne  du  Val  et  les  autres 
dénommez,  en  leur  bonne  famé,  renommée  et 
biens,  toust  ainsy  qu'ilz  estoient  auparavant  », 
n'étaient  cependant  pas  aussi  catégoriques  qu'on 
le  croyait.  On  peut,  en  effet,  constater  que  les  pre- 
mières ne  faisaient  remise  ni  des  amendes,  ni  des 
frais  du  procès,  qui  se  montaient  à  des  sommes 
considérables.  Les  autres  réglèrent-elles  ces  points 
importants?  C'est  possible,  mais,  en  l'absence  des 
pièces,  on  ne  peut  que  le  conjecturer.  Toujours 
est-il  qu'elles  touchaient  nécessairement  à  l'état, 
aux  biens  et  à  l'honorabilité  d'Etienne  du  Val, 
puisque  le  Parlement  de  Rouen  les  fait  intervenir, 
en  les  citant  comme  preuves,  dans  une  poursuite  en 
diffamation  intentée  par  leur  bénéficiaire  contre 
un  nommé  Marguerite,  de  Falaise. 

En  second  lieu,  on  fait  toujours  épouser  Anne 
de  Prétouville,  par  Jehan  de  Moges,  procureur  du 
Roi  à  Caen.  arrêté  en  même  temps  quÉtienne 
du  Val. 


DE    LA    RTBLIOTIlÈOrE    DE    CAEN  9 

Or,  il  non  csl  rien.  Ce  nest  pus  Jehan  <le  iMoges, 
mais  son  frère  consanguin,  Nicolas,  qui  épousa 
Anne  de  Prétouville.  On  avait  jusqu'ici  confondu 
les  deux  frères.  On  avait  ouidié  aussi  de  consulter 
les  sources  et  VÉloge  24.  de  Cahagnes,  consacré 
à  Nicolas  de  Moges.  Du  reste,  d'Hozier,  dans  son 
Armoriai,  Michel  Béziers,  dans  ses  Mémoires, 
La  Chesnaye  des  Bois,  dans  son  Dictionnaire,  etc., 
sont  d'accord.  11  ne  peut  y  avoir  aucun  doute;  la 
preuve  en  est  facile. 

Nous  remarquerons  dahord  que  Jehan  de  Moges, 
procureur  du  Roi  à  Caen,  nYdait  plus  dans  cette 
ville  en  1589.  Le  5  mars  L'iHT,  il  avait  été  nommé 
lieutenant  général  d  u  Itailli  de  Rouen.  Jehan  de  xMoges 
ne  pouvait  donc  figurer  en  cette  qualité,  à  Caen, 
dans  le  procès  de  io39.  Quel  avait  été  son  succes- 
seur? Précisément  Nicolas  de  Moges,  écuyer,  sieur 
de  Buron,  du  Breuil,  de  la  Haye,  d'Estouteville  et 
autres  lieux.  Dans  son  Éloge  24,  Cahagnes  dit  en 
propres  termes  <  (pie  Nicolas,  frère  consanguin  de 
Jean  de  Moges,  rrnonra  à  la  robe  ».  Cette  démission 
n'est  i)oint  pour  nous  étonner,  ajjrès  Farrèi  de 
1589.  Il  est  vrai  que  la  grâce  royale  intervint  et  que 
ses  finances  seules  eurent  à  souffrir,  mais  il  nest 
pas  moins  vrai  aussi  qu'il  lui  était  difficile  de  con- 
server sa  charge  après  un  tel  scandale,  même 
immérité. 

(>'  (|u  il  y  a  de  [dus  M/arre  el  ce  (|ui  a  été,  en 
effet,  souligné  par  MM.  Dupont  cl  île  Ik'aurepaire, 
c'est  que  le  mariage  entaché  de  raptet  de  violences, 
ne  fut  point  cassé  et  qu'on  n'y  toucha  pas.  Et  puis, 


\0  ÉTUDE   SUR    LE   MANUSCRIT    113    IN-F" 

comment  concilier  cette  prétendue  contrainte  exer- 
cée sur  Anne  de  Prétouville,  avec  ce  passage  de 
Cahaignes,  fort  explicite  à  tous  les  points  de  vue, 
passage  qui,  jusqu'ici,  n'a  pas  été  cité?  Nicolas  de 
Moges,  dit-il,  «  passa  à  la  campagne  une  existence 
honorable  et  vécut  jusques  dans  un  âge  fort  avancé  ; 
heurpux  auprès  dp  .s«  femme,  qui,  outre  les  grâces 
de  son  sexe  et  ses  qualités  éminentes,  lui  avait 
apporté  de  grandes  richesses;  heureux  dans  ses 
enfants  qui  sont  revêtus  des  dignitez  de  FÉglise, 
attachés  au  Parlement  de  Rouen,  ou  voués  à  la 
carrière  des  armes....  Mûri  à  Fécole  de  la  bonne 
et  de  la  mauvaise  fortune,  Nicolas  fut  rangé  au 
nombre  des  hommes  habiles  et  sages  ». 

Dans  ces  derniers  mots,  Cahaignes  a  voulu  faire 
allusion  au  procès  de  lo39.  Mûri  à  cette  éc(de, 
Nicolas  de  Moges  l'avait  été,  et  l'on  peut  dire  que, 
s'il  abandonna  volontairement  les  fonctions  pu- 
bliques, ses  concitoyens  ne  lui  retirèrent  pas  leur 
confiance  et  leur  estime  ;  ils  confirmèrent  la  sanc- 
tion des  lettres  royales  en  l'appelant  à  Téchevinat 
le  jour  des  Cendres  de  l'année  1541. 

On  peut  ajouter  que  ces  époux,  dont  le  mariage 
était  entaché  de  rapt  et  de  violences,  selon  l'arrêt 
de  1539,  vécurent  de  longues  années  dans  la  plus 
parfaite  union,  ce  qui  s'accorde  mal  avec  ces  pré- 
misses. Comment,  d'ailleurs,  expliquer  toutes  les 
données  contradictoires  que  présente  cette  aM'airo. 
quand  on  l'examine  de  sang-froid  et  sans  parti 
pris?  Nous  sommes  trop  loin  des  faits  et  nous 
manquons   trop  des  documents  nécessaires  pour 


DR    LA    BIBLIOTIIÈOL'E   DE    CAEN  M 

[jouvoir  émettre  un  avis  formel  en  pleine  connais- 
sance de  cause. 

11  nous  semble  toutefois  (|u"il  ressort  de  Ten- 
senible  des  faits  des  présomptions  suffisantes  pour 
attribuer  ce  factieux  procès  à  la  rancune  de  rivaux 
politiques  et  aussi  de  candidats  évincés,  qui  étaient 
surtout  scandalisés  de  n'avoir  pu  épouser,  en  même 
temps  que  la  nièce  d'Etienne  du  Val,  ses  biens 
considérables.  Il  paraît  également  très  douteux 
que  le  père  n'ait  point  été  consulté.  Le  contrat  de 
mariage,  dont  une  des  clauses  est  relatée  dans 
Y  Armoriai  d'Hozier,  portait  que  les  parents  d'Anne 
de  Prétouville,  «  fille  et  unique  héritière  de  Jean  de 
Prétouville,  écuyer,  seigneur  d'Ifs,  et  de  Marye  du 
Val  »,  s'obligeaient  «  d'accoustrer  leur  dicte  fille 
sellon  le  lieu  d'où  elle  partoyt  et  le  lieu  où  elle 
alloyt  ».  Ceci  semble  pourtant  bien  indiquer  que 
tout  le  monde,  aussi  bien  parents  que  futur,  étaient 
d'accord. 

De  [)lus.  nous  voyons  qu'Anne  de  Prétouville, 
devenue  dame  de  Moges,  resta  toujours  intime- 
ment liée  avec  Etienne  du  Val,  ce  qui  se  compren- 
drait difficilement  si  le  mariage  avait  été  fait  par 
lui  contre  son  consentement.  En  154").  elle  est  la 
marraine  de  son  fils  Jacques,  en  compagnie  de  sa 
mère,  Marie  du  Val.  Et  c'est  cette  femme  qui  aurait 
accusé  Kli<MUie  d'avoir  nbusé  de  son  autorité 
d'oncle  et  de  tuteur  ! 

Il  y  itiiiail  lu  une  anomalie  (ju'ou  ne  pourrait 
expliquer. 

Nous  touchons  maintenant  à  une  accusation  bien 


42  ÉTUDE    SIR    LE    MANUSCRIT    113    IN-F" 

autrement  grave,  qui  fut  portée  contre  Kticnne  du 
Val  et  d'autres  personnages  de  ses  amis  et  parents 
au  mois  de  juillet  1555. 

M.  Dupont,  sur  la  note  du  manuscrit  qui  relate  le 
fait  en  lui  donnant  pour  cause  une  «  invention 
d'envye  »,  se  contente  de  poser  la  question  sans  la 
résoudre.  «  Quelle  était  la  cause  vraie  ou  supposée 
de  cette  accusation,  dit-il?  Sur  quels  faits  reposait- 
elle?  Quels  étaient  les  délateurs?  Autant  de  ques- 
tions restées  obscures  et  que  la  note  du  manuscrit 
n'est  pas  faite  pour  éclaircir  ».  M.  de  Beaurepaire, 
qui  le  cite,  ajoute:  «Le  nom  des  coaccusés  nous  fait 
supposer  qu'il  s'agit  encore  d'une  suite  de  la  pre- 
mière affaire  ». 

Il  y  avait  pourtant  à  tenter  une  recherche  toute 
indiquée  :  s'assurer  si,  dans  les  registres  criminels  du 
Parlement  de  Rouen  existant  à  la  Bibliothèque  de 
cette  ville,  on  ne  retrouverait  pas  les  arrêts  ou  un  des 
arrêts  rendus  sur  cette  accusation.  C'est  cette  re- 
cherche qu'a  bien  voulu  faire  pour  nous  l'érudit  et 
obligeant  secrétaire  de  la  Société  de  l'Histoire  de 
Normandie,  M.  P.  Le  Verdier;  grâce  à  lui,  l'arrêt  défi- 
nitif de  d555  nous  est  connu,  et  nous  savons  de  quel 
crime  étaient  accusés  Etienne  du  Val  et  ses  complices. 

Malheureusement,  les  pièces  de  la  procédure 
flevant  le  Bailliage  de  Caen,  les  arrêts  préparatoires 
et  de  renvoi  sur  l'appel  devant  la  Chambre  crimi- 
nelle de  Rouen  n'existeni  plus.  Il  eûtélé  intéressant 
de  connaître  la  teneur  de  Ui  plainte  portée  contre 
les  accusés  et  le  nom  des  différents  personnages 
mêlés  à  cette  affaire. 


DE    LA    BIBLIOTHÈOIE   DE   CAEN  13 

Quoi  qu'il  en  soit,  nous  en  savons  assez  pour  qu'il 
n'y  ait  aucun  doute  sur  la  nature  de  l'accusation. 

Etienne  du  Val  était  accusé,  de  concert  avec 
Nicolas  de  Moges.  sieur  de  Buron,  Fancien  procu- 
reur du  Roi  et  le  mari  de  sa  nièce,  et  Guillaume  de 
Malherbe,  conservateur  des  privilèges  apostoliques 
de  la  Faculté,  prieur  de  IHôtel-Dieu  I ,,  du  crime  de 
haute  trahison.  On  les  soupçonnait  de  connivences 
avec  les  ennemis  du  Roi.  l'n  sieur  Jehan  de  René- 
mesnil,  également  emprisonné  avec  eux,  était  aussi 
impliqué  dans  ces  poursuites. 

Il  nV  avait,  comme  on  le  voit,  aucune  connexité 
entre  ce  nouveau  procès  et  celui  de  lo39,  ainsi  que 
l'avaient  conjecturé,  sur  de  vagues  présomptions, 
les  biographes  d'Etienne  ilu  Val.  Quels  étaient  ces 
ennemis  du  Roi?  Il  s'agissait,  tout  l'indique,  de 
compromissions  avec  les  adhérents  du  parti  de  la 
Réforme. 

Pour  iiien  apprécier  la  situation  et  les  plaintes 

(1)  Un  mot.  de  lecture  fort  difticile,  avait  arrêté  M.  Dupont 
et  l'avait  imluit  en  erreur.  Il  avait  cru  qu'il  s'agissait,  dans 
cette  atTaire,  de  François  de  Malherbe,  conseiller  du  Roi  au 
Présidial,  et  il  avait  lu  sénateur,  au  lieu  de  conservateur. 

Or,  deux  raisons  ne  permettaient  pas  d'identitier  le  coaccusé 
de  du  Val  avec  le  conseiller  du  Roi.  La  première,  c'est  que 
François  de  Malherbe,  sieur  dlgny,  ne  devint  conseiller  qu'en 
1Ô63,  et  que  lailaire  en  question  est  de  1555.  La  seconde,  c'est 
que  le  mot  du  manuscrit  est  beaucoup  trop  long  pour  pou- 
voir se  lire  par  sénateur.  D'ailleurs,  on  voit,  par  l'arrêt  du 
Parlement,  que  c'était  bien  de  Guillaume  de  Malherbe  dont  il 
s'agissait.  11  avait  éié  nommé  prieur  de  l'Hôtei-Dieu  en  jan- 
vier l.'VM. 


44'  KTUDE    SUR    LE    MANUSCRIT    113    IN-F^ 

formulées  contre  les  inculpés,  11  faut  se  reporter  à 
l'époque  où  elles  furent  intentées  et  aux  tendances 
des  familles  qui  durent  se  justifier.  Nous  sommes 
en  iooo,  c'est-à-dire  sept  ans  seulement  avant  l'ex- 
plosion de  1362.  La  Réforme  a  jeté  des  racines  très 
profondes  dans  la  classe  aisée  et  dans  l'aristocratie. 
Il  y  avait  50  ans  que  Luther  avait  paru,  et  l'Europe 
était  déjà  partagée  en  deux  communions.  Les  États 
du  Nord  s'étaient  séparés  de  Rome  ;  si  la  France  pas- 
sait de  ce  côté,  la  Réforme  triomphait.  Aussi  le  gou- 
vernement avait-il  multiplié  les  harrières,  les  défen- 
ses et  les  sanctions.  La  peine  de  mort  avait  même 
été  décrétée  contre  les  hérétiques.  «  Mais  ils  estaient 
si  opiniastres,  dit  le  vieux  Michel  de  Castelnau,  que 
plus  on  faisait  de  persécutions,  plus  ils  se  multi- 
pliaient ».  La  Normandie  était  une  des  provinces 
les  plus  favorables  à  la  Réforme.  Beaucoup  de 
familles,  à  Caen,  étaient  suspectes  d'hérésie  et  ne  se 
cachaient  pas  pour  approuver  les  idées  nouvelles. 
De  ce  nombre  étaient  justement  les  du  Val,  les  de 
Moges  et  les  de  Malherbe. 

Pour  Etienne  du  Val,  il  est  un  fait  certain,  c'est 
qu'en  1502,  il  fut  délégué  à  Paris  par  les  protestants 
de  Caen.  11  obtint  pour  eux  la  liberté  de  vivre 
suivant  leur  conscience,  à  la  condition  que  les 
ministres  sortiraient  de  la  ville.  En  1o5o,  il  devait 
donc  avoir  avec  eux  des  rapports  d'amitié  et  pro- 
bablement de  sympathie  religieuse. 

Quant  aux  de  Moges,  nous  savons  que  plusieurs 
membres  de  cette  famille  avaient  adhéré  à  la 
Réforme,   et  nous  ne   surprendrons  personne   en 


DK    LA    BIHLIOTIIKOUF.    DK    CAEN  15 

rappelant  comljioiî,  à  cette  épotjue,  Torthodoxie  de 
certains  membres  de  la  famille  de  Malherbe  était 
sujette  à  caution.  Quelques-uns  même  s'étaient 
déclarés  ouvertement  pour  la  Réforme. 

On  penl  nous  objecter  qu'il  s'agit  ici  d'un  prêtre, 
du  prieur  de  IHotel-Dieu.  iMais  ceci  nest  pas  une 
preuve.  On  sait  qu'alors  nombre  de  couvents  et  de 
religieux  partageaient  ces  idées,  et  que,  dans  le 
clergé  séculier,  il  en  était  de  même.  Il  n'existait  pas 
de  règle  certaine,  et  il  avait  fallu  les  décisions  du 
Concile  de  Trente  pour  unifier  les  croyances.  Il  n'y 
a  donc  pour  nous  rien  d'étonnant  à  voir  Guillaume 
de  Malherbe  emprisonné  avec  Ktienne  du  Val. 

L'arrêt  du  19  octobre  looonous  initie  aux  détails 
de  la  procédure. 

Il  résulte  de  la  pièce  en  question,  qu'on  avait 
saisi  des  «  Lettres  et  escripteures  »  compromet- 
tantes pour  les  trois  accusés;  de  plus,  il  paraît 
même  qu'ils  avaient  été  obligés  de  faire  «  des  aveux 
de  bouche  »  aux  commissaires  enquêteurs. 

Les  accusés  avaient  été  arrêtés  à  Caen,  le  :22 
juillet  loo.").  Le  18  de  ce  mois,  un  arrêt  de  la 
Cbambre  criminelle  de  Rouen  avait  chargé  les  con- 
seillers Censolz  et  Rretel  d'informer  sur  les  faits 
reprochés.  De  plus,  une  enquête  était  faite,  à  Caen, 
le  25  août,  par  le  lieutenant  criminel,  Charles  de 
Rourgueville.  sieur  de  firas,  ce  qui  explique  encore 
mieux  le  mutisme  des  Recherches  et  Antiquitez  sur 
du  Val  et  ses  ad'aires.  Cette  enquête  n'avait  pas  dû 
leur  être  favorable,  car  nous  voyons  les  accusés 
interjeter  appel  le  29  août,  devant  la  Chambre  des 


16  ÉTUDE   SUR   LE    MANUSCRIT    118    IN-F" 

vacations  de  Rouen.  Le  13  septembre,  la  Chambre 
rend  un  arrêt,  par  lequel,  avant  de  faire  droit  sur 
l'appel,  elle  veut  qu'il  «  soit  ordonné,  que  leurs  let- 
tres, cscript euros,  soyoni  mises  devers  ladicte  Cham- 
bre, suyvanl  ledicl  arrest  et  avoii.v  de  jjouschedes- 
dicts  prisonniers,  t'ait/  devani  lesdicts  citmmis- 
saires  ». 

Enfin,  le  25  septembre,  elle  rend  un  dernier 
arrêt  portant  que,  «  toust  considéré,  après  avoir 
faict  venir  en  la  Chambre  lesdicts  du  Val,  Moges  et 
Malherbe,  prisonniers  >•,  il  leur  «  a  esté  remonstré 
quilz  ayent  pour  l'advenir  à  soy  garder  de  cbeoir 
en  telle  suspicion  de  communications  avec  les  enne- 
mys  du  Roy,  en  laquelle  par  cy-devant  ilz  ont  esté  ». 

Les  accusés  ne  s'en  tirèrent  pas  complètement 
indemnes,  quoi  qu'en  dise,  dans  sa  note,  Etienne  du 
Val,  et  quand  il  écrit  qu'ils  «  furent  renvoyés  des- 
chargés et  absous  du  dict  arrest  »,  il  force  un  peu 
la  vérité.  Voici,  en  effet,  le  dispositif  de  la  Cour: 
«  Il  sera  dict  que  ladite  Chaml)re  a  mis  et  mect  les- 
dites  appellations  au  néant,  sans  amende  et  néan- 
moins, veu  ce  qui  faict  a  esté  au  procès  et  depuis 
produict  par  les  appellans,  a  ordonné  et  ordonne  que 
les  prisons  leur  seront  ouvertes  et  mesme  à  Jehan 
de  Renémesnil,  aussy  prisonnier  en  la  conciergerie, 
sans  absoudre  ny  condamner  ;  à  la  charge  de  eulx 
représenter  par-devant  le  Roy,  ou  en  ladite  Court, 
toutefois  et  quantes  il  sera  ordonné,  et  ce,  à  la  cau- 
tion l'un  de  l'autre,  pour  le  resguard  desdits  Mal- 
herbe, Moges  et  du  Val,  en  faisant  les  soubmissions 
au  greffe,  en  lelz  cas  accoustumées  ». 


DK  LA  iiiiujf)Tiii':yri-:  dk  cakn  17 

Ils  n'étaient  donc  ni  condamnés,  ni  absous,  mais, 
si  l'on  peut  employer  une  expression  qui  n'était  pas 
du  temps,  laissés  en  lil)erlé  provisoire  et  mis  en 
surveillance. 

Est-ce  à  dire  que  l'on  puisse  soupçonner,  à  ci  use 
de  ce  procès,  le  royalisme  et  la  lidélité  d'Etienne 
du  Val,  dont  il  donna  si  souvent  des  preuves,  récom- 
pensées plus  tard,  en  lo63,  par  Charles  [X,  qui  lui 
accorda  des  lettres  de  noblesse?  Non,  certes.  Nous 
croyons  qu'Etienne  du  Val  fut  toujours  un  sujet 
fidèle  et  un  royaliste  fervent.  S'il  avait,  en  religion, 
une  secrète  sympathie  pour  les  idées  de  la  Réforme, 
et  ceux-là  étaient  légion,  cette  sympathie  ne  l'em- 
pêcha pas  plus  de  rester  dévoué  à  son  Roi  que  de 
faire  de  nombreuses  fondations  au  profit  des  reli- 
gieux de  Sainte-Croix  de  Caen  et  des  paroisses  de 
Saint-Pierre  et  de  Notre-Dame  de  Froide  rue.  Nous 
inclinerions  même  à  penser  que,  s'il  les  fit  si  nom- 
breuses, c'est  qu'il  voulait  se  faire  pardonner  cer- 
taine tolérance  qui,  pour  être  conforme  à  nos  idées 
modernes,  pouvait  à  cette  époque  lui  attirer,  comme 
on  vient  de  le  voir,  de  graves  difficultés.  De  plus, 
deux  ans  après,  en  1557,  il  rétablissait  le  Palinod. 

11  faut  donc  voir  là,  croyons-nous,  un  de  ces  inci- 
dents que  les  passions  ardentes  suscitent  à  certaines 
époques  où  les  dissensions  religieuses,  arrivées  à 
la  période  aiguë,  enlèvent  à  l'oiùaion.  el  quelque- 
fois à  la  justice,  le  calme  et  l'impartialité  néces- 
saires. 

Telle  fut  cette  seconde  utlaire  qui  occasionna  à 
du  Val  des  pertes  sérieuses,  dont  il  nous  a  laissé,  en 

-) 


18        ÉTUDE  SUR  LE  MANUSCRIT  113  IN-F" 

partie,  le  détail  dans  ses  notes;  en  outre,  il  fut  obligé 
de  payer  les  dépens,  qui  montaient  très  haut,  et 
«  des  faits  articulés  considérables».  Elle  pouvait  être 
plus  grave  que  la  première;  elle  eut  peut-être  aussi, 
comme  iiratTirme,pour  cause  «  une  invention  d'en- 
vye  ».  Mais,  d'un  autre  côté,  on  ne  peut  nier 
qu'au  point  de  vue  des  idées  nouvelles,  Etienne  du 
Val  et  ses  coaccusés  devaient  certainement  être 
suspects  aux  autorités  d'alors. 

Le  temps  passa:  Etienne  du  Val.  par  ses  libéra- 
lités et  la  Cl  insidération  qui  s'attachait  à  sa  personne, 
aurait  pu  se  croire  assuré  de  l'estime  el  du  respect 
de  tous.  II  n'en  était  pourtant  pas  ainsi.  Malgré  les 
années  écoulées,  les  services  rendus  et  l'attestation 
pul)lique  de  la  faveur  royale,  peut-être  à  cause  de 
toutes  ces  raisons  réunies,  la  calomnie  et  les  mau- 
vais propos  navaient  pas  cessé  contre  lui.  Long- 
temps après  l'arrêt  de  1539,  en  1569,  il  fut  obligé  de 
traduire  en  justice  un  bourgeois  de  Falaise,  Jacques 
Marguerite,  qui  l'avait  diffamé,  à  propos  de  cet 
arrêt,  dans  un  procès  où  il  était  partie. 

Nous  avons  pu,  grâce  à  l'obligeance  de  M.  Le 
Verdier,  retrouver  le  texte  de  cet  arrêt  dans  les 
registres  du  Parlement  de  Rouen. 

Marguerite,  sur  la  plainte  de  du  Val,  avait  d"abord 
été  condamné  à  Caen,  par  le  sieur  Guérin  de  Villy, 
lieutenant  du  bailli,  le  20  août  1569,  à  10  sols 
d'amende  envers  le  Roi  et  à  4  écus  de  dommages- 
intérêts,  pour  avoir  dit,  en  plein  tribunal,  qu'Etienne 
du  Val  avait  fait  «  réparation  honorable  de  ses 
crimes  »  et  qu'il  était  le  <  destenteur  des  pauvres 


I)H    LA    lilBLKiTlIKUliE    DE    CAEN  19 

gens».  Sa  grande  fortiino  motivait  probablement 
cette  dernière  injure. 

Estimant  la  condamnation  trop  légère,  du  Val  fil 
appel  de  ce  Jugement  devant  la  Cour  de  Rouen.  Il 
produisit  les  trois  lettres  patentes  dont  nous  avons 
parlé  et  déclara  qu'il  donnait  à  la  Communauté  des 
Pauvres  Valides  de  Kouen,  la  totalité  des  dommages- 
intérêts  qui  lui  seraient  accordés. 

Faisant  droit  sur  son  appel,  la  Cour  rendit  un 
arrêt  condamnant  Jacques  Marguerite  «  à  25  livres 
d'amende  euvers  le  Roy  et  en  50  livres  d'intéresl  et 
réparation  envers  ledit  du  Val,  et  à  tenir  prison 
jusques  au  plain  paiement  desd.  sommes;  lesquels 
50  livres  dintérest,  ladite  Cour,  en  consentement 
dud.  du  Val,  a  adjugé  et  adjuge  à  la  Communauté 
des  l^uivresdu  Bureau  de  ceste  ville  de  Rouen;  et, 
oultre,  a  condamné  led.  Marguerite,  intimé,  es 
despens  dud.  du  Val;  auquel  Marguerite  et  à  tous 
aultres  lad.  Court  afaict  et  faict  inhibion  et  detfenses 
d'inpropérer,  dire  ou  proférer  à  l'advenir  telles 
injures  and.  du  Val,  soil  en  jugement,  hors  juge- 
ment ou  aultrement,  sur  les  peines  au  caz  apparte- 
nant ».  Cette  couda mnaticju  arrêta  probablement 
les  propos  calomnieux,  car  nous  n'en  voyons  plus 
trace. 

Nous  allons  maintenant  aborder  une  autre  face  de 
Ja  vie  d'Etienne  du  Val. 


20  KTUDE    Sl'K    LE   MANUSCRIT    \i'à    IN-K" 


II 


Etienne  du  Val  fut  un  grand  bâtisseur.  Tout  le 
monde  connaît  les  élégantes  constructions  qu'il  fit 
élever  dans  les  jardins  dont  il  hérita  à  la  mort  de 
son  père,  par  suite  des  partages  faits  avec  ses 
frères.  Il  les  agrandit,  en  1342,  au  moyen  d'un 
échange  conclu  avec  le  prieur  et  les  religieux  de 
Sainte-Croix  de  Gaen,  qui  lui  cédèrent  un  lot  de 
jardins  attenant  à  son  hôtel  et  à  ses  dépendances, 
ainsi  que  le  constate  un  acte  passé  devant  Michel 
Désobeaulx  et  Jehan  de  Verolles,  tabellions  à  Caen, 
le  12  mai  lo42,  acte  qui  a  été  transcrit  par  les  soins 
d'Etienne  du  Val  à  la  suite  de  ses  notes. 

Les  jardins  et  la  maison  élevée  sur  leur  emplace- 
ment avaient  été  achetés  par  Jehan  du  Val,  son 
père,  entre  les  années  lolo  et  1520,  comme  nous 
le  verrons  ci-après. 

En  effet,  dans  les  deux  premières  lignes  de  la 
première  de  ses  notes,  Etienne  du  Val  nous  apprend 
que  «  le  mardy,  XVI"  novembre  lo33,  estant  de 
retour  d'un  voiaige  d'Yspaigne»,  il  arriva  «en  ceste 
maison  qui  fust  la  Mousche  »(1).  M.  Dupont  avait  lu 
«  qui  fust  ma  maignie  »  ;  cela  ne  présentait  qu'un 
sens  assez  vague,  et  la  locution  elle-même  ne  se 

(1)  La  formule  t'inployc'o  par  l-iliciino  du  Val  :  «  arrivé  en  ceste 
maison  qid  fust  la  Mousche  »,  est  une  formule  courante  au 
XVI«  siècle  pour  désigner  le  [)r('-cédent  propriétaire  du  logis. 
Elle  est  reproduite  dans  l'cn-tèlo  d'un  acte  transcrit  au  début  des 
«  O.tmôtx^s  et  (lo)ifitions  ».  à  propos  d'une  maison  acquise  pai- 


DE    LA    BIBLIOTHÈQUE   DE   CAEN  21 

rencontrait  pas  dans  la  langue  du  XVI°  siècle.  Nous 
avions  aussi  hésité  longtemps  pour  la  lecture  de  ce 
mot,  dont  le  vrai  sens  nous  échappait.  Cependant, 
on  le  retrouvait,  écrit  de  la  même  façon,  deux 
pages  plus  loin,  et,  cette  fois,  on  pouvait  lire,  sans 
erreur  possible,  «  mouschc  »,  au  lieu  de  «  maignier). 
Il  fallait  donc  lire:  «  en  ceste  maison,  qui  fust  la 
Mousche  ». 

Mais  que  pouvait  signifier  cette  appellation  plu- 
tôt bizarre?  Or,  en  feuilletant  la  liste  des  Recteurs 
de  l'Université  de  Caen,  nous  avons  trouvé  l'expli- 
cation.  Au  mois  de  mars  1481,  nous  voyons  que, 
«  la  veille  de  lÂnnonciation.de  la  Mousche  (Nicolas), 
maistre  ès-arts  et  licencié  en  théologie  »,  avait  été 
nommé  recteur  pour  la  première  fois.  Il  fut  réélu, 
en  effet,  une  seconde  fois,  le  l*"^  octobre  1490. 

Nicolas  de  la  Mousche  devint  doyen  de  la  Faculté 
et  mourut  peu  après  Tannée  151o.  Le  registre  des 
Rectori;r  nous  ajtprend.  en  effet,  que  sous  le  rec- 
torat de  Léonard  Koinain,  le  10  octobre  de  cette 
même  année,  ce  professeur  était  très  vieux  et  ne 
sortait  plus  de  cliez  lui.  Dans  l'exposé  du  serment 
des  régents,  on  lit  ceci  :  «  In  aima  theologiœ  Facul- 
tate,  Reverendi  Magistri  nostri  Nicholaus  de  la 
Mousche,  ejusdem  Facuitatis  decanus.  licet  propter 
antiqiiifatem  ahsens  ... 

.Jclian  (lu  Val  ni  l."il8.  Elle  est  dt-siginV  ainsi:  »<  La  maison  (lur 
fuKt  yiditnij.  rn  la  paroisse  .Sainl-Eslii'nnf  de  (^aojm.  Il  s'airil 
iri  dt"  la  famille  des  marquis  deMauny,  ramillf  liien  connue  à 
Caen,  dont  l'un  des  descendants  devint  ^'ouviTiieiir  du  C.iiâteau 
et  ami  du  poète  Malherbe. 


22  ÉTUDE   SUR    LE    MANUSCRIT    H  3   IN-F° 

Son  hôtel  se  trouvait,  et  il  n'y  a  là  rien  que  de  très 
naturel,  dans  le  quartier  des  Facultés,  auprès  de  la 
Halle  au  blé,  ou  Tripot,  et  de  la  rue  Froideriie,  et  il 
portait  son  nom,  comme  il  était  d'usage  pour  les 
maisons  des  riclies  particuliers.  A  sa  mort,  ainsi  que 
nous  l'avons  dit  plus  haut,  il  fut  acheté  par  Jehan 
du  Val,  père  d'Etienne,  qui  mourut  en  1531.  Dans  le 
partage,  intervenu  à  cette  époque  entre  Etienne 
du  Val  et  ses  frères,  le  grènetier  et  le  curé  de  Cursy, 
cette  maison  et  ses  dépendances  firent  partie  de 
son  lot  et  formèrent  le  noyau  des  nouvelles  cons- 
tructions qu'il  fit  édifier  peu  de  temps  après  et  que 
nous  admirons  encore  aujourd'hui. 

L'hôtel  si  élégant,  avec  ses  sculptures  délicates  et 
ses  pittoresques  tourelles  qu'Etienne  termina  en 
]534,  remplace-t-il  le  vieux  logis  de  notre  recteur, 
ou  faut-il  le  rechercher  dans  les  constructions  avoi- 
sinanles? 

La  réponse  est  facile  et,  pour  nous,  ne  fait  aucun 
doute.  Etienne  du  Val,  lui-même,  nous  la  fournit 
dans  ses  notes.  La  vieille  maison  qu'habitèrent 
Nicolas  de  la  Mousche  et,  plus  tard,  Jehan  du  Val, 
est  l'édifice,  encore  à  peu  près  intact,  contre  lequel 
est  adossé  l'hôtel  du  XVP  siècle,  construit  de  1333 
à  1534.  Cette  maison,  qui  présente  tous  les  carac- 
tères du  XIV«  et  (hi  XV  siècle,  ainsi  que  l'attestent 
ses  larges  fenêtres  carrées,  subdivisées  par  des 
croix  de  [)ierre,  conservant  encore  leurs  encadre- 
ments à  nervures  prismatiques  et  le  cordon  qui  leur 
sert  de  couronnement,  la  tourelle  descaUer  exis- 
tant sur  la  cour,  les  lucarnes  caractéristiques  de 


DE    LA    BIBLlOTIIKori-:    DE    CAEN  23 

l'époque,  ne  laissent  aucun  doute  sur  remplacement 
du  vieil  hôtel  de  famille,  devenu  Tamorce  des  super- 
bes bâtiments  dont  le  riche  négociant  caenuais 
embellit  ses  alentours. 

Voici,  du  reste,  comment  Ktienne  du  Val  s'exprime 
à  ce  sujet:  «les  dictz  partages  faicts  entre  nous, 
frères,  M"  Pierre  et  Jacques  du  Val  et  moy,  le  XVI« 
aoust  1531,  durant  lequel  temps  fist  bastir  le  corps 
de  l'hoslel  en  potence,  où  est  assys  le  présent  contoyr 
en  vouste  de  pierre,  lequel  fust  parfaict  de  bastir 
l'année  1534  ».  Ces  mots:  en  potence,  avaient  vrni- 
semblalilement  embarrassé  les  précédents  Itiogra- 
phes  (lEtienne  du  Val.  Ils  passent  ce  membre  de 
phrase  sons  silence,  tout  en  citant  le  reste  de  lali- 
néa.  Il  est  cependant  évident  que  l'édifice  de  la 
Renaissance,  désigné  de  nos  jours  sous  le  nom 
d'hôtel  de  la  Monnaie,  est  en  potence,  par  rapport 
au  vieux  logis  familial  contre  lequel  il  est  adossé, 
ce  qui  e\pli(|ue.  à  la  fois,  sa  position  et  les  termes 
du  nuumscrit. 

Etienne  du  Val  ne  fiiisail  donc  (pie  s'agrandir  et 
conservait,  à  côté  de  sa  nouvelle  habitation,  la 
demeure  de  son  père  et  du  recteur  Mcolas  de  la 
Mouche.  M.  de  Beaurepaire  s  était  demandé  sil  ne 
fallait  pas  reconnaître,  dans  le  réduit  qui  termine 
la  tourelle  ronde  du  bout  de  cette  construction, 
«le  contoyr  vousté  en  pierre  assys  dans  riiostel". 
Pour  nous,  ce  «  contoyr  »  est  ailleurs  et  piulaile- 
ment  reconnnissable.  Dans  le  gable  en  bordure  sur 
la  rue  de  hi  Monnaie,  gable  que  dominent  les  deux 
tourelles  dont  nous  venons  de  parler,  on  remarque 


24        ÉTUDE  SUR  LE  MANUSCRIT  113  IN-F" 

Tare  surl)aiss6,  les  montants,  la  tablette  et  lamorce 
de  la  porte  d'une  hoiit'Kfne.  tels  qu'on  les  faisait  au 
XVI''  siècle,  boutique  (jui  a  été  murée  depuis.  C'était 
là  le  contoyr  voitstr  en  pierre,  dont  parle  Etienne 
du  Val.  Il  étail  au  rez-de-chaussée,  ce  qui  s'explique 
beaucoup  plus  logiquement,  que  s'il  eut  fallu  gravir 
deux  étages  pour  s'y  rendre. 

Dans  le  quartier,  nous  avons  d'autres  exemples 
de  maisons  de  cette  époque;  l'immeuble  occupé 
autrefois  par  l'imprimerie  Le  Blanc-Hardel,  que 
M.  de  Caumont  cite  dans  son  Abécédaire  d'Archéo- 
logie, fui  certainement  construit  à  peu  près  à  la 
même  date. 

D'autres  constructions,  nécessitées  par  un  com- 
merce de  plus  en  plus  étendu,  ne  tardèrent  pas  à 
couvrir  une  grande  partie  des  jardins  contigus. 
Elles  s'étendaient  au  nord-ouest  de  l'hôtel  nouvel- 
lement bâti.  Bientôt  Etienne  du  Val  y  adjoignit,  en 
1o49,  le  pavillon  si  original,  ce  casino  que  M.  Palus- 
tre déclare  le  seul  échantillon  de  ce  genre  de  déco- 
ration italienne  que  l'on  puisse  trouver  en  Norman- 
die, puis  le  grand  hôtel  de  la  cour  de  la  Monnaie, 
bâti  en  1560. 

Dans  son  Caen  Illustré,  M.  de  Beaurepaire  cons- 
tate que  «  des  investigations  récentes  avaient  fait 
découvrir  un  détail  ignoré  juscju'ici:  dans  le  pignon, 
à  droite  du  casino,  s'ouvrait  une  large  porte,  déco- 
rée de  colonnes  donl  ou  voit  encore  les  bases,  don- 
nanl  accès  sur  une  partie  du  jardin,  situé  en  contre- 
bas. Elle  était,  en  ellet,  précédée  d'un  perron  dont 
les  traces  sont  faciles  à  reconnaître.  Le  pignon  était 


PE    I.A    MlHI.IOlllÈnUE    DE    T.AEN  25 

décor»'',  à  sa  partie  supérieure,  de  trois  ouvertures 
juxtaposées  ».  Or,  nous  voyons,  dans  ses  noies, 
(juKlienne  du  Val  fit  Itàtir,  «  durant  l'année  I06O, 
le  corps  de  maison  en  potence  (il  tenait  à  cette 
expression;,  avec  large  escallier  et  cave;  aussy  la 
porte  de  derraire  à  la  rustique».  Les  fondements  de 
cette  large  porte,  décorée  de  colonnes  et  donnant 
accès  sur  un  terrain  qui  est  encore  à  l'état  de  jardin, 
appartiennent  certainement  à  «cette  porte  de  der- 
raire à  la  rusli({ue»,  dont  parle  le  manuscrit. 

MM.  Dupont  et  de  Beaurepaire,  qui  ont  cité,  sans 
en  faire  l'application  à  cette  découverte,  une  partie 
de  cette  note,  avaient  l'ait,  tous  les  deux,  une  erreur 
de  lecture  en  parlant  d'un  «  large  escallier  à  carre  », 
mot  incompréhensible,  au  lieu  du  mot:  cave,  qui  a 
un  sens  beaucoup  plus  logique  et  ne  peut  d'ailleurs 
faire  aucun  doute. 

Un  autre  édifice,  qui  devait  servir  de  greniers,  et 
qui  fut  i)àti  «au  dnMctde  la  Halle  au  bled»,  pendant 
le  cours  des  années  1561  et  lo62,  vint  s'ajouter  aux 
précédents.  C'est  la  couverture  de  ce  bâtiment  qui 
fut  incendiée  par  la  foudre  en  1371  et  réédifiée 
comme  elle  était  auparavant.  Par  un  singulier 
hasard,  la  <<  fuye  et  volière  à  pigeons  »,  qui  se  trou- 
vait établie  dans  une  partie  de  ces  greniers,  n'eut 
pas  à  souffrir  de  cet  incendie.  Ktiennc  du  Val  a  i\\\ 
grand  soin  de  noter  cette  particularité  et  il  se  féli- 
cite de  cette  chance.  Aui-ait-il  été.  au  \VI''  siècle, 
un  |irécursenr  de  nos  colomlxtpliilcs  actuels? 

Des  l)àtiments  voisins  servaient  de  magasins  et 
de  greniers.  Malgré  les  remaniements  et  les  cons- 


26        ÉTUDE  SUR  LE  MANUSCKIT  i18  IN-F" 

tructions  de  toutes  sortes  qui  se  sont  élevées  depuis 
sur  cet  emplacement,  on  peut  se  faire  une  idée  à 
peu  pr^s  exacte  encore  aujourd'hui  de  l'espace 
occupé  par  les  corps  de  logis  et  les  jardins  d'Etienne 
du  Val. 

La  configuration  du  terrain,  couvert  de  nos  jours 
par  un  dédale  de  cours  et  de  ruelles,  était  alors 
complètement  difrérente.  Sauf  le  vieil  hôtel  de  la 
Mouche,  rien  n'existait  sur  les  jardins  qui  s'éten- 
daient jusqu'à  rOdon,  du  côté  de  la  rue  Gémare, 
derrière  les  hôtelleries  de  la  vieille  rue  de  la  Halle, 
et,  de  l'autre  côté,  jusqu'à  l'hôtel  Le  Sens,  dont  la 
cour  au  Sens,  qui  existe  à  l'heure  actuelle,  vers  le 
milieu  de  la  rue  Froide,  indique  la  situation  et  les 
limites. 

En  arrière,  le  domaine  d'Etienne  du  Val  tou- 
chait la  Halle  au  hlé  et  se  confondait  avec  les 
maisons  qui  bordaient  la  rue  Saint-Pierre.  Une 
de  ces  maisons,  au  moins,  lui  appartenait,  celle 
contre  laquelle  est  appuyé,  en  potence  (c'est  la 
seconde  fois  qu'il  emploie  ce  mot),  le  grand  hôtel 
bâti  en  to60. 

Etienne  du  Val  ne  paraît  pas  avoir  continué  ses 
constructions  après  cette  année.  Du  reste,  lépoque 
troublée  où  l'on  allait  entrer  n'y  prêtait  pas,  et  il 
avait  assez  largement  peuplé  ses  jardins  d'élégants 
et  riches  logis  pour  pouvoir  se  reposer. 


DF,    LA    BIBLIOTHÈQUE    DE    CAEN  '27 


Dans  la  seconde  partie  de  son  manuscrit,  Etienne 
du  Val  a  fait  copier,  ainsi  que  nous  l'avons  déjà 
dit,  les  actes  par  lesquels  il  a  constitué  des  rentes 
aux  paroisses  et  à  rUniversité  de  Caen. 

Par  un  acte  en  date  du  12  février  1o()5,  le  pore 
d'Elienne,  Jehan  du  Val,  avait  acquis  à  Carpiquet, 
sur  la  place  du  village,  une  maison  et  six  vergées 
de  terre,  d'un  personnage  bien  connu  à  cette 
époque,  Thomas  Le  Marchand,  sieur  du  Rozel,  dont 
nous  avons  eu  souvent  à  nous  occuper  au  cours  de 
nos  publications  sur  les  annalistes  caennais.  Dans 
le  partage  fait  en  t53t,  ce  domaine  était  tombé  dans 
le  lot  du  curé  de  Cursy.  Celui-ci  l'avait  plus  tard 
vendu  k  un  autre  bourgeois  de  Caen,  fort  connu 
également,  Nicolas  Le  Fauconnier,  et,  en  fin  de 
compte,  Etienne  du  Val  l'avail  racheté  en  \oi'2.  11 
l'avait,  à  son  tour,  donné  aux  prieur  et  religieux 
de  Sainte -Croix  de  Caen,  moyennant  l'échange 
d'une  portion  de  jardins  avoisinant  ses  terrains  du 
quartier  de  Froideriie  et  l'obligation  de  dire  deux 
messes  basses,  à  son  intention,  le  lundi  et  le  jeudi 
de  cha([ue  semaine. 

Par  un  aulrc  acte,  passt'  deviuil  Dcnys  de  la  Haye 
cl  .Michel  Duloiil.  tabellions  à  Caen,  nous  voyons 
que  Jehan  du  Val  sélait  également  rendu  acquéreur, 
en  I0I8,  d'une  maison  «à  plusieurs  combles»,  à 
cheval  sur  la  rue  des  l'rés  et  la  «grand'rue  tendant 


28  ÉTUDE    SUR    LE    MANUSCRIT    118    IN-F" 

à  la  porte  Saint-Étienne  »,  maison  qui,  par  suite  des 
partages,  devint  la  propriété  d'Etienne. 

Nous  trouvons,  dans  cet  acte,  à  côté  du  nom  de 
Guillelmine  Guernon,  veuve  d'Etienne  de  Mauny, 
le  nom  d'un  caennais  célèbre,  Jehan  Marot.  Il  s'agit 
d'un  partage,  fait  à  une  date  antérieure,  entre  celui- 
ci  et  les  frères  Ballargent.  La  maison  «  est  subjecle, 
y  est-il  dit,  par  F  état  dudict  décret,  à  Guillaume 
Ballargent,  sieur  de  Saint -Béguin,  par  recon- 
naissance de  loths  faicts  entre  Jehan  Marot  et 
Richard  Ballargent,  frères  ».  Jehan  Marot  est 
mort  en  1523;  le  nom  et  l'époque  concordent  bien 
et  tout  concourt  à  présumer  qu'il  est  question  du 
poète  et  peut-être  de  la  maison  où  il  avait  demeuré, 
qui  serait  alors  située  dans  la  paroisse  de  Saint- 
Étienne.  Mais,  comme  il  y  a  eu,  à  Caen,  plusieurs 
familles  portant  ce  nom,  nous  nous  contentons  de 
placer  ce  fait  au  rang  des  probabilités. 

Cet  acte  nous  apprend  aussi  qu'Etienne  du  Val,  qui 
avait  loué  cette  maison  20  livres  tournois,  à  Loys  de 
MouUes,  de  la  paroisse  Saint-Étienne,  «  avait  osmôné 
_  au  thrésor,  curé  et  prestres  de  l'éghse  Notre-Dame  de 
Froideriie  »,  sa  paroisse,  une  somme  de  16  livres  10 
sols  tournois,  à  charge  de  «  dire,  chanter  et  célébrer, 
par  chacun  an  »,  deux  obits  et  «  messes  à  nottes  »,  le 
4"  et  le  15  juin,  ainsi  que  deux  messes  basses,  tous 
les  lundis  et  vendredis,  à  huit  heures  du  matin. 

Il  donnait  également  70  sols  <k'  rente  aux  curé  el 
prêtres  de  Saint-Pierre,  pour  célébrer,  à  son  inten- 
tion, tous  les  ans,  un  «obit  et  haulte  messe,  la  veille 
de  la  Sainte-Anne  ». 


DE    LA    KllilJOTIIF.Ol'K    l>E    CAEN  29 

Nous  avons  ici  l'explication  de  ce  passage 
d'un  article  de  Raymond  Bordeaux,  à  propos 
d'Ktienne  du  Val:  «  N'oublions  pas  non  plus  le 
blason  de  Mondrainville,  encore  tracé  à  l'intérieur 
d'une  chapelle  qui  sert  de  passage  pour  la  sacristie 
de  Saint-Pierre  et  dont  le  vocable  est  perdu.  Etienne 
du  Val  aurait-il  contribué,  avec  son  immense  for- 
tune, à  l'érection  du  cbœur  de  cette  église?  Nous 
n'osons  raffirmer:  mais  ses  écussons  avaient  été 
coloriés  sur  un  litre  funèbre  ».  La  réponse  est  conte- 
nue dans  Tacte  et  la  fondation  précédents. 

Les  deux  actes  qui  suivent  consacrent  de  nou- 
velles donations  faites  par  Etienne  du  Val  aux 
églises  de  Notre-Dame  de  Froiderûe  et  aux  prieur 
et  religieux  de  Sainte-Croix  de  Caen.  Ces  libéralités 
sont  des  années  1549  et  looo. 

L'acte  de  looo  a  une  importance  particulière.  Il 
y  règle  ses  dernières  volontés,  et  entre  dans  les 
détails  les  plus  minutieux  sur  les  cérémonies  con- 
venues. Le  clergé  devra  célébrer,  dans  l'église  de 
Notre-Dame  de  Froideriie,  «  pour  et  à  l'intention  du 
dict  du  Val,  ses  parents  et  amys,  tant  vivants  que 
trespassés,  par  chacune  sopmaine  de  l'an,  aux  jours 
de  mardy  et  samedy,  à  10  heures  attendant  1 1,  deux 
basses  messes;  et,  à  la  fui  de  chacune  desquelles, 
dire  Libéra,  de  Profundis  et  les  oraisons  accoustu- 
mées,  sur  les  sépultures  des  père  et  mère  dudict  du 
Val;  et  faire,  préalablement  que  commencent  les 
dictes  messes,  sonner  six  coups  de  closche  pour 
advertir  les  dicts  fondateurs,  ses  successeurs  et  le 
peuple  qui  aura  dévotion  ouyr  les  dictes  messes;  et 


30  KÏUDE   SUR    LE    MANUSCRIT    113    IN-F" 

fournira  le  thrésor  le  luminaire,  calice  et  orne- 
ments; de  ce  est  requis  et  de  payer  au  prestre,  à  la 
fvn  de  la  messe,  deux  sozs  tournois,  qui,  à  raison 
de  la  dicte  fondation  et  de  la  précédente,  seront  le 
dict  Ihrésor,  curé  et  prestres  fondés,  suhjects  dire 
chacun  jour  de  la  sepmaine,  une  messe  à  la  dicte 
heure  de  11  heures  de  matin  ». 

Suivent  encore  d'autres  donations  et  engage- 
ments réciproques.  Il  y  avait,  comme  en  le  voit, 
peu  de  jours  de  la  semaine  où  plusieurs  messes  ne 
fussent  dites  pour  sa  mémoire,  à  Notre-Dame  de 
Froiderùe,  Saint-Pierre  ou  Sainte-Croix  de  Caen.  Il 
avait,  de  plus,  choisi  depuis  longtemps  la  chapelle 
où  il  devait  être  inhumé  à  côté  de  ses  parents,  et  il 
avait  tenu  à  assurer,  par  ses  nombreuses  libéralités, 
les  conditions  qui  devaient  conserver  sa  mémoire 
auprès  des  siens  et  de  ses  concitoyens. 

Mais  les  actes  les  plus  importants  qui  nous  ont 
été  transmis  par  notre  manuscrit  sont  certainement 
les  contrats  de  donation,  intervenus  entre  TUniver- 
sité  de  Caen  et  lui,  pour  le  rétablissement  du  Pali- 
nod  (1),  qui,  fondé  à  Caen,  en  1527,  par  Le  Mercier 
de  Saint-Germain,  n'avait  plus  qu'une  existence  de 
nom  et  était  menacé  d'une  disparition  complète. 

Grâce  aux  libéralités  d'Etienne  du  Val,  l'institu- 
tion du  Palinod  reprit  un  nouvel  essor  et  se  vit, 

(1)  L'institution  du  Palinod,  malgré  un  succès  assez  vif, 
déclina  prornptement.  En  1540,  elle  était  presque  tombée  en 
oubli.  Cependant  nous  voyons  qu'en  1536  le  Palinod  avait  été 
célébré  à  Caen  avec  la  solennité  ordinaire.  Voici,  en  otTet,  ce 
qu'on  lit  dans  les  Reg.  de  l'Hôtel  de  Ville,  à  cette  date:  «18 


I)F    LA    HIHLIOTllKQL'l"-    IH:    '^AEN  81 

par  la  suite,  encouragée  par  d'autres  généreux 
donateurs. 

Les  actes,  transcrits  avec  soin,  aussi  bien  en  latin 
qu'en  français,  nous  ont  conservé  dans  leur  teneur 
entière,  le  conti-at  do  donalion  passé  devant  MM. 
Guillaume  Cœurot  el  Guillaume  l^e  Gras,  tabellions 
à  Gaen,  le  samedi  G  novembre  too7,  les  lettres 
d'approl)ation  du  recteur  Jacques  Le  Porclier.  assisté 
des  doyens  des  cinq  Facultés,  et  les  multiples  condi- 
tions auxquelles  ces  libéralités  étaient  faites.  Ktienne 
du  Val  donnait  à  l'Université  une  rente  perpétuelle 
de  ^"2  livres  lournois,  à  répartir  entre  les  œuvres 
couronnées  ;  cette  rente  était  établie,  pour  la  somme 
de  12  livres,  sur  «  noble  homme  Jelian  de  la  Ma- 
riouze,  sieur  de  Gonneville  »,  et,  pour  la  somme  de 
20  livres  lournois.  sur  «  M.  Parisy-Baillehache  (I), 
sieur  de  Ranville,  ses  hoirs  et  ayants  cause  ». 

novfinhi-t;  l')Si').  —  Ordoiiiir  qu'il  sera  présenté  à  M.  de  Becde- 
liévre,  conseiller  à  la  Cour  de  liouen,  des  vyandes,  jusques 
à  la  valleur  de  20  escus  sol,  pour  subvenir  au  banquet  de  son 
Pallinot,en  rémunération  des  ploisyrs  qu'il  a  faicts  à  la  ville; 
réservé  le  dict  du  sieur  Cbevalicr  qui  est  d'avys  qu'il  suffirait 
de  15  escus».  Si  le  Palinod  n'était  déjà  au  rabais,  du  moins 
essayait-on  de  l'y  mettre. 

(1,  Famille  très  ancienne  de  (Jaen.  Voici  ce  qu'en  dit  Huet  : 
«  Cette  maison  de  la  Grand'Rue,  dans  la  paroisse  de  Froiderûe, 
qu'on  appelle  la  Court  Parisy,  a  tiré  son  nom  d'une  famille  du 
nom  de  Parisy.  On  voit  plusieurs  actes  faits,  dans  le  XVI» 
siècle,  par  (Juillaume  Parisy,  tabellion,  premièrement  à  Sainte 
Paix  et  ensuite  à  Caen.  Et,  dans  le  siècle  précédent,  un  Jean 
Parisy,  avocat  en  rKlection.  demeurait  sur  la  paroisse  de  Froi- 
derûe. Cette  cour  est  appelée,  dans  (iin'Iqucs  cliarles.  lu  Court 
Parisy  liaillelutche  ». 


32  i';ïui)E  sur  le  manuscrit  1  l'S  in-f" 

Il  y  était  stipulé,  qu'au  Jour  dit,  les  recteur,  doyens 
et  bedeaux  i^dont  faisait  partie  Etienne  du  Val,  en 
qualité  de  bedeau  de  la  Faculté  de  Médecine,  charge 
quil  tenait  de  son  père,  ainsi  que  nous  l'apprend 
M.  Prentout)  des  cinq  Facultés  devaient  se  réunir 
en  «  habits  de  doyen,  chappes  et  chapperons,  à 
une  heure  avant  midy  >',  aux  Cordeliers.  Le  fonda- 
teur ou  son  héritier,  coiiiiiie  Prince  du  Puy,  devait 
assister  à  cette  réunion,  «  en  lieu  et  place  accous- 
tumés,  pour  ouyr  la  lecture  des  compositions  ». 

Ensuite,  les  recteur  et  doyens,  avec  le  Prince  du 
Puy,  devaient  procéder  à  la  nomination  de  «  six 
personnes  doctes  »,  chargées  d'examiner  les  com- 
positions et  d'adjuger  les  prix. 

Le  dimanche  suivant,  même  assemblée  aux  Cor- 
deliers, pour  la  distribution  des  prix  aux  vain- 
queurs. 

Ici,  Pacte  nous  donne,  article  par  article,  les  som- 
mes affectées  à  chaque  épreuve.  Nous  y  voyons 
figurer:  la  composition  latine,  la  composition  fran- 
çaise, Pépigramme  héroïque,  le  chant  royal,  la  bal- 
lade, le  sonnet  el  le  dizain.  Nous  ferons  une  remar- 
que particulière  pour  le  sonnet,  qui  s'y  trouve  pour 
la  première  fois;  h;s  règlements  de  15'27  n'en  fai- 
saient point  mention.  Il  venait,  en  etfel,  d'être  im- 
porté en  France,  et,  les  premiers  qui  en  usèrent. 
Clément  Marot  et  Mellin  de  Saint-Gelais,  vivaient 
dans  la  première  moitié  du  XVP  siècle.  Clément 
Marot  s'était  bien  essayé  à  ce  genre  de  poésie  dès 
15'29,  mais  les  véritables  initiateurs,  Ronsard  et  la 
Pléiade,  ne  devaient  paraître  que  plus  tanL  Ktienne 


I)H    LA    BIHLIOTKÈQUE    DE    CAEN  8H 

du  Val,  qui  élail  un  lettré,  avait  apprécié  la  nou- 
velle forme  poétique  et  avait  tenu  à  ce  qu'elle  eût 
sa  part  de  couronnes  dans  la  réorganisation  du 
Palinod. 

Ce  règlement,  outre  les  prix,  attribuait  des  som- 
mes diverses,  mais  minutieusement  fixée,  saux  pré- 
sident, juges  et  assesseurs,  sans  oublier  le  fonda- 
teur. Nous  y  voyons,  en  effet,  que  le  fondateur,  ou 
son  héritier,  devait  recevoir,  pour  son  offrande  à 
la  messe,  comme  Prince  du  Puy,  la  somme  de  3 
sols;  ceux  qui  faisaient  les  compositions  latines  et 
françaises  et  les  «  placarts  »  jjour  les  invitations  au 
Puy,  affichés  à  la  Toussaint,  ^0  sols;  aux  recteur  et 
doyens,  48  sols;  au  lecteur  des  compositions,  qui 
«  enregistrera  les  nommez  »,  o  sols;  au  syndic  de 
l'Université,  qui  «  sera  subject  contremarquer  les 
œuvres  après  qu'elles  auront  esté  leues,  pour  évi- 
ter au  changement  et  variation  d'icelles  »  (précau- 
tion peut-être  utile),  5  sols;  aux  six  juges  (ce  sont 
les  gros  bonnets),  60  sols;  au  couvent  des  Corde- 
liers,  qui  fournissait  les  salles  et  logements  (les 
bons  pères  eussent  été  jaloux  de  l'Université)  10 
sols;  au  trésor  de  l'Université,  pour  «faire  les  de- 
niers bons  des  dictes  partyes  et  les  délivrer,  chacun 
an,  le  dict  jour,  par  la  main  du  receveur  »,  10  sols  ; 
aux  l)edeaux,  pour  *<  faire  establir  chaires,  tapysse- 
ries  et  chouses  nécessaires  »,  40  sols  (on  voit 
qu'Etienne  du  Val  n'oubliait  pas  ses  collègues);  au 
receveur  de  l'Université,  «  pour  sa  vacation  et 
fournyr  boys,  chandelles,  vin  et  pain,  lorsque  se 
fera  le  dict  jugement  des  dictes  compositions  (la 

3 


34  l'/rUDK    SUH    LK   MANUSCRIT    113    IN-K° 

Icclure  et  le  classement  des  ballades  et  rondeaux 
ne  préservait,  paraît-il,  les. juges,  ni  de  la  faim,  ni 
de  la  soif),  15  sols. 

Par  une  clause  spéciale,  Etienne  du  Val  écartait 
formellement  les  femmes  de  la  succession  aux  hon- 
neurs du  Palinod  et  les  réservait  à  «  ses  hoirs  masles 
et  plus  prochains  héritiers»,  à  la  charge  expresse, 
toutefois.  «  de  porter  et  continuer  ses  armes  »  (1)  à 
celte  cérémonie. 

On  voit,  par  ces  citations,  que  le  donateur  avait 
longuement  détaillé  les  différentes  conditions  du 
concours,  et  Ton  peut  dire  que,  d'accord  avec 
l'Université,  il  avait,  non  seulement  régénéré,  mais 
fondé  à  nouveau  l'institution  de  Le  Mercier  de  Saint- 
Germain.    . 

Etienne  du  Val  ne  s'en  tint  pourtant  pas  à  cette 
première  libéralité.  Dix-neuf  ans  plus  tard,  le  8 
décembre  1576,  par  un  acte  passé  devant  MM'^^ 
Jehan  Le  Maistre  et  Jehan  de  la  Haye,  tabellions  à 
Gaen,  "  meu,  dit-il,  d'ung  zèlle  et  bonne  affection 
qu'il  porte  aux  lettres  et  aflin  d'inciter  davantage, 
encourager  les  jeunes  hommes  à  l'estude  des  let- 
tres »,  il  ajouta  à  sa  précédente  fondation  une 
rente  de  6  hvres  10  sols  tournois,  dont  il  régla  lui- 
même  la  distribution.  Il  prend,  au  commencement 

(1)  Dans  ses  Notes  inédites,  l'ablx''  de  la  Rue  s'exprime  ainsi 
à  ce  sujet:  «  Etienne  Du  val  et  ses  descendants  turent  créés,  par 
l'Université,  Princes  héréditaires  du  Palinod,  par  le  contrat 
de  fondation.  Mais,  comme  ils  se  fixèrent  en  Champagne,  ils 
furent  remplacés  par  les  Recteurs,  qui  prennent  (luclinicfois  le 
titre  de  Vice-Gérant  du  sieur  de  Mondraiuville  ». 


DE   LA    BIBLIOTHÈQUE   DE    CAEN  35 

de  cet  acte,  les  titres  de  «  nohle  homme,  Estienne 
du  Val,  sieur  de  Mondraiuville  et  de  Fontenay-le- 
Pesnel,  conseiller  du  Roy  en  ses  finances,  garde 
général  des  sceaux  de  Sa  Majesté  pour  les  sentences 
et  jugements  des  sièges  présidiaux  du  dict  Caen, 
Costentin  et  aultres  juridictions  de  la  dicte  ville  et 
vicomte  et  obligations  de  la  dicte  vicomte  de  Caen, 
Prince  du  Puy  de  la  Conception  de  la  Très  Saincte 
et  Immaculée  Vierge,  Mère  de  nostre  Rédemp- 
teur ». 

A  ces  titres,  il  aurait  pu  ajouter  ceux  de  bedeau 
de  la  Faculté  de  Médecine  et  de  receveur  de  la 
baronnie  d'Argences  (1),  ainsi  qu'en  témoigne  un 
acte  qui  nous  a  été  communiqué  par  notre  confrère 
M.  Lesage. 

Dans  ce  nouvel  acte,  il  répare  quelques  oublis  et 
augmente  certains  émoluments.  Il  assure,  par 
exemple,  «à  celluy  qui  fera  l'oraizon  du  matin,  15 
solz  »;  il  augmente  de  50  sols  la  somme  all'ectée 
aux  compositions  latine  et  française  et  à  la  confec- 
tion des  affiches  (il  pressentait  déjà  la  puissance 


(1)  Fieffé  faite  en  1543,  par  l'abbayo  do  Fécamp,  à  Guiiberl 
Lepoulrcl,  d'une  pièce  de  terre  et  l'une  masure,  à  Arj:Cences. 
pour  3  livres  lU  sols  di'  iv^nte.  et  20  livres  une  fois  payées  pour 
les  réparations  du  four  à  ban  d'Argences. 

«  En  présence  d'honorable  homme  Estienne  Duval.  écuyer, 
receveur  de  la  baronnie  d'Argences,  devant  Denys  de  la  Haye  et 
Richard  Néel.  tabellions  de  la  liante  justice  d'Argences  pour 
le  siège  de  Sainte-Paix  r>. 

(Archives  du  Calvados.  Fonds  de  Fècanip,  layette  '.),  liasse 
3G.  cote  14). 


36  KTUDE    SUR    LE    MANUSCRIT    111^   IN-F" 

(le  la  publicité).  Les  recteur  et  doyens  recevront 
24  sols  de  plus:  les  vainqueurs  des  épreuves  voient 
leurs  prix  majorés  dans  des  proportions  analogues. 
Il  n'est  pas  jusqu'au  Prince  du  Puy,  ou  son  héritier, 
qui  ne  reçoive,  pour  son  offrande,  3  sols  de  plus. 

Enfin,  le  dernier  paragraphe  porte  qu'il  <-  sera 
distrihué,  par  les  hedeaulx,  tant  au  dict  sieur  Prince 
que  plus  notables  personnaiges  qui  assisteront  à  la 
messe,  pour  20  solz  de  grant  pain  ».  Ce  dernier 
article  aurait-il  été  mis,  par  hasard,  pour  exciter  le 
zèle  des  «notables  personnaiges».  zMe  qui  se  serait 
peut-être  ralenti  sans  cette  aubaine,  qui,  de  nos 
jours,  paraîtrait  plutôt  maigre? 

Ceci  se  passait  sous  le  rectorat  de  M^  Germain 
Jacques,  bachelier  en  théologie,  et  nous  voyons 
signer,  au  bas  du  document,  les  frères  Onfroy  et  le 
docteur  Etienne  de  Troismonts,  qui  figurent  avec 
honneur  dans  les  fastes  de  l'Université;  étaient 
également  présents:  Messire  Baptiste  de  Villemor, 
aumônier  ordinaire  du  Roi  et  abbé  d'Ardaine,  et 
noble  homme  Jérôme  Le  Picard,  conseiller  du  Roi 
et  lieutenant  général  criminel  au  Bailliage. 

Cet  acte  clôt  la  série  des  pièces  comprises  dans 
les  c<Osmônes  et  doations  >  transcrites  à  la  suite  des 
Notes  d'Etienne  du  Val 

C'était  en  lo'6  ;  il  se  faisait  vieux  et  avait  voulu 
donner  un  dernier  témoignage  d'intérêt  à  cette  fon- 
dation du  Palinod,  qu'il  avait,  pour  ainsi  dire,  res- 
suscitée.  Depuis  longtemps  aussi,  il  avait  renoncé 
au  commerce;  il  se  contentait  d'exercer  ses  charges 
et  de  surveiller  ses  propriétés.  Une,  particulière- 


DE    LA    BIBLIOTIlÈQUli  DE   CAEN  37 

ment,  lui  tenait  à  cœur  et  il  aimait  à  y  passer  la 
plus  grande  partie  de  son  temj)S.  On  voit,  en  efrct, 
dans  ses  Notes,  qu'il  avait  une  préférence  marquée 
pour  ce  fief  de  Mondrainville  (1),  qui  lui  venait  de 
sa  femme  et  dont  il  avait  pris  le  nom.  11  y  allait 
souvent  à  cheval,  malgré  son  âge,  chaussé  de 
grandes  bottes  et,  pendant  l'hiver,  couvert  d'un  long 
manteau;  son  valet  le  suivait,  et  l'aidait  à  changer 
de  monture  à  l'entrée  des  écuries.  Il  se  promenait 
alors  autour  de  son  parc  et  de  ses  prairies,  monté 
sur  un  mulet  dont  il  appréciait  le  caractère  pacifi- 
que et  débonnaire. 

De  fait,  il  lui  dut  deux  fois  la  vie,  et  nous  voyons 
que  c'est  grâce  à  cet  animal,  qui  ne  bougea  pas 
lorsque,  renversé  de  sa  selle  et  le  pied  engagé  dans 
rétrier,  il  gisait  dans  un  fossé,  qu'il  put  être 
secouru  à  temps  :  pareille  chute  se  reproduisit  à 
deux  ans  d'intervalle. 

Nous  voyons  aussi  que,  dans  son  logis  de  Mon- 
drainville, la  cuisine  était,  comme  celle  de  Gouber- 
vilJe,  un  appartement  qui  réunissait,  à  la  fois,  les 
agréments  de  la  table  et  de  la  chambre  à  coucher. 


(1)  Toute  trace  de  l'ancienne  propriété.  d'Ktienne  du  Val  est 
aujourd'hui  disparue.  Il  ne  reste  rien  du  château,  ni  des  com- 
muns, et  l'on  ne  sait  pas  mènic  l'endroit  précis  où  était  l'habi- 
tation. 

Mondrainvilh'  avait  été  incendié  pi"sque  en  entier  dans  la  pre- 
mière moitié  du  XIX'  siècle  M.  de  Longuemare,  qui  en  a 
recherché  les  vestiges,  ajoute  dans  son  Êticde  sur  le  canton  de 
Tilly.  que  l'on  ne  peut  en  retrouver,  à  l'heure  actuelle,  le  plan. 

Mondrainville   est    une    (onmiune   située  à  10  kilomètres  de 


38  KTIIDE    SUR    LE   MANUSCRIT    H3   IN-F" 

Il  y  avait  un  lit,  sur  lequel  il  lui  déjjosé  au  moment 
de  son  second  accident  et  où  il  resta  vingt-quatre 
heures,  pour  se  remettre  du  bain  hivernal  et  pro- 
longé qui  aurait  pu  l'emporter. 

Etienne  du  Val  mourut  dune  fluxion  de  poitrine, 
le  16  janvier  4578,  à  l'âge  de  7i  ans  (1).  Ses  funé- 
railles furent  suivies  par  tout  ce  que  la  ville  de  Caen 
comptait  de  remai-quable,  tant  dans  les  fonctions 
publiques  que  dans  les  lettres,  les  sciences  et  le 
commerce.  La  poésie,  par  la  plume  de  Jean  Rouxel, 
ne  manqua  pas  de  célébrer  ses  mérites,  et  ses  fon- 
dations perpétuèrent  son  nom  au  cours  des  siècles 
suivants. 

Il  laissait  deux  fils:  le  plus  jeune,  Nicolas,  lui  suc- 
céda dans  son  office  de  garde-scel  et  de  receveur 
général  des  États  de  la  province.  Après  avoir 
acheté  une  charge  de  conseiller  au  Parlement  de 
Paris,  il  fut  pourvu  des  abbayes  de  Saint-Vincent  de 
Sentis,  de  Ham  et  de  Moiremont,  et  devint  enfin 
ahbé  commendataire  de  l'abbaye  de  Fontenay,  près 
Caen,  où  il  mourut  à  lâge  de  47  ans. 

Caen.  dans  le  canton  de  Tilly-sur-Seulles.  Elle  possède  une 
église  dont  une  partie  date  du  XIII'  siècle.  La  tour  et  le  porche 
ont  été  ajoutés  au  XIV''  siècle.  Elle  renferme  une  curieuse  ins- 
cription obituaire,  relevée  par  M.  de  Gaumont  et  qui  remon- 
terait, selon  lui.  «au  moins  au  X"  siècle»  et  peut-être  plus 
haut. 

(1)  «  Obiit  Stephanus  du  Val,  die  16,Ianuarii  1578,  cujus  funus 
summo  apparatu  comitata  est  Universitas  usque  ad  ecclesiam 
BeataB  Mariœ  de  Frigide  vico.  in  qua  jacet  ».  (Ahbé  de  La  Rue: 
Notes  inédites.) 


DE    LA    BIBLIOTHÈQUE    DE   CAEN  89 

L'aîné,  Jacques,  i\u\  avait  embrassé  la  carrière 
des  armes,  devint  chevalier  des  ordres  du  Roi,  gen- 
tilhomme ordinaire  de  la  C-hambre,  maître  d'hôtel 
de  Catherine  de  Mé(;icis,  et  gouverneur  de  Sainte- 
Menehould.  Mais,  ayant  suivi  le  parti  des  Guise,  il 
tomba  en  disgrâce  et  fut  ruiné.  Ses  biens  furent 
confisqués  et  vendus  (1),  notamment  le  P/r  de  la 
Boucherie,  qui  fut  plus  tard  remplacement  de  la 
Place  Royale. 

Il  avait  épousé  Anne  de  Rossut,  dont  il  eut  quatre 
garçons  et  une  fille.  Elle  lui  apporta  la  terre  de 
Dampierre-le-Chàteau,  située  en  Champagne.  Cette 
terre  avait  été  érigée  en  comté,  en  faveur  de  Nicolas 
de  Rossut,  chevalier,  baron  de  Razoches,  seigneur 
de  Ham  et  autres  lieux.  Ses  descendants  s  y  fixèrent 
et  en  prirent  le  nom. 

L'aîné  des  enfants  de  Jacques,  Etienne  du  Val, 
comte  de  Dampierre,  baron  de  Ham,  seigneur  de 
Mondrainville  et  gentilhomme  ordinaire  delà  Cham- 
bre, était  en  1636  mestre  de  camp  de  cavalerie.  Il  avait 
épousé,  en  premières  noces,  Marie  de  Reaufort  et, 

(1)  Après  la  disgràci'  df  Jac(jufs  du  Val,  la  terre  de  Mondrain- 
ville passa  en  plusieurs  mains. 

Vers  IfîOG,  Claude  Le  Moutonner  avait  été  établi  cninniis- 
saire  aux  régime  et  gouverni'nient  des  terres  saisit>s  sur  celui- 
ci.  Aux  XVII''  et  XVIII'-  siècles,  les  Berniéres  devinrent  proprié- 
taires de  Mondrainville,  qui  passa  ensuite  à  une  autre  bran- 
che, les  Bernières-Ciavrus.  A  la  mort  du  dernier  représentant 
de  cette  famille,  Pierre-François-Jean-Baptiste  de  Berniéres- 
Mondrainville,  qui  avait  épousé  Marie-Pierre  de  Tournebu,  ce 
domaine  échut,  par  héritage,  à  sa  sœur.  M""  d'Angerville 
d'Orcher,  qui  le  possédait  encore  en  1H17. 


40  ÉTUDE, SUR    LE  MANUSCRIT    113  IN-F° 

en  deuxièmes,  Claire  Le  Blond.  11  mourut  en  1661. 

Son  fils  aîné,  Henry  du  Val,  comte  de  Dampierre, 
colonel  d'un  régiment  d'infanterie  en  1667,  briga- 
dier en  1668,  avait  épousé,  en  1654,  Charlotte  de 
Galéan,  veuve  de  Charles,  baron  de  Fanges,  qui 
était  de  l'illustre  maison  de  Ligniville,  en  Lorraine. 
Henry  du  Val  l'ut  maintenu  dans  sa  noblesse,  avec 
son  frère  Charles,  par  une  ordonnance  de  Messire 
Le  Fovre  de  Caumartin,  commissaire  départi  par  le 
Roi.  Il  avait  fait  ses  preuves  depuis  lo49,  année  où 
son  aïeul  avait  été  anobli  par  Henry  II. 

Son  fils  aîné,  Henry,  dont  la  terre  de  Dampierre 
fut  érigée  en  marquisat,  devint  colonel  d'un  régi- 
ment d'infanterie,  et  épousa,  en  1691,  Louise  de 
Boussancourt.  11  eut  quatre  enfants. 

L'aîné,  Jean -Armand,  marquis  de  Dampierre, 
page  de  la  grande  écurie  et  colonel  d'infanterie,  eut 
un  fUs  dont  la  mort  tragique  est  un  des  épisodes  les 
plus  lamentables  de  la  Révolution.  Ancien  officier 
supérieur  de  cavalerie,  il  habitait,  en  1791,  le  châ- 
teau familial,  situé  entre  Sainte-Menehould  etPont- 
de-Sommevesle,  auprès  de  Varennes,  sur  la  route 
de  Paris,  au  moment  de  Tarrestation  de  Louis  XVI. 

Lorsque  le  carrosse  royal,  escorté  par  la  populace, 
passa  non  loin  du  château,  le  descendant  d'Etienne 
du  Val  monta  à  cheval  et  voulut  .tlb'r  offrir  au  Roi 
rhommage  de  sa  fidélité. 

Bientôt  entouré  et  traité  de  fourl)e  et  d'aristo- 
crate, il  dut  s'arrêter  à  peu  de  distance  de  la  voiture. 
Deux  coups  de  feu  lui  sont  tirés  à  bout  portant;  il 
pique  des  deux  pour  se  dégager,  mais  les  coups  de 


DK    LA    BIBLIOTHÈUUIi    DE    CAEN  41 

fusil  partent  de  tous  côtés,  les  cavaliers  de  la 
colonne  se  mettent  à  sa  poursuite  et  il  tombe  sous 
les  coups  de  la  multitude.  Sa  tète  et  ses  membres, 
portés  en  triomphe  au  bout  des  piques,  furent  expo- 
sés aux  portières  du  carrosse,  et  il  fallut  Tinterven- 
tion  du  général  La  Fayette  pour  faire  cesser  cette 
scène  de  cannibales.  Le  comte  de  Valori,  dans  son 
Précis  historique  sur  les  événements  de  Varennes,  a 
donné  un  récit  très  exact  et  très  détaillé  de  ce 
navrant  épisode. 

Telle  fut  la  fin  de  Tarrière-petit-flls  d'Etienne  du 
Val.  Malgré  des  fortunes  diverses  et  des  vicissi- 
tudes qui  auraient  abattu  des  hommes  moins  bien 
trempés,  Taïeul  avait  rendu  à  ses  rois  des  services 
que  rhistoire  à  enregistrés.  Le  vieillard,  massacré 
à  Varennes,  ne  fit  que  continuer  les  traditions  de 
sa  famille  en  bravant  les  fureurs  populaires,  pour 
obéir  à  des  sentiments  héréditaires  d'honneur  et  de 
loyauté. 

Les  malheurs  de  cette  famille  ne  devaient  pas 
s'arrêter  là.  Le  22  septembre  1702,  Tavant-garde  de 
l'armée  prussienne,  battue  à  Valmy,  venait  établir 
son  quartier  général  dans  un  village  qui  apparte- 
nait aux  Dampierre  et  oii  était  situé  leur  château. 
Nous  laissons  ici  la  parole  au  marquis  do  Maleissyo, 
qui  servait  dans  l'armée  de  C.ondé  el  fut  témoin  de 
l'événement  : 

«  Un  détacbemont  prussien  fut  envoyé  pour  pren- 
dre possession  du  village  et  marquer  le  logement 
du  Roi  dans  le  château  de  M"^  de  Dampierre, 
veuve  de  celui  qui  avait  été  massacré  à  la  portière 


42  KTUDK    SUR    LE   MANCSCRIT    \  \^  1N-F° 

du  roi  Louis  XVI,  au  retour  de  Varennes.  Non  seu- 
lement le  village  fut  pillé,  mais  le  château  le  fut 
aussi.  Elle  y  courut  risque  de  la  vie  et  sa  femme  de 
chambre  re(-ut  sur  la  tête  un  coup  de  sabre  qu'un 
soldat  prussien  portait  à  M"''  de  Dampierre,  que  sa 
mère  tenait  par  la  main  pour  se  sauver.  Elle  fut 
obligée,  pour  fuir,  demprunter  des  habillements  à 
une  paysanne  de  son  village.  Elle  erra  quelque 
temps  dans  les  champs,  où  elle  fut  recueillie  par 
les  chasseurs  autrichiens  de  Le  Loup,  qui  la  rame- 
nèrent chez  elle  et  la  défendirent  courageusement, 
toute  la  nuit,  contre  la  fureur  des  soldats  prussiens. 
«Le  lendemain,  le  Roi  de  Prusse  vint  habiter  ce 
château  et  vit  létat  affreux  dans  lequel  il  était. 
Le  coupable  était  facile  à  trouver,  puisqu'on  savait 
Tofficier  qui  commandait  le  détachement,  mais  on 
ne  s'en  mit  point  en  peine.  Toute  la  grâce  que  le 
Roi  fit  à  M"'*"  de  Dampierre  fut  de  lui  faire  res- 
tituer trois  des  quatre  chevaux  qui  lui  avaient  été 
pris,  et  quand  le  village  fut  totalement  pillé,  le  duc 
de  Rrunswick  fit  afficher  un  manifeste  qui  promet- 
tait sûreté  des  personnes  et  des  propriétés  à  tous 
ceux  qui  ne  se  défendraient  pas  »  fi). 

(1)  L'officier,  qu'on  ne  vouhil  })oint  punir,  était  un  capitaine 
de  hussards  «  qui  avait  laissé  piller  d'une  manière  infâme  le 
château  de  M""  de  Dampierre  »  et  qui,  forcé  cependant  par 
le  Roi  de  restituer  trois  chevaux  à  cette  dame,  osa,  en  les  lui 
rendant,  exiger  dix  louis,  à  titre  de  compensation. 

Ajoutons  que  c'est  au  château  de  Dampierre  que  fut  conclue 
la  suspension  d'armes  de  trois  jours  et  que  commencèrent  les 
pourparlers  .secrets  qui  aboutirent  aux  résultats  que  l'on  sait. 


DE    LA    BIBLIOTOÈOUK    DE    CAEN  48 

La  famille  de  Dampierre  traversa  la  Révolution 
et  survécut  à  ces  désastres:  lun  de  ses  représen- 
tants, Charles-Antoine  du  Val  de  Dampierre,  occupa 
révéclié  do  Clorniont-Forrand,  du  '2  mai  1802  jus- 
qu'en 1883. 

Le  manuscrit  de  notre  premier  annaliste,  du 
magistrat  et  du  négociant  qui  aima  les  lettres  et  les 
arts  et  leur  consacra  des  dons  généreux,  méritait, 
pensons-nous,  d'être  publié  en  entier.  C'est,  en 
même  temps  que  la  publication  d'un  document 
d'autant  plus  rare  qu'au  XVI'  siècle  ils  sont  une 
exception,  un  hommage  rendu  à  l'esprit  d'initiative 
et  de  générosité  d'un  Caennais  qui  a  droit  à  la 
reconnaissance  de  ses  concitoyens. 

G.  Vanel. 


MANUSCRIT  D'ESTIENNE  DU  VAL 


Le  mardy,  XVI*  novembre  1535,  estant  de  retour 
d'un  voiaige  de  Yspaigne,  arrivé  en  ceste  maison,  qui 
fustla  Mousche,  pour  fère  demeure  et  y  résider,  à  rai- 
son des  partages  des  biens  de  feu  mon  père,  pour 
lequel  Dieu  je  prye  le  sanctifié  ;  les  dictz  partages 
faictz  entre  nous  frères.  M'*  Pierre  (1)  et  Jacques  du 
Val  (2)  et  moy,  le  XVI'  aoust  1531,  durant  lequel 
temps  fist  bastir  le  corps  de  l'hostel  en  potence,  où  est 
assys  le  présent  contoyr  en  vouste  de  pierre,  lequel 
fust  parfaict  de  bastir  l'année  1534. 

Le  pavillon  du  boult  du  jardin,  année  1549. 

Le  dimanche,  XI*  septembre  1536,  fust  accordé  le 
mariaige  de  Loyse  Malerbe,  ma  femme,  et  de  moy, 
par  nobles  hommes  M**  Jehan  Malerbe  (3),  son  père, 

(1)  Pierre  du  Val,  frère  aine  d'Etienne,  habitait  Gaen  et  occu- 
pait la  charge  d'officier  du  grenier  à  sel.  Il  mourut  le  25  juillet 
1538. 

{•î)  Jacques  du  Val,  curé  deCursy  et  de  Plumetot,  fut  nommé, 
en  15;%,  député  du  clergé  aux  États  de  Normandie.  Il  mourut 
le  26  juillet  1543. 

(3)  Jehan  de  Malherbe,  seigneur  d'Arry,  de  Mondrainville  et 
de  Missy,  avait  été  nommé  lioutenant  général  du  bailly  de 
Gaen  en  1518.  Il  succédait  à  M°  Hugues  Bureau  et  mourut  en 
1551.  Il  s'était  marié  trois  fois  :  1»  avec  Jeanne  d'Elbœuf,  lille  de 
Jean  d'Elbœut,  sieur  de  Fourmetot,  et  de  danioiselle  de  la  Cres- 
sonnière ;  2»  avec  Marguerite  de  Moges,  tille  de  Pierre  de  Moges 


46  MANUSCRIT    D'ESïIENNE    DU    VAL 

lieutenant  général  du  sieur  bailly  de  Caën;  Jehan 
Moges  (1),  procureur  du  Roy  à  Caën;  Guillaume 
Malerbe  (2),  sieur  de  Missy  :   Pierre  Le   Bourgeois, 

escuyer,  sieur  de  Burou,  et  de  diunoiselle  Catherine  de  Berniè- 
res;  3"  avec  Jeanne  de  la  Valette  de  Troismonts. 

(1)  Jean  de  Moges,  seigneur  de  Buron  et  du  Mesnil-au-Grain, 
«  délmta  à  Gaen,  en  1535,  par  la  charge  de  procureur  du  Roy 
et  parvint  ensuite  à  la  dignité  de  lieutenant  général  du  bailly  de 
Rouen.  Le  7  juin  1548,  étant  monté  sur  sa  mule,  pour  aller  à 
son  tribunal  rendre  la  justice,  il  reçut  un  coup  de  poignard  d'un 
Italien  nommé  Hieronimo  Sarragossa.  Ce  crime  abominable 
ne  fut  puni  que  deux  ans  après  qu'il  avait  été  commis.- L'as- 
sassin expia  son  crime,  à  Cologne,  par  le  supplice  de  la  roue». 
Jean  de  Moges  était  âgé  de  50  ans  et  fut  inhumé  à  Rouen,  dans 
l'église  Saint-Michel,  qui  était  sa  paroisse.  [Éloges  des  citoyens 
de  la  ville  de  Caen,  par  J.  de  Cahaignes.  Traduction  d'un 
curieux.) 

(2)  Guillaume  de  Malherlte,  écuyer,  sieur  de  Missy,  hls  de 
Jean,  sieur  d'Arry,  lieutenant  général  du  bailly  de  Caon, 
demeurant  à  Caen,  paroisse  Saiut-Étienne-le-Vieil,  épousa  en 
premières  noces  Anne  de  Missy,  fille  de  feu  Jean  de  Missy  et 
de  damoiselle  Jacqueline  Le  Coustellier,  et,  en  secondes  noces, 
daraoisclle  Marie  d'Elboîuf,  fille  de  Richard  d'Elbœuf,  escuyer, 
sieur  des  Portes  et  de  F'ourmetot. 

Un  de  ses  fils,  qui  portait  le  même  prénom  que  son  père, 
Guillaume  de  Malherbe,  chanoine  du  Saint-Sépulcre,  prieur  de 
la  Maison-Dieu  et  conservateur  des  Privilèges  apostoliques  de 
l'Université  de  Gaen,  fut  mêlé,  on  1555,  à  une  affaire  suscitée 
contre  Ktienne  du  Val,  par  h;  Parlement  de  Rouen,  sur  une 
dénonciation  portée  contre  ce  dernier,  et  emprisonné  avec  lui. 
Voir  plus  loin. 

Par  suite  de  son  alliance  avec  la  famille  de  Missy.  cette 
branche  des  Malherbe  devint  propriétaire  de  grands  biens  dans 
la  paroisse  de  Missy,  qui  était  proche  de  la  paroisse  d'Arry. 
aujourd'lmi  dans  le  canton  de  Villers-Bocage. 


MANUSCHIT    d'KSTIENNE    DU    VAL  47 

sieur  de  Beneauvillc(l),  et  mes  deux  frères,  M**  Pierre 
du  Val,  grènetier  oudict  Caën,  et  Jacques  du  Val, 
curé  de  Curssy  et  Plumetot;  sieurs  Jehan  de  Prétou- 
ville(2),  mon  beau-frère,  et  Guillaume  Désobeaulx(3), 
mon  cousin. 

Le  samedy,  XV^  janvier  oudict  an  ir)37,  j'espousay 
la  dicte  Loys  Malerbe. 

Le  vendredy,  XVIII®  aoust  1538,  estant  à  Argentan^ 
reçeu  lettres  de  mon  dict  frère  le  grènetier,  comme 
ma  dicte  femme  avoyt  eu  ung  filz  naqui  du  jour  précé- 
dent, qui  fust  nommé  Jehan,  parle  dict  sieur  lieutenant 
général  du  bailly  Malherbe  et  mon  dict  frère  le  grè- 
netier, présence  de  damoyselle  d'Escoville,  dicte 
Hennequin  (4),  natifve  de  Paris,  et  Marye  du  Val,  ma 

(1)  Piort'P  L;^  Bourgeois  avait  épousé  Jeanne  de  Mallierbe, 
fille  de  Jean,  seigneur  d'Arry,  et  de  sa  troisième  femme,  Jeanne 
de  la  Valette  de  Troismonts.  Il  devint  ainsi  le  beau-frère 
d'Etienne  du  Val.  Pierre  Le  Bourgeois,  sieur  de  Navarre  et  de 
Beneauville,  avait  été  pourvu,  en  15'^(),  de  la  charge  de  lieute- 
nant du  bailly  de  Gaen,  en  remplacement  de  Girard  Desquay, 
sieur  de  Rapilly,  décédé  au  cours  de  la  même  année. 

(•2)  <i  En  ce  mesme  an  (1538),  décédèrent  en  ceste  ville  de  Gaen, 
NicoUas  Le  Fournier,  baron  de  Tournebu  et  receveur  des  tail- 
les :  Pierre  du  Val.  grènetier;  maistre  .Jehan  Denis  ;  Jean  et 
Gilles  de  Prétou ville  et  Barlx»  Fournier,  dicte  la  procureuse 
Mabrè,  l'une  des  plus  l)elles  femmes  de  son  temps  ».  (Recher- 
ches et  Antiquités,   par  de  Bras,  p.  127.  éd.  de  1588.) 

(3)  Guillaume  Désobeaulx,  cousin  d'Etienne  du  Val.  était 
tabellion  royal  en  la  ville  et  banlieue  de  Gaen,  avec  Jehan  de 
Foulognes. 

(4)  Nicolas  Le  Valois,  le  riche  Gaennais  auciuel  .lacqucs  de 
Gahaignes  a  consacré  son  Éloge  1",  qui  «  lisl  bastir  la  maison 


48  MANUSCRIT   d'ESTIENNE    DU    VAL 

sœur,  le  mesme  jour  que  le  dicl  enfant  fut  baptizay. 
Obist. 

Le  jeudy,  XXIIII''  aoust  1539,  que  arrivé  en  cest 
maison,  retournant  encor  d'un  aultre  voiaige  en  Yspai- 
gne,  durant  lequel  mon  dict  frère  le  grènetier  décéda 
le  XXV''  juillet  oudict  an,  et  à  mon  arrivée  trouvé  ma 
femme  fort  malade. 

Le  mardy,  XX!!!*"  septembre  1539,  mon  beau-frère 
Jehan  de  Prétouville  décéda.  Par  son  testament  et 
derraine  volenté,  signé  de  sa  main  le  samedy  IX''  aoust 
oudict  an,  me  pria  estre  seul  exéquteur  de  ses  biens, 
ainsy  qu'il  est  porté  en  propres  termes  par  le  dict  tes- 
tament, qui  ensuit: 

«  Et  le  reste  de  mes  biens,  je  les  laisse  à  Anne,  ma 
fille,  et  pour  ce  fère,  je  eslys  mes  exéquteurs  nobles 
hommes  Estienne  du  Val,  sieur  du  Moust,  et  Jehan  de 
la  Bigne,  leur  supplyant  qu'ilz  ayent  à  prendre  l'entre- 
mise et  charge  de  fère  le  contenu  de  ung  codicille, 
signé  de  ma  main,  jouxte  les  partyes  cy  contenues,  et 
supplye  mon  dict  sieur  du  Moust  retirer  ma  dicte  fille, 
sa  niepce,  pour  demourer  avecques  luy  en  attendant  sa 
bonne  fortune;  et  davantage,   prye  icelluy  sieur  du 

du  Grand-Cheval  ot  acquist  les  terres  de  Fontaine-Ktoupofour, 
d'Escovillo  et  autres...  »,  avait  épousé,  en  premières  noces, 
Catherine  Hennequin,  de  Paris.  Il  la  perdit  à  l'âge  de  25  ans, 
peu  de  temps  après  ce  baptême,  et  épousa  en  secondes  noces 
Marye  Duval,  également  de  Paris,  dont  il  eut  quatre  iils. 

M.  Dupont  avait  lu:  «  présence  de  damoyselle  de  Croviller,, 
ce  qui  altérait  complètement  le  sens  de  la  note. 


MANUSCHIT    D  KSTIRNNE    Df    VAL  4H 

Moust  qu'il  prengnc  toux  mes  biens,  tant  héréditaux 
que  mobiliers,  sans  en  fère  aulcun  inventaire,  desquelz 
je  ne  veulx  ny  (Mitcns  qu'il  en  rende  aulcun  compte  à 
quelque  personne  que  ce  soyt,  car  telle  est  ma  derraine 
voulonté  et  delTentzà  toux  mes  parentz  et  amys  do  non 
empeser,  ny  entremettre,  en  voulloyr  avoyr  aulcun 
manyment  ny  congnoissance.  Et  sy  ainsy  estoyt  que  le 
dict  sieur  du  Moust  allast  de  vye  à  décès,  je  ordonne 
et  veulx  que  le  dict  de  la  Bigne  en  prengne  ains  la 
charge.  Kn  tesmoing  de  vérité,  jay  signé  ce  présent 
de  mon  seing,  cy  mis,  le  samedy  IX"  d'aoust  1539  ». 
L'original  du  dict  testament  ce  treuva  en  ung  petit  sac 
de  cuyr  blanc  avecques  les  promesses  et  quictances 
du  sieur  de  Buron,  Nicollas  Moges;  lequel  sac  de  cuyr 
aussy  on  treuva  dedens  ung  de  toille  avecques  les 
comptes  du  dict  défunct  Prétouville  et  de  feu  mon 
frère  le  grénetier  et  moy. 

Le  mardy,  XII''  du  moys  doctobre  1539,  reçeu  let- 
tres du  Roy  par  lesquelles  m'estoyt  expressément 
mandé  me  retirer  là  par  où  estoyt  le  chancellier  Payet. 

Le  mardy,  Xlllb'  du  dict  moys  et  an,  parti  de  ceste 
ville  en  la  compaignie  d'aultres  mandés  pour  le  faict 
du  mariaige  de  ma  niepce,  lille  du  dict  i^rétouville,  et 
arrivé  à  Fontainebleau,  où  fusmes  arrestés  prison- 
niers à  la  suyte  de  la  Court,  par  le  commandement  du 
dict  Payet. 

Le  samedy,  IIII"  noveml)re  ou  dict  an  1539,  fusmes 
renvoyés  du  dict  Fontainebleau  au  chasteau  de  ceste 
ville  de  Caën,  prisonniers. 

4 


oO  MANUSCUIT    D"liSTlEMHE    DU    VAL 

Le  mardy,  III"  de  janvier  ensuyvant,  oudict  an, 
Breslay,  de  Paris,  commissaire  pour  le  laict  du  dict 
mariaige,  estant  logé  oudict  Cliasteau,  nous  renvoïa  à 
Paris,  prisonniers,  à  la  prison  de  Fourlevesque,  et, 
du  dict  lieu,  prisonniers  au  Chasteau  de  Abeville  en 
Picardye,  où  estoyt  le  Roy  ;  auquel  lieu  de  Abeville 
l'ust  donné  par  le  dict  chancellier,  avecques  conseillers 
nommés  par  commission,  l'arrest  du  dict  mariaige,  le 
samedy  XVllI''  mars  1539. 

Le derrain  de  may   1540,  par  lettres  de  dom  du 

Roy  et  de  grâce,  neantmoins  le  dict  arrest,  le  toust  est 
remys  tant  aux  honneurs  que  aux  biens,  sans  préju- 
dicier  ne  nuyre  en  aucune  choze,  comme  il  est  porté 
par  les  dictes  lettres  (1),  reçeues  et  passées  en  la  Cham- 
bre des  comptes  à  Paris,  le  XXIX*  mars  1543,  après 
Pasques. 

Le  vendredy,  premier  de  décembre  1542,  viron  six 
heures  de  matin,  ma  dicte  femme  ce  acoucha  d'une 
fille,  laquelle,  à  l'instant,  obist. 

Le  jeudy,  teste  Saincte-Anne,  XXVI''  juillet  1543, 
mon  dict  frère,  curé  de  Cursy,  M"  Jacques  du  Val, 
rendist  son  âme  à  Dieu  (2),  à  six  heures  du  soyr. 

(1)  Voir,  aux  pièces  justificatives,  l'arrêt  de  la  Cour  du  Par- 
lement de  Rouen,  du  27  décembre  1569.  Les  dates  des  trois 
lettres  patentes  accordées  à  du  Val  par  François  I"  s'y  trou- 
vent visées. 

(2)  «Ce  l'ust  ce  lUL'sme  an.  dit  M.  de  Bras,  que  ^Maislro  .Jac- 
ques du  Val,  curé  de  Gursy  (natif  de  ceste  ville,  l'un  des  pro- 
lonolaires  de  M.  le  Révérendissime  Jean,  cardinal  de  Lorraine), 


MANUSCRIT    l)"i:STlKiNiNK    Kf    VAL  M 

Le  lundy,  XX!!*"  septembre,  feste  Sainct-Mathieu 
1545,  Dieu,  par  sa  grAce,  nous  donna  ung  fîlz,  nommé 
Jacques,  par  M''  Guillaume  de  la  Lande,  receveur 
général  des  finances  ou  dict  Caën  (1),  en  la  compai- 
gnie  de  noble  homme  M*"  Pierre  T-,e  Bourgeois,  s""  de 
Béneauville,  de  ma  sœur  Marye  du  Val  et  de  ma  niepce, 
femme  du  s""  de  Buron.  Année  de  mon  âge  38'". 

Le  mardy,  XV''  aoust.  feste  Nostre-Dame  1549, 
ma  dicte  sœur  Marye  du  Val  rendist  à  Dieu  son  âme, 
six  heures  du  matin. 

Le  merquedy,  XXV"  février  1550,  viron  huict  heures 
du  soyr,  Dieu  par  sa  grâce  nous  donne  ung  filz,  nommé 
Philippe,  par  nobles  hommes  M"  Philippe  de  Nocey, 
archidiacre  et  officiai  à  Lisieux,  et  Jehan  Dannebault, 
vicomte  d'Auge,  et  damoyselles  de  Troymons  et  de 
Béneauville.  Année  de  mon  âge  43". 

Lequel  Philippe  obist  le  mardy  XXII-  septembre 
1551. 

Le  derrain  d'avril  1555.  à  Caën,  fust  donné  par 
Monsieur  l'évesque  de  Baieux  au  dict  Jacques  du  Val 
l'ordre  de  tonsure. 

Par  aultre  invention  denvye,   par  comilion   de  la 

trespassa.  G'estoyt  un  sçavant  et  bien  morigéné  personnage, 
lequel  fust  regretté  de  chascun,  et,  de  ma  part,  ie  en  eust 
un  grant  desploisir,  pour  ce  que  nous  estions  compaignons 
d'estude  et  fort  grands  amys  >>. 

(  1  )  Guillaume  de  la  Lande,  receveur  général  des  finances,  était 
l'oncle  de  Jessé  de  la  Lande,  qui  lui  succéda  dans  cette  charge, 
et  auquel  Jacques  de  Caliaignes  a  consacré  sou  Éloge  25. 


52  MANUSCRIT    \)  ESÏIENNE    DU    VAL 

court  de  Parlement  de  Rouen,  fust  mys  en  arrest  au 
chasteau  de  ceste  ville  de  Caën,  avec  les  dicts  conser- 
vateurs Malerbe  (1)  et  de  Buron-Moges,  et  de  là  con- 
duict  par  ung  greffier  au  chasteau  de  Rouen,  moy 
estant  seul  au  dict  chasteau  et  les  dicts  conservateur 
et  de  Buron,  au  vieil  Pallays  du  dict  lieu,  depuys  le 
XXII''  juillet  1555,  jusques  et  comprins  le  XXIIII^ 
octobre  ensuyvant  ou  dict  an,  que  fusmes  renvoies 
deschargés  et  absoulz  du  dict  arrest;  durant  lequel 
temps  j"ay  payey  seul,  tant  pour  la  despence  que  faitz 
articulés  extraordinairement,  la  somme  de.  850  liv, 
sans  comprendre  les  intérêts  qui  m'en  sont 
advenus, 

Ausy  que,  durant  le  dict  temps,  il  cepéryt 
devant  Dyve  ung  navyre  que  Ollivier  de 
Boullonoys  avoyt  pour  moy  faict  chargé  de 
harens  à  Dieppe,  pour  la  cargaison  duquel 
j'avoys  payé 1.400  liv. 

Et  ung  aultre  navyre  ce  péryt  en  mer  que 
le  dict  Boullonoys  avoyt  faict  chargé  en  la 
rivyère  de  Charente,  pour  la  cargaison 
duquel  navyre  j'avoys  payé,  durant  le  dict 
temps,  la  somme  de 1.250  liv. 

Plus,  il  c'est  trouvé  de  perte  en  ung 
navyre  que  envolai  en  Yspaigne,  duquel 
Jehan  Le  Comte  avoyt  la  facture  et  charge, 
de  la  valleiir  duquel  navyre  m'appartenoyt 
les  deux  tiers,  dont  j'avoys  payé  la  sùme  .     1.150  liv. 

3.800  liv. 

(1)  Guillaume  do  Malherbe,  docteur  en  droit,  chanoine  du 
Saint-Si'jiulchre.  prieur  de  la  Maison-Dieu  de  Caon.  sur  la  rési- 


MANUSCRIT   d'ESTIENNE    W    VAL  53 

Le  vendredy,  XXVII"  novembre  1556,  entre  six  et 
sept  heures  de  matin,  Dieii,  par  sa  grâce,  nous  donna 
ung  filz,  baptizé  le  samedy  ensuivant  et  nommé  Nicol- 
las,  par  noble  homme  Nicollas  Bernard,  conseiller  du 
Roy.  trésorier  et  général  des  finances  au  dict  C.aën  et 
noble  homme  Nicollas  Moges,  s""  de  Buron,  et  damoy- 
selles  de  Tournebu  et  de  Fontenay,  sœurs  de  ma 
femme. 

Durant  Tannée  1560,  fust  fect  et  basty  le  corps  de 
maison  en  potence,  avecques  large  escallier  et  cave, 
aussy  la  porte  de  derraire  à  la  rustique. 

Durant  l'année  1501  et  1562,  fust  aussy  basty  la 
maison  de  la  basse  cour,  au  droict  de  la  Halle  à  bled, 
qui  sert  de  grenier. 

(En  marge)  Le  vendredy,  sixiesme  may  1571,  iltumba 
sur  le  hault  et  couverture  de  la  dicte  maison  une  foul- 
dre  de  feu  qui  brûla  tout  le  boys  de  la  dicte  couverture, 
qui  fuz,  par  la  grâce  de  Dieu,  incontinent  extainct  (par) 
bons  secours  de  bons  voysins  et  amys  qui  montèrent 
avecques  grand  travail  au  hault  des  dicts  greniers,  qui 
tost  après  furent  réédifiés  (comme)  premièrement  et 

gnation  do  son  oncle  Jacques  de  Mosges,  conservateur  des  pri- 
vilèges apostoliques  de  l'Université  de  Gaen,  était  lils  de  Guil- 
laume de  Malherbe,  écuyer,  sieur  de  Missy.  demeurant  à  Gaen. 
paroisse  8aint-Étienne-le-Vieil.  et  de  Marie  d'Elhœuf.  C'était 
l'oncle  du  poète.  Il  était,  dit  J.  de  Cahaignes,  dans  son  18'  Éloge 
qu'il  lui  a  consacré,  une  des  lumières  de  la  collégiale  du  Saint- 
Sépulchre.  11  mourut  le  9  janvier  l.'StR. 


ùA  MANUSCRIT   D  ESTIENNE    DU    VAL 

sans  que  la  l'uye  et  volière  à  pigeons  en  fust  attaincte 
ny  endommagée. 

Le  mardy,  W"  juillet  1508,  Thomas  Coquet,  faisant 
retour  de  recepvoir  denyers  à  Allençon,  Argentan  et 
Fallaize,  suyvant  la  charge  à  luy  baillée,  fust  surprins 
à  l'issue  du  dict  Fallaize,  au  bas  des  forbourgs  et  illec 
occis,  ayant  esté  tyré  à  cheval  dedans  une  cour  et  voilé 
de  la  somme  de  4.288  liv.  18  solz  tournoys,  comprins 
3.060  liv.  5  s.  8  d.  reçeus  des  grénetiers  des  dicts  lieux 
sur  ventes  de  sel,  et  la  somme  de  1.208  liv.  13  s.  t.  des 
receveurs  particuliers,  pour  remboursement  des  taxes, 
desquelles  deux  sommes  il  n'en  a  este''  ordonné  aucune 
rescompense. 

Par  arrest  de  la  Court  de  Parlement  à  Rouen,  du 
XXIll^  décembre  15(39,  contre  Jacques  Marguerite,  filz 
Charles  Marguerite,  de  Fallaize  (1),  inhibition  et  def- 
fences  fectes  de  proposer  à  l'advenyr  injures  à  raison 
du  dict  arrest  du  XVllI'  mars  1539,  soyt  en  jugement 
ou  hors  jugement  ou  aultrement.  Le  dict  Marguerite  le 
condamne  à  25  liv.  d'amende  et  à  50  liv.  d'intérêts,  en 
réparation  vers  du  Val  et  à  tenyr  prison  jusques  au 
plain  payement,  lesquelles  50  liv.  le  dict  du  Val  a 
adjugé  laisser  à  la  communauté  des  Pauvres  Valides  à 
Rouen,  avecques  despens. 

Le  vendredy,  XV'  avril  1575.  par  lettres  d'avys  que 


(1)  Voir,  aux  pièces  justificatives,  l'arrêt  de  la  Cour  de  Rouen, 
du  27  décembre  liifV.K  concernant  cette  affaire. 


MANUSCRIT    n  ESTIKNNl!:    DU    VAL  O.) 

reçeu  le  lundy  ensuyvant,  XVIll'  du  dict  moys.  le  dict 
Jacques  du  Val  fusl  en  la  maison  de  Scipion  Sardini, 
italien,  et  entra  en  contestations  de  parolles  atrosses, 
de  sorte  que,  ayant  les  armes  à  la  main,  le  frère  du 
dict  Sardini  en  est  mort,  après  avoyr  tyré  plusieurs 
esfors  de  son  espée  sur  le  dict  Jacques  du  Val;  de 
laquelle  mort  tost  après  que  Sa  Majesté  du  Roy  fust 
pryée  pardonner  de  grâce  la  dicte  mort(l),  par  lettres 
expédiées  au  moys  de  may  ensuyvant. 

Le  dimenche.  XVllI*  aoust  1576,  je  reçeu  lettres  de 
Chaallons  portantes  advys  que  le  jeudy  IX*"  du  dict 
moys,  le  dict  Jacques  du  Val  ayant  charge  de  Sa 
Majesté  de  ordonner  sur  la  conduyte  et  gouvernement 
des  reistres.  estant  de  séjour  autour  du  dict  Chaallons. 
fust  outrajeusement  blessey  en  divers  lieux  de  son 
corps  {d'une  antre  écriture)  (2)  «  et  membres,  jus- 
ques  après  qu'il  soufl'rist  (jusqu'en)  le  jour  de  sa  mort. 
Il  reçeut  seize  playes  sur  son  corps  et  advint  cet  incon- 
vénient le  jeudy  9''  jour  d'aoust  1576,  à  III  heures 
après  midy  ». 

«  Le  mesme  jour,  mesmc  moys  1577,  ensuyvant,  le 
dict  du  Val  reçut  l'Ordre  du  Roy,  par  les  mains  de 
M.  le  mareschal  de  Cossé.  dans  la  ville  dePoictiers.  ou 


(1)  Jacques  du  Val  avait  dû  r>'f'nt'uir  et  se  réfugier  chez  le  duc 
de  Deux-Ponts:  il  y  resta  jusqu'à  ce  que  son  père  eût  obtenu 
des  lettres  de  grâce. 

(2)  Celte  t'crilure  est  celle  de  son  second  tils.  Nicolas,  con- 
seiller au  l'arlenicnt  de  Paris,  ablu'  de  Saint-Vincent  de  Scidis, 
de  Hani,  de  Moiremont.  et,  en  dernier  lieu,  de  Fontenay.  près 
Gaen. 


56  MANUSCRIT   d'ESTIENNE   DU    VAL 

premier  et  au  mesme  temps,  il  commença  à  servir  le 
Roy  en  lestât  de  gentilhomme  ordinaire  de  la  Cham- 
bre » . 

Le  mardy,  XVIP  juillet  1576,  estant  sur  le  mullet, 
au  hault  de  la  beutte  de  Mondreville,  pour  descendre 
à  la  prarye  des  prays  de  l'abaye,  la  celle  du  dict  mullet 
tourna,  de  sorte  que  mon  pied  destre  demoura  accro- 
ché dedans  l'estrier  sur  le  hault  de  la  dicte  celle,  mon 
corps  renversé  sur  la  terre  le  temps  de  plus  de  demye 
heure,  jusques  à  ce  que  ung  homme  estant  au  long  du 
dict  prays,  fenant  foins,  advisant  le  dict  mullet.  accou- 
rult  par  la  grâce  de  Dieu  me  secourir  et  tyra  mon  dict 
pied  hors  du  dict  estrier,  le  dict  mullet  ne  ce  remuant 
aulcunement,  néantmoins  la  challeur  du  temps  et  mous- 
ches  de  saizon.  que  après  je  montay  dessus  iceluy. 

Le  merquedy,  XXVIF  febvrier  1577,  estant  party  du 
matin  de  ceste  maison,  allant  au  dict  Mondreville,  sur 
une  haquenée,  entrant  au  parc  du  dict  lieu,  je  montay 
sur  le  dict  mullet,  me  pourmenant  le  long  de  la 
muraille  et  le  fossey.  vers  Grainville;  voulans  passer 
au  boult  des  dicts  ibssez,  le  long  du  jardin  plantey  en 
pommiers  pour  passer  sur  une  petite  sente,  les  piedz 
de  derraire  du  dict  mullet  coulèrent  au  Ibndz  du  dict 
fossey,  la  celle  renversée,  mon  pied  destre  acroché  à 
l'estrier,  le  tyrant  à  force  de  i)ranler  la  jambe,  mon 
corps  tomba  tout  renversé  dedans  le  dict  fossey  pres- 
que plain  d'eau,  de  sorte  que  je  en  fuz  tout  couvert 
jusques  à  la  gorge  et  à  l'ouye,  les  bottes  plaines  et 
manteau  que  javoys  prins  le  matin  à  raison  du  froyt  et 


MANUSCRIT    d'eSTIENNE    DU    VAL  57 

grandes  bruynes  qui  estoyent  en  l'air,  sy  fortes  qu'on 
ne  voyoit  riens  que  de  fort  prez,  qui  empescha  que  le 
vallet  qui  me  pcnsoyt  suyvre,  après  qu'il  eust  mys  la 
dicte  liacquenée  à  l'escurye,  ne  pult  me  retrouver  où 
jostoys  ainsy  renversey  les  yeulx  en  hault.  implorant  à 
haulte  voix  la  grâce  de  Dieu,  prest  à  luy  rendre  mon 
âme;  lorsque  ma  dicte  voix  fust  entendue  d'umg  mien 
vallet  qui  passoyt  par  le  chemyn  de  l'autre  costey  de  la 
dicte  muraille  du  dict  parc,  qui  fust  incontment  esmeu 
de  ma  dicte  voix,  a  passé  par  force  par-dessus  la  dicte 
muraille  ;  me  voyant  ainsy  à  l'eaue,  ce  efforça  m'en  tirer 
avecques  l'ayde  de  l'autre  vallet  qui  advisa  le  dict 
mullet  qui  n'avoyt  bougé  sur  le  hault  du  dict  fossey, 
où  il  c'estoyt  dressay  à  demeurer,  jusqu'à  ce  que  le 
dict  vallet  le  fist  repasser  le  long  de  la  dicte  muraille 
que  je  remontey  avecques  grande  paine,  sans  manteau, 
les  nerfs  des  bras  et  jambes  fortz  retirés  du  grand  froyt 
qui  se  porte,  depuis  dix  heures  jusques  à  midy,  les 
yeulx  et  la  bouche  couverts  de  la  dessus  dicte  bruyne. 
que  je  fuz  apportey  par  le  dict  mullet  à  la  cuysine  de 
l'entrée  du  dict  parc,  où  je  demouré  jusques  au  lende- 
main sans  prendre  aucune  nourriture;  par  la  grâce  de 
Dieu  que  me  trouve  en  Ijonne  disposition  à  mon  âge  de 
soixante-dix  ans  escheu  en  mars  ou  dict  an. 

[iJe  l'ccrilure  si^milcc  p/us  haut).  «  Le  seiziesme 
janvier  1578.  le  dict  sieur  de  Mondreville.  mo  prre. 
fust  prins  d'un  mal  de  coste,  avec  ditliculté  d  aleine  et 
le  XIX'  ensuyvant,  qui  fust  le  dimanche,  à  huit  heures 
du  soir,  il  rendit  son  âme  à  Dieu  ». 


OSMOSNES    ET    DONAONS    FETES    PAR    LE    DICT 

EsTiENNE    Du   Val,    des    héritages    et 

RENTES  QUI  ENSUYVENT  ET  DE  l'aCQUISITION 
des    DICTZ    HÉRITAGES. 


Héritages  assis  à  Carpiquet. 

Acquisition  faicte  par  Jehan  Duval  de  M'  Thomas  Le 
Marchant,  escuyer,  s'  du  Rozel,  devant  Jehan  de  Cussy 
et  Nicolas  Corderoy,  tabellions  en  la  sergenteriedOyes- 
treham  et  Bernières,  le  douziesme  jour  de  i'ebvrier, 
l'an  MV05,  d'une  masure,  cour  et  jardin  et  ses  appar- 
tenances, ainsy  que  le  tout  s'estend  en  long-  et  en  larg'e, 
assis  en  la  parroisse  de  ('arpiquet,  en  la  place,  conte- 
nant six  vergées  de  terre  ou  environ,  jouxte  les  hoirs 
ou  ayants  cause  du  Perrin-Hue,  d'une  part,  etlesQuies- 
deville  d'autre  ;  bute  d  ung  bout  sur  la  dite  place  et 
d'autre,  sur  le  chemin  de  la  Motte,  avecques  toutes 
autres  terres,  comme  le  dict  sieur  disoit  lui  compéler 
et  appartenir,  situé  et  assis  au  terroir  du  dict  lieu  de 
Carpiquet,  sans  en  faire  aucune  exception  ne  retenue, 
ce  qu'il  disoit  monter  jusques  au  nombre  de  25  à  26 
acres  de  terre  ou  plus,  par  le  prix  de  254  liv.  tourn. 
Sellon  la  lettre  de  ce  fête  y  recours. 


MANUSCRIT    d'eSTIENNE   DU    VAL  59 

Le  dixiesme  jour  de  mayMVXXXX.  devant  Michel 
Desobeaulx  et  Jehan  de  Verolles,  tabellions  es  mectes 
de  la  sergenterie  de  Cheulx,  vénérable  personne 
M''  Jacques  Du  Val,  curé  de  Cursy.  auquel  appartenoit 
par  son  loth  et  partag-e  faict  entre  luy,  M'"*'  Pierre  et 
Estienne  dictz  Du  Val,  ses  frères,  les  héritages  cy- 
dessus  mentionnés,  vendy  ilceux  héritages  à  Nicolas 
Le  Fauconyer,  bourgeois  de  Caen.  par  le  prix  de  six 
cents  livres  tournois,  lesquelz  ont  été  retirés  et  acquis 
du  dict  Le  Fauconyer,  par  clameur  de  marché,  de 
bourse,  à  droict  de  sang  et  lignage,  par  ledit  Estienne 
Du  Val,  frère  dudit  M''  Jacques  Du  Val,  devant  les 
tabellions  de  Caen,  le  11'  jour  de  may,  l'an  MVXLII. 

Et  du  depuys,  iceux  héritages,  contenant  26  acres 
de  terre  ou  environ,  et  toutes  les  rentes  appartenant 
audit  Du  Val,  en  ladite  parroisse  de  Carpiquet.  réservés 
douze  boisseaux  de  froment  de  rente  à  prendre  sur 
Jehan  et  Thomas  dicts  Le  Tellyer,  ont  esté  baillés  en 
eschange,  par  le  dit  Estienne  Du  Val,  au  Prieur  et 
Religieux  de  Sainte-Croix  du  dit  Caen  ;  sellon  et  pour 
les  causes  et  plan  mentionnés  au  contrat  du  dit 
eschange.  dont  mention  est  fête  au  chap.  cy-devant  de 
Tacquisition  fête  par  le  dit  s""  Du  Val  des  dits  Religieux, 
dune  portion  de  jardin. 


La    maison    qui    fut    Mauny.    en   la    parroisse 
St-Estienne   de   Caen. 

Autre  acquisition  faicte  j)ar  retraict  de  marché  de 
bourse,  au  nom  de  Pierre  Bacheley  et  sa  femme,  par 


60  MANUSCRIT   d'eSTIENNE    DU    VAL 

Jehan  DuVal,d'unemaisonà  plusieurs  combles,  cours, 
avecques  toutes  ses  appartenances,  jouxte  Geor- 
ges Lespiné,  d'une  part,  et  M*"  Hugues  de  Neufmois, 
d'autre;  bute  d'un  bout  sur  la  grand'rue,  tendante  à  la 
porte  St-Estienne,  et  d'autre  sur  la  rue  des  Prés, 
jurée  et  décrétée  à  la  requeste  de  damoiselle  Guille- 
mine  Guernon,  veuve  de  Eslienne  de  Mauny;  en  vertu 
de  ses  lettres  héréditales  de  l'obligation  du  dict 
Estienne;  selon  le  décret  faict  le  29"  jour  de  mars 
avant  Pasques,  l'an  1518,  y  recours  sy  mestyer  est, 
adjugé  à  Marin  Le  Goullu,  au  prix  de  260  liv..  pour 
retraict  faict  le  4"  jour  d'avril  avant  Pasques,  au  dit  an. 

La  dicte  maison  est  subjecte,  par  le  dict  décret,  et 
sellon  Testât  diceluy,  faict  le  24"  jour  de  may  de  Tan 
1519,  à  M""  Pierre  Daléchamps  et  sa  femme,  à  cause  de 
lafdle  du  défunct  Paulin  Le  Villain,  en  40  solz  de  rente 
foncière,  duquel  nombre  de  40  solz  de  rente  par  appoin- 
tement  faict  avecques  le  dict  Daléchamps  le  16''  jour 
de  janvier  l'an  1521,  devant  les  tabellions,  en  a  esté 
acquité  etadmorty  six  solz,  8  deniers,  de  rente,  à  raba- 
tre  sur  les  dicts  quarante  solz  et  par  ainsy,  ne  demeure 
plus  sur  la  dicte  maison  que  33  solz,  4  den.  tournoys 
de  rente,  par  condition  de  les  pouvoir  bailler  en  suffi- 
sante assiette  et  en  rente  foncière,  en  une  partie,  en 
ceste  ville  aux  forbourg  de  Caen,  toutesffois  qu'il 
plaira  au  dict  s'  Du  Val. 

I^a  dicte  maison  est  subjecte,  par  Testât  du  dict 
décret,  à  Guillaume  Ballargent,  s'  de  Sainct-Bégnin, 
par  reconnaissance  des  loths  faicts  entre  Jean  Marot 
et  Richard,  ditz  Ballargent,  frères,  selon  iceux,  en 
100  solz  de  rente  foncière. 


MANISCHIT    d'eSTIENNE    Dl'    VAL  61 

Laquelle  rente  de  cent  solz  a  esté  racquitée  et 
admortye  du  dict  de  Sainct-Bégnin,  par  sa  cédulle 
faicte  audict  s-"  M«  Pierre  Du  Val,  le  27  aoust  1523. 

Laquelle  maison  a  esté  fieffée  par  les  dict  Maistres 
Pierre.  Jacques  et  Estienne  dicts  DuvaL  frères,  à 
Loys  de  MouUes,  de  la  parroisse  de  St-Estienne 
de  Caen,  par  vingt  iiv.  tonrnoys  de  rente,  païables  à 
la  St-Jehan-Baptiste  et  Noël,  par  moictié,  sellon 
le  contrat  de  ce  faict  et  passé  devant  Guill  Deso- 
beaulx  et  Jehan  de  Foulognes,  son  adjoint,  tabellions 
royaux  en  la  ville  et  banllieue  du  dict  Caen,  le  27 
novembre  1535. 

Du  nombre  de  laquelle  rente  de  20  Iiv  tournoys,  en 
a  esté  donné  et  osmoné,par  le  dict  s""  Estienne  Du  Val, 
au  trésor,  curé  et  huict  prestres  fondés  en  l'église 
N.-D.  de  Froideriïe  du  dict  Caen,  la  somme  de  16  Iiv. 
10  solz  tournoys,  à  avoir  et  prendre  sur  le  dict  Loys  de 
Moulles,  à  cause  d'icelle  fieffé  de  laquelle  les  lettres  ont 
esté  baillées  par  le  dict  Estienne  Du  Val  aux  dictz  tré- 
soriers, curé  et  prestres,  à  la  charge  d'en  ayder  aux 
prestres  et  trésor  de  l'église  de  St-Pierre  du  dict 
Caen,  pour  soy  faire  payer  de  70  solz  tourn.  do  rente, 
restant  des  dictes  vingt  livres  de  la  dicte  donation  et 
osmône  faicte,  parce  que  les  dictz  trésoriers,  curé  et 
prestres  de  Froideriie  sont  et  demeureront  subjects  à 
perpétuité  dire,  chanter  et  célébrer  en  la  dicte  église, 
par  chacun  an,  deux  obits  et  messes  à  nottes,  l'une 
desquelles  et  obit  seront  dictz  annuellement,  le 
1"  vendredy  du  moys  de  juin  et  l'autre,  le  quinziesme 
prochain  ensuivant,  mesme  demeurant  subjects  les 
dictz    curé    et   prestres    de    Froideriie    à    perpétuité 


62  MANUSCKiT  d'estiknni;  du  val 

chanter  et  célébrer  deux  basses  messes  par  chacun  an 
aux  jours  de  lundy  et  vendredy,  huict  heures  du 
matin,  sellon  qu'il  est  porté  par  le  contrat  de  ce  faict 
et  passé  devant  Denys  de  la  Haye  et  Michel  Dutout, 
tabellions  à  Caen,  le  pénultième  jour  de  décembre  1544. 
Le  reste  de  la  dicte  rente  et  fietre,  montant  à  soixante- 
dix  solz  tournois,  a  esté,  par  semblable  lettre,  donné 
et  osmôné  par  le  dict  Du  Val  aux  curé  et  prestres  de 
St-Pierre  de  Caen,  à  la  subjection  de  célébrer  ung 
obit  et  haulte  messe,  la  veille  Ste-Anne.  par  chacun  an, 
à  l'intention  du  dict  Du  Val;  comme  il  appert,  par 
lettres  passées  devant  tabellions  au  dict  Caen,  en  date 
du  12'' jour  de  mars,  l'an  1544. 

Le  samedy,  vingt-un""'  de  septembre,  l'an  1549, 
jour  et  feste  de  St-Mathieu,  a  esté  osmôné  aux  s" 
curé  et  prestres  fondés  en  l'église  Nostre-Dame  de 
Froideriie  du  dict  Caen,  la  somme  de  vingt-deux 
livres,  dix  solz  tournois  de  rente  à  avoir  et  prendre, 
assavoir  :  sur  Nicollas  et  Nicollas,  dictz  Gringallet,  et 
Jehan  de  la  Noe,  de  St-Pierre  de  Caen,  dix  livres 
tourn.  de  rente,  par  lettres  passées  dev.  les  tabellions 
à  Caen,  le  15'' jour  de  mars  1545. 

Autres  dix  livres  de  rente  à  prendre  sur  Gilles 
d'Allemagne  et  Agnès,  sa  femme,  par  lettres  passées 
dev.  les  tabellions  à  Caen,  le  28  décembre  153G,  et 
50  solz  tourn.  de  rente  à  prendre  sur  Thomas  Le 
Tellier,  de  St-Nicollas  de  Caen,  par  lettres  passées 
devant  les  tabellions  à  Caen,  le  24  juillet  1515,  à  la 
charge  et  subjection  des  dictz  trésoriers,  curé  et  pres- 
tres fondez  à  perpétuité,  de  dire,  chanter  et  célébrer 


MANUSCKIT    d'KSÏIENNE    DU    VAL  63 

en  la  dicte  église,  par  chacun  an.  ung  obit  et  messe  à 
notte.  les  jours  et  lestes  St-Mathieu,  en  septembre, 
et  3  basses  messes  par  clia(;un  an,  aux  jours  de  dimen- 
che,  mercredy  et  jeudy,  (S  heures  du  matin,  chacune 
semaine  de  Tannée,  sellon  qu'il  est  porté  par  les  lettres 
d'icelle  osmône  et  fondation,  faictes  et  passées  devant 
les  tabellions  de  Caen,  le  21'"  jour  de  septembre  au 
dictanl549;  par  lesquelles  lettres  aussy  appert  que 
le  dict  trésor  demeurera  subject  chacun  an,  à  perpé- 
tuité, le  jour  de  lobit  (jui  est  célébré  le  jour  St- 
Mathieu,  en  septembre,  fournir  et  mettre  es  mains  du 
fondateur  et  ses  héritiers  40  solz  tournois  pour  les 
donner  et  distribuer  aux  pauvres  ou  les  employer 
ainsy  qu'il  verra  bon. 

Item,  le  dict  Estienne  Du  Val,  par  contrat  passé 
devant  Guill.  Cœuret  et  Nicollas  Deslandos,  tabellions 
à  Caen,  le  4''  jour  d'avril  1555,  donna  et  osmôna  aux 
trésor,  cucé  et  huict  prestres  fondés  en  l'églize  Nostre- 
Dame  de  Froiderûe.  12  livres  tourn.  de  rente,  qu'il 
leur  assigna  à  avoir  et  prendre  sur  les  personnes 
dénommées  au  dict  contrat,  affin  que  le  dict  trésor 
soit  et  demeure  subject  à  perpétuité  faire  chanter  et 
célébrer  à  la  dicte  églize  par  le  curé  ou  l'un  des  8  pres- 
tres fondés,  pour  et  à  l'intention  du  dict  Du  Val,  ses 
parents  et  amys,  tant  vivans  que  trespassés  (1).   par 

(1)  La  chapelle  des  du  Val,  dans  l'église  de  Notre-Dame  de 
Froiderûe.  était  la  seconde  à  gauche,  en  entrant.  On  lit,  sur  le 
mur,  cette  inscription  bizarre: 

Un  lieu  de  santé  —  Daniel  est  venu  —  D'ennui  t'es  lavé 
A  tu  es  un  délien  —  Nul  a  ta  devise  —  La  est  tm  en  Dieu 

Ces  belles  choses  ont  été  gravées  sur  la  pierre  qui  les  conser- 


64  MANUSCRIT    d'ESTIENNE   DU    VAL 

chacune  sepmaine  de  l'an,  aux  jours  de  mardy  et 
samedy  à  10  heures  attendant  11,  deux  basses 
messes,  et,  à  h\  fin  de  chanine  desquelles  dire  Libéra, 
de  Prol'undis  et  les  oraisons  accousluniées.  sur  les 
sépultures  des  père  et  mère  du  dict  Du  Val  et  faire 
préalablement  que  commencer  les  dictes  messes  son- 
ner six  coups  de  closche,  pour  advertir  les  dicts  fon- 
dateurs, ses  successeurs  et  le  peuple  qui  aura  dévotion 
ouyr  les  dictes  messes;  et  fournira  le  trésor  le  lumi- 
naire, calice  et  ornemens;  de  ce  est  requis  et  de  payer 
au  preslre  à  la  fyn  de  sa  messe  deux  solz  tournois, 
que,  à  la  raison  de  la  dicte  fondation  et  de  la  précé- 
dente, seront  le  dict  trésor,  curé  et  prestres  fondés, 
subjects  dire  chacun  jour  de  la  sepmaine,  une  messe 
à  la  dicte  heure  de  11  heures  de  matin. 

Oultre,  le  dict  Du  Val  adonné  etosmôné  par  le  dict 
contrat  au  dict  trésor  4  liv.  tourn.  de  rente  à  prendre 
sur  les  personnes  y  dénommées,  parce  que  le  dict  trésor 
sera  subject  à  perpétuité  fournir  et  quérir,  par  chacun 
an,  le  jour  de  Pasques,  en  la  dicte  ég-lise,  le  vin  qui 
sera  administré  au  peuple  après  avoir  connnunié  et 
reçeu  le  sainct  sacrement  de   1  autel,  sellon  que  du 


ve.  comme  l'indique  le  millésime  qui  les  surmonte,  en  1575. 
Raymond  Bordeaux  remarqua  le  premier  que  ces  combinaisons, 
plus  ou  moins  spirituelles,  sont  formées  avec  les  treize  lettres 
dont  se  composent  le  nom  et  le  prénom  d'Estienne  du  Val. 

Les  jetons  de  cette  famille  offraient,  dès  l'année  1551,  cette 
autre  combinaison  :  D'envie  en  salut. 

On  sait  qu'une  variante:  Eti  salut  d'envie,  était  t^ravée  sur 
un  médailldu  de  l'Iiùli'l  cnnstiuil  l'ti  15(K). 


MA.NLSCKIT    D  KSTIF.NNF.    I)L     VAL  Oo 

tout  plus  ample  mention  est  faicte  au  dict  contrat  y 
recours. 

Item,  le  dict  F.stienne  Du  Val  a  donné  et  osmôné 
aux  Prieur  et  Relligieux  de  Ste-Croix  de  Caen, 
10  liv.  8  solz  six  deniers  tourn.  de  rente,  comprins  en 
ce.  tt  boisseaux  de  fourment  de  rente,  hypothéqués  à 
2  solz  pour  chacun  boisseau,  à  avoir  et  prendre,  chacun 
an,  en  plusieurs  partyes.  sur  les  personnes  y  dénom- 
mées au  contrat  de  la  dicte  donation  passé  devant 
M*'  Adrien  Gossaume.  notaire  royal  au  dict  Caen,  le 
9*  jour  d'octobre  1546,  à  la  subjection  des  dicts  Prieur 
et  religieux  de  faire  dire,  chanter  et  célébrer  en  l'église 
de  Froidcriie  de  Caen,  1  basses  messes  par  chacune 
sepmaine  de  Tan.  aux  jour  de  mardy  et  sabmedy.  en  la 
chapelle  du  dict  s'  Du  Val  et  aux  réservations  y  con- 
tenues, à  commencer  à  jouyr  des  dictes  partyes  de 
rente  au  terme  St-Michel  1547  ;  lequel  Du  Val  a  payé 
présentement  comptant  aux  dicts  religieux.  10  livres 
pour  la  dernière  année  des  dictes  deux  messes,  échues 
à  la  St-Michel  dernière  et  leur  a  présentement  baillé 
les  lettres  des  dictes  partyes  de  rente,  à  la  charge  de 
lui  en  ayder  toutetfoys. 

Oultre.  les  dicts  religieux  ^ont  subjects  dire  et  célé- 
brer chacune  sepmaine,  aux  jours  de  lundy  et  jeudy, 
deux  messes  basses  à  lintention  du  dict  Du  Val.  pour 
les  causes  mentionnées  au  contrat  deschange  faict 
entre  eulx,  dont  est  devant  traité  f°  10. 

Donation  fête  pour  la  fondation  du  Puy  à  tenir  par 
chacun  an,  le  jour  et  feste  de  la  Conception  Nostre- 
Dame.  le  Puy  d  icelle  Conception  à  la  maison  des 

6 


t>6  MANUSCRIT    D'ESTIENNK    DU    VAL 

frères  religieulx  de  S t- François- Cordelliers  de  Caen: 

«  Universis  présentées  litteras  inspecturis  Jacobus  Le 
Porcher  (1),  sacris  in  litteris  Baccalaurcus,  Rector  iini- 
versorum  magistroriim,  doctor  et  scholasticorum 
Cadomi  studentium,  salutem  in  domino  sempiternam. 

«  Quoniam  ut  ait  Seneca  non  amicitia  sed  veritate 
reddendum  est  testimonium  hinc  est  quod  nos  non 
amicitia  aut  favore  sed  veritati  adducti,  verum  perhi- 
bemus  testimonium  quod  anno  domini  sesquimilles° 
quinquagesimo  septimo,  die  sexta  novembris,  convenit 
Universitas  Cadomensis  in  aedem  Franciscanam  atque 
locum  solitum  comitiis  in  hac  die  légitime  indictis, 
prout  semel  atque  iterum  conclusum  l'uerat,  primum 
in  domitiolis  eodem  anno  decimo  octavo  octobris  habi- 
tis,  deinde  in  congregatione  celebrata  vicesimo  sexto 
octobris  ;  nempe  et  de  principatu  podii  aliquid  certi 
tandem  concluderetur,  deque  conditionibus  scriptis  ab 
illustri  viro  Stéphane  Du  Val  Moudre"'",  domino,  Aca- 
démie Cadomensi  oblatis,  ut  in  perpetuum  ejusdem 
podii  princeps,  velut  quodam  jure  hereditario,  desi- 
gnaretur  et  eligeretur;  patrum  sufïragio  sic  qui  quod 
œquum  esset  ac  bonum  decerneretur,  ac  inter  Univer- 
sitatem  et  dictum  Duval,  iisdem  conditionibus,  si  ita 

(1)  Jacques  Le  Porchier  [porcarius],  bachelier  en  théologie, 
fut  élu  recteur  le  S  octobre  l.">57  et  fut  remplacé,  le  24  mars  1558, 
par  (lodofroy  Le  Laboureur.  A  celte  époque,  les  recteurs 
restaicïiil  six  mois  en  exercice:  ces  fonctions  ne  devinrent  tri- 
mestrielles qu'en  101(3.  11  fut  réélu  en  mars  1582. 

Jacques  \a'  Porchier  avait  un  frère,  Nicolas  Le  Porchier, 
comme  lui  bachelier  en  théologie,  qui  avait  été  élu  deux  fois 
recteur,  le  3  octobre  1536  et  le  17  mars  1543.  Il  est  qualifié,  la 
seconde  fois,  professeur  en  lhéolo{i;i('. 


MANUSCRIT    d'eSTIENNE    DU    VAL  (57 

vidoretur,  transigeretur.  Perlecta  itaque  contractus 
formula,  in  qua  supra  commemorata  conditiones 
describuntur,  rogati  sunt  sententiam  a  rectore  singu- 
lorum  ordinum  proceres  ac  magistri.  qui  lum  illic 
aderant. 

«Hii  autemerant  venerandus  vir,  magister  Johannes 
du  Verger  (1),  ordinis  theologiœ  decanus  cum  aliquot 
theosophiœ  professoribus.  houorandus  atque  eximius 
vir,  magister  Tanneguy  Sorinus  (2),  juris  canonici 
antesignanti  ;  magister  Rodolphus  Hérault  (3),  in 
utroque  jure  licentia,  juris  civilis  prodecanus,  magis- 
ter Johannes  Onf'roy(4).  medicorum  coryphœus.  cum 
multis  suae  facultatis  doctoribus,  magister  ^Egidiusde 


(Il  Jean  du  Voi'tcier,  licencié  en  tiiéologie  et  professeur  de 
théologie  in  supra  7nunfiana  Facultate  theologiœ,  avait  été 
élu  recteur  le  1"  octobre  1526  et  le  2'i  mars  15;:!4. 

(2l  Tanneguy  Sorin.  de  Lessay.  en  (Jotcntin.  professeur  aux 
droits,  devint  conseiller  au  siège  présidial  de  Gaen,  lorsque  ces 
charges  furent  créées  en  1552.  C'est  l'auteur  bien  connu  des 
Commentaires  sur  la  coutmne  de  No)'niandie. 

(3)  Rodolphe  Hérault,  docteur  es  droits,  professeur  de  phy- 
sique au  collège  du  Bois,  curé  de  Saint-Ouen  de  Caen,  fut 
quatre  fois  recteur,  de  1540  à  15G3. 

Il  resta  recteur  pendant  trois  semestres,  du  24  mars  1562  au 
24  octobre  1563,  fait  qui  ne  s'était  jamais  produit  et  qui  ne  se 
renouvela  pas.  Les  ravages  des  guerres  religieuses  avaient,  à 
cette  époque,  écarté  de  la  Faculté  maîtres  et  élèves,  et  ce  fut 
à  la  lin  de  l'année  1563  que  les  cours  purent  se  reformer. 

(4)  Jean  Onfroy,  sieur  de  Gardronney,  docteur  en  médecine, 
avait  été  élu  recteur  le  17  mars  1553.  II  mourut  le  13  aoiit  1583. 
Jacques  de  Cahaignes  a  fait  son  Éloge.  Il  avait  un  tils,  Etienne 
Onfroy,  docteur  en  médecine  et  maître  es  arts,  qui  devint  aussi 
recteur  en  158<J. 


68  MANUSCRIT   d'ESTIENNE   DU    VAL 

Housteville  (1),  artium  decanus  ac  sui  quidem  ordinis 
ma^istri,  quorum  major  pars  ensuyt,  superius  comme- 
moratas  conditiones  a  dicto  Duval,  ut  prsedictum 
est,  oblatas,  ei  placere  easque  firmas  ac  ratas  velle 
habere,  ideoque  recipere  cum  gratiarum  actione  iis- 
dem  cum  dicto  Duval  esse  transigendum,  ea  tamen 
lege  ac  conditione  ut  idem  Duval  suam  pnestet  obliga- 
tionein  quemadmodum  et  Universitas  suam,  nempe  ut 
sit  utriusque  et  Universitatis  et  Duval  mutua  ac  reci- 
proca  obligatio,  idque  addendum.  expressis  verbis, 
in  formula  contractus  (s'ensuyt),  et  sic  a  majori  parte 
conclusum  est  per  rectorem  transigendum  esse  cum 
dicto  Duval,  postrema  illa  conditione  de  mutua  obli- 
gatione  in  formula  contractus  addita. 

«Quod  etiam  factum  est  in  ipsa  congregatione  per 
rectorem  ac  supra  commemoratos  et  Hérault,  prode- 
canuin  dicti  Universitatis:  anno  et  die  supra  dictis; 
in  quorum  omnium  fidem  et  testimonium  liis  prœsenti- 
bus  litteris  sigillum  Rectoriatus,  una  cum  signo  scribe 
dictae  Universitatis  duximus  apponendum. 

«Datum  Cadomi,  in  congregatione  generalli  ejusdem 
Universitatis,  anno  et  die  predictis». 

Ensuyt  par  ordre  les  articles  du  dict  contrat  : 
Premi«"*rement,  pour  la  célébration  de  la  dicte  con- 
vention. Messieurs  les  Recteurs,  doyens  et  bedeaulx 
des  cinq  facultés  de  la  dicte  Université  se  assemble- 
ront en  habit  de  doyen,  en  chappes,  et  chapperons. 


(Il  (iilli's  (ie  Housteville  {^yidius),  bachelier  en  tliéolo^îie  et 
maître  es arls.  avait  été  élu  recteur  le  l'j  mars  irw'il. 


MANUSCRIT   d'ESTIENNE    DU    VAL  69 

une  heure  après  midy,  au  lieu  pour  ce  préparé,  aux 
Cordeliers,  où  assistera  le  dict  fondateur,  ou  son 
héritier,  comme  prince  du  Puy,  et  au  lieu  et  place 
accoustumé  pour  iceluy,  pour  ouyr  la  lecture  des 
dittes  compositions  qui  s'offriront  et  icelles  recevoir; 
puis,  les  dicts  bedeaulx  servans  à  la  police  pour  y  . 
faire  garder  Tordre  et  le  silence  requis. 

Item,  seront  nommées  par  les  dicts  sieurs  Recteurs 
et  Doyens  et  par  le  dict  prince  ou  son  héritier,  avant 
que  partir  du  dict  lieu,  six  personnes  doctes  et  de 
suffisant  sçavoir,  trois,  par  les  s""*  de  l'Université, 
desquels  le  Recteur  sera  lung,  et  trois  par  le  prince  ou 
son  héritier.  Lesquels  six  seront  par  le  prince  prins 
par  serment  qu'ilz  n'auront  faict,  corrigé  ou  baillé 
argument  aux  dicts  compositeurs  et  que  les  dicts 
compositeurs  ne  seront  leurs  parents  ny  alliés  et  les- 
quels s'assembleront  dedans  le  samedy  ensuyvant, 
présence  du  dict  Recteur  et  du  dict  fondateur,  en  une 
chambre  du  couvent  des  dicts  Cordeliers,  qui  leur 
sera  à  ceste  fin  préparée,  pour  veoir,  examiner  et 
juger  les  dictes  compositions  et  en  adjuger  les  prix  à 
ceulx  qui  les  mériteront,  et  lequel  jugement  sera  par 
les  dicts  Recteurs  et  fondateur  ou  son  hoir  principal 
conjointement  conclud  et  les  prix  et  loiers  adjugés  à 
ceulx  qui  auront  h^  plus  de  voix  et  où  les  voix  des 
juges  seront  en  ('qualité'.  \e  dict  fondateur  ou  son  hoir 
principal  déclinera  en  (juelle  part  qu'il  vouldra  pour 
arrests. 

Kt  le  dimenche  ensuyvant,  les  dicts  s'^  Reclturs. 
doyen,  juges  et  bedeaulx  s'assembleront  au  cloistre 
des  dicts  Cordellicrs.  ainsy  qu'il  a  esté  faict  par  cy- 


70  MANUSCRIT    d'ESTIENNE   DU    VAL 

devant,  pour  délibérer  publicquement  aux  victorieux, 
présence  du  dict  prince,  estant  en  sa  place,  ou  son 
hoir,  comme  dict  est,  les  enseignes  de  leur  victoire. 

Et  ce  faict,  seront  les  compositeurs  auxquels  aura 
esté  adjugé  les  prix  et  débatu,  et  les  bedeaulx  de 
l'Université  subjects  convoyer  le  prince  jusques  en  sa 
maison  et  icelle  rendre  et  restituer  les  dictes  enseignes 
qui  seront  redimiez  par  les  prix  cy-après  déclairés, 
lesquelz  seront  payez  comptant  par  le  receveur  d'icelle 
Université,  présence  du  dict  prince. 

Et  pour  satisfaire  à  l'entretainement  de  la  dicte  fon- 
dation et  choses  cy-devant  déclarées,  le  dict  Estienne 
du  Val  a  donné  et  par  ces  présentes  de  son  bon  voul- 
loir,  donné  par  pure  et  libéralle  donation  entre  vifs,  à  la 
dicte  Université,  la  somme  de  XXII  liv.  tournoys  de 
rente  à  avoir  et  prendre,  par  chacun  an,  à  sçavoir: 
12  liv.  tournoys  en  deux  partyes,  sur  noble  homme 
Jehan  de  La  Mariouze,  sieur  de  Gonneville;  sellon  les 
lettres  de  la  vente,  Tune  en  datte  le  dix-neufvies* 
d'octobre  1.54.3,  montant  cent  solz  de  rente,  et  l'autre 
montant  sept  liv.  tournoys,  en  datte  le  XIX*^  de  décem- 
bre 1543,  et  X  liv.  de  rente  sur  M*  Parisy-Baillehache, 
sieur  de  Ranville,  ses  hoirs  ou  ayant  cause,  sellon  les 
lettres  de  la  vente  en  datte  le  seiziesme  de  juillet 
1546,  lesquelles  lettres  présentement  ont  esté  baillées 
à  M*  Jehan  Le  Portier,  scribe  de  la  dicte  Université, 
j)résent  pour  les  bailler  au  receveur  de  la  dicte  Uni- 
versité, pour  (!n  recueillir  les  arérages  qui  en  esché- 
ronl  à  l'advenir,  à  la  charge  des  conditions  contenues 
en  icelle  et  dont  j)our  commencer  à  cesle  prochaine 
feste,  comme  dict  est,  le  dict  du  Val  advancera  une 


MANUSCRIT    d'ESTIENNE    DU    VAL  71 

année  des  dictes  rentes.  Et  au  cas  où  la  dicte  rente  ou 
partye  d'icelle  sera  racquittée  ou  admortye,  elle  sera 
remployée  en  semblable  nombre  de  rente  pour  la 
continuation  de  la  dicte  fondation,  le  dict  fondateur, 
ou  son  hoir  appelé,  tant  au  racquit  que  aux  dicts 
remplacemens,  laquelle  somme  de  XXII  livres  se  dis- 
tribuera par  le  dict  receveur  des  deniers  de  la  dicte 
Université,  comme  il  ensuyt: 

Assavoir 

A  celluy  qui  fera  loraison  du  matin, 
lequel  sera  tenu  faire  commémoration 
de  la  dicte  fondation,  la  somme  de  .     .  X  s. 

Au  dict  fondateur  ou  son  héritier, 
pour  son  offrande,  où  il  assistera  à  la 
messe  à  la  place  accoustumée  du  prince 
du  Puy III  s. 

A  ceulx  qui  feront  chacun  ans  les 
compositions  latines  et  françoises  des 
placars  pour  les  invitations  du  Puy  qui 
seront  nommés  par  l'Université  à  la 
Congrégation  de  la  Saint-Denys.  pour 
estre  affichés  à  la  Toussainct,  assavoir: 

Au  compositeur  latin XX  s. 

Au  compositeur  français     ....        XX  s. 

A  l'imprimeur,  pour  imprimer  cin- 
quante placars,  pour  attacher  aux 
portes  des  collège  et  lieux  publics  de 
la  ville  et  Université,  mesme  envoyés  à 
Rouen  et  autres  lieux Il  s.  Vi  d. 


72  MANUSCRIT   d'eSïIENNE   DU    VAL 

Au  meilleur  épigramme  héroïque  sans 
excéder  le  nombre  de  trente  mètres  (1) 
sera  donné  les  armes  du  dict  fondateur 

rédimables  par XLV  s. 

Et  au  débatu  la  somme  de.     .     .     .       XXII  s.  VI  d. 
Au  meilleur  chant  royal  (2)  conte- 
Il)   Mètres:    la  suite    des   pieds    ((ui    forment   un   vers.    En 
d'autres  termes,  la  mesure  des  vers. 

|2)  Sur  le  Chant  Royal,  voici  ce  que  dit  Fabri  [Le  Grant  et 
vrai  art  de  pleine  Rhétorique):  «Après  que  l'en  a  traicté  de 
liuit  syllabes  en  ligne  et  au  dessoubz,  et  des  espèces  de  rythme 
à  ce    convénientes,  s'ensuyt  à  parler  de  l'espèce    de  Champ 
Royal  qui  se  faict  de  dix  syllabes  en  masculin,  et  autant  de 
lignes  en  une  clause  qu'il  y  a  de  syllabes  au  pallinod,  comptant 
la  passe  féminine  pour  plaine  syllabe,  à  celle  fin  que  la  clause 
soit  de  dix  ou  unze  lignes;  et  se  plus  y  en  a.  c'est  licence  poë- 
ti(iuc.    Et  doibt  avoir  cinq   clauses  ou   basions  de  semblable 
couleur  ou  lysière,  avec  l'envoi  semblable  à  la  première  ou  der- 
nière moytié  de  clause  en  rentrant  à  son  palinode.  à  la  diffé- 
rence des  servantoys  qui  sont  sans  palinode...  Et  pour  ce  que 
la  pronunciation  des  lignes  de  dix  syllabes  seroit  trop  longue 
à  pronuncer  sans  faire  pause  ou  poinct.  il  est  de  nécessité  de 
coupper  sa  ligne  en  deux,  la  première  moytié  de  quatre  syllabes 
et  le  demeurant  de   six  en  masculin;  et  doibt  l'en  tousiours 
terminer  substance  entre  là  ofi  est  la  couppe  ou  la  fin  de  ligne. 
Et  pour  ce  qu'il  est  dist  devant  que  termination  féminine  ne 
faict  poinct  pleine  syllabe,   il  est  requis  que  la  IIII''  syllabe 
qui  est  la  couppe  en  champ  royal  soit  masculine,   car  syllabe 
féminine,  en  la  llll*  place,  n'est  «nie  de  111  et  sapasse,  qui  est 
diniinulioii  de  couppe.   ou  elle  est  de  quallre  et  sa  passe,  qui 
est  addition.  Et  doibl  cstrc  le  pallinod  de  taille  féminine,  et  le 
rcilrain  d('  ballade  si  est  masculin  )>. 

Et  plus  loin:  «  11  esl  dict  champ  royal,  pour  ce  que.  de  toutes 
les  espèces  de  rithme  c'est  la  plus  royalle.  noble  ou  magistralle 
f\  où   l'en  touche   les   plus  graves  sul)stances.    Parquoy   c'est 


MANUSCRIT    UESTIÉNNE   DU    VAL  73 

nanl  le  nombre  de  unze  lignes  à  cinq 
couleurs  (1),  par  chacun  baston  |2). 
sans  couppe  féminine,  selles  ne  sont 
sinalimphées  (3),  à  tel  palinod  qu'il 
plaira  à  l'orateur,  pourvu  que  la  ligne 

voluntiers  l'espèce  practiquée  en  Puy,  là  ou  on  pleine  audience, 
comme  en  champ  de  bataille,  l'en  juge  le  meilleur  et  qui  est 
le  plus  digne  d'avoir  le  prix,  après  que  l'en  a  bien  débattij  de 
l'uni^  part  et  d'aultre  en  abatant  tous  les  aultres.  Aulcuns  l'appel- 
lent Champ  Royal,  pource  (ju'il  est  de  noble  et  armonieuse  con- 
sonance pour  la  gravité  de  sa  substance  et  la  doulceur  de  son 
éloquence,  combien  qu'il  puisse  estre  mis  en  chant,  comme  il 
est  dict  des  chansons  ». 

Et  Fabri  ajoute  cependant  qu'il  est  certaines  licences  «  durit  on 
ne  doibt  poinct  user,  qu'on  ne  doibt  poinct  parler  ([ue  gravement 
et  de  grave  matière  en  termes  positifs  et  suppellatifz,  sans 
raesler  les  diminutifz,  comme  en  louant  la  Vierge  Marie  et  en  la 
dysant  royne  des  cielz.  il  n'est  pas  élégant  de  l'appeler  «pucel- 
latte»  ou  abrébiette».  etc.»,  toutes  choses  évidemment  contraires 
à  la  majesté  d'un  Chant  Royal. 

(1)  Couleurs:  tigures  de  rhétorique. 

(2)  Baston:  couplet.  «Nota  que  ie  ne  mets  poinct  de  ditte- 
rence entre  clau.se,  couplet  et  baston.  pource  que  toute  clause  et 
couplet  se  appelent  baston  en  puy.  mais  le  plus  commun  baston 
n'est  pris  que  pour  une  ligne  de  clause»  (Fabri:  l' Art  de  pleine 
Rhétorique). 

(:3)  Hyatus  ou  Sinalimphe  exprimaii'iit  à  peu  prés  la  même 
idée. 

Pierre  Fabri.  dans  son  Grand  et  vrai  art  de  pleine  Rhétorique, 
nous  en  donne  ainsi  l'explication:  «Il  est  beaucoup  de  tigures 
de  m('>tapl;isine  et  d'auitres  genres  (|ue  ie  délaisse  pour  brief- 
veté;  mais  il  IjiuU  dire  de  sinalimi)lie  en  nostre  vulgaire,  qui 
se  faict  (juant  e  féminin  est  tin  dung  terme,  et  le  prochain  terme 
ensuyvant  se  commence  par  aulcun  vocal,  ledict  e  féminin  ne 
se  profèn^  poinct.  mais  les  deux  vocalz  se  profèrent  ensemble  et 


74  MANUSCRIT    D'eSTIENNE   DU    VAL 

palinodée  (1)  soit  de  lisière  féminine, 

sera  donné  la  palme  rédimable  par  :         XL  s. 

Et  au  débatu XX  s. 

A  la  meilleure  ballade  (2)  de  huict 
sillabes  et  de  huict  lignes,  à  tel  refrain 

des  deux  syllabes  l'en  en  profère  une,  comme:  «ïu  m'as  baisé», 
ou  «Tu  me  as  baisé». 

«Nota  que  «m'amye»  se  dict  par  apocope,  et  non  poinct  par 
sinalimphe,  car  on  ne  dict  poinct  «mon  amye»,  l'en  dict  bien 
«ma  belle  amye»  et  a  ne  sinalymphe  poinct;  parquoy  de  «ma 
amye»  l'on  este  a». 

(1)  «  Pallinode  est  terme  grec  qui  signifie  semblable  conson- 
nance  ;  lequel  terme  nos  pères  ont  appliqué  en  cest  art  en  deux 
manières,  c'est  assavoir  pour  les  dernières  lignes  de  champ  royal, 
qui  se  reprennent  à  chascune  clause  et  sont  appelées  le  palinode; 
et  en  ballade  l'en  les  appelle  refrain,  et  en  ce  présent  lieu 
pour  espèce  distincte  et  différente  des  aultrcs  espèces,  et  est 
ccstc  sorte  de  pallinode  assez  semblable  à  l'espèce  de  cliappelet 
et  n'y  a  différence  sinon  que  le  chappelet  se  practique  et  des- 
pend du  rondeau,  et  la  forme  de  pallinode  se  practique  sur 
une  clause  de  lay  ou  virelay  communément,  ou  sur  aultre 
clause  de  quelque  aultre  espèce  de  douze  lignes,  ou  plus  ou 
moins  à  la  volunté  du  facteur,  mais  qu'il  y  ait  tousiours  trois  ou 
quatre  ou  plusieurs  lignes  closes  et  ouvertes,  pour  bien  doulce- 
ment  rentrer,  ainsi  qu'il  est  dit  du  rondeau»  (Pierre  Fabri  : 
Le  Grant  et  vrai  cvt  de  pleine  Rhétorique.) 

(2)  «  Ballades  se  font  de  huyt  lignes  pour  clause  et  liuyt  syl- 
labes en  masculin  pour  ligne.  Et  doibvent  estre  trois  clauses 
de  semblalJe  lisière  ou  rithme  et  semblable  relîVain  pour  der- 
nière ligne,  lequel  doiJit  esln'  masculin  avec  deniye  clause  de 
semblable  ou  aultre  lisière  aux  quatre  (leniières  lignes.  (|ui 
s'appelle  l'cuvoy.  (Ui  le  p|-ini-c,  pourcc  que.  en  Icuanl  Ir  |uiy  de 
ballades,  vnlunlicrs  ledictcuvoy  se  adresse  ou  rtivoyc  au  prince 
Et  disent  aulcuns  ([uil  n'est  poinct  nécessaire,  ne  aussy  l'en- 
voy  dung  clianip  royal,  veu  que  l'en  y  peult  changer  lisière. 


MANUSCRIT   d'eSTIENNE    DU    VAL  75 

que  rorateur  vouldra,  sera  donne  le  lau- 
rier rédimable  par.      .     .     .     .     .     .      XXX  s. 

Et  au  débatu XV  s. 

Au  plus  parfaict  sonnet  (1)  de  qua- 
torze lignes  sera  donné  l'estoille  rédi- 
mable par XIII  s. 

Au  plus  parl'aict  dizain  sera  donne'' 
le  signet  n'diniable  j)iir     ■     .     .     .     .  X  s. 

A  Messieurs  les  recteurs  et  cinq 
doyens,  pour  leur  assistance  aux  dictes 


Mais  la  cousluiric  plus  commune  c'est  qui  sont  de  l'essence  de 
liallado  el  de  champ  royal,  et  doibvent  en  puy  estre  de  sem- 
lilalile  lisière,  et  se,  par  eulx  à  redicte,  ilz  sont  à  reffusser  » 
(Pierre  Fahri:  Le  Grnnt  et  vrai  art  de  -pleine  Rhétorique). 

(1)  I^e  sonnet  était  un  genre  de  poésie  nouvellement  importé 
d'Italie  en  France.  Les  premiers  qui  en  usèrent,  Clément 
Marot  et  Mellin  (le  Saint -Gellais.  vivaient  dans  la  première 
moitié  du  XVI'  siècle.  Un  sonnet  de  Clément  Marot  porte  la 
date  de  1.V27.  11  se  développa  bientôt  avec  Ronsard,  Belleau, 
Baïf  et  la  Pléiade.  «  La  France,  il  faut  oser  le  dire,  ne  fut  point 
une  des  pi-emiércs  à  donner  des  lettres  de  naturalisation  au 
sonnet,  lisons-nous  dans  la  Monofp'aphie  du  sonnet  par  M.  L. 
de  Veyriércs.  Plusieurs  chansons  de  Charles  d'Orléans  (mort 
(^n  l'iHô).  tant  par  hasard  i\\n'  par  fortune,  ont  peut-être  un  faux 
air  du  sonnet.  On  connaît  son  fameux  rondel: 

.\llez-vous-cn,  allez,  allez. 

Siiucy.  soin  et  mélancolie... 
«(je  pelil  poi'ini'  esl  sur  deux  rnnies.  il  est  vrai,  mais  il  a  ijua- 
lorze  vers  el  le  i-omleau  en  a  treize,  i'X  quinze  avec  le  refrain. 
Faut-il  y  voir  un  emliryon  du  sonnet?  Ouoi  qu'il  en  soit,  il  ne 
faut  remonter  évidenniKnit  qu'à  Mellin  île  Sainl-Gellais  («t  à 
Clément  Marot  qui  composèrent  des  sonnets  véritables  avant 
tous  les  autres  poètes  du  XVI''  siècle  ». 


76  MANUSCRIT    DESTIENNE    DU    VAL 

assemblées,  à  chacun  trois  solz  ;  pour 

ce XVIIls. 

Et  où  les  dicts  recteurs  el  doyens 
n'assisteront,  l'ancien  docteur  qui 
assistera  en  prendra  l'émolument. 

Au  lecteur  des  dictes  compositions, 
qui  sera  nommé  par  la  dicte  Université, 
lors  de  la  dicte  congrégation,  et  lequel 
enregistrera  les  nommez  pour  faire  le 
jugement  des  dictes  compositions  .     .  V  s. 

Au  sindic  de  l'Université  qui  sera 
subject  contremarquer  les  œuvres  après 
qu'elles  auront  esté  leues,  pour  éviter 
au  changement  et  variation  d'icelles.  V  s. 

Aux  six  juges  qui  seront  nommez 
pour  faire  et  donner  jugement  des 
dictes  compositions  ;  à  chacun  X  solz, 
pour  ce LX  s. 

Au  couvent  des  dicts  Cordelliers, 
pour  fournir  d'une  chambre  pour  le 
jugement  des  dictes  compositions  .     .  X  s. 

Au  trésor  de  la  dicte  Université  pour 
faire  les  deniers  bons  des  dictes  par- 
tyes  et  les  délivrer,  chacun  an.  le  dict 
jour,  par  les  mains  du  receveur,  pour 
en  faire  la  distribution  comme  cy- 
devant  est  dict  est X  s. 

Aux  bedeaulx  des  dicts  s"  recteurs 
et  doyens  qui  assisteront  à  la  dicte 
convention  pour  servir  à  garder  Tordre 
tant  à  la  dicte  lecture  que  au  jugement. 


I 


MANISCHIT    d'esTIRNNK    Dl'    VAL  77 

pour  faire  faire  l'establie,  chaire,  tapis- 
serye  et  choses  nécessaires  cy-devanl 
dictes XL  s. 

Au  receveur  de  la  dicte  Université, 
pour  sa  vacation  de  receveur,  la  dicte 
somme  et  icellc  délivrée  comme  dict 
est V  s. 

Au  dict  receveur,  pour  fournir  de 
boys,  chandelles,  de  vin  et  le  pain,  lors- 
que se  fera  le  dict  jugement  des  dictes 
compositions,  la  somme  de     ...     .        XV  s. 

Et  veult  et  entend  le  dict  fondateur  par  ce  présent 
que  aux  droicts,  honneurs  et  prééminences  d'icelle 
fondation,  ne  puissent  succéder  les  femmes,  ains  qu'il 
demeure,  et  soyt  toujours  continué  au  prochain  hoir 
masle  de  la  lig-ne  du  dict  Du  Val,  fondateur  et  portant 
son  nom  et  armes,  forz  en  cas  d'extinction  de  ligne 
masculine  ;  ou  que  cil  qui  sera  prochain  héritier  suc- 
cédera aux  honneurs,  droictures  et  prééminences 
d'icelle  fondation,  à  la  charge  expresse  toutesfoys 
de  porter  et  continuer  les  armes  du  dict  fondateur  aux 
dicts  actes;  et  sy,  ne  pourra  aucun  de  ses  hoirs  trans- 
porter ou  aliéner  la  dicte  droicture,  que  toujours  le 
dict  honneur  et  droicture  ne  réside,  comme  dessus,  à 
la  lignée  du  dii-l  fondateur. 

Lequel  contiat  a  dû  depuys  estre  direchef  confirmé 
et  approuvé  par  la  dicte  Université,  sellon  quil 
appert  par  la  testimonialle,  de  laquelle  la  teneure  en- 
suyl  : 

«  Universis   pra'sentes  litteras  inspecturis  Jacobus 


78  MANUSCRIT    d'ESTIENNE   DU    VAL 

Le  Porcher,  in  sacratissima  theologyae  facultaté  bacca- 
laureus,  Hector  Universitatis  Cadomensis,  salutem  in 
domino. 

«  Notum  vobis  facemus  quod  in  conventiis  generali- 
bus  dictœ  Universitatis,  anno  domini  sesquimillesimo 
quinquag-es"  septimo,  secunda  mensis  martii.  in  œde 
Franciscana  habitis.  interfuit  vir  illustris  Stephanus 
Du  Val  Mondreville,  dominus  ac  podii  princeps,  qui  ab 
Universitate  pactus  vel  contractum  inter  se  et  ilhim  de 
principatu  podii,  secundum  conclusionem  sexte  no- 
vembris  initum  confirmaret  ac  iterum.  approbaret, 
perlecto  itaque  coram  omnibus  contractu,  rogali 
sunt  sententiam  a  rectore  singulorum  ordinum 
proceres  ac  magistri  qui,  communi  omnium  suffragio, 
eodemque  proorsus  consensu  ac  nomine  reclamiinte 
dictum  contractum,  prout  est  inscripta  redactus  in 
sequendo  prœdictam  conclusionem  rursus  ac  donec 
ratum  firmumque  habueremus  et  approbareraus. 

«  In  cujus  rei  testimonium  sigillum  rectoriœ  Univer- 
sitatis predicta,  una  cum  signo  scribe  ejusdem  pra;sen- 
tibus  litteris  duximus  apponendum. 

«Datum  Cadomi,  in  conventiis  generalibus,  anno 
supra  dicto,  hac  die  martis  secunda». 

Signé  sur  le  reply:  Le  Porcher,  et  scellé  sur  double 
queue  de  cire  rouge. 

A  tous  ceulx  qui  ces  lettres  verront; 

Estienne  Du  Val.  sieur  de  Mondreville  et  de  Fon- 
tenay,  conseiller  du  Roy  en  ses  finances,  garde  géné- 
ral des  sceaux  de  Sa  Majesté  pour  les  sentences  et 
jugemens  des  sièges  présidiaux  du  dicl  Caën,  Costen- 


MANUSCRIT    d'rsïTENNE    DU    VAL  79 

tin  et  aultres  juridictions  de  la  dicte  ville  et  vicomte, 
et  oblig^ations  de  la  dicte  vicomte  de  Caën  ;  sallut. 

Comme  aussy  soyt  que  noble  homme  Estienne  Du 
Val,  sieur  de  Mondreville  et  de  Fontenay-le-Pesnel, 
conseiller  du  Roy  et  prince  du  Puy  de  la  Conception 
de  la  très  saincte  et  immaculée  Vierge  mère  de  nostre 
rédempteur,  fondé  au  dict  Caën  dès  le  sixiesme  jour 
de  novembre  mil  cinq  cents  cinquante-sept,  eust, 
devant  les  tabellions  de  ce  lieu,  pour  célébrer  annuel- 
lement le  dict  Puy,  donné  en  l'Université  de  la  dicte 
ville  de  Caën,  vingt-deux  livres  tournoys  de  rente, 
pour  icelle  rente,  par  chacun  an,  estre  distribuée  tant 
aux  poètes  latins  que  frangoys,  pour  le  rachat  de  prix 
qui  leur  seroient  adjugés  et  dellivrés  pour  le  mérite 
de  leur  labeur  et  victoire,  q'ue  aux  oflîciers  et  aultres 
qui  à  ce  employeroyent  leur  présence  et  labeur,  sellon 
et  ainsy  qu'il  est  plus  à  plain  porté  et  contenu  par  les 
dictes  lettres  de  fondation:  et  icelluy  sieur  fondateur, 
meu  d'ung  zelle  et  bonne  affection  qu'il  porte  aux  let- 
tres et  affîn  d'inciter  davantage,  encourager  les  jeunes 
hommes  à  Festude  des  lettres,  a  voullu  augmenter  les 
dicts  prix  et  loyer  de  la  somme  de  six  livres  dix  solz 
tournoys  de  rente  ; 

Parquoy  sçavoir  faisons  que,  par  devant  Jehan  Le 
Maistre  et  Jehan  de  La  Haye,  tabellions  pour  le  Koy 
nostre  sire  en  la  ville  et  banlieue  du  dict  Caën,  fust 
présent  le  dict  sieur  de  Mondreville,  lequel,  incité  de 
l'affection  susdicte  de  son  bon  voulloir  et  sans  aucune 
contraincte  ny  sollicitation,  a  donné  et.  par  ces  pré- 
sentes donne  sur  et  par  augmentation  à  la  dicte  pre- 
mière fondation  aflin  d'héritage  à  la  dicte  Université. 


80  MANUSCRIT    DKSTIKNNK    OU    VAL 

les  dictes  six  livres,  dix  solz  tournoys  de  rente  qu'il  a 
droict  d'avoir  et  prendre  chacun  an  sur  Jehan  Vaudon. 
de  la  parroisse  de  Mery.  et  deffunct  M''  Charles  Tres- 
hardy.  en  son  vivant  procureur  au  siège  présidial  du 
dict  Caën,  au  terme  du  ving^t-ung  jour  de  may,  sellon 
le  contrat  de  la  constitution  de  la  dicte  rente,  passé  en 
ce  tabellionnage  le  vingl-ung'""  jour  de  may  M  V  '" 
soixante-six,  et  lesquelz  deux  prix,  tant  de  la  dicte 
fondation  que  la  présente  augmentation,  revenant 
parmy  le  tout,  à  la  somme  de  vingt-huict  livres  dix 
solz  tournoys,  il  veult  et  entend  estre  payées  et  distri- 
buées, ainsy  qu'il  a  esté  faict  par  cy-devant,  assavoir 
à  celluy  qui  fera  l'oraison  du  matin,  quinze  solz;  au 
ditct  fondateur  ou  son  héritier,  cinq  solz  pour  son 
offrande;  pour  les  compo'sitions  latines  et  françoises 
des  placquars,  chacun  vingt- cinq  solz.  qui  seroient 
cinquante  solz;  à  limprimcur  d'iceulx,  trente  solz  ;  au 
meilleur  épigramme  et  héroïque,  cinquante  solz:  au 
débattu,  vingt-cinq  solz:  au  meilleur  chant  roïal, 
quarante-cin(j  solz  ;  au  débattu,  vingt-deux  solz.  six 
deniers;  à  la  meilleure  ballade,  trente-cinq  solz;  au 
débattu,  dix  solz,  six  deniers;  au  plus  parfaict  sonnet, 
dix-sept  solz.  six  deniers;  au  plus  parfaict  dixain, 
treize  solz,  six  deniers;  au  recteur  et  cinq  doyens, 
vingt-quatre  solz;  au  lecteur  des  compositions,  sept 
solz,  six  deniers;  au  syndic  de  la  dicte  Université,  sept 
solz,  six  deniers;  aux  six  juges,  trente-cinq  solz;  au 
couvent  des  Cordelliers,  vingt  solz;  au  trésor  de  la 
dicte  Université,  dix  solz;  au  receveur,  pour  ses 
paines,  dix  solz;  au  dict  receveur,  pour  fournir  pain, 
vin,  boys  et  chandelles,  vingt-cinq  solz;  aux  bedeaulx. 


MANUSCRIT    d'kSTIRNNK    DT    VAL  81 

quarante-cinq  solz.  Kt  oultre  les  sommes  susdictes 
sera  distribué  par  les  bcdeaulx,  tant  au  dict  sieur 
prince  que  plus  notables  personnaig'es  qui  assisteront 
à  la  messe,  pour  vingt  solz  de  g-rant  pain.  —  Et  sy 
admortissement  (it  rachapt  desquels  partyes  de  rente 
est  faict,  sera  oniployé  suyvant  qu'il  est  contenu  par 
la  première  fondation.  A  ce  présents,  nobles  et  scien- 
tifiques personnes  M*'*  Germain  Jacques  (1),  recteur 
de  la  dicte  Université,  Henry  Moisy  (2),  docteur, 
doyen  en  théologye,  Jehan  Onfroy,  docteur  et  doyen 
en  médecine,  Guillaume  de  Troismonts  (3),  docteur 
en  la  dicte  Faculté,  Estienne  Onfroy,  doyen  en  la 
Faculté  des  Artz,  et  Jehan  Champion  (4),  receveur 
d'icelle  Université  ;  lesquelz  ont  eu  pour  bon  et  agréa- 
ble la  dicte  donnation  et  augmentation  et  ont  promis 
pour  eulx  et  les  aultres  olFiciers  et  supôts  de  la  dicte 
Université,  qu'il  sera  satisfait  à  l'observation  de  la 
dicte  fondation,  sellon  la  teneur  d'icelle,  de  poinct  en 
poinct,  sans   aller   encontre    en   aulcune  manière   et 

(1)  Germain  Jacques,  licencié  ùs  droits,  avait  été  élu  recteur 
le  1"  octobre  1576.  Il  fut  réélu  le  !'='■  octobre  l."i8'2.  le  24  mars 
1584  et  le  1"  octobre  1589. 

(2)  Henry  Moisy,  docteur  en  théologie,  fut  élu  cinq  fois  rec- 
teur, entre  les  années  1.553  et  157:3. 

(3)  Guillaume  de  Troismonts,  bachelier  en  médecine,  avait 
été  élu  recteur  en  octobre  1555  et  en  mars  1557.  C'était  le  père 
de  Jean  de  Troismonts,  archer  de  la  garde  de  Henry  II,  Fran- 
çois II  et  Charles  IX.  auquel  J.  de  Cahaignes  a  consacré  son 
Éloge  37.  Ils  étaient  seigneurs  de  FeugueroUes. 

(4)  Jean  Champion,  licencié  en  di'oil  civil,  fut  élu  recteur  le 
l»''  et  le  2  octobre  1567.  Sa  double  élection  termine»  le  registre 
des  Rectoriœ,  à  la  date  du  2  octobre  1567. 

^6 


H"!  MANUSCRIT    d'eSTIENNE   DU    VAL 

quant  à  se,  tenyr,  garder,  parfaire  et  accomplir,  et 
rendre  et  restaurer  tous  coustz,  mises,  despens  et 
dommages  qui,  pour  ce,  seroyent  faicts  ou  soutenus, 
les  dictes  partyes  en  obligèrent,  assavoir:  le  sieur  de 
Mondreville,  tous  ses  biens  meubles  et  héritaiges  et 
les  dessus  dicts,  les  biens  de  la  dicte  Université,  le 
tout  présent  et  à  venir,  à  prendre  et  vendre  par  exécu- 
tion d'ollice  de  justice,  sans  procèz. 

i.a  dicte  donation  faicte  en  la  présence  de  Ni- 
coUas  Duval,  escuyer,  filz  du  dict  s""  de  Mondreville; 
en  tesmoing  desquelles  choses  ces  lettres  sont 
scellées  du  dict  scel,  à  la  rollation  des  dicts  tabel- 
lions, sauf  aultruy  droict.  Ce  l'ust  faict  et  passé  au 
dict  Caen,  le  samedy,  huistiesme  jour  de  décembre, 
jour  et  feste  de  la  Conception  Nostre-Dame,  l'an 
M  D  LXXVl. 

Présens,  nobles  et  scientifiques  personnes,  M^  Bap- 
tiste de  Villemor  (1),  ausmonier  ordinaire  du  Roy, 
abbé  d'Ardaine,  et  noble  homme,  M"   Hierosme  Le 


(1)  Jean-Baptiste  de  Villemor,  abbé  commendataire  de  l'abbaye 
d'Ardennes,  était  fils  de  Paul  de  Villemor.  lieutenant  général  du 
grand  maître  des  eaux  et  forêts.  En  1560,  il  succéda  comme 
abbé  à  Marguerin  de  la  Bigne.  Il  trouva  cette  abbaye  dans  un 
état  qui  laissait  beaucoup  à  désirer;  aussi,  appela-t-il  auprès 
de  lui  le  Révérend  Père  Jean  de  la  Croix,  du  monastère  de 
Belle-Étoile.  Il  lui  confia  le  soin  de  remettre  l'ordre  dans  ce 
couvent.  I/aljbé  de  Villemor  avait  parcouru  presque  toute  l'Eu- 
rope à  la  suite  de  Gabriel  d'Aramont,  ambassadeur  du  roi 
Henry  II.  11  s'était  établi  à  Caen,  où  il  vécut  pendant  plus  de 
quarante  ans.  Il  mourut  le  16  décembre  1599.  (Éloges  des 
citoyens  de  la  ville  de  Caen,  par  Jacques  de  Cahaignes, 
Éloge  82.) 


MANUSCRIT    h'RSTIENNE    Dl'    VAL  88 

Picard  (1),  conseiller  du  Roy  nostre  seigneur,  et 
lieutenant  g-énéral  criminel  au  bailliage  du  dict  Caen. 
Approuvé,  scel,  par  Le  Maistre  et  Jehan  de  La 
Haye;  et  en  la  marge,  pour  le  dict  s""  de  Mondreville, 
Signé,  Le  Maistre  et  de  La  Haye,  et  chascun  ung 
parapfe. 

(1)  Hierosme  Le  Picard  fut  lo  premier  des  lieutenants  géné- 
raux criminels  du  Présidial  de  Gaen,  créés  par  Henry  II,  avec 
les  Présidiaux,  en  1551.  Il  résigna  sa  charge  en  1578,  en  faveur 
de  Jacques  de  Malherbe,  qui  la  conserva  jusqu'à  sa  mort,  le 
14  décembre  1592.  C'était  le  père  de  François  de  Malherbe,  sieur 
du  Bouillon,  conseiller  du  Roi  et  trésorier  général  à  Gaen. 


PIECES    JUSTIFICATIVES 


Arrêt   de   la   Coir    du    Parlement 
DE  Rouen 

[La    Tnurnelle,  —  liappoii.  —  1555). 

19    OCTOBRE 


Entre  Maistre  Guillaume  Malherbe,  prieur  de 
l'Hostel-Dieu  de  Caen  ;  Nicolas  Moges  et  Estienne 
Duval  ;  prisonniers  appelants  de  M'"  Jacques  Centsolz 
et  Raoul  Bretel.  conseillers  commissaires  delà  Court: 
comparans  par  Qanynet ,  leur  procureur,  dune 
part; 

Et  le  procureur  général  du  Roy,  inthimé  en  la  dite 
appellation,  d'autre; 

Veu  par  la  Chambre  ordonnée  par  le  Roy  au  temps 
des  vacations,  larrest  donné  en  la  Court  du  XVIll'' 
jour  de  juillet  dernier  passé:  les  informacions  faictes 
en  vertu  dudit  arrest.  par  lesdits  Centsolz  et  Bretel. 
conseillers  commissaires,  à  lencontre  des  dits  prison- 
niers appelans;  l'appellation  par  eulx  interjectée  le 
XXIX'"  jour  d'aoust  dernier  passé;  larrest  de  la  dite 
Chambre  du  XI II"  septembre  V''   cinquante-cinq,  par 


86  PIÈCES   JUSTIFICATIVES 

lequel  il  a  esté  ordonné  avant  que  faire  droict  sur 
ladite  appellation,  que  lesdits  Duval,  Moges  et  Mal- 
herbe feront  appareoir  les  pièces  dont  ilz  s'entendent 
ayder  aux  fins  de  leur  appellation  ;  pour  ce  faire  et  le 
tout  communiqué  audit  procureur  général,  estre  or- 
donné ce  qu'il  appartiendroit;  leurs  lettres  et  escrip- 
teures  mises  devers  ladite  chambre,  suyvant  le  dict 
arrest  et  aveux  de  bouche  desdits  prisonniers,  faictz 
par  lesdits  commissaires;  autre  information  faicte 
par  le  bailly  de  Caen,  ou  son  lieutenant,  le  XXV*  jour 
d'aoust  dernier  ;  apportées  au  greffe  de  la  Court  suy- 
vant l'ordonnance  de  ladite  Chambre;  la  requeste 
présentée  à  icelle  par  lesditz  prisonniers,  le  XXV* 
septembre  dernier,  par  laquelle  ilz  ont  esté  tenus  pour 
bien  relevez  en  leur  appellation  interjectée  le  XXIX* 
jour  d'aoust;  le  relief  dappel  dudit  jour  et  exploict 
[Durand?],  du  quatriesme  du  présent  mois  d'octobre 
au  dict  an  ; 

Et  veu  ce  qui  faict  a  esté  audit  procès  et  oys  les- 
dites  parties  sur  leurs  dites  appellations,  ensemble  le 
rapport  du  conseiller  commissaire,  auquel  le  toust 
avoit  esté  [délivré?]  pour  en  faire  son  rapport;  toust 
considéré;  aprèz  avoir  faict  venir  en  la  Chambre  les- 
dits Duval,  Moges  et  Malherbe,  prisonniers,  auxquelz 
a  esté  remonstré  qu'il/  ayent  pour  l'advenir  à  soy 
garder  de  cheoir  en  telle  sus])ioion  de  communication 
avec  les  ennemys  du  Roy,  en  laquelle,  par  cy-devant, 
ilz  ontestf'. 

Il  sera  dict,  que  ladite  Chambre  a  mis  et  mect 
lesdites    appellations    au    néant,    sans    amende,    et 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  87 

néammoins,  veu  ce  qui  a  esté  faict  au  procès  et 
depuys  produict  par  les  appelans,  a  ordonné  et 
ordonne  que  les  prisons  leur  seront  ouvertes,  et  mesme 
à  Jehan  de  Renémesnil,  aussi  prisonnier  en  la  concier- 
gerie, sans  absoudre  ne  condamner;  à  la  charge  de 
eulx  représenter  pardevant  le  Roy,  ou  en  ladite  Court, 
toutes  fois  et  quantes  qu'il  sera  ordonné  ;  et  ce,  à  la 
caution  l'un  de  l'autre  pour  le  regard  desdits  Malherbe, 
Moges  et  Duval,  et  faisant  les  submissions  au  greffe 
en  telz  cas  accoustumées. 

Lallemant  Gebhuiz 

Prononcé  à  la  barre  de  la  Court,  à  Rouen,  le  XIX' 
octobre  V*^  LV. 


Archives   du    Pa^lkment   de   Rouen 

Arrêts.  Vol.  Octobre  l')6i>  —  février  loi 0. 


Du  XXIIl'-  jour  de  décembre  1569. 

Entre  Estienne  du  Valj.s""  de  Mondreville,  appelant 
de  certaine  sentence,  donnée  par  M"  Guérin  de  N'illy. 
lieutenant  du  Bailly  de  C>aen,  au  siège  du  dict  lieu,  le 
XX*"  jour  d'aoust  dernier,  et,  en  principal,  demandeur, 
en  reparaon  de  injures,  dune  part:  et  Jacques  Mar- 
guerite, filz  Charles,  intimé  en  lad.  appellaon  et  oudict 
principal,  défendeur,  d'autre: 


88  PIÈCES    JUSTIFICATIVES 

Veu  par  la  Cour  Tarrest  donné  en  icelle  le  quinz^ 
jour  de  ce  moys  de  décembre,  par  lequel  les  partyes 
ont  esté  appoinctées  à  mettre  leurs  pièces  au  greffe  et 
au  conseil. lad.  sentence  du  XX^  aoust,dont  est  appelé, 
en  Farticle  par  lequel  led.  Marguerite  auroit  esté  con- 
damné en  dix  solz  d'amende  envers  le  Roy  et  en  quatre 
escus  d'intérest  et  reparaon  envers  led.  du  Val,  pour 
avoir,  par  led.  Marguerite,  impropéré  en  jugement 
aud.  du  Val.  en  parlant  au  solliciteur  d'icelluy  du 
Val.  qu'il  avoit  faict  reparaon  honorable  et  qu'il  estoit 
destenteur  des  pauvres  gens;  relief  d'appel  oud.  appe- 
lant, du  XVP  septembre  dernier,  exploict  d'icelluy 
arrest  donné  par  les  juges  déléguez  par  le  Roy  contre 
led.  du  Val  et  autres  dénommez  en  icelluy,  le  XVIU^ 
mars  1539:  1res  patentes  du  feu  Roy  Françoys  premier, 
du  dernier  may  1540,  par  lesquelles  led.  du  Val,  et 
autres  dénommez  en  icelles.  auroient  esté  remys  et 
restituez  à  leur  bonne  lame,  renommée  et  biens,  toust 
ainsy  qu'ilz  estoient  auparavant  led.  arrest  du  XVIIP 
mars  et  exécuon  d'icelluy;  vérifficaon  desd.  lettres 
du  Vil'  juillet  1540;  autres  lettres  patentes  du  Vlll' 
juing  1541.vérifricaon  d'icelles  du  XX'' décembre  oudict 
an  ;  aultres  lettres  patentes  du  XVII'  mars  1542,  vérif- 
ficaon  d'icelles  en  la  Chambre  des  comptes  du  XXIX^ 
mars  1543;  plaidoyé  des  dictes  partyes;  et,  après  que 
led.  du  Val  a  déclaré  qu'il  accorde  que  les  deniers  qui 
luy  seront  adjugés  pour  reparaon  et  intérest  desdictes 
injures,  soient  adjugez  aux  pauvres;  après  aussy  que 
Bigot,  pour  le  procureur  gnal  du  Roy.  s'est  porté  pour 
appelant  a  minima  de  lad.  sentence,  en  l'article  de 
condamnaon  de  dix  solz  d'amende  envers  le  Roy,  et 


I 


PIÈCES   JUSTIFICATIVES  89 

qu'il  a  conclud  à  cassaon  de  la  dicte  sentence  en  ce 
resgard,  et  remys  lad.  amende  à  la  discrétion  de  la 
Court;  vu  tout  ce  qui  a  esté  produict  par  devers  lad. 
Court;  toust  considéré: 

Il  sera  dict  que  la  Court  a  reçeu  et  reçoit  le  dict  pro- 
cureur général  appelant  et  Ta  tenu  et  tient  pour  bien 
relevé;  et,  en  faisant  droict  sur  lesd.  appelaons.  tant 
du  dict  procur  gnal  que  dud.  du  Val.  lad.  Court  a  dict 
qu'il  a  esté  mal  jugé,  bien  appelé  par  lesd.  appelans, 
et,  en  amendant  le  jugement, a  condamné  et  condamne 
Iftd.  Jacques  Marguerite,  intimé,  en  vingt-cinq  livres 
d'amende  envers  le  Roy,  et  en  cinquante  livres  d'inté- 
rest  et  réparaon  envers  lad.  du  Val  et  à  tenir  prison 
jusques  au  plain  paiement  desd.  sommes;  lesquelz 
cinquante  livres  dintérestz,  la  dicte  Court,  au  consen- 
tement dud.  du  Val,  a  adjugé  et  adjuge  à  la  comu- 
nauté  des  pauvres  du  Bureau  de  ceste  ville  de  Rouen  ; 
et.  oultre.  a  condamné  led.  Marguerite,  intimé,  es  des- 
pens  du  dict  du  Val  ;  auquel  Marguerite  et  à  tous 
aultres.  lad.  Court  a  faict  et  faict  inhibion  et  défen- 
ses d'impropérer.  dire  ou  proférer  à  l'advenir  telles 
injures  aud.  du  Val,  soit  en  jugemt,  hors  jugemt  ou 
aultrement,  sur  les  peines  au  cas  appartenant,  etc. 

DE  Bacqcemaiœ  Le  Feuiie 


90  PIÈCES    JUSTIFICATIVES 

Fondation    pour   le   Palinod 


Le  2  mars  1551,  nouvelle  confirmation,  à  propos 
d'an  remboursement  opéré  par  les  héritiers  du  s""  de 
Parisy-Bailhehache,  que  nous  tî'ouvons  au.v  Archives 
du  Cahados,  dans  le  registre  intitulé:  Rectorise  Ca- 
domensi  Universitatis;  i5ik-1567;  fol.  '216-217;  et 
dont  voici  la  teneur: 

«  Eodem  anno,  in  comitiolis  17  decembris  habitis, 
ubi  intererant  magistri  Johannes  du  Vergier,  theoso- 
phise  decanus;  Bertrandus  du  Vey,  juris  pontificii 
antesignanus  ;  ^Egidius  La  Longny,  juris  Cœsarii 
decanus;  Johannes  Onfroy.  nudicinse  decanus;  -î^gi- 
dius  de  Housteville,  artium  decanus;  conclusum  fuit 
accipiendas  esse  centum  libras  turonenses  ab  heredi- 
bus  nobilis  viri  Parisii  Baillehache,  pro  qua  centum 
librarum  summa,  singulis  annis,  iidem  hcredes  per- 
solvere  Universitati  decem  libras  annui  redditus  tene- 
bantur.  Idque  ex  cessione  ac  translatione  illustris 
viri  Stephani  du  Val,  Mondrevilli  domini,  juxta  con- 
tractum  inter  Univcrsitatem  et  dictum  du  Val  initum, 
hoc  autem  anno  decem  librarum  redditu  eximere  se 
numerata  sorte  volebant  dicti  heredes,  quare  hinc 
centum  librarum  summa  recipienda,  ad  id  quidem, 
présente  dicte  du  Val,  delegatus  est  magister  Julianus 
Besnard,  Universitatis  quœstor  œrarius,  cui  injunctuni 
est  ut  restitueret  litteras  obligatorias,  ut  dicunt.  dicti 
annui  redditus.  numerata  tamen  prius  sorte,  iisdem 


PIÈCES    .II'STIKICATIVES  91 

heredibus  dicti  Baillehache,  tanquam  liberos  et 
immunos.  Decretum  est  prœterea  distribuendos  esse 
trigenta  très  solidos  turonenses,  non  modo  iis  qui  dé- 
libération! super  hoc  negotio  adfuerunt,  sed  et 
recipienda  pecunia  eodem  ipso  dicerunt  adfuturi  {sic). 

Sifflé:  Lk  Pohcher. 
Archives  du  Calvados:  D.  'JO. 


Mort   du   Marquis   de   Dampierre 

{Juin  il 91). 


Nous  lisons  dans  les  Mémoires  de  Madame  de 
Tourzel,  arrêtée  avec  la  famille  royale  à  Varennes,  le 
passage  suivant,  qui  a  trait  au  massacre  du  marquis 
de  Dampierre.  sur  la  route  entre  Clermont  et  Sainle- 
Menehould  : 

«  Lorsque  le  licji  passa  sur  une  chaussée  entre  Cler- 
mont et  Sainte-Menehould,  nous  entendîmes  tirer  des 
coups  (K-  fusil  et  nous  vîmes  coui-ir  dans  la  prairie  une 
foule  de  gardes  nationaux.  Le  Koi  demanda  ce  qui  se 
passait:  «  Rien,  lui  répondit-on;  c'est  un  fou  que  Ion 
tue».  Va  nous  sûmes,  peu  après,  que  cétait  M.  de 
Dampierre.  gentilhomme  de  Clermont  et  frère  de 
l'Evèque  actuel  de  Clermont,  que  son  empressement 
à  chercher  à  approcher  de  la  voiture  de  Sa  Majesté 


92  PIÈCES   JUSTIFICATIVES 

avait  rendu  suspect  à  la  garde  nationale.  Le  Roi  et  la 
famille  royale  éprouvèrent  un  saisissement  facile  à 
concevoir  et  leur  douleur  augmenta  à  la  pensée  des 
dangers  que  pouvaient  courir  ceux  dont  on  connaissait 
l'attachement  à  la  personne  du  Roi  et  de  son  auguste 
famille. 

«  Un  motif  bien  noble  engagea  M.  de  Dampierre  à 
s'exposer  aux  dangers  qui  lui  coûtèrent  la  vie.  Il  voulut 
prouver  au  Roi  que  la  nation  était  loin  de  partager  les 
sentiments  des  misérables  qui  entouraient  sa  voiture, 
et  que  ses  malheurs  ne  portaient  aucune  atteinte  aux 
sentiments  de  ses  fidèles  sujets,  toujours  prêts  à  se 
sacrifier  pour  lui  prouver  leur  respect  et  leur  atta- 
chement ». 

Nous  donnons  également  le  passage  du  Précis 
historique  du  comte  de  Valori.  Fun  des  trois  gardes 
du  corps  du  Roi,  qui  relate  en  détail  ce  triste  événe- 
ment: 

«A  quelque  distance  de  Sainte-Menehould,  un  che- 
valier de  Saint-Louis,  M.  le  marquis  de  Dampierre. 
suivant  le  flot  immense  qui  ne  désemparait  jamais, 
s'approche  de  la  voiture  du  Roi,  pour  offrir  ses  hom- 
mages à  son  digne  maître.  Cet  ancien  militaire  était 
un  homme  d'une  figure  respectable,  vieilli  par  les 
armes,  ainsi  que  l'annonçaient  ses  cheveux  blancs.  Il 
était  bien  monté.  On  le  remarqua,  une  rumeur  se  fit 
entendre:  aussitôt  les  mots  d'a/is/ocrate,  de  //a/tre, 
volent  de  bouche  en  bouche.  »  11  faut  l'égorger  ». 
s'écrie-t-on.  L'un  des  gardes  du  corps,  sans  cesse 
attentif  à  ce  qui  pouvait  aggraver  les  inquiétudes  de 


PIÈCES    JUSTIFICATIVES  9H 

la  famille  royale,  pria  un  des  aides  de  camp  de  M.  de 
Lafayette  d'engager  M.  de  Dampierre  à  s'éloigner 
s'il  ne  voulait  pas  perdre  la  vie,  ce  qui  était  sans  uti- 
lité pour  le  Roi,  puisque  cela  ne  pouvait  rien  changer 
aux  rigueurs  des  circonstances  actuelles.  Effective- 
ment, on  alla  lui  porter  ce  conseil;  et,  soit  qu'alors  il 
s'aperçût  qu'on  s  exaspérait  contre  lui.  il  est  certain 
qu'il  ralentit  le  pas  de  son  cheval,  afin  de  sortir  douce- 
ment de  la  foule  et  la  laisser  fîler  devant  lui. 

Mais  l'espèce  de  revue  qu'il  sembla  passer  fit  qu'il 
offusqua  les  plus  scélérats  de  l'énorme  bande.  L'un 
d'eux  saute  à  la  bride  de  son  cheval  ;  quelques  autres 
essayent  violemment  de  le  désarçonner.  Il  veut  se 
débarrasser  et  pique  des  deux  pour  se  faire  jour.  On 
lui  tire  deux  coups  de  pistolet  qui  le  manquent.  Il 
s'arme  d'un  des  siens  et  le  tire  en  fuyant.  Mais,  se 
jetant,  par  égarement  sans  doute,  à  travers  les  terres, 
en  gagnant  la  tête  de  la  colonne,  au  lieu  de  rebrousser 
chemin  le  long  de  la  chaussée  jusque  derrière  elle 
(espace  qui  n'était  pas  long  à  parcourir),  il  est  pour- 
suivi comme  on  lest  à  la  chasse  au  cerf  par  les  chiens  ; 
quarante  coups  de  fusil  sont  tirés  à  la  fois  sur  lui  sans 
l'atteindre,  du  moins  le  crut-on  ainsi,  à  raison  de  ce 
que  1  on  ne  le  vit  ni  chanceler,  ni  interrompre  la  vélo- 
cité de  sa  course.  Des  cavaliers,  qui  tenaient  la  tête  de 
la  colonne,  partent  au  galop  et  cherchent  à  le  couper: 
les  fantassins  les  secondent;  tous  déchargent  leurs 
armes,  à  toute  portée,  contre  sa  personne,  et,  enfin,  son 
cheval  ayant  été  très  grièvement  blessé,  il  se  laisse 
gagnei-  et  le  feu  redoublant  incessamment,  il  tombe.  Un 
groupe  de  meurtriers  se  forma  aussitôt  autour  de  lui,  ce 


94 


IMKCKS    .11  STIKICATIVKS 


qui  le  déroba  aux  regards  do  tout  le  monde;  mais,  au 
bout  de  quelques  minutes,  on  vit  paraître  sa  tête  et  ses 
membres  inhumainement  portés  en  triomphe  au  bout 
des  piques  de  ces  lâches  assassins  :  et  cette  race  de 
cannibales  vint,  en  chantant  les  chansons  de  la  Révo- 
lution, en  faire  trophée  à  la  portière  du  carrosse  du 
Roi,  tant  elle  était  bien  endoctrinée  par  les  meneurs,  • 

qui  déjà  dévoraient  la  France».  .| 


TABLE 


Al)beville  (CJliàteau  .1)  :  âl). 
Accidents   arrivés    à    ÉliiMinf 

du  Val  :  56.  57. 
Accident    (Premier)    arrivé   à 

É.  du  Val:  37. 

—  (Second)    arrivé  à   K.    du 
Val  :  37. 

Acte  du    2  mars   1557    (Pali- 

nod):  i)(3. 
Allemagne    (Le    sieur   Gilles 

d')  :  62. 

—  (Agnès,  femme  d'):  62. 
Angerville    d'Orcher    (  Dame 

d')  :  39. 
Annebault  (Messire  .Jehan  d'), 

vicomte  d'Auge  :  51. 
Approl)ation  du  contrat  pour 

le  Palinod  (texte  latin)  :  77. 
Aramonl  (Messire  Gabriel  d'), 

ambassadeur    d'Henry    11  : 

82. 
Ardennt's  (Abi)aye  d')  :  82. 
Argentan  :  47. 
Armes  du  fondateur:  72. 
.\rrestation    d'É.   du    Val    en 

1555:  51.  52. 

—  de  du  Val  de  Moudrain- 
ville,  en  l.^;«»:  V.). 


Arrêt  du  Parlement  de  Rouen, 
de  1555  :  12. 

—  du   Parlement    de  Rouen, 
du  19  octobre  1555  :  84. 

—  du   Parlement   de  Rouen, 
de  1569  :  8,  54. 

—  du  20  août  1569  :  18,  19. 

—  de  la  Cour  de  Rouen,  du 
27  décembre  1569  :  50. 

—  du  23  décembre  1570  ;  87. 
Articles    de    la    donation    de 

1557  :  68. 

Assemblée  des  juges  du  Pali- 
nod :  69. 

Avranches  :  7. 

Raclieloy  (Messire  Pierre):  59. 
Baïf  :  75. 
Ballade  :  74,  80. 
Ballargent  (Le  sieur  Richard)  : 
60. 

—  (Le     sieur     Guillaume), 
sieur  de  Saint-Bégnin:  60. 

Baronnie  d'Argences  (Receveur 

de  la)  :  a5. 
Basse-cour    (Construction    de 

la)  :  53. 
Bas  Ion  :  73. 


96 


TABLE 


Beaufort  (Marie  de),  dame 
Etienne  du  Val,  comtesse  de 
Dampierre  :  39. 

Bedeaux  de  l'Université  :  33, 
70,  70.  80. 

Belleau  (Rémy)  :  75. 

Belle-Étoile  (Abbaye  do)  :  82. 

Béneauville  (Demoiselle  de)  : 
.51. 

.  —  (  Pierre  Le  Bourgeois , 
sieur  de)  :  G.  7. 

Bernard  (  Messire  Nicolas  ), 
conseiller  du  Roi  :  53. 

Berniëres  (Famille  de),  sei- 
gneurs deMondrainville  :  39. 

—  (Demoiselle  Catherine  de), 
dame  P.  de  Moges  :  46. 

—  (Sergenterie  de)  :  58. 
Berniéres-Gavrus  :  39. 
Besnard  (Maître  Julien),  tré- 
sorier de  l'Université  :  90. 

Béziers  (Mémoires  de  Michel): 
9. 

Bigne  (Jehan  de  la)  :  48,  49. 

Bigot  (Messire),  avocat  géné- 
ral :  88. 

Bois  (Collège  du)  :  07. 

Bois,  cKandelles,  vin  et  pain  : 
77,  80. 

Bordeaux  (Raymond)  :  29. 

Bossut  (Anne  de),  dame  Jac- 
ques du  Val  :  39. 

—  (Nicolas  de),  l)aron  de  Ba- 
zoches  :  39. 

Bourgueville  (Le sieur  Charles 

de),  lieutenant  criminel  :  15. 

Boussancourt     (Louise     de). 


marquise  de  Dampierre  :  40. 
Bras     (M.     de    Bourgueville, 

sieur  de)  :  6. 
Breslay  (Le  sieur),  jugo-com- 

missaire:  50. 
Bretel     (Messire),     conseiller 

au  Parlement  de  Rouen  :  15. 
—  (Messire  Raoul),   conseil- 
ler au  Parlement  do  Rouen  : 

84. 
Brunswick  (Le  duc  de)  :  42. 
Bureau   (Hugues),    lieutenant 

général  :  45. 

Caen  Illustré:  24. 

Cahagnes  (Éloges  de)  :  9,  82. 

Carpiquet  (Héritages  donnés, 
sis  à)  :  58,  59. 

Carpiquet  :  27. 

Casino  d'Etienne  du  Val  :  24. 

Castelnau  (Michel  de)  :  14. 

Censolz  (Messire),  conseiller 
au  Parlement  de  Rouen  :  15. 

Centsolz  (Messire  Jacques), 
conseiller  au  Parlement  de 
Rouen  :  84. 

Châlons  :  55. 

Chambre  des  Comptes  de  Pa- 
ris :  50. 

(^■hambre  des  vacations  de 
Rouen  (Arrêt  de  la)  :  15,  16. 

Champion  (M.  Jehan),  rece- 
veur de  l'Université  :  81. 

Chant  Royal  :  72,  73,  80. 

Charente  (La  rivière  de)  :  52. 

Cliarges  du  Palinod  :  77. 

Charles  IX  :  17. 


TABLE 


97 


Château  do  Cacn  :  V.). 

Gheux  (Sergenterie  de)  :  ')9. 

Cœuret  (Maître  Guillaume), 
tal)ellion  :  81.  6:">. 

(Pologne  :  40. 

Communauté  des  Pauvres  Va- 
lides de  Rouen  :  89. 

Compositions  pour  le  Puy  du 
Palinod  :  G!). 

Compositions  latines  et  fran- 
çaises :  71,  80. 

Comptoir  d'Etienne  du  Val  : 
•23. 

Gondé  (Armée  de)  :  41. 

Contrat  de  1557:  81. 

—  de  1576  :  ;M,  85,  86. 
Convention  de  1576  :  78. 
Coquet    (Thomas),     receveur 

de  deniers  ;  son  assassinat  : 
54. 
Cordeliers  (Les  religieux)  :  66. 

—  (Couvent  des):  82,  ;«,  69, 
76,  78,  80. 

Corderoy  (M.  Nicolas),  tabel- 
lion :  58. 

Cossé  (Le  maréchal  de)  :  55. 

Couleurs:  78. 

Cressonnière  (Demoiselle  de 
la),  dame  d'Elbœuf  :  45. 

Gussy  (M.  Jehan  de),  tabel- 
lion :  .58. 

Daleschamps  (Maître  Pierre): 

60. 
Dampierre-le-Chàteau  :  89. 

—  (Château  de):  41. 

—  (Pillagedu  château  de)  :  42. 


Denis  (Maître  Jehan)  :  47. 
Deslandes    (Maître    Nicolas), 

tabellion  :  63. 
Désobeaux    (Le    sieur    (Juil- 

iaunie)  :  6. 

—  (Maître Michel),  tabellion: 
20,  59. 

—  (Maître  Guillaume),  tabel- 
lion :  47,  61. 

Desquay  (Girard),  sieur  de 
Rapilly.  lieutenant  du  bail- 
ly:  47. 

Deux-Ponts  (Le  duc  de):  55. 

Dieppe  :  52. 

Disgrâce  de  Jacques  du  Val  : 
39. 

Dive  :  52. 

Dizain  :  75.  80. 

Donation  par  E.  du  Val,  à 
l'Université,  pour  le  Pali- 
nod :  06. 

—  (Articles  et  conditions  de 
cette)  :  68. 

Dutout  (Michel),  tabellion  :  27, 
62. 


Elbœuf  (Jeanne   d'),  dame  J. 

de  Malherbe  :  45. 
—  (Demoiselle  Marie  d'),dame 
Guillaume  de  Malherbe  :  46. 
—  (Richard);  sieur  des  Por- 
tes :  46. 

Epigramrae  :  72,  80. 

Escoville  (Dame  d').  dite  lien- 
nequin  :  47. 

Espagne  (Voyage  en)  :  45. 
7 


98 


TABLE 


—  (Navigation  en)  :  52. 
Estoille  :  75. 


Fabri  :  le  Grant  Art  de  pleine 

Rhétorique  :  72,  73. 
Falaise  :  54. 
Feuguerolles  (Seigneurie  de)  : 

81. 
Fécarap  (Abbaye  de)  :  35. 
Fondation  nouvelle  de  1.^70  :  79. 
Fontaine-Etoupefour  :  48. 
Fontainebleau  :  49. 
Fontenay  (Abbaye  de)  :  38. 

—  (Demoiselle  de)  :  53. 
Fort-l'Evesque (Prison  du)  : 50. 
Foulognes  (Maître  .Jehan  de), 

tabellion  :  47,  61. 

Four  à  ban  d'Argences  :  35. 

Fournier  (Demoiselle  Barbe)  : 
47. 

Frais  du  procès  de  1555  :  52. 

Froide-rùe  (Paroisse  de  Notre- 
Dame  de)  :  17. 

—  (La  rue)  :  22,  26. 

—  (  Eglise    de    Notre-Dame 
de)  :  29,  30. 

—  (Notre-Dame  de)  :  61,  62, 
(53. 

Fuye  à  pigeons  :  54. 

Galéan  (Charlotte  de),  veuve 
de  Charles  de  Fauges,  com- 
tesse de  Dampierre  :  40. 

Gémare  (Rue)  :  26. 

Germain  (Jacques),  recteur  :  ;%. 

—  (Maître  Jacques),  recteur: 
81. 


Gosseaume    (Maître    Adrien). 

tabellion  :  65. 
Grainville-sur-Odon  :  56. 
Grand-Cheval  (Hôtel  du)  :  48. 
Greniers  d'Etienne  du  Val  :  25. 
Gringalet  (Les  frères  Nicolas), 

bourgeois    de    Saint-Pierre 

de  Caen  :  62. 

Halle  au  Blé,  ou  Tripot  :  22, 
26,  53. 

—  (Rue  de  la):  26. 
Ham  (Abbaye  de)  :  38. 
Harengs  (Cargaison  de):  52. 
Haute  messe  :  62. 

Hérault  (Maître  Rodolphe), 
recteur,  curé  de  Saint-Ouen 
de  Caen  :  67. 

Honneurs,  prééminences  du 
Palinod:  77. 

Hôtel  d'Etienne  du  Val  (Cons- 
truction de  1'):  53. 

Hôtel  en  potence  :  45. 

Hou steville  (Maître  Gilles  de), 
recteur  :  G8,  90. 

Hozier  (Armoriai  d")  :  9. 

Huet,  évêque  d'Avranches  :  6. 

Incendie  de  la  maison  d'E- 
tienne du  Val  :  .53. 

—  des  greniers  d'Etienne  du 
Val  :  25. 

Injures     contre    Etienne    du 

Val  :  87. 
Inscription    dans   la  chapelle 

des  du  Val  :  63. 


TABLE 


99 


Jardins  d'Etienne  du  Val:  26. 
Juges  du  Palinod  :  aS,  76,  80. 


La  Bigne  (Mossirc  Marguerin 
de),  abbé  d'Ardennes  :  82. 

La  Chesnaye  des  Bois  (Diction- 
naire de)  :  9. 

La  Croix  (L'abbé  Jean  de):  82. 

La  Fayette  (Le  général  de)  : 
41. 

La  Haye  (Maître  Denys  de), 

tabellion  :  27, 20, 62. 
—  (Maître  Jehan  de),  tal)el- 
lion  :  34,  79. 

La  Longny  (Maître  Gilles), 
doyen  :  90. 

La  Mariouze  (Messire  Jehan 
de),  sieur  de  Gonneville  :  70. 

La  Motte  (Chemin  de):  58. 

Lande  (Messire  Jessé  de  la), 
receveur  général  des  finan- 
ces :  51. 

Lande  (Messire  Guillaume  de 
la),  receveur  général  des 
finances  :  51. 

La  Noe  (Le  sieur  Jeiian  de), 
bourgeois  de  Saint-Pierre  de 
Gaen  :  62. 

Laurier  :  75. 

Le  Blond  (  Claire  ).  dame 
Etienne  du  Val,  comtesse 
de  Dam  pierre  :  40. 

Le  Boullonoys  (Olivier),  pa- 
tron de  navire  :  52. 

Le  Bourgeois  (Pierre),  sieur 
de  Béneauville  :  46,  51. 


Le  Comte  (Messire  Jehan), 
patron  de  navire  :  52. 

Le  Goustellier  (  Demoiselle 
Jacqueline  ),  dame  J.  de 
Missy  :  46. 

Tjecteur  des  compositions  ;  ;iS. 
76,  80. 

Le  Fauconyer  (Nicolas),  bour- 
geois de  Gaen  :  27,  59. 

Le  Fournier  (Nicolas),  baron 
de  Tournebu:  47. 

Le  Goullu  (Le  sieur  Marin)  :  60. 

Le  Gras  (Guillaume),  tabel- 
lion :  31. 

Le  Laboureur  (Godcfroy),  rec- 
teur :  66. 

Le  Loup  (  Chasseurs  autri- 
chiens de)  :   42. 

Le  Maistre  (Messire  Jehan), 
tabellion  :  34,  79. 

Le  Marchant  (Messire  Tho- 
mas), sieur  du  Rozel:  27.  58. 

Le  Mercier  de  Saint-Germain, 
fondattmr  du  Palinoil  :  i]0, 
M. 

Le  Moutonner  (Claude)  :  39. 

Le  Picard  (Messire  Jérôme), 
lieutenant  général  :  36,  82. 

Le  Porcher  (Messire  Jacques), 
recteur  :  31,  66,  78,  91. 
—  (Messire  Nicolas),  recteur: 
66. 

Le  Portier  (Jehan),  scribe  de 
l'Université:  70. 

Lepoutrel  (Guilbert):  35. 

Lespiné  (Le  sieur  Georges)  : 
6(1. 


100 


TABLE 


Le  Sens  (Hôtel)  :  2(>. 

Le  Tellyer  (Le  sieur  Thomas), 

bourgeois  de  Saint-Nicolas  : 

59, 62. 

—  (Messirc  Jehan)  :  59. 
Lettres  de  grâce  de  1540  :  50. 
Lettres  patentes  de  1540:  7. 

—  de  1541  et  1542  :  8. 
Le  Valois  (Nicolas)  :  47. 

Le  Villain  (Messire  Paulin)  : 

fiO. 
Ligne  palinodée  :  73,  74. 
Lisière  :  74. 
Lorraine  (Jean,  cardinal  de)  : 

51. 
Louis  XVI  (Arrestation  de)  : 

40. 

Malherbe  (Le  sieur  Jean  de)  : 
6. 

—  (Le  sieur  Guillaume  de)  : 
Ij,  13,  10. 

—  (Le  sieur  François  de)  : 
13. 

—  (Loyse),  dame  Etienne  du 
Val  :  45. 

—  (Jehan),  seigneur  d'Arry, 
de  Mondrainville  et  de 
Missy,  lieutenant  général  : 
45. 

—  (Guillaume  de),  sieur  de 
Missy  :  46. 

—  (Guillaume  de),  conserva- 
teur des  privilèges  de  la 
Faculté,  prieur  de  l'Hôtel- 
Dieu  ;  son  arrestation  :  46, 
52.  H4. 


—  (Jacques  de),    lieutenant 
général  criminel:   82. 

—  (Dem  oiselle    Jeanne   de) 
dame  P.  Le  Bourgeois:  47, 

Maleissye  {Mémoires  du  mar- 
quis de):  41. 

Manuscrit  d'Etienne  du  Val  : 
3,  4. 

Mondrainville  :  37. 

—  (Abbaye  de)  :  56. 

—  (Butte  de):  56. 

—  (Domaine  de):  39. 

—  (Église  de)  :  38. 
Marguerite  (Le  sieur  Jacques)  : 

8,  18,  54,  87. 

—  Sa  condamnation  :  54. 

—  (Le  sieur  Charles)  :  54,  87. 
Mariage  d'Etienne  du  Val:  47. 
Mariouze  (Jean  de  la),  sieur  de 

Gonneville:  31. 
Marot  (Clément)  :  32.  75. 

—  Jehan  :  28,  60. 

Mauny  (Guillelmine  Guernon. 
veuve  d'Etienne  de)  :  28,  6t). 

—  (Maison  appelée)  :  59. 
Médicis  (Catherine  de):  39. 
Mellin  de  Saint-Gelais  :  75. 
Méry  (Paroisse  de)  :  80. 
Missy  (.lean  de)  :  46. 

—  (Anne    de),    dame    Guil- 
laume de  Malherbe  :  46. 

Moges  (Le  sieur  de  Buron)  : 
6. 

—  (Le  sieur  Nicolas  de):   6. 

9,  10,  12, 16,  .53. 

—  (Le  sieur  Jean  de)  :  8. 

—  (Demoiselle  Marguerite  de). 


TABLE 


101 


dame  de  P.   Malherbe  :  45. 

—  (Pierre  de),  sieur  de  Bu- 
ron  :  45. 

—  (Jehan  de),  seigneur  de 
Buroii  et  du  M(>snil-au- 
Grain,  procureur  du  Roy  :  46. 

—  Sa  mort  :  46. 

—  (Messire  Nicolas  do),  sieur 
de  Buron  ;  son  arrestation  : 
52,  84. 

—  (Messire  Jacques  de), 
prieur  de  l'Hôtel-Dieu  :    53. 

Moiremont  (Abbaye  de)  :  38. 

Moisy  (Messire  Henry),  rec- 
teur: 81. 

Monnaie  (Hôtel  de  la)  :  2:5. 

Moulles  (Le  sieur  Loys  de)  : 
28,  61. 

Mouche  (Nicolas  de  la),  rec- 
teur: 21. 

—  (Son  hôtel):  22. 
Mousche    (Maison    de    La)  : 

20.  21. 


Naissance  d'une  fille  d'Etienne 
\      (lu  Val:  50. 
Néel  (Robert),  tabellion  :  :35. 
Neufmois  (Le   sieur    Huj^ues 

de)  :  60. 
Nocey  (Messire  IMiilippe  de), 

officiai  de  Lisieux:  51. 
Obits  et  messes  à  notes  :   61. 

63. 
Udun  (L'):  26. 
Onfroy  (Les  frères)  :  d&. 
—  (Messire  Jehan),  sieur  de 


Gardronney,  recteur:  67. 

—  (Messire  Jehan),    doyen  : 
81,  90. 

—  (Messire    Etienne),    rec- 
teur :  <)7. 

—  (Messire  Etienne),  doyen  : 
81. 

Oraison  du  matin  :  71,  80. 
Orléans  (Ghansons  de  Gharles 

d'i  :  75. 
Osmônes   et   donations  :  27  à 

36,  58. 
Oyestreham  (Sergenterie  d")  : 

58. 


Pain  (Distribution  de  Grant)  : 

:36,  81 . 
Palais    de    justice    de  Rouen 

(Le  vieil):  .52. 
Palinod  :  17,  30,  72,  73.  74. 

—  (Gonfirmation  de   la   fon- 
dation pour  le)  :  tJO. 

—  (Règlement  du):  33. 
Palme:  74. 
Parisy-Baillehaclie     (  Famille 

de)  :  90. 

—  (M.    de),    sieur    de    Ran 
ville:  31,70. 

Pauvres  Valides  de  Rouen 
(Communauté  des)  :  19. 

Pavillon  K^asino):  45. 

Perrin-Hue  (Famille):  58. 

Pièces  justificatives:  8'i. 

Placards  imprimés,  pour  atli- 
chage:  33,  71.80.    • 

Place  Rovale  :  39. 


102 


TABLE 


Pléiade  (La):  75. 
Poitiers:  55. 
Pont-dc-Sommevesle  :  40. 
Porte-Saint-Etienne     (Grande 

rue  de  la)  :  28. 
Poyet  (Le  chancelier)  :  6,  7, 49. 
Pré  de  la  Boucherie  :  39. 
Prétouville  (Jean  de)  :  5.  47. 

—  (Sa  mort)  :  47,  48. 

—  (Anne  de)  :  6,  8.  9,  10,  11. 

—  (Gilles  de):  47. 

Prêtres  fondés  de  Notre-Dame 

de  Froideriie  :  63. 
Prés  (Rue  des)  :  27,  GO. 
Prince  du  Puy  :  32,  69,  71,  80. 
Princes  héréditaires  du  Pali- 

nod  :  34. 
Procès  de  1555  :  12. 
Protestants  à  Caen:  14. 
Puy  du  Palinod  :  4. 

—  (Fondation  du):  65. 
Puy  de  la  Conception  :  79. 

Quanynet  (Le   sieur),   procu- 
reur: 84. 
Quicsdeville  (Famille):  58. 

Receveur  de  l'Université:    33. 

77,  80. 
Recherches  et  Antiquités  de 

Charles  de  Bourgueville  :  15. 
Recteurs  et  doyens,  juges  du 

Palinod  :  75.  80. 
i?ec<o;7cp  (Registre  des):  4,21. 
Réforme  en  Normandie  (La)  : 

14. 


Registres  de  l'Hôtel  de  Ville: 

30. 
Reitres  :  r)5. 

Règlements  du  Palinod  :  32. 
Rénémesnil    (Le  sieur  Jehan 

de)  :  13,  16.  85. 
Romain  ( Léonarit ) .  recteur  :  21 . 
Ronsard  :  32,  75. 
Rouxel  (Jean)  :  38. 
Rue  (M.  l'abbé  de  La)  :  6. 
Rustique  (Porte  à  la)  :  53. 


Saint-Bégnin  (Guillaume  Bal- 

largent,  sieur  de):  28. 
Saint-Etienne  (Porte):  60. 

—  (Paroisse  de):  59,  61. 
Saint-Gelais  (Mellin  de):  32. 
Saint-Pierre  (Paroisse  de):  17, 

28,  30. 

—  (Rue):  26. 

Saint -Sépulchre  (  Collégiale 
du)  :  53. 

Saint-Vincent  de  Senlis  (Ab- 
baye de);  38. 

Sainte-Croix  de  Caen  (Reli- 
gieux de)  :  17,  20,  27,  29,  30. 

—  (Les   prieur   et   religieux 
de)  :  59,  65. 

Sainte-Menehould  :  39,  40. 
Sainte-Paix  (Couvent  de):    3.'). 
Saragossa  (Hiéronimo):  46. 
Sardini  (Meurtre  de  Scipion)  : 

.55. 
Signet:  75. 
Sinalimphe:  73. 
Sonnet  :  75.  80. 


TABLE 


103 


Sorin  (  Mossire  Tanneguy  ), 
conseiller  du  Roy:  67. 

Syndic  de  l'Université  :  33, 
76, 80. 


Testament  de  Jean  île  Prétou- 

ville  :  48. 
Tonsure  (Ordre  de),  donné  à 

Jacques  du  Val  :  51. 
Tournebu    (Marie  de),    dame 

de  Berniéres:  39. 

—  (Demoiselle  de):  53. 
Tournelle (Chambre  de  la)  :84. 
Tréshardy  (Le  sieur  Charles), 

procureur  au    Présidial   de 
Caen:  80. 
Trésor  de  l'église    de    Saint- 
Pierre  :  61. 

—  de  Notre-Dame  de  Froide- 
rûe:  28. 

—  de  l'Université:  m,  76,  80. 
Troismonts       (  Le       docteur 

Etienne  de)  :  36. 

—  (Demoiselle  Jeanne  de  la 
Valette  de),  dame  P.  de 
Malherbe:  46. 

—  (Demoiselle  de):  51. 

—  (Messire  Guillaume  de), 
seigneur  de  Feuguerolles, 
recteur:  81. 

—  (Messire  Jean  de),  archer 
de  la  garde  d'Henry  II  :  81. 


Université  de  Claen  (Actes   de 
fondations):  m.  66 à  83. 


Val    (Jacques  du),    fils    d'K- 
tienne:  11. 

—  (Marie  du)  :  11. 

—  (  Jehan  du  ),  père  d'E- 
tienne: 22,  27,58,60. 

—  (Hôtel  de  Jehan  du)  :  2à. 

—  (Le  sieur  Pierre  du),  gré- 
netier:  23. 

—  (Le  sieur  Jacques  du), 
curé  de  Cursy  ;  23. 

—  (Etienne  du),  bedeau  de  la 
Faculté  de  médecine  :  32. 

—  (Mort  d'Etienne  du)  :  38. 

—  (  Funérailles  d'Etienne 
du)  :  ;38. 

—  (  Descendants  d'Etienne 
du)  :  38. 

—  (Nicolas  du)  :  38,  bS,  82. 

—  (Jacques  du):  39. 

—  (Etienne  du),  comte  de 
Dampierre:  39. 

—  (Henry  du),  comte  de 
Dampierre  :  40. 

—  (Charles  du),  de  Dam- 
pierre; 40. 

—  (Henry  du),  marquis  de 
Dampierre  :  40. 

—  (Jean-Armand  du),  mar- 
quis de  Dampierre  :  40. 

—  Massacré  t'n  1791  :  40.  41. 

—  (  Charles-Antoine  du  ). 
comte  de  Dampierre,  évèque 
de  Clermont  :  4:3. 

—  (Manuscrit  d'Etienne  du)  : 


45. 

—    (Pierre    du). 
45,  47,5;».  61. 


'rénelier 


104 


TABLE 


—  (  Jacques  du  ),  curé  de 
Cursy:45,  47,  59,  61. 

—  Sa  mort  :  50. 

—  (  Marye  du  I,  sœur  dE 
tienne  :  47. 

—  (Mort  de  Pierre  du).  grè_ 
netier  :  47,  48. 

—  (Marye  du),  dame  dEsco- 
ville:48,  51. 

—  Sa  mort  :  51. 

—  (Naissance  de  Jean  du)  :  47. 

—  {  Naissance  de  Jacques 
du),  fils  d'Etienne:  51. 

—  (Naissance  de  Philippe 
du),  lils  d'Etienne  :  51. 

—  (Jacques  du):  55. 

—  Lettres  de  pardon  à  lui 
accordées:  55. 

—  Blessé  grièvement  :  55. 

—  (Mort  d'Etienne  du)  :  57. 

—  (Chapelle  des  du),  dans 
l'église  de  Notre-Dame  de 
Froiderûe:  63. 

—  (Messes     et     fondations 


pourla  famille  du):  63.64,65 

—  (Jetons  de  la  famille  du)  : 
64. 

Valmy  :  41 . 

Valori  (Le  comte  de):   41. 
Varennes  (Evénement  de):  40. 
Vaudon  (Le  sieur  Jehan);  80. 
Vergier   (Messire  Jehan  du)  : 

recteur:  67,  9(J. 
VeroUes  (Jean  de),  tabellion  : 

20,  59. 
Vey    (Messire    Bertrand    du). 

protonotaire  apostolique  :  !X). 
Vice-gérants      du     sieur     de 

Mondrainville:  34. 
Villemor    (  Messire     Baptiste 

de),  abbé  d'Ardaine:  ;36,  82. 

—  (Messire  Paul  de),  lieute- 
nant général  des  eaux  et 
forêts:  82. 

Villy  (Messire  Guérin  de), 
lieutenant  du  baiUy  de 
Gaen:  87. 

Vin  de  communion:  04. 


Caon.—  Imp.  H.  Delesques.  ruo  Demolombo,  34. 


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DC  Du  Val  de  Mondrainvill 

801  Etienne 

C11D8  Manuscrit  d'Étienn( 

Val  de  Mondrainville