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Full text of "Memoires de la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève"

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Vol. 
1902/05 


MÉMOIRES 


DE LA 


LA 12 


SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE 


ET 


D'HISTOIRE NATURELLE 


DE GENÈVE 


Volumé 34 


FASCICULE 1 — (Mars 1902) 


PARTIE ADMINISTRATIVE 


GENÈVE PARIS 
GEORG & Cie G. FISCHBACHER 


BALE et LYON méme maison. , rue de Seine. 


PRIX : FR: 2.— 


TABLE DES MATIÈRES 


FASCICULE 1, VOLUME 534 


Pages 
Avertissement . . . . ; AURA EN 4 
Modifications aux articles 39, 40 et 41 des ont de la | Société à de physique et 
d'histoire naturelle de Genève, "Te 


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Tableau des membres de la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève au 
1°" janvier 1902. 


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Liste des associations scientifiques avec lesquelles la Société de Ne et d'histoire “4 
naturelle de Genève fait échange de publications (1902) . 

Rapport du Président de la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève pour 
l'année 1900 par M. le professeur R. Chodat . . . de 458 DES 19 

Rapport du Président de la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève pour 
l’année 1901 par M. le professeur Louis Dupare ., 


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MÉMOIRES 


4 SOCIÈTÉ DE PHYSIQUE 


F D'HISTOIRE NATURELLE 


DE GENÈVE 


MÉMOIRES 


DE LA 


SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE 


ET 


D'HISTOIRE NATURELLE 


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DE GENEVE 


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Volume 3% 
(1902-1905) 


GENÈVE | PARIS 
GEORG & Cie G. FISCHBACHER 
3, rue de Seine 


BALE et LYON méme maison. 


1902-1905 


GENÈVE 
IMPRIMERIE W. KÜNDIG & FILS 


TABLE DES MATIÈRES 


du Volume 34 (1902-1905). 


FASCICULE 1 (Mars 1902). 


Avertissement}. 7..." 0 : 
Modifications aux articles 39, 40 * mn des tree de la Société de physique et 
d'histoire naturelle de Genève . . . : £ 


Tableau des membres de la Société de physique et td are natur elle de Ce au 
1° janvier 1902 

Liste des associations Moi avec ne la Société Se ARTE et détoire 
naturelle de Genève fait échange de publications (1902)  . . . . De 

Rapport du Président de la Société de physique et d'histoire naturelle de Gares e pour 
l’année 1900 par M. le professeur R. CHovar . . . 7: 

Rapport du Président de la Société de physique et d'histoire de ï Genèr e pour 
l'annee 1901 par M. le professeur Lours Dupare . … . à: : : 


; FASCICULE 2 (Juin 1902). 
Recherches géologiques et pétrographiques sur l'Oural du Nord dans la Rastesskaya 
et Kizélowskaya-Datcha (gouvernement de Perm), par Louis Durarc, professeur 
à l'Université de (Genève, et Fraxcis PEaRcE, docteur ès sciences, assistant du 
Laboratoire de minéralogie de l'Université. Premier mémoire, avec 30 figures, 
1 carte, 3 planches et 16 clichés dans le texte. 


FASCICULE 3 (Mars 1903). 
Rapport du Président de la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève pour 
l’année 1902 par M. le professeur PriciPpe-A. GUYE . : 2 La 
Marc Micuezr. Leguminosæ langlasseanæ. Lésumineuses De one ts Etats 
mexicains de Michoacan et de Guerrero, pendant les années 1898 et 1899 par 
Eugène Langlassé. Avec 28 planches 


FASCICULE 4 (Mars 1904). 


Note sur une opération analytique et son application aux fonctions de Bessel, par 
M. C. Cancer, professeur à l’Université de Genève . É 

Rapport du Président de la Société de physique et d'histoire ae de Cents e pour 
lannéeli08 pa NE PAULIVANIDERCHEMNN NE CCR CRE 


FASCICULE 5 (Février 1905). 


Recherches géologiques et pétrographiques sur l'Oural du Nord dans la Rastesskaya 
et Kizélowskaya-Datcha (gouvernement de Perm), par Louis Duparc, professeur 
à l'Université de Genève, et Fraxcrs PEarce, docteur ès sciences, assistant du 
Laboratoire de minéralogie de l'Université. Deuxième mémoire avec 30 figures, 
1 carte, 3 planches et 29 clichés dans le texte. 


Pages. 


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119 


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TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS 


BERCHEM (VAN) PAUL. — Rapport du Président de la Société de Fo et d'Histoire 
naturelle de Genève pour 1903 . : : DAMES 

Carzzer, C. — Note sur une opération an: are et son ne aux fonctions 
depBesselé 0.0 LE À : 

Cuovar, R. — Rapport du Président de F Socié été de P ysine et td He Foie 
pour 1900 . . : ; ë . D np En en E 

Duparc, Louis et PEARCE, Fs RANCIS. — 1 anche gé ane et pétrographiques 
sur l'Oural du Nord dans la Rastesskaya et Kizélowskaya-Datcha. Premier mémoire 

Id. id. Deuxième mémoire 

Guye, Paicippe-A. — Rapport du Président de la Société de Physique # d° He 
naturelle de Genève pour 1902 . Ve 

Micueut, Marc. — Leguminosæ langlasseansæ. nee réc oltées de le Etats 
mexicains de Michoacan et de Guerrero, pendant les années 1898 et 1899 

Parce, F. — Voy. Durare, L. 


Pages. 


369 


LUS 


NIPAPTEES 


AVERTISSEMENT 


A partir de 1902. les volumes des Mémoires de la Société de Physique et 
d'Histoire naturelle de Genère ne paraitront plus en deux parties : ils seront com- 
posés dun nombre indéterminé de fascicules renfermant chacun un où plusieurs 
mémoires (voir ci-après les modifications aux art, 39-41 du règlement de 1894). 

Afin de simplifier les recherches bibliographiques, il n’est pas commencé dé 
nouvelle série, malgré les changements qui sont apportés dans le mode de publica- 
tion et dans la disposition typographique du texte. 

Le présent cahier, qui fait suite à la deuxième partie du tome XXXIIT, forme 
donc le premier fascicule du volume #8 4. 

Les Bibliographies ou listes des ouvrages reçus par la Société, qui paraissaient 
jusqu'ici dans les volumes de Mémoires, seront supprimées. La Société considère 
que, désormais, le fait de l'envoi régulier de ses publications servira en lui-même 
d’accusé de réception vis-à-vis des Institutions qui veulent bien faire l'échange 


avec elle. 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST, NAT. DE GENÈVE, VOL. 84 (1902). | 


MODIFICATIONS 
AUX ARTICLES 39, 40 ET 41 DES RÈGLEMENTS 
DE LA 
SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE 


DE GENÈVE 


ART. 39. — Les Mémoires, de format in-4°, contiennent des travaux inédits 
qui sont présentés à la Société et acceptés par le Comité de publication. TS ren- 
ferment en outre des rapports présidentiels et d’autres documents administratifs, 

ART. 40, — Le mode de publication des Mémoires est fixé de la manière sui- 
vante : 

1° Le volume ne sera plus divisé en deux parties. Il paraitra par fascicules 
dont le nombre et la date de publication ne sont pas fixés d'avance et dont la 
réunion formera un volume de 300 à 700 pages. Une numérotation générale des 
pages se suivra dans le volume, du commencement à la fin. Chaque mémoire por- 
tera en outre une numérotation spéciale, Celle-ci sera inscrite au bas des pages et 
entre parenthèses. 

Le volume et les planches seront numérotés en chiffres arabes. 

En tête de chaque bonne page se trouvera, en abrégé, le titre du mémoire et, 
au verso, le nom de l’auteur. Le titre abrégé du volume, son numéro et lannée de 
publication seront indiqués en signature sur chaque feuille d'impression et sur 


4 MODIFICATIONS AUX RÈGLEMENTS 


chaque planche. Ils tigureront également sur les tirages à part. En tête du volume 
se trouveront : 

a) un faux-titre ; 

b) un titre; 

c) une table des matières avec titre in extenso disposée par ordre de publi- 
cation et indiquant la date d'apparition de chacun des fascicules formant le 
volume. 

Ces pièces liminaires, de même que la couverture du volume, seront envoyées 
avec le dernier fascicule, 

20 Chaque fascicule renfermera un ou plusieurs mémoires. Il portera sur sa 
couverture la date de sa publication et son prix de vente et, au verso, l'indication 
des mémoires qu'il contient. 

Il ne sera jamais publié de mémoire (ou < partie de mémoire ») incomplet dans 
un fascicule. 

3° Les auteurs reçoivent gratuitement 23 tirages à part de leurs mémoires. 
Lorsqu'ils en demandent un plus grand nombre, ils leur sont livrés au prix de 
revient, à la condition, cependant, de ne pas être mis en vente. Les tirages à part 
ne seront Jamais livrés aux auteurs avant l'expédition du fascicule. 

Is porteront, en tête de la première page, l'indication du volume auquel ils 
appartiennent. 

Les tirages à part sont remis aux auteurs sans titre spécial et avec la couver- 
ture des fascicules. 

4° Lorsqu'un fascicule renferme plusieurs mémoires, ces derniers ne se vendent 
pas séparément. 

5° Le Comité de publication est chargé d'établir le chiftre du tirage et le prix 
de vente de chaque fascicule. 

ART, 41. — Les Mémoires ne sont adressés à titre d'échange qu'à celles des 
sociétés correspondantes qui envoient à la Société de physique des publications 
d'importance analogue. 

Les membres ordinaires, émérites et honoraires ont le droit de recevoir un 
exemplaire des Mémoires. Les associés libres ne le recevront que sur leur de- 
mande, 

Les membres perdent leurs droits sur tout fascicule non réclamé dans les trois 
ans qui ont suivi sa publication. 


TABLEAU DES MEMBRES 
SOCIETÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE 
DE GENÈVE 


Au 1° janvier 1902. 


1° MEMBRES ORDINAIRES RÉSIDANT A GENÈVE 


RANGÉS PAR. ORDRE D'ADMISSION 


Dale de leur 


réception. 
1853 MM. {Henri DE SAUSSURE entomologiste. 
1854 Marc THURY, botaniste. 
1861 Casimir DE CANDOLLE, botaniste. 
— Perceral DE LORIOL, paléontologiste. 
1863 Lucien DE LA RIVE, physicien. 
1864 Victor FATIO, zoologiste. 
1865 Arthur ACHARD, ingénieur. 
1867 Marc MiCHELI, botaniste. 
1868 Jean-Louis PREVOST, médecin, 
1869 Edouard SARASIN, physicien. 
— Ernest FAVRE, géologue. 
1873 Emile ADOR, chimiste. 


— William BARBEY, botaniste, 


(0 


Date de leur 
réceplion 


TABLEAU DES MEMBRES 


1874 MM. Adolphe D'ESPINE, médecin. 


1876 
1878 
1879 
1880 
1882 
1883 
1SS4 
1SS7 
ISSS 
1889 


1890 


Eugène DEMOLE, chimiste. 
Théodore TURRETTINI ingénieur. 
Pierre DUNANT, médecin. 

Jacques BRUN, botaniste-médecin. 
Charles GRÆBE, chimiste. 
Albert-A. RILLIET, physicien. 
Charles SORET, physicien. 
Auguste-IL. WARTMANN, médecin. 
Gustave CELLÉRIER, mathématicien. 
Raoul GAUTIER, astronome. 
Maurice BEDOT, z0ologiste. 

Aimé PICTET, chimiste. 

Alphonse PICTET, entomologiste. 
Robert CHODAT, botaniste. 
Alexandre LE ROYER, physicien. 
Louis DUPARC, géologue-minéralogiste. 
F.-Louis PERROT, physicien. 
Eugène PENARD, z0ologiste. 
Charles- Eugène GUYE, physicien. 
Emile BURNAT, botaniste. 

Paul VAN BERCHEM, physicien. 
André DELEBECQUE, ingénieur. 
Théodore FLOURNOY, psychologue. 
Albert BRUN, minéralogiste. 
Emile Chaix, géographe. 

Charles SARASIN, paléontologiste. 
Philippe-A. GUYE, chimiste. 
Charles CAILLER, mathématicien. 
Maurice GAUTIER, chimiste. 

John BRIQUET, botaniste. 

Mie C. SCHEPILOFF, physiologiste. 
Paul GALOPIN, physicien. 


Alfred PREUDHOMME DE BORRE, entomologiste, 


Etienne RITTER, géologue. 
Frédéric REVERDIN, chimiste. 


sv pif 


Date de leur 


réception. 
1897 


1898 
1900 


1863 
1869 
1882 
1893 
1897 
1898 


1849 
1859 
1864 


1869 


MM. 


MM. 


MM. 


DE LA SOCIÊTÉ 


Théodore LULLIN, physicien. 

Arnold PICTET, entomologiste. 
Justin PIDOUX, astronome, 

Auguste BONNA, chimiste, 

Henry AURIOL, chimiste. 

Emile FREY-GESSNER, entomologiste. 
Augustin DE CANDOLLE, botaniste, 


2° MEMBRES ÉMÉRITES 


Henri DOr, médecin, à Lyon. 
Raoul PICTET, physicien, à Paris. 
Eugène RISLER, agronome, à Paris. 
J.-M. CRAFTS, chimiste, à Boston. 
D. SULZER, ophtalmologue, à Paris. 
F. Dussaup, physicien, à Paris. 


3° MEMBRES HONORAIRES 


Ch. BRUNNER DE WATTENWYL, à Vienne. 


Jules MARCOU, à Cambridge, Mass. 
A. VON KÔLLIKER, à Wurzbourg. 
M. BERTHELOT, à Paris. 

F. PLATEAU, à Gand. 

Ed. HAGENBACH, à Bâle. 

Ab. FALSAN, à S'-Cyr, Rhône. 
Ern. CHANTRE, à Lyon. 

P. BLASERNA, à Rome. 

WW. KüaxE, à Heidelberg. 

S.-H. SCUDDER, à Boston. 

F.-A. FOREL, à Morges. 

A. CORNU, à Paris. 


1 


8 TABLEAU DES MEMBRES 


Date de leur 
réception, 


1874 MM. S.-N. LockyER. à Londres. 


1876 Eug. RENEVIER, à Lausanne. 
1879 S.-/. LANGLEY, à Allegheny, Pen. 
1880 H.-A. E.-A, FAYE, à Paris. 


— E. MAY0, à Florence. 
_ Al. AGASSIZ, à Cambridge, Mass. 


1883 Th. DE HELDREICH, à Athènes. 
H. DUFOUR, à Lausanne. 
1884 L. CAILLETET, à Paris. 


= Alb. HEIM, à Zurich. 
— BR. BILLWILLER, à Zurich. 
— Ch. Durour, à Morges. 


1886 Alex. HERZEN, à Lausanne. 
1887 Théoph. STUDER, à Berne. 

—— Eilh. WIEDEMANN, à Erlangen. 
1889 À. RADLKOFER, à Munich. 
1899 1. EBERT, à Munich. 

— À. DE BAEYER, à Munich. 

_ Emile FisCHER, à Berlin. 

— Emile NOELTING, à Mulhouse. 

— À. LIEBEN, à Vienne. 

— M. HANRIOT, à Paris. 

— St. CANNIZZARO, à Rome. 


— Léon MAQUENNE, à Paris. 
— À. HANTZSCH, à Wurzbourg. 


- À. MICHEL-LÉVY, à Paris. 
1894 J. HOOKER, à Sunningdale. 
— Ch.- Ed. GUILLAUME, à Sèvres. 


—- K. BIRKELAND, à Christiania. 
— J. AMSLER-LAFFON, à Schaffhouse. 


— W. Ramsay, à Londres. 
1896 Lord KELVIN, à Londres. 
— À. DHORN, à Naples. 
1898 WW. His, à Leipzig. 


— Aug. RIGHI, Bologne. 
1899 W. LOUGUININE, à Moscou. 


Date de leur 
réception. 


1900 MM. 


1901 


1860 MM. 
1864 
1867 


1890 


1893 


DE LA SOCIÉTÉ 


H.-A. LORENTZ, à Leyde. 
H. NAGAOKA, à Tokio. 
PB. WARTMANN, à St-Gall. 


49 ASSOCIÉS LIBRES 


T'h. DE SAUSSURE. 
J. ODIER. 

Ch. MALLET. 

H. BARBEY. 

Ag. BOISSIER. 
Luc. DE CANDOLLE. 
Ed. DES GOUTTES. 
IH. HENTSCH. 

Ed. FaTI0. 

IT. PASTEUR. 

G. MIRABAUD. 
Wal. FAVRE. 

Em. PICTET. 

Ch. RIGAUD. 

Aug. PREVOST. 
Max PERROT. 

Al. LOMBARD. 
Ern. PICTET. 
DPICTER: 

F, BARTHOLONI. 
G. ADOR. 

Ed. MARTIN. 
Edm. PACCARD. 
D. PACCARD. 
Edm. EYNARD. 
Aug. BLONDEL. 
Cam. FERRIER. 

L. CARTIER. 
Edm. FLOURNOY. 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 34 (1902). 


10 TABLEAU DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ 


Date de leur 
réception. 


1894 MM. G. FRÜTIGER. 
— Al. NAVILLE. 
1897 Ed. BERANECK. 
_ Edm. WEBER. 
— Em. VEILLON. 
1898 Eug. PITARD. 
1899 Guill. PICTET. 
- A. BACH. 
— P. Durorr. 
— Al. BABEL. 
— S. KESER. 
— F, KEHRMANN. 
1900 Th. TOMMASINA. 
À. DE SAUSSURE. 
— F. BATELLI. 
= J. MICHEL. 
— Ed. LONG. 
1901 Ed. CLAPARÈDE 
— F'. PEARCE. 
— Gr. HOCHREUTINER. 


LISTE DES ASSOCIATIONS SCIENTIFIQUES 


AVEC LESQUELLES LA 


SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURFLLE 
DE GENEVE 
FAIT ÉCHANGE DE PUBLICATIONS 


(1902) 


3% ee — 


SOCIÉTÉNTETECEUTEN UNE Te ON UN (TENENE. 
Classe d'industrie de la Société des Arts . . . . . Id. 
GONSeEVAlMTEADOtANIQUE. 005 00 0.1 MN Id 
MUSéeNMNStOmeMAIUr elle RE CERN Id. 
HÉGDIC RP OISSIER M EN EN A CT ANIBESYE 
BoNtedniueuniedéralr. eue re Me EE ZURIGER 
Société helvétique des Sciences naturelles... . .  BERNE. 
SOCLÉ Le DOtAnIque Suisses. 4. AN LT en. 0 ANT 
Naturiorschende Gesellschaft Id. 
Naturforschende Gesellschaft. . . . . . . . . BALE. 
Société vaudoise des Sciences naturelles. . . . . LAUSANNE. 
Société neuchâteloise des Sciences naturelles .  . . .  NEUCHATEL. 
St-Gallische naturwissenschaftlhiche Gesellschaft. .  .  S'GALL. 
Naturforschende Gesellschaft. .  . . . . . . . ZURICH. 


Thurgauische Naturforschende Gesellschaft... .  FRAUENFELD. 


12 LISTE DES 


Aargauische Naturforschende (Gesellschaft, 

Naturwissenschaftliche Gesellschaft. 

Société fribourgeoise des Sciences naturelles 

Naturforschende (resellschaft. AUTRE 

Naturtorschende Gesellschaft des Kantons Glarus 

Naturforschende Gesellschaft . 

Académie des Sciences . 

Muséum d'Histoire naturelle 

Ecole des mines 

Société de géographie 

Société géologique de France . 

Société entomologique de France . 

Société zoologique de France 

Ecole polytechnique . 

Société de spéléologie 

Société d'Etudes scientifiques . 

Société Linnéenne PL RS MIE Te OUT 

Société des Sciences physiques et naturelles 

Société Linnéenne de Normandie . DAS er 

Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Savoie. 

Société nationale des Sciencesnaturelles et mathématiques 

Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres . 

Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts. 

Société d'Agriculture, Sciences et Industrie. 

Université de Lyon AD! 

Académie des Sciences et Lettres. 

Académie de Stanislas Rs 0e RUES 

Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres 

Faculté des Sciences. 

Société Florimontane LINE AE DEAR CE 1 

Société des Sciences naturelles de la Charente-Inférieure 

Société d'Etude des Sciences naturelles . : nt 

Revue Scientifique du Bourbonnais et du centre de la 
France ? 

Faculté des Sciences. AM UE AT Re FE 

Société des Sciences naturelles de l’ouest de la France 

Musée océanographique de S. A. R, le prince de Monaco. 


AARAU. 
WINTERTHOUR. 
FRIBOURG. 
LUCERNE. 
GLARIS. 
SOLEURE. 
PARIS. 

Id. 

Id. 

Id. 

Id. 

Id. 

Id. 

Id. 

Id. 
ANGERS. 
BORDEAUX. 

Id. 

CAEN. 
CHAMBERY. 
CHERBOURG. 
DIJON. 
LYON. 

Id. 

Id. 
MONTPELLIER. 
NANCY. 
TOULOUSE. 

Id. 
ANNECY. 

LA ROCHELLE. 
BEZIERS. 


MOULINS. 
MARSEILLE. 
NANTES. 
MONACO. 


ASSOCIATIONS CORRESPONDANTES Ï 3 


R. Accademia dei Lincei 
R. Comitato geologico d'Italia . 


» 


?. Istituto Lombardo di scienze € lettere 


_— 


Societa Italiana di Scienze naturali e Museo civico di 
storia naturale . ADS 

R. Accademia di Scienze, Lettere ed Arti 

R. Accademia di Scienze, Lettere e Belle Arti 

Societa Toscana di Scienze natural . 

R. Accademia delle Scienze. re fe 

à. Istituto Veneto di Scienze, Lettere ed Art. 


» 


D 


Museo Civico di Storia naturale 

Societa Veneto-Trentina di Scienze natural 

Revista di Patologia Vegetale . PP 2 PL MUR 

I. R. Accademia di Scienze, Lettere et Arti degli Agiati. 

R. Accademia delle Scienze fisiche e mathematiche 

SUAHODIZOOIOPIQUE UE CE OO 

R. Accademia delle Scienze dell Istituto. 

K. Akademie der Wissenschaften. 

K. K. Geologische Reichsanstalt 

Zoologisch-botanische (resellschaft 

K. K. Naturhistorisches Hofmuseum . 

Section für Naturkunde des 6. TT, C. 

Verein der Geographen an der Universität. 

K. K. Oesterr. Gradmessung’s Bureau 

Académie des Sciences de Hongrie (Magyar tudomanyos 
Akademia) FNODÉE NL ARR 

K. Bühnusche Gesellschaft der Wissenschaften 

Académie tchèque Francois-Joseph pour les Sciences, les 
Belles-Lettres et les Beaux-Arts 

Siebenbürgischer Museumverein 

Naturwissenschaftlicher Verein für Steiermark 

Académie des Sciences . ; 

Société des Médecins et Naturalistes. 

Jardin impérial de Botanique . 

Observatoire physique central. 

Académie impériale des Sciences . 

Naturforscher-Gesellschaft bei der Universität Jurjeft 


ROME. 
Id. 
MILAN. 


[d. 
MODÈNE. 
PALERME. 
PISE. 
TURIN. 
VENISE. 
GÈNES. 
PADOUE. 
PORTICI. 
ROVERETO, 
NAPLES. 
NAPLES. 
BOLOGNE. 
VIENNE. 

Id. 

Id. 

Id. 

Id. 

Id. 

Id. 


BUDA-PESTH. 
PRAGUE. 


Id. 
KOLOZSVAR. 
(GRAZ. 
CRACOVIE. 
JASSY. 
SAINT-PÉTERSBOURG. 
Id. 
Id. 
DORPAT. 


14 LISTE DES 


Société des Sciences de Finlande (Finska vetenskaps 
Societeten) 

Societas pro fauna et Hora fennica 

Société impériale des Naturalistes. 

Société Physico-Mathématique MR OURE TAC 

Académie des Sciences (Kongl. svenska vetenskaps-Aka- 
demi) . AR Er D LT AU Le 

Société entomologique (Entomologiska Fürening) . 

Université de Lund (Universitas Lundensis) 

Société royale des Sciences (Regia Societas scientiarum 
Upsaliensis) . ape AM Dep 

Université royale de Norvège (Kong. norske Frederiks 
Universitet) . LEA EURE 

Société des Sciences (Videnskabs-Selskabet) 

Musée de Bergen (Bergens Museum). 

Musée de Stavanger (Stavanger Museum) . 

Société royale (Kong. danske videnskabernes Selskab) 

K. Akademie der Wissenschaften.. 

Deutsche geologische Gesellschaft 

Physikalisch-technische Reichsanstalt 

Physikalisch-ükonomische Gesellschaft . 

Naturforschende Gesellschaft . Re Ce 

Medizinisch-Naturwissenschaftliche Gesellschaft . 

Naturwissenschaftlicher Verein für Sachsen und Thü- 
NID COTES PP REA Le 

Naturforschende Gesellschaft . A 

K. Leop. Carol. Akademie der Naturforscher . 

K. Gesellschaft der Wissenschaften . RPM ORNE 
Naturhistorischer Verein der preussischen Rheinlande, 
Westfalens und des Reg.-Bezirks Osnabrück. 
Niederrheinische Gesellschaft für Natur- und Heilkunde. 

Naturforschende Gesellschaft . 

K. Botanische Gesellschaft. SPP à 
Schlesische Gesellschaft für Vaterländische Cultur 
K. Sächsische Gesellschaft der Wissenschaften 
Naturforschende Gesellschaft . : 

K. Bayerische Akademie der Wissenschaften 


HELSINGFORS. 
Id. 

Moscou. 

KASAN. 


STOCKHOLM. 
Id. 
LETND. 


UPsAL. 


CHRISTIANIA. 

Id. 

BERGEN. 
STAVANGER. 
COPENHAGUE. 
BERLIN. 

Id. 

Id. 
KÔÜNIGSBERG. 
DANTZIG. 
TENA. 


HALLE. 
Id. 
Id. 
CT ŒTTINGUE. 


BON. 

Id. 
EMDEN. 
REGENSBOURG. 
BRESLAU. 
LEIPZIG. 

Id. 
MUNICH. 


ASSOCIATIONS CORRESPONDANTES | ) 


Gesellschaft für Morphologie und Physiologie . 

Physikalisch-Medicinische Gesellschaft . 

Senckenbergische Naturforschende Gesellschaft 

Verein für vaterländische Naturkunde in Württemberg 

Naturforschende (Gesellschaft 

Naturwissenschaftlicher Verein ee re 

Naturwissenschaftl. Verein für Schwaben + Neuburg 

Naturwissenschaftl. Verein des Reg. Bezirks Frankfurt 

Westfälischer Provinzial-V'erein für Wissensch. und Kunst. 

Wetterauische Gesellschaft für die gesamte Naturkunde. 

Naturhistorische Gesellschaft . 

Naturwissenschaftlicher Verein 

Verein für Naturwissenschaft . 

Verein für Naturkunde . 

Verein für Naturwissenschaftliche Unterhaltunge . 

Naturhistorisches Museum . 

Physikalisch-Medicinische Societät 

Naturwissenschaftlicher Verein für Schleswig- ne 

Naturwissenschaftlicher Verein 

Biologische Anstalt SPRCREE 

Naturwissenschaftliche Gesellschaft Isis. 

Société Industrielle 

Annales des Sciences naturelles ae de sciencias 
naturaes). 

Academia real das sciencias 

Instituto geografico y estadistico . 

Académie royale des Sciences (Koninklijke Akademie 
van wetenschappens) . ; 

Société royale zoologique (K. zoologisch Genootschap) . 

Société hollandaise des Sciences 

Musée Teyler . PE RE NE AE ape 

Académie royale des Sciences, des Lettres et de Beaux- 
Arts DE RE 

Revue de l'Université de Bruxelles 

Société entomologique de Belgique 

Société royale malacologique de Belgique 

Musée de F'Etat indépendant du Congo 


MUNICH. 
WURZBOURG. 
FRANCFORT s M. 
STUTTGART. 


FRIBOURG EN BRISGAU. 


PASsAU. 
AUGSBOURG. 
FRANCFORT $s/0. 
MUNSTER. 
HANAU. 
HANOVRE. 
ELBERFELD. 
BRUNSWICK. 
ZWICKAU. 
HAMBOURG. 
[d. 
ERLANGEN. 
KIEL. 
BRÈME. 
HELIGOLAND. 
BAUTZEN. 
MULHOUSE. 


PORTO. 
LISBONNE. 
MADRID. 


AMSTERDAM. 
Id. 
HARLEM. 
Id. 


BRUXELLES. 
Id. 
Id. 
Id. 
Id. 


* Lo. … 
16 LISTE DES 


Soc. belge de géologie, de paléontologie et d’hydrologie 


Institut Grand-Ducal 
British Association for Advancement of Science 
Royal Society . — À 
Royal Institution of Great Britain. 

Royal Astronomical Society. 
Meteorological Office 

Royal Microscopical Society 

Royal Geographical Society 

Linnean Society 

Zoological Society. 

Entomological Society. 

Geological Society. 

Journal Nature. 

Philosophical Society 

Literary and Philosophical Society 
Natural History and Philosophical Society . 
Literary and Philosophical Society 
Biological Society. 

Royal Society . à 

Royal Physical Society . ARE 

R. College of Physicians (Laboratory.) 
Geological Society 

Royal Irish Academy 

Royal Dublin Society. 

Smithsonian Institution . 

U.S. National Museum . 

National Academy of Sciences. 

U. S. Geological Survey. : 

U.S. Department of Agriculture . 
Philosophical Society SU 
American Academy of Arts and Sciences 
Boston Society of Natural History 
American Association for Advancement of Science 


Museum of comparative Zoology at Harvard College. 


Essex Institute. APT ds 
Connecticut Academy of Arts and Sciences. 


BRUXELLES. 


LUXEMBOURG. 


LONDRES. 

Id. 

Id. 

Id. 

Id. 

Id. 

Id. 

Id. 

Id. 

Id. 

Id, 

Id. 
CAMBRIDGE. 


MANCHESTER. 


BIRMINGHAM. 
LIVERPOOL, 
Id. 
EDIMBOURG. 
Id. 
Id. 
Id. 
DUBLIN. 
Id. 


WASIHINGTON. 


Id. 

Id. 

Id. 

Id. 

Id. 
BOSTON. 

Id. 
SALEM. 
CAMBRIDGE, 
SALEM. 
NEW-HAVEN. 


nm or. 


ASSOCIATIONS 


American Journal of Science PR 

Illinois State Laboratory of Nat. History 

Field Columbian Museum 

Academy of Sciences. 

California Academy of Sciences 

Academy of Science . ; 

Missouri Botanical Garden. e Er PU 
Wisconsin Academy of Sciences, Arts and Letters 
Tuft’s College . 

Colorado College . 


Journal of comparative Neurology (Denison University) . 


Indiana Academy of Science 
Rochester Academy of Sciences 
American Philosophical Society 
Academy of Natural Sciences . 
Wagner free Institute of Science . 
Franklin Institute. 

Academy of Sciences 

Albany Institute . 

Kansas Academy of Science 

Buffalo Society of Natural Sciences 
Lloyd Museum ; 

Royal Society of Canada 

Geological Survey of Canada 

Literary and Scientific Society 
Canadian Institute ne: 
Nova Scotian Institute of Science. 
Sociedad cientifica « Antonio Alzate > 
Museo nacional de Costa-Rica . 
Deutscher Wissenschaftlicher Verein. 
Société scientifique du Chili. RS 
Museu Paraense de historia natural e ethnographia 
Museu Paulista 

Museo nacional 

Museo nacional 2 
Academia nacional de ciencias 

Asiatic Society of Bengal 


MÉM. SOC, PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 84 (1902). 


CORRESPONDANTES 


NEW-HAVEN. 
URBANA. 
CHICAGO. 

Id. 
SAN-FRANCISCO. 
St-LouIs. 

Id. 

MaADISON. 
MASSACHUSSETS. 


COLORADO-SPRINGS 


GRANVILLE. 
INDIANAPOLIS. 
ROCHESTER. 
PHILADELPHIE. 

Id. 

Id. 

Id. 
NEW-YORK. 
ALBANY. 
TOPEKA. 
BUFFALO. 
CINCINNATI- 
OTTAWA. 

Id. 

Id. 

ToroxTO. 
HALIFAX. 
MExICO. 
SAN-JOSÉ. 
VALPARAISO. 
SANTIAGO. 
PARA. 
SAO-PAOLO. 
BUENOS-AÏRES. 
MONTEVIDEO. 
CORDOBA. 
CALCUTTA. 


oo 


18 LISTE DES ASSOCIATIONS CORRESPONDANTES 


Geological Survey of India. . . . . OA CATOUTIA; 


Koninklijke natuurkundige Vereeniging in Nue rlandsch- 
BATAVIA. 


Indië . RESTES ET 
Linnean Society of N.S. Wales . . . ,; . . :'. SIDNEY. 
Geological Survey of N:S. Wales. .".. 7  ; … Id. 
NewZealand Institute." AM EN | IWELMINGTON: 
Royal Society of Queensland . . . . . . . . . BRISBANE. 
Queens landeMUSeUNEe EE PR EE TT]: 
Royal-Saciety:of Victoria. … 4% 4,657 ,11, MELBOURNE 
Royal Society of South Australia. . . . . . . . ADELAÏDE. 


Geological Survey of Natal. . . . . . . . . . PIETERMARITZBURG. 


EN PPBORT 


DU 


PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE 


D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE 


L’'ANNEE 1900 
PAR 


M. le Professeur R. CHODAT 


MESSIEURS ET HONORÉS COLLÈGUES. 


La dernière année du siècle n’a pas été fertile en événements extraordinaires 
pour notre Société. Nous n'avons eu à enregistrer aucune démission, si ce n’est 
celle d'un associé libre, M. d'Adelung. Par contre, nous avons eu la satisfaction de 
voir qu'elle agit toujours comme centre d'attraction sur les personnes qui, dans 
notre pays, s'intéressent directement où indirectement aux questions de science 
pure. Nous avons reçu en effet deux membres ordinaires : MM. A. de Candolle et 
Frey-Gessner, ainsi que plusieurs associés libres : MM. Tommasina, R. de Saus- 
sure, D' Batelli, D'J. Micheli et D' Ed. Long. 

À l’occasion du jubilé du professeur A. Lorentz, la Société de physique et 


d'histoire naturelle a tenu à s'associer à l'hommage général qui était présenté à ce 


20 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


savant si distingué en le nommant membre honoraire. Nous avons également con- 
féré ce titre à M. le professeur Nagaoka, de Tokio. 

Malheureusement, nous avons à déplorer la perte d'un membre ordinaire, 
M. W. Marcet, et d'un honoraire, le baron de Selys-Longchamp. Je donnerai, plus 
loin, une courte notice biographique de ces deux savants. 

Notre Société à aussi perdu un de ses plus anciens associés libres en la personne 
de M. Ern. de Traz. 

Vous aviez mis l'an dernier au concours le prix de Candolle qui ne peut être 
distribué que tous les cinq ans. Ce concours attire chaque fois des travaux d'un réel 
mérite. La commission n'a pas hésité à nous proposer d'accorder un premier prix 
à M. le D' Læsener, de Berlin, pour une monographie des Aquifoliacées, et un se- 
cond prix à M. le professeur Wehmer, de Hanovre, pour un travail analogue sur 
le genre Aspergillus. Ce dernier mémoire, quoique rédigé en langue allemande, pa- 
raitra, à titre exceptionnel, dans le prochain volume de nos Mémoires. 

Dans la séance administrative du mois de Janvier, M. le professeur L, Duparc a 
été nommé vice-président, M. F.-Louis Perrot a été réélu secrétaire du comité de 
publication ; MM. R. Gautier et A. Bonna ont été nommés membres de ce même 
comité en remplacement de MM. Th. Flournoy et M. Micheli. 

La deuxième partie du tome XXXI de nos Mémoires va paraitre incessam- 
ment. Il contiendra les mémoires suivants : 

1. Notes pour servir à l'étude des Echinodermes, par M. de Loriol: 

2, Les roches éruptives des environs de Menerville, par MM. Duparc, F. 
Pearce et E. Ritter; 

3. Mémoire sur la latitude de Observatoire de Genève, par M. Justin Pidoux: 

4. Die Pilzgattung Aspergillus, par M. C. Wehmer. 

Je rappelle que dans le bref résumé des communications faites dans nos séances 
Je me suis borné à en indiquer très sommairement le titre où les résultats princi- 
paux, un résumé plus complet ayant déjà paru dans les Archives des Sciences phy- 
siques et naturelles. 

Un pieux usage des sociétés savantes est d’honorer la mémoire de leurs mem- 
bres décédés en retraçant la carrière scientifique de ces hommes, moins pour 
S'enorgueillir de les avoir comptés parmi les leurs, que pour donner leur activité 
en exemple à ceux qui restent et auxquels incombe le devoir de maintenir haut 
l'idéal scientifique pour le bien du pays. 


POUR L'ANNÉE 1900 21 


NOTICES BIOGRAPHIQUES 


WILLIAM MARCET 


William MARCET est né le 13 mai I82S. Comme beaucoup d'autres Genevois 
qui ont marqué dans les sciences, il avait vécu dans un milieu non seulement cul- 
tivé, mais réellement scientifique. 

L'étude était de tradition dans sa famille, Son grand-père, Alexandre Marcet, 
qui avait acquis la naturalisation anglaise, s'était déjà distingué en Angleterre 
dans la profession médicale. Sa grand'mère, d'origine vaudoise, Jeanne Haldimann, 
s'était vouée à l'étude de questions de science populaire et est surtout connue par 
son livre intitulé Conversations of Chemistry. Son père, François Marcet, était 
également un homme distingué: il occupa pendant quelques années la chaire de 
physique dans l’ancienne académie, fut également conseiller d'Etat avant la Cons- 
titution de 1S4S. La Société royale de Londres lui fit honneur de le recevoir 
parmi ses membres. 

Quoique (renevois de race et de cœur, et en grande partie aussi d'éducation, 
puisqu'il avait fait ses premières études à la pension Naville et à la pension Tœptfer, 
William Marcet avait reçu évidemment l'empreinte anglaise dans ce qu'elle à de 
plus distingué et de meilleur, D'un caractère naturellement gai et bienveillant, 1l 
savait s’attirer l'attention et l'estime de ceux avec lesquels il entrait en relations 
par cette urbanité parfaite et cette absence de préjugés qui caractérisent si émi- 
nemment les classes cultivées en Angleterre. De prime abord il captivait ses imter- 
locuteurs par l'originalité de son esprit, réellement curieux de savoir, non dans 
l'espoir de publier et d'augmenter ainsi sa notoriété parmi les savants, mais pour 
la simple et pure jouissance scientifique. On sentait, lorsqu'il présentait une com- 
munication à une société scientifique, tout le plaisir qu'il avait de communiquer 
aux autres par quelle voie il était arrivé à concevoir un problème, par quelle série 
de raisonnements et d'expériences il avait pu élucider certains côtés de la question, 
ne négligeant aucun détail qui pouvait lui paraitre d’une certaine importance pour 
amener à faire partager à son auditoire la conviction qu'il s'était faite. 


22 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


On comprend que la science n'étant pour lui ni un métier ni un moyen d’ac- 
quérir une renommée durable où passagère, mais simplement l'objet de ses préoc- 
cupations de prédilection, il ait pu s’atteler à des recherches de longue haleine et 
nécessitant l'emploi d'appareils compliqués, qu'il transportait souvent à une grande 
distance de son laboratoire. 

C’est avec une grande persévérance qu'il se mit à l'étude de l’influence des 
climats et des altitudes sur les phénomènes de la respiration. Chacun, dans notre 
société, se souvient encore des intéressantes recherches qu'il fit à la Dôle. IT ne 
craignait ni la peine ni l'absence de confort quand il s'agissait de poursuivre le 
problème qu'il s'était posé. C’est ainsi qu'il se transportait pendant trois Jours au 
Col du Géant (1880); pendant trois semaines il expérimenta sur les pentes et le 
sommet du Pie de Ténérifte pour y effectuer des recherches analogues. Ce sont 
certainement ces études sur la respiration humaine qui constituent la part la plus 
importante de son activité scientifique. Il s'est fait peu de recherches plus com- 
plètes et plus variées sur la respiration de l'homme dans la nature et dans des 
conditions d'activité et de repos les plus diverses. Ce sont les résultats de ces 
études qu'il a condensés dans un volume intitulé Contribution à l'histoire de la res- 
piration de l'homme. 

Le but que se proposait W, Marcet n'était cependant pas exclusivement théo- 
rique, Ce qui l'intéressait dans la science, en somme, €’était l'homme et les moyens 
de lui conserver la santé où de la rétablir. De cette préoccupation était résulté un 
livre demi-populaire sur les stations climatériques (The principal southern and 
suciss health resorts their climate and medical aspect). avait sans doute une com- 
pétence exceptionnelle pour parler de la valeur des climats, car il avait beaucoup 
voyagé et par tous les temps. 

Navigateur intrépide, on raconte que pendant une tempête lors de sa traversée 
de l'Atlantique en 1863, il se fit attacher à un mât pour pouvoir admirer la beauté 
terrifiante de Focéan déchainé. Membre du Club Alpin anglais et suisse, il a fait 
maintes grandes ascensions, se complaisant dans la nature vivifiante des hautes 
régions, ne craignant pas la fatigue parce qu'il en jouissait comme d’autres du 
confort. On se souvient encore à Genève du naufrage de son bateau au milieu du 
lac, devant Lausanne, Par son sang-froid il sut s’en tirer et sauver la vie des deux 
hommes d'équipage qui l'accompagnaient, Son amour des aventures et de la science en 
plein air le conduisit successivement aux Etats-Unis qu'iltraversa jusqu'à Vancouver, 
Il y chasse le bison au Nébraska et visite les Montagnes Rocheuses. Il parcourt éga- 
lement une grande partie du bassin méditerranéen, la Corse, la Sardaigne, le Maroc, 
l'Algérie et enfin fit un long voyage aux Indes vers la fin de sa vie, en 1898-99, 


POUR L'ANNÉE 1900 23 


C’est au cours d'une expédition dans la haute Egypte que la maladie qui le 
ouettait l'arréta dans ses voyages et qu'il mourut à Luxor. Il eut la satisfaction de 
mourir, sinon dans sa patrie, du moins au milieu des siens. 

Son activité scientifique à été aussi variée qu'utile. Après avoir suivi pendant 
quelques années les cours de l'Académie, W. Marcet continua ses études à Edin- 
bourg, où il prit en 1850 le grade de D' en médecine. À Paris, où il séjourna (en 
1851) pendant quelque temps, il fit de la chimie avec Verdeuil et publia un mémoire 
sur la substance grasse du résidu de la digestion pendant des maladies. C’est depuis 
lors que ses études de prédilection le poussent vers le côté chimique de la physiolo- 
gie. C’est dans cet ordre d'idées qu'il entreprit la publication d'un ouvrage impor- 
tant sur la composition des aliments et de leurs altérations, suivi d’un guide pratique 
d'analyse. Ce travail a été un des premiers essais de grouper les connaissances ac- 
quises dans ce domaine. 

À un moment où la question de l'alcoolisme n'intéressait pas encore le monde 
médical comme aujourd’hui, il signale les propriétés physiologiques et pathologiques 
de l'alcool dans un travail sur l’intoxication alcoolique chronique. En 1867 il décou- 
vre un acide organique dans l'urine, puis publie un mémoire sur la saumure et 
les viandes salées ainsi que sur la répartition de l’albumine dans le tissu musculaire, 
En 1867 il s'intéresse à la peptonisation de la viande et à l'emploi des peptones dans 
les maladies de lestomac. Il parait avoir contribué à faire connaitre en Angleterre 
l'utilisation du laryngoscope: il à en effet fonctionné pendant quelques années 
comme médecin attaché aux hôpitaux de Westminster et Brompton. Son activité 
comme clinicien n’a été que de courte durée. Vers la fin de sa vie il fut amené à s'oc- 
cuper de la calorimétrie humaine (1S9S-1S99) et construisit pour ses recherches un 
appareil très apprécié. Notons en passant que W. Marcet ne craignait pas d'expé- 
rimenter sur lui-même et qu'un grand nombre de ses graphiques ont été pris sur sa 
propre personne. Sa belle propriété de famille à Malagny près de Versoix a été le 
rendez-vous de bien des savants: il y reçut en ISS6 la Société helvétique des 
sciences naturelles ainsi que la Société médicale de la Suisse romande. Notre collègue 
qui venait passer ses étés au bord du lac, ne manquait pas, à cette occasion, de venir 
nous communiquer les plus importants de ses travaux. 

Comme l’a dit un de ses biographes, son activité scientifique a duré plus que la 
moyenne accordée aux hommes de sciences en général, elle a dépassé un demi- 
siècle. La science conservera le souvenir de ce savant aussi intéressant que modeste 
et la Société de physique celui d'un de ses membres les plus sympathiques. 


2 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


EDMOND DE SELYS-LONGCHAMP 


Le baron Michel-Edmond de SELYS-LONGCHAMP est né à Paris le 25 mai 1815. 
Son activité scientifique s'étend sur plus d'un demi-siècle; en effet, ses premiers tra- 
vaux remontent à l’année 1831. Durant cette longue carrière, de Selys-Longchamp 
s'est adonné presque exclusivement à la classification des animaux et en particulier 
des petits mammifères, des oiseaux et des insectes. Déjà en 1831 il publie dans le 
dictionnaire géographique de la province de Liège, un catalogue des oiseaux et des 
insectes de cette province. Depuis lors il n’a cessé de publier un nombre considérable 
de mémoires sur presque tous les groupes d'animaux vertébrés ou invertébrés. Cette 
grande activité etsa compétence lui avaient valu d'être nommé membre honoraire de la 
Société zoologique de France, La Société de physique et d'histoire naturelle de Genève 
avait tenu à se l'attacher également comme membre honoraire dès 1892, Plus de 
200 articles, notices, brochures où mémoires sont sortis de sa plume. Parmi les plus 
importants, il faut citer un Synopsis des Aeschnines (1883), une Revision du Synopsis 
des Agrionines (1886), une Faune belge (1842), une énumération des Lépidoptères 
de Belgique, les Ordonates du Japon-et des Philippines, les Mammifères, Oiseaux et 
Reptiles de Belgique. Mais son activité principale s’est surtout portée du côté de l’en- 
tomologie. Les sociétés entomologiques de tous les grands pays de l Europe l'avaient 
distingué, Enfin dans le domaine de la botanique, il a publié sur Peffeuillaison des 
arbres ainsi que sur les effets du froid sur les arbres de Longchamp, où il habitait 
ordinairement. La plupart de ses travaux ont été publiés en Belgique : d’autres dans 
des revues françaises, allemandes, anglaises, italiennes et espagnoles . C’est dire 
combien sa compétence était reconnue. 

Edmond de Selys-Longchamp laisse une forte trace dans le champ de la 
zoologie descriptive, Il a également joué un rôle politique important : il a été séna- 
teur de l'arrondissement de Waremme (Belgique) depuis 1853 et président du Sénat 
de 1880 à 1884. 

Membre de l'Académie de Belgique, il fut chargé de présider la classe des 
sciences de 1854 et en 1879, Nous exprimons à la famille de cet illustre savant le 


regret que nous cause sa mort. 


! Une liste des publications faites par ce savant à été donnée dans une notice bibliographique 
extraite de Ja Bibliographie académique, édition de 4886 (Académie royale de Belgique). 


er 


POUR L'ANNÉE 1900 25 


ACTIVITÉ SCIENTIFIQUE DE LA SOCIÉTÉ 


Physique terrestre, Météorologie et Géologie. 


M. A. BRUN à rencontré pendant l'été 1900, au Mont-Malet, ce qu’on nomme /« 
neige du Caucase. C’est une neige poreuse, extrémement granuleuse, dont les 
grains atteignent jusqu'à 3 mm. Ces cristaux s’isolent aisément, Ce défaut d'adhé- 
rence facilite la production d’avalanches. M. BRUN explique cet état de la neige sur 
des pentes très rapides par l'effet de la pluie lorsque, comme cela à été le cas cet 
été dans la chaine du Mont-Blane, la température reste élevée de nuit comme de 
jour, empéchant ainsi le regel. 

M. le professeur NAGAOKA, de l'Université de Tokio, nous a parlé des fremble- 
ments de terre et des méthodes employées, en général et au Japon en particulier 
pour les enregistrer et les étudier. Se basant sur les résultats obtenus par 
M. CAMIUX qui a donné comme vitesse de l'onde, 13 kilom. au début du tremble- 
ment de terre, S kilom. au moment de l'interruption et 3 kilom. seulement au 
moment du choc principal, M. Nagaoka à tiré quelques conclusions relatives à 
l'état de l’intérieur du globe. Il à en eftet reconnu qu'il existe une relation entre les 
vitesses observées et la rapidité avec laquelle se déplace l’onde élastique dans les 
roches qu'il suppose constituer la croûte terrestre. L'auteur a expérimenté sur plus 
de 100 roches différentes. 

M. le professeur R. GAUTIER nous à annoncé l'installation d'une #ouvelle station 
météorologique à l'Hospice du Grand Saint-Bernard. Les observations y seront 
faites aux heures réglementaires du réseau météorologique suisse, Le nouveau ser- 
vice sera fait dans le nouveau bâtiment, situé au N.-E. de l’ancien, par les soins de 
MM. les chanoines. M. le directeur Gautier à fait installer dans une cage appro- 
priée des thermomètres et des hygromètres choisis spécialement en vue d’observa- 
tions dans la haute montagne. Il faut savoir gré à M. Gautier d'avoir pris l’ini- 
tiative d'une réorganisation du service météorologique du Grand Saint-Bernard, 
qui pourra ainsi rendre de plus grands services que par le passé. On doit également 
remercier les chanoines qui sont toujours prêts à répondre à l'appel quand il s’agit 
d'une œuvre patriotique ou scientifique. 


MÉM. 500. PHYS. ET HIST, NAT. DE GENÈVE, VOL. 84 (1902). À 


12 


Ô RAPPORT DU PRÉSIDENT 


Le méme professeur nous à entretenus des observations sur la planète Eros qu'a 
commencées M. lastronome Piboux depuis le mois d'octobre 1899. 

M. Ed. SARASIN communique les derniers résultats de son étude sur les oscil- 
lations du lac des Quatre-Cantons. 

M. TOMMASINA est parvenu à étudier les orages lointains par auscultation au 
moyen d'un appareil récepteur téléphonique des ondes hertziennes qu'il appelle 
électrio-radiophone, Cet appareil simple n’est qu'un téléphone usuel muni d'un 
cohéreur décohérent au charbon, sans aucun contact métallique. 

M. le professeur DUPARC nous à rendu compte d'un travail qu'il a entrepris 
avec la collaboration de M. le D' PEARCE sur les roches éruptives de Menerville, 
en Algérie, Cette monographie paraitra dans le tome XXXI (deuxième partie) de 
nos Mémoires. 

Continuant ses recherches sur les schistes cristallins des Alpes, le même auteur 
nous à signalé la présence de Chloritoïde dans une série de types nouveaux de 


schistes de Casanu. 
Astronomie et mathématiques. 


M. PIDOUX nous à montré une vourelle lunette astronomique imaginée et cons- 
truite par son collègue de l'Observatoire, M. SCHÆR, astronome adjoint. Pour éviter 
l'inconvénient des grandes distances focales, M. Schær a construit sa lunette de 
manière à ce que le cône lumineux formé par l'objectif soit arrêté au premier tiers 
de sa longueur par un miroir plan P légèrement incliné, de manière à reporter les 
rayons sur un deuxième miroir C placé au-dessus de l'objectif, Ce dernier miroir 
renvoie le cône former le foyer de Ja lunette dans le voisinage de l’oculaire D). 
Grace au raccourcissement de la lunette obtenue par ce dispositif, M. Schær pense 
qu'il sera facile de loger dans les coupoles actuelles des instruments moins encom- 
brants, plus puissants, et pour les instruments méridiens qu'il sera possible de 
déterminer directement les coordonnées d'objets célestes jusqu'à la douzième gran- 
deur. 

M. Pipoux nous a décrit allure de léclipse totale du soleil du 2S mai telle 
qu'elle a été observée par lui et M. Schær à Genève. 

M. Raoul GAUTIER nous a résumé les observations que la commission suisse à 
pu faire à Menerville, en Algérie, MM. les directeurs des Observatoires de Zurich, 
Bâle et Genève (MM. WOLFER, RIGGENBACH et GAUTIER) s'étaient partagé le 
travail de manière à concentrer leur attention, Il a pu être établi quelques faits 
intéressants, tant au point de vue des phénomènes qui pouvaient être observés au 


POUR L'ANNÉE 1900 27 


moment du contact que de ceux qui coïncidaient avec la totalité. Un temps parfai- 
tement clair à permis la réussite de cette expédition. 

M. le professeur CAILLER nous à communiqué un éhéorème d'inrersion intégrale 
qui constitue une extension des intégrales de Fourier. 

M. le professeur CAILLER nous à entretenu de ses recherches sur la transfor- 
mation d'une éxtégrale multiple contenant une fonction arbitraire en intégrale 
simple. Il nous à aussi présenté un résultat relatif à l’inversion de l'intégrale 
of" À! (2) 2*(x-2) dz — f(x) par rapport à l’une des fonctions 2 figurant sous le signe. 

M. PIpOUX a présenté des observations faites en collaboration avec M. SCILÆR, 
astronome adjoint de l'Observatoire de Genève, sur une éclipse de lune qui à eu lieu 
dans la nuit du samedi 16 au dimanche 17 décembre 1899. Ces observations ont 
été faites en utilisant soit, pour ce qui concerae M. Schéær, une lunette avec 
objectif de 16 em. de sa propre construction, transformée en réfracto-réflecteur, ce 
qui constitue un appareil nouveau, soit pour ce qui concerne M. Pidoux, une 
lunette parallactique à grand champ avec objectif de Merz. Les observateurs ont 


- suivi de près, et autant que le permettait l’état du ciel, les changements de teinte, 


que présente la planète pendant l'éclipse. 


Physique et chimie. 


M. le professeur CURIE (Paris) nous à rendu compte de l'état des recherches 
qu'il poursuit actuellement en collaboration avec Mme CURIE. Il s'agit de la pro- 
priété qu'ont certains métaux d'émettre des rayons de Becquerel. M. Curie 
considère ce phénomène comme une propriété atomique. M. et Me Curie ont 
isolé de la Pechblende de nouvelles substances radio-actives, le Polonium et le 
Radium, ce dernier corps voisin du Baryum. Enfin un de leurs collaborateurs, 
M. DEBIERXE, est de même parvenu à séparer une substance radio-active accom- 
pagnée d'un nouveau métal, Pactinium. M. Curie nous à décrit les propriétés sur- 
prenantes des rayons émis par ces Corps, et en particulier du Radium., dont les sels 
sont spontanément lumineux. 

M. J. MICHEL à parlé de ses recherches sur l'érfluence des couches superfi- 
cielles sur le phénomène de Kerr. On sait que celui-ci consiste dans la rotation du 
plan de polarisation de la lumière réfléchie par un miroir métallique (F, Ni, Co) 
placé dans un fort champ magnétique. Voulant élucider pour quelle raison il faut 
employer deux constantes + magnéto-optiques » pour expliquer les faits observés 
par le Niet le Co, M. J. Micheli à pu s'assurer que même en utilisant des miroirs 


28 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


parfaitement propres, une constante ne sufit pas. Par des considérations théo- 
riques on peut concevoir que les écarts qui subsistent encore soient dus à l'influence 
de couches superficielles magnétiques. 

M. TOMMASINA nous a entretenu de ses recherches sur l'auto-décohération de la 
poudre de charbon et de l'application de cette propriété à la télégraphie sans fil. 
L'auteur a construit sur ce principe deux appareils dont il nous à donné la descrip- 
tion. 

Répondant à la réclamation de priorité de MM. Ducretet et Popotf relative à 
l'auto-décohération du charbon et du téléphone au relais pour la réception des 
signaux de la télégraphie sans fils, M. TOMMASINA rappelle sa communication à 
notre séance du à janvier 1899 ainsi que sa note à l'Académie des sciences, 
le 13 mars 1899. 

Combinant une nouvelle fonction de la formule de M. van der Waals imaginée 
par eux avec la formule de M. Bertrand valable pour les basses pressions, MM. P. 
Durorr et MORTZUN arrivent à représenter toute la courbe des tension de vapeurs 
sous des formes faciles à manier au point de vue du calcul. 

M. Ch.-Eug. GUYE nous à montré qu'il suffisait, lorsque lon envisage les phéno- 
mènes de capacité dahs un câble triphasé, symétrique, armé, en ne considérant que 
l'effet résultant, de supposer que lon à branché trois condensateurs de capacité C° 
entre les conducteurs et larmature. Ces capacités C sont difficiles à établir par le 
calcul dans le cas des cables électriques. Par contre, elles peuvent être facilement 
obtenues par l'expérience. 

Continuant sur le même sujet, M. GUYE nous à communiqué le résultat de me- 
sures de capacité effectuées à Lyon d’après les principes qu'il avait établis. 

Le même a présenté une contribution à létude de la propagation du courant 
dans les lignes polyphasées. 

M. Ch.-Eug. GUYE nous a signalé l'étude qu'il à faite sur les équations de con- 
ditions des courants dérivés semblables et leur application aux mesures électriques. 

M. le professeur HALTENHOF à présenté au nom de M. BERGER, médecin ocu- 
liste à Paris, de rourelles loupes et lunettes binoculaires et stéréoscopiques. Ces 
instruments sont destinés à rendre des services à toutes les personnes que leurs occu- 
pations forcent d'observer des objets de très petites dimensions. 

M. le professeur DUPARC à attiré l'attention de la Société sur l'imperfection des 
méthodes usitées jusqu'à présent pour isoler le Vanadium des combinaisons où 
cet élément est accompagné de PAlumine, M. le D' PEARCE et l’auteur de la 
communication sont arrivés à précipiter le Vanadium en présence d'acide citrique 
sous forme d'un sel de thallium insoluble. 


POUR L'ANNÉE 1900 29 


M. A. BRUN a signalé une réaction curieuse, trouvée par L. Islovay von Nagy 
Islowa, permettant de retrouver des traces minimes du qaz acétylène. M. Brun a 
vérifié cette réaction et l’a trouvée extraordinairement sensible. 

M. le D' BACH nous a exposé en détail le résultat de ses études sur les pérorydes 
d'hydrogène. Examinant l'eau oxygénée, M. Bach montre que, traitée par le per- 
manganate, cette solution dégage une quantité plus grande d’O que celle qui est 
prévue, si l’on admet que le peroxyde est le bioxyde d'hydrogène, En plus du 
trioxyde d'hydrogène de M. Berthelot, M. Bach à réussi à démontrer l'existence, 
dans l’eau oxygénée, du tétroxide d'hydrogène H204. 

M. le D'WARTMANN nous à signalé l’existence d’une nouvelle lampe électrique 
qu'il à vu fonctionner dans l’Institut électrothérapique du D' Guyennot, à Aix. 

M. le D' KEHRMANN et M. FLÉRSCHEIM ont observé que a longueur d'onde de 
la lumière fluorescente de la solution de deux colorants, trouvés par eux, dépend 
du pouvoir réfringent moléculaire du dissolvant et qu'ainsi elle diminue au fur et à 
mesure que ce pouvoir augmente. Ces chercheurs ont expérimenté avec les dissol- 
vants suivants : eau, alcool, acétone, éther, benzène, auxquels correspondaient 
les couleurs suivantes : vert, vert-bleuatre, bleu, bleu-violacé, violet, pour l'une 
des substances. 

Le même nous à présenté des considérations sur les rapports qui existent entre 
la couleur et la constitution des composées du groupe du type Azonium, rapports 
qui l’ont amené à réaliser une nouvelle synthèse totale de la phéno-safranine. 

M. le D' KEHRMANN nous à annoncé la découverte qu'il à faite d’une rouvelle 
classe de corps aromatiques dont il indique la formule de constitution. Ces corps 
ont le caractère des composés quinoïdiques et des biquinones en particulier. 

M. le professeur Amé PICTET, dans une première communication, nous à fait 
part de la synthèse partielle d'un alcaloïde qu'il à réalisé en collaboration avec un 
de ses élèves, M. ATHANASESCO. Partant du chlorométhylate de Papavérine, les 
auteurs ont obtenu un produit inactif, lequel, dédoublé, à donné un isomère dextro- 
eyre identique à l’alcaloïde naturel connu sous le nom de Laudanosine. 

Il nous à en outre annoncé qu'il a, en collaboration de M. A. ROTSCHY, isolé #rors 
nouveaux alcaloïdes du tabac. Le premier, auquel les auteurs ont donné le nom de 
nicotéine, à pour formule C0 Hiz N>2 et renferme par conséquent deux atomes 
de moins que la nicotine. C’est un alcaloïde liquide. L’alcaloïde solide a reçu le 
nom de nicotelline. Sa formule serait : Co Hs N2. Le troisième n’est pas encore 
complètement étudié. 


30 RAPPORT DU PRESIDENT 


Biologie. 


On sait que depuis plusieurs années M. Victor FaATIO s'occupe de Ta publication 
d'une importante monographie des vertébrés de la Suisse, Plusieurs volumes de 
cette faune ont déjà été publiés. Le nouveau volume dont M. Fatio à fait hommage 
à la Société, traite des Oiseaur, tant au point de vue de la systématique que de celui 
de la biologie, Ce grand traité d'ornithologie suisse sera le bienvenu non seulement 
des spécialistes mais de tous ceux, nombreux dans notre pays, qui s'occupent de 
l'étude des oiseaux à un titre quelconque. 

M. BEDOT fait hommage à la Société du fascicule Xvi1 des résultats des cam- 
pagnes scientifiques du prince de Monaco, Ce bel ouvrage contient un travail de 
MM. Camille PICrEr et Maurice BEDOT : il est accompagné de planches fort 
réussies. 

M. Eugène PITTARD, continuant ses études d'anthropologie, classe une série de 
165 crânes savoyards selon l'indice céphalique, l'indice facial et l'indice nasal. Ces 
cranes, par leur qualité ethnique, placent les Savoyards parmi les groupes humains 
dits Celtiques, ou Celtes alpins, comme les Valaisans précédemment examinés par 
M. Pittard. 

Ce dernier à continué à nous entretenir de la comparaison qu'il a faite entre les 
différents segments crâniens chez l'homme et chez la femme, et en particulier chez 
les brachycéphales de la vallée du Rhône (Valais). 

M. M. MICHEL à fait une communication relative au voyage d'exploration 
botanique qu'a fait pour son compte M. E. Langlassé de Paris, au Mexique et en 
Colombie. Malheureusement cet explorateur a succombé à une attaque de la fièvre 
jaune au moment où, sa mission terminée, il allait repartir pour l'Europe. M. Micheli, 
qui à déjà commencé l'étude des collections récoltées par ce voyageur, signale 
leur intérêt tant au point de vue des types nouveaux qu'à celui de la géo- 
botanique. 

M. Casimir de CANDOLLE nous à montré des photographies de feuilles de noyer 
(Juglans reqia) dont le rhachis porte à sa face supérieure des folioles surnuméraires. 
[ rattache la formation de ces appendices nouveaux à la présence (à la face supé- 
rieure du rhachis des Juglandées) de faisceaux qui constituent un système particu- 
lier qui n'émet en temps ordinaire que de très courtes ramifications vers les folioles, 
Ce sont ces faisceaux qui vont innerver les folioles surnuméraires. Il est intéressant 
d'observer que cette anomalie ne se rencontre que sur des rameaux adventifs dont 


POUR L'ANNÉE 1900 21 
les folioles surnuméraires comme les normales montrent une forme juvénile par la 
dentelure de leur marge. 

On croyait, à la suite des recherches de Nestler, que la coloration des fausses 
baies de ./uniperus communis était due à la pénétration d’un champignon dans la 
pulpe. M. le D' LENDNER nous a communiqué une série d'expériences desquelles il 
conclut que les champignons ne sont pour rien dans ce phénomène et que le bleuis- 
sement est dù à l’action de l'oxygène de l'air qui pénètre par les blessures. 

M. le D' BRIQUET nous à signalé un nouveau cas de déhiscence pyxidaire dé- 
couvert par lui chez lÆyptis obtusiflora, une Labiée de l Amérique centrale. Chez 
cette espèce, à la maturité, le calice peu accrescent se déchire circulairement et 
entraine les nucules. 

M. CHoOpAT voudrait voir appliquer chez nous. dans la vinification, la méthode de 
l'inoculation de levures sélectionnées telle qu'elle est pratiquée, et avec beaucoup 
de succès, dans le vignoble rhénan. Il présente le premier travail qu'il a fait faire 
sur ce sujet, dans son laboratoire, par M. le D° LENDNER. Un nombre déjà considé- 
rable de levures genevoises ont été isolées, leurs propriétés étudiées, et elles pour- 
ront être multiphiées pour inoculer la vendange de 1900. 

Le même a étudié dans les algues unicellulaires les lois du cloisonnement par 
rapport à la direction de la tension et la relation qui existe entre cette loi et la dis- 
position des cellules dans la colonie. 

Le même nous a signalé l'appareil curieux que constituent les cellules annexes 
du stomate du Burus semperrirens. 

M. CHODAT à présenté le résumé d'un travail d'ensemble sur les réactions du 
noyau dans les cas de parasitisme intra-cellulaire ou de symbiose. Ce travail a été 
présenté également au Congrès international de botanique à Paris. 

M. CHODAT à montré des cultures absolument pures d'alques, obtenues par 
triages successifs sur milieux gélosés. Par cette nouvelle méthode, l'auteur à pu 
confirmer ses anciennes indications relatives au polymorphisme du Scenedesmus 
acutus. 

Le même à parlé du travail qu'il a entrepris avec Mile CRETIER sur le noyau des 
alques inférieures. I confirme l'existence d'un pyrénoïde dans le genre Hydrurus. 

M. CHODAT a remarqué que la coloration hibernale des feuilles du buis est due 
au fait que la carotine remplace alors la chlorophylle dans les chromatophores. 

Il à également constaté que la bande blanche qui longe la nervure moyenne à la 
face inférieure de la feuille est due au fait que des cellules sous épidermiques sont 
remplies de cristaux entre lesquels est retenu de l'air qui ne se laisse que difhcile- 
ment déplacer. 


2 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


Physiologie, Psychologie, Médecine. 


Continuant leurs recherches sur l'effet des courants alternatifs sur le système 
nerveux des chiens, MM. PREVOST et BATELLI ont expérimenté en employant, cette 
fois, des courants à périodes variables de 300 à 1720 périodes par seconde. Ces 
deux physiologistes nous ont montré que laugmentation du nombre des fréquences 
n'offre pas d'influence sensible sur les symptômes qui se passent du côté du système 
nerveux, tandis qu'elle a une grande importance relativement à l’action que le cou- 
rant à sur le cœur. 

MM. PRÉVOST et BATELLI, continuant leurs recherches sur l'action des courants 
alternatifs à périodes variables, nous ont montré, par leurs nouvelles expériences, 
que ce sont les courants de 120 à 300 périodes qui paraissent frapper le système 
nerveux avec le plus d'intensité. 

M. le D' BATELLI s’est posé la question de savoir combien de temps durerait {a 
survie du cœur chez le chien après électrocution, suffocation, chloroformisation, 
etc. Dix minutes après que les battements du cœur ont cessé, l'opérateur fait une 
ouverture sur la partie gauche du thorax et pratique alors le massage du cœur et 
entretient la respiration artificielle. Au bout d’un laps de temps qui varie de 15 à 
40 minutes, les fonctions du centre respiratoire, du centre vaso-moteur et de la sen- 
sibilité, se sont rétablies; il applique alors sur le cœur une ou plusieurs décharges 
électriques : le cœur fonctionne de nouveau. Dans ces expériences cependant, lani- 
mal qui respire spontanément succombe au bout de quelques heures, De ces recher- 
ches qui font suite à celles qui nous ont déjà été communiquées par M. le profes- 
seur Prévost et M. Batelli, il est permis d'espérer que l’on pourrait, dans un avenir 
rapproché, arriver à appliquer ce procédé du massage du cœur chez l'homme dans 
des cas d'asphyxie, de mort par chloroformisation ou accidents électriques. 

M. BATELLI continuant ses études sur les moyens de rétablir les battements du 
cœur, nous à exposé une méthode plus simple que celle qu'il avait imaginé précé- 
demment, Le courant alternatif de 230 volts à toujours été suffisant pour faire 
rebattre le cœur du chien. Pour les animaux de grande taille, il faudrait des cou- 
rants un peu supérieurs, ayant une tension à 230 volts. 

M. le D' LONG à fait une communication sur les voies de conduction des impres- 
sions sensilives dan. la moëlle et le cerveau. K résulte de cette très complète 
étude qu'il est logique d'admettre aujourd'hui que la propagation des sensations 
peut s'expliquer autrement que par une simple conduction fibrillaire : les cellules 


POUR L'ANNÉE 1900 39 


du système nerveux central sont les éléments fonctionnels essentiels, et si les fibres 
qu'elles émettent sont en partie détruites, les sensations peuvent être dérivées par 
une autre voie et la suppléance s'établit. 

M. Ed. CLAPARÈDE nous a parlé des expériences faites au laboratoire de psy- 
chologie qui avaient pour but de vérifier la théorie de M. le professeur Flournoy 
relative aux #lusions de poids. 1 résulte de ces expériences que, employant des 
cubes de méme poids mais de volume différent, ces objets sont soulevés d'autant 
plus rapidement que leur volume est plus grand. 

Le même nous à donné le résumé des expériences faites en collaboration avec 
Mie K. MARKOVA sur un nouveau procédé pour étudier la perception du toucher 
des formes. Ces auteurs ont essayé d'isoler les deux modes de sensibilité musecu- 
laire et cutané. Ils ont reconnu que la sensibilité cutanée joue un rôle plus grand 
qu'on ne le croit à première vue, dans la reconnaissance des formes simples, €'est- 
à-dire des changements de direction. 

M. le professeur d'ESPINE nous à mis au courant des travaux récents sur le rôle 
des moustiques dans l'étiologie de la malaria. a complété sa communication par 
l'histoire du développement et des mœurs de lArophiles. 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST, NAT. DE GENÈVE, VOL. 34 (1902). 


RAPPORT 


PRESIDENT DE LA SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE 


D'HISTOIRE NATURELLE DE GENEVE 
L'ANNÉE 1901 


M. le Professeur Louis DUPARC 


MESSIEURS, 


Me voici arrivé au terme de la présidence à laquelle vous m'avez fait l'honneur 
de m'appeler, et, conformément à l'usage, je dois vous rendre compte de la marche 
de notre société pendant l'année écoulée. 

Je me permettrai de vous parler tout d’abord des questions administratives qui 
ont été traitées pendant les huit séances qu'a eues votre Comité de publication, 
ainsi que des modifications apportées dans notre personnel et notre règlement. Je 
vous retracerai ensuite la vie et l’activité scientifique des membres que vous avez eu 
le malheur de perdre, à cet égard l’année 1901 a été particulièrement douloureuse 
pour nous, puis je récapitulerai enfin les divers travaux présentés dans nos séances, 
lesquels, je l'espère, mettront en évidence l’activité scientifique de notre société. 


30 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


Dans la séance du 14 janvier, vous avez nommé à la vice-présidence M. Marc 
Micheli qui occupera la présidence cette année. 

M. Maurice Gautier a été nommé secrétaire des séances en remplacement de 
M. van Berchen, qui pendant tant d'années à rempli cette fonction avec le dévoue- 
ment que nous nous plaisons tous à lui reconnaitre, Au Comité de publication, 
MM. M. Bedot et van Berchem ont été nommés membres en remplacement de 
MM. Rilliet et Fatio, membres sortants. 

Nous avons recu la démission de deux de nos associés libres, MM. Antoine 
Martin et Henri de Blonay: ce vide laissé dans nos rangs à été comblé par deux 
nouvelles nominations, celles de MM. F. Pearce, G&. Hochreutiner et Ed. Claparède. 

D'autre part nous avons à déplorer la perte de trois de nos membres ordinaires, 
MM. le prof. Paul Chaix, le prof. Hippolyte Gosse et le prof. Charles Galopin; 
puis celle de quatre de nos membres honoraires, MM. le prof. Ad. Hirsch et 
le prof. Henri de Lacaze-Duthiers, Carl-Ed. Cramer et Charles Maunoir, et le 
départ de deux de nos amis, MM. Ch. Galland et Emile Boissier. La Société s'est 
attaché en qualité de membre honoraire M. le professeur B. Wartmann de S'-Gail. 

A l’occasion du jubilé de Pillustre chimiste Berthelot, Fun de nos membres 
honoraires, la Société de physique à envoyé un télégramme de félicitations. Une 
adresse a également été remise de votre part au professeur Théophile Studer, notre 
membre honoraire, à l’occasion du jubilé de son vingt-cinquième anniversaire de 
professorat à l'Université de Berne. 

En juin dernier à paru la deuxième partie du tome XXXIIT de nos Mémoires. 
Ce volume de 432 pages avec 12 planches renferme les rapports des présidents pour 
1898 et 1899, la liste des ouvrages reçus par la Société du 1° janvier 1898 au 
le décembre 1899, puis les travaux suivants : 

1° Notes pour servir à l'étude des échinodermes, par P. de Loriol. 

2 Les roches éruptives des environs de Menerville, par L. Dupare, F. Pearce 
et E. Ritter. 

3° Mémoire sur la latitude de PObservatoire de (renève, par J. Pidoux. 

4° Die Pilzgattung Aspergillus in morphologischer, physiologischer und syste- 
matischer Beziehung, par le Dr Prof.-C. Wehmer. , 

Pendant l’année en cours, M. le secrétaire du Comité de publication à continué, 
avec M. le conservateur de la Bibliothèque publique, à rechercher par voie d'échange 
les numéros manquant dans les séries de publications que la Bibliothèque reçoit de 
la Société de physique. Un grand nombre de vides ont pu être comblés de la sorte, 
et ce travail touche maintenant à sa fin. Votre président n’a, en matière d'échanges 
nouveaux de publications, aucune demande importante à vous signaler. 


s LATE 


POUR L'ANNÉE 1901 SY. 


Le Comité de publication a eu surtout à discuter la proposition qui lui à été faite 
par un de sesmembres aux fins de remanier le mode de publication en usage jusqu'ici 
et de le mettre plus en rapport avec les exigences actuelles de la bibliographie, 
surtout en ce qui concerne les prises de dates et le classement des publications. IT a 
décidé de vous proposer d'adopter un mode de publication par fascicules, sans 
fixer d’avance.ni le nombre, ni la date de ces derniers. La numérotation des pages 
se suivrait dans le volume du commencement à la fin et il ne serait jamais publié de 
mémoire incomplet dans un fascicule. Les tirages à part ne seraient pas livrés aux 
auteurs avant la distribution du fascicule aux abonnés. 

Le nouveau système fonctionnerait dès à présent: et le premier fascicule com- 
prendrait entr'autres les deux derniers rapports présidentiels. 

Votre président vous rappelle en terminant que cette année aura lieu à Genève 
la réunion de la Société helvétique des sciences naturelles. La Société de physique 
s’associera plemement à cette solennité annuelle qui met en contact les hommes de 
science de notre petit pays, et crée entre eux des relations toujours aussi cordiales 
que profitables. 


NOTICES BIOGRAPHIQUES 


HIPPOLYTE GOSSE 


Hippolyte GOSSE naquit à Genève le 29 mai 1834. 

Sa famille comptait plusieurs savants. Son aïeul, pharmacien et chimiste distin- 
gué, était bien connu des hommes de sciences de son époque. Ce fut un des fonda- 
teurs de la Société helvétique des sciences naturelles. Son père, le docteur L.-A. 
Gosse, était un médecin de talent, doublé d’un homme de cœur. 

Gosse fit ses premières études à Genève: il fréquenta les cours de l’ancienne 
Académie où il acquit une instruction aussi solide qu'étendue; mais cette mstitution 
ne lui offrant plus les ressources nécessaires pour achever ses études médicales, il 
se rendit à Paris où il fit un assez long séjour. Sans doute, la médecine l'intéressait, 
mais é’était peut-être plus par hérédité que par tempérament, Gosse était surtout un 
curieux des choses de la nature, les sciences l’attiraient, et nous le voyons déjà à 


38 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


cette époque quitter scalpel et bistouri pour s'occuper de recherches variées, avec 
cette fougue et cette passion qu'il apportait en toute chose. L'archéologie et l’an- 
thropologie étaient ses branches de prédilection, il arrivait d’ailleurs à une époque 
décisive pour l'évolution de cette dernière science; il connut Mortillet, Broca, et 
tant d'autres savants illustres qu'il revit plus tard fréquemment dans les congrès, et 
avec lesquels il soutint parfois d'assez vives polémiques. IT prit une part active 
aux fouilles faites dans les carrières des environs de Paris, et sut, bien que tout 
jeune encore, se créer une certaine notoriété dans le domaine de ces recherches 
spéciales, grace à quelques découvertes intéressantes qu'il fit. Grosse ne dédaignait 
point non plus les arts, ce complément indispensable de l'archéologie: il fréquentait 
volontiers les artistes et se fit même initier à la sculpture, qu'il pratiquait assez 
joliment comme latteste encore un buste de femme dû à son ébauchoir. 

Etudiant, il fut ce qu'il resta jusqu'à la fin de sa carrière, un enthousiaste et un 
convaincu, Chez lui, l'originalité était bien moins une tournure de l'esprit ou un effet 
de Péducation, qu'un produit de son tempérament même; dans tous les domaines 
il avait une conception essentiellement personnelle des choses: il voulait tout voir, 
tout savoir, tout comprendre, mais sa curiosité était essentiellement agissante. 

Ses études terminées il rentra à Genève pour y pratiquer l'art médical, il 
apporta dans l'exercice de sa profession son dévouement et sa bonté ordinaires. 

À peine de retour au pays natal, Grosse reprenait ses chères études archéolo- 
giques. Partout où, dans le canton où aux alentours, on découvrait quelque tom- 
beau antique où quelque vieux monument, il se rendait sur les lieux et présidait en 
personne aux fouilles qu'il faisait immédiatement exécuter. Les restaurations suc- 
cessives de la cathédrale de S'-Pierre lui fournirent maintes fois l'occasion de 
donner libre carrière à ses instincts de chercheur: il fit là quelques fort jolies trou- 
vailles qui lui valurent d'ailleurs des discussions assez vives avec ceux qui ne parta- 
geaient pas son avis; car il était de tempérament combatif et il ne faisait pas bon 
lui contester une découverte. Son principal domaine de recherches fut le Salève, où 
il possédait une propriété qui évoque bien des souvenirs historiques. Il en à fouillé 
toutes les grottes, principalement celles qui avoisinent le village de Veyrier, ét a 
trouvé là, enfouis sous'une épaisse couche de taf et de stalagmites, des documents 
du plus haut intérêt pour reconstituer l'histoire ethnographique des peuplades qui 
vinrent successivement se superposer sur le sol de notre petit pays. Le Salève 
n'avait plus de secrets pour lui, il en connaissait les coins et les recoins, et les 
nombreuses découvertes qu'il fit sur cette montagne lui permirent de préciser cer- 
tains points importants pour l'histoire de la période celtique et gallo-romaine dans 
notre contrée, Puis nous voyons Gosse étendre ses recherches aux populations 


POUR L'ANNÉE 1901 39) 


lacustres qui peuplaient les rives du Léman: ses nombreux dragages le mettent en 
possession d’un matériel considérable et des plus instructifs, qu'il comparera dans 
la suite avec les objets analogues de l'age du bronze ou de la pierre polie, trouvés 
dans d’autres stations lacustres de la Suisse ou de l'étranger. 

Ses recherches et ses compétences en matière archéologique et ethnographi- 
que le désignaient tout naturellement pour la direction du Musée archéologique de 
Genève. Il accepta cette fonction avec joie, et fit du Musée sa propre chose. Ses 
collections étaient sacrées, 1l en avait en quelque sorte le culte : malheur à celui qui. 
dans ce domaine, eût voulu devenir son rival. Il consacra beaucoup de temps et 
dépensa toute son activité au développement et à l'enrichissement des collections 
confiées à sa vigilance. Lorsqu'il possédait quelque pièce curieuse trouvée par lui, 
ou achetée de ses deniers, il n'hésitait pas un instant à l'offrir à l'institution qu'il 
dirigeait. Gosse était en effet collectionneur dans lame: sans cesse à l'affût d'occa- 
sions favorables, il compulsait les catalogues, échangeait des correspondances sui- 
vies avec les gens qui, par la nature de leurs occupations, étaient à même de 
trouver dans des fouilles ou des travaux divers quelque objet intéressant: la trou- 
vaille faite, il était le premier à s’en assurer la possession. 

En 1876, Gosse fut nommé professeur de médecine légale à l'Université, Il en- 
seignait à la fois à la Faculté de médecine et à la Faculté de droit. Son enseigne- 
ment, souvent inégal, portait au plus haut degré le cachet distinctif de cette 
originalité qui faisait le fond de son caractère, Il n'aimait pas la contradiction : il 
était toujours afrmatif ou négatif sur toutes les questions, ce n'était guere en effet 
l'homme du doute philosophique, mais sa parole colorée intéressait toujours son au- 
ditoire, et il savait communiquer à son enseignement cette vie qui lanimait. Son 
besoin de démonstration allait jusqu'à le pousser à répéter sur lui-même certaines 
expériences qui n'étaient point sans danger, mais qui n'en intéressaient que d'autant 
plus son auditoire: son exposé des faits étonnait quelquefois, mais il était toujours 
goûté de ses auditeurs. Il aimait surtout faire des autopsies devant ses élèves pour 
leur montrer les difficultés si variées que rencontre à chaque instant le médecin lé- 
giste. L'observation d'un fait qui lui était encore inconnu suggérait immédiatement 
chez lui l’idée d’une expérience ; il possédait de la sorte une foule de documents et 
d'observations inédits, fruit de ses propres recherches, ce qui rendait son enseigne- 
ment très profitable. 

Gosse fut aussi doyen de la Faculté de médecine et sut s'attirer dans l'exercice 
de ses fonctions, à une époque où l'Université était encore jeune, presque naissante, 
l'estime de ses collègues et l'amitié des étudiants qui, malgré son abord parfois 
un peu brusque, eurent souvent l'occasion d'apprécier l'excellence de son cœur. 


10 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


Hippolyte Gosse prit également une part active dans la politique de notre 
pays: ce n'était pas un orateur populaire, mais par contre un militant. De 1870 à 
1882 il fit partie du Conseil municipal de la Ville de Genève, puis du Conseil admi- 
nistratif; de plus, à plusieurs reprises, en 1864, 1874 et 1878, Gosse fut élu député 
au Grand Conseil, I ne fut pas parmi les dirigeants, mais il défendit toujours ses 
opinions avec ardeur, et fut un adversaire aussi convaincu qu'un ami fidèle, 

Gosse à laissé un certain nombre de travaux touchant à des domaines variés, 
notamment à l'archéologie, l'ethnographie, la géologie et la médecine. I à publié 
dans ses dernières années un ouvrage important sur l’origine de certaines blessures 
faites par les armes à feu, qui lui fut suggéré par un cas intéressant qu'il avait eu à 
examiner. 

La fin de sa carrière fut assombrie par la perte de sa femme, suivie à quelques 
années de distance par celle de sa fille, morte de la tuberculose. Ilen conçut un grand 
chagrin et ne se remit jamais complètement de cette épreuve. L'étude qu'il entreprit 
sur Ja propagation de la tuberculose par le lait le conduisit en Danemark, d'où il 
revint avec des documents fort intéressants sur Phygiène d'une part et l'archéologie 
de l’autre. I publia à cette époque un volume remarqué, fruit de ses observations 
sur la tuberculose, puis, dans un tout autre ordre d'idées, présenta à notre société 
quelques remarques très curieuses concernant nos habitations lacustres et les 
Kjoekkenmoeddings scandinaves. 

Gosse fit partie de la Société de physique dès l’année 1883, en qualité de mem- 
bre actif: il en suivait assidüment les séances. ITs'intéressait à toutes les communica- 
tions, et aimait à soulever des discussions sur les sujets traités par ses collègues ou 
par lui-même. C’était une personnalité éminemment sympathique et originale, et ceux 
qui ont eu le privilège de le connaître en garderont toujours le meilleur souvenir. 


PAUL CHAIX 


C'était une grande et vénérable figure que celle de Paul CHAIX, qui fut le mai- 
tre de deux générations successives: ses nobles traits restent profondément gravés 
dans mon esprit, et en écrivant ces quelques lignes bien impuissantes à retracer 
cette carrière si belle et si utile, je me sens pris d’une réelle émotion. Je revois tou- 
jours cette séance mémorable du 30 juin 18S2, dans laquelle notre vieux professeur 
aimé prenait, après cinquante années d'un enseignement qui fut presque un apos- 
tolat, congé définitif de ses élèves plus émus encore que lui-même, [me semble en- 


POUR L'ANNÉE 1901 A 


tendre encore cet inoubliable discours d'adieu qu'il nous adressa, et dans lequel, 
pour la dernière fois, il nous montra tous les trésors de son intelligence, de son es- 
prit et de son cœur. Nous lui serrâmes tous la main avec une immense tristesse, sa 
retraite était un deuil qui nous affligeait tous, et il nous semblait qu'avec lui s’en al- 
lait tout ce qui nous intéressait dans nos études. 

Paul Chaix naquit le 1° octobre 180$ à Crest, en Dauphiné, d'un père fran- 
çais et d’une mère qui appartenait à une très ancienne famille genevoise. Son pere, 
peintre de son état, avait du talent, ce qui ne l’empêéchait pas d’avoir la vie quelque 
peu dure. Le jeune Chaix resta en Dauphiné jusqu’à l'âge de sept ans; à Valence, 
son dernier séjour avant d'arriver à (renève, il vit le retour des troupes françaises 
de l'Espagne et apprit celui de l’empereur, suivi bientôt de la nouvelle de 
Waterloo. 

En 1815, son père vint se fixer dans notre ville, et y vécut en donnant des le- 
çons de dessin. Paul Chaix commença alors ses premières études au pensionnat 
Heyer: il entendit les cours de deux hommes qui devinrent célèbres: de Tôpffer et du 
mathématicien Sturm. 

Son père ayant reçu des lettres de bourgeoisie pour les services qu'il avait ren- 
dus dans l’enseignement du dessin, Chaix devint genevois: 1l ne cessa de le rester 
jusqu’à son dernier jour. Tout jeune encore, il entra à l'Académie et eut pour pro- 
fesseur Augustin-Pyrame de Candolle, de la Rive, Pascalis et d’autres. À cette 
époque il professait déjà un goût très prononcé pour les voyages et la géographie, 1 
S’intéressait également à l'art militaire, et à moments perdus il puisait dans les livres 
du général Dufour, alors simple colonel, des connaissances qui étonnèrent bien des 
gens qu'il rencontra dans la suite. 

Alors qu'il n’était qu'un tout jeune homme, à 17 ans, nous le voyons chargé de 
l'éducation de Victor de Sybour; puis il quitta Genève, et de 1829 à 1832 1l fit un 
séjour en Angleterre où il instruisit les fils du duc de Richemond. C’est de ce séjour 
que date son grand amour pour l'Angleterre et les institutions de ce pays: c’est là 
aussi qu'il publia sa première carte de la Savoie qu'il améliora dans une série d'édi- 
tions successives. Il revint par la Belgique, mais ne resta pas longtemps à (renève, 
et à peine de retour, poussé par son goût irrésistible des voyages, il se rend à 
Pétersbourg où il passe deux années occupé à instruire les enfants du prince 
Gagarine. Il se trouva là en contact avec de très hauts personnage avec qui, d’ail- 
leurs, il garda des relations: il aimait à se souvenir de cette période de sa vie, et 
racontait certaines anecdotes de cette époque avec ce charme et cette finesse dont 
il avait le secret. 

En 1836, il revint après avoir passé quelque temps à Paris pour des études, 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 84 (1902). ô 


42 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


puis fut nommé maitre de géographie et d'histoire au Collège industriel. C’est à 
partir de ce moment que commence son activité dans le domaine de l’enseignement 
officiel. Sentant rapidement le besoin de résumer dans un ouvrage didactique les 
connaissances géographiques de l'époque, il publie, en 1839, son premier précis de 
géographie, qui en est actuellement à sa quatorzième édition, puis, deux ans plus 
tard, son atlas de géographie qui va servir à illustrer l’ouvrage paru précédem- 
ment. Le succès soutenu de ces deux publications s'explique par la clarté, la conei- 
sion et l'exactitude qu'il apportait en toute chese; son esprit méthodique classait les 
faits avec un ordre toujours parfait, et sa prodigieuse mémoire lui permettait de ne 
rien laisser inaperçu et d'apporter en toute chose quelque détail inédit qu'il tirait 
de ses souvenirs. 

De 1840 à 1846, à côté de ses occupations officielles, Chaix fit éducation de 
plusieurs princes et princesses qui passèrent quelque temps à Genève, entr’autres 
celle du prince Albert de Prusse, du duc d'Edimbourg, de la princesse de Lichtem- 
berge, etc. 

En 1846, après la révolution, il fut privé d’une grande partie de son enseigne- 
ment. Il S'en consola en faisant un voyage des plus imstructifs en Turquie, en Grèce 
et en Egypte, qui lui laissa d'excellents souvenirs, et auquel il faisait parfois allu- 
sion dans ses lecons. En 186$, Paul Chaix fut nommé professeur de géographie et 
d'histoire au Gymnase, et conserva cette fonction jusqu'en 1882. IT quitta libre- 
ment l'enseignement, dans la plénitude de ses facultés, entouré du respect de tous 
ses élèves qui ne cesserent de le regretter. 

Paul Chaix s’est étemt le 23 mars 1901, sans souffrances, conservant jusqu'au 
bout son calme si digne et son admirable lucidité d'esprit; la nouvelle de la mort de 
ce vénérable nonagénaire, qui ne comptait que des amis et des admirateurs, fut un 
serrement de cœur pour tous ceux qui, à Genève, s'occupent de la science. 

Chaix était en eftet l’érudition même, il savait tout, avait tout lu et continuait 
à S'instruire à un âge où depuis longtemps on songe à se reposer. Sa mémoire était 
réellement extraordinaire: rien ne Jui échappait, 11 se souvenait des plus petits dé- 
tails, des noms les plus bizarres et les plus inconnus, c'était une encyclopédie, mais 
il était si profondément modeste qu'il fallait être de ses intimes ou de ses élèves 
pour avoir la bonne fortune de Pentendre exposer quelque parcelle de ses vastes 
connaissances géographiques et historiques. Le nombre des notes et écrits qu'il à 
laissés est considérable, ils traitent de sujets variés se rapportant toujours au do- 
maine des sciences qui lui étaient chères; plusieurs sont originaax, d'autres sont des 
extraits ou des analyses de relations de voyage, fruit de ses innombrables lectures. 


[n'a pas laissé de très gros volumes: il détestait la réclame et les publications 


POUR L'ANNÉE 1901 43 


hâtives, ses ouvrages, toujours intéressants, avaient un cachet tout personnel. I 
écrivit dans une foule de revues parmi lesquelles il faut citer en premier heu La 
Bibliothèque universelle, Le Globe, Les Archives, puis Le Magazine. Ses publications 
les plus répandues furent incontestablement son précis de géographie et son atlas 
dont une dernière édition paraissait naguère. Il a publié une histoire de l'Amérique 
méridionale qui trouve grande faveur chez les spécialistes, et pour ne citer que le 
plus illustre parmi ceux-ci, l'historien américain Prescott. 

Ses lettres des bords du Nil, publiées en 1847 dans La Bibliothèque universelle, 
sont une narration pleine d'intérét de son voyage et une description vraiment cu- 
rieuse de l'Egypte à une époque où elle m'était point assaillie comme aujourd'hui 
par les snobs et les voyageurs à tickets. 

L'auteur de ces quelques lignes à eu l’occasion d'apprécier tout spécialement 
un travail de Paul Chaix qui, bien que peu connu, n'en est pas moins fort intéres- 
sant: je veux parler de son Hydrographie de l'Arre. 

Il aimait en eftet par-dessus tout les questions qui se rattachaient plus directe- 
ment à la géographie physique: sans être géologue, il avait l'intuition des origines. 
souvent si complexes, des formes du terrain. Nous l'avons vu plus d’une fois, dans 
les séances de notre Société, prêter une oreille attentive aux communications qui 
touchaient à ce domaine, et demander une foule de détails et de renseignements com- 
plémentaires qui prouvaient l'intérêt qu'il avait pris à l'exposé qui venait d'être fait. 

Le rôle qu'a joué Paul Chaix dans l'enseignement de la géographie à Genève 
a été considérable; ses leçons, pendant lesquelles on observait un religieux silence, 
étaient attendues avec impatience par ses élèves: ses jours de cours étaient Jours 
de plaisir pour eux. Je le vois toujours en chaire, ce grand vieillard légèrement 
voüté, nous exposant de sa voix grave et sympathique quelque sujet de géographie 
ou quelque thème d'histoire, Il S'animait graduellement, puis bientôt prenait la 
craie, et nous dessinait au tableau les cartes des mers, des pays et des villes dont il 
nous parlait. Jamais il n'avait avec lui ni note ni esquisse, il tirait tout de sa mé- 
moire, et avec une précision incomparable il nous promenait à travers les régions 
qu'il nous décrivait au fur et à mesure. 

Il y avait dans son enseignement un grand fonds d'humanité et de philosophie, 
il nous montrait comment naissent les richesses des peuples, comment s'établit le 
commerce entre les nations: il insistait sur le rôle que joue la configuration du sol 
dans l'évolution des peuples qui habitent: puis il nous montrait aussi les résultats 
de l’inconséquence des hommes qui, trop souvent, par leur ardeur imconsidérée et 
par leur soif de l'or, modifient trop brusquement la nature, en attirant sur eux 
d'épouvantables féaux. 


RAPPORT DU PRÉSIDENT 


= 
= 


Les honneurs ne portaient nulle atteinte à sa modestie, il en eut cependant 
beaucoup. I fut chevalier de l'ordre espagnol de Charles IT, de la couronne de 
Prusse, de l’ordre d'Albert l'Ours d'Anhalt, ete., etc. Il fut nommé correspondant 
de la Société royale de géographie de Londres, membre honoraire de la Société 
helvétique des sciences naturelles, de la Société de géographie de Paris, de la 
Société américaine de géographie et de statistique, de la Société suisse de topogra- 
phie, de la Société écossaise de géographie, etc. 

Avec Paul Chaix, c'est une figure éminemment intéressante qui disparait, 
mais il nous restera, à nous qui l'avons connu personnellement, son exemple et son 


excellent souvenir. 


CHARLES GALOPIN-SCHAUB 


Le savant modeste et l'homme de bien dont nous allons retracer la carrière, 
naquit à Genève le 30 juin 1832. Son père était changeur de son état, et bien connu 
dans notre monde industriel et horloger, auquel il avait rendu de signalés services. De 
bonne heure notre collègue montra des dispositions spéciales pour les mathématiques : 
il fit, comme tant d’autres, ses premières études à l’ancienne Académie, puis ilse rendit 
à Paris, ville qui lui offrait de plus grandes ressources pour développer les facultés 
particulières qu'il possédait pour la science des nombres. Il suivit dans cette ville 
les cours de maitres illustres, puis se présenta aux examens du doctorat ès siences 
mathématiques avec une thèse remarquée sur l'équation de la surface des ondes 
lumineuses dans les corps bi-réfringents. 

A cette époque déjà, GALOPIN montrait une prédilection marquée pour la phy- 
sique mathématique, et l'application des méthodes de calcul aux sciences exactes. 
Revenu à Genève où il se fixa, il fut nommé professeur suppléant de mécanique à 
cette méme Académie qu'il avait jadis fréquentée comme étudiant. 

Pendant cette première période de son activité, il publia plusieurs mémoires, 
entr'autres une étude sur la fhéorie de la double réfraction, parue dans les Archives, 
et qui était en quelque sorte une continuation de sa thèse, puis, en 1884, un ouvrage 
important sur la théorie des approximations numériques. Après la transformation 
de l'Académie en Université, Galopin donna pendant quelques années des cours 
comme privat-docent, puis en 1884 il fut nommé professeur extraordinaire de calculs 
de physique et d'exercices mathématiques. Il s’intéressait vivement à son enseigne- 
ment, et donna une série de cours sur les mathématiques appliquées et sur le calcul 


POUR L'ANNÉE 1901 4) 


des quaternions qu'il affectionnait tout particulièrement. Il publia d’ailleurs ré- 
cemment une brochure sur ce dernier sujet. 

Charles Galopin aimait beaucoup l'enseignement, son caractère aimable et bien- 
veillant lui attirait l'affection de tous ses élèves, auxquels il témoignait lui-même 
la plus vive sympathie. Dans le domaine de son activité pédagogique, 1l apporta 
cette conscience et cette honnèteté qui faisait le fond de son caractère. C'était en effet 
l'honneur et la délicatesse mêmes, son extrème modestie le faisait toujours rester en 
arrière quand il s'agissait de faire parler de lui, mais son dévouement le mettait au 
premier rang quand il fallait rendre service. 

Bien que peu combatif de nature, il s’intéressa vivement à la politique de notre 
petit pays. Il avait été élu député au Grand Conseil en 1895. et suivait toutes les 
séances avec l'attention scrupuleuse qu'on pouvait attendre d'un homme tel que 
lui. En sa qualité de mathématicien. il s’intéressait à tout ce qui touchait aux ques- 
tions financières, mais il aimait aussi les questions sociales où humanitaires. Il fit 
partie de nombreuses commissions administratives dans lesquelles il apportait un 
concours soutenu. [l aimait à étudier à fond toutes les questions, les différents rap- 
ports qu'il présentait étaient toujours soigneusement documentés, et sans étre orateur, 
il ne craignait cependant pas de prendre la parole lorsqu'il le jugeait nécessaire. 
Charles Galopin fut surtout un philanthrope et un homme de bien: il fit partie de 
la Société d'utilité publique et fut membre de plusieurs sociétés de bienfaisance. 

En dehors des travaux scientifiques que j'ai mentionnés, Galopin a publié quel- 
ques notices concernant divers sujets, puis plusieurs livres ayant un caractère 
populaire ; il fit également de l’enseignement privé et quelques jours avant sa mort il 
faisait passer des examens à l’école préparatoire de théologie. 

Il s’est éteint doucement le 2? juillet, à l’âge de 69 ans. 


ADOLPHE HIRSCH 


L'un de nos plus anciens membres honoraires, un de nos compatriotes les plus 
connus à l'étranger par le rôle qu'il a joué dans la création et l'administration de 
deux associations internationales scientifiques permanentes, le professeur D° Adol- 
phe HIRsCH, directeur de l'Observatoire de Neuchatel, est mort le 16 avril 1901, 
dans sa 71% année. 

Hirsch n’était pas Suisse d’origine. Il était né, le 21 mai 1830, dans la petite 
ville de Halberstadt, dans la province de Saxe, et il a fait toutes ses études en Alle- 
magne. Son goût le portait vers l'astronomie et il a achevé de se former à Berlin, 


A6 RAPPORT DU PRÉSIDENT 

sous la haute direction d'Encke, Puis il a travaillé à Vienne et à Paris, mais c’est 
notre pays qui à bénéficié de sa carrière scientifique. Il se disposait à se rendre à 
Paris pour travailler sous l'illustre astronome Le Verrier, lorsqu'il fit à Venise la 
connaissance d'un jeune Neuchatelois, le Dr L. Guillaume, bien connu actuellement 
par ses travaux sur la statistique et les questions pénitentiaires, et avec lequel il se 
lia d’une vive amitié, À cette époque, le gouvernement neuchâtelois, mis en éveil par 
les rapports des délégués horlogers revenant de l'Exposition universelle de Paris de 
1839, avait décidé la création d'un observatoire astronomique, indispensable pour 
le contrôle des chronomètres. 

Le Dr Guillaume recommanda Hirsch à son gouvernement qui l'appela pour le 
consulter sur la construction de cet observatoire. Hirsch vint à Neuchatel et ses 
avis furent si bien appréciés qu'il fut, dès le printemps de 1838, appelé à la direction 
du futur Observatoire dont il S'occupa immédiatement de dresser les plans. Il passa 
une année à Paris et entra en fonctions au printemps de 1839 pour procéder à Pachève- 
ment de l'observatoire et à l'installation des mstruments. I S'est voué immédiatement 
avec toute son activité et toute son énergie au développement de cet institut scienti- 
tique et il put inaugurer le service chronométrique dès l'année 1860, Ce service n'a 
cessé d'être de la plus grande utilité à l'industrie neuchàteloise, et les rapports an- 
nuels que Hirsch publiait sur ce sujet sont une source de renseignements précieux. 
Il à été nommé professeur d'astronomie à l'Académie de Neuchâtel des sa fondation 
en 1866 et il donnait encore son cours le printemps dernier. I était un membre zélé 
de la Société des sciences naturelles de Neuchâtel, Hirsch avait acquis la bourgeoisie 
des Verrières et était devenu un bon Neuchàtelois et un vrai Suisse. Il était si bien 
attaché à sa patrie d'adoption qu'il à tenu à lui laisser sa fortune pour servir au dé- 
veloppement et à l'agrandissement de l'Observatoire de Neuchâtel. 

Notre Société avait décerné à Hirsch le titre de membre honoraire en 1870. 
C’est que son rôle scientifique ne s’est pas maintenu dans les limites de son canton. 
Déjà en 1861 le gouvernement de la Confédération avait reçu communication du 
plan du général prussien Bayer de former une association des pays de l'Europe 
centrale pour l'extension destravaux géodésiques. La Société helvétique des sciences 
naturelles fut consultée la même année à Lausanne et sous l'impulsion de plusieurs 
savants, au premier rang desquels se plaçait Hirsch, elle appuya l’accession de notre 
pays au programme du général Bayer. 

Une + commission géodésique suisse > fut immédiatement constituée et Hirsch 
en fit partie aux côtés du général Dufour, du professeur R. Wolf, de l'ingénieur 
Denzler et d'Elie Ritter qui fut remplacé, dès 1862, par Emile Plantamour. II à 
ainsi travaillé à la mensuration exacte de notre pays et plus particulièrement au 


fa 


POUR L'ANNÉE 1901 17 


nivellement de précision de la Suisse, qu'il a dirigé avec Plantamour. Il à été secré- 
taire de la commission de 1862 à 1S91, puis président à la mort de Wolf en 1893. 
Il était le seul survivant des membres fondateurs de la commission et sa disparition 
y laisse un vide considérable. 

A cela ne s’est pas bornée son activité en géodésie, Il a représenté la Suisse, 
dès 1864. dans la commission permanente et dans les conférences de l'Association 
pour la mesure des degrés en Europe. Il en fut un des secrétaires et il fut nommé 
secrétaire perpétuel de l'Association lorsqu'elle se constitua en Association géodé- 
sique internationale en 1SS6. Il avait dû résigner ces fonctions en 1900, sa santé 
l'obligeant à diminuer son activité, mais 1l avait encore représenté notre pays à la 
conférence d'octobre 1900 à Paris. Son nom restera certainement attaché à celui de 
l'Association géodésique, dont il a été un des membres les plus compétents et les plus 
écoutés pendant plus d'un tiers de siècle. 

Mais son nom restera aussi attaché à celui d’une autre œuvre internationale, 
celle du Bureau international des poids et mesures. C’est au sein de l'Association 
géodésique que, pour la première fois, en 1S67 et en partie sous l'impulsion de Hirsch, 
se fit jour la première proposition pratique ayant pour but l'œuvre maintenant pres- 
que accomplie, de l'extension du système métrique dans tous les pays du monde ci- 
vilisé, Le vœu émis alors en faveur de la création d’un institut central permanent, 
ayant pour fonctions d'exécuter tous les travaux nécessaires à l'unification rigou- 
reuse des mesures dans le monde entier, aboutit plus tard à la signature de la con- 
vention du mètre le 20 mai 1879, qui décidait l'établissement du Bureau international 
des poids et mesures, placé sous la surveillance d'un comité directeur, dont Hirsch 
fut membre et où il remplit également les fonctions de secrétaire des l’origine. Il a 
pris une part active à toute la période de création et d'installation du bureau, il en 
suivait le développement avec sollicitude et il a eu la satisfaction de voir ses efforts 
couronnés de succès dans la pleine réussite des travaux publiés par le Bureau inter- 
national. 

Hirsch n'a pas laissé de publication très importante. Au début de sa carrière, 
il à fait paraitre de nombreuses notes sur des sujets d'actualité scientifique et sur des 
recherches spéciales de chronométrie et d'astronomie pratique. Plus tard, son temps 
a été envahi par ses fonctions internationales et par la publication des nombreux 
procès-verbaux, comptes rendus de séances et de conférences qu'il rédigeait avec 
la plus grande exactitude et le plus grand soin. C'est surtout par le côté international 
de son activité, qui n'a nullement diminué, d’ailleurs, l'importance du rôle qu'il 
jouait dans son canton, que Hirsch a rendu d'éminents services à son pays tout en- 
tier et qu'il a jeté un lustre tout particulier sur l'Observatoire de Neuchâtel. 


48 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


CARL-ED. CRAMER 


C.-E, CRAMER est né à Zurich en 1831. d’une famille de commerçants aisés. 
C'est dans sa ville natale qu'il parcourut tout le cycle de ses premières études. De 
bonne heure, il manifesta du goût pour les sciences et débuta en 1851 par un mé- 
moire de chimie organique ; il aimait aussi le dessin et acquit dans le maniement du 
crayon une facilité qui lui fut précieuse dans sa carrière. Mais c’est à l'Université 
de Zurich, lorsqu'il se trouva en contact avec l'illustre Nægeli, que sa vocation se 
dessina. Il subit promptement l'influence de cet esprit éminent et devint l’un de ses 
plus fidèles disciples. Il adopta en particulier ses idées sur la théorie de l’évolution 
dont il devint un des adeptes convaincus, tout en admettant que la sélection natu- 
relle ne sufht pas pour rendre compte de tous les phénomènes, mais doit être com- 
plétée par une loi de développement interne de perfectionnement spontané. L’ou- 
vrage qu'il a consacré à la mémoire de son maitre (Leben und Wirken von C.-W. 
von Nægeli, Zurich, 1896) renferme un exposé lumineux de ces vues théoriques. 

En 1852, Néægeli fut nommé à Fribourg-en-Brisgau; Cramer ly accompagna, 
y séjourna trois ans, y reçut le grade de docteur et travailla avec lui à diverses 
publications faites en commun (Pflanzenphysiologische Untersuchungen). En 1855, 
il revint à Zurich, puis fit un long voyage en Italie et fut ensuite retenu assez long- 
temps par la maladie. En 1856, l'Ecole polytechnique fédérale était fondée et 
Nzægeli chargé du cours de botanique générale: il ne conserva ce poste que 
pendant une année et en 1857, son disciple le remplaçait en qualité de chargé 
de cours d’abord puis, dès 1861, de professeur ordinaire. Il conserva ce poste 
jusqu’à sa mort et, de 1SS0 à 1883, fut en outre professeur de botanique à l'Uni- 
versité. 

Les premiers travaux de Cramer consacrés au développement des idées de 
Nægeli se rapportent principalement à l’histoire anatomique des organes végétaux. 
Ses recherches sur la cellule terminale et sur sa signification dans la structure des 
organes, sont de première importance et font époque. Rien n'égale la patience, 
l'adresse et lingéniosité avec lesquelles il poursuivit l'anatomie des tissus en 
remontant pour ainsi dire à l’origine de chaque cellule, On la vu pendant des 
Journées entieres quitter à peine de l'œil son microscope pour arriver à reconstituer 
la généalogie d'une cellule, Ses dessins élégants, nets, précis et dont beaucoup n’ont 
Jamais été publiés, remplissent des cartons dans les armoires du Polytechnicum. 


CA TT 


POUR L'ANNÉE 1901 19 


Cette série de travaux se rapporta principalement aux algues floridées et sipho- 
nées. Il s’occupa aussi de la cellule elle-même et ses recherches sur la croissance 
de la membrane, sur sa structure moléculaire, sur les phénomènes de polarisa- 
tion dans les corps végétaux, sont importantes. Il avait du reste collaboré à l’on- 
vrage fondamental de Nægeli sur les grains d’amidon et les phénomènes d’intus- 
susception. 

Il publia aussi plusieurs mémoires relatifs aux anomalies de structure et à 
latilité de leur étude pour déterminer la valeur morphologique des organes nor- 
maux. Un violente épidémie de fièvre typhoïde qui éclata à Zurich en 1884 l’amena 
à s'occuper de bactériologie et, après un séjour à Munich. il publia plusieurs études 
sur les eaux potables et les organismes qu'elles peuvent renfermer. 

Les fonctions professorales de Cramer ont pris une place importante dans son 
activité. Nous avons déjà dit qu'il occupa la chaire du Polytechnicum pendant 44 ans 
et il enseigna toutes les branches de la botanique, y compris la systématique (cette 
dernière de 1870 à 1879). Il consacrait beaucoup de temps et de travail à son ensei- 
gnement et c’est par milliers qu'on retrouve les préparations microscopiques et les 
objets de démonstration préparés pour ses cours. Son biographe et ancien élève, 
le professeur Schræter, caractérise ainsi sa méthode de travail : Un soin minutieux 
et une conscience absolue dans les recherches, une critique personnelle sévère, une 
exposition claire et condensée des résultats acquis et toujours un coup d'œil général 
permettant d'apprécier leur valeur. A côté de cela, iltémoigna constamment un réel 
intérêt à ses élèves et une paternelle sollicitude pour leurs progrès. Rien d'étonnant 
s'il eut une grande influence sur eux, influence qui s’est manifestée par le fait que 
quatorze de ses anciens disciples se sont consacrés à la même science que lui, sont 
actuellement professeurs dans différents pays et ont pu presque tous se trouver réunis 
autour de lui lors des fêtes qui célébrèrent son 70% anniversaire. 

Son activité ne fut pas moindre dans le champ des sociétés scientifiques. Long- 
temps secrétaire de la Société zurichoise des sciences naturelles, il la présida de 
1876 à 1878. A la Société helvétique des sciences naturelles, il fat membre du 
comité central, président de la commission des mémoires: enfin il présida la session 
tenue à Zurich en 1883. Les distinctions honorifiques ne lui firent pas défaut : sa 
capacité de travail persista jusqu'au bout. Le 11 novembre, il fit encore une démons- 
tration microscopique à quelques étudiants, puis eut une attaque en rentrant chez 
lui et expira le 24 novembre sans avoir repris connaissance. Un long cortège d'amis, 
d'anciens élèves et d'étudiants l’accompagna à sa dernière demeure et montra dans 
quelle estime était tenu cet homme d'un commerce parfaitement sûr, d'un abord 
toujours bienveillant et d'une haute distinction intellectuelle. 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 34 (1902). 7 


30 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


(Extrait de la biographie publiée dans la N'exe Zürcher Zeitung le 1°* décembre 


par le professeur C. Schræter.) 


HENRI DE LACAZE-DUTHIERS 


Le 21 juillet est décédé, à l'age de SO ans, l’un de nos membres correspondants 
les plus illustres, M. H. de LACAZE-DUTHIERS, professeur de zoologie et d'anatomie 
comparée à la Faculté des sciences de Paris, né à Montpezat (Lot-et-Garonne) en 
1821. Fondateur des laboratoires de zoologie de Roscoff et de Banyuls-sur-Mer, il 
a, pendant plus d'un demi-siècle, exercé une influence considérable sur les progrès 
de la zoologie en France, autant par son enseignement que par ses recherches origi- 
nales et la publication d’un périodique : les Archives de zoologie expérimentale qu'il 
à su maintenir au premier rang des recueils du même genre publiés en langue fran- 
caise. Dernier survivant de ce triumvirat renommé dont les deux autres membres 
furent H. Milne-Edwards et de Quatrefages, il a principalement appliqué son talent 
d'observateur et son habileté d’anatomiste à l'étude des Mollusques, des Tuniciers, 
des Vers et des Cœlentérés des côtes de France. Son Histoire naturelle du corail 
rouge est universellement considérée comme un chef-d'œuvre du genre monogra- 
phique. Il avait porté à un point de perfection l’art de la fine dissection sous la 
loupe, lequel, depuis l'avènement des méthodes de la microscopie moderne, est mal- 
heureusement en train de se perdre. À ce titre surtout, le nom de M. de Lacaze- 
Duthiers sera tenu en haute estime par les naturalistes des siècles à venir. 


CHARLES MAUNOIR 


Charles-Jean MAUNOIR est né à Poggibonsi, en Toscane, le 23 juin 1830. TI 
tit ses études à Genève, à l'Académie, puis entra à l'Ecole centrale de Paris 
en 1851. 

I revendiqua ses droits de citoyen français, comme descendant d’une famille 
d'origine française réfugiée à (renève pour cause de religion; puis il s’engagea 
en 1852 dans l'armée française, dans le corps des chasseurs à cheval. 

Un accident l’obligea à prendre sa retraite en 1853. En 1855 il entra aux 
Archives du dépôt des cartes de la guerre, et y devint sous-chef de bureau. 


POUR L'ANNÉE 1901 »1 


En 1867 il fut nommé secrétaire général de la Société de géographie de Paris, et 
remplit ses fonctions avec une grande distinction pendant vingt-neuf années. I 
était aussi membre de la Commission des missions et voyages scientifiques et du 
Comité des travaux historiques. 

Il fut décoré de la Légion d'honneur en 1869, En 1892 il recut la grande 
médaille de la Société de géographie de Paris: enfin, lors de sa retraite, en 
1896, il fut nommé secrétaire général honoraire de la Société de géographie de 
Paris. 

Charles-Jean Maunoir vient de mourir, le 22 décembre 1901, dans sa soixante- 
onzième année. 


Charles Maunoir à écrit surtout sur l'histoire de la topographie et sur la car- 
tographie. La plupart de ses écrits ont paru dans le Spectateur militaire, le Journal 
des sciences militaires et le Bulletin de la Société de géographie de Paris. 

Il à laissé beaucoup de notices cartographiques, entre autres : sur la carte 
topographique de Belgique, sur la carte du Grand-Duché de Bale, sur les cartes d'u 
sud-ouest de Allemagne dressées par l'institut géographique militaire de Vienne, 
sur la carte de la Suisse au 1 :100,000%, Sur la topographie officielle en Europe 
en 1862, sur la carte du Liban exécutée par le Dépôt de la querre, sur la carte de 
l'Italie centrale et de la Sicile dressée par lEtat-major italien, sur les plans en relief 
de M. Bardin, sur la gravure sur pierre appliquée aux cartes: puis un Aperçu his- 
torique sur la topographie militaire et les ingénieurs géographes. N'a écrit plusieurs 
travaux plus spécialement militaires : Æssai sur le corps d'Eltat-major italien et 
sur son bureau supérieur, Résumé historique de la défense de Merico, Résumé de 
la campagne d'Italie d'après la publication du Dépôt de la querre. 

Ses écrits géographiques sont : La Nouvelle-Zélande, colonie anglaise, puis ses 
remarquables Æapports annuels sur les progrès des sciences géographiques, parus 
dans le Bulletin de la Société de géographie de Paris, puis un grand nombre de 
Rapports sur les prix décernés par la Société de géographie. 

Enfin, de 1876 à 1880, Charles Maunoir succéda à Vivien de Saint-Martin 
dans la rédaction de l'Année géographique. 


D2 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


ACTIVITÉ SCIENTIFIQUE DE LA SOCIÉTÉ 


Voici maintenant l'énumération des travaux et communications scientifiques 


présentés à notre Société : 


Physique et chimie. 


Dans la séance du 7 février, M. F. KEHRMANN fait une communication sur 
quelques résultats obtenus par lui en collaboration avec ses élèves, V. VESELY, 
E. Missuix, C. SraMpA et A. DENGUIN, et qui viennent confirmer d’une manière 
irréfutable le bien fondé d'une théorie émise par lPauteur il y a deux ans et concer- 
nant la constitution chimique de trois classes de colorants organiques, dérivant de 
l'oxazine, de la thiazine et de l'azonium. 

Le 4 avril, M. Th. TOMMASINA communique le résultat de ses études sur les 
phénomènes des radioconducteurs. Cette étude a pour but de défendre la théorie de 
la cohérence en expliquant les différents phénomènes qui ont eu lieu dans les radio- 
conducteurs. 

Dans la même séance, M. Jules MICHEL décrit #2 appareil pour déterminer 
le noircissement des plaques photographiques sous l'action de la lumière, appareil 
qu'il à étudié avec M. F. MARTENS. 

M. le professeur Ph.-A. GUYE à rendu compte dans la séance du 2 mai de 
divers travaux effectués dans son laboratoire : 

1° Des recherches sur le poids des gouttes, faites en collaboration de M. F.-Louis 
PERROT et dont ce dernier a déjà entretenu la Société. | 

20 Des mesures d'ascensions capillaires sur divers liquides organiques, effectuées 
en collaboration avec M. BAUD. 

3° Des déterminations de constantes critiques (températures et pressions) faites 
avec M. MALLET, relatives à quelques nitriles dérivés de laniline et d’hydrocar- 
bures aromatiques, 


M. Ch.-Eug. GUYE, dans la séance du 6 juin, expose deux communications : 


POUR L'ANNÉE 1901 53 


La première concerne les résultats obtenus par M. L. KASANZEFF au labora- 
toire de physique de l'Université sur la mesure de très faibles capacités. 

Dans la seconde, M. le professeur Ch.-E. GUYE rend compte des résultats d’un 
travail entrepris dans son laboratoire par M. A. BERNOUD sur une méthode électro- 
thermique tout à fait générale destinée à mesurer la puissance des courants relati- 
vement variables. 

Dans la même séance, M. C. MARGOT, préparateur au cabinet de physique, 
a présenté un galvanomètre thermo-électrique, très Simple, devant servir dans les 
cours de physique expérimentale à la démonstration des lois de la chaleur rayon- 
nante. 

M. le professeur Ch.-E. GUYE, dans la séance du 1‘ août, a rendu compte des 
recherches qu'il a entreprises pour la mesure de la capacité dans les courants poly- 
phasés. 

M. F. REVERDIN, dans la mème séance, présente trois différents travaux qu'il 
a exécutés avec la collaboration de M. CRÉPIEUX : 

1° Sur l’action de l'acide nitrique sur la toluine-o-nitro-p-sulfamide et la 
nitration du p-sulfochlorure de toluène. 

29 Sur quelques dérivés du p-sulfochlorure de toluine et de l'o-nitro-p-sulfo- 
chlorure de toluène. 

3° Sur l'acétamido-parabenzoyl £ naphtol, et Sur le benzoyl-amido-parabenzoyl 
£ naphtol. 

Le 3 octobre, M. le professeur LOUGUININE à communiqué les résultats de ses 
travaux sur la formation des alliages en proportions définies. 

Dans la séance du 19 décembre M. F.-Louis PERROT a fait en son nom et en 
celui de M. le professeur Ph.-A. GUYE une communication sur le résultat de leurs 
recherches entreprises sur l'écoulement des liquides par gouttes. 

Dans la même séance, M. Jules MICHELI à communiqué ses recherches sur 
l'influence de la température sur les indices de réfraction des corps solides transpa- 
rents. 


Minéralogie et géologie. 


Dans la séance du 3 janvier, M. le professeur Louis DUPARC à fait hommage 
à la Société de sa carte géologique du Mont-Blanc. 
Dans une communication préliminaire, le même professeur a rendu compte du 


J4 RAPPORT DU PRÉSIDENT 
récent voyage d'exploration qu'il à fait pendant deux mois dans lOural, en com- 
pagnie de son assistant le D' PEARCE. 

M. le professeur L. DUPARC, dans la séance du 21 février, a présenté une 
communication sur les pyrorénites du Kasswinsky Kamen, massif qu'il a exploré 
l’année dernière. 

Dans cette même séance, M. J. BRIQUET à rendu compte des observations 
qu'il à faites sur des vestiges de l'époque glaciaire en Corse. 

Le 7 mars, M. le professeur MRAZEC a entretenu la Société des recherches 
qu'il à entreprises en collaboration avec M. le professeur L. DUPARC sur l’origine 
de l'Epidote. 

Dans la même séance, M. le professeur MRAZEC fait une seconde communica- 
tion sur l’origine des lacs dits salés de la plaine roumaine. Ces lacs sont particulière- 
ment concentrés dans la partie sud-ouest de la plaine et le long du Danube. 

Dans la séance du IS avril, M. A. BRUN à entretenu la Société des obser- 
vations qu'il à faites durant une excursion géologique au Stromboli, en mars 
1901. 

M. le D' EF. PEARCE, dans la séance du 2 mai, en son nom et en celui de M. le 
professeur L. DUPARC, à présenté une communication sur les feldspaths contenus 
dans les roches de la série des gabbros provenant de la montagne de Tilaï Kamen, 
dans le bassin supérieur de la Kosswa. Les caractères optiques de ses feld- 
spaths, correspondent à ceux de variétés très basiques voisines du groupe de l’anor- 
thite. 

Dans la méme séance, M. le professeur ®L. DUPARC, en son nom et en celui de 
M. le D'F. PEARCE, a présenté à la Société un travail sur les gabbros à olivine du 
Kosswinsky-Kamen, lesquels forment une arête assez élevée appelée par les auteurs 
Pharkorcsky-Ouiral, qui Hlanque le Kosswinsky à l’ouest. 

Dans la séance du 4 juillet, M. le professeur L. DUPARC à exposé la suite des 
recherches entreprises avec M. le D' F. PEARCE sur les roches platinifères de 
l'Oural. 

Dans la séance du 3 octobre, M. le professeur Ch. SARASIN à fait une commu 
nication sur la stratigraphie du versant ouest de la chaîne du Noirmont-Pléiades, 
envisagée surtout au point de vue des formations infraciétactiques. 

Dans la séance du 7 novembre, M. le professeur L. DUPARC a parlé des nou- 
velles recherches qu'il a faites cette année dans les montagnes du Kosswinsky et 
sur l’origine du Platine. 

Dans la séance du 19 décembre, M. A. BRUN a parlé de la constitution des 
basaltes du Stromboli dont il a observé 31 variétés se rapprochant du type basalte à 


POUR L'ANNÉE 1901 J) 
Labrador. À l'occasion de ces recherches, il a en outre déterminé le point de fusion 
de quelques minéraux. 


Botanique, Zoologie, Psychologie. 


Dans la séance du 21 mars, M. Ed. CLAPARÈDE a signalé certaines confusions 
qui planent sur la psychologie animale, et sont la source de malentendus et de 
discussions stériles. 

Le 21 mars également, M. le D' L. ZEHNTNER rend compte des études qu'il a 
faites à Java sur les animaux qui attaquent la canne à sucre : les plus dangereux 
d’entre eux sont des chenilles de lépidoptères, de la famille des Pyralides et de celle 
des Tortricides. 

M. Ed. CLAPARÈDE, dans la séance du 4 juillet, à communiqué de nouvelles 
expériences faites au laboratoire de psychologie sur la vitesse de soulèvement des 
poids de volumes différents, et qui confirment entièrement ses recherches entrepri- 
ses précédemment sur le même sujet. 

M. BRIQUET. dans la séance du 21 novembre, à fait une communication rela- 
tive à la fopographie du système secréteur de la tige des centaurées. 

Le 5 décembre, la Société a entendu une communication de M. BRIQUET sur 
le genre d’ombellifères, le genre Physocantos dont la place est contestée dans la 
classification. 

Dans la même séance, M. Casimir de CANDOLLE à signalé un nouveau genre 
d’ascidies foliaires, qui se rencontre chez une espèce de ficus des Indes. 


Physiologie, Médecine et Anthropologie. 


» 


Dans sa séance du 3 janvier, la Société a entendu une communication de 
M. le professeur d'ESPINE concernant l'origine de la Malaria. M. ŒESPINE 
a indiqué les résultats obtenus en Italie, dans les pays à Malaria, par le blin- 
dage des maisons à l’aide de toiles métalliques, destinées à éliminer les mous- 
tiques. 

Dans la séance du 21 février, MM. PREVOST et BATELLI ont rendu compte 
de quelques expériences relatives à la restauration du cœur du chien paralysé par 
l’asphyxie, produite par la ligature de la trachée. 


26 RAPPORT DU PRÉSIDENT POUR L'ANNÉE 1901 


rs uiturs TPE He et communiqués le 21 février. | 73 pe 
M. BATELII à rendu compte, dans la séance du 3 octobre, deérinces 
qu'il à faites sur les propriétés rhéotactiques des spermatozoïdes. 


PUBLICATIONS 


DE LA 


SOCIËTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE ; 
DE GENÈVE | 


La Société peut encore disposer d’une collection complète de ses Mémoires. (Tomes I-XX XIII 
et volume du centenaire.) Pour traiter, s'adresser au secrétaire des publications. 


(Adresse de la Société : au Musée d’hist. naturelle, Genève, Suisse.) 


Comptes rendus des séances de la Société (in-8°). Tomes I-XVIIT (1884-1901). Prix Fr. 20 


Liste des publications des membres de la Société (1883) in-8° avec supplément (1896). 
Prix. 05 20.50 er PRES OO ET I 


MP, W, KONDIG 4 FILS, GENÈVE 


MÉMOIRES 


DE LA 


| SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE 


ET 


D'HISTOIRE NATURELLE 
DE GENÈVE 


Volume 34 


FASCICULE 2 — (Juin 1902) 


sur L'Ouraz pu Norp 


3,3} d par Louis DUPARC et Francis PEARCE | 


| RECHERCHES GÉOLOGIQUES ET PÉTROGRAPHIQUES 


GENÈVE PARIS 
GEORG & Cie G. FISCHBACHER 
BALE et LYON méme maison. 33, rue de Seine. 


PRIX : FR. 20.— 


TABLE DES MATIÈRES 


DU 


FASCICULE 2, VOLUME 34 sa 


Recherches géologiques et pétrographiques sur l'Oural du Nord dans la Rastesshaye e 
et Kizelowskaya-Datcha (Gouvernement de Perm), par Louis Duparc, professeu . 
à l'Université de Genève, et Francis Peace, docteur ès sciences, assistant 


Laboratoire de minéralogie de l'Université. Re tbe 


MÉMOIRES 
SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE 


VOLUME 34. FASCICULE 2, 


RECHERCHES GÉOLOGIQUES ET PÉTROGRAPHIQUES 


SUR 


L'OURAL DU NORD 


DANS LA 


RASTESSKAYA ET KIZELOWSKAYA-DATCHA 
(GOUVERNEMENT DE PERM) 
PAR 
Louis DUPARC 
Professeur à l’Université de Geneve 


Francis PEARCE 
Docteur és-sciences. 


Assistant du Laboratoire de minéralogie de l'Université. 


PREMIÈRE PARTIE 


Avec 50 figures, 1 carte, 5 planches et 16 clichés dans le texte. 


PRÉFACE 


En l’année 1900, le prince Abamelek-Lazarew m'a proposé d'entreprendre 
une série de recherches géologiques sur ses vastes propriétés de la Rastesskaya et 
de la Kizelowskaya Datcha, dans lOural du Nord. Je fis à cette époque, en 
compagnie de M. F. Pearce mon assistant et de M Tikanowitch qui voulut bien 
nous servir d'interprète, une première campagne qui dura deux mois, pendant 
laquelle nous avons principalement exploré le massif du Koswinsky et ses contre- 
forts naturels, ainsi que la région des sources des rivières Kyria et Koswa. 

L'an dernier, je suis retourné dans la contrée pour y continuer mes recher- 
ches, accompagné cette fois par M. H. Parent, un de mes élèves, et par 
Me Tikanowitch. Favorisés par le beau temps, si rare dans ces parages, j'ai pu 

(1) 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 34 (1902). 


DS LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 

terminer mes recherches sur le Koswinsky, puis explorer complètement deux autres 
montagnes, celle du Katéchersky et du Tilaï, que nous n'avions qu’entrevues l’an 
précédent ; j'ai également parcouru la région située entre les rivières Tépil et Tilaï, 
ainsi que les montagnes qui encaissent la rive droite de la Koswa jusqu'à Troïtsk ; 
mes recherches sur cette partie de la contrée s’achèveront sans doute cette année. 

Les résultats des différents travaux auxquels nous nous sommes livrés aussi 
bien sur le terrain que dans le laboratoire, feront l’objet de deux mémoires, dont le 
premier, qui parait aujourd'hui, contient, en dehors des généralités sur la région, 
la monographie des montagnes du Koswinsky et du Katéchersky. M. F. Pearce 
n'ayant assisté lors de ma première expédition, J'ai cru devoir l’associer à la 
publication de ce premier mémoire. Notre collaboration a été établie sur les bases 
suivantes: Les recherches sur le terrain sont en partie l’œuvre de MM. L. Dupare 
et F, Pearce, en partie celle de M. L. Duparc seul. L'étude microscopique et la 
détermination pétrographique des différentes roches rencontrées, la partie 
chimique du travail ainsi que la rédaction, ont été faites par M. L. Dupare, la 
mesure des indices de réfraction et de l'angle des axes optiques des divers minéraux 
de nos roches est l’œuvre de M. F. Pearce. 

En terminant cette préface, je tiens à remercier sincèrement mes compagnons 
de voyage qui ont partagé avec moi les hasards d’une existence que le elimat du 
pays rendait souvent pénible; puis je saisis cette occasion pour témoigner toute 
ma gratitude à M. Grammatchikow, ingénieur des mines, directeur des usines de 
Kizel, qui m'a facilité considérablement le travail en mettant obligeamment à ma 
disposition tous les moyens et le personnel nécessaires. 

Genève, juin 1902, 

L. DUPARC, prof. 


3 SE AE LÉ tte r 0 l 
ï r 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 29 


DIVISION DU TRAVAIL ET INDICATIONS GÉNÉRALES 


Nous avons divisé ce mémoire en trois parties : 

La première partie comprend la description géophysique de la contrée 
parcourue, nécessaire pour pouvoir suivre l’étude géologique que nous en avons 
faite. Nous avons joint à l’examen de l’orographie et de lhydrographie un rapide 
aperçu des conditions générales du pays, de la faune, de la flore, des populations, 
estimant que la connaissance de ces conditions est indispensable pour quiconque 
voudrait entreprendre des recherches analogues. 

La seconde partie traite de la géographie, de la géologie, et de la pétrographie 
de la montagne du Koswinsky. 

La troisième partie est consacrée à la description de la petite montagne du 
Katéchersky, ainsi qu'à l'étude des roches qu'on y rencontre. 


Pour suivre ces différentes descriptions, on consultera avec avantage la feuille 
126 de la carte au 1 : 420,000 de la Russie publiée par le Comité géologique, qui 
comprend une faible partie de la région parcourue; où mieux encore la carte des 
districts de Solikamsk et Tscherdyn, publiée en 188$ par le même comité, et coloriée 
séologiquement par Krotow. Malheureusement le relief n'est point figuré sur ces 
différentes cartes, et souvent leur exactitude est bien problématique. Nous avons 
cherché dans cet ouvrage à combler les lacunes que présente la carte générale, par 
des descriptions aussi précises que possible, jointes à des esquisses et des photo- 
eraphies qui donnent une idée plus exacte de la topographie. Pour le Koswinsky et 
les régions limitrophes, nous avons levé un croquis topographique sur le canevas de 
la carte, en nous servant pour cela de vues prises de divers points; ce croquis n'a 
aucune prétention à l'exactitude, il donne seulement la disposition générale du 
relief de la contrée et permet de s'orienter aisément, ce qui auparavant n'était pas 
aisé vu la dificulté d'accès des points élevés et la rareté d'un ciel sans nuages. 

Au cours de nos différentes excursions, nous avons relevé une foule de cotes 
barométriques au moyen d'un anéroïde de Goldschmidt vérifié par nous: la varia- 
bilité du temps et le manque d’un baromètre à mercure comme témoin dans une 
station déterminée, auraient rendu nos déterminations bien illusoires, surtout dans un 
pays où une dénivellation de deux cents mètres est fort importante pour le relief. 


(3) 


60 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


Pour atténuer ces inconvénients, nous avons, dans la mesure du possible, multiplié 
nos déterminations des cotes de certains points pris par nous comme base, et nous 
avons chaque jour déterminé les pressions au départ et à l’arrivée, en notant les 
variations du temps qui s'étaient produites durant le jour. La base choisie en 1900 
était différente de celle prise en 1901; en calculant cependant les hauteurs de 
certains points mesurés au cours des deux campagnes à partir de ces deux bases, nous 
avons obtenu des résultats sensiblement concordants, ce qui est une vérification. 
Nous avons résumé en un tableau général les principales cotes relevées d’après les 
pressions, et mis en regard la hauteur réelle après les corrections apportées. 

La partie pétrographique de ce travail à été traitée avec un grand soin; le 
nombre des coupes examinées à été considérable et sur chacune les propriétés 
optiques des minéraux constitutifs ont été déterminées complètement, de façon à 
permettre des comparaisons et des généralisations. Les constantes optiques de 
plusieurs de ces minéraux ont été mesurées spécialement avec une grande exacti- 
tude, les indices de réfractions notamment au moyen d'un réfractomètre de 
Wallerant modifié légèrement par nous, qui assure la troisième décimale dans 
tous les cas; langle des axes optiques à été déterminé soit directement par l’appa- 
reil ordinaire, soit au moyen de la méthode réticulaire de Mallard. Comme nous 
nous sommes attachés à examiner les variations d’un même minéral dans une même 
roche, nous avons toujours, quand faire se pouvait, mesuré les indices sur des 
coupes orientées, dont l'une permettait également la mesure de lPangle des axes 
optiques. 

Comme contrôle des indices, nous avons mesuré mdépendamment bon nombre 
de biréfringences par le comparateur, ou le compensateur de Babinet. 

Les feldspaths de nos différentes roches ont été déterminés par des méthodes 
multiples qui se contrôlaient mutuellement. Pour l'intelligence de la partie descrip- 
tive, nous indiquerons la signification des abréviations adoptées. Nous appellerons 
Sly, Sly, Sims © À €t S B, les sections perpendiculaires aux trois indices princi- 
paux et aux deux axes optiques; les macles de l’albite, de Karlsbad, et de la péricline 
sont désignées par Ab, Ket P;les notations des individus maclés simultanément selon 
lalbite et Karlsbad est celle adoptée par M. Michel-Lévy'; dans le cas de 
feldspaths zonés, E désigne léclairement commun, les différentes zones sont notées 
par les lettres a. b. c. d., etc., a. est toujours l'individu central. Nous avons utilisé 
pour les déterminations les courbes et épures de M. Michel-Lévy ?; le tableau de 


? MioneL-Lévy. Etudes sur la détermination des feldspaths, Paris, 1894. 


? Micuez-Lévy. id. 0 » deuxième fascicule, Paris, 1896, 


(4) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 61 


M. Fouqué', nos°-* courbes établies pour la zone h' g', puis une série de projec- 
tions stéréographiques dressées par nous pour l’utilisation de la mâcle de la péricline, 
et qui sont encore manuscrites. Les sections douteuses ont été passées au réfracto- 
mètre de Wallerant ; nous avons aussi, quand faire se pouvait, utilisé la méthode 
de Becke; les valeurs /' A° 9" 3° sont prises dans le sens adopté par 
M. Michel-Lévry. 

Les analyses publiées dans ce mémoire ont toujours été faites en double, la 
moyenne seule est indiquée ; les méthodes suivantes ont été employées : Les bases 
ainsi que le silice ont été déterminés après attaque par le carbonate de soude: les 
alcalis dosés sur une prise désagrégée à l'acide fluorhydrique, le potassium à été 
déterminé par le platine métallique et jamais par le chloroplatinate. Le fer ferreux 
a été titré par le permanganate, après solubilisation de la substance dans l'acide 
fluorhydrique, en présence d’un courant d’anhydride carbonique : la perte au feu à 
été déterminée à la température du bec Téclu ; les éléments rencontrés à l'état de 
traces n’ont pas été dosés. L'interprétation des résultats analytiques a été faite 
selon la méthode proposée par M. Lœwinson-Lessing*, qui nous parait la plus 
pratique et qui à présenté l'avantage de nous permettre des comparaisons 
immédiates avec des types de roches plus où moins analogues aux nôtres, prove- 
nant du Daneskin-Kamen, situé au Nord du Koswinsky, roches décrites récemment 
par l’auteur * en question. 

Nous n'avons créé de nouvelles dénominations pour nos roches que lorsque cela 
était absolument nécessaire et avons utilisé autant que cela nous a été possible les 
noms déjà existants, en donnant les explications complémentaires que nous avons 
jugées utiles. Pour les quelques rares noms nouveaux que nous proposons, nous nous 
sommes conformés aux règles adoptées par le congrès de 1900. 


1 Fouqué. Etudes sur les feldspaths. Bulletin Soc. minéral de France, t. XVII. 

# L. Duparc er F.Pearce. Notes sur quelques applications des sections en zone, etc. Archives de Genève, 
février 1597. 

5 F. Pearce er L. Duparc. Sur quelques données optiques relatives à la mäcle de péricline. Compte 
rendu de l’Académie des sciences, juillet 1901. 

# Lœwivsox-LesswnG. Studien über Eruptivgesteine. Congrès géologique international de Petersburg, 1897. 

5 Læwinson-Lessixc. Geologische Skizze der Besitzung Jushno-Saosersk und des Berges Daneskin- 
Kamen, Dorpat, 1900. c 


(G) 


62 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


BIBLIOGRAPHIE 


La liste des travaux qui concernent de près où de loin la région étudiée a été 
donnée jusqu'en 1888 par M. Krotow : nous n'y reviendrons pas et ne donnerons 
la liste bibliographique qu'à partir de l’année en question, en y ajoutant quelques 
ouvrages qui, Sans se rapporter à la contrée même que nous avons parcourue, 


seront cependant plusieurs fois cités au cours de ce travail. 


LISTE BIBLIOGRAPHIQUE. 


ISSS P. KROTOW. Geologische Forschungen am westlichem Ural-Abhange in den 
Gebieten von Tscherdyn und Solikamsk. Mémoires du Comité géologique, 
Volume VI. 

1S89 À. KRASNOPOLSKY. Algemeine geologische Karte von Russland. Blatt 126. 
PERM SOLIKAMKS. Geologische Untersuchungen am Westabhange des Urals. 
Mémoires du Comité géologique, Volume XI, 1 et 2. 

1891 A. KRASNOPOLSKY. Carte géologique générale de la Russie. Feuille 126. 
PERM SOLIKAMSK. Notes explicatives à la carte géologique. 

1898 A. SAYTZEFF. Die Platin-Lagerstätten am Ural. Tomsk. 

1898 GG. MICHAÏLOWSKY. Contributions pour la connaissance de la pétrographie de 
l'Oural du Nord. (Rastesskaya et Kizelowskaya Datcha) (en russe exclusi- 
vement), Varsowie, 1898. 

1900 F. LŒWINSON-LESSING. (eologische Skizze der Besitzung Jushno-Suosersk 
und des Berges Daneskin-Kamen. Jurjew. 

1901 14 Duparc. Æecherches géologiques et pétrographiques sur l'Oural du 
Nord I. Archives de Genève. 

id. L. DuPARC. Deux mois d'exploration dans l'Oural (Rastesskaya-Datcha). 
In le Globe, journal géographique de Genève. 

id. L. DuparC et F, PEARCE. Sur la Koswite, une nouvelle pyroxénite de 
l'Oural. Comptes rendus de V Acad. des science, de Paris, avril. 

id. L. DUPaRC ET K, PEARCE. Sur le gabbro à olivine du Koswinsky-Kamen. 
Comptes rendus de l'Acad, des scienc. de Paris, juin. 


(6) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 63 


1901 L. DuparC ET F. PEARCE. Sur la dunite du Kosicinsky-Kamen. Comptes 
rendus de PAcad. des scienc., septembre 1907. 

“4 id. L. Duparc. Recherches géologiques sur l'Oural du Nord, IL. 

‘a 1. Géologie du bassin de la Kosira. 

HS 9, AvecS. JERCHOFF. Sur les plagiaplites filonniennes du Koswinsky. Archives 

ne de (renève, 1902. 

_ id. L. DUPARC. Sur quelques roches filonniennes qui traversent la dunite massive 

du Koswinsky. Comptes rendus de P'Acad. des scienc., mars. 


MN PR ele 


PREMIÈRE PARTIE 
CHAPITRE I 


OROGRAPHIE GÉNÉRALE. 


$ 1. Situation géographique de la région étudiée. — $ 2. Caractère général des chaines. — $ 3. Les 
chaines occidentales entre la Kama et la Koswa. — $ 4. La chaine de l’Aslianka-Dikar-Ostrv. — 
$ 5. La chaine du Koswinskv-Katécherskv-Tilaï. — $ 6. La région comprise entre l’Aslianka et le 
Koswinsky. —$ 7. Les montagnes situées à l'est de la ligne de partage. — $ S. Répartition des 
zones occupées par les principales formations. 


S 1. Situation géographique de la région étudiée. 


La région que nous avons explorée est comprise entre le 26° et le 29° de 
longitude est du méridien de St-Pétersbourg, et le 59° et 60° de latitude nord. 
Elle fait déjà partie de l'Oural septentrional, et comprend tout le bassin supérieur 
de la rivière Koswa, tributaire important de la Kama. Elle appartient au district 
de Solikamsk, dans le gouvernement de Perm, sa limite orientale passe à quelques 
kilomètres à l’est de la ligne de partage des eaux asiatiques et européennes, elle 
est donc en majorité située sur le versant européen de la grande chaine. Vers le 
nord, la zone explorée ne dépasse pas les sources de la rivière Tilaï, au sud, sa 
limite s'arrête un peu en aval du village de Troïtsk, à l’ouest enfin, elle coïncide 
plus ou moins avec le cours de la Koswa, entre les villages de Troïtsk et Verkh- 
Koswa. 

Cette vaste contrée forme un rectangle allongé selon la direction NS, dont les 
côtés mesurent respectivement 60 et 30 kilomètres environ; elle comprend toute la 
Rastesskaya Datcha dont le village de Rastess forme le centre administratif, puis 
vers l’est, une partie de la Semiwladitchewskaya et de la Pawdinskaya-Datcha, 
vers l’ouest et le sud enfin, une minime portion de la Kizelowskaya-Datcha. Elle 
appartient à la zone montagneuse des chaines centrales voisines de la ligne de 

(1) 


MÉM. SOC. PHYS, ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 34 (1902). J 


66 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


partage, et à l'exception de quelques rares sommets ou crêtes rocheuses, elle est 
couverte d’épaisses forêts. 


$ 2. Caractère général des chaines. 


La disposition orographique des chaines qui se succèdent de l’ouest à l’est, 
sur la région parcourue, est indispensable pour bien comprendre leur structure 
géologique. L'Oural, comme on le sait, forme une chaine dissymétrique composée, 
qui, envisagée sur toute son étendue, présente au point de vue topographique une 
uniformité remarquable. Tandis que le versant occidental est constitué par de 
nombreuses rides, plus ou moins parallèles, dont la hauteur généralement faible 
croit de l'Ouest vers l'Est pour atteindre son maximum à la ligne de partage ou 
plus souvent encore un peu à l’ouest de celle-ci; le versant oriental, nar contre, se 
résume à quelques chaines qui ne sont parfois que de simples mouvements de 
terrain, et qui s'effacent rapidement pour faire place à une plaine, qui n’est point 
encore la Sibérie au sens géographique de ce mot, mais qui fait toujours partie de 
l'Oural aussi bien par les formations géologiques qu’on y rencontre, que par la 
disposition même qu’elles y affectent. 

Tout le versant oriental parait done avoir été le siège d’une érosion considé- 
rable, bien plus intense que celle qui a attaqué le flanc occidental de cette chaine, 
et cependant l'existence de plis et de rides importants sur le versant sibérien est 
encore attestée par l'allure même des couches abrasées, recouvertes en maints 
endroits par les dépôts de la mer tertiaire, 

Cette disposition curieuse est bien connue dans lOural du sud, elle a frappé 
les géologues qui, au congrès de 1897, visiterent sous l'excellente direction de leurs 
collègues russes, la région située le long du chemin de fer transsibérien; la 
structure si particulière de la chaine, ressort clairement de lexamen du grand 
profil levé selon le 55° parallèle nord, d'Oufa à Tschélabinsk par les Taganaï et 
les Monts Ilmen. 

Dans la contrée que nous avons étudiée, on retrouve trait pour trait les 
mêmes caractères, et un profil général levé de la Kama, entre Perm et Solikamsk, 
jusqu'à l'Oural sibérien, en passant par l'Aslianka et le Koswinsky, rappellerait 
beaucoup le précédent, à cette différence près cependant qu'ici, la ligne de partage 
coïnciderait en partie avec la ligne de faite, tandis que dans l'Oural méridional elle 
est faiblement rejetée à l'est de celle-ci. Nous allons maintenant examiner avec 
plus de détails les différentes formes du terrain sur notre région. 


(10) 


Fig. 1.— Troitsk et la montagne de Troitsk, vue prise depuis la Koswa. 
Aspect des montagnes situées sur la rive droite de la Koswa. 


Fig. 2. — La montagne d'Osamka, prise depuis la berge de la Koswa. 


RÉCHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 67 


S 3. Les chaînes occidentales entre la Kama et la Koswa. 


Généralement leur direction est nord-sud, ou nord-est sud-ouest, abstrac- 
tion faite de quelques orientations locales. Depuis les rives de la Kama où les 
couches sont encore horizontales, jusqu'à celles de la Koswa, entre Troïtsk et 
Verkh-Koswa, les chaines extérieures forment une série d’ondulations répétées, 
absolument analogues à celles que l’on trouve dans la région correspondante de 
l’Oural du sud. L’altitude en est peu considérable, elle dépasse rarement six cents 
mètres, et reste souvent fort au-dessous de cette limite, le pays vu à vol d'oiseau 
paraitrait simplement vallonné, et ne produirait nullement l'impression d’une région 
montagneuse au sens du mot. Nulle part on ne rencontre de sommet ni même de 
crête rocheuse un peu continue, les formes topographiques sont molles et atténuées, 
les pentes faibles, et les profils de ces différentes rides sont peu accidentés. 

L'aspect de la contrée rappelle singulièrement celui des régions soumises de- 
puis longtemps à l'érosion, qui évoluent vers les pénéplaines. Les sillons compris 
entre ces différentes rides sont généralement marécageux et occupés par des petits 
cours d’eau tributaires de la Koswa : toute la contrée d’ailleurs est couverte d'épaisses 
forêts, et le paysage reste d'une monotonie sans égale, comme on peut s’en convain- 
cre dans le trajet de Troïtsk à Kizel pendant lequel on recoupe plusieurs de ces on- 
dulations successives. 

Dans le voisinage de la Koswa, les crêtes toujours boisées deviennent plus éle- 
vées, sans toutefois atteindre la limite de végétation : elles forment les montagnes de 
Troïtsk, d'Osamka, de Boyarskaya, etc., sur les deux rives de la Koswa. De là, jus- 
qu'à la ligne de partage des eaux européennes et asiatiques, les caractères généraux 
de la topographie changent par le fait de la présence de deux chaines plus élevées 
que les crêtes dont il vient d’être question, et dont les dômes rocheux qui en forment 
les principaux sommets s'élèvent fort au-dessus de la limite de végétation. La pre- 
mière de ces chaînes, qui confine à la Koswa, est celle de l'Aslianka-Dikar-Ostry, 
la seconde, qui coïncide en partie avec la ligne de partage, est celle du Koswinsky- 
Katechersky-Tilaï. 


$ 4 La chaine de l’Aslianka-Dikar-Ostry. 


Elle se distingue de loin déjà par son altitude comme aussi par sa remarquable 
continuité. Vue d'un point élevé, du Koswinsky par exemple, ou encore de la crête 
de Stschutschi, elle forme une barre rocheuse très étendue qui, sur une grande lon- 


(11) 


6S LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


gueur, court parallèlement à la Koswa, notamment entre Troïtsk et Verkh-Koswa. 
Cette rivière, en amont de la dernière localité, coupe transversalement la dite chaine, 
et durant plusieurs kilomètres, coule dans une large cluse. De cette chaîne, on voit 
se détacher une série de sommets dont les formes topographiques rappellent beaucoup 
celles qu'on observe dans les chaines de quartzites de lOural du Sud (Taganaï 
[remel, etc.) 

Ce sont, soit des espèces de croupes rocheuses à large base, à pentes faibles, 
à sommets chauves et arrondis, formés généralement par l’entassement cahotique 
de blocs désagrégés sur place, soit encore des pyramides à sommet tronqué, dont 
les Hancs et la surface sont couverts d'éboulis, mais qui, ei et là, présentent quel- 
ques belles dalles rocheuses. Nulle part on ne rencontre cependant de sommet 
élancé comparable à ceux des Alpes. Le point culminant de la chaine est le 
« Grand Aslianka : >» situé à peu près vis-à-vis de Troïtsk sur la rive gauche de 
la Koswa; les autres sommets qui se succèdent du sud au nord sont : le Rastessky- 
Kamen, le Dikar, l'Ostry et le Tscherdynsky-Kamen qui vient à l'extrémité septen- 
trionale de la chaine, et qui s'élève comme une croupe pelée et aride au-dessus des 
crêtes boisées du voisinage, 

Au delà du Tcherdinsky-Kamen, la chaine cesse vers le nord; vers le sud, par 
contre, elle se continue fort au delà du grand Aslianka. Elle marque pour ainsi dire 
une séparation complète entre les chaines extérieures et celles que nous appellerons 
internes, qui de là se succèdent vers l'est jusqu'à la ligne de partage. 


$S 5. La chaine du Koswinsky-Katéchersky-Tüuaï. 


Celle-ci est distante de quinze à vingt kilomètres environ de la précédente ; son 
aspect est bien différent quand on la regarde depuis l’ouest. Elle ne présente pas en 
effet le caractère de continuité de la chaine de l’'Aslianka, mais parait formée par 
trois individualités distinctes, alignées sur un même axe et quise succèdent du sud au 
nord. Le Koswinsky-Kamen, le plus méridional des trois massifs, s'élève comme une 
véritable coupole au-dessus d’une région considérablement plus basse qui lenvi- 
ronne et qui, comme telle, s'étend fort loin vers le sud. Il en résulte que la monta- 
gne produit de ce côté l'impression d'un môle complètement isolé, tandis que vers le 
nord elle se continue par l'intermédiaire du Katéchersky, dans la chaîne du Tilaï. 
Le Katéchersky, en effet, n’est qu'une crête moins élevée, orientée à peu près est- 
ouest, dont le point culminant, vu depuis ce côté, paraît former un petit « ballon, » 
isolé entre les deux autres massifs plus considérables. 


(12) 


Fig. 3. — Vue générale des chaines situées entre ic Koswinsky et l'Aslianka-Dikar-Ostry, 


prise du Koswi nsky 


Fig. 4. — La crète du Stschutsehi, prise à une faible distance au sud du point 


culminant. 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 69 


Le massif du Tilaï constitue une chaine beaucoup plus étendue que le Kos- 
winsky. Vue depuis l’ouest elle parait très simple, et formée par une série de cou- 
poles rocheuses alignées sur un axe dirigé à peu près NNE-SSO: l'aspect est 
donc assez différent de celui que présente le Koswinsky vu du même point, et 
cependant les deux montagnes gardent un air de famille. En effet, les parties ro- 
cheuses vues de loin, offrent la même coloration rougeätre et la même disposition 
générale ; avec une bonne jumelle on peut observer que partout le sol y est jonché 
de blocs parfois énormes, ce qui, joint à la forme spéciale de ces montagnes, ferait 
penser que l’on a devant soi une série d'anciens cônes démantelés. Cette impression 
est surtout produite par les deux sommets qui terminent la chaine vers le sud 
et qui, à leur base, sont ravinés par les sources de Garewaïa:; on penserait avoir 
devant soi deux cônes jumeaux. En réalité le Koswinsky, de même que le Tilaï, 
n'ont rien de volcanique, et ce n’est là qu'une simple analogie. Le Tilaï, d’ailleurs, 
est une chaine plus complexe que ne le fait penser la vue de l'aspect de son flanc 
occidental, elle est en réalité bifurquée, et du flanc oriental de la branche située la 
plus à l’est, se détachent de nombreuses arêtes latérales. 

La ligne de partage des eaux asiatiques et européennes ne coïncide que par- 
tiellement avec la crête de ces différentes montagnes: elle affecte une forme assez 
irrégulière et caractéristique. Au sud-du Koswinsky, elle coïncide avec la région 
étendue et de faible élévation, où s'amorcent les sources de la rivière Kyria et de la 
Grande Koswa:; elle se continue de là par une barre assez plate qui sépare les bassins 
de la Petite Koswa de celui de la rivière Kitlim, puis elle monte sur le flanc est du 
Koswinsky, et coïncide pendant un certain temps avec la crète de la montagne, pour 
s’abaisser ensuite au col qui sépare l'extrémité occidentale du Katéchersky du flanc 
nord du Koswinsky. De là elle passe un peu à l’ouest du sommet principal de ce 
dernier, descend sur le col qui sépare le Katéchersky du Tilaï, et remonte ensuite 
sur la crête de cette montagne qu'elle suit pendant un certain temps, puis subite- 
ment elle s’abaisse et se prolonge en une barre boisée très plate, qui se détache à 
mi-distance du flanc occidental de la chaine. On voit done que la ligne de partage 
est sinueuse, et que son altitude peut varier de 1400 à 400 ou 500 mètres. 


“ 


$ 6. La région comprise entre l'Aslianka et le Koswinsky. 


Entre les deux grandes chaines que nous venons de décrire, le sol est formé par 
une série d'ondulations beaucoup moins accusées, représentées soit par les contre- 
forts du Koswinsky, soit par des rides indépendantes. Le seul accident topographi- 


(13) 


70 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


que marqué est indiqué par une chaîne dirigée à peu près Nord-Sud, qui sépare 
sur sa totalité le cours de la rivière Tilaï de celui de la rivière Tépil. Cette chaine, 
très continue est assez élevée, sa hauteur maxima ne dépasse cependant pas 900 à 
1000 mètres; nous l'appellerons la crête du Stschutschi. Les profils successifs de 
celle-ci sont du nord au sud d'une grande uniformité, et montrent une sorte de 
croupe dont la largeur à la base mesure de huit à dix kilomètres, dont les pentes 
sont très douces et légèrement vallonnées, et qui se termine par une arête rocheuse 
faisant falaise vers l’ouest, tandis que du côté de l’est la pente est assez rapide. 

Vers le sud, déjà à partir du confluent de Tépil, Pindividualité de cette crête 
disparaît, elle vient en effet se souder au flanc occidental de la chaine de 
l'Aslianka. 

La crête du Stschutsehi délimite deux grandes vallées; la première, à l’ouest, est 
celle occupée par la rivière Tépil, encaissée entre le flanc occidental de la crête du 
Stschutschi et le flanc oriental de la chaine de l'Aslianka, ainsi que de celles qui, 
plus au nord, sont la continuation des rides formant la rive gauche de la Koswa. La 
seconde, à l'est, est comprise entre le flanc oriental du Stschutschi et le ane occi- 
dental du Tilaïi-Katéchersky, c’est une large dépression dans laquelle coule non 
seulement la rivière Tilaï, mais encore ses divers affluents. 


$S 7. Les montagnes situées à l'est de la ligne de partage. 


A l’est de la chaîne du Koswinsky-Katéchersky-Tilaï, en vient une seconde, très 
continue, très étendue aussi, dont l'aspect rappelle absolument celui du Tilaï ; nous 
l’appellerons chaine du Kalpak-Soukogorsky. Une quinzaine de kilomètres environ 
la séparent de la précédente, la région comprise entre les deux chaînes forme une 
grande dépression boisée dans laquelle le sol présente quelques petites ondulations 
sous forme de crêtes de faible élévation, comme le Kitlimsky-Ouwal par exemple. A 
l’est de la chaine du Kalpak-Soukogorsky que nous appellerons la chaîne limite, le 
terrain ondule encore quelque peu, puis vient alors la plaine boisée couverte de pe- 
tits lacs, qui s'étend vers la direction de Bogoslowsk. 


SS. Répartition des zones occupées par les principales formations. 


L’explication des particularités de la topographie indiquée, se retrouve dans la 
connaissance de la géologie de la contrée, et sans entrer pour le moment dans le dé- 


(14) 


Ca Mr En Sen Ce ORNE 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 71 


tail, nous esquisserons sommairement la répartition des principales formations géo- 
logiques distribuées dans la région parcourue. 

Depuis la Koswa, entre Troïtsk et Verkh-Koswa par exemple, en cheminant 
de l’ouest vers l’est on croise successivement les zones suivantes : 


1. Première zone de dévonien inférieur. 


Elle est développée sur les deux rives de la Koswa, mais surtout à l’ouest de la 
rive droite de la rivière ; sa largeur dépasse une vingtaine de kilomètres. On y ren- 
contre des conglomérats quartzeux à petits éléments, des quartzites, des schistes 
argileux, puis en de nombreux endroits des pénétrations de roches éruptives basiques 
appartenant au groupe des gabbros, ou encore de roches acides représentées par des 
granit-porphyres. Ces deux types de roches métamorphosent les schistes encaissants. 

2. Zone des quartzites et conglomérats recristallisés. 

Elle est formée par une large bande de roches quartzeuses détritiques, en partie 
recristallisées, comprenant des conglomérats à cailloux de quartz et des quartzites plus 
ou moins micacés, passant fréquemment aux schistes cristallins métamorphiques. 
Cette bande s’amincit vers le nord, et se termine à 20 kilom. environ du confluent 
du Tépil, c’est ee qui forme la longue chaine de l'Aslianka-Dikar-Ostry: les quart- 
zites y sont d'age indéterminé, en tout cas plus ancien que le dévonien inférieur. 


3. Deuxième zone de dévonien inférieur, avec dévonien moyen. 

Nous l’appellerons zone de Tépil, le cours de cette rivière étant entièrement en- 
caissé dans cette formation. Elle est représentée par une bande de dévonien moyen, 
flanqué de dévonien inférieur, qui, vers le nord, se termine aux sources même de Té- 
pil en s’unissant à la première zone dévonienne indiquée; la crête du Stschutschi 
appartient à cette zone. 


4. Zone des schistes cristallins métamorphiques. 

Elle suit la précédente vers l’est, Les schistes cristallins qui la constituent sont 
nettement d’origine détritique ; leur âge est également indéterminé par rapport au 
dévonien inférieur ; ils sont peut-être plus jeunes que les quartzites recristallisés, 
ou encore appartiennent à la même formation. 

5. Zone des massifs éruptifs basiques. 
Elle est représentée par une série de grosses boutonnières de roches éruptives 


(15) 


72 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


basiques de profondeur, accompagnées d’ailleurs de roches d’épanchement, et com- 
prend les massifs du Koswinsky-Katéchersky-Tilaï ainsi que la grande chaine de 
Kalpak-Soukogorsky. Cette zone est donc intrusive dans la précédente. 


CHAPITRE II 


HYDROGRAPHIE. 


$ 1. La Koswa depuis sa source jusqu'au confluent de Tépil. — $ 2. La rivière Tilaï. — K 3. La ri- 
vière Kyria. — $ 4. La rivière Tépil. — $ 5. Les rapides de Touloum. — $ 6. La Koswa entre 
Verkh-Koswa et Troitsk. 


S 1. La Koswa depuis sa source jusqu'au confluent de Tépil. 


La Koswa représente la grande artère du réseau hydrographique de la région ; 
elle collecte les eaux d’un bassin dont la superficie est considérable; la longueur to- 
tale de son cours atteint 320 kilomètres environ. De même que la plupart de ses 
congénères les grands cours d'eau de POural, elle prend sa source sur la ligne de 
partage des eaux asiatiques et européennes, dans une région tourbeuse et maréca- 
geuse située au cœur méme des forêts. La ligne de partage forme en cet endroit 
une barre tres large et très plate, qui, autant qu'il nous à été permis d'en juger 
d’après les cotes barométriques relevées, incertaines d’ailleurs vu le temps, ne doit 
pas dépasser 500 mètres. La Koswa n’est à l’origine qu'un simple ruisselet au cours 
lent et sinueux, qui d’ailleurs augmente assez rapidement de volume par l'apport 
d'affluents latéraux lesquels, jusqu'au confluent de Tilaï, se trouvent principalement 
sur la rive droite et proviennent du Koswinsky et de ses contreforts. Ces divers 
affluents parmi lesquels il faut compter la petite Koswa, sont peu considérables, leur 
largeur ne dépasse guère une dizaine de mètres, leur profondeur atteint rarement 
plus dé 0,50 m. à 0,60 m., quant à la longueur de leur cours, elle peut varier de 4 à 13 


(16) 


RECHERCIES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 73 


kilomètres. Les eaux de ces premiers affluents comme aussi celles de la Koswa sont 
noiratres, colorées par des matières ulmiques, ce qui est généralement le cas 
pour les rivières de l’Oural. Depuis sa source jusqu’au confluent de Tépil, le cours de 
la Koswa bien que subissant plusieurs changements de direction est orienté en 
moyenne SE-NO:; il traverse la zone des schistes cristallins métamorphiques et celle 
du dévonien de Tépil. Dans cette première partie de son cours, la Koswa est tantôt 
encaissée entre des berges assez élevées, formées par la roche en place dont on 
observe de nombreux affleurements sur les deux rives (comme par exemple à l’em- 
bouchure de la petite Koswa, de Tzenkowka, de Kroutaïa, etc.): tantôt le lit est 
creusé dans d'anciennes alluvions qui en forment les rives immédiates. Celles-ci 
remplissent toujours un thalweg beaucoup plus large, comme on peut l’observer déjà 
à une faible distance des sources sur l'emplacement des anciens placers de la 
Koswa. 


; $S 2. La rivière Tilaï. 

La rivière Tilaï forme le premier gros tributaire de la Koswa. Elle coule en 
moyenne du NNE vers le SSO et se réunit à celle-ci quelques verstes en aval du 
confluent de la rivière Kroutaïa. À son embouchure, la Tilaï est presque aussi im- 
portante que la Koswa et mesure certainement plus de trente mètres de largeur ; la 
profondeur cependant est faible et généralement inférieure à un mètre aux eaux 
d'été du moins. La rivière Tilaï s’amorce également dans la zone des schistes cris- 
tallins, probablement sur la ligne de partage ; son cours total mesure 40 kilomètres 
environ. Elle reçoit de nombreux affluents qui proviennent soit des massifs du Tilaï- 
Katéchersky, soit du flanc est de la crète du Stschutschi. Les principaux affluents 
que l’on croise de l'aval vers l’amont sont: Amoutachnaïa, Balchaïa, Priboïnaïa 
et Detkowa sur la rive droite, puis les deux Sosnowka, Logwinska, (rarewaïa et 
Jewskaïa sur la rive gauche. Le cours de la rivière Tilaï ressemble beaucoup comme 
aspect à celui de la Koswa, les affluents présentent les mêmes caractères, à plusieurs 
reprises elle se bifurque et donne naissance à de petites iles. Les berges sont ou bien 
rocheuses, comme c’est le cas à l'embouchure de la petite Sosnowka, ou encore en 
amont du confluent de Logwinska sur la rive droite, etc., ou bien plates et formées 
par d'anciennes alluvions. Il faut noter qu'à partir du confluent de Logwinska jus- 
qu’en amont de celui de Garéwaïa, le lit généralement si peu accidenté de la rivière 
est encombré de gros blocs paraissant formés par une roche en place; cette parti- 
cularité ne se retrouve plus en amont. 


(17) 


MÉM. SOC, PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 84 (1902). 10 


74 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


S3. La rivière Kyria. 


Elle forme le second gros tributaire de la Koswa, et prend sa source à une 
faible distance de celle de ladite rivière et dans la même région, légèrement plus 
au sud, Tout ce qui a été dit relativement au cours supérieur de la Koswa peut se 
répéter pour la rivière Kyria. La rivière coule d’abord en moyenne du SE vers le 
NO, puis coude assez brusquement, et coule presque du sud au nord où mieux 
SSE-NNO, elle traverse tout d'abord la zone des schistes cristallins, puis 
suit un peu obliquement la direction de la seconde zone dévonienne. Vis-à-vis de 
Rastess la rivière est assez large, la pente n'est guère supérieure à celle de la 
Koswa: entre Rastess et Kyria en effet, la différence de niveau n’est que de 
SO mètres à peu près pour une longueur de cours égale à 22 kilomètres environ. Les 
afluents de Kyria proviennent surtout du lance est de la chaine de l’Aslianka-Dikar- 
Ostry; ce sont de laval vers lamont, les rivières Sukaïa-Kyria, Oshianka, Kamenka, 
Senkina et Polkas sur la rive gauche, puis Amoutachnaïa et Gologuska sur la rive 
droite. 

Entre le confluent de Tilaï et de Kyria, la Koswa coule sensiblement de lest à 
l’ouest, de là jusqu'à l'embouchure de Tépil, elle coule du SE vers le NO. 


S 4. La rivière Tépil. 


Celle-ci représente le plus important des affluents de la Koswa ; elle coule tout 
d’abord presque du sud au nord, puis du NE vers le SO; la longueur totale de son 
cours atteint au moins 59 kilomètres. 

La rivière Tépil nait de l'union de deux cours d’eau distincts, le premier, appelé 
Soukhoï Tépil, coule du NO vers le SE, l’autre, appelé Pogwa, a l'orientation 
moyenne NE-SO ; ces deux premières sources sont séparées par une arête appelée 
Kozmer, En aval de la jonction des deux sources, la rivière coule tantôt entre des 
berges plates et marécageuses formées par d'anciennes alluvions, tantôt entre des 
berges rocheuses, assez rares d'ailleurs. Les anciennes alluvions sont en effet très 
développées sur toute l'étendue du cours du Tépil, mais principalement près de son 
embouchure. À cet endroit la rivière est très large et parait même plus importante 
que la Koswa qui en aval du confluent change immédiatement de caractère, Les 
iles sont nombreuses sur Tépil et la rivière se bifurque à maintes reprises: elle 
reçoit également un grand nombre d’affluents latéraux qui, sur la rive gauche, pro- 


(18) 


L'on At AUS RES, 
PC A 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 75 


viennent de la crête du Stschutschi, et sur la droite, dans la partie supérieure de 
son cours, des crêtes de la zône du dévonien inférieur de la Koswa, puis plus bas, du 
flanc est de l’extrémité septentrionale de la chaine du Dikar-Ostry. 


$ 2. Les rapides de Touloum. 


C’est un peu en aval du confluent de la rivière Tépil que commencent les rapides 
de Touloum. La Koswa entaille tout d'abord perpendiculairement la chaine de l'As- 
lianka entre le Dikar et l'Ostry, puis coule ensuite vers le sud-ouest jusqu'à Verkh- 
Koswa. La grande cluse ainsi formée mesure 17 kilomètres environ, de sa naissance 
à son extrémité. Sur la rive gauche, la Koswa est encaissée par de hautes parois 
rocheuses couvertes de sapins, elles sont formées par les quartzites et les conglo- 
mérats cristallins: sur la rive droite, cette méme falaise se retrouve à une 
distance assez considérable du cours actuel de la rivière, Les rapides sont formés 
par de gros blocs de quartzites et de conglomérats qui encombrenf le lit de la 
Koswa en cet endroit; de l’amont vers l'aval, on compte quatre séries successives 
de ces rapides. Les eaux d'habitude si tranquilles de la rivière mugissent et écument 
en se brisant contre ces quartiers de rocher et la brusque augmentation de la pente 
accusée dès l’origine de la cluse accélère la rapidité du courant. Aux rapides même, 
la profondeur du lit est en moyenne plus considérable qu'en aval où qu'en amont, 
l'aspect de ces rapides varie d’ailleurs considérablement suivant l’état des eaux. Après 
la quatrième ligne, la Koswa sans cesser d'avoir un cours accéléré, est cependant 
moins torrentueuse, et déjà en amont de Verkh-Koswa, la rivière reprend son 
caractère habituel, son lit s’est toutefois considérablement élargi sans que sa profon- 
deur devienne plus grande que d'habitude. 


S 6. La Koswa entre Verkh-Koswa et Troïtsk. 


De Verkh-Koswa à Troïtsk, la Koswa à une direction moyenne NNE-S$O, 
elle décrit cependant quelques méandres importants parmi lesquels il faut citer 
tout particulièrement celui de la rivière entre les affluents appelés Touloumka et 
Siennaïa. 

Les rives de la Koswa sont souvent dominées par des pentes assez rapides, 
toujours couvertes de forêts, pentes qui forment le soubassement des ondulations 
développées sur les deux rives de la Koswa, comme c'est le cas par exemple à la 


(19) 


76 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


montagne de Troïtsk et d'Osamka sur la rive droite, et la montagne appelée Boyars- 
kia sur la rive gauche. Par places cependant, la rivière coule sur ses anciennes 
alluvions qu'elle ravine, les berges sont alors plates et marécageuses. Les iles que 
l’on rencontre sur cette portion du cours de la Koswa sont nombreuses, il en est de 
même des affluents latéraux qui sont disposés en majorité sur la rive gauche, et pro- 
viennent principalement de la chaine de l’Aslianka. Ces rivières sont plus nom- 
breuses que la carte ne les figure, les principales que l'on rencontre de l’amont 
vers l'aval à partir de Verkh-Koswa sont, sur la rive gauche : Touloumka, Malinka 
et Balchaïa Boyarskaya, Chépoutchaïa, Malinka Oslianka, Storojevka, Balchaïa Os- 
lianka, Vogoulka, Osamka, Lotowaïa et Soukaïa; sur la rive droite, Pachkowka, 
Siennaïa, Béresowka, Antonowka, Trichiamnaïa, Ariekowka et Rassolnaïa; en gé- 
néral les affluents de la rive gauche sont plus importants que ceux de la rive droite. 
En aval de Verkh-Koswa, non loin de l'endroit appelé Pagarielka où la forêt a été 
brülée, l'on voit apparaitre dans le lit de la Koswa quelques gros blocs de roches 
éruptives, qui forment en quelque sorte un petit touloum. Ce sont là les restes de 
l'un de ces" pointements éruptifs si nombreux dans le dévonien des bords de la 
Koswa, c’est également à un pointement analogue que sont dus les grands pierriers 
que l’on voit à flane de coteau sur les pentes assez escarpées qui dominent la 
Koswa entre Siennaïa et Bérésowka. Toute cette partie du cours de la Koswa est 
assez monotone, la rivière étant souvent encaissée entre des berges élevées qui 
masquent complètement l'horizon. La profondeur du lit reste toujours peu considé- 
rable, par contre la largeur augmente beaucoup ; à Troïtsk, elle atteint et dépasse 
certainement 120 mètres. La vitesse superficielle de l’eau varie naturellement selon 
les régions, mais elle n’est en moyenne pas très grande à l’époque des basses eaux ; 
quant au débit de la rivière à Troïtsk même, il varie également considérablement 
selon les époques, nous ne savons pas ailleurs qu'un jaugeage sérieux ait été fait 
en cet endroit. 

De méme que les autres rivières de lOural, la Koswa à un régime qui ne subit 
pas de grandes variations ; la période des hautes eaux coïncide avec celle de la fonte 
des neiges, le niveau du fleuve dépasse alors de plus d’un mètre celui de l’étiage, mais 
cet état de choses ne dure que quelques jours, et c’est là même un des gros obstacles 
à la navigation Huviale. En temps normal en effet, aux basses eaux d’été où d'automne, 
la navigation sur la Koswa est impossible, seules de légères pirogues peuvent en re- 
monter le cours et souvent encore le voyage est-il accidenté ; aux hautes eaux par 
contre, de grosses et lourdes barques peuvent flotter sur la Koswa de Troïtsk jusqu’à 
la Kama, mais la rapidité avec laquelle le niveau des eaux s’abaisse, à souvent 
comme conséquence de faire échouer ces barques qui ne peuvent reprendre l’eau 


(20) 


Fiy 5. — Rives de la Koswa entre Troïtsk et Verkh-Koswa 


Fig. 6. — Rives de la Koswa entre Troitsk et Verkh-Koswa. 


Fig. 7. — La riviére_Aslianka. Type d'un affluent latéral de la Koswa. 


Fig. S.— Le village de Verkh-Koswa, pris d'un point situé en aval. Dans le fond on 
remarque l'Ostry, un des derniers sommets de l'extrémité nord de la chaine de 
lAslianka 


Pa 2 CONTENT En KE 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 77 


dans les mêmes conditions que l’année suivante. La période des eaux les plus basses 
coïncide en général avec la fin de l’été ou le commencement de l'automne, quelques 
Jours de pluie continue se font à peine sentir sur le régime de la Koswa, ce qui pro- 
vient évidemment du grand développement de la végétation sur la surface du sol 
qui forme le bassin de cette rivière. 


CHAPITRE II 


CONDITIONS GÉOGRAPHIQUES DE LA CONTRÉE. 


$ 4. Notions générales sur le climat. —K 2. Végétation, flore, faune, ete. — K 3. Population, 


habitation, coutumes. 


S 1. Notions générales sur le climat. 


Il est bien difficile de préciser les conditions climatologiques d’une région par- 
courue seulement pendant trois mois d'été, mais grace à l’obligeance du directeur 
de la laverie de platine de Sosnowka qui a bien voulu prendre pendant l’année 
1900-1901 quelques observations thermométriques, nous avons pu compléter les 
lacunes de nos propres déterminations. La température estivale dans la région étu- 
diée est assez élevée, mais varie souvent très rapidement dun jour à l’autre. Pen- 
dant le mois de juillet, à une altitude variant de 300 à 700 mètres, le thermomètre 
indique souvent une température diurne de 24 à 27° ; lorsque le temps est clair, ce 
qui est rare, il y à toujours un écart assez considérable entre le maximum du jour 
et le minimum de la nuit comme le montrent les quelques observations suivantes, 
faites à l'altitude de S00 mètres environ sur le Koswinsky-Kamen. 


(21) 


78 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


Jour. Altitude. Minimum de la nuit. Max. du jour. 
5 Août 800 m, environ + 10°C. re (0h 
6 Te A) > LIT TOASNES 
7 Aid +28 °M)ai0 
8 + 12% 4% 4 DB » 
9 TELE: A C. + "27°C; 


1De 27e — 


Sur les hauteurs, c’est-à-dire entre 1300 et 1300 mètres, il peut régner mo- 
mentanément au gros de l'été, une température très basse ; ainsi en 1901 pendant 
les premiers jours du mois d'août, il tomba beaucoup de neige sur la montagne de 
Tilaï, et au cours des nombreuses ascensions faites sur les divers sommets de celle-er, 
on rencontrait de la neige déjà à partir de l'altitude 1300 mètres, au sommet prin- 
cipal, la température était assez basse pour que Peau se congelât rapidement, cette 
neige d'ailleurs ne dura pas et se dissipa les jours suivants. Aux altitudes plus basses, 
déjà vers la fin du mois d'août la température s’abaisse sensiblement et peut pendant 
la nuit descendre au-dessous de Zéro, tandis que le jour elle est à + 10 ou 11 par 
exemple, comme le montre le tableau suivant : 


Jour. Altitude. Min. de la nuit. Max. du jour. 

1 Septembre 400 m, environ =—.,,5°4C; +-11"C. 

2 » » — 1. (manque) 
Das + CR ARR) , 
re Ch . 


Vers le milieu de septembre, le thermomètre reste quelquefois à — 1 ou + 2 
pendant toute la journée; ainsi du 19 au 23 septembre 1900, à Sosnowka, la tem- 
pérature diurne oscilla entre — 1 et + 3. En automne, l’abaissement de la tempé- 
rature se fait sentir très rapidement pour une faible augmentation de l'altitude ; 
ainsi lors de notre première excursion au Tilaï, entre le 12 et le 15 septembre, à 
l'altitude de 700 mètres déjà il tomba beaucoup de neige qui persista tandis 
que celle tombée à 400 m. disparut rapidement. Au sonmet même du Tilaï il régnait 
le jour de notre ascension un froid si vif qu'il nous fut impossible d'y stationner un 
instant, et que les hommes qui nous accompagnaient refusèrent à mi-chemin de con- 
tinuer l'ascension, IT doit y avoir d’ailleurs des variations assez grandes d'une 
année à l’autre dans la température moyenne du même mois: ainsi en 1901, pendant 
le mois de septembre, la température du jour fut en moyenne sensiblement plus 
élevée que celle observée en 1900 pour l’époque correspondante, 


(22) 


RECIHERCHES PÉTROGRAPIIQUES SUR L'OURAL 79 


A partir du mois de septembre, la température décroit très rapidement et le 
gel survient. Toute la contrée se couvre bientôt d'un épais manteau de neige, et au 
gros de l'hiver le froid devient très considérable, Des températures relevées à la 
40°. 
L'hiver est long et très rude, des bourrasques de neige y alternent avec des périodes 


laverie de platine de Sosnowka en janvier et en février, ont atteint le chiffre de 


d’accalmie où le ciel se dépouille et le soleil brille. La fonte des neiges commence 
sénéralement au milieu d'avril ou les premiers jours de mai, les rivières s’enflent 
alors démesurément, et la Koswa roule un volume d’eau considérable, Les neiges 
fondent assez rapidement, même sur les hauteurs, ainsi au commencement de juillet, 
sur les points culminants de la contrée (Koswinsky-Kamen, Tilaïsky-Kamen, etc.) 
on ne trouve généralement plus de vieille neige, il est même probable que le départ 
complet de celle-ci se fait avant cette époque. 

Pendant l'été, le climat est toujours excessivement humide, bien que cepen- 
dant en observe des variations notables d'une année à l'autre. En 1900, lors de 
notre première campagne, il pleuvait en moyenne deux jours sur trois, il est vrai 
que les chutes de pluie n'étaient jamais très abondantes, mais par contre fort con- 
tinues. En 1901, l'été fut relativement plus sec, du moins pendant les mois de 
juillet et d'août. Cette régularité dans les précipitations atmosphériques, jointe à 
l'état particulier du sol presque partout couvert d’une épaisse végétation, explique 
pourquoi lesrivières n'ont pas des crues spontanées et très sensibles : ainsi nous avons 
vu la Koswa en 1900 après une longue série de jours de pluie occuper un niveau qui 
n'était pas sensiblement plus élevé que celui que nous avons observé en 1901 à pareille 
époque, après une période relativement sèche; la différence n'était appréciable que 
par une difficulté plus grande dans la navigation en pirogue. 


S 2. Végétation, flore, faune, etc. 


Comme nous l'avons déjà dit, la contrée est tout entière couverte de forêts 
jusqu'à une altitude qui varie évidemment selon les versants, mais qui oscille entre 
700 et SO0 mètres environ. Le nombre des points qui dépassent cette altitude étant 
en somme restreint, il en résulte que toute la contrée n'est qu'une vaste forêt. En 
dehors des zones qui s'élèvent au-dessus de la ligne de la végétation forestière, les 
seuls points où les arbres font défaut, sont certaines parties très marécageuses 
situées dans la forêt, où les berges plates des cours d’eau ; dans ce dernier cas, l'ab- 
sence de forêts est dûe à la main de l’homme, qui les à coupées pour créer une aire 
artificielle de maigres paturages. La limite de la végétation arborescente est tou- 


(23) 


80 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


jours très nette, et comme tirée au cordeau; il n'existe, entre la forêt et le sol nu, 
aucune zone transitoire occupée par des espèces rabougries. Au-dessus de la limite 
des forêts, le sol est selon les cas où bien recouvert d’une herbe drue très précieuse 
pour la nourriture du bétail (comme au Rastessky-Kamen par exemple), ou bien par 
une épaisse végétation de lichens faisant en quelque sorte un tapis feutré, ou encore 
il est formé par le roc nu. 

Les forêts sont constituées par des essences assez variées, souvent cantonnées 
sur certains points. On y reconnait en abondance des pins, des sapins, des arolles, ces 
derniers sont d’ailleurs plus rares, certains d’entr'eux sont de dimensions colossales. 
Le bouleau est assez fréquent, mais il ne se rencontre que sur les bords des rivières, 
où dans certaines petites clairières au cœur de la forêt. Parfois cependant, on trouve 
certaines régions (notamment sur la rivière Tépil), où le bouleau parait être d’une 
abondance exceptionnelle, et l'emporte de beaucoup sur les autres essences. Ces ré- 
gions sont toujours des portions plus ou moins vastes de la forêt de conifères, 
détruites par un de ces incendies si fréquents dans cette région. Le bouleau prend 
alors immédiatement possession du sol rasé par le feu, il prospère jusqu’au moment 
où les conifères, plus tardifs, se développent à leur tour pour le faire disparaitre. 
Partout où il y a lutte entre les deux essences, elle se fait au profit des conifères, 
sauf toutefois dans les terrains marécageux. Dans la Rastesskaya-Datcha, les forêts 
sont encore vierges et n'ont jamais été exploitées pour les besoins de la métallurgie ; 
aussi y rencontre-t-on des arbres souvent énormes. La densité de la végétation 
arborescente est si grande, et le nombre des arbres déracinés et abattus par les ou- 
ragans si considérable, que la marche à travers la forêt est rendue très difficile. Le 
sol en est souvent tourbeux et marécageux, couvert aussi d’un épais tapis de mousses 
et de lichens. Ces derniers offrent dans la contrée une grande variété, ils sont 
la plaie des forêts qu'ils détruisent parfois sur une grande étendue. N’étant point 
botanistes, ilne nous à pas été permis d'examiner la flore de la contrée, mais autant 
que nous en pouvons juger, elle nous à paru assez monotone et plus ou moins ana- 
logue à la flore alpine. 

Pendant l'été, la Koswa et ses affluents se couvrent d’une véritable forêt de 
plantes aquatiques aux tiges rudes et coriaces, dont les larges feuilles s'élèvent à 
quelques centimètres au-dessus de Peau qu’elles cachent souvent complètement ; les 
plantes microscopiques, algues, diatomées, etc. sont également nombreuses, à en 
juger par quelques pêches que nous avons faites sur la Koswa ou sur la rivière 
Tilaï. 

La faune est aussi très abondante; les forêts regorgent de gélinottes et de coqs 
de bruyère dont on lève des vols entiers; la bécasse se trouve également dans les 


(24) 


Fig. 9. Le village de Verkh-Koswa, avec ÎES isbas » caracléristiques 


pour les villages de la contré 


Fig. 10. — Le village de Rastess. Dans le fond, sur la droite, apparaît le Koswinsky 


sur la gauche les deux sommets jumeaux du Tilaï. 


lig. 11. — Le village de Sosnowka 


Fig. 12. — Le village de Kyria, vue prise du chemin qui conduit aux anciens placers. 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 81 


endroits marécageux. La perdrix des neiges vit par bandes nombreuses sur les mon- 
tagnes dont l'altitude dépasse celle de la limite de la végétation, et c’est par centaines 
qu'on les voit s’ébattre sur la neige, elles se laissent approcher à la distance de 
quelques mètres ; la grive et la bécassine ne sont point rares non plus, nous les avons 
rencontrées principalement sur le côté asiatique de la higne de partage des eaux. Les 
rapaces diurnes et nocturnes pullulent, et les espèces en sont variées, on trouve éga- 
lement plusieurs variétés de corneilles qui sont en certains endroits extraordinaire- 
ment nombreuses. Le gros gibier est représenté d'abord par l'ours brun, que l'on trouve 
partout, aussi bien dans les régions relativement basses que sur les montagnes éle- 
vées. Il n'est en général pas chassé par les habitants du pays, faute de chiens 
dressés pour cela. Le cerf, et surtout l'élan, représentent le gibier le plus important. 
On les voit cependant rarement en été, et à cette époque leur chasse n'est guère 
avantageuse, On trouve aussi en abondance le renard, le lièvre, puis une espèce de 
chat sauvage. 

Les rivières sont très poissonneuses, mais les espèces qu'on y rencontre n'y 
sont point variées. C’est presque toujours l'ombre-chevalier que lon trouve partout, 
dans la rivière Tépil cependant le brochet est fréquemment péché. 


S 3. Population, habitation, coutumes. 


La population est très clairsemée, ce qui se comprend fort bien si l'on tient 
compte des dificultés de l'existence matérielle dans le pays. Les seuls centres 
habités sont les villages de Troïtsk, Verkh-Koswa, Kyria, Rastess et Sosnowka, 
la population d’ailleurs est représentée par deux éléments fort différents. Troïstk 
et Sosnowka, nés de la présence et de lexploitation de richesses minérales, pos- 
sèdent une population mixte, formée en partie par des autochtones venus des autres 
localités, en partie par des ouvriers, venus de points très différents de la Russie et 
de la Sibérie; ces derniers rentrent dans leur pays au commencement de l'hiver ou 
bien restent pendant plusieurs années consécutives. Parmi cette population importée, 
on trouve nécessairement des types fort différents, depuis des Russes des divers 
gouvernements limitrophes de Perm, jusqu'à des Tartares et des Baskirs. 

La population autochtone, celle des villages de Verkh-Koswa, Rastess et 
Kyria, est fort différente ; bien que russe d’origine, elle représente incontestable- 
ment le produit d'un mélange avec les anciennes populations aborigènes, notam- 
ment les Vogoules, qui ont été refoulés vers le nord, et ont complétement disparu 
dans la contrée. Le caractère de ces anciennes populations est encore fortement 

25) 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE VOL. 84 (1902). 11 


82 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


empreint sur certains types; à ce point de vue le village de Kyria est très carac- 
téristique, et la physionomie des habitants frappe au premier coup d'œil par son 
caractère franchement asiatique. 

Les habitations que l'on trouve dans ces différents villages sont, en dehors des 
bâtiments de l'administration construits à Troïstk où à Sosnowka, d'un type abso- 
lument uniforme : elles sont faites en troncs de sapins, soigneusement équarris et 
ajustés. Chaque maison n’a qu'un seul étage élevé à quelques pieds au-dessus du 
sol, elle est divisée en deux parties symétriques par rapport à un couloir central 
très court servant d'entrée, ces deux parties forment en quelque sorte deux appar- 
tements distincts, composés chacun de deux chambres, séparées par une mince eloi- 
son. Un grand four qui sert à cuire le pain et les aliments, chauffe simultanément 
ces deux pièces dont la plus petite sert généralement de cuisine. Ces < isbas » sont 
en somme bien plus confortables que bon nombre de chalets alpins, chaque maison 
possède un immense hangar attenant, généralement clos de toutes parts, qui sert à 
la fois d’écurie, de réduit pour le fourrage, et d’entrepôt pour les instruments, (chars, 
traineaux, etc.) Ces isbas sont parfaitement adaptées au climat si rude du pays, et 
abstraction faite de la vermine, qui les peuple souvent en abondance, ce sont d’ex- 
cellentes habitations. 

La vie que mènent les populations sédentaires perdues dans l’immense forêt qui 
couvre le pays, est loin d'être facile. La contrée, par la rudesse de son climat, est 
absolument impropre à la culture, et le rare bétail, chevaux, vaches, moutons, ete., 
que l’on trouve dans les villages, est souvent fort dificile à nourrir pendant l'hiver. 
Nulle part en effet il n'existe de prairies ; sur les rives de la Koswa ou de ses af- 
fluents, une mince bande de terrain qui longe la forêt, est couverte d’une herbe rare 
et mauvaise, que l’on fauche sur des kilomètres et sèche tant bien que mal quand 
le temps le permet. Cette herbe est mise en tas que l’on protège par des barrières, 
et constitue ainsi l’approvisionnement d'hiver; il faut aller la chercher à des dis- 
tances souvent considérables du village. Sur les sommets peu élevés (930 à 1000 
mètres) on trouve, comme nous l'avons vu, au-dessus de la limite de la végétation 
arborescente, quelques maigres prairies. Celles-ci, situées souvent à 6 ou 7 heures 
de marche du village, sont cependant une richesse pour les habitants, et à l’époque 
des fenaisons, le village entier s’y transporte, y campe, et durant quelques jours, il 
règne sur ces hauteurs une activité fébrile. A ce moment il serait inutile de songer 
à se procurer à prix d'argent un homme ou un cheval, la saison est courte, deux ou 
trois jours suffisent pour couper et sécher l'herbe, puis la mettre en tas, et les beaux 
Jours sont rares. Les seules ressources de la population résident dans la chasse et 
dans la pêche. En été, la forêt regorge de gibier à plume, qui alimente alors posi- 

(26) 


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RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL S3 


tivement les habitants du pays. En hiver, c’est encore la chasse qui va leur pro- 
curer l'argent nécessaire pour acheter leur provision de farine ainsi que les denrées 
et les objets de première nécessité. Dès qu'apparaissent les premiers froids, de lau- 
tomne jusqu'au nouvel-an environ, les chasseurs battent les forêts et tuent par cen- 
taines des gélinottes. Ce gibier très estimé, peut être vu le froid expédié dans la 
Russie centrale ; chaque semaine il en part des cargaisons pour Perm. Le nouvel- 
an passé, c'est alors que commencent les grandes chasses à lélan et au cerf, la 
peau et les cornes de ces animaux se vendent assez cher sur le marché de Perm ou 
de Solikamsk, et leur viande, salée, sert d’aliment pour le printemps et l'été. Deux 
ou trois chasseurs se réunissent d'habitude pour une campagne, et après avoir 
chargé sur un traineau léger des provisions destinées à leur alimentation pour plu- 
sieurs mois, 1ls partent, montés sur leurs skis, en tirant après eux leur véhicule, Ts 
parcourent de la sorte des distances parfois énormes, et traversent fréquemment la 
ligne de partage pour aller jusqu'en Sibérie chercher la piste de quelque gros gi- 
bier. Celle-ci découverte, ils la suivent jusqu'à la rencontre de l'animal qu'ils pour- 
chassent souvent des journées entières, jusqu'à ce que la bête, vaincue par l'homme 
et lasse de fatigue, se laisse approcher et tuer sans difficulté. L'animal est alors 
dépecé, sa dépouille enfouie pour être retrouvée ensuite, et la chasse continue. 

Les rivières sont poissonneuses, et fournissent aussi un aliment abondant. Le 
poisson se prend au filet avec la plus grande facilité, et les gens du pays déploient 
beaucoup d'habileté dans cette pêche qui est d’ailleurs toujours fructueuse, 

Les chasseurs de Rastess ou de Kyria passent souvent des mois entiers dans 
la forêt sans rentrer au logis ; les campements qu'ils utilisent pour la vie en plein air 
sont des plus pratiques et bien supérieurs aux tentes ou autres abris ordinaires. En 
été où en automne, lorsque les froids ne sont point encore très vifs, on établit un 
campement comme suit : quatre jeunes troncs bifurqués sont coupés dans la forêt, 
plantés en terre, et alignés deux à deux sur deux droites parallèles distantes d’un 
mètre environ: ils servent de support à deux poutrelles improvisées, sur lesquelles 
de part et d'autre on appuie des perches qui forment en quelque sorte la carcasse 
d’un toit composé de deux plans inelinés symétriques. On recouvre ces perches 
d’une toile goudronnée, où à défaut de longues bandes d’écorce de bouleau main- 
tenues en place par quelques lourdes pierres: entre les deux plans inclinés servant 
d'abri, on allume un grand feu, qu'un homme de garde que l’on rechange entretient 
soigneusement en y jetant de grosses buches taillées à la longueur voulue, et dont on 
fait un gros approvisionnement pour la nuit. On répand alors sur le sol une épaisse 
couche de branches de sapin qui préserve de l'humidité, et l’on s'étend les pieds contre 
le feu. Un semblable campement est monté en quelques instants, il suffit pour 6 à 


(27) 


SA LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


S personnes, la fumée en éloigne les moustiques qui sont en été la plaie de ces 
régions, et l'humidité toujours considérable du sol n'est ainsi plus nuisible. Par 
contre, lorsque le vent souffle, la fumée suffoque parfois, et bien souvent les brandons 
projetés du foyer tombent sur le dormeur, qu'une odeur de laine brûlée ne tarde 
pas à réveiller. 

Lorsque surviennent les grands froids, le campement que nous venons d’in- 
diquer n'est plus suffisant, car l’on se trouve trop éloigné du feu, et l’on ne saurait 
S'en rapprocher davantage sous peine d’être brûlé constamment par les tisons qui 
sont projetés du foyer surtout lorsque le bois employé comme combustible est du pin 
ou du bouleau, toujours fortement résmeux. 

On dispose alors le campement dune façon toute différente : deux trones de forte 
dimension sont coupés dans la forêt à la longueur de S mètres environ, lun d’entre 
eux est excavé en forme de gouttière, dans laquelle S'emboite le second. Aux deux 
extrémités, ces troncs sont serrés entre deux pièces de bois plantées parallèlement 
dans le sol, on peut alors les rapprocher au moyen d'une corde, Grâce à ce dispositif, 
on peut écarter les deux troncs lun de l’autre à la distance convenable. On soulève 
alors le tronc supérieur, et lon introduit dans la gouttière des tisons ardents. La 
combustion commence alors, elle se fait sans flamme ni projections violentes, le bois 
fuse lentement en répandant une douce chaleur. On règle la combustion par un 
écartement convenable des deux troncs, puis on se couche parallèlement à ceux-ci, 
à quelques centimètres seulement du feu, en se protégeant contre la pluie ou la neige 
par des perches plantées obliquement dans le sol et recouvertes par des bandes 
d'écorce; le tout forme un abri qui s'avance sur ie dormeur. On peut avec ce cam- 
pement supporter des froids très vifs sans inconvénient ; c’est le seul qui soit usité 
en hiver pendant les grandes chasses. 

En dehors des moyens d'existence que leur procure la chasse,sune partie des 
habitants de Rastess, Verkh-Koswa ou Kyria travaillent soit à Sosnowka sur les 
placers platinifères, soit à Troïstk où même en d’autres localités beaucoup plus 
éloignées, En hiver notamment, ceux qui possèdent un ou plusieurs chevaux, partent 
volontiers pour travailler comme charretiers sur les placers de la Toura ; ils rentrent 
généralement chez eux au commencement du printemps, et travaillent toujours par 
intermittence. 


S 4. Moyens de locomotion, communications, etc. 


Les moyens de communication dans la région que nous allons décrire, sont en 
général dificiles, et à ce point de vue la comparaison avec certaines régions 
industrielles et minières de lOural du sud ne serait guère possible. Les différents 


(28) 


Fig. 14. — Autre campement simple, daus la forêt, sur la rivière Logwinska 


Fig. 15. — Campement aux sources de GareWata, 1e 7 Septembre 4900, 


a l'altitude de 700 métres coviron 


élrens 


Fig. 16. — Une halle dans la forêt, prés des sources de Garewata 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 8) 


villages dont nous avons parlé, communiquent entre eux par des sentiers à travers 
bois qui sont presque toujours d'un accès difficile. Comme la forét est en maints 
endroits marécageuse, on jette sur les marécages des troncs de bouleaux ou de 
sapins, coupés à une longueur uniforme, et placés les uns à côté des autres: on 
forme de la sorte de véritables passerelles, qui se continuent souvent sur des kilo- 
mètres. Mais à la longue, le bois pourrit, et si le chemin n’est pas réparé constam- 
ment, la circulation devient alors très pénible, surtout après une période de pluie. 
Les chevaux. qui, en été, sont les seuls moyens de transport pour les marchandises 
et les denrées, sont heureusement bien dressés et ont le pied excessivement sûr. En 
dehors des sentiers indiqués il n'existe aucun chemin, et pour atteindre tel ou tel 
point, il faut se diriger soi-même et marcher souvent de longues journées en pleine 
forêt, ce qui demande beaucoup d'habitude et parfois de grands efforts, le sol étant 
presque toujours tourbeux où marécageux, cu encore le chemin étant barré par des 
arbres abattus par le vent. Les hommes du pays s'orientent dans la foret avec une 
grande facilité, cependant par le mauvais temps, il n’est pas rare de s’égarer pen- 
dant plusieurs heures, voire même pendant plusieurs jours. Le manque d'une bonne 
carte, joint à la difficulté d'accès de points suffisamment élevés offrant une vue 
générale de la contrée à vel d'oiseau, et aussi le fait que le ciel est presque tou- 
jours couvert, compliquent parfois beaucoup les itinéraires et la reconnaissance 
du pays. 

Les cours d’eau permettent beaucoup plus facilement de pénétrer dans l'inté- 
rieur. On les remonte dans de longues pirogues, creusées dans de gigantesques 
troncs de sapins, et enduites de goudron. Celles-ci ressemblent à S'y méprendre aux 
embarcations des peuples lacustres, elles ont un petit tirant d’eau, et peuvent aisé- 
ment flotter malgré la faible profondeur des rivières. Aux basses eaux cependant, 
cette navigation devient souvent difficile surtout dans la partie supérieure des cours 
d’eau : à chaque instant la pirogue s’échoue sur un banc de gravier, mais les bate- 
liers qui la manœuvrent à la gaffe sautent rapidement à l’eau et soulèvent leur 
esquif à la force des bras pour le dégager : on marche alors avec une grande lenteur. 
et si les eaux sont basses, il ne faut guère songer à remonter les affluents de la Koswa, 
la navigation étant déjà rendue difficile sur cette rivière entre Troïstk et Verkh- 
Koswa. Par les hautes eaux, au contraire, on peut aisément faire de 33 à 40 kilo- 
mètres par jour en remontant le cours des rivières; chaque pirogue est ma- 
nœuvrée par deux bateliers, un à l'avant, l’autre à l'arrière, qui sont en général 
très adroits et fort endurants. Pour descendre le cours des rivières, on laisse aller 
la pirogue au fil de l’eau, en la dirigeant au moyen d’une rame courte et plate qui 
rappelle la pagaye des insulaires. 


(29) 


86 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


En hiver, la circulation est beaucoup plus facile ; les sentiers sont couverts 
d'une épaisse couche de neige durcie, de même que les rivières qui gèlent dès les 
premiers froids. On chemine alors en traîneau, et avec de bons chevaux, on fran- 
chit en deux jours des distances qui, en été, en exigent cinq ou six. C’est en hiver 
que se fait la grande circulation et les échanges, et les habitants de Rastess, Kyria, 2 
etc, vont jusqu'à Solikamsk pour vendre leurs produits et acheter les denrées et ] 
objets qui leur sont nécessaires. C’est là notamment qu'ils font leur provision de # 
farine pour l’année, et ils parcourent aisément en traineau les quelque cent kilo- 1e 
mètres qui séparent Rastess et Solikamsk. “a 


jue sur là Koswa, 


entre Troitsk et Ve 


Fig. 18. — Navigation en piro 


irogue et ses bateliers, 


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Fig. 17. 


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DEUXIEME PARTIE 


CHAPITRE IV 


TOPOGRAPHIE DU KOSWINSKY-KAMEN. 


$ 1. Le dûme central du Koswinsky. — $ 2. Le Pharkowsky-Ouwal. — $3. Le Sosnowsky-Ouwal. 
— K 4. Le Malinky-Ouwal. — K 5. Le Kroutoi-Ouwal. — $ 6. La dépression de la rivière Tilar. 
— 7. La chaine du Kalpak-Soukogorsky, et le Kitlimskv-Ouwal., — $ 8. La ligne de partage 
des eaux au Koswinsky. — $ 9. L'éperon du Koswinskv. 


à 


S 1. Le dôme central du Koswinsky. 


La montagne du Koswinsky forme, nous Pavons vu, une espèce de môle isolé, 
qui, par son élévation, se distingue de fort loin. Sa forme est celle d’un polygone 
convexe allongé, dont les angles très ouverts sont produits par l'intersection des 
différents flanes de la montagne. Ceux-ci, à l'exception du flanc sud, sont d’ailleurs 
assez peu accusés : il n’est pas rare en effet quand on chemine sur le Koswinsky 
de passer d’un flanc à l’autre sans s’en apercevoir, aucun accident topographique 
n'indiquant un changement de versant. La grande diagonale du polygone est à peu 
près orientée NS où mieux NNE-SSO, elle coïndice donc sensiblement avec la direc- 
tion générale des chaines de la région. L'aspect que présente le Koswinsky est 
assez différent selon le point d’où on le regarde. Vu par exemple depuis la chaine 
du Tilaï, il ressemble à une large pyramide, dont le sommet tronqué et arrondi pa- 
rait légèrement rejeté vers l’ouest. Par contre, lorsqu'on lexamine d'un point un 
peu éloigné situé aussi bien à l’est qu'à l’ouest de la montagne, depuis la laverie de 
Kitlim ou encore depuis le Rastesky-Kamen par exemple, le Koswinsky offre l’as- 
pect d’une croupe rocheuse, dont la crête terminale assez courte par rapport à la 
dimension du grande axe de la base, est dirigée NNE-SSO et légèrement inclinée 
vers le sud. Le sommet principal est donc rejeté vers le nord, et forme lorigine de 
la crête indiquée ; sa hauteur à été mesurée à plusieurs reprises aussi bien en 1900 


(31) 


88 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


qu'en 1901 et généralement par le beau temps. Les chiffres obtenus ont varié entre 
1490 et 1370 mètres, mais après corrections faites, cette hauteur ne dépasse cer- 
tainement pas 1500 mètres, nous l’estimons exactement à 1490. 

La déclivité des flancs en différents points de la montagne est assez variable; les 
flancs nord, nord-ouest, et nord-est, sont assez abrupts, la pente y est à peu près 
continue, et c'est à peine si elle diminue immédiatement sous le sommet principal. 
Sur les flancs est ou sudest, comme aussi sur le flanc occidental, on observe une 
disposition un peu différente qui est très caractéristique : la pente, de la base de la 
montagne jusqu'à la limite de la végétation est relativement faible, puis elle aug- 
mente alors brusquement, et dessine une côte rocheuse qui se continue jusqu’à l’al- 
titude de 1300 mètres environ ; à partir de là, la pente diminue de nouveau consi- 
dérablement jusqu'à la crête qui délimite les deux versants, et qui n’est alors plus 
qu'une arête à peine dessinée sur un dos d'âne relativement plat qui forme la 
partie culminante de la montagne. Cette disposition est donc très générale, elle 
s’observe sur un profil passant par la petite isba en ruine qui figure sur la carte, 
par le sommet, et de là par le flanc oriental jusqu'à lune des sources de la rivière 
Kitlim. Au flanc sud, cette côte fait défaut, et la pente, plus faible qu'au flanc nord, 
est continue depuis la base de la montagne ; elle diminue cependant aux approches 
de l'extrémité méridionale de l'arête terminale qui délimite les deux versant de 
celle-ci. 

Au Koswinsky, la limite de la végétation arborescente oscille selon les ver- 
sants entre 700 et S00 mètres, elle S’abaisse naturellement au flanc nord. Au-dessus 
de cette limite, toute la surface de la montagne parait formée par lentassement 
chaotique de blocs de dimensions variées, souvent énormes, presque toujours angu- 
leux, généralement couverts de lichens où d’une croûte d’oxydation rougeatre. De 
distance en distance, on voit émerger parmi les blocs quelques pitons déchiquetés 
formés par la roche en place. Ces pitons sont rares sur la côte rapide dont nous 
avons parlé, mais au contraire assez fréquents au voisinage du sommet qui, lui- 
méme, est formé par lun d’entre eux plus élevé que les autres. 

L'origine des blocs entassés qui forment la presque totalité de la surface du Kos- 
winsky est la suivante : sur les pentes un peu rapides ces blocs sont des éboulis 
qui proviennent sans doute du démantèlement d'anciens pitons situés au-dessus, sur 
les pentes faibles, il résulte d’un morcellement #» situ de la roche en place par les 


agents atmosphériques. 


09 
19 


Fig. 19. — Le KosWinsky. Flane ouest et nord-ouest, vu depuis 1e SOSnowsky-Ouwal 


se. GENÈVE 


Fig. 20, — Le KoswWinsky. Flane ouest, vu du Pharkowsky-Ouwal 


Fig. 21. — Arète du Pharkowsky-Ouwal, vue prise depuis le point culminant 
de larête. 


Fig. 22. — Le Sosnowsky-Ouwal, vue prise depuis le village de Sosnowka. 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 59 


S2. Le Pharkowsky-Ouacal. 


Vers l’ouest, le dôme du Koswinsky est séparé du cours de la rivière Sosnowka 
par une arête relativement élevée, qui court à peu près NNO-SSE, nous l'avons 
appelée Pharkowsky-Ouwal. À Fexception d'une série de pitons rocheux alignés 
sur cette arête, celle-ci est complètement couverte de végétation; le plus élevé de 
ces pitons mesure environ S22 mètres. Entre le Koswinsky et le Pharkowsky- 
Ouwal, il existe une espèce de dépression dans laquelle une barre transversale large 
et aplatie, fait naitre une ligne de partage. Celle-ci crée deux bassins distinets, le 
premier draine les eaux du flanc occidental du Koswinsky au profit de la riviere 
Tilaï, le second, à celui de la Koswa. 


S 3. Le Sosnowsky-Onwal. 


Le Pharkowsky-Ouwal se prolonge vers le nord par une seconde arête de 
moindre élévation, boisée également, qui porte le nom de Sosnowsky-Ouwal. Cette 
arête, qui se termine à une faible distance du cours inférieur de la rivière Log- 
winska, sépare les lits et les embouchures des deux rivières Sosnowka du dôme 
central du Koswinskv. Le Sosnowsky-Ouwal n’est point absolument parallèle au 
Pharkowsky-Ouwal, il n’est pas davantage sur son prolongement immédiat, mais il 
se trouve très légèrement rejeté latéralement: sa hauteur atteint 720 m. Son orien- 
tation moyenne est approximativement NNE-S$SO, sa direction forme done avec celle 
de l’arête précédente un angle très obtus. Une faible dépression sépare l'extrémité 
nord du Pharkowsky-Ouwal de l'extrémité sud du Sosnowsky-Ouwal. 


S4. Le Malinky-Ourwal. 


Vers le sud, le Pharkowskv-Ouwal trouve sa continuation en une dernière 
arête toujours boisée, que nous avons appelée Malinky-Ouwal ; elle en est séparée 
par une petite dépression dans laquelle s’amorce une des sources de la rivière Phar- 
kowka. Cette arête se distingue très nettement depuis la laverie de platine de la 
petite Koswa, vers l’est, elle s'abaisse graduellement et se soude aux pentes du Kos- 
winsky. Ces trois arêtes forment en quelque sorte une ceinture continue au flane 
nord-ouest et sud-ouest du Koswinsky. 

(33 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 34 (1902). 12 


90 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


$S 5. Le Kroutoï-Ouwal. 


A l’est du Pharkowsky-Ouwal et du Sosnowsky-Ouwal apparait une nouvelle 
crête boisée qui encaisse la rive gauche de la grande Sosnowka; son élévation 
est un peu inférieure à celle de la première des deux arêtes précédentes, elle est, 
par contre assez longue, et se termine vers le nord à une faible distance du village 
de Sosnowka. 

A l'est de cette arête, de là jusqu’au cours de la rivière Tilaï, le sol s’abaisse 


graduellement par des ondulations successives. 


S 6. La dépression de la rivière Tilaï. 


L'’extrémité nord et nord-ouest du Koswinsky, le Katéchersky et une partie 
de la chaine du Tilaï, sont séparés de la rivière du même noin par une dépression 
boisée, sorte de grand plateau faiblement incliné sur lequel coule une série de 
rivières tributaires de la Tilaï, Cet abaissement continu du sol jusqu'à la rive 
gauche de la rivière Tilaï est très caractéristique; sur la rive droite, en effet, le sol 
remonte rapidement et par une série d’ondulations successives atteint une hauteur 
assez considérable dans la crête rocheuse continue du Stschutsehi. L’extrémité 
septentrionale du Sosnowsky-Ouwal de même que la base des flancs ouest et nord- 
ouest du Koswinsky, se raccordent par des pentes douces avec la grande dépres- 


sion indiquée. 
S7. La chaine du Kalpak-Soukogorsky et le Kitlimsky-Ouacal. 


À l’est du Koswinsky comme aussi du Katéchersky et du Tilaïsky-Kamen, se 
trouve, comme nous l'avons vu, une longue chaine relativement élevée, qui forme le 
dernier accident topographique important que l’on rencontre avant la plaine lacustre 
de FOural sibérien, Cette chaine unique comprend une série de sommets aux formes 
variées, qui se nomment Kalpak, Sémitchellowietchesky, Tokaïsky et Soukogorsky; 
elle est entièrement située sur le sol sibérien et autant qu’on en peut juger depuis 
le Koswinsky, elle parait orientée comme lui. Lorsqu'on examine cette chaine 
depuis la laverie de Kitlim par exemple, elle semble constituée par plusieurs rides 
parallèles, les sommets du Tokaïsky et du Soukogorsky apparaissent en effet der- 


(34) 


Fig.23.— Chaîne du Kalpak-Soukogorsky, prise depuis la laverie de platine de Kitlim 
A droite le Kalpak, à gauche le commencement du Sémitchellowietehesky 


Fig. 24. — Continuation du Sémitchellowicetehesky vers le nord. 
Vue prise de Kitlim. 


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RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 91 


rière ceux du Kalpak et du Sémitchellowietchesky, en réalité elle est bien unique, et 
cette disposition particulière résulte de la présence de contreforts latéraux qui se 
détachent des sommets principaux, et qui, vus obliquement, semblent former autant 
de crêtes parallèles. La chaîne du Kalpak-Soukogorsky est élevée, moins cependant 
que le Koswinsky, le Soukogorsky en est le point culminant. La hauteur du Kalpak, 
mesurée au 31 juillet 1901 par un beau temps, à été trouvée de 980 mètres: après 
corrections nous l’estimons à 1,026 mètres. 

Entre le Koswinsky et la chaine indiquée, il existe une vaste région couverte de 
superbes forêts, qui mesure à peu près de 15 à 20 kilomètres de largeur: c’est dans 
celle-ci que coule la rivière Kithim et que se trouvent les placers exploités. Une 
longue crète boisée et basse, qui, autant qu'il nous à été permis d'en juger à dis- 
tance, court sensiblement parallèlement au Koswinsky, s'élève dans l'espece de 
dépression comprise entre celui-ci et la grande chaine décrite précédemment, Cette 
crête vient se terminer vers le nord à une faible distance de l'exploitation de Kitlim. 
Nous l'avons appelée Kitlimsky-Ouwal: c’est sur celle-ci que s'appuie la ligne de 
partage des eaux asiatiques et européennes. 


S S. La ligne de partage des eaux au Koswinsky. 


Celle-ci débute d'abord par une barre transversale excessivement plate qui 
réunit le Kitlimsky-Ouwal au Hanc oriental du Koswinsky. Elle S'y amorce par une 
arète rocheuse, faiblement accusée, qui délimite les flancs est et sud-est de cette 
montagne, Dès que le roc cesse pour faire place à la végétation, c'est alors que com- 
mence la barre dont il vient d'être question. Son orientation, autant qu'il est permis 
d'en juger à distance par un temps brumeux, est à peu près est-ouest ou légèrement 
inclinée par rapport à cette direction; de toutes façons elle n’est point perpendicu- 
laire au flanc oriental du Koswinsky, mais fait avec lui un angle très obtus. 

Le point culminant du Kitlimsky-Ouwal ne doit certainement pas dépasser 
600 mètres. Cette hauteur à été déterminée le 18 septembre 1900 par la mesure 
de la pression barométrique, mais le mauvais temps qui régnait ce jour-là enlève toute 
précision à celle-ci; cette pression correspondait à une altitude de 640 mètres. Le 
Kitlimsky-Ouwal est d'ailleurs complètement boisé, nulle part le roc n’y est à nu: 
quant à la hauteur de la barre qui forme la ligne de partage, elle est fort inférieure 
à celle du Kitlimsky-Ouwal, comme nous avons pu nous en convaincre lors des 
excursions dans la région aussi bien en 1900 qu'en 1901. En effet, lorsqu'on se rend 
de Malinka-Koswa à Kitlim, on chemine pendant plus de 10 verstes dans la forêt 


(35) 


92 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


sans noter d'augmentation sensible dans l'altitude; la région, toujours très maréca- 
geuse, produit au contraire l'impression d'être presque plate. Au point où après 
avoir monté insensiblement, on passe du versant européen sur le versant asiatique 
de la ligne de partage, le baromètre indiquait le 29 juillet 1901 par un beau temps 
450 mètres d'altitude, soit 45 mètres environ au-dessus de la cote du village de 
Malinka-Koswa prise le matin même. Après corrections, nous estimons cette hau- 
teur à 405 mètres. Sur le versant asiatique, la pente jusqu'aux placers de Kitlim 
est également très faible, et la contrée reste toujours très marécageuse. A Kitlim, 
le soir de notre arrivée, le baromètre indiquait une hauteur de 310 mètres, 
ce qui est d’ailleurs conforme aux autres cotes déterminées les jours suivants, il y 
a donc une différence de niveau de 70 mètres environ entre les placers de la petite 
Koswa situés sur le versant européen et ceux de Kitlim situés sur le versant asia- 
tique de la ligne de partage. Le rôle effacé que joue dans la topographie cette 
barre à peine perceptible formant la ligne de partage en cet endroit est digne de 
remarque, à première vue il parait évident qu'elle à pu et pourrait encore se 
déplacer aisément sous des influences minimes, et que par conséquent la partie su- 
périeure des bassins de Kitlim et de la petite Koswa a pu jadis être différente de ce 
qu'elle est aujourd'hui. Cette région est d’ailleurs fort peu connue vu l'étendue des 
marécages qui la rendent d’un accès difficile. Depuis la barre en question, la ligne 
de partage monte sur le Koswinsky, suit sa crête, puis s’abaisse ensuite sur son flanc 
mord et passe de là à l’ouest du sommet principal du Katéchersky. 


S9. L'éperon du Koswinsky. 


L'accident topographique le plus important que présente le Koswinsky, est un 
prolongement rocheux, sorte d'éperon relativement bas qui parait terminer la mon- 
tagne du côté du nord-est, Depuis les placers de Kitlim, cet éperon présente l'aspect 
d’une forte colline qui parait soudée au Koswinsky, et qui, à l’exception de la crête, 
est couverte de végétation arborescente, Cette crête est rougeûtre, et se distingue 
de fort loin déjà par sa couleur de celle de la roche plus grise qui forme le Kos- 
winsky. Cet éperon s'avance contre le Katéchersky, il se détache de Fextrémité nord 
du flanc oriental du Koswinsky, à l'endroit où il S'amorce il existe un petit col peu 
échancré. 

La crête de cet éperon, de son origine jusqu’à la distance de 350 mètres en- 
viron, est orientée est-ouest: elle tourne ensuite, et sur une distance de 800 mètres 


environ, cette orientation devient nord-est sud-ouest; de là jusqu'à son extrémité, 


(36) 


Fig. ?5 Le Koswinsky. Flane sud et sud-est, vu des marais de Malinka-Koswa 
Au premier plan le Malinky-Ouwal 


Fig. 26. — Le Koswinsky, vu de Kitlim. Flane nord-est, est et sud-est. Sur la droite l'éperon 


du Koswinsky, sur la gauche la ligne de partage 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 93 


il se produisit un nouveau changement de direction et sur une longueur de 1100 me- 
tres environ l'orientation est à peu près nord-sud; on voit donc que, grosso modo, en 
faisant abstraction de cette incurvation, on ne s’écarte pas beaucoup de la vérité en 
prenant le nord-est comme direction moyenne de l'éperon. 

Sur la crête de celui-ci viennent se souder deux prolongements latéraux : le 
premier se détache à la cote 774 mètres environ, au moment où se produit le premier 
changement de direction, il mesure plus de S00 mètres de son origine à son extré- 
mité, et son orientation est OON-EES. Le-second nait au deuxième changement de 
direction de l’arête principale, il est orienté OOS-EEN, mesure plus de 1200 mè- 
tres de longueur, et se détache à la cote 738. 


CHAPITRE V 


HYDROGRAPHIE DU KOSWINSKY. 


S 1. Généralités sur les cours d'eau. — $ 2. Les affluents de la Koswa. — K 3. Les affluents de la 
Tilaï. — K4. Les affluents de la Kitlim. 


S 1. (rénéralités sur les cours d'eau. 


Plusieurs rivières prennent leur source et coulent sur les flancs du Koswinsky 
ou de ses contreforts ; elles sont toutes tributaires de la Koswa, de la Tilaï ou de la 
Kitlim. Ces différentes rivières ne se distinguent en rien des autres afluents de la 
Koswa: elles s'amorcent généralement sur des pentes boisées où dans des replats 
marécageux de la forêt, non loin de la limite de la végétation, D’autres fois elles 
débutent sous forme d’une série de ruisselets dans la partie supérieure de ravins 
boisés presque toujours marécageux en cet endroit: rarement elles naissent sur les 
pentes rocheuses de la montagne, en y dessinant des sillons qui sont visibles dans la 
topographie. 


(37) 


94 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


Dans la région supérieure de leur cours, ces différentes rivières sont assez r'a- 
pides, mais dès qu'elles quittent les pentes un peu fortes, elles coulent générale- 
ment dans un thalweg assez large creusé par le cours d’eau dans la roche en place 
à une époque bien antérieure. Ce thalweg est en partie remblayé par d'anciennes 
alluvions dans lesquelles la rivière actuelle à établi son lit. La largeur de ce thal- 
weg par rapport à celle du lit contemporain est fort considérable, les berges qui 
en forment les deux rives sont parfois assez escarpées et élevées. 

Les alluvions anciennes qui remplissent Fancien lit sont assez épaisses (4 à 
» mètres). Généralement à leur surface elles sont couvertes par une couche de 
tourbe ou de terre végétale servant elle-même de substratum à des marécages, Ces 
régions plates et marécageuses qui s'étendent des deux rives du cours d’eau con- 
temporain jusqu'au pied des berges de lancien thalweg sont souvent d’un accès 
difiicile, ce qui complique beaucoup l'exploration du cours total de plusieurs de ces 
rivières. Le débit de ces divers cours d’eau est tres variable, mais d'habitude petit. 
Rarement cependant le lit S'assèche pendant les fortes chaleurs de Pété. 


S 2. Les affluents de la Koswa. 


Ce sont, en allant de lamont vers l'aval, les rivières Malinka-Koswa, Phar- 
kowka, Tzenkowka et Kroutaïa. 

La rivière Malinka-Koswa est une de celles dont le cours est le plus considé- 
rable. Elle S'amorce à la base du flanc sud-est du Koswinsky, près de la ligne de 
partage, dans une région fort marécageuse, et coule en moyenne de Pest vers l’ouest 
en suivant sensiblement la base du flanc sud du Koswinsky et du Malinky-Ouwal. 
Sur toute l’étendue de son cours, les marécages sont très développés, principale- 
ment dans le voisinage de la laverie de platine, il faut les traverser lorsqu'on se 
rend de celle-ci au Koswinsky, et vus depuis le sommet de cette montagne, ils 
apparaissent comme une grande tache jaunâtre au milieu de Ja forêt. La petite 
Koswa reçoit plusieurs afHuents qui ne figurent sur aucune carte, il en existe au 
moins deux sur la rive gauche et un sur la rive droite, Le plus important d’entre 
eux est représenté par la riviere Bérésowka dont le confluent se trouve à une faible 
distance du bâtiment de la laverie, La petite Koswa se jette dans la grande 
Koswa non loin de Fembouchure de Pharkowka, un peu en amont de lextrémité 
nord du Soukhoï-Kamen. Les alluvions anciennes sont très développées le long 
du cours de la petite Koswa, leur épaisseur y varie beaucoup, en général elles sont 
couvertes d'une couche de tourbe de 0,80 à 1,20 m. 


(38) 


int ns se. ce Aid. 


1 ga rh 


RECHERCHES PÊTROGRAPHIQUES SUR L OURAL 95 


La rivière Pharkowka, dont le cours total mesure une dizaine de verstes en- 
viron, coule en moyenne du nord-est vers le sud-ouest ; elle prend naissance au flanc 
sud-ouest du Koswinsky, et passe par la dépression qui sépare le Pharkowsky du 
Malinky-Ouwal. La rivière elle-même est le résultat de la réunion de deux sources 
distinctes que l’on croise lorsqu'on va de Sosnowka à la petite Koswa. La pente 
sénérale du cours de la rivière est assez faible, le lit actuel est creusé dans d’an- 
ciennes alluvions dont la largeur atteint par places jusqu'à 100 mètres et l'épaisseur 
de 2 à 5. 

La rivière Tzenkowka coule sensiblement parallèlement à la précédente, sur 
une pente assez rapide. Ce n'est qu'un simple ruisselet sans importance, dont le 
cours est très réduit. Son lit actuel est également creusé dans d'anciennes alluvions 
dont l'épaisseur et l'étendue ne sont point considérables. 

La rivière Kroutaïa enfin est la première que lon rencontre lorsque l’on re- 
monte la Koswa en amont de son confluent avec Tilaï. Elle prend sa source sur le 
flanc occidental du Kroutoï-Ouwal, et coule à peu près du nord-est vers le sud-ouest ; 
elle forme comme la précédente un tributaire très peu important. 


S 3. Les affluents de la Tilaï. 


Ce sont les rivières: Balchaïa et Malinka Sosnowka, puis la rivière Logwinska. La 
Dalchaia Sosnowka prend sa source au col qui sépare le Kroutoï-Ouwal de l'extrémité 
septentrionale du Pharkowsky-Ouwal, son cours total mesure 6 à 7 verstes au plus, 
elle coule du sud-est vers le nord-ouest. Aux sources, la pente est assez forte, mais 
elle diminue rapidement déja en amont du village. La rivière Sosnowka coule d'abord 
parallèlement au Sosnowsky-Ouwal qui en forme la rive droite, puis elle s'en écarte 
à deux verstes environ de son embouchure. Elle reçoit deux affluents qui naissent et 
coulent entièrement sur le flanc occidental du dit Ouwal. Le premier de ces affluents se 
jette dans la Sosnowka un peu en amont du village, le second à quelques mètres en 
aval. La pente du lit de ces deux affluents est beaucoup plus forte que celle de la ri- 
vière, le sillon tracé par celle-ci est bien accusé dans la topographie du Sosnowsky- 
Ouwal. Les alluvions anciennes sont très développées le long du cours actuel de Ja 
grande Sosnowka qui fut certainement jadis une rivière beaucoup plus considérable 
qu'elle ne l'est aujourd'hui. L'épaisseur de ces alluvions anciennes dépasse rarement 
trois mètres, le lit actuel ne coïncide pas toujours avec l'axe de ancien lit. 

La Malinka-Sosnowka est un petit ruisseau découvert récemment, qui se jette 
dans la Tilaï à une faible distance en amont de l'embouchure de la rivière précé- 


(39) 


96 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


dente dont elle est séparée par un pli de terrain; elle naît à une faible distance de 
la crête du Sosnowsky-Ouwal sur le flanc occidental de cette arête, et reçoit à 
quelques cents mètres de son embouchure un petit affluent qui lui aussi provient du 
Sosnowsky-Ouwal, mais s'amorce un peu plus au nord. Bien que la petite Sosnowk: 
ne soit qu'un simple ruisselet elle coule également dans un ancien thalweg remblayé 
par des alluvions. 

La rivière Logiinska était fort mal connue avant nos différentes expéditions. 
Sur la carte russe, elle est figurée comme étant unique, et venant du Katéchersky 
avec une orientation moyenne EEN-00$, en réalité cette rivière est le produit de Ie 
réunion de trois cours d'eau distincts, qui prennent leur source en des points fort 
différents. La première de ces rivières que nous appellerons Logwinska-Sosnowsky, 
prend sa source au flanc oriental du Sosnowsky-Ouwal et coule sensiblement paral- 
lèlement à cette arête, La seconde s’amorce au flanc nord-ouest du Koswinsky, elle 
recoit les eaux qui proviennent de la dépression située entre le Koswinsky et le Ka- 
téchersky sur le versant occidental de la barre qui réunit ces deux montagnes, et 
forme comme nous l'avons vu la ligne de partage: elle coule de lest vers l’ouest, et 
se réunit à la première à trois verstes environ du confluent de Logwinska Koswinsky- 
Katéchersky, la totalité de son cours est située sur le grand plateau faiblement 
incliné dont il a été parlé précédemment. La troisième rivière coule du nord-est vers 
le sud-ouest, elle nait dans la dépression située entre le Katéchersky et le Tilaï 
et se réunit à la Logwinska, produit de l'union des deux précédentes, à 2 verstes 
environ en aval de leur confluent. La Logwinska proprement dite à done un cours 
tres restreint, qui comprend la région située entre son embouchure et le confluent de 
Logwinska-Katéchersky-Tilaï; si nous n'avions pas remonté individuellement le 
cours de chacun de ces trois affluents jusqu'à leur source rien ne nous aurait permis 
de supposer leur présence. En effet, depuis un point élevé, le sommet du Koswinsky 
par exemple, il est impossible de voir le tracé du cours de ces rivières au milieu de 
l'épaisse forêt qui couvre la contrée, surtout lorsque celles-ci sont petites. Pour les 
artères plus grandes, le tracé en est simplement jalonné par des bouleaux dont la 
couleur plus claire tranche à distance sur le fond sombre formé par les pins et les 
sapins de la forêt, Les marécages sont aussi fort abondants le long du cours du Log- 
winska et de ses affluents, ce fait en rend l'exploration assez dificile. L'ancien lit est 
parfois assez large et recouvert d'une couche d’alluvions qui mesure par place de 


2 à 4 mètres. 


(40) 


0 


om; à 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 97 


S 4. Les affluents de la Kitlim. 


Celle-ci provient du versant asiatique du Koswinsky, et bien que son cours n'ait 
point été poursuivi au delà des placers, il est évident qu’elle doit se jeter dans la 
Logwa. Nos recherches ont montré qu'elle comportait plusieurs sources distinctes 
complètement inconnues jusqu'ici, et qui, à l'exception d’une seule, descendent toutes 
du Koswinsky. La première, que nous appellerons Kitlim À, débute au flanc sud de 
la barre peu prononcée qui soude le Koswinsky au Katéchersky, elle coule dans 
la vallée boisée comprise entre ce dernier et les flancs est et nord-est du Koswinsky. 
puis plus à l’est, elle passe entre le même Katéchersky et la base du triangle ro- 
cheux qui délimite l'extrémité septentrionale de léperon du Koswinsky. Dans la 
partie supérieure de son cours, près des sources, la Kitlim À (appelée aussi Kitlim 
Katéchersky-Koswinsky) recoit les eaux des deux autres tributaires que nous ap- 
pellerons B et C!. 

La source Kitlim B a un cours excessivement réduit, elle descend du flanc nord 
du Koswinsky et s’amorce sur celui-ci à peu près à la limite de la végétation. Le 
thalweg, malgré la forêt qui recouvre le sol, en est cependant indiqué dans la topo- 
graphie: elle se jette à 300 mètres environ en amont du point où Kitlim À com- 
mence à entamer l'extrémité nord de l’éperon. La source Kitlim € coule sur le ver- 
sant nord-est du Koswinsky dans une petite vallée encaissée entre les flancs ouest et 
nord-ouest de l’éperon, et une petite côte rocheuse qui sépare la source B de CC! 
Elle naît tout près du col situé entre la crête de l’éperon et les pentes du Kos- 
winsky, presque à la limite de la forêt: son cours, très restreint, est rapide, elle se 
jette dans Kitlim À à quelques mètres en aval du confluent de PB. Au delà du défilé 
compris entre le Katéchersky et l'extrémité nord de l’éperon, la vallée S'élargit 
subitement, et la rivière, produit de la réunion des trois Kitlim indiquées, quitte le 
Koswinsky pour couler sur un sol faiblement incliné qui fait déjà partie de la dé- 
pression comprise entre le Koswinsky et la chaine du Kalpak-Soukogorsky. 

La quatrième source de Kitlim, appelée D, prend naissance sur l'autre versant 
de l’éperon, dans un petit vallon compris entre le premier prolongement de celui-ci 
qui en forme la rive gauche, et un contrefort rocheux qui se détache du Hanc est du 
Koswinsky et sépare cette source de la suivante: la pente dans la partie supérieure 
de son cours est rapide, mais diminue assez brusquement à une faible distance de 
sa Jonction avec la source suivante, la Kitlim Æ. Celle-ci S'amorce au Hanc est du 
Koswinsky sur les pentes rocheuses qui forment la côte rapide dont nous avons 

(41) 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 84 (1902). 13 


98 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


parlé: son lit dessine un sillon que lon voit de fort loin. Elle coule ensuite dans un 
large ravin boisé, délimité d'un côté par le contrefort rocheux déjà indiqué qui en 
forme la rive gauche, et de l’autre par l’arête peu marquée qui sépare les flancs 
est et sud-est du Koswinsky, et se soude à la ligne de partage. 

La rivière qui résulte de l'union des deux Kitlim D et Æ quitte bientôt la base 
du Koswinsky, et coule dès lors à travers la forêt; elle se joint à Kitlim-Kate- 
chersky À, à une assez grande distance de cette montagne, on la croise quand on 
vient des placers de la petite Koswa sur ceux de Kitlim, en passant par la ligne 
de partage. 

Il existe sans doute une dernière source qui provient de la ligne de partage 
elle-même: nous avons en effet rencontré non loin de celle-ci et sur le versant 
asiatique, une petite rivière à cours très lent, qui, à travers la forêt et les maré- 
cages, coulait dans la direction de Kitlim; nous ne l'avons d’ailleurs pas suivie au 
delà du point où nous l'avons croisée. 

Les alluvions anciennes sont très développées sur la rivière Kitlim, et il est 
curieux de constater que celles-ci ont parfois une épaisseur considérable tout près 
de la naissance des sources: ainsi, sur Kitlim D, à deux verstes environ du point où 
elle prend naissance, le lit contemporain est creusé dans des alluvions assez éten- 
dues, qui, par place, mesurent jusqu'à 5 mètres d'épaisseur. Sur Kitlim À, Bet C, 
nous avons également trouvé une couche alluviale variant de 2 à 4 mètres de puis- 
sance, mais C'est près du village de Kitlim surtout que la nappe alluviale répandue 
sur l’ancien lit de la rivière parait être la plus étendue et témoigne ainsi de lexis- 
tence d'un régime hydrographique ancien bien différent que celui actuel. L'épais- 
seur de cette nappe mesure 7 mètres environ, sa largeur, assez variable, est tou- 
Jours très considérable, à en juger par celle du sillon creusé dans cette alluvion par 
les travaux d'exploitation, comme aussi par l’existence de puits de sondage foncés 
de part et d'autre des deux rives. Ici comme sur la petite Koswa avec laquelle 
d'ailleurs la Kitlim a une grande analogie, l’alluvion est fréquemment recouverte 


d'une couche de tourbe d'épaisseur variable, 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 99 


CHAPITRE VI 


GÉOLOGIE DU KOSWINSKY. 


S 1. La «koswite » au Koswinskv. — K 2. Roches filonniennes dans la Koswite. — K 3. L'éperon 
du Koswinsky et les dunites massives. — $ #. Les gabbros à olivine du Pharkowsky et du 
Malinky-Ouwal. — K 5. Les dunites massives au Sosnowsky-Ouwal. — $ 6. La zone des 
diabases du Kroutoi-Ouwal. — $ 7. Géologie de la dépression des sources de Logwinska. 


— K 8. Les roches de la ligne de partage et du Kitlimsky-Ouwal. 


S 1. La « koswite > au Koswinsky. 


Le Koswinsky dans son ensemble est exclusivement constitué par des roches 
éruptives basiques de profondeur, que Krotow à réunies sous le nom collectif de 
péridotites, mais qui, en réalité, appartiennent à plusieurs espèces pétrographiques 
distinctes, bien qu'étroitement liées entre elles par des formes de passage. Ces dif- 
férents types sont cantonnés sur des points divers de la montagne où de ses contre- 
forts. 

Lorsqu'on sillonne en tout sens la coupole terminale du Koswinsky, à partir de 
la limite des forêts on ne trouve presque invariablement qu'une seule et même 
roche qui compose aussi bien les blocs anguleux jonchant le sol que les rares poim- 
tements rocheux que l’on voit en place. Cetté roche est une pyroxénite à olivine 
d’un caractère assez spécial, à laquelle nous avons donné le nom de koswite dans 
un travail antérieur. Sur le terrain, l'aspect que présente cette koswite est très uni- 
forme ; c’est une roche foncée, cristalline, grenue, dont le grain s’exagère quand le 
pyroxène domine, et diminue au contraire dans le cas inverse. Ces différences ne sont 
d’ailleurs nullement localisées dans les diverses régions de là montagne, souvent 
méme elles se rencontrent sur des blocs très voisins. La koswite est surtout caracté- 
risée par l’abondance de la magnétite, qui peut même S'y accumuler localement en 
donnant naissance à des nids ou à des veinules d’une certaine importance, sans 
atteindre toutefois des dimensions qui les rendraient exploitables. Généralement la 
koswite s’altère superficiellement par les agents atmosphériques, les blocs primiti- 
vement anguleux de cette roche s’effritent et S’arrondissent, ou encore se couvrent 


(42) 


100 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


d'une patine rougeñtre provenant de l'oxydation des éléments ferro-magnésiens. 
Lorsque la roche contient des nids de magnétite, sa désagrégation lente met ces der- 
niers en liberté: telle est l'origine des blocs de fer oxydulé pouvant peser jusqu’à 200 
kilogrammes, que lon rencontre Sur certains points mêlés aux fragments de la 
koswite, Il est évident que cette roche massive forme exclusivement le môle du 
Koswinsky à partir de la limite de la végétation. Dès que l’on quitte celle-ci pour pé- 
nétrer dans la forêt, il devient très difficile de se faire une idée de la constitution 
géologique du sol vu la rareté des affleurements, et 1l faut souvent faire des puits 
en assez grand nombre pour connaitre la nature de la roche sous-jacente. Sur les 
flanes N et NE qui regardent le Katéchersky, nous avons cependant pu établir que 
la koswite se continue jusque dans le voisinage du cours de la rivière Kitlim À; des 
puits foncés près de l'embouchure de Kitlim Bet C ont, en effet, rencontré la kos- 
wite en place, cette roche formait (en compagnie des dunites dont il sera question 
plus loin) le matériel exclusif de Palluvion ancienne et contemporaine de ces deux 
petits cours d’eau ; en revanche, sur les premières pentes du Katéchersky qui en- 
caissent la rive gauche de Kitlim À, on trouve déjà sur quelques pointements ro- 
cheux que l'on voit dans la forét, des roches fort différentes de la koswite dont nous 
reparlerons d’ailleurs à propos du Katéchersky lui-même. 

Sur les flancs E et SE du Koswinsky la koswite se continue également dans la 
forét fort au-dessous de la limite de la végétation. Nous avons en effet trouvé cette 
roche en place par des puits faits sur Kitlim Æ près de son confluent avec D, c'est-à- 
dire presque à la base des premières pentes du Koswinsky sur son versant oriental. 

Sur les flancs SO et O, la koswite se montre également assez bas dans la forêt, 
mais elle ne se trouve plus au Malinky ni au Pharkowsky-Ouwal, elle cesse même à 
une faible distance à l’ouest de lisba construite jadis sur le flanc sud-ouest du Kos- 
winsky, à quelques mètres au-dessus de la limite de la végétation. 


S 2. Roches filonniennes dans la koswite. 


Le dôme de koswite massive qui forme le Koswinsky est sur plusieurs points 
traversé par des roches filonniennes qui paraissent assez abondantes et qui ne sont 
autre chose que des dunites typiques. Rarement on peut voir les filons en place, dans 
la plupart des cas ils sont démantelés et on en retrouve la roche constitutive à l’état 
de gros bloc anguleux dispersés parmi les débris de koswite, ou faisant trainée dans 
des pierriers, La couleur ocreuse de cette dunite tranche sur celle plus noirâtre de la 
koswite environnante, et de fort loin déjà, on distingue des taches ou des sillons 


(43) 


ATAR -Se- 


.— Flanc sud-est du Koswinsky. Cette vue montre l'asp 


les pentes de la montagne au-1 


Fig. 28. — Le sommet du Koswinsky-Kamen 


essus de la limite de la végétatior 


RECHERCUES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 101 


jaunatres qui, sur les pentes arides du Koswinsky, signalent la présence de ces filons. 
Ainsi par exemple depuis la laverie de Kitlim, on distingue plusieurs de ces taches 
sur les pentes de l'extrémité septentrionale du flanc est du Koswinsky qui domine 
l'éperon dont il a été question précédemment. Ces filons de dunite sont tout particulie- 
rement nombreux sur les flancs est et nord-est du Koswinsky, on les retrouve cepen- 
dant sur les versants ouest, sud et sud-ouest de la montagne, mais Paspect de la 
dunite est ici un peu différent. En effet, la roche filonnienne rencontrée sur le anc 
occidental est profondément altérée, son aspect ocreux est dû à cette altération, et 
vus de près, les blocs de cette roche ressemblent à des fragments de grès argileux. 
Il faut souvent en débiter d'énormes pour trouver au cœur méme là roche encore 
fraiche, qui dans ce cas est verdätre et d'aspect serpentineux. La dunite filonnienne 
du flanc occidental, par contre, est plus rougeatre, Faltération est icitoute superficielle, 
et dès que l’on en casse un fragment on trouve sous la croûte d'oxydation qui est 
toujours mince, une roche grenue qui généralement n'est pas serpentineuse. Cette 
dunite est parfois légèrement schisteuse, nous l'avons observée en place, encaissée 
dans la koswite, sur plusieurs des pointements rocheux du flanc sud-ouest au-dessus 
de l’isba. 

En dehors de dunites filonniennes, nous avons rencontré en deux reprises, au 
cours des multiples excursions faites sur le Koswinsky, autres roches fort cu- 
rieuses, dont on ne voit pas les filons en place, mais qui sont rencontrées à l'état 
de gros blocs mélés à ceux de la koswite. Il est certain cependant, que vu leur 
position et la nature de leur entourage, ceux-ci ne peuvent provenir que de filons dé- 
mantelés. Ces roches sont d’un blane éclatant, d'une structure grenue et saccharoïde. 
et paraissent formées presque entiérement de feldspath. Quelques-unes cependant, 
renferment des rares et petits cristaux de hornblende, d'autres enfin sont zébrées 
de trainées d'élément noir qui y forment de véritables < schlieren, > ce qui leur 
communique un aspect très particulier, Ces roches ont été trouvées pour la première 
fois en 1900 sur le flanc sud-est du Koswinsky, à une altitude de 1420 mètres envi- 
ron:; nous les avons observées de nouveau lPannée suivante sur les pentes qui 
dominent le col qui sépare le flanc est du Koswinsky de léperon qui s'en détache, 
à l'altitude de 60 mètres environ au-dessus du col. En cet endroit, les variétés avec 
schlieren font défaut, les roches sont exclusivement feldspathiques, et leurs blocs 
disséminés parmi ceux de la koswite massive et de la dunite filonnienne, ressemblent 
à des morceaux de sucre gigantesques. Ces roches feldspathiques paraissent d’ailleurs 
assez rare, nous les avons cherchées attentivement en d'autres ponts du Koswinsky, 


Mais SANS SUCCÈS, 


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102 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PÉARCE 


$ 3. L'éperon du Koswinsky et les dunites massives. 

Les roches qui forment léperon du Koswinsky sont fort différentes de la kos- 
wite, Lorsqu'on chemine du col qui sépare le Koswinsky de léperon décrit précé- 
demment pour gagner la crête rocheuse qui en délimite les deux versants, on quitte 
non loin du col la koswite qui est en place, et on trouve déjà à la naissance de cette 
crête une roche rougeatre bien différente, dont l'aspect rappelle absolument celui 
des dunites filonniennes avec lesquelles elle s'identifie d’ailleurs complètement. 
Cette roche qui, à l’état frais, est de couleur verdâtre, serpentineuse, souvent légè- 
rement schisteuse et écrasée par dynamo-métamorphisme, et couverte également 
d'une croûte d'oxydation rougeatre qui traduit extérieurement une altération tou- 
jours très profonde; elle afleure sur l’arête méme, sous forme dune série ininter- 
rompue de pitons rocheux, tandis que sur les deux versants des blocs épais de la 
méme roche jonchent la surface du sol. Cette roche ne se distingue de la dunite filon- 
nienne que par le fait qu’elle est massive, ce qui ressort des observations suivantes. 

Nous avons vu précédemment que la crête de Péperon du Koswinsky change 
deux fois d'orientation. Lorsqu'on la suit de sa naissance à l’altitude 812 mètres 
jusqu'à son extrémité septentrionale, au point où le roc vif cesse pour faire place à 
la végétation, on chemine constamment sur la dunite qui se retrouve sur les deux 
versants dénudés et dans la forêt. Nous avons en effet retrouvé cette roche en 
place sur la rive droite de Kitlim ©, et dans des puits foncés à 200 mètres environ 
de son confluent sur les deux rives. Sur le flanc oriental de l’éperon, nous avons 
constaté qu'elle descend également fort bas dans la forét. À l'extrémité septen- 
trionale de la crête, à la cote 672 mètres, la dunite massive entre directement 
en contact avec la koswite au point même où commence la végétation, le contact 
immédiat est cependant masqué par des éboulis. Sur le flanc occidental de l'éperon, 
ce même contact se fait à une petite distance de Ja rive gauche de Kitlim C'; lors- 
qu'on longe ensuite la crête rocheuse des deux prolongements de l’éperon, on 
retrouve exactement la même disposition, et sur toute la crête dénudée on rencontre 
la dunite en place de même que sur les deux versants de l’arête, mais près du 
point où apparait la végétation, la danite massive entre là encore en contact avec 
la koswite, Si maintenant on chemine du col de léperon dans la direction de lest, 
en suivant sensiblement la courbe de niveau qui passe par le col, on traverse la 
partie supérieure du ravin dans lequel l'afuent Æ de Kitlim prend sa source, et 
on arrive ainsi sur la barre rocheuse qui se détache du Koswinsky et qui en forme 
la rive droite, Pendant tout le parcours on ne quitte pas la dunite, et l’on reste 


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RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 103 


dans le voisinage de son contact avec la koswite. En suivant alors la crête de la 
barre rocheuse sur 150 mètres environ, on ne quitte pas la dunite massive, mais 
à partir de là elle entre en contact avec la koswite. Le contact des deux roches 
remonte donc du premier prolongement latéral de l’éperon jusqu'au point indiqué. 
Lorsqu'on traverse ce contact, on trouve au delà plusieurs gros filons de dunite 
encaissés dans la koswite, nous en avons observé qui mesuraient jusqu'à 20 mètres 
d'épaisseur. 

Si enfin, on remonte le ravin qui forme le lit de Kitlim Æ, on constate que la 
dunite massive trouvée sur la barre rocheuse qui en forme la rive gauche et qui 
sépare les deux Kitlim D et E, ne se retrouve plus de l'autre côté de la rive 
droite. On peut done déduire de lensemble de ces observations que l’éperon du 
Koswinsky tout entier est formé par une espèce de batholithe de dunite massive, 
intrusive et enclavée dans la koswite qui la circonscrit de toute part. Ce dôme 
intrusif est accompagné sur les bords de roches identiques qui percent en filons, 
vers l’est il se rétrécit et se termine dans la barre rocheuse qui sépare les sources 
de Kitlim D) et E; sur les flancs est, sud-est et sud du Koswinsky on perd toute 
trace d’une formation semblable. 

Nulle part, sur l’éperon du Koswinsky, nous n'avons pu observer un contact 
bien découvert de la dunite et de la koswite, mais par analogie avec ce que nous 
avons vu sur d'autres points, notamment dans la chaine du Tilaï aux sources de la 
rivière Poloudniewaïa, il doit sans doute se faire par une brèche éruptive à cailloux 
de koswite empâtés dans la dunite. 

En dehors de la dunite massive, on trouve à la surface de léperon certaines 
roches énigmatiques qui s'y présentent d’une façon tres curieuse, On observe en 
eftet parmi les blocs de la dunite dispersés sur le sol, des petits cailloux anguleux 
d’une roche blanche et saccharoïde, mêlés à d’autres plus volumineux d’une roche 
noire et cristalline paraissant amphibelique. Ces fragments semblent avoir été posés 
comme à dessein sur le sol par une main consciente, on les voit souvent alignés en 
petites trainées. Cette trouvaille nous à rendus fort perplexes, l'absence de phéno- 
mènes glaciaires éliminant d'emblée l’idée d'une origine étrangère pour ces cailloux. 
Nous avons trouvé la clef de l'énigme sur l’un des prolongements latéraux de l'éperon: 
là, dans la roche en place, on voit des filonnets et des veinules d’une roche grenue 
et cristalline, de couleur foncée, qui traversent nettement la dunite. Ces filons sont 
plus résistants à l’action des agents atmosphériques que cette dernière, et lorsque 
celle-ci est désagrégée par leur intervention, ils restent sur le sol à l’état de petits 
cailloux anguleux dont l’orientation apparente correspond évidemment à la direction 
primitive des filonnets. 


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104 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


En dehors des cailloux indiqués, on trouve aussi à la surface de léperon du 
Koswinsky de nombreux petits fragments de fer chrômé, liés souvent encore à de la 
dunite décomposée, qui représentent des nids et des concentrations locales de ce 
minéral emprisonnés dans la dite roche et mis en liberté par sa désagrégation lente. 


Ces fragments de fer chrômé pesent au plus quelques kilogrammes. 


S 4. Les gabbros à olivine du Pharkowsky et du Malinky-Ouwal. 


Lorsque l’on se rend de Fisba construite sur le ane sud-ouest du Koswinsky 
au Pharkowsky-Ouwal en marchant directement vers l'ouest, on descend d’abord 
quelque peu dans la dépression dont nous avons déjà parlé pour remonter bientôt, et 
arriver au pied du flanc oriental de Farête rocheuse du Pharkowsky-Ouwal. A une 
faible distance de l'isba construite, elle, sur la koswite, on trouve dans la forêt 
à la cote 700 à 720 mètres environ, quelques pointements de roche en place, 
formés par une variété mélanocrate, quelque peu feldspathique, qui appartient, 
comme nous le verrons à la catégorie des gabbros à olivine; de là jusque sur 
l’arête, les rares blocs en place trouvés dans la forêt sont formés par des roches 
identiques, En suivant l'arête du sud vers le nord, on rencontre sur tous les pitons 
rocheux qui y afleurent de distance en distance, les mêmes gabbros à grain variable 
qui paraissent ici nettement lités par dynamo-métamorphisme et plongent de 30° à 
35° vers l’est ou mieux vers l’EES. Ces roches, comme la koswite, agissent fortement 
sur l'aiguille aimantée, par place on les voit traversées par des filons beaucoup plus 
feldspathiques, paraissant être formés par des diorites leucocrates. Lorsqu'on des- 
cendmaintenant sur le flanc occidental du Pharkowsky-Ouwal, on trouve les mêmes 
roches soit en afHeurements dans la forêt, soit en blocs épars formant des pierriers; 
cependant, près de l'extrémité septentrionale et vers la base du flanc occidental, on 
observe faisant suite aux gabbros, une roche en place identique à celle qui constitue 
le Sosnowsky-Ouwal. Lorsqu'on revient du Koswinsky depuis l'extrémité nord du 
Pharkowsky-Ouwal, on traverse à nouveau la dépression qui sépare cette arête de la 
dite montagne, Les gabbros à olivine se retrouvent jusque dans le voisinage du thalweg 
qui marque sans doute le contact avec la koswite. À partir de l'extrémité septen- 
trionale du Pharkowsky on perd toute trace de ces gabbros les pointements rocheux 
faisant défaut, mais il n'est pas douteux que la continuation de ces roches passe à 
l’est du Sosnowsky-Ouwal. 

L'aréte appelée Malinky-Ouwal m'est, comme nous l'avons vu, que le prolonge- 
ment de la précédente vers le sud, Lorsqu'on s'y rend depuis la laverie de la petite 


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EP: 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 105 


Koswa, on traverse d'abord les marécages qui avoisinent la rivière, puis dès qu'on 
attaque les premières pentes, on trouve les gabbros à olivine, qui paraissent comme 
au Pharkowsky-Ouwal, alterner ici avec des roches dépourvues de feldspath, véri- 
tables pyroxénites. En suivant alors la crête de l’arête, on rencontre toujours les 
mêmes roches jusqu'au point où celle-ci se confond insensiblement avec les pentes 
du Koswinsky. Il est donc évident que la constitution du Malinky-Ouwal est identique 
à celle du Pharkowsky-Ouwal; la source principale de la rivière Pharkowka coupe 
donc transversalement toute la formation des gabbros, ce que nous avons d'ailleurs 
vérifié, De fait, sur le chemin qui mène de la petite Koswa à Sosnowka, on ne ren- 
contre jusqu'au croisement des deux Pharkowka que des gabbros à olivine qui 
forment des pierriers dans la forêt et plus rarement des afleurements en place. 


S 5. Les dunites massives au Sosnowsky-Ouiral. 


La constitution géologique du Sosnowsky-Ouwal n’est point, comme on pourrait 
le croire d’après sa position, identique à celle du Pharkowsky-Ouwal. Lorsqu'on se 
rend sur cette arête depuis le village de Sosnowka, dès les premières pentes, on 
trouve dans la forêt des afleurements d’une roche jaunätre, d'aspect grèseux, don- 
nant des arènes ocreuses et présentant une altération si profonde, que pour avoir de 
la roche non décomposée il faut souvent en débiter d'énormes blocs. À lintérieur, 
au-dessous de la couche superficielle ocreuse, la roche est fraiche, serpentineuse, de 
couleur vert foncé, translucide sur les bords et d’une homogénéité parfaite, Ça et là, 
on voit reluire dans la masse quelques petits octaëèdres de fer chrômé. La roche du 
Sosnowsky-Ouwal est donc une dunite massive en voie de serpentinisation avancée, 
qui en tous points est identique à celle de l'éperon du Koswinsky; Parête dans son 
ensemble est exclusivement constituée par cette même roche. Nous avons pu nous 
en convaincre en suivant la crête terminale sur toute sa longueur, puis en explo- 
rant ses deux versants, et en examinant un à un les différents pointements rocheux 
en place dans la forêt, ou à défaut, en faisant creuser en divers endroits des puits 
de sondage. La petite Sosnowka, ainsi que les deux affluents droits de la grande 
Sosnowka qui tous deux descendent du flanc occidental du Sosnowsky-Ouwal, ravi- 
nent exclusivement les dunites massives, comme on peut le constater soit par les 
afeurements visibles, soit par un examen scrupuleux des cailloux formant le maté- 
riel de leur alluvion ancienne et contemporaine. Cette dunite est également intru- 
sive dans les pyroxénites:; on ne voit, il est vrai, pas les contacts immédiats, mais 
sur le flanc oriental du Sosnowsky-Ouwal, on peut remarquer sur certains afleure- 

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MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE. VOL. 84 (1902). 14 


106 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


ments que la dunite empâte des blocs de koswite, phénomène identique à celui que 
nous avons observé très nettement dans la chaîne du Tilaï. 

Le Sosnowsky-Ouwal forme donc comme on le voit une zone de roches érup- 
tives différentes de celles du Pharkowsky-Ouwal, et située plus à l’est: cette zone 
doit sans doute se terminer en pointe près de l'extrémité septentrionale du flanc 
occidental du Pharkowsky : nous y avons en effet retrouvé la dunite sous le gabbros, 


tandis que plus au sud on en perd toute trace sur le dit flanc. 


S 6. La zone des diabases du Kroutoi-Ouwal. 


L'arête rocheuse et boisée qui forme la rive gauche de la grande Sosnowka, 
ne ressemble en rien au Pharkowsky où au Sosnowsky-Ouwal. Les roches qu'on y 
rencontre sont verdâtres, de couleur plus ou moins claire, de grain généralement 
très fin. Elles sont extraordinairement compactes et dures, où d’autres fois schisteuses 
par dynamo-métamorphisme; dans ce dernier cas, elles simulent à s'y méprendre 
certains schistes chloriteux de la région. Dans la masse finement grenue, on distingue 
parfois des petits cristaux porphyriques, puis fréquemment des amas locaux de 
pyrite. Ces roches appartiennent au groupe des diabases, elles forment une zone 
étendue qui comprend non seulement le Kroutoï-Ouwal, mais aussi des régions 
situées fort au delà de ses extrémités aussi bien au nord qu’au sud. En effet, du côté 
nord, le Kroutoï-Ouwal s’abaisse rapidement vers la rivière Tilaï, la zone des dia- 
bases y est coupée en écharpe par la rivière Balchaïa-Sosnowka, dont lembou- 
chure cependant est située dans les schistes cristallins. Ces mêmes diabases forment 
le pli de terrain qui sépare les embouchures des deux Sosnowka, on les voit 
afleurer sur la rive gauche de la Tilaï tout près du confluent de la petite Sosnowka. 
(Ces roches se trouvent également mélées aux dunites dans les alluvions anciennes et 
contemporaines de cette rivière, mais seulement jusqu’à une faible distance en amont 
de son embouchure.) Entre le confluent de la petite Sosnowka et celui de la rivière 
Logwinska, on trouve dans le lit même de la rivière Tilaï, des gros blocs de ces dia- 
bases qui sont là en place, et qui paraissent grossierement lités et orientés nord-sud. 
À quelques mètres en amont de Fembouchure de Logwinska, les schistes cristallins 
afeurent, il est vrai, sur la rive droite de Ja Tilaï, mais entre Logwinska et 
Garéwaïa, on retrouve de nouveau les mêmes diabases en gros blocs verdatres dans 
le lit de la Tilaï, La rivière Garéwaïa coupe également près de son embouchure des 
roches analogues mais litées par dynamo-métamorphisme, qui ressemblent alors 
singulièrement à des schistes chloriteux. Puis en amont du confluent, on trouve 
encore sur deux verstes environ des blocs de ces diabases toujours dans le lit de la 


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RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 107 


rivière Tilaï, et en certains points, en afileurements sur la rive droite. Il est donc 
évident que du côté du nord la zone des roches vertes du Kroutoï-Ouwal se pro- 
longe fort au delà des deux Sosnowka, elle passe pro parte sur la rive droite de 
la Tilaï, et doit s'étendre vers l’est au delà du confluent de Garéwaïa. 

Du côté sud, les roches du Kroutoï-Ouwal se retrouvent également, mais vu 
la nature du terrain et les difficultés d'accès, il est impossible de préciser la 
limite de leur contact avec les gabbros du Pharkowsky-Ouwal: il est en tout cas 
certain que les mêmes roches afileurent près de l'embouchure de Tzenkowka sur 
les deux rives de la Koswa, on les retrouve également au confluent de la rivière 
Malinka-Koswa et nous les avons rencontrées par des puits foncés à une centaine 
de mètres environ en amont du confluent de Pharkowka: en cet endroit, les dia- 
bases étaient amigdaloïdes et chargés de calcite. Au sud de l'embouchure de la 
petite Koswa on perd toute trace de ces roches. 

Lorsqu'on descend sur le flanc oriental du Kroutoï-Ouwal depuis la crête de 
celui-ci jusqu'au sentier qui conduit de Sosnowka à la petite Koswa, on trouve ex- 
clusivement les mêmes diabases, soit sur les quelques rares afleurements visibles 
dans la forêt, soit par des puits de sondage. Le chemin lui-même, à partir du col qui 
délimite les deux bassins de la grande Sosnowka et de Pharkowka, est jonché de 
débris des différentes variétés de ces diabases. Par contre, sur le flanc oriental, à 
une faible distance au-dessous de la crête, ces roches sont suivies par des schistes 
cristallins violacés qui plongent vers l’est, et qui sont en tous points analogues à 
ceux que l’on voit afHeurer près de l'embouchure de la grande Sosnowka. Plus à 
l’ouest, de là jusqu'à la rivière Tilaï, on ne rencontre exclusivement que des 
schistes chloriteux verdàätres dont nous reparlerons ultérieurement. Comme le sol 
est très caché par la végétation, il se pourrait qu'il existat dans le Kroutoï-Ouwal, 
comme d'ailleurs dans le Pharkowsky-Ouwal, des roches différentes de celles que 
nous avons trouvées en place et qui auraient échappé à nos investigations. Pour le 
savoir, nous avons examiné une quantité de cailloux de l’alluvion ancienne et con- 
temporaine de la grande Sosnowka. A l'exception d'une porphyrite, très rare 
d’ailleurs, nous n'avons pas rencontré d'autre roche que celle trouvée en place sur 
les deux arêtes. 


S 7. Géologie de la dépression des sources de Loguinska. 


Les trois sources de Logwinska s’amorcent comme nous Favons vu, sur des 
points fort différents: leur cours est entièrement situé dans une région très boisée 
où l’on chercherait vainement quelques affleurements en place. 


(1) 


108 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


Entre le confluent de Logwinska et de Tilaï, et celui du premier afluent 
venant du Katéchersky-Tilaï, on trouve dans des puits foncés en assez grand nombre, 
une roche décomposée qui, autant qu'on peut en juger, paraît correspondre aux 
variétés laminées de diabase du Kroutoï-Ouwal. En remontant maintenant le cours 
de chaque affluent séparément, on peut observer ce qui suit. 

Sur Logwinska-Koswinsky, on trouve quelques afHeurements rocheux en 
place sur la rive gauche, formés par des pyroxénites à grands diallages, analogues 
à certaines variétés de koswite. Au delà, plus en amont, on ne rencontre plus 
d'afeurements en place, mais les cailloux de lalluvion ancienne et contemporaine 
sont exclusivement constitués par de la dunite, des gabbros à olivine du Phar- 
kowsky, et de la koswite, En montant depuis la rive gauche de Logwinska-Sos- 
nowsky et en suivant la direction du sud-ouest, on rencontre des roches analogues 
à celles qui afleurent sur les rives, elles entrent directement en contact avec les 
dunites et le contact lui-même est jalonné par une petite dépression. Il parait donc 
évident que les gabbros à olivine et les pyroxénites subordonnées du Pharkowsky- 
Ouwal passent sur le flanc oriental du Sosnowsky-Ouwal et se continuent sans doute 
au delà de l'extrémité septentrionale de celui-ci à travers la dépression qui sépare 
la riviere Tilaï des massifs du Koswinsky-Katéchersky-Tilaï. 

Lorsqu'on suit le cours de laftluent Logwinska-Koswinsky, on ne voit pas 
d'afHeurements rocheux en place sauf au point où commencent les pentes nord-ouest 
du Koswinsky. On trouve en cet endroit la koswite qui descend assez bas, mais il 
n'est pas possible de savoir quelles sont les roches traversées par le lit de cet 
affluent en aval de ce point. Cependant, le matériel de Palluvion de cette rivière est 
exclusivement composé de koswite et de roches du Katéchersky. Ce qui vient 
d'être dit pour Logwinska Katéchersky-Koswinsky s'applique également à Log- 
winska Katéchersky-Tilaï, mais lalluvion renferme en plus les gabbros du Tilaï 
dont nous parlerons ultérieurement. 


S S. Les roches de la ligne de partage et du Kitlimsky-Ourval. 


Nous avons fait deux excursions distinctes à la ligne de partage. Dans la 
première, nous avons tout d’abord gravi le Malinky-Ouwal depuis le village de 
petite Koswa pour gagner de là la ligne de partage par la crête du Malinky-Ouwal. 
Dans la seconde, nous avons suivi le sillon qui passe dans la forêt, au sud de la 
rivière. 

Dès qu'on quitte la laverie, sur plusieurs verstes, on voit affeurer sur le 


(92) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 109 


chemin quelques bancs de schistes chloriteux toujours très quartzeux et analogues à 
ceux du Soukhoï-Kamen et des rives de la Koswa, nous en reparlerons ultérieurement. 
De là jusqu’à la ligne de partage, il est impossible de trouver le moindre affeure- 
ment, on ne quitte pas les marécages: par contre, dans le premier itinéraire in- 
diqué, nous avons trouvé dans la forêt, près de la limite de la propriété Lazarew, 
des blocs de roche d'aspect dioritique, qui appartiennent à la catégorie des gabbros 
ouralitisés, voire même à celles des euphotides. Ces mêmes roches se retrouvent 
toujours dans la forêt, mais de l’autre côté de la ligne de partage, sur une assez 
grande étendue. Elles s’y rencontrent à l’état de blocs plus ou moins arrondis, géné- 
ralement couverts de mousse et accumulés sur certains points. 

Nous avons fait exécuter quelques puits pour nous faire une idée de la nature 
du sol et voir si les roches qui le constituent sont bien identiques aux blocs trouvés 
dans la forêt ; le premier puits se trouvait à 3 kilomètres environ, au sud-est du col 
de la ligne de partage, sur une droite passant par celui-ci et le point culminant du 
Kitlimsky-Ouwal. Le puits à rencontré des roches schisteuses, d'aspect corné, qui 
sont d’ailleurs absolument identiques à certains débris que lon trouve sous les ra- 
cines des grands arbres abattus par le vent. Ces roches ne sont autre chose que des 
gabbros ouralitisés, laminés par dynamo-métamorphisme, et transformés en amphi- 
bolites. IT est à remarquer que nulle part pendant les deux excursions faites à la 
ligne de partage, nous n'avons trouvé parmi les cailloux épars ou dans les puits, 
des pyroxénites ou des dunites massives. Il parait donc certain que la région de la 
ligne de partage comme d'ailleurs le Kitlimsky-Ouwal, sont formés par des roches 
ouratilisées appartenant à la famille des gabbros plus où moins fortement laminées 
par dynamo-métamorphisme. 


S 9. La chaine du Kalpak-Soukogorsky. 


Nous n'avons pas exploré cette chaine en détail par le fait qu'elle se trouvait 
en dehors de notre champ d'étude, mais nous avons cependant examiné sommaire- 
ment le Kalpak et le Sémitchellowietchesky. L'excursion au Kalpak à été faite 
depuis Kitlim, en montant au sommet par le col qui sépare ces deux montagnes. Dès 
que l’on quitte la laverie pour pénétrer dans la forêt, on trouve quelques blocs de 
pyroxénites à olivine qui ressemblent absolument à certaines variétés du Koswinsky 
ou du Tilaï. Au col même du Kalpak, on trouve les dites pyroxénites en place, ainsi 
qu'au sommet et sur les flancs de la montagne. Parfois ces pyroxénites s'addi- 
tionnent un peu de feldspath et passent à des types de gabbros à olive très basiques: 


(3) 


110 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


le Kalpak parait donc ressembler beaucoup au Koswinsky. Par contre lorsqu'on 
monte au premier mamelon du Sémitchellowietchesky, on ne rencontre dans la 
forêt que des blocs de gabbros feldspathiques toujours ouralitisés, parfois très riches 
en magnétite: cette même roche se retrouve au sommet du mamelon en question. 
I parait done probable que l'axe même de la chaine du Kalpak est formé par les 
pyroxénites, tandis que sur le flanc occidental, on retrouve les gabbros ouralitisés 


analogues à ceux de la ligne de partage. 


CHAPITRE VII 


L: 
DESCRIPTION DES ROCHES DU KOSWINSKY. LA KOSWITE. 


S 1. Minéraux constitutifs de la Koswite. —K 2. Structure microscopique. — K 3. Phénomènes d’al- 
tération et de dynamo-métamorphisme. —— $ #. Différentes variétés et formes de passage aux py- 
roxénites. — K 5. Monographie des types étudiés. — K 6. Composition chimique de la koswite et 
formule magmatique. — K 7. Place de la koswite dans la classification pétrographique et consi- 
dérations générales relatives à cette roche. 


S 1. Minéraux constitutifs de la koswite. 


La koswite est une roche mélanocrate, à structure grenue, formée principale- 
ment d'un pyroxène lamellaire réuni à une quantité variable d’olivme et de ma- 
gnétite, Elle appartient donc à la classe des pyroxénites. 

Sous le microscope, les minéraux constitutifs de cette roche sont : les pyroxènes, 
l’olivine, la hornblende, les spinelles chromifères et la magnétite. 


PYROXÈNES 
Les pyroxenes de la koswite appartiennent à un groupe spécial qui se rattache 
à celui du diopside-diallage, mais qui en diffère cependant par certains caractères. Ils 
(54) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L OURAL 111 


forment toujours l'élément le plus répandu. Les cristaux non terminés, sont d'habi- 
tude faiblement allongés selon la zone prismatique; ils présentent les clivages m = 
(110), rarement les plans de séparation selon h1 — (100), ceux-ci ne s'observent 
alors que dans les variétés altérées. Les macles selon p — (001) font défaut, ou tout 
au moins sont rares; les inclusions lamellaires caractéristiques pour le diallage 
manquent également dans la plupart des cas, sur quelques cristaux cependant on 
observe des petits grains ou des lamelles opaques intercalées parallèlement au cli- 
vage: par contre, certains cristaux renferment des grains assez volumineux de fer 
oxydulé. 

En lames minces, les pyroxènes paraissent incolores ou très légèrement ver- 
dâtres sans toutefois présenter de polychroïsme appréciable. Les propriétés optiques, 
déterminées avec beaucoup de soin sur un grand nombre de cristaux, montrent à 
l'évidence l'existence de plusieurs types différents dans la même roche, La trace du 
clivage qui correspond à l'allongement peu marqué est positive; sur g'— (010) les 
extinctions de la vibration positive se font sous des angles compris généralement 
entre 39° et 43°; le parallélisme des sections g — (010) ayant été rigoureusement 
vérifié, et les angles d'extinction mesurés à l’oculaire Bertrand, on peut considérer 
ces mesures comme absolument précises. Les trois indices principaux ont été mesu- 
rés sur plusieurs spécimens en prenant des sections d'orientation différente. La 
précision apportée aux mesures permet d'affirmer l’exactitude des résultats à la 
troisième décimale, et confirme l'existence de plusieurs types voisins d'ailleurs, ces 
résultats Sont consignés dans le tableau suivant : 


Tableau des indices des pyroxènes de la koswite pour la raie D. 


PE Re | Ng Nm No Ne-Np Ne-Nm | Nm Np | 
S ST |1,7074 | 1,6861/| 1,6800 | 0,0274 | 0,0213 | 0,0061 | 
| | 1,6861\ 
Snx \1,7077 | 1,6865 | 1,6796 | 0,0276 | 0,0207 | 0,0069 
111,7067 | 
10 Sn» |1,7087 | 1,6889 | 1,6820)! 0,0262 | 0,0198 | 0,0064 | 
| | 1,6830) | | | 
2 Sim 17162 )1,6951) 1,6896 |0,0266 | 0,0212 | 0,0054 
| 1,6949! | | | 
Sng 11,7165 | 1,6954 | | 0,0211 | 
3 Slim |1,7176 | 1,6974)| 1,6923 | 0,0253 | 0,0202 | 0,00521 
11,6975|) | | 
l | 


(99) 


112 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


Comme contrôle, plusieurs biréfringences maxima ont été déterminées au com- 
pensateur ou au comparateur, Nous avons obtenu les résultats suivants : #3 — 
np —= 0,023, 0,024, 0,025. Ces valeurs concordent avec celles données par la mesure 
des indices. 

Le plan des axes optiques est parallèle à g — (010), la bissectrice aiguë est 
positive —»,: l'angle des axes optiques a été mesuré directement, soit sur des sec- 
tions extraites de coupes épaisses et examinées au moyen de l’appareil ordinaire, 
soit sur des sections orientées perpendiculaires à la bissectrice aiguë, au moyen de 
la méthode de Mallard. Les résultats de ces mesures sont consignés dans le tableau 
suivant : 


Tableau de la valeur de l’angle des axes optiques des pyroxènes de la koswite pour la raie D. 


a —— ————————————————— ————— ne 


| Numéros de la coupe. Méthode employée. Valeur de 2V observée. | Valeur de 2V calculée. 
8 Réticulaire. 56°19/ | 56° 28" 
10 id. Dre 298 


(Groniomètre. 


On a souvent observé une dispersion dans le sens de » > V. Les déterminations 


précédentes montrent donc que les pyroxènes de la koswite présentent des carac- 
tères un peu particuliers: la valeur de l'indice les distingue des diopsides proprement 
dits comme aussi des diallages, et l'angle d'extinction de même que la valeur de 
l'angle des axes éloigne incontestablement la variété du type augite. 
OLIVINE 

Ce minéral est généralement très réduit par rapport aux pyroxènes: il se ren- 
contre en grains arrondis, craquelés, d'aspect hyalin, toujours parfaitement imco- 
lores. On voit quelquefois des clivages selon gi —(010) rarement selon p—(001). 
Les trois biréfringences mesurées directement ont été trouvées de : n,—n, = 0,036 
Ne — Un 0,020 in — #y 0,016. Le signe optique est positif, l'angle des axes 
optiques déterminés pour la lumière jaune à été trouvé de 87°; on observe une dis- 
persion très faible 9 < Y. 

HORNBLENDE 

Ce minéral est assez fréquent, mais ne se rencontre jamais en abondance. Il 
est informe et présente les clivages %= 110. Sur g' —=010 l'extinction de N. se fait 
sous un angle de 22°, Le plan des axes optiques est parallèle à g' — (010), la bissec- 


(6) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 113 


trice aiguë est négative, l'angle 2V n’a pu être mesuré directement, il dépasse cer- 
tainement 70°. La biréfringence #3 — #, —0,023, quant au polychroïsme, il est 
toujours faible et se fait comme suit : 

n,— vert sale, vert brunatre, brun verdatre. 

fn = brun plus pale, verdâtre. 

”,—=brun jaunâtre très pâle, presque mcolore. 


L 


SPINELLES CHROMIFÈRES 


Ils sont en général peu abondants, et cantonnés dans le voisinage de la magné- 
tite. Ils se présentent en grains d'un vert foncé, presque toujours fissurés, avec un 
contour irrégulier, généralement anguleux. Les fissures sont de couleur jaunatre et 
polarisent sur les bords, le minéral lui-même est parfaitement isotrope, son indice 
est élevé. Ces grains de spinelles sont généralement petits mais leur présence est très 
constante. 

MAGNÉTITE 


Ce minéral est abondant, son rôle dans la structure est important et nous allons 
examiner en parlant de celle-ci. 


S 2. Structure microscopique. 


La structure de la koswite est très particulière, et fort nouvelle. Cette roche est 
holocristalline et plus ou moins grossièrement grenue, les pyroxènes et l’olivime sont 
d'habitude idiomorphes, cependant on voit parfois les cristaux de pyroxène mouler 
le péridot, on trouve même dans certains cas, des associations pœcilitiques des deux 
minéraux; il parait done à peu près certain que l’olivine est de consolidation anté- 
rieure à celle du pyroxène. 

La magnétite au contraire est toujours allotriomorphe, et forme un véritable 
ciment entre les minéraux précités. Elle s’infiltre comme telle dans les interstices 
laissés vides entre les cristaux de pyroxène et d'olive, et épouse strictement les con- 
tours de ceux-ci en dessinant de véritables plages d'aspect souvent cunéiforme, qui 
simulent absolument les plages de quartz de certains granits ou de certaines peg- 
matites. 

Ces plages sont plus ou moins nombreuses, tantôt localisées spécialement sur 
certains points, tantôt au contraire distribuées très régulièrement dans la roche ; la 
structure est alors identique à celle du granit, à cette différence près que dans la kos- 
wite, le quartz allotriomorphe du granit est remplacé par de la magnétite, Nous 

(57) 


MÉM. SOC, PYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 84 (1902). 15 


114 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


avons proposé pour cette structure particulière le nom de « structure sidéronitique, » 
qui rappelle à la fois son analogie avec celle du granit et la présence de la magné- 
tite qui remplace ici le quartz dans cette structure granitique. Cette structure 
sidéronitique est incontestablement primaire, elle se trouve sur des roches d’une 
crande fraicheur où l’olivine et le pyroxène ne montrent pas la plus petite trace 
d'altération. Ces plages de magné- 
tite emprisonpent toujours quelques 
grains de spinelle, elles paraissent 
également être étroitement liées à la 
hornblende, Celle-ci est probable- 
ment primaire, elle ne semble en tout 
cas nullement résulter d'une oura- 
litisation ordinaire. En effet, elle 
frange et circonscrit souvent Com- 
plètement les plages de magnétite 
et entre alors directement en con- 
tact soit avec l’olivine soit avec le 
pyroxène, on dirait qu'elle forme en 


quelque sorte un produit d'exudation 


Koswile. Coupe n° 2. Chambre claire. Lumière k : Fr: É 
naturelle. Grossissement = 13 diam. P = pyroxène du fer oxydulé, Parfois même la horn- 


0 - olivine, La coupe montre la structure sidéroni- blende est disposée en plages isolées, 
tique développée par les plages de magnétite. L ; 
en tous points semblables à celles de 
la magnétite, et reliant comme elle les autres minéraux: ces plages s'éteignent tou- 
Jours comme un cristal unique, elles renferment souvent à l'intérieur ‘un peu de 
magnétite à l’état de grains où d'inclusions. Ces plages de hornblende sont plutôt 
rares, mais la liaison de ce minéral avec la magnétite est un fait absolument 


constant. 


S 5. Phénomènes d'altération et de dynamo-métamorphisme. 


Les altérations secondaires affectent à des degrés divers les différents miné- 
raux constitutifs. Les pyroxènes présentent dans certains cas une bastitisation qui 
marche du centre vers la périphérie. Le cristal prend alors un aspect fibrillaire et sa 
biréfrmgence devient très faible, Le noyau transformé s'éteint à zéro, tandis que sur 
les bords le cristal polarise dans les teintes vives et s'éteint sous des angles va- 
riables, toujours assez grands; les lamelles de bastite ont un allongement positif, 
l'extinction se fait à zéro de cet allongement, la biréfringence »,n-, ne dépasse pas 


(58) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL ds 


0,010, il n'existe pas de polychroïsme appréciable. Ces cristaux de pyroxène à centre 
bastitisé sont très caractéristiques mais plutôt rares. 

L'olivine subit deux genres de transformation qui peuvent s’exclure ou coexis- 
ter : la première consiste en une rubéfaction qui s'effectue le long des craquelures. 
Il se développe alors un minéral rouge ou jaune foncé, très réfringent également, 
qui cependant ne se substitue jamais complètement au péridot. La seconde est une 
serpentinisation qui se faitégalement parles cassures sous forme de rubans d’antigo- 
rite. Les exemples où l’olivine disparait complètement par suite de cette transforma- 
tion sont excessivement rares. 

Quant aux phénomènes dynamiques qui ont agi d'une manière si intense sur 
certaines roches voisines du Koswinsky, ils ne paraissent pas avoir exercé une action 
aussi énergique sur la koswite. La roche est généralement très fraiche et nullement 
écrasée où réduite à l'état de brèche microscopique ; lolivine qui, notamment, est 
très sensible à la compression, est presque toujours indemne. 


S 4. Difjérentes variétés et formes de passage aux pyroxénites. 


La koswite par la régression de tel ou tel de ses éléments constitutifs, peut 
passer à divers types de la même famille. La diminution progressive de la magnétite 
achemine cette roche vers une pyroxénite à olivine bien caractérisée. On peut obser- 
ver ce passage sur plusieurs points du Koswinsky, notamment sur le flanc oriental. 
Là magnétite diminue, les plages sidéronitiques deviennent de plus en plus rares, 
puis ce minéral cesse complètement, et la roche n'est alors seulement composée que 
de pyroxène et d'olivine. La proportion relative de ces deux minéraux est d’ailleurs 
assez variable. En principe, le pyroxène prédomine toujours et à ce point de vue la 
koswite et les variétés qui s’y rattachent sont des pyroxénites et non des péridotites. 
L'olivine peut cependant devenir très rare et la roche n’est plus alors formée que par 
du pyroxène quasi compact, ce phénomène s’observe sur certaines variétés largement 
cristallisées. On trouve cependant quelques koswites qui sont assez riches en olivine, 
le grain de la roche diminue alors sensiblement, et la magnétite devient abondante. A 
cet égard, les variétés dans lesquelles on rencontre les nids et des concentrations de ce 
minéral, sont assez curieuses; elles renferment toujours du péridot et le microscope 
montre que leurs éléments constitutifs sont comme noyés dans un ciment de fer 
oxydulé qui l'emporte quantitativement sur eux; la roche présente alors complète- 
ment l'aspect de certaines météorites avec lesquelles elle à d'ailleurs de grandes 
analogies. 


(9) 


116 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


S D. Monographie des types étudiés. 


N° 1. Premier puits près du sommet du Koswmsky. 


Roche grenue à pyroxène prédominant; diallage incolore, légèrement verdatre, 
avec inclusions de magnétite et de péridot; l'angle d'extinction — 46° ; la bissectrice 
aiguë — #3, 2V — 54° ny-ny 0,025. Quelques inclusions lamellaires dans g'— (010). 
Olivine en grains plus rares, légèrement serpentinisée. Magnétite sidéronitique 
abondante contenant quelques grains de spinelles. 


N° 2, Deuxième puits en descendant du Koswinsky. 


Diallage très abondant, avec caractères indiqués: olivine en grains rares. Horn- 
blende brun pale assez abondante disposée en bordure aux plages de magnétite, ou 
en plages propres moulant les éléments précédents. Spinelles chromifères abon- 
dants de même que la magnétite, Structure sidéronitique typique. 


N°3. Diallage prédominant, moulant par places lolivine, signe optique posi- 
tif, Ag-p — 0,023,2V — 54°. Olivine plus rare, très fraiche, craquelée. Magnétite 
exceptionnellement abondante formant de grosses plages sidéronitiques emprison- 
nant quelques grains de spinelles chromifères. Très peu de hornblende bordant 
la magnétite. 


N° 4. Quatrième puits en descendant du sommet du Koswinsky. 


Pyroxène abondant présentant plusieurs variétés distinctes par leur extinction 
sur g' — (010), Olivine rare, hornblende assez fréquente en plages isolées ou en 
bordure à la magnétite, structure sidéronitique bien caractérisée. 


N° 5. Quatrieme puits en descendant du Koswinsky. 


Très analogue au précédént, la roche renferme beaucoup de pyroxène très lar- 
sement cristallisé, présentant des extinctions entre 39° et 42°; l’olivine est rare, la 
magnétite sidéronitique assez abondante et liée à des spinelles chromifères. 


N°7. Roche en place à cent mètres du dernier puits, en descendant. 


Pyroxène prédominant, la variété la plus commune parait ici voisine du diop- 
side, les extinctions sur g'— (010) ne dépassent pas 39° et la biréfringence = 0,026; 


(60) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 117 


dans le diallage quelques inclusions opaques alignées selon les clivages. Olivine ré- 
duite, hornblende rare, magnétite sidéronitique ordinaire. 


N°8. Roche en place au sommet de la côte rapide qui domine l'isba. 


Cette variété est pauvre en magnétite et passe à la pyroxénite, Le pyroxene 
se rapproche ici du diallage, l’olivine est toujours rare de méme que la hornblende: 
la magnétite fait défaut, les éléments sont tous idiomorphes. 


N° 10. Roche en place au flanc sud du Koswinsky. 


Variété très pauvre en magnétite passant également à la pyroxénite. La roche 
est en grande partie formée par un pyroxène voisin du diallage, et transformé par- 
tiellement en bastite. L’olivine est réduite, par contre la hornblende est assez abon- 
dante mais se présente sous une forme un peu spéciale: en taches dans le pyroxène, 
ce qui fait supposer qu'elle est ici d’ouralitisation. Magnétite rare, en petites plages 
isolées; la structure est presque panidiomorphe grenue. 


N° 11. Point coté 1120 mètres sur le flanc sud-est. 

Pyroxène avec les caractères ordinaires, olivine plus abondante que dans les 
échantillons précédents: magnétite en belles plages sidéronitiques enveloppée d'une 
mince bordure de hornblende verte peu polychroïque. 


N° 12. Au flanc sud-est, sur des pitons rocheux en place. 

Cette très belle roche peut étre prise comme type de la koswite, le pyroxène 
très abondant y est incolore en lames minces, son extinction ne dépasse pas 43°. 
L’olivine est hyaline, et plus rare que le pyroxène qui la moule. Peu de hornblende 
avec les caractères habituels, toujours liée à la magnétite et formant de jolies plages 
sidéronitiques distribuées régulièrement dans la roche. 


N° 13. Même provenance que le numéro précédent. 

Pyroxène abondant, bastitisé au centre; olivine assez fréquente en grains ordi- 
naires avec commencement de rubéfaction sur les cassures, peu de hornblende, ma- 
gnétite sidéronitique ordinaire. 

N° 22, Dans la forêt, au-dessus de l'isba à la cote 740 m. 


La roche montre le contact de la koswite avec une dunite filonnienne qui la tra- 


(61) 


118 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


verse, La koswite est presque entièrement composée de pyroxène plus où moins basti- 
tisé, L'olivine est rare, la magnétite fait défaut. La structure est panidiomorphe grenue. 


N° 24, Roc en place près de lisba. 

Roche très largement cristallisée, le diallage, élément principal, s'éteint en 
majorité à 41°, lolivine est beaucoup plus rare, la hornblende brun pâle en plages 
allotriomorphes présente ses caractères habituels. Magnétite sidéronitique ordinaire. 


N° 26. Au point 1060 m., flanc sud-ouest. 


Beaucoup de pyroxène, peu dolivine accumulée sur certains points, magnétite 
sidéronitique assez abondante bordée par une mince zone de hornblende brunâtre. 


N° 29, Flanc nord du Koswinsky, altitude 1140 m. 


Cet échantillon se distingue des précédents par une abondance exceptionnelle 
en olivine, la roche est presque une péridotite, Le diallage s'éteint sur g' entre 40° 
et 42°, la magnétite forme des plages sidéronitiques plutôt rares. 


N° 350. Flanc nord, altitude 1240 m. 


Pyroxene formant l'élément principal, olivine rare, hornblende très développée 
toujours associée à la magnétite; elle est très fraiche, et peu polychroïque dans les 
tons brun pale. Les plages sidéronitiques de magnétite sont exceptionnellement 
abondantes dans cette roche, par places elles emprisonnent et isolent complètement 
certains cristaux de diallage et dolivine, la structure présente alors une analogie 


frappante avec celle de certaines météorites. 


N°51. Sur le piton rocheux formant le sommet du Koswinsky. 


Diallage toujours prédominant renfermant quelques inclusions opaques paral- 
leles au clivage. Olivine assez abondante aussi, avec un commencement de rubéfac- 
tion, Hornblende répandue, en bordure autour des plages sidéronitiques de mag- 
nétite, Ce dernier minéral est très abondant et uniformément réparti dans la roche. 

N° 132. Flanc est du Koswinsky, près de la limite de la végétation. 

Roche pauvre en magnétite, passant à la pyroxénite ordinaire. Pyroxène abon- 
dant moulant parfois l'olivine; ce dernier minéral est bien développé quoique infé- 
rieur au pyroxène, [n'y a presque pas de hornblende et la magnétite sidéronitique 
est fort rare, 


(62) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 119 


N° 1021. Flanc nord-est du Koswinsky, près de la limite de la végétation. 


C’est également une forme de passage aux pyroxénites ordinaires. Le diallage 
est en grands cristaux, il prédomine de beaucoup sur l'olivine, Il n'y a pas de horn- 
blende, la magnétite est rare, elle ne forme plus de plages sidéronitiques, mais par 
contre, des grains disséminés. La structure est grenue, les éléments sont idiomorphes. 


N° 103$. Koswite à l'extrémité du premier prolongement de l’éperon, près du 
contact avec la dunite. 

C’est une véritable pyroxénite à olivine avec diallage peu abondant, olivine 
rare et magnétite encore plus rare. Les éléments sont idiomorphes et la structure 
est grenue. Les phénomènes dynamiques sont intenses, les minéraux constitutifs sont 
broyés et tordus, le diallage est ployé, l’olivine réduite en une brèche esquilleuse, 
l'échantillon ne renferme pas de hornblende. 


N° 1040. Flanc nord du Koswinsky. 


C’est une forme de passage aux pyroxénites ordinaires: la roche renferme 
beaucoup de diallage s’éteignant entre 41° et 44°, peu d’olivine en voie de rubé- 
faction et d'altération secondaire, pas de magnétite ni de hornblende, La structure 
est grenue, les éléments idiomorphes. 


$ 6. Composition chimique de la koswite et formule magmatique. 


Les analyses suivantes ont été faites sur un certain nombre d'échantillons qui 
représentent les principaux types de la koswite. 


N° 2. N°7. N° 10. N° 98. N°31. 
SiOz 41.44 40,15 49,35 43,30 43,20 
Fe:03 10,46 12,24 — 6,20 4,80 
ne PES un 2,68 ! 4,89 ! 4,50! 
Cr2Os 0,57 0,58 \ \ A 
Fe0 9,93 10,87 Tor 11.66 15,52 
Mn0O 0,05 — = = — 
Ca0 19,53 1626 20,36 19,70 19.88 
Mg0 13,36 15,01 20,00 16,68 13,92 
Perte au feu 0,22 0,40 0,60 0,15 0,23 

101,36 101.11 100,36 102,58 100,05 


(63) 


120 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


N° 2 et 7. Koswite typique à plages sidéronitiques uniformément réparties. 

N°98 et 31. Koswite déjà plus pauvre en plages sidéronitiques. 

N° 10. Passage de la koswite à la pyroxénite: il n'existe pas de plages sidéro- 
nitiques. 

Les analyses qui précèdent sont éminemment suggestives, elles montrent clai- 
rement lindividualité pétrographique de la koswite, caractérisée à la fois par 
l'abondance des oxydes ferriques et ferreux, puis par la teneur élevée en chaux 
qui prédomine toujours sur la magnésie, et qui traduit ainsi le caractère essentiel- 
lement pyroxénique de la koswite. Il est done mcontestable que cette roche est une 
véritable pyroxénite et non pas une péridotite, elle s'éloigne donc par sa composition 
des Harzburgites, Kimberlites, Wehrlites, Lherzolites, etc., comme on peut le voir 
dans le tableau suivant : 


I Il III IV V 
SiO, 40,15 48,95 41,43 55,52 43,87 
ABOs 4,60 5,69 0,04 1 1bz 1,64 
Cr2O5 0,58 0,05 0,76 0,42 0,44 
Fez0s 12,24 1,20 DO 6,12 8,96 
FeO 10,87 12,11 6,25 es 2,60 
Mn0O = 0,08 — = 0,19 
Ca0 17.26 2190 0,99 2,29 6,29 
Mg0O 15,01 23,49 43,74 35,85 27,39 
Perte au feu 0,40 0,18 441 8,12 


1. Koswite typique du Koswinsky. 


2, Wehrlite red bluff Montana. In: Rosenbusch, Elemente der Gesteinslehre 
(l'échantillon renferme encore 0,81 TiOz:, 1,58 NaO, 0,79 K20, 0,12 P205, 0,16 
NiO). 

3. Harzburgite Douglas Orégon, loc. cit. (il renferme en outre 0,10 CO). 


4. Lherzolithe Locana Piémont loc. cit. 


». Lherzolithe Johnny Cake Road. Baltimore loc. cit. (l'échantillon renferme 
en plus 0,12 TiOz, 0,50 NazO), 


La richesse en chaux des pyroxènes, et leur pauvreté relative en alumine, res- 
sort nettement des différentes analyses de la koswite, principalement de celle du 
n° 10 qui ne renferme pas de magnétite, qui est relativement pauvre en olivine, et qui 
représente la composition du magma d’où dériverait la koswite par simple adjonc- 


(64) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 121 


tion de fer oxydulé libre dans la roche. Il est à remarquer que la koswite propre- 
ment dite est plus alumineuse que la pyroxénite à laquelle elle passe graduellement. 
Pour calculer la formule magmatique de la koswite, nous avons pris la 


moyenne des analyses des N° 2 et 7 qui sont les spécimens les plus typiques de cette 


roche. 
Moyenne ramené à 100 parties. Quotients. 
S102 Æ 40,45 0,673 
FezOs — 1225 0,070 
AkO: = D 10 0,050 — 0,123 R:0; 
Cr205 — 0,57 0,003 
FeO — 10,31 0,143 
Cao —= 18,23 0,325 0,819 RO 
Me0 — 14,06 0,351 
100,00 


Coefhicient d’acidité 4 — 1,12 

Formule magmatique : 5,4 SiOz : R2O5 : 6,7 RO. 

Cette formule s’écarte sensiblement de celle assignée par M. Lœæwinson-Les- 
sing aux pyroxénites en général qui, d’après lui, répondent à: 29,6 SiOz : R2O : 
29,6 RO, avec un coefficient d’acidité « — 1,83. L'écart observé provient sans aucun 
doute de la forte proportion des oxydes R203 contenus dans la koswite, due à la 
présence de la magnétite libre, ce qui entraine nécessairement comme conséquence 
un abaissement correspondant de la silice et des oxydes RO, 

En effet, en calculant tout le Fez0s comme magnétite, on trouve que dans la 
koswite ordinaire ce minéral forme environ le 16,33 Ye En défalquant cette magné- 
tite de la composition centésimale indiquée ci-dessus, et en calculant le restant sur 
100 parties, on obtient alors la composition suivante : 


102 — 48,32 
AO MENU 
Cr20s — 0,67 
RE (PT 
CaO = "21:79 
MgO — 16,80 

100,00 

(63) 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE VOL. 84 (1902). 16 


1292 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


de fu 


Cette composition se rapproche très sensiblement de celle donnée par Panalyse 
du N° 10, elle représente done bien le magma de la pyroxénite à laquelle passe la 
koswite par régression de la magnétite, Sans doute la proportion d'alumine est plus 
forte dans la moyenne ci-dessus que dans le numéro en question, mais il est probable 
que la présence de magnétite libre, entraine comme conséquence une teneur en alu- 
mine plus élevée pour le pyroxène. Un argument en faveur de cette manière de voir 
est donné par l'examen des valeurs des indices de réfraction des différents pyro- 
xènes de Ja koswite ; on trouve une différence systématique entre les indices mesurés 
sur les pyroxènes des variétés à structure sidéronitique, et ceux des variétés où la 
magnétite fait défaut. 

Si on calcule la formule magmatique qui correspond à l'analyse du n° 10, on 
obtient les résultats suivants : 31,4 SiOz : R2Os : 40,9 RO. 

Cette formule, comme on le voit, se rapproche alors beaucoup plus de celle assi- 
gnée par M. Lœvinson-Lessing aux pyroxénites typiques, mais la basicité est 
cependant plus grande. On remarquera également que dans la koswite, le rapport 
moléculaire CaO : Me0 est sensiblement égal à l'unité; ce rapport tombe à 0,7 dans 
les variétés qui passent à la pyroxénite. 


S 7. Place de la kosiite dans la classification pétrographique et considérations 


générales relatives à cette roche. 


Il résulte clairement de ce qui vient d'être exposé, que si la koswite au double 
point de vue minéralogique et géologique à une parenté mcontestable avec les pyro- 
xénites, elle n’en forme pas moins une espèce absolument nouvelle, caractérisée 
aussi bien par sa structure si particulière, que par sa composition magmatique. En 
effet, si la structure grenue à individus idiomorphes des roches basiques abyssales, 
est dans une certaine mesure comparable à celle correspondante des roches acides, 
il n'en est pas moins vrai que la structure granitoïde si importante et si étendue 
chez ces dernières, n’a pas encore été rencontrée jusqu'ici dans la série basique, 
La koswite, à cet égard, vient donc combler une lacune; elle représente trait pour 
trait, au point de vue de la structure, l'équivalent du granit dans la série basique, à 
cette différence près, toutefois, que le quartz qui, dans le granit, cimente les miné- 
raux constitutifs, représente dans ce dernier l'élément hyperacide ; tandis que, dans 
la koswite, c'est la magnétite, élément hyperbasique, qui joue le même rôle, Dans les 
deux cas, le quartz, comme la magnétite, représentent un excédent d'acide ou de 
base, restés libres après saturation complète des éléments qui entrent dans la com- 
position chimique des minéraux constitutifs de la roche, La structure granitoïde 
prend dès lors une généralité beaucoup plus grande, et si on la définit comme résul- 


(66) 


L 
| 
| 
l 
4 
l 
| 
è 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 123 


tant de la présence d’un minéral cimentant les autres consolidés avant lui, elle cesse 
d'être liée à une forme particulière du quartz libre dans une roche acide, et n’est 
plus l'apanage exclusif de celle-ci, puisque nous voyons la magnétite se comporter 
de même. Il y a donc un parallélisme complet entre les deux séries basiques et acides 
des roches de profondeur, au point de vue des structures qu'elles réalisent. Quant à 
l'origine génétique de cette structure, il n’est nullement prouvé qu’elle soit la méme 
pour les deux séries. Pour les roches acides, les points de fusion des divers minéraux 
constitutifs tels qu'ils ont été établis par M. Albert Brun! dans son récent et remar- 
quable travail, montrent évidemment que le facteur température n’a joué qu'un 
petit rôle dans la cristallisation des éléments de la roche; ainsi pour le granit, 
l'ordre de consolidation habituel est le suivant : apatite et zircon, mica noir, plagio- 
clases, orthose et quartz, ce dernier faisant ciment. Or, les points de fusion de ces 
divers minéraux ne concordent pas du tout avec l’ordre de consolidation observé, 
comme on peut le voir dans le tableau qui suit : 


Minéraux. Températures de fusion. 
Apatite 1550 
Oligoclase 1260 
Orthose 1270° à 1300 
Quartz 1780 


Le quartz, comme on le voit, devrait se consolider bien avant l’orthose et les 
plagioclases, or, c'est l'inverse qui se présente. Il est donc évident que la cristallisa- 
tion à été due à la présence d'un autre facteur, et M. Albert Brun a montré par une 
expérience directe, comment on pouvait réaliser la cristallisation des roches acides, 
et le role que jouait l'eau dans cette cristallisation. 

Pour la koswite, comme d'ailleurs pour les autres roches basiques, il est beau- 
coup plus difiicile de se prononcer, car les points de fusion des minéraux constitutifs 
s’échelonnent à peu près dans l'ordre observé pour leur consolidation; nous avons 
vu en effet que dans la koswite, l’olivine précédait généralement le pyroxène, et que 
celui-ci était à son tour antérieur à la magnétite: or, les points de fusion donnés 
par M. Brun pour ces divers minéraux sont les suivants : 


Minéraux. Températures de fusion. 
Olivne 1750 
Pyroxènes POSE Pr(0) 
Maenétite 1260 
Hornblende 1060 


! Archives des sciences physiques et naturelles, vor. XI, p. 352. 


(67) 


194 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


Sans doute la présence de la structure grenue implique en elle-même celle 


d'un élément minéralisateur ayant favorisé la cristallisation; mais étant donné ce 


qui vient d’être dit, il est difficile sinon impossible de préciser la mesure dans laquelle 


l'action du facteur température est comparable dans la genèse de la consolidation 


des roches acides et des roches basique-abyssales: 11 semblerait cependant que 


pour ces dernières, d'après les indications fournies par les points de fusion et l’exa- 


men de l’ordre de consolidation, le facteur température a dû jouer un role plus 


important que pour les premières, 


NI 
> 


CHAPITRE VII 


DESCRIPTION DES ROCHES DU KOSWINSKY. 


LES ROCHES FILONNIENNES DANS LA KOSWITE. 


Généralités sur la formation filonnienne. — K 2. Les dunites sidéronitiques, minéraux Consti- 
tutifs, structure. — $ 3. Monographie des dunites étudiées. — $ #. Composition chimique et 
formule magmatique. — K 5. Les diorites-aplites et les plagiaplites, minéraux constitutifs, 
structure. — $ 6. Monographie des types étudiés. — K 7. Composition chimique des diorites- 
aplites et des plagiaplites. — K 8. Les diorites filonniennes anorthiques. — $ 9. Similitude de 


la formation filonnienne dans la Koswite et le granit. 


$ 1. Généralités sur la formation filonnienne. 


Comme nous l'avons indiqué dans la partie géologique de ce travail, la koswite 


du Koswinsky est traversée en plusieurs points par une double venue filonnienne 


qui est, l’une, essentiellement basique, l’autre, acidé et principalement feldspa- 
thique. Rarement, il est vrai, vu l’aspect du terrain, on peut trouver des filons 
encaissés dans la koswite en place, cependant la nature filonnienne de ces roches 
ne saurait être mise en doute, Le terme basique est de beaucoup le plus répandu, 


(65) 


| 
| 
4 
L 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L OURAL 125 


il n’est représenté que par des dunites filonniennes qui offrent deux types différents, 
lesquels se distinguent aussi bien par leur aspect sur le terrain, que sous le micros- 
cope et à l’analyse chimique. Le premier, le plus commun, est représenté par des 
roches vertes toujours plus où moins serpentineuses, profondément altérées et 
recouvertes de leur croûte de décomposition jaunatre: ces dunites ne montrent 
aucune différence avec les mêmes roches massives dont nous reparlerons plus loin, 
nous les décrirons par conséquent dans le chapitre qui leur sera consacré. Le 
second, plus rare, est formé par des roches grenues, dun vert olive ou encore plus 
ou moins noiratre; elles ne S’altérent jamais aussi profondément et ne subissent 
qu'une rubéfaction superficielle. Elles sont aussi plus denses que les précédentes, et 
ne serpentinisent pas de la même facon. C’est exclusivement de ces roches dont il 
sera question dans le paragraphe qui va suivre. 

Le terme plus acide est représenté par des roches aplitiques d’un type spécial, 
qui feront l’objet d’une étude détaillée, 


S 2. Les dunites sidéronitiques, minéraux constitutifs, structure. 


Ces roches de couleur toujours foncées, sont en général finement grenues. A 
l'œil nu, elles paraissent exceptionnellement riches et magnétite, cet élément est 
associé aux petits grains d'olivine d’une façon qui parait très régulière, il semble 
assez uniformément réparti dans la masse. Souvent ces roches paraissent présenter 
une certaine schistosité, et se débitent en plaquettes. Sous le microscope. les éléments 
constitutifs de ces dunites sont: l’olivine, la magnétite, les spinelles chromiferes, et 
accidentellement le pyroxène. 

OLIVINE 

C’est de beaucoup le minéral prépondérant, il se présente en grains idio- 
morphes à contours généralement arrondis, munis de leurs craquelures caractéris- 
tiques. Sur plusieurs de ces grains, on observe le clivage g'— (010) assez discon- 
tinu. En lumière naturelle, cette olivine est absolument incolore et hyaline. Les 
indices mesurés directement ont donné les résultats suivants : 


Tableau des indices de l’Olivine de la dunite sidéronitique, pour la raie D. 


= 7e ] 3 p 
Numéro Orientation 


| 
de la coupe. de la section. Mg Fm Mo | Ney LRU | np | 
| | 
20 Sly 1,.7089 | 1,6899 | 1.6720 | 0,0369 | 0,0190 | 00179 | 


| 1,7090 | 
| | 


(69) 


126 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


La birétfrmgence maxima #2-%, mesurée directement au comparateur, à été 
trouvée de 0,034. Le signe optique est positif, l’angle des axes optiques 2V calculé 
pour la lumière jaune d’après les indices a été trouvé de 88”, la dispersion < Y. 

D'habitude, lorsque l'olivine est à l’état frais, elle ne renferme pas d'inclusion 
à l'exception cependant de quelques petits grains opaques d’un minéral ferrugineux 


toujours très rare, qui est probablement du fer chromé. 


PYROXÈNE 
Il est accidentel, on en trouve une ou deux sections seulement par préparation, 
parfois méme il manque complètement. Il est très légèrement verdâtre et parait 


répondre entièrement par ses caractères à celui de la koswite, 


HORNBLENDE 
Elle est également rare, moins cependant que le pyroxène, et toujours liée à la 
magnétite qu'elle circonscrit:; ses caractères optiques sont identiques à ceux du 
méme minéral de la koswite. 
MAGNETITE 
Elle forme de belles et grandes plages 
sidéronitiques moulant les grains d’oli- 
vine, Dans certaines variétés elle est 
exceptionnellement abondante, la struc- 
ture de la roche rappelle alors absolu- 
ment celle de certaines météorites. Ces 
plages sidéronitiques renferment sou- 
vent des grains de spinelle chromifère 
d’un beau vert foncé, il est à remarquer 
que lorsqu'elles sont bordées par la 
hornblende, c'est toujours dans le voi- 


sinage immédiat de la koswite. 


ALTÉRATIONS SECONDAIRES 


Dunite sidéronitique. Coupe n° 6. Chambre claire. 


< é Les phénomènes altération con- 
Lumière naturelle, Grossissement = 13 diam, O — 


olivine. La coupe montre les plages sidéronitiques de Sistent en une légère serpentinisation 
psnentem on tn: le long des cassures curvilignes, qui à 
comme conséquence la formation d'une antigorite d’un beau jaune, avec séparation 
de magnétite secondaire sous forme d’une série de petits grains opaques, qui 
viennent ainsi souligner les cassures du péridot et y dessiner de véritables petits 
réseaux ferrugineux, Ces roches n’accusent pas des phénomènes dynamiques in- 
tenses, elles sont relativement d’une très grande fraicheur. 


(70) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 127 


S 3. Monographie des dunites étudiées. 


N° 6. Près du quatrième puits en descendant. 


Roche noirätre, finement grenue. Sous le microscope elle est presque entie- 
rement formée par de l’olivine avec les caractères habituels. Beaucoup de magnétite 
en plages sidéronitiques, avec quelques grains de spinelle. Très peu de hornblende 
brune entourant certaines plages de magnétite. Quelques cassures serpentineuses 
soulignées par de l’oxyde de fer. 


N° 9, Flanc sud du Koswinsky, à la cote 1080 m. 

Roche légèrement schisteuse, plus verdätre que la précédente. Elle est entie- 
rement formée d'olivine grenue, dont les cristaux idiomorphes se touchent directe- 
ment. Les plages sidéronitiques sont rares et petites, bien que toujours caracté- 
ristiques. Un peu de hornblende sous sa forme habituelle, pas de spinelles chromifères, 


N° 26. Flanc sud-ouest du Koswinsky. 


L'olivine forme de beaucoup l'élément prépondérant, les cristaux sont réunis 
par quelques superbes plages sidéronitiques de magnétite avec spinelles chromi- 
fères:; la coupe renferme un ou deux cristaux de pyroxène. 


N° 20. En descendant du sommet, au flanc nord-ouest, point coté 1380 m. 

Cet échantillon est en tous points identique au N° 9. La magnétite y devient 
très rare, sans toutefois quitter sa forme sidéronitique. 

N° 27, Dunite, flanc sud-ouest du Koswinsky. 


Cette roche grenue, d’un beau vert foncé, est presque entièrement formée 
d’olivine en grains idiomorphes directement pressés les uns contre les autres: 
quelques cristaux de diallage avec les caractères habituels. Magnétite rare, en 
petites plages faisant localement ciment. La roche est serpentinisée sur les cassures. 
L'antigorite formée est d’un beau jaune d’or. 


S 4. Composition chimique et formule magmatique. 


Dans l'analyse qui suit. le chrome n'a pas été séparé de l’alumine, il prédo- 
minait cependant de beaucoup dans le mélange des deux oxydes. 


(71) 


128 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


Analyse du n° 26. 


SiO2 0091104 
L'ezO: 15,63 
CRE 1,37 

AbOs | Û 
FeO 14,25 
Mn0 — traces 
Ca0 0,91 
Me0 —05210 
Perte au feu —  .2,49 
99,59 


Si l’on calcule tout l’oxyde ferrique en magnétite, on trouve que ce minéral 
forme le 23,9 0 de la roche, et si l’on défalque cette magnétite et ramène le res- 
tant à 100 parties, on arrive aux chiffres suivants : 


SiOz 0 NT 
Cr2Os | A 179 

AbOs | ? 
Ca0 (22110) 
FeO = 8,60 
Me0 43,41 
Perte au feu — 3,26 
100, 


Cette composition se rapproche beaucoup, comme nous le verrons, de celle 
des dunites massives dont il sera question plus loin. 

La dunite sidéronitique représente donc un des types les plus basiques connus, 
sa formule magmatique se déduit des opérations suivantes : 


Composition centésimale, Quotients. 
SiOz 32,19 0,546 
Cr20s AL AT = OO OO s 
FezOs 16,09 - 0,105) De 
Fe0 14,68 — 0,203 
CaO NO 0016 | 10,71 RO 
Me0 — 0108000852 \ 
100,2 
Coefficient d'acidité x — 0,79. 


Formule magmatique — 5,4 SiO : 1,1 R20Os 10,7 RO. 


(72) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 129 


S 5. Les diorites-aplites et les plagiaplites, minéraux constitutifs, structure. 


Nous donnerons le nom de diorites-aplites à des roches filonniennes holocris- 
tallines, à structure panidiomorphe grenue, de type toujours leucocrate, qui sont 
formées par la réunion d'un plagioclase prédomimant, avec une hornblende assez 
rare et disséminée, Ces roches qui peuvent présenter parfois un excès de quartz 
libre, passent par la disparition presque complète de l’élément noir, à des types 
formés exclusivement d'un plagioclase grenu avec ou sans quartz, pour lesquels 
nous avons proposé le nom de plagiaplites. 

Sur le terrain, ces deux roches se présentent sous des aspects un peu différents : 
les diorites-aplites sont toujours à grain fin, de couleur claire, très feldspathiques, 
l'élément noir y est de petite taille, rare, et très uniformément réparti. Certains 
spécimens cependant, présentent des « schlieren > basiques très localisés, qui rap- 
pellent absolument certains amas d’amphibole rencontrés dans les filons de granu- 
lite qui traversent les amphibolites du Mont-Blanc en les résorbant incomplète- 
ment. Les plagiaplites sont des roches saccharoïdes à grain généralement plus 
grossier que les précédentes: elles sont toujours dépourvues de « schlieren > basiques, 
et ne renferment que quelques petits cristaux de hornblende, ce minéral peut même 
manquer complètement. Les plagiaplites restent étroitement liées aux diorites- 
aplites, mais l'absence ou la grande rareté de élément noir, de même que la compo- 
sition centésimale de ces roches, nécessitaient pour elles une appellation nouvelle. 

Les minéraux constitutifs des diorites-aplites et des plagiaplites sont : la 
hornblende, les plagioclases, le quartz, puis accessoirement le mica noir où blanc, 
le sphène et le zircon: les minéraux secondaires sont : le kaolin, la chlorite, la zoï- 
site, l’épidote et la calcite. 

HORNBLENDE 

Ce minéral, qu'il soit rare ou abondant, présente des caractères très uniformes. 
Il se rencontre en prismes courts, généralement peu colorés, sans contours géomé- 
triques, avec les clivages m—(110); rarement il existe des mâcles selon h!— (100); 
sur g'— (010), », s'éteint à 21°, la bissectrice aiguë —»,, la biréfringence maxima 


Ny — Np — 0,023 (compensateur). Le polychroïsme donne », — vert assez pâle, 
Vm = Vert brunâtre, #, —Jaunâtre, presque incolore. On observe fréquemment que 
le centre des cristaux est plus coloré que la périphérie, la bordure est dans ce cas 
légèrement plus biréfringente. Dans la hornblende on rencontre encore, mais rare- 
ment, quelques inclusions de magnétite, puis il existe parfois des petits grains 
noirs absolument analogues à ceux que l’on trouve à l'intérieur du diallage. 

13) 


MÉM, SOC, PHYS. ET HIST, NAT, DE GENÈVE, VOL. 84 (1902). 17 


130 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


PLAGIOCLASES 

[ls sont dans la règle très fortement kaolinisés, souvent indéterminables. Ils 
présentent un allongement selon pg'— (001) (010), sont maclés selon lalbite, plus 
rarement selon la loi de Karlsbad ou encore celle de Ia péricline. Les cristaux sont 
zonés, on distingue d'habitude deux ou trois zones au plus. En thèse générale le 
noyau est toujours plus basique que la périphérie, on y rencontre le labrador 
Ab: Am ou encore landésine basique Ab: Ans, la bordure est formée par 
des termes compris entre Ab et l’oligoclase acide Ab4Am, la zone intermédiaire 
enfin est fréquemment de loligoclase normal. On ne rencontre jamais d’orthose. 

QUARTZ 

Il est quantitativement assez variable et peut même manquer complètement. Il 
se distribue entre les cristaux de feldspath, et forme des petites plages isolées, d’as- 
pect pegmatoiïde. 

MINÉRAUX ACCESSOIRES 

Les minéraux qui viennent ensuite sont généralement rares et né jouent qu'un 
rôle très secondaire, Le sphène n'a été rencontré que dans une seule préparation, 
il en est de même du zircon. Le mica noir est très rare également, une ou deux 
sections seulement ont été vues dans les types étudiés ; le minéral est d'ailleurs tou- 
Jours complètement chloritisé: quant 
au mica blanc, il parait plus fréquent, 
mais on n'en rencontre qu'une où 
deux lamelles par préparation. 


MINÉRAUX SECONDAIRES 

Parmi les minéraux secondaires, 
l’épidote est le plus répandu, On en 
trouve presque toujours un où deux 
grains qui sont de couleur jaunatre 
en lumière naturelle, et qui parfois 
affectent la disposition en petites 
plages allotriomorphes. D’autres fois 


Cp rence sn à l’At: ina in 
Plagiaflité Coupe ne 1027 Ohhmbre claire Grotte, elle se rencontre à l’état d’inclusion 


ment = 13 diam. À — amphibole. f — Feldspath. à l’intérieur des feldspaths. L’épi- 
NÉESk Von dote est presque toujours associée 
à la zoïsite, ces deux minéraux dessinent souvent un véritable squelette à l’intérieur 
de certains plagioclases. 

La chlorite se rencontre également dans ces roches, elle est peu colorée et à 


(74) 


CP CV NT UT OI 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 13 


peine polychroïque, elle semble épigéniser toujours un mica préexistant. Qnant au 
kaolin, il est très répandu et remplit Pintérieur des feldspaths qui perdent ainsi toute 
trace de lamelles hémitropes. On remarque fréquemment dans une même préparation 
des plagioclases qui sont entièrement kaolinisés, et d'autres qui restent d'une re- 
marquable fraicheur. Souvent aussi le centre kaolinisé est chargé d’épidote, tandis 
que la bordure est absolument fraiche et parfaitement déterminable, ce qui pro- 
vient sans doute d'une différence primordiale dans la composition, le centre ayant 
été plus riche en chaux et par conséquent plus facilement altéré. 


STRUCTURE 
La structure de ces roches est parfaitement grenue, parfois même miarolithique. 
Les divers éléments sont idiomorphes, et les cristaux feldspathiques pénètrent dans 
les vides remplis 161 par du quartz, qui, par suite de ce phénomene, prend des formes 
pegmatoïdes. Le quartz peut d’ailleurs manquer totalement, dans ce cas les feld- 
spaths se touchent alors directement par leurs contours. Les différents échantillons 
examinés ne présentaient pas de traces de phénomènes dynamiques. 


S 6. Monographie des types étudiés. 


N° 1024. Eboulis au-dessus du col séparant le Koswinsky de Péperon. 


Roche blanche, saccharoïde, à grain moyen, paraissant entièrement feldspa- 
thique. A l'œil nu, quelques rares et petites ponctuations d’élément noir: sous le 
microscope, la roche est presque entièrement composée de plagioclases, on y ren- 
contre en effet deux petites sections de biotite entièrement chloritisée, quelques 
lamelles de mica blanc, puis un cristal de hornblende. Les plagioclases sont en 
partie kaolinisés avec quelques lamelles de damourite secondaire. 

1° Section Sn, maclée selon Ab, 1 = Sn. 

| Extinction sur 1 — 25 } 
l > RESTE 
2° Section perpendiculaire à g'—(010), zonée, maclée selon Ab, E = 32 


43% An, voisin de landésine (de M. Fouqué). 


Extinction de a —— 23 ‘/2 en sens inverse de E.— 40° 0 An, andésine (Fouqué). 
Extinction de b— 4!  . E. — 20% An, voisin de Ab4 An:. 
Extinction de ce = 4°": dans le sens de  E. — 10% An, voisin de l'olico- 


clase albite (Fouqué); a, est perpendiculaire à la bissectrice 5. 

| 3° Section maclée selon Ab et K. 

Extinction sur 1 — + 18° sur 2 — 5°} 
l'——13 DER 0\ 


(75) 


Andésine Ab; Ans. 


1:32 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


La bordure au contact d’un quartz, à donné 9! > 0 9° < O — oligoclase de 
silice. 

4 Section maclée selon Ab et K, perpendiculaire à g' — (010). 

{ Extinction sur 11° — 0° 1 0° 
: , : Labrador Ab: Am. 
| DR EU 

Les feldspaths sont surchargés de kaolin et renferment quelques grains d'épi- 
dote. Quartz assez abondant, en petites plages cunéiformes remplissant les inter- 
stices laissés vides entre les cristaux de plagioclase. 

N° 1025. Plagiaplite même localité. 

Cette roche est absolument identique au numéro précédent, sous le microscope on 
observe une seule petite section de hornblende d’un vert très pale, puis une ou deux 
petites lamelles de mica blanc. Les plagioclases sont assez frais. 

1° Section maclée selon Ab et K perpendiculaire à g' — (010). 

Extinction sur 11° DE TL NY w 
; 2 — Andésine Ab: Ans. 

DL O 2 A CO 


29 Section g'! — (010) zonée E = 37°. 

Extinction sur à — — 5°. — 36° An, Andésine Ab5 Am. 

b — 0°. — 30° An, Entre Abs Am et Abs Ans. 

3° Section mâäclée selon Ab perpendiculaire à g' — (010), zonée, E — 36°. 

Extinction sur a, Sn, — 20° en sens inverse de E. — 38 °/o An, voisin de 

l'andésine (Fouqué.) 
b AilE » » _.» E. — 34 °% An, Andésine 
Abs Ans. 
Quartz faisant ciment entre les plagioclases. Un peu d’épidote secondaire, 
N° 1026. Plagiaplite, même provenance. 

Roche blanche, très semblable aux précédentes. Sous le microscope, pas d'élé- 
ment noir à l’exception d'une seule section de hornblende. Un grain de sphène et un 
de zircon. Feldspath très abondant, 

1° Section g' — (010). 

Extinction de n», à — 7°. — 37 


” 

% An, Andésine voisin de Ab; Ans. 

2° Section zonée maclée selon Ab, perpendiculaire à gt — (010). E — 20°, 

Extinction sur a — 7° en sens mverse de E, — 30 à 40 °/ An, voisin de Ab5 Ans. 
EN) » > de E.— 10 à 20 % An, Oligoclase. 

3° Section zonée maclée selon Ab, E — 41 


Extinction sur a 14° en sens inverse — 30 à 50 °/o An. 
b 5 ; > — 10 à 20 ‘o An. 


(76) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 1939 


4° Section g! — (010). 
Extinction de #5 = 10°.— 42% de An — Andésine (Fouqué). Peu de quartz 
sous la forme habituelle, un peu de chlorite, puis de lépidote et de la zoïsite. 


N° 1027, Plagiaplite même localité. 


Absolument identique au numéro précédent, mais plus pauvre en quartz; les 
feldspaths sont complètement kaolinisés et indéterminables. 


N° 102$. Diorite-aplite même localité. 


Roche leucocrate, à grain fin, pauvre en éléments noirs uniformément distri- 
bués dans la masse. Au microscope, la hornblende présente quelques rares sections 
peu colorées à caractères optiques ordinaires, les plagioclases complètement kaol- 
nisés sont indéterminables. Le quartz est rare et forme quelques petites plages qui 
relient les feldspaths. 


N°16. Diorite-aplite, Hanc sud-est du Koswinsky. 


Cette roche représente un fragment d’une trainée mélanocrate, qui, sous le 
microscope, semble formée en parties presque égales de hornblende et de feldspath. 
La hornblende est toujours peu colorée et garde les mêmes caractères optiques, son 
extinction est de 21, sa biréfringence #,-n, — 0,025, bissectrice aiguë y, poly- 
chroïsme — », vert pale, », presque incolore. Les feldspaths sont indétermina- 
bles et remplacés par des plages polarisant en agrégats, formées par du kaolin et 
quelques paillettes de damourite, I n'existe pas de quartz à l'état libre, la structure 
est grenue. 


N° 17. Ce numéro est un fragment de la roche leucocrate dans laquelle se 
trouvait le N° 16. Elle est très feldspathique, et composée des mêmes éléments ; 
le quartz y apparait sous la forme habituelle, Les plagiociases sont entièrement 
kaolimisés et indéterminables. 


N°18. Diorite-aplite, méme provenance. 


C’est une roche leucocrate, l'élément noir est de petite taille uniformément 
répartis dans la masse. Sous le microscope, on observe quelques sections de horn- 
blende avec les caractères habituels, elles renferment des inclusions de magnétite 
primaire. Les feldspaths sont entièrement kaolinisés; quelques lamelles encore 
visibles donnent pour les extinctions des chiffres qui se rapportent aux variétés imdi- 
quées précédemment. Quartz en plages cunéiformes qui ressoude les éléments. 


(T7) 


(2 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


19. Plagiaplite, même provenance. 


Cette roche à grain fin parait exclusivement feldspathique, elle ne renferme, 
en effet qu'un ou deux petits mouchetages d'élément noir. Les feldspaths y sont 
complètement kaolinisés et indéterminables. Le quartz, fort rare, ne constitue que 
quelques plages isolées entre les feldspaths. 


S 7. Composition chimique des diorites-aplites et des plagiaplites. 


Les analyses suivantes montrent là composition de ces différentes roches et 
leur analogie chimique. 


N° 18 Nosl N° 1024 N° 1028 
Si: 26,87 96,69 62,00 60,42 
AO: 25,62 25,59 22,71 23,38 
Fe203 0,57 0,85 0,22 
Ca0 9,55 8,22 {M 7,68 
M20 0,66 0,34 0,21 0,36 
K20 0,81 0,25 0,43 0,48 
Na20 6,18 6,62 6,70 6,93 
Perte au teu 1,79 2,38 1,38 1,81 
101,48 100,62 101,40 101,58 
N°18. — Diorite-aplite leucocrate. 
N°19. — Plagiaplite très pauvre en quartz et en élément noir. 
N° 1024, — Plagiaplite quartzifère. 
N° 1028. — Diorite-aplite leucocrate et quartzifère, très analogue aux 


numéros précédents. 


Les analyses de ces roches montrent lincontestable parenté qui lie les diorites- 
aplites avec les plagiaplites, c'est là évidemment l'expression d’un magma feld- 
spathique presque pur, qui, dans les diorites-aplites, devient légèrement plus basique 
par l'apparition de l'amphibole. En effet, les analyses des n°° 18 et 19 correspondent à 
de l’andésine presque pure, il en est de même des n°° 1024 et 1028 qui sont plus acides 
et rappellent déja mieux les oligoclases basiques. 1 n’est pas impossible d'ailleurs 
que la hornblende soit purement accidentelle dans ces roches, et que les filons aient 


(TS) 


| 
| 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 139 


été primitivement exclusivement feldspathiques, l'amphibole proviendrait alors d’un 
pyroxène pris au passage, et transformé subséquemment en amphibole. Pour calculer 
la formule magmatique de ces plagiaplites, nous avons pris la moyenne des quatre 
analyses ci-dessus : 


Moyenne raménée à 100 parties. Quotients. 
Sr 59,48 0.9913 
AbOs — 24,10 0,2562) 02403 RO 
FeOs — 0,66 DUDÉIR Pe erE 
CaUr— 8,21 0,1466 
; 2 0,155 RO 
Me0O — 0,39 0.00971 ee 
KO — 0,49 0,0052% | 198 R.0 A AR apr 
NxO — 6,67 TOTENM RE Ru) 
100,00 


Coefficient d'acidité & — 1,99. 
Rapport R:O : RO —1:1,38. 
Formule magmatique —: 4,12 SiO: : R2O: : 1,12 RO. 
Ce magma est, comme on peut le voir, assez particulier: celui dont il se rap- 
procherait le plus serait le magma trachy-andésitique répondant à la formule : 
4,46 SiOs : R:2Os . 1,4 RO avec > — 1,79 et R20 : RO — 1: 1.1. 


$S S. Les diorites filonniennes anorthiques. 


Sur le flanc sud du Koswinsky, nous avons rencontré parmi les blocs de koswite 
quelques menus débris d’une roche fort différente des précédentes qui, sans doute est 
filonnienne aussi, et présente une analogie frappante avec d’autres roches qui traver- 
sent la dunite massive et dont nous reparlerons ultérieurement. Ces roches sont méla- 
nocrates et paraissent très riches en hornblende, elles doivent exister en très petits 
filons, comme le laisse nenser leur rareté, ainsi que la petitesse des cailloux rencontrés. 
Sous le microscope, cette roche est formée de magnétite, de hornblende et de pla- 
gioclase basique. 

MAGNÉTITE 

Elle est très abondante, et se rencontre quelquefois à l'intérieur de la horn- 
blende, mais rarement. Elle forme plutôt de petites plages sidéronitiques reliant 
entre eux les cristaux d'amphibole. 


(79) 


136 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


HORNBLENDE 


Elle se présente en cristaux faiblement allongés selon la zone prismatique: les 


formes m =— (110) et g'— (010) sont reconnaissables; les clivages m — (110) sont 
toujours nets. Les mäcles selon h° — (100) sont nombreuses, simples ou multiples. 


Sur gt — (010) l'extinction se fait à 17° ‘2 de l'allongement positif (Oculaire Cal- 
deron) ; la bissectrice aiguë — »,, le polychroïsme est intense et donne #3 — brun 
verdâtre foncé, #m = brunâtre, 7, — jaunâtre très pâle. Les trois indices princi- 
paux ont été mesurés très exactement, les valeurs suivantes ont été trouvées : 


Tableau des indices de la hornblende pour la raie D. 


A 


Numéro Orientation | | | | [ (5 
de la coupe. de la section. le | in Np | Ney | Neon | Min-/p 
| | 
14 Sn 1,6806 | 1,6701 | 1,6593 | 0,0215 |0,0105 


0,0110 | 


1,6590 | | 


La valeur calculée de l'angle des axes optiques 2V pour la lumière jaune — 89°; 
une détermination directe faite au réticule a donné un angle voisin de 90°. Cette 
hornblende est donc très particulière, elle se distingue de la hornblende ordinaire 
par la valeur de ses indices qui est plus élevée, tandis que la biréfringence est plus 
faible, la valeur de 2V est surtout très caractéristique. Nous considérons cette 
variété d'amphibole comme nouvelle et distinctes de celles connues jusqu'ici. 


PLAGIOCLASES 


Is sont toujours fortement altérés et sillonnés par un réseau de craquelures qui 
ont servi de point de départ à la décomposition. Celle-ci a donné naissance à du kao- 
lin, en laissant des noyaux feldspathiques encore déterminables. Sur les individus 
mäclés selon l'albite, on à mesuré dans la zone de symétrie des angles oscillant entre 
29° et36 ; la section qui donnait le maximum était voisine de la biréfringence maxima, 
elle ne présentait point de bissectrice en lumière convergente. On peut en conclure 
par là à l'existence d'un labrador-bytownite, où d’une anorthite. 


STRUCTURE 


La structure de ces roches est toujours grenue, le feldspath cristallise 
dans les interstices du réseau formé par l'enchevétrement des cristaux de horn- 
blende,. 


(80) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L OURAL 137 


S 9. Similitude de la formation filonnienne dans la koswite et le granit. 


Il est intéressant de constater au Koswinsky l'existence simultanée d’une dou- 
ble formation filonnienne représentée par des roches aussi différentes. Les dunites 
filonniennes jouent évidemment par rapport à la koswite le rôle des aplites ordinai- 
res vis-à-vis du granit; les premières sont l’exagération basique du magma différen- 
cié en koswite, les secondes l’exagération acide du magma différencié en granit. Il y 
a donc une analogie de plus entre les roches basiques et acides de profondeur, et 
non seulement la structure et le mode de gisement sont les mêmes, mais toutes deux 
sont encore accompagnées d'une venue filonnienne parfaitement comparable, avec 
cette différence toutefois que, dans le granit roche acide, le filon est en général plus 
acide que la roche encaissante, tandis que dans la koswite, roche basique, c'est lin- 
verse qui à lieu. 

Quant à la coexistence au Koswinsky de filons ultrabasiques comme les duni- 
tes, avec des filons feldspathiques relativement acides comme les plagiaplites, elle 
peut paraître singulière de prime abord; elle est cependant absolument comparable 
à ce que l’on observe dans les massifs granitiques, où à côté de filons aplitiques très 
acides, il existe des venues lamprophyriques toujours très basiques: il y à ici simple- 
ment inversion du phénomène. Cette présence de filons feldspathiques dans une roche 
aussi basique que la koswite, pourrait peut-être s'expliquer en admettant que la fixa- 
tion du feldspath, comme minéral constitutif associé aux éléments ferro-magnésiens, 
n'est possible que dans certaines conditions qui dépendent de la composition du magma. 
Si ce dernier ne réalise point cette composition, il y à pour ainsi dire incompatibi- 
lité, et séparation de l'élément feldspathique sous forme de filons distincts. 


(81) 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE. VOL. 84 (1902). 18 


138 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


CHAPITRE IX 


DESCRIPTION DES ROCHES DU KOSWINSKY. LES GABBROS A OLIVINE 
DU PHARKOWSKY ET DU MALINKY-OUWAL. 


S 1.Généralitéssurles gabbros, minéraux constitutifs, structure, altérationsetphénomènes dynamiques. 


— K 2. Monographie des types étudiés. — K 3. Composition chimique et formule magmatique. 
— S 4. Les pyroxénites, minéraux, structure, ete. — $ 5. Monographie des pyroxénites étudiées. 


S 1. Généralités sur les gabbros, minéraux constitutifs, structure, altérations et 


phénomènes dynamiques. 


Les gabbros à olivine qui forment le Pharkowsky et le Malinky-Ouwal, sont des 
roches foncées, de couleur noirâtre où verdâtre, toujours fortement mélanocrates 
bien que l'élément blanc y soit visible à Pœæil nu et très uniformément réparti. Le 
grain de ces roches est généralement fin, on ne rencontre pas de variétés dans les- 
quelles le diallage est aussi largement cristallisé que dans la koswite. L’olivine n’est 
d'habitude pas visible à l'œil nu, et indépendamment de leur feldspath, l'aspect de 
ces roches est bien différent de celui de la koswite. Les minéraux constitutifs de ces 
gabbros sont : l’apatite, l’olivine, les pyroxènes, le mica brun, la magnétite, puis les 
plagioclases. 

APATITE 

Elle est toujours rare et a été rencontrée seulement dans quelques-unes de ces ro- 
ches. Elle se présente en prismes allongés suivant l'axe principal, dont la dimension 
n'excède pas 0,3 à 0,4 de mm. 

OLIVINE 

Ce minéral joue un rôle très subordonné à celui du pyroxène, sa consolidation 
est antérieure à celle de ce dernier minéral qui la moule manifestement, et qui for- 
me avec elle des associations pæcilitiques dans lesquelles certains individus d’olivine 
conservent des profils reconnaissables. D’habitude l'olivine se rencontre en grains 
arrondis et craquelés, transparents et incolores. Elle renferme en inclusion, mais rare- 
ment, quelques grains opaques, et d'apparence octaédrique, d’un minéral ferrugineux. 
Rarement lolivine présente le clivage g'— (010), sa biréfringence maxima %-1p 


) 


9 


GS: 


me T 


L 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 1:39 


mesurée directement, a été trouvée de 0,036; l'angle 2V est grand, la bissectrice est 
positive — #4, la dispersion se fait dans le sens de 2 << Y. 


PYROXÈNES 


Ceux-ci forment de beaucoup l'élément principal, ils appartiennent à une série de 
variétés comprises entre le diopside et les diallages-augites. Les cristaux sont fré- 
quemment de dimension supérieure aux autres éléments qui, eux, sont isométriques : 
ils sont faiblement allongés selon Paxe vertical et ne présentent pas de contours 
déterminés. Les clivages m — (110) existent toujours, par contre les plans de sépa- 
ration selon h°— (100) font défaut. On observe parfois des macles selon p (001) 
simples ou formées de plusieurs individus. Les pyroxènes renferment fréquemment 
des inclusions lamellaires, de couleur brune, translucides, qui présentent la forme 
de petits parallélogrammes; ces lamelles S'orientent généralement selon deux direc- 
tions conjuguées, elles peuvent même se grouper dans l’intérieur des cristaux et des- 
siner alors certains profils qui manquent à l'extérieur du minéral. Au point de vue 
optique, les pyroxènes en lumière naturelle sont légèrement verdatres. Sur g1 (010) 
l'extinction varie entre 40° et 45°, les indices de réfraction ont été mesurés direc- 
tement sur plusieurs spécimens différents, les valeurs suivantes ont été trouvées : 


Tableau des indices de réfraction des nes pour la raie D. 


| Numéro de | Orientation de | ie SFA) | ss) 
| la coupe. | la section. | h | Jim Un NeNp | Nglm | Hn-Up 
| 122 | Slip | 1,7204 | | 1,7015 |1,6956/!0,0250 | 0,0191 | 0,0059 | 
| \L7 1188 La 1,6959| | 
| ‘Sn 11,7190 | 1,6993 | 1,6961 0,0229 | 0,0197 0,0032 
Slim | 1,7204 | 1,7002 |1, 6948 | 0,256 :0,0202 | 0,0054 


Le signe optique est positif, l’angle des axes 2V à été mesuré sur plusieurs 
spécimens, il varie, de même que les indices, ce qui confirme l’existence simultanée 
de plusieurs pyroxènes un peu différents: 


Numéros [Numéro de Méthode | 


à Angle 2V mesuré. Angle 2V calculé. | 
[nm employée. Ë | 
22 | \éticule, | 59.14 58°8 
€ | Er 
23 | = | _ 5° 
_. _ = - LOT RES RE —_ = ns _ 


! Les mesures sur cette section sont un peu moins bonnes que celles faites sur la section Snp, elles ont 
été faites seulement dans le but de vérifier si la section Sng qui à servi à mesurer 2V appartient à la même 
variété de pyroxène. 


(83) 


140 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


On observe une dispersion dans le sens de 9 > V. Certains de ces pyroxènes 


ont une structure zonaire ou encore affectent la disposition dite en sablier; ce dernier 


phénomène est très rare d’ailleurs. 
BIOTITE 


Ce minéral n'est jamais abondant, ilse rencontre cependant constamment dans 
les gabbros et y joue un rôle analogue à celui de la hornblende dans la koswite. 
Il est étroitement lié à la magnétite qui le borde et le frange toujours. Au point de 
vue optique, il est rigoureusement uniaxe négatif, l'extinction se fait parallèlement 
au clivage p — (001), la biréfringence »,-n, — 0,04, le polychroïsme est intense et 
donne », — rouge brun très foncé, #, = jaune brunâtre pâle. 


MAGNÉTITE 
Cet élément est beaucoup moins répandu que dans la koswite, il forme ici éga- 
lement des petites plages sidéronitiques qui relient les pyroxènes, et qui renfer- 
ment aussi quelques petits grains de spinelles chromifères. 
FELDSPATHS 
Les feldspaths sont très réduits dans les gabbros à olivine du Pharkowsky- 
Ouwal. Parfois ils sont complètement altérés et transformés en kaolin, d’autres fois 
ils sont très frais et bien détermi- 
nables. Ils sont maclés selon lal- 
bite Karlsbad, puis aussi selon la pé- 
ricline, dans ce dernier cas la mâcle 
v est simple et rarement combinée à 
LP celle de lalbite, De nombreuses dé- 
terminations faites sur des sections 
variées ont montré la présence de 
termes compris entre le labrador Ab: 
An et l’anortite An, mais les types 
les plus fréquents sont les labradors 
basiques ou la bytownite. 


STRUCTURE 


Gabbro à olivine. Coupe n° 44. Chambre claire, Le mode dagrégation des miné- 
pl ière nl relie, G " SSISS : > == 22 1: . { pu 1- > - :{ f 
SERBIE" Crosisement diam. O — 0 aux constitutifs le plus répandu est 
vine. P — pyroxène. Les feldspaths sont dessinés avec les é ; 
nicols croisés. La coupe montre la localisation du feld- le suivant : les éléments terromagné- 
spath dans les cryptes. : : : 

siens qui se touchent directement, ou 
sont reliés localement par des plages de magnétite sidéronitique, laissent entre eux 


des espèces de cryptes dans lesquelles le feldspath à cristallisé sous forme d’une 


(4) 


ds. 


RECHERCHES PÊTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL | 


_ 
=> 


masse plus finement grenue, voire même micro-grenue. Plus rarement, le feldspath 
est uniformément disséminé parmi les minéraux constitutifs; dans ce dernier cas 
il est souvent de plus petite taille et se présente alors en grains irréguliers: d'autres 
fois encore les éléments ferro-magnésiens réunis par plages sont disséminés dans 


une base feldspathique grenue, mais presque toujours complètement kaolinisée. 
PHÉNOMÈNES DYNAMIQUES ET ALTÉRATIONS SECONDAIRES 


Les phénomènes dynamiques sont très intenses sur certains spécimens, beau- 
coup moins sur d’autres, ce fait est d'autant plus curieux que la koswite est en 
général beaucoup moins maltraitée. Les gabbros sont fréquemment écrasés et trans- 
formés en brèche microscopique par écrasement de leurs minéraux constitutifs. 
Souvent les cristaux de pyroxène ou 
d'olivine sont entourés d’une véri- 
table auréole d’esquilles: puis les 
feldspaths sont tordus, leurs lamelles 
hémitropessont courbéesetsinueuses, 
et leurs extinctions deviennent telle- 
ment onduleuses qu'il est souvent im- 
possible d'en faire une détermination 
précise. Lorsque le dynamo-méta- 
morphisme va plus loin, lolivine est 
alors complètement broyée et trans- 
formée en une espèce de pate d'ap- 
parence micro-grenue, qui moule et 
enveloppe les cristaux de diallage 


Gabbro à olivine. Coupe n° 122. Lumière naturelle. 
fréquemment étirés suivant une di-  Grossissement — 22 diam. O — olivine. P — pyroxène. 
rection déterminée. L'aspect de ces Min mer ne manie nan 
variétés rappelle alors singulière- qui sont disséminés dans une masse feldspathique com- 
ment celui de certains gneiss glandu-  Ptement kaolinisée. 
laires dynamo-métamorphiques, où le quartz joue le méme rôle que Polivine dans 
les gabbros en question. Lorsque la compression est encore plus forte, le diallage 
méme est atteint, et les cristaux se subdivisent tout d'abord en plusieurs individus 
orientés optiquement d’une manière différente ; puis l'écrasement devenant complet, 
il est alors impossible de distinguer la structure primitive de la roche. 

Les altérations secondaires consistent principalement dans la kaolinisation 
complète des plagioclases, qui sont transformés en amas de substance opaque 
et grisätre. L’olivine est aussi fréquemment altérée soit par serpentinisation, soit 


(85) 


142 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


par rubéfaction ; dans le premier cas 11 y à séparation de produits ferrugineux sous 
forme de ponctuations. 


S 2. Monographie des types étudiés. 


N° 21. Au sud-sud-est de l'isba. Roche en place dans la forêt, cote 740 m. 


Roche noire, peu feldspathique. Au microscope, on y trouve un peu dapatite 
libre ou en inclusions dans l’élément noir. Olivine rare, en grains arrondis et hya- 
lins, avec commencement de serpentinisation et de rubéfaction secondaire. Beau- 
coup de pyroxène en cristaux vert pale, volumineux, renfermant des inclusions 
opaques et de la magnétite, extinction sur g' — (010) — 46°. Magnétite en petites 
plages sidéronitiques soudant les pyroxènes et l’olivine. Peu de mica rouge enve- 
loppant les plages de fer oxydulé et toujours sous sa dépendance immédiate. Feld- 
spath plutôt rare en partie altéré. 

1° Section maclée selon Ab et K, perpendiculaire à g! — (010) 

Extinction de 1 1' = 19° 1—9° 4 
id. DOI OT > 


1 est voisin de la biréfringence maxima. 2 est voisin de Sn. 
è ll 


— Labrador Ab1 Ans, 


20 Section maclée selon Ab et K. 
Extinction de 1— —19° 2 — +950) 
16292202; 


La structure est cryptique, le feldspath grenu cristallise dans les vides exis- 


— Labrador Ab: Am 


tant entre les plages d'éléments ferro-magnésiens. 


N° 22, Dans la dépression entre le Koswinsky et le Pharkowsky-Ouwal, au sud 
de l’isba. 

Olivine assez rare; pyroxène abondant, riche en inclusions, présentant locale- 
ment des associations pæcilitiques avec l’olivine. Quelques mâcles selon p—(001), 
l'extinction sur g'=—(010) de 43°. Magnétite en petites plages sidéronitiques avec 
quelques spinelles chromifères., Mica rouge abondant, toujours lié à la magnétite. 
Plagioclase rare, très frais sur certains points, complètement kaolinisé sur d’autres. 
La variété se rattache au labrador. Phénomènes dynamiques intenses, structure 
d’écrasement (Mürtelstructur) manifeste. 


N° 25. Flanc oriental de l'extrémité sud du Pharkowsky-Ouwal. 


Peu d'olivine libre où en association pæcilitique avec le pyroxène, Elle est en 
partie rubéfiée par les actions secondaires. Pyroxène en cristaux nombreux, riche 


(86) 


_ 
c 
LL: 


RECHERCIES PÉTROGRAPHIQUES SUR L OURAL | 


en inclusions lamellaires, extinction — 45°. Magnétite en plages sidéronitiques sou- 
dant les éléments ferro-magnésiens et bordée de mica rouge. Feldspath assez rare. 
1° Section Sn, bissectrice aiguë. 
Extinction de », à —38°—68°/, An, voisine de la bytownite. 
29 Section mâclée selon Ab perpendiculaire à g'— (010). 
Extinction de 1 1'=—54° 1—27—labrador Albi Ami. 
Sur 1 bissectrice », non centrée. Phénomènes dynamiques intenses, les 
feldspaths sont broyés et transformés en brèche micro-grenue, leurs lamelles sont 


tordues et leurs extinctions onduleuses. 
N° 32. Pharkowsky-Ouwal près de l'extrémité sud. 


Cette roche est anisométrique, le pyroxène S'y développe en cristaux plus 
grands que les autres, à contours irréguliers, sans forme cristallographique nette. 
Il renferme de la magnétite et quelques inclusions lamellaires. L’olivine se présente 
également en grands cristaux avec caractères ordinaires. Ces deux minéraux sont 
disséminés dans une masse panidiomorphe grenue avec pyroxene dominant, qui 
renferme également un peu de feldspath altéré disséminé parmi les autres miné- 
raux. Le feldspath correspond au labrador basique Abs Ans. La roche est très 
dynamo-métamorphosée. 


N° 33. Plus loin, que le n° 32 vers le nord, piton en place sur Parête. 


Cet échantillon est beaucoup plus feldspathique que les types ordinaires: il 
montre sous le microscope une structure quasi-schisteuse due à l’écrasement des 
minéraux. Les pyroxènes broyés, de même que l’olivine, sont étirésets’orientent paral- 
lèlement; le feldspath est complètement décomposé et transformé en amas de kaolin. 


N° 54. Même endroit, plus au nord. 


Cet échantillon très basique passe à la pyroxénite. Diallage en grands cristaux 
formant des associations pœcilitiques avec lolivine. Ce dernier minéral est en 
général écrasé et transformé en brèche esquilleuse qui moule et enveloppe le 
pyroxène. Les feldspaths sont réduits à quelques taches kaolinisées; Polivine est 
en partie serpentinisée, les rubans d’antigorite s’alignent parallèlement et commu- 
niquent une certaine structure schisteuse. 


N° 39, Flanc oriental de l'extrémité nord du Pharkowsky. 


Diallage abondant, emprisonnant des grains d'olivine toujours plus rare. 


(87) 


144 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


Magnétite sidéronitique en plages, avec spinelles chromifères, et accompagnée de 
mica rouge abondant. Feldspath très rare, dispersé irrégulièrement parmi les élé- 
ments précédents. Phénomènes dynamiques intenses: les feldspaths sont tordus, la 
roche est par places complètement écrasée, les grands diallages gisent pêle-méle 
dans une brèche d'écrasement d'aspect grenu, formée par les minéraux précédents. 


N° 44, Au nord-ouest du point culminant du Pharkowsky. 


Gabbro à structure cryptique très caractéristique. Diallage très abondant, légè- 
rement verdatre, avec inclusions formant des associations pœcilitiques avec lolivine. 
Magnétite répandue, en plages sidéronitiques soudant les éléments noirs, toujours 
liée à la présence du mica rouge, Plagioclase rare, distribué en masse grenue dans 
les cryptes d'un réseau né de la soudure des éléments ferro-magnésiens par la 
magnétite sidéronitique. Les extinctions des plagiociases sont roulantes, leurs 
lamelles tordues: une série de mesures dans la zone de symétrie de l’albite a donné 
un maximum de 30°: la variété est donc voisine du labrador Ab: Am. Les phéno- 
mènes dynamiques sont intenses, la roche montre en plusieurs endroits des zones 
d’écrasement manifeste. 


N° 45. Point culminant du Pharkowsky-Ouwal. 


Diallage avec caractères ordinaires, olivine plus rare, magnétite sidéronitique 
accompagnée de mica rouge. Plagioclase entièrement remplacée par des amas kao- 
linitiques grisätres, Dynamo-métamorphisme manifeste. 


N° 118. Malinky-Ouwal, première pente, au-dessus des marécages de la 
petite Koswa. 


Diallage abondant, en grands cristaux légèrement verdâtres. Olivine plus 
répandue que d'habitude, en gros grains craquelés distribués par région et formant 
avec le pyroxène des plages pœcilitiques. Magnétite plutôt rare, en plages sidéro- 
nitiques avec mica rouge. Plagioclase complètement décomposé, transformé en 
masses polarisant en agrégat. Quelques rubans d’antigorite secondaire. 


N° 122, Sur la crête du Malinky-Ouwal. 


Type plus feldspathique que les précédents. Diallage en grands cristaux légè- 


rement zonés, présentant parfois la disposition dite en sablier; ils sont surchargés 


(88) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L OURAL 


d’inclusions opaques. Olivine plus rare en grains arrondis et craquelés: magnétite 
sidéronitique reliant les deux éléments précédents et accompagnée de mica rouge 
exceptionnellement abondant. Le feldspath forme le ciment général qui relie les 
éléments ferro-magnésiens; il n’est plus disposé en cryptes comme dans les numéros 
précédents, mais complètement kaolinisé et indéterminable. 


N° 107, 109, 110 et 111. Chemin de petite Koswa à Sosnowka, dans la 


forêt. 


Ces échantillons, tous semblables, présentent cette particularité que Folivine y 
prédomine sur le diallage: les deux minéraux présentent d’ailleurs leurs caractères 
habituels. La structure est cryptique, les feldspaths sont complètement kaolimisés et 


transformés en petits amas opaques. 


S 3. Composition chimique et formule magmatique. 


La composition chimique est donnée par les analyses suivantes : 


N° 29 
S102 — 46,56 
AbO; = 9,24 
CO em traces 
FexOs — 3,92 
FeO = S,69 
MnO — traces 
Ca0 — 16,09 
MeO = 13,85 
K20 — 0,93 
NEO 1,52 
Perte au feu = 0,56 

101,16 


Les N° 22 et 23 représentant les gabbros les plus typiques du Pharkowsky- 
Ouwal, nous avons pris la moyenne de ces deux analyses pour déterminer la for- 
mule magmatique, en calculant les résultats sur cent parties. 


(59) 


N093 
46,56 
9,70 
traces 
2,83 
9,61 
traces 
15.65 
15,30 
0.94 
1,52 
0,47 


100,88 


MÉM, SOC, PHYS. ET HIST. NAT, DE GENÈVE, VOL, 84 (1902). 


N°33 
44,39 
10,60 
traces 
3,89 
NAUS 
traces 
renal 
10,54 
0.53 
1,18 
0,95 


100,60 


146 


LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 
Moyenne ramenée à 100 parties. Quotients. 
SiO, 16,28 0,771 
AkOs 9,41 0.092 
= | 0,114 R2O:. 
FezOs 3,36 0,022 
FeO 9,10 0,126 
Ca0O 577 0,281 
Me0 13.49 0,337 : 0,770 R20 + RO. 
K20 0.93 0,001!| 
, 0,027 RO. 
Na&0 1.66 0.026\ 
100.00 
Coefficient d'acidité & — 1.37. 
Rapport des oxydes R20 : RO 28: 


Formule magmatique : 6,7 SiOz : R2O5 : 6,7 RO. 


Cette formule comparée à celle de la koswite, montre la liaison évidente qui 


existe entre les gabbros du Pharkowsky-Ouwal et cette dernière roche: on peut les 


considérer toutes deux comme étant très certainement le produit de la différenciation 
d'un méme magma, ce que montre clairement le tableau ci-dessous: 


Koswite. Gabbro. 
S102 40,43 46,28 
AbO: = 5,15 9,41 | 
FezO; - 1125169" 3,36 } 12,77 
Cr20: 0,57) = \ 
FeO 10,31 9210 
Ca0 18,23 15,77 
MeO 14,06 13,49 
K20 _ 0,93 
Na0O = 1,66 
100,00 100,00 


FORMULES MAGMATIQUES 
Koswite : 5,4 SiOz 
6,7 SiOz 


Le sabbro, comme 


: ReOs 
: ReOs 


10 TROEE 
10 MROIXE 
on pouvait, Sy attendre est un peu plus acide, mais les 
traits les plus caractéristiques de la composition chimique comme par exemple la 


112; 
Gabbro : 1,97 


(90) 


RECIERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 147 


prédominance de la chaux sur la magnésie restent les mêmes dans les deux roches. Le 
rapport moléculaire de CaO : Me0 est en effet de 1 dans la première de ces roches, 
de 0,8 dans la seconde et de 0,7 dans les variétés de koswite passant à la pyroxé- 
nite. Sans doute, dans le gabbro, l'alumine remplace une partie de Foxyde ferrique 
de la koswite; mais tandis que dans celle-ci oxyde de fer reste libre à l'état de 
magnétite, dans les gabbros Palumine est feldspathisée sous forme de labrador 
basique où d'anorthite, Il est intéressant de constater la présence constante de la 
potasse en quantité appréciable dans ces roches: vu Pabsence complète de Forthose 
il faut admettre que cet élément se trouve fixé dans des plagioclases calco-sodiques 
d'une grande basicité; ce phénomène est d'ailleurs conforme à ce que nous avons 
observé dans une foule d'autres cas. Les gabbros du Pharkowsky-Ouwal appar- 
tiennent en tous cas aux types les plus basiques connus, et se rattachent étroitement 
aux pyroxénites typiques par des variétés qui ne renferment que quelques grains 
de feldspath. Les roches du Pharkowsky-Ouwal rappellent beaucoup certaines 
variétés décrites récemment par M. Lœæwinson-Lessing et rencontrées par Jui au 
Daneskin-Kamen: nous en donnerons la composition et la formule magmatique 
comme terme de comparaison : 


Analyse du gabbro du Daneskin-Kamen. Quotients. 
S102 = 46,19 0,769 
ABO, = 13,57 0,132 | 
se 0,154 R20s 
FezOs 3,61 0,022 } 
FeO 8,15 0,115 
= } 07 R 
Ca0 15,15 0,270 EE RO, 
Me0 12,63 0,314 


jor1r RO + RO. 
NOM = SE) 0,020 


100,55 
Coefficient d'acidité 4 — 1,29. 
apport des oxydes R:O : RO 1: 354. 
Formule magmatique 4,7 RO : R2O5 : 4,9 KiOz. 


S. 4. Les pyroxéniles, minéraux, structure, etc. 


Comme nous l'avons déjà indiqué, les gabbros du Pharkowsky-Ouwal alternent 
fréquemment avec des pyroxénites auxquelles ils passent par des variétés presque 
dépourvues de feldspath. Ces pyroxénites sont des roches noiratres où verdatres 


(91) 


14S LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


qui ressemblent parfois beaucoup à la koswite, mais sont généralement plus fine- 
ment grenues, Les minéraux constitutifs en sont : l’olivine, le pyroxène, le mica 
rouge et les spinelles chromifères. 
OLIVINE 
Ce minéral est toujours en moindre quantité que le pyroxène, il est idiomorphe 
et de consolidation antérieure au diallage qui le moule et forme souvent avec lui 
des associations pæcilitiques. Il se présente sous les caractères habituels, en grains 
arrondis, craquelés et incolores, ayant les propriétés optiques ordinaires de ce 
minéral. Rarement l'olivine renferme des inclusions de minéraux ferrugineux opaques 
d'origine primaire. 
PYROXENE 
Les pyroxènes affectent dans ces pyroxénites des caractères assez différents. Ils 
sont parfois de grande taille, lamellaires, grisatres, et présentent à côté des cli- 
vages im = (110) quelques plans de séparation g'— (010), fins et serrés. D’autres 
fois ils sont très hyalins, de forme raccourcie, verdâtres en lumière naturelle, et ne 
présentent que les clivages m — (110). Dans ce dernier cas on observe quelquefois 


des mäcles selon p — (010). Au point de vue optique, les extinctions de »> sur 
ge — (001) oscillent entre 39° et 48°. L’allongement, lorsqu'il est marqué, est posi- 


tif, de méme que le signe optique, quant à l’angle des axes optiques 2V il oscille entre 
23° et 59. Ilest donc probable que nous avons ici une série de termes du groupe 
diopside-diallage, dont quelques-uns même se rapprochent de laugite. Généralement 


les pyroxènes ne renferment pas d’inclusions lamellaires. 


MICA ROUGE 


Cet élément est excessivement rare et ne se rencontre pour ainsi dire plus dans 
les pyroxénites, sa présence parait donc subordonnée à celle du feldspath. Ses carac- 
téres sont ceux déjà indiqués, quand il existe, il restetoujours lié au fer oxydulé. 


MAGNÉTITE ET SPINELLES CHROMIFÈRES 


La magnétite est rare dans la plupart de ces roches: cependant dans certaines 
formes de passage avec la koswite elle montre des petites plages sidéronitiques qui 
renferment un où deux spinelles d’un vert foncé; dans les pyroxénites ordinaires 
on en trouve également quelques petits grains. 


STRUCTURE 


La structure de ces pyroxénites est d'habitude grenue, les différents minéraux 
sont idiomorphes sauf chez les variétés qui passent à la koswite, dans lesquelles la 


(92) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 149 


magnétite est allotriomorphe. Fréquemment on observe une différence dans li dimen- 
sion des minéraux constitutifs, certains d’entre eux S'exagérent dans une masse gre- 
nue, formée par des individus isométriques constitués par les mêmes éléments miné- 
ralogiques. Parfois aussi, la roche toujours grenue présente une série de trainées qui 
alternent d'une facon très irrégulière, 
les unes formées par des associations 
grossièérement. les autres finement gre- 
nues, des minéraux précités. D’autres 
fois encore les minéraux constitutifs de 
grande taille s’agglomèrent par plages 
qui laissent entre elles des canaux ou des 
espaces plus où moins réduits, occupés 
par une masse panidiomorphe grenue, 
présentant des minéraux identiques à 
ceux qui constituent les plages: il n’est 
d'ailleurs pas aisé de se prononcer sur 


l'origine de cette masse grenue. Cette 


structure que l’on observe déjà à l'œil 


Pyroxénite. Coupe n° 191 b. Chambre claire. Lu- 


nu Sur certaines roches. est fort gé-  mière naturelle. Grossissement = 15 diam. O — oli- 
j à Ë vine. P — pyroxène. Le dessin montre les grands 
nérale, elle est représentée dans la 


cristaux réunis en plages réparties dans une masse 
coupe N° 1910. grenue. 
PHÉNOMÈNES DYNAMIQUES ET ALTÉRATIONS SECONDAIRES 

Les phénomènes dynamiques modifient les pyroxénites aussi complètement que 
les gabbros. Is sont très intenses et amènent parfois Fécrasement complet de cer- 
taines régions de la roche qui est alors transformée en brèche microscopique. Cette 
brèche se développe surtout selon certaines cassures ayant fonctionné comme plans 
de glissement, dans ce cas on voit les zones minces qui jalonnent ces cassures 
présenter un écrasement complet des minéraux constitutifs. 

Quant aux actions secondaires, elles consistent en rubéfaction et serpentimisation 
de l’olivine: d'habitude le pyroxène est peu modifié, la bastitisation sifréquente dans 
la koswite fait ici entièrement défaut. 


S 5. Monographie des pyrorénites étudiées. 


N° 37. Pharkowsky-Ouwal, sur l'arête à la base de lun des pitons principaux. 
Roche verdatre, à grain moyen, formée en majorité de pyroxène incolore et 


d'olivine en moins grande quantité. L'extinction du pyroxène se fait à 40°. Ces deux 


(95) 


150 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


éléments agglomérés en plages où aussi en individus isolés, sont distribués irrégulie- 
rement dans une masse panidiomorphe grenue, formée par les mêmes minéraux avec 
la magnétite en plus. La magnétite est idiomorphe comme les autres éléments. 


N° 36. Piton en place sur l'arète près de son extrémité sud. 


Cette roche est identique au N° précédent, l’olivine y est beancoup plus rare, par 
contre la magnétite est plus abondante et par place s'y dispose en plages sidéroni- 
tiques qui contiennent quelques spinelles chromifères. C’est une forme de passage à la 
koswite, On trouve aussi dans cette roche quelques rares lamelles de mica rouge 
toujours Hé au fer oxydulé. La structure est la même que précédemment mais les élé- 
inents sont presque isométriques, la masse intermédiaire plus finement grenue dis- 


parait presque entièrement. 
N° 45. Extrémité nord-ouest du Pharkowsky-Ouvwal. 


La composition de cette pyroxénite est semblable à celle du n° 36. Le pyro- 
xène est prédominant et s'éteint à 42°, l'olivine est localement moulée par lui. La 
magnétite est rare, en petits grains disséminés parmi les deux minéraux précédents. 
La structure est analogue à celle du N°38, la roche présente une zone décrase- 
ment manifeste avec développement d'une brèche esquilleuse le long des fractures. 


N° 107. Flanc est du Malinky-Ouwal. 


Roche à éléments isométriques, à grain plutôt fin, formée par du diallage pré- 
pondérant, de lolivine plus rare, et de la magnétite tres réduite calée en petits 
grains entre les éléments précédents. On trouve également un peu de mica rouge et 
quelques petits grains de pléonaste, puis de l’hématite secondaire. Phénomènes dy- 
namiques intenses, l’olivine est broyée par places, le diallage écrasé, les lignes 


d'écrasement jalonnées par une brèche esquilleuse. 
N° 120. Piton en place dans la forêt, Malinky-Ouwal. 


Roche panidiomorphe grenue, formée par du pyroxène, de lolivine et de Ta 
magnétite:; le pyroxène s'éteint sous un angle de 48°, la variété est probablement 
augitique. Magnétite rare formant des grains idiomorphes ou des petites plages si- 
déronitiques. 


N° 183. Berge de Logwinska-Sosnowsky, en place. 


Roche largement cristallisée, verdatre, avec un diallage de grande taille parais- 
sant à l'œil nu former la roche à Jui tout seul. Sous le microscope ce diallage pré- 


(94) 


Cl te — 


RECHERCIIES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 151 


sente un clivage m (110) parfait, ses propriétés optiques sont normales, 1l en- 
olobe quelques gros cristaux d'olivine généralement altérés. Le diallage subit un 
commencement d'ouralitisation, il se marbre de facules d'un vert pale formées par 
une amphibole très faiblement polychroïque avec 7, — vert pale, #, — incolore. 


N° 184. Roche en place, berge de Logwinska. 


Elle est identique à la précédente et composée comme elle de grands cristaux 
de diallage fréquemment maclés selon p, et d’un peu d’olivine; la magnétite fait com- 
plètement défaut. La roche est dynamo-métamorphosée, lolivine est fréquemment 
écrasée entre les cristaux de diallage qui restent imdemnes. 


N° 190. Première pente en montant des berges de Logwinska contre le Phar- 
kowsky-Ouwal. 


Cette roche de couleur verte est largement cristallisée, et formée par du dial- 
lage en grands cristaux, joints à de l’olivine en moindre quantité. La magnétite est 
ici très rare. Les minéraux précités en cristaux isolés où réunis en plages, sont dis- 
séminés dans une masse panidiomorphe grenue grossière, formée par les mêmes 
minéraux. 


N° 191 a. Roche en place un peu au-dessus du n° 190. 


Cette pyroxénite dont les pyroxènes mesurent plusieurs centimètres, est tra- 
versée par des filons dont nous parlerons ultérieurement. Le diallage s'éteint à 45 
il présente un commencement daltération qui le marbre de taches grisatres. L'oli- 
vine est beaucoup plus rare, craquelée, incolore, souvent écrasée entre les cristaux 
de pyroxène. 


N° 191 b. Au-dessus de 191, en place dans la forêt, 


Cet échantillon est absolument semblable au n° 190. Le diallage et l’olivine 
agrégés en plages, ou en individus automorphes isolés, sont distribués dans une masse 
panidiomorphe, formée par des grains d'olivine et de pyroxène. La magnétite est 
très rare dans cette roche, elle parait secondaire, Polivine est altérée et rubéfiée 
par place. Dynamo-métamorphisme manifeste constaté aussi bien pour les gros cris- 
taux que sur la masse grenue qui les réunit, les premiers sont frangés de petites es- 
quilles. 


(95) 


152 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


CHAPITRE X 


DESCRIPTION DES ROCHES DU KOSWINSKY. ROCHES FILONNIENNES 


DANS LES GABBROS ET LES PYROXENITES. 


S 1. Les diorites filonniennes leucocrates, minéraux, structure, composition chimique. — K 2. Les 
pyroxénites filonniennes (micro-pyroxénites), minéraux, structure, ete. — 3. Les micro-gab- 


bros, minéraux constitutifs, structure, composition chimique et formule magmatique. 


S 1. Les diorites filonniennes leucocrates, minéraur, structure, composition chimique. 


Nous avons rencontré dans les gabbros et les pyroxénites un certain nombre 
de roches filonniennes qui traversent cette formation. Vu la nature même du terrain, 
et les difficultés d'accès, leur trouvaille in situ est assez difficile, mais à en juger par 
la nature pétrographique des cailloux rencontrés dans l’alluvion de Logwinska-Sos- 
nowsky, ces roches sont assez fréquentes. 

Les diorites filonniennes sont des roches leucocrates, grenues, à grain moyen, 
dans lesquelles l'élément noir semble réparti très uniformément, On les rencontre per- 
çant les gabbros sur la crête même du Pharkowsky-Ouwal, à mi-distance entre les 
extrémités nord et sud de celui-ci. Sous le microscope, les minéraux constitutifs de 
cette roche sont les suivants: sphène, zircon, apatite, biotite, muscovite, hornblende, 


plagioclase et quartz, les minéraux secondaires sont l’épidote et le kaolin. 


SPHÈNE, ZIRCON, APATITE 


Le sphène, assez abondant, se présente sous la forme dite en fuseau avec les 
faces (111) et (112). Il est d'assez petite taille et très légèrement brunâtre en lu- 
mière naturelle. I se rencontre soit à l’état libre, soit à l’état d’inclusions dans di- 
vers minéraux, notamment dans la hornblende, Il est très légèrement polychroïque 
avec», — jaune rougeatre, #, — Jaunâtre plus pale. Les deux axes optiques sont 
très rapprochés, l'angle 2V ne dépasse pas 20°, la bissectrice aiguë est positive. 


(96) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 193 


Le zircon forme des grains arrondis, généralement inclus dans la biotite, mais 
aussi libres dans la roche. Certains d’entre eux montrent les profils (110) et (101): 
leur signe optique est positif. L'apatite est très rare, ses cristaux allongés et de 
signe négatif, ne représentent pas de profils reconnaissables. 


BIOTITE ET MICA BLANC 


La biotite est fort rare. elle renferme des inclusions d’apatite et de zircon, 
elle est en général complètement chloritisée et indéterminable, On trouve aussi 
quelques lamelles de mica blanc qui s'éteignent à zéro. 


HORNBLENDE 


La hornblende est très réduite vis-à-vis des éléments feldspathiques. Ses cris- 
taux sont allongés selon la zone du prisme et présentent les profils m— (110) et 
g!— (010), quelques macles selon h°— (100). L'allongement est positif, l'extinc- 
tion se fait à 20°, la bissectrice aiguë est négative; le polychroïsme donne : », 
vert d'herbe, », — verdätre, #, — jaunätre pale. La hornblende renferme quel- 
quefois des très petits cristaux de zircon auréolé. 


PLAGIOCLASES 


Ils forment de beaucoup l'élément prédominant, et sont toujours décomposés en 
kaolin et en lamelles de damourite. Ils sont maclés selon la loi de Falbite, de Karls- 
bad et de la péricline. Le centre est en général décomposé et remplacé par an amas 
qui polarise en agrégats, la bordure est toujours fraiche, et formée par un feldspath 
acide compris généralement entre Ab et Abs Am, tandis que le centre descend 
rarement au-dessous de Ab: Ans. Plusieurs des cristaux du feldspath présentent 


sur leur pourtour une auréole avec corrosions micro-pegmatoides. 


QUARTZ 
Il est réduit par rapport au feldspath, et forme le dernier élément consolidé. 
La structure est grenue, miarolithique, les individus sont idiomorphes mais le quartz 
remplit les petits vides laissés entre les cristaux des éléments constitutifs. 


ACTIONS DYNAMIQUES ET PHÉNOMÈNES SECONDAIRES 
La roche ne présente pas d'indices de dynamo-métamorphisme, par contre elle 
est altérée par les actions secondaires. Cette altération donne naissance à de Pépi- 
dote, puis à de la chlorite et du kaolin. 


(97) 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 4 (1902). 20 


154 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


COMPOSITION CHIMIQUE 
: 


Analyse du N°35. 


Analyse du Composition ramenée à 


No 35 100 parties.  Quotients. 
SiO» 68,19 67,46 1,1243 
203 
Al 8 | 2().43 20.21 0.1981 RO; 
FezO: | 
‘ + 9F 490 0,0790 e 
0 0,49 es GES 
Le = Ain 2e Le 0,2032 R:0 + RO. 
2 = tb nie) . ù 3 - 
ie AUS | 0,1180 R:0 
NaæO 6,83 6,76 0,1090 | 


101,09 100,00 
Le fer n'a pas été séparé, il était d’ailleurs en très petite quantité dans le mé- 
lange des deux oxydes. 
Coefficient d'acidité : x — 2,796. 
Rapport R:O : RO — 1,34: 1. 
Formule magmatique — 3,67 SiO2 : RO; : 1,03 RO. 


S 2. Les pyroxénites filonniennes (micro-pyroxénites), minéraux, structure, etc. 


Ces roches qui paraissent assez répandues, se rencontrent en petits filons qui 
traversent les pyroxénites ordinaires. Elles sont très finement grenues, presque apha- 
nitiques, de couleur noiratre, formées par l'association du pyroxène, de l’olivine et 
de la magnétite en individus idiomorphes généralement isométriques. Les pyroxènes 
s'éteignent entre 40° et 45, il y a sans doute là plusieurs variétés très voisines. La 
magnétite est assez répandue dans ces roches, elle se présente en petits grains idio- 
morphes distribués assez régulièrement parmi les autres éléments; la hornblende de 
méme que le mica rouge font régulièrement défaut. Le contact de ces filons minces 
avec la roche encaissante est toujours franc, mais on observe une diminution mani- 
feste du grain dans le voismage immédiat de celui-ci; cette zone de contact est 
d’ailleurs fort mince. 


S 3. Les micro-gabbros, minéraux constitutifs, structure, composition chimique 
et formule magmatique. 

Ces roches superbes sont noiratres, essentiellement mélanocrates. A l'œil nu, elles 
paraissent formées par une masse finement grenue dans laquelle on distingue des 
cristaux volumineux d’élément noir développés porphyriquement. Sous le microscope, 
ces roches sont à deux temps de consolidation distincts. 


(98) 


RECHERCHES PÉTROGRAPIHIQUES SUR L'OURAL 159 
PHÉNO-CRISTAUX 

Les phénocristaux sont abondants par rapport à la pâte, la roche est donc 
euporphyrique. Ceux-ci sont représentés par les minéraux suivants : pyroxène, oli- 

vine, mica rouge et magnétite. 

PYROXENE 

Le pyroxène se présente en cristaux volumineux, avec formes raccourcies: on 
y reconnait les profils h! — (100), g' (010); m—110; puis b}/: —.(111). Les 
clivages m — (110) sont constants mais discontinus: il n'existe pas de plan de 
séparation selon g' — (010). On observe 
quelques mâcles simples h°=— (100), 
puis plusieurs mâcles par pénétration 
donnant naissance à des groupements 
cruciformes. Les cristaux de pyroxène 
subissent d’énergiques corrosions mag- 
matiques qui en altèrent le pourtour et 
leur communiquent parfois un aspect 
squelettique. Is sont littéralement sur- 
saturés inclusions opaques, disposées 
par zones concentriques, qui témoignent 
ainsi d'un accroissement zonaire de ces 


cristaux. Ces inclusions sont si abon- 
dantes qu'elles rendent le pyroxène par- Micro-pyroxènite. Coupe n° 1914. Lumière natu- 
relle. Grossissement = 13 diam. P — pyroxène, O — 


fois complètement opaque: aux forts pr SAS CES MES Lg 
olivine, La coupe montre la structure des micro-pyroxè- 


2rossissements, on voit qu'elles sont for-  nites et le contact avec la pyroxènite encaissante. Il y à 
es par des petites males entecroi diminution manifeste du grain au contact immédiat, 
sées, et alignées sur deux systèmes conjugués. Sur certains points cet entrecroisement 
forme un réseau très serré: à côté de ces lamelles on trouve aussi des petits grains 
noirs opaques, puis des octaèdres formés sans doute par de la magnétite, Les pyro- 
xènes renferment aussi quelques jolis cristaux d’apatite terminés, ce minéral se 
trouve d’ailleurs dans toute la roche mais en petite quantité. 

En lumière naturelle, les cristaux de pyroxène sont légèrement brunâtres, leur 
structure zonée empêche la détermination exacte des mdices de réfraction. Sur 
gl — (010) l'extinction se fait sous des angles qui dépassent 43. Le plan des axes 
optiques est parallèle à g! — (010), la bissectrice aiguë est positive, l'angle des axes 
optiques 2V est légèrement supérieur à celui des pyroxènes habituels aux roches du 
Koswinsky, il atteint 60° environ; le pyroxène parait donc être une variété qui se 
rattache au groupe de l’augite. 


(99) 


156 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


OLIVINE 


Elle est beaucoup plus rare, et ne présente pas de contours géométriques. Ses 
grains toujours hyalins et craquelés, sont corrodés et informes; les propriétés opti- 
ques sont ordinaires. Ce minéral renferme également de la magnétite en inclusions. 
On trouve aussi jouant le role de phénocristaux, des plages formées par la réunion 
de gros pyroxènes et d'olivine, soudés par de la magnétite sidéronitique. Cette magné- 
tite se trouve aussi en grains isolés dans la pâte et jouant en quelque sorte le role de 
phénocristal. 

MICA ROUGE 

Ce minéral tres fortement coloré et polychroïque, est assez abondant: il entoure 
souvent d'une auréole les grains de magnétite, et se trouve également dans les pla- 
es dont il à été question ci-dessus. L'abondance de ce minéral à permis de vérifier 
tres complètement ses propriétés op- 
tiques. IT est rigoureusement uniaxe né- 
gatif, s'éteint à 0° du clivage p—(001), 
sa biréfringence 4-7, est tres élevée et 
dépasse 0,04. Le polychroïsme très in- 
tense donne : 7, — rouge brun éclatant, 
hy — rouge Jaunâtre très pale. 

Il est à remarquer que le feldspath 
ne se rencontre pas parmi les phéno- 
cristaux. 


PATE 


Celle-ci est holo-cristalline et formée 


par la réunion d'individus grenus et 


Micro-gabbro. Coupe n° 441. En lumière naturelle, 


| isométriques de pyroxène, d'olivine, de 
Les feldspaths sont dessinés avec les nicols croisés Gros- we) hi à 
sissement — 13 diam. P — pyroxène. O — olivine. Magnétite, de mica rouge et de plagio- 
f = feldspath. La coupe montre la structure micro-  elase. Le pyroxène est beaucoup plus 
grenue et le caractère particulier du pyroxène. ; Cr ; 

abondant que l’olivine toujours rare; 
il est légerement verdätre et renferme des inclusions de magnétite octaédrique qui 
d'ailleurs est également très répandue dans la pate et se rencontre aussi bien en 
inelusions dans le feldspath, qu'à l'état libre entre les minéraux constitutifs de 
celle-ci, Le mica rouge est assez abondant dans la pate, il est toujours lié à la magné- 
tite qu'il borde en collerette, Les divers éléments ferro-magnésiens réunis, sont à 
peu près quantitativement égaux aux feldspaths. Ces derniers, remarquablement 
frais, sont mäclés selon la loi de lalbite où aussi suivant la loi de Karlsbad; un 


(100) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 157 


erand nombre de déterminations faites sur des sections variées ont donné les résul- 
tats suivants : 
1° Section maclée selon Ab et K, perpendiculairement à g'=(010). 


Extincti NT) == vi 
Br NGUTAN l — Labrador Ab: An: ou Abs An. 


DO 80 9 — 4 
jh 32 1 l{ 

’ : ae Nr Labrador Ab: Am. 
DD DIM) 0 


29 Section maclée selon Ab, K et P: 1 Sn, (mesureapproximative). 
1 SnypourP——59 1 Sny pour Ab—+30 2 pour K——14 
jé » FOURNI RU = EE LRU + — 16 
Ces caractères coimcident avec ceux du labrador Ab: An. 
3° Section mâclée selon Ab et P, 1 Sn, Bissectrice centrée. 
Extinction de 1 Sn, pour P=——55 1 pour A,—+25° | Do An 
1 > OLA ME ES RS) SP | o 
voisin de Ab: Am. 
4° Section Sn, maclée selon Ab. 
Extinction de 1 Sny—27" | 
» Il 30 \ 


On voit done que le plagioclase est représenté principalement par le labrador 


— 48 1, An, voisin de Ab: Am. 


Ab: Ain, ce qui est curieux étant donnée la basicité de cette roche. 


COMPOSITION CHIMIQUE 
Analyse du N° 441. 


Résultats Résultats calculés 
bruts. sur 100 parties. Quotients. 


S102 0216190 46,72 0,7787 RO. 

ABO; = EX) 12,37 (OPA Er) J 

FezOs = 6,02 6.04 OBTENUS K20$. 

FeO — 7.09 tal? 0,0989 

Ca0 = 13.18 13522 0,2361 ( 0,6483 — RO | 

Me0 = 12,49 12:55 0,3133 0,6793 —RO+R20. 
K20 = 0,24 0.24 0,0026 } 00310 2.0 

Naw0 Æ 1,79 1,76 O.02$4 | 

MnO — NI NI(TACES 

Perte au feu — 0,54 


Total. . 100,20 100,00 


(101) 


158 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


Ces résultats montrent clairement la parenté incontestable des micro-gabbros- 
porphyriques avec les gabbros et les péridotites qu'ils traversent. 

Coefticient d'acidité : 3 = 1,34. 

Rapport R20 : RO — 1 : 20,91. 

Formule magmatique — 4,894 SiOz : R205 : 4,27 RO. 


CHAPITRE XI 


DESCRIPTION DES ROCHES DU KOSWINSKY. 

LES DUNITES MASSIVES DE L'ÉPERON DU KOSWINSKY ET DU SOSNOWSKY-OUWAL. 
S 1. Composition minéralogique de ja dunile, structure. — N 2. Altérations secondaires et serpen- 
tinisation. S 3. Monographie des types étudiés. — K 4. Composition chimique et formule 
magmatique. 


S 1. Composition minéralogique de la dunite, structure. 


Nous avons vu précédemment que les dunites massives forment léperon 
qui termine le Koswinsky, ainsi que le Sosnowsky-Ouval tout entier, et nous avons 
retrouvé les mêmes roches traversant la koswite en filons étroits soit comme apo- 
physes, soit comme filons isolés. Ces dunites, fort différentes des types sidéronitiques 
dont il a été question, sont finement grenues, de couleur vert olive ou vert pale 
lorsqu'elles sont à l'état frais, ce qui est rare. Dans le cas contraire, chez les 
variétés serpentineuses, la couleur est foncée et le grain s’atténue; la roche 
devient alors plus compacte, son éclat est légèrement résineux où gras, elle n’est 
cependant jamais tachetée comme c’est le cas pour d’autres serpentines. La compo- 
sition minéralogique de cette dunite est très monotone, elle ne renferme que du fer 
chrômé et de lolivine, jamais du pyroxène ni de lamphibole comme cest le cas 
pour les mêmes roches à structure sidéronitique. 


(102) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 159 


FER CHROMÉ 


Il se trouve en petits grains de forme octaédrique, inclus dans l'olivine et dis- 
persés très régulièrement dans ia roche. En isolant ces petits grains on peut con- 
stater qu'ils sont formés par du fer chromé absolument pur. La chromite s'accumule 
localement en nids assez volumineux, le minerai qui en résulte garde, bien que 
compact, une structure cristalline. En coupe mince, on distingue dans la masse 
opaque du fer chromé quelques grains d'olivine hyaline qui y sont emprisonnés. I 
est à remarquer que dans le voisinage immédiat de ces concentrations locales, la 
dunite n’est pas plus riche en fer chromé qu'à l'ordinaire. 


OLIVINE 


Ce minéral se présente en grains arrondis, idiomorphes, toujours craquelés, avec 
un clivage g!— (010) difficilement visible. Les propriétés optiques en ont été étudiées 
avec soin pour les comparer avec celles de l’olivine des dunites sidéronitiques. La 
mesure des indices de réfraction a donné les résultats suivants : 


Tableau des indices de l’Olivine de la dunite massive pour la raie D. 


| Numéro de à Orientation | | | | 

jJ la coupe. | de la section. Fe ln en) ee 7En NgNn | Mon | mp 
| | | = 

| 1030 | Sn | 1,6896 | 1,6707 | 1,6543 | 0,0553 | 0,0188 ! 0,0163 


| 
1,6708 | 


__—_—_ 
La biréfringence maxima déterminée au comparateur à été trouvée plusieurs 
fois de 0,035. L'angle des axes optiques à été mesuré directement, puis calculé par 


les mdices, les résultats suivants ont été obtenus : 


Tableau donnant la valeur de l’angle des axes 2V. 


D dd 


1030 | Goniomètre, 83 SG 


N° de la coupe. Méthode employée. Angle 2V mesuré. Angle 2V calculé. 


Le signe optique est positif, on à observé une dispersion qui se fait dans le 
sens de p < V. 

En comparant les valeurs des indices de l'olivine des dunites ordinaires, avec 
celles trouvées pour l'olivine des dunites sidéronitiques, on remarque que cette der- 
nière est plus réfringente, En effet, la différence pour les trois indices principaux est : 
pour »£ de 0,0193, pour », de 0,0177, pour », de 0,0192. Les biréfringences 
sont également un peu plus fortes pour l’olivine des dunites sidéronitiques, la valeur 


(103) 


160 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


de »,-n, est pour cette dernière de 0,0369 contre 0,0354 pour l’olivine de la dunite 
massive, On observe également une augmentation dans la valeur de l'angle des 
axes optiques: la différence est de + 3° pour l’olivine des variétés sidéronitiques. 


STRUCTURE 


La structure est grenue, les grains sont idiomorphes, arrondis, et se touchent 
directement. 

Il est à remarquer que dans les dunites, l'ordre de consolidation des minéraux 
se fait dans le méme sens que labaissement de leur point de fusion. Le fer chromé, 
en effet, d'après M. A. Brun, fond à 1850 ; ilse consolide le premier, tandis que loli- 
vine qui le moule fond seulement à 1750° d’après le même auteur. 


S®. Altérations secondaires et serpentinisation. 


Presque toutes les dunites étudiées sont plus ou moims serpentinisées. Cette ser- 
pentinisation commence le long des craquelures de lolivine, on voit S'y développer 
des rubans d'abord étroits d’un minéral faiblement biréfringent, dont la couleur est 
verdätre où jaune d'or en lumière naturelle. Ces rubans s’élargissent progressive- 
ment, se continuent dun cristal dans l’autre, et dessinent bientôt un réseau à larges 
mailles qui découpe toute la roche. Ces rubans présentent fréquemment une espèce 
de fibrosité transversale qui leur communique un aspect moiré très particulier, ils 
sont souvent divisés en deux parties symétriques de part et d'autre d’une ligne 
médiane dessinée par des ponctuations de magnétite. Au point de vue optique, ces 
rubans sont positifs en long et s’éteignent parallèlement à leur allongement. La 
biréfringence, toujours très faible, ne dépasse pas 0,009, par places même le minéral 
serpentineux parait isotrope et l’on pourrait croire avoir sous les Yeux une substance 
colloïde si la coloration de ces plages isotropes n'était pas, en lumière naturelle, 
identique à celle des rubans biréfringents. En lumière convergente, ces régions 
isotropes donnent une croix noire uniaxe très floue, de signe optique négatif. Ces 
caractères optiques coïncident comme on le voit avec ceux d’une antigorite uniaxe, 
comme cela est fréquemment le cas. Chez les variétés fortement cclorées, on re- 
marque un léger polychroïsme qui se fait comme suit : 74 — verdâtre, #» — jaune 
pale, parfois méme jaune d’or, Il est à remarquer que la coloration des rubans d’anti- 
gorite peut varier régionalement dans une même coupe: le chrysotile n’a jamais été 
rencontré. 

Lorsque la serpentinisation va plus loin, les grains d’olivine se réduisent à de 
simples petits noyaux qui peuvent même complètement disparaitre par places. Nous 


(104) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 161 


n'avons cependant jamais rencontré de dunite entièrement serpentinisée : il reste tou- 
jours des traces de l’olivine primitive. Les structures que présente l’antigorite sur 
les points où l’olivine à disparu sont assez variées; souvent c’est la structure maillée 
qui prédomine, elle est alors absolument conforme à celle décrite par M. Lacroix. 
Des rubans plus où moins minces 
d’antigorite enveloppent des zones ou 
nids du même minéral, orientés opti- 
quement d'une manière différente, Gé- 
néralement les rubans sont beaucoup 
plus biréfringents que les parties qu'ils 
circonscrivent, celles-ci sont cependant 
toujours formées d'antigorite et il 
n'existe jamais de matiere colloïde. 
Lorsque la structure maillée domine ré- 
gionalement, certaines plages de la pré- 
paration paraissent presque isotropes 


par suite de la minceur relative des ru- 
bans biréfringents par rapport au noyau Dunite massive serpentinisée. Coupe n° 706. Lu- 
centralquasiisotrope qu'ilsenveloppent. Mière naturelle. Grossissement — 22 diam. La coupe 
montre des noyaux d’olivine disséminés dans la masse 
D’autres fois sur les points où l'oli- serpentineuse due à l’antigorite. 
vine à disparu, la structure de lanti- 
gorite est bien différente. Les larges rubans de ce minéral se réunissent directement 
comme des fibres dans un faisceau. Pour une certaine position de la platine du micros- 
cope, tous ces faisceaux paraissent également éclairés, et si la plage est assez large 
pour pouvoir remplir tout le champ visuel, on pourrait penser avoir sous les 
yeux un seul et même cristal. Dès cependant qu'on-tourne légèrement la platine, 
ces divers rubans s’éclairent d’une façon différente et prennent un aspect moiré qui 
rappelle beaucoup celui de certaines plages de picrolithe. Dans la majorité des cas 
cependant, la serpentinisation ne va pas aussi loin, et la structure la plus habituelle 
est la disposition alvéolaire, dans laquelle les rubans entrecroisés de l’antigorite 
enveloppent le noyau resté intact de l'olivine. 


S 3. Monographie des types étudiés. 


N° 133, 134, 136, 1022 et 1041. Flanc est du Koswinsky, au-dessus du col 
de l'éperon. 
Ces roches bien que filonniennes, sont identiques à la dunite massive, elles ren- 
(105) 


MÉM, SOC, PHYS, ET HIST, NAT, DE GENÈVE, VOL. 4 (1902), 21 


162 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


ferment peu de fer chromé en petits octaèdres. L'olivine y est généralement fraiche et 
la serpentinisation n'est pas avancée. La structure de l’antigorite est ici alvéolaire. 

N° 40, Flanc occidental du Sosnowsky-Ouwal, en place dans la forêt. 

Dunite massive serpentineuse dun vert foncé: sous le microscope peu d’octaè- 
dres de fer chromé, La structure dominante est toujours alvéolaire, les rubans d’an- 
tigorite sont fréquemment tachetés et soulignés par des granulations ferrugineuses,. 

N° 41. Flanc est du Sosnowsky-Ouwal, 

Cette roche est absolument analogue à la précédente, les grains d'olivine sont 
arrondis et pressés les uns contre les autres. Le fer chromé est rare, l’antigorite 
est jaune d'or. 

N° 46. Flanc occidental du Pharkowsky-Ouvwal. 

Cette roche est absolument identique aux N° précédents. L'antigorite est moins 
colorée que dans le N° 41. 

N° 701. Sosnowsky-Ouwal, dans les alluvions de la petite Sosnowka. 

Cette roche est absolument fraiche, et formée exclusivement par de l'olivine en 


grains isométriques, non serpentinisés. Le fer chromé est excessivement rare, on en 
trouve à peine un octaèdre par préparation. 


N° 707. Alluvions de la petite Sosnowska. 


Cet échantillon, qui provient également du Sosnowsky-Ouwal, présente au con- 
traire un degré de serpentinisation tres avancé. L'olivine est réduite à quelques 
noyaux, et sur certaines plages de la roche elle à même complètement disparu. L’an- 
tigorite, bien développée, prend alors la structure maillée ou celle dite en faisceaux. 
Il y à presque toujours séparation de produits ferrugineux sous forme de ponctuations. 
Le fer chromé en petits octaèdres est également très rare. 


N° 705. Alluvions de la petite Sosnowka. 

La roche est très semblable au N° précédent, l’olivine est réduite à quelques 
noyaux de forme allongée, comme si la roche avait eu à l’origine une structure paral- 
lèle, L'antigorite est légèrement jaunûtre, les octaèdres de fer chromé sont très rares, 

N°% 706 et 704, Même provenance. 

Cette roche est identique au N° précédent, laserpentinisation y est seulement plus 
avancée, L'antigoritey présenteexclusivement ladispositionmaillée, Peu de fer chromé. 


(106) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 163 


N®% 1030 et 1034. Dunite massive, crète de l’éperon du Koswinsky. 

Cette roche est en tous points semblable à celle du Sosnowsky-Ouwal, elle est 
formée par des grains idiomorphes d’olivine, avec fissures serpentineuses remplies 
par une antigorite légèrement polychroïque. Le fer chromé en octaëdres est abon- 
dant. Il existe également sur l’éperon du Koswinsky des variétés plus complètement 
serpentinisées, analogues au N° 707. 


S + Composition chimique des dunites et formule magmatique. 


Analyses. 


N° 133 N°705 N° 1030 
Si02 )6,89 39,4] 38.06 
ALOs Sat) de 0,31 
Cr20: < ee \ LS 1.39 
FezOs - 3,60 443 6,12 
FeO = 6,69 3.66 D 29 
Cao — 1.09 0,52 
Me0 = 109) 07 44,05 29,91 
Perte au feu — 6,93 19:98 8.35 

100,42 101,06 100,55 


Dans les N° 153 et 705, le chrome n'a pas été séparé de lalumine, il format 
la presque totalité du mélange. 

Ces analyses montrent nettement l'influence de la serpentinisation qui se fait 
par fixation d’eau, et oxydation partielle du fer ferreux, avec abaissement correspon- 
dant de la teneur en silice. Pour avoir la véritable formule magmatique, 11 faut défal- 
quer l’eau, réduire le Fe203 en FeO, et calculer sur 100 parties, on obtient alors 
les résultats suivants : 


Moyenne sur 100 parties. Quotients. 
S10» = 40,38 0,67 
AbO: — | 
CO 1,64 0,01 R205 
FeO — 11,23 0,15 
MeO  — 16,16 1150 1,31 RO 
Cao = 0,29 0,01 

100,00 


(107) 


164 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


Coefhcients d'acidité & = 0,98. 

Formule magmatique : 67 SiOs : R2Os : 132 RO. 

De la composition moyenne indiquée, on déduit que la dunite à l’état frais 
contient 2,44 ®, de fer chromé et 97,56 °% d'olivine. Il était intéressant de déter- 
miner la composition de celle-ci, ce qui s'obtient facilement en défalquant le fer 
chromé et en calculant le résultat sur 100 parties. Nous avons également procédé 
de même pour la dunite sidéronitique, pour comparer la composition chimique de 
l'olivine dans ces deux roches, les résultats obtenus sont les suivants : 


Olivine de la dunite Olivine de la dunite 
massive I. sidéronitique I. 
SiO2 — 41,46 44,40 
FeO :- 10,75 5,18 
MeO — 47,81 47,42 
100,00 100,00 


Les formules moléculaires calculées sur les compositions ci-dessus, sont les 
suivantes : 

L. Olivine (dunite massive) : (FezSi0,) + 8 (MezSiOs). 

IT. Olivine (dunite sidéronitique) : (FezSi04) + 10 (MezSiOu). 

Ces deux formules exigent la composition chimique suivante : 


Calculée pour I. Différence A  Calculée pour II. Différence À 


SIDE — 40,79 + 0,68 41,15 + 3,25 

FeO — 10,87 0,14 8.98 — (80 

MeO — 48,3 209 49,87 — 2,45 
100,00 100,00 


A Différence entre les valeurs observées et celles calculées. 

La concordance pour lolivine de la dunite massive est très satisfaisante, pour 
celle de la dunite sidéronitique, par contre, elle laisse fort à désirer. Cela vient 
sans doute de ce que, dans cette dernière, il existe toujours du pyroxène dont on ne 
peut tenir compte dans le calcul de la formule, ce qui perturbe évidemment les 


résultats. 


(108) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 169 


CHAPITRE XII 


DESCRIPTION DES ROCHES DU KOSWINSKY. 


LES ROCHES EN FILONS DANS LA DUNITE. 


S 1. Généralités sur les roches filonniennes. — K 2. Les granulites filonniennes à plagioclase 
(plagiaplites micacées). Minéraux, structure, composition et formule magmatique. — $ 3. Les 
albitites, structure, composition chimique. — $ 4. Les diorites anorthiques, structure, compo- 
sition chimique. — $ 5. Les webrlites filonniennes, minéraux, structure, Composition chimique. 


— $ 6. Considérations relatives à la formation filonnienne dans son ensemble. 


S 1. Généralités sur les roches filonniennes. 


Dans la partie qui concerne la géologie du Koswinsky, nous avons montré que 
la dunite massive de léperon qui termine cette montagne vers le nord-est est tra- 
versée par des filons excessivement minces de roches appartenant à deux types 
absolument distincts, lun acide, essentiellement feldspathique, Pautre basique, 
riche en éléments ferro-magnésiens, Ces roches filonniennes n’ont pas été ren- 
contrées dans la dunite du Sosnowsky-Ouwal, peut-être cela tient-il à ce que laccès 
du terrain est beaucoup plus difficile et les observations rendues très imparfaites 
par suite de la végétation qui couvre le sol; cependant, les alluvions de la petite 
Sosnowka dont le cours supérieur est exclusivement encaissé dans la dunite, ne ren- 
ferment aucune des roches filonniennes trouvées sur l’éperon du Koswinsky: si donc 
celles-ci existaient en cet endroit, il est vraisemblable qu'on en aurait trouvé des 
traces dans cette alluvion. Il convient cependant de remarquer que ces filons sont 
rares et toujours très petits, ce qui peut également expliquer l'absence des roches 
qui les composent dans les alluvions de la petite Sosnowka. 


S 2. Les granulites filonniennes à plagioclases (plagiaplites micacées), 


minéraux, Structure, composition et formule magmatique. 


Ces roches se rencontrent en petits filons qui mesurent à peine quelques centi- 
mètres. Elles sont blanches, d'un grain plutôt fin, et paraissent à l'œil nu assez 
riches en lamelles de mica noir. Sous le microscope, les éléments constitutifs en 
sont : le zircon, la biotite, les plagioclases et le quartz. 


(109) 


166 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


ZIRCON 

Ce minéral est rare et se rencontre en petits grains arrondis inclus dans le 
mica noir. IIS y développent des auréoles polychroïques. Les propriétés optiques 
sont ordinaires, il n'existe généralement pas de profils reconnaissables. 


BIOTITE 
Elle se présente en petites lamelles dont le contour est fortement corrodé. Les 
clivages p—(001) y sont rares. Elle est uniaxe négative, extinction se fait à zéro 
du clivage p—(001), la biréfringence »,-», atteint 0,041. Cette biotite est forte- 
ment polychroïque, l'absorption se fait comme suit: »$ brun rougeàtre très 


foncé, #, — Jaune verdâtre pâle. 
PLAGIOCLASES 


Ce sont eux qui forment de beaucoup l'élément principal de la roche. Ts sont 
maclés selon la loi de Palbite, de la péricline et de Karlsbad, Leurs caractères 
optiques coïncident avec ceux des termes les plus acides de la série, comme le 
montrent les déterminations suivantes : 

1. Section Sn, mâclée selon Ab et P. 

Extinction de 1 Sn, pour P — —85 °1 pour A1 = +6° 
id. le#ids — +88°1 id —-—8°\ 
2. Section Sn, maclée selon Ab, », — bissectrice aiguë. 
ÉSeN de b ut dE Le ! — 30°, An, voisin de Abs Am. 
id. l ts 
3. Section Sn, mâclée selon Ab (1 Sn, sur 1, », s'éteint du coté de la perpen- 


oligoclase. 


diculaire au clivage p — (001). 
Extinction de 1 Sny— 8°} 
id. 1’ + 10°\ 
4. Série de sections maclées selon Ab, perpendiculaires à g'— (010) 1 = 3°, 


— 10 °/, A5, entre Ab et Ab: Ami. 


4° 72, 67, S° (la plaque donnant ce chiffre est voisine d’une bissectrice centrée), 
la variété est comprise entre Ab et Abs Am). 

5. Section Srz, chivage p — (001), cassure h! — (100). 

Extinction de #9 — + 12 — oligoclase albite entre Ab et Ab4 Ami. 

6. Section g' — (010). 

Extinction de », — + 10 — oligoclase albite. 

On voit donc que tous les plagioclases sont compris entre lalbite et les oligo- 
clases plutôt acides. Il n'existe pas d’orthose dans la roche, par contre, nous avons 
trouvé plusieurs sections feldspathiques assez énigmatiques, qui présentaient les 
caractères suivants : les sections étaient mâclées généralement sous forme d’un gros 
individu réuni à une seule lamelle, le premier était perpendiculaire à »$ et par con- 


(110) 


RS ds 


RECIERCIHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 167 


séquent voisin de g! (010). Les extinctions de », rapportées au plan de macle et 
à la vibration négative ont été trouvées comme suit : 
Extinction de 1 Sn, — — 16 
id. 1 LE 
Ces valeurs, dans l'hypothèse où la macle serait celle de la péricline, coïnci- 
deraient sensiblement avec celles que nous avons données pour le labrador Abs An, 
et qui correspondraient à: 
Sn pl? 


#9 


Il parait cependant très étrange de 
ne rencontrer qu'une où deux sections 
d'un labrador aussi basique, parmi des 
feldspaths dont l'acidité est presque celle 
de l’albite. 

QUARTZ 

Il estabondant, et se trouve en grains 
idiomorphes renfermant généralement 
des inclusions liquides. 


STRUCTURE 


La structure est panidiomorphe gre- 
nue, le quartz représente le dernier Granulite  filonnienne à  plagioclase. Coupe 
A : 14 n° 1052. Chambre claire. Grossissement — 13 diam. 
‘1eme ‘0ONS0 », La TOCNe EST AVE US T- sde ; . u 
élément consolidé. La roche est yn 0 Nicols croisés. M = mica. f — feldspath. Q = quartz. 
métamorphosée, certaines zones sont 
écrasées et transformées en brèche microscopique. Les altérations secondaires sont 
peu manifestes. 

COMPOSITION CHIMIQUE 


Analyse du N° 1032. Composition ramenée Quotients, 
à 100 parties. 
SO: — 70,95 11,82 1,19 
AbO: — 14,29 14,46 0,142 } 
: _ 0,149 ROs 
FezOs — 1,19 1.20 0,007 \ 
CAUSE — 2,19 2,22 0,04 
MeO = 4,20 AND 0,106 | 0.239 RO + R:0 
KO — 0,77 0,78 0,008 
: 23 ” "| 0,093 R:O 
NaO — 5.20 5,27 0.085 | | 
Perte au feu 2,27 - — 
101.06 100,00 


(111) 


168 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


Coefficients d'acidité à — 3,47. 
Rapport de RO : RO — 1: 1,56. 
Formule magmatique: 8 SiOz : R20O5 : 1,6 RO. 
Cette formule montre que les plagiaplites micacées se rapprochent comme 
composition magmatique de certaines diorites quartzifères, elles sont cependant plus 


acides. 


S 3. Les albitites, structure, composition chimique. 


Les roches auxquelles nous avons donné le nom dalbitites, sont d'une couleur 
grisatre, à grain très fin, presque aphanitiques. Sous le microscope elles se mon- 
trent pour ainsi dire exclusivement formées par de l’albite, réunie à un peu de 
sphène et à quelques plages chloriteuses, restes vraisemblables d'un élément ferro- 
magnésien disparu. 


SPHÈNE 


Il est disséminé dans toute la roche et se rencontre en petits individus libres 
ou inclus dans les feldspaths. Ses grains sont irréguliers, de couleur jaunâtre, trans- 
lucides, avec les propriétés optiques ordinaires. 


PLAGIOCLASES 


Ils sont maclés selon la loi de l’albite, les lamelles sont toujours fines et ser- 
rées, on n observe pas de mâcles de Karlsbad. 
1. Section Sn, maclée selon Ab. 


9 0 


Extinction de 1 Sn, = 13 | te 
id. 13°; DEA 

Sur 1 on voit une bissectrice non centrée. 
2, Section Sn, mâclée selon Ab. 
Extinction de 1 Sny — 18°} 
id, 1 — 1) 
Sur 1 on observe une bissectrice non centrée. 


— Albite. 


3. Section Sn, maclée selon Ab. 
Extinction de 1 Sn,, — 19 x 
s Pie , (ee Albite. 
id. Il 110) 
4. Section g' — (010), avec bissectrice aiguë ny. 
Extinction de #, — + 19 —albite. 
Nulle part nous n'avons pu trouver d’orthose ou de quartz. 


(112) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 169 


ÉLÉMENTS SECONDAIRES 
On observe très localement quelques plages de couleur vert pale, formées par 
un minéral lamellaire, dont les lamelles sont orientées diversément, Celles-ci S'étei- 
gnent parallèlement à la trace d'un clivage visible qui est positif, les lamelles sont 
très peu biréfrmgentes 3-7, — 0,003. Ces lamelles appartiennent sans doute à 
une chlorite née d'un élément noir préexistant complètement disparu. 


STRUCTURE ET PHÉNOMÈNES DYNAMIQUES 

La structure était originellement grenue avec égal développement des divers 
individus; mais les phénomènes dynamiques ont si profondément modifié celle-ci 
qu'il est bien difhcile de la rétablir. Les feldspaths sont brisés, leurs lamelles tron- 
connées et les tronçons déplacés selon de véritables plans de failles microscopiques. 
Par places les minéraux sont écrasés, la roche présente alors l'aspect d'une brèche 
microscopique à petits éléments esquilleux. 

COMPOSITION CHIMIQUE 


Analyse du N° 1037. 


S10» — 66,09 
TO: = 0.23 
AbO: — IS.S9 
FeOs 0.91 
Ca0 - 1,09 
Me0 = 1,53 
K20 — 0,4S 
Na0 10,84 
Perte au feu  — JAI 
101,19 
L a mens ne) 
La formule magmatique est la suivante : 
Analyse ramenée à 100 parties. Quotients. 
SIO2 == 67.07 1.101 
ce Le ( 1104 RO: 
lit }  — 0.25 0,005 \ 
AbO; — IS. S5 0,185 | 
A pe | 0.191 R:0s 
FeO: = 0,91 0,006 \ 
Ca0O — 1.09 0.020 
L 4 0.058 RO 
Mos0' — .53 0,038 | 
s Du 0,238 R20 + RO 
K2O — O,48 0,005 | 
> NO AIS 0 R,0 | 
NaO — 10,84 0,175 | 2) 
100,00 
(113) 


MÉM. SOC, PYS, ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 84 (1902). 


© 


170 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


Coefficient d'acidité à — 2,71. 

Rapport R:0 : RO — 3,42 : I. 

Formule magmatique — 3,78 Si: : R2Os : 1,246 RO. 

Cette composition, comme on le voit, se rapproche sensiblement de celle de l'al- 
bite pure; les oxydes de fer et de magnésie proviennent sans doute de la chlorite 
mélée à celle-ci. 


S 4. Les diorites anorthiques, minéraux, structure, composition chimique. 

Ces roches, essentiellement mélanocrates, sont de couleur noirâtre et assez 
finement grenues. À l'œil nu, elles paraissent formées presque entièrement par de 
la hornblende noire en cristaux raccourcis, mais à la loupe on distingue parmi ces 
derniers quelques grains de feldspath. Au microscope, les minéraux constitutifs de 
ces roches sont: l’apatite, la magnétite, la hornblende et le plagioclase. 

APATITE ET MAGNÉTITE 

L'apatite se rencontre abondamment dans cette roche, elle se trouve en in- 
clusions dans lamphibole, mais également à l'état libre parmi les autres éléments. 
Ses petits prismes hexagonaux sont raccourcis et généralement terminés: leurs 
propriétés optiques sont normales. La magnétite est très répandue, elle se rencontre 
en gros octaëdres ou en grains arrondis inclus dans la hornblende. 

HORNBLENDE 

Celle-ci ressemble absolument à celle trouvée dans les diorites filonniennes à 
anorthite qui traversent la koswite. Les cristaux sont courts, trapus, les cli- 
vages m — (110) sont constants: en dehors des profils m — (110) et g'— (010) on 
ne trouve pas d’autres formes développées. Sur g! — (010) l'extinction de la vibration 
positive se fait à 17 (oculaire Calderon), les indices de réfraction mesurés direc- 
tement ont été trouvés de : 


L] 
Tableau des indices pour la hornblende pour la raie D. 
No Orientation pt 
de la coupe. de la section. | Re Yan My Merlin Nm TU 


| 

1036 | Sny 1,6856 | 1,6765 | 1,6628 | 0,0228 | 0,0091 | 0,0137 
| 
| 


1,6627 APS ENTER) 


La valeur de la biréfringence maxima déterminée directement est de 0,093. 


Le signe optique est négatif — »,, l’angle des axes mesure au goniomètre pour 
la raie D — 82° '/,; la valeur calculée — 78° 24”. Ce chiffre a été calculé au 


moyen des indices. La coloration et le polychroïsme de cette amphibole sont très 

intenses, en lames déjà un peu épaisses elle est presque opaque; on observe les 

couleurs suivantes pour labsorption : #4, — verdâtre foncé, », — verdâtre, 
(114) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 171 


ñ, — Jaune verdâtre pale. Cette hornblende représente donc un type assez par- 
_ticulier sans doute nouveau, et analogue à celui décrit à propos des roches 
filonniennes dans la koswite. Elle se distingue par la valeur de ses indices, par sa 
biréfringence, et surtout par la grandeur de Pangle des axes optiques. 
PLAGIOCLASES 
Is sont réduits par rapport à la hornblende et toujours kaolinisés, ils sont maclés 
selon la loi de lalbite et de la péricline: les lamelles sont généralement larges. 


1° Section maclée selon Ab, voisine de la bissectrice 5. 


Extinction de 1 voisin de Sn, = + 46° } 1 
E J mot —= Anorthite. 
id. 1 — — 66° | 
2° Section Sn,, maclée selon Ab et P. 
Extinction de 1 Sn, pour P = — 35° 1 pour A, — + 40° } Re 
: È cs ee 3 — Anorthite. 
id. l ES Gheune + — 60 


3° Section maclée selon Ab et K, perpendiculaire à g'— (010). 


59 


Extinction de 1 — | $ 
;  (— Anorthite. 
id. 210%? 
Irésulte de ces déterminations que le plagioclaseest exclusivement delanorthite. 
STRUCTURE 
La structure est grenue, les prismes de hornblende, orientés optiquement d’une 
manière différente, se groupent directement et laissent ça et là entre eux 
quelques vides dans lesquels Panorthite à cristallisé. Les minéraux sont 11 par- 
faitement isométriques, et la roche présente une grande analogie avec le N° 14 décrit 
précédemment, qui était cependant plus feldspathique. 


COMPOSITION CHIMIQUE 


N° 10536, analyse. Ramenée à 100 parties.  Quotients. 
S102 — 40,30 40,41 0,679 
AlkOs — 17,63 17,68 0,173 
Cr205  — 0,34 0,35 0,002 re R2Os. 
Fe:Os — 6,39 6,37 0,040 
FeO — 10,28 10,31 0,145 
CaOMe= 15:85 13,88 0,248 Co 5or RO. 
MnO — = ce ee | 
MeONW = nel 8:53 8,25 0,206} 0,640 RO + R:0. 
NaO — 2,48 2,49 0,040 
K20O  — 0,26 0,26 0,003 | 0,043 R20,. 
Perte au feu 0,92 — — | 

100,64 100,00 


(115) 


479 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


Coefhcients d'acidité & = 1,04. 
Rapport R:0 : RO — 1: 13,8. 
Formule magmatique 3,14 SiO: : R2Os : 2,98 RO. 

Cette formule rapproche les diorites 
anorthiques filonniennes dans la dunite, 
des types les plus basiques connus parmi 
les roches dioritiques. 


S 5. Les Wehrlites flonniennes. 
minéraux, structure, composition chi- 


mique. 


Ces roches se rencontrent en très 
petits filons dans la dunite. Elles sont 
noiraâtres, grenues, et complètement 
exemptes de feldspath. Sous le micros- 


cope, les éléments constitutifs en sont : 


Diorite anorthique filonnienne. Coupe n° 1036. Le ps 
Lumière naturelle. Grossissement — 22 diam. A — la magnétite, les spinelles chromifères, 


amphibole. f — feldspath. Les feldspaths avec nicols  l’olivine, le pyroxène et la hornblende. 


croises. 


MAGNÉTITE 
Ce minéral est très abondant et se rencontre en grains idiomorphes, plus rare- 
ment en petites plages sidéronitiques. Il est en général mélé aux autres minéraux, 
ou aussi en inclusions dans le pyroxène et la hornblende. On trouve également 
quelques grains de pléonaste liés à cette magnétite. 


OLIVINE 
L'olivine forme à peu près le tiers de la roche. Elle se trouve en grains arron- 
dis et hyalins, toujours craquelés, altérée par les actions secondaires et trans- 
formée totalement où partiellement en un minéral brun verdâtre, peu biréfringent, 
qui parait par places avoir une texture fibrillaire. 


PYROXÈNE 
Le pyroxène se présente en cristaux raccourcis, transparents et incolores, ren- 
fermant fréquemment des inclusions lamellaires et des grains opaques. Il ne montre 
pas de profils reconnaissables, et il est de plus rarement maclé. Les extinctions sur 
g'— (010) se font sous des angles très petits qui ne dépassent jamais 38° et 
tombent quelquefois à 36. L’angle des axes 2V est petit également (voisin de 53°). 


(116) 


PVR PER GP 


RECHERCIES PÊTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 173 


La bissectrice aiguë est positive »4. La biréfringence #3-n9 — 0,029. Le pyroxène 


est sans doute une variété de diopside. 


HORNBLENDE 


La hornblende est très abondante et quantitativement égale au pyroxene, Les 
cristaux présentent aussi des formes raccourcies, et ne sont généralement pas 
mäâclés. Sur g'— (010) il s'éteignent entre 20 et 22° pour la vibration positive, la 
biréfringence maxima #z-#p — 0,023. Le signe optique est négatif, l'angle des 
axes 2 V dépasse 69°. Le polychroïsme est faible, la coloration de cette hornblende 


est quelquefois très pale. On observe généralement : 7, — brun verdâtre assez pale, 


fm — brun plus pâle, », — presque incolore. La hornblende, de méme que le 
pyroxène, sont localement allotriomorphes par rapport à l’olivine. 


STRUCTURE 


La structure est panidiomorphe grenue. Les différents minéraux constitutifs 
sont isométriques et ce n’est que rarement que le pyroxène où Famphibole moulent 
en certains endroits le péridot. On pourrait à la rigueur choisir un nom nouveau 
pour cette roche qui est bien, minéralogiquement parlant, une wehrlite, mais qui se 
distingue cependant de la wehrlite typique par son caractère filonnien. 


COMPOSITION CHIMIQUE 


Analyse ramenée à 


N° 1040. 100 parties. Quotients 
On = 44,94 45,05 0,751 
AkO: — 4S4 4.85 0,047 
CrUse— 0,76 0.76 0.005 »; 0.071 R2Os 
FezO3 — 4.64 16 0.029 \ 
FeO — 6.75 6.76 0.094 | 
Ca0 = 14,70 14,73 0.263 | 0,937 RO 
MsO — 23.16 2391 0,580 | 
Perte au feu 1.44 == — 
101.23 100.00 


Coefficients d’acidité— 1,26. 
Formule magmatique : 10,5 SiOs : R205 : 13,3 RO. 


| 7h LOUIS DUPARC -ET FRANCIS PEARCE 
S 6. Considérations relatives à la formation filonnienne dans son ensemble. 


Il n'est point dénué d'intérêt de comparer les roches filonniennes que nous 
avons rencontrées aussi bien dans la dunite que dans la koswite et les gabbros, 
avec celles trouvées par M. Lœwinson-Lessing au Daneskin-Kamen et soigneu- 
sement étudiées et décrites par lui. Cette montagne, située au nord du Koswinsky, 
appartient sans doute à la mème zone éruptive; l’auteur en question cite une 
série de roches curieuses rencontrées aussi bien dans la dunite massive que dans 
les gabbros et les pyroxénites de la région, À côté de filons gigantoplasmatiques 
qui manquent au Koswinsky mais que nous avons retrouvés au Tilaï, M. Lœwinson- 
Lessing à remontré toute une série de roches mélanocrates en filons généralement 
minces, qu'il range dans les principales catégories suivantes : 

1. Des picrites filonniennes à hornblende, qui traversent la dunite massive de 
la Supreja. Ces roches holocristallines et micro-grenues se composent d’olivine et 
de hornblende violette, presque incolore en lames minces. On y trouve également 
quelques grains de feldspath décomposés: la roche, de par ce fait et aussi de par 
la composition spéciale de la hornblende, devient légèrement alcalifère. La formule 
magmatique de ces picrites est la suivante: 8 RO : R2O5 : 6,85 SiOz. Coefticient 
d’acidité z— 1,22, Ces roches se rapprochent évidemment beaucoup des webrlites 
filonniennes traversant la dunite du Koswinsky. 

2, Des micro gabbros-diorites riches en magnétite. Ce sont des roches gri- 
satres, entièrement cristallines, qui se trouvent en filons dans les diallagites et les 
hornblendites du Pichtowi-Ouwal. Leur structure est micro-granitique, elles ren- 
ferment des grains allotriomorphes de plagioclase, de laugite verte, de la hornblende 
et de la magnétite, À lexception de laugite, ces divers éléments sont en parties 
égales. La formule magmatique répond à : 2,24 SiOz : R2Os : 1,79 RO. Coefficient 
d'acidité — % 0,90, Cette roche est pour M. Lœwinson-Lessing un micro-gabbro 
ultrabasique, à magma camptonitique, mais plus basique et plus pauvre en alcali. 

3. Des micro-diorites qui se rencontrent en filons noirs, grenus et aphani- 
tiques, dans les gabbros de la Supreja. Ce sont des roches mélanocrates formées 
par de la hornblende et du plagioclase en grands cristaux, contenus dans une masse 
kataclastique réelle ou simulée, finement grenue, formée par les mêmes minéraux. 
La formule de cette roche est 4.81 Si0> : R2Os 4,25 RO. Coefficient d’acidité — 
1,31. Rapport R20 : RO =1 : 21. 

4. Des micro-diorites, en filons dans les gabbros-norites de l’arête entre Solwa 
et Supreja; de formule magmatique : 3,31 Si02 : R2Os : 2,68 RO. Coefficient d’aci- 
dité = 1,15, rapport R:0 : RO=1 : 20. 

(118) 


1 


RECHERCHES PETROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 1) 


5. Des diorites porphyriques et des hornblende-porphyrites à structure holo- 
cristalline. 

6. Des enstatite-hornblende-porphyrites à masse holocristalline, composées 
de hornblende, de feldspath et d’enstatite, avec phénocristaux de ce dernier minéral, 

7. Des micro-diorites porphyrites avec phénocristaux de hornblende brun vio- 
lacé. 

Nous grouperons maintenant les diverses roches filonniennes que nous avons 
rencontrées au Koswinsky, en les réunissant en deux séries, l'une basique, Fautre 
acide. 

TYPE BASIQUE 

1. Dunites sidéronitiques. 

Formule magmatique : 5,4 SiOs : 1,1 R205 : 10,7 RO. 

Coefhicient d’acidité : 4 — 0,79. 

2, Dunites filonniennes ordinaires : Formule magmatique : 67 SiOz : RO : 132 
RO. Coefhcient d'acidité & — 0,98. 

3. Diorites anorthites filonniennes : Formule magmatique : 3,14 SiOz : R20;: 
2,98 RO. Coefficient d’acidité & — 1,04 R20 : RO — 1: 13,8. 

4. Wehrlites fillonniennes : Formule magmatique : 10,5 SiOz : R2O5, : 13,3 RO. 
Coefticient d'acidité 3 — 1,26. 

>. Micro-pyroxénites filonniennes aphyriques. 

6. Microgabbros porphyriques. 


TYPES NEUTRES OU ACIDES 


1. Granulites filonniennes micacées. (Plagiaplites micacées.) Formule magma- 
tique : 8 SiOz : R203 : 1,6 RO. Coefficient d'acidité + — 3,47, rapport R20 : RO — 
17-5150 

2, Diorites filonniennes leucocrates : Formule magmatique : 5,67 SiOz : R2O%ë : 
1,03 RO. Rapport R:0 : RO — 1,34 : 1. Coefhcient d'acidité à = 2,796. 

3. Plagiaplites : Formule magmatique : 4,12 SiOz : R205 : 1,12 RO. Coefticient 
d’acidité x — 1,99, rapport R20 : RO — 1 : 1,58. 

4. Albitites : Formule magmatique : 5,78 Si : R2Os : 1,246 RO. Coefficient 
d'acidité — 2,710. Kapport R:O : RO — 3,42 : 1. 

En comparant les roches du Koswinsky avec celles du Daneskin-Kamen, on voit 
qu'il y à certainement une grande analogie entreelles, bien que les roches filonnien- 
nes de ce dernier appartiennent en grande majorité à des termes ultra-basiques qui 
ne se distinguent, chimiquement parlant du magma camptonitique, que par une basi- 
cité plus grande et par un abaissement caractéristique dans la teneur en alealis. Ces 


(119) 


176 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


roches forment pour M. Lœwinson-Lessing une famille naturelle, celle des mélano- 
crates alcaliptoches: et dès lorsles produits finaux ultra-basiques de la différenciation 
des magmas des roches basiques de profondeur rencontrés toujours en filons minces, 
pourraient à l'avenir se subdiviser comme suit en : 

1° Groupe des alcaliptoches, comprenant les micro-gabbros et les micro-diorites 
à magma ultra alcalino-terreux. 

20 Groupe des alcaliplètes, qui correspondrait sensiblement aux urtites et aux 
roches analogues, caractérisées à la fois par la basicité du magma et l'abondance 
des alcalis. 

30 Le groupe des camptonites (que nous proposons d'appeler mésalcaliplètes) qui 
représenterait celui des roches intermédiaires entre 1 et 2. 

Pour être complet, il faudrait, à notre avis, à ces trois groupes en ajouter un qua- 
trième, qui comprendrait les roches filonniennes sans alcalis, traversant en filons min- 
ces les roches basiques massives. Ce groupe serait représenté au Koswinsky par les 
micro-péridotites, les pyroxénites filonniennes, les wehrlites filonniennes, etc., tandis 
que celui des alcaliptoches comprendrait les diorites anorthiques filonniennes et les 
micro-gabbros porphyriques. 

Dans la dunite massive de l’éperon du Koswinsky, comme dans la koswite elle- 
méme, nous retrouvons une double formation filonnienne, lune mélanocrate basique, 
l’autre leucocrate acide. Nous avons déjà indiqué sommairement, à propos des roches 
filonniennes dans la koswite, que l’on pouvait concevoir ce phénomène comme résul- 
tant d’une certaine incompatibilité entre les éléments résiduels des roches basiques 
abyssales. Le résidu que M. Lœwinson-Lessing compare à des eaux mères, se sépa- 
rerait en deux éléments, l’un basique et faiblement alcalin, l'autre hyperacide conte- 
nant sans doute les dissolvants et les minéralisateurs:; ces éléments cristalliseraient 
alors séparément et seraient l’origine de la double formation observée. Sans doute, 
dans l’état actuel de la question, il n’est guère possible de préciser les conditions dans 
lesquelles les roches abyssales basiques se sont consolidées: à la vérité les observa- 
tions faites à propos de la koswite sembleraient indiquer que le facteur température 
peut avoir joué ici un rôle plus grand que pour les roches acides, mais il ne faudrait 
cependant pas exagérer les conséquences que lon peut tirer de la concordance 
dans l'ordre de consolidation observé, avec labaissement des points de fusion des 
minéraux constitutifs et les expériences de M. Vogt sur la cristallisation simultanée de 
l’olivine et de la magnétite, montrent qu'il serait dangereux d’exagérer la portée de 
cette coïncidence, De toutes façons il n’en est pas moins incontestable que les roches 
basiques de profondeur ont, elles aussi, été accompagnées de dissolvants et de miné- 
ralisateurs comparables à ceux qui jouent un si grand rôle dans la consolidation des 


(120) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 128 


roches granitiques acides. Les recherches de M. Lacroix sur les contacts si variés et 
si intéressants de la lherzolithe sont absolument démonstratifs à cet égard. L'abon- 
dance des minéraux alcalifères et fluorés observés par lui au contact de roches ultra- 
basiques très pauvres en soude et en potasse ou qui même n'en renferment pas, mon- 
tre clairement que les alcalis n'ont point été fixés dans le magma basique, mais 
qu'ils constituent en quelque sorte un produit d’exsudation mis en liberté avec les dis- 
solvants et les minéralisateurs. C’est probablement à la suite d’une exsudation analo- 
gue que se sont formés les filons et les filonnets acides rencontrés aussi bien dans la 
koswite que dans la dunite de l’éperon du Koswinsky. 


CHAPITRE XIII 


DESCRIPTION DES ROCHES DU KOSWINSKY. LES DIABASES DU KROUTOÏ-OUWAL. 


S 1. Généralités sur les diabases et sens affecté à cette dénomination. — $ ?. Minéraux constitutifs 
et principales structures. —$ 3. Monographie des types étudiés. — $ #. Composition chimique 


et formules magmatiques. 


$ 1. Généralités sur les diabases et sens affecté à cette dénomination. 


Nous avons vu que les formations éruptives du Pharkowsky-Ouwal et du Sos- 
nowsky-Ouwal étaient fHlanquées vers l’est d'une zone très continue de roches érup- 
tives également, que l’on pouvait poursuivre sans discontinuité depuis l'embouchure 
de la rivière Garéwaïa jusqu'au confluent des deux Koswa, en passant par l’arête 
rocheuse qui forme la rive droite des sources de Balchaïa-Sosnowka, arête que nous 
avons appelée Kroutoï-Ouwal. Sur le terrain, ces roches éruptives présentent un 
aspect absolument uniforme qui les fait reconnaitre à première vue aussi bien dans 
le lit de la rivière Tilaï, par exemple, qu'au confluent des deux Koswa ou sur le 
Kroutoï-Ouwal. Elles sont de couleur verte généralement claire, avec cette nuance 

(121) 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT, DE GENÈVE VOL. 84 (1902). 


12 


_ “1 _ 1 
178 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


spéciale aux roches qui sont complètement imprégnées de chlorite. A l'œil nu, ces 
roches sont finement grenues avec égal développement des individus minéraux ; 
certains spécimens cependant présentent des phénocristaux qui n’excèdent pas 
0,002 m., et qui paraissent engagés dans une pâte; d’autres sont absolument apha- 
nitiques et lorsqu'ils sont lités par dynamo-métamorphisme, ils sont identiques aux 
schistes chloriteux ou à certains schistes cornés de la région. Certaines variétés sont 
amygdalaires, les amygdales de petite dimension sont alors remplies de calcite. Ces 
différentes roches sont fréquemment pyriteuses et traversées par des filons secon- 
daires de quartz où de calcite. L'uniformité d'aspect que lon observe sur le ter- 
rain cesse lorsqu'on examine ces roches au microscope et malgré leur état de dé- 
composition avancé qui en rend l'étude difficile, on peut se convaincre que bien que 
les minéraux constitutifs soient toujours les mêmes, il existe cependant des struc- 
tures fort différentes. On observe en effet parmi ces roches des types véritablement 
doléritiques, d’autres ayant eu selon toute vraisemblance une structure intersertale, 
d’autres encore qui réalisaient probablement une structure hyalopilitique. I semble 
donc que l’on peut en conclure à la présence simultanée de dolérites (au sens adopté 
par le C. P. F.) ou de basaltites doléritiques et ordinaires avec variétés aphyriques, 
porphyriques où micro-porphyriques. Pour la simplicité de la description et vu la liai- 
son étroite qui existe entre ces différentes roches, nous les réunirons sous le nom glo- 


ba] de diabases. 


S 2. Minéraux constitutifs el principales structures. 


Le seul minéral constitutif primaire reconnaissable et encore déterminable 
est l’augite. Celle-ci se rencontre soit en plages, soit en cristaux corrodés mais sur 
lesquels on peut cependant reconnaitre encore les profils m = (110), g' — (010), 
h'_(100)b'2—(7T11)etp (001). Les cristaux sont faiblement allongés selon 
la zone prismatique, on observe quelques mâcles h'° — (100): l’augite est gé- 
néralement incolore, elle ne renferme pas d’inclusions. Sur g' — (010) extinction 
de», — 55°; le plan des axes est parallèle à g' — (010), la bissectrice aiguë est 
positive — »,. L’angle des axes optiques 2V — 58 © environ (mesure approximative). 
Les biréfringences mesurées directement ont donné : #g-np — 0,022, Ny-lm — 


0,015, #m-% 0,005. 


p 
PLAGIOCLASES 


I est excessivement rare de rencontrer un plagioclase comme phénocristal 
ou comme microlithe qui soit déterminable; dans deux cas seulement, nous avons 


(122) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 179 


pu trouver quelques sections Sn, dont les extinctions correspondaient à une andé- 
sine Ab; Ans, mais il n'est pas possible de se prononcer sur les caracteres de ces 
feldspaths, notamment celui des microlithes quand ils ont existé. 


MINÉRAUX SECONDAIRES 


Ils sont excessivement nombreux et nous les décrirons à propos de chaque type 
en particulier, Ce sont principalement lPépidote, le kaolin, Pactinote, la sericite, la 
chlorite, le leucoxène puis la calcite. 


STRUCTURES ET PRINCIPALES VARIÉTÉS 


On observe différentes structures discernables malgré l'état avancé de décom- 
position de ces roches, elles permettent d'établir dans cette formation quelques types 
bien caractérisés: 

1° Type dorélitique à structure 
ophitique. 

Les roches de cette catégorie ont 
un grain assez fin, mais toujours appré- 
ciable à l'œil nu. Sous le microscope, 
l'augite forme des grandes plages ayant 
chacune une orientation optique unique, 
qui primitivement moulaient et empà- 
taient des feldspaths d'assez grande 
taille mais avec Fhabitus microlithique. 
Ces feldspaths sont complètement dé- 
composés et c'est à peine si, très loca- 


lement, on aperçoit des rudiments de 
. A ES ne =E Type doléritique à structure ophitique. Coupe n° 115. 
lamelles hémitropes. Ils sont remplacés G, Kisement — 13. T — leucosène. P — Rene 
par une masse kaolinique prédominante,  f— feldspath décomposé. La coupe montre les plages 
DE. D d’augite moulant des plagioclases d’habitus microlithi- 
erisatre en lumière naturelle et opaque CROSS ES 
È que, transformés en kaolin. 
en lumière polarisée, Dans celles-ci on 
trouve divers produits secondaires, à savoir: 

1° des amas de chlorite formés par une variété vert pale à peine birétrin- 
gente et polychroïque, ces amas paraissent remplir la carcasse d’un minéral préexis- 
tant complètement disparu. (Peut-être de la hornblende?) La chlorite se présente 
en petites lamelles et en houppes, », coïncide avec le clivage p — (001), », — vert 
très pale, 7, — incolore. 


(123) 


180 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


20 Des amas d'un minéral en très petites lamelles (qui d’ailleurs ne se rencon- 
trent pas chez tous les spécimens). 

Les lamelles parallèles à p — (001) rappellent vaguement un contour 
hexagonal, elles sont rigoureusement uniaxes négatives, de couleur vert olive. 
Les lamelles perpendiculaires à p — (001) s’éteignent en long, elles sont for- 
tement polychroïques avec : »$ — brun verdâtre foncé, », — verdâtre pale. 
La biréfringence est très élevée et atteint 0,04; ce minéral est donc une biotite 
secondaire. 

3° Des plages d'un minéral translucide, de couleur brunatre, polarisant en 
agrégat: ces plages rappellent comme forme celle de laugite. Elles sont même 
parfois enclavées dans ce minéral, mais il est impossible de déterminer la nature 
de ces amas qui proviennent sans doute de la décomposition d’un minéral problé- 
matique qui à complètement disparu; elles sont assez nombreuses et se retrouvent 
constamment dans ce type. Nous les considérons comme appartenant à un minéral 
leucoxénique. 

La disparition complète de l'élément feldspathique et son remplacement par le 
kaolin met admirablement en évidence la structure primitivement ophitique de ces 
roches. Les plages d'augite qui paraissent distribuées dans une masse amorphe, pré- 
sentent alors des contours bizarres rappelant absolument les plages du quartz des 
pegmatites. Le nom de diabases où mieux de dolérites convient donc absolument 
aux roches de ce type. 

20 Type doléritique aphyrique. 

La roche qui présente ce type paraît avoir été formée de gros microlites feld- 
spathiques enchevétrés, mélés à de Paugite assez abondante en individus de dimen- 
sions plus réduites. Les deux éléments pyroxène et feldspath sont étroitement enche- 
vêtrés, et il existe des formes transitoires entre ce type et le précédent caractérisées 
par la présence de petits cristaux-plages de pyroxène moulant localement les micro- 
lithes feldspathiques. Ces roches sont également fort décomposées et souvent très 
dynamo-métamorphiques, l’augite est fréquemment broyée et étirée, les feldspaths 
complètement kaolinisés, sont cependant encore reconnaissables par places. IIS sont 
maâclés selon l'albite et la péricline ; la variété, autant qu'on en peut juger sur les 
quelques déterminations possibles, est plus basique que l’andésine. Ce type renferme 
comme le précédent des petites accumulations de chlorite vert pale, groupées par 
plages, qui évidemment proviennent d'un minéral préexistant; puis des produits 
opaques sans doute ferrugineux ou titanifères, enfin quelques plages de calcite. 
Les roches qui présentent ce type paraissent avoir été entièrement cristallisées, 
autant que permet d'en juger leur état de décomposition avancée. 


(124) 


jours prédominants, du même type que 


LL hi 


RECHERCHES PÊTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL ISI 


3 Type porphyrique, andésitique ou labradorique (paleoandésite, on paleo- 
labradorite au sens du C. P. F.). 

Ce type est à deux temps de consolidation marqués, les phénocristaux sont re- 
présentés: 1°par des plagioclases assez abondants appartenant au groupe de l'andé- 
sine, joints à un minéral ferro-magnésien complètement décomposé et remplacé par 
des amas d’une chlorite d’un vert d'herbe, en petites lamelles distinctes associées à 
un peu de calcite. Il est impossible par la forme des contours de savoir quel était 
le minéral primitif; il se peut que ce soit 
de l’augite, ce minéral subit cependant 
un autre genre de décomposition dans 
ces roches. 2° Par des plagioclases tou- 


les précédents, mais dont la basicité 
descend jusqu'à Ab: Am; puis de l'au- 
gite à caractères ordinaires. Il est à 
remarquer que dans ce cas il n'existe 
pas de grandes sections chloritisées 
parmi les phénocristaux ce qui con- 
firme les doutes exprimés plus haut sur 
le rôle éventuel de laugite dans la for- 


mation de ces plages. e A: SR 
F Type porphyrique à plagioclase (paléoandésite). 


La pâte est un peu variable. Parfois Coupe n° 70. La coupe montre les phénocristaux 
elle est presque grenue et formée par des … Plagioclases disséminés dans une pâte primitivement 
E composée de microlithe fin. complètement altérée. 

grains d’augite très nombreux joints à 

des gros microlithes de feldspath. Cette pate ressemble alors complètement au type 
doléritique N° 2 et nous nous trouvons sans doute ici en présence d'un facies por- 
phyrique de celui-ci. Il est bien entendu impossible de savoir, vu l’état de ces 
roches, s’il existait ou non un résidu vitreux. 

D'autres fois la pâte est formée par des microlithes beaucoup plus courts, 
l'aspect porphyrique de la roche s'exagère dans ce cas, ces microlithes sont circon- 
scrits par un véritable réseau de lamelles de chlorite provenant sans doute de la 
décomposition d'un élément ferro-magnésien. L'augite est très rare dans cette pâte 
soit par le fait qu’elle a peut-être disparu, soit parce qu'elle l'était initialement. On y 
trouve aussi de nombreux petits amas grisatres à relief élevé, qui polarisent à la 
facon des agrégats, et qui sans doute sont d’origine leucoxénique : puis aussi des 
grains de calcite. Ce même minéral forme d’ailleurs quelques amas de la dimension 
des phénocristaux. 


(125) 


182 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


4 Un type porphyrique à grands cristaux d'augite (basaltite à augite). 

Ce type est assez différent des précédents, il est toujours nettement porphyrique, 
mais les phéno-cristaux ne comportent que de l’augite. Ce minéral présente alors 
des formes géométriques reconnaissables. IT est assez volumineux relativement à la 
dimension du grain de la pâte, et présente les caractères optiques qui ont été signalés 
précédemment, On observe que souvent ces phénocristaux d'augite sont sillonnés 
de canaux de décomposition, remplis par une matière colloïde. 

La pâte est complètement transformée et décomposée. Elle à été peut-être à 
l'origine microlithique et hyalopilitique, mais il est impossible de le savoir. Les 
éléments sont en tout cas de petite 
dimensions. Elle est formée par une 
masse feutrée produite par l’entrecroi- 
sement de petites lamelles d’un minéral 
d'aspect micacé ou séricitique, qui pré- 
sentent un clivage p—(001) avec lequel 
coïncide la vibration #4. Ce minéral est 
incolore en lumière naturelle ou très 
légèrement brunâtre, son relief est très 
inférieur à celui de l'augite, sa biréfrin- 
gence maxima ne dépasse pas 0,020, 
Sur certaines lamelles sans clivage et 
peu biréfrmgentes, on observe une bis- 


sectrice aiguë 7, avec un angle des 
Type porphyrique à augite (basallite). Coupe axes 2 assez grand. Ce minéral appar- 
n° 702. Lumière naturelle, la masse est dessinée en 
lumière polarisée. Grossissement — 22 diam. La tient sans doute au groupe de la séricite 
coupe montre les phéno-cristaux d'augite disséminés Let Tr Ovient probablement de le décore 
dans la base décomposée qui représente la pâte. * 3 a 
position de l’augite, car il forme souvent 

une auréole fibro-lamellaire aux cristaux de cet élément: orientation optique des 
fibres est alors toute différente de celle du noyau central. Aux forts grossissements, 
on voit que ces lamelles sont disposées dans une masse argileuse et kaolinique, qui 
provient sans doute des feldspaths; par places, c'est le kaolin qui domine, ailleurs 
ce sont les lamelles en question. Lorsqu'il y à dynamo-métamorphisme intense, ces 
lamelles s'orientent et communiquent alors à la roche une certaine schistosité, On 
trouve également dans la masse argileuse séricitique des grains d’épidote et par- 
fois méme des associations centro-radiées formées par des cristaux de ce minéral, 
puis enfin des grains de leucoxène ainsi que des amas de calcite. 

Il est donc probable que la masse argilo-séricitique observée, remplace la pâte 


(126) 


| 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 183 


microlithique de ces roches: elle provient d’une association de plagioclases basiques 
à l’état de microlithes avec des grains d'augite, les premiers ayant formé le kaolin. 
les seconds le minéral séricitique. 

Lorsque la décomposition jointe au dynamo-métamorphisme sont plus mtenses, 
il devient souvent complètement impossible de reconnaitre l’origine première des 
roches que l’on a sous les yeux et surtout le type qu'elles réalisent. C'est ainsi, par 
exemple que l’augite disparait de plus en plus et ne présente que quelques petits 
débris à peine reconnaissables: par contre, lépidote augmente considérablement de 
méme que la chlorite, et la roche passe par toutes les formes transitoires à des schistes 
chlorito-épidotiques, dans lesquels il est impossible de retrouver une trace de la 
structure première. Il y a dans ce cas toujours séparation de magnétite secondaire, 
ainsi que de quartz disséminé alors en petits grains parmi ceux plus gros de lépidote 
et les lamelles de la chlorite. Dans certaines variétés complètement transformées, on 
ne trouve plus d'épidote, toute la masse est alors formée par un tissu serré de petites 
lamelles d’une chlorite très peu biréfringente parmi lesquelles on trouve localement 
des amas opaques formés par des matières kaoliniques. 

On trouve également des tufs manifestes, dans lesquels on observe une structure 
clastique et bréchiforme des mieux caractérisée et où l’on peut nettement cons- 
tater la présence de fragments appartenant aux divers types décrits, fragments 
qui sont reliés entre eux par des veines remplies d'une chlorite vert d'herbe, 

Il paraît donc incontestable que les différentes roches du Kroutoï-Ouwal font 
partie d'une même famille et qu'elles représentent anciennes nappes d'épan- 
chement dont les roches constitutives peuvent à la vérité avoir eu des structures 
différentes, mais qui ont très certainement une origine commune et une étroite 
parenté. 


S3. Monographie des types étudiés. 


TYPE DOLÉRITIQUE A STRUCTURE OPHITIQUE 
N° 205. Crête du Kroutoï-Ouwal. 


Roche finement grenue, verdätre, un peu plus foncée que d'habitude, d'aspect 
doléritique. Au microscope, l’augite, en plages très abondantes, présente les carac- 
tères indiqués. Les plagioclases sont complètement altérés et transformés en masse 
kaolinique. Sur une macle encore visible, on a relevé une extinction de 15° 7} dans 
la zone de symétrie, la lamelle ne présentait d'ailleurs pas de bissectrice, 11 est donc 


1S4 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


probable que la variété est plus basique que Ab5 Ans. On trouve quelques rares 
amas chloriteux remplissant la carcasse d'un minéral disparu, puis des plages 
opaques ou translucides polarisant dans ce cas à la facon des agrégats, et formées 
par le minéral énigmatique dont nous avons parlé plus haut. La base qui remplace 
les feldspaths décomposés est principalement formée de produits argileux opaques. 
On y trouve cependant çà et là de petits groupements de biotite secondaire. 


N° 204, Crête du Kroutoï-Ouwal. 


A l'œil nu, cette roche parait analogue au numéro précédent. Au microscope 
elle est beaucoup plus altérée et dynamo-métamorphique. Les plages d’augite sont 
écrasées par places, et disséminées dans une masse primitivement feldspathique 
complètement décomposée. La chlorite en grandes lamelles d’un vert pale, est ici 
très abondante. L'épidote se rencontre en petits grains jaunâtres, disséminés sur 
certains points; la masse kaolinique qui renferme les feldspaths contient égale- 
ment un peu de quartz secondaire. 


N° 115. Chemin de Malinka-Koswa à Sosnowka. 


Elle est très analogue au N° précédent, mais les plages d’augite sont beaucoup 
plus larges, elles montrent admirablement la structure primitivement ophitique 
de l'échantillon. Quelques amas du minéral brun décomposé précité. Feldspath entie- 
rement décomposé remplacé par une masse kaolinique. Localement, quelques pro- 
duits ferrugineux accessoires. 


N°0 90. Confluent des deux Koswa. 


La roche ressemble au N° 115, mais elle est plus pauvre en augite qui, cepen- 
dant, y présente la disposition en plages faisant ciment entre les feldspaths. La 
roche semble avoir été leucocrate ou peut-être mésocrate. Les plages sont parfois 
environnées dune auréole de décomposition formée par un minéral fibrillaire 
(séricite?). Les feldspaths sont entierement kaolinisés, et remplacés par des amas 
de substances opaques parmi lesquels sont mêlées des lamelles chloriteuses. 


TYPE GRENU APHYRIQUE 
N° 92, Confluent des deux Koswa. 


La roche est formée par un mélange enchevêtré de gros microlithes de feld- 
spath, mélés à des grains et cristaux d’augite. Le feldspath parait dominant, il est 
mäclé selon lalbite et fortement décomposé; sur certaines sections Sn,, on a re- 


(128) 


ENT 7. 


a PT PS e Fr: ET 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL IS) 


levé des extinctions de 18 à 20°, l'extinction 1’ montrait également une bissectrice 
presque centrée ; la variété oscille sans doute entre Ab: Ans et l'andésine de M. Fouqué. 
L’augite est laminée et écrasée, certaines sections moulent encore le feldspath, 
d’autres sont idiomorphes, c'est là sans doute un terme de passage avec le type pré- 
cédent. Quelques plages de chlorite verte formées de petites lamelles, puis un peu 
de kaolin, des grains de calcite, et des aiguilles d’actinote. 


N° 69. Embouchure de Pharkowka, fond d’un puits. 

Cette roche appartient au même type que le N° 92, mais le grain en est plus 
fin. Elle est également beaucoup plus fortement décomposée: les microlithes de feld- 
spath y sont mélés aux grains d’augite, mais le tout est si fortement décomposé 
qu'une détermination des feldspaths est impossible. Toute la masse est criblée de 
grains opaques, de lamelles de chlorite, de fibres d'actinote et de grains de calcite. 


TYPE PORPHYRIQUE A PHÉNOCRISTAUX DE PLAGIOCLASE (PALÉO-ANDÉSITE) 
N° 70. Près de l'embouchure de la rivière Pharkowka. 


Les phénocristaux comprennent des plagioclases et un minéral ferro-magné- 
sien qui est complètement décomposé et transformé en amas de chlorite vert d'herbe 
mêlés à des grains et des noyaux de calcite. Il n'existe pas d’augite parmi les élé- 
ments de la première consolidation; quant aux feldspaths, plusieurs déterminations 
conduisent aux types suivants: 

1° Section Sn, bissectrice aiguë. 

Extinction de 1 Sn, — 14° 
id. lee 197 
2° Section Sn,, sur 1 bissectrice à peu près centrée. 


Extinction sur 1 Sn, — 18° nt 
pe: Re r85 °/, An, andésine Ab; Ans. 


— entre Abs Am et Ab: Ans. 


id. RTE 
3° Section g' — (010). 
Extinction de #1 — —17. — Labrador, voisin de Ab; Am. 


La pâte est formée de microlithes feldspathiques de même nature que les phéno- 
cristaux, c’est-à-dire en majorité andésitique, autant qu'il est permis de le dire 
dans l’état de décomposition de la roche. Ces microlithes sont associés à de nom- 
breuses lamelles de chlorite, et à des petits grains qui polarisent en agrégat et qui 
sont sans doute le restant d'un élément ferro-magnésien, probablement de l’augite. 
Il est impossible de dire s’il existait ou non un résidu vitreux, la proportion relative 
des phénocristaux par rapport à la pate est assez considérable. 

(129) 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 34 (1902). 24 


186 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


N° 105. Contluent des deux Koswa. 


Les phénocristaux sont plus rares que dans le N° précédent, ils comportent 
des plagioclases qui appartiennent à la série des andésines, de laugite en cristaux 
incolores, puis un autre minéral ferro-magnésien représenté par des amas de lamel- 
les chloriteuses. La pâte est formée par une association enchevétrée de gros micro- 
lithes d'augite et de plagioclase. Les microlithes d’après leurs extinctions, appar- 
tiennent à la série comprise entre Ab; Ans et Ab: Am. On y trouve aussi des amas 
translucides, grisatres, polarisant en agrégats, puis beaucoup de chlorite d’un vert 
pale, de la calcite en petits amas, ainsi qu'un minéral fibrillaire incolore produit 
de la décomposition de laugite, que nous prenons pour de la séricite. La pate est 
ici très largement cristallisée, il n’est pas possible de constater l'existence d’un ré- 
sidu vitreux. 


TYPE PORPHYRIQUE A PHÉNO-CRISTAUX D'AUGITE (BASALTITES) 


N° 700. Gros blocs dans les alluvions de Malinka-Sosnowka. 


A lœil nu la roche est vert grisätre pale, finement grenue, avec quelques 
petits cristaux développés porphyriquement. Sous le microscope, les phéno-cristaux 
sont abondants, moins que la pâte cependant: ils sont exclusivement représentés 
par de laugite, Ce minéral est incolore, présente les profils indiqués précédemment, 
puis quelques macles selon h1—(100) répétées. La pâte ne renferme plus trace 
d'éléments feldspathiques: par contre on y trouve des petits grains d'augite dissé- 
minés dans une masse feutrée et fibreuse, de constitution argilo-séricitique. Quelques 
grains d'épidote et un peu de calcite. 


N° 702, Alluvions de Malinka-Sosnowka. 


Cet échantillon est absolument analogue au N° précédent, les phénocristaux 
y sont cependant moins abondants. La pâte est toujours argilo-séricitique, à texture 
très fine, elle contient quelques volumineux cristaux de pyrite. 


N° 709. Blocs dans l’alluvion de Malinka-Koswa. 


Les phénocristaux d’augite sont abondants, maclés selon h=—(100), sillonnés 
de canaux remplis par de la matière colloïde, ce qui leur communique une structure 
persillée, Quelques grains de magnétite primaire puis pâte argilo-séricitique ren- 
fermant quelques panaches d’épidote à structure centro-radiée. 


(130) 


RECHERCHES PÉTROGRAPIIQUES SUR L'OURAL 157 


N° 66. Fond d’un puits, rive gauche de Pharkowka près de embouchure. 

Cette roche, extrémement décomposée, parait appartenir au méme type. La 
première consolidation comporte en effet quelques phéno-cristaux d’augite avec les 
caractères ordinaires. Puis il existe un assez grand nombre de plages formées par 
de la calcite qui peut provenir aussi bien du remplissage de cavernes (ce qui corres- 
pondrait alors à un facies scoriacé), que du produit de la décomposition de phéno- 
cristaux accompagnant laugite mais dont il ne resterait aucune trace, La pate est 


également argilo-séricitique et surchargée de calcite et de produits opaques. 


FACIES D'ALTÉRATION DES TYPES PRÉCÉDENTS 


N° 203. Près de la crête du Kroutoï-Ouwal. 

Cette roche parait étre un facies de décomposition du type N° 4. Sous le 
microscope, on y voit encore quelques grains d’augite, mais tous les éléments feld- 
spathiques ont disparu. Il ne reste à la place qu’une masse formée par de la chlorite 
disposée en nids et en zones, jointe à des gros grains d'épidote, des éléments 
opaques d’origine leucoxénique, un peu d'hématite, puis localement des grains de 
quartz secondaire. C’est une forme de passage au schistes chloriteux. 


N° 200. Sur le Kroutoï-Ouwal. 

Facies analogue au précédent, mais plus fortement décomposé. On ne trouve 
en effet plus que des rudiments d’augite, toute la masse constitutive est formée ici 
par un mélange d'individus enchevêtrés de chlorite, de produits opaques et leucoxé- 
niques de séricite puis aussi, mais localement, de lamelles de mica secondaire jomtes 


à quelques grains d'épidote. 


N° 201. Sur le Kroutoï-Ouwal. 

Facies analogues au précédent mais très dynamo-métamorphique, la roche ne 
renferme plustrace d'augite primitive et présente une structure manifestement paral- 
lèle. Elle est en grande partieformée d'une chlorite vert pale légèrement polychroï- 
que, enchevêtrée avec des paillettes de séricite et des petits grains d'épidote. On 
trouve encore quelques amas de matiere kaolinique, rarement un peu de calcite. Le 
type primitif ayant donné naissance à cette roche était probablement le N° 2. 


N° 202, Kroutoï-Ouwal, sur la crête. 


Cette roche est complètement transformée et a perdu toute trace de son origine 
première, Sous le microscope elle est formée d’un enchevétrement feutré très uni- 


[SS LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


formé de lamelles de chlorite et de paillettes de séricite. On y rencontre aussi une 
grande quantité de petits grains d’épidote très uniformément disposés dans la masse, 
puis des produits opaques, et enfin localement un peu de quartz secondaire localisé 
sur certains points. 

N° 57. Embouchure de la rivière Tzenkowka. 

Cette roche est un peu différente des précédentes, elle ne garde rien de son ori- 
gine première, Sous le microscope, elle est formée par une association intime de 
quartz, d'épidote très abondante, de lamelles de chlorite jointes à des produits opaques 
et leucoxéniques. 


N° 58. Embouchure de la rivière Tzenkowka. 

Ce spécimen est formé par de la chlorite réunie à beaucoup d’épidote et à des 
produits opaques. [existe localement du quartz secondaire, mais toute trace des miné- 
raux constitutifs primordiaux à complètement disparu. 


N° 67. Fond d'un puits, près de l'embouchure de Pharkowka. 


Roche complètement décomposée, schisteuse, formée par desélémentskaoliniques 
réunis à de la chlorite et du quartz. I n'existe plus trace des minéraux constitutifs. 


N°65. Fond d’un puits près de l'embouchure de Pharkowka. 

Roche entièrement décomposée, verdatre, finement grenue, formée par une asso- 
cation argilo-séricitique dans laquelle on trouve encore quelques débris d'augite, 
mais en petite quantité. Dans la masse séricitique on remarque quelques grains d’épi- 
dote puis des produits opaques d’origine leucoxénique. 


N° 91. Confluent des deux Koswa. 

Roche écrasée, schisteuse, formée par une masse argileuse et séricitique, avec 
trainées de chlorite et d'éléments opaques. Beaucoup de grains d’épidote puis quel- 
ques plages d’augite encore appréciables. Le type réalisé ici, à en juger parla forme 
de laugite, était probablement le N° 1. 


N° 181. Blocs en place dans la rivière Tilaï en amont de Graréwaïa. 

Cette roche représente absolument le type N° 4 observé au Kroutoï-Ouwal, il 
est seulement dans un état d’altération plus avancé. Les phénocristaux d’augite sont 
rares et détruits par altération, les formes géométriques de leur profil ont disparu, 
et les noyaux qu'il en reste sont entourés d’une auréole fibrillaire séricitique. La 
masse principale est argilo-séricitique comme d'habitude, elle ne renferme que peu 
de chlorite. 


(132) 


RECHERCUES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 189 


TUES DES FORMATIONS PRÉCÉDENTES 

N° 206. Kroutoï-Ouwal. 

Cette roche est formée de fragments hétérogènes en voie de décomposition avan- 
cée, On y observe des fragments du type N° 4 et du type N° 2 réunis par des veines 
contournées remplies d’une chlorite vert d'herbe légérement polychroïque, Plusieurs 
autres numéros récoltés en des points différents présentent la même structure et la 
méme composition. 

N° 116. Chemin de petite Koswa à Sosnowka 


Ce spécimen.est absolument identique au N° précédent et ne S'en distingue 
en rien. Les débris anguleux sont soudés par de la chlorite verte et polychroïque. 


S 4 Composition chimique et formules magmatiques. 


Nous avons analysé deux des types principaux indiqués, de façon à voir 
quelle était leur analogie magmatique. I convient cependant de prendre en considé- 
ration l’état d'altération avancé de ces différentes roches qui compromet la valeur 
des résultats au point de vue de leur interprétation. 


Analyses : 


N° 205 N° 700 N° 702 
S102 — 45,56 51.83 22,79 
AkOs = 1 s 8,13 12,12 
FeOs —# Oil 5,58 1,56 
FeO — 10,95 6,91 7,99 
CaO — 12,08 12,54 10,15 
Me0 pi S,86 11,25 
K20 — 0,56 0,71 0,29 
NO 2,58 3,63 3,96 
Perte au feu + CO: — 3,90 2,82 2,26 

102,22 101,01 101,11 
N° 205 — type doléritique à structure ophitique. 
N° 700 — type porphyrique à phénocristaux d’augite (basaltite). 


(153) 


190 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 
N° 702 = type porphyrique, les phénocristaux d’augite sont beaucoup plus 
abondants. 


Malgré l'état de décomposition de ces roches les analyses montrent cependant 
un réel caractère de famille. 

Les formules magmatiques ont été calculées pour les N° 92, 700 et 702, On 
trouva les résultats suivants : 


Moyenne sur 100 parties. Quotients. 
N° 205 
SiO: — 46,34 0,772 
AkOs — 14,92 0,146 | 
; ‘ 4 0,175 R:0: 
FesOs — 4,69 0.029 AN ES es 
FeO —- 11,14 01570) | 
CaO — 12,29 0,2190 | 0,3294 RO | 
MgO — 7,43 DD TES) 0,6074 R20 +RO 
K2O — 0,57 0,006 l 
pe t 0,0480 R:0 
Na:O — 2,62 0,042 \ é : 
100,00 


Coefficient d'acidité à — 1,36. 
Rapport R2O : RO  — 1 : 11,65. 
Formule magmatique =— 4,41 SiOz : R2Os : 5,47 RO. 


N° 700. 


Moyenne sur 100 parties. Quotients. 
SiOz = ED 0,878 RO: 
ABOs — 8,28 0,0811 } 

; 0,1166 R:O 
RAD ILNE ES 0,0355 Pr AE 
FeO MEET 0,0977 
Ca0 — LT, 0,2280 } 0,512 RO 
Me0 _ 9,02 0,2255 | 0,6184 RO + R:O 
K:0 HN 0 7 0,0076 | 

2 0,0672 R:0 
NO em 70 0,0596 | LA 


Total. 100,00 
Coefficient d'acidité 4 =: 1,8. 
Rapport R:O : RO — 1 : 8,2. 
Formule magmatique — 7,545 SiO, : R:O% : 5,3 RO. 


(134) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 191 


N° 702. 


Moyenne sur 100 parties. Quotients. 

SiO> 53,36 O0.889S RO: 

AkOs = 12,26 0:1202 } 01288 R:0. 

HO 1,38 0,0086 HS Êe 

FeO = 1,48 0,1038 | 

Ca0 — 10,25 0,1830 *; 0,5713 RO 

Me0O — 11,38 0,2845 \ )_0,6324 R2O + RO 

K20 == 0,29 0,0031 } k 

2 : 0,0611 R:O 

NaO — 3,60 0,0580 | | 
Total. 100,00 


Coefhicient d'acidité & — 1,73. 

Rapport R20O : RO — 1 : 9,55. 

Formule magmatique — 6,908 SiOz: R:O:: 4,91 RO. 

Comme on le voit par les formules qui précèdent, c’est là la véritable expression 
du magma des diabases, et malgré les oscillations observées, il est incontestable 


que toutes les variétés du Kroutoï-Ouwal appartiennent à un seul et même magma. 


CHAPITRE XIV 


DESCRIPTION DES ROCHES DU KOSWINSKY. LES GABBROS OURATILISÉS DE LA 
LIGNE DE PARTAGE. 


$ 1. Généralités sur les roches de la ligne de partage et monographie des types étudiés. — K 2, Les 


roches du Kitlimskv-Ouwal. 


S 1. Généralités sur les roches de la ligne de partage et monographie des 


types étudiés. 


Sur la ligne de partage qui sépare les bassins de la petite Koswa de Kitlim, 
on ne trouve pas de pointements rocheux en place dans la forêt, En revanche on 


(135) 


199 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


rencontre fréquemment des blocs isolés couverts de mousse, qui, sans doute, ne pro- 
viennent pas de très loin et sont probablement analogues à la roche sous-jacente. 
Les différentes roches que l’on y rencontre appartiennent à la même famille, celle 
des gabbros ouralitisés, nous examinerons séparément chaque type rencontré, ne 
pouvant, par suite de l'incertitude laissée par les observations sur le terrain, établir 


aucune relation entre eux. 


MONOGRAPHIE DES TYPES ÉTUDIÉS 


N° 131. Ligne de partage, cailloux dans la forêt. 


Cette roche très largement cristallisée, parait formée à lœil nu en grande 
partie par de la hornblende en volumineux cristaux enchevêtrés, parmi lesquels on 
distingue çà et là une tache rosée formée par l’élément feldspathique; elle res- 
semble à une diorite mélanocrate à grain grossier, Au microscope, la hornblende se 
présente en larges plages de couleur vert foncé, qui provient exclusivement d’un 
diallage dont on retrouve encore quelques traces. L'ouralitisation s’est produite d’une 
facon tout à fait irrégulière, les taches de hornblende marbrent les cristaux de dial- 
lage restant. La hornblende est assez souvent maclée, elle s'éteint sur g' — (010) à 


20° ; le polychroïsme est intense et donne : », — vert foncé, #m — vert, », — vert 
jaunâtre; la bissectrice aiguë est négative et l'angle des axes grand. Le pyroxène 
présente les caractères d’un diallage analogue à celui que lon retrouve dans les 
roches du Katéchersky. Quant aux feldspaths, 11s sont complètement kaolinisés et 
remplacés par des amas opaques, la variété était sans doute basique. On trouve 
quelques plages de magnétite, puis aussi de lhématite secondaire, cette roche est 
done un gabbro ouralitisé à facies mélanocrate. 


N° 124. Ligne de partage, sur le versant de Malinka-Koswa. 


Cette roche est très différente de la précédente, elle est leucocrate, à grain 
beaucoup plus fin. À Fœil nu le feldspath parait de plus grande taille que l'élément 
noir qui est formé par une masse finement grenue. Sous le microscope, le diallage 
est encore abondant, mais les cristaux sont persillés de facules d’amphibole. Par 
places le diallage à complètement disparu, il est remplacé par une mosaïque d’am- 
phibole formée par des individus grenus orientés optiquement d’une manière diffé- 
rente mais qui résultent de louralitisation d’une seule et même plage de diallage. 
On trouve un peu de magnétite secondaire, puis beaucoup de feldspath complète- 
ment kaolinisé, 


(136) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 193 


N° 125. Ligne de partage dans la forêt. 


Cette roche est très finement grenue, de couleur grisâtre, elle représente un 
type également très commun au Katéchersky et dont nous reparlerons plus en dé- 
tail en étudiant cette montagne. Il est formé exclusivement de petits grains de horn- 
blende raccourcis et disséminés dans une masse feldspathique complètement kaoli- 
nisée. La hornblende est d’un vert sale, légèrement polychroïque, ses caractères 
optiques sont ordinaires. Dans la masse kaolinique, on trouve quelques grains de 
quartz secondaire. Bien que cette roche ne renferme aucune trace visible de pyroxène, 
elle appartient sans doute à la catégorie des gabbros ouralitisés, la finesse du grain 
et l'identité avec certains types du Katéchersky trouvés en place, laissent supposer 
qu'elle est filonnienne. 


N° 129. Ligne de partage. 


Cet échantillon rappelle à l'œil nu absolument l'aspect des euphotides, les 
plages de feldspath qui y réunissent l'élément noir sont légèrement verdatres. Elle 
est formée exclusivement par du pyroxène, de la magnétite, des plagioclases et quel- 
ques cristaux de sphène. Le pyroxène est quantitativement égal à l'élément feldspa- 
thique, il est incolore et présente les caractères optiques du diallage, En lumière 
polarisée, il parait criblé de taches à contours capricieux, occupées par une matière 
peu biréfringente, verdätre en lumière naturelle et faiblement polychroïque. Celle-ci 
n'est point de la hornblende comme on pourrait le croire, mais une variété de chlo- 
rite; ce genre de transformation a été également observé au Katéchersky. Dans la 
même roche, mais sur d’autres points, les taches verdatres que l’on observe dans le 
pyroxène sont formées par des fibres de hornblende d'un vert sale, légèrement 
polychroïques, disséminées elles-mêmes dans une masse chloriteuse verte. Il est donc 
probable qu'il y a eu d’abord ouralitisation, puis décomposition subséquente de 
l’amphibole en chlorite. Les feldspaths sont entièrement saussuritisés et remplacés 
par une masse à base de kaolin imprégnée de chlorite, d'épidote et de zoïzite, I 
existe aussi du sphène toujours associé à de la magnétite sans doute titanifère. 

N° 124. Ligne de partage. 

Cet échantillon est un gabbro ouralitisé à grain moyen, à facies leucocrate. 
Sous le microscope la roche renferme du diallage encore abondant et déterminable qui 
emprisonne quelques inclusions lamellaires, comme aussi du fer oxydulé primaire. TI 
est marbré de taches de hornblende verte qui par places le substitue complètement. 
Tout le feldspath est détruit etremplacé par du kaolin imprégné de chlorite. 

(137) 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE. VOL. 84 (1902). 25 


194 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


N° 130. Ligne de partage. 


Cette roche est très semblable à la précédente, le pyroxène y est seulement plus 
rare et presque entièrement transformé en hornblende, on y trouve également quel- 
ques rares grains de magnétite primaire puis une masse feldspathique complètement 


transformée, remplacée par du kaolin avec un peu de quartz secondaire. 
N° 125. Ligne de partage. 


Cette roche est fort différente des précédentes, elle présente à l'œil nu un facies 
porphyrique et parait formée par des grands cristaux feldspathiques, disséminés dans 
une pâte mélanocrate finement grenue. Au microscope, on voit que les feldspaths ne 
sont pas en réalité des cristaux isolés, mais de véritables plages, formées par l’asso- 
cation d'un plagioclase décomposé et d’un diallage encore déterminable, Ces plages 
sont disséminées dans une masse formée par l'association d'individus idiomorphes de 
feldspath, de pyroxène et de hornblende brunâtre, qui en résulte par ouralitisation, 
il existe aussi un peu de magnétite primaire. 

L'examen que nous venons de faire de lune des roches de la ligne de partage, 
laisse reconnaitre, malgré linsufisance du matériel d'étude, une filiation étroite entre 
ces différentes roches qui sont évidemment toutes issues d'un même magma dont elles 
représentent des formes variées de consolidation. Il est intéressant de constater 
qu'elles sont absolument semblables à celles que nous allons retrouver au Katé- 


chersky. 
S 2. Les roches du Kitlimsky-Ouial. 


Le Kitlimsky-Ouval est partout couvert par la végétation et nulle part on n'y 
voit la roche en place. Sous des arbres déracinés cependant on rencontre des roches 
foncées manifestement schisteuses, que l’on prendraitau premier coup d'œil pour des 
amphibolites. Un puits foncé sur la crête du Kitlimsky-Kamen à rencontré en place 
des roches absolument identiques, de sorte qu'il n’est pas téméraire de supposer que 
toute l’arête en est formée. 

L'examen microscopique de ces roches montre qu'elles appartiennent sans con- 
teste à la catégorie des gabbros ouralitisés, ou des diorites laminés et écrasés par 
dynamo-métamorphisme et transformés en schistes amphiboliques. Nulle part on ne 
trouve de pyroxène reconnaissable de sorte qu'il est impossible de décider si la 
roche primitive était un gabbro ou une diorite, mais l'aspect marbré que présentent 
certains cristaux d’amphibole joint aussi à la variation du polychroïsme, de la colo- 


(138$) 


RU, 


RECHERCIIES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 19 


ration et de la biréfringence, laissent supposer qu'on se trouve en face de la pre- 
mière alternative. 

La hornblende forme de beaucoup l'élément prédominant. Elle se présente en 
grands individus à contours effrangés, généralement froissés où ployés, qui ressem- 
blent à certaines glandules des gneiss œillés, soit en individus beaucoup plus petits, 
qui sont sans doute des débris des premiers, et qui les environnent. Cette horn- 
blende est identique dans tous les cas, les petits cristaux ont la même composition 
que les grands individus, ils en proviennent évidemment par laminage: si ce dernier 
eût été plus complet, les grands cristaux mêmes auraient disparu. La hornblende 
est très colorée, elle possède des clivages m—(110) très nets; souvent des mäcles 
h' — (100) répétées ou non. Sur g' — (010) elle s'éteint à 22 : la biréfringence 
maxima #-", est normale — 0,023, la bissectrice aiguë est négative —#»,: l'angle 
des axes 2V est grand. La hornblende renferme en inclusions, mais rarement, un 
peu de magnétite. Le seul minéral mêlé à la hornblende est un feldspath qui se 
rencontre en petits grains à extinctions onduleuses, restes évidents de grandes 
plages broyées dont on rencontre eneffet encore quelques rares vestiges. Les feld- 
spaths y sont mâäclés selon l’albite, tandis que sur les petits grains toute trace de 
lamelles hémitropes à complètement disparu. Il à été impossible de déterminer la 
nature du feldspath qui sans doute appartient à une variété basique. 

La structure de ces roches est la suivante : des bandes onduleuses formées par 
des zones très riches en petits grains et en prismes bacillaires de hornblende, alter- 
nent avec d'autres très feldspathiques et pauvres en éléments noirs. Ces différentes 
zones sont lenticulaires et représentent les unes comme les autres d'anciennes grandes 
plages de feldspath ou d’amphibole, morcelées par écrasement et étirées dans le sens 
de la schistosité. Par places, on trouve encore un grand cristal de hornblende faisant 
glandule, orienté dans le sens de la schistosité et frangé d'esquilles qui en provien- 
nent. Une pression plus énergique aurait fait disparaître ces glandules et passer la 
roche au type d’un schiste amphibolique parfait. Les roches du Kitlimsky-Ouwal 
doivent être donc considérées comme des diorites ou peut-être des gabbros ouralitisés, 
complètement écrasés par dynamo-métamorphisme. Le feldspath moins résistant 
que la hornblende, est entièrement détruit et morcelé, tandis que la hornblende, plus 
solide, reste en partie comme grands cristaux qui s’alignent dans le sens de la 
schistosité développée par la compression, et qui se frangent d’esquilles produites 
par leur écrasement. 


ATAR. 5e. 


Fig. 29. — Vue générale du Katéchersky et de la chaîne du Tilai-KanjakoWsky depuis 
le flane nord-est du KosWinsky. Au second plan, à gauche, se trouve le point 
culminant du Katéchersky : au troisième plan on voit les deux sommets jumeaux 
du Tilai, plus loin le sommet principal de cette chaine, puis, tout à fait sur la 
droite, apparaît dans 16 lointain 16 KanjakoWsK}y 


ATAR.£€. 
Geneve 


Fig.30. — Vue du premier sommet prineipal du Katéchersky (Sommet 1) et du sommet 
rocheux qui vient à l'est (D, prise d'un point situé sur la crête à Pest du I 


TROISIÈME PARTIE 


LA MONTAGNE DU KATÉCHERSK Y 


CHAPITRE XV 


TOPOGRAPHIE, GÉOLOGIE ET DESCRIPTION PETROGRAPHIQUE 
DES ROCHES DU KATÉCHERSKY. 


S 1. Topographie du Katécherskv. — $K 2. Géoiogie du Katéchersky. — K 3. Les gabbros ouralitisés, 
minéraux, constitutifs et secondaires. — K 4. Structure et principales variétés. — K 5. Monogra- 
phie des types étudiés. — 6. Composition chimique et formule magmatique. —K 7. Roches filon- 
niennes dans le Katécherskv, minéraux, structure. — K 8. Considérations générales relatives au 
Katéchersky. 


S 1. Topographie du Katéchersky. 


La montagne du Katéchersky est, comme nous l'avons vu, située entre le Kos- 
winsky et l'extrémité sud du Tilaï. Elle forme une crête rocheuse continue, dont la 
direction est à peu près est-ouest et dont l'altitude reste sensiblement au-dessous de 
celle de ces deux montagnes; cette altitude décroit de Pouest vers l'est. Une pre- 
mière vallée assez profonde, sépare les flancs nord-est du Koswinsky du flanc sud 
du Katéchersky ; c'est dans cette vallée que coule la rivière Kitlim 4. Une seconde 
vallée plus large, sépare le flanc nord du Katéchersky de extrémité sud de la chaine 
du Tilaï. Elle est occupée par une rivière que nous appellerons Malinka-Katécherska. 
Deux barres plates, boisées et d’élévation relativement faible, relient le Koswmsky 
et le Tilaï au Katéchersky et forment la ligne de partage en cet endroit. Sur le 
flanc oriental de ces deux barres s’amorcent les sources de Kitlim et de Balchaïa- 
Katécherska; sur le flanc occidental, celles de Logwinska Katéchersky-Koswimsky 
et de Logwinska Katéchersky-Tilaï. 


(141) 


198 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


Le sommet principal de la crête du Katéchersky est donc rejeté vers l'ouest, 
c’est lui qui, vu de la rivière Tilaï, dessine cette petite coupole dont l'extrémité 
chauve et aride s'élève à peine de 100 mètres au-dessus de la limite de la végéta- 
tion. À l'ouest, immédiatement sous le sommet principal, Paltitude de la crête du 
Katéchersky diminue assez brusquement et la montagne se prolonge en un long 
éperon boisé, dont la hauteur déjà faible à l’origine, va en diminuant graduellement 
jusqu'à quelques verstes du cours de la rivière Tilaï où l’on perd alors toute trace de 
cet accident topographique. Ce prolongement du Katéchersky sépare les cours des 
rivieres Logwinska Katéchersky-Tilaï et Logwinska Koswinsky-Katéchersky ; vu à 
une certaine distance, il forme un faible mouvement de terrain marqué cependant 
dans la grande dépression comprise entre les massifs du Koswinsky et du Tilaï, et le 
cours de la rivière de ce nom. Le sommet principal du Katéchersky d'après plusieurs 
détermimations corrigées, cote S63 mètres, 11 présente l'aspect d'un petit dôme assez 
plat, d'une très grande régularité. A partir de la limite de la végétation, les pentes 
sont couvertes de blocs anguleux dont l’origine est identique à ceux qu’on trouve au 
Koswinsky, et comme sur cette dernière montagne, çà et là on voit encore quelques 
pitons rocheux en place, notamment près du point culminant. Le second sommet qui 
fait suite au premier vers l’est, en est séparé par un col relativement plat, cou- 
vert de végétation, qui cote 72S mètres; il est beaucoup moins important et 
plus bas que le sommet principal. Sa hauteur est de 7S2 mètres, il est également 
rocheux et représente bien plus un piton rocheux sur Parête, qu'un sommet, pro- 
prement dit. Le troisième sommet, par contre, est plus important, le col qui le 
sépare du précédent est également plus large que celui qui existe entre les deux 
premiers; sa forme est arrondie, mais son altitude est notablement inférieure à 
celle du sommet principal, il cote en effet 748 mètres: il s'élève donc de quelques 
mètres seulement au-dessus de la limite de la végétation; le point culminant en est 
formé par un piton rocheux en place. Ce troisième sommet se trouve encore faible- 
ment rejeté latéralement par rapport à celui du Koswinsky. À partir de ce dernier 
sommet, la crête du Katéchersky se relève faiblement, puis s'abaisse de nouveau 
vers l’est pour donner naissance à un col relativement bas qui, comme situation 
topographique, se trouve à peu près vis-à-vis de extrémité nord de l’éperon. A par- 
tir du col, la crête se relève de nouveau faiblement pour s’abaisser ensuite, et vers 
l'est, le Katéchersky vient alors se terminer dans la grande dépression comprise entre 
la chaine du Kalpak-Soukogorsky et celle du Koswinsky-Tilaï, par une longue crête 
boisée dont l'extrémité reste sensiblement à l'ouest des placers de Kitlim. Les flancs 
nord et sud de la longue crête du Katéchersky sont assez abrupts et couverts de 
forêts; nulle part, sauf dans le voisinage de la crête, le roc n’est à nu; on trouve 


(142) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L OURAL 199 


cependant ci et là dans la forêt des pierriers arides, formés par des blocs entassés et 
anguleux. 


$ 2. (réologie du Katéchersky. 


Le Katéchersky tout entier est formé par des roches éruptives qui, bien qu'ap- 
partenant à une seule et même famille, celle des gabbros ouralitisés, présentent 
cependant sur le terrain des aspects assez différents: la nature de celui-ci est telle 
d’ailleurs qu'il est impossible d'établir une filiation entre ces différents types. 

Lorsqu'on monte au sommet principal par le flanc sud, depuis le confluent de 
la rivière Kitlim À et B, on n’observe pas d’affleurements visibles dans la forêt, par 
contre, on trouve par places et surtout dans le voisinage du col qui sépare les deux 
premiers sommets, des amas de blocs anguleux qui de loin semblent former des taches 
dans la forêt. En examinant soigneusement les blocs qui les constituent, on remarque 
tout d’abord des roches mélanocrates à grain fin, paraissant surchargées d'éléments 
noirs, à l'œil nu on les prendrait pour des gabbros ou des diorites finement grenues: 
parfois même le grain en est si fin que la roche parait presque aphanitique. Dans les 
mêmes pierriers on trouve également des roches très largement cristallisées, plus 
feldspathiques, à grain moyen, qui paraissent être des gabbros ou des euphotides, 
le diallage étant encore nettement reconnaissable : 1] n’est pas possible de trouver 
ici les rapports qui lient ces différentes roches. Arrivés au col, dès que lon quitte la 
limite de la végétation pour gravir les premières pentes du sommet terminal, on 
trouve parmi les blocs épars sur le sol quelques pointements de roches en place, 
formés les uns par un type à grain moyen, plutôt fin, généralement mélanocrate, qui 
est un gabbro ouralitisé avec diallage encore manifeste: les autres, par des roches 
semblables mais à grain beaucoup plus fin, d’autres encore par des roches taxitiques, 
formées par des trainées grossièrement cristallisées, alternant avec d'autres où la 
roche est beaucoup plus finement grenue. Tous les blocs qui jonchent le sol ont la 
même composition et l’on y trouve exclusivement les mêmes variétés. Au premier 
sommet, sur les quelques pitons rocheux en place que l'on y rencontre, on voit de 
nouveau soit des roches noires très finement grenues, soit des roches noires à grain 
beaucoup plus grossier, soit encore des roches taxitiques formées par des zones ou 
trainées grossièrement grenues qui sont disséminées dans d’autres d’un grain beau- 
coup plus fin, ce qui se rencontre souvent sur des points beaucoup plus rapprochés. 
Si l’on parcourt toute la surface du premier sommet, en descendant jusque dans la 
forêt et ceci sur les différents versants, on ne trouve exclusivement que les mêmes 

(143) 


200 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEÉARCE 


roches; il parait donc certain que celui-ei est entièrement formé par les gabbros 
ouralitisés. 

Au col qui sépare le premier sommet du second qui lui fait suite vers l’est, on 
retrouve de nouveau des roches plus ou moins finement grenues qui sont mouchetées 
par des plages à grain plus grossier formées cependant par les mêmes éléments 
minéralogiques: au piton rocheux qui forme le sommet n° 2, le type est très fine- 
ment grenu, presque aphanitique, mais on retrouve dans un pierrier situé immédiate- 
ment sur le flanc sud, un mélange des différents types rencontrés ailleurs. Si main- 
tenant, suivant la crête, on gagne le troisième sommet en traversant le col qui le 
sépare du précédent, on ne voit pas d’afleurements, ce col étant couvert de végéta- 
tion; mais si l’on monte au troisième sommet par le flanc sud depuis la rivière Kit- 
lim, on trouve sur les premières pentes au-dessus de la rivière comme aussi dans la 
forêt, des roches mélanocrates verdatres, de couleur très foncée, que lon prendrait 
au premier abord pour des serpentines, mais qui en réalité ne sont que des variétés 
presque aphanitiques de gabbros ouralitisés. Plus haut, dans un premier pierrier 
situé dans la forêt, on rencontre gisant péle-méle, des variétés toujours mélanocrates 
largement cristallisées, puis d'autres finement grenues ou même taxitiques. Sous le 
troisième sommet, dans un second pierrier, on observe de nouveau les mêmes ro- 
ches jointes à d’autres foncées qui paraissent complètement privées de feldspath. Au 
sommet même, on trouve de fort belles roches grossièrement grenues, générale- 
ment mélanocrates, qui ressemblent à des diorites typiques. Lorsqu'on descend du 
sommet sur le versant nord jusque sur la rivière Malinka Katécherska, on ne voit 
que des roches identiques, soit en place, soit dans les grands pierriers qui du 
sommet s’avancent dans la forêt, les variétés taxitiques ou finement grenues font 
ici défaut: par contre, on trouve alors des filons bien caractérisés traversant la roche 
en question. Ces filons sont de couleur verdâtre et d’un grain très fin. 

Si du troisième sommet on descend sur le col sensiblement plus bas qui lui fait 
suite vers l’est, on trouve encore des roches analogues à celles qui forment le sommet 
N°5, puis dans les pierriers et parmi les blocs de gabbros à grain grossier, on observe 
également quelques fragments d'une roche mélanocrate caractérisée par le déve- 
loppement exceptionnel des cristaux d’amphibole, comme aussi par la rareté du feld- 
spath qui est alors de couleur rosée, Ces roches sont parfaitement identiques à cer- 
taines variétés que nous avons déjà signalées à propos de la ligne de partage, Au 
delà du col, sur la longue crête boisée qui termine le Katéchersky vers l’est, on ne 
rencontre plus d’afleurements rocheux, mais il est évident que les gabbros ouralitisés 
se continuent dans toute cette arte. 


(144) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 201 


S 3. Les gabbros ouralitisés, minéraux constitutifs et secondaires. 


Les minéraux constitutifs des roches du Katéchersky sont assez restremts: ils 
comportent du sphène, de l’apatite, du zircon et de la magnétite comme minéraux ac- 
cessoires; du pyroxène, de la hornblende et des plagioclases comme minéraux princi- 
paux; puis de l’épidote, de la chlorite, de la séricite et de la caleite comme éléments 
secondaires. 


SPHÈNE, APATITE, ZIRCON 


Le sphène, sans être constant, se rencontre cependant dans un certain nombre 
de ces roches. Il se trouve en petits grains grisätres, presque incolores, inclus soit 
dans la hornblende, soit dans le diallage, soit même dans l'élément blanc. Le sphène 
n'a pas de forme géométrique déterminée, au point de vue optique, son signe 
est positif, l'angle des axes 2V atteint 39°, la dispersion se fait dans le sens de 
> V: 

L'apatite est assez rare et se rencontre en petits prismes hexagonaux parfois 
terminés, ayant les caractères optiques ordinaires. Le zircon est trèsrare, on en a trou- 
vé quelques grains seulement sur les nombreux échantillons examinés. Sa présence 
parait liée à celle du mica noir. La magnétite est également fort rare dans ces roches, 
à ce point de vue les gabbros du Katéchersky se distinguent absolument des pyroxé- 
nites et des gabbros à olivine précédemment décrits. La magnétite se rencontre dans 
l'élément noir, et ne forme jamais des plages sidéronitiques. 


PYROXÈNE 


Ce minéral a dû initialement se rencontrer dans toutes les roches du Katéchersky, 
il fait défaut cependant dans un grand nombre d’entre elles par suite de louralitisa- 
tion qui le transforme en amphibole. Le pyroxène forme d'habitude des cristaux de 
dimensions variables, sur lesquels on ne peut reconnaitre une forme géométrique. 
Il est incolore et nous l’avons toujours trouvé dépourvu dinclusions lamellaires. TI 
présente les clivages m — (110) marqués, par contre les plans de séparation selon 
h!— (100) font toujours défaut. Sur g'— (010), »4s'éteint sous des angles qui varient 
entre 42° et 43° (oculaire Bertrand). Le plan des axes optiques est parallèle à 
g'— (010). la bissectrice aiguë est positive — »,, l'angle des axes optiques 2V oscille 
entre 53° et 56°. La biréfringence maxima #3-7, — 0,028, nn-9 — 0,008. La va- 
riété est probablement intermédiaire entre le diallage et le diopside. 

(145) 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 34 (1902). 26 


209 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


HORNBLENDE 

Bien qu'affectant des aspects assez différents, la hornblende des roches du Ka- 
téchersky appartient évidemment à un seulet même type, comme l’attestent les nom- 
breuses déterminations optiques que nous avons faites de ce minéral dans les 
différentes roches trouvées au Katéchersky. Elle se présente en cristaux de 
dimension variable, généralement notablement inférieure à celle des cristaux de 
diallage, En dehors des profils m — (110) et g' — (010), la hornblende ne présente 
pas d’autres faces reconnaissables. La forme des cristaux est en général raccourcie, 
l'allongement prismatique est faible, sauf dans quelques rares variétés. Les clivages 
m — (110)sont toujours fort nets et les mâcles selon h'— (100) généralement très 
rares. 

Au point de vue optique, cette amphibole, quelque soit le type réalisé par la 
roche qui la renferme, présente des caractères extrêmement constants. Sur g'— (010) 
l'extinction de », se fait sous des angles qui varient entre 20° et 22° sans tomber 
jamais au-dessous de cette valeur; les variétés du type de la glaucophane notam- 
ment, font ici complètement défaut. Le plan des axes optiques est parallèle à g1— (010) 
la bissectrice aiguë est négative — »,, la valeur des indices principaux est la suivante: 


Tableau des indices de la hornblende. 


| Numéro | Orientation | | | | | 
| de la coupe. de la section. Te ET | My el | Ne-fn | Mnzlip 
| 1050bis | Sn,  |1,6790 (1,6707 | 1,6555 | 0,0235 | 0,0081 | 0,0154 

| | 11,6711 | | 
| 1049 | 1Snp | 1,6887 | 1,6805 | 1,6660 | 0,0234 | 0,0082 0,0152 | 
| | | | .1,6647 | 


215 


La biréfringence maxima mesurée directement, à été trouvée de 0,023 à 0,022 
(comparateur). L'angle des axes optiques a été déterminé directement ou calculé par 
la valeur des indices. On à obtenu les chiffres suivants : 


Tableau de l’angle des axes optiques. 


| Numéro de la coupe. | Méthode employée. Valeur de 2V mesurée, | Valeur de 2V calculée, 


1050 bis Réticule 70° PE 


Le polychroïsme se fait toujours dans les teintes vertes, et généralement comme 
suit : 


? Les limites de réflexion totale offertes par cette section, ayant été un peu difuses, les valeurs indi- 
quées ne sont qu'approximatives. 


(146) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 203 


n; — vert d'herbe, vert jauntre, vert légèrement brunâtre. 

lim —= vert jaunâtre où brunâtre plus pale. 

ñ» — vert jaunâtre très pale, presque incolore. 

Dans un grand nombre des roches du Katéchersky, aussi bien chez les types 
finement grenus que chez ceux qui sont largement cristallisés, lamphiboleest le seul 
élément ferro-magnésien, mais d’autres fois cependant, il reste encore quelquesnoyaux 
de pyroxène qui permettent d'établir la genèse de la hornblende; dans les casles plus 
avantageux à ce point de vue, il existe à peu près une égale proportion de ces deux 
minéraux. L’ouralitisation du pyroxène en amphibole se fait selon des procédés va- 
riés. Fréquemment un cristal de pyroxène commence à se transformer par la péri- 
phérie et s’enveloppe ainsi d’une auréole de hornblende, alors que son centre reste 
complètement indemne. Il est alors aisé de constater que tandis que le cristal de py- 
roxène a uneorientation optique unique, la bordure de hornblende qui en provient est 
formée par une série d'individus différemment orientés. Ce fait se répétant pour plu- 
sieurs cristaux de pyroxène quisont voisins où quise touchent directement, le résul- 
tat final de cette transformation est de créer un certain nombre de noyaux de pyroxène 
relativement gros et très frais, isolés dans une masse grenue d'amphibole qui en pro- 
vient, les deux minéraux restant toujours parfaitement distincts. De la sorte, si lon 
ne voyait pas directement le mode de transformation indiqué, on pourrait penser que 
ces minéraux sont tous deux primaires dans la roche. 

D’autres fois l’ouralitisation se produit à l’intérieur. IT naît alors isolément des 
taches de hornblende aux contours les plus variés et les plus bizarres, qui marbrent 
le cristal de pyroxène. Tantôt ces taches sont toutes orientées optiquement de la 
même façon et s’éteignent d’un seul coup par rotation de la platine du microscope, 
tantôt elles sont orientées d’une facon différente et s'éteignent autrement entre les 
nicols croisés. Ces cristaux de pyroxène tatoués d'amphibole sont très caractéristi- 
ques, ils sont reproduits fidèlement dans la coupe N° 1051 (page 204). 

Quand le phénomène va plus loin, le cristal de pyroxène peut alors être com- 
plètement morcelé et réduit à quelques petits grains, isolés au milieu d'unemassegrenue 
de cristaux d’amphibole; puis quand la transformation est encore plus complète, tout 
le pyroxène disparait. Dans ce dernier cas, ce qui avait été primitivement un seul éris- 
tal de diallage, devient alors une plage d’amphibole formée par un certain nombre 
d'individus grenus directement en contact, mais dont la dimension est pour chacun 
notoirement inférieure à celle du grand cristal de pyroxène. Cette transformation 
explique alors l’origine d’un fait que l’on observe bien souvent, à savoir que dans 
une roche où tous les éléments sont de grande taille, aussi bien le pyroxène que 
les plagioclases, la hornblende par contre, forme des associations grenues à indivi- 


(147) 


20/4 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


dus considérablement plus petits. Lorsque les taches de hornblende qui naissent dans 
le diallage ont la même orientation optique (ce qui est d’ailleurs exceptionnel), un seul 
et même cristal de diallage s'ouralitise alors pour donner naissance à un cristal uni- 
que de hornblende, il n'y a plus formation de plages à individus multiples, et la ro- 
che, par la dimension de ses éléments constitutifs, est alors identique aux gabbros ou 
aux pyroxénites ordinaires. On observe souvent aussi dans les cristaux de hornblende, 
une série de petites bulles ou vacuoles, 
qui sont généralement remplies par du 
quartz secondaire. 


MICA NOIR 


Ce minéral, quand il existe, est tou- 
jours le premier élément consolidé après 
les minéraux accessoires ; il précède 
donc le pyroxène. Il est généralement 
assez rare dans les roches du Katé- 
chersky, bien souvent d’ailleurs il y fait 
complètement défaut. Les lamelles de ce 
minéral sont toujours fortement corro- 
dées, elles renferment quelques grains 


Plages de pyroxène en voie d’ouralitisation. Coupe : Eee Re y ê 
n° 1051. Chambre claire. Lumière naturelle. Grossisse-  AeZir con auréolé, puis des jolis prises 


ment = 37 diam. P — pyroxène. A — amphibole. La 
coupe montre des grandes plages de pyroxène com- RS 2e » 
plètement ouralitisées, tandis que sur d’autres le pyro- S éteint parallèlement au clivage p — 


xène est encore visible et marbré de taches d'amphi- (001).elle est uniaxe négative, toujours 
bole. 2 È ; c 


d'apatite parfois terminés. La biotite 


très polychroïque quand elle est fraiche, 
On observe en effet l'absorption suivante : #, — rouge brun foncé, # — jaunàtre 
pale. La biotite subit divers modes d’altération:; dans certain cas c’est une chloriti- 
sation selon p — (001); la chlorite qui en résulte est vert pale, toujours faiblement 
polychroïque : d’autres fois la birétringence s’abaisse et le minéral voit sa trans- 
parence diminuer progressivement sans qu'il soit cependant possible de constater 
la production d’un minéral nouveau. 


FELDSPATH 


Dans la règle les feldspaths sont complètement décomposés et indéterminables. 

Sur quelques sections cependant, il a été possible de préciser leurs caractères. Ils sont 

généralement maclés selon lalbite, beaucoup plus rarement selon Karlsbad ou la 

péricline, On trouve généralement plusieurs variétés de Labrador ou de Labrador- 
(148) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L OURAL 20) 


Bytownite, comprises entre Ab: Am et An; on rencontre plus rarement l’andésine 
basique Ab; Ans. Dans la règle les feldspaths sont toujours réduits par rapport à 
la hornblende. 


QUARTZ 


Le quartz ne se rencontre que dans un nombre restreint de cas: fréquemment 
il est secondaire, cependant dans certaines de ces roches, il est incontestablement 
parmi les éléments constitutifs et se présente alors en plages distinctes qui moulent 
les autres éléments. 


MINÉRAUX SECONDAIRES 


Ceux-ci consistent d’abord en kaolin qui remplace complètement le feldspath. 
à tel point même, que certaines roches du Katéchersky sont formées exclusivement 
par de la hornblende noyée pour ainsi dire dans une masse homogène formée par du 
kaolin et quelques lamelles biréfringentes. On trouve également de la chlorite qui 
peut alors avoir deux origines différentes: ou bien elle épigénise le mica paral- 
lèllement à p—(001), ou bien elle épigénise la hornblende: dans ce cas il se forme 
des plages chloriteuses absolument analogues à celles mentionnées à propos de cer- 
taines roches de la ligne de partage. 


S 4 Structure et principales variétés. 


La structure des gabbros du Katéchersky est toujours grenue, elle présente 
différentes particularités qui dépendent du grain initial et du mode d’ouralitisation. 
Chez les variétés grossièrement grenues et d'aspect dioritique dans lesquelles les 
éléments noirs et blancs paraissent largement cristallisés, on observe toujours que 
les cristaux macroscopiques de hornblende ne sont en réalité pas des individus mi- 
néralogiques réunis par du feldspath, mais au contraire des véritables plages com- 
plexes, formées par une série d'éléments grenus, directement en contact les uns avec 
les autres, chacun ayant son orientation optique distincte. Ces plages proviennent, 
comme nous l'avons vu de grands cristaux de pyroxène transformés par ouralitisa- 
tion, il est donc permis de supposer qu'originellement la roche était formée d'une 
association grossièrement grenue de pyroxène et de plagioclase. Le feldspath étant 
presque toujours kaolinisé, ces plages de hornblende à individus multiples sont dis- 
séminées dans une espèce de base qui les réunit et qui originellement était formée 


par de gros individus feldspathiques, lesquels par suite de la décomposition ont 


(149) 


206 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


perdu toute individualité et ont donné naissance à une masse kaolinique jouant en 
quelque sorte le rôle d’un ciment. 

Souvent le pyroxène à complètement disparu, d'autrefois il en reste encore 
des traces: quant au mica noir, il existe dans un certain nombre des roches qui pré- 
sentent ce type, mais il est réduit et se trouve en petites lamelles disséminées parmi 
les plages de pyroxène, il a 6t6 sans doute mis en liberté par l’ouralitisation de ce 
dernier. Lorsque les variétés du type grossièrement grenu sont très mélanocrates, 
la roche parait alors presque entièrement formée par des cristaux courts et trapus 
de hornblende qui constituent en quel- 
que sorte un canevas irrégulier dans les 
mailles duquel on trouve çà et là un peu 
de feldspath, ou plus généralement du 
kaolin qui le remplace. Parmi la horn- 
blende on voit encore souvent des débris 
de pyroxène, puis aussi quelques la- 
melles de mica. 

Certaines variétés, largement cristal- 
lisées également, présentent une struc- 
ture spéciale, un peu différente de celle 
qui vient d’être décrite; elles sont tou- 
jours riches en mica noir. Ce minéral 


sy présente en larges lamelles, com- 
plètement corrodées sur leur pourtour, 


Gabbros ouralitisés. Coupe n° 1048. Lumière natu- 
rélle. Chambre claire. Grossissement — 13 diam. 
À — amphibole. f — feldspath formant la masse Qui ont parfois un aspect squelettiuqge. 
kaolinisée, La coupe montre une plage d’amphibole à 
individus indifféremment orientés, disséminés dans 
une masse kaolinique. ciations grenues, mais par contre des 


La hornblende ne forme plus des asso- 


grandes plages formées chacune par 
un seul individu; ces plages de hornblende sont aussi très fortement corrodées, 
leurs contours montrent de profondes échancrures dans lesquelles l'élément feldspa- 
thique à pénétré; la hornblende est d’ailleurs postérieure au mica qu'elle moule. Ce 
type ne renferme pas trace de pyroxène, à tel point que l’on pourrait croire que la 
hornblende y est primaire; en réalité il n’en est rien et l’on observe que certains 
cristaux de cet élément ont le centre à peine coloré et toujours plus biréfringent que 
la bordure qui, elle, est fortement polychroïque. Ce phénomène n’est point rare chez 
les amphiboles qui proviennent d'ouralitisation: il est l'indice d’une transformation 
incomplète du pyroxène, Les plages de hornblende sont localement criblées de petites 
vacuoles remplies de quartz, ces deux minéraux forment même des associations pæcili- 


(150) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'ODRAL 207 


tiques semblables à celles que lon observe dans certaines éclogites. Le feldspath dans 
ce type à également complètement dis- 
paru, la masse kaolinique qui le remplace 
pénètre dans les anfractuosités du mica 
et de la hornblende. Dans cette masse, 
on trouve en abondance des plages cu- 
néiformes dun quartz incontestable- 
ment primaire, qui devait sans doute 
combler les vides existants entre les 
cristaux du plagioclase disparu, où peut- 
être former avec lui des associations 
pegmatoïdes comme le laisserait sup- 
poser le faitque plusieurs de ces plages 


; voisines s’éteignent simultanément. Il 
Gabbro ouralitisé à mica. Coupe n° 1015. Lumière 

naturelle. Chambre claire. Grossissement — 13 diam. 
A—amphibole. M — mica noir. f — feldspath kaolinisé. Jours très abondante dans ce type, le 
Q = quartz. Le dessin montre les plages corrodées de 
mica et d’amphibole dispersées dans l'élément felds- 
pathique kaolinisé. la biotite, Lorsqu'on passe des variétés 


est à remarquer que l’apatite est tou- 
zZircon S'y trouve aussi en inclusion dans 


grossièrement grenues à celles à grain fin où même qui sont presqu'aphanitiques, la 
structure reste identique à celle indi- 
quée en premier lieu, mais la dimension 
des éléments constitutifs a pour résultat 
leur moindre localisation. Toute la roche 
parait formée par de la hornblende en 
cristaux informes, groupés en petites 
plages composées de deux ou trois in- 
dividus, jointe à des feldspaths presque 
toujours kaolinisés et remplacés par des 
produits opaques. La coupe N° TOITS re- 
présente la disposition indiquée ci-des- 


SX 


rl ee 27) f 
En 


sus. Le type représenté est très mélano- 
crate, le pyroxène en partie ouralitisé, 
et les feldspaths sont encore relative- 
ment frais. La disposition générale in- 


Gabbro ouralitisé à grain fin (facies mélanocrate). 
Coupe n° 1018. Lumière naturelle. Les feldspaths en lu- 
diquée reste la même, que la roche soit mière polarisée. Grossissement — 15 diam. À — am- 


£ ; phibole. P — pyroxène. f = feldspath. 
mélanocrate ou leucocrate, dans le pre- 
mier cas la hornblende forme le réseau dans les mailles duquel le feldspath à cris- 


(151) 


208 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


tallisé, dans le second les petites plages d’amphibole gisent dans une masse kaolinique 
primitivement feldspathique qui prédomine. 

Certaines roches du Katéchersky présentent enfin une derniére structure qui 
est assez curieuse. À l'œil nu, elles semblent être porphyriques et formées par des 
erands cristaux de feldspath disséminés dans une pâte mélanocrate grenue. Lors- 
qu’on les examine sous le microscope, on voit que cette pâte est formée par un mé- 
lange de grains isométriques de pyroxène et d’amphibole, Ces derniers proviennent 
certainement du morcellement de cristaux de pyroxène qui étaient primitivement de 
erande taille, par suite d'une ouralitisation affectant la forme tachetée, dont nous 
avons parlé précédemment. Quant aux grands cristaux de feldspath, ils sont entiè- 
rement kaolinisés et indéterminables. Cette structure pseudo-porphyrique résulte 
done simplement d'un mode d’ouralitisation particulier. 


PHÉNOMÈNES DYNAMIQUES 


Ils sont très peu marqués sur les roches du Katéchersky, ce qui est d'autant 
plus curieux que nous avons vu qu'ils étaient très intenses au Pharkowsky-Ouwal, 
comme aussi à l’éperon du Koswinsky. Il est vrai cependant que les feldspath étant 
sénéralement entièrement kaolinisés, et le pyroxène transformé en amphibole gre- 
nue, il pourrait être difficile d'en constater la présence sur les roches du Katé- 
chersky, en tous cas on n’observe jamais sur celles-ci des traces de laminage ou de 
déformation. 


S 5. Monographie des types étudiés. 


TYPE GROSSIÈREMENT GRENU SANS MICA 


N° 139. Extrémité nord du flanc méridional du Katéchersky. 


Roche mélanocrate à grain plutôt moyen. Au microscope, la hornblende est 
formée par la réunion d'individus grenus diversement orientés, réunis en plages. Il 
existe également quelques grandes plages d’amphibole à extinction unique, L’angle 
d'extinction de la hornblende est de 20°, son polychroïsme se fait dans les tons vert 
ou vert jaunâtre, L'échantillon ne renferme plus trace de pyroxène. Le feldspath a 
également complètement disparu, il est remplacé par une masse kaolinique qui ren- 
ferme çà et là quelques paillettes séricitiques. Il existe aussi quelques plages de 
quartz d'origine probablement secondaire, 


(152) 


RECHERCHES PÉTROGRAPIHIQUES SUR L'OURAL 209 


N° 1018. Entre le premier et le second sommet du Katéchersky. 


Cette variété renferme en abondance du diallage non transformé dont on trouve 
encore soit des noyaux intacts, soit des cristaux persillés de taches de hornblende, 
Le sphène est assez fréquent dans ce type, il se rencontre en petits grains erisatres 
inclus dans le diallage et la hornblende, Hornblende très abondante, en cristaux courts, 
généralement associés en plages. Feldspaths plutôt rares, très décomposés, détermi- 
nables cependant sur quelques sections. 

1. Section Sn, mâäclée selon Ab. 

(| Extinction de 1 Snz — 18 
| » 15 — 39438 À 


2, Section Sn, maclée selon Ab. 


— Labrador Ab: An. 


» 


\ Extinction de 1 Sn, — 13 
| » IL, —\S4 
3. Section SB. 
Extinction de 1 | 
» De=95° — 950% 


| Andesine à 44°/, An. 


— Labrador Ab: An. 


4. Section mäclée selon Ab, zone de symétrie. 

Le maximum observé ne dépasse pas 27°, et se tient autour de ce chiffre pour 
un grand nombre de sections. Probablement labrador Ab: An. 

Le quartz manque complètement, la structure est grenue et conforme à celle 
décrite précédemment. 

. 

N° 1047 et 1048. Pitons en place formant le troisième Sommet du Katéchersky 

vers l’est. 


Cette très belle roche est largement cristallisée, et de facies mélanocrate: elle 
ne renferme plus que des traces de pyroxène marbré de taches de hornblende. Ce 
dernier élément, très répandu, y forme des associations grenues ordinaires : 1] ren- 
ferme un peu de magnétite, et quelques rares apatites terminées. La hornblende est 
d’un beau vert d'herbe, très polychroïque, son extinction est de 20°, il n'y a pas de 
feldspath frais, mais par contre une masse kaolinique disposée entre les cristaux de 
hornblende. 


N° 1049. Flanc nord, au-dessous du troisième sommet. 

Cette roche, largement cristallisée, semble à l'œil nu seulement formée par l'élé- 
ment noir, Les cristaux de hornblende sont courts et trapus, orientés dans tous les 
sens; il existe bien cependant çà et là quelques débris de pyroxène isolés entre les 


(153) 


MÉM. SOC, PHYS. ET HIST. NAT, DE GENÈVE. VOL, #84 (1902). 


210 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


erains de hornblende, Ce spécimen, par la rareté du feldspath et l’ouralitisation 
presque complète du pyroxène, montre comment les gabbros peuvent passer par 
ouralitisation aux hornblendites. La hornblende renferme quelques inclusions d’apa- 
tite, elle est d'un polychroïsme intense avec : »$ — vert foncé, #, — jaune verdâtre 
très pale, Les rares cryptes existant entre les cristaux de hornblende, sont remplies 


par du feldspath complètement kaolinisé. 
N° 1051. Dans un pierrier, flanc sud du Katéchersky, sous le troisième sommet. 


Cette roche ressemble beaucoup à la précédente, elle est cependant un peu 
plus feldspathique tout en restant fortement mélanocrate. Au microscope, la horn- 
blende forme, des plages à individus multiples provenant de louralitisation des 
crands cristaux de pyroxène. Il reste quelques rares débris de ce dernier minéral 
tachetés d’'amphibole. L’apatite se trouve en inelusions dans la hornblende, quant 
au feldspath, plutôt rare, il est complètement kaolinisé et indéterminable. 


N° 1052, Sous le sommet N°3, flanc sud. 


Cette roche très mélanocrate, est surtout caractérisée par la dimension et le 
développement des cristaux de hornblende qui y présentent des formes beaucoup 
plus allongées que de coutume. Sous le microscope, il n’existe pas trace de pyroxène, 
la hornblende se présente en grands cristaux allongés selon la zone prismatique qui 
renferment quelques rares inclusions d’apatite. On observe quelques rares mâcles 
selon h'—(100). L'extinction sur g'—(010) est de 20°, les caractères optiques 
sont d’ailleurs identiques à ceux de la hornblende ordinaire, le polychroïsme est très 
intense et se fait comme suit : #,— vert très foncé, #,— vert jaunâtre. Entre les 
cristaux de hornblende, on trouve quelques grains d’un feldspath complètement 
kaolinisé qui a dù sans doute appartenir à une variété très basique. IT est remplacé 
par une masse à polarisation d’agrégat, qui est saturée de zoïsite, d'épidote et de 
calcite. 


TYPE GROSSIÈREMENT GRENU AVEC MICA 


N° 1015. Sous le premier sommet du Katéchersky, roche en place un peu au- 


dessus du col. 


Cette roche plutôt mélanocrate, présente la structure spéciale mentionnée pré- 
cédemment, La hornblende abondante forme des grandes plages composées d’un 
seul individu, puis toujours corrodées et renferment des inclusions d'apatite, beaucoup 
plus rarement de magnétite. La hornblende s'éteint à 22°, son polychroïsme se fait 


(154) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 211 


dans les tons ordinaires. La biotite est plus rare, elle se présente en larges Ta- 
melles corrodées également, qui sont toujours plus où moins profondément altérées, 
Le feldspath a disparu, il est remplacé par une masse kaolinisée distribuée entre les 
minéraux précédents. Dans celle-ci on trouve de nombreuses plages de quartz sans 
doute primaire, d'aspect cunéiforme. 


N° 1020. Sous le troisième sommet, flanc sud, dans un pierrier, 


Cette roche, très mélanocrate, est largement cristallisée: elle est alors d'un 
type différent, analogue aux roches correspondantes sans mica. Elle renferme du 
pyroxène rare persillé de hornblende en taches irrégulières, puis de la biotite en 
lamelles très nombreuses généralement chloritisée, toujours de premiere consolida- 
tion, La hornblende, très abondante, forme des plages grenues à individus raccourcis, 
son extinction est de 20°, son polychroïsme se fait dans les tons vert bleuätre pour 
ns, et jaune très pale pour »,. Le feldspath est complètement décomposé et rem- 
placé par une masse kaolinique ordinaire. On ne rencontre ni sphène, ni quartz, 
ni magnétite. 


N° 1050. Troisième sommet du Katéchersky. sur le flanc nord. 


Cette roche foncée est grossièrement grenue et traversée par des filons de 
couleur vert pale d'une roche très finement grenue, presque aphanitique. Elle 
renferme en parties égales élément noir et l'élément blanc. La structure est iden- 
tique à celle du N° précédent; la biotite est rare et presque entièrement chlo- 
ritisée, la hornblende forme des plages à individus multiples, qui renferment un peu 
d'apatite, de la magnétite, et quelques rares grains de zircon :; son polychroïsme est 
plus faible que d'habitude, son extinction est de 207. Les feldspaths sont altérés et 
transformés en kaolin. 

N° 1017. Deuxième sommet du Katéchersky vers l’est. 

Cette roche à grain un peu plus fin que les précédentes, est toujours méla- 
nocrate et légerement pyriteuse. La hornblende est ici très abondante, le pyroxène 
à entièrement disparu. Les plages à individus multiples résultant de son ouralitisa- 
tion se touchent directement, ou laissent ci et là quelques vides remplis par du 
feldspath entièrement kaolinisé. Les cristaux de hornblende sont criblés de pores et 
de corrosions internes remplies de quartz secondaire. Le mica noir est très rare, on 
en trouve une où deux lamelles seulement, il est toujours complètement chloritisé. 

N° 1044. Flanc sud du Katéchersky, sous le troisième sommet, 

La roche, d’un grain moyen, ne renferme plus de pyroxène ; le mica brun y est 


(155) 


219 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


relativement abondant et s'y trouve en petites lamelles dont le polychroïsme est 
plutôt faible et se fait dans les teintes habituelles. La hornblende forme l'élément 
prépondérant : elle est disposée en individus grenus, d’un polychroïsme intense, 
associés en plages. L'apatite et la magnétite sont assez fréquentes en Inclusions; le 
zircon est rare, Quant aux feldspaths, ils sont remplacés par la masse kaolinique 
habituelle. 


TYPE A GRAIN FIN 


Nous grouperons sous cette rubrique deux catégories de roches assez différen- 
tes : les unes sont noiraätres, foncées, très finement grenues où aphanitiques, les 
autres sont verdatres, beaucoup plus claires et d'un grain également très fin. Vu la 
difiiculté de rencontrer au Katéchersky des roches en place formant des aftleure- 
ments suffisamment continus pour examiner les rapports qui lient les différentes 
variétés, il n'est pas possible de se prononcer à cet égard: cependant, le fait que 
nous avons trouvé le type finement grenu de couleur claire en filons bien caractérisés 
dans la roche mélanocrate à grain grossier largement cristallisé qui forme le 
troisieme sommet, laisserait supposer peut-être que le type finement grenu est filon- 
nien dans le premier, Faute de preuves absolues nous décrirons ces roches sans 
autres commentaires. 


N° 138. Sous le flanc nord du premier sommet du Katéchersky. 


Cette roche est verdatre, très finement grenue, absolument semblable aux 
filons trouvés en place au troisième sommet. Sous le microscope, elle est formée 
par de la hornblende verte faiblement polychroïque, s'éteignant à 217, disséminée 
dans une masse kaolinique prépondérante, provenant de la décomposition de feld- 
spaths dont on ne trouve plus de traces. Quelques lamelles chloritisées de mica brun 
accompagnent cette biotite, on trouve également du quartz en grains idiomorphes, 
dispersés dans la masse feldspathique; ce quartz était sans doute primaire ; nulle 
part on ne rencontre trace de pyroxène et vu la nature spéciale de cette roche 1] 
est impossible de se prononcer sur l'origine de l'amphibole. Celle-ci est fréquemment 
chloritisée périphériquement. 

N° 137. Méme localité que le N° précédent, trouvé dans le même pierrier. 

Cette roche noiratre et finement grenue, ressemble à Pœil nu à une diorite ou 
mieux encore à une micro-diorite, Au microscope, la hornblende en est l'élément 
constitutif principal et bien qu'il n'existe plus de pyroxène visible, il est plus que 
probable que cette hornblende en provient. Elle s'éteint à 21° de son allongement, 


(156) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 213 


son polychroïsme est intense et se fait dans les tons verdatres. On trouve quelques 
lamelles de biotite altérée mélée à la hornblende ; quant au feldspath, il est 
complètement décomposé. La structure est identique à celle observée et décrite à 
propos des individus à grain grossier, mais les plages à individus multiples sont 
formées ici seulement par deux ou trois cristaux. 


N° 1014. Flanc nord du Katéchersky, au-dessous du col entre les deux pre- 
miers sommets. 


Roche noire, finement grenue, paraissant à l'œil nu privée de feldspath. Sous 
le microscope cet échantillon reproduit trait pour trait la structure indiquée pour 
les roches mélanocrates à grain grossier. La hornblende forme des petites plages 
à deux ou trois individus, très rapprochées les unes des autres, formant le 
canevas dans les mailles duquel se trouvait primitivement le feldspath: ci et là on 
trouve encore quelques débris de pyroxène, il n'y à généralement ni apatite, mi 
magnétite en inclusion. Il n'existe plus de feldspath indéterminable, ce minéral est 
remplacé par une masse kaolinique opaque avec paillettes séricitiques. 


N° 1016. Piton rocheux en place, sur lPextrémité la plus occidentale du 
sommet principal. 


Cette roche noire, très finement grenue, est identique au type précédent, Sous 
le microscope, elle est formée par des petits grains de hornblende verte disséminée 
dans une masse kaolinique remplaçant le feldspath. Nulle part on ne trouve les 
traces du pyroxène, par contre, dans la masse kaolinique, on observe quelques grains 
de quartz arrondis, sans doute primaire, puis des lamelles de biotite complètement 
chloritisés. 


N° 1018. Entre le premier et le second sommet, au col, sur un bloc anguleux. 


Cette roche est absolument identique comme aspect à celles qui viennent d'être 
décrites, elle est toujours noirâtre, finement grenue, ne renferme plus de pyroxène: 
la description du numéro précédent s'applique sans restriction à celui-ci. 


N° 1046. Dans un pierrier, sous le troisième sommet. 


ioche mélanocrate, à grain un peu plus gros que celui des N°% précédents. 
Elle est formée exclusivement par de la hornblende et des feldspaths, qui, excep- 
tionnellement, sont encore déterminables. La hornblende s'éteint à 20 : ses 
propriétés optiques sont normales, son polychroïisme se fait dans les tons vert 
bleuatre pour #4, et vert jaunatre très pale pour »,. Le feldspath se trouve en grains 
en partie complètement kaolinisés, dispersés parmi les cristaux grenus de hornblende: 


(157) 


214 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


quelques déterminations effectuées sur des sections propices ont donné les résultats 
suivants : 
1° Section Sn, maclée selon Ab et P. 
Extinction de1 Sn, pour P=——64. || pour Ab—+22) — andésine entre 
fs —+65.|[ 1" »  ——24\Abs Am et Ab: Am. 
20 Section Sn, bissectrice aiguë. 
Extinction de 1 Sn, — 17°} pat 
, — andésine Ab: Ans. 
Il — PXIYS\ 
3° Section Sny. 
Extinction de 1 Sn, — 28) 
L 0e labrador Ab: Am. 
— 


Partout où les feldspaths sont altérés, ils sont remplacés par un amas de kaolin 
avec quelques paillettes micacées. 


S 6. Composition chimique et formule magmatique. 


Nous avons analysé un certain nombre des roches du Katéchersky en choisis- 
sant les types principaux des structures indiquées ci-dessus: les résultats sont con- 
signés dans les tableaux suivants : 


Analyses. 


No 1047. No 1048. No 1044, N° 1046. No 1018. 
SIULRR— 48,42 47,64 48,21 48,65 47,99 
AkOs — 15,96 16,76 18,37 LA 17,76 
FeOs — 3,04 2,49 1.86 1,04 4.53 
ReOoe— 8,73 7,96 9,87 10,81 8,08 
CaO - 12,68 12,72 12,18 10,80 12,33 
Mg0 : 6,58 6,41 5,24 7,17 3,15 
KO — 0,24 0,43 3 63 | 108 | 0,43 
Na0 - 2,00 2,76 A) TA 3,99 
Perte au feu 1,61 2,63 1,78 1,69 1,83 

99,56 99,80 101,14 101,57 102,09 


Les n°° 1047 et 1048 représentent le facies largement cristallisé. 
Le N° 1044 est un type mélanocrate à grain moyen. 
Le N° 1018 est un type finement grenu de même que le N° 1046. 


(158) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 219 


Les analyses qui précèdent montrent donc que, quelque soit le type réalisé, les 
roches du Katéchersky présentent une composition chimique remarquablement uni- 
forme et sont évidemment l'expression d’un seul et même magma différencié sous 
des formes différentes. Pour déterminer la formule magmatique nous prendrons 
donc la moyenne des résultats ci-dessus : 


Moyenne calculée sur Quotients, 
100 parties. 

Si0: — 48,73 0,812] 

AkOs — 17,39 0,1704 |} Æ 
EE 2 0,1867 R20s 
FeO; = 2,02 0,0163 

HEQUU— 9,19 0,1276 | 

HO. = 12,28 0,2193 | 0,5029 RO | 
MoO— 6,24 0,1560 | 0,5621 RO LRO 
K:0 _ | L - 
= 3,55 00572 | 0,0572 RO | 


l Na0 


100,00 


Coefticient d’acidité 4 — 1,48 
Rapport R:20O : RO — 1: 8,79 
Formule magmatique : 4,35 SiOz : R2O3 : 3,01 RO 


S 7. Roches filonniennes dans le Katéchersky, minéraux, structure. 


Ce que nous avons dit des roches du Katéchersky en général, dispense d’insister 
plus longuement sur les roches filonniennes que l’on y rencontre. Celles-ci, en effet, 
sont absolument identiques à certains types finement grenus trouvés dans les cail- 
loux des pierriers et décrits précédemment. Là où ces roches ont été dûment consta- 
tées en filons, leur examen microstopique montre qu'elles sont formées exclusivement 
de petits cristaux de hornblende verte, disséminés dans une masse kaolinique pri- 
mitivement feldspathique, qui prédomine toujours sur l'élément noir. Nous renverrons 
d’ailleurs aux paragraphes précédents pour la description détaillée de ces roches. 
Nous avons également rencontré au Katéchersky des roches assez curieuses, qui, à 
la vérité n’ont pas été trouvées en place, de sorte qu'il est difhicile de se prononcer 
sur leur origine, mais qui selon toute vraisemblance doivent appartenir à la catégorie 
des roches filonniennes, A l'œil nu elles sont d’un vert noiratre, et d’un grain toujours 
fin. Sous le microscope, ces roches sont formées par un agrégat grenu de cristaux 
de hornblende, réunis à quelques petites lamelles de mica noir, toujours très rare. 
La hornblende est allongée selon la zone du prisme, les clivages m — (110) y sont 


(159) 


216 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


nets, les mâcles h°=— (100) rares. L’allongement est positif, sur gt — (010), lextinc- 
tion de ». se fait à 22° de l'allongement, le plan des axes est parallèle à eg! — (010) 
la bissectrice aiguë est négative, l'angle des axes est grand, la biréfrigence #3—ny — 
0,093, quant au polychroïsme, il est faible et se fait comme suit: #7 — vert très 
pale, », — vert jaunâtre presque incolore. La hornblende renferme quelques rares 
inclusions de magnétite, La biotite est toujours considérablement réduite par rapport 
à la hornblende et se trouve seulement sur certains points, partout on peut constater 
qu'elle moule nettement la hornblende et lui est certainement postérieure. Cette 
biotite est de couleur rougeatre, fortement polychroïque, et présente les caractères 
optiques précédemment décrits à propos de ce minéral; elle se chloritise parallèle- 
ment à p— (001), la chlorite qui en résulte est incolore. Cette roche ne parait pas 
avoir renfermé de feldspath ou si toutefois cet élément à existé, il était en tout cas 
fort rare; nous considérons cette variété comme une hornblendite, et nous pensons 
qu'elle est filonnienne. Son amphibole par la faiblesse de son polychroïsme et par 
son habitus, parait être différente de celle que l'ont trouve dans les gabbros ouralitisés. 


S 8. Considérations générales relatives au Katéchersky. 


Les paragraphes qui précèdent ont montré l'uniformité pétrographique des dif- 
férentes roches rencontrées au Katéchersky. Toute cette montagne d’un bout à l’au- 
tre est donc bien formée par des gabbros ouralitisés qui constituent ainsi un massif 
intercalé entre les pyroxénites de Koswinsky, et les roches analogues qui forment le 
Tilaï et dont nous parlerons plus tard. Si lon tient compte du fait que sur la ligne de 
partage des eaux de la petite Koswa et de la rivière Kitlim nous avons trouvé des 
roches identiques à celles du Katéchersky et qu'au Kitlimsky-Ouwal les variétés 
dynameo-métamorphiques observées se rattachent toujours au même type pétrogra- 
phique, il parait done à peu près évident que le dûme de koswite qui forme le Kos- 
winsky proprement dit est circonscrit sur ses flancs nord, nord-est, est, et en partie 
sud-est, par des gabbros ouralitisés qui représentent dans leur ensemble un magma 
plus feldspathique, plus pauvre en magnésie, plus riche en alumine et légèrement 
alcalifère, Or, sur les flancs sud, sud-ouest et ouest, nous avons vu que la koswite 
est également flanquée d'une ceinture de gabbros plus basiques évidemment que 
ceux du Katéchersky, mais qui n’en constituent pas moins un type alcalifère diffé- 
rent de la koswite; on peut done se représenter le massif du Koswinsky comme 
formé par une boutonnière de koswite afleurant au centre d'une ceinture de gabbros 
variés qui représente peut-être un second produit différencié au détriment d’un 
méme magma initial, 


Genève, juin 1902, 


+ TS S Te 


LA Re 


TABLE DES MATIÈRES 


PRÉFACE. . 


DIVISION DU TRAVAIL ET IND 
GÉNÉRALES . 


ICATIONS 


BIBLIOGRAPHIE 
PREMIÈRE PARTIE 
CHAPITRE 1. — OROGRAPHIE GÉNÉRALE . ; 
$ 1. Situation géographique de la région 
étudiée . : 
$ 2. Caractère général des chaînes ; 
S 5. Les chaines occidentales entre la Kama 
et la Koswa . 
$ 4. La chaine de l’Aslianka- Dikar- Ostry | 


. La chaine du Koswinsky-Katéchersky- 
Tilaï . 

. La région Énnrise ‘entre PANINRA et 
le Koswinsky. 

Les montagnes situées à l’est de 10 Tone 
de partage. 

Répartition des zones Faccupées, par ‘les 
principales formations . 


$ 7. 
$ 8. 


Caapirre IE. — HYDROGRAPHIE . Ê 
$ 1. La Koswa depuis sa source jusqu’au con- 
fluent de Tépil . 
$ 2. La rivière Tilai. 
$ 3. La rivière Kyria. 
S 4. La rivière Tépil. 
$ 5. Les rapides de Touloum 
$ 6. La Koswa entre Verkh-Koswa et Troïtsk. 


Craprrre IN. — CONDITIONS GÉOGRAPHIQUES DE 
LA CONTRÉE . x : 
$ 1. Notions générales sur r le climat ë 
$ 2. Végétation, flore, faune, etc. . 
$ 3. Population, habitation, coutumes 
$ 4. Moyens de locomotion, communications, 
CCE 


DEUXIÈME PARTIE 


Caaprrre IV. — TopoGraPpare DE Koswixsky- 
KAMEX 
$ 1. Le dôme Central du Kosninsly 


$ 2. Le Pharkowsky-Ouwal . 


Pages. 
57 


3. Le Sosnowsky-Ouwal 

4. Le Malinky-Ouwal. 

5. Le Kroutoï-Ouwal. se 

6. La dépression de la rivière Tilaï. 

7. La chaîne du Kalpak-Soukogorsky et le 
Kitlimsky-Ouwal . 

. La ligne de partage des eaux au Kosr inaléy 

9. L'éperon du Koswinsky 


US: I° AS2 US AT 


PA 
(ee) 


72 


CHapirre V. — HyproGRaPaiE pu KoswiNsky. 
$ 1. Généralités sur les cours d’eau 
$ 2. Les aflluents de la Koswa. 
$ 3. Les affluents de la Tilaï. . 
S 4. Les afiluents de la Kitlim. . 


CuapirRe VI. — G£oLoGrE pu Koswixsky. 

1. La « Koswite » au Koswinsky. 

2. Roches filonniennes dans la Koswite . 

3. L’éperon du Koswinsky et les dunites 
massives. : 

4. Les gabbros à AE du DA n sky et 
du Malinky-Ouwal. . 

5. Les dunites 
Ouvwal. Te 

6. La zone des diabases a Kroutor. ES ab 

. Géologie de la dépression des sources de 
Logwinska . AE 

3. Les roches de la ligne de partage et ‘du 
Kitlimsky-Ouwal . se 

$ 9. La chaîne du Kalpak- Soukogorsky 


ù t 


x 


1. LS AT 


74 


ES 


re 
ÿ 


massives au 


Ce ne 
—] 


V2 
a 


Cnarirre VII. — Descrtprion pes RocHes pu 
Koswixsky. La Koswire. ; : 
$ 1. Minéraux constitutifs de la Koswite ; 
S 2. Structure microscopique . 
$ 3. Phénomènes d’altération et de Aitanoe 
métamorphisme. 
$ 4. Différentes variétés et formes de passage 
aux pyroxénites 
$ 5. Monographie des types étudiés Ë 
S 6. Composition chimique de la Koswite et 
formule magmatique. 
. Place de la Koswite dans Ja classification 
pétrographique et considérations géné- 
rales relatives à cette roche . 


218 


RECHERCHES 


CHaprrre VIII. — DESCRIPTION DES ROCHES DU 
Koswinsky. LES ROCHES FILONNIENNES DANS 
LA Koswire È ; : 
1. Généralités sur la for mi ton flonnicone. 
2, Les dunites sideronitiques, minéraux 
constitutifs, structure , 
3. Monographie des dunites étudiées ; 
4. Composition chimique et formule 
matique . 
. Les diorites-aplites te 1 eos 
minéraux constitutifs, structure. 
6. Monographie des types étudiés . 
7. Composition chimique des diorites-apli- 
tes et des plagiaplites . : 
8. Ls diorites filonniennes anorthiques 
. Similitude de la formation filonnienne 
dans la koswite et le granit . 


7: re 


mag- 


7 Ur: 


ur 
ox 


7 ne 


CZ On 
Le] 


CHAPITRE IX. — DESCRIPTION DFS ROCHES DU 
KoswiNsky. LES GABBROS A OLIVINE DU 
Paarkowsky er pu MALINKY-OUWAL . 

$ 1. Généralités sur les gabbros, minéraux 
constitutifs, structure, altérations et 
phénomènes dynamiques . 

$ 2. Monographie des types étudiés 

$ 3. Composition chimique et formule mag- 
matique . ; 

$ 4. Les pyroxénites, minéraux, étructure, 
EURE En OCT TA 

$ 5. Monographie des pyroxénites étudiées 

CHAPITRE X. — DESCRIPTION DES ROCHES DU 
Koswinsky. ROCHES FILONNIENNES DANS LES 
GABBROS ET LES PYROXÉNITES 

$ 1. Les diorites filonniennes leucocrates, 
minéraux, structure, composition chi- 
mique. ; 

$ 2. Les pyroxénites flonniennes (miicro- Le 
roxénites), minéraux, structure, ete. . 

$ 3. Lesmicro-gabbros, minéraux constitutifs, 
structure, composition chimique et for- 
mule magmatique . 


Caarrrre XI. — DESCRIPTION DES ROCHES DU 
Koswinsky. LES DUNITES MASSIVES DE L'ÉPE- 
RON DU KOSWINSKY ET DU SOSNOWSKY- 
Ouwaz ; 

$ 1. Composition minéralogique de la dunite, 
structure . . . pe $ 

$ 2. Altérations secondaires et serpentinisa- 
tion. à 

$ 3. Monographie des types étudiés : 

$ 4. Composition chimique des dunites et 
formule magmatique. . . . . . 


ee TT 


Pages. 


154 


158 


158 


160 
161 


163 


PETROGRAPHIQUES 


! 


F2 7e Pa V/2772 


P72 


S 


S 


V2 /2 


CHapirre XV. — 


Caarirre XIII. 


CHapirre XV. 


SUR L'OURAL 


Caapirre XII. — DESCRIPTION DES ROCHES DU 


Koswinsky. LES ROCHES EN FILONS DANS LA 
DUNITE . . . 3 
1. Généralités sur es rOGHEE £louniennes, 
2. Les granulites filonniennes à plagioclase 
(plagiaplites micacées), minéraux, 
structure, composition et formule mag- 


matique. . . - : ee 
3. Les albitites, structure, composition chi- 
mique. AN RENE CR 
4. Les diorites anorthiques, minéraux, 
structure, composition chimique. 
5. Les Wehrlites filonniennes, minéraux, 
structure, composition chimique. . . 
6. Considérations relatives à la formation 
filonnienne dans son ensemble. . . . 


— DESCRIPTION DES ROCHES DU 

Koswinsky. LES piaBases pu KRrouroï- 

Ouwaz RP ET CR 

1. Généralités sur les diabases et sens 
affecté à cette dénomination. . . . . 

2, Minéraux constitutifs et principales 
BIXUCCUTES SU 

3. Monographie des Er étudiés x 

4, Composition chimique et formule mag- 
MATQUER EE EDS CRE 


— DESCRIPTION DES ROCHES DU 
KoswiNsky. LES GABBROS OURALITISÉS DE 
LA LIGNE DE PARTAGE . . . SE es 
$ 1. Généralités sur les roches de la ligoë de 

partage et monographie des types étu- 

diés. : Ke 
2. Les roches du Kitlimsky-Ouwal . RŸe 


TROISIÈME PARTIE 
LA MONTAGNE DU KATÉCHERSKY 


TOPOGRAPHIE, GÉOLOGIE ET 
DESCRIPTION PÉTROGRAPHIQUE DES ROCHES 
DU KATÉCHERSKY . . Ne 
1. Topographie du Katécherky à HER. 

2, Géologie du Katéchersky. . . . . . . 
3. Les gabbros ouralitisés, minéraux consti: 


tutifs et secondaires. . : . : . 

4. Structure et principales variétés 

5. Monographie des types étudiés . . . 

6. Composition chimique et formule mag- 
matique..... ee 

7. Roches filonniennes dans le Katéchersky, 
minéraux, structure, . . . T'e 

8. Considérations générales relatives au 
Katécherskye". M ISO PE ARR 


Pages. 


165 
165 


165 
168 
170 
172 


174 


177 
177 


178 
153 


189 


191 


191 
194 


EXPLICATION DE LA PLANCHE 1 


La carte du Koswinsky que nous avons coloriée géologiquement, est la reproduction photo- 
graphique d'un relief sur plâtre, exécuté par M. Perron, l’auteur du grand relief de la Suisse 
de 100000» d’après les indications que nous lui avons fournies. Nous avons pris comme canevas 
topographique la position des rivières de la contrée, telle qu'elle est donnée sur la carte a. de 
Russie, en complétant ces données, souvent trop incertaines ou inexactes, par de nombreuses obser- 
vations nouvelles, par la détermination de cotes barométriques, et surtout par des photographies prises 
depuis des points très différents. Cette carte, comme on le comprendra aisément, ne peut avoir dans ces 
conditions la prétention de réaliser une grande exactitude topographique, nous pouvons seulement 
afirmer qu’elle reproduit avec une grande vérité l’aspect de la contrée et les formes caractéristiques 
du terrain ; on pourra d'ailleurs s’en Convaincre en comparant cette carte avec les différentes vues 
du Koswinskv reproduites dans cet ouvrage. Pour la construction du relief, on a pris les hauteurs 
normales qui n'ont point été exagtrées, les cotes prises comme base sont celles marquées sur la 
carte; quant aux contours géologiques ils ont été fixés aussi exactement que possible, vu l'état 
du sol. 

Nous tenons à remercier ici M. Perron du concours eflicace qu'il a bien voulu prêter pour 
mener à bien la diflicile entreprise de représenter la topographie d’une contrée avec les bases que 
nous avions et bien que sa réputation ne soit plus à faire, nous nous plaisons à reconnaitre l'intel- 
ligence qu'il a apportée à interpréter, sur quelques données seulement, les formes du terrain dans 
une région qui lui était totalement inconnue, 


MEM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT DE GENEVE. VOL. 34 (1902) 


28° 30° E de Pulkowa 


À LAMY. LITH. GENÈVE 


1.100.000 


() Pres Ski 
CARTE GÉOLOGIQUE dela RÉGION IMMÉDIATE 
LÉGENDE | (ms rose R orcailee 
des COULEURS ET Dunites | Gabbros ouralilises 


du KOSWINSKY 


EEE) 
ere 


Diabases 


Schistes crislallins 


Pi 


N° "É 
None 
No 134. 


N° 1026: 


No | 032 


N° 1036. 


4 Le 
de 
UP 
CS 
} > 
1 Fr? 
ICT s 


EXPLICATION DE LA PLANCHE 2 


Koswite en lumière polarisée : grossissement — 13 diam. | À À. 


Koswite en lumière naturelle : grossissement — 37 diam. La préparation mont 
hornblende enveloppant la magnétite et moulant directement les pyroxènes. 


Dunite massive, lumière polarisée : grossissement — 13 diam. Olivine avec dévelop 
ment de fissures serpentineuses: dans l’olivine, grains de fer chromé. 


Plagiaplite en lumière polarisée : grossissement — 13 diam. Les plagioclases à ce 
kaolinisé et à bordure fraiche y sont moulés par le quartz. HA LOS 4e 


Plagiaplite micacée (plagiogranulite lilonnienne) en filons dans la dunite mass 
Lumière polarisée : grossissement — 13 diam. , Le ; + 


Diorite anorthique filonienne en lumière polarisée : grossissement =— 13 diam. 


MËÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE. VOL. 34 (1902) PL. 


D 


No 134 


N0 1032 


Louis Duparc el Francis Pearce. Recherches pétrographiques sur l'Oural. (PI. 2 


N° 


190. 


400. 


115. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE 3 


Gabbro à olivine du Pharkowsky-Onwal en lumière polarisée : grossissement — 22 diam. 
La préparation montre le diallage et l’olivine en cristaux de grande taille disséminés 
dans une masse plus finement grenue formée par les mêmes éléments, le feldspath en 
plus. 


Pyroxénite berges de Logwinska. Lumière polarisée : grossissement — 13 diam. L'échan- 
tillon montre les grands cristaux de pyroxène et d'olivine dispersés dans une masse 
réduite, panidiomorphe grenue, formée des mêmes éléments. 


Micropyroxénite provenant du Pharkowskv-Ouwal, lumière polarisée : grossissement — 
13 diam. 


Microgabbro-porphvrique provenant du Pharkowsky-Ouwal : grossissement — 13 diam. 


Lumière polarisée. La coupe montre les grands cristaux chargés d’inelusions du 
pyroxène, disséminés dans la pâte holocristalline grenue. 


Diabase du Kroutoi-Ouwal (type doléritique) : grossissement — 13 diam. Lumière pola- 
risée, La coupe montre les plages ophitiques de l’augite dispersées dans une masse 
kaolinique provenant de la décomposition des feldspaths. 


Diabase du Kroutoï-Ouwal (type basaltite) : grossissement — 22 diam. Lumière polarisée, 
La préparation montre quelques phénocristaux d'augite disséminés dans une masse 
séricito-kaolinique provenant de la décomposition de la pâte. 


o 


DE GENÈVE, VOL, 3% (190 


ET HIST. NAT. 


PHYS. 


soc. 


MÉM. 


P] 


sur l'Oural 


Recherches pétrographiques 


OU1S uparc e Francis earce. 
Louis D LE P 


No: 


70. 


1015. 


1048. 


1018. 


1046. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE 4 


Diabase de Kroutoi-Ouwal (iype andésitique porphyrique) : grossissement — 13 diam. 
Lumière polarisée. La coupe montre des phénocristaux de plagioclase disséminé 
dans une pâte microlithique altérée. | = 


Gabbro ouralitisé du Katéchersky, type à grain grossier, avec mica : grossissement 

13 diam. Lumière polarisée. La coupe montre des plages corrodées de mica no e 

d'amphibole et de quartz, disséminées dans une masse kaolinique résultant de la a | 
position du feldspath. 


Gabbro ouralitisé du Katéchersky ; type grossièrement grenu : grossissement = 13 diam. #4 
Lumière polarisée, Plages et ouralitisation à associations d'individus grenus de home 
blende, disséminées dans une masse kaolinique remplaçant le feldspath. 


Gabbro ouralitisé du Katéchersky : grossissement — 13 diam. Lumière polarisée. Plages ( 
de diallage persillées d’amphibole d’ouralitisation. J 


Gabbro ouralitisé du Katéchersky. Tvpe à grain fin : grossissement — 22 diam. 
Lumière polarisée. 


MEM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL 3% (1902) 


N° 4015 


N° 1048 


No 1108 


Louis Duparc et Francis Pearce. Recherches pétrographiques sur l'Oural. (PI. 4 


PUBLICATIONS 


DE LA 


SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE 


‘DE GENÈVE 


La Société peut encore disposer d’une collection complète de ses Mémoires. (Tomes I-XXXUI k 


et volume du centenaire.) Pour traiter, s'adresser au secrétaire des publications. à 


(Adresse de la Société : au Musée d’hist. naturelle, Genève, Suisse.) 


0: 


? 


Comptes rendus des séances de la Société (in-8°). Tomes I-XVIIT (1884-1901). Prix Fr. 2 


sa 


= bte 


Imprimerie W. Kündig & Fils, Genève, 


MÉMOIRES 


DE LA 


| SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE 


ET 


D'HISTOIRE NATURELLE 
DE GENÈVE 


—— — Dé e— — 


Volume 34 


FASCICULE 3 — (Mars 1903) 


| RaAPPORT DU PRÉSIDENT POUR L'ANNÉE 1902 | 
LEGUMINOSÆ LANGLASSEANÆ | 


| par Marc MICHELI 


_ GENÈVE | PARIS 
GEORG & Cie | G. FISCHBACHER || 
BALE et LYON même maison. | 3, rue de Seine. | 
gas | 
_ + | 
x REC TES S 
| PRIX : FR. 15 
> + 
Ds 
LE + 


TABLE DES MATIÈRES 


DU 


FASCICULE 3, VOLUME 34 


pour l’année 1902 par M. le professeur Philippe-A. Guye . 
Marc Micuerr. Leguminosæ langlasseanæ. Légumineuses récoltées dans les Etats 


mexicains de Michoacan et de Guerrero, pendant les années 1898 et 1899 par œ 


Eugène Langlassé. Avec 28 planches". 


1 Voir page 244 l'avis relatif à la numérotation des planches. 


ne Ch. A 

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AA Tr: 7%. 


RAPPORT 


PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE 


D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE 


POUR 
L’'ANNEÈE 1902 
PAR 


M. le professeur Philippe-A. GUYE 


— 2 ES Sa OT 8 — 


MESSIEURS ET HONORÉS COLLÈGUES, 

J'ai à vous rendre compte de l’activité de notre Société pendant l’année qui 
vient de s’écouler. Conformément à l'usage, je vous donnerai d’abord quelques 
renseignements sur les questions administratives pour vous rappeler ensuite la vie 
et l’œuvre scientifique des confrères dont nous avons à déplorer la perte; enfin je 
récapitulerai les divers travaux présentés dans nos séances. 

Au mois de janvier vous avez nommé à la vice-présidence M. Paul van Berchem 
qui occupera la présidence cette année; MM. Emile Ador et Ch. Soret ont remplacé 
au comité de publication les deux membres sortants ; M. Briquet à été désigné pour 
remplacer M. van Berchem. 

En juillet, à la suite du décès de votre regretté président, M. Marc Micheli, 
dont nous retracerons tout à l’heure la vie si bien remplie, vous avez appelé à la 
présidence l’auteur de ce Rapport. 

Nous avons recu la démission d'un de nos membres ordinaires, M. H. Auriol 
qui s’est fixé à Montpellier, et d’un de nos associés libres, M. Paul Dutoit qui s’est 
définitivement établi à Lausanne à la suite de sa nomination comme professeur à 
l'Université de cette ville. 

(1) 


MÉM. SOC, PYS, ET HIST, NAT. DE GENÈVE, VOL. 84 (1905). 


990 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


Les vides ainsi produits ont été comblés par la nomination de cinq membres 
ordinaires, MM. Jules Micheli, B.-P.-G. Hochreutiner, AI Bach, T. Tomasina, F. Bat- 
telli, D'autre part M. Emile Burnat a passé membre émérite. 

Nous avons eu la douleur de perdre un de nos membres ordinaires, M. Marc 
Micheli; cinq membres honoraires, M. Alb. Falsan, M. le prof. A. Cornu, M. le 
prof. Hervé Faye, M. le prof. B. Wartmann, M.le prof. Ch. Dufour, enfin deux 
associés libres, M. Ch. Rigaud et M. Max Perrot. 

Nous avons eu cette année 1S séances régulières. 

Votre Société à pris une part active à la réunion de la Société Helvétique des 
Sciences naturelles qui à eu lieu cette année à Genève. Cette solennité nous a donné 
l'occasion de recevoir nos excellents collègues de la Suisse, ainsi que plusieurs de 
nos membres honoraires étrangers, MM. Blondlot, Ramsay, Spring, Ebert, 
Noelting, Blaserna, Longuinine, qui ont bien voulu honorer cette réunion de leur 
présence, Votre Société s’est fait représenter au Jubilé de notre distingué membre 
honoraire, le prof. Henri Dufour, à Lausanne, auquel une adresse à été remise de 
votre part. Enfin à l’occasion du cinquantième anniversaire de son Doctorat, 
M. J. Coaz, à Berne, a été élu au nombre de nos membres honoraires. 

Nos Mémoires ont paru cette année conformément au système que vous avez 
approuvé l’année dernière, en deux fascicules du tome 34; le premier contient des 
documents administratifs, le second, un travail de M. le prof. Duparc sur l'Oural du 
Nord. 

En outre, deux superbes volumes « hors série » contenant la réimpression des 
œuvres de J.-C. G. de Marignac ont été publiés cette année sous les auspices de 
notre Société : ils constituent le plus beau monument que lon püt élever à la mé- 
moire de ce savant émérite. 


NOTICES BIOGRAPHIQUES 


MARC MICHELI' 


Lorsque la mort nous enlève un homme dont la tâche est terminée, c’est l’ami, 
le maitre ou le conseiller que nous pleurons ; mais nous savons que son œuvre est 
accomplie et ses exemples nons restent, Combien elle nous paraît plus inexorable 


1 Consulter les notices biographiques de M. C. de Candolle, du Journal de Genève, 30 juin 1902, et de 
M. Briquet. Bull. Soc. botanique de France. T. XIAX, p. 177 (1902). 


(2) 


POUR L'ANNÉE 1902 291 


quand c’est un savant, dans la force de l'age, en pleine vigueur physique, intellectuelle 
et morale, qui soudain disparait; des trésors d'intelligence nous semblent comme 
ravis sur lesquels nous avions déjà compté. De là cette émotion que nous avons si 
vivement ressentie lorsque s’est répandue le 29 juin dernier la nouvelle que Mare 
Micheli nous était enlevé, qu'il ne présiderait point notre Société dans ces belles 
réunions de la Société Helvétique des Sciences naturelles qui devaient avoir Heu 
peu après dans notre ville. 

Mare Micheli est né à Genèvele 5 octobre 1844. Son père, Jean-Louis Michel, 
un homme de bien, dansla plus complète acception de ce terme, et son grand-père 
François-Jules Micheli, avaient rempli diverses fonctions publiques où ils avaient 
fait preuve de grandes qualités d'intelligence et de dévouement. Son trisaïeul François- 
Gratien Micheli(1705-1785;, connu sous le nom de Micheli du Crest, avait été un des 
collaborateurs de de Saussure qui cite fréquemment dans ses Mémoires sur la météoro- 
logie les observations faites par lui à Jussy. Mare Micheli fit ses premières études à 
l’Académie de Genève où il montra de bonne heure un goût très marqué pour les scien- 
ces naturelles. En 1863 il se rendait à Edimbourg avec l'intention d'y étudier la mé- 
decine:; mais il y renonça bientôt pour se vouer à l'étude de la botanique vers laquelle 
l'avait attiré l’enseignement du professeur Balfour. L'année suivante, nous le trou- 
vons à Heidelberg, élève de Hofmeister, dont les travaux sur l'anatomie et la morpho- 
logie végétale venaient de frapper l'attention du monde savant. De 1866 à 1868, il 
séjourne à l'Université de Bonn où la physiologie végétale était l’objet d’un ensei- 
gnement magistral donné par l'illustre Sachs. C’est dans son laboratoire qu'il fit 
ses premières recherches, publiées en 1867 dans les « Archives des Sciences physi- 
ques et naturelles >» sous ce titre: < Quelques observations sur la matière colorante 
de la chlorophylle. > C’est à la suite de la présentation de ce travail qu'il fut reçu 
membre de notre Société. Frappé des progrès accomplis en Allemagne dans le 
domaine de la physiologie végétale, il entreprit alors la traduction française 
du traité de physiologie expérimentale de Sachs qui venait de paraître et constituait 
une remarquable mise au point de ces questions. En moins d’un an, il menait à 
bien cette lourde tache. 

Ces débuts dénotaient chez Micheli un goût prononcé pour la physiologie et 
de réelles aptitudes pour les travaux de laboratoire. Aussi s'est-on parfois étonné 
qu'il n'ait pas, dans la suite, poursuivi ce genre de recherches pour lequel il était 
admirablement préparé (de Candolle). 

I! continua néanmoins à porter à ces questions un très grand intérêt, il fit pa- 
raître dans les « Archives » de 1871 à 1879 des comptes rendus sur les principales 


publications concernant la physiologie végétale. 


(3) 


299 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


De retour à Genève, et passant la plus grande partie de l’année dans sa pro- 
priété du Crest, qui a été pour lui le centre de tous ses intérêts et de toutes ses 
affections, Micheli partagea dès lors son temps entre ses travaux scientifiques et les 
affaires publiques auxquelles il a consacré une grande partie de sa vie. Nous allons 
essayer de résumer cette double activité. 

Mettant à profit les ressources abondantes que l’on trouve à (renève pour les 
travaux de botanique systématique, Micheli s’adonna avec une prédilection mar- 
quée aux recherches ayant pour objet des chapitres de cette branche importante 
de la science. C’est ainsi qu'il entreprit en premier lieu, à la demande de Eichler, la 
description des Onagrariacées du Brésil, publiée dans la « Flora brasiliensis » en 
1877 ; déjà en 1874 quelques résultats partiels de ces études avaient fait l’objet de 
notes isolées. 

C’est également à peu près à la même époque qu'Alphonse de Candolle, qui 
tenait Micheli en grande estime, désira se l’attacher comme collaborateur aux 
« Monographiæ phanerogamarum : >» trois monographies insérées dans le tome TT 
de ce recueil sont dues à sa plume ; elles concernent les Alismacées, Butomacées et 
Juncaginées, familles de plantes aquatiques de la classe des Monocotylédones. 

Ces divers travaux qui se rapportaient à des espèces de l'Amérique du Sud 
fournirent à Micheli l’occasion d'étudier de plus près des collections rapportées du 
Paraguay par Balansa, sur la valeur desquelles on n'avait pas assez insisté, Seul, ou 
aidé de quelques collaborateurs, il entreprit une série de travaux descriptifs ayant 
pour but de faire connaitre la flore de cette contrée. Son premier mémoire sur ce 
sujet à été publié en 1883, sous le titre < Contribution à la Flore du Paraguay. » Il 
a été suivi de plusieurs suppléments relatifs au même groupe de plantes. Au cours 
de ces recherches Micheli avait acquis une connaissance spéciale des Légumineuses, 
pour lesquelles il était devenu une autorité. On lui en envoyait de tous pays. C’est 
ainsi qu'il à été amené à publier divers mémoires importants sur les légumineuses 
de l'Equateur, de la Colombie, de Costa Rica, du Guatemala, du Mexique, du 
Brésil et même de l’Afrique équatoriale. 

Ces recherches de botanique systématique ont toujours eu pour Micheli un 
grand attrait. Récemment encore il subventionna plusieurs expéditions en Orient, en 
Colombie et surtout au Mexique (189$) où un habile explorateur, le regretté Lan- 
glassé, reçut la mission de récolter des plantes dans la province de Guerrero ; la 
description de ces plantes constitue la dernière œuvre de Micheli; cette belle mono- 
graphie sera insérée dans nos « Mémoires » en même temps que la présente 
notice. 

Cette exploration de Langlassé nous amène tout naturellement à considérer 


(1) 


POUR L'ANNÉE 1902 993 


une autre face de l’activité scientifique de Micheli : nous voulons parler de la bota- 
nique horticole qui a toujours exercé sur lui un grand attrait et qu'il à cultivée en 
réunissant de la façon la plus heureuse la science et la pratique. Fidèle à la tradi- 
tion de son père et de son grand-père, qui avaient été des amateurs passionnés de 
plantes, il a développé et créé dans les jardins et les serres de sa propriété du Crest 
une des plus belles collections de plantes vivantes de notre temps: véritable centre 
d’horticulture européenne. 

C’est ainsi qu'il est parvenu à acclimater plus de 2000 espèces exotiques de 
plein air, auxquelles 11 vouait un intérêt particulier ; ses serres, de construction plus 
récente, abritent aussi de nombreuses espèces des régions tropicales qu'il à été le 
premier à transplanter en Europe, en particulier, les plantes vivantes récoltées par 
Langlassé. Ces travaux qui constituaient ce que M. C. de Candolle à appelé très 
heureusement un < véritable essai de géographie botanique expérimentale > lui 
avaient acquis une grande notoriété en horticulture et floriculture; sa compétence, 
en ces matières, était reconnue de tous, dans notre pays et à l'étranger; il faisait 
régulièrement partie de toùs les jurys des expositions internationales d'horticulture 
où ses conseils et ses avis étaient très écoutés. Micheli a d’ailleurs publié, en 1896, 
sur les plantes de pleim air, acclimatées par lui dans ses jardins du Crest, une sorte 
de catalogue fort bien conçu, donnant tous les détails les plus utiles sur la plupart 
des espèces : famille, pays d’origine, renvois bibliographiques aux descriptions les 
meilleures et aux planches les plus parfaites, modes de culture, photographies, etc., 
qui font de cet ouvrage un véritable répertoire de documents à l'usage des spécia- 
listes. Les observations de Micheli relatives à la Botanique horticole sont en outre 
consignées dans diverses notes publiées par lui dans les Archives des sciences phy- 
siques et naturelles, et dans la Revue horticole de Paris. 

Pour achever cette étude rapide de l'activité scientifique de Micheli, il nous 
reste à dire quelques mots de ses travaux en viticulture et agriculture dans lesquels 
il trouvait le moyen de donner satisfaction à ses goûts scientifiques et à ses senti- 
ments de dévouement à la chose publique. I était en effet un agriculteur pratique, 
dirigeant lui-même sa propriété du Crest avec l'intérêt le plus vif et le plus éclairé. 
Il connaissait à fond les besoins de notre agriculture et les difficultés contre les- 
quelles elle à à lutter. Lors de l'invasion du vignoble genevois par le phylloxéra, il 
fut un des premiers à comprendre qu'il ne suffisait pas de combattre le terrible fléau 
par la méthode destructive, mais que lon devait en outre chercher à reconstituer, 
au moyen de plants américains, les vignobles atteints. Il installa lui-même, au Crest, 
une des premières stations de plants américains et collabora ensuite de la façon la 
plus active au développement de la station viticole de Ruth qui à rendu de si grands 


(2) 


9294 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


services aux viticulteurs de nos pays. I à résumé la plus grande partie de ses obser- 
vations sur ces sujets dans des notes publiées par le Bulletin de la Classe d’agricul- 
ture à Genève !. 

La tendance de ces derniers travaux fait bien ressortir un des côtés les plus 
intéressants du caractère de Micheli et fait mieux comprendre le rôle qu'il a joué 
dans les affaires publiques de son pays auxquelles, suivant une vieille et saine tra- 
dition genevoise, il avait dévolu une bonne part de son temps pour ne pas dire le 
meilleur de lui-même. 

Esprit avant tout pacifique et bienveillant, Micheli, malgré des convictions très 
arrêtées, s’est tenu à l'écart de la politique militante. Nombreux sont néanmoins les 
services qu'il a rendus à son pays. En 1878 il fut nommé maire de la commune de 
Jussy où il succédait à son oncle Fæsch-Micheli, qui succédait lui-même à son 
père, Jean-Louis Micheli, et à son grand-père, François-Jules Micheli, nommé pour 
la première fois en 1803 ; depuis, il fut constamment réélu, la dernière fois en mai 
1902, à l'unanimité des suffrages, et ses administrés s’apprétaient à fêter en 1903 
le 25% anniversaire de sa nomination comme maire, en même temps que le 100me 
anniversaire de la première nomination de son grand-père. Ce témoignage d'affection 
et de sympathie qui lui parvint sur son lit de maladie, l’émut profondément. C’est 
qu'il était fonciérement attaché à cette commune de Jussy qu'il considérait comme 
une seconde famille et à laquelle il s'est consacré avecle plus entier dévouement pen- 
dant un quart de siècle. + Il connaissait par leur nom chacun de ses administrés, il 
savait l’histoire de toutes les familles ; 1} savait surtout que le don le plus généreux 
n'est rien s'il n'est accompagné d’une parole d'affection inspirée par un sentiment 
sincère de sympathie humaine ; il ne se contentait pas de faire l'emploi le plus géné- 
reux de sa fortune. Il se donnait lui-même ». (Journal de Genève.) 

De 1878 à 1886, époque à laquelle une grave maladie, dont il était complète- 
ment remis d’ailleurs, le décida à se retirer, Micheli à siégé comme député au 
Grand Conseil, où il s’intéressa d’une façon toute particulière aux questions munici- 
pales, agricoles et universitaires. Son intérêt pour l'Université se manifesta en- 
core dans de nombreuses circonstances : il fut un des promoteurs de la Société 
académique qu'il présida une année; jusqu'à sa mort il à été un des membres les 
plus actifs et les plus zélés de son comité; il était également secrétaire permanent de 
la Société auxiliaire des Sciences et des Arts. Ces deux institutions répondaient 


bien à ses tendances et à ses idées, heureux d'associer ainsi l'initiative privée à 


1 La liste complète des travaux de Micheli, comprenant 64 numéros, sera publiée dans les « Actes de la 


Société Helvétique des Sciences naturelles pour 1902 » par M. C. de Candolle. 


(6) 


+ 


POUR L'ANNÉE 1909 995 


l'action de l'Etat, pour favoriser la haute culture universitaire qu'il considérait 
comme un des plus beaux titres de gloire de Genève. 

Il à donné sans compter son temps et sa peine à la Rédaction des Archives 
des Sciences physiques et naturelles: à notre Société dont il fut un des Président les 
plus actifs, en même temps qu'un des membres du comité les plus assidus à diverses 
périodes ; depuis plusieurs années, il était généralement un de nos délégués ofñ- 
ciels aux réunions annuelles de la Société helvétique des sciences naturelles pour 
lesquelles il avait à la fois un chaud enthousiasme et l'intérêt le plus éclairé. 

De 1869 à 1874, Micheli fit aussi partie de la Commission permanente nom- 
mée par la Ville de (Genève pour réorganiser le superbe herbier donné par la 
famille de Benjamin Delessert. Il prit une part très active aux travaux de cette 
commission et garda dès lors un vif intérêt pour tout ce qui concerne le Conserva- 
toire et le Jardin botanique de (Genève. 

Le tableau que nous venons de tracer du savant et de l’homme ne serait pas 
complet, si nous ne cherchions pas à montrer le fond de sa personnalité en qui 
s’alliaient la plus constante bienveillance et la noblesse du caractère, un esprit 
ouvert et éclairé, planant toujours au-dessus des petites mesquineries de la vie, une 
àme compatissante vis-à-vis des infortunes de ce monde. Doué d'un naturel heureux 
qui lui faisait voir et apprécier tout ce que la vie a de beau, sans jamais cependant le 
détourner d'aucun devoir, Micheli a vu venir la mort en homme de cœur chez 
lequel la hauteur des convictions fait la grandeur du caractère: il à supporté avec 
une patience admirable la douloureuse maladie qui le terrassait et conservé jusqu’à 
la fin sa bonne grâce habituelle vis-à-vis de son entourage, vis-à-vis de celle, en par- 
ticulier, qui fut la compagne charmante de sa vie, ainsi qu'un aide et un appui cons- 
tants dans toutes les branches de son activité. De tels exemples ne peuvent que 
porter des fruits : déjà le nom de Micheli revit dans la science par celui de son fils 
ainé ; lui-même, par la valeur de ses travaux et par sa personnalité morale, y laisse 
un profond Souvenir. 


WILLY KUEHNE! 


Né à Hambourg en 1837, Willy Kuehne fut un des plus éminents physiolo- 
gistes de l'Allemagne : son nom mérite d'être placé à côté des du Bois-Reymond, 
des Brücke, des Helmholtz et des Ludwig, car il fut l'un de ces rares savants dont 


? Cette notice aurait eu sa place normale dans le rapport pour l’année 1900. 


(r) 


2926 RAPPORT DÜ PRÉSIDENT 


le génie put embrasser tout le domaine de la physiologie, tandis que d’autres 
doivent borner leurs efforts à l'étude de tel ou tel sujet spécial. 

En 1855, Kuehne débutait à Gœættingue dans le laboratoire de Wäübhler. Il 
devait recevoir du célèbre auteur de la première synthèse chimique d’une substance 
organique une empreinte qui le marqua pour toute sa carrière scientifique : celle-ci 
fut en effet caractérisée par l'emploi constant des méthodes chimiques les plus exactes, 
dans la recherche des phénomènes vitaux. 

Après Gœættingue il se rendit à Jena, où professait du Bois-Reymond ; entrant 
dans un ordre de travaux que poursuivait déjà ce maître, Kuchne fit lui-même de re- 
marquables découvertes sur la physiologie du muscle. Deux années passées à Paris 
lui donnèrent enfin, grace à l'influence de Claude Bernard, cette maitrise dans l’art 
de l’expérimentation qui distingua tous ses travaux subséquents. Après un court stage 
à Vienne, chez Brückner, Kuehne vint à Berlin et y déploya une intense activité 
comme assistant préposé aux travaux chimiques de l’Institut pathologique. Plusieurs 
de ses bons travaux virent le jour à cette époque. En 1868 il fut nommé professeur 
à Amsterdam, qu'il quitta en 1871 pour s'établir à Heidelberg. 1 y mourut en 1900 
après une carrière professorale empreinte des plus belles qualités de l'esprit et du 
cœur, 

Nous rappellerons à grands traits quels furent les principaux travaux de ce 
physiologiste que notre Société eut le privilège de compter parmi ses membres 
honoraires dès l’année 1872. 

Dans ses recherches sur les muscles et les nerfs, une habileté consommée 
dans l'usage du microscope et l'emploi de la méthode chimique lui permirent de 
suivre les dernières ramifications du système nerveux, sa pénétration dans le sys- 
tème musculaire et de constater que la terminaison des extrémités des filets nerveux 
se faisait dans l’intérieur même des filets musculaires, I constata aussi que ces der- 
niers sont remplis par un liquide et tira de ces résultats des conséquences impor- 
tantes au point de vue de la contractilité musculaire. Dans le même ordre d'idées 
nous mentionnerons ses études sur la contractilité chez les animaux inférieurs et 
chez les plantes, sur la rigidité cadavérique, etc. 

L'étude histologique et chimique du pancréas l’amena à découvrir l'existence 
de ferments d'une nature spéciale qu'il nomma enzymes et dont l’un, la trypsine, 
permet la digestion des albumines. I suivit les diverses réactions digestives qui ont 
lieu sous leffet de ce ferment ainsi que les produits de désassimilation qui en 
résultent. 

Lorsque Boll découvrit dans la rétine l’existence d’une teinte rouge qui sem- 
blait dépendre de l'exposition de Pœil à la lumière et de l’état de vie du sujet, 


(S) 


POUR L'ANNÉE 1902 227 
Kuehne se mit à étudier la cause de cette coloration qu'il trouva résider dans une 
substance pourpre, isolable, impressionnable à la lumière, à tel point qu'il pouvait 
obtenir sur elle des clichés photographiques d'une durée éphémere qu'il appela 
optogrammes. Il tira de ces études extrèémement délicates les bases d'une théorie 
photochimique des impressions visuelles, Poussant plus loin ses travaux sur la rétine 
et sur le nerf optique, il les étudia au point de vue de leurs propriétés électriques. 
Parmi les nombreux autres travaux dont les titres seuls ne pourraient pas 
trouver place dans cette brève notice, nous retiendrons cependant en terminant 
celui qui remplit les derniers mois d'activité de W. Kuehne, à savoir ses recherches 
sur l’influence de l'oxygène sur les mouvements de contraction du protoplasme des 
animaux et des plantes. 


CHARLES DUFOUR 


Avec Charles Dufour, décédé à Morges le 28 décembre 1902, disparait une 
des physionomies les plus attachantes et les plus sympathiques de ce que j'appel- 
lerai nos «savants romands. » C'était aussi un de nos membres honoraires les plus 
fidèles, un de ceux dont nous aïmions tant à rencontrer la bonne figure au milieu 
de nous; il avait été nommé en 18S4, et depuis cette époque, toutes les années, c'était 
chaque fois un vrai plaisir quand il prenait part à nos séances et y apportait la primeur 
de ses communications si appréciées en raison de leur originalité. 

Charles Dufour est né à Veytaux, où son père était instituteur, le 20 septembre 
1827 ; il fit ses études à l'Ecole moyenne de Vevey et à l'Académie de Lausanne. 
Après un court séjour en Argovie où il apprit l'allemand, il avait à peine IS ans lors- 
qu'il fut nommé maitre de mathématiques et de sciences naturelles au Collège 
d’Orbe. C'était déjà alors un passionné de la science; presque tous les mois, il faisait 
à pied les 22 kilomètres qui séparent Orbe de Lausanne pour assister aux séances 
de la Société Vaudoise des sciences naturelles. Sept ans après il succédait à Fritz 
Burnier, comme maitre de mathématiques au Collège de Morges, fonctions qu'il a 
remplies pendant quarante ans, jusqu’en 1892. De 1880 à 1892 il a encore enseigné 
la cosmographie au Collège cantonal de Lausanne et, de 1894 à 1896, au Gym- 
nase littéraire. De 1855 à 1856 et de 1864 à 1869, il a professé divers cours de 
mathématiques à l'Ecole spéciale et à l'Académie de Lausanne, Enfin de 1894 à 
1901, il a occupé la chaire d'astronomie à la faculté des sciences de cette Acadé- 
mie et Université. 

A côté de ce très lourd enseignement, Charles Dufour n’a pas ménagé sa peine 

(9) 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 34 (1903). 29 


9298 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


pour la besogne administrative qui en dépendait. C’est ainsi que nous le trouvons 
Directeur du Collège d'Orbe pendant ses années de résidence dans cette ville; puis 
directeur du Collège de Morges de 1865 à 1890; directeur de l'Ecole supérieure 
gymnasiale des jeunes filles, dans là même ville, de 1852 à 1902; membre du Con- 
seil de l'Ecole polytechnique de Zurich, de 1881 à 1897. 

De 1863 à 1870 Charles Dufour a fait partie de la commission suisse d’hydro- 
métrie, dont il fut le premier président; de 1861 à 1902, de la commission fédérale 
de météorologie fondée, on le sait, par la Société helvétique des sciences naturelles. 
La plupart de nos Sociétés savantes suisses, et plusieurs sociétés étrangères s'étaient 
fait depuis longtemps un honneur de Pappeler au nombre de leurs membres effec- 
tifs, honoraires, ou correspondants. Il était considéré partout comme un des repré- 
sentants les plus respectés de la science suisse. 

Comme citoyen il à toujours montré le plus grand intérêt aux affaires de son 
pays: pendant 44 ans il à fait partie du Conseil communal de Morges, dont il a été 
le président pendant 12 ans. 

En décembre 1895, l'Université de Lausanne à célébré le jubilé cinquante- 
naire de Son enseignement, au milieu d’un concours empressé d'élèves, de collègues 
et d'amis heureux de lui apporter à cette occasion le témoignage de leur admira- 
tion ou de leur reconnaissance : tous les hommes de science ou de carrières techni- 
ques et libérales du canton de Vaud, pendant la seconde moitié du XIX°: siècle, ont 
en effet été ses élèves, 

A côté dune carrière d'enseignement aussi remplie que celle de Charles Dufour, 
on à peine à concevoir comment il à pu trouver le temps de développer la grande 
activité scientifique que nous lui connaissons. Tout autre que lui aurait été littéra- 
lement sabmergé par les devoirs multiples de ses nombreux enseignements. Et pour- 
tant, faisant face à tout, il arrivait quand même à produire des travaux originaux 
dans toutes les branches des sciences physiques. Le catalogue de ses œuvres origi- 
nales ne comporte pas moins dé 87 numéros. 

« Doué d’une remarquable imagination créatrice, il savait poser les questions, 
très souvent des questions nouvelles, et souvent aussi il parvenait à les résoudre, en 
inventant parfois des méthodes ingénieuses. Tous les problèmes des mathématiques, 
de l'astronomie, de la physique pure et appliquée, de la physique du globe, de la 
météorologie lintéressaient, et c’est dans vingt directions différentes qu'il a enrichi 
la science de mémoires très estimés, très recherchés, pleins d'idées neuves et de 
considérations suggestives. » (Forel.) 

La plupart des travaux de Charles Dufour ont été publiés dans le Bulletin de la 
Société vaudoise des sciences naturelles, dans les Actes de la Société helvétique des 


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POUR L'ANNÉE 1902 299 


Sciences naturelles, les Archives des sciences physiques et naturelles, les Comptes 
rendus de l’Académie des sciences, le Recueil de l'Association française pour l'avan- 
cement des sciences, la Revue d’'Astronomie de Paris, le Repertorium für Meteo- 
rologie de St-Pétersbourg, le Philosophical Magazine de Londres. 

L'analyse complète de cette belle œuvre scientifique paraitra sans doute 
dans le Recueil de la Société vaudoise des sciences naturelles. Nous nous bornons 
done à rappeler sommairement les tendances de quelques-uns des travaux les plus 
marquants. 

La scintillation des étoiles, et les phénomènes du mirage, tels qu’on les observe 
sur notre lac ont toujours attiré l'attention de Charles Dufour; ses études sur ces 
sujets, sur lesquels il est revenu à diverses époques, sont aujourd’hui classiques. Ses 
observations en météorologie faites seul ou en collaboration avec Fritz Burnier et 
Alexandre Yersin, sont parmi les meilleures et les plus originales faites dans notre 
pays; plusieurs ont une portée générale, Ses derniers travaux, les plus remarqués, con- 
cernent l’opacité de la fumée du charbon; éclipse de lune du 3 juillet 189$, dans 
laquelle il reconnut l'ombre portée sur notre satellite par la chaine des Cordillières 
d'Amérique ; la détermination de la lumière des étoiles comparée à celle du soleil. 

Vous parlerai-je enfin, de la délicieuse bonhomie, mêlée d'humour malicieux, 
aveg laquelle Charles Dufour savait exposer toutes les questions qu'il abordait, 
émaillant son discours, pour lequel il savait toujours trouver la formule exacte, 
d'exemples et d’anecdotes qu'il puisait sans difficulté dans sa riche mémoire. Ce 
sont là des souvenirs inoubliables pour tous ceux qui ont eu le privilège 
de l'entendre dans nos réunions ou de le connaitre dans l'intimité. Heureux dans sa 
famille, heureux dans ses amitiés, heureux dans ses études, Charles Dufour à accompli 
une longue, utile et belle carrière, Il a de plus été le maitre et le premier initiateur 
de deux frères plus jeunes que lui qui se sont également distingués dans la science, 
fondant ainsi une véritable dynastie de savants dont notre pays S'honore, 


BERNHARD WARTMANN 


Le 5 juin 1902, nos confédérés de S'-Gall rendaient les derniers honneurs à 
un homme de bien, Bernhard Wartmann, qu'il y à un peu plus d'un an notre Société 
appelait au nombre de ses membres honoraires ; nous ne pensions certes pas alors 
que ce savant, encore plein de vie et d'activité, nous serait si rapidement enlevé ! 

Wartmann est né à St-Gall en 1830; son père, professeur distingué à l'Ecole 
réale et au gymnase de la ville, auteur d’une + Flore S'-Galloise, > éditée en 


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230 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


1847, était un admirateur fervent de Linné, dont son fils ainé eût porté le nom en 
guise de prénom, si ce n'avaient été les énergiques protestations de sa mère à la 
veille du baptême. À défaut de ce nom prédestiné, le père inculqua de bonne heure 
à son fils le goût des sciences naturelles. 

En 1849, nous trouvons le jeune Wartmann à l'Université de Zurich où il 
subit le charme du bel enseignement qu'y donnaient alors les Frey, les Escher de 
la Linth, les Mousson, les Lüwig, les Heer et les Nägeli; la botanique avait un 
attrait tout particulier pour lui; ses progrès furent si rapides qu'en 1850-1851, Heer 
se fit remplacer momentanément par Wartmann pour le cours de botanique systéma- 
tique et les excursions botaniques. En 1832 il suivait à Fribourg-en-Brisgau son maitre 
Nägeli qui était devenu aussi son ami; peu après il présentait sa thèse de Doctorat, 
En 1856, il était admis comme « privat-docent > au Polytechnikum de Zurich d’où, 
après un semestre d'enseignement, sa ville natale le rappelait en le nommant pro- 
fesseur d'histoire naturelle à l'Ecole cantonale. 

C’est alors que commence pour lui une activité incessante dans laquelle il se 
multiplie: comme maitre de sciences naturelles, comme pédagogue, comme membre 
de la Société S'-Galloise des sciences naturelles, comme directeur du musée de la 
Ville, comme conseiller des autorités et comme chercheur infatigable, Grande à été 
l'influence ainsi exercée par Wartmann dans toutes les directions. De 1863 à 1877, 
il remplit les fonctions de Recteur de l'Ecole cantonale ; à partir de 1867, il siège à 
la Commission des écoles de la Ville; en 1868, il est nommé président de la Société 
S'-Galloise des sciences naturelles, où 1l remplace son père; et depuis cette époque, 
pendant 34 ans, il est l'ame de cette société dont il étend constamment le cercle 
d’action par la publication, qu'il dirigea, des excellents « Berichte über die Thätigkeit 
der S'-Gallischen Naturwissenschaftlichen Gesellschaft. » En 1873, il succède éga- 
lement à son père comme directeur du Musée d'histoire naturelle de la ville; dans 
ces nouvelles fonctions, Wartmann redouble d'activité, et grace à une énergie et 
une persévérance indomptables, il mène à bien la délicate question de la recons- 
truction du Musée, effectuée pour la plus grande partie, au moyen de souscriptions 
volontaires. Il consacre ensuite des années de labeur et de travail à classer et à 
organiser toutes les collections de valeur réunies depuis bien des années, par son 
père d’abord, par lui ensuite, en faisant appel au patriotisme de ses nombreux com- 
patriotes expatriés dans les diverses parties du monde; il crée enfin un petit jardin 
botanique dans lequel la partie réservée aux plantes alpines est organisée presque 
entiérement de ses mains. 

Avec une pareille activité, on se demande comment Wartmann a trouvé le 
temps de se livrer à des recherches personnelles, de publier un nombre considérable 


(12) 


L 
4 


POUR L'ANNÉE 1902 231 


de mémoires, de rapports et d'articles ayant trait aux sciences naturelles. Fidèle à 
ses premières études, c’est à la botanique qu'il revient de préférence. Pour ne citer 
que ses travaux les plus importants dans cette branche, mentionnons d’abord ses 
notices « Schweïizerische Kryptogamen >» publiées de 1862 à 1869 en collaboration 
avec Schenk à Schaffhouse, et de 1880 à 1882 avec Winter à Zurich; puis sa 
« Kritische Uebersicht über die Gefässpflanzen der Kantonen St-Gallen und Appen- 
zell > publiée en collaboration avec Th. Schlatter, en plusieurs parties, de 1879 à 
1887, formant un ensemble de 568 pages dans lesquelles se trouvent accumulées, avec 
autant de méthode que de clarté, d'innombrables observations personnelles. La 
liste destravaux de Wartmann contient encore 14 notes et mémoires sur la bota- 
nique. Dans les autres branches des sciences naturelles Signalons aussi quelques- 
unes de ses publications : la faune sf-galloise, notamment en ce qui concerne les 
oiseaux et les poissons, l’a souvent préoccupé; il revient sur ces questions dans 
une trentaine de notes parues dans les < Berichte; > les blocs erratiques, les stations 
météorologiques, et d’autres questions relatives à la minéralogie font également 
l’objet d'articles nombreux insérés dans le même recueil. Si l’on ajoute à cette liste 
déjà longue, tous les articles nécrologiques et les rapports, dus à sa plume, on 
pourra se faire une idée de la puissance de travail extraordinaire développée par 
Wartmann. 

Avec lui disparaît une des personnalités les plus fortement trempées parmi nos 
naturalistes suisses, À première vue, son œuvre semble se résumer presque tout 
entière dans un effort soutenu pour développer à un haut degré dans sa ville natale 
le goût et l’étude des sciences naturelles. Wartmann y à pleinement réussi, car il a 
formé toute une élite de savants et de praticiens auxquels il a inculqué le 
véritable esprit scientifique. C’est certainement là une des taches les plus belles 
et les plus nobles qu'un homme de science puisse accomplir. Elle porte avec elle 
des conséquences incalculables se répercutant sur plusieurs générations. Elle as- 
sure à Wartmann la reconnaissance émue de ses élèves, de ses amis et de ses con- 
frères, et le souvenir durable de ses concitoyens. 


ALFRED CORNU 


C’est une des grandes figures de la physique contemporaine que celle d'A. Cornu, 
un des derniers élèves et continuateurs de l’école des Fresnel, des Foucault et des 
Fizeau à laquelle l'optique moderne doit ses plus beaux fleurons. 

Né en 1841, Cornu entrait en 1860 à l'Ecole Polytechnique d’où il sortait deux 


(13) 


939 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


ans après comme élève-ingénieur des Mines, Mais, il abandonnait de bonne heure le 
service actif des Mines pour entrer dans le corps enseignant. 

En 1867, à l'age de 26 ans et après un stage très court en qualité de répétiteur 
il était appelé à remplacer Verdet dans la chaire de physique de l'Ecole polytechni- 
que qu'il à occupée depuis cette époque sans interruption, Son enseignement fut 
tout de suite très goûté des élèves, - 

En 1878 il entrait à l'Académie des Sciences, en 1886 au Bureau des Longitudes. 
Entre temps la plupart des Sociétés savantes le recevaient au nombre de leurs 
membres; c'est en 1874 qu'il à été nommé membre honoraire de notre Société. En 
1900, il présidait le Congrès International de physique. Depuis plusieurs années 
il faisait partie des Conseils des Observatoires de Paris et de Nice. 

« Dès son séjour à l'Ecole des Mines et jusqu'à sa fin, Cornu fut un travailleur 
infatigable. La recherche scientifique fut sa grande passion. Dans les premières 
années il passa sa vie au laboratoire; plus tard, il y vécut tout le temps que lui 
laissaient ses devoirs de famille. Son ardeur au travail ne S'apaisa jamais. Il avait 
toujours sur le chantier plusieurs travaux commencés, se délassant de lun, disait- 
il, en passant à l’autre. Le travail fut toujours pour lui une joie. Il travaillait avec 
allégresse: sans cesse on lentendait se mettre à l’œuvre en chantant, et comme 
un bon ouvrier qui à bien rempli sa tâche, il chantait encore en finissant. » 

« Doué d’une patience inaltérable, d’une singulière pénétration, il poursuivait 
ses expériences lentement, sûrement, ne laissant rien au hasard et visant toujours 
à la perfection. 

En toutes ses recherches se manifestent les mêmes caractères : l’ingéniosité, 
la précision et l'élégance des solutions. > (Mercadier.) 

Aussi l’œuvre scientifique de Cornu est-elle considérable. Ce n’est pas le lieu de 
la résumer ici d’une façon complète, On nous permettra cependant de signaler, pris 
au hasard, quelques-uns de ses travaux marquants. 

Ses études sur la diffraction et les intégrales de Fresnel, ses mesures de la 
vitesse de Ja lumière par la méthode de Fizeau qu'il perfectionna; ses travaux sur 
les réseaux, sur les franges d’interférence, sur les conditions d’achromatisme de ces 
franges, sur les déformations élastiques du verre, donnent une idée de sa grande 
activité dans les recherches touchant à lOptique qui est restée pour lui le champ 
d'étude préféré, alors même que cette science était délaissée par la mode, 

Dans un domaine qui confine à la fois à l'optique et à lélectricité, Cornu a 
étudié à plusieurs reprises la polarisation magnétique, Récemment encore, au mo- 
ment où le phénomène de Zeemann venait d'être découvert et où tout le monde 
croyait que les raies spectrales et en particulier la raie D, se décomposaient en 


(14) 


fire À 


POUR L'ANNÉE 1902 933 


un triplet, il montra qu'il y avait quatre composantes, et que le soi disant triplet 
était en réalité un quadruplet. 

D'une manière générale, l'optique dans ses relations avec lastronomie fut 
aussi une de ses préoccupations constantes, et c'est ainsi qu'on lui doit tout un en- 
semble de travaux sur la spectroscopie, le renversement des raies, un procédé pour 
distinguer les raies telluriques des raies solaires, le Spectre ultraviolet du soleil, le 
spectre des étoiles nouvelles, de la couronne solaire, On connait aussi sa méthode 
photométrique pour l’observation des éclipses de Jupiter et sa fameuse lunette zé- 
nitho-nadirale, véritable merveille de précision. Dans un autre ordre d'idées, qui 
confine encore à l'astronomie, on lui doit un procédé de synchronisation électrique 
des horloges qui à été mis en pratique à l'Observatoire de Nice: ce sont également 
à des considérations analogues que se rattache son beau travail sur la densité 
moyenne de la terre par la méthode de Cavendish. 

Indépendamment de ses recherches de laboratoire, Cornu donna un soin tout 
particulier à son enseignement. Pour lui, un cours devait sans cesse se transformer, 
comme un véritable organisme vivant, en suivant, mais prudemment, les progrès de 
la science, et en évitant ses engouements, ses modes passagères qui entrainent les 
foules scientifiques aussi facilement que les foules vulgaires. Il avait un mode 
d'exposer qui lui appartenait bien en propre et qui se distinguait à la fois par une 
merveilleuse clarté et une élégance impeccable. Faire autrement eût été pour lui 
une souffrance; ses goûts d'artiste en auraient été choqués. Tous ceux qui n’ont 
pas eu le privilège de l'entendre et qui auront lu les notices qu'il écrivait pour 
l'Annuaire du Bureau des Longitudes auront remarqué le merveilleux talent avec 
lequel il mettait à la portée de tous la solution des problèmes les plus ardus. 

Aussi Cornu aimait-il les débutants et cherchait-il à leur faciliter la tâche, à 
les encourager, en même temps qu'il les mettait en garde contre les écueils sur 
lesquels leur ardeur juvénile aurait pu les entrainer ; il leur prodiguait sans réserve 
son temps, ses conseils et sa peine, La droiture du caractère, la noblesse du senti- 
ment, la fermeté des idées, la bonté, la modestie et la simplicité faisaient de 
Vhomme privé légal du professeur et du savant. Cornu laisse donc un grand 
exemple de vie toute consacrée à la science dans la plus pure et la plus noble 
acception du terme. | 


HERVÉ FAYE 
C’est encore un de nos membres honoraires les plus illustres que nous avons 
perdu en la personne d'Hervé Faye, le doyen des astronomes français, décédé à 


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934 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


l'âge de 88 ans, et dont la carrière, commencée sous les auspices de la précieuse 
amitié d'Arago, fut féconde en brillants travaux. 

Faye est né le 3 octobre 1S14 à Saint-Benoit-du-Saut (Indre). En 1836, il 
entre comme élève à l'Observatoire de Paris, sous la direction d’Arago; en 1843, 
il est nommé astronome; en 1847, il est reçu à l'Académie des Sciences; depuis 
1862, il fait partie du Bureau des Longitudes. Il professe à l'Ecole polytechnique 
de 1852 à 1855 et de 1873 à 1893. Entre temps, il avait été recteur de lAca- 
démie de Nancy, ministre de l’Instruction publique ; la plupart des Sociétés savantes 
lui ouvraient également leurs portes: il est membre honoraire de notre Société 
depuis l’année 1880. 

L'œuvre de Faye est si considérable et embrasse des sujets si variés quel’analyse, 
méme succincte, n'en saurait trouver place ici. Nous indiquerons done seulement les 
directions générales dans lesquelles s’est exercé son labeur infatigable. 

Il fut un des premiers, avec Arago, à appliquer aux méthodes d'observation 
astronomique les procédés de la photographie et de l'électricité au sujet desquels 1l 
avait prédit qu'ils améneraient en astronomie une révolution comparable à celle 
qu'avait produite l'invention des lunettes. 

Son principal titre de gloire comme observateur est sa découverte, en 1843, de 
la comète célèbre qui porte son nom, au sujet de laquelle s’élevèrent de mémorables 
discussions entre lui et Le Verrier. C’est alors qu'avec une clairvoyante lucidité il 
émit l’idée que la force répulsive qui donne aux queues cométaires leurs formes 
caractéristiques serait due au rayonnement solaire. C’était, pour l'époque, une hypo- 
thèse hardie. On sait aujourd’hui que d’après Maxwell la lumière doit exercer une 
pression mécanique que des travaux récents ont confirmée par la voie expérimen- 
tale. Mais ce sont surtout les conceptions théoriques de Faye qui laisseront une 
trace durable. Si sur certains points, les contemporains ne partagent plus ses idées, 
il a été très souvent un novateur, et un novateur heureux. Il sufhra de rappeler ici 
les beaux travaux sur les taches du soleil et les mouvements tourbillonnaires à la 
surface du soleil, sur la parallaxe de profondeur des taches solaires. 

Comme tant de grands esprits, Faye a été attiré par l'importance du problème 
cosmogénique ; il n'a pas craint de l’attaquer de front. La conception générale de 
Laplace soulevait en effet diverses difficultés, notamment celle provenant de la rota- 
tion rétrograde de la planète Neptune. Si la conception cosmogénique de Faye ne 
répond pas encore à toutes les données du problème, elle échappe certainement à 
quelques-unes des objections faites à l’hypothèse de Laplace; elle paraît en parti- 
culier avoir mis en évidence deux points importants : le premier réside dans ce fait 
que la nébuleuse annulaire primitive dont est sorti notre système solaire serait un 


(16) 


POUR L'ANNÉE 1902 935 


type exceptionnellement réalisé, le type général devant affecter une forme en spi- 
ale. De fait, les photographies récentes de nébuleuses de Robert ont montré que la 
plupart des nébuleuses possèdent des formes de spires, ce que l'observation visuelle 
n'avait pas permis de constater d'une manière aussi générale, Par un juste retour 
des choses, la photographie astronomique dont Faye avait été ardent promoteur, 
est venue confirmer expérimentalement la solidité de ses conceptions cosmogéniques. 

En second lieu, contrairement à Laplace pour lequel les comètes n’apparte- 
naient pas à l’origine, à la nébuleuse solaire, Faye a défendu l'hypothèse contraire ; 
des travaux de M. Fabry sur les orbites des comètes sont venus démontrer, il y a 
quelques années, que c'était Faye qui avait raison. 

Son enseignement à l'Ecole polytechnique fut à la fois clair et brillant, il suffit 
pour s’en convaincre de parcourir son + cours d'astronomie: >» €’était d’ailleurs pour 
lui la plus chère de ses préoccupations. 

< Jusqu'à ces dernières années, et en dépit de Page, sa belle figure de prêtre 
de l’Idée était restée comme illuminée d’une flamme d'intelligence et de jeunesse. 
C’est un grand esprit qui disparait; mais le sillon qu'il a tracé est de ceux qui de- 
meurent longtemps fertiles. » (Nordmann.) 


ALBERT FALSAN 


C’est un de nos plus anciens membres honoraires que nous avons perdu en la 
personne d'Albert Falsan. Il avait été en effet nommé en 1870. Si nous le voyions 
rarement ces dernières années, nous le sentions cependant des nôtres par ses travaux 
sur la géologie de toute une région qui confine notre pays et surtout par la manière 
distinguée dont il à cultivé la science en dehors de toute situation officielle. Albert 
Falsan est né à Lyon le 14 mai 1833; par son père, il appartenait à une vieille 
famille lyonnaise; par sa mère il était apparenté à la famille Niepce qui à donné 
plusieurs hommes remarquables dans l'armée, dans la science et dans la magis- 
trature. 

Falsan fit ses études à la Faculté des sciences de Lyon et puisa dans lensei- 
gnement de l’éminent géologue Fournet le goût de la géologie. C’est sous la direc- 
tion de ce maitre éclairé quil entreprit ses premiers travaux originaux. I lui voua 
une profonde reconnaissance. En 1874, lorsqu'il fut reçu membre de l'Académie des 
sciences, belles-lettres et arts de Lyon, il publia une belle étude sur l'œuvre de 
Fournet. 

Parmi ses travaux il convient de signaler d’abord une étude sur le sol du can- 

(17) 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 84 (1903). 30 


936 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


ton d'Hyères dans le Var, publiée en 1864 à la suite d’un séjour prolongé dans le 
Midi; puis une « monographie géologique du Mont-d'Or lyonnais >» parue en 1866 
et faite en collaboration avec Arnould-Locard; ce mémoire fut couronné par l’Aca- 
démie de Lyon, En 1873, Falsan publie une «Note sur la constitution géologique de 
la Colline de Loyasse et de Fourvière> dans laquelle il établit, parmi les pre- 
miers, des relations entre les dépôts quaternaires et les dépôts ternaires sous- 
jacents. 

De 1873 à 1884 nous lui devons divers mémoires sur les dépôts jurassiques 
du Bugey, publiés en collaboration avec Dumortier et Paul Gervais. 

Mais c’est en 1883 qu'a paru son ouvrage le plus important, la < Monographie 
véologique des anciens glaciers et des terrains erratiques du bassin du Rhône >» en 
collaboration avec Ernest Chantre, Cette publication qui représente douze années 


de travail et de labeur présente pour nous un intérêt particulier, 


en ce sens que les 
auteurs fournissent toute une série de preuves sur le développement de la branche 
gauche de l’ancien glacier du Rhône, au delà de la barrière du Jura; les auteurs 
font voir qu'il a pénétré à travers la cluse de la perte du Rhône jusque dans les 
hautes vallées du Bugey et de Nantua, puis sur le plateau de la Dombe, pour for- 
mer avec les afluents de l’Arve, de la région d'Annecy et du Dauphiné, la grande 
mer de glace du bassin moyen du Rhône. Cette mer de glace qui serait venue s’épa- 
nouir sur les collines lvonnaises, ne le cédait en rien, comme étendue à celle qui 
couvrit tout le plateau suisse. 

Cet ouvrage valut à Falsan le prix Bordin de lInstitut en 1881 et la grande 
médaille d’or du Congrès des Sociétés savantes. 

Dix ans plus tard il écrivit pour le grand public un résumé très clair de la 
question, qui porte le titre de «la Période glaciaire étudiée spécialement en France 
et en Suisse, » rédigé dans un style fort élégant. Ses qualités d'écrivain apparaissent 
peut-être encore davantage dans les deux charmants volumes qu'il a publiés en 
1895 sur «les Alpes françaises, » véritable monographie dans laquelle il aborde 
tour à tour lorographie, la géologie, l'hydrographie, la faune, la flore et le rôle 
que l’homme y a joué dans le passé, ainsi que ses conditions d'existence actuelles. 
La préoccupation constante de l’auteur est d'expliquer les événements physiques ou 
biologiques qui se déroulent de nos jours dans la chaîne des Alpes en remontant à 
l'origine des faits dans le temps et à rétablir aussi la continuité chronologique de 
l’histoire des Alpes. Tout cela est écrit en outre avec le sens artistique d’un ami de 
la nature dont les carnets de voyage sont remplis de croquis charmants pris aû 
cours de ses excursions géologiques. Falsan excellait même dans le paysage au 
fusain; plusieurs de ses dessins ont figuré honorablement au Salon de 1864, 


(15) 


POUR L'ANNÉE 1902 237 


Ce que nous venons de dire suffira pour donner une idée de lactivité scienti- 
fique de notre confrère, dont l'œuvre ne contient pas moins de 28 numéros. 

Falsan restera done un exemple de ce que peut faire l'initiative privée pour le 
progrès des sciences naturelles, des services éminents que peut rendre à son pays 


un savant indépendant, 


ACTIVITÉ SCIENTIFIQUE DE LA SOCIÉTÉ 


Géographie physique et Météorologie. 


M. le professeur EM. CHAIX à entretenu la Société de ses recherches sur léro- 
sion torrentielle postglaciaire dans la vallée de Bagnes, et à démontré que cette 
érosion n'a pas modifié beaucoup la profondeur de cette vallée, malgré la puissance 
considérable de la Dranse. 

M. le professeur L. DUPARC à fait un récit de ses derniers voyages à travers 
l'Oural et donné un aperçu général de la région au point de vue géologique, géo- 
graphique et hydrographique. 

M. B.-P.-G. HOCHREUTINER à communiqué ses observations concernant la 
dune d'Aïn Sefra et les dunes locales de la chaine de bordure saharienne dans 
l'Algérie méridionale. 

M. F. Louis PERROT à décrit les conditions caractéristiques d’un  cou- 
cher de soleil remarquable, à la date du 1% février 1902, et rapproché cette obser- 
vation de celle faite à St-Malo le 17 août 1901. 

M. le Professeur R. GAUTIER à donné quelques détails sur la température du 
mois de mai 1902 et celle des mois de mai froids antérieurs; il à signalé les parti- 


cularités qui caractérisent le mois de mai 1902 au point de vue météorologique. 


Physique et Mathématiques. 


M. TH. TOMMASINA à fait une communication sur l'existence des rayons qui 
subissent la réflexion dans le rayonnement émis par un mélange de chlorure de 
radium et de baryum. Il à discuté ce phénomène, décrit ses expériences et indiqué 
les raisons qui lui font rejeter l'interprétation balistique. 


(19) 


938 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


Le même à exposé quelques déductions sur l'existence de l’éther et son rôle 
dans les phénomènes électrostatiques : il a décrit quelques expériences électrostati- 
ques à l'appui des conceptions théoriques qu'il soutient. 

Dans une étude théorique, le même à cherché à préciser les limites de la théo- 
rie des ions, dans ses rapports avec la théorie électromagnétique. 

Le même a fait connaitre un dispositif pour l'absorption de la radioactivité par 
les liquides et indiqué les résultats de ses mesures. 

Le même a rendu compte d'expériences entreprises par lui sur le mode de 
formation des rayons cathodiques et des rayons de Rœntgen et a développé la théorie 
d'après laquelle on peut concevoir ce mode de formation. Dans une seconde commu- 
nication, l'auteur à discuté les divergences de vues sur cetté question entre M. J. 
Semenow et lui. 

M. le professeur H. DUFOUR a présenté les résultats de ses recherches sur les 
propriétés de radiations émises par des tubes contenant des substances radioactives 
de M. et M Curie et formulé plusieurs conclusions expérimentales nouvelles sur 
ce sujet. 

M. A. JAQUEROD a exposé les résultats d'un travail exécuté en collaboration 
avec M. TRAVERS sur le coefficient d'expansion de l'hydrogène et de l'helium à 
volume constant et à diverses pressions initiales. 

M. F. LOUIS PERROT à présenté en son nom et en celui de M. PH. A. GUYE 
une note sur les lois de Tate à propos d'une publication récente sur le même sujet | 
de MM. Leduc et Sacerdote. 

M. R. DE SAUSSURE à exposé une théorie géométrique du mouvement des corps, 
basée sur les lois de symétrie: il en a développé les conséquences et à montré en- 
suite son application à l'étude des lois géométriques du mouvement des fluides. 


Chimie. 


M. A. BACH à étudié, au point de vue quantitatif, l’action de l'acide chromique 
sur le peroxyde d'hydrogène en vue de préciser la façon dont se comporte ce der- 
nier vis-à-vis des agents oxydants. 

Le méme a fourni des détails sur des expériences ayant pour but d’identi- 
fier l'acide ozonique de Beyer et Villiger avec le tetroxyde d'hydrogène préparé 
par lui. 

Poursuivant ses études sur l’action des oxydants vis-à-vis des peroxydes, le 
méme à précisé dans une dernière communication, le mécanisme de ce phénomène. 


(20) 


LKR 


POUR L'ANNÉE 1902 239 


M. KEHRMANN a exposé les résultats d’un travail entrepris en collaboration 
avec M. Flürscheim, précisant les propriétés des combinaisons silicotungstiques 
découvertes et étudiées par Marignac. 

M. le professeur AMÉ PICTET à entretenu la Société de recherches faites avec 
M. P. GENEQUAND qui les ont conduits à la découverte d’un acide acétonitrique ; les 
propriétés de cet acide et de ses homologues ont été décrites. 


Minéralogie. 


M. A. BRUN a effectué diverses expériences sur la liparite et l'obsidienne, et 
déterminé les conditions de formation des roches acides, à une température voisine 
de 800”. Il a reproduit ainsi des sphérolites à croix noire, identiques aux sphérolites 
des liparites, porphyrites, etc. 

Le même a décrit une méthode nouvelle pour la détermination du point de 
fusion des minéraux et indiqué les résultats obtenus avec 60 espèces minérales. 


Géologie. 


M. F. PEARCE a signalé les propriétés d'une nouvelle variété de feldspath ren- 
contrée dans le granit du Mont-Blanc et qui se distingue de toutes celles déjà con- 
nues. 

M. A. BRUN à communiqué les résultats de ses expériences sur les explosions 
volcaniques et comparé ses observations à celles de M. Armand Gautier. 

M. le professeur L. DUPARC a exposé les résultatsde ses explorationsgéologiques, 
dans le bassin supérieur de la Koswa (Oural du Nord), et caractérisé la nature des 
principales formations qu'il a observées; dévonien inférieur, quartzites et conglo- 
mérats cristallins, dévonien inférieur et moyen, schistes cristallins métamorphiques, 
massifs éruptifs basiques. 

Dans une seconde communication, le même a fait connaitre les propriétés carac- 
téristiques de quelques roches filoniennes du massif du Kosswinsky (Oural) qu'il a 
étudiées avec M. S. JERCHOFF. 

Le même a encore entretenu la Société de quelques nouvelles roches provenant 
du même massif, dont il a discuté la composition. 

Le même a signalé aussi les particularités des massifs du Tilaï, du Katéchersky 
et du Cerebransky qu'il a visités en 1901. 


(21) 


240 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


Le même a discuté l'origine de la cluse de la Koswa (Oural) qui présente la plus 
grande analogie avec celle de certaines vallées de nos Alpes (Arve, Borne, etc.). 

Au nom de MM. MRAZEC, PEARCE et au sien, le même à présenté une commu- 
nication préliminaire sur l'existence de mouvements orogéniques successifs qu'ils ont 
reconnus au cours de leurs explorations dans l'Oural du Nord, 


Botanique. 


M. le professeur R. CHODAT nous à entretenu des recherches faites dans son 
laboratoire, par Mie CRÉTIER, sur l'influence du noyau pour la production des rami- 
fications chez les algues. 

Le même nous à communiqué les résultats d’un travail effectué en collabora- 
tion avec M. BERNARD, sur l’embryogénie du Cytinus hypocystis. 

Le même a fait part des études entreprises par lui avec M. BACH, sur l’in- 
fluence des peroxydes vis-à-vis des êtres vivants, études qui démontrent que con- 
trairement aux idées reçues, les peroxydes sont compatibles, dans une certaine 
limite, avec la vie des végétaux inférieurs. 

Poursuivant leurs recherches, MM. CHopar et BACH ont précisé dans une 
communication subséquente les conditions dans lesquelles les végétaux inférieurs 
sont susceptibles de se développer en présence de doses variées de peroxyde d'hy- 
drogène : ils ont également caractérisé les phénomènes concomitants tels que 
dégagement d'oxygène, allure de la croissance, ete. et montré les conséquences de 
ces observations au point de vue du chimisme de la vie cellulaire. 

Au nom de M. NICOLOFF, M. le professeur Chodat à fait une communication 
sur le sac embryonnaire du Juglans regia L. 

Le même a encore présenté au nom de M. BACH et au sien un résumé des expé- 
riences faites sur la nature et l'action des oxydases ou ferments oxydants des végé- 
taux et montré que l'action de ceux-ci est accélérée par l'intervention de ferments 
spéciaux, les peroxydases. 

M. BRIQUET a poursuivi ses observations sur la famille des ombellifères et pré- 
senté une note sur un nouveau type générique qu'il a désigné sous le nom de Thorea. 

Le même à communiqué les résultats de ses recherches carpologiques sur quelques 
Bunium alpins d'Europe et montré que c'est le B. petræum qui est de beaucoup 
l'espèce la plus distincte au point de vue carpologique. 

M. B.-P.-G. HOCHREUTINER a entretenu la Société de la géographie botanique 
du Sud-Oranais, à la suite d'une exploration qu'il a faite dans cette région et il a in- 


(22) 


PF” 


POUR L'ANNÉE 1902 91 


diqué les caractères observés par lui pour la flore des oasis, la flore des dunes et la 
flore des montagnes de cette contrée. 

Le même à signalé une série de Malvacées nouvelles ou rares étudiées par lui 
à l'Herbier Delessert, et particulièrement intéressantes en raison de leur distribu- 
tion géographique ou de leurs particularités morphologiques. 


Physiologie, Médecine, Zoologie. 


M. BATTELLI a rendu compte de ses expériences sur l'influence de la fatigue 
et du jeûne prolongé sur la richesse en adrénaline des capsules surrénales. 

M. le professeur BERANECK a entretenu la Société de ses expériences sur le 
traitement des tuberculeux par la tuberculine isolée par lui et a indiqué les pre- 
miers résultats observés sur le mode d'action de cette tuberculine. 

M. ARNOLD PICTET a exposé les observations qu'il à faites pour mettre en lu- 
mière l'influence de la nourriture sur le développement des chenilles et leur varia- 


bilité. 


26 SD 5 0 — 


sd 


MÉMOIRES 
NE LA 
SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE 


VOLUME 34. FASCICULE 3. 


MARC MICHELI 


LEGÜMINOSÆ LANGLASSEANE 


LÉGUMINEUSES 


RÉCOLTÉES 
DANS LES ÉTATS MEXICAINS DE MICHOACAN ET DE GUERRERO 
Pendant les Années 1898 et 1899 


PAR 


Eugène LANGLASSÉ 


Avec 28 planches. 


GENÈVE 
IMPRIMERIE W. KÜNDIG & FILS 
1905 


AVIS RELATIF AUX PLANCHES 


commencé avant l'adoption du nouveau mode de publication des Mémoires de la 
Société de physique et d'histoire naturelle, il n'a pas été possible de les y con 
former tant au point de vue de la numérotation qu'à celui de l'espace réservé aux N 


figures et à la légende. TENTE 
La planche 1 de ce mémoire est la 5% et la planche 28 est la 32e dans Lan 


numérotation générale du volume. # 
Eventuellement, la première planche du mémoire subséquent devra porter 16 
n° 33. mn 


AVANT-PROPOS 


Le présent travail était, aux retouches près, terminé quand la maladie inopinée 
et la mort sont venues mettre fin à la carrière d’incessante activité de M. Micheli. 

Dans une note dont le Bulletin de la Société botanique de France (vol. 47, 
1900, p. 117-119) a eu la primeur et qui, abrégée, fut reproduite par les Archives 
(4e période, IX (1900) p. 492-3), M. Micheli a donné un exposé des motifs et des 
buts du voyage de M. Langlassé, il en à retracé litinéraire parcouru et esquissé, 
dans ses traits généraux, la physionomie végétale des contrées explorées. Cette 
note à laquelle nous renvoyons le lecteur est assez développée pour pouvoir nous 
tenir lieu de l'introduction que M. Michelise proposait de mettre en tête du présent 
ouvrage. 

Du côté botanique, le voyage de M. Langlassé avait surtout un but horticole. 
La récolte des plantes séchées pour lherbier ne formait qu'une partie de son acti- 
vité et là encore, son attention se portait de préférence sur les plantes présentant 
quelque intérêt pour l’horticulteur ou ayant de l’inportance au point de vue de 
l’agriculture ou de la sylviculture. Les plantes d'apparence plus modeste où d'in- 
térêt exclusivement scientifique sont peu entrées dans ses collections. Malgré cela 
le chiffre des nouveautés est assez considérable et prouve à lévidence combien de 
formes nouvelles ce pays fournira à l'avenir quand sa flore sera méthodiquement 
explorée. Dans les Légumineuses, représentées par 237 numéros, M. Michel dont 

(3) 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT, DE GENÈVE, VOL. 34 (1903). 31 


246 MARC MICHELI 


la conception spécifique était plutôt large, a admis 26 espèces nouvelles et un genre 
nouveau. Plusieurs autres espèces déjà publiées ne lont été que tout récem- 
ment, d'après des récoltes de botanistes des Etats-Unis. Parmi les Broméliacées, 
dont M. Carl Mez, professeur à Halle, a fait l'étude et qu'il publiera prochainement, 
ils se trouvaient à espèces nouvelles sur 18 numéros. 

Les Léqumineuses (237 numéros et de nombreux bis) forment, à elies seules, 
presque le quart de la totalité de la récolte de M. Langlassé. Elles abondent surtout 
dans la zone supérieure, au-dessus de 2000 metres, de la Sierra Madre, au point 
d'y former, avec les Composées, le fond du tapis végétal. Mais il serait probablement 
erroné de prendre le chiffre ci-dessus indiqué pour Fexpression véritable de la 
proportion des Légumineuses vis-à-vis des autres familles, le voyageur ayant eu pour 
instruction de donner une attention particulière à ces plantes. Le trait saillant de 
cette riche flore de Légumineuses est la présence de nombreuses Galégées arbo- 
rescentes et surtout l'abondance des Mimosées fréquentes dans la brousse de la zone 
sèche et formant le 34,5 !/, de la récolte entière de Légumineuses, tandis qu’elles 
ne forment que le 18 !/, de la totalité de la famille. C’est ce chapitre de la compa- 
raison phytogéographique et systématique des contrées parcourues par Langlassé 
avec les divers pays de l'Amérique subtropicale et tropicale que M. Micheli s'était 
proposé de développer et que, vu sa connaissance parfaite de la grande famille des 
Légumineuses, nous devons regretter que la mort ne lui ait plus permis d'écrire. 


(R. B) 


LEGUMINOSÆ LANGLASSEANLE 247 


A. —— PAPILIONACEÆ 


Crotalaria eriocarpa Benth. Bot. Voy. Sulph. S0. — Environs d'Orilla (Micho- 
acan), mai 1898, n. 159. 


Crotalaria incana Li. Sp. PL 716. — Environs de Faisan, 1200 m., septembre 
1898, n. 541. 


Crotalaria lupulina H. B. K. Nov. Gen. VI 402, t. 590. — La Correa, 30 m., 
septembre 1898, n. 390 ; El Calabazal, 150 m., octobre 1898, n. 466. 


Crotalaria maypurensis H. B. K. I. €. VI 403. — Environs du Calabazal, 150 
m., octobre 1898, n. 475. 


Crotalaria stipularia Desv. Journ. Bot. 1814, HT 76. 
(Guerrero), janvier 1899, n. 792. 


Sierra Madre, 1750 m. 


Crotalaria striata DC. Prod. IT 131 (Syn. C. Saltiana Andr. Bot. Rep. t. 648) 
— El Cedral, 300 m., août 1898, n. 305. 


Lupinus elegans H. B. K. L €. VI 477. — Nom. vern. Chicharilla ; Las Pu- 
entes (Michoacan), prairies et endroits cultivés, 1830 m., mars 1898, n. 42. 


GALEGEÆ 


Eysenhardtia amorphoides H. B. K.I.e. VI 489, t. 502.— Nom. vern. Palo dulce: 
« Arbre à tronc élancé, bois recherché pour l'ébénisterie, fleurs blanches. > Environs 
de la Junta (Michoacan), 650 m., juillet 1898, n. 226; Sierra Madre, 1300 m., sol 
granitique, juin 1899, n. 1052. 


Dalea diffusa Moric. PI. nouv. Amér. St. 6. — Cerro-Pedrogoso, Ocote (Mi- 
choacan), 500 m., octobre 1898, n. 539; Sierra Madre, 500 m., janvier 1899, n. 
755. 

() 


948 MARC MICHELI 


Dalea gracilis Hook. & Arn. Bot. Beech. Voy. 286. — « Arbrisseau de 1 m. 
à fleurs rouge violet, odeur désagréable, » Sierra Madre, 1750 m., sol granitique, 


janvier 1899, n. 778. 


Dalea nigra Mart. & Gal. Bull. Acad. Brux. XIT 43. — « Plante de 0 m. 60, 


fleurs roses ou bleutres, » El Calabazal, prairies, 300 m., octobre 1898, n. 481. 


Dalea nutans Wild. Spec. HT 1339. —— «Fleurs violettes, >» dans les prés au 


bord du #. Tecpan, 500 m., sol granitique, janvier 1899, n. S19. 


Dalea psoralioites Moric. 1. €. 5.t. 4. — « Plante de 0 m. 60, à fleurs blanches, » 


Sierra Madre, 1100 m., novembre 1898, n. 387. 


Indigofera Anil L. Mant. II 272. — « Arbuste de 2 m., » Cajinicuila (Micho- 
acan), 250 m., novembre 1898, n. 648. 


« Ar- 
brisseau de 1 m. 20, à fleurs roses, > Sierra Madre, 600 m., novembre 1898, n. 609. 


Indigofera costaricensis Benth. in Kjæb. Vidensk. Meddel. 1855, 3. 


Indigofera excelsa Mart. & Gal. Bull. Acad. Brux. X 45. « Arbrisseau de 4 


m., à fleurs roses, » Ocote (Michoacan), 700 m., décembre 1898, n. 696. 


Brongniartia bilabiata n. Sp, fruticosa glabra, foliis imparipinnatis, foribus 
fasciculatis, calyce bilabiato. — Tab. nostra I. À 

Suffrutex 1 m. 50 altus, caule gracili, plus minus scandente vel procumbente, 
glabro. Folia imparipinnata ; rhachi gracili, patente, S-9 cm. longa. Stipulæ mini- 
mé, vix conspicuæ, cit deciduæ. Foliola 3-4-juga, brevissime petiolulata, infe- 
riora minora, late ovata vel obovata, obtusa, emarginata, mucronulata, utrinque 
glaberrima, terminale 3-4 em. longum, 2-3 em. latum, inferiora 2-5 cm. longa, 1- 
1,5 cm. lata, venis eleganter reticulatis. Flores in fasciculos terminales vel axillares 
5-7 dispositi, longe et graciliter pedicellati. Bracteæ ad basin pedicellorum vix con- 
spicuæ, bracteolæe infra calycis tubum minimæ, pedicelli 1,5-2 em. longi. Calyx 
glaber, 1,5 cm. longus, bilabiatus, tubo ampliato, inferne angustato-angulato, lobis 
breviore, labio superiore (carinali) tridentato, inferiore bidentato. Petala breviter 
unguiculata, calycem superantia, inter se fere æqualia, cirea 2 cm. longa. Vexillum 
latum, breviter stipitatum, basi nudum, sub anthesi patens vel reflexum, saturate 
purpureo-violaceum; als oblique falcato-ovatæ, breviter stipitatæ, basi auriculatæ, 


(6) 


LÉGUMINOSÆ LANGLASSÉANE 9219 


saturate purpureæ: carina fere recta, latissime obtusa, dilute violaceo-flavescens. 
Stamen vexillare à basi omnino liberum, haud geniculatum; anthert oblongie nu- 
tantes prope basin affixæe. Ovarium glaberrimum, stipitatum, 6-ovulatum, basi disco 
elevato circumecinctum ; stylus curvatus, stigmate parvo coronatus. Legumen planum, 
styli vestigio apiculatum, glabrum, basi angustatum et stipitatum, 5-6-spermum, 5 
em. longum, 1,5 em. latum, inter semina nudum. Semina compressa, funiculo bre- 
vissimo affixa. — « Arbrisseau de 1 m. 50, à fleurs d’un brun noirâtre avec macules 
vertes. » Rives du San Luis, alluvions, 100 m., mars 1899, n, 935. 


TAB. 1. 
Fig. 1. — Rameau fleuri, de grandeur naturelle. 
2, — Fleur, grossre 2? fois. 
3. — Calice ouvert, grossi 3 fois. 
4,5, 6. — Etendard, aile, carène, id. 


7. — Etamines, grossies 4 fois. 
8. — Ovaire, id. 


9, — Fruit, de grandeur naturelle. 
10. — Fruit ouvert, id. 
11. — Section longitudinale de la graine, grossie 4 fois. 


Brongniartia bracteolata n. sp., fruticosa demum glabrata, foliis imparipinna- 
is, floribus solitartis, calyce bracteolis magnis obtecto. — Tab. nostra 2. 

Frutex metralis, in partibus novellis adpresse pubescens, demum fere glabratus, 
ramis brunneis; stipule anguste ovatæ, acutie, caducæ, S-10 mm. longéæ, Folia impari- 
pinnata : rhachi 13-14 cm. longa, fere usque ad basin foliolifera; foliola 6-7-juga, 
breviter petiolulata, inferiora minora, 4-5 cm. longa, 2-2,5 em. lata, ovata, basi 
rotundata, apice obtusissima vel subemarginata, coriacea, supra glabra nitida, 
subtus adpresse puberula, venis crebris arcte anastomosantibus subtus elevatis. 
Flores ad axillas sæpius solitarti, rubri, viridi-maculati, pedunculati, pedunculis 
gracilibus, 2 cm. longis ; bracteolis late ovatis, obtusissimis, basi cordatis, calycem 
fere obtegentibus, 1,5 em. longis, glabris, venis anastomosantibus. Calyx adpresse 
puberulus, 1,5 em. longus, lobis tubum sub:equantibus, lanceolatis, acutis, superio- 
ribus altius connatis. Petala breviter unguiculata: vexillum orbiculare, 2-2,5 cm. 
longum et latum ; al ovatiæ et carina late obtusa vix breviores. Ovarium glabrum, 
breviter stipitatum, stylo arcuato gracili. Legumen coriaceum, glabrum, nitidum, 
6-7-spermum, inter semina farctum, 7-8 em. longum, 2 em. latum, styli vestigio api- 
culatum. Semina strophiolata. — « Arbrisseau de 1 m., à fleurs rouge sang, avec 
tache verte au centre, >» Sierra Madre, 1800 m., mai 1899, n° 1024. 


(7) 


250 MARC MICHELI 


TAB. 2. 
Fig. 1. — Rameau fleuri, de grandeur naturelle. 

2, — Fleur, grossie 2 fois. 

3. — Calice avec les bractéoles, id. 

4, 5, 6. — Etendard, aile, carène, id. 

7. — Etamines, grossies 3 fois. 

8. — Ovaire, id. 

9, — Légume ouvert, de grandeur naturelle. 
10, — Section longitudinale de la graine, grossie 3 fois. 


Brongniartia inconstans Ser. Wats. Proc. Am. Acad. XXII (1889) 404. — 
« Plante ligneuse, à leurs blanches et violettes. » Environs de Las Mesitas, 700 m., 
sol granitique, mai 1898, n. 189, 190. 
Tephrosia crassifolia Benth. Bot. Voy. Sulph. 80. — « Plante de 50 cm., à 
fleurs blanches >», Sierra Madre, 1400 m., février 1899, n. 851 bis. 


Tephrosia Langlassei n. Sp., herbacea patentim pilosa, foliolis ovatis acutis, 
nervis parallehbus distantibus, nflorescentiis racemosis folia superantibus. — Zab. 
nostra 5. 

Herbacea, 50 em. alta, undique patentim rufo-pilosa. Stipulæe persistentes, elon- 
gatæ, lineari-subulatéæ, pilosæ. Folia imparipinnata, 4-5-juga ; petiolo communi 
gracili, patentim piloso, 8-9 cm. longo ; foliola brevissime petiolulata, inferiora cauli 
approximata, anguste ovata, basi rotundata, apicem versus sensim angustata, acuta 
vel acuminata, longiuscule mucronata, membranacea, supra puberula, subtus fulvo- 
pilosa, reticulato-venosa, nervis parallelibus, minus quam in speciebus congenericis 
approximatis, terminale 7-8 em. longum, 2 cm. latum, imferiora 4-5 cm. longa, 1, 5 em. 
lata. Inflorescentiæ in racemos terminales axillaresque folia superantes dispositæ ; 
flores fasciculati, longiuscule (1 em.) pedicellati; bracteæ lineari-subulatæ, pilosæ ; 
pedicelli graciles. Flores speciosi, pallide lilacini. Calyx pilosus, 1,5 em. longus ; tubo 
brevi, lato, lobis subulatis multo breviore. Vexillum fere orbiculare, breviter stipita- 
tum, extus sericeum, 2 em. longum;: alæ fere liberæ, oblique ovatæ, vexillo paullo 
breviores ; carina lata, breviter et obtuse rostrata. Stamen vexillare more generis 
inà basi hberum, superne connatum, Ovarium pilosum, 3-7-ovulatum; stylus incur- 
vus, longitudinaliter barbatus. Legumen 5-7-spermum, planum, pilosum, apicula- 
« Plante de 50 cm., fleurs rouge 
violet », Sierra Madre, 1750 m., janvier 1899, n., 798. 


(S) 


tum, (iamaturum) 4-5 em. longum, 5-7 mm. latum. 


LEGUMINOSE LANGLASSEANE 251 
Obs. — Cette espèce parait rentrer dans le sous-genre Brissonia par ses inflo- 


rescences, son Style barbu, etc.: les dents très allongées du calice seraient plutôt 
celles du sous-genre Æeineria. Cependant les nervures des feuilles sont moins rap- 
prochées et moins strictement parallèles que dans les nombreuses espèces de ce 
genre, auquel cette plante doit évidemment être rapportée. 
HAB +3: 
Fig. 1. — Rameau avec fleurs et fruits, de grandeur naturelle. 


9, — Foliole (face inférieure). 
3. — Calice ouvert. 
4, 5, 6. — Etendard, aile, carène. 


7. — Etamines. 
8. — Ovaire. 


Fig. 3 à S grossies 3 fois. 


Tephrosia major n. sp. fruticosa velutina, foliolis uni- vel bijugis magnis 
coriacels, floribus parvis. — Tab. nostra 4. 

Caulis basi lignosus, erectus. metralis, angulatus, tomento nigrescente dense 
velutinus. Stipulæ cito deciduæ non visæ. Folia imparipinnata, petiolo communi 
4-7 em. longo, velutino-tomentoso, supra canaliculato : foliola 1-2-juga, breviter 
petiolulata, anguste ovata, utrinque obtusa, coriacea, supra nitida, ad nervos parce 
tomentella, subtus dense velutino-tomentosa, venis elevatis parallelibus parum dis- 
tantibus, terminale multo majus 16-1S cm. longum, 5-6 latum, cætera S-10 cm. 
longa, 3-4 lata. Inflorescentiæ spicatie, elongatéæ (25-30 cm.), terminales vel axil- 
lares. Flores mediocres breviter pedicellati, secundum axem in fasciculos distantes 
dispositi, rhachi ad fasciculos nodosa, Bracteæ breves, 3-5 mm. longs, lineares, 
tomentosæ, caducéæ : bracteolie non visæ. Calyx griseo-tomentosus, tubo lato, lobis 
distantibus lineari-lanceolatis, mferioribus longioribus tubum :equantibus, superio- 
ribus brevibus altius connatis. Petala breviter unguiculata, pallide lilacina, carina 
saturatior: vexillum latum, orbiculare, emarginatum, sub anthesi reflexum, extus 
dense tomentosum, 2 cm. longum : alæ carinæ leviter adhærentes, hinc breviter 
auriculatæ, vexillum æquantes ; carina lata, breviter et obtuse rostrata. Stamen 
vexillare more generis basi liberum, superne adnatum. Ovarium dense tomentosum, 
6-8-ovulatum ; stylus incurvus, longitudinaliter barbatus, stigmate parvo. Legumen 
subeylindrieum, 3-4 em. longum, 5-7 mm. latum, tomentosum, apiculatum, inter 
semina parva farctum. — + Plante ligneuse, de 1 mètre, fleurs blanches à tache vio- 
lette. » El Ocote, 700 mètres, décembre 189$, n. 716. 

Obs. — Cette espèce qui au premier abord rappelle le T. erassifolia Benth. en 

(9) 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT, DE GENÈVE VOL. 34 (1903). 


O9 
t© 


959 MARC MICHELI 


diffère suffisamment, par ses folioles au nombre de 3 à 5 et non de 5 à 9, par les 
dents du calice lancéolées-aiguës et non sétacées-acuminées, par les rameaux 


rigides et non flexueux, etc. 


TAB. 4. 
Fig, 1. — Rameau fleuri, grosseur réduite. 
2, — Extrémité d'inflorescence, grandeur naturelle. 
3. — Foliole terminale, grandeur naturelle. 
4. — Bouton, gr. ? fois. 
D. — Calice ouvert, id. 
6, 7,8. — Etendard, aile, carène, gr. 2 à 3 fois. 
9, — Etamines, gr. 3 fois. 
10. — Ovaire, id. 
11. — Jeune fruit, grandeur naturelle. 
Tephrosia nitens Benth. Seem. Voy. Herald 107, t XIX. — « Plante 


ligneuse, de Om. 75, fleurs rouge violet, » La Botella, 500 m., sol granitique, 


novembre 1898, n. 670. 


Tephrosia tenella Gray PI Lindh. 11172. — « Plante ligneuse touffue, haute 
de 0 m. 50, fleurs d'un rouge vineux, >» Cerro-Pedregoso, près d'EI Ocote, 500 m., 
octobre 1898, n. 549. 


Tephrosia toricaria Pers. Syn. I1 329. — « Plante de O m. 40, à fleurs blane 
et rose, » Mont S. Cristobal, septembre 1898, n. 324. — Forma foliolis angustis, 
« arbrisseau de 2 m. 50, à fleurs rose foncé et blanc, » Sierra Madre, 1300 m., 


novembre 1898, n. 596. 


Olneya Tesota Gray Mem. Americ, Acad. N. Sc. 1855, 328. — « Arbre 
rabougri, >» environs de Panda, 250 m., n. 118 (fruits seulement). 


Gliricidia maculata H. B. K. Nov. Gen. VI 393. — Nom. vern. Cacahuanach, 
< arbre de 6-8 m., fleurs roses >, San Felipe, 100 m., 1899, n. 710. 


Diphysa sennoides Benth. in Benth. et Oerst. Legum. Centro-amer. 10. — 
Nom. vern. Cas-cabelillo, < arbre élancé de 3-4 m.,» Monte de los Frenos, mars 


1898, n. 43 ; Sierra Madre, 1700 m., avril 1899, n. 1002. 
(10) 


LEGUMINOSÆ LANGLASSEANE 9253 


Coursetia madrensis n. sp., fruticosa, foliolis S-10-jugis, inflorescentiis fasci- 
culatis brevioribus. — Tab. nostra 6. 

Frutex trimetralis, parce glandulosus, in partibus novellis tomentoso-pubescens. 
Stipulæ breves apiculatæ. Folia imparipimnata, petiolo communi dense tomentoso : 
foliolis 8-10-jugis, brevissime petiolulatis, ovatis, mucronatis, supra adpresse pubes- 
centibus, subtus dense sericeis, 12-15 mm. longis, 6-8 mm. latis. Inflorescentiææ in 
fasciculos axillares S-10-foros dispositæ. Flores longiuscule pedicellati, rubri luteo- 
maculati ; pedicellis erectis 2 em. longis, prope basin bracteas duas minimas cadu- 
cas gerentibus ; bracteolis nullis. Calyx 1 em. longus, glanduloso-pubescens, den- 
tibus inter se æqualibus, superioribus vix altius coalitis, tubum #æquantibus. Petala 
calycem valde superantia, 2-2,5 cm. longa, subæqualia. Vexillum orbiculare, supra 
basin biauriculatum et bicallosum : alæ Liber, obtuse ovatæ : carina lata, rostro 
recto, acuto terminata. Stamen vexillare à basi valde geniculatà liberum. Ovarium 
breviter stipitatum, dense glanduloso-pubescens, pluriovulatum. Legumen (imma- 
turum) 14-15 cm. longum, 4-5 mm. latum, ad semina torulosum, lateraliter simuatum, 
tomentoso-pubescens, 13-20-spermum,. — « Arbrisseau épineux, de 3 m., à fleurs 
rouge sang avec macule orange, » Sierra Madre, 1600 m., sol granitique, juin 1899, 
n. 1051. 

TAB. 6. 
Fig. 1. — Rameau fleuri, grandeur naturelle. 
2, — Paire de folioles, gr. ? fois. 
3. — Calice, gr. 3 fois. 
4, — Calice ouvert, id. 
, 6,7. — Etendard, aile et carène, id. 
S. — Etamines, id. 
9. — Ovaire, id. 
10. — Rameau avec fruits, grandeur naturelle. 


Coursetia microphylla Gray Proc. Am. Ac. XVIT 201. — « Arbre de 5-6 m., 


fleurs roses à centre jaune, » Petatlan, 50 m., janvier 1899, n. 729. 


Coursetia planipetiolata n. Sp.. fruticosa glanduloso-pubescens, petiolis com- 
planatis anguste alatis, racemis folia superantibus laxifloris. — Tab, nostra 5. 

Frutex bimetralis, undique copiose glanduloso-pubescens. Folia pauca, impari- 
pinnata, 6-S cm. longa, petiolo communi complanato et anguste alato, glanduloso- 
puberulo. Foliola 2-3-juga, ovata vel obovata, utrinque obtusa, breviter petiolulata, 
longiuscule mucronata, coriacea, supra adpresse puberula, subtus pubescentia, 20- 


(11) 


254 MARC MICHELI 


25 mm. longa, 10-15 lata, terminale majus. Stipukæ lineares apiculatæ. Inflorescentiæ 
in racemos axillares et terminales laxifloros dispositæ ; racemi S-12-fori, folia 
valde superantes, ad 15 cm. longi, rhachi dense glanduloso-pubescente. Flores pedi- 
cellati, pedicellis gracilibus, 15 mm. longis, sub anthesi patentibus: bracteæ anguste 
lineares, glandulosæ, cito deciduie ; bracteol& nullæ. Calyx copiose glanduloso-pu- 
bescens, 8 mm. longus, dentibus tubum latum fere æquantibus, superioribus vix altius 
coalitis. Petala rosea, calycem multo superantia, 15-18 mm. longa, inter se fere 
æqualia; vexillum orbiculare, breviter unguiculatum, supra basin biauriculatum 
et obscure bicallosum: alæ liberæ, oblique ovatæ; carina lata obtuse rostrata. 
Stamen vexillare à basi liberum. Ovarium glandulosum, pluriovulatum, subses- 
sile, stylo longitudinaliter barbato. Legumen elongato-lineare, inter semina con- 
strictum et lateraliter obscure sinuatum, 10-12-spermum, 12 em. longum. — « Ar- 
brisseau de 2 m., à fleurs d'un blanc rosé, > rives du San Luis, 150 m., mars 1899, 
PIE 


TAB. 5. 
Fig, 1. — Inflorescence, grandeur naturelle. 
2, — Partie supérieure d’une feuille, gr. ? fois. 
3. — Calice, gr. 3 fois. 
4. — Calice ouvert, gr. 5 fois. 
5, 6,7. — Etendard, aile, carène, gr. 3 fois. 
8. — Etamines, gr. 5 fois. 
9. — Ovaire, id. 
10, — Fruit, grandeur naturelle. 
11. — Fruit ouvert, id. 
Cracca mollis Benth. et Oerst. Leg. Centro-Am. S. -— « Plante ligneuse, de 


1 mn. 50, à fleurs jaunes rayées de brun, >» alluvions du Coajuquillo, 100 m., février 
1599, n. 850. 


Sesbania macrocarpa Mühl. ex Rafin. FI Ludov. 137. — « Arbrisseau de 2 m. 
50, tige flexible, fleurs jaunes à pétales pointillés de noir, >» environs du Calabazal, 
octobre 1898, n. 462, 


HEDYSAREZÆ 


Stylosanthes humilis H. B. K. Nov. Gen, et Spec. VI 506, t. 394. — « Plante 
herbacée, rampante, à fleurs jaunes, > Chaveta, 250 m., octobre 1898, n. 918. 


(12) 


LEGUMINOSÆE LANGLASSEANE D) 


Nissolia fruticosa Jacq. Amer. 198, t. 179 fig. 44 — « Tige grimpante, » El 
Calabazal, 200 m., septembre 189$, n. 473. 


Zornia diphylla Pers. Syn. IF 3TS. Plante herbacée, de O m. 40, à fleurs 
jaunes, » Cerro-Pedrogoso, ET Ocote, 400 m., octobre 1898, n. 532. 
Aeschynomene americana Li. Sp. PL 1016 (Euæschynomene). — « Plante 


ligneuse, de Om. 70, à Heurs d'un rose foncé, > EI Calabazal, 200 m., octobre 1S98, 
n. 476 (forma pubescens), n. 455 (forma minor, glabrior). 


Aeschynomene hispida Wild. Sp. PI IT 1165. — « Petit arbrisseau de 
1 m0. 50, à fleurs d’un blanc jaunätre, » Baquetas, 130 m., octobre 1S98, n. 492. 


Aeschynomene madrensis n. sp. (Ochopodium), suffruticosa, ramis debilibus, 
foholis 9-10-jugis majusculis ovatis, racemis axillaribus confertifloris, bracteis brac- 
teolisque brevibus latis, calycis dentibus brevibus obtusis, ovario 2-5-ovulato, legu- 
minis articulis latis. — Tab. nostra S. 

Caulis debilis, 1 m. 50, cylindricus, obscure canaliculatus, inferne puberulus, 
superne copiose plus minus viscide pubescens. Stipulæe majusculæ, 1,3 em. longæ, 
persistentes, late ovatæ, basi subcordatæ, nervosæ, ciliolatæ. Folia sub anthesi 
vix evoluta, demum S-9 cm. longa : petiolo communi fere à basi foliolato, pubes- 
cente. Foliola brevissime petiolulata, coriacea, oblongo-ovata, mucronata, supra 
glabrata vel parce pilosula, subtus pubescentia, reticulato-venosa, 10-13 mm. longa, 
7-9 mm. lata. Racemi axillares, sub anthesi folia vix evoluta superantes, 3-4 em. 
longi, confertiflori, viscoso-pubescentes ; pedicelli breves graciles ; bracteæ caducæ, 
lanceolatæ, 2 mm. longe: bracteolæ latæ, fere rotundatéæ, tubi calyeini vix dimidiam 
partem æquantes. Flores flavi, brunneo-striati. Calyx latus, 4-5 mm. longus, pube- 
rulus ; dentibus obtusis, brevibus, carinali longiore acuto. Vexillum orbiculare, stipi- 
tatum, semi-reflexum, basi nudum, 1 em. longum:; al vexillum æquantes, obovatæ: 
carina brevior, valde incurva, obtuse rostrata, hinc auriculata. Staminum vagina 
utrinque fissa. Ovarium stipitatum, pubescens, 2-3-ovulatum. Legamen longe stipi- 
tatum, pubescens ; articulis 2-3 latis, rotundato-reniformibus, sinu profundo ab 
isthmo brevi excentrico separatis. — < Plante de 1 m. 50, à tige flexible et Heurs 
Jaunes rayées de brun, » Sierra Madre orientale, 1500 m., février 1899, n. S69. 

Obs. — Cette espèce est voisme de l 4. petræa Robinson Proc. Am. Acad. 1892 
XXVII 166 (— Pringle n. 5147): elle me semble toutefois s’en distinguer sufh- 
samment par ses folioles obtuses et obscurément mucronées, en $ à 10 paires et non 


(15) 


256 MARC MICHELI 


mucronées et en 15 à 25 paires, et par ses stipules obliquement ovales, larges et 


non linéaires, très aiguës, etc. 


TAB. 8. 
Fig, 1. — Rameau avec fleurs et fruits, grandeur naturelle. 
9, — Feuille adulte, id. 
3. — Fleur, gr. 6 fois. 
4, — Calice ouvert, id. 
5, 6, 7. — Etendard, aile et carène, id. 
8. — Les deux faisceaux d’étamines, id. 


9, — Ovaire, id. 
10. — Fruit, gr. 2 fois. 


Aeschynomene oligantha n. sp. (Ochopodium), fruticosa, foliolis 25-30-jugis 
lineari-oblongis, pedunculis axillaribus paucifloris, bracteis bracteolisque ovato- 
cordatis, calycis dentibus (carinali excepto) tubo brevioribus, ovario 3-4-ovulato, 
legumine 1-2-articulato. 

Caulis 60 em. longus, basi lignosus, ramosus ; ramis gracilibus, parce adpresse 
puberulis. Stipuléæ lineari-lanceolatæ, acutæ, glabræ, striatæ, 3-6 mm. longæ. Folia 
4-5 cm. longa, à basi foliolata. Foliola 5-6 mm. longa (superiora breviora), costà 
excentricà obliqua, obtusa, mucronata, subtus adpresse puberula. Peduneuli axil- 
lares sæpius 1-2-fori, foliis breviores, 2 cm. longi, bracteas plures ovato-cordatas, 
striatas serentes ; bracteol:e anguste lanceolatæ, calycem #æquantes. Flores flavi. 
Calyx campanulatus, 4-5 mm. longus, extus striato-pubescens; dentes superiores 
lati, tubo breviores, carinalis longior, lineari-acuminutus. Vexillum late ovatum, 
glabrum, fere 1 em. longum ; alt paullo longiores ovatæ, hinc breviter auriculatæ ; 
carina alis brevior, 5 mm. longa, valde incurva, obtusa. Ovarium vix stipitatum, 
3-4-ovulatum, puberulum ; stylo longo, tenui. Legumen (immaturum) breviter 
stipitatum, puberulum, sæpius biarticulatum, articulis reniformibus sinu profundo 


separatis. — Species dubia, cum À. fasciculari Cham. et Schlechtdl. Linn. V 584 
forsan Ssynonyma, à qua quidem floribus solitariis differre videtur. — < Plante rami- 


fiée, de O m. 60, à fleurs jaunes, » Mata de Dios, 200 m., octobre 1898, n. 431. 


Aeschynomene paucifoliolata n. sp. (Ochopodium), fruticosa, ramis gracilibus 
erectis, foliolis 5-6 alternis majusculis, racemis axillaribus laxifloris, legumine 
2-3-articulato. — Tab. nostra 9. 

Suffrutex bi-trimetralis, erectus, glaber ; ramis gracilibus ; cortice griseo. 
Folia imparipinnata ; foliolis 6 alternis: rhachi gracili, glabra, 3-4 em. longa, 
Stipulæ lineari-subulatæ, 3 mm. longæ, caducæ. Foliola subcoriacea, supra glabra 


(14) 


LÉGÜUMINOSÆ LANGLASSEANE 9257 


reticulato-venosa, subtus glabra vel adpresse puberula ; terminale majus, 3-4 em. 
longum, 1,5 em. latum, ovato-rhombeum, utrinque acutum, mucronatum : lateralia 
minora, basin versus, usque ad 1,5 em. degredientia, ovata, obtusa, mucronata, 
breviter petiolulata. Inflorescentiæ axillares, in racemos folia superantes, 6-7 cm. 
longos dispositæ. Peduneuli graciles, solitarit, vel 2-5-fasciculati. Flores saturate 
rosei; pedicellis 3-4 mm. longis. Bracteæ parvæ, scariosæ, deciduæ; bracteolæ basi 
calycis adpressæ, persistentes. Calycis glabri, 4-5 mm. longi lobi tubo breviores, 
infimus longior, laterales obtusi, superiores altius connati. Vexillum late obovatum, 
breviter unguiculatum, basi nudum, 10 mm. longum: alt obovatæ, vexillo vix brevio- 
res, hinc auriculatæ : carina arcuata, obtuse rostrata. Stamina in phalangas duas 
æquales disposita. Ovarium longiuseule stipitatum, 4-ovulatum, obscure puberulum. 
Legumen inæqualiter sinuatum ; articulis 2-3 planis, 1 em. longis, reticulato- 
venosis. — Affhinis À. lalmeri Rose Contr. U. St. Nat. Herb. 1899 V 192, sed foliis 


floribusque satis distincta. — « Arbrisseau de 2-5 m., à fleurs rose foncé, » El Cala- 
bazal, 200 m., entre les rochers granitiques, octobre 1898, n. 474. 
TAB; 
Fig. 1. — Rameau avec fleurs et fruits, de grandeur naturelle. 

2, — Fleur, grossie 6 fois. 

3. — Calice ouvert, id. 

4, 5, 6. — Etendard, aile et carène, id. 

T. — Faisceau d’étamines, id. 

8. — Ovaire, id. 

9. — Fruit, grossi 2 fois. 


Aeschynomene simulans Rose Contr. U. St. Nat. Herb. V 192 (Ochopodium). 
— « Plante ligneuse, de 1 m. 20, à tige flexible et à fleurs jaunes, >» Sierra Madre. 
1200 m., février 1899, n. 847. 


TAB. 7. 
Fig. 1. — Rameau avec fleurs et fruits, de grandeur naturelle. 
2, — Fleur, gr. 4 fois. 
3. — Calice ouvert, gr. 5 fois. 
4,5, 6. — Etendard, aile et carène, id. 


7. — Etamines, id. 
8. — Ovaire, id. 


9. — Fruit, gr. 2 fois. 


Desmodium barbatum Benth. et Oerst. Leg. Centr.-Am. 18 (Nicolsonia). — 


(15) 


9258 NMARC MICHÉLI 


« Plante herbacée, à fleurs rouges, > Cerro-Pedregoso, Ocote, 450 m., octobre 189$, 


mn 029: 


Desmodium brachystachyum Schdl. Linnæa XIT 311 (Heteroloma). — « Arbre 
de 2-3 m.. à fleurs violettes, >» environs de Metzcaltequez, 400 m., mars 1899, n. 957. 


Desmodium madrense n. Sp. (Chalarium), caule herbaceo glabro erecto gracih, 
stipulis caducis, foliolis late ovatis, inflorescentiis terminalibus ample paniculatis, 
floribus parvis, legumine 3-4-articulato, articulis invicem plicatis.— Tab. nostra 10. 

Caulis herbaceus, glaber, striatus, 0 m. 60 altus: rami graciles, patentes, 
elabri vel ad inflorescentias puberuli. Stipulkæ cordato-lanceolatæ, acuminatæ, 
striatæ, 4 mm. longæ, cito deciduæ. Petioli communes 5-6 mm. longi : stipellæ 
lineari-aciculatiæ, 2 mm. longæ. Foliola late ovata, basin versus latiora, obtusa, 
mucronulata, glabra, nitida, reticulato-venosa:; terminale distans, majus, 2 em. lon- 
eum, 15 mm, latum:; lateralia 15 mm. longa, 10 mm. lata. Racemi laxiflori in amplam 
paniculam 30-40 em. longam dispositi: bracteæ stipuliformes, scariosæ, cito deci- 
duse, Rhachis supra puberula. Flores parvi, rubro-violacer, longiuscule pedicellati ; 
pedicellis 8-10 mm. longis, gracilibus, patentibus. Calyx 5 mn. longus, subbilabia- 
tus, lobis vexillaribus latis, fere usque ad apicem coalitis, carinalibus longioribus 
acutis. Vexillum late ovatum, vix stipitatum, 7-8 mm. longum: alt et carina ovatæ, 
vix breviores. Ovarium glabrum. Legumen 3-4-articulatum, articulis quadratis, 
puberulis, invicem plicatis. — «+ Plante de Om. 60, à fleurs rouge violet, » Sierra 
Madre, 1000 m., janvier 1899, n. 764. 

Obs. — On à déjà décrit, parmi les Desmodium de V Amérique centrale, 3 espèces 
à légumes repliés : D. cordistipulum Hemsl., plectocarpum Hemsl., plicatum Schltdl., 


mais elles sont très différentes de notre espece. 


TAB. 10. 
Fig, 1. — Rameau avec fleurs et fruits, de grandeur naturelle. 
2, — Fleur, grossie 6 fois. 
o 


3. — Calice ouvert, gr. 8 fois. 


4, 5, 6.—- Etendard, aile et carène, id. 
7. — Ovaire, id. 


8. — Légume, gr. 6 fois. 


Desmodium nitidum Mart. et Gal. Bull. Acad. Brux. X, pars 2, 186. — 
+ Arbuste de 3-4 m.. à fleurs roses, » Ocote, 900 m.. décembre 1898, n. 697. 


(16) 


LEGUMINOSE LANGLASSEANE 259 


Deésmodium orbiculare Schitdl. Linnæa NII 311. — « Arbuste de 2 m.. tive 


gréle, fleurs violettes, » environs de Faisan, 1200 m., septembre 1S9$, n. 333. 


Desmodium plicatum Schltdl. Linnæa V 585. — « Nom. vern. Escobilla, tige 
de 1 m. à 1 m. 50, fleurs violettes, >» Monte de la Pasacuarete, mars 1898, n. 73 b. 


Desmodium pseudo-amplifolium n. sp. (Chalarium), caule lignoso tomentoso, 
stipulis caducis, foliolis amplis, inflorescentiis simpliciter racemosis laxitloris, 
floribus majusculis, leguminis 3-6-articulati sutura utraque æqualiter smuata. — 
Tab. nostra 11. 

Suffrutex caule debili, 3-metrali, cylindrico, sulcato, dense tomentoso-canescente. 
Stipulæ caducissimæ, oblique ovatæ, pubescentes, 6-7 mm. longæ. Fola trifoliolata, 
inferiora multo majora, longe petiolata; petiolo communi 8-10 cm. longo, cum 
ramulis sulcato, dense tomentoso. Foliola ovata vel lanceolata-ovata, superne sensim 
angustata, obtusa, longiuscule mucronata, Supra parce et adpresse puberula, subtus 
adpresse tomentoso-albida, nervis elevatis: terminale lateralibus breviter petiolu- 
latis vix majus, 3 em. distans, 12-13 em. longum, 4,5-5,5 em. latum. Stipellæ 
majores, lineari-lanceolatæ, acutæ, pilosæ. Inflorescentiæ in racemos simplices, 
laxiforos, aphyllos, 20-30 cm. longos dispositæ, fulvo-tomentosæ. Bracteæ ovato- 
lanceolatæ, longe acuminatæ, pilosæ, juniores breviter comosæ, cito deciduæ, Flores 
secus axem per paria dispositi, majusculi, graciliter pedicellati: pedicellis sub 
anthesi patentibus, 7-9 mm. longis. Calyx puberulus 6 mm. longus, lobis tubum sub- 
æquantibus, superioribus altius coalitis, inferioribus vix longioribus. Petala albida, 
calyce duplo longiora. Vexillum obovatum, anguste emarginatum, 10-12 em. 
longum:; alæ ovatæ, obtusæ, vexillum æquantes: carina 6-7 mm. longa, late obtusa. 
Ovarium breviter stipitatum, puberulum. Legumen (immaturum) breviter stipitatum, 


pubescens. — < Arbrisseau à tige flexible, haut de 3 m., à fleurs blanches, » Sierra 
Madre, 1500 m., sol argileux, janvier 1899, n. 809. 

Obs. — Cette espèce rappelle le D. amplifolium Hemsl. Biol. Centr.-Am., 
Bot. I 274, mais s’en distingue suffisamment par son inflorescence plus ample, plus 


légère, par ses fleurs blanches et plus grandes, par la nervation des feuilles, etc. 


TAB. 11. 
Fig, 1. — Rameau avec fleurs et fruits, feuille normale détachée, grandeur 
naturelle. 
2. — Fleur, gr. 3 fois. 
3. — Calice ouvert, gr. à fois. 
4,5, 6. — Etendard, aile et carëène, id. 
(17) 


MÉM SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE. VOL. 34 (1905). 33 


9260 MARC MICHELI 


Fig, 7. — Etamines, id. 
8: — Ovaire, id. 
9. — Légume, er. 2 fois. 


Desmodium scutatum Hemsl. Biol. Centr.-Am., Bot. 1 287 (Heteroloma). — 
-. Tige volubile, >» environs de La Botella, 400 m., novembre 1898, n. 658. 


Desmodium Skinneri Benth. Mse. in Herb. Kew. et Hemsl. Diagn. pl. nov., 
pars 3, 47 nec Bot. Mag. t. 5452 (Heteroloma). 


« Nom. vern. Escobilla, plante 
de 1 m. à 1 m. 50, fleurs violettes, » Monte de la Pasacuarete, mars 1898, n. 73 a. 


Desmodium strobilaceum Schltdl. Linntæa XII 316 (Heteroloma).— « Arbuste 
de 1 à 3 m., à fleurs roses, » Sierra Madre, 1100 m., novembre 1898, n. 560; ver- 
sant oriental, 1800 à 2000 m., février 1899, n. 869. 


Desmodium uncinatum DC. Prodr. IT 331 (Heteroloma). « Tige volubile, 
fleurs violettes, feuilles et tiges couvertes d'un duvet qui s'attache aux vêtements, » 


La Correa, 50 m., octobre 1898, n. 418. 


Desmodium viridiflorum Beck Bot. U. St. S4 (Chalarium). — « Tige unique de 
l'in. 50, fleurs rouge violet, » EI Ocote, 300 m., octobre 1898, n. 552. (Echantillon 
incomplet, douteux.) 


Desmodium sp.? (forte D. Barclayi Benth. aftine). — « Plante herbacée, à 
fleurs rosätres, >» El Ocote, sol granitique, 500 m., décembre 1898, n. 723 bis. 
PHASEOLEZÆ 


Centrosema pubescens Benth. in Ann. Wien. Mus. I 119. — « Tige volubile, 
fleurs rose violet », Sierra Madre, 1000 m., novembre 1898, n. 679. 


Centrosema virginianum Benth. 1. €. 120, — « Tige volubile, fleurs roses 
tachetées de violet », Sierra Madre, 1200 m., novembre 1898, n. 625. 


Clitoria polystachya Benth. PI. Hartw. 60. — « Arbrisseau de 1 m., fleurs 
bleues à macules violettes », La Tuveria, 900 m., septembre 1898, n. 331. 


(18) 


LEGUMINOSÆ LANGLASSEANE 261 


Erythrina Corallodendron L. Sp. PI. 992. — « Arbrisseau à tige retombante, 
épineuse, fleurs d’un rouge sang >», Rives du Rio Petatlän, 300 m., novembre 1898. 
n. 676. 


Mucuna urens DC. Prod. II 405. — « Liane à fleurs vert foncé >, La Morena, 
900 m., décembre 1898, n. 706 bis; environs d’'Acalpica, mai 189S (en fruit), 
n-172. 


Calopogonium cæruleum Desv. Ann. Sc. Nat., Ir série, IX 423. — « Plante 
grimpante >», delta de las Balsas, alluvions, juin 189$, n. 20$; La Botella, allu- 
vions, 350 m., novembre 1898, n, 660. 


Galactia tenuiflora Wight et Arn. Prod. FI. Ind. 206. — « Plante grimpante, à 
fleurs roses >, environs d'El Ocote, 700 m., décembre 1898, n. 693. 


Canavalia acuminata Rose in Palmer PI of Mexico n. 1036. — « Liane > 
San (reronimito, 75 m., décembre 189$, n. 714 b. 


Canavalia obtusifolia DC. Prodr. IT 404. — « Plante grimpante, à fleurs 


C2] 


rouge violet, odorantes >», plage sablonneuse à Coyuquillo, janvier 1899, n. 734. 
Canavalia villosa Benth. in Ann. Wien. Mus. IT 135. — Liane à fleurs violettes: 
nom. vern. Patito », Mt. S. Helena, 1250 m., mars 189$, n. 65: Sierra Madre 


1400 m., février 1899, sans numéro. 


«< Tige grimpante, fleurs 


Cologania pulchella H. B. K. Nov. Gen. VI 413. 
rouge violet », environs de Los Llanos, 1600 m., juin 1899, n. 1064. 


Phaseolus atropurpureus DC. Prodr. IT 395. — « Plante grimpante, à fleurs 


rouge foncé », Cerro-Pedrogoso, El Ocote, octobre 1898, n. 538. 


Phaseolus brevicalyx n. Sp. (Macroptilium ?), repens gracilis patentim pilosus, 
foliolis membranaceis, pedunculis axillaribus apice paucifloris, calyee late campa- 
nulato brevi, alis carinam valde superantibus. — Tab. nostra 12. 

Caulis gracilis, repens, undique pilis sparsis, patentibus, fulvis obsitus. Sti- 
pulæ late ovatæ, 2 mm. longs, patentes, striatæ. Petioli communes graciles, 2-3 em. 
longi. Foliola membranacea, stipellata, inæqualia, pilis raris conspersa ciliataque, 


(19) 


262 MARC MICHELI 


utrinque reticulato-venosa; terminale distans, majus, 4 em. longum, 2 cm. latum, 
rhombeo-ovatum, ad apicem sensim angustatum, acutum ; lateralia minora, mæqui- 
latera. Inflorescentiæ axillares, folia vix superantes: peduneuli graciles, in parte 
superiore 4-3 flores gerentes. Bracteæ et bracteolæ parvæ, deciduæ. Flores medio- 
cres, pedicellati, rubro-violacei. Calyx brevis, 2 mm. longus, late campanulatus, quin- 
quedentatus, dentibus superioribus altius connatis, pilis raris fragilibusque hirsutus, 
nigro-punctatus. Vexillum latum, emarginatum, sub anthesi plus dimidiam partem 
reflexum, basi biauriculatum, S-10 mm. longum; alëe (more Macroptiliorum) vexillum 
superantes, 12 mm. longs, ovatæ, hine breviter auriculatæ: carima anguste bi-trispi- 
ralis. Staminis vexillaris filamentum supra basin incrassatum. Legumen 3-4-sper- 
mum, glabrum, (immaturum) breve, falcatum. — Sierra Madre, 1750 m., janvier 
1899, n. 791. 

Obs. — Cette espèce se rattache à la section Macroptilium par la forme de sa 
fleur, par les ailes dépassant notablement létendard et par Paspect du fruit. Elle 
s’en éloigne cependant par son calice qui n’est pas tubuleux comme chez les autres 


espèces de ce groupe. 


TAB. 12. 
Fig, 1. — Rameau, avec fleurs et fruits, de grandeur naturelle. 
2, — Inflorescence partielle, gr. 2 fois. 
3. — Calice et bractéoles, gr. 6 fois. 
4. — Calice ouvert, id. 
5, 6, 7. — Etendard, aiïle, carène, id. 
8. — Etamines, id. 
9. — Ovaire, id. 


Phaseolus Buseri n. sp. (Euphaseolus), volubilis glaber, foliolis amplis acumi- 
aatis, peduneulo folia æquante ad dimidiam partem florifero, calycis lobis ommibus 
latis obtusis, sammis brevioribus, Carina vix spiram completam formante. — Tab. 
nostra 15. 

Caulis volubilis, glaber, obscure striatus. Stipulæ breves, 2-4 mm. longæ, 
latæ, obtusæ, striatæe., Petiolus communis 5-6 em. longus, supra canaliculatus. Foliola 
7-8 cm, longa, 4-5 cm. lata, late ovata, longe acuminata, membranacea, utrinque 
glabra, reticulato-venosa; lateralia mæquilatera; terminale distans (1,3 cm.); petio- 
lulo articulato. Stipelle lineari-lanceolatæ, striatæ, petiolulum #æquantes. Inflores- 
centie axillares, in racemos folia vix æquantes dispositæ; pedunculo secundum ?/, 
longitudinis suæ florifero. Bracte:æ magni, 10-12 mm. longæ, striatæ, late ovatæ, 
obtusissimæ, cito deciduæ:; bracteoke squamiformes, parvæ. Calyx late campa- 


(20) 


bin RS À “hs. CA 2 


RE PT NO VPN VO UT 


LEGUMINOSÆ LANGLASSEANE 26: 


nulatus, 5-6 mm. longus, basin versus attenuatus:; lobis tubo multo brevioribus, 
latis, obtusis, superioribus altius connatis. Vexillum fere orbiculare, emarginatum, 
sub anthesi reflexum, base biaurieulatum, 1,5 em. longum, 2 em. latum; alæ ovatsæ, 
obtusæ, 2 em. longæ ; carina vix spiram completam formans, latiuscula, alis paullo 
brevior. Stamen vexillare basi valde geniculatum. Stigma longe barbatum. Legumen 
ignotum. — « Plante grimpante, fleurs blanches à macule violette », alluvions près 
de La Botella, 350 m., novembre 1898, n. 661. 

Obs. — D'après les stipules, cette espèce rentre évidemment dans la section 
Euphaseolus et dans le premier groupe caractérisé par les lanières larges et courtes 
du calice. Mais elle se distingue nettement des autres espèces, Ph. pius, firmulus, 
crassifolius, etc. 


TAB. 15. 
Fig. 1. — Rameau avec fleurs, de grandeur naturelle, 


2, — Bouton, gr. ? fois. 

3. — Calice ouvert, gr. 3 fois. 

4, 5, 6. — Etendard, aile, carène, id. 
7. — Etamines, id. 

S. — Style et Stigmate, id. 


Phaseolus lunatus Li. Sp. PI. 1016. — «+ Plante grimpante, à fleurs rosâtres >. 
delta de las Balsas, alluvions sablonneuses, juin 1898, n. 204: environs de Metz- 
caltepec, 450 m., mars 1899, n. 958$. 


Phaseolus truxillensis H. B. K. L €. VI 451. — «+ Fleurs roses », Sierra 
Madre, 600 m., novembre 1898, n. 626; delta de las Balsas, juin 1898, n. 204 bis: 
205 bis; Cerro-Verde, 1400 m., novembre 1898. n. 582. 


Vigna lutea À. Gray Bot. U.S. Explor. Exped. I 452 (2). — < Tige grimpante, 
à fleurs violettes et blanches >, Sierra Madre, 1750 m., sol argileux, janvier 1899, 
n. 799. 


Vigna luteola Benth. in Mart. F1 Bras., fase. XXIV 193, t. 50 fig. 2. — 
Delta de las Balsas, juin 1S9$, n. 203. 


Pachyrhizus angulatus Rich. nm DC. Prodr. II 402, « Nom. vern. Jicamo 
manzo. Tige volubile, leurs violettes, bulbes comestibles », La Correa, 50 m., n. 437. 


(21) 


264 MARC MICHELI 


< Nom. vern. 


Pachyrhizus palmatilobus Benth. et Hook. (Gen. Plant. I 540. 
Jicamo silvestre. Plante rampante, à fleurs d’un violet foncé >», Mont S. Cristobal 
près de Valle grande, septembre 1898, n. 323: environs de La Correa, 50 m., 
octobre 1898, n. 436. 


Rhynchosia bicolor n. sp., volubilis pubescens, foliis trifoliolatis subtus haud 
resinosis, impari distante, inflorescentiis axillaribus racemosis folia superantibus. 
— Tab. nostra 14. 

Caulis volubilis, pubescens. Stipulas cito deciduas non vidi. Folia trifoliolata; 
petiolo communi patente, 2,5—3,5 cm. longo, viscoso-tomentoso. Foliolum terminale 
ab lateralibus 1,5 cm. distans, ovato-rhombeum, longe acuminatum, exstipellatum, 
utrinque pubescens, subtus elevate reticulato-venosum, 5 em. longum, 4 em. latum ; 
lateralia minora, petiolulata, valde inæquilatera. Racemi axillares, folia superantes, 
sub anthesi 10-—12 em. longi; rhachis supra dimidiam partem florifera, tomentosa. 
Bracteæ lineares, parvæ, ante anthesin deciduæ. Pedicelli forum 2 mm. longi. 
Calyx glanduloso-pubescens, 6 mn. longus:; lobis tubum paullo superantibus, angu- 
stis, acutis. Vexillum late ovatum, 10 mm. longum, breviter stipitatum, basi biappen- 
diculatum, saturate purpureum, extus glanduloso-pubescens:; alæ leviter adhæ- 
rentes, hine auriculatæ, vexillum #equantes, cum carina obtusa glabræ, lutesæ. 
Stamen vexillare geniculatum. Ovarium pubescens, biovulatum. Legumen igno- 
tum. — « Tige volubile, fleurs jaunes tachées de rouge vineux », Cerro-Pedregoso, 
ET Ocote, 550 m., octobre 1898, n. 549 bis. 

Obs. — En l'absence de fruits. il est difhcile d'affirmer si cette plante est un 
Rhynchosia où un Æriosema. Son aspect général la rattache plutôt au premier de 
ces genres. Comme espèce, elle n’est pas très éloignée du 2. phaseoloides dont elle 
se distingue surtout par l’absence de ponctuations résineuses sur les feuilles et par 
l'étendard. Elle occupe une position un peu intermédiaire entre les sections 
Copisma et Arcyphyllum. 


TAB. 14. 
Fig. 1.— Rameau fleuri, de grandeur naturelle. 
2. — Fleur, gr. 4 fois. 
3. — Calice ouvert, gr. 6 fois. 
4, 5, 6. — Etendard, aile, carène, id. 
T. — Etamines, id. 
8. — Ovaire, id. 
9. — Section longitudinale de Povaire, gr. 2 fois. 


(22 


LÉGUMINOSÆ LANGLASSÉANE 269 


Rhynchosia caribæa DC. Prodr. IT 384. — « Tige volubile, fleursjaunes, > Sierra 
Madre, versant oriental, 2000 m., février 1899, n. 858. 


Eriosema grandiflorum Cham. et Schlchtdl. Linnæa V 3588. — « Plante de 
0 m. 50, à fleurs jaunes », environs de Las Valles, 650 m., sol granitique, mars 
1899, n. 962. . 


Cajanus indicus Li. Spreng. Syst. IT 268. — « Arbuste de 2-3 m., à fleurs 


Jaunes >», Sierra Madre, 1000 m., sol argileux, mars 1899, n. 981. 


Incertæ sedis : n. 583, « Arbrisseau de 1 m., à fleurs rouge vif, tachées de 
blanc >», Cerro-Verde, 1200 m., sol rocailleux, région des chênes, novembre 1898, 
échantillon trop jeune, en boutons; est peut-être un Dioclea, comme aussi les n. 925, 
927 bis (fruits seulement). 


DALBERGIEZÆ 


Dalbergia campeachiana Benth. in Journ. Linn. Soc. IV, Suppl., 37. 


« Liane 
à fleurs blanches >», Sierra Madre, 1000 m., sol granitique, avril 1899, n. 999. 


Machærium biovulatum n. Sp., arbor stipulis foliaceis parvis, foliolis alternis 
ovato-oblongis, paniculis axillaribus folia superantibus, vexillo sericeo, staminibus 
diadelphis, ovario biovulato. — Tab, nostra 15. 

Arbor 3-6-metralis, siccitate haud nigricans. Spinæ (stipulæ induratée ?) hine 
inde recurvæ, validæ, Stipuke ovatæ, reflexæ, S-10 mm. longzæ. Petioli communes 
10-12 em. longi, patentes, glabri. Foliola 15-17, alterna, 3-4 cm. longa, 15-18 mm. 
lata, ovato-oblonga, obtusa vel leviter emarginata, coriacea, supra mitida, subtus 
glabra, costa puberula, venis crebris anastomosantibus, petiolulis 2-3 mm. longis. 
Panicula axillaris, ramosa, folium superans, 20-25 cm. longa, dense fusco-tomen- 
tosa; ramuli fasciculati, 2-3 em. longi: bracteis stipuliformibus, deciduis. Pedicelli 
2-3 mm. longi. Bracteolæ orbiculares, obtusæ, calycis dimidiam partem æquantes. 
Flores violaceï, carina luteola. Calyx 4-5 mm. longus, extus dense fusco-pilosus, den- 
tibus brevissimis. Petala unguiculata, 10-12 mm. longa; vexillum parce sericeum; 
carina incurva, obtusa, alas æquans. Stamina plus dimidiam partem diadelpha. 
Ovarium stipitatum, biovulatum, pubescens. Legumen (immaturum) fulvo-sericeum. 
— Cerro-Pedregoso, EI Ocote, 300 m., octobre 1898, n. 526. 

Obs. — La présence de 2 ovules peu fréquents chez les Machærium suffit 
pour distinguer cette espèce des voisines eten particulier du 17. Moritzianum Benth. 
avec lequel elle à quelques rapports. Ce genre riche en espèces dans Amérique 
méridionale et en particulier au Brésil est peu représenté dans l'Amérique cen- 
trale. 


19 
C9 
= 


266 MARC MICHELI 


IAB NTES 


Fig. 1. Rameau fleuri, de grandeur naturelle. 
2, —— Fleur avec bractéoles, er. 3 fois. 
3. — Calice ouvert, gr. 4 fois. 
4, 5, 6. — Etendard, aile, carène, id. 
7. — Etamines, id. ; 
8. — Ovaire, id. 
9, — Ovaire en coupe longitudinale, id. 


Pterocarpus aphyllus n. sp. arbor foliis per anthesin deficientibus ignotis, 
racemis simplicibus in amplam paniculam termimalem dispositis, pedicellis calycem 
æquantibus, staminibus monadelphis vagina antice fissa, legumine plano orbicu- 
lato late alato. — Tab. nostra 16. 

Arbor 6-8-metralis; cortice griseo vel albido; ramulis tomentosis. Folia ignota. 
Racemi simplices, ad apicem ramorum in panieulam amplam dispositi; rhachis 12- 
14 em. longa, gracilis, cinereo-tomentosa. Flores secus rhachin laxe dispositi:; 
pedicellis gracilibus, tomentosis, sub anthesi plus minus nutantibus, 5-6 mm. longis. 
Bracteæ mininée, caducissinie: bracteolæe parvæ, vix 1 mm. longæ, lineares. Flores 
flavi, speciosi. Calyx S-10 mm. longus, incurvus, dense velutino-tomentosus: dentibus 
brevibus, carinali paullo longiore, vexillaribus latioribus, vix altius connatis. Vexillum 
calyce fere duplo longius, stipitatum, stipite tubum calycinum fere æquante, lamina 
late orbiculata, sub anthesi reflexa:; alæ liberæ, late et oblique ovatæ, 10 mm. longæ; 
carina obtusa, petalis breviter coalitis. Stamina monadelpha, vagina antice fissa. 
Ovarium sessile, tomentosum, 4-6-ovulatum. Legumen orbiculare, 3-4 em. longum 
et latum, griseo-tomentosum. Semina reniformia. Radicula brevis. — La Orilla, 
30 m., mai 1898, n. 123 (fruits); La Barranca (Guerrero), 150 m., mai 1898, n. 
157 (fleurs). Nom. vern. Llora sangre. 

Obs. — Cette espèce est la seule du genre Pferocarpus dont la floraison ait lieu 
avant le développement des feuilles. Celles qui ont été découvertes et décrites derniè- 
rement dans l'Amérique centrale présentent fleurs et feuilles en même temps : le 
P. acapulcensis Rose à l’inflorescence beaucoup moins dense et le fruit glabre; le 
P. Hayesii Hemsl. a le fruit glabre et l’inflorescence plus foncée; le ?. rufescens 
Hemsl. a les fleurs plus petites. 

TAB. 16. 


Fig. 1. Rameau fleuri, */, de grandeur naturelle. 
2, — Fruits, de grandeur naturelle. 
3. Fleur, gr, 2 fois. 


(24) 


LEGUMINOSE  LANGLASSEANE 9267 


Fig. 4. — Calice, gr. 3 fois. 
D. — Calice ouvert, id. 
6, 7,8. — Etendard, aile et carène, id. 
9, — Etamines, id. 
10. — Ovaire, id. 
11. — Ovaire, section longitudinale, gr. 6 fois. 


Piscidia Erythrina L. Syst. ed. X 1155 ex Benth. im Journ. Linn. Soc. IV, 
Suppl, 116. — «Nom. vern. Alajo: arbre de S-10 m., à fleurs blanc rosé avec 
tache jaune verdâtre, fruit à 4 côtes», alluvions aux environs de Nusco, 30 m., 
mars 1899, n. 356. 


Lonchocarpus eriocarinalis n. sp., foliolis 7-11 late ovatis subtus petiolisque 
pubescentibus, racemis simplicibus fusco-tomentosis, Horibus geminis, vexillo cari- 
naque sericeis, legumine uniarticulato tomentoso, — Tab. nostra 17. 

Arbor 6-8-metralis, ramulis fusco-tomentosis. Folia alterna; petiolo communi 
10-12 cm. longo, tomentoso; stipulis minimis. Foliola 9-11, petiolulata, ovata, basi 
rotundata, apice obtusa, emarginata, Coriacea, supra nitida, ad nervos depressos 
puberula, subtus pubescentia, nervis elevatis crebre anastomosantibus, 3-3 cm. 
longa, 2-3 cm. lata. Inflorescentiæ axillares, racemos simplices formantes, foliis 
paullo breviores ; rhachifusco-tomentosa, secus */s longitudinis suæ florifera. Flores 
Sæpius gemini; pedicellis calycem superantibus, articulatis. Bracteæ bracteolæque 
minime, caducæ. Calyx dense fulvo-sericeus, bast in stipitem pedicellos æquantem 
attenuatus:; tubo 6-7 mm. longo; dentibus parvis. Vexillum late orbiculare, breviter 
stipitatum, basi biappendiculatum, extus dense sericeo-villosum, saturate purpu- 
reum, sub anthesi reflexum, 1 em. longum: ali ovatæ, glabræ, carin&æ breviori levi- 
ter adhærentes: carina fere recta, obtusa, insigniter puberulo-sericea, petalis dorso 
breviter coalitis, S-9 mm. longa. Stamina monadelpha, more generis vagina bast bre- 
viter hiante et stamine vexillari ibidem libero. Ovarium dense tomentosum, elonga- 
tum, pluriovulatum. Legumen uniarticulatum, latum, complanatum, adsemenrugosum, 
dense brunneo-tomentosum, 3-4 em. longum, 2? em. latum.— « Arbre de 6-S m., à fleurs 
rouge vif, nom. vern. Palo de Oro >, Valle grande, 400 m., septembre 189$, n. 320. 

Obs. — Cet échantillon qui n'a que des fleurs et de très jeunes fruits se rap- 
porte au n° 984 de Palmer (Plants of Mexico). Celui-ci n’a que des feuilles et des 
fruits et est indiqué par Rose comme une espèce nouvelle. 

Tab. 17. 


Fig. 1. — Rameau fleuri, de grandeur naturelle. 
(25) 
MÉM. SOC, PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL, #84 (1903). 34 


968 MARC MICHELI 


Fig. 2. — Bouton, gr. 4 fois. 
3. — Fleur, gr. 3 fois. 
4, — Calice ouvert, gr. 4 fois. 
5, 6, 7. — Etendard, aile et carène, id. 
8. — Etamines, gr. 6 fois. 
9. — Ovaire, id. 
10. — Jeune fruit, gr. 4 fois. 
11. -— Fruit mur, de grandeur naturelle. 


Lonchocarpus eriophyllus Benth. in Journ. Linn. Soc. IV, Suppl., 87 — « Arbre 
de 5-6 m., fleurs violet-rouge >, environs de Los Hornos, terres chaudes, 500 m., 
sol granitique, juillet 1898, n. 236: environs de Huentla, 700 m., juin 1899, n. 
1055. 


Lonchocarpus quatemalensis Benth. 1. €. 87. « Arbre de 8-10 m., fleurs 


d'un rouge vineux », rives de l’Espiritu Santo, 600 m., avril 1898, n. 108. 


Lonchocarpus violaceus H. B. K. Nov. Gen. et Sp. VI 385. «< Arbre toutfu 


de 4-5 m. », rives d'un torrent à El Calabazal, 150 m., octobre 1898, n. 471. 


Andira excelsa H. B. K. LL €. VI 385. — « Arbre de 6-8 m., fleurs d’un rouge 
violet à centre noir; nom. vern. Cuilimluea », environs de La Laguna, 30 m., no- 
vembre 1898, n. 166: alluvions du Rio San Luis, 100 m., mai 1899, n. 929, nom. 
vern. Juajunesco. 


Dalbergiea incertæ sedis. 


< Arbrisseau à tige retombante, fleurs verdâtres », 
environs d'El Calabazal, 150 m., sol sableux, octobre 1898, n. 472. — Echantillon 
incomplet, à fleurs peu développées, impropre à déterminer d’une manière précise. 


Sweetia panamensis Benth. in Journ. Linn. Soc. VIIT 263. —— « Arbre de 6-8 
m., à fleurs blanches >, nom. vern. Huesillo, La Parota, 250 m., septembre 1898, 
n. 383 ; environs de Janalcote, 150 m., novembre 1898, n. 685. 


Swartzia grandiflora Wild. Sp. IT 1200. — « Arbre ayant l'apparence d’un 
oranger, haut de 4-5 m., à fleurs jaunes, sol argileux, nom. vern. Naranjillo », El 
Cedral, 250 m., août 1898, n. 296. 


(26) 


LEGUMINOSÆ LANGLASSEANÆ 269 


N. 595. — « Arbre de 8-10 m., à bois précieux noirâtre, à fleurs blanches », 
La Correa, 150 m., décembre 189$. — Nom. vern. Palo de Oro. — Plante d'afti- 


nités douteuses, qui a quelques caractères des Sophorées (groupe du Myrorylon, 
Sweetia, etc.), mais s’en distingue par ses étamines soudées; parmi les Dalbergiées, 
elle se rapproche par sa carène à pétales libres de la sous-tribu des Groffroyées, 
mais ne se rapporte à aucun des genres décrits. D'autre part, en l'absence de fruit, 
il est difficile de lui assigner une place précise. C’est probablement un genre nou- 
veau mais que les matériaux dont nous disposons ne permettent pas de décrire d'une 
manière précise et complète. 


BD — CÆSALPINIEZ 


SCLEROLOPIEZÆ 


Pœppigia procera Presl Symb. 1 16 t. 8. 
San Felipe, 700 m., décembre 189$, n. 227. 


< Arbre de 4-5 m., à fleurs jaunes 


EUCÆSALPINIEZÆ 


Ceæsalpinia eriostachys Benth. in Seem. Bot. Voy. Herald 88. —— « Arbre ra- 
bougri, tronc ordinairement creux, fleurs jaunes, nom. vern. Iguanero >, San Felipe, 
100 m., décembre 1898, n. 709. 


Ceæsalpinia exostemma DC. Prodr. IT 483. — < Arbuste de 4 à 5m., fleursjaunes 
à centre rouge >», environs de Nusco, 30 m., sol sableux, février 1899, n. 823. 


Cesalpinia multiflora Robinson n. sp. in plantis mexicanis (Michoacan) a cl. 
Pringle 1891 lectis, n. 3730. 
écorce chaque année >», environs de Zumpango, 1000 m., sol sableux, mai 1899, n. 
1041. 


« Arbre de 10 à 15 m., à fleurs Jaunes: perd son 


Poinciana pulcherrima L. Sp. 554. — « Arbre toufiu, fleurs rouge et jaunàtre, 


nom. vern. Flor de S. Francisco », La Correa, 50 m., octobre 1S98, n. 411. 


Cercidium plurifoliolatum n. sp., folüs bipinnatis, pinnis bijugis, racemis ad 


nodos supra spinas fasciculatis, Horibus luteis. — Tab. nostra IS. 


(27) 


970 MARC MICHELI 


Arbor 5-6-metralis : ramis tortuosis, spinis axillaribus validisque, 2 em. longis 
armatis. glabris. Folia bipinnata : petiolo communi glabro, gracili, patente vel sub- 
reflexo, striato-angulato, 3 em. longo: stipulis parvis, caducis. Pinnæ bijugæ, 2-3 
em. longæ:; rhachi gracili, puberula. Foliola abrupte pinnata, 6-S-juga, ovato-ob- 
longa, obtusa, velleviter emarginata, 3-$ mm. longa, 3-4 mm. lata, utrinque adpresse 
sericeo-puberula. Racemi breves, laxi, ad nodos sæpius defoliatos supra spinas fas- 
ciculati. Bracteæ parvæ, caducæ; bracteolæ minimæ vel deficientes. Pedicelli gra- 
ciles, puberuli. Calyeis tubus discifer brevis, in stipitem supra pedicellum articula- 
tum productus; lobi ovati, puberuli, ante anthesin valvati, sub anthesi reflexi, 5 mm. 
longi. Petala parum imæqualia, saturate lutea, ovata vel late ovata, unguiculata, 
obtuse fimbriata ; summum majus, latius, fere discoidale, 1-1,5 em. longum; cetera 
inter sese fere æqualia. Stamina 10, filamentis basi pilosis, antheris nutantibus. 
Ovarium breviter stipitatum, fundo calycis oblique affixum, pluriovulatum. Stylus 
stigmate parvo terminali. Legumen membranaceum, lineare, oblongum, plano-com- 
pressum, dehiscens, valvis crebre venulosis, 1-3-spermum, 6-7 em. longum. Semina 
longitudinalia, compressa, nitida; hilo minimo, fere apicali. Embryo albumine tenui 
cireumdatus, — + Arbre de 5-6 m.. garni d’aiguillons, à fleurs jaunes ; nom. vern. 
Cahuinga », alluvions du Rio San Luis, 100 m., mars 1899, n. 933. 

Obs. —— Le genre Cercidium était représenté jusqu'à présent par 3 espèces : 
C. spinosum Tul. Arch. Mus. IV 133 (Caracas, Bolivie, Pérou) qui a les pinnules 
uni- ou bijuguées, fasciculées et les folioles plus nombreuses ; ©. floridum Benth. 
(Mexique) à pinnules uni- ou bijuguées et à folioles trijuguées seulement: C. fexa- 
rm À. Gray à pinnules unijuguées. Notre espèce est donc bien distincte de toutes 
les autres. 

Tab. 18. 


Fig. 1. — Rameau feuillé, de grandeur naturelle. 

2, — Rameau fleuri, id. 

3. — Bouton, gr. 3 fois. 

4. — Fleur épanouie, gr. 2 fois. 

5. — Calice et ovaire, gr. 3 fois. 

6, 7, 8. — Pétales, id. 

9. — Etamine, gr. à fois. 

10, — Fruits, de grandeur naturelle. 
Parkinsonia aculeata L. Hort. CH. 147, t. 13. — <« Arbuste épineux, à fleurs 


jaunes: nom. vern. Cayuinga », lit du Rio Balsas (Michoacan), avril 1898, n. 111. 


(28) 


LEGUMINOSÆ LANGLASSEANE 274 


CASSIEÆ 


Cassia atomuria Li. Mant. 6S. — « Arbre de 10 à 12 m., élancé, mince: nom. 
vern. Quediondillo >», Monte d'Inguaran, 650 m., terrain sæbleux, mars 1S9$, n° 7. 


Cassia biflora Li. Sp. 540. — «< Arbrisseau à fleurs jaunes », La Piedra, allu- 
vions, décembre 189$, sans numéro. 


Cassia Chameæcrista Li. Sp. 342 — « Plante herbacée, haute de 60 em., à 
fleurs jaunes », Cerro-Pedrogoso, Ocote, 330 m., octobre 1898, n. 544. 
Cassia cinerea Cham. et Schltdl. in Linnæa V 599. — « Plante herbacée, à 


fleurs jaunes >», environs de Sabanilla, 250 m., sol granitique, avril 1899, n. 990. 


Cassia hispidula Vahl Eclog. TT 10. — « Plante herbacée, à fleurs Jaunes >», 
Chavete, 300 m., octobre 1898, n. 515. 


Cassia insignis N. E. Brown, Trans. Linn. Soc., sér. 2, VI 24 — « Arbre 
de 2 m., à fleurs jaunes >», Jimalcote, 250 m., novembre 1898, n. 645. 

Obs. — Le type de cette espèce a été décrit d’après une plante de la Guyane 
anglaise, de Quelch et Mac-Connell (M°Roraima Exp. 1894). L'échantillon de Lan- 
glassé s’en distingue par ses feuilles plus aiguës, moins coriaces, par les grappes 
plus compactes et les fleurs moins grandes, mais les stipules qui sont très caracté- 
ristiques sont pareilles; s’il n'est pas identique, il est au moins extrémement 
voisin. 

Cassia occidentalis L. Sp. 539. — «< Arbrisseau de 1 m. à 1 m. 30, à fleurs 
Jaunes ; nom. vern. Arilla preta », El Calabazal, 150 à 200 m., octobre 1898, n. 464 
et 479. 


Cassia oxyphylla Kunth Mim. 129, t. 39. — « Arbre de 2 à 3 m., au tronc 
élancé, aux fleurs jaunes en grappe retombante:; nom.vern. Quitegato », El Calaba- 
zal, 150 m., octobre 1898, n. 448. 


Cassia pauciflora H. B. K. Nov. Gen. et Sp. VI 360. — « Arbrisseau de 


(29) 


279 MARC MICHELI 


9 m. 20, à fleurs jaunes >», environs d'Ocote, 500 m., décembre 1898, n. 691 (Var. à 
fleurs plus grandes que chez le type.) 


Cassia Quiedondilla n. sp. (Chamæsenna), foliolis 10-12-jugis ovato-oblongis 
acutis glabris, glandula inter par infimum sita, pedunculis sæpius geminis bifloris, 
legumine latiuseulo plano marginato. — Tab, nostra T9. 

Frutex ramulis glabrescentibus, cortice griseo, pedunculis pilis patentibus 
parce hirtellis. Petiolus 20-23 em. longus, gracilis, supra canaliculatus. Stipulæ 
setaceæ, caducæ. Foliola 10-12-juga, breviter petiolulata, oblongo-ovata, obtusa, 
mucronata, inter sese sensim æqualia, glabrescentia vel ad petiolulos puberula, 
nervis vix prominentibus, 3 em. longa, 8-10 mm. lata, glandula inter par infimum 
9-3 mm. longa. Peduneuli in axillis superioribus sæpius bini, biflori, graciles, paten- 
tim pilosi, 12-15 mm. longi; pedicelli articulati, pedunculos subæquantes. Bracteæ 
cito deciduæ, non visæ, Flores ampli. Sepala glabra, fere rotundata, majora 7 mm. 
longa et lata. Petala unguiculata, saturate lutea, majora 2 em. longa, 1-1,5 cm. lata. 
Stamina inferiora 1 cm. longa: filamentis gracilibus, antheris vix brevioribus; an- 
theris tenuiter rostratis, incurvis. Stamina intermedia breviora, antheris erostris, 
filamentis brevissimis. Staminodia glabra, in laminam late ovatam expansa. Ova- 
rium stipitatum, incurvum, dense tomentosum, pluriovulatum. Legumen planum, mar- 


« Arbuste 
à fleurs jaunes: nom. vern. Quiedondilla >», Los Frenos, 18530 m., mars 1898, n°92. 


ginatum, puberulum, 12-15-spermum, S-10 em. longum, 1 em. latum. 


Obs.— Cette espèce se place dans la section Chamæsenna, dans le voisinage du 
C. biflora dont elle se distingue surtout par ses folioles plus grandes et plus nom- 
breuses, par son fruit plus court et plus membraneux, etc. 
TAB; 
Fig. 1. — Rameau fleuri, de grandeur naturelle, 
2, — Androcée et gynécée, gr. 3 fois. 
3, 4, 5. — Etamines et staminodes, gr. 3 fois. 
6. — Fruit, de grandeur naturelle. 


Cassia reticulata Wild. Enum. Hort. Berol, 443. — « Arbrisseau de 4 m., à 
fleurs jaunes », Ocote, 100 m., sol granitique, novembre 1898, n. 624. 


Cassia sericea Swartz FI. Ind. oce. 724 — Tige ligneuse de 75 cm., fleurs 
jaunes; nom. vern. Arilla », environs de Baguita, 150 m., octobre 1898, n. 504. 


Cassia Skinneri Benth. Rev. gen. Cassia 542. 


« Arbuste tortueux, de 2 m., 
à fleurs jaunes ; nom. vern. Parokata >», Pantla, 50 m., août 1898, n. 285. 


(30) 


LEGÜUMINOSÆ LANGLASSÉANE 973 


Obs. — Legumen cl. Benthamio vix notum : 11-12 em. longum, 7-8 mm. latum, 
stipitatum, planum, coriaceum, glabrum, 12-13-spermum, inter semina lineis depres- 
sis notatum. 

75 om. qui envahit les an- 
ciens champs cultivés », La Correa, 50 m., septembre 1898, n. 389. 


Cassia Tora Li. Sp. 538. — « Plante herbacée de 


Cassiarum ($ Sennæ, sect. Chamæsennæ) specimina incompleta, accurate non 
determinanda : n. 181, arbuste de 2 à 3 m.:; n. 115, arbuste à tige flexible de 
75 cm.; nom. vern. Mulato. 


Bauhinia inermis Pers. Ench. 1 455. — « Petit arbuste: nom. vern. Pata de 
Venado >», Monte del Pavillon, Inguaran, 950 m., mars 189$, n. 22. 


Bauhinia subrotundifolia Cav. Ic. V 4, t. 406. — « Arbre de 5 à 6 m., à 
fleurs blanches >», Petatlan, 50 m., novembre 1898, n. 655, 740. 


Bauhinia sp. (les fleurs manquent). — «+ Arbrisseau de 5 à 4 m. », environs de 
Chicutitan, 6 m., mai 1898, n. 174. 


Tamarindus indica L. Sp. 48. — DC. Mém. Lég. 11, t. 24, fig. 113. — 
« Arbre de 5 à 10 m., à fleurs jaunes rayées de rouge, fruit comestible: nom. vern. 
Tamarindo >», Le Cobano, 50 m., juillet 189$, n. 256 ; La Correa, 30 m., octobre 
1898, n. 401. 


Cynometra bauhinifolia Benth. in Hook. Journ. Bot. IF 99. — « Arbre de 
S à 10 m., à fleurs blanches », environs de Zihuatanego, bord de la mer, sol argileux, 


octobre 1898, n. 441. 


Cesalpiniearum genus ignotum (folia tantum). 


< Arbre de 4 à 5 m., ramifié », 
environs de San (reronimito, 50 m., sol pierreux, janvier 1899, n. 726. 
Y 
C. — Mimoseæ 
ADENANTHEREZÆ 


Piptadenia quadrifolia N. E. Brown in Trans. Bot. Soc. Edinb. XX 53 (nov. 
1894). — « Arbre de 4 à 5 m. », environs de Panda, 90 m., mai 1898, n. 115. 


974 MARC MICHELI 


GOLDMANIA Rose, gen. nov. 


Flores perfecti regulares spicati : spicæ € cicatricibus foliorum delapsorum 
axillares solitariæ vel bin ; calyx minutus cupularis denticulatus æstivatione ova- 
tus: petala 5 valvata : stamina 10 omnino libera, antheris apice glandulosis ; ova- 
rium stipitatum ; legumen planum inter semina plus minus constrictum dehiscens ; 
semina albida ; embryo endospermo tenui circumeinctus. — Arbores aut frutices 
occidentali-mexicani, foliis bipinnatis. 

Obs. —— L'apparition générale de cette plante, la structure du fruit, ete., la rap- 
prochent beaucoup du genre Pipltadenia auquel nous Favions d'abord rattachée ; mais 
l'observation de M. Rose d’après laquelle l'embryon est entouré d'une mince couche 
d’endosperme la rapprochent des Adénanthérées et spécialement du genre Prosopis 
dont l’éloigne d’ailleurs son fruit déhiscent. Le genre Goldmaria à été ainsi nommé 
en l'honneur de M. E.-A. Goldman qui l'a le premier récolté, dans un voyage de 
recherches d'histoire naturelle qu'il à fait avec M. E.-W. Nelson dans le Mexique. 
Nous donnons ici d’après M. Rose la description de lespèce-type du genre suivie 
de celle d'une espèce nouvelle qu'a rapportée Langlassé. 


Goldmania platycarpa Rose ined. — Arbor 30-45-metralis, partibus novellis 
undique pubescentibus. Pinnie 1-2-jugse, foliolis 1-jugis suborbicularibusS mm. diame- 
tientibus utrinque parce pubescentibus. Spicæ breves 1-2 cm. longæ. Petala pubes- 
centia. Ovarium pauciovulatum. Legumen percurvatum, 8-10 em. longum, S-10 mm. 
latum, inter semina leviter constrictum. 

Culican, dans l'Etat de Sinala, mars 1899, E.-A. Goldman n, 371 (Washington 
National Herbarium). 


Goldmania constricta Micheli et Rose, n. sp. — Arbor 10-12-metralis, iner- 
mis ; partibus novellis pubescentibus. Stipulæe parvæ, plus minus induratæ vel sub- 
spinescentes. Folia bipinnata ; pinnis 5-jugis, 3-4 em. longis: petiolo communi 
6-7 cm. longo, rufo-pubescente, propre basin interque paria superiora pinnarum 
minute glandulifero ; foliolis 6-8-jugis, rhombeo-obovatis, sessilibus, basi obliquis, 
apice obtusis vel emarginatis, utrinque brevissine puberulis, subtus pallidis, 10 mm. 
longis, 1 mm. latis. Spicæ densæ, axillares, solitariæ binæve, fere a basi floriferæ, 
folia subæquantes, 3-8 cm. longæ ; rhachi pubescente. Calyx puberulus, quartam 


(32) 


‘wa ol ouf sl Le. bn se pt. db di te. 


| 
| 


LEGUMINOSÆ LANGLASSEANE 97) 


fere partem corollæ æquans, 5-dentatus. Corolla 2 mm. longa : petalis glabris, basi 
plus minus coalitis. Stamina 10: glandulis antherarum cito deciduis. Ovarium 
breviter stipitatum, pubescens, pluri-ovulatum. Legumen lineare, 10-15 cm. longum, 
compressum, rectum, inter semina valde constrictum. Semina oblonga, 5 mm. longa, 
albida ; funiculo elongato, gracili. — Tab. nostra 20. 

Environs d'Acapulco, E. Palmer 1894-95, n. 241; Mazatlan, Observation hill 
J.-N. Rose, juin 1897, n. 3107 (Herb. Washington); La Venta (Guerrero), 250 m., 
Langlassé, avril 1899, n. 991. 

TAB. 20. 


Fig. 1. — Rameau fleuri, de grandeur naturelle. 
2. — Une pinne des feuilles, face inférieure, gr. 2 fois. 


a 


© 


. — Fleur, gr. 10 fois. 
4. — Etamines, gr. 15 fois. 
5. — Ovaire, id. 
6. — Fruit, grandeur naturelle. 
7. — Graine, gr. 3 fois. 
1-5 proviennent de la plante de Langlassé, 6-7 de celle de Palmer, communiquée 
gracieusement par M. Rose. 


Prosopis juliflora DC. Prodr. IT 447. — «Nom. vern. Guisache », environs de 
Las Salinas, mai 1898, n. 154 (fleurs); n. 153 (fruits). 


Prosopislimensis Benth. in Hook. Journ. Bot. IV 350. — « Arbuste épineux, 
de 5 à 6 m., à fruits comestibles: nom. vern. Mosquitos », environs de $S. Pedro, 
500m., mars 1898, n. 59 (fleurs); Gueramo (Michoacan), 150 m., avril 1898, n. 110 
(fruits). 

Obs. — Espèce très voisine de la précédente, dont elle n’est peut-être qu'une 
variété comme Bentham l’a indiqué (Mim. p. 378). 

Neptunia plana Benth. ibid. 355. — « Plante herbacée, de 0 m. 75, à feuillesse 
refermant au toucher, fleurs jaunes et étamines rosätres >, marais de S. Juan, 25 m., 
mars 1899, n. 947. 


Mimosa acantholoba Poir. Diet. Suppl. I 83. — «Liane à tige quadrangulaire, 
épineuse: nom. vern. Rabo de Iguana », La Correa, 50 m., octobre 1898, n. 412. 
Obs. — Le nom de Rabo de Iguana est également donné à l’Acacia polyphylla 
DC. n. 677, et à l'A. Iguana Micheli n. 422. 
(33) 
MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE VOL. 34 (1903). 


O9 


WE] 
En 


976 MARC MICHELI 


Mimosa adenotricha Benth. in Hook. Lond. Journ. V 91. — « Arbuste épi- 
neux : nom. vern. Uni Gato >, Los Frenos, 1850 m., mars 1898, n. 54 (en fruits). 


Mimosa albida Humb. et Bonpl. in Willd. Sp. IV 1030. — « Arbuste touffu de 


1 im... à fleurs roses », Chavete, 300 m., octobre 1898, n. 520. 


Mimosa asperata Li. Sp. 1907. — «Arbuste épineux ; nom. vern. Saese», 


delta de Las Balsas, mai 1898, n. 143. 


Mimosa camporum Benth. in Hook.Journ. Bot. IT 130; IV 403. — « Arbuste 
de 40 cm., épineux, à fleurs roses », Bagueta, 150 m., prés humides, octobre 1898, 
n. 490. 


Obs. — Cette espèce est généralement moins épineuse que les échantillons de 
Langlassé. 
Mimosa distachya Cav. Ie. IT 48, t. 295. — « Arbrisseau de 3 à 4 m., à 


fleurs blanches >», environs de Saca Coyana, 900 m., sol granitique, mai 1899, n. 
1030. 


Mimosa dormiens Humb. et Bonpl. in Willd. Sp. IV 35. — « Plante ligneuse, 
épineuse, à fleurs rose foncé >», EI Ocote, 300 m., octobre 1898, n. 554. 


Mimosa Herincquianan. Sp., arborea fulvo-pubescens inermis, pinnis7-8-jugis, 
foliolis 7-8-jugis oblongo-ovatis, inflorescentiis racemosis axillaribus, capitulis glo- 
bosis, floribus pentameris sessilibus. —— T4b. nostra 21. 

Arborquadrimetralis; ramis sulcatis, novellis pubescentibus. Stipulæ lineares, 
acutæ, tomentosæ. Petiolus communis, utipinnæ et foliola, dense fulvo-sericeus. Pinnæ 
petiolo multo breviores, 1-1,5 em. longée. Foliola parva, 2-3 mm. longa, 1-1,5 mm. 
lata, oblique oblongo-ovata, acuta, utrinque, præcipue subtus, fulvo-sericea, venis 
inconspicuis. Racemi axillares, plus minus foliati, folia valde superantes. Capitula 
globosa, absque staminibus 6-7 mm. diumetientia. Flores pentameri, albido-rosei. 
Bractes corolla breviores, pilosæ. Calyx corolla multo brevior, pubescens et longe 
ciliatus. Corolla pubescens, 2 mm. longa. Stamina 10, longe exserta. Ovariumstipita- 
tum, puberulum, Legumen ignotum. — « Arbrisseau de 4 m., à fleurs blanc rosé », 
Cariote del Zopilote, 1000 m., sol sableux, mai 1899, n. 1040. 

Obs. — En l'absence de fruits, il est difhcile d’être absolument fixé sur la posi- 
tion de cette plante. Elle semble bien être un Mimosa du sous-genre Habbasia et se 


(34) 


LEGUMINOSEÆE LANGLASSEANE 277 


rapprocher surtout de la série des Stipellares où de celle des Leptopodeæ de Bentham 
(Rev. Mim.); mais elle se distingue de toutes les autres espèces par son inflores- 
cence en grappes axillaires et non en capitules isolés. 

TAB. 21. 


Fig, 1. — Rameau fleuri, de grandeur naturelle, 
2, — Une pinnule, gr. 3 fois. 
3. — Une foliole, gr. 8 fois. 
4. — Fleur et bractée, gr. 10 fois. 
5. — Bractée, gr. 20 fois. È 


Mimosa Langlassei n. sp., fruticosa vel arborea, ramis superne pubescentia 
brevi patente plus minus glandulosa hirtellis, aculeis horizontalibus raris Sparsis 
(haud infrastipularibus), pinnis unijugis, foliolis S-10-jugis lanceolatis basi obliquis 
utrinque pubescentibus setis rigidis marginato-cinctis et subtus hispidis, capitulis 
globosis, floribus tetrameris. — Tab. nostra 22. 

Arbor parva, dense ramosa, 3-4-metralis: ramis adultis glabrescentibus: cor- 
tice griseo, sulcato. Aculei rari, sparsi, recti, 2-3 mm. longi. Stipulæ lineares, sca- 
riosse, cito deciduæ. Petiolus communis squamoso-pubescens, S-10 mm. longus. Pinnsæ 
petiolo longiores (1,3-2 em. longæ) ; rhachi setis rigidulis pilis mollibus intermixtis 
hispida. Foliola 5-7 mm. longa, 2-3 lata, lanceolata, basi obliqua, uninervia, venis 
parce anastomosantibus, supra molliter pubescentia, subtus setoso-hispida. Pedun- 
culi axillares, solitarii vel bini, folia æquantes vel paullo superantes. Capitula glo- 
bosa, absque staminibus 8-10 mm. diametientia. Bracteæ pubescentes, lineares, su- 
perne elavatæ, 3 mm. longs. Calyx minutus, ciliatus. Corolla 4-5 mm. longa, petalis 
adapicem puberulis. Stamina 4, longe exserta. Ovarium pilosum, breviter stipitatum. 
— Pied du Jorullo, 900 m., avril 1898, n. 99. 

Obs. — Cette espèce est assez difficile à classer. Sa pubescence la rapproche 
des Mimosa des groupes Obstrigose où Lepidotæe, mais ceux-ci sont inermes; c’est 
dans le voisinage des Castæ que la placeraient ses aiguillons et ses feuilles uniju- 
guées. 

Ha0n2?: 

Fig. 1. — Rameau, de grandeur naturelle. 

9, — Inflorescence, gr. 2 fois. 
3. — Paire de folioles, gr. 5 à 6 fois. 


4. — Fleur isolée, gr. 8 fois. 
5. — Bractée, gr. 16 fois. 


6. — Ovaire, gr. 8 fois. 


(35) 


278 MARC MICHELI 


Mimosa leiocarpa DC. Prodr. IF 429. — « Nom. vern. Timbin. Arbuste de 3 à 
4 m., à fleurs blanches; écorce employée pour le tannage >, Pantla, 50 m., août 


1898, n. 284. 


Mimosa lignosa n. Sp., fruticosa, ramis superne asperis, aculeis sparsis hori- 
zontalibus, pinnis unijugis, foliolis 3-4-jugis oblique ovatis margine nerviformi cinctis, 
capitulis globosis, floribus tetrameris. — Tab. nostra 25. 

Frutex bimetralis ; ramis adultis glabris, novellis piloso-asperis. Aculer sparsi, 
patentes, 2 mm. longi. Stipulkæ lineari-setacesæ, 2-5 mm. longæ. Petiolus communis 
1-2 cm. longus, gracilis, sub anthesi patens, setoso-pubescens. Pinnæ petiolum 
æquantes vel eo paullo longiores; rhachi setoso-pubescente. Foliola oblique ovata, 
obtusa, utrinque subglabra, marginata, nervis duobus anastomosantibus, 6-8 mm. 
longa, 3-4 lata. Pedunculi axillares, solitarii, 1,5-2 cm. longi. Capitula globosa, abs- 
que staminibus 6-8 mm. diametientia. Bracteæ 2 mm. longæ, spathulatæ, superne pur- 
purascentes, pilosæ, Calyx minutus, membranaceus. Corolla 3 mm. longa ; petalis ad 
apicem pilosis et macula purpurea notatis. Stamina 4, longe exserta. Ovarium 


glabrum. Legumen ignotum. — «+ Arbuste touffu, épineux », environs de Las Higue- 
ritas, terres chaudes, 400 m., juillet 1898, n. 232. 

Obs. — Cette espèce semble bien appartenir au groupe des Castæ, mais les trois 
espèces citées dans la monographie de Bentham (AZ. casta, heterocarpa, lactiflua) 
sont toutes brésiliennes et ont un port moins franchement frutescent. 

Tab. 23. 


Fig. 1. — Rameau fleuri, de grandeur naturelle. 


2, — Paire de folioles, face inférieure, gr. 3 fois. 
3. — Fleur isolée, gr. 10 fois. 
4. — Bractées, id. 


5.—Ovaire, id. 


Mimosa paucifoliolata n. sp., arborea glabrescens inermis, pinnis bijugis, fo- 
liolis unijugis late obovatis, inflorescentiis in ramis axillaribus paniculato-racemo- 
sis, Spicis cylindricis laxifloris, loribus pentameris pedicellatis. — Tab. nostra 
24. 

Arbor inermis, 4-5-metralis; ramis glabris, angulato-striatis. Stipulæ lineares, 
acutæ, 2-53 mm. longæ. Petiolus communis 1,5-2 cm. longus, gracilis, angulatus, gla- 
ber. Pinnæ petiolum subæquantes vel paullo breviores ; rhachi gracili. Stipellæ mi- 
niméæ, Foliola unijuga, oblique obovata, obtusissima, utrinque glabra, subtus tri- 


ee 


1-9 mm. longa, 6-7 lata. Inflorescentiæ cylin- 


(56) 


nervia, venis parce anastomosantibus, 


LEGUMINOSÆE LANGLASSEANE 279 


dricæ, supra ramos axillares evolutæ, in racemos foliatos dispositéæ : spiciæ 3-3,5 cm. 
longæ, supra tertiam partem floriferæ. Bracteæ parvæ, emarginatéæ, ante anthesin 
deciduæ. Flores albidi, pentameri, breviter pedicellati. Calyx corollæ tertiam par- 
tem æquans, glaber. Corolla tenuis, fere hyalina, glabra. Stamina decem, longe ex- 
serta. Ovarium breviter stipitatum, oblongum, glaberrimum. Legumen ignotum. 
— Environs de Las Minitas, terres chaudes, 400 m., juillet 189$, n. 255 

Obs. — Cette espèce appartient au sous-genre Habbasia et parait se rapporter 
à la série des Leptostachyæ: elle se rapproche notamment du AZ. distachya Cax. dont 
elle se distingue absolument par les feuilles. ; 

Tab. 24. 

Fig. 1. — Rameau fleuri, de grandeur naturelle. 

2. — Feuille, gr. 2 fois. 
. — Fleur, gr. 10 fois. 
4. — Bractée, gr. 20 fois. 


© 


D. — Ovaire à la floraison, gr. 10 fois. 


6. — Ovaire après la floraison, gr. 20 fois. 
Mimosa puberula Benth. in Hook. Lond. Journ. V 8S. — « Arbre de 3 m. >, 


environs de Las Higueritas, terres chaudes, 500 m., juillet 1898, n. 230. 


Mimosa pudica Li. Sp. 1901. — «Fleurs roses, feuilles sensitives, forme à 
feuilles unijuguées >, Fallecitos, 700 m., septembre 189$, n. 362. 


Mimosa schrankioides Benth. in Hook. Lond. Journ. V S6. — « Arbre toufiu, 
épineux, à fleurs roses », La Correa, 250 m., septembre 1898, n. 3S6 (forme gréle et 
glabre de cette espèce). 


Mimosa sepiaria Benth. in Hook. Journ. Bot. IV 395. — « Arbrisseau épi- 
neux >, environs de S. Salvador, 650 m., juillet 189$, n. 242: « arbrisseau touftu, 
épineux, à fleurs blanches >», La Correa, 50 m., octobre 1898, n. 415: Puerta, 50 m., 
n. 423: variétés du AZ. sepiaria à folioles plus larges et à aiguillons plus nom- 
breux. 


Mimosa somnians Humb. et Bonpl. in Willd. Spec. IV 1036. — « Arbrisseau 
épineux, de 1 m. 50, à tige droite et flexible et à fleurs blanches », La Tuveria, 900 
m., septembre 1898, n. 332. 


280 MARC MICHELI 


Mimosa, échantillon incomplet, < arbrisseau épineux, à écorce blanche ; nom. 
vern. Uni Gato >», Montagne de San Luis, 950 m., mars 1898, n. 19. 

Cette plante parait appartenir au sous-genre Habbasia, mais elle n’a pas de 
fleurs et ne peut être étudiée suffisamment. Elle est très différente du M. adeno- 
tricha qui porte le même nom indigène d'Uni Gato. 


Schrankia distachya DC. apud Ser. Wats. in Proc. Am. Acad. XXII 409. — 
« Plante en touffes épineuses, à fleurs roses », ET Calabazal, 200 m., octobre 1898 
n. 449. 


Leucæna canescens Benth. PI. Hartw. 117. — « Arbrisseau de 2 à 3 m., à 
fleurs blanches; nom. vern. Guazille >», Sierra Madre, 510 m., sol granitique, janvier 
1599, n. 754. 

Leucæna esculenta Benth. Mimos. 442. « Arbre de 10 à 12 m., à fleurs 
blanc rosé; nom. vern. Guazi», Las Guajas, Sierra Madre, versant oriental, 1000 


m., sol volcanique, février 1899, n. 863. 


Leucæna lanceolata Sex. Wats. n. sp. ex Palmer Mex. Flora n. 6. — « Nom. 
vern. Guazillo >». Torrent de la Chuta, 25 m.. mai 1898, n. 185; environs de Cha- 
vita, 200 m., octobre 1898, n. 513. 


Leucæna Sp. — «+ Nom. vern. Frijolito >, Monte Inguaran, 650 m., mars 189$, 
n. 12. Echantillon en fruits, à pinnes unijuguées comme le ZL. canescens dont il se 
distingue par les folioles et le fruit plus allongés. 


Acacia acatlensis Benth. in Hook. Lond. Journ. 1 513. — « Arbre de 6-8 m., 
à fleurs blanches; nom. vern. Guayalote >», Los Camarones, rives du Rio Balsas (Mi- 


choacan), avril 1898, n. 112. 


Acacia cochliacantha Humb. et Bonpl. in Willd. Spec. IV 1081. — « Arbre 


> 


épineux, touffu, de 3 m.; nom. vern. Quisache Tejano >», Las Juntas, 630 m., juillet 
1898, n. 224. 


Acacia Farnesiana Wild. Spec. IV 1083. — « Nom. vern. Quisache Yondio », 


Mont Inguaran, mars 1898, n. 4. 


(38) 


LÉGUMINOSÆ LANGLASSÉANEÆ 981 


Acacia fiicina Wild. Spec. IV 1072. — Espèce très répandue dans toute 
l'Amérique centrale et extrémement variable. Ce n'est qu'après une comparaison 
soigneuse avec les nombreux types de lherbier de Kew que je me suis décidé à réu- 
nir tous les échantillons suivants : La Correa, 50 m., septembre IS9K, n. 387: en- 
virons de Faisan, 1200 m., septembre 1898, n. 340 (forme à mflorescence très pa- 
niculée); environs de San Luis, 30 m., février 1899, n. 925 ; Cerro-Pedregoso, 
Ocote, 300 m., octobre 1898, n. 348 (forme à inflorescence très ample, tout à fait 
glabre qui se rencontre fréquemment dans les collections du Mexique), Nom. vern. 
Pulque. 


Acacia Iguana n. sp., alte scandens, aculeis parvis, pinnis 7-8-jugis, foliolis 
24-25-jugis, spicis racemosis laxiusculis, Horibus pubescentibus. —— Tub. nostra 25. 
Alte scandens, quindecimmetralis. Caulis quadrangulatus, aculeatus, glaber : 
cortice minute tuberculato ; aculeis brevibus sparsis. Folia bipinnata ; pinnis 7-8- 


jugis : stipulis nullis. Petiolus communis minute puberulus, supra canaliculatus. 18- 
ni te] 


22 em. longus, aculeatus ; aculeis brevibus, recurvis. Glandula major prope petioli 
basin ovata, 2-5 minores inter pinnas superiores. Pinnæ 6-12 em. longæ, inferiores 
breviores. Foliola 24-25-juga, 6-10 mm. longa, 3-5 mm. lata, oblonga, obscure mucro- 
nata, membranacea, costa valde excentrica, venis anastomosantibus, supra glabra, 
infra adpresse puberula. Inflorescentia in racemum simplicem, terminalem, 25-30 em. 
longum disposita ; rhachi aculeata, tomentosa. Spicæ solitariæ vel binæ, cylindricæ, 
4-5 em. longæ, supra tertiam partem foriferæ, basi nonnunquam stipula lineari, 
acuta suffultæ. Bracteæ parvæ, cucullatiæ, floris vix dimidiam partem #æquantes. 
Flores sessiles, cano-tomentosi, 5 mm. longi. Calyx corollæ tomentosæ dimidiam 
fere partem #æquans. Ovarium longe stipitatum, pubescens. Legumen ignotum. — 
« Liane à tige quadrangulaire, de 15 mètres, épineuse, à fleurs d’un blanc jaunûtre ; 
nom. vern. Rabo de Iguana >» (comme pour |A. polyphylla et le Mimosa acantholoba), 
La Puerta, 50 m., octobre 1898, n. 422. 

Obs. — Cette espèce rentre dans le groupe des Fulgares, mais se distingue 
de toutes les espèces américaines spiciflores, la plupart originaires du Brésil. La 
seule espèce de l'Amérique centrale (4. Hayesii Benth. de Panama) est très diffé- 
rente de la nôtre. 

T4B.225: 


Fig. 1. — Rameau fleuri, de grandeur naturelle. 
2, — Paire de folioles, gr. 3 fois. 
3. — Fleur, gr. 8 fois. 
4, — Bouton, id. 
(39) 


289 MARC MICHELI 
Fig. 5. — Bractée, gr. 16 fois. 
6. — Ovaire, gr. 8 fois. 
Acacia paniculata Wild. Spec. IV 1074. — « Arbre de 4 à 5 m., à fleurs 


blanches >. environs de Mexcala, terres chaudes, 300 m., mai 1899, n. 1034. 


Acacia pennatula Benth. in Hook. Lond. Journ. I 300. « Arbre de 5 à 


G m.; nom. vern. Quisache Tepano >», Mont Inguaran, 700 m., mars 1898, n. 1. 


Acacia polyphylla DC. Cat. Hort. Monsp. 74. — + Arbre de 12 à 15 m., à fleurs 
d’un blanc jaunatre ; nom. vern. Rabo de Iguana >», La Botella, 350 m., novembre 
1898, n. 677. 


Acacia riparia H. B. K. Nov. Gen. et Spec. VI 276. — Jimalcote, 150 m., 
novembre 1899, n. 643, échantillon remarquable par le petit nombre des aiguillons 
et par la présence sur le pétiole de trois glandes au lieu de T à 2 qui se rencontrent 
généralement dans cette espèce. 


Acacia spadicigera Cham. et Schlchtdl. in Linnæa V 594. — Environs de La 
Orilla, 25 m., mai 1898, n. 156: environs de San Luis, 50 m., février 1899, n. 923 ; 


nom, vern, Quisache Costeno ou Carnisuelo. 


Lysiloma acapulcensis Benth. in Hook. Lond. Journ. IT 83. — « Arbre de 
10 à 12 m., à bois tres dur; nom. vern. Tepehuaje >», Monte la Gloria, 1060 m., 
mars 1898, n. 69 (fruits); EI Barillo, 800 m., mars 1898, n. 80 (fleurs). 


Lysiloma microphylla Benth. 1. c. 83. — Banco Nuevo, août 1898, n. 267. 
Lysiloma Schiedeana Benth. 1. €. 83 : Bot. Sulph. 91, t. 31. — « Arbre de 


Sà10 m., à bois très dur; nom. vern. Quiebrache», San Geronimito, décembre 1898, 
n. 715; Mont de la Pasacuareta, mars 1898, n. 71. 


Lysiloma tergemina Benth! Mimos. 534. — « Arbre de 3 à 4 m. », Las Higue- 
ritas, terres chaudes, 400 m., juillet 1898, n. 231. 

Obs. — La détermination des Lysilomu est toujours incertaine en l'absence 
de fruits. Le n. 267 semble bien se rapporter au L. microphylla ; 1 s'en distingue 
cependant par ses capitules plus petits et plus longuement pédicellés, mais ce carac- 
tère parait variable parmi les représentants authentiques de cette espèce. 


(40) 


My, 


LEGUMINOSE LANGLASSEANE 9283 


Calliandra bijuga Rose in Contr. U.S. National Herb. V 135. — «+ Arbre 
touffu, à fleurs rouges >», Monte de las Cortaduras près Inguaran (Michoacan), 
2000 m., mars 1898, n. 41. 

TAB. 26. 
Fig. 1. — Rameau fleuri, de grandeur naturelle. 
2. — Feuille, gr. 2 fois. 
3. — Foliole, face inférieure, gr. 5 fois. 
4. — Fleur, avec bractée, gr. 3 fois. 
5. — Bractée, gr. 10 fois. 
6. — Ovaire, gr. 3 fois. 
7. — Fruit, de grandeur naturelle. 
8. — Graine, gr. 3 fois. 


Calliandra capillata Benth. in Hook. Lond. Journ. I 98. — La Correa, SOm., 
août 1898, n. 271. 

Legumen (adhuc ignotum) 10-12 cm. longum, S-10 mm. latum, glabrum, ad 
marginem incrassatum, basin versus longe angustatum, stipitatum, S-10-spermum. 


Calliandra carbonaria Benth. I. €. 95(?) 
ception, 700 m., juin 1898, n. 212. 

L'état imparfait des échantillons dont nous disposons ne permet pas de décrire 
complètement cette plante qui, en quelques points, diffère du C. carbonaria et ne 
peut lui être rapportée qu'avec doute. Elle s’en distingue par le pédoncule presque 
nul, par la corolle plus longue et le tube staminal à peine exsert, par le calice plus 
court et par la pubescence plus accentuée. 


« Arbrisseau de 60 em. », La Con- 


Calliandra emarginata Benth. 1. €. 95. — «+ Arbuste de 5 à 6 m., très ramifié, 
à fleurs rose foncé >», environs de Chichihualco, 1200 m., sol argileux, mai 1899, 
n. 1042. 


Calliandra formosa Benth. 1. c. 98. — « Arbrisseau de 2 m., à branches retom- 


bantes et à fleurs roses >, La Correa, 50 m., septembre 1898, n. 388. 


Calliandra grandiflora Benth. I. €. 111. < Arbuste touffu de 2 à 4 m., à 
fleurs d’un rouge vif », Vallecita, 650 m., septembre 1898, n. 311; La Puerta, 
50 m., octobre 1898, n. 420; crêtes de la Sierra Madre, 2200 m., février 1899, 
n. 892. 

(41) 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT, DE GENÈVE. VOL. 84 (1903). 36 


284 MARC MICHELI 


Obs. — Les deux espèces décrites par Bentham sous les noms de € grandiflora 
et Houstoni Sont extrémement voisines et ne se distinguent guère que par Île 
nombre des pinnes des feuilles, caractère en lui-même assez variable. Tous nos 
échantillons se rapportent plutôt au C. grandiflora, sauf le n. 892 qui se rapproche 
du ©. Houstoni. Ces deux espèces devront probablement être réunies. 


Calliandra portoricensis Benth. 1. €. 99. — « Arbre de 3 m., à tige quadran- 
eulaire et à fleurs blanches >», Sierra Madre, 1100 m., sol granitique, novembre 


1898, n. 578. 


Pithecolobium acatlense Benth. Mim. 593. — « Arbrisseau épineux, à fleurs 
blanches >, environs de Chelitla, versant oriental de la Sierra Madre, S00 m., mars 
1899 n° 1051 

Obs. — Cette plante dont le fruit n’est pas connu à été rattachée par Bentham, 
probablement avec raison, au genre Pithecolobium, bien qu'elle offre quelques 
caractères des Calliandra. Son calice très développé et à 3 dents est en général 
ouvert d'un côté et offre ainsi une apparence de spathe assez particulière. 

TAB. 27. 


Fig. 1. — Rameau fleuri, de grandeur naturelle. 
9. — Feuille, gr. 2 fois. 
3. — Foliole, face inférieure, gr. 6 fois. 
4, — Fleur et bractée, gr. 2 fois. 
D. — Bractée, gr. 8 fois. 
6. — Calice, gr. 4 fois. 


. — Ovaire, id. 


Pithecolobium dulce Benth. in Hook. Lond. Journ. 1199. — « Grand arbre, 
fruit à pulpe comestible ; nom. vern. Dinsan », Inguaran, 600 m., mars 1898, n. 2. 


Pithecolobium filicifolium Benth. 1 €. 205. — « Arbre de 10 à 15 m., à gros 
tronc et bois tendre ; nom. vern. Parota », rives de PEspiritu Santo, 600 m., avril 
1898, n. 105. 

Obs. — Plante plus glabre que ne l’est en général le ?. filicifolium, mais ce 
caractere est variable et d’autres spécimens du Mexique le présentent presqu'au 
méme degré, Cette espèce qui à un habitat étendu se rencontre dans toute lAmé- 
rique tropicale. 


(42) 


LEGUMINOSÆ LANGLASSEANE 289 


Pithecolobium ligustrinum Klotzsch in Benth. Mim. 571. — « Arbre de à m.: 
nom. vern. Timuche >», Las Salinas, 20 m., mai 1898, n. 151. 


Pithecolobium tomentosum n. sp. arbor undique tomentosa, pinnis triju- 
gis, foliolis oblongo-ovatis obtusis 6-7-jugis, capitulis paniculatis, tubo stamineo 
vix exserto. — Tab. nostra 28. 

Arbor elata, 5-6-metralis, inermis, superne undique cano-tomentosa. Stipu- 
læ minimæ. Folia bipinnata. Petiolus communis tomentosus, 5-7 em. longus, 
prope basin glandula elongata parumque conspicua instructus. Pinnæ 3-4-jugee 
petiolum #quantes vel superantes. Foliola 6-7-juga, ovata, 12-13 mm. longa, 
5-6 mm. lata, ovata, obtusa vel emarginata, fere symmetrica, marginato-ciliata, 
subtus pallida, ad costam venasque pubescentia. Capitula ad apicem ramorum pani- 
culata, undique cano-tomentosa. Bracteæ parvæ, cucullatæ, pilosæ. Flores tomen- 
tosi, 2-6 mm. longi. Calyx infundibuliformis, corollæ dimidiam partem superans. 
Tubus stamineus corolla paullo brevior. Ovarium sessile, puberulum. Legumen 
ignotum. — « Arbre de 5 à S m.. à fleurs blanches : nom. vern. Parotillo >, rives de 
l'Espiritu Santo, 600 m., avril 1898, n. 107; Zilmatango, 30 m., août 189$, n. 280, 

Obs. — Cette espèce rentre dans lasérie des Parriflore de Bentham et se place 
dans le voismage du P. multiflorum dont elle se distingue par ses folioles, par la 
dimension du calice, ete. Les autres espèces de la même section ont la fleur beau- 
coup plus petite. 


TAB, 28. 


Fig. 1. — Rameau fleuri, de grandeur naturelle. 
2, — Paire de folioles, face inférieure, gr. 2 fois. 
3. — Fleur et bractée, gr, 6 fois. 
4. — Bractées de face et de dos, gr. 12 fois. 
5 et 6. — Ovaire, gr. 6 et 12 fois. 
Pithecolobium sp. — «+ Arbre de 4 à 6 m.; nom. vern. Porcelane >», environs 


de Petatlan, 50 m., novembre 1898, n. 6S7 (échantillon incomplet). 


Inga xalapensis Benth. in Hook. Lond. Journ. IV 616.— « Nom. vern. Bai- 
nillo >», Monte de Santa Ignesa à Inguaran, mars 1898, n. 34. 

Inga sp. — «+ Arbre de 10 à 12 m.. à fleurs blanches : nom. vern. Cazinicuil », 
alluvions du Rio San Luis, 100 à 150 m., mars 1899, n. 922, 


(43) 


Fr" | 
2 NI DUR T 


“h 


286 MARC MICHELI 


Obs. — Cette plante appartient au groupe polymorphe de V. vera et espèces 
voisines. Elle se distingue par l'extraordinaire développement de son calice à peine 
dépassé par la corolle, mais ne peut être déterminée d’une façon sufiisamment 


précise. 


[. INDEX TABULARUM 


Tab. | 

Acacia Iguana Micheli ......... Hu 25 | Lonchocarpus eriocarinalis Micheli . .... 
Aeschynomene madrensis Micheli ...... 8 | Machærium biovulatum Micheli........ 
» paucifoliolata Micheli ... 9 | Mimosa Herincquiana Micheli ......... 
» SIMUIANS ROSE... 7 »  Langlassei Micheli ........... 
Brongniartia bilabiata Micheli ......... ! » HSnosaMIChel EEE Eee 
» bracteolata Micheli ....... 2 » pauciloliolata Micheli......... 
Calliandra bijuga Rose .............. 26 Phaseolus brevicalyx Micheli...,...... 
Cassia Quiedondilla Micheli ....,...... 19 » BuSecAMIChENEEE EEE 
Cercidium plurifoliolatum Micheli ...... 18 Pithecolobium acatlense Bentham ...... 
Coursetia madrensis Micheli........... ô » tomentosum Micheli ..... 
» planipetiolata Micheli . ....... 6 Pterocarpus aphyllus Micheli ....,..... 
Desmodium madrense Micheli . .....,.. 10 Rhynchosia bicolor Micheli ..,.,...... 
» pseudo-amplifolium Micheli. 41 Tephrosia major Micheli ....:........ 
Goldmania constricta Micheli & Rose.... 20 » Langlassei Micheli ......... 

(45) 
MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 84 (1903). 36 * 


IL. INDEX NUMERORUM 


Acacia pennatula Benth. 
Pithecolobium dulce Benth. 
Acacia Farnesiana Willd. 
Cassia atomaria L. 
Leucina sp. 

Mimosa sp. 

Bauhinia inermis Pers. 
Inga xalapensis Benth. 
Calliandra bijuga Rose. 
Lupinus elegans H. B. K. 
Diphysa sennoides Benth. 
Cassia Quiedondilla Micheli. 
Mimosa adenotricha Benth. 
Prosopis limensis Benth. 
Canavalia villosa Benth. 
Lysiloma acapuleensis Benth. 

» Schiedeana Benth. 
Desmodium Skinneri Benth. 

» plicatum Schlehtdl. 
Lysiloma acapulcensis Benth. 
Mimosa Langlassei Micheli. 
Pithecolobium filicifolium Benth. 

» tomentosum Micheli. 


Lonchocarpus guatemalensis Benth. 


Prosopis limensis Benth. 
Parkinsonia aculeata L. 

Acacia acatlensis Benth. 
Cassia sp. 


Pipladenia quadrifolia N. E. Brown. 


Olneya Tesota Gray 


No. 

123 Pterocarpus aphyllus Micheli. 

143  Mimosa asperata L. 

151 Pithecolobium ligustrinum Klotzsch. 
154  Prosopis julifera DC. 


1 LS B] » » » 


157  Pterocarpus aphyllus Micheli. 
159  Crotalaria eriocarpa Benth. 

166 Andira excelsa HT. B. K. 

372 Mucuna urens DC. 

174  Bauhinia sp. 

{81  Cassia sp. 

185 Leuciæna lanceolata Ser. Watson. 
189 Brongniartia inconstans Ser. Watson. 
190 » » » » 
203  Vigna luteola Benth. 

20%  Phaseolus lunatus L. 

204bis » truxillensis H. B. K. 
20 bis » » » 

208 Calopogonium cæruleum Desv. 

| 212 Calliandra carbonaria Benth. 


19 
= 


Mimosa puberula Benth. 
231  Lysiloma tergemina Benth. 
232 Mimosa lignosa Micheli. 
233 »  paucifoliolata Micheli. 
236  Lonchocarpus criophyllus Benth. 
242 Mimosa sepiaria Benth. 


(46) 


156 Acacia spadicigera Cham. & schlehtdl. 


292% Acacia cochliacantha Humb. & Bonpl. 
226 Eysenhardtia amorphoides H. B. K. 
227 Poeppigia procera Presl. 


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332 
333 
336 
340 
341 
362 
383 
386 
387 
388 
389 
390 
395 
401 
AA 
k12 
415 
HIS 
420 
122 
423 
431 
436 
k37 
441 
LAS 
449 
45D 
462 
46% 
4:66 
471 
472 


INDEX NUMERORUM 289 
No. 

Tamarindus indiça L. 473  Nissolia fruticosa Jacq. 
Lysiloma microphylla Benth. 47%  Aeschynomene paucifoliolata Micheli. 
Calliandra capillata Benth. 475 Crotalaria maypurensis H. B. K. 
Pithecolobium tomentosum Micheli. 476  Aeschynomene americana L. 
Mimosa leiocarpa DC. 479  Cassia occidentalis L. 
Cassia Skinneri Benth. K81 Dalea nigra Mart. & Gal. 
Swartzia grandiflora Willd. 490  Mimosa camporum Benth. 
Crotalaria striata DC. 492  Aeschynomene hispida Willd. 
Calliandra grandiflora Benth. 50%  Cassia sericea Swartz. 
Lonchocarpus eriocarinalis Micheli. 913 Leucæna lanceolata Ser. Watson. 
Pachyrhizus palmatilobus Benth.&Hook. 15 Cassia hispidula Vahl. 
Tephrosia toxicaria Pers. 518 Stylosanthes humilis H. B. K. 
Clitoria polystachya Benth. 520 Mimosa albida Humb. & Bonpl. 
Mimosa somnians Humb. & Bonpl. 526 Machærium biovulatum Micheli. 
Desmodium orbiculare Schlehtdl. 529 Desmodium barbatum Benth. & Oerst. 
Piscidia Erythrina L. 532 Zornia diphylla Pers. 
Acacia filicina Willd. 538 Phaseolus atropurpureus DC. 
Crotalaria incana L. 539  Dalea diffusa Moric. 
Mimosa pudica L. 544  Cassia Chamæcrista L. 
Sweetia panamensis Benth. 518 Acacia filicina Willd. 
Mimosa schrankioides Benth. 549  Tephrosia tenella Gray. 
Acacia filicina Willd. 549% Rhynchosia bicolor Micheli. 
Calliandra formosa Benth. 552 Desmodium viridiflorum Beck. 
Cassia Tora L. 554 Mimosa dormiens Humb. & Bonpl. 
Crotalaria lupulina H. B. K. 560 Desmodium strobilaceum Schlchtdl. 
Genus novum ? (voir p. 27). 578 Calliandra portoricensis Bentb. 
Tamarindus indica L. 582 Phaseolus truxillensis H. B. K. 
Poinciana pulcherrima L. 583 Phaseolea (Dioclea ?) 
Mimosa acantholoba Poir. 587 Dalea psoralioides Moric. 
Mimosa sepiaria Benth. 596  Tephrosia toxicaria Pers. 
Desmodium uncinatum DC. 609 Indigofera costaricensis Benth. 
Calliandra grandiflora Benth. 624  Cassia reticulata Willd. 
Acacia Iguana Micheli. 625 Centrosema virginianum Benth. 
Mimosa sepiaria Benth. 626 Phaseolus truxillensis H. B. K. 
Aeschynomene oligantha Micheli. 633 Bauhinia subrotundifolia Cav. 
Pachyrbizus palmatilobus Benth.&Hook. 643 Acacia riparia H. B. K. 
Pachyrhizus angulatus Rich. 645 Cassia insignis N. E. Brown. 
Cynometra baubinifolia Benth. 648 Indigofera Anil L. 
Cassia oxYphylla Kunth. 658  Desmodium seutatum Hemsl. 
Schrankia distachya DC. 660  Calopogonium cæruleum Desv, 
Aeschynomene americana L. 661  Phaseolus Buseri Micheli. 
Sesbania macrocarpa Mühl. 670  Tephrosia nitens Benth. 
Cassia occidentalis L. 676  Erythrina Corallodendron L. 
Crotalaria lupulina H. B. K. 677 Acacia polyphylla DC. 
Lonchocarpus violaceus H. B. K. 679 Centrosema pubescens Benth. 
Dalbergiea incertæ sedis. 685 Sweetia panamensis Benth. 


(47 


No. 

687  Pithecolobium sp. 

691  Cassia pauciflora H. B. K. 

695 Galactia tenuiflora Wight & Arn. 
696 Indigofera excelsa Mart. & Gal. 
697 Desmodium nitidum Mart. & Gal. 


706% Mucuna urens DC. 

709 Cæsalpinia eriostachys Benth. 
710 Gliricidia maculata H. B. K. 
714 b Canavalia acuminata Rose. 


715 Lysiloma Schiedeana Benth. 
716 Tephrosia major Micheli. 
723tis Desmodium sp. 

726 Cæsalpiniea, genus ? 

729 Coursetia microphylla Gray. 
734 Canavalia obtusifolia DC. 

740  Bauhinia subrotundifolia Cav. 
753  Dalea diffusa Moric. 

754 Leucæna canescens Benth. 
764  Desmodium madrense Micheli. 
718 Dalea gracilis Hook. & Arn. 
791  Phaseolus brevicalyx Micheli. 


792 Crotalaria stipularia Desv. 


798 Tephrosia Langlassei Micheli. 

799 Vigna lutea Gray. 

809  Desmodium pseudo-amplifolium Micheli. 
819 Dalea nutans Willd. 

823 Cæsalpinia exostemma DC. 

830 Cracca mollis Benth. 

847 Aeschynomene simulans Rose. 


85 Lis Tephrosia crassifolia Benth. 
858 Rhynchosia caribæa DC. 


863 Leucæna esculenta Benth. 


(48) 


No. 
865 
869 
892 
922 
923 

(925 
1925 
927 bis 
929 
931 
933 
935 
947 
957 
958 
962 
981 
990 
991 
999 
1002 
102% 
1030 
1031 
1034 
1040 
1041 
1042 
1051 
1052 
1055 
106% 


INDEX NUMERORUM 


Aeschynomene madrensis Micheli. 
Desmodium strobilaceum Schlehtd]. 
Calliandra grandiflora Benth. 

Inga sp. 

Acacia spadicigera Cham. & Schlchtdl. 
Acacia filicina Willd. 

Phaseolea (Dioclea ?). 

Phaseolea (Dioclea ?). 

Andira excelsa H. B. K. 

Coursetia planipetiolata Micheli. 
Cercidium plurifoliolatum Micheli. 
Brongniartia bilabiata Micheli. 
Neptunia plana Benth. 

Desmodium brachystachyum Schlehtdl. 
Phaseolus lunatus L. 

Eriosema grandiflorum Cham. & Schldl. 
Cajanus indicus L. 

Cassia cinerea Cham. & Schlehtdl. 
Goldmania constricta Micheli & Rose. 
Dalbergia campeachiana Benth. 
Diphysa sennoides Benth. 

Brongniartia bracteolata Micheli. 
Mimosa distachya Cav. 

Pithecolobium acatlense Benth. 

Acacia paniculata Willd. 

Mimosa Herincquiana Micheli. 
Cæsalpinia multiflora Robinson. . 
Calliandra emarginata Benth. 
Coursetia madrensis Micheli. 
Eysenhardtia amorphoides H, B. K. 
Lonchocarpus eriophyllus Benth. 
Cologania pulchella H. B. K. 


IT. INDEX NOMINUM VERNACULORUM 


Page Page 
ATA]O 2e sation ST I NEA e ae 267 MUR RE Re Die eue ets 273 
INNE CE sa#Ebc ordonne oetone 272 NATADILIO EE See ec ulescceeect 268 
| PATIO DTA RSS CP RES MR ee 271 RAIDE ONDES PEN ECC 267, 268 
ENG), SRE Echec EE SOS AC 289 PalorduIce rer enr SAN IR Es ee 247 
CALANUAN ACHETER Sc ee ee 252 ParORA AE me cercle 272 
GADUINEA ES. Se ce ARR NS 270 PAPOUASIE do ana eeste 2 le.s 284 
; CACRISUCIO PEER PEAR ET AR 282 PATOULO ME PE Eee RE 285 
CAS CADENIO EPP PRE RES LES 252 Patade VEnadO Eee - 2c-e e re 273 
Cayümeat 7.22 ER DEA) PAROI rer de ee lee Rise 261 
Ca TERE" tre See PR 285 PORCOTANE ET meer ce 285 
| CHICRANAS EE ER ER ec e 247 BHIQUER EC ee ee CE NICE 281 
: CULIMINCA Ne Ce LA CE 268 QuETIOnTIlONE APAAPPREER RCA STE 271 
DNS ee ee ee re 284 OUEDTACNER RE PEU ere ere 282 
| Ë HRCOBUIeS Ne RS A ne 259,260 Ouedondiiia een Er M Pa RE 272 
| Flor de San Francisco .............. 269 OUISACREICOSLENO Fer eee 282 
| Frijolito........ Se Tee 280 QuisaChe Te an0 FR PPT ONE EE 280 
GUATALO IE ASS NN ES AT ARE 280 OUISAChEATEPANOM PTE PEER ER CE 282 
| GAZ PE RE ee eh ete, e 280 OuISache VONAOR FPE 280 
GUAZIO CEE PTE D Te 280 QUTED ADR RE ET CT CAT EE 271 
| Guisache ......... DRE D Re de 275 Rabo de Iguana 275,281, 282 
; RENÉ RARE EN 2080: SicRot L PPR GENE MRURE 276 
Iguanero...... nsc none 269 MAMATIQUO EE eee CARE . 273 
JICAMOMANZO cree 263 FEDEUA)E ASP EC EEE 282 
HCHMO RESTE. 22 LME AT ur .. 264 Pimbin 4." PR CAT PT SAETS 
JUaJUNESCO RSR Ce St 208 MiMUChE RÉ Re Ne RL 289 
Llorarsanere es Net 266 UN GALO FERME EEE 2e 276,280 

MOSQULOS EEE ram eme eme ee 275 

(19) 


Acacia acatlensis Benth. 
cocbliacantha Humb. & Bonpl. 
Farnesiana Willd. ........ 
ANCIDANWILIA EEE UE 
Iguana Micheli ....... 
panieulata Willd. ......... 
pennatula Benth. ......... 


Andira excelsa H. B. K. 
Baubinia inermis Pers.. 


IV. INDEX SPECIERUM 


POlYPDYHAND US REP Re 
Ipania HD Ke STAR ee 
spadicigera Cham. & Schlchtdl. 
Aeschynomene americana L 
DISPITA AW ER CT 


madrensis Micheli 
oligantha Micheli 
paucifoliolata Micheli 


simulans Rose 


subrotundifolia Cav. 


exostemma DC. ... 


petræa Robinson ......... 


SD Re Me RE LE An 
Brongniartia bilabiata Micheli .. 
bracteolata Micheli . .... 
inconstans Ser. Watson ... 
Cæsalpinia eriostachys Benth. ..... 


multiflora Robinson ..... 
CATAOSANLCNS Le LE. eee 
Calliandra bijuga Rose 


Capillata Benth ........... 


Page 
280 
280 
280 
281 
281 
282 
282 
282 
282 
282 
299 
255 


259 


256 
256 
259 
255 
268 
273 
273 
273 
248 
249 
250 
269 
269 
269 
265 
283 
283 


Calliandra carbonaria Benth 
emarginata Benth. ........ 
formosa Benth 
grandiflora Benth 
Houstoni Benth. 

portoricensis Benth 
Calopogonium cæruleum Desv. ....... 
Canavalia acuminata Rose 
obtusifolia DC. 
villosa Benth 


CassiaatomariaiL. "27.2 tee 
Chamæcrista L 
cinerea Cham. & Schlchtd]. . 
hispidula Vahl 
insignis N. E. Brown 
occidentalis L 
oxyphylla Kunth 
pauciflora H. B. K 
Quiedondilla Micheli 
reticulata Wild..." 
sericea SWartz....:.2...,.. 
Skinneri Benth 
TOLAU EN ARR rec rl à Ne 


1 


&S 


Centrosema pubescens Benth. ...... . 
virginianum Benth. 
Cereidium floridum Benth. 

plurifoliolatum Micheli 
spinosum Tul. 


INDEX SPECIERUM 


Cereidium texanum A. Gray ......... 
Clitoria polystachya Benth. .......... 
Cologania pulchella H. B. K.......... 


Coursetia madrensis Micheli 


» 


» 


microphyila Gray 
planipetiolata Micheli ....... 


Craccamolls Bent th eee Re 
Crotalaria eriocarpa Benth. .......... 


Cynometra baubhinifolia Benth 


INCAN AT EE Lee 
JUpHna HARAS Eee 
maypurensis H. B. K. ...... 
SaltianafANGr.- 
SODUAEA DESERT 
CEE S DORE CEE 


Dalbergia campeachiana Benth. ...... 
Dalbergiea Spa 27m 
DaleaidiuSa)MOrIC EEE EEE C2 


gracilis Hook. & Arn........ 
nigra Mart. & Gal. ......... 
nÜfans WI ES. +. 
psoralioides Morie. ......... 


Desmodium barbatum Benth. & Oerst. . 


brachystachvum Schlchtdl. . 
madrense Micheli .......... 
nitidum Mart. & Gal. ....... 
orbiculare Schlehtdl......... 
plicatum Schlchtdl. ......... 
pseudo-amplifolium Micheli .. 
scutatum Hemsl. ........... 
Skinneri Benth............. 
strobilaceum Schlchtdl..,.... 
uncinatum DC... 
viridiflorum Beck .......... 


Diphysa sennoides Benth. ........... 
Eriosema grandiflorum Cham. & Schlchtdl. 
Ervythrina Corallodendron L. ......... 
Eysenhardtia amorphoides H. B. K. ... 
Galactia tenuiflora Wight & Arn....... 
Gliricidia maculata H. B. K. ......... 
Goldmania constricta Micheli & Rose... 


» 


platycarpa Rose .......... 


indicofera AN I CE PEER 


» 


» 


costaricensis Benth. ....... 
excelsa Mart. & Gal. 


Page 
270 
260 
261 
253 
253 
253 
25% 
247 
247 
247 
247 
247 
247 
247 
273 
265 
268 
247 
248 
248 


(1) 


Inga xalapensis Benth. ............. 


» 


Leucæna canescens Benth ........... 


esculenta Benth. ..... 
ianceolata Ser. Watson .... 
SD cree Ce Re 


Lonchocarpus eriocarinalis Micheli .... 


eriophyllus Benth. ........ 
gualemalensis Benth....... 
violaceus H. B. K......... 


Lupinus elecans H°B: K. ....:...... 
Lysiloma acapulcensis Benth. ........ 


» 


» 


Machærium biovulatum Micheli 


microphylla Benth......... 
Schiedeana Benth. ........ 
tergemina Benth.......... 


Mimosa acantholoba Poir. ........... 


adenotricha Benth......... 
albida Humb. & Bonpl...... 
ASDÉCALA CEE Eee 
camporum Benth.......... 
distachya Cav. ........... 
dormiens Humb. & Bonpl... 
Herinequiana Micheli ...... 
Langlassei Micheli ........ 
1 OCDE EE re 
lignosa Micheli........... 
paucifoliolata Micheli ...... 
puberula Benth. .......... 
DUICAR ER ER Er 
schrankioides Benth. ...... 
sepiaria Benth. ........ st 
somnians Humb. & Bonpl... 


Mucunasurens DOSSER NE PEER ECE 
Neptunia plana Benth........... DES 
Nissolia fruticosa Jacq.. ............. 
Olneya Tesota Gray -...-........... 
Pachyrhizus angulatus Rich. ......... 


» 


palmatilobus Benth. &H00k. 


Parkinsonia aculeata L. ............. 


Phaseolus atropurpureus DC. 


» 


» 


brevicalyx Micheli......... 
Buseri Michele... - 
Janatus TE EE ei 
truxillensis H. B. K........ 


Piptadenia quadrifolia N. E. Brown ... 


10 
ea 
© 19 © 1 


OR CCR CCE 
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1Q RO © 19 © 19 
RTS RSR TU RT RTE ET RTS RTS 
O0 0 Q 1 © Où Où 


La 


SPÉCIERUM 


Piscidia Erythrina L. . Sesbania macrocarpa Mühl. ..... 
Pithecolobium acatlense Benth Stylosanthes humilis H. B. K. ... 

UC BEI ET re Swartzia grandiflora Willd 

filicifolium Benth. . Sweetia panamensis Benth 

ligustrinum Klotzsch Tamarindus indica L. seras 

tomentosum Micheli Tephrosia crassifolia Benth........... 

OA ; Langlassei Micheli ........ 

Pœppigia procera Presl. .. è major Micheli .... 
Poinciana pulcherrima L. ee nitens Benth...... 
Prosopis julifera DC. ..... 6 Ne tenella Gray ..... 

» limensis Benth. ........ Be (oxiCariANPerS Fee ce 
Pterocarpus aphyllus Micheli : VisnalUteAIGTAMER EE TETE CES 
Rhynchosia bicolor Micheli ; » IUte0[aNBPN IN AREEPEEEC EEE 

» caribæa DC. ... Zobniandiphyla Pers Pere rer EEE 
Schrankia distachya DC. 


| Micheli Legum.Langlas. 


BEI 


B.Herincq del &lith. 


BRONGNIARTIA BILABIATA.MICHELI. 


Imp.J.Minot . Paris. 


icheli Legum .Langlas. PI. 


 BHerincq del &lith. Imp.J.Minot. Paris 


BRONGNIARTIA BRACTEOLATA. micHELt: 


Michel Legum.Langlas. 


as 


BHerincq del.alith. 


TEPHROSIA LANGLASSEÏI MICHELI. 


Irap.J.Minot, Paris. 


F 


Micheli Legum Langlas 


Imp J.Minot Faris 


TEPHROSIA MAJOR mMIcHEL 


B Herincq del.&lith. 


| 


Micheli Legum.Langlas. 


Bherincq del slilh 


COURSETIA PLANIPETIOLATA MIcHEL. 


bop.J.Minot. Paris. 


# 


D... CP TO ee CU PP . 


P1.6 


Er Lequm Langlas 


Imp.J Minot.Paris 


BHerincq del.& lith 


COURSETIA MADRENSIS. MicxeLi: 


Micheli Legum. Langlas. PET 


BHerincq del Alith Imp.J-Minot Paris. 


| ÆSCHYNOMENE SIMULANS ROSE. 


Micheli Legum Langlas 


| 


D B Herincq del & tith 


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LAS CANXNOMENE MADRENSTIS Miche 


Hp J.Minot Paris 


Micheli Lequm Lancdlas. 


J 


BHerincq del.& lith. Inp.J Minot Paris. 


ÆSCHYNOMENE PAUCIFOLIOLATA MICHELI. 


Micheli Lequm Lanalas 


DESMODIUM MADRENSE MICHEL. 


Imp.J Minot.Paris. 


1 


Micheli Lequm. Langlas. 


BHerincq del &litn. Irop.J Minot, Paris. 


DESMODIUM PSEUDO-AMPLIFOLIUM MICHELI 


li Legum.langlas. PL.I£ 


BHerincq dela lith. Hxp.J Minot, Paris. 


PHASEOLUS BREVICALYX MICHELI. 


r 


ficheli Lequm.Langlas 


| 


Bherincq del khth. c Imp.J.Minot. Paris 


PHASEOLUSr BUSERT'MICHEEL 


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Micheli Legum. Langlas. 


k 


B.Herincq del.s lith. Imp.J .Minot, Paris. 


RHYNCHOSIA BICOLOR MIcHELI. 


Micheli Lequm.Langlas PL 15 


B.Herincq del. &lith. Imp.J.Minot.Paris. 


MACHÆRIUM BIOVULATUM MICHELI. 


)L.16 


Micheli Lequm Langlas 


Imp.J.Minot.Pans. 


BHerineq del.s lith. 


PTEROCARPUS APHYLLUS MICHELI 


Micheli Lequm.Langlas. PL 17 


B.Herincq déls at Emp.J Minot, Paris. 


LONCHOCARPUS ERIOCARINALIS MICHELt. 


Micheli Lequm Langlas. 
« 


4 
| 


B Herincq del.&hth. 


CERCIDIUM PLURIFOLIOLATUM micHELi. 


Imp J Minot. Paris 


res 
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> Micheli Lequm. Langlas 


silibas 


Imp.J.Minot. Paris. 


BHerincq dela lith. 


CASSIA QUIEDONDILLA micHeui. 


Micheli Leqgum.Langlas. 


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BHerincq del.&lith. 


GOLDMANIA CONSTRICTA MICHELI ET ROSE 


ImpJ. Minot.Paris 


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MIMOSA HERINCQUIANA MICHELI. 


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Micheli Legum Langlas 


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Imp.J.Minot, Paris. 


BHerincq del.£ lith. 


MIMOSA LANGLASSEI MICHELI. 


Micheli Lequm.Langlas. PLS 


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B.Herincq del.& lith. Imp.J Minot Paris. 


MIMOSA LIGNOSA MICHELI 


Micheli Lequm Langlas . 


Rap.J Minot, Paris 


B.Herincq del.& lith.. 


MIMOSA PAUCIFOLIOLATA MICHELI. 


Micheli Lequm.Langlas 


| \ Ye F4 ts 
ECTS QU W L LR RE 


LLPPLLL LR? 


B.Herincq del & lith. 


Fmp.J Minot, Paris. 


ACACIA IGUAN2A MICHEL. 


Micheli Lequm Langlas. PL.26 


B Herincq del & lith. Imp. J.Minot Paris 


A CALLIANDRA BUUGA Rose. 


- Michel: Lequm Langlas. 
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PITHECOLOBIUM ACATLENSE BENTEHAM. 


Imp J.Minot, Paris, 


ficheli Légum. Langlas. PL 28 


B.Herincq del. lith. Irnp.J.Mimot, Paris . 


PITHECOLOBIUM TOMENTOSUM micHEeLi. 


10 
‘2 


the, 
1 


PUBLICATIONS 


DE LA 


SOCIËTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE 


DE GENÈVE 


La Société peut disposer d’une collection complète de ses Mémoires. (Tomes I-XXXIII et vo- 
lume du centenaire.) Pour traiter, s'adresser au secrétaire des publications. (Adresse 
de la Société : au Musée d’hist. naturelle, Genève, Suisse.) | 


Comptes rendus des séances de la Société (in-8°). Tomes I-XIX (1884-1902). Prix Fr. 20 


Liste des publications des membres de la Société (1883) in-8° avec supplément (1896). 
PR es PL Re CS ON lee dt ÉTAT EE ER TITRES 


Imprimerie W, Kündig & Fils, Genève. 


4 MÉMOIRES 


DE LA 


| ET 

É. D'HISTOIRE NATURELLE 
| 

| DE GENÈVE 


FASCICULE Æ — (Mars 1904) 


bé 2 ss RS 


| NOTE SUR UNE OPÉRATION ANALYTIQUE 


ET SON APPLICATION AUX FONCTIONS DE BESSEL 
par C. CAILLER 


| RaAPPORT DU PRÉSIDENT POUR L'ANNÉE 1903 


Volume 34 


GENÈVE | PARIS 
GEORG & Cie | G. FISCHBACHER 
BALE et LYON même maison. | TN dde, 


| SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE 


| 


PRIX : FR. 10 


TABLE DES MATIÈRES 


FASCICULE 4, VOLUME 34 SE 


C. Cancer. Note sur une opération analytique et son application aux fonction de 
RS RME 


Bessel. . . D NN A ET EE NT ES ARE 
e et d'histoire naturelle de Genève 


Rapport du Président de la Société de physiqu 
pour l’année 1903 par M. Pau van BERCHEM . 


MÉMOIRES 


DE LA 
SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE 


VOLUME 34. FASCICULE 4. 


SON APPLICATION AUX FONCTIONS DE BESSEL 


C. CAILLER 


La théorie des fonctions de Bessel présente un grand nombre de formules 
obtenues le plus souvent par des moyens variés sans rapport bien étroit les uns 
avec les autres. C’est ainsi que suivant les circonstances on s'appuie tantôt sur les 
développements en série, tantot sur l'une des nombreuses représentations en inté- 
grales définies, sans que la parenté très réelle entre ces divers procédés ait été 
mise suffisamment en lumière. Frappé de ce manque d'unité qui doit, me semble- 
t-il, disparaitre de l'exposé d'une théorie dès longtemps classique, j'ai cherché 
à coordonner d'une maniere aussi naturelle que possible les principales propriétés 
formelles de ces fonctions en les faisant toutes découler d'un seul principe général. 
De là cette Note écrite depuis longtemps et dont j'ai déjà donné un court extrait 
dans le Bulletin de Darboux (1899, p. 26-48), mais que diverses circonstances 
m'ont empêché de publier plus tôt. 

J'ai cru trouver le principe dont javais besoin dans une opération 
analytique fréquemment rencontrée par les géomètres ces dernières années et à 
laquelle je propose de donner le nom, employé précédemment par M. Schlesinger, 
de transformation ou réduction de Laplace : juste hommage rendu à lillustre 
auteur qui à le premier utilisé cette opération, d’une manière implicite il est vrai, 
dans sa méthode d'intégration de certaines équations différentielles par des 
intégrales définies. 

(1) 


MÉM. SOC, PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 34 (1903). 


I 


296 C. CAILLER 


On ne trouvera dans cette espèce de petit traité des fonctions besséliennes 
de première espèce que les propriétés les plus caractéristiques de ces fonctions ; 
je me suis efforcé de les grouper dans un espace aussi restreint que possible et 
J'ai naturellement écarté tout ce qui était ou trop facile où sans rapport avec le 
but précis que J'avais en vue. Bien qu'entrepris dans un but d'enseignement, 
Jose espérer que cet essai renferme assez de choses nouvelles pour ne pas présenter 
un intérêt exclusivement didactique. J°y joins, pour montrer l'efficacité de la 
méthode, une courte digression sur des transcendantes analogues aux besséliennes, 


mais d'ordre plus élevé, auxquelles je donne le nom de fonctions hyperbesséliennes. 


S 1. Généralités sur les Réduites de Laplace. 


Soit o(x) — Ya,x"une série ordonnée suivant les puissances entières ou 
fractionnaires, où même imaginaires, d’une variable æ. Nous nommerons {rans- 
formée où réduite de Laplace la fonction définie par la nouvelle série, supposée 


convergente comme la précédente 
nl ar, 


et nous dirons aussi que (x) est la primitive de or(t). 
Le cas ie plus intéressant et le seul, à une exception près, auquel nous 
aurons affaire dans cette Note est celui où la fonction (x) affecte la forme 


o(x) = æ#G(x), 


» désignant un nombre quelconque et G(x) une transcendante entière 


G(x) = 40 + ar + au? +. 


, EE ie 
telle que le module du coefficient &, soit égal ou inférieur à la quantité 


nu» 9 


M et > sont deux paramètres fixes indépendants de ». Dans ces conditions, la réduite 
de Laplace existe et se trouve définie, comme on voit de suite, dans un cercle de 
rayon 7; la continuation analytique servira ensuite à étendre autant que possible 
le domaine d'existence de cette réduite. Réciproquement, étant donnée une série 


PL) = TE b, + bic + bon +...) 
convergente dans un cercle de rayon 7, elle admet pour primitive la fonction 


n = b, 


Gr) = RSR ER 
RE 2 ne 


(2) 


al 


sd eh im 


RTL 


À PTT CPR RE PT TR TT, pe AN pe PE 


NOTE SUR UNE OPÉRATION ANALYTIQUE 297 


série qui converge dans tout le plan de la variable complexe x et rentre dans 
le type indiqué ci-dessus. 

Les définitions précédentes supposent que les fonctions (x) et (7) sont, 
à un facteur près r#, développées en séries de puissances et ont l'inconvénient 
d'être plus restrictives qu'il n'est nécessaire. Bien que les séries doivent jouer 
le rôle prépondérant dans la suite, il est cependant indispensable d'établir d'une 
manière un peu plus générale les relations entre la fonction réduite et sa 
primitive. 

A cet effet, remarquons que, 4) ayant toujours la forme indiquée plus haut, 
on à l'égalité 


0 


qui devient évidente lorsqu'on remplace (2) par son développement puis qu'on 
intègre terme par terme: pour la convergence de l'intégrale il faut toutefois 
supposer que la partie réelle de 4 est plus grande que — 1. On pourrait éviter 
cette restriction en remplaçant le contour rectiligne d'intégration par un lacet 
simple entourant les points 0 et &, mais nous ne ferons pas ici cette complication. 

Pour démontrer d'une manière entièrement rigoureuse la formule précédente, 
nous devons faire voir que le reste 


32 


[l e (act La sigttiantl L., jæezkde (2) 


e 


L 


tend vers zéro, quel que soit x, à mesure que » augmente, Or, si l'on désigne 
par ? le module de x, l'expression précédente admet comme majorante l'intégrale 


id et / 2" are gn+i ; N 
M | (a ETES (n ee 1)! 7 n + 1 + . Et24 de, (3) 


laquelle représente le reste du développement suivant les puissances de £ de cette 
autre intégrale 


> 


; CEE, 
0 F 


Si l’on développe le premier membre de la dernière formule suivant les puissances 
de £ et qu'on intègre terme par terme, on obtient précisément le développement 


du second, lequel n’est valable que pour £ 7. L'intégrale (3) tend donc vers zéro 


(3) 


Mie ER nr EM ER pl 


298 C. CAILLER 


à mesure que » augmente toutes les fois que £ 7 et il en est de même à fortiori 
pour l'intégrale (2) dès que | x | 7. 

On peut maintenant généraliser facilement la notion de fonction réduite. 
Si o(x) représente une fonction quelconque et que l'intégrale (1) ait un sens 
quand x se déplace à l'intérieur d'un certain domaine, cette intégrale se nommer 
la réduite de 4(x). Ainsi qu'on Pa vu plus haut, il y a quelquefois avantage à 
désigner sous ce terme la même intégrale évaluée suivant un contour quelconque ; 
mais la réduite ainsi définie n’a plus, en général, les propriétés simples que nous 
allons lui reconnaitre et nous n'utiliserons désormais ce mot que dans le sens 
restreint indiqué tout d’abord. 

Considérons maintenant le cas particulier où la fonction £(x) est holomorphe, 
autrement dit  — 0. Dans ce cas, la formule (1) peut être résolue par rapport 
à © et l’on a, +, représentant maintenant une fonction quelconque régulière 


à l’origine, 
zx 
1 ST dv 
Mi Re D TEE (4) 


l'intégrale étant prise dans le sens direct sur un contour très petit entourant une 
seule fois l’origine. Ce résultat se démontre de suite en remplaçant 4,(+) par son 
développement 4, + be + be? +. et intégrant chaque terme, L'intégrale (x) 
est visiblement holomorphe dans tout le plan et présente le type particulier 
indiqué plus haut. De l'égalité (4), on conclut inversement la relation (1) pour 
iæ | 7. Mais nous allons voir que cette relation à lieu en général dans un 
domaine plus étendu que le cercle du rayon 7. 

En effet, soit S l'aire dans laquelle 2,(r) reste holomorphe: délimitons une 
surface Si, intérieure à S, telle que les cercles ayant pour diamètres les droites 
joignant l’origine à un point quelconque de S, ne coupent pas le contour simple 
enveloppant S. Il est clair que l'aire S, déborde en général sur le cercle de 
convergence de la série 2,(v); d'autre part, quels que soient x pris dans l'aire $, 


QE. 


x 
a Sa 


et ” sur son contour, l'angle Owx est aigu, autrement dit la quantité 


partie réelle positive. Ainsi en prenant l'intégrale (4) suivant le contour C de 
l'aire S, nous avons 


Le 
ms 
v 
LA 


LAN 


NOTE SUR UNE OPÉRATION ANALYTIQUE 299 


Mais en intervertissant l’ordre des intégrations dans le second membre, il devient 


[ TES [ RARE 


C 0 
puis, en vertu de l’observation précédente, 


* 2 (v)de 


= ou enfin  2ris(x) 


( 


On voit done que l'égalité (1) aura lieu dans l'aire S, tout entière; de la sorte 
cette intégrale (1) constitue un prolongement analytique de la série 2,(r) dans 
l'aire S.. 

Pour mettre la démonstration précédente à labri de toute critique, il nous 
faut, il est vrai, établir la légitimité de l'inversion dans l’ordre des intégrations. 
Mais celle-ci résulte du fait que l'intégrale 


L 4 
& de @ — I [as 
a) | € Che 
€ \ 
tend vers zéro à mesure que N augmente. En effet, en désignant par « le 
ae à a : A UT, c 6 
minimum positif de la partie réelle de T7 On trouve de suite comme limite 


supérieure du module de l'intégrale considérée cette autre 


(or lee) 62 de 
a À E0) a ? 

C 
laquelle tend vers zéro quand N augmente à l'infini. 

Nous passons maintenant à l'examen de quelques propriétés élémentaires des 
fonctions réduites, auxquelles nous aurons fréquemment recours dans la suite, 

1° Si U(x) et V(x) sont deux fonctions admettant chacune une réduite de 
Laplace, la somme de ces fonctions et leur produit admettent tous deux une 
réduite de Laplace. 


Le théorème relatif au produit étant seul à justifier, soient 
U(x) = ze (u, + u,x + us +. ) , 
Nr) = 2 (0, + ox + mt HE. ) , 
() 


300 C. CAILLER 


les fonctions, > le rayon de convergence commun à leurs réduites, M et N deux 


nombres fixes; nous avons les inégalités 


M lee EPEIN 
| Un 1e 1 om ? Un < NM 
m! 3 ml? 
Le produit vaut 
W(x) = U(x)V(x) = 28 + (000 + 0,2 + wa +. ) 


Or 
Un — Umnto + Un — 10; +... —— ol m 


et remplaçant les # et # par leur module maximum nous obtenons 


SIND _ "MN 


| Um | = 


nn) re re 


La réduite du produit existe donc dans un cercle de rayon au moins égal à 


; - De cette propriété résulte évidemment que si f(U,V,W....) est un polynôme 


en U,V.W... et que chacune de ces fonctions U,V,W... admette une réduite de 
Laplace, il en sera de même pour /(U,V,W,...). 

20 Ki la série U — U,(x) + U,(x) + U.(x) + … est telle que chacun de 
ses termes admette une réduite et que la série de ces réduites U,/(x) + U,'(x) +... 
forme un tableau à double entrée absolument convergent dans un cercle de 
rayon 7, cette série sera la réduite de la fonction U(x). 

Ce théorème est évident. 


6 : à À Il ba 
3° La réduite du produit e%}(bx) est égale à —— = ( === Je On 
é È 1— ax "\1 — ax 


= / bx \ à br 
désigne par ?, <= 7 =) le résultat de la substitution de la quantité LE 
—ug == 
à la place de la variable # dans la réduite de la fonction 2. 
En effet, en supposant que cette dernière réduite existe, il en est de même 
de celle du produit. Celle-là est donnée par la formule (1) et se trouve égale à 


12 22 


[ ete) (bre)de ou | er = #)\Drz)de, 


Al 0 


(6) 


ho 20 à AS 


NOTE SUR UNE OPÉRATION ANALYTIQUE 301 


y : 
ou encore, en changeant z en Tr , à 


Il re EU 
1 EE re ar° je à 


û 


ce qu'il fallait démontrer. 
RUCE : TH 
Par exemple, la réduite de x étant “re, celle de re sera ul ——— 
' ar) 
résultat facile à controler et d'où l'on peut conclure à nouveau la propriété géné- 
rale elle-même. 
4 La réduite de l'intégrale 
L1 
f AR G@— 42 (5) 


e 
0 


_est égale au produit },'(r),"(). 


En eftet, cette règle ayant un caractère bilinéaire par rapport aux fonc- 
tions ?, et 2,, ü sufht de la vérifier dans la Supposition ?, — x# et}, — 2° pour 
qu'elle ait généralement lieu. L'intégrale vaut alors 

se ul y 
J 28(r == z)'dz UN @+v ED) 

et sa réduite est égale à u!y!lr# +7+1 ou conforme à la règle qui se trouve ainsi 
démontrée. Toutefois, pour que la démonstration précédente soit valable, il faut 
évidemment supposer finie l'intégrale (5): autrement dit en posant 2,(x) — 2*1G,(x) 
et 2,(æ) — ax%°G,(x) les exposants », et », doivent être tous deux supérieurs 
à — 1. En outre, il faut remarquer que les fonctions entières G,(2) et G,(x — 2) 
ont un produit uniformément convergent qu'on peut, comme le suppose notre 
démonstration, intégrer terme par terme. 

A cause de la grande importance de cette propriété, nous en donnerons une 
nouvelle démonstration basée sur l'emploi de la formule (1). La réduite de 
l'intégrale 

x 21 
H A(e)(r — 2)dz OUT [ 2 (co )(æ( — v'))de' 


e e 
û 0 


(7) 


302 C. CAILLER 


peut s’écrire 
30 | 
x | e“u'du |  (au'v'}(au! (1 — v'))do! 


Le 
0 0 


Or, si dans cette intégrale double, nous faisons le changement de variables 
u 


mer 


le jacobien de la transformation est égal à ni et l'intégrale elle-même devient 
Fri 


1 


U—=UT D RA(U — ;)") u'—=u + ()) 


x | 6e". (au)du | ent (avt — nc)" (x) 


e 
0 (l 


ce qu'il fallait démontrer. 


“ 


S 2. Digression sur l'équation de Levi-Cività. 


M. Levi-Civita ! a résolu d’une manière générale le problème d’inversion de 
l'intégrale 


| DONC — z)dz = (x), (6) 


Le 


0 


par rapport à la fonction inconnue ?, (les deux autres , et 2, étant regardées 
comme connués), en ramenant ce problème à linversion de certaines intégrales 
de Fourier, Il est aisé de simplifier la solution donnée par cet auteur au point de 
la rendre élémentaire, en la rattachant aux résultats précédents. Remarquons, en 
effet, que si l’on change pour un instant le sens du mot réduite en définissant 
2,/(æ) et 2,'(x) par les équations 


| eA(ge)le — XL)", 
‘0 

| eAs(e)de = Ar)", 
Û 


un calcul de tout point semblable à celui qu'on vient de lire nous donnera 


AA 


(HE) — [l eau ul = 28 (0): (7) 


0 
‘Actes de l'Académie de Turin. Nov. 1895. 


(8) 


ne A ns 3 5 à D 


NOTE SUR UNE OPÉRATION ANALYTIQUE 303 


Ainsi le théorème relatif à la réduite de l'intégrale (6) subsiste pour le 
nouveau sens du mot réduite. On en déduit aisément 7, lorsque 7, et 7, sont 
supposés donnés : en effet, 2,", 2,7, 2.", ont les formes suivantes 


AD (CS Eur, () 
Xe! (4) = u(T) —— (x) ; 
23) = pr) + (2) , 


et l'identité (7) montre que les fonctions réelles ,(x) et »,(x) seront déterminées 
par une simple division algébrique lorsque 7, et 7, autrement dit 2,, »3. 3, 7, Sont 
donnés. Comme, d'autre part, il résulte de la définition que 
% 
[l cos (x2)de = p,(x),, 
0 


[l sin, (te)dz — y,(x) . 


0 


il est clair que le problème S'achève par l'inversion de l’une où l'autre de ces 
intégrales de Fourier. Le calcul, que nous laisserons au lecteur le soin d'achever, 
met en évidence l'identité des deux résultats ainsi obtenus. Cette condition était 
nécessaire pour que l'équation (6) admit une solution: elle suffit d’ailleurs, sous 
réserve de certaines restrictions relatives à l'intégrabilité des fonctions 7,, 7,. 2, et 
à l'existence des intégrales de Fourier 2,/(r) et (x) dont la première ne doit 
s’annuler pour aucune valeur positive de 7. 

Laissant de côté la discussion de ces divers points suffisamment élucidés par 
M. Levi-Cività, je remarque que la solution précédente, Œ'un haut degré de 
généralité, peut être simplifiée notablement dans un cas très étendu. Restituons au 
mot réduite son sens primitif et supposons que la fonction connue 7, ait la 
forme x—4(G,(x), + étant un exposant compris entre 0 et 1, et G,(x) une 
transcendante entière de la forme indiquée à la page 296 : la réduite de }, existe 
dans ces conditions. Nommons A la fonction primitive du quotient te , fonction 
dont la forme est À —x#-1(r(x). La fonction A se trouve par simple division 
algébrique et comme l’exposant 1 — Z est positif et plus petit que l'unité 
il s’ensuit que l'intégrale 


[ AG r — 2)dz 
Ù 
(9) 


MÉM. SOC. PHYS. ET HISP. NAT. DE GENÈVE, VOL. 34 (1905). 38 


304 C. CAILLER 


existe : le théorème (3) nous apprend d'ailleurs qu'elle est égale à l'unité puisque 
telle est la valeur du produit rA°2,". 
Voici maintenant comment on peut pratiquer linversion de l'intégrale (6). 
De l'équation 
a 
| AE De 0 


Ô 
on tire en multipliant par A(æ — tjdt et intégrant de 0 à 


LP af ax 


JA (x — D8t | (eat = 242 = | 2,64 = dt, 


« Le 


0 0 0 


mais, en intervertissant les intégrations, le premier membre s'écrit 


Æ 
| 2,(2)dz | A(X — tt z)dt 
0 L 

Or l'intégrale intérieure vaut encore | Ar — 2 — u)},(u)du, où l'unité, 


t 
(Ù 


en vertu de la propriété obtenue plus haut pour A. Ainsi donc 


1x LA 


lat) = | AG — dt, 
0 (0 
où enfin 
g NY EE 
At) — ) 2,()A (x — t)dt 
0 
Abel! à déja indiqué cette solution dans le cas simple 7, — x #, À étant 


au 1 
Eee?) 
Remarquons en terminant que l'équation de Levi-Cività n'est que le cas le 
plus simple d'une série d'équations fonctionnelles qui peuvent être résolues par un 


alors égal à 


procédé tout semblable. 
Considérons, par exemple, l'intégrale multiple 


1(x) — [ fr fee). nte)dedes. de, 1. 


Œuvres d'Abel, LT, p. 41-18 et 97-101. 
(10) 


SORT PCT 
> 


NOTE SUR UNE OPÉRATION ANALYTIQUE 30) 


où les variables sont liées par l'équation 2, + 2, + 2, — r et le champ d'inté- 
gration défini par les inégalités z, >>0 z, =>0.. 2, => 0: on suppose x lui-même 
positif. La réduite, aux deux sens du mot, de la fonction L est égale à la quantité 
2)" (0). (0) ; Si donc Test donné ainsi que tous les 7, sauf lun d'entre eux, 
on trouvera ce dernier par simple division. 

Soit encore à résoudre le système 


LU 


| [aa (x — 2) + o(e)b,(x — 2)] de — A,(x) , 
‘à 
| | (ax — 2) + o(2)b;(x — 2)] dz — A, 


par rapport aux fonctions inconnues f et z, toutes les autres &4,, b,, «,, b,, A, A, 
étant données. En prenant les réduites des deux membres dans chaque équation, 
nous ramènerons le problème à la résolution d'un système de deux équations à 
deux inconnues du premier degré. 

Les problèmes précédents sont du premier degré, autrement dit ont le carac- 
tere linéaire par rapport aux inconnues. Rien n'empéche d'appliquer la même 
marche à des problèmes dun degré quelconque. C’est ainsi que l'équation du 


second degré 


2x 
| X(2). (x — 2)dz — f(x) 
0 
re et VAE 
evient pal réduction 27, (tr) — (x) où, (5) — \ 
3 x 


Remarquons enfin que la notion de fonction réduite s'étend d'elle-même aux 
fonctions de plusieurs variables, la réduite de la série double Ya, ,r"y", par 
exemple, étant Emlrla, ,r"y". Cela posé, on démontre de suite la proposition 
suivante. 

La réduite, par rapport aux deux variables #, y de l'intégrale double 

2x ?y 
| | A u)(r — 2, y — ujdedu, (S) 
ù 0 
est égale à la quantité y," (x.y). (x.y). Lorsque l'intégrale et une des fonctions 
seront connues, on pourra trouver l’autre par une division algébrique suivie du 
retour à la fonction primitive. 
(11) 


306 C. CAILLER 


S 3. Relations différentielles. 


Nous avons vu que la réduite de Ja fonction e“(br) est égale à la quantité 


] . (LD TR 
lt Gi _ a) 


Différentions cette relation » fois par rapport à «& et x fois par rapport à b, 
puis faisons & — 0 eth — 1; nous obtenons pour réduite de la fonction de 
a" + mn) (x), la quantité 


ct rl ba 
; SES 2,00 M ] 
EE) en À — 4x 


après les calculs il faut remplacer & par 0 et b par 1. On voit que la réduite de 


'altifs s exprime en fonction de 7, et de ses dérivées jusqu'à la (2 + n)'°e, 
HA 
E l t jar > et à A transf 1h 
DATreMAGAN ES al y Et —— par y“? = , On transiorhe 1 EXPI'ESSION 
À PES l — «x PAZ APT CT , RES 
A d m dl \n 
précédente successivement en æ" Ÿ" rx) (ee) (ty), puis, 7 étant — 1, en 
{/ S'icé 
/ d n ] 74 3 d \" _ : PAL + n \ re 
A GUE A A ne | “a, (&), enfin en 3" ®" Tr En x", (x). Telle est la 
n 
forme définitive pour la réduite de l'expression a" T? 7 (x). 


La forme de ce résultat suggère l’extension suivante, exacte à une exception 
près: la réduite de l'expression a"}0(x), m et n étant deux entiers positifs, est 
5 > f] Lee 
égale à à dr (a PE 


Il suffit de démontrer cette proposition pour ? — 2#. Mais dans ce cas on à 


au(x) — os — 1)...(u. =" —- Lx mL LL 
et 


Etc) 1] NU + on)! LULU IL) EAI — n + ljxrtte, 


(12) 


NOTE SUR UNE OPÉRATION ANALYTIQUE 307 
D'ailleurs 
TE CL EP EE 
et par suite 
d" . a 
2 dr" (me) = ul (arr in) (Em RL ER NE EE 


La règle est prouvée, car dans les deux expressions le coefticient de x" "+ 


(u + m—n)! 


Aie Toutefois cette transformation sup- 


se trouve égal à la quantité 2! 
pose le nombre » non entier: dans le cas contraire il ne saurait être négatif, 
> étant alors infini; S'il est plus grand que » la règle demeure vraie et l'exception 
se manifeste seulement lorsque est Fun des nombres 0, 1... (# — 1). Le premier 
coefficient numérique est alors toujours nul, le second ne le sera que si 4 est égal ou 
supérieur à » — m1: en résumé, il ÿ a exception pour » positif et mférieur à (2 —n). 
Si donc > affecte la forme r#G(x), » étant fractionnaire, la règle précédente s'ap- 
plique sans modification: au contraire si 2 est holomorphe et égal au dévelop- 


pement 
2 = Go + ar + Qu +. ax +... pP=n—Mm 
il faut écrire 
cl 
nm (n) En Am Lo — n f° < l'—.1 { 
RTE: en Ro Ge. Qt he (9) 


De la règle précédente il résulte que si la fonction z vérifie une équation 
différentielle de la forme 


d"} dd" — 1; 


nn net M A ed (10) 


dans laquelle les P et H représentent des polynômes en +, la fonction 7, satisfait à 
son tour une équation différentielle de forme semblable 


de CET À 


Qt Miam e D n ET (11) 


téciproquement lorsque cette dernière équation admet une intégrale conver- 
gente autour de l'origine et pour laquelle ce point n'est pas critique transcendant, 
la précédente (10) admet une solution qui est la primitive de cette intégrale. 

Quant à la relation existant entre ces équations différentielles (10) et (11), 
elle donne lieu aux observations suivantes. 


(15) 


308 C. CAILLER 


Si p est le degré maximum des polynomes P, l'ordre de l'équation (11), ou », 
sera égal à p. Supposons qu'il n'existe qu'un seul polynôme du degré maximum, 


soit P, — ar? +... ce polynôme: on a alors, comme on voit aisément, » — p et 
Qo = (EU "TE cette forme monôme montrant que l'équation (11) ne possède 


au plus qu'un seul point critique à distance finie, savoir l'origine. Si, au contraire, 
il y à plusieurs polynomes tels que P,,P4,Px... du même degré maximum », Q 


présente une forme polynôme 


() 


do = (dpt? in + k + Ge pt? mn + k + Gr pa?" — iù + k" +...) À 


indiquant la présence d'autres points singuliers que # — 0, à savoir les racines du 
polynôme Qo = 0. 

En second lieu remarquons que si lon multiplie tous les termes de l'équation 
différentielle primitive par un facteur polynôme, ce changement fournira une autre 
équation réduite, d'ordre plus élevé, admettant d’ailleurs toutes les solutions de (11). 
Enfin, le choix même de la solution > peut influer sur le terme K lorsque cette 
solution est holomorphe et qu'il faut appliquer la formule exceptionnelle (9). En 
particulier K peut être différent de zéro, H étant égal à zéro. Nous pouvons éviter 
ces diverses complications en multipliant l'équation (10) par une puissance de x 
telle que, pour aucun terme, l'exposant de la variable ne soit inférieur à l’indice de 
la dérivée correspondante, ce qui permet d'appliquer sans exception le théorème 
sénéral. 

Il importe d'entrer dans quelques détails de calcul touchant le passage de 
l'équation primitive à la réduite et réciproquement : nous supposerons désormais 
H — 0, et par suite, si l’on à préparé l'équation primitive comme il vient d'étre 

, d ; Le 
dit, K — 0. Désignons par # le symbole opératoire x à identiquement, ainsi 
qu'il est aisé de voir, 

hi 


mn LL 
” dx" 


u = dr — 1)(5 — 2)... (5 — m ++ lhu, 


l'ordre des facteurs symboliques du second membre étant indifférent, Un terme 
quelconque de lPéquation primitive présentant la forme 4" +#"(x) il Jui corres- 
pondra, dans l'équation réduite, le terme 


de — 1). (5 — mm — n + 1)(2"),); (12) 


cela résulte de la règle énoncée au début de ce paragraphe. 
Réciproquement, s'il s'agit de passer de léquation réduite à la primitive 


(14) 


NOTE SUR UNE OPÉRATION ANALYTIQUE 309 


correspondante, nous l'écrirons sous une forme telle que son premier membre ne 


contienne que des termes semblables à (12), ce qui est toujours possible, En effet, 


(2 


: se Ur 
nommons poids dun terme tel que ?? Er le nombre p — g: tout terme de 
‘AT 
. a . LI LEP 1 4 , 
poids / peut S'écrire 1 + ju > Qu encore æw(5 — 1)...(5 — 4 + 1}, où enfin 

HE 


(es — 1) (5 — 1 1)... (5 — 7 — 4 + 1) (x5,). Ainsi en ordonnant l'équation donnée 


suivant des termes de poids 0, 1, 2... elle s'écrira toujours sous la forme 
dos) + di(s)(rr) + V(r5)(x°2r) es 0 Un (S)L"X,) — 0; 


les 4 étant des polynômes, On peut même supposer, moyennant une multiplication 
préalable, qu'un terme quelconque d'ordre X, L(r5) par exemple contient en facteur 
le produit r5(r — 1)... (5 — X + 1), et qu'ainsi quel que soit X 


Us) = ds — 1). (5 — À + l'or). 
Enfin, développons sw) de la manière suivante 


auf) = do + af — À) + a,(5 k) (rs — k — 1) 


Lars — k)(r5 ki 1) (es — k — 9) +... ; 


il est clair qu'après cette préparation tous les termes de la réduite sont de Ia 
forme (12) indiquée plus haut et qu'on peut écrire immédiatement l'équation pri- 
mitive correspondante. Quant à l'ordre de cette dernière il est égal au degré 
maximum des polynôomes 5. 

Exemple. Cherchons à déterminer l'équation différentielle, d'ordre minimum 


que satisfait une fonction admettant comme réduite l'expression 2e —*#, q étant 


: en nn 
quelconque et p un nombre rationnel et positif, p — 
1 


Posons pour abréger 
d=I+p , qe GA NT ET AR QE 7 
les g étant ainsi en progression arithmétique de raison p et soit encore 
fr == mens 
On à identiquement 


(s — qjfy = — pfy 
(15) 


310 C. CAILLER 
et par conséquent en répétant la même opération » fois 
Bac Md)-C- TRE Come 
ou encore 
( E 4) (di EE q').. (5 Fr q" — Das — (— DENT 1 
Pour passer à la primitive, multiplions les deux nombres par le facteur 


555 — 1)... (5 — m — 1): nous trouvons alors pour correspondant du second 
membre le terme (— p}'x"f. Quant au premier membre, si l'on pose 


(5 — g)(5 — q')... (6 — q" 1) = Ao + A, (5 — 1m) + A, (5 — 1m) (5 — m—1) +... 
+ A,(5 —m)(5 — m l).(5—m—n+<l) , (15) 


il est clair que sa primitive sera 
A nl m + a + ni) + A : it" +u— nf (LL +n—1) +. + Aot"ft") 
et l’on aura pour l'équation primitive cherchée 


Aa" ft + n) _ 7. VE nai - DE +n—1) +... . Agf\" — (— p)'f : 


La détermination de ces constantes A n'offre aucune difhculté, En effet, de la 
condition (13) posée plus haut on tire identiquement 


(5 + om — q)(s + m— q').(s + om — qg" 1) = Ai + A,5 + Asw(s — 1) 
+ Ames — 1)(5 — 2) +... 


d'où lon conclut en remplaçant par 2m) l'expression 


(nm — q}(m — q'). (m— qg"—!) 
cette valeur de A, 


À; — SR TU LS 


étant entendu que les différences successives sont obtenues en substituant à #» 
d'abord # + 1, puis » + 2, et ainsi de suite. 

Ainsi, lorsque p est entier, on a n = 1, "M — p, Ao = p — q, À, — 1 et par 
— XP 


conséquent la fonction dont la réduite est a7e 
de Laplace 


vérifie l'équation différentielle 
Dr RD EM (14) 
Si l’on faisait dans cette équation p — 


Il , : ë PE 
5. on obtiendrait une équation diffé- 


(16) 


NOTE SUR UNE OPÉRATION ANALYTIQUE 311 


rentielle à indices fractionnaires ; aussi vaut-il mieux appliquer la méthode générale 
pour trouver l'équation primitive appartenant à la fonction te — "+. On a icim—1, 


1 à 
n—2,p—;, et pour la détermination des coefficients, le tableau 
Le 
m g AS = ÀA*o 
2 
1 (— 1) (4! —1) 3—(q+ 4!) 
2 (g— 2) (g° —2) 5 —(g9 +4) 
3 (g — 3) (g' — 3) 
qui donne 
; 5 : 1 
Bo A (4 0) Cr) A —(g—1)(4—;) 


et pour l'équation cherchée 


agi D ay F ] 4 
af" — (9 — af" + Q— Da — PT =;f. 


Telle est ici la forme explicite de l'équation de Laplace à indices fraction- 
naires (14) à laquelle s'appliquerait dans tous ses traits essentiels la méthode 
d'intégration de Laplace. C’est le cas le plus simple d'une classe étendue d’équa- 
tions différentielles pour lesquelles la même méthode est valable. 

Remarquons en terminant que la fonction qui nous a servi d'exemple n'a point 
la forme x# G(x), sa réduite 2%e' = étant ordonnée suivant les puissances de V/x% 
et non de x: il est à peine nécessaire d'observer qu'il n'y a là aucun inconvénient 
pratique, la difculté pouvant d'ailleurs être tournée en considérant les fonctions 
qui ont pour réduites a%(e*# Æ ex) ou ter — e—*7+), Ces fonctions sont 
évidemment du type normal et vérifient l'équation différentielle obtenue plus haut. 


$ 4 Les fonctions de Bessel et leurs réduites. 


Nous allons appliquer les notions qui précèdent aux fonctions de Bessel de 
première espèce: on nomme ainsi les transcendantes 

x 4 

2 


(a) 


Da 5 OUPS) 
Ja (a) — 2"n! [1 RPC URI EST F 2! (n + 1)(n + 2) ël 


où » représente un nombre, généralement entier et positif dans les applications, 


(17) 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE. VOL. 34 (1903). 39 


312 C. CAILLER 


mais qui dans la théorie peut être pris fractionnaire où même imaginaire; 
cependant nous admettrons fréquemment que sa partie réelle est supérieure 
à — 1, le lecteur devant facilement discerner les formules où cette distinction est 
nécessaire. Des formules de récurrence connues, que nous établirons à nouveau 
plus loin, permettent d’ailleurs de ramener à ce cas tous les autres. Les transcen- 
dantes de Bessel J,(x) se présentent comme une généralisation des fonctions cireu- 


l 1 
laires; en effet, on trouve pour x» — set — — ; les relations 
ARORPE VE 
TN) \ / — SINT J, (x) — V "COST: 
2 CET U 1 7 / rx 


La série J,(x) s'offre pour satisfaire l’équation différentielle 


y, 1d4y 


dx° 4h dx 


+A—Ty=0 , (16) 


l'autre solution, généralement distincte, est visiblement y — J _, (x). I résulte de 
la théorie des équations différentielles linéaires que ces solutions ne forment pas 
un système fondamental lorsque le nombre # est entier; l'équation précédente 
admet alors une solution avec un point logarithmique à l’origine, mais nous n’aurons 
pas à nous occuper de cette intégrale dans la suite. 

La forme du développement J,(x) fait voir que la fonction J,(x) peut, moyen- 
nant un changement de variable convenable, se ramener à la suivante 


41 att! at +? 


OUR ANTENNES (17) 


qu'on pourrait nommer fonction de Legendre du nom de l’auteur qui l’a étudiée en 
premier lieu !: il est toutefois préférable de lui conserver le nom de fonction de 
Bessel en la regardant comme une simple forme de J,(x). Cette nouvelle fonction 
satisfait l'équation différentielle 


dy dy 4 
T Ans tn Me Lee — y—=0 s (18) 


dont la seconde solution est y — x? _ ,(x). La relation entre les deux formes sous 


! LEGENDRE. Eléments de géométrie. 12° édit., p. 289. 


(18) 


NOTE SUR UNE OPÉRATION ANALYTIQUE 10 


lesquelles nous aurons à rencontrer les fonctions de Bessel est exprimée par 
les égalités 
| PRE je 


mEJ(2W/x) et JT) = (— nc —) 


PA) — 54 

Dans les applications en Physique Mathématique ou en Astronomie, c’est 
presque toujours à la forme J, qu'on à affaire : dans la théorie, au contraire, il y a 
lieu de considérer fréquemment +,, dont les propriétés sont souvent plus simples. 
Nous prendrons tantôt l'une tantôt l’autre de ces deux formes suivant les cir- 
constances, sans nous astreindre à écrire toujours les formules parallèles que le 
lecteur pourra former sans peine. 

Cherchons d'abord les réduites de ces fonctions v,(x) et J,(x). La série (17) 
nous donne 

ee 
D (x) = x'e” ou l en p(re)de — rie", 
rl 

ou encore 


2 
AN ï 
I 3 


ER ET 
GE 


2% 


| en "AT (xe)de 


0 
De ces deux intégrales nous déduisons si g et n sont entiers, et représentant 
une variable complexe qui tourne autour de l’origine dans le sens direct en décri- 
vant un contour €, 


27 : 
C 
et 
an » --1? 
2 : 
J,(x) =(— | e # ner 
CADET 
(C) 
La dernière intégrale peut encore s’écrire, en posant v — 3x2, ce qui oblige 


la variable z à décrire autour de l’origine un contour C’ semblable à C, 


d'où résulte que (— 1)"J,(x) est le coefficient de 2" dans le développement de 


un 


=’ suivant les puissances positives et négatives de 2. 


(19) 


Ë 
F = (z- 
la fonction e 2? 


314 C. CAILLER 
La dernière formule nous permet de trouver facilement la réduite de J,(x); 


Se Il 2 , 
transformons en effet une fois encore en posant 2 — = — ; : la variable # tourne 


; : u 
autour de zéro en même temps que 2, et l’on a 2 — - 


VUE 


dz du : 
US A Gi 
z uV1+u 
1 DE nt: du 
Ir ME —— —> 
(x) en) (1 2 =e u>)" V Il + u> 


(C) 
Ainsi, * étant entier, nous avons pour réduite de J,(x), l'expression 


D Il 
= (EVE a) V1 + 


La même formule est encore valable pour # quelconque, ainsi qu'il est aisé 


J,' (&) 


de le reconnaitre ; car si l’on réduit directement la série J,(x), on trouve 


]J "(x) pt , 1) (# + 2u)! fE n + 2pu 
RE 1 NS) IN 


ets (8 + (+) 


L n 
ou, en remplaçant (x + 24)! par le produit 2 


“ = © n n — 1 
JE — S S (ns C de :)' (e Er a)! a2u 
V’r =D ul(n +)! 


ou enfin, en remarquant que ce second membre s'exprime par une série hyper- 
géométrique, 


GUCTN æ fr, ni 
n! Ven SH 9 m+1—4) 


? # x Le l 
ce résultat concorde nécessairement avec — : === 
à d : 1EV/1 Eat) VA Hu 


Jyi(x) — 


Or 


? 


toutes les fois que le nombre » est entier et positif; il est clair, par la nature des 
coefficients numériques des deux développements, que la coïncidence ne peut 
avoir lieu pour toutes les valeurs entières de » sans être absolue. 


(20) 


NOTE SUR UNE OPÉRATION ANALYTIQUE 315 


Le calcul précédent peut être appliqué sans modification à la recherche de la 
réduite de la fonction x"J,(x), m et n étant quelconques. On trouve 


Con En mn mn +1 
Len, (y, = 2" C7) = = ZE mt à) 


et le second membre revêtira la forme algébrique, comme on peut le conclure des 
criteriums donnés par M. Schwarz pour l'intégration algébrique de l’équation 
hypergéométrique, 1° lorsque »# est un nombre entier, # étant quelconque ; 2° lors- 
que la différence entre m et » est entière. Ainsi pour %# — # on trouve 


07 FE ol 
FAMEAIE — — 4°" 5) Ml) un x) a? 


2n! 4?" 


Ç ll 
2 p! HÆEz)"rs 


Les formules précédentes fournissent les intégrales définies 


J TG = (i PATES 


0 


+ on ("Es (ER ! 
| e = z 3m J,(x2) dz — \ = ( Se D 2 )! PAL F . 
r 


F représente la fonction hypergéométrique 


mn mn n Il à 
F(- __ + 1, RER TRE à + l'a) 
On à en particulier la formule 
27 Ip 2n 
: 2n! i 
| eme (Ta) de — - : 1 
. À É 21n! ] r? LT 5 2 
d (HE EE) 
laquelle donne inversement 
DATA Il 1 x p2n — 1 : 
Br da) = 5 Je ——— 5,1 
(2n)! dr. (et r?) 3 


la variable # est supposée décrire le contour C autour de l’origine : si nous lui 
(21) 


316 C. CAÏLLER 


: I ; 
substituons # — 7 > 4 trace un lacet L enveloppant les points # — + à, et l’on a 
2°n! n J | L if xu Jai 7 C+a) l 
ra MO ITR € {(u” <° au ; 
(2n)! 2. 
L 
ou encore 
2°q! Il Q tee) 
)— —— >2i 2 2 
nr) Cq) ot) — D GC (7e ra 2 du 


Cette représentation intégrale de la fonction 4,(x) est valable, comme une 
autre précédemment donnée, dans le seul cas où g est entier ; nous en verrons bien- 
tôt une troisième tout à fait générale, 

Nous allons utiliser quelques-uns des résultats précédents pour déterminer 
divers développements en série. 

1° Soit à développer la fonction e“*.J, (Bx) suivant les puissances de x. 


- : à 1 PE 
Nous venons de voir que la réduite de J,(æ) est —=— ; ainsi en vertu d’un 


VE 


théorème connu, celle de e**J (8x) sera égale à 


1 l F 
V4 me GE DE + G? FE 


(1 - 2/1 LS ere 


[en] 


Mais si l’on désigne par P,(x) le polynôme de Legendre, nous avons 


Il n = © ( e \ , 
— EE ———— a — S ) —————_— T 2 2) 2 
VAN Tree Er =) Pa Ve + 3 04) 


si donc on fait pour simplifier 4 + £? — 1, on trouve 


n = œ@ n 


CRDI CA PAR OS Mi NC) _ 
n = 0 n: 


Le cas 4° +? — 0 est exclus de ce qui précède, mais il donne immédiatement 


2° On demande de développer une fonction entière f(x) en série de la forme 


fx) — 4) )} (©) + a) (x) +- a, (x) +... 


29 


4 af si LÉ 


NOTE SUR UNE OPÉRATION ANALYTIQUE ) 


Le problème ne visant que la détermination des coeflicients numériques #,, 


réduisons les deux membres par rapport à +, il vient 


je (4 — NS 


ou faisant 


a ; Du 
PE Ex =] SR à np 29 


on à 


11% , { 2y \ n=© 
Ref) = à 


/ n—=0 


Aüïnsi il revient au même de développer f(x) de la manière indiquée, ou 


suivant les puissances de y. Il résulte du même calcul qu'il ne saurait exister de 
relation linéaire à coefficients constants entre un nombre limité de fonctions ,. 
Par exemple, S'il faut développer la fonction e**, la réduite f,(x) se trouve 


égale à Tes et la fonction que nous avons à ordonner suivant les puissances 
a 


1 + y ; PRE 
de y est 1 Da À - Si, pour plus de Simplicité, nous remplaçons « par coss, 


il vient 


EE 


es Diycose PE — 1 + Iyicoso — 2y?coS20 — Iyicos3o + 2y code +. , 
et par suite on à 
cos(rcoso) — J (x) — 2cos29J, (x) + 2cos4o) ,(x) — … , (19) 
SM(TCOSS) — 2cosc.J (x) — 2cos30.),(r) _ 2cos3c.l (x) —,.… (20) 


3° Soit à développer une fonction entière en série de la forme 


fx) = a) (x) + a,xd (x) + ax? d (x) +, 


une condition évidemment nécessaire pour la possibilité de ce développement étant 
que f(x) soit une fonction paire de la variable. 


(23) 


318 C. CAILLER 


Prenons la réduite des deux membres, il vient 


ñ 9ny\ 


LR n —S 9! x? AUL 
VAE m2} (2) — > Ho (— 1590 7) à 
0 \1 7 


puis faisant la substitution 


l f. ne 2n! 
—— = —- Æ a y" 
VA— 7 | — y — "2n! 1 


En développant donc le premier membre suivant les puissances de y, la com- 
paraison fournira les valeurs cherchées 4,,4,,a,... Par exemple, s’il s'agit de déve- 
lopper la fonction cosx, suivant la forme indiquée, on observera que la réduite de 

P] Iuee, 


cosæ est mat il faut donc convertir en série la fonction V/ 1 — y, ce qui donne 
XL” F 


1 . 1 
HEURE Di re 2.4.6... 2n 2n —1 
et par suite 
LATE DUR 
Oro RE COTE on 


Soit, comme second exemple, à développer 2°"; la réduite est ici 2»! x?" 
la série auxiliaire 


et 


y" 


2m! - à — 9m y | 1 + — 3 
(1 ‘2 y)" + 3 y | SF D] y 


(2m ) (2m 0) (2m + 1) (2m 3) (2m +: 5) ; ÿ 
S Re a a ae AU ia “ 9 en ; ÿ +. > 


d'où l’on conclut 
1H n = © 


24.6.2Mm — 2 9.4.6...9n Jn + n(2) 


49 La même méthode nous permet d'obtenir très commodément les relations 


(24) 


NOTE SUR UNE OPÉRATION ANALYTIQUE 319 


récurrentes entre les Jet leurs dérivées. Par exemple, si l’on désigne pour un ins- 
tant par 7, la réduite de .J,, autrement dit si l’on pose 


2 æT | ? 1 : 
BT (EVA Er) VA Le) 
on à 
27% — Le Mes 7h + 1) 
équation qui donne 
TAB 
2 Te — Ji — J, 41 . (21) 
Dpt In 


1 


Soit de même /,(x) la réduite == ——— de la fonction 2"J,(r), on a 
sn n\ 2 L 
PA Le (1 + x)" + 5 


identiquement 
Te 
T2 l (x) — l,(x) — (2 = Il JA — 4 


et l'on en tire 


GE 

Te (x"J,) + LI, — (2n re Il } 7" — ce et 
En développant cette dernière équation et la réduisant par l'équation différen- 

tielle (16), on obtient la relation 


ONE TOE HA ns (22) 


dx x 


Enfin en combinant entre elles les relations (21) et (22) on peut former de nou- 
velles récurrences plus où moins simples auxquelles nous ne nous arréterons pas : 
dans l'étude systématique que nous ferons des propriétés de la fonction +, au 
paragraphe suivant nous allons en effet retrouver ces relations sous leur forme à 
fois la plus la simple et la plus générale. 


S 5. La fonction 2,(r) 


Nous supposons ici g quelconque; toutefois dans les intégrales il sera souvent 
nécessaire d'admettre, pour la convergence, que la partie réelle de ce nombre 
est supérieure à — 1. Rappelons que la réduite de 4,(r) est égale à re, 

(25) 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 4 (1903) 40 


320 C. CAILLER 


Première propriété. — On a = xo’, _1, ainsi 
© (2) =} = (0) (25) 
Deuxième propriété. — La réduite 2," vérifie la relation 
| d 
Prier (y) — 9% 


on à donc 


PS 
2 = Ris | 94) 
Dy+i —= TU IQ —= À FT ( FRÈRE (24) 


Ces deux premières propriétés se vérifient sans difficulté sur le développement 


n = nl + 
AO NE Eee 
n=0 2!(g + mn)! 
: A 2 ë d | d {9 
elles entrainent comme conséquence l'équation 4, — — | MS (2), laquelle 
L£ dx \ dx \xt/) 


ne diffère pas de l'équation différentielle pour 4, vue précédemment. 


Troisième propriété. — On a l'égalité 


Li 


[ a (aè)o, (a'(x — 2))dz 


aa 


DCE T)) 


ee AC + ax). (25) 


0 


En effet. les réduites des deux membres sont égales lune et Pautre à la 


quantité afa''at+t+toû +, Ki dans la relation générale (25) on fait « — 1, a 
infiniment petit, et qu'on remplace q° par » 1, on obtient, sous la réserve indi- 
quée plus haut, 
_— 1 ; » » s\n — 1 {> 9 
Pa ne o(e)(G — 2)" de (26) 
0 


Si enfin nous observons que l’on a 


1 9x Ces 

a" + 2 e? Er 2 x 
œ 1 (#) == D PTE T — V7 
e nl(n +)! 2V/ x 

2x —9V x 
» (2 a » » » . 
et de même, (x) — u . la formule précédente devient, quand on y 
5 VV Ti 


(26) 


NOTE SUR UNE OPÉRATION ANALYTIQUE 521 


l Il 
remplace encore q par — ; et » par » + 5 


ME 7 Ni — = As 
V ru ) | vu(x) — | Ve (a >) «L 
0 

RÉ C7: 

— 1; | el" «(] )) 24dt (27) 
= Il 
; DEC : l 

représentation Intégrale de #,(r), valable quel que soit le nombre y > 5: 


Avant d'énumérer les propriétés qui nous restent à voir, appliquons les précé- 


dentes à queiques développements en série, 


all 2) 
Soit à développer en série suivant les puissances de z Ta fonction en RU 
posons 
n = À,2 
(x — 2)) = (1 —2Y# À (— 1} — 
: n —0 [12 


et pour déterminer le coefficient A,, lequel est fonction de r, réduisons les deux 


membres par rapport à cette lettre: il vient 


h — © r pi 
mL jet (] — 2 D Cl 
=) ne. 
égalant alors les coefficients de 2", on voit que A, — a" te et A, — 4, 4 ,(r); ainsi 
= (= Il )'t 
(x (1 — z2)) = (1 — 2) > rm O1 Ent) 
ï n=\0 ne. 
Multiplions cette identité par #,(y2) et intégrons de 2 — 0 à 2 — 1. En vertu 


ne , . : : atgl : 
de équation (25) le premier membre devient &@ + yrtiri Pr Eur (T tr Y)- 


( Il 1e 


Dy +u 
n! ; 


Pour évaluer le second membre, observons que le coefhicient de 


est égal à l'intégrale 
x 
| 21 — 2e, (y2)d2 ; 


0 


a 


329 C. CAILLER 


mais celle-ci est la n° dérivée par rapport à y de cette autre 


2! 
| AR), (y2)dz 
0 
: =. ; : Ne Dp+r 1(#) : 
laquelle à cause de l'équation (26) se réduit à g! TS . On à donc la for- 
y! ÉE 
mule générale 
x n = ao n / \ 
LP Pr+qt+ (Cmn ÿ) — 01 SU (Een 1) q (x) ad (®+ q+u+ 167 
© (œ—+y)ptriri et NE NT ES ET 77 gi 
Quatrième propriété. — Toute expression de la forme +°%,, dans laquelle » 


est un entier positif quelconque, peut se développer en fonction linéaire à coefficients 


constants des quantités o,4,, ®+s+1; + : autrement dit, on a l'identité 


LV Q = lv Qo+s À pv + APat v + AT Mg + 9)Py + 29 (28) 
pour certaines valeurs des constantes «. 
En effet, si dans cette identité présumée on prend les réduites des deux mem- 
bres, on obtient 
, 


«dl o 
x? Ta (at +ve) — ay + AVE HE. y + avt À V0 
Ar 


ce quinon seulement établit l'exactitude de la supposition, mais nous donne encore 


la valeur des coefficients 4, }, . On à 


Lg np 1)...(» 2e 1) 


1É2-Scen 


(g +v)(q Hv —1)...(q +v—u+1llu + 2 — pu; 


ou encore 


=» ; Re AE) 
= S os, Tor). (gr —ut le 4 ut 


De cette formuie on conclut que toute expression de la forme F(#)2,(2), où F(x) 
est un polynôme, peut s'intégrer à l’aide des fonctions % de différents indices. Si lon 
remarque en outre que l'intégration par parties permet de ramener l'intégration 


CAPE « Dre,(D) 4 ALTER s : è 
de PRET à celle de ="! , On voit qu'en intégrant F(x)2,(x) , F(x) représen- 
TZ — à)! T— «4 ù 


(28) 


NOTE SUR UNE OPERATION ANALYTIQUE 323 
tant maintenant une fonction rationnelle, on n'aura pas d'autres transcendantes à 


: : Dre ” At) 
introduire que , lui-même et [l EE dx ; 


« 


cette dernière intégrale peut même 
EN ! 


être calculée par la formule (24) si a — 0 et que qg soit un nombre entier. 


Cinquième propriété. — Du mode de raisonnement employé ci-dessus résulte 
évidemment qu'il ne peut exister aucune identité de la forme 


Co t C'oy + Co +. Cap — 0 


les € étant constants. Mais nous allons prouver qu'il ne saurait non plus exister 
de relation de la forme 


Pey + P'ey = I (29) 


P, P', R, représentant trois polynômes, excepté siP — P'—R — 0. En effet, 


si l’on réduit la relation supposée, on voit qu'il en résulte une autre de la forme 


ae7 + aTeQ" js 


Q,Q' et S étant trois polynômes dont le dernier n’est autre que la réduite de K. 


Or cette équation entraine z1Q + 21Q° — 0 et en outre R —S — 0. Ainsi pour 
la possibilité de (29), il faut d'abord que R soit nul: en second lieu, l'équation 
aQ + 21 Q! — 0 nous montre que la différence g! — q doit être entière et, disons 


positive — ». Mais on verra tout à l'heure que 2,4, peut être mis sous la forme 
Az, + Bz,41. A et B étant encore deux polynômes: ainsi la relation supposée doit 
S'écrire 
Poy — P Py +1 
Or si l'on suppose P du degré p. P' du degré p', puis que dans la précédente 
équation on remplace les termes de la forme 2°+, et Lo +1 par leurs expressions 
(28), on voit que le plus grand indice de z est 4 + 2p à gauche, 49 + 2p° + T1 à 


droite du signe —; ces indices ne peuvent donc être égaux, ce qui prouve l'impos- 
sibilité de l'équation (29). 
Nous allons voir au contraire qu'il peut exister des relations de la forme 


Po + P'os + Pay +. = 0 


P, P', P” étant certains polynômes, lorsque les différences g'— 4, q"— 4. sont 
entières. 


(29) 


321 C. CAILLER 


Sixième propriété. — Dans les relations 
5 #4 O4 — À, +vPi + +... + 4, + 2v Py + 2v 
Li — b, + 4P+y— Te RE b, + 2 —1P9+ 2-41 
faisons » — 1, » —= 2... »—#; on obtient 2» équations contenant outre o, et o, 1 
les 2» inconnues ©, 441, y +2 2 + an , il est clair que ces équations sont toujours 


résolubles et qu'on en déduira +, +, sous la forme 

D+n = (— IE (Au 1h: Da; (50) 
A,et B, désignent deux polynômes dont le degré est égal au plus grand entier 
contenu dans = . Les autres formes de », +, , tirées des équations (24) et (26) 


méritent d'être rapprochées de la précédente: ce sont 


k d \n lœ $ 
re — ml T D] 
Rene di dx ) t> | 4 (CE 
et 
> 
x — mir — Tr » Re 6 ti " 190 
Ü 


En remplaçant dans l'identité 


«d r 
= —_ y +n+i Ty + =; ( 
tnt A 7 | Re) = appui (q + N)gy + n ; 
DR Din Cie AUAE leurs valeurs tirées de (30), on obtient une relation 
linéaire à coefficients polvnôomes entre vw, ete, _,. Eile doit se réduire à une iden- 
« 14 T4 
tité : l’on tire de cette remarque les équations 


A,+1 — (n 2 q) AY ct TA 1 (53) 
Bi (0er (34) 
qui, jointes aux valeurs initiales A, —1. A, —g, et B, —0, B, — x, nous 


montrent que ces polynômes À, et B, sont le numérateur et le dénominateur des 
réduites de la fraction continue 


AR 


NOTE SUR UNE OPÉRATION ANALYTIQUE 32) 


Il est d'ailleurs évident que 4, +, tend vers zéro, quel que soit x, pour » indé- 
finiment croissant ; on aura done aussi Him(A,c — B,21) 0, d'où résulte que la 
dite fraction continue à pour limite le quotient *, 


«t 
«2 


Soient maintenant trois fonctions 4, +1; 4m: S+n les nombres /, 2», 7 
étant entiers et positifs : Je dis qu'il existe entre ces fonctions une relation homogene 
et linéaire à coefhicients polynômes, On trouvera celle-er en élimmant 4, et 4, 1, 
ou %',entre les trois relations, 


T4 
Di +t — | 1)! (A9 LA B; ') 
Di+m —= ( — Ï Hé ( An Or Bo | 
Dy+n — ( IL)fS (A, D r B,œ') 


ce qui donne 
— D'AB, — AB )g er + (— 1)" (AB — AB) gr + n 
_E (== lERADe = À, By) o, + u—(0) 


Mais ce n'est point la forme la plus simple de cette équation à trois termes: 
il va en effet résulter de l'étude que nous allons faire des propriétés les plus élémen- 
taires de ces polynomes que les trois déterminants peuvent revêtir une forme plus 


concise,. 


Propriétés des polynômes À, et Bb. — Commençons par l'observation suivante, 
L'équation (30) n’est qu'une conséquence de (31) lorsqu'on remplace au second 
I | 


membre de celle-ci les dérivées 2", 2," par leurs valeurs tirées de l'équation 


différentielle (18). Or si l'on nomme 5, la seconde solution de cette équation différen- 


tielle, on a. comme il est facile de le voir, 5, — x +14 ,(x) et Pon conclut de suite 
. d 6 d \? i 

la relation 4,41 —= xt F! ( OU ET En ( ( 1 | . analogue 

£ à CR dx \ x! | Hu dx ) PA 5 


à (31). On aura done aussi, par la remarque précédente 
bin — (— 1)" (4,8 —B,6):. (35) 


D'autre part, puisque », et 5, sont solutions de équation différentielle (LS) 


on aura 


(4 
326 C. CAILLER 
A étant une constante dont la valeur se trouve égale à 


1 _ sinrg 
(g—1)(—q) 7 


Ainsi en résolvant les relations (30) et (35) par rapport à A, et B, et tenant 
compte de la précédente on obtient 


= 
{ LE re A — Sinry Jy+nQg — Py+n/y } 
(—1)'at BB, ——— (497 — 9 + n 6) 
SIN 


équations qui peuvent servir de définition aux polynômes A, et B, et montrent 
qu'étant données deux équations différentielles analogues à (18) dont les para- 
mètres 4 différent d’un nombre entier, il existe toujours des combmaisons bilinéaires 
de leurs intégrales qui, au facteur æ1 ! près, sont des polynômes. 

Désignons maintenant nos polynômes A, et B, par les notations plus complètes 
A,(,9), B,(x,q), ou simplement A,(q), B,(q), lorsque la variable est maintenue 
constante: soit encore, pour un instant, À, et B, les polynômes À,(q + mi et B,(q +m) 
on à 

men De 0 Dieu) 
Btmtn=(— 1)" (Aiqtm — Big + mn) 

Si dans la seconde de ces formules on remplace 0,4, et #,4m par leurs 

valeurs en +, et 9,1, ainsi 


PA ODA ARE B, 4) et Oy + nm —(— 1} (An 21m — pe 199) » 
en identifiant les deux résultats nous aurons 
Ain —= Ai À -1B,, 
Bisa— Bd, BB, 
ou, en revenant aux notations développées, 


Ana n(g) = An(gAn(g + M) + An _1(9)B,(q + m) 
Buin(g = Bh(g)A,(g + m) + B,, _:(9)B,(q + #) 


(32) 


(136) 


hé © d Le tes NS 


NOTE SUR UNE OPÉRATION ANALYTIQUE 327 


Si dans la seconde de cesformules nous faisons m — 1 et que nous remplacions 
ñn par # — 1, il vient 


B,(x,q) — xA, (2,9 + 1) ) 


relation qui ramène le polynôme B au polynôme A: par son moyen, les deux équa- 
tions précédentes se réduisent à une seule qui peut s'écrire ainsi 


An n(9) —= An(g)Aan(g + m) + rAn-31(q)An-1(g + m + 1). (37) 
Par exemple, en faisant »m — 1, il vient 
An + 1(9) = qA,(g + 1) + zAn _ 1(g + 2) (38) 


Les polynômes A_,, A_2, À _, etc. d'indices négatifs, peuvent être définis 
à l’aide de l'équation récurrente (33). On peut remarquer l'identité 


2" HAL (QG) = (— LA 14 —n +1), 


qui se vérifie immédiatement pour # — 2? et » — 3. et qui est générale puisqu'elle 
transforme la récurrence d'indices négatifs 


Ati — (9 nA" SF TA, 2 


en la récurrence (38) d'indices positifs. On montrera d'ailleurs sans peine que la 
relation (37) est valable généralement, c’est-à-dire quels que soient les nombres » 
et » positifs ou négatifs. 

Reprenons maintenant les formules (36) qui donnent par leur combinaison 


AB: En ASDe #7) = T(An — Bu ss ARES _— DAS ! (q — m — 1) 5 
d'où l’on tire d'abord en faisant # — 1. 


AnBn AT Êa— 1B» = (— x)" : 
puis | 
Babe Bnra—(— D'À, (9 me 
puis d’une manière générale 
AgBs — AsBu —(— + tn» 1(g + + 1) 
= — (— x)e +1A, — u—i(g+u+ 1) : 
(33) 


MÉM. S0C. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 34 (1904). 41 


y 
ah, nt ra Ba LOL OS 


328 C.._ CAILLER 
ce qui nous permet enfin d'écrire la relation à trois termes sous la forme 
(== TL) LATE 119 =È ñ + il lOg +1 + {( eZ D) TA USE Fey (q + l + 1 )99 + m 
ml Con ENS ES Et) 


Terminons enfin en cherchant le développement du polynôme A, suivant les 
puissances de x; différentions à cet effet l’identité 


Dg + n — (= 1)" (A,o B,œ') ; 


et remplaçons ©, +, par sa valeur (— 1)" —!(A, _ 19 — B, _ 19’) et 9” par son 
expression tirée de Péquation différentielle (18). Il vient, en égalant à zéro dans le 


résultat les coefficients de » et 2’, l'égalité 


dA, 
dx 


Il 
ze LE = 5 Br — As _1(q +1) ? 


ou, comme nous écrirons plutôt 


AS — À, — 1(q + 1) re AE i(q) , 


équation d'où lon tire facilement le développement cherché. Posant en effet 


A, (2,9) = 70 + 71% + yaT° +..., 


on observera que la récurrence (33) donne, dans le cas # — 0, 


% = 4q + 1)...(g + n — 1), 


puis l’équation précédente en égalant dans les deux membres les termes indépen- 


dants de x 
n — 1 


7/1 —\( + DES (q +- or 2) RTE 
En égalant de même les termes en x, x°…. , on trouve 


. (nm —92)(n —3 
Ya —=(q +2): (gg +n— 3) 1 2 ik, 


et généralement 


cui) (n — })(n —) — 1). (n — 2X + 1) 
Re OR 


= (g + 2)... (g + n —)} 
(34) 


NT 
HE 
Je 


NOTE SUR UNE OPÉRATION ANALYTIQUE 329 
d'où résulte enfin pour le polynôme A, l'expression 


SN (n —3)..(n — 22 + 


= 1.2 


1) 
— (q +2)(q +2 + 1)..(g + n —) Ir, 


N représentant le plus grand entier contenu dans le nombre 


Valeurs asymptotiques. — Ce serait ici le lieu d'établir les valeurs asympto- 
tiques de &,(x) et J,(r) lorsque x s'éloigne à l'infini dans une direction quelconque. 
La forme très remarquable de cette valeur asymptotique constitue une des propriétés 
les plus utiles de la fonction J, , mettant par exemple en évidence, pour # positif, 
le caractère oscillatoire de cette fonction et l'existence d’une infinité de racines. 
Mais notre exposition ne simplifie en aucune façon cette théorie, nous nous conten- 
terons donc de rechercher la valeur asymptotique de v4(x) pour x très grand et 
positif, cette valeur devant être employée plus loin. 

Partons à cet eftet de l'intégrale (27) 


nr — - Il 
Vz(u =) ou(r) — gl | e?t LEE); Are mn D — 5 


et remplacons la variable { par une nouvelle variable z, soit 
SVœ(1 —t)— 32 ou 2V/x(1+h—=4V/x —2, 


ce qui transforme le second membre en 


pa 1 aLVz E— 1 2 . à 
CAUSE Au gr AVAL) de 
0 
On tire de là 
1 az 2 » 
o, KE) = Fe e x° D, (x) ; (39) 
D, (x) étant égal à 
' l 244 x no 5 2 Fe = 
Es =) e—2g (1— 72 de. 
0 


reste fini quel que soit æ et tend vers l'unité à mesure que x augmente. En effet, si 
pour abréger on pose 


330 C. CAILLER 


puis 4V/x — a, enfin 


2a 
=== | ftd = | f(z)dz = | az 
0 Û Va 
d'où 1 = 1 + I", on remarquera que, 5! et 8” représentant encore deux indéter- 


ninées dont la première est inférieure et la seconde supérieure à V/4 , 


1 
FRERE 


ee 


Lee Île (1——) DD e —_— — ; 


or 


de ces équations on tire lim [= (2 — +)!, lim 1” —0, et enfin lim D, (x) = 1 
a où æ augmentant à l'infini. 
Le cas y — — + est excepté de cette démonstration, mais le résultat est encore 


Fe = 
1, V> — KL VX 


Il 2x $ 
(x) — 2V7ra (2 (1 == (4 JR ici Des (x) = 1 + (a 


1 
> A 


exact, Car © 


et sa limite est bien l'unité quand x augmente à l'infini. 


$ 6. Sur une intégrale définie et sur certains polynômes. 


Soit toujours +, (x) la fonction dont la réduite est x4e* , l'intégrale définie 
dont il s’agit est la suivante 


2e . de 


0 
dont nous nous proposons de trouver la valeur : il résulte évidemment des remarques 
de la page (300) que cette intégrale existe quelles que soient les valeurs réelles ou 
imaginaires des variables æ et y, à condition toutefois que » ait sa partie réelle plus 
grande que (-— 1). En outre, pour trouver cette intégrale, on peut remplacer Eu (æ2) 


SM ad, à 1 
et +,(y2) par leurs développements en série et intégrer le produit e “pu(t2) 6721029 ben 
terme par terme. 


(36) 


PAM er 


NOTE SUR UNE OPÉRATION ANALYTIQUE 391 


Prenons la réduite de notre intégrale simultanément par rapport à # et à y, on 
obtient 
32 
Ty | c'e re ue da ou u. | 


0 


ay 


er 7) 0 


Il suffit donc de développer la fonction qu'on vient de trouver suivant les 
puissances de x et de y, puis de remplacer dans le développement un terme quel- 


ax y 


NC ( : À 
conque comme axy® par —,, . Mais on peut observer que le résultat sera 
a! GB! 


eo), cette fonction admettant pour réduite en y l'expression 


4 _Ty Lt æ 
L'Y = TNA?) = 
EP ÉR ARE Eea ou « y 


. [4 
(MST (1 — y}#t 
dont la réduite en x est égale à son tour à 


ay 1 av y 
Le à AT x — D. TRS E æ : CPU 
DO HMQNES EE TS 


Ainsi donc 


A0 dz : | 
1 etpl(re)qu (ge) = Ve (ay) . (40) 
0 


# 


Ce n’est pas sous cette forme que nous aurons besoin de cette intégrale dans 


! 
: re Tulx) u ARE : ; 
la suite. Désignons par PTE le résultat de la substitution de — x à x dans la fonc- 
X 
(y (x) 


É 4 à autrement dit, posons avec alternance des signes 
HA 


tion holomorphe 


n = © Se: n + 
A 1)" 


pr n'{(u + n)! 


il est clair qu'on aura aussi 


ES dz 


)—£Z, 5). à — pt x 
le IACAUAUE re € Eu (XY) ; (41) 


0 
(37) 


3 512 


C. CAILLER 


formule qui peut s'écrire, eu égard aux relations existant entre », (x) 
sous la forme 


300 


a+ b? 


(4 + 


/ 


nn 


ab" , 
so Le (42) 
\ 21 / 
intégrale dont nous allons déduire une importante conséquence connue, depuis 


Heine, sous le nom de formule d'addition de la fonction J,(+). 
Nous avons démontré plus haut lidentité 


| e— ed, (az)J,(bz)dz 


n 20 
DAic0sP N! 
— 


at cosno) (x) 
n = 0 É 


avec 4, — 1 et 4, — 2 pour # => 0. Si l’on y remplace la lettre x par 
PURE 
multiplie par € 


ab F 
7 et quon 
# il vient 
a? + D? — 2abcos y bd u + b* , 
a RS rc ab à 
e — Ÿ a,cosnoie Je NE 20 (45 
n =D à 21 / 
Or si dans l'identité (42 


JON MAIE—0NCt 0 — 0% 


a 


TA 


on obtient cette autre 


Il 
EE 
2 É 


LE: 


qui montre que le premier membre de l’équation (43) peut S'écrire 


9) 


0 


| ent (ED /20 cos®)d2 


Quant au second, en observant qu'ici les signes / et 


Y peuvent s'intervertir 
4 
sans difhiculté, il prend la forme 
Lo n = 
2 [l ezde > a, cosnol (az) J,(b2) 
et — |] 
0 dé 
Ainsi, si l’on fait 


n = © 


> 


fe) = J,(eV/a? + 0 — 2abcos®) acosno),(a2)S,(bz) , 
n = 0 


(38) 


gts 


NOTE SUR UNE OPÉRATION ANALYTIQUE SH 

cette fonction f(2) rend nulle l'intégrale [l eT<zf(a)dz . Mais ilest clair que (2) 
Ô 

est holomorphe et telle en outre qu'en lui supposant la forme f(2) —c€,+4c,2 +0,32 +. 


on peut dans l'intégrale précédente intégrer terme par terme, Ainsi tous les € sont 
nuls et l’on à f(2)— 0. ou identiquement 


J,(V/a? + b? — 2ab cos o) 


— J,(a)J,(b) + 23,(a)J,(b)coss + 27,(a .T,(b) cos 24 +... 
, [(44) 
ce qui constitue le théorème d'addition. 

L'intégrale (41) va jouer un rôle important au paragraphe suivant: nous 
voulons en ce moment l'appliquer à l'étude de certains polynômes que leurs pro- 
priétés rattachent d’une manière fort étroite aux fonctions de Bessel et dont un cas 
particulier à fait l'objet d'un beau travail de Laguerre". 

Développons suivant les puissances de x la fonction 4, (x2) en posant 
"== 2 G 


= u (2) > 
PES Se 45) 
= () n\(n + u)! (ae 


Pour déterminer la fonction G, ,(z) nous réduirons les deux membres de la 
précédente relation par rapport à z:; pour le premier nous trouvons 


DES 2)E 


rés er —2) ou rte S 
mm E TON n! 


En lui égalant la réduite du second membre, on voit que la réduite de la fonction 
28G, (2) est égale à (n +u)!2#(1 —2)". Voici donc la valeur du polynôme G,, (2) 


à : il 2 n(n —1) 2e 2" 
ï D) — ul | - —+ a a — . 
Ga (e)— (x a] > RG de MONO el 


D'autre part si l’on réduisait la même équation (45) par rapport à x il viendrait 


" 
e 1—% n=o yn 
ne > — Guy (2) (46) 
1 ñn, < 


1 Laeuerre. (Œuvres Tome I, p. 428-437. 


(39) 


334 C. CAILLER 


équation qui peut aussi servir de définition au polynôme G,,,: la forme de ce 
dernier fait voir que 
] > 
H . " LA 
De) AIM Le (©) 
TH ® (n—+Hu)l Er 
Reprenons l'intégrale (41) : faisons passer les facteurs e* et 7 à gauche du 
signe — , remplaçons el, (x) et e"L,(yz) par leurs développements (43), nous 
trouvons, en égalant à ©, (y) le résultat de l'intégration terme à terme, les identités 


. 


20 


| e Gp (2) (2)24d2 208 sim 


2 [71 s 
NS Te EN s == 
[l e*G, (2) de=n!(n +)! , sin=m 
et de là on tire par la méthode connue cette conséquence, que étant supposé réel, 
le polynôme G,.,(2) à toutes ses racines réelles et positives. En outre les relations 
précédentes peuvent servir à trouver les coefficients &, du développement d'une 
fonction quelconque g(2) suivant les polynômes G,,(2), ainsi 


90) = %Go,82) + dG,u(2) + ; 


lorsque la possibilité d’un pareil développement a été démontrée d'autre part. 
e 
Par exemple, s’il s’agit de la fonction g(2) — 4, (2), , pour laquelle cette possi- 


bilité est évidente puisqu'elle résulte de la formule (45), on trouve l'intégrale 
le—ry,(xe)G, (o)de = ae") , (47) 


tandis qu’en prenant la formule (41) et développant les deux membres suivant les 
puissances de y, on obtient par comparaison 
A2 
fes, (xe)e"da—xfG se? . (48) 
0 


Enfin si l’on rapproche l’une de l’autre ces formules (47) et (48) on voit que 
l'on peut, d'une infinité de manières, déterminer les fonctions f(x) et g(x) de sorte 
que l'identité 

P-+) 
sf (2)p(x2)de — x q(x) 
0 


(40) 


A 
36 à 
? 


NOTE SUR UNE OPÉRATION ANALYTIQUE 33) 


entraine cette autre 


32 


| TOPACALE — af (x) 
‘0 


El suffira par exemple de prendre 


fa) = e (a, + a,2 + a2? +...) 
et 


Je es (6, Eat EE) 


Ce théorème d’inversion sera démontré plus loin d’une manière générale. 

I existe entre les polynômes G,., d'indices différents un grand nombre de 
relations récurrentes qu'on peut facilement établir en partant des formules précé- 
dentes. 

En différentiant l'équation (45) successivement par rapport à z et à x, rem- 
plaçant !, par 2, , et les deux membres par leurs développements, on obtient 
d’abord  . 

2 EG = En ne (49) 
puis 
NC EC 0. (50) 


Exécutons les mêmes opérations sur l'équation (46), il vient 
6 Ga p +1 —(\": (21) 


Got <- 2Gu+s = (2 + 1)Gn,p-+1 . (52) 


Eliminons encore G&,, entre les deux premières équations des groupes pré- 


ne 
cédents, nous aurons 


(n _— B)Gu,u —1 — ACTA + REG 1, u+1 —1\}},$ 


équation qui, jointe aux deux dernières des groupes précédents, forme trois récur- 
rences entre les G,,,. Mais celles-ci se réduisent seulement à deux distinctes, 
comme on le voit aisément, et nous écrirons le système de ces récurrences ainsi 


nat Gr pe (53) 
241 + Guy —= (#0 + u)G e [N7 = (54) 
(41) 
MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 84 (1903). 12 


330 C. CAILLER 


d'où résulte que tout polynôme G,, s'exprime linéairement en fonction de deux 
autres quelconques déterminés Ge et Guru , (les coefficients de cette relation 
linéaire étant aussi des polynômes) pourvu que les différences 4! — et u" — y 
soient des nombres entiers. 

S'il s’agit par exemple de former la récurrence entre G, _ un Guy » Gitius 
nous dirigerons le calcul comme suit. Par l'équation (53) nous exprimons G, - LE 
en fonction du couple Ge tOsi te puis nous passerons du couple LP Gr 
au couple Guy , Gupiu1 par l'intermédiaire de l'équation (54), où l’on aura au 
préalable remplacé » par » + T et » par y — 1: enfin nous passerons du couple 
Gus Gnpiu sr, aù couple Ge, Gi, à l'aide de l'équation (53) où » aura 
été remplacé par # + 1, restant le même. On trouve ainsi 


(Ge, 22 Lu — (27 = na re Vin 2)Guu nn Ety)G, Lg (53) 


Par des procédés analogues on obtient la récurrence entre Ge ni GE 


sous la forme 


a (Connor (02H) (6) 


Le polynôme G,, vérifie une équation différentielle linéaire du second ordre 
que nous pouvons obtenir comme ii suit. 
Différentions l'équation (49) et remplaçons G, 


4 1 Par sa valeur tirée de (51) 


savoir —#G, 1, > il vient 


2 Re, = nn +) Lu: (37) 


tiré de (57), on 


n—1,u ) 
b 


substituant dans l'équation (54) G,_,,:, tiré de (51) et G 
arrive à l’équation différentielle 


G,,+nG,, —=0 , (58) 


et celle-ci, dérivée » fois, donne 
(ni +2) e (na +1) 
2 y +R I— 2)G,u —à() 
d'où résulte pour la seconde solution de l’équation différentielle précédente, 
l'expression 


x e!(x 2)"dz 
P s1 g+nu+i 
- © 


(42) 


NOTE SUR UNE OPÉRATION ANALYTIQUE 3 BY 


En appliquant maintenant la méthode de Laguerre (loc. cit), on peut encore 
écrire 


(a , 
u — o(x) AM f(x | | zu+t 


1 


(x) et f(x) désignant deux polynômes. Si lon substitue cette dernière valeur dans 
Li 7 


l'équation différentielle (38), il est clair que le coefficient de l'intégrale [l doit être 
= 


nul, ce qui prouve que le polynôme /{x) ne diffère de G,,,(x) que par un facteur 
constant. 
Enfin, en posant par l'intégration par parties 


fs edz dc e? él LT: + ] (2 + 1)(u + D] Er (2 + 1)... (2. + n) 
2641 8 2 D T° A dE jhiere ) 


et GA ee 
+ (1 Î ) Cu À 22) A (en n) su +n+i ? 


o(t) ; RES 
— est égal, à une constante près, à la 


fu) 


on démontrera sans peine que le quotient 


réduite de la série divergente 


@ + D +2) 


x x° x 


convertie en fraction continue convergente. Le cas traité par Laguerre correspond 
à la valeur u — 0. 

Il faut d’ailleurs observer que les calculs précédents n'auront un sens bien 
défini qu'une fois fixé avec précision le sens de l'expression x# F1, 2 étant négatif et 
u ordinairement fractionnaire: au point de vue numérique, il vaudrait done mieux 


24 z … 


CAR 7 ; } DEA _- 
=, qui est déterminée sans aucune ambiguité pour 


considérer l'intégrale | + 


e 
TZ 


æ positif. 
S 7. Théorème d’inversion. 


Nous avons vu plus haut, comme un fait très probable, que l'égalité 


n 


| LOPACOLE == a q(x) 
û 


(43) 


338 C. CAILLER 


entraine comme conséquence cette formule d'inversion 


| TOTACOE —"/1i() 


0 


laquelle ne diffère de la première que par l'alternance des fonctions f(x) et g(x). 
Ce théorème constitue lune des propriétés les plus caractéristiques des fonctions 
de Bessel: il doit être rapproché des formules de Fourier, qu'on peut d’ailleurs 
considérer comme un cas particulier correspondant aux hypothèses 


La formule à démontrer peut s'écrire 


LES " 22 


l2 , à 
| J,(12) = | y (eu)f{ujdu — xf(x) ; (9) 
0 C0 te 


elle à lieu, + étant positif, quelle que soit la fonction f (sous des réserves évi- 
dentes) et pour # quelconque non inférieur à — +. Nous ne la démontrerons point 
ici d’une manière complète, mais nous ferons voir que si, pour une valeur de x 
réelle et positive, le premier membre existe, il est nécessairement identique au 
second et nous ferons dépendre cette démonstration du lemme suivant. 

Soient x un nombre positif, &« et b deux nombres positifs rangés par ordre de 


grandeur croissante, » une quantité réelle au moins égale à — ; , f(x) une fonction 


intégrable de « à b, 8, l'intégrale 


u— 1 ÿ 
St [rene 


en faisant décroitre jusqu'à zéro la quantité positive k, on aurë 


+ ru 
h ATDLL : (60) 


Il lim s, = 0 SIT ED OUT IE 
H 
U  Ilims—5 [Aæ+0)+fx—0)] ib>r>a 
FLE 
HI lims—; /(&—.0) Si Z— 0 
FLe 
IV lims—; 7x + 0) SLT 


(44) 


NOTE SUR UNE OPÉRATION ANALYTIQUE 399 


La PRO Tu é 
En effet, si l'on remplace ou TE ) par son expression asymptotique (39), le 


AE fau 
£ eo / 1 ) kr == se ch: pe p 
facteur 4° « pu | qe) Se change en 
pm _ 1 
(ru)? 4 _CVu Vzx) 


- 0 k fe ; 
WTA LA 10) (61) 


et, la quantité D, tendant vers l'unité à mesure que 2 décroit, il s'ensuit que ce 
facteur n'a de valeur sensible que lorsque # est voisin de x. Ainsi en utilisant le 
théorème de la moyenne, on à 


(22) l'xË) 
EEE (=)d © e k 59 
= 7x (Ed GS du. (62) 
£ désignant une indéterminée comprise entre @ et b. 


Premier cas. Le nombre x n’est pas compris entre « et b. Alors Vu —V'r? 


»b (Vu-Vr} 
admet un minimum positif »# différent de zéro, l'intégrale | e h du est évi- 
é à 
demment moindre que € #(b— a); d'où résulte que 4, tend vers zéro avec 4, 
m* 


2ia 
V’h 


Dans la démonstration précédente, nous Supposons & et b constants indépen- 


puisqu'il est le produit de plusieurs facteurs finis multipliés par Pintiniment petit 


dants de X et de x; on peut facilement généraliser. Prenons, par exemple, b 
constant et « de la forme æ + , < désignant un infiniment petit d'ordre inférieur à 


= Aa ; in 
1 : : Vu—V x) TES Ar NE 
= Par rapport à L; l’exposant ——— , ou me ] est alors plus 


h h Vu +V'x 
M] 
grand que un . De la sorte s, est égal au produit d’une quantité finie par le fac- 
119] 
e? 
RG 


teur A: lequel tend évidemment vers zéro; la conclusion subsiste done. 
l 


Il en serait de même si l’on faisait b — x — :', <! étant pareillement un infi- 


niment petit d'ordre inférieur à 3; par rapport à 4. 
(45) 


340 


C. 


CAILLER 


Quatrième cas. Le deuxième cas n'étant évidemment qu'une superposition 


des cas IT et IV, nous traiterons uniquement ceux-ci, ou plutôt le quatrième seul, 


car le troisième se ramène au dernier par une inversion des limites. 


Dans ce cas, la quantité : désignant toujours un infiniment d'ordre inférieur à 


relativement à 4, on à la décomposition 


l ù _(Wu=vsY 
= — | e h du 
A Th t 
zx 
An: + € Wu—vz)} 
oi TA ver 
= == (e 
JV Th « 


et l’on vient de voir que cette derniere intégrale à droite du signe 


avec À, d'où résulte 


(WVu—vz} 


tend vers zéro 


2b (Vu — V3z) 1 x + __(Wu—1 z) 
lim —— [l e h du—lin— e Ë du 
2V Th « 2V Th « 
x x 
x Œ _ ; u — x 
Pour évaluer le second membre, j'observe que V4 — V'x ou = = Gt com- 
Vu+Vzx 


: y 
pus entre —#1et 
O) V” Ft 


He 


elle-même est comprise entre 


] aË | ÿ 

——.| e “dy et 

DV/The 

(Ù 
ou entre 
15 VE 5 
V PEPRR GE N eLEEN 

0 


27 


æ 
: on à donc 


Mais en vertu de la Supposition lim 


dent vers la limite commune — 


sb 
| e h 


(46) 


nt 
ùs AV/rh 


9V/ The 
{ 


WE VE Vz 


, en faisant, pour abréger, y — 4 — x; l'intégrale 


] E y? 


| 0 HET e) dy 


T Me h(x =. y". 
ARE 


e 
Ü 


+, les deux dernières intégrales ten- 


« 


AU 


| cédé be ot tom hit À sé if Dé ds à LS 
Q 
» 


rad, 


NOTE SUR UNE OPÉRATION ANALYTIQUE 341 


et comme £ est ici compris entre x et x + : il tend vers x quand } décroit et la 
formule (62) donne 


Æ 
à TER 
ims, =; /(&+ 0) 
Remarques complémentaires sur cette démonstration. — 1° Nous avons évi- 
demment admis que r était différent de zéro. Si x — 0 et que » soit quelconque, 


: Sh » 
le quotient — prend la forme 
z® 


b 
1 1 A 4 fi) = a 
“ ftu)e lu°du ou > [ po 
aihE Te ul. 
a 


h 


x 


£ est de nouveau compris entre & et b. Il résulte de là que si a => 0 et ba 
PU) C/ Ÿ 
lim 4 — 0; mais si 4 —0 et b => 0, on conclut de la même méthode que 


Æ 
æ—0 \T , 


/ 


ci-dessus, lim ( =) — fi+ 0). 
\æÉ, 


20 On a également admis implicitement que la fonction f(x) restait finie de « 
jusqu'à b: mais cette supposition est inutile, et fix) peut devenir infinie pourvu 
qu'elle ne cesse pas d’être intégrable. 

3° Enfin on peut se proposer d'étendre notre théorème au cas où 2 devient 
infini ; il est aisé de trouver des conditions suffisantes à satisfaire par f(#) pour que 
le résultat ne soit pas changé. 

On peut évidemment se borner à traiter le cas où dans 


x +u 


u— ! a FR _— TU 
SE — 0 | fte)e 1 Sul LL ° 


Le 
a 


la limite « est supérieure à x, et rechercher sous quelles conditions on à lim s, — 0. 
u—Vx 


: A de LR re 
Observons à cet effet que le quotient RAR a un minimum V4 inférieur 
fu 


à l’unité et que par suite Vu —V'r° > au, d'où résulte par la formule (60) 
pour le maximum de {s,| l'expression suivante, où M représente la plus grande 
valeur de ®, 


! 
ace RON RL 

Sa ——— M | e hu? Vlf{u)ldu , 

SE enr fu) 


319 €, 


formule qui devient par la transformation # — à& + hz, 


CAILLER 


Fle 


SN Me * | SR st ; + z )* _ #]f{a + he)|de 


Er - a a 
Lorsque # >, on augmente l'intégrale en remplaçant ñ + 2 par : (1 +2), 


‘ : 24 a 
7 = on l'augmentera en remplaçant la même quantité par L 
Le t 


121 


tandis que pour » 


On trouve ainsi, suivant le cas, 


uw 4 
fénfa ste user CRE Lee 
al << VA € 5 Mfe A+ Fifa + he)dz 
MT 0 
ou 
ant à Paie ESC 3 
Eve -VRe FM} e “lfa+ he)|dz 
nm OrS 0 


Dans ces expressions, le coefficient de l'intégrale tend vers zéro avec L: il suffit 
donc, pour la validité du théorème, que les intégrales elles-mêmes restent finies 
quand # est infiniment petit, ce qui a lieu évidemment dans des cas fort étendus. 


Démonstration du théorème. Elle résulte du lemme d’une manière immédiate. 
En effet, si l’on admet l'existence de l'intégrale 
0 d2 LEA 
l 4,(r2) _ [l AG tu)du 


(0 0 


(63) 


elle sera, comme on sait, la limite pour 4 — 0 de cette autre qui existe pareillement 


RCD ;0R re dz 4 , 
| e Vu(T2) NT | L(et)f(e0dlu (64) 
û GHEG 
Or, en alternant dans la dernière l’ordre des intégration, elle devient 
Re hr , dz a Pc: + au 
J fondu | e PAUL) Ze ou h vil f{u)e Eu TE AU ATOU NS 
0 0 


(48) 


NOTE SUR UNE OPERATION ANALYTIQUE 3143 


On voit que cette démonstration suppose non seulement l'existence de l'inté- 
grale (63), mais encore celle des conditions obtenues tout à l'heure relativement à la 
manière dont se comporte /(4) à l'infini. I faut en outre admettre qu'on peut 
intervertir l’ordre des intégrations dans la formule (64). 

Si dans (63) on introduit J,(x) à la place de L,(x), la formule d'inversion 
devient | 


LEA F2 


| zJ ,(te)dz | TIR zu)du = f(x) 


0 0 


forme très symétrique qui résulte, pour » entier, d’une formule générale due à 
M. K. Neumann! combinée avec la formule d'addition (44); ce mode de déduc- 
tion ne souffre pas les imperfections de celui qu'on vient de lire; par contre, il est 
inapplicable au cas général où 2 est fractionnaire. 


S S. Intégrales définies. 


Un grand nombre d'intégrales définies contenant des fonctions de Bessel peu- 
vent être déterminées sous forme explicite: c'est là une des particularités les plus 
remarquables de ces fonctions. Nous allons passer en revue quelques-unes de ces 
intégrales en les choisissant parmi les plus intéressantes au point de vue pratique : 
nous nous éforcerons de les rattacher aux principes généraux qui nous ont déjà 
servi, ainsi qu'au théorème d’'inversion qu'on vient de voir, Nous ne controlerons 


jamais les conditions qui en limitent l'emploi, soit que ces conditions soient évidem- 


ment satisfaites, soit qu'au contraire leur discussion nous eût entrainé trop loi. 
Je rappelle enfin que, dans toutes les formules qui vont suivre, sauf quand le con- 
traire est indiqué expressément, l'indice des fonctions J est un nombre quelconque 
réel, entier où non, limité inférieurement par la convergence des intégrales, 


Théorème général. Proposons-nous de déterminer l'intégrale multiple 


(1 4) L 
s ho AE at 3 . " 
D— | [l cc [l 21 É Zo . En L Ji (@,é, ,(@,53)...d (ai, Vds 
La LA 


Le 


étendue à la portion de surface hypersphérique 


! Voir, par exemple, HeNE, Theorie der Kugelfunktionen. t. 1, p. 443. 


(49) 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 84 (1904). 43 


314 C'ACANCLER 


comprise dans l'angle positif des coordonnées 3, et dont d; représente l'élément : 
les constantes ! sont toutes, pour la convergence, Supposées plus grandes que — T, 
enfin les « sont des quantités quelconques réelles où imaginaires. Il est clair que S 


a la forme 
h 


D — tes 0 GITE CU) 
où G désigne une fonction entière des paramètres 4 pouvant être réduite par rap- 
port à toutes ces lettres simultanément, D'une manière plus précise, si lon rem- 
place &,, 4,4, par dx, 4,r.…. dx respectivement, la quantité S devient une 


fonction de x telle que les intégrales 


| e x S(mx)dx 


0 


ou méme 


Ro 
Even 
| ex S(mr)dx 
ù 
peuvent être évaluées en remplaçant S(x) par son développement 


\ \ k k S \ \ 
S(x) = a thate+hG(x) 


? 


et intégrant terme par terme: pour abréger, nous nommerons régulièrement inté- 
grable une fonction possédant cette propriété. 
temarquons que l'égalité 


A0 NI Fr 


/ A M ie 'fxayde Miueé _ ne n (63) 


eu 
0 


est satisfaite si lon prend f{2) — J,(2) et que cette solution est la seule régulière- 
ment intégrable qui s'offre pour vérifier l'équation précédente. 

Prenons cette identité et faisons m — L,, puis 4 — hi, enfin m — h,: rem- 
plaçons æ par ax, ar, … ax successivement ; enfin multiphions tous les résultats 


ainsi obtenus les uns par les autres, nous trouvons 


ÉU Ie [le (22H z+ +2) L+H1 Hi 


h, +1 
Re CE (ttes) di (arte) des... den 


huh h 
_«, 1433... Ann 


EN DéRe (66) 


où l’on à posé pour abréger =, +h, +... +, et a +a +... + a. 
(50) 


NOTE SUR UNE OPÉRATION ANALYTIQUE 34) 


Introduisons au premier membre de cette égalité les coordonnées polaires à 
la place des rectangulaires en faisant 


avec 


2 


ee" 


HE +... +, et da ds des =" 5 dr da 


il vient, au lieu de (66), 


1% » 2 LU 
LE R Un A CNET : : 
| CRT TR) Ar | | LE | a PNEU Ji(arxé,)….J, (arx£,)ds 


« L t 


ou encore 


Dre ’ (ET a A (1) A 
f ( SOL = TT, a +n=t 


On à fait S(x) — 2" S(r); en comparant la dernière égalité à l'équation 
(65) et remarquant que S(r), et par suite N,(r), est régulièrement intégrable, on 
tire 

Jin tax) 


N S— Î Î LENS eee 
DIE) = 4". dun AE 


puis faisant x — 1, le théorème 


J,(@) 
a (67) 


fix 


L Li LU 
| [ Le | Ent. Ent, (a,é,). Ji, (té)do — à, 0... an 
Le LE Le 


On fait maintenant «a — V/a,? + … La? et h — ho +R +. +, +n—1 


Un cas intéressant de ce théorème général est celui pour lequel on à 


, 


{ 9 
M=h;—=..—h, —— ;; en observant queJ._ 1(x) — \ | z COSY, il vient 
A 2 Te 


3 a LU (5 és Ju (&) 
| | me | cos(a,£,)cos(&,5,) … cos (a, £)ds — is Re 


t®| 


Le Le L \ «2 


ce résultat peut s'exprimer explicitement en cosa et Sina dans le cas où » est 
impair, par les formules récurrentes (21) et (22). 
(51) 


340 C. CAILLER 


Observons encore une conséquence du théorème général. L'intégrale multiple 


22 A 12 

/ ns / Va + +. Han) (ae) d (antn)t, nt as T L.aot dx dis... dus 
La Le 

(l (0 


où f représente une fonction quelconque, se réduit lorsqu'on l'évalue en coordon- 
nées polaires à l'intégrale simple 


dl h, 


71 h, 22 
pen n à 
—— | fort, (ar)dr 
a 


(L 


résultat qui, abstraction faite du facteur 4,ha,/.. an, ne dépend, quelle que soit 


la fonction f, que de la quantité «a —V/a,?+ a, +... + de 


Conséquences du théorème et résultats particuliers. — Le cas le plus simple 


du théorème précédent correspond à » — 2, tous les autres pouvant se déduire de 
celui-ci par répétition. On a 


= a — 17n — 1 PS 
| cos"sin"c.], = (&COSS HE (D sino)do — MEME 5 Per ET | V a + b? ; 


0 (a°+b?) 2 


[(GS) 
formule qui n'est qu'une variante de l'équation (25) et dont j'ai étudié ailleurs les 
conséquences, On peut en tirer facilement les diverses intégrales de la forme 


Tr 
3 


| * cos" + Sin" + #oJ m —1(4C0Sg)Jn _1(bSine)de , (69) 

Ô 
quels que soient les entiers positifs m' et »', en les ramenant à des combinaisons 
de plusieurs autres de la forme (68). On peut même trouver sous forme finie l'in- 
tégrale (69) lorsque »' et »' sont entiers et négatifs, mais seulement si » et » 
sont eux-mêmes entiers: il est clair d’ailleurs que les limites inférieures de »° et n' 
sont 1 —» et 1 — » respectivement. Ce théorème revient au suivant. 

Soient 


: al Lz 
he js “Lt LE à 712 (WE 
CR € et x mn — | Om (U2 )Em(@ 2) non 

. 8 à 
0 


les nombres # et x! ne devant pas dépasser #7 et m' respectivement et pouvant 


e 2 DO : ru, n 
devenir négatifs: lorsque », #, m',n' sont tous entiers, X 


mn, m' 


s'exprime en fonc- 


(22) 


NOTE SUR UNE OPÉRATION ANALYTIQUE 3/7 


tion de diverses quantités telles que 4,(4), s{4'), s{a + a’): nous poserons 
pour abréger 6 — à + «a! 


: TT d {onta TT. 
Enveftet, des propriétés qu—@nm-1 €t @n+1 —d"ti A (2® on déduit 
les identités 
«l un n—1,n! « n,n n,n —1 e 
da on, m' = x — {,m° da! Ua no — 2% m'—1 (4 U) 


puis 


nn nn | 
a+! d_ e =) S pes Fe a" RO pattes « ( m! ) Lee. x" 2 (1) 
PS > Nm 2 1m! = ,m' i - 
da La m +1, m da! a" ; m, mm! + 3 
L] 


Les formules (70) permettant de considérer uniquement le cas où » et »! sont 


positives, désignons par z et 2’ les différences positives 2 — m—n et 


— mn"; en appliquant plusieurs fois de suite les formules(7 1), nous trouvons 


x" Ms n° aa!" ei n,n 
Hu da” da! 


À Je ;C œ gi Re 


aa" 


équation qui démontre le théorème, s'il est exact pour le cas 


' ÿ dz 
JUN 
XX 6 — Je (ce)or (a 2!) AS 2" —=1l—2 


n, n 


û 


Or, en appliquant de nouveau les formules (70), on à maintenant 


d'+tY"x 00 œ(c) dm+» 
Te =" == FU Gien ei(G) E 
dada!" 0,0 C dada” 


: Ex 
Si enfin on remarque que X est telle que = est nulle pour a—0 a! —0 


us 
dada 


dès quer Ls<n n'!., on conclut, en faisant encore p = »n + n! —1] 
il : ; 


2? 


a =! 


X = go) — alu”) — aa) Ÿ — ot) 5 — PC —Tj 


! 12 à 


La ΠLA 
— fa) — pa) NS (a) Rose (a) GT)! 


(53) 


RITES “0 FRA A ref 


kr 


pe, 


LNTÉ é 


318 C. CAILLER 


Le passage aux fonctions J est facile, et voici, par exemple, ce que devient 
l'intégrale X dans les nouvelles notations 


T 


ë 2 Ê 1 
X — | J(acoso)J,(bsinc) 


cos” @ > Sin S P 


sa valeur est, en faisant ce — V'a + b° et p — m + n — 1 


= Il 2e ( TA b'ar—? Put 
X — ab" A ‘J,(a) AL 20 PE (4) = ) 4 J,_ (a) i ve. | on—1(»— 1)! J (4) 
2pp—1 ab 2 a? um — 1) Jyn 


(41 
EbI(b) + — J,_:1(6)+ Da Ja (0 gn m1} JL) Le 0) 


Reprenons maintenant l'intégrale (6S), qui peut s'écrire 


QI m—1 a" = Lt — 1 


| 2"(] en D) 2 Jia 1 = 2 J, _1(x2)dz = (a + x° . JV ue + d (72 


« 
0 


avec p — 0m + n — 1, et appliquons-lui le théorème d'inversion :; nous avons 


LP oh AS m— 1 Era. 
Ho —#— JV a? E 2)J, _ixe)de = 2" (1 2) 27 aV’1—1 
[ 1) (a? = 22h AL ( +- n il ) 1 (1 1 = m— A( V 1 
Ü 
[st & << 
—=;() Si 1 
[(73) 
Cette mtégrale peut revêtir une forme légèrement différente ; st l'on fait la trans- 
formation  V & + 7 2 — at ou z2—aVE—1, et b—ax, il vient 
12 n_ 1 L LE n— 1 m— } 
| PRE — 1) 2 J(at)J, (VE — 1)dt — ps (a? — D?) ? J,_i(V'a° —b° | 
« 
[pour b a 
— ( pour b => a 
[(74) 
égalité qui se généralise un peu par la transformation nouvelle 2 — cf, ainsi 


(54) 


fin sl. 1: 106 HÉÉRSTSaRRs, 


NOTE SUR UNE OPÉRATION ANALYTIQUE 319 


n—1 m—1]J DFE X 37 
fa-re —&) Ée RACE ON er 2 (a2—b?) 2 Jon (OV se 


714 ç" [l 


ae 


[pour b <a 
À). pour > a | 


[(79) 
ÿ a ” La La ” æ 

Les intégrales précédentes, d'une nature très générale, donnent un grand nombre 
de résultats particuliers, parmi lesquels nous citerons les suivants. 


3 l NÉE 
Dans (74) faisons d'abord» — >; . + mL al vient 


le Eve HER  «>1>0 


€ 


0 
= —Ù 0<a<b 


Par exemple si b—0 et a=0,ona 


sin at F 
| ( 
A LS 
FE À IS. re 
Dans la formule (74) faisons encore »—T1 et p—;, il vient 
cosV” a — 1? 
IE sinaz JbV/2 —1 2— ]l\dz — ne pour a > b 
: Wat 
= pour ab , 


formule qu'on peut rapprocher de cette autre, facile à démontrer 


eVE+e 


fe JV ee l'dz — Var 


= 0 DE 0 


La 


Li 


Prenons l'équation (73) et remplacons-y € par zéro, « par l'unité, b par x et p 
par » — n: il vient 


d n—1 1 — 72)" , 
Rs e — SI LE Il , 


—} si TA : 


390 


C. CAILLER 


et plus particulièrement encore 7 —T, m—\û, 


12 


| J,(2)Jo(xz)dz = 1 


e 


0 
—}(} 
; 1e Il 
De même en faisant »—1, m——;, ontrouve 
LP A F ] 
| SAN, 
2 V1 — 7 
[L 
—1() 
; Il l 
et enfin en posant #—3;3 ; M—— 9 ? 
Re | Il 
| coszJo(x2)dz — 
n 


et 


qui se déduisent d’ailleurs des formules 


Sin à 
— Jyxe)de = — 


sénérales (72) et (74). 


Si æ 


si 


si 


si 


si 


Ml 


Tu 


il 


TEA 


(76) 


Prenons encore l'équation (72) et faisons-y @ infiniment petit, puis égalons de 


part et d'autre les termes du moindre degré en a"—", 


m en m + 


1 
| 2 — 2)T, -a(re)de = 2"m 


î Jn-n(E) 
camti 


il vient, après avoir changé 


De méme en faisant b infiniment petit dans la formule (75), la comparaison des 


termes du moindre degré dans les deux membres donnera 


ce 


Le 


| ARE — C1] (az)dz = 2" (n — 1)! 


(26) 


Ju _{(ac) 


( 


am — 1 


NOTE SUR UNE OPÉRATION ANALYTIQUE 3)1 


cette dernière devient, par exemple, en faisant €—0, q—p—n +1] 
7 rer M 
a  TÉIT) 
] z Le 4 — = q—1 
: pAZ) = ji p EE dl 
(0 Il ( 5 ) 


on doit supposer ici g=0 et p—q+1>0 

Tous les résultats précédents sont tirés du théorème général: nous en cite- 
rons quelques autres plus particuliers provenant d'une autre origine. 

On a les égalités 


| Je) Je, (tr — 2e —snr 1>n>—1 
n 
et 
Ne .  SINNT LSS 1 
Le ecr IH Et z)dz = 2sinx DORE DR —5 


qui se démontrent sans peine en leur appliquant le théorème (6) et tenant compte 
des valeurs de J} et (2"J,)°: la dernière relation n'est au reste qu'un cas particu- 
lier de la suivante, qui s'établit de la méme manière 


LU 1 
; ; THEMES 
[l 2x — 2)", (2), (x — 2)dz Cr o0ve J, Pn (x) 
La 2 
( 
C’est une constante dont la valeur se trouve facilement. 
Soit la réduite de J,(æ)., ou 
Le4 k a" ] 
| CT] Ar2)dz = > FRS, A 
À AHVI+ ar) VI 
par inversion nous en tirons 
22 sn + 1 x 
| = BR (f) 


J OAI VITÉ + * 
Soit de même la réduite de z"J,(r) . ou 
ee (Q@n)! x 


| ea JT {xe)de — 


e 
0 


s 1 
2m! (Ha) ts 


(27) 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 84 (1903). 44 


392 C. CAILLER 


par inversion nous en tirons 
2n nu +1 ny! 


| : J(cr)d— ent > 


——— æ>0 
o  (1+ 2)? 


(2)! 
Remarquons alors que cette dernière formule peut prendre la forme 


1 n 
Le ( n on ñ ! 


12 Her J n(t)dt — ts 7 ni 
6 (1+ F je 2n)! 


d'où, repassant aux primitives par rapport à +, on conclut 


0 


IMORCLE BE 7, (2/2) (78) 


e 


0 


La démonstration que nous venons de donner de cette formule remarquable 
manque évidemment de rigueur: mais le résultat n'en est pas moins exact, comme 


- Fs ; Il 
on peut s'assurer sans difficulté, pour >> — 35 et r2>0:  parexemple, en 
Il 
faisant # — 5, on trouve 
Le T FT 1 pe 
| sintsn® dt; VxJ (2/2) . (T9) 


(Ù 
La formule (TS) peut s’écrire encore 
Le 2 


| (EI, (5 ) (== : SN AV/7) 


D 


[l Ja(t2)3, ( : Je — J,(QV/7) 


0 
d'où l’on tire par inversion 


TRUE jt = É de : ) 


(8) 


PR PS PTE UD EN PPS OUEN PO du 


NOTE SUR UNE OPERATION ANALYTIQUE 333 


tandis que (79) donne, par exemple, 


re — di Il 
sintéJ (24) ——sin— , 

J COR 

ou 

sinr° 


2% 


»2 
[ sinz°J,(2x2)dz — 
ù 
Dans tous les résultats précédents les indices des fonctions J étaient quel- 
conques: il existe une foule d'autres relations où ces indices doivent être entiers: 
il sufhra d’en citer ici un ou deux exemples. 
La formule (19) donne, pour # pair 


T 


enJn(Z) , 


4 1 


2 
É COS (x CoSo) cos node — > 
.0 - 
n 
ICI SE 1)? , ce qui peut S'écrire en désignant par  P, (6) 
le polynôme cos (# arccosf) 


PI (7 T 
ie SE re 2 ; dt b—; EnJn(X) , 
0 
d'où 
cé P,(x 
j J (6 cosxtdt — 2, _ SE << 
— 0 bel. 


et par inversion 


1 De P, (2 ) Ted, — 


1 
formule qui généralise l'équation (76). 
On à de même, si # est impair, 
T 
2 
à. sin(zcoso)cos nelle — 
ù 


Ju) ; 


> 


avec a —(—1) !; cette formule s'écrit aussi 


fsinet AO dt 5 an : 


LE 


(59) 


394 C. CAILLER 


on en tirera 
2 


| J,(6)smztdt — : Re 


e 
[L 


et par suite 


he = 1 P, (= )J, (r2)de En e 


relation qu'on peut rapprocher pour # — 1 de l'intégrale (77) 


$ 9. Fonctions hyperbesséliennes. 


La méthode appliquée dans les paragraphes précédents n'est nullement 
particulière aux fonctions de Bessel proprement dites, mais s'emploie avec avantage 
pour l'étude des fonctions de la forme 


1—00 ai+b 
T 


D (SU) 
120 pit + q:) (pat + qo)!.…. (Put + n)! 


où les p sont des quantités positives, entières ou fractionnaires, et les q des 
quantités quelconques. Nous nommerons hyperbesséliennes les fonctions de cette 
catégorie et nous nous proposons de passer rapidement en revue leurs propriétés les 
plus élémentaires. 

Pour des motifs de symétrie nous écrirons cette fonction avec » variables indé- 
pendantes æ,, Æ3, … Zn, AINSI 


ee x P; Hu Pit LOT g ni In 


SA ss = —_— : __ nn = 
10 pi + qi)! (pat + q2)!... (pui + qu)! 


série dont la réduite de Laplace, prise par rapport à toutes les variables, est 
évidemment 


Le cas le plus simple des fonctions hyperbesséliennes est celui où les diverses 
quantités p sont toutes égales à l'unité, et où lon suppose pour la convergence du 
développement tous les 4 supérieurs à l'unité. On possède alors une fonction dont la 


(60) 


NOTE SUR UNE OPÉRATION ANALYTIQUE 39) 
réduite est z,4x,h … d@,ne"%%n, Que Nous NOMMErONS QT, ,... Lu Yi: Ja se Un) 
où plus Simplement +4 

i— 00 2 L'RR ; a , fn +i 
Ne ,, d mn Ê (S1 | 


Pas das “h—., À EN (4: ADI . (Qn + À)! 


elle se transforme en une fonction à une seule variable, représentée par la méme 


DUTALION IOLSQU'ONÉErR. Ty CL, De — D, — "0 — Mn — 1 


Soit +, la réduite de notre fonction, ou 2 .ane rs "nl cette réduite 


12 Un 


possède les deux propriétés 


à 
Misreqn "Lt 
LL POELE D 
et 
de ; 
Π=, #4 (o = al 
ils dati Uni î da, Maven [RCE 
L 
d'où l’on conclut pour les primitives 
d 
da, PAL A Orne entr | 
(2 142 hi) (52) 
dit dl ( dé ] 
[de] ss}, — = 
lee Un nd i dax pi 


relations qu'on peut d'ailleurs contrôler sans peine sur le développement (ST): les 


’ À d +1 «dl — 4; AE 3 ; : 
opérations — et x! — ont ainsi des effets opposés, lune abaissant 
dx; i di 


et l’autre augmentant les mdices. Appliquons consécutivement » + T1 de ces opé- 
rations, nous trouvons l'équation aux dérivées partielles (4 étant quelconque) 


TA do | (83 
CR ME AD 7 | = 83) 
tr, ds day ( ë dx, lie ï 


et si dans celle-ci, nous faisons après la dérivation, rx et 2, x, at, 
nous trouvons une équation différentielle de Pordre (x + 1) satisfaite par la fonction 
hyperbessélienne 27, 4, 42 qu). Nous nous proposons de trouver la forme 


explicite de cette équation différentielle, 
(61) 


3906 C. CAILLER 


A cet effet, remarquons qu'en représentant par 5, l'opérateur 


par « une fonction quelconque, on à l'identité 


du 7 RS 
de Gien Ps : VAE er) 


[ 
d'où résulte cette autre 


d'u = | 


2e NU + L) (Ge, 1) (6, 1) (x, see æ, ) 


dx. dr, 


Appliquons cette identité à l'équation aux dérivées partielles (83); après avoir 


fait à — 1 pour simplifier, elle se transforme en 


(a, + L) (és + 1) (6, + D [(e, me GONE Se lp 
ce qui s'écrit encore, après quelques réductions faciles 
(GS, 29 1), ED 1). &LDELR T0) = 
Orsi l’on pose 47; 5, …. 1, , : o est de la forme Lidaes a f(x) et TER de 


à 1. g—41 9 —1l2 CLEA AO 9 AA 5 
la forme 2% 2%. @" f(x) : ainsi l'équation précédente se change en 


1 2 n 
(os + di) (a + 42) + (on + Qn)f(a) = af 


enfin, si lon remarque que maintenant #5,, #,,... ", ont le méme effet et peu- 
; s d : NE 
vent être remplacés par un seul opérateur 5 — x Te et qu'én outre J—=7 °œ(x), 
1#A k 


nous trouvons pour équation différentielle 
(nr) = h)(S + de — 9)... (6 + Qu — d1)® = LP ; (S4) 
dont la forme développée s'écrit ainsi 


d'+, le io 


D ( do 
1 î U—A1 _T sn — 2? À ho 24; n . qe 
J dant SF A,a dx" == A,a é dat rte À) dr = PA (59) 


(62) 


NOTE SUR UNE OPÉRATION ANALYTIQUE 997 


cette équation ne présente que des termes de degré 0 et de degré — 1 par rapport 
à æ. Comme d’ailleurs elle contient » arbitraires 4, , 4... dans ses » coef- 


ficients A,... A,, ce sera l'équation la plus générale de cette forme. Lorsque, 
par exemple, les A seront donnés, pour retrouver 4,43, 4h il Sufira, après avoir 
d' Ur 


multiplié l'équation par +, de remplacer un terme quelconque tel que x* par 


dr" 
(ms —1)..(5—#k+4 1) ce qui ramènera le premier membre à un polynôme 
ordonné suivant les puissances de #5: en décomposant ce polynôme en facteurs du pre- 
nier degré, les racmes seront, à l'ordre près, les quantités 4, , qi 42, qi— qn et 0. 

L'ordre de ces quantités pouvant étre interverti à volonté, autrement dit l'une 
quelconque pouvant jouer le rôle précédemment assigné à 4,. il en résulte pour 
les (#7 + 1) solutions de l'équation (S3) le tableau suivant 


GT, Qi; Jas +. Qn) 
PT; D es Hs ar Tor Que) 


or, 4: en CE Cm ÈS Jus Un — (a) 


o(x, Hi fn) VE GE ns... : Un —1 fn QT An) 


VA 


L'E(T, — Qi Le ns As — 13; On) 


Les » premières équations de ce tableau ont été formées comme il vient d'être 
dit, tandis que la dernière à été obtenue en comparant l'équation pour avec celle 
précédemment écrite pour la fonction f— x or, 4: 4... qu: les n +1 
solutions trouvées forment un système fondamental d'intégrales toutes les fois que 
les exposants 0,4, Gi —@Q2: 4j — use. jy —q Ont entre eux des différences 
non entières. Le cas exceptionnel conduit à un système fondamental à facteurs 
logarithmiques sans point d'indétermination: nous le laisserons complètement de 
côté dans la suite et nous ne raisonnerons que sur le cas général: les quantités 
fisen OÙ AÀA,,.. A, sont ainsi supposées quelconques. 

Au reste on peut facilement prouver que toute équation de la forme 


+1 dre n De : 
1h SE L " 1 7 — ‘,, “a 
a Fes + a, Le + + ax Fr HE ayip —=brt"e , (86) 


laquelle ne possède que deux catégories de termes, ceux de degré zéro et ceux de 


(63) 


398 C. CAILLER 


degré m, se réduit par changement de variable à la forme (85). En effet, prenons 
y — ka comme nouvelle variable et désignons par #5 et #' respectivement les 


«l d / qe L à À 
opérateurs 1 et 7 Ty : on à » —#", d'où résulte pour la transformée 
LA (l 
de (S6) la forme 
1 1 .! bye Q® 
(r5 2) (SG — a) … (© — an)o — Em —= #9; (87) 
re b : ae 
si l’on prend encore la constante een .. PL'équation précédente est de 


la forme (83) lorsque l'une des constantes 2 est nulle, autrement dit lorsque 


, nr. , 8 
dsi 0: dans le cas contraire il sufhira de poser ©— y" pour ramener 


(ST) à la forme 


(+! G Et, 1 le == 
(5 B 20) (5 + 21) .1(S ne PTT Œn d — yy : 


et la transformation s'achève en prenant & égale à l’un quelconque des 4: il y à 
donc, ici encore, » manières d'obtenir la forme canonique. 
Par exemple l'équation 


dn+ lo 
SENS ( ou (c — 1). (5 — #)o at o 
dont l'intégrale générale s'exprime par les exponentielles 
i=n+i . 
F Ce 
HT ï ? 


où les C sont constants et les 5 représentent les racines (n + 1)f"® de unité, se 


N : : Are 1 n +1 0 
raménera à la forme canonique par la substitution y = ) . aInSI 


+ 
s'(a'— nt) és (ee ER ) D — YY 


Autrement dit, la fonction ©(x,4,, 43: qu) Sexprime par des exponentielles 
lorsque les quantités 4, , 4j — 432, q\ —qn Coïincident à l'ordre près avec 
Il 2 n 
mA TN CA 
facilement, tontes les fois que cette même série de quantités peut être rangée avec 


(64) 


la suite Il en serait de même, comme on le voit 


tnt) sé. on ss De Se. dt pe n'a mn ti ot oie dl dd SE SSD Sn dl de DS SSSR à de 


NOTE SUR UNE OPÉRATION ANALYTIQUE 399 
zéro de manière à former une progression arithmétique de raison CT: Nous 
+ 


allons contrôler ce résultat qui doit nous être utile plus loin, en le présentant sous 
une forme légérement différente. Partons de la formule de Gauss que nous écrivons, 
p représentant un entier positif et À et g des quantités quelconques, comme suit : 


ne En AN .., q—1 TEL bot 
(2x) © œ+D= (HN G+ LR a PE) FAT 


(55) 


Si l’on remplace dans cette formule p par (# + 1), g par zéro, on ob- 
tient 


(n+ tit 


ES 3 AE 1 À DIN eee n 
20 0 D ET Cr) Lorean à LE Usher \(n +1) 


si l’on se reporte alors à la définition de la fonction 


1 2 ñ 
PUR; Los ce Tu api spi 
on trouve 
: (a+ti+ L 
i— AU } 3 (l 2 ñ 
1 2 —— — i = 
NN — 1 S UE = UT NE ee eu 
ñ « 2 
(27)? 0 ((n + 1)2)! 
ou 
l _ . = 2 = uÿ, uh, u0, +4 
Gp in, ta pet. + ovatt) 
(27)*V/n +1 


formule dans laquelle les 5 sont les racines (# + 1)°" de l'unité et # la quantité 


n+1 


u—=(n +1) Vite ET 


Le théorème précédent n’est qu'un cas particulier d'une proposition générale 
qui se démontre par les mêmes moyens et en vertu de laquelle, lorsque les quantités 
O, is Qi — asie qq peuvent être ordonnées suivant » progressions arithmé- 


a fonction 2,4, s'exprime linéairement à l’aide des 


L | 
n +1” 
fonctions hyperbesséliennes d'ordre ». 


tiques de raison 


Des considérations du même genre vont nous permettre de ramener aux 
(63) 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 84 (1903). 45 


3060 C._ CAILLER 


fonctions normales du type (SI) ies hyperbesséliennes de la forme générale (80) 
toutes les fois que les paramètres p Sont rationnels. Faisons d’abord une remarque 
sur là formule de (Gauss (SS). 

Lorsque 4 est un entier positif inférieur à p, l’un des nombres q, q — 1... 
qg— p—+T1 est nul, alors au second membre de l'équation (SS) figure nécessai- 
rement le facteur 2! 

Reprenons maintenant la formule (SO) et Supposons les fractions p, ,.….p, ré- 


| NICE fi Ë f = 
duites au même dénomimateur, où p, — Pa Pr =—= TP D Partageons la série 
“ { 
» . SA A “a | @ | 
4 en g séries partielles Ù,, N,,.. N°, 1, telles que dans Ÿ,, par exemple, 


l'indice À parcoure toute la suite des nombres entiers congrus à 7 module g : 
. a | . » . . . . 

autrement dit pour Ÿ, on a à —mg +7, m étant un indice variable de 0 à > 

tandis que g et r sont des entiers fixes dont le premier est plus grand que l'autre. 


Le diviseur du terme général de Ÿ, est évidemment 


(ng + r)! (mf, + q, + rp,)! … (nf Æ qu + pi)! 


et la remarque faite il y à un instant s'applique à son premier facteur. Si l'on 
décompose à nouveau les diverses factorielles par la formule de Gauss, on voit que 


S, prendra la forme normale et sera de l’ordre f + f, +. +f,+g—1; dela 
sorte la série © se trouve décomposée en g fonctions hyperbesséliennes normales 
de l'ordre susdit, La réduction échoue quand p,,... p, deviennent irrationnelles :; 
on à alors affaire à des transcendantes plus élevées ne vérifiant aucune équation 


différentielle linéaire à coefficients polynôomes. 


Fonctions associées. Nous nommerons associée de lhyperbessélienne normale 


Oy toute fonction +, . dont les indices différent respectivement de 4, ,.. 4, 
Ty Um T'ys Um l 


de quantités entières et positives, de sorte qu'on à 


(a HE nt, B—= + M, “.s En = Un + Mn 


m,… m, étant des entiers positifs. Nous allons faire voir que toute associée 


1° 2 1 
dé, ,, Sexprime linéairement en fonction de Z et de ses dérivées jusqu'à un 
LA n ll 

certain ordre avec des coefficients polynômes. 


En effet si l'on combine convenablement les formules (82), on trouve 


il \ 
HA, _ FR | ; 
— gi (a, li M RS TT (SN) 


LL PP AT a LITE PT. dr, Ar, dr dr, ) À 


(66) 


NOTE SUR UNE OPERATION ANALYTIQUE 361 


il 


— 
dx,dxr, se. dr, 


représente la dérivée prise par rapport à toutes les variables, 


æ; excepté; à la place de cette dérivée on peut encore écrire 
GED es ENG DT "ELLE à) 


et dans les produits (5, +1)... (5,41) et x,-tr tr, ! l'indice à est de 
nouveau seul excepté. Reprenons les notations de la page (336): nous trouvons 
successivement pour la (7 — 1)*% dérivée 


a (oi + 1). (5, + 1) (2°! 9) 


ou 


LP l'E 


ii Lo ee du Gôs + 4) (ie + 92) (ou + Qn)H(2) 


l'indice # étant toujours absent du produit symbolique, mais figurant au contraire 
? 1 U—1 gs 1 Ty À " x +: f  — 

dans l'expression 2%," 2," . En substituant cette valeur de d"='2 au 

second membre de l'équation (S9), j'obtiens 


di —1 1 | di In 


—1 ! : \ 
Ti 2 Li ln i(o, Sr 41) (os Ale (2) 2e (ru az n){(r) 


ou enfin, en effaçant la distinction entre les divers #, désormais inutile, 


ls Mn gl ee 7 

tes nr A da A at die En S(5 + 4) (5 + u)fl 
l'indice 4, est seul absent dans le polynôme (5 +4)... (5 + g,). Si lon re- 
vient enfin à la fonction + . la formule précédente se dédouble en deux rela- 


Vc2- "ln 


tives l’une à l'indice g,, l'autre aux indices 4... qh: 


4 —= (6 — 4) (5 + 42 — 4) (5 + qu — LV RES 


DEL, Us Un ln 


l : 
[or == in —1( A 7 5) 1] 
LÉ ENTRE zx SG — hi) (GT Qu U)9, 
et dans le facteur symbolique de la dernière formule manque le terme (r5 + 4 —4,). 
De la combinaison des deux formules précédentes résulte évidemment 


He Nr) n $ 
ne 


OA +, tm, In ta n 


formule dans laquelle F(#5) représente un polynôme du degré = mn, + m,+...+m,. 


(67) 


302 C. CAILLER 


Or EF (5)2(x) est une expression linéaire en de la forme 


ao + axe + 4,20" + … + 4x2" @" 


qu'on peut évidemment réduire à l'ordre » en utilisant l'équation différentielle (85); 
elle devient alors 


P,o + Piv + + Poe ; (90) 


expression dans laquelle les coefficients P sont des polynômes en æ. Quant à la 
fonction associée %,., 4, He-même, elle n'aura pas généralement la forme 
TM seen TM 


(90) à cause de la présence du facteur "#77 ""; mais on ferait disparaitre 
cette irrégularité, en même temps qu'on rétablirait la symétrie entre les para- 


mètres g, si on considérait comme fonction hyperbessélienne normale, au lieu de 


o . la fonction 4 définie comme suit 
‘Qyr--Un lfs-.. An 
io PA LEL QUE TRUE D 
s| —+ nette tin, SAS, ENV NETRS LEENPRSEEE 
MAC TR TTIE 1 PT ;\l 
ARINACÉ en (9-2) (En) 
Cette fonction est telle que son associée L a la forme 


Bts Qn + Mn 


Qu Qu. + Qu à (91) 


les polynomes Q dépendant du complexe d'indices m,,m,,..m,. Il est clair que 
ces polynomes vérifient un ensemble de récurrences identiques pour tous et analo- 
eues aux équations (33) et (34) du paragraphe (5): en outre on à 


lim(Q,2 Q,y'- ce Q, 4°) — (1, 


lorsqu'un ou plusieurs des indices 2%», ....m, deviennent infinis. Ces propriétés 


sont analogues à celles démontrées plus haut pour les fonctions de Bessel. 


Leprésentation intégrale. Soient deux fonctions hyperbesséliennes normales 


,» ” ns " A ( ! NU ! 
(Den M) Oum Eto'o dans 


quelconques v, Ty) OÙ os, 


gr Un 


les réduites de #,(@,x,,æ,,.. a) et (4,%,,æ,,… a) Sont respectivement 


PDA MB es TR Fig an pat En 


A1 ñ 2 ù 


it. Es 
3063 


NOTE SUR UNE OPERATION ANALYTIQUE 
r, est égal à 


le produit de ces réduites par le facteur x,7, 
AE LR CYR EU A DA Ag aan Es 


PA E 
a, «a, L, 


ce qui est la réduite de la fonction hyperbessélienne 
EE) 


ht 
aja 
(a, La VERTE g((a À Ge)Li, Ls, - 
Û 2 
x, par lunitéet x, par x, 


aux indices 4, + g',+1,q+dga+ li. Qn+ d'u + 1. Ainsi en désignant par 


#,... %, des variables d'intégration, remplaçant x, , 7, , 


o3((a, z= a;)x) 


puis faisant usage d'un théorème connu, nous avons l'identité 


di 142 
a, LA 


CET 
| (4,91, V2... Yes (ar —y,), (1— y)... 1—y,))dy, … dy, 


pe | a! 


“Puf. 
0 


0 0 0 
de laquelle va résulter une représentation intégrale commode pour la fonction 


hyperbessélienne =. Faisons en effet a, —1 et 4, infiniment petit: nous avons en 
HÉEX 4 ES IA Lin 


égalant les termes de degré minimum, 
2x LE af : 
el... 4 va (E) — [l [l ; À dy dy. dye(u vs 0) a — 9)" 0 — 1.) 
DES 0 
ll 


Enfin si l'on prend pour 2, la fonction z aux indices 
{ = —* — 
Lx nL1 


1 
ME pEE 1° fs 


que nous avons vue s'exprimer par des exponentielles, puis qu'on fasse 
13 2 : ea 7 

D —— Ne SNS) — = — .; 

é n +1 In É n +1 


1 TE 


! = 4 — 
étant quelconques. 


5 Va 3 


on finit par obtenir, », 
x Ai 21 ’ Fr 0 
Ua... pe, (X) — | [l . | dy, dy (y, Vas) y) y). (1 y,)". (92) 
0 0 0 
(69) 


30/1. C. CAILLER 


On pourrait déduire de cette formule un théorème général visant la possibilité 
d'une représentation intégrale pour toute transcendante entière qui satisfait une 
équation différentielle linéaire à coefficients polynomes et dont les termes ne sont 
que de deux poids différents. 

Laissant de côté cette propriété facilement démontrable je remarque que, dans 
le cas des fonctions hyperbesséliennes, le nombre des intégrales définies qui figurent 
dans la formule générale (92) peut souvent être abaissé de plusieurs unités. Par 
exemple si nous envisageons la fonction 


TA 
RACE PART PARC EC AT) 
i=Ù0 (pt SEAL 
et sa réduite , = ae, on conclut aisément l'équation 
FA ai bi ; D 
| (02) fn, (OX — 2)) da — EURE Tv, ur 1(X 00? + br), 


Û (@+-b") pp 


qui devient pour a —1 et b très petit 


| 92) (x — 2)" 1 dr — (5 — q —1)'f,,(x) 


formule par laquelle toutes les fonctions telles que f,., Se trouvent exprimées à l'aide 
d'une seule d'entre elles. 

La grande importance de la représentation intégrale (92) réside dans ce fait 
qu'elle peut servir à l'évaluation approchée de la fonction hyperbessélienne quand 
la variable S'éloigne à l'infini, suivant un azimut quelconque, problème mabordable 
si l’on part de la série qui constitue la définition primitive de nos fonctions. Pour 
ne pas allonger outre mesure nous nous bornerons à indiquer d’une manière som- 


maire la solution de ce problème dans le cas # — 2 qui suffit pour faire apprécier 
la généralité de la méthode. 


i—2 D 
= ati 


Soit donc © — = ——  , Où d'après la représentation inté- 
t!G+ aq) (+)! 


orale (92) 


2 “RS 
at CT EP RAR ere À Le NC EE 7h UN 
= | [ere + 1 FF + HAE ER E PRET — dudz , (95) 
\ 3 (4 =)! (4 —> lo o Veau? 
a] ”) 


(70) 


NOTE SUR UNE OPÉRATION ANALYTIQUE 30) 
j représentant une des racines cubiques imaginaires de Punité, La formule précé- 
dente s'écrit encore 

ES NE oO 18 0 :24% 
7 : | [DV x) + PO x) + P(37°\ r)| 
2r(qg— 3) (q — 3)! 
.) “) 

en faisant 


ANA Re) see 
l NES ) C2) dudz . (94) 


Au lieu de chercher la valeur asvmptotique de 2(x) il revient done au même de 
déterminer celle de (x). Celle-ci S'obtient aisément en changeant quelque peu la 
forme de l'intégrale double, Faisons la transformation 


== ARE (re 3), 2 — À 
d'où résulte 


D —(l—#"); tele) ududz= 32( Ed . 


et. les limites restant 0 et 1. 
ANA 


AR ANRE 
DT) — | 6" y(£)d£ 
Ô 
avec 
2 ra 
ANS 1 AN ES 4 
à Eee TE e À f (1 1) dr 
2) = (1 — ST u (€) DA) | RE ETES 
0 (ASE (== )r) 3 
Remarquons que cette fonction 4(2) reste constamment finie et positive entre £— 0 


2 A | 
(a—3)!{q mn ll 
@+aN  ? 


pour £— 0 elle prend une forme indéterminée, mais sa vraie valeur est finie: car Si 


et £—1, limites comprises. En effet pour 2 —1 elle vaut 


ti) 


l'on pose 4 — a eêtr—û@r!, u(2) devient 


IDE 
re pra 
Hess Hi) D cer = : dr 
0 (ee) 
(T1) 


C. CAILLER 


300 


d'où lon tire pour :—0 
: 5) (5) 
SN ONE V7 27. MATE 
u(0) — | — st = 
| IT pr an | 
(as 


Eu td (E): 


Nous poserons encore (2) (14 2+ 2) +1 =—% (5), ce qui donne » (2) —(1 
cette fonction Z est finie et ses valeursextrèmes sont 5(1)—31+% (1) et 5(0) — (0). 


Passons maintenant à la recherche de la valeur asymptotique de (x) et distin- 


oœuons à cet effet divers cas. 
augmentant à linfini tandis que 


0 
Î 


Premier cas. Soient x—5e6". le module 


l'angle est aigu où cosz > 0. On a 


:| 
P(x) — | e#(1 — PC (E)dE 


û 
en faisant la substitution £—1—", on obtient 
0 
e® ep 2 
nt — >—2(c0s & +isinæ) +9 +0" PE 2 
P(x) = ET / ( £ s(1 =) de 


k û 


ce qui donne pour p — x 
1 D ) or ÀjE TE 1) Re. 
| 4 Rond (+4 9 pa at ++ 

— ©, C0Sx<7 0. Remplacons dans (x) la 


ia 
, D 
i 


Deuxième cas. Soient x — pe 


variable £ par — —— , il vient 
L COS z 


[2] 
il ?— p cos œ 2 
DID — | elite), | — }dz 
nCOSx COS z 
: l 
dont la limite est 
Il y(0) 


2 COS 2 1 +itqu 


ainsi 
u(0 
D(x) BC ) 


ee . 


! Nous désignons, suivant l'usage, une égalité asymptotique par le signe 


(72) 


nn ÂGE dt ét CRE ne |, 4 à, Sd ''SRS 


NOTE SUR UNE OPÉRATION ANALYTIQUE 3067 
Troisième cas. Soient x — is Où x — et s— x. Si nous voulions traiter 


ce cas dans sa généralité, quelques longueurs seraient nécessaires: nous les évite- 
rons en supposant négative et supérieure à — 1 la somme g + g', le cas contraire 
pouvant être réduit à celui-ci au moyen d'intégrations par parties. 
On a dès lors 
é 10È 
ba — | e'"y(£)dE , 
n 
14 
ce qui peut encore s’écrire, en remplaçant ? par 1 — — et »(£) par (1 — +1, (2), 
E =) ; 
1 
sous la forme 
e'8 FE. z 
RÂvE LEE —i A+ Lg 
BG = ri) etaA+ts (1 =)dz 
: û 0 


Or. en vertu de l'hypothèse admise tout à l'heure, les intégrales 


22 
f'eosz2 +d'dz et | smzz4t1dz 


û û 
ont chacune un sens et en les désignant pour abréger par A et B, nous avons 
ï 


Dr) & an (A — ÉB)31+ a (1) 


et; — x. La même méthode 


Quatrième cas. Soient x = — ?s Où 3 = — 


1 | ?1 


est évidemment applicable et l'on a en changeant le signe de À 


D(x) + Et (A+ iB)31+#'u(1) 


De ces divers théorèmes résulte que la série 


1 T° il 


a \2 
LG DD À GE D0G+90 60049 GT) = 


à comme expression asymptotique, pour x positif très grand, la quantité 
æ s 
e? LEE DRE 
A gr OS (TS + a) , 


A et Z étant deux constantes qui dépendent de g et g'. Le phénomène de la pério- 
T3) 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE. VOL. 34 (1903). 46 


308 C. CAILLER — NOTE SUR UNE OPÉRATION ANALYTIQUE 


dicité à l'infini, si remarquable pour les fonctions de Bessel, reparaît done 1ei avec 
ses conséquences, l'existence d'une infinité de racines réelles par exemple : 11 y faut 
relever toutefois cette circonstance nouvelle d'une amplitude indéfiniment crois- 
sante avec æ. 

Je termine en remarquant que les nombres g et g' Sont soumis dans ce para- 
graphe à une limitation destinée à assurer la convergence des intégrales; le lec- 
teur n'aura pas de peine à assigner les valeurs extrêmes qui en résultent pour ces 
quantités. 


rs 4 


RAPPORT 


DU 


PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE 
D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE 


L'ANNÉE 1903 
PAR 


M. Paul van BERCHEM 


MESSIEURS ET HONORES COLLÈGUES, 


En venant vous rendre compte de Factivité de notre Société pendant l'exer- 
cice écoulé, je commencerai suivant l'usage par vous donner quelques renseigne- 
ments sur les questions administratives: puis, après avoir rappelé la vie et les tra- 
vaux des membres dont néus avons eu à déplorer la perte, je résumerai brièvement 
les travaux qui nous ont été présentés pendant les seize séances que nous avons 
tenues cette année. Je rappelle que le bulletin plus complet de nos séances parait 
dans les Archives des Sciences physiques et naturelles. 

Au mois de janvier, vous avez appelé à la vice-présidence M. le Dr Auguste 
Waxtmann qui occupera la présidence cette année, vous avez nommé M. Arnold 
Pictet trésorier pour remplacer M. le D' Wartmann qui quitte ces fonctions après 


(1) 


370 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


les avoir remplies pendant 12 ans avec tant de dévouement. MM. Penard et Augus- 
tin de Candolle ont remplacé au comité de publication MM. M. Bedot et J. Briquet, 
membres sortants. 

Nous avons élu membres ordinaires M. René de Saussure et M. le professeur 
Emile Yung. Le comité de publication à reçu trois associés libres, MM. les D 
Adrien Jacquerod, Georges Darier, Johan Karl. Deux savants étrangers ont été 
nommés membres honoraires, MM. les professeurs René Blondlot à Naney et 
Walther Spring à Liège. 

D'autre part, nous avons eu la douleur de perdre un de nos membres ordi- 
naires, M. Alphonse Pictet, un de nos associés libres, M. Théodore de Saussure et 
un de nos membres honoraires, M. Theodor von Heldreich dont le décès survenu en 
1902 n'était pas parvenu à notre connaissance au moment où le dernier rapport 
présidentiel vous a été présenté. 

Comme d'habitude nous nous sommes fait représenter à la session annuelle de 
la Société helvétique des Sciences naturelles qui s’est tenue à Locarno cette année, 
MM. L. de la Rive et Ch. Soret ont bien voulu se charger de ce mandat. Votre pré- 
sident s'est rendu aux invitations que nous avons reçues de la Société vaudoise des 
Sciences naturelles pour sa réunion annuelle qui à eu lieu cette année à Caux et de 
l'Institut national genevois pour le banquet en l'honneur du cinquantenaire de sa 
fondation. Nous avons également reçu une invitation de Ia Schlesische Gesellschaft 
für vaterländische Cultur pour la célébration de son centenaire que la distance ne 
nous à pas permis d'accepter. 

Le troisième fascicule du tome 34 de nos mémoires à paru cette année. Il con- 
tient le rapport présidentiel pour 1902 et le dernier mémoire de notre regretté 
collègue Mare Micheli intitulé: Légumineuses récoltées dans les états mexicains de 
Michoacan et de Guerrero par Eugène Langlassé. Le quatrième fascicule actuelle- 
ment sous presse renfermera le rapport pour 1903 et le mémoire de M. le professeur 
Cailler sur les fonctions de Bessel. 

Nous tenons à rappeler les hommages qui ont été rendus cette année à trois de 
nos membres ordinaires. MM. H. de Saussure et P. de Loriol ont été nommés Doc- 
teurs honoris causa par la faculté des Sciences de notre université. Celle-ci a tenu 
à reconnaitre par là les services rendus à la science par ces deux savants. Le jubilé 
de 30 ans d'activité scientifique de M. le professeur Graebe à été fêté à Cassel le 
20 septembre dernier et nombreux sont les membres de notre société qui ont tenu 
à s'associer à cette manifestation. Nous avons également envoyé un télégramme de 
félicitations à M. le professeur Hagenbach à Bale, membre honoraire, à l’occasion 
de l'anniversaire de ses 735 ans. 


POUR L'ANNÉE 1903 371 


Votre comité de publication à tenu 6 séances. La principale question dont il a 
eu à s'occuper est celle de la revision de notre convention avec le Conseil adminis- 
tratif de la Ville de Genève. Le nouveau projet qui vous a déjà été soumis doit rece- 
voir incessamment votre approbation définitive. Nous rappelons que l’ancienne con- 
vention date de 1835 et qu'elle stipule la remise à la bibliothèque publique de toutes 
les publications que nous recevons à titre d'échange ou de dons contre une somme 
annuelle de 1200 francs. Cette remise se faisait d'abord à la fin de chaque année. 
puis semestriellement et plus dernièrement encore à la fin de chaque trimestre. Les 
membres de la Société conservaient pendant ce délai le droit de prendre à domicile 
toutes les publications que nous recevions. La modification projetée consiste en 
résumé à renoncer à ce dernier droit et à faire nos remises à la bibliothèque de 
suite après chacune de nos séances. Comme contre partie, nos membres ordmaires 
et associés libres auront un accès gratuit à la nouvelle salle des périodiques que la 
Ville construit actuellement en annexe de la bibliothèque publique et où les publica- 
tions que nous lui remettons seront déposées. Is auront en outre le droit de prendre 
à domicile les volumes de la bibliothèque, sous la réserve pour les publications 
nouvelles du délai réglementaire pendant lequel celles-ci devront rester déposées à la 
salle des périodiques. Il est évident que la somme de 1200 fr. que nous continuerons 
à recevoir est modeste en regard de la valeur de notre apport, valeur qui, difficile à 
évaluer, peut bien atteindre 3 à 6000 fr. I] faut espérer que le jour n’est pas éloigné 
où la Ville pourra tenir compte dans une juste mesure de l'augmentation considé- 
rable de notre apport depuis 1855. 

Il ne sera pas inutile de rappeler à ce propos que le nombre des associations 
savantes avec lesquelles nous échangions nos publications et qui s'élevait à 45 en 
1836, avait été porté en 1S54, au moment où notre dernière convention était faite 
avec la Ville, à 68. Il monte à 234 sur la liste publiée dans nos mémoires en 1902, 
Avec les nouveaux échanges intervenus des lors, le chiffre des associations corres- 
pondantes arrive aujourd'hui à 242. 

A côté des échanges réguliers. notre société a reçu divers ouvrages de la part 
de plusieurs personnes. Nous tenons à remercier ici tous ces donateurs !. 

Une autre question à été posée au comité de publication, c’est celle de savoir 
S'il conviendrait de faire une place à part dans nos séances aux principales branches 
de la science. Cette modification de nos usages peut, à côté de ses avantages, pré- 
senter quelques inconvénients. Elle entrainerait en tous cas une revision de notre 


! La liste en sera publiée dans un prochain fascicule de nos mémoires, à la suite d'une liste 


complète des périodiques que notre Société recoit par voie d'échange. 


(5) 


372 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


réglement et nous ne pourrions entrer dans cette voie qu'après müre délibération. 
L'examen de cette idée incombera à votre nouveau comité, mais il serait à désirer 
que chacun de nous y réfléchisse et examine dans quelle mesure il serait possible 
de faire droit au désir exprimé sans aboutir à une destruction de Funité de notre 


société. 


NOTICES BIOGRAPHIQUES 


ALPHONSE PICTET 


Né en 1838, Alphonse Pictet était fils du professeur François-Jules Pictet dont 
les travaux ont fait honneur à la science genevoise et que notre société s'honore d’avoir 
compté au nombre de ses membres. Il était frère d'Edouard Pictet qui a fait égale- 
ment partie de notre société. Alphonse Pictet se destinait aux affaires, mais diverses 
circonstances le détournerent de cette carrière. Resté veuftrès peu de temps après son 
mariage, 1l vécut dès lors très retiré, Pour se distraire de son chagrin, il entreprit 
en 1872, avec l’un de ses amis, un voyage aux Indes et effectua son retour par le 
solfe Persique et la Mésopotamie, trajet très peu fréquenté à cette époque. IT à 
laissé un récit détaillé de cette expédition, mais qu'il n’a jamais voulu publier, Bien 
qu'il y eût déjà un service de bateau à vapeur qui remontait le Tigre, son journal 
dit : « Le passage d’un Européen à Bagdad est chose rare, cela fait époque et pen- 
dant longtemps lon parle de tel ou tel comme dun événement extraordinaire, » 
Très intéressants sont les récits de ses courses aux ruines de Ctésiphon et de Baby- 
lone, ainsi que celui du voyage à cheval, qui en 24 jours et en longeant l'Euphrate, 
le ramena de Bagdad à Alep. Les descriptions sont vivantes : campements sous la 
tente, chamsin, chevauchées la nuit pour éviter la grande chaleur, mirages, grandes 
hordes d'Arabes nomades avec des troupeaux imnombrables, rappelant le temps des 
patriarches, tous ces petits tableaux permettent aisément de suivre le voyageur sur 
cet itinéraire peu connu alors, et où la locomotive fera peut-être entendre son sifet 
d'ici à quelques années. 

Grand amateur de chasse et d'alpinisme, Alphonse Pictet ne se voua que sur le 
tard aux sciences naturelles, encouragé et guidé dans cette voie par son ami et pa- 
rent, M. Henri de Saussure, Il entreprit dès lors avec ce dernier, ou avec d'autres 
savants comme M, Brunner de Wattenwyl, des voyages scientifiques en Espagne, 


(4) 


POUR L'ANNÉE 1903 37e 


aux Îles Canaries, en Afrique et en Serbie, ne craignant ni la chaleur, ni le manque 
total de confort. Les résultats de ces expéditions ont été en partie publiés, [a donné 
dans nos mémoires en 188$, un travail sur les Locustides nouveaux où peu connus du 
musée de Genève. Puis en collaboration avec M. H. de Saussure: Catalogue d'Acri- 
diens (Bull. de la Soc. entomologique suisse, ISS7). De quelques orthoptères nou- 
veaux, Pomphagiens, Sténopelmatiens et Gryllacriens (Bull. de la Soc. entomolo- 
gique suisse, 1891). Iconographie de quelques sauterelles vertes (br. m-4°, Geneve, 
1892). Partie des Insectes orthoptères de la Biologia Centralo-Americana compre- 
nant la Famille des Locustides, Londres, 1899 (Edité par Godman). 

Pictet fit partie de la Commission du musée d'histoire naturelle de Genève, 
depuis 1890 et porta grand intérêt à cette institution, Depuis quelques années la 
maladie était venue interrompre ses travaux et l'avait obligé à renoncer à bien des 
occupations qui lui étaient chères. Elle l'a emporté le 23 août 1903, après des mois 
de souffrance vaillamment supportées qui ont fait ressortir une fois de plus lendu- 
rance qui le caractérisait et qui faisait de lui un (renevois de vieille roche. 


THEODOR VON HELDREICH 


Théodor von Heldreich, né à Dresdele 3 mars 1822, fit ses études à l'Université 
de Fribourg en Brisgau. Il se consacra à la botanique sous la direction du professeur 
Dunal à Montpellier en 1837 et sous celle de Aug.-Pyr. de Candolle et Alphonse de 
Candolle à Genève de 1838 à 1842. Après un premier voyage botanique en Sicile, 1l 
entrait comme conservateur de l'herbier de Candolle en mai 1841, pour quitter cette 
place l'année suivante au mois de juillet. Dans la première lettre d’une correspon- 
dance avec Edmond Boissier, lettre datée de septembre 1843, Heldreich raconte 
comment après avoir quitté M. de Candolle un peu légerement, et avoir vu, pendant 
une année passée en Italie, s'évanouir différentes perspectives d'avenir, il vient d'arri- 
ver à Athènes où son père compte s'établir pour faire de l'agriculture avec lui. < ne 
me reste rien de mieux à faire, car après tant de calamités, vous concevez bien, 
Monsieur, que c'en est fait pour moi de la botanique comme carrière et heureuse- 
ment la science n’y perdra pas beaucoup. Cependant je ne pourrais cesser d'aimer 
avec passion cette belle science et de la continuer au moins comme amateur. » Mais 
il ne peut se résoudre à cet abandon et plus loin il révient à l'espoir : < Si vous ne 
connaissez pas de place pour moi, faites-moi voyager, vous seul où en vous asso- 


() 


371 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


ciant à d’autres botanistes, envoyez-moi dans un pays quelconque, j'irai partout, je 
ferai tout pour l'amour de la science et dussé-je succomber. >» Et il propose la Grèce, 
la Crête, l'Asie mineure, montre combien 11 y à encore à récolter dans ces pays, 
qu'il est sur place et connait la langue. On le voit, la vocation d'Heldreich était bien 
marquée, il saisira la première occasion de la suivre, Le jeune botaniste n'eut pas 
longtemps à attendre, dans sa seconde lettre, un mois plus tard, sa satisfaction est 
complète, il à reçu une réponse favorable, En 1844, il parcourut la Grèce et nous 
le retrouvons en Asie mineure l'année suivante. Ses voyages exécutés principalement 
pour le compte de Boissier, se succèdent jusqu'en 1S4S. En 1849 et 1850, il visita 
l'Angleterre et fut pendant un an conservateur de l'herbier de Ph. Barker Webb. 
A partir de 1851, sa résidence est définitivement fixée à Athènes, et il occupe la 
place de directeur du jardin botanique qu'il gardera jusqu’en 1898. Rayonnant de 
là presque chaque année, ses études portent sur la flore des pays qu'il avait désiré 
si ardemment pouvoir explorer. Ses herborisations ont amené la découverte de 700 
espèces et de 7 genres nouveaux. 70 espèces lui ont été dédiées principalement par 
Boissier dont il fut l’un des importants collaborateurs pour les Diagnoses Plantarum 
Orientalium (1842-59), et la Flora Orientalis (1867-S8). C’est également avec les 
matériaux rapportés de ces voyages qu'il à constitué son Herbarium Græcum Nor- 
male auquel il a travaillé jusqu'à sa mort. 

Mentionnons parmi ses principaux ouvrages: Nutzpflanzen Griechenlands 
(1862), Sertulum plantarum novarum Floræ Hellenicæ (1876), die Pfanzen der 
attischen Ebene (1877), Monographien der Liliaceen Gattung Leopoldia (1878), 
une flore de l'ile de Céphalonie (1882), et une flore de l'ile d'Egine, La partie 
botanique de la description physique de Pile de Crête de Raulin est en grande partie 
son œuvre, 

L'activité d'Heldreich ne s’est point confinée dans la botanique, Il était un de 
ces rares naturalistes qui avait trouvé moyen de se livrer à des recherches person- 
nelles dans d'autres branches encore que la sienne. C’est ainsi qu'il était devenu 
une autorité en grec moderne, ainsi que le prouvent ses Studien über neugriechische 
Vulgärnamen et ses études des plantes d'Homere publiées en grec moderne (1895). 
Il collaborait aussi depuis ISS9 au grand dictionnaire encyclopédique de grec mo- 
derne édité par Barth et Hirst pour la botanique et la pharmagnosie, science dont 
il s'est également beaucoup occupé. 

Pendant qu'il occupait le poste de directeur du musée d'histoire naturelle de 
l’université d'Athènes de 1858 à ISS3, il en a fondé les sections zoologiques, 
paléontologiques et botaniques. Ses études pendant cette époque ont porté égale- 
ment sur la zoologie et plus spécialement sur l’entomologie, la malacologie et la 


(6) 


DS et dde à à SR de DT lc 


— 


nés. Dan 


POUR L'ANNÉE 1903 37) 


paléontologie. C’est ainsi qu'on lui doit une faune de Grèce (vertébrés). Même les 
antiquités préhistoriques ne lui étaient point étrangères. 

Après avoir professé l’histoire naturelle dans différents lycées d'Athènes, il 
avait été désigné pour donner cet enseignement au prince héritier et aux deux 
princes Georges et Nicolas. Peu après, en automne 1882 ou 1883, la fidèle amitié 
qui l’unissait depuis si longtemps à Ed. Boissier, l’amena à Valleyres. 

Membre de nombreuses sociétés savantes, c'est à la même époque, en 1883, 
que notre société avait tenu à reconnaitre sa collaboration avec les botanistes gene- 
vois en l'élisant membre honoraire. Cette collaboration ne fut point interrompue par 
la mort d'Ed. Boissier, car Heldreich continua dès lors ses relations et sa corres- 
pondance avec M. W. Barbey et l'Herbier Boissier, et cela jusqu'à sa mort. Il s'est 
éteint à Athènes le 17 septembre 1902, peu après avoir fété son SO®* anniversaire, 


Théodore de Saussure, né en 1824, décédé le 4 août 1903, était le doyen de 
nos associés libres sur la liste desquels il figurait depuis 1860. IT était petit-neveu 
d'Horace-Bénédict de Saussure. Son activité s’est surtout exercée dans la Société 
des Arts, cette doyenne des sociétés intellectuelles genevoises, dans l'immeuble de 
laquelle nous tenons nos séances. Il a été longtemps l'ame de cette société. Après 
l'avoir présidée pendant ?S ans, il en fut nommé président d'honneur. Peintre ama- 
teur, ami des arts. il s’est intéressé à tout ce qui les concernait. C’est ainsi qu'il a 
été l’un des fondateurs de la Société suisse des Beaux-Arts et de la Société suisse 
pour la conservation des monuments historiques. 

On trouvera dans le discours du président de la Société des Arts de février 
1904 une notice nécrologique complète due à la plume compétente de M. L. de 
Candolle. 


ACTIVITÉ SCIENTIFIQUE DE LA SOCIÉTÉ 


Géographie physique et météorologie. 


M. A. BRUN a présenté à la Société des photographies de glaciers du Spitzherg 
qu'il a prises en 1902 et attiré l'attention sur quelques faits qu'elles font ressortir. 


(7) 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 34 (1903) 47 


370 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


M. le professeur DUPARC à communiqué les premiers résultats du travail entre- 
pris sous sa direction par M. E. BOURCART sur la composition chimique des eaux et 
des vases des lacs de montagne. Ces recherches montrent la très grande diversité de 
composition de l'eau suivant les conditions géologiques du bassin d'alimentation de 


ces différents lacs. 


Physique. 


M. Th. TOMMASINA à fait une communication relative à quelques notions phy- 
siques fondamentales pour la théorie mécanique de l'électricité. 

Le même à constaté qu'un champ tournant électromagnétique était produit par 
une modification hélicoïdale des stratifications dans un tube à air raréfié. 

Le même a exposé un travail sur l'éther-électricité, et la constante électrosta- 
tique de gravitation ou aperçu d'une théorie électronique des radiations et de la 
oravitation universelle. 

Le même a revendiqué la priorité pour la construction du premier type de cohé- 
reur auto-décohérent à goutte de mercure entre électrodes métalliques. Ce type est 
celui qui a servi à M. Marconi pour ses premiers signaux à travers l'Atlantique, et 
l’auteur nous en avait nanti déjà le 3 mai 1900. 

Le même à répété l'expérience qui consiste à faire scintiller un peu de sulfure 
de zinc quand celui-ci est chargé de traces de sel de radium et décrit les quelques 
observations qu'il a pu faire dans ces conditions. 

M. le professeur Ch. E, GUYE à présenté un appareil de démonstration relatif 
à la propagation des mouvements ondulatoires. Il repose sur Panalogie entre le mode 
de propagation des ondes qui se forment à la surface d’une nappe liquide et celui 
des ondes sonores, lumineuses où électromagnétiques et consiste en un plateau de 
bois contenant du mercure sur les bords duquel on dispose quatre rangées de clous 
distants de 5% qui suffisent à absorber les ondes réfléchies dont la présence, sans 
cela, troublerait l'expérience. 

Le même à donné les résultats préliminaires de recherches sur la lampe à arc 
au mercure et indiqué les causes probables de la force électromotrice de l'arc vol- 
taïque jaillissant entre des amalgames. 

Le méme en collaboration avec M. B. MONASCH à exposé les résultats de son 
travail sur le fonctionnement de l'arc de très faible intensité jaillissant entre élec- 
trodes métalliques. Les expériences ont porté sur les corps suivants: C, Mg, Cd, Fe, 
Ni, Cu, Ag, Pt, Au. Il en résulte que la tension nécessaire pour maintenir un arc 


(5) 


POUR L'ANNÉE 1903 377 
de longueur et d'intensité données, est d'autant plus grande que le poids atomique 
du métal des électrodes est plus élevé. Seul le Cd à fait exception à cette règle. 

Le même à entretenu la Société de ses recherches en collaboration avec 
M. BENI HERZFELD sur l'hystérésis magnétique aux fréquences élevées. Elles 
montrent qu'en employant des fils sufhsamment fins, l'énergie dissipée dans un cercle 
d'aimantation est indépendante de la rapidité avec laquelle ce cycle est parcouru. 

Le même a donné les résultats préliminaires des mesures qu'il à effectuées en 
collaboration avec M. FORNARO sur la variation résiduelle du second module d’élas- 
ticité de l'acier imvar soumis à des variations de température. La méthode employée 
est basée sur l'observation des coïncidences de deux fils identiques oscillant sous 
l’action de la torsion. 

M. le Prof. HENRI DUFOUR à fait part de ses observations sur l'intensité du 
rayonnement solaire pendant les premiers mois de 1903. Elles montrent une dimi- 
nution sensible de la valeur thermique de la radiation solaire. L'auteur se demande 
S'il ne faut pas voir la cause de cette diminution dans la présence de poussières 
projetées dans l'atmosphère par éruption de la Montagne Pelée. 

M. le professeur KR. BIRKELAND à exposé ses vues sur la théorie de l'aurore 
boréale d’après lesquelles les bandes sont produites par des courants électriques 
dans la haute atmosphère parallèles à la surface terrestre. 

M. R. DE SAUSSURE à deux reprises successives à développé une hypothèse sur 
la constitution géométrique de l’éther, ayant pour but la réduction des unités mé- 
caniques à des grandeurs géométriques. Des trois unités fondamentales de la méca- 
nique, le temps, la force et l’espace, deux d'entre elles, le temps et l'espace, ont un 
caractère purement géométrique, la première est une grandeur à une dimension, la 
seconde est une grandeur à trois dimensions. L'auteur examine ce qu'il advient si 
l’on considère la force comme une grandeur géométrique à deux dimensions. Cette 
hypothèse introduit de grandes Simplifications dans l'expression des unités dérivées 
électriques où magnétiques. 

Le même à annoncé son intention de faire quelques essais avec un propulseur 
aérien dont l'organe moteur serait constitué par un hélicoptère auquel outre son 
mouvement de rotation où imprimerait un mouvement alternatif de translation. 

M. L. DE LA RIVE à traité l'ellipsoïde d'élasticité dans le cas où les forces 
élastiques principales ne sont pas toutes de méme sens et où la surface tangentielle 


est un hyperboloïde. 


(9) 


378 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


Chimie. 


M. le professeur Ph. À. GUYE en collaboration avec Mile HOMPHRY à fait des 
mesures d'ascensions capillaires sur les dérivés amyliques et maliques qui ont fourni 
comme coefhcient de température des valeurs comprises entre 3 et 4. 

Le même en collaboration avec M. RENARD à montré que les mesures d’ascen- 
sion capillaire peuvent être effectuées dans l'air avec la même précision que dans le 
vide, ce qui simplifie considérablement le mode opératoire. 

Le même à communiqué un travail sur la théorie du fonctionnement des élec- 
trolyseurs à diaphragmes et sur son application à lélectrolyse du chlorure de sodium. 
Les résultats d'expériences industrielles ont confirmé les conclusions pratiques qui 
se déduisent de cette théorie. 

M. le professeur Amé PICTET a rendu compte de la suite de ses recherches 
sur les acides organo-minéraux. Elles ont porté sur les acides acéto-sulfurique, 
acéto-chromique, acéto-phosphorique et acéto-borique. Toutes ces substances sont 
des anhydrides mixtes de propriétés assez semblables, décomposés par Peau et réa- 
gissant avec les alcools en mettant l'acide minéral en liberté. 

Le méme en collaboration avec M. A. ROTsCHY à étudié la nicotine inactive et 
son dédoublement. Les trois modifications optiques de la nicotine, prévues par la 
théorie, ont pu être préparées et obtenues par synthèse complète à partir des élé- 
ments. 

M. A. JAQUEROD en collaboration avec M. WASSMER à déterminé les points 
d'ébullition de la naphtaline, du biphényle et de la benzophénone sous diverses pres- 
sions en utilisant un thermomètre à hydrogène à volume constant, 

M. le professeur L. DUPARC a fait entreprendre à plusieurs de ses élèves une 
série de recherches sur Paction des solutions des sels alcalins et alcalino-terreux 
sur les carbonates, phosphates, sulfates et chlorures insolubles, IT a communiqué les 
résultats préliminaires obtenus avec M. GOGUÉLIA, en faisant agir les chlorures 
alcalins en solution, sur les carbonates insolubles de la formule RCO', 

Le même à fait part des prenuers résultats d'un travail entrepris en collabo- 
ration avec M. J. BarTH sur le dosage colorimétrique du fer et les méthodes colori- 
métriques en général. Après avoir constaté expérimentalement les insuffisances de 
l'appareil de Jones pour doser cliniquement le fer dans le sang, les auteurs ont fait 
construire un appareil basé sur un principe différent et en donnent la description. 


(10) 


SA 


POUR L'ANNÉE 1903 379 


Minéralogie. Géologie. 


M. PEARCE présente une étude sur quelques phénomènes en lumière conver- 
gente qu'il désigne sous le nom de courbes obscures et à Paide desquels il montre 
qu'on pourrait déterminer le signe optique des cristaux biaxes sur une section paral- 
lèle au plan des axes optiques. 

M. le professeur C. SARASIN à rendu compte de ses excursions en 1902 dans 
la région des Bornes et des Annes (Haute-Savoie). Après avoir décrit la tectonique 
des différentes chaines il émet une hypothèse sur l’origine de la Klippe des Annes, 

Le même est revenu sur l'étude de la Klippe des Annes qu'il a poursuivie, 
étude qui fait ressortir l'existence de deux éléments tectoniques distincts, le massif 
de Lachat et le massif d’'Almet qui chevauche sur le précédent. La tectonique de la 
Klippe qui ressort des faits décrits n'offre pas d'argument nouveau en faveur de la 
théorie du lambeau de recouvrement. 

M. le professeur L. DUPARC à montré par ses recherches pétrographiques sur 
le granit-porphyre de Troitsk que celui-ci est anté-dévonien et non dévonien comme 
on l’admettait jusqu'à présent. L'étude de ses contacts montre qu'il ven à de deux 
espèces, lune par inprégnation et l'autre par contact. 

En étudiant les roches éruptives de Kosswinsky, le même, en collaboration 
avec M. PEARCE, à découvert une amphibole spéciale qui, tout en se rattachant 
au groupe de la hornblende, à par ses caractères optiques une individualité distimete. 
Les auteurs proposent de lui donner le nom de Soretite, 


Botanique. 


M. le professeur CHODAT, en collaboration avec M. ADJAROFrr, à étudié les 
conditions de nutrition de quelques algues en culture pure. Les recherches ont 
porté soit sur lPaddition de sucre, soit sur celle de peptone où d’asparagine, soit 
enfin sur la variation du pouvoir peptonisant suivant que lon opère à là lumiere 
où dans l'obscurité. 

Le même, en collaboration avec M. À. BACH, à continué ses travaux sur les 


ferments oxydants. Les auteurs établissent que la peroxydase est sans action OXY- 


(11) 


3530 RAPPORT DU PRÉSIDENT 


dante lorsqu'elle est isolée, mais qu'elle active l’action des peroxydes organiques : 
puis que l'oxydase est un mélange de deux ferments, lun dont le pouvoir oxydant 
serait très faible et que les auteurs proposent d'appeler oxygénase, et l'autre qui 
serait une peroxydase, De plus, pour la première fois sans doute, les ferments oxy- 
dants dans les cellules vivantes de pomme de terre ont pu être localisés. 

M. B.-P.-G. HOCHREUTINER à décrit une espèce nouvelle de composée du 
Sud-Oranais, une Perralderia qu'il a dédiée au capitaine Dessigny, caractéristique 
par son action toxique sur le chameau. 

M.J. BRIQUET a communiqué le résultat de ses recherches microscopiques sur 
les différentes formes de poils et de glandes des Joubarbes (Sempervivum) et montré 
que ces organes fournissent d'excellents caractères pour distinguer les principaux 
groupes de ce genre critique. 

Le méme à exposé l’organisation florale d'un nouveau genre de Iabiées tropi- 
cales rapporté du pays des Somalis par expédition Ruspoli-Keller et qu'il nomme 
Hyperaspis. Ce genre est intermédiaire entre les Ocimum et le remarquable genre 
Erythrochlamys. 

Le même à découvert chez divers Plectranthus de FAfrique du Sud, en parti- 
culier chez Plectranthus arthropodus, des pétioles pourvus à la base d'un coussinet 
de désarticulation. La morphologie et Fanatomie de ces singuliers organes, entière- 
ment nouveaux chez les labiées, ont pu être établies, mais leur rôle biologique reste 


provisoirement obscur. 


Zoologie. Physiologie. 


M. PENARD rend compte de certains phénomènes qu'il a observés chez deux 
Héliozoaires et qui sembleraient montrer de la part de ces organismes mférieurs 
une intention adaptée à un but. 

M. le professeur E. YUNG, après avoir observé la variation de longueur que 
subit l'intestin du printemps à l'automne chez certains poissons et chez la 
grenouille, à été conduit à expérimenter sur les effets anatomiques de l’inanition. 
Il établit que la diminution des organes ne provient pas de la disparition d'éléments 
cellulaires, mais de lamaigrissement de chacun de ces éléments, et il décrit les 
modifications qui s’accomplissent ainsi dans les cellules. | 

Le méme, après avoir donné le résultat de ses recherches sur la structure 
histologique de la grande corne de lescargot (Helix pomatia), a appelé particulière- 


(12) 


POUR L'ANNÉE 1903 381 


ment l'attention sur un groupe de grandes cellules de nature nerveuse qui se trouve 
au voisinage du ganglion tentaculaire et dans lequel il faut voir un centre moteur 
capable d'actionner les fibres du muscle rétracteur. 

M. le professeur M. BEDOT, en communiquant ses nouvelles recherches sur la 
Bathyphysa Grimaldi, à décrit la constitution de ces animaux délicats et rares qui 
proviennent des profondeurs moyennes de l'Océan. Il a signalé en même temps les 
résultats des campagnes scientifiques faites par S. A. le prince de Monaco. 

M. le D'J. KaRL à observé dans l'embryon d'Entomobrya Nivalis (un Collem- 
bole), un organe provisoire qui ne se retrouve pas chez l'adulte et qui est destiné à 
fendre le chorion de l'œuf. Cette observation corrobore d’autres observations ana- 
logues déjà faites chez d’autres espèces. 

Le même par ses recherches dans les Grisons à établi une ligne faunistique 
dans les Alpes de cette région en étudiant la répartition des Diplopodes. La chaine 
au nord de l'Engadine sépare une faune occidentale au nord, d’une faune orien- 
tale au sud, toutefois la vallée du Rhin supérieur forme une zone de transition. Cette 
manière de voir est appuyée par la distribution d'autres groupes d’invertébrés et 
par la principale des deux limites foristiques de Christ qui lui est identique. 

M. Arnold PICTET, dans de nouvelles expériences relatives aux variations des 
papillons, à constaté que l'humidité se fait plus sentir sur les espèces de la plaine 
que sur celles de la montagne. L'auteur signale l'apparition dans le Valais de plu- 
sieurs variétés méridionales et pense que ces espèces ont pu être créées sur place 
par des conditions météorologiques analogues à celles de leur pays d’origine. Cer- 
taines espèces demandent plusieurs générations avant d'être influencées par le 
changement de régime. 

M. le professeur J. L. PREVOST rend compte d'expériences faites dans son la- 
boratoire par M. SAMAJA pour étudier le siège des convulsions toniques et cloniques 
provoquées chez différentes espèces animales en appliquant, pendant une seconde, de 
la bouche à la nuque, un courant alternatif variant de 11 à 110 volts. L'auteur 
donne les conclusions de ces expériences. Elles permettent d'admettre que chez 
l’homme, le siège des convulsions toniques est basilaire, celui des convulsions cloni- 
ques cortical. 


DE LA 
SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE 


DE GENÈVE 


La Société peut disposer d’une collection complète de ses Mémoires. (Fomes I-XXXIII et vo- 
lume du centenaire.) Pour traiter, s'adresser au secrétaire des publications. (Adresse 


de la Société : au Musée d’hist. naturelle, Genève, Suisse.) 


Comptes rendus des séances de la Société (in-8°). Tomes I-XX (1884-1903). Prix Fr. 20 


Liste des publications des membres de la Société (1883) in-8° avec supplément (1896). 
(OS ST RE AE CL PR RL ENT. Ce es, nie E 


PUBLICATIONS 


Imprimerie W, Kündig & Fils, Genève, 


MEMOIRES 


SOCIÈTÉ DE PHYSIQUE 


DE GENÈVE | 


ee | 


Volume 34 


FASCICULE 5 — (Février 1905) 


RECHERCHES GÉOLOGIQUES ET PÉTROGRAPAIQUES 
sur L'Ouraz pu Norp | | | 
par Louis DUPARC et Francis PEARCE | | 
| | 
Il 


Deuxième mémoire. 


GENÈVE PARIS 
GEORG & Cie G. FISCHBACHER | 
BALE et LYON méme maison. | 33. rue de Seine. 


PRIX: FR. 20.— 


“Lé ti ns à a Li Er té nt ct ER PT” 


TABLE DES MATIÈRES 


DU 


FASCICULE 5, VOLUME 34 


AE de HAE de l'Université. ; 
Deuxième mémoire avec 30 figures, 1 carte, 3 planches et 29 clichés dans le La 


MÉMOIRES 


DE LA 
SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE 
VOLUME 34, FASCICULE 9. 


RECHERCHES GÉOLOGIQUES ET PÉTROGRAPHIQUES 


SUR 


L'OURAL DU NORD 


RASTESSKAYA ET KIZÉLOWSKAYA-DATCHA 
(GOUVERNEMENT DE PERM) 


Louis DUPARC 


Professeur à l'Universite de Genève 
ET 


Francis PEARCE 


Docteur és-sciences 
Assistant au Laboratoire de minéralogie de l’Université 


DEUXIÈME MÉMOIRE 
4 Avec 50 figures, 1 carte, 3 planches et 29 clichés dans le texte. 


PRÉFACE 


Le deuxième mémoire de nos recherches géologiques et pétrographiques sur 
l'Oural du Nord renferme la description de la chaine de Tilaï-Kanjakowsky-Céré- 
briansky, ainsi que l'examen pétrographique des roches qu'on y rencontre, puis 
l'étude complète des différentes zones pétrographiques et tectoniques qui se succè- 
dent de l’ouest à l’est, depuis la ligne de partage des eaux asiatiques et européennes, 
jusqu’à la bordure orientale de la grande bande dévonienne de la Koswa. 

Aux explorations de 1900 et 1901 sont venues s’ajouter de nouvelles investi- 
gations poursuivies en 1902 en compagnie de MM. Mrazec et Pearce et de 
Mie Tikanowitch, investigations qui se sont étendues à la zone des quartzites et 

(1) 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE. VOL. 34% (1905). 4S 


3584 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


conglomérats cristallins, au dévonien de la Koswa, ainsi qu'aux chaines carboni- 
fères plus occidentales. 

En 1903, j'ai exploré en compagnie de M1 Tikanowitch le bassin supérieur 
des rivières Kakwa et Wagran, plus au nord; puis en 1904, avec mon assistant 
M. Pearce, Mie Tikanowitch, et deux de mes élèves, MM. Fuchs et Couchet, nous 
avons parcouru la région des sources de la rivière Soswa qui coule sur le versant 
oriental de lOural, et de la rivière UIS, qui se trouve sur le versant occidental. Les 
résultats de ces deux dernières explorations feront l’objet d’un travail indépendant 
qui sera publié dans la suite, mais elles nous ont permis de vérifier et de compléter 
sur certains points nos recherches antérieures, notamment en ce qui concerne la 
région des sources de Tépil, et surtout de raccorder la tectonique de la contrée qui 
forme le bassin et le cours supérieur de la Koswa avec celle de la région qui vient 
immédiatement au nord. 

Contrairement à mes premières prévisions, ce deuxième mémoire n’est pas une 
fin ; l'abondance des matières et surtout l'étude des chaînes carbonifères, due plus 
spécialement à M. Mrazec, nous obligent à publier un troisième mémoire qui paraîtra 
ultérieurement en collaboration avec ce dernier, et qui comprendra la description 
de la grande bande dévonienne de la Koswa. celle des chaines carbonifères sub- 
ouraliennes, et enfin le résumé général relatif à la tectonique du vaste pays que 
nous avons exploré, 


L. DUPARC, prof. 


Feu 20% 
RECHERCIHES PETROGRAPHIQUES SUR L OURAL 399 


DIVISION DU TRAVAIL ET INDICATIONS GÉNÉRALES 


Nous avons divisé cet ouvrage en quatre parties qui font suite aux trois pre- 
mières contenus dans le premier mémoire, 

La quatrième partie comprend la description géophysique de la chaine de Tilaï- 
Kanjakowsky-Cérébriansky, ainsi que l'étude minéralogique et chimique des diver- 
ses roches éruptives qui s'y rencontrent. Cette partie renferme également un ré- 
sumé pétrographique général destiné à mettre en lumière les liaisons manifestes qui 
existent entre les différentes espèces abyssales, et les particularités des séries filon- 
niennes qui les accompagnent. 

La cinquième partie est consacrée à l'étude topographique et tectonique des 
montagnes qui appartiennent à la grande zone dite des quartzites et conglomérats 
cristallins, qui comprend de hautes montagnes dont lAslianka est la plus élevée. 

La sixième partie renferme lPétude et la description de la région des sources 
et du cours de Tépil, ainsi que du synclinal de dévonien moyen dans l'axe duquel 
coule cette rivière. 

La septième partie enfin traite la question des schistes cristallins dans lesquels 
les massifs éruptifs du Koswinsky-Katéchersky-Tilaï ont fait intrusion et percent en 
boutonnière, 

Comme on le voit, nous examinerons ces différentes formations en allant de 
l’ouest vers l’est, ce qui peut paraitre « priori irrationnel, mais ce qui est nécessité 
par des motifs de convenance dans l'exposition des faits. 

Cette seconde partie renferme aussi de nombreuses cotes barométriques, rele- 
vées à plusieurs reprises à l’anéroïde Groldschmidt, et ramenées à la base de Sos- 
nowka ; nous avons pu contrôler l'exactitude d’un certain nombre de ces cotes, et 
il est probable que la plupart d’entr'elles se rapprochent très sensiblement de la 
vérité, Nous avons également pris un grand nombre de croquis destinés à bien faire 
comprendre la topographie de la contrée; ces croquis ont été agrandis par M. Mos- 
saz, dessinateur, auquel nous adressons ici nos meilleurs remerciements, puis ré- 
duits ensuite au format de notre texte. Nous avons joint à ces croquis de nombreu- 
ses vues photographiques qui malheureusement sont loin d'être parfaites; le relief 
peu accentué de ces vastes régions, la monotonie des rides qui se perdent dans un ho- 
rizon lointain presque toujours brumeux, la forêt qui couvre tout le pays, sont des 


(3) 


380 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


conditions peu propices pour la photographie, qui par suite donne souvent une idée 
moins bonne de la contrée qu'un croquis même imparfait. 

La partie pétrographique de ce travail a été exécutée avec autant de soin que 
précédemment; les méthodes employées pour déterminer les constantes optiques 
sont les mêmes, les conventions adoptées restent identiques. 

Désireux de poursuivre l’étude des variations que présente dans une même 
roche tel ou tel minéral faisant partie d’une série isomorphe, nous nous sommes at- 
tachés à déterminer le plus grand nombre possible de sections, et surtout à mesurer 
très exactement les biréfringences principales. 

A cet effet, nous avons opéré sur des sections presque toujours rigoureusement 
centrées par rapport à »,, #, et 2, l'épaisseur à été déterminée par la méthode 
des poussières, au moyen d’une excellente immersion homogène; le retard a été me- 
suré dans deux positions à 90° l’une de l’autre, au moyen d’un bon compensateur 
de Babinet, Une étude approfondie de cette méthode nous a permis de nous con- 
vaincre de sa parfaite exactitude quand elle est appliquée judicieusement. Comme 
contrôle, nous avons presque toujours déterminé directement les valeurs des trois 
indices. 

Dans quelques cas intéressants, nous avons isolé certains des minéraux cons- 
titutifs de nos roches pour les soumettre à l'analyse. Les séparations ont été faites 
sur du matériel pulvérisé et criblé à la dimension convenable, au moyen de l’iodure 
de méthylène additionné de toluol. Nous avons augmenté dans certains cas où celà 
était nécessaire la densité de l’iodure de méthylène en le saturant d’iodoforme, et 
avons toujours vérifié pour ainsi dire grain par grain la pureté du matériel obtenu, 
en nous servant d’une loupe binoculaire de Zeiss. 

Pour l'interprétation de la composition chimique, nous nous sommes servis, 
comme par le passé, de la méthode imaginée par M. Lewinson-Lessing complétée 
par une série de diagrammes construits simultanément selon les indications de 
M. Brügger et de M. Michel Lévy; ces diagrammes n’ont pas été reproduits pour 
ne pas changer le texte. 


(4) 


po. momode "A ss de de 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 387 


BIBLIOGRAPHIE 


A la liste de publications concernant la contrée qui nous occupe, liste que nous 
avons donnée dans notre premier mémoire, il faut ajouter les travaux suivants 
parus depuis lors : 

1901 E.-C. FÉporow et V. NIKITIN. Le district minier de Bogoslowsk. Pétersbourg. 

Chez M. Stassoulewitch. 

1901 L. Duparc et F. PEARCE. Sur les roches éruptives du Tilaïi-Kamen. Comptes 
rendus de l'Académie des sciences. 

1902 L. DuparC. Sur l'origine de la coupure transversale de la Kosva. Comptes 
rendus. | 

1903 L. DuparcC, L. MRAZEC et F. PEARCE. Le dévonien inférieur de la région 
de la Koswa. Comptes rendus. 

1903 L. Duparc, L. MRAZEC et F. PEARCE. Sur l'existence de plusieurs mouve- 
ments orogéniques successifs dans l'Oural du Nord. Comptes rendus. 

1903 L. Duparc et F. PEARCE. Sur les formations de la zone des quartzites et 
conglomérats inférieurs au dévonien, dans l'Oural du Nord. 

1903 L. Duparc. Les gisements plutinifères de l'Oural. Archives des sciences phy- 
siques et naturelles de Genève, 

1903 L. DuparC. Nouvelles explorations dans l'Oural du Nord. Le bassin supé- 
rieur de la Koswa. Le Globe, journal géographique, Genève. 

1903 L. Duparc et F. PEARCE. Sur la sorétite, une amphibole nouvelle du groupe 
des Hornblendes communes. Bulletin de la Société minéralogique de France. 

1904 L. Duparc et TH. HORNUNG. Sur une nouvelle théorie de l’ouralitisation. 

Comptes rendus. 

1904 I. Duparc et F. PEARCE. Sur la garéwaite, une nouvelle roche filonnienne 
basique de l'Oural du Nord. Comptes rendus. 
1904 M $S. PETROFF. Sur la dunite et les gabbros ouralitisés du Cérebriansky 

(Oural du Nord). Thèse, Genève. 


QUATRIÈME PARTIE 


CHAPITRE Ier 


TOPOGRAPHIE ET HYDROGRAPHIE 


DE LA CHAINE DE TILAÏï-KANJAKOWSKY-CÉRÉBRIANSKY. 


$ 1. Généralités sur la topographie. — $ 2. La chaine de Tilaï, crête, sommets et flanc occidental. 
— $ 3. La chaine du Kanjakowsky-Cérébriansky. — $ 4. Le flanc oriental de la chaine de Tilaï- 
Kanjakowsky-Cérébriansky et les chainons latéraux qui s’en détachent. — $ 5. Le flanc occi- 
dental de la Chaine du Kanjakowsky-Cérébriansky et le flanc oriental de l'extrémité de la chaine 
de Tilaï. — $ 6. La ligne de partage des eaux et le système hydrographique. 


S 1. Généralités sur la topographie. 


La chaîne de Tilaï-Kanjakowsky-Cérébriansky est, comme configuration gé- 
nérale, fort différente du Koswinsky et beaucoup plus complexe. Elle mesure une 
vingtaine de kilomètres de longueur, peut-être d'avantage, et forme une crête ro- 
cheuse sinueuse, orientée en moyenne NE-SO, sur le versant oriental de laquelle 
viennent se grefter plusieurs chaînons latéraux parallèles, 

Lorsqu'on regarde la chaine de Tilaï depuis un point élevé situé à l’ouest, le 
Stchoutchy ou le Tscherdynsky-Kamen par exemple, elle paraît très uniforme et 
relativement simple. On y distingue trois sommets principaux, deux d’entr’eux for- 


(7) 


390 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


ment les sommets jumeaux appelés communément Tilaï, qui sont situés à l’extré- 
mité sud de la chaine, le troisième, le plus élevé, se trouve plus au nord. Pour la 
clarté de l'exposition qui suivra, nous appellerons les deux sommets jumeaux 


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Croquis topographique de la chaîne de Tilaï. 1 — Pointe sud de Garéwaïa. 
II — Pointe nord de Garéwaïa. II — Pointe Palnitschnaïa. IV — Pointe 
Tilaï., V — Mont Kanjakowsky. VI — Pointe Loss. VII — Mont Cérébri- 
ansky. VIII = Pointe Poloudniéwaïa. A. B. C. D. — chaïnons latéraux. 


Pointes de Garéwaïa du nord et du sud, tandis que le sommet principal, le plus 
élevé qui est aussi le plus septentrional des trois, s’appellera Pointe de Tilaï. Au 
nord de cette dernière, l'altitude de la chaine décroit alors très rapidement. A 
distance, le flanc occidental parait assez régulier, un gros contrefort rocheux 


(8) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 391 


servant d’épaulement aux pointes 
de Garéwaïa et raviné par les 
sources de la rivière de ce nom, 
s’en détache cependant, et avance 
dans la dépression où coule la 
rivière Tilaï. 

Vue depuis le Koswinsky, la 
chaine de Tilaï présente un aspect 
tout différent et l’on voit se pro- 
filer les chainons latéraux comme 
autant de rides parallèles, en même 
temps qu'on y observe une cer- 
taine déviation de l'axe du côté 
de l’est, qui semble faire présager 
une bifurcation. En effet, la chaine 
de Tilaï n’est simple que sur l’es- 
pace qui sépare les pointes de 
Garéwaïa de celle de Tilaï; un 
peu au nord de cette dernière elle 
se bifurque en deux chaines dis- 
tinctes, séparées par une vallée 
longitudinale ; la première de ces 
deux chaines n’est que la termi- 
naison vers le nord de celle de 
Tilaï proprement dite, la seconde, 
qui dévie vers l'est, forme la 
chaine appelée  Kanjakowsky- 
Cérébriansky. Dans la vallée com- 
prise entre ces deux bifurcations 
coule une rivière appelée Poloud- 
niéwaïa. 


S2. La chaîne de Tilaï, crête, 
à 
sommets et flanc occidental. 


Cette chaine débute vers le 
sud par les pointes de Garéwaïa, La 


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MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 84 (1904). 19 


399 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


pointe nord est à la vérité le premier sommet situé sur l'axe même de la chaine, car la 
pointe sud fait déjà partie d’un chainon latéral dont elle forme en quelque sorte la tête 
de ligne : ce chainon fait face au Katéchersky auquel il est sensiblement parallèle, La 
pointe nord est assez abrupte du côté de l'ouest, elle domine la rive droite de len- 
tonnoir d'érosion des sources de Garéwaïa, raviné dans l'épaulement rocheux in- 
diqué qui occupe ainsi le flanc SO de la chaine, et jalonne la position à partir de 
laquelle celle-ci prend sa direction NE. La pointe nord de Garéwaïa est réunie à 
la pointe de Tilaï par une crête rocheuse légerement sinueuse, dont l'orientation 
moyenne restée NNE-SSO. Les sommets ne s'élèvent pas beaucoup au-dessus de 
cette arête qui, comme ceux-ci d'ailleurs, est formée par une série d'afeurements 
déchiquetés de roche en place, perçant au milieu des éboulis ou des blocs incohé- 
rents produits par leur démantellement progressif. Entre la ponte nord de Garé- 
waïa et celle de Tilaï, on trouve un petit sommet secondaire qui apparait sur cette 
arête comme rejeté un peu à l’est d'une ligne qui passerait par les deux premiers. 
Ce sommet de forme conique assez régulière n'est qu'un accident topographique : 
nous l'avons appelé pointe de Palnitschnaïa. 

A partir de la pointe de Tilaï, la crête de la chaîne subit une modification 
dans son orientation et le petit sommet qui suit immédiatement cette pointe n’est 
pas sur l'axe même de la chaine mais se trouve déjà rejeté vers l'est: c'est 
là que commence véritablement la bifurcation du Kanjakowsky-Cérébriansky. 

Comme formes topographiques, les pointes de Garéwaïa et de Tilaï sont 
plutôt des sortes de coupoles que des sommets proprement dits, la forme en est 
assez régulière, surtout quand on les voit à une certaine distance, les pentes des 
divers flancs ne sont jamais très rapides et lascension en serait aisée sans les diffi- 
cultés que crée la nature méme de la surface du sol. 

Nous avons à plusieurs reprises mesuré les altitudes de ces divers sommets 
soit par le beau temps, soit par la bourrasque : nos chiffres après corrections faites 


s'accordent assez bien entr'eux: voici les principales cotes relevées : 


Pointe Nord de Garéwaïa : 1496 mètres. 
Ponte Sud de Garéwaïa : 1440 mètres. 
Pointe Palnitschnaïa : 1460 mètres. 
Pointe Tilaï : 1601 mètres. 


Ce dernier chiffre pourrait paraitre élevé, il nous semble cependant exact car 
nous l'avons obtenu à deux reprises par des déterminations faites à plusieurs se- 
maines de distance et dans de bonnes conditions. 

Sur le flanc NE, la pointe de Tilaï S'abaisse d'une manière continue jusqu'à 
un large col herbeux et marécageux, espèce de barre assez plate qui cote 1296 


(10) 


Fig. 1 Vue des points nord et sud de Garéwaia et du contrefort rocheux, 
raviné par les sources de la rivière de re nom. La vue est prise depuis la rive droite 
de la rivière Tilaï, près de l'embouchure de Garéw: 


Fig. 2. — Pointe nord de Garéwala, et col séparant les deux pointes de Garéwaia 


Fig. 3. — Pointe Tilar prise depuis la erête, immédiatement an-dela de la 
pointe nord de Garèéwala. Le petit cône rocheux que Fon voit sur la crete, est la 
pointe Palmitsehnio 


Fig. 4 Vue de la pointe Tilaiï et du KanjakowskK\ 


3 


39: 


L OURAL 


HERCITES PÉTROGRAPHIQUES SUR 


REC 


V = Mont Kanjakowsky. 


Pointe Sud de Garéwaïa. 


VI = Pointe Loss. — VII — Mont Cé 


lé ya 


) w 3 


riansky. — VIII — Pointe Poloudniéwaïn. 


Tilaï, 


394 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


mètres et forme la continuation de la crête rocheuse principale, abaissée en 
cet endroit. Ce col constitue en quelque sorte le nœud hydrographique de la 
chaine, c'est en effet sur les flancs de cette barre que s’amorcent : à l’est 
la rivière Kanjakowskaïa, à l’ouest la rivière Jow, au nord la rivière Poloudnié- 
Waïa. 

Au delà vers le nord, la crête remonte bientôt pour former un nouveau 
sommet qui domine la rive gauche des sources de Poloudniéwaïa ; nous lPappel- 
lerons pointe Poloudniéwaïa (1321 mètres): plus loin vers le nord, la crête 
s'abaisse à nouveau par gradins successifs, et la chaine de Tilaï vient se terminer 
de ce côté par un long éperon rocheux, qui se couvre de forêt près de son extré- 
mité. 

Le flanc occidental de læ chaine de Tilaï débute comme nous l'avons vu, vers le 
sud par l'épaulement rocheux raviné par les sources de Garéwaïa; celui-ci forme en 
cet endroit un accident topographique bien marqué. Entre la pointe nord de Garé- 
waïa et la pointe de Tilaï, le flanc de la chaine, de la crête à la ligne des forêts, est 
assez régulier et ne présente d'autre accident qu'un grand ravin à pentes rapides 
et couvertes d'éboulis, qui nait à un petit col situé entre les deux sommets 
précités. Ce ravin forme le bassin de réception de la rivière Palnitschnaïa, affluent 
du Jewskaïa, il débute un peu à l'ouest du petit sommet secondaire appelé 
pointe de Palnitschnaïa: le col entre la dite pointe et celle de Tilaï cote 1409 
mètres, le sommet s'élève de quelques mètres au-dessus du col. Sous la pointe de 
Tilaï et plus au nord, on rencontre un second ravin en forme de fer à cheval et à 
parois rocheuses très abruptes, qui reste en partie occupé par un peu de neige 
pendant toute l’année; un second cours d'eau qui est aussi tributaire de Jewskaïa, 


Vue générale des sources de la rivière Jow, depuis l'extrémité sud des Monts Ostchy. 

VIT = Pointe Poloudniéwaïa. — IV = Pointe Tilaï, — I — Pointe Nord de Garéwaïa. — IX — Extré- 
mité Sud des Monts Ostchy. — 3 — Grand ravin des sources &'Jow. — 2 — Ravin en forme de fer à 
cheval dans lequel s’amorce un affluent de Jewskaïa. 

(12) 


Fig. 5 Vue du Kanjakowsky depuis le col herbeux formant 
le nœud hydrographique 


Eu = 


es 


Ù 


x om À 
Et 


Fig.6 Les deux sommets du Kanjakowskv et la partie supérieure du ravin 
des sources de Polondniéwaïa, depuis la pointe de ce nom. 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 399 


s'amorce dans ce ravin qui est à proximité immédiate des sources de la rivière 
Jow. 

Au delà de cet entonnoir et lui faisant immédiatement suite vers le nord, il 
existe un nouveau ravin beaucoup plus considérable, qui débute sur le flanc occi- 
dental du col marécageux dont 1l a été question et se trouve encaissé sur la rive 
gauche par les pentes rocheuses qui forment la base du flanc septentrional de la 
pointe de Tilaï ainsi que par un prolongement rocheux qui s’en détache et sur la rive 
droite par le soubassement rocheux de la pointe de Poloudniéwaïa: c'est dans ce 
ravin que la rivière Jow prend sa source. De là jusqu'à l'extrémité septentrionale 
de la chaine de Tilaï, le flanc occidental de celle-ci ne présente aucun détail topo- 
graphique important. 


S 3. La chaîne du Kanjakowsky-Cérébriansky. 


Pour bien comprendre la disposition que présente le flanc oriental de la chaine 
de Tilaï, 1l faut connaitre exactement la situation de la bifurcation qui constitue le 
Kanjakowsky-Cérébriansky. Cette bifurcation commence déjà à partir du petit 
sommet accessoire qui fait immédiatement suite à la pointe de Tilaï et en est séparé 
par une petite dépression. Un peu à l'est de ce sommet et séparé de lui par 
le large col marécageux et tourbeux dont il a été question, on observe un nouveau 
sommet que sa forme caractéristique et son isolement apparent font reconnaitre au 
premier abord; ce dernier, en effet, est le Kanjakowsky qui appartient déjà à la 
nouvelle chaine et s'élève vis-à-vis de la pointe de Poloudniéwaïa qui en est sépa- 
rée par le profond ravin dans lequel la rivière de ce nom prend sa source. Ce som- 
met présente la forme d’une pyramide rocheuse assez élancée, qui parait formée 
par l’entassement de blocs énormes: il est accompagné dune petite pyramide se- 
condaire, et quelque soit le côté par où on le regarde son aspect reste sensiblement 
le même. Le Kanjakowsky ! cote 1427 mètres: le sommet qui lui fait suite sur la 
crête de la nouvelle chaine est une espèce de dôme arrondi et chauve situé encore 
plus à l'est de la pointe de Tilaï, nous l'avons appelé pointe Loss, il cote 1276 
mètres: le col qui sépare ces deux sommets mesure 1153 mètres. On voit donc que 
dès sa naissance, la bifarcation qui constitue la chaine du Kanjakowsky-Céré- 
briansky tourne fortement vers l'est: entre le Kanjakowsky et la pointe Loss en 


! La montagne qui sun certaines cartes est figurée comme étant le Kanjakowsky est en réalité ce que 
nous avons appelé pointe Tilaï. 


(13) 


396 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


effet, l'orientation de la crête est presque EO. À partir de cette dernière cepen- 
dant cette direction change, et la crête bien que restant toujours sinueuse, redevient 
orientée en moyenne NE-SO et par conséquent parallèle à celle de la chaine de 
Tilaï. Sur cette crête on distingue plus au nord deux nouveaux sommets; le premier 
n'est qu'une simple dentelure qui cote 1202 mètres, tandis que le col qui la sépare 
de la pointe Loss est à 10S9 mètres; le second qui est rocheux, assez déchiqueté, et 
dont la forme est également très caractéristique, n’est autre chose que le Céré- 
briansky. Sa hauteur atteint 1310 mètres, celle du col qui le sépare du précédent 
est de 1178 mètres. 

Lorqu'on fait l'ascension du sommet, on voit depuis celui-ci que la chaine du 
Kanjakowsky-Cérébriansky se termine vers le nord comme celle de Tilaï par un 
éperon très allongé, dont l'altitude décroit graduellement, et qui finit en une simple 
. ride boisée dont la direction reste constamment NE-SO: on distingue cependant 
dans cette dernière partie de la chaine un point un peu plus élevé qui forme un 
dernier petit sommet auquel nous n'avons pas donné de nom spécial. 


S 4. Le flanc oriental de la chaine de Tilaï-Kanjakowsky-Cérébriansky et les 


chainons latéraux qui S'en délachent. 


Nous avons vu que des chainons latéraux viennent se greffer sur l'axe de la 
chaine principale, Le premier de ces chainons forme le prolongement que lon voit 
depuis le Koswinsky ou le Katéchersky terminer vers Est la pointe sud de Garé- 
wWaïa: nous appellerons ce premier chainon arête A. Celui-ci, sur sa plus grande 
longueur, est orienté à peu près NO-SE, puis il tourne vers Pest et devient alors 
parallèle au Katéchersky ; le changement de direction se fait à peu près vis-à-vis 
du premier sommet de cette dernière montagne. Cette arète latérale est rocheuse 
et accidentée, elle présente plusieurs sommets secondaires séparés par des petits 
cols; le plus important de ces sommets, celui qui forme la tête de ligne, est la 
pointe sud de (raréwaïa, les autres sont moins élevés, leur hauteur va d’ailleurs 
en décroissant vers l’est, Le col le plus large et le plus important est celui que 
lon traverse généralement pour gagner la vallée de la Balchaïa-Katécherskaïa, 
depuis celle de Malinka-Katécherskaïa. Le chainon A est rocheux sur sa plus 
grande longueur; près de son extrémité cependant il est recouvert par la 
forêt. 

Le deuxième chainon latéral que nous appellerons B, est sensiblement 
orienté comme le premier NO-SE dans sa partie antérieure, puis il ondule et subit 


(14) 


Fig. 7. — Flanc est de la chaine de Tilai-Kanjakowskw 


Fig. S. — Le ( 


rébrianskKy et la crête principale, vus depuis la pointe Loss. 
\u premier plan se trouve le petit Sommet secondaire sur l'arête 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 397 


également une déviation vers l’est; sa longueur est plus considérable, il présente 
aussi plusieurs sommets distincts, on en compte au moins quatre dont altitude va 
généralement en décroissant de l’ouest vers l’est. Entre les arêtes À et B se 
trouve une assez large vallée dont le fond est occupé par une rivière qui, au dire 
des gens du pays, s'appelle Balchaïa-Katécherskaïa; cette rivière se réunit en effet 


en aval à celle qui coule entre le Katéchersky et l’arête A que nous avons appelée 


Malinkaïa-Katécherskaïa,. 


Vue générale du chainon latéral B, depuis le chainon A. 
IV = Pointe Tilaï. — V — Kanjakowsky. — VI — Pointe Loss. — VII — Cérébriansky. 


La partie supérieure de la vallée en question forme le bassin de réception 
des sources de B. Katécherskaïa. Elle est formée par les pentes des arêtes 
A et B, ainsi que par celles rocheuses et dénudées qui forment le soubassement de 
la pointe nord de Garéwaïa, de la pointe Palnitschnaïa, et de la pointe Tilaï. 

Le troisième chainon latéral C part de la pointe Loss que l'on peut considérer 


d'ailleurs comme appartenant déjà à celui-ci. Il est également fort long, et pré- 


Vue générale de la chaine de Tilaï et des chainons A, B et C depuis le sommet du Cérébriansky. 


I— Pointe Sud de Garéwaïa. — IT — Pointe Nord de Garéwaïa. — IV — Pointe Tilai. — V = Kanjakowsky. 
VI — Pointe Loss. — 4 — Ravin des sources de Poloudniéwaïa. 
(15) 


CRC VIS PERTE 


398 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


sente trois changements successifs d'orientation, à savoir : Dans la partie anté- 
rieure il est dirigé NO-SE, dans la partie centrale il est presque NS, près de 
l'extrémité enfin, là où il se termine comme les précédents par un prolongement 
boisé qui s'avance dans la dépression comprise entre la chaine du Kalpak-Souko- 
gorsky et celle de Tilaï, il dévie fortement vers l’est. Ce chaïnon latéral possède 
également plusieurs petits sommets distincts, séparés par des cols. 

Une deuxième vallée dont la configuration rappelle absolument la précé- 
dente, est encaissée entre les chainons B et C; elle est également occupée par 
une rivière que nous appellerons Malinka-Kanjakowskaïa et se termine à sa partie 
supérieure par une espèce de cirque rocheux formé par des pentes assez abruptes. 

Un quatrième chainon latéral D, constitue l'arête rocheuse dentelée qui abou- 
tit près du Cérébriansky. Il se distingue de fort loin déjà par son aspect particulier 
qui rappelle celui d'un gigantesque rempart. Cette arête prend naissance sur 
l'axe de la chaine, un peu à droite du Cérébriansky, elle est beaucoup plus acci- 
dentée que les précédentes et court comme celles-ci NO-SE dans sa partie an- 
térieure, puis coude assez brusquement vers lest: sa hauteur diminue rapide- 
ment au point où se produit le changement de direction, cette arête se termine aussi 
par un prolongement boisé. La vallée comprise entre les chainons C et D est 
occupée par une rivière que nous avons appelée Balchaïa-Kanjakowskaïa. 


Vue générale de l'extrémité Nord de la chaine de Tilai-Kanjakoewsky-Cérébriansky et des chainons 
B, Cet D depuis la crête. 
IT = Pointe Palnitschnaïa. — IV = Pointe Tilaï. — V — Kanjakowsky. — VI — Pointe Loss. — 
VII = Cérébriansky. — 5 — Ravin des sources de B. Katécherskaïa. 


S9. Le flanc occidental de la chaine du Kanjakowsky-Cerébriansky et le flanc 
oriental de l'extrémité de la chaine de Tilaï. 


Le flanc occidental de la chaine du Kanjakowsky-Cérébriansky forme la rive 
droite de la rivière Poloudniéwaïa. Il n’est point uni et régulier, mais au contraire 


(16) 


Fig. 9 Vue da Kroutoi-Log et des sources de Poloudnièwata 
depuis la rivière de ce nom 


Fig. 10 — Vue des éperons rocheux qui se détachent du flanc occidental de 
la chaine du Cérébriansky et s'avancent dans la vallée de Poloudniéwaïa 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 3909 


assez accidenté par suite de la présence de petits affluents latéraux de cette rivière 
qui ont profondément raviné les pentes et donné de la sorte naissance à des espè- 
ces d’éperons rocheux qui s’en détachent., Le premier de ces épaulements rocheux 
qui est très court, se trouve immédiatement à la base du Kanjakowsky et encaisse 
la rive droite des sources de Poloudniéwaïa. Un second éperon se détache sous le 
petit sommet accessoire situé entre la pointe Loss et le Cérébriansky, il est plus 
long et plus important. Sous le Cérébriansky enfin, on voit également deux de 
ces prolongements rocheux qui sont beaucoup plus courts cependant que les pré- 
cédents. 


Vue générale des sources de Poloudniéwaïa et du flanc occidental de la chaîne du Kanjakowsky- 
Cérébriansky depuis la pointe Poloudniéwaïa. 
3 — Ravin de la rivière Jow. — 4 — Ravin de Poloudniéwaïa. — IV — Pointe Tilai. — V — Kanja- 
kowsky. — VI — Pointe Loss. — VII — Cérébriansky. — VIII — Pointe Poloudniéwaia. 


Quant au flanc oriental de l'extrémité de la chaine de Tilaï, il forme la rive 
gauche de Poloudniéwaïa et ne présente rien de particulier si ce n’est une assez 
forte incurvation locale près des sources de la rivière. 


S 6. La ligne de partage et le système hydrographique. 


La ligne de partage des eaux asiatiques et européennes passe, comme nous 
l’avons vu antérieurement, à l'ouest du sommet principal du Katéchersky, de là 
elle suit la barre relativement plate et basse qui relie cette montagne à celle de 
Tilaï, puis remonte sur cette dernière et coïncide sur une certaine longueur avec la 
ligne de faite. Les deux pointes de Garéwaïa en eftet, de même que celle de Tilaï, 
sont situées sur la ligne de partage, mais à partir de ce dernier sommet, celle-ci 
descend sur le flanc occidental de la chaine qu’elle quitte ensuite tout près de 
l’entonnoir d’érosion voisin du ravin des sources de la rivière Jow, pour suivre 

(17) 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 84 (1904). 50 


2400 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


alors une barre plate et boisée qui va rejoindre lextrémité sud des monts 
Ostchy, et se confond avec le prolongement qui termine cette montagne de ce 
côté, 

Cette disposition de la ligne de partage est donc conforme à celle que nous 
avons déjà signalée en parlant du Koswinsky ; il en résulte que la partie européenne 
de la chaine de Tilaï est très limitée et se borne à la région de son flanc occidental 
qui est comprise entre la barre de Katéchersky-Tilaï et celle de Tilaï-Ostchy ; la 
conséquence pratique de cette particularité est que la plupart des cours d’eau qui 
descendent des montagnes de Tilaïi-Kanjakowsky-Cérébriansky, coulent sur le 
versant asiatique et sont des affluents de la Logwa qui elle-même se jette dans la 
SOsWa. 

Les rivières du versant asiatique sont du sud au nord : 

Balchaïa-Katécherskaïa et Malinkaïa-Kanjakowskaïa, Balchaïa Cérébrians- 
kaïa, Poloudniéwaïa et Jow ; celles qui coulent sur le versant européen sont : Garé- 
waïa et Palnitschnaïa, toutes deux affluents de Tilaï. La rivière Jewskaïa qui est 
également un afuent de cette dernière, ne prend pas sa source aux flancs de Tilaï 
comme nous lavions antérieurement supposé, mais provient au contraire de la ligne 
de partage indiquée; une longue arête basse et boisée sépare cette rivière du cours 
supérieur de Tilaï. 

La rivière B. Katécherskaïa prend sa source sur le flanc oriental de la chaine 
de Tilaï, sur les pentes rocheuses qui forment le soubassement des pointes de (raré- 
waïa, de Palnitschnaïa et de Tilaï, puis sur celles de la partie supérieure des arêtes 
A et B. Elle est le produit de la réunion de deux sources distinctes, lune, celle de 
droite, nait dans une espèce d’entonnoir dominé par les deux pointes de Garéwaïa 
et celle de Palnitschnaïa; autre, celle de gauche, descend des pentes rocheuses qui 
forment la base de la pointe de Tilaï et de la partie supérieure de larête B: ces 
deux sources sont séparées par un prolongement rocheux qui naît sous la pointe 
Palnitschnaïa et avance dans la vallée. 

La riviere, en aval de la jonction des deux sources, est assez puissante; son 
lit actuel est creusé dans d'anciennes alluvions très épaisses, qui mesurent jusqu'à 
12 mètres. Les galets de cette alluvion sont volumineux, peu roulés, et ressemblent 
à du matériel morainique, En été, le volume des eaux roulées par la rivière est 
réduit, mais il est évident qu'à la fonte des neiges il en est tout autrement, et à voir 
les divagations de la riviere et la largeur de son lit actuel, ce volume doit être assez 
considérable à cette époque. 

La rivière M. Kanjakowskaïa prend sa source dans l'espèce de cirque compris 
entre les parties supérieures des arêtes B et C et le flanc oriental de la chaine, 


(1) 


Fig. 11. — Vue des monts Ostchy et de la barre faisant ligne de partage qui 
joint ces derniers au flane ouest de la chaine de Tilaï, depuis les éboulis de la base 


Fig. 12 — Vue de la poiute Poloudnièéwaïa et du Kroutoiï-Log, depuis la crête 


RECHERCHES PÊTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 101 


Elle débute par des ruisselets diffus, qui descendent des pentes, coulent d’abord 
sur un sol caillouteux faiblement incliné, puis se rassemblent en deux petites 
artères distinctes qui bientôt se réunissent pour former la rivière même, Celle-ci 
ravine d'anciennes alluvions encore plus puissantes que celles de B. Katécherskaïa: 
son lit est parsemé de blocs parfois énormes. 

La rivière B. Kanjakowskaïa coule dans la vallée comprise entre les chainons 
Cet D et représente le produit de la réunion de deux sources distinctes : l’une, celle 
de droite, prend naissance dans une petite dépression située entre l’arête C et un 
petit contrefort rocheux qui se détache sous le sommet accessoire situé entre la 
pointe Loss et le Cérébriansky; l'autre, plus importante, coule entre le même con- 
trefort et la partie supérieure de l'arête D. 

La rivière Cérébrianskaïa enfin S'amorce dans la vallée comprise entre l'extré- 
mité nord de la chaine du Kanjakowsky-Cérébriansky et le chainon E, nous ne 
l'avons pas examinée de plus près. 

Ces quatre rivières coulent sensiblement dans la même direction, à savoir: 
à peu près du NO vers le SE, puis vers l’est, nous ne les avons pas pour- 
suivies au delà de leur sortie des vallées latérales de la chaine de Tilai-Kan- 
jakowsky-Cérébriansky, et nous ne savons donc pas comme elles se comportent 
plus à l'est. 

La rivière Poloudniéwaïa nait, comme nous l'avons déjà indiqué, au nord du 
col large et plat qui forme le nœud hydrographique. Elle débute dans une gorge 
étroite, formée par des parois rocheuses très abruptes comprises entre le flanc 
nord du col en question, le flanc occidental du Kanjakowsky, et le flanc oriental de 
la pointe de Poloudniéwaïa. Cette sorte de ravin profond et encaissé contraste par 
sa disposition avec les autres vallées latérales de la chaîne et présente un aspect 
beaucoup plus sauvage: nous l'avons appelé Kroutoï-Log. La rivière débute par 
des petits ruisselets qui proviennent du col tourbeux et serpentent ou cascadent sur 
les parois de la gorge pour se réunir ensuite à leur pied. Immédiatement en aval, 
la rivière ravine de puissantes alluvions anciennes qui mesurent plus de vingt 
mètres de hauteur et forment sur la rive gauche des falaises à pic. Le matériel en 
est peu roulé et rougeàtre, cette allnvion est presque d'aspect morainique, les 
cailloux en sont parfois très gros. Le lit actuel de la rivière est assez large et par- 
semé de blocs volumineux. elle coule tout d’abord du sud au nord et reçoit plu- 
sieurs petits affluents qui descendent du flanc ouest du Cérébriansky ; plus loi, la 
rivière tourne vers l’est et se rejoint sans doute à Jow au delà de l'extrémité septen- 
trionale de l’éperon boisé qui termine la chaine de Tilaï de ce côté. 

La rivière Jow enfin prend sa source également sur le nœud hydrographique 


s 


” (19) 


402 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


et coule tout d'abord dans le grand ravin dont il a été question précédemment. 
Elle tourne ensuite vers le nord et longe pendant un certain temps le flanc occi- 
dental de l'extrémité septentrionale de la chaine de Tilaï. Nous ne l’avons pas suivie 
au delà, mais il est probable qu’elle change de nouveau sa direction et coule vers 
l’est, pour se réunir bientôt à la rivière Polondniéwaïa. 


Les rivières du flanc européen de la chaine de Tilaï sont moins importantes. 


Vue générale des sources et de la partie supérieure de la vallée de la rivière Jow, des Monts Ostchy, 
et du flanc occidental de l'extrémité de Tilaï, depuis le sommet Nord des Monts Ostchy. 


IV — Pointe Tilai, — V — Kanjakowsky. — VIII — Pointe Poloudniéwaïa. — IX — Extrémité 
Sud des Monts Ostchy. — X — Sommet Sud des Ostchy. — 2 — Ravin en fer à cheval. — 3 — Sources 
d'Jow. — 4 — Vallée de Poloudniéwaïa. 


La rivière Graréiaïa S'amorce dans le grand entonnoir d’érosion qui ravine 
le contrefort rocheux qui se détache du flanc SO des pointes de Garéwaïa: elle 
coule du NE vers le SO, et se réunit à la rivière Tilaï à deux verstes environ en 
amont du confluent de Logwinska. Les alluvions anciennes si développées aux 
sources des rivières du versant asiatique, font ici défaut. 

Quant à la rivière Palnitschnaïa, elle prend sa source plus au nord, dans le 
ravin qui se trouve entre la pointe de Tilaï et celle nord de Garéwaïa, elle coule 
à peu près parallèlement à Garéwaïa, et se jette dans la rivière Jewskaïa tribu- 
taire de Tilaï. 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 103 


CHAPITRE II 


GÉOLOGIE DE LA CHAINE DU TILAÏ-KANJAKOWSKY-CÉRÉBRIANSKY. 


$ 1. L’épaulement rocheux et le flanc Sud-Ouest des pointes de Garéwaïa. — $ 2, La crête de la 
chaine de Tilaï. —<$ 3. Le chainon latéral A. — K 4. Le chainon latéral B et la région des sour- 
ces de B. Katécherskaïa. — K 5. Le Kanjakowsky et la région des sources de Poloudniéwaïa. 
— $ 6. La pointe Loss et le chainou latéral C. — $ 7. Le massif du Cérébrianskv, le chainon 
latéral D et les contreforts rocheux qui s’avancent sur Poloudniéwaïa. — $ 8. Résumé de la 
géologie de la chaine de Tilai-Kanjakowskv-Cérébriansky. 


S 1. L'épaulement rocheux et le flanc SO des pointes de Garéwaïa. 


Lorsqu'on monte sur un des prolongements rocheux qui encaissent les deux 
rives des sources de Garéwaïa pour arriver au replat qui cote 1040 mètres environ 
et qui forme la base du flanc SO des deux pointes de Garéwaïa, on chemine pendant 
longtemps sur des pyroxénites noirâtres, cristallines, à grain plutôt moyen, qui rap- 
pellent absolument certaines variétés du Pharkowsky-Ouwal. Celles-ci sont formées 
par des pyroxènes de Ja série diallage-diopside, avec un peu d'olivine et de magné- 
tite. Ces roches paraissent former la majeure partie de la région inférieure de 
l'épaulement rocheux de Garéwaïa: elles y sont littéralement criblées d’innom- 
brables filons de dunite, que leur rubéfaction superficielle permet de distinguer de 
loin déjà de la roche encaissante. Ces dunites qui ne diffèrent pas de celles du 
Koswinsky, sont formées exclusivement par de lolivine plus ou moins serpentimisée, 
avec quelques rares grains de fer chromé; elles ont parfois une structure presque 
feuilletée par laminage. Les dunites sont accompagnées par une roche que nous 
avons appelée « garéwaite > qui est formée par une association grenue d’olivine, 
de plagioclase et de fer chromé, avec phénocristaux de pyroxène. 

Avant d'arriver sur le replat, les pyroxénites commencent à montrer de nom- 
breuses alternances avec des gabbros à olivine mélanocrates, qui parfois cependant 
sont assez feldspathiques. Sur le replat même, parmi les blocs incohérents de 
gabbros et de pyroxénite, on trouve des fragments d’une roche filonnienne qui nous 


(21) 


404 LOUIS DUPARC EF FRANCIS PEARCE 


est inconnue en place, mais qui sans doute ne provient pas de bien loin. Celle-ci 
est représentée par une pegmatite à hornblende dont les amphiboles non terminées 
mesurent de quelques millimètres à huit centimètres environ et plus; cette roche à 
en juger par sa fréquence parmi les éboulis, doit être assez abondante. Sur les pre- 
mières pentes de la pointe nord de Garéwaïa qui dominent le replat indiqué, la 
roche en place est presque exclusivement représentée par des gabbros à olivine 
variés mais d’un type spécial (Tilaïte), généralement pauvres en feldspath, et qui 
passent latéralement aux pyroxénites. 

Le type prédominant est représenté par une roche à cristaux de diallage de 
grande taille, disséminés dans une masse à structure grenue mais à éléments plus 
petits, représentés par le pyroxène, l'olivine, et l'anorthite. On trouve aussi des 
types analogues à ceux du Pharkowsky-Ouwal, avec structure cryptique. Près 
du sommet de la pointe, les alternances des gabbros avec les pyroxénites réappa- 
raissent:; ces mêmes alternances se retrouvent d'ailleurs au col qui sépare la pointe 
Nord de la pointe Sud de Garéwaïa, ainsi que sur le ane NO de cette dernière. Le 
sommet même de la pointe est en pyroxénite, mais les gabbros arrivent très près 
de celui-ci. I est d’ailleurs impossible de marquer une ligne de séparation entre les 
gabbros et les pyroxénites, ces roches passent les unes aux autres avec la plus 
grande facilité et toutes les variétés de transition peuvent se rencontrer. 

Dans la partie supérieure de l’entonnoir de Garéwaïa, un peu au-dessous 
du col situé entre les deux pointes, on voit des pitons d’une roche noire, finement 
grenue, paraissant nettement filonnienne, qui a été retrouvée d'ailleurs en d’autres 
endroits de la chaine ; cette roche est une Berbachite caractéristique. 

En résumé, les pyroxénites criblés de filons de dunite dominent dans la partie 
inférieure de l’épaulement de Garéwaïa: elles sont suivies par des alternances de 
gabbros « Tilaïte » et de péridotites, qui commencent un peu avant d'arriver au 
replat, et qui se continuent jusque près du sommet des pointes de Garéwaïa ; les 
gabbros cependant sont particulièrement développés de la base du replat jusqu'aux 
deux tiers de la hauteur des pointes. 

Des Berbachites et des pegmatites à hornblende traversent en filons les gab- 
bros et les pyroxénites. 


S 2. La crête de la chaîne de Tilaï. 
Les pyroxénites qui sont très développées dans les parties centrales de la 


chaine, forment la crête de la montagne entre la pointe nord de Garéwaïa et celle 


(22 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 105) 


de Tilaï. Cette dernière toute entière est en pyroxénite, les mêmes roches se re- 
trouvent sur la barre qui forme le nœud hydrographique et le col tourbeux men- 
tionné précédemment, puis passent sur la pointe de Poloudniéwaïa et finissent sur 
l’éperon qui termine la chaine vers le nord. Seule la pointe de Palnitschnaïa est 
formée par des gabbros à olivine qui passent il est vrai aux pyroxénites. Ces pyro- 
xénites sont dun type très uniforme, les grands cristaux de diallage y sont très 
frais et associés à un peu d'olivine et de magnétite, la structure est d'habitude gros- 
sièrement grenue. Depuis la crête, les pyroxénites descendent assez bas sur le flanc 
occidental et forment une grande partie de celui-ci entre la pointe nord de Garé- 
waïa et celle de Tilaï: on les retrouve ensuite dans la région qui avoisine l’enton- 
noir d’érosion en forme de fer à cheval dont il à été parlé précédemment ; celui-ci 
est tout entier Compris dans ces pyroxénites. Quant aux gabbros (Tilaïtes) et 
aux alternances de gabbros et de pyroxénites qui passent sur le flanc SO des pointes 
de Garéwaïa, on peut les suivre pendant un certain temps sur le flanc occidental 
de la chaine, et on les retrouve au-dessus de Ja limite de végétation entre Garéwaïa 
et Palnitschnaïa. Il est plus que probable que ces roches se continuent au delà, 
à la base même de la chaine. On ne les voit pas en place il est vrai dans le 
ravin de Palnitschnaïa, mais par contre à une certaine hauteur, on trouve de 
nombreux éboulis de gabbros à olivine, tandis que ces mêmes roches manquent 
totalement au-dessus, ce qui laisse supposer que ces gabbros passent sur le flanc 
occidental sensiblement au-dessous de la crête en cet endroit. Ces mêmes gabbros 
toujours en alternances avec les pyroxénites, se retrouvent sur l'extrémité de la 
chaine de Tilaï qui domine la rive droite de la rivière Jow. 

On voit donc que les pyroxénites forment laxe de la chaine de Tilaï et des- 
cendent assez bas sur son flanc occidental. 


S3. Le chainon latéral À. 


La pointe sud de (raréwaïa méme est formée par des pyroxénites très pauvres 
en olivine et en magnétite, identiques à celles de la pointe de Tilaï. Quand, à 
partir de ce sommet, on chemine sur la crête de l’arête, on ne rencontre pendant 
longtemps que les mêmes roches qui cependant passent parfois à des variétés 
qui se rattachent à la Koswite par développement exagéré de la magnétite en 
plages formant ciment. Avant d'arriver au col que l’on traverse pour passer dans 
la vallée de la grande Katécherskaïa depuis le Katéchersky, on voit apparaitre 
les premières alternances de pyroxénites avec des gabbros qui sont ici d’un type 


(23) 


106 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


assez feldspathique; ces alternances se continuent alors jusqu'à l'extrémité 
du chainon, les gabbros y présentent des aspects assez variés par suite du déve- 
loppement plus où moins grand des éléments feldspathiques. Dans les pyroxénites, 
on remarque en abondance des filons de dunite verte, avec caractères habi- 
tuels. 


S 4. Le chaînon latéral B, et la région des sources de B. Katécherskaïa. 


Tout le fond du cirque où s’amorcent les deux sources de Balchaïa-Katé- 
cherskaïa est formé par des pyroxénites identiques à celles qui se trouvent sur la 
crête de la chaine, Sous la pointe de Palnitschnaïa elles sont traversées par un 
énorme filon d’une dunite un peu spéciale, dont les blocs, couverts de leur croûte 
rougeatre, forment une longue trainée dans un grand pierrier qui descend de cette 
pointe sur les pentes rocheuses qui en forment le soubassement sur le versant 
oriental. Les mêmes pyroxénites forment la partie supérieure de l'arête B, depuis 
le col qui la sépare du sommet secondaire qui vient un peu à l’est de la pointe 
Tilaï, jusqu'au premier sommet bimammelonné que l’on rencontre en suivant cette 
arête depuis le col en question vers lest. 

La bande de pyroxénites qui forme la ligne de faite et la pointe sud de Tilaï 
est done très large; ici comme sur le chainon À, elle est suivie par de superbes 
gabbros à olivine riches en pyroxène et en anorthite d'une grande fraicheur. Ces 
gabbros sont traversés par quelques filons d'une pegmatite à hornblende qui 
ressemble absolument à certaines variétés décrites au Katéchersky. En suivant 
l'arête, on trouve constamment des gabbros de types plus ou moins variés en 
alternance avec des pyroxénites riches en fer oxydulé, qui se rattachent à la Kos- 
wite; les gabbros toutefois paraissent plus abondants et forment la grande majo- 
rité des pitons rocheux qui afleurent sur l’arête. Plusieurs de ces gabbros francs 
présentent la structure sidéronitique et contiennent du mica noir. Près du petit 
col qui sépare le dernier sommet rocheux du restant boisé de laréète, les gabbros, 
largement cristallisés, se retrouvent encore, mais le pyroxène s'y ouralitise, et ces 
roches ressemblent alors beaucoup à celles que nous décrirons à propos du 
Cérébriansky. Au col boisé méme, on trouve des Koswites très dynamo-méta- 
morphiques, puis au delà des gabbros ouralitisés feldspathiques qui se poursuivent 
jusqu'à l'extrémité même du chainon latéral, et qui sont également fortement dyna- 
mométamorphosés. 

En résumé, dans le chainon latéral B, à partir de la zone qui est formée 


(24) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 107 


par les pyroxénites massives et qui se trouve dans la région antérieure près 
de la soudure du chainon avec la chaine principale, celui-ci est formé par des 
gabbros de types variés, qui alternent constamment avec des pyroxénites, Ces 
gabbros, près de l'extrémité orientale du chainon, passent à des variétés rappelant 
celles du Cérébriansky. 


S9. Le Kanjakowsky et la région des sources de Poloudniéwaïa. 


Les pyroxénites qui forment l’axe de la chaine se continuent par le Kanja- 
kowsky qui en est entièrement constitué, ainsi que par le col qui sépare ce dernier 
de la pointe Loss: par contre, à partir de là, plus au nord, en suivant l'axe de Ia 
chaine, on en perd toute trace. Les mêmes pyroxénites se trouvent dans la barre 
qui constitue le nœud hydrographique. Là cependant, aux sources mêmes de la ri- 
vière Poloudniéwaïa, dans le ravin profond que nous avons indiqué, on observe de 
loin déjà des roches rougeatres, dont la couleur tranche nettement avec celle plus 
foncée des pyroxénites. Ces roches sont représentées en effet par des dunites mas- 
sives, absolument analogues à celles du Sosnowsky-Ouwal et qui sont comme elles 
nettement intrusives dans les pyroxénites. L'afileurement des dunites n’est pas 
très étendu, sa forme est plus ou moins elliptique, il est développé surtout dans la 
partie septentrionale du nœud hydrographique et reste complètement enclavé 
dans les pyroxénites. La nature réellement intrusive de cette dunite ne fait aucun 
doute, car lorsqu'on escalade les parois rocheuses qui dominent le ravin de Poloudnié- 
waia, On peut pour ainsi dire suivre pas à pas le contact des deux roches, et l’on 
y voit une véritable brèche éruptive, formée par des blocs anguleux de pyroxénite 
empätés dans la dunite: cette brèche se trouve jusqu'à la distance de 0 m. 50 
du contact immédiat. 

La dunite elle-même est verdatre et plus claire que celle du Koswinsky, elle 
renferme des amas de sidérochrome produits par ségrégation directe, Ces amas 
localisés de chromite ne sont pas très abondants, leur forme et leur dimension 
sont variées, plusieurs d’entr'eux mesurent de 0 m. 25 à 0 m. 50; ils présentent gé- 
néralement l'aspect de nids plus ou moins ovoïdes, mais aussi celui de veines 
très courtes et absolument irrégulières, Ces nids de fer chrômé sont la source pre- 
mière des galets volumineux de ce minerai que l’on trouve dans les alluvions de 
Poloudniéwaïa. 

Un peu en aval des sources de cette rivière, on voit, sur sa rive droite et 
perçant les pyroxénites du soubassement du Kanjakowsky, un gros filon de 

25) 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 84 (1904). 51 


108 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


pegmatite à hornblende mesurant 1 m. 30 d'épaisseur, et dirigé NS. Les cristaux 
de hornblende y sont énormes et atteignent de 0 m. 25 à O0 m. 30, cette roche est 
identique à celle que l'on trouve dans les alluvions de M. Kanjakowskaïa. 


S 6. La pointe Loss et le chaïinon latéral C. 


Les pyroxénites à olivine se voient encore au col qui sépare le Kanjakowsky 
de la pointe Loss, mais déjà avant d'arriver sur le sommet de cette dernière, on 
trouve des roches noires, d'aspect dioritique, qui se rattachent alors aux gabbros 
ouralitisés. Ces roches forment la totalité de l'espèce de grosse croupe qui cons- 
titue la pointe Loss: au sommet même de celle-ci, ces gabbros sont mélanocrates et 
largement cristallisés. Parmi les blocs qui jonchent le sol, on trouve également 
quelques débris d’une pegmatite à hornblende qui rappelle celle de Poloudniéwaïa, 
mais dont les éléments sont plus petits. Au col qui suit la pointe Loss, sur larête, 
du côté de l’est, on trouve des gabbros toujours ouralitisés mais très feldspathiques : 
ces mêmes roches se rencontrent aussi sur le petit sommet qui vient aprèsledit col, 
puis plus loin sur l’arête, jusqu'au point où celle-ci commence à S’abaisser brusque- 
ment. Là apparaissent de nouveau des pyroxénites du type de la koswite, suivies 
par des gabbros ouralitisés très dynamométamorphiques, puis par des gabbros 
riches en olivine, et finalement par les pyroxénites à diallage qui forment l'extré- 
mité de la crête au moment où celle-ci s'abaisse encore une fois et devient boisée. 
En résumé, le chainon latéral C est formé dans sa partie antérieure par des pyro- 
xénites, qui, à partir de la pointe Loss, sont suivies par des gabbros ouralitisés 
développés sur une grande étendue. Les alternances de gabbros et de pyroxénites 
analogues à celles rencontrées sur les chainons A et B ne se retrouvent de nou- 


veau qu'à l'extrémité de C seulement. 


7 


NI Le massif du Cérébriansky, le chainon latéral D, et les contreforts 


rocheux qui s'avancent sur Poloudniéwaïa. 


Depuis la pointe Loss, lorsqu'on suit la crête de la chaine principale, on 
trouve exelusivement une roche dioritique, généralement mélanocrate, presque 
toujours largement cristallisée, qui présente des < schlieren » feldspathiques. Cette 
roche est formée par de la hornblende provenant d'un pyroxène ouralitisé, qui 
tantôt existe encore, tantôt est complètement disparu; réuni à un plagioclase 


(26) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 109 


de la série Labrador-Anorthite, puis plus rarement à de lolivine, qui n’est 
jamais abondante. Cette roche forme tout le massif du Cérébriansky ainsi que 
le chainon latéral dentelé D qui encaisse la rive gauche de B. Kanjakowskaïa, 
jusqu'au point où la végétation commence à apparaitre sur cette arête. La même 
roche se rencontre également au delà du Cérébriansky sur le sommet secondaire 
qui lui fait suite vers le nord, ainsi que sur la terminaison de la chaine de ce côté. 
Sur les divers contreforts qui se détachent du Kanjakowsky et du Cérébriansky 
et qui encaissent des petits afluents latéraux de Poloudniéwaïa, on trouve des 
roches superbes, caractérisées par l'abondance d'un feldspath plus acide, par la 
présence de l’hypersthène qui se joint au pyroxène monoclinique, et par l’appari- 
tion constante du mica noir; nous les avons rattachées à la famille des norites. 
Tout le massif du Cérébriansky parait être d’une parfaite uniformité et nulle part 
on n'y rencontre les alternances des gabbros et des pyroxénites si fréquentes sur 
les chainons latéraux. Il est à remarquer qu'on trouve parfois dans les gabbros 
ouralitisés, des amas assez volumineux d'une magnétite primaire, qui forme un mi- 
nerai extrémement riche mais inexploitable, vu lirrégularité de ces amas et aussi 


leur rareté. 


S S. Résumé de la géologie de la chaine de  Tilaï-Kanjakowsky-Cérébriansky. 


Cette chaine est donc exclusivement composée par des roches éruptives ba- 
siques de profondeur, accompagnées de roches filonniennes qui les traversent. Parmi 
les roches de profondeur on distingue : 1° Des pyroxénites à olivine, formées par 
l'association d'un pyroxène prédominant, avec de l'olivine et de la magnétite. Ce 
dernier minéral se développe parfois en plages, et les pyroxénites passent alors au 
type de la Koswite. 2° Des gabbros, généralement à olivine, de types et de structures 
variés, renfermant généralement du pyroxène diallage ou diopside, de lolivine 
plus rare, du plagioclase basique, puis de la magnétite: dans certains cas le mica 
rouge se joint aux éléments précédents. 3° Des ouralo-gabbros et diorites, formés 
par de la hornblende verte, très abondante, de l'olivine rare, du plagioclase ba- 
sique, puis de la magnétite; ce dernier élément pouvant y former des amas de sé- 
grégation directe. 4° Des norites renfermant de l'hypersthène, du diallage-diopside, 
du labrador, de la magnétite et du fer oxydulé. 5° Des dunites massives, formées 
exclusivement par de l’olivine grenue en partie serpentinisée, avec des octaèdres 
de fer chromé: ce dernier élément forme également des amas de ségrégation directe 
dans cette roche. Parmi les roches filonniennes nous avons rencontré : 1° Des du- 


(27) 


AZ10 LODIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


nites filonniennes, identiques au point de vue pétrographique aux dunites massives, et 
souvent complètement serpentinisées. 2° Des berbachites, formées par une associa- 


tion grenue de diallage, de magnétite et de labrador. 3° Des pegmatites à hornblende 
en filons giganto-plasmatiques, formées par un feldspath en gros individus, joint 
à de la hornblende en cristaux énormes. 4° Des « garéwaïtes » formées par une 
association grenue d'olivine, de plagioclase basique, et de fer chromé, avec phéno- 
cristaux de pyroxène. 

Au point de vue de leur répartition, ces différentes roches sont distribuées comme 
suit : les pyroxénites forment d’un bout à l’autre, l’axe principal de la chaine de 
Tilaï, les alternances de gabbros et de péridotites se développent sur le flanc occi- 
dental de la chaine et sur les chainons latéraux qui se greffent sur cette dernière. 
Les gabbros ouralitisés apparaissent près de l'extrémité du chainon latéral B, se 
développent plus largement sur le chainon latéral C, et constituent le massif de 
Cérébriansky dans son ensemble. Les dunites massives sont intrusives dans les 
pyroxénites comme toujours, et développées seulement aux sources de Poloud- 
niéwaïa. 

Les dunites filonniennes se rencontrent en de nombreux points de la chaine, et 
traversent indifféremment les gabbros à olivine ou les pyroxénites: elles sont par- 
ticulièrement développées dans lépaulement rocheux raviné par les sources de Ga- 
réwaïa, et se trouvent aussi en abondance à la pointe de Tilaï et à la pointe de Pal- 
nitschnaïa. Les berbachites traversent généralement les gabbros à olivine; nous les 
avons rencontrées seulement sur le flanc occidental de Ia chaine. Les pegmatites à 
hornblende enfin, paraissent très répandues, elles se trouvent sur les deux versants 
de la chaine, et percent indifféremment les gabbros et les pyroxénites:; enfin la ga- 
réwaite, proche parente des dunites filonniennes, accompagne celles-ci aux sources 
de Garéwaïa, et se rencontre dans les mêmes conditions. 


(28) 


11 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 


CHAPITRE III 


DESCRIPTION DES ROCHES DE TILAÏ LES PYROXÉNITES ET LES KOSWITES. 


$ 1. Description pétrographique des pyroxénites. — $ 2. Monographie des types étudiés. — 
$ 3. Composition chimique des pyroxénites. — $ #. Minéraux constitutifs et structure des 
koswites. — 5. Monographie destypes étudiés. — K 6. Composition chimique des koswites. — 


$ 7. Considérations générales relatives aux pyroxénites et aux koswites. 


S 1. Description pétrographique des pyrorénites. 


Les pyroxénites jouent, comme nous l'avons vu, un role très grand dans la com- 
position de la chaine de Tilaï-Kanjakowsky-Cérébriansky; elles forment en quelque 
sorte l’axe de cette chaine, et se trouvent particulièrement développées sur son flanc 
occidental comme aussi sur les chainons latéraux. 

Macroscopiquement ce sont des roches noiratres ou verdâtres, très cristallines, 
d'un grain moyen, parfois même grossier. Elles rappellent beaucoup certaines va- 
riétés du Pharkowsky-Ouwal ou encore du Koswinsky. 

Au microscope les minéraux constitutifs en sont : la magnétite, l'olivine, le 
pyroxène monoclinique, l'hypersthène, et la hornblende; le mica rouge y fait totale- 
ment défaut. 


MAGNÉTITE 


Elle n'est pas très abondante dans les pyroxénites normales, et s’y présente 
en petits grains libres ou inclus dans les pyroxènes. Les formes sont rarement 
octaèdriques, dans les variétés passant à la koswite elle se développe en petites 
plages sidéronitiques. 


(29) 


419 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


OLIVINE 


Ce minéral joue un rôle subordonné au pyroxène ; il ne manque jamais, il 
est vrai, mais ne se rencontre qu'exceptionnellement en grande quantité. L'olivine 
est incolore, hyaline, toujours très craquelée et généralement de plus petite dimen- 
sion que le pyroxène; les fissures sont souvent oblitérées par de la magnétite. 

Les propriétés optiques sont les suivantes : le signe est positif, Pangle 2V est 
très voisin de 90°, les trois biréfringences principales mesurées directement ont été 


trouvées comme suit : 


Net — 0,05$ Renan 10 0 eo = O,OIS 


PYROXÈNES MONOCLINIQUES 


Le pyroxène est généralement très légèrement verdâtre en lumière naturelle ; 
les clivages A! — (100) s'y rencontrent assez fréquemment, ils sont alors fins et 
serrés, les inclusions lamellaires sont fort rares et ne se trouvent d'habitude que 
dans les cristaux de grande taille, Les propriétés optiques du pyroxène sont ré- 
sumées dans le tableau suivant; le signe optique, toujours positif, n’a pas été ins- 


crit dans une colonne spéciale. 


(30) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 413 


Tableau des propriétés optiques du pyroxène. 


Numéros Neo | ME Mn 2tp Extinction 2V. Observations 
1061 | 0,029 | 0,022 = : Æ = 
\ 0:027 | 0.022 — ASIE — Clivage h! assez bon. 
1070 “48) y 
] 0,025 | 0,021 EURE — id. | 
._ ( 0,026 | 0,022 {1 en Mie | 
1115 TOR 0.022 sE FE " Le 
Ld de] ! | TE 
1072 } 0,028 = 0,006 412 | 56°42' | Clivage h!. 
{ » | TE : 
: "0.029 0,023 — | 547 ; — Clivage m. mauvais. 
8 | 
1080 IR 0 021 Des Ty PE 
ne D'02S 0,022 — 499 6°56" ! Clivage h!. 
D T0U2S nee = — 
| 0.028 0,022 she dE ps 1 
( ? 
1101 ET 0.021 n pr = _ 
\ 0.028 0.022 == 40 | — Clivage m. mauvais. 
O0 C2 SA 01020 = 37 | — | id. 
{0,026 | 0,019 SPORE es id 
| 
12) 20028 0.020 0.005 — DH 0m —— 
le : 2 | = Ç » | 
ITS JE 0.019 0.006 > 159296: | — 
| 0,027 | 0,021 0 — | Clivage m. 
1146 0,026 0,019 CS ASE A — 
| 0.026 0.021 us 2 = = 
( 0,028 0,021 — 40 rd — Clivage h!. 
(067 0.019 Hs PAT eZ = 
MEME 4 Rate = 
( 0,027 0,020 | — — | — Clivage m. 
1059 0,027 0,021 — —_ | — — 
ee 0,021 — ne = 
( 0,026 | 0,019 -- — — | —— 
1060 0.027 0,021 —— — — — 
( 0.026 — — 39 — | Clivage m. mauvais. 
( 0,028 0,020 0,005 37° — -— 
1069 0.028 0,019 | 0,005 > — = 
( 0,024 0.018 | 0.005 Ale | — Clivage h!. 
| 1 
—————_—_—_—_—_— ————_—— —…—————…————_—…———…——…——." .——————— —“————“——““ “UT 
(51) 


AA 4 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


Ce tableau montre à l'évidence que le pyroxène est d'un type très peu varia- 
ble, ses propriétés optiques correspondent à une variété de diopside dont l'angle 
d'extinction oscille autour de 40°, et dont les trois biréfringences sont : 

NN = 0,027 Ng-lm — 0,022 Nn-p — 0,005 à 0,006. 

Nous avons contrôlé d’ailleurs les nombreuses valeurs mesurées au compensa- 

teur par quelques mesures directes d'indices, et trouvé les chiffres suivant : 


Tableau des indices. 


Î Numéro | Orientation 


| de la plaque. de la section. My Him on Hp NN Nm} 


1148 | Sn, 1,6926 | 1,6867 | 0,0267 | 0,0208 | 0,0059 


HYPERSTHÈNE 
Ce minéral est excessivement rare, il n'a été dûment constaté que sur une 
seule préparation qui renfermait des traces de feldspath et de mica rouge. Il existe 
en petites sections presque incolores et très faiblement polychroïques, à biréfrin- 
sences normales: la bissectrice aiguë est nettement négative, ce qui, joint au poly- 
chroïsme, permet d'identifier sûrement ce pyroxène. 


HORNBLENDE 


Elle se rencontre toujours en fai- 
ble quantité dans un certain nombre 
de pyroxénites, et s'y présente en petits 
grains, calés entre les pyroxènes, dont 
elle représente sans doute un produit 
de transformation. La couleur de cette 
hornblende est vert brunâtre très pâle, 
son polychroïsme toujours peu appré- 
ciable se fait comme suit : », — vert- 
brunätre pale, #,— jaunâtre très pale. 
La biréfringence »,-n, — 0,022, le si- 
gene optique est négatif. 


Pyroxénite. Coupe n° 1080, Chambre claire. Lu- 
mière naturelle. Grossissement = 13 diam. O = oli- STRUCTURE 
vine, P — pyroxène. 


La structure est parfaitement gre- 
nue, les éléments constitutifs sont presque isométriques ; parfois quelque cristal 


RECHERCIIES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL A1 


isolé de pyroxène atteint une taille un peu plus grande que celle de ses voi- 
sins. 

Les phénomènes dynamiques sont manifestes sur certains spécimens, ils ont 
comme conséquence tout d'abord le morcellement de lolivine, suivi de celui des 
pyroxènes. Parfois les pyroxènes et l’olivine gisent péle-mêle dans une brèche for- 


mée par les mêmes éléments. 


S 2. Monographie des types étudiés. 


N° 1148. Crête entre la pointe nord de Garéwaïa et la pointe Tilaï. 


Au microscope : Peu de magnétite en grains et rares petites plages sidéroni- 
tiques. Pyroxène prédominant, quelques cristaux de grande taille, Olivine relative- 
ment rare, Par places on observe des petites régions à éléments microgrenus, dissé- 


minés irrégulièrement parmi les cristaux plus grands. 
N° 1103. Col entre le Kanjakowsky et la pointe Loss. 


Au microscope : Peu de magnétite toujours en grains. Pyroxènes largement 


cristallisés, avec imclusions lamellaires. Olivine plus rare du type ordinaire, 
N° 1061. Sur l’aréte À, en place. 


Au microscope : Roche identique au numéro précédent. L'olivine de même 
que la magnétite sont très rares, le premier de ces deux minéraux est toujours en 


petites sections. 


N° 1072. Arête B au pied du premier sommet rencontré en allant de l'axe de 
la chaine vers l'est. 

Type largement cristallisé, à olivine remarquablement abondante et fraiche, 
de grande taille, Peu de magnétite, quelques petites plages de hornblende dispersées 
ça et là parmi les autres éléments. 

N° 1139. Contact avec la dunite, ravin de Poloudniéwaïa. 

Très belle roche d'une remarquable fraicheur, prototypedes pyroxénites de Tilaï. 

Au microscope : Très peu de magnétite (deux ou trois grains seulement), beau- 
coup de pyroxène en gros cristaux à peine colorés en lumière naturelle, peu d’oli- 
vine avec fissures remplies de magnétite. 


(33) 


MËM. SOC, PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL, 84 (1901). 5 


t 
19 


416 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 

N° 1070. Sur l’arête B à l’ouest du N° 1072, sur la crête. 

Au microscope : Type très riche en olivine, à fissures remplies d'éléments 
ferrugimeux. Pyroxène ordinaire. Très peu de hornblende à peme colorée, magné- 
tite assez rare et grains idiomorphes. 

N° 161. Sur la crête rocheuse formant le bord sud de lentonnoir de Graréwaïa. 

Roche avec olivine abondante, subordonnée cependant au pyroxène:; les deux 
minéraux se développent au milieu d’une masse grenue formée des mêmes éléments 
de plus petite taille. Magnétite plutôt rare, en grains isolés. 

N° 1053. Sommet de la pointe sud de Garéwaïa. 

Pyroxénite très analogue à la précédente. Elle contient peu de magnétite qui 
s’isole en petites plages sidéronitiques, renfermant ça et là un spinelle vert. Très 
peu de hornblende brune entre les pyroxènes. 

N° 1154. Sous le col, en descendant sur le Katéchersky. 

Au microscope : La roche simule presque deux temps de consolidation: les pyro- 
xènes avec inclusions lamellaires et l'olivine plusrare d’ailleurs, sont disséminés dans 
une masse microgrenue formée des mêmes éléments, Magnétite rare, en petits grains. 

N° 1146. Sous le flanc ouest de la pointe de Garéwaïa. 

Belle pyroxénite du type ordinaire, plutôt pauvre en olivine. Pyroxènes imco- 
lores, avec quelques inclusions lamellaires. Très peu de hornblende brune à peine 
polychroïque. 

N° 1080. Arête C sous la base du Kanjakowsky. 

Roche largement cristallisée: les pyroxènes de grande taille renferment quel- 
ques inelusions lamellaires. Olivine plutôt rare. Magnétite de même, Beau type de 
pyroxénite. 

N° 158. Sur la crête rocheuse formant le bord sud de Pentonnoir de Garéwaïa. 

Roche très semblable au type précédent, les grands cristaux de pyroxène sont 
répartis dans une masse à grains plus fins, formée également de pyroxène associé à 
de l’olivine: peu de magnétite. 

N° 159. Sur la crête rocheuse du bord sud de l'entonnoir de Garéwaïa. 

Roche identique au N° 158, prise plus à l’est: le grain est très variable selon 


(34) 


, , _ 
RECHERCHES PETROGRAPHIQUES SUR L 'OURAL 117 


les régions observées. Par places les éléments sont isométriques, ailleurs la roche 
parait presque à deux temps. L'olivine est assez abondante, la magnétite plus rare, 
le pyroxène ordinaire. 

N° 164 b. Au col de Garéwaïa, à la base de la pointe sud. 

Pyroxénite sans magnétite, formée en grande partie par du diallage incolore, 
de même que l'olivine qui est plus rare. Le grain de la roche varie également sen- 
siblement selon les régions. Phénomènes dynamiques accusés sur lolivine écrasée 
par places, avec étirement manifeste et serpentinisation. 

N° 1057. Entre la pointe nord de Garéwaïa et la pointe Palnitschnaïa. 

Très analogue au N° 164, avec plages à individus isométriques, mélées à d'au- 
tres qui sont presque à deux temps. Peu de magnétite. 

N° 1059, Flanc est de la crête, entre la pointe nord de Garéwaïa et celle de 
Palnitschnaïa. 

Roche semblable aux deux numéros précédents: pauvre également en magnétite. 
Olivine subordonnée au pyroxène, très peu de hornblende brune faiblement poly- 
chroïque. 


S 3. Composition chimique des pyroxcnites. 


Analyse du N° 1080. 


Calculée sur 100 parties. Quotients. 
SOS U— 04915 30,03 0.83 
AOL 6 1,68 0,016 
CO ,.0:70 0,71 0,004 0,030 R,0, 
Fe, — 1,58 1,61 0,010 \ 
FeO  — 4,19 4,27 0,059 | 
MnO —— traces —= , 
Ca0 —_2096 20,73 0,570 | VER 20, 
NEO 0 060 20,97 0,524 

Perte au feu — 0,85 — 


99,08 100,00 


Coefficient d'acidité + — 1,58. 


Formule magmatique — 28 Si0, : R,0, : 32 RO. 
Rapport CaO : MgO — I : 1,4. 


(59) 


AIS LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


Vu l'absence de feldspaths dans le numéro analysé, 1l ressort clairement des 
chiffres exposés ci-dessus que le pyroxène est légèrement alumineux, voire même 
chromifère: la pyroxénite de Tilaï ressemble en tout point à la pyroxénite du Kos- 
winsky comme on peut s'en convaincre en comparant les analyses de ces deux 
roches: seule la teneur en FeO est un peu plus considérable dans cette dernière. 


Analyse du N° 10: (pyroxénite du Koswinsky). 


SiO, — A0 
A1,0, } 
A — 2,68 
Cr,0, | 
FeO — on 
CaO = 20,36 
Me0O — 20,00 
Perte au feu — 0,60 


100,36 


S 4. Minéraux constitutifs et structure de la Kosiwile. 


Les koswites de Tilaï se distinguent assez difficilement sur le terrain des py- 
roxénites, auxquelles elles passent d'ailleurs par des: formes transitoires, comme 
nous l'avons déjà indiqué antérieurement à propos du Koswinsky. Ce sont des ro- 
ches noiratres, toujours grenues, à grain moyen rarement grossier, qui sont comme 
leurs congénères du Koswinsky, constituées par du pyroxène, de lolivine, de la 
hornblende, des spinelles, et de la magnétite. 


OLIVINE 


Ce minéral parait être de toute première consolidation, car on le trouve loca- 
lement moulé indifféremment par la magnétite ou par le pyroxène: ce dernier cas 
cependant est rare, ce qui fait supposer que ces deux minéraux sont à peu de chose 
près contemporains. Elle est absolument incolore, plus hyaline que le pyroxène, et se 
présente en grains à tendance arrondie, qui sont toujours craquelés. On y voit quel- 
quefois des clivages selon g! — (010), très rarement selon p— (001). 


Les propriétés optiques déterminées directement sont les suivantes : 
ny = 0,037 Ng-Nn = 0,019 à 0,025 ut 0,0L5: 


Le signe optique est positif, l'angle 2V presque égal à 90°. 


(36) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 119 


PYROXÈNE 


Le pyroxène se présente en cristaux aux formes généralement trapues, sans 
contour géométrique, et avec allongement prismatique peu marqué, Les clivages 
m—(110) sont constants, les clivages 4! —(100) fort rares et mauvais, ce qui rend 
la mesure de l'angle d'extinction toujours incertaine, Les macles 2! — (100) se 
rencontrent assez souvent, elles sont simples, rarement répétées : les mclusions la- 
mellaires habituelles au diallage font presque complètement défaut, par contre on 
y trouve assez Souvent un où deux gros grains de magnétite. En lumière naturelle, 
le pyroxène est légèrement verdatre, sans polychroïsme appréciable: l'allongement, 
quand il est perceptible, est toujours positif. La bissectrice aiguë est positive: les 
autres propriétés sont résumées dans les tableaux suivants : 


Tableau des propriétés optiques des pyroxènes. 


| Numéros Ne-hp Ne= Mn Non p Extinction | 2V Remarques. 
| | | 
| | | | 
| dE _ k 5 | 
| \ 0,027 0,022 — | Di — Mauvais clivages. 
ITS) — 0,021 —- | —— —- — 
LES 0.021 _ 2 
20027 0,022 — [02-359 | - id. 
1066 | 0.028 0.02? — | 45 |  — id. 
| | 
| { 0,025 0.020 —— +1 | — id | 
107S 0.025 | 0.020 = RARES — id. 
| | | 
| ( 0,023 | — DIET id. 
| 
| ( 0.028 0.021 0,006 | 2 
UMR UIO2T 0,022 = | 40 — Clivages meilleurs. 
( 0,027 — — [1 — id. 
( 0,027 0,020 | 35 Mauvais clivage. 
1129 — | 0,020 — — — | — 
(Lo 0.020 = ns ee < Eu _ 
| 1074 | 0,025 0,020 2 e Le | 
( 0,030 | 0,022 — 40 —— | Clivage meilleur. | 
} 0.026 — —= | 38 — | Mauvais Clivage. 
| 


Comme on le voit, les chiffres donnés par ce tableau concordent avec ceux 


obtenus pour les pyroxènes des pyroxènites: la présence de la magnétite en grande 


(37) 


420 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


= 


quantité ne parait donc pas influencer la composition des pyroxènes. Ce qui vient 


d'être dit se confirme encore par la mesure directe des mdices. 


Tableau des indices de pyroxène. 


Numéros Orientation | | 


| de la coupe. | des sections. 11g Tin | Hp Nehp | Mg-lm Hop 
| | | 
| 1066 Sn 171592180919 | 16866 | 0.0269 ! 0,0217 0,052 
| 1,6927 | 
| | | 
> = 
HORNBLENDE 


Ce minéral peut manquer complètement, d'autres fois au contraire 11 se mon- 
tre en assez grande abondance. I n'est point comme dans la koswite du Koswinsky, 
cantonné exclusivement à proximité de la magnétite qu'il circonscrit, mais se ren- 
contre parmi les pyroxènes, mêlé aux autres éléments de la roche. Cette hornblende, 
toujours peu colorée, présente les clivages m — (110), et les propriétés optiques 
suivantes : L'allongement peu marqué est positif, la bissectrice aiguë négative ; l'an- 
ele 2 V est en tout cas supérieur à 70°. L'angle d'extinction sur g! — (010) à été 


trouvé de 13°. les biréfringences mesurées directement sont : 
Rey — 0,022 7; — O0 0 En 


Le polychroïsme se fait comme suit : 


n, —= vert sale brunâtre assez pale, »,, — vert jaunâtre, », = vert brunâtre 
ou verdatre très clair. 


SPINELLES VERTS 


Ils sont particulièrement abondants dans la koswite de Tilaï, et se rencontrent 
exclusivement à l'intérieur des plages de magnétite. Les grains, à contours irrégu- 
liers, mesurent jusqu'à 0,4-0,5 mm., leur grosseur est en rapport avec celle de la 
plage de magnétite qui les héberge. Les grains toujours craquelés, sont d’une su- 


perbe couleur vert foncé: la couleur s'éclaircit sur les bords. 


MAGNÉ DIE 


Elle est particulièrement abondante et toujours en grandes plages sidéroni- 
tiques. 


(55) 


RECHERCIHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L OURAL 121 


STRUCTURE ET PHÉNOMÈNES SECONDAIRES 


La structure de la koswite est celle que nous avons décrite antérieurement à 
propos de la méme roche du Koswimsky. La magnétite en plages sidéronitiques 
moule et relie les uns aux autres les di- 
vers minéraux constitutifs, elle forme 
donc un ciment entre ces derniers. Les 
plages de fer oxydulé sont souvent fort 
développées, et il n'est pas rare d'\ 
voir inclus en dehors des spinelles, un 
ou deux petits grains arrondis d'olivine :; 
elles sont dispersées régulièrement et 
forment en quelque sorte un ciment con- 
tinu, où sont au contraire localisées. 

Les phénomènes dynamiques sont 
à peine appréciables et consistent sim- 


plement en un morcellement de loli- 


ve. Koswite. Coupe n° 1132. Chambre claire. Lumière 
OtanReauxe actions secondaires qe, rare CrOEEsenent snimM nent 
J MN tite. O — olivine, P — pyroxène. S — spinelle 
elles sont également tres réduites ces 
roches étant toujours d'une remarquable fraicheur. On observe simplement une ser- 
pentinisation&de l'olivine selon les cassures qui ne va jamais jusqu'à la substitution 


complète de ce minéral par Pantigorite. 


S 5. Monographie des types étudiés. 


N° 1074. Sur l’arête B:; un peu à l'est du sommet principal. 

Belle roche largement cristallisée, Pyroxène prédominant, renfermant quelques 
inclusions lanullaires ; olivine plus rare, magnétite sidéronitique assez abondante 
avec spinelles, quelques plages sont bordées d'une mince bande de hornblende 


brune. 


N° 1074. Arête DB. sur le col. 


Type plus riche en olivine que le précédent, celle-ci est broyée par places et 
transformée en mosaïques. Pyroxènes ordinaires. Magnétite sidéronitique avec spi- 


nelles, en plages plutôt petites mais nombreuses, disséminées très régulièrement. 


(59) 


129 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


N° 1132. Sur l'extrémité nord de la chaine de Tilaï, à 1 kilomètre environ 
de la pointe de Poloudniéwaïa. 


Cette variété est plutot pauvre en olivine, la dimension des minéraux est plus 
petite que dans les deux types précédents, elle varie d’ailleurs par régions : ça et là 
un pyroxène de grande taille se distingue parmi les autres minéraux. Magnétite 
abondante, en grosses plages sidéronitiques riches en spinelles, et toujours locali- 
sées. Très peu de hornblende vert pale, à peine polychroïque, concentrée sur cer- 
tains points. 


N° 1066. Sommet du Kanjakowsky. 


Koswite typique, assez riche en olivine avec grandes et nombreuses plages de 
magnétite sidéronitique très régulièrement réparties, et formant un ciment presque 
continu entre les minéraux ferro-magnésiens. L'olivime est localement brisée par des 
phénomènes dynamiques. 


N° 1060. Sous le col entre larête À et la pointe sud de Garéwaïa. 


Cette roche est une forme de passage aux pyroxénites. Elle est riche en olivine. 
La magnétite en petites plages sidéronitiques avec rares spinelles, ressoude locale- 
ment les minéraux constitutifs, elle est comparativement très réduite. 


N° 1071. Sur le chainon A, en descendant du col sur B. Katécherskaïa. 


Type pauvre en olivine qui y est localement écrasée et réduite en brèches à 
petits éléments entre les pyroxènes quasi intacts. Magnétite sidéronitique assez 
abondante, régulièrement répartie, La coupe présente un pyroxène renfermant en 
inclusion de Ja magnétite moulant un grain de spinelle : 


N° 1129. Sur le prolongement septentrional de la chaine de Tilaï, à quelques 
centaines de mètres au nord de la pointe Poloudniéwaïa. 

Belle koswite d'un type également pauvre en olivine. Elle renferme par 
contre passablement de hornblende très pale, à peine polychroïque, disséminée un 
peu partout. Magnétite sidéronitique très abondante, formant presque un ciment 
continu : elle renferme de gros spmelles. 


N° 1056. Sous la pointe Palnitschnaïa. 


Forme de passage aux pyroxénites, La magnétite beaucoup moins abondante 
que dans les types précédents mais encore accompagnée de spinelles, forme de 
petites plages sidéronitiques isolées. 


(40) 


- ll 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 123 

N° 1115. Arète C, sur le dernier sommet du côté de l'est. 

Cette koswite assez riche en olivine, est caractérisée par la grande abondance 
d'une hornblende brune d'un polychroïsme beaucoup plus accentué qu'à l'ordinaire, 
et d'une taille inaccoutumée. L'olivine est également très abondante, mais toujours 
écrasée en mosaique entre les pyroxènes qui restent Indemnes. Nombreuses et 
grandes plages de magnétite sidéronitique, emprisonnant des spinelles, voire méme 
de petites olivines. 


S 6. Composition chimique de la kosiwite. 


Analyse du N° 1129. 


Moyenne rapportée à 100 parties. Quotients. 
SiO, — 36,92 36,55 0,609 
ALO, = 8,95 S,46 0,083 | 0191 RO 
ReOS. —+ 176 17,28 DOS ES 2-3 
1Fe0 — 8,02 7,94 0,110 
Ca0 — ts 20 18,02 0,322 l 0,725 RO. 
Me0 — Jin MTS 0,293 

Perte au feu — 0,15 = 
101,17 100,00 


Coefficient d’acidité 3 — 0,94 
Formule magmatique — 3,2 Si0, : R,0, : 3,8 RO. 


ILest intéressant de comparer cette analyse avec la moyenne de 3 analyses 
L que nous avons donnée pour la koswite de Koswinsky et qui est la suivante : 


| Analyse «de la kosiwite de Kosicinsky ramenée à 100. 

SI0, — 40,43 
FeO, M ES 
AIO, — 9,15 
CrO,, — 0,57 
FeO — "il 
Ca0 — 4 18,23 
Me0 — 14,06 

100,00 


Coefficient d’acidité z — 1,12. 
Formule magmatique — 5,4 SiO, : R,0, : 6,7 RO. 
1 Un seul dosage de FeO a été effectué. 
| (41) 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT, DE GENÈVE, VOL, 84 (1904), 53 


421 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


S 7. Considérations générales relatives aux koswites et aux pyroxénites. 


Le fait le plus intéressant qui se dégage de l'étude précédente est la très 
erande unité des pyroxénites qui se rencontrent dans l'immense boutonnière éruptive 
que représentent le Koswinsky, et la chaine de Tilaïi-Kanjakowsky dans son ensemble. 
Ces pyroxénites ne forment cependant pas une trainée continue, elles sont inter- 
rompues entre le Koswinsky et le Tilaï par les roches du Katéchersky, lesquelles 
sont fort différentes comme nous lavons montré antérieurement, mais cette discon- 
tinuité n'entraine pas comme conséquence une modification quelconque dans la 
composition globale, l'association minéralogique et les caractères pétrographiques 
des pyroxénites et koswites du Koswinsky et de Tilaï. Les minéraux constitutifs 
restent les mêmes, leur mode d'association est invariable, et cette identité se pour- 
suit jusque dans les caractères optiques de ces minéraux. Ainsi, par exemple, le 
pyroxène monoclinique prédominant qui parait étre une variété diopsidique un peu 
spéciale, se retrouve partout avec les mêmes caractères, et les variétés très peu nom- 
breuses et très voisines du type principal qui l’accompagnent toujours, présentent 
constamment aussi les mêmes propriétés, que la roche soit une pyroxénite ou qu’elle 
soit une koswite. 

Le caractère bien individuel de la koswite ressort une fois de plus de l'étude des 
variétés récoltées sur Tilaï, et ce n’est pas seulement la grande proportion de ma- 
enétite comme aussi la structure particulière de ce minéral qui établissent cette 
individualité. Nous avons montré en effet qu'au Koswinsky comme au Tilaï, les py- 
roxénites franches, très pauvres en magnétite et manquant de spmelles, comportent 
en moyenne 2,5 ‘/, en chiffre rond d'oxydes d'AI,0, + Cr,0,. Ces deux oxydes 
sont incontestablement à attribuer ici au pyroxène qui est done alumineux et très 
faiblement chromifère, Or dans la koswite, pour une basicité plus grande que celle 
des pyroxénites normales, la quantité d’alumine est cependant toujours notable- 
ment supérieure, et dépasse de 2,5 à 3 /, dans la roche de Koswimsky, et 5,9 !/, 
dans celle de Tilaï la proportion ordinaire de cet élément dans les pyroxénites. Cet 
excès d’alumine n’est donc pas lié aux pyroxènes qui ont sensiblement les mêmes 
propriétés dans les deux roches, il correspond évidemment au développement des 
spinelles, dont l'abondance parait indiscutablement liée à celle de la magnétite. 
L'absence totale d'alcalis et surtout de silice disponible en dehors de celle néces- 
saire à saturer les bases des métasilicates, rend la production des plagioclases 1m- 
possible dans ces roches, et l'excès d’alumine de même que celui des oxydes de fer, 


(42) 


RECHERCHES PÉTROGRAPIHIQUES SUR L'OURAL 129 


reste comme la scorie en quelque sorte du bain ferro-magnésien qui à donné nais- 


sance aux éléments des pyroxénites. 


CHAPITRE IV 


DESCRIPTION DES ROCHES DE TILAÏ. LES TILAÏTES. 


$ 1. Description macroscopique des tilaites et minéraux constitutifs. — $ 2. Structure et transfor- 
mations. — $ 3. Monographie des types étudiés. — $ 4. Composition chimique. — 5. Formes 


de passage aux gabbros proprement dits, structure et composition. — K 6. Formes de passage 


aux pyroxénites. — K 7. Considérations générales relatives aux tilaites. 


S 1. Description macroscopique des tilaïtes et minéraux constitutifs. 


Nous donnons le nom de « tilaite > à des roches mélanocrates noiratres, proches 
parentes des pyroxénites auxquelles elles passent d'ailleurs avec facilité. Elles sont 
toujours grenues, à grain plutôt fin, parfois l’un des éléments noirs S'y exagère en 
communiquant alors à la roche un aspect porphyroïde. Sur le terrain, ces roches se 
distinguent assez facilement, même chez les types très mélanocrates, des pyroxénites 
ordinaires, par un habitus spécial: ellesne sauraient également être confondues avec 
les gabbros à olivine francs ordmaires. 

Au point de vue microscopique, les minéraux constitutifs en sont les suivants : 
magnétite, spinelles, biotite, olivine, pyroxène monoclinique, hypersthène, horn- 
blende et plagioclases. 


MAGNÉTITE 


Ce minéral, qui ne manque jamais, est cependant assez variable au point de 
vue quantitatif. Dans certaines roches il est abondant, dans d’autres au contraire, 


(43) 


126 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


plutôt rare. Son aspect dépend de sa fréquence, là où il est en effet abondant il se 
présente en petites plages sidéronitiques liant localement les pyroxènes, là où au 
contraire il est plus rare, on le rencontre en grains dispersés parmi les autres miné- 
raux, souvent inclus dans les grands pyroxènes. 


SPINELLE VERT 


Le spinelle est très réduit, dans bon nombre de préparations il manque même 
tout à fait. Il est toujours lié à la magnétte, et apparait donc dans les variétés où 
celle-ci devient sidéronitique. Il est alors entièrement emprisonné à l’état de rares 
et petits grains à l'intérieur du fer oxydulé. Les propriétés de ce spinelle sont celles 
déjà décrites, il est considérablement plus rare dans la tilaïte que dans la koswite. 


BIOTITE 


La biotite ne se rencontre également pas dans toutes les préparations exami- 
nées, et lorsqu'elle existe, c'est toujours en très petite quantité. Elle se cantonne 
ici comme d'ailleurs dans toutes les roches basiques du Koswinsky ou de Tilaï où 
nous l'avons rencontrée, toujours dans le voisinage immédiat de la magnétite qu'elle 
circonscrit parfois complètement, et présente des caractères optiques très uniformes. 
Elle est en effet uniaxe négative, le polychroïsme qu'on retrouve partout avec les 
mémes teintes, se fait comme suit: », — rouge brun très foncé et très éclatant 
ny, — presque incolore, à peme brunâtre. Elle est très rarement emprisonnée dans 
les pyroxènes, mais au contraire se trouve sur la bordure de ces derniers, et mieux 
encore parmi les éléments feldspathiques. 


OLIVINE 


C'est après le pyroxène l'élément principal: il ne l'emporte cependant jamais 
sur ce dernier, L'olivine se rencontre en grains arrondis et fissurés, parfaitement 
incoiores en lumière naturelle, ce qui la distingue immédiatement des pyroxènes 
qui sont toujours légerement colorés. Elle leur est antérieure, car on la rencontre 
quelquefois à l'état d’inclusions dans ces derniers. Les propriétés optiques sont celles 
de l'olivine des pyroxénites et des koswites: les trois biréfringences ont été mesu- 
rées directement, et trouvées de : n5-n9 = 0,036, nn = 0,019, #n-ny = 0,017; 
le signe optique est normal. 


PYROXÈNE MONOCLINIQUE 


Ce minéral est le plus important des éléments constitutifs. Les cristaux sont 


(44) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 


raccourcis. sans formes géométriques appréciables: les clivages » — (110) sont nets, 
le clivage 2! — (100) est plus rare: les fissures irrégulières sont nombreuses, et 
simulent parfois celles de l'olivine, En lumière naturelle, le pyroxène monoclinique 
est légèrement verdätre, toutefois sans polychroïsme. Il ne renferme d'habitude pas 
d'inclusions lamellaires, il faut cependant faire une exception pour certains cristaux 
qui se développent quasi porphyriquement parmi les autres éléments qui, au con- 
traire, sont criblés à tel point d’inclusions opaques ferrugineuses, qu'il est parfois 
impossible d'en déterminer les propriétés optiques et que ces grands cristaux for- 
ment comme des taches opaques dans les préparations. Ces inclusions sont alors 
distribuées d’une façon irrégulière, ou d'autrefois disposées selon des zones concen- 
triques qui correspondent évidemment aux zones d'accroissement du minéral. Chose 
curieuse, en dehors de ces phénocristaux, les autres pyroxènes d’une même 
préparation sont parfaitement hyalins et généralement libres de ces inclusions 
lamellaires. Les pyroxènes monocliniques sont souvent mâclés, dans ce dernier cas 
c’est la macle 4! — (100) qui se rencontre exclusivement. 
Le tableau suivant donne les propriétés optiques des pyroxènes. 


(45) 


es 


Tableau des propriétés optiques du pyroxène de la Tilaïte. 


Numéro. My Hg Tm CUT UT Extinction 2 Remarques. | 
0.026 0,020 = 
I CT OP ot des de 
1! 0.027 0,019 11e Clivage h! net, 
| «0,024 0.020 12 = id. 
1155 0,025 0,020 TE = Section pas parfaitement centrée | 
( : 0,022 - LE = 
2 b | 0,026 0,022 0,005 LT 51°18 Lis 
165 D; 0,025 0,022 41; =  Clivage h' net. 
0,025 | 0,021 — —= Mauvais clivage, | 
\ 0025 | 0021 ps — = id | 
66 x sen 1 
Des / 0.027 | 0,021 — 415 = Clivage h! 
0,025 0.021 — — = 
( 0.025 0.021 — TE Mauvais clivage, 
164a) 0,025 | 0,021 = Æ - id. 
{ 0.025 Æ- Du - id. 
160 00260001 - “à ” Clivage h°. 
a 026 0.021 0,005 Ê 
( 0.025 0.02] 0.003 10 51°14/ | Clivage h?. 
M0 025 UT 021 _ 41! id. 
( | 0,020 LS = == 
0.025 | 0.021 42 — Clivage h!. 
He L20/026 | = _ — = 
pa / 0,025 - — 10° — Clivage h!. | 
0.025 2e — 42 — id. 
( 0.025 0,021 — r —— | Mauvais clivage, 
167 —- 0,022 — E — id. 
(RTE 0.021 a — LL. id. 
a 
1145 L 0.027 0.021 — 433 — Clivage ht. 
10 4 0026 | 0,021 — f — id. 
| 0,027 0,021 HI — id, 
Ein 0.027 0,021 0,00 Æ = Mauvais clivage. 
LOTS Tee ee 0.004 — - 
1074»: | 0,025 0.022 es _— Mauvais clivage. 
Ag PRES 0.020 — = # 
l 
1055 À 0,024 0,021 443 — Clivage h'. 
ER 0 025 —— - — | — 
1152 4 0,028 0,020 40 2/90" | Clivage ht. 
1073 vis! 0,026 0,020 — 41 —— 
1102 ne: es. —  — D3 1H F3 
| L ( 0,026 - 45 5156 — 
1151 } 60,027 | 0,021 — — — — 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 129 


Tableau des indices principaux des pyroxènes. 


es 


Numéros Orientation 


de la coupe. | de Ia section. Ne Tim Hp Th | LU Hop 
| | TU 1,6973) | 1.6924 | 0,0253 | 0,0204 | 0,0049 
| Ù Su 1,6973) | - A RE 
| 1144 ) 1,717S | 1.6959/| 1,6890 | 0,0288 | 0,0228 | 0,006 
| Sn 1.6940) = = | dE 
| 1,7126 | 1,6914 | 1,6866)| 0,0254 | 0,0212 | 0,0042 
(Sn QUE 1,6878)|  — - 
1145 1,7120 | 1,6907)| 1.6863 | 0,0257 | 0,0209 | 0,0048 
| (ES0, SEA MACINNIS ne 
| 1,715) — 0,0262 ! 0,0218 | 0,0044 
1102 SU, 1,7145\| 1,6931 | 16887 ll - 
1,7156 | 1,6950)| 1,6903 | 0,0253 | 0,0202 | 0,0051 | 
( Sn — 1,6953) — — — —- 
1152 | 1,7160)| 1,6944 | 168935 | 00256 | 0,0207 ! 0,0056 | 
HLGSN. Len 129 ER : SR IEP 


Les tableaux qui précèdent montrent que la variété de pyroxène qui se ren- 
contre le plus fréquemment dans les tilaites est celle caractérisée par les trois biré- 
fringences suivantes : 


Ng-hp —= 0,0255 Néxtin — 0,021 Nm — 0,005. 


Ces chiffres sont systématiquement un peu différents de ceux trouvés pour 
le pyroxène prédominant dans les pyroxénites et la koswite qui sont, comme nous 
l'avons vu : 


ET — 0.027 NN — 0,022 Huy = 0,005 0,006. 


L'angle d'extinction est très sensiblement de 41°. Les valeurs au-dessous de 
ce chiffre n'ont pas été rencontrées. Il parait donc que le pyroxène de la tilaite 
évolue vers l'augite, ce qui n’a rien d'étonnant par suite de la composition chimique 
des tilaites dont nous parlerons un peu plus loin. 


HYPERSTHÈNE 


L'hypersthène est rare et point du tout constant dans les divers spécimens 
étudiés. Sans son polychroïsme qui permet de le reconnaitre assez rapidement, 1l 
serait bien difficile à retrouver parmi les pyroxènes monocliniques. Il parait se ren- 
contrer plus particulièrement dans les variétés qui contiennent du mica rouge. Les 


(47) 


430 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


cristaux d’hypersthène sont mélés aux autres éléments ferro-magnésiens, où au 
contraire se rencontrent enclavés dans les pyroxènes monocliniques. Ils sont 
informes, toujours très petits, et ne renferment Jamais d'inclusions lamellaires. Les 
propriétés optiques relevées très exactement sur les rares spécimens qui Sy 
prètent sont les suivantes : 

Le signe optique est toujours positif; l'angle des axes parait voisin de 30°. Les 
trois biréfringences mesurées coïncident avec celles données par MM. Michel-Lévy 
et Lacroix, pour l’hypersthène ordinaire, soit 24-19 = 0,013, n-m — 0,005, 
Nu-Ay — 0,010, à ce point de vue cet hypersthène se distingue légèrement de 
celui que nous décrirons plus loin à propos des norites. Le polychroïsme toujours 


appréciable, se fait comme suit: », — verdatre pale »,, — jaunâtre x, — brun rosé, 
HORNBLENDE 


Elle n'existe pas dans tous les spécimens, et se rencontre de préférence 
dans les variétés riches en magnétite sidéronitique où elle y est toujours rare 
d'ailleurs et joue un rôle très secondaire. Elle reste, comme le mica rouge, volontiers 
dans le voisinage de la magnétite: la présence simultanée du mica et de la 
hornblende est cependant exceptionnelle. 

Les cristaux sont informes, toujours peu colorés: avec un polychroïsme faible 
qui se fait comme suit : 


n, = bruntre  %,, = brunatre plus pale #, — brun tres pâle presque incolore. 


La valeur de l'angle d'extinction mesurée sur les sections g! — (010) avec 
bons clivages oscille entre 18° à 20°: les trois biréfringences déterminées an com- 


pensateur ont été trouvées sur une méme préparation de : 
Nghp — 0,022 et 0,021 ng-7n — 0,010 %m-79 — 0,002. 


Une seconde préparation a donné #,-7, — 0,021. Le signe optique est négatif: 
l'angle des axes optiques est voisin de 90 


FELDSPATHS 


Ils jouent un role très subordonné à celui des éléments ferro-magnésiens et 
sont maclés selon lalbite, Karlsbad ou la péricline. Cette dernière mâcle est de 
beaucoup la plus fréquente, elle se rencontre en combinaison avec les deux autres, 
mais le plus ordinairement elle existe seule, et à première vue peut aisément être 


(48) 


: À 58 


131 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL Le) 


confondue avec celle de lalbite, car elle est alors formée par le groupement de plu- 
sieurs individus lamellaires. Nous avons montré antérieurement! que cette confu- 
sion n'est plus possible après une mesure des angles d'extinction des lamelles Let 1”, 
faite sur des sections perpendiculaires aux trois axes d'élasticité ou aux axes 
optiques, les valeurs obtenues étant totalement différentes de celles données par 
les mêmes sections mâclées selon l'albite pour les différents feldspaths. En général 
un des systèmes de lamelles est plus développé que Pautre, souvent représenté par 
des lamelles cunéïformes. Les variétés les plus répandues oscillent entre le labra- 
dor basique Ab, An, et l'Anorthite: quelquefois on rencontre, mais beaucoup plus 
rarement, le Labrador Ab, An. 


S 2. Structure et transformations. 


La structure de la Tilaïte est très caractéristique et sensiblement uniforme. 
C’est d'ailleurs celle réalisée dans une 
partie des gabbros du Pharkowsky- 
Ouwal, et appelée par nous structure 
cryptique. Les cristaux de pyroxène 
soudés par des petites plages sidéro- 
nitiques de magnétite, où simplement 
pressés les uns contre les autres, for- 
ment un véritable canevas où mieux 
une espèce d'éponge, dont les cryptes 
sont alors remplies par du feldspath. 
Ces cryptes feldspatiques sont toujours 
formées par la réunion de plusieurs 
individus différemment orientés: parmi 


les feldspaths on trouve ça et là un 


Tilaïile. Coupe n° 167. Lumière naturelle, les 


sran de magnétite, àaCCOMpPAGNE d'une feldspaths sont dessinés en lumière polarisée. Gros- 


» 


auréole ou d’unelamelle de mica rouge.  Sissement — 15 diam. M — magnétite. P — py- 
roxène. O — olivine. F — feldspath. Structure 


L'élément noir est rarement mêlé ré-  vptique. 


gulièrement aux feldspaths, cela se voit 
principalement sur les formes de passage aux gabbros à olivine ordinaires. Il est à 
! K. Pearce et L. Duparc. Sur les données optiques relatives à la mäcle de la péricline. Comptes 


rendus de l’Académie, Paris, 1901. 


(49) 


MÉM. SOC. PHYS, ET HIST, NAT, DE GENÈVE, VOL. 84 (1904). 


432 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


remarquer que la dimension des inclusions feldspathiques est presque toujours in- 
férieure à celle des pyroxènes. Quand cette disposition s'exagère, la roche prend un 
aspect particulier par suite du contraste que présentent les cristaux isométriques et 
agrégés en plages de l'élément ferro-magnésien, avec les cristaux isométriques mais 
de plus petite dimension des feldspaths localisés dans les eryptes. Parfois aussi les 
divers minéraux constitutifs, feldspaths y compris, paraissent disséminés en grands 
individus dans une masse plus finement grenue formée par les mêmes éléments, la 
roche prend alors sous le microscope une structure pseudo-porphyrique, qui est 
d'ailleurs assez commune chez les roches basiques du Koswinsky ou de Tilaï, et 
qui consiste simplement dans l’inégal 
développement de tous les minéraux 
constitutifs de la roche, non pas sur 
certaines plages seulement, mais dans 
toute celle-ci. 

Dans certaines variétés, notam- 
ment dans celles rencontrées sur le 
contrefort des deux pointes de Garé- 
waïa raviné par la rivière de ce nom, 
quelques pyroxènes se développent por- 
phyriquement au sein de la masse gre- 


nue formée par la réunion des autres 


éléments. Ces pyroxènes, peu nombreux 
d'ailleurs, sont de grande taille et 


Tilaïte porphyroïde. Coupe n° 166. Lumière na- 
turelle, les feldspaths sont dessinés en lumière pola- mesurent jusqu'à 3 millimètres en- 
risée, Grossissement — 13 diam. P — pyroxène. 
O — olivine. F — feldspath. 


> 


viron, tandis que les autres éléments 
n'excedent guère 0,5%: ils sont, comme 
nous l'avons vu, saturés d'inclusions opaques. Souvent aussi dans la tilaïte on 
trouve des cristaux de pyroxène formant avec lolivine des associations pæci- 
litiques. 

Quant aux phénomènes secondaires, ils sont toujours peu considérables. Parfois 
les feldspaths sont entièrement kaolinisés et remplacés par des plages argileuses 
isolées parmi le pyroxène et l’olivine: celle-ci présente également un commence- 
ment de serpentinisation qui n’est jamais bien avancé. Les phénomènes dynamiques 
sont également peu accusés, l'olivine est broyée par places tandis que les pyroxènes 
ont généralement peu souffert. Quant aux feldspaths, ils présentent parfois un 
léger ployement de leurs lamelles hémitropes, voire même des extinctions ondu- 


leuses. 


(50) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 433 


S 3. Monographie des types étudiés. 


N° 166. Immédiatement sous le sommet de la pointe sud de Garéwaïa, flanc 
ouest. 

Peu de magnétite en grains isolés et petites plages sidéronitiques avec spinelles. 
Beaucoup de pyroxène avec caractères ordinaires, quelques-uns d’entre eux se 
développent porphyriquement et sont chargés d’inclusions. Olivine assez répandue. 
Hornblende très rare, cantonnée près de la magnétite. Feldspath rare aussi, logé 
dans de petites cryptes. 


1. Sections Sn, maclées selon la péricline. 


Extinction de 1 Sn, —— 34° }) … 190, ——35° ) : 
: { — Anorthite , -0 ç Anorthite, 
ne l = 00) l —" ©2500) 
2. Section Sn, avec clivage p et cassures 4”. 
Extinction de n#, — — 39° — Bytownite à 70 ?/, An. 


N° 164 a. Base de la pointe Sud de Garéwaïa, immédiatement au-dessus du 


replat. 


Peu de magnétite en grains. Mica rouge très rare en petites lamelles Hibres ou 
enfermées dans les pyroxènes. Olivine abondante. Pyroxène prépondérant, fréquem- 
ment mâclé selon k!, les cristaux à inclusions du numéro précédent font ici défaut. 
Feldspaths assez abondants. 

1. Section Sn, mâclée selon la péricline. 


Extinction de 1 Sn, — — 32 ; 
— Anorthite. 


» 1 — + 21° ) 


2. Sections perpendiculaires à l'axe optique À maclées selon la péricline. 


Trace du plan des axes sur 1 SA—— 55° | .…. —56° | , 
FR ; Anorthite . } — Anorthite 
Extinction sur 1 —— 20° | —20°,) 


Les divers éléments constitutifs sont anisométriques, les cristaux plus grands 
sont dispersés dans une masse de composition minéralogique identique mais plus 
finement grenue; c’est un acheminement vers la structure porphyrique. 

N° 162. Crête sud de l'entonnoir de Garéwaïa, avant d'arriver au replat. 

Peu de magnétite en petits grains. Olivine rare également. Pyroxènes abon- 
dants, quelques lamelles de mica rouge. Feldspaths bien développés, localisés dans 


61) 


434 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


desseryptes et de dimension généralement plus petite que les autres minéraux cons- 


titutifs. 
1. Section perpendiculaire à l'axe optique B, maclé selon Ab. 
Trace du plan des axes sur 1 SB — 65 
j' 6s — Anorthite. 
——\\)e) 


Axe optique visible sur 1”. 
2, Section maclée selon Ab perpendiculaire à l’axe optique B. 
Trace du plan des axes sur 1SA — — 52° } 
Qt , 5 Labrador Ab, An,. 
Extinction de 1 — — 93 
3. Section Sn,, maclée selon Ab. 


Extinction de 1 Sn, — 40 NUS 
j' re — Anorthite à 85° An. 
— d9Y 


4. Section Sn, maclée selon Ab et P. 
Extinction de 1 Ab — + 38 
1 0 


Mesures sur la péricline mauvaises. 


[l ; 
s | — Anorthite. 


5. Section SA, maclée selon P. 


Trace du plan des axes sur 1 SA — 58° 
Extinction de 1° — 19° dans le méme sens que 1. 

I n'y à pas de doute sur la macle de la péricline, car dans le cas d’'Ab 1° est 
voisin de SB ce qui n’est pas le cas ici, tandis que la biréfringence de 1” est au con- 
traire voisine de #,-",. 

Structure cryptique ordinaire, légèrement protoclastique. 


N° 165 a. Dans les éboulis du flanc O de la pointe sud de Garéwaïa, un peu 


au-dessus du replat. 


Magnétite rare, en grains isolés. Olivine abondante en gros imdividus souvent 
maclés, pyroxène monoclinique prépondérant, avec quelques rares inclusions lamel- 
laires: plusieurs d’entre eux forment des associations pœcilitiques avec l'olivine. 
Hypersthène assez abondant, en petites sections d’un polychroïsme très marqué 
dans les teintes ordinaires. Très peu de biotite avec les caractères habituels. Feld- 
spaths assez rares, de petite taille, maclés selon K, Ab et P, à lamelles souvent 
ployées. 

1. Section maclée selon K, perpendiculaire à un axe optique. 

Trace du plan des axes sur 1 SB — — 58° 


| 
PATENT _o | Labrador Ab, An.. 
Extinction de 2 — OT | n ; 


RECHERCHES PEÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 435 


2. Section Sn, bissectrice aiguë, maclée selon P. 
1 Sn, Extinction de 33° par rapport au plan de macle — Anorthite. 
L'extinction sur 1° est inutilisable. 
Structure cryptique ordinaire, les feldspaths sont de dimension notablement 
inférieure aux éléments ferro-magnésiens ; par place ils sont kaolinisés. Phénomenes 


dynamiques légèrement accusés. 
N° 157. Sommet de la crête nord de l’entonnoir de Garéwaïa, sur le replat. 


Peu de magnétite. Olivine réduite, pyroxènes prépondérants, souvent mäclés 
selon A! — 100, Amphibole très rare en petites sections moulant les autres miné- 
raux, couleur brunätre, polychroïsme faible, Feldspaths plutôt rares. 

1. Section maclée selon Ab et K. 

Extinction de 11! — 90 T5 


99! — 56 9 — 98 — Anorthite. 


2, Section SA, maclée selon Ab. 


Trace du plan des axes sur 1 SA — 57° } 
SAP ; 0 t Labrador Ab, An,. 
Extinction sur 1 — 025 
3. Section voisine de Sn,. 
Extinction à 27° de la trace de g! — Labrador Ab, An,. 


Structure cryptique ordinaire. 


N° 167. Sur le flanc ouest de la pointe nord de Garéwaïa, à mi-hauteur du 
replat du sommet. 

Magnétite assez abondante en grains idiomorphes où en petites plages sidéro- 
nitiques. Biotite abondante également, en assez grandes lamelles toujours voisines 
du fer oxydulé, Olivine très répandue, à cassures soulignées par des éléments ferru- 
gineux. Pyroxènie légèrement verdatre, renfermant quelques inelusions lamellaires. 
Feldspaths de petite taille, bien conservés, à extinctions roulantes et lamelles 
hémitropes ployées. 

1. Section Sn,, mâclée selon Ab. 

Extinction sur 1 Sn, — + 30 | 
L' 29 | Labrador à 53 ‘/,. An entre Ab, An, et Ab, An,. 
— —— Jde ù 
2, Section Sn, mâclée selon Ab et P, 
Extinction de 1 par rapport à Ab — + 32 
» P — — 50 


(23) 


Labrador Ab, An. 


136 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


3. Section SB, mâclée selon P. 


Trace du plan des axes sur 1 SB— — 57 ; 
rn VA PS , { Anorthite. 
Extinction sur 1 — — | 8.) 


Structure cryptique ordinaire, les minéraux sont anisométriques, quelques 


pyroxènes dépassent les autres éléments en grandeur. 


N° 1110. Extrémité de l'arête B. 


Magnétite assez abondante, en plages sidéronitiques. Olivine écrasée, en cris- 
taux transparents et incolores. Pyroxène prédominant, avec caractères habituels. 
Hornblende abondante, en petites sections formant ceinture aux pyroxènes dont 
elle parait provenir. Feldspaths assez nombreux, généralement de petite taille. 

1. Section perpendiculaire à l'axe optique B. 


= m0 \ 


Trace du plan des axes sur 1 SB — ) 
{ Labrador Ab, An,. 


Extinction de 1° ——20° 
2. Section Sn,. 
Extinction de 32° pour #, — Labrador Ab, An. 
3. Section Sn,, #, bissectrice aiguë. 


Extinction sur 1 Sn, — 33° } 4 
E voisin de An. 
1 = — \ 
Structure ordinaire : il existe côte à côte des mêmes minéraux de taille sensi- 


blement différente, Légers phénomènes dynamiques. 


N° 1152. Piton rocheux en place dans l'entonnoir de Garéwaïa. 


Magnétite assez abondante, en petites plages sidéronitiques, accompagnées de 
mica rouge qui se trouve également mais plus rarement, et inclusions dans les py- 
roxènes, Olivine d'assez grande taille, à craquelures remplies d'éléments ferrugi- 
neux. Pyroxène formant de beaucoup l'élément principal, avec rares inelusions 
lamellaires : les cristaux de plus grande taille forment volontiers des associations 
pœcilitiques avec lolivine, Quelques rares et petites sections d'hypersthène, recon- 
naissables à leur polychroisme. Feldspaths assez abondants, lacalisés dans les 
cryptes, de dimension généralement plus petite que les pyroxènes. 

1. Section perpendiculaire à Faxe A, probablement maclée selon K. 

Trace du plan des axes sur 1 SA — — 53° } 

Extinction sur 1° ou de SA — + 19°) 


(54) 


— Voisin du Labrador Ab, An, 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 437 


2, Section maclée selon Ab K et P perpendiculaire à »,. 


Extinction sur 1 Sn, pour Ab — + 32° jpar rapport à P — — 38 Bytownite 
2 pour K — — 27 ( — entre Ab, An, 
! " \ 
2 —= + 2: — et — An. 
Une autre section maclée de même, à donné : 
Extinction sur 1 Sn, pour Ab — + 55° Bytownite 
2 > — — 33 /,°) — Entre Ab, An, et An. 


Structure ordinaire. Légers phénomènes dynamiques. 


N° 1074. Sur la crête de l’arête B, à une faible distance à l’est du sommet 
principal de celle-cr. 

Magnétite assez abondante, avec spinelles verts. Olivine rare en sections in- 
formes. Pyroxènes nombrenx, sans inclusions. Quelques petites sections de horn- 
blende, de couleur vert-brunatre. Hypersthène très rare, une ou deux petites sections 
seulement. Feldspaths peu abondants, maclés selon Ab et P. 


1. Section Sn, maclée selon P. 


Extinction sur 1 Sn, — — 24° \ hi 
5 —"ANOrthIte: 
1 —= + 749 \ 
ART EN E CRRE M : 
3. Section perpendiculaire à l'axe optique B. 
Trace du plan des axes sur 1 SB — — 53° 
! Labrador Ab, A 
ET 4: ER 1 = on ° it € pe 3 Age 
Extinction sur 1 0) | 


Structure ordinaire. 
N° 1073. Au sommet principal du chainon latéral B. 


Beaucoup de magnétite sidéronitique avec spinelles. Olivine rare. Pyroxène 
très abondant, en cristaux et grains anisométriques. Hornblende vert-pàle en petits 
cristaux disséminés. Quelques très rares petites sections d’hypersthène. Feldspaths 
très frais, maclés selon l'albite, Karlsbad et la péricline. 

1. Section perpendiculaire à l'axe B, maclée selon Ab. 

Trace du plan des axes sur 1 SB— 37°), 
Éxtinctionsur Lu, —17°) SEE 

2. Section Sn,, mâclée selon Ab. 
Extinction sur 1 Sn,) 31° ) 33 


. L' : Labrador-Bytownite, 
, (8102 TO 


138 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


3. Extinction dans la zone de symétrie de l'Albite. 
Les valeurs obtenues oscillent entre 27° et 39° maximum — Labrador Ab, An,. 
La structure tend vers celle des gabbros à olivine normaux. 


N° 1073 bis. Au sommet principal du chainon latéral B. 


Magnétite abondante, en petits grains et plages. Olivine rare, quelques grains 
seulement. Pyroxène ordinaire, Amphibole vert sale, provenant sans doute d’ourali- 
tisation. Feldspath assez abondant. 

1. Section Sn,, maclée selon Ab. 

Extinction de 1 Sn, — 31° | Labrador 44°}; DA ER RI RE 
6 2 à! — Labrador-Anorthite. 
» il: (50 Ab,An, 0 | Re Ou 
2, Section perpendiculaire à l’axe B. 

Trace du plandes axes sur 1ISB— 51°) 60° } 64° RATE 
Extinction sur 1192) 000 MEN RO RE 

3. Section Sn, mâclée selon Ab. 
Extinction de 1 Sn, — 31 


(RARE à FFO0 
L' ie Labrador à 55 \n. 


0= 


Structure ordinaire. 


N° 1055. Entre la pointe nord de Garéwaïa et la pointe Palnitschnaïa, au 
flanc est sous la crête. 

Magnétite en plages sidéronitiques avec spinelles verts. Mica rouge assez 
rare. Olivine abondante, très craquelée, avec fissures remplies de magnétite, Très 
peu de hornblende brun sale. Pyroxènes prédominants à caractères ordinaires. 
Feldspaths abondants, toujours mâclés. 

1. Section maclée selon Ab et P. 

Les extinctions mesurées par rapport aux traces des deux mâcles sont de 
+ 35 et Æ 34 — Anorthite. 


2, Section Sn,, maclée selon Ab. 


Extinction sur 1 Sn, — 52 — Anorthite. 


3. Section Sn,, maclée selon Ab. 


Extinction 1 Sn, — 28°; \ ' 
Si — ANOTUNILE: 
HQE 


Structure ordinaire, les pyroxènes de même que lolivine sont anisométriques. 


(26) 


MAT 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 139 


N° 1141. En place sur l'extrémité ouest de la crête rocheuse encaissant la rive 


gauche des sources d’Jow. 


Magnétite en petites plages sidéronitiques. Mica rouge rare, en petites Ja- 
melles. Peu d’olivine en petits grains. Pyroxène ordinaire. Amphibole assez abon- 
dante, en petites sections. Feldspath complètement décomposé, remplacé par une 
masse kaolinique. Structure dynamo-métamorphique, les éléments sont écrasés, 
l'élément blanc forme des trainées parallèles alignées parmi les éléments ferro- 
magnésiens. 


N° 1143. Sur la crête principale, immédiatement sous la pomte Tilaï, du côté 
sud. 


Très peu de magnétite. Passablement dolivine altérée. Hypersthène assez 
abondant, en petites sections polychroïques. Amphibole très répandue, mais 
toujours en petites sections, Feldspaths complètement kaolinisés. Phénomènes dy- 
namiques accusés, les éléments constitutifs, notamment l'olivine, sont broyés par 
places. 


N° 1133. Sur l'extrémité nord de la chaine de Tilaï, à une petite distance du 
col qui sépare celle-ci de léperon boisé qui la termine. 


Magnétite abondante, en plages sidéronitiques avec spinelles verts. Olivine 
très rare. Pyroxène prédominant, avec caractères ordinaires. Hornblende assez 
abondante, très peu colorée. Feldspaths rares, isolés dans des cryptes, presque 
entièrement kaolinisés et indéterminables. 


N° 163 D. Sur la crête sud du ravin de Garéwaïa, à l’ouest de 164 «. 


Magnétite très rare, en petits grains isolés. Olivine assez abondante, en grains 
morcelés à cassures soulignées de magnétite. Pyroxène prépondérant, avec carac- 
tères ordinaires. Feldspaths très frais localisés dans des cryptes, macles de Palbite 
de Karlsbad et de la péricline. 

1. Section Sn, maclée selon Ab. 

Extinction de », sur 1 à 49° de g!—(010) Anorthite An. 
Sur 1’ extinction à 0 . 


2, Section mäclée selon P perpendiculaire à »,. 


Extinction de 1 Sn, — 38 en : 3 
, Pt Voisin de l’Anorthite. 
» Il — 5 {0} 
(57) 
MÉM. SOC. PHYS. ET HIST, NAT, DE GENÈVE, VOL. 84 (1904). 55 


440 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


N° 169. Piton rocheux en place, flanc sud de la pointe nord de Garéwaïa, à 
mi-hauteur entre le replat et le sommet. 


Magnétite abondante, en grains et plages sidéronitiques. Un peu de mica rouge 
cantonné dans le voisinage du fer oxydulé. Olivine assez abondante et craquelée : 
pyroxènes ordinaires. Feldspaths très frais, localisés dans des cryptes, mâcles de la 
péricline seules où combinées, très fines. 

1. Section perpendiculaire à l'axe B. 


Trace du plan des axes sur 1 SB — 53° } rec: 
RUES o00 ? — Voisinde Ab, An,. 
Extinction de 1 — #23 


S 4 Composition chimique. 


ANALYSES DES TILAÏTES 


N°162  N°163b, N°167 N° 169" N°1152 N° ATOZ 


SiO, — 45,56 46,85 45,74 45,53 45,09 45,35 
A1:0> = 11,38 9,10 5,21 9,16 10,81 11,27 
Fe,0, — 1,90 D 48 6,91 4,86 5,83 6,44 
FeO — 6,52 8,79 8,55 9,9: 7,94 6,42 
Mn0O — traces id. id. id. id. id, 

Ca0 — 17,10 15,52 12,80 15,04 15,21 15,28 
Mg0 = 15,78 18,00 21,63 15,98 13,47 12,68 
K,0 — 0,44 0,19 0,13 0,20 0,16 14! 
Na,0 — 0,90 0,76 1.02 0,87 1,39 LC) 
Perte au feu — 0,50 0,15 0,09 0,88 0,46 0,56 


100,08 102,75 101,86 101,46 100,36 99,42 


N° I6a—  Tilaïte pauvre en olivine, presque sans magnétite. 


N° 163 — | ri RARE Te 
| , ilaiïtes avec magnétite sidéronitique. 
No 169 — | 6 


N° 167 — Tilaïite riche en olivine, avec magnétite sidéronitique. 


(58) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 441 
N°1152 — Tilaite avec magnétite sidéronitique. Type relativement feldspa- 
thique. 
N°1102 — Tilaïite même type que le n° 1152. 


La composition magmatique tirée de la moyenne des analyses précédentes est 
la suivante : 


Moyenne ramenée à 100 parties. Quotients. 
SO — 01545 0,757 
RES 9,44 0,0925 } . 
Fe,0, — 4,86 (Et CAMES 
FeO— 7,87 0,109 
CAO T5: 08 0,269 ! 0,780 RO | 
MOREL; 10 0,402 ; )0,799R,0 + RO. 
KO — 0,21 0,0023 } | 
NEO 1,01 0,0164 | MAS RES 

100,00 

Coefficient d’acidité 3 — 1,29. 


Rapport RO ROME AT. 
Formule magmatique : 6,1 Si0, : R,0, : 6,5 RO. 


S D. Formes de passage aux gabbros proprement dits. 


Les Tilaïtes passent latéralement souvent par gradations insensibles, où au 
contraire très brusquement, à des variétés considérablement plus feldspathiques, 
mésocrates, parfois même leucocrates, qui ne se distinguent en rien des gabbros à 
olivine ordinaires. Ces roches renferment de la magnétite avec spinelles verts, du 
pyroxène monoclinique, de la hornblende qui n'y est point constante, de l'olivine, et 
des plagioclases basiques du groupe des labradors-anorthite : on y trouve rarement 
un peu d'hypersthène en petites plages micropegmatoïdes, les variétés à hypersthène 
établissent la liaison avec les norites dont il sera question plus loin. 

La magnétite se rencontre en grains isolés aux formes octaédriques, où 
en petites plages sidéronitiques qui renferment ça et là un grain de spinelle 
vert. 


(39) 


1142 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


Le pyroxène monoclinique est toujours l'élément ferromagnésien principal; ses 
propriétés optiques sont données par le tableau ci-dessous : 


Propriétés optiques du pyroxène. 


Numéros. Ny-n 


p | Nom Hm-%p | Extinction 2V Remarques. 


10S9 0,028 )| 0,021 — 41° — | Clivage h! net. 
=== 0.028 || — ee — —- id. 
1125 0,027 \| 0,021 _ 41° ss | Mâcle A! 
— 0028 MES TE SR A GR AC UINRES 2 
\ 


_ 0,026 2e = ht È LE 
— 0,027 — — AE LE Pas 
1109 0,024 ee _ — | 
1076 00267 MOI022 01 = 
= 0,025 1120:020 1 AN ere ne 
à SA Be ; 56 
1151 0.023 | | 


Le 0.025 


0,025 —— — == = à ”| _— 


1073 bisTIT. 0.023 0,018 | — 2 de Æ 
= 0,023 0,019 | | 
22 0,023 | 0,019 | — = E<E) “e 
— 0,024 = _ Æ = | 2: 


Le signe optique et la dispersion sont normaux. 

Les chiffres de la biréfringence maxima oscillent, comme on le voit, entre 0,023 
et 0,02$, ce qui indique évidemment la présence de divers types. 

L'olivine est toujours rare et se rencontre sous sa forme habituelle, Quant à 
la hornblende, elle entoure généralement les grains de magnétite; elle est de couleur 
vert sale, peu colorée et faiblement polychroïque. Les biréfringences principales 
sont habituellement : », — n, — 0,020 ; #4 — nm — 0,010, avec une extinction 
sur 4! — 010 de 16° pour »,. 

L'hypersthène, quand il existe, se trouve toujours en très petites sections 
légerement polychroïques, avec bissectrice aiguë — »,. Il forme volontiers comme 
dans les norites des associations micropegmatoïdes avec la magnétite. 

Les feldspaths enfin sont généralement frais et correspondent à de l’anorthite 
pure ou à des types voisins sur la plupart des échantillons observés. Quant à la 
structure, elle est grenue, l'élément noir est assez régulièrement distribué parmi 


(60) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 113 


les feldspaths, parfois deux ou trois pyroxènes sont agrégés en une seule et méme 


plage par de la magnétite sidéronitique. 


N° 1109. Dernier sommet le plus oriental sur l’arête latérale B. 


Roche très leucocrate, à éléments plutôt petits. Pyroxène rare en sections de 
dimensions très inégales. Olivine très rare, en petits grains. Hornblende vert-bru- 
nâtre rare également. Magnétite avec spinelles verts en petites plages entourés 
d'une mince auréole de micropegmatite de hornblende et de pyroxène. Feldspaths 
formant l'élément principal : 

1. Section Sn, bissectrice aiguë. 

Extinction sur 1 Sn, 
" 1' 


li 


Anorthite. 


Ï 


2. Section Sn, mäclée selon Ab et P. 
Extinction sur 1 pour Ab— +35°; 


EN FE Labrador Ab, An, . 


Se) 


. Section Sn, mâclée selon Ab. 
Extinction sur 1 Sn, — 30° } Labrador 52°/, An (Fouqué). 


N° 1076. Sur le chainon latéral B, dernier piton rocheux avant le col. 

Jolie roche très fraiche, mésocrate: magnétite abondante, en plages sidéroni- 
tiques avec spinelles verts. Pyroxènes verdatres ordinaires. Hornblende assez fré- 
quente, en petites sections vert-brunâtre. Feldspaths en jolis grains idiomoarphes : 

1. Section Sn, mäclée selon Ab et P. », — bissectrice aiguë. 

Extinction de 1 pour Ab — + 35° 
» ILES 35° 


2. Section Sn, bissectrice aiguë. 


Anorthite. 


Le 


Extinction de 1 Sn, — 30° Labrador à 52°/, An. 


N° 1131. Sur le prolongement nord de la chaine de Tilaï, à un kilomètre 
environ du nord de la pointe Poloudniéwaïa. Magnétite avec spinelles verts. 
Pyroxène assez abondant, olivine rare en petits grains. Quelques petites sections 
de hornblende. Feldspaths prépondérants. 


1. Section Sn, maclée selon P avec fines lamelles selon Ab. 
p 


Extinction de 1 Sn, — — 35° ) 
DEN 


A OR UE TER 


Anorthite. 


44 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


2. Section Sn, mâclée selon P. 
Extinction de 1 Sn, — — 33° 


NE te) 


— Anorthite. 


N° 1125, Flanc sud-est de l’éperon basé qui termine la chaine de Tilaï vers le 
nord, roche en place dans la forêt. Forme de passage aux norites. Magnétite 
abondante avec spinelles verts: un peu d'apatite. Pyroxène assez abondant, en 
partie ouralitisé selon les clivages en une hornblende verdâtre peu polychroïque. 
Quelques petites sections d’hypersthène formant localement de jolies micropeg- 
matites avec la magnétite. Feldspaths bien développés. 


1. Section Sn, mâclée selon Ab. 
Extinction de 1 Sn, — 22° } 


. & Andesine. 
L'ESODIERS 
2, Sections maclées selon Ab et K. 
Extinction de 1-1'—50° 1—25° ) hit 11'—84 1—42° ) Anorthi 
| — F à pi à 
291296090480 = AOIONES EE ere OS 


N° 1089. Roche en place sur l’arête latérale C’ au delà du col qui fait suite à la 


pointe Loss vers lest. 


Roche très fraiche, mélanocrate, Au microscope : Un peu de magnétite avec 
spinelles chromifères. Pyroxène abondant, en beaux cristaux légèrement verdâtres. 
Olivine rare, en grains craquelés moulés par le pyroxène. Passablement de horn- 
blende vert-jaunatre entourant d'habitude les plages de magnétite comme dans 
la koswite:; quelques très petites sections d'hypersthène non polychroïque, re- 
connaissables uniquement par leur signe optique négatif. Feldspaths très abondants 
et frais : 

1. Section Sn, bissectrice obtuse. 

Extinction sur 1 Sn, — 50: 
14 —= 0 


Anorthite. 


2, Section SB maclée selon Ab. 
Trace du plan des axes sur 1 SB — 65° ù 
PT : . à Anorthite. 
Extinction sur Ï — 2 () 


3. Section maclée selon Ab et P, 


Extinction sur 1 Sn, pour Ab — JADE . 
2 p an un — Anorthite. 
» » = — 9 


(62) 


a, 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 149 


4. Section SA, maclée selon Ab. 


] 


Trace du plan des axes sur 1 SA = — 20° ; 
Extinction de 1"  —— 54° 


La structure est parfaitement grenue et les divers minéraux constitutifs toujours 


— Anorthite. 


isométriques. 


N° 1073 bis IIL. Sommet principal du chainon latéral B. 


Assez peu de magnétite en petits grains ou plages. Pyroxène abondant en 
cristaux anisométriques, les uns assez grands, les autres de beaucoup plus petite 
taille, légèrement ouralitisés en une amphibole vert sale à peine polychroïque. Oli- 
vine rare, quelques grains seulement. Feldspaths remarquablement frais, très pro- 
pices à de bonnes mesures. 

1. Section Sn, mäclée selon Ab. 

Extinction de 1 Sn, — 31° 


_o à Labrador Ab, An,. 
nr < 


2, Section SB màclée selon Ab. 


Trace du plan des axes sur 1 SB — 51 


as , Labrador-Bytownite. 
Extinction de 1 


] 


3. Section Sn,. 
Extinction sur 1 Sn, — 44 Voisin de An. 
Ci 
4. Sections SB mäclées selon Ab. 
Trace du plan des axes sur 1 SB — 60° puis 64°! & .. 
ANR ; _. { Voisin de An. 
Extinction de 1 20 15 
5. Section Sn, mâclée selon Ab. 
Extinction de 1 Sn, — 51 


L' Labrador à 53 ? < de An. 


| 
£ 


Structure ordinaire. 


N° 1077. Dernier piton rocheux à l’ouest du col principal du chaïnon 
latéral B. 

toche plutôt leucocrate. Au microscope, assez peu de magnétite en plages et 
grains, avec spinelles verts. Pyroxène abondant avec caractères ordinaires. Olivine 
en proportion à peu près égale au pyroxène en grains arrondis incolores. Un peu 
de hornblende brune, généralement cantonnée dans le voismage de la magnétite. 


(63) 


446 LODIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


Feldspaths très abondants. 


1. Section Sn, bissectrice aiguë. 


Extinction de 1 Sn, — 39° | : 
\ Anorthite. 
I = 
2, Section Sn, mäclée selon Ab et P. 
Extinction sur L'P—— 35 1'Ab— 34° y : 
! k BEA Anorthite. 
Il — 2 l —— 
3. Section Sn, bissectrice aiguë. 
Extinction de 1 Sn, — 34/5) : 
* ( Anorthite. 
10 — \ 


Structure ordinaire. 


Composition chimique des gabbros à olivme. 


Analyse du N° 1089. 


SiO, —,1 40,30 
ALLONS HAUT TA 
Fe0, — 8,53 
FeO == 6,90 
Ca0 —} #16 20 
M£0 = 7,92 
MnO — 0,65 
K,0 — 006 
NOR 1,49 
Perte au feu — 0,46 
100,45 


Coefficient d'acidité z — 1,03. 
Formule magmatique : 3 Si0, 
Rapport R,0 : RO — 1 : 19. 


Quotients. 
0,671 
0,168) 
0,093) 
0,096 


0,293 


| 0,596 RO 
0,198 


on 


0,007) 
0.024) 


0,221 RO, 


\ 


0,627 R,0 + RO 


0,031 R,0 | 


R°0:122,8 RO; 


* S 6. Formes de passage aux pyroxéniles. 


La Tilaïte passe également aux pyroxénites ou mieux à la koswite par régres- 


sion progressive des feldspaths et par développement plus considérable de la ma- 


gnétite. 


(64) 


Te 


RECHERCHES PÊTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 147 


Les variétés intermédiaires sont généralement assez largement cristallisées, 
elles renferment des spinelles verts, de la magnétite, du mica rouge, plus rare- 
ment de la hornblende, des pyroxènes et des feldspaths. (Coupes N° 1073 et 1147.) 

La magnétite, très abondante, y forme de larges plages sidéronitiques absolu- 
ment analogues à celles de la koswite, qui renferment çà et là quelques petits grains 
de spinelle vert. Il est à remarquer que ce dernier minéral est sensiblement plus 
restreint que dans les koswites ordinaires, ce qui n’a rien de surprenant d'ailleurs, 
l'alumine ayant été en grande partie feldspathisée. 

La biotite est rare et toujours liée à la magnétite dont elle borde souvent les 
plages; ce minéral possède exactement les mêmes propriétés optiques que celles 
décrites à propos de la koswite. 

L’olivine est plutôt rare et quantitativement très inférieure aux pyroxènes ; 
elle présente des formes arrondies et de nombreuses craquelures remplies d'élé- 
ments ferrugineux. 

Les pyroxènes très abondants, ne renferment généralement pas d'inclusions 
lamellaires. Sur g! — (010) leur angle d'extinction oscille entre 41° et 42° : les 
mesures ont été faites sur des sections présentant de bons clivages 2! (100). 

Les trois biréfringences principales mesurées directement au compensateur 
sur plusieurs sections parfaitement centrées, ont été trouvées de : 


Nelp — 0,027 Nm — 0,022 Nm-p — 0,005 


Ces chiffres sont identiques aux moyennes trouvées pour le pyroxène de la 
koswite, ils différent par contre légèrement de ceux donnés pour le pyroxène de la 
tilaïte, comme on pourra le voir par comparaison des tableaux résumant les pro- 
priétés optiques de ce minéral dans les deux roches en question. 

La hornblende est rare et présente les caractères précédemment indiqués. 

Quant aux feldspaths, les déterminations qui suivent montrent qu'ils appar- 
tiennent exclusivement aux variétés les plus basiques. 

1. Section Sn,, mâcles selon Ab. 

Extinction sur 1 Sn, — 28°) 32°) 
k que eo Labrador o | Labrador Ab, An. 

2. Section Sn, mâclée selon Ab. 

Extinction sur 1 Su, — 34°) er. 
E RTL TES Le northite. 

La structure rappelle à la fois celles de la koswite et de la tilaïte. Les élé- 

ments ferro-magnésiens sont réunis par de grosses plages de magnétite sidéroniti- 
(65) 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE VOL. 84 (1905). 56 


448 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


que et forment presque la totalité de la roche. Çà et là on trouve une crypte occu- 


pée par un où plusieurs feldspaths, généralement très frais et toujours mâclés. 


Composition chimique. 


Analyse du No 1147. Moyenne ramenée à 100 parties Quotients. 
SI0 = 41,72 41,17 0,686 
ATOS — 92 7,91 0,077, 

LS — (),15 AU: 
PE O—12 26 (2:31 0,077| DER DeUE 
ROME 115 6 11,42 0,158 
Mn0O 0,72 0,71 0,001 
Le ee . _ d'ogzt = 0663 RO | 

à ),0 »,0 sad \ - 

182 nr ) 

Me0 8,40 8,30 nn GERS 
KRÉOB— 0,63 0,63 0,007) : | 

= à pe )2 D) 
NA OR 00? 0,91 0014 = El R:0 


101,20 100,00 


Coefficient d’acidité 4 — 1:18. 
Formule magmatique 4,4 Si, : R,0, : 4,4 RO. 
Rapport RO: RO — 1:51: 


S 7. Considérations générales relatives aux tilaites. 


Dans le premier volume de cet ouvrage, nous avons décrit à propos du Phar- 
kowsky-Ouwal, une roche que nous avons appelée gabbro à olivine, en nous inspi- 
rant pour cela strictement des principes de la classification minéralogique. La 
composition chimique de cette roche ne nous paraissait cependant guère compatible 
avec celle du magma gabbroïque ordinaire, mais croyant cette variété localisée 
seulement dans le contrefort rocheux du Koswinsky que nous avons appelé Phar- 
kowsky-Ouwal, nous n'avons pas voulu créer une espèce qui ait eu le tort grave 
d'être tout à fait locale. L'étude que nous venons de faire des roches de la chaine 
de Tilaï montre clairement qu'il n'en est pas ainsi, et que la roche que nous appe- 
lons maintenant «+ tilaite > qui est d’ailleurs presque identique à celle du Phar- 
kowsky-Ouwal comme on pourra le constater par les analyses et les formules 
ci-dessous, possède réellement une individualité pétrographique. 


(66) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 419 


Analyse de la Tilaite. Analyse du gabbro à olivine du Pharkowsky-Ouwal, 
(Moyenne) (Moyenne) 

Si0, —14628 45,43 
ALO, — 9.41 9,43 
Hem 6550 4,56 
FeO —= 9,10 9,87 
CaO — Lil5Ti fl 15,04 
MeO  — 13,49 16,10 
K,0 0010795 0,21 
Na,0 — 66 1,01 

100,00 100,00 


Formule magmatique de la tilaite — 6,1 Si0, : R,0, : 6,5 RO 3 — 1,29. 

Formule magmatique du gabbro du Pharkowsky — 6,7 Si0, : R,0, : 6,7 
RO; 12: 

Cette mdividualité découle non seulement du caractère des minéraux associés, 
mais encore de la structure de la roche, de sa composition particulièrement cons- 
tante, et de la remarquable unité qu'elle présente à ces divers points de vue sur 
une grande étendue. 

La Tilaïte n'est pas un gabbro à olivine au sens chimique du mot et la com- 
paraison de sa composition avec celle des véritables gabbros hyperbasiques de là 
méme chaine est démonstrative ; ces derniers sont plus basiques, considérablement 
plus riches en alumine et sensiblement plus pauvres en magnésie: ce qui traduit 
exactement le grand développement de lanorthite, et la régression des pyroxènes et 
surtout de l'olivine. 

Nous ne pensons pas non plus qu'on doive faire de la tilaite une simple va- 
riété de pyroxénite où de koswite caractérisée par la présence dun feldspath 
basique parmi les éléments constitutifs. Sans doute il existe des formes de passage 
entre ces différentes roches, mais nous avons vu cependant que la tilaïte possède 
un caractère chimique bien défini et très constant, qu'elle garde d’ailleurs d'un bout 
à l'autre de la chaine: d'autre part, il est certain que la tilaite présente une ana- 
logie manifeste et à tous les points de vue, avec d'autres roches basiques de l'Oural, 
décrites antérieurement par M. LEWINSON-LESSING ou par d’autres auteurs. Dans 
ces conditions il nous parait naturel de penser que la tilaite n'est pas un faciès 
local ni accidentel des pyroxénites, mais qu'elle correspond au contraire à un type 
pétrographique bien défini, qui parait se retrouver assez fréquemment dans les 
grands centres éruptifs des roches basiques abyssales. Nous ferons observer égale- 


(67) 


130 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


ment que les formes de passage existent pour toutes les roches, ce qui n'empêche 
pas cependant de distinguer des types plus particulièrement constants et plus 
stables en quelque sorte que d’autres, et ce qui légitime à notre avis l'idée d’en 
faire des espèces. 

Il est intéressant de signaler en passant le fait que le pyroxène de la tilaite 
parait être un peu différent de celui de la koswite et des pyroxénites. Il est sans 
doute légèrement plus alumineux et se rapproche d'avantage de laugite, Cela dé- 
coule des propriétés optiques relevées, notamment des biréfringences. En effet, 
abstraction faite de quelques variations locales, les biréfrmgences du pyroxène de 
ces deux roches sont en moyenne les suivantes : 


Koswite et pyroxénites : nn, — 0,027 à 0,028 n3-m 0,022 #m-%p 0,006 
Tilaïte lp — 0,025 » 0,021 > 0,005 


Cette variation parait en relation avec l'apparition des feldspaths, qui entraine 
comme conséquence une augmentation dans la teneur en alumine du pyroxène. 


CHAPITRE V 


DESCRIPTION DES ROCHES DE TILAÏ. LES NORITES. 


S 1. Minéraux constitutifs des norites. — K 2. Structure et phénomènes d’altération. — $ 3. Prin- 
cipales variétés observées. — $ 4, Monographie des types étudiés. — K 3. Composition chi- 
mique des norites et formule magmatique. — X 6. Considérations générales relatives aux 


norites. 
S 1. Minéraux constitutifs des norites. 
Ces belles roches qui sont presque toujours d’une remarquable fraicheur, pré- 


sentent une structure grenue, à grain moyen. Elles sont généralement mésocrates, 


(68) 


RECHERCIES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 131 


jamais mélanocrates comme cest le cas pour les gabbros ouralitisés qu'elles 
touchent au Cérébriansky. L'élément noir n’y forme pas des concentrations locales 
ou des « schlieren », il est toujours régulièrement réparti parmi les feldspaths. 

Ces norites se rencontrent, comme nous l’avons vu, sur la crête de la chaine 
au sud du Cérébriansky : on les trouve aussi mtercalées localement dans les gabbros 
ou les pyroxénites sur l'extrémité de l’arête B, puis sur larête C, et enfin sur les 
éperons qui se détachent du flanc occidental du massif du Cérébriansky contre Po- 
loudniéwaïa. 

Au microscope, les minéraux constitutifs des norites sont : apatite, magnétite, 
spinelle, biotite, hypersthène, pyroxène monoclinique, hornblende, olivine et plagio- 
clases basiques. 


APATITE 


Ce minéral est assez rare, il se rencontre généralement en inclusions dans les 
éléments ferromagnésiens, on le trouve cependant à l’état libre parmi les feldspaths. 
Les cristaux sont plutôt courts, et relativement assez gros. TS ne paraissent pas 
terminés: leurs propriétés optiques sont normales, les sections hexagonales 
montrent une croix noire uniaxe négative. 


SPINELLE VERT 


Les spinelles ne se trouvent pas dans toutes les norites que nous avons exa- 
minées; leur présence est liée à l'abondance de la magnétite. IIS se présentent 
alors en grains d'un beau vert foncé, toujours fissurés, et généralement imelus dans 
les plages de fer oxydulé. 


MAGNÉTITE 


La magnétite est assez répandue: elle se rencontre à l'état libre, où en inclu- 
sions dans l'élément noir. Dans ce dernier cas, elle affecte principalement la forme 
de grains sur lesquels on observe souvent un contour géométrique. Lorsque la ma- 
gnétite devient abondante, elle prend alors l'aspect de petites plages sidéronitiques 
qui servent à relier les uns aux autres quelques cristaux de pyroxène. 


BIOTITE 


Le mica noir ne fait jamais défaut dans les norites dépourvues d’olivine, il y 
est parfois assez abondant tout en restant cependant très inférieur aux autres 
minéraux ferro-magnésiens au point de vue quantitatif. On peut remarquer qu'il se 


(69) 


159 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


cantonne toujours à proximité immédiate de la magnétite qu'il entoure et qu'il 
moule volontiers. Les lamelles de biotite sont le plus souvent incluses dans les 
pyroxènes, elles se rencontrent cependant parmi les feldspaths, mais toujours asso- 
ciées à de la magnétite : leur dimension est petite, les formes hexagonales n’ont pas 
été observées. Les propriétés optiques de cette biotite sont les suivantes : Sur les 
sections perpendiculaires à p — (001) l'extinction se fait toujours à 0° du clivage p, 
est très élevée et dépasse 0,04: cette biotite est rigou- 


la biréfringence %,-n, 


reusement uniaxe négative. Le polychroïsme très intense est comme suit : 


n, —= rouge-brun très foncé n, — brun-jaunâtre très pale. 


PYROXÈNE MONOCLINIQUE 


Le pyroxène monoclinique forme toujours le minéral ferro-magnésien qui pré- 
domine. Les cristaux sont informes, faiblement allongés selon la zone du prisme. 
Les clivages » — (110) sont toujours marqués, le clivage 4! — (100) fin et serré, 
est assez fréquent; il existe en outre toujours de nombreuses cassures irrégulières. 
Le pyroxène monoclinique est souvent maclé selon 4! — (100), les mäcles sont 
simples où répétées, dans ce dernier cas plusieurs des individus sont lamellaires ; 
on rencontre aussi des macles du pyroxène monoclinique avec lhypersthène, mais 
elles sont plutôt rares et se font conformément à ce que lon connait, la face L! du 
pyroxène monoclinique se réunissant à g! de lhypersthène. Les inclusions lamel- 
laires si fréquentes dans les diallages, font ici presque complètement défaut; les 


cristaux sont remarquablement frais, de couleur très légèrement verdatre en lumière 


naturelle, dépourvus de polychroïsme. Les propriétés optiques des pyroxènes, 
relevées sur un grand nombre de sections appartenant à la même coupe ou à des 
coupes différentes, sont résumées dans le tableau suivant ; le signe optique toujours 
positif n'y a pas été figuré. 


(T0) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L OURAL 153 
Tableau des propriétés optiques du pyroxène monoclinique. 
Réone Ny-N Nu-Nm | mp Extinction | 2V Observations 
| 0,02$ 0,022 0.006 45 — Mauvais clivages. 
| \ 0,027 0.022 — 36 = Clivages h! nets 
1 1098 0.026 0.021 = + = — 
| | 0.025 0.02] 0.004 2 — —- 
| l 
| 0,022 0:019 1 "0:003 | — = = 
\ 0,022 00:00 — = 2 
e 0,020 — 0.002 ! = : == 
1074 oc EU Al nt 
| 0,022 A D00)NIR— — 
| 0,022 110003 enr LUN N — 
| 1054 } 0,027 O2 SE DT + 0). — 
\ 0.026 0.021 | 0.005 | — — | — 
RUSSE = 0.020 | 0.005 re _— | _— 
| 
{ — 0.021 0,005 | — — | — 
; | 
(_ 0,026 —_ — 3: er | Clivage h!. 
1136 0.025 ie 46 _ id. 
| { 0.026 — — 41 — id. très net, bonne mesure! 
| 0.025 D'O2L EEE NI Æ es ue | 
TS ENS je | | 
| ÊCÉ= 0,021 En Nr TR _ | 
| | | | | | 
Û Æ x | : . { 
| 0.027 0,022 | — 16 — | Mauvais clivages. | 
97 LES en NET rec LS Porsche | 
| 1084 . 0.025 | | D | Clivage h net. | 
| / 0.023 — == | 44 — | id. | 
| 0.024 |: 0.02] en ETS ire | id. | 
| 
( 0,029 = NCA 
| 1104 0.027 = | 45 
{ 0.027 — = | 15 


Nous avons déterminé directement les indices et calculé les biréfringences 


par différence, les résultats obtenus sont les suivants : 


Tableau des indices des pyroxènes pour la raie D. 


| Numéro  ; Orientation 
des sections. LL Him | Hp NN Ne-Nn | mp 


| | 
2400) Sn 1.7198 | 1.6991 | 1.6929 | 0.0269 | 0.0207 
| | 


| de la coupe. 


. 0.0062 


Ces déterminations montrent que le pyroxène principalement développé, est 


(71) 


154 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


une variété qui appartient par ses trois biréfringences principales au groupe du 
diopside. Il parait cependant exister des termes sans doute légèrement alumineux, à 
biréfringences plus basse, (2-2, — 0,022), qui évoluent vers Paugite, mais il sont 
considérablement plus rares. 


HYPERSTHÈNE 


Il a le même habitus que le pyroxène, les cristaux sont cependant plus allongés, 
et se distinguent immédiatement par un polychroïsme toujours appréciable: ils sont 
de grande taille, ou d'autrefois sensiblement plus petits que le diopside. Les imelu- 
sions lamellaires y sont fort rares; les clivages toujours nets, les cassures fré- 
quentes et irrégulières. 

L'hypersthène est antérieur au pyroxène monoclinique qui le moule fréquem- 
ment où dans l'intérieur duquel on le trouve à l’état d’inclusion. L'allongement des 
cristaux est toujours positif, le signe optique est négatif, le polychroïsme plus ou 
moins intense sur les divers spécimens examinés se fait comme suit : 


n, —= vert très pâle Mn —= Verdâtre #, — brun rosé ou couleur de chair. 


Les propriétés optiques de l'hypersthène sont consignées dans les tableaux sui- 


vants : 
Tableau des propriétés optiques de l’hypersthène. 
Numéros. | Ney MoN | Nn-lp | DVI | Remarques, 
| 
RD ONG — == — | == 
05 : En | 
EE" 0,0165 | — | 0.012 — | = 
( 0,016 | — —— —— Inelusions lamellaires. 
1104 } 0,016 — | _ = | — 
1084 | 0,015 — — == 
1067.bis ! 0,015 == OMS _ 
1124 | — — | 0,013 — _ 
| | 
nl 0,017 | 0,002 0012 ARE 0 Cu 
1098 } 6017 se DIDLANIRNEEE _ 
| | 0,012 = = 
| | 
1054  ( 0,017 — | — | — Type à olivine abondante. 
US E%0; 018% — | — — -— 
| 0,017 | — 0,012 Oil ER 
1082 ! 0,017 === == = — 
RNO'ONT — | — a a 
| | fl 
(72 


: are 3 AA 
RECHERCHES PETROGRAPIIQUES SUR L'OURAL 1), 
Tableau des indices de l'hypersthène. 
——————————————————…—…—…———— _———  .… …"…—_.—_—— 
| | 
Numéros. Orientation by Un | MH Hy-h PE LT Wn-%p | 
| | 
1124 Sn 


m 


1.7129 | 1.7100 | 1.6979 | 0.015 | 0,003 | 0.012 
fi 17098 | 


| | 


Ces propriétés optiques different assez notablement de celles données par di- 
vers auteurs pour l'Hypersthène, les constantes optiques de ce minéral sont en effet 
d'après M. Michel-Lévy : 


y —= 1,709 Ng-Np — 0,015 
Nm — 1,102 No llm — 0.005 
1692 Nu-Np— 0,010 
L'angle des axes optiques — 20 
HORNBLENDE 


Elle ne se rencontre pas dans toutes les variétés, et affecte surtout celles qui 
contiennent de la magnétite sidéronitique et des spinelles. IT est à remarquer que 
lorsqu'il y a de la biotite dans les norites, la hornblende disparait presque toujours 
et vice-versa. Elle se cantonne comme le mica dans le voisinage de la magnétite et 
présente des caractères analogues à la hornblende de la koswite du Koswinsky. Tou- 


jours peu colorée, elle présente un polychroïsme assez faible qui est comme suit: 


n, —= vert bruntre sale n, — vert jaunàtre très pâle. 


L'extinction sur g! — (010) se fait à 21°, les biréfringences »,-n, mesurées à 
plusieurs reprises ont été trouvées de: 


Ry-lp — V,U20 et U,U22 Ng-Nm — 0,009. 
Le signe optique est négatif, l’angle 2V ordinaire.- 


OLIVINE 
Ce minéral ne se trouve que dans certaines variétés, les moins nombreuses 
d’ailleurs: là où il existe par contre, il est toujours abondant mais rarement bien 
conservé. Il est fortement craquelé, les fissures sont d'habitude remplies par de la 
magnétite. 


(T3) 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 84 (1905). 5 


456 LOUIS DUPARC ET 


FRANCIS PEARCE 


PLAGLIOCLASES 


Ils appartiennent à la série basique, mais sont cependant en moyenne plus 


acides que ceux des tilaites et gabbros ordinaires de la région. 


Les mâcles de l'albite et de la péricline sont fréquentes, celles de Karlsbad sont 


plus rares. Le type dominant parait être le labrador Ab, An,, on trouve fréquem- 


ment aussi l'andesine basique à 41 °/, d’'An, mais seulement dans les norites franches. 


Par contre les variétés à olivine ont des feldspaths plus basiques qui comprennent 


divers termes entre Ab, An, et An. Le labrador à 60 °/, d'An, le type Ab, An,, 


la bytownite et l'anorthite se montrent le plus fréquemment. De toute façon, il est 


avéré que dans une seule et même roche on peut constater la coexistence de types 


divers, fait dont nous avons antérieurement déjà montré toute la généralité. 


S 2. Structure et phénomènes d'altération. 


La structure est toujours parfaitement grenue; les minéraux constitutifs sont 


d'habitude plus ou moins isométriques et assez régulièrement mélés les uns aux 


Norite. Coupe n° 1104. Lumière naturelle, les felds- 
paths en lumière polarisée. Grossissement — 22 diam 
P — pyroxène monoclinique. H — hypersthène. 
M = magnétite. F — feldspath. 


autres, On observe fréquemment la for- 
mation de plages d’élément noir cons- 
tituées par la réunion de deux ou trois 
cristaux de pyroxène généralement sou- 
dés les uns aux autres par de la ma- 
enétite sidéronitique. 

Lesélémentsferro-magnésiens for- 
ment volontiers des associations micro- 
pegmatoïdes avec d’autres minéraux, 
on rencontre en effet souvent: 

1° Des micropegmatites de pyro- 
xène (hypersthène ou diopside) avec de 
la magnétite, La fraicheur des pyro- 
xènes qui présentent ce genre de phé- 
nomène exclut toute idée d'une origine 
secondaire. Ces micropegmatites sont 


fréquemment circonserites par des mica 


rouges, elles ne se rencontrent pas sur tous les cristaux de pyroxène. 


20 Des micropegmatites de feldspath et de pyroxène orthorhombique et mono- 


(T4) 


RECHERCHES PETROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 437 


clinique. Elles sont plus rares que 
lement. 

3° Des micropegmatites de ma 
des micropegmatites de pyroxène ou- 
ralitisé. 

3° Des micropegmatites de spi- 
nelle vert et de pyroxène. 

Les phénomènes d'altération 
comportent tout d’abord la kaolini- 
sation des plagioclases qui sont alors 
transformées en une masse amorphe 
orisatre. En second lieu Polivine 
subit fréquemment, soit une serpen- 
tinisation partielle, soit une rubé- 
faction incomplète. Les pyroxènes 
rhombiques enfin présentent souvent 
une bastitisation très réduite selon 
les cassures. 

Les modifications d'origine dy- 
namiques sont également assez rares, 


et n'ont guère été rencontrées que 


les précédentes et les accompagnent généra- 


enétite et d'amphibole, qui sont probablement 


Norile à 


micropegmatites. Coupe n° 1084. Lumière 


uaturelle, les feldspaths en lumière polarisée. Grossis- 


sement — 
biotite. H 
thène et de 


magpétite. B — 
— hypersthène. Micropegmatites d’hypers- 


22. P — pyroxène. M 


feldspath puis d’hypersthène et de magnétite. 


sur certaines variétés de l'extrémité des arêtes B et C. elles sont alors bien accen- 


tuées et communiquent même à la roche une structure parallele. Les éléments 


ferro-magnésiens sont écrasés, morcelés, puis étirés en trainées parallèles alignées 


au sein des éléments feldspathiques complètement kaolinisés qui forment de la sorte 


une espèce de base. 


K 3. Principales variétés observées. 


On peut distinguer deux types nettement caractérisés comme tels, à Savoir : 


1° Les norites franches. 


90 Les norites à olivine. 


Les norites franches représentent le type le plus répandu etle plus nnportant. 


. L'hypersthène généralement de grande taille, y est subordonné au pyroxène mono- 


clinique. Ce mica rouge est la règle, le hornblende, l’exception. 


La magnétite existe simultanément en grains idiomorphes et en plages sidé- 


(75) 


138 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


ronitiques toujours petits et très localisés. Les feldspaths qui atteignent l'acidité 
de l'andesine, sont cependant en grande majorité du labrador Ab, An, bien que 
les termes compris entre Ab, An, et An ne soient pas exclus. 

Les pyroxènes transformés partiellement où totalement en micropegmatites de 
magnétite où de feldspaths, sont fréquents dans ce type, mais cette transformation 
n'atteint qu'un nombre restreint de cristaux, elle n'est nullement générale. 

Les norites à olivine sont d'habitude pauvres en pyroxène et notamment en 
hypersthène ; l'olivine par contre y est toujours prédominante et de grande taille. 
Elle formait sans doute à l’origine des associations pæcilitiques avec les pyroxènes, 
ceux-ci sont presque toujours fortement ouralitisés, Pamphibole est à peine poly- 
chroïque, La nragnétite exclusivement sidéronitique est toujours tres abondante, Ces 
roches sont surtout caractérisées par le grand développement des spinelles qu'on 
trouve en grains eten superbes associations micropegmatoides avec le pyroxène ou 
l'amphibole. Yes feldspaths sont ici toujours très basiques et appartiennent au 
eroupe des Labrador-Bytownites ou de Panorthite, L'élément noir réuni en grandes 
plages à individus multiples soudés par là magnétite sidéronitique, est disséminé 
parmi l'élément feldspathique. 

Il existe également des norites sans olivine, qui sont caractérisées par le grand 
développement de la horblende d'ouralitisation qui y remplace en partie le pyroxène 
monoclinique, tandis que le mica rouge fait défaut. Les roches sont à la vérité très 
pauvres en hypersthène, elles représentent sans doute une forme de passages des 
norites aux ouralo-gabbros du Cérébriansky dont il sera question plus loin. 


S 4 Monographie des types étudiés. 


N° 1124. Eperon du Cérébriansky, flanc ouest. 


Tres belle roche, type des norites sans olivine. Au microscope : peu d'apatite 
en inclusions, magnétite en grains idiomorphes et petites plages sidéromitiques. Mica 
rouge avec caractères ordinaires, accompagnant généralement la magnétite. Superbe 
hypersthène en grands cristaux allongés très polychroïques: parfois inclus dans le 

JI à 
pyroxène monoclinique. Ce dernier est prédominant, il présente les caractères habi- 
tuels. Feldspaths prépondérants. 

1° Section Sn, maclée selon Ab. 

Extinction de 1 Sn, — 15° ) 1e 
(; ke DEA Vo Labrador 52 °/, An. 


(76) 


RECHERCIES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 499 


2° Section Sn, mäclée selon Ab. 


Extinction de 1 Sn, — + 28° 
1’ ù 20 — Labrador Ab, An. 
ee (0) 


3° Section maclée selon Ab et K. 
Extinction de 1 — 23° } 


(5 = 9) 


Labrador Ab, An. 


4 Section Sn, maclée selon Ab et K. 
Extinction de 1 Sn, — + 2&° 
IP. = < 


.) = 


Labrador Ab An, 


où — + $S° 
N° 1104. Piton rocheux au col entre le Cérébriansky et la pointe Loss. 


Type analogue au précédent, Au microscope : magnétite assez abondante : mica 
rouge plutôt rare. Hypersthène et pyroxène monocliniques avec caractères ordi- 
naires, ce dernier prédominant. Feldspaths abondants à lamelles hémitropes minces 


et cunéiformes. 


1° Section maclée selon Ab et P 1 — Sn, normale optique. 


Extinction de 1 Sn, pour Ab — + 28° pour P — — 56°) 
4 Labrador Ab, An, 
Ib > — 29 — + 56°) 
20 Section Sn, bissectrice aiguë. 
Extinction de #, — — 23° de p — (001) = Labrador 52 ‘/, An. 
» — — 90" »  — abralonoudie 


Section maclée selon Ab et K. 


Extinction de 11° — 64 32 
, {= Labrador Ab, An, 
DD A2 6 D LE Fo) 2 


N° 109$, Cirque des sources de la rivière Kanjakowskaïa. 


Norite sans olivine., Au microscope : mica plutôt rare; magnétiteé assez abon- 
dante, fréquemment sidéronitique. Bel hypersthène quantitativement très inférieur 
au pyroxène monoclinique: les prroxènes sont agrégés en plages disséminées parmi 
les éléments feldspathiques. 


(T7) 


160 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


Feldspaths en partie écrasés et réduits à l'état de brèche. 
1° Section Sn, bissectrice aiguë avec contours p'a :. 


Extinction de #, — — 11°. Andesine à 41 !?/, d’An. 


20 Section Sn, bissectrice aiguë. 
Extinction de », — — 10°. Andesine à 41 !/, d'An. 


N° 1074 bis. Sur le chainon latéral B. 


Roche très fraiche, typique pour les norites sans olivine, Au microscope : Un 
peu d'apatite, beaucoup de magnétite en grains quasi-octaëdriques. Mica rouge abon- 
dant, toujours lié au fer oxydulé. Hypersthène ordinaire réduit par rapport au diop- 
side: ce dernier forme de jolies micropegmatites avec la magnétite ou les feldspaths. 
Plagioclases remarquablement beaux et frais. 


1° Sections maclées selon Ab et K. 


Extinction de 11! — 36 1 — 2$S° | 
À _° t Labrador Ab, An.. 
DO ;;:1 DE 1) 
11) 0) 
; | Labrador Ab. An. 
29) () DO PA ? ; 
(155 1 — 27! 
: E Labrador Ab, An. 
DD — LS D — 11 


2° Section Sn, maclée selon Ab. 
Extinction de 1 Sn, = 28° } : 
U ; nel Labrador Ab, An. 
0) 


No IOS4 bis. Sur le chainon latéral C. 


Roche très semblable au numéro précédent. Les micropegmatites de pyroxène 
et de magnétite y sont abondantes et remarquablement belles, elles affectent la tota- 
lité d’un cristal de pyroxène, ou sont développées localement à l'intérieur d’un même 
cristal, Ces micropegmatites se rencontrent dans l'hypersthène comme dans le py- 
roxène monoclinique, elles sont souvent entourées de mica rouge. Les associations 
micropegmatoïdes avec les feldspaths se rencontrent aussi, mais sont plus rares. 

Plagioclases abondants. 

1° Sections Sn, bissectrice aiguë. 


-— ]1 


— 39 


—_ . — Andesine à 45 !/  d’An. 


Extinction de », 


LT 


A .— Labrador-Bytownite à 60 !/, d'An. 


(TS) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 161 


0 Sections maclées selon Ab et K. 


Extinction de 11° — 56 IDE 
RP » © Labrador Ab, An. 
220 —"28 2, — 1492) 
ST S =129 
| ! Labrador Ab, An. 
DIE 2 DH G Et) 
MEXS 1 — 24 
ae _,. { Labrador Ab, An. 
DD) DA tr Er 


N° 1136. Base de léperon qui se détache du flanc ouest de la chaine de Céré- 


briansky sous le col situé entre la pointe Loss et le Cérébriansky. 


Roche plutôt leucocrate, Au microscope : magnétite assez abondante, se ren- 
contrant exclusivement en plages sidéronitiques qui relient entr'eux plusieurs cris- 
taux de pyroxène, Apatite plus rare, mica rouge assez réduit, Hypersthène parti- 
culièrement abondant en beaux cristaux très allongés, d’un polychroïsme assez fort. 
Pyroxène monoclinique moins répandu. Plagioclases abondants. 

1° Section maclée selon Ab et K. 


Extinction de 1 Sn, — 30°) | 
Labrador à 52 ‘/ An. 


o Nr \ û 


29 Section g! — (010). 
Extinction de #, — — 17 — Labrador Ab, An. 
3° Section Sn, maclée selon Ab. 
Extinction de 1 Sn, — + 29° 
la = DD 


| Labrador Ab, An. 


N° 1099. Bloc dans l'alluvion de Kanjakowskaïa (diagnose de Mme Pétroff). 


Roche altérée, mais d'un type absolument identique aux précédents. Au mi- 
croscope : magnétite en plages sidéronitiques. Hypersthène plutôt rare: pyroxène 
monoclinique assez abondant. Feldspaths complètement décomposés, remplacés par 


une masse kaolinique très homogène. 
N° 1074 ter, Sur le chainon latéral B. 


Norite d'un type un peu différent. Au microscope : magnétite abondante en 
petites plages sidéronitiques entre les pyroxènes, plages qui renferment çà et là un 
erain de spnelle vert, Le mica rouge est remplacé par une hornblende brune et peu 


! l'est voisin d’une bissectrice aiguë 


(79) 


162 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


polychroïque, qui enveloppe toujours la magnétite, et qui semble jouer ici le même 
role que le mica dans les norites ordinaires. 

Hypersthène rare et en petites sections: pyroxène monoclinique abondant avec 
caractères ordinaires. Feldspaths très frais. 

1° Nombreuses sections maclées selon Ab, perpendiculaires à g! — (010). 

Les valeurs relevées oscillent entre 30° et 43°, ce dernier est maximum, la 
section donnant l'image d'une bissectrice très oblique. — Labrador Ab, An,. 

20 Section mäclée selon Ab, perpendiculaire à un axe optique. 

Trace du plan des axes sur 1 SB — 63° 


| 
Fr et Labrador Ab, An. 
Extinction de 1 — 95° | En 


3° Section Sn, mäclée selon Ab et P. 


1 Sn, — + 30° pour une mâcle + 36° pour l’autre — Anorthite. 


N° 1113. Un peu à l’est du dernier sommet du chainon C, sur la crête. 


Norite très pauvre en hypersthène, analogue à la précédente. Au microscope : 
passablement de magnétite avec grains de spinelle en petites plages sidéronitiques 
entre les pyroxènes et aussi en inclusions dans ces derniers. Très peu d'hypersthène 
en petites sections légerement polychroïques. Diopside abondant et incolore parais- 
sant localement ouralitisé en une amphibole vert très pale et faiblement polychroïque. 
Feldspaths abondants. 

1 Nombreuses sections maclées selon Ab, perpendiculaires à g! — (010). 

Les valeurs des angles d'extinction oscillent entre 32° à 37°. ce dermier 
chiffre voisin du maximum. 
Labrador à 50° d’An. 

2 Sections mâclées selon la péricline 1 — Sn, 

Extinction de 1 Sn, = — 36° } 


1’ AE IeU— Anorthite. 


3° Section perpendiculaire à A. 


Trace du plan des axes sur SA — + 23 


(l : 
rs 4e : e — Anorthite. 
Extinction de 1 — + 50 


O À 


4 Section perpendiculaire à B. 
Trace du plan des axes sur SB — +- 60° 
ee ae ; NS l Labrador Ab, An.. 
Extinction de 1 —<< 09°) ‘ 


(RO) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL AG: 
N°1116. Dernier sommet du chainon C. 


Norite à olivine, Au microscope : Spinelle vert extraordinairement abondant, 
en gros grains toujours cantonnés à proximité immédiate de la magnétite qui se 
trouve en plages sidéronitiques. Hypersthène rare, en petites sections à polychroïsme 
faible se faisant dans les teintes ordinaires. Pyroxène monoclinique à caractères 
habituels, en partie épigénisé en une hornblende excessivement pale, à peine poly- 
chroïque. Olivine craquelée abondante, les fissures sont remplies par de la magné- 
tite, La roche renferme de nombreuses plages de micropegmatite de spmelle vert 
avec hornblende pale. Les feldspaths sont kaolinisés et remplacés par une masse 
argileuse continue reliant entr’eux les éléments ferro-magnésiens. 


N° 1112. Chainon C. A quelque cent mètres du N° 1113, plus à l’est, toujours 
sur la crête. 


Norite à olivine, Au microscope : magnétite abondante, en plages sidéroni- 
tiques reliant entr'eux les minéraux ferro-magnésiens qui forment des agrégats au 
milieu des éléments feldspathiques. Quelques grains de spinelle dans la magnétite. 
L'olivine est tres répandue, elle formait sans doute à lorigine des plages pœcilitiques 
avec le pyroxène presqu'entièrement ouralitisé ici. La roche ne parait plus renfer- 
mer de pyroxène monoclinique, on trouve seulement çà et là quelques sections d'hy- 
persthène à polychroïsme à peine perceptible. 

Hornblende abondante moulant les plages dolivine et les circonscrivant com- 
plètement; les cristaux de cet élément sont eux-mêmes reliés par de la magnétite 
sidéronitique, La hornblende est vert-brunaätre, assez peu polychroïque. 

Feldspaths abondants et frais. 

1° Section perpendiculaire à Paxe B. 

Trace du plan des axes sur SB — + 70° env. } 
FR Anorthite. 
Extinction de 1! Hole ) 
29 Section Sn,, maclée selon la péricline. 
Extinction de 1 Sn, — 27° 


N° 1082. Flane ouest de la pointe Loss, au-dessus du col qui la sépare du 
Kanjakowsky. 
Norite ordinaire. Au microscope : magnétite assez abondante, en petites pla- 
ges sidéronitiques. Mica rouge assez rare, toujours à proximité de la magnétite. 
(SL) 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL, 84 (1905). 58 


164 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


Hypersthène abondant, en cristaux de plus petite taille que le diopside; il est sil- 
lonné de fissures envahies par un minéral serpentineux. Pyroxène monoclinique pré- 
dominant, puis hornblende verte rare, toujours voisine de la magnétite. Feldspaths 
prépondérants. 


1° Section maclée selon Ab et P perpendiculaire à »,. 


Extinction de 1 Sn, pour P — — 61 1 pour Ab — + 25°) Labrador voisin 
1’ : — + 60 1 0 2 = Ne AM AN 


2° Section Sn, maclée selon Ab. 
Extinction de 1 Sn, — 18 


: Andesine à 41 °/, An. 
dos 24%) 


S 5. Composition chimique des norites et formule magmatique. 


Les analyses suivantes comportent exclusivement des norites franches sans 
olivine : 
Analyse des norites. 


No 1104 No 1124 
SiO, 50,24 20,47 
Ti, — 0,12 
ALO, 19,48 18,98 
Fe,0, 5,45 4,22 
FeO 5,02 6,16 
MnO traces 0,12 
Ca0 11,02 11,72 
Mg0 4,84 5,62 
K,0 0,77 0,56 
Na,0 3,33 2,75 
Perte au feu 0,55 1.06 
100,70 101,78 
N° 1104 — Piton rocheux entre le Cérébriansky et la pointe Loss sur l’arête. 
Norite à hypersthène. 
N° 1124 — Eperon du Cérébriansky, flanc ouest. Norite à hypersthène 


Ces deux analyses faites sur deux roches récoltées en des points assez distants, 
montrent une concordance relativement grande, ce qui établit leur remarquable 
unité, La formule magmatique se déduit des opérations suivantes : 


(82) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 46 
Moyenne calculée sur 100 parties. Quotients. 
Si0, — 50,14 0,839 } _ 
re es $ \ —= 0,856 
MO, — 0,11 0,001 
AO = 18 0,187 
RTE É £ RO OPA 
Fe0, — 4,81 do30 mL 
Fe0 — D59 0,076 \ 
Mn0 == 0,12 0,002 | 
Ca0 A le 0,201 UE 
ri He ee RO + RO — 0,465 
Me0 — 51 0,130 / : 
K,0 — 0,66 0,007 } R.O — 0.056 | 
2 ; lo} Ur) 
Na,0 — 3,03 0,049 |? | 
100,00 


Coetticient d’acidité z — 1,49. 
Rap O RO —= 177,1. 
Formule magmatique — 3,8 Si0,: R,0, : 2,1 RO. 


$ 6. Considérations générales relatives aux norites. 


Comme on à pu le voir par l'étude qui précède, les norites ne sont nullement un fa- 
cies particulier des gabbros mésocrates auxquels passe latéralement la tilaïte : sans 
doute l’hypersthène est comme nous Favons démontré, un minéral assez fréquent dans 
les différentes roches du Tilaï, mais sa présence dans les norites où 1l est notablement 
plus abondant qu'ailleurs, entraine comme conséquence un caractère chimique spécial 
à celles-ci. On pourra s’en convaincre en comparant ci-dessous l'analyse de la norite 
avec celle du gabbro feldspathique qui lui ressemble macroscopiquement beaucoup. 


Norite (moyenne). Gabbro feldspathique. 

SO, + TIO, — 50,47 40,30 
AIO; — 19,23 17,14 
Fe,O, — 4,83 8,53 
Fe0 — 5,54 6.90 
Mn0O = 0,12 0,69 
Ca0 — 11,32 16,40 
Me0 — 5,23 1592 
K,0 = 0,66 0,66 
Na,0 — 3,04 1,49 
Perte au feu  — 0,80 0,46 

101,24 100,45 


(83) 


466 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


La norite est beaucoup plus acide que le gabbro, plus riche en alcalis, plus 
alumineuse et également plus pauvre en chaux et en magnésie. Ces faits concordent 
avec son caractère mésocrate et avec l'acidité relative des feldspaths constitutifs. 

La formule magmatique assignée par M. Lœwinson-Lessing aux norites, est la 
suivante : 

Coefticient d’acidité 4 — 1,71. 

Rapport R:0:1RO). —1;/6;2. 

Formule magmatique — 4,3 Si0, : R,0, : 2,1 RO. 

Cette formule est une moyenne déduite de cinq analyses de norites provenant 
de localités diverses. Elle se rapproche comme on le voit, sensiblement de celle qui 
représente la norite de Tilaï ; le coefficient d’acidité de celle-ci est toutefois légère- 
ment inférieur. 

Si l’on tient compte du fait que les analyses qui ont servi de base aux calculs de 
M. Lœwinson-Lessing, indiquent une proportion desilice qui oscille entre 56 et 64 "/, 
ce fait n'a rien d'anormal:; en tous cas, la norite à hypersthène de Tilaï nous parait 
correspondre par sa composition chimique comme aussi par les relations mutuelles 
de ses minéraux constitutifs, à un prototype de norites à hyperstène riches en py- 
roxène monoclinique, Nous avons, à titre de comparaison, passé en revue toutes les 
analyses des différentes norites publiées à ce jour et dont on trouvera le relevé dans 
l'ouvrage si utile de M. H. Washington; c'est incontestablement, comme on pourra 
le voir ci-dessous, la norite d'Ivréa qui se rapproche le plus de celle de Tilaï dont les 
caractères chimiques les plus saillants sont en effet: l'acidité, la proportion élevée 
d'oxyde ferrique qui traduit extérieurement la richesse en magnétite, la pauvreté 
relative des alcalis, et enfin la très forte prédominance de la chaux sur la magnésie. 


Norite d’Ivréa. Norite de Tilaï (moyenne). 

SI0, = 49,95 50,36 
T0, = . 0,69 0,11 
ALO, — 19,17 19,23 
Fe,0, — 4,72 4,83 
FeO — 6,71 5,54 
MnO — — 0,12 
CaO — 9,61 11,32 
M£e0 E= 5.03 5,23 
Na,0 — J 10 3,04 
K,0 — 0,74 0,66 
Perte au feu — 0,09 0,80 

99,84 101,24 


(54) 


Fig. 13. Contact des dunites massives aves les pyroxéniles dans les parois 
du ravin des sources de Polondmiéwatr. Les dunites forment les parties plus claires 


Fig. 114 Gros lilon de pegmatite à hornblende dans les prroxénites, Rive 


droite de Polondnièwaïa, sur les pentes, à 2 kilomètres environ en aval des sources 
Les personnages qui figurent sur la photographie sont placés sur les deux salbandes 


. Li bé 
” à 


RECHERCHES PETROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 167 
CHAPITRE VI 
DESCRIPTIONS DES ROCHES DE TILaï. 
LA DUNITE MASSIVE. LES GABBROS OURALITISÉS DU CÉRÉBRIANSKY !. 
$ 1. La dunite massive, description pétrographique et composition chimique. — X 2. Les gabbros 


ouralitisés, minéraux constitutifs et structure. — X 3. Monographie de quelques types étudiés. — 
$ #. Composition chimique et formule magmatique des gabbros ouralitisés. — $ 5. Considé 


rations générales relatives aux gabbros et au phénomène de louralitisation. 


S 1. La dunite massive, description pétrographique et composition chimique. 


A l'endroit méme où la chaine de Tilaï se bifurque, il existe, comme nous 
l'avons vu, un affleurement assez important de dunite massive, enclavé dans les py- 
roxénites et raviné par les sources de Poloudniéwaïa. Cette dunite est macroscopi- 
quement en tout point identique à celle du Koswinsky : elle est finement grenue, de 
couleur verdatre généralement claire, toujours très compacte et homogène. 

Au microscope cette roche se montre exclusivement composée de fer chromé 
et d’olivine ; les pyroxènes et la hornblende, même en traces, y font complètement 
défaut. 

FER CHROMÉ 

Il se présente en jolis petits octaèdres, disséminés parmi les grains d'olivine, 
ou au contraire accumulés régionalement. IS sont rarement inclus dans le péridot, 
et se trouvent côte à côte avec lui. Les octaèdres sont généralement plus petits 
que les grains d’olivine, ils peuvent cependant atteindre et dépasser la dimension de 
ces derniers. 

A côté des octaèdres de fer chromé, il existe, comme nous l’avons dit anté- 
rieurement, des ségrégations et nids de ce même minéral dans la dunite. Ces ségré- 

! L'étude pétrographique de la dunite de Poloudniéwaïa et des gabbros du Cérébriansky a fait l’objet 


de la thèse de Mie Pétroff (voir bibliographie); nous en avons extrait une partie des matériaux qui 
entrent dans la composition de ce chapitre. 


(85) 


20 ce 5 
46: LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 
gations sont formées par une masse grenue constituant un véritable minerai de fer 
chromé, dans lequel on voit en coupe mince quelques rares grains d'olivine com- 


plètement emprisonnés. 
L'analyse de ce minerai à donné les résultats suivants : 


Analyse de la chromite compacte de Poloudniévaïa : 


SiO, — 1,837) 

Al,O, Æ So 
LFe:0; —\M4T:90 

Cr,;0, — 49) 08 

Ca0 — 

Me0 —"", OL 


103,67 


Cette analyse montre que le fer chromé compact de Poloudniéwaïa n'est pas 
de la chromite pure répondant à la formule Cr,0,FeO, mais au contraire un mé- 
lange de différents termes de la série isomorphe R,0, + RO où R, — Fe,, AI, Cr,, 
et R— Fe, Mg, avec un peu dolivine. 

D'après l'analyse, ce mélange se ferait probablement dans les proportions 


suivantes : 


SI0,Mg, — GRO EN ES 
AL,0,M£g0 —e ls 
Cr,0,Mg0 — #12 0)95 
Cr,0,Fe0 201 
Fe,0,Fe0 #30 il 


101,39 


OLIVINE 


Elle se rencontre exclusivement en grains arrondis et craquelés, toujours idio- 
morphes et d'assez petite dimension (en moyenne 0,5 mm.). Cette olivine est mcolore, 


parfois maclée. Ses propriétés optiques sont les suivantes : 
ng-lp = 0,035 Ne- fm — 0,018 Nm-tp — 0,017 


! Le fer ferreux n’a pas été séparé, ce qui est la cause du grosexcédent de la somme des pourcentages 


des éléments dosés. 


(86) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 169 


L’angle des axes est de 86° environ, le signe optique est positif, la dispersion 
DE UV Ie 


— 


STRUCTURE 


La structure est panidiomorphe grenue, les grains sont d'habitude isomé- 
triques, on trouve cependant ça et là, une olivine de plus grande taille que les 
autres. 


PHÉNOMÈNES SECONDAIRES 


L'olivine est fréquemment serpentinisée, mais toujours faiblement et seulement 
selon les craquelures. Celles-ci sont alors remplies par de minces rubans d’une antigo- 
rite brun pâle, qui présente toutes les propriétés optiques de celle décrite à propos de 
la dunite du Koswinsky. Les variétés de dunite complètement serpentinisées, avec 
noyaux d’olivine isolés dans l’antigorite, n'ont pas été rencontrées dans le ravin du 
Kroutoïi-Log. 


Composition chimique. 


Ramenée 
Analyse du n° 1127. à 100 parties. Quotients. 
SiO, — Oil 39,07 0,651 
Fe,0, — 0,95 = — 
GO; — 1,18 1,22 0,008 
FeO — Jai LOS 0,144 
Me0 — Halo" 49,34 12334) NT 
Pertetau feur — 3,95 — Eu Mer hero 
101,07 100,00 


Coefticient d’acidité z — 0,92. 
Formule magmatique — S1 SiO, : R,0, : 172 RO. 


L'analyse ci-dessus montre que les proportions relatives des deux minéraux 
constitutifs sont les suivantes : 


Ï 


Chromite SON 
Olivine — DS 20 


En défalquant la chromite de Panalyse de la dunite et en ramenant à 100 
parties, on trouve alors la composition de l’olivine, qui est donnée ci-dessous : 


1 Le Fe203 a été calculé comme FeO et la perte au feu a été défalquée. 


(87) 


170 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


Composition de l’olivine. 


SO, — 39,78 
MeO — 50,25 
FeO — 9,97 

100,00 


Cette composition correspond sensiblement à la formule Fe,Si0, + SMg,SiO, 
que nous avons antérieurement déjà trouvée pour l’olivine de Ta dunite du Koswinsky, 
la différence entre les valeurs calculées d’après cette formule et celles observées est 


cependant ici plus forte. 


Valeurs calculées. Différence. 
SiO, — 40,79 1,01 
FeO — 10,87 — 0,90 
MeO — 48,34 + 1,91 


De toute facon. il ressort de ces analyses que la dunite massive est une roche 
qui présente une grande unité dans sa composition chimique globale, comme dans 
celle de ses minéraux constitutifs considérés individuellement. 


$ 2. Les qabbros ouralitisés, minéraux constitutifs et structure. 


Ces belles roches que l’on pourrait prendre sur le terrain pour des diorites 
caractéristiques, sont d’une grande uniformité pétrographique. En principe elles 
sont toujours mélanocrates, à grain plutôt grossier, Cependant, on rencontre cer- 
taines variétés leucocrates qui proviennent alors de < schlieren >», phénomène qui 
parait se rencontrer assez fréquemment. Au microscope les minéraux constitutifs 
des gabbros ouralitisés, sont : apatite magnétite, pyroxène monoclinique, horn- 
blende et plagioclases. Dans les variétés du Cérébriansky il n'y à jamais d’olivine; 
cependant dans les gabbros ouralitisés tout à fait identiques trouvés sur les chai- 
nons latéraux B et C, l’olivine peut se rencontrer en assez grande quantité. 


APATITE 


Ce minéral n'est jamais très abondant et généralement de petite taille, IT se ren- 
contre en cristaux faiblement allongés selon la zone prismatique, qui ne paraissent pas 
terminés; souvent l'apatite se trouve simplement en grains arrondis. Quelquefois cepen- 
dant on observe de jolies sections hexagonales. La dimension de l'apatite n'excède pas 
0,18mm, Les cristaux sont uniaxes négatifs, les propriétés optiques sont ordinaires. 
L'apatite est libre parmi les autres minéraux, où enfermée dans les éléments noirs. 


(55) 


Fig. 15 Vue générale du Soukhoï depuis le Sommet du Fscherdvnskv-Kami 


Fi. 16 Disposition des couches de conglomérals au sommet du Soukhoï 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L OURAL A7A 
MAGNÉTITE ET SPINELLE 

Elle est relativement assez fréquente, et se rencontre soit en grains idiomor- 
phes à tendance octaëèdrique, ce qui est plutôt l'exception, soit en plages sidéroni- 
tiques moulant et reliant les éléments ferro-magnésiens. Ces plages ne forment pas 
un ciment continu comme dans la koswite, mais au contraire un ciment régional. 
Les grandes plages sidéronitiques renferment presque toujours un ou deux grains 

de spinelle vert qui possède les caracteres ordinaires déjà décrits. 


PYROXÈNE 

Le pyroxène qui se présente généralement en grains informes, idiomorphes, est 
presque toujours inférieur à la hornblende au point de vue quantitatif: toutefois 
dans certains cas exceptionnels, il peut presque former à lui seul l'élément ferro- 
magnésien. Les clivages 5% — (110) sont nets: les clivages 2! sont généralement 
rares. Les mâcles selon 4! — (100) paraissent assez fréquentes: elles sont simples ou 
répétées, dans ce dernier cas les lamelles sont larges et le nombre des individus 
peu considérable. En lumière naturelle il est incolore ou très légèrement verditre, 
mais jamais polychroïque. Les propriétés optiques du pyroxène sont résumées par 
le tableau suivant : 


Tableau des propriétés optiques du pyroxène. 


Numéros. | PU No-Nm Hop Extinction. Remarques. 
1090 0.027 0,020 = en LE 
| 1090 bis. | 0,024$ 0,023 == = = 
1085 0.0251 0.0196 0.004 39 Bons clivages. 
£ ( 0.0255 0,021 — 49 id. 
(LE | < = 
1105 | 0,0216 0,017 — 44 id 
1105 bis. 0.,0247 0.0196 0.005 38° id 
1121 — 0,020 0,0047 — — 
1023 — 0.021 —— — — 
1095 0,025 — 0,006 ? 38+ id. 
1102 0,026 = — AE == 
| ( 0,025 — — 39 — 
1077 | \ 0.025 0.021 — — — | 
1) 0.025 0,022 = 39° = | 
| | 0,0257 — 0.004 = — 
| 0,026 0,022 — 39° — | 
1134 | 0,026 0.022 _ — _ 
= 0029 - 2 = | 
A | \ V,USS 
1134 bis. | _ | 0.022 . 27 2? 
| 
(89) 
MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE VOL. 84 (1905). 59 


472 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 
Nous avons pu extraire de l’une de ces roches une région où le pyroxène était 


presque pur, et avons déterminé directement sur celui-ci les mdices suivants : 


Tableau des indices du pyroxène. 


Numéros Orientation | 
de la coupe. | de la section. lg | Him Hp oh | N g= Nm Nm=Ap | 
05 S 1,7184 | 1,6992 | 1,6925)| 0,0257 | 0,0192 | 0,0065 
11 ny | 
| | 1,6930\ | 
| | 


Ce pyroxène à été analysé par M. Hornung après purifications réitérées par les 
liqueurs lourdes. La méthode employée est celle que nous avons décrite antérieu- 
rement à propos de la sorétite, La composition chimique est la suivante : 


Analyse du pyroxène du n° 1105. Analyse du Moyenne 

1E IT. n° 1117. générale. 

SI0, — 50.92 30,90 50,88 50,90 
ALO,. /— 2,55 9,74 9,57 2,62 
FeO — 10,11 10,03 10,06 10,07 
Ca0 = 23,40 23,26 23,32 23,32 
Me0 — 13,27 15,54 13,30 15,50 
Mn0O — 0,30 0,41 0,39 0,35 
Total — 100,55 100,68 100,48 100,56 


Le type est, comme on le voit, légèrement alumineux, et ne correspond pas au 
diopside ordinaire (ce que l’on pouvait attendre d’après les propriétés optiques qui 
ont été constatées), il correspond au contraire à un diallage typique. 


HORNBLENDE 


La hornblende est fréquemment allotriomorphe par rapport au pyroxène. Elle 
se présente en grands cristaux isolés parmi les feldspaths et agrégés en plages. Les 
cristaux sont légèrement allongés suivant la zone prismatique toujours positive, 1ls 
ne présentent jamais de formes cristallographiques reconnaissables, et sont rare- 
ment mâclés selon 4! — (100). Les propriétés optiques de la hornblende sont les 
suivantes : 

Le plan des axes optiques est parallèle à g! — (010), la bissectrice aiguë est 


(90) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 173 


toujours négative: Pextinetion sur g! — (010) se fait sous des angles qui oscillent 
entre loetulSe 
Le polychroïsme très intense est comme suit : 


nn, —Nertiioncé Nu —= Verdatre ñ#, brun-jaunatre plus pale. 


Le tableau suivant donne la valeur des biréfringences de Ta hornblende me- 


surées au Compensateur. 


| | 
Numéros. My Mg Hp Extinction Remarques 
1090 0,0215 | DE. 2 Me 
1090 bis. 0,0216 — 0,013 16 = 
1088 0,0218 | = 15° 
1088 bis. 0,0222 | — = ét —— 
IOS5 0,0209 — = = sn 
Ty 0,0203 LE 1S “dr 
1117 bis. 0,022 | | — GS : _ 
: 0,022 } 0,009 ee fra CM 
9 
[0OS3 0.022 | tes 16° | 
1085 — 0,0133 — — 
0,024 | =: La #t 
Q2 
re 0,024 | = 0,0134 W7 
0,0211! — — | y _ 
| 1104 0.0213\ LE = ss a 
1077 — 0.0084 — 188 _ 
113 0.020 ; 16: : 


Les indices de la hornblende ont été également mesurés directement, de même 


que l'angle des axes optiques. Les valeurs trouvées sont les suivantes : 


Tableau des indices de la hornblende. 


Numéro Orientation | | | 
de la coupe. des sections. My | UM y Rep Mg in | Him p 
| | 


1120 Sn, 1,6854 | 1,6758 | 1,6648)| 0,0211 | 0,0096 | 0,0115 
1,6639) | | 
1107 Sly 1,6827 | 1,67431| 1,6614 | 0,0213 | 0,0086 | 0,0127 
| 1,6740\ | | 
| 


L'analyse de la hornblende, faite sur un échantillon isolé de la roche N° 1105 et 
parfaitement purifié, a donné : 


(91) 


LOUIS 


SiO, 


ALO, 
Fe.O, 


FeO 
MnO 
Ca0 
Me0 
Na,0 
K,0 


DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


Analyse du n° 1117. 


I. 
13,34 
12,60 
10,44 
1,92 
traces 
15.06 
12,60 

1,90 

0,02 


101,88 


FELDSPATHS 


Les feldspaths sont généralement très frais dans ces différentes roches: ils sont 


mäclés selon l'albite et surtout la péricline, puis aussi selon karlsbad. Les pro- 


priétés optiques, déterminées sur de très nombreuses sections, rattachent les variétés 


aux termes compris entre Ab, An, et Ab, An,. L'anortite est assez fréquente, les 


termes plus acides que Ab, An, sont plus rare, mais se rencontrent cependant. La 


basicité ne parait pas liée au caractère leucocrate où mélanocrate. 


Gabbro ouralitisé. Coupe n° 1090. Lumière naturelle, 
les feldspaths en lumière polarisée. Grossissement — 22 
diam. P — pyroxène. A — amphibole. M = magnétite. 


F = feldspath. 


(92) 


STRUCTURE 


La structure des gabbros oura- 
litisés du Cérébriansky est assez 
uniforme. D'habitude les cristaux 
isolés de pyroxène et d’amphibole 
ne se mélent point régulièrement à 
ceux des feldspaths comme c'est gé- 
néralement le cas chez les diorites or- 
dinaires : 1ls se réunissent par plages 
formées par plusieurs individus di- 
versement orientés qui se touchent 
directement, ou sont localement sou- 
dés par de la magnétite sidéroni- 
tique. Ces plages sont alors dissémi- 
nées parmi les grains idiomorphes 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 179 
de feldspaths. Dans certains facies mélanocrates, la structure est un peu différente 
et rappelle alors plus ou moins celle appelée ophitique. La hornblende, ainsi que le 
pyroxène qui l'accompagne, forment un véritable ciment qui moule et emprisonne en 
l'isolant le feldspath qui se trouve à l’état de grains idiomorphes, aux formes généra- 
lement arrondies. 

La hornblende est incontestablement un produit d’ouralitisation du pyroxene. 
Cette ouralitisation se fait généralement par la périphérie des cristaux de diallage 
qui sent alors réduits à l’état de noyaux complètement enclavés dans la hornblende 
qui peut souvent de la sorte les faire disparaitre entièrement. 

En général, un cristal de pyroxène donne naissance à un seul et même cristal de 
hornblende, ou tout au plus à deux ou trois cristaux généralement de grande taille, 
et orientés alors optiquement d’une manière différente. On trouve parfois dans un 
même cristal de hornblende, plusieurs noyaux de pyroxène ayant la même orien- 
tation optique, et ayant évidemment appartenu au même individu. 

La disposition que nous avons décrite à propos des roches du Katéchersky, qui 
consiste dans le fait qu'un même cristal de pyroxène donne, par ouralitisation, nais- 
sance à une association grenue d'amphibole formée par la réunion de nombreux 
petits grains à orientations multiples, n’a jamais été rencontrée dans les roches du 
Cérébriansky. 

Le pyroxène et Pamphibole sont si frais, qu'on pourrait douter que la seconde 
provienne du premier. Cependant on trouve certains diallages sur lesquels Pourali- 
tisation se fait par taches ou suivant les clivages, ce qui montre clairement la genèse 
de la hornblende. Il convient de remarquer que dans la même coupe, tandis que cer- 
tains pyroxènes sont presque complètement ouralitisés et enclavés dans la horn- 
blende, d’autres sont isolés parmi les feldspaths et absolument indemnes. De toute 
facon la hornblende provenant du pyroxène est toujours compacte, Jamais fibreuse 
comme certaines ouralites, et dans les variétés où Pouralitisation se fait seulement par 
la périphérie, vu la fraicheur des minéraux et la netteté de leurs contours, on pour- 
rait de prime abord prendre la hornblende pour primaire: lexamen plus appro- 
fondi, non pas d’une seule coupe, mais d’une série complète, montre qu'il n’en 
est rien et que ce minéral est dans tous les cas le produit exclusif de louralitisa- 
tion. 

Les phénomenes secondaires sont tres réduits et consistent d'habitude en une 


kaolinisation locale des feldspaths qui d’ailleurs est assez rare. 


(93) 


276 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


S 3. Monographie de quelques types étudiés". 


N° 1122, Au nord du Cérébriansky, sur la crête principale. 


Sous le microscope : roche mésocrate, largement cristallisée. Magnétite assez 
abondante en plages sidéronitiques. Pyroxène légèrement verdâtre, plutôt rare, 
ouralitisé périphériquement ou selon les clivages. Hornblende prédominant sur le 
pyroxène, Les éléments noirs sont agrégés en plages. Plagioclases très abondantes. 

1° Sections maclées selon P perpendiculaire à » 

Extinction de 1 Sn, SYLE 


| 
1! —+021° | 


p° 


— Anorthite. 
20 Section maclée selon Ab et P perpendiculaire à Paxe B. 
Trace du plan des axes avec 1 par Ab — — 60°} ae De 
, _ + Labrador voisin de 55 ?/,. 
] — 2 #)};) \ 
3° Nection Sn,, maclée selon Ab. 
Extinction sur 1 Sn, — 22° | x RE 
L M {| — Andesine à 38 °/, d'An. 
1) 


N° 1117. Sommet du Cérébriansky, près de l’ancienne exploitation. 


Magnétite ordinaire, peu de pyroxène enveloppé de hornblende. Beaucoup 
d'amphibole à caractères ordinaires. Feldspaths en quantité égale à l’élément noir. 
1° Sections perpendiculaires à l’axe B. 

Trace du plan des axes sur 1 SB — 5 


DÉS 63° } Voisin de 
PRE , à Labrador 
Extinction de », > 21e 


18° | l'Anorthite. 


N° 1107. Partie supérieure de la crête rocheuse du chainon D, près du Céré- 
briansky, sur une paroi. 


Roche très mélanocrate, formée parties égales à peu près de pyroxène et de 
hornblende. 
Le feldspath est rare, et joue un rôle subordonné à celui de l'élément noir. 
1° Section voisine de Sn,. 
Extinction de 1 Sn, — 48° } : 
À  Anorthite. 
1 CE) 
! Pour la monographie complète voir S. Pétroff. Thèse. 


(94) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 477 


2° Section Sn, mâclée selon P. 
Extinction de 1 Sn, — 35° 


1’ Anorthite. , 


3° Section Sn,. 


Extinction de 1 Sn, — 48° — Anorthite. 


N° 1083. Sur la partie ouest de la pointe Loss. 


Magnétite plutôt rare. Pyroxène très réduit vis-à-vis de la hornblende qui est 
en proportion presque égale à celle du feldspath. Ce dernier est légèrement altéré. 


1° Section Sn, mâclée selon Ab. 


Extinction de 1 Sn, — 33° 25° | A 4 : 
CrERe © = Labrador Ab, An, ,,, | Andesineà40°d’An. 
» il —)0S) F 23° ) 
» Il a) 


_{—= Labrador voisin de 50° d’An. 
» 1! —30°) 


2° Section perpendiculaire à l’axe B. 
Trace du plan des axes sur 1 p SB — 70° } LEE en 
SES F : — Andesine à 34° An. 
Extinction sur 1 ) 


200 
JA 


N° 1105. Sur le sommet accessoire situé sur la crête, entre la pointe Loss et 
le Cérébriansky. 


Cette roche largement cristallisée et légèrement mélanocrate, est un type peu 
ouralitisé : La magnétite y est assez abondante. Le pyroxène légèrement verdâtre 
l'emporte de beaucoup sur la hornblende et forme presque à lui seul l'élément noir. 
La hornblende se trouve en facules dans le diallage, où forme à celui-ci une mince 
enveloppe. 

Feldspaths légèrement décomposés. 

1° Section perpendiculaire à l'axe A. 

Trace du plan sur SA — 20° } dv: : . 
PE à : ., : —= Voisin de l’Anorthite. 
Extinction de 1! — 48° | 
29 Section Sn, mâclée selon P. 
Extinction de 1 Sn, — 37° ) : 
; : Anorthite. 
> 1 — 192 
3° Section Sn, mâclée selon Ab. 
Extinction de 1 Sn, — 48° } 
3 ut —"Anorthite: 
1 — 4,9 | 


(95) 


478 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


N° 1118. Sommet principal du Cérébriansky. 


Au microscope. Magnétite ordinaire, Pyroxène très rare en noyaux empri- 
sonnés dans la hornblende. Amphibole très abondante et très polychroïque. 
Feldspaths remarquablement frais. 


1° Section Sn,, maclée selon Ab. 


Extinction de 1 Sn, — 37: : 
L 4 re Labrador-Bytownite, 
—— Y\0 


2° Section Sn, mâclée selon Ab. 
Extinction de 1 Sn, — 45° }) 


L' { — Anorthite, 


] 


S 4 Composition chimique et formule magmatique des gabbros ouralitisés. 


Analyse : 

N° 1122. N° 1118. Ne 1117. No 1105. 
SiO, 45,76 41,26 40,01 43,52 

DE QF 9() \ F7 
ALO, 23,85 20,09 23 94 | 17,50 
Fe,0, 3,80 6,10 5,77 
FeO 3,79 7,65 10,60 6,13 
Mn0O traces — —— — 
CaO 17,22 14,64 17,56 17,70 
Mg0 4,06 8,14 8,40 7,48 
K,0 0,15 0,16 — 0,39 
Na,0 2,41 1,68 — 1,28 
Perte au feu 0,32 0,89 0,06 0,75 

101,36 100,61 100,48 


N° 1122 — Gabbro ouralitisé facies leucocrate. 


NOTA — » » >  mélanocrate. 
No » » » très mélanocrate, 
NOUS » mélanocrate, à peine ouralitisé. 


(96) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 


479 


Pour calculer la formule magmatique nous avons pris la moyenne des analyses 


des N° 1122 et 111S qui représentent les deux facies extrêmes tous deux fortement 


ouralitisés : les résultats obtenus sont les suivants : 


SiO, 

Al,0, 
Fe,0, 

FeO 

Ca0 

Me0O 

K,0 

Na,0 

Perte au feu 


Moyenne brute. 


Moyenne ramenée 


à 100 parties. 


43:01 43,34 
—) ir 21,89 
05 495 
—= 5,72 3,70 
—15:9> 15,87 
—0. 010 6,08 
= 0,19 0,15 
—= 2,04 2,04 
— 0,60 == 

100,97 100,00 


Quotients. 


0,7223 
0) 
0.0308 | ue 
0,0791 | 
0.2834 ( 0,5145 | 
0.1520 
0,0016 
0,0329 | 


R,0 + RO — 0,5490 


Formule magmatique : SiO, 2,94: R,0, : RO 2,24. 


Coefficient z — 1,11. 


apport R,0 : RO — 1: 15. 


De toutes les roches de Koswinsky et de Tilaï, celle qui offre avec les gabbros 
ouralitisés la plus grande analogie au point de vue de la formule, est la diorite 
anorthite filonnienne précédemment décrite!, 


DL 1,04. 


R.0 : RO — 1: 13,8. 


Formule magmatique 3,14 SiO, : R,0, : 2,98 RO. 


En comparant l’analyse des types ouralitisés avec ceux qui ne le sont pas ou 


qui le sont à peine, on constate que pour des variétés également riches en élément 
noir comme les n° 1118 et 1105, il y a cependant une différence appréciable dans 
certains détails de la composition chimique. Les variétés non ouralitisées sont plus 


riches en chaux et plus pauvres en alumine et en alcalis. 


La formule magmatique calculée par l'analyse du n° 1105 est la suivante : 


! L. Duparc er K. PEarce. Recherches géologiques. Première partie, p. 172. 


(97) 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 84 (1905). 60 


480 LODIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 
Moyenne rapportée à 100 parties. Quotients. 
SSSR CE 0,7271 
ALORS 1755 0,1732 | 
Fe,O, — 5.79 0.0362 } 0,209#R°0; 
FeO  — 6,15 0.0854 | 
DORE 0,3170 ; 0.5899 RO | 
Me0O — 1.50 0.1875 | » 0,6139 RO + R,0. 
KO — 0,35 0.0033 } À 
NO 1.28 0.0207 | EURE 
100.00 


Coefficient d'acidité — 1,35. 
Formule 3,47 SiO, : R,0, : 2,93 RO. 
Rapport R,0 : RO — 1 : 24. 


$ 5. Considérations générales relatives aux gabbros ouralitisés 


et au phénomène de l'ouralitisation\. 


Dans les paragraphes qui précèdent, nous avons vu que la hornblende, si abon- 
dante dans les roches du Cérébriansky, n'est nullement primaire, et provient incon- 
testablement de l'épigénie partielle ou totale du pyroxène. Ce phénomène est-il 
commun à toutes les roches de Tilaï et faut-il considérer les gabbros ouralitisés 
comme un facies particulier de telle ou telle variété de celles-ci, ou bien au con- 
traire, doit-on voir dans la roche du Cérébriansky un type original, défini par des 
caractères qui lui sont propres et qui sont surtout constants. Cette question est im- 
portante à résoudre, car si cette dernière alternative se trouvait réalisée, il est 
évident que le phénomène d'ouralitisation, dans les conditions où il se présente 
chez les épigabbros du Cérébriansky, ne serait pas dû à une transformation acci- 
dentelle, mais proviendrait au contraire d'une cause primordiale qu'il s'agit de 
rechercher. 

Tout d'abord il est clair que les épigabbros n'ont rien de commun avec la 
tilaïite. Indépendamment des minéraux constitutifs, qui sont en partie autres, et 
de la structure qui diffère, il y a dans les deux roches une grande dissemblance dans 
la composition chimique. En effet, pour une teneur en silice qui est à peu près 


?L. Durarc er Ta. HorxuxG. Sur une nouvelle théorie de l'Ouralitisation. Comptes rendus. Juillet 1904, 


(98) 


7 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL AS] 


la même, soit de 45 °/, en chiffre rond, la tilaïte renferme deux fois moins d'alu- 
mine que les épigabbros : tandis que dans la première la magnésie égale et dépasse 
même en quantité la chaux, dans les seconds, pour une proportion de Ca0 
égale ou de 2 !/, supérieure à celle de la tilaïte, la magnésie se trouve en quantité 
presque trois fois plus faible, Ce qui vient d'être dit pour la tilaïte s'applique à 
fortiori aux pyroxénites et à la koswite. 

Les norites présentent, il est vrai, une grande analogie dans leur structure 
avec les épigabbros du Cérébriansky : cependant non seulement les minéraux cons- 
titutifs y sont en partie différents, mais encore les divergences que présente leur 
composition chimique avec celle des roches précitées est sensible. Les norites sont 
plus acides (30 °/, de SiO,) que les épigabbros, et malgré cela la proportion dalu- 


mine y est plus faible (19 ‘/, au lieu de 21,89). La chaux y est de 6 ?/, environ 


Ü 


inférieure à la quantité du même élément dans les épigabbros (11 ‘/, au lieu de 
15,87) et le rapport de la chaux à la magnésie n'est que de 2 à 1 au lieu de 3 à 1. 

Quant aux gabbros feldspathiques dont nous avons parlé précédemment, l’ana- 
logie de leur structure avec celle des épigabbros est manifeste, et abstraction faite 
de lamphibole, les minéraux constitutifs y sont identiques, cependant la compo- 
sition chimique diffère, et cette différence est imputable au premier chef à l'appari- 
tion de la hornblende. Les gabbros feldspathiques sont, en effet, pour une teneur en 
silice de 40 ‘/,, sensiblement moins alumineux et plus pauvres en alcalis que les 
épigabbros. 

Sans doute les épigabbros du Cérébriansky restent proches parents des gab- 
bros feldspathiques, mais 1ls possèdent cependant un caractère chimique spécial qui 
les distingué de ces derniers. Ce caractère est à nos yeux la conséquence directe 
du phénomène douralitisation, il n’est donc pas primordial, mais à été acquis au 
cours de la formation de celle-ci. Toute roche qui s'ouratilise voit sa composition 
chimique modifiée par ce fait, car il parait maintenant définitivement établi que la 
transformation du pyroxène en amphibole ne se fait pas par simple transposition 
moléculaire comme on l’a souvent prétendu, et qu'elle n’est pas davantage le résultat 
d’une modification chimique relativement insignifiante. L'ouralitisation du pyroxène 
entraine au contraire un changement radical de la composition chimique de la horn- 
blende qui en est le produit final de transformation: ce fait ressort à l'évidence de 
la comparaison des analyses des deux minéraux en question ; les précautions prises 
pour la purification du matériel d'étude, son abondance et l'exactitude apportée 
dans l'exécution des analyses par M. Hornung, ne laissent aucun doute sur la diffé- 
rente fondamentale de la composition de ces deux minéraux isolés de la même 
roche. 


(99) 


482 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


Pyroxène poids spécifique — 3.358  Hornblende poids spécifique — 3,213 

SiO, - 50,91 43,34 
ALO, - 2,64 12,60 
Fe,0, — 10,44 
FeO — "100" 7,92 
CaO ==" Ma 13.06 
Me0 —#11520 12,60 
RÉCEURE 0,02 
Na,0 | — — 1,90 

100,25 101,88 


Nous avons d'ailleurs constaté une différence absolument analogue dans la 
composition du pyroxène et de lamphibole provenant d’autres roches ouralitisées, 
notamment de celles du Katéchersky que nous avons précédemment décrites dans le 
premier volume de cet ouvrage: le phénomène parait donc très général. 

Les modifications essentielles subies par le pyroxène dans sa transformation en 
hornblende sont les suivantes : 

1. Diminution de l'acidité. 

2, Augmentation considérable de la proportion d’alumine. 

3. Départ d'une partie de la chaux. 
4. Oxydation partielle du fer ferreux en fer ferrique. 
>. Fixation d’une faible quantité d’alcalis. 

Le dimorphisme moléculaire du pyroxène et de lamphibole étant écarté 
d'emblée par les résultats de l'analyse, il s’agit maintenant de trouver une expli- 
cation qui soit satisfaisante pour l’origine de la hornblende. 

La très grande fraicheur des roches du Cérébriansky élimine immédiatement 
l'idée d’une transformation secondaire due au processus hydrochimique! ; nulle part 
en effet on ne rencontre des minéraux de décomposition dans les épigabbros : très 
rarement le feldspath y est kaolinisé et ceci d’une manière toute locale. D'ailleurs 
le phénomène d’ouralitisation est toujours fort net et circonscrit, le pyroxène non 
transformé est aussi frais que la hornblende, et là où il y a ouralitisation interne, 
lamphibole à un contour bien délimité et n'est pas entourée d’une zone d’altération 
périphérique avec variation de la biréfringence, prélude certain d'une décomposi- 
tion plus complète et prochaine du pyroxène avoisinant. 


! Dans un certain nombre de cas, l’ouralitisation peut cependant provenir d'actions secondaires mais 
la roche est alors décomposée, et la hornblende résultante a des caractères totalement différents de celles 
des épigabbros. 


(100) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 183 


L'ouralitisation ne doit donc pas être attribuée aux phénomènes secondaires, 
mais bien au contraire à une cause primitive, qui date sans doute de la toute pre- 
mière période de formation des roches de profondeur, qui à agi d’une maniere plus 
ou moins complète selon les cas, et dont l'action à pu être plus où moins localisée, 

Or l'examen d’un grand nombre de coupes de la roche du Cérébriansky montre 
à l'évidence que l’ouralitisation y est plus où moims intense et avancée: certaines 
variétés n'ont plus que de lamphibole, dans d’autres le pyroxène est relativement 
peu altéré, et cependant les échantillons sont souvent récoltés très près les uns des 
autres. La forme que présente l’ouralitisation parait d’ailleurs dépendre de la péné- 
trabilité plus ou moins grande du pyroxène; partout où il est complètement étan- 
che, l’ouralitisation est seulement périphérique ; partout où au contraire il existe à 
l'intérieur du cristal un lieu de moindre résistance, où un accident quelconque 
dans la structure, l'ouralitisation devient interne et se développe alors par taches 
bien circonscrites. Tout ceci indique évidemment la présence au moment du déve- 
loppement de l’ouralitisation d'une substance Huide, ayant une composition chimique 
qui lui permettait d'effectuer une modification profonde du pyroxène, et un état 
de la roche qui permettait une circulation plus où moins parfaite du fluide en 
question. 

Dans ces conditions, louralitisation des gabbros du Cérébriansky nous semble 
pouvoir s'expliquer comme suit: Le magma primordial d’où est issue la roche du 
Cérébriansky, à d’abord, par suite d’une première cristallisation, donné naissance à 
du pyroxène et à de l’anorthite. Avant la consolidation complète de la roche, alors 
que celle-ct était encore pateuse en quelque sorte et formée de cristaux restés en 
présence de leur bain générateur, un nouvel apport d'un caractère plus où moins 
feldspathique est venu modifier la composition de ce dernier. Tandis que les teld- 
spaths ont continué à cristalliser, le bain ainsi modifié a réagi sur le pyroxène 
déjà formé, en l'enrichissant en alumine et en le décalcifiant, ce qui à eu évidem- 
ment comme contre-coup une diminution de son acidité: puis en y fixant des 
alcalis. 

C’est done à une épigénie magmatique et profonde que nous attribuons le phé- 
nomène de l’ouralitisation, et cette épigénie est pour nous le résultat d'un nouvel 
apport ayant modifié la composition du bain résiduel dans un sens déterminé. 

Récemment M. Joukowsky ! dans sa thèse sur les Aiguilles Rouges, à émis 
cette idée que peut-être louralitisation du pyroxène des eclogites rencontrées dans 
cette chaine, pourrait être le résultat de lintrusion de filons granulitiques dans 


1 E. Jouxowsky. Sur les éclogites des Aiguilles Rouges. Thèse, Genève, 1902. 


(101) 


AS LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


des roches pyroxénitiques:; la granulite aurait été l'agent efficient de la transfor- 
mation, par suite de la nature même de son magma essentiellement feldspathique 
et acide et de ses minéralisateurs habituels. D'autre part nous avons déjà signalé 
dans les plagiaplites du Koswinsky, la présence de l'amphibole, mais généralement 
sur les salbandes des filons seulement, et rarement à l’intérieur de ces derniers. 
Or le milieu encaissant est ici exclusivement représenté par les pyroxénites, et il est 
très vraisemblable dans ces conditions que cette amphibole n'est pas primaire, 
mais résulte d’une assimilation partielle et incomplète des salbandes pyroxéniques 
avec épigénie subséquente du pyroxène. 

Il semble donc que dans ces différents cas, qu'il s'agisse de roches profondes ou 
de roches tilonniennes, le mécanisme de louralitisation reste analogue, et que c’est à 
la réaction d'un Huide acide et alcalino-alumineux sur le pyroxène déjà formé qu'il 
semble falloir attribuer le phénomène. Cette action peut se passer en profondeur 
pendant Pélaboration de la roche abyssale, où s'effectuer pendant la formation de 
filons hyperacides par réaction du magma sur un milieu approprié. 


CHAPITRE VII 


DESCRIPTION DES ROCHES DE TiILAÏ. 


$ 4. Généralités sur la formation lilonnienne., — K 2. Les dunites filonniennes, composition et struc- 
ture. — $ 3. La « garéwaile », minéraux constitutifs, structure et composition chimique. — 


$ 4. Les berbachites et leurs formes de passage aux microgabbros, (berbachites à olivine). 
$5. Les diorites-pegmatites à hornblende, minéraux, structure, composition, et différentes 


variétés. 
S 1. (rénéralités sur la formation filonnienne. 


Les roches filonniennes sont aussi nombreuses et variées au Tilaï qu'au Kos- 
winsky: certaines d’entr’elles, les pegmatites par exemple, traversent indifférem- 


(102) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL Rh] 


ment toutes les roches de profondeur, d'autres au contraire sont exclusivement 
localisées dans tel ou tel type, parmi ceux que nous avons décrits. Les filons de Tilaï 
appartiennent tous à des types relativement très basiques, les variétés acides 
comme les albitites, les granulites à plagioclases, ou encore les plagiaplites, rencon- 
trés dans la dunite massive du Koswinsky où dans les pyroxénites, font ici complè- 
tement défaut: la dunite de Poloudniéwaïa ne comporte pas d’ailleurs de venues 
tilonniennes ". 

Les filons de ces différentes roches sont souvent directement visibles comme 
tels: les dunites notamment, grace à la croûte d’oxydation dont elles se recouvrent, 
se distinguent au premier coup-d'œæil, et on peut même retrouver la place exacte du 
filon par la couleur des blocs des éboulis dispersés sur les pentes. Dans d’autres 
cas cependant, le sol étant complètement recouvert de blocs enchevêtrés, produits 
d'un démantellement sur place de la roche sous-jacente, il est impossible de distin- 
guer nettement le filon, et c'est seulement par la structure particulière de la roche, 
et surtout par la différence qu'elle présente avec celle qui forme le milieu environ- 
nant sur une certaine étendue, que l’on peut reconnaitre son caractère réellement 
filonnien. 

Les duuites sont de toutes les roches filonniennes les plus répandues, leurs 
innombrables filons se rencontrent indifféremment dans les tilaïtes ou les pyroxé- 
nites, voire même dans les gabbros: les plus beaux filons se trouvent dans le ravin 
des sources de (raréwaïa et aussi sous la pointe de Palnitschnaïa. 

Les berbachites sont assez fréquentes ; elles se trouvent de préférence dans la 
tilaïte ou dans les pyroxénites. A côté du type classique de Beerbach, il existe des 
variétés à olivine et à tendance porphyrique, qui passent aux micro-gabbros à 
olivine du Pharkowsky-Ouwal. 

A côté des berbachites et des dunites, on trouve une roche qui parait rare 
d’ailleurs, et qui est d’un type nouveau: nous lui avons donné le nom de «+ garé- 
waite >. 

Elle est formée d’une association panidiomorphe grenue d’olivine et d’un felds- 
path sans doute très basique, mais toujours kaolinisé, avec développement de phéno- 
cristaux de pyroxène. 

Les pegmatites, enfin, sont très banales, et présentent plusieurs variétés, dis- 
tinctes principalement par la dimension des éléments constitutifs, comme aussi par 
les caractères de la hornblende. 

? Ces filons acides dans la dunite massive, paraissent cependant un phénomène très général. M. L. 


Dupare, dans une exploration faite en 1903 dans le bassin de la rivière Wagran, en a rencontré de 
nouveaux, différents de ceux du Koswinsky, et qui seront décrits ultérieurement. 


(103) 


486 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


S 2. Les dunites filonniennes, composition et structure. 


Au Koswinsky nous avons trouvé deux types de dunites filonniennes : l’un 
parfaitement identique à celui de la même roche profonde; l’autre essentiellement 
différent, caractérisé par le développement de la magnétite sidéronitique. 

Au Tilaï les variétés sidéronitiques n’ont pas été rencontrées, par contre les 
dunites normales montrent une grande uniformité dans leur structure et dans leurs 
minéraux constitutifs. 

Ces derniers sont, comme d'habitude, représentés exclusivement par lolivine 
et Le fer chromé, L'olivine est parfaitement incolore et présente les propriétés opti- 
ques ordinaires à ce minéral : le signe optique positif; la dispersion , CV et un angle 
des axes 2V de 84 à 85°. La biréfringence #,-n, — 0,035, ce chiffre est absolument 
constant. 

Le fer chromé est plutôt rare et se trouve toujours en petit octaèdres isolés 
parmi les grains dolivine. 

La structure est panidiomorphe grenue; la dimension des grains d'olivine est 
assez variable. Dans la règle, ceux-ci 
sont d'assez grande taille et direc- 
tement pressés les uns contre les 
autres: les grains de chromite beau- 
coup plus petits, sont dispersés çà et 
là parmi les péridots; ce type est 
alors absolument identique à celui 
de la dunite massive, on le trouve 
réalisé par exemple dans la roche qui 
forme le puissant filon visible sous 
la pointe de Palnitschnaïa. 

D'autres fois les grains d’oli- 
vine sont beaucoup plus petits et ne 


dépassent pas 0,4 à 0,6" contre 
Dunite filonnienne de Garéwaia. Coupe n° 160. Gros- Es La \ 
sissement — 13 diam. Lumière naturelle. La coupe mon- 2-3m dans le cas ordinaire. La struc- 


tre les octaèdres de chromite disposés dans une masse ture est panidiomorphe grenue ty- 


grenue formée par les grains d'olivine, avec un cristal de É ; à : 
cet élément développé porphyriquement. pique; çà et là un cristal de plus 
grande taille se développe dans la 
masse grenue, Ce type est fréquent dans la dunite filonnienne de Garéwaïa. 


(104) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 187 


L'olivine est toujours plus ou moins fortement serpentinisée selon les cassures: 
l’antigorite qui en résulte est de couleur verdatre et présente les caractères opti- 
ques que nous avons longuement décrits dans notre premier volume. La serpentini- 
sation parait parfois être en rapport avec un écrasement dynamique manifeste que 
l’on observe sur les cristaux, les rubans d’antigorite sont alors alignés plus où moins 
parallelement. 

On a souvent reproché à la classe des roches filonniennes un caractère absolu - 
ment artificiel ; la dunite peut servir d'exemple à citer à ce point de vue ; Poil Le plus 
exercé ne saurait, en effet, reconnaitre sur le terrain comme aussi sous le micros- 
cope où à l'analyse, la plus petite différence entre la dunite filonnienne et Ta dunite 


massive de profondeur. 


S 3. La « garéwaite >», minéraux constitutifs, structure et composition chimique. 


La roche que nous appelons garéwaite est mélanocrate et d'aspect porphyrique. 
A l'œil nu, on y distingue des phénocristaux d'un élément noir dont la dimension 
atteint et dépasse S millimètres, qui sont dispersés dans une masse finement grenue 
de couleur gris-foncé, A la loupe, on voit que cette masse qui constitue une pate, est 
entièrement cristallisée et formée de petits grains de feldspaths blancs, 1rrégulie- 
rement mélés à des grains de couleur plus foncée, verdâätre ou noirâtre, qui paraissent 
être de lolivine, et qui sont considérablement plus abondants que les feldspaths. 

Sous le microscope les minéraux qui entrent dans la composition de cette 
roche sont : La magnétite et le spimelle vert, lolivine, le pyroxène, l'amphibole 
et les feldspaths. 


PHÉNOCRISTAUX 


Les phénocristaux sont exclusivement représentés par le pyroxène, dont le 
contour est généralement corrodé sans formes géométriques, et présente une struc- 
ture zonaire très caractéristique, Les zones sont régulières, on y reconnait les pro- 
fils de l’augite. En lumière naturelle le pyroxène est légèrement brunatre ; on y 
remarque les clivages » — (110), plus rarement k! — (100). Les cristaux renfer- 
ment deux sortes d'inclusions : 

1° Des grains de feldspath, d’olivine et de magnétite, qui sont identiques à ceux 
qui constituent la pate. 

20 Des inclusions lamellaires ou en petits grains d’un minéral ferrugineux, 
opaque, qui s’intercalent ordinairement parallèlement au clivage L!=— (100), où qui 

(105) 


MÉM. S00, PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 84 (1905). 61 


488 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


s’entrecroisent selon deux systèmes conjugués en formant un treillis ferrugineux, 


qui, par sa disposition, rappelle celui de la mâcle du microcline. 


Ces inclusions peuvent devenir si abondantes qu’elles obsenreissent tetalement 


le minéral sur lequel il est impossible alors de déterminer les propriétés optiques. 


Souvent elles remplissent régulièrement le cristal, d'autres fois elles soulignent la 


disposition en zones concentriques, d’autres fois encore elles dessinent par leur 


groupement la forme dite en sablier à l'intérieur du phénocristal. 


Les propriétés optiques de ce pyroxène sont les suivantes : 


Le plan des axes est parallèle à g! — (010), l'extinction sur cette face oscille 


entre 38 et 40° ; le signe optique est positif, l'angle 2V dépasse 50°. 


Deux biréfringences principales mesurées directement ont donné : 


1° lo == 0,025 


DA Ng-p = 0,024 


Ny-lm = 0,022 


Ny-lm — 0,018 


Ce pyroxène appartient évidemment à la série des diallages. 


PATE 


La pate entierement et largement cristallisée, présente une structure pani- 


Garéwaite de Garéwaia. Coupe n° 168. Lumière na- 
turelle, les feldspaths kaolinisés ont été reconstitués et 


supposés dessinés en lumière polarisée. I 


» 


= pyroxène, 


O — olivine. F — feldpaths. Les grains opaques sont de 


la chromite, 


diomorphe grenue typique. Les élé- 
ments constitutifs sont absolument 
isométriques et de taille relativement 
erande, Cette structure panidiomor- 
phe contraste avec celle de certaines 
variétés de tilaites à grain fin et d’as- 
pect porphyrique, chez lesquelles les 
phénocristaux de pyroxène ont sen- 
siblement les mêmes caractères que 
ceux dela garéwaite, mais où la struc- 
ture est toujours cryptique et par- 
tant différente. 


MAGNÉTITE ET CHROMITE 


La chromite est assezabondante 
et se présente en petits octaèdres 
isolés. Nous attribuons à la magné- 


tite des petites plages sidéronitiques très localisées et faisant ciment entre deux 


(106) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L OURAL 189 


ou trois cristaux idiomorphes d'olivine, plages qui renferment çà et là un grain 
de spinelle vert. 


OLIVINE 


C'est l'élément prépondérant de la deuxième consolidation; il présente d'ail- 
leurs les mêmes caractères que dans la dunite, notamment dans la dunite filon- 
nienne à tendance porphyroïde. Ses grains, parfaitement transparents et inco- 
lores, renferment cà et là un petit cristal de chromite. Les propriétés optiques de 
l'olivine sont normales, les trois biréfringences mesurées directement, ont été trou- 
vées de : 


np —= 0,037 nn 0019 Nain — 0,017 


PYROXÈNE 


Le pyroxène est assez rare parmi les éléments de la seconde consolidation : on 
en rencontre quelques petits grains idiomorphes., aux formes raccourcies, ayant le 
même clivage et les mêmes propriétés que les phénocristaux, mais toujours dé- 
pourvus d'inclusions. 


FELDSPATHS 


Ils viennent en second après l'olivine, mais sont considérablement moins abon- 
dants: ils se rencontrent également en grains idiomorphes.Il est impossible de pré- 
ciser le caractère du feldspath. par le fait qu'il est complètement kaolinisé et mé- 
connaissable: il est cependant certain, par analogie avec ce que nous avons pu voir 
dans d’autres roches filonniennes assez analogues, que la variété était très basique 
et appartenait sans doute au groupe des Labrador-Bytownite et Anorthite. 


COMPOSITION CHIMIQUE 


Nous avons analysé cette curieuse roche pour comparer sa composition avec 
celle des diverses roches filonniennes basiques dont il sera question. 

Cette analyse, faite en double comme toujours, a donné les résultats suivants, 
qui sont la fidele expression de la composition minéralogique que nous avons indi- 
quée. 


(107) 


490 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


Analyse de la garéwaite (N° 168). 


Analyse brute !. Analyse ramenée à 100 parties. 
SiO, — 1 42;61 49:55 20709 
ALO, —= 3,60 SO 00) 
Cr.O, — 3,04 3,02 0,020? 0,090 R,0, 
Fe.O, — 5,69 565 20039 
Fe0 — 8,48 SAM ONIINT | 
CaO — 11,41 11,33 0,202/ 0,930 RO | 
MeO 024700 94,43 0,611 \ \ 0,943 R,0 RO 
K,0 — 10210749 0,41 0,004! 0.013 B.0 
Na,0 — 1 A0:61 0,61 0,009 | ; 


Perte au feu — 1.80 — 
102.49 100.00 


Coefficient d'acidité 3 = 1,11. 
Formule magmatique 7,8 SiO, : R,0, : 10,5 RO. 
Rapport R.0 : RO — 1 : 71. 


S 4. Les berbachites et leurs formes de passage aux microqabbros. 


Les berbachites sont des roches mélanocrates, finement grenues mais non 
aphanitiques, de couleur noiratre où grisatre; le feldspath y est très uniformément 
réparti parmi l'élément noir. La roche est généralement aphyrique, cependant 
quelquefois le pyroxène et l'olivine peuvent s'y développer porphyriquement, la roche 
passe alors aux microgabbros que nous avons décrits précédemment. 

Sous le microscope les minéraux constitutifs de la berbachite de Tilaï sont : 
la magnétite, le pyroxène monoclinique, l'hypersthène, l'olivine, la biotite, la horn- 
blende et les plagioclases basiques. 


MAGNÉTITE 


Elle se rencontre en grains idiomorphes comme aussi en petites plages sidé- 
ronitiques réunissant localement quelques grains de pyroxène, 
1 Dans la note publiée antérieurement à l’Académie des Sciences sur la garéwaïte, une erreur de trans- 
cription nous fait donner pour Al:03 4,60 au lieu de 3,60 et pour Crz03 4,04 au lieu de 3,04. 


(108) 


RECHERCHES PÊTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 491 


PYROXÈNE MONOCLINIQUE 


Il forme l'élément principal. Les cristaux sont raccourcis, les clivages 
m — (110) y sont nets, le clivage 4! — (100) rare; la mâcle selon 2! (100) n'a 
presque pas été observée. En lumière naturelle il est verdatre, ses propriétés op- 


tiques sont résumées dans le tableau suivant : 


Tableau des propriétés optiques du pyroxène. 


Numéro 


de la coupe. Ney Nam Mn Extinction. Observations. | 
| | 
| 0.021 0.015 0.004 36° ? Mauvais clivages. 
\ 0,022 0.016 0,003 _ id. 
| 1145 0,024 0.18 0.003 he id. 
| ILE 0,18 0,004 — | id. 
= O.1S — — | id. 
0.026 0.020 — 40° Clivage k! assez bon. 
1656. | 40.025 0,019 — 49° — 
| (RES 0.021 es =. Le 


Le signe optique est positif, l’angle des axes optiques est petit, mais n’a pas été 
mesuré faute de section bien centrée. 

Ces chiffres montrent qu'il existe dans les berbachites plusieurs termes de la 
série augite-diallage ; l'apparition de types augitiques est sans doute liée à celle 
du feldspath. Dans les variétés où le pyroxène se développe porphyriquement, ses 
propriétés optiques restent identiques, mais le minéral est fréquemment saturé d'in- 
clusions opaques ferrugineuses. 


HYPERSTHÈNE 
Ce minéral est très rare, il en existe une ou deux sections seulement, que nous 


avons diagnostiquées par leur polychroïsme sans pouvoir établir de caractères opti- 
ques plus serrés faute de matériel. 


OLIVINE 


L’olivine joue un role très subordonné à celui du pyroxène, on en trouve çà et 
là quelques rares petits grains incolores et craquelés: elle peut cependant parfois 
se développer porphyriquement. Les propriétés optiques de ce minéral sont nor- 
males. 


(109) 


199 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


BIOTITE 


La biotite n'est jamais abondante, mais par contre très constante dans les 
berbachites. Elle s'y rencontre en toutes petites lamelles développées toujours au 
contact d'un grain de magnétite. Souvent cette biotite forme une sorte d’auréole 
autour du fer oxydulé. Elle est toujours tres colorée, avec polychroïsme intense dans 
les teintes suivants : 29 — rouge-brun foncé, #p — presque incolore; s'éteint à 0° du 
clivage p — (001), puis est rigoureusement uniaxe négative. 


HORNBLENDE 


Elle est plus rare que la biotite, et se présente dans les mêmes conditions, 
c’est-à-dire qu'elle forme une auréole autour de la magnétite lorsque celle-ci est 
incluse dans le pyroxène. Cette hornblende est peu colorée; sa rareté ainsi que la 
petitesse des sections empêchent d'en déterminer les propriétés d’une manière 
complète. Elle est négative, avec un polychroïsme comme suit : 


n, — brunâtre sale. "y, = brun-jaunâtre très pale. 


FELDSPATHS 


Les feldspaths sont parfois complètement kaolinisés où au contraire absolu- 
ment frais. [Is sont maclés selon l’albite, Karlsbad ou la péricline. Les variétés sont 
généralement basiques et correspondent à la série des labradors où labradors- 
bytownites. Il est probable d'ailleurs que la nature des plagioclases varie passable- 
ment selon que les spécimens sont plus où moins mélanocrates. Voici, à titre d'exem- 
ple, quelques déterminations faites sur une variété très mélanocrate, avec olivine,. 
(N° 1145). 


1° Section Sn, maclée selon Ab. 


Extinction de 1 Su, — —— 30 
r { — Labrador Ab, An. 


1!  ——7 du même côté que 1 \ 


2" Section Sn, mâclée selon Karlsbad. 
Extinction 1 Sn, — 54° } 

: : 8 D LE) AE PA 

à 290 À Labrador Ab, An. 


>» À LD: 


4 


3° Section perpendiculaire à lPaxe optique A mäclée selon Karlsbad. 
Trace du plan des axes sur 1 SA — 25° | — Labrador-By- 


2 — 20° du même côté que 1 \ townite. 
La lamelle 2 est voisine d’un axe optique. 


(110) 


STRUCTURE 


La structure est panidiomorphe 
orenue : les éléments blancs et noirs 
sont uniformément mélés, localement 
cependant un ou deux cristaux de 
pyroxène sont reliés en plages par de 
la magnétite. 


Dans les variétés à tendance 


porphyroïde, les phénocristaux sont 


toujours rares, On en trouve un ou PA) | 2 
] ; & A GA 
deux seulement par préparation; ces S US 
KE 
22 
alors aux microgabbros que nous Berbachite à olivine avectendance porphyroïde. N° 1145. 
Lumière naturelle, les feldspaths en lumière polarisée : 


variétés porphyriques s'acheminent 


avons décrits antérieuremeut à pro-  ÿ — gjivine. P— pyroxène. F — Plagioclase. La magné- 


pos du Pharkowsky-Ouwal. tite est représentée par les grains opaques. 


Composition chimique : 


Analyse du N° 165.  Ramenée à 100 parties. 


Si0, — 46.93 46.25 0,770 

ALO, — 11,53 11,66 0,114 | ue 

Fe.O, == 7,58 7,47 0,046 | GAGO RES 

FeO = 6.03 5,94 0.082 

Ca0 = 13,26 13.07 0,235 l 0,617 RO | 

Mg0 —: 12,28 12,10 0,302 | 0,670 R,O+RO 
SEA — DS 3,08 0.049 ) 0.053 R.O | 

K,0 == 0,44 0,43 0,004 | : 

Perte au feu — 0,92 — 


102,39 100,00 

Coefficient d’acidité 3 — 1,345. 

Formule magmatique : — 4,8 SiO, : R,0, : 4,2 RO. 
Rapport R,0 : RO — 1: 11,6. 


La berbachite de Tilaï est, comme on le voit, plus mélanocrate que celle clas- 
sique de Beerbach, elle se rapproche déjà plus de celle de Monhegan Island ana- 
lysée par E. C. E. Lord. 

(111) 


194 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


I Il II 
Si0, = 16,95 47,21 46,29 
A1,0, — 11,83 20,52 17,16 
Fe.0, _ 7,58 7,48 9 57 
FeO — 6,03 92 9,87 
Ca0 = 13,26 8,60 12,04 
Me0 = 12.28 4,16 TENTE) 
K,0 — 0,44 0,33 0,16 
Na,0 — 912 ON 2,21 
Perte au feu — 0,92 0,34 0,51 

102,39 29915 98,60 


1° Berbachite de Tilaï. 
2 Berbachite de Berbach (en plus 0,46 P,0,; et 0,19 Fes,). 
3° Berbachite de Monhegan (en plus 1,21 de Ti0,). 


La berbachite de Tilaï est donc un type plus basique que ceux connus jusqu'à 
ce jour, ce qui n'a rien d'étonnant d'ailleurs, étant donné les relations qui lient la 
roche fillonnienne avec celle massive qu’elle traverse, La tilaïte en eftet représente 
évidemment le terme le plus basique de la série des gabbros à olivine, il n’y a des 
lors rien d'étonnant à ce que la berbachite qui la traverse affecte le même caractère 
de basicité. 

Nous avons d'ailleurs rencontré des types plus basiques que le n° 165 b, ce 
sont notamment les variétés à olivine qui ont la tendance porphyrique. 

Une analyse incomplète d’une roche de ce genre (n° 1145) nous à donné 
510, — 40,202}; (Fe;ALO.) — 28,09 Ca0 — 1496 Ms0'—13;03: 


S 5. Les diorites-peymatites à hornblende, minéraux, structure, composition 


et différentes variétés. 


Les filons de pegmatites se rencontrent très souvent dans la chaine du Tilaï- 
Cérébriansky, ils traversent indifféremment les diverses roches éruptives massives 
que nous avons décrites, mais se trouvent plus particulièrement dans les pyroxé- 
nites, les gabbros et les tilaïtes. Il est rare de rencontrer les filons en place dans la 
roche encaissante vu la nature du sol, mais on voit fréquemment des blocs de ces 
pegmatites dans les pierriers provenant du démantellement x situ, comme aussi 

(112) 


Er 


4 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 195 


dans les éboulis des pentes où encore dans les alluvions de certaines rivières qui 
s’amorcent sur la chaine. 

Nous avons trouvé les pegmatites à hornblende dans la partie supérieure de 
l'entonnoir de Garéwaïa, puis sur les pentes qui dominent les sources de M. Kanja- 
kowskaïa. sur les chainons latéraux Bet C, et enfin dans la partie supérieure de Ja 
vallée de Poloudniéwaïa. Là nous avons,observé en place, encaissé dans les prro- 
xénites, un gros filon dirigé nord-sud de pegmatite, filon qui mesure plus de 1,30 m. 
d'épaisseur et qui se continue sur une grande distance, car on en retrouve en effet 
des traces à la base du Kanjakowsky, et d'autre part nous avons vu les mêmes ro- 
ches en gros blocs anguleux dans les alluvions de M. Kanjakowskaïa. 

Ces pegmatites sont caractérisées par la dimension parfois gigantesque de leurs 


, 


éléments constitutifs, les cristaux de hornblende y mesurent jusqu'à 30 centimètres 
de longueur et 5 à 6 centimètres d'épaisseur; c'est le cas notamment pour les 
pegmatites de Poloudniéwaïa. À Graréwaïa les éléments constitutifs sont plus petits. 
néanmoins les amphiboles atteignent encore 7 à S centimètres. Les pegmatites à 
hornblende sont toujours très altérées, les feldspaths profondément kaolinisés y sont 
presque indéterminables: d'autre part la dimension des minéraux rend leur étude en 
coupe mince fort difficile vu la rareté des sections utilisables, 

Les éléments constitutifs des pegmatites sont: apatite, sphène, hornblende, 
biotite, plagioclases et quartz, les minéraux secondaires sont la magnétite, Pépidote, 


la chlorite, le mica blanc et le kaolin. 
APATITE 


L'apatite est particulièrement abondante dans les pegmatites, elle S'y présente 
en gros cristaux mesurant jusqu'à un millimètre, toujours allongés suivant la zone 
prismatique. D'habitude ils sont formés par la combinaison de la base p — (0,001) 
avec le prisme » — (1010), cependant on trouve ces mémes faces en combinaison 
avec la pyranide b!— (1011), dans ce cas la base est réduite, Les sections sont 
d'habitude craquelées, elles renferment de très petites inclusions noiratres, puis ça 
et là un fragment de feldspath kaolinisé. L'apatite est uniaxe négative, avec biré- 
fringence ordinaire. | 

SPHENE 
Le sphène est au contraire rare, et se rencontre en petits grains de couleur 


brunatre, qui possèdent les caractères optiques connus. 
HORNBLENDE 
La hornblende existe en partie égale avec l'élément blanc. Les cristaux très 


(ls) 


MÉM. SOC, PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL, #84 (1905), 62 


496 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


allongés suivant la zone du prisme, présentent les combinaisons m — (110) L! — 
(100) et très rarement g! — (010); les clivages »# sont normaux, les mâcles h' 
rares, Les propriétés optiques sont les suivantes : 

L'allongement est positif, la bissectrice aiguë négative. 

Le polychroïsme est intense et comme suit : 

n, — vert brunâtre foncé », — vert brunâtre pâle  #, — brun très pâle, 

La coloration de la hornblende est très irrégulièrement distribuée, elle parait 
souvent comme marbrée de taches plus pigmentées : on y voit également de petites 
taches noirâtres qui ressemblent aux inclusions du diallage. 

Quelquefois les cristaux de hornblende vert brunätre s’entourent d'une auréole 
plus claire d'un beau vert d'herbe, à polychroïsme plus aceusé, et dont la biréfrin- 
vence est également plus élevée ; cette auréole à sans doute une composition éhimi- 
que un peu différente de celle du noyau. 

La hornblende de Poloudniéwaïa a été isolée par M. Hornung, élève du labo- 
ratoire de chimie analytique, et analysée par lui. 

Les résultats de cette analyse sont les suivants : 


Analyse de la hornblende de la pegmatite de Poloudniéwaïa : 


SiO, == 45,22 
ALO, = 9,23 
Fe,O, — . ) 
FeO _ 18,89 
Ca0 — 15,96 
IMgO — 12,99 


A côté de la hornblende dont nous venons de décrire les caractères, nous avons 
rencontré dans les pegmatites dont il s’agit, une autre hornblende en cristaux beau- 
coup plus petits et moins allongés, qui se distingue également par une couleur et un 
polychroïsme différents. Les propriétés optiques de cette hornblende sont en eftet 
les suivantes : Sur g! — (010) l'extinction se fait à 18°, la bissectrice aiguë et néga- 
tive, les biréfringences et les indices ont les valeurs suivantes : 


! Les alcalis et la perte au feu non dosés. 


(114) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 197 


Tableau des indices et des biréfringences de la hornblende. 


Numéro Orientation | INT 
de la coupe. de la section. le Im Hp Ney LP LE Nm p 
| 
|. 1093 Sn,  (}1,6816 | 1,6709 | 1,6580 | 0,0237 | 0,0108 | 0,0129 
| ll 1,6819 | 
1 


Le polychroïsme est alors dans les teintes suivantes : 
ñ, — brun foncé nn — brunûtre ñ, —= brunatre très pale. 


Cette hornblende a été également séparée et analysée, sa composition est la 
suivante : 


Analyse du N° 1093. 


SiO, 49,52 
ALO, 12,92 
Fe,0, 10,26 
FeO S.09 
Ca0O 15.82 
!Mg0O 12,66 


MICA NOIR 


Il est plutôt rare, on en rencontre une ou deux sections déchiquetées, qui sont 
alors uniaxes négatives avec polychroïsme suivant : 


n, — brun rougeatre très foncé ñ, — brun très pâle. 


La biotite est entièrement indépendante de Ja hornblende. 


FELDSPATHS 


JIS sont d'habitude complètement koalinisés et absolument indéterminables 
d'autant plus que la dimension des individus rend le nombre des sections utilisables 
très petit. On observe presque toujours que ces feldspaths. lorsqu'ils sont encore 
frais, sont constitués par deux zones distinctes à savoir: Un noyau interne et une 
bordure périphérique. Le noyau est toujours plus biréfringent que la bordure, mais il 
est par contre fortement décomposé tandis que celle-ci est toujours fraiche. 


! Alcalis et perte au feu non dosés. 


(115) 


198 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 

Tous deux sont maclés selon lalbite, mais les lamelles du noyau sont plus lar- 
ses que celles de la bordure, ce qui indique déjà une teneur plus basique. Sur le 
noyau une double détermination à donné : 


1° Section Su, maclée selon Ab. 


Extinction sur 1 Sn, — 42 HEAR 
L' ot ANPTIDITORTONU 
== D] 
2 Section Sn, maclée selon K. 
Extinction de 1 Sn, — + 32 


2 — 30 


— Labrador Ab, An,. 
2 est voisin d'un axe optique. 
Sur la bordure. 
Section Sn, maclée selon Ab et P. 
Extinction de 1 Sn, pour Ab — + 16 


1 — We s 

2 — Andesine, 
l NET 0) 
1e > + 70: 


Comme on le voit, le centre altéré est constitué par une plagioclase très basi- 
que du groupe Labrador-Anorthite, la bordure est acide et représentée par des ter- 
mes de la série des andesines qui paraissent, génétiquement parlant, plus récents. 


QUARTZ 


Il est tres subordonné aux éléments feldspathiques et forme ça et à quelques 
petites plages calées entre les cristaux de feldspath. Les propriétés optiques sont 
ordinaires, la croix noire se disloque légèrement par rotation de la platine du micros- 
cope. 

MINÉRAUX SECONDAIRES 


ÉPIDOTE 


Elle se trouve en petits grains ou en prismes légerement colorés et toujours 
polychroïques. L'allongement des cristaux est de signe variable. Sur la section pa- 
rallèles à »,-», l'angle d'extinction est de 32°, le signe optique est négatif, quant 
à la biréfrmgence »,-n, mesurée directement elle est 0,0347. 

Le polychroïsme se fait dans les tons suivants : 

ñ, — Jaune citron légèrement brunatre. 
#, — brun très pale. 


(116) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 199 


L'épidote se rencontre dans les feldspaths, principalement au contact de Ja 
hornblende. 


MICA BLANC 


Ce minéral se présente en jolies et très petites lamelles mcolores, très biréfrm- 


ventes, biaxes et négatives. 
CHLORITE 


La chlorite forme quelques grandes lamelles tres colorées d'un beau vert bleu, 


qui s'éteignent à 3 du clivage p — (001), et qui sont fortement polychroïques 
avec : 


n, — vert bleuätre  », — brun pale légèrement rosé. 


La biréfrmgence »,-7, mesurée directement à été trouvée de 0,003$, le miné- 


ral est uniaxe négatif. Ces divers caractères concordent avec ceux de la Pennine. 


ÉLÉMENTS FERRUGINEUX 


On trouve également quelques amas d'un minéral ferrugineux qui est sans 
doute de la magnétite et qui provient de la décomposition complète d'un silicate 
ferro-magnésien ; puis quelques grains d'hématite. 


STRUCTURE 


La structure gigantoplasmatique est celle caractéristique des pegmatites. Les 
éléments ferro-magnésiens et feldspathiques sont disposés péle-méle, les premiers 
généralement de plus grande taille que les seconds; il n'y à pas pénétration des 
deux éléments conme dans les pegmatites graphiques. 


COMPOSITION CHIMIQUE 


La dimension des éléments rend une analyse en bloc difficile mais non impossi- 
ble, À cet effet, on a pulvérisé un gros fragment d’une pegmatite de Garéwaïa dans 
laquelle la hornblende n'avait que quelques centimètres, c'est sur la poussière ainsi 
obtenue que l'analyse à été faite !. 


1 S. Pérrorr. Thèse. 


(117) 


300 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


Analyse du n° 170 à (GaréwWaïa). 


SIU, 0019 00 00 0,780 

AL,0, = 21,93 22,40 0,219 ee 

Fe, à = 3,82 > 2820024 R30; 

FeO — 5,54 D,67 0,0787 “ 

MeO NEA OUI es RO | 

rit — 012 0615 20 36 0,4777 R.0 + RO 
K,0 — DNA 2,26 0.024 : 

Na,0 — 0,43 0,44 0,007) VAL RO 

Perte au feu — 2,16 — 


100,07 100.00 


Coeflicient d’acidité 3 — 1,27 
Formule magmatique 3,21 SiO, : R,0, : 1,96 RO. 
Rapport R,0 : RO — 1 : 14,3. 


En comparant cette formule avec celle des roches précédemment décrites, il 
est aisé de voir qu'elle se rapproche absolument de celle assignée par l'analyse 
aux gabbros ouralitisés de Cérébriansky, que nous donnerons ici à titre de compa- 
raison. 


— 1 11;,9, 08 SI0 RO 2 IARO RO RO AA? 


Différentes variétés observées. 


Les pegmatites à hornblende sont généralement très uniformes de structure et 
de composition: c'est le type gigantoplasmatique de Poloudniéwaïa qui prédomine, 
et les différentes variétés ne se distinguent que par la dimension de leurs éléments 
constitutifs, ceux-ci étant, minéralogiquement parlant, absolument identiques. II 
existe cependant certaines variétés curieuses qui différent un peu de la regle géné- 
rale, Tel est le cas, par exemple, pour une pegmatite que nous ne connaissons pas 
en place, mais qui a été rencontrée aux sources de B. Kanjakowskaïa dans les allu- 
vions, Celle-ci présente une structure plus où moins parallèle dûe à orientation de 
la hornblende qui y est de dimension notablement inférieure à celle de la hornblende 
des pegmatites ordinaires. La roche est d’ailleurs absolument mélanocrate, et la 
hornblende parait différente à première vue. Sous le microscope, en eftet, cette 
hornblende est la variété brune précédemment indiquée et dont les caractères ont 


(IIS) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL »01 


déjà été donnés. La structure microscopique de la roche est alors toute différente : 
de gros cristaux de hornblende entourés d’une grande quantité de cristaux de beau- 
coup plus petite dimension, gisent péle-méêle parmi l'élément feldspathique qui est 
ici complètement kaolinisé et plutôt rare. 

Dans la région des sources de B. Katécherskaïa, à l'endroit où la rivière com- 
mence à s'encaisser à une assez grande distance en aval du fond du cirque rocheux 
qui sert de bassin de réception, nous avons trouvé dans des gabbros dont les él6- 
ments constitutifs paraissent légèrement orientés, une grande quantité de filons 
minces d'une pegmatite blanche à petits éléments. Ces filons dont l’épaisseur ne dé- 
passe pas m. 0,50, paraissent produire dans la roche qu'ils traversent une méta- 
morphose évidente à leur contact. La disposition rubannée des gabbros disparait, et 
sur une épaisseur de plusieurs centimètres la roche encaissante devient compacte. 
finement grenue et verdâtre, tandis que le gabbro traversé est lui-même grossière- 
ment grenu. 

L'examen microscopique montre que la pegmatite est absolument distincte de 
la roche verte grenue de son contact; on pourrait penser @ priori que celle-ci 
provient d'une séparation et d’une concentration de l'élément noir sur les salbandes 
des veinules, mais il n’en est rien, et cette zone verte apparait au premier chef 
comme le résultat d'un métamorphisme local exercé par la pegmatite sur le milieu 
traversé. 

En effet, sous le microscope, la pegmatite est exclusivement constituée par des 
plagioclases maclés selon l'albite, qui appartiennent à la série des andesines. 

La roche verte est formée d’une multitude de cristaux verts de hornblende 
de petite dimension, qui présente tous les caractères du même minéral dans les 
gabbros ouralitisés. 


(119) 


302 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


CHAPITRE VII 
LA PROVINCE PÉTROGRAPHIQUE DU KOSWINSKY-TILAÏ. 


$ 4. Tableau des formules magmatiques de la série des roches abyssales étudiées, et observations 


qui se dégagent de son examen. — K 2. La série filonnienne, tableau des formules magma- 
tiques, relations entre les roches filonniennes et abyssales. $ 3. Considérations générales 


relatives à la série éruptive du Koswinsky-Tilar. 


S 1. Tableau des formules magmatiques de la série des roches abyssales étudiées, 


et observations qui se dégagent de son examen. 


L'étude que nous avons faite des roches éruptives du Koswinsky ainsi que 
de celles de la chaine du Tilaï-Cérébriansky serait nécessairement incomplète si 
nous omettions de mettre en évidence les affinités qui existent entre les divers 
termes de cette remarquable série. Pour cela, nous avons groupé dans le tableau 
suivant toutes les formules magmatiques des roches de profondeur que nous avons 


décrites : 
Tableau des roches abyssales du Koswinsky-Katéchersky-Tilaï. 
Noms Formule magmatique Coefficient x 
Dunite du Koswinsky 67 810, :R:0; 152 R0 0,98 
massive À du Tilaï BL SOL RO, :172R0 1) 
144 du Koswinsky 31,4 Si0,:R,0, : 40,9 RO Por 
Pyroxénite à Qu Tilaï 28 Si0, : R,0, : 32 RO 1,58 
SES ç du Koswinsky 5.4 Si0, : R,0, : 6,7 RO 112 
Koswite | RE AE x 
{du Tilaï 3,2 SiO, : R,0, : 3,8 RO 0,94 
du Pharkowsky 6,7 SiO, : R,0, : 6,7 RO IST 
Tilaïte Ouwal 
| du Tilai 6,1 SiO, : R,0, : 6,5 RO 1,29 
Gabbros à | du HMDBSSRSE 4,4 SiO, : R,0, : 4,4 RO 1,18 
te à la Koswite) 
| du Tilaï 3 510,2 RO; : 2,9 RO 1,03 
Gabbros | du Cérébriansky 3,08 Si0, : R,0, : 2,24 RO Ie 
Ouralitisés ! du Katéchersky 4,35 SiO, : R;0, : 3,01 RO 1,48 
Norites _ } du Cérébriansky 3,8 S1022R°0, :2 LRO 1,49 


(120) 


RECHERCHES PÊTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 203 


Tout d'abord il est aisé de se convaincre que les roches de la boutonnière érup- 
tive formée par les massifs du Koswinsky-Katéchersky-Tilai appartiennent aux 
types les plus basiques connus. Le coefficient d'acidité y oscille, en effet, entre 0,94 
et 1,5S: or, ce dernier chiffre S'appliquant à des pyroxénites sans feldspath, on peut 
logiquement en inférer que la série tout entière est mélanocrate, et que ses felds- 
paths sont d'une grande basicité, ce qui d’ailleurs est conforme à l'observation directe. 

En second lieu, si on en excepte la dunite massive et les pyroxénites franches, 
toutes les formules magmatiques de ces différentes roches présentent certaines ana- 
logies incontestables. En effet, à partir de la koswite imelusivement, on observe 
que le rapport du nombre des molécules des bases RO à celui des molécules de silice 
est tout d'abord un peu supérienr, puis égal, et enfin inférieur à l’unité. 

Dans la koswite du Koswinsky et du Tilaï qui ne différent que par une plus 
grande abondance de sesquioxydes dans la dernière de ces deux roches, ce rapport 
est invariablement de 1,2, L'apparition d'une faible quantité d'alcalis et Le rempla- 
cement de FeO par ALLO, fait, dans la tilaite du Pharkowsky-Ouwal et dans celle du 
Tilaï, tomber ce rapport à l'unité dans la première, et à 1.06 dans la seconde de 
ces deux roches. Ce même rapport est égal à 1 dans les formes de passage à la kos- 
wite, et à 0,97 dans le gabbro à olivine franc. 

Chez les variétés ouralitisées du Cérébriansky, malgré leur basicité, ce rapport 
devient de 0,72 contre 0,69 pour les mêmes roches du Katéchersky, enfin chez les 
norites, 11 tombe à 0,54. 

Les alealis subissent une évolution correspondante: le rapport de R,0:RO qui 
oscille entre 41 et 21 pour les roches chez lesquelles le rapport RO!KiO, est égal 
à 1 où à peu près, varie entre 14 et 7 pour celles où il est inférieur. 

Il y à donc une série naturelle bien coordonnée, qui va de la koswite aux no- 
rites franches sans aucune anomalie, et les caractères de parenté de ces différentes 
roches, ainsi que leur filiation naturelle, ressortent à l'évidence de Fexposé qui 
précède. L'expression si heureuse de <consanguins >» peut s'appliquer sans con- 
teste aux différents termes énumérés ci-dessus de cette belle série basique abys- 
sale, ils représentent bien des produits variés de la différenciation d’un seul et même 
magma, mais ces variations s'effectuent dans un cadre déterminé et ne vont pas 


jusqu'à supprimer les caracteres de l'origine commune, Ceci ne ressort pas seulement 


de l'examen et de la discussion de la composition chimique de ces roches, mais en- 

core de lexamen des caractères de leurs minéraux constitutifs. Les nombreuses 

déterminations exactes que nous avons faites du pyroxène, de l'olivime et de l’am- 

phibole, nous ont montré des mêmes types. L'olivine reste invariable dans toute la 

série, les pyroxènes sont identiques dans la koswite du Koswinsky comme dans 
(121) 


MÉM, SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 84 (1905). 63 


»04 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


celle du Tilaï, dans la tilaïte du Pharkowsky-Ouwal comme dans celle des sources 
de Garéwaïa: l'amphibole présente dans les roches du Cérébriansky, dans celles du 
Katéchersky et dans les variétés ouralitisées qui se rencontrent sur les chaiînons 
latéraux B et C des caractères chimiques et optiques invariables. Sans doute les 
pyroxènes des types feldspathiques présentent de petites différences avec les mêmes 
minéraux des roches sans feldspaths, différences qui tiennent à une plus où moins 
grande proportion d'alumine dans les premiers, mais ces pyroxènes d'un bout à 
l’autre de la série, gardent un type commun et un peu Spécial, comme on peut aisé- 
ment s’en convaincre en comparant la valeur de leurs trois indices principaux avec 
celles données pour divers diopsides, diallages et diallages augites par divers auteurs. 

La dunite et les pyroxénites franches paraissent par leur formule magmatique 
s'éloigner complètement de toutes les roches de la série: dans la dunite en effet, 
qui renferme Île minimum des sesquioxydes, le rapport du nombre de molécules 
des bases RO à celui de la silice est de 1,9, tandis que dans les pyroxénites il 
tombe à 1,3 pour un magma déjà plus riche en sesquioxyde: dans ces deux roches, 
cependant, le nombre total des molécules de Si0, + RO exprimé par rapport à 
R,0, est beaucoup plus considérable (199 et 72 contre 13 au maximum) que pour 
les autres roches. Et cependant dunites et pyroxénites sont à notre avis, elles 
aussi, deux produits de la différenciation du magma initial d’où sont issus les ti- 
laïtes, les koswites, les sabbros et les norites, magma dont la composition primitive 
ne nous est pas connue à la vérité avec exactitude, mais qui, selon toute vraisem- 
blance, ne devait pas étre très éloignée de celle communément assignée au magma 
pyroxénitique. Ces produits extrémes, qui semblent constituer une anomalie, n’ont 
pu prendre naissance qu'en entrainant la scorification, en quelque sorte, des sesqui- 
oxydes, suivie d’une accumulation de ces derniers dans le magma dont le caractère 
chimique à dù consécutivement changer ; ou, au contraire, à la suite d’un épuise- 
ment graduel des sesquioxydes par des différenciations successives ayant également 
comme conséquence un changement dans la composition chimique du magma pri- 
mordial, à moins que toutefois les deux phénomènes n'aient existé concurremment. 
Dans le premier cas. la formation des dunites et des pyroxénites aurait précédé 
celle des autres roches: dans le second, elle l'aurait suivie: dans le troisième, enfin, 
l’une et l'autre viendraient chronologiquement aux deux bouts de la série. 

Il est dans l’état actuel de la question, impossible de préciser celle de ces trois 
alternatives qui à été réalisée: nous savons seulement que la dunite massive s'est 
différenciée après les pyroxénites dans lesquelles elle fait intrusion, les observations 
que nous avons faites à Poloudméwaïa comme aussi au Sosnowsky-Ouwal et à l'épe- 
ron du Koswirsky ne laissent aucun doute à cet égard. Quant aux gabbros francs 


(122 


D LEE CR F0 e 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 20) 


et ouralitisés, ainsi qu'aux norites, rien ne permet d'affirmer leur antériorité vis-à- 
vis des pyroxénites. koswites et tilaïtes et vice-versa. Les gabbros et norites du 
Cérébriansky forment un grand massif très homogène, et nous n'avons pas observé 
qu'ils passassent latéralement aux roches précitées. On les voit, il est vrai. apparaitre 
inopinément sur le chainon latéral C au milieu des pyroxénites, et nous les avons 
également retrouvés plusieurs fois en d'autres points sur les chainons B et C, mais il 
n’est pas possible d'établir sur le terrain les rapports existants entre les deux roches. 

D'autre part, à 50 ou 60 kilomètres au NO du Cérébriansky, l'un de nous a 
retrouvé dans la région des sources de la rivière Travianka, affluent gauche de la 
rivière Wagran, une boutonnière de dunite massive entourée d'une mince auréole 
de pyroxénites, boutonnière qui parait intrusive dans äes gabbros ouralitisés assez 
analogues à ceux du Cérébriansky et qui afleurent sur une grande étendue. Iei les 
roches paraissent toujours manifestement liées les unes aux autres, mais les gabbros 
sont antérieurs. 

Enfin, en ce qui concerne les relations mutuelles des pyroxénites franches. 
koswites et tilaïtes, ces différentes roches nous ont toujours paru étroitement 
liées, elles passent les unes dans les autres avec une grande facilité, les formes tran- 
sitoires abondent. et il serait malaisé de marquer leurs limites sur le terrain. Elles 


pendant une période déterminée de la différenciation. 

Après ce qui vient d'être dit. l'hypothèse qui nous parait le plus vraisem- 
blable pour expliquer la formation de ces différentes roches et leur succession ob- 
servée ou supposée est la suivante : 

Le magma primitif a probablement, à la suite d'une première différenciation, 
donné naissance tout d’abord aux gabbros francs ouralitisés et aux norites, ce qui 
a eu pour résultat un abaissement très sensible de la teneur en alumine, puis la fixa- 
tion d'un partie de la chaux et des alcalis. Le magma est devenu de la sorte plus 
riche en fer et en magnésie, et très pauvre en alumine et en alcalis. Une nouvelle 
différenciation donne naissance aux pyroxénites, ce qui augmente encore la teneur 
en sesquioxydes et ce qui amène comme contre-coup immédiat, la séparation de la 
koswite et de la tilaïte, la première par adjonction au pyroxène et à l’olivine de la 
scorie ferrifère qui reste à l’état libre, et qui entraine avec elle une partie de l'alu- 
mine: la seconde par fixation du restant de l’alumine et des alcalis comme felds- 
paths. Le magma épuisé en sesquioxydes et dont la chaux a été fixée comme felds- 
paths ou dans les pyroxènes, est alors devenu essentiellement magnésien: il est dans 
les conditions propices pour donner naissance à la séparation massive de l'olivine, 
et la dunite, dernier produit de la différenciation magmatique, va prendre naissance 


(123) 


206 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 

à son tour. Sans doute ces différenciations successives ont épuisé systématiquement 
le magma en un certain nombre de ses éléments chimiques, mais cet épuisement n'est 
jamais complet, nous en aurons tout à l'heure la preuve avec la série filonnienne. 


$ 2. La série filonnienne, tableau des formules magmatiques, relations entre les 


roches filonniennes et abyssales. 


La série filonnienne est très complète comme nous l'avons déjà montré, elle 
comprend des termes plus variés que la série abyssale, comme on pourra le voir 


dans le tableau suivant : 


Tableau des formules magmatiques de la série filonnienne. 


| Formules magmatiques ! | Coefhicient d’acidité 
Dunite \ : 
deconique du Koswinsky 4,8 SiO, : R,O, : 9,4 RO 0,79 
Hp | du Koswinsky 67 Si0,:R,0,:132R0 | 0,98 
ftilonnienne | 
\ Un _ ‘: ) ED 
Garéwaite } du Tilai 1,8 SiO, : R,0, : 10,5 RO | 1:11 
É du Pharkowskv |! J | 
Microgabbro < = HONOR OPEIR0 ER) 1.34 
[ Ouwal 5 0 
Berbachite du Tilaï | 4,8 Si0, : RO, : 4,3: RO | 1,32 
Diorite ; | e | 
4 ne du Koswinsky | Dal SIP KR, ), :3 RO | 1.01 
anor e | 
Wehrlite * du Koswinsky | 9,2 Si0, : R;0, : 11,5 RO | 1,26 
dhomatite | = 
| ace | du Tilai 3,280, :R0; : 2,00 RO | 1,97 
a hornblende | 
Plagiaplite du Koswinsky 4,1 SiO, : RO, : 1,1 RO | EN) 
( | 
Albitite ; du Koswinsky 5,8 SiO, : R,0, : 1,2 RO DATA 
)] ntn Mo ele al ; à 
Dicrite - {. du Pharkowskÿ | 5-0 : RO. : 1:03 RO 2,79 
leucocrate  }  Ouwal | CRT | 
Plagiogranu- NRA | . | ares 
lit \ du Koswinsky | "8 Si0; : R;0, : 156 RO 3.47 
ite [ É rt 


! Les secondes décimales ont été forcées le cas échéant. 
‘ 


> Cette formule a été rectifiée, elle n’est point exacte dans notre premier volume. 


(124) 


EL. 


RECIERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 907 


SI nous comparons ce tableau avec celui des roches abyssales, nous allons voir 
certains phénomènes se dégager nettement de cet examen : 

En premier lieu, un certain nombre de roches filonniennes ont des formules 
identiques ou très voisines de celles de plusieurs des roches abyssales. Dans cette 
catégorie rentre tout d'abord la dunite filonnienne qui ne se distingue en rien de la 
méme roche profonde: puis les microgabbros et les berbachites dont la formule rap- 
pelle trait pour trait celle de certaines formes de passage des tilaïtes aux koswites, 
et enfin les pegmatites à hornblende, ainsi que les diorites anorthiques filonniennes, 
qui ont une formule magmatique presque semblable à celle des gabbros ouralitisés 
du Cérébriansky. Il convient cependant de remarquer que Facidité de la roche en 
filon est presque toujours légèrement supérieure à celle de la même roche abyssale, 
et que le rapport R,0 : RO x est généralement plus petit. Ainsi pour les gabbros 
à olivine du Tilaï, il est de 1:31 contre 1:20,9 pour les microgabbros et 1:11,6 
pour les berbachites: pour les gabbros ouralitisés du Cérébrianskv, il est de 1:14 
contre 1213,S pour les diorites anorthiques et 1110, pour les pegmatites. IT existe 
done des roches filonniennes identiques à celles de profondeur : le fait n’a rien de 
particulièrement curieux quand ces filons traversent une roche abyssale de méme 
composition, comme c'est le cas. par exemple, pour les berbachites et les micro- 
gabbros dans les tilaïtes et les gabbros à olivine: mais il en est autrement quand 
ces mêmes filons traversent des roches abyssales toutes différentes. et que les roches 
filonniennes possèdent alors une composition identique à celle d'autres roches pro- 
fondes de la même région, mais qu'elles ne traversent pas. Tel est, par exemple, le 
‘as pour la dunite filonnienne dans les pyroxénites, la tilaïte où Ja koswite: ou 
encore les pegmatites à hornblende dans les mémes pyroxénites. La seule explica- 
tion possible est que ces filons représentent des apophyses ramifiées. lancées par un 
massif éruptif profond dans une autre roche éruptive profonde également, qu’elles 
traversent : où que, après avoir subi une série de différenciations successives, un 
magma déterminé est susceptible de repasser par les mêmes étapes durant la for- 
mation filonnienne, en récupérant pour ainsi dire localement les éléments chimiques 
nécessaires pour cela. 

En second lieu, on peut remarquer qu'il existe tout un groupe de roches fi- 
lonniennes qui, sans être identiques en tout point à certaines roches abyssales, gar- 
dent cependant avec elles des analogies manifestes. 

Tel est par exemple le cas pour la dunite sidéronitique, qui se rapproche 
dans une certaine mesure de la koswite: où encore pour la garéwaite où la wehrlite 
qui rappellent certaines variétés de pyroxénites tres riches en olivine, Ce sont là 


évidemment des produits nouveaux, qui proviennent sans doute de variations loca- 


908 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


les dans la composition du magma ou dans les conditions mêmes de la différencia- 
tion. 

Entin il existe une troisième catégorie de roches filonniennes, la plus curieuse 
sans doute, qui n'a aucun équivalent dans la série abyssale: ce sont les diorites 
leucocrates, les plagiaplites, les albitites et les granulites à plagioclases. IT est à 
remarquer d’ailleurs que ces filons qui sont parfois de simples veinules, traversent 
précisément les roches abyssales les plus basiques. C’est en effet dans la dunite 
massive ! que l’on trouve les granulites à plagioclase à 70!°/, de silice, ainsi que 
des roches formées presque exclusivement par de Palbite pure: les diorites leuco- 
crates percent les tilaïtes et pyroxénites du Pharkowsky-Ouwal, et les plagiaplites 


avec où sans quartz, traversent au Koswinsky des pyroxénites dans lesquelles on ne: 


trouve pas méme un élément feldspathique. Dans notre premier volume, nous avons 
déjà insisté sur l'origine probable de ces filons et filonnets acides: les études que 
nous avons poursuivies depuis lors au Tilaï, comme aussi sur d’autres régions érup- 
tives plus septentrionales, n'ont fait que nous fortifier dans la manière de voir que 
nous avons déjà exposée. Si basiques qu'elles soient, les roches de la vaste région 
éruptive du Koswinsky-Tilaï ont incontestablement cristallisé en présence de dis- 
solvants et de minéralisateurs. et la cristallisation à été d'autant plus parfaite 
qu'elle à été plus lente et que ces minéralisateurs ont été plus abondants. Les peg- 
matites gigantoplasmatiques de Poloudniéwaïa montrent bien jusqu'où cette cris- 
tallisation à pu être poussée lorsque les conditions requises pour cela existaient, et 
la dimension colossale de leurs minéraux ne le cède en rien à celle des éléments des 
pegmatites des roches acides. Dans ces dernières, cependant, grâce à un phénomène 
qui dépend sans doute de la nature chimique du milieu en voie de cristallisation, 
ces dissolvants et minéralisateurs sont susceptibles d'être fixés en tout ou partie 
par ce milieu pour donner naissance à des minéraux nouveaux en participant à leur 
composition chimique : dans les roches basiques il ne parait pas en être ainsi, et les 
minéralisateurs, une fois leur role terminé, ne pouvant se fixer chimiquement, se 
sont exsudés dans les fissures et ont donné naissance à cette curieuse série filon- 


nienne acide, 


S 3. Considérations générales relatives à la série éruptive du Kosiwinsky-Tilaï. 


Nous venons donc de voir que les roches éruptives abyssales et filonniennes 

du Koswinsky-Tilaï forment une série complète et consanguine, et qu'elles pro- 

! L'un de nous à depuis lors trouvé une nouvelle série filonnienne dans la dunite de Travianka, 
l'étude de ces roches fera l’objet d’une publication ultérieure. 


(126) 


_RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 09 


viennent évidemment des différenciations successives où spontanées d'un méme 
magma: l'appellation de province pétrographique nous parait donc parfaitement 
convenir à la région éruptive que nous avons étudiée. Abstraction faite de quel- 
ques types filonniens acides qui sont d'ailleurs sans importance au point de vue 
quantitatif, la série envisagée dans son ensemble comme dans ses termes isolés, est 
absolument basique: nulle part, en effet, au Tilaï comme au Koswinsky et dans 
leurs environs immédiats, on ne rencontre des roches acides où même neutres, diffé- 
renciées en masse et servant pour ainsi dire d'antipodes aux roches basiques dont 
il a été question. Ce n'est donc pas un magma de composition moyenne, résultant 
d'une dissolution du noyau ferro-magnésien dans le noyau alcalin en proportion 
convenable, qui a donné naissance aux différentes roches que nous avons rencon- 
trées : celles-ci sont issues d’un magma qui fut basique dès le début, dont la basicité 
ne changea guère au cours des différenciations successives qu'il eut à subir, et dont 
la composition ne devait pas s'éloigner beaucoup de celle du noyau ferro-magnésien 
lui-même. Ce magma primitif n'a jamais possédé en quantité suffisante les éléments 
alcalins et quartzeux nécessaires à la formation de roches abyssales neutres ou 
acides, et si cependant ces types acides se trouvent dans la série filonnienne, leur 
présence même n'a rien d'anormal, bien au contraire: elle atteste seulement lexis- 
tence de certains éléments qui, rares à l'origine, se sont pour ainsi dire concentrés 
dans le magma à la suite de ses différenciations successives. et se sont exsudés en- 
suite après la consolidation de la dernière roche profonde. Le magma basique a done 
été accompagné de dissolvants et de minéralisateurs, mais il est permis de supposer 
que ces derniers ont joue un rôle très effacé comparé à celui qu'ils ont eu dans la for- 
mation des roches acides abyssales. Ce phénomène parait d'ailleurs être assez 
général : 1l est incontestable, en effet, que les phénomènes de métamorphisme déve- 
loppés dans leur couverture par les roches basiques abyssales sont loin d’avoir Fam- 
pleur de ceux produits par les roches acides, et l'abondance des dissolvants et des 
minéralisateurs qui accompagnent une roche éruptive se jauge pour ainsi dire à 
l'intensité du métamorphisme qu'elle développe dans les assises sous lesquelles elle 
s’est consolidée, ainsi qu'à l'étendue de son aire de dispersion. Au Koswinsky, il 
est vrai, l'absence de contacts visibles où de lambeaux de couverture au sein du mas- 
sif éruptif empêche toute constatation relative à ce métamorphisme, mais la grande 
rareté ainsi que la localisation de ces filonnets hyperacides peuvent nous renseigner 
sufhsamment. 

Nous avons déja indiqué d'ailleurs dans notre premier volume et à 
prepos de la koswite, que le facteur température paraissait avoir joué le rôle 
principal dans la formation de cette roche, en nous basant pour cela sur l'ordre 


(127) 


»10 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


de consolidation observé pour les différents minéraux constitutifs, comparé aux points 
de fusion de ces mêmes minéraux: la rareté (mais non l'absence) des minéralisa- 
teurs vient à notre avis corroborer cette supposition. 

En résumé, les roches de la province du Koswinsky-Tilaï sont issues d'un 
magma basique dès l’origine et qui l'est resté: des dissolvants et des minéralisateurs 
en petite quantité ont été présents pendant toute la durée des ségrégations, mais 
le facteur température parait avoir joué un rôle prépondérant. Enfin des différen- 
ciations successives ont épuisé le magma en sesquioxydes, notamment en alumine, 
puis en chaux, en lenrichissant en magnésie, Voici quelles sont les données qui peu- 
vent servir à rechercher les causes et le mécanisme des différenciations observées : 
tenter de résoudre le problème c’est se buter dès le début à une impossibilité, Il est, 
en effet, en pareille matière, plus aisé de critiquer les théories émises que d'en pro- 
poser de nouvelles qui aient une apparence de possibilité, I faudrait connaitre 
exactement les conditions physico-chimiques si complexes des magmas, avoir déter- 
miné les causes qui peuvent lentement où brusquement amener une variation 
dans ces conditions, et enfin avoir précisé les modifications que ces variations 
peuvent apporter au milieu physico-chimique et à sa façon de se différencier, 
pour essayer de trouver une explication rationnelle: tant que n'aurons pas les bases 
solides de l'expérience, nous ferons sur l'origine des différenciations des hypothèses 
qui se vaudront toutes, par la très simple raison qu'elles ne vaudront rien. Sans 
doute il reste acquis que les minéralisateurs, la température, la nature de Ta cou- 
verture en contact avec le magma sous-jacent, et les mouvements orogéniques qui 
sont si étroitement liés à l'intrusion des roches profondes, ont joué un rôle impor- 
tant dans la formation de celles-ci, mais tout ceci nous Russe concevoir le phéno- 
mène de la différenciation sans nous permettre d'en établir le mécanisme. En ce qui 
concerne la série du Koswinsky-Tilaï, nous nous garderions bien d'émettre une 
hypothèse; tout ce que nous pouvons aftirmer, c'est que très certainement les types 
observés ainsi que leur succession probable où constatée, ne résultent en aucune 
facon de l'application du principe de Soret. Ce sont en effet les termes les plus ba- 
siques qui sont sortis les derniers, ce qui est précisément contraire à ce que voudrait 
la théorie, si le magma était assimilable à une solution du noyau ferro-magnésien 
dans le noyau alcalin, accompagné de son cortège de minéralisateurs habituels. 

On pourrait il est vrai, avec M. Rosenbusch, attribuer la série du Koswimsky 
aux différenciations subséquentes d'un magma péridotique, produit lui-même par la 
segmentation du magma primitif universel: mais ce n'est point là une explication. 
Il faudrait tout d'abord démontrer l'existence de ce magma primitif uniforme et 
connaitre les causes qui le poussent à se différencier, ici en un magma péridotique, là 


(128) 


RECHERCIHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 511 


en un autre magma déterminé: puis il faudrait encore établir les causes des diffé- 
renclations de ce magma péridotique. | 

M. Michel-Lévy a proposé pour expliquer l'origine de la différenciation une 
hypothèse qui fait intervenir comme agent principal la circulation des minéralisa- 
teurs fluides sous pression à une haute température. Pour lui, le magma fluide profond 
constitue ce qu'il appelle le bouton de fer impur: celui-ci est entouré d'une scorie 
ferro-magnésienne universelle, qui est en fusion, et qui correspond assez par sa com- 
position précisément au magma péridotique. M. Michel-Lévy fait en eftet très judi- 
cieusement observer que les roches éruptives, qui sont en quelque sorte l'expression 
directe de cette scorie ferro-magnésienne, ont pu être en grande partie reproduites 
par voie ignée. Le bouton de fer profond émet des produits de rochage, et ceci d’une 
manière continue, sous forme d'alcalis, d'alumine et de silice, qui sont aussitôt mis 
en mouvement et entrainés par les fluides minéralisateurs. Ces derniers contribuent 
d'abord à enrichir en silice, en alumine et en alcalis la scorie ferro-magnésienne 


jusqu'à un point de saturation déterminé, puis l’excédent des alcalis, de la silice et 


de l’alumine sont entrainés au loin dans les fentes et dans l'écorce, pour y produire 
le phénomène du métamorphisme (roches cristallophylliennes, gneiss granulitiques, 
etc.). Les mouvements de écorce seront la cause déterminante de l'ascension du 
magma prinitivement situé sous une ride infratellurique, et selon que la montée 
est plus où moins rapide, la composition de ce magma variera. Cette composition 
pourra changer d'ailleurs en cours d'ascension plus où moins lente, soit par des 
réactions qui s'effectuent chemin faisant, soit par une résorption plus où moins 
complète des salbandes. La différenciation finale du magma de composition déter- 
minée ainsi produit et amené dans l'écorce par ascension en un réservoir moins pro- 
fond qu'une ride infratellurique, va, toujours à la suite de la circulation des 
minéralisateurs, continuer à s'effectuer; les produits alcalins et siliceux croissent 
au sommet, les produits ferro-magnésiens à la base, et l'ordre de venue sera donc 
conforme à la majorité des cas observés, c'est-à-dire suivant l'acidité décroissante. 

Cette hypothèse présente en tout cas le réel avantage de faire comprendre 
les causes de la formation locale de magmas de composition variée : elle peut 
aider à concevoir dans ses grandes lignes générales le problème de la différencia- 
tion, mais il faut convenir qu'elle ne nous explique guère les particularités obser- 
vées dans la succession. 

Au Koswinsky, la cause première de tous les phénomènes à été évidemment la 
localisation en profondeur en cet endroit d’un magma hyperbasique, pauvre en 
minéralisateurs : on peut à la rigueur concevoir que cette localisation se soit pro- 
duite suivant le mécanisme indiqué par M. Michel-Lévy, mais nous devons recon- 

(129) 


MÉM. SOC, PHYS, ET HIST. NAT, DE GENÈVE VOL, 84 (1905). 64 


12 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


naitre que cette explication est insuffisante. Quant aux causes de la différenciation 
subséquente de ce magma en termes basiques relativement aussi voisins les uns des 
autres que ceux que nous avons observés, les données expérimentales nous man- 
quent absolument pour élucider la question. 


CHAPITRE IX 


LA ZONE DES QUARTZITES ET CONGLOMÉRATS. 


$ 1. Considérations générales relatives à la zone des quartzites et conglomérats. — 2. Descrip- 
tion et étude pétrographique des formations de la zone des quartzites et conglomérats. 
$3. Le Mont Soukhoï. —- $ #. La montagne du Tscherdvnskv. — $ à. Le Mont Ostry. — 

$ 6. Résumé et tectonique relatifs à la partie nord de la zone des quartzites, du Touloum au 


Soukhor. 


S 1. Considérations générales relatives à la zone des quartzites et conglomérats. 


Les massifs éruptifs du Koswinsky-Katéchersky-Tilaï percent, comme nous 
l'avons vu précédemment, au milieu d'une vaste région formée par des roches com- 
munément attribuées aux schistes cristallins métamorphiques, et développées à l'est 
comme à l'ouest de la ligne de partage des eaux européennes et asiatiques. Sur la 
feuille Perm de la carte géologique !/500 Cette zone, très large, arrive vers 
l’ouest en contact avec la grande bande de dévonien inférieur de la Koswa, et sa 
bordure occidentale reste à quelques kilomètres de la rive gauche de cette rivière, 
entre Troïtsk et Verkh-Koswa. Une longue bande de dévonien moyen flanqué de 
dévonien inférieur interrompt Puniformité de cette zone cristalline : ce dévonien 
apparait au nord dans le voisinage des sources de la rivière Tépil, il se continue 


(130) 


RECHERCHES PÊTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL )13 


jusqu'au confluent de cette rivière avec la Koswa, et se poursuit plus au sud jusqu'à 


la rivière Ouswa qui l'entaille transversalement près de son extrémité, C'est à cette 
bande dévonienne que nous avons donné le nom de zone synelinale de Tépil. La 
feuille Perm se termine au nord un peu avant la cluse de la Koswa, et ne figure que 
la partie sud de la zone synclinale en question ; la partie nord se trouve sur la feuille 
Tscherdyn-Sohkamsk due à M. Krotow. Ce dernier subdivise la grande région des 
schistes cristallins en deux zones distinctes: la première, celle de l'est, S'arrête à la bor- 
dure orientale de la zone dévonienne de Tépil, elle est formée par des schistes cristal- 
lins proprement dits : la seconde, celle de l'ouest. comprend toutes les formations qui 
s'étendent de la limite occidentale de la zone synclinale de Tépil jusqu'à la zone du 
dévonien inférieur de la Koswa. Elle est formée de quartzites et de conglomérats 
quartzeux infradévoniens, anqués à l’est comme à Pouest de schistes cristallins 
détritiques analogues à ceux de la zone orientale. M. Krotow considère ces quart- 
zites et conglomérats comme inférieurs aux schistes cristallins, et assimile la grande 
zone dont il s'agit à une immense voûte dont le cœur serait formé par les quartzites 
et les flancs par les schistes cristallins. Cette zone est coupée transversalement par 
la Koswa à la cluse de Touloum, puis se termine au Soukhoï, à 50 verstes environ 
plus au nord. Au delà du Soukhoï les quartzites et conglomérats cessent sur la 
carte de M. Krotow pour faire place au dévonien inférieur, cependant ces mêmes 
conglomérats réapparaissent beaucoup plus au nord et bien au delà des sources de 
Tépil, pour former une chaine très étendue, dont l'orientation est toute différente. 
Cette chaine, appelée Kwarkouche, ne semble pas être la réapparition septen- 
trionale de celle qui se termine au Soukhoï: sur la carte elle passe à l’est de la 
bande synclinale de Tépil, et constitue donc une zone de quartzites plus orientale 
que celle du Soukhoï, et située plus au nord. 

En 1901 et surtout en 1902 nous avons parcouru cette région fort étendue à 
partir d'une ligne passant à peu près à 20 kilomètres au sud de Troïtsk, jusqu'à Soukhoï: 
les explorations que nous y avons faites sont nombreuses, tous les sommets ont été 
successivement visités, et lorsque le sol était masqué par la végétation, nous avons 
eu recours à des puits pour en connaitre la véritable nature. En 1904 nous avons 
visité toute la région qui fait suite au Soukhoï vers le nord, jusqu'à l'extrémité septen- 
trionale de la chaine de Kwarkouche: il n'est pas un ravin, pas une éminence de 
cette vaste contrée que nous n'ayons examinés ; nous avons parcouru également la 
grande dépression qui fait suite au synelinal de Tépil vers le nord, et qui est délimitée 
à l’est par une haute chaine faisant ligne de partage des eaux asiatiques et européen- 
nes et appelée Poyassovoi-Kamen, et à l’ouest par la chaine de Kwarkouche, Ces 
différentes explorations nous ont permis d'établir que la zone des quartzites et conglo- 


(131) 


)14 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


mérats ne cesse pas au Soukhoï, mais qu'elle se continue directement jusqu à l'extré- 
mité de Kwarkouche sans interruptions: toutefois pour le moment, nous commence- 
rons notre étude de cette zone avec le Soukhoï, et nous parlerons de sa continua- 
tion au nord de cette montagne à propos de l'étude et de la description de la région 
synclinale de Tépil. 

De Troitsk au Soukhoï, la zone des quartzites et conglomérats forme une région 
montagneuse et élevée, qui contraste fortement avec celle des schistes cristallins 
qui vient à l’est, ou des rides du dévonien inférieur qui viennent à l'ouest: les mon- 
tagnes de quartzites s'élèvent généralement au-dessus de la limite de végétation et 
forment des dômes pelés et isolés comme le Rastessky-Kamen par exemple, où des 
crêtes rocheuses, arides et élevées, comme la chaine de lAslianka. L'altitude 
maxima de ces montagnes ne dépasse pas 1100 mètres en chiffre rond, les sommets 
les plus élevés sont dans la partie sud de la zone, qui se continue d’ailleurs de ce 
côté fort au delà de la limite de nos imvestigations : les hautes montagnes appelées 
Bacéguy, que l’on voit dans la direction du sud depuis le sommet de PAslianka, 
appartiennent-en effet à la zone en question. 

En allant du nord vers le sud, la première montagne rencontrée qui fait partie 
de la bande des quartzites et conglomérats est le Soukhoï, petit môle isolé qui 
s'élève au milieu d’une région plus basse et boisée qui lenvironne, Puis viennent 
plus au sud les montagnes du Tscherdynsky et de lOstry, la première reliée au 
Soukhoï par une longue crête rocheuse qui parait en être topographiquement la 
continuation, la seconde qui semble former une ride locale plus occidentale. 

Les pentes de la base de FOstry dominent la rive droite de la Koswa et du 
détilé de Touloum: cette montagne parait trouver sa continuation directe au 
Dikar, sur la rive gauche, tandis que le Fscherdynsky lui-même trouve la sienne 
dans l’arête boisée qui vient plus à l'est et qui s'appelle Philichina Tschelma. 

Au sud du Dikar vient le Domaschny-Kamen: puis la zone s’élargissant, on 
voit apparaitre une série de rides comprenant, de l'ouest à l'est, la montagne de 
Boyarskaya, le Rastessky-Kamen, le Chaloupniak et le Zabalotne. 

Enfin, plus au sud encore, on aperçoit la grande chaine de PAslianka qui, vue 
de la route de Kizel à Troïtsk. se dresse à l'horizon comme une longue barre ro- 
cheuse, orientée à peu près nord sud. Elle est suivie vers l'est d’un petit môle isolé, 
l'Adinoky, et de plusieurs longues rides boisées avec pitons rocheux locaux. rides 
qui sont séparées par des vallées plus où moins larges et profondes, généralement 
marécageuses. 

De nombreux cours d'eau presque tous tributaires de la Koswa S'amorcent sur 
la bordure ouest et même à l’intérieur de cette zone: quelques-uns l’entament pro- 


(132) 


RECIHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L OURAL )1) 


fondément sur toute ou presque toute sa largeur et coulent dans des vallées trans- 
versales boisées et marécageuses, qui créent une solution de continuité dans les 
chaines. Tel est le cas par exemple pour la grande Aslianka, qui sépare l'extrémité 
nord de la chaine du même nom des rides qui viennent plus au nord, puis aussi 
pour la rivière Ouswa, qui, entre PAslianka et les Bacéguy, coupe obliquement la 
zone sur toute sa largeur. 

Les formes topographiques des montagnes de quartzites sont assez monotones: 
ce sont comme nous l'avons dit de longues chaines nues arides et uniformes. avec 
leurs sommets à peine accusés: d’autres fois ces montagnes sont isolées comme le 
Soukhoï, le Tscherdynsky où FOstry. La disposition de cette dernière est particu- 
lièrement curieuse: FOstry est en effet une espèce de plateau rocheux, soudé vers 
l'ouest à une crête aiguë qui s'élève au-dessus d'une région dont la hauteur est 
parfaitement uniforme, La forme si curieuse de ce sommet est absolument banale 
dans les montagnes qui viennent au nord des sources de Tépil: elle résulte en effet 
de érosion qui a donné naissance à la formation des hautes terrasses que nous avons 
trouvées développées dans l'Oural du Nord partout où l'altitude du sol est sufhisante, 
et où surtout sa nature pétrographique à permis leur conservation. En effet, en 1902 
déja, nous avions constaté que selon le point d'où on les regarde, les divers sommets 
et contreforts de la chaine de FAslianka paraissent formés par une succession de 
gradins étagés à des niveaux déterminés; cette disposition est encore plus frappante 
lorsqu'on examine les Bacéguy depuis F'Aslianka, et la forme méme des sommets de 
ces montagnes évoque numédiatement l’idée d'anciennes terrasses, Mais tout cela 
n'est rien à coté du spectacle qu'offre la haute chaine de quartzites qui vient au 
nord des sources de Tépil et qu'on appelle Poyassovoï- Kamen. D'un bout à 
l'autre elle est découpée par d'innombrables terrasses qui lui communiquent une 
forme si régulière et un aspect si bizarre, qu'on dirait à distance avoir devant soi 
un gigantesque rempart construit par la main de l'homme. La forme typique du 
sommet de FOstry est absolument banale et résulte simplement de la présence 
d'une crête rocheuse encore debout, qui domine le plateau érodé d’une terrasse. Sur 
le Kwarkouche nous avons à maintes reprises observé des formes topographiques 
analogues, et plus on avance vers le nord, plus le phénomène des terrasses parait 
être général et imposant: nous parlerons d’ailleurs de ces curieuses formations avec 
tout le détail qu'elles comportent dans un autre ouvrage. 

De toute façon c'est principalement sur les chaines de quartzites et de con- 
elomérats que les terrasses se sont le mieux conservées: elles existent bien à la vérité 
sur des montagnes formées d'autres roches, notamment de roches éruptives, mais 
elles sont incomparablement moins bien conservées et partant contribuent moins 


89) 


16 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


fortement à communiquer à la topographie le cachet spécial dont nous avons 


parlé. 


S 2. Description et étude pétrographique des formations de la zone 


«les quartzites et conglomérats. 


Les formations pétrographiques qui participent à la zone des quartzites se 
répartissent comme suit en : 

1° Conglomérats quartzeux. 

20 Quartzites franches. 

39 Quartzites plus onu moins micacées passant aux schistes micacés détritiques. 

4° Schistes quartziteux détritiques, chloriteux ou séricitiques. 

Ces quatre types pétrographiques comportent de très nombreuses variétés dont 


nous examinerons les principales. 


CONGLOMÉRATS QUARTZEUX 


Is sont très uniformes. et présentent les mêmes caractères non seulement sur 
toute la zone que nous allons étudier, mais encore beaucoup plus au nord. sur cer- 
taines crêtes rocheuses qui viennent à l’ouest de la chaine de Kwarkouche, Les 
bancs de conglomérats sont généralement peu épais et varient de 0,50 à 1,23 mètre, 
rarement plus: ils sont formés par des galets de quartz d’un blanc laiteux, réunis 
par un ciment siliceux dont la couleur est généralement violacée où d'autres fois 
erisatre où jaunatre. Les galets sont de la dimension d'une noisette à celle de la 
tête, mais généralement plutôt petits: ils sont très solidement enchàssés dans le 
ciment et font corps avec lui. La proportion de galets par rapport au ciment varie, 
parfois ils sont très abondants, d'autres fois très disséminés dans celui-ci. Souvent 
ces conglomérats sont schisteux, les galets sont alors étirés en lentilles et alignés 
parallèlement. 

Nous avons examiné au microscope bon nombre de ces conglomérats, leurs carac- 
tères sont absolument identiques. Les galets apparaissent conme formés par des 
plages de quartz à contour irrégulier, diversement orientées. Ces plages sont cri- 
blées d’inclusions liquides et présentent fréquemment des extinctions onduleuses. 
Très souvent ces galets accusent d'énergiques pressions dynamiques postérieures à 
la formation du conglomérat: sur les spécimens où les galets sont très petits, on 
voit ceux-ci étirés comme Îles phénocristaux de certains quartz-porphyres des 


(134) 


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RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL »17 


Alpes; parfois on observe sur les galets des cassures minces avec glissements et 
brèches microscopiques le long des plans de séparation, d'autres fois encore les 
galets sont totalement écrasés et transformés en rubans paralleles formés par une 
mosaïque de quartz. 

Le ciment est constitué par des arènes quartzeuses, dont les minuscules galets, 
aux contours arrondis, sont soudés entre eux par une masse quartzeuse à éléments 
très petits et souvent mal individualisés, articulés les uns dans les autres. Par 
places ce ciment renferme des rubans froissés d'une biotite profondément altérée et 
rubéfiée par les actions secondaires: dans les variétés de couleur violette, il est 
saturé d'éléments ferrugineux, formant des amas irréguliers, où par places le ciment 
lui-même. 


QUARTZITES FRANCHES 


Ces roches généralement très compactes et très dures, sont d'une grande uni- 
formité. Elles sont de couleur blanche ou grisatre (voir même noiratre comme au 
Dikar), à grain plutôt fin, très compact et saccharoïdes. Les bancs lités sont parfois 
assez épais, Souvent aussi assez minces. 

La structure microscopique de ces roches est invariable comme nous avons 
pu nous en convaincre par l'examen de spécimens différents provenant de lAslianka. 
du Dikar, où encore du Rastessky-Kamen. La roche est entierement composée de 
grains de quartz à contour irrégulier et dentelé, généralement légèrement allongés 
suivant une direction, et pressés les uns contre les autres sans ciment intermé- 
diaire. 

Au contact immédiat des grains de quartz, on observe généralement quelques 
petites esquilles mélées à une où deux paillettes de séricite incolore. Cette structure 
est absolument banale, elle se rencontre également chez les quartzites du carboni- 


fere ou du dévonien. 
QUARTZITES MICACÉES 


Celles-ci sont fort différentes des quartzites précédentes, et présentent au con- 
traire des structures fort variées. Au point de vue microscopique, elles se rattachent 
évidemment étroitement aux schistes détritiques supérieurs, mais sur le terrain elles 
appartiennent plutôt aux quartzites franches avec lesquelles elles alternent ou aux- 
quelles elles passent latéralement. Vu la variété des types qui rentrent dans cette 
subdivision, nous décrirons à titre d'exemple quelques-uns seulement des spéci- 


mens étudiés les plus imtéressants : 


J18 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 
N° 3101. Quartzite provenant du sommet de PAslianka. 


Roche blanche ou grisatre, finement grenue, compacte, paraissant pen micacée. 
Au microscope cette roche est formée par des tout petits galets arrondis de quartz 
de beaucoup plus petite dimension que ceux des quartzites précédentes, dispersés dans 
une masse à structure très fine et à éléments orientés. Les petits galets à extine- 
tions franches sont exclusivement quartzeux, leurs grands axes sont alignés 
parallèlement, leur centour est généralement dentelé, souvent le galet passe insen- 
siblement à la masse principale comme cela peut S'observer dans les roches recris- 
tallisées. On trouve aussi çà et là quelques rares grains de zircon brunatre, puis de 
la tourmaline uniaxe, négative et polvchroïque, avec 7, — noir brunâtre », — 
presque incolore. 

La masse qui réunit les galets est en grande partie formée par des rubans 
d'un minéral séricitique, en lamelles alignées parallèlement et moulant les grams 
de quartz. En lumière naturelle cette séricite est légèrement brunatre, de birétrm- 


vence — 0,03: elle parait alliée à un peu d'une matière siliceuse, mal individua- 
lisée et faiblement biréfringente. 


N° 3153. Sommet du Tscherdynsky. 


Cette roche ressemble passablement au n° 3101, elle est comme lui formée de 
petits galets de quartz disséminés dans une masse principale à structure parallèle. 
Les galets sont corrodés sur les bords: la masse principale pénètre dans les anfrac- 
tuosités de leur contour comme on l'observe chez certaines roches recristallisées du 
houiller des Alpes. 

La masse principale présente une structure rubannée parallèle, dans laquelle 
on distingue des plissottements qui sont plus ou moins perpendiculaires au contour 
des galets. Elle est formée par des lamelles séricitiques légerement brunätres, réunies 
à des petits grains de quartz. Il existe passablement d'éléments opaques, argileux 
ou ferrugineux, qui soulignent la disposition parallèle des éléments: puis un peu 
d'hématite. 


N° 85. Quartzite provenant du sommet du Rastessky-Kamen. 


Cette quartzite est fort différente de celles qui précèdent : elle est formée de 
petits galets de quartz disséminés dans une masse quartzeuse également, mais à 
éléments beaucoup plus petits. Les galets sont de la taille des grains des quartzites 
franches, leur contour est sinueux et dentelé mais toujours de forme vaguement 
arrondie, À côté du quartz, on trouve quelques rares galets d'un feldspath très 


(156) 


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lol ; e 


RECHERCHES PÊTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 19 


acide mäclé selon l’albite, qui est une albite-oliglocase, puis quelques grains arron- 
dis de tourmaline brune. 

La masse quartzeuse qui réunit les galets est formée de petits grains polvé- 
driques de quartz, associés à de l'hématite abondante, de nombreux et petits grains 
et rhomboëdres de calcite, puis quelques lamelles d'une jolie chlorite polychroïque, 
mélée à un peu de séricite incolore, et disposées en rubans. 

La roche est entièrement cristallisée, elle passe aux ochistes cristallins détri- 
tiques. 


N° S9. Quartzite du sommet du Rastessky-Kamen. 


Cet échantillon qui sur le terrain ressemble aux quartzites compactes, mais qui 
renferme passablement d'éléments micacés, est absolument analogue à certains 
schistes réputés cristallins de nos Alpes, notamment à certaines variétés des schistes 
de Casanna. 

Les galets de quartz plus rares que dans le n° 85, sont disséminés dans une 
masse grenue et quartzeuse à plus petits éléments, qui, outre des grains polyédri- 
ques de quartz, renferme en grande quantité des petites lamelles de chlorite vert 
pale alignées en rubans polylamellaires, et toujours associées à des lamelles de 
séricite. 


N° 1159. Quartzite provenant du sommet du Stchoutchy. 


Elle est formée comme les précédentes de petits galets de quartz, disséminés 
dans une masse très finement grenue formée de petits grains polvédriques du même 
élément. Parmi les grains de quartz. on trouve çà et là quelques éléments ferrugimeux 
opaques, puis quelques grains de zicon et deux ou trois lamelles de mica blanc. 

La structure est nettement parallèle. 


SCHISTES QUARTZITEUX DÉTRITIQUES SUPÉRIEURS 


Ils présentent également une très grande variété de types, et se rattachent 
par leur structure incontestablement aux roches précédentes. Sur le terrain cepen- 
dant le facies est différent, les schistes détritiques sont toujours beaucoup plus 
schisteux et beaucoup plus chloriteux et séricitiques que les quartzites micacées: 
souvent ils paraissent absolument identiques aux roches de la zone cristalline de 
l'est, et ne s’en distinguent pas plus macroscopiquement que sous le microscope. 
Fréquemment ces schistes sont glandulaires: la glandule est alors un galet primitif 

(137 


MÉM. SOC. PHYS, ET HIST, NAT. DE GENÈVE, VOL. 84 (1905). 65 


220 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


étiré et écrasé. Nous donnerons ici la description de quelques variétés récoltées en 
place et parfaitement repérées sur le terrain. 


No 88. Quartzite récoltée au-dessus de Chaloupniak. 


Cette roche est une forme de passage aux schistes chloriteux. Elle est formée 
par des petits grains de quartz polyédrique, réunis à des lamelles chloriteuses 
verdaätres, assez polychroïques, et peu biréfringentes. Les lamelles s’éteignent 
à O du clivage p — (001), donnent une croix noire uniaxe négative, elles sont 
mélées à d’autres lamelles brunätres, peu polychroïques et plus biréfringentes, que 
nous tenons pour de la séricite. La chlorite est en quantité presque égale au quartz. 
Parmi les éléments de la masse on trouve aussi quelques gros grains de magnétite, 
puis une fine poussière de grains d'oligiste. 


N° 2180. Quartzite provenant de la cluse de Touloum, au Sloudky. 


Roche formée par des petits galets arrondis de quartz, à contour dentelé, cou- 
chés dans le plan de la schistosité. La masse principale dans laquelle ces galets 
sont dispersés, mord pour ainsi dire dans leur contour. Elle est formée de petits 
grains de quartz avec filaments d'un élément séricitique, le tout aligné parallèle- 
ment à la schistosité. Dans cette masse on trouve de nombreux grains de calcite, 
quelques rares débris de tourmaline, et un peu de sphène. Parmi les galets, il faut 
mentionner quelques grains de plagioclase très acide (Ab, An). 


N° 2184. Quartzite prise au Dikarsky-Log, sur la rive gauche de la Koswa. 


Ce spécimen est un véritable schiste détritique glandulaire, formé par des 
rubans alternants de quartz et de séricite, moulant des lentilles dont l'origine n’est 
pas douteuse. Sous le microscope en effet ces lentilles sont formées par des grandes 
plages de quartz à extinctions onduleuses, dont le contour dentelé est jalonné 
d'esquilles: ce sont d'anciens galets écrasés et étirés par dynamo-métamorphisme. 
Les rubans de quartz sont formés par l'association de petits grains polyédriques 
formant mosaïque, ils résultent peut-être d'un écrasement plus complet de certains 
galets. Quant aux rubans micacés, ils proviennent de association d'une chlorite 
prédominante avec des lamelles plus biréfringentes de séricite et un peu de quartz. 
Les lamelles sont toujours tres froissées et contournées. 


SUCCESSION OBSERVÉE DANS LES DIFFÉRENTES FORMATIONS 


L'ordre de la succession des différents types pétrographiques que nous venons 


(138) 


Sn 4 | TR 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L OURAL D21 


d'indiquer est souvent dificile à établir par le fait que fréquemment la tectonique 
est indéeise faute de documents suffisants, et que les observations paraissent contra- 
dictoires. 

Cependant, d'après ce que nous avons pu voir au Touloum, comme aussi à 
l’Aslianka, au Tscherdynsky et surtout au Kwarkouche, on peut affirmer que les 
quartzites et conglomérats sont à la base, tandis que les schistes détritiques sont au 
sommet de la formation: ce sont là des résultats absolument conformes aux vues de 
M. Krotow dont nous nous plaisons à reconnaitre toute la justesse. 

Quant à la position des quartzites vis-à-vis des conglomérats, voici ce que nous 
avons pu observer: certaines montagnes sont exclusivement formées de conglomé- 
rats quartzeux, d’autres de quartzites : souvent aussi les deux formations alternent 
en bancs plus ou moins minces sur une certaine étendue ou au contraire d’une façon 
toute locale. Il existe des chaines très considérables où les conglomérats n’apparais- 
sent pas, tel est le cas pour l'Aslianka: et pour la grande chaine des Poyassowoï au 
nord des sources du Tépil: tes conglomérats paraissent d'ailleurs relativement rares 
par rapport aux quartzites et jouent un rôle plus effacé dans la composition du sol. En 
ce qui concerne les quartzites elles-mêmes, on remarque bien souvent que les quart- 
zites franches alternent à plusieurs reprises avec d’autres plus micacées qui appar- 
tiennent très certainement au même horizon. Tel est le cas par exemple à l’Aslianka 
où les quartzites franches du n° 3104 alternent avec les variétés toutes différentes 
représentées par le n° 5101: ou encore au Rastessky-Kamen, où le type du n° 85 
alterne avec celui du n° S9. Sur le terrain, la confusion de ces quartzites micacées 
avec les schistes quartziteux détritiques n'est jamais possible. 


S 5. Le Mont Soukhoï. 


C'est, comme nous l'avons dit, le sommet le plus septentrional de la zone des 
quartzites et conglomérats qui sur la carte de M. Krotow finit à quelques verstes 
plus au nord: c'est aussi là que la dite zone présente sa largeur minima. Le sommet 
du Soukhoï se trouve en ligne directe à 6 ou 7 kilomètres environ de la rive droite 
de Tépil, depuis l'embouchure de Plitowataïa qui en est un afuent: sa forme 
élancée et son isolement au milieu de la région boisée et faiblement inclinée 
qui l’environne, le font reconnaitre de très loin. Ce sommet cote S20 mêtres 
d’après une détermination barométrique faite par un beau temps et ramenée à la 
base de Sosnowka. 

(139) 


922 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


Pour gagner le Soukhoï, il suffit de cheminer directement vers l'ouest depuis 
l'embouchure de Plitowataïa; on suit alors un profil naturel qui passe par le som- 
met de la montagne. A l'embouchure méme de la rivière, on voit afeurer les dolo- 
nies noires et bitumineuses du D° du synclinal de Tépil en couches presque horizon- 
tales ; à partir de jà, la forêt couvrant le sol, il n'existe plus d’afeurements visibles, 
aussi avons-nous fait exécuter trois puits, le premier à une verste de la rive, le second 
à une verste du premier et le troisième à une verste plus loin vers l’ouest, Ces 
trois puits furent poussés jusqu'à la profondeur de quatre mètres sans rencontrer 
autre chose que de la terre argileuse avec des fragments anguleux de quartzites et 
conglomérats et sans atteindre le bed-rock. IT est évident toutefois que celui-ci est 
formé par les roches en question ; les dolomies s'arrêtent donc à une faible distance 
à l’ouest de Fembouchure de Plitovataïa, et les quartzites et conglomérats commen- 
cent immédiatement pour ne plus cesser jusqu'au Soukhoï lui-même. En effet, à 
partir du troisième puits, on trouve dans la forét sous les arbres déracinés exclusi- 
vement des cailloux anguleux de conglomérats, sans rencontrer nulle part d'affeu- 
rement en place. La pente sur quelques kilomètres est d'abord très douce, puis elle 
augmente brusquement et lon gravit alors le versant oriental du Soukhoï formé 
par un cahos de gros blocs anguleux constitués exclusivement par des conglomérats 
à galets de quartz blanc, avec ciment quartzeux violacé : en même temps la végéta- 
tion devient de plus en plus rare jusqu'au sommet où Fon trouve la roche en place. 
Celle-ci afeure suivant une crête dont la longueur mesure une centaine de mètres 
environ. Les couches y courent exactement nord-sud et plongent vers Fest de 30 
à 38°. Le flanc occidental de la montagne est couvert par les éboulis, et nulle part 
on ne peut y voir d'afleurement : il est évident cependant que le Soukhoï forme 
un pli déjeté vers l’ouest: sans doute rompu et peut être faillé de ce côté. Il est 
d'ailleurs très difhcile de savoir si à Fest comme à l'ouest de cet anticlinal, il 
existe d'autres plis parallèles dans la même zone, plis qui auraient été rasés par 
l'érosion: il manque en effet les afHeurements nécessaires pour se prononcer. Cepen- 
dant ce fait, pour des considérations inhérentes à la topographie, est peu vraisem- 
blable, et il est plus probable qu'au Soukhoï la zone des quartzites et conglomérats 
forme une voûte unique, très plate, qui se redresse seulement vers le sommet de la 
clef de voûte, et qui est probablement rompue sur le flanc occidental. 

Depuis le sommet du Soukhoï on peut faire les différentes observations suivan- 
tes: Vers le nord, la crête qui forme la montagne s’abaisse rapidement jusqu'à une 
dépression transversale occupée par les sources de Ja rivière Rossomachnaïa qui 
coule sur le versant oriental de la montagne, Au sud, un large col boisé plus ou 
moins accidenté, sépare le Soukhoï du Tscherdynsky qui en est distant à peu près de 


(140) 


Fig. 17 Vue générale du Tscherdynskyÿ-Kamen depuis FOstr\ 
\ gauche le petit cône du Soukhoï 


Fig. 18 Plissement des couches an sommet du Tseherdynsky montrant la 


disposition en anticlinal déjeté, 


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RECHERCHES  PETROGRAPHIQUES SUR L'OURAL D293 

S kilometres. et qui forme un massif beaucoup plus large. réuni au Soukhoï par 
une longue aréte boisée, sur laquelle le roc afHeure à maintes reprises au milieu 
des sapins qui la couvrent. Vers l'ouest enfin, le flanc est abrupt, et le Soukhoï 


forme de ce coté une véritable barre rocheuse, 


S 4. La montagne du Tscherdynsky. 


Nous avons gagné la montagne du Fscherdynsky en partant du col qui la sépare 
du Soukhoï, et en suivant la longue arête boisée dont il vient d'être question. 

La riviere Lomovaïa, contrairement aux indications des différentes cartes que 
nous avons eues, prend sa source derrière le Soukhoï, passe par le dit col. et coule 
alors vers l’est jusqu'à sa jonction avec Tépil. Sur la carte de M. Krotow, le cours 
de cette rivière est tout entier compris dans les formations dévoniennes du D' et 
du D° du synclinal de Tépil. Or nous avons remonté la rivière Lomowaïa de son 
embouchure à sa source: les dolomies noires et grenues du D? afHeurent comme à 
Plitowataïa à une faible distance de l'embouchure, mais elles disparaissent le long 
du cours de la rivière: les rives sont au contraire plates et marécageuses, et nulle 
part on ne voit d'afHeurements sauf en un point où Fon peut observer quelques gros 
blocs de quartzites et conglomérats qui paraissent provenir d'un bane démantelé sur 
place, D'autre part deux puits faits successivement à une et deux verstes de lem- 
bouchure de la dite rivière n'ont rencontré que de argile avec des fragments de 
quartzites et conglomérats jusqu'à la profondeur de 6 mètres. est donc probable 
que là aussi, les dolomies de D? S'arrétent à une faible distance de la rive gauche 
de Tépil, qu'il n'existe pas de dévonien inférieur, et que les quartzites et conglomé- 
rats arrivent jusqu à la rivière où à peu pres. 

Après avoir traversé le col de Lomowaïa, nous avons passé sur le Hanc orien- 
tal de l'arête, puis avons cheminé parallélement à celle-ci jasqu'au moment où la 
végétation devient plus rare et permet de voir la nature du sol. Sur les nombreux 
pointements de roche en place que nous avons rencontrés, nous avons toujours 
trouvé des alternances réitérées de quartzites compactes blanches et de conglomé- 
rats cristallins de couleur grisatre et à petits éléments. Les plongements des cou- 
ches relevés en plusieurs endroits attestent que cette arête forme un anticlinal 
relativement plat et légèrement déjeté vers ouest. Lorsqu'on suit cette arête jusqu'à 
sop extrémité sud, on n'arrive pas sur le sommet du Fscherdynsky, mais on passe à 
quelques mètres à l'ouest et au-dessous. Le sommet même du Tscherdynsky cote 


(141) 


D24 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


103$ metres d'apres deux déterminations barométriques que nous avons faites à 
trois Jours de distance: il est formé également par des bancs de quartzites et de 
conglomérats à petits éléments, qui sont plissés manifestement en anticlinal déjeté 
vers l’ouest. On voit en effet sur le flanc est du Tscherdynsky les bancs de 
quartzites plongeant vers l'est, au sommet même ces bans s’incurvent, forment plu- 
sieurs ondulations qui sont la charnière anticlinale conservée, puis retombent vers 
l’ouest. [ne peut y avoir ici aucun doute sur l'existence de ce premier pli: on peut 
constater aussi qu'il est suivi d'un second, qui passe plus à l’ouest, et qui n’est autre 


Vue du Tscherdynsky-Kamen depuis l'Ostry. 
1 — Tscherdynsky-Kamen. — IT — Soukhoï-Kamen. Le dessin montre la crête qui unit les deux montagnes 
et la conséquence des deux plis du Tscherdynsky au point de vue de la topographie. 


chose que la crête rocheuse que nous avions longée depuis le Soukhoï. Le tres petit 
synelinal qui sépare ces deux anticlinaux est assez plat et mesure à peine 300 mètres 
de largeur: c’est sur lui qu'on arrive quand on suit l'arête boisée depuis le Soukhoï. 
L'existence de gendarmes restés à la surface de ce synelinal et sur lesquels on peut 
voir encore la disposition des couches, ainsi que la retombée manifeste de celles-ci 
sur le flanc ouest de la montagne, ne laissent aucun doute sur l'existence de ce se- 
cond anticlinal. Il résulte donc de ce qui vient d’être dit, que le Tscherdynsky- 
Kamen est en somme une grande voûte remarquablement plate de quartzites et 
conglomérats, qui se dédouble en deux plis secondaires; l'un, celui de l'ouest, cor- 
respond à l’anticlinal du Soukhoï et coïncide avec celui formé par la crête rocheuse 
qui relie le Tscherdynsky à cette montagne; l'autre, plus à l'est, forme le Tscher- 
dynsky lui-même, 


(142) 


Fig. 19 Retombée des couches au flanc ouest du Tscherdvnsky 
\ droite la silhouette de FOstry 


Lfohaéals 


LE. 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 129 


Depuis le sommet du Tscherdynsky, on voit nettement que FOstry vient au 
SO, et que par conséquent il n'en est pas le prolongement immédiat. En effet, entre 
l'Ostry et le Tscherdynsky, il existe une dépression qui cote environ 760 mètres, 
La première idée qui vient quand on voit l'Ostry depuis le sommet du Tscherdynsks 
est que ce dernier forme un pli local plus occidental, qui S'atténue très rapidement, 
et disparaît sans laisser de traces du côté du nord: nous allons voir que cette idée 


se justifie. 


S 5. Le Mont Ostry. 


Pour gagner le plus avantageusement possible l'Ostry depuis la dépression indi- 
quée, il faut tourner cette montagne et laborder par son flanc NE. On arrive tout 
d'abord de la sorte sur l'épaule qui cote 951 mètres et qui précède le sommet principal. 
Il existe sur cette épaule quelques gros rochers ruiniformes en place sur lesquels on 


11 


Vue de l'Ostry depuis le Tscherdynsky. 


peut parfaitement observer la disposition des couches de conglomérats qui forment 
la montagne. Celles-ci sont presque horizontales ou plongent faiblement alternative- 
ment vers l’est ou vers l’ouest. De l'épaule au sommet, on chemine sur des éboulis, 
mais au sommet même qui cote 1040 mètres, on observe la roche en place, formée 
exclusivement ici par des conglomérats quartzeux à ciment violacé, dont les bancs 
dirigés presque rigoureusement NS, plongent de 45° vers l’ouest. Il n°y a donc au- 
cun doute également que l'Ostry forme un pli plus occidental que le Tscherdynsky- 
Kamen, déjeté comme lui vers l'ouest, et compliqué d'un petit repli secondaire dont 


(145) 


326 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


on trouve les restes sur l'épaule, M. Krotow voyant à une certaine distance les cou- 
ches du Tscherdynsky-Kamen et de lOstry plonger vers l'est pour la première, et 
vers l’ouest pour la seconde de ces deux montagnes, avait pensé que celles-ci for- 
maient les deux parties d'une même voûte rompue, dont le cœur aurait alors coïn- 
cidé avec la dépression qui les sépare. Cette idée vient immédiatement à l'esprit 
lorsqu'on voit le Tscherdynsky et l'Ostry de profil, depuis le Dikar par exemple: les 
couches du Fscherdynsky paraissent, en effet, devoir se raccorder avec celles de 
l'Ostry, mais un examen plus approfondi fait au cours de l'ascension des deux mon- 
tagnes permet de se convaincre qu'il n'en est pas ainsi et qu'il y à réellement deux 


anticlinaux distincts, séparés par une dépression synclinale, Il ne faut cependant 


Vué des anticlinaux au nord de la Kosva depuis le Dikar : 


1 — Tscherdynsky-Kamen. — IT — Ostry-Kamen. IT — Soukhoï-Kamen 


pas exagérer l'importance de ces anticlinaux, et si l’on prend en considération la 
grande largeur de la zone des quartzites et conglomérats, ces anticlinaux peuvent être 
assimilés sans doute à des ondulations secondaires dans une immense voûte très 
plate, constituée par les dites formations. 

Du sommet de FOstry comme aussi de celui du Tscherdynsky, on peut faire 
l'observation importante qui suit : Les arêtes rocheuses qui prolongent ces deux 
montagnes vers le nord et qui arrivent jusque sur la Koswa à la cluse de Touloum. 
s'abaissent brusquement au voisinage de la rivière. Les couches de quartzites et 
de conglomérats gardent la même orientation, et il est aisé de voir que ces arêtes 
rocheuses sont la continuation des plis dé lOstry et du Tscherdynsky qui s’affais- 
sent manifestement suivant l'axe de la Koswa. Ceci explique pourquoi sur les pentes 
qui dominent la rive droite de cette rivière, on ne trouve pas d’autres formations que 


(144) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 697 


celles qui afHeurent au sommet même de ces deux montagnes; avec la différence de 
niveau de 700 mètres environ, qui existe entre le cours de la Koswa et le sommet 
de POstry, les couches auraient dù être entamées sur une grande épaisseur par la 
cluse, et si les plis ne s’abaissaient pas suivant l'axe de cette cluse, lon devrait 
nécessairement voir afleurer des niveaux très inférieurs aux quartzites et conglo- 
mérats, ce qui n'est pas le cas. 

La dépression synclinale entre l'Ostry et le Tscherdynsky est boisée et lon x 
voit aucun afleurement. Pour savoir si elle était comblée par des formations supé- 
rieures aux quartzites, nous avons fait exécuter trois puits distants chacun d'un 
kilomètre, le premier étant sur Paxe méme de la dépression, les autres plus à 
l’ouest. Le premier puits, après avoir traversé une couche d'argile assez épaisse, à 
rencontré le bed-rock formé par des alternances de schistes verdatres quartziteux 
qui appartiennent incontestablement aux types des schistes détritiques supérieurs : 
les autres puits ne sont pas arrivés jusqu'au bed-rock, mais les cailloux mélés à 


l'agile étaient de composition analogue. 


S 6. Résumé et tectonique relatifs à la partie nord de la zone des quartzites, 


du Touloum au Soukhoï. 


Les observations consignées dans les paragraphes qui précèdent peuvent, pour 
l'intelligence des faits quisuivent, être résumées de la façon suivante : 

1° La zone des quartzites s’avance beaucoup plus loin vers Fest que la feuille 
Tscherdyn-Solikamsk ne le figure; au Soukhoï, sa largeur est plus considérable, et 
nulle part du Soukhoï au Tscherdynsky, on ne voit la zone en question suivie vers 
l'est de formations appartenant au dévonien inférieur et qui viendraient s’'intercaler 
entre les quartzites et les dolomies du D?, Celles-ci paraissent être très réduites 
sur la rive droite de Tépil, du moins dans le voisimage de embouchure des ri- 
vières Lomowaïa et Plitowataïa. 

29 Les quartzites et conglomérats forment au Soukhoï un pli unique, déjeté et 
rompu sur son flanc occidental; cet anticlinal du Soukhoï, toujours déjeté, mais non 
rompu, se continue jusqu'au Fscherdynsky-Kamen, et plus au nord, jusqu'au voisinage 
de la Koswa. Le Tscherdynsky lui-même est formé par deux anticlinaux déjetés: le 
premier, le plus occidental, est la continuation de l’anticlinal du Soukhoï: le second, 
plus oriental, forme le sommet principal: un petit synelinal de 500 mètres au plus, 
sépare ces deux anticlhinaux. 

(145) 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 84 (1905). 66 


5928 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


3° L'Ostry forme un troisième anticlinal qui vient à l’ouest de celui du Soukhoï- 
Tscherdynsky, et qui est déjeté comme les autres. Ce troisième anticlinal se pour- 
suit vers le sud jusque sur la Koswa, tandis qu'il cesse assez rapidement vers le nord. 
Le synclinal qui forme la dépression séparant l'Ostry du Tscherdynsky est occupé 
par des formations appartenant aux horizons supérieurs aux quartzites. La zone des 
quartzites parait donc s'élargir vers le sud, ce qui entraine l’apparition de plusieurs 
rides parallèles, anticlinales et synclinales, qui se succèdent de l'est vers l’ouest, 
puis celle de termes supérieurs aux quartzites qui comblent les synclinaux. 

4° Les plis du Tscherdynsky et de lOstry au voisinage de la eluse de Ja 


Koswa paraissent s'affaisser dans l'axe même de cette cluse. 


CHAPITRE X 


LA ZONE DES QUARTZITES ET CONGLOMÉRATS (suite). 


+ 


. Le Dikar et les montagnes qui viennent à l’est. — K 2. La cluse de la Koswa et les rapides de 


V/0 
_ 


Touloum. $ 3. La montagne de Domaschny-Kamen. — $ #. La montagne de Boyarskaya, 
le Rastessky-Kamen et la crête de Chaloupniak. — $ 5. La montagne de lPAslianka. — 
$ 6. La montagne de l'Adinoky. — $ 7. La grande dépression qui vient à l'est de l'Adinoky. 
—$S. Les ouwals qui viennent à l'est de l'Aslianka. — $ 9. Résumé général relatif à la 


tectonique et à la stratigraphie de la zone des quartzites et conglomérats. 


S 1. Le Dikar et les montagnes qui viennent à l'est. 


Le Dikar se trouve comme nous l'avons dit sur la rive gauche de la 
Koswa, et sur le prolongement sud de lOstry. Pour en atteindre le sommet, 
on suit d’abord pendant deux où trois verstes le chemin qui va de Verkh- 
Koswa à Rastess en traversant les schistes noirs de la zone du dévonien 


(146) 


. Gahuié ROEES : Al 


RECHERCIES PÉTROGRAPHIQUES SUR L OURAL D29 


inférieur de la Koswa qui flanquent le Dikar du côté de louest, puis on 
prend un sentier qui, à travers la forêt, mène au sommet principal par le 
flanc oriental de la montagne. Celle-ci est complètement boisée, à l'exception 
du piton principal formé par un cailloutis couvert de lichens, avec quelques 
afleurements de roche en place. La hauteur du Dikar déterminée au baromètre 
est de 776 mètres: les afileurements rocheux du sommet sont formés par des 
quartzites noiratres, dirigées nord-sud et plongeant vers l’est de 60°. Sur le 


flanc occidental par contre, on ne trouve pas d'afleurements permettant de 


juger sil v a retombée des couches, mais il est plus que probable qu'il en 


est cependant ainsi et que le Dikar forme une voute fortement déjetée vers 


Vue générale du Dikar depuis lOstry. 


I — Sommet du Dikar. Sur la gauche la crête de Philichina-Tschelma. 


l'ouest'et peut-être rompue pres du sommet, Vers le nord, le sommet prin- 
cipal se continue par une crête qui, de méme que celle de lOstry, s'abaisse 
au voisinage de la Koswa: depuis cette crête on voit parfaitement que le 
Dikar et lOstry forment une seule et même ride affaissée suivant l'axe de 
la Koswa, qui parait alors couler manifestement dans une ancienne vallée, créée 
par l'existence d'un synclinal orthogonal sur la direction générale des plis: 
nous en reparlerons dailleurs à propos du Touloum. Au sommet du Dikar, il 
n'existe pas trace de conglomérats analogues à ceux de lOstry: les quartzites 
mêmes sont différentes de celles du Tscherdynsky. Une vallée boisée assez large 
et appelée Dikarsky-Log, dont la pente générale se trouve du côté de la Koswa, 
sépare le Dikar d'un ouwal, boisé également, qui vient à trois ou quatre kilomètres 
environ plus à l’est, et que les gens de Verkh-Koswa nomment Philichina-Tschelma ; 


(147) 


530 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


c'est l'extrémité nord de cet ouwal qui est entaillée par la Koswa à l'endroit appelé 
Sloudky, en donnant naissance aux rapides que nous appellerons « supérieurs » de 
Touloum, par opposition aux rapides dits < inférieurs » développés à l'endroit où la 
rivière coupe le prolongement septentrional du Dikar. Ces rapides inférieurs se trou- 
vent à trois ou quatre verstes de ceux qui viennent plus en amont, ce sont les premiers 
que l’on rencontre lorsqu'on remonte la Koswa depuis Verkh-Koswa. Dans le Di- 
karsky-Log, il existe vers le sud un petit repli de terrain qui s’efface rapidement en 
allant du côté du nord, et disparait complètement. Nous avons traversé la dépression 
du Dikarsky-Log que nous avons parcourue en tous sens; la région est excessive- 
ment marécageuse, et il n'existe malheureusement pas d'affeurements:; cependant 
sous les arbres déracinés, on trouve d’abord, sur le versant ouest de la vallée et à une 
faible distance du Dikar, des débris de conglomérats quartzeux, puis plus bas, dans 
la vallée elle-même et sur le versant oriental de Philichina-Fschelma, des débris de 
schistes quartziteux verdatres du niveau supérieur. En montant jusque sur la crête 
de Philichina-Tschelma, au point où celle-ci présente son élévation maxima qui ne 
dépasse pas 630 mètres, on trouve toujours les mêmes roches qui forment alors sur 
la crête une série de petits afleurements, mais si l’on passe sur le versant oriental de 
celle-ci, on rencontre à une faible distance de la crête et nettement au-dessous des 
schistes quartziteux grisatres, des quartzites blanches et saccharoïdes analogues à 
celles du Tscherdynsky: schistes et quartzites plongent vers l’ouest sous des 
angles variant de 70 à 80°. 

Nous avons suivi la crête de Philichina-Tschelma sur toute sa longueur, jusqu'à 
son extrémité nord qui forme les rochers abrupts qui dominent le Sloudky. Nous 
avons trouvé constamment sur cette crête des schistes quartziteux grisätres ou ver- 
dâtres, souvent gauffrés et froissés, renfermant des lits ou des lentilles de quartzites 
blanches imprégnées de sidérose. Au Sloudky, les grands rochers qui afHeurent au 
milieu des sapins à 100 mètres environ au-dessus de la Koswa et qui sont formés 
des mêmes roches, sont dirigés NNO-$S$E et plongent de 70° vers l’ouest, ces roches 
sont à la cote 430 m. 

Quand depuis Philichina-Tschelma on regarde vers l’est, on remarque un 
nouvel ouwal boisé appelé Kamenky-Ouwal, qui en est séparé par une vallée: c’est 
dans celle-ci que coule la rivière Kamenka. Nous avons remonté la rivière Kamenka 
dominée par les pentes du flanc ouest de Kamenky-Ouwal qui sont assez rapides. 
Sur ces pentes nous avons trouvé en montant de l'ouest à l’est : 

1° Schistes quartziteux à lentilles de quartzites imprégnées de sidérose. 

20 Schistes verts quartziteux à petits galets de quartzite. 

3° Quartzites schisteuses grisatres très laminés sur le sommet du Kamenky Ouwal. 


(148) 


RECHERCHES PÊTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 31 


La direction de ces couches est nord-sud, leur plongement se fait vers l'ouest, les 
couches sont assez redressées. Il est donc évident que vu leur plongement et leur 
succession, les roches du flanc occidental du Kamenky forment le flanc ouest d’un 
anticlinal qui suivrait celui de Philichina, tandis que Kamenka coulerait NE-SO0 
obliquement dans un synclinal compris entre ces anticlinaux. [ne nous à pas été 
possible de voir des afeurements à la base du Hanc oriental de Phihchina-Tehelma, 
mais il est probable qu'il y à retour sur ce Hanc des couches du Kamenky avec 
plongement inverse, car un peu plus bas que embouchure de Kamenka, on trouve, 
sur la Koswa, un afleurement de quartzites plongeant est 45°. Ilest plus que vrai- 
semblable que la dépression synclinale de Kamenka renferme également des 
schistes noirs du D! plaqués sur les schistes quartziteux, car les alluvions de cette 
rivière contiennent des débris de schistes noirs, nous ne les avons cependant pas vus 
en place. La successsion observée sur le Hanc ouest du Kamenky est confirmée par 
les afleurements relevés sur la Koswa: toutefois là, sous les schistes verts quartzi- 
teux, afeurent des quartzites inférieures sur une certaine étendue en blocs dans 
la rivière: cela n'a rien d'anormal d’ailleurs, si comme nous le pensons, Kamenky 
forme un anticlinal forcément érodé profondément par la Koswa, qui à ainsi mis au 
jour les formations plus inférieures qui n'afeurent pas sur la crête. 

Philichina-Tschelma comme le Dikarsky-Log, suivent la loi générale mdiquée : 
ils s'abaissent au voisinage de la Koswa. De toute façon, l'exposé qui précède 
montre que le Dikar, Philichina-Tschelma et Kamenky, forment trois anticlinaux 
parallèles de schistes quartziteux et de quartzites, espacés par deux synclinaux, 
celui du Dikarsky-Log et de Kamenka: l'examen du profil naturel donné par len- 
taille de la Koswa aux rapides de Touloum va nous permettre de compléter 


les observations faites au Dikar et sur les ouwals qui lui succèdent du côtéde l'est. 


S 2. La cluse dela Koswa et les rapides de Touloum. 


Lorsqu'on descend la Koswa en aval de son confluent avec Tépil, on trouve prin- 
cipalement sur la rive gauche, une série d'afleurements qui se succèdent de la façon 
suivante : À une verste environ en aval du dit confluent, on rencontre tout d’abord 
un petit pointement de diabases, à partir duquel on entre dans la cluse propre- 
ment dite. 

La rivière coule au début vers le sud-ouest, en contournant la base du 
Kamenky-Ouwal. Le premier afleurement que lon rencontre est alors formé par 
des conglomérats quartzeux, surmontés par des quartzites schisteuses verdatres, 


(149) 


15%. LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


qui plongent de 65 à 70° vers l'ouest, et qui forment le flanc occidental du 
Kamenky. 

Dans cette région, la cluse est d'abord orientée sud-ouest, et entaille oblique- 
ment les formations! ; puis elle tourne, devient presque nord-sud, et orientée alors 
parallèlement à celles-ci jusqu'à l'embouchure de la rivière Kamenka. En aval du 
confluent de cette rivière, on observe tout d'abord un afleurement de quartzites 
plongeant vers l'est, puis on pénètre dans le Touloum proprement dit apres un 
coude de la Koswa vers l’ouest où celle-ci coupe à nouveau obliquement les for- 
mations. Au Touloum, les blocs des rapides sont formés de quartzites et de conglo- 
mérats quartzeux, ces mêmes roches que lon voit en place sur la rive gauche, 
supportent des schistes quartziteux et séricitiques de couleur verdâtre, très frois- 


sés et très redressés, suivis à l’ouest de quartzites schisteuses vertes et rosées, 


toujours très redressées et plongeant vers l’ouest; ce sont les mêmes formations 
qui atHeurent sur la crête et au flanc ouest de Philichina, ainsi qu'aux rochers qui 
dominent le Sloudky, mais où cependant les conglomérats, termes inférieurs, 
n'apparaissent pas. 

A cet endroit, la cluse suit tout d'abord parallèlement les formations sur une 
certaine longueur, puis elle tourne à nouveau vers le sud-ouest en coupant pour la 
troisième fois obliquement les strates, On observe alors après les quartzites schis- 
teuses, des schistes noirs: d'abord calcaires puis charbonneux avec plongement 
ouest 7°. Plus en aval, les schistes sont de nouveau calcaires et suivis alors par des 
quartzites verdâtres, plongeant cette fois vers l’est, accompagnées par des schistes 
quartziteux verdâtres à lentilles et galets de quartzites blanches imprégnées de 
sidérose, qui présentent le même plongement. En continuant à descendre, on trouve, 
toujours sur la rive gauche, des schistes quartziteux et séricitiques de couleur ver- 
dâtre contenant des nodules de quartz violacé, ces schistes plongent encore vers l'est; 
ils sont suivis par un conglomérat à cailloux de quartz qui termine la série, car à 
partir du point où celui-ci peut être observé, les afleurements cessent sur la rive 
gauche, mais réapparaissent un peu plus loin sur la rive droite, sous forme de bancs 
démantelés de quartzites grisatres, qui, d’après leur position, paraissent se raccorder 
avec ceux des mémes roches dont on voit les éboulis sur le flanc du Dikar qui 
domine la Koswa. Plus bas sur la rivière les affleurements cessent sur les deux 
rives, mais sur les berges et dans son lit, on trouve des quartzites grisätres et com- 
pactes, dont les blocs sont probablement produits par un démantellement sur place. 
A l'endroit où la direction de la cluse change de nouveau pour devenir à peu près 


! Pour ne pas commettre d'erreur, faute d’une bonne carte, nous avons dû, dans la cluse, relever le 
cours de la Koswa à la boussole en marquant les afleurements les uns après les autres. 


(150) 


Fig. 21 L'Ostry et le Tscherdynsky vus depuis le sommet du Dikar, Sur la 
droite on voit la silhouette du Stehoutchx 


Fig. 22 La cluse de la Koswa et le Touloum, vus depuis les rochers du 
Sloudky, sur la rive gauche 


RECHERCHES PÊTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 590 


nord-sud, les quartzites vertes à nodules de quartz violacé plongeant ouest 70 
réapparaissent, puis à une faible distance de là on trouve alors les schistes noirs et 
charbonneux du D', avec intercalations de bancs de quartzites de couleur foncée. 

Ces observations se raccordent parfaitement avec celles consignées dans le pa- 
ragraphe précédent ; de l'ouest vers l’est, les plis se succèdent donc de la façon sui- 
vante : 

1° Anticlinal du Dikar. 

2° Synclinal de Dikarsky-Log. 

* Anticlinal de Philichina-Tschelma-Sloudky. 

4° Synclinal de la rivière Kamenka. 

5° Anticlinal de Kamenky. 

La stratigraphie suivante se déduit de cette tectonique. 

1° A la base : quartzites et conglomérats. 

29 Quartzites schisteuses verdatres avec nodules de quartz violacé. 

3° Schistes quartziteux et séricitiques avec grosses lentilles de quartzites 
blanches imprégnées de sidérose. 

4° Schistes quartziteux ou mieux quartzites schisteuses vertes et rosées. 

5° Schistes noirs d'apparence phylliteuse. 

Le N°5 appartient probablement au dévonien inférieur qui forme done sur la 
Koswa le cœur du synclinal du Dikarsky-Log comme celui de Kamenka, le N° 6 
forme une zone transitoire entre les formations détritiques supérieures et la zone du 
dévonien inférieur de la Koswa: les autres termes appartiennent entièrement à la 
zone des quartzites. Il est à remarquer que le synelinal du Dikarsky-Log est 
complet, les différentes formations se retrouvent symétriquement par rapport aux 
schistes noirs, à l'ouest comme à l’est, avec des plongements contraires. 

La différence observée entre le profil donné par la cluse de la Koswa et celui 
relevé par la crête du Dikar et de Philichina-Tschelma, provient simplement de 
la profondeur même de la cluse qui à érodé les anticlinaux jusqu’à leur noyau com- 
posé de quartzites et conglomérats. En tout cas les plis aigus et comprimés du Dikar, 
de Philichina et de Kamenky, contrastent avec les voûtes régulières de l'Ostry et du 
Tscherdynsky qui en sont évidemment le prolongement sur la rive droite de la 
Koswa. De plus, il doit sans doute y avoir étirement sur le flanc occidental du 
Dikar, où les quartzites schisteuses supérieures, si bien développées dans le syn- 
clinal du Dikarsky-Log, sont excessivement réduites, de sorte que les schistes noirs 
du Dikar viennent presque directement en contact avec les quartzites inférieures. 
Au Dikar correspondrait l'Ostry, et aux deux plis du Tscherdynsky probable- 
ment les deux anticlinaux plus orientaux, qui s'écarteraient fortement l’un de l'autre 

(151) 


34 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 

en donnant naissance au synclinal de Kamenka. Chose curieuse, l’anticlinal de 
Philichina est déjeté vers l'est, les quartzites en effet apparaissent sous la crête et sous 
les quartzites schisteuses, au flanc oriental de lOuwal, avec un plongement qui est 
nettement vers l’ouest. Quant à l’anticlinal de Kamenky, les renseignements man- 
quent sur la disposition qu'affecte son jambage oriental, et sur la nature du contact 
des formations de la zone des quartzites avec celles du dévonien de Tépil; il n’a en 
effet pas été possible de retrouver le retour anticlinal des couches de quartzites des 
horizons supérieurs plongeant cette fois vers l’est, de sorte que l’on ne sait pas si ce 
contact est normal ou se fait par dislocation. Enfin, l'existence de schistes noirs 
du D' au cœur du synclinal du Dikarsky-Log, sur la Koswa, c’est-à-dire au point 
le plus bas de ce synclinal, alors que ces mêmes schistes manquent dans les parties 
plus élevées de ce dernier, est encore une preuve à l'appui de l'affaissement général des 
plis de la région dans l'axe de la cluse de la Koswa, qui de la sorte coulerait dans 
une ancienne vallée résultant de Fexistence d’un synclinal orthogonal sur la direc- 


tion générale des plis. 


S3. La montagne de Domaschny-Kamen. 


Le Domaschny-Kamen fait suite au Dikar vers le sud-est, il est malheureuse- 
ment couvert par la végétation, de sorte que les observations que lon peut y faire 
sont nulles ou à peu près. Nous avons cependant fait exécuter une batterie de puits 
espacés les uns des autres de 300 mètres à 1 kilomètre, et disposés selon un profil 
orienté est-ouest. 

Malheureusement bon nombre de ces puits n'ont pu être achevés par suite des 
marécages, et les observations que nous possédons sont trop incomplètes pour per- 
mettre de tirer une conclusion, Tout ce qu'il est permis de dire, c'est que plusieurs 
de nos puits ont rencontré soit des quartzites schisteuses vertes et rosées, soit des 
quartzites compactes avec conglomérats quartzeux, soit des schistes quartziteux 
grisatres avec lentilles quartzeuses imprégnées de sidérose. Il est donc probable 
que les plis indiqués ci-dessus se continuent plus au sud avec des caractères ana- 


logues. 
S 4. La montagne de Boyarskaya, le Rastessky-Kamen 


et la créte de Chaloupniak. 


Pour élucider la constitution de la zone des quartzites et conglomérats au sud 
du Domaschny-Kamen, nous avons, partant de l'embouchure de la rivière Balchaïa- 


(152) 


Lo 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 5D D) 


Boyarskaya, marché directement de l'ouest vers l’est, en suivant un profil passant 
par les points culminants des rides traversées. Cette expédition qui dura plusieurs 
Jours, nous permit de relever un à un tous les affleurements rencontrés, puis de 
compléter l'insuffisance des observations directes par des puits destinés à faire con- 
naître la nature du sous-sol. Nous avons remonté tout d'abord la rivière Boyars- 
kaya en suivant sa rive droite: tout près de embouchure, on trouve un beau poin- 
tement de diabases grenus, puis plus loin, cette rive droite est formée par une 
colline assez élevée et à pentes rapides, sur laquelle on voit d'abord afleurer un 
conglomérat à cailloux de quartzites, puis des schistes quartziteux séricitiques gris- 
clair dirigés nord-sud et plongeant ouest 63°. À partir de là, on traverse la riviere 
pour gagner ensuite un large plateau qui forme la base de la montagne de Boyars- 
kaya. Sous des arbres déracinés, comme aussi dans un puits fait en cet endroit, on 
constate la présence de schistes quartziteux verdätres à nodules de quartzite, ainsi 
que des blocs de quartzites blanchatres dont la provenance n'a pu être déterminée, 
mais qui sont probablement intercalés dans les schistes quartziteux dont ils repré- 
sentent un niveau inférieur. La montagne de Boyarskaya surgit brusquement au- 
dessus de ce plateau, les pentes en sont très rapides: on y trouve çà et là quelques 
afHeurements de schistes quartziteux verdatres dirigés nord-sud et plongeant est 
S0° environ. Le sommet de la montagne qui est boisé cote 693 mètres, il est couvert 
d’une végétation rabougrie et on y rencontre les mêmes schistes. A l'est, depuis 
Boyarskaya, on aperçoit le Rastessky-Kamen qui parait se trouver sur le prolon- 
sement nord de l'Aslianka avec lequel il se raccorde au moyen d'une longue crête 
plus élevée que les montagnes du voisinage, 

La montagne de Boyarskaya est séparée du Rastessky-Kamen par une large 
dépression, dans laquelle se trouvent deux collines dont les crêtes sont sensiblement 
dirigées nord-sud. Entre la première de ces collines et la montagne de Boyarskaya 
coule la rivière du méme nom, puis dans la dépression comprise entre les deux col- 
lines se trouve un affluent de la petite Aslianka: enfin le vallon situé entre la plus 
orientale des deux collines et le Rastessky-Kamen est occupé par la rivière Malaïa- 
Aslianka. Ces deux collines sont couvertes par la forêt, cependant grâce aux puits faits 
à plusieurs reprises, comme aussi aux cailloux trouvés sous les arbres renversés, on 
peut affirmer qu'elles sont constituées par des quartzites schistenses verdâtres for- 
mant le sommet de la zone des quartzites où la base de D". Sur la crête de la pre- 
mière colline, on trouve un afHeurement sur lequel on voit que les couches sont diri- 
sées nord-sud avec plongement vers l'est. La pente orientale de la seconde colline 
est rapide, en descendant on rencontre un gros filon de diabase, puis au-delà les 
afHeurements cessent jusqu'à la rivière Malaïa-Aslianka, et la région devient plate 

(153) 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE VOL. 34 (1905). 67 


230 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


etmarécageuse: çà et là cependant on trouve quelque gros bloc arrondi, toujours formé 
par les quartzites ou parles diabases. Sur la rive gauche de la petite Aslianka, on re- 
marque un bel afeurement de schistes argileux brun verdâtre, dirigés nord 20° 
ouest, et plongeant de 30° vers l’est. À partir de ce point, la pente se relève rapi- 
dement jusqu'à une sorte de plateau au milieu duquel s'élève le dos d’âne qui forme 
le sommet du Rastessky-Kamen. Celui-ci cote S19 mètres (cote barométrique cor- 
rigée). C’est une sorte de dos d’ane de forme elliptique et régulière, émergeant au 
milieu de régions plus basses et relativement plates qui lenvironnent. Il est formé 
de quartzites blanches, plus ou moins micacées et schisteuses, dirigées nord-nord- 
ouest et plongeant vers l'ouest de 70° à 80°: ce plongement est parfaitement net, 
nous avons pu le constater sur plusieurs points grâce à un incendie qui détruisit 
complètement la végétation qui couvrait le sommet. 

Vers l’est, le Rastessky-Kamen s’'abaisse brusquement et se raccorde avec un 
plateau qui forme la ligne de partage entre les rivières Soukaïa-Kyria et Aslianka- 
Kyrinskaïa. 

Ce plateau est lui-même limité vers l’est par la crête du Zabolotnoé, qui se 
continue du côté nord par la montagne de Chaloupniak avec laquelle Zabolotnoë 
est relié par une arête boisée. Entre la montagne de Chaloupniak et le Rastessky- 
Kamen, il existe une petite arête rocheuse relativement basse, qui est formée de 
bancs de quartzites blanches et compactes plissés en forme de voûte anticlmale; 
ces quartzites sont traversées par un puissant dyke de diabase grenu, qui au con- 
tact même devient aphanitique. 

Le sommet de la montagne de Chaloupniak est rocheux, on peut y observer 
plusieurs beaux pointements de quartzites blanches et compactes plongeant vers 
l’ouest de 70° à 80°. Ils forment dans la forêt peu dense qui couvre la crête de 
cette montagne plusieurs pitons d’une trentaine de mètres de hauteur, qui sont dis- 
posés suivant une ligne nord-sud. A l’ouest de ces pitons on en rencontre d’autres 
plus petits, de quelques mètres de hauteur seulement, constitués par des schistes 
verts quartziteux à nodules de quartzite qui s'appuient donc évidemment sur les 
quartzites compactes, et plongent de 50° à 60°, 

On ne peut poursuivre la coupe à l'est de Chaloupniak jusqu'à la rivière Kyria 
à cause d’une zone marécageuse qui s'étend entre Chaloupniak et cette rivière, 
À trois ou quatre verstes au nord de Rastess, on trouve dans la forêt des pointements 
de quartzites blanches absolument semblables à celles que lon rencontre à Cha- 
loupniak, et qui sont dirigées nord 30° ouest, avec plongement à l’ouest de 70° à 
S0° environ. 

Il est difhcile de déduire une tectonique de la région sur les documents fournis 


(154) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 37 


par les observations qui précèdent; il est cependant évident que la montagne de 
Boyarskaya forme un premier anticlinal, dont le cœur serait représenté par des 
quartzites compactes, tandis que les flancs seraient formés par des schistes quartzi- 
teux à nodules de quartzite. 

Cet anticlinal est déjeté vers l’ouest et flanqué de ce côté par des conglomé- 
rates gréseux et des schistes noirs du D. Vers l’est, cet anticlinal est suivi selon 
toute vraisemblance d'un synelinal formé par les quartzites schisteuses verdâtres et 
rosées, occupant immédiatement la dépression qui suit la montagne de Boyarskaya 
vers l’est. 

Ces mêmes quartzites se retrouvent sur les deux collines indiquées sans qu'il 
soit possible d'établir exactement leurs rapports avec celles du synclinal; cependant 
sur la seconde, ces formations plongent vers l'est comme nous l'avons vu: il est donc 
vraisemblable que ces deux collines forment les deux jambages d’un anticlinal de 
schistes quartziteux, faisant suite vers Fest au synclinal indiqué. Cet anticlinal est 
suivi d'un grand synclinal délimité entre la plus orientale des deux collines et le 
Rastessky-Kamen: ce synelinal est occupé par les quartzites schisteuses vertes su- 
périeures, surmontées à leur tour par des schistes argileux brunâtres qui appar- 
tiennent sans doute au D", 

Le Rastessky-Kamen forme évidemment un troisième anticlinal constitué par 
les quartzites blanches et compactes inférieures: le flanc occidental de cet anticlinal 
est normal, le Hanc oriental par contre subit tres probablement une dislocation, loca- 
lisée entre la montagne de Chaloupniak et la petite arête dont il a été question 
plus haut. En effet, les couches de quartzites compactes, en bancs presque horizon- 
taux ou légèrement incurvés, qui forment le noyau anticlinal de la voûte, sont immé- 
diatement suivies par des quartzites schisteuses verdatres, avec lesquelles elles sont 
certainement en contact anormal. 

L'arête de Chaloupniak où l'on retrouve les quartzites compactes plongeant 
ouest sous les quartzites schisteuses, est sans doute le flanc occidental d’un qua- 
trième anticlhinal venant à l’est du Rastessky-Kamen. Toutes les observations que 
nous avons pu faire laissent supposer que cet anticlinal est disloqué, et qu'en cet 
endroit les quartzites entrent en contact anormal avec le dévonien moyen du syn- 
clinal de Tépil qui leur fait suite vers l’est. En effet, il n’est guère possible d’expli- 
quer autrement que par une faille, la présence de bancs de quartzite qui repré- 
sentent le niveau inférieur de la formation et qui plongent vers l’ouest, à une 
distance relativement faible du dévonien moyen du synelinal de Tépil lequel 
plonge vers l'est. Cette observation laisserait également supposer que cette dislo- 


cation se continue jusqu'à l'anticlinal de Kamenky, où nous n'avons pas observé 


(155) 


238 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


comme nous l'avons déjà dit, le retour des couches du jambage oriental de lanti- 
clinal. 

On peut encore ajouter à ceci l'observation suivante qui vient, à notre avis, 
corroborer l’existence de la dislocation en question : Sur le cours de la rivière 
Kyria, à 4 verstes environ de Rastess, on trouve à une faible distance de la rive 
gauche de la rivière #x pelit affleurement de quartzites blanches micacées très frois- 
sées, qui s'étend sur une longueur de 100 à 110 mètres, et sur lequel les couches 
plongent vers l'ouest de 50° à 60°, tandis qu'à deux verstes en aval de Rastess on 
voit affleurer sur la rive droite de Kyria un grand rocher de 10 à 12 mètres de 
hauteur, formé de calcaires dolomitiques cristallins eris-bleuatre, plongeant est de 
50° à 60°, Cet afeurement se continue plus loin sur plus d’une verste, avec un 
plongement toujours identique. 


SD. La montagne de lAslianka. 


La chaine de lAslianka mesure environ une dizaine de kilomètres, on peut la 
qualifier de chaine des quartzites, car d’un bout à l’autre elle est formée par des 
quartzites compactes, Au sud, elle est entamée par une large coupure transver- 
sale qui donne passage à la rivière Ouswa, et qui constitue une grande vallée qui 
la sépare des monts Bacéguy qui paraissent en être la continuation directe. 
Au nord, une autre large vallée transversale occupée par la rivière B. Aslianka, 
sépare également l’Aslianka du Rastessky-Kamen qui en est certainement le pro- 
longement septentrional. 

Les parties culminantes de la chaine en occupent à peu près le centre, ou sont 
rejetées du côté nord, il existe plusieurs sommets distincts (quatre au moins), formés 
par des petits dômes qui s'élèvent au-dessus d’une arête pelée et chauve dont la 
hauteur est très uniforme. Sommets et arêtes sont couverts de blocs anguleux de 
quartzites, et forment un vaste clapier désert; çà et là cependant on peut observer 
des afHeurements formés par la roche en place. 

La hauteur du sommet principal de lAslianka atteint 1141 mètres d'après 
nos déterminations barométriques ramenées à la base de Troïtsk. A PAslianka, la 
limite de la végétation oscille entre S00 et 840 mètres, à partir de 750 mètres déjà, 
les essences sont rabougries. 

Le flanc est de la chaine est considérablement plus abrupt que le flanc ouest, 
sur celui-ci la pente est douce, et l'accès de la montagne est facile de ce côté. 


(156) 


\shanka 


Vue du flanc est 


“haine 


de 


l'Aslianka de 


\dinokx 


RECHERCHES PÊTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 239 


Depuis le sommet de l'Aslianka, on peut faire plusieurs observations impor- 
tantes au point de vue topographique, nous les résumerons Comme suit : 

1° La chaine dans son ensemble est orientée à peu près nord-sud ou faiblement 
NE-SO: vers le nord, elle s’abaisse rapidement par gradins successifs à partir du 
du dernier sommet jusqu'à la dépression de la rivière Aslianka. Avec une bonne 
boussole à pinules on peut préciser que l'extrémité sud du Rastessky-Kamen s'aligne 
exactement sur l'Aslianka. Du côté sud au contraire la chaine rocheuse de lAs- 
lianka se prolonge en une longue arête boisée, 

2° Vers l’ouest, sur presque toute sa longueur, la chaine de lAslianka est 
flanquée d’un contrefort rocheux et boisé qui la sépare de la Koswa. Entre ce con- 
trefort et l’Aslianka. il existe une large vallée boisée, dans laquelle S'amorcent plu- 
sieurs rivières tributaires de la Koswa (Lomowaya, Osamka, Vogoulka, etc.). Ces 
rivières coupent ensuite en écharpe le contrefort en question pour se jeter dans la 
grande artère. 

3° Du côté de l’est, la chaine de lAslianka est suivie par une large dépression 
boisée et très marécageuse, à en juger par les nombreuses taches d'un vert clair 
formées par les hautes herbes développées sur les endroits plus particulièrement 
humides. Cette dépression est limitée à l'est par une ride continue, qui forme un 
ouwal couvert par la forêt: de distance en distance cette forêt est interrompue par 
quelques pointements rocheux que l’on distingue de fort loin. 

Cet ouwal qui ne porte pas de nom spécial, se trouve à une huitaine de kilo- 
mètres environ à l’est de la chaine de l'Aslianka:; dans la grande dépression com- 
prise entre ces deux montagnes, un peu au sud du sommet principal de FAslianka 
et à deux ou trois kilomètres environ en distance horizontale, on voit surgir un petit 
dôme rocheux et pelé, de forme elliptique, dont le grand axe est plus ou moins pa- 
rallèle à la chaine de l’'Aslianka ou fait avec celle-ci un petit angle. Ce dôme s'ap- 
pelle Adinoky, il cote d’après plusieurs déterminations barométriques que nous 
avons faites à plusieurs jours de distance, 901 mètres; il forme un accident tout à 
fait local dans la dépression mdiquée, et disparait rapidement comme tel. L’Adinoky 
est séparé de l’Aslianka par une petite vallée boisée et marécageuse, dont l'altitude 
est de 770 mètres environ au point le plus élevé, la dépression qui fait suite à 
l'Adinoky vers l’est est sensiblement plus basse, elle cote en effet 700 mètres seu- 
lement. 

Nous avons parcouru la chaine de FAslianka en tous sens, dans une première 
excursion nous avons gagné le sommet principal depuis la Koswa en traversant 
l'extrémité nord du contrefort rocheux qui sépare l’Aslianka de cette rivière, et qui 
s'appelle Osamky-Ouwal: puis dans une autre course nous sommes arrivés sur la 


(157) 


340 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


chaine par le sommet le plus méridional, après avoir suivi depuis la Koswa un 
profil orienté ouest-est et passant par le point culminant d’Osamky-Ouwal. Nous 
avons campé durant plusieurs jours dans la dépression séparant PAslianka de 
l'Adinoky, ce qui nous à permis de faire de nombreuses courses sur les deux flancs 
de ces montagnes : toutes les observations que nous avons pu faire sont d’une con- 
cordance parfaite et se laissent résumer comme suit : La chaîne de lAslianka 
dans son ensemble forme une grande voûte de quartzites inférieures ;: le pli est cons- 
tamment déjeté vers l'ouest et affecte une parfaite uniformité d'allure d’un bout à 
l'autre de la chaîne. 

Pour le démontrer, nous allons résumer nos principales observations. Lorsque 
partant de Troïtsk on gagne FAslianka par Osamky-Ouwal, on trouve tout d’abord 
sur la rive gauche de la Koswa une région plate et marécageuse, formée par les 
anciennes alluvions de la rivière, Puis on aborde les premières pentes du flanc occi- 
dental de 'Osamky-Ouwal. On n'y trouve à la vérité pas de roche en place, mais 
sous les arbres renversés les fragments de chistes noirs du D! ne sont pas rares. 
Un peu plus haut, on voit apparaitre des quartzites grises, également dévoniennes, qui 
se continuent jusqu'à la crête de louwal; le plongement de ces quartzites se fait 
vers l’est sous un angle voisin de 72°. 

Après avoir traversé Lomowaya, on commence à monter doucement sur le 
flane ouest de l'Aslianka. La pente est très faible, et déjà à une petite distance du 
lit de Lomowaya, on trouve dans la forêt des cailloux anguleux de quartzites blanches 
appartenant au niveau inférieur. Il n'existe pas d’afleurements, de sorte qu'il n'est 
pas possible de voir le contact des quartzites schisteuses avec celles du niveau 
inférieur. En continuant à monter en marchant directement vers Fest jusqu'à la 
limite de végétation, on ne trouve autre chose que des pierriers formés des mêmes 
quartzites qui se continuent d'ailleurs jusqu'à la crête, et qui sont composés 
exclusivement de gros cailloutis anguleux qui couvrent tout le flanc ouest de 
PAslianka. 

Près de cette crête mais toujours sur le versant ouest, on trouve de nombreux 
pointements rocheux qui permettent de se renseigner sur lallure des couches. 
Celles-ci plongent d'abord vers l’ouest, puis plus haut ondulent faiblement et finis- 
sent par devenir horizontales: sur le versant oriental, ces mêmes couches dirigées 
nord-sud où à peu près, plongent régulièrement vers l'est sous des angles de 40° à 
60°, Cette disposition s’observe invariablement d'un bout à l'autre de la chaine; 
nulle part on ne trouve autre chose que des quartzites compactes, très blanches et 
parfois légèrement micacées; les conglomérats quartzeux de lOstry ét du Soukhoï 
font ici completement défaut; à cet égard l’Aslianka offre une grande analogie avec 


(158) 


l'ig. 25 Plissement des couches au sommet de FAstianka 


Fig. 26 L'Adinoky (flanc ouest) vue prise depuis lAslianka 


RECHERCHES PÊTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL A1 


la chaine septentrionale des Poyassovoi-Kamen. L'Aslianka forme done bien une 
voûte très régulière de quartzites, qui est déjetée vers l’ouest, et qui présente partout 
le méme caractère. 

Comme la vallée de la Balchaïa-Aslianka est à un niveau très inférieur à celui 
du sommet de la montagne du même nom, l'extrémité septentrionale de cette 
chaine à donc été entamée très profondément et on est en droit de supposer qu'il y 
à quelque chance de rencontrer en cet endroit des roches appartenant à un niveau 
inférieur aux quartzites. 

Il n'en est rien en réalité et ceci probablement par suite d’une disposition 
analogue à celle que nous avons indiquée au Touloum. En effet, en suivant la crête 
de l’éperon rocheux qui prolonge la chaine de l'Aslianka vers le nord, on peut se 
convaincre que le pli qui forme cette chaine S'abaisse graduellement à l'approche 
de la rivière Aslianka et parait plonger en profondeur. 

D'autre part, il parait en étre de même pour la crète qui prolonge le Rastessky- 
Kamen vers le sud. Il y a donc selon toute vraisemblance ici encore un ancien 
synelinal orthogonal, aujourd'hui occupé par la rivière Balchaïa-Aslianka. 


S 6. La montagne de l Adinoky. 


L’Adinoky est entièrement formé de quartzites identiques à celles de l'Aslianka. 
et partout ces quartzites constituent un entassement cahotique de blocs angu- 
leux qui couvrent toute la surface de la montagne. Au sommet cependant on trouve 
de petits afHeurements de roche en place: ici les quartzites sont dirigées NO-SE: 
cette direction est par conséquent angulaire sur celle relevée à l'Aslianka, le plon- 
gement se fait vers le nord-est sous un angle de 50° environ: la direction de la 
montagne qui est à peu près nord 12° ouest, coïncide donc sensiblement avec celle 
des couches. 

Il parait évident que l'Adinoky forme un second anticlinal en boutonnière tout 
à fait local: cet anticlinal est sûrement déjeté vers l'ouest et très probablement 
faillé. Dans ces conditions, la petite vallée qui le sépare de l'Aslianka devrait être 
synelinale. Pour savoir ce qui en est, faute d'afHeurements visibles, nous avons fait 
exécuter un puits assez profond dans ce synclinal. Ce puits après avoir traversé des 
éléments meubles, a rencontré à 6 mètres le sol en place formé par des schistes 
séricitiques très altérés. Dans ce puits les schistes plongeaient vers l’est, or celui-ci 
se trouve à peu près au milieu du synclinal. Dans ces conditions, il y a sans doute 
une faille longitudinale passant par l'axe de ce synelinal. 

(159) 


492 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


S 7. La grande dépression qui vient à l'est de lAdinoky. 


Sur le flanc oriental de l'Adinoky, à l'endroit où apparaissent les premiers 
arbres de la forêt, on trouve encore des blocs de quartzites, mais à quelques centaines 
de mètres plus à l’est, on rencontre déjà des formations toute différentes, qui sont 
évidemment supérieures aux quartzites blanches de FAdinoky et de l'Aslianka. 

La région est marécageuse et sans affleurements, mais il y existe une série 
d'anciens puits faits pour rechercher des filons aurifères hypothétiques, puits dont 
les déblais peuvent fournir des renseignements précieux. La partie inférieure des 
déblais, par conséquent celle qui provient des premières couches rencontrées, est 
formée de schistes quartziteux verdatres ou violacés, tandis que les déblais supé- 
rieurs renferment une espèce de brèche quartziteuse avec fragments de schistes 
verts ressoudés par du quartz spongieux et caverneux, le tout imprégné de limonite, 
On trouve parmi ces déblais de jolis cristaux de sidérose. 

Comme ces puits S'avancent fort loin vers l’est dans la vallée, il est probable 
que ces formations occupent une grande partie de celle-ci. Nous avons d’ailleurs 
fait nous-mêmes une série de puits sur une ligne dirigée est-ouest et partant du 
pied même de PAdinoky:; ces puits ont rencontré des schistes quartziteux gris-ver- 
dâtres ou violacés, analogues à ceux extraits des anciens puits; dans le puits le plus 
rapproché de la base de l'Adinoky le plongement de ces schistes se fait vers l’ouest, 
or les quartzites inférieures qui forment cette montagne, plongent, sur son flanc 
oriental, vers l'est comme nous l'avons indiqué; dans ces conditions il faut néces- 
sairement admettre que la grande vallée entre Adinoky et la ride plus orientale est 
synclinale, et occupée par des horisons supérieurs de la zone des quartzites et con- 
glomérats plusieurs fois replissés daus le grand synclinal. Nous avons traversé 
tout le synclinal en plusieurs endroits ; jamais nous n'avons trouvé de roche en 
place; par contre dans lalluvion de quelques petits ruisselets qui serpentent 
dans la forêt, nous avons trouvé des débris schisteux analogues aux roches ren- 
contrées dans les puits; on peut donc en conclure que celles-ci paraissent occu- 
per le synclinal dans sa totalité. 


S 8. Les ouwals qui viennent à l’est de lAslianka. 


Nous avons gagné le premier ouwal qui limite la grande dépression vers l’est 
après avoir traversé complètement celle-ci, et avons abordé l’arête au point ou de- 
puis l’Aslianka, nous avions vu émerger des pitons rocheux de la forêt. 


(160) 


Fig. 27 L'Adinoky (ane ouest 


Fig. 28. — L'Adinokv (ane est) vu depuis la grande dépression 


qui lui fail suite vers l'est 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 143 


Dès qu'on arrive sur le flanc occidental de l'ouwal, on trouve dans la forêt 
des débris de quartzites analogues à celles de l'Aslianka. Ces mêmes roches forment 
les pointements rocheux dont il vient d’être question. L'ouwal cote 700 mètres 
environ, Sur les pitons rocheux, sortes de grands obélisques isolés, on peut relever 
la direction des couches qui est nord-sud avec plongement de 50° à 60° vers l'ouest. 
Il parait donc évident que ces quartzites sont le retour de celles qui forment le 
flanc est de l'Adinoky et de l’Aslianka, et que l'œuval en question forme un troi- 
sième anticlinal plus oriental, déjeté en sens inverse des deux premiers. 

En effet, à une faible distance de la crête mais déjà sur le flanc oriental de 
l’ouwal, on trouve des affleurements de quartzite en couches presque horizontales, puis 
plus bas sur ce même flanc, d'autres affleurements sur lesquels le plongement est 
nettement est. En continuant à descendre sur le flane oriental de cet ouwal, on ne 
trouve plus d’afeurements rocheux, mais seulement des quartzites en bloc anguleux 
qui peuvent être la roche en place, mais qui peuvent aussi être d'anciens éboulis et 
masquer la véritable nature de celle-ci, ce qui d’ailleurs est fort peu probable vu 
la faiblesse de la pente, et la distance par rapport à la crête. 

A l’est de l’ouwal que nous venons d'examiner, il en existe un second tout aussi 
long, boisé également, et orienté comme le premier à peu près nord-sud, Une deuxième 
allée sépare cet ouwal du précédent. Cette vallée est absolument couverte par la 
végétation, et de plus marécageuse. Pour connaitre la nature du sol, nous avons été 
forcés de recourir à des puits qui sont descendus à près de six mètres avant de 
trouver la roche en place. Celle-ci est représentée par des schistes noirs, phylla- 
déens, très argileux ou séricitiques et très schisteux, qui donnent par décomposition 
naissance à une boue grisatre. Ces schistes renferment çà et là quelques galets 
assez gros de quartz d'un blanc laiteux. Nulle part nous n'avons rencontré de for- 
mations semblables: les schistes par leur nature ressemblent beaucoup à certains 
facies des schistes noirs de D', mais la présence de galets de quartz dans des roches 
de cette espèce est un phénomène absolument exceptionnel. 

En tout cas ces roches sont des termes supérieurs de la série des quartzites, 
elles représentent déjà peut-être le D' auquel nous inclinerions plutôt à les rattacher; 
dans ces conditions la vallée en question constitue donc un second synclinal de for- 
mations plus récentes, qui est plus oriental que celui qui forme la grande vallée qui 
vient à l’est de l’Aslianka. 

Le second ouwal se trouve lui-même à 5 ou 6 kilomètres à Fest du premier; il est 
moins élevé que lui et dépourvu d’afeurements de roche en place. Cependant, sous 
les arbres déracinés, nous avons trouvé plusieurs fois des débris de quartzites schis- 
teuses verdâtres appartenant incontestablement à l'horizon supérieur aux quartzites 

(161) 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST, NAT, DE GENÈVE, VOL. 84 (1905). 68 


544 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


de l'Aslianka, et ressemblant beaucoup à certaines variétés du Touloum. L'absence 
d'afeurements empêche de tirer une conclusion relative à cet ouwal: mais il est 
probable qu'il forme un anticlinal de schistes quartziteux supérieurs; ce qui milite 
en faveur de la jeunesse relative des schistes noirs à cailloux de quartz. 

A l'est de l'ouwal indiqué il existe d’autres rides, mais nous ne les avons 
pas explorées, de sorte que nous ne savons pas comment se termine la zone des 
quartzites de ce côté; cependant par suite de la faible altitude des ouwals, il est 
plus que vraisemblable que les quartzites blanches inférieures de l’Aslianka ne 
réapparaissent plus, et que c’est donc les horizons supérieurs de la zone qui arrivent 
en contact avec le dévonien de Tépil. 

En résumant maintenant les observations faites dans les paragraphes 6, 7 et 
S, on voit que les plis de la région vont de l’ouest à l’est dans l’ordre suivant : 

1° Anticlinal de l'Aslianka. 

20 Synclinal compris entre l’Aslianka et l'Adinoky. 

30 Anticlinal de l'Adinoky. 

4° Synclinal formé par la grande vallée venant à l’est de PAslianka. 
5° Anticlinal formé par l'ouwal N° I. 
6° Synclinal consécutif. 
1° Anticlinal formé par louwal N° IT. 

Ces plis sont très réguliers et présentent la particularité suivante déjà observée 
sur d'autres rides appartenant à la même zone à savoir que: Une partie des plis sont 
déjetés vers l’ouest, une autre en sens contraire vers l’est; nous insisterons dans le 
paragraphe suivant sur cette bizarrerie. 

Tous les plis de la région de l'Aslianka sont de longues rides très continues; 
seul l'Adinoky fait exception, cet anticlinal est très local, car on n’en retrouve pas 
plus au nord qu'au sud aucun vestige quelconque dans le synclinal. 


S 9. Résumé général relatif à la tectonique et à la stratigraphie 


de la zone des quartzites et conglomérats. 


I nous parait nécessaire pour la compréhension des chapitres suivants, de ré- 
sumer aussi brièvement que possible ce qui se dégage de notre étude de la zone des 
quartzites et conglomérats. 

1° En ce qui concerne la stratigraphie, on peut dire que, dans la région qui va 
du Soukhoï au nord, à l'Ashianka inclusivement au sud, l'on peut constamment dis- 
tinguer deux horizons dans les formations appartenant à cette zone; l'horizon infé- 


(162) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 49 


rieur est représenté par les quartzites compactes et blanches, plus où moins micacées 
ainsi que par les conglomérats quartzeux; l'horizon supérieur est formé par un com- 
plexe de roches quartziteuses et schisteuses, toujours très chargées en chlorite et en 
séricite, qui passent aux véritables schistes cristallins détritiques, 

Les conglomérats sont développés dans la partie septentrionale de la zone 
(Soukhoï-Ostry, etc.), ils sont beaucoup plus rares où manquent entièrement danis la 
partie sud (Rastessky-Kamen-Aslianka, ete.); ces conglomérats ne sont d'ailleurs ni 
supérieurs ni inférieurs aux quartzites, mais alternent avec elles, les variétés transi- 
toires sont d’ailleurs nombreuses. 

Nulle part nous n'avons rencontré de formations inférieures aux quartzites, et 
si comme nous espérons le démontrer dans le chapitre suivant, les schistes cristallins 
de la zone orientale leur sont supérieurs, les quartzites et conglomérats représentent 
donc les plus anciennes formations de la contrée, 

29 Au point de vue tectoniqne, la zone dans son ensemble présente une struc- 
ture uniforme. Les quartzites et conglomérats forment la charpente d'une série de 
votes anticlinales qui se succèdent régulièrement de Fouest vers l’est. 

Les formations schisteuses supérieures comblent les vallées synelinales com- 
prises entre ces anticlinaux, elles y sont souvent plissottées en ondulations secon- 
daires. Ces schistes détritiques supérieurs sont parfois encore surmontés de schistes 
noirs sans doute attribuables au D', et concordants avec la Série sous-jacente. 

Dans la partie de la zone située au nord de la Koswa, tous les plis sans excep- 
tion suivent la méme règle générale: ils sont déjetés vers l’ouest, parfois même 
rompus sur leur flane occidental; dans la partie située au sud il n’est pas de même, 
et tandis que l’anticlinal le plus occidental, celui qui entre en contact avec la 
grande bande dévonienne de la Koswa, est toujours déjeté vers l’ouest, les autres 
sont déjetés en sens contraire, vers lPest. Aïnsi le Dikar, Boyarskaya, lAslianka 
et l’Adinoky ont le regard occidental, tandis que Philichina, Kamenky, Rastessky- 
Kamen, Chaloupniak, et les rides qui font suite à l'Aslianka vers l'est, sont déjetés 
et rompus de ce côté. 

Sur la bordure occidentale, la zone des quartzites arrive en contact normal 
avec le dévonien inférieur, c'est tout au plus si lon peut dire qu'il y à localement 
étirement d'une partie des formations sur le flanc ouest des anticlinaux; sur la bor- 
dure orientale par contre, à partir de la cluse de la Koswa, il parait exister une 
dislocation qui à pour effet de supprimer le jambage est du dernier antichinal, et 
d'amener en contact anormal les quartzites inférieures avec les dolomies du dévo- 
nien moyen du synelinal de Tépil. 

De plus il semble que les plis les plus occidentaux qui apparaissent dans le 


(163) 


D46 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


nord de la zone, disparaissent en allant vers le sud de celle-ci. En effet, l'Aslianka, 
premier anticlinal de quartzites dans la région la plus méridionale de la zone que 
nous ayons étudiée, n'est pas le prolongement de lanticlinal du Dikar ou de 
l'Ostry, mais bien du Rastessky-Kamen qui est sans doute une ride plus orientale. 

3° La zone des quartzites et conglomérats présente comme caractère particulier 
l'existence de synclinaux orthogonaux sur la direction des plis, et produits par 
l’abaissement subit de l’axe des anticlinaux. Ces synclinaux sont généralement occupés 
par des rivières qui parfois coulent dans de véritables cluses (Koswa au Touloum). 

4° La structure si simple de la zone des quartzites et conglomérats contraste 
avec l'allure du dévonien inférieur de la Koswa qui vient à l’ouest. Celui-ci en effet 
est extrêmement plissé, et forme des plis comprimés et déjetés vers l’ouest, dont la 
forme contraste avec celle des voûtes régulières des quartzites. La même observa- 
tion peut être faite relativement à la zone cristalline de l’est. 

5° En dehors des diabases grenus intrusifs en dykes plus où moins puissants, 
cette zone ne présente pas de grands massifs éruptifs basiques comme c’est le cas 
pour la région orientale des schistes cristallins détritiques. Les diabases eux-mêmes 
sont identiques aux variétés qui traversent les différentes formations du dévonien 
inférieur de la Koswa, rien ne permet de préciser leur àge par rapport à ces der- 
nières. 


CHAPITRE XI 
LA RÉGION DU SYNCLINAL DÉVONIEN DE TÉPIL. 


$ 1. Apereu relatif à la topographie de la région de Tépil et de la contrée qui lui fait suite vers le 


nord. — $ 2. Les montagnes qui avoisinent les sources de Pogwa. — K 3. L'arête de Kozmer 
et les vallées de Pogwa et de Soukhoï-Tépil. — K 4. La chaine de Kwarkouche et son pro- 
longement vers le sud. — $ 5. Les afleurements le long du cours de Tépil. — $ 6. La crête 


du Stchoutchy-Adinoky. 
S 1. Apercu relatif à la topographie de la région de Tépil et de la contrée 
qui lui fait suite vers le nord. 


La rivière Tépil est le produit de la réunion de deux rivières; l'une appelée 
Soukhoï-Tépil coule à peu près du nord vers le sud, l’autre appelée Pogwa coule en 
(164) 


RECHERCHES PÊTROGRAPIHIQUES SUR L'OURAL 47 


moyenne du nord-est vers le sud-ouest. La rivière Pogwa elle-même résulte de la 
jonction de deux cours d'eau distincts; le plus occidental s'appelle Pogwa, le plus 
oriental est nommé selon les cartes Balchaïa-Jazwa ou Balchaïa-Neswa. Une longue 
crête boisée du nom de Kozmer, sépare Soukhoï-Tépil de Pogwa: elle mesure plus 
de vingt kilomètres de longueur et présente une forme très caractéristique avec ses 
deux sommets peu accusés, dont le principal est rejeté vers le nord; le confluent de 
Pogwa et de Soukhoï-Tépil se fait à quelques verstes de l'extrémité sud de Kozmer. 

La région des sources de Pogwa est particulièrement intéressante, car c'est là 
que commencent à proprement parler les hautes montagnes qui, plus au nord, 
forment la longue chaine du Poyassowoï-Kamen. Si du sommet de Kozmer on re- 
garde dans la direction de l’est, on voit une très large vallée boisée et marécageuse, 
comprise entre cette montagne et une seconde crête plus orientale, dont nous 
ignorons le nom, mais que pour la commodité de l'exposition nous appellerons 
Pogwinsky-Kamen. Dans cette vallée coule une rivière qui n’est autre que Pogwa. 
Celle-ci est formée par plusieurs sources dont la principale S'amorce sur une barre 
transversale très plate, qui crée deux versants dans la vallée en question; les autres 
descendent du flanc ouest du Pogwinsky-Kamen. 

Cette montagne elle-même est très particulière, elle forme un long ouwal boisé, 
dirigé à peu près nord-sud, qui, à mi-partie de sa longueur, est entaillé par une cou- 
pure transversale. 

Cet ouwal dont la hauteur est assez uniforme sur une grande partie de son 
étendue, s'abaisse cependant insensiblement vers le sud; vers le nord au contraire 
il possède deux sommets chauves et rocheux, qui s'élèvent comme deux dômes d’une 
région boisée qui parait parfaitement horizontale, et qui sont séparés l'un de l’autre 
par un col. Ces deux sommets qui sont plus élevés que les montagnes avoisinantes 


Vue générale du Pogwinsky-Kamen depuis Jazwinsky-Onwal. 
Au premier plan : Le Pogwinsky-Kamen coupé en cluse par la rivière Pogwa. Au second plan la crête 
de Kozmer. Au troisième plan la chaîne de Kwarkouche. 


(165 


D4S LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


sont rasés en forme de terrasses comme le montre fort bien le dessin ci-joint: leur 
aspect permet de les reconnaitre de fort loin. Lorsqu'on fait l'ascension de l'un de 
ces sommets, on à une vue très étendue sur toute la contrée; en regardant vers 
l'ouest, on voit au premier plan la vallée de Pogwa et l’arête de Kozmer, puis der- 
rière celle-ci, on distingue une longue chaine qui barre l'horizon de ce côté. Vers le 
sud cette chaine se continue sans interruptions jusqu'au Soukhoï, vers le nord elle 
se prolonge fort au delà de l'extrémité septentrionale de Kozmer et se perd dans 
l'horizon lointain. Cette montagne est celle que les gens du pays appellent Kwar- 
kouche, ce nom ne s'applique il est vrai qu’à son extrémité nord, mais nos explora- 
tions de 1904 ayant démontré la parfaite unité de cette longue chaine, nous le lui 


Vue générale de la crête de Kozmer depuis le Pogwinsky-Kamen. 


1 — Pogwinsky-Kamen, — I — Kozmer. — TI = Chaine de Kwarkouche., — IV = Mont Soukhoï. 
— V = Tscherdynsky-Kamen. — 1 = Klane N. de la barre des sources de Pogwa. — 
2 — Vallée supérieure d'Uls. — 3 = Vallée supérieure de Soukhoï-Tépil. 


conserverons sur toute son étendue, Entre le flanc occidental de Kozmer et le Kwar- 
kouche, il existe une vallée occupée par Soukhoï-Tépil. Celle-ci S'amorce également 
sur une barre transversale très plate, faisant ligne de partage avec une autre rivière 
coulant vers le nord et appelée UIS, qui est un affluent de la Wichéra. 

Vers le nord, où mieux dans la direction nord 20° ouest, on voit à cinq ou Six 
verstes du Pogwinsky-Kamen de hautes montagnes rocheuses, dont les formes topo- 
graphiques rappellent celles observées sur les chaines de la zone des quartzites et 
conglomérats, à lAslianka notamment, Cês montagnes font déjà partie du Poyas- 
sowoï-Kamen dont elles forment l'extrémité sud, une dépression boisée les sépare 
du Pogwinsky-Kamen qui peut être considéré comme étant leur continuation di- 
recte, 

En regardant maintenant vers l’est, on voit tout d'abord au premier plan un 
long ouwal boisé dont la crête est rocheuse, et qui possède la même orientation gé- 


(166) 


FAT". 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 349 


nérale que celle du Pogwinsky-Kamen, nous l’appellerons Jazwinsky-Ouwal. Au 
second plan, et fermant l'horizon du côté de l’est, on observe une haute crête qui, 
dans sa partie sud, présente deux sommets pelés dont le plus élevé est aussi le plus 
méridional: nous donnerons à cette crête le nom d'Olwinsky-Ouwal et au sommet 
celui d’'Olwinsky-Kamen (noms qui ne concordent sans doute pas avec ceux connus 
des rares chasseurs qui parcourent ces solitudes). Dans une vallée assez étroite 
comprise entre Pogwinsky-Kamen et Jazwinsky-Ouwal, coule la rivière Balchaïa- 
Jazwa. Celle-ci naît sur une barre rocheuse transversale qui réunit les deux mon- 
tagnes et qui fait ligne de partage entre les eaux européennes et asiatiques en cet 
endroit, puis elle tourne brusquement vers l'ouest pour arriver dans la vallée de 
Pogwa, en passant dans la cluse transversale indiquée précédemment. 

Entre Jazwinsky-Ouwal et Olwinsky-Kamen, il existe une seconde vallée plus 
large que la précédente, dans laquelle une ligne de partage délimite deux nouvelles 
rivières qui coulent en sens inverse toutes deux sur le versant asiatique : la pre- 
mière, qui s'appelle Olwa, est un affluent de Kakwa, elle coule d'abord du sud 
au nord, puis coude vers l'est et contourne l'extrémité nord de lOlwinsky-Ouwal ; 
la seconde est sans doute une source de Kakwa elle-même: nous ne l'avons d’ail- 
leurs pas suivie plus loin. 

A partir du confluent de Soukhoï-Tépil et de Pogwa, la rivière Tépil coule 
sensiblement du nord vers le sud voire même légèrement vers le sud-ouest, dans une 
large vallée, encaissée à l’ouest par l'extrémité sud de la chaîne de Kwarkouche et 
par celle du Soukhoï-Ostry qui en est le prolongement; vers l’est par une longue 
montagne boisée couronnée par une crête rocheuse qui s'appelle Stchoutchy-Adi- 
noky. Cette montagne sépare la rivière Tépil de la rivière Tilaï, elle est large et 
ravinée par les afluents latéraux de ces deux rivières. La crête du Stchoutchy 
s’abaisse aux approches de la cluse de la Koswa et disparait bientôt avant d'arriver 
à celle-ci. 

Transportons-nous maintenant plus au nord, et supposons l'observateur placé 
sur un des nombreux sommets de la chaine du Poyassowoï-Kamen. En regardant 
vers l’ouest, il aurait tout d’abord devant lui une immense vallée, très large et cou- 
verte par la forêt, suivie par la longue chaine de Kwarkouche qui ferme lho- 
rizon de ce côté. Celle-ci dessine, quand on la voit de loin, une ligne parfaitement 
droite; çà et là un petit sommet, sorte d'accident tout à fait local, s'élève au-dessus 
de cette barre uniforme. La grande vallée n’est pas unie, elle montre quelques pe- 
tites ondulations : elle est traversée obliquement par plusieurs rivières qui viennent 
de l’est ou du sud-est, et qui toutes se jettent dans une artère collectrice qui 
s’amorce sur la même barre que Soukhoï-Tépil mais en sens inverse, cette artère 

(167) 


550 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


est la rivière Uls. En regardant vers le sud-ouest, la disposition reste la même, om 
voit Pogwinsky-Kamen sur le prolongement du Poyassowoï, et on constate que 
l'extrémité nord de Kozmer vient mourir dans cette grande vallée. En regardant 
maintenant vers le nord-ouest, on voit que la chaine de Kwarkouche se termine 
assez brusquement du côté du nord; en même temps dans la grande vallée en ques- 
tion, entre Kwarkouche et Poyassowoï, surgit une importante arête boisée qui pa- 
rait dentelée par suite de la présence de nombreux afleurements rocheux sur la 
crête, et qui parait « priori orientée comme Kozmer, dont elle a d’ailleurs la forme 


< 
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Vue de la chaine de Kwarkouche, de l’extrémité sud d’Antipowsky-Grébine, et de la vallée 
d'UIs depuis le Poyassowoï. 
I — Chaîne de Kwarkouche. — II — Vallée d'Uls. — III = Antipowsky-Grébine. — IV — Ouvwal en- 
caissant la rive gauche de Liampa. — V — Poyassowoï-Kamen. 


topographique. Cette crête s'appelle Antipowsky-Grébine, elle est accompagnée 
vers l’est d’un petit ouwal accessoire, qui s’intercale entre elle et la chaine de Poyas- 
sowoï-Kamen. 

Nos investigations n’ont pas porté au delà, et si nous faisons cette incursion 
vers le nord dans une région qui somme toute n'appartient pas à celle dont l'étude 
fait l'objet de ce volume, c’est qu'il est nécessaire de la connaitre pour comprendre 
dans la suite ce que devient le synelinal de Tépil au nord des sources de cette ri- 
vière. 


S 2. Les montagnes qui avoisinent les sources de Pogira. 


Nous avons exploré ces montagnes en 1903, vers la fin d'une campagne faite dans 
le bassin supérieur de la rivière Kakwa. Venant de l’est, nous sommes tout d’abord 
arrivés sur l'Olwinsky-Ouwal que nous avons abordé par son extrémité septentrionale. 


(168) 


sé sd 


DIT E Ce - 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL D] 


L’ouwal est boisé jusque sur la crête où cependant la végétation est déjà raréfiée ; 
pour gagner celle-ci, nous avons cheminé obliquement à travers la forêt sur le flanc 
oriental de cet ouwal: chemin faisant nulle part nous n'avons rencontré d’affleure- 
ments de roche en place, çà et là cependant, on trouve quelques blocs anguleux 
toujours formés par des schistes cristallins quartziteux de couleur verdatre., L'extré- 
mité sud de l'Olwinsky-Ouwal cote 720 mètres d’après nos déterminations, on y 
trouve sur la crête des schistes verts très feuilletés, dirigés nord-sud et plongeant 
de 35° vers l’est; lorsqu'on suit cette crête du nord au sud, on rencontre à plusieurs 
reprises les mêmes roches. Le sommet nord de l'Olwinsky-Ouwal cote S50 mètres, 


celui qui vient immédiatement au sud et que nous avons appelé Olwinsky-Kamen, est 


Vue du Jazwinsky-Ouwal et du Pogwinsky-Kamen, depuis l'Olwinsky-Kamen. 


I = Pogwinsky-Kamen. — II — Jazwinsky-Ouwal. — III — Olwinsky-Kamen. — IV — Chaine du 
Poyassowoï-Kamen. — V — Chaine de Kwarkouche. — 1 — Vallée supérieure de Pogwa. — 
2 — Vallée supérieure d'Olwa. — 3 — Vallée de Tépil. 


plus élevé, il cote 940 mètres, tous deux sont absolument chauves et couverts de 
pierriers, çà et là cependant on y trouve un affleurement de roche en place. Celle- 
ci est invariablement représentée par les mêmes schistes verts, criblés cependant de 
filons et de lits de quartz blanc. Ces schistes sont identiques à ceux de la zone 
cristalline de l’est, nous les décrirons ultérieurement avec plus de détail: au sommet 
principal, ils sont encore dirigés nord-sud et plongent vers l'est, mais sont alors très 
redressés. 

Depuis Olwinsky-Kamen nous avons gagné le Jazwinsky-Ouwal en suivant la 
barre transversale qui fait ligne de partage, et qui réunit les deux ouwals en question. 
Cette barre qui est élevée, est couverte de cette prairie spéciale que l’on voit partout 
à partir d’une certaine altitude, et qui fait transition entre la région boisée et celle 
du roc nu couvert de lichens: elle est formée des mêmes schistes que ceux de OI- 
winsky-Kamen, à en juger par quelques blocs épars rencontrés. Le Jazwinsky- 

(169) 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 34 (1905). 69 


ue 


592 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


Ouwal lui-même est une longue crête qui présente également plusieurs éminences 
formant sommets; nous avons gagné le plus élevé, qui domine la barre en question; 
il est absolument chauve et cote S60 mètres environ, les autres sont plus bas et 
boisés. Sur ce sommet on trouve plusieurs afileurements de schistes verts, dirigés 
nord-sud et plongeant également vers l’est sous des angles qui varient entre 25 et 
60°. Il existe une grande variété de types parmi ces schistes verts, depuis de vrais 
micachistes, jusqu'à des quartzites schisteuses à gros grains de quartz. 

En descendant sur le flanc ouest de louwal, on rencontre constamment les 
mêmes roches jusqu'à la rivière B. Jazwa qui coule à sa base. Depuis le sommet in- 
diqué, on peut voir que le Jazwinsky-Ouwal s’abaisse rapidement vers le sud, mais se 
prolonge encore fort loin de ce côté; on à aussi une vue superbe sur les Monts-Ostchy, 
la chaine de Tilaï, et les montagnes des sources et du bassin supérieur de Kakwa. 

Du Jazwinsky-Ouwal nous sommes descendus sur la rivière Balchaïa-Jazwa que 
nous avons traversée, pour entreprendre ensuite l'exploration du Pogwinsky-Kamen. 
Nous avons abordé cette montagne par son flanc oriental, un peu au nord de la 
cluse transversale indiquée précédemment, pour gagner ensuite la crête que nous 
avons suivie du sud au nord jusqu'au premier sommet principal. 

Dans cette marche oblique de flanc, nous n'avons trouvé aucun affleurement dans 
la forêt, mais seulement quelques rares fragments de schistes verts d'apparence très 
quartziteuse, Il en est de même sur la crête, du moins à l'endroit où nous l’avons 
abordée, En cheminant au nord, on trouve bientôt sur celle-ci une première émi- 
nence, sorte de petit sommet secondaire qui cote S20 mètres environ. Elle est cou- 
verte d’une forêt rabougrie, et ne présente également pas d'affeurements. La crête 
s'abaisse ensuite en une longue dépression très plate et marécageuse, qui parait être 
le lieu de prédilection de nombreux élans dont on trouve à chaque pas les traces; au 
delà vers le nord, la pente augmente à nouveau, et l’on arrive alors sur un gros affleu- 
rement rocheux qui précède de quelques centaines de mètres le premier sommet 
principal sur la crête. Cet afleurement est formé par des schistes quartziteux, passant 
latéralement à un conglomérat très quartzeux à petits éléments. Les couches sont 
plus ou moins ondulées et dessinent une charnière anticlinale déjetée vers l’ouest; 
les ondulations ne sont en effet que des froissements secondaires dans l’anticlinal. 

En continuant à marcher sur la crête dans la direction du nord, on arrive 
bientôt au premier des deux sommets principaux. On observe sur les pentes des 
schistes gris-noiratres, d'apparence lustrée, qui paraissent parfaitement cristallins 
d'ailleurs, et qui sont criblés d'innombrables filons et veinules de quartz blanc. Sur 
le sommet qui forme un plateau parfait, comme cela deviendra d’ailleurs la règle 
pour les hautes montagnes qui sont situées plus au nord, on trouve exclusivement 


(170) 


Luc 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL ))e 


des blocs anguleux de quartzites blanches et saccharoïdes identiques aux plus belles 
variétés de l'Aslianka: nulle part il n'existe d’affleurements, et il n’est pas possible 
de relever un plongement : il n'en est pas moins certain que ces quartzites sont celles 
du niveau inférieur. Le sommet sud cote 1012 mètres d’après nos observations (nous 
inclinons à penser que ce chiffre est un peu fort), le sommet nord a la même alti- 
tude, il est constitué identiquement. Lorsqu'on descend sur le flanc ouest du Pog- 
winsky-Kamen, on trouve des éboulis de quartzites identiques à celles du sommet 
mélées aux mêmes schistes grisâtres, puis plus bas on remarque de nouveau les 
schistes plus on moins quartzeux et verts analogues à ceux rencontrés sur le flanc 
oriental, mais nulle part on ne trouve d’afleurements. 

Pour rentrer au camp sur Balchaia-Jazwa, nous sommes descendus directement 
vers l’est sous le sommet, et avons trouvé tout d'abord des éboulis de quartzites 
blanches mélées aux schistes gris lustrés; puis plus bas, les roches que nous avons ren- 
contrées alors dans la forêt sont très uniformes, et ressemblent en tout point à celles de 
la zone orientale des schistes cristallins. Il est incontestable que les quartzites blan- 
ches n'apparaissent que sur les deux sommets principaux du Pogwinsky-Kamen, car 
lorsqu'on suit le cours de la rivière B. Jazwa qui passe, comme nous l'avons dit, dans 
la cluse transversale qui entame très profondément les formations du Pogwinsky- 
Kamen, on ne voit nulle part sur les pentes des quartzites, mais bien toujours des 
schistes verts. 

Quelle est maintenant la façon d'interpréter les observations qui précèdent? Il 
est évident que Jazwinsky-Ouwal et Olwinsky-Kamen appartiennent à la zone 
orientale des schistes cristallins dont nous parlerons ultérieurement; les roches y 
sont du même type, plongent toujours vers l'est, et forment sans doute deux ou plu- 
sieurs plis déjetés vers l’ouest selon la règle générale. 

Quant au Pogwinsky-Kamen, il apparaît au premier chef comme un anticlinal- 
boutonnière de quartzites inférieures, au milieu des schistes verts quartziteux qui se 
trouvent sur ses deux flancs. Cet anticlinal est également déjeté vers l’ouest et, 
chose remarquable, il n'appartient nullement à la zone des quartzites et conglomé- 
rats comme on peut le voir à l'examen de la topographie, mais se place au con- 
traire beaucoup à l’est de celle-ci. La zone des quartzites en effet trouve sa 
continuation dans la chaine de Kwarkouche, l’arête de Kozmer vient à l’est de cette 
chaine, et le Pogwinsky-Kamen se trouve lui-même à lest de Kozmer et forme de 
la sorte une nouvelle ligne anticlinale de quartzites, qui, plus au sud, disparait com- 
plètement, car nous n'en avons pas retrouvé de traces dans la région des sources du 
Tilaï (à moins que les Monts Ostchy sur la nature desquels nous ne sommes pas en- 
core complètement fixés, ne représentassent le dernier retentissement sud de cet 

(171) 


D)4 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


anticlinal), Par contre la même zone anticlinale prend au nord une importance con- 
sidérable; elle forme en effet la longue chaine du Poyassovoi-Kamen, qui peut être 
considérée comme la continuation directe du Pogwinsky-Kamen. 


S 3. L'arite de Kozmer et les vallées de Poguwu et de Soukhoï-Tépil. 


Nous avons gagné l’arête de Kozmer depuis le Kwarkouche, en marchant au 
sud-est pour traverser obliquement la vallée qui sépare ces deux montagnes. Dans 
cette excursion, nous sommes restés au nord de la barre qui sépare le bassin de 
Soukhoï-Tépil de celui d'UIS, et avons par conséquent traversé le cours de cette ri- 
vière dans sa partie supérieure. Depuis le Kwarkouche, à 15 kilomètres au sud en- 
viron de son sommet principal, on à une vue excellente sur toute l’arête de Kozmer. 
Celle-ci n'échappe pas à la loi générale que nous retrouvons sur toutes les mon- 
tagnes relativement élevées de la région, elle est érodée en terrasses successives, et 
son sommet principal est rasé sous forme d’un plateau parfaitement horizontal. A 


cat 


CROEMTEN 


Vue générale de l'extrémité Nord de Kozmer depuis les Poyassowoï-Kamen. 


I — Tscherdynsky-Kamen. — II — Chaine de Kwarkouche. — III — Vallée supérieure ŒUIS. — 
IV — Extrémité Nord de Kozmer et barre séparant le bassin d’Uls de celui de Pogwa. — 
V — Grande vallée d'UIs. — VI — Poyassowoi-Kamen. 


distance on peut voir plusieurs de ces terrasses, celle qui vient immédiatement sous 
le sommet parait la plus étendue. 

Dans la partie supérieure de la vallée de la rivière UIS, nous n'avons pas 
trouvé d'affleurements rocheux en place dans la forêt, cependant sous les arbres 
déracinés on observe constamment des fragments anguleux de schistes verts du 
niveau supérieur, Il est donc plus que probable que ceux-ci forment le sous-sol. 

(172) 


ATA R. ne. SinEg 


Fig. 29. — Vue zèénérale de l'arète de kozmer et de 
le Kwarkouche. Au premier plan le Kwarkouche 
tributaire d'UIS. An second plan 
Pozwinsky-Kamen 


Poyassowoï-Kamen. depuis 
un grand ravin occupé par un 


la longue arète de Kozmer. Au troisiéme plan le 


11 


Fig. 30 Vue générale des Pos 
le Kwarkouvhe. Au premier 


ISO OI-Kamen et d Anlipowskv-G1 
lan Kwarkouche, coupé en terrasses 
second plan, Antipowsky-Grebine, Au troisième plan 
Kamen, Loute découpée en terrasses 


ine depuis 


successives, An 
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RECHERCHES PÊTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL DD) 


Nous avons abordé Kozmer près de l'extrémité septentrionale de la crête 
boisée qui termine cette arête vers le nord, et nous l'avons suivie sans discontimuer 
jusqu’au sommet principal. Les affeurements n’y sont point très abondants, cepen- 
dant on en trouve quelques-uns qui permettent de relever la direction des couches 
qui est toujours nord-sud ou très légèrement nord-ouest, ainsi que le plongement qui 
se fait constamment vers l’est. A l'altitude de 700 mètres environ, ces schistes sont 
traversés par un gros dyke de diabase grenu. En continuant à marcher sur la crête 
dans la direction du sud, on trouve à une faible distance du filon en question des 
gros blocs anguleux de conglomérat quartzeux, puis un peu plus loin les bancs en 
place et parfaitement lités des mêmes roches. Les couches qui plongent tout d'abord 
vers l’est. deviennent horizontales, puis plongent ensuite vers l'ouest: il y a donc là 
une voûte anticlinale manifeste, que l'on voit directement et sans interprétation 
aucune sur le terrain. cette voûte est suivant la règle générale déjetée vers l'ouest, 
et probablement rompue sur ce flanc, comme le ferait supposer la position des 
schistes verts sur la crête et sur le flanc ouest de Kozmer par rapport à celle des 
conglomérats. 

Plus au sud, ces conglomérats cessent sur la crête, et ox voit affleurer à nou- 
veau les schistes verts, qui plongent vers l'est de 60° : cet affleurement se trouverait 
sur la troisième des terrasses, celles-ci étant numérotées de 1 à 3 à partir du 
sommet. Cette terrasse cote 680 mètres d'après nos observations: la seconde est à 
l'altitude 720 mètres: on y trouve également des affieurements de schistes verts 
très compacts. Quant au sommet principal il cote 7SO mètres: on y rencontre encore 
des affleurements de schistes verts. dirigés nord-sud et plongeant vers l’est. Nous 
n'avons pas continué cette exploration plus au sud: à la jumelle on voit cependant 
sur la crête quelques pitons rocheux qui émergent de la forêt, et qui sont sans doute 
formés de méme roches. 

Résumons maintenant sommairement les observations qui précèdent : 

1° Il parait évident que la crête de Kozmer forme sur toute sa longueur un ph 
anticlinal déjeté vers l’ouest et rompu de ce côté. Le cœur de cet anticlinal est 
formé par les conglomérats quartzeux qui sont recouverts par les schistes quartzi- 
teux verdâtres du niveau supérieur: le pli lui-même sur toute la partie de Kozmer 
que nous avons explorée, garde les mêmes caractères. 

90 La vallée qui sépare Kwarkouche de Kozmer est un pli synclinal formé par 
les mêmes schistes verts. du moins dans la région située au nord de Ja ligne de par- 
tage entre Uls et Soukhoï-Tépil. Au sud de cette ligne, nous ignorons quelles sont 
les formations qui occupent ce synclinal, mais nous avons tout lieu de croire cepen- 
dant qu’il en est de même. 


(173) 


D)6 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


3° Le Stchoutchy et Antipowsky-Grébine ont sensiblement là même orienta- 
tion que Kozmer et paraissent former avec lui une seule et même chaine. 

Nous verrons que cette observation trouve une éclatante confirmation dans la 
connaissance de la constitution géologique de ces deux montagnes. 

Il nous reste à dire quelques mots de la vallée de Pogwa; nous ne l'avons pas 
traversée de l’est à l'ouest depuis le sommet de Kozmer jusqu'au Pogwinsky-Kamen, 
mais nous la connaissons au nord des sources de Pogwa. On y rencontre là exclusi- 
vement des schistes verts et par conséquent la répétition de ce que nous avons 
observé dans la partie supérieure de la vallée d'UIS. D'autre part nous sommes 
arrivés dans la vallée de Pogwa en suivant le cours de B. Jazwa depuis sa source 
jusqu'au confluent de Soukhoï-Tépil; voici les quelques rares observations que nous 
avons pu faire par suite de la dificulté d'accès des lieux causée par les marécages. 
La rivière passe, comme nous l'avons dit, par la coupure transversale du Pogwinsky- 
Kamen. Sur la rive gauche on ne trouve pas d'afeurements de roche en place, 
toutefois au milieu de la cluse à peu près, on observe quelques éboulis de schistes 
quartziteux supérieurs. Au sortir de la cluse, la rivière arrive dans la vallée de 
Pogwa. On marche alors dans la direction du sud-ouest, en longeant une côte fai- 
blement inclinée qui avoisine la rive gauche de la rivière. L’extrémité sud de 
Kozmer se trouve alors directement devant soi vers l’ouest. et l’arête ne semble 
pas être bien éloignée; dans ces conditions la côte sur laquelle on chemine fait sans 
doute partie d'un mouvement de terrain situé entre Kozmer et l'extrémité sud du 
Pogwinsky-Kamen. 

Dans la forêt on trouve à plusieurs reprises des débris de schistes verts. puis 
un afHeurement de schistes noirs philliteux qui sont identiques à ceux du D', On 
continue à marcher pendant cinq ou six verstes sans observer un afleurement, de 
temps en temps on se rapproche à quelques mètres de la rive gauche de la rivière 
sans pouvoir la Suivre bien longtemps à cause des marécages, Kozmer reste toujours 
à l’ouest, mais S'abaisse très rapidement vers le sud; puis on continue à marcher 
encore plusieurs kilomètres vers le sud-ouest, toujours dans la forêt, sans pouvoir 
observer un seul afleurement où même un caillou anguleux sous un arbre. On 
dépasse alors l'extrémité de Kozmer, à ce moment la rivière parait considérablement 
plus large, elle a opéré en effet sa jonction avec Soukhoï-Tépil. Comme on le voit, 
ces observations se résument à peu de chose, il parait cependant probable que la 
vallée de Pogwa est elle aussi un synelinal, formé par des schistes verts que l'on re- 
trouve sur le flanc ouest du Pogwinsky-Kamen et sur le flanc est de Kozmer; la 
présence de schistes verts à une faible distance de la rive gauche de B. Jazwa ne 
peut guère s'expliquer autrement. D'autre part la constatation de l'existence de 


(174) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 557 
schistes noirs nous laisserait supposer qu'il existe encore un peu de D'au cœur 
méme de ce synelinal. 


$ 4. La chaîne de Kwarkouche et son prolongement vers le sud. 


Il n'entre pas dans notre programme de faire ici l'étude complète de la monta- 
gne de Kwarkouche, cette chaine intéressante que nous avons parcourue en tous sens 
trois semaines durant, fera l’objet d'un autre travail: nous voulons simplement 
esquisser les grandes lignes générales de sa topographie et de sa géologie, et mon- 
trer comment cette chaine se continue vers le sud pour former les montagnes qui se 
trouvent à l’ouest de Kozmer, et encaissent la rive droite de Soukhoï-Tépil puis de 
Tépil elle-même. 

La chaine de Kwarkouche est, d'après les nombreux relevés que nous en avons 
faits, dirigée en moyenne nord 30° ouest sud 30° est, elle forme une longue et large 
ride parallèle à Kozmer, qui s'étend sans discontinuité sur plus de 90 kilomètres du 
nord au sud, et se termine vers le nord à une petite distance au delà du confluent des 
rivières Uls et Pélia. 

La crête forme un large plateau de hauteur presque uniforme, à la surface 
duquel les sommets surgissent comme de véritables anomalies topographiques. 
Ceux-ci dont l'importance est toujours minime, présentent des formes absolument 
caractéristiques : ce sont soit de grandes tables rocheuses parfaitement horizontales, 
qui s'élèvent de 40 à 60 mètres seulement au-dessus du plateau, soit aussi des sortes 
de pyramides quadrangulaires, rocheuses également, et découpées en terrasses suc- 
cessives dont les niveaux se correspondent d'un sommet à l'autre. 

Le plateau est herbeux et très marécageux. Au-dessous de S00 mètres en 
chifire rond, il se recouvre d’une rare végétation de conifères rabougris. C’est dans 
les marécages du vaste plateau formé par la crête de Kwarkouche que s'amorcent 
une foule de rivières toutes tributaires des deux grandes artères collectrices qui 
coulent le long des deux flancs de la vaste chaine. Ces cours d'eau qui débutent 
généralement par une série de petits ruisselets, ravinent localement le grand pla- 
teau en forme de patte d’oie, entament ensuite profondément la chaine, et coulent 
dans de grands ravins latéraux qui forment ces sortes de coulisses que l’on observe 
sur les deux flancs de celle-ci. 

Le Kwarkouche se termine vers le nord par une espèce d'éperon rocheux sur 
l'extrémité septentrionale duquel on remarque, à distance déjà, deux hauts rochers 
ruiniformes qu'on appelle les « oreilles de Pélia >. La rivière Uls qui coule d’abord 


(175) 


D)S LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


entre l'extrémité nord de Kozmer et le flanc est de Kwarkouche, continue à suivre 
ce flanc au delà de Kozmer en épousant la direction générale de la montagne dont 
elle coupe transversalement l'extrémité avant son confluent avec Pélia. Cette dernière 
prend naissance au cœur même de la chaine, immédiatement à l'est du plus haut 
sommet, à 35 kilomètres environ au sud des « oreilles de Pélia >» 

Elle est formée par la réunion de plusieurs sources disposées en patte d’oie, et 
coupe très obliquement la chaine en coulant dans une profonde vallée d'érosion. Au 
sortir de cette vallée, elle suit sensiblement le flanc ouest de Kwarkouche et se réunit 
à l'UIS à une faible distance au nord des « oreilles de Pélia >. 

Le second grand cours d'eau qui prend naissance sur le Kwarkouche est la 
rivière appelée Malma. Les sources de Malma se trouvent à 10 où 12 kilomètres 
environ au sud de celles de Pélia, c’est-à-dire un peu au nord de l'extrémité septen- 
trionale de Kozmer, mais à une assez grande distance à l’ouest de cette arête. II 
n'existe aucune carte qui donne exactement la situation respective de Kozmer par 
rapport aux sources de Malma de Pélia et de la rivière Uls: la carte !/ss5000 6St 
absolument fantaisiste, et a été évidemment faite par une personne qui n’a jamais 
été sur les lieux: la carte géologique de M. Krotow n’est pas plus exacte, et c'est 
sans doute les erreurs topographiques qu'elle renferme qui ont trompé cet obser- 
vateur si sagace sur la position de Kwarkouche par rapport à Kozmer, et sur la 
situation de la rivière Uls par rapport à Soukhoï-Tépil. 

Malma est le produit de la réunion de plusieurs sources, qui ont profondément 
raviné la chaine en donnant naissance à une gigantesque patte d'oie. La source 
principale coule dans un profond ravin qui coupe obliquement la chaine du NE vers le 
SO sur toute sa largeur; cette source s'avance en effet jusque sur la bordure orien- 
tale du haut plateau de Kwarkouche. Toute la région des sources de Malma a été le 
siège d’une érosion formidable, et à première vue on pourrait croire que c’est là que 
se termine la chaine; il n’en est rien cependant, et il suffit pour s'en convaincre de 
traverser le ravin de Malma pour faire ensuite l'ascension du dernier sommet aigu 
qui se trouve à une faible distance au sud de ce ravin. Depuis le sommet, on voit en 
effet que Kwarkouche se continue en ligne droite vers le sud à perte de vue, et 
avec une apparence de grande régularité. Pour en avoir la preuve absolue, nous 
avons suivi pendant quatre jours cette longue chaine; nous avions tout d’abord 
constamment Kozmer à notre gauche, c’est-à-dire à l'est, puis nous avons dépassé 
l'extrémité sud de Kozmer en cheminant toujours sur la crête de Kwarkouche, sans 
observer aucune solution de continuité dans la chaine; la crête s’abaisse seulement 
insensiblement vers le sud, ce que l’on peut constater par le fait quele plateau maré- 
cageux et herbeux est suivi par une région couverte de forêt rabougrie, puis par de 


(176) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 299 


la forêt ordinaire toujours très peu dense. Rien ne vient interrompre l’uniformité de 
ce prolongement sud de Kwarkouche, pas un sommet un peu saillant ne s'y ren- 
contre, et les seuls accidents topographiques sont des ravins localisés surtout sur le 
flanc est, et occupés par des cours d’eau exclusivement tributaires d'Uls. de 
Soukhoï-Tépil et de Tépil elle-méme. 

Nous nous sommes arrêtés à 10 kilometres au nord du Soukhoï, estimant la dé- 
monstration sufisante; il ne saurait donc y avoir de doute, et la chaine de Kwar- 
kouche en tout ou partie, se continue topographiquement sans interruption jus- 
qu'au Soukhoï. 

La géologie de la chaine de Kwarkouche est difficile à faire faute d’affleure- 
ments nécessaires pour cela. La plupart des sommets rocheux qui s'élèvent sur le 
grand plateau, sont formés par de gros dykes intrusifs de diabase; il faut cependant 
en excepter les trois derniers du côté nord, qui tous trois sont formés par des roches 
détritiques représentées soit par des quartzites blanches et compactes du type de 
l’Aslianka, soit par des quarizites plus ou moins schisteuses ou chloriteuses. Il y a là 
de nombreuses variétés qui doivent alterner, car dans les cailloutis du dernier 
sommet raviné en terrasse que l’on rencontre avant d'arriver aux < oreilles de 
Pélia », on trouve parmi les blocs qui recouvrent les pentes, des roches d'aspect 
fort difiérent, mais qui appartiennent cependant à la même famille. Les quartzites 
souvent plus ou moins schisteuses ou micacées, se retrouvent sur le flanc est de 
Kwarkouche, notamment sur les parois des grands ravins dont nous avons parlé 
précédemment: les variétés schisteuses paraissent supérieures à celles plus com- 
pactes et saccharoïdes, les unes comme les autres plongent toujours vers l’est. Les 
deux « oreilles de Pélia > ne sont autre chose que deux grandes dalles de schistes 
quartziteux plissottés, dirigés à peu près N 23° 0, et plongeant vers l’est; la direction 
indiquée est presque constante pour tous les affleurements que nous avons rencon- 
trés sur le Kwarkouche. 

Vu l’immensité du plateau qui forme la crète, il parait peu probable que le 
Kwarkouche soit constitué par une seule et même voûte de roches quartziteuses : 
d’ailleurs dans la cluse de l'extrémité nord de la chaine, et dans les falaises ro- 
cheuses qui dominent la rive droite d'UIS, on voit nettement les roches détritiques 
schisteuses qui forment la montagne en cet endroit, dessiner plusieurs plis très com- 
primés et déjetés vers l’ouest. Sur Kwarkouche même, on ne peut guère faire de 
bonnes observations, les afleurements font défaut et on trouve seulement çà et là 
quelques gros blocs anguleux épais, qui renseignent sur la nature pétrographique 
du sous-sol, mais n'apprennent rien sur les plongements des assises. Cependant aux 
sources de Pélia, dans un grand ravin qui se trouve directement à la base du flanc 

(177) 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 84 (1905). 70 


560 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


occidental du sommet le plus élevé de Kwarkouche, et au milieu du plateau, on 
trouve des afleurements sur lesquels le plongement est nettement ouest, ce qui, 
étant donné la disposition des couches sur, le versant oriental de la chaine, permet 
de conclure à l'existence d'un premier anticlinal qui est sans doute suivi d’un second 
vers l’ouest, car en marchant dans cette direction, on retrouve plus loin de nou- 
veaux afleurements avec un plongement contraire. Une seule observation vient 
corroborer cette manière de voir : Dans le grand ravin qui vient immédiatement au 
sud du sommet principal et dans lequel coule un petit afluent d'UIS que l’on nous 
dit s'appeler Krestowska, on voit nettement les quartzites blanches et compactes 
former une voûte, qui est flanquée vers l’ouest par des schistes verts concordants 
appartenant sans doute à l'horizon supérieur. En marchant directement à l’ouest, 
on trouve les mêmes schistes sur une assez grande largeur, puis on voit alors réap- 
paraitre les quartzites sans qu'il soit possible de préciser leur disposition. Il est 
cependant plus que probable que celles-ci forment un deuxième anticlinal plus occi- 
dental, séparé du premier par un synclinal de schistes verts du niveau supérieur. Ces 
schistes verts se poursuivent jusqu'au grand ravin de Malma et sans doute au delà. 

Nulle part nous n'avons vu afeurer les conglomérats quartzeux du Soukhoï 
sur la chaine de Kwarkouche même, mais ceux-ci se retrouvent avec des caractères 
absolument identiques sur deux ouwals parallèles qui viennent à l'ouest de Kwar- 
kouche, ils y sont plissés sous forme de deux anticlinaux successifs, déjetés et rompus 
sur le versant occidental, exactement comme le Soukhoï dont ils ont d’ailleurs la 
forme topographique. 

A deux ou trois verstes au sud du sommet qui domine la rive gauche du ravm 
de Malma, le Kwarkouche parait se bifurquer en deux chaines distinctes, d’abord 
peu accusées, puis qui le deviennent davantage et cheminent parallèlement ; c’est la 
plus orientale que nous avons suivie, en marchant vers le sud, à partir du sommet 
indiqué jusqu'à un grand ravin qui descend sur Soukhoï-Tépil. La crête forme tou- 
jours un plateau herbeux et marécageux, sans affeurements rocheux ; cependant 
les blocs anguleux trouvés çà et là sur le sol sont formés de quartzites schisteuses ; 
depuis la naissance de ce ravin on voit le sommet sud de Kozmer qui se trouve par rap- 
port à lui au S 35° E, En continuant à suivre la crête en marchant vers le sud et par- 
fois le sud-ouest, on rencontre successivement trois grands ravins semblables que l'on 
contourne, Le quatrième ravin est à peu près à 25 ou 30 kilomètres du sommet 
plateforme qui domine la rive gauche de la source principale de Malma, il est situé 
déjà bien au delà de l'extrémité sud de Kozmer. Pendant ce long trajet nous 
n'avons pas rencontré un seul afleurement, à l'exception d'un pointement de dia- 
bases, mais sur le sol nous avons à plusieurs reprises trouvé quelques blocs de roches 


(178) 


w 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L OURAL 261 


quartziteuses, absolument différentes des formations habituelles du Dévonien infé- 
rieur, et absolument analogues, par contre, à certains types observés dans la par- 
tie nord de Kwarkouche. 

En continuant à marcher vers le sud toujours sur la crête, on croise un cinquième 
ravin qui cette fois descend sur le versant occidental: là encore on trouve quelques 
blocs de roches quartziteuses semblables aux précédentes. À 6 kilomètres environ 
au sud-ouest, on voit un pointement rocheux qui émerge de la forét, nous l'avons 
visité en descendant alors sur le versement ouest de la crête, il est formé par des dia- 
bases, mais tout près de là on trouve encore des blocs des mêmes quartzites rubannées 
qui ne sont évidemment pas du type de celle de l'Aslianka, mais que lon ne saurait 
à notre avis distraire de la formation des quartzites et conglomérats. Depuis le som- 
met du pointement de diabases, on voit le Soukhoï à 8 ou 10 kilomètres plus au sud; 
nous avons alors arrêté là nos investigations, puis marchant vers l’est, nous avons 
gagné la rivière Tépil en suivant de la sorte un profil transversal de la montagne. 
Nulle part nous n'avons trouvé d'afleurements, mais jusqu'à trois kilomètres environ 
de la rive droite de Tépil, on rencontre çà et là sous les arbres déracinés des roches 
quartziteuses, schisteuses ou rubannées, qui se rattachent sans doute aux termes 
supérieurs de la zone des quartzites; par contre jamais nous n'avons trouvé des 
schistes noirs du Dévonien inférieur ou des dolomies du dévonien moyen. A trois 
kilomètres de Tépil, le sol devient absolument plat et marécageux et il est impossi- 
ble de reconnaitre la nature hthologique du sous sol. Peut-être est-il formé par des 
dolomies du D?, mais celà est peu probable, car on en trouverait forcément quelques 
débris, en tout cas il est vraisemblable que le synelinal est fort réduit en cet endroit. 


$. 5. Les affleurements le long du cours de Tépil. 


Après notre exploration des sources de B. Jazwa, nous avons suivi la rivière 
Tépil sur toute sa longueur, depuis le confluent de Pogwa et de Soukhoï-Tépil, jus- 
qu'à Ust-Tépil. M. Krotow a, antérieurement déjà, relevé les afleurements le long 
de la rivière, mais ses investigations ont commencé sur Pogwa elle-même, à 22 vers- 
tes en amont du confluent de Pogwa avec Balchaïa-Niezwa (notre Balchaïa-Jazwa). 
Nos observations étant généralement parfaitement concordantes avec celles de 
M. Krotow, nous donnerons ici un extrait du chapitre que cet auteur consacre aux 
affleurements relevés le long de Tépil, en indiquant en temps et lieu les petites 
divergences entre nos observations et les siennes. 

« Dans la partie supérieur de son cours, Pogwa coule dans une région maréca- 


(179) 


»62 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


geuse dans laquelle elle divague fréquemment ; dans le lit de la rivière on trouve 
des blocs de quartzites et de conglomérats. Le premier afleurement de roche en 
place se trouve à douze verstes en amont du confluent de Balchaïa-Niezwa, cet afleu- 
rement qui mesure une verste environ, est formé de schistes argileux micacés qui 
semblent dirigés NS. A neuf verstes du dit confluent nouvel afHleurement sur la rive 
gauche, composé de schistes micacés de couleur gris sombre, avec des filonnets et 
lentilles de quartz blanc. Les couches minces sont dirigées N. NE.-$S. SO. plonge- 
ment 20°, l’afleurement est étendu sur une verste environ. À sept verstes et demie 
de l'embouchure de Balchaïa-Niezwa, sur la rive gauche de Pogwa et près de la pe- 
tite isba de chasseurs qui se trouve en cet endroit, afleure un marbre finement grenu 
gris blanchâtre ou blanc, à schistosité déterminée par la présence de petites lamelles 
de mica blane, avec un plongement E 40° ; Pauteur le considère comme appartenant 
à la formation des schistes cristallins. À une verste et demie plus bas et toujours sur 
la rive gauche, on voit afieurer des schistes micacés froissés avec nodules de quartz 
blanc, gris où brun. En aval du dit affleurement, le lit de Pogwa est parsemé de 
blocs de grès arkose et de conglomérat que M. Krotow attribue au D'. A trois ou 
quatre verstes, toujours en amont du confluent de Balchaïa-Niezwa et sur la rive gau- 
che, on voit apparaître un affleurement de dolomies finement grenues, noires ou gris 
sombre, plus ou moins schisteuses, appartenant au D°, les cavernes de cette dolomie 
sont remplies de dolamies blanches. Les mêmes dolomies se retrouvent à une verste 
plus bas, toujours sur la rive gauche. 

Entre le confluent de Balchaïa-Niezwa et de Soukhoï-Tépil, toujours sur la 
méme rive, on observe encore les mêmes dolomies noires, grenues et caverneuses, et 
par places le calcaire dolomitique schisteux et compact de couleur gris sombre, En 
amont du confluent de Soukhoï-Tépil, puis ensuite en aval de celui-ci, on voit afleurer 
des dolomies blanches et finement grenues, et à une verste plus bas sur la rive gauche 
de Tépil, des dolomies noirâtres, qui se retrouvent également à l'embouchure de Tzen- 
kowa et plus en aval. A une verste en amont de Tarassowka, les mêmes dolomies 
réapparaissent, toujours sur la rive gauche, l’afleurement commence presque à l'em- 
bouchure de Balchaïa-Koniewa. A une verste en amont de Fembouchure de Malin- 
ka-Koniewa qui est située plus bas, l'auteur à relevé la coupe suivante sur la rive 
sauche,. 

1° Argile rouge contemporaine. 

2° Dolomie noire, argileuse, avec crinoïdes. Couches minces plongeant vers PE 
jusqu’à 90°, épaisseur 4 mètres. 

3° Calcaire dolomitique compact, schisteux, avec cavités pleines de calcite et an- 
neaux de crinoïdes et stromatopores 1 !/, mètres. 


(180) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 96: 


4° Dolomie bitumineuse grenue, noire, avec dolomie blanche dans les cavités. 
Roche bréchiforme. 

Après une légère interruption les calcaires dolomitiques gris sombre affleurent à 
nouveau sur une grande étendue avec plongement est. 

A une verste en aval du confluent de Malaïa-Koniewa, on trouve un nouvel afleu- 
rement de dolomies en couches épaisses, près de l'endroit appelé Milnaïa-Zavodi. 
Les fissures de la dolomie noiratre sont remplies par de la dolomie blanche avec 
des silex noirs. L’affleurement suivant se trouve à une verste en amont de la rivière 
Staraïa où, toujours sur la même rive, on trouve des dolomies noires ou gris som- 
bre, finement grenues, en couches minces plongeant E 45°. Les cavités de la dolomie 
sont remplie de silex noirs et de dolomie blanche. 

Au confluent de Malaïa-Dolgaïa afluent gauche de Tépil, on trouve à nouveau 
des dolomies blanches ou grises du D?, puis à une verste et demie du confluent de 
Karaoulnaïa, toujours sur la même rive, on observe ce qui suit : 

1° Calcaire dolomitique compact de couleur gris sombre, avec Favosites et Stro- 
matopores, appartenant au D°?. 

2° Grès quartzeux schisteux, passant à une roche schisteuse quartzo-argileuse 
appartenant au D'. 

A deux verstes en aval du confluent de Karaoulnaïa, sur la rive droite cette fois, 
on trouve des gros blocs roulés de quartz, les mêmes roches se retrouvent sur les 
deux rives de Tépil en amont de Mokhowataïa. L'afleurement suivant se rencontre 
à une verste en amont du confluent de Balchaïa-Dolgaïa, ce sont des dolomies fine- 
ment grenues, blane grisätre du D?. Entre Balchaïa-Dolgaïa et Talaïa, Tépil coule 
dans une vallée basse formée par les dépôts récents, mais après avoir dépassé le con- 


fluent de cette rivière, on trouve, sur la rive gauche, des dolomies du D° de couleur rou- 

geatre, dont les cavités sont remplies par des grands cristaux de dolomie blanche. 

Plus en aval, à une verste environ du confluent de la rivière Rossomacha, sur la 

| rive droite de Tépil, on trouve des dolomies argileuses, noiratres, en minces feuil- 

lets, avec restes de crinoïdes et de Favosites. L'affleurement qui vient après se ren- 

contre sur la rive gauche, à 1 !/, verste du confluent de Malaïa-Chirokaïa, à l'en- 

droit appelé Arlowi-Plioss. Il est formé par des calcaires argileux noirs ou gris sombre, 

dont les couches plongent vers le NE de 23-25°, Cette roche renferme de nombreux 
anneaux de crinoïdes transformés en calcite, puis des petites Rynchonelles. 

A une verste environ en amont de la rivière Pagarielka, on remarque, sur la 
rive droite, une roche argileuse et schisteuse de couleur gris-sombre, renfermant 
beaucoup d’anneaux de crinoïdes, Orthis, Orthocéros, etc., puis au confluent même 
de ladite rivière on trouve les affleurements suivants : 


(181) 


264 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


1° Conglomérats quartzeux et grès arkose. 

20 (Grès quartzeux gris, plongement NE 17°. 

Depuis Pagarielka jusqu'à Palnitschnaïa il n'y a plus d’afleurements, mais en 
aval de celle-ci et à cinq verstes de l'embouchure de Tépil, on trouve, sur la rive 
gauche, un afleurement où l'on relève la succession suivante : 

| 1° Dolomies grenues noires avec filons de spath calcaire, de quartz et 
D° dolomie blanche dans les cavités. Favosites. 
| 90 Éboulis. 
30 Dolomies noires finement grenues, schisteuses, plongeant O de 12 à 15°. 

Plus bas. à une verste et demie en amont du confluent de Lougowaïa, sur la 
rive gauche, on trouve un long afleurement de D? que l'on peut suivre sans mter- 
ruption sur plus d’une verste, et qui est constitué par des dolomies noires, argileuses 
et schisteuses, qui plongent OSO de 12°. On y trouve des fossiles tels que : 
Orthis Krotowi, Rhynconella, Euomphalus, etc. 

Plus bas. à trois verstes environ du confluent de Tépil, à l'endroit appelé 
Jwanowsky-Plioss, on trouve de nouveau les dolomies noires, en minces feuillets 
plongeant ouest, qui forment des falaises abruptes. 

Ces observations sont, comme on le voit très complètes, et il ne nous reste pas 
crand chose à y ajouter. Nous dirons seulement qu'à partir de deux verstes à peu 
près en amont de Lougowaya, en remontant le cours de Tépil, on voit dans la 
rivière de gros blocs de quartzites gris-brunatres, on en trouve même un affleure- 
ment sur la rive droite, à une verste en amont de la rivière Palnitschnaïa. Ces 
mémes roches se retrouvent en blocs sur les deux rives jusqu'à Pagarielka, où nous 
avons constaté les affleurements indiqués par M. Krotow, tout en différant d'opinion 
avec lui sur leur interprétation. 

Pour tâcher de voir distinctement les rapports des quartzites et conglomérats 
de Pagarielka avec les dolomies du D?, nous avons examiné pas à pas les deux rives 
de Tépil, depuis l’afleurement des quartzites en amont de Palnitschnaïa. Les blocs de 
ces quartzites se retrouvent constamment dans le lit de la rivière jusqu'à une verste 
de Lougowaya. On remarque en cet endroit une colline encaissant la rive gauche 
de Tépil; cette colline est formée par les quartzites gris-brunâtres en question, contre 
lesquelles sont plaquées les dolomies fossiliferes du D° plongeant 20° ouest environ, 
et qui forment en cet endroit une paroi de 30 mètres de hauteur. Ces dolomies 
reposent sur les quartzites qui afeurent au bord de la rivière et forment dans la 
forêt des affleurements importants. Les quartzites plongent de 25° E: l'endroit est 
appelé par les gens du pays Outoundria. 

Comme on a pu le voir, les affleurements de dolomies du D° sont presque tou- 


(152) 


2 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 26) 


jours situés sur la rive gauche de Tépil; M. Krotow ne dit rien de la largeur 
qu’atteignent ces formations de part et d'autre des deux rives. Nous avons cherché 
à nous en rendre compte en divers endroits, sur la rive droite tout d’abord, et nous 
avons exploré le synclinal de l’est à l’ouest sur trois points: en premier lieu le long 
du cours de Lomovaya, puis à partir de l'embouchure de Plitowataïa, et enfin à dix 
kilomètres plus au nord environ, lors de notre descente sur Tépil depuis lextré- 
mité sud de Kwarkouche. Les trois recherches ont eu des résultats négatifs: nous 
avons déjà indiqué en effet l’insuccès de nos tentatives pour trouver des afeurements 
de dolomies le long de Lomovaya ou encore par les puits de Plitowataïa. 

En ce qui concerne la rive droite, nous n'avons pas été plus heureux, comme 
on pourra le voir en lisant nos excursions au Stchoutchy. Pour être au clair cepen- 
dant, nous avons fait sur cette rive trois batteries de puits, dirigées EO, et par- 
tant des points où des afeurements avaient été constatés sur la rive. 

La première de ces batteries commence à trois verstes en amont de la petite 
isba que l’on rencontre sur ia rive gauche en remontant Tépil depuis l'embouchure 
de la rivière Stchoutchy, elle se trouve à l'aval du confluent de B. Chirokaïa, et se 
compose de trois puits numérotés comme suit : 

LES AU =: Ces trois puits ne sont pas arrivés sur le sol en 

N° 1 à 3 mètres de la rive : L À : 
\ place, quoique leur profondeur ait atteint 4 me- 


tres, 1lS ont rencontré une argile très grasse, 


N° 2 à 150 mètres de 1 : 
N° 3 à 150 sn (le 2: 


avec des cailloux anguleux de quartzites. 

La deuxième ligne se trouve à cinq verstes en aval de l’isba, elle se compose 
de cinq puits presque tous arrivés jusqu'au sol. 

N°l1à 15 mètres de la rive : Dolomies noires bitumineuses. 

N°2à 80 >» de 1: Mèmes formations. 

N°5 80m". de2 

No4àù 80 >» de 3: Dolomies noires bitumineuses. 

N°5à120 >» de 4 : Quartzites blanches. 

La troisième ligne se trouve à cinq verstes en aval de la première, elle est 
formée de onze puits. 

Nolà 20 mètres de la rive : Dolomies grises litées en plaquettes. 

N° 2 à 100 » de 1: Dolomies grises avec débris de crinoïdes. 

N°3à100 >» de 2: Dolomies noires, bitumineuses, schisteuses, sans 


silex. 
N° 4 à 150 » de 3: Dolomies noiratres. 
N°5à150 > de 4: Dolomies grenues. 
N°6 à 150 » de 5: Méêmes roches. 
(153) 


966 LODIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


N° 7 à 150 mètres de 6 : Calcaires dolomitiques noirs schisteux. 


N° Sà150 »+ de 7: Dolomies grenues. 

No 9à 100 de 8: Pas arrivé au sol. 

N°10à120 >» de 9: Bloc de diabase au fond du puits. 

Nod'a120 de 10 : Quartzites blanches, schisteuses et micacées, plon- 


seant E très redressées. 

Ces résultats montrent donc que les dolomies n'arrivent pas très loin vers l’est 
au delà de la rive, la troisième ligne rencontre en effet les quartzites à 1310 metres 
de la rive gauche. Il semblerait donc que le synclinal est relativement très étroit, 
du moins dans la région indiquée, ce qui contraste fortement avec ce que nous ap- 
prendra le profil de la eluse de la Koswa relativement à ce même synelinal. 

De toutes façons les observations de M. Krotow, comme les nôtres, établissent 
l'existence incontestable d'une longue bande de D? qui suit le cours de Tépil, depuis 
le confluent de B. Niezwa et de Pogwa à peu près, jusqu’à l'embouchure de Tépil. 
Nous ne savons rien de la largeur de cette bande dans la partie nord; dans la ré- 
sion sud elle ne parait pas très large, du moins à quelques verstes en amont de Ust- 
Tépil. 

Les dolomies de D? de cette bande affleurent constamment sur la rive gauche, 
sauf au voisinage de Pagarielka ou on trouve des conglomérats quartzeux très 
durs et des quartzites, qui sont, comme nous le verrons, analogues aux formations 
de la crête du Stchoutchy, formations que M. Krotow attribue au D". 

Les observations faites par cet auteur sur Pogwa confirment pleinement nos 
vues sur la constitution de la grande vallée comprise entre Kozmer et Pogwinsky- 
Kamen: celle-ci est très certainement un grand synclinal de schistes supérieurs, 
compris entre ces deux anticlinaux. 

M. Krotow amorce le synclinal de Tépil dans la vallée de Soukhoï-Tépil, et le 
fait donc tourner fortement vers l’ouest; n'ayant pas traversé cette vallée, nous 
ignorons si on y rencontre où non des dolomies, mais la chose nous parait bien peu 
probable étant donné ce qui se passe dans la partie supérieure de la vallée d'Uls, 
où ces formations n'existent pas, où mieux encore n'existent plus. 


S 6. La crête du Stchoutchy-Adinoky. 


Nous avons visité à deux reprises la crête du Stchoutchy; la première fois, en 
1902, nous sommes partis de l'embouchure de Priboïnaïa, aflluent droit de Tilaï, 
et nous avons marché directement vers l’ouest à travers la forêt. Nous sommes 


(184) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 367 


alors arrivés sur la crête, que nous avons suivie sur une assez grande longueur, 
puis sommes descendus sur Tépil en obliquant vers le S.-0, pour attemdre la rivière, 
La seconde expédition a été faite en 1904 en sens mverse, depuis Tépil. Nous avons 
passé plus au nord que la première fois, et sommes descendus sur Tilaï par une 
marche très oblique qui nous à conduit jusqu'à l'embouchure de Logwinska. Cette 
région est d'un accès assez difficile selon le point par où l’on veut effectuer la tra- 
versée, cependant comme toujours dans lOural, on réussit quand on veut y mettre 
le temps et faire les efforts nécessaires. 

A l'embouchure même de Priboïnaïa, il n'existe pas d’affleurements, mais on 
trouve sous les arbres de nombreux débris de schistes verts qui forment certaine- 
ment le sous-sol. 

Depuis là, faute d'afleurements, on est réduit à faire de distance en distance 
des puits de recherche. Le premier a été fait à cinq verstes environ de la rivière 
Tilaï ; il a rencontré des schistes verts avec nombreux lits de quartz, la roche est 
très froissée et plissottée. On traverse alors un léger repli de terrain, et l’on descend 
dans une petite vallée. A S00 mètres de la crête de ce repli, un nouveau puits a 
montré la présence de roches absolument analogues aux précédentes, avec lentilles 
de quartz caverneux et géodique sans doute primitivement chargées de pyrite qui s’est 
oxydée dans la suite. En continuant à descendre, on arrive au thalweg de cette 
vallée qui est occupé par une assez grande rivière coulant vers le S.-E. ; cette 
rivière est Balchaïa, affluent de Tilaï. Son cours est faussement représenté sur 
la carte, elle S'amorce au flanc oriental du Stchoutchy, et coule presque parallè- 
lement à Tilaï sur un assez long espace de son parcours. 

Depuis Balchaïa, on recommence à monter assez fort, et l’on croise une 
région très marécageuse couverte de forêt abattue parle vent, et sillonnée de petites 
sources qui descendent sur Balchaïa; on trouve là encore des débris de schistes verts 
sous les arbres déracinés, puis ces schistes cessent et sont remplacés par des quart- 
zites couleur café au lait, hachées de nombreux filonnets de quartz blanc laiteux. 

Il n'existe aucune formation transitoire entre les schistes verts et ces quartzites ; 
faute d’afleurements on ne peut prendre ni direction, mi plongement précis: en 
tout cas le contact des deux roches ne peut passer bien loin. A la première appa- 
rition des quartzites, la pente augmente très brusquement, la forêt devient plus clair- 
semée, et l’on chemine pendant longtemps sur des dalles de quartzites, accompagnées 
de débris de conglomérats quartzeux qui ne se distinguent en rien de certaines va- 
riétés du Tscherdynsky-Kamen, pas plus sur le terrain que sous le microscope. En- 
fin on arrive sur la crête, que l’on peut suivre assez facilement du sud au nord. Par- 
tout on y voit affleurer la roche en place qui forme çà et là des tours et des obélisques 

(185) 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE VOL. 84 (1905). 71 


268 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


qui s'élèvent au milieu des sapins rabougris. Ces formes topographiques sont d’ail- 
leurs identiques à Kozmer et à Antipowsky-Grébine dont nous parlerons ultérieu- 
rement. La crête est formée de quartzites blanches ou jaunâtres, à grain plus ou 
moins fin, avec où sans mica, compactes ou schisteuses. IT y a là toute la série des 
types trouvés au Tscherdynsky, au Rastessky-Kamen ou à l'Aslianka ; les bancs bien 
lités et peu épais, alternent avec des conglomérats à cailloux de quartz d’un blanc 
laiteux, dont la dimension dépasse rarement celle d’un œuf de pigeon, ces con- 
glomérats sont d'ailleurs identiques à ceux de Pagarielka. Les couches, comme 
l'arête, sont dirigées N-$.. et plongent toujours vers l’est sous des angles de 30 à 40°. 

Le sommet principal du Stchoutchy est lui-même formé par un gros piton de 
quartzite qui se dresse comme un obélisque; immédiatement au-dessous on trouve les 
conglomérats quartzeux. 

Nous avons suivi la crête sur une assez grande longueur au nord du sommet 
principal, la disposition est toujours la même; à la jumelle on peut voir de là dis- 
tinctement le sommet de l'Adinoky sur lequel nous ne sommes pas allés, mais qui 
évidemment est identique. 

De la crête nous sommes descendus sur le versant est du Stchoutchy, qui forme 
une falaise rocheuse assez abrupte d’une cinquantaine de mètres, toujours formée 
par les banes de quartzites et de conglomérats. Il ne saurait y avoir de doute pos- 
sible, ces formations appartiennent sans conteste à la zone des quartzites et con- 
glomérats, et pas au Dévonien inférieur dans lequel nous ne les avons jamais 
rencontrées; et cependant, comme nous le verrons dans la suite, nous avons littéra- 
lement couvert de puits toute la grande bande du dévonien inférieur de la Koswa. Le 
Stchoutchy est une réapparition orientale de la zone des quartzites et conglomérats 
du Tscherdynsky-Soukhoï, il forme un pli déjeté et sans doute rompu sur le ane 
ouest, qui obéit à la loi générale indiquée. M. Krotow sur sa carte, figure le 
Stchoutchy en Dévonien D, ce qui lentraine comme nous le verrons, à établir des 
contours incompatibles avec la topographie et la tectonique observées. 

Il n’y à aucun doute que Kozmer et Stchoutchy appartiennent à une seule et 
même zone pétrographique et tectonique; €’est toujours le même anticlinal oriental 
déjeté de conglomérats cristallins, qui présente partout les mêmes caractères 
jusque dans les plus petits détails; à Kozmer les schistes verts supérieurs arrivent 
jusque sur la crête, à Stchoutchy ils restent au flanc oriental de l’anticlinal. 

Il se pourrait d’ailleurs que le dévonien inférieur se trouvat entre les conglo- 
mérats du Stchoutchy et la bordure orientale de la zone synclinale du D° de Tépil, 
aussi avons-nous examiné avec beaucoup de soin la nature du sol, de la crête jusque 
sur Tépil; la marche oblique que nous avons faite augmentait les chances de 


(186) 


ss 


*  RECHERCIHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 269 
trouver des afeurements. Malheureusement tel n'a pas été le cas, partout le sol 
est couvert, et les quelques puits que nous avons faits pour connaitre la nature du 
sous-sol ont traversé une épaisse couche d'argile dans laquelle on trouve exclusi- 
vement des débris de quartzite, sans pouvoir arriver sur la roche en place. Nous 
avons à la descente croisé le cours de la rivière Stchoutchy que nous avons suivie 
alors, espérant y trouver des afileurements: nous n'avons pas été plus heureux, et 
de nouveaux puits faits en cours de route, n’ont pas rencontré autre chose que de 
l'argile et des blocs de quartzite d'une absolue uniformité; ce n’est qu'à une faible 
distance de l'embouchure de la rivière Stchoutchy que nous avons rencontré des 
afleurements de dolomie du D°. 

Il parait donc plus que vraisemblable que les quartzites vont de la crète de 
Stchoutchy jusqu'à la bordure orientale du synclinal de D° sans interruption, ce fait 
serait d’ailleurs d'accord avec l'observation faite à lembouchnre de Pagarielka, où 
les conglomérats afleurent au niveau de la rivière. Comme la largeur de la bande 
de D° de la rive gauche de Tépil est très certainement faible, ce qui ressort de ce 
qui a été dit précédemment, il n'y a rien d'étonnant à voir à un moment donné 
les quartzites et conglomérats arriver jusqu'à la rivière. 

Dans l'exploration de 1904, nous sommes partis de la rive gauche de Tépil, 
probablement en amont de l'embouchure de Talaïa, en marchant vers le SE. Sur 
trois verstes environ, nous n'avons pas rencontré un seul affleurement ou un seul 
caillou dans la forêt, nous avons alors croisé un petit ruisselet dont l’alluvion était 
exclusivement formée de blocs de quartzites et de conglomérats. A partir de là jusque 
sur la crête, on trouve fréquemment dans la forét des débris des mêmes roches. 
Il est done presque certain que là encore les quartzites et conglomérats arrivent tout 
près de Tépil. Sur la crête nous avons encore vérifié l'orientation NS des couches de 
quartzites et leur plongement E de 25 à 30°. Les conglomérats quartzeux y ren- 
ferment des galets de la grosseur du poing, fréquemment étirés en lentilles, partois 
le ciment est violacé comme au Soukhoï. Au sommet nous avons trouvé ce Jour-là 
la cote 920 m.. mais le temps était fort mauvais, en ramenant cette cote à la 
base de Sosnowka, et après corrections, elle se réduit à 860, ce qui nous parait 
un peu fort cependant, car le Stchoutchy n'est jamais absolument pelé, la forêt y 
est seulement raréfiée. En descendant sur le flanc E de la crête, on trouve un cer- 
tain temps encore les dalles de quartzites, puis immédiatement les schistes verts qui 
sont tout d'abord très quartziteux, puis deviennent ensuite plus chloriteux. Ces 
schistes se continuent jusque sur la rivlère Tilaï. 

En somme cette seconde excursion n’a fait que confirmer les résultats de la 
première. 

(187) 


270 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


CHAPITRE XII 


LA RÉGION DU SYNCLINAL DÉVONIEN DE TÉPIL (suite). 


$ 1. Le synelinal de Tépil le long de la Koswa. — $ 2. La continuation du synelinal de Tépil au 
sud de la cluse de la Koswa. S 3. La continuation du svnelinal au nord des sources de Tépil, 


les Poyassowoi-Kamen, Antipowsky-Grébine et la vallée ŒUIs. 


S 1. Le synclinal de Tépil le long de la Koswa. 


Nous avons bien des fois examiné avec le plus grand détail le profil naturel du 
synclinal de Tépil que lon peut relever le long de la cluse de la Koswa, soit en re- 
montant soit en descendant la rivière, soit seuls, soit en commun. Nos observations 
sont là encore absolument conformes à celles faites par M. Krotow. Nous commen- 
cerons la description de ce profil naturel depuis la rivière Tilaï, un peu en amont de 
son confluent avec la Koswa. 

A deux verstes environ en aval du confluent d’'Amoutachnaïa avec Tilaï, on voit 
afeurer des schistes grisatres, très quartzeux, puis un peu plus en aval on trouve 
de véritables marbres blancs ou gris-bleuàtres, qui afleurent au bas sur la rive 
droite, et dont on trouve des blocs dans le lit de la rivière. Ces marbres sont mi- 
cacés et appartiennent indiscutablement à la formation des schistes cristallins. En 
effet, à deux verstes environ du confluent de Tilaï avec Koswa, on voit sur la rive 
droite un petit afleurement où l’on observe des marbres schisteux gris, passant au 
cipolins puis au micaschistes par le développement progressif du mica, suivis par 
des schistes micacés très feuilletés: nous sommes donc ici encore dans la zone des 
schistes cristallins. Un peu en amont du confluent de Tilaï et Koswa, on observe 
des dolomies, compactes d'abord, qui passent à des dolomies moins grenues et bitu- 
mineuses dans lesquelles on trouve des fossiles. M. Krotow y cite Stromatopora con- 
centrica, puis des Orthoceras, Pentamerus, et des coraux du genre Cyatophyllum. 

En aval, à une verste et demie environ du confluent de Tilaï, on voit afleurer 


(188) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL J71 


des calcaires siliceux très foncés, noirâtres, avec d’abondantes veinules blanches : 
ils sont dirigés N 35° et plongent vers le N, puis viennent des calcaires gris-bleuä- 
tres qui ressemblent absolument à certaines variétés de dolomies du D? avec des 
restes de brachiopodes: ils sont concordants avec les calcaires noirs. M. Krotow 
donne en cet endroit la série suivante que nous n'avons pas pu retrouver, le terrain 
ayant peut-être changé de configuration depuis lors : 


. 1° Calcaires argileux compacts gris-bleuatres du D?, 
! 2° Grès quartziteux gris-sombre 0,4, pl. ENE 45 
3° Calcaires argileux feuilletés, avec filonnets de quartz 0,7 m. 
4° Quartzites 2,4 m. 
59 Eboulis. 
À bussran Di < 6° Calcaire ER gris-bleuàtre, compact, avec Léperditia 
2 M. 
1° Grès quartzeux gris-verdatre 1,50. 
8° Eboulis. 
9° Calcaire compact gris-bleutre avec filonnets de quartz. 
| 10° Quartzites brunatres terminant l’afeurement. 


Sur la rive droite, à une verste à peu près en aval, on trouve un affleurement 
de calcaires gris-bleuatres, très cristallins: puis à une verste environ plus bas, et 
en aval du confluent de Soukhaïa-Béresowka, on trouve des calcaires dolomitiqnes 
du D° bréchiformes, dirigés NS, et plongeant vers l’ouest de 35°. A peu près à une 
verste et demie de cet afeurement, on en trouve un nouveau sur la rive droite, formé 
de dolomies grenues blanchätres ou grisatres, qui constituent une falaise abrupte ou 
en certains endroits on voit les couches fortement plissées et disloquées. La direc- 


tion parait être N 35° O, le plongement 45° vers l'O. La rivière Béresowka se jette 
dans la Koswa en aval de cet affleurement, à quelques centaines de mètres en amont 
de ce confluent, on retrouve sur la rive droite un très petit afleurement de dolomies 
grenues et compactes de couleur grise avec veinules de calcite, plongeant vers l'E, 
cette fois de 30°, les mémes dolomies plus grossièrement grenues se voient en- 
core à une verste et demie plus en aval, toujours avec un plongement E 15°. Près 
de Gloubokaïa., sur la rive gauche, on retrouve à nouveau les dolomies noires et 
bitumineuses avec fissures remplies de dolomie blanche, elles se voient également en 
aval du confluent de cette rivière, sur la rive gauche, puis à deux verstes environ en 
amont de l'embouchure de Kyria on retrouve de nouveau les calcaires dolomitiques 
bréchiformes gris-bleuatres avec veinules de calcite, leur plongement est incertain 
à cause des clivages. 
(189) 


279 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


À 800 mètres environ en aval du confluent de Kyria et sur la rive gauche de la 
Koswa, on voit un afleurement de brèche dolomitique plongeant E 20°. Plus en 
aval, à l'endroit appelé Pétrouchina, à cinq verstes environ du confluent de Tépil, 
les calcaires dolomitiques sont d’un bleu noirâtre, très durs et compacts, les vemules 
de calcite y sont plus rares, les fossiles S'y rencontrent assez fréquemment. 

Ces calcaires dolomitiques forment une paroi peu élevée qui domine la rive 
droite de la Koswa, les bancs lités y dessinent une série de petits anticlinaux et 
synelinaux successifs, coupés par des failles. On y rencontre fréquemment des fos- 
siles tels que Favosites Goldfussi, Euomphalus, Stromatopora, etc. 

A l'embouchure même du Tépil affleurent des calcaires noirs plongeant 
E 50°, puis plus en aval les afleurements dolomitiques cessent complètement, et le 
synelinal de Tépil prend sa fin avant le premier pointement de diabase que l’on 
trouve sur la rive gauche en continuant à descendre la Koswa. 

Le profil que nous venons de donner montre que le long de la Koswa le syn- 
clinal de Tépil est fort large, et qu'il est formé par des dolomies grenues des divers 
types du D? plissotées en petits anticlinaux secondaires, généralement déjetés du côté 
ouest, Quand on passe de la zone cristalline orientale au synelinal de Tépil, c’est 1m- 
médiatement les dolomies du D° que lon rencontre, et nulle part on ne peut observer 
une série de roches analogues à celles qui forment la crête du Stchoutchy. Celle-ci se 
termine donc au nord de la cluse de la Kosiwa, et plonge sans doute en profondeur sous 
les schistes cristallins de la zone orientale. Reste la question des calcaires siliceux que 
l'on trouve presque immédiatement après le confluent de Tilaï, à l’ouest des dolo- 
mies de D°: M. Krotow les attribue au D', ce qui impliquerait alors la nécessité d'un 
petit anticlinal de D'avec flancs de dolomies grenues du D?; la chose est possible, 
mais il nous à paru bien difficile de pouvoir se prononcer sur ces calcaires, et nous 
préférons, jusqu'à nouvel avis, ne pas conclure sur un afHleurement aussi petit et dont 
les roches manquent de fossiles. 


2. La continuation du synclinal de Tépil au sud de la cluse de la Koswa. 


Je 
ll 


La continuation du synelinal de Tépil au sud de la Koswa ne fait aucun doute, 
la rivière Kyria coule en effet sur la plus grande partie de son cours sur les cal- 
caires dolomitiques et les dolomies grenues. M. Krotow a relevé avec une grande 
exactitude les divers afleurements le long de Kyria, et nous-mêmes en 1900 avons 
à deux reprises suivi le cours de cette rivière, et constaté une fois de plus l'exacti- 
tude des observations de ce géologue; nous nous bornerons donc à donner un extrait 


(190) 


dit 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 57à 


sommaire du chapitre de son livre qu'il consacre à Kyria, puis nous compléterons 
ces données par l'exposé des résultats nouveaux qui découlent de nos propres 
recherches. 

Kyria prend sa source sur la ligne de partage, dans la zone orientale des schistes 
cristallins: elle coule tout d’abord en moyenne sensiblement du sud-est au nord-ouest 
en coupant obliquement cette zone, puis son cours devient presque est-ouest sur 
une certaine longueur : elle coule ensuite sur la plus grande partie de son cours et 
jusqu'à son embouchure vers le nord, ou mieux légèrement nord-ouest. Pour l'étude 
du synclinal de Tépil la partie supérieure du cours de Kyria n'offre aucun intérêt, 
aussi donnerons-nous l'extrait de la description de M. Krotow depuis le confluent 
de la rivière Gologouzka, aftluent droit de Kyria. 

En aval et en amont de ce confluent, sur la rive droite, afleurent des mica- 
schistes tantôt riches tantôt pauvres en zones quartzeuses :; ceux-ci se poursuivent 
sur une grande étendue, il faut sans doute les attribuer aux schistes cristallins. A 
3 verstes en amont du confluent de Polkas affluent gauche, on voit affleurer, sur la 
rive droite, des schistes vert-jaunâtres avec bandes plus riches en quartz, puis des 
schistes quartzeux argilo-micacés. Cet afleurement est couvert d'éboulis : M. Krotow 
rapporte avec hésitation les roches en question aux schistes cristallins, on pourrait 
en faire également du D'. A une verste en aval du confluent de Polkas, toujours 
sur la rive droite, affeurent les dolomies noires bitumineuses en couches épaisses 
plongeant ENE sous un petit angle. Elles renferment des fossilles, notamment des 
polypiers (Favosites, etc.): M. Krotow à suivi ce même horizon le long de Polkas 
encore beaucoup au sud. Ces mêmes dolomies se retrouvent à plusieurs reprises sur 
les rives jusqu'au confluent de Kamenka afiuent gauche, et à une verste et demie 
de ce confluent les dolomies forment sur la rive droite de hautes falaises : elles sont 
noires ou gris-Jaunâtre, et renferment des cristaux dans les fissures. Les couches 
sont épaisses et renferment des crinoïdes, des coraux et des bivalves : un affleure- 
ment semblable se trouve sur la rive gauche. Un peu plus bas en aval, près du con- 
fluent de la rivière Omoutachnaïa, affluent droit, on voit de nouveau les mêmes 
dolomies noires qui forment de hautes falaises : c'est près de la que se trouve l’an- 
cienne mine d'Ouspiensky. 

A six verstes et demie en amont du village de Rastess, les dolomies grenues 
ont un plongement NE de 20°: puis plus loin, un peu en amont du confluent d'Os- 
lianka afluent gauche, les dolomies de couleur grisàtre foncée, à structure grenue, 
forment des falaises de 20 mètres: les cavités de ces dolomies sombres sont remplies 
de dolomie blanche. 

L’affleurement suivant se trouve près du village de Rastess sur la rive gauche. 


(191) 


D74 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


Il est formé de quartzites grises, grossièrement grenues, en couches épaisses, ces 
mêmes roches se retrouvent d'ailleurs sur l’arête qui vient entre Omoutachnaïa et le 
village de Rastess. 

En face même du village et sur la rive droite, on voit un afleurement de 
dolomies noires bitumineuses à cavités remplies de dolomie blanche (dolomies bré- 
chiformes), avec Favosites et Orthoceras: le village de Rastess lui-même est cons- 
truit sur des grès quartziteux que M. Krotow attribue au D! (dont nous avons éga- 
lement constaté la présence sans toutefois être certains de leur àge). 

A deux verstes en aval de Rastess, sur la rive droite, on trouve un nouvel af- 
fleurement appelé Storojewoi-Kamen qui s'élève à dix mètres au-dessus de la 
rivière; il est composé de dolomies noires fétides en couches épaisses; les mêmes 
dolomies afeurent à deux verstes plus en aval près de l'endroit appelé Touloumetz. 
(Nous les avons retrouvées à l'embouchure même de Soukhaïa-Kyria par un puits 
fait à sept mètres de la rive droite, et à une verste du confluent). En aval de Sou- 
khaïa-Kyria afeurent, sur la rive gauche, des schistes cristallins très quartzeux et 
micacés, dirigés NNO-S$SE, qui appartiennent à la zone des quartzites et conglomé- 
rats. Le dernier afleurement des dolomies est à une verste et demie du confluent 
de Soukhaïa-Kyria, à l’endroit appelé Criwoï-Plioss, il est formé par des dolomies 
noires terreuses et fragiles, puis par des dolomies bitumineuses noires, avec mou- 
chetages de dolomie blanche. 

Cet exposé montre que le long de Kyria les affleurements dolomitiques revêtent 
absolument le même caractère que ceux relevés le long de Tépil. I reste à savoir 
si le synelinal est large dans cette partie sud et surtout si la large bande de dévonien 
inférieur figurée sur la carte de M. Krotow, bande qui s’avance jusqu'à Rastess, 
existe réellement. 

Tout d'abord il faut remarquer que jusqu'à Rastess, les dolomies n'avancent pas 
loin vers l’ouest sur la rive gauche, car de ce côté on rencontre tout de suite les 
formations de la zone des quartzites; du côté de l’est, faute d’affleurements, il est 
impossible de rien préciser, aussi pour être fixés avons-nous fait depuis la rive droite 
de Kyria et en face du village, une batterie de puits espacés de 300 mètres, nous 
avons trouvé ce qui suit : Le premier puits est situé à 20 mètres environ à l’est 
de la rive de Kyria. 

Puits n° 1. La roche en place est formée par les calcaires dolomitiques grenus 
très cristallins. 

Puits n° 2, Au fond du puits, blocs de quartzites; il n’est pas possible de dire si 
c'est la roche en place. 


Puits n° 3. Calcaire dolomitique. 


(192) 


AS mu À 


RECHERCHES PETROGRAPHIQUES SUR L'OURAL )/) 


Puits n° 4. Calcaire dolomitique. 

Puits n° 5. Calcaire dolomitique très cristallin. 

Puits n° 6. N'est pas arrivé sur la roche en place, le puits a traversé une 
argile jaune et ferrugineuse, renfermant des cailloux anguleux qui paraissent étre 
de la dolomie décomposée. 

Puits n° 7. Calcaire dolomitique noir schisteux. 

Puits n° 8. N'est pas arrivé sur la roche en place, mais a traversé de l'argile 
contenant de nombreux débris de schistes verts chlorito-quartziteux. 

Puits n° 9. Pas de résultat par suite des venues d'eau qui ont empêché de 
continuer le puits. 

Puits n° 10. N'est pas arrivé sur le sol en place. 

Puits n° 11. Situé sur la rive droite de Beresowka. La roche en place est 
formée par des schistes quartziteux verdâtres. 

Puits n° 12. N'est pas arrivé jusqu’au sol, l'argile traversée renferme des débris 
de quartzite. 

Puits n° 13. Probablement arrivé sur la roche en place formée par des schistes 
chloriteux verts. 

Puits n° 14. Arrivé sur la roche en place formée par des calcaires dolomitiques 
gris clair. 

Puits n° 15. Argile rouge avec nombreux débris de schistes verts au fond. 

Puits n° 16. Au fond, débris de schistes verts. 

Puits n° 17. Calcaires doiomitiques gris-clair en place. 

Puits n° 1S. Schistes verts en gros blocs au fond du puits. 

Puits n° 19. Schistes chloriteux au fond du puits. 

De ce numéro jusqu'à Soukhoï-Kamen, on ne rencontre que des schistes 
verts. 

On peut déduire de ce profil les conclusions suivantes : 

1° Il n'existe pas entre Rastess et la zone cristalline orientale, de dévonien 
inférieur caractérisé comme tel dans le synelinal de Tépil. 

20 La largeur de la bande continue de dolomie formant le synelinal de Tépil 
ne dépasse guère trois à quatre kilomètres. 

30 Au delà, vers l’est, on retrouve à plusieurs reprises des calcaires dolomi- 
tiques qui paraissent isolés du milieu des schistes verts développés à l’est comme à 
l’ouest, qui forment sans doute leur soubassement (des n° S à 13 schistes verts, 
avec dolomies au n° 14, puis de nouveau schistes aux n°% 15 et 16 et dolomies au 
n° 17 avec retour des schistes verts aux n° 18-19 et plus à l’est). 

Les dolomies du synclinal de Tépil paraissent donc reposer ici sur un soubas- 

(195) 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT, DE GENÈVE, VOL. 84 (1905). 


1 
Lee 


276 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


sement de schistes verts, par place elles ont été complètement érodées, ce qui laisse 
alors afleurer leur soubassement naturel. 

En tous cas la limite extrême de la bordure orientale de la zone dolomitique 
arrive au puits n° 17, puisque au delà les dolomies disparaissent: cela fait done 
huit kilomètres à peu près pour la largeur initiale maxima du synelinal en cet 
endroit. Plus au sud, nous n'avons pas de données permettant de fixer la largeur de 
ce synelinal, nous dirons seulement que la non existence de la bande de D! inter- 
médiaire entre les dolomies du D? et les schistes cristallins est encore confirmée 
par les propres observations de M. Krotow qui, à l'exception d'un afeurement de 
schistes douteux indiqués précédemment, n'a pas trouvé de roches pouvant être 
rapportées au D! sur les rives de Kyria entre les confluents des rivières Grologouzkë 
et Polkas, où cependant Kyria aurait dû couper transversalement cette bande de 


dévonien inférieur. 


S 3. La continuation du synclinal au nord des sources de Tépil, 


les Poyassowoïi-Kamen, Antipowsky-Grébine et la vallée d'Uls. 


Il s’agit maintenant de voir si le synclinal de Tépil se retrouve au delà des 
sources de Pogwa et de Soukhoï-Tépil, ou si au contraire on en perd toute trace 
vers le nord. 

Nous avons déjà dit qu'à cinq ou six kilomètres au nord du Pogwinsky- 
Kamen commençait la grande chaine rocheuse des Poyassowoï-Kamen, et nous avons 
déjà indiqué dans la partie topographique les positions relatives de Kozmer, de 
Kwarkouche et d’Antipowsky-Grébine par rapport à cette chaine, nous n'y revien- 
drons pas. 

Nous avons complètement exploré les Poyassowoï en 1904, c'est une des mon- 
tagnes les plus curieuses que l’on puisse voir, car sur toute son étendue et de bas 
en haut jusqu'aux sommets les plus élevés, elle est découpée en terrasses étagées, 
qui lui communiquent un aspect absolument curieux et inconnu ailleurs, Notre but 
n'est pas d'entrer dans les détails de la géologie de cette chaine qui, de même que 
Kwarkouche, sera étudiée à fond dans un autre ouvrage; nous dirons seulement 
qu'elle est entièrement formée de quartzites blanches et plus où moins micacées du 
type de celles de l'Aslianka, et qu'elle forme une vaste voûte déjetée vers l’ouest. 
Une seconde chaine parallèle mais beaucoup moins continue, vient à l'ouest des 
Poyassowoï et en est séparée par une vallée sans doute synelinale, dans laquelle 


(194) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL J 7 7 


coule la rivière Liampa affluent d'UIS, qui la coupe ensuite transversalement, 
Cette chaîne est également formée de quartzites analogues et semblablement dis- 
posées. À l’ouest de cette seconde chaine vient la grande vallée d'UIS, limitée de ce 
côté par la montagne de Kwarkouche, c'est dans là partie sud de celle-ci que vient 
mourir le prolongement septentrional de Kozmer. La rivière Ulsqui coule entre Kozmer 
et Kwarkouche, suit après avoir dépassé Kozmer le flanc oriental de Kwarkouche, et 
setient donc sur le bord occidental de la grande vallée, tandis que ses affluents droits 
qui descendent du Poyassowoï ou de la barre de Pogwa, traversent transversalement 
ou obliquement cette vallée, La vallée d'UIS, entre Kozmer et Antipowsky-Grébine, 
est entièrement formée par les schistes verts supérieurs aux quartzites. On ne trouve 
sénéralement que des débris de ces roches sous les arbres renversés, sur les rares 
afeurements observés, ces schistes plongent constamment vers Fest. Nulle part dans 
la vallée, du Poyassowoï au Kwarkouche, on ne trouve trace de cailloux de dolomie. 
Ceci est conforme à ce que nous avions déjà observé dans la vallée supérieure d'UIS, 


entre Kozmer et le Kwarkouche. Il semble donc, à première vue, que de autre côté 


Vue de l’extrémité N. de Kwarkouche et d’Antipowsky-Grébine depuis les Poyassowoi-Kamen 
I — Poyassowoi-Kamen. — 11 — Ouwal encaissant la rive gauche de Liampa. — 
IT — Antipowsky-Grébine. — IV — Chaine de Kwarkouche. 1 — Vallée d'Uls. 


de la barre qui sépare Soukhoï-Tépil et Pogwa du bassin de la riviere UIs, le syn- 
clinal de Tépil a complètement disparu. 

Antipowsky-Grébine forme une longue ride, qui apparait dans la partie nord de 
la vallée entre Kwarkouche et le Poyassowoï, à l'est du cours de la rivière UIS. Venant 
du Poyassowoï pour nous rendre sur le Kwarkouche, nous avons à deux reprises 
traversé cette crête, en passant d'abord par dessus un petit ouwal qui se trouve 
entre celle-ci et Ja chaine la plus occidentale du Poyassowoï. Cet ouwalest formé de 
schistes verts supérieurs plongeant vers l’est; la rivière Liampa passe dans la vallée 
qui le sépare d'Antipowsky, et contourne ensuite l'extrémité sud de cette dernière 
montagne. La crête d’Antipowsky-Grébine est entièrement formée par des conglo- 


(195) 


78 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


mérats quartzeux à galets de quartz blanc, de la grosseur d’un pois à celle d’un œuf 
de porle, ces galets sont étirés par place en lentilles, le conglomérat est en effet 
schisteux et légèrement gneissique par dynamométamorphisme. Les couches de con- 
glomérat afleurent sur la crête, elles y forment de gigantesques dalles et rochers 
ruiniformes absolument analogues à ceux de Stchoutchy. Les couches sont dirigées 
sensiblement NS, avec plongement E de 25 à 30°. Sur le versant ouest, cette crête 
forme une falaise de 50 mètres environ, montrant comme au Stchoutchy également, 
la tranche des bancs de conglomérats, puis plus à l’ouest, la montagne, toujours 
comme au Stchoutchy, offre une pente douce, et les afHeurements cessent dès lors. La 
hauteur d'Antipowsky est d’après nos déterminations répétées de 840 mètres ; nous 
avons traversé cette arête beaucoup plus au sud également, là où elle s’abaisse 
considérablement: en cet endroit nous avons trouvé des schistes quartziteux verts à 
la place des conglomérats, ce qui est normal. 

En descendant sur le flanc ouest d’Antipowsky, nous avons suivi une ligne EO, 
tracée dans la forêt par les usines de Koutim pour faciliter l'exploitation des bois, 
cette ligne qui traverse la rivière Uls et qui se continue sur le flanc est de Kwar- 
kouche, passe par un afHleurement rocheux qui forme falaise sur la rive droite de 
cette rivière; cet afleurement est formé par schistes verts dirigés NS, et plongeant 
Ho 

Il résulte done de ces observations qu'Antipowsky-Grébine forme un anti- 
clinal de conglomérats cristallins, rompu et déjeté sur son flanc ouest; cet anticlinal 
qui est peut-être faillé, affleure en boutonnière au milieu des schistes verts de 
l'horizon supérieur qui flanquent les conglomérats à l’est comme à l'ouest. 

Antipowsky-Grébine qui est incontestablement la continuation topographique 
de la ride Stchoutchy-Kozmer!, en est également la continuation géologique, et l’iden- 
tité se retrouve non seulement dans lanature des formations géologiques, mais encore 
dans les plus petits détails de la tectonique. 

Un peu au nord du point d’intersection de la ligne que nous avons suivie pour 
arriver sur Antipowsky, la disposition de la crête change, et si l’on suit le cours de la 
rivière UIS, on trouve bientôt sur la rive droite des affleurements souvent considé- 
rables de dolomies noires et bitumineuses du D?, qui remplacent ici les schistes verts 
dans la vallée synclinale comprise entre le flanc ouest d’Antipowsky et le flane est 
de Kwarkouche, La plupart des afleurements que l’on rencontre en descendant vers 
laval sont sur la rive droite, c’est le D? typique du synélinal de Tépil, il se continue 
sur toute la longueur du cours de la rivière. La bande de dévonien moyen d’abord 


! Kozmer vient en effet au S.-0.-E. d’Antipowsky. 


(196) 


me" à 
Ci tad 


RECHERCHES PETROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 279 
étroite, S'élargit en allant vers le nord comme on peut le vérifier en remontant la ri- 
vière Koutim depuis son embouchure ; cette rivière coupe en effet transversalement 
la totalité des formations du synelinal en cet endroit. En descendant la rivière UIs 
depuis le confluent en question, on à constamment à sa droite des falaises de roches 
dolomitiques d’un aspect parfois très pittoresque, puis à six ou sept verstes en 
amont environ du confluent de Pélia, ces dolomies cessent par le fait que la rivière 
traverse en cluse l'extrémité nord de Kwarkouche, il est aisé de voir cependant que 
celles-ci contournent cette extrémité, car après avoir traversé la cluse, on retrouve 
les dolomies qui forment un peu en amont de l'embouchure de Pélia, en face de la 
charbonnerie des usines de Koutim, une série de petits plis-faille analoques à ceux 
que nous avons déjà décrits le long de la Koswa à Pétrouchina. Le Dévonien moyen 
moule complètement l'extrémité septentrionale de Kwarkouche, nous l'avons re- 
trouvé en effet dans la vallée de Pélia, sur le versant ouest de l'extrémité nord de 
cette chaine, à sept kilomètres environ en amont des « oreilles de Pélia > 

La vallée inférieure et moyenne de la rivière Uls est donc occupée par an 
syndical de D? reposant sur un soubassement de schistes verts, ce synclinal est la 
continuation directe de celui de Tépil, ce qui ressort à l'évidence de l'examen de la 
topographie, comme aussi du caractère même de ce synclinal: si la bande dévo- 
nienne n'est pas continue de l'embouchure de Tépil à celle d'UIs, c’est que sans 
doute dans la région limitrophe de la selle qui sépare la vallée de Soukhoï-Tépil de 
celle d'UIS, l'érosion a fait disparaitre ce dévonien en mettant à nu son soubasse- 
ment de schistes cristallins. 


S 4 Résumé général de la tectonique de la région synclinale de Tépil. 


Comme on à pu s'en convaincre par la lecture des paragraphes qui précèdent, 
nos observations nous conduisent à une interprétation totalement différente de celle 
de M. Krotow pour la zone synclinale de Tépil et pour les régions limitrophes, et nous 
obligent à changer totalement aussi la disposition des contours géologiques figurés sur 
la carte au !/,,5099- LA Cause première de ces divergences réside dans l’inexactitude 
de la carte topographique. M. Krotow a en eftet relevé les afleurements principale- 
ment le long des rivières, et a fait naturellement peu d’ascensions, ce qui se com- 
prend aisément étant donné l’immensité du territoire qu'il a parcouru et relevé; il a 
sans doute relié ensuite entre eux les divers affleurements observés, pour tracer les 
contours de sa carte géologique. Tous les afHeurements qu'il décrit sont relevés avec 
un soin méticuleux, mais le cours des rivières étant inexact, de même que la dispo- 


(197) 


280 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


sition des chaines, les contours faits dans ces conditions ne peuvent nécessairement 
pas correspondre à la réalité, La topographie de ces régions est souvent fort difficile 
à débrouiller, les distances à parcourir sont énormes, et la forêt masque tout. Nous 
avions vu distinctement depuis les Poyassowoï la disposition topographique de 
Kwarkouche, de Kozmer et d'Antipowsky, mais pour avoir la certitude, nous sommes 
allés partout, et c'est la raison pour laquelle nous avons suivi Kwarkouche sur toute 
sa longueur: dès le début nous avons eu Fintuition que Kozmer Antipowsky et 
Stchoutchy formaient une longue et méme grande ride anticlinale, et que le dévonien 
d'Uls et de Tépil appartenait à la même bande synclinale, mais nous avons tenu à 
vérifier séparément chaque montagne, tant il est aisé de se tromper dans les condi- 
tions où l’on est forcé de travailler faute d'une carte topographique passable, Par- 
tout où la carte est à peu près exacte, les contours de M. Krotow le sont également, 
et nous avons souvent éprouvé la plus vive admiration pour ce savant, qui a parcouru 
seul cette immense contrée, et à très souvent vu juste du premier coup, malgré les dif- 
cultés de toute espèce que l’on rencontre à chaque pas dans un pays d'accès difficile, 
sans population, couvert de forêts et de marécages, où l’on ne peut compter que sur 
soi-même pour vivre et se diriger, et où faute d'une carte passable, on doit faire soi- 
méme une topographie approximative avant de songer à comprendre quelque chose 
à la géologie de la contrée. 

La chaine du Soukhoï-Tscherdynsky ne se termine pas, comme nous l'avons vu, 
au Soukhoï, mais elle se continue sans interruption du sud au nord, et devient 
alors celle de Kwarkouche. Elle est formée sur toute son étendue de quart- 
zites de types variés, mais que nous rapportons sans hésitation aux formations 
de la zone des quartzites et conglomérats. Cette chaine constitue une grande ride 
anticlinale, formée selon toute vraisemblance par deux où plusieurs anticlinaux 
distincts, déjetés vers l’ouest. La réapparition plus orientale des mêmes forma- 
tions donne naissance à une seconde ride anticlinale, celle de Stchoutchy-Kozmer- 
Antipowsky. Cette ride qui présente une apparente solution de continuité entre 
Stchoutchy et Kozmer, puis entre Kozmer et Antipowsky, cesse un peu en amont de 
la cluse de la Koswa, et ne réapparait pas plus au sud. Elle est formée par un anti- 
clinal déjeté vers l'ouest, qui est probablement rompu et faillé sur ce flanc; d’un bout à 
l’autre de la ride et jusque dans les plus petits détails, cet anticlinal garde les mêmes 
caractères, Les conglomérats où quartzites qui en forment le cœur afHeurent au 
milieu des schistes verts qui se retrouvent constamment au flanc oriental, tandis 
qu'au flanc occidental, ils paraissent s'arrêter à la hauteur du confluent de Pogwa, 
autant qu'il est permis d’en juger. 

Entre les deux anticlinaux de Kwarkouche et de Stchoutchy-Kozmer-Anti- 


(198) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL JS] 


powsky, se trouve une grande zone synclinale dans laquelle coule au sud la rivière 
Tépil, et au nord la rivière Uls : cette zone est occupée par les dolomies du 
D* qui reposent sur un soubassement de schistes verts ou de quartzites, Ce 
dévonien moyen ne parait pas être accompagné de dévonien inférieur sur les deux 
flancs du synelinal, il est même tres probablement discordant sur son soubassement, 
ce qui semble résulter de ce que nous avons vu sur la ligne de puits Rastess-Souk- 
hoï-Kamen, comme aussi sur Tépil. Le synclinal sédimentaire présente de nom- 
breux froissements qui y ont fait naître une série de plis à faible rayon de courbure, 
généralement faillés; sa largeur est assez variable, et si l’on tient compte de ce 
que l’on voit le long de la Koswa où il est très large et à Pagarielka où il est au 
contraire fort réduit, on peut conclure qu'il présente sans doute des renflements et 
étranglements successifs; de toute façon le synclinal de Tépil nous parait moins 
large que M. Krotow ne l’a figuré sur sa carte. Le dévonien sans doute enlevé par 
érosion, fait défaut dans la partie supérieure de la vallée d'UIs (et probablement 
aussi de Soukhoï-Tépil) : les schistes verts affleurent en effet seuls dans le synclinal 
entre Kwarkouche et Kozmer, puis ensuite dans la vallée d'Uls au-delà de l'extrémité 
septentrionale de cette montagne; ce dévonien réapparait cependant beaucoup plus 
au nord, dans la vallée synclinale comprise entre Antipowsky et Kwarkouche qui est 
tout d’abord formée par les schistes verts toujours disposés en synclinal, puis il se 
poursuit sans discontinuité et en s'élargissant toujours plus, jusqu'à l'extrémité nord 
de Kwarkouche qu'il enveloppe de tous côtés. Comme tectonique, la zone syncli- 
nale dévonienne d'Uls affecte exactement les mêmes caractères que celle de Tépil:; 
elle est plissottée en petits anticlinaux et synclinaux généralement faillés. 

Au sud de la Koswa, l’anticlinal oriental de Stchoutchy ayant disparu, le dévo- 
nien du synelinal est délimité à l’est par les schistes verts de la zone orientale; les 
puits de la ligne de Rastess semblent indiquer l'existence de lambeaux dolomitiques 
isolés sans doute par l'érosion au milieu des schistes verts. 

Au nord du confluent de Pogwa au contraire, l’anticlinal de Kozmer est suivi 
d’un second anticlinal plus oriental, constituant une deuxième zone de quartzites, 
cet anticlinal forme le Pogwinsky-Kamen, il trouve sa continuation directe dans la 
voûte du Poyassowoï-Kamen. 

Le synclinal compris entre les deux anticlinaux forme la vallée de Pogwa, il 
est occupé par les schistes verts. Au nord de l’extrémité septentrionale de Kozmer 
ce synelinal se réunit à celui d'UIs, pour former la grande vallée comprise entre la 
partie sud du Poyassowoï et la chaine de Kwarkouche: il redevient de nouveau 
distinet entre les Poyassowoï et le flanc oriental d’Antipowsky-Grébine, nous ne 
l'avons pas suivi au-delà. 

(199) 


892 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


La structure géologique de la région synclinale de Tépil est donc d’une remar- 
quable simplicité, l'allure des grandes voûtes de quartzites qui forment les trois 
lignes anticlinales de Soukhoï-Kwarkouche, du Stchoutchy-Kozmer-Antipowsky et 
de Pogwinsky-Kamen-Poyassowoï est très uniforme, elle contraste fortement avec 
la disposition des plis de la grande bande dévonienne de la Koswa dont il sera ques- 
tion ultérieurement, mais rappelle au contraire beaucoup l’allure peu tourmentée 
des plis carbonifères de la zone subouralienne. 


CHAPITRE XIII 


LA ZONE CRISTALLINE ORIENTALE. 


$ 1. Généralités sur la topographie de cette zone. K 2. La région des sources et le Cours supé- 
rieur des rivières KoswWa et Kyria. — 3. La rivière Tilaï et ses affluents. — $ 4. Le Souk- 
hoi-Kamen. — 5. Composition minéralogique et structure des schistes cristallins. — K 6. Mo- 
nographie de quelques échartillons étudiés. — K 7. Résumé général relatif à la pétrographie 


et à la tectonique de la zone cristalline orientale. 


S 1. Généralités sur la topographie de cette zone. 


La zone orientale des schistes cristallins n'est point une région de hautes 
montagnes ; elle comprend toute la contrée située: au nord, entre la crête du Stchou- 
tchy et la chaine de Koswinsky-Tilaï ; au sud, entre la bordure orientale du syn- 
clinal de Tépil et la ligne de partage des eaux asiatiques et européennes. La plu- 
part des tributaires de la Koswa, comme cette rivière elle-même, prennent leur 
source dans cette zone qui est presque plate, car c’est à peine si à distance on peut 
y distinguer çà et là quelque ride peu accusée, qui sépare généralement les lits de 
deux rivières voisines. Toute cette vaste région est boisée, et les sillons des nom- 


(200) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL D83 


breux cours d’eau qui l’arrosent ne sont révélés que par l'abondance plus grande 
des bouleaux le long de leurs rives, la couleur claire de leur feuillage tranchant en 
eftet sur le fond sombre formé par les conifères. Le seul relief un peu important 
que l’on peut observer est formé par la longue crête du Soukhoï-Kamen. Celle-ci 
prend naissance à la hauteur du confluent de Pharkowka, et se poursuit du nord au 
sud sur une grande longueur; elle est boisée sur toute son étendue, car nulle part 
elle n'atteint la hauteur de la limite de végétation. 

Les afeurements rocheux sont rares dans cette région, on les rencontre prin- 
cipalement sur les rivières, comme aussi sur la crête du Soukhoï-Kamen. 


S 2. La région des sources et le cours supérieur des rivières Koswa et Kyria. 


Ces deux rivières prennent naissance sur la ligne de partage, qui forme ici une 
barre très plate, boisée et marécageuse, dont la hauteur d’après nos détermina- 
tions ne dépasse guère 480 à 500 mètres. Nulle part on n'y rencontre d’affeurements 
de roche en place, mais les blocs anguleux de schistes verts généralement assez quart- 
zeux et chloriteux, abondent dans la forêt sous les arbres renversés. Sur la Koswa elle- 
même, ces afHeurements ne commencent guère qu'à une distance assez grande en 
aval des sources de la rivière, dans le voismage du confluent de la rivière Balchaïa 
son premier afluent gauche; nous les avons relevés avec grand soin, et nos observa- 
tions là encore sont conformes à celles de M. Krotow. Un peu en aval du confluent 
de Balchaïa, on voit afeurer des schistes de couleur claire, plus ou moins micacés 
ou séricitiques, riches en nodules de quartz, qui plongent de 30° environ vers l'est. 
Les mêmes roches se retrouvent à quelques verstes en amont du chemin de Rastess 
à petite Koswa, les schistes y sont d'apparence argileuse, gris jaunätre, micacés, et 


e] 


plongent vers l’est de 50° environ. À une verste en amont du chemin et sur la rive 
droite, on trouve encore les schistes chloriteux gris-verdatre et froissés plongeant 
toujours vers l’est, et renfermant de nombreux filons de quartz; enfin en aval du 
chemin les mêmes schistes chloriteux gris-verdatre, très quartzeux et fortement re- 
dressés, réapparaissent cette fois sur la rive gauche. C'est le dernier affleurement 
que l’on trouve alors avant d'arriver aux diabases qui atHeurent, comme nous l'avons 
déjà indiqué, depuis le confluent de la petite Koswa jusqu'au voisinage de lembou- 
chure de Pharkowka. 

Tout près de celle-ci, on voit un joli afleurement de schistes chloriteux et séri- 
citiques très froissés, qui dessinent un petit anticlinal secondaire, sur le jambage 
duquel on voit s'appuyer d’abord des schistes noirs graphitiques, puis des schistes 

(201) 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 34 (1905). 


D84 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


calcaires, et enfin des schistes argilo-séricitiques gris Jaunâtre. Ces schistes sont 
pour nous des formations appartenant au dévonien supérieur, qui est ici concordant 
avec les schistes chloriteux et forme sans doute un petit synclinal pincé. 

Les schistes chloriteux sont traversés également en cet endroit par un filon de 
diabase, qui les modifie très localement en les durcissant et les feldspathisant. Les 


pointements de diabases sont d’ailleurs nombreux en cette région et se retrouvent 


sur les deux rives. Près de l'embouchure de Tzenkowka on retrouve les schistes 
chloriteux formés de bandes alternativement riches en quartz et en chlorite. Ils sont 
dirigés NS et plongent vers l’est de 30° environ. A l'embouchure même ils se re- 
dressent à 45°; un peu en aval, on peut voir que ces schistes sont traversés par un 
filon de diabase dont on trouve encore des restes dans le lit de la rivière. 

Les schistes séricitiques riches en quartz succèdent à ces schistes chloriteux 
au point où la Koswa tourne vers l’ouest, ils sont suivis par un afeurement très 
étendu des mêmes schistes de couleur vert foncé, très chloriteux, et plongeant tou- 
jours vers l’est de 45° environ. Au point où la Koswa commence à couler vers le 
nord, on retrouve encore les mêmes schistes chloriteux dirigés NS et plongeant 
toujours vers l’est. De là jusqu'au confluent de Kroutaïa, on voit encore plusieurs 
afleurements de schistes verts sur les deux rives; un peu en aval du dit confluent, 
ces schistes très froissés forment des petites falaises couvertes de pins et de sapins. 

En aval du confluent de Kroutaïa, sur la rive gauche, les schistes chloriteux 
très riches en quartz afleurent à nouveau, ils plongent de 20 à 25° toujours vers 
l’est. 

A partir de là jusqu'au point où on rencontre les dolomies, on trouve encore 
plusieurs afHleurements de schistes sur les deux rives. Ceux-ci sont très quartzeux, 
plus où moins micacés ou chloriteux, et toujours fortement froissés. Leur plonge- 
ment se fait constamment vers l’est, leur position vis-à-vis des dolomies qui leur 
fait suite n'est pas possible à établir sur les affleurements visibles le long de la 
rivière. 

Ce qui à été dit des sources de la Koswa s'applique également à celles de 
Kyria. Nous avons en effet remonté le cours de cette rivière depuis les anciens pla- 
cers sans pouvoir trouver un seul aflleurement. Cependant dans les nombreux puits 
que nous avons foncés, nous avons toujours trouvé dans l’alluvion comme dans le 
matériel du bed-rock, des débris de schistes verts très chloriteux, parfois aussi des 
cailloux de diabase. Les quelques affleurements que nous avons pu relever se trou- 
vent sur la route qui conduit aux placers, et surtout à proximité du village. Là on 
trouve en deux endroits les schistes verts dirigés N 10° O0 avec un plongement de 
50° vers l’est, les schistes sont quartzeux et séricitiques. 


(202) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 389 


S 3. La rivière Tilaï et ses affluents. 


La rivière Tilaï est, comme nous l'avons dit, formée de deux artères qui se 
réunissent, l'une s'appelle Tilaï, l'autre Jewskaïa. Toutes deux proviennent de la 
ligne de partage, elles sont séparées l’une de l’autre par un long ouwal boisé. Nous 
n'avons pas exploré la rivière Tilaï en amont de son confluent avec Jewskaïa ; la 
description des afeurements qu'on y rencontre est d’ailleurs donnée ## ertenso 
par M. Krotow. Ils consistent exclusivement en schistes cristallins très quartzeux 
et chloriteux, avec lits et nodules de quartz. 

Nous avons rencontré les mêmes schistes sur la rivière Jewskaïa, depuis sa 
jonction avec Tilaï jusqu'au confluent de Palnitschnaiïa. Les afleurements se trou- 
vent sur la rive droite qui forme volontiers falaise, ils sont assez nombreux. Les 
schistes dirigés NNO-SSE, plongent toujours vers l’est sous des angles compris 
entre 40 et 46° : ils sont de couleur vert clair, bien lités, relativement peu quart- 
zeux, et se retrouvent également fort en amont du confluent de Palnitschnaïa. 

En avant du confluent de Jewskaïa, sur la rive droite de Tilaï et entre les 
deux affluents appelés Detkowa et Priboïnaïa, les schistes verts dirigés NS et plon- 
geant de 55° vers l’est, forment un petit afleurement, puis plus en aval ces schis- 
tes disparaissent des rives de Tilaï, et la rivière coule alors dans les diabases 
dynamométamorphosés de l'embouchure de Garéwaïa dont il a été question dans 
le premier volume de ces recherches. Cependant à quelques centaines de mètres en 
amont du confluent de Logwinska, les schistes réapparaissent de nouveau sur la 
rive droite. 

Ils sont gris noirâtre, très feuilletés, et ressemblent beaucoup à certaines va- 
riétés de D', Les couches sont dirigées NNO-$SSE et presque verticales. En aval de 
Logwinska et jusqu'à l'embouchure de Sosnowka, les aftleurements que l’on ren- 
contre sur la rive gauche sont formés par les diabases. Le premier d’entre eux se 
trouve en aval de l'embouchure de la grande Sosnowka, sur la rive gauche égale- 
ment : il est formé de schistes quartzeux très froissés, plongeant vers l’est. I/af- 
fleurement qui suit se trouve à l'embouchure de Balchaïa. Ces schistes très chlori- 
teux et de couleur vert pale, plongent vers l’est sous des angles variables, 1ls sont 
bien lités et passablement froissés ; les mêmes roches se rencontrent encore plus en 
aval, mais sur la rive gauche cette fois, puis près du confluent d’Amutachnaïa en 
aval comme en amont : ils y sont très froissés et toujours quartzeux. À partir de là, 
Tilaï rencontre les marbres schisteux, puis les dolomies dont il à été parlé précé- 


demment. 
(203) 


)86 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


S 4. Le Soukhoi-Kamen. 


Sur la carte géologique !/,,5690: 1e Soukhoï-Kamen est colorié en péridotites 
d'après les indications de M. Zætzeff. Dans une première excursion faite en 1900 
sur cette montagne, nous avons vainement cherché ces péridotites, Une seconde 
expédition faite quelques jours après ne fut pas plus heureuse. En 1902 nous fimes 
au Soukhoï une troisième excursion sans plus de succès que les précédentes ; nous 
admettons donc que les péridotites n'existent pas au Soukhoï-Kamen. 

Partis d’abord de l'embouchure de Pharkowka, nous avons suivi la Koswa et 
gagné l'extrémité nord du Soukhoï. On ne trouve tout d’abord pas d'affleurements, 
mais plusieurs puits faits à partir de la rive gauche jusqu'à 2 verstes environ de 
celle-ci vers le sud, ont toujours rencontré les schistes verts en place formant le 
sous-sol. 

Les premiers afHeurements apparaissent près de la crête sous forme de pitons 
rocheux, abrupts du côté de l’ouest et montrant de ce côté les couches sur leur 
tranche. Ils sont formés de schistes verts dirigés NNO-S$SE, et plongeant vers l’est de 
40-45°, La crête elle-même est formée par une série de pitons semblables alignés à 
peu près NS: elle est très abrupte du côté de l’ouest, et par contre disposée en 
pente douce vers lest. 

Partout cette crête est formée de schistes verts très quartzeux ; nous l'avons 
suivie jusqu'au point où elle s'abaisse au col par lequel passe le chemin de Rastess, 
puis nous sommes descendus alors sur le flanc occidental de la montagne. Là, des puits 
que nous avons fait exécuter, ont rencontré les schistes verts, et nulle part les péri- 
dotites. Nous sommes ensuite remontés sur le Soukhoï en continuant à cheminer 
vers le sud sur la longue crête. Nulle part nous n'avons trouvé d'afeurements, mais 
un puits fait à 3 verstes au sud du chemin de Rastess, a rencontré de nouveau les 
schistes verts en place. 

Dans les deux autres excursions nous avons gagné la crête du Soukhoï par le 
chemin de Rastess, puis nous avons marché au sud, en suivant une ligne qui passait 
à l’ouest de la crête, et à une faible distance de celle-ci. A une verste environ du che- 
min, on trouve un premier afleurement de schistes verts dirigées NS et plongeant 
est de 70° environ, ces afHleurements se continuent plus au sud sur une longueur 
de 4 verstes à peu près, le plongement des couches est constamment vers l’est, les 
angles oscillent entre 50 et 60°, Nous avons suivi ces afHeurements jusqu'au point 
où la crête du Soukhoï s’abaisse vers la rivière Balchaïa, puis sommes revenus par 


(204) 


Le 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL D87 


la base du flanc ouest de la montagne, en faisant creuser plusieurs puits dans la 
forêt ; nons avons toujours trouvé des débris de schistes chloriteux très quartzeux, 
ou des pointements des mêmes roches en couches plongeant vers l'est. 

Il résulte de ces observations que le Soukhoï-Kamen tout entier est en schis- 
tes verts, et parait former un pli rompu sur le flanc ouest suivant la règle générale: 
les schistes du Soukhoï sont d’un type remarquablement quartzeux, mais ne se 
distinguent en rien de ceux qui afleurent sur la Koswa ou les autres rivières. 


S 9. Composition minéralogique et structure des schistes cristallins. 


Il est probable que la zone orientale des schistes cristallins présente des types 
pétrographiques nombreux et variés, mais il est incontestable que dans leur très 
grande majorité, ces roches appartiennent à la série des schistes chloriteux toujours 
très riches en quartz, car la chlorite n'y fait pour ainsi dire jamais défaut, pas plus 
que le quartz. Presque toujours l’origine nettement détritique de ces formations 
se révèle du premier coup à l'examen microscopique, et si lon supprimait les éti- 
quettes, deux échantillons provenant l'un du niveau supérieur de la zone des quart- 
zites, l’autre de la zone orientale des schistes cristallins, ne pourraient être distin- 
guées par le même observateur. Les minéraux qui se trouvent dans ces schistes 
sont en petit nombre ; ce sont : la magnétite, le leucoxène, le zircon, la tourmaline, 
la calcite, la chlorite, le mica blanc et le quartz, puis très rarement les feldspaths. 

La magnétite peut être très abondante ou faire complètement défaut. Elle se 
présente d'habitude en petits grains opaques, rarement en octaedres réguliers, elle 
est généralement disséminée régulièrement comme une poussière et est accompa- 
gnée parfois par de l’oligiste. 

Le leucorène est rare, etn’a été rencontré que dans certaines variétés seulement. 
Il forme des petits amas de grains grisatres presque opaques, que l’on prendrait 
facilement pour des produits de décomposition de nature ferrugineuse. Avec une 
bonne immersion homogène, on reconnait cependant la véritable nature de ces amas, 
et on y voit sur certains grains une bisextrice positive avec axes très rapprochés 
et des anneaux d'interférence. 

Le zircon n’est pas fréquent également, il se rencontre en petits grains grisà- 
tres à fort relief, donnant une croix noire positive uniaxe. 

La tourmaline est assez constante dans les variétés très quartzeuses, elle se pré- 
sente en débris informes, sur lesquels il est bien difficile de reconnaitre un contour, 
Certains cristaux sont cependant encore allongés suivant l’axe vertical; souvent 

(205) 


D88 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


ils sont construits par zones concentriques diversément colorées, qui présentent les 
profils habituels donnés par les sections perpendiculaires à la zone prismatique. 
La tourmaline est uniaxe négative, son polychroïsme se fait habituellement comme 
suit : #, — brun-foncé, presque noir, », — jaunâtre très pâle. La biréfringence 
— n, — 0,019. 


La calcite Se présente généralement sous forme de jolis rhomboëdres d'assez 
La calcit ] te { alement sous forme de jolis rhomboèdres d’a 


he 
grande taille par rapport à celle des éléments constitutifs. Ils sont dispersés parmi 
ces derniers, rarement ils sont disposés en des amas localisés. Ce même minéral 
peut devenir très abondant et forme à lui seul la grosse majorité des minéraux 
constitutifs. 

Chlorite. La chlorite se rencontre sous des formes assez peu différentes. Rare- 
ment on la trouve en grande lamelles, d'habitude elle se présente en petites pail- 
lettes qui, sur les sections perpendiculaires à la schistosité, apparaissent comme de 
tout petits filaments grisatres et très minces, tandis que sur les sections parallèles à 
celle-ci, ces paillettes ont la forme de petites lamelles parfois hexagonales, mais plus 
souvent à contour irrégulier. La chlorite présente des propriétés optiques très uni- 
formes, elle est simplement plus ou moins colorée selon les spécimens. Parfois elle 
est d'un beau vert d'herbe, souvent aussi elle est à peine teintée, mais toujours très 
peu biréfringente et fortement dispersive. Les lamelles sont généralement uniaxes 


et négatives; le polychroïsme appréciable se fait comme suit : 


n, = Vérdâtre pâle ñ, —= vert foncé. 


Mica blanc. Le mica blanc (nous appelons ainsi l'élément micacé qui se ren- 
contre dans la plupart de ces roches), se présente en lamelles de dimension généra- 
lement plus grande que celle de la chlorite. Ces lamelles sont d'habitude orien- 
tées parallèlement, et forment des trainées. En lumière naturelle, elles sont très 
légèrement brunâtres, presque incolores, et S’éteignent de 0 à 1 ou 2 degrés du 
clivage p — (001). Les lamelles parallèles à p — (001) donnent une bissectrice 
aiguë négative, avec deux axes optiques excessivement rapprochés; certaines la- 
melles sont presqu'uniaxes. La biréfringence du mica est toujours élevée, et varie 
entre 0,03 et 0,04. L'élément micacé forme avec la chlorite des associations 
intimes, on observe en effet fréquemment de longs rubans parallèles, formés par 
l’enchevétrement des deux minéraux ; les lamelles composantes sont visibles par la 
différence de leur coloration, et surtout par l'application de la lumière polarisée: 
les lamelles de chlorite restent obscures, celles de mica polarisent dans les teintes 
vives. 


(206) 


DA A. 


RECHERCIES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL D89 


Le quartz est l'élément généralement le plus abondant, nous verrons les diffé- 
rentes formes qu'il peut affecter en examinant les divers types pétrographiques. 

Les feldspaths sont excessivement rares, nous les avons trouvés dans quelques 
spécimens seulement, soit à l'état de galets microscopiques, soit à l’état d'éléments 
constitutifs. Les schistes feldspathiques paraissent d’ailleurs former une catégorie 
toute spéciale, dont l'origine est bien différente de celle des schistes verts. Dans 
certaines roches, ces feldspaths sont basiques et appartiennent à la série des labra- 
dors; dans d’autres ils sont au contraire acides, et de la série des albites-oligoclases. 

Voici maintenant la série des principaux types pétrographiques que nous avons 
rencontrés : 

[L. Schistes-chloriteux à structure clastique. 

Nous donnons cette appellation à des schistes chloriteux toujours excessive- 
ment quartzeux, qui sont pour nous de véritables quartzites à petits éléments recris- 
tallisés. 

Le caractère détritique de ces formations est toujours accusé par la présence 
de petits galets microscopiques de quartz à contour arrondi où anguleux, qui sont 
dans la plupart des cas étirés légèrement sous forme de lentilles dont les grands axes 
sont orientés parallèlement au plan de la schistosité. Ces galets sont souvent broyés, 
et prennent alors une disposition particulière en plages à extinctions onduleuses, puis 
la compression allant plus loin, ils se résolvent en une mosaïque de quartz. La pro- 
portion de ces petits galets microscopiques est très variable, ils sont parfois fort 
abondants, d’autres fois très rares. La masse dans laquelle ils sont répartis est tou- 
jours essentiellement quartzeuse, et formée d'une multitude de petits grains de quartz 
à contour irrégulier, articulés les uns dans les autres, et mêlés très régulièrement à 
des petites lamelles de séricite orientées rigoureusement parallèlement. Il existe de 
nombreux rubans formés par l'association intime de mica blanc prédominant avec 
un peu de chlorite. Parfois les deux éléments associés sont microlamellaires, d’autres 
fois les lamelles d’élément micacé sont de plus grande taille. 

Dans la masse chlorito-quartzeuse on observe fréquemment des grains opaques 
d'éléments ferrugineux, puis des grains de zircon, et aussi des débris de tourmaline. 
De plus il existe fréquemment dans ce type des rhomboëdres de calcite très régu- 
liers et assez gros, disséminés un peu partout. 

Ce type paraît être excessivement fréquent sur toute l'étendue de la zone, il 
est bien développé au Soukhoï-Kamen, par exemple, comme aussi sur la Koswa. 

IL. Schistes quartzo-chloriteux à structure rubannée. 

Ces variétés, toujours essentiellement quartzeuses, ne renferment plus trace de 
galets et d'éléments clastiques. Elles sont entièrement cristallines et formées de jolis 


(207) 


390 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


grains polyédriques de quartz de dimension absolument uniforme, réunis à de rares 
paillettes de chlorite vert-pale, et à quelques grains opaques d’élément ferrugineux. 
Le quartz grenu forme le fond de la roche, sa pâte en quelque sorte. Dans celle-ci 
on trouve alors de nombreux rubans parallèles froissés et plissottés formés par 
l'association d'élément micacé blanc incolore, avec de la chlorite. Les ondulations 
et les contournements de ces rubans sont soulignés par des trainées ferrugineuses 
opaques. Ce sont ces rubans qui communiquent à la roche une structure parallèle 
bien visible sous le microscope; nulle part on ne trouve de preuves de l’origine 
détritique première de celle-ci, quoiqu'elle ne soit pas douteuse cependant. Ces 
types alternent avec les premiers et y passent latéralement par des formes transi- 
toires nombreuses. 

IT. Schistes-chlorito-séricitiques. 

Ces roches, toutes différentes des types qui précèdent, ne renferment également 
pas de débris d'origine clastique. Elles sont formées en majorité par des petites 
écailles et lamelles de chlorite vert-grisatre, associées en plus où moins grande 
quantité avec des lamelles et des filaments d’un élément séricitique fortement biré- 
fringent, qui moulent et enveloppent complètement des petits grains de quartz. Sur 
les sections parallèles à la schistosité, ces grains présentent des contours générale- 
ment arrondis, sur les sections perpendiculaires à celle-ci, ils forment de fort jolies 
petites lentilles dont les grands axes sont orientés parallèlement, lentilles qui sont 
enveloppées de toute part et emprisonnées pour ainsi dire dans la chlorite et la 
séricite, Ces variétés comportent d'habitude du leucoxène en abondance, dissé- 
miné très régulièrement comme une poussière, on y rencontre Jamais de caleite ‘ni 
de tourmaline. 

IV. Schiste calcaréo-chloriteux. 

Ce type passe au calcaire cristallin. Il est formé par la réunion grenue de 
grains cristallins de calcite toujours de beaucoup prédominante, avec des grains de 
quartz. Dans cette masse on trouve de longs et larges rubans discontinus et paral- 
lèles qui communiquent la schistosité. Ceux-ci sont formés de chlorite verte, asso- 
ciée à un peu de quartz et à des éléments ferrugineux disposés en trainées. La chlo- 
rite est d'habitude assez largement cristallisée et d’un beau vert d'herbe, 

V. Schistes séricitiques francs. 

Ce type est exclusivement formé de grains ferrugineux réunis à une multitude 
de paillettes séricitiques disposées parallèlement et incolores. La séricite n’est jamais 
associée à de la chlorite comme c’est généralement le cas, ce minéral se rencontre 
cependant — mais alors en petites lentilles parfaitement circonscrites, formées par 
des sphérolithes centro-radiés. 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L OURAL DOI 


VI. Schistes chloriteux feldspathiques. 

Sur le terrain ces variétés ne se distinguent guère des précédentes, en réalité 
elles sont absolument différentes et représentent mcontestablement le produit d'écra- 
sement dynamo-métamorphique d’une roche éruptive de la série des gabbros, ou 
même des diabases grenus ou ophitiques. Sous le microscope elle sont parfaite- 
ment schisteuses, et formées par des bandes très froissées et contournées de chlorite, 
alternant avec des plagioclases complètement étirés de la série des labradors. La 
chlorite provient de l’augite dont il existe encore de nombreux noyaux lenti- 
culaires. 

On trouve encore un certain nombre d'autres types secondaires, mais ceux que 
nous venons de décrire sont de beaucoup les plus fréquents. Les roches quartzi- 
teuses sont les plus banales, les autres types sont moins répandus. 


$S 6. Monogruphie de quelques échantillons étudiés. 


N° 2148. Sommet du Soukhoï-Kamen. 

Cette roche schisteuse, verdatre, est formée essentiellement par des petits 
grains de quartz, mélés assez régulièrement à des petites lamelles de chlorite d’un 
vert sale. Des lamelles de beaucoup plus grande taille d’un mica légèrement bru- 
nâtre et fortement biréfringent, souvent mélées à un peu de chlorite, forment des 
espèces de longs rubans très minces et étroits, qui communiquent à la roche une dis- 
position feuilletée manifeste. Ce mica s'éteint à 0° du clivage: sa biréfringence 
ny — n, est normale. Dans cette masse de composition très homogène, il existe un ou 
deux petits galets de quartz à contour dentelé, puis de nombreux rhomboëdres de 
calcite isolés, ou groupés en amas, et enfin quelques rares débris de tourmaline 
brune, polychroïque. 


N° 2149. Soukhoï-Kamen. près du sommet. 

Type tout à fait semblable au précédent, formé comme lui de galets de quartz 
en petit nombre, disséminés dans une masse quartzeuse finement grenue à struc- 
ture parallèle, formée par l'association de petits grains de quartz avec du mica 
blanc et de la chlorite. Les galets sont à extinctions onduleuses, plusieurs d’entre eux 
sont écrasés et forment des lentilles allongées dans le sens de la schistosité, formées 
de plages diversément orientées et à extinctions onduleuses également. L'élément 
lamellaire forme des trainées parfaitement parallèles au sein de la masse grenue 
quartzeuse. Il est représenté par des lamelles d’une chlorite d’un beau vert, polychroï- 

(209) 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE VOL. 34 (1905). 74 


92 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


ques, puis des lamelles plus grandes d’un mica blanc ou légèrement brunître, 
biaxe, à axes très rapprochés, de signe optique négatif et de biréfringence »,-n, — 
0,04. On trouve également quelques grains de zircon uniaxe positif, puis un ou deux 
oros rhomboëèdres de calcite. 


N° 94. Sommet du Soukhoï-Kamen. 


Type analogue au N° 2149, mais plus schisteux et plus micacé. 

Les galets plus petits et plus rares, sont complètement écrasés, les trainées 
micacées parallèles sont notablement plus abondantes ainsi que la chlorite. Par 
place on distingue des petits amas de quartz polyédrique, dont les grains sont plus 
gros que ceux des éléments de la masse, et qui sont certainement le restant d’une 
plage écrasée. Quelques grains de zircon, et probablement d'éléments ferrugineux. 


N° 95. Sommet du Soukhoï-Kamen. 


Cette roche se rapproche encore plus des quartzites que les précédentes. Elle 
renferme un grand nombre de galets dentelés, à extinctions onduleuses, étirés en 
lentilles dans le plan de la schistosité, et disposés dans la masse quartzo-micacée. 
Plusieurs de ces galets sont complètement écrasés et se résolvent en lentilles à é16- 
ments polyédriques. Le mica est plutôt rare, la chlorite est plus abondante et se 
trouve en petites lamelles isolées, disposées parallèlement à la schistosité, La chlo- 
rite est très uniformément mêlée au quartz. 


N° 93. Sommet du Soukhoï. 


C’est un type tout différent des précédents. La roche est rubannée et très 
riche en chlorite. Les galets ont disparu, et toute la masse est uniformément consti- 
tuée par des zones parallèles qui alternent, et se distinguent simplement par une 
plus ou moins grande pauvreté en chlorite, ces deux éléments étant toujours entière- 
ment associés, le quartz en petits grains, la chlorite en lamelles. Il existe égale- 
ment de longs rubans filamenteux d’un élément séricitique. La roche est très froissée, 
on y observe une multitude de plissottements et contournements microscopiques, 
soulignés par les zones riches en chlorite, et par des trainées opaques formées par 
les éléments ferrugineux. 


N° 2147. Sommet du Soukhoï-Kamen. 


Cette roche est un prototype de schiste chloriteux détritique. Sous le micros- 
cope elle présente une structure parallèle très marquée; la chlorite non localisée 
en rubans, mais au contraire très intimement mélée au quartz, se présente en pe- 


(210) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 293 


tites lamelles qui, perpendiculairement à (p — 001), paraissent grisatres et très té- 
nues tandis que parallèlement à p elles sont irrégulières ou méme hexagonales, et d’un 
joli vert clair. Cette chlorite est toujours uniaxe, très peu biréfringente, et poly- 
chroïque dans les tons déjà indiqués. A côté de la chlorite on trouve en abondance 
des lamelles de mica blanc beaucoup plus grosses, et alignées en trainées parfaitement 
parallèles. Ce mica blanc est absolument incolore, très biréfringent (0,04 pour »,-»,) 
s'éteint à 0°, ilest à deux axes très rapprochés (presque uniaxe) et de signe optique 
négatif. Le quartz en petits grains très réguliers et polyédriques, forme l'élément 
principal: çà et là on trouve un grain quatre à cinq fois plus gros que les autres, qui 
n'est autre chose qu'un tout petit galet, toujours étiré et allongé dans le sens de la 
schistosité. 

Il existe également mélés au quartz, quelques jolis octaèdres et grains de ma- 
gnétite, puis des nombreux débris assez gros de tourmaline uniaxe négative, très 
polychroïque, avec »#, — brun noiratre très foncé », — jaunâtre très pâle, et en 
quelques sections arrondies d'un minéral cubique incolore avec un relief assez fort, 
que nous attribuons au grenat. 


N° 2157. Sur la Koswa. 


C’est également un schiste chloriteux détritique très quartzeux. Il est formé 
par l’association parallèle de très petits grains de quartz, avec de toutes petites la- 
melles de chlorite très uniformément mélée a ce dernier. 

Il existe en outre de nombreux petits galets de quartz de forme et de dimen- 
sions variées, disséminées irrégulièrement dans la masse, puis quelques grosses len- 
tilles couchées dans le plan de la schistosité et formées exclusivement de plages de 
quartz à extinctions onduleuses, ces lentilles sont d'anciens galets de plus grande di- 
mension, écrasés par dynamométamorphisme, Parfois ces galets sont absolument 
méconnaissables et se transforment en petites lentilles de quartz polyédrique, dont 
les grains sont de dimension supérieure à celle du même minéral dans la masse du 
schiste, Il existe également des rubans de mica blanc plutôt rares, quelques grains 


de fer oxydulé, puis un ou deux prismes de tourmaline. 


N° 54. Sur la Koswa. 


oche d’un type différent, appartenant toujours à la catégorie des schistes 
chloriteux. 
Elle est formée par un agrégat de tout petits grains de quartz polyédrique de 
dimension très uniforme, et de quelques rares et petites lamelles de chlorite verte, 
(211) 


)94 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


Dans cette masse il existe alors des rubans très froissés et parallèles formés par de 
grosses lamelles de chlorite d’un beau vert, associée à du mica blanc moins abondant, 
avec caractères habituels. Les multiples plissottements et les contournements de 
ces rubans chlorito-séricitiques sont soulignés par de longues trainées opaques, for- 
mées par (lu fer oxydulé très abondant, mais localisé plus particulièrement au voisi- 
nage de ces rubans. 


N° 99. Sur la Koswa. 


C’est encore un schiste chloriteux mais à éléments excessivement fins et uni- 
formes. Le quartz est mélé assez régulièrement, avec la chlorite verte, et sur les pré- 
parations perpendiculaires à la schistosité on ne voit pas d'orientation parallèle des 
éléments, cependant il y a des régions où la chlorite domine, d’autres où c’est le 
quartz. Cette roche est surtout caractérisée par le développement exagéré du fer 
oxydulé qui, en petits grains irréguliers, est disséminé partout à profusion et obscureit 
même par place complètement les préparations. 


N° 2159. Sur la Koswa. 


Cette roche est bien plus une quartzite schisteuse à petits éléments qu'un 
schiste chloriteux. 

Au microscope, elle est formée de petits grains anguleux de quartz de grosseur 
uniforme, mélés à des petits débris assez nombreux à contour dentelé qui sont des 
arènes plus grossières, puis à de petites paillettes de chlorite et à quelques lamelles 
plus grandes de mica blanc, le tout accusant une disposition parallèle manifeste. I] 
existe également des lentilles et des rubans étroits formés par la réunion des grains 
polyédriques de plus grande dimension que ceux qui forment le fond de la roche ; ils 
sont mélés à de nombreux grains et rhomboëdres de calcite. 


N° 2150. Sur la Koswa. 


Ce schiste rappelle absolument certaines variétés de la couverture cristalline 
du Mont-Blanc. 

Il est formé de très petits éléments, de nature essentiellement chloriteuse. 
Sur les coupes parallèles à la schistosité, on voit les toutes petites lamelles de chlo- 
rite grisatre et presque incolore former un caneva continu, dans les minuscules 
mailles duquel se trouvent des petits grains de quartz à contour fou et indécis. 

Sur les coupes parallèles, la structure feuilletée du schiste ressort à merveille 
par le fait de la présence de longues et minces trainées parfaitement parallèles et 
légérement froissées, formés par des éléments opaques, grisatres, sans doute de na- 


(212) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 29) 


ture argileuse. Ce type est évidemment moins cristallin que ceux précédemment 
décrits. 


N° 2158. Sur la Koswa. 

Schiste chloriteux très quartzeux, où mieux quartzite schisteuse chloriteuse. 
La roche est formée par l'association de quartz polyédrique prédominant, avec des 
petites lamelles de chlorite verdâtre alignées parallèlement ; très peu de fer oxydulé, 
puis quelques lamelles de mica blanc. Il existe de très nombreux petits galets de 
quartz couchés dans le plan de la schistosité ; quelques-uns plus grands que les autres, 
sont écrasés en lentilles allongées formés alors par des grains de quartz polyédrique. 
Une ou deux sections de tourmaline. 


N° 63. Rive gauche de la Koswa. 

Schiste chloriteux tout différent. Il est formé par d'abondantes lamelles de 
chlorite d'assez grande dimension, formant en certains endroits un réseau continu, 
dans les cryptes duquel le quartz est localisé, en d’autres par contre disséminée 
parmi les grains de ce minéral qui présente les phénomènes de recristallisation 
d’une manière typique. 

Sur les coupes parallèles à la schistosité, on voit les grains de quartz qui ne 
sont plus polyédriques, mais qui ont des contours dentelés dont le bord fou 
s’emboite dans les contours correspondants de la chlorite. 


N° 2156. Sur la Koswa. 

Véritable quartzite schisteuse, passant au schiste cristallin. Au microscope 
elle est formée par l'association très finement grenue de quartz avec des minces ru- 
bans de mica blanc orientés parallèlement, puis çà et là quelques gros grains de ma- 
gnétite. La coupe renferme de nombreux et assez gros galets arrondis de quartz, 
généralement un peu étirés dans le sens de la schistosité, et présentant des extinc- 
tions onduleuses. La roche est manifestement recristallisée, les éléments de la masse 
mordent dans le contour dentelé des galets. 


N° 74. Près du village de Kyria, roche en place. 

Schiste chlorito-séricitique typique, formé par une association très régulière 
de toutes petites lamelles de chlorite verte, de paillettes biréfringentes on lé- 
gèrement brunâtres formées par de la séricite, et de tout petits grains de quartz. 
L'élément chlorito-séricitique beaucoup plus abondant que le quartz, moule et en- 
toure complètement les petits grains arrondis de ce minéral. 

Çà et là on trouve quelques grains de fer oxydulé, puis une grosse lentille qui, 


(213) 


»96 LODIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


en coupe mince et en lumière naturelle est incolore, tandis qu’en lumière polarisée 
elle se montre formée d’une multitude de grains polyédriques de quartz de dimen- 


sion plus grande que celui qui est associé à la chlorite dans la masse. 


N° 47. Sur la rivière Tilaï. 

Schiste chloriteux et séricitique formé par la réunion de chlorite, de séricite, 
de quartz, et d’une multitude de grains grisatres à peine translucides de leucoxène. 
La chlorite forme l'élément prépondérant, elle est disposée en trainées parallèles très 
serrées, associées à un peu de séricite qui y est très intimement liée. Le quartz bien 
moins abondant que la chlorite, est en grains formant de très petites lentilles 
allongées et couchées parallèlement aux rubans de chlorite. Les grains de leucoxène 
sont dispersés comme une poussière dans la roche, en lumière convergente ils 


donnent une bissectrice aiguë positive avec un angle d’axe très petit. 


N° 180. Rive de Jewskaïa. 


Cette roche est de nouveau d’un type très particulier. Elle est formée par du 
feldspath complètement écrasé et indéterminable mais qui probablement apparte- 
nait à une variété acide, mélé à peu de quartz, à quelques petits grains de fer oxydulé, 
et à quelques rares rhomboëdres de calcite. Dans cette masse on trouve quelques 
trainées parallèles rares d'ailleurs, d’un élément micacé verdatre fortement biréfrin- 
gent, puis quelques lentilles formées par la réunion de grains de quartz polyédrique 
avec de gros rhomboëdres de calcite. La roche renferme encore çà et là quelques 


grains de ce minéral, 


N° 49. Roches qui afleurent sur la rive droite de la Koswa, à l'embouchure 
de Balchaïa. 

Cette roche absolument schisteuse, qui ne se distingue en rien a priori sur le 
terrain des schistes chloriteux, est cependant toute différente et correspond sans 
doute à un diabase écrasé par dynamo-métamorphisme. Sous le microscope elle est 
parfaitement schisteuse et formée par des bandes gris-verdâtres froissées et char- 
gées de produits ferrngineux opaques, qui alternent avec d'autres parfaitement in- 
colores, En lumière polarisée les bandes grises ou verdatres sont formées par de la 
chlorite mélée à un minéral fortement biréfringent, toujours étiré dans le sens de 
la schistosité, et formant noyau. Ce dernier est de l’augite par ses propriétés opti- 
ques, et l’on peut voir admirablement la naissance de la chlorite au détriment de ce 
minéral, Les parties claires sont formées par un feldspath complètement étiré, en 
bandelettes froissées et en lentilles allongées, qui par endroit se pénètrent mtime- 


(214) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 97 


ment avec la chlorite et l’augite; la variété est basique et de la série des labradors. 
La roche de Balchaïa est donc un diabase schisteux par dynamométamorphisme, 
passant au schiste chloriteux. 


N° 77. Sur la Koswa. 

Roche très analogue à la précédente, mais présentant un stade de transforma- 
tion plus complet. 

Sous le microscope elle est excessivement froissée et contournée, les froisse- 
ments sont soulignés par des produits argileux grisatres et opaques. En lumière po- 
larisée on ne voit plus trace de feldspath, mais une masse argileuse qui polarise 
en agrégat et qui présente toujours une disposition parallèle, Il reste quelques rares 
débris d’augite, puis des grandes plages de chlorite presque mcolore qui la rempla- 
cent, On trouve aussi, mélés aux éléments argileux froissés, une multitude de petites 
lamelles biréfringentes qui sont d’origine micacée, mais indéterminables. 


N° 97. Sur la Koswa. 

Cette roche ressemble beaucoup au n° 49. Elle est formée comme lui par 
des petits grains de quartz, associés à des lamelles de chlorite à peine colorée, et à 
une grande quantité d'éléments ferrugineux disséminés régulièrement parmi le 
quartz, ou plus particulièrement concentrés selon certaines bandes. 


N° 98. Sur la Koswa. 


Cette roche est toute différente de celles qui précèdent, c'est un véritable 
schiste séricitique. 

Sous le microscope elle est exclusivement formée de grains ferrugineux, réunis 
à une multitude de paillettes et lamelles de séricite disposées parallèlement. La sé- 
ricite est incolore, elle n’est jamais associée à de la chlorite, mais on trouve cepen- 
dant des nids parfaitement conservés occupés exclusivement par ce dernier minéral 
qui affecte alors la disposition de petits sphérolithes centro-radiés. 


N°9155. Sur la Koswa. 


Cette roche est une variété de schiste chloriteux excessivement riche en calcite. 


N° 176. Rive droite de Jewskaïa. 

Ce schiste, très particulier, est formé par une série de lentilles allongées et 
couchées parallèlement formées par du quartz grenu polyédrique, réunies par une 
masse à structure parallèle, de couleur grisatre en lumière naturelle, formée par 


(215) 


)98 LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE 


des produits kaoliniques associés à de nombreux grains d’épidote. La roche ren- 
ferme de jolies et grandes lamelles de chlorite d'un beau vert, qui se rencontrent 
exclusivement au milieu des lentilles quartzeuses. Cette chlorite est polychroïque et 
très faiblement biréfringente. 


N° 56. Schiste récolté à l'embouchure de Tzenkowka. 

Cette roche est composée en grande majorité par la réunion de grains de 
quartz et de calcite, le premier minéral beaucoup moins abondant que le second. 

Dans cette masse on trouve des trainées et des rubans parallèles formés par la 
réunion de belles lamelles de chlorite verte avec des grains de quartz, des produits 
ferrugineux opaques, puis des grains leucoxénitiques. 


S 7. Résumé général relatif à la pétrographie et à la tectonique 


de la zone cristalline orientale. 


L’exposé forcément incomplet qui précède montre que toute la zone orientale 
des schistes cristallins est fortement plissée, et constituée par des plis à petits rayons 
de courbure sans doute très comprimés et toujours déjetés vers l’ouest. Ce caractère 
tectonique se retrouve d’ailleurs dans la région du dévonien mférieur de la Koswa; 
il contraste avec l'allure régulière des voûtes de quartzites et de conglomérats de la 
zone cristalline occidentale, Nulle part sur toute l'étendue de la zone orientale des 
schistes, on ne voit réapparaître les quartzites au cœur des anticlinaux; par contre 
les observations que nous avons faites sur la Koswa en aval de l'embouchure de 
Pharkowka, comme aussi sur la rivière Tilaï en amont du confluent de Logwinska, 
ou encore dans la vallée de Pogwa, sembleraient indiquer que les schistes noirs du 
dévonien inférieur peuvent se rencontrer à l’intérieur de la zone orientale des 
schistes cristallins métamorphiques, sans doute pincés en synelinaux aigus. 

Quant aux schistes cristallins eux-mêmes, leur origine ne saurait être mise en 
doute, ce sont d'anciens sédiments très quartzeux et parfois calcaires, qui ont été 
plus où moins complètement métamorphosés, et se rattachent par conséquent étroi- 
tement aux quartzites et aux conglomérats francs de la zone occidentale, Il n'existe 
dans toute la région que nous avons parcourue de 1900 à 1902, comme aussi dans 
celle qui vient beaucoup plus au nord, pas un seul type de véritable schiste cristallin 
au sens strict donné à ce mot. Sur sa carte au !/,55699 M. Krotow a figuré dans 
l'extrémité nord de la chaine de Kwarkouche et aux sources de la rivière Pélia, un 
horizon inférieur aux quartzites et conglomérats qu'il qualifie de gneiss. Nous avons 


(216) 


RECHERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL »99 


effectivement rencontré ces roches dans le fond du ravin de Pélia, mais nous avons 
constaté sur le terrain comme sous le microscope, qu'elles gardent une origine fran- 
chement détritique et ne se distinguent pas de certaines variétés de quartzites ou 
de conglomérats schisteux. 

Toute la zone orientale est done formée par d'anciens sédiments en majorité 
quartzeux et parfois même plus ou moins calcaires, recristallisés par un métamor- 
phisme incontestable, mais dont il reste à rechercher l’origine. Discuter celle-ci 
c’est reprendre ab ovo la question de la genèse des schistes cristallins; FOural du 
nord, mieux peut-être qu'aucune contrée, se prête à cette étude, nous attendrons ce- 
pendant pour l’entreprendre la publication des recherches que nous avons faites 
dans les régions plus septentrionales du bassin supérieur des rivières Kakwa Wa- 
gran et Soswa, où nous avons pu faire des observations du plus vif intérêt pour la 
solution de cette importante question. 

De toute facon, la liaison des roches de la zone cristalline orientale avec celles 
qui forment la zone des quarizites et des conglomérats est incontestable; le micros- 
cope montre en effet que les roches de lhorizon supérieur de cette dernière sont 
pétrographiquement identiques à celles que l’on trouve dans la zone orientale, Cette 
conclusion purement pétrographique est corroborée par les observations faites sur le 
terrain. Nous avons vu en effet qu'au Stchoutchy comme à Kozmer et à Antipowsky, 
les schistes verts de la bordure orientale reposent directement en concordance sur 
les quartzites et conglomérats qui forment le cœur des anticlinaux:; il s’en suit que : 
ou bien il faut homologuer ces quartzites et conglomérats aux mêmes roches du 
Tscherdynsky-Soukhoï, ete., et par conséquent homologuer aussi les schistes verts 
de la zone orientale aux formations de l'horizon supérieur de la zone des quartzites 
et conglomérats ; ou bien il faut attribuer avec M. Krotow les quartzites et les con- 
glomérats de Stchoutchy au dévonien inférieur, et alors supposer l'existence d'une 
grande faille, ayant amené le contact anormal des schistes verts et du D! qui serait 
ainsi partiellement chevauché par ces dernières, ce qui nous semble absolument 
contraire à la réalité. 


MÉM SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE. VOL 84 (1905). 719 


Fe 19 


44 he 


IR 
RER k 
‘a Re er. . 
DUT EI | 


TABLE DES MATIÈRES 


PRÉRAGES RL LT : 2 
DIVISION DU TRAVAIL ET INDICATIONS 
GÉNÉRALES AMEN EEE 


BIBLIOGRAPHIE: 0: : Ho. 
QUATRIÈME PARTIE 


CHarirre LL — TOPOGRAPHIE ET HYDROGRA- 

PHIE DE LA CHAINE DE T1LAï-KANJAKOWSKY- 

DÉRRBRTANSE ME. Se Le 

1. Généralités sur la topographie 

2. La chaîne de Tilaï, crête, sommets et 
flanc occidentai. . . .—, . . 

. La chaine de RNCS Cérdbri- 
AnSKWe en: AT 

. Le flanc oriental del a chaine de Tilai- 
Kanjakowsky-Cérébriansky et les 
chaïnons latéraux qui s’en détachent. 

. Le flanc occidental de la chaine du 
Kanjakowsky-Cérébriansky et le flanc 
oriental de l’extrémité de la chaîne 
derLIuee2 b 

$ 6. La ligne de partage et le ibn Fe 

drOprAPhIQUE SR. Nc 


N° 7° 


CHaAPirRe IL — GÉOLOGIE DE LA CHAINE DU 
Tizaïi-KANJAKOWSKY-CÉRÉBRIANSKY . 
$ 1. L'épaulement rocheux et le flanc Sud- 
Ouest des pointes de Garéwaïa  . 
2, La crête de la chaine de Tilaï 
. Le chaïnon latéral A . 
4. Le chaînon latéral B et la région de 
sources de B. Katécherskaïa 
Le Kanjakowsky et la région des sources 
de Poloudniéwaïa . . . 
6. La pointe Loss et le chaïînon latéral C. 
Le massif du Cérébriansky, le chainon 
latéral D et les contreforts rocheux 
qui s’avancent sur Poloudniéwaïia. 
. Résumé de la géologie de la chaine de 
Tilaï-Kanjakowsky-Cérébriansky . 


V2 722772 
co 


CHapirre III. — DESCRIPTION DES ROCHES DE 

Trzaï. LES PYROXÉNITES ET LES KOSWITES . 

$ 1. Description pétrographique des pyro- 
RÉUNIE +1 2 


Pages. 
383 $ 2. Monographie des types étudiés . . 
$ 3. Composition chimique des pyroxénites 
385 $ 4. Minéraux constitutifs et structure des 
IE koswites . . 
367 $ 5. Monographie des nes étudiés 
S 6. Composition chimique des koswites 
$ 7. Considérations générales relatives aux 
pyroxénites et aux koswites 
389 | Caprrre IV. — DESCRIPTION DES ROCHES DE 
389 Tiraï. LES TILAÏTES he TR 
$ 1. Description macroscopique és tilaïtes 
391 et minéraux constitutifs. . . . . 
$ 2. Structure et transformations. . . . 
395 $ 3. Monographie des types étudiés 
$ 4. Composition chimique . . NES 
$ 5. Formes de passage aux gabbres pro- 
396 prementdits, structure et composition. 
$ 6. Formes de passage aux pyroxénites 
$ 7. Considérations générales re latives aux 
tilaites. 
398 2 
CHAPITRE V. — DESCRIPTION DES ROCHES DE 
399 MIDATUIES NORITES FR 
$ 1. Minéraux constitutifs des norites 
3 $ 2. Structure et phénomènes d’altération . 
405 $ 3. Principales variétés observées. e 
$ 4 Monographie des types étudiés . . . 
405 $ 5. Composition chimique des norites et 
404 formule magmatique . . . "1- 
405 $ 6. Considérations générales rel: itives aux 
HOTILES CT 
406 = 
CHapirre VI. — DESCRIPTIONS DES ROCHES DE 
407 Trzaï. La DUNITE MASSIVE. LES GABBROS 
108 OURALITISÉS DU CÉRÉBRIANSKY . . . 
$ 1. La dunite massive, description pétro- 
graphique et composition chimique . 
408 $ 2. Les gabbros ouralitisés, minéraux cons- 
tILUTITS CPRILUCIOYC Re Re 
409 $ 3. Monographie de quelques types étudiés. 
$ 4. Composition chimique et formule mag- 
matique des gabbros ouralitisés . 
411 $ 5. Considérations générales relatives aux 
gabbros et au phénomène de l’oura- 
411 DtISAtION CRC 


602 REC 


CHarrrre VII 


Caarirre VIII — 


CHapirREe IX. — 


CHapirRe X. — 


HERCHES 


— DESCRIPTION DES ROCHES DE 


DATE PAT. 
$S 1. Généralités sur la formation filon- 


DENT EE -e 

2. Les dunites filonniennes, 

et structure . . . 

. La « garéwaïte », minéraux ue 

structure et composition chimique . 

Les berbachites et leurs formes de pas- 

sage aux microgabbros. (berbachites 

à olivine). . : É 

. Les diorites-pegmatites à ete 

minéraux, structure, composition, et 
différentes variétés. 


composition 


2 
Li 


V2 
© 


PA 


LA PROVINCE PÉTROGRA- 


PHIQUE DU KoswiNsky-TiLaï . . . . 


L'2 


Tableau des formules magmatiques de 
la série des roches abyssales étudiées, 
et observations qui se er de 
son examen . 

2, La série filonnienne, 
mules magmatiques, 
les roches filonniennes et abyssales 

3. Considérations générales relatives à la 
série éruptive du Koswinsky-Tilaï . 


table: iu FES Fe 
relations entre 


V2 
© 


ur 
ox 


LA ZONE DES QUARTZITES ET 

CONGLOMÉRATS. . . . 

1. Considérations générales relatives à la 
zone des quartzites et conglomérats . 

2. Description et étude pétrographique des 
formations de la zone des quartzites 
et conglomérats 


cn 


A 


$ 3. Le Mont Soukhoï 2 
$ 4. La montagne du Tscherdyasky : 
$ 5. Le Mont Ostry . . à à 
$ 6. Résumé et tectonique fel tif 3 à À la AE 


nord de la zone des quartzites, du 
Touloum au Soukhoï. 


LA ZONE DES QUARTZITES ET 
CONGLOMÉRATS (suite) 


1. a Dikar et les red viennent 


V2 


HONTE . 

; we cluse de la Koss a et es rapides de 
Touloum. . . 5 

3. La montagne de A Fu 

4. La montagne de Boyarskaya, le Ras- 
tessky-Kamen et la crête de Chaloup- 
DA US RTE AP 

. La montagne de lAslianka . . . . 


nr 
La 


cn UN 


PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 


Pages. 
$ 6. La montagne de l’Adinoky . 
484 $ 7. La grande dépression qui vient à l’est 
de AGINOKyY : 
484 $ 8. Les ouwals qui viennent à l'Est Le l'As- 
Lanka #00 5e 
486 $ 9. Résumé général rel latif à la note 
et à la stratigraphie de la zone des 
487 quartzites et conglomérats . . . . 
Cuaprrre XI. — La RÉGION DU SYNCLINAL DÉ- 
VONIEN DE TÉPIL. + … . . 
#0 $ 1. Aperçu relatif à la RUE de la 
région de Tépil et de la contrée qui 
494 lui fait suite vers le nord . . . . 
È $ 2. Les montagnes qui avoisinent les sour- 
ces de Pogwa : 
502 $ 3. L’arête de Kozmer et [ee vallées LE 
Pogwa et de Soukhoï Tépil. . . 
$ 4. La chaine de Kwarkouche et son pro- 
longement vers le Sud .'. . . . 
502 $ 5. Les affleurements le long du cours de 
Tépil..…. 
$ 6. La crête du Stchoutchy-Adinoky 
506 | Craprrre XII. — LA RÉGION DU SYNCLINAL DÉ- 
es VONIEN DE TÉPIL (suite) . . . . 
He $ 1. Le synclinal de Tépil le long de la 
Koswa. . .… , —- 
512 $ 2. La continuation du synclinal. de Tépil 
au sud de la cluse de la Koswa 
512 $ 3. La continuation du synclinal au Nord 
des sources de Tépil, les Poyassowoï- 
Kamen, Antipowsky-Grébine et la 
516 vallée ŒUBE ER 
521 $ 4. Résumé général de la tot de la 
523 région synelinale de Tépil . . . . 
525 CHarirRE XIII. — LA ZONE CRISTALLINE ORIEN- 
DADE SE CM REIAC 
597 $ 1. Généralités sur la Moue de cette 
zone . , . . . . do 
$ 2. La région des sources et le cours su- 
528 périeur des rivières Koswa et Kyria . 
$ 3. La rivière Tilaï et ses affluents 
528 $ 4. Le Soukhoï-Kamen . . . . * à 
$ 5. Composition minéralogique et Structure 
531 des schistes cristallins : 
534 $ 6. Monographie de quelques échantillons 
ÉTUUIÉS, Len LE Ne NOR EC TL 
$ 7. Résumé général relatif à la pétrogra- 
534 phie et à la tectonique de la zone 
538 cristalline orientale . . . . 
——————— —<}o o4o— — 


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EXPLICATION DE LA PLANCHE 33 


1053. Pyroxénite, pointe sud de Garéwaïa. Lumière polarisée grossissement 25 diam. Struc- 
ture caractéristique des pyroxénites. 


1129. Koswite. Prolongement de Tilat, au delà de la pointe Poloudniéwaïa. Lumière polarisée, 
crossissement — 23 diam. Nombreuses plages de magnétite sidéronitique. 
166 æ. Tilaite. Entonnoir des sources de Garéwaïa. Lumière polarisée, grossissement — 25 
diam. La coupe montre les plagioclases de plus petite dimension que les éléments 
ferro-magnésiens, emprisonnés dans les cryptes. 


1153. Tilaite au bas le col de Garéwaïa en descendant sur Katécherskv. Lumière polarisée, 
crossissement — 25 diam. même structure. 


1109. Gabbro à olivine, forme de passage aux Tilaïtes. Sommet de la dernière extrémité de 


l’arète B. Grossissement — 25. Lumière polarisée. Les feldspaths sont plus abondants 
et plus gros que dans les tilaites. 


110%. Norite. Piton sur le col entre la pointe Loss et le petit sommet qui précède Cérébri- 
ansky. Grossissement — 25. Lumière polarisée. La coupe montre un grand cristal 
d'hypersthène, accollé à du diallage. 


MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 34 (1905 


Louis Duparc et Francis Pearce., Recherches pétrographiques sur l'Oura 
1 p grapniq 


PS NI TN AO TT US 


. EXPLICATION DE LA PLANCHE 34 


“1 


N° 1116. Norite arète C. Grossissement — 50 diam. Lumière polarisée. La coupe montre les 
micro-pegmatites de magnétite. P ANR | 


N° 1120. Gabbro ouralitisé, sur Parète D près du Cérébriansky. Grossissement — 14 diam. } 


Lumière polarisée. ; 
N° 1083. Gabbro ouralitisé sur l’arête C. Grossissement — 25 diam. Lumière polarisée. 5 


N° 165 b. Berbachite, entonnoir des sources de Garéwaïa. Grossissement = 50 diam. Lumière. 
| polarisée. Structure panidiomorphe grenue ; le feldspath kaolinisé forme les taches , 
sombres. : 


160. Dunite filonnienne entonnoir de Garéwaia. Grossissement — 25 diam. 


4 
© 
è 
pe 


ï No 1142. Micro-pyroxénite. Extrémité supérieure du ravin de la rivière Jow, rive gauche. Gros- 
sissement — 25 diam. Lumière polarisée. 


MËM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 34 (1905) à 34 


N° 160 N0 1142 


Louis Duparc et Francis Pearce. Recherches pétrographiques sur l'Oura 


Mém. Soc Phys et Hist Nat de Genève. Vo/.34 (/305) 


Protils à travers la zone des q 


Kwarkouche - sk. Anlipowsky-Gré: 


SoukhoïKzmen Lomovaïa. R Tépil.R. 


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LOUIS DUPARC ET FRANCIS PEARCE. 


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PLANGHE 35 


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HERCHES PÉTROGRAPHIQUES SUR L'OURAL 


PUBLICATIONS s 

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SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE Li 
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DE: 

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La Société peut disposer de deux collections complètes de ses Mémoires. (TomesI-XXXIIL | ci 
et volume du centenaire.) Pour traiter, s'adresser au secrétaire des publications. ke 
(Adresse de la Société : au Musée d’hist. naturelle, Genève, Suisse.) n \E 14 
é Fe 

Le 


Comptes rendus des séances de la Société (in-8°). Tomes I-XXI (1884-1904). Prix Fr. 20 || Es 


Liste des publications des membres de la Société (1883) in-8° avec supplément (189%). pe 
Brix ad ns ET er dur Sn. 0 0e D DR ER ETES 


Imprimerie W. Kündig & Fils, Genève. 


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