CONVENTION NATIONAL E.
RAPPORT.
FAIT
AU NOM DUCOMITE DE SALUT PUBLIC,
Par B A R E R E ,
Sur les Colonies Francaifes Ifles-du-VenU
Dans la fiance da i 9 therroidor, fan z de h RlpuWique
francaife mie & indivillhle.
Im PRIME PAIJOHDEB DE U CoNYEHTJOK,
c.
TOYENS,
Les trahifons eroient en raeme temps a l'ordre du ion*
dans les Antilles & fur le continent. La Repubiique a ere
trahie dans la colonic de Saint- Domingue par des an (berates
qui ont appeleles Anglais & les Efpagnols. Des emigres de
pus i Londres mettoient Saint-Domingue en fequeure enrre
ies mains ; du roi Georges; des emigres de Saint-Dominie
a ^ey-York inmguoient pour la perte des colonies ; des
■ ^aires des ariftocrates coloniaux nous tranfmettoienc des
s que nous nepouvions ni combartre ni regarder comme
certains. Dans cet etat de chofes, 1 opinion public fee e'oit
wcertaine lur les Gonunilfaires de Saint-Domingue /decreies
d'accufation par la Convention nationale. Les deputes de
Saint-Domingue nous atteftoient leur patriotifme, quoiqulls
fullent temoins des evenemens qui avoient ete denonces a la
Pxepublique.
Pendant ce temps , nous recevions des nouvelles des trahi-
fons de quelq'ues commandans dans les Illes-d u -Vent; mais
aufiitot que nous avons vu les circonftances moins defavo-
rables, nous avons pris le parti d'envoyer un marin fiddle
&c adtif , pour notifier le decret aux commiflaires de Saint-
Domingue, & pour proclamer le decret fur la liberte des
noirs, & des commiflaires pour defendre les . Ifles-du- Vent.
Le iucces a repondu a ces deux millions. Les commiflaires
de Saint-Domingue vendent compte au comite de leurs ope-
rations, & voici le refultat heureux des travaux des com-
miflaires cles Ifles-du-Veut.
Citoyens,- avec nos fucc&s fur les frontieres, nous repren-
drqns les colonies. La Republique eft principalement dans le
continent \ la Republique eft dans notre marine , dans le
courage des armees navalcs & de terre \ la Republique eft
dans t energie de Tefprit public, & dans Tattitude impofante
que la Convention nationale vient de prendre aux yeux de
TEurope.
A la Poinre-a-Pitrc , le 29 prairial J'an fecond de la
Republique unc &c indiviiible.
Le eommijjaire delegue par la Convention nationale aux Ifles-
du-Vent au comite de falut public,
« Notre arrivee en cette colonie tient du prodige : la con-
quer e de la Grande -Terre -Guadeloupe comprera dans les
faftes de la Republique. Le 14 du prefent mois , a vue 'de
terre, nous apprimes que la Republique avoit p-?rdu toutes
fes pofTeflions de TAmerique, & que des trainees les avoient
livrees aux Anglais : nous acquimes la confirmation de cette
nouvelle par un officier que nous envoyames a terre a
Sainr-Francois. Nous fumes a bord des deux transports
haranguer nos freres d'armes, que nous trouvames difpofes
k tout (acrifier pour faire triompher la Republique. Nous
ne comp tames point le nombre des ennemis que nous avion*
h combattre , & nous times une tentative de Hibuftiers.
Nous fimes notre debarquement a la pointe des Salines,
nombre de 1,000 hommes , fans autres ufbnliles de
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fiege que nos baionnettes & d' autres remparts que noi
corps. Le fort de Fleur-d'Epee fut emport6 d'alfaut le 1 8
a minuitj il 6toit defendu par 900 hommes, 16 pieces de
canon 3c un cbus. Vous connoitrez fon importance & fa
force lorfque vous faurez que , trois mois auparavant , les
Anglais, avec tons les attirails d'un fiege, ayant a leur tete
le general Grey & le fils de leur tyran, eurent toutes fes
peines du monde a le prendre avec 3,500 hommes, lorf-
qu'il n'etoit defendu que par 110 patriotes. Nous avons
eu dans cette affaire 90 fans-culottes tant tues que bleifes >
les ennemis plus du double, 3c quelques prifonniers, tant
francais quanglais. Le major Domnond 3c quelques officiers
qui y commandoient y ont perdu la vie. La prife de ce
fort 6tonna tellement les ennemis, qu'ils evacuerent les
cinq autres , dont nous nous fommes empares , ainfi que
de la Pointe-a~Pitre 3c de fon port, ou nous avons trouve
environ 80 batimens, beaucoup de denrees coloniales qui
fe perdent , vu la confufion 3c le defordre infeparabl.es
d'une fi grande ccnquete par auffi peu dliommes.
Apres ce fucces, nous avons eu le bonheur de delivrer
de la prifon de cette ville un grand nombre de malheureux
patriotes qui y gemiflbient ; nouvs les avons armes aux
d6pens des Anglais. Les ariftocrates avoient tente de mettle
le feu a cette prifon.
Cinq jours apres la prife de la Pointe-a-Pitre , lamiral
Jarris eft venu nous, bloquer avec 4 vaifleaux de ligne,
6 fregates ou corvettes, & 7 autres batimens de guerre :
il a mis quelques troupes a terre \ mais nous fommes fi
refolus & fi bien fortifier, que nous ne les craignons pas.
J ai eu le malheur de perdre le citoyen Chretien , mon
collegue : fes grandes fatigues ont acheve de ruiner fa fame
deja tres-affoiblie par de * longues fouftrances \ nos regrets
font accompagne jufqu au tombeau : c £toie lui qui com-
mandoit les troupes \ lattaque du fort de Fleur-d'Epee. La
pnfe de la Grande-Terre 8c de la Pointe-a-Pitre fait 6prou-
ver aux Anglais une perte de deux cents millions, tant par
toutes les denrees 3c confifcations qu'ils avoient faites, que
par les prifes que nous avons faites fur eux. »
a parisTdeT^