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Full text of "Memoires de Messire Philippe de Comines, seigneur d'Argenton : où l'on trouve l'histoire des rois de France Louis XI & Charles VIII"

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MEMOIRES 


DE    MESSIRE 


PHILIPPE  DE  COMINES. 


QUATRE  VOLUMES,  in-4'* 


9. 


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MEMOIRES 

DE    M  E  S  S  I  R  E 

PHILIPPE  DE  COMINES, 

SEIGNEUR     D'ARGENTON, 

*  1 

Où  Ton  trouve  THiftoire  à&s  Rois  de  Fraricç 

•  LOUIS  XI.  &  CHARLES  VIIL 

NOUVELLE   EDITION, 

Revue  Jur  plujîeurs  Manufcrits  du  tems,  enrichie  de  Note9 

&  de  Fibres  ,  avec  un  Recueil  de  Traitèi  ,  Lettres  , 

Contran  &  InJlruSions ,  utiles  pour  HHiftoire ,  &  rUcefi 

faites  pour  t étude  du  Droit  Public  &  du  Droit  des  Gens, 

Par  MeJJÎeurs  Go  i)  E  FAO  r. 

Augmentée  par  Mr  TAbbé  Lenglet  du  Fresnqy^ 

TOME    IL 

A     LONDRES^ 

Et  Ji  trùuvt 

A    PARIS, 

Chez  R  O LL I N ,  Fils ,  Quai  des  Auguftinsi. 


M,    D  C  C.    X  L  V  I  L 


I.V  7 


<       » 


T   A   B   LE 


DES   PIEGES,  ACTES  ET  TITRES 

coittemn  dans  U  Tome  IL  cle9.,^ni!Q|irjei$}Cie  P|iii,ippEs 

DE    CO'MIKÉSi  '■-     ■ 


*         * 


XJSs  ÇJironiifues  de  Louis  de  Valois  ^  Roi  de  France  ^  on*- 
jiéme  de  ce  nom  ,  depuis  tan  1460  jufques  à  1483  j  au- 
trement  dites  la  Chroniqui^  sçasdaleuse  ,  i 

£xtraifdwieafitieisiffeChronifife^3  C0f^i9cncante^:,i^o<>j,  & 
fini/font  en  1 46 j  ,  47fwrimée  ^dans  let  Hiftoires  aef  J^ois 
CharUs  VL  &  CharUsVIL  171 

XéC  Cahinet  du  Rài.  Louis  XI, ^  contenant  plufiwrs  fragmens^ 

LeUres  niU^vis^  &  fecrette^  imriguef  Jfk  %eme  4^^4e  $^0^ 

nar(jue  ,  &^ autres  Pièces  tres-curieujes  ^  recueillies  de  diverfes 

.  Archives &'TréJbrs ^pdrM. TriJîakrHermiteSoïïiérs l  'iix 

Chapitre  L  La  difgract  liu  Cornu  de  I>ammarnn  /  6r  rcnUvefncnt  de 
Monfitur  ^fnrt  du  Roi  ^  la  même. 

Orapitrs  il  Mariage  du  B^ard dé  Bourbon:  difgract ^ grand  Cham-' 
btUan  &faprifon:  u4rrêe pronorui en  faveur du'JCc^^  dt  Vammartin  : 
fon  retourpris  du  liai  ^  &  autres  incidens  arrivés' dans  us  années  146S* 

Chapitre  III,  Xe  Roi  allant  à  Peronne  ttôaVcrU  Bourpiignonâ  lapiK 
Juajion  du  Cardinal Ballu'é  ^  écrit  diverfis  Lettres  au  Grand-Maître  de 
Chabannes  :  les  Lettres  de  Balluê  au  Bourguignon  interuptées  fjbn  cm* 
prifonmmem  &  confifcation  défis  biens ,  &les  Fer^  tofnpofi^jurfit  dif- 
grau,  ."--•'  ^     \-      '«: 

Chapitre  IV.  LorsderinflautiondeTOrdreSatraMithÉiJeKoîenvo^ 
te  Colùer  au  Grand^Maître,  qui  obtient  lairace  dû  Cèrà'tt  dT Armagnacs 
le  refits  que  le  I>uc  de  Bretamefùt  dmdU  Collier  :  laréduSi^  des  Pil- 
les d*  Amiens ,  Montdidier  &  Roye  :  Lettres  in/urieufes  du  Duc  de  Bour- 
gogne au  GrandrMaUre ,  &  ia  réponfi  du  Grand-maipt  au  Boutgtâ^ 
gnon,     '  '  •      .  -  Ijj 

Chapitre  V,  Lettres  înjuneufcs  du  BotàgtiignohaU  Grand -Maure  df 
France  y  &réponfe  dur Grand-Maàréj'    '  '    *  '237.  ij^ 

<Iha PITRE  Vit  Lettres fecretus du Ràîlàu  Grand'Midtrt ;'e^fitriblecetUs 
Tome  IL  .r  .     .  .       ....     ai 


•      à 


ij      TABLE  DES  PIECES,  ACTES,  &c. 

dt  la  maladif  dt  Monftur  y  frtre  unique  du  Roi  y  fa  mort  ^  fon  ce/?'- 
nune f  &  le  voyage  du  Roi  en  Guyenne  Srtn  Bretagne  ,  14» 

Cbapitri,  VÏL  Le  Roi foupçonnant  le  Connétable  d'infidélité  y  ledit  Con- 
•nétabU  lait  lafuivanu  au  Grand-Maître  &  au  Duc  dt  Bourgogne  if» 
prife  &  mort ,  i'-lfs  Fers  fàfiirtne faits fw  cefuftt  ;  enfuite  ïa  mort  du 
même  BourguigeoB  ,  S^ledueilda  Duc  de  Lorraine  ,  247 

Chapitre  VIII.  Mort  du  Duc  dt  Nemours }  de  Chartes  d'j4mboife&  cel- 

■  les  de  plu/îeuiu  autres  Seigneurs  >  6  autres  chafis  remarquables  arrivées 
l'an  1478. 1439'  t^SO. .  lïl. 

Chapitre  IX.  îc-dernia:.  Le  Roi  donne hGottvemement  du  Quejhoy 


au  Seigneur  du  Lude  y  &  Itù  en  tavoye  la  CommiJJton.  Le  même  Seigneur 
du  Lude  favori  du  Roi ,  fait  liceatier  plufîean  Compagnies  d^Ordon- 
aaace,  &  même  celle  du  Grand-Maître  }  tes  Lettres  écrites  fur  ufujeLdt 


ia  part  du  Roi  y  &  les  appointemens  &  penjîons  qu^avoit  It  Grand-Mat' 
tre  t_  •  160 

Etage  du  Roi  Charles  V7II.  par^M.  de  Brantonu ,  dans  le- 
g^el  fi  trouvent  pkifieurs  particularités  qui  regardant  la  f» 
&  k  Règne  du  Roi  lattis  Xl.Jbn  père  j.  i6y 

Comparaifin  du  Règne  du  Roi  Louis  XII.  avec  celui  du  Roi 

Louis  XI.  tirée  de  tNiftoire  du  Roi  Louis  XII.  par  Claud* 

•    deSeiJJèli  Evêfue-dé  M^iffeUUy  depuis  Archtv*  deiurin,  184 


PREUVES  DES  MEMOIRES 

Di 

,.  ;       P  HILIPP  E    n  E    C  Q  M  I  NES, 

tfintenam  IssTtaïEeZ',  loâruâions ,  Lettres  &  autres-Aâes  fervans 
d'éclatrcilFemeot  à  rHlÛoice  des  Bois  Louis  XL  Se.  Charles  VIII.  30} 

fjtt-cAevéque.de.fienne  >. 
noires,  50  j 

*  ^^  ^*  tdant  la  maladie  de  Char- 

la.  même. 
mte.de  Dammartin  f  y\x 
;.,.  Ecuyer  y  Seigneur  de 
'.463  y  tiré  de  la  BibUo- 
-eJCXil..  .-  *  }19 
*.  î»o 

'anaei  ,  Comte  de  Dam" 

W 


TABLE  DES  PIECES,  ACTES,  &c.    nj 

V*.  Arrêt  du  Parknuni  ,  tiré  du  x6  Rtw^rt  criminel ,  foL  Zl6.         }ip  ■ 

V**,  Ptoadurcs  contre  le  Cornu  de  JDammartin,  Tiré  du  mime  Regif-     14^*^ 

tre  ,  la  même 

V*^.  Lettre  de  Charles  de  MeUtUy  Baillifde  Sens,  au  Roi  Louis  XL  3  j  } 
:V^^.  Arrêt  du  Parlement  contre  Antoine  de  Chabannes  ,  Comte  de  Dam-- 

martiuy  5)4 

.VI.  Rivifion  du  Procis  d* Antoine  de  Chabannes  ,  Cornu  de  Dammartin^ 

la  même.    ' 
VI*»  Arrêt  du  Parlement  inurlocutoire pour  Antoine  de  Chabannes  ,  Com^ 

te  de  Dammartin  ,  extrait  duji'  Regijire  criminel  du  Parlement ,   j 4 j 
yn.  A3e  deChommage  lige  fait  au  Roi  Louis  XL  par  le  Duc  de  Bourgo^ 

gne  (  Philippe  )  des  Duche[  de  Bourgogne  ,■  Comte[  de  Flandres  ,  d^Ar-- 
*   tois  &  autres  qu*il  tenoit  de  la  Couronne  ,  ta  même, 

yil*.  Copie  des  paroles  de  C hommage  fait  au  Roi  Louis  XI ^  par  Philippes^ 

Duc  ae  Bourgogne  y  1461.  544 

ym.  Lettres  Paumes  var  lef quelles  le  Roi  nomme  EJlienne  Petit  pour  le^ 

ver  une  Taxe  far  le  Languedoc  9  pour  les  frais  de  fon  Sacre  &  autres  be^ 

foins,     ^  ^  34  j. 

CL  Abolition  donnée  par  Louis  XL  à  tous  les  Officiers  du  Duc  de  Bour-- 

gogne  s  34<5. 

X.  Abolition  donnée  par  Louis  XL  i  M^re  Jean  Duc  d^AUnçon  ,  Pair 

'   de  Ftanu  y  condamné  pour  crime  de  le^Majejlé,  par  Arrêt  de  Van^ 
'    1468  j  dattée  du  II  Oaobre  1461  ,  avec  CampViation  du  mois  de  Dé- 
centre r  4jS%  y  far  ce  que  Von  calomnio'u  les  premières  Latres  y.         3^47- 

XI.  Promejje  de  Jean  ,  Duc  d*Alen§on  ^  Cotntedu  Perche  yd^objerver  de 
point  en  point  Us  conditions  contenues  en  la  grâce  que  le  Roi  lui  a  faite 
fur  P Arrêt  contre  lui  donné  à  Vendôme  y.  •  3  5  X 

Xn.  Extrait  des  Lettres  confurmaù\fes  en  faveur  du  Duc  d^AUnçon  y  353, 

XIII.  Extrait  des  Lettres  d^ Abolition  en  faveur  du  Duc  d^Alençon  ,  & 
confirmation  f  354. 

XIV.  Lettres  de  Louis  XL  par  lefquelles  ik permet  à  Jean  Comte  d-Àrmar 
gnac  de  requérir  par  Procureur  l  entérinement  des  Lettres  y  par  lefquelles 
iltavoitrefiitué  envers  C Arrêt  du  Parlement  de  Paris  ,  donné  en  contu-^^ 
mace-y  par  lequel  ledit  Cornu  avoit  été  batmi  du  Royaume  ,  avec  çonfi/^ 
cation  defes  biens  j  *       355 

XV^  Arrêt  d*Enr€gifirement.  Procksdifferens  d^ Armagnac  y,  xG^Rzffflrc 
criminel  du  Parlement  9  foU  QX.  .        3  5  (>^ 

XVI.  Lettres  d* obédience  fiâatc  du  Roi  Louis  XI ^au  Pape  Pie IL&  abro^ 
gation  de  la  Pragmatiqtu  SanSion  y  357 

XVIL  Le  Berry  donné  en  appant^  à.  Charles  de  France  y  frère  de  Louis 
XL  358  

XVUI.  Ratification  du  TMitéfuivamtfaiupar  U  Roi^tP Arragon  le  zi  Mai     i  ^c  x^ 

XIX.  Extrait  de  PObligation  du  Roi  £Arragon  pour  la  Jomtne  de  deux 

cens  mille  éeus  ^  6  eugagtmentdesComte^deRouj^UoA  &  Cerdargncy  "  ,   "' 
au  profit  du  Roi  Louis  XI^  3^4 

XIX^.  LeRoid'ArramnéttgageleRoufiléànâLçuisXL  Ia*memc 

XX..  Traité  de  Louis  aL  avec  Marguerite  d^Anjou^p  Reine  d^Angl.     \6j 

ai  XXI., 


k-  * 


ïv     TABLE  DES  PIECES,  ACTES,  &c. 

*    '  '      '   XX*.  O/ïIre  de  Louis  XL  tn  confiquatcc  dufufdit  Trahi.  j  7} 

«^  4  ^  ^     XXL  Alliance  du  Roi  Louis  XL  avec  Jean  Rai  d'Arragon  ^    ia  mcoaqi 

XXIL  Don  fait  par  Louis  XL  du  Duchi  de  Luxembourg  &  Comié  dp  Chini 

■    à  Philippe  le  Bon  ^  Duc  de  Bourgogne  »  37^ 

XXHL  Pouvoir  de  Henri  Roi  de  Caflule  9  pour  traiut  de  p<àx  ff  confidi^ 

ration  avec  le  Roi  Louis  XL  j  j6 

7—  XXIV.  Extrait  d'une  Lettre  fiirC entrevue  des  Rois  de  France  &  de  Cafii^ 

^  "^^ ^-         le,  du  14  Avril  146^.  p% 

'XXV.  Jugement  rendu  par  le  Roi  Louis  XL  fur  hs  différends  entr€  lesKoi$ 

;    de  Caille  &  dArragon  j  pour  les  prétentions  réciproques  fu*ils  avoient 

runjisr foutre.  Donnia  Bayonne  le  z3  ^yril  14^3^  ia  tnçm^. 

^XV*.  Sentenu  arbitrale  du  Roi  Louis  XL  entre  le  Roi  de  Camille  &  U 

.    Roi  dArragon.  Avril  1463.  }8v 

XXVI.  Lettres  ^  par  le fquelles  Louis  Xt.  cède  le  RouJJittonÀla  Comtiffe 

de  Foix  ^  héritière  du  Royaume  de  Navarre  9  pour  /^  dédommager  des 

-    Places  de  ce  Royatime  >  qui  avaient  été  cédées  au  Rot  de  CcfUUe  partit 

Traité  conclu  ^ntre  lui  &  U  Roi  d'Arragonpar  Ventremifede  Louis  XL 

XX  VIL  Rémiffion  accordée  4iux  Habitons  de  Perpigetan  »  3  Sf 

XXVII*.  Rémiffion  pour  les  Habitans  de  CoUioure  3  j  j  i 

XXVIII.  JSxtrait  des  plaintes  du  Comte  de  Charolois  contre  Jean  de  Bour^ 
gogne  9  Cornu  d^J^ampes  y  391 

XXIX.  Pièces  pour  te  rachat  des  Filles  de  la  Rivière  de  Somme  9  Umètne. 
'  InJlrudiimÀ  Afi  EJlienne  Chevalier  des  chofes  quil  a  à  faire  4iu  voyage 

•    ou  il  va  préfentement  y  par  le  commandement  &  ordonnance  du  Roi  ^ 

ia  même» 

XXIX*.  Lettres  9  par  lejhuelles  Louis  XL  ordonne  que  les  deniers  dépofe^ 

&  c0nfignt[  dans  les  (rre^s  du  Parlement  &  autres  furifdicUons  ou  ail» 

leurs  yjèront  pris  pour  parfaire  lafomme  qu^il  doit  payer  au  Duc  de  Bour* 

'    gogne  9  pour  retirer  de  fis  mains  les  PUues  de  la  Rivière  defomme  9  ^94 

XXIX^^.  Extrait  des  Quiuances  de  Philippe  le  Bon  y  Duc  de  Bourgogne, 

XXIX^.  Fîdimus  d^une  Commiffion  de  Louis  XL  pour  une  leVee  de  de» 

niers  pour  1er  achat  des  Villes  de  la  Rivière  de  Somme^  la  même 

XXIX*4,  Autre  Commiffion  f ur  U  même  fuj et  j  397 

XXIX^^  Extrait  de  VmfiruBion  du  Cornu  de  Charolois  fur  U  rachat  d^ 

dites  Filles,  399 

XXIX^^.  Lettre  du  SieurChevalia  y  fur  le  rachat  defJites  Filles  y  la  mèm^ 
XXIX*?.  A 3e  de  promejje  de  Philippe  Duc  de  Bourgogtie  de  rendre  au  Roi 

la  Comté  de  Ponthiiu  &  autres  i  erres  y  féans  deçà  &  delà  la  Rivière  de 

Somme  y  en  baillant  quatre  cens  mille  écus  y  '  40X 

XXIX*^;  Infarmation  faiu  en  Z44S.,  de  par  U  Roi  y  touchant  le  Traité 

de  lui  &  du  Duc  de  Bourgogne  à  Arras  y  403 

_^^__^^_^^^  XXX.  I^aintes  du  Roi  Louis  XL  contre  Charles  Comte  de  Nevers  y  ,  407 
44^4.     XXXI.  Accord  de  mariage  de  Madame  Jeanne  de  France  avec  Louis  Duc 

d*  Orléans  y  gui  depuis  a  été  Louis  XI L  Roi  de^raAce  y     .  41 Z 

XXXII.  Trêves  entre  Loms  XL  &  Edouard  IF.  Roid^AngkUrre  y  eh 

,1464  UxoMai^  41 1 

xxxnL 


TABLE  DES  PIECES,  ACTES,  &c.      v 

XXXin.  Procis^verhal  des  jimba£adcurs  de  Louis  XL  R^i  d^  France ,  à  ' 

ff  avoir  Mejjira  Us  Cornus  d'Eu  &  U  Chancelier  de  France ,  VArckcvê-     ^  +  ^  ^ 
quede  Narbonme  &  M.-de  Ramboures  ^  des  chofes  dites  par  ledit  Chan^ 
ceUer  f  pardevant  M.  le  Duc  &  M^le  Comte,  de  Charolois  ^  &  autres  Che^ 
valiersy  Confeillers  6  Seigneurs  en  grand  nombre.^  U  Mardi  fixiéme  de 
Novembre  14  64^  41 7 

XXXIV.  Remarques  fur  le  Bâtard  de  Rubempré  y  4zr 

XXXV.  Traité  aaÛiance  entre  Jean  Duc  de  Calabre  &  de  Lorraine  & 
Charles  Cornu  de  Charolois  ^  y  compris  U  Duc  de  Bretagne  >.  .       42  r 

XXXV*».  Lettre  du  Roi  de  Sicile  à  fonJUs  le  Duc  de  Calabre  9  41  f 

XXX VL  Traite  d* alliance  &  confédération  entre  le  Roi  Louis  XL  Geor* 
ges  Roi  de  Bohême  &  la  Seigneurie  de  Fenifc^  pour  réjijler  au  Turc  ^  424 

XxXVIL  Déclaradon  du  Roi  Louis  XL  par  laquelle  ,  après  avoir  narré  ^ 

les  menées  &  pratiques  depàifieurs  Seiffieurs  unis  &  ligue^fous  prétexte       ^    '^ 
du  bien  public  y  qui  s^étoient  joints  avecfonfrtrc^  il  leur  donne  un  mois 
pour  venir  vers  lui  y&fe  réduire  à  leur  devoir  }.  ufaifant  leur  pardonne- 
U  crime  de  U^ù'Majefiéyqu^ils  ont  encouru  par  leur  rébellion  ^  i€  Mar à 
14  64^{  ou  14  6â^fiyle  nouveau  )  9  45  4 

XXXVIII.  Lettre  de  M.  le  Duc  de  Berry  au  Duc  de  Bourgogne  y.       43  7 

XXXIX..  Manififit  de  M^le  Duc  de  Btrryy.fur  la^prife  des  armes  pour  U 
Bien  public  y  43  8 

XL.  Traité  d^alliance^  entre  François  ,  Duc  de  Bretagne  y  d*uneparty  & 
Charàs  ,  Comu  de  Charolois  ,  d^autrepart^â  Nantes  le  zz  Mars  1464. 
(  ou  1466.^  nouveaujiyle  Y  y  44a 

XLI.  Ce  Jbnt  les  points  que  le  Seigneur  de  Charolois  met  &  impo/e  au  Sei^ 
gneurdeCrqyy  1465  y  44r 

XUL  %utn  du  Duc  de  Bourgogne  au-Roi  Louis  XL  Le 24  Mars  1466^ 

y  LUT,  Articles  envoyé^  au  Roi  Louis  XI*^par  U  Roi  deSicile^y^  touchant 
ce  qui  avoit  étiponrparU  entre  ledit  Roi  de  Sicile.  &  Monfieur  le  Duc  de 
Berry  y  accompagné  du  Duc  de  Bretagne  y  de  Monfieur  de  Dunois  y  & 

'  autres  jovec  Us  réponfes  faites  par  le  Roi  y .  445: 

XUV.  Sommation  ^.Interpellation  &  Commiffion  de  Charles  y  fils  &  frère 
de  Roi  y .  Duc  de  Berry  y.  à  Monjiigneur  le  Duc  de  Calabre  >,  Lorraine  y 
&c.  Jean  IL  pour  prendre  les  armes  y.  &  fe  joindre  avec  lui  &  autres 
Princes  du  Sang  contre,  le  Roi  Louis  XlJSf  ceux  defon  Confdlypour  le 
bien pubûc du  Royaume.  146 S^  452:. 

XLV.  Déclaration  des  trois  Etats  de  Brabanty  Limbourgy  Flandres  y  Ar^ 
fois  y  Mainaut  y  Namur  y  Malines  &  Anvers  y  par  laquelle,  ils  recon^^ 
noiffent  U  Comte  de  Charolois  commtleur  Stiffuur  aprïs  là  mort  du  Duc 
dcBcmrgomefonperey  45$ 

*  XLVI.  Saufconduit  du  Duc  de  Berry  y.  pour  les  Ambaffadmrs  du  Roi  > 

I  Xi«VII.  Déclaration  de  Charles  Comu  de  Charolois  >  que  la  réferve  faite  dc^ 

I  *  la  perjbnaeiùt  Roi  (Louis  XL)  dans  le  Traité fitit  avec  r  Archer  équede^ 

I  Tn/ves  n*aura  point  de  lieu  y.  4S8* 

*  XLVÛL  Trêves  d'Angleterre  y  dut  S  Mai  14  66. 
XUX.  LettreduRoiàM.kComteieEuy,dui8Mait4€^  45^ 

JL*- 


^. 


vj     TABLE  DES  PIECES,  ACTES,  &c. 

^  L.  InftruSioa  de  Charité  f  Cornu  dt  Charolois ,  aux  Commiffaircs  qui  dt^ 
*  4  ^  $  •         voient  traiter  enfin  nom  avec  Us  Ambaffadeurs  du  Roi  d  Écojfe  ,      4^0 

LI.  Lettres  de  VArchtvéqm  de  Trejyes  »  par  lefqtulUs  il  promu  d*execu$er 
le  Traité  d'alliance  qu^ilavoitfait  le  4  Mai  14  6z*  avec  leDucdeBout^ 
gogne,  4^j 

LU,  déclaration  de  Monfitur  dt  Berry  dt  pourfuivrejbn  dtjfein  de  réfor^ 
mer  le  Public  ,  U  Roi  ayant  refi^  l  Ajfemblée  des  Princes  du  Sang  >  & 
autres  Notables  du  Royaume  ,  pour  y  pourvoir.  Du  l  Juin  y         .   46^ 

LIIJ*  Traité  d*allianu  entre  Louis  ,  Duc  de  Bavière  ^  &  Charles  >  Comu 
de  Charolois^  4^S 

LIV,  Traité d^aUianu  entre  Frédéric  ,  EleSeur  Palatin  ,  &  Charles,  Com^ 
te  de  Charolois  f  470 

LV.  ASepiw  lequel  Frédéric^  EleSeur  Palatin  ^fi  réferve  U  droit  de  nom^ 

*  mer  trois  Allu[  ^  pour  les  excepur  du  Traité  d* alliance  qu'ilavoitfait 

avec  Charles ,  Comu  de  Charolois  ,  ainji  que  ce  Comu  en  avoit  auffi  ré^ 

firvé  trois  de  fin  côté  ,  47  j 

LVL  Articles  de  f  accord  fait  par  le  Roi  avec  Meffeigneurs  les  Ducs  de 
Bourbon  y  de  Nemours  y  U  Comte  d* Armagnac  &  le  Seigneur  d*Albretp 

474 
L VI*.  Lettre  du  Sieur  Ballue  a  Mon/ieur  le  Chancelier  >  fur  la  négociation 

de  C Accord  entre  Louis  XL  &  le  Duc  de  Bourbon  >  47<S 

LVIL  Lettres  de  Guillaume  Coufinot^  à  Monfîeur  U  Chancelier  ^  touchant 

U  voyage  du  Roi  Louis  XL  en  Auvergne ,  la  même» 

LVIIL  Promeffes  de  Charles  de  Bourgogne  ,  Comte  de  Charolois  >  de  con^ 

Jirmerles  Privilèges  des  Duche[  de  Èrabant  &  de  Limbourg  j  lor/qu*i£ 

fera  parvenu  à  lafuccefpon  de  ces  Puys  y  47  j 

LIX.  Marche  de  V armée  des  Ducs  de  Berry  &  de  Bretoffu  i  le  14  ou  iS 

Juillet^  481 

LX.  Relation  de  la  Bataille  de  MontUury  y  484 

LX^.  Copie  de  C explication  faiu  dt  bouche  à  Madame  la  Duchejfepar  Guil' 

laume  dt  Torcy  ,  Ecuyer,  toucharu  tétat  dt  Monfitur  de  Charolois  ^fur 

une  Lettre  de  crédance  envoyée  à  madiu  Dame  par  mondit  Sieur  dt  Cha* 

rolois  f  &fignée  defonfîgne  manuel  y  en  datu  du  virigtiéme  jour  dtJuîli 

Ut  1465.       *  48tf 

LXL  Traité  d* alliance  erurf  Louis  ,  Duc  de  Bavière^  &  Philippe  ,  Duc  de 

Bottrmgruy  48S 

IXil.  Traité  d*alliance  entre  François  ,  Duc  de  Bretagne  ,  &  Charles  V 

Comte  de  Charolois ,       ,  '  '  49^ 

LXIII.  Traité  d'alliance  entre  Philippe  Duc  4^  Bourgogne  »  &  Frédéric  p 

EleSeur  Palatin  f  *  494 

LXIV.  Traité  d' allianu  entre  Philippe  Duc  dt  Bpurgognt  &  Robert^  Ar^ 

chevéque  dt  Cologne  »  4p£ 

LXV.  Copie  des  accords  &  appoinumens  faits  par  le  Roi  aux  Prirues  >  qui 

s*enfwvenf  ^  499' 

LX  VL  Traite  dt  Paix  ,  appelle  U  Traité  de  O>nflaos  t  entre  U  Roi  Louis 

XL  d'une  part  >  &  Charles  y  Comte  de  Charolois  s  depuis  Duc  de  Bout" 

gogne  y  d^ mitre  y  .      jo6 

ilAyl^  TrofjiJport fait  par  Lom  XL  au  Ççmee  de  Charolois  »  des  Prévôt 


TABLE  DES   PIECES,  ACTES,  &c.  vi} 

icsdeFimm,  dcBtauvotfa^  &deFoulloy ,  505      .14(^5; 

XXNl**^  .JUuns  Patentes  du  Comte  de  Charolois^  pour  la  reverjion  des 

.    Villes  de  la  rivière  de  Somme  ,  &  des  trois  Prévôtés  ci-dejfus  tranfpor^ 

téeSf  507 

9        LXVI^).  Lettres  de  Monpeur  le  Comte  d'Eu  au  Roy  >  touchant  raccord 

f.  avec  MonfUur  le  Duc  de  Normandie  y  S^9 

LXVIL .  Extrait  des  Reffjires  du  Parlement  j  concernant  Venregifiremtnt 

du  Traité  de  ConJlanSy  5io^ 

LXVII*«  ProttfiatwasJe  la  Chambre  dts  Comptes  contre  le  Traité  de  Con* 

Hansj  511 

LaVUL  Lttirts  Plaintes  de  Louis  XL  pour  ratifier  le  Traité  de  Confians, 

&  nomination  des  ptrfonnes pour  la  réfarmation  de  CEtat ,       la  même. 

IXVUIKS'len/uivent  les  trentcjix  perfonnes  ordonnées  pour  lacauje  deffup^ 

dite  de  la  reformatianJe  CEtat  5  5^9 

IX Vm**.  Publication  de  la  Paix  ,  5  ic^' 

LXUC  Autre  accord  de  Paix  fait  à  S.  Mat^-des  Foffei  »  entre  les  Ducs  de 

^  Normandie  ,  de  Bretagne  ,  de  Calabre  &  de  Lorraine  ,  de  Bourbonnois, 

.  tC Auvergne  &  de  Nemours  y  les  Cornus  de  Charolois ,  d^Arntagnac  9  de 

Saint  Poly  &  atures  Princes  de  France  ,  foulevésfous  le  nom  du  Bien-- 

.  public  p  d* une  part  9  &  le  Roi  Louis  XI.  d^ autre  5  Van  mil  quatre  cent  ;. 

foixante-cinq  9  le  vingt^ntuviéme  Octobre  ^  .  \it 

IrXX.  Lettres  du  Roi  Louis  XI*  ^^fi  réferve  les  Régales  de  Normandie  ^ 

LXX*.  Lettres  de  Louis  XL  touchant  le  Comte  d^ Eu  9  {19 

LXX*^.  Lettres  du  Roi  Louis  XL  fur  le  retour  des  urres  de  Normandie  , 

&  autres  y  530 

LXX*'.  Lettres  du  Roi  Louis  XL  touchant  le  retour  d'Alençon  »        5  5 1  * 

LXX*4.  Lettres  d^homma&s  de  la  Duché  de  Normandie  »  5)1 

LXXL  Lettres  de  Louis  Xl.  pour  la  nomination  des  Officiers  de  Norman-^ 

die,  53J 

LXXI*.  Expédition  dts  Généraux fitr  la  Lettre  précedetue  y  534 

LXXI*\  Lettres  qui  portent  que  les  Etats  &  les  Receveurs  des  Aydes  du 

.   Duché  d*Alençon  ,  /iront  contraints  9  apris  avoir  payé  au  Duc  d^Altn- 

çon  lapenfionÀ  lui  affigneefur  ces  Aydes  y  dépiter  U  refiant  a  Charles^ 

Duc  de  Normandie  y  555 

LXXI^i.  Expédition  des  Genuatixpir  la  Lettre  précedenu  9  55^ 

LXXIL  Protefiations  de  Lotus  XL  contre  le  Traité  de  Confions  ,         557 

LXXIU.  Remarques  fitr  Je  Traité  de  Confions  »  €^fiir  les  Duchés  de  Lo^ 

thiers  9   Brabant  »   Limbourg ,  Marouifat  d^ Anvers  5  Terres  d^outre^ 

Meufe  y  Filles  de  Peronne  y  Montdiditr  ,  Roye  ,  Auxtrre  ,  &  fur  queU 

ques  Terres  en  Hollande  ,  558 

LXXIV.  A3e  de  VHommage^ligefait  au  Roi  Louis  XL  par  Je  Comte  de 

Charolois  9  dit  pJufiturs  Villes^  quiluiavoient  tté  -cédées  en  Pictwdie  j  & 

autres  lieux  y  540^ 

UCX  Y.  Pouvoir  du  Roi  Louis  XL  poiw  lefiirment  des  Princes  -,  fiir  Voc^ 

ceptation  du  Traité  du  BUn-public  yduz  Novembre  1466.  541 

UCX  V*.  Serment  fM par  les  Ducs  de  Normandie  &  dt  Bretagne^  d'obfer-* 

ver  le  Txaiié  de  Confiâtes  B  14^ 

Tome  IL  e 


^^iij    TABLE  DES  PIECES,  ACTES,  &c.' 

I  4  é  <  •  LXXVI.  Articles  accordés  par  U  Roi  Louis  XL  pour  U  mariage  dt  Mada^ 
daifu  Amu  dt  France  >  fa  fille  aînée  y  avec  Charles  >  Cornu  de  Charo^ 
lois  y  54J 

LXX  VIL  Contrat  de  mariap  entre  Dame  Jeanne  ,  fille  naturelle  du  Jy^oi 
Louis  XL  &  Loifis  >  Bâtard  de  Bourbon  ,  541^ 

LXXVIIL  Serment  fiiit  au  Roi  par  Jean  y  Cornu  d* Armagnac,  defervir 
le  Roi  envers  &  contre  tous  yjans.  excepur  Morifieury  frtre  du  Roi^  549^^ 

^XXIX.  Procis-verbal  de  la  délivrance  faite  au  Comte  de  Charolois  des 
failles  d*Abbeville  ,  Montreiiil  y  Arras  ,  Amiens  >  Peromne ,  &  autres 
ffii  lui  avoient  été  cédées  par  le  Roi  Louis  XL  f  (.0 

LXXX.  Promeffes  &  Scelle^  donnés  au  Roi  Louis  XI.  par  Jacques  £Ar^ 
magnac  y  JJuc  de  Nemours  »  Jean  Comte  d'Armagnac  >  Charles  Sei-^ 
gneurde  Lebret  y  &  Gafion  y  Comte  de  Foix  y  de  lui  être  bons  &  faux  ^^ 
&  de  lefcrvir  envers  &  contre  tous  y  14  6â.  &  14  66 •  yéP 

LXXX*.  Promeffes  du  Duc  de  Bretagne  au  Roi  Louis  XI.  de  ne  recejfoir  en 
fon  Duché  y  ni  prêter  aides  ni  fecours  à  aucun  mal^contentdtc-Roi  &  dtk 
Royaume  y  ZO  Décembre  1466*  \6^ 

LXXXI.  P ermiffion  aux  Médicis  de  porter fiiur s  de  fys  en  Uur$  Armoiries  y 

1466.     LXXXII.  Abolition  pour  la  Comteffe  de  Maulevrier  y.  la  même* 

LXXXIII.  Lettres  Patentes  y  par  /^quelles  le  Roi  Louis  XJ^  reprend  la 
Normandie  y  .  5^7 

IXXXIII"^.  Extrait  de  la  Copie  de  CinfiruSion  à  Maître  Jean  Hébert  y.  & 

.  Georges  de  f^oiiet  y  Maître  Guillaume  Roitffily  &  Guillaume  Gombautp. 
de  ce  que  Morifieur  le  Duc  de  Normandie  leur  a  chargé  faire  &  be/bgnen 
devers  le  Roi  >  où  il  les  envoyé préfentement  à  Rouen  y  570 

LXXXIV»  Ratification  donnée  par  Charles  y  Comte  de  Charolois  y  de  Vac-^ 
cor d  fait  entre  lui  &  ceux  de  Liège, ,  371 

LXXXy.  Lettres  de  Jean  y  Comte  de  Nevers  y  par  U/qtuUes  il  remet  au 
Comte  de  Charolois  la  garde  défis  Comtés  de  Nevers  &  de  Rethely,     577 

LXXXVL  Renonciation  de  Jean  y  Comte  de  Nevers  y  à  toutes  fes  prêtent 
tions  fur  les  Diuhés  de  Lothiers  y  Brabantd  Limbourgy  fur  le  Mar* 
quifat  d'Anvers  &  Terres  d'outre-Meufi  ,  579 

LXXXVI*r  CeJRon  &  tranfportfaitpar  Jeany  Comte  de  Nevers  y  au  profit 
du  Duc  de  Soiugome  &  du  Comte  de  Charolois  y  d'une  rente  defix  mille 
livres  y  &  des  ailles  y  Terres  &  Seigneuries  d^Auxerre  ,  Worne ,  Oofi^ 
j^orn  y,  la  Brielle  &  autres  y.  55  2t 

LXXXVI**.  Renonciation  faite  par  Jean  y  Comte  de  Nevers  y  à  tous  fes^ 
droits.  &  préuruionsfur  les  Villes  &  Seigneuries  de  Peronncy  Mondidier 
&Royey  jJSs^ 

IXXXVI^'.  Lettres  de  Jean  y,  Comu  de  Nevers  ^ par  lefquelles  Uapprou» 
ve  le  Traité  fait  entre  le  Roi  Louis  XL  &  Charles  Comte  de  Charolois  ^ 
&  la  Ceffionfaiu  à  u  Comte  des  Villes  &  Seigneuries  de  Peranncy  Mon-- 
didier  &  Roye  y  589 

LXXXVI*4.  Renonciation  de  Jean  Comte  de  Nevers  a  la/ômmedtzooooL 
falus  d^or,  &  à  une  autre  de  zOO  00  francs  y  qu^ilprétindoitluiétre  dûs 
par  le  Duc  de  Bourgome  ,  S9^ 

LXXXVI*^.  Lettres  oufiirete[  du  Comu  de  Chvrdois  au  Comte  de  Neversy 


TABLE  DES  PIECES,  ACTES,  &c.     h 

IXXXVII.  ji^  Jt  la  ProduSionfaitt  au  Parltnunt  de  Paris  dts  originaux 
dt  quatre  Ltaris  donnéts  m  14  6S.  par  Jtan  Comte  de  Nevtrs  ,&  deltt 
demande  faiu  par  ta  Comteffi  de  Nevers ,  que  les  fceaux  dt  ces  Lettns 
fiifint  ouverts  ,  pour  en  vérifier  lafauffiti ,  j-^  j 

LXXXVIII.  Lettres  de  Charles  de  France  ,  Duc  de  Normandie  ,  qui  con^ 
JiiU  aux  alliances  que  doit/aire  le  Hucde  Bretagne^du  ^JuilUt  I466. 

LXXXIX.  AboUàmpour 

XC.  Pieus  toncemant  Ef^ 
XC*.  René  IL  Duc  de  L 
lAUsppy ,  toA  mil  cinq  e 
^  hommage  pour  la  Voueri 
,  que  dé  Mtt[.  ybici  tes  £1 
XCI.  P«m¥oif  de  Louis  X, 
\  mention  dans  lesfufdits  i 
^  /rm.  Fan  mH  quatre  cv 
XCU.  AMithnpmtrU  D 

XQU.  Abolition  girurale  pour  ceux  qui  ont  pris  Us  armes  pour  Us  Princes 
iiguis  t  60Z 

XCIV.  Lettre  du  Due  deBretaffte  au  Cornu  de  DunoiSyduSJanvUr  - 
1466,  £04 

XCV.  AlUarue  S  Ami  ,  Duc  dt  Savoy  e  ,  avec  la  Maifon  de  Bourgogntt 

âOJ 
XCVI.  Lettre  écrite  aux  Mayeur  &  EckevinS-dt  la  yille  dt  LilW,  conte- 
nant la  relation  de  la  maladie  St  dt  la  mort  de  Philippe  ,  Duc  dt  Bour- 
f^Cy  •  607 

XCvIL  Tefiament  de  Philippe  ,  Due  de  Bourgogne ,  -  609  ■ 

XCVm.  Lettre  de  Charles  *  Dut  de  Boargovie  ,  donnant  avis  au  Roi 
Louis  XI,  de  la  mott  du  Duc  Philippe  U  Mon- ,  .fi>n  père.  De  Bruges  > 
U  iQ  Juin  14  6y.  6ia 

XGIX.  Leure  du  Comte  de  Dummartirt  au-Aoi  Louis  XI.  fur  une  révol- 
te arrivée  à  Moufon  y  6lt' 

C.  Remarques  far  u  Cardinal  Ballai,  Comment  le  Cardinal  Balluê  &  l'E- 
véquf  de  f^erdun  entretenoient  la  diifijîon  entre  U  Roi  Louis  XI.  &  Jhn 
frère  Charles  Duc  de  Guyenne,       "  61^ 

CI.  ExtraitdetHiJioiremanufcritedesAntiqmtezdeFlandreSyCOn^ofipar 
f^ Phiûpp^WitiUant ,  Confeillerau  Confeilde  Malines  ,ch.£}8.  6l6 

Cil.  Permiffion  donnée  par  Charles  Duc  deBourgogne  à  ceux  de  la  Fille 
dt  Garti d'ouvrir  trois  <k  leurs  portes  >  lefqutlles  dévoient  être  fermées, 
en  exécution  du  Traité  de  Gavre,  £tS  • 

Cm.  PermMon  de  Charles  Duc  dt  Bourgogru  aux  trois  Membres  delà 
ViUe  de  Gond  ,  dt  fefervir  dans  cette  Fille  dts  Bannières  &  Enfeîgnes 
dont  ils  avaient  été  privés  par  le  Traité  de  Gavre  ,  619 

CIV.  AlUarue  de  Philippe  deSavoye  avec  le  Duc  de  Bourgogne  ,      £)o 

CV..  Lettre  du  Comte  dt  Dammartin- au  Roi  Louis  XI.  au  fujet  du 

^P^S^lÀ^^     .       „   .       r  ^J» 


x:     TA^LE  DES  PIECES,  ACTES,  ace 

CVI.  AUuincepa-pttueiU.des  Ducs  de  Btrry  &  dt  Brttagne  ,  C^x. 

QViy..  I^uti^_paritfyu€lUs  Us  Ducs  dt  Normajidie  &  tu  Bretagne.  dècU- 
■iyretnqife  l'£végue  de  ytrdun  &  le  Scigptur  de  JUjieua  font  eoafris  dans 
■ .  U  Traiti  d' Alliance  quiU  oui  fait  eOfemhUt  £j4 

tyiU.  £ntnpriJêduÙucdeCaiabrejitrrArragon^  &  Commij^a  pouf 
lever  Ayde  &  Subfidt ,  £^  { 

ÇIX.  ir^iruSion  du  Roi  Louis  XI.  au  Sieur  dt  Courcillon  ,  envoyé  vers 
Re»é^oi.deSieilexfvriesfaupçoas  d*  Louis. 2CL  -atiji^u  du.ComuJA 
.    Maine,  £}£ 

ÇIX*.  Lettres  du  Comte  du  Maine ,  quiyiditmtH  ■&-4^ftronntfU  eetUs  M 
.  J^^ i,S.oiJe  Sicilf  , :dmi  O3otrt  l^Gy.par  lefqiuÙef  ctMMjèrton 
.  4a\t ^iuu tnvtrs  Louis XI ..^tu Je  Coamdu  Maint  imftrnit toujours 
.  fidiUo.  .  6i7 

ÇX..  Copceffian  du  Roi  Louis  XI'  à  Galias-Mani  Sfprce  >  Vifcomu  , 
;  Duc  dt  Milan  ,  6e  à  fis  Swx£eurs  ,  de^ritr  Ut  Armts  d*  rraàct  * 
-    icantlfts  ayec  celles  de  Milan ,      .     _  ,   .  -   ^  9 

-ÇP^.  RéponJ\  faite  à  Monfuur  de  Cafabre,  ffwoyipqrle  Roi  m  BiMagnc^ 
^^jH^r^^gaffu-.MfiA^eurJeD.ucdc/^ofma^e  4  ef*^Mr(  W Joeytps dk, 
.  ffici^cationg  ^40 


LES  CHRONIQUES 


LES 

CHRONIQUES 

D  E 

LOUYS  DE  VALOIS, 

Roy  de  France,  vnziéme  de  ce  nom; 
.depuis  l'an  1460.  jusql/es  a  1483. 

AUTKSMEHT      DITTSS 

LA  CHRONIQUE  SCANDALEUSE. 

i  L'honneur  &  louange  de  Dieu  noftrc  doux  Sauveur  Se  Re-  — ^""^ 
demptcut,  ScdeUBenoiftc,  glorieufe  Vierge  &  pucellc     i+tfo. 
MâriCt  Tans  le  moyen  derquels  nulles bonnesŒuvres ou 
opérations  ne  peuvent  cftrc  conduites.  Et  pource  auflî  que  . 
plufîeurs  Roys,  Princes,  Comtes,  Barons,  Prélats,  no- 
bles hommes,  gens  d'EgliTc,  fie  autre  populace  ,  fë  font 
foiiveni  dclcdez  &  dcledent  i  ouyr  &  cfcouter  des  hifloircs  merveil- 
icufes ,  &  chofes  avenues  «i  divers  lieux ,  tant  de  ceRoyaume  que  d'au- 
tres Royaumes  Qireftifcns.  Au  trente  cinquième  an  de  mon  aage  me  de- 
leûayaulieu  de paflèr  temps  &  defclieveroyfivcrc)  à  efctire  ôc  faire  me- 
jDoire  de  plufieurs  chofes  avenues  au  Royaume  de  France  ,  ^  autres 
fLoyaumes  voilîns ,  ainli  ^u'il  m'en  cft  pu  fouvenir.:  &ç  mémement  depuil 
Jamt  II,  A 


_i  tES CHRONIQUES 

^  l'an  14^0.  que  rcgnoit  Chartes  VU.  de  ce  nom,  jufqucs  au  trefpas  cfu 

0-     Roy  Louys  XI.  àc  ce  nom,Blsdudit  Roy  CÂ<ir/» ,  qui  fut  lepenuliieme 

jour  du  mois  d'Aouft  ,  l'an  i4!J3.combienque  jenevuSflle,  ne  n'emens 

point  les  chofes  cy-après  efccites  eftre  appellees ,  dires  ou  nominics  Chro- 

ent ,  &  que  ppur  ce  faire  n'ay  pa» 

•iats  reulement  pour  donner  aucun 

ins ,  ou  efcoutans  icelles.  En  leur 

léer  i  mon  ignorance  ,  &  addrefler 

ar  plufîeurs  defdites  chofes  Se  mei- 

îtez  &  façons  eftranges,  que  moult 

autre  ,  de  bien  au  vray  &c  au  lon^ 

irani  ledit  temps. 

&c  fertilité  de  la  terre  durant  ta- 
nt que  touche  le  tcrroiier  &  finai- 
it  competammenr  de  blez  ,  qui  fu- 
?int  vendu  au  plus  cher  temps  de- 
ladite  année  que  vingt  quatre  fols  parifis  le  fepticr  :  mais  il  n'y  creuft 
que  bien  peu  de  fruiâ.  Er  au  faiâ  des  vignes  il  y  eut  bien  peu  de  vin  ». 
&  par  efpecial  en  TlHe  de  France ,  comme  d'un  muy  de  vin  pour  chacun 
arpent ,  mais  il  fut  bien  bon  ,  &  fe  vendit  cher  le  vin  creu  ésbons^er- 
loiiers  d'entour  Paris  ,  comme  de  dix  &  unze  cfcus  chacun  muy. 

En  ce  temps  fur  faiâs  |uftice  &c  graiide  exécution  audit  lieu  de  Paris  » 
de  plufieurs  povres  Se  indigentes  créatures ,  comme  de  larrons  ,  facri- 
leges  ,  pipeurs  ,  &  crocheteurs.  Et  pour  lefdits  cas  pluficurs  en  furent 
batus  au  cul  de  la  charctte ,  pour  leurs  jeunes  âges  &  premier  mefïàiâ:.. 
Et  les  autres  pour  leur  mauvatfe  coulhime  &  perlevcrance  furent  pendus 
&  eftranglez  au  gibet  de  P^ris ,  nommé  Montigny  de  nouvel  créé  &  efta- 
bly ,  pour  la  grand  vieillcfTe ,  ruyne  &  décadence  du  précèdent  &  ancien 
gibet,  nommé  Montfaucon. 

Audit  temps  fut  fait  mourir  &  enfouye  toute  vive  audit  lieu  de  Paris 
une  femme  nommée  Perrtttt  Mauger ,  pour  occaiîon  de  ce  que  laditte- 
Ptrrette  avoir  fait  &  commis  pludeurs  larcins ,  &  en  ce  faifanr  par  long- 
temps continué ,  &  auffi  fevorifé  &  recellc  plufîeurs  larrons,  qui  aullï 
faifoient  &  commettoient  plufîeurs  &  divers  larcins  audit  lieu  de  PariSy 
lefquels  larcins  pour  lefdits  larrons  vendoit  &  diflrîbuoit  >  &  l'argent 
que  de  ce  elle  recevoit ,  en  bailloii  Se  delivroit  auCdirs  larrons  leur  por- 
tion ,  &  pour  clic  en  rctcnoit  fon  butin.  Pour  lefquels  cas  &  auttes  par 
elle  confellcz  fut  condamnée  par  fentence  donnée  du  Prevoft  de  Paris  ». 
nommé  Meflirc  Roben  Defioute^ille  { i  )  Chevalier ,  a  fouffrir  mort  Si 
cftre  enfouye  toure  vive  devant  le  gibet ,  Se  tous  fes  biens  acquis  &c  con- 
Ëfquez  au  Roy  *.  de  laquelle  fentence  &  jugement  elle  appella  formelle- 
ment en  la  Cour  de  Parlement ,  pour  révérence  duquel  appd  fut  diffé- 
ré il  exécuter.  Et  après  que  par  ladite  Cour  le  procez  dlcelle  eut  elle  veu 
&  vifité ,  ftit  dit  par  Arrell  d'icelle  ,  Se  en  confirmant  ladite  fentence  , 
que  laditte  Ptrretu  avoït  mal  appelle  &  l'amandefoit ,  &  que  laditte  fen- 
tence 
(i)  Robert  d'Eftoateville ,  Cbcvalicr ,  ScIgDCUi  de  Bcgne ,,  BauB  if  Yviy  &  de  Saiai>> 
JUdré-la-Maiche.  Gtdtfraj. 


DU     ROY     LOUYS     XI.  5 

lence  feroit  exécutée  :  ce  qui  fut  dit  i  icelle  Pcmtu ,  laquelle  déclara 
lors  qu'elle  eftoit  gfoflc ,  parquoy  fut  derechef  diffère  de  Pexecuten  Et 
fut  fait  vifitcr  par  ventrières  &  matrones ,  qui  rapportèrent  à  Juftice 
qu'elle  n'eftoit  point  grollè.  Et,  incontinent  ledit  rapport  fait  fut  envoyée 
exécuter  aux  champs  devant  ledit  gibet ,  par  Henry  Coujin  exécuteur  de 
la  haute  Juftice  audit  lieu  de  Paris. 

Merveilles  avenues  au  Royaume  d'Auglecerrc  en  laditte  année. 

EN  ce  temps  paflà  la  mer  en  Angleterre  un  Légat  de  Rome ,  Le^at  de 
par  le  Pape ,  qui  illec  prefcha  le  peuple  du  pays.  Et  par  efpecial  ea 
la  ville  de  Londres ,  maiftreflè-ville  dudit  Royaume,  U  où  il  fift  plufieurt 
remonftrances  aux  habitans  dudit  lieu  >  &  autres  d'environ  ,  contre  &  au 
prejiidice  du  Roy  Henry  d'Angleterre ,  lefquelles  remonftrances  le  Car* 
dinal  d^Yorthj  quiaccompagnoit  ledit  Légat  après  laditte  expoHtion  par 
luy  expofée  en  leur  langage.  Et  tantoft  après  laditte  expoficion  faite  >  le- 
<iit  peuple,  qui  eftoit  aflez  de  légère  créance,  fe  efmeut  pour  faire  guerre 
allencontre  audit  Roy  Henry  de  Lancafire  Se  de  la  Reyne  fa  fenmie,  (  i) 
fille  du  Roy  René  de  Cecitle  Se  de  Jenyalem  9  &  du  Prince  de  Galle  leur 
fils.  Et  prit  ledit  populaire  pour  leur  Capitaine  le  Comte  de  Warwich , 
qui  eftoit  Capitaine  de  Calais ,  pour  &c  au  lieu  de  Richard  Duc  dYorth^ 
«qui  vouloir  &  pretendoit  à  eftre  Roy  dudit  Royaume ,  qui  maintenoit  à 
luy  duyre  &  competter  ledit  Royaume  d Angleterre ,  comme  prochain 
héritier  de  la  lignée  &  du  cofté  du  Roy  Richard.  Et  peu  de  temps  après 
ledit  Duc  d  Yorthy  qui  avoit  après  luy  grand  nombre  de  populaires  en  ar^ 
mes  3  fe  mirent  aux  champs  &  vinrent  en  un  parc  où  eftoit  ledit  Roy 
Henry  avec  plufieurs  Ducs,  Princes  &  autres  Seigneurs ,  auffi  tous  en 
armes.  Et  auquel  parc  y  avoit  huit  entrées ,  qui  eftoient  gardées  par  huit 
£arons  dudit  Royaume ,  qui  tous  eftoient  traiftres  audit  Roy  Henry.  Les- 
quels huit  Barons  quand  ils  fceurent  venir  le  Duc  d!Yorth  devers  ledit 
|>arc ,  le  laiftêrent  entrer  en  icelluy  avec  le  Comte  de  Warwich  &  autres , 

Î|ui  vinrent  tout  droit  ou  eftoit  ledit  Roy  Henry ,  lefquels  ils  prirent  & 
aifirent.  Et  incontinent  ce  fait ,  vinrent  tuer  plufieurs  Princes  &  autres 
grands  Seigneurs  de  fon  fang  qui  eftoient  autour  de  lui.  Et  ces  chofes 
faiâres  ledit  Comte  de  Warwich  prit  ledit  ^e/zr^,  &  l'amena  en  la  ville  de 
Londres  i  &  portoit  l'efpée  nue  devant  ledit  Henry ^  comme  fon  Connet 
table.  Et  quand  icelluy  Roy  Henry  èiZ  Lancafire  fut  audit  lieu  àc  Londres, 
il  le  mena  devant  la  Tour  dudit  Londres ,  dedans  laquelle  Tour  eftoient 
quatre  Barons  dudit  pays  pour  ledit  Henry.  Aufquels  ledit  Henry  &c 
^i^irtf^icA-parlerent  par  belles  paroles ,  les  tirèrent  hors  de  la  Tour ,  après 
qu'ils  leur  promirent  qu'ils  n'auroient  nul  mal  de  leurs  perfonnes ,  &c 
qu'ils  les  aueuroient  :  lefquels  fous  ombre  de  leurfdittes  promefifès  yffi- 
rent  hors  de  ladire  Tour.  Et  ainfi  qu^on  menoit  lefdits  qi^atre  Barons 
après  ledit  Henry  &  Warwich  ,  plufieurs  de  ladite  ville  de  Londres  s'eC- 
murent  &  vinrent  tuer  l'un  deldits  quatre  Barons ,  nonuné  le  Seigneur 

Defcalles  , 

{^)  lîcr  Cétoît  Marguerite  d*An joa ,  |  on  voit  quelques  Pièces  dans  les  Prcafei  de 
^omil  (cracuGonefailé  ci-i^cs  «  &  donc  4  cet  Ouvrage 

A  X 


1460. 


4  L  E  S    C  H  R  O  NIQUES 

DtfcalltSy  &  lui  baillèrent  plufieurs  coups  orbes.  Et  le  lendekiaîa  ils  fl^ 
J 4 (^ o.  rent  efcarteller  lefdits  autres  Barons  devant  laditte  tour  de  Londres^ 
nonobftant  lefdites  promedès  ainfi  à  eux  faites.  Et  s'y  fie  qui  voudra. 

Audit  temps  avint  en  la  Cité  àt  Paris  un  grand  débat  entre  les  gen» 
£c  Officiers  du  Roy  en  fa  Chambre  des  Aydesli  Paris,  &  un  des  Bedeaux 
de  rUniverfîté  d'icelle  Ville,  pour  un  exploiâ  fait  oar  icelluy  Bedeau  i 
rencontre  de  deux  Confeilliers  de  ladite  Chambre  aes  Aydes  ,  pour  le- 
quel exploiâ  ledit  Bedeau  fut  conftitué  i»:ifonnîer  en  la  Conciergerie  du 
Palais  Royal  audit  lieu  de  Paris.  Dont  ceux  de  ladite  Univerfitc  furent 
nioult  deiplaifans ,  ôc  pour  le  ravoir  firent  ceffations  en  ladite  Ville,. db 
prefcher  ,  lire  de  eftudier.  Et  après  furent  appointez ,  &  fut  refbibly  Se 
demeurèrent  contens. 

Audit  temps  avint  i^Paris  aufli ,  qu'un  nommé  Anthoint  te  Baftard  de 
Bourgogne  vint  &  entra  en  ladite  Ville  de  Paris  en  habit  mefcognu  ,  Se 
n'y  fejourna  (^ue  un  jour  &  une  nuit  &  puis  s'en  retourna.  Et  quand  il  fut 
^  ficeu  qu'il  eftoit  ainfî  venu  en  ladite  Ville ,  pluficurs  Oflicicrs  du  Roy  & 
gens  de  façon  d'icelle ,  furent  fort  imaginatifs  comment  &  pourquoy  ii^ 
cfloit  ainfî  venu  que  dit  efl.  Etdeladite  venue  en  furent  portées  les  nou- 
velles au  Roy  par  aucuns,  qui  en  parlèrent  à  la*  charge  de  ladite  Ville,  qui 
n'y  avoit  aucune  coulpc.  Et  pour  cette  caufe  &  a  grand  hafle  le  Roy 
envoya  audit  lieu  de  Paris  fon  Marefchal  Seigneur  de  Lohcac ,  (  5  )  &? 
Maiflre  Jehan  Bunau  (4  )  Treforier  de  France ,  pour  pourveoir  &  don- 
ner provifîon  audit  donné  à  entendre.  Et  afin  que  le  Roy  n'euft  aucune 
imagination  ,.oue  ceux  de  ladite' Ville  àt  Paris  euflènt  aucune  coulpe 
ou  cnarge  à  laaite  venue ,  luy  fut  envoyé  de  par  laditç  Ville  une  Ambaf- 
fade ,  où  efloient  Maiflrc  Jehan  de  LoUve  Doâeur  en  Théologie  Sa 
Chancelier  de  l'Eglifc  de  Paris ,  Nicolas  de  Louviers,  Sire  Jehan  Clere^ 
bourg  gênerai  maiftre  des  Monnoyes  ,  Sirç  Jehan  huilier  Clerc  de  ladite 
Ville ,  Jaques  Rebours  Procureur  d'icelle ,  Jehan  Folant  Marchant ,  & 
autres  :  tous  lefquels  le  Roy  receut  benignement»  Et  après  leur  propos 
fait ,  fervant  à  leur  excufation ,  fut  le  Roy  très^content  d^eux ,  &  leur 
fin  bonne  Se  gracieufe  refponfe ,  Se  s'en  retournèrent  joyeufement  k 
Paris  y  dont  ils  eftoient  partis. 

En  ce  temps  Meflîre  Robert  DeJfoiuevîUe  Chevalier ,  qui  efloit  Prevoft 
de  Paris ,  fut  mis  Se  conftitué  prifonnier  en  la  Baftille  fainâ  Anthoine 
i  Paris.  Et  depuis  au  Louvre  par  l'ordonnance  defdits  Seigneurs  de 
Lohtat ,  Se  maiftre  Jean  Bureau ,  pour  aucunes  injuflices  ou  â>us  qpi'orï 
hxj  mettoit  fus ,  qu'il  faifoit  en  exerçant  fbndittiffice ,  dont  de  ce  ne  fuft 
point  attaint.  Et  lors  par  maiftre  Jenan  Advin  Conféiller  lay  en  la  Cour 
ce  Parlement,  furent  faits  plufîeurs  exploiâ^  en  rhoftel'duditi7ç/?c7uvi//e.** 
comme  de  chercher  boiftes  >  coftres,  &  autres  lieux ,  pour  fçavoir  fe  on 
y  trouveroit  nulles  lettres ,  Se  fift  plufieurs  rudeflès  audit  hoftel  à  Dame 
Ambroife  de  Loti  femme  dudit  Deftouville  y  qui  eftoit  moult  fage ,  noble 
&  honnefle  Dame;  Dieu  de  fies  exploidb  le  vueiile  punir  :  car  il  le  a  bien/ 
dcflcrvy. 

En 

(t)  kaixl  de  Laval  de  la  Maifon  de  f     r4)  On  petit  voir  fa  eéoéàlog.  dans  Thlft^ 
Mommorcocy.  Godifry,,  l  do  Roi  Charles  YU.  ait.  royale.  GHkfiy^ 


DU     ROY     LOUYS     XI.  $ 

En  ladire  année  furent  les  rivières  de  Seine  &  Marne  moult  grandes , 
tellement  que  en  une  nuit  ladite  rivière  de  Marne  creuft  &  devint  fi      1^60* 

frande  d  Fenviron  dtfaint  Mor  des  Fojjè^ ,  comme  de  la  hauteur  d'un 
omme ,  &  fift  plufieurs  grands  dommages  en  divers  lieux*  Et  entre  les 
autres  dommages  ladite  rivière  vint  fi  grande  à  un  village  nommé  Clayt^ 
6c  en  un  hoftel  illec  eftant,  qui  eft  à rÉvefque  dcMeaulx,  cruelle  en  em- 
pona  toute  la  mafibnnerie  du  devant  dudit  noftel  >  où  il  avoit  deux  belles 
tours  nouvellement  bafties  :  dans  lefquelles  y  avoit  de  belles  chambres 
bien  nattées ,  voires  bien  garnies  de  liâ>  tapi£[eries  »  &  autres  chofes  que 
tout  emporta  ladite  rivière. 

En  ce  temps  avint  en  Normandie  que  le  corps  de  TEdife  dcFefcamp^ 
par  malle  fortune  &  feu  d'aventure,  qui  vint  de  la  mer  de  devers  les  Mar< 
ches  de  Cornoualle,  fe  bouta  au  clocher  d'icelle  Abbaye  >  qui  fut  tout  bru^ 
lé  &  ars ,  &  furent  les  cloches  d'icelle  Abbaye  toutes  fondues  &  mifes  ea 
une  maflè ,  qui  fut  moult  grand  pitié  en  ladite  Abbaye. 

Audit  temps  furent  grandes  nouvelles  par  tout  le  Royaume  de  France 
&  autres  lieux ,  d'une  jeune  fille  de  dix-huit  ans ,  ou  enviton  >  qui  eftoic 
en  la  Ville  du  Mans  /  laquelle  fit  plufieurs  folies  &  grandes  merveil- 
les ,  &  difoit  que  le  diable  la  tourmentoit ,  &  failloit  en  l'air  >  crioit  y 
&  efcumoit ,  Se  faifoit  moult  d'autres  merveilles  >  en  abufant  plufieurs 
perfonnes,  qui  l'aloient  voir  :  mais  enfin  on  trouva  q^ue  ce  n'eftoit  que 
tout  abus ,  Se  qu'elle  eftoit  une  mefchante  folle ,  &  faifoit  lefdites  folies 
&  diableries  par  l'enortement  >  conduite  &  moyen  d'aucuns  des  officiers 
de  l'Evefque  dudit  lieu  du  Mans ,  qui  la  mainteiioient  Se  en  faifoient  touc 
ce  que  bon  leur^fembloit,  &  qui  aufdites  folies  faire  l'avoient  ainfiduiâe** 

Audit  temps  avint  derecher  audit  Royaume  ^'^/zgr/f/frr^  après  que  ladef^ 
confiture  devant  dite  aitefté  faite  par  le  Comte  de  /Fiiru'icA,queie'Duc  de 
Sommerfet  coufin  dudit  Roy  Henry  d^  Angleterre  ,  accompagne  de  plufieurs 
autres  jeunes  Seigneurs,  parens  &  neritiersdes  autres  Princes  &  Seigneurs» 
qui  eftoient>  Se  avoient  eftc  tuexà  la  prife  dudit  Roy  Henry  de  Lancaflre  ,  fir' 
rent  de  grands  amas  de  gens  d'armes  &  vinrent  tenir  les  champs  à  l'encontre 
dudit  Duc  d'Yorth ,  Se  tant  firent  qu'ils  le  vinrent  trouver  en  un  champ 
luy  Se  fa  compagnie  qui  furent  (5)  tuez.  Et  audit  champ  nommé  les  plai- 
litsJainS  Albans  fut  tué  ledit  Duc  d^Yorth^  Et  après  qu'il  eut  efté  tué ,  luy 
coupperent  la  tefte ,  laquelle  ils  mirent  au  bout  d'une  lance.  Et  autouc 
d'icelle  tefte  luy  mirent  une  Couronne  de  feure,  (^)  en  figure  de  Cou- 
ronne Royalle,  en  derifion  de  ce  qu'il  fe  vouloir  faire  Roy  dudit  Royau* 
nie.  Et  avec  luy  moururent  audit  champ  bien  fix  vingts  Barons ,  Cheva- 
liers^Efcuyersj&gensdenomduditRoyaume,  &grand nombre  d'autres 
gens  de  guerre ,  que  bien  on  eftimoit  de  neuf  i  aix  mil  combatans* 

Le  Mctrcredy  5  Février  audit  an  i±6o.  furent  kucs  Se  publiées iiîoi^ 
&  en  divers  autres  Villes  de  la  Duché  àt  Normandie^  es  lieux  publics  &  à 
fon  de  trompe,  les  lettres  patentes  du  Roy.  Par  lefquelles  U  declaroit- 
ion  plaifir  eitre  tel>  que  par  tout  ledit  pays  de  Normandie  Se  les  ports  de 

mer 

(5)  §0*  €cttc  viékoîrc  cft  lîfic  à  Mar- f  auj  par  cet  événement  fut  dflîvrédclaTouc 
gaetite  <l*Anpa  »  fille  da  Roi  René  de  Sid-     de  Londres  >  od  il  écoîc  prifonier. 


&  de  ftinsoG  de  Hend  VI«IUâ  d*Angkcecre„ 


G  LESCHRONIQUES 

mer  d'iceluy,  feullènt  laiflèz  paifiblcment  defccndrc  tous  Anglais  8c 

i^6ql     Anelejchcs^  de  quelque  eftat  qu'ils  fuflènt ,  &  en  tel  habit  que  bon  leur 

fen5>lcroit ,  tenans  &  adherans  le  party  du  Roy  Henry  d'Angleterre  & 

de  la  Reyne  fa  femme ,  fans  aucun  fauiconduit  avoir  de  luy ,  6c  de  les 

——---•  laiflèr  converfer  par  tout  fon  Royaume. 

14.61  M  ^'*^  1 4<>  I .  au  mois  de  Juillet ,  avin t  que  le  Roy  Charles  fiit  malade  au 
*  Chafteau  de  Meun  fur  Yevre ,  d'une  maladie  qui  luy  fut  incurable ,  dont 
Se  de  laquelle  maladie  il  alla  de  vie  à  trefpas  auclit  lieu  de  Meun  ,  le 
Mecredy  ii.  dudit  mois  de  Juillet ,  fefte  de  la  Benoifte  Magdaleine ,  en- 
tre une  &  deux  heures  après  midy  dudit  jour ,  dont  fut  grand  pitié  6c 
dommage  (7  ).  Au  Royaume  des  Cieux  pui({è  eftre  Tame  de  luy  en  bon 
repos.  Car  quant  il  vivoit  c*eftoit  un  moiut  (âge  &  vaillant  Seij^neur ,  6c 
qui  laiflà  fon  Royaume  bien  uny  &  en  bonne  juftice  &  tranquiîité. 

Incontinent  après  ladite  mort ,  &  qu'elle  fut  manifeftée ,  la  plufpart 
des  Officiers  dudit  lieu  de  Paris  6c  pluileurs  autres  du  Royaume  s'en 
partirent  &  allèrent ,  au  pays  (  8  )  de  Henaut  6c  de  Picardie  par  de- 
vers Monfieur  le  Dauphin ,  qui  illec  eftoit  avec  Monfieur  le  Duc  de 
Bourgogne,  Lequel  Monfeigneur  \c  Dauphin  par  le  décès  de  fon  feu  père 
venoit  a  la  Couronne,  ponir  fçavoir  de  luy  quel  eftoit  fon  plaidr  &  com- 
ment ils  fe  auroient  à  gouverner  fous  luy  ,  &  pour  eftre  de  luy  confir- 
mez en  leurs  Offices.  Auquel  lieu  après  icelle  mon  fît  plufieurs  Officiers 
en  fa  Chambre  des  Comptes  à  Paris ,  6c  autres.  Et  entre  autres  y  fift  & 
créa  Maiftre  Pierre  r Orfèvre  Seigneur  Dermenonville ,  6c  Nicolas  de  Lou^ 
viers  ,  Confeillicrs  en  ladite  Chambre ,  6c  Maiftre  Jehan  Baillet  Maiftre 
•des  Requeftcs  &  Rapporteur  en  fa  Chancellerie.  Et  confirma  en  icelle 
.  Chambre  MeflireSymon  Charles ,  quiaufïî  fe  fîft  porter  audit  pays  en  une 
litière ,  &  les  autres  Officiers  requérant  eftre  confirmez ,  furent  renvoyez 
1  Paris ,  pour  attendre  la  venue  du  Roy. 

Le  14  Juillet  audit  an  (> ï.  Maiftre  Etienne  Chevalier  (9  )  qui  avoit  efté 
Trcforier  des  finances  dudit  feu  Roy  Charles ,  &  lequel  il  avoit  nommé 
un  des  exécuteurs  de  fon  teftament ,  &auffi  Maiftre  Dreux  ^//^'  Audien- 
cicr  de  la  Chancellerie  Az  France  y  fe  partirent  de  la  Ville  de  Paris  pour 

allée 

(7)  ÔCT  Ce  Prince  âgé  de  5  S  ans ,  fe 
(rouvoic  dans  la  5  9  armée  de  fon  règne. 

-  (8)  ^pr  14(^1.  Supplément.  Le 
Dauphin  ëtoità  Genep,  Bourg  &. 
Chareau  fur  la  petite  rivière  de  Dy- 
fe  ,  à  une  lieue  à  TEft  de  Nivelle , 
c'eft  ce  que  mafque  Olivier  de  la 
Marche ,  Auteur  du  tems.  Il  ne  put 
apprendre  la  mort  du  Roi  fon  père 
que  le  24  Juiller  au  t)lutôt.  Sur  le 
champ  il  le  retira  à  Maubcuge  ,  où 
il  commença  à  donner  fes  ordres  , 
comme  on  J-a  vu-daDS  la  Pjçcface  gé- 
nérale y  l\  y  étoit  le  17  du  même 


mOÏSi  &  le  4  d'AoAt  fl^y^ntil  qcojt  •;ptg.  «8j.  dç  ré^on  royalç.  ÇpJrfrajt, 


â  Avefne,  fuîvant  Olivier  de  la 
Marche ,  d'où  il  partit  pour  fe  ren- 
dre à  R.eims.  On  avoit  déjà  préparé 
ce  Prince  par  une  Lettre,que  je  rap- 
porte ci-après  aux  Preuves  de  Tan 
i4$'i.  Il  ne  Jaifla  point  de  fç  faire 
quelques  intrigues  peu  avant  la  more 
de  Charles  VIL  rapportées  aux  Preu- 
ves ci-après  fur  la  même  année ,  par 
Lettres  de  Gafton  de  Foix,  Prince  di- 
ftingnédansrHift.-dècetèms.  . 

(9)  Il  avoir  époufé  Qitherîne ,  fille  du-* 
dît  Di-eéz  fiudé  j  oh  peut  vx»Hcurs  defcon* 
dans  dans  l'hiftofre  da'  Kœ  Charies  VII^- 


DUROYLOUYSXL  7 

jller  au  corps  dudic  detfunâ  audit  lieu  de  Mcun  :  mais  le  Seigneur  ^^i- 
grevilà  Capitaine  dcMontar^isy^ztlc  pourchasd'un  Gentilhomme  nom- 
ivté  f^uajfic  Morpedon  (  i  o  )  fit  arrefter  audit  lieu  de  Momargis  iefdits 
Chevalier  &  Budé  ,  Se  illec  furent  une  efpace  de  temps.  Et  jufques  à  ce 
que  le  Roy  les  envoya  faire  délivrer ,  eux  &  leurs  biens ,  &  .depuis  (ur 
rcnt  par  luy  entretenus  en  leurs  Offices  de  Treforier  &  Audiencier. 

Et  eft  ariavoir  que  le  Jeudy  Z3.  Juillet  audit  an  (îi^  qui  fut  le  lende- 
main de  ladite  mon  environ  heure  de  nuit ,  fut  vcuë  au  Ciel  courir  bien 
fort  une  très-longue  comète ,  qui  jettoit  en  l'air  grand  refplendiflèur  & 
grande  clarté  »  tellement  au'il  fembloit  que  tout  Paris  fut  en  feu  &  en 
flamme ,  Dieu  Ten  veuille  bien  preferver  T 1 1  ). 

Le  Jeudy  6  Aouft  i^6iAc  corps  dudit  deftun<Sl  arriva  &  fut  amené  re^ 
pofer  en  i'Eglife  de  Nottre  Dame  des  Champs  (12)  hors  de  Paris,  oit 
il  fut  amené  dadit  lieu  de  Mcun^  Et  le  lendemain  fut  allé  quérir  audit 
lieu  ,  &  apporté  â  Paris  en  moult  grande  &  belle  conduite ,  ordonnance 
&  révérence  qui  fut  faite  audit  corps ,  comme  bien  le  valoir.  C'eft  aflà- 
voir  du  Cierge ,  des  nobles  perfonnes ,  Officiers ,  Bourgeois  &  populaire.^ 
Et  y  avoit  pour  luminaire  porté  devant  ledit  corps  deux  cens  torches 
de  quatre  livres  de  cire  chacune  pièce  ,  toutes  armoyées  en  double 
aux  armes  de  France  j  &  eftoient  portées  par  deux  cens  pouvres  perfon- 
nes y  tous  reveftus  de  robes  &  chapperons  de  deuil.  Et  eftoit  ledit  corps 
porté  en  une  litière  par  les  Henouars  de  Paris.  Laquelle  litière  eftoit 
couverte  &  a({èmblée  d'un  moult  riche  drap  d'or ,  qui  bien  pouvoir  valoir^ 
mille  ou  douze  cens  efcus  d'or»  Et  delTus  lac&te  litière  eftoit  la  portraitu- 
re faite  dudit  deffunâ  Roy  Charles  y  reveftu  d'un  bel  habit  Royal  >  une 
Couronne  en  la  tefte ,  &  en  Tune  de  fes  mains  tenoit  un  fceptre  >  &  en 
l'autre  le  bafton  Royal.  Et  en  cet  eftat  fut  porté  en  la  grand  Eglife  noftre 
PamedeP^nV.  Et  devant  aloyent  tous  les  Crieurs  de  corDs  de  ladite 
Ville  ,  pareillement  veftus  de  deuil  >  &  armqyez  devant  &  derrière  def- 
dites  armes  de  France.  Et  après  eux  eftoient  portées  devant  icelle  litière 
lefdites'deux  cens  torches ,  ainfi^armovées  en  double  que  dit  eft.  Et  après 
icelle  litière  aloyent  faifans  le  deuil  MeflTcigneurs  les  Ducs  i/'Or/^^/w  , 
Comte  d^AngouUfme^  frères  ;  les  Comtes  d'Eu  ^  &  de  Danois  ,  McC- 
foe  Jehan  Jouvenel  des  Urjins  Chevalier  Chancelier  de  France  >  &  le 
^rand  Efcuyer ,  tous  reveftus  de  deuil  &  montez  à  cheval.  Et  puis  après 
Kelle  litière  aloyent  ât  pied  deux  à  deux  tous  les  Officiers  de  l'Oftel  du- 
dit 


\^6x. 


(10)  OuVaaft  de  Mom^rpedon,  <h]ouel 
H  eft  parlé  dans  les  Mémoires  de  Caftel- 
Aau  ,  Tom.  II.  pag.  )oo.  Gçdefrey, 

(i  i)  ^ÈpT  1461.  Suppléments  Le  4 

Août  Louis  XI.  part  d'Avenes  en 

Naynaut  pour  fc  rendre  dans  ce 

Royaume,dont,4iprès  le  Roi  Charles 

VIL  il  étoit  le  véritable  fuicceflêur. 

ÏJ'aurrcs  difent  que  ce  fut  à  Genep 

en  Ha^paut  que  Louis  apprit  la  mort 

du  Roi  fbn  père  >  d'où  il  panit  pour 


fe  rendre  en  France ,  Se  qu'après  fon 
départ  il  en  fît  part  au  Duc  de  Bour- 
gogne Philippe  &  à  Charles  Comre 
de  Charolois  fils  de  ce  Duc,  c^ui  pour 
lors  croient  tousdeuxà  Hedin  s  félon 
Olivier  de  la  Marche ,  Auteur  du«^ 
temps ,  comme  on  Fa  vu  note  S  de 

la  page  précédrate. 

(  1 1)  tP"  C'eft  TEglifc  des  CarméUtes* 
du  %utbourg  S.  Jacques  >  hors  la-vieUIç^ 
enceinte  de  Paris* 


8  LES    CHRONIQUE? 

dit  deffanùy  auffî  tous  veftus  de  deiiii  »  angoiflèux,  lefquels  il  falA)ic 
,  1 4  tf  i .  moult  piteux  veoir.  Et  de  la  erand  triftefle  ôc  courroux  que  on  leur  veoic 
porter  pX)ur  la  mort  de  leurdit  Maiftre ,  furent  grans  pleurs  6c  lamenta- 
tions faiâes  parmi  toute  ladite  Ville.  Et  aufli  y  avoir  aujoingnement  de 
ladite  litière  fix  des  Pages  diidit  deffunâ: ,  houfez  Se  efperonnez  fur  fîx 
courders  tous  veftus  &  couvers  de  veloux  noir ,  &  leulits  Pages  audit 
\  habit  de  dueil   Et  Dieu  fçait  le  douloureux  &  piteux  dueil  qu'ils  fai- 

foient  pour  leurdit  Maiftre.  Et  difoit  on  lors  que  run  defdits  Pages  avoir 
efté  par  quatre  jours  entiers  fans  boire  &  fans  manger ,  pour  caufe  de  la- 
dite  mort.  Et  le  lendemain  qui  fut  le  Vendredy  leptiemc  jour  d*Aouft 
audit  an  ^i  •  ledit  corps  d'icetuy  deffunâ  fuft  tire  hors  de  laaite  Eglife  de 
noftre  Dame  de  Paris  ,  environ  trois  heures  après  midy ,  &  mené  ôc  ac- 
compagné comme  devant  eft  dit ,  en  PEglife  lain£t  Denis  en  France ,  Sc 
là  il  rut  inhumé  (  1 3  j  &  y  gift  :  noftre  Dieu  ait  mercy  de  fon^une.  Et  ver? 
la  fin  dudit  mois  a  Aouft  noftre  fouverain  Seigneur  le  Roy  de  France 
Louys  j  lor«  eftant  Dauphin  de  Flennois  &  aifné  fils  dudit  defFunâ  fuc-» 
céda  à  ladite  Couronne  ,  fut  facré  Roy  à  Reims  par  TArchevefque  Jou^ 
venel  »  auquel  lieu  il  fut  moult  noblement  accompagné  par  la  plufpart 
des  Seigneurs  de  nom  de  fon  Royaume  en  moult  grand  &  notable 
nombre^ 

Le  dernier  jour  dudit  mois  d* Aouft  il  partift  d'un  hofl:el  eftant  aux 
fauxbourgs  de  la  porte  fain<3t  Honnoré  ,  nommé  les  Percherons ,  appar?- 
tenant  àMeflîre  'Jcl^in  Bureau^  qui  fut  fait  Chevalier  audit  Cacrci  Reims, 

{>our  venir  faire  fon  entrée  çil  fa  bonne  Ville  de  Paris.  Au  devant  de 
aquelle  entrée  yflîrent  hors  de  la  Ville  rous  les  eftats  d'icelle ,  &  par  bel 
ordre  »  pour  iilec  rrouver  le  Roy  &  luy  faire  la  révérence  &  bien  vien- 
gnant.  En  laquelle  affemblée  eftoit  TEvefque  de  Paris  nommé  Chartier  ^ 
l'Univerfité ,  la  Cour  de  Parlement ,  le  Prevoft  de  Paris  y  Chambre  des 
Compres  &  tous  Officiers,  le  Prevoft  des  Marchans  &  Efchevins  tous 
veftus  de  robes  de  damas  fourrées  de  belles  martres.  Et  lefquels  Prevoft 
des  Marchans  &  Efchevins  vinrent  aux  champs  rencontrer  &  faire  la  tt^ 
vcrence  au  Roy  ,  6c  propofa  devant  luy  pour  ladite  Ville  ledit  Prevoft 
des  Marchands ,  nommé  Maiftre  Henry  de  Livres ,  qui  lui  bailla  &  pré- 
fenta  les  clefs  de  la  porte /ain3  Denis ,  par  où  il  fift  ladite  entrée.  Et  ce 
fait  chafcun  fe  tira  à  part ,  6c  au  mefme  lieu  le  Roy  fift  ce  jour  grand 
nombre  de  Chevaliers.  Et  en  venant  le  Roy  par  ladite  porte  fainS Denis, 
il  trouva  près  de  TEglife  de  faindt  Ladre  un  Héraut  monte  à  cheval  re- 
yeftu  des  armes  de  ladite  Ville ,  qui  eftoit  nommé  Loyal  Ciuur ,  qui  de 
par  ladite  Ville  luy  prefenta  cinq  Dames  richement  ornées  y  lefquelles 
fiftoîent  montées  fur  cinq  chevaux  de  prix ,  &  eftoit  chacun  cheval  cou- 
vert 6c  habillé  de  riches  couvertures,  toutes  aux  armes  d*icelle  Ville.  Lef-» 
quelles  Dames  &  chacune  p^r  ordre  avoient  tous  perfonnages  rout  coitl- 
|>;llez  à  la  fignification  de  cinq  lettres,  faifans  Paris,  qui  toutes  parlèrent 
;au  Roy ,  ainiî  que  ordonné  leur  eftoit. 

]Eu  jcpUe  entrée  (14)  faisant,  le  Roy  eftoit  moult  noblcipent  acconv, 

pagné 

<  ï  ^  )^jO*  VQyex.ic  CéDémonial  dc^ran-  |  ('  4)  §CT  Sur  cette  Entrée  voy.  le  Géré* 
fc ,  Tome  L  ^ag.  180.  1  monial  de  Fiance ,  Tome  Lf .  171.  &  ijp 


DU     ROY     L  O  tr  Y  S     XI.  9 

pagné  de  tous  les  gcans  Pnnces  &  nobles  Seigneurs  de  fon  Royaume , 
comme  de  Meflèigneurs  les  Ducs  d'OrUans  ,  de  Bourgogne  ,  de  Bour^  i^di 
bon  y  Se  de  Clevcs ,  le  Comte  de  Charrolois  ,  B\s  unique  dudit  Duc  de 
Bourgogne  ,  des  Comres  tTAngouUJmt  5  de  faincl  Pol,  Se  de  Danois  > 
Se  autces  plufieurs  Comtes,  Barons  »  Chevaliers,  Capitaines  ,  &  autres 
Gentilshommes  de  granc  façon ,  ^ui  pour  honneur  loi  faire  en  ladite 
entrée  avoient  de  moiilt  belles  &  riches  houfleures ,  dont  leurs  chevaux 
eftoienc  tous  couverrs  »  lefquelles  houfleures  eftoient  de  diverfes  fortes 
Se  façons,  &  eftoient  les  unes  d'icelles  de  fin  drap  d'or ,  fourrées  de  mar« 
très  febelines  >  les  autres  de  veloux  fourrées  de  pennes  d  ermines ,  do 
drap  de  damas ,  d'orfeverie ,  &  chargées  de  gfodes  campanes  d'argent  p 
blanches  Se  dorées,  qui  avoient  coufte  moult  grant  finance ,  &  fi  y  avoio 
fur  lefdits  chevaux  &  couvertures  de  beaux  jeunes  enfans  Pages  ,  Se  biea 
richement  veftus.  Et  fur  leurs  efpaules  avoient  de  belles  efcharpes  bran« 
lans  fur  les  croupes  defdits  chevaux  >  qui  faifoieot  moult  bel  Se  plaifant 
veoir. 

A  Tentcée  que  fift  le  Roy  à  ladite  Ville  de  Puris  par  ladite  porte  fainS 
Denis,  il  trouva  une  moult  belle  nef  en  figure  d'argent,  portée  par  haut 
contre  la  maçonnerie  de  ladite  porte  deflus  le  pont  ïevis  d'icelle  ,  en  fi- 
gnifiance  des  armes  de  ladite  Ville ,  dedans  laquelle  aef  eftoient  les  trois 
Eftats,  &  aux  Chafteaux  de  devant  &  derrière  d'iccUe  nef  eftoient  Jufticc 
Se  Equité ,  qui  avoient  perfonnages  pour  ce  à  eux  ordonnez ,  &  à  la  hune 
du  maft  de  la  nef  qui  eftoit  en  façon  d'un  lis ,  yflbit  un  Roy  habillé  en 
habit  Royal ,  que  deux  Anges  conduifoient. 

Un  peu  avant  dans  ladite  Ville  eftoient  à  U  fontaine  du  Ponceau  hom- 
mes &  femmes  fauvages,  qui  fe  combattoient' &  faifoient  plufieurs  con- 
tenances ,  &  fi  y  avoir  encotes  trois  belles  filles  faifans  perfonnages  de 
Seraines  toutes  nues ,  Se  leur  veoit  on  le  beau  tetin ,  droit,  feparé ,  rond  Se 
dur ,  qui  eftoit  chofe  bien  plaiCante ,  Se  difoient  de  petits  motets  Se  ber* 
gerettes.  Et  près  d'eux  joiioient  plufieurs  bas  inftrumens  qui  rendoienc 
ae  grandes  mélodies.  Et  pour  bien  raffrefchir  les  entrans  en  ladite  Ville 
y  avoit  divers  conduits  en  ladite  fontaine  jettans  laiâ: ,  vin  Se  ypocras  > 
dont  chacun  buvoit  qui  vouloit ,  &  un  peu  au-deflbus  dudit  Ponuau  ï. 
l'endroit  de  la  Trinité,  y  avoit  une  pafiion  par  perfonnages,  Sc  (ans  par- 
ler ;  Dieu  eftendu  en  la  Croix  ,  &  les  deux  larrons  à  dextre  &  à  feneftre. 
Et  plus  avant  à  la  porte  aux  Peintres  avoit  autres  perfonnages  moult  ri- 
chement  habillez*  Et  à  la  fontaine  faint  Innocent  y  avoit  au(fî  perfonna*. 
ges  de  cha(Ièurs>  qui  accueillirent  une  bifche  illec  eftant ,  qui  faifoient 
moult  grant  bruit  de  chiens  &  de  trompes  de  chaflès.  Et  à  fa  boucherie 
de  Paris  y  avoit  efchaffaux  figurez  à  la  baftille  de  Dieppe.  Et  quand  le 
Roy  paflà  il  fe  livra  illec  merveilleux  aflàut  de  gens  du  Roy  à  l'entour  des 
Anglais,  eftans  dedans  ladite  baftille,  qui  furent  pris  &  gaienez ,  &  eu-^ 
rent  tous  les  gorges  coupées-  Et  contre  la  porte  du  Chaftellet  y  avoir 
de  moult  beaux  personnages»  Et  outre  ledit  Œaftellet  fur  le  pont  aux 
changes  y  avoit  autres  perfonnages  ,  &  eftoit  tout  tendu  par-deflus  ,  Sç 
ï  l'heure  qiie  le  Roy  pafla  on  laifla  voler  parmy  ledit  pont  plus  de  deux 
<:ens  douzaines  d'oyleaux  de  diverfes  fortes  &  façons  ,  que  les  oyfelleurs 
de  Paris  laiflcrent  alçr ,  comme  iU  font  tenus  d^  ce  fairp  :  pourcc  qu'Us 
Tome  IL  B  ont 


to  LES    CHRONIQUES 

ont  fur  ledit  ponc  lieu  &  place  â  jour  de  fefte  pour  vendre  lefdîcs  oy^ 
i^ôIb  féaux.  Et  par  tous  les  lieux  en  ladite  Ville  par  où  le  Roy  pafïa  celle  jour-^ 
née>  eftoit  tout  tendu  au  long  des  rues  bien  notablement  :  ainfi  s'en  ala 
faire  fon  oraifon  en  TEglife  noftre  Dame  de  Paris  9  Se  puis  s'en  retourna 
fouper  en  fon  Palais  Royal  à  Paris  en  la  grand  fale  d'iceluy  r  lequel  fou^ 
per  fut  moult  bel  &  plantureux ,  &  coucha  celle  nuit  audit  Palais.  Et  le 
lendemain  premier  jour  de  Septembre  audit  an  ^i.  il  fe  deflogea  dudit 
Palais ,  Se  s'en  ala  loger  en  fon  Hoftel  des  TourndUs  près  la  BaJ^ilU  de 
fainâ  Anthoine ,  où  il  (ejouma  depuis  par  aucun  temps.  Et  là  il  hft  &  or- 
donna plufieurs  chofes  touchant  les  affaires  de  fon  Royaume  >  &  illec  fit 
pluûeurs  ordonnances  >  Se  defapointa  les  plus  grands  &  principaux  Offi- 
ciers de  fondit  Royaume.  Comme  le  Chancelier  Juvenel^  le  Marefchat» 
r Admirai ,  le  premier  Prefident  du  Parlement  >  le  Prevoft  de  Paris  ,  Sa 
plufieurs^  autres. 

Et  en  leurs  lieux  y  en  mift  d'autres  tous  nouveaux.  Pareillement  auflï 
defapointa  plufîeurs  Maiftres  des  Requeftes ,  Secrétaires  >  Confeilliers  Sc 
Clers  des  Comptes  »  de  la  Cour  de  Parlement ,  des  Généraux  des  Aydes^ 
de  la  Chambre  du  Threfor ,  des  Généraux  des  Monnoyes  &  autres.  Et  en 
leurs  lieux  y  en  mifl  nouveaux. 

tej.  Septembre  14^1.  le  Roy  avec  les  Seigneurs  &  aucuns  Gentils- 
hommes de  fa  maifon  foupperent  en  l'hoftel  de  Maiflre  Guillaume  de 
Corbie  (15)  lors  Confeillier  en  fa  Cour  deParlemcnt.  Et  celle  nuit  le  Roy 
le  fîfl  Se  créa  premier  Prefident  du  Dauphiné  ,  &  là  y  furent  plufieurs 
Damoifelles  &  honneflcs  Bourgeoifes  dudit  lieu  de  Paris.  Et  en  ce  temps 
le- Roy  eflant  audit  lieu  d.e  Paris ^  fift  de  grandes,  honnefles  &  bonnes 
chères  en  divers  lieux  &  hoftels  de  Paris^ 

Et  fî  avint  en  ce  temps  audit  lieu  de  Paris  ^  que  une  belle  jeune  femme 
nommée  Jehanne  du  Bois ,  femme  d'un  Notaire  du  Chaftellet  de  Paris  9. 
fe  partit  &  abfenta  hors  de  la  maifon  de  fondit  mary  &  s'en  ala  où  boik 
lui  fembla.  Et  après  fondit  mary  bien  confeillé  de  fes  principaux  amis  la 
reprit  >  &  fe  contint  de  là  en  avant  avec  fondit  mary  bien  Se  honncfle- 
ment.  {16) 

Ett 

(i;)  Il  étok  petît-fîls  d^Amaod  Je  Cor-  }  perdre  la  tête  par  Arrêt  du  ï8  Oc- 
tk ,  Chancelier  de  France.  ^obre  1458,  ainfî  qu'il  fe 


(i(>)  0Cr  14^1.  SupvUmem^  13 
Septembre;  le  Comte  de  Charolois 
fait  des  jouftes  à  Paris  devant  l'Hôtel 
du  RoL  Petite  Chron.  Voy.  auflî  les 
Mémoires  d*0/ivier  de  la  Marche  , 
Livre  I.  chapitre  3  4.  qui  parle  fort 
avantageufement  de  ces  fêtes. 

Qudques  jours  après  l'entrée  du 
Roi  à  Paris  ,  ce  Prince  fe  rendit  en 
Touraine  &  fît  mettre  en  liberté  au 
mois  d'Odtobre  Jean  Duc  d'Alcn- 


qu  11  le  voit  par 
fon  procès,  imprime  par  M»  Dupuy 
avec  VHiftoire  des  Templiers  y  ert 
1^54.  in'4^.  Le  Comte  de  Charo- 
lois ,  après  avoir  été  en  Bourgogne». 
i  S.  Claude,  en  Bourbonnois  &  en 
Nivernois ,  fc  rendit  à  Tours  le  Di- 
manche 21  OSobre.  Voyez  Izpetitt 
Chronique  >  imprimée  ci-après. 

30  Septembre^  Philippe  Duc  de 
Bourgogne  part  de  Paris  ,  &  le  i  * 
Oftobre  il  arrive  en  fa  Ville  de  Va- 


Son  ,  détenu  prifoniiier  au  Château    lencienes,  accompagné  de  plufîeurs 
le  Loches  >  ayant  été  condamné  à  [  Seigneurs  François  j  &  le  1 8  No- 

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D  U     R  O  Y    L  O  U  YS     XI.  u 

En  Taniiée  14^1.  cnfuivanc ,  ne  furvinrenc  gueres  de  nouvelletés  qui 
fu0ènt  de  grand  mémoire,  (17)  pourquoy  n'eneft icy  faiâe  aucune  men« 

tion. 
vembre  il  arriva  à  Bruxelles.  Sur  ce 
voyage  voyez  lapsnn  Chronique  im- 
prmiée  ci-après. 

Ce  fut  au  mois  de  Septembre 
qu'arriva  la  révolte  de  Reims,  donc 
pluiicurs  complices  font  punis. 

Le  Roi  Louis  XI.  àlafollicitation 
du  Roi  René ,  dépêcha  fous  la  con- 
duite du  grand  Sénéchal  de  Nor- 
mandie une  armée  de  deux  mille 
combattans ,  pour  reconduire  Mar- 
guerite d'Anjou,  Reine  d'Angleter- 
re ,  avec  fon  fils  dans  leurs  Etats.  Ils  y 
arrivèrent  par  TEcolIè',  mais  n'ayant 
pas  été  foucenus  ils  furent  contraints 
de  retourner  en  France  l'année  fui- 
van  te. 

.  Le  Roi  par  k%  Lettres  du  17  No- 
yembre  ,  à  la  prière  du  Pape  Pie  II. 
abolit  la  Pragnutique  SanÂion  éta- 
blie en  14$  8.  à  l'Auèmblée  deBour- 
ges.  Elles  fe  trouvent  dans  la  qua- 
trième Seilion  du  Concile  de  Latran 
de  Tan  1511. 

Le  Parlement  fit  au  Roi  de  belles 
femontrances  fur  les  libertés  de  l'E- 

flife  Gallicane ,  imprimées  par  du 
'^UUt  en  fon  Recueil  fur  l'Hiftoire 
de  France  i/2->d^ .  1611.  &  \G\%. 

Le  18  Décembre  le  Roi  reçut 
l'hommage  du  Duc  de  Bretagne, tant 

Sour  ce  Duché  que  pour  les  Comtés 
e  Montfort  &  d'Eftampes  *,  puis  le 
Roi  va  en  pèlerinage  à  Notre-Dame 
de  Redon  en  Bretagne*  HiR.  de  Bret. 
de  Lobïneau ,  Tome  IL  colon.  Z22j. 
Voici  ce  que  je  trouve  dans  les  Mé- 
moires de  M.  l'Abbé  Le  Grand  fur 
Louis  XI.  au  fu  jet  de  cet  hommage. 
M  Hommage  fait  par  François 
«  Duc  de  Bretagne  au  Roy  Louys 
ft>  onze  ,  par  lequel  eft  content  que 
9»  paravant  que  ledit  Duc  fift  ledit 
»  nommage ,  il  fuft  convenu  &  ac- 
f  çoiài  qu'en  iceluy  faiiànt  ^  il  ne 


iJ^Cx, 


4 


»^ 


M 


M 


*9 


feroit  aucunement  parlé  d'hqm^ 
mage  liée  ou  non  lige ,  pour  évi^ 
ter  aux  difputes  &  idifferends  que 
fur  ce  auparavant  avodent  été  en« 
tre  les  Roys  deFrance  &  Ducs  de 
Bretagne  y  8c  après  que  ledit  Duc 
étant  debout,  ceint  6c  ayant Tef- 
péeaucofté,  f^  l'hommage^ 
joignant  fes  mains  avec  cellçs  du. 
Roy ,  auquel  il  dit  qu'il  faifoit 
hommage  ainfi  que  fes  Prédécef- 
feurs  l'avoient  fait  y  à  quoy  le  Roy 
luy  dit  qu'il  y  recevoir  Se  non  au- 
w  trement ,'  de  après  lui  fift  ledit 
Duc  hommage  lige  de  la  Comté 
&  Seigneurie  de  Montfort- La- 
maury ,  &  autres  qu'il  tenoit  en 
France.  Datte  le  18  Décembre 
14^1.  Signé,  Guy  Richard  & 
Guillaume  Baudin.  Lequel 
A£te  eft  rompu  dans  l'original,  eiv 
forte  qu'oq  ne  le  peut  tout  lire* 
(17)0^  i^6i.Suppiément.V Aa" 
teur  né  toit  point  aflez  inftruit  fut 
ces  deux  années  :  voici  les  faits  qui 
intereflènt  notre  Hiftoire. 

4  Janvier,  leRoiqui  vers  la  fin  de 
l'année  précédente  avoit  reçu  l'hom- 
mage du  Duc  de  Bretagne ,  chercha 
les  moyens  convenables  pour  fe  l'at- 
tacher ,  &  lui  donna  des  marques 
de  confiance  y  il  lui  accorda  donc  le 
Gouvernement  des  Provinces  de  de- 
çà la  Seine*,  fçavoir,  Normandie» 
Anjou,  le  Maine  ,  Touraine,  &  au- 
tres :  l'on  publiera  les  Lettres  de 
Louis  XL  données  en  laditte  année 
1461. 

Mars  9  le  Roi  rétablit  dans  fes 
biens  le  Duc  d'Alençon,  qu'il  avoit 
fait  mettre  en  liberté  cinq  mois  au* 
paravant^ 

Mars,  naiflànce  de  Louis  Duc 
d'Orléans ,  qui  depuis  fut  le  Roi 

Louis  XII, 

B  1  Le- 


14^1, 


u  LES    CMRONIQU  ES' 

tion.  Et  au  regard  de  Tannée  enfuivanc  14^5.  pareillement  que  dît  eft  i 


'  Le  9  Mai  y  Jean  Roid'Arragon  en- 
gage ie  Rouflition  &  la  Cerdaignc 
au  Roi  Louis  XI.  pour  trois  cens 
cinquante  mille  écus  d'or.  Mais 
comme  les  Peuples  »  étoicnt  révol- 
ta contre  leur  Souverain  >  il  fallut 
que  le  Rôi  Louis  XL  employât  la 
la  force  des  armes  pour  s'en  rendre 
maître.  Les  fecoutS'quc  Louis  don- 
na au  Roi  d*Arragon  irritèrent  éga- 
lement René  d^Anjou^,  Roi  de  Sici- 
le, &  Henri  Roi  deCaftille;  Tun  & 
rautrcprétendoient  qu'un  pareil  fe- 
cours  ailoit  contre  leurs  droits.  Voy. 
fes  Preuves  ci-aprèsi  Numéro  Xf^IL 

Blanche,  Reine  de  Navarre^  fem- 
me de  Jean  Roi  d'Arragon>  étant  en 
différend  avec  Henri  Roi  deCaftil- 
le ,  pour  raifon  de  quelques  Placer 
qu'elle  pfétendoit  lui  appartenir  , 
s'en  remit  au  jugement  &  à  l'arbi- 
trage du  Roi  Louis  XL  c^  qui  occa- 
fionna  dan»  la  fuite  une  entrevue 
qui  fe  fit  à  Fontarabie  en^  ^4^3*  en- 
tre Louis  XI.  &HenrideCaftille.  Le 
Roi  Louis  donna  fôn  jugement  en 
f^LWtm  du  Roi  de  Caftiilé*,  fur  quoi 
voyez  les.  Preuves ,  '  Numtro  XXV. 

Louis  XI.  traite  avec  Jean',  Roi 
d'Arraçon.  Louis  envoyé  unearmée 
à  ce  Ptmce  fous  la  conduite  de  Jac- 
ques d'Armagnac,  DUc  de  Nemours, 
tant  pour  foutcnir  le  Roi-  Jean  IL 
contre  fes  Sujets  révoltés,  que  pour 
prendre  poflèllîon  des  Comtés  de 
RoufSUon  £c  de  Cerdaigne ,  cédés 
au  Roi  Louis  par  le  Roi  d'Arragon. 
Voyez  Garibai ,  Hijl,  d^Efp. 

L'an  14^1.  le  Mardi  ij^jour  de 
Juilltt  après  Nones,  vers  le  foir ,  ta 
Roy  ne  {Marguerite  iVAr^ou  )  femme 
du  Roi  d'Angleterre  (  Henri  VI)  fille 
de  René  Roi  de  Sicile ,  arriva  de- 
vers le  Roi  noftre  Sei<?neur  en  cer- 

tt. Ville  dcRouen^  &  fut  moult  ho-  ^  munauté  par  la  Délibération  deiTuf 

dittc: 


ne 
notablement  reçue  par  Meflîeurs  les; 
Gens  du  Roi ,  les  Cionfeillcrs  &  au- 
tres des  vingt-quatre  du  Confeil  de 
cette  Ville  ,  avec  dix  hommes  no-* 
'  tables  de  chacun- quartier ,  lefquels: 
'•  allèrent  à  Tencontre  (  ccjl-à-dire  €t 
la  rencontre  )  d'icelle  Roync  à  che- 
val,  &  la  rencontrèrent  fur  le  che- 
min d'entre  Grammont  &  Sotte— 
!  ville  V  &  k  réception  fut  faiûe  &* 
la  p^olle  portée  en  obtemperanr 
aux  Lettres  &  commandemens  du* 
Roy  noftre  Sire,  par  Germain  Man- 
ciel ,  Ecuycr  ,  Lieutenant  Générât 
de  M.  le  Bailly  de  Rouen ,  parlant 
;  au  dcfcendre  de  fon  cheval  à  ladittcr 
Royne ,  &  fit  la  refponfe  &  regra- 
ciation  pour  ladirte  Royne  M.  l'Ar- 
chevefquc  deNarbonne  ,.M.  MaiC- 
tre  Antoine  Crefpin;  &  fut  prefen- 
té  &  donné  à  icclle  Royne  &  en- 
voyé en  fon  logis ,  qui  fut  en  l'ho-- 
.ftci  du  Lyon-  tfor  ,  devant  l'Eglife 
de  la  Ronde,  chez  Regnaud  de* 
.  Villene ,  Advocat  à  Rouen.    Tiri^ 
(Tun  Réfffire  de  la  Ville  de  Rouen 
communiqué  à  M.  PAbbi  Le  Gramt 
par  M.  Bulreau  ,  folio  203. 

Au  mois  d'Août  i  ^6u  le  Roi  no* 
ftre  Sire  étant  en  la  Ville  de  Rouen,, 
lui  fut  par  notable  Allèmblée  pro- 
mis &  accordé  de  par  la  Commu- 
nauté de  laditte  Ville  de  Rouen,  en* 
fa  première  &  nouvelle  venue  cn^ 
iceile  Ville ,  deux  cens  marcs  de* 
vaiflclle  d'argent ,  qui  lui  fera  fait* 
faire  de  par  ladite  Ville ,  laquelle- 
promefle  Se  accord  ledit  Seigneur 
accepta  &  prit  très-agréablement ,. 
en  remerciant  ceuxquidepar  ladittCr 
Communauté  lui  firent  iceile  pro- 
mefle  Se  accord.  U'Fut  fcmblable-» 
ment  audit  mois  d'Aouft  ledit  Sei-*- 

Seur  cftant  en  cetreditte  Ville  pre^ 
Ké  St  donné  de  par  laditte  Com-*- 


D  tr    ROY    L  O  U  YS    XL 


M 


Smt  y  i  noble  homme  Jehan  de  i  de  Galles ,  Efcuyer  d'Ecurie  du  Rot 
Ktoncefpedon  ,  Efcuyer  ,  Sieur  de  Edouard;  Icelui  Doyen  fift  fa  propo- 
Beauvoir ,  Confeiller  &c  Chambel-    fition  devant;  le  Duc ,  en  di&nt  de 


lan  du  Roi  noftredic  Seigneur  &  Ton 
Baill/  de  Rouen  >  &  très-prouchoin 
dudic  Seigneur,  fit  h2tïaps(ougranJs 
fobelcts ,  )  la  couverture  &  une  ef- 

g lierre  d'argent ,  le  tout  pefant  en- 
mble  vingt-cinq  marcs  trois  onces. 
Tiré  du  minu  Rcffjlrc  de  la  VilU  de 
Rouen  ci-^jfus  allégé* 

En  Tan  ij^6l.  le  Roi  Louis  vint 
tn  Normandie  &  fut  reçu  à  Rouen 
le  plus  pompeufement  de  jamais  *,  & 
fuft  en  plufieurs  Villes  de  laditteDu- 
ché.  Et  le  a^  èiAoufi  audit  an  fuft  au 
Mont  S.  Michel  accompagné  de 
Monfieur ,  Charles  Duc  de  Berry  , 
fon  frère,  du  Prince  de  Navarre,  fils 
de  Monfieur  le  Comte  deFoix  ,  du 
Prince  de  Piémont,  du  fils  de  Mon- 
fieur de  Cakbre,  du  Comte  de  Bol- 
logne  y  du  Comte  de  la  Marche  & 
de  plufieurs  autres  Seigneurs ,  & 
s*en  retourna  dudit  Mont  le  iS^jour 
dudit  mois  d'Aouft ,  &  alla  coucher 
d  Avranches ,  &  donna  &  mit  en  of- 
frande en  l'Autel  de  Mr.  S,.  Michel 
fix  cens  efcas^  Thi  dt  la  continua- 
tion de  Guillaume  de  Nanff^  ,  écrite 
au  Mont  Saint  Michel  y  qui  finit  en 
1468.  dans  la  Bibliothèque  du  Roi 
aux  MSS.  de  Baluie  ,  Numéro  y  y. 
Au  mois  è!Aoufi.  En  icelui  temps 
arriva  une  Ambaââde  de  par  le  Roi 
Edouard  à' Angleterre  devers  le  Duc 
«le  Bourgogne,  dont  le  premier  des 
Ambafiadeurs  eftoit  Mcflire  Jehan 
VenlocK  ,  un  BaroA  d'Anglererre , 
portant  l'ordre  du  Roi ,  &  un  Che- 
valier nommé  Mcflire  Jehan  Clais, 
le  troifiéme  fi  faft  un  moulr  noble 
Clerc  ,  qui  fc  difoit  eftre  Doyen  de 
Bordeaux  ,  &  fuft  celui  qui  propofa 
devant  ledit  Duc  Philippe  de  par  le 
Roi  Edouard  v&  avec  eubc  étoit  un 
notable  Efcuyer  ,  lequel  on  nom- 
moicThomas  .Vagant^natif  dufays 


1^46:;^ 


moult  beaux  mots  &  exquis  à  la  gloi-» 
re  &  exaltation  du  Duc.  Depuis  pat 
le  Duc  &  fon  Confeil  furent  dépu-^ 
tez  pour  aller  devers  lefditS'Ambaf-* 
fadeurs  befoenier  fur  leur  légation 
le  Seigneur  de  Croy ,  le  Seigneur  do 
Chimay  &  le  Seigneur  de  Lannoy  ,> 
comme  ils  firent  &  eurent  plufieurs 
parlemens  enfemble  touchant  la  cho- 
fe  publique  des  deux  Rois  &  R<^au^ 
mes  de  France  &  d'Angleterre ,  &1 
;  finablement  fuft  conclu  que  il  eftoit 
expédient  de  faire  une  bonne  &  feu- 
re  trêve  entre  les  deux  Royaumes  *v 
durant  lefquelles  les  Ambaflàdeur$ 
de  chacune  partie  fe    pourroient 
trouver  enfemble ,  &  fe  comprint  le 
Duc  de  Bourgogne  d'en  avertir  le 
Roidc  France  &îui  fiâre  fovoir,  afiii 
qu'il  envoyaft  fon  Ambalïàdeur , 
ayant  pouvoir  fuflSfant  en  la  Ville  de 
Bniges,  S.  Omer  ou  Lifle,  &  là  fuft 
advifé  &  jour  pris.  Le  Roi  de  Fran- 
ce adverti  jpar  le  Duc  par  Lettres  & 
Meflàigcs  ruft  content  :  &  aiftfi  après 
toutes  ces  chofes  conclu fes»,  Icfdits 
Ambalïàdeurs  prindrent  coîigié  du 
Duc  ,  qui  leur  fift  de  moult  beaux 
dons  &  prefens ,  &  furent  feftoyez 
moult  grandement  du  Duc  ,  qui  y 
eftoit  en  perfonne,  puis  s'en  re^ 
tournèrent  en  Angleterre.  Tire  du 
Manufcrit  6 y  6 z.  delà  Bibliothèque 
du  RoijfoL  163.  La  Lettre duDuc 
de  Bourgogne  ,  cft  du  24*  jour  du 
mois  d'Août,  &  ne  contient  rien 
d'important.  Louis^XI.-n'avoit  pas-, 
lailfé  de  donner  un  fauf-conduitâ 
Thomas  Waghant ,  l'un  de  ces  Am- 
baflàdeurs-,  auffi-bieti  qu'à  trente 
hommes  de  fa  compagnie ,  quoiqu'il! 
regardât  le  Roi  Edoward  comme - 
Ennemi ,  &t  qii'il  fe  déclarât  pou»: 
leRoiHenri.- 
Le  même  mois  d'^o^  de  octte' 
B^  3>  annco^ 


..X. 


14  L  E  S    C  H  R 

^^^^^^^  année  le  Roi  Louis  XL  malgré  les 
1 4(5  z.  propofitions  de  trêves  &  de  paix  ne 
faiua  point  d'avoir  de  grandes  in- 
quiétudes fur  une  defcentc  des  An- 
glois  qui  paroiflbit  fe  devoir  faire 
fur  les  côtes  de  Normandie ,  auffi- 
bien  que  vers  la  Rochelle,  Bordeaux 
&  Bayonne  :  on  en  voit  les  preuves 
dans  quelques  Lettres  rapportée^ 
dans  les  Mémoires  MSS.  de  M.  l'Ab- 
bé Le  Grand.  Ce  Prince  avoir  été  in- 
formé que  I  ^o  vaiflcaux  ou  environ 
étoient  partis  des  ports  d'Angleter- 
re pour ,  fe  rendre  fur  les  cotes  de 
France  :  mais  ce  bruit  fe  diiBpa,  & 
cet  armement  n'eut  aucun  effet , 
comme  on  le  voit  par  une  Lettre  de 
r.  B.  de  Beauveau  du  7*  jour  d'Odo- 
>re  »  qui  fe  trouve  dans  les  mêmes 
Mémoires  de  M»  l'Abbé  Le  Grand. 

Peu  après  ce  temps  retourna  de- 
vers le  Roi  de  France  le  Seigneur  de 
Chimay^que  le  Duc  de  Bourgogne  y 
avoir  envoyé,pour  aulcuns  difterens 
eftans  entre  eux  \  &  le  plus  grand 
s'y  eftoit  que  l'en  4ifoit  que  le  Roi 
vouloit  faire  publier  es  pays  du  Duc 

Î[u'il  nefuft  homme  qui  baillaftcon- 
ort  ne  ayde  au  Roi  Edouard  d'An- 
Îjleterre ,  ce  que  le  Duc  ne  vouloit 
ouffrir  publier  en  fes  pays,  attendu 
qu'il  avoit  treveavec  le  Roi  Edouard 
Se  fe  lui  cftoit  favorable ,  &  fe  vou- 
loit le  Roi  Louis  faire  courre  &  le- 
ver la  Gabelle  du  fel  en  la  Duché  de 
Bourgogne  s  ce  qui  n'y  euft  efté  fait 
grand  temps  devant ,  ce  que  leDuc 
ne  vouloit  auflî  fouffrir  ne  permet- 
tre. Poiu:  icelles  chofes  &  autres  re- 
^  montrer  au  Roi  &  prier  qu'en  fa- 
*  veur  &  pour  l'amour  de  lui  il  s'en 
vouluft  déporter.  Mais  le  Seigneur 
de  Chimay  fut  bien  longuement 
pourfuivant  devers  le  Roi  pour  avoir 
audience  »  &  ne  la  pouvoir  avoir 
îufqu'i  un  jour  qu'il  fuft  diligent 
d'attendre  le  Roiàl'iflucdefacham- 
bf ç  >  Si  t^nt  y  attendit  c|ue  le  Roi 


O  N  I  Q  UBS 

en  ifïït  i  donc  quand  il  vit  le  Sct^ 
gneur  de  Chimay ,  il  lui  dift ,  quel 
homme ,  dift-il>  eft  le  Duc  de  Bour- 
gogne ^  Eft-il  autre  ou  d'autre  métail 
que  ne  font  les  autres  Princes  ôc 
Seigneurs  de  mon  Royaume?  oil. 
Sire ,  refpondit  le  Seigneur  de  Chi- 
mai,  qui  eftoit  homme  hardi  &  cou- 
rageux; le  Duc  de  Bourgogne  voire«> 
ment  eft  autre  &  d'autre  métail  que 
les  autres  Princes  de  votre  Royau- 
me ic  des  Pays  envilon  i  car  il  vous 
ajporté  ic  fouftenu  contre  la  voulen^ 
te  du  Roi  Charles  voftre  père ,  que 
Dieu  abfoille  &  de  tous  autres,  au  f* 
quels  il  en  defplaifoit  s  ce  qu'autre 
Prince  n'euft  voulu ,  ne  ofc  faire.  A 
ces  paroles  fe  teuft  le  Roi  6c  ne  lui 
dit  plus  rien  ,  ains  rentra  en  fa 
chambre  ,  &  ne  parla  oncques  plus 
a  lui.  Aulcuns  difoient  lors,  que 
le  Comte  de  Dunois  avoir  demandé 
comment  il  avoit  ainfi  ofé  parler  au 
Roi ,  &  qu'il  lui  refpondit  :  fe  j'eufle 
efté  chinquante  lieues  arrière ,  &  je 
euflè  penié  que  le  Roi  m'euft  voulu 
dire  ce  qu'il  m'a  dir  de  Monfeii;neur 
mon  Maiftre,  je  fuflè  retourne  pour 
lui  dire  ce  que  je  lui  ai  refpondu. 
Puis  s'en  retourna  faire  fon  rapport 
au  Duc  de  Bourgogne  fon  Seigneur* 
Ti^édu  Manufcrit  6y6z*  delà  Bi-* 
bhotheqm  du  Roi  9  foL  164.  ^^rfo^ 
Le  mime  fait  ejl  aujji  rapporté  par 
Monjlreletfur  tan  1462,  M.  Du^ 
clos  néanmoins  dans  fon  Hijioirt  de 
Louis  XL  le  rapporte  vers  le  milieu 
de  l'an  1463. 

Novembre^  Le  Roi  Louis  envoya 
en  Angleterre  Pierre  de  Brezé,  Grand 
Sénécnal  de  Normandie ,  avec  deux 
mille  combattans ,  pour  y  recondui- 
re Marguerite  d'Anjou ,  femme  de 
Henri  VL  reconnu  Roi  d'Angleterre 
dès  l'an  1415.  auoiqu'en  14(^2.  \% 
Couronne  lui  rut  difputée.  Petite 
Chronique. 

I2f  Novembre.  Lç  Roi  Louis  XL 

cç49 


DU    ROY    LOUYS    XI. 


M 


fie  furvinc  rien  que  doive  cftre  mis  en  grant  mcmoire  :  (i  8)  mais  Thyvcr 
fut  coun  fans  cftre  froid ,  &  fut  l'cfté  long.  Il  crcuft  en  ladite  année  aflez 


14(^5, 


cède  au  Duc  de  Bourgogne  les  droits 
par  lui  acqiiis  de  la  Maifon  de  Saxe 
lur  le  Duché  de  Luxembourg.  Voy. 
les  Preuves ,  Numtro  XXL 

(i  8)  $cri4(^;.  SuppUnunu  UÂu- 
teur  n'a  pas  été  mieux  inftruit  fur 
Van  1 4(>  ^.  que  fur  l'année  précéden- 
te; voici  donc  les  faits  publics  de 
cette  année. 

Au  mois  ai  Avril.  Louis  XL;fe  rend 
à  Andaie  près  de  Fontarabie ,  où  il 
a  une  entrevue  avec  Henri  Roi  de 
Caftille:  mais  Jean,  Roi  d'Arragon, 
qui  devoir  s'y  couver  en  pcrfonne , 
(c  contente  a  v  envoyer  (es  Ambaf- 
fadeurs.  Sur  l'efFct  de  cette  entre- 
vue, voyez  Garibai ,  Hift.  d'Efpagne 
&  Philip,  de  Comines. 

6  Septembre.  Arrêt  de  mort  rcn- 
<lu  par  le  Parlement  de  Paris  contre 
Antoine  de  Chabannes ,  Comte  de 
Dammanin ,  pour  crime  de  leze- 
Majefté ,  mais  la  peine  lui  fut  remi- 
fc  par  le  Roi.  Voy.  Lettres  de  Rabc^ 
luis  j  page  i<^}.  Edit.  de  1710.  &  les 
Preuves  ci-après ,  Numtro  V. 

En  143  5.  le  Roi  Charles  VIL  s'c- 
toit  vu  contraint  pour  terminer  la 
paix  au  Traité  d'Arras ,  de  donner 
au  Duc  de  Bourgogne  Philippe  le 
Bon  les  Villes  de  Boulogne ,  d'Ab- 
beville ,  Amiens ,  Corbie ,  Peronne, 
Saint  Quentin ,  Montdidier ,  pref- 
que  toutes  fîtuées  fur  la  rivière  de 
Somme,  mais  avec  faculté  de  ra- 
chat au  moyen  de  quatre  cens  mille 
écus  d*or  ,  payables  audit  Duc  de 
Bourgogneenuneoudeux  fpis.Louis 
XL  jugea  nécelTàire  pour  le  bien  de 
(on  Royaume  de  rctuer  ces  Villes , 
&  emprunta  de  (t%  Sujets ,  &  même 
des  Consignations  du  Parlement, 
tout  ce  qu'il  pût ,  pour  faire  cette    mife  jus  (  c^Jt-à-dire  rejcttit  ou  abo^ 


de 
lois ,  fils  de  Philippe  Duc  de  Bour- 
gogne en  fut  très-mccontent ,  &  s'en 
pritauxSeigneursdeCroy  &  deChi- 
may  frères ,  qui  gouvernoicnt  fon 
père.  Il  éclata  contre  ces  deux  Sei- 
gneurs  par  im  long  Manifefte ,  rap* 
porté  parMonftrelet  fur  lafin  de  l'aa 
I  jlCj^.  &  dont  on  trouvera  un  abré- 
gé dans  les  Preuves  ci-aprés ,  Nu^ 
mtro  XLL  Sur  le  rachat  des  Vil- 
les de  la  rivière  de  Somme ,  voyez 
dans  les  Preuves,  Numéro  XXIX. 
Olivier  de  la  Marche  en  (ts  Mémoi- 
res convient  que  leTréforierdu  Duc 
de  Bourgogne  reçut  les  quatre  cen5 
mille  écus ,  &  que  ce  qui  picqua  le 
plus  le  Comte  de  Charolois,  fut  que 
Louis  XL  avoit  fait  efperer,qu'inui 
feroit  toucher  à  lui-même  cette  fom- 
me  ,  au  lieu  qu'elle  fut  remife  au 
Duc  de  Bourgogne  fon  perc.  Après 
ce  rembourfement,  le  Roi  qui  ctoic 
à  Abbeville  alloit  voir  fouvent  le 
Duc  Philippe  deBourgogne,qui  étoit 
à  Hedin^ou  Louis  XL  refta  depuis  le 
1 8  Septembre  jufqu'au  1 9  Oftobre. 
C'eft  beaucoup  pour  un  Prince  aufli 
inquiet  que  ce  Roi.  Voyez  \z  petite 
Chronique  ci-après  &  les  Lettres  Pa- 
tentes pour  ce  rembourfement,  qui 
font  du  10  Août  i4(>}.  dans  les  Preu* 
ves.  Numéro  XXIX. 

En  ce  temps  auffi  vint  devers  le 
Roi  Godefroi  Evêque  d'Albi ,,  Car- 
dinal ,  duquel  on  difoit  peu  devant 
que  le  Roi  ne  l'aimoit  guéres  ;  mais 
néanmoins  le  Roi  le  reçut  grande- 
ment. Ce  fut  celui  qui  peu  de  temps 
auparavant  avoit  procuré  tellement 
devers  le  Roi ,  que  la  Pragmatique 
Sanélion  mife  fus  ou  Royaume  de 
France  par  le  Concile  de  Bafic ,  fuc 


fomme,qu*il  fit  délivrer  an  Duc  de 
Bourgogne^  Le  Comte  de  Charo- 


lie  )  du  gré  du  Roi  :  &  que  pour 
avoir  le  confentement  du  Roi  en 


cette 


i4<^J 


î^  LESCHRONI  Q  U  E  S 

<le  vin  ^  aflèz  bon.  Et  au  regardées  autxes  biens  de  la  terre  n*en  fatpa^ 
^raac  abondanjc& 


M 


U 


» 


M 


M 


cette  partie ,  avoïc  promis  au  Roi 
i:ertaines  chofes  dont  il  lui  avoir 
failli.  Ne  fçai  cooiment  il  en  avoit 
appaifé  le  Roi  s  car  il  avoir  promis 
au  Roi  que  le  Pape  envoyeroit  un 
Légat  en  France ,  qui  donneroit  les 
3énéâçes,  afin  que  l'argent  demou- 
raft  en  France  pi  ne  fuft  plus  porté  » 
à  Roipe  ^  mais  quand  le  Pape  fe 
trouva  faifi  de  la  Cbartre  de  celle 
Pragmarique  Santon ,  il  ne  fift  au- . 
rune  force  d'enyoyer  le  Léear  en 
France  :  ains  fift  traifner  laditte 
Çhartr e  parm  i  les  rues  4^  Q^ome  pour 
complaire  au:^  Romains ,  en  falfant  1 
publier  qu  elle  eftoir  abolie  &  mife 
fus.  On  difoit  pour  lors  tout  com- 
munément que  le  Cardinal  d'Albi 
euft  le  reuge  Chapeau  &c  fuft  infti- 
tué  Cardinal  pour  le  mérite  d'avoir 
frouvé  moyen  d'abolir  cette  Prag- 
matique Sandfcion ,  laquelle  à  la  vé- 
rité fuft  nuifante  :lu%  povres  Clercs 
^  aux  povres  Efcoliers  s  car  tant  de 

I)rocez  Se  de  queftipns  fe  faifoient 
ors  à  cauiè  des  Bénéfices,  quec'e- 
ftoit  une  trèsrmerveilleufe  cKofe. 
Les  Riches  avoient  les  Bénéfices  qui 
pouvoient  foutenir  les  dépens  des 
procez.  Se  les  povres  Clercs  les  per- 
doient  par  faute  d'argent ,  ouelque 
nomination  qu'ils  eulïcnt.  liré  du 
MS.  Çj§X-  4<  /^  Bibliothegiu  du 
Roi. 

w  Le  Jeudi  j  Novembre  14^3. 
M.  d'Illiers ,  Evèque  de  Ch^utres, 
alla  par  ordre  du  Roi  à  Donzy , 
vers  M.  le  Comte  de  Nevers ,  lui 
témoigner  que  le  Roi  n'étoit  pas 

V  content  de  fa  conduite ,  ni  de 

V  celle  de  Madame  de  Nevers,  fille 
»  du  Comte  d'Albret  fon  époufe , 
M  par  les  perfuafions  de  laquelle  le- 
•»  dit  de  Nevers  entretenoituneliai- 
$f  fan  étroite  avec  Je  Cotptç  de 


(19)  En 
Charoloîs,  qui  étoit  alors  fort 
mal  avec  fon  père  &c  lui  cedoir  la 
Comté  de  Rethel  »  dont  le  Roi 
étoit  très-mal  content  9  &  de  plu 
de  n'avoir  pas  obéi  aux  ordres 
qu'il  lui  avoir  envoyés  par  le  Bail- 
ly  de  Chartres  de  le  venir  trouver 
il  f  avoit  plus  de  dix  femaines  ; 
d'avoir  auîïî  fait  enlever  Maîrre 
M  Baude  de  Ckaloy  >  Notaire  &c  Séy 
M  cretaire  du  Roi«  &c  tranfporter 
dans  un  Château  »  où  il  le  tenoit 
prifonnier;  que  pour  cet  effet  le 
Roi  avoit  &it  arrêter  Ces  penfions; 

3u'il  n'écoutoit  que  les  confeils 
e  fa  femme ,  du  Cadet  d'Albret 
»  fon  frère  Se  de  Jean  de  la  Rivie*- 
•*  re  y  qu'il  ne  devoir  rien  craindre 
M  du  Comte  d'Eftampes  y  quelque 
*•  ciéAii  qu'il  eût  auprès  du  Roi,  & 
«*  qu'il  eut  à  fe  rendre  à  Neufcha- 
»»  tel  de  Nycourr  à  dix  lieues  de 
»  Rouen ,  oii  il  trouveroir  le  Roi» 
De  quoi  ledit  Comte  a  paru  fur- 
pris  &  a  promis  d'obéir  &  de  par- 
tir le  14  de  Novembre  5  defirant 
en  toutcomplaire  au  Roi^  la  Com^ 
tefle  &  les  autres  en  ont  dit  au-p 
»»  tant.  Tiré  du  MS. 844 i.S.dt  /^ 
Bibliothèque  du  Roi  ^  page  iz.  oùejl 
le  proch'Verbal  de  (*£vequc  dp  Char^ 
très. 
p*  En  ce  temps  (le  49  Novembre 
46  3  •)  trépaâa  de  ce  monde  Dame 

4        *J'A*  /O*  J  *' 


99 


*» 


»      1 


«*  Marie  d'Anjou  (Reine  douairière 
M  de  France ,  veuve,  du  Rcm  Char- 
»  les  VlIJgc  mère  du  ]Roi  Loyslgrf 
1^  régnant»  laquelle  tout  fon  temps 
»  eut  très-bonne  renommée  d'êrre 
M  bonne  Se  dévote  Dame  &  moult 
M  aulmoniere  Se  patiente^  Rris^  du 
Folum  6y6x*  de^  MS^.  Françp^  ^ 
laBibliothequç  du  Roi  ,  fil.  169* 
»  En  ce  rems  auffi  le  Roi  fit  ad- 
»  jgarnej:  jle  Cpmfe.dc  %  Pol  &  Iç 

p  Seigncw 


"»    * 


T. 


1 


D  U    R  O  Y    L  O  U  Y  s    X  r.  Ï7 

f  19)  En  Tan  14^4.  à  un  jour  de  Mardy  1 5.  de  May  le  Roy  vînt  Se  ar* 
tiva  en  Ùl  Ville  de  Paris ,  qui  venoit  de  Nogent  U  Roy  ,  où  illec  la  Revne 
s'eftoic  délivrée  (10)  d*une  belle  allé.  Et  ce  jour  il  (ouppa  en  Thoftel  de 
Maiftre  Charles  d'Orgemont  Seigneur  de  Mery  j  6c  puis  s'en  partit  audit 
mois  de  May  de  ladite  Ville  de  Paris,  pour  aler  è$  marches  de  Picardie  » 
cuidant  illec  trouver  les  Ambaflàdes  du  Roy  Edoiiart  d*j4ngUurrc  »  que 
on  lui  avoit  dit  qu'ils  y  dévoient  venir  par  devers  luy ,  qui  n*y  vinrent 
poin^.  Et  à  cette  caufe  s'en  partit  dudit  pays  dcPicardic  de  scaslziRoUcn 
ôc  autres  lieux  de  Normandie,  (ii) 

Avint  que  un  Balenier  (  11  )  fut  pris  fur  pier  es  marches  de  Hollande  , 

,  dedans 


14^4» 


••  Seigneur  de  Genlis  à  comparoir 
a*  pardevant  lui  9  ou  qu'ils  ruflènt 
t*  en  leurs  perfonnes ,  &  difoit- 
M  on  communément  que  la  cau- 
»  fe  étoit  pour  ce  que  le  Seigneur 
9»  de  Genlis  étoit  noté  d'avou:  été 
»  devers  le  Duc  de  Bretagne ,  pour 
»  faire  aucunes  alliances  entre  le 
•>  Duc  &  le  Comte  de  Charolois , 
«>  afin  de  réHfter  contre  le  Roi,  qui 
^  les  avoir  tous  deux  en  fa  maie 
«  grace>  comme  peut  apparoir,  par- 
w  ce  que  le  Duc  de  Bretagne  avoit 
•*  fes  Places  fortifiées  &  (on  armée 
•»  prèteenfon  pays  pour  foi  deffen- 
w  dre  ,  fe  le  Roi  le  vouloir  grever 
»  ou  envahir.  On  difoit  auffi  que  le 
M  Duc  de  Bourbon  &c  aulcuns  au- 
»  très  Princes  de  France  étoient  de 
»  cette  alliance  contre  le  Roi,  pour 
M  les  tors  &  eftraneetez  que  le  Roi 
•»  leur  faifoit  en  plufieurs  8c  diver- 
^  fes  manières.  Tiré  du  même  Ma^ 
pufcrie  ci-deJluSf  Numéro  6y6z. 

(19)  0Cr  I4(?4«  Supplément.  Axx 
mois  de  Février.  Le  Roi  fe  rend  à 
Tournai ,  Ville  qui  de  tout  temps 
dvoit  été  de  la  domination  de  Fran- 
ce ,  &  delà  il  fe  retire  â  Arras & 
cnfuite  à  Lille.  Voyez  Monfirelet , 
Meyer  SchpeMeCkroniqueci'Zprès. 
Cependant  M.  Godcfroy  prétend  , 
contre  le  témoignage  de  ces  trois 
Auteurs  contempordins,quelevoya- 
ge  de  Louis  XI.  i  Lille  eft  fon  m- 
certain.  C'eft  dans  une  note  fur  la 
|)et^te  Chronique  ci -après  à  l'an 
Tome  Uf 


14(^3  •  ou  ^4.  ftyle  nouveau. 

Du  11*  Mars.  Traité  d'alliance 
entre  François  Duc  de  Bretagne  Se 
Charles  Comte  de  Charolois  conda 
à  Nantes,  Num.  XL.  des  Preuves. 

Avril.  Le  Roi  mande  le  Prince 
Philippe  de  Savoie,  &  l'envoyé  pri- 
fonnier  à  Loches  ^  où  il  refte  cinq 
ans ,  de  l'aveu ,  dit  *  on  ,  de  fon 

f^ere.  Matthieu ,  Hift.  de  Louis  XL 
iv.  1.  n.  n.YoytzlzpuiteChroniq^ 

ci-aprèsr 

(10)  §7  Madame ,  Jeamie  de  France  » 
oui  a  époufé  depuis  le  Roi  Louis  XIL  Oa 
sy  prit  de  très-bonne  heare,  pour  ma** 
rier  cette  PrincefTe  avec  Louis  d'Orléans, 
depuis  Roi  de  France,  foos  le  nom  de 
Louis  XIL  Ce  IMnce  naquit  en  Mars  1461» 
&  la  Frinceflc  le . .  «  Mai  14^4.  &  les  Pro« 
mefles  de  leur  mariage  font  du  19  Mai  de 
la  même  année  ;  ainfi  ce  mariage  fut  una 
affaire  projettée  depuis  long-remps, 

(11)  ^T*  1454.  Supplément.  Le 
Samedi  1  ;  Juin.  Le  Roi  arrive  à  He-« 
din,où  étoit  alors  le  Duc  de  Bourgo- 
gne ,  &  en  partit  le  1 5  après  dîner.  Il 
y  retourna  le  1  Juillet,  &  y  reftajuf^ 
qu'au  9,  d'où  il  va  à  Abbeville  Se  de 
fuite  à  Rouen. 

Le  1 5  /«i//e/.La  Reine  avec  laPrin- 

cefle  de  Piedmont  &  Mademoifelle 

de  Savoie  vont  vifîtcr  le  Duc  de 

Bourgogne  à  Hedin»  Petite  Chro^ 

nique. 

(ti)  §Cr  Bslenitr ,  Vaiflcau  qui  va  à 
la  p^che  de  la  Baleine  ,  ou  piutôt  un  Vai(^ 
feau  de  Pécheur.  Voyez  ce  oui  fe  trouve 
fur  le  Baflard  de  Rubempré  dans  Içs  Prei;^ 
ves  I  Humerp  XJÇXlV. 


1^6^. 


1^  LES    CHRONIQUES 

dedans  lequel  eftoit  avecques  autres  un  nommé  le  Baftard  de  Ruhcm^ 
pré{ii)  lequel  Balenier  &  ceux  qui  dedans  eftoienc  furent  pris  tous  pri- 
fonniers  par  les  navires  de  Flandres.  Et  après  ladite  prife  faite  plufleurs 
Picards  &  F/amans  difoient  &  publioient,que  dedans  iceluy  le  Roy  les 
avoit  envoyez  pour  prendre  prifonnier  Monfeigneur  de  Charrolois  , 
dont  il  n'eftoitrien.  (24) 

En  ce  temps  le  Roy  qui  eftoit  en  Normandie  y  s*en  partit  pour  retour* 
ner  audit  lieu  de  (  15  )  Nagent.  Et  puis  de-U  s'en  ala  à  Tours  >  Chinon  , 
&  de-U  à  PoiSiers.  Auquel  lieu  de  PoiSiers  ala  &  fut  par  devers  luy  une 
Ambaflàde  de  Paris ,  luy  requérir  aucunes  franchifcs  pour  ladite  Ville  > 
dont  riens  ou  que  peu  ne  leur  accorda ,  finon  que  Timpo/îtion  foraine 
n  auroit  plus  de  cours  en  ladite  Ville ,  qui  n'eftoit  pas  grand  chofe  r 
mais  ils  n'en  jouyrent  point  nonobftant  leurdit  don ,  pource  que  les  gens 
des  Comptes  à  qui  leurs  lettres  s'adreflbient ,  ne  leur  voulurent  bailler 

d'icellcs 
Louis  XL  fe  fortifie  de  l'alliance 
des  Princes  étrangers ,  &  remet  à 
François  Sforce  Duc  de  Milan  le 
Château  de  Gennes  Se  la  Ville  de  Sa- 
vonne* L'un  &  l'autre  étoient  alors 
poflfèdez  par  le  Roi  de  France ,  d'où 
ils  paflerent  entre  les  mains  des 
Ducs  de  Milan  y  qui  les  occupèrent 
jufqu'en  1478. 

$Cr  14(^4*  Supplément.  Au  mois 
de  Novembre  le  Roi  fait  venir  vers 
lui  à  Rouen  les  Députez  de  Tour- 
nai &  des  Villes  de  la  rivière  de 
Somme  dégagées  des  mains  du  Duc 
de  Bourgogne.  Voyez  h  petite  Chro^ 
nique. 

Le  Roi  fait  reprendre  la  Ville  Se 
Château  de  Crevecoeur  lez  Cam- 
brav ,  qu'il  avoit  néanmoins  don- 
né a  Antoine  Bâtard  de  Bourgogne» 
Petite  Chronique.. 

14^4.  A  Janvier  (  ancien  ftyle  ) 
mort  de  Charles  Duc  d'Orléans ,  pè- 
re de  Louis  XIL  étant  âgé  de  70  ans« 
Petite  Chronique. 

(25)  $Ct  supplément.  Mais  avant 
le  voyage  de  Nogent ,  le  Roi  s'étoit 
rendu  a  Novion  dans  la  Forêt  de 
Crecy  en  Ponthieu,  félon  Iz  petite 


(13)  Voyez  les  Mémoires  de  Comincs» 
Liv.  I*  cbap.  z. 

(14)  $Cr  1 4(^4.  SuppUment.  A  la  fin 
du  mois  de  Septembre  le  Bâtard  de 
Rubempré  fut  arrêté  prifonnier  par 
ordre  du  Comte  de  Charolois  »  qui 
fur  le  champ  en  donne  avis  au  Duc 
de  Bourgogne  fon  père ,  qui  étoit 
alors  à  Hedin ,  &  c^ui  en  partit  le  7 
Odobre  aflèz  précipitamment,  pour 
fe  retirer  à  Lille ,  ou  il  arriva  le  1 1 , 
fans  même  en  avertir  le  Roi  Louis 
XL  qui  étoit  à  Novion  ,  environ  à 
fix  lieues  de  Hedin,  Le  Roi  crut  de- 
voir envoyer  une  Ambaflàde  vers  le 
Duc  de  Bourgogne  ;  mais  Morvil- 
lier ,  Chancelier  qui  porta  la  paro- 
le, le  fît  avec  fî  peu  de  ménagement 
qu'il  jetta  l'aigreur  dans  Telprit  de 
Philippe  de  Bourgogne  &  anima  le 
Comte  de  Charolois  contre  le  Roi. 
Voy.  les  Preuves ,  Num.  XXXI IL 
Se  Monftrelet*  C'eft  â  cette  funefte 
Ambaflàde  que  Philippe  de  Comines 
commence  (es  Mémoires.  C'eft  de- 
là qu'il  faut  datter  l'origine  de  la 
Guerre  du  biin  public  ,  qui  n'é- 
clata néanmoins  que  l'année  fuivan- 
te ,  dont  l'objet  principal  étoit  d'o- 
bliger Louis  XL  a  changer  de  con-  {  Chronique  ,  &  il  y  étoit  au  mois  de 


duitc  à  l'égard  des  Seigneurs.  Le 
Duc  de  Berri  frère  du  Roi  fe  décla- 
ra le  Chef  de  cette  Ligue* 


Septembre  >  lorfque  le  Baftatd  de 
Rubempré  frit  arrêté ,  &  lorfque  le 
Duc  de  Bourgogne  fe  retira» 


DUROYLOUYSXI.  19 

ficelles  kur  cxpcdition.  Et  auffi  furent  devers  le  Roy  audit  lieu  de  Poi-  , 
Sicrs  les  Ambaflàdeurs  du  Duc  de  Bretagne,  qui  par  îuy  furent  oys  fur  ^  '^' 
aucuns  articles  qu'ils  lui  expofèrent  touchant  le  fait  du  Roy  &  dudit  Duc. 
Lefquels  anicles  ou  la  plulpan  d'iceux  furent  par  le  Roy  accordez ,  fie 
en  iceux  articles  accordant ,  lefdits  Ambaflàdeurs  promirent  de  faire  ve-> 
^ir  ledit  Duc  de  Bretagne  audit  PoiSiers  ou  ailleurs ,  pour  confirmer 
iceux  articles  accordez.  £t  à  tant  fe  départirent  dudit  lieu  de  PoiSiers 
lefdits  Ambaflàdeurs ,  faignans  eux  retourner  audit  pays  de  Bretagne  : 
mais  ils  firent  tout  le  contraire  »  comme  ci-après  fera  dit  :  car  ils  parti- 
rent dudit  PoiSiers  un  jour  de  Samedy ,  fie  ce  jour  ne  firent  que  quatre 
lieues ,  ic  illec  demeurèrent  jufques  au  Lundy  enfuivant ,  que  Monfieur 
le  Duc  de  Berry  frère  du  Roy  s*en  partit  auffi  dudit  lieu  de  PoiSiers^ 
&  vint  jufques  aufdits  Ambaflàdeurs,qui  le  recueillirent  fi^  l'en  emmenè- 
rent audit  pays  de  Bretagne  à  bien  grand  hafte  6c  diligence ,  pour  peur 
oue  le  Roy  n'en  euft  nouvelles  fie  qu'ils  fuflent  fuivis.  Et  défia  eftoit  au- 
dit pays  aie  par  devers  iceluy  Duc  Monfeigneur  le  Comte  de  Dunoys. 
£t  u  s'enalerent  audit  pays  de  Bretagne  après  ledit  partement  aucuns  par* 
ciculierspar  devers  mondit  Seigneur  de  Berry. 

(  i(>  j  Toft  après  ledit  partement  ainfi  fait  que  dit  eft ,  Monfeigneur  le 
i  Duc  de  Durban  porta  guerre  au  Roy  fie  à  fes  pays ,  fie  prit  toutes  les  fi- 
nances qui  eftoient  au  Roy  eftans  en  ce  pays,  fie  fi  y  fui  prendre  ic  ar« 
refter  le  Seigneur  de  Crural ,  qui  eftoit  rort  familier  du  Roy.  Et  lequel 
Seigneur  de  Crujfoi  "patCoii  lors  par  les  pays  de  mondit  Seigneur  de  Boun- 
bon  y  menant  avec  loy  fa  femme  fie  pluueurs  de  fes  biens ,  tous  lefquels 
furent  en  arreft  en  la  Ville  de  Cofru  en  Bourbonnois. 

Après  les  chofes  deffiifdites  furent  auffi  arreftez  prifonniers  en  la  Ville 
de  Molins,  le  Seigneur  de  (17  )  TV^y/^e/ paravant  Chancelier  de  France^ 
&  maiftre  (  18  )  Pierre  DorioÛe  General  des  finances  du  Roy ,  lefquels 
furent  longuement  détenus  en  arreft  en  ladite  Ville  de  Afolins.  Et  puis 
après  par  mondit  Seigneur  le  Duc  furent  délivrez  >  fie  s'en  retournèrent 
par  devers  le  Roy. 

Le  Dimanche  11.  Mars  14^4.  après  ledit  partement  de  Mon(eigneur 
de  Berry  dudit  lieu  de  PoiSiers  ^  Anthoine  de  Chabannes  (  19  )  Comte  de 
Dampmartiny  qui  eftoit  conftitue  prifonnier  en  la  Baftille  fainâ  Anthoi- 
ne s'en  partit  fie  efirhappa  dudit  heu  fie  s'en  ala  en  Berry  >  fie  en  Bour^^ 
bonnois  :  où  illec  il  fut  recueilly  par  les  gens  de  mefdits  Seigneurs  de 
Bourbon  Se  Berry.  Et  pour  occafion  dudit  efchapement  en  furent  plur 
£eurs  conftituez  prifonniers. 

Le  Mercredy  enfuivant  1 5.  (  50)  du  mois ,  Meffire  Charles  de  Meletin 

Lieutenant 

(17)  Guillaume  Jouvenel  des  Urfins. 

(iS)  Depuis  Chancelier. 

(»9)  fier  Sur  Antoine  de  Chabannes , 

Comte  &  Dammartin  ,  voyez  la  Préface 

générale  &  les  Preuves ,  iiumero  IV.  é*  V. 

(30)  ^3^  Supplément.  Lt  Duc  de 

Berry  écrit  au  Duc  de  Bourgogne  le 

i  5  Mars  1 4(^4.  (  ftyle  ancien  )  To* 

1  me  III.  dcMonJireiet(uïccztQ  anncc« 

C  X 


(16)  ^Supplément.  Le  li  Dé- 
cembre le  tint  une  Aflemblce  des 
l^otables  à  Tours  contre  le  Duc  de 
Bretagne.  Hiji.  de  Bretagne  par  Lo^ 
bineau  f  Tome  JI,  colonne  îzyo» 

14(95.  C*eft  au  mois  de  Marsï\y\t 
le  Duc  de  Berry,  frère  du  Roi ,  le 
quitte  ^  fe  recire  en  Bretagne» 


ao  LES    CHRONIQUES 

Lieutenant  du  Roy  »  Maiftre  Jehan  Balue  eflcu  Evcfqut  JCEvrtux  >  9c 
^\^^*  Maiftre  Jehan  le  Prtvoft  Notaire  &  Sceretaire  du  Roy ,  vinrent  &  arri- 
vèrent à  Paris  en  i'hoftel  de  la  Ville,  où  illec  fut  faite  leâure  d'aucuns 
articles ,  dont  le  Roy  leur  avoir  baillé  charge»  Et  après  ladite  leâure  ainfi 
faite ,  furent  faites  en  Thoftel  de  ladite  Vflle  pluueurs  belles  Ordonnan-^ 
ces  pour  la  tuition  j  garde  de  feureté  d*iceUe  Ville  >  comme  de  faire  guet 
&  cle  garder  les  portes  d'icelle ,  &  les  autres  fermer  &  murer  :  &  mettre 
les  chefnes  de  (et  des  rues  de  ladite  Ville  en  eftat  »  pour  fervir  quant 
meftier  en  feroit ,  &  pluiieurs  autres  qui  longues  feroient  i  efcrire ,  que 
le  paflècy  pour  caufe  debriefveté.  (31) 

En  ce  temps  furent  pris  par  inventaire  Se  mis  en  ta  main  du  Roy,  tous 
ic  chacuns  les  biens  de  Pierre  Morin  trouvez  &  eftans  à  Paris ,  pource 
que  ledk  Morin ,  qui  eftoit.Treforier  de  Monfieur  de  Berry  j  tcnoit  pour 
ledit  Seigneur  contre  le  Roy ,  la  ville  &  tour  de  Bourges ,  &  à  cette 
caufe  le  Roy  donna  l'office  de  Huiffier  du  Threfor  >  qui  eftoit  audit  M<h 
rin  y  à  un  nommé  Jacques  Tcfieclere, 

'  Après  le  partement  duAit  Dammaran  ,  if  trouva  façon  8c  moyen  de 
prendre  Se  avoir  fur  Geoffroy  Cucur,  fils  de  feu  Jacques  Cueur,  les  places* 
îicJainS  Fargeau  ùfaincl  Mortcc ,  (  5  2  )  où  il  prit  ledit  Geoffroy  à  fon  pri* 
fonnier ,  Se  avec  auffi  prit  tous  les  biens  qu'il  avoit  efdits  lieux. 

Après  ces  chofes  le  Roy  s^en  tire  devers  Angers  Se  le  Pont  de  Ce  ,  pour 
fçavoir  le  vouloir  de  ceux  qui  ainfi  s'eftoient  mauvaifement  de  luy  de^ 
partis  &  alez  audit  pays  de  Bretagne.  Et  avoit  le  Roy  avec  luypour  l'ac*^ 
compagner ,  le  Roy  dfe  CecilU  Se  Monfeigneur  du  Maine.  Et  fi  le  fuivi^ 
rent  plufîeurs  gens  de  ^erre  de  fon  Royaume  >  &:  en  grand  nombre  y 
qu'on  eftimoit  eftre  de  vmgt  à  trente  mil  combatans.  Et  après  que  le  Roy 
eut  ainfî  efté  illec  une  efpace  de  temps ,  voyant  qu'il  n'y  faifoit  gueres 
s'en  ala  &  tira  au  pays  de  Berry  vers  YJfoudun  ^  Flarron  y  le  bourg  de 
Dreux  y  Se  autres  places^  environ  ,  &  mena  avec  luy  grand  quantité  de 
Tes  gens  de  guerre  Se  de  fon  artillerie ,  Se  kiflà  lefdirs  Roy  de  CecilU  Se 
Seigneur  du  Maine  bien  accompagnez  de  gens  de  guerre ,  pour  garder 
&  deffendreque  lefditsde^ren^f^f^  n'entraflènt  en  Normandie  ne  en  au«* 
très  lieux  de  ce  Royaume  y  pour  le  dommager.  (  3  ;  ) 

Quant  le  Roy  fut  ainfi  venu  audit  païs  de  Berry  y  il  fejourna  illec  un 

peit 
Lannoy  y  pour  faire  alliance  avce  le 


(}j)0Cr  i^6^.lA2ais.Supplément. 
Ce  fut  au  commencement  de  cette 
année  qu'éclata  la  guerre  du  Bien 
£i^//V»  Déclaration  de  Louis  XL  aux 
Preuves ,  Numéro  XXXVIL 

Philippe  Duc  de  Bourgogne  tom- 
be malacle,  &  le  Comte  de  Charo- 
fois  fon  fils  écrit  aux  Villes  des  pays 
du  Duc  une  Lettre  du  21  Mars  con- 
tre les  Seigneurs  de  Croy,  imprimée 
au  T.  III.  de  MonRrdet.  an  1464. 

Sur  la  fin  de  mars  y  Louis  XL  en- 
voyé en  Angleterre  le  Seigneur  de 


Roi  Edouard»  Petite  Chronique* 

(51}  Cela  donna  liea  à  de  grands  procès 
encre  eux ,  (tir  quoi  on  peut  voÂr  THiftoî» 
re  du  Roi  Charles  VIL  pag.  859.  &  %6i^ 
&  les  Lettres  de  Rabdais,  pag.  1 6 1.  &  1^4.. 
de  l'Edition  de  17 10. 

(jî)  Ô^  I4^S*  Supplément.  Le 
14  Avril  y  jour  de  Pâques,  le  Duc 
de  Botirçognc  donne  au  Comte  de 
Charolois  fon  fils  le  Commande- 
ment de  Tarmée,  qull  avoit  levée 
pour  fecourir  le  Duc  de  Berry,  fre- 
re  du  Roi»  Petue  Chronique. 

(54) 


DUROYLOUYSXL  ii 

Eïu  de  temps ,  &  puis  s'en  partit  pour  aler  au  pzis  de  Bourbonnoîs  ,  &   7 — 
iflk  la  Ville  A^  Bourges  fans  y  aler ,  pgurce  qu'il  y  avoit  grand  ^arnifon     ^  4    4* 
dedans  ladite  Ville,  dont  eftoit  condudleur  &  Capitaine  Monfeigneur  le 
Baftard  de  Bourbon  pour  mondit  Seigneur  de  Berry ,  &  vint  entrer  audit 
païs  de  Bourbonnois ,  où  illec  environ  le  jour  de  l'Afcenfion  Noftre  Sei- 

Sneur ,  la  Ville  &  Chaftel  àç^fainB  Amant  Lalitr  fut  prife  d'aflàut ,  &  peu 
e  temps  après  luy  fut  rendue  la  Ville  &  C  haftel  AzMonluçon  par  compo- 
£cion ,  dedans  laquelle  eftoient  Jaques  de  Bourbon  &  trente  -  cinq  lan- 
ces, qui  s'en  alerent  eux  &  leurs  biens  faufs ,  &  jurèrent  que  jamais  ne 
s'armeroient  contre  le  Roy.  .  ^^^^ 

La  veille  dudit  jour  d'Afcenfion  Noftre  Seigneur  arrivèrent  à  Paris  ^^™"*' 
Monfeigneur  le  Chancelier  Trainely  Maiftre  Eftienne  Chevalier^  Nicolas  *  4  ^  S» 
de  Louvurs  ,  Maiftre  Jehan  de  MoUns  :  par  lefquels  le  Roy  efcrivoit  i 
Tes  bons  bourgeois ,  manans  &  habitàns  de  Paris  ,  en  les  merciant  de 
leurs  bons  vouloirs  6c  loyautez,  en  les  priant  &  enhortant  de  bien  en 
mieux  continuer.  Et  par  iceux  leur  mandoit  qu'il  leur  envôyeroit  laRoync 
pour  accoucher  à  Paris ,  comme  à  Ville  du  monde  que  plus  il  ai- 
moit.  (34) 

Le  Jeudy  pénultième  jour  de  May  l'an  14^5.  avint  ^ue  i  un  moulin 
qui  eft  par-delà  Moree  en  Gajiinois  ,  nommé  le  moulin  badet ,  en  une 
hoftellerie  illec  eftant  fe  vinrent  loger  Jehan  de  la  Hure  marchant  de  la 
Ville  de  Sens  ^  un  fien  neveu  &  autres  en  fa  compagnie ,  &  en  ladite 
hoftellerie  environ  minuit  vinrent  trente  à  quarante  nommes  à  cheval 
cous  en  armes ,  qui  eftoient  venus  defdits  lieux  de  JainS  Morice  6c 
fainS  Forgeau  9  qui  emmenèrent  prifonniers  efdits  lieux  iefdits  Izffurc 
&  ceux  de  fadite  compagnie ,  enfemble  tous  leurs  biens  &  bagues ,  & 
audit  temps  le  Roy  ordonna  de  rompre  &  abbattre  les  ponts  de  Chamois^ 
Se  Beaumont  fur  Oife ,  Se  autres. 

Le  Jeudy  6.  Juin  1^6$.  avint  à  Paris  en  la  rue  fainâ  Denis  devant  la 
barbe  d'or  ,  que  un  ancien  homme  Bonnetier  nommé  Jehan  Marceau  ,  fe 
pendit  &  eftrangla  en  fa  maifon,  &  fut  le  corps  trouvé  mort.  Si  fut  def- 

}>endu  &  apporté  au  Chaftellet  de  Paris  ,  pour  eftre  illec  vifîté ,  &  après 
adite  viHtation  faite  fut  envoyé  &  porté  pendre  ledit  cotps  au  gibet  de 
Paris.  Et  en  ce  même  jour  y  eut  un  laboureur  demeurant  à  Clignencourt 
jiommé  Jehan  Petit ,  qui  couppa  la  gorge  à  fa  femme. 

En  ce  temps  le  Baftard  de  Bourgogne  &  le  Marefchal  de  Bourgogne  (3  j) 
accompagnez  de  grand  quantité  de  gens  de  guerre  de  la  compagnie  du- 
dit Monfeigneur  de  Charrolois  ,  commencèrent  à  courir  fus  aux  Villes 
&  fujeâs  du  Roy  par  port  d'armes  ,  &  vinrent  prendre  fur  le  Roy 
Roye  Se  MontJidier.  Et  lors  Monfeigneur  le  Comte  de  Nevers  Se  Joachin  • 
Rouault  Marefchal  de  France  y  Se  eftans  pour  le  Roy  dedans  la  Ville  de 
Peronne  a  tout  bien  quatre  mil  combatans ,  fe  retraverent  à  Noyon  Se  à 
Compicgne  ,  &  laiflerent  afudit  lieu  de  Per  nne  pour  la  garde  d'icelle  des 
il^Iobles  de  France  y  Se  cinq  cens  francs  Archers» 

Le 


(34)  §Cr  14(^5.  Supplément.  Le 
25  Mai  le  Comte  de  Charolois  fe 
jend  avec  fon  armée  à  Fontaine-Âu- 


pire ,  &  continue  fa  marche  vers  la 
Picardie.  Petite  Chronique. 
(35)  Thibaut  de  NeufchaceL 

C  3  (5S) 


11  LES    CHRONIQUES 

^  Le  Dimanche  1 1  •  Juin  fut  faite  à  Paris  une  moult  belle  &  notule  pro* 

ï  4  ^  )  •  ceûion  générale ,  où  furent  portées  moult  de  faindes  reliques ,  &  en- 
tre autres  fainâ^s  chofes  furent  ponées  les  chades  de  Madame  fainâe 
Genevicfvc  &  faindt  Marceh  Et  par  belle  ordonnance  vinrent  en  la  grand 
Eglife  de  Paris ,  où  illec  fut  cnantée  une  haute  MelTe  de  noftre  Dame, 
Et  illec  prefcha  au  peuple  Maiftre  .•,...  de  Lolive  Docteur  en  Théolo- 
gie ,  qui  déclara  que  ladite  afièmblée  &  congrégation  fe  faifoit  pour  la 
lanté  &  bonne  profperité  du  Roy  ,  &  auifi  de  la  Royne  &  du  fruiâ  qui 
eftoit  autour  d'elle  >  (  j  (^  )  &  pour  la  paix  &c  bonne  union  eftre  mife  en- 
tre le  Roy  &  les  Princes ,  &  pour  les  biens  de  terre. 

Audit  temps  le  Roy  eftant  en  Bourbonnais  s'en  tira  ifainct  Pourfain  , 
auquel  lieu  Madame  la  Duchefle  de  Bourbonnois  te  d'^uvergru  fa  foeuc 
$'en  ala  pour  parler  à  luy  ,  comme  defplaifante  du  difcord  qu'elle  voyoit 
cftre  entre  le  Roy  fon  frère  &  Monfcigneur  de  Bourbon  Ion  mary.  Et 
pour  y  cuider  trouver  bon  moyen  ce  qui  ne  fe  pût  faire  lors  ,  &  cepcn* 
dant  ledit  Monfeigneur  le  Duc  vuida  hors  de  Moulins  y  6c  s'en  ala  à 
Rlon. 

Audit  temps  fut  ordonne  en  l'hoftel  de  la  Ville  de  Paris ,  que  les  por- 
tes de  fainft  Martin ,  Montmartre ,  le  Temple ,  fainft  Germain  Defprez , 
fainft  Vié^or  &  fainâ  Michel ,  fçroient  toutes  murées ,  ^  qu'on  reroit 
guet  de  nuit  dedus  les  murs  d'icclle  Ville, 

Audit  temps  fut  envoyé  mettre  le  fiege  devant  fainS  Moricc ,  tenu  & 
occupé  par  l'adveu  dudit  Comte  de  Dammanin.  A  tenir  lequel  (iege  y 
cftoit  le  Bailly  de  Sens^  nommé  Meflire  Charles  de  Meleun  ,  &  pluneurs 
•  gens  de  commune  avec  luy.  Et  encores  y  fut  de  rechef  envoyé  Aruhoinc 
fiailly  êitMeUuny<\m  y  mena  avec  luy  aucuns  Archers  &c  Arbaleftriers  du* 
dit  lieu  de  Paris  ,  &  tantoft  après  aue  ledit  de  MtUun  &c  iccux  Archers 
^  Arbaleftriers  furent  ainii  arrivez  devant  ladite  place  ^  ceux  dudit  fainS 
Moriu  fe  rendirent  par  compoHtion  ,  &  baillèrent  ladite  place. 

Audit  temps  auili  avint  que  un  nommé  maiftre  Louys  de  TillUrs ,  No^ 
<aîre  &  Scretaire  du  Roy  &  Treforier  de  Carcaffonnc  &  Grenetier  de 
Selles  en  Berry  ,  qui  eftoit  ferviteur  de  MeflSre  Anthoine  de  Chafteauneuf 
Seigneur  de  Lau ,  fut  tué  par  malle  fortune  d'un  Archer  qui  euà^oit  un 
arc,  duquel  il  tiroir  une  fleiche  contre  un  huys  qui  eftoit  devant  lui ,  que 
à  l'heure  ledit  maiftre  Louj^s  ouvroit ,  &  lui  vint  paflèr  la  flefche  tout  au 
travers  du  corps,  &  incontinent  s'en  ala  ieder  demis  une  couchette  eftant 
en  la  chambre  t  dedus  laquelle  il  rendit  Tame  à  Dieu  incontinent  après. 

Le  jour  fainâ  Jehan  Baptifte  14.  Juin,  aucuns  qui  fe  baignoientaleurs 
plaifanccs  en  la  rivière  de  Seine  par  malle  fortune  fe  noyèrent ,  &  pour 
caufe  de  ce ,  fut  crié  par  les  carrefours  de  Paris  ,  que  de-là  en  avant  nul 
ne  fuft  fi  hardy  de  foi  aler  plus  baigner  en  ladite  rivière ,  &  que  chacun 
tint  de  jour  devant  fon  huys  un  leau  d'eauc ,  fur  peine  de  prifon  &  do 
foixante  foh  parifis  d'amende. 

Le  lendemain  25.  Juin  ,  fut  ordonné  en  ladite  Ville  de  Paris  que  tou» 
ces  les  chefnes  des  rues  de  ladite  Ville  feroient  abatucs  &  lai(fêes  gefir  fur 

terre , 

()  â)  On  ne  croit  point  qu  çile  fut  gro0e ,  au  moins  oa  nç  voit  point  qa*cllç  fpit  a^ 


DUROYLOUYSXI.  23 

terre  >  es  lieux  où  elles  font  ordonnées ,  pour  eftre  toutes  preftes»  &  re-  ^ 
garder ,  où  il  y  auroit  faute  pour  les  amender  &  y  pourvoir  à  les  trouver  ^^  ^ 
toutes  preftes  quant  befoin  en  feroit:  ce  qui  fut  rait.  Et  il  fut  auifi  or« 
donné  Ôc  enjoint  à  un  chacun  de  ladite  Ville  qu'ils  fe  arma(Iènt ,  de  euf- 
fent  provifîon  d'armeures  chacun  félon  fon  eftat,  pour  la  garde  de  ladite 
Ville  >  &c  pour  eftre  tous  prefts  quant  meftier  en  feroit.  Et  ce  par  ceduUcs 
envoyées  de  par  ladite  Ville  à  un  chacun  particulier. 

Audit  temps  tous  Bourguignons ,  Picards,  Se  autres  nations  de  Tobeif^ 
fance  &  fous  la  conduire  dudit  Monfeigneur  de  Charrolois  >  marchèrent 
tant  en  France  qu'ils  vinrent  &  arrivèrent  jufques  à  Pont  fainctt  Mai^ 
xance  ,  qu'ils  trouvèrent  moyen  d'avoir ,  &  que  un  nommé  Madré  qui 
en  eftoit  Capitaine  pour  maiftre  Pierre  L*orfevreSci^ntm DermenonvillCf 
leur  bailla  par  compofition  &  argent  qu'il  en  prit  dudit  Seigneur  de 
Charrolois.  Et  à  cène  caufe  vinrent  &  payèrent  parmi  Tlfle  de  France, 
qui  par  les  deflfufdits  fut  fort  dommagée:  nonobftant  qu'ils  difoient  par- 
tout où  ils  padbient,  qu'ils  venoient  pour  affranchir  le  païs  de  France,  Se 
pour  le  bien  public. 

Incontinent  après  ledit  paflàge  fait  audit  Pont  fainSc  Maixance,  lef* 
dits  Bourguignons  eurent  la  place  de  Beauiieu,qm  longuement  avoit  efté 
tenue  contre  iceux  Bourguignons  par  aucuns  de  la  charge  Se  compagnie 
de  Jouachin  Rouault,  qui  s'en  alerent  par  compofition  eux  Se  leurs  biens 
faufs. 

Et  lefdits  Bourguignons  ainfî  venus  en  ladite  Ifle  de  France ,  s'efpen*  . 
dirent  en  divers  heux  en  icelle,  &  y  prirent  Dammartin  ,  NantouilUt, 
VilUmonble  ,  &  autres  menues  places.  Et  puis  à  Laimy  fur  Marne  où 
ils  firent  plusieurs  exploids  ,  comme  de  ardre  &  brufter  tous  les  papiers 
qu'ils  trouvèrent  fur  le  fait  des  Aydes;  &  ordonnèrent  en  ladite  Ville 
que  tout  y  feroit  franc  ,  &  fî  ordonnèrent  que  le  fel,qui  eftoit  au  gre- 
nier dudit  lieu  pour  le  Roy ,  fîit  baillé  &  diftribué  à  tous  ceux  qui  en 
voudroient  avoir ,  en  payant  le  droit  du  marchant  feulement. 

Le  Dimanche  dernier  Juin  audit  an  (>5.  Jouachin  Rouault  Marefchal 
de  France  à  tout  cent  &  dix  lances  ,  vinrent  &  arrivèrent  en  la  Ville  de 
Paris  pour  la  garde  d'icelle,  combien  qu'il  n'en  eftoit  gueres  de  meftier: 
car  les  nabitans  d'icelle  qui  tous  eftoient  bien  unis  Se  loyaux  au  Roy ,  ef- 
toient  aftèz  fuffifans  pour  la  garde  d'icelle  Ville. 

Audit  temps  le  Roy  qui  eftoit  au  païs  de  Bourbonnois  mit  le  fiege •de- 
vant/îici/i  en  Auvergne,  dedans  laquelle  y  eftoient  Monfeigneur  le  Duc 
de  Bourbon ,  le  Duc  de  Nemours  ,  le  Comte  d^Armisnac ,  le  Seigneur 
d^Albret ,  Se  autres.  Et  avoit  le  Roy  devant  ladite  Ville  la  plus  belle  Se 
noble  armée  que  oncques  fut  guère  veuë  :  car  |il  avoit  de  Donnes  gens 
de  guerre  &  de  grand  façon ,  vingt-quatre  mil  hommes  combatans  Se 
mieux. 

Après  que  ledit  (îege  eut  efté  ainfî  mis  devant  ladite  Ville  de  Rion ,  & 
voyant  a  Paris  que  lefdits  Bourguignons  approchoient  de  ladite  Ville  , 
fut  ordonné  &  eftably  en  icelle  vflle  de  Paris  un  grand  guet  à  cheval , 

3ui  aloit  toutes  les  nuits  fur  les  murs  Se  en  ladite  Ville,  depuis  l'heure 
e  minuit  jufques  au  jour  apparent.  Pour  la  conduire  duquel  guet  y 
avoit  Capitaines  ordonnez  par  icelle  Ville  par  chacune  nuit^  de  gens  de 

façon 


14  LES    CHRONIQUES 

façon  d'iccllc  Auquel  guet  cftoient  ordinairement  de  huit  vingt  à  dcuX 
'  "♦  ^  î  •     cens  chevaux  ,  ou  mieuxt 

Le  Lundy  i.  Juillet  audit  an ,  maiftre  Jehan  Balue  Evefque  iTEvreux, 
fift  le  guet  de  nuit  parmi  ladite  Ville ,  Se  mena  avec  lui  la  compagnie  du- 
dit  Jouachin  avec  clairons ,  trompettes  &  autres  inftnimens ,  fonans 
par  les  rues  &  fur  les  murs ,  qui  n'çftoit  pas  accouftumé  de  faite  à  gens 
de  guet.  ' 

Le  Mercredy  4.  Juillet  ^udit  an  6$ ,  le  Roy  eftant  devant  ledit  lieu  de 
Rion  efcrivit  â  Meflire  Charles  de  McUun  ion  Lieutenant  audit  Paris  , 
audit  Jouachin  Ôc  aufdits  habitans  de  Paris ,  par  Sire  Charles  de  Charlay 
(57)  fon  Chevalier  du  guet  audit  lieu  de  Paris ,  par  lefquelles  lettres  le 
Roy  mercioit  moult  fort  lefdits  habitans  de  Paris  de  leurs  bonnes  loyau* 
tez ,  en  les  prianr  &  exhortant  de  toujours  y  continuer  &  perfeverer,  & 
que  dedans  quinze  jours  enfuivans  lui  &  toute  fon  armée  leroit  à  Paris. 
Et  n  leur  mandoit  de  bouche  par  ledit  de  Charlay  certain  accord  quil 
avoir  fait  avec  lefdits  Ducs  de  Èoùrbon  &  Nemours  ,  &  les  Sires  d^Ar,» 
mignac  &  d* Albert.  Et  comment  en  faifant  ledit  accord  chacun  d*eu]( 
avoir  promis  au  Roy  de  bien  &  loyaument  le  fervir,  &  de  vivre  &c  mou- 
rir pour  lui.  Et  par  lefdits  appoinftemens  iceux  Seieneurs  de  Bourbon  &C 
autres  deflus  nommez ,  promertoient  de  faire  tout  devoir  »  de  faire  faire 
la  paix  au  Roy  par  les  autres  Seigneurs  avec  eux  aliez  contre  lui.  Et  que 
pour  ce  faire  (croient  envoyez  de  par  lefdits  quatre  Seigneurs  certains 
Amba0àdeurs  devers  h  Roy  à  Paris  dedans  le  jour  &  feue  de  my^-Aoufl: 
çnfuivant ,  pour  traiâer  de  ladite  paix»  Et  que  où  lefdits  autres  Sei-r 

Sneurs  avec  eux  aliez  contre  lui  ne  voudroient  entendre  à  icelle  paix  » 
s  promirent  &  jurèrent  que  d'orefnavant  à  jamais  ils  ne  s'armeroiene 
contre  le  Roy ,  &c  qu'ils  vivroient  &  mourroient  pour  lui  &  fon  Royau- 
me. Et  fut  tout  ce  que  dit  eft  ain(i  promis  par  leldits  quatre  Seigneiurs  , 
;iu  lieu  de  Moiffiat  prés  dudit  Rion.  Et  pour  plus  ample  promedè  ils  s'en 
obligèrent  ^  m^ins  de  deux  Notaires  Apoftoliques  voulans  &  accordant  ^ 
çftre  incontinent  excommuniez  fe  par  eux ,  ou  Tim  d'eux  eftoit  fait  le  ^* 
,  contraire*  Et  pour  les  nouvelles  demifdites.  fut  ordonné  &  délibéré  que 
le  Vendredy  enfuivant  en  feroient  faites  procédions  générales  en  l'Eglife 
de  fainéte  Catherine  du  f^al  des  Efcoliers  à  Paris  ,  laquelle  y  fut  Faite 
bien  honnefte  &  folemnçlle ,  &  y  prefclialedit  maiftre  Jehan  Pain  &  Chair 
Doreur  en  Théologie. 

Le  Mercredy  fi|t  publié  &  fait  fçavoîr  par  les  carrefours  de  Paris  y  que 
en  chacun  hoftel  d'icelle  Ville  y  eut  une  lanterne  &  une  chandelle  ar- 
dente dedans  durant  la  nuit  i  cjue  chacun  mefnage  qui  avoit  chien  l'en-r 
fermaft  en  fa  maifon  &  fur  peine  de  la  hart. 

Le  Vendredy  5 .  Juillet  enfuivant  la  compagnie ,  où  la  plufpart  defdits 
Bourguignons  vinrenr  &  arrivèrent  à  fainB  Denis  en  France  eux  logée 
illec.  Et  ce  jour  venoit  à  Paris  trente  chevaux  de  marée  dont  lefdits  Bour^? 

r  lignons  en  ^tinrent  les  11,  les  autres  8.  chevaux  fe  fauverent&  vinrent 
Paris.  Et  bientoft  après  que  lefdits  Bourguignons  eurent  efté  ainfi  arri-p 
vez  audit  lieu  dt  fainB  Denis ,  panie  d'eux  s'en  alerent  devant  le  pont 

4e 
()  7)  C  çft  Jean  4ç  Harlay  &  non  pas  Çh^kff 


DUROYLOUYSXI.  ly 

.  de  faint  Cloud  pour  le  cuider  avoir  >  ce  qu'ils  ne  pcurent  pouf  cette  fois, 
te  a  tant  s'en  retournèrent.  (58)  146  y 

Le  Dimanche  7.  Juillet  audit  an  6^ ,  iefdits  Bourguignons  vinrent 
youUler  devant  Paris  Se  n'y  gagnèrent  rien ,  (mon  qu'il  en  y  eut  aucun 
d'eux  tuez  de  l'artillerie ,  eftant  deflus  les  murs  d'icelle  Ville ,  &  puis 
s'en  retournèrent  audit  lieu  de  JainB  Denis. 

Le  Lundy  8.  Juillet  ,  Iefdits  Bourguignons  vinrent  derechef  devant 
Paris  y  &  deflogerent  tous  dudit72ri/rS  Denis ,  &  en  amenèrent  avec 
eux  toute  leur  artillerie.  Et  pour  grande  cauteUe  6c  fubtilité  envoyèrent 
avant  qu'ils  (c  monftraflent  quatre  de  leur  Heraux  aux  portiers  de  la  porte 
fainS  Denis  9  de  laquelle  eftoient  Commiflàires  &c  Capitaines  pour  le 
jour ,  maiftre  Pierre  l'Orfèvre  Seigneur  d'Ermenonville  y  6c  maîftre  Jehait 
de  Poupaincoun  SçigncuT  de  Cercelles,  (39)  &  vinrent  Iefdits  quatre  He- 
raux demander  des  vivres  pour  leur  o^ ,  &  aufli  que  on  leur  donnaft  pa{^ 
fage  parmi  ladite  Ville ,  Se  dirent  aue  fe  on  ne  leur  bailloit  ledit  paUage 
&  Iefdits  vivres  qu'ils  entreroient  dedans  ladite  Ville  au  deshonneur  Se 
grande  confiifîon  d'icelle  Ville. 

Et  ainfi  que  on  efcoutoit  Iefdits  quatre  Heraux  fur  les  chofes  defluf- 
di£kes>  &  avant  que  on  euft  peu  avoir  loifir  de  leur  rendre  aucune  re- 
ponce ,  leiHits  Bourguignons  cuidans  prendre  à  defpourveu  les  habitant 
de  ladite  Ville ,  &  memement  ceux  qui  gardoient  ladite  porte  de  fainS 
Denis,  yinrcnt  à  grant  faveur  grofle  compagnie  &  armée  paflèr  jufques 
ifainà  Ladre  Sc  plus  avant ,  cuidans  gagner  les  barrières  qui  aux  faux* 
bourgs  de  ladite  Ville  devant  ladite  porte  avoient  efté  faites ,  Sc  venir 
jufques  à  ladite  porte  Sc  dedans  ladite  Ville ,  en  jettant  par  eux  canons»  . 
lerpentines  &  autres  traiéks.  A  quoi  leur  fut  moult  afprement  Sc  vail- 
lamment refifté  par  les  Bourgeois  de  Paris ,  Se  autres  illec  de  par  ladite 
Ville ,  &  auflî  par  les  gens  de  Jouachin  Se  de  lui  mefmes  qui  s'y  vinrenc 
trouver.  Et  y  eut  lors  defdits  Bourguignons  tuez  Se  navrez ,  &  puis  s'en 
etoumerent  aux  champs  fans  autre  chofe  faire.,  &  (e  mirent  en  bataille 
levant  ladite  Ville ,  &  lors  y  eut  beau  hurtibilis  de  canons ,  vulgaires  » 
ferpentines ,  coulevrines ,  Se  autre  traid  qui  leur  fut  envoyé  de  ladite 
Ville ,  Sc  dont  y  eut  aucuns  de  tuez  Sc  navrez.  Et  durant  ladite  efcar- 
mouche  y  eut  un  paillart  fergent  à  verge  du  Chaftellet  de  Paris  nommé 
Cajin  Chollet  »  qui  en  courant  fort  eichauffé  par  plufieurs  des  rues  de 
JParis,  crioit  à  haute  voix  ces  mots ,  boutez-vous  tous  dans  vos  maifons 

Se 


^ 


(}8)  97  14^5.  Supplément.  Le 
5  Juillet  y  le  Comte  de  Charolois  ar- 
rive à  S.  Denys  près  Paris ,  Se  y  refte 
jufqu'au  10.  petite  Chronique.  Et  le 
même  jour  i  o  Juillet  il  vient  cam- 
per à  Boulogne  près  S.  Cloud.  Peri/e 
Chroniaue. 

Il  eu  bon  de  renurquer  que  le  6 
JuilUt  le  Roi  étoit  encore  à  Montlu- 
^on  en  Auvergne ,  à  60  lieues  de  Pa- 
ris »  dix  jours  feulement  avant  la 


journée  de  Montlheri  >  comme  on 
le  voit  par  un  Mandement  flgné  de 
lui ,  qui  eft  au  Volume  381.  des  Ma^ 
nufcrits  de  Ganieres ,  folio  5 1.  en  U 
Bibliothèque  de  Sa  Majefté. 

(3  9)  Il  étoIt  fils  de  Jean  4c  Popabconr^ 
Premier  Préndent  sia  Parlement  de  Paris , 
&  eft  mort  Préndentà  Mortier  en  i4So« 
Ce  fut  lui  qui  en  Décembre  147  5*  pro* 
nonça  T Arrêt  de  mort  contre  Iç  Connéta-r 
bic  de  Saint  Paul» 


Tome  IL  D  (40) 


iS  L  E  s    C  H  R  O  N  I  Q  U  E  S 

&  fermez  vos  huis ,  car  les  Bourguignons  font  encrez  dedans  la  Ville.  £c 
ï  4  ^  5  •     à  caufc  de  Tcffiroy  qu'il  fift  y  eut  plufîeurs  femmes  groflcs,  qui  en  accou- 
chèrent avant  terme ,  &  d'autres  en  moururent  &  perdirent  leur  enten* 
dément. 

Le  Mardy  enfûivant  ne  fut  rien  fait  devant  Paris ,  finon  que  le  Comte 
dcfain3Po/  (40}  qui  eftoit  audit  lieu  dc/ain^Denis  avec  ledit  Seigneur 
de  CharroLois  ,  fe  partit  dudit  lieu  àcfaincl  Denis  avec  aucuns  Piurds 
6c  Bourguignons  eftans  audit  lieu  de  fainS  Denis ,  pour  s'en  aler  2L\ipont 
dcfaina  Cloudy  pour  le  prendre  &  avoir  >  ce  qu'il  ne  peuft  pour  ce  jour. 
Et  le  Mercredy  enfûivant  fut  menée  audit  defaincl  Po/ certaine  quantité 
d'artillerie  dudit  Seigneur  de  Charrolois  ,  conune  de  cinquante  à  loixante 
chariots.  Et  ce  mefme  jour  aucuns  de  la  compagnie  de  Meffire  Pierre  de 
Bre^é  (41  )  yffirent  hors  de  Paris  pour  aler  à  leur  aventure  defliis  lefdits 
Bourguignons  ,  qui  ainfi  aloienc  audit  S.  Cloud  :  defquels  Bourguignons 
en  fut  par  eux  tue  deux  >  &  en  fut  pris  cinq  :  dont  l'un  d'iceux  fut  fort 
Qavré ,  &  tellement  que  tout  le  devant  de  Ion  vifage  lui  fut  abatu  d'un 
coup  d'efpée  >  &  lui  pendoit  le  vifage  à  fa  peau  iur  fapoitrine.  Et  par 
iceux  Bourguimons  fut  pris  un  Archer  ferviteur  de  Meffire  Jehan  Noyer 
Chevalier  de  la  compagnie  dudit  Bre^é.  Et  ledit  jour  de  Mercredy  environ 
fix  heures  de  nuit  leldits  Bourguignons  baillèrent  une  efcannouche  terri- 
ble  &c  merveilleufe  au  boulevart  cxxdïtfainS  Cloud  >  qui  fort  eipouvanta 
ceux  de  dedans  qui  le  tenoient  pour  le  Roy  :  tellement  qu'ils  prirent 
compofition  de  rendre  ledit  pont  à  l'heure  prefente  :  ce  qu'ils  firent  & 
s'en  revinrent  à  Paris ,  eux  &:  leurs  biens  faufs ,  &  fi  promirent  de  li- 
vrer &  bailler  lefdits  cinq  Bourguignons ^lis  ledit  jour.  Et  pour  ce  faire 
demeurèrent  pour  oftages  Jaques  U  Maire  Bourgeois  de  Paris ,  qui  eftoit 
C  pitaine  dxxditfainH  Cloud,  &  un  homme  d'armes  de  la  compagnie  du* 
dit  de  Bre^éy  eftant  audit  pont  deJainS  Cloudy 

Le  Vendredy  enfûivant  fut  tenu  en  THoftel  de  la  Ville  de  Paris  un 
grand  Confeil  >  pour  délibérer  &  fçavoir  qu'elle  refponfe  feroit  rendu^ 
aufdits  Bourguignons  fur  ce  qu'ils  avoient  requis  que  de  ladite  Ville feuf-* 
fent  envoyez  aucuns  déléguez  par  icelle  Ville ,  par  devers  ledit  Seigneur 
de  Charrolois  pour  leur  eftre  dit  par  eux ,  de  Douche  &  en  fecret ,  lesf 
caufes  pour  lefquelles  ils  eftoient  ainfi  venus  en  armes  audit  païs  de 
•  France.  A  quoi  fut  conclu  que  on  feroit  fçavoir  audit  de  Charrolois,  qu'il 
cnvoyaft  bon  fauf-conduit  a  Pnris ,  pour  ceux  qui  feroient  ordonnez  ef- 
tre  envoyez  par  devers  lui,  &  ce  fait  on  y  envoyeroit  cens  pour  les  ouïr 
&  efcouter  tout  ce  qu'ils  voudroient  dire,  pour  au  furpïus  le  faire  aflavoir 
au  Roy  qui  eftoit  près  de  Orléans ,  ou  à  fon  Confeil  eftant  audit  lieu  de 
Paris ,  pour  leur  faire  telle  refponfe  qu'il  feroit  advifé  de  faire.  Et  ce 
mefme  jour  vinrent  à  la  porte  fainâ:  Honoré  environ  cinq  heures  au 
foir  deux  Heraux  de  par  ledit  Seigneur  de  Charrolois ,  pour  avoir  la 
refponfe  de  ce  que  dit  eft.  Aufqueîs  fut  dit  comme  devant  eft  dit  »  & 
que  ledit  de  Charrolois  approchaft  en  aucun  lieu  près  Paris ,  &  envoyaft 
ledit  fauf-conduit  &c  que  on  iroit  à'  lui  pour  l'eldouter ,  Se  autre  chofe 

n'eurent 

(40)  ItCT  U  fiit  Connétable  de  France  dans  l'accord  fiât  apràs  la  guerre  du  Biem 
fublic.  (41)  Grand  Sénéchal  de  Normandie. 


DUROYLOUYSXL  27 

n*eurent.  Et  après  ces  chofes  ils  requirent  avoir  pour  argent  du  papier  & 
parchemin  avec  de  l'encre ,  dont  if  leur  fut  baillé ,  &  h  demandèrent  à 
avoir  du  fuccre  &  autres  drogueries  pour  aucuns  Gentilshommes  qui  ef* 
toient  malades  en  leur  Oft ,  dont  on  leur  fit  refus,  qui  s  en  tinrent  a  bien 
mal  contens  de  ceux  de  ladite  Ville.  Et  à  tant  s'en  retournèrent  iceux 
deuxHeraux. 

'Le  Dimanche  14,  Juillet  audit  an  (>5.  arrivèrent  à  Paris  bien  matin 
Monfeigncur  àclaBorde&cyitSkç,  Guillaume  Coujînoty  qui  apportèrent 
lettres  de  par  le  Roy  aux  Bourgeois ,  manans  &  habitans  de  ladite  Ville, 
par  la  teneur  defquelles  le  Roy  les  mercioit  comme  devant  de  leurs  bons 
vouloirs  qu'ils  avoient  envers  lui ,  &  de  la  bonne  &  grande  rcfîftencc 

Î[u'ils  avoient  faiâ:e  à  l'encontre  defdits  Bourguignons.  Et  qu'ils  voulfîf- 
ent  adjoufter  foi  aufdits  de  la  Borde  &  Coufinot  de  tout  ce  qu'ils  leur 
diroient  àe  par  lui.  Laquelle  credence  eftoit  en  effet  que  le  Roy  les  mer- 
cioit moult  de  fois  de  leurs  grandes  loyautez ,  &  fi  leur  prioit  outre  de 
touHours  de  bien  en  mieux  continuer.  Et  que  dedans  le  Mardy  enfuivant 
il  feroit  à  Paris  ,  comme  au  lieu  du  monde  que  plus  il  deuroit  eftre  » 
pour  donner  remède  &  provifion  par  xpm ,  Se  qu'il  aimeroit  mieux  avoir 
perdu  la  moitié  de  fon  Royaume, que  mal  ne  inconvénient  venift  en  la- 
dite Ville ,  ou  pofl[ible  lui  feroit  de  y  pourveoir.  Audi  dit  &  pria  ledit 
Coujînot  de  par  le  Roy  ,  que  ceux  de  Paris  pourveuflent  au  logis  des 
gens  d'armes  &  de  traift  que  le  Roy  avoir  &  menoit  avec  luy ,  &  auflî 
de  mettre  pris  raifonnable  fur  les  vivres.  A  quoy  luy  fut  refpondu  par 
Maiftrc  Henry  de  Livre  Prevoft  des  Marchands ,  que  aufli  feroit-on. 

Le  Lundy  enfuivant  cefdits  Bourguignons  qai  eftoient  deflogez  dudit 
fiiinS  Ciouds'tn  alerent  loger  à  Montlchety^  eux  &c  toute  leur  artillerie, 
cuidans  aler  eux  joindre  avec  les  Compagnies  des  Ducs  de  Bcny  8c  de 
Bretagne  y  le  Comte  du  Dunois  Se  autres  qui  s'en  venoient  audit  de 
Charrolois.  Et  de  ce  en  fiirent  portées  les  nouvelles  au  Roy,  qui  eftoit 
de^a  Orléans  pour  s'en  venir  à  Paris.  Lequel  Sc  à  toute  diligence  vint  Se 
arriva  le  Mardy  matin  16.  Juillet  à  CA^/^5  fous  ledit  3fo/2//lcA^ry.  Et 
d'illec  fans  foy  raffraifchir  ou  que  bien  peu ,  &  fans  attendre  toute  fa 
compagnie  qui  eftoit  pour  gens  a  cheval  la  plus  belle  Sc  mieux  en  point 
que  oncques  avoit  efté  veuc  paravant,  pour  autant  de  gens  qu'il  y  avoit. 
Se  vint  frapper  &  bouter  dedans  l'armée  defdits  Bourguignons  y  Sc  illec 
à  l'aborder  y  euft  fait  des  plus  beaux  faits  d'armes,que  jamais  furent  veus 
pour  un  peu  de  gens  *,  car  aufli  c'eftoit  tous  nobles  nommes ,  vaillans  Sc 
de  grand  eflite ,  qui  tellement  befognerent  que  le  Roy  gagna  Sc  mit  en 
fuite  toute  l'avangarde  defdits  Bourgui^ons ,  &  y  euft  d'iceux  Bour- 
guignons à  ladite  rencontre  grand  quantité  de  morts  &  pris.  Et  d'icelle 
delconfiture  en  vint  incontinent  le  bruit  à  Paris  ,  de  laquelle  Ville  en 
yffit  aux  champs  plus  de  trente  mil  perfonnes,  partie  defquelles  s'en  ale- 
rent à  cheval  à  Vefcart,  Sc  trouvèrent  moult  dcidits  Bourguignons  y  qui  fu- 
rent pris  Sc  defconfis  par  eux ,  &  auffi  de  ceux  des  villages  d'autour  d'i- 
celle Ville ,  comme  de  Vanves  ,  Yffi  ,  Sevré  ,  Saincl  Cloud ,  Surefnes  , 

fur  ïcfdi 


Se  autres  lieux.  Et  en  ce  faifant  fut  gagné  bien  grant  butin  fur  lefdits 
Bourguignons  9  tant  en  chariots,  bahus,  malles,  boiftes  ,  ^ue  autre*» 
mcnc  >  oc  tant  y  perdirent  lefdits  Bourguignons  ^  que  on  difoit  lors  que 

D  i  leur 


14(^5. 


i8  LES    CHRONIQUES 

leur  perte  en  toutes  chofes  montoit  plus  de  deux  cens  mil  efcu^  d^on 
1 4  (>  J.  Et  après  que  ladite  avantgarde  euft  efté  ainfi  defconfite ,  le  Roy  non  con» 
tent  de  ce  ,  mais  cuidant  toufiours  perleverer  &  avoir  le  bout  d'iceur 
Bourguignons  ^  &  fans  foy  raffiraifchir  ne  prendre  aucun  repos ,  ne  lu^ 
ne  fes  gens ,  fe  rebouta  luy ,  fa  garde  »  &  environ  quatre  cens  lances  de 
fa  compagnie  dedans  lefdits  Bourguignons  ,  qui  s'eftoient  fort  râliez  par 
le  moyen  dudît  Comte  dcfainS  Pol  y  qui  moult  bien  fervift  ledit  de 
Charrolois  celle  journée  :  lelquels  Bour^i^nons  recueillirent  vigoureuft- 
ment  le  Roy  &  fadite  compagnie  ;  car  ils  s'eftoient  ferrez  en  bataille  & 
par  ordre ,  &  leur  artillerie  appreftée ,  de  laquelle  ils  grevèrent  fort  les 
gens  <lu  Roy  ,  &  en  tuèrent  plufieurs  gens  de  bien  ,  &  auffi  de  ceux  de 
la  garde  du  Roy  qui  moult  vaillamment  fe  portèrent  &  fervirenr  bien  le 
Roy  y  qui  euft  illec  beaucoup  affaire ,  &  en  grand  danger  paf  diverfes 
fois  de  fa  perfonne ,  car  il  n'avoir  que  un  peu  de  gens ,  &  fans  artillerie*. 
Et  tellement  y  fut  oppreffc  le  Roy,qui  toufiours  cftoit  des  premiers  de- 
dans, qu'il  ne  fçavoit  que  faire.  Et  pofc  ores  qu'il  n'avoir  que  un  peu  de 
gens ,  Il  maintenoient  plufieurs ,  que  s'il  euft  eu  d'avantage  cinq  cens 
francs  Archers  à  pié  pour  illec  expédier  les  Bourguignons ,  qui  illec  fu- 
rent jettez  par  rerre  qui  après  fe  relevoient  >  qu'ifeuft  mis  en  telle  fu- 
jeâion  iceux  Bourguignons  ,  que  jamais  n'enft  efté  mémoire  d'iceux  en 
armées.  Ledit  Seigneur  de  Charrolois  y  perdit  toute  fa  garde.  Et  au(B  fift 
le  Roy  beaucoup  de  la  fienne..  Et  fut  tellement  fuivy  ledit  de  Charrolois 
que  par  deux  fois  fut  pris  par  Geuffroy  dt  fainS  Belin  Se  Gilbert  de  GraJ^ 
fay ,  &  puis  fut  refcoux.  Et  durant  ladite  journée  y  euft  grand  occifioa 
de  hommes  &  de  chevaux  ,  dont  plufieurs  en  furent  tuez  par  les  ribaux 

{ûerons  du  cofté  dudit  de  Bourgogne^  qui  de  picques  &  autres  ferremens 
es  tuoient  y  Se  y  mourut  de  gens  de  nobles  maifons  de  cofté  &  d'au- 
tre- (  41) 

Et  après  que  tout  fut  fait  on  trouva  que  audit  champ  y  eftoîent  mors 
trois  mil  fix  cens  hommes  ,  Dieu  en  ait  les  âmes.  Et  vers  la  nuit  les  Ef- 
cojfois  de  la  garde  du  Ray ,  vovans  &  confiderans  le  grand  danger  où  le 
Roy  eftoit  &  la  grand  perte  de  leurs  gens  :auflî  que  màits  Bourgmgnons 
pourfuivoient  fort  &  afprement,  prirent  le  Roy  qui  moult  eftoit  las  Se 
affliét,  &  qui  n'avoit  ceflé  de  combattre  &  fiiire  grans  armes  toute  \^ 
journée ,  fans  boire  &  fans  manger ,  &  le  menèrent  dedans  le  Chafteau 
dudit  MontUhtry.  Et  pour  ce  que  plufieurs  gens  de  l'armée  du  Roy  n'ai- 
voient  point  veu  qu'il  euft  ainfi  efte  mené  audit  Montlthtry  Se  ne  le  fça- 
voient  où  trouver ,  cnidoient  qu'il  feuft  morr  ou  pris^  Se  a  cette  caufe  la 
plufpart  d'iceux  fe  mirent  en  fuite.  Et  lors  Monfeigneur  du  Maine  ,. 
Monfieur  l'Admirai  de  Montaulban  ,  le  Seigneur  xle  la  Bardt  Se  autres 
Capitaines  qui  bien  avoient  de  fept  à  huidcens  lances  feretrahirent,  & 
s*en  alerent  Se  abandonnèrent  ainfi  le  Roy^  En  ladite  journée  nul  des 

defliifditr 

(4O  SCr  Sur  la  Journée  de  Montlhcri  [  l'honneur  en  cft  du  au  Comte  deCharo- 


en  trouve  aux  Preuves ,  N«j».  LX.uuc  Re- 
lation du  tcm$.  Le  fuccès  de  cette  bataille 
fct  équivoque.  Si  la  pcfle/Tton  du  champ 
«e  bataille  décide  toujours  de  la  viâolrc  » 


loîis.  Voyez  auflî  fiir  cette  adîon  Olivier  de 
la  Marche  y  en  [es  Mém.  Mer^reiet  ,Cûmi* 
nés  &  M.  Duclos  dans  fon  Hift.  de  Loui» 
^  oii  il  détaille  txès-bicn  cet  éyénemeat*. 


DUROYLOUYSXI.  29 

deflufdits  n*7  frappa  un  fcul  coup  ,  &  â  ces  moyens  le  champ  demeura 
aufdits  Bourguignons  ,  &  en  icelle  rencontre  au  nombre  des  mors  y  fu-  1 4^  f* 
rent  trouvez  de  gens  de  façon  &  de  bonnes  maifons.  C'eft  aflàvoir  Mef- 
fîre  Pierre  de  Bre:^  Chevalier  Senechal  de  Normandie ,  Geufïroy  de 
Jainct  Bclin  dit  la  Hyrt  ,  Bailly  de  Chaumonty  Floqiut  Bailly  d'Evreux , 
Se  plufieurs  autres  Chevaliers  &  Efcuyers  de  nom  de  la  compagnie  du 
Roy.  Et  auffi  de  la  compagnie  defdits  Bourguignons  y  en  eut  Beaucoup 
de  mors  ,  &  de  pris  plus  <jue  de  ceux  du  Roy,  Et  après  que  le  Roy  eut 
cftc  un  peu  raffraifchy  audit  Chafteau  de  MontUhcry  ,  foft  mené  &  con- 
duit d'illec  jufques  en  la  Ville  de  Corb^il  ^  où  il  y  fejourna  jufques  au 
Jeudy  enfuivant  i8.  Juillet  qu'il  arriva  fur  le  tard  en  fa  Ville  de  Paris  , 
&  fouppa  cedit  jour  en  Thoftel  de  fon  Lieutenant  gênerai  Meflîre  Char* 
les  de  McUuny  &avecluy  y  foii)>perent  auffi  pluneurs  Seigneurs»  Dia:- 
moifelles»  &  Bourgeoifes  :  auquel  lieu  il  recita  fon  aventure  tout  ainft 
advenue  audit  MontUhcry.  Et  en  ce  faifant  dift  &  déclara  de  moule 
beaux  mots  &  piteux  »  de  quoy  tous  &  toutes  plorerent  bien  largement. 
Et  (î  dift  plus  que  au  plaifir  de  Dieu  leLundy  enfuivant ,  il  retourneroic 
derechef  a  rencontre  de  fes  ennemis,  &  qu*il  mourroit  en  la  pourfuite> 
ou  que  brief  en  auroit  le  bout  >  dont  il  ne  fe  fift  rien  :  pour  ce  qu'it  fut 
confeillé  pour  le  mieux  du  contraire,  avec  ce  qu'il  fut  lafcbement  fer- 
vy  de  its  gens  de  guerre  ^  &  ne  tint  poitK  à  luy ,  cftr  il  eftoit  aflez  & 
trop  vaillant. 

Le  Vendredy  audit  an  19.  Juillet  14^5.  un  Gentilhomme  nommé  Lan- 
rens  de  Mory  près  de  Miclry  en  France ,  qui  avoir  ^c  conftitué  prifon- 
nier  en  la  Bajlillc  fainâr  Anthoinc  ,  pour  occafion  de  ce  qu'il  avoir  fa- 
vorifé  lefdits  Bourguignons ,  &  les  avoit  induits  &  menez  en  divers 
lieux ,  en  pluHeurs  maifons  affîfes  en  divers  villages  d'entour  Paris  ap- 
partenans  a  aucuns  Bourgeois  dudit  lieu ,  pour  icelles  maifons  piller  6c 

})rendre  les  biens  defdits  Bourgeois  j  Se  que  en  ce  faifant  avec  plufieurs 
arcins  fut  fait  fon  procez  fur  lefdits  cas  audit  lieu  de  la  Bafèille  ,  par  au* 
cuns  Commiflàires  à  ce  faire  ordonnez.  Par  lefquels  fut  dit  &  déclaré 
audit  de  ilfo/y,  qu'il  eftoit  crimineux  de  crime  de  leze-Majefté ,  &  com* 
me  tel  le  condamnèrent  à  eftre  efcartellé  es  Halles  de  Paris  >  &  Ces. 
biens  Se  héritages  acquis  &  coniifquez  au  Roy ,  dont  Se  dequcy  il  ap* 
pella  en  la  Cour  de  Plarlement  ;  par  révérence  duquel  appel  fut  differé^ 
a  eftre  exécuté  pour  ledit  jour.  Et  le  Samedy  enfuivant  par  k  Cour  de 
Parlement  fut  vuidé  ledit  appel ,  en  corrigeant  icelluy  hit  dit  par  Ar- 
reft  de  ladite  Cour  que  ledit  Laurens  de  Mory  feroir  pendu  Se  eîtrangle 
au  gibet  de  Paris.  Et  fuft  exécuté  ce  jour. 

Cedit  jour  de  Samedy  l'Evefque  de  Paris  nommé  Maiftre  Guillaume 
Cbartier  Se  autres  Confcillers  &  gens  d'Eglife  de  ladite  Ville ,  furent 
devers  le  Roy  en  fon  hoftel  des  Tournelles.  Et  la  fut  prôpofé  devant  luy^ 
par  ledit  Evefque  &  dites  de  mouk  belles  paroles ,  qui  <omcs  tendoient 
afin  que  le  Roy  conduifit  de  là  en  avant  toutes  fes  maires  par  bon  con- 
feij ,  ce  que  le  Roy  accorda.  Et  fut  lors  ordonné  que  de  là  en  avant 
koienr  au  Confeil  da  Rôv  avec  te  Confeil  osdinaire  :  c'eft  zffkvok  fix 
Confbillers  Bourgeois  de  ladite  Ville ,  fix  autres^Confcillers  de  la  Cour 
ic  Parlement  ^Seûx  Gères  pris  en  l'Univeifit^  de  Paris.  Et  auflî  pour* 

D  }  cm 


30  L  ES    CHRONIQUES 

ce  que  le  Roy  vit  qu'il  avoir  moult  d'ennemis  en  Ton  Royaume,  mift  en 
1 4(>  5.V  délibération  de  trouver  des  gens  de  guerre  avec  ceux  que  défia  U  avoit  » 
&  aufli  combien  on  en  trouveroit  à  Paris.  Et  à  cefte  caufe  fut  ordonné 
que  tous  ceux  de  Paris,  feroient  pris  par  efcrit  &  par  dixaines ,  pour  en 
prendre  de  chacune  dixaine  dix  honunes ,  mais  il  ne  s'en  fift  rien. 

Au  moyen  de  la  venue  du  Roy  à  Paris ,  il  convint  que  plufieurs  gens 
de  guerre  qui  le  fuivoient  fuffènt  logez  es  villages  d'autour  Paris  &  de 
£rie ,  ôc  autres  lieux  voifins ,  lefquels  gafterent  &  defconfirent  tous  lef-* 
dits  villages,  &  prirent  de  fait  &  fans  rien  payer  tous  vivres  qu'ils  y  trou- 
vèrent y  &c  autres  chofes  qui  appartenoient  tant  aux  habitans  defdits  vil- 
lages que  d'autres  demeurans  a  Paris.  Et  auflî  quant  le  Roy  fe  trouva  à 
Paris  il  fe  trouva  fort  charge  des  gens  de  guerre,  pour  lefquels  payer  de 
leurfdits  gages  ôc  foldces ,  luy  convint  fmer  de  grans  fommes  de  deniers  • 
car  il  ne  recevoir  rien  d'aucunes  Villes,fur  lefquelles  lefdits  gages  eftoient 
aifignez ,  qui  eftoient  tenues  &  ufurpées  par  aucuns  Princes,  qui  ne  vou- 
loient  rien  fouffrir  eftre  cueilly  dudit  payement  en  leurs  pays ,  fut  con* 
traint  de  faire  emprunt  d'argent  fur  plufieurs  Officiers  &c  autres  de  U 
Ville  de  Paris ,  aufquels  de  par  luy  fut  demandé  argent  à  prefter ,  de- 

3uoy  ils  furent  refufans ,  au  moins  de  fi  grand  fomme  que  on  leur  deman-i 
oit.  Et  pour  leur  refFus  à  aucuns  d'eux  fut  dit  &  déclaré  de  par  le  Roy 
que  de  luy  ils  eftoientprivez  de  toutes  Offices  Royaux ,  comme  à  Maiftrc 
Jehan  Cheruuau  Greffier  de  Parlement ,  Maiftre  Martin  Picard  Confeil-» 
liers  des  Comptes ,  &  autres. 

Le  Mercredy  14.  Juillet  14^5.  le  Roy  fift  bailler  commiffion  au  Prcvoft 
forain  de  Senlis  ,  pour  aler  abatre^es  arches  du  Pontfainclc  Maixançe  , 
pource  qu'il  eftoit  grand  bruit  que  le  Seigneur  de  Savcufcs^zwtc  grand 
nombre  de  gens  de  guerre ,  venoient  audit  lieu  pour  le  prendre  fur  ceux 
qui  le  tenoient  pour  le  Roy.  (43  )  Ce  mefme  jour  le  Roy  en  avoit  donné 
la  Capitainerie  à  Jehan  VOrftvrt  Chaftellain  dudit  lieu ,  &  luy  donna 
charge  d'aler  earder  ladite  place ,  &  luy  defFendit  bien  fort  que  rien  n'en 
feuft  ronîpu  dudit  pont.  Le  Vendredy  enfuivant  le  Roy  ordonna  qu'il 
demeurroit  zoo.  lances  à  Paris  y  fous  la  charge  &  conduitte  dudit  Baf«* 
tard  d*  Armignac  Comte  de  Commingty  de  Memre  Gilles  dey^^'/z^  Symojt 
Bailly  de  Stnlis ,  le  Sire  de  la  Barde  ,  de  Charles  des  Marcjl^  ôc  dudit 
Meflare  Charles  de  Meleun^  que  le  Roy  continua  Lieutenant  pour  luy  en 
ladite  Ville  ,  à  la  relation  ôc  requefte  d'aucunes  gens  d'Egufe ,  ôc  des 
Prevoft  des  Marchans  &  Efchevins  de  ladire  Ville. 

Lé  Samedy  17.  Juillet  i4()  5.  un  nommé  Jehan  de  Bourges  qui  avoit  efté  . 
Clerc  &  ferviteur  de  Maiftre  Jehan  Berard  Confeillier  du  Roy  en  fa 
Cour  de  Parlement ,  qui  avoit  efté  mis  ôc  conftitué  prifonnier  avec  Ga- 
cien  Meriodeau  ôc  François  Menodeau  fon  frère,  pour  occafion  de  ce 
qu'ils  ôc  autres ,  s'eftoient  tirez  de  Paris  en  Bretagne  par  devers  mondic 
Seigneur  de  Berry  ,  en  confpirant  contre  le  Roy  :  fut  icelluy  Jehan  de 
Bourges  tiré  hors  de  la  BaftiUe ,  ôc  ledit  François  Meriodeau.  Et  par  la 
fentence  du  Prevoft  des  Marefchaux  furent  noyez  en  la  rivière  de  Seine 
par  le  bourreau  de  Paris  ^  devant  la  tour  de  Biify  >  ft^  le  Mardy  30.  d'i-r 

ççUuy 

C45  )  Voyez  les  Méfl^oitcs  dç  Comînçs^ 


DU    ROY    LOUYS'XL  31 

celluy  mois  ledit  Gacien  qui  eftoit  Notaire  du  Roy  au  Chaftellet  de  Paris ^ 
6c  pour  ledit  cas  fut  tiré  audit  lieu  de  ta  Baftille ,  comme  les  autres  defTus  14^5 
nommez  ,  8c  noyé  au  lieu  deflufdit.  Et  pareillement  y  fut  aufll  noyé  un 
povre  ayde  à  maçon, qui  avoir  efté  envoyé  de  Paris  à  Eftampes  de  par  la 
femme  d'un  nommé  Maiftre  Odo  de  Bucy ,  (  44  )  pour  porter  lettres  au- 
dit de  Bucy  fon  mary ,  qui  lors  eftoit  Avocat  au  Chaftellet  de  Paris  ,  & 
2ui  eftoit  audit  lieu  d* Eftampes  avec  le  frère  dudit  Seigneur  de  fainS  Polj 
ont  il  eftoit  ferviteur ,  eftant  audit  EJiampes  avec  les  autres  Princes  ôc 
Seigneurs  eftans  contre  le  Roy  ,  comme  dit  eft.  Et  lequel  ayde  à  maçon 
rapporta  refponfe  defdittes  lettres  à  ladite  femme  de  Maiftre  Oda ,  qui 
avoir  gagné  par  chacun  jour  qu'il  avoir  vacqué  à  aler  audit  lieu  d'ÈJ^ 
lampes  &c  retourner  à  Paris ,  par  chacun  jour  deux  fols  parifis.  Pour  le- 

3uel  cas  ledit  ayde  à  maçon  fut  aufli  condamné  à  mourir ,  &  fut  qoyé  au 
evant  dit  lieu  après  les  autres  deffus  nommez.  Et  le  lendemain  fut  fait 
commandement  a  icelle  femme  dudit  Maiftre  Odo  de  vuider  hors  de  la 
Ville  de  Paris  ,  ce  qu'elle  fift  &  s'en  ala  ^fainS  Anthoinc  des  champs 
hors  Paris  :  ou  depuis  toufiours  s'eft  tenue ,  jufques  à  ce  que  l'appointe- 
ment  fut  fait  entre  le  Roy  &  les  Princes  &  Seigneurs ,  qui  depuis  vin- 
rent ifainS  Mor  ,  Confions  ,  &  devant  Pans. 

Aptes  que  ladite  rencontre  euft  efté  ainfi  faite  audit  lieu  de  Montlehe-- 
ry  y  lefdits  Princes  tous  enfemble  ainfi  eftans  contre  le  Roy  que  dit  eft , 
furent  &  demeurèrent  enfemble  ^  fe  mirenr  audit  lieu  d^Efiampes  &c  s'y 
tinrent  par  l'efpace  de  quinze  jours.  Et  après  fe  deflogerenr  &  prirent  le 
chemin  par  devers /ii/îS  Mathurin  de  l  Archant ,  Moret  en  Gafiinois  , 
Provins  &  le  pays  cT environ.  Et  quant  le  Roy  en  eut  ouy  les  nouvelles  , 
il  envoya  à  Meleun ,  Monjlereau  ,  à  Sens ,  &  autres  Villes  d'environ ,  des 
gens  de  guerre,  &c  de  l'artillerie  pour  garder  lefdirs  lieux,  &  pour  faire 
cits  faillies  fur  les  deffufdits ,  quant  ils  verroient  leur  avanraee. 

LeSamedy  3.  Aouft  i4<^5.  le  Roy  ayant  fingulier  defir  de  faire  des 
biens  à  fa  Ville  de  Paris  &  aux  habitans  d'icelle,  remit  le  quatrième  du 
vin  vendu  à  détail  en  ladite  Ville  au  huitième ,  &  veut  que  tous  privi- 
légiez peuflènt  jouyr  de  leurs  privilèges ,  tout  ainfi  qu'us  avoient  fait 
durant  la  vie  du  deffimâ  Roy  Charles. 

En  outre  ordonna  toutes  les  impofitions  qui  avoient  cours  en  ladite 
Ville  être  abatucs ,  hors  &  excepté  les  denrées  de  fix  fermes  vendues  en 
gros  en  icelle  Ville  :  c'eft  affavoir  les  fermes  de  la  bufche,  du  pié  four- 
ché ,  le  drap  vendu  en  gros ,  le  p^iftbn  de  mer.  Et  ce  mefme  jour  ces 
chofes  furent  publiées  à  fon  de  trompe  par  les  carrefours  de  Paris ,  en 
la  prefence  de  Sire  Denis  Heffelin  Eueu  fur  le  fait  des  Aydes  à  Paris. 
Incontinent  après  ledit  cry  tout  le  populaire  oyant  icelluv ,  crioient  de 
joye  &  de  bon  vouloir ,  Noël ,  Noël.  Et  en  furent  faits  les  feux  parmy 
les  rues  de  ladite  Ville. 

Le  Dimanche  4.  Aouft ,  Révérend  Père  en  Dieu  Maiftre  Jehan  Balue 
fut  facré  Evefque  d'Evreux  en  l'Eglife  noftre  Dame  de  Paris ,  &  ce  jour 
le  Roy  fouppa  en  l'hoftel  de  fon  Treforier  des  finances ,  Maiftre  Eftiennc 

^  Chevalier , 

^44)  Ce  pooirolc  bien  être  Ondart  de  I  Voyez  le  Supplément  de  Cûm.nes  à  la  fin 
BoiTy  >  qai  depuis  a  été  penda  à  Hedin.  l  du  Tome  lY-  de  cette  Edition. 

U6) 


51  LES    CHRONIQUES 

Chevalier^  6c  le  Mardy  enfuivant  fut  exécuté  es  Halles  de  Paris  un  jeune 
^  4  ^  î*  compagnon  nommé  Maiftre  Pierre  de  Gutroult  natif  de  Ltjigntny  &  illec 
efcartellé  par  la  fenténce  du  Prevoft  des  Mare(chaux ,  pour  occafion  de 
ce  qu'il  avoir  confefle  eftre  venu  de  Breeagne^i  Parisy  &  illec  envoyé  de 
l'ordonnance  du  Duc  de  Bretagne  pour  dire  &  avertir  le  Roy  que  plu- 
iieurs  Capitaines ,  &  chefs  de  guerre  de  fon  ordonnance  &  retenue  ef« 
toient  à  lui  contraires  >  pour  &  afin  de  mettre  diflèntion  entre  le  Roy  &c 
&  lefdits  gens  de  guerre  ,  &  auffi  pouraccufer  plufieurs  notables  per- 
fonncs  de  Paris,  de  non  eftre  i  luy  féaux ,  &  avec  ce  pour  efpier  &  re- 
garder quels  gens  de  guerre  &  puidànce  le  Roy  avoir  pour  tout  ce  que 
dit  eft,  &  rapponer  aufdits  Princes  &  Seigneurs  au  Roy  contraires» 
pour  mieux  &  plus  aifément  exécuter  contre  uiy  leur  damnée  entreprife. 
Et  pour  ledit  cas  fut  ainiî  exécuté  que  dit  eft ,  (es  biens  &  héritages  au 
Roy  acçiuis  &  confirquez. 

Audit  temps  lefdits  Bretons  6c  Bourguignons  padèrent  les  rivières  de 
Seine  &  Yonne  par  bafteaux  qu'ils  trouvèrent  à  Moret  en  Gajlinois  6c 
ailleurs.  Et  audit  paflàge  faifant  fe  y  trouva  Salezart  &  aucuns  de  la  com- 
pagnie de  Jouachm  Rouault  pour  cuider  empelcher  ledit  pa&ge ,  mais 
ils  n'eftoient  que  peu  de  gens  6c  fans  artillerie.  Et  les  ennemis  du  Roy 
en  avoient  largement  »  parquoy  leur  convint  recuUer  6c  retraire ,  &  au- 
dit padage  fut  tué  par  lefdits  Bretons  contre  lefdits  gens  du  Roy  d'une 
(èrpentine  >  qui  d'un  coup  emporta  le  bras  d'un  Page ,  &  après  vint 
frapper  un  Gentilhomme  nomme  Pamate/ patent  dudit  Jouachin  Rouault^ 
parmy  le  petit  ventre ,  &  après  tua  trois  autres  hommes  de  guerre. 

Le  Jeuay  8.  Aouft ,  Monfeigneùr  de  Precigny  (  45  )  Confeillier  du 
Roy  notre  Sire  &  Prefideng  en  fa  Chambre  dçs  Comptes  à  Paris ,  & 
Chryftofle  Paillart  aufïî  Confeillier  dudit  Seigneur  en  ladite  Chambre  , 
que  le  Roy  avoir  envoyez  par  devers  le  Duc  de  Calabre^^As  trouvèrent 
au  pays  de  CAuxerrois  ,  pour  luy  porter  lettres  de  par  le  Roy  ,  s'en  re- 
tournèrent à  Paris  par  devers  le  Roy  à  toute  la  re(ponfe  qu  ils  avoient 
eue*  dudit  de  Calabre.  Et  le  Samedy  10.  dudit  mois  le  Roy  fe  partift  de 
Paris  pour  aler  i  Roiien ,  Evreiix  y  6c  autres  lieux  en  Normandie  j6cz\z 
ce  jour  à  Pontoife ,  6c  à,  fon  partcment  dé  P^ris  ordonna  plufieurs  francs 
Archers  qui  eftoient  venus  dudit  pays  de  Normandie  ,  &  environ  quatre 
cens  lances  des  compagnies  de  feu  Floquet ,  du  Comte  de  Boulogne ,  de 
feu  Geuflfroy  de  faina  Belin  ,  du  Seigneur  de  Craon  6c  du  Seigneur  de 
la  Barde,  c&r^  6c  demeurer  à  Paris  Dour  la  garde  &  tuition  de  ladite 
Ville. 

Ledit  jour  du  partement  du  Roy  fe  tint  &  aflèmbla  un  grand  confeil 
en  l'hoftel  de  ladite  Ville  de  Paris  ,  6c  en  icelluy  tenant  vint  6c  arriva 
audit  confeil  un  Gentilhomme  de  par  le  Roy  nommé  le  Seigneur  de 
Buijfet  qui  vint  dire  à  tout  le  confeil  ainfi  ailèmblé  >  que  le  Roy  leur 
mandoit  de  par  luy  qu'il  avoir  changé  propos  >  &que  le  Mardy  enfuivant 
il  feroit  de  retour  audit  lieu  de  Paris ,  &  au  regard  defdits  francs  Ar- 
chers de  NormandieyC\\xi  eftoient  des  Bailliages  de  Cacn  6c  Alençon ,  ils 

furent 

(45)  SCr  Citoit  leSieordcBcauveaa»  |  t>eaucoup  de  Lettres  manarcrites  au  Roi 
Seigneur  de  Pficffigpy  ^  duquel  oa  trouve  I  LquIs  XI.  aux  MSS.  de  Gagnieres. 


k        *    1 

't 


BU    ROY    t  O  U  Y  S    XI.  35* 

luiîent  logez  par  diftribution  :  c'eft  aflàvoir  ceux  de  Caen  qui  avoienr 
jacqueéles,  où  eftoit  deflus  efctit  deflus  la  broderie ,  Caën ,  furent  mis  &  ^  4<^5 
logez  tous  dedans  Thoftel  6c  pourpris  dudit  Temple  5  &  les  autres  dudit 
Bailliage  t/'-/î//e/2f^/j,quiavoicntiacque6tes,  où  eftoit  deflus  efcrit  auffi  de 
broderie ,  Aiulipartcm ,  furent  logez  au  quartier  dudit  Temple ,  cm^  ils 
purent  eftre  logez-outre  l'ancienne  porte  audit  Temple. 

En  ce  temps  maiftre  Jehan  Bcrard  Confeillier  du  Roy  en  fa  G>ur  de 
Parlement ,  s'en  partift  &  ala  au  pavs  de  Bretagne  par  devers  mondit  Sei- 
gneur de  Berry  ,  pource  qu'il  diloit  qu'on  avoit  arrefté  prifonnicre  fa 
femme  à  Paris ,  &  fait  vuider  hors  de  ladite  Ville  ,  pource  que  on  la 
chargeoit  d'avoir  favorifé  mondit  Seigneur  de  Berry  &  autres  les  fervi- 
teurs  contre  le  Roy. 

Audit  temps  fut  publié  &  cric  par  les  carrefours  de  Paris ,  que  tou«^ 
ceux  de  laditte  Ville  qui  avoient  marefts  aux  champs  d'icelle  Ville ,  fîf- 
fent  coupper  &  abatte  tous  \ts  faulx  &  autres  arbres  eftans  en  iceux ,  & 
tout  ce  dedans  deux  jours  >  ou  autrement  tous  iceux  faulx  &  autres  ar- 
bres eftoient  abandonnez  à  tous  ceux  qui  les  voudroient  abatte.  Et  ce 
mefme  jour  vint  &  arriva  à  Paris  Monfieur  le  Comte  d'Eu ,  comme 
Lieutenant  du  Roy.  Et  comme  tel  y  fut  receu  ledit  jour  qui  eftoit  le  1 5. 
Aouft  i4<^. 

Le  Mardy  14.  Aouft,  ledit  Cafîn  ChoUet  dont  devant  eft  patlc ,  pour, 
le  cas  deflufdit  de  avoit  crié  en  courant  par  les  rues  de  Paris ,  boutez- 
vous  en  vos  maifons  &  fermez  vos  huis ,  car  les  Bourguignons  font  de- 
dans Pans.  Et  qui  à  caufc  de  ce  avoit  efté  depuis  conftitué  prifonnicr 
par  fentence  du  Prevoft  de  Paris^  fut  condamné  à  eftre  batu  par  les  carre- 
fours de  ladite  Ville ,  &  privé  de  touts  Offices  Royaux  ,  &  eftre  un 
mois  ehcores  en  prifbn  au  pain  &i  l'eauc.  Et  fut  ainfî  mené  que  dit  eft 
battre  par  lefdits  carrefours  dedans  un  ord  ^  viltain  &  paillard  tumbe^ 
reau ,  dont  on  venoit  de  porter  la  boue  en  la  voirie.  Et  en  le  battant  par 
lefdits  carrefours  comme  dit  eft ,  le  Roy  crioit  à  haute  voix  au  bourreau  » 
bâtez  fort  &  n'efpargnez  point  ce  paillard,  car  il  le  a  bien  pis  deflèrvy.  Et 
ce  jour  arrivèrent  àP^iri^  deux  cens  Archers  tous  àcheval,dont  eftoitCapi- 
taine  Mignon  :  cous  lefquels  eftoient  aflèz  bien  en  point ,  au  nombre 
defquels  y  avoit  plufieurs  cranequiniers  ,  voulgiers ,  &  coulevriniers  st 
main.  Et  tout  derrière  icelle  compagnie  aloyent  à  cheval  huiâ  ribaudes 
te  un  Moine  noir  leur  confefleur. 

En  ce  temps  Meffire  Charles  de  Mtleun  qui  avoît  efté  Lieutenant  pour 
le  Roy  audit  lieu  de  Paris  durant  le  temps  deflufdit  fut  defappoinâé  de 
fa  charge  »  &  fut  baillée  audit  Seigneur  d'Eu ,  &  au  lieu  dudit  eftat  de 
Lieutenant ,  le  Roy  le  fift  fon  grand  maiftre  dlioftel  \  &  fl  luy  bailla  te 
bailliage  &  la  Capitainerie  d^Evreux  ,  &  la  Capitainerie  de  Honnefleur. 

En  ce  temps  aucuns  defdits  Bourguignons  Se  Bretons  qui  s'eftoient  ra- 
fraifchis  en  la  Ville  de  Provins  ,  s'en  retournèrent  à  Laigny  fur  Marne 
le  jour  &  fcfte  de  my-Aouft.  Et  le  Vendredy  enfuivant  vinrent  loger  i 
freteil  maifon  fur  Seiru  ,  CkeelU  SainSe ,  Bapteur  p  ôc  autres  lieux  iliec 
environ.  Et  pource  qu'on  doutoit  fort  lefdits  Bourguignons  &  Bretons 
retourner  devant  Paris ,  &  qu'il  fut  rapporté  que  maiftre  Girauld  cano- 
iiicr  s'eftoit  venté  de  aflbir  iSc  aflbcttr  de  foA  artillerie  à  la  voirie  devant 
Tome  IL  '  £  U 


j4  lES    CHRONIQUES 

la  porte  fainû  Denis  &  celle  de  fainft  Anthoine  pour  foadroyer  aucnni 
14^5-  lieux  de  ladite  Ville ,  &  au  long  des  murs  fut  ordonné  ce  jour  en  ladite: 
Ville  que  chacune  perfonne  alaft  le  lendemain  en  ladite  voirie,  garni  de* 
pics  &  de  pelles ,  pour  ruer  &  efpendre  icelle  voirie ,  ou  ce  que  on  en 
pourroit  faire  ,  &  ainfi  fut  fait  :  mais  on  n'y  fift  que  peu  ou  néant,  6c  fut 
tout  laide.  Et  à  cefte  caufe  furent  faits  demis  leidits  murs  plufieurstaul^ 
dis ,  boulevers ,  &  tranchées  au  long  defdits  murs ,  pour  la  feureté  &c 
deffence  de  ladite  Ville  &  des  Habitans  d'icelle ,  &  aufE  de  ceux  qui  fe- 
employeroient  à  la  garde  &  defifence  d'icelle.  Et  le  Samedy  enfuivant 
plufieurs  notables  perfonnes  &  de  divers  eftats  de  ladite  Ville  furent  par 
devers  mondit  Seigneur  le  Comte  d^Eu  Lieutenant  pour  le  Roy  en  ladi- 
te Ville ,  auquel  ils  firent  de  moult  belles  remonftrances,qai  concldoienc 
qu'il  luy  pleuft  pour  le  bien ,  profit  &c  utilité  du  Roy ,  de  ladite  Ville: 
éc  des  ftijets  d'icelle ,  &  du  Royaume  y  de  avifer  façon  Se  moyen  par 
devers  leidits  Seigneurs  de  Berry  5  Bourgoene  ,  Bretagne  Se  autres  (^6) 
devant  nonmiez,  d'avoir  arec  eux  aucune  bonne  pacincation  de  paix  du 
accord  à  l'honneur  du  Roy  6c  au  foulagemenr  &  oien  dudit  Royaume^ 
A  tous  lefquets  ledit  Monneur  d*Eu  SU  rèfponfe  telle^que  le  Roy  l'avoir 
mis  &  laide  d  Paris  pour  y  eftre  fon  Lieutenant,  &  en  ion  abfence  pour 
donner  de  tout  fon  pouvoir ,  provifion  i  tout  ce  qui  feroit  necefïïiire^. 
tant  au  Roy  que  au  fait  dudit  Royaume ,  &  que  i  ce  faire  eftoit  bien  tenu 
&  oblîcé,  6c  que  à  tout  ce  que  pofible  luy  feroit  U  mettroit  toute  pofi^ 
bilité  de  pourchader  ledit  accord  6c  bonne  union  avec  les  Seigneurs  de(^ 
Aifdits ,  &  que  fi'  meftier  dftoit  luy  mefmes  fe  ofFroit  d'y  aler  en  per- 
sonne, 6c  plufieurs  autres  chofes  luy  fut  dit  de  par  mondit  Seigneur  itEtL 
Se  maUlre  Jehao  à^Fouvaineoun  fon  Confeillier». 

Le  Lundy  enfuivant  \t(Avi%  Bretons  Se  Bouraùgnons  6c  autres  deleur^ 
dite  compagnie  vinrent  devant  le  pont  dé  Cnarentoa  >  auquel  lieu  iU- 
adirent  plumurs  pièces  d'artillerie ,  6c  d'icelles  tirèrent  aucuns  coups, 
contre  la  tour  dudu  pont^  Et  incontinent  ce  fait  ceux  qui  avoient  la  gar- 
de dttdit  pont  l'abandonnèrent  6e  s'en  vinrent  à  Paris ,  parquoy  &  qu'ilsr: 
n'eurent  nulle  refîftencc,  padèrent  incontinent  par  dedus  ledit  pont  avec- 
leurdite  artillerie.  Et  ce  mcfme  jour  environ  vcfprcs  iceux  Bretons  6C 
Bourguignons  vinrent  voulfter  par-devant  Paris  ^  6e  là  y  euft  deux  francs; 
Archers  de  Coin  qui  y  furent  tuez ,  fit  audî  y  eut  aucuns  d'iceux  Bretons 
&  Bourguignons  pris  6e  amenez  i  Paris ,  6c  celle  nuit  aucuns  des  dedu(^ 
éîts  Bretons  6c  Bourguignons  s'alerent  loger  dedans  Icp^cdof^incennes 
environ  de  trois  à  quatre  mil  honmies.  Et  le  Mardy  enfuivant  mondic 
Seigneur  ^'^«  envoya  devers  lefdits  Seigneurs  on  nommé  le  Seigneur- 
de  Rambures  yyont  Içavoir  de  leur  intention  &  qu'ils  vouloient  dire.  Er 
le  lendemain  ledit  Seigneur  de  Rambures  retourna  i  Paris:  mais  de  ce- 
qu'il  fift  par  devers  lefcutsSeigneurs  en  fût  peu  de  bruit ,  &  ceiour  vin- 
rentvoutoer  devant  Paris ,  &  audî  ydît  aux  champs  des  gens  de  guerre* 
de  Paris}  mais  il  n'y  euft  rien  fait,  fihon  qu'il  y  euft  un  franc  Archer  d'A^ 
knçon  qui  fîift  tué  par  lefdits  Bourguignons.  (  47  ) 

le* 

(4^)  (pr  li  paroît  <me  ce  furent  là  les  1      (47)  §CF   T4^î»  Supplément,  h^' 
jrélimmairçsd^TraitédcCooflaos.  1  Matdi  10  Aoyj  le  Comte  deCharo- 


DUROYLOUYSXI;  ^y 

le  Jeudy  xi«  Aouft  fefdits  Bretons  Se  Bourguignons  vinrent  e£:afmou-     

cher ,  &  il  yffit  de  Paris  pluficurs  gens  de  guerre  aux  champs ,  &  là  y  eut  14^5, 
im  Breton  archer  du  corps  de  Monfieur  de  Berry,  qui  eftoit  habillé  a  une 
brigandine  couverte  de  veloux  noir  à  doux  dorez,  &  en  Ta  tefte  un  bico* 
quet  garny  de  bouillons  d'argent  dorez,  qui  vint  frapper  un  cheval  fur 
auoy  eftoit  monté  un  homme  d'armes  de  l'ordonnance  du  Roy  par  les 
oans  &  la  cuiflè  y  tellement  que ,  ledit  homme  d'armes  en  s'en  retour- 
nant à  Paris ,  ledit  cheval  cheut  fous  luy  tout  mon  de(Ibus  les  galleries 
des  Toumelles^  £c  inconrinent  que  ledit  Breton  eut  ainfî  navré  ledit  che^ 
val ,  vint  â  luy  un  Archer  de  la  compagnie  dudit  Monfieur  d'Eu  qui  le 
traverfa  tout  outre  le  corps  d'une  demie  lance ,  &  incontinent  cheut  i 
terre  tout  mort ,  &  fut  (on  cheval  amené  &  habillement  pris  pour  ap* 
porter  à  Paris ,  &ie  corps  laifle  mort  en  chemife.  Et  bi.en  tancoft  après 
vint  un  Hérault  à  la  porte  S«  Anthoine  qui  requift  avoir  ledit  corps  mort: 
ce  qui  luv  fut  oâxoyé ,  &  le  fift  porter  à  S.iftnthoine  des  champs  hocs 
Paris  ,  ou  illec  fiit  inhumé  &  fon  fervicc  fait,  ^ 

En  cedit  jour  mondit  Seigneur  de  Berryyc\tà\  eftoit  logé  à  Beaultézvcc 
plufîeurs  ddfdits  Seigneurs  de  fon  fang,  envoya  fes  Heraux  à  ladite 
Ville  dt  Paris  qui  q>porterent  de  par  luy  auatre  lettres ,  les  unes  aux 
bourgeois ,  manans  Se  habitans  d'icelle  Ville ,  unes  à  l'Univerfité ,  let 
antres  aux  gens  d'Eglife ,  &  les  autres  à  la  Cour  de  Parlement.  Qui  coiw 
tenoient  en  effeâ  que  luy  &c  ceux  de  fon  fang  avec  luy  tous  a(Ièmblez> 
cftoient  illec  venus  pour  tout  le  bien.univerfel  du  Royaume  de  Franu  , 
&  que  par  ladite  Ville  luy  fuflènt  envoyez  cinq  ou  (ix  hommes  notables 
pour  ouyr  les  caufes  pourquoy  luy  6c  ceux  de  fondit  fang  eftoient  ainfi 
venus  que  dit  eft.  En  obtenq>erant  aufquelles  lettres  &  pour  icelles  oyr 
&  efcouter  furent  efleuz  ôc  déléguez  pour  ladite  Ville ,  maiftre  Jehan 
Choart  Lieutenant 'Civil  au  Chaftellet  de  Paris ,  maiftre  François  HaJU 
Advocat  en  Parlement ,  &  Arnault  Luillier  Changeur  de  Paris.  Pour  I E- 
glife  de  Paris  maiftre  Thomas  de  Courcelles  Doyen  de  Paris  ,  maiftre 
.  Jehan  de  Lolive  Doâeur  en  Théologie ,  &  maiftre  Euftache  Luillier  Ad« 
vocat  en  ladite  Cour  de  Parlement.  Et  pour -ladite  Cour  de  Parlement  » 
maiftre  JdiaailcJouàngiery  maiflre  Jehan  le  Sellier  Archidiacre  de  Brie., 
&  maiftre  Jaques  Foumier.  Et  pour  l'Univerfité  maiftre  Jaques  Ming  li^ 
faut  pour  la  faailté.  des  Ans ,  maiftre  Jehan  Luillier  pour  Théologie  * 
maiftre  Jehan  de  Montigny  pour  Décret ,  &  maiftre  Anguerant  de  P^- 
renti  pour  Médecin.  Tous  iceux  nommez  deftiis  eftoient  menez  &  con* 
duits  par  Révérend  Père  en  Dieu  le  devant  nommé  Guillaume  (CÀtme/^ 
Evefque  de  Paris ,  qui  eut  la  charge  de  prefenter ,  mener  &  conduire 
tous  iceux  nommez. 

Lediâ  jour  y  eut  un  Archer  du  Seigneur  de  la  Barde  monté  à  chevaU 
armé  SfC  délibéré  d'aler  à  fon  aventure ,  vint  à  la  porte  fainâ  Anthoine.: 
auquel  Archer  le  Baftard  du  Miùne^qpi  gardoit  la  porte  fainâ  Anthoine 
dift  &  defFendit  qu'il  n'y  alaft  point ,  lequel  Archo:  luy  refpondit  que^il 
fcrott ,  ic  qu'U  n'eftoit  ^point  i  luy  ne  tous  luy  :  mais  dloit  audit  de  la 

Bard^ 

lois  vint  camper  à  Conflans  près  Pa-  1  du  mois  d'Oâiobre.  Voyez  la  petiu 
lis  >  ou  il  léjourna  jufqu  a  la  fin  |  Chronique* 

E  X  (49> 


^$  LES    CHRONIQUES 

JBarJe  fon  maiftre  ôc  Capitaine.  Et  lors  pour  fon  refus  ledit  Baftard  diK 
^  4^  S*  Maine  tira  fon  efpée  pour  frapper  iceiluy  Archer ,  &  ledit  Archer  tira 
aufli  la  (lenne  pour  fe  revencher.  Et  alors  ledit  Baftard  du  Mairu  cria  i 
(es  gens  &  autres  eftans  à  ladite  porte  ^  prenez  ce  ribaut  Se  le  tuez.  Et  in- 
continent fut  couru  fus  audit  Archer ,  8c  illec  le  tuèrent  tout  mort.  Ce 
jour  auflî  vint  nouvelles  que  maiftre  Pierre  DorioUc  (  48  )  gênerai  des 
Finances  du  Roy ,  l'avoir  d!elai(Ie  &  s*en  eftoit  aie  rendre  à  Monfeigneitr 
de  Berry.  Cedit  jour  aufli  les  Ambaflàdeurs  de  Paris  qui  ainfî  eftoient 
alez  à  Èeaulté  par  devers  les  Seigneurs  devant  dits  y  s^tti  retournèrent  à 
Paris  Se  vinrent  arriver  en  Thoftel  des  Tourrullts ,  où  ils  trouvèrent  mon- 
dit  Seigneur  d*Eu  :  auquel  ils  dirent  ce  qui. leur  avoit  efté  dit  Se  pro^ 
pofé. 

Le  Samedy  enfuivant  furent  tous  les  de({us  nommez^Ambaf&deurs  en 
rhoftel  de  ladite  Ville  ,  où  eftoiçnt  adèmblez  plufleurs  notables  perfon^ 
nés  pour  oyr  ce  qui  leuAvoit  efté  dit  par  les  deflîifdits  Princes  &  Sei- 
gneurs ,  à  quoy  ne  fut  rien  conclu  pour  la  matinée  :  mais  fut  ordonné 
oue  ledit  jour  après  difner  feroient  ailèmblez  en  ladite  Ville  ,  TUniver- 
nté,  TEglife,  la  Cour  de  Parlement ,  &  autres  Officiers ,  &  le  corps  de 
ladite  Ville-,  tous  lefquels  s*y  trouvèrent ,  Se  conclurent  qu'au  regard 
des  rrois  Eftaps  que  requeroient  eftre  tenus  lefdits  Princes  &  Seigneurs 
dirent  que  la  requeftc  eftoit  jufte.  Et  en  outre  que  paflàgc  leur  feroit 
baillé  à  Paris ,  Se  des  vivres  en  les  payant  >  &  aufli  en  baillant  par  eux 
bonne  caution,  que  nul  mal  ou  efclanare  ne  feroit  faiA  par  euxx>u  leurs 
gens  en  ladite  Ville  ne  aux  habitans  d'icelle ,  fauf  fur  tout  le  bon  plaifk 
ctu  Roy.  Ec  i  tant  iceux  Ambaffàdcurs  retournèrent  par  devers  lefdits 
Princes  leur  dire  leurdite  délibération.  Et  eft  aflàvoir  que  durant  que  le- 
dit Confeil  fut  en  ladite  Ville  à  ladite  heure  d'après  difner ,  furent  tous 
les  Archers  &  Arbaleftiers  de  Paris  en  armes  devant  ledit  hoftel ,  pour 
garder  d'opprcller  les  opinans  audit  Confeil.  Et  ledit  jour  Samedv  les 
gens  d'armes  de  l'ordonnance  du  Roy  eftans  en  icelle  Ville  ,  firent  leurs 
monftres  au  long  de  ladite  Ville,  &  tous  marchans  lés  uns  après  les  au-, 
très  par  ordre ,  ce  qui  faifoit  bien  bon  veoir.  Et  premièrement  aloient 
les  Archers  à  pié  dudit  pays  de  Normandie, ,  &  puis  les  Archers  à  cheval-, 
&  en  après  les  hommes  d'armes  des  compagnies  de  mondit  Seigneur 
^Euy  de  Monfeigneur  AeCraon ,  de  Monfeigneur  de  la  Bardcj  Se  dudit 
Baftard  du  Maine ,  &  pouvoient  bien  eftre  en  tout  de  quatre  à  cinq  cens 
lances  bien  en  point ,  fans  ceux  de  pié  ,  qui  bien  eftoient  quinze  cen^ 
hommes  &  mieux.  Etcemefme  jour  leRov  efcrivift  lettres  à  ceux  de 
Paris  ,  par  lefquelles  leur  mandoit  qu'il  eftoit  à  Chartres  avec  fon  oncle 
Monfeigneur  du  Maine  a  tout  bien  grand  nombre  de  gens  de  guerre  ,  & 
que  dedans  le  Mardy  enfuivant  il  feroit  à  Paris.  Et  ce  mefme  jour  vint 
&  arriva  à  Paris  l'Admirai  At  Montaulban  Se  grand  quantité  de  gens  de 
guerre  avec  luy.  Ce  jour  fe  deftogea  de  Btimlté  mondit  Seigneur  de 
JB^rry  pour  aler  ifairul  Denis  ,  Se  puis  s'en  retourna  audit  lieu  de  Beaul* 
té  y  pour  ce  qu!on  luy  dift  qu'il  feroit  plus  feurement  audit  lieu  de 
Beaulté  y  où  près  d'illec  eftoient  logez  Içulits  ennemis  ,  que  d'eftre  feul 

audit 
ii^]  t^  Pcgttis  Chancdîct  jk  France ,  &  fort  conou  i^m&  THlft.  dcLouis^XI. 


D  U    R  O  Y    L  O  U  Y  s    X  |.  jy 

ftudîr  Uea  defain3  Denis ,  &  auffi  aue  on  luy  ala  dire  que  le  Roy  vcnoit 
&  rccournoit  audit  lieu  de  Paris.  Et  le  Mercredy  enfuivant  le  Roy  retour-  146  y 
na  à  Paris  ,  &c  amena  avec  luy  fon  oncle ,  Monfeigneur  du  Maint , 
Monfeigneur  de  Penthcure  &  autres ,  &  ramena  fon  artillerie  qu'il  avoir 
amenée  avec  luy ,  &  grand  nombre  de  pionniers  pris  au  pays  de  Norman- 
die ,  qui  tous  furent  logez  à  Thoftel  du  Roy  ifaincl  PoL  Et  de  ladite  vc^ 
nue  que  fift  le  Roy  en  fadite  Ville  de  Paris  ,  fut  le  populaire  dlcelle 
moult  fort  refiouv  en  criant  à  haute  «voix  par  rout  où  il  paflbit  par  ladite 
Ville.  Noël.  Er  le  lendemain  bien  matin  lefdits  Bourguignons  &  Bn- 
tons  vinrent  bailler  une  reverdie  devant  le  boulevart  de  la  Four  de  Billy^ 
&  avoient  avec  eux  trompettes.,  clerons^  hauts  meneftriers,  &  autres 
inftrumens  >  dont  ils  faifoient  grand  bruit..  Et  illec  &  devant  la  Baftillê 
fainâ  Anthoine  vinrenr  faire  un  grand  bruit  &  cry ,  en  criant  à laflàut 
&  à  l'alarme  dont  chafcun  fut  fort  efpouventé ,  &  s'en  ala  chafcun  fur 
les  murs  &  en  (a  garde.  Et  ledit  jour  vinrent  lefdits  Bretons  &  Bourgui^ 
gnons  voulfter  devant  Paris  ,  deflus  lefquels  iilirent  grand  nombre  de 
gens  de  guerre  de  l'ordonnance  du  Roy ,  &  tant  par  port  d'armes  que 
oe  jgrofles  ferpentines  du  Roy  qui.fort  tirèrent  >  y  eut  ce  jour  plufieurs 
demits  Bretons  Se  Bourguignons  tuez.  Et  le  Vendredy  enfuivanr  vinrent 
&  arrivèrent  à  Pa/ii  des  farines  &  autres  virailles  du  pays  de  Norman- 
die. Et  entre  les  autres  chofes  y  fur  amené  delà  Ville  à^. Mante  deux  che- 
vaux chargez  depaftez  d'anguilles  de  Goti ,  qui  furent  vendus  devant  le  * 
Chaftellet  de  Paris  en  la  place  à  la  volaille.  Ce  même  jour  après  difner 
iilirent  dehors  Paris  Poncet.de  Rivierjt  (49)  &  ceux  de  fa  compagnie,  ■ 
qui  bien  pouvoient  eftre  de  trois  à  quatre  cçns  chevaux ,  cuidans  trou- 
ver lefdits  Bretons  &  Bourguignons  ,  mais  point  ne  s'y  trouvèrent ,  & 
ne  fut  lors  rien  fait. .  Et  la  nuit  les  Bourguignons  qui  eftoient  logez  à  la 
grange  aux^Merciers  s'en  deflogerent ,  pource  aue  l'artillerie  du  R6y  ' 
portoit  de  Paris  jufaues  en  ladite  grange,  &  au  acfloger  abatirent  toute 
la  couverture>dudit  lieu  ,  &  en  emportèrent  tout  le  preparatif ,  comme  ' 
huis  ,  feneftres  &  autres  bois  pour  eux  taudir  &:  pour  ardoir.  Er  ce  jour 
le  Roy  fift  dire  à  cinq  des  devant  nommez,qui  avoient  elle  à  Beaulté  dé- 
vers lefdits  Princes,  après  la  délibération  amfîfaifte  que  dit  eft,  devant 
audit  hoftel  Àç,  la  Ville  qu'ils  vuidaflènt  hors  delà  Ville  :  defquelles  cinq  : 
perfonnes  les  noms  enfuivent.  C'eft  aflàvoit  maiftre  Jehan  Luillier  Cure  ' 
de  fainft  Germain  l'Auxerrois ,  maiftre  Euftache  Luillier^  &  Arnaud  Luil" 
lier  fes  frères ,  maiftre  Jehan  Ckoart ,  .&  maiftre  François.  Hajle  Advo- 
cat  en  Parlement.. 

Le  Samedy  dernier  Aouft  y  eut  moult  belles  faillies  faites  par  lés  pôf-  - 
tes  de  faindt  Anthoine  &  fainA  Denys.  Et  du  cofté  de  ladite  porte  faindt  ' 
Denys  y  eut  un  Archer  de  l'Hoftel  du  Roy  tué  :  &  du  cofté  defditsifr^- 
tons  Se  Bourguignons  en  y  eut  auflî  de  ruez  Se  navrez.  Et  fi  avint  que  un 
gentilhomme  nommé  le  Seigneur  àcjainci  Quentin  fut  en  ladite  faillie 
ou  efcarmouche  abbatu  de  defliis  un  bon  courfier  fus  lequel  il  eftôit 
tnonré  ,  &  après  fut  recoux ,  mais  il  perdit  fondit  courfier  &  deux  au- 
cses  beaux  chevaux.  Et  du  cofté  de  ladite  porte  faindt  Anthoine  n'y  fut 

rien  ^ 

(^}>  Il  écoitCapijcainc  des  Archets.  Cominet ,  liv.  x.€bap..x•• 
E'3>  fto}/ 


38  LES    CHRONIQUES 

rien  fair.  Et  ce  jour  le  Roy  faillir  aux  champs  du  cofté  de  fon  boulevart 
*  4  ^  5  •  de  la  Tour  de  Billy ,  ôc  illec  fift  paflèr  au  travers  de  Seine  de  l'autre  cofté  ^ 
de  trois  à  quatre  cens  piétons  pionniers ,  qui  eftoient  venus  du  pays  de 
Normandie  pour  aler  pionncr  à  Tendroit  Apport  à  VAnglois  ,  &c  devant 
Conflans  tout  devant  le  ficge  defdits  Bourguignons  à  1  endroit  de  la  ri- 
vière :  car  on  difoit  que  XzQSxs  Bourguignons  avoient  intention  de  faire 
un  pont  (50)  pour  paflcr  ladite  rivière.  Et  audit  lieu  le  Roy  brdonna 
certain  nombre  de  gens  de  guerre  pour  garder  &  deffendrc  de  faire  ledit 
pont  &  paflèr  laditte  rivière,  &  après  letditspionniers  ainfi  paflèz  que  dit 
cft ,  le  Roy  auflî  pafla  après  eux  laditte  rivière  tout  à  cheval  dedans  un 
bac  fans  defcendre  de  deffus  ledit  cheval. 

Le  Dimanche  premier  Septembre  lefdits  Bourguignons  mirent  &  aflî- 
rent  un  pont  pour  paflèr  ladite  rivière  audit  port  à  VAnglois.  Et  avint 
que  à  rheure  qu'ils  avoient  délibère  de  paflèr  par  deflus  ledit  pont ,  arri- 
va audit  port  à  CAnglois  certain  grand  nombre  de  francs  Arcners  &  au^ 
très  gens  de  guerre  pour  le  Roy,  qui  vinrent  aflèoir  engins  au  bout  dudic 
pont ,  dont  ils  tirèrent  à  Pencontre  defdits  Bourguignons^  &  en  tuèrent 
&  navrèrent ,  &  leur  convint  reculer.  Et  de  l'autre  cofté  de  la  rivière  du 
cofté  defdits  Bourguignons  pafla  a  nage  un  Normant  ,  qui  ala  coupper 
les  chables  ordonnez  à  porter  ledit  pont,  &  partant  ledit  pont  s'en  ala 
aval  l'eauc»  Ce  jour  auffî  fut  tiré  grand  quantité  d'anillerie  dedans  l'oft 
defdits  Bourmignons  ,  pourquoy  les  convint  reculer  plus  arrière.  Ce  jour 
auffi  lefdits  Bourguignons  tirèrent  de  leur  artillerie  aux  gens  du  Roy  cC- 
tanszudïtport  a  TAngloiSf  Se  y  eut  un  Gentilhomme  de  Normandie 
qui  eut  la  tefte  emportée  d'un  coup  de  ferpentine.  Aufli  vinrent  &c  arri- 
vèrent â  Paris  par  devers  le  Roy  deux  Ambaflàdes ,  l'une  pour  le  Duc 
de  Nemours  y  l'autre  pour  le  Comte  d^Armimac.  Ledit  jour  aufïî  fut  falo- 
te belle  faillie  aux  champs  par  MefOre  Charles  de  Meleun  Se  Malortie  , 
Se  ceux  de  leur  comoagnie  qui  faillirent  tous  bien  en  point  pour  efcar-*» 
moucher  fur  lt(dn% Bretons  Se  Bourguignons.Etlcdit  jour  aufu  arrivèrent 
â  Paris  les  voulgiers  &  crànequiniers  cm  pays  &  Duché  d^AnJoUiqui  bien 
pou  voient  eftre  quatre  cens  hommes,qui  aufli  ledit  jour  furent  menez  aux 
champs  pour  efcarmoucher  lefdits  Bretons  Se  Bourpiignons  9  Se  y  eut  \ 
(cefte  fois  deux  Archers  de  l'ordonnance  du  Roy  tuez ,  Se  un  pris ,  &  les 
gens  du  Roy  prirent  fept  Bourguignons  Se  en  tuèrent  deux.  Ledit  jour 
encores  fut  a  Paris  4  feurcté  par  devers  le  Roy  le  Comte  de  Sommerfet 
du  Royaume  d'Andeterre^  qui  cftoit  de  l'oft  defdits  Bourguignons ,  Sc 
parla  au  Roy  qui  eftoit  en  la  BaftiUe  fainâ  Anthoine,  afTèz  longuement. 
Se  puis  luy  fut  donné  à  boire,  &  prit  congé  du  Roy ,  qui  au  partir 
pource  qu  il  pleuvoir  luy  donna  fa  cappe,qui  eftoit  de  velouxnoir. 

LeLundy  1.  Septembre  1^6^.  Monfeigneur  du  Maine  qui  eftoit  logé 
à  Paris  devant  l'hoftel  du  Roy ,  envoya  a  Monfeigneur  le  Duc  de  Berry 
deux  muys  de  vin  vermeil ,  quatre  demies  queues  de  vin  de  Beaulne  , 
ôe  un  cheval  chargé  de  pommes ,  de  choux  Se  de  raves.  Et  le  Mardy  en- 
fuivant  furent  nommez  Se  efleus  Ambafladeurs  pour  le  Roy  Se  lefdits 
bourguignons  ,  pour  communiquer  fur  leurs  differens.  C'eft  aâ&voir  pour 

le 
(fo)  CçPootfi^t  £uc  çn  peu  de  temps.  Cmiaeii  Uv.  i.  çh^p.  C. 

(5O 


DUROY    LOUYS    Xï.  5^ 

le  Roy  furent  efleaz  mondit  Seigneur  du  Maine ,  le  Seigneur  de  Prcdgny 
Prefident  des  Comptes ,  &  maiftre  Jehail  Dativet  (51)  Prefident  cm 
Parkment  de  Thouloufc.  Et  du  eofté  defdits  Princes  &  Seigneurs  con- 
traires ,  furent  nommez^le  Duc  de  Calabre ,  le  Comte  dtfainS  Pol,  Se 
le  Comte  de  Dunois.  Et  ce  jour  auffi  par  cas  de  fortune  fut  mis  &  bouté 
le  feu  dedans  la  poudre  à  eanon  qui  eftoit  à  la  porte  du  Temple,  qui  em« 
porta  le  comble  de  ladite  porte ,  &  fift  defcharger  ftuit  pièces  d'artillerie 
dlans  à  ladite  porte ,  qui  a  ladite  heure  eftoient  toutes  chargées.  Et  in^ 
continent  queiefdits  Sekneurs  Ambadàdeurs  furent  ainfi  efleuz  Se  nom-- 
mez  y  pourparlerent  eniemble  fur  l'accord  ic  pacification  d'entre  eux  » 
&  fut  rait  trêve  jufqucs  au  Jeudy  enfuivant.  Pendant  laquelle  trêve  ne 
fiit  faite  aucune  guerre  de  cofté  ne  d'autre  :  mais  durant  icelle  chafcun 
mift  peine  de  fa  part  de  foy^  fortifier^  Et  durant  icelle  trêve  y  eut  pludeurs 
alées  Se  venues  faites  de  cofté  &  d'autre.  Se  jufques  audit  jour  de  Jeud/ 
que  ladite  trêve  devoit  faillir,  que  mondit  Seigneur  du  Maine  en  retour- 
nant de  l'oft  defdits  Bourguignons^  dift  aux  portiers  de  ladite  porte  fainâ: 
Anthoitie  qu'Us  fiflent  tous  bonnes  chères ,  Se  que  au  plai(k  de  Dieu 
avant  qu'il  feuft  hui6b  jours  lors  à  avenir ,  tous  auroient  caufe  de  joye  de' 
crier  NoeL  Et  cedit  jour  ladite  trêve  fut  continuée  jufc^ues  au  Mercredy 
enfuivant..  Et  le  Vendredy  après  furent  tous  iceux  Seigneurs  confulter 
cnfemble  en  la  grange  aux  Merciers  ,•  dellbus  un  pavillon  pour  cefte 
caufe  iUec  ordonné,  &  cependant  \t(Ayis^ Bretons  Se  Bourguignons  en 
grand  nombre  comme  deux  mil  ou  environ ,  Se  des  plus  lîonneftes  ve^ 
noient  en  grand  pompe  eux  monftrer  devant  Paris ,  jufques  au  foflc  de 
àtxntttfainSjimhoine  des  Champs.  Et  auffi  iffirent  hors  Ac  Paris  plufieurs^ 

Ferfonnes  pour  \ts  aler  veoir  &  parler  à  eux ,  nonobftant  que  le  Roy 
euft  deffendu  ,  &  en  fut  bien  mal  content ,  Se  voyant  ces  cliofes  fut 
meu  de  leur  faire  jc^er  pludeurs  canons  Se  ferpentines,qui  eftoient  char- 
gées en  la  Tour  de  Billy^  &  près  d'illec.  Et  quantlefditsdeP^m  retour^ 
Berent  en  la  Ville,  il  en  fift  prendre  les  noms  de  plufieurs  par  efcrit.  Et  le* 
Dimanche  8  Septembre  fcfte  de  Noftre  Dame ,  le  Roy  partit  de  fon  hof- 
tel  des  Tourrulles  pour  aler  en  la  grand  Eglife  Noftre  Dame ,  &  en  y 
alant  pa(Iâ  par  L^Egiife  de  la  Magdelene  ,  où  illec  il  fe  fift  frère  &  com- 
pagnon de  la  grand  Confrairie  aux  Bourgeois  de  Paris ,  Se  avec  luy  s'/ 
mirent  TEveique  d^Evreux  Se  autres.  Et  le  tundy  9.  Septembre ,  leidits- 
Bretons  Se  Bourguignons  fîirent  es  terroiiers  de  Clignencoun  y  Montmar^ 
tre  y  la  Courtille  Se  autres  vignobles  d'entour  Paris ,  prendre  &  vendeh- 
gcr  toute  la  vendange  qui  y  eftoit ,  jaçoit-ce  qu'elle  n'eftoit  point  meure , 
&  en  firent  du  vin  tel  quel  pour  le  boire.  Et  a  cefte  caufe  furent  ceux  da' 
Paris  contraints  de  vendanger  les  autres  vignes  par  tout  autour  de  Paris, 
^ui  n'eftoient  pas  à  demy  meures ,  Se  auffi  le  temps  leur  fut  fort  contrai- 
re. Et  fut  la  plus  mefchante  &  povre  vignée  qui  Ibng  temps  fut  feeue  en* 
Frarue ,  &  l'appelloit-on  le  vin  de  l'année  des  Bourguignons. 
£n  ce  temps  vinrent  à  P^m  pluûèurs  des  Nobles  de  Normandie  y  tiowt 

(ervir 


ffi)  n  avoit  ité  emptoyë  en  plufienrs 
J[mba(ra(ies ,  étoic  fort  aimé  du  Roi  qui 
ficooic  ca  loi  beaucoup  de  confiance.,.  &. 


•cft  mort  Premier  Prefident  a«M*arIcmcor 
de  Paris  en  147 1.  Il  a  été  l'un  des  plus  cé-- 
lébrcsMaglftracs  de-  fon  cem^ 


146  J« 


4Ô  LES    CHRONIQUES 

fcrvir  le  Roy  en  fes  guerres  :  tous  lefquels  furent  logez  aux  fauxbourgs 
14<^J»  de  faindk  Marcel  lez  Paris.  Entre  lefquels  en  y  avoir. aucuns  particuliers 
qui  firent  moult  de  maux  &  larrecins ,  &  de  ce  en  furent  deux  repris  par 
aucuns  des  bourgeois  de  ladite  ville ,  &  qui  contre  leur  gré  &  volonré  y 
Youloient  entrer.  Et  pour  le  refus  qui  leur  en  fut  fait  par  lefdits  bour- 
geois ,  leur  dirent  iceux  de  Normandie  plufieiurs  injures  &c  mauvaifes  pa- 
jolies  i^eneux  rebellant  à  rencontre  d'€ux  &  enlesappelant;traiftres-So/;^r- 
guignons ,  &  qu'ils  les  mettroient  bien  en  point  >  &c  qu'ils  n'eftoient  ve- 
nus dudit  pays  de  Normandie  à  Paris ,  que  pour  les  tuer  £c  piller.  Dcf- 
Îuelles  chofes  information  fut  faite  à  la  plainte  de  ceux  dudit  Paris ,  qui 
efdices  paroles  fefentirent  fort  injuriez.  Et  veucs  icelles  le  principal  œal«- 
faiâeur  Se  prononceur  defdites  paroUes  >  iur  condamné  à  faire  amende 
honorable  ocvant  l'hoftel  de  ladite  ville,  au  Procureur  d'icellepour  toutç 
ladite  ville ,  tefte  nue.,  delTeint ,  une  torche  au  poing,  en  difant  par  luy 
que  faudement  &  mauvaifement  il  avoit  menty  en  difant  lefdites  paroUes. 
l^n  priant  6c  requérant  icelles  luy  être  remi(es  &C'  pardonnées ,  &  après 
ejut  la  langue  percée,  donjt  il  avoit  profecé  lefdites  paroUes^  Se  ce  fait 
flitbanny. 

Le  Lundy  enfuivant  les  Bourguignons  Ce  vinrent  montrer  devant  P^m^ 
entre  lefquels  y  eftoit  Monfeigneur  defainS  Pol,  pour  parler  auquel  le 
Roy  yffit  dehors  Paris  Se  parlèrent  enlemble  bien  deux  heures.  Et  pour 
sjen  retourner  feurement  le  Roy  bailla  pour  luy  en  hoftage  Monfeigneur 
le  Comtedu  Maine ,  qui  demeura  en  i  oft  defdits  Bourguignons  o  jufques 
au  retour  de  xnondit  Seigneur  àcfainS  Pol ,  Se  ce  meime  jour  le  Roy 
en  retournant  des  champs  dift  à  pluGeur^  de  Paris  eftans  â  ladite  porte 
fâinâ  Anthoine ,  que  lefdits  Bourguignons  ne  leur  donneroient  plus  tant 
de  peine  qu'ils  avoient  fait ,  &  gu'u  les  -en  garderoit  bi^în  ,  Se  lors  un 
Procureur  4e  Chattellet  nommé  Pierre  Beron  lui  rcfpondit^  Voire  Sire  , 
mais  ils  vendangent  nos  vignes  (5 1)  &  mandent  nos  raifins  fans  -y  (<^voic 
remédier.  Et  le  Roy  répliqua  qu'il  valloit  mieux  qu'ils  vendcngeaflent  leG 
dites  vignes. &  mangeaflcnt  lefdits  raifins ,  que  ce  qu'ils  vinuent  dedans 
Paris  prendre  leurs  taflfes  &  vaillant  qu'ils  avoient  mis  Se  muflèz  dedans 
Leurs  caves  &  celiers.  Et  le  Vendtedy  enfuivant  vint  Se  arriva  es  Halles  de 
Paris  deux  cens  chevaux  tous  chargez  de  marée  Se  de  toutes  manières  Se 
(pries ,  &  y  vint  aulTi  plufieurs  faumons ,  efturgeons  8c  du  harenc  frais  , 
en  defpit  Se  malgré  de  tous  lefdits  Bourguignous  ,  Bretons  Se  autres,  ainfi 
cftans  devant  Paris ,  qui  avoient  menaflez  ceux  de  ladite  ville  de  leur 
faire  manger  leurs  chats  Se  leurs  rats  par  fanûne.  Et -depuis  fut  ladite  tre- 
ye  continuée  par  ^ei»c  ou  trois  fois  juiques  au  18.  Septembre ,  pendant 
laquelle  lefdits  Bretons  Se  Bourguignons  fe  avittaillerent  fort  en  leur  oft, 
à  la  grand  charge  Se  foule  du  pays  &  du  peuple.  Et  n'eft  point  à  douter 
que  fe  le  Roy  euft  voulu  dire  avant,  &  qu*il  euft  efté  bien  fervy  des 
gens  de  guerre  prenans  fes  cages  &  fouldées ,  avec  les  nobles  &  peuple 
4e  Paris  ,  qui  boiHie  dévotion  avoient  au  fainâ  :  il  ^uft  -fub jugué  Se  mis 

tous 


is-i)  Cet  jcndrtflt  pourrolt  bien  avoir 
4onné  lieu  à  Rabelais  de  compofer  le  cha> 


te  ce  que  fit  Frerc  Jean  des  Entommeutes 
pour  lauver  les  vignes  ^c  rA|;>baye  de  Ser 


fïm  17.  4c(ba  Çargaivtaa,  ou  il  r«>por- 1  ville. 


DU     R  O  Y     L  O  U  Y  S     X  T.  41 

Wus  fefdîts  ennemis  en  tel  eftat  que  jamais  ne  fuflcnt  retournez,  dont  ils 
cltoient  partis ,  pour  venir  devant  ladite  ville  de  Paris.  *  4^  $• 

LeMercredv  1 8. Septembre,  nonobftant  le  pourparler  defditsAmbafla- 
deurs  de  cofte  &  d'autre  ,  fut  tout  rompu  &  perdu  le  bon  efpoir  que  on 
avoir  eu  paravant. 

Ce  jour  deMercredy  fut  defemparé  lefiegeçiuc  le  Roy  avoir  fait  audit 
Port  à  V Anglais ,  auquel  fîege  avoient  efté  faites  de  belles  tranchées  & 
bouUevers ,  tentes  &  pavillons ,  &  après  ledit  defemparement  tous  les 
gens  de  guerre  eftans  audit  fîege  s'en  Vinrent  retraire  &  loger  aux  Char- 
treux près  Paris  ,  dedans  lequel  lieu  des  Chartreux  furent  logez  fix  cens 
hommes  de  guerre  &  leurs  chevaux.  Et  tellement  en  fut  rempîy  ledit  lieu> 
que  les  fainéts  hommes  Religieux  de  leans  en  furent  dechaflèz  &  boutez 
hors  de  leurs  celles  &  lieux  de  dévotion.  Et  le  lendemain  Jeudy  lefditS 
Bretons  &  Bourguignons  paflèrent  laditte  rivière  audit  Port  à  r  Anglais  , 
&  vinrent  au  point  du  jour  efcarmoucher  lefdits  gens  de  guerre  du  Roy 
ainfi  logez  ifainU  Marcel,  les  Chartreux  icfainS  KiSory  &  en  y  eut  de 
cofté  Se  d'autre  de  morts ,  navrez  &  pris. 

Ce  mefme  jour  fe  fift  un  grand  Confeil  Se  Aflèmblée  en  la  Chambre 
des  Comptes ,  auquel  furent  afièmblez  avec  autres  les  feize  Quarteniers 
d'icelle  »  les  Cinquanteniers ,  &  de  chacun  defdits  Quarteniers  (îx  hom- 
mes  notables  avec  aucuns  Confeillîers  de  la  Cour  de  Parlement,  Officiers 
&  autres.  Et  illec  Monfeigncur  le  Chancelier  MorviUier  dift  &  expofa  de 
par  le  Roy  conunent  il  s'eftoit  grandement  mis  en  fon  devoir ,  d'avoir 
ofFen  aux  Princes  &  Seigneurs ,  qui  eftoient  devant  Paris  aux  demandes 
qu'il$  lui  faifoient  pour  l'appanage  de  Monfeigneur  le  Duc  de  Berry  , 
pour  lequel  ils  demandoient  avoir  la  Duché  de  Guyenruy  PoiSou ,  &  le 
pays  de  XainBon^ ,  ou  la  Duché  de  Normandie.  À  quoy  leur  fut  dit  & 
tefpondu  par  ledit  Confeil  ainfi  aflèmblé ,  que  le  Roy  ne  leur  pouvoir  pas 
bailler  ne  defmembrer  de  fa  Couronne.  Et  depuis  le  Roy  leur  offrit  bail- 
ler le  païs  de  Champaigne  ic  Brie,  refervé  à  lui  Meaulx,  Monfiereau  Se 
Meleunj  pour  ledit  appanage.  Et  aufdits  de  Charrolois  &  autres  Seigneurs 
fifl  de  grans  offres  pour  leurs  deffrayemens ,  ce  qu'ils  ne  dévoient  poinc 
refufer  :  mais  rien  ne  voulurent  accepter ,  &  demeura  tout  jufques  au 
Vendredy  matin  enfuivant.  Auquel  jour  le  jeune  Senefchal  dé  Norman- 
die  (53)  ifCt  hors  de  Paris  à  tout  bien  fix  cens  chevaux  pour  efcarmou- 
cher ,  &  foy  monflrer  devant  les  deffufdits.  Et  pareillement  fe  monflrc- 
rent  de  l'autre  cofté  de  la  rivière  grand  quantité  de  gens  de  guerre  devant 
lefdits  Bourguignons,  qui  fore  tirèrent  engins  celle  journée,  dont  ils  tuè- 
rent un  Gentilhomme  de  PoiSàu  de  la  compagnie  de  Monfeigneur  de 
Penthieure  ,  qui  fe  nommoit  Jehan  Ckanreau  Seigneur  de  Pampelic.  Et  . 
dedans  les  vignbs  près  fainâ  Anthoine  Ass  champs ,  furent  pris  bien  vingt 
ou  vingt-quatre  paillars  Calabriens  &  Bourguignons  ,  tous  nuds  &  mal 
en  point ,  qui  tous  furent  vendus  au  butin ,  &  en  donnoit-on  quatre  pour 
un  efcu ,  qui  efl  audit  prix  fix  fous  fix  deniers  parifis  la  pièce. 

Le  Samedy  (11  )  enfuivant  au  point  du  jour  un  nommé  Louis  Sor^ 

hier 

.  (51)  U étoit £ls  da  ^elsnenr  de  Brczé ,  dttqael  il  a  été  parlé  d^derant  plufieun 
Tome  IL  E 


14<îî 


4*  LES    CHRONIQUES 

hier  (  <4}  qui  eftoit  â  Ponthoift  Lieutenant  de  Jouachin  Rouaub  Ma^ 
refchai  de  France ,  par  faude  &  mauvaife  trakifon  qu'il  fift  &  confpita 
contre  le  Roy  Ton  fouverain  Seigneur,  bouta  dedans  laditte  ville  les  Brt^ 
tons  &  autres  ennemis  du  Roy ,  &  en  faifant  par  luy  laditte  trahifon,niit 
en  Ton  appointement  que  ceux  qui  eftoient  audit  lieu  de  Ponthoife  de  la 
compagnie  dudit  Jouaddn'qai  ne  voudroient  demeurer  y  s'en  yroienc 
franchement  eux  &  leurs  biens  faufs^  Et  incontinent  qu'il  eut  ainû  bail^ 
lé  ladite  ville  de  Ponthoife  ,  il  ^cn  panit  luy  6c  aucuns  de  fa  compa«- 
gnie ,  &  alerent  devant  Mculanc  porter  &  monftrer  l'enfeigne  dùdit 
Jouachin  ,  afin  que  ceux  eftans  audit  lieu  les  boutadent  dedans  fans  ea 
faire  difficulté ,  en  cuidant  par  luy  qu'ils  n'euflsnt  point  encores  efti: 
avertis  de  faditte  trahifon  :  mais  avant  qu'il  vint  »  ceux  dudit  Meulana 
eftoient  bien  avertis  d'icelle  trahifon  ,  &c  incontinent  qu'il  fut  api>erceiii 
par  lefdits  de  Mtulanc  qui  ja  eftoient  en  armes  deflus  les  murs»  crièrent 
a  haute  voix ,  alez  faux  &  mauvais  traiftres ,  &  leur  jetterent  des  engins* 
dudit  lieu.  Et  partant  fut  contraint  de  foy  en  retourner  audit  lieu  de 
Ponthoife  à  toute  fa  honte.  Et  cedit  jour  ledit  Sorbier  cfcrivit  une  lettre 
QoxJ^t  Jouachin ,  par  laquelle  luy  mandoit  qu'il  avoit  mis  Se  bouté  lefdiâs: 
Bretons  &  autres  audit  Ponthoift ,  ôc  qu'il  avoit  efté  confeillé  de  ainfi  le 
faire  pour  le  micux,&  quedek faute  qu'il  avoit  faitte^luy  &c  leRoy  luipar- 
donnallènt.  Et  fur  la  fuoerfcription  defdirtes  Lettrescftoit  efcrit.  A  vous  Se 
au  Roy.  Et  ce  jour  fut  faittefaïUie  dcParis  fur  lefdits  Bretons  Se  Bourgui^ 
gnons ,  &  y  eut  de  pris ,  navrez  Se  tuez  de  cofté  Se  d'autre  y  Se  S  y  eut  un 
cheval  de  pris  quieftoit  tout  bardé  decuyr  bouUy,  qui  fut  tué  d'un  coup 
de  coulevrine  que  lui  baillèrent  lefdits  Bourguignons^  Et  le  Dimanche 
enfuivant  au  poinâ  du  jour  les  de(Iufdits  ennemis  vinrent  faire  un  refveit 
devant  laditte  ville  du  cofté  de  laditte  porte  (ainâ:  Ânthoine ,  vinrent 
bien  erand  nombre  jufqties  2MditJain3  j4 moine  des  champs  ^  Se  pour  les 
faire  defplacer  leur  furent  jettez  aicelle  ville  plufîeurs  traifts  de  canons, 
Serpentines ,  Se  autre  artillerie  d'icelle  porte  famét  Anthoine  Se  de  laditte 
Baftille ,  &  autre  chofe  n'y  fut  faitte..  Et  le  Lundy  enfuivant ,  de  nuiét 
apparut  i  ceux  qui  ^ifoient  le  euet  &  arricreguet  en  laditte  ville ,  une 
eomeâe  qui  vint  des  parties  dudit  oft  cheoir  dedans  les  fbdez  d'icelle 
ville  à  l'environ  de  Thoftel  d'Ardoife ,  dont  ptufieurs  furent  efpouvantez,. 
non  fçachans  que  c'eftoit  r  mais  cuidansquece  euft  efté  unefiilée  ardant,, 
illec  jettée  &  envoyée  par  lefdits  Bourguignons. 

Si  en  furent  portées  les  nouvelles  au  Roy  en  fon  hoftel  des  TournelUs 
ui  incontinent  monta  à  cheval  Se  s'en  alla  deflùs  les  murs  au  droit  du-^ 
ît  hoftel  d'Ardoife ,  &  y  demeura  grand  efpace  de  temps,  &  fift  aflcm- 
bler  tous  les  Quarteniers  de  P^5, pour  aler  chafcunen  fa  garde  deflus 
lefdits  murs.  Et  àcefte heure  courut  bruit  quelefdits  ennemis  ainfi  eftans 
devant  Paris  s'en  atloient  Sc  deflogeoient ,  &  que  à  leurdit  partement 
inettoient  peine  de  brûler  &  endommager  laditte  ville  par  tout  ou  pofiî« 
blc  leur  fcroit ,  &  fiit  trouvé  que  de  tout  ce  il  n'eftoitrien.  Audit  temps 
lefdiâs  ennemis  ainfi  logez  devant  P^rij ,  firent  plufieurs  ballades,  ron-^ 
tfeaux ,  libelles  diffamatoires ,  Se  autres  chofes  pour  diffamer  aucims  bons; 

•  fcmtçott 

(54)  Il  eft  nommé  lorbier  dans  Monfttelci^  «     ^ 


i 


0U    ROY    LOUYS    XI.  4? 

lervîteurs  eftans  autour  du  Roy ,  afin  que  à  ccftc  caufc  le  Roy  les  prîft  en  ^~^ 
Ùl  mal-veillance  »  &  les  dechafïkft  de  fon  fervicè.  En  ce  temps  les  gens  ^  ' 
de  guerre  de  l'ordonnance  du  Roy  eftans  logez  à  Paris  ^  y  firent  de  gran- 
des &  bonnes  chères.  Et  en  lieu  de  pafle-temps  y  feduircnt  pkueurs 
femmes  &  filles ,  qui  par  leur  moyen  en  débauchèrent  &  déguerpirent 
leur  menées  8c  enfans ,  &  les  autres  jeunes  filles  fervans  leurs  maiftresr 
&  fervices  pour  fuivre  iceux  gens  de  guerre.  Et  entre  autres  y  eut  une 
jeune  fille,  qui  eftoit  fille  d'un  Procureur  de  Çhaftcllet  de  Paris  nommée 
Ettftache  Fcmicle  qui  avoit  pris  habit  de  Damoifelle  8c  grand  eftat  »  pour- 
ce  qu'elle  avoit  fiancé  un  nommé  le  Chien  natif  de  Carentan  en  Norman- 
die y  8c  ferviceur  d'un  nommé  te  Seigneur  de  fainSe  Marie  dudit  pays  de 
Normandie.  Laquelle  jeune  fille  pour  ce  que  ledit  le  Chien  mettoit  trop 
à  Tefpoufer ,  fe  acointa  d'un  archer  de  l'ordonnance  du  Roy ,  qui  avec 
lui  l'emmena  &  accordèrent  leurs  vielles  enfemble ,  Se  en  fut  courmicé 
ledit  le  Chien ,  8c  n'y  fceut  remédier  :  mais  le  père  8c  la  mère  de  ladictc 
jeune  fille  très-mal  contens  de  ce  que  dit  eft ,  s'en  alerent  faire  grans 
plaintes  par  devers  le  Roy ,  mais  ils  n'en  eurent  autre  cho(ê.  Et  cedit  jour 
au  foir  environ  deux  heures  de  nuit  Monfeigneur  l'Evefque  d'Evreujt^ 
Balui  £ut  guetté  &  accueilly  par  aucuns  Tes  ennemis  en  la  rue  de  la  Barre 
du  bec  »  8c  fut  fait  à  l'environ  de  la  porte  de  derrière  de  feu  maiftre  Bu^ 
reati  Boucher  y  (5  5)lefquels  chargèrent  fur  luy ,  &  de  première  arrivée 
vinrent  ofter  &  foufHer  deux  torches  que  on  portoit  devant  luy ,  &  après 
vinrent  audit  Balui  qui  eftoit  monté  fus  une  bonne  mule ,  qui  \t  fauva 
&  gagna  à  fuir  :  car  tous  fes  gens  à  Tefïroy  l'abandonnèrent  pour  paour 
des  horions  »  &  emporta  làditte  mule  fondit  maiftre  Baluè  jufques  au 
cloiftre  Noftre  Danie  en  fon  hoftel ,  dont  elle  eftoit  panie.  Et  avant  la- 
ditte  fuitte  il  eut  deux  coups  d'efpée,  l'un  au  plus  haut  de  (ts  cheveux  8c 
au  milieu  de  fa  couronne,  8c  l'autre  en  l'un  de  (es  dois.  Et  fefdites  gens 
qui  ainfi  s'en  aloient  courans  aval  la  rue  >  crioient  à  l'arme  &  au  meurtre 
aiSn  que  le  peuple  faillift  pour  donner  fecours  à  leur  maiftre.  Et  dudit 
cas  le  Roy  en  nit  courroucé ,  8c  ordonna  que  on  en  fift  information ,  8c 
que  la  chofe  feuft  fceuc  :  mais  tout  en  demeura  ainfi  fans  'en  fçavoir  au- 
tre chofe  :  combien  que  aucuns  difoient  depuis  que  ce  avoit  fait  faire 
Monfeigneur  de  Filliers  le  ho/cage ,  pour  l'amour  de  Jehanne  du  Bois, 
dont  il  eftoit  amoureux.  Celle  nmâ:  aucuns  Bretons  8c  Bour^ignons  fa^ 
itntkSevre^oiï  ils  trouvèrent  aucuns  Efcojfois  de  la  compagtiie  Robert  de 
Conychan ,  lefquels  il  tuèrent  8c  leur  coupèrent  à  tous  les  gorges. 

En  ce  temps  un  nommé  Alexandre  £o/ger  natif  de  Paris  ^  qui  eftoit* 
Konmie  d*armes  de  l'ordonnance  du  Roy  noftre  Sire ,  fous  la  cnarge  8c 
compagnie  du  Seigneur  de  la  Barde ,  s'en  ala  8c  abfenta  de  Paris  pour 
loy  aler  rendre  ifainS  Denys  à  Monfeigneur  de  Berry ,  qui  illec  eftoit , 
&  s'y  en  ala  lui  cinquième ,  &  avec  lui  emporta  toutes  fes  bagues  &  fa 
malle.  Le  Jeudy  enluivant  vinrent  en  l'hoftel  de  laditte  ville  plufieurs 
grandes  plaintes  par  aucuns  des  bourgeois  de  laditte  ville  ,  de  plufieurs 
mauvaifes  paroles  mal  fonnans ,  que  ciifoient  8c  publioient  plufieurs  gens 

dç 

(5  5)  Il  étoît  Maître  des  Requêtes  :  de  I  ccnd  M.  Boucher  d'Orfay  Maître  des  Rc- 
fai  ec  de  Gillette  Rouler  fon  époofe,  def-  I  quêtes ,  6c  les  autres  Magiftrats  de  ce  nom. 

F  X 


44  LES    CHRONIQUES 

de  guerre  eftans  en  laditte  ville ,  contre  lefdits  bourgeois ,  mànans  8c  hz^ 
*4^S*  bitans  d'icelle ,  pour  y  donner  provifion.  Et  efloient  lefdites  pârolles^ 
telles  proférées  &  diftes  par  iceux  gens  de  guerre  Je  renie  Dieu  >  les^ 
biens  qui  font  i  Paris  y  ny  audi  la  vUle  >  ny  font  point  ny  appartienent  à 
ceux  qui  y  font  demeurans  &  refidens,  mais  à  nous  gens  de  guerre,  qui 
y  Tommes ,  &  voulons  bien  que  vous  fçachiez  que  malgré  vos  viéiges* 
nous  porterons  les  clefs  de  vos  maifons  »  &  vous  en  bouterons  dehors 
vous  &  les  voftres.  Et  fî  vous  en  caquetez ,  nous  Tommes  allez  pour  eftre 
maiftres  de  vous.  Et  ce  mefme  jour  y  eut  un  fol  Normant  qui  dift  à  la 

torte  fainû  Denis  >  que  ceux  ae  Paris  eftoient  bien  fols  de  penfer  que 
mrSiChaifnes  de  fer  tendues  au  travers  de  leurs  ruës>  leur  puft  valoir  alen* 
contre  d'sux.  Pour  lefquelles  paroUes  ainû  mal  {bnnans  que  dit  eft ,  fut 
foudainement  ordonné  par  aucuns  enrhoftel  de  laditte  ville  à  qui  kfdktes 
paroUes  furent  ainfî  dittes  &  rapportées ,  que  cefte  nuit  chacun  Quarte- 
nier  de  Paris  feroit  faire  beaux  &  grands  reux  par  toutes  les  dixaines  de 
fon  (juartier ,  &  que  un  chacun  feroit  en  armes  &  fur  fa  garde  devant 
lefdiéls  feux.  Et  ii  furent  ordonnées  toutes  les  chaifnes  des  rues  foraines 
eftre  tendues,  ce  qui  fut  fait ,  &  veilla  chacun  jufques  au  point  du  jour» 
Et  cefte  mefme  nuit  fut  grand  bruit  que  la  Baftille  faindt  Anthoine  fiic 
iaiflee  ouverte,  pour  laifler  entrer  dedans  Paris  ceux  ^ui eftoient  devant*^ 
Et  fi  trouva  Ion  cefte  nuit  aucuns  canons  près  dudit  lieu ,  dont  les  cham« 
bres  eftoient  encloiiez  afin  qu'ils  ne  puflènt  fervir  quant  meftier  en  feroit- 
Et  defdits  feux  &  du  grand  guet  qui  y  fut  fait  &  ainfî  ordonné  que  dit 
cft,  furent  lefdits  Capitaines,qui  eftoient  k  Paris  moult  efbahys,  &  dont 
aucuns  s'en  alerent  en  la  Chambre  du  Roy  en  fon  hoftel  des  Tourndlts^. 
(j^avoir  à  luy  fi  c'eftoit  de  fon  ordonnance  &  commandement  que  lefdits. 
feux  &  guet  eftoient  ainfi  faits  &  ordonnez ,  ou  de  par.  qui.  Lequel  dit 
&  refpondit  que  non..  Et  tout  incontinent  il  manda  venir  à  lui  fire  Jehaiv 
Luillitr  Clerc  de  laditte  ville ,  qui  y  vint  &  lui  certifia  que  lefdits  feux. 
&  guet  eftoient  faits  à  bonne  fin  i  &  de  ce  afièura  le  Roy  &  lefdits  Ca- 
pitaines. Et  ce  nonobftant  ordonna  à  MefHre  Charles  àe,MeUun  qu'il  alaft . 
en  rhoftel  de  la  ville,  &  par  tous  les  quartiers  d'icelle  dire  que  on  laiflaft. 
lefdits  feux  >  &  que  chacun  s'alaft  coucher,  dont  rien  ne  voulurent  faire», 
mais  demeurèrent  ainflarme:^ju(ques  au  jour  ,.&  maintenoient  plufieurs 
depuis  que  ce  fut  grâce  de  Dieu ,  &  que  fî  s'en  fuflent  alez  &  départis, 
laditte  ville  eftoit  perdue  &  deftruifte.  Et  que  lefdits  de  devant  Paris  y 
fuflent  entrez  par  laditte  BafiilU ,.  &  par  ce  fut  demeurée  laditte  ville 
deftruite  Sf.  du  tout  defolée.  (^  6) 

Le  Vendredy  enfuivant  {zy  Septembre)  vinrent  a  Paris  deux  pourfuî* 
vans  (stXj  1  un  de  Gifors  qui  vint  dire  au  Roy  ,  qu'il  envoyaft  fecours. 
txi  ladijcte  Ville ,  &  que  devant  y  avoit  bien  cinq  ou  fîx  cens  lances  ,  &: 
que  dedans  icellç  ny  avoit  nulles  gens  de  guerre  de  par  le  Roy»  Et  fî  n'a- 

voient. 

U^)  #^  14^  f»^  Supplément.  Au 
mois  de  Septembre  ,  Jean  de  Bour- 
gogne, Comte  de  Nevers,  eft  pris 
de  nuit  dans  le  Château  de  Peron- 


rolôis,  &  mené  prifonnicr  au  Châ- 
teau de  Bethune.  Petite  Chronique*, 
($7  )  VoHtfuivans  tt Armes ,  c'cft  ainfe 
que  Ton  nommoit  ceux  qui  s'attachoîcnt 


«  par  1«  gens  du  Co«te  de  Cha- 1  J^f^'S  fo^S  *  "''''"'"  '"'^^ 

E-Jt. 


DUR  O  Y    L  O  U  Y  S     XT.  4:^ 

Voient  âtiffî  artillerie ,  poudres ,  ny  autres  defFences ,  &  l'autre  pourfui- 
vant  eftoit  auflî  envoyé  au  Roy  de  par  Hue  des  Vignes ,  Eftuyer  homme     *  ^^  J' 
d'armes  de  l'ordonnance  dudit  Seigneur ,  fous  la  charge  &  compagnie  du 
Seigneur  de  la  Barde  i  lequel  Hiu  eftoic  lors  à  Meulanc ,  par  lequel  pour- 
£iivant  eftoit  mande  au  Roy  que  ledit  des  Vignes  avoit  fceu  par  gens 
de  foy  ,  que  les  Bretons  &  autres  avoient  entrepris  d'entrer  a /îo//^/2, 
tout  ainfi  qu'ils  avoient  fait  à  Pomhoiji  ^  &  par  dedans  le  Chaftel  ou 
Palais  de  laditte  ville  ,  afin  qu'il  y  pourveuft.    Et  ccdit  jour  Ven- 
dredy  lefdits  Ambaflàdeurs  ordonnez  de  chacun  cofté  difnerent  ifainS 
Anthoine  des  Champs  dehors  Paris.  Et  U  leur  fut  envoyé  de  par  le  Roy^ 
pain  >  vin  ,  poiflbn ,  ôc  tout  ce  que  mcftier  leur  eftoit  pour  ledit  dif. 
ncr.   Et  fut  illec  auflî  porté  en  une  charrcte  pluiîeurs  des  comptes  rcn^ 
dus  en  la  Chambre  des  Comptes  à  Paris,  des  pays  ,  &  villes  de  Cham- 
pagne &  Brie.  Le  Samedy  eniuivant  lefdits  Ambaflàdeurs  de  cofté  &  d'au- 
tre furent  derechef  aflcmbkz  en  deux  panis  ,  c'eft  affàvoir  Monfieur  du 
Maine  &  ceux  de  fa  compagnie  pour  la  partie  du  Roy ,'  avec  les  autres 
Princes  &  Seigneurs ,  eftans  dehors  tous  en  la  grange  aux  Mcrcicrsw  Et 
pour  le  Roy  audit  fainft  Anthoine  des  champs  yeftoient  ordonnez  maiftrc 
Erienne  Chevalier  (58)  Trcforier  de  France ,  maiftre  Arnault  Bouchier  ^ 
&  Cryftoflc  Paillard  Confeillicr  des  Comptes.  Et  les  Commiflàires  dc^ 
l'autre  parti  eftoient  Guillaume  dcBifche  (59),  maiftre  Pierre  I>oriolle  (6o)y 
maiftre  Jehan  Berart ,  maiftre  Jehan  Compaingy  un  autre  Licencié  efcu-^ 
mans  Latin ,  &  maiftre  Fthier  Marchant ,  &  ce  jour  ne  firent  que  peu  de 
chofe.  Cedit  jour  le  Roy  receut  lettres  de  la  vefve  McflSre  Pierre  dcrBre^éy 
par  lefquelles  lui  mandoit  qu'elle  avoit  fait  prendre  le  Seigneur  de  Bro^ 

Îtumont  y  Capitaine  du  Palais  de  Rouen ,  pource  qu'elle  fe  foupçonnoit< 
udit  cas ,  Se  qu'il  n'euft  aucun  doute  de  laditte  viÛe  de  Rouen ,  du  bout, 
du  pont  du  Palais,  &des  habitans  d'iicelle,  &  que  tous  ils  fe  trouveroient 
bons  &  loyaux  envers  luy.  Le  Dimanche  (zj  Septembre)  enfuivant  au. 
point  du  jour  fe  vinrent  rendre  au  boulevart  de  la  Tour  de  Billy  fcpt: 
Bommes,  qui  eftoient  efchapcz  prifonniers  de  l'oft  deCdits  Bourguignons, 
dont  il  y  en  avoit  quatre  faâeurs  de  Marchands- ^'Or/w/w,  deux  autres 
fafteurs  deMarcbansdePtfn'j  9  &  un  Flament ,  qui  tous  avoient  efté 
condamnez  i  être  pendus  par  lefdits  Bourguignons ,  pource  que  depuis» 
leur  prife  n'avoir  eu  perfonne  qui  les  eut  pourchaflèz.  Et  rapportèrent 

aue  le  Mercredy  précèdent  fut  dréc  une  ferpenrine  de  la  Tour  de  Billy 
edans  l'oft  defdits  Bourguignons  ,  laquelle  d'un  feul  coup  tua  fept 
Bourguignons  6c  en  ble(&  plufieurs.  Ce  jour  après  difner  vinrent  nouvel-: 
les  au  Roy  que  Rouen  eftoit  pris  par  Monfeigneur  le  Duc  de  Bourbon  y 
qui  y  entra  par  le  Chaftel  de  Rouen  du  cofté  dès  champs.  Le  Vendredy^ 
au  (oir  précèdent ,  (  ou  27  Septembre  )  par  le  moyen  de  k  vefve  {Ci  }: 
Meflire  Pierre  de  iSw^'  k  qui  le  Roy  avoit  fait  moult  de  biens ,  &  où» 

il 


(f  8"^  Ceft  le  mime  duquel  a  été  parlé 
d-devanc  page.  6,  note  9. 

(55)  Il  en  a  ét^  parlé  dans  le  premier 
Tome  de  Comines ,  Livre  I.  chap.  i  x. 

|^^}.L'oa  a  déjà  dit  <ja*il  fut  depuis 


Chancelier  de  France: 

(61)  Ip"  Elle  fc  nommoît  Jeanne Crcf- 
pin  ;  elle  fut  obligée  depuis  d  obtenir  pouf 
ce  crime  une  abolition  du  Roy  Louis  Xl^ 
Yoytz  les  Preuves  ^nHitmp  LXXXIL. 

5> 


^^_^  4^  LES    CHRONIQUES 

^^^T^  il  avoît  grand  fiance ,  &  conduifoit  le  fait  d'icclle  vefve  rEvefquc  de 
M '^  S  •  Baveux  {6i)  ledit  Maiftre  Jehan  Hcbcrt  &  autres.  Et  au  moyen  de  laditte 
pnfe  quant  les  Seigneurs  de  dehors  Paris  fceurent  icelle  ,  ils  donnèrent 
refponfe  au  Rov  que  Monfeigneur  Charles  frère  du  Roy ,  qui  paravant 
fc  fuft  contente  6!^  Champagne  Se  Brie ,  n'auroic  point  d'autre  appanage 
que  de  la  Duché  de  Normandie ,  laçjuelle  chofe  le  Roy  par  force  &  con- 
trainte -,  ôc  pource  qu'il  n'y  pouvoir  remédier ,  bailla  à  mondit  Seigneur 
Char/es  pour  fondit  appanage  laditte  Duché  de  Normandie ,  &  reprit  à  lui 
la  Duché  de  Berry.  Et  après  que  le  Rov  euft  baillé  laditte  Duché  de  Nor^- 
mandie  audit  Monfeigneur  Charles ,  il  fut  après  contraint  de  recompen-» 
fer  tous  lefdits  Princes  &  Seigneurs  de  leurs  armées  &  intereto  qu'ils 
avoient  fait  contre  luy  ,  qui  tous  le  butinèrent  ainfi  qu'il  s'enfuin  C'eft 
adàvoir  Monfieur  de  Charolois  eut  pour  fon  butin  les  villes  de  Peronne, 
Roye  &  MondidUr ,  pour  eftre  fiennes  &  demeurer  en  perpétuel  hérita-» 
ce.  Si  luy  laifla  auffilc  Roy  durant  le  cours  de  la  vie  d'icelluy  Charrolois 
les  villes  &  terres  qu'il  avoir  nouvellement  dégagées  de  quatre  cens  vingt 
mille  efcus  d  or  de  Monlîeur  de  Bourgogne  fon  père.  Et  outre  lui  bailla 
&  laifla  les  Comtez  de  Guy  nés  &  de  Boulogne  lur  la  mer  auffi  en  perpé- 
tuel héritage.  Et  après  fut  baillée  au  Duc  de  Calabre  certaine  grand  fom- 
me  de  deniers  &  de  gens  de  guerre  du  Roy  ,  foudoyez  i  fes  defpens  > 
pour  les  exploirer  à  fon  plaifir.  Et  d  Monfieur  de  Bourbon  fut  baillé  & 
faifle  fa  penfion ,  celle  qu'il  avoit  du  temps  du  Roy  trcfpafle ,  &  les  gens 
de  guerre  qu'il  tenoit  audit  temps ,  Se  aflSgné  du  payement  à  luy  dea 
pour  le  refte  de  fon  mariage,  &  autre  chofe  ne  eut  du  Roy.  Et  au  Comte 
de  Dunois  fut  tôt  rendu  ce  qui  lui  avoit  efté  ofté  durant  la  divifion ,  Se 
retenu  K  grand  penfion.  Et  au  Comte  de  Dampmartin  fut  fait  de  beaux 
dons  de  par  le  Roy ,  &  reftituer  en  toutes  h%  terres  qu'il  avoit  perdues 
&  confifquées  par  Arreft  de  Parlement.  Et  au  regard  des  autres  Seigneurs 
chafcun  en  empona  fa  pièce.  Et  le  Mardy  premier  Odobre  fut  criée  la 
trêve  à  toufiours  entre  le  Roy  &  lefdits  Prmces ,  &  le  lendemain  Mr.  de 
fainB  Pol  vint  à  Paris  Se  dilna  ce  jour  avec  le  Roy ,  fie  ala  en  la  falle  du 
Palais  dudit  Paris  5  &  là  à  la  table  de  marbre  fut  créé  Conneftable  de 
France ,  &  fift  le  ferment  en  tel  cas  accouftumé  de  faire.  Et  ce  jour  fut 
crié  à  Paris  de  par  le  Roy  que  chafcun  portaft  des  vivres  &  autres  chofes 
pour  avitailler  &  reveftir  leldits  Bourguignons  Se  Bretons  ^  laquelle  chofe 
fuft  faite.  Et  incontinent  que  ledit  cry  fut  fait ,  plufieurs  Marchands  de 
Paris  y  portèrent  jjrand  foifon  de  vivres  aux  champs  devant  fainâ  An* 
thoine,  lefc^uels  vivres  y  furent  incontinent  bien  recueillis  par  lefdits  de 
l'oft  qui  y  vinrent  de  toutes  parts ,  &  achetoient  iceux  vivres  ce  que  oa 
leur  faifoit  par  efpecial  pain  &  vin  :  car  lefdits  de  l'oft  eftoient  tant  affa- 
mez ,  les  joues  velues  Se  fi  pendans  de  maleureté  qu'ils  avpient  longue- 
ment enduré,  que  plus  n'en  pouvoient.  Se  la  plufpart  eftoient  fans  chauflès 
&  fouliers ,  plains  de  poulx  Se  d'ordure  {6})p 

Et 


(^1)  ^CT  ^can  Balaç  dq>nîs  Cardinal  ; 
fur  lequel  on  verra  dans  les  preuves  d*am- 
fies  ^clairciiTemeas  >  numéro  C^ 

(^5)  fjcr  n6$f  Supplément.  Sep- 


umbre.  A  la  fin  de  ce  mois  les  Bre* 
tons  furprennent  la  ville  de  Pontoi-» 
fe,  par  le  moyen  d'un  Capitaine  de 
la  même  ville^  Petite  Chronique. 


DU    ROY    LOUYS    X  î.  47 

Et  entre  autres  vinrent  &  arrivèrent  aufdits  vivres  pluCicnrsLi/rcloJreSy  , 

CalabrUns  Se  Suiffis ,  qui  avoient  telle  rage  de  faim  aux  dents  qu'ils  pre-  *  ^  •  î 
noient  fromages  fans  peler ,  &  mordoient  à  mefmes ,  &  puis  bu  voient 
de  grans  &  merveilleux  traits  en  beaux  pots  de  terre  Et  Dieu  fcet  en 
qudies  nopces  ils  eftoient,  mais  ils  ne  leur  eftoient  pas  franches,  pource 
qu'ils  payèrent  bien  leur  efcot ,  &  pluHeurs  autres  chofes  y  euft  faittes  ce 
jour  qui  font  cy-paflees  pour  caufe  de  bricfveté  :  mais  chacun  peut  fçavoir 
que  c'eâ:  chofe  incomprehenfible  &  ineftimable- que  la  puiiiance  ae  Pa^ 
ris  :  car  lefdits  Bourguignons  ,  Bretons  ,  Calairiens  ,  Bourbonnois  ,  P/- 
cars  ,  &  autres ,  ainfi  eftans  devant  Paris  que  dit  eft ,  que  on  eftimoit  à 
bien  cent  tnille  chevaux  après Tappoinâement  fait,  &  ceux  àtParisy<\ol 
eftoient  trois  fois  plus  >  furent  tous  fournis  &  nourris  des  biens  deladitte 
ville  par  moult  grand  efpace  de  temps  &  fans  rien  enchérir.  Et  après  leur 
partement  y  fut  encores  beaucoup  meilleur  marché  que  devant  n'avoic 
efté,  &  le  Jeudy  enfuivant  ne  fut  rien  fait  finon  que  toujours  on  avitalloit 
lefdics  de  Toft,  &  ce  mefmejour  le  Roy  à  privée  meifnée(*}ala  jufques  au 
joignant  de  Cb/z/^^i/is^  parlant  à  mondit  Seigneur  de  Charrolois  ^  laquelle 
chofe  fembla  à  toutes  pcrfonnes  voulans  Ton  bien  eftre  amplement  fait  à 
luy.  Et  de  ce  fe  farcoidnt  &  mocquoient  les  Picars  &  autres  de  lair 
party ,  qui  en  difoient  tels  mots.  Et  revoiriez  vo  Roy  qui  parle  à  no  Sei- 
gneur de  Charrolois  ,ôc  d,  palIe  à  deux  heures  qu'ils  y  u>nt  >  ôc  par  foy  fe 
voulions  il  eft  à  no  commandement. 

Le  Vcndredy  4.  dudit  mois,  le  Roy  ordonna  à  ladite  porte  fainét  An- 
thoine  que  on  laiflàft  entrer  lefdits  Bourguignons  en  iccUe  ville ,  dont 
pluHeurs  y  vinrent  i  cefte  caufe  &  en  grand  nombre ,  Qui  y  firent  plu- 
iieurs  excez  Se  maiftrifes ,  ce  qull  ne  leur  euft  pas  efté  fouftert ,  qui  bien 
cuft  fceii  gue  le  Roy  ne  s'en  fut  point  courroucé.  Et  i  caufe  de  la  per- 
midîon  d'icelle  entrée  y  eut  un  Bourguignon  entre  les  autres  qui  voulut 
entrer  en  icelle  ville  par  laditte  porte  famék  Anthoine ,  contre  le  gré  des 
portiers  illec  eftans ,  Se  mefmement  d'un  de  la  compagnie  dudit  baftard 
du  Maine  qui  gardoit  le  guichet  de  ladite  porte  fainâ  Anthoine.  £t  pour* 
le  refus  que  fift  ledit  arcner  audit  Bourguignon  d  encrei^  dedans  laditte 
porte  &  en  i<ielle  ville  ,  ledit  Bourguignon  bailla  à  icelui  archer  en  en-^ 
trebaillant  ledit  guichet  d'une  dague  dedans  le  ventre ,  Se  incontinent 
ledit  Bourguignon  fut  pris  Se  merveilleufement  batu  Se  navré,  &  le  vou- 
lurent pluheurs  tuer ,  ce  qui  leur  fut  deffendu  r  mais  on  fift  aftavoir  ce» 
chofes  au  Roy  qui  ordonna  que  on  le  menaft  audit  Seigneur  de  Charro^ 
lois  pour  en  faire  jaftice,  lequel  y  fut  incontinent  mené.  Et  tout  aufEtoft: 
qu'il  fut  vers  luy  arrivé  Se  qu'il  fut  adverty  dès  chofes  deflîifdidkes ,  le 
nftjpendre  &  eftrangler  à  la  juftice  eftant  près  du  pont  de  Charenton. 

Ce  jour  le  Roy  ordonna  que  en  chacun  quartier  de  Paris  fut  fait 
des  feux ,  Se  ceux  defdits  (quartiers  de  laditte  ville  eftre  illec  en  armes  y 
et  que  en  un  chacun  defdits  carrefours  y  euft  un  notable  homme  eflca 
pour  ]>arler  aux  paftàns  parmy  les  rues.  Se  fçavoir  que  ils  eftoient  &  oàr 
iis  aloient ,  &  ce  jour  fut  ecliflè  de  Lune  (^4).  Le 

(^4)  14^5.  §3*  Supplément.  Le  y  t  Paix.  Voyez  les  Pireuvcs,.  numéro^ 

(*)  83*  Privée  meifnie  ,  c  cff-à'-cfircr^ 
r  petite  compagnlejou  feulement  fa  maUbm. 


OSobre.  Le  Roi  &  les  Princes  Con- 
federez.  font  â  Conflans  un  Traité  de 


\ 


48  LES    CHRONIQUES 

" — 7—  Le  Dimanche  fuivant  ff  OSobn  {duficursdes  Seigneurs  de  l'oft  vinrent 
*  *  ^*  foupper  à  Paris  avec  le  Roy ,  en  i'hoftel  de  fire  Jehan  Luillitr  Clerc  dela- 
ditte  ville  de  Paris.  Et  là  s'y  trouvèrent  pluiîeurs  Dames  &  Damoifelless 
&  autres  nobles  femmes  d'icelle  ville.  Et  ce  jour  SalU^are  Capitaine  & 
vingt  hommes  d  armes  de  fa  compagnie ,  furent  aux  champs  dehors  Paris ^ 
ôc  iûirent  par  la  Baftille  de  fain  Anthoine  ^  pource  que  la  porte  eftoic 
gardée ,  &  deffendu  de  par  le  Roy  que  homme  n'iffit  hors  d'icèlle  ville, 
mais  à  les  bouter  dedans  on  n'y  en  mettoit  que  dix  à  une  fois  :  car  on  le- 
voit  le  pont  levis  devers  laditte  place ,  &  les  menoit-on  aux  champs ,  & 
puis  rçvenoit-on  quérir  les  autres  dix  pour  auflî  faire  pafler  aux  champs. 
Tous  lefquels  vingt  hommes  d'armes  eftoient  veftus  &  habillez  de  hoc-* 

Suetons  de  camelot  violet  àgranscrois  blanches.  Se  avoient  belles  chefnes 
'or  autour  du  col ,  &  en  leurs  telles  cramignoUes  de  veloux  noir  à  groflfèii 
houppes  de  fil  d'or  de  chippre  dedus.  Se  tous  leurs  chevaux  eftoient  cou* 
vers  de  campanes  d'argent.  Et  au  regard  diiàit  SaiUiare^  pourdifferenc© 
de  fes  gens»il  eftoit  monté  deflus  un  beau  couriîer  a  une  moult  belle  houC* 
fure  ,  toute  couverte  de  tranchoucrs  d'argent ,  deflfus  chafcun  defquels  y 
avoir  ime  groflè  campane  d'argent  dorée ,  Se  tout  devant  laditte  compa- 
gnie aloit  la  trompette  dudit  SalU[art ,  monté  defTus  un  cheval  grifon  ^ 
lequel  encourant  au  long  àcs  foflèz  d'entre  laditte  ponefainâ Anthoine 
&  leboulevart  de  la  Tour  de  Billy ,  ledit  cheval  chut  defibus  laditte  trom- 

f jette ,  fi  très-lourdement  que  icelle  trompette  fe  rompit  le  coK  LcLundy 
iiivant  vinrent  nouvelles  à  Paris  que  le  Seigneur  de  HauUbourdin  (^  5  )  &  le 
Se^neur  de  Saveufis  (66)  avoient  pris  Peronru ,  &  le  Comte  de  Nevers 

aui  y  eftoit  dedans.  Et  ce  jour  efchapperent  trois  prifonniers  des  prifons 
e  Ti^aa ,  dont  l'un  avoit  été  caufe  avec  Loys  Sorbier  de  bouter  les  Bre^ 
tons  èc  autres  dedans  Ponthoifi ,  &  eftoit  de  la  compagnie  de  Jouachia 
Rouault.  Ce  jour  auffi  fe  prit  le  feu  à  Paris  en  une  maifon  en  champ 
gaillard ,  dont  le  Roy  en  eut  un  peu  de  paour.  Et  ordonna  pour  cefte 
caufe  que  on  en  fift  faire  des  feux  par  tous  les  quartiers  de  Paris  ^  Se  les 
habitans  armez  devant  iceux  Se  le  guet  fut  renforcé ,  ce  qui  fut  fait. 

Audit  mois  d'Oûobre  furent  aucunes  gens  de  guerre  du  party  dudic 
de  Bourgogne  devant  la  ville  de  Beauvais  ,  pour  lommer  les  Prélat  SC 
populaire  d'icelle  de  eux  rendre  Se  mettre  es  mains  dudit  Seigneur  de 
Bourgogne  Se  laditte  place  aufti ,  lefquels  Prélat  Se  habitans  prirent  la- 
ditte fommation  par  efcrit  &  l'envoyèrent  au  Roy ,  qui  incontinent  l'en- 
voya au  Seigneur  de  Ckarrolois ,  avec  lequel  il  avoit  fait  paix  &  trêve.' 
Lequel  Charfolois  rendit  reponce  que  ce  n'.eftoit  point  de  par  luy  qu'on 
faiu>it  lefdittes  fommatiohs ,  en  dilant  que  le  diable  peuft  emporter  ceux 

3u'ils  faifoient  tpls ,  Se  qu'ils  faifoient  plus  que  on  ne  leur  comman- 
oit.  Et  dift  le  Roy  audit  Seigneur  de  Ckarrolois  que  puis  que  appointe-- 
ment  avoit  efté  fait  entre  eux ,  qu'il  ne  falloir  plus  ufer  de  telles  voyes, 
&  fi  lui  dift  plus  le  Roy  qu'il  luy  donneroit  laditte  ville  de  Beauvais ,  s'il 
vouloir.  Le  Mercredy  enfuivant  9.  dudit  mois  d'Oûobre ,  fut  ordonné 

de 


a 


DUROYLOUVSXr.  49 

^  -par  les  Prcvoft  des  Marchans  &  Efchevins  de  laditrc  ville ,  que  cha- 
cun Quartcnier  &  Dixenier  d'icelle  ville  fiflcnt  faire  des  feux  es  lieux  1 4^  5* 
accouftumez  de  les  faire ,  &  que  toutes  les  chaifnes  des  rues  foraines  fuf- 
£ent  tendues ,  &  que  chacune  perfbnne  ftift  veillant  devant  lefdits  feux, 
laquelle  chofe  fut  Faite.  Et  le  Jeudy  fuivant  vint  ledit  Seigneur  de  Sa- 
veuves  ôc  arriva  en  loft  defdits  Bourguignons  i  tout  grand  puiflance  de 
sens,  qui  amenoient  certaine  groflè  fomme  d'or  &  d  argent ,  pour  faire 
le  payement  des  gens  de  guerre  dudit  Seigneur  de  Charrolois.  Et  ce  jour 
le  Duc  de  Bretagne  eut  fon  appointement  avec  le  Roy  noftre  Sire  de  fes 
vacations ,  frais  &  mifes  de  luy  &  fon  armée ,  pour  eftre  venu  contre 
luy  &  fon  Royaume  devant  Paris ,  avec  les  autres  Princes  &  Seigneurs 
deflus  nommez ,  &  en  faifant  ledit  appointement  lui  fut  rebaillée  fa 
Comté  de  Monrfon  Se  autres ,  avec  grand  fomme  de  deniers.  Et  le  Ven- 
dredy  fuivant  ii.  dudit  mois,  vint  en  Thoftel  de  laditte  ville  maiftre 
Jehan  le  Boulenger  Prefident  en  Parlement ,  dire  illec  de  par  le  Roy 
ue  on  fift  favoir  aux  Quaneniers  &  Dizenlers  de  laditte  ville  ,  &c 
e  main  en  main  au  populaire  d'icelle,  que  on  ne  fe  efbahyft  point  fe  on 
veoit  la  puidànce  des  Bourguignons  venir  ce  jour  devant  Paris  ,  '6c  que 
ce  feroit  pour  illec  faire  leurs  monftres.  Et  nonobftant  ce  ny  vinrent  pomc 
ce  jour  :  mais  les  firent  depuis  le  pont  de  Charemon  jufques  au  bois  de 
Fincennesy  6C  fe  monftrerent  grand  puiflance,  &  là  le  Roy  fe  trouva  pour 
voiricelles  monftres  bien  (implement ,  comme  de  lui  quatrième  feule- 
ment ,  c'eft  aflàvoir  le  Roy ,  le  Duc  de  Calatre ,  le  Seigneur  de  Charro^ 
lois  9  éc  MonCicux  de Jaina  PoL  Et  quant  lefdittes  monftres  furent  faites 
le  Roy  s'en  retourna  par  eauc  à  Paris  ^  &  avant  fon  partetnent  &  en  fa 
prefence  ledit  Seigneur  de  Charrolois  dift  à  tous  fefdittes  gens  de  guerre 
'  ces  mots ,  Meflèigneurs  vous  &  moy  fommes  au  Roy  mon  fouveram  Sei- 
gneur qui  cy  eft  prefent ,  pour  le  lervir  toutes  les  fois  que  meftier  en 
aura.  Le  Samedy  i  !•  Oâx)Dre  14(^5.  vint  nouvelles  que  la  ville  d^Evreux 
avoit  eftc  baillée  &  livrée  aux  Bretons  par  un  nommé  Meflire  Jehan  le 
^^«/Chevalier ,  qui  les  bouta  en  ladite  ville  le  Mercredy  précèdent  jour  de 
iainâ  Denys ,  ainfi  que  les  bourgeois  &  habitans  de  laditte  ville  aloient  en 
proceffion  iiors  d'icelle  ville.  Et  ainfi  qu'ils  iflbient  par  l'une  des  portes 
d'icelle  en  alant  à  ladite  procefiion  ,  lefdits  Bretons  entroient  en  laditte 
ville  par  une  autre  porte.  Le  6  Oâobre  avint  que  on  avertit  le  Roy  qu'il 
y  avoit  entreprife  raitte  fur  fa  perfonne  par  aucuns  de  fes  ennemis ,  de 
le  prendre  ou  tuer  dedans  laditte  ville ,  &  pour  foy  en  garder  &  dor- 
mir feurement  ordonna  expreflement ,  que  on  fift  grand  guet  &  garde  en 
laditte  ville  tant  fur  la  muraille  que  dedans,  &queparchacun  Quartier  & 
rue  feuflènt  faits  les  feux ,  ce  qui  &t  fait ,  &  vint  aufii  nouvelles  que  la 
ville  de  Coin  ôc  autres  de  Normandie  s'eftoient  remifes  &c  reduittes  en 
l'obeyflànce  de  mondit  Seigneur  de  Berry.  Et  depuis  ce  le  Roy  envoya  en 
la  ville  de  Manu  grand  quantité  de  gtns  de  guerre  &  de  francs  archers. 
En  ce  temps  le  Roy  fift  alcr  la  Royne  à  Orléans ,  qui  lors  eftoit  à  j4m- 
toiji.  Et  le  Jeudy  1 8.  dudit  mois  le  Roy  fouppa  en  l'hoftel  du  Seigneur 
d^Armcnonvillc  {6j)  où  il  fift  grand  chece ,  &  y  mena  avec  luy  le  Comte 

du 
[67)  Pierre  rOrfcvrc ,  doqocl  il  a  été  parlé  d-dçvant ,  page  ^.  de  ce  Volomç. 

Tomll.  G  (tfS) 


50  LES    CHRONIQUES 

(i\i  Perche  >  Guillaume  de  Bifcke  ^  Guiot  Du/u ,  Jaques  de  Crevecueur  i 
*  4^  $•     Monfîeur  de  Craon  ,  Mcflîrc  Yves  de  Fou ,  Meifîre  Gaftonnet  du  Léon  > 
Y nsAc  de  Monpedon  (68)  Guillaume  le  Comte  ^  &  maiftre  Renault  des 
Dormans  (69).  Et  pour  femmes  y  cftoient  Madamoifelle  Dermenonville, 
la  Longue^joye  i  Ôc  la  Duchefle  de  LonguevilU.  Et  pour  bourgeoifes  > 
Eftiennette  de  Paris  ,  Perrette  de  Chaalon ,  &  Jeanne  BailUte.  Le  Mar- 
dy  22.  dudit  mois  d'Oétebre  le  Roy  ala  par  devers  ledit  Prince  à  privée 
meifnée  fans  fa  garde ,  jufques  â  la  grancne  aux  Merciers ,  fauf  que  Mon- 
fîeur de  Berry  n'y  eftoit  point ,  &  le  Jeudy  fuivant  Monfîeur  le  Duc 
de  Bourbon  vint  parler  au  Roy  en  la  place  devant  Paris  par  deçà  la  fofle 
de  la  granche  de  Ruilly.  Et  efloit  le  Roy  ce  jour  le  plus  honneftemenc 
habdlc  qu'on  ne  lavoit  point  veu  devant  :  car  il  eftoit  veftu  d'une  robe 
de  pourpre  deflèinte  &  toute  fourée  d'ermines ,  qui  lui  feoit  beaucoup 
mieux  que  ne  faifoient  les  cours  habits  qu'il  avoit  portez  paravant*  Le 
Samedy  fuivant  x6  dudit  mois ,  mondit  Seigneur  de  Charrolois  fe  partit 
de  fon  oft  &  fift  crier  par  tout  icelluy  fur  peme  de  la  hart,  que  tous  ceux 
de  fon  armée  &  compagnie  feufïènt  incontinent  prefts  pour  aler  fervir 
a    rencontre  des  Liégeois  ,  qui  gaftoient  &  mettoient  à   (eu  &  à 
l'efpée  tout  ce  qu'ils  trouvoient  es  pays  dudit  Seieneur  dcCkarrolois.  Les 
Dimanche,  Lundv  6c  Mardy  fuivans,  Monfîeur  de  Berry ,  qui  eftoit  logé 
kSainS  Mor  des/oJfe[  fut  un  peu  malade  d'une  fièvre ,  qui  le  tint  durant 
lefdits  trois  jours ,  &  puis  fut  guery.  Et  le  Rov  fift  ledit  jour  de  Lundy 
les  feux  &  leguet  parmy  laditte  ville,  &  tendre  les  chaifnes  de  toutes  les 
rues  foraines. 

Le  Mcrçredy  50.  OAobre  audit  an ,  furent  leucs  &  publiées  les  lettres 
de  la  paix ,  ou  trêve  faite  entre  le  Roy  &  lefdits  Princes  en  la  Cour  de 
Parlement ,  où  illec  fut  enregiffaré.  Et  ce  jour  le  Roy  partit  de  Paris  pour 
àler  au  bois  de  Fincennes  par  devers  lefdits  Princes ,  &  là  Monfeigneur 
de  Berry  lui  fift  hommage  de  la  Duché  àe  Normandie  y  qui  baillée  luy 
avoir  efté  pour  fondit  appanage  Et  ce  jour  fut  laditte  ville  de  Paris  fort 
gardée ,  &  fift-on  armer  tous  les  archers  &  les  arbaleftriers  d'icelle  & 
autres ,  pour  garder  les  portes  de  laditte  ville  jufques  à;  ce  que  le  Roy 
fuft  retourné  en  icelle  de  devers  lefdits  Princes ,  où  il  s'en  eftoit  ainlî 
fimplement  aie.  EtdeliberaleRoyceditjourde  coucher  lanuit  audit  lieu  du 
bois ,  &  envoya  quérir  fon  lift  à  Paris  :  mais  le  Prevoft  des  Marchans 
&  Efchevins  de  laditte  ville  luy  envoyèrent  mcflage  exprez ,  luy  humble- 
ment prier  &  requerre  qu'il  n'y  couchaft  point ,  pour  moult  de  caufes ,  ce 
?[u'il  leur  accorda  &  s'en  retourna  gifter  audit  heu  de  Paris ,  &  le  Jeudy 
uivant  j  i .  Oûobre ,  Monfieur  de  Berry ,  Monfîeur  de  Charrolois  6c 
autres  fe  defpartirent  de  devers  Paris  Se  s'en  alerent  en  divers  lieux  , 
c'eft  aflâvoir  mondit  Seigneur  Charles  s'en  ala  en  Normandie ,  &  le  con- 
voya le  Roy  bien  loin  fur  le  chemin  de  Ponthoife ,  &  puis  s'en  tira  luy 
&  ledit  de  Charrolois  vers  Fillersle  Bel,  où  ils  furent  deux  ou  trois  jours, 
&  puis  s'en  ala  ledit  de  Charrolois  au  jjays  de  Picardie ,  &:  de  U  s'en  ala 
taire  guerre  aux  Liégeois^  Et  le  Lundy  fuivant  4.  Novembre  McflSre  Robert 
DeJlouteviUc  Chevalier  Seigneur  de  Beine  (70) ,  qui  avoir  efté  Prevoft  de 

Paris 
(6%)  Voir  cy-^ant  page  7.  I      Cto)  Le  Roy  Tavoît  auparavant  fait  mec* 

(^9)  U  ^tolt  Maître  des  Rcc^uétes.         1  tre  à  la  BaftiUe.  Voyix.  cy^evant  ps^.  4* 


DUROYLOtJYSXl.  p 

Paris  An  temps  du  feu  Roy  CharUsyic  que  le  Roy  luy  avoit  oftée  la  Prcvofté 
&  baillée  à  Jacques  de  f^UUrs  Sgn  de  Vljlt  d'Adam ,  fut  remis  &  reftitué     ^  4  ^  J  ' 
audit  OflSce  de  Prevoft  de  Paris.  Et  ce  jour  fut  en  Thoftel  de  ladite  ville 
pour  les  affaires  du  Roy  ^  &  là  lui  fut  baillé  le  nom  de  la  nuit  comme  à 
Prevoft  de  Paris.  LeMardy  fuivant  le  Roy  fouppa  en  Thoftel  d'iccUe  ville, 
où  il  y  eut  moult  beau  fervice  de  chair  &  poiflbn ,  &  y  fouppcrent  avec 
luy  plufieurs  gens  de  grand  façon ,  invitez  Se  mandez  avec  leurs  femmes. 
Et  avant  ledit  foupper  le  Roy  propofa  à  aucuns  Quarteniers ,  Dizeniers, 
pource  auffi  mandez ,  difant  qu'il  les  mercioit  cous  en  gênerai  &  particu- 
lier de  la  grande  feaulté  loyauté  qu'il  avoit  trouvée  en  eux ,  Se  que  pout 
eux  il  eftoit  du  tout  difpofé  de  faire  tout  ce  que  poflible  lui  feroit ,  Se 
que  pour  ce  que  durant  la  guerre  &  divifion  qui  avoit  efté  devant  laditte 
ville  il  avoit  donné  &  conreré  à  icelle  aucuns  privilèges ,  Se  que  aucuns 
pourroient  avoir  imagination  qu'il  auroit  de  fait  pour  la  neceilité ,  où  il 
s'eftoit  trouvé  de  avoir  d'eux  fecours ,  Se  que  après  laditte  paix  eu  accord 
les  leur  ppurroit  ofter  »  il  leur  déclara  pour  eftre  caufe  dèflors  Se  dèt 
maintenant  pour  lors  à  tousjours,il  les  leur  avoit  donnez  Se  laiflez,  fans  ja- 
mais avoir  efpecance  de  les  rappeller  ne  venir  contre.  Se  fi  mieux  vouloienc 
avoir  de  hiy  qu'ils  le  demandaflènt ,  &  il  le  leur  oâroyeroit.  Et  leur 
diftencoresqu'illaidbitenladitte  ville  le  Seigneur  de  Bcyne  comme  Pre- 
voft de  ladite  ville  deP^nV^auquel  il  vouloir  qu'ils  obeyftent  comme  à  luy, 
&  leur  dift  qu'il  avoit  moult  bien  fervy  à  la  journée  de  MontUhcry ,  Se 
pour  autres  caufes  Qu'il  déclara  audit  Prevoft  des  Marchands  &  Efche- 
vins  de  laditte  ville  de  Parisy  en  les  priant  d'eftre  tousjours  bons^  loyaux 
envers  luy  &  à  la  Couronne  de  France  ,  (ans  ce  que  aucune  parcîalité 
(bit  trouvée  en  laditte  ville.  Et  illec  ce  jour  fut  fiancée  la  fille  naturelle 
du  Roy  â  Monfieur  le  baftard  de  Bourbon ,  &  après  foupper  y  furent 
faittes  plufieurs  |oyeufetez ,  dances  &  .autres  plaifances ,  Se  U  mondit 
Seigneur  le  Baftara  y  dança  &  y  fift  grande  &  bonne  chère. 

Le  Jeudy 7. Novembre  14^5.  leditMeflîreRobertZ?e/?oi/r«'i/&  fiit  ame- 
né au  Chaftellet  de  Paris  par  Meflire  Charles  deMcUun  Se  maiftre  Jehan 
Dauvtt  premier  Prefident  au  Parlement  de  Thouloufi ,  auquel  Prefident 
le  Roy  mandoit  qu'il  avoit  receu  le  ferment  dudit  btJioutcvilU  a  Prevoft 
de  Paris ,  an  lieu  de  Jacque  de  FïUicrs  Seigneur  de  Pljlt  Adam ,  auquel 
il  avoit  donné  laditte  Prevoftéfà  fon  joyeux  advenement ,  Se  qu'U  le  mift 
Se  inftituaft  enpofièflion  &  faifineduait  office  de  Prevoft  de  Paris.  Ec 
après  Que  les  lettres  de  don  dudit  office  furent  leucs  au  grand  parc  du 
Chaftellet  de  Paris ,  icelluy  Dejiouteville  fut  mis  &  inftitué  enpofièflion 
dodit  office  ,  fans  préjudice  du  cas  d'appel  dudit  de  Fillitrs. 

Tantoft  après  ces  chofes  ainfi  faites,  le  Roy  manda  venir  àluy  lesPre- 
fidens  de  fa  Cour  de  Parlement,  aufquels  il  dit  telles  ou  femblablcs  pa* 
folles.  Il  eft  vray  que  après  que  je  vms  à  mon  joyeux  avènement  à  la 
Couronne  ,  je  fis  le  premier  Prefident  en  ma  Cour  de  Parlement  Meflîre 
Hclye  de  Thorrtus,  qui  tantoft  après  ala  de  vie  à  trefpas.  Et  à  l'heure  que 
ie  le  fis  j'avoye  mon  affeâion  finguliere  de  y  mettre  en  fon  lieu  maiftre 
Jehan  Dauvet ,  noftre  premier  Prefident  à  Thouloufe ,  qui  cy  eft  prefent  : 
mais  tant  par  importunité  de  requerans ,  aiie  aufii  à  la  prière  Se  requefte 
de  Meffire  Jehan  Bureau ,  nous  y  mifmcs  le  Prefident  de  Nanùrrc ,  qui 

G  X  depuis 


51  LES    CHRONIQUES 

depuis  y  a  efté  jufqucs  à  la  venue  de  noftrc  ville  de  Paris  d*auccins  Seî» 
ï  4^  $•  gneurs  de  noftre  fang ,  qui  nous  firent  dire  &  remonftrer  que  en  noftre 
Kôyaume  avoieçt  efte  fairtcs  plufieurs  grandes  injuftices ,  &  mefmement 
en  noftre  Cour  de  Parlement.  Pourquoy  &c  autres  caufes  qui  nous  meu- 
vent ,  déclarons  que  ledit  de  Nanum  ne  fera  plus  noftre  premier  Prefi- 
dent  en  noftre  Cour  de  Parlement ,  &  que  pour  &  en  Ton  lieu  y  avons 
mis  &  créons  ledit  maiftre  Jehan  Dauvct ,  pour  y  eftre  &  demourer.. 

Le  Samedy  9-  Novembre  Meffire  Pierre  de  Morvillicr ,  Chevalier  qui 
avoir  efté  Chancellier  de  France  fur  defapointé  dudit  office  ,^  &  y  fut  mis^ 
en  fon  lieu  Meffire  Jehan  Juvcnel  des  Urjins ,  qui  auffi  avoir  efté  ChanceU 
lier  de  France ,  &  qui  encores  eftoit  au  jour  du  trefpas  dudit  feu  RoV' 
Charles.  En  ce  temps  auffi  le  Roy  defappointa  Meffire  Pierre Piy/'  de  Tor- 
fice  de  Maiftre  des  Requèftes  ordinaire  de  fon  hoftel  ^  &  don^a  ledic 
office  à  maiftre  Regnault  des  Dermans^ 

Aprcs.cesrhofesleRoy  fe  partit  de P^ri^  pour  aler  à  Or/<ftf«5,&  en  em- 
mena avec  luy  Arnaidc  Lmllier  Changeur  îc  bourgeois  de  Paris  >  auqueL 
il  chargea  très-exprelïement  de  le  fuiyre  &  eftre  tousjours  près  de  luy ,  &. 
fi  y  mena  auffi  maiftre  Jehan  Lonf^e-joye  (71)  le  jeune,  nouvellement 
marié  i  Damoifclle  Geneviefve ,  fille  de  maiftre  Jehan  BailUt ,  pour  eftre 
de  fon  grand  Confeil.  Et  à  Theure  dudit  partement  il  créa  Treforier  de 
France  maiftre  Charles  d'Orgemont  >  Seigneur  de  Mery ,  &  fift  ledit  Ar* 
nault  Luillier  Treforier  de  Carcajfonne ,  &  maiftre  Pierre  Ferteily  mary» 
de  Terteau ,  Maiftre  des  Requèftes  de  fon  Hoftel  y  fans  gages  &:  inte- 
reft. 

Le  Lundy  1 8.  dudit  mois  avint  à  Paris  i  fix  heures  du  matin^  que  une* 
comète  y  chey t  en  refplandiflèur  de  feu ,  qui  dura  longuement ,  Se  eftoit 
telle  qu'il  fembloit  que  toute  la  ville  fuft  en  feu  &  en  flame.  Et  de  cette 
cfpouvan table  &  merveilleufe  chofeun  homme  en  lapla,cède  Grève,, 
qui  à  laditte  heure  aloit  ouyr  Medè  au  fainâ  Efprit ,  fut  de  ce  fi  efpou^ 
vanté  qu'il  en  devint  fol ,  &  perdit  fon  fens  &  entendement. 

Après  toutes  ces  chofe&mondit  Seigneur  Charles^  qui  ainfi  eftoit  party 
de  Paris  pour  aler  en  Normandie ,  s'en  ala  iufques  à  fainâe  Catherine 
du  mont  de  Rouen  y  où  il  fejourna  illcc  par  diverfes  journées  en  atten- 
dant que  ceux  de  Rouen  euflènt  préparé  ce  qu'ils  avoient  intention  de 
faire  pour  (on  entrée ,  mais  cependant  femeuft  noife  entre  mondit  Sei- 
gneur CharJes ylc  Duc  de  Bretagniy  &  le  Comte  àQDampmartiny  dont  fut 
ait  audit  Monfieur  Charles ,  que  ledit  Duc  de  Bretagne  ,  &  Comte  de 
Dampmartin ,  avoient  entrepris  de  le  prendre  &  raipener  en  Bretagne  ^ 
pour  laquelle  caufe  Jehan  Monfieur  de  Lorraine ,  qui  de  ce  fut  averty ,. 
aU  incontinent  dire  ces  nouvelles  en  Fhoftel  de  laditte  ville  de  Rouen , 
qui  incontinent  y  pourveurent  &  firent  armer  tous  ceux  de  laditte  villes 
Et  à  grand  porc  d'armes  ledit  Monfieur  Jehan  de  Lo/^rûi/2e,àJ'aidedefditS' 
de  Rouen  ala  en  la  place  dudit  lieu  de  fainde  Catherine  où  on  nele  vouloir 
laifler  entrer.  Et  illec  malgré  ledit  Duc  de  Bretagne  &  Comte  de  Dampmar- 
tin ^  (^ns  (oXtmnïti  çi,:irAtt  i&!^  monitii  mondit  Seigneur  CAtfr/^  fur  ua 
cheval garny  de  felle  &  harnois  fimplement ,  fans  aucune  houffiire,  &; 

a^oicr 

(7 1)  Voir  cy-dcyant  ^agc  5p^ 


D  U    R.  O  Y    L  O  U  Y  s    X  I.  53 

avoîc  vcftu  à  cette  heure  une  robe  de  veloux  noir ,  &  en  ceft  eftat  le  me- 
nèrent en  ladicte  ville  de  Rouen  ,  tout  droit  en  l'Egiife  noftre  Dame ,  où    ^ 4^  J* 
chanté  fut  le  Te  Dcum  laudamus  ,  &  de  là  au  Chafteau  dudit  lieu*  ^ 

En  ce  temps  le  Roy  eftant  à  Orléans  fift  plufieurs  ordonnances  &  eftan 
bliflèmens ,  ôc  defappointa  plufieurs  Capitaines  de  guerre ,  6c  entre  les 
autres  il  ofta  les  cent  lances,  dontPoncet  de  Rivière  avoit  la  charge  ,  & 
le  fift  Bailly  de  Montferant  ,6c  à.  d'autres  ofta  aufO  les  charges  &  mift  d'ai^ 
très  en  leurs  lieux. 

Quant  ledit  Poncée  de  Rivière  fe  vit  ainfi  defappointé  de  (àdkte  charge, 
il  s'en  ala  outre  la  mer  au  Saine  voyage  de  Jerujàlcm ,  &  de  li  à  fainâe 
Catherine  du  mont  de  Sinay ,  6c  fi  remift  &  fift  le  Roy  le  Seigneur  de 
Loheac  (72)  Marefcbalde  France^  comme  autre  fois  Tavoit  efté  y  &  fuc 
mis  au  lieu  du  Comte  de  Comminge  ,  baftard  d^Armignac.  Et  après  ces 
chofes  ainfi  faittes  le  Roy  fe  pan  a  Orléans  6c  s'en  ala  en  Normandie  ,  d 
toute  fon  armée  francs  archers  y  6c  fon  artiUerie  groflè  6c  menue,  6c  s'en 
tira  vers  Argentan ,  Eymes  ,  Falaise  y  Cojen  ,  &  autres  places  dudit  pays; 
pour  les  prendre  y  faifir ,  &  mettre  en  fes  mains.  Et  là  il  trouva  le  Duc 
de  Bretagne ,  qui  furent  enfemble  une  efpace  du  temps- 

D'autre  pan  audit  pays  ài^  Normandie  ,  y  eftoit  par  le  Roy ,  Monfieur 
de  Bourbon  ^  qui  ala  devant  Evreux  pour  l'avoir^ qui  n'y  obeyrent  point 
de  première  venue ,  mais  depuis  traitèrent  avec  luy  &  le  boutèrent  de- 
dans laditte  ville  ,  luy  6c  (es  gens^  Et  après  d'illec  fe  partift  &  s'en  vins 
devant  Vernon  fur  Seine  y  où  femblablement  luy  fut  fait  refus  de  pre- 
mière venue,  6c  puis  le  mirent  dedans.  Et  d'une  autre  part  eftoit  Mefiire 
Charles  de  Meleun ,  grand  maiftre  d'hoftel  du  Roy  ,  qui  au/Iî  prenoit  & 
laififibit  villes  6c  places ,  comme  Giforsy  Gournay  ^  6c  autres ,  6c  fi  rua 
jus  environ  fix  vingts  Efcojfois^qin  s'en  aloient  au  Seigneur  de  Beueil  (jj  ),. 

rDur  mondit  Seigneur  Charles^  Et  fut  la  rencontre  faitte  defdirs  J^^/5 
un  village  du  Bailliage  de  Caulx  ,  nommé  Cailly^ 

En  ce  temps  le  Seigneur  de  Sternay ,  qui  eftoit  General*  it  Normam' 
die  y  oui  s'en-eftoit  party  hors  de  la  ville  de  Roiien ,  pour  la  doute  6c  fu- 
reur au  Roy ,  &  afin  qu'il  ne  fuft  cogneu,  fehabilla  en  Cordelier  de  l'Ob- 
{ervance ,  fut  rencontré  par  aucuns  gens  de  guerre  de  la  compagnie  du* 
dit  grand  maiftre  >  za  pont  fainct  Pierre  y  qui  eft  à  quatre  \ïc\xés  àc  Roueny. 
6c  avoit  avec  luy  un  At^ufiin.  Lefquels  après  qu'ils  eurent  efté  faifis  fu-r 
lent  cherchez  par  Icfdits  gens  de  guerre,  &  trouvèrent  fiir  eux  plufieurs: 
bagues  6t  or  monoyé  comptant,  qu'ils  prirent  ôcfaifirent.  Et  après  mon- 
dit  Seigneur  Charles ,  qui  s'en  eftoit  aie  à^  Rouen  ,  s*en  ala  k  Louviers.y 
cuidant  y  trouver  mon  Seigneur  de  Bourbon ,.  lequel  il  n'y:  trouva  point  y^ 
6c  incontinent  s'en  retourna  audit  lieu  de  Rouen» 

Après  foiï  retour  audit  Ueu  de  Rouen ,  ceux  de  laditte  ville  le  rcceu- 
rent  &  le  menèrent  en  l'hoftel  de  laditte  ville,  où  Ûlec  Tefpouferent  à  leur 
Duc ,  &  en  ce  faifant  luy  baillèrent  un  anneau  Qu'ils  luy  mirent  au  doit> 
que  à  ce  faire  eft  ordonné..  Lequel  depuis  monait  Seigneur  Charles  pox^ 
ta,  &  promift  lors  aufdits  de  Rouen  de  les  entretenir  &  garderen  leurs 

ftanchife^ 

.  (7x)  Voir  d-devant  aa  commencemenc de  cette CEroaiqae ,  page  4.. 
CZi)  Amoiae  Comte  de  Saacerre.. 


X 


54  LES    CHRONIQUES 

franchifes  &  liberrez  »  &  leur  ordonna  à  ccftc  heure  la  moitié  de  cous  lef 
ï4^y»  aydcs  queparavant  fa  réception  ils  avoient  payez.  Et  ces  choies  faittcs 
luy  fut  dit  &  remonftré  par  les  cens  d'Eglife,  les  nobles,  bourgeois  & 
populaire  d'icelle  ville ,  qu'ils  lerendoientôc  demeuroient  du  toutfes 
vrais  &  loyaux  fujcds ,  tous  biens  délibérez  de  vivre  &  mourir  pour  luy, 
&  jufques  au  dernier  homme ,  &  puis  luy  firent  lire  un  aniclc  contenu 
en  une  Chronique,  qui  eftoit  en  icelle  maifon  de  la  ville ,  publiquement 
devant  tous,  qui  contenoit  en  effet  que  jadis  y  eut  un  Roy  de  France  qui 
mourut ,  &  après  fon  trefpas  demeura  deux  fils ,  dont  1  un  par  aifneflè 
fucceda  i  la  Couronne ,  &  à  l'autre  fut  baillé  pour  fon  appanage  la  Du-> 
ché  de  Normandie ,  que  depuis  ledit  Roy.  de  France  voulut  ravoir  &  en 
prit  guerre  contre  fon  frère  pour  la  ravoir.  Et  outre  pour  leurdit  Duc 
guerroyèrent  tellement  ledit  Roy  de  Franu^  que  par  leur  puiflànce  d'ar- 
mes ils  mirent  en  exil  ledit  Roy  de  France ,  &  firent  leurdit  Duc  Roy,  Et 
après  laditte  leâure  luy  dirent  qu'il  ne  fe  fouciaft  de  rien ,  &  que  de-là 
en  avant  ceux  de  laditte  ville  fe  fourniroient  dedans  icelle  &  deflîis  leurs 
murs  d'engins  &  autres  chofes  deftenfables  ,  &  de  tout  ce  que  neceflité 
leur  feroit  d'avoir  :  tellement  que  aucun  dommage  ou  efdandre  ne  vien* 
droit  audit  Seigneur ,  ne  à  eux ,  ne  d  leurditte  ville  (74). 

Le  Lundy  pénultième  Décembre  audit  an ,  le  Roy  retournant  dudie 

—M—  bas  pays  de  Normandie^  vint  au  Ponthaudemery  &  de  U  en  la  Campagne 

"^  ^  ^      du  Neufbourg  près  Conches ,  &  envoya  mondit  Semeur  de  Bourbon  de- 

^  vant  la  ville  dç  Louviers.  Et  le  Mercredy  fuivant  premier  Janvier  la  ville 

de  Louviers  fut  rendue  à  mondit  Seigneur  de  Bourbon ,  pour  le  Roy ,  & 

ce  jour  le  Roy  entra  dans  laditte  ville  de  Louviers  après  difner.  Et  en  ce 

jour  fut  mené ,  par  les  gens  dudit  grand  maiftre  d'hoftel,  le  Seigneur  Ster^ 

nay ,  qui  auffi  en  icelluy  jour  fut  noyé  en  la  rivierre  d^Ure ,  &  auflî  ledit 

Augufiin  avec  luy  par  les  gens  du  Prevoft  à^%  Marefchaux.  Et  «puis  fut  le 

corps  dudit  de  Sternay  retiré  hors  de  laditte  rivière  &  mis  en  terre  en 

TEglife  notre  Dame  de  Louviers ,  où  illec  fiit  fait  fon  fervice. 

Audit  temps  furent  plufieurs  perfonnes ,  ofiiciers  6c  autres  dudit  païs 
de  Normandie ,  exécutez  &  noyez  par  le  Prevoft  des  Marefchaux ,  pour 
les  queftions  du  Roy  &  Monfeigneur  Charles  fon  ftevc.  Et  après  le  Roy 
fe  partit  dudit  Louviers ,  &  vint  mettre  le  fieçe  devant  la  ville  dnPom 
d^s  Arches  y  quieft  à  quatre  lieues  de  laditte  ville  de  Rouen. 

Le  Lundy  6.  Janvier  fut  crié  en  la  ville  de  Paris  y  que  tous  marchans 
accouftumez  de  porter  vivres  en  oft,  ponaflènt  vivres  en  l'oft  du  Roy,  qui 
eftoit  devantladitté  ville  du  Pont  desArcheSy  &  que  tous  pionniers  fuffènt 
tous  prefts  à  partir  le  lendemain  pour  aler  audit  lieu ,  fous  fire  Denis  Gi^ 
ber  y  l'un  des  quatre  Efchevins  de  laditte  ville  à  la  conduitte  d'iceux  or« 
donné.  Le  Mercredy  fuivant  les  gens  du  Roy ,  qui  eftoient  alez  à  leur 
avantage  furies  champs,  prirent  quatre  hommes  d'armes  de  la  compagnie 
&c  eftans  fous  ledit  Monieigneur  Charles  ,  &c  qui  autrefois  avoient  efté 
en  l'ordonnance  du  Roy ,  &  l'un  d'eux  eftoit  nommé  le  petit  Bailly  , 

qui 


(74)  IJC?  î4^5«  Supplément.  Le 
15  Décembre.^  le  Roi  fait  à  Caen  un 
Traité  avec  le  Duc  de  Bretagne, 


Sur  Quoi  Voyez  VHifloire  de  Breta- 
gne  de  Dom  Lobineau  >  Tome  II, 
colomne  1x85. 


DUROYLOUYSXr.  ^ 

auî  autrefois  avoit  efté  de  la  compagnie  de  Jouachin  Rouaulty  Marefchal   
e  France ,  &  qui  avoit  efté  caufe  de  la  prifc  de  Ponthoift  contre  le  Roy.     1^66* 
Furent  menez  devers  le  Roy ,  Se  incontinent  fut  ordonné  qu'on  leur  cou- 

}>aft  les  telles  >  &  lors  ils  requirent  au  Roy  que  il  leur  fauvaft  la  vie  »&  ils 
u  V  feroicnt  rendre  ledit  Pont  des  Arches  :  ce  que  le  Roy  leur  accorda  , 
à  la  requefte  de  mondit  Seigneur  de  Bourbon  y  Se  de  pluiieurs  autres  Prin« 
ces  Se  Seigneurs. 

Ce  jour  le  Roy  &  fa  compagnie  entrèrent  dedans  ledit  Pont  des  Ar^ 
ckes  9  &  ceux  qui  eftoient  dedans  laditte  ville  fe  retirèrent  dedans  le 
Chafteau.  Entre  lefquels  y  eftoit  maiftre  Jehan  J7e^e/t ,  General  des  finan- 
ces du  Royaume  de  Franu  ,  &  trois  jours  après  fut  rendu  au  Roy  le 
Chafteau  dudit  Pont  des  Arches. 

'Après  que  laditte  ville  Se  Chafteau  eurent  efté  ainfi  rendus  au  Roy  » 
ceux  de  Rouen  envoyèrent  par  devers  luy  pour  parler  d*appointement  » 
lequel  en  chargea  haut  &  oas  les  Ducs  de  Bourbon  8c  de  Bretagne.  Ec 
pour  ledit  appointement  avoir  vinrent  de  laditte  ville  de  Rouen  aucuns 
Commiftàires  ordonnez  de  par  icelle  pour  luy  faire  plufieurs  requeftes  Se 
rononftrances ,  Se  entre  autres  que  quelque  chofe  qu'ils  euftènt  fait ,  le 
Roy  voulfift  eftre  content  d'eux,  &  qu'il  luy  pluft  déclarer  qu'ils  n'avoient 
pomt  fàilly  ne  fait  chofe  contre  luy,  donc  il  leur  voulfift  donner  pardon» 
grâce ,  ou  remiffion  y  Se  que  le  Roy  de-U  en  avant  les  affranchift  en  la 
manière  qu'il  avoit  fait  ceux  de  fa  ville  de  Paris ,  &  plufieurs  autres  re- 

Î|ueftes  firent  au  Roy ,  qui  leur  rendit  refponfe  que  for  le  tout  il  auroic 
on  advis.    . 

Durant  ces  chofes  plufieurs  des  gens  du  Roy  aloient  Se  venoient  en 
laditte  ville,&les  uns  avec  les  autres.  Et  cependant  mondit  Seignem  Char^ 
/es  ylnySe  plufieurs  autres  de  fa  compagnie  fortirent  dehors  de  laditte 
ville  de  Rouen  ^  Se  s'en  tirèrent  i  HonneJUur  Se  à  Cdén  y  où  ils  furent  de- 
puis,  certaine  efpace  de  tems.  En  ces  entrefaiétes  Jehan ,  Monfeigneur 
de  Lorraine  ,  fe  cuida  efchapper  poiUi  aler  çn  Flandres ,  mais  il  fut  ren- 
contré par  les  gens  du  Roy ,  qui  le  prirent  &  menèrent  vers  le  Roy.  Ec 
donna  le  Roy  la  plufpart  des  offices  de  laditte  Duché  de  Normandie ,  Se 
y  fift  de  nouveaux  officiers ,  Se  en  débouta  les  autres.  Et  après  ledit  par- 
tement  dudit  Monfeigneur  Charles  y  de  laditte  ville  de  Rouen ,  elle  fut 
remife  Se  réduite  au  Koy.  Et  ce  fait  le  Roy  renvoya  tous  fes  francs  ar- 
chers ,  &  leur  donna  congé  jufques  au  premier  Mars  enfuivant ,  Se  ren- 
voya auflfi  fon  aniUerie  i  Paris ,  Se  puis  prit  fon  themin  pour  aler  au  bas 
pais  de  Normandie ,  Se  vers  le  Montfainci  Michel.  En  ce  temps  Anthoine 
de  Chabannes  Comte  de  Dampmmrtin  dont  defius  eft  faitte  mention ,  fe 
tint  avec  le  Roy  ,  &  y  eut  gouvernement  &  charge  de  gens  d'armes  de 
cent  lances ,  dont  avoit  la  conduite  Meffire  Charles  de  Meleun  grand 
Maiftre  d'hoftel  du  Roy,  &  fi  luy  ofta  l'office  de  grand  Maiftre  Se  le  bailla 
â  Monfeigneur  de  Craon.  Jaçoit  que  moult  de  gens  eftoient  afiez  d'opi- 
nion  que  ledit  de  Meleun  euft  bien  fçrvi  le  Roy  Se  fait  de  moult  grans 
fervices ,  mefmement  à  la  grand  diligence  qu'il  prit  à  la  garde  de  la  ville 
de  Paris  en  l'abfence  du  Roy ,  &  luy  eftant  en  Èourbonnois ,  où  tant  Se 
fi  bien  fe  gouvernai  maintint ,  que  plufieurs  eftoient  d'opinion,  que  fe 
n'euft  efté  fa  grand  diligence  Se  bonne  conduite  que  laditte  ville  euft  eu 

beaucoup 


jtf  LES    CHRONIQUES 

beaucoup  i  (ouffnv  ,  au  grand  dommage  du  Roy  &  du  Kovaume. 
1^66.  En  ces  chofes  faifant ,  le  Roy  fift  efchange  avec  ledit  Comte  de 
Dampmanin  ,  d'un  fien Chaftel  qu'il  avoit  en  Gafcognc  nommé  Blan* 
oiffort  »  &  alencontre  le  Roy  luy  bailla  tout  le  domaine  &  fouveraineté 
qu'il  avoit  es  villes  de  Gonnejfc  f  Gournay  fur  Manu ,  &  Cncy  en 
Bric  (75).  Et  de  ce,  luy  bailla  kttres  addreflâns  à  fa  Cour  de  Parlement, 
pour  icelles  eftre  par  eux  expédiez,  &  pour  les  joindre  avec  faditte  Com^ 
te  de  Dampmanin^ 

Audit  temps  le  Roy  ordonna  que  la  place  de  Chaumont  fur  Loire  ^  qui 
appartient  à  MefEre  Pierre  d'Amboife  ,  Seigneur  dudit  lieu  de  Chaumont, 
mu  mife  en  feu  &  en  ilame  &  arrafée ,  ce  qui  fut  fait. 

Le  Lundy  x.  Février  un  nommé  Gauvain  Mannid^  qui  eftoit  Lieute* 
nant  gênerai  du  Bailly  de  Rouén^  fut  pris  enrladitte  ville  &  mené  prifonnier 
au  Pont  de  l'Arche,  ^t  là  par  lePrevoft  des  Marefchauxdeflus  le  pont  dudit 
lieufutdrefleunefchafFaut,  deilus  lequel  ledit  Gauvain  fut  décapité  pour 
aucuns  cas  de  crimes  à  lui  impofez.  Et  deûlus  ledit  pont  fut  fa  tefte  mife 
au  bout  d'une  lance ,  &  Ton  corps  jette  en  la  rivierre  de  Seine. 

En  ce  temps  le  haut  Doyen  de  l'Eglife  de  Rouen ,  &  autres  Chanoines 
de  laditte  Eglife  jufques  au  nombre  de  Hx ,  furent  envoyez  hors  icelle ,  & 
leur  fut  laditte  ville  interdire ,  &  furent  envoyez  demeurer  hors  de  la 
Pucbé  de  Normandie. 

Après  ce ,  le  Roy  partit  de  Rouen  &  s*en  ala  à  Orléans  où  la  Reyne 
eftoit ,  &  y  demeura  par  long-temps ,  &  puis  s'en  ala  à  Jargeau ,  &  illec 
environ.  Et  pendant  qu'il  y  fut  arrivèrent  devers  luy  plusieurs  Ambaflà* 
des  de  diverfes  contrées ,  Se  de  divers  cas ,  Se  durant  ce ,  le  Roy  délibéra 
envoyer  Ambadàde  au  Royaume  d! Angleterre  pour  aucunes  caufes.  Et 
pour  ce  faire  edeut  le  Comte  de  Rouffillon ,  baftard  de  Bourbon  Se  Admi- 
rai de  France ,  le  (ire  de  la  Barde,  VEvcCqut  Se  Duc  de  Langres ,  maiftre 
Jehan  de  Poupaincourt ,  Seigneur  de  SerulUs ,  maiftre  Olivier  le  Roy ,, 
Confeillei:  Se  maiftre  des  Comptes ,  Se  autres.  Et  partirent  pour  aler  au- 
dit Royaume  d^Aneleterre  au  mois  d'Avril  1/^66. 

Audit  temps  par  la  Juftice  ordinaire  de  Paris  furent  pris  plufieurs  pp* 
vres  créatures ,  larrons ,  crocheteurs ,  &  autres  malfaiteurs ,  qui  pour 
lefdits  cas  furent  les  aucuns  pendus  &  eftranglez  au  gibet  de  Paris  â 
Montfaucon  9  Se  les  autres  en  furent  batus  au  cul  de  la  charette  par  les 
carrefours  de  laditte  ville. 

En  çc  temps  Domoifelle  Yfabeau  de  Cambray,  femme  de  fire  Guillau* 
me  Coulombel  puiflant  Se  riche  homme ,  fut  mife  Se  conftituée  prifon-» 
niere  en  la  Conciergerie  du  Palais  Royal  i  Paris ,  à  la  requefte  Se-  pour-* 
chas  de  fondit  mary ,  qui  principalement  la  chargeoit  de  trois  chofes. 
La  première ,  Qu'elle  s'eftoit  forfaiâie  &  abandonnée  à  autre  qu'à  luy.  La 
féconde ,  qu'elle  l'avoir  defrobé  de  fes  biens  en  grans  fommes  de  de* 
niers.  Et  aufli  q^u'elle  avoit  fait  &  compilé  pluljieurs  poifons  pour  l'em- 
poifonner  &  faire  mourir.  Et  fur  ces  cnofes  avoit  fondjt  mary  fait  faire 
(es  informations  ;  après  lefquellçs  veuës  ,  Se  pour  lefdits  cas  demeura 

longuement 

(7  j)  Voir  le  Ttaicé  des  droits  du  Roy ,  par  Vi.  Dapuy  ,  aux  dtrcs  de  Crccy  «c  de 
Couiàay. 

ii6) 


D'U:  ROY    L  O  U:Y  S   X  I.  y^ 

lenguemtot  prifonniere ,  &  fut  fur  ce  gehennée*  Et  finalement  veu  par 
la  Cour  de  Parlement  lefdiébs  charges  &  informations  fur  ce  hiâcs  9  Se  <  4  ^  5' 
fa  conf^on  prife  :  par  Atreft  Se  Jugement  difBnitif  d'elle ,  fut  dit  & 
prononcé  que  lefditces  charges ,  par  ledit  Colombd  impofées  à  faditte 
femme  ,  eftoient  ûiffifamment  prouvées  >  pourquoy  fut  déclarée  par  ledit 
Arreft  jKivée  dé  toute  communauté  de  biens  &  doiiaire  avec  fondit  ma« 
Ty«  Et  au  regard  des  poifons  furent  appointez  contraires  >  dequoy  elle 
jMTopofa  erreur ,  •&  configna  fix  vingt  livres  parifis.  •■^■^i 

.  Le  10.  May  1^66.  Mcflîre  Anthoine  de  Chajlcauncuf ,  Seigneur  du   

Lau ,  qui  avoit  eu  congé  du  Roy  long*tcmps  paravant»  fut  trouvé  par  caf     '  ^^^* 
d'aventure  par  le  Seigneur  de  Chabcfhais  Se  autres  >  es  plaines  de  Clery 
près  Orléans.  Et  pource  que  luy  &  (es  gens  furent  apperceus  en  habits 
mefcogneus ,  fut  pris  prifonnier  &  mené  au  Roy,  qui  l'envoya  avec  fes 

Sens  prifonnier  en  un  Chaflel  près  Mehun»  et  le  Mercredy  veille 
'Afcenfion  Notre  Seigneur ,  par  l'ordonnance  du  Roy  maiftre  Jehan  U 
Frevoji,  Notaire  Se  Secrétaire  du  Roy ,  entra  dedans  la  Baftille  fainâ  An* 
thoine  par  moyens  fubtils ,  &  4*icelle  en  mift  &  jeûa  hors  un  nommé 
Marc ,  qui  en  eftoit  Lieutenant  pour  Moniteur  de  /a  Bordt ,  &  lequel 
Marc  avoir  nouvellement  efpoufé  la  fille  naturelle  dudit  Médire  Chariesi 
de  MeUun  y  qui  eftoit  fils  dudit  de  la  Borde.  Et  après  ledit  Marc  Se  (à- 
ditte  femme  &  mefnage ,  s'en  retournèrent  à  refuge  par  devers  ledit 
Mefiire  Charles  en  la  ville  de  MeUun. 

Le  Samedy  veille  de  Pentecofte  14.  dudit  moi$  1^66.  furent  leucs  Se 
publiées  en  laditte  ville  de  Paris ,  par  les  carrefours  d'icelle ,  i  fon  de 
trompe  &  cry  public  »  le  mandement  du  Conneftable  de  France  ^  dedans 
lequel  eftoit  inféré  le  mandement  du  Roy ,  qui  contenoit  i^uelcRoy  eftoit 
deucment  informé  que  les  Anglais  fes  anciens  ennemis,  engrofle  & 
merveilleufe  armée  eftoient  ddiberez  d'entrer  Se  defcendre  ati  Royaume 
de  France ,  pour  deftruire  &  gafter  iceUuy.  Et  que  pour  ce  faire  avoienc 
desja  fait  grand  amas  de  navires*  Et  pource  le  Roy  voulant  refifter  à  leur 
mauvaife  &  damnée  entreprife,  &  pour  les  grevjer^  nuire  en  tout  ce  que 
poflible  feroit ,  mandoit  audit  Conneftable  que  par  toutes  villes ,  pays , 
ie  lieux  dudit  Rojraume ,  es  places  où  on  a  accouftumé  de  faire  ary  po^ 
Uic ,  il  fift  a0àvoir  que  tous  nobles  tenans  du  Roy  en  fief  &  arrière» 
fief ,  de  quelque  eftat  ou  condition  qu'ils  feuftènt ,  feufllent  en  armes 
Se  habillement  dedans  le  1 5  •  Juin  enfuivant ,  fur  peine  de  confifcation 
de  corps  Se  de  bÂ^n^*  Et  dulli  à  to«is  francs  archers  a  eftre  tous  prefts  audit 

jour^  .    .  .  .  ' 

-    En  <:e  temps  le  Rôy  ,  qui  ainfi  avoir  defappointé  ledit  Seigneut  de  la 

Borde  Aclz  Capitainerie  de  la  Baftille  fainâ  Anthoine  ^  donna  laditte 

Capitainerie  au  Seigneur  de  Bloty  Senefchal  d* Auvergne ,  que  on  difoit 

eftre  homme  de  çrandconduiâe.  En  ce  temps  ledit  Seigneur  dcMon^ 

iauban ,  qui  avoitefté  Admirai ,  grand  Maiftre  Adminiftrateur,  Se  gonc- 

xal  Réformateur  de  toute  la  noife  advenue  en  Bretagne. y  SC  par  confe» 

quent  au  Royaume  de  France ,  &  qui  avoit  eu  des  biens  du  Royaume  Se 

argent  ineftimable ,  mourut  i  Tours  &  ne  fiit  point  pleuré.  Et  aprèsjfa 

mort  ie  Roy  donna  fes  offices.  C'eft  aflàvoir  l'onice  d' Admirai  à  Monfei* 

jgneur  le  Baftard  de  Bourbon  ,  qui  avoit  efpoufé  une  ficnne  fille  nacu- 

Tome  IL  ^         H  rcUo 


5«  LES    CHRONIQUES 

relie  (76).  Et  l'c^ce  <}e  grand  Moiftre  des  Eanës  6c  Fotefts ,  fut  âoîmé  ttt* 
1^6$.    Seigneor  de  ChaAillon j- irere àvl  Marefchal  de  Lohtac* 

Audit  temps  kirent  prifes  trêves  avec  lefdits  Anglais  durant  11.  mois» 
tant  par  mer  que  par  terre  »  &  furent  iefdittes  trêves  publiées ,  &  auffi 
audit  temps  Monieigneur  du  Maine  y  pour  aucunes  caufcs;  qui  meurent 
le  R07  »  rot  deTappoinâé  du  Gouvernement  de  Languedoc  ^  &  fîit  baillé 
à  Moufeigneur  de  ^^/ir^oxr. 

Après  ledit  mariage  fait  dudit  Mgr.  l'Admirai  »  le  R07  luy  donna  le 
'•*  *  Chaftelâc  Place  de  Ujfon  en  Auvergne  ^  qu*on  dit  cftre  la  plus  forte  Pla- 
ce du  Royaume ,  avec  les  Capitaineries  dé  Honnefieur  y  &  autres  place» 
de  Normandie^  Audit  mois  de  Juin  que  les  fèves  flieuriflènt  &  deviennent 
bonxies>avint  que  plufîeurs  hommes  &;  femmes  perdirent  leur  bon  en-» 
rendement ,  &  meimei^pnt  à  Paris  :  il  y  eut  entre  autres  un  jeune  hom-» 
me  nommé  maiftre  Marcial  d^  Auvergne  (*) ,  Procureur  en  la  Cour  de  Pat- 
lement  y  Se  Notaire  au  Chaftellet  de  Paris  y  lequel  après  qu'il  euft  efté^ 
marié  trois  femaines  avec  une  des  filles  de  raaiftre  Jacques  Four  nier  ^ 
ConfeillerduRoyen  faditteCourdeParlement ,  perdit  fdn  entendement 
€n  telle  manière,  quelejourdeMgrfainébJelKtn  ^^/^ri/^e  environ  neuf 
heures  du  matin ,  une  telle  frenaifie  le  {^it  qu'il  fe  jetta  par  la  feneftre  de 
tau  chambre  en  la  rue  Se  fe  rompit  une  cuiflè  ,  &  froiflk  tout  le  corps  fie 
fut  en  grand  danger  de  mourir. 

Au  mois  de  Jufllet  fuivant  vinrent  &  arrivèrent  à  Pais  plufîeurs  Pre-^ 
kts^ Seigneurs,  Chevaliers,  gens  d'Eglife,  Se  autres  gens  de  confeil 
<|âe  le  Roy  ordonna  venir  „  Se  que  on  difoit  qu'ils  eftoient  ordonnes 
pouh  mettre  ordre  Se  police  en  la  JPufticc,  &  reformer  en  toutes  chofes  ^ 
Se  leur  fudbaillémoult  grand  pouvoir,  &  par  icelluy  eftoient  hommez  vingt 
&  un  Commidàires ,  dont  Mgr  Charles  de  Orléans ,  Comte  de  Dunois 
Se  de  Longueville  cftoit  l'un  &  premier.  Et  duquel  nombre  de  vingt  & 
un  ne  pouvoir  eftre  rien  fait  qu'ils  ne  feuflent  treize ,  ledit  Comte  de 
Dunois  tousjours  devant  Se  le  premier ,  &  lesapi)elloit-on  lors  les  Refor- 
mateurs du  bien  public  Et  fur  laditte  commiflion  ainfî  à  eux  baillée  > 
commencèrent  ibefbgnet  le  Mardy  \6.  (yj)  Juillet  1^66^  Et  pour  y  bien 
commencer  &  mettre  tousjours  en  leurs  faits  Dieu  devant ,  hit  fait  par 
eux  chanter  une  belle  Melîe  du  S.  Efbrit  en  la  (ainfke  Chappelle  du  Palais 
Royal  à  Paris.  Laquelle  Meflè  fut  chantée  &  celcfcrée  par  l' Achevefquc 
de  Reims  Juvenely  qui  eftoit  efleu  Se  nommé  l'un  defdits  Commif&ires- 
Et  à  cedit  jour  de  Mardy  avoir  eu  un  an  que  le  Roy  rencontra  Mgr^  de 
Charrolois  à  Montleherv. 

•  Le  Mercredy  1 6.  Juillet ,  avint  en  la  Cour  dudit  Palais  que  plaficnrs  des 
Pa^es  des  Confeillers  de  laditteCour,illecattendans  leurs  mâiftres,prirent 
noife&queftion  aux  Pages  defdits  Seigneurs  tenans  le  confeil  dtiaitbien 
public,  &  fe  meut  la  noile  d'entre  lefdits  Pages  du  Palais,  contre  lefdits  Pa^ 
^e&du  bien  public ,  fur  ce  qu'ils  n'avoient  point  payé  leurs  bien  venues  i 
aceux  du  Palais,  Se  de  ce  avoientefté  refufans  :  &  demeura  â  tant  laditre 

noife 

•  (yif)  Loqii  bjrftatà  (fc  BomBon  marîf  à  î     (77)  le  Mardy  Je  ccttc^noéc  /toit  fc  i  i^ 


Jeanne  fille  nanircUc  du  Roy  Louis  XL 
(*)  SCr  Ott  a  de  Itii ,  At^4  Mmorum. 


mais  la  Bataille  s'eft  donnée  le  itf.  Juillet 
de  Tannée  précédante,  au/C  oj^M^d^^ 


DUR.  O  Y    L  O  U  Y  S    X  T. .  5^ 

noife  jafques  au  lendemain  qui  fut  Jeudy,  que  tous  lefdits  Pages  d'un   

cofté  6c  d'autre  retournèrent  en  iceUe  Cour»  &  remirent  fus  Icurditte  ia66. 
queftion.  Et  en  pourparlant  d'icelle  lefdits  Pages  du  bien  public  couru-^ 
rent  fusaufdits  Pages  du  Palais,  qui  fe  revenchecent  Se  baillèrent  les 
uns  aux  autres  de  terribles  de  merveilleux  coups ,  tant  de  poings  ,  de 
pierres ,  baftons»  coufteaux  6c  dagues ,  que  il  y  en  eut  plufieurs  navrez» 
Dattus  9  &  les  yeux  crever  »  &  faluc  fermer  les  portes  »  &  que  gens  de 
bien  s'en  meflaflènt  pour  les  defmeller  &  appointer.  Et  de  ce  fut  dit  par 
plufieurs  que  ces  chofes  fignifioient  le  bout  de  l'an  de  la  rencontre,  do^ 
Mont/ehery.  Laditte  année  fut  fort  moifte ,  &:  en  divers  lieux  en  France  - 
y  creuft  de  bons  blez ,  &  en  autres  lieux  ne  valurent  gueres ,  &  dloiœt 
niellez ,  &  y  eut  de  crans  tempeftes  en  divers  lieux ,  tant  d'edair  que 
de  tonnerre ,  vents>  pTuyes  &  autres  tempeftes ,  qui  firent  moult  de  maux 
6c  de  dommages  en  divers  lieux  dudit  Royaume ,  6c  par  efpecial  au  pays 
de  Soijfonnois ,  où  elle  gafta  les  blez ,  les  vignes  &  autres  ftuids  ,  6c 
deftruifît  plufieurs  belles  maifons  >  manoirs ,  couvenures  d'Eglifes  >  &  fift 
plufieurs  autres  maux,  ^  < 

En  ce  temps  s'efmeut  grande  guerre  entre  les  Liegetns  6c  le  Duc  de 
Bourgogne  >  qui  pour  cefte  caufe  le  mift  en  armes  6c  leur  ala  faire  la  guéri- 
te, &  s'y  fit  porter  en  unelitiere,&  y  mena,  avec  luyfon  fils  ledit  Sgr.de 
Charrolois  ^  avec  tous  les  nobles  hommes ,  gens  de  guette  6c  autres  qu'il 
peuft  recouvrer  »  6c  tous  fes  bahus  &  artillerie ,  &  fit  aiettre  le  fiege  de- 
vant la  ville  de  Dynany  contre  laquelle  T  %  incontinent  fait  grans 
approches  >  &  fi  v  nirent  litres  de  belles  iaiUies  6c .  grandes  eïcarmou^ 
cnes  de  cofté  6c  d'autre  >  &  au  commencement  lefditsi  de  Dynan  firent 
de  crans  maux  6c  dommages  aufdits  Bourguignons  ^  &:y  eh  demeurii 
pluneurs  morts  ,  qui  gueres  ne  furent  plains  :juJùsjen  la  nn  i^eux  de  ia^ 
dittc  ville  de  Dynan  ^  par  trahiCbn  &  autrement  furent  furpris ,  &  en-^ 
trenent  lefdits  Bourguignons  dedans  icelle  ville ,  qui  d'icelle  eh  jetrèrenf 
êc  boutèrent  dehors,  hommes ,  femmes  &  enfans ,  6c  retinrent  prifon^ 
iiiers  les  plus  notables  gens  d'icelle  ville ,  &  puis  la  plillerent  tellêmencqà'il 
it^y  demeura  rien.  Et  afprès  boutèrent  lefeu  parmy  toutes  les  Eglifes  6cmaÀ^ 
ions ,  &  y  firent  mefcnef  Se  <ioinnnage  irréparable*  Ecaprès  que  tou^foé 
brûlé  &confommé ,  emplirent  les  foflèz  des  murs  d'icelle,  &  à  caufe 
d'icelle  deftruâion  devinrent  les  povses  lîabitans  d'icelle  mandians ,  6C 
aucunes  jeunes  femmes  6c  filles  abandonnées  à  tout  vice  &  péché  pour 
avoir  leur  vie  (78  j*  .En 


(78)  ÇCr  %a66.  Supplément.  Ce 
fut  le  1 5*  jour  a  Aouft  lut  les  fixheu- 
heuics  du  foir  que  la  Ville  de  Dî- 
nant fc  rendit  au  Duc  de  Bourgo- 
gne &  ail  Comte  de  Charolois  Ion 
ms  9  pour  en  faire  à  leur  volonté , 
(  c'eft-à-dire  qu'elle  fe  rendit  à,  dif- 
cretion  ).  La  Ville  ayant  été  entiè- 
rement brûlée  &  démolie ,  les  pier- 
res en  furent  données  à  ceux  de 
Bouille  (ou  plutôt  à  ceux  de  Bovi- 


gnès  qui  eft  auflî  fur  la  rivière  de 
Mëufe  ,  environ  une  lieue  au  def^ 
fous  de  Dinant }.  La  Paix  fe  fit  en- 
fuite  entre  le  Pue  de  Bpurgoene  & 
les  Liégeois,  mais  à  des  conditions 
très-onereufes  pour  ces  derniers  ; 
c'étoit  d'ahbattre  deux  des  portes 
de  leur  Ville ,  du  côté  du  Bradant , 
&  de  démanteler  toutes  les  petiteè 
Villes  fermées  de  leur  Territoire , 
avec  une  impofition  exhorbitantç 

H  X  d'argent* 


^o  LE  s    CH  R  ON  I  Q  UE  s 

En  ladhte  année  es  mois  d'Aoaft  &  Septembre  fut  grande  8c  merveif- 

ï  4^^f     leufe  chaleur ,  au  moyen  de  laquelle  s'en  enfuivic  grande  mortalité  de 

peftilence  >  &  autres  maladies ,  dont  6c  dequoy  il  mourut  tant  en  la  villêy 

villages  voifins  ,  Prevofté  ôc  Vicomte  de  Paris  y  quarante  mil  crearures 

te  mieux,  entre  lefquelles  y  mourut  maiftre  ^atzoii/ ,  Aftrologien  du  Roy^ 

2ui  eftoit  fort  homme  de  bien,,  (âge  &  plaifant>  &  aufli  y^  moururent  plu- 
eurs  Médecins  &  Officiers  du  Roy  en  laditte  ville  de  Paris^  Et  fi  grand 
nombre  de  créatures  furent  portées  enfevelir&  enterrer  au  cymetiere 
éts  fainâs  Innocens  en  laditte  ville  de  Paris ,  que  tant  des.morts  en  la* 

•  ditte  ville,  que  de  L'hoftel  Dieu,,  tout  y  fut  remply ,  &  fut  ordonné  que 
de  lien  avant  on  porteroit  les  morts  au  cymetiere  de  la  Trinité ,  qui  eft 
6c  appartient  à  L'hoftel  de  la  ville  de  Paris.  Et  continua  laditte  mort  juf* 
ques  au  mois  de  Novembre ,  que  pour  la  faire  céder  6c  prier  Dieu  qu'il 
luy  pleuft  dele  faire ,  furent  faittes  de  moult  belles  procédions  gênerai-» 
les  a  Paris ,  par  toutes  les  Parroiflès  6c  Eglifes  d'icelle,  où  furent  por^ 
tées  tputes  les  chadès  6c  fainâes  Reliques ,  6c  mefmement  les  chadès^ 
de  noftre  Dame  >  de  fainâe  Geneviefve ,  &  S.  Marcel ,  &  lors  céda  ui^ 

'  petit  laditte  mort.  Et  en  ce  temps  fut  grant  bruit  à  Paris  àc  larrons  & 
crocheteurs  alans  de  nuit ,  crocheter  huis ,  feneftres ,  caves  &  celiers< 
Et  pour  lefdits  cas  en  fîireht  aucuns  battus  au  cul  de  la  charrette  >  6C  lea 
autres  pendus  6c  eftranglez  au  gihct  de  PariSé 

Audit  temps  fut  pendu  &  eftranglc audit  gibet deParr/i un  gros  Nor-^ 
mont  y  natif  de.  Cofiantin  tn  NormandU^  pourcequ'it  avoir  longue-» 
ment  maintenu  une  fienne  fille  >  &  en  avoit  eu  plufieursefîfansq^  lujr 
&  faditte  fille ,  incontinent  qu'elle  en  eftoir  délivrée ,  meurdciâoîqit. 
Et  pour  ledit  cas  fut  pendu  comme  dit  eft ,  &  faditte  fille  fut  arfé  à  Ma^ 
gny  près  Ponioifi  >  ou  ils  eftoienc  venus  demeurer  dudit  pays  de  Nor^ 
mandu.  En  de  temps  furent  apportées  à  Paris  les  cbadês  de  lainâ  Cre(^ 
prà  de  (ainâ  Crefpinien ,  pour  trouver  remède  à  laditte  maladie  de  pef-- 
rilence ,  &  audi  pour  eux  quefter  afin  d'avoir  dequoy  recouvrir  l'Eglife 
defdits  Sainds  audit  lieu  de  Soijfous ,  que  laditte^  foudre  &  tempefte^ 
avoir  ainfideftruiâe  &  abbacuccomme  du.  eft  devant  :j8c  durant  ce  temps 
le  Roy  &  fon  Confeil  fe  tindrent  k  Orléans ,  Chartres ,  Bourges  ^  Mekun^ 
^/7i^oi/e  ^  &  autres  lieux  >.&  durant  qu'il  yfur,  vinrenr  ptufieurs  Am« 
badades  de  diverfes  nations^,  comvM:  d^  Angleterre ,  àtr  Bourgogne  6c  au** 
très ,  6c  délibéra  lors  le  Roy.  de  faireguerre  aufdits  Duc  de  Bour^fogne  ^ 
&  Comte  de  Charrolois  fon  fils.  Et  pour  cefte  caufe  fi(l  crier  es  villes  dp 
fon  Royaume  baa£c  ardereban ,  &  ordonnai  créa  plufieurs  francs  ar^*^ 
•chers  outre  le  nombre  ordinaire. 

Après  ce  que  dit  eft ,  le  Roy  fift  pTafieurs  ordonnances^  &:  cftablîdc- 
mens  pourla  rution  &  garde  de  fcs  païs  &  villes,  &  ordonna  Mgr.  le 
Marelchal  de  Loheac  j  ion  Lieutenant  en.  la  ville  de  Paris  >,  &  en  flile 

de 


d'argenté.  Tiré  par  M.  rjtbé  le 
Grand  y  du  MS.  96  J 5*  3*  de  la  Bin 
Uiothequedu  Roy.  Cependant  h 
Ville  n'a  pas  laide  de  fe  rétablir.  Le 
peuple  y  eft  induftrieux  >  &  iàfituar 


tton  entre  Ta  France  &  les  Pays-Bas, 
lui  a  donné  lieu  de  fe  remettre  6c 
de  s'addonner  au  commerce  5  ref- 
fource  certaine,  même  pour  les  pUis 
petites  Yillcsu, 


ÔUROYLOUYSXI.  tft 

Ttc  France.  Et  à  Mgr.  de  Gei/on  fut  baille  le  païs  de  Champagne ,  &  la 
garde  du  jpaïs  de  Normandie  fut  baillée  à  Mgr.  le  Comte  de  S.  Pol^  Con-    '  x  46^* 
neftable  de  France ,  qui  auparavant  avoir  efté  ennemy  du  Roy  avec  le 
Duc  de  Bourgogne  ,  &  mondit  Sgr.  de  Charrolois. 

En  après  au  mois  de  Février  i  ^66.  arriva  une  Ambaflàde  de  Bretagne 
par  devers  le  Roy ,  lefquels  après  qu'ils  eurent  par  luy  efté  ouys ,  lei 
receut  très  -  bien  9  &  puis  après  s'en  alerent  en  Flandres  devers  le* 
dit  Duc  de  Bourgogne  ôc  Mgr.  le  Comte  de  Charrolois  (on  fils.  Et  lori 
fut  grand  bruit  par  tout  qu'il  y  avoit  appoinftement  fait  entre  le  Roy  &: 
Mgr,  fon  frère ,  dont  plufieurs  gens  oe  bien  furent  moult  joyeux.  Et 
avant  ce  le  Roy  avoit  envoyé  fon  Amballade  au  pays  de  Liège  ,  entre 
lefquels  y  eftoit  ledit  maiftre  Jehan  Hébert  y  Mer.  TEvelque  de  Tr<7j^fi  (79)  j 
&  autres.  Et  en  icelluy  temps  avint  en  la  ville  Paris  ,  que  trois  fergens 
à  verge  du  Chaftellet ,  qui  eftoient  bien  mal  renommez,  furent  de  nuit 
prendre  un  Preftre  de  TEclife  Mgr.  faincl  Pol  à  Paris.  Lequel  Preftrô 
eftoit  paifiblement  couche  en  fa  chambre  >  en  laauelle  par  force  &  vio* 
knce  entrererent  dedans  lefdits  fergens  ,  &  illec  le  battirent  &  mutile*^ 
rent ,  &  puis  l'en  emmenèrent  en  la  rue  &  le  rraifnerent  au  long  d'icel- 
le ,  &  te  navrèrent  en  plufieurs  lieux ,  &  puis  le  laiflèrent^  Et  après 
ledit  Preftre  les  en  pourfuivit  par  joftice  ,  &  tellement  qu'ils  en 
furent  conftituez  prifonniers  au  (jhaftellet ,  où  leur  procez  fut  fait ,  &C 
furent  illec  condamnez  à  eftre  bannis  du  Royaume  àt  France ,  &  leurs 
biens  &  héritages  confi(quez  ^  £c  à  faire  amende  honnorable«  Dont  & 
dequoy  ils  appefierent  en  la  CcHir  de  Parlement,  dont  auffî  en  appella  le 
Procureur  du  Roy  de  ce  qu'ils  avoient  efté  trop  peu  jugez.  Et  depuis  par 
Arreft  d'icelle  Cour ,  fut  dit  que  avec  le  jugement  de  fentence  du  Pre- 
voft  de  Paris ,  qu'ils  feroient  batus  par  les  canefours  de  Paris ,  ce  qui 
fiit  fait. 

Le  Jeudy  1  j.  Avril  i^6f.  Anthoiné  de  Chahannes ,  Comte  de  Damp^  — — *"? 
martin  ,  qui  ainfi  eftoit efchappé  de  la  Baftille  fainâ;  Anthoine ,  ic  qui  1 467* 
depuis  fift  moult  de  maux  au  Roy  &à  (ts  fu  jeâs  en  Auverme  8C  ailleurs , 
venu  devant  Paris  avec  les  autres  Princes  ,  fut  fait  &  crée  grand  Maiftre 
d'hoftei  du  Roy,  au  lieu  du  Sgr.  de  Croy,  en  déboutant  de  ce  ledit  de 
Crpy  ,  Meffire  Charles  de  Mcleun  &c  tous  autres ,  &  lui  en  furent  bail- 
lées lettres  parle  Roy ,  qui  certifioit  que  ledit  de  Chabannes  luy  avoir 
fait  ferment  de  loyaument  le  fervir  à  Tencontre  de  tous.  Depuis  toutes 
ces  chofes  ,  au  mois  de  Juin  14^7.  le  Roy  fe  partit  de  Paris ,  &  ala  enr 
NormamUe  d  Rouen  y  Se  ailleurs ,  &  luy  eftant  à  Rouen  ,  fift  venir  à  luy 
le  Comte  de  Warvich  hors  du  Royaume  d* Angleterre ,  pour  aucunes  cau- 
fes  qui  le  miurent ,  &  illqc  fe  mift  en  bateau  liiy  &  fa  comjjagnie ,  &  vin- 
rent jufqnes  à  la  Bouille ,  aflis  fur  la  rivière  de  Seine  ,  à  cinq  lieues  près 
de  Rouen ,  à  un  Samedy  7.  Juin  à  l'heure  de  difner ,  lequel  trouva  illec 
ion  dtfner  tout  prcft.  Et  le  Roy  qui  eftoit  illec  ainfi  arrivé  pour  le  re-^ 
cevoir,  &  v  fut  moult  fort  feftoyé  &  tous  ceux  de  fàditte  compagnie  » 
&  puis  après  difner  rentra  ledit  Warvich  e^its  bateaux ,  &  s'en  ala  par 

I2 

{79)  Loais  RagoîcrEvêquc  de  Troycs,  I  Evêché.  CMmufdt ,  ÀMiquitsus  Trk^ffiné^ 
Wâot  Uk  148a.  après  s*écrc  démis  de  cet  1  pag.  xjS. 


44^7- 


6i  LESCHRONIQUEÏ 

la  rivicrc  de  S  une ,  &  le  Roy  s'en  ala  par  terre  Itfv  &  fa  compagnie  juf- 
ques  audit  Rouen.  Et  alerent  alencontre  ceux  de  laditte  ville  par  la  porte 
du  quay  S.  Eloy  ,  où  le  Roy  luy  fift  faire  moult  crand  recueil  &  honno- 
rable  :  car  de  toutes  les  Paroiuès  &  Eglifes  de  laditte  ville  furent  por- 
tées au  devant  de  luy  les  croix ,  bannières ,  &  eauc  benifte ,  &  tous  les 
Preftres  reveftus  en  chappes.  Et  ainfî  fut  conduit  jufques  à  la  grand  Egli- 
fe  noftre  Dame  de  Rouen ,  où  il  fift  fon  o&ande ,  &  après  s^en  ala  en  Ton 
logis  qu'on  lui  avoit  ordonné  aux  Jacobins  dudit  lieu.  Et  après  vinrent 
en  laditre  ville  la  Reyne  &  fes  filles  •,  &  demeura  illec  le  Roy  avec  lo^ 
dit  Warvich  par  Tefpace  de  douze  jours.  Et  après  ledit  de  JTarvich  s*en 
départit ,  &c  retourua  en  jingUecrre ,  &  renvoya  le  Roy  avec  luy  Mgr. 
r Admirai ,  TEvefque  de  Laon ,  maiftre  Jehan  de  Poupaincourty  fon  Con- 
feiller ,  maiftre  Olivier  le  Roux ,  &  autres.  . 

Et  eft  aflàvoir  que  durant  le  temps  que  ledit  de  Warvich  &  ceux  de  fa- 
ditte  compagnie  furent  &:  fejournerent  à  Rouen ,  que  le  Roy  leur  fift 
de  moult  ^rans  dons ,  comme  de  belles  pièces  d'or ,  une  couppe  d'oc 
toute  garnie  de  pieneries ,  &  Mgr.  de  Bourbon  auffi  luy  donna  un  mouk 
beau  richb  diamant  9  &c  d'autres  chofes.  Et  fi  fut  du  tout  deffrayé  de 
toute  la  defpence  que  luy  &  tous  fes  gens  avoient  faitte  depuis  qu'ils 
defcendirent  de  la  mer  à  terre,  jufques  à  ce  qu'ils  remontaient  en  mer. 
Et  après  ledit  panement  de  Rouen  ,  le  Roy  s'en  retourna  à  Chartres ,  où 
illec  il  demeura  par  aucun  temps.  Audit  mois  de  Juin  audit  an  le  Duc  de 
Bourgogne  mourut  en  la  ville  de  Bruges  >  &  fut  fon  corps  poné  en  la 
ville  de  Dijon  ^  &  inhumé  aux  Chanreux.  Et  auffi  fift  &  ordonna  le  Roy 
audit  lieu  de  Chartres  y  que  toutes  perfonnes  eftans  &  refidens  à  Paris  » 
feroient  des  bannières ,  6c  que  en  chacune  defdittes  bannières  auroit  des 
Gouverneurs  qui  feroient  nommez  Principaux ,  &  foi|s-Principaux  >  qui 
auroient  la  conduitte  &  gouvernement  defdittes  bannières.  Et  quetous 
les  fujets  eftans  fous  icelTe  feroient  armez  de  jaques  »  de  brigandines  » 
fallades  3  £c  harnois  blancs  ,  voulges ,  haches  >  Se  autres  chofes  oui  y 
appartiennent ,  pour  eftre  bien  armez ,  tant  de  meftiers ,  officiers ,  nobles» 
marchands  ,  gens  d'Eglife ,  que  autres  :  laquelle  chofe  fut  faitte. 

En  ce  mefme  mois  de  Juin,  le  Roy  manda  aler  par  deversluy  znMeUay  près 
de  Chartres  ,  plufieurs  gens  notables  de  Paris  ^  entre  lefqucls  y  fut  maif- 
tre Jehan  le  Boulenger ,  Prefident  en  Parlement ,  maiftre  Henry  de  £/- 
vrw  ,  Confeiller  de  laditte  Cour,  fivc  Jchûn  Clerbourt  y  gênerai  Maiftre 
desMonnoves,  Jaques  Rebours  ^  Procureur  en  laditte  ville  dt  Paris  ^ 
maiftre  Euftache ikfi/rr ,  auffi  Confeiller  en  laditte  Cour,  Nicolas  Lau^ 
rens  9  Guillaume  Robert ,  Jean  de  HacquevilU ,  &  plufieurs  autres  bons 
Marchans  ,  que  le  Roy  envoya  i  Chartres  devers  le  Confeil ,  qui  depuis  y 
furent  par  aucuns  temps ,  durant  lequel  un  nommé  Robert  de  laMote  &: 
Jehan  Raoul  ^  (\p\  avoient  longuement  efté  tenus  prifonniers  par  l'accu*» 
fation  d'un  Religieux  dcfainËLo  de  Rouen  ,  nommé  maiftre  Pierre  le 
Marefchaly  qui  les  avoit  accufez  d'eftre  ennemis  du  Rqy ,  &  confpiré 
contre  luy ,  &  avec  eux  en  avoit  accufé  plufieurs  autres ,  ce  qu'il  ne  peuft 
monftrer  ne  enfeigner ,  mais  fut  trouvé  qu'il  avoit  menty  de  tout  ce 
qu'il  avoit  dit ,  ic  comme  faux  accufateur  fut  jugé  à  mort ,  &  fut  noyé 
\t  14.  Juillet  audit  an.  Et  après  ce  fuient  dcfpecne?  lefdits  de  la  Mote  j 

Jehan 


DUROYLOUYSXI.  6^ 

Jehan  Raoul  6c  autres ,  &  renvoyez  en  leurs  maifons.  Et  après  ce  le  Roy 
envoya  à  Paris  un  mandement  pour  y  eftre  feellc ,  &  fut  figné  Michel  146 7« 
de  Filltchartrc  y  par  lequel  le  Roy  vouloir  que  pour  bien  repeupler  fa 
ville  de  Paris ,  qu'il  difoit  avoir  efté  fort  dcpopulée ,  tant  pour  les  guer- 
res 9  mortalitez ,  &  autrement  »  que  quelques  gens  de  q^uelque  nation 
qu'ils  fullènt ,  pendent  de-là  en  avant  venir  demeurer  en  laditte  ville  & 
es  fauxbourgs  &  banlieue ,  ils  peuilent  jouyr  de  toutes  franchifes  de  tous 
CAS  par  eux  commis ,  comme  de  meurdre,nirt,  larcins,  piperies ,  &  tous 
autres  cas,  refervé crime  de leze-Majefté,  &  auffi  pour  redder  illec  en 
armes  pour  fervir  le  Roy  contre  toutes  perfonnes ,  lefquelles  lettres  fu- 
rent leucs  &  publiées  par  les  carrefours  de  Paris  à  Çovi  de  trompe ,  &: 
tout  félon  le  privilège  donné  à  tous  bannis ,  reddens  &  demeurans  es 
villes  de  SainB  Malo  &  FaUncienncs.  Et  ce  mefme  mois  auflî  le  Roy 
fift  crier  &  publier  que  tous  nobles  tenans  fiefs &arrierefiefs,  fuÏÏenttous 
prefts  &  en  armes ,  &  mefmement  ceux  de  Tlfle  de  France  ,  tant  en  la 
ville  de  Paris  que  ailleurs ,  au  1 5.  Aouft ,  pour  le  fervir  &  eftre  tous 
ptefts  quant  meftier  en  auroit. 

Le  Lundy  j.  Aouft  audit  an ,  avint  i  Paris  que  l'un  àc^  Religieux  du 
TtmpU ,  nommé  frère  Thomas  LoueSe ,  qui  eftoit  Receveur  dudit  TV/w- 
pU  y  euft  la  gorge  couppée  audit  lieu  du  TtmpU ,  par  un  de  its  frères  & 
compagnons  nommé  titxtHcnryy  pour  aucunes  noifes  qu'il  avoir  con- 
ceu  contre  ledit  frère  Thomas.  Et  pour  raifon  dudit  cas  ledit  frère  Henry 
fe  abfenra  &  ne  puft  eftre  trouvé,  qu'il  ne  fut  le  lo,  dudit  mois,  que  en- 
viron dix  heures  de  nuit  un  Examinateur  du  ChafteUet  de  Paris ,  nommé 
maiftre  Jehan Pott/i ,  accompagnéde  trois  fcrgens,en  fift  telle  diligence, 
qu'il  le  trouva  mucié  en  rhofteldeTZfi/fâ?  Pol  i  Paris ,  dedans  une  armoire, 
en  habillement  d'un  rocquet  blanc  de  toille  &  un  chappeau  noir  ,  &  en 
cet  eftat  fut  mené  prifonnier  au  ChafteUet ,  &  puis  rendu  en  la  Cour  de 
Parlement,  pource  qu'il  eftoit  appellant  de  fa  prife ,  &  difoit  que  le  lieu 
où  il  avoit  efté  pris  eftcMt  lieu  cle  franchife ,  &  que  on  Ty  devoir  remet- 
tre. Et  puis  fut  requis  par  les  Religieux  du  Temple  leur  eftre  rendu  :  ce 
qui  fut  Fait ,  &  fut  mené  es  prifons  dudit  lieu  du  T<mple.  Le  Mercredy 
12.  Aouft  14^7»  &  le  Jeudy  liiivant  le  grand  Prieur  de  France ,  pour  le- 
dit cas,  accompagné  de  plufieurs  autres  Seigneurs  de  leurdit  Ordre  pour 
faire  le  procez  dudit  frète  Henry ,  qui  depuis  fut  par  eux  condamné  a  de- 
meurer prifonieren  lieu  ténébreux,  &  d'avoir  illecpour  pitance  tant  qu'il 
y  poiu'roit  vivre,  le  pain  dedouleurSc  eauëde  triftefle.  Encetems  retournè- 
rent du  Royaume  IfAn^eterre  Monfieur  l'Admirai  &  autres  de(Ius  nom- 
mez ,  qui  ainfi  s'en  eftoient  alez  avec  ledit  de  Warvich  audit  pays  d^ Angle- 
terre ,  lefquels  y  demeurèrent  longuement  &  n'y  *  firent  rien.  Et  par  eux 
ledit  Roy  (f  Angleterre  envova  au  Roy  des  trompes  de  chaflè  &  ces  bou- 
teilles de  cuyr ,  à  Tencontre  des  belles  pièces  d'or,  couppe  d'or,  vaiflelle, 
pierreries ,  &  autres  belles  befognes  que  le  Roy  &  autres  Seigneurs  avoien  t 
donnez  audit  de  Warvich  à  fon  partement  de  Rouen.  Et  le  Vendrcdy  1 8. 
Aouft  leAoy  arriva  i  Paris  environ  huiâ  heures  de  foir,  &  eftoir  avec  luy 
Monfieur  le  Duc  de  Bourbon ,  &  plufieurs  autres  Seigncursr 

Le  Mardy  premier  Septembre  la  Reyne  auflî  arriva  à  Pans  en  bateaux 
par  la  rivière  de  Seine ,  &  vint  arriver  au  terrain  noftre  Dame ,  &  illec  à 

l'arriver 


64  tES    CHRONIQUES 

l  arriva*  qu*cllc  fift  trouva  tous  les  Prçfidens  &  Confeillcrs  de  laditte 
1 4^5»  Cour  de  Parlement ,  l'Evefque  de  Paris  ,  &  plufieurs  autres  gens  de  fa- 
çon y  tous  honneftement  veftus  &  habillez,  Et  i  l'entrée  dudit  terrain  y 
'  avoir  de  moult  be^ux  perfonnages  >  illec  ricbement  mis  &  ordonnez  de 
par  la  ville  de  Paris,  &  fi  eft  aUavoir  que  avant  que  laditte  Rcynefemift 
efdits  bateaux  pour  venir  à  Paris  :  furent  au  devant  d'elle ,  &  pour  la  re- 
cevoir les  Conleillers  &  Bourgeois  de  laditte  ville  en  grand  &c  notable 
nombre  y  au(fi  tous  en  bateaux ,  qui  efloient  tous  richement  couverts  de 
belle  tapiilèrie  &  draps  de  foye.  Et  dedans  iceux  eftoient  les  petits  en- 
fans  de  chœur  de  la  lain^e  Chapelle  ,  qui  illçc  difoient  de  beaux  vire>» 
lais,  chanfons  »  ^  autres  bergerectes  moult  melodieufement.  Et  fi  y 
dvoit  autre  grand  nombre  de  claronç ,  pirQinpectes  >  chantes-hauts ,  9c  bas 
inftrumenç  de  diverfes  fortes  y  qqi  tous  enfêmble  jouoyent  chafcun  en- 
droit foy  moult  melodieufement ,  à  l'heure  que  laditte  Reyne ,  Ces  Da- 
mes Se  DamoifcUes  entrèrent  en  leur  bateau ,  dedans  lequel  par  lefdits 
Bourgeois  de  laditte  ville  luy  fut  prefenté  un  beau  cerf  fait  de  confiture,  qui 
avoir  les  armes  d'icelle  noble  Reyne  pendues  au  col ,  &  fi  y  avoir  plu- 
ifeurs  autres  drageouers  tous  plains  d'efpiceries  de  chambre  6c  belles 
confitures ,  grand  quantité  aufli  y  avoir  de  frui^  nouveaux  de  moult  de 
fortes ,  violettes  fort  odorans  jettces  &  femées  tout  parmy  le  bateau,  ôc 
vin  à  tous  venans  y  fut  baillé  &  diftribué ,  tant  que  on  en  vouloit  avoir 
&  prendre ,  &  après  qu'elle  eut  fait  fon  oraifon  à  nbftre  Dame  de  Paris  , 
elle  fe  rebouta  en  fon  bateau  &  s'en  vint  defcendre  à  la  porte  devant 
l'Eglile  des  Celeftinç,  où  auifi  elle  rrouva  deffus  laditte  porte  de  moult 
beaux  pçrfonp;iges  ,  Çc  elle  defcendit  à  terre  ,  monta  &  fcs  Dames  Se 
Dapioifclles  fus  chevaux ,  belles  haquenées  &  palefrois ,  qui  îllec  les 
^ttendoient ,  &  puis  s'en  a}a  jufques  en  Thoftel  du  Roy  aux  Tourntllts. 
%x  devant  la  porte  dudit  hpftel  trouva  autre  moult  beau  perfonnage.  Et 
kelle  nuit  futjuit  fajts  à  Paris  les  feux  par  Ips  rues  d'icelle ,  &  illec  mi- 
ies  aufii  tables  rondes  ^  donné  à  boire  â  tous  venans ,  &  le  Jeudy  4. 
Septembre  çnfuiyant  maiftre  Nicole  Baluiy  frère  de  Mpnfieur  TEveiquc 
dEvrfifx ,  fpt  marié  à  la  fille  de  Maiftre  Jehan  Bureau ,  Chevalier  Sei- 
gneur de  Monglat  »  &  fut  la  fefte  defdittes  nopces  fj^ifte  en  l'hoftel  de 
Bourbon ,  laquelle  fut  moult  belle  &  honnefte ,  &  lui  fut  illec  fait  grant 
honneur  ce  jour  :  car  le  Roy  &  la  Heyne ,  Monfieur  de  Bourbon  Se  Ma- 
dame fa  femme ,  Monfieur  de  Nevers ,  Madame  de  Bueil,  Se  toute  leur 
nobleflè  qui  les  luivoient ,  y  furent  &  s'y  trouvèrent ,  Se  y  fut  fait  moult 
grand  chçre.  Se  fi  |eur  fift-on  de  moult  grans ,  beaux  '&  riches  don^.  Et 
depuis  çc  le  Roy  Se  la  Reyne  firent  jcfc  crans  chères  en  plufieurs  des 
hoftels  de  leurs  (crviteurç  Se  officiers  en  laditte  ville.  Et  entre  les  autres 
le  Jeudy  10,  Septembre,  la  Reyne  accompagnée  demaditte  Damedç 
Bourbon  Se  Mademoifelle  Bonne  de  ^^vc^ye,  lœurde  la  Reyne,  &  plu- 
fieurs autres  Dames  de  fa  compagnie  foupperent  en  Thoftel  de  maiftre 
Jehan  Dauvct ,  premier  Prefident  en  Parlement ,  Se  illec  furent  receucs 
^  feftoyées  moult  noblement  &  à  grand  largefle ,  &  y  eut  faits  quatre 
moult  bieaux  bains,  &  richement  ornez,  cuidant  que  la  Reyne  fe  y  duft 
baigner ,  dont  elle  ne  fift  rien ,  pource  qu'elle  fe  lentit  un  peu  mal  dif- 
pofée.  Se  auAî  ^ue  Iç  temps  eftojt  dangçreux  ;  m^?  çn  l'un  defdits  bains 


DU    ROY    LÔ  U  YS    XI,  ^j 

icy  baignèrent  maditte  Dame  de  Bourbon  >  Madamoifelle  Bonne  de  Sa- 

A^oyt  y  &  en  l'autre  bain  au  joignant  fe  baignèrent  Madame  de  Montglaty     ^  4^7^ 

£c  Perrette  de  Chalon ,  bourgeoifc  de  Paris  ^  Se  là  firent  bonne  chère. 

Le  Jeudy  14.  Septembre ,  le  Roy  qui  avoir  ordonné  mettre  fus  les  ba- 
jiieresdeP^m»  comme  dit  eft  devant ,  feift  publier  que  audit  jour  ils  feuf* 
fent  toutes  prdles  pour  eftre  aux  champs  dehors  Paris  ,  en  faifant  fça- 
voir  à  tous  de  quelque  eftat  ou  condition  qu'ils  fuOlènt ,  depuis  lage  de 
leize  ans  jufques  à  foixante  ans  iiMènt  hors  de  laditte  ville  en  armes 
^  habillement  de  guerre  >  &c  s'il  y  en  avoir  aucuns  qui  n'euflent  harnois, 
que  neantmoins  ils  euflènt  en  leurs  mains  un  bafton  defFenfable ,  &  fur 
peine  de  la  hart  :  ce  qui  Bit  fait.  Et  iflît  hors  de  laditte  ville  la  plu(parc 
du  populaire  d'iceluy  >  chacun  fous  eftendart  ou  bannière ,  qui  faifoic 
moult  beau  veoir ,  car  chacun  y  eftoit  en  moult  belle  ordonnance  ,  8c 
fans  noife ,  ne  bruit  >  &  eftoient  bien  de  foixante  à  quatre  vingt  mille 
telles  armées  ,  dont  y  en  avoit  bien  trente  mille  tous  armez  de  hamois 
•blancs  9  jaques  ou  brigandines.  Et  tous  eftans  en  belle  bataille  »  le  Roy , 
la  Reyne  6c  leur  compagnie  qui  les  fuivoient  les  vinrent  veoir  »  laquelle 
chofe  leur  pleuft  moult  :  car  oncques  n'avoient  veu  y  eftre  de  viUe  du 
inonde  à  beaucoup  près  ,  telle  ne  (i  erand  armée ,  &  fe  trouvèrent  foi- 
xante fept  banieres  des  meftiers ,  ians  les  eftendarts  &  guidons  de  la 
Cour  de  Parlement  y  de  la  Chambre  des  Comptes  y  du  Trefor ,  des  Gé- 
néraux ,  des  Âydes  >  des  Monnoyes ,  du  Chaftellet  &  Hoftel  de  la  Ville» 
Ibus  leûjuels  il  fe  trouva  autant  Se  plus  de  gens  de  guerre  >  que  fous 
toutes  lefdittes  baimieres ,  &  hors  Paris  en  aucuns  lieux  ordonnez  leur 
fift  porter  Se  conduire  plufieurs  tonneaux  de  vin ,  qui  illec  furent  deffbn^ 
cez  pour  faire  boire  Se  raffraifchir  tous  ceux  de  laditte  monftre ,  qui  te^ 
noient  moult  grand  pays  ^  car  ils  eftoient  tous  en  bataille ,  i  commencer 
au  bout  de  la  voirie  d'entre  la  porte  fainâ  Ânthoine  Se  celle  du  Temple» 
depuis  les  foflèz  de  Paris  en  montant  contre  mont  >  jufques  i  un  pref- 
foUer  devant  laditte  voirie»  Se  de-U  en  bataille  au  long  des  vignes  juf- 
ques i  fainS  Anthoine  des  champs  »  &  puis  après  j&lques  au  long  des 
murs  dudit  fainâ  Anthoine  des  Champs  jufques  à  la  grange  de  Reuilly  , 
6e  d'icelle  grange  jufques  à  Conjlans  9  Se  dudit  Confianstn  revenanrpar 
la  grange  aux  Merciers  »  rout  au  long  de  la  rivière  de  Seine  jufques  au 
boulevart  du  Roy  de  la  tour  de  Billy.  Et  icduy  boulevart  tout  au  long 
des  foflèz  de  laditte  ville  par  dehors  jufaues  à  la  Baftille  »  &  à  la  porte 
fainéb  Anthoine.  Et  brief  c'eftoit  merveilieufe chofe  à  voir  le  monde» qui 
eftoit  en  armes  dehors  Paris  »  &  fi  maintenoient  plufieurs  au'il  en  eftoic 
\  peu  près  demeuré  autant  dedans  Paris  »  qu'il  y  en  avoit  dehors.  Et  le 
M^dy  11.  Septembre  14^7.  le  Roy  partit  de  Paris  après  difner  pour 
alcr  à  pic  jufques  ifainH  Denis  en  France  (80)  »  6c  avoit  avec  lui  auflî  à 
pié  mondit  Sgr,  d  Evreux  »  Monfieur  de  Cruffbl  (81)»  Phelippe  LuiUier 
fie  autres. 

Entre  Paris  Se  jfainS  Denis  le  Roy  alant  à  fon  peleriniige  »  trouva  trois 
tibaux  »  qui  luy  vinrent  requérir  grâce  Se  remiflion  de  ce  que  tout  leur 

(emps 

(So)  1er  Voyez  miftoire  de  S.  Denys,  \      (8 1)  Louis  Sire  de  CroiTol  »  Grand  Pa- 
fu  Dom  Felibien ,  infêlh ,  page  }  S%.        \  accicr  de  France 

Tom  II  l  («*). 


I4<?7' 


66  L  E  ^    C  H  R  O  N  I  Q  U  E  S 

temps  ils  avoient  efté  larrons ,  meurtriers,  &  efpieurs  de  chemins',  Ia« 
quelle  chofe  le  Roy  leur  accorda  benignement.  Et  tout  ce  jour  demeura 
audit  lieu  de  fainSDcnis^jnCqucs  au  lendemain  vefpres,  qu'il  s'en  retour- 
na en  fon  hoftel  des  Tourne/les  ,  &  d'illec  s*en  afa  foupper  en  Thoftel 
de  Hre  Dtnis  Heffelin ,  fon  Pannetier  &  Efleu  de  Paris ,  qui  nouvelle- 
ment eftoic  devenu  compère  du  Roy  ,  à  caufe  d  une  iienne  fille  dont  fa 
femme  eftoit  accouchée ,'  que  le  Roy  fift  tenir  pour  luv  par  maiftre  Jehan 
Éa/ue  y  Evefque  d'Evnux ,  8c  pour  comeres  y  eftoient  Madame  de 
Beuil  (82) ,  &  Madame  de  Montglat  (8))..  Et  audit  hoftel  le  Roy  y  fift 
grand  chère  ,  &  y  trouva  trois  beaux  bains  bonneftement  ic  richement 
accintelez ,  cuidant  que  le  Roy  deuft  illec  prendre  fon  plaifir  &  (è  bai^ 
gner ,  ce  qu^il  ne  fift  point  pour  aucunes  caufes ,  qui  en  imTon  le  mirent  r 
c*eft  afiàvoir  tant  pource  qu'il  eftoit  enrumé  ,  que  aufti  pource  que  le 
temps  eftoit  dangereux. 

En  ce  temps  s  efmeut  grande  guerre  entre  les  Liégeois  le  Mr»  de  Bour^ 
gogne  y  &  leur  Evefque  coufin  de  mondit  Sgr»  de  ëourgogne ,  &  frère  de 
Mr.  le  Duc  de  Bourbon  }  lequel  Evefque  lefdits  Liégeois  alerent  aflie^er 
dedans  une  ville  nommée  Jfiuy.  Et  après  que  iceux  Liégeois  eurent  bien 
longuement  efté  devant  icelle  ville ,  ifs  la  prirent  &  gaignerent ,  &  en  ce 
faifant  efchappa  leurdit  Evefque  eftant  en  icelle*  Et  durant  ce  que  dit 
eft  le  Roy  ordonna  aler  au  fecours  Se  ayde  defdits  Liégeois ,  quatre  cens 
lances^  de  fon  Ordonnance ,  dont  avoient  la  charge  le  Comte  de  Damp^ 
martinySalUiarty  Robert  de  Conyckan,  &  Seevenoe  de  Flgnolles  ^\cc 
fix  mille  francs  arthers  ,  pris  &  efleuz  de  Champagne  ,  Soijjonnois  8c 
autres  lieux  en  lifte  de  France.  Et  après  ce  que  ledit  de  Bourgogne  eut 
bien  fceuë  la  gaigne  que  lefdits  Liégeois  avoient  faitte  de  laditte  ville  de 
Hiiy ,  &  qu'ils  y  avoient  tué  plufieurs  Bourguignons ,  il  aftembla  tout 
fon  oft  en  foy  délibérant  d'aler  aux  armes  fus  tes  champs  >  en  intention 
de  tout  deftruire  &  mettre  â  feu  Se  à  (àng  IcCdits Liégeois.  Et  aind  le  fift 
crier  Se  publier  par  tous  fes  païs ,  &  ceux  qui  faifoient  lefdittes  publica- 
tions en  icelles ,  publiant  tenoient  en  une  main  une  efpée  toute  nue  >  te 
en  l'autre  une  torche  alumée ,  qui  fignifioit  guerre  de  feu  &  de  fang. 

Au  mois  de  Septembre  le  Roy  bailla  fts  Lettres  i  un  Légat  venu 
de  Rome  de  par  le  Pape,  pour  la  rompture  de  la  Prasmatiqut  Sanc'- 
iion  :  lefquelles  lettres  furent  leucs  Se  publiées  au  Chaftellet  de  Paris  , 
fans  y  faire  aucun  contredit  ou  oppofîtion.  Et  le  premier  Oâobre  fui- 
Tant  maiftre  Jehan  Balue  fut  Se  ala  en  la  fatle  du  Palais  Roval  à  Paris  ^ 
la  Cour  de  Parlement  vacant ,  pour  illec  auftî  faire  publier  lefdittes  let« 
très ,  où  il  trouva  maiftre  Jehan  dtfainS  Romain ,  Ptocureur  General  du 
Roy ,  qui  formellement  s'oppofa  à  l'eftèt  &  exécution  defdittes  lettres  , 
dont  Irait  Balue  fut  fort  dçplaifant.  Et  pour  cefte  caufe  fift  audit  de 
JainS  Romain  plufieurs  menaftes ,  en  luy  difant  que  le  Roy  n'en  feroit 
point  content ,  Se  qu'il  le  defappointeroit  de  fon  office ,  aequoy  ledit 
JainS  Romain  ne  tint  pas  grand  compte  :  mais  luy  dift  Se  refpondit  que 

le 

(  St)  Jeanne    fille  naturelle  Sa  Roi  |  rai  âc  France. 
l^ms  XI.  éposfe  d'Antoine  de   Bneil,         (85)  Germaine  Heiletin,  femme  de  Jeao 
Comte  de  Sanceie„  fils  de  Jean,  Ami-    fiareaa.  Seigneur  de  j^mglac. 


DUROYLOUYSXI.  €-j 

le  Roy  lay  avoit  donné  &  baillé  ledit  office  ,  laquelle  il  ciendroic  &  exer- 

ceroic  jufques au  bon  plaifir  du  Roy.  Et  que  quand  Ton  plaiiîr  (eroic  de     14^7* 

le  luy  ofter,  que  faire  le  pourroic ,  mais  qu'il  efloic  du  cour  délibéré  & 

bien  refolu  de  tout  perdre  avant  que  de  faire  chofe  qui  fuft  contre  fon 

ame  >  au  dommage  du  Ro)raume  de  France  &  à  la  chofe  publique  » 

&  dift  audit  Baltu  qu'il  devoit  avoir  grand  honte  de  pourfuivre  laditte 

expédition  (8^).  Et  en  après  le  Reâeur  de  TUniverfité  de  Paris ,  &  les 

Suppofts  d'icelle  alerent  par  devers  ledit  Légat ,  qui  de  luy  apptUcrtnt , 

&  de  r effet  dtfdines  lettres  aufainS  Concile  y  Se  par  tout  ailleurs  où  ils 

verroient  eftre  i  faire  >  &  puis  vinrent  audit  Chaftellet  >  où  pareillement 

autant  en  firent ,  &  firent  illec  enregiftrer  leur  oppofition»  Audit  temps 

le  Roy  envoya  par  devers  ledit  de  Ckarrolois  leldits  Légat  &  Evefque 

d'Evreuxy  qui  nouvellement  avoit  efté  Cardinal  à  Rome  (85) ,  maiflje 

Jehan  de  LaJriefme  (i6) ,  Treforier  de  France  &  autres ,  pour  faire  de 

par  luy  aucunes  choies  dont  il  leur  avoit  donné  charge. 

Le  Jeudy  8.  Oûo)>re  14^7.  un  nommé  Seveftre  le  Moyne  natif  de  la 
ville  (CAuxerre ,  pour  aucuns  cas  &  délits  par  luy  commis  &c  impofez ,  Se 
qui  par  aucun  temps  avoit  efté  conftitué  Se  tenu  prifonnier  es  prifons  de 
Thyron  »  fut  ledit  jour  tiré  hors  defdittes  prifons ,  &  fut  mené  noyer  en 
la  rivière  de  Seiru  près  de  la  grange  aux  Merciers ,  par  la  fentence  & 
jugement  de  Meflîre  Triflan  C Ermite ,  Prevoft  des  Marefchaux  de  Thoftel 
du  Roy*  Et  le  Dimanche  premier  Oâobre  fut  un  grand  Se  merveilleux 
efclair  Se  tonnerre  >  environ  huit  heures  de  foir  ,&  autant  Se  depuis  du- 
rant ledit  mois  furent  faites  grandes  &  merveilleufes  chaleurs  ,  Se  les 
plus  extrefmes  que  homme  euft  veu  en  fa  vie  ,qui  fembloit  chofe  eftran* 
e  &  defnaturée.  Et  le  Lundy  1 1.  Oâobre  audit  an  67.  le  Roy  partift 
!e  fon  hoftel  des  TournelUs  à  Paris  pour  aler  en  TEglife  noftre  Dame  ^ 
où  il  oy t  les  Vefpres ,  &  après  icelles  dittes  fut  faitte  proceffion  par  TE- 
vefque  Se  Chanoines  dudit  lieu  »  Se  puis  s'en  ala  repofer  en  l'hoftel  de  ' 
fon  premier  Prefident,  maiftre  Jehan  Dauvety  où  il  fut  certaine  efpace 
<le  temps ,  Se  puis  partit  pour  s'en  retourner  en  fondit  hoftel  des  Tour^ 
nelles  »  &  à  l'heure  de  fon  partement  qui  eftcHt  heure  de  noire  nuit  »  il 
vit  &  apperceut  au  ciel  une  eftoille  au  deflus  de  l'hoftel  dudit  Prefidentj 
laquelle  incontinant  que  le  Roy  commença  à  marcher  pour  s'en  retour- 
ner s  laditce  eftoille  le  fuivoit ,  Se  fut  tousjours  après  luy ,  jufques  à  ce 
qu'il  fuft  entré  en  fondit  hoftel,  &  incontinent  qu'il  y  fut  entre  elle  dif- 
parut.  Se  depuis  ne  fut  veuc. 

Le  Jeudy  15.  dudit  mois,  vint  nouvelles  au  Roy,  que  certain  grand 
nombre  de  Bretons  eftoient  venus  eux  bouter  dedans  le  Chaftel  &  en  la 
ville  de  Caen ,  &  puis  s'en  alererent  d'illec  à  Bayeux  ,  Se  tinrent  lefdit- 
ces  villes  contre  le  Roy,  dont  de  ce  il  fut  courroucé,  &  en  renvoya  pour 
cette  caufe  le  Marefchal  de  Loheac ,  qui  lors  ettoit  avec  le-Roy  ,  &  qui 
avoit  cent  lances  de  Bretagne  fous  fa  cnarge  efdittes  villes  de  par  le  Roy , 

pour 


s 


(84)  ftT  Voyez  le  Supplément  de  Ço- 
imnes ,  dans  les  Remarques  de  M.  Gode- 
ftoy  fur  VarîUas ,  d-après  Tome  IV.  de 


(8fî  n  avoh  été  Êdt  Cardinal  en  14^4. 
fuivant  Ciaconim. 
(%€)l\  eft  nommé  iMdrûfche  cî-aptcs , 


cette  Edition,  ^  pzz  Mcnfirelet .  de  cett  fon  vrai  nom. 

li       (87) 


e'i  tES    CHRONIQUES 

pour  y  pourveoir  Se  mettre  provifion  :  &  aufquels  Bretons ,  le  Duc  J'A^ 
1 467.     iençon  ^  qui ,  comme  criminel  de  lez-Majefté  du  temps  du  Roy  Charles  , 
dernier  trefpaffé,  avoir  efté  conftitué  prilonnier  pour  aucuns  crimes  ^u  iL 
avoir  machinez  contre  luy ,  &  à  la  faveur  des  Anglais ,  anciens  ennemis  du 
Royaume ,  en  la  Ville  de  Vendofme ,  le  lit  de  Juftice  illec  feant ,  auquel: 
lieu  >  après  Tes  confeffions  prifes  >  &  procez  fait ,  fut  condamné  à  mou^ 
rit ,  fauf  fur  ce  le  bon  plaiik  du  Roy.  Et  lequel  d^Alençon  depuis  le 
temps  dèflors  jufques  au  trefpas  dudic  feu  Roy  Charles ,  fut  tenu  prifon* 
nier  au  Chafteau  de  Loches ,  &  après  icelluy  trefpas  que  le  Roy  vint  i  fa* 
Couronne ,  le  bouta  hors  defdittes  prifons ,  &  luy  pardonna  tout ,  en 
voulant  que  dudit  procez  ne  feuft  jamais  nouvelles ,  &  puis  avint  que 
mi  boiteux  qui  avoit  accufé  ledit  d^Alençon  audit  deffunt  Roy  y  craignoio 
fort  que  ledit  d'Alençon  ne  luy  fift  quelque  grand  defplai(ir ,  fe  tira  par 
devers  le  Roy ,  en  luy  fuppliant  qu'if  luy  fîft  avoir  aflèurance  dudit  d*A^ 
Iençon  y  laauelle  cbofe  il  fift  &  ordonna ,  &  commanda  le  Roy  de  f^ 
t>oucKe  audit  Duc  d^Alençon  y  que  fur  fa  vie  Â  ne  luy  meffeift  ne  fiil 
meffaire ,  en  luy  difant  qu'il  te  mettoit  en  fa  main  ,  proteftion  &  fau- 
Yegarde ,  enfemble  fa  famille  &  (ts  biens  :  laquelle  chofe  ledit  d'AUn-^ 
çon  luy  promift  >  mais  tantoft  après  ledit  d*Alençon ,  en  alant  contre  fon« 
dit  ferment ,  Hft  prendre  ledit  boiteux  &  amener  devant  luy  ,  &c  nonob* 
ftant  les  defFences  ainfi  â  luy  faittes  de  par  le  Roy  ,  fift  incontinent  icel* 
kiy  boiteux  meurdrir  &  mettre  à  mort.  Pour  laquelle*  mort  la  i^mme  du- 
dit boiteux  fe  tire  devers  le  Roy  luy  faire  fçavoir  ce.s  chofes ,  &  pour 
eftre  fon  injure  reparée,  dont  &  dequoy  le  Roy  empefcha  les  villes ,  & 
terres  dudit  d^Alençon  ,  mais  bien-toft  après  tout  fut  délivré,  &  par  luy 
tout  pardonné  comme  devant.  Et  puis  après  le  Duc  d^Alençon ,  pour 
bien  te  rémunérer  de  toutes  fes  grâces  £r  biens-faits ,  bailla,  ou  offrir 
bailler  toutes  fes  villes  &  pays  aufdits  Bretons  &  à  Mr.  Charles  ^  contre 
la  volonté  dti  Roy  ,  &  â  fa  grand  déplaifance.  En  ce  temps  auffi  Meflîre 
Anthoine  de  Chatteauneufy  Chevalier  Sgr.  du  Lau  ,  grand  Boutellier  de 
France ,  JcSeneichal  de  Guyenne ,  qui  âloit  grand  Orambellan  du  Rovj 
2c  deluyphis  aimé  que  oncques  n'avoir  efté  autre ,  &  à  qui  le  Roy  fift  ae 
Rioult  grans  biens  ,  tant  qu'il  fut  autour  de  luy  &  en  fon  fcrvice  :  car  en 
en  moins  de  cinq  ans  il  amenda  des  biens  du  Roy ,  de  trois  à^quatre  cen» 
mil  efcus  d'or ,  qui  avoir  efté  fait  prifonnier  du  Roy ,  &  mis  au  Chafteau 
Ac  SuUy  (mi  Loire  ,  de  l'ordonnance  duvRoy ,  fut  envoyé  audit  lieu  au 
mois  d'Oftobre  Meffire  Triftan  l'Ermite ,  Prevoft  des  Marefchaux  de 
Fhoftel  du  Roy ,  &  maiftre  Guillaume  Ceri/iy  ,  nouvellement  Greffier 
Civil  de  Parlement ,  pour  illec  tirer  hors  ledit  Seigneur  du  Lau ,  &  le 
mener  prifonnier  au  Chafteau  àz  Uffon  en  Auvergne  :  maiylors  qu'il 
fiit  amené  au  dehors  dudit  lieu,  il  fut  grand  bruir  que-ledit  Seigneur  dm 
Lau  avoir  efté  noyé  (87) ,  &  fur  ce  que  dit  eft ,  longuement  continué.. 

Le  Mardy  10.  Oâbobre  ,  le  Roy  partit  de  fa  bonne  ville  do  Paris  pour 
ftler  au  pays  de  Normandie,  &  ala  ce  jour  au  gifte  à  VilUpreux  (88) ,  Se. 
te  lendemain  i^ Mantes.  Et  avant  foa  partement- envoya  plufieurs  Capi- 
taines 

(87),  Il  n'cfl  mon  qu'en  14^5.  oui      («8)  gCTVfflcprcnx^  Bourg  aune  licut- 
«H?4»  l.&JcmicauNord.Oucftdc.V^aiUa/     ^ 


C  U    R  O  Y    L  0  tJ  y  s    X  I.  ^9 

taîife^qu^ilavoit  avec  lu)^»  quérir  couslesgensde  guerre,qui eftoient  fous 
leurs  charges  pour  venir  après  luy  audit  pays  de  A^o/7«tf«^e ,  ou  autre  part,  *4?7«' 
quelque  heu  qu'il  feuft.  Et  le  jour  de  fondit  partement  il  fift  &  ordon»- 
fia  certaines^  lettres  &  ordonnances  y  par  lefquelles  il  voulfift  Se  ordon^ 
na  que  de-U  en  avant  Ton  plaifir  eftoit  que  tous  les  Officiers  de  fon 
Royaume  demeuraflènt  paifioles  en  leurs  Offices  >  &  que  nul  Office  ne  < 
feuft  dit  vaccant  y  fî  non  par  mort  y  refignation ,  ou  conâ{cation.  Et  s'il 
donnoit  nuls  autres  au  contraire  y  par  importunité  de  requerans  ou  au-^ 
trement ,  vouloir  qu  il  n'y  fuft  aucunement  obtempère ,  &  que  de-là  en 
avant  toute  juftice  fuft  faitce  &  ordonnée  à  un  chacun  >  &c  puis-  s'en 
partit  dudit  lieu  de  Mantes ,  8c  s  en  ala  à  Vernon  (ur  S  tint  ^  où  il  de-*^ 
meura  illec  depuis  par  certain  temps  :  durant  lequel  vint  &  arriva  devers 
luy  Mr^  le  Conneftable ,  lequel  trouva  moyen  que  le  Roy  bailla  &  don:^ 
na  crefve  entre  luy  &  Mr.^  cle  Charrolois ,  iafques  à  fix  mois  lors^  après 
enfuivans ,  fans  en  ce  y  comprendre  les  villes  &  pays  de  Litgt^  y  qui  desja  * 
eftoient  mis  fus  &  en  armes  à  l'encontre  du  Sgr.  de  Charrolois  y  en  efpe-* 
rance  d'avoir  l'aide  &  fecours  du  Roy  ,  ainfi  que  promis  leur  avoic  efté^i 
&  i  cefte  caufe  demeurèrent  du  tout  abandonnez.  Et  puis  après  ce  que 
4it  eft  ainfi  fait ,  ledit  Monfieur  le  Conneftable  s'en  retourna  par  devers 
ledit  Mgr.^  de  Bourgogne ,  luy  porter  les  nouvelles  defdites  trelves; 

Et  ce  fait ,  maiftre  Jehan  Éalut ,  Cardinal  d'Evrtux  >  maiftre  Jehan 
de  Ladrufche ,  &  maiftre-  Jehan  Prevofi  ,  retournèrent  devers  le  Roy 
audit  lieu  de  Fernon ,  qui  eftoient  alez  en  Flandres  de  l'ordonnance  dit 
Roy  par  devers  ledit  de  Bourgogne ,  &  tantoft  après  ledit  retour  fait ,  le 
Roy  fe  partit  dudit  lieu  àcVernon  y  Se  s'en  ala  a  Chartres  y  où  il  fiftilleo 
▼enir  &  arriver  la  plus  grand  partie  de  fon  artillerie ,  qui  lors  eftoit  à 
Orléans  ,  pour  envoyer  à  Alençon  ,  &  autres  villes  du  pays  ,  pour  les' 
avoir  Se  mettre  en  fes  mains.  Et  après  le  Roy  envoya  ledit  maiftre 
Jehan  Prevofi  audit  lieu  de  Flandres  ,  par  devers  ledit  àt  Bourgogne  y 
pour  luy  porter  &  bailler  les  lettres  défaites  trefves. 

Après  vint  Se  arriva  i  Paris  le  v6.  Novembre ,  ledit  Mr.  le  Cardinal  y 
ledit  Treforier  de  Ladrkfche  y  maiftre  Jehan  Berarty  Se  maiftre  Geuf- 
ùoy  .Alnequin  y  pour  faire  les  monftres  des  bannières  de  P<irij  par  de- 
vant eux ,  Se  pour  faire  autres  charges ,  qui  leur  eftoient  donnez  de  par 
le  Roy.  Et  après  s'en  partift  dudit  lieu  ^Chartres  pour  akr  i  Orléans  y 
cnfuiteà  C/cry  ,  &  autres  villes  près  d'ilïec ,  &  puisa  Vendofmey  Se  de-làr 
jufques  au  Mont  faine  Michel  y  Se  avec  luy  fift  mener  grand'  quaiKité  de 
faditte  artillerie  y  Se  Ci  aloient  avec  luy  grand  nombre  de  fes  gens  do^ 

guerre.  Et  en  ces  entrefaites  les  Bretons  iffirent  tous^  en  armes  hors  de 
;ur  pays ,  &  vinrent  en  Normandie  jufqucs  à  la  cité  d* Avranches  y  fio 
autres'villes  dudit  pays*  Er  après  iceux  Bretons  s'efpandirent  par  ledit 
pays  de  Normandie  y  comme  jufques  a  Caen  ^  à  Bayeux  y  Coufiances  ,* 
Se  autres  lieux;  Audit  temps  ledit  Sgr.  de  Bourgogne  y  anmoytn  defdites» 
wefvesiluy  baillées  par  le  Roy  ,efquellesn'eftoient  aucunement  compris- 
leiclits  Liégeois  ,.entra  audit  piys  de  Liège  avec  toute  fôri  armée ,  en  pre- 
fentanr  lefdits  Liégeois.  Tous  lefquelspourceque  le  Roy  leur  faillift  de 
ftcours  ,  &  qu'ils  virent  clairement  leur  deftruûion  advenue ,  fe  rcndi-- 
seot^aucUt  de  C^(4/r0/<^/V  ^.  Qnfemble  toutes  leurs  villes  :  avec  lequel  ils> 

I-  }j  prirent^ 


70  L  E  S    C  H  R  O  N  I  Q  U  E  S 

{>rirenc  compoficion.  £t  pour  ce  faire  &  avoir ,  iuy  doaneretit  Se  bail* 
erenc  grand  fomme  fonune  d'or  ^  ScCi  eurent  une  partie  de  leurs  portes 
&  murailles  abatucs 

Et  après  ledit  Cardinal  Baùie,  &c  Commidàires  devant  nommez  >  pro* 
cédèrent  i  faire  les  nionftres  des  bannières  defdits  meftiers  par  devant 
iceux  Commiflàires  en  divers  lieux  de  laditre  ville  »  tant  de0us  les  mur^ 
d'icelle  d'entre  les  portes  du  Temple  &  faind  Martin  >  en  la  coufture  du 
Temple  fur  les  murs  d'entre  la  tour  du  Bois  &  la  porte  fainA  Honnoré^ 
devant  le  Louvre  >  au  marché  aux  brebis  >  &  fur  les  murs  »  jufques  i  la- 
ditte  porte  fainft  Honnorc.  Le  Samedy  21.  Novembre,  le  Roy  fift  crier 
par  les  carrefours  de  Paris ,  que  toutes  gens  qui  avoient  accouftumé  de 
luivre  la  guerre  ,  Se  gui  avoient  efté  ca(ie2  de  gages  9  fe  trayflènt  par  de* 
vers  cenains  Commiflàires .  qu'il  avoir  ordonné  pour  les  recevoir  Sc 
mettre  à  ks  gages  Sc  foldes ,  pour  le  fervir  en  Ces  guerres.  Et  le  Lundy 
1  j .  Novembre  maiftre  Jehan  Prcvojl  retourna  par  devers  ledit  Sgr.  de 
Charrolois ,  où  le  Roy  l'avoit  envoyé  porter  les  lettres  de  trefves  qu'il 
avoir  faittes  avec  Iuy ,  &  pour  rapporter  au  Roy  la  refponfe  que  ledit 
Sgr.  de  Charrolois  avoir  faitte  aucfit  Prevojl ,  touchant  le  fait  aefdittes 
trefves.  Et  le  Jeudy  1^6.  Novembre ,  partie  defdites  monftres  furent  faites 
dehors  Paris  ,  devant  TEglife  Sc  AbDaye  fainâ  Germain  Defprez  jufques 
fur  la  rivière  de  Seine  ,  e(quelles  monftres  y  avoir  grand  nombre  de  gens 
à  pié  &  à  cheval ,  tous  bien  en  point  Sc  armez ,  où  eftoient  les  Trefo- 
tiers  de  France ,  les  Confeillers  Sc  Clercs  des  Comptes ,  les  Généraux 
des  Monnoyes  &  des  Aydes ,  le  Trefor ,  les  Efleuz ,  Se  toute  la  Cour 
de  Parlement ,  tout  enfemble.  Après  y  eftoient  tous  les  Praticiens  & 
Officiers  du  Chaftellet  de  Paris ,  en  bien  belle  &  groflè  compagnie ,  Sc 
avec  les  compagnies  deffufdittes  eftoient  auffî  tous  ceux  eftant  tous  l'ef- 
tendart  Sc  guidon  de  la  ville  de  Paris  ,  qui  eftoient  moult  grand  nom* 
bre  de  gens  à  pié  &  à  cheval ,  &  fî  y  vinrent  pour  l'Evefquc  >  Univerfité, 
Abbez ,  Prieurs ,  Sc  autres  gens  d'Eglife  de  laditte  ville ,  cerraine  quan-^ 
rite  de  gens  en  armes ,  Sc  en  icelles  monftres  y  avoir  grand  nombre  de 
gens  bien  armez.    Et  après  lefdittes  monftres  aind  taites  ,  ledit  Car^ 
dinal  &  Commiflàires  deffus  nommez ,  maiftre  Jehan  de  Ladriefchc , 
TrcCotior  de  France  y  maiftre  Pierre /'O/^^r^ ,  Stignear  Dermenonvil/c^ 
Sc  autres  Officiers  du  Roy ,  partirent  de  la  ville  de  Paris  f  pour  aler  de* 
vers  le  Roy  ,  qui  eftoit  entre  le  Mans  Sc  AUnçon  ,  à  tout  moult  grand 
armée  r  car  U  avoir  qui  le  fuivoit ,  plus  de  cent  mil  chevaux ,  Sc  plus  de 
vingt  mil  hommes  à  pié ,  pour  retifter  à  l'armée  defdits  Bretons  ,  &  lift 
mener  le  Roy  avec  Iuy ,  de  fon  arrillerie  grand  quantité  pour  mettre  le 
iiege  à  AUnçon. 

En  ces  entrefaittes  fut  pourçarlé  de  rrefves  »  qui  tinrent  le  Roy  &  fa^ 
ditte;  armée  longuement  lans  rien  faire ,  &  en  ce  faifanr  mandèrent  & 
deftruifirent  tout  le  plat  pays ,  bien  à  vingt  ou  trente  lieues  dudxt  lieu  du 
Mans  Se  d" AUnçon.  Et  durant  ce  que  dit  eft»  ledit  Sgr.  de  Charrolois  ^ 
qui  ainfî  avoir  deftruir  lefdits  Lugeois  Sc  leur  pays ,  s'en  retourna  devers 
fainS  Quentin  ^  &  fift  crier  par  tous  fes  pays  que  toutes  gens  de  guerre 
defdits  pays  s'en  tiraflcnt  devers  JainS  Quentin  ,  pour  ilîec  faire  leurs 
mouftr^.au  1 5,  Décembre  >  fur  bien  groUes  peines  >&(!£&  auiE  crier 

par 


DU    ROYLOUYS    XI.  71 

par  tout  le  pays  de  Bourgogne ,  que  tous  nobles  &  autres  gens  fui- 
vans  les  armes  «  feullènt  touspreftsà  Mont/avion,  pour  illec  pi;^ndre  14^7< 
les  gages  &  foloées  dudit  Sgr.  de  Charrolois  ,.par  les  mains  de  Tes  Con»- 
miuaires  qu'il  avoit  ordonnez ,  &  ce  dedans  le  lo.  Décembre  prochaiu  > 
&  pour  partir  dudit  Montfavion  &  aler  zaàitfainS  Quentin  y  paix  devers 
luy  pour  le  accompagner ,  &  luy  aider  à  fecourir  fon  très-cher  &  amé 
ftere  Mr.  Charles  de  France  &  le  Duc  de  Bretagne  ,  eftans  avec  luy  , 
alencontre  de  aucuns  leurs  mal-veillans ,  &  telle  lubftance  portoit  ledit 
cry«  Pour  occadon  duquel  cry  les  Marchans  &  faâeurs  des  Marchans  de 
Paris  y  qui  eftoient  alez  audit  pays  de  Bourgogne  pour  faire  leurs  am^ 
pletter ,  s'en  retournèrent  à  Paris  bien  haftivement ,  (ans  rien  faire.  Et 
derechef  après  toutes  ces  chofes ,  ledit  de  Charrolois  fift  mander  à  luv 
venir  toutes  fes  gens  de  guerre  audityai/2c?  Quentin  >  au  4.  Janvier  fui- 
vaut.  * 

Le  Lundy  fefte  des  fainfts  Innocens  18.  Décembre ,  vint  &  arriva  i 
Paris  Mgr.  le  Duc  de  Bourbon  »  de  par  le  Roy  >  pour  mettre  garnifon 
en  plufieurs  villes  >  &  garder  les  Bourguignons  d'entrer  es  pays  du  Roy« 
Et  vint  &  arriva  avec  luy  Mr.  le  Mareuhal  de  Lohtac  9  qui  venoit  à  Pa^ 
ris  y  comme  on  difoit ,  pour  eftre  Lieutenanr  de  laditce  ville.  Lequel  de 
Loheac  s'en  partit  deux  jours  après  pour  aler  à  Rouen  &  autres  vules  de 
Normandie  y  pour  y  mettre  garde  &  ordre  par  le  Roy ,  &  illec  demeura  par 
certain  temps.  Et  mondit  Sgr.  de  Bourbon  depuis  demeura  à  Paris  par 
certain  autre  temps.  Pendant  lequel  fut  feftoyé  de  plufieurs  notables 
gens  de  laditte  ville.  En  ce  temps  la  ville  cTjilençon  y  ïyii  eftoit  tenue 
par  les  Bretons  y  comme  dit  eft  devant  >  fut  rendue  &c  mife  es  mains  du 
Roy  par  le  Comte  du  Perche  y  fils  du  Duc  iTAUnçon  y  qui  tenoit  le  Chaf- 
teau  dudit  Alençon ,  &  lefdits  Bretons  tenoient  la  ville.  Mais  durant  ce 
le  Roy  ne  partit  point  de  la  ville  du  Mans ,  &  durant  qu'il  y  fut  envoya 
devers  mondit  Sgr.  Charles  audit  pays  de  Bretagne  y  le  Légat  du  Pape  > 
dont  pourparlé  eft  devant  y  &  Anthouie  de  Chabannes^  Comte  à^Damjh- 
martin  y  le  Treforier  de  Ladriefchty  &  autres,  pour  cuider  trouver  au^ 
cun  bon  expédient.  Et  enfin  le  Roy  fe  condefcendit  que  les  trois  Eftats 
fe  tiendroient  &  aflèmbleroient ,  &  pour  ce  faire  leur  fut  lieu  affigné 
en  la  ville  de  Tours ,  pour  illec  eux  y  trouver  au  premier  Avril  1467.  & 
s'en  revint  le  Rov  dudit  pays  du  Mans  y  &c  s'en  ak  aux  Montils  y  lez^ 
Tours  y  à  Amboije  &  illec  environ. 

.  Puis  fut  l'afiemblée  dcfdits  trois  Eftats  tenue  audit  lieu  de  (i^)  T(mrs, 
qui  pour  cefte  caufe  y  eftoient  alèes ,  &  illec  le  Roy  prefem ,  fut  pouiv 
)arle  &  conclu  fur  la  queftion  pour  laquelle  ils  eftoient  ailèmblées  audit 
ieu  de  Tours  y  jufques  au  jour  de  Pafqucs  ;  qui  fut  en  14(^8.  que  chacun  1 4  ^  S* 
d'eux  y  illec  venus ,  s'en  retournèrent  en  leurs  maifons ,  après  la  conclu- 
fion  par  eux  prife  fur  le  fait  de  laditte  af&mblée.  Et  pour  cefte  caufe  7 
eftoient  venus  le  Roy  premièrement ,  le  Roy  de  Sicile  y  Mgr.  le  Duc  de 
Bourbon  y  le  Conue  du  Perche  y  le  Patriarche  de  Jeurufalem  y  le  Cardinal 
d^'Angcrs  yic  plufieurs  autres  Seigneurs  ^Barons ,  Archevefqnes ,  EveCsues, 

(^9)  iS^  EIlccommcDça  le  6^  Avril  >  &  fink  le  14.  du  m&ne  mois  y  fiiivant  h  P^ 


E 


G 


71  L  E  S    C  H  R  O  N  I  Q  U  E  S 

Abbez  )  &  autres  notables  perfonnes  &  gens  de  grand  façon  y  enfemble' 
'  4^^«  auflî  Jes  Ambaflàdeurs  venus  audit  lieu  pour  celle  caufe  »  de  la  plufparc 
<ie  tout  le  Royaume  de  France.  Et  par  tout  iceux  ainiî  aflèmblez  ,  &  a 
^ande  &  meure  délibération  fut  dit  Se  conclu ,  que  au  regard  de  U 
queftion  d'entre  le  Roy  &  itiondit  Sgr.  Charles  ,  touchant  Ton  appanage» 
qu'il  auroit  6c  receveroit  pour  icelluy  appanage  »  &  de  ce  fe  tiendroic 
{>our  bien  content  de  douze  mille  livres  tournois  en  affiete  de  terre  par 
an ,  &  titic  de  Comté  ou  Duché.  Et  en  outre  que  le  Roy  luy  foumiroic 
«n  penfion  jufques  à  foixante  mille  livres  tournois  par  chalcun  an,  & 
tout  ce  fans  préjudice  aux  autres  enfans  >  qui  pour  le  temps  avenir  pour- 
xoient  venir  i  laditte  Couronne ,  de  pouvoir  demander  tel  &  femblable 
^panagcPour  ce  que  le  Roy,  pour  avoir  paix  &  bonne  amour  avec  fondit 
irere,feeflargiflR)it  à  luy  bailler  fi  grand  fomme  que  de  foixante  mille  livres, 
tournois  par  an.  Et  en  tant  que  touchoit  la  Duché  &  Païs  de  Normandie  » 
Mgr.  Charles  ne  l'auroit  point  :  difans  qu'il  n'eftoit  pas  au  Roy  de  la  bail* 
1er ,  ne  defmembrer  Ùl  Couronne.  Et  que  au  regard  du  Duc  de  Breta^ 

ne  y  qui  detenoit  mondit  Sgr.  Charles  y  8c  qui  avoit  prifes  les  villes  du 

.oy  en  Normandie ,  lequel  on  difoit  avoir  intelligence  avec  les  Anglois^ 
anciens  ennemis  de  la  Couronne  de  France  »  rut  dit  &c  délibéré  jpar 
lefdits  trois  Eftats ,  qu'il  feroit  fommé  de  rendre  au  Roy  lefdittes  villes» 
&  au  cas  que  il  en  feroit  refFus  >  &  que  le  Roy  feroit  deucment  adverti 
de  laditte  alliance  aufdits  Anglois ,  que  incontinent  le  Roy  recouvraft 
fefdittes  villes  â  main  armée,  &  de  luy  courir  fus.  Et  que  pour  ce  faire, 
lefdits  trois  Eftats  promirent  de  fecourir  &  aider  au  Roy  :  c'eft  aflavoir 
les. gens  d'Eglife ,  de  prières  &  oraifons  ,  &  biens  de  leur  temporel ,  Sç 
les  nobles  &  populaire  du  corps  &  de  biens ,  &  jufques  à  la  mort  indu- 
Avement.  Et  ouc  en  tant  que  touchoit  la  Juftice  de  tout  le  Royaume  9 
le  Roy  avoit  ungulier  defir  de  la  faire  courir  par  tout  fondit  Royaume  , 
JSc  fut  content  que  on  efleuft  nobles  perfonnes  de  tous  eftats  pour  y 
mettre  remède  &  bon  ordre ,  &  furent  d'opinion  lefdits  trois  Eftats  que 
à,  ce  faire  Mgr.  de  Charrolois  fe  devoir  fort  employer ,  tant  à  caufe  de  la 
proximité  de  lignage  qu'il  a  au  Roy ,  comme  auffi  de  Pair  de  France.  Et 
après  laditte  délibération ,  le  Roy  fe  partit  de  Tours  8c  s*en  ala  à  Amhoi" 
fe  y  8c  puis  après  envoya  (on  Ambaflade  par  devers  l'aflèmblée  eftant  i 
Cambray ,  afm  de  fçavoir  leurs  vouloir  &  reQ>once  fur  laditte  délibéra^ 
cion  prife  par  lefdits  trois  Eftats ,  ainfi  aHèmblez  comme  dit  eft. 

Après  ces  chofèsle  Lundyj.  May  1468.  Dame  Ambroife  de  Lori{^o)^ 
en  fon  vivant  femme  de  Memre  Robert  Deftouteville ,  Chevalier  Prevoft 
de  Paris  y  ala  de  vie  d  treQ^as  ce  jour  environ  uue  heure  après  minuiâ  , 
laquelle  fut  fort  plainte  ,  pource  qu'elle  eftoit  noble  Dame ,  bonne  8c 
honnefte ,  8c  tn  Vhoftel  de  laquelle  toutes  nobles  8c  konneftes  perfon- 
nes eftoient  honorablement  receuës.  Et  ce  mefme  jour  environ  entre  neuf 
8c  dix  heures  de  nuiâ,  fe  bouta  le  feu  en  l'un  àçs  moulins  aux  Meufniers 
ide  Paris  y  qui  appartenoit  au  Prieur  de  fainâ  Ladre ,  8c  fut  tout  le  com- 
jble  d*icelluy  bruué  par  un  paillaiLt  valet  du  Meufnier ,  qui  avoit  atta^ 
chée  une  chandelle  contre  le  mur  de  fon  ]iQt^  qui  cheyt  dedans  icelluy 

(90)  EUe^toitiîUc  d'Aoïbtpifc  4e  Loté,  PrcTÔtdePad*.' 


DUROYLOUysXI.  75" 

USb ,  &  brufla  tout ,  rcfervé  ledit  paillart  qui  fe  fauva ,  &  s'enfuît  com-  g 

me  un  renard.  14^^' 

Le  1 5.  May  furent  faittes  jouftes  à  Paris  devant  l'hoftel  du  Roy  aux 
Toumelles  y  par  quatre  Gentilshommes  de  guerre  de  la  compagnie  du 
grand  Senefchal  de  Normandie  y  qui  avoient  ordonné  les  lices  &  prepa* 
ré  te  champ ,  en  faifant  aflàvoir  à  tous  qu'ils  fe  trouveroient  auait  15. 
May  pour  attendre  les  venans ,  rompans  chafcun  trois  lances  à  rencon- 
tre d'eux.  Auquel  jour  y  vinrent  &  comparurent  les  enfans  de  Paris  , 
defquels  &  tout  le  premier  y  vint  &  arriva  Jehan  Raguicr^  Grenetier  de 
SoiJ/ons  Se  Treforier  des 'guerres  au  Duché  de  Normandie ,  fils  de  maif- 
tre  Anthoine  Raguier  9  Confeiller  &  Treforier  des  guerres  du  Roy  ,  le- 
quel Jehan  Raguier  yint  8c  arriva  â  bien  grand  haftedela  ville  de  Rouen  9 
où  il  eftoit  >  pour  eftre  Se  comparoiftre  aufdittes  jouftes ,  Se  arriva  le  foir 
de  devant  à  uinâ  Ladre  lez  Paris ,  accompagné  de  plufieurs  nobles  hom- 
mes de  la  charge€c  compagnie  de  Meilire  Jouachin  Rouault ,  Marefchal 
At  France ,  &  autres  cens  jufques  au  nombre  de  vingt  chevaux.  Auquel 
lieu  de  fainâ  Ladre  ils  fe  tinrent  fecretement  &  lans  faire  bruit,  juf- 
ques au  lendemain ,  qu'ils  menèrent  Se  accompagnèrent  ledit  Raguier 
bien  Se  honnorablement ,  garny  de  trompettes  &  clairons ,  qui  faifoient 
de  grands  mélodies ,  jufques  au  lieu  defdittes  lices ,  Se  lequel  Ramier , 
accompagné,  comme  dit  eft,  avoit  autour  de  luy  quatre  piétons  veftus  de 
livrées ,  &  tousjours  eftans  près  de  luy  Se  du  courfier  furquoy  il  eftoit 
monté,  lefquels  eftoient  prefts  de  le  fervir  Se  recueillir  Ion  bois.  Se 
eftoient  tous  ceux  de  fa  compagnie  habillez  da  hoquetons  brodez  à  grans 
lettres  d'or. 

Audit  champ  Se  dedans  les  lices  fe  pourmena  plufieurs  tours ,  atten- 
dant lefdits  quatre  champions ,  ou  l'un  d'eux ,  contre  lefquels  il  fe  porta 
vaillamment  :  car  il  rompit  cinq  lances  bien  Se  nettement ,  Se  euft  fait 
plus  s'il  euft  pieu  aux  Commifiaires  ordonnez  pour  lefdittes  jouftes.  Et 
après  lefdittes  lances  ainfi  rompues ,  s'en  panit  moult  honnorablement 
en  foy  pourmenant  par  lefdittes  lices ,  &  prenant  congé  des  Juges  def- 
dittes  jouftes ,  Se  merciant  les  Dames ,  Damoifelles  &  Bourgeoises ,  qui 
illec  eftoient  venues ,  defquelles  il  acquift  moult  grand  los.  Et  après  luy 
y  vint  Se  comparut  un  Efleu  de  Paris  »  nommé  Marc  Senamy ,  &  deux 
des  fils  de  Meflire  Jehait  Sanguin  9  cjui  auflî  vinrent  en  laditte  joufte  hon- 
•notablement.  Se  ils  firent  tout  le  mieux  qu'ils  peurent  :  mais  ils  n'en  eni- 
ponerent  gueres  de  brait.  Et  en  après  y  vint  aufli  &  arriva  un  nommé 
Charles  de  Louviersy  Efchançon  du  Roy ,  qui  moult  bien  Se  vaillamment 
s'y  porta,  en  portant  bien  Se  honneftement  fon  bois  &  fans  aide ,  Se 
rompit  nettement  plufieurs  lances ,  &  tellement  fe  porta  â  la  journée , 
^ue  en  la  fin  le  pnx  luy  fut  donné ,  Se  demeurèrent  lefdits  quatre  Gen- 
tilshommes dedans  moult  foulez ,  defquels  les  deux  portèrent  le  bras  en 
efcharpe ,  Se  le  tiers  eut  la  main  ble(fee  defibus  le  gantelet.  Et  par  ain(î 
l'honneur  fut  Se  demeura  aufdits  enfans  de  Paris. 

Le  Dimanche  précèdent,  qui  fut  le  8.  May,  fe  firent  auflî  à  Bruges  en 
Flandres  y  autres  jouftes  devant  Mgr.  le  Duc  de  Boureogn^,  qui  auffi  fu- 
rent moult  triomphantes  :efquelles  auffi  un  enfant  de  raris ,  nommé  Je* 
rofme  de  Cambray  ^  ferviteuc  dudit  Mgr.  Ip  Duc,  joufta,  &  illec  fe  porta 
Tomt  IL  |Ç      .    vailUmmcnç 


74  LES    CHRONIQUES 

_  vaUlamfflent&tellemenCjqu'Uenemportarhonnear  deladittejoâftef^iX 
1405.  ^pj^5  lefdittes  jouftes ,  le  Roy  qui  eftoic  à  Amboifi ,  s'en  partit  pour  alct 
à  Pans ,  &  en  emmena  avec  luy  Mgr.  de  Bourbon  >  Mgr.  de  Lyon ,  Mgr» 
de  Beaujtu  y  6c  autres  Seigneurs ,  Se  fe  tint  par  aucun  temps  à  Laigny 
fur  Marne ,  à  Mtaux  Se  autres  villes  illec  environ.  Et  avant  Ton  parte- 
ment  dudit  Amboifc ,  avint  que  le  jour  veille  d'Afcenfion  Notre-Sei- 
gneur  ,  la  terre  trembla  L  Tours  y  audit  lieu  (TAmboift ,  &  autres  lieux 
en  Touraine.  Et  quant  le  Roy  partit  de  Laigny ,  oà  il  s'eftoit  tenu  par 
aucunes  journées  pour  aler  à  Meaux  »  il  envoya  à  Paris  Ton  mandement 
pour  faire  publier  par  les  carrefours  d'icelle  ville  s  que  tous  nobles 
&  gens  fuivansla  guerre  y  feullènt  tous  prefts  &  en  armes  le  huidtiefme 

Iour  de  Juillet,  pour  aler  &  eux  trouver,  où  il  leur  feroit  ordonné  de  par 
e  Roy,  &  fur  peine  de  confifcation  de  corps  &  de  biens  (92)» 

Et  puis  ces  chofes  ainfi  faittes ,  le  Roy  s'en  ala  i  Mtaux  en  Brie  ,  Se 
durant  le  temps  qu'il  y  fut,  y  eut  un  homme  natif  du  ^ïs  de  Bourbon-- 
nois  y  qui  pour  aucun  cas  par  luy  commis ,  &  auûi  pour  avoir  révélé  les 
faits  du  Roy  aux  anciens  ennemis  les  Anglois  ^  fut  décapité  audit  Meaux 
le  Lundy  17.  Juin  audit  an  6%.  Et  auparavant  le  Roy  envoya  â  Paris  le 
Prince  de  Piémont ,  fils  du  Duc  de  Savoy  e ,  pour  bouter  le  ^u  en  Grève» 
Et  fi  mift  en  laditte  ville  de  Paris  les  prifonniers  à  délivrance ,  qui 
eftoient  en  Parlement,  en  Chaftellet  &  autres  prifons.  Environ  ce  temps 
y  eut  un  nommé  Charles  de  Meleun  ,  homme  d'armes  de  la  compa^ 
gnie  de  Monfeigneur  TAdmiral ,  lequel  de  Meleun  eftoit  Capitaine  de 
U^n  en  Auvergne ,  qui  avoit  la  garde  de  par  le  Roy  du  Sgr.  du  Lau 
fur  fa  vie ,  audit  lieu  de  Ujfon ,  dont  il  efchappa ,  dequov  le  Roy  fut  fort 
defplaifant ,  &  pour  ledit  cas  fift  conftituer  prifonnier  liedit  de  Meleun 
au  Chafteau  de  Loches  y  auquel  lieu ,  &  pour  iceluy  cas ,  fut  décapité. 
Et  après  luy ,  fut  auffi  decamté ,  pour  iceluy  cas ,  un  jeune  fils ,  nommé 
Remoniut ,  qui  eftoit  fils  de  la  femme  dudit  Charles  de  Meleun  ,  en  la 
ville  de  Tours  »  &  fi  fut  aufli ,  pour  icelluy  cas ,  décapité  en  la  ville  de 
Meaux  y  le  Procureur  du  Roy  audit  lieu  de  Uffon.  Et  puis  le  Roy  s'en  ala 
dudit  lieu  de  Meaux  à  Senlis  Se  i  CreiL 

Audit  temps  les  Bourguignons  ou  Bretons  eftans  en  Normandie  ,  pri* 
rent  le  Sgr.  de  Men^iUe  y  feant  entre  faitiA  Sauveur  fur  Dive  Se  Caen ,  & 
luy  firent  rendre  &  mettre  en  leurs  mains  faditte  place ,  dedans  laquelle 
y  avoit  pluiieurs  francs  archei^.  Se  incontinent  qu'ils  furent  dedans  tue-; 
rent  Se  meurdrirent  tout  ce  qu'ils  y  trouvèrent ,  Se  puis  pendirent  ledit 
Sgr.  de  Merville ,  &  pillèrent  tout  ce  qu'ils  trouvèrent ,  &  puis  ils  mi- 
rent le  feu  en  laditte  place.  Et  après  le  Roy  fe  deflogea  de  Creily  Se  s'en 
ala  i  Compiegne ,  où  u  fut  depuis  par  aucun  temps ,  Se  puis  s'en  retourna 
à  Senlis  y  Se  d'illec  s'en  vint  à  Paris  Mgr.  de  Bourbon ,  le  jour  de  fcfte 

& 

(91)  On  pcnc  vaîr  uae  ample  relation  r      (92)  f^ Supplément.  Le  1 5.  Juif» 

ae  ces  joutes  dansOHvicrdc  la  Marche,    mourut  à  Bruges  Philippe  le  Bon  > 

hv.  1.  chap-  4.  PhiUppç  de  Comines  &    py^  de  Bourgogne ,  Se  laifla  pour 

ftjnpona  Hionneor.  nomme  auparavant  le    Comte  de 

1  Charolois.  Petiu  Chronique^ 


DUROYLOUYSXI.  ^T  _^_ 

&  Adutnption  Notre-Dame.  Et  paravant  le  Roy  avoit  envoyé  par  devers  "- — 7g- 
le  Duc  oc  Bourgogne  Mgn  de  Lyon ,  Mgr.  le  Conneftable  &  autres  Sei-  ^ 
gneurs^  pour  cousjours  le  mettre  en  devoir  »  &  trouver  par  tout  bon 
moyen  de  paix  >  fans  figure  de  guerre.  Et  ce  nonobftant  le  Roy  envoya 
fon  armée  au  pays  de  Normandie  ,  dont  avoit  la  charge  Se  conduitce  M^r. 
fon  Admirai ,  qui  bien  y  befogna  :  car  en  moins  d*un  mois  il  challa  les 
Bretons  eftans  dedans  Bayeux.  Le  Samedy  lo.  Aouft  14^8.  MelEre  Char- 
les de  Mekun ,  Sgr.  de  NormainviUcy  qui  avoit  efté  grand  Maiftre  d*Hof- 
tel  du  Roy ,  &  lequel  nouvellement  avoit  efté  conftitué  prifonnier  au 
Chafteau  de  GaiUart  en  la  garde  du  Comte  de  Danwmartin ,  Capitaine 
dùdit  lieu,  fut  par  le  Prevoft  des  Marefchaux,  fait  (on  procez  fur  les  cas 
i  luy  impofez.  Et  ledit  jour  fut  tiré  hors  de  fa  prifon  &  mené  au  mar- 
ché d^Andtly ,  où  illec  publiquement  devant  tous ,  fut  décapité  &  mis 
â  mon.  Et  depuis  ce  le  Roy  le  tint  par  certain  long  temps  â  Noyon  j 
Comptine  9  Chauny ,  Se  autres  places  environ  »  jufques  au  1 5 .  Septembre» 
que  nouvelles  luy  furent  illec  apportées ,  que  Mgr.  Charles  fon  frère  Se 
le  Duc  de  Bretagne ,  s'eftoient  reimis  Se  devenus  bons  amis  Se  bien-veil- 
lans  au  Roy  y  Se  preft  mondit  Sgr.  Charles  de  prendre  la  penfion  de  foi-* 
xante  mille  livres  tournois  par  an ,  jufçiues  à  ce  que  fon  appanage  lui  euft 
efté  ailigné  félon  le  dit  de  ptufieurs  Princes  &  Seigneurs ,  que  ledit  Mgr. 
Charles  efliroit  pour  ce  faire  >  Se  aufquels  il  fe  vouloir  rapponer  :  c'eft 
aflàyoir  à  Mgr.  le  Duc  de  Calabre  Se  Mgr.  le  Conneftable  de  France.  Ec 
leditDuc  de  Bretagiu  offrit  bailler  au  Roy  les  villes  que  luy  Se  fes  ^ns  te- 
noient  en  Normandie ,  en  luy  rendant  Se  reftituant  les  autres  villes  Se 

{>laces  que  les  gens  du  Roy  tenaient  ea  Bretagne^  Laquelle  chofe  le  Roy. 
uy  accorda. 

Et  puis  le  Roy  fift  fcavoir  ces  chofes  au  Duc  de  Bourgogne  9  qui  eftoit 
atout  fon  ofl;aux  camps  près  de  Peronne ,  entre  Efcluûcrs  Se  Cappy ,  fur 
la  rivière  de  Somme.  Defquelles  nouvelles  il  ne  vouloir  rien  croire  juf- 

aues  à  ce  qu'il  en  fuft  autrement  acertené  par  lefdits  Mçr.  Charles  Se  Duc 
e  Bretagne ,  laquelle  chofe  luy  fut  depuis  ditte&  certifiée  par  le  Héraut 
dudit  Duc  de  Bretagne  ,  mais  ce  nonobftant  il  ne  s'en  voulut  aler  »  ne 
defemparcr  fon  oft.  Et  s'en  ala  avec  fondit  oft  tenir  Se  édifier  un  parc 
audit  lien  ,  d'entre  E/clti/iers  Se  Cappy ,  le  dos  au  long  de  la  rivière  de 
Somme.  Et  pendant  cenain  temps  qu'ils  y  furent ,  furent  envoyez  par 
diverfes  fois  audit  Duc  de  Bourgogne  ^  de  par  le  Roy ,  plufieurs  Ambam- 
deurs ,  comme  Mgr.  le  Conneftable ,  Mgr.  le  Cardinal  d^ Angers ,  maiftre 
Pierre  Doriolle  Se  autres ,  pour  tousjours  cuider  trouver  moyen  de  bon- 
ne amour  Se  pacification  du  cofté  du  Roy ,  qui  tousjours  la  vouloir  avoir, 
jaçoit-ce  que  les  Capitaines  &  gens  de  guerre  du  Roy  n'en  eftoient  point 
d'opinion  :  mais  rec^ueroient  au  Roy  qu'il  les  laiflaft  faire  Se  qu'ils  ren- 
droient  au  Roy  ledit  Duc  de  Bourgogne  Se  ceux  de  faditte  conipagnie» 
tout  à  fon  bon  plaifir  &  volonté.  Laquelle  chofe  il  ne  voulut  foultrir , 
ne  rollerer  qu'on  leur  courut  fus  :  mais  leur  defFendit  de  le  &ire  Se  fus 
la  hard.  Er  durant  ce  temps  &  jufques  au  1 1.  Oâobre  14^8.  furent  grans 
nouvelles  que  le  Roy  &  ledit  Duc  de  Bourgogne  avoient  fait  une  trefvc 
fufques  au  mois  d'Avril  prochain ,  &  fur  l'efperance  de  icelle  trefve ,  le 
Roy  délibéra  foy  en  retourner  de  Compugne^  où  il  eftoit ,  pour  s'en  ve- 
nir â  Creil  Se  i  Pontoife.  K  x  Pour 


m 


___^  jê  LES    CHRONIQUES 

""""TT^      Pour  cette  caufe  envoya  fes  fourriers  audit  lieu  de  Pontoife ,  qui  y  prf»* 
*+   ©•     j.gj^ç  {"qj!  Iq^Jj  .  jjj^jj  depuis  il  changea  propos  »  &  retourna  haftivement 
dudit  lieu  de  Compiegnc  i  Noyon  y  où  peu  de  temps  paravant  y  avoit 
efté»  Pendant  lequel  temps  Philippe  de  Savoyx^  Poncet  de  Rivière  y  Sgr^ 
Uulfé  y  le  Sgr^  du  Lau  &  autres ,  qui  s'eftoient  mis  &  meâez  enfembk  r 
firent  moulr  de  maux  :  &  cependant  le  Samedy  8.  Odobre  fut  criéi  foiv 
de  trompe  par  les  carrefours  de  la  ville  de  Paris ,  que  tous  les  nobles 
jenans  fief  ou  arriere-fief  de  la  Prevofté  &  Vicomte  de  Paris ,.  feuflènc^ 
Kms  prefts  &  en  armes  à  Gonnejfe  ,  pour  d'illec  partir  le  Lundy  enfui- 
vant ,  &  aler  où  mandé  leur  feroit:  lequel  cryetbahift  beaucoup  plufieur» 
dePtfm^quicuidoientbien  que  veu  leditcry,  il  n'y  avoir  point  de  trefvc 
ne  abftinence.  Et  puis  le- Roy ,  qui  eftoit  à  Noyon ^stn  panit ,  Se  ledit- 
Duc  de  Bourgogru  s'en  partit  pour  aler  à  Peronru.  Auquel  lieu .  le  Roy. 
s'en  ala  bien  hattivement  par  devers  luy  audit  lieu  de  Penonne  »  &  à  bien: 
petite  compagnie  '-car  il  n'avoir  avec  luy  que  ledit  Cardinal  d'Angers^ 
Se  un  peu  de  gens  de  fon  hoftel,  Mgr.  k  Duc  de  Bourbon  ££  autres.  Ee^ 
ainfi  privemcnt  que  dit  eft ,  s'en  ala  jufques  audit  lieu  de  Peronne  ,..par- 
devers  ledit  Duc  de  Bourgogne ,  lequel  luy.fift  grande  révérence ,  com- 
me bien  tenu  y  eftoit ,  &  puis  parlèrent  enfemble  longuement  &  furent- 
fort  bien  contens  l'un  de  l'autre ,  quelque  rumeur  qu'il  y  euft  eue  aupa- 
ravant >  &  tellement  pacifièrent  enlemble  qu'ils  firent  paix  entre  eux.  Et. 
jura  ledit  Mgr.  de  Bourgogne  que  jamais  ne  feroit  rien-  contre  le  Roy„ 
&  qu'il  vouloir  eftre  fon  fubjeâ  &  ferviteur ,  &  vivre  &  mourir  pour 
luy.  En  faifant  laquelle  paix  le  Roy  luy  confirma  le  traidé  d'Arras  &. 
plufieurs  autres  chofes ,.  ainfi  que  depuis  le  Roy  le  manda  &  fift  favoir 
aux  nobles  ,  gens  d'Eglife ,  à  fa  Cour  de  Parlement ,  &  autre  populaire, 
de  fàdirte  ville  à^  Paris  y  qui  pour  caufe  de  ce ,  &  par  fon  ordonnance  ^ 
firent  procédions  générales ,  chantansaux  Eglises  7V^  Deum  laudamus  ^ 
Se  autres  louanges  à  Dieu.  Les  feux  furent  faits  parmy  les  tues ,  Se  tar- 
kles  drefiees  .>  donnans  à  boire  k  tous  venans ,  Se  plufieurs  autres  grans« 
joyes  en  furent  faites  en  laditte  ville  de  Paris.  Et  en  ces  entrefaites  vinrent 
nouvelles  que  les  Liégeois  avoient  pris  &  tué  leur  Evefquc  y  &.  tous  fes# 
oflSciers.»  dont  ficdequcy  le  Roy,  ledit  Mgr.  àt  Bourgo&ne ,  Mgr.  le  Duc, 
de  Bourbon  Se  Mgrs*  fes  frères  ,  &  autres  ,  furent  moult  dcfpjaifans  Se, 
marri»,  &  furent  grans  nouvelles  que  le  Roy  &  ledit  Sgr.de  Bourgogne- 
iroient  en  perfonne  pour  punir  &  deftruire  lefdits  Liégeois.  Et  inconti-^ 
nent  après  vinrent  autres  nouvelles  que  ledit  Evefque  n'eftoit  point, 
mort,  ne  pris  ,.mais  l'avoient  iceux  Liégeois ,. contraint  de  chanter  Mef— 
fe,  fie  depuis  fe  tinrent  iceux.£/>£^<7/j,  bien  contens  de  luy  )  Se  fe  ren- 
dirent tous  à  luy^  comme  à  leur  vray  Seigneur  naturel ,  en  eux  offrant  i* 
tuy  à  tcMit  fon  bon  plaifir  faire ,  cuidans-  à  cefte  caufe  appaifsr  tout  le^ 
aaal-talent  de  auparavant.  . 

En  ce  tems  le  Roy  s'en  ala  à  Noftre^Dame  de  Haulx  (9  j  )|  en  Almagney, 
eu  il  ne  fejourna  gueres ,  auiG  Philippe  de  Savoy e ,  fie  autres  eftans  aveo 
luy,firent  leur  paix  au-Roy,par  le  movcn  dudit  Sgn  de  Bourgogne.  Et  aprèsi 
^eleRoy^utfaitfon  voyage  fie  pèlerinage  aumt  lieu  deNottre-Dame  der- 

Haulx^ 

is^X  Oii  Jr  Halle»  Vilk  ics  Pa^Bas  y  Atrots  lieues  de  Bruxelles*. 


I>U    ROY    LOUYS    XL  77 

ISaulx ,  il  s'en  ala  à  Namur  par  devers  ledit  Sgr*  de  Bourgogne ,  où  on  ^""TT 
luy  fift  délibérer  d*aler  avec  ledit  de  Bourgogne  devant  la  cite  de  Liège ,     ^  4  ^  ^  ' 


où  ils  furent  &  demeurèrent  depuis  par  aucun  temps  logez  aux  faux- 


Lequel  mondit  Sgr.  de  Liegt 
pour  aler  devers  mondit  Sgr.  de  Bourgogne ,  pour  fçavoir  s'il  pourroit 
trouver  aucun  bon  appoin£tement  pour  les  habitans  dudit  Liège  >  en  luy 
ofirant  par  eux  luy  bailler  &  délivrer  laditte  ville  &  tous  les  biens  de 
dedans ,  pourveu  que  les  habitans  d'icelle  ville ,  hommes ,  femmes  »  & 
cnfans ,  enflent  leur  vie  fauve  feulement ,  dont  il  ne  voulut  rien  faire  t 
anais  au  contraire  fift  ferment  que  luy  &  tous  fes  fatellites  mourroient 
en  la  pourfuite  ,  ou  il  auroit  laditte  ville  &  tous  les  habitans  d'icelle  > 

Eour  en  faire  du  tout  à  fon  plaifir  &  volonté ,  &  retint  par  devers  luy 
îdit  Evefque  de  Liège  ,  fans  vouloir  fouffrir  (ju  il  s'en  retournaft  en  la- 
ditte ville ,  nonobftant  que  ledit  Evefqne  avoit  promis  6c  juré  aufdits 
de  Liège  de  retourner  par  devers  eux  ,  &  de  vivre  &  mourir  avec  eux. 
Et  tantoft  après  le  partement  dudit  Evefque  de  Laditte  ville  ôc  cité  de 
Liège ,  &  ce  que  \c(ditsLic^ois  furent  avertis  que  leurdit  Evefque  eftoir 
détenu  par  ledit  de  Bourgogne ,  &   ne  s'en  pouvoit  retourner  en  la- 
ditte ville  >  iccvtx  Liégeois  firent  plufieurs  faillies  fur  lefdits  Bourguignons 
ôc  gens  du  Roy ,  &  fur  leurs  compagnies.  Lefquels  Liégeois  y  quant  au- 
cuns en  pou  voient  prendre ,  les  mettoient  à  mort ,  &  gens  &c  chevaux  : 
mais  nonobftant  toutes  ces  chofes,  le  Dimanche  50.  Oâobre  1468.  en- 
tre neuf  Se  dix  heures  de  matin ,  ledit  Duc  de  Bourgogne  fift  ordonner 
de  bailler  &  livrer  aflàut  enicelle  ville  :  ce  qui  fut  fait  >  &  y  entrèrent 
iceux  Bourguignons  fans-aucune  refiftance ,  &  y  entra  aufli  le  Roy  &c  les 
Duc  dû  Bourgogne  ,  Mgr.  de  Bourbon  ,  Mers,  de  Lyon  ,  de  Liège  6c  de 
Beaujeu  y  frères.  Et  auflî  dudit  aflaut  la  plus  grand  6c  faine  partie  des- 
habitans  de  icelle  cité  s'enfuirent  &  retrayerent ,  &  laiflerent  un  peu  de. 
populaire,  comme  femmes  >  enfans,  Preftres,  Religieufes,  &  viels& 
anciens  hommes  ^  qui  tous  y  furent  tuez  &.  meurdris ,  6c  moult  d'autres> 
merveilleufes  cruautez  &  innumanitez  y  furent  faittes ,  comme  jeunes 
femmes  &  filles  forcées  &  violées ,  &  après,le  defordonné  plainr  pris- 
d'elles,  les  tuer  &  meurdrir.  Les  Religieufes  auflî  forcer ,.  petits  entans^ 
tuer ,  6c  Preftres  confacrans  Corpus  Domini ,  auflî  tuer  6c  meurdrir  de- 
dans les  Eglifes-  Et  après  toutes  ces  chofes  faittes ,  roberent  &  pillèrent- 
toute  laditte  ville  &  cité ,  &  en  après  la  brûlèrent  &  ardirent ,  .&  jçtte-- 
rent  la  muraille  dedans  les  foflèz. 

Après  toutes  chofes  ainfî  faittes  aue  dit  eft ,  le  Roy  s'en  retourna  à* 
Senlis  &  Compiegne ,  où  il  manda  aler  par  devers  luy  toute  fa  Cour  de- 
Parlement ,  fa  Chambre  des  Comptes ,  Généraux  des  Finances ,  6c  autres 
fes  Officiers  :  ce  qu'ils  firent.  Et  eux  venus  &  arrivez  par  devers  luy^  fift' 
fc  ordonna  pluficurs  chofes ,  &  auilî  pource  qvi'il  n'avoit  pas  intention 
de  fejourner  audit  lieu,  il  fift  propofer  par  la  bouche  dudit  CardipaL 
d'Angers  à  tous  les  defliifdits  Ofticiers ,  tout  ce  qui  par  lûy  avoit  efté  ac- 
corde audit  Sgr.de  Bourgogne  j  qui  plus  à  plain  eftoit  contenu  6c  fpeci-r 
fie  on  quarante  deux  articles  >  qui  par  ledit  Cardinal  furent  déclarés  lors* 

K  iy  aafditsi 


14^8. 


7T  L  ES    C  H  R  UNIQUES 

aufdits  Officiers  ,  en  leur  difant  de  par  le  Roy,  guc  fon  plaifîr  çftoîc 
que  par  fadittc  Cour  de  Parkment ,  &  tous  autres  (es  OBSders ,  feuft  fait 
&  accomply  tout  ce  qu'il  avoit  conclu  &  accordé  avec  ledit  de  Bourgo^ 
gncy  &  que  tout  lu^r  feuft  du  tout  entériné  &  accomply,  fans  aucun 
contredit  ou  diflScultc ,  fur  certaines  grans  peines  que  lois  il  exprima  de 
bouche.  Et  puis  le  Roy  s'en  ala  en  aucuns  lieux  près  Paris ,  fans  vouloir 
entrer  dedans  laditte  ville  ^  mais  aucuns  grans  Seigneurs  eftans  autoui: 
de  luy  y  vinrent  &  y  fe journerent ,  comme  Mgrs.  de  Bourbon  ,  de  ^yort 
8c  BeauJeUf  frères ,  le  Marquis  du  Pont  y  &  autres. 

Le  Samedy  19.  Novembre ,  fut  criée  &  publiée  à  fon  de  tronjpe  &  cry 
public ,  par  les  carrefours  de  Paris ,  ledit  accord  &  union  fait ,  comme 
dit  eft  ,  entre  le  Roy  &  mondit  Sgr.  de  Bourgogne.  Et  que  pour  raifon 
du  temps  paflTé ,  perfonne  vivant  ne  feuft  (î  ofé  ou  hardy  de  rien  dire  à 
l'opprobre  dudit  Sgr.  feuft  de  bouche ,  par  efcrit ,  fignes ,  paindures  , 
rondeaux ,  ballades ,  libelles  diffamatoires,  chanfons  ^  de  gefte ,  ne  au* 
trement,  en  quelque  manière  que  ce  peuft  eftre.  Et  que  ceux  qui  feroient 
trouvez  avoir  fait ,  ou  efté  au  contraire,  feuflcnt  grièvement  punis  ,  ainfi 
que  plus  à  plain  ledit  cry  le  contenoit. 

Ce  jour  turent  prifes  pour  le  Roy ,  &  par  vertu  de  fa  commiflîon  ad- 
dreflant  à  un  jeune  fils  de  Paris  y  nommé  Henry  Pcrdriely  en  laditte 
ville  de  Paris ,  toutes  les  pies ,  jays  &c  chouettes ,  eftans  en  cages  ou  au« 
trement ,  &  eftans  privées ,  pour  toutes  les  porter  devers  le  Roy ,  & 
eftoit  efcrit  &  enreeiftré  le  lieu  où  avoienr  efté  pris  lefdits  oy féaux ,  Se 
aufti  tout  ce  qu'ils  fçavoient  dire ,  comme  larron ,  paillart ,  âls  de  pu- 
tain ,  va  dehors  va ,  Pcrrcttc  donne  moy  à  boire ,  &  plufieurs  autres 
beaux  mots  que  iceux  oifeaux  fçavoient  bien  dire ,  &  que  on  leur  avoit 
appris.  Et  depuis  encores  par  autre  commiflîon  du  Roy  addreflànt  à 
Merlin  de  Cordcbeufj  fut  venu  quérir  &  prendre  audit  lieu  de  Paris 
tous  les  cerfs ,  biches,  &  grues  qu'on  y  peuft  trouver,  &  tout  fait  mener 
à  Amboift. 

En  après  le  Comte  de  Fouc:^ ,  qui  nouvellement  eftoit  venu  i  Paris  , 
devint  merveilleufement  amoureux  d'une  moult  belle  bourgeoife  de  Pa* 
ris  y  nommée  EJiienncu  de  Befançony  femme  d'un  marchant  de  laditte 
ville  nommé  Henry  de  Paris  y  qui  eftoit  bon  marchant  &  puiflànt  hom- 
me,  &  fî  eftoit  laditte  bourgeoife  moult  prifée  &  honnorée  entre  tou- 
tes les  femmes  de  bien  de  laditte  ville ,  &  fort  priée  &  requife  de  eftre 
èc  foy  trouver  en  tous  banquets ,  feftes  &  honneftes  aflêmblées  qui  fe 
faifoient  en  îcelle  ville ,  communiqua  avec  ledit  Comte  de  Foue[  de 
queftions  joyeufes  &  amoureufes ,  &c  fur  plufieurs  requeftes ,  offres  ,  Se 
autres  plaifans  bourdes  que  luy  fîft  &  promift  ledit  Comte  de  Foue^  , 
convinrent  tellement  enfemble,  que  le  Dimanche  11.  Décembre  14^8. 
icelle  Efiiennete  fe  départit  de  fon  hoftel  de  Paris ,  qu'elle  laiflà  &  aban* 
donna,  enfemble  fondit  mary,  fes  enfans,  père  &  mère ,  frères  Se  fœurs, 
&  tous  fes  parens  &  amis  ,  Se  s'en  ala  après  ledit  Sgr.  de  Fouei ,  avec 
aucuns  de  fes  gens  Se  ferviteurs ,  qui  pour  ce  faire  eftoient  demeurez 
audit  lieu  de  Paris  ,  &  l'emmenèrent  a  B/ois  où  eftoit  demeuré  i  fejour 
ledit  Sgr.  attendant  illec  la  venue  d'icelle  Efiiennete.  Avec  lequel  Sgr, 
icelle  Efiiennete  demeura  par  l'efpace  dç  trois  jours ,  Se  puis  s'en  partie 

ledit 


DUROYLOUYSXI.  79  ^_^^_^ 

ledit  Sgr.  de  Fouc[ ,  &  s*cn  ala  à  Tours  par  devers  le  Koy  »  &  en  fîft  me*  ^TTTT 
net  avec  luy  icellc  EflUnncte ,  qui  fut  illcc  bien  recueillie  par  Martin  ^  * 
fonchitTy  marchant  &  bourgeois  de  Tours ,  oncle  d'icelle  EJi'unruu.  Et 
peu  de  temps  après  fut  laditte  Efticnnetc  envoyée  à  Fronttvaux  par 
devers  la  Prieure  dudit  lieu  >  tante  de  laditte  EJlienruu ,  où  depuis  elle 
demeura  par  cenain  long-temps  après.  .En  après  le  Roy  fe  tint  &  fejour* 
na  à  Tours  ,  à  Amboije  >  &  lUec  environ  ,  tousjours  attendant  que  la 
R^nc  dcuft  accoucher ,  que  on  difoit  eftre  fort  groflè ,  mais  elle  ne  euft 
pomt  d'enfant.  Et  après  ces  chofes  le  Roy  ordonna  certaine  quantité 
des  lances  de  fon  Ordonnance  pour  aler  fervir  le  Duc  de  Calabrt ,  pour 
recouvrer  fon  Royaume  (TArragon  »  &  avec  lefdittes  lances  y  ordonna 
auffi  aler  hmSt  mil  francs  archers  avec  grand  quantité  de  fon  artillerie  ^ 
pu  ils  ne  furent  point,  nonobftant  laditte  ordonnance. 

Le  mois  de  Février  vinrent  à  Paris  les  Ambaflàdeurs  de  mondit  Sgr. 
de  Bourgogne ,  pour  l'expédition  des  articles  à  luy  accordées  de  par  le 
^oy  ,  &  pour  lefquelles  le  Roy  efcrivit  &  chargea  bien  expreflément  au 
rrevoft  des  Marchans  &  Efchevins ,  &  tous  autres  OflSciers  &c  gens  no* 
tables  de  laditte  ville  »  que  de  tout  leur  pouvoir  ils  feftoyallent  fort  &: 
honnoràblement  lefdits  Ambafladeurs.  Laquelle  chofe  fut  faitte  >  &  fu- 
rent moult  honnoràblement  &  abondamment  feftiez ,  &  premièrement 
par  ledit  Mgr.  le  Cardinal  d'Angers ,  fecondement  par  le  Premier  Prefî-» 
dent  de  la  (jour  de  Parlement  ^tiercement  par  maiftre  Jehan  de  Z.â^nV/rAe, 
Prefidcnt  en  la  Chambre  des  Comptes ,  &  Treforier  de  France  y  quane- 
ment  par  Mgr.  de  Mery  ,  ic  quintement  &  pour  dernière  fois ,  par  les 
Prevoft  des  Marchans  &  Efchevins ,  &  Bourgeois  de  Laditte  ville.  Le- 
quel feftoy  fut  moult  honnorable,  &  durant  leldittes  chofes  furent  leurs 
lettres  expédiées  par  toutes  les  Cours  de  Paris ,  tous  lefdits  articles 
ainfi  à  eux  accordes  par  le  R^oy ,  comme  dit  eft.  Et  le  Jeudv  16.  Février 
1 4^8.  avint  au  Chaftellet  de  Paris  ,  que  un  nommé  Chariot  le  Tonne-- 
lier ,  dit  la  Hoie-varlet ,  Chaufletier  demeurant  à  Paris  ,  qui  avoit  efté 
conftitué  prifonnier  audk  Chaftellet  de  Paris  »  pour  raifon  de  plufieurs 
larcins  dont  on  le  chargeoit ,  qu'il  denioit ,  fut  ordonné  par  le  Prevoft 
de  Paris ,  &  les  Officiers  du  Roy  audit  Chaftellet ,  que  fon  procez  fait 
fur  les  charges  k  luy  impofées ,  &  conclu  de  ainfî  le  faire  »  dont  il  ap- 
pella ,  &  par  Arreft  fut  renvoyé  audit  Prevoft  pour  eftre  £iit  fondit  pro- 
cez. En  l'amenant  de  fa  prifon  en  la  chambre  ae  la  aueftion  dudit  Chaf- 
tellet ,  faifit  un  coufteau  ^u'il  apperceut  fur  fon  oiemin ,  &  d'icelluy 
fe  couppa  la  langue  ,&  puis  fut  ramené  en  faprifoh  fans  autre  chofe 
faire  pour  ledit  jour.  Audit  temps  avint  que  au  pays  de  Holande  Ôc  Ze^ 
lande ,  qui  font  des  pays  de  Mr.  de  Bourgogne  ,  y  vinrent  &  abondèrent 
fi  grandes  eauës,  queTeauc  noya  &  emporu  plufieurs  villes  &  places 
deldits  pays ,  pour  raifon  de  plufieurs  efdufes  qui  tenoient  la  mer  >  qui 
fe  rompirent. 

A  cefte  caufe  y  eut  de  grans  dommages  faits,  &  plus  grand  deftruâion, 
comme  on  difoit ,  aue  ledit  Sgr.  de  Bourgogne  n'avoir  fait  par  fureur  en 
la  cité  &  habitansdu  Liese.  Et  après  que  ledit  Chariot  Tonnelier  ^  àont 
eft  parlé  devant ,  qui  ainfi  s'eftoit  iiicilee  la  langue  &  fut  guery  ,  fut  de- 
lechef  amené  en  la  queftion  près  d'eftre  eftenou  en  la  gebiyne  j  pource 

qu'il 


I  4  <>.S> 


>4<î?' 


80  LESCHRONIQUES 

qu'il  ne  vouloit  comoiftre  les  cas  à  luy  impofez  >  lequel  après  qu'il  eut 
efté  longuement  a(us  fur  la  fellece  >  dit  qu'il  diroit  vérité ,  Se  lors  décla- 
ra tout  au  long  fa  vie  Se  de  moult  grans  &  merveilleux  larcins  >  &  û 
accufa  moult  de  gens  coupables  à  faire  icelles ,  comme  un  fien  frère  fur* 
nommé  leGendarme,  un  Serrurier ,  un  Orfèvre ,  un  Sergent  fieflfé  nom- 
mé  Pierre  Moj^rul ,  &  plufieurs  autres ,  qui  pour  lefdits  cas  furent  conf- 
tituez  prifonniers ,  &  uir.ce  interrogez,  qui  depuis  confedèrent  avoir  fait 

{)lu/îeurs larcins.  ÉtaprèstoutesceschofesleMardyde  la  femainepeneufc 
edit  la  Hou  Se  fon  frère  >  ledit  Sergent  fieffé,  le  Serrurier ,  un  Tondeur 
de  grans  forces ,  &  un  Frepier,  nommé  Martin  de  Coulongne ypsLt  la  Sen- 
tence du  Prévoit  de  Paris  y  furent  condamnez  à  eftre  pendus  Se  eftran- 
glez  au  gibet  de  Paris ,  dont  ils  appellerent  en  Parlement.  Et  par  Arrefl: 
de  la  Cour  laditte  fentence  fut  confirmée  au  regard  des  quatre  d'iceux  : 
c'eft  adàvoir  defdits  de  la  Hou ,  fon  frère ,  dudit  Tondeur  de  grans  for- 
ces ,  Se  dudit  Serrurier,  Se  le  lendemain ,  qui  fut  Mercredy ,  furent  me^ 
nez  pendre  au  gibet ,  Se  au  regard  defdits  Frepier  Se  Servent  fieflfé ,  ils| 
demeurèrent  encore  en  la  priion  jufcjues  après  les  feftes  de  Pafques.  Et 
le  Vendredy  fainâ  &  aoure ,  vint  Se  iflit  du  Ciel  plufieurs  grans  efclats 
de  tonnerre,  efpartiilemens  &  merveilleufe  pluye,  qui  efbahift  beaucoup 
de  gens ,  pource  que  les  anciens  dient  tousjours  que  nul  ne  doit  dire  he« 
las  l  s'il  n'a  ouy  tonner  en  Mars.  Et  après  ce  que  dit  eft ,  ledit  Frepier  » 
nommé  Martin  de  Coulongne ,  fut  rendu  par  laditte  Cour  de  Parlement 
audit  Prcvoft  de  Ptf m ,  Se  fut  envoyé  audit  gibet  le  Samedy  veille  de 
Quajimodo  14^9. 
Au  mois  d'Avril  14(79.  maiftre  Jehan  Balue ,  Cardinal  d* Angers ,  qui 

)y ,  &  du  Pape  par 
,  comme  de  Car- 
iquel  Cardinal  le  Roy  fe  fioit  moult  fort.  Se  faifoitplus  pour 
luy ,  que  pour  Prince  de  fon  lang  Se  lignage.  Et  icelluy  Cardinal, 
non  ayant  Diçu  en  mémoire ,  ne  rhonneur  &  prouffit  du  Roy ,  ne  du 
Royaume ,  devant  fes  yeux  mena  le  Roy  jufques  à  Pcronru ,  auquel  lieu 
il  le  fift  joindre  avec  icelluv  Duc  de  Bourgogne ,  &  leur  fift  faire  enfem- 
ble  une  telle  quelle  paix ,  laquelle  fut  jurée  &  promife  entre  les  mains 
dudit  Cardinal ,  &  puis  voulut,  confeilla  Se  ordonna  que  le  Roy  yroit 
&  accompagneroit  ledit  de  Bourgogne  jufques  en  la  cité  du  Lieme  ,  que 
paravant  s'eftoient  eflevez  Se  mis  (us  pour  le  Roy  contre  ledit  de  Bour- 
gogne f  Se  pour  luy  porter  dommage.  Et  au  moyen  d'icelle  allée  du  Roy 
devant  icelle  cité ,  lofdits  Liégeois  Se  icelle  cité  furent  ainfi  meurdris  Se 
deftruis ,  tuez  &  fugitifs ,  comme  dit  eft  devant  :  mais  qui  pis  eft ,  le 
Roy ,  Mgrs.  de  Bourbon  ,  de  Lyon  ,  Beaujeu ,  &  Evefque  dudit  Liège  , 
frères ,  Ee  toute  la  Seigneurie  eftant  devant  laditte  cité  ,  furent  en  moult 
grand  danger  d'eftre  morts  Se  tous  pris ,  qiui  euft  efté  fait  la  plus  grand 
cfclandre,  qui  oncques  feuft  au  Royaume  de  France  ^  depuis  ta  création 
d'icetluy  (94).  Et  après  que  le  Roy  s'en  fut  retourné  devers  Paris ,  pour 

s'eri 


(94)  Le  Roy  reconnue  detmis  qae  Balue 
le  trompoit ,  pourquoi  il  le  nt  anecer  &  ue 
^  fie  hipii  du  Châiçau  <k  Loches,  ou  il 


écolt  dt^tenu ,  qu'en  1480.  Voyez  les  Me^ 
'moires  de  Cêmines  ^  TomeL  Livre  YI« 
chap.  7.  note  x  €. 


DU    ROY    LOUYS    XI.  8i 

ffcn  retourner  à  Tours  8c  autres  lieux  environ ,  &  le  garda  d'entrer  en 
laditte  bonne  ville  Se  cite  de  Paris  ,  &  le  fift  pafler  à  deux  Hôucs  près 
d'icelle,  en  cuidanr  par  luy  à  cefte  caufe  mettre  laditte  bonne  ville  &  cité, 
enfeinble  les  fubjeâcs  d'icelle  ,  en  l'indignation  du  Roy.  Et  en  faifant 
ledit  voyage  audit  lieu  de  Tours  &  Angers ,  par  le  Roy  ,  il  fift  content  Mr. 
fon  frère  de  fon  appanage ,  &  luy  bailla  pour  icelluy  la  Duché  de  Guyen- 
ne &  autres  cho(es  ,  dont  il  fe  tint  à  bien  content  du  Roy  ,  &  voyant 
par  icelluy  Cardinal ,  la  paix  &  bonne  union  eftre  entre  le  Roy  &  Ion- 
dit  frerc  ,  cuida  derechef  faire  fon  effort  &  rebouter  trouble  &  malveil- 
lance entre  le  Roy  &  autres  Seigneurs  de  fon  Royaume  ,  comme  devant 
avoit  fait  :  car  il  envoya  &  mift  fus  meflage  efpecial  avec  lettres  &  inf- 
trumens  qu'il  envoyoit  audit  de  Bourgogne ,  en  luy  faifant  aflàvoir  que 
ledit  accord  ain(î  fait ,  eftoit  du  tout  i  fa  confunon.&  deftruâion ,  &c 
n'eftoit  fait  à  autre  fin,  que  pour  l'alcr  deftruire  incontinent  que  le  Roy 
&  fondit  frerc  feroient  aflcmblez*  Et  que  pour  fby  garder  contre  eux  , 
hiy  eftoit  befoin  &  neceffité  qu'il  fc  mift  en  armes  comme  devant  avoit 
fait ,  &  qu'il  aflcmUaft  plus  grand  armée  que  oncques  n'avoit  fait ,  & 
mouvoir  guerre  au  Roy  plus  que  jamais ,  &  autres  grandes  &c  merveil- 
kufes  diableries ,  qu'il  cfcrivoit  audit  de  Bourgogne  par  un  fien  fcr- 
viteur ,  qui  de  cefdittes  lettres  &  inftru6tions  qu'il  portoit ,  fut  trouve 
faifi ,  &  promptement  furent  portées  au  Roy ,  lequel ,  incontinent  ces 
chofes  par  luy  fceuës ,  fut  icelluy  Cardinal  pris  &  faifi ,  Se  mené  prifon- 
lîier  à  Montbafon ,  où  il  fut  laiflc  en  la  garde  de  Mr.  de  Torcy  Se  autres. 
Et  après  furent  pris  &  faifis  en  la  main  du  Roy  tous  fes  biens  &  fervi- 
teurs ,  Se  furent  iefdits  biens  pris  par  inventaire  ,  Se  luy  furent  baillez 
Commidaires  pour  l'interroger  fur  les  cas  Se  charges  à  luy  impofez ,  c'eft 
aflàvoir  Meffire  Tanntguy  du  Chajiely  Gouverneur  âtRouffiUony  Meflîrc 
Guillaume  Coujînot ,  mondit  Sgr.  de  Torcy ,  &  maiftre  Pierre  DoriolUy 
General  des  Finances,  tous  lefquels  befognerent  à  l'interroger  Se  exami- 
ner fur  Iefdits  cas  &  charges.  Et  en  après  le  Roy  donna  &  diftribua  des 
biens  dudit  Cardinal  à  fon  plaifir ,  c'eft  affavoir  fa  vaiflèlle  d'argent  fut 
vendue  &  l'argent  baillé  au  Treforier  des  guerres  ,  pour  les  affaires  du 
Roy ,  la  tapiflcrie  fut  baillée  audit  Gouverneur  de  Roujfillon ,  &  la  Li- 
brairie audit  maiftre  Pierre  DorioUe ,  &  un  beau  drap  d'oi:  tout  entier  , 
contenant  vingt-quatre  aunes  Se  un  quart ,  qui  valoit  bien  douze  cens 
cfcus,  &  certaine  quantité  de  martre  febelines ,  &  une  pièce  d'efcarlate 
de  Fleurance ,  furent  baillez  &  délivrez  à  Monfieur  de  Cruffol ,  &  fes 
robes  Se  unpeu  de  mcfna^e  fut  vendu  pour  payer  les  frais  des  Officiers 
&  Commiffâires,  qui  avoient  vacqué  à  raire  ledit  inventaire. 

Durant  ces  chofes  le  Roy  de  Secile  Se  la  Reyne  fa  femme ,  vinrent  par 
devers  le  Roy  à  Tours  Se  Amboifty  où  illec  furent  moult  honorablement 
receus  de  par  le  Roy.  Et  après  tout  ce  que  dit  eft ,  le  Roy ,  mondit  Sgr. 
de  Bourbon ,  &  autres  Seigneurs ,  s'en  tirèrent  devers  Niort ,  la  Rochel-- 
le  y  Se  autres  lieux  environ ,  où  ils  trouvèrent  Mr.  le  Duc  de  Guyenne  , 
frère  du  Roy  ,  Se  en  icelluy  voyage,  moyennant  la  grâce  de  Dieu  &  de 
la  benoifte  Vierge  Marie ,  le  Roy  &  mondit  Sgr.  de  Guyenne  ,  furent 
reiinis  Se  mis  en  bonne  paix  &  amour  l'un  avec  l'autre  ,  dont  moult 
^rand  joye  fut  incontinent  efpanduc  par  tout  le  Royaume.  Et  pour  cefte 
iome  IL  L  piix 


/ 


1469. 


^^  Si  les    chronique  s 

"^^^^  paix  fut  dit  &  chanté  en  fainâe  EglîTe  le  Te  Dtum  taudamus ,  £ût  les 
1 4^51.  feux  pat  routes  les  bonnes  villes  ,  tables  tondes  dceâees  >  &  de  tnoulc 
gians  foulas,  &  e(batemcn8>&  joy"  ptis.  Ei  puis  après  le  Roy  s'en  te* 
tourna  à,  uimtoife  pat  devers  la  Rcyne  y  qui  ,  comnie  bonne  ,  honncfte 
&c  très-noble  Dame ,  avoir  fort  travaillé  a  ttaidbi  ladicte  bonne  paix  âc 
union  ,  que  Notro-Scigneut  par  fa  fkinâe  ^ace  &  bonté,  veille  de  bien 
en  mieux  tousjours  bien  enttetenir.  Et  puis  fut  delibeté  pat  le  Roy  6c 
foQ  grand  Confeil ,  d'allet  conqucrii ,  prendre ,  &  avoii  la  Comté  ^^'^r- 
mignae ,  &  mettre  en  la  main  du  Roy  ,  Se  ptomis  de  iccUs  bailler  1 
Blondit  Sgr.  de  Guyenne,  Et  pour  ce  mettre  a  exécution  >  y  cnvoja  le 
Roy  grand  quantité  de  fon  artillerie  ,  de  fcs  gens  de  guerre ,  &  francs 
Archets.  Et  pour  Ledit  voyage  faire ,  &  pceparei  laditte  armée ,  le  Roy 
s'en  partit  dudit  lieu  d'AmhoiJi  pour  alcr  jiuques  à  Orltans  ,  où  il  fe- 
jouma  cinq  ou  fix  jours,  &c  puis  s'en  retourna  audit  lieu  d'jimboife.  Ec 
peu  de  temps  après  vint  &  arriva  à  Parti  Mi.  de  ChaJtiUon  grand  Maif- 
tre  Enquefteui  >  &  General  Reformateur  des  Eauës  &  Forefts ,  pour 
prendn  les  mooftres  des  bannières  des  Oficiers.,  gens, 

d'eftat  ville  de  Paris, 

Le  S;  :  i4''î>'  fut  leuc  Se  publiée  par  les  carrefours 

de  Par.  m  en  icellc  ville ,  l'alliance  Se  bonne  union 

faitte  e  .oy  d'Efpagm ,  laqudlc  Icâiire  &  publication 

fut  faii  U  Cornu ,  Ocre  de  la  Prevoftc  de  Paris ,  es 

prefenc  Itîminel  &  Civil  de  laditte  Prevofté ,  &  de  la 

plufpart  des  Examinateurs  ordinaires  &  extraordinaires  dudir  Chaftellet. 
Et  depuis  ce,  le  Roy,  Mr.  dcBourhoa,  &  aurtes  Seigneiirs.d' autour  de- 
luy  ,1e  tinrent  à  .^m^oiTê,  &  illec  environ,  &  jufques  auSamedy  xj. 
Décembre  1469.  que  Mt.  de  Guyenne  accompagné  dès  nobles  de  fa  Du- 
ché, en  moult  grand,  belle  &  noble  compagnie,  arriva  par  devers  le 
Roy  en  fon  chaAeau  des  Montils  lès  Tours  *  qui  de  (a  venue  euft  moule 
grand  |oye ,  Se  aufiî  eurent  ta  Reyne ,  Madame  de  Bourbon  y  &  autres 
Dames  &  Damoifelles  de  leur  compagnie ,  qui  incontinent  qu'ils  fceutenc 
kditte  venue  ,  fe  partirent  dadit  lieu  d'Amboife  ,  pour  aler  audit  lie» 
des  Montits ,  pout  aler  voit  Se  feftier  ledit  Mi.  de  Guytnnt.  Et  en  ces 
cntrefaittes  fut  tout  le  pays  d'Armignac  mis  &  rendu  es  mains  du  Roy  « 
&  fans  effufion  de  fang ,  &  tout  délivré  i  Mr.  l'Admital  &  Comte  de 
Dampmartin ,  comme  Gouverneur  de  kditte  armée  poar  le  Roy.  Et  de- 
meurèrent depuis  le  Roy,  Mr.  àc  Guyenne  y  la  Rcyne,  Madame  de 
Bourbon  ,  &  autres  de  laditte  compagnie,  audit  Chafteau  des  MonùlSy 
faifans  illec  de  moult  grans  chères ,  &  jufques  â  Noël.  Et  après  mondic 
Seigneur  de  Guyenne  s  en  partift  &  ptit  congé  du  Roy ,  de  toute  fa  com^ 
pagnie ,  &  s' ai  alz,  &  retourna  à  la  Rochelle ,  i  fainH  Jehan  d'Angeli  » 
&  autres  fcs  pays  vojfins  ,  pour  illec  tenir  Cc&  Éflais  ,  &  appointer  de 


devers  fe  Duc  de  Bretagne  ,  par  lefquels  fes  Amballàdeurs ,  il  envoyoic 
tpdit  Duc  de  .^r>i^e ,  fon  ordre  nouvellement tDife&  créée  fus  {,9s)  > 

hÛ  C'^tottl'Oidic  de  Saisi  MkhcL 


DUROYLOUYSXI.  83 

^n  que  îccllc  il  portaft ,  &  juraft  tout  atnfi  &  fdon  que  l'avoîcnt  friCt   

te  jurée  plufieurs  autres  Princes  &  Seigneurs  de  ce  Royaume.  Et  jacoit  1469, 
ce  que  le  Roy  luy  euft  fait  ceft  honneur ,  neantmoins  de  prime  face  il  la 
refufa,  &  ne  la  voulut  prendre  ne  accepter.  £t  di{bit-on  que  c'eftoit 
pource  que  auparavant  ledit  Duc  de  Brctame  a^oit  prifc  la  Toifon 
dXJr  (96) ,  en  loy  déclarant  amy ,  frère ,  &  alic  du  Duc  de  Bourgogne  , 
pourquoy  le  Roy  fe  tint  pour  mal-content ,  &  non  fans  caufe.  Et  bien- 
coft  après  le  Roy  ordonna  certaine  quantité  de  gens  d'armes  de  fon  or- 
donnance >  &  Tes  archers ,  avec  partie  de  fon  artillerie  y  pour  faire 
guerre  audit  Duc  de  Brctsmt  &  fcs  pays  ;  mais  avant  le  partement  def- 
ilittes  gens  de  guerre ,  d  aîer  audit  pays  de  Bretagne  y  fut  donné  delay 
audit  Duc  de  Bretagne  de  dix  jours  entiers ,  qui  faillirent  le  i  {.Février» 
pour  donner  au  Roy  fa  refçonce  de  tout  ce  qu'il  avoit  intention  de  fai« 
re  9  &  comment  il  le  vouloit  avec  luy  gouverner. 

Le  Mercredy  ij.  Février,  furent  leucs  &  publiées  es  carrefours  de 
Paris  ,  le  mandement  patent  du  Roy  ,  fîgné  Guillaume  de  Ccrifay ,  par 
lequel  le  Roy  mandoit  au  Prevoft  de  Paris  ,  qu'il  eftoit  deiiement  acer- 
tainé ,  cpc  le  Roy  Edouard  d^ Angleterre ,  &  les  Princes ,  Seigneurs ,  Se 
populaire  dudit  Royaume,  quepour  long-tempsavoient eftéen  grand  guer- 
re &  divifion  entre  eux  >  avoient  fait  leur  paix  &  pacification  entre  eux. 
Et  que  tous  iceux ,  eftans  adèmblez  en  confeil ,  avoient  conclu ,  promis» 
&  juré  de  venir  defcendre  en  pluHeurs  &  divers  lieux  de  ce  Royaume , 
en  intention  de  y  prendre ,  fainf,  &  gafter  villes ,  places ,  pays ,  &  for- 
cereflês ,  de  deftnure  ledit  Royaume  âc  les  habitans  d'icelluy ,  tout  ain(î 
que  autrefois  il  avoit  fait.  Pour  lefqudles  caufes ,  Se  vouLint  par  le 
Roy  de  tout  fon  pouvoir  &  puiflance  obvier  aux  damnées  &  faufles  en- 
treprifes  defdits  jinglois ,  ordonna  fon  ban  &  arriere-ban  eflre  fait ,  de 
que  par  ledit  Prevoft  de  Paris ,  toutes  excufations  celïànt ,  il  contrai- 

fnift  vigoureufement  &  fans  déport  aucun ,  tous  les  nobles  &  non  no- 
ies ,  tenans  en  fief  &  arriere-fief ,  previlegiez  &  non  previlegiez  ♦  à 
cftre  tous  en  armes  &  habillement  fuffi(ant ,  &  en  perfonne,  fans  y  pren- 
<lre  ne  recevoir  aucun  au  lieu  d'eux ,  dedans  le  premier  jour  de  Mars  en- 
fuivant ,  &  fur  peine  de  confifcation  de  corps  &  de  biens ,  en  deffen* 
dant  de  par  le  Roy ,  par  lefdittes  lettres ,  audit  Prevoft  &  tous  autres, 
de  b^er  ne  recevoir  aucune  excufation  ou  cenification  %  pour  iceux 
tenans  en  fief  ou  arriere-fief,  fur  peine  de  perdition  de  leurs  offices, 
&  de  la  confifcation  de  corps  &  de  biens ,  Se  nonobilant  oppofitions  ' 
ou  appellations ,  &  auffi  en  déclarant  les  defFaillans  ou  reffufans ,  eftre 
ennemis  du  Roy ,  &  avoir  confifqué  envers  luy  corps  &  biens ,  fans 
jamais  le  .  leur  remettre  ou  patdonner.  Et  ce  jour  Mercredy ,  vint 
nouvelles  à  Paris ,  que  Monueur  de  Bourgogne  avoit  efté  veu  en  la 
ville  de  Gond  ^  portant  à  Tune  de  fes  jambes  la  jarretière  (97),  & 
fur  luy  la  croix  rouge ,  qui  eftoit  ordre  &  enfeigne  dudit  Roy  Edouard 
éTAngkurre  ^  &  à  cefte  caufe  fe  demonftroit  &  declaroit  ennemy  capital 

du 

{96)  Le  Doc  de  Bretagne  étoit  allié  du  1  (pS)  ïl  avoît  été  nommé  Chevalier  de 
Bocde  Boorgogne,  mais  il  n*avoit  pas  |  cet  Ordre  de  lajarctierrejei^  May  14^5, 
uçn  rOrdre  Se  Iz  Toifon  d'Or.  I  Veytx,  les  Preuves ,  numéro  CXXXvUL 

L  X  (9i) 


J^47  0. 


94  LES    CHRONIQITES 

du  Roy  &c  du  Royaume  >  Se  comme  Jnglois  tenu  &  réputé  (^i). 
^4^?'  En  après  ledit  Sgr.  de  Bourgogne  envoya  à  Tours  fes  Ambafladeurs» 
par  devers  le  Roy ,  lefquels  depuis  y  demeurèrent  par  certain  temps  r 
illec  attendans  leur  expédition  :  durant  ces  chofcs  ,  le  Vicomte  &  Sgr^ 
de  yillars  (59)  en  Poiclou ,  ala  de  vie  a  trefpaflement ,  lequel  en  fon 
vivant  avoit  donnée  &  laiflec  fa  fucccflîon  au  Roy  ,  pour  en  jouyr  par 
luy  incontinent  après  fon  trefpas.  Et  pour  icelie  lucceflîon  avoir  &  re- 
cueillir ,  le  Roy  s'en  partit  pour  aler  audit  pays  de  Poiclou  ,  pour  pren- 
dre ,  faifir  &  avoir  laditte  fucceffion  d'iccUuy  Sgr.  de  Villars  ,  à  quoy» 
faire  le  Roy  y  demeura  tout  le  mois  d'Avtil.  Audit  mois  un  nommé 
maiftre  Pierre  Durand ,  qui  dftoit  neveu  dudit  Cardinal  d^ Angers  ,  Ic- 
q  uel  par  long-temps  avoit  efté  détenu  prifonnicr  au  Chaftcau  de  Maillvy 
efchappa  des  prifons  dudit  lieu  &  s'en  vint  jufques  à  Paris ,  où  il  hic 
cognçu  par  un  Apoticaire  nommé  Chambctin ,  &  fut  derechef  pris  &  faifî  >. 
de  mené  prifonnier  es  prifons  de  la  Conciergerie  du  Palais  Royal  à  Pa^ 
ris  y  où  il  fut  détenu  jufques  au  z6.  Avril  1470.  après  Pafques,  au'iL 
fut  tiré  &  mis  hors  deldittes  prifons  de  la  Conciergerie  ,  &  baille  &. 
délivré  es  mains  des  fergens  &  ferviteurs  du  Prevoft  des  Marefchaux  9 
pour  mener  où  ordonné  leur  feroir. 

Au  mois  de  May  1470.  le  Comte  de  warvich  &  le  Duc  de  C/arance  ,- 
avec  leurs  femmes ,  qui  dechadèz  avoient  efté  par  le  Roy  Edouard d'^An-^ 
gleurre  ,  au  moyen  de  certains  grans  débats  &  queftions  qui  s'eftoienr 
meus  entre  eux  ,  fe  mirent  eux,  leurs  ferviteurs ,  &  autres  gens  qu'ils» 
avoient  pu  recueillir  en  plufieurs  manières,  fur  mer,  jufques  au  nombre 
de  quatre-vingts  navires  ,  &  s'en  vinrent  prendre  terre  en  Normandie  , 
jufques  à  Honrufiiur  &c  HarejUur.  Et  illec  ils  trouvèrent  Mr.  l'Admirai 

âuiles  recueillit,  &  bouta  lefdits  de  xrarvicky  de  C/arence ,  le  Comte* 
e  jrajonfort ,  Dames  &  Damoifclles  ,  avec  un  peu  de  leur  privée  mef- 
gnée.  Et  au  regard  des  navires  ils  fc  retrahirent  depuis  ,  &  ceux  eftans' 
dedans  ,  es  hables  de  Honnefleur  &  Harejlcur  ^  &  en  après  auflî  fe  deflo- 
gèrent  les  Dames  &  Damoifclles ,  &  leur  train  ,  &  s'en  alerent  i  Valons- 
gnes  y  où  leur  logis  leur  fut  ordonné.  Etbientoft  après  ces  chofes  le 
Duc  de  Bourgogne  ftçachant  ce  que  dit  eft ,  efcrivit  lettres  miflîves  à  la 
Cour  de  Parlement ,  par  lefauelles  il  leur  mandoit  qu'il  avoit  fceu,  que 
le  Roy  avoit  recueilly  ledit  ût  Warvick  en  aucunes  villes  de  fon  Royau- 
me, es  marches  de  Normandie  ,  qui  eftoir  aler  contre  l'appointemenr 
•  fait  à  Peronne  entre  le  Poy  &  luy  :  en  priant  &  exhortant  aufdits  de 
Parlement  qu'ils  voulfiflentdemonftrer  ces  chofes  au  Roy,  afin  qu'il» 
ne  favorifaft  ledit  de  Wanich  8c  ceux  defadirte  compagnie ,  qu'il  difoir 
cftre  fon  ennemy  capital  &  dudit  Royaume  ,  ou  autremcnr  il  le  iroic 
quérir  quelque  part  qu'il  le  peuft  fçavoir  en  France ,  pour  en  faire  à  foir 

bon' 


(98) (j^  1 4(>9.  Supplément.  Louis 
XL  envoyé  unearmée  fous  h  con  d  u  i- 
teduDucdeNemours&  du  Comte 
d'Armagnac;  Le  Roi  d'Arragon  y 
perdit  deux  batailles  contre  les 
Erançois  s  dans  la  première  corn* 


mandoit  le  Prince  Ferdinand  fon: 
fils;  &  dans  la  féconde,  il  fut  dé- 
fait en  perfonne.  Geritai,  Hijioirc 
d^Efpeïgne.' 

(  99  )  On  croit  que «*cft  le  Seigneur: dé: 
.Thouazs, 


DUROYLOUYSXr.  ^^ 

fcon  plaifir  ,  &c  nonobftant  ce  ledit  de  JTarvich  fejouraa  &  demeura 
depuis  certain  temps,  c'eft  aflàvoir  durant  ledit  mois  de  Juin  au-  1470^ 
dit  Honntjlcur.  Et  durant  ce  temps  plufieurs  gens  de  guerre  de  1  or- 
donnance du  Roy  deflogerent  de  leurs  garnifons,  &  s'en  vinrent  gafter 
tout  le  plat  pays ,  loger  &  mettre  en  plufieurs  villes  &  places  fur  les 
marches  de  Normandie  &  'Picardie.  Audit  mois  de  Juin  avint  que  deux 
Hommes  de  guerre  de  laditte  ordonnance ,  fous  la  charge  de  Mr.  le  Con-  / 

neftable ,  tuèrent  &  meurdrirent  deux  jeunes  Clercs  du  Treforier  des 
guerres  en  plaine  Bcaulfi ,  pour  avoir  largent  qu'ils  portoient  pour  le 
payement  des  gens-d'armes..  Et  peu  de  temps  après  furent  pris  &  faifis 
à  Honnefieur  ^  &*d'illec  menez  par  devers  mondit  Sgr.  le  Conneftablc 
en  la  ville  de  Meaux ,  où  il  y  a  deux  arbres.  Se  fur  deux  divers  che- 
mins ,  furent  pendus  &  eftranglez;  En  ces  entrefaittes  le  Roy  fe  tint 
&  fcjourna  à  Tours ,  à  j4mboife  ,  Vtndofmt ,  &  autres  lieux  près  d'illec» 
par  devers  lequel  lefdits  An^lois  alerent.  Et  auffi  y  fut  &  ala  la  Reync 
d*j4ngUurrc  ,  &  le  Prince  de  Galles  ,  fon  fils  :  &  illec  tous  arrivez ,  fuc^ 
pourparlé  entre  eux  de  la  manière  pourquoy  ils  cftoient  illec  tous  venus 
&  arrivez  ,  &  depuis  s'en  retournèrent  leldits  Anglois  à  Honnejieur  , 
^  Valongnes  y  faint  Lo  ,  Sc  autres  lieux  en  Normandie.  Durant  ce  que 
dit  eft ,  le  Duc  de  Bourgogne  fift  prendre  &  mettre  en  fa  main  toute  la 
marchandife  qu'il  avoir  en  ks  pays  ,  appartenant  aux  marchans  de  Frau'- 
et  y  jufques  à  ce  que  les  marchans  de  fes  pays  euflcnr  eu  reftitution  d'au- 
cuns biens  pris  fur  mer  par  lefdits  Anglois.  • 

Le  Samedy  dernier  de  Juin  1470.  environ  entre  deux  ,  &  trois  heures 
de  matin  ,  la  Reyne  accoucha  au  Chafteau  d'Amboife  de  un  beau  fils ,  * 

qui  illec  fut  baprifé  &  nommé  Charles  par  M.  l'Archevefque  Aq  Lyon 
avec  le  Prince  de  Galles  ,  fifede  Henry  jadis  Roy  d^ Angleterre  ,  &  pri^ 
fonnier  détenu  par  Edoilard ,  qui  fe  difoit  Roy  ducfit  païs ,  &  la 
commère  fut  Madame  Jehanne  àc  France ,  Ducheflc  de  Bourbon.  Et  de 
laditte  nativité  fut  grand  joye  faitte  ôc  cfpanduë  par  tout  le  Royau- 
me dt  France 9  &  en  fut  chanté  en  divers  lieux  Te  Deum  laudumus  y 
£c  autres  belles  loiianges  à  Dieu  ,  les  feux  faits  parmy  les  rues  ,  tables 
rondes ,  &  autres  grans  joycs  &  elbatemens.  Et  tantoft  après  laditte 
nativité  le  Roy  de  Cecille  ,  Mr.  de  Guyenne  ,  Mr..  de  Bourbon,  de 
Lyon  y  Beau/eu  ,  &  autres,  s'en  alerent  à  Angers ,  à  Saumur ,  le  Pont 
de  de ,  &  autres  lieux  illec  environ  ,  pour  trouver  pacification  ic  ac- 
cord avec  le  Duc  At.  Bretagru  ,  fur  aucune  queftion  qui  eftoit  entre  le 
Roy  &  le  Duc  deflufdit ,  &  Hlec  demeurèrent  par  certain  temps  ,  &? 

I'ufques  à  tant  que  appoindemcnt  fe  trouva  &  fut  fait  entre  eux  ,  &  puis 
e  Roy  s'en  retourna  par  devers  la  Reyne  i  Amboife.  Après-  ledit  ac- 
cord ainfi  fait,  furent  envoyez  Ambafladeurs  dudit  Duc  de  Bretagne  par 
devers  ledit  de  Bourgogne^  &  lui  furent  rendus  le  fed  &  alliance  qui 
eftoit  entre  eux ,  dequoy  ledit  de  Bourgogne  fe  courrouça  fort,  quant  il  ap-=^ 

Êerceut  l'accord  du  Roy  &  dudit  Duc  àt  Bretagne.  Durant  ce  que  dit  eft,- 
î  Comte  de  JFarwick  ,  dont  devant  eft  parlé ,  qui  eftoit  au  païs  de  A^or— 
mandie ,  cuidantfoy  en  retourner  en  fon  païs  d'Angleterre,  fut  ordonné  • 
&  eftabli  fur  mer  de  par  ledit  de  Bourgos^ne  phifiears  beaux  &  grans  na- 
vires de  guerre ,  comme  hurques,  gallées,  &  autres  navires ,  en  grattd 

L  3         quantité,. 


1470. 


U  LES    CHRONIQUES 

quantité  >  tous  fort  avitaillez  &  garnis  d'artillerie  &  gens  de  guerre  » 
d' Anglais  ,  Bourguignons  ,  Picm-s  ,  &  autres ,  &c  finderent  en  mer 
tellement,  qu'ils  s'en  vinrent  arriver  &  entrer  fur  la  colle  de  Norman^- 
die  y  environ  la  fofle  de  Loire ,  cuidant  trouver  &  rencontrer  ledit  de 
TFarwich  Se  fa  compagnie  pour  les  defconfire ,  &  illcc  demeurèrent 
à  l'ancre  par  certain  long-temps  ,  pendant  lequel  le  Roy,  qui  eftoit  i 
Amboift  9  s'en  partit  8c  ala  au  Monc  St.  Michel  en  pèlerinage.  Et  après 
icelluy  fait  &  accomply  s'en  revint  &c  retourna  à  Avranches ,  Tombe-- 
laine  9  Couftances  9  Caên.,  Honnefieur ,  &  autres  places  de  Norman^ 
die  ,  &  illec  fur  la  cofte  de  la  mer  fift  auflî  arriver  &  avitailler  fa  nef, 
la  nef  de  Mn  TAdmiral ,  la  nef  de  Colon  ,  &  autres  plufieurs  beaux 
navires ,  dedans  lefquels  fe  mirent  &  boutèrent  lefdks  de  Clarence  , 
de  Warwichy  &c  ceux  de  leur  compagnie,  avec  aucuns  francs  archers 
&  autres  gens  de  guerre  que  le  Roy  leur  avoir  baillez ,  pour  leur  feu- 
retc  &  conduite.  Et  incontinent  qu'ils  furent  ainfi  montez  que  dit  eft, 
près  de  partir  &  fingler  en  mer ,  lefdits  Bourguignons  ,  Anglois  ,  Pin 
cars  y  Se  zviVits  9  voyant  qu'ils  avoient  longuement  efté  à  l'ancre  fans 
avoir  rien  fait,  &  mange  tous  leurs  vivres,  retirèrent  Icurfdides  an- 
cres &  s'en  retournèrent  à  leur  Duc  fur  trayne  boyau ,  &  fans  avoir 
rien  fait ,  dequoy  il  euft  bien  toft  ris  fon  faoul,  pource  qu'ils  avoient 
perdu  grand  temps  ,  &  fi  avoit  beaucoup  frayé  &c  defpendu  à  ravi- 
taillement defdittes  navires  ,  &c  au  fouldoy  defdittes  gens  de  guerre* 
Et  ce  fait  ledit  de  Warwich  >  accompagné  comme  deflîis ,  entrèrent  ea 
mer  Se  eurent  vent  propre  &  à  gre ,  tellement  que  en  peu  de  temps 
ils  vinrent  arriver  audit  Royaume  d* Angleterre  ,  &  defcendirent  &  ar- 
rivèrent iceux  navires  à  Pleume  Se  Derumué  (  i  )  â  heure  de  nuit.  Et 
tout  incontinent  qu'il  eut  mis  le  pié  à  terre,  il  envoya  dix  mille  de- 
dans ledit  pays  d^ Angleterre  par  aucuns  de  ks  gens ,  prendre  &  faifir 
un  Baron  d'Angleterre  ,  qui  eftoit  en  fon  lia  couché ,  Se  qui  ne  pen- 
foit  pointa  laditce  defcenduc.  Se  l'amenèrent  au  marin  par  devers  le- 
dit ae  JFarwich  ,  auquel  Baron  ,  incontinent  lui  arrivé  ,  fut  mife  la 
tefte  hors  des  efpaules  ,  Se  après  s'en  ala  hors  dudit  lieu  Dertemui , 
à  Brijlo  5  où  il  fut  bien  recueilly  ,  Se  illec  avoit  laifle  fon  artillerie 
Se  de  (^s  bagues ,  quant  il  s'en  ala  en  Normandie.  Et  après  qu'il  eut 
recouvré  les  chofes  &  avant  qu'il  fuft  trois  jours  ,  il  vint  Se  arriva  par 
devers  luy  plus  de  foixante  mille  hommes  en  armes ,  pour  le  (ervir  > 
vivre  Se  mourir  pour  luy ,  il  fe  mift  dedus  les  champs ,  tousjours  cher- 
chant â  trouver  ledit  Edouard ,  Se  fut  plus  de  quinze  jours  après  fa- 
ditte  defcenduc  avant  que  en  France  on  peuft  avoir  aucunes  de  fe^ 
nouvelles.  Après  les  chofes  deflufdittes  le  Sgr.  d'Argueily  fils  du  Prin- 
çc  (1)  d^Orangje^  qui  eftoit  domeftique  Se  le  plus  prochain  dudit 
Bourguignon  ,  oui  eftoit  marié  à  la  fœur  de  Mr.  de  Bourbon  y  s'en 
partit  &  embla  a'autour  dudit  de  Bourgogne  ,  &  s'en  vint  Se  xctrahit 

{)ar  devers  le  Roy ,  qui  bien  le  recueillit.  Et  quant  ledit  Duc  fceuft 
edit  partement ,  il  cuida  enrager  &  crever  de  dueil.  En  La  prefence 

de 

<0  Ccft  Plimouth  &  Darmonth. 

(t)  Jean  de  Cbalon ,  fils  de  Goillaorne ,  Prince  d'Orange* 


DU     ROY     LOUYS     XI.  «7 

de  ladicte  Ambaflade  de  Bretagne  y  ledit  Duc  àcBota-gogne  déclara  ledit 
Sgr.  d'Argucil  avoir  cônfifqué  envers  lui  cprps  &  biens  y  &c  puis  fift 
arracher  &  abatre  toutes  les  places  &c  Chafteaux  qu'il  avoit  en  ie^  païs» 

En  apurés  le  14-  Oûobrc  1 470.  le  Roy  envoya  fes  Lettres  Patentes  à  Pa^ 
ris ,  qui  furent  leucs  &  publiées  par  les  carrefours  d'iceUe,  prefen» 
les  Lieutenans  Civil  &  Criminel  de  la  Prevofté  de  Paris  y  6c  pfufieors^ 
des  Examinateurs  d'icelluy  CkaAeliet.  Et  par  kfdittes  Lettres  eftoic 
contenu  l'alliance  fàitte  du  Roy  >  &  du  Roy  Henry  £Angltterre ,  en 
mandant  par  lefdittes  Lettres  tous  Anglais  laiflèr  venir  &  defcendre 
en  ce  Royaume ,  pour  leurs  a&ires  &  marchandifes ,  fans  fàufs  con- 
duits ne  autre  feureté  comme  les  fubjets  de  France  ,  fauf  en  ce  non 
compris  Edoiiard  de  la  Marche  y  n'aeueres  Roy  dudit  Royaume  d^An^ 
gleterre  y  fes  aliez  &  complices.  Et  a  ce  jour  &  depuis  vinrent  certain 
nés  nouvelles  en  France ,  que  lefdics  de  Clarence  y  warwichy  qui  ainfi 
eftoient  fur  les  champs  &  en  armes  audit  Royaume  d'Angleterre  y  cui- 
dans  trouver  ledit  Edouard ,  profpererent  iUec  tellement ,  que  tous 
les  Princes,  Seigneurs,  Nobles,  Prélats,  Bourgeois,  &: commune  du- 
dit païs  d'Angleterre  y  &  (ingulierement  tout  le  populaire  de  Londres  , 
vinrent  au-devant  dudit  irarwicky  &  tournèrent  le  dos  audit  Edoiiard  y 
&  vinrent  mettre  à  pleine  délivrance  ledit  Henry  y  qui  par  long-temps^ 
avoit  efté  détenu  en  captivité  de  prifon  par  ledit  Edouard ,  Se  lui 
baillèrent  derechef  fa  poflèffîon  &  joiiiflànce  dudit  Ro}raume  ,  &  fut 
fait  ledit  de  Warwich  gouvernant  dudit  Royaume,  &  puis  s'en  vinrent 
en  la  cité  de  Londres  faifans  grans  chères,  &  illec  &  aufli  audit  Royau- 
me furent  mis  à  pleine  délivrance  tous  François  ,  qui  illec  eftoient 
priibnniers,  &  renvoyez  en  /"m/tce  quittement.  Et  fi  âft  ledit  de  war^ 
wich  prendre  &  faiHr  tous  les  biens  aux  fubjeârs  dudit  de  Bourgogne, 
Se  mettre  en  arreft  Se  en  fes  mains.  Et  puis  ledit  Edoiiard  vovant 
qu'il  eftoit  feul  demeuré  &  du  tout  abandonné ,  s'enfuit  &  vuida  hors: 
ledit  Royaume  ,  &  s'en  vint  à  recours  audit  Duc  de  Bourgogne ,  (on 
beau  -  frère ,  &  audit  Royaume  d'Angàterre  demeura  fa  femme  Se 
mefnage. 

Et  après  le  Roy,  qui  par  long  efpace  de  temps  n'eftoit  bougé  de 
Tours  Se  Amboifi ,  meu  de  bonne  dévotion ,  s'en  partit  &  ala  a  No- 
fhe-Dame  de  Celles  en  PoiSou ,  où  il  fejourna  un  peu ,  Se  puis  re^ 
tourna  audit  lieu  d^Amboife.  Audit  mois  de  Novembre  le  Roy  en- 
voya  à  Paris  (fs%  Lettres  Patentes  ,  par  lefqnelles  il  mandoit  aux  No^ 
Wes ,  Clercs  Se  lais  de  la  ville  de  P^is ,  qu'ils  fiffènt  proceflions  Se 
louanges  à  Dieu  &  à  la  Vierge  Marie ,  Se  toutes  œuvres  ceffans  pen- 
dant Vefpace  de  trois  jours  *  en  loiiant  &  merciant  Dieu  noftre  Créa- 
teur ,  la  benoifte  Vierçe  Marie  ,  Se  tous  les  Sainâs  Se  Saindes  de  Pa- 
sadis ,  de  la  bonne  viâoire  que  avoit  eue  Henry  de  Lantaflre  ,  Roy 
J^ Angleterre ,  de  (ondît  Royaume  ,  alcncontre  de  Edoiiard  de  la  Mar-^ 
che  ,  qui  longuement  fur  lui  Tavoit  ufurpé ,  i,  la  faveur  dudit  Duc  de 
Bourgogne.  Et  auffi  de  la  bonne  paix  Se  union  que  faitte  eftoit  en- 
tre le  Roy  &  ledit  Roy  Henry  d  Angleterre ,  laquelle  proceflîon  fut 
£iitte  &  accomplie  ainfl  que  le  Roy  l'eut  mandé ,  Se  tout  aitifi  en  fut 
fai&par  toutes  les  bonnes  villes  de  ce  Royaume.  En  après  le  Roy  efcri- 

vir 


14^5^. 


n  LES    CHRONIQUES 

vit  autres  Lettres ,  par  Icfquclles  il  mandoit  à  Paris  ,  qu'il  y  envoyoît 
Ï47P'  la  Reyne  d'Angleterre  y  femme  dudit  Roy  Henry  ,  avec  fon  fils  le 
Prince  dé  Galles  ôc  fa  femme ,  fille  dudit  Comte  de  ^arwich ,  avec 
la  femme  dudit  de  JTarwich ,  mère  de  la  femme  dudit  Prince  de  Gai" 
Us,  la  Dame  Wilecherey  £c^Autres  Dames  &  Damoifelles  de  la  corn* 
pagnie  d'icelle  Reync  £  Angleterre^  Laquelle  Reyne  d'Angtaerre  y 
vint  &  arriva  audit  lieu  de  Paris  ,  accompagnée,  comme  dit  eft ,  & 
eftoient  à  l'accompagner  de  par  le  Roy,  les  Comtes  d'Eu  ,  de  Ven^ 
dofme  ,  &  de  Danois ,  de  Mr.  de  Chajlillon  ,  &  autres  plufieurs  no- 
bles hommes.  Et  furent  &  iffircnt  hors  de  laditte  ville  de  Paris  pour 
aler  &  eftre  au  devant  de  laditte  Reync ,  &  du  commandement  exprez 
du  Roy ,  le  Prélat  &  Evefque  de  laditte  ville  ,  TUniverfitc ,  la  Cour 
de  Parlement ,  le  Prevoft  de  Parts  Se  Supports  de  Chaftellct ,  le  Pre- 
Yoft  des  Marchands  &c  Efchevins ,  marcoans  ,  bourgeois ,  manans  & 
officiers  d'icclle  ville ,  tous  moult  honorablement  &  en  habits  hon- 
neftes ,  &  en  moult  grand  &  merveilleux  nombre.  Et  entra  en  icellc 
ville  par  la  porte  faind  Jacques  ,  &  par  toutes  les  rues  par  où  elle 
padà  avoit  de  moult  belles  tapideries  &  tentes  au  lon^  defdittes  rues , 
depuis  ladite  porte  par  où  elle  pallà  jufques  au  Palais  ,  où  fon  logis . 
lui  fut  moult  honorablement  apprefté  En  ce  temps  fut  amené  à  Paris 
toute  la  belle  artillerie  de  Tours  que  le  Roy  y  avoit ,  laquelle  fut  mife 
&  defcenduc  au  Chafteau  du  Louvre.  Audit  temps  le  Roy  efcrivit  aux 
Prevott  &  Efchevins  de  laditte  ville  de  Paris  ,  que  fon  plaifir  ,  volon-^ 
té  &  intention  eftoit  de  faire  &  tenir  la  fefte  de  fon  Ordre  en  laditte 
ville  de  Paris.  Et  çiue  pour  cette  caufe  &  pour  eftre  à  icelle  fefte  y  ame- 
iieroit  tous  les  Seigneurs  de  fon  fàng,  qui  y  viendroient  &  feroient  i 
^rand  compagnie  de  gens ,  &  que  pour  cefte  caufe  les  manans  &  ha- 
►itans  de  laditte  ville  fuflcnt  contens  qu'ils  y  feuflènt  logez  &  hebcr- 
[ez  par  fourriers  ,  ce  qui  leur  fut  accordé.  En  ce  temps  auffî,  qui  eftoit 
^  mois  de  Décembre  ,  meffire  Artus  de  Lon^ueval ,  Chevalier ,  & 
autres  Gentilshommes  entrèrent  pour  le  Roy  en  la  ville  dcfainct  Quen* 
tin  en  f^ermandois  ,  du  bon  vouloir  des  habitans  dudit  lieu.  Et  pui$ 
le  lo.  dudit  mois  Me  le  Conneftable  vint  &  entra  pour  le  Roy  en  la^ 
ditte  ville ,  à  tout  deux  cens  lances  &  les  archers.  Et  d*icelle  entrée 
le  14.  dudit  mois  enfuivant ,  maiftre  Jehan  de  Ladriefche ,  Treforier  de 
France  y  maiftre  Robert  F<f)^er ,  maiftre  Pierre  de  Boyeuval^  ,&  autres 
Officiers  de  mondit  Sgr.  Te  Conneftable ,  firent  faire  un  cry  public  à 
fon  de  trompe  à  la  Table  de  marbre  au  Palais  Royal  à  Paris.  En  fai- 
Cant  fçavoir  la  prife  &c  entrée  ainfi  faine  zMà\t fainS  Quentin  par  mon- 
dit Seigneur  le  Conneftable  ,  &  que  de  ce  on  merciaft  Dieu  en  luy 
priant  de  donner  bonne  profperité  au  Roy  &  audit  Conneftable  ,  fti- 
pulant  -pour  luy  au  recouvrement  de  fes  autres  villes  &  pays  engagez, 
qu'il  avoit  intention  de  recoavrer  &  mettre  hors  des  Biams  de  Charr 
les  9  -fov  difant  Duc  en  Bourgogne  ,j&  ainfi  le.contenoit  ledit  cry^.  Au 
mois  ae  Janvier  enfuivant  le  Roy  ,  qui  «'eftoit  party  d'Amboife  pour 
venir  à  Clery  &  Orléans  ,  s'en  partit  pour  venir  au  pays  de  Beauffe  ,  €c 
vint  couther  au  Puyfet ,  &  le  lendemain  s'en  ala  au  gifte  à  Palaifiau , 
"piH  ^e  Montlefury^  &  Je  lendemain  vint  difocr  à  Seaubc  U  grand  > 


t 


DUROYLOUYSXr.  89* 

tft  un  hoftcl  çiui  appartient  i  maiftrc  Jehan  Baillet,  Maiftrc  des  Re- 
qtreftes  ordinaire  de  i'hoftel  du  Roy ,  &c  dlllec  s'en  vint  au  gifte  à  la  ^^ 
ville  de  Paris ,  en  fon  hoftel  des  Tournclles.  Et  avec  aufli  y  vinrent  la 
Revne  y  Madame  de  Bourbon ,  &  autres  plufieurs  Dames  &  Damoi- 
fclles  en  leur  compagnie ,  &c  demeura  le  Roy  à  fa  bonne  ville  de  Par 
ris  jufques  au  Samem  x6.  dudit  mois  ,  qu'il  s'en  partit  pour  s'en  aler 
k  Sentis  9  à  Compiegru  Se  autres  lieux  voiiins ,  où  eftoit  la  plufpan  de 
€oute  Ton  armée  ,  pour  batailler  contre  ledit  Duc  de  Bourgogne- 

Après  luy  fut  menée  par  eauc  Se  par  terre  grand  quantité  de  fon 
artillerie»  Se  menée  à  Compicgnc^  Noyon  Se  ailleurs  au  païs  de  Picar^ 
dit  Se  Flandres.  Et  puis  fut  crié  à  Paris  y  par  les  carrefours  de  laditte 
ville ,  à  fonde  trompe  ,  que  tous  les  francs  archers  de  l'Ifle  de  Fran^ 
Uy  Se  aufli  tous  les  Nobles  fuflènt  tous  prefts  &  en  leurs  habillemens, 
pour  fièvre  &  aler  avec  le  Roy  en  laditte  armée.  Et  durant  ce  temps 
nit  fait  i  Paris  moult  grand  quantité  de  poudre  à  canon  &  ferpenti- 
nés  y  pour  fournir  à  laditte  guerre.  En  ce  temps  avoient  cfté  envoyez 
de  par  le  Roy ,  (ire  Chriftofle  Paillon  y  Seigneur  des  Comptes ,  &  (ire 
Jacques  HeffeUn  y  Controlleur  du  Grenier  à  fel  i  Paris  y  en  la  ville 
£Auxerre  y  pour  fonuner  les  habitans  d'icelle  de  eux  &  laditte  ville 
tendre  au  Roy,  &  de  prendre  illec  garni(bn  pour  luy  ,  &  par  lefdits 
Commiflâires  leur  furent  faittes  de  moult  belles  remonftrances.  Lef- 
quels  habitans  demandèrent  aufdits  Ambafladeurs  terme  jufques  au 
Jeudy  enfuivant ,  pour  advoir  advis  entre  eux ,  &  de  ce  leur  rendre 
ixfponce.  Pour  laquelle  refponce  attendre  y  s'en  alerent  lefdits  Ambaf 
fideurs  à  Joignv  y  diftant  d'illec  de  fix  lieues  y  Se  y  fejournerent  juf- 
ques audit  Jeudy ,  que  iceux  habitans  leur  envoyèrent  refponfe  par  un 
homme  de  laditte  ville  y  que  Ton  difoit  eftre  Savetier  :  lequel  leur  die 
&  rendit  refponce ,  que  lifdits  habitans  àiAuxerre  mandoient  aufdits 
Commiflâires ,  qu'ils  avoient  mis  &  bouté  avec  eux  dedans  laditte  ville 
grand  garnifon  de  gens  de  guerre  pour  ledit  Duc  »  &  que  an  regard 
d'eux ,  ils  eftoient  fermes  &  délibérez  de  vivre  Se  mourir  pour  ledit 
Duc ,  &  garder  laditte  ville  pour  luy.  Et  le  jour  que  laditte  garnifon  y 
fut  boutée ,  y  fut  tué  &  meurdry  un  des  bourgeou  d'icelle  ville ,  nom- 
mé GuilUmin  Gotuiery  qui  fut  donmiage  :  car  il  mourut  pour  la  querelle 
du  Roy  fouftenir.  Et  après  le  partement  du  Roy  de  fa  ville  de  Paris  > 

Ïour  aler  à  Compitgne  &  Sentis  y  fe  reduifirent  pour  le  Roy  les  villes 
Amiens  y  de  Roye  Se  Monutidiery  Se  puis  le  Mardy  4.  Février ,  furent 
faittes  à  Paris  proceflions  générales  moult  honnorables.  Et  y  fut  la  Rey- 
ne ,  Madame  de  Bourbon ,  Se  toute  leur  noble  compagnie ,  Se  alerent  à 
la  grand  Eglife  de  Noftre-Dame ,  &  de-là  à  Noftre-Dame  de  Recouvran* 
ce  aux  Carmes.  Et  U  fut  prié  pour  le  Roy ,  la  Reyne  &  leur  bonne  prof- 
perité.  Et  fut  dit  Se  déclaré  conunent  leldittes  villes  eftoient  rendues  au 
Roy ,  Se  entre  autres  la  ville  d^Abeville  y  dont  il  n'eftoit  rien. 

Audit  temps  furent  pris  à  Paris  Se  contraints  tous  manouvriers  de 
bras  y  comme  maçons  ,  charpentiers  de  la  grand  cognée  Se  autres  plu- 
fieurs ,  de  aler  efdirtes  villes ,  ainfi  nouvellement  reduittes  au  Roy ,  dont 
on  bailla  la  charge  au  regard  defdits  pionniers  à  maiftre  Henry  de  la 
Clochi,  Procureur  da  Roy  au  Chaftellet  de  Paris,  qui  eftoit  bon  Se 
Tome  Jf.  M  loyal 


9d  XES    CHRONIQUES 

loyal  François ,  qui  les  mena  6c  conduific  jufques  en  laditce  TiUe  ip 
X  47  Q*     /j^^  ^  où  illec  fut  fait  de  grans  boulevars ,  foflèz ,  trcnchécs ,  &  autres 
beflcs  fortifications  :  &  auflî  en  furent  faittes  d'autres  en  autres  villes  Se 
divers  lieux.  Se  illec  demeurèrent  lefdits  pionniers  certain  grand  efpace 
de  temps ,  Se  jufques  environ  le  jour  de  Pafques  ,  que  le  I^y  donna  &c 
bailla  trefve  pour  certain  temps  avec  le  Duc  de  Bourgogne ,  lequel  eftoit 
aâlegé  par  les  gens  du  Roy  en  fon  parc  ,  qu'il  tenoit  entre  ÈapaiUmes 
6c  la  ville  ài^ Amiens.  Et  là  où  il  fut  en  telle  mifere  fie  povrete,  qu'il 
eftoit  du  tout  6c  fondit  oft  à  la  difpofition  fie  volonté  du  Koj ,  pour  et^ 
avoir  du  tout  fait  à  fon  bon  plaifir ,  n'euft  efté  laditte  trefve*  Et  depuis 
la  guerre  encommencce  >  jufques  à  laditte  trefve,  y  eut  de  grandes  fie 
•  mervcilleufes  defconfitures  faittes  par  les  gens  du  Roy  fur  les  Flamtns 
6c  Picars  ,  tant  fur  ceux  qui  avitailloient  k  parc  defdits  Bourguignons^ 
que  à  caufe  de  plufieurs  belles  faillies  que  les  gens  du  Rov  faifoient  fur 
les  tenant  le  party defdits  Boureuignons.  Etmefmement  refit  de  moule: 
belles  deftrouflès  en  la  Duché  de  Bourgogne ,  6c  Comtez  de  Charrolois 
6c  Mafconnois  ^  où  les  gens  du  Roy  y  gagnèrent  de  moult  beaux  butins», 
&  y  prirent  de  moult  bons  prifonniers,  fie  mouk  grand  nombre  en  y 
eut  de  tuez.  Et  avoient  tout  gagne  Meflèigneurs  les  Comte  Daulphiit. 
dAuyerçrne  ,  de  Comminge  ,  le  fîre  de  Combrondt ,  de  Charenus  ,,  Mef- 
fire  Guillaume  Coujinot  »  Se  moult  d'autres  nobles  hommes  >  n'euft  efté 
que  le  Roy  leur  manda  qu'ils  ceflfàflcnt  tout,  pour Tamoar  defdittcs  tref» 
¥es,qui  moult  en  furent  defplaifans.  Se  moult  de  gens  de  fa^on  aimans: 
lé  Roy  6c  fon  honneur.  Et  à  cefte  caufe  s'en  firent  à  Paris  dcs.epitaphes», 
qui  furent  mis  Se  affis  à  fainâ  Innocent ,  à  l'hoftel  de  ville  fie  autres; 
lieux,  en  vitup>erant  fie  donnant  grand  charge  à  plufieurs  Seigneurs: 
cftans  près  du  Roy.  Et  durant  laditte  trefve  ,  le  Roy ,  Mgr.  de  Guyen-- 
ne  y  6c  autres  Seieneurs  fie  nobles  hommes  d'autour  d'eux ,  fê  tinrent  i 
Han  avec  Mgr.  le  Conneftable.  Auquel  lieu  durant  ledit  temps ,  fer 
firent  de  grandes  alées  fie  venues  des  Ambafladeurs  du  Roy  fie  de  ceux- 
de  mondit  Sgr..  de  Bourgogne ,  fie  illec  demeurèrent  par  long-temps  fans: 
rien  conclure  :  mais  en  m  fin  fut  fait  trefve  entre  le  Roy  fie  ledit  Duc  de^ 
Bourgogne  durant  un  an.  Et  pour  appoincîfcer  les  differensdu  Roy  fie  ledit 
Duc  d^  Bourgogne  ,  y  eut  Ambaflacleurs  ordonnez ,  fie  pour  appoinâer 
des  débats  fie  queftions  des  gens  de  guerre ,  de  chafcun  des  deux  cofter», 
fie  puis  fe  départirent  dudit  lieu  de  Han  ,  fie  s'en  ala  chafcun  en  fa  mai- 
fon  :  fie  demeiurcrent  les  gens  de  guerre  du  Roy  en  garnifôn  es  villes», 
qui  paravant  laditte  trefve ,  avoient  efté  gî^nées  par  le  Roy  (j). 
En  ce  temps  fe  meurent  de  grand  qud^ions,  noifes  6c  débats  ai» 

Royaume- 


(3)  1470.  §Cr  Supplément.  Le 
Xi. Novemifre y  GsSkon  de  Foix  mou- 
rut d'un  éclat  de  lance  au  Tournoy 
qui  fe  fit  à  Bordeaux,  fie  il  y  eft  en- 
«erré  dans  l'Eglife  de  S.  André.,  f^o- 
bime  8441»  delà  Bibliothèque  du 
Roi^  parmi  ceux  de  Bethune^  folio 

€qM  lai0à  deMagdelainede  Fran- 


ce, (a  femme-,  (œur  de  Louis  XL. 
Gafton  Phebus  dé  Foix ,  qui  fut  Roi 
de  Navarre  en  1480.  fie  régna  peu*. 
Sa  fœur  Catherine,  qui  lui  ïucceda». 
tran/porta  cette  Couronne  dans  Iok 
Maifon  d'Albret ,  par  fon  mariage: 
avec  Jean  d'Albret.  Son  fils  Henri 
.  d'Albret  A^pere  dç  la  Reine  leaDoe*. 


DtTRÔY    LÔUYS    XT  ^r 

Royaume  d'AngUterrc  entre  le  Roy  Henry  de  Lancaftre^Koy  dudît  Royau- 
me 3  le  Prince  de  G  a/les  fon  fils,  le  Comte  de  Irarvich^  &  autres  Sei-  *  47^. 
^neurs  dudit  Royaume ,  tenans  ledit  party  dudit  Henry  contre  ledit 
Edouard  dt  La  Marcht ,  qui  ufurpoit  ledit  Royaume  contre  ledit  Hcnty% 
Et  y  eut  à  caufe  de  leurdit  débat  de  moult  grand  meurdre  fait  de  codé 
&  d'autre,  &  duraladitce  guerre  jufques  au  mois  de  Juin  1 471.  que  «.^^g»» 
nouvelles  furent  apportées  au  Roy  audit  lieu  de  Han ,  que  ledit  Edouard 


accompagné  de  grand  quantité  de  gens  de  guerre ,  tant  j4nglois ,  O/^ 
4rclins  ,  Flamens ,  Picars  &  autres  nations ,  que  ledit  de  Bourgogne  fui 
«voit  envoyez ,  fe  mift  fur  les  champs  alencontre  de  l'armée  &  puiilànce 
defdîts  Roy  Henry  ,  Prince  de  Galles ,  la  Reyne ,  ledit  de  fTarvick ,  8c 
nutres  Princes  &  Seigneurs ,  tenans  ledit  party  de  Henry*  Et  y  eut  leâ 
uns  contre  les  autres  de  grand  armes  bittes ,  &  grand  nombre.de  genf 
inorts  de  chafcun  cofté  :  mais  en  la  fin  ledit  Edouard  demeura  viSto* 
xieux ,  tant  par  trahyfon  qui  eftoit  du  cofté  d'aucuns  eftans  en  l'armée 
dudit  Henry  ,  que  autrement ,  &  y  mourut  &  fut  tué  ledit  Prince  de 
Galles^  qui  fut  moult  grand  pitié  :  car  il  eftoit  moult  beau  jeune  Prin- 
ce,  &  auflî  y  mourut  ledit  de  JFarvich ,  qài  aufli  fut  un  grand  domma* 
ge  :  car  il  avoir  fingulier  defirde  bien  fcrvir  le  Roy  &  le  Royaume  :  8r 

Four  lequel  le  Roy  avoir  frayé  &c  defpendu] moult  grand  finance ,  pou^ 
entretenement  dudit  G>mte  de  JFarvich^  Et  de  laditte  defconfitnre  fîit 
le  Roy  moult  defplaifant  :  ic  puis  après  ces  nouvelles  ouyts ,  fe  panit 
le  Roy  de  laditte  ville  de  Han  en  f^ennandois  ^  Se  en  emmena 
avec  lur  mondit  Sgr.  de  Guyenne  ,  le  Comte  de  Dampmarùn  ,  le  Pre- 
£dent  des  Comptes ,  &  tdufieurs  autres ,  &  vint  à  Paris  où  il  ne  fejourM^ 
na  gueres  t  Ôc  durant  qu  il  y  fut  il  fift  grande  &  jovcufe  fefte  ,  &  fift 
ceft  honneur  à  fadirte  Donne  ville  &  cité  de  Paris  ,  ae  luy  mefme  bou- 
ter le  feu  au  feu  fait  en  la  place  de  Grève  d'icelle  ville ,  la  veille  fainft 
Jehan-Baptifle*  Et  puis  s'en  partit  Se  s'en  ala  à  Orléans  ,  où  le  Prince  de 
Piémont  y  devint  malade  de  maladie ,  dont  il  ala  de  vie  à  trefpas  audit 
lien  d'Orléans*  En  après  s'en  ala  le  Roy  à  Tours  Se  i  Amboife  vcoir  U 
Reyne  &  Monfeigneur  le  Daulphin, 

En  ce  mois  de  Juin  147t.  le  Roy  fut  mal  content  des  epitaphes  Se  H-* 
belles  diffamatoires,  qui  ainfi  avoient  efté  mifes  &  attachées  a  Tefclan- 
dre  dudit  Mgr.  le  Conneftable  &  d'autres.  Et  pour  fcavoir  la  vérité  de 
ceux  qui  ce  avoient  fait ,  fift  crier  à  fon  de  trompe  de  cry  public  par  les 
carrefours  d'icelle  ville  ,  que  quelque  perfonne  ,  ^ui  feauroit  aucune 
chofe  defdits  epitaphes ,  ou  de  ceux  qui  les  avoient  faits ,  qu'ils  le 
vinflent  incontinent  dire  &  dénoncer  aux  Commidàires  fur  ce  ordon* 
nez  ,  &  on  donneroit  trois  cens  efcus  d'or  au  dénonciateur  :  Se  qui  le 
r<;auroit  &  ne  le  viendroit  déclarer ,  auroit  le  col  couppé.  Et  pour  fuf- 
peâion  de  ce,  fut  mis  &  conftitué  prifonnier  un  jeune  e(coliier  de 
Paris ,  nommé  maiftre  Pierre  le  Melcier^  fils  d'un  Lunetier  du  Palais , 
qui  peu  de  temps  après  fiit  délivré  non  chargé  du  cas.  Âuffi  y  fut  mis 
&  conftitué  prifonnier  maiftre  Henry  Mariete ,  qui  avoir  efté  Lieute* 
nant  Criminel  de  la  Prevofté  de  Paris ,  tant  pour  raifon  defdits  libel- 
les, que  auffi  pour  aucunes  injures  ou  paroles  par  luy  dites  ,  comme 
<m  diloit  de  maiftre  Jehan  de  Ladrie/che,  Trefonec  de  France ,  Se  puis 

M  a  fut 


1     1471' 


9%  L  E  s    C  H  R  O  ^f  I  Q  U  E  s 

fut  délivré  icclluy  Marietc  par  la  Cour  de  Parlement ,  &  mis  horsr  cfc» 
^  '    *    prifons  de  la  Conciergerie ,  où  il  eftoit  détenu  pour  cette  me&ie  caufe^ 

Au  mois  de  Juillet  1471.  mourut  Mgr.  le  Comte  d^Eu  9  qui  fut  moule 
grand  dommage  :  car  c'eftoit  un  notable  y  fage  &  bon  Seigneur  9  &  qui 
de  tout  fon  pouvoir  avoir  bien  &  loyaument  fervr  le  Roy,  &  fort  aimé 
le  bien  &  utilité  du  Roy  &  de  fon  Royaume,  &  rut  oiife  faditte  Comté 
d'Eutnlz  main  du  Roy,  &mife&  baillée  es  mains  de  Mgr^leConneftable» 
i  la  grand  defpkifance  de  Mgr.  le  Comte  de  Ncvtrsy  frère  de  mondit  Sgr» 
d'Eu ,  &  qui  après  ladittc  mort  cuidoit  bien  jouyr  de  laditte  Q^mikd^Eu^ 
êc  des  autres  terres  dudit  de^nt ,  comme  fon  vray  héritier* 

Depuis  ledit  mois  de  Juillet  jufques  au  jour  de  Noël ,  ne  fur  rien  fab 
audit  Royaume  de  France  y  finon  que  les  Ambaflàdeurs  du  Roy  &  de 
mondit  Seigneur  de  Bourgogne ,  firent  pludeurs  alées  &  venues ,  &  les 
uns  avec  les  autres  >  pour  pacHier  &c  trouver  moyen  de  paix  &  accotd 
entre  eux.  En  laditte  année  fut  mortaKté  commune  &  univerfelle  pac 
k  plufpart  dudit  Royaume ,  de  maladie  de  flux  de  ventre  &  autres  ma^ 
ladies ,  à  caufe  de  quoy  plufieura  gens  de  façon  moururent  en.  Laditta 
Yille  de  Paris  &  ailleurs^ 

Audit  an  Mgr.  de  Guyenne ,.  qui  s'en  eftoit  retourné  audit  pays  de 
Guyenru  ,  après  le  retour  d^ Amiens ,  devint  mal  content  du  Roy ,  & 
manda  venir  à  luy  le  Comte  d^Armignac ,  cjui  avoit  efté  fugitif  hors  du 
Royaume ,  &  duquel  le  Roy  avoit  mis  faditte  Comté  en  fa  main.  Le- 
quel Comte  vint  par  devers  mondit  Sgr.  de  Guyenne ,.  &  puis  mdndîc 
%r.  luy  rendit  la  plufpart  de  faditte  Comté  contre  le  gré  &  volenté  êax 
Roy.  En  après  IcMirs  de  Guyenne  èc  Amngnac ,  &  auffi  le  Comte  de 
Foue[  &  autres,  afièmblerent  en  leur  pays^gcn*  de  guerre,  feignans  de 
vouloir  faire  guerre  au  Rôy  r  lequel  pour  ce  leur  empefcher ,  y  envoya 
fur  la  marche  dudit  Guyenru  cinq  cens  lances ,  êc  certain  nombre  de 
francs  archers  ,  avec  grand  nombre  de  fon  artillerie ,  qui  depuis  ce  y^ 
fut  de  fèjourna  par  long-temps ,  pendant  lequel  vint  êc  fut  nouvelles 
— — i»  que  mondit  Sgr.  de  Guyenru  eftoit  monzBourdeaux ,  dont  iLn'eftoif  rien* 
1 47  X.  Audit  temps  aufli  furent  envoyées  par  diverfes.  fois  de  par  le  Roy 
Ambaflàdes  par  devers  le  Duc  de  Bourgogne  ,  pour  le  fait  de  la  trefvc- 
d'entre  eux  ,  qui  faifoit  le  4.  May  1471.  &  y  eftoient  encores  le  prêt 
mier  May  le  fire  de  Craon  ,  maiftre  Pierre  Doriolley  &  autres.. 

Le  premier  May  1472.  fîit  fait  à  Paris  une  mouk  belle  ic  notable 
proccfljon  en  TEglife  de  Paris ,  &  fait  un  prefchement  bien  folemnel 
par  un  Do6teur  en  Thedogie^,  nommé  maiftre  Jehan  BreUj  natif  cb 
Tours  :  lequel  dit  &  déclara  entre  autres  chofes ,  que  le  Roy  avoit  fia-* 

fuliere  confidence  en  k  Benoifte  Vierge  Marie ,  pnoit  &  ediortoit  fon 
on  populaire ,  manans  &  habitans  defa  cité  de  Paris  y  qu^dorefna^- 
¥ant  à  rheure  demidy,  que  fonneroit  i  TEglife  dudit  ^^m  Ugrc^ 
cloche  chafcnn  feuft  flefchy  un  genoiiil  à  terre ,.  en  difanir  Ave  Mafia  ». 
pour  donner  bonne  paix  au  Royaume  de  France  ;  &  après  kditte  pcoceff 
iîon  fdtte ,  Révérend  père  en  Dieu  Mgr.  TEvefque  de  Paris  (f^)  eh^nt 

t  makder 

WfiCT  GoîHaamc  Chanîcr  ^tt  Eve-  YSt  Paris,  Confcittcr  au  Parrcriteût,  9ài 
fat  de  Pans ,  fîic  prenûércmenc  Chaaoinc  1  £yéqae  le  ^Deccinlsxc  1447.  facré  dam. 


D  ir  R  O  Y    L  O  U  Y  s    XL  93  ^_^ 

tliahJc  d'onc  maladie ,  de  laquelle  ce  mcfme  jour  ala  de  vie  a  trefpas  , 
dont  fut  grand  dommage,  &  fut  fort  plorc  :  car  il  eftoit  fainû ,  bonne  ^ 
pcrfonne  &  grand  Clerc*  Et  ce  jour  furent  en  fon  hoftel  Epifcopal  grand 
populaire  de  la  ville  de  Paris ,  tant  hommes  que  femmes ,  pour  le  voir 
mort  en  fa  chappelle  haut ,  eftant  au  lonç  de  la  grand  falle  fille  dudic 
hoftel.  Et  illec  par  ledit  peuple  fut  moult  pitcufement  ploré ,  &  pour  foa 
ame  dévotement  prié ,  &  au  partir  lui  baifoient  les  pieds  &  les  mains  , 
&  difoient  la  plufpart  d'iceux ,  qu'ils  croioient  fermement  que  ledit 
Evcfque  feuft  fainûfic  bien  aime  de  Dieu,  &  le  1 5.  May  le  Roy  envoya 
lettres  au  Prevoft  des  Marchans ,  Efchevins  &  Bourgeois  de  Paris  :  oar 
lefqucUcs  il  leur  faifoit  fçavoir ,  que  ledit  Eve^ue  en  fon  vivant ,  luy 
avoit  efté  mauvais  & .  n'avoit  pas  aimé  fon  prouflSt ,  &  qu'il  avoit  eu  io- 
telligence  avec  le  Duc  de  Boureognt ,  &  autres  Princes  &  Seigneurs  » 
qui  avoicnt  efté  devant  la  ville  de  Paris  durant  le  bien  public  (5),  & 
que  poiu:  leur  donner  faveur  en  icelle  ville ,  avoir  fuborné  lefdits  habi- 
tans-  Et  que  pour  ces  caufcs ,  &  afin  qu'il  en  fuft  mémoire ,  ordonna 
cftre  faitte  &  mife  fur  fon  corps  un  epitaphe  contenant  les  chofc*  def- 
fufdittcs,  lequel  epitaphe  fut  tait  faire  par  les  deffufdits  jufques  à  l'af- 
fcoh-.  En  ce  temps  audit  mois  de  May  ,  la  trefve  d'entre  le  Roy  &  \c 
Duc  AtBourgognCi  qui  faHbit  au  4.  dudit  mois ,,  fut  derechef  continuée 
jufquesau  is.Juinenfuivant.  t         .  , 

Audit  mois  de  May  le  Duc  de  Calabrc ,  neveu  du  Roy  de  StciUc  &  de 
jâufalcm ,  à  qui  le  Roy  avoit  fait  tant  d'honneur  de  luy  donner  fa  fille 
aifoéc  en  femme  &  elpoufe ,  s'en  ala  hors  de  fa  Duché  de  Lorraint  par 
-devers  ledit  Duc  dcBaur^ogneypont  traiter  d'avoir  &  efpoufer  fa  fille  (6»),. 
en  delaiflint ,  en  ce  faâant ,  laditte  fille  du  Roy ,  fa  femme  ,  oui  fut 
chofe  moult  eftrangeà  luy  de  ainfi  faulfer  fa  foy ,  &  foy  ainfi  abaificr 
jdc  delaiflèr  la  propre  fille  aifnée  du  Roy  fon  fouverain  Scignojr ,  pour 
cuider  avoir  &  prendre  kt  fille  dudit  de  Bourgogne ,  fubjedt  ft'vaffal  du 
Roy.  Et  paravant  ces  chofes  ledit  de  Bourgogne  avoit  fait ,-  &  fait  £ûrt 
-moult  de  guerre  au  Royaume  de  France ,  a  la  faveur  de  mondit  Sgr.  de 
.  Guyenne ,  feignant  i  cette  caufe  de  luy  donner  âc  bailler  faditte  fille , 

dont 


fEglifc  de  S.  Vî^or  le  ii.  Juiîlet  1448. 
jtumrat  le  premier  May  i47^«  H  tint  le 


Chorar  4e  TEglife  de  Pacis-aveçcetccInT- 
cription» 

Hic   Jacàt. 

•j»  JV^^crendus^fn  ChrHlo  Pater  Do- 
■9»  minoâ  GuUelkniisChartier,  dcBajod5> 
-ar  ncrioiq;  JtniS'ProfiEflaripetOTbeinËimo- 
ji»  fiffifiMifrquivHâyVeibc^^eateiBploconi- 
,p  mi/G  ^regis  vigHans  Paftoi  plus,  adpaU' 
»  pcres  larp,Kor,ia  Cïero  6c  Populo  nutifïu 
a»  mas^jpâdfrcufq-,  a<fqui  VIgenm'.-4.  atin* 
'^  ftix  amimptlonis  adEccIc&m,  pcr  viam 
Spintos  Sxùàx  féliciter iiApacc- ^cvit 


En  l'an  14^^.  il  fut  un  Jes  Juges  députés 
du  Pape  pour  la  déclaration  de  Vinooccncc 


:lîege  Tiogt^quatre  9fi%  i  n  Aifenterré  dans  le  ,  de  Jeanne  la  Pucelle  d*OrIeans 

\r»L —  P  i.T^_ir_  j_  «__. T«r   r     U  ordonna  qj/onfcroit  la  Fête  de  Saîn^ 

Geneviève  ,Patrone  de  Paris  en  14^1.  Il 
fut  encore  député  par  Te  Pape  Pie  IL  avec 
Thomas  de Courccllts  ,  Doyen  de  Paris ^ 
pour  la  réformatioir  de  l'Ordre  de  Fonte- 
vradlt.  Tifidês  Ktatmls  IdSS.de  hL  (AhH 
Le  Grsnd^fitr-LosmXi^ 

(f)  Il  fit  lorsunerempntrabceauRoi 
LouisXI.  furi^Gouvcrncnacnt  du  Royaij- 
me  ^  ce  qui  lui  attira  peut -être  llndj- 
gnatioii  de  <ic'Pïlhcc.  FT^y^la'Ctoixdb 
Maine^ 

{4X  Elle  lui  Bit  pcomiie,  mm  it  ne  Ta 
m  i\7 1.  fiim^ mail.  *       *  »  pas  4oufj^>  <Mpï^9tt  i^^«wt  ico^atiaot* 

M  }  (7) 


94  LES    CHRONIQUES 

dont  il  ne  fift  rien  :  mais  fift  tout  le  contraire  en  abufant  iceux  Scigneurt 
^^   '     &  pluficurs  autres ,  fous  ombre  dudit  mariage* 

Le  Jeudy  14.  May  1472.  avint  par  male-fortune  que  tout  le  comble  Se 
faifte  de  TEglife  Noftre-Damc  de  Cleryj,  près  f  Orléans ,  que  le  Roy 
avoit  fait  faire  &  édifier  de  nouvel ,  ou  il  y  avoir  moult  noble  &  belle 
couverture ,  tant  de  charpenterie  de  bois ,  que  d'ardoife  &  de  plomb  » 
fut  toute  arfe  &  brouye ,  &  tout  tombé  en  bas  >  &  par  terre ,  par  ce  que 
un  plombeur  befognant  en  icelle  couvenure ,  s'en  dévala  en  bas ,  èc 
laifla  le  fçu  où  il  chaufFoit  les  fers  à  foulder  en  icelle  couverture ,  fans 
aucune  garde,  &  lequel  feu  le  vent  accueillit  tellement,  qu'il  s'envola 
&  difperfa  au  long  aicclle  charpenterie  &  couverture ,  en  tcUe  façon , 
que  fans  y  pouvoir  remédier  tout  fut  bruflé  &  ars. 

Ce  jour  le  Roy  eut  certaines  nouvelles  que  luy  fift  aflàvoir  Mgr.  de 
Malicornt  y  ferviteur  &  bien  fort  aimé  de  mondit  Sgr*  de  Guyenne ,  que 
fondit  Sgt.  &  Maiftre  eftoit  aie  de  vie  à  trefpas  (7)  en  la  ville  de  £our^ 
deaux^  En  icelluy  mois  Mgr.  de  Craon  (i) ,  maiftre  Pierre  DorioUc  , 
<îeneral  des  Finances ,  maiftre  Olivier  U  Roux  ,  Confeiller  ic  Maiftre 
des  Comptes ,  &  autres  Ambailadeurs  du  Roy  >  par  luy  envoyez  par  de- 
vers  ledit  Duc  de  Bourgogne  ,  retournèrent  devers  le  Roy ,  luy  relater  ce 

2ue  fait  avoit  avec  luy ,  &  de  la  trefve  qu'ils  avoient  ainfi  faitte  >  qui 
evoit  durer  jufques  au  15.  Juin  fuivant.  Durant  laquelle  trefve  &  non- 
obftant  icelle ,  ledit  de  Bourgogne  fift  mettre  (ts  gens  de  guerre  fur  les 
champs ,  6ç  mener  &  aileoir  Ion  parc  &  artillerie  entre  Arras  &  Ba* 
paulmes  9  en  un  lieu  qu'on  nomme  Hubuterru  en  Artois.  Et  pendant  ce 
temps  le  Roy ,  après  les  nouvelles  de  la  mort  de  mondit  Sgr.  de  Guy  en* 
ne  ;  fon  frère ,  s'en  partit  du  PUffis  du  Parc  Icz-Tours ,  &c  s'en  tira  au- 
dit pays  de  Guyenne  ,  la  Rochelle  ,  fainû  Jehan  d^Angely  ,  Bourdeauxj 
&  autres  lieux  voifins ,  &  y  mift  &  créa  Officiers  nouveaux  de  par  luy.  Et 
d'icelle  Duché  de  Guyenne ,  fift  &  eftablift  Gouverneur  Mgr.  de  Beaujeu  ^ 
frère  de  Mgr.  le  Duc  de  Bourbon. 

Après  ces  chofes  ledit  de  Bourgogne  en  perfeverant  tousjours  en  fes 
diai^Ieries  ,  foies  obftinations  &  maiivaiftiez ,  comme  devant  avoit  fait. 
Le  Jeudy  11.  Juin  1471.  envoya  devant  la  ville  de  Nejle  dedans  lac{uelle 
y  avoit  de  nar  le  Roy  un  nommé  le  petit  Picart ,  qui  eftoit  Capitaine  de 
cinq  cens  francs  archers  de  l'Ide  de  France ,  qui  eftoient  dedans  laditte 
ville  ,  &  par  grand  force  &  violence  voulurent  avoir  laditte  ville  & 
Chafteau ,  &  pour  l'avoir  y  baillèrent  &c  livrèrent  de  grans  &  divers 
ûflàuts,  aufquels  Bourguignons  fut  vaillamment  refifté  par  ledit  P/Vtf/t 
&  ceux  de  (aditte  compagnie.  Et  jufques  au  Vendredy,  qui  eftoit  le 
1 1.  Juin ,  que  environ  cinq  heures  de  matin ,  ledir  Picart  en  la  conipa^ 
gnie  de  la  Comteflè  dudit  lieu  de  Nejle  >  iifirent  hors  de  laditte  place 
pour  aler  par  devers  lé  Baftard  4e  Bourgogne ,  &  autres  i  ayan^  illec  lenc 
arniée  pour  ledit  dt  Bourgogne  ,  pour  cuider  trouver  pacification  &  ac- 
cord entré  les  gens  dd.Roy  Se  leditj  dp  Éou^gne  ,  qui  traita  avecqués 
eux  en  telle  jnx^niere  que  ^fditis  \Picart  8c  ceux  de  fadit^c  compagnie 

(«)  Cétfôit  W  Aoifrilfe  pré^amréc,  1  14.  May  r47i,     ' 
H  l>oo  <k  Goyemie  n'-^fetot  itK>rc  ^e  k  I     (7^  George  de  la  TrimûoiUe.  : 


TfVKÔYLOVYSXt  ^^ 

s^en  iroient  lears  vies  fauves  ,  en  rendant  ladicce  place  >  en  laiflant  leurs 
biens  &  harnois ,  à  quoy  faire  ils  furent  contens.  Et  à  tant  fe  départi-  *  4  7  ^* 
rcnt  &  s'en  retournèrent  en  laditte  ville  de  NeJIe  ,  &  dirent  aux  delïuf- 
dits  francs  archers  leur  compofîtion  ,  &  comment  ils  dévoient  tous  laif» 
fer  leurs  biens  ,  chevaux  &  harnois ,  &  eux  en  aler  leurs  vies  fauveSé 
Pour  laquelle  chofe  incontinent  après  pludeurs  d'iceux  par  l'ordonnance 
dudit  Picart  leur  Capitaine  ,  fe  defpouillerent  &  abandonnèrent  leurf- 
dits  harnois ,  &  en  ce  faifanc  ,  &  avant  qu'ils  feuflènt  bien  aflêure*  d'a- 
voir lettres  de  lairs  promeflès  &  traitez ,  furent  par  aucuns  dudit  lieu 
de  Nejle,  mis  &c  boutez  en  icelle  place  ItCàits  Bourguignons ,  qui  in- 
continent nonobftant  laditte  promcflc,  vinrent  charger  fur  lefdits  franco 
archers  ainfi  deshabillez,  fous  ombre  d'icelle  promcflè ,  &  pluHeurs  en 
tuèrent  &  meurdrirent ,  &  partie  d'iceux  cuidans  eux  fauver ,  s'en  ale- 
rent  &  retrayerent  dedans  lïglife  dudit  lieu  de  Nejle ,  où  depuis  lef- 
dits Bourguignons  alerent  les  tuer  tous  &  meurdrir.  Et  après  qu'ils  fu- 
rent tous  ainfi  tuez  &  mcurdris ,  y  furvint  &  fe  y  trouva  ledit  de  Bour^ 
eogncy  qui  tout  à  cheval  entra  dedans  laditte  Eglife,  en  laquelle  y  avoit 
DÎen  demy  pied  de  hault  de  fang  des  povres  créatures  illec  eftans,  qui^ 
ceftehcurecftoienttoutnudsgifans  illec  morts*  Et  auant  ledit  Bourgui^ 

fnon  les  vit  ainfi  abatus ,  fe  commença  à  feigner  &  aire  qu'il  veoit  moule 
elle  chofe ,  Se  qu'il  avoit  avec  luy  ae  moult  bons  bouchers.  Et  le  len- 
demain, qui  fut  Samcdy  i  j.  dudit  mois,  ledit  petit P/V^r/ oui eftoit  prifon- 
nier  avec  autres  de  ceuxdefaditte  compagnie ,  furent  pendus  &eftrangler 
de  l'ordonnance  dudit  de  Bourgogne  ,  &  puis  fift  arrafer  laditteplace  &c 
mettre  le  feu  dedans»  Et  le  Dimanche  4.  de  icclluy  mois  s'en  partirent 
dudit  lieu  de  Nçflc  ôc  alerent  devant  Aoye  ,  où  dloient  environ  qua- 
torze cens  archers  de  la  compagnie  &  charge  de  Pierre -^^iz^er/  ^  Baillyde 
MeUun  &  de  Nugnon  >  &  auflî  y  eftoient  pour  Gentilshommes  &  Capi- 
taines Loifcl  de  Balagny  ,  Capitaine  de  Bcauvais ,  Mgr.  de  Mouy  ,  le 
Sgr.  de  Rubtmprc  Se  autres,  qui  bicnavoient  deux  cens- lances  bien  en 
point.  Et  jaçoit-ce  qu'ils  feuflènt  dedans  laditte  ville  que  le  Roy  avoir 
fait  remparer  ,  bien  avitailler  &  garnir  de  moult  belles  (erpentines ,  ils» 
iè  rendirent  le  Mardy  enfuivant  16,  d'îccUuy  mois:,  à  l'heure  de  midy  y. 
Se  laiilerent  illec  laditte  artillerie ,  leurs^chevanx  &  harnois ,  tout  habil-^ 
lement  de  guerre ,  &  toutes  leurs  bagues  :  où  le  Roy  &  eux  eurent  donv* 
mage  de  cent  mille  efcus  d  or  Se  plus  ,;  Se  s'en  revinrent  tous  nuds  8c 
en  pourpoint ,  un  bafton  en  leur  poing.^  Et  demeura  illec  ledit  Duc  de 
Bourgogne  depuis  par  certain  temps ,  &  dlllec  s'en  ala  devant  la  ville 
^Beauvaisj  pour  y  mettre  le  fiege,.  où  il  y  arriva  le  Samedy  27.  Jui» 
1471.  ou  de  plaine  venu?  y  donnèrent  un  fort  aflault  j  à  quoy  fut  fort 
rcfifté  par  les  bourgeois ,  manans  Se  habitans  d'icelle  ville.  Et  celle  mcf- 
me  nuit  y  arriva  Guillaume  de  Vallée^  Lieutenant  du  Seneichal  de  AV- 
mandit ,  à  tout  deux  cens  lances  ,  qui  moult  bien  fccoururent  ceux  du- 
dit lieu  r  car  ils  y  arrivèrent  à  l'heure  du  fort  de  leur  afïâult ,  &c  tour 
incontinent  montèrent  à!t^xx%  la  muraille ,  &  firent  reculer  lefdirs  Bour^ 

rignons^  Et  le  lendemain  y  vint  Mgr.  de  Cruffol ,  Jouachin  RouauU  y. 
compagnie  de  Mgr.  de  Butii ,  Guerin  le  Grcing ,  Mgr.  de  Torcy  ,  & 
autres-tioblc$.dciVan7w;2^/^,  qpi  très- vaillamment  s'y  contindrenr.-  Eo 

jendani^ 


9^  LES    CHRONIQUES 

pendant  ce  temps  furent  bien  recourus  de  ceux  de  la  bonne  ville  de  Pa^ 
^  ^7  *•  jri^  ^  jj^t  Je  pionniers,  pics  ,  pelles,  farines,  vins,  poudres  à  canon  » 
&  autres  avitaillemens ,  qui  firent  très-grand  bien  aufcuts  gens  de  guerre 
&  aux  habitans  d*icelle  ville.  Et  en  ces  entrefàittes  y  eut  de  belles  & 
grandes  efcarmouches  où  pluiieurs  Bourguignons  eftans  devant  icelle 
ville  furent  morts  &  tuez. 

En  ce  temps  avintque  aucuns  des  habitans  d'-^iiJi:^/rr^faillirenthorsde 
leur  ville  pour  aler  courir  es  pays  du  Roy,  pour  prendre  &  mener  audir  lieu 
^Auxtrrt ,  bœufs ,  vaches ,  &  tout  ce  qu'ils  pourroient  rrouver  pour 
eux  avirailler ,  &  vinrent  près  de  Joigny  ,  de  Siignclay  &c  illec  environ* 
Contre  lefquels  y  alerent  le  baftard  dudit  Seignelay ,  le  Sgr.  de  P/ancy 
Se  autres  jufques  au  nombre  de  trois  cens ,  qui  vinrent  renconrrec 
lefdits  d'jéuxerre ,  qui  fe  mirent  en  bataille  contre  eux.  Et  quant  les 
dcfliifdits  Seigneurs  les  eurent  ainfi  vcus,  ils  fe  frappèrent  dedans  moule 
viçoureufement ,  &  y  en  eut  huit  vingt  de  morts  &  quatre  vingt  de 
pris ,  &  le  demeurant  fe  mift  en  fuite  ou  fut  noyé.  Audit  temps  pour 
raifon  de  rapprochement  defdits  Bourguignons  aind  venusà  Beauvdis^ 
furent  faittes  a  Paris  de  moult  belles  ordonnances ,  par  (ire  Denis  Ifeffi^ 
lin  ,  Paneticr  du  Roy  noftre  Sire  ,  Efleu  de  Paris ,  &  Prevoft  des  Mar- 
chans  de  laditte  ville  :  comme  de  faire  rediffier  la  muraille  &  gardes  de 
deflfus  les  murs ,  faire  faire  belles  &  grandes  tranchées ,  mettre  en  point 
les  chaifnes  ,  rediffier  les  foffcz ,  boulevars  &  barrières  des  portes  ,  en 
faire  murer  aucunes ,  faire  faire  de  moult  belles  ferpentines  toutes  neu« 
ves ,  &  d'autres  belles  ordonnances  y  furent  faittes. 

Le  Jeudy  i  Juillet ,  vint  &  arriva  à  Paris  le  Sjgr.  de  Rubcmpré  y  qui  ve^ 
noit  de  laditte  ville  de  Beauvais  ,  &  apporta  lettres  des  Capitaines  de 
laditte  ville  addreflàns  au  Sgr.  de  Gaucourt ,  Lieutenant  du  Roy  à  Paris 9. 
aux  Prevoft  des  Marchans  &  Efchevins  de  laditte  ville  de  Paris.  Par  leC- 
quelles  leur  eftoit  fait  fçavoir  que  le  Duc  de  Bourgogne  &c  ceux  de  fon 
oft  eftoient  en  telle  néceffité  de  vivres ,  que  un  pain  de  deux  deniers  à 
Beauvafs  3  valoir  audit  oft  trois  fouis  parifis ,  &c  que  icelluy  Duc  de 
Bourgogne  avoit  intention  de  joiisr  au  defefpoir  &  avoir  laditte  ville  » 
pour  y  perdre  la  plufparr  de  tous  Ces  gens  ;  &  pource  prioient  aufdits 
de  Paris  que  on  leur  envoyaft  de  la  menue  artillerie ,  des  arbaleftes ,  du 
çraidb  Se  d!es  vivres.  Laquelle  chofe  fut  faitte  &  envoyée  i  eux  par  le 
Baftard  de  Rochouart  Sgr.  de  Mim  j  qui  y  mena  Se  conduifit  les  foixan^ 
te  arbaleftriers  de  Paris ,  avec  traiâ: ,  arbaleftes ,  artillerie  Se  vivres.  Et 
le  Jeudy  p.  Juillet ,  environ  fept  heures  au  matin  ,  après  que  ledit  de 
Bourgogne  èuft  fait  jetter  grand  nombre  Se  quantité  de  bombardes  Se 
autres  artilleries  contre  les  murs  de  iaditte  ville ,  à  Tendroic  de  la  porte 
de  rhoftel-Dieu ,  vinrent  Se  accoururent  dedans  les  fofHb  de  laditte  viUe 

ârand  quantité  defdits  Bourguignons ,  qui  y  apponerent  grand  nombre 
e  bourrées ,  clay s  &  autres  mefrain  dedans  lelcfits  fo0èz ,  Se  puis  y  dtcC* 
(èrent  efchelles  ,  Se  meult  vigoureufement  afiaillirent  à  l'endroit  de  la 
muraille  &  portail  dudit  hoftel-Dieu ,  dont  avoic  la  garde  Se  charge  » 
Meffire  Roben  d* EJloutevilley  Chevalier,  Sgr.  de  Beyru  Se  Prevoft  de  Paris, 

3iii  moult  honorablement  &  vaillamment  s'y  contint ,  Se  ceux  de  fa^ 
ittç  compagnie*  ^t  dura  ledit  a0àalt  depuis  laditte  heure  de  £ept  heu^ 


DU     ROY     LOUYS     XI.  97 

res ,  jufques  après  unze  heures ,  durant  lequel  temps  y  eut  grande  quan- 
tité de  Bourguignons  tuez  &  abbatus  raorcs  de  deffus  lefdits  murs  de- 
dans les  foUez  d'kclle  ville,  &  de  navrez  grand  nombre,  &bien  jufques 
au  nombre  de  quinze  à  fcize  cens  homnnes ,  &  plus  largement  y  en 
eufl  eu  de  morts ,  s'il  v  euft  eu  faillie  à  y  iftrc  hors  d'iccUe  |villc  :  Mais 
toutes  les  portes  d'icetle  cftoienc  murées  du  cofté  del'oftdefdits  Bour- 

f  menons  ,  pourquoy  ne  fe  peut  faire  laditie  faillie  ,  dont  fuient  tnoulc 
olens  les  nobles  Seigneurs ,  Capitaines  ,  gens  d'armes  SiC  de  ctaiâ ,  qui 
eftoîent  dedans  icelle  ville  en  bien  grand  nombre  ,  comme  de  qu^orze 
â  quinze  mille  combatans  ,  donc  avoit  la  charze  Se  conduicte  le  Comte 
de  Dampmanin,  Jouachin  Rouault-,  Maccfcnal  de  France,  Sa/e^ar, 
Guillaume  de  Vallée,  Mery  de  Coui ,  Guerin  le  Groing,  les  lires  de 
Beyne  6c  Toz-çy  frères,  &  plulieurs  autres  Gentilshommes  de  conduicte 
âcgrandfaçon.  Et  durant  ledit  aflàult  moyennant  lagrace  de  Dieu,  ne 
fut  point  tué  de  gens  du  Roy  plus  de  trois  :  en- 

cotes  difoit-on  que  ce  avoit  efté  pat  Icui  o  toute 

l'artillerie  qui  fut  citée  pat  lefdits  Bourguigr,  icelle 

ville  ,  lufqucs  au  9.  Juillet ,  n'en  fut  tué  s.  Et 

le  lendemain  dudir  allàult, environ  le  point  ivoyé 

par  ledit  lire  Denis  H^tlin  ,  Prevod  des  V  3eau- 

vais  grand  quantité  de  traiâ  à  arbalefte  ,  &  des  cordes  pour  y  fervir  » 
des  poudres  â  canon  &  coulevrlnes ,  &  des  Chirurgiens  pour  panfei  Sc 
guérit  les  navrez. 

LeSamedy  21.  Juillet  au  matin  ,  fut  tité  hors  des  ptifons  du  Chaftel- 
let  de  Paris  un  Mellàget  de  l'holtel  du  Roy  ,  qui  avoir  efté  conftitué 
priibnniet  cfdicces  ptifons  ,  poucce  qu'il  avoit  dit  Se  public  au  Palais , 
&  autres  plusieurs' lieux  de  laditce  ville  de  Paris  ,  que  Mgr.  le  Connejla- 
■bU  avoit  ciré  dudîc  lieu  de  Btauvais  aux  champs ,  les  Capitaines  ellans 
dedans  icelle ,  feignant  d'avoir  coiïfeil  avec  eux  ,  afiàvoir  qu'il  eftoic 
de  faire  pour  la  feuretc  &  deffence  d'icelle  ville  :  &  que  cependant  qu'il 
tenoit  ledit  confeil ,  lefdirs  Bourguignons  furent  avitaillez  en  leur  oft 
de  grand  quantité  de  vivres  ,  à  quoy  euft  eftc  fait  faire  relîftance  pat 
lefdits  Capitaines,  li  n'euft  efté  ledit  confeil.  Defquellespaiolles,  ainA 
dittes  par  ledit  Meiïàger ,  qui  fonnoient  mal  i  U  cnatge  de  mondit  Sgr. 
le  Conne/laè/e,  Se  que  de  ce  fc  tin:  fort  mal  content ,  fut  ledit  Mc&- 
aer  baille  &  délivre  par  l'ordonnance  du  Roy  à  maiftrc  MilUs ,  Huiffiec 
d'atmes  de  fon  hoftel ,  qui  le  mena  &c  conduisit  par  devers  ledit  Connef- 
table  ,  &  fi  luy  porta  les  charges  &  informations,  qui  faitces  avoienc  efté 
defdittes  patolles. 

LeVendredy  10.  dudît  mois,qui  fut  le  lendemain  dudica{^lt,parune 
nanchce  qui  fut  faitte  pour  y  eftre  hors  dudit  lieu  de  Beauvais ,  Sale- 
Tan  Sc  autres  de  fa  compagnie ,  entrèrent  dedans  le  parc  d'icelluy  de 
Bourgt^ne  environ  le  pomt  du  jour ,  où  furent  tuez  tous  les  Bourgui- 
gnons qu'ils  rencontrerenr  :  &  en  icelluy  parc  furent  brullées  trois  tentes 
&  tout  ce  qui  eftoit  dedans ,  &  en  une  d'iccUes  y  furent  tuez  deux  hom- 
mes de  grand  façon ,  jaçoic-ce  qu'ils  promettoient  de  payer  moule  grand 
finance.  Et  pource  que  en  icelluy  oft  fut  fait  grand  cry  &  noile ,  eti 
cûant  vive  Sal^art ,  lefdits  de  l'oft  fe  aftèmbletcnt  en  bien  grand  nom- 
Tome  II.  N  bre 


5)8  LES    CHRONIQUES 

bre  >  parquoy  il  convint  audit  Sak^art  fe  retraire  audit  lieu  de  Bcauvais^ 
'  47^-  &  en  s'en  retrayant ,  ceux  de  fa  compagnie  en  emmenèrent  avec  eux  de 
bien  belle  artillerie ,  comme  deux  des  chambres  des  bombardes  qiâ 
avoient  battu  &  jette  en  bas  la  muraille  de  laditte  ville.  Lerquelles 
chambres  pour  caulc  de  haftivetc  ,  ils  jetterent  dedans  les  foflcz ,  &  fi 
boutèrent  dedans  laditte  ville  deux  bien  belles  ferpentines  avec  un  grosr 
canon  de  cuivre,  nommé  l'un  des  douze  Pers ,  que  le  Roy  à  la  journée  ou 
rencontre  de  MontUhtry  y  perdit.  Et  fut  ledit  Salcmrt  fuivi  de  bien 
.  près ,  &  fort  battu  &  navre ,  &  fon  cheval  aufli  navré  de  plufieurs  coupa 
de  piques  de  Flandres  &  autres ,  nonobftant  quoy  il  le  reporta  jufques 
auait  lieu  de  Beauvais  ,  où  le  cheval  mourut  incontinent  qu'il  y  fut  arri- 
vé. Et  depuis  laditte  faillie  n'avint  audit  oft  jgueres  de  chofcs  jufques  au 
21.  Juillet,  que  les  bourgeois,  manans  &  habitans  de  la  ville  d*OrUans^ 
envoyèrent  &  firent  pafler  parmy  la  ville  de  Paris  la  quantité  de  cent 
tonneaux  de  vin  du  creu  duait  lieu  d'OrUans ,  qu'ils  envoyoient  &  don- 
noient  aufdits  Seigneurs  &  gens  de  guerre  eftans  audit  Beauvais  ^  pour 
\ts  rafraifchir  &  aider  à  bien  befogner  alencontre  defdits  Boursuigaons^ 
Et  fi  leur  envoyèrent  cncores  grand  quantité  de  troufles  de  nekhes  à 
arc,  artillerie,  arbaleftes,  &  des  poudres  à  canon.  Et  pour  conduire  lescho* 
£ts  deffiifdittes ,  y  eftoient  en  perfonnes  aucuns  bourgeois  dudit  lieu 
d^OrUansy  pour  faire  leprefent  aufdits  Seigneurs  &  gens  de  guerre  eftans 
audit  Beauvais ,  &c  de  par  icelle  ville  d'Orléans. 

En  ce  temps  furent  faittes  les  monftres  en  la  ville  de  Paris  y  par  les 
habitans  d'icelle,  par  chafci>nc  dixaine  &  quartiers  de  laditte  ville,  tous; 
lefquels  y  furent  en  armes  &  par  ordre.  Lesquelles  monftres  furentveucs 
&  receucs  par  le  Sgr.  de  Gaucourt ,  Lieutenant  du  Roy  en  laditte  ville  ,, 
maiftre  Jehan  de  Ladriefche  ,  Prefident  des  Comptes ,  fife  Denis  Hejfe-- 
lin  y  Panetier  du  Roy ,  Efleu  fur  le  fait  des  Aydcs  ,  &  Prevoft  àts  Mar- 
chans  de  laditte  ville  ;  lefauelles  monftres  il  taifoit  moult  beau  veoir  ^ 
&  plus  cuft  fait ,  fi  les  arbaleftricrs ,  coulevriniers ,  gens  pris  es  banniè- 
res ,  &  autres  gens  de  guerre  en  grand  nombre ,  envoyez  de  laditte  ville 
audit  lieu  de  Beauvais ,  y  euflènt  efté.  En  ce  temps  furent  mis  en  termes, 
que  encores  feroit  pris  parmy  laditte  ville  ,  jufques  au  nombre  de  trois 
mille  combattans ,  qui  ieroient  armez  &  fouldoyez  de  par  laditte  ville  y 
ceux  de  Parlement,  de  Chaftellct ,  la  Chambre  des  Comptes  »  la  Cham- 
bre des  Monnoyes,  le  Chancelier ,  Maiftre  des  Requeftes  ,  les  Efleus  Ô^ 
autres  ,  qui  fembla  eftre  moult  grand  charge  aux  habitans  d'icelle ,  veu 
le  grand  nombre  de  gens  que  desja  on  avoit  envoyé  audit  Beauvais ,  & 
que  auflî  laditte  ville  en  demeurroit  moult  affoiblie.  Et  furent  ces  cho- 
ies moult  honorablement  remonftrées  par  ledit  fire  Denis  Heffelin  aux 
Capitaines  eftans  audit  Beauvais ,  qui  defdittes  remonftrances  le  tinrent 
bien  contens ,  &c  fc  contentèrent  de  ce  qui  leur  avoir  efté  envoyé ,  fauf 
qu'ils  prièrent  que  encore  on  leur  menaft  cent  arbaleftriers  &  coulevri- 
niers ,  ce  que  fifk  laditte  ville.  Et  depuis  le  Mercredy  fefte  de  la  Magde- 
lainç  ,  environ  l'heure  de  trois  heures  du  matin ,  ledit  Duc  de  Bourgo^ 
gne  honteufement  fedeflogea  de  fon  oft  &  s'en  partit,  &  s'en  ala  fans  au- 
tre chofe  faire,  finon  que  durant  l'efpace  de  vingt- fix  jours  entiers  qu'il 
fut  dçvaut  laditte  ville  ^  il  ne  ceflà  de  faire  [etter  fon  artillerie  contre 

laditte 


DUROYLOUYSXr.  99 

Itdicte  ville  nuit  &  jour ,  qui  peu  ou  néant  grevèrent  icelle  ville  »  ne  les 
habitans  d'icellc  ,  &  y  donna  6c  fift  donner  deux  grans  &  merveilleux     1 47  *• 
afiàults  »  aufquels  y  rurent  tuez  ôc  meurdris  bien  grand  nombre  de  Tes 
gens  de  guerre ,  des  plus  erans  qu'il  euft  en  fa  compagnie ,  &  fi  perdit 
durant  icelluy  temps  grand  quantité  de  Ton  artillerie ,  que  ceux  de  la 

farnifon  <f  Amiens  pour  le  Roy  ,  gagnèrent  dcflus  lefdits  Bourguignons. 
t  depuis  ledit  partement  défaits  Bourguignons  y  ils  s'en  alerentboutans' 
les  feux  es  bleds  ôc  es  villages  par  tout  où  ils  pallbient  >  &  vinrent  devant 
fainS  VaUry  IciA^Crotoy ,  qui  leur  fut  rendu  par  ceux  de  dedans , 
pource  qu'ils  n'eftoient  pas  allez  de  gens ,  &c  que  la  place  n'eftoit  point 
de  tenir  contre  fa  puidànce,  &  après  s'en  ala  à  Eu  y  qui  pareillement  luy 
fut  ren^c  pour  les  caufes  que  deilus.  Et  le  Mercredy  19.  Juillet  Mgr.  le 
Conneuable ,  Mgr.  le  grand  Maiftre  ,  ^  autres  Capitaines  qui  eftoient 
dedans  la  ville  de  Bcauvaisy  accompagnez  de  hui£t  cens  lances ,  fe  par- 
tirent  dudit  lieu>pour  eux  tirer  au  pays  de  Caux  yr^isArauts  &  'Monjlier' 
villiery  pour  eftre  au  devant  defdits  Bourguignons  l  qu  ils  fuppo(oieoc 
qu'ils  y  dévoient  aler ,  ce  que  firent  lefdits  Bourguignons ,  &  alerent 
mettre  &  alKèoir  leur  parc  entre  ladicte  place  cTEu  Se  Ditpvt ,  en  un 
village  nomme  Ferricres.  Et  illec  depuis  y  fejourna  bien  grana  pièce  fantf 
rien  conquérir  ,  finon  le  Neuf-Ghaftel  ae  Nicourt  où  ils  fe  boutèrent , 
pource  que  dedans  n'y  trouvèrent  aucun  qui  leur  contredift ,  &  y  furent 
par  l'efpace  de  trois  jours  >  puis  s'en  alerent  >  &  au  partir  y  bouterenç 
le  feu  Se  bruflerent  la  ville  &  chaftel  >  qui  fut  un  moult  grand  Se  piteux 
dommage ,  car  c'eftoit  une  moult  belle  ville  de  guerre  &  grande.  Et 
en  après  fift  mettre  Se  bouter  ledit  Bouguignon  le  feu  à  LonguevilU ,  au 
Fakyy  Sc  autres  plufieurs  lieux  Se  villages  du  Baillage  de  Caux  y  que  pour 
tout  fon  vaillant  n'euft  fceu  reparer.  Et  plus  ne  autre  vaillance  ne  fift 
que  de  bouter  lefdits  feux  depuis  fon  partement  de  fes  pays  jufques  au 
premier  Décembre  1471.  Durant  ces  chofes  le  Roy  qui  eftoit  en  Breta- 
gne y  àtoutplus  de  cinquante  mille  combattans,  ne  fift  que  peu  ou  rien  » 
pource  qu'il  fut  mené  de  belles  paroll^s  &  par  Ambauades ,  au  moyen 
dequoy  il  cuidpit  avoir  bonne  pacification  &  accord  avec  ledit  de  Bre^ 
tagney  fans  efFufion  de  fangne,  perdition  de  (es  gens  de  guerre,  que 
tousjours  il  a  fort  craint ,  plus  fans  comparaifon  que  ledit  de  Bourgogne^ 
qui  eftoit  trop  cruel  &  plain  de  mauvaiie  obftination ,  ainfi  que  en  foti 
temps  Ta  bien  monftré  &  monftroit  chafcun  jour.  Et  après  que  ledit 
Duc  de  Bourgosne  fat  retourné  dudit  pays  de  (7j«Jt:,  où  ainfi  avoit  bouté  le 
feu ,  comme  dit  eft ,  Se  que  devant  Arques  Se  Dieppe  fut  fi  vigoureufe- 
ment  recueilly  &  battu ,  luy  &  fes  gens ,  s'en  partit  d'icelluy  pays  &  dé- 
libéra de  s'en  aler  dev&nt  la  bonne  ville  &  cité  de  Rouen ,  ou  plus  que 
devant  fut  bien  receu.  Et  tellement  que  au  moyen  des  faillies  &  grans 
vaillances  que  firent  fur  luy  ceux  de  dedans  ,  luy  convint  foy  en  retourner 
bien  honteufement  &  à  fa  grand  perte  vers  Abbeville ,  &  fift  courir  lors  le 
grand  bruit  de  mettre  le  fiege  devant  la  ville  de  Noyon ,  &  icelle  avoir 

{)ar  force ,  à  quoy  luy  fut  bien  refifté  par  le  fire  de  Crujfol  Se  autres  vail- 
ans  Capitaines  pour  le  Roy ,  qui  fe  vinrent  loger  dedans  ,  Sc  qui  la. 
fortifièrent  d'engins ,  de  vivres  Se  autres  chofes ,  pour  repulfcr  fa  dam- 
;ice  fureur  y  mais  un  grand  mal  fut  fait  par  fon  moyen  :  car  lefdits  Capi- 

N  1  taines 


100  LES    CHRONIQUES 

raines  pour  eftrc  &  demeurer  plus  feurs  en  laditte  ville ,  firent  bruiler  St 
^  47* •     abattre  les  fauxbourçs  d'icelle  ville,  pour  garder  de  y  loger  lefdits  Bour» 
guisnons  ,  qui  n'y  vinrent  point. 

Audit  temps  Meffire  Robert  d^EJloutevilU ,  Chevalier  Prevoft  de  Ptf- 
ris ,  qui  eftoit  dedans  la  ville  de  Bcauvais  avec  les  nobles  de  la  Prevoftc 
&  Vicomte  de  Paris ,  &  certain  nombre  de  francs  archers  ,  s'en  partit 
dudit  lieu  de  Bcauvais,  &  s'en  vint  loger  es  fauxbourgs  de  la  ville  îfEu, 
du  cofté  d'jibbevilU.  Et  ce  mefme  jour  auffi  arriva  d'autre  cofté  efdits 
fauxbourgs  du  cofté  de  Dieppe ,  Mr.  le  Marefchal  Jouachin  ,  lefquels  - 
incontinent  envoyèrent  fommer  les  Bourguignons  qui  eftoient  dedans. 
Et  tels  effrois  leur  firent  les  gens  du  Roy ,  qu'ils  prirent  compofition , 
qui  eftoit  telle,  qu'ils  s'en  alerent  tous ,  &  fi  rendirent  laditte  vilk  r-c'eft 
aÛavoir  les  Chevaliers  chafcqn  fur  un  petit  eourtaut ,  &  .tout  les  autres 
Bourguignons  qui  eftoient  bien  cent  &  plus ,  s'en  alerent  chafcun  un 
bafton  en  leur  maiij ,  &  laiflcrent  tous  leurt  habillemens  ,  biens  ,  &* 
chevaux ,  &  fi  payèrent  dix  mille  efcus  ,  &  puis  ne  demeura  gueres  que 
lefdits  Jouachin  ôc  (TEJtouteviUe ,  eux  &  leurs jgens  s'en  alerent  devant 
la  ville  dt  fainct'  Valéry ,  qu'ils  eurent  par  femblablc  condition  ,  &C 
pavèrent  fix  mille  efcus  ,  &  puis  alerent  i  Rambures  un  bien  bel  &  fort 
Cnafteau,  où  dedans  eftoient  aucuns  Bourguignons ,  qui  vindrent  au  de-* 
vant  dudit  d'Efiouteville  &c  Jouachin  ,    aulquels  ils    rendirent  ledic 
ehaftel ,  moyennant  que  IcCàits  Bourguignons  s'tn  allèrent  eux  &  leur  a 
bagues  fauves.. 

En  ces  entrefàittes ,  aucuns  tenans  le  party  dudit  de  Bourgogne ,  com- 
me le  Comte  de  Rouffiy  fils  dudit  Conneftable ,  &  autres  de  leur  party  ^ 
tinrent  les  champs  au  pays  &  marche  de  Bourgogne ,  &  fe  vinrent  cfpan- 
dre  &  loger  en  la  Comte  àtJTonnerre  ,  où  ils'ne  trouvèrent  aucune  re* 
fiftance.  Et  en  gaftant  &  deftruifantpays,  vinrent  jufquesà/o/gTry,  qui  fur 
fort  fecouru  par  les  gens  du  Roy  &  ne  l'eurent  point  -j  &  pois  s'en  ale- 
rent vers  Troyes  >  boutans  feux  es  granges  &  villages ,  &  autre  vaillance 
ne  firent.  Et  pendant  ou'ils  faifoient  tds  maux  ,  Icmblablement  le  fai- 
ibient  le  Comte  Daupnin  d'Auvergne  ,  &:  autres  nobles  hommes  de  fa: 
compagnie  ,  au  pays  de  Bourgogne  pour  le  Roy  ,  où  ils  mirent  &  boutè- 
rent auffi  le  feu  en  plufieurs  des  villes ,  villages ,  &  lieux  dudit  de  Bour^ 
gogne ,  &  V  firent  du  dommage  irréparable  :  mais  c'cftoit  pour  revance 
de  ce  que  ledit  Bour^ignon  avoit  fait  fur  les  villes  ,  pays  &  fujedts  du- 
Roy ,  comme  mauvais  qu'ik  eftoient  à  leur  vray  &  fouverain  Seigneur.- 
Au  mois  de  Septembre  enfuivant ,  le  Roy  qui  avoit  efté  par  certain» 
temps  au  pays  de  Bretagne ,  fift  trefve  &  aûftinence  de  guerre ,  en  la- 
quelle trefve  eftoient  compris  les  amis  Se  alier  d'icelluy  de  Bretagne^ 
lefcjuels  il  déclara  eftre  ledit  Duc  de  Bourgogne ,  qui  auffi  prit  &  accepta* 
laditte  trefve  ledit  temps  durant ,  auffi  pour  lûy,  fcs  amis  &  aliez ,  qu'it" 
déclara  cAït  VEm^çrcnt  d*jé/kmagne  ,  les  Roys  d'Angleterre  ,  Efco^e  > 
Portugal  y  Efpagne  ,  Arragon  ,  Secillcj  &  autres  Rôys,  pifqu'au  nomore 
de  fept,  &  jàunèurs  autres  Ducs  &  grands  Seigneurs.  En  ce  temps  ac- 
coucha d'un  fils  la  bonneReyne  de  France,  que  on  appellaMr.  à^Berry^ 
qui  ne  vefquit  gueres  (8).  Ver^ 

(S)  ILfitt nommé Fra»g>is.  f^iirci-après  page  io\^ 

0)^ 


D  0    R  O  Y    L  O  U  y  s    X  i;  ror 

Vers  la  fin  du  mois  d'Oftobre  advint  que  Mr.  de  Beaujeu  ,  frère  de  Mr. 
te  Duc  de  Bourbon  >  qui  eftoit  aie  par  l'ordonnance  du  Roy  au  pays  I47^ 
d^jirmisnacj  comme  Gouverneur  de  Guyenne ,  lequel  eftoit  bien  accom- 
pagné de  grans  Seigneurs  &  nobles  hommes ,  luy  eftans  dedans  la  ville 
ëc  cité  de  Lejlore  audit  pays ,  fut  par  trahifon  pris  &  mis  es  mains  dudit 
Comte  d^j4rmisnacy\tq{xç\  aumoyen  d*icelle  prile  recouvra  faditce  cité.  Ee 
puis  après  icellc  prife^,  ledit  (TArmignac  délivra  pluficurs  des  Seigneurs 
eftans  avec  ledit  Seigneur  de  Beaujeu  ,  qui  depuis  furent  pris  de  par  le 
Roy ,  pourcc  qu'il  avoir  foupçon  qu'ils  culTènt  efté  caufe  de  la  prife  du- 
dit Seigneur  àt- Beaujeu  ,  &  turent  menez  plufieursau  Chafteau  de  Lo-^ 
chcs.  Et  de  laditte  prife  dudit  de  Beaujeu,  fut  le  Roy  moult  dolent,  & 
pour  le  ravoir  envoya  devant  icelle  cité  de  fes  gens  de  guerre  &  artille^ 
rie  en  grand  nombre;  &  kiy-même  ala  jufcjues  à  PoiBiers,  à  la  Rochelle ^ 
&  au  pays  d'environ  ,  &  y  eftoit  le  jour  faincSt  Andry  1471.  &  puis  s'en 
retourna  ij4neers.  Et  à  caufe  deladitte  prife  y  eut  un  Gentilhomme  fer- 
viteur  dudir  Nlr.  de  Beaujeu ,  nommé  Jenan  Dey  mer ,  qui  eftoit  prifon- 
nier  audit  lieu  de  Loches  >  lequel  fut  efcartellé  en  la  ville  de  Tours  , 

Kurce  qu'il  confeflà  avoir  efté  traiftre  au  Roy  &  à  fondit  maiftre ,  &  à 
eure  qu'il  deuft  mourir ,  parla  moult  honnorablement  &  publique- 
ment devant  tous^udit  Sgr.  de  Beaujeu  ,  en  difant  pour  luy  qu'il  eftoit 
bon  &  loyah,  &  qu'il  n'avoit  rien  fceu  de  laditte  trahifon  :  mais  d'icellc 
en  chargea  fort  le  cadet  d'Alebrtt ,  Sgr.  àç.fainSBaJîle ,  auquel  ledit  de 
Beaujeu  avoit  eu  grand  confidence  ,  pource  qu'il  avoir  efté  nourry  &  eu 
moult  de  biens  en  la  Maifon  de  Bourbon.  Après  ces  chofes  le  Roy  fejour- 
na  longuement  en  PoiSou  ,  &  vers  les  marches  de  Bretagne  ,^  &  tant  y 
demeura  que  appoindement  fe  fift  entre  le  Roy  &  le  Hwc  àt  Bretasne  , 
dont  de  ce  faire  fe  mefla  fort  Oudet  de  Rie  ,  Seigneur  de  Lefcun ,  a  qut 
le  Roy  à  cefte  caufe  fift  de  grans  bienS',  &paravant  luy  en  avoit  aufll 
fait ,  &  en  fwfant  ledit  appoindtemenrle  Roy  bailla  &  delivraaudit  Duc 
de  Bretame  la  Comté  de  Montfon^  &  certaine  fommc  de  deniers. 

Et  après  ledit  accord  ainfifait ,  fut  envoyé  par  ledit  Duc  ait  Bretagne 
le  faire  notifier  &  fçavoir  par  iz%  Ambafladeurs  au  Duc  de  Bourgogne  ^ic 
pour  ravoir  de  luy  les  féelez,  que  ledit. Duc  de  Bretagne  luy  avoit  oaillez  : 
en  faifant  l'alliance  d'entre  eux. 

Le  3.  Février  1471  advint  fur  le  point  de  fix  heures  aa  foir,  que  le 
temps  eftoir  fort  doux  &  chaud ,  qu'il  defcendit  du  Ciel  deux  grans 
dartez ,  comme  deux  chandelles  ,  paflànt  devant  les  yeux  àcs  regardans^ 
qui  fembloit  eftre  fort  efpouvantable  ,  &  en  iflbit  moult  grand  clarté  r 
mais  ce  ne  dura  gueres.  Le  7.  Février  Mr.  ÎEvcfque  de  Paris  (9) ,  ^s  de  - 

Mr. 

{9)  §^  Lonîs  de  Beaumontjd'tioc  noble  le  7.  ^c  Février  1 47|.  Il  défeh<îit  par  fonr 
le  ancien  ne  famille  »îe  Poîton  ,filt  première-  teftamenc  qu  on  lui  ne  aucune  pomoc  func-* 
ment  Chancelier  de  TEglife  de  Paris- ,  Con  bre  \  il  mourut  Ic^ .  de  Juillet.  Il  e«  entera 
feiller  &  Chambellan  des  Rois  Charles  VII.  ré  dans  le  Chœur  ,  vis-à-vis  le  grand  Au* 
U  Louis  XI.  qui  le  fît  pourvoir  à  fon  infçû  tel  149 r.  fous  tmO'tombe  de cuiyte  avec  ccf 
par  le  Pape  Sixte  IV.  de  TEvéché  de  Paris.  épitajAc. 
Cet  Evéque  tint  le  (îcge  avec  une  grande  SïP^xt  u  M-  est 

^fication  ,  afliftant  jour  &  nuit  au  ferri-  1      yy^  •  * 

^deJ*-£gUre#  U  fii  fou  cncfée  foluaaellt  | .»  Jtl  Id  coipos^  Rcvereadi  iti  Cfarifto** 

N^v  »  Patris^ 


101  tES    CHRONIQUES 

'^^^^^  Mr.  de  la  Forcfl ,  fie  fon  entrée  comme  Evcfque  de  laditce  ville  ,  &  y  eut 
'  J  47  2.  grande  folemnité  gardée  à  fon  entrée.  Et  après  le  fcrvice  fait  en  la  grand 
Eglifc,  donnaàdiiner  aux  gens  d*Eglife,  Univcrfité ,  Parlement ,  Cfnam- 
bre  des  Comptes ,  Généraux ,  Maiftres  des  Requeftes ,  Secrétaires ,  Prc- 
voft  des  Marchans ,  Efchevins  &  Bourgeois  de  laditte  ville,  bien  &hon- 
norablemenr.  En  ce  temps  fut  tirée  de  la  ville  de  Lcftonnnt  groflè  fer- 
pentine  en  loft  des  gens  du  Roy  eftans  devant  »  laquelle  d-un  feul  coup 
tua  le  Maiftre  de  l'artillerie  du  Roy  &  quatre  autres  canoniers. 

Audit  temps  fut  pris  prifonnier  le  Duc  d'AUnçon  ,  par  Meflîre  Trip^ 
tan  rHcrmkc  ,  Prevoftdcs  Marefchaux  ;  8c  mené  devers  le  Roy  ,  pour 
occafion  de  ce  que  on  difoit  qu'il  s'en  eftoit  party  de  fes  pays ,  cuidant 
s  en  aler  par  devers  ledit  de  Bourgogne  ^  pour  lui  vendre  &  délivrer  tou- 
tes fes  Terres  &  Seigneuries  qu'il  avoir  au  pays  du  Ptrcht&c  Normandie  , 
avec  laditte  Duché  d^Atençon. 

Le  Vendredy  5  Mars  1472.  le  Comte  d^Armignac ,  eftant  dedans  la- 
ditte ville  de  Ltjiorc  ;  &  qui  audit  jour  avoir  composition  faitte  avec  le 
Roy,  par  le  moyen  de  Meffire  Yves  du  Fau^  que  le  Roy  avoir  envoyé  par  de- 
vers ledit  de  Armignac^xxxQtÇi^  caufe ,  afin  de  foy  envuiderduditlieudc 
Lejiore  ,  luy  ,  fa  femme  &  ferviteurs ,  leurs  vies  fauves ,  fut  ledit  de 
Armignac  tué  8c  meurdry  par  les  gens  du  Roy ,  qui  par  aflault  entrèrent 
en  icelle  ville  ,  pource  que  ledit  de  Armignac ,  nonobftant  fondit  ap- 
poinâement  ,  en  allant  a  l'encontre ,  voulut  tuer  &  meurdrir  aucun  des 

f[ens  du  Roy ,  qui  entrèrent  en  icelle  ville ,  fous  couleur  dudit  traiûé  : 
efquels  quands  ils  virent  que  ledit  de  Armignac  les  veuloit  ainfi  traic- 
ter  ,  crièrent  aux  gens  du  Roy  tenans  illec  le  ucge  ,  qu'ils  les  voulfilïènt 
fecourir  -,  ce  qu'ils  firent.  Et  vindrent  aflaillir  laditte  ville  à  l'endroit 
où  elle  avoir  efté  batuc ,  &c  par  là  entrèrent  dedans  le  Senefchal  de  Xy- 
mo^n  &  autres  en  grand  nombre,  &  rels  qu'ils  tuèrent  ledit  de  Armi-^ 
gnac  j  tous  ks  gens  ,  Se  tous  les  habitans  de  laditte  ville  de  Lcjhre  , 
tellement  que  de  tous  n'en  demeura  que  laComteflè  d' Armignac  (10)  ,  8c 
trois  femmes ,  &  trois  ou  quatre  honmies ,  que  rout  n^  rat  tout  meur- 
dry ,  rout  pillié. 

Et  partant  Mr.  dt  Beau/en. 9  &  les  autres  Seigneurs  &•  gentil-hom- 
mes que  ledit  à* Armignac  tenoit  prifonniers  au  lieu  de  Lefiore ,  furent 
délivrez  &  s'en  vindrent  devers  le  Roy.  Et  des  chofes  deflfiifdittes  en 
apporta  les  nouvelles  au  Roy  ,  un  des  chevaucheurs  de  fon  efcurie  » 
nommé  Jehan  d^ Auvergne ,  donr  le  Roy  fur  moult  joyeux ,  &  pour  ceft© 
caufe  le  fift  &  créa  fon  Hérault ,  &  fi  luy  donna  cent  efcus  d'or.  Et 

aulli 

t>  Patris  D.  D.  Ludovic!  de  Bellomonte 
a>  praccipui  titcer^rum  amatorls ,  ûui  id 
»  carnis  alHiâione  ,  in  mulcis  jejunûs,  in 
«  cleemotynarum  largione  >  in  officioram 
w  divinonim,tamdici,qu2mnoâisaniduâ 
M  prxfentià.  laïKlablliter ,  ducens  vitam  in 
M  prxfolani  annos  viginti  magnis  mune^ 
M  ribus  ecck(îamdonans,exceinc  féliciter 
90  I491,  Tcrt.  non  Julij.  Tiré  dts  Kectmls 


»  Fol  194.  obituarij.  Eccicf.  PariC 

Mais  la  tombe  de  cet  Evéque ,  auffi-bien 
que  celle  de  Guillaume  Charticr,  dont  il  eft 
parlé  ci  deflus  pag.  93.  ne  paroi/Tcnt  plus 
dans  le  Chœur  de  l*£glife  de  Nôtre- Dame 
de  Paris,  depuis  les  réparations,  ççau  depuis 
30.  ans  ont  été  faites  dans  cette  ÊgHfc. 

(10)  l^fZT  Jeanne  de  Foix.  V^/^z  Ie« 
Remarques  de  M.  Godefroy  fur  Varillas  à 
la  £a  du  Tome  I  Y*  de  cettç  édition.       .  % 


DUROYLOUYSXr.  loj 

aufli  entra  dedans  laditce  ville,  le  Cardinal  J^Anas  (ii)  ,  qui  moult 
vaiUammenc  s'étoit  poné  devant  icelle  en  y  tenant  le  fiege  pour  le  Roy  y  1 47  ^ 
&  après  fut  toute  la  ville  arfe  &  tout  jette  dedans  lesfoflèz,  &  pour  la  def- 
conhture  dudit  lieu  de  Leftore  &  dudit  d*Anmgnac ,  en  ala  la  nouvelle 
au  Roy  d*Arragon  ,  qui  eftoit  à  Perpignan  ,  lequel  pour  la  caufe  defllif- 
ditte,  &  aufli  qu'on  lui  rapporta  que  Philippe  Mr.  de  Savoye  s'enaloic 
à  lui ,  pour  luy  faire  la  guerre ,  &c  recouvrer  laditte  ville  de  Perpignan  ^ 
qu'il  avoit  prife  fur  le  Roy ,  &  venoit  illec  à  tout  grand  compagnie  de 
gens  de  guerre,  tant  à&s  pays  de  Savoye^  du  Dauphiniy  que  d^Armignac^ 
s'en  ala  &  départit  dudit  Perpignan  ,  &  fe  retrahit  en  autres  lieux  de 
Tes  pays.  Et  le  Samedy  14.  Mars  àfix  heures  du  matin ,  le  Roy  qui  eftoit 
au  PUjJîs  du  parc  ,  jadis  nommé  les  Montils  lez  Tours ,  s'en  partit  à  pri- 
vée compagnie ,  &  s'en  ala  à  Bordeaux  Se  à  Bayonne^  Et  afin  que  hom- 
me vivant  autres  que  ceux  qu'il  avoitordonnez  ne  le  fuiviflcnt ,  ne  alaf- 
fent  après  luy ,  fift  tenir  toutes  les  portes  de  Tours  fermées  y  depuis  la- 
ditte heure  jufques  à  dix  heures  fonnées ,  &  (i  fit  rompre  un  pont  près 
dudit  lieu  de  Tours ,  par  où  il  eftoit  pafle ,  a6n  que  homme  n'y  paflaft  » 
&  fift  illec  aufli  demeurer  Mr.  de  Gaucoun  ,  Capitaine  des  Gentîlshom* 
mes  de  fa  maifon  ,  afin  que  perfonne  n'alaft  après  luy. 

Et  le  Mercredy  7.  Avnl  avant  Pafques  1472.  le  Cadet  d*Aleberty  fils 
du  Comte  d*AUbert ,  qui  avoit  efté  avec  mondit  Seigneur  de  Beaujeu  > 
audit  lieu  de  Leftore  ,  &  qui  avoit  trahy  &  baillé  ledit  Seigneur  au  Com- 
te d^Armignac  ,  fut  icelluy  Cadet  pris  prifonnier  audit  lieu  de  Leftore  y 
après  la  mort  dudit  d^Armignac ,  &  amené  en  prifon  à  Poict'urs ,  où 
iÛec  fiit  fait  fon  procez  6c  condamné  à  être  décapité ,  lequel  y  fut  le 
Mercredy  7.  Avril ,  &  incontinent  qu'il  eut  le  col  couppé ,  fut  fon  corps 
&  fa  tefte  mis  en  un  cercueil  couvert  d'un  poille  armoyé  à  fes  armes  > 
&  fut  j>oné  ledit  corps  enterrer  par  les  quatre  Mendians  dudit  PoiSiersy 
&  lui  fut  fait  un  moult  beau  fervice.  Audit  mois  d'Avril  fut  fait  dcref- 
chef  trefve  entre  le  Roy  &  le  Duc  de  Bourgogne  ,  jufques  à  un  an  pro- 
chain enfuivant ,  ^ux  fîniroit  l'an  1474. 

L'an  1475.  environ  la  fin  d'Avril ,  Sidyint  que  ItKoj  d^Arragon  fift  ^— — 
cntreprife  fur  la  ville  de  Perpignan ,  &  la  prit  fur  Mr»  du  Lau  ,  qui  en     1 47  î* 
avoit  la  garde  &  la  charge,  mais  lechafteau  demeura  au  Roy  &  à  ceux 
qui  dedans eftoient ,  &  le  tindrent  depuis  ladicte  ville  prife  bien  longue- 
ment ,  &  jufques  la  conquefte  faitte  dudit  lieu  de  Leftore  y  que  après 
icelle  le  Roy  en  envoya  fon  armée  pardevant  laditte  vifle  de  Perjngnany 
devant  laquelle  ils  mirent  le  fiege  ,  &  y  aflîegerent  ledit  Roy  d'Arra^ 
gon  &  fon  fils ,  &  avec  les  nobles ,  Seigneurs ,  Capitaines  &  Senefchaux 
de  laditte  armée ,  y  eftoit  aufli  Monfieur  le  Cardinal  d^Alby  ,  qui  moult 
bien  &  fagement  le  y  gouverna.  Et  devant  icelle  ville  tinrent  le  fiege 
longuement ,  &  jufques  au  mois  de  Juin  que  le  Roy  y  envoya  derefchef 
pour  reconforter  laditte  armée  ,  quatre  cens  lances  prifes  a  Amiens  Se 
autres  villes  voifines ,  &  fi  y  envoya  grand  quantité  d'artillerie  Se  car- 
nonniers.  Au  mois  de  Juin  1475  >  1^  Duc  d^Alençon  ,  que  le  Roy  avoir 
fait  prendre  &  mener  prifonnier  à  Loches  ,  fut  mené  à  Paris  aa  ehafteaa 

dis 

(  1 1)  Jean  lof&oy ,  lors  Evéqac  iàHhj^ 

("I 


» 


104  LES    CHRONIQUES 

du  Louvre  ,  &  y  arriva  le  Mercredy ,  veille  du  fain A  Sacrement  i  tL 
^47  3  •  Juin ,  a  Thcure  d'entre  neuf  &  dix  heures  au  foir,  à  Tarche  de  Bour- 
bon ,  où  il  defcendit  illec  des  bateaux,  qui  le  avoicnt amené  de  Corbtil  ; 
:&  y  eftoient  à  le  conduire  Mn  de  Gaucourt ,  Je  fire  de  la  Choletiere  , 
màiftte  de  Thoftel  du  Rov ,  &  avec  ce  en  leur  compagnie  y  eftoient  cin- 

3uante  archers  de  la  garde  ,  &  vingt-quatre  gentils-hommes  de  Thoftel 
u  Roy ,  lefquels  après  que  leurdit  Seigneur  euft  efté  mis  &  bouté  au- 
dit Chafteau  du  Louvre ,  s'en  retournèrent  devers  le  Roy  &  le  laiflèrent 
en  la  garde  dudit  Seigneur  de  la  Choletiere ,  &  des  archers  de  laditte 
ville  de  Paris  ,  &  eft  ajQ&voir  que  le  jour  qu'il  arriva  fut  mené  loger 
en  la  rue  fainjft  Honoré  à  l'enfeigne  du  Lyon  d'argent.  Et  ledit  jour  du- 
dit Sacrement  après  fouper ,  auflî  à  laditte  heure  d'entre  neuf  &  dix 
heures  au  foir  ,  fut  mené  &  conduit  ledit  Seigneur  audit  chafteau  du 
Louvre.  Et  après  que  ledit  fiege  euft  efté  longuement  tenu  devant  ladit- 
te ville  de  Perpignan  ,  advint  que  les  gens  du  Roy  au  moyen  de  la  gran- 
de &  extrefme  chaleur  qu'ils  avoient  &  founroient  lUec  ,  &  auflii 
qu'ils  avoient  grand  fouflfreté  de  vivres ,  prirent  trefves  lefdits  de  Per* 
pignan ,  &c  eux  un  peu  de  temps ,  pendant  lequel  chafcun  fe  avitailla  ôc 
appointa  de  ce  que  befoin  leur  eftoit ,  &  en  ces  entrefaites  y  furent  en- 
voyé grand  quantité  de  gens  de  guerre.  Et  pour  y  remédier  le  fiege  & 
fournir  de  vivres  ledit  oft  ,  le  Roy  y  envoya  Mr.  de  Gaucourt  >  maiftre 
Jehan  Bourré ,  &  le  Changeur  du  Trefor ,  pour  prendre  vivres  &  les 
payer  ,  partout  où  recouvrer  en  pourroient ,  pour  mener  audit  Perpi^- 
gnan.  Ùurantce  tems  &  au  mois  de  Juillet  147J.  mourut  un  des  en- 
Fans  du  Roy,  nommé  Mr.  François  de  France  (11) ,  Duc  de  Berry , 
dont  le  Roy  porta  moult  grand  deuil ,  &  par  l'efpace  de  fix  heures  au 
xihafteau  d'Amboife  ,  que  homme  ne  parloir  à  luy.  Audit  mois  de  Juillet 
le  Duc  de  Calabre  mourut  de  peftilence  à  Nancy  en  la  Duché  de  Xor- 
rairu ,  &  incontinent  après  fon  trefpas  ,  fut  nouvelles  que  un  Alemand^ 
-qui  avant  fon  trefpas  avoir  la  conduitte  de  l'armée  diûlit  de  Calabre  , 
prit  à  prifonnier  le  Comte  de  Vaudemoru ,  héritier  de  laditte  Duché 
de  Lorraine  ,  à  l'adveu  &  fiiveur  du  Duc  de  Bourgogne  ,  pour  laquelle 
caufe  &c  afin  de  ravoir  ledit  Comte  de  VauAtmont  fut  prispour  marque  en 
laditte  ville  de  Paris  y  un  jeune  fils  efcoUier ,  neveu  de  l'Empereur  d'A-^ 
Umagru.  Audit  mois  de  Juillet  fut  ordonné  un  grand  confeil  eftre  tenu 
.en  la  ville  de  Senlis  ,  entre  les  gens  du  Roy  &  ceux  du  Duc  de  Bourgo^ 
ffie  ,  pour  appoindter  les  differens  d'entre  eux.  Et  envoya  le  Roy  de  Ion 
-cofté  ,  le  Comte  de  Dampmartin  ,  qui  y  fift  de  grans  pompes ,  M.  le 
Chancelliec,  Mr.  de  Craonj  Mr.  le  premier  Prefident  du  Parlement,  maiftre 
.'Guillaume  de  Serifay  ,  Greffier  Civil  d'icelle  Cour ,  &  maiftre  Nicole 
Bataille ,  Advocat  en  laditte  Cour ,  lefquels  y  fejournerent  jufques  au 
jour  de  my-Aouft  147J.  fans  aucune  choie  faire. 

En  ce  mefme  temps ,  le  Duc  de  Bourgogne  mift  fus  fon  armée  ,  &  s'en 
•alaàla  Duché  de  Gueldres  9  pour  la  (ub juger  &  mettre  en  ks  mains. 
Audit  mois  d'Aouft ,  le  Dimanche  huidkieime  d'icelluy ,  le  Ro)r  eftanc 
dedans  le  Chafteau  d'Mcnçon ,  qui  s'en  aloit  hors  d'icelluy ,  advint  que 

par 

(  ^^)  Voyez  ci-devant  page  100.  fur  Tan  147^4 

(m) 


D  U    R  O  Y    L  p  U  Y  s    X  I.  loy 

pargrand  fortune ,  ainfî  qu'il  iflbit  hors  du  Châftcau  d'icelluy  lieu  chcy 
deflus  luy ,  deflîis  l'une  de  fcs  manches ,  une  groffè  pierre  de  faix ,  donc 
&  de  quoy  il  fut  en  moult  grand  danger  de  fa  perfonne ,  duquel  dan- 
ger Dieu  &  la  Benoifte  Vierge  Marie  &  tous  les  Sainfts  &  Saindes  de  Pa- 
radis ,  à  la  grâce  de  laquelle  il  eftoit  moult  enclin ,  en  fut  garenty  & 
hors  jette*  Audit  mois  d'Aouft ,  le  confeil  du  Roy  qui  eftoit  en  la  bon- 
ne ville  de  Sentis ,  avec  les  Ambafladeurs  de  Bourgogne  8c  Bretagne  ,  & 
-qui  avoient  fejournc  longuement ,  s'en  départirent ,  &  s'en  ala  &  re- 
tourna chacun  en  fon  lieu  ,  fans  rien  faire  de  la  matiere,pour  laquelle  ils 
eftoient  alez.  Et  au  regard  du  fait  &  difpofition  du  temps  de  laditte  an^ 
née ,  l'Eftc  fut  moult  chaut ,  &  par  efpecial  depuis  le  mois  de  Juin  juf- 
jufques  au  premier  Décembre ,  &  plus  chaut  &  ardant  que  oncques 
n'avoiteftéveu  d'âge  d'homme  lorsvivant ,  &  àçefte  caufe  furent  Içs  vins 
chauds  &  ardans ,  &  plufieurs  d'iceux  devindrent  aigres  &  puants  ,  & 
€n  fut  grand  quantité  de  perdus  Se  jettez  p^  les  rues ,  &  ne  fift  point 
de  froid ,  ni  ne  gella  point  qu'il  ne  fqft  la  Chandeleur  paflee. 

En  ce  temps  ,  pource  qu'il  eftoit  bruit  que  les  Bourguignons  tiroient 
vers  Lorraine  &  Barrois  y  le  Roy  v  envoya  cinq  cens  lances  fous  la  con- 
duire de  Mgr.  de  Craon  y  qu'il  nrt  fon  Lieutenant  General ,  &  y  envoya 
X^s  nobles  de  l'Ifle  de  France  y  de  Normandie  ,  &  les  francs  archers  ,  qui 
furent  logez  en  divers  lieux  au  pays  de  Champagne  ,  ^  y  demeurèrent 

Î)lus  de  deux  mois ,  ôc  pui$  s'çn  retourna  chacun  en  fa  maifon  fans  rien 
aire. 

Audit  temps ,  ledit  Bourguignon  amena  l'Empereur  (CAlemagne  juf- 
ques  à  Luxembourg.  Et  fut  ledit  Empereur  dedans  la  ville  de  Mets  pour 
les  enhorter  de  bouter  ledk  de  Bourgogne  en  laditte  ville ,  ce  qu'ils  ne 
voulurent  pas  faire ,  &  s'en  retourna  ledit  Empereur  audit  Luxembourg, 
ôc  de  illec  s'en  retourija  en  Alemagne. 

En  ce  temps ,  ledit  de  Bourgogne  envoya  à  yerùfe  ,  pour  emprunter 
de  l'argent  aux  Feniciens  ,  &  dfc  icelluy  argent  en  (oudoyer  fix  cens  lan- 
ces du  pays  >  pour  le  tems  8c  termes  de  trois  mois ,  8c  paflèrent  par  la 
Duché  de  Milan  ,  &  s'en  vindrent  au  haut  pays  de  Bourgogne  avec  les 
fubjefts  dudit  Duc  ,  pource  qu'ils  n'étoient  pas  allez  fortç  pour  grever 
l'armée  du  Roy ,  qu'il  avoir  fait  loger  fur  les  marches  dudit  Duc  de 
Bourgogne* 

Audit  temps ,  le  Rov  maria  fon  aifnée  fille  (i  j) ,  que  paravant  il  avoît 
promife  au  feu  Duc  oe  Calabre  ,  à  Mgr.^de  Beaujeu  y  frère  de  Mgr,  le 
Duc  de  Bourbon*  ^ 

Audit  temps ,  les  Bourguignons  t>ar  trahifon  &  emblée ,  entrèrent 
au  pays  de  Nivernois  ,  &  y  prirent  cits  places  de  Mgr.  de  Nevers  ,  com- 
me la  Roche  ,  Chajlillon ,  &  autres.  Audit  temps  fe  raflemblerent  â 
Compiegne  y  les  Ambafladeurs  du  Roy  ,  qui  auparavant  avoient  efté  af- 
femblez  â  Senlis  y  cuidans  y  trouver  l'Ambafiade  de  Bourgogne  qui 
avoient  promis  y  venir ,  lesquels  y  firent  longuement  attendre  Içmits 

Ambafladeurs 


(15)  ÔCT  Anne  de  France  ,  mariée  à 
Plene  de  Bourbon  ,  Seigneur  de  Beaujeu. 
6on  contrac  de  mariage  fç  trouvç  au  Corps 


Diplomatique,  T.  III.  part.  I.  pag.  4^f .  Il 
eft  du  }c  Novembre  de  cette  année.  EUc 
cft  célèbre  fous  le  Roy  Charlçs  VIIL 


1475 


Tome  IL  O 


lotf  LES    CHRONIQUES' 

Âmbafl&deurs  du  Roy ,  lefquels  s'en  retournèrent  à  Paris ,  pource  quC 
'"47  3*     lefdits  Bourguignons  n'y  venoient  point  5  &  puis  encores  y  retournè- 
rent le  mois  de  Janvier ,  &  y  eftoient  le  quinziefme  jour  dudit  mois. 

En  ce  temps  fut  nouvelles  <jue  le  Duc  de  Bourgogne ,  voyant  qu'il 
n'avoit  pas  puiflance  de  parvenir  à  deftruire  le  Royaume  de  France  9  ainfi 
que  grand  peine  y  avoir  mis  >  confpira  avec  un  homme  maiftr^  Vtkicr  , 
Marcnant ,  qui  avoit  efté  ferviteur  de  Mgr.  de  Guyenne ,  &  avec  ua 
nommé  Jehan  Hardy  ,  ferviteur  dudit  maiftre  Ythier ,  qui  s'en  eftoient 
retirez  après  ledit  trefpas  dudit  de  Guyenne  devers  ledit  de  Bourgogne  > 
de  trouver  moyen  de  faire  mourir  &  empoifonner  le  Roy.  De  laquelle 
chofe  faire  ledit  Hardy  prit  à  luy  la  charge ,  &  pour  ce  faire  &  accom- 
plir luy  furent  baillez  les  poifons ,  en  luy  promettant  faire  moult  de 
biens ,  &  de  luy  donner  cinquante  mille  efcus  pour  diftribueràceluyou 
ceux,qui  feroient  laditte  exécution  ,  &  fi  fut  délivré  argent  audit  Hardy  y 
pour  taire  i^%  defpens  en  la  pourfuitte.  Lequel  Hardy ,  fol ,  non  ayant 
Dieu  dcv^t  les  yeux ,  &  non  voulant  cognoiftre  que  fe  laditte  exé- 
cution cuft  efté  accomplie  (  où  Dieu  a  bien  pourveu  ;  tout  le  très-noble 
Royaume  de  France  eftoit  du  tout  perdu  &  deftruit ,  s'en  partit  &  tira 
là  où  le  Roy  eftoit ,  &  pour  mettre  fa  damnée  entreprife  à  exécution  :  & 
non  cognoiflant  que  le  Roy  l'avoit  recueilly  &  donné  grand  argent,  s'ad- 
drefla  a^un  des  fcrviteurs  du  Roy  ,  ayant  la  charge  en  fa  cuifîne  de  faire 
faulces ,  &  auquel  ledit  Jehan  Hardy  avoit  eu  cognoi(ïance  durant  que 
ledit  Saulcier  Se  Hardy  avoient  efté  en  l'hoftel ,  &  au  fcrvice  de  mondic 
Seigneur  de  Guyenne,  Et  luy  déclara  ledit  Hardy  de  faditte  entreprife  , 
en  luy  promettant  vingt  mille  efcus  au  cas  où  il  voudroit  faire  &  accom- 
plir laditte  charge ,  qui  luy  prefta  l'oreille  ,  Se  dit  qu'il  n'y  pourroit 
rien  faire  fans  le  moyen  de  Co/inet ,  Queux  du  Roy ,  Se  qui  aufC  avoit 
efté  8c  demeuré  avec  ledit  Hardy  Se  Saulcier  en  l'hoftel  dudit  Seigneur 
de  Guyenne.  En  difant  par  ledit  Saulcier  i  icelluy  Hardy  ,  qu'il  parleroit 
audit  ÔueuXi  Se  y  feroit  ce  qu'il  pourroit,  en  difant  outre  audit  Hardy  qu'il 
luydeîÎYraft  lefaits  poifons  pour  les  monftrer  audit  Queux.  Etbicn-toft: 
après  ledit  Saulcier  Se  Colinet,  qui  de  ce  avoient  parlé  enfemble  ,  en 
aierent  avertir  le  Roy ,  dont  il  fut  moult  eft>ahy  &  efpouvanté.  Et  du- 
dit avertiflèment  furent  lefdits  Queux  Se  Saulcier  moult  honnorablement 
Se  profitablement  guerdonncz  du  Roy.  Et  en  toute  diligence  fiit  Icdir 
Jehan  Hardy  fuivy,quis'cn  retournoitdevcrsPtfm5&  fut  pris  vers  Efiam-- 
peS'i  Se  ramené  devers  le  Roy  ,•  qui  le  interrogea  ou  fift  interroger  air  les 
chofes  deffufdittes ,  Se  icelles  luy  confcflà  eftre  vraycs.  Pourquoy  Se  afin 
de  y  donner  ip  jugement  ordonné  eftre  fait  en  pareil  cas ,  s'en  partit 
le  Roy  d'Amboife  ,  &  s'en  vint  à  Chartres  ,  Meulenc  y  Creil^  Se  autres- 
lieux  es  marches  de  BeauvoUîn.  Et  après  luy  cftok  mené  ledit  Hardy  en 
une  baflè  charretc ,  où  il  eftoit  moult  bien  enferré  de  gros  fers ,  Se  en- 
chaifné ,  Se  le  conduifoit  Jehan  Blojfet ,  Efcuyer  >  Capitaine  de  ccnr  ar- 
chers de  la  garde  de  Mgr.  le  Dauphin ,  Se  avoit  avec  luy  cinquante  def- 
dits  archers  >  tousjours  eftans  autour  de  laditte  charrete.  Et  ainfi  accom- 
pagné que  dit  eft ,  fut  ledit  Hardy  envoyé  à  Paris ,  pour  eftre  délivré  au 
Prevoft  des  Marchans  Se  Efcherins  de  taditte  ville ,  &  j  fut  mené  &  ar»- 
rivale  Jeudy  la  Janvier  1473.  environ  l'heure  de  trois  heures  après^ 

diîfner 


DU    ROY    LOUYS    XL  107 

difner ,  que  firc  Denis  Htffclin ,  Confeilicr  &  Maiftre  d'hoftel  du  Roy , 
Prcvoft  des  Marchons  &  Efleu  fur  le  fait  des  Aydes  de  iadicte  bonne  vil-  1475 
le ,  le  ala  recueillir  es  fauxbourgs  de  la  porte  fainft  Denis  dlcelle  ville , 
&  avec  luy  eftoient  les  quatre  Efchevins  ,  le  Clerc  &  Sergens  de  Thoftel 
de  laditte  ville  >  &  autres  notables  habitans  d'icelle.:  &  accompagnoienç 
lefdits  Prevoft  &  Efchevins  avec  les  archers  d'icelle  ville ,  &  par  bel  or- 
dre. Et  fut  ledit  Hardy  ainfi  accompagné  que  deffus ,  &  aflîs  fur  une 
haute  chaire  mife  au-dedans  &  au  milieu  d'une  charrete ,  afin  qu'il  fcuft 
manifcftc  &c  apperceu  par  le  populaire  d'icelle  ville. 

Aufquels  &  afin  qu'ils  ne  feuflcnt  meus  de  mal  faire  ou  injurier  ledit 
Hardy ,  pour  l'enormité  dudit  cas ,  fat  defFendu  de  le  mutiller ,  blafphe- 
mer,  ne  injurier.  Et  ainfi  eftant  en  laditte  charrette ,  que  dit  eft,  fuft 
amené  tout  au  long  de  la  erand  rue  faindt  Denis»  &  defcendu  audit 
hoftel  de  la  ville ,  Se  délivre  par  ledit  Blojftt  es  mains  &  en  la  garde 
defdits  Prevoft  des  Marchans  &  Efchevins  »  aufquels  le  Roy  voulut  leur 
attribuer  l'honneur  d'en  avoir  la  garde ,  &  faire  faire  fon  procez ,  & 
icelluy  mettre  à  exécution» 

Audit  temps  le  Roy  eftoit  à  Crdl ,  fift  tm  Edi£t  touchant  les  gens  d'ar- 
mes de  fon  Royaume ,  par  lequel  il  déclara  que  chafcune  lance  n'auroit  ne 
ne  tiendroit  que  fix  chevaux.  C'eft  aflàvoir  la  lance  trois  chevaux ,  pour 
luy  9  fon  page  &  le  couftillier ,  &  les  deux  archers  deux  chevaux ,  &  un 
cheval  pour  le  varier ,  &  qu'ils  n'auroient  plus  de  paniers  à  porter  leurs 
harnois ,  &  avec  ce  ne  fejourneroient  que  un  jour  en  un  village.  Et  en 
outre  fut  crié  que  nul  Marchant  ne  vendift  aufdits  gens  de  guerre  »  ne 
preftaft  aucun  draos  de  foye  >  ne  camelots  >  fur  peine  de  perdre  l'argent 
que  lefdits  gens  de  euerre  leur  pourroient  devoir  à  caufe  de  ce  ,  &  aufiî 
que  on  ne  leur  vendift  aucun  drap  de  laine  plus  de  trente  deux  fouis 
parifis  l'aulne. 

Audit  temps  le  Roy  fift  ordonnance  fur  le  fait  de  fes  monnoyes , 
&  ordonna  (es  grans  blancs  courir  pour  onze  deniers  tournois  »  quipa- 
ravant  ne  valoient  que  dix ,  les  targes  onze  deniers  tournois,  qui  en  va«- 
loient  douze ,  l'efcu  trente  fouis  trois  deniers  tournois ,  &  ainfi  de  toutes 
les  autres  efpeces  de  monnoyes ,  tout  fut  changé  Audit  temps  environ 
le  10  Janvier  147J.  fut  fait  accord  &  appoindlement  entre  le  Roy& 
Mgr.  le  Conneftable ,  qui  avoit  pris  &  mis  en  fa  main  la  ville  Atfainct 
Quentin  ^  &  en  mift  hors  le  fire  de  Creton ,  qui  avoit  cent  lances  de 
par  le  Roy.  Et  par  ledit  accord  demeura  ledit  Conneftable  audit  y^//iâf 
Quentin  ,  ainfi  que  avant  avoit  fait ,  &  luy  fut  rendu  Meaux  Se  autres 
places  ,  dont  il  avoit  efté  dçfappoinâé ,  &  fi  luv  bailla-on  Commifiaires 
pour  eux  informer  de  ceux  qui  avoient  parlé  audit  Conneftable ,  pour 
raifon  de  laditte  prife  àeJkinS  Quentin  9  afin  de  les  punir ,  Se  luy 
fut  délivré  l'argent  du  fouldoy  de  fes  gens  de  guêtre ,  qui  empefché  fut 
incontinent  après  laditte  ville  dcfainS  (Quentin  prife.  Audit  temps  le 
Roy  vint  des  parties  d'Amboife  ou  il  eftoit  5  foy  tenir  à  Sentis ,  Se  illec 
environ  ,  &  cependant  les  Ambaflàdeurs  du  Roy  Se  du  Duc  de  Bourgo^ 
gne  y  qui  communiquèrent  fur  le  fait  de  trouver  entre  eux  appoinâiement 
de  paix  ou  trefves ,  &  finalement  fut  ladite  trefve  continuée  jufques  à 
la  my-May ,  en  attendant  plu^  ample  appoinélement.  En  ce  temps  le 

O  X  Roy 


J 


io8  LES    CHRONIQUES 

Roy ,  qui  eftoit  à  Senlis ,  s'en  vint  loger  à  Ermenonville  en  Xanters  \ 
^  '  ^'  appartenant  à  maiftre  Pierre  V Orfèvre ,  Confeiiler  des  Comptes ,  &  illec 
'  y  lejourna  environ  un  mois,  pendant  lequel  temps  Mgr.  àt Bourbon^ 
que  le  Roy  avoir  diverfes  fois  mandé  venir  par  devers  Tuy  ,  y  vint  & 
arriva  &  n  y  demeura  que  dix  ou  douze  jours ,  puis  s'en  retourna  en  foi» 
pays  faire  les  Pafques ,  ainfî  que  le  Roy  luy  en  donna  le  congé ,  ^uiquel 
il  promift  incontinent  après  Quafimodo  stïi  retourner  &  revenir» 

En  ce  temps  au  mois  de  Mars,  le  Jcudy  30.  &  penultiefme  jour  du- 
dit  mois ,  Jehan  Hardy  ,  empoifonneur ,  dont  eft  parlé  devant ,  fut 
condamné  par  Arreft  delà  Cour  de  Parlement  à  eftre  traifné  depuis  l'huys 
de  la  Conciergerie  du  Parais  jufques  à  la  porte  dudit  lieu  ,  &  de  illec 
bouté  en  un  tombereau  &  mené  devant  l'hoftel  de  la  ville  de  Paris ,  def- 
fus  Tefchaffaut  pour  ce  illec  drefïe,  pour  y  eftre  efcartellé^  ainir  qu'il  fut 
fait.  Et  condamné  la  tefte  eftremife  &  demeurer  deflus  une  lance  devant 
l'hoftel  de  laditte  ville ,  les  quatre  membres  porter  en  quatre  des  bonnes 
villes  des  extrefmitez  de  ce  Royaume^Età  cKafcun  defdits  membres  eftre 
mis  une  epitaphe  pour  faire  fçavoir  la  caufe  pourquoy  lefdits^  membres 
y  eftoient  mis  &  pofez.  Et  outre  comdamné  le  corps  eftre  bruflé  &  mis 
en  cendres  devant  l'hoftel  de  laditte  ville,  toutesles  maifons  dudit  Jehan 
Hardy  arrafées  Se  mifes  par  terre,mefmemen t  le  lieu  de  fa  nativité  jettée  par 
terre,fans  jamais  y  eftre  fait  edifice,&  de  y  mettre  epitaphe  pour  faire  fçavoir 
l'enormite  du  cas  dudit  Hardy ,  &  pourquoy  eftoit  raitte  laditte  démoli- 
tion. Et  fut  ledit -fftfr^  ainfi  exécuté  ledit  jour  de  Jeudy  es  prefences  du 
Sgr.  de  Gaucourt ,  Lieutenant  du  Roy ,  du  premier  Prefident  Boulent 
ger  y  du  Prevoftdc  Paris  ,  du  Prevoft  des  Marchans  &  Efchcvins  de  la- 
ditte ville ,  du  Procureur  &  le  Clerc  d'icellc ,  &  plufieurs  autres  nota- 
bles perfonnes  ,  Se  fut  baillé  audit  Hardy  pour  la  conduitte  de  fon  ame 
.  &  confcience ,  un  notable  Dofteur  en  Théologie ,  nommé  maiftre  Jehai? 
Hué.  Et  puis  le  Samçdy  enfuivant  environ  minuit,  pourquoy  ce  fut-il  î 
Tiz  point  efté  fceu ,  b  tefte  dudit  Hardy  y  mife  au  bout  d'une  lance ,  fut 
oftée  de  deffus  refchaffaut  où  elle  eftoit ,  mife  &  jettée  en  une  cave  près 
d'illec.  Ledit  jour  vint  &  arrivaà  Paris  une  moult  belle  Ambaflàde du 
Roy  d'Arragon  ,  qui  fut  recueillie  par  Mgr.  le  Comte  de  Pentheure  (14)» 
Mgr.  de  Gaucourt  Se  autres ,  qui  bien  fcftierent  laditte  Ambaflàde  en 
plufieurs  lieux  de  Paris  ,  &  jufques  au  jour  de  Pafques  fleuries ,  que  on 
cellà  pour  la  femaine  peneufe  qui  entra ,  de  les  feftier.  Et  puis  vint  6j 
^^^^^^^  arriva  le  Roy  à  Paris  le  Samedy  1 6.  Avril  1474.  après  Pafques. 

Le  Mercredy  10.  Avril  1474.  le  Roy  ordonna  cjuc  les  monftres  feufiènt 
^'^  faittes des  Officiers ,  bourgeois,  manans  &  habitans  de  laditte  ville  de 
Paris  y  ce  qui  fut  fait.  Et  fut  laditte  monftre  faite  &  monftrée  au  dehors 
de  Paris  ,  depuis  la  i^ftille  fainft  Anthoine ,  en  ayant  au  long  des  fof- 
fez  jufques  à  la  tour  de  Billy ,  Se  d'illec  en  bataille  jufques  à  la  grange 
aux  Merciers.  Et  de  l'autre  cofté  auffi  eftoient  en  bataille  les  habitans  de 
laditte  ville ,  qui  eftoit  mouk  grande  &  belle  chofe  à  veoir.  Et  eftimoio- 
on  le  nombre  des  armées  de  quatre^ vingt  à  cent  mille  hommes ,  tous 

d'une 

(14)  Jean  de  Broflè,  dît  de  Bretagne,  qui  r  lequel  a  f  poufc-  Jeanne ,  fille  unique  de  Phw 

dc  Louife  de  Laval,  (on  épouTc)  a  eu  Rcné>,  [  lippe  de  Comincs»  dont  on  a  les  Mémoires 

(14) 


D  U    R  O  Y    L  O  U  Y  s    X  i:  109 

d^une  livrée  de  hçcquerons  rouges  à  belle  croix  blanches ,  &  fut  tiré 
aux  champs  grand  quantité  d'artillerie  de  laditte  ville  de  Paris  ,  qu'il 
faifoit  moult  beau  veoir.  Et  à  veoir  laditte  monftre  y  eftoix  le  Roy  & 
TAmbaflàde  du  Roy  d'Arragon  ,  qui  tous  faifoient  grandes  admirations 
de  la  quantité  de  gens  de  guerre  qu'ils  virent  illîr  hors  de  laditte  ville. 
Et  avec  le  Roy  eftoit  fa  garde ,  les  gentilshommes  de  fa  maifon ,  le 
Comte  de  Dampmartin  ,  qui  fe  y  trouva  moult  fort  pompeux ,  aufli  y 
cftoient  Philippe  Mgr.  de  Savoye ,  Comte  de  Brejji ,  Mgr.  du  Perche  » 
SalU[art  &:  plufieurs  autres  Capitaines ,  notables  hommes  &  gens  de 
nom.  Et  après  laditte  monftre  faitte ,  le  Roy  s'en  ala  au  bois  de  Fincen- 
nés  foupper ,  &  y  mena  avec  luy  laditte  Ambaflade  d*Arragon  ,  &  peu 
de  temps  après  le  Roy  donna  aux  deux  Seigneurs ,  chefs  de  laditte  Am- 
baflade, deux  hanaps  couverts  à  perfonnages  tout  de  fin  or ,  quipefoient 
quarante  marcs  d'or  fin ,  &  coufterent  trois  mille  deux  cens  efcus  d'or, 
&puis  s'en  partit  le  Roy  pour  s'en  retourner  k  Senlis  y  où  fejourna 
depuis  par  certain  temps.  Pendant  lequel  temps  vint  &  arriva  l'Ambaf- 
fade  de  Bretagne  ^  qui  s'en  ala  devers  le  Roy.,  &:  des  Allemagnes  auflî 
arriva  à  Paris  Ambaflade ,  dont  eftoit  chef  le  Duc  de  Bavierre  ,  &  avec 
laditte  Ambaflade  de  Bretagne  y  vint  Philippe  des  EJ/ars  ,  Seigneur  de 
Thieux ,  Maiftre  d'hoftel  du  Duc  de  Bretagne  ,  lequel  avoir  auparavant 
cfté  contre  le  Roy.  Et  le  recueillit  très-bien  le  Roy ,  &  luy  dgnna  dix 
mil  efcus ,  &  fi  le  fift  Maiftre  Enquefteur  &  General  Reformateur  des 
Eaucs  &  Forefts  es  marches  de  Brie  &  Champagne ,  que  tenoit  Mer. 
de  Chajiillon ,  à  qui  le  Roy  le  ofta  pour  bailler  audit  Philippe  des 
Ejjars. 

Audit  temps  que  le  Roy  eftoit  à  Sentis ,  à  Ermenonville  ,  &  illec  en- 
viron ,  y  vint  &c  arriva  l' Ambaflade  de  Bourgogne  ,  qui  y  demeura  aflcz 
longuement  fans  rien  faire ,  &  le  Roy  s'en  ala  à  Compiegru ,  d  Noyon  y 
&  autres  places  d'environ.  Et  là  le  Conneftable  vint  par  devers  luy  pour 
aucuns  diff'erens ,  qui  eftoient  entre  le  Roy  &  luy ,  &  parlèrent  aux 
champs  enfemble  en  un  village  nommé où  rut  fait  un  pont  en- 
tre eux  deux  (  1 5  ) ,  &  chafçun  d'eux  eftoient  garni  de  gens  de  guerre  pour 
la  garde  de  leurs  perfonne.  Et  illec  ainfi  aflèmblez  ,  que  dit  eft  »  par- 
lèrent de  leurfdits  differens ,  mefmement  pour  raifon  de  la  prife  & 
retenue  que  faifoit  ledit  Conneftable  de  la  ville  àtfaincl  Quentin ,  qu'il 
avoit  prife  &  mife  en  fa  çiain  ,  &  en  dechafle  &  bouté  dehors  le  fire  de 
Creton ,  qui  avoit  la  garde  d'icelle  ville  de  par  le  Roy  >.  &  la  retenue  de 
cent  lances  ,  qui  tous  par  la  force  Se  contrainte  dudit  Conneftable  vuih 
derent  hors  de  laditte  ville,  dont  le  Roy  fut  bien  mal-content. 

Et  pour  cefte  caufe  le  Roy  fift  arrefter  les  deniers  &  dcfcharges ,  qui 
avoient  efté  levées  pour  le  payement  dudit  Conneftable  &  des  quatre 
cens  lances  de  fa  charge  &:  retenue ,  pour  le  quartier  d'Avril ,  May  & 
Juin  ,  lors  efcheu,  qu'il  prit  It^xifainà  Quentin.  Et  après  ledit  pourpar-» 
lé  enfemble,le  Roy  leva  fa  main  dudit  Arreft&  fift  tout  lepavement  délivrer 
auditMer.  le  Conneftable,  &:  puis  fe  départirent  d'enfemble  bons  amis,  & 
ii  fift  illec  la  paix  dudit  Sgr.  &  du  Comte  de  Dampmartin  y  qui  riea 

ne 
(15)  Voir  les  Mémoires  de  Comines ,  livre  ^.  chap.  i  u 

o  5 


I474* 


no  LES    CHR.ONlQUE-5 

ne  s'entredcmandoient.  Et  audit  partcment  le  Roy  pardonna  tout  audit 
^474-  ^g,.^  iç  Conneftablc,  qui  luy  promift  6c  jura  de  non  luy  faire  jamais 
autres  fautes ,  mais  que  bien  le  ferviroit  de-làen  avant  alencontrede 
tout  le  monde ,  fans  nul  en  excepter.  En  icelluy  temps  le  Roy  s  en  re- 
tourna à  Scaiis  )  Ermenonville ,  Pontfainte  Maixance  &  autres  lieux  » 
&  fouvent  &  prefque  tous  les  jours  aloit  le  Roy  en  l'Abbaye  de  la  FiC" 
toircj  prier  &  aourer  la  Bcnoifte  Vierge  Marie  y  illec  requifc ,  à  Thon- 
neur  Se  louange  de  lacjuelle  il  6ft  faire  audit  Prieuré  de  biens  gcans  dons 
en  or  content ,  qui  bien  montèrent  dix  mille  efcus  d  or. 

Audit  temps  le  Roy  ayant  en  finguliere  recommandation  fon  popu**- 
laire  &  gens  de  guerre ,  &  pour  efchever  efïufîon  de  fang  par  guerre  , 
fift  une  trefve  avec  fon  ennemy  &  adverfaire  le  Duc  de  Bourgogne  y  pour 
un  an,  finiflànt  le  premier  Avril  1475.  combien  que  plufieurs  Anibaflà- 
des  feuflènt  venues  par  devers  luy  de  par  TEmpereur  d^AUmagnc ,  luy 
humblement  prier  &  requérir,  qu  ilnehft  pointladitte  trefve  avec  ledit  de 
Bourgogne*  Et  que  par  port  ci  armes  ils  le  rendroient  fugitif  &  en  la 
mercy  du  Roy ,  &  que  toute  la  conquefte  &  profit  qu'ils  çourroient  faire 
&  avoir  fur  ledit  de  Bourgogru ,  ils  promettoient  le  bailler  &  donnée 
au  Roy  fans  rien  luy  coufter  du  (len  :  mais  nonobftant  ce  que  dit  eft  » 
fut  ladittc  trefve  faitte  &  accordée  avec  ledit  de  Bourgogne  y  à  la  grand 
defplaifance  des  très-bons  &  loyaux  fujeûs  du  Roy.  Et  nonobftant  la- 
ditte  trefve  &  au  commencement  d'icelle ,  lefdits  Bourguignons  firent 
de  grans  outrages  &  dommages  aux  pays  &  fujeâs  du  Roy ,  eftans  alen- 
tour  defdits  Bourguignons ,  dont  aucune  réparation  ne  fut  faitte  par 
iceux  Bourguignons  ,  laquelle  chofe  demeura  en  grand  efclandre  de  voir 
le  vaflâl  du  Roy  ainfî  outrager  les  pays  &  fujeds  de  fon  fouverain  Sei* 
gnetu:. 

Au  commencement  du  mois  de  Juillet  1474.  le  Roy  vint  &  arriva  en 
fa  bonne  ville  &  cité  de  Paris  ,  où  il  ne  icjourna  qu'une  nuit ,  &  le 
lendemain  s'en  ala  à  TEglife  Noftre-Dame ,  ôc  de-là  en  la  fainûe  Cha* 
pelle  du  Palais ,  &  difna  en  la  Conciergerie  dudit  Palais ,  au  logis  &  do- 
micilie de  maiftre  Jehan  de  LaJriefche^  Prefident  des  Comptes ,  &  illec 
environ  quatre  heures  après  midy  s'en  partit ,  &  ala  en  un  bateau  par 
la  rivière  depuis  la  pointe  dudit  Palais  jufques  à  la  tour  de  Nejle  9  où  il 
monta  à  cheval  Se  s'en  ala  à  Chartres  ,  à  Jmboife ,  &  de-là  i  Noftre- 
Dame  de  Behuart  en  Poicloiu 

Audit  an  le  Roy  envoya  grand  nombre  de  gens  d'armes  de  fon  ordon- 
nance ,  de  francs  archers  &c  autres ,  &c  de  fon  artillerie  pour  reconquérir 
le  Royaume  (VArragon ,  dont  on  difoit  que  Dieu  leur  donnaft  grâce  de 
y  bien  befogner  &  de  retourner  joycufement ,  car  on  dit  communé- 
ment ,  <iue  c'eft  le  cymetiere  aux  François. 

Audit  temps,  le  Jeudy  18.  Juillet  1474.  l*Arreft  fut  prononce  en  la 
Cour  de  Parlement  par  Mgr.  le  Chancellier ,  nommé  maiftre  Pierre  Do^ 
riolle,  du  procès  fait  alencontre  dudit  ^Alençon^  qui  paravant  avoit  efté 
détenu  prifonnier  au  Louvre  &  audit  Palais ,  &  par  icelluy  Arreft ,  fut 
ramené  à  fait  les  cas  &  crimes  à  lui  impofés ,  &  la  condamnation  jadis 
contre  lui  prononcée  à  Vendofme ,  du  temps  du  Roy  Charles  ,  dont 
Piçu  ait  l'amc,  Et  le  pardon  &  grâce  ^ue  de  ce  luy  avoit  depuis  fait  le 

Roy 


DU    ROY    L  O  U  Y  S     XI.  iii 

Koy  de  lui  laifTer  la  vie  fauve ,  &  que  depuis  il  avoit  encores  continué 
de  mal  en  pis,comme  ingrat.  Et  tgut  dit  &  récité  publiquement  en  icelle  ^^74* 
Cour,  fut  ledit  àiAUnçon  déclaré  par  Arreft  eftre  criminel  de  crime  de  lezc- 
Majefté  ,  &  comme  tel  condamné  à  eftre  décapité  &  fouflfrir  mort.  Sauf 
fur  ce  le  bon  plaifir  du  Roy.  Et  toutes  (ts  terres  &  Seigneuries  ,  &  tous 
fes  biens  eftre  acquifes  &  confifquées  au  Roy.  Et  lui  fut  le  didbim  dudic 
Arreft  dit  à  fa  perfonne  par  mondit  Sgr.  le  ChanccUier ,  &  bien-toc 
après  fut  ramené  prifonnier  en  fa  première  nrifon  dudit  Louvre  ,  en  la 
garde  &  conduitte  de  fire  Denis  Hejfelin ,  Efleu  de  Paris  ,  &  de  fes  gens 
pour  luy ,  de  fire  Jacques  Htjftlin  ,  fon  frère ,  Efcuyer  de  TEfcurie  du 
Roy ,  &  de  fire  Jehan  de  Harlay  ,  Chevalier  du  guet  de  nuit  de  ladittc 
ville  ,  &  autres  ordonnés  de  par  le  Roy  ,  à  la  garde  dudit  Sgr.  Après 
ledit  Arreft ,  le  Roy  s'en  tira  à  Angers  5  &  au  pays  d'environ  >  &  fift 
mettre  en  fa  main  laditte  ville  à! Angers  &  autres  terres  &  Seigneuries 
qui  eftoient  &c  appartenoient  au  Roy  de  CccilU  ,  pour  aucunes  caufes 
qui  à  ce  le  meurent.  Et  au  gouvernement  &  adminiftration  defdittes 
Seigneuries  &  terres  y  fut  mis  &  commis  maiftre  Guillaume  de  Ctrifay  , 
Grenier  civil  de  la  Coiu  de  Parlement.  Et  après  le  Roy  retourna  par  de- 
vers le  pays  de  Btaujfe  a  Chartres  &  en  Gafiinois ,  au  bois  de  MaUs-her* 
tes  Se  autres  lieux  voifins  >  où  il  fejourna  par  certaine  longue  efpace  de 
temps,  en  chafiànt  6c  prenant  beftes  fauvages ,  comme  cerfs,  fangliers» 
Se  autres  beftes ,  dont  il  trouva  largement.  Et  pour  raifon  de  la  grand 
quantité  de  beftes  qui  y  furent  trouvées  ,  aima  fort  ledit  pays.  Com- 
bien que  en  autres  choies  ,  il  eft  maigre  pays ,  fec  ,  inutile  &  de  petite 
valeur  ,^  &  puis  s'en  partit  le  Roy ,  &  s'en  ala  au  Pont  de  Chamoys  , 
où  aufii  il  demeura  par  certain  temps  &  jufques  au  6.  Oârobre  1474. 
qu'il  s'en  partit ,  &  ala  jufques  à  Montereau  -  Fault  -  Yonne.  Et  audit 
Pont  de  Chamoys  demeura  mondit  Sgr.  de  Beaujeu ,  par  devers  lequel 
s'en  aloient  par  chafcun  jour ,  les  gens  duerand  Confeil  en  l'abfence  du 
Roy.  En  ce  tempsleDucde^o///^og/z^,quis  en  eftoitparty  de  fes  pays  pour 
aler  faire  guerre  aux  Alemans  ,  ala  en  Alemagne  tenir  &  mettre  le  lîeee 
devant  la  ville.de  Nu:^ ,  qui  eft  une  bonne  ville  près  de  Cologne  fur  le 
Rhin  >  oùil  fejourna  bien  longuement,  tenant  le  liege  illec  devant  avec 
toute  fon  armée  Se  artillerie.  Audit  temps  furent  envoyez  en  Bretasnt 
Ambafladeurs  de  par  le  Roy  ;  c'eft  aflàvoir  Mgr.  le  Cnancelier,  Phe- 
lippe  àts  Ejfàrs  Se  autres.  Et  au  retour  de  laditte  Ambaflàde  revint  Se 
retourna  dudit  Bretagne  Meflîre  Pierre  de  MorvilUer ,  jadis  Chancelier , 
qui  s'en  eftoit  aie  avec  feu  Mgr.  de  Guyenne  ,  &  depuis  fon  trefpas  s'en 
cftoit  retraiA  audit  pays  de  Bretagne.,  En  ce  temps  les  cens  tenans  le 
parti  dudit  de  Bourgogne  ,  nonobftant  laditte  trelve ,  prirent  la  cité  de 
Verdun  en  Lorraine  ,  dont  le  Roy  eftoit  Seigneur  Se  gardien.  Et  pour  la 
ravoir ,  le  Roy  envoya  trois  cens  lances  &  quatre  mfl  francs  archers  qui 
eftoient  accompagnez  du  Sgr.  de  Craon  Se  autres.  Audit  temps  auflî  lef- 
dits  Bourguignons  prirent  par  emblée  une  ville  au  pays  de  Nivernois  > 
nommée  Molins-En^lbert ,  où  pareillement  le  Roy  envoya  des  gens 
de  guerre  &  de  fon  anillerie.  Et  ne  différa  point  ledit  de  Bourgogne  que 
par  fes  pays  &  de  fon  party ,  nonobftant  icelle  tre(ve ,  de  tousjours  faire 
maux  &  perfiKuter  les  gens ,  ferviteurs  >  villes  Se  fuieds  du  Roy. 

£a 


M74« 


112  LES    CHRONIQUES- 

En  icelluy  temps ,  Edouard ,  Roy  d'Andererrc ,  envoya  fes  Heraux 
par  devers  le  Roy  le  fommer  de  lui  rendre  &  bailler  les  Duchcz  de 
Guyenne  3c  de  Normandie  ,  qu'il  difoit  à  luy  appartenir ,  ou  que  en  fon 
refus  ,  il  lui  feroit  guerre ,  aufquels  Heraux  fut  faitte  &  rendue  refpon- 
ce.  Et  par  iceux  le  Roy  envoya  audit  Edouard  le  plus  beau  courcier  qu'il 
cuft  en  fon  efcurie  ,  &  depuis  ce ,  le  Roy  lui  envoya  encores  par  Jenan 
de  LaiJIier  ,  Marefchal  de  (es  logis ,  un  afne  ,  un  loup ,  &:  un  fanglier, 
&  a  tant  s'en  retournèrent  lefdits  Heraux  en  leurdit  pays  par  devers^leur 
Roy.  Au  mois  de  Novembre  le  Roy  vint  par  devers  Paris  ,  &  fut  loger 
à  ^blon  fur  Seine ,  depuis  au  bois  de  Virulnrus ,  à  Haubzrvillier  8c 
autres  lieux ,  &c  puis  d'ulec  fe  deflogea  &  ala  en  la  France  foy  loger  en 
un  hoftel  appartenant  à  maiftrc  Dreux  Budé  ,  Audiencier ,  nommé  le 
Bois  U  Comte  ,  &  Mgrs.  de  Lyon  ,  de  Beaujeu  ,  &  autres  Seigneurs  fui^ 
vans  le  Roy  9  fe  logèrent  à  Aîiçlry  en  France  ,  &  puis  fe  deflogea  le  Roy 
&  ala  avec  les  Sgrs.  devant  dits  ,  à  Chameau  Tierry ,  où  il  demeura  cer- 
taine efpace  de  temps ,  &  jufques  environ  le  1 1  Décembre ,  qu'il  retour- 
na à  Paris  &  y  fift  Ion  Nocl  »  &  fut  le  Roy  au  fcrvice  la  veille  de  Noël, 
en  TEglife  Noftre-Dame  de  Paris.  Le  lendema^jj  de  Noël ,  qui  eftoit  le 
jour  fainft  Eftiennc  »  le  Roy  eut  des  nouvelles  que  les  Anglois  eftoient 
en  armes  en  grand  nombre  fpr  mer,  &  eftoient  vers  les  parties  du  Mont 
faim  Michel.  Et  incontinent  fift  monter  à  cheval  &  envoyer  en  A^or- 
mandie  ,  les  Archers  par  lui  mis  fus  de  fa  nouvelle  garde  >  nommée  la 
garde  de  Mr.  le  Dauphin. 

En  ce  temps  le  Roy  eut  des  nouvelles  de  fon  armée ,  qu'il  avoir  envoyé 
en  jirragon  ,  &  comment  fes  gens  avoienf  pris  une  place  près  de  Perpi- 
gnan ,  nommée  Gonne ,  dedans  laquelle  y  eftoient  aucuns  Gentilshom- 
mes &  habitans  d'icelle  ville  de  Perpignan  ,  que  on  voulut  faire  mourir 
comme  traiftres  ,  mais  on  différa  pource  qulls  promirent  dedans  un 
temps  q^u'ils  nommèrent ,  de  faire  réduire  &  mettre  en  Tobeyllance  du 
Roy  laditte  ville  de  Perpignan  ,  laquelle  chofc  ils  ne  firent  poirit  dedans 
le  temps  qu'ils  avoient  promis ,  parquoy  en  furent  aucuns  d'eux  décapi- 
tez. Et  entre  les  autres  y  eut  un  nommé  Bernard  de  Dovis  ,  qui  cuft 
le  colcouppé.  Et  bien-toft  après  fut  fait  appoinétement  entre  le  Roy  fie 
lefdits  èiArragon  ,  par  lequel  la  Comté  dç  RouJJillon  fut  derefchef  rc- 
mife  en  la  main  du  Roy, 

Au  mois  de  Janvier  1474.  advint  que  aucuns  larrons  Bourguignons  i 
fans  maiftre  ne  advçu  ,  fe  mirent  fur  les  champs  &:  vinrent  courir  es 
pays  du  Roy  Se  jufques  près  de  Compiegne ,  où  ils  prirent  &  tuèrent 
gens  ,  &  puis  voulurent  ediffier  une  place  pour  eux  retraitre  près  de 
Roye  ,  nommée  Arfon  ,  où  ils  amenèrent  grand  Quantité  de  pionniers. 
Et  quand  le  Roy  en  eut  ouy  les  nouvelles ,  il  manda  aux  garnifons  d'-^- 
miens ,  Beauvais ,  &  autres  lieux,  avec  la  compagnie  dujgrand  Maiftre  , 
Se  auflî  des  Arbaleftriers  ôc  Archers  de  Paris  &  autres  de  laditte  ville , 

aae  Meflîre  Robert  d' EJlouteville  ,  Prevoft  de  Paris  conduifoit ,  qu'ils 
laflènt  deftruire  lefdits  Bourguignons  &  place ,  mais  incontinent  qu'ils 
en  oyerent  la  nouvelle,  ils  oefemparerent  tous,  &  s'enfuirent  comme 
paillars  qu'ils  eftoient. 
Audit  mois  de  Janvier  1474.  advint  que  un  franc  arckcr  4^  Meudon 

près 


DU    ROY    LOUYS    XL  ii^ 

Tf rès  Paris ,  eftok  prifonnicr  es  prifons  de  Cliaftcllet  >  pour  occafion  de 
plufieurslarrecins, qu'il  avoir  fait  en  divers  lieux,  &  mefmement  en  TË-     *  474*  *f 

Slife  dudit  Meudon.  Et  pour  lefdits  cas  &  comme  facrilegc  ,  fut  con- 
emné  à  eftre  pendu  8c  eftranglc  au  gibet  de  Paris ,  nommé  Montfaul-^ 
con  y  dont  il  appella  en  la  Cour  de  Parlement ,  où  il  fut  mené  pour  dif-* 
cuterde  fon  appel  :  par  laquelle  Cour  &  par  fon  Arreft  fut  ledit  franc 
archer  déclare  avoir  mal  appelle  &  bien  jugé  par  le  Prevoft  de  Paris  , 
par  devers  lequel  fut  renvoyé  pour  exécuter  fa  fentence.  Et  ce  mefme 
)our  fut  remontré  au  Roy  par  les  Médecins  &  Chirurgiens  de  laditte  ville 

gue  pluHeurs  &  diverfes  pcrfonnes  eftoient  fort  travaillez  &  moleftez  de 
i  pierre  ,  colique  >  padion  ,  &  maladie  du  codé  ,  dont  pareillement 
avoir  efté  fon  molefté  ledit  franc  arcJier.  Et  auffi  defdittes  maladies  eftoic 
lors  fort  malade  Mr.  àxxBochoj^t ,  &  qu'il  feroit  fort  requis  deveoir  les 
lieux  où  lefdittes  maladies  font  concréées  dedans  les  corps  humains ,  la« . 
quelle  chofe  ne  pouvoir  mieux  eftre  fceuc  que  incifer  le  corps  d'un  hom- 
me vivant ,  ce  qui  pouvoit  bien  eftre  fait  en  la  perfonne  d'icelluy  franc 
archer  ,  que  aufG  bien  eftoit  preft  de  fouffrir  mort  »  laquelle  ouverture 
&  inciîdon  fut  faitte  au  corps  dudit  franc  archer ,  &  dedans  icelluy 
quis  &  regardé  le  lieu  defdittes  maladies.  Et  après  qu'ils  eurent  efté 
veucs  ,fut  coufu ,  &  fes  entrailles  remifes  dedatos.  Et  fut  par  l'ordonnan- 
ce du  Roy  fait  très-bien  penfer ,  &  tellement  que  dedans  auinze  jours 
après  il  fut  bien  guery ,  &  eut  remiftîon  de  (es  cas  fans  aepens ,  &  fi 
luy  fut  donné  avec  ce  argent.  ^  > 

En  ce  temps  le  18.  Janvier,  le  Roy  ayant  finguliere  affeftion  aux 
fainâs  faits  &  grans  vertus  de  faindt  CharUmagnc  >  voulut  &  ordonna 
que  ledit  28.  jour,  feuft  fairre  &  folemnifée  la  refte  diidit  fainâ  <7A^r/^-> 
ma^nc  y  laquelle  chofe  fur  fairre  &  folemnifée  en  la  ville  de  Paris  9  Se 
lamrre  fefte  gardée  comme  le  Dimanche ,  &  ordonné  que  dorefnavanc 

?ar  chafcun  an  ,  ladirre  fefte  feroir  fairre  ledir  28.  Janvier.  Au  mois  de 
evrier  fuivant ,  furent  les  AUmans  dedans  la  ville  de  Nu^^  avicaillez 
par  ceux  de  la  ville  de  Cologne  fur  le  Rhin ,  &c  autres  AUmans  de  la  par- 
tie de  TEmpereur  {TAUmagne  »  nonobftwt  le  Duc  de  Bourgogne  qui 
palle  à  lon^-temps  eftoit  demeuré  tenant  le  Hege  devant  la  ville  de  Nu[  ^ 
6c  qui  avoit  fait  arriver  plufieurs  navires  pour  cuider  empefcher  que  le- 
dit avitaillement  ne  vinft  en  icelle  ville  »  mais  nonobftant  toute  fa  puif- 
iance  &  armée  ,  vint  &  entra  ledit  avitaillement  en  ladirte  ville.  Et  fu- 
rent toutes  les  navires  dudit  Duc  >  rompues  &  mifcs  en  pièces  dedans  la 
rivière  du  Rhin  ,  Ce  morts  plus  de  fix  à  fept  mil  Bourguignons ,  eftans 
dedans  iceux  navires.  Et  auparavant  avoient  eu  &  foumn  lefdits  Bour^ 
guignons  de  grans  pertes  &  maux  par  lefdits  de  Nu[. 

Au  mois  de  Mars  enfuivant ,  pource  que  lefdits  Bourguignons  des 
parties  de  Flandres  ^  Picardie  &c  aufti  de  ceux  eftans  par  leoit  Duc  de 
Bourgogne  logez  i  Roye ,  Peron/u  y  Mondidier ,  &  autres  places  tenans 
ion  party^  eftoient  venus  courir  es  pays  &  fur  les  fujeâs  du  Roy.  Et  en 
iceux  pris  plufieurs  prifonniers  ,  vivres  &  biens ,  &  menez  en  leurs  pla- 
ces contre  la  rrefve  fairre  enrre  le  Roy  &  luy  ,  fe  mirent  aux  champs 
plufieursdes  compagnies  de  l'ordonnance  du  Roy  eftans  es  gamifons 
ii  Amiens  y  Beauvais yfainB  Quentin ^  ôc  autres,  jufaues  au  nombre 
Tome  IL  *       P  dc 


114  LES    CHRONIQUES 

de  quatre  cens  lances ,  &c  autres  populaires,  qui  alerent  courir  fur  lefditf 
*474'  Bourguignons  ,  &' jufques  dedans  les  fauxbourgs  à^Arras  ,  où  ils  cou- 
chèrent une  ouit  entière*  Et.illec  au  moyen  de  certaine  grand  quantité 
de  vents ,  fléaux  &  autres  oftils ,  dont  les  gens  du  Roy  avoient  mené  grand 
nombre  avec  eux  en  charettes  &  chariots ,  fut  batu  tout  le  grain  eftant  & 
trouvé  es  granches  dudit  pays  de  Bourgogne  &  Picardie.  Eticelluy  ,beftail, 
gens  prifonniers,  &  uftencilles ,  fait  amener  &  conduire  par  SalU^art  &  au- 
tres Capitaine  dedans  lefdittes  villes  ^Amiens  Se  Beauvais,  Durant  ce 
temps  le  Roy  ne  bougea  de  Paris  ,  &  y  fift  fonKarefmc  y  faifant  .grand 
.    chère ,  &  s*y  trouva  fain  &  bien  difpofe  comme  il  difoit. 

Audit  temps  de  Mars  ,  advint  à  Paris  que  un  jeune  fils  de  Brigan^ 
dinicr  j  qui  avoit  efté  nourry  enpartie  par  un  poiflbnnier  d'eau  douce 
de  laditte  ville  ,  nommé  Jehan  Penfart ,  meu  de  mauvais  courage  & 
trahifon  ,  fçachant  que  ledit  Penfart  avoit  grand  argent,  qui  eftoit  ve- 
nu &  ifly  de  la  vente  du  poiflbn ,  qu'il  avoit  vendu  durant  le  Karefme , 
&  dont  il  devoit  la  plus  part  à  plufieurs  Seigneurs.  &  autres  notables 
hommes ,  qui  luy  avoient  vendu  le  poiflbn  de  la  pefche  de  leurs  eftangs» 
Et  lequel  argent  ledit  Brigandinicr  avoit  veu  ,  &  le  lieu  où  icellùy  Pcn* 
'  fart  le  mettoit ,  vint  &  entra  de  nuiû  en  Thoftel  dudit  Penfart ,  &  après 
la  minuit  paflée  vint  ouvtir  Thuys  dudit  Penfart ,  à  tout  trois  Efcojjois 


Brigandinicr,  crochetèrent,  prirent  &  emportèrent  ledit  argent, mon- 
tant en  fomme  deux  mille  cin(|  cens  livres  tournois.  Er  pour  lequel  re- 
couvrer fiit  fait  bien  grand  diligence ,  tellement  que  ledit  jour  dudit 
d^robement ,  fut  ledit  Brigandinicr  trouvé  tenant  rranchife  aux  Carmes 
de  laditt(;  ville  de  Paris  y  duquel  lieu  il  fut  tiré  hors  &  apporté  au  Chaf- 
tellet  de  Paris ^  pource  qu'au  moven  des  fers  dont  il  eftoit  enferré ,  il 
ne  pouvoir  aler.  Et  illec  il  confcflfa  aue  lefdits  Efcojfois  avoient  eu  tour 
ledit  argent ,  pourquoy  fut  fait  grand  diligence  de  le  recouvrer ,  &  euft 
efté  ledit  Mortemer  pris  &  fait  amener  aucUt  Chaftelet ,  par  l'ordonnance 
de  maiftre  Philippe  du  Fource  ,  n'euflènr  efté  deux  autres  Efcojfois  de  là 
garde  du  Roy ,  qui  voulurent  tuer  ledit  maiftre  Philippes  &  it%  fergens  i 
&  fift  efchapper  ledit  Mortemer.  Et  depuis  ledit  Thomas  le  Cletc  trouvé 
tenant  franchife  dedans  faindle  Catherine  du  Fal des  Efcolliers  y  qui  illcc 
fut  pris  d  grand  port  d'armes  ,  qu'il  fift  contre  les  gens  dudit  Mgr.  le- 
Prevoft  de  Paris ,  dont  il  blcflà  çlufieurs  ,  &  à  la  fin  après  qu'il  euft  re- 
ceu  plufieurs  playes  fut  amené  eîdittes  prifons  ,  où  il  confefla  ledit  lar^ 
cin ,  à  caufe  de  quoy  fut  rendue  parrie  de  laditte  fbmmc,  qu'il  avoit 
mufléc  près  de  fain£k  Eftienne  des  Gre[.  Et  pour  ledit  cas  &  autres  ,  par 
mondir  Sgr.  le  Prevoft  de  Paris ,  eu  fur  ce  opinion  &  délibération  de  Sa- 
ges ,  fut  condamné  à  eftrc  pendu  &  eftranglé  au  gibet  de  Paris  ,  dont 
il  appella.  Et  depuis  fut  ledit  appel  vuidé  par  la  Cour  de  Parlement ,  & 
renvoyé  audit  Mgr.  le  Prevoft  j)our  exécuter  fa  fenrence ,  laquelle  fut 
mife  à  execurion  le  Jcudy  i6.  Mars  1474. pour  veoir  laquelle ,  furent 
jufques  audit  gibet  fire  Denis  Hejfelin  ,  maiftre  Jehan  de  Ruel ,  comme 
commis  par  maiftre  Pierre  de  Ladehors  >à  l'exercice  de  l'Office  de  Lieute- 

•  naiit 


DUROYLOUYSXI.  115 

nant  Criminel ,  pour  occafion  de  la  maladie  dudic  de  Ladehors. 

Audit  temps  fut  la  ville  de  Perpignan  mife  &  reduiûe  en  lobeyllànce     '  47Î  • 
du  Roy ,  &  s'en  alerent  ceux  de  dedans  qui  s'en  voulurent  aler ,  eux  & 
leurs  biens  (aufs  >  fors  que  l'artillerie  qui  dedans  eftoit ,  qui  demeura  au 
Roy ,  laquelle  eftoit  moult  belle  &  de  grand  valeur.  .^««..«. 

Le  7.  Avril  1475.  fut  publiée  à  -PiirzV  l'alliance  d'entre  l'Empereur  &  ^""""^ 
le  Roy ,  &  de  l'ordonnance  du  Roy  fut  envoyé  publier  devant  le  logis  de  \  47  tf» 
Mr.  au  May  ne ,  Duc  de  Calabre^  ôc  l'Ambanàde  de  Bretagne  y  qui  eftoit 
en  laditte  vdle  »  &c  après  les  carrefours  d'icelle  ville.  AuHit  mois  d'Avril 
vint  par  devers  le  Roy  deux  Ambaflàdes  ,  l'une  de  Florence  6c  l'autre 
de  l'Empereur  d^AUmagru  »  qui  furent  moult  honorablement  receus  Se 
feftiez ,  tant  du  Roy,  que  des  autres  Seigneurs  d'autour  luy.  Audit  mois 
d'Avril  le  Roy  fe  partit  de  Paris  ^  pour  aler  à  Vernon  fur  Seiru ,  auquel 
lieu  l'attendoient  Mgr.  l'Admirai  &:  les  autres  Capitaines ,  pour  conclu^ 
re  de  la  guerre  ,  &  ce  qui  eftoit  à  faire  pour  la  treive ,  qui  failloit  le  der- 
nier jour  dudit.mois  d'Avril  5  &  puis  s'en  retourna  à  Paris ,  01^  il  arriva 
le  Vendredy  14.  dudit  mois.  Et  le  Lundy  15.  Avril  s'en  partift  le  Roy 
pour  aler  à  PontfainBt  Maixanu  y  poiu:  illec  préparer  (on  armée ,  6c 
en  emmena  pourle  conduire  &  eftre  autour  de  luy  avec  fes  Gentils-honv 
mes ,  fa  Garde  &  Officiers  de  fon  hoftel ,  huit  cens  lances  fournies ,  6c 
Y  fut  menée  &  conduitte  grand  quantité  d'artillerie  groflè  6c  menue  » 
entre  lefquelles  y  avoir  cinq  bomtmdes  ,  dont  les  quatre  avoient  nom  : 
c'eft  aflàvoir  l'une  Londres  ,  l'autre  B rabane  y  la  tierce  Bourg  en  Breffè  » 
6c  la  quane /tfi/zâF  Orner.  Et  oi^rre  par  deflus  la  compagnie  defdits  de  la 
Garde  Efcoîfoife  6c  Françoife ,  6c  autres  Gentils4iommes  de  Officiers  de 
l'hoftel ,  y  fut  &  y  ala  grand  compagnie  des  nobles  &  firancs  archers  de 
France  6c  Normandie,  6c  pour  ravitaillement  de  l'oft  y  furent  envoyez 
vivres  de  toutes  parts. 

Le  Lundy  premier  May  le  Roy  fe  panit  de  FAbiaye  de  la.  FiBoire  oà 
il  eftoit ,  pour  aler  audit  Ponejainae  Mazxance ,  pour  faire  fes  appro- 
ches y  &  ordonner  de  la  guerre  en  ce  qui  eftoit  affaire  fur  les  Bourgui^ 
gnons  y  &  fut  envoyé  devant  le  Tron^noy  6c  Mondidien  LeMardy  2.  May 
vint&arrivaàPtfm  Mr  de  Lyon ,  qni  venoit  dedevers  le  Roy  >  lequel  fut 
cftably  Lieutenant  du  Roy  au Confeil  de  Paris.  Le  Mercredy^ .  dudit  mois 
feftede  ikinde  Croix,  fiit  faiâe  une  moult  belle  procellion  générale 
audit  lieu  de  Paris ,  de  toutes  les  Eglitès.  En  laquelle  fiûfant  furent  tous 
les  petits  enfans  de  Paris  y  chafcun  rcnant  un  cierge,  &  fut  aie  quérir 
le  lainâ  Innocent  &  porté  à  Noftre-Dame.  Et  en  laditte  proceflion 
eftoient  Mr.  de  Lyon  ,  Mr.  le  Chancellier  de  cofté  luy  ,  6c  après 
aloient  Mr.  de  Gaucourt ,  Lieurenant  du  Roy  à  Paris ,  les  Prevoft  des 
Marchans  &  Efchevins  de  laditte  ville ,  les  Prefîdeiis  &  Confeillers  de 
Parlement ,  Chambre  des  Comptes ,  6c  autres  Officiers  d'icelle  ville.  Et 
après  le  populaire  aloient  en  grand  &  merveilleux  nombre ,  que  on  efti* 
moir  à  cent  mille  perfonnes  ou  mieux ,  6c  fut  porté  ledit  fauiEt  Inno- 
cent en  laditte  proccflîon ,  par  Mr.  le  premier  Prefident ,  &  par  Nanter^^ 
re  y  Prefident  en  laditte  Cour  de  Parlement ,  &  le  Prefident  Acs  Comptes 
de  LëdrUfche ,  &  le  Prevoft  des  Marchans.  Et  pour  conduire  &  mettre 
ocdre  en  laditte  proceilion  y  y  eftoient  les  archers  de  la  ville  &  autres 

F  1  gens 


Ti^  LES    C  H  R  ON  I  Q  tJ  E  ^ 

gens  ordonnez  pour  garder  de  faire  bruit  &  noifeen  icelle  prbéeAioitSl 
lAje.  LcMardy  z.  May  audit  an,  le  Roy  qui  avoir  envoyé  fommer  les  Bour" 
'*  guignons  renans  ledit  Tronquoy  ,  furent,  à'icaix  Bourguignons  y  tutz 
ceux  qui  eftoient  alez  faire  laditte  fommation.  £t  pour  celte  caufe  âft 
tirer  Ion  artillerie  contre  ledit  lieu  du  Tronauoy  ,  tellement  que  ledit 
jour  à  cifiq  heures  après  midy  y  fut  livré  ra(iàult  fort  &  afpre ,  '&  fut 
emportée  laditte  place  d'aflault ,  &  furent  tuez  &  pendus  tous  ceux  qui 
furent  trouvez  dedans,  fauf  &  refervé  un  nommé  Monn  de  Caultrs y 
que  le  Roy  fift  Tauver ,  &  fi  le  fift  Efleu  de  Paris  extraordinaire.  Mais 
avant  qu'ils  fu(Iènt  pris ,  firent  grand  refiftance  iceux  Bourguignons  con^ 
tre  les  gens  du  Roy  ,  &  tuèrent  audit  afiault  le  Capitaine  de  Ponthoijfi  , 
qu'on  difôit  eflre  vaillant  homme ,  &  autres  gens  de  guerre  &  francs  ar« 
cners,  &  puis  fut  ledit  lieu  abatu  &  demoly.  Et  ledit  jour  defainâre 
Croix  s'en  ala  J'armée  du  'Roy  mettre  le  fîege  devant  Mondidier ,  pource 

3 u'ils  furent  refufans  d'eux  rendre  au  Roy.  EtleVendredy  5.  Avril  au- 
it  an ,  fut  mife  &  reduitte  en  la  main  du  Roy  laditte  ville  de  Mondi  • 
dicr,  &  s'en  alerent  ceux  de  dedans  leurs  vies  fauves,  &  laîflerent  tous^ 
leurs  biens ,  &  puis  fut  toute  laditte  ville  abatuc. 

Le  Samedy  6.  May  fut  pareillement  rendue  la  ville  de  Roye  j  8c  s*en 
alerent  les  Bourguignons  de  dedans,  vies  &, bagues  fauves  ,  &  puis  fut 
aufH  rendu  le  Chafleau  de  Moreul ,  pareillement  que  ceux  de  Roye.  Et 
enfaifant  telles  exécutions,  que  dit  efl:,  fur  ledit  de  Bourgogne  ôc  foa 
pays ,  par  l'armée  du  Roy ,  qui  efloit  fi  noble ,  telle  6c  fi  belle  compa-» 
gnie  &  artillerie  ,  que  là  où  elle  eufl  efké  pienée ,  y  avoir  gens  aflez  pour* 
en  bref  temps ,  prendre  &  mettre  en  la  main  du  Roy  toutes  les  villes  &c 
places  de  Bourgogne ,  tant  Flandres  ,  Picardie  ,.  que  autres  lieux  ,  car. 
tout  fuyoit  devant  iceux.  Et  poiu:  rompre  icelle  armée ,  futleRov  adver^ 
ty  par  aucuns ,  &  mefmement  par  Mr.  le  Conneftable  ,  que  befoin  luy» 
efloît  de  garder  fa  Duché  de  Normandie ,  pour  les  An^lois  que  on  luy 
difoit  qu'il  y  devoit  defcendre  :  &  fi  luy  fut  dit  par  mondit  Sgr.  le  Connef- 
table ,  au  moins  fut  mandé  ou  efcrit  qu'il  fifl  nardiment  ledit  voyage  ea 
Normandie ,  &  ^u'il  ne  fe  fouciafl  point  diAbbeville  &  Peronne  ,  &  que 
cependant  qti'il  iroit,  les.  feroit  réduire  en  fa  main.  Et  le  Roy  croyant 
ces  chofes  s  en  ala  audit  pays  de  Normandie ,  &  M  mena  avec  luy  Mr.. 
l'Admirai  &  cinq  cens  lances  ,  avec  les  nobles  &  francs  archers-,  &  zt 
cefte  caufe  fe  départit  l'armée  &  s'en  ala  chafcun  en  fon  logis;  Et  puis: 

Suant  le  Roy  fut  en  Normandie ,  trouva  qu'il  n'efloir  nulles  nouvelles 
efdits  Anglois ,  &  ala  à  HarfUur ,  Dieppe  ,  Caudibec  &C  autres  pUcesa 
Et  cependant  ne  fe  fifl  rien  à Tadvantage  du  Roy  i  mais  au  contraire  au^ 
moyen  de  laditte  alée  en  Normandie ,  firent  lefdits  Bourguignons  de 
grans  niaux  aux  fujets  &  pays  du  Roy  ,  qui  y  eurent  de -grandes  pertes  , 
&  puis  s'en  vint  le  Roy  à  Noflre-Dame  d'Efcouys ,  en  un  hoflel  près  d'il- 
lec  ,  nommé  G ai/lart-Bois  y  appartenant  l- Colon  y  Lieutenant  de  Mr.. 
l'Admirai  y  où  il  fe  tint  par  aucun  temps ,  durant  lequel  eut  nouvelles: 
de  Mr.  le  Conneftable ,  de  k  venue  &  defcenduë  que  faifoient  lefdits^ 
jinglois^  Calais.  Et  aufTi  que  mondit  Sgr.  de  Bourgogne  s'e&oit  levé^ 
de  devant  Nu^ ,  dont  il  difoit  qu'il  avoit  la  poficflîon  ,  &  fait  fon  ap-> 
poinâxment  avecrEmpercur.  Lequel  Empereur  avecJbdit de  ^^/^/^g^c^l^zr». 

«!c0 


t 


"OV  R  O  Y    L  O  U  Y  s    XI.  ny 

jfcn  vènoît  fàkc  faire  guerre  au  Roy  ,  defquelles  chofes  n'eftoit  rien ,  Se 
iixft  trouve  tout  le  contraire  eftre  vray.  1 47  î« 

Durant  ces  chofes  fut  pris  un  Hérault  d* Angleterre ,  nomm^  Scales  , 
ui  avoit  plufieurs  lettres  qu'on  efcrivoit  de  par  le  Roy  Edouard  à  divers 
s  perfonncs^,  lefquelles  lettres  le  Roy  vift ,  &  dit  &  certifia  au  Roy 
ledit  ScaUs  ^  que  les  jinglois  eftoient  à  Calais ,  &  que  le  Roy  Edouard^ 

Ldevoit  eftre  le  xz*^  Juin  ,  k  tout  douze  ou  treize  mille  conibattans*  Et  fi 
y  certifia  outre  que  ledit  de  Bourgogne  avoit  fait  foh  accord  avec  ledit 
£mpereur ,  &  eftoit  retourné  à  Bruxelles  ,  dont  de  tout  il  n'eftoit  riem 
Audit  lieu  à^Efcouys  fut  auflî  le  Roy  averty  que  mondit  Sgr.  leConnef- 
table  avoit  envoyé  à  Mr.  de  Bourbon  fon  féeué ,  pour  fubortier  &  tant 
faire ,  que  mondit  Sgr.  de  Bourbon  voulfift  devenir  &  eftre  contre'  le 
Roy ,  &  de  foy  alier  avec  ledit  Duc  de  Bourgo^ ,  de  toutes  lefquelles 
chofes  le  Roy  fat  moult  merveille.  Et  incontinent  par  plufieurs^  di- 
vers medàges^.fut  mandé  par  le,  Roy  mondit  Sgr.  de  Bourbon  venir  àluv^ 
&  en  la  fin  l'envoya  <|uerir  par  Mr.  l'Evefque  de  Mande ,  par  lequel  ledit 
5gr..de  Bourbon  avoit  envoyé  au  Roy  le  feellé  dudic  Mr.  le  Coorteftable  v 
des  chofes  devant  dittes^  *  ^ 

Audit. temps  le  Roy  eut  nouvelles  de  mondit  Sgr.  de  Éourbon  com* 
ment  les  Gentils-hommes  de  fespays ,  francs  archers  &  autres ,  que  mon- 
dit Sgr.  avoit  envoyez  faire  guerre  pour  le  Roy  à  la  Duché  de  Bourgo^ 
gne  y  pour  laquelle  guerre  le  Roy  avoit  commis  mondit  Sgr.  à  fon  Lieu- 
tenant gênerai  >  quUls  avoienrtrouvé  lefdits  Bourguignons  i  Guy  près 
de  CkafieaU'Chinon  ,.&  illec  chargèrent  fur  iceux ,  lefauek  ils  deconfi^- 
rent  &  y  en  eut  dr  prir^  de  morts  &r  s'en  fuyrent  grand  quantité v^tte 
iefquels  Bourguignons  f  fut  def&it  deur  cens  lances  de  Lombardie  , 
domla  piufpart  y  moururent-,  i&  fi  y  mourut  le^Sgr.  dcr  Conches  &  au- 
tres Seigneurs.  Et  y  furent  pris  le  Comte  dcRouÛii  Marefchal  de  Bour^ 
gogne ,  le  fire  de  Longy ,  le  Bailly  diAuxerre  ,  lé  are  de  Lifie^  l'Enfeignc  ' 
du  Sgr.  du  Beauckamp ,  le  fils  du  Comte  àtJainH  Martin ,  Meflire  Loy^ 
de  Montmartin ,  MelUre. JehaO'  de  Dig^ine ,  le  Sgr.  de  Rusny  ,4e  Sgr.  de 
Chaligny  ,  les  deux  fils  de  lAx:.  de  Pltaulx ,  dont  l'un  enoit  Cotntei  cïe 
Jo'rgny ,  &  autres ,  &  fut  kditte  deftrouflè  ainfi  faite  le-Mardy  ib.  Juin. - 

Audit  moisdejuin ,  nonobftant  les  lettres  ainfienvoyéespar  monditSgr.  • 
le<Ionneftable  au  Royale  Roy  eut  nouvellesdcrEmpjcreur,  qu'il  avoit  fait 
rafraifchir  ceux  de  laditte  ville  de  M/{ ,  &  d'icelleavoit  mis  hors  tous  les  na^- 
virez  &.  malades ,  &  les  avoit  avitaillez.pourun  an  entier,  &1  mis  gens  - 
tous  nouveaux,  &  partant  mift  ledit  de  Boargosne  à  fa  croix  de.  pardieu  , 
&  queavec  oe.avoit-gagnégrand quantité  de  ion  artillerie ^  fa  vafiflèlle 
d'argent  &  autres  bagues.  Audit tempsde  Juin,>le^Mardy  27.  Mr. T Ad- 
mirai &  ceux  de  fa  compagnie ,  qui  avioicnt  eftc  ordonnez  de' par  le* 
Roy  à  faire  le  gaft  en  Picardie  &  Flandres ,  &4e^mcttre  à  feu  &  a  fang 
tout  ce  qu'ils  trouvcroient  efdits  paysr,  vint  ledit  jour  mettre  "fesem- 
hufches  prèsdclaville^'-^rraj.  Et  icellesmifes,  enfvojoï  enviroiï  qua- 
i?ante  lances  courir  devant  laditte  \\\\t'd''Arras  ;  lefqu^  d^Arras  cuidanfs 
«iefconfirelefdittesJances,  firent  fur  eux  granr faillies,  quryinrentafpre- 
,  ment  courir  fus  aufdittes  quarante  lances  ,  leftiuellcs  fe  vinrent  rendre  * 
dfdictes. embûches.  Et  api^s £ux lefdits.  de ^r/*^,  tous  lefquek furent 

^Ij     .      enclos* 


1 


iig  LES    CHRONIQUES 

enclos  par  ceux  defditrcs  cmbufchcs ,  qui  fur  eux  chargèrent  &  les  mî- 
1 47  f  •  rcnt  en  fuitce ,  6c  en  fuyant  y  en  eut  cfe  tuez  de  quatorze  à  quinze  cens 
hommes,  &  y  fut  tué  le  cheval  du  fire  de  Romont^  Glsà^Savoycic 
frère  de  la  Rcyne ,  mais  il  fe  fauva.  Le  Gouverneur  JCArras ,  noRuné 
Jacques  de  S.  Pol^  ôc  plufieurs  autres  Seigneurs  &  gens  de  nom  y  furent 
pris ,  que  mondit  Sgr.  l'Admirai  mena  devant  icelle  ville  pour  les  fom- 
mer  de  eux  rendre  es  mains  du  Roy  leur  fouverain  Seigneur,  ou  autre* 
ment  qu'il  feroit  coupper  les  cols  aufdits  Seigneurs  prifonniers.  Âudic 
piois  de  Juin  le  Roy  qui  avoir  à  fon  prifonnier  le  Prince  d'Orange  y  Sgr. 
de  Hcrlay  ,  &  qui  eftoit  à  trente  mille  efcus  de  finance  ,  le  délivra  & 
donna  fadicte  finance ,  &  en  ce  faifant  devint  homme  lige  du  Roy ,  & 
Iny  fift  hommage  de  ladicte  Principauté  d'Orange.  Et  partant  le  Roy  le 
f envoya  i  (ts  defpcns  en  fes  pays ,  &  luy  donna  &  oâxoya  telle  préémi- 
nence ,  qu'il  fe  puft  nommer  par  la  grâce  de  Dieu ,  puiflance  ae  faire 
inonnoye  d'or  &  d'argent  de  boa  aloy  ,  auffi  bon  que  la  monnoye  du 
Dauphini^  donner  au(E  routes  grâces ,  remifiions  &  pardons,  refervé  de 
^herefie  &  de  crime  de  leze-Majcfté.  Et  fi  donna  le  Roy  dix  mille  efcus 
contens  au  Seigneur ,  qui  avoir  pris  ledit  Prince. 

Au  mois  de  Juin  le  Roy  envoya  fes  lettres  patentes  i  Paris  ,  par  lef- 
quelles  il  fift  publier  que  les  Anglais  eftoient  defcendus  à  Calais  -y  de 
que  pour  refifter  il  mandoit  au  Prevoft  de  Paris  de  contraindre  tous 
nobles  &c  non  nobles  ,  tenans  fief  &  arrierefief ,  pour  eftre  preft  le  Jeu- 
dy  1 3.  Juillet ,  entre  Paris  Se  le  bois  de  Fincenms  ,  pour  aillée  partir 
&  aler  où  ordonné  leur  feroit ,  &  nonobftant  le  privilège  &  pour  cefte 
fois  feulement  En  enfuivant  lequel  cry  furent  envoyez  par  ceux  de  Pa^» 
ris  plufieurs  gens  en  armes ,  montez  &  habillez  par  devers  mondit  Sgr* 
le  Prevoft  de  Paris ,  au  pays  de  Soifonnois.  Au  mois  de  Juillet  enfuivant, 
le  Roy  qui  fejourna  en  Normandie  par  aucun  temps ,  s'en  retourna  à 
.  Nûflre-Dame  d'EJcouys  &  Gaillart-Bois  près  d'illec  ,  où  aufli  il  fejour- 
naunepiece ,  & ^mss'cn^^xit^wtaictiNoJire'DamtdelaFiBoire  , où  il 
fut  aum  une  autre  efpace  de  temps ,  puis  s'en  ala  à  Beauvais.  Audit  mois  le 
Duc  de  Bourgogne  qui  avoir  efté  devant  laville  de  ^x/{  ,  par  l'efpace  de  dou- 
ze moisjs'en  partit  &  s'en  ala  de  nuitde  devant  icelle  ville  &  honteufement, 
fansl'avoir  pu  conquérir,  quilui  vint  à  moult  grand  blafme,  &  perte  de 
gens  &  biens.  Et  puis  s'en  revint  à.  (es  pays ,  où  il  trouva  {on  frerc 
le  Roy  Edoiiart  d'Angleterre  ,  qu'il  y  avoit  fait  defcendre  ,  pour  en  con- 
tinuant fon  mal  &  malice ,  derefchef  faire  guerre  au  Roy  éczCcs  nays  Se 
fujeds.  Audit  temps  fe  fift  de  grandes  batteries  Se  deftruûions  ae  Pays 
&  terres  dudit  de  Bourgogne  ,  &  y  eut  plufieurs  villes  ,  bourgs^  vil- 
lages ars  Se  deftruits.  Et  audit  temps  fut  mandé  par  le  Roy  venir  à  luy 
Mgr.  le  Duc  de  Bourbon ,  qui  avant  qu'il  y  vint  eut  plufieurs  lettres  &: 
mellàges ,  &  puis  vint  par  devers  le  Roy,  luy  eftantà  NoJlre^Dame  de  la 
FiSoire ,  Se  arriva  en  la  ville  de  Paris  mondit  S&r.  de  Bourbon  au  mois 
d'Aouft ,  i  monk  belle  &  honnefte  compagnie  de  nobles  hommes  ,  Se 
bien  fort  triomphans ,  &  avoir  bien  avec  lui  de  fa  compagnie  cinq  cens 
chevaux.  Et  s'en  partit  ledit  Duc  de  Bourbon  de  laditte  ville  de  Paris 
pour  aler  par  devers  le  Roy  ,  le  Lundy  1 4.  Aouft  ,  &  fut  un  peu  d'ef- 
pace  de  temps  avec  le  Roy ,  &  puis  s'en  partir  ^de  Sentis  pour  aler  à 
Clcrmont,  Audit 


L 


DU    ROY    LOUYS    XL  ii^ 

-  Audit  mois  d'Aouft  le  Roy  eut  Ambaflades  de  par  le  Roy  d^AngU^ 

une ,  qu'il  s'cftcit  venu  loger  à  Lyonscn  Santerre ,  qui  communiquèrent      147  S 

avec  le  Roy  d'aucunes  matières  ,  avec  lequel  pourparlé  le  Roy  envoya  à 

Paris  Mgr.  le  Chancellier ,  Mgrs.  les  gens  des  finances  &  autres ,  pour 

avoir  preft  d'argent  de  ceux  de  laditte  ville  ,  aufquels  fut  fait  promeflè 

&  obligation  deleur  reftituer  leur  preft  dedans  le  jour  de  Touflàinâs.  Et 

fut  prefté  de  laditte  ville  foixance  &  quinze  mil  efcns  d'or  ,  qui  furent 

baillez  au  f dits  Anglois ,  au  moyen  de  certain  traiélé  fait  avec  eux.  Et 

fi  fut  envoyé  au  Roy  grand  quantité  dejgens  en  armes  de  par  laditte  viU 

le  ,  montez  &  habillez  aux  gages  &  defpens  des  Officiers  &  autres  habi* 

tans  de  laditte  ville. 

Audit  mois  d'Aouft ,  le  Mardy  19.  le  Roy  fe  partit  d* Amiens  ,  & 
auffi  Mgrs.  de  Bourbon  y  de  Lyon  ,  ôc  autres  nobles  hommes ,  Capirai*« 
nés ,  gens  d'armes ,  Officiers  ,  Se  autres  gens  ,  en  moult  grand  &  mer-* 
veilleux  nombre,  que  bien  on  eftimoit  eftre  cent  mil  chevaux ,  pour  tou^ 
aler  à  Piquigny,  Auquel  lieu  Le  Roy  Edouard  d* Angleterre  ,  vint  parler 
au  Roy  &  en  emmena  avec  luy  fon  avant-garde  &  arrierergarde ,  &  de« 
meura  en  bataille  près  dudit  Piquigny.  Et  deflîis  le  pont  duidit  Piqidgny 
le  Roy  avoit  fait  dreflèr  deux  appentis  de  bois  ,  l'un  devant  1  autre  » 
dont  l'un  eftoit  fait  pour  le  Roy  ,  &  l'autre  pour  le  Roy  dAnglturre* 
Et  entre  les  deux  appentis  y  avoit  une  cloifon  de  bois ,  dont  la  moitié 
par  le  haut  eftoit  treulilTée  ,  tellement  que  chafcun  des  deux  Rois  pou- 
voient  mettre  leurs  bras  par  dedans  ledit  treillis.  Et  en  l'un  defdits  ap« 
pentis  vint  &  arriva  le  Roy  tout  le  premier ,  &  incontinent  qu'il  y  fut 
arrivé  s'en  partit  un  Baron  d Angleterre  ^  illec  attendant  la  venue  du  Roy, 
qui  ala  dire  au  .Roy  è^ Angleterre  que  le  Roy  eftoit  ainfi  arrivé  :  lequel 
Roy  d'Angleterre^  qui  eftoit  en  fon  parc  loin  d'unebonne  lieue  dudit  Pi-> 
qti^ny  ,  accompagné  de  vingt  mil  Anglais ,  bien  artilliez  dedans  fondit 
parc ,  s'en  vint  incontinent  audit  lieu  de  Piquigny  ,  audit  appentis  oui 
lui  eftoit  appareillé.  Et  amena  avec  luy  pour  1  attendre  au  joignant  d'i-» 
celluy  appentis ,  vingt-deux  lances  de  fa  compagnie,  qui  illec  furent  & 
demeurèrent  dedans  l'eau  à  cofté  dudit  pont,  par  tout  le  temps  que  le 
Roy  &  ledit  ^oy^d Angleterre  furent  &  demeurèrent  en  icelluy  appentis^ 
Durant  lequel  temps  vint  une  moult  grande  &  merveilleufe  pluye  ,  qui 
fift  moult  de  mal  &  perte  aux  Scigeneurs  &  Gentils-hommes  au  Roy  \ 
à  caufe  des  belles  houflures  &  nooles  habillemens  qu'ils  avoient  pré- 
parez pour  la  venue  dudit  Roy  Edoiiard  d'Angleurre.  Et  lequel  Roy 
d*Angletirre ,  ^uand  il  vit  &  apperçut  le  Roy  ,  if  fe  jetta  à  un  genoil  à 
terre ,  &  depuis  par  deux  fois  le  y  jetta  avant  que  arriver  au  Roy ,  lequel 
le  reçut  benignement ,  &  le  fift  lever ,  &  parlèrent  bien  un  quart  d'heu- 
re enfemble  es  prefences  de  mefdits  Sgrs.  de  Bourbon ,  dzLyon ,  &  au- 
tres Sgrs.  &  gens  de  finances ,  que  le  Roy  avoit  fait  illec  venir  jufques 
au  nombre  de  cent.  Et  après  qu'ils  eurent  parlé  enfemble  en  gênerai ,  le 
Roy  fift  tout  reculler  &  parlèrent  à  privé  enfemble ,  où  auffi  ils  forent 
&  demeurèrent  une  efpace  de  temps.  Et  au  département  fut  publié  que 
Tappoindement  eftoit  fait  entre  eux  tel  qu'il  s'enfuit  :  c'eft  aflâvoir  que 
.  trehres  cftoient  accordées  entre  eux  pour  le  temps  de  fept  ans,  qui  com- 
mencèrent ledit  19*  Aouft  1475.  &  finiroient  à  pareil  jour  qui  ieroit 

I48i. 


f  lo  X  E  5    C  H  R  O  N  1  Q  17  E  -s 

448^1.  Laquelle  trcfve  fcroit  marchande  &  pourtoicnt  aler  &  venir  leC- 
J^.  474*  dits  Anglois  par  tout  le  Royaume,  armez  &  non  armez ,  pourveu  qu'ils 
ne  fcroient  en  armes  en  une  compagnie ,  plus  de  cent  hommes.  Et  fut 
publiée  laditte  trefvc  à  Paris ,  avenues  ,  &  autres  lieux  du  Royaume  de 
Franu.  Et  puis  fut  baillé  audit  Roy  d^AngUttrrt ,  foixante  &  quinze 
mille  efcus  dor^&  (iâftle  Roy  d  autres  dons  particuliers  à  aucuns 
Sgrs.  d'autour  dudtt  Edouard^  èc  aux  Heraux  6c  trompettes  de  laditte 
compagnie  ,  qui  en  firent  grand  fefte  Se  bruit  >  en  criant  à  haute  voix  , 
largcffi  au  très-noble  &  puiflant  Roy  de  France ,  largejji  ,  largeffi.  Et 
fi  promift  encores  audit  Roy  Edouard  luy  payer  &c  donner  par  cnafcune 
defdittes  années  cinauante  mil  efcus ,  &  n  feftoya  bien  fort  le  Duc  de 
Clairance ,  frère  ducfit  Roy  d'JingUttrrc  ,  &  luy  donna  de  beaux  dons. 
Et  puis  le  Roy  Edouard  retira  tous  Ces  Ânglois  qu'il  avoit ,  tant  de  fon 
oft  que  autres  qu'il  avait  envoyez  à  AbbcvUU ,  Pcronne  Se  ailleurs ,  Se 
fift  trouder  &  baguer  tout  fon  bagage ,  Se  s'en  retourna  à  Calais  pour 
padèr  la  mer  &  s'ca  aler  en  fon  Royaume  d'Angicurrc.  Et  le  convoya 
iufques  audit  lieu  de  Calais  ,  maiftre  ff es  berge  y  Evefque  d'EvreuXy  Se  Ci 
laiuà  ledit  Edouard  au  Roy  deux  Barons  d'Angleterre ,  l'un  nommé  le 
Sgr.  de  Hauart ,  Se  l'autre  le  grand  Efcuyer  d  Angleterre ,  jufques  à  ce 
que  le  Roy  cuft  eu  aucune  choie  que  ledit  EdoUardluy  devoit  envoyer  du 
Royaume  d'Angleterre ,  &  lefquels  de  Hauart  Se  grand  Efcuyer  eftoient 
fort  amis  &  en  Ta  grâce  dudit  Edoiiard ,  Se  qui  avoient  efté  moyen  de 
faire  laditte  paix ,  trefyes ,  Se  autres  traitez  entre  iceux  Rois.  Et  fu«» 
rent  iceux  Hauart  Se  grand  Efcuyer  fort  feftiez  à  Paris ,  &  puis  le  Roy^ 
mefdits  Sgrs.  de  Bourbon  5  Lyon  y  Se  autres  Sgrs.  qui  eftoient  à  Amiens  > 
s'en  retournèrent  à  Senlis ,  où  ils  furent  une  efpace  de  temps.  Et  or« 
donna  le  Roy  gens  de  fa  Maifon  pour  mener  Se  conduire  lefdits  de 
Hauart  Se  EÎcuyer  parmy  la  ville  de  Paris  y  Se  autres  lieux,  5c  entre 
autres  y  ordonna  &  bailla  la  charge  à  fire  Denis  Hefjelin  ^  fon  maiftre 
<l'hoftel  &  Efleu  de  Paris ,  qui  en  fit  bien  fon  devoir ,  à  l'honneur  &: 
loiianges  du  Roy  ,  Se  demeurèrent  en  laditte  ville  par  lefpace  de  huiâ: 
jours  entiers ,  où  ils  furient  bien  fort  feftiez  &  menez  joiîer  ^au  bois 
de  Finccrtnes  Se  ailleurs.  Et  entre  autres  chofes  furent  bien  fort  feftiez 
aux  Tournelles  ,  en  l'hoftcl  du  Roy ,  &  pour  ce  faire  leur  fut  envoyé 
pour  les  honneftement  entretenir ,  plufieurs  Dames  »  Damoifelles  Sç 
Bourgeoifes ,  &  puis  s'en  retournèrent  lefdits  de  Hauart  Se  Efcujrer  , 
par  devers  le  R07 ,  qui  eftoit  i  la  FiSoire  près  Senlis.  £t  audit  mois  le 
Roy  qui  eftoit  audit  Jieu  de  la  FiSoire  ,  s'en  ^a  vers  le  pays  de  SoiJ^ 
finnois ,  &  à  NoJlre^Dame  de  Lieûe.  En  ce  voyage  ,  prit  &  reduifit  en 
fes  moins  la  ville  de  SainS  Quentin ,  que  Mgr.  je  Connçftable  avoit  pri^ 
ie  fur  luy  ,  &  l>outé  hors  ceux  à  qui  le  Roy  avoit  baillé  la  charge ,  amfi 
que  dit  eft  devant.  Et  par  avant  iedit  Conneftable  s'en  eftoit  aie  ,  & 
en l'obeiftance  dudit  de  Bourgogne^  Et  après ,  qui  pi$  eftoit,  avoit  efcric 
Se  mandé  au  Roy  Edouard  d  Angleterre  après  le  traidé  par  lui  fait  avec 
le  Roy ,  Se  qu'il  eftoit  tetourne  à  Calais  ,  pour  paflèr  la  mer  ,  &  re- 
tourner en  Angleterre  ,  qu'il  eftoit  un  lafche ,  deshonnoré  Se  povre  Roy 
^'avoir  fait  leifit  traiAé  avec  le  Roy  fous  umbres  de  promeflès  qu'il  luy 
fiyojs  Âitt^s  ,  doup  il  nç  luy  ticndroit  rien  >  Çc  q^  çnJin  s'en  trouyeroit 


DUROYLOUYS3tl.  nr 

clecetL  Lefauelles  lettres  ainfi  audit  Roy  Edouard  efcrites  par  ledit  Con- 
iieftable  »  il  envoya  dudît  lieu  de  Calais  au  Roy  ,  lequel  apperçut  que 
ledit  Gonneftable  n'eftoit  point  féal  comme  eftre  devoir.  Et  puis  fut 
donné  congé  par  le  Roy  audit  de  Havartj  &  grand  Efcuyer ,  d'eux 
en  retourner  au  Royaume  d^  Angleterre ,  &  leur  fut  donné  de  beaux  dons, 
tant  en  or  qu'en  vaiffelle  d'or  &  d'argent ,  &  (î  âfl:  le  Roy  publier  à  jP^r- 
ris  y  qu'on  leur  laiflaft  prendre  des  vins  au  pays  de  France  ,  tant  que  bon 
leur  lembleroit  pour  mener  en  Angleterre ,  en  les  payant. 

Audit  mois  d'Oftobre,  leRoy  qui  eftoit  à  Verdun  8c  autres  places  en- 
viron la  Duché  de  Lorraine  ,  retourna  à  Senlis  ôcila  ViSoire ,  &  y  vin- 
rent les  Anibafladeurs  de  Bretagne  y  qui  firent  la  paix  entre  le  Éoy  &  le- 
dit Duc  de  Bretagne ,  qui  renon^  à  toutes  aliances  &  fééllez  qu'il  avoir 
fait  &  baillez  contre  le  Rov.  Et  pareillement  ledit  Mgr.  de  Bourgogne 
prit  &  accepta  trefves  marciiandes  ayec  te  Roy ,  pareillement  que  la  treC^ 
ve  des  Anglois. 

Et  le  Lundy  i(î.  O6kobr«  147 5. fut  publiée  folemnellement  au  fon  de 
deux  trompettes  >  &  par  les  carrefours  de  laditte  ville  de  Paris ,  kditte 
trefve  marchande  d'entre  le  Rov  &  Mgr.  de  Bourgoenty'poat  le  temps  &  ter- 
me de  neuf  ans ,  commençans  le  1 4  Septembre  audit  an  >  &  finiflàns  à  fem- 
blable  jour  1484.  Par  laquelle  toute  marchandife  devoir  avoir  cours  par 
tout  le  Royaume  de  France  fie  ce  temps  durant,  chafcun  pouvoit  retourner 
en  fes  podeflions  immeubles.  Et  puis  le  Roy  s'en  retourna  ifainS  Denisy 
6c  puis  i  Savigny  près  MomUhtry  ^  &  de- là  au  bois  de  Males-herbes  ,  dC 
en  après  à  Orléans ,  i  Tours  >  &  à  Amboife.  Et  le  Lundy  10  Noven^re 
1475.  ^"^  mené  efcarteler  aux  Halles  de  Paris  y  par  Arreft  de  la  Cour  de 
Parlement ,  un  Gentil-homme  natif  de  PoiSou  3  nommé  RemauU  de 
Veloux  y  fie  fort  familier  de  Mer.  du  Maine  y  pour  occafion  de  ce  que 
ledit  Regnault  y  avoir  fait  pluheurs  voyages  pardevers  divers  Seigneurs 
de  ce  Rovaume  >  &  confeillé  de  faire  piufieurs  traiâez  y  &  porté  plu- 
£eurs  fééllez  contre  &  au  préjudice  du  Roy ,  du  Royaume  ,&  de  laoïo- 
fe  publique.  Et  fut  ledit  Regnault  par  l'ordonnance  de  laditte  Cour  fort 
iecouru  pour  le  fait  de  fon  ame  éc  confcience  :  car  il  luy  fiit  baillé  le 
Curé  de  la  Magdelaine  y  Pénitencier  de  Paris ,  &  moult  notable  Clerc  • 
Doâeur  en  Théologie  y  ic  deux  grans  Clercs  de  l'ordre  des  Cordeliers  » 
&  furent  penckis  (es  membres  aux  quatres  pones  dç  Pans  >  8cle  corps 
augiber. 

Et  pouces  que  par  le  Roy  d'uiie  part  &  fes  Ambalïàdeurs  oour  luy ,  ôc  les 
Ambauàdeurs  de  Mgr.  le  Duc  de  Bourgogne  y  au  mois  d'Oâobre ,  qui 
cftoit  paflé  dernier ,  en  faifant  par  eux  la  trefve  de  neuf  ans  entre  eux 
deux  ,  dont  eft  faitte  mention  devant ,  avoit  efté  promis  de  par  Mgr.  le 
Duc  de  Bourgogne  y  de  mettre  &  livrer  es  mains  des  gens  &  Ambafla- 
deurs  du  Roy ,  ledit  Conneftable  de  France  ,  nommé  Mgr.  Loys  de  Lu^ 
xcmbaurg.  Fut  par  ledit  Duc  de  Bourgome  baillé  &  livré  ledit  Connefta- 
ble es  mains  de  Mgr.  f  Admirai  baftard  de  Bourbon  ,  de  Mgr.  dcfain3 
Pierre  ,  de  Mgr.  du  Bouchaige ,  de  maiftre  Guillaume  de  Cerijay  y  &  au- 
tres j^ufieurs.  Et  par  tous  les  de(Ius  nonunez  ,  en  fut  mené  prifonnier 
en  la  ville  de  Paris  ,  &  mené  par  dehors  les  murs  d'icellc  du  cofté  des 
dbttDps,  à  l'entrée  de  b  Baftille  faind  Anthoine.  Laquelle  entrée  ne  fut 
Tome  IL  Q  point 


1*47$. 


lii  L  E  s    C  H  R  O  NI  Q  U  E  s 

point  ticmT<(e  ourenci  Se  pource  fui  otdonné  Se  amené  ledic  Mgc  le 
Connellable  pafTer  Dartny  la  ponc  (alnâ  Anilioine>  au  dedans  de  laditte 
ville ,  6c  mis  en  ladictç  fiaftiUe.  £t  e&oit  ledic  Mgr.  le  Conneftable  vefta 
Se  habillé  d'une  cappe  de  camelot  doublée  de  veloux  tioii  >  dedans  ta- 
q_uelle  il  eftoic  fott  embruncbé  >  Se  eltoii  monté  Cac  un  pecii  cheval  à 
cours  crains  fon  velu.  Et  audit  eftat  après  ce  qu'il  fut  defcendu  audit 
lieu  de  la  Baftille  ,  trouva  iliec  Mgr.  le  ChancelUei  ,  le  premier  PreH- 
dent ,  &  les  autres  Prcfidens  en  U  Cour  de  Parlement,  Se  pluficurs  Con- 

' .  Etauffi  yeftoitûrcDenis/fiî^m,  Maiftred'hof- 

c,  quitousillecle  receurent,  &  apiè&s'en départi— 
en  la  garde  de  Philippe  CHidlliery  Capitaine  dudic 
auquel  lieu  de  la  Ballille  >  ledit  Mgr.  i' Admirai  ». 
le  Conneftabte,  aufdits  Chancellier,  Prelîdens  &c 
.  autres  delfus  nommez ,  profera  Se  dift  celles  ou  femblables  paroUes  ,  en* 
cffeâ  Se  fubflance  r  Mgrs.  qui  cy  edes  tous  prerciis»  véez  cy  Mgr.  de 
fainâPol,  lequelteRoy  m  avoir  chatgé  d'aler  quecii  pat  devers- Mgr,  . 
le  Duc  de  Bourgogne ,  oui  luy  avoït  ^omis  le  luy  faire  bailler  ^  en. 
feifancavec  lel^oy  fon  oernier  appoin^ement  de  U  trefve  d'entre  eux.. 
En  fournifTànt  i  laquelle  ptomefle  le  me  a  fait  bailler  Sc  délivrer ,  pout 
Se  au  nom  du  Roy.  Et  depuis  l'ay  bien  gardé  jufques  ice  >.^ue  je  le  mets. 
Se  baille  en  vos  mains ,  pour  luy-faire  fôn  procez  leplus  dilifenunent  ^ 
que  faite  le  pourrez  :  car  ainfi.  m*3  chargé  le  Roy  de  le  vous  dire  ,  Se  k 
■ant  s'en  partit  ledit  Mgr..  l'Admirai  dudit  lieu  de  la  Ballille.  Et  après  que- 
ledit  Connétable  eut  am(i  elle  laifle  es  mains  desdeflùs  nommez ,  Mgr*. 
te  Chaticellier  ,  premier  &  fécond  Prcfidens  de  Parlement  >  Se  autres 
notables  &  fages  perfonnes ,  en  bien  grand  nombre,  à  faite  ledit  ptocez» 
vacqucrent,  ^  entendirent  à  bien  grand  diligence  &  foUcirude  à  faire 
ledit  ptocez ,  &  en  faifant  icelluy ,  mcerrogerent  ledit  Sgr.  de JainS  Pot 
fur  les  charges  Se  crimes  à  luy~  mis  fus  &  impofez  ,  aufquels  interroga- 
toires il  refpondii  de  bouche  fur  aucuns  poinâs ,  lesquels  interrogatoires 
Se  confeflions  furent  mis  au  net ,  &  envoyez  devers  le  Roy. . 

Le  Lundy  4.  Décembre  147$.  advint  que  un  Hérault  du  Roy,  nommé 
Montjoye,  mtif  da  piys  ds  PicarJie ,  &  qui  faiftwla  plufpart  de  fa  re- 
fidence  avec  ledit  Sgr.  dcfainS  Pol ,  luy  cftant  Conneftable,  vint  &  ar- 
riva ,  luy  &  un  fien  fils ,  en  la  ville  de  Paris ,  par  devers  maiftre  Jehan  ■ 
de  Ladntfçhe ,  Ptcfident  des  Comptes  Se  Treforiet  de  France  ^  natif  du 
pays  do  Étabant ,  pour  luy  apporter  tertres  de  par  le  Comte  de  Marie ,  fa. 
reni'mc  Se  enfan» ,  afin  de  fecourir  Se  aider  par  luy  en  ce  que  poffible  luy  ■ 
feroir,  audit  Conneftable ,  père  dudir  Comte  de  MarU  ;  Icf^uelles  let- 
tres ledit  maiftre  Jehan  de  Ladntfcht  ne  voulut  pas  recevoir  d'icelluy 
Hérault ,  finon  en  la  prefenco  de  Mgr.  le  Cliancellier ,  Se  des  gens  du; 
Confeil  du  Roy.  Et  à  cefte  caufc ,  ledit  maiftre  Jehan  de  Ladnefckt  me- 
na Se  conduiiît  ledit  Hérault  jufques  au  logis  duditMgr.leChancellier>. 
afin  que  par  luy  lefdictes  lettres  feuHèntveuës,  Jlt  ce  que  dedans-y  eftoic 
contenu  :  mais  pource  que  ledit  Jehan  de  Ladriefcke  demeura-  longue- 
ment au  Confcit  avec  icelluy  Mgt.  te  Chancellier  &  autres,  ledit  Mont* 
joytSe  fooêls  s'en  retournèrent  en  leur  logis.  Se  illec  montèrent  in- 
continent i  chewl  »  &  s'CD  alereut  m.  gifte  z\iBou^.  Combien  que  A- 

lair. 


DUROy    LOUYS    XT.  115 

leur  fortement  ils  <iirenc  à  kur  hofte,  que  fe  aucun  1^  demandoît  »  qu'il 
dift  qu'ils  s'en  cftoient  alez  au  gifte  au  Bourg-la- Roy  ne.  Et  quant  ledit  de     1 4  7  ï  • 
Ladriefche  cixidz  trouver  ledit  Hérault  pour  avoir  lerdittes  lettres  »  ne  le 
trouva  point ,  poutquoy  fut  haftivement  envoyé  après  ledit  Hérault  j uC» 

3ues  au  Bour^la-Royne  y  où  il  ne  fut  point  trouvé  :  mais  fut  trouvé  par 
eux  archers  de  la  vflle  de  Paris  audit  lieu  de  Boureet  ^  Se  pat  eux  ra- 
mené le  Dimanche  5.  Décembre  audit  an  »  lequel  m  mené  Se  conduit 
jufques  en  l'hoftel  d'icelle  ville  ,  &  illec  devant  les  gens  Se  Confeil  i 
ce  ordonnez ,  fut  ledit  Montfoyc  Se  fondit  fils ,  chafcun  à  part ,  interro* 
gés ,  Se  furent  leurs  déportions  rédigées  &  mifes  par  efcrit  par  le  &vc 
Denis  Htfftlin^  Et  après  ce  furent  kfdits  Montjoyc  Se  fondit  fils  mis  » 
laiflèz  en  la  garde  de  Denis  Baudart ,  archer  de  laditte  ville  Se  en  (on 
hoftel»  auquelilfut  &  demeura  par  l'efpace  de  vingt-cinq  jours.  Se  illec  bien 
-Se  diligemment  gardé  avec  fondit  fils ,  par  trois  des  archers  de  laditte  ville. 
Audit  temps  au  commencement  ae  Décembre ,  fut  amené  le  Comte 
de  Rouffl  (16)  y  qui  prifonnier  eftoit  dedans  la  grodè  tour  de  Bourges  , 
jufques  au  Plej^  du  Parc  y  autrement  dit,  le  MontilsAtirTours  ,  g^  le 
Roy  eftoit.  Et  illec  fut  parlé  à  luy  j  Sehxj  fift  plufieurs  grans  remonf- 
trances  des  grandes  folies,  efquelles  par  long-temps  il  eftoïc entremis,  6c 
comment  il  avoit  tbufé  du  Roy  durant  ce  qu'il  avoit  efté  Se  foy  porté 
fon  ennemy ,  &  fait  plufieiurs  grans  Se  énormes  maux  à  ks  villes ,  pays 
&  fu jeâ:s,comme  Marefchal  de  Bourgosru  pour  le  Duc.  Et  comment  vil- 
lainement  &  honteufement  il  avoit  efté  pris  prifonnier  par  les  gens  de 
guerre  du  Roy  ^  qui  pour  lùy  eftoient  en  armes  audit  pays  de  Bourgoffu 
fous  la  charee  de  Mgr,  le  Duc  de  Bourbonnais. 

Et  par  ledit  de  RoiifR  baillée  fa  foy  au  Sgr.  de  Combronde,  Se  com* 
tnent  il  avoit  accepté  de  mondit  Sgr.  le  Duc  vingt  Se  deux  mille  efcus 
d'or.  Et  luy  fift  le  Roy  de  grans  paours  Se  effirois ,  dont  ledit  Sgr.  de 
Rouffi  cuidfa  avoir  froide  jove  de  fa  peau  :  mais  en  conclufion  le  Roy  le 
mift  \  quarante  mil  efcus  ae  rançon ,  &  luy  fut  par  luy  donné  terme  de 
les  trouver  i8c  apponer  devers  le  Roy  dedans  deux  mois  après  enfuivans, 
pimr  tous  termes  Se  délais ,  &  que  autrement  &  où  il  y  auroit  faute  de* 
«lans  ledit  terme ,  qu'il  feut  aflèuré  qu'il  mourroit.  Et  depuis  ces  cbofes 
fut  procédé  par  toute  diligence  i  faire  le  procez  dudit  Conneftable ,  par 
me(dits  Sers,  le  Chancdlier ,  Prefidens,  Se  Confeillers  Clercs  Se  Lais  de 
la  Cour  de  Parlement ,  defdits  AcfainS  Pierre  Se  autres ,  à  ce  faire  or- 
donnez &  appeliez. 

Lequel  procez  veu,  fiitpar  eux  conclu ,  tellement  que  le  Mardy  19. 
Décembre  1475-  fut  ordonné  que  ledit  Conneftable  feroit  mis  Se  tiré 
hors  de  fa  prifon  &  amené  en  la  Cour  de  Parlement ,  pour  luy  dire  Se 
déclarer  le  didum  donné  &  conclu  alencontre  de  luy ,  par  icelle  Cour 
de  Parlement ,  Se  fîift  à  luy  ledit  jour  de  Mardy,  en  la  cnambre  Se  logis 
d'icelluy  Conneftable  en  laditte  Baftille  fainâ  Ânthoine,  où  il  eftoit  pri< 
fonnier,  ledit  Mgr.  àtJainB  Pierre  ,  qui  de  luy  avoit  la  garde  Se  charge  ! 
Lequel  en  entrant  en  fa  chambre ,  luy  fut  par  luy  dit ,  Mgr.  que  faites- 
vous  ,  dormez-vous  1  lequel  Conndlable  luy  leipoiuHt  >  nenny ,  long- 
temps 


tf4         -tES    CM^OTÎIQUES 

temps  a  que  ne  dormy  :  mais  fuis  ky  oà  me  vojct  fenfadc  &  fkntafuEflt» 
*  47  S  •     Lequel  dtfaint  Pierre  dift,qu  il  eftoic  necefficé  qu'il  le  levaft>pour  venir ea 
laditte  Cour  de  Parlement,  par  devant  lesSeigneursd'icelle  Cour,  pourluy 
dire,pareux,aucuneschofes qu'ils luyavoientàdiretouchant  Ton  fait  &et- 
pedition,  ce  que  bonnement  ne  fepottvoit  mieux  faire  qu'en  laditteCour. 
£n  luy  difant  auffi  par  ledit  dcfain3  Pierre^  qu'il  avoir  efte  ordonné,  que  avec 
lu  V,  &  pour  raccompagner,  y  feroit  &  viendroit  Mgr#  Robert  d'EJlouuvilU^ 
Cnevaiier,  Prevoft  de  Paris  y  dont  de  ce  ledit  Conneftable  fut  un  peu  efpou- 
vanté,pour  deux  caufesque  lors  il  déclara.  La premiere,pource qu'il  cuidoîc 
que  on  le  vouldft  mettre  hors  de  la  poflèflion  dudit  Philippe /'^i/i/Zfer  , 
Capitaine  d'icelle  Baftille ,  avec  lequel  il  s'eftoit  bien  trouvé  ,  Se  Favoic 
fort  agréable,  pour  le  mettre  es  mains  dudit  (T EfiomevilU y  qu'il reputoit 
eftre  ibn  ennemy ,  &  que  s'il  y  eftoit  doutoit  qu'il  hiy  fift  defplaiiir ,  ic 
auffi  qu'il  craignoit  le  populaire  de  Paris  ,  Âc  de  pafîèr  parmy  eux.-  A 
toutes  lefquelles  doutes ,  ainfî  faittcs  par  ledit  Conneftable ,  luy  fut 
folu  &  dit  par  ledit  Sgr.  de /ii/zr  Pierre ,  que  ce  n'eftoit  point  pour  luy 
changer  Ton  logis ,  &  qu'il  le  meneroit  feuLement  audit  heu  du  Palais , 
fans  luy  faire  aucun  mal ,  £c  i  rant  %'tn  panit  dudit  lieu  de  la  Baftille , 
montas  cheval  &  ala  jufques  audit  Palais,  tousjours  au  milieu  defdits 
JCEfioutevilU  &  A^faint  Pierre  ,  qui  le  firent  defcendrc  aux  degrez  de- 
vant la  porte  aux  Merciers  d'icelle  Cour  de  Parlemente  £t  en  montant 
eitlits  degrez ,  trouva  illeclcSgr.de  Gaucourt  Se  Hejfelin ,  qui  le  falue- 
rent&Iu]r  firent  le  bien-venant,  &  icelluyConneftable  feur  rendit  kur  fa- 
hit.  Et  puisaprèsqu'ilfut  monté ,  le  menèrent  jufauesen  laTour  Criminelle 
dudit  Parlement ,  où  il  trouva  Mgr^  le  Chancenier ,  qui  k  luy  s'addredà 
en  luy  difant  telles  paroles,  lAgi..àt  fainS  Pol^  vous  avez  efté  par  cy- 
devant  &  jufques  à  prefent ,  tenu  Se  repmé  le  plus  fage  &  le  plus  com* 
*  tant  Chevalier  de  ce  Royaume,  &  puis  doncques  quetel  avez  efté  jufques 
à  maintenant ,  il  eft  encores  mieux  requis,  que  jamais,  que  ayez  meiU 
kure  confiance  que  oncques  vousn'euftes  ;  ic  pub  luy  dift ,  Mgr;  il  faur 
que  vous  oftiez  d'autour  de  votre  col  l'Ordre  du  Roy ,  que  y  avez  mife. 
A  quoy  refpondit  ledit  dcfainS  Pol,  que  volontiers  il  le  feroit.  Et  de 
fait  mift  la  main  pour  la  cuider  ofter  :  mais  elle  tenoit  par  derrière  à  une 
cfpingk  ,  &  pria  audit  de  fainS  Pierre  ,  qu'il  luy  aidaft  i  l'avoir ,  ce  quil 
fift  rJk  icelle  baifa  Se  bailla  audit  Mgr4  k  CKancellier ,  &  puis  luy  de  • 
Bianda  ledit  Mgr.,  le  Chancellier  où  eftoit  fon  efpée ,  que  baillée  luy 
avoit  efté  en  le  faifant  Conneftable ,  lequel  refpondit  qu'il  ne  Tavoit 
point ,  &  que  quant  il  fut  rais  en  arreft ,  que  tout  luy  fut  ofté  ,  &  qu'il 
B'avoit  rien  avec  luy ,  autrement  qu'ainfi  qu'il  eftoit  quant  il  fut  amené 
prifonnier  en  laditte  Baftille,  dont  par  Mgr.  le  ChancelHer  fut  tenu  pour 
cxcufé^  Et  a  tant  fe  depatit  Mgr.  le  Chancellier ,  &  tout  incontinent 
après  y  vint  &  arriva  maiftre  Jehan  de  Poupaincourt .  Prefidcnt  en  la- 
ditte Cour,  qui  luy  dift  autres  parolles  telles  que  s'en fuivcnti  Mgr.  vous 
fi^avez  que  par  l'ordonnance  du  Roy  vous  avez  efté  conftirué  prifonnier 
en  la  Baftille  fainék  Anthoine  y  pour  raifon  de  pliifieurs  cas  6c  crimes  4 
vous  misvfus  Se  impofez.  Auf^uelles  charges^avez  refpondu  Se  efté  ouy 
cntoutcequevousavez  voulu  dire,  &furtoutavez  baillé  vos  excufations  ^. 
&  tout  veu  à  grand  &  meure  dèlibcratiofi.  Je  vousdis.8c  déclare^  9c  par 

Arreft 


pu    R  O  Y    L  O  U  Y  s    X  I.  115 

Arrefl:  d'icelle  Cour  ^  que  vous  avez  efté  crimineux  de  crime  de  leze-Ma- 
jcfté ,  &  comme  tel ,  eftes  condamné  par  icelle  Cour  à  ToufiFrir  mort  de-     1 47  5 
dans  le  jourd'huv,  c'eft  aflàvoir ,  que  vous  ferez  décapite  devant  Thoftel 
de  cette  ville  ae  Paris ^  6c  toutes  vos  Seigneuries ,  revenus,  &  autres 
héritages &biensdeclarez acquisSc  confifquezauRoy noftre Sire,  duquel 
diâum  &  fentence  il  fe  trouva  fort  perplex  >  &  non  fans  caufe,  car  il  ne 
cuidoit  point  que  le  Roy ,  ne  fa  Juftice ,  le  deuflent  faire  mourir.  Et  dift 
alors  &  re(pondit ,  Haa  !  Dieu  foit  loué ,  véez  cy  bien  dure  Sentence  : 
Je  luy  fupplie  &  requiers  qu'il  me  donne  grâce  de  bien  le  cognoiftre  au- 
joura  huy.  Et  (î  difl  outre  a  Mr.  de  Saincl  Pierre  ^  ha,  ha,  Mr.  de  SainS 
Pierre  ,  ce  n*eft  pas  cy  ce  quem'avez  tousjours  dit,  &  à  tant  fe  retrahit» 
Et  lors  ledit  Mgr.  de  Saincl  Pol  fut  mis  &c  baillé  es  mains  de  quatre  Doc^ 
ceurs  en  Théologie  >  dont  Tun  eftoit  Cordelier ,  nommé  maiftre  Jehan 
de  Sordun ,  l'autre  Âueuftin  >  le  tiers  Pénitencier  de  Paris  ,  &  le  quart 
eftoit  nommé  maiftre  Jehan  ffuë.  Curé  de  faind  Andry  des  Ars,  Doyen  de 
la  Faculté  de  Théologie  audit  lieu  de  Paris ,  aufquels,  &àMgr.  le  ChaiK 
cellier  r  il  re^uift  qu'on  luy  bailla  le  corps  de  Notre-Seigneur ,  ce  qui 
ne  luy  fut  pomt  accordé,  mais  luy  fut  fait  chanter  uneMeflTc  devant  luy, 
dont  il  fe  contenta  aflèz.  Et  icelle  ditte ,  luy  fut  baillé  de  l'eauë  benifte 
&  du  pain  benift ,  dont  il  mangea  :  mais  il  ne  buft  point  lors- depuis ,  Se 
ce  fait  demeura  avec  lefdits  Confeflèurs  juf(iues  a  entre  une.  8c  deux 
heures  après-midv  dudit  jour  ,  qu*il  defcendit  dudit  Palais  &  remonta 
à  cheval ,  pour  aler  en  l'hoftel  de  taditte  ville ,  oà  eftoient  faits  plu- 
fieurs  efchaffaux  pour  fon  exécution.  Et  avec  luy  y  eftoient  le  Greffier  de 
laditte  Cour ,  &  Huiflîer»  d'icelle^  Et  audit  hoftd  de  la  viUe  defcendit 
Se  fut  mené  a»  Bureau  dudit  lieu  y  contre  lequel  y  avoir  un  grand  efchaf-  • 
faut  dreffê ,  Se  au  joignant  d'icelluy ,  on  venoit  par  une  alée  de  bois  â  un 
autre  petit  efchafraut ,  là  on  il  fut  exécuté.  En  icelluy  bureau  fut  illee 
avec  (efdits  Confeflèurs ,  faifantde  grans  &  piteux  regrets ,  &^fiftun 
teftament  tel  quel,  &  fous^lebon  plaint  duRoy^  queledic  fke  Denis  HeJJe- 
lin  efcrivit  fous  luy.  En  faifant  lefquelles  chofes  il  demeura  audit  bureau 
jufques  à  trois  heures  dudit  jour ,  qu'il  iflit  hors  d'icelluy  bureair,  & 
s'en  vint  jetter  au  bout  dudit  petit  efchaffaut  &  mettre  k  race ,  les  deux 
genoux  fléchis  devant  l'Eglife  Noftre-Dame  de  Paris ,  pour  y  faire  fon 
oraifon ,  laquelle  il  tint  afièz  longue  en  douloureux  pleurs  6c  grand  con- 
trition ,  &  tousjours  la  croix  devant  fcs  yeux ,  que  luy  tenoic  maiftre- 
Jehan  de  Sordun,  laquelle  fouvent  ilbaifi^it  en  grand  révérence,  &  moulr' 
piteufement  pleurant.  Et  après  faditte  oraifon  ainfr  faitte  y  Se  qu'il  fe 
ruft  levé  debout ,  vint  à  luy  un  nommé  Petit- Jehan  ,  fils  de  Henry  Cow- 
^n  ,  lors  maiftre  Exécuteur  de  la  haute  Juftice ,  qui  apporta  une  moven- 
ne  corde  dont  il  lia  les  mains  dudit  de  SainS  Pol ,  ce  qu'il  fouffrit  oieit 
benignement.  Et  en  après  le  mena  ledit  Petit  Jehan  y  Se  hft  monter  defluy 
ledit  petit  efchafiPaut ,  defliis  lequel  il-  fe  arrefta^  &  tourna  levifage  par 
devers  ledit  Chaneellier ,  de  Gaucourt  ,PttvoA  de  Paris  ,  Sgr.^de  Sainct 
Pierre ,  Greffier  Civil  de  laditte  Cour,  dudit  fire  Denis  ffej^lin ,  Se  au*- 
trcs  Officiers  du  Roy  noftre  Sire  ,  eftans  illcc  en  bien  grand  nombre,  en 
leur  criant  mercy  pour  le  Roy ,  Se  leur  requérant ,  qu'ils  euflènt  fon  am« 
pour  cccommandee*  Non  pas  >  comme  il  leur  dift  >.  qii'il  n'entendoit  pas 


iitf  LES    CHRONIQUES 

qa*il  leur  coaftaft  rien  da  ieor.  Et  auffi  fe  retourna  an  peupk  eftânt  àa 
<  47  5'     cofté  du  fainâ:  Efpric ,  en  leur  fupplianc  auffi  de  prier  pour  Ton  amc  ^  Se 
puis  s'en  ala  mettre  i  deux  genonx  deflus  un  petit  carreau  de  laine  aux 
armes  de  laditte  ville ,  qu'il  mift  à,  poinâ  &  le  remua  de  l'un  de  Tes 
pieds ,  où  il  ait  illec  diligemment  bandé  par  les  yeux  ,  par  ledit  Fait- 
Jehan  3  tousjours  parlant  à,  Dieu  &  à  feulits  Confeflèurs ,  8c  fouyenc 
baifant  laditte  croix.  Et  inconrinent  ledit  PuitrJehan  faifitTon  efpée,  que 
fondit  père  luy  bailla ,  dont  il  fift  voiler  la  tefte  de  deflus  les  efpaules  , 
ii-toft  hc  (î  tranfivement ,  que  fon  corps  cheytàterre  aufli-toft  que  la 
tefte ,  laquelle  tefte ,  incontinent  après ,  fut  prife  par  les  cheveux  par 
icelluy  Petu-Jehan  y  &  mife  laver  en  un  feau  d'eau  eftant  près  d'illec ,  ôc 
puis  mife  fur  les  appuy s  dudit  petit  efchafFaut ,  &  monftrée  aux  regar- 
dant laditte  exécution ,  qui  eftoient  bien  deux  cens  mille  perfonnes  6c 
mieux.  Etaprès  laditte  execution^ainfî  faitte^ledit  corps  mort  rut  defpoîiillé 
•  Se  mis  avec  laditte  tefte ,  tout  enfevely  dedans  un  beau  drap  de  un ,  Se 
puis  bouté  dedans  un  cercueil  de  bois  »  que  ledit  fîre  Denis  Hcffèlin 
avoir  fait  faire.  Et  lequel  corps  ainfî  enfevely»  que  dit  eft ,  fut  venu  quo« 
cir  par  l'Ordre  des  Cordeliers  de  Paris  ,  &  fur  les  efpaules  remportèrent 
inhumer  en  leur  Eglife.  Et  aufquels  Cordeliers  ledit  Hcffilin  nft  bailler 
quarante  torches  pour  faire  le  convoy  dudit  corps,  après  lequel  il  fut 
&  le  convoya  jufques  audit  lieu  des  Cordeliers  ,  &  le  lendemain  y  fift 
auftî  faire  un  beau  fervice  en  laditte  Eglife ,  &  auffi  en  fut  fait  fervice  à 
fainâ  Jehan  en  Grève  »  là  où  auftî  fa  foflè  avoir  efté  faitte ,  cuidant  que 
on  luy  deuft  enterrer ,  &  y  eut  efté  mis  ce  n'euft  efté  y  que  ledit  de  Sordun 
dift  i  icelluy  de  SmnS  Pol ,  que  en  leurditte  Eglife  v  avoit  enterrée  ime 
Comtefle  de  SainB  Pol ,  &  qu'il  devoir  mieux  vouloir  y  eftre  enterré  » 
que  en  nulle  autre  part ,  dont  icelluy  de  SainB  Pol  fut  bien  content ,  & 
pria  à  fes  Juges  que  fondit  corps  rut  porté  aufdits  Cordeliers.  Et  eft 
vray  que  après  laditte  fentence  >  ainfi  déclarée ,  appert  audit  deffunâ  de 
Sainà  Pol  5  que  dit  eft  \  fut  tout  fon  procez  bien  au  long  déclaré  aa 

Srand  parc  de  laditte  Cour ,  &  à  huis  ouverr.  Au<|uel  procez  fut  dit  Sc 
edkre  de  moult  merveilleux  &  énormes  cas  &  crimes  avoir  efté  faits  Se 
perperrez  par  ledit  de  SainB  Pol;  Sc  en  iceux  maux  foy  eftre  entretenu» 
continué  &  maintenu  par  long-temps,&:  par  diverfesfois.  Et  entre  les  au- 
tres chofes ,  fut  dit  &  recité  comment  lefdits  de  Bourgogne  Sc  de  SainB 
Pol  avoient  envoyé ,  de  la  patrie  d'icelluy  de  Bourgogne ,  meflire  Philip- 
pe Bouton ,  &  meftire  Philippe  Pot ,  Chevaliers ,  &  de  la  parrie  duoic 
Conneftable ,  HeBor  de  VECclufe ,  par  devers  Mgr.  le  Duc  ae  Bourbon  , 
afin  de  efmouvoir  mondit  ogr.  de  Bourbon  de  (oy  eflever  Sc  eftre  contre 
le  Roy ,  &  fov  départir  de  la  bonne  loyauté ,  aufquels  fiit  dit,  pour  le- 
dit Sgr,  par  la  bouche  du  Sgr.  de  Fleurac  ,  fon  Chambellan ,  qu'ils  s^a- 
bufoient ,  Sc  que  ledit  Sgr.  aimeroit  mieux  mourir ,  que  d'eftre  contre 
le  Roy ,  &  n'en  eurent  plus  j>our  cerrc  fois.  Et  que  depuis  ce ,  ledit  de 
VEfclufe  y  retourna  derefcher ,  qui  dit  audit  Mgr.  de  Bourbon ,  ^ue  I^- 
^it  Conneftable  luy  mandoit  par  luy ,  que  les  Anglais  defcendroient  en 
France  y  Se  que  fans  difficulté ,  à  l'aide  dudit  Conneftable ,  ils  auroienc 
Se  cmportcroient  tout  le  Royaume  de  France.  Et  que  pour  efchever  fa 
perdition  Se  de  fç$  villes  Se  pays  y  ledit  Sgr.  de  Bourbon  voulfift  eftre  Se 

foy 


î>  U    R  O  Y    L  O  U  Y  s    X  I.  \xf 

foy  aller  avec  ledit  de  Bourgogne  ^  &  luy  dift  en  ce  faifant ,  que  luy  en 
▼icndroit  de  grand  profir.^  Et  où  il  ne  voudroit  faire ,  que  bien  luy  en  *  47  ^• 
convenift,que  s'il  luy  en  prenoic  mal,qu*il  ne  feroit  pas  a  plaindre^  Lequel 
Mgr.  de  Bourbon  dift  &c  refppndit  audit  de  VEfclufi  ,  qu'il  n'en  feroit 
rien ,  &  qu'il  aimeroit  mieux  eftre  mort>  &  avoir  perdu  fon  vaillant  >  & 
devenir  en  au£  grand  captivité  &  pauvreté  >  que  oncques  fut  Job  >  que 
de  confentir  faire  >  ne  eftre  fait  quelque  chofe  que  ce  feuft ,  au  domma^ 
ge  >  au  préjudice  du  Roy ,  &  à  tant, s'en  retourna  ledit  Heclorùins  autre 
chofe  fanre.  Et  pararant  ces  chofcs  >  Mgr^r  de  Bourbon  envoya  au  Roy 
l<;fdittes  lettres  de  fééllé  dudit  Coaneftwle ,  par  lefquelles  apparoift  la- 

f[rande  trahifon  dudit  Conneftable ,  &  pluHeurs  autres  grans  cas,  trahir- 
ons ,  &  mauvaiftiez  9  que  avoir  confères  à  fondit  procez  ledit  Con« 
neftable  »  bien  au  long  déclarées  en  icelluyprocer,  que  je  laiHè  icy  pour 
çaufe  de  brièveté.  Ef  il  eft  vérité  r  que  ledit  Conneftable  >  après  ce  qu'ils 
euft  efté  confelfê,  &  qu'il  vouloir  venir  audit  efchaffaut,  dift  8c  déclara 
à  fefdirs  Confeftèurs ,  qu'il  avoir  dedans  fon  pourpoing  foixante-dix  demy 
efcusd'or,  qu'il tirahorsd'icelluy,  en prianr audit Cordelier, qu'illesdon* 
naft  &  diftxibuaft  pour  Dieu,  ôc  en  aumofne  pour  fon  atne,  &  en  fa  confcien* 
ce,  lequel  Cordelier  luy  dift,  qu'ils  feroient  bien  employez  auxpauvtcs  en- 
fansNovices  de  leur  Maifon,&:autantluy  endiftledit  Confeflèur  Auguftin' 
des  enfans  de  letu:  Maifon.  Et  pour  tousks  appaifer ,  dir  &  refpondir  y 
icelluy  dcffunâ:  Conneftable  à  feCiits  Confefleurs  ,  qu'il  prioit  à  touS' 
Tefdits^  quatre  Confeâèurs ,  que  chafcun  en  prift  la  quatre  partie ,  &  que 
en  leurs^  conftienees  le  diftribuaflènt  là  où  ils  verroient  qu'il  feroit  bien 
amployé.  Et  en  après  rira  un  petit  anneau  d'or ,  où  avoit  un  diamant  y 
qu'il  avoit  en  fon  doigt ,  &  pria  audit  Pénitencier ,  qu'il  le  donnaft  &c 

Î>refentaft  de  par  luy  à  l'Image  Noftre-Dame  de  Paris ,  &  le  mift  dedans- 
on  doigt, ce  que  ledit  Pénitencier  promift  de  faire.  Et  puis  dift  encores* 
audir  Cordelier  de  Sordun ,  beau  Père  véez  cy  une  pierre  que  j'ay  longue- 
ment porrée  en  mon  cof,  Se  que  j'ay  moult  fort  aimée ,  pource  qu'elle 
a  grande  vertu,  car  elle  refifte  contre  tour  venin,  &  preferve  aufti  de  toute* 
peftilence  ,  laquelle  pierre,  je  vous  prie  que  portez  de  par  moy  à  mon^ 
petir-fîls,  auquel  direz,  que  je  luy  prie  qu'il  l'a  garde  bien  pour  l'amour 
de  moy ,  laquelle  chofe  luy  promift  de  le  faire.  Et  après  ladirte  mort 
Kigr.  le  Chancellier  interrogea  lefdits  quatre  Confefleurs ,  s'il  leur  avoit 
aucune  chofe  baillée ,  qui  luy  direnr ,  qu'il  leur  avoit  baillé  lefdits  de^ 
my  efcus,  diamant  &  pierre,  deflîis  déclarez.  Lequel  Mgr.  le  Chancel- 
lier leur  refpondir  ,  que  au  regard  d'iceux  demy  efcus  Se  diamant ,  ils- 
en  £flènt  ainfTque  ordonné  l'avoir ,  nuis  que  au  regard  de  laditte  pier- 
re, qu'elle  (croît  baillée  au  Roy ,  pour  en  faire  à  fon  bon  plaifir. 

Et  de  laditte  exécution  ,  ainfî  faitte  que  dit  eft ,  en  fut  fait  un  petir 
c^itaphe  tel  qui  s'enfuie 

Mil  quatre  cens  tannée  de  ffact^^ 
Soixante^quinu  en  la  grand  place  ,  ^ 
A  Paris ,  que  Von  nommt  Grève , 
L^àtt  que  fut  fait  aux  Ânglois  trêve  ^, 


i'^ 


128  LES    CHRONIQUES 

De  Décembre  U  dix^neuf^ 
^+7  5'  Sur  un  efchaffaut  fait  de  neuf  t 

Fut  amené  U  ConnejlahU  , 
A  compagnie  grand  &  notable  ; 
Comme  le  veut  Dieu  &  raifon  ^ 
Pourfatrh'grande  trahifonf 
fft  la  il  fut  décapité  5 
En  cefie  tris-noble  citi 

Et  après  laditte  exécution  ainfi  faite  dudit  Conneftable ,  fut  le  Same- 
dy  13.  Décembre  »  fait  publier  à  Paris  à  fon  de  trompe  &  cry  public  le 
defappoinâement  des  Généraux  Maiftres  des  monnoyes ,  pour  les  caufes 
contenues  audit  mandement.  Et  au  lieu  d'eux  >  le  Roy  mift  &  eftablift 
quatre  perfonnes  feulement  :  c'eft  afiavoir  (\tç,  Germain  de  Merle ,  Nico- 
las Potier  9  Denys  le  Breton  »  ^  Sy mon  A ufortan  (17).  &  fiit  prdonné 
que  les  efcus  d'or  du  Roy  »  qm  paravant  ayoient  eu  cours  pour  vingt- 
quatre  fols  parifis  &  troiç  tournois ,  auroient  cours  pour  trente-cin^  un- 
zains  9  vaillans  vingt-cinq  fol$  huiâ:  deniers  pariiîs.  Et  que  on  feroit  des 
autres  efcus  d'or  qui  auroient  un  croiflànt ,  au  lieu  de  la  couronne  >  qui 
eftoit  es  autres  elcus  ,  qui  yaudroient  trente-dx  unzains ,  du  prix  dç 
vingt  &  fix  fols  (Ix  deniers  toiurnois  »  &  des  douzains ,  neuf  de  douze 
tournois  pour  pièce.  Et  ledit  jour  de  jSamedy  par  la  permiflion  du  Roy 
furent  alez  quérir  Se  adèmbler  le  corps  qui  pendu  eftoit  au  gibet  de  Pa-^ 
ris  y  de  Regnault  de  Veloux ,  &  la  tefte  qui  mife  eftoit  au  bout  d'unç 
lance  es  H^les  de  Paris ,  avec  fcs  membres  attachez  à  quatre  potences 
aux  portes  de  Paris  ,  Se  fut  tout  aflèmblé  enfemble.  Et  pujs  furent  por^ 
tez  inhumer  &  enterrer  au  Convent  defdits  Cprdeliers  de  Paris,  au* 
quel  lieu  luy  fut  fait  fon  fervice  honnorablement  >  pour  le  falut  îc  re<* 
mede  de  fon  ame ,  tout  au  couft  »  mifes  &  dépens  des  parens  &c  amif 
dudit  deffunâ  Regnault  de  Veloux  (i8). 

Le  Mardy  jour  uinâ  Eftienne  après  Noël  1^75.  fut  &  comparuft  par^ 
devant  Thoftel  de  laditte  ville  de  Paris  un  Cnevalier  Lombart ,  nommé 
nieftire  Boufille  ,  qui  avoir  efté  deff  é  d'eftre  combattu  à  outrance  en  lice 
de  pie ,  par  un  autre  Chevalier ,  natif  du  Royaume  d^Arragon ,  qui  au^ 
dit  jour  y  devoir  comparoir ,  mais  il  n'y  vint  point.  Et  pour  avoir  contre 
luy  tel  aefFault  i^ue  de  raifon  par  ledit  Boufille ,  s'en  vint  par  devers  le 
Comte  à&Dampmartin  iï\\^c  ordonné  Juge  de  par  le  Roy  de  laqueftiofi 
d'entre  lefdittes  d^^ux  parties.  Et  vint  en  icelle  place  ledit  Boufille  »  tout 
armé  de  fon  hamois ,  &  en  l'eftat  qu'il  devoir  combattre ,  fa  hache  au 
poing ,  &  devant  luy  faifoit  porter  fon  enfeigne ,  &  avoir  trois  tronî-* 
pertes ,  &  après  lui  avoir  pluueurs  ferviteurs ,  donr  l'un  luy  porroit  en- 
çores  une  autre  hache  d'armes.  Et  après  qu'il  euft  ainfi  parlé  audit  de 
Dampmartin  »  &  fait  faditte  re^uefte  >  il  (e  retrahit  &  s'en  retourna  en 
fon  hoftellerie ,  où  pend  l'enfeigne  du  grandi  Godet  près  dudit  ^o^el 
de  la  ville. 

Le 

(17)  Oa  Anjorândyoamfime  Aa(braQ, 
L\%)  Fi2ye* dnlcvant  pag.  1^1. 


» 


D  U    R  O  Y     L  O  U  Y  s     X  T.  1*9 

Le  Jeudy  28.  Décembre  1475*  environ  l'heure  de  fix  heures  de  nuit, 
Mr.  cCAUnçon ,  dont  eft  parlé  devant ,  &  qui  avoit  eftc  longuement  de-  *  ^^  J« 
tenu  pcifonnier  audit  Cnafleau  du  Louvre ,  en  fut  mis  dehors  par  la  per- 
miûion  du  Roy,  quioâroya  à  Tes  gardes  que  on  le  mift  en  laditte  ville  en 
un  hoftel  de  bourgeois ,  où  ils  verroient  eftre  bon ,  &  il  fut  mené  loser 
en  rhoftel  feu  maiftre  Michel  de  LaiUitr  ,  &c  y  eftoient  à  le  mener  du- 
dit  Louvre  jufques  audit  hoftel ,  ledit  fire  Denys  HeJJcUn  ,  Jacques  Hef- 
ftlin  fon  frère ,  fire  Jehan  de  Harlay ,  Chevalier  du  Guet ,  &  autres 
perfonnes  en  armes.  Et  devant  ledit  Sgr.  eftoient  portées  quatre  torches. 

Au  mois  de  Janvier  1 47  5  •  fut  publiée  à  fon  de  trompe  par  les  carre- 
fours de  Paris ,  les  lettres  patentes  du  Roy  notre  Sire ,  qui  contenoient 
conune  de  toute  ancienneté  il  avoit  efté  permis  aux  Rois  de  France  par 
les  fainâs  Pères  Papes,que  de  cinq  ans  en  cinq  ans,ils  puflènt  faire  afièm-? 
blée  de  tous  les  Prélats  du  Royaume  de  France  <^  pour  la  reformation  & 
affaires  de  TEglife  :  ce  qui  de  long-temps  n*avoit  efté  fait  :  pour  laquelle 
chofe  &  auili  que  le  Roy  voulant  les  droits  de  l'Eglife  eftre  gardez  & 
obfervez,voulût  &  ordonna  qu'il  tiendroit  le  Concile  de  l'Eglife  en  la  ville 
de  Lyon ,  ou  autre  lieu  près  d!^^illec,pourquoy  il  vouloir,  mandoit&  ordon- 
noitque  tous  Archeveiques ,  Evefques  ,  &  autres  conftituez  en  dignité , 
fuflènt  refidens  chafcun  en  leurs  bénéfices ,  <5c  s'y  en  alafient  demeurer 
pQur  eftre  tous  prcfts  ôc  appareillez  à  aler  où  ordonné  leur  feroit ,  Se 
où  ils  n'auroient  ce  fait  dedans  fix  mois  après  laditte  publication ,  que 
tout  leur  temporel  fuft  faifi  Se  mis  en  la  main  du  Roy.  Et  après  ledit  cry, 
fut  fait  derefchef  publier  comme  de  pieça  le  Roy  pour  luy  fubvenir  à 
aucuns  fes  affaires ,  &  pour  la  neceflité  de  fon  Royaume ,  euft  mis  Se 
ordonné  un  efcu  â  eftre  levé  Se  payé  fur  chafcune  pipe  de  vin  ,  à  mener 
dehors  du  Royaume ,  &  qui  en  (eroit  tiré ,  Se  de  toutes  autres  denrées 
â  la  valeur ,  qui  par  aucun  temps  avoit  efté  delaifiée  à  cueillir.  Lequel 
ayde  d'un  efcu  uir  chafcune  pipe  de  vin  feulement ,  &  non  point  fur 
autre  marchondife ,  fut  derefchef  mis  fus  par  toutes  les  extrefmitez  du 
Royaume.  Et  à  ce  faire  &  recueillir  maiftre  Laurens  fferkelot ,  Confeil- 
kr  dudit  Seigneur ,  Se  Denys  Chevalier ,  jadis  Notaire  au  Chaftellec 
de  Paris ,  nonobftant  que  de  cefte  mefme  charge  le  Roy  y  avoit  pieça 
ordonné  maiftre  Pierre  Jouvelin  ,  Correfteur  àts  Comptes ,  qui  de  ce 
en  demeura  defchargé. 

Au  mois  de  Février  147  <.  le  Roy,  qui  eft<)it  à  Tours  Se  i  Amhoifc^  s'en 
partit  pour  aler  au  pays  ae  Bourbonnois  Se  d* Auvergne  ,  &  de  là  s'en 
ala  faire  fa  neufvaine  à  Noftre-Dame  du  Puy  ,  &  de  la  en  Lyonnois  ,  & 
au  pays  du  Dauphini.  Et  luy  eftant  audit  lieu  du  Puy ,  eut  nouvelles 
que  les  Suijfes  avoient  rencontré  le  Duc  de  Bourgogne  Se  fon  armée , 
qui  vouloient  entrer  audit  pays  de  Suiffe^  Et  comment  ils  avoient  mis 

{'us  ledit  de  Bourgogne  ,  Se  des  gens  de  fon  armée ,  bien  de  feize  à  dix- 
tuiâ:  mil  homme ,  Se  fi  gagnèrent  toute  fon  artillerie  par  la  manière 
qui  s'enfuit.  Après  que  le  I^c  de  Bourgogne  eut  pris  Granjfon ,  où  il 
y  a  ville ,  il  s'en  ala  au  long  du  lac  de  Ferdon  (19)  ,  en  tirant  devers 
Fribourg  ,  &  trouva  moyen  a  avoir  deux  Chaftcaux>qui  font  fur  les  mon- 
tagnes 
(1^)  On  ac  Ncnf-Châcel. 

Tome  IL  R  (xo) 


/ 


130  LES'   CHRONIQUES 

tagnes  i  l'entrée  de  Saxe  (lo) ,  mais  les  Suiffes  »qui  bien  fçavoîent  Cx 
*  47  S  •  venue ,  &  la  prifc  qu'il  avoir  fait  defdics  deux  Chafteaux  &  dudit  Granf^ 
fin  ,  s'approchèrent*  Et  le  Vcndrcdy  au  foir  devanr  le  jour  des  bran- 
dons rrouverent  iceux  Suiffes  moyen  de  enclorre  lefdits  deux  Chafteauz 
en  façon  telle  que  ceux  qui  eftoient  dedans  n'en  pouvoient  faillir  »  & 
mirenr leurs embufchesentre&aflezprèsdefdits  deux Chafteaux  en  un  pe« 
rit  bois  près  de  là  où  les  Bourguignons  avoient  mis  leurs  batailles.  Et  le  len^ 
demain  enfuivant  veille  defmts  orandons  au  bien  matin,ledit  Duc  de  ^o//r- 
gogne  paflàavec  fes  gens  &  fon  arrillerie.  Et  incontinent  qu'il fuft  pa(fê  len- 
dits SuiJ/is^  qui  n'eftoient  que  environ  de  quatre  âfixmilcoulevriniers,  6c 
tous  à  pied  ,  qui  fe  prirent  à  tirer  &  bouter  le  feu  dedans  leurs  baftons  > 
dont  ils  firent  tel  &c  ft  bon  bruit,  ^ue  les  chefs  de  l'avant-garde  dudit  de 
Bourgogne  y  furent  tous  tuez  >  Se  aind  toiurna  en  fuite  toute  laditte  avant* 
garde.  Et  tan  toft  après  chargèrent  lefdits  Suiffes  fi  eftroi  t  que  la  bataille  tour-» 
na  en  fuite.  Et  nonobftantque  ledit  de  ^oz^r^{7£'/7efift  fon  pouvoir  de  ralier 
fes  gens  pour  refifter  à  la  fureur  defdits  5i^^^^.  Finalement  lui  fut  force  d& 
tourner  en  fu  ite,  &  s'en  efchappa  à  grand  peine  &  danger  de  fa  perfonne  » 
&  lui  cinquiefmeen  chevauchant  &  fuyant  fans  arrefter  >  &  fouvent  re* 
gardoit  derrière  luy  vers  le  lieu ,  où  fut  faitte  fur  luy  laditte  deftroude  % 
jufquesà  Joigne ^  ou  il  y  a  hxxiQi  groflès  lieues,  qui  en  valent  bien  feize  de 
France  la  jolie ,  que  Dieu  fauve  &  garde.  Et  y  furent  morts  à  laditte 
rencontrée  la  pluipart  des  Capitaines  &  gens  de  renom  de  l'armée  da- 
dit  de  Bourgogne.  Et  fut  faitte  laditte  deftrouflè  le  Samedy  i.  Mars  147^» 
où  y  il  eut  grand  meurdre  fait  defdits  Bourguignons.  Et  après  que  ledit  de 
Bourgogne  s'en  fut  ainfi  honteufement  fuy ,  que  dit  eft ,  &  qu'il  eut  per- 
du toute  fon  artillerie  ;  fa  vaiflelle  ,  &  toutes  fes  bagues ,  lefdits  SuiJ^ 
fis  reprirent  lefdits  deux  chafteaux ,  6c  firent  pendre  tous  les  Bourgui^ 
gnons  qui  dedans  eftoient.  Et  auffi  reprirent  la  ville  &  chaftel  de  Granfi 
fin  ,  &  firent  defpendre  tous  les  AUmans  que  ledit  de  Bourgogne 

Î^  avoit  fait  pendre  ,  qui  eftoient  en  nombre  cinq  cens  &  douze  ,  6c 
es  firent  mettre  en  terre  fainâe.  Et  puis  firent  pendre  les  Bourguignons 
aui  eftoient  dedans  ledit  Granffon  ,  es  mefmes  lieux ,  6c  des  licols  dont 
s  avoient  pendu  les  AUmans  on  Suiffes. 

Audit  mois  de  Mars  147  J.  le  Rôy,  qui  avoit  envoyé  Mr.  de  Beau] eu 
avec  grand  (quantité  de  gens  de  guerre  ameger  mondit  Sgr.  le  Duc  de  A^e- 
mours  y  qui  lors  eftoit  à  Cariât  en  Auvergne  ^  fe  mift  &  rendir  mondit 
Sgr.  de  Nemours  ,  es  mains  de  Mgr.  de  Beaujeu  ,  qui  le  mena  par  de- 
vers le  Roy ,  eftant  lors  au  pays  du  Dauphinl  6c  Lyonnois.  Et  fut  ledit 
èc  Nemours ,  de  l'ordonnance  du  Roy ,  mené  prifonnierau  chafteau  de 
Vienne.  Et  durant  au'il  fut  ainfi  affiegé  au  chafteau  de  Cariât ,  Madame 
fa  femme  (21) ,  fille  de  Charles  d* Anjou ,  Comte  du  Maine ,  accoucha 
d'enfant  en  icelluy  lieu  de  Cariât.  Et  tant  pour  la  defplaifance  de  fondit 
Seigneur  &  mary ,  que  du  mal  d'enfant ,  ala  de  vie  à  trefpas ,  dont  ce 
fut  grand  dommage  ,  car  on  la  tenoit  bien  bonne  &  bonnette  Dame.. 
Et  après  ces  chofos  fiit  mené  ledit  Sgr.  de  Nemours  i  Pierre^affifi  les 
Lyon.  Al» 

(*o)  TAotcttr  s'cft  mépris  ,  la  Saxe  cft  |  mais  elle  eft  encore  fort  éloignée. 
trop  éloignée,  on  pourroit  dire  Simbe ^  1      (11)   Elle  fe nommoit  Louife, 


D  U    R  O  Y    L  O  U  Y  s    X  I.  i^i 

Au  mois  d'Avril  audit  an  y  le  Comte  de  Campobache  »  Lombart  oa 
MUlanois  ^  qui  avoit  la  conduite  de  deux  cens  lances  de  Lombardic  >     s  47  5 
qu  il  avoit  amenées  audit  Duc  de  Bourgogne  ^  lui  tenant  le  (iege  devant 
la  ville  de  Nui^  &  qui  depuis  s'eftoit  trouvé  avec  ledit  de  Bourgogne  » 
â  la  deftrouflè  iur  luy  faitte  près  de  Granjfon ,  fe  partit  ledit  de  Campo^ 


Jlzincl 

luy  donna  de  l'argent.  Et  illec  ledit  CampoJmche 
gogne  y  çiu'il  eftoit  très-cruel  ôcinhumain  ,  &  que  en  toutes  ces  cntreprifes 
n'y  avoit  point  d'efFcA ,  &  ne  faifoit  que  perdre  temps  ,  gens ,  &  pays  » 
par  Tes  folles  obftinations. 

Au  mois  de  May  147^.  &  après  la  rencontre  fur  ledit  Bourguignon 
faitte  par  lefdits  Alemans  près  dudit  Granjfon ,  ledit  de  Bourgogne  dé- 
libéra de  pourfuivre  &  continuer  fa  pourfuite  fur  ôc  à  l'enconcre  defdits 
jilemans  ,  &  d'aler  devant  la  ville  ae  Strasbourg  y  mettre  le  fiege  ;  la- 
quelle chofe  bonnement  il  ne  pouvoit  faire  fans  avoir  ayde  &  fecours  de 
gens  ,  &c  aufli  avoir  argent  de  Ces  pays.  Et  à  cefte  caufe  y  envoya  fon 
Chancellier, nommé  maiftre  Guillaume  Hugonety  &  autres  déléguez  avec 
luy  jufques  au  nombre  de  douze  en  aucuns  de  fes  pays  &  villes  ,  pour 
leur  dire  &  remonftrer  la  deftrouflè  ain(î  fur  luy  faitte  par  lefdits  Ale-^ 
mans  ou  Suiffis.  Et  que  nonobftant  icelle.  fon  intention  eftoit  de  tirer 
avant ,  &c  eftre  vengé  defdits  Suiffes  >  pour  lefquels  chofes  luy  faîloit 
avoir  argent  &  gens  y  &  qu'ils  luy  vouiuflènt  ayder  du  fixiefme  de  leur 
vaillant ,  &  de  fix  hommes ,  l'un ,  puiflànt  de  porter  arnois  y  aufquels 
douze  ainfi  déléguez  de  luy,  que  dit  eft  >  fut  rendue  &  faitte  refponce  de 
Gand  >  Bruges ,  Brucelles  y  Vljle  de  Flandres  y  Se  autres  »  que  au  regard 
dudit  de  Bourgogne  y  ils  le  reputoient  leur  vray  &  naturel  Seigneur ,  6c 
que  pour  luy  Feront  leurpoflÎDilité.  En  difant  par  eux  que  fe  il  fe  fen- 
toit  aucunement  emprefle  defdits  Alemans  ou  Suiffes  ,  &  qu'il  n'euft 
avec  luy  aflêz  de  gens  pour  s'en  retourner  franchement  en  fcs  pays ,  qu'il 
le  leur  fift  aflàvoir ,  &  qu'ils  expoferoient  leurs  corps  &  leurs  biens  pour 
Taler  quérir  y  pour  le  ramener  (auvement  en  fefdits  pavs  :  mais  que  pour 
£iire  plus  de  guerre  pour  luy  y  n'eftoient  point  delioerez  de  plus  luy 
ayder  de  gens ,  ne  d'argent, 

^  Durant  ces  chofes  le  Roy  demeura  à  Lyon  faifant  grand  chère ,  & 
vint  par  devers  luy  le  Roy  de  Cecille  y  fon  oncle ,  auquel  il  fift  moult 
bel  recueil  à  l'arriver  par  devers  luy  audit  lieu  de  Lyon  ;  &  luy  mena 
voir  la  foire  qui  eftoit  audit  lieu>  avec  les  belles  Bourgeoifes  &  Pâmes 
dudit  Lyon.  Aufli  y  vint  &  arriva  un  Cardinal  >  neveu  du  Pape ,  qui 
avoit  fait  aucuns  excez  en  Avignon  contre  le  Roy  &  Mgr.  l'Archevef- 
que  de  Lyony  Légat  d'Avignon.  Lequel  Cardinal  demeura  par  long-temps 
autour  du  Roy  avant  que  de  luy  peuft  avoir  fon  expédition.  Et  puis  tout- 
ledit  débat  fut  appointé  entre  le  Roy ,  ledit  Légat  d* Avignon  ,  Se  ledit 
Cardinal. 

Audit  temps  le  Roy  de  Cecille  appoinda',  voulut  &  accorda  avec  le, 

Roy 
(11)  Il  étok  4e  la  Maifon  de  Momfoxt  l'Amaory  »  alliée  à  celle  de  Bretagne. 

R  i  M 


I47(J. 


13*  LES    CHRONIQUE  S 

^^^—^  Ro)r ,  que  après  fa  mort ,  fa  Comté  de  Provence  retourneroit  de  pteinr 
^^?  droit  au  Roy ,  &  fcroit  unie  à  la  Couronne.  Et  en  ce  faifant ,  la  Reyne 
d'AneUterre ,  fille  dudit  Roy  de  Cecille ,  veuve  du  feu  Roy  d'Angleterre  , 
qui  eftoit  prifonniere  au  Roy  Edoiiard  d'Angleterre  >  fut  par  le  -Roy  ra- 
cneptée ,  Se  pour  fa  rançon  ,  en  fut  payé  audic  jE^oi^^f  cinquante  mille 
cfcus  d'or.  Et  à  cette  caufe  laditte  Reyne  d'Angleterre  céda  &  trai^fpor- 
ta  au  Roy  tout  le  droit  qu'elle  pouvoit  avoir  en  laditte  Comté  de  /'ro- 
vence  ,  moyennant  aum  cenaine  penfion  à  vie ,  que  le  Roy  luy  bailla 
par  chafcun  an ,  durant  le  cours  de  la  vie  d'icelle  Reyne. 

En  ce  temps ,  le  Samedy  i^.  Juin  147^.  le  Senefcmtl  de  Normandie , 
Comte  de  Maûlevrier  j  fils  du  feu  Meflire  Pierre  de  Bre^  ,  qui  fut  nié 
à  la  rencontre  de  Montlehery  :  Lequel  Senefchal  »  qui  s^en  eftoit  aie  à  lar 
chaflfè  près  d'un  village  nommé  Komieres  lez.  Dourdan  y  à  lui  apparte- 
nant ,  &  avec  luy  y  avoit  mené  Madame  Charlote  à^Fmnce  fa  femme» 
£lle  naturelleiduaitfeu  Roy  Charles ,  &  deDamoifelle  Agnès  SoreL  Ad- 
vint par  maie  fortune ,  après  que  laditte  chafle  fut  faite  >  &  qu  ils  furent 
^  retournez  au  fouper  ôc  au  giâe  audit  lieu  de  Romieres ,  ledit  Senef- 
'  chai  fe  retrahir  feul  en  une  chambre ,  pour  illec  prendre  fon  repos  de  U 
nuit ,  &  pareillement  faditte  femme  le  retrahit  en  une  autre  chambre» 
Laquelle  meuë  de  lefcherie  (2:5)  defordonnée ,  comme  difeit   fondit 
mary  ,  rira  &  amena  avec  elle  un  Gcntihommc  du  pays  de  Poi3ou  ^ 
nommé  Kerre  de  la  Vergne  ,  lequel  eftoit  Veneur  de  la  chafle  dudit  Se- 
nefchal ,  &  lequel  elle  fift  coucner  avec  elle ,  laqueUe  choie  fut  ditte 
au  Senefchal  par  un  fien  ferviteur  &  maiftre  d'hoftel ,  nommé  Pierre 
VApoticaire^  Lequel  Senefchal  incontinent  prit  fon  efpée  &  vint  faire 
rompre  l'huys ,  ou  eftoient  lefdixs  Dame  &  Veneur  y  lequel  Veneur  iL 
trouva  en  chemife ,  auquel  il  bailla  de  fon  efpée  deflus  la  cefte  &  au  tra- 
vers du  corps ,  tellement  qu'il  le  tua.  Et  ee  fait  s'en  ala  en  une  cham- 
bre ,  ou  retrait ,  au  joignant  de  laditte  Chambre ,  où  il  trouva  faditte 
femme  mucée  deflbus  la  coufte  d'un  lia  où  eftoient  couchez  fes  enfans». 
laquelle  il  prit  &  la  tira  par  le  bras  à  terre.  Et  en  la  tirant  à  bas.luy  frap- 
pa de  laditte  efpée  parmy  les  efpaules,  &  puis  elle  defcenduë  à  terre> 
&  eftant  4  deux  genoux ,  lui  traverfa  fadirte  efpée  parmy  les  mammelles 
Se  eftomach  »  dont  incontinent  elle  ala  de  vie  à  trefpas  y  Se  puis  l'en- 
Voya  enterrer  en  l'Abbaye  de  Coulons ,  &  y  fit  faire  Ion  fervice.  Et  fift, 
enterrer  ledit  Veneur  en  un  [ardin  ,.au  joignant  de  l'hoftel  où.il  avoit 
efté  occis. 

En  après  le  Roy  eftant  2c  Lyon  >  qui  auprès  de  illec  avoit  grand  quan^ 
tiré  de  fon  armée  >  eut  certaines  nouvelles  que  le  Duc  àc.  Lorraine  y  c^i, 
eftoit  au  pays  de  Suijfe  zvec  lesSuifes  >  Bornes  (24)-,  Alemans  Se  Lor^ 
rains ,  pour  defconfirc  ledit  de  Bourgogne  >  qui  par  fa  folle  obftinatioiv 
Se  outrecuidance  eftoit  entré  audit  pays  de  Suijfe ,  &  avec  lui  mené, 
grand  quantité  d'artillerie ,  gens  de  guerre  y.  Se  Marchans  fuivant  foiv 


{^l)î3'Wcherie>  c-èft-à-dîrcjaffi- 
Tcté ,  ou  voîupté.  Villon  dit  au  même  feus, 
vers  iS^.  de  fon  graud  Teftament  : 

Si  M  cr^im  mjoir  deffendu.. 


Tarfiiénder  nepMr  lefclier  j 
Psr  trop  Mmer  ri  m  rien  vendu , 
Que  nuls  mefmjfent  refroHçhtr» 
(14)  Ou. Bémols*. 


(^> 


\ 


D  U    R  O  Y    L  O  U  Y  s    X  I.  133 

oft  (|a*U  avoit  parqués  Se  mis  en  forme  de  fiece  devant  une  petite  ville 
dudit  pays  de  Smljc ,  gommée  Moral  (25).  Et  Te  Samedy  12.  Juin  147^. 
environ  l'heure  d  entre  dix  &  onze  de  matin  ,  ledit  Duc  de  Lorraine^  ac« 
compagne,  comme  dit  eft  ,  s'en  vint  adàillir  ledit  de  Bourgogne  ^  &  de 
prime  venue iceltuy  de  Lorraine  defconfit  toute  lavant-garde  dudit  de 
jBourgogne  ,  qui  eftoient  douze  mille  combatcans  &  mieux ,  dont  avoit  la 
charge  &  conduite  Mgr.  le  Comcede  Romontyqui  a  bien  ^rand  liafte  trouva 
moyen  de  foy  fauver  y  &  mettre  en  fuite  luy  douzième.  Et  puis  fe 
boutèrent  les  gens  de  guerre  dedans  ledit  Morat  y  avec  les  autres  de  la- 
ditte  armée  de  Mgr.  de  Lorraine  y  dedans  le  j^arc  dudit  dtBour^gne  y  où 
ils  tuèrent  tout  ce  qui  y  fut  trouvé ,  fans  milericorde  aucune^  Et  fut  le-» 
dit  de  Bourgogne  contrain<%  de  fe  retraire  avec  un  peu  de  gens  de  guerre 
de  fon  armée  y  qui  fe  fau verent.  Et  depuis  fondit  parc  s'enfuit  fans  arref-* 
ter,  fouvent  regardant  derrière  luy  jufques  à  Joigne,  qui  eft  bien  diftanc 
dudit  lieu ,  où  fut  laditte  defconficure ,  de  quinze  à  feize  Geurs  Fran-^ 
^oifes  :  ic  illec  perdit  tout  fon  vaillant,  qui  y  eftoit,  comme  or ,  argent^ 
vai{felle  ,  joyaux ,  tapiflèrie ,  toute  fon  artillerie ,  tentes ,  pavillons  :  & 
generallement  tout  ce  qu'il  y  avoit  mené ,  &  après  laditte  defconfiture 
lefdits  AUmans  &  «f /^^ej^confiderant  le  grand  fervice  à  eux  fait  par  ledit 
de  Lorraine  ,  luy  donnèrent  &  délivrèrent  toute  laditte  artillerie  &  parc 
dudit  de  Bourgogne  ,  pour  la  recompenfe  de  fon  artillerie ,  qu'il  avoic 
perdue  audit  lieu  de  Slaruy  ,  que  icelluy  de  Bourgogne  y  pat  violence  & 
vouloir  defordonné ,  fans  aucun  titre ,  avoit  prife  &  emportée  hors  d'i- 
celle  ville.  Et  en  laditte  defconfiture  moururent  vingt-deux  mille  fepe 
cens  hommes ,  qui  y  furent  trouvez  morts,  tant  dedans  ledit  parc  ,  que 
dehors  ,  par  le  rapport  fait  des  Hérauts  &  Pourfuivans ,  qui ,  pour  laditte 
cftimation  faire  >  le  tranfporcerent  audit  lieu.  Et  après  laditte  defconfi- 
ture ainii  faitte  ,  que  dit  eft  ,  ledit  de  Lorraine  &  Suiffes  firent  leur  fuiter 
après  ledk  de  Bourgogone ,  &  tuèrent  depuis  plufieurs  autres  Bourgui^ 
gnons  ,  qui  aulli  fe  retiroient  audit  lieu  de  Joigne  ,  &  depuis  firent  bou- 
ter les  feux  &c  deftruire  toute  la  Comté  de  Romont  en  Saveye ,  où  iU 
tuèrent  tout  ce  oui  y  fut  par  eux  trouvé ,  &  fans  mifericprde  aucune» 

Après  ces  choies  ainfi  huttes ,  ledit  Sgr.  de  Lorrame  fe  retrait  à  StraP- 
bourg  audit  pays  de  Suiffe  y  Se  d'illee  après  s'en  partit  à  tout  quatre  mille 
combattans  de  laditte  armée ,  &  ala  mettre  le  fiege  devant  Ql  ville  de 
Nancy  ,  où  dedans  eftoient  bien  mille  i  douze  cens  combattans  pour  le- 
dit de  Bourgogne ,  lequel  fiege  il  mift  &  ordonna  devant  laditte  ville  de 
Nancy.  Et  après  qu'il  eut  ce  fait ,  s'en  retourna  audit  pays  de  Suijfe , 
&  depuis  retourna  audit  Siège  i  tout  grand  quantité- d'autres  gens  de 
guerre. 

En  après  le  Roy,  qui  par  long-temps  s'eftoit  tenu  à  Lyon  &  illec  en*^ 
viron ,  s'en  retourna  au  PleJlis  du  Parc  Xoz^TourSy  où  eftoient  la.  Reyne 
ic  Mgr.  le  Dauphin ,  où  il  fejourna  un  peu  de  temps ,  &  puis  s'en  ala 
* ttndvc  grâces  à  NoJlre'Dame  de  Behuarty  de  ce  que  ks  befognes  ^tC- 
toient  bien  portées  durant  fondit  voyage  dudit  lieu  de  Lyon  y  6c  fi  en- 
voya argent  en  plufîcurs»  8c  divers  lieux ,  où  eft  reverse  la  Benoifte 

glorieufê 
,(x.Xl  Voir  les  Mcmoircs  de  Combes^  Livre  j.  diap.  5%  &  4« 


1476. 


M7<î- 


134  LES    CHRONIQUES 

glorieafe  Vierge  Marie.  Et  encre  autres  lieux  doana  &  envoya  i  Noftre^ 
Dame  de  Ardcnbourg  en  Flandres ,  deux  cens  efcus  d'or ,  &  en  foy  re^ 
tournant  dudit  Lyon  y  fift  venir  après  luy  deux  Damoifeiles  dudiciieu 
jufques  à  Orléans ,  donc  Tune  eftoit  nonunée  la  Gigonne ,  qui  autrefois 
avoïc  efté  mariée  à  un  Marchant  dudit  Lyon.  Ec  Tautre  eftoit  nommée 
la  Pajfe-fillon  {i6) ,  femme  auffi  d*un  Marchant  dudit  Lyon  9  nommé 
Anthoitn&Bourcier.  Et  pourl'honnefteté  defditesdeux  femmes, leur  fift  Se 
donna  le  Roy  de  grans  biens  :  car  il  maria  la  Gigonne  à  un  jeune  fils  na« 
tif  de  Paris  y  nommé  Gieffroy  de  Caulers.  Et  pour  ledit  mariage  donna  ar« 

Î;ent  &  des  Offices  audit  Gieffroy.  Et  au  mary  de  Pane-fillon  y  donna 
'Office  de  Confeiller  en  fa  chambre  des  Comptes  à  Paris  y  au  lieu  de 
maiftre  Jehan  de  Reillac  (27) ,  auquel,  pour  cefîe  caufe>  elle  fuft  oftée. 
Et  puis  laiilà  la  conduire  defdites  deux  femmes  à  les  mener  â  Paris  , 
dudit  lieu  d'Orléans  y  à  Damoifelle  Yfabeau  de  Caulcrs  y  fenune  de 
.  maiftre  Philippe  le  Bègue  y  Correâeur  en  la  Chambre  des  Comptes  â 
Paris.  En  après  le  Roy  s'en  ala  dudit  lieu  d'Orléans  i  Amboife  &  â  Vours^ 
par  devers  la  Reyne  &  Mgr.  le  Dauphin.  Et  depuis  en  pèlerinage  à  Nof- 
cre-Dame  de  Behuart  y  &  autres  fainAs  lieux.  Et  après  s'en  retourna  au- 
dit Pleffisdu  Parc  y  &  autres  lieux  voifins. 

En  après  laditte  defconfiture  faitte  defdits  Bourguignons  audit  lieu  de 
ilfonz/ »&  que  le  fiege  eut  eftéainfi  mis  de  vaut  ledit  A^o/içy:^  que  diteft,  par 
ledit  Duc  de  Lorraine  y  fut  icelle  ville  remife  en  fes  mains ,  &  s'en  aie- 
rent  lefdits  Bourguignons  eftans  dedans  par  compofîrion  ,  eux  &  leurs 
biens.  Et  après  ce  que  ledit  Sgr.  de  Z^orr/ii/te  eut  ainfi  recouvré  faditte  ville 
de  Nancy ,  &  de  nouvel  avitaillée  y  &  mis  gens  pour  la  garde  d'icelle  » 
ne  demeura  pas  un  mois  après ,  que  ledit  Duc  de  Bourgogne  y  qui  s'eftoic 
retrait  en  une  ville  nommée  Rivières ,  qui  eftoit  près  de  Salins  en  Bow'^ 
gogne  y  $c  qui  avoir  aflèmblé  &  fait  amas  de  gens  le  plus  qu'il  avoit  peu  y 
s'en  vint  derefchef  mettre  le  fîege  devant  laditte  ville  de  Nancy.  Et  d'au- 
tre part  s'en  ala  ledit  Duc  de  Lorraine  audit  j>ays  de  Suiffi  pareillement 
faire  fon  amas  de  gens  y  pour  revenir  fecourir  fes  gens  dudit  Nancy  Se 
lever  ledit  fiegc. 

Après  ces  cnofes  le  Roy  de  Porûngaly  qui  pretendoit  à  luy  apparte- 
nir les  Royaumes  de  Seville  Se  Cajiille  y  enfemble  toutes  les  EJpagnes  > 
à  caufe  de  fa  femme»  fe  partit  de  fondit  Royaume  de  Poningaly  Se  vint 
defcendre  es  marches  àz  France  y  Se  puis  vint  iLyon  y  &de-U  i  Tours  par 
devers  le  Roy,  pour  luy  requérir  ayde  &  fecours  de  gens,  pour  luy  ayder 
i  recouvrer  lefdits  Rovaumes.  Et  fut  receu  du  Roy  moult  benignement 
Se  honnorablement ,  pc  après  ce  qu'il  eut  efté  audit  lieu  de  Tours  rar  cer«* 
(aine  efpace  de  temps ,  ou  il  fut  fort  feftoyé  Se  entretenu  de  piu(ieiir$ 
Seigneurs  &  nobles  hommes ,  eftans  avec  le  Roy ,  &  tout  aux  coufb  Se 
defpens  du  Roy.  Ledit  Roy  de  Portingal  prit  congé  du  Roy ,  Se  s'en  ala 

a 

■ 

(1^)  gCT  Cette  Dame  avoit  apparem-  Linge blaoc,  ceinnirehoupéc» 

ment  inventé  une  manière  de  fç  coiffer  >  Le  Chapperon  fait  en  poupée, 

on  voit  dans  le  Dialogue  de  deux  Amou-  Les  cheveux  en  Vaffè-JUlM , 

reux  de  Marot  les  vers  fuivans ,  qui  dé/!-  Et  Tœil  gay  en  efmerillon. 

gnçnt  quelque  chofc  de  cette  co^ffiirç.  (17)  U  a  wi  depuis  Secrétaire  du  Roi. 


D  U    R  O  Y    L  O  U  Y  s    X  I.  155 

i  Orléans  ^  où  il  luy  fat  fait  honnefte  recueil  >  &  après  s'en  partie  dudit 
Orléans  &  vint  en  la  bonne  cite  de  Paris  ,  dedans  laquelle  il  fit  fon  en-     *  4  7  »• 
trée ,  &  y  arriva  le  Samedy  13.  Novembre  147^.  environ  l'heure  d'entre 
deux  &  trois  après  midi  y  &c  y  entra  par  la  porte  fainâ  Jacques.  Et  pour 
aler  au  devant  de  luy  &  le  recueillir  aux  champs  jufques  au  molin  à  venty 

L  furent  tous  les  Eftats  de  Paris  ,  &  par  ordre  ,  en  honneAes  &  riches 
bits ,  tout  ainfi  que  ce  euft  efté  pour  faire  l'entrée  du  Roy.  Et  pre- 
mièrement iflirent  hors  Paris,  pour  aler  à  luy,  les  Prevoft  des  Marchans 
&  Efchevins  de  laditte  ville,  qui  pour  laditte  venue  furent  veftus  dérobes 
de  drap  de  damas  blanc  &  rouge ,  fourrées  de  martres ,  lefquels  eftoient 
accompagnés  des  Bourgeois  &  Officiers  de  laditte  ville.   Et  après  y  fur 
auffi  Memre  Kohta.iTEfioutcvilU  ,  Prevoft  de  Paris ,  qui  eftoit  accom- 
pagné de  Ces  Lieutenans  Civil  &  Criminel ,  &c  tous  les  Officiers  du  Roy 
&  Praticiens  du  Chaftellet ,  qui  fe  y  trouvèrent  en  grand  nombre  & 
bonnettes  habits.  En  après  y  vint  Mgr.  le  Chancdlier  Doriolle  ,  Mgrs.r 
les  Prefidens  ôc  Confeillers  de  la  Cour  de  Parlement ,  les  Confeillers  Se 
Gens  des  Comptes ,  les  Généraux  fur  le  fait  des  Aydes  &  Monnoyes,  6c 
du  Trefor ,  avec  grand  quantité  de  Prélats ,  Eve(qtres  6c  Archevefques» 
Ôc  autres  notables  hommes  >  en  moult  grand  &  honnefte  nombre.  Et 
ainfî  accompagné ,  que  dit  eft ,  fut  mené  &  conduit  jufques  à  la  porte 
faindt  Jacques,  où  illec  en  entrant  par  icelle  dedans  laaitte  ville  >  trouva 
derefchef  lefdits  Prevoft  des  Marcbms  &  Efchevins ,  qui  luy  prefente- 
rent  un  nK>ult  beau  poifte  ou  ciel ,  qui  eftoit  armoyé  par  les  coftez  aux 
armes  du  Roy,  6t  au  milieu  y  eftoient  les-armes  d'Ejpa^ne  y  6c  puis  fe 
bouta  deflbus  icelluy  poifle.  Et  luy  eftant  ainfi  deilbus ,  vmr  &  fut  con-*^ 
duit  )ufques  â  ÙmOt  Eftienne  des  Grecs ,  où  il  trouva  U  les  Reâeur  > 
Suppofts  6c  Bedeaux  de  l'Univerfité  de  Paris ,  qui  propofercnt  devant 
luy  la  bien-venuë.  Et  ce  fait  s'en  vint  jufques  en  l'Eglile  de  Paris ,  où 
il  fut  receu  par  le  Prélat  d'iceUe  moult  honnorablement.  Et  après  Con 
oraifon  fiûttc ,  s'en  vint  au  long  du  Pont  Noftrc-Dame ,  &  trouva  à  l'en- 
trée du  Marché-Palu  cinquante  torches  allumées,  qui  le conduifirent 
autour  dudit  poifle.  Et  au  oout  dudit  Pont  Noftre-Daine,  à  l'endroit  de 
la  maifon  d*un  Coufturier,  nommé  Monn ,  v  fut  trouvé  un  grand  efchaf- 
faut ,  où  eftoient  divers  perfonnages ,  qui  eftoient  ordonnez  pour  faditte 
venue.  Et  d'iUec  s'en  ala  jjefcendre  en  fon  logis ,  qui  luy  hit  ordonné 
en  la  rue  àts  Prouvaires ,  en  llioftei  de  maiftre  Laurent  Herbtlot ,  Mar« 
chant  &  Bourgeois  de  laditte  ville ,  où  il  fut  bien  recueilly.   Et  là  luy 
forent  faits  plufieurs  beaux  prefens ,  tant  de  laditte  ville ,  que  d'ailleurs> 
6c  fut  veoir  tous  les  beaux  lieux  &  eftats  de  Paris.  Et  premièrement  fut 
mené  en  la  Cour  de  Parlement ,  qui  fort  triompha  i  ce  jour  de  fa  venue  r 
car  toutes  les  Chambres  y  furent  tendues  &  parées ,  &  en  la  grand  Cham- 
bre y  trouva  Mgr.  leChancellier  Doriolle  ,  Mgr  s.  fcs  Prefidens>  Prélats, 
Confeillers ,  &  autr«  Officiers  ^  tous  htMineftement  vcftus.  Et  devanc 
kiy  y  fut  plaidoyé  &  publié  une  matière  en  RegaHcpar  maiftre  François 
Haflé ,  Archidiacre  de  Paris  6c  Advocat  du  Roy  en  laditte  Couir ,  6c 
contre  luy  eftoit  pour  Advocat  maiftre  Pierre  de  Breban  ,  Advocar  rat 
laditte  Cour  &  Curé  de  fainâ:  Euftache ,  lefquels  deux  Advocats  il  fai- 
foit  moult  bel  oyr.  Et  après  laditte  plaidoirie  luy  furent  monftrées  les 

Chambres 


î  jtf  LES    CHRONIQUES 

■— TT"  Chambres  Se  lieux  de  ladittc  Cour.  Et  par  autres  journées  fut  en  fa 
*  '  '  grand  falle  de  l'hoftcl  de  l*Evefque  de  Paris ^^m  illec  veoirfaire  un  Dodeur 
en  la  Faculté  de  Théologie,  Se  après  ala  veoir  leChaftellet,  les  prifons  Se 
chambres ,  qui  toutes  ëftoient  tendues ,  &  tous  les  Officiers ,  cnafcun  en 
fon  eftat ,  veftus  de  beaux  &  honneftes  habits.  En  après  le  Dimanche  pre- 
mier Décembre  i47(>-  alerent  paflèr  par  devant  fon  logis  toute  TUniver- 
fité  de  Paris  >  Se  toutes  les  facultez  &  fujeéb  d*icelle  y  Se  puis  s'en  vin- 
rent chanter  une  erand  Mede  à  faindfc  Germain  TAuxerrois ,  &  par  tout 
où  il  aloit  par  laditte  ville  ,  eftoit  mené  Se  conduit  par  Mgr.  de  Gau* 
court  y  Lieutenant  du  Roy  audit  lieu  de  Paris ,  qui  luy  donna  en  fa  mai- 
fon  un  moult  beau  Se  riche  foupper ,  où  y  furent  grand  nombre  de  gens 
notables  dlcelle  ville ,  tant  hommes ,  que  femmes  >  Dames ,  Damoi(elles 
Se  autres. 

Audit  mois  d'Odtobrc  y  advint  à  Tours ,  que  un  nommé  Jehan  Bon  > 
natif  du  pays  de  Galles ,  qui  avoit  belle  penfion  du  Roy  ,  &  qui  Tavoit 
marié  à  une  femme  de  Manu ,  qui  avoit  bien  du  fien ,  confpira  par 
l'enhonement  du  Duc  de  Bourgogne ,  comme  il  confeflà ,  de  empoifon- 
ner  Se  mettre  à  mort  Mgr.  le  Dauphin ,  aifné  fils  du  Roy.  Et  pour  ledit 
cas ,  qu'il  confe(Ei  eftre  vray ,  fut  condamné  par  le  Prevoft  de  l'hoftel  da 
Roy  à  eftre  décapité.  Et  en  le  voulant  exécuter ,  luy  fut  demandé  par 
ledit  Prevoft  s'il  vouloit  plus  rien  dire ,  lequel  refpondit  que  non ,  finon 
qu'il  pleuft  au  Roy  d'avoir  fa  femme  &  {es  en  fans  pour  recommandés* 
Et  alors  luy  fut  dit  par  ledit  Prevoft,  qu'il  choiHft  de  deux  ichofes  Tune: 
c'eft  aftàvoir  de  mourir ,  ou  d'avoir  les  yeux  crevez.  Lequel  choiHt  d'à* 
voir  les  yeux  crevez  y  ce  qu'il  luy  fut  fait  faire  par  ledit  Prevoft  ,  &  puis 
fut  délivré  à  fa  femme ,  laquelle  le  Roy  voulut  qu  elle  euft  la  peniion 
de  fondit  mary  durant  fa  vie. 

Au  mois  de  Décembre  147^.  fcfte  de  Saint  Jehan  es  feftes  de  Nocl  , 
avint  par  maie  fortune  que  le  Duc  de  Milan  {li)  fut  tué  &  meurdry  par 
un  Gentil-homme  du  pays  ,  qui  ledit  jour  en  feignant  de  vouloir  parler 
à  luy  dedans  la  grand  Eglife  audit  Milan  >  où  il  fe  promenoir  avec  une 
Amoadàde,  qui  eftoit  venue  par  devers  luy ,  vint  fecrettcment  luy  bouter 
un  coufteau parmy  la  fente  de  (a robbe, dedans  le  petit  ventre,  où  le 
mift  foudainement  par  trois  ou  par  quatre  fois ,  &  lans  dire  mot  cheyt 
foudainement  à  terre  tout  mort ,  &  fut  fait  ledit  fait  pour  raifon  de  ce 
que  ledit  Gentil-homme ,  fes  parens  &  ami&  ,^  avoienr  mil  Se  employé 
tout  leur  vaillant  pour  payer  le  vaccant  d'une  Abbaye,  pour  un  de  leuc 
parens.  Auquel  ledit  Duc  de  Milan  y  l'avoit  oftée  pour  la  bailler  à  un 
autre  :  &  pource  qu'il  ne  voulut  delai0èr  Se  en  fournir  jouyr  leurdit  par- 
rent ,  icelluv  Gentilhomme  après  ce  qu'il  eut  de  ce  fait  plufieurs  requeftes 
audit  Duc  ae  Milan ,  qui  ne  luy  vouloit  accorder ,  fift  Se  commift  ledit 
homicide  à  laperfonne  dudit  Duc  de  Milan  y  dedans  laditte  Eglife.  En 
laquelle  auftî  incontinent  ce  fait ,  fut  tué  Se  meurdry ,  Se  un  autre  do 
kditca  ville,  qui  aacompagnoit  ledit  Gencil-homme  ,qui  auffi  avoit  déli- 
béré de  tuer  ledit  Duc  ae  Milan  ,  pource  qu'il  luy  detenoît  Se  mainte*» 
noit  fa  femme ,  contre  fon  gré  Se,  Youlpnté  >  eftant  ayec  lùy  >  &  par  la 

fçntençç 

US)  Galças  Mariç, 


D  U    R  O  Y    L  a  U  Y  s    X  L  137 

icntence  des  nobles  dudit  pays ,  des  Juges  &  autres  notables  perfonncs 
dudit  Milan  ^  fut  die  &  delioeré  que  tous  les  hommes ,  femmes  &  en- 
fans  du  coftc  &  ligne  de  icelluy  Gentil-homme ,  &  celluy  de  fadittc 
compagnie  quel(|ue  part  qu'ils  fcroient  trouvés  >  feroient  tués  &  meur- 
drfs ,  Se  leurs  maifons  &  Seigneuries  démolies  &  jettées  par  terre  &  ara- 
Tez ,  mefmementles  arbres  portans  fruidts  à  eux  appartenans,  defracinez, 
<&  mife  la  racine  deffus  :  ce  qui  fut  fait. 

Audit  mois  de  Décembre  147^.  mourut  &  ala  de  vie  à  trefpas  Mada- 
me Agnez  de  Bourgogne  ,  au  Chafteau  de  Moulins  en  Bourbonnais  ,  la- 
Î[uelle  eut  efpoux  reu  Prince  de  trè$-noble  mémoire  Mgr.  Charles ,  en 
on  vivant  Pue  de  Bourbonnois  ,  j8c  d* Auvergne  y  dont  eft  ifliic  très-no- 
ble Se  rràs-jioaneAe  lignée  >  tant  maûes  que  remelles ,  comme  très-hauc 
Se  puiflant  Prince  ,  Mgr.  Jehan  Duc  de  Bourbonnais  &:  d* Auvergne ,  qui 
efpoufa  très-excellente  Frinceflè  Madame  Jehanne  Ac  France  y  fille  aifnéc 
du  Roy  Charles  VII.  de  ce  nom ,  Mgr.  Loys  Seigneur  de  Beaujeu  y  qui 
mourut  jeune ,  Mgr*  Charles ,  Archevefque  &  Comte  de  Lyon  •  Primat 
de  France ,  Cardinal  àt  Bourbon  y  Mgr.  Pierre  Seigneur  de  Beaujeu ,  qui 
jefpoufa  l'aifnée  fille  du  Roy  de  France  y  lors  ms  dudit  Roy  Charles  , 
Mgr.  TArchevefquç  du  Liège  ,  Jacques  ,  Mgr.  qui  mourut  à  Bruges  y 
Madame  Jehanne  qui  fut  cfpoufée  au  Prince  d'OrangeySçigntixï  d'Arlayy 
Madame  Margueritte  femme  de  Phelippe  Mgr.  de  Savoy e  ,  Seigneur  de 
Breffe  ,  &  laquelle defunfte  Dame  veiquit Tainâernent  &  longuement» 
&  Ton  trefpas  fut  fort  plaint  &  ploré  de  tous  fes  enfans  ,  païens ,  fervi- 
teurs  Se  amis  >  &  de  tous  autres  habitant  efdits  pays  de  Bourbonnais  Se 
4' Auvergne  ,  en  benoift  repos  gife  fon  amc.  Elle  gift  en  TEglife  dt  Sou-- 
vigny. 

Après  que  ces  chofes  eurent  efté  ainfî  faites  y  auc  dit  eft ,  le  Duc  de 
Bourgogne  ,  qui  avoit  mis  le  fiege  devant  la  ville  de  Nancy  en  Lorraine  , 

5our  icelle  avoir  comme  devant  avoit  eue  ,  mit  les  gens  qui  eftoienc 
edans  icelle  ville  pour  ledit  Duc  de  Lorraine  y  en  telle  neceflîté, 
qu'ils  n'avoient  plus  que  manger ,  Se  par  grand  contrainte  de  famine 
Te  eftoient  mis  en  compofition  a  eux  rendre  es  mains  dudit  Duc  de  Bour- 

Î'ogne.  Le  Dimanche  veiUe  des  Roy  s  5.  Janvier  audit  an  76.  vint  &  arriva 
edit  Mgr.  de  Lorraine  y  zççoixïp^gtxé  de  1 1.  à  i  a.  mille  Suiffes  y  Alemans 
Se  autres  gens  de  guerre ,  pour  lever  iedit  ueçe  ,  combattre  ledit  de 
Bourgogne  y  Se  recouvrer  ledit  Nancy  y  dont  en  avmt  ce  qui  s'enfuit.  C'eft 
adàvoir  que  quatre  jours  avant  la  journée  &  venue  dudit  de  Lorraine  dc^ 
y SLXït  Nancy  y  qui  fut  le  ^,  Janvier  ,  veille  des  Roys  147^.  le  Comte 
de  Campobaffe  y  le  fire  Ange  Se  le  Sgr.  de  Montfort  laiflcrent  le  Duc  de 
Bourgogne  y  Se  l'abandonnèrent  en  fondit  parc.  E^  le  Mercredy  devant 
la  bataille  ou  journée  y  icelluy  Comte  de  Campobaffe  en  emmena  bien 
avec  luy  neuf  vingts  hommes  d'armes ,  Se  le  Samedv  enfuivant  les  deux 
autres  Capitaines  deflus  nommez  en  emmenèrent  oien  fix  vin^t  hom*- 
mes  d'armes  y  qui  tous  vouloient  eftre  François  :  mais  on  dimmuU  de 
les  recevoir  pour  la  trefve.  Se  fut  ordonné  par  aucuns,  à  qui  ils  s'adref- 
ferent ,  cju'ils  s'en  iroient  en  Lorraine  :  laquelle  chofe  ils  firent  refervé 
\me  partie  qui  demeura  pour  garder  Candi ,  qui  eft  une  place  fur  la  n- 
f  îere  de  Me^elle ,  par  ou  les  vivres  dudit  Duc  de  Bourgogne  paflbicnt  > 
Torne  II.  S  qui 


147^. 


13»  LES    CHRONIQUES 

qui  vcnoîcnt  du  val  de  Mct[  &  du  pavs  de  Luxembourg ,  &  s*en  tira 
1 47  ^*  ledit  Sgr.  de  Campobajfc  devers  Mgr.  de  Lorraine  ,  &  Tadvertit  de  tout 
le  fait  dudit  de  Bourgogne  ,  ôc  incontinent  s'en  retourna  luy  &  Tes  gens 
audit  lieu  de  Conde ,  qui  n'eft  que  à  deux  lieues  dudit  lieu  de  Nanfy. 
Et  ledit  jour  Samedy  4.  Janvier ,  ledit  Mgr.  le  Duc  de  Lorraine  arriva 
à  fainâ  Nicolas  de  f^arengeville  &  les  Suijjes  avec  luy ,  qui  bien  eftoienc 
dix  mille  cinq  cens  de  vray  compte  fait ,  &  d'autres  Alemans  y  avoic 
beaucoup  y  fans  les  Lorrains  Se  autres  gens  de  guerre. 

Le  Dimanche  enfuivant  5 .  dudit  mois  ,  environ  huiâ  heures  de  ma-* 
tin  f  defem^arerent  &c  panirent  lefdits  Seigneurs  de  Lorraine  &  de  Suif- 
fe ,  &  vinrent  à  Ncufville ,  ôc  outre  un  eftanc  près  d'illec ,  firent  leurs 
ordonnances ,  ôc  en  efFeâ  lefdits  SuiJJcs  fe  mirent  deux  bandes ,  dont  le 
Comte  d^Abfiain  ôc  les  Gouverneurs  de  Fribourg  ôc  de  Zurich  avoienr 
l'une ,  &  les  advouez  de  B<me  l'autre ,  &  environ  midy  marchèrent 
tous  à  une  fois  :  c'eft  afiàvoir  une  bande  devers  la  rivière  >  &  l'autre 
tout  le  grand  chemin  à  venir  devers  ledit  Neujville  audit  Nancy.  Ledit 
Duc  de  Bourgogne  s'eftoit  ja  mis  hors  de  fon  parc  ôc  en  bataille ,  &  au 
devant  &  devers  luy  y  avoit  un  ruifïèau  qui  paflè  à  une  Maladerie  nom- 
mée la  Magonne  ,  &  eftoit  ledit  ruifleau  entre  deux  fortes  hayes  des  deux 
toftcz,  entre  luy&  lefdits  Suijfcs.  Et  fur  le  grand  chemin,  par  où  venoient 
l'une  des  bandes  d'iceux  Suiffts ,  avoit  ledit  Duc  de  Bourgogne  fait 
afièoir  le  plus  fort  de  fon  artillerie.  Et  ainfi  que  les  deux  bandes 
marchoient ,  &  qu'elles  furent  à  un  grand  traiâ  d'arc  des  Bourguimans  ; 
defchargea  fur  iceux  Siùffcs ,  ôc  n'y  fift  quelque  dommage.  LaqueU 
le  bande  des  Suiffes  laifla  ledit  chemin  &  tira  au  defliis  vers  le  bois  » 
&  fift  tant  qu'elle  fut  au  cofté  dudit  Duc  de  Bourgogne  y  au  plus  haut  du 
lieu. 

En  faifant  ces  chofes  ledit  Duc  de  Bourgogne  fift  tourner  fes  archers  ^ 
qui  tous  eftoient  à  pié ,  devers  iceux  Suijjes  >  &  ordonna  deux  aifles  dd 
les  hommes  d'armes^  pour  batailler ,  dont  en  l'tme  eftoit  Jacques  GaUoe  y 
Capitaine  Italien  y  ôci  l'autre  eftoit  le  Souveraki  de  Flandres  y  nommé* 
Mcflîre  Joflc  (29)  de  Lalain.  Et  fi-toft  que  lefdits  Suijfcs  fe  trouvèrent 
aU'deflus  &  au  cofté  dudit  Duc  de  Bourgogne  »  tout  à  un  coup  fe  tournè- 
rent le  vifage  vers  luy  ôc  fon  armée ,  &  fans  arrefter^marcherent  le  plust 
impetueufement  &  orgueilleufement  que  jamais  gens  firent.  Et  d  l'appro^ 
cher  pour  joindre ,  defchargerent  leurs  coulevrines  à  main,  &  à  laditte 
defcharge ,  qui  n*eftoit  pas  des  Généraux  des  Finances ,  tous  les  gens, 
de  pied  dudit  de  Bourgogne  fe  mirent  en  fuite.  La  bande  defdits  Suijfcs^ 
qui  eftoit  devers  la  rivière  >  marchèrent  quant  &  quant  celle  dudit  Ga^ 
liot  ôc  de  ceux  qui  eftoient  avec  luy ,  &  frappèrent  lefdits  Suijfcs  dedans, 
eux  tellement ,  qu'ils  furent  incontinent  deffaits;.  L'autre,  aifle  defdits. 
Bourguignons  tourna  pareillement  fur  l'autre  bande  defdits  Suijfcs  y  mais 
ils  les  recueillirent  bien  ;  ôc  fî-toft  que  lefdits  gens  dudit  Duc  de  Bourgo-- 
gne  y  qui  eftoient  à  pied,  fe  mirent  en  fuite,  tous  k%  gens  de  cheval  pic- 
querent  après,  ôc  tirèrent  pour  paftèr  au  pont  de  Bridorcs  à  demi  lieuëde 

Nancy  , 

{^9)  Joflc  de  Lataing ,  qui  fut  depuis  [  Souverain  de  Flandtcs ,  à  cauft  qu'il  câ 
T:hcvalîer  de  la  Toifoa  d'Or ,  nommé  1  était  Bailly  Souverain* 


DX;    R  O  Y    LO  17  YS    XT,  159 

V<tncy  >  qui  eflok  le  chemin  à  tirer  vers  ThionvilU  &  Luxembourg.  Et  le- 
quel pontleditdeC<zf«po^/2^(}o}avoitempefchc,&yeftoitluy  &iesgcns,  i47^« 
&  autres  gens  d'armes  tous  en  armes ,  &  avoir  fait  mettre  des  charriots 
au  travers  dudit  pont.  Et  ainfi  que  la  foule  defdits  Bourmàgnqns  y  arri* 
voit ,  trouva  illec  cmpefchement ,  Mgn  de  Lorraine  &  les  gens  ,  qui  le 
fuivoient  au  dos  ^  &  pource  que  on  gardoit  ledit  pont  »  &  qu'il  eftoit  en 
bataille  9  lefdits  Bourguignons  furent  contraints  de  eux  jetcer  aux  guess 
de  la  rivière.  Et  là  fut  la  grand  defconfiture ,  &  plus  la  moitié  que  au 
champ  de  la  bataille  :  car  ceux  qui  fe  jettoient  en  Teauc  eftoient  incon<* 
tinent  tuez  par  lefdits  SuiJJis  ,  qui  y  vmrent ,  &  ceux  de  lautre  partie  fe 
Doyoient  eux-mefmes  y  Se  tout  le  demeurant  fut  pris  ou  mort  >  &c  bien 
peu  s'en  fauva.  Et  aucuns  ouant  ils  virent  Tembufche  dudit  poot  fe  re- 
tirèrent vers  les  bois»  &  là  les  sens  du  pays  (î  les  fuivoient  y  &  les  pre- 
noient  &  tuoient ,  &  à  quatre  lieues  environ  on  ne  trouvoit  que  gens 
morts  par  les  champs  &  chemins ,  &  dura  la  chaflè  fur  lefdits  Bourmd" 
gnons  jufquesàplus  de  deux  heures  de  nuiâ:  y  que  Mgr.  de  Lorraine  s  en- 
quift  de  tous  coilez  qu'eftoit  devenu  ledit  Duc  de  Bourgogne  ,  Se  s'il  s'en 
eftoit  fuy ,  ou  s'il  eftoit  pris  ^  mais  à  l'heure  ne  furent  fceuës  aucunes 
nouvelles ,  &  tout  incontinent  fut  envoyé  par  ledit  de  Lorraine  hommb 
propre  en  la  ville  de  Meci  >  P^  devers  un  qui  eftoit  nommé  Jehan  JDais, 
Clerc  de  laditte  ville  de  Meei  >  VP^  fçavoir  û  ledit  Duc  de  Bourgogne 
eftoit  point  pafle  »  &  le  lendemain  ledit  Jehan  Dais  manda  dudit  heu 
de  Meti  audit  Sgr.  de  Lorraine  ,  que  feurement  il  n'eftoit  point  paifé  » 
Se  ne  fçavoit-on  qu'il  eftoit  devenu ,  Se  qu'il  n'avoit  point  tiré  vers  Lur 
xcmbourg.  Et  le  lendemain  qui  fut  Lundy  jour  des  Roys>  ledit  Comte 
<le  CampotaJJe mon&Tz  un  page,  qui  avoir  efté  pris,  qui  avoir  nom  Bap^ 
4ifle  y  natif  de  Rome  >  de  la  lignée  de  ceux  de  la  Coulomne  y  qui 
eftoit  avec  le  Comte  de  Chalon  NeapoUudn  y  lequel  eftoit  avec  ledit  Duc 
de  Bourgogne.  Et  après  qu'il  euft  efté  interrogé  y  iîit  icelluy  page  mené  i 

Î[rand  compagnie  de  gens  de  guerre ,  au  lieu  où  ledit  de  Bourgogne  gi* 
oit  mort  «  lequel  eftoit  tout  nud.  Et  en  icelluy  lieu ,  le  Mardy  enfuitte 
de  laditte  bataille  au  matin  y  ledit  page  monftra  clairement  ledit  Duc 
de  Bourgogne  mort  &  rout  nud  y  Se  environ  luy  quatorze  hommes  tous 
nuds  >  les  uns  allez  loings  des  autres.  Et  avoit  ledit  Duc  de  Bourgogne 
un  coup  de  bafton  pommé  hallebarde  >  à  un  coufté  du  milieu  de  la  tefte 
par  demis  l'oreille  jufques  aux  dents ,  un  coup  de  picque  à  travers  des 
cuiffes ,  &  un  autre  coup  de  picque  par  le  fonaement ,  &  fut  cogneu  ma« 
nifeftement  que  c'eftoit  le  Duc  de  Bourgogne  à  fîx  chofes.  La  première 
&  la  principale ,  fut  aux  dents  de  deflUs ,  lefquelles  il  avoit  autrefois  per- 
tluës  par  une  cheute.  La  féconde  fut  d'une  cicatrice  à  caufe  de  la  playe 
qu'il  eut  à  la  journée  de  MontUhery  en  la  gorge ,  en  la  partie  dextre.  La 
tierce  à  fes  grans  ongles ,  gu'il  portoit  plus  que  nul  autre  homme  de  fa 
Cour ,  ne  autre  perfonne.  La  quane  fut  d'une  playe  qu'il  avoit  en  une 
efpaule ,  à  caufe  d'un  efcarboucle  que  autrefois  y  avoit  eue.  La  cinquief- 
me  fut  à  une  fiftule  qu'il  avoit  au  Ixis  du  ventre  en  la  penmlliere  du  cofté 
dextre.  Et  la  fixiefme  fut  d'un  ongle  qu'il  avoit  retrait  en  l'orteil.   Et 

aufdits 
()o)  Canpobache. 

S  t 


MO  LES    CHRONIQUES 

aufdits  enfeigncs  donna  fon  jugement  pour  tout  vray,  un  fîen  ïAtAcciÀ 

lAj^^    Portingalois ,  nomme  maiftre  Mathieu  ,  cjue  c'eftoit  ledit  Due  de  Bour- 
*    g^g^  ^^^  maiftre ,  &  auffî  le  dirent  pareillement  Tes  valets  de  chambre» 
le  grand  Baftard ,  meffire  Olivier  de  la  Marche  ,  fon  Chapellain ,  &  plu* 
fleurs  autres  de  Tes  gens  prifonniers  dudit  Mgr.  de  Lorraine. 

Et  après  que  ledit  de  Bourgogne ,  ainfi  trouvé  ^  eut  efté  porté  audit 
lieu  de  Nancy ,  &  illec  lavé  ^  mondé  &  nettoyé,  il  fut  mis  en  une  cham- 
bre bien  cloie,où  il  n'y  avoir  point  de  clané ,  laquelle  fut  tendue  de  ve- 
loux  noir ,  &  eftendu  le  corps  deflus  une  table ,  habillé  d'un  veftemenc 
de  toille  depuis  le  col  jufques  aux  pieds ,  &  deflfbus  fa  tefte  fut  mis  un 
oreillier  de  veloux  noir ,  &  deffus  le  corps  un  poille  de  veloux  noir ,  fie 
aux  quatre  cornets  avoit  grans  cierges,  &  aux  pieds  la  croix  &  l'eauc  be- 
nifte<  Et  ainfi  habillé ,  ^û'il  eftoit ,  le  vint  veoir  mondit  Sgr^dc  Lorrai-- 
ne  veftu  de  dueil,  &  avoit  une  grand  barbe  d'or  venant  jufques  à  la  cein^ 
rure ,  en  fignificatk)n  des  anciens  preux ,  &  de  la  viâoire  qu'il  avoit  fur 
luy  eue.  Et  à  l'entrée  dift  ces  mots  en  luy  prenant  Tune  dts  mains  de 
deflus  ledit  poille.  Vos  âmes  ait  Dieu ,  vous  nous  avez  fait  moult  do 
maux  &  douleurs.  Et  à  tant  vint  prendre  Teauë  benifte  &  en  jetta  dedus 
le  corps ,  &  depuis  y  entrèrent  tous  ceux  oui  le  voulurent  veoir ,  &  puis 
le  fift  ledit  Duc  de  Lorraine ,  enterrer  en  ^pukure  bien  &  honnorable-^ 
ment ,  &  luy  fift  faire  moult  beau  fèrvice. 

Et  incontinent  après  laditte  defconfirure  &mort  dudit  de  Bourgogne  , 
ledit  Mgr.  de  Lorraine  ic  autres  Sgrs.  &  Capitaines ,  fe  mirent  à  confeil 
&  ordonnèrent  que  aucuns  d'eux  iroienc  en  la  Duch^  de  Bourgogne  j  eà 
k  Comté  &  au'tres  lieux,  qui  (é  tenoient  pour  ledit  de  Bourgogne  ,  pour 
cous  les  réduire  &  mettre  en  la  main  du  Roy ,  laquelle  chofe  nit  încon^ 
tinent  faite  £insrefiftancer&  pareillement  ceux  delaComté  d'^i^xer* 
re  y  fe  rendirent  &  firent  ferment  au  Roy.  En  laditte  bataille  moururent 
la  plufpart  de  tous  les-  gens  de  bien  de  faditte  compagnie ,  êc  y  furenr 
pris  le  grand  Baftard  de  Bourgogne  ,  lequel  depuis  ledit  Mgr.  de  Lorraine 
mena  ati  Roy ,  luy  eftant  en  Picardie.  Le  Baftard  Baudouin  de  Bourgogne 
Se  pluiieurs  autres  grans  Seigneurs  prifonniers. 

Après  ces  chofes  êc  que  le  Roy  eut  efté  deuëmenc  acertené  de  laditte 
mort  dudit  de  Bourgogne ,  &  des  chofes  dcflufdittes ,  il  fe  départit  de 
Tours  pour  aler  en  pèlerinage  â  fa  dévotion  ,  &  après  s'en  retourna  i 
Chartres  ,  à  VÏUepreux  ,  à  Hauberyiller  ,  à  Noftre-Dame  de  la  Viûoire» 
ic  après  à  Noyon  &  à  Compiegne.  Et  cependant  fe  reduifirentàluy  plu^ 
£eurs  villes  &  places  tenues  &  oecuppées  par  ledit  de  Bourgogne ,  com«- 
me  Mondidkr  ,  Perronne  ,  jibbeville  ,  Monjlreuil  fur  la  mer ,  &  autres 
places  eftans  ptèsd'jirras ,  mais  lef^its  £Arras  ne  voulurent  point  obejrr 
de  prime  face,  &  fe  fortifièrent  en  laditte  ville ,  de  gens  de  guerre ,  vi- 
vres &  artillerie.  Et  furent  envoyez  de  par  f  ux  au  Roy,  plufieurs  Am- 
baflàdeurs ,  qui  tinrent  la  chofe  en  trefve ,  pendant  laqudle  le  Roy  filk 
le  plur  grand  amas  d'sràllerie ,  poudres ,  pionniers ,  gens  de  guerre,  & 
autres-préparatoires  que  jamais  on  avoit  veu  ,  tousjours  attendant  quelle 
conclulion  prendroientlcfidits  4*-^mw,  oadeaApobdfcement  oadeguer* 
re.  Et  poiu:  faire  les  frais  des  chofes,  delfiifdittes  fot  fait  de  erans  em* 
prunts  à  Paris  &  autres  bgûncs  villes  de  ce  Royaume^^  Et  après  le  Rpy 

trouva 


t)t;    R  0  Y    L  O  U  Y  s   X  I.  141 

tsxmvà  moyen  d'avoir  &c  meccre  la  cité  dudit  ^rras  en  fa  main  y  dedans 
laquelle  il  encra  le  Mardy  4.  Mars  1476^  Se  fift  fortifier  Se  retirçr  ladicte  147^* 
cité  contre  laditte  ville  d'Àrras  ,  dedans  laquelle  y  avoit  un  tas  de  gens 
illec  venus  de  plusieurs  lieux  tenans  le  pany  de  Bourgogne ,  Se  melmâ* 
ment  des  villes,  qvii  nouvellement  s'eftoient  réduites  au  .Roy.  Et  illec 
fans  avoir  chef  ne  hommes  .de  conduitte  >  fe  fortifièrent  fort ,  Se  firent 
de  grans  blafphemés  au  Roy  >  comme  faire  eibets  en  laditte  ^e  Se  fur 
les  murs»  Scj  pendce  croix  blanches»  monftreit  leur  cul  &  autres  villes- 
nies.  Et  s'entretinrent  en  leurs  foUds  imaginartions  jufques  à  un  peu  de 
temps  après ,  que  vinrent  devers  le  Roy ,  en  laditte  cité ,  aucuns  manans 
dudit  lieu  de  jérras ,  pour  avoir  de  luv  aucune  bonne  pacification  y  avec 
lefquelss  nonobftant  qu'ils  feuflênt  d!e  fauilè  &  mauvaife  obftination  » 
&  que  en  icelle  enflent  trop  perfeveré  :  le  Roy  fut  content  avec  tn%  que  la- 
ditte ville  iTjirras  feroit  mife  en  fa  main  comme  Souverain^  &  par  defiauK 
de  homme ,  droits  Se  devoirs  non  faits.  Et  que  les  fruits  ^  revenus  dç 
laditte  ville  Se  appartenances,  feroient  recueillis  par  fes  Commiflaires» 
lequel  revenu  fe  pourroit  prendre  par  lefdits  Commiflàites ,  &  fous  la 
main  du  Roy  par  icelle  Damoifelle  de  Bourgogne  9  Se  jufques  4  ce  qu'elle 
luy  eud  baillé  homme.  Et  que  au  regard  de  laditte  ville  d^Arras^  Ip 
Koy  n'y  mettroit  puiflànce  ne  gens  d'armes ,  fans  le  bon  gré  Se  vçulojii: 
àt%  haoitans  dudit  lieu.  Après  lequel  appoin^ement  ainu  fait ,'  le  Rpy 
envoya  audit  lieu  Mgr.  le  Cardinal  de  Bourbon  ,  Mgr.  le  Chancellier , 
meflîre  Guyot^Pot ,  Bailly  de  Vtrmandois ,  meflîre  Phelippe  de  Crevé- 
cœur ,  Seigneur  Dcfqucrdes  ,  Gouverneur  de  laditte  ville  ,  Se  autres  no- 
bles hommes  >  potu*  prendre  Se  recevoir  les  fermens  des  habitant  <ludic 
Jrras  >  laquelle  chote  fut  faittè  :  mais  en  icelle  faifant, .  lefdits  h^bitai^ 
JCArras  en  aucune  partie ,  fe  rebellèrent ,  Se  vinrent  en  '  l'Al^b^ye  dç 
fainâ  Vuaft ,  où  eftoient  aflis  à  difner  le;fdits  Seigneurs ,  Cardinal  Se  aup 
très  nommez ,  en  armes  &  fort  effrayez ,  crians ,  tuez ,  tuez,  donjD i;ous' 
lefdits  Seigneurs  eurent  la  plus  grana  peur  &  frayeur ,  qu'ils  eurent-onç- 
ques  en  leur  vie ,  mais  il  n'y  eut  point  de  noauvais  maLfait  ppur  ceftc 
fois.  Et  après  ces  chofes&  qu'ils  furent  rerpumea^  ei\  la  cit^.  V^^^;^ 
le  Roy  s'en  partit  Se  ala  faire  fes  Pafques  a  Therwenne  y  Se  aprèS)S'ren  ^ 
à  ffedin ,  où  il  eut  la  ville  :  mais  aucuns  pailUrs  tenmi^  le  pany  dctBou^- 
gogru  ^  s'en  alerenr  mettre  Se  bouter  dedahs^e  ChaileL&  parç4^dit  Her 
din  y  auquel  lieu  le  Roy  fift  tirer  de  fon  artillerie ,  Se  incontinent  y  fiîl 
une  grande  brefche ,  par  laquelle  les  gens  du  Roy  y  entreret^n  Et'  en 
celle  mefme  heure  ceux  de  dedans  eurent  jcompoutionide^/gei^drç  ledit 
lieu  ^  &  eux  en  aler ,  vit  Se  leurs  bagues  fauvesi»  '         .  k  1 1'>     ,;  %  -  :, 

L'ait  1477.  après  ce  que  ledit  lieu  de  ^<r^'/z  euft  <;(lé  fèf^Ci  gnf  t  :qùfi  ****—**** 
dit  eft ,  advmt  q(ue  aucuns  habitans  dudk  ^/i^i  faigpaiiis  de  w<^}jjiti^&c     1^4,7  7» 
devers  le  Roy  ,  obtinrent  fauf-conduit  de  Mgt^  TAdmi^l  v  qui  .îe  1^ 
bailla ,  maispource  qu'il  luy  fembloit.  qu'ils  avoient  autre  im^gitiation>^ 

Îue  d'aler  devers  le  Roy ,  les  fift  fuivre',  &  trouva-on  qu'ils  aJoie^t  en 
'landr^s  par  devers  laditte  Pamoifelle  de  ^Bàurgogi^e ,  po^ir  l^p^l^  £%^ 
fe  ils  furent  pris  &  ramenez  audit  Hedin^  aafqueUfutr  i^k  î^uf^pfQ^^ie^ 
Et  par  iceux  trouvez,  qu  ils  alloient  audit  voyage  ç^jc^^qv^elp^er^^ioi^ 
pour  laqucUe  caufb  fuient  dw^tt»  4udStrUs^^4<i(Se'^;«  W^Hft^feqyi 

S  j  nomber 


L 


M77« 


/ 


14*  1  E  S    C  H  R  O  N  I  Q  U  E  S 

nombre  <}ê  dix-buit ,  encre  lefciuels  y  eiloic  un4iotniné  Mr  OncUrt  <!& 
Bucy  y  Procureur  General  de  ladicce  ville  d*Arras  &  de  la  Comté  d'Ar^ 
tois  9  auquel  fut  le  col  couppé  dedans  un  chapperon  d  efcarlate  fourré  de 
letiflès ,  &  laditte  tdkcj  avec  ledit  chapperou ,  mife  &  boutée  au  bout 
d'un  chevron,  auquel  fut  fort  cloué  ledit  chapperon  »  afin  qu'il  ne  feuft 
emblé ,  enfemble  laditte  tcfte ,  âc^contre  ledit  chevron  y  avoit  un  efcri- 
teau  où  eftoit  efcrit  :  Cy  eft  la  tefte  maiftre  Oûdan  de  Biay ,  Confeiller 
du  Roy  en  fa  Cour  de  Parlement  à  Paris.  Et  après  laditte  exécution  faite 
le  Roy  s*en  ala  à  Noftre-Dame  de  Boulongm  (ur  la  mer ,  &  pour  raifon 
desdeffufdits,  ainfi  décapitez,  le  Roy  eut  grand  malveillance  contre 
laditte  ville  tTArras  j  Se  déclara  lors,  qu'elle  ieroit  deftruice.  Et  pour  ce 
faire  y  envoya  manouvriers ,  gens  de  guerre ,  artillerie ,  vivres,  &  autres 
chofes  >  &  y  fut  mis  le  iîege  fort  &  afpre.  Et  tira  l'anUlerie  dedans  icelle 
ville  d  Arras  vers  la  fin  du  mois  d'Avril ,  c^ue  le  Roy  retourna  en  laditte 
cité  d* Arras  y  où  incontinent  fift  tirer  faditte  artillerie,  tant  bombardes, 
que  autres ,  à  caufe  dequoy  toute  la  ville  fut  fort  foudroyée,  &  fut  fort 
ftobata  le  boulevart  que  ceux  d* Arras  avoient  fait  contre  laditte  cité , 
tellement  qu'on  voit  de  laditte  cité  parmy  le  boulevart  tout  au  long  de 
laditte  ville  d' Arras.  Et  tellement  que  après  ces  chofes  lefdits  habitans 
dudit  Arras  furent  fort  efpouvantez,  &  cuidoient  bien  mourir.  Se  trou- 
vèrent le  moyen  d'envoyer  devers  le  Rov,  pour  de  luy  obtenir  fa  bonne 
'grâce  &  mifericorde ,  lequel  la  leur  bailla  &  oâroya,  combien  qu'il  l'a- 
voit  abandonnée  aux  nobles  honunes  &  francs  archers ,  eftans  pour  luy 
devant  icelle  y  qui  fe  tinrent  à  mal  contens  de  la  compofition  que  leur 
avoit  donnée  le  Roy ,  veu  fondit  abandonnement.  Et  que  les  dellufdits 
en  perfeyerant  de  mal  en  pis ,  avôient  injurié  le  Roy ,  tué  de  fes  gens , 
&  fait  moult  de  maux ,  parquoy  leur  fembloit  bien  que  le  Roy  ne  les 
prendroit  point  à  mcrcv.  Et  les  gens  du  Roy ,  au  moyen  dudit  ap- 
poinûement,  entrèrent  dedans  laditte  ville  d*  Arras  le  Dimanche  4.  May 

1477- 
Et  après  la  compofition  ainfi  faite  dudit  lieu  d^ Arras  y  s'en  partit  le 

«Roy  Se  vint  à  là  Viétoire.  Auflî  s'en  panit  Mgr.  l'Admirai,  les  Gentils- 

hommes  Se  francs  archers  de  Normandie  y  pour  eux  en  aler  chafctm  en 

leur  maifon.  Et  le  Roy  eftant  audit  lieu  de  la  Viâ:oire  eut  nouvelles  que 

cinquante  archers  de  fon  ordonnance  eftoient  alez  à  Pcrormcy  pour  y 

mettre  &  loger  cinq  prifonniers  de  par  le  Roy ,  aufauels  ils  avoient  fait 

refus  d'y  entrer ,  pourquoy  il  s'en  partit  &  ala  audit  Peronnc  cuidant 

qu'on  y  voulfift  faire  aucune  rébellion ,  où  il  fut  depuis  par  aucun  temps, 

que  autres  nouvelles  luy  furent  apportées  que  les  Flamens  Se  autres,  te- 

-Âans  leur  party ,  eftoienr  fur  les  champs  pour  nuire  au  Roy  &  fes  pays  , 

Îoutxiiièy  incontinent  le  Roy  fift  publier  fon  arriere-*ban  ^  &  que  tout 
ommé  hôUe  &  noft  noble ,  privilégié  Se  non  privilégié ,  &  pour  ceftc 
fbis ,  feuft  tout  preft  &  en  armes,  pour  le  fervir  de  refifter  â  leur  fureur. 
Et  fut  ledit  cry  publié  à  Paris  le  Dimanche  1 8.  May  1477.  En  après  le 
Roy^'ën  ala  iCdmbray  y  où  il  fut  teceu  par  compofition ,  &  illec  fut 
•^eetû  pâit  ciptak>  temps ,  Se  s'y  raFraifchircnt  fes  gens  d'armes  jufques 
«àto  jour  dé  laTtfnîté.'  En  ce  temps  le  Roy  envoya  (ts  lettres  patentes 
^drefl^s  aOx  Gens  tehAns  (a  Cour  àc  P^ement  a  Paris  ,  par  lefquell«s 

.    '  1cm 


DU    ROY    L  O  U  Y  S    X  L  145 

leur  mandoit  tous  en  geueral  aler  &  eux  tranfporter  en  la  ville  de  Noyon^ 
avec  auffi  les  Maiftres  des  Requcftes  de  THoftel  du  Roy ,  pour,  avec  le  1^477* 
le  Roy  &  autres  Sgrs.  de  Ton  fang  &  lignage  y  qui  feroient  illec ,  veoir 
prendre  conclufion  8c  fin  fur  le  fait  du  procez  rait  alencontre  dudit  de 
Nemours  ,  qui  par  long^temps  avoit  efbé  détenu  prifonnier  en  la  fiaftille 
fainâ:  Anthoine  à  Paris ,  laquelle  chofe  firent  lefdits  de  Parlement  »  6c 
partirent  de  Paris  pour  aler  audit  lieu  dc^Noyon ,  le  Liindy  2.  Juin  pouc 
cftre  le  lendemain  audit  Noyon ,  ainfi  que  mandé  leur  eftoit  par  lefcuttes 
lettres» 

Le  Samedy  14  Juin ,  un  qui  avoit  efté  de  Thoftel  du  Roy  >  8c  qui  avoit 
falfijfié  Ton  fignet  &  celluy  d  un  des  Secrétaires ,  6c  à  cefte  caufe  avoir 
fait  &  lî^nc  piufieurs  lettres  ,  &  baillé  en  diverfes  villes  de  ce.Royau-, 
me ,  où  il  avoit  au  moyen  d'icelles  pris  plufîeurs  fommes  de  deniers  au 
nom  du  Roy ,  6c  icelles  à  luy  appliquées ,  fut  pour  ledit  cas  audit  délin- 
quant fon  procez  fait  de  par  le  Prevoft  de  Thoftel  du  Roy  ou  fon  Lieu- 
tenant &  depuis  envoyé  audit  lieu  de  Paris  9  auquel  lieu  6c  pour  ledit 
cas  fut  pilloné  6c  mittré ,  6c  puis  flaftré  au  front  »  le  poing  couppé  ,  6c 
banny  du  Royaume  de  France  ,6c  Ces  biens  6c  héritages  déclarez  &  ac-^ 
quis  confifquez  au  Roy. 

Audit  mois  de  Juin  advint  que  le  Sgr»  de  Craon ,  à  qui  le  Roy  avoit 
baillé  la  charge  de  fon  armée ,  pour  aler  en  la  Comté  de  Bourgogne  faire 
guerre  à  Tencontre  du  Prince  d'Orange  y  pour  aucunes  injures  à  lu^  fait- 
tes  par  ledit  de  Craon ,  qui  n'eftoit  pas  de  pareille  maifon  de  ky.  Et 
pour  Coy  venger  d'icelle  injure  ,^  auifi  le  Rov  qui  avoit  baillé  le  Couvert 
nement  du  pays  audit  Prince  ,  &  qui  avoit  eité  auflî  au  moyen  de  faire 
mettre  ledit  pays  en  la  main  du  Roy  »  6c  Tavoit  de  ce  deichar^é  pour 
bailler  audit  de  Craon  ,  s'en  courrouça  fort  &  trouva  moyen  de  faire  re- 
tourner contre  le  Roy  les  pays  y  villes  &  places  >  qui  à  la  requefte  s  ef« 
toient  réduites  i  luy.  Et  avec  6c  en  fa  compagnie  fe  mift  &  booca  un 
Chevalier  dudit  pays  de  Bourgogne  ,  nomme  Meffire  Claude  de  Faul- 
iray  >  qui  foutindrent  la  guerre  contre  ledit  de  Craon ,  jufques  À  cer^ 
tain  temps  3  que  ledit  de  Craon  fceuft  que  ledit  d'Orangjt  eftoiten  une 
ville  nommée  Gray  >  où  il  vint  mettre  le  fiege  &  y  demeura  par  deux 
jours  que  ledit  Seigneur  de  Chafleauguyon  y  frère  dudit  d'Orange ,  & 
autres  vinrent  pour  le  fecourir  y  dont  mt  adverty  ledit  de  Craon ,  qui 
s'en  ala  mettre  en  bataille  contre  ledit  Seigneur  de  CAafieauguyon  ,  fo 
y  eut  grand  hurtibilis  à  laditte  rencontre ,  &  de  cofté  6c  d'autre  y  mou- 
rut de  gens  de  façon  quatorze  ou  quinze  cens  combattans.  Et  de  laditte 
defconmure  furent  faittes  par  rordonnance  du  Roy  ptoceffions  générales 
i  Paris  y  en  TEglife  faint  Martin  des  champs. 

Au  mois  de  Juillet  1477.  1^  Duc  de  Gueldres  y  qui  eftoit  venu  loget 
près  de  Tourne^  y  à  tout  quatorze  ou  quinze  cens  AUmans  :  6c  vint  Gui- 
der bouter  le  feu  es  fauxbourgs  dudit  Toumay  y  Se  fov  loger  au  pont 
d*Epierre ,  près  de  laditte  ville ,  vinrent  dommager  icelle,  rut  fait  (ail- 
lie  par  deux  fois  fur  ledit  de  Gueldrtêy  où  à  la  première  faillie  il  fut  tel- 
lement qu'il  y  mourut ,  6c  fon  corps  apporté  en  la  ville  de  Toumay.  Et 
puis  à  la  féconde  faillie iflirent  fur  ceux  de  fon  armée  de  trois  à  quatre^ 
cens  lances  de  l'ordonnance  du  Roy  >  avec  aucuns  particuliers  de  laditte 

ville» 


Ï44  LESCHRONI  QUE  S 

ville ,  Idqaels  mirent  en  fuite  tous  lefdits  Alem^tts  &  Flamtns ,  8t> 
1 477*     bien  tuèrent  deux  mille ,  &  de  fept  à  huiâ  cens  pnfonniers.  Et  de  la**- 
dittc  dcfconfiture  en  fut  chante  en  TEglife  de  Paris  ,  Te  Dcum  lauda- 
mus  y  Se  fut  fait  les  feux  parmy  les  rues  de  laditte  ville. 
:    Audit  an  1477.  le  Lundy  4.  Aouft  (51),  Meflïre  Jacques  (TArmignaci^ 
Duc  de  Nemours  &  Comte  de  la  Marche  ,  qui  avoit  efté  conftitué  & 
amené  prifonnier  de  la  Baftille  fainâ:  Anthoine ,  à  tel  &  fembiable  qua^ 
triefme  jour  d'Août  en  Tannée  précédente ,  pour  aucuns  cas ,  délits  Se 
crimes  par  luy  commis  &  perpétrez  5  durant  lequel  tenips  de  fon  empri- 
fbnnem^t  en  icelluv  lieu  de  la  Baftille  ,  luy  furent  faits  pluHeurs  in- 
terrogatoires fur  lefditq:s  charges ,  aufquelles  il  refpondit  4^  bouche  & 
par  elcrit ,  tant  pardevant  Mgrs.  le  Chancellier  de  France  ,  nompié  maif- 
icre  Pierre  DorioUe ,  qu  autres  des  Prefidens  &  Confeillers  de  la  Cour  de 
Parlement  par  plufieurs  &  diverfès  journées.  Et  encores .  par  certains 
gtans  Clercs  du  Royaume  >  demeiurans  en  diverfes  citez  &  villes  dudit 
Royaume  ^  pource  mandez  &  afièmblez  de  lordonnance  du  Roy  en  la 
ville  de  Noyon  ,  avec  &  en  la  compagnie  defdits  de  Parlement.  Et  en 
k  ptefence  de  Mgr.  de  Beaujeu  illeic  reprefentant  la  perfonne  du  Roy  > 
fut  tout  veu  &  vifité  la  procédure  par  laditte  Cour  »  faitte  alençontre 
dudit  de  Nemours ,  enfemble  auiïi  les  excufations  par  luy  faittes  Se  bail* 
Lées  fervans  à  fa  faivation.  Et  tout  par  eux  veu  ,  conclurent  audit  pro-> 
cez^  tellement  que  le  Lundy  4«  Aouft  fut  audit  lieu  de  la  fiaftille  Meffire 
Jehai^le  Bouiengiery  premi|:rPreCdent  audit  Parlçment ,  accompagne  du 
Greffier  Criminel  de  laditte  Cour  »  de  fire  Denis  Hejfetin ,  Maiilrad'iiof- 
tel  du  Roy ,  &  autres  qui  vinrent  dire  &  déclarer  audit  de  Nemours  ^oue 
veucs  les  charges  à  luy  impofées  »  fes  confeffions  &  occufations  par  lay^ 
for  ce  fairtes  >  Se  tout  veu  &  confideré ,  à  grande  &  meure  délibéra* 
tion ,  luy  fut  dit  par  ledit  Prefident  &  par  la  Cour  de  Parlement ,  qu'il 
eftoit  criminel  de  leze^Majefté ,  Se  comme  tel  condamne  par  Arrefb  d'i-i 
celle  Cour  à  eftre  ledit  jour  décapité  es  Halles  de  Paris ,  les  biens ,  Stu 
gneuries  Se  terres  acouifes  &  confifquces  au  Roy.  Laquelle  exécution 
fut  ledit  jour  faitte  à  refjcbiffaut  ordonné  efdittes  Halles ,  à  Theure  de 
trois  heures  après  midy  ,  qu'il  eut  illec  le  jcol  couppé ,  Se  puis  fut, en» 
ijevelY&  mis  enbierre  &  délivré  aux  Cordeliers  de  Paris  ^  pour  eftrein^ 
bumç  en  laditte  EçliCe  »  Se  vinrent  c^uerix  le  corps  es  Halles  jufques  en-* 
viron  de  fept  à  huiâ  vingts  Cordeliers  à  qui  furent  délivrées  quarante 
torches^  pour  muener  Se  conduirp  le  corps  dudit  Sgr.  de  Nemours  en  leur* 
ditteEglife, 

Audit  mois  le  Roy  qui  eftoit  à  Tkerouenne  envoya  psmt  de  fon  armée 
pour  combattre  &  metye  hors  de  leur  parc  certaine  quantité  de  Flamensy 
qui  eftoient  parquez  en  un  lieu  nonune  le  Blanc-fofle ,  lefquels  Flamens 
quant  ils  x>ttyrent  nouvelles  die  la  venue  du  Roy  &  fon  armée ,  s  enfuie 
lent  &..dep&rquerent,  ^' audit  deparquement  iaire  frapper  nos  gens  fur 
iefdeifufdits  F/d/r^;;»  1  defqueUen  y  eu(  bien  tué  deusp  mille.  Et  .depuis 

f  forent 

(  31  )  La  Chronique  èsx  TiUct  met  k  datte  du  dernier  Janvier  i478«  fi^Pcut-. 
9^4*  Août ,  &  dans  le  Cabinet  du  Roi  Louis  être  l'année  y  eft  ajoutée;  car  alors  on  ne  I4 
9ÇI.  à*3^r^ ,  eft  une  lettre  «^*11  a  ima$,  en  ^  mcttolt  point  aux  lettres  miiTiYçs^ 


DU    ROY    LOUYS    XL  145 

furent  fuivis  jufques  bien  loing  dedans  le  pays  de  Flandres  ^  6c  paf* 
ferenc  lefdits  gens  du  Roy  au  monc  de  Caffel,  i  Ficfncs  Se  autres  places»     ^  477< 
qui  furent  priles  Se  arralées  »  &  en  tuerene  encores  bien  autres  deux 
mille.  Et  defdittes  defconficures  en  furent  faitces  de  moult  belles  pro- 
cei&ons  en  la  ville  de  Paris. 

Audit  mois  d'Aouft  1477.  advint  que  un  jeune  fils  Bourreau  à  Paris  » 
nommé  Petit^Jehan ,  fils  de.maiftre  Henry  Coujin ,  maiftre  Bourreau  en 
laditte  ville  de  Paris  y  qui  défia  avoir  fait  plufîeurs  exploits  de  Bourreau. 
£t  entre  les  antres  avoir  exécute  &  couppé  le  col  de  meflSre  L'oys  de 
Luxembourg^  Conneftable  de  France ,  fut  tue  &  meurdry  ledit  Petit- Jehan 
en  laditte  vUle  dé  Paris ,  au  pourchas  d'un  menuifier  qui  eftoit  nommé 
Oudin  du  Bujl  ,  natif  du  pays  de  Picardie  y  qui  avoit  conçeû  haine 
mortel  contre  ledit  Petit- Jehan  y  pour  faifon  &  caufe  de  ce  aue  ledit 
Petit-Jehan ,  avoit  frappé  ou  batu  long-temps  paravant  ledit  du  Bujl  i 
jK>ur  aucune  noife  qu'Us  eurent  enfemble ,  à  caufe  de  cq  que  ledit  Me* 
nuifier  du  Bujl  luy  demandoit  la  groflè  Se  féel  d'une  obligation  >  en 
quoy  ledit  Petit- Jehan  eftoit  oblige  â  icelluy  Oudin  du  Bujl  »  &  de  la- 
quelle obligation  ledit  petit  Jehan  avoit  payé  le  principal ,  &  nç  reftoit 
que  ledit  groflèment  Se  féel. 

Et  pour  eftre  ledit  du  Bujl  v^ngé  du^tPetit-Jean ,  fe  adbcia  ledit  du 
Bufi  de  treis  jeunes  compagnons  demeurans  à  Paris.  Uun  d'iceux  nom- 
mé T  Empereur  du  Houx  ,  Sergent  à  verge.  L'autre  Jehan  du  Foing , 
Fontenier  &  Plombeur  :  Se  l'autre  nommé  Regnault  Goris  y  Osfevre  » 
fils  de  Martin  Goris ,  Courtier  de  Géoleric.  Tous  lefquels  quatre  de 
guet  i  pens  &  propos  délibéré ,  vinrent  allàillir  ledit  Petit-Jehan  y  qu'ils 
trouvèrent  au  coing  de  la  me  de  Garnelles  près  de  l'hoftel  du  Moulinet  » 
6c  vint  le  premier  a  luy  ledit  Empereur  du  Houx  foubs  fiance  amiable  » 
qui  le  prit  par  deilbus  le  bras  en  le  tenant  fermement  y  en  luy  difant  qu'il 
n  euft  point  de  paour  des  deffufdits  ,^  Se  qu'ils  «ne  luy  feroient  {>oint  de 
mal.  Et  en  luy  difant  ces  chofes  >  vint  leclit  Re^naûlt  Goris  y  qui  frappa 
Xzèîvi  Petit- Jehan  d'une  pierre  par  la  tefte,  dcmt  il  chancella  >  &  lors  ledit 
Empereur  le  lafcha  y  Se  incontinent  vint  â  luy  ledit  Jehan  du  Foing  y 
qui  luy  bailla  d'une  javeline  au  travers  du  corps  ,  dont  il  chey  t  mort  en 
la  place  y  Se  depuis  qu'il  fut  mort  ledit  du  Bujlhxj  vint  couper  les  jam- 
bes 6c  à  tant  le  partirent  les  quatre  defliifditf  »  &  s'en  alerent  bouter 
en  franchife  aux  Cele/lins  de  Paris.  Auquel  lieu  la  nuit  enfuivant  furent 

Eris  &  tirez  dehors  par  l'oiTlonnance  &  commandement  de  meflire  Ro- 
crt  d*EJlouteville  ,  Chevalier  Prevoft  de  Paris ,  &  gens  de  fon  Confeil  » 
ponrce  que  par  information  leur  apparut  dudit  guet  à  pens  6c  propos 
délibère ,  dequoy  lefdits  CeUJlins  appellerent ,  &  par  la  Cour  de  Parle* 
ment  fut  l'appel  vuidé  &  dit  qu'ils  ne  jouyroient  point  des  privilèges  de 
l*EgUfe.  E> après, comme  Qercs,  furent  reauis  parl'Evefquede  Paris  , 
comme  fes  Clercs.  Audi  pareillement  fut  dit  par  Arreft  dç  Parlement 

Îu'ils  ne  jouyroient  point  du  privilège  de  Clerc ,  &  furent  renvovez  par 
evant  ledit  Prevoft ,  par  la  (entence  duquel  ils  furent  tous  condamnez 
d  eftre  pendus  &  eftranglez ,  dont  ils  appellerent  en  la  Cour  de  Parle- 
ment. Lequel  confirma  laditte  fentence  qui  fut  exécutée ,  &  furent 
tous  quatre  pendus  au  gibet  de  Paris  ,  par  les  mains  dudit  maiftre  Hen^ 
Tome  II.  T  /y , 


14*  LES    CHRONIQUES 

3f  y  père  dudic  Pttit-Jthan  y  qui  pour  tant  fut  veneé  de  la  mort  de  fbir-^ 
it  fus ,  le  Jeudy  veille  de  Mgr.  fainâ  Jthan  decollafle  y  vingt  huiâieC* 
me  jour  dudit  mois.  Et  furent  pendus  en  la  manière  qui  s'enfuit ,  & 
tout  joignant  l'un  de  l'autre  i  c'eft  a(Etvoir  ledit  Empereur  le  premier  > 
Jehan  du  Foing  le  fécond ,  Regnault  Goris  le  tier^ ,  &  ledit  Jehan  du 
Buji  le  quatrielme  &  dernier.  Et  eft  afiavoir  que  lefdits  Empereur ,  da 
Foing  &c  Goris  ,  eftoient  trois  beaux  jeunea  hommes  >  &:  en  outre  pour 
ledit  cas  fut  batu  de  verges  6c  banny  du  Royaume  de  France  un  jeune- 
fils  Cordonnier  qui  auoit  confpiré  de  la  mon  dudit  Pedt^Jehan  :  maisi 
point  ne  s'eftoit  trouvé  à  icelle. 

Audit  temps  le  Roy^  qui  eftoit  au  pays  de  Picardie  >  fe  panit  dudit 
pays  &c  y  lail^  pour  km  Lieutenant  gênerai  Monfeigneur  le  Baftard  àer 
Bourbon  y  Admirai  de  France  ',  pour  la  conduite  de  la  guerre  Se  garde 
de  tout  le  pays..  Et  au  regard  des  gens,  de  guerre  de  l'ordonnance  du 
Roy  &  autres. eftans  pour  luy^  efdits  vzjs  >  on  leur  bailla  6c  afiîgna  l'en 
kur  logis  en  la  cité  &  ville  d'Arras  ,  Tournay  ,  Lens  ,  la  Bc^e  ,  & 
autres  lieux  fur  les  frontières  de  Flandres  6c  autres  payr^qui  encores 
ietenoient  pour  ladite  Damoifelle  de  Flandres  j  fille  dudit  Duc  de  Bour^ 
gogrïtm  Et  après  toutes  ces  chofes  ainfî  faittes  6c  ordonnées ,  le  Roy  s'en 
vint  à  Noftré-Dame  de  la  Viûoire  ,voir  la  belle  Dame  illec  aouree ,  & 
puis  après  s'en  tira  i  Paris  où  il  ne  fejouraa  gueres  >  &  y  eftoit  le  jour 
de  la  fcflc  fainS  Denis.  A  k  révérence  duquel  Sainû  il  délivra  tous  les^ 

Îrifonniers  eftans  en  fesprifons  de  Chaflellet  de  Paris  y  6c  puis  s'en  ala 
Tours  y  à  Amboife  &  autres  U'eux  voifins  >  ou  il  fe  tint  par  affez  lon- 
gue efpace  de  temps ,  durant  lequel  les^  Bourguignons  6c  autres  enne- 
mis du  Roy>  fous  les  charges  8c  compagnies  du  Prmce  d* Orange y.mt&xer 
Claude  de  Vauldray  6c  autres  eftans  çn  la  Comté  de  Bourgogne  y  firent 
Se  portèrent  de-mns  guerres  aux  eens^du  Roy,  effcms  pour  luy  audir 
pays>  &  en  fut  tait  de  grtns  defconntures  fur  lefdits  gens  du  Roy  >  tant 
en  la  ville  de  Grey  (or  Sofne  8c  ailleurs  y  ok  lefdits  gens  du  Roy  s'ef^ 
toient  logez^  Et  y  tuèrent  lefdits  Bourguignons  des  Gentils-hommes  de- 
l'ordonnance  do  Roy  y  fous  les  ch^jges  Se  compagnies  de  Salle^art  Se 
de  Conyngan  y  Capitaine  des  Efcoffois  y  en  bien  grand  nombre. 

En  laditteannéeleRov^yanten  miguiiere  recommandation  les  fainâs 
kits  de /ainS  Loy s  8ô  JainS  Ckarlemagne  y  ordonna  oue  leurs  Images: 
de  pierre  pieça  >  misée  affis  en  deux  des  pilliers  de  la  grand  fâlle  di» 
Palais  Royal  à  Paris  >  du  rang  des  autres  Rois  de  France  y.  fendent  def- 
cendus  ,  &  voulut  iceux  efbe  mis  8c  pofez  au  bout  de  laditte  grand  falle 
flu  de&s  8c  au  long  de  la  Chappelle  eftanr  au  bout  de  laditte  grand  fal- 
le ,  ce  qui  fut  fait.  Et  en  furent  payez  les  deniers  que  l'ouvrage  couft» 
à  faire  y  par  Robert  Cailàiel ,  Receveur  des  Aydes  en  laditte  ville  de: 
Paris..  • 

An  mois  de  Décembre  audk  an ,  le  Roy  pour  toufîbus  aceroKbre  fon^ 
artillerie',  voulue  8c  ordonna  eftre  faites  douze  groâès  bombardes  de- 
fente  Se  metaîL  de  moult  grande  longueur  8c  gro^ur ,  8c  voulut  ieelles. 
eftre  £aittes  :  ct&  atfavotr  trois  à  Paris  y  ttoi»  i  Orléans  y  trois  à  Tours  , 
trois  i  Amieùs.  Et  durant  ledit  temps  fift  faire  bien  grand  quantité  de* 
feioulcside  £er  ès.foxges  eftans  es  bois  près  de  Cnil^  dont  il  bailla  la  char-- 


DU    ROY    L  O  U  Y  S    XI.  147 

Çea  maiftre  Jehan  de  Reilhac  di) ,  Ton  Secrétaire*  £c  pareillement  fift 
faire  es  carrières  de  Pcronnc  grand  quantité  de  pierres  a  bombarde.  £c 
aufli  faire  dedans  les  bois  grand  nombre  des  chevretes  &c  tauldis  de  bois  ^ 
avec  des  efchels  à  aflàillir  villes  &  fbrteredès ,  pour  avoir  &  prendre  les 
villes  de  Flandres  &  Picardie  ^  qui  encores  audit  temps  efloient  à  re« 
duire. 

Audit  temps  advint  au  Royaume  d^ Angleterre  »  que  pourcé  ^ue  \t 
Roy  J^^citar^  dudit  Royaume  fut  acertené  que  un  lien  trere  qui  eftoic 
Duc  de  Claranee  ,  avoir  intention  de  paflèr  la  mer  &  aler  defcendre  ea 
Flandres  >  peut  donner  aide  ic  fecours  à  fa  fœur  Ducheflè  en  Bourgo-' 
gne  »  veiifve  dudit  deffunâ  le  dernier  Duc ,  âft  icelluy  Roy  Edouard 
prendre  &  couftituer-prifonnier  fondit  frère  &  mettre  prifonnier  en  U 
cour  de  Londres  »  où  il  fut  depuis  détenu  prifonnier  par  certaine  longue 
cfpacede  temps.  Pendant  lequel  ledit  Edotîard  aflenibla  fon  confeil ,  & 
par  la  déclaration  d'icelluy  tut  condamtfé  i  eftre  mené  depuis  laditte 
cour  de  Londres ,  traifnant  fur  les  folles  jufques  au  gibet  de  laditte  ville 
deZ  ortdres  ,  &illec  être  ouvert  &  fes  entrailles  jettez  dedans  un  feu.  Et 
puis  luy  coupper  le  col  &  mettre  fon  corps  ai  quatre  quartiers  >  mais 
depuis  par  la  grand  prière  ic  requefte  dç  la  mère  defdits  Edouard  Se  de 
Clairance ,  fut  fa  condamnation  changée  6c  muée  tellement ,  que  au 
mois  de  Février  audit  an  icelluv  de  Clairance  eftant  prifonnier  en 
laditre  tour  fut  pris  &  tiré  de  laditte  prifon ,  6c  après  qu  il  eut  efté 
confeflë  >  fut  mis  6c  bouté  tout  vif  dedans  une  pipe  de  malvoifîe 
deffoncée  par  l'un  des  bouts  »  la  tefte  en  .bas  9  6c  y  demeura  jufques 
à  ce  qu'il  eut  rendu  Tefprit.  Et  puis  fut  tiré  dehors  6c  luy  fut  le  col 
couppe ,  6c  après  enfevely  &  porté  enterrer  aux  Carmes  avec  fa  fem- 
me »  jadis  fille  du  Comte  de  fFarwick  ,  qui  mourut  à  la  journée  de 
Cortventry  tVfcc  le  Prince  de  Galles  fils  du  fainû  Roy  Henry  d*  Angleterre 
4de  Lancajire. 

Audit  temps  advint  à  Paris  que  un  nonuné  Daniel  de  Bar  »  ferviteur 
de  maiftre  Olivier  le  D^n  y  premier  Barbier  6c  valet  de  Chambre  du 
Roy  »  fut  mis  &  conftitué  prilonnier  en  la  Cour  de«Parlement ,  pour 
raiion  de  plufieurs  plaintes  qui  furent  baillées  à  bditte  Cour  alencon^^ 
'  tre  dudit  Daniel ^  6t  m^fmementàla  complainte  d'une  nommée  Ma^ 
rion,  fcmmt  de  Colin  Panier,  dcd'qne  autre  femme  diltbluë,  qui  char- 

feoient  ledit  Daniel  de  les  avoir  efforcées ,  &  en  elles  fait  6c  commis 
ors  6c  villain  péché  de  Sodome.  Et  après  que  par  laditte  Cour  &  par 
la  Juftice  du  Prevoft  de  Paris  euft  efté  vaccjué  par  long-temps  i  befo- 
gner  audit  procez  5  icelles  femmes  fe  defdirent  defdittes'  charges ,  en 
confieflant  par  elles  ,  que  icelles  charges  avoient  faides  à  la  pétition  &: 
requefte  dudit  Panier  &  d'un  nommé  Janvier ,  comme  ennemis  dudic 
Daniel ,  8c  pour  eux  vanger  de  luy*  Pourquoy  lefdittes  deux  femmes 
par  (èntence  du  Prevoft  de  Paris ,  furent  condamnées  à  eftre  batucs  nues, 
Se  bannies  du  Royaume  de  France ,  leurs  biens  6c  héritages  confifqués 
au  Roy ,  furquoy  pcemierement  feroient  pris  les  dommages  &  inrerefts 
dudit  Daniel ,  premièrement  8c  avant  toute  œuvre.  Laquelle  fentence 

fut 

U%)11  avoit  été  Coofcilkr  4ei  Coâiptes*  Vsyex,  d-dcvant  pag. 

T  2 


I477* 


14?  LES    CHRONIQUES 

fut  prononcée  &  après  exécutée  par  les  carrefours  de  Paris ,  le  Mcrcrcdy 
*478.     ji.  Mars  1477^ 

Audit  an  &c  mois  de  Mars ,  le  Roy  qui  eftoit  â  Tou^  s'en  vint  vers 
Paris  loger  à  Ablon  fur  Seine  »  en  un  noftel  appartenant  à  Marc  Sena^ 
my ,  Efleu  de  Paris ,  où  il  ne  fejourna  que  deux  jours  ,  puis  vinr^  jPtf- 
ris  Se  coucher  en  fon  hoftel  des  TourncÛes ,  &  d*illec  le  lendemain  iïia« 
tin  s'en  alaen  l'E^life  de  Paris  faire  fon  oraifon  à  la  Benoifte  Vierge 
Marie.  Et  celle  faitte  s'en  ala  coucher  à  Louvres  &  es  lieux  voi(ins ,  où 
il  fejourna  un  peu  de  temps ,  6c  après  ala  à  Hcfdin  ,  Amiens  &  autres 
lieux  de  Picardie  ,  où  le  Sgr.  de  Havart  de  part  le  Roy  Edoiiard  d'An'' 
ghurrt  y  vint ,  &  communiqua  de  trouver  accord  entre  le  Roy  &  les 
Flamans^  Et  du  coftc  du  Roy  y  fut  commis  le  Sgr  àtfainS  Pierre  8c  au- 
tres. Et  durant  ce  temps  le  Roy  fift  toosjours  paAèr  fon  armée  audit  pays 
,  de  Picardie  ,  tant  ceux  de  fon  ordonnance ,  que  nobles  ,  archers  de  rete- 
nue ,  ic  autres  gens  de  guerre  en  bien  grand  nombre^ 

Audit  temps  au  mois  de  Mais  1478.  après  Quaûmodo ,  vint  &  arriva 
à  i'^/i  Madame  d'Orléans  ,  Mer,  le  Duc  d'Orléans ,  un  jeune  enfant  fils 
du  Duc  de  C levés ,  neveu  d'iceîle  Dame ,.  Madame  de  Narbonne  ,  fille 
du  feu  Duc  d'Orléans  Se  femmç  de  Mgr.  le  Vicomte  de  Narbonru  ,  fils 
du  Comtede  Foue:( ,  le  fils  du  Gomte  de  Fendofme  ,  &  autres  plufieurs 
Seigneurs,  Gentilshommes,  Dames  &  Damoifclles,  qui  moult  bien  fu- 
rent feftoyées  par  deux  fois  en  ladicte  ville  de  Paris.  Pour  la  première 
fois  par  Mgr.  le  Cardinal  de  Foue^  en  Thoftel  d'Eftampes  près  la  Baftille« 
Et  la  féconde  fois  par  Mgr.  le  Cardinal  de  Jîo/^r^an  en  fon  hoftel  à  la- 
ditte  ville  de  Paris ,  qui  y  donna  i  foupper  à  icelle  Dame  >  à  toute  fa- 
ditte  compagnie ,  &  pluueurs  autres ,  le  Mardy  dernier  Mars^  1478.  Et 
fut  ledit*  foupper  moult  honnorable,  plantureux  ,  &  bien  honnefte- 
ment  fcrvy  de  tout  ce  qu'il  eftoit  poffibfede  trouver,  avec  chantres  Se 
plufieurs  inftrumens  mélodieux ,  farces,  mommeries ,  &  autres  honneftcs 
joyeufeté?:.  Et  fut  l'aflîette  dudit  foupper  en  la  gallerie  dorée  ,  refervé 
maditte  Dame-deJViïf^<W2«<,  qui  eftoit  fortgrolle,.  çiui  pour  fon  aife 
avoir  avec  Mgr.  foivmary ,  Se  jufqn'au  nombre  de  huidt,  foupperent  en 
une  chambre  baflè  dudir  hoftel  au  logis  de  Jehan  de  -Rcye,  Secrétaire 
de  Mgr.  le  Duc  de  Bourbon  ,  &  Garde  dudit  hoftel  de  Bourbori. 

Au  mois  d'Avril  1478.  fut  fçeu  par  Guerin  le  G^r^w/z ,  Baillif  de  fainâ; 
Pierre  le  Monfiier ,  Se  Robinet  du  Quefncy  ,  lefqucls  Se  chafcon  de  eux 
avoient  charge  de  cent  lances  de  l'ordonnance- du  Roy ,  qui  eftoienf  en 
garnifon  au  pays  de  Picardie  ,  que  \tsFlamens  venoient  i  Douay  pour 
apporter  argeht  à  ceux  dudit  fieu  pour  leurs  gages  <  &  foiridées.  Se  auflî 
pour  les  af&ires  de  laditte  ville.  Lefquels  Capitaines  fe  mirent  aux 
champs  pour  gagner  ledit  argent ,  ce  qu'ils  firent ,  &  ruèrent  jus  ceux 
qui  le^portoient ,  Se  en  tuèrent  aucuns,  &  plufieurs  prifonniers  y  furent 
pris. 

Et  pource  que  ceux  de  laditte  ville  de  Di>tu^  Se  de  l!Ifle  de  Flan* 
dres  ,  eurent  certaines  nouvelles  de  laditte-  deftrouflè  ,.  fe  mirent  aux 
champs  pour  refcourre  ledit  argenr  &  prifonniers.  Et  nonobftant  qu'ib 
fcuflcnt  moult  grand  nombre ,  nofdits  gens  fe  fauverent  parmy  eux ,  ea 
tttcrcnt  quatre-vingts  &  mieux ,  &  cmtjoncrcût  ledit  argent  par  eux  ga- 


DU    R  O  Y    L  O  U  Y  S    X  L  149 

méé  Et  n*y  mourut  point  des  gens  du  Roy  plus  de  vingt-fix  ou  vîngt- 

lept  hommes  (jj).  1 478' 

Au  mois  de  May  1478.  le  Roy  qui  eftoit  au  pays  de  Picardie^  ne  fift 
gueres  de  chofes  ,  flnon  de  gagner  &  avoir  par  la  puiflknce  une  petite 
ville  nommée  Condi  y  qui  eftoit  tenue  par  les  Bourguignons  ,  laquelle 
eftoit  fort  nuifante  à  avitaillcr ,  &  porter  vivres  à  ceux  de  la  cité  de 
Toumay.  Dedans  laquelle  ville  y  avoit  des  gens  de  guerre  du  party  du 
Duc  en  Autriche ,  qui  fe  laiflèrent  battre,  mais  enfin  quant  ils  apperceu-^ 
sent  le  grand  oft,.  qui  leur  eftoit  appâtant ,  ils  prirent  compodtion  avec 
le  Roy  de  luy  bailler  laditte  ville  &  chafteau ,  à  quoy  le  Roy  les  receiit  r 
Se  s'en  alerent  eux  &  leurs  biens  faufs. 

:   En  laditte  année  vint  à  Paris  un  Cordelier ,  natif  de  FiUc" Franche  en' 
Bcaujolois  y  pour  prefcher  à  Paris  ^  &  illec  blafmer.  les  vices,  &  y 
j^efcha  bien  longuement ,  difant  &  publiant  les  vices  dont  les  créatures 
eftoient  entachées.  Et  par  fes  paroUes  y  eut  pluâeurs  femmes  c|ui  s'eftoienr 
données  aux  plaifances  des  hommes  ,  &  autres  péchez ,  qui  de  ce  ie  re- 
trayrent ,  &c  aucunes  d'icelles  fe  mirent  en  Religion  en  delaifiànt  leurs 
plaifances  &  voluptez ,  où  paravant  $*eftoient  démenées  r  &  fi  blafma 
tous  les  eftats ,  &  n  prefcha  de  la  Juftice  ,  du  Gouvernement  do  Roy , 
des  Princes  &  Seigneurs  de  ce  Royaume ,  &  que  le  Roy  eftoit  mal  fervy,.    . 
&  qu'il  avoit  autour  de  Uiydes  ferviteurs  ,  qui  luy  eftoient  traiftres ,  & 
que  s'il  ne  les  mettoit  dehors ,  qu'ils  le  deftruiroient,  &  le  Royaume 
auffi.  Defquelles  chofes  en  vinrent  nouvelles  au  Roy  ,  parquoy  ordonna, 
qu'on  luy  dcffendift  le  prefchcr-^  Et  pour  cefte  caufc  vint  ï;  Paris  maiftrc^ 
Olivier  le  Dain  ,  Barbier  du  Roy ,  pour  luy  faire  deffendre  le  prefcher,. 
qui  luy  fut  interdit  :  ce  qui  fut  à  la  grand  deplai&nce  de  plufieurs  hom-  ' 
mes  &  femmes ,  qui  fort  s'eftoient  rendus  enclins  à  le  fuivre  &  oyt  fes 

Î>arolles  &  prédications.  Et  pour  doute  qu'on  ne  le  pri^,  ne  que  on  ne* 
uy  fift  aucun  opprobre  ,  le  turent  Veiller  nuit  &  jour,,  dedans  le  Con- 
vent  des  Cordeliers  dudit  lieu  de  Paris.  Et-fî  difoit-on  ,  que.plufieursi 
fènlmes  y  aloient  curieufement  de  nuit  &  de  jour ,  qui  fe  garniftbienr 
en  leurs  patois  de  pierres ,  cendres ,  coufteaux  mucé^ ,  &  autres  ferre-- 
mens  &  baftons ,  pour  frapper  ceux  qui  luy  voudroient  nuire  &  empef-' 
cher  faditte  prédication,  &c  qu'ils  luy  diloient ,  quiln'euft  point  de-' 
pgour  ,  &  qu'ils  mourroienr  avant  que  efclandre  luy  advint» 

Dusanr  cts  chofes  >'S'en  ala  en  Picardie  un  Légat  de  par  le  Pape ,  pour 
remonftirer  au  Roy,  &  au  Duc  d* Autriche  ,  le  grand  mal  que  faifoieno 
les  Turcs  inâdelles  alencontre  de  la  Chreftienté ,  en  les  exhorrant  de  faire: 
paix  entre  eux  ^  dt  de  eux  délibérer ,  d'eux  expofer  à  la  deftencede  la-^ 
ditte  Chreftienté,  &  deftruire  lefdits  infidelles.  Au  moyen  de  quoy  fut 
«n  peu  ceflfte laditte  guerre,  en  efperant  trouver  accord  en  leurfditS' 
.  débats  r  mais  nonobftant  ce,  ne  ceflèrent  point  les  Bourguignons  de  là^ 
Y^Mchii  Se  Comxiàc  Bourgogne. y  de  tousjours  Êiire.  guerre  aufditrpays* 

'    0?)  1^  \4ti%.SttppUnunh  Au 
mois  à* Avril  y  Louis  XL  fe  rendit  [  Patentes 

à  Boulogne  fur  Mer  ,  pour  y  faire  ;  vril  1478.  dansl'Hift.  de  N;.Dame^ 
Hommage:  de..fon  Royaume  à  la  ;deBoulogn&deM.lèRoyvp;ioi«.  • 

Tt  3; 


Sainte  Vierge.-  P^oye^  fesLettres> 
\s  de  ce  Roi',  du  mois  d'A— 


I 


l 


150  LES    CHRONIQUES 

&  â  Tannée  que  le  Roy  y  avoic  envoyée ,  &  de  prendre  fur  les  gens  dd 
147.8*     Roy  vilïes ,  chaftcaux ,  éc  places  par  le  Roy  recouvrées  >  &  y  tuèrent  des 
gens  du  Roy  6c  francs  archers  >  bien  grand  nombre. 

Le  Mardy  16.  May  fut  crié  à  fon  de  trompe ,  &  cry  public  »  par  les' 
carrefours  ac  Pari^ ,  comme  de  toute  ancienneté  il  foit  de  couftume  »  & 

Iu'il  ne  loife  i  nuls  »  de  quelque  eftat  qu'ils  foient ,  de  faire  afièmblées . 
e  gens  en  la  riUe  de  Paris ,  fans  le  congé  6ç  licence  du  Roy  ou  fa  Jufti* 
ce.  £t  que  ce  neantmoins  y  au  moyen  de  certains  fermons  ,  &  prédica- 
tions >  puis  n'aguere^  faits  en  laditte  ville ,  pat  frère  Anthoine  f radin  » 
de  rOrdi^  des  Cordeliers ,  plufieurs  perfonnes  fe  font  a0êmblétes  &  ve- 
nues au  Convent  defdits  Cordeliers ,  pour  illec  garder  ledit  Cordelier  » 
auquel  n  avoir  efté  fait  aucun  opprobre  par  le  Roy  ne  fa  Juftice  ^  mais 

!r  avoient  efté  envoyés  feulement  aucuns  des  Confeillers  du  Roy ,  pour 
e  interroger  fur  aucunes  chofes  de  matières  fecrettes ,  dont  le  Roy  enr 
voulait  fçavoir  la  vérité»  Et  illec  s*eftoient  tenus  nuit  &  jour  près  de 
icelluy  frère  jinthoiru ,  pour  le  garder  y  &  comme  ils  difoient.  Laquelle 
chofe  eftoit  en  grande  eiclandre  t  parquoy  Ôc  par  Tadvis  de  la  Cour  de 
Parlement  >  âc  Prevoft  de  Paris ,  eftoit  interdit  8c  deffendu  à  toutes  per« 
fon  nés,  ^e  quelques  condition  qu'ils  feudènt ,  de  non  plus  faire  leldit* 
tes  aflemblées  en  laditte  Eglife  des  Cordeliers ,  ne  ailleurs ,  fur  peine  de 
confifcation  de  corps  6c  de  bieas.  Et  que  au  regard  de  ceux ,  oui  aind 
eftoient  aflfemblez  audit  lieu  des  Cordeliers ,  incontinent  après  le  cry  fe 
xlepartiilènt ,  Se  alaft  chafcun  en  fa  maifon  fur  lefdittes  peines ,  ôc  aux 
maris ,  qu'ils  fitlenc  detfence  i  leurs  femmes  de  plus  aler ,  ne  eux  tenir 
aufdites  a({êmblées.   Après  lequel  cry,  ainfi  fait  que  dit  eft ,  fut  par 

Î;rand  derifion  crié  par  plusieurs  des  efcoutans ,  aue  ce  n'eftoit  que  fo* 
ie ,  &  que  le  Roy  ne  fçavoit  rien  des  chofes  deATuldites,  8c  que  c'eftoit 
mal  fait  d'avoir  Oi^ donne  de  faire  ledit  cry. 

Le  Lundy  premier  Juin  »idit  aa ,  par  le  premier  Prefident  du  Parle- 
ment ,  8c.  autres  ^ui  fe  difo^nt  avoir  charge  du  Roy ,  fut  dit  &  déclaré 
audit  ftere  Anthoine  Fradin  ,  qu'il  eftoit  à  tousjocurs  banny  du  Royaume 
de  France ,  &  quepour  ce  faire  il  vutdaft  incontinent ,  &  fans  arrefter  > 
hors  d'icelluy  Royaume ,  ce  qu'il  fift ,  8c  vtnda  le  lendemain  de  laditte 
ville  de  Paris ,  qui  fut  Mardy  1.  Juin  1478.  Et  quant  ledit  frère  jén- 
thoine  partit  dndit  lieu  des  Cordeliers  de  Paris  9  y  avoir  grand  quantii;i^ 
de  populaire ,  crians  &  foùpirans  moult  fort  fon  département ,  &  en 
eftoient  cous  fort  mal  contens.  Et  du  courroux  qu'ib  en  avoient,  difoienc 
de  merveilleufes  chofes ,  &  y  en  eut  plufieurs,  tant  hommes ,  que  fent- 
mes ,  qui  le  fuivoient  hors  de  la  ville  de  Paris  ,  jnfqncs  bien  loin  »  &  puis 
après  s'en  retournèrent. 

Audit  temps ,  le  Roy  qui  eftoîc  aie  au  pays  de  Picardie ,  en  intention 
d'avoir  &  mettre  en  fes  m^ôns ,  8c  obeiffimce ,  les  villes ,  places  &  pays  »  . 
que  tenoit  le  defFun^  Duc  de  Bourfogniy  au  jour  de  fon  trefpas ,  comme 
appartenans  au  Rov ,  &  à  luy  acquifes  car  la  rébellion  &  defobeyllànce 
du  deffunâ  Duc  de  Bourgogne ,  èc  qui ,  ipour  iceUes  avoir ,  y  avoir  me- 
né la  plus  belle  &  grande  quantité  d'artUterie ,  &  gens  d'armes  de  fon 
ordonnance ,  francs  archers  8c  nobles  hommes , .  qui  oncques  fut  velië 
tnFran^Cf  ]|t  demçur^  Ipnguçment  ^odg  pays^  çuidanc  tousjoors  avoic 

les 


•  DU    ROY    LOUYS    XI.  151 

les  Ftamtns  &  le  Duc  MaximUIen  d* Autriche  ,  qu'ils  appellolent  leur 
Seigneur ,  foits  ombre  duquel  avoir,  fut  envoyer  devers  le  Roy,  luy  eftant  ^  47  8^- 
à  Camhrayy  &:  en  la  cité  d^Arras  ,  Ambafladeurs  dudit  Duc  d^ Autriche  , 
qui  pourparlerent  de  bailler  au  Roy ,  paiâbleinent ,  les  Comtés  d^ Artois 
&  àc  Boulogne  y  Vlfie  ,  Douay  y  &C  OrchieSy  Saint  Orner ,  &  autres  vil- 
les ,  avec  la  Diiché  de  Bourgogne  entière.  Et  fous  onîbre  defdittes  pro^ 
ineàès,  le  Roy  leur  bailla  k  jouidànce  de  Cambray  y  Quefnoy-Ie-Comte^ 
Bouchain ,  &  autres  villes.  Et  pour  cftre  plus  près  du  Roy ,  pour  com-- 
jnuniquer  des chofes  deffùfdires,  s'en  vint  loger  &  parquer  ledit  Duc 
.  ^^ Autriche  ;  luy  &  fon  oft  >  que  on  difoit  eftre  vingt  mille  combatans  & 
mieux,  entre  Douay  Se  Arras*  Et  illec  tinrent  le  Roy  en  belles  parollesy 
ibus  ombre  defdittes  promeflès ,  jufques  en  la  fin  dudit  mois  et  Juin  r, 
que  le  Roy  n'eut  aucune  chofe  de  ce  qui  luy  avoit  efté  promis^  Et  f( 
avoir  eu  libéralement  du  Roy,  icelluy  Maximilien^  lefdittes villes,  cui-^ 
dant  que  de  fon  cofté  fuft  entretenu  ce  que  promis  luy  avoit ,  dont  il  ne 
£(1  rien ,  &  n'y  eut  aucune  conclufîon  fur  ce  prifer 

Durant  kdit  mois  de  Juin ,  l'armée  que  le  Roy  avoit  envoyée  en  la 
haute  Bourgogne  pour  recouvrer  fes  villes»  contre  luy  rebellées-,  &c  dont 
avoit  la  charge  le  Gouverneur  de  Champagne ,  nommé  d'Amboife  ^  prof- 
pera  fort,  &  regagnèrent  &  mirent  es  mams  du  Roy  la  Ville  de  Verdun ^ 
Monfaviony&c  Semur  en  TAuxois,  tant  par  aflàult,  que  parcompofition* 
£t  après  alerent  mettre  le  fiege  devant  la  villede  Beaune,  où  ils  furent  depuis 
•par  aucun  temps ,  &  jufques  au  commencement  do  mois  de  Juillet  1478. 

3ue  fadittc  ville  de  Beaune  fe  rendit  au  Roy ,  par  compodtion ,  es  mains- 
udit  Gouverneur ,  tellement  qu'ils  eurent  leurs  vies  &  bieps  faufs ,  & 
payèrent ,  en  ce  faifant ,  par  forme  d'amende  pour  leurs  defautes ,  qua- 
liante  mille  efcus  >  &  fi  furent  condamnez  à  rendre  &  reftituer  tout  le 
vin  &  autres  debtes ,  qu'ils  pouvoient  devok  aux  Marchans  de  Paris ,. 
te  autres  Marchans  du  Rovaume ,  tant  en  vin  par  eux  vendu ,  &  non  li- 
vré y  que  d'argent  à  eux  baillé  &  prefté.^  Et  au  resard  àts  gens  de  guerre, 
ils  s'tn  alerent ,  par  laditte  compofition ,  franchement  Se  quittement , 
eux  &  leurs  biens  fâufsi. 
Audit  mois  de  Juillet ,  furent  &  tranfporterent  en  ladîcte  ville  d'Ar^  * 
*  rasy  par  devers  le  Roy*,  illec  eftant,  une  grande  Ambaflade  dudit  Duc 
Maximilien  d* Autriche  y  &  aufli  des  habitans  des  villes  &  pays  de  Flan- 
dres :  lefquels  furent  oys  par  le  Ro^  &  fon  Confeil ,  &  fur  ce  qu'ils- 
voulurent  dire  à  grande  Se  meure  delibeiation  ,  fut  appointé  entre  le 
Roy  Se  lefdirs  Maximilien  Sc  Flamens  y  oue  la  guerre ,  qui  kys^  eftoit 
audit  pays ,  cefléroit  jufques  à  un  an ,  pendant  lequel  iroient  feurement,< 
èc  chafcun  des  deux  coftez,  toutes  perfonnes  de  l'un  party  en  l'autre  »• 
êe  que  toute  marchandife  auroit  fon  plein  cours.-  Et  à  tant  s'en  départie 
le  Roy ,  &  s'en  vint  loger  ytxsParis ,  Se  ne'  entra  point  diins  la  ville,* 
pour  canfe  de  ce  que  on  luy  dift ,  que  on  s'y  mourroit ,  Se  s'en  ala'  près- 
de  Fendofme ,.  où  il  fe  tint  par  aucun  temps.  Et  après  ak  à  Behuan^  Se 
autres  pèlerinages  à  fa  dévotion.. 

En  laditte  année ,  &  au  retour  dudit  pays,  le  Roy  fift  de  grans^donsà^ 
Blufieurs  Eglifes  &  divers  Saints  :  car  il  vint  vcoir  là  Bcnoifte  Vierge* 
Marie  de  la  Ki3oire ,  près  Senlis  ^  où  il  donnadcux  mille  firancs ,.  qu'iB 

vouluili 


i^%  LES    CHROÎ^IQUEÎ. 

vouluft  cftrc  employez  à  faire  des  lampes  d'argent ,  devant  l'autel  de  la- 
ï  f  7  ^*  dittc  Vierge.  Et  aullî  fift  couvrir  d'argent  la  chaflc  de  Mgf.faina  Fiacre^ 
où  il  fut  employé  de  fept  à  huiû  vingt  marcs  d'argent.  Et  en  outre  pour 
fa  grande  &  hnguliere  confidence,  que  de  tout  temps  il  a  eu  à  Mgr.  *$*.  Martin 
de  Tours ,  vouluft  &  ordonna  eftrc  fait  un  graïui  treillis  aargînt  tout 
autour  de  la  chafle  dudityii/75  Martin  ,  lequel  y  fut  fait  »  ôc  pefoit  de 
feize  à  dix-fept  mille  marcs  d'argent,  qui  coufta ,  avant  que  eftre  preft 
Se  tout  a/fis ,  bien  deux  cens  mille  francs.  Et  eft  aflàvoir  que  pour  finer 
de  ladittç  grande  quantité  d'argent  à  faire  les  ouvrages  deffuldits,  fu- 
irent ordonnez  Commiflàires  pour  prendre  &  faifir  toute  la  vaiflelle 
qu'on  pouvoit  trouver  à  Paris  de  autres  villes ,  laquelle  vaiflelle  fut 
payée  raifonnablement  ;  mais  nonobftant  ce,  en  fut  erand  quantité  mu- 
çéc ,  &  ne  fut  plus  veuë  es  lieux  où  elle  avoit  accouftumé  de  courir.  Et 
à  cefte  caufe ,  de-U  en  avant ,  quant  on  aloit  aux  nopces  franches ,  ôc 
autres,  où  on  avoit*accouftumc  d^y  en  veoir  largement,  n'y  eftoienc 
trouvez  aue  beaux  verres  &  efguieres  de  verre  &  feugiere. 

ïn  icelluy  temps ,  le  Roy  fift  faire  grand  aflèmblée  des  Prélats ,  gens 
d'Eglife  ,  de  grans  Clercs ,  tant  des  univerfitez  de  Paris ,  MontpcUcr  p 
que  d'autres  lieux ,  pour  eux  trouver  &  aflèmbler  en  la  ville  d'Or/cans  > 
pour  fubtilier  &  trouver  moyen  de  ravoir  la  Pragmatique ,  &  que  Tar- 
cent  des  vaccans  &  bénéfices  ne  feuflènt  plusportezà  A^/T^e ,  ne  tirez  hors 
de  ce  Royaume.  Et  pour  cefte  caufe  fe  tint  laaitte  aflèmblée ,  ainfi  eftanc 
a  Orlcans ,  où  prefidoit  pour  le  Roy  Mgr.  de  Bcauicu  ,  Mgr.  le  Chan- 
cellier,  &c  autres  du  Confeil  du  Roy.  Lequel  Mgr.  le  Chancellier»  en  la 
prefence  de  Mgr.  de  Btàujtu ,  dift  &  déclara  les  caufes  pourquoy  laditte 
aflèmblée  elloit  ainfi  faite  audit  Orltans ,  bc  les  caufes  ^ui  mouvoient 
le  Roy  d'avoir  fait  faire  icelle  aflèmblée  ;  laquelle  proportion  fut  refpon* 
duc  par  maiftre  Jehan  Hui^  E)oyen  de  la  Faculté  de  Théologie  ,  pour 
laditte  Univerfité  de  Paris ,  qui ,  en  ce  faifant ,  fift  de  grandes  remonf- 
'  iirances  &  parla  fprt  &  hardiment,  pource  qu'il  eftoit  ad  voué  de  par  lefdits 
4e  l'Univerfiré  de -PiWj.  Et  auflî  y  parla  pour  laditte  Univerfité  àcMont-» 
pcllier  un  autre  grand  Clerc ,  qui  auflî  parla  moult  bien.  Et  après  que 
*  icelle  aflèmblée  eutillec  efté  certaine  efpace  de  temps ,  le  Roy  vint  à  fa 
devotipn  en  l'Eglife  ^IQftre-Dame  de  CUry  p  Se  après  îa  dévotion  faite  >  ^ 
ala  audit  lieu  d* Orléans ,  où  il  ne  fejourna  que  demie  journée.  Et  après 

?[u'il  s'en  fut  retourné ,  tout  ledit  Confeil ,  ainfi  aflèmblé  que  dit  eft , 
ans  conclure  fe  defpartit ,  &  ala  chafcun  dont  il  eftoit  party  pour  y 
venir ,  ^  fut  ledit  Confeil  remis  4  Lyon  au  premier  jour  de  May  après 
çnfuivant. 

En  après  le  Roy  eftant  audit  pays  de  Tourrainc ,  envoya  fes  lettres 
çlofes  à  fes  bons  Bourgeois  de  P^r/V ,  leur  faifant  fçavoir  quant  il  avoic 
envoyé  fes  Amba(&deurs  par  devers  le  Roy  de  Cajtille  Se  de  i.con ,  fur 
aucuns  differens,  qui  eftoient  entre  le  Roy  Se  luy ,  afin  de  trouver  aucun 
bon  accord  entre  eux  fur  lefdirs  differens  ,  lefquels  fes  Ambafladeurs  , 
eftoient  retournez  dudit voyage,  &  avoient  rapporté,  ^ue  ledit  Roy  de 
Cajlillc  eftoit  bien  content  du  Roy ,  &  luy  avoir  promis  Se  juté  bonne 
^mour  &  vraye  alliance  :  pourquoy  le  Roy  voulant  de  ces  cnofes  eftre 
loiié  Se  regracié  Dieu ,  noftrç  Créateur ,  Sç  la  Benpifte  gloricufe  Vierge 

«  Marie  9 


?, 


D  U    B.  O  y   L  O  U  Y  s    X  I.  ijj 

Marie  t  ipandoît  anfdits  de  Paris  j  que  de  ce  ils  fiflènc  procédions  gcne- 
lâles  â  Paris ,  &  que  les  feux  en  feuflcnc  faits  parmj  les  rues  de  ladicte  *  ^^ 
Tille  :  Laquelle  chofe  fut  faite.  Et  furent  icelles  proceflions  faites  >  qui 
lièrent  de  Noftre-Dame  i  Madame  fainde  Genevief^e  au  mont  de 
Paris  >  &  fut  illec  prefché  par  le  Prieur  des  Carmes  »  qui  illec  déclara 
bien  au  long  Se  honnorablement ,  l'intention  &:  contenu  defdittes  lettres 
du  Roy. 

En  ladite  année  au  mois  d'Oâobre  $  advint  au  pays  d'Auvergne  ^  que 
en  une  Religion  de  Moines  noirs  (34)»  appartenant  à  Mgr.  le  Cardinal 
de  Bourbon ,  v  eut  un  des  Religieux  dudit  lieu ,  qui  avoit  les  deux  fexes 
d'homme  &  oe  femme ,  &  de  chafcun  d'iceux  fe  aida  tellement ,  qu'il 
devint  gros  d'en&nt,  pourquoy  fut  pris  &:  faifi ,  &c  mis  en  Juftice  Se 
gardé  jufqucs  â  ce  qu'il  fut  aelivré  de  Ton  pofthume ,  pour  après  icelluy 
venu  eftre  fait  dudit  Religieux  ce  que  Juftice  verroit  eftre  i  faite. 

Audit  pays  advint  aum  aue  un  Gentil-homme  dudit  pays  (TAuvergru 
Aourriflbit  un  lyon  ,  oui  luy  efchappa  &  le  perdit  par  aucun  temps  « 
[u'il  ne  içavoit  où  il  eftoit  aerenu.  Laquelle  befte  s'en  ala  â  l'efcart  & 
ur  aucuns  chemins  ,  U  où  mangea  &  dévora  ptufîeurs  créatures  >  tant 
honunes  que  femmes ,  pour  caufe  dequoy  grand  nombre  de  gens  dudit 
pays  fe  mirent  fur  les  champs  pour  le  tuer ,  !&  y  ala  auifi  fondit  maiftre , 
Se  tant  firent  qu'ils  trouvèrent  laditte  befte.  Laquelle  entre  autres  per« 
Tonnes  reconnut  &  vint  à  fondit  maiftre ,  &  incontinent  fût  tuée  & 
tneurdrie.  Et  pareillement  aufli  audit  pays  y  fourdit  une  fontaine  en 
lien  où  jamais  n'en  avoît  point  eu  >  fie  illec  devint  la  terre  mouvant  ic 
tremblant  merveilleufement.  *  • 

Audit  an  LXX VIII.  au  mois  de  Novembre  >  un  nommé  Srmon  Courtois  , 
que  le  Roy  avoit  fait  fon  Procureur  gênerai  par  toute  la  Comté  ^Artois, 
au  moyen  de  la  trefve  cgai  eftoit  entre  le  Roy  6c  les  Flamens  ^  (e  partit 
de  la  ville  dArras ,  feignant  aler  en  fes  affaires  au  pays  de  Flandres^ 
Auquel  pays  s'en  ala  par  devers  la  Comteflè  dudit  Flandres ,  femme  de 
Maximilien  d  Autriche  y  par  devers  laquelle ,  fie  non  content  de  l'hon* 
neur  à  luy  fait  par  le  Roy  de  l'avoir  ainfi  créé  fondit  Procureur  gênerai 
ea  laditte  Comté  ,  dift  à  icelle  Comteftè  qu'il  eftoit  bien  fon  ferviteur» 
comme  fes  autres  parens  avoient  efté ,  fie  qu'elle  youlfift  prendre  de 
luy  le  ferment  6c  créer  fondit  Procureur  ^  &  de  raifon  elle  luy  revau- 
droit ,  6c  aimoit  mieux  qu'elle  £:uft  fie  demeuraft  en  (es  mains  que  en 
celles  du  Roy.  Lefquelles  chofes  qui  furent  ifceucs  par  le  Gouverneur 
dudit  Arras  ,  pour  le  Roy ,  fut  ledit  Symon  Courtois  pris  fie  faifî ,  fie 
mené  xlevers  le  Roy  â  Tours  >  où  il  x:ontdIa  tout  ce  ^ue  dit  eft  deflus* 
£c  â  .cefte  caufe  il  fut  décapité. 

Audit  an  LXXVIII.  le  Lundy  devant  les  Rois,  advint  que  plufieursOffi* 
clers  du  Rov  en  fon  artillerie)  firent  aflbrtir  une  groflè  bombarde,  qui  en 
laditte  année  avoit  efté  faite  i  Tours ,  pour  illec  ellàyer  fie  efprouver ,  fie 
fut  acculée  la  queue  d'icelle  aux  champs  devant  la  Baftille  fainâ  An- 
tboine ,  fie  la  gueulle  d'icelle  en  tirant  vers  le  pont  de  Charenton,  La- 
quelle fut  chargée  pour  la  pcemiere  fois  fie  tira  très-bien  >  fie  porta  la 

pierre 

( j4)  Cétoiccn  l'Abbaye  ilfloire  ea  AavergiQe.  UMXjtrMj ,  Abrégé  Chroa. 
TpmeJI,  V 


1^4  '^L  E  S    C  HK  O  NI  Q  U  E^ 

^  pierre  d'icelie  de  voilée  jufques  à  la  Juftice  dudit  pont  de  Channton.  Elf 
*479»  pource  qu'il  fembla  aux  deflîirdits  qu'elle  ne  s'eftoic  pas  bien  defchar-^ 
fiée  de  toute  la  poudre  qui  mife  &  boutée  avoir  efté  dedans  la  chambre 
a  icelle  bombarde ,  fut  ordonné  par  les  deflurdits  que  encores  feroit 
chargée  de  nouveau  ,  &  que  derefchef  feroit  tirée  pour  féconde  fois  » 
&  que  avant  ce  elle  feroit  nettoyée  dedans  la  chambre  d'icelie  avant  que 
d'y  mettre  la  poudre  ;  ce  qui  fut  fait ,  &  fut  faitte  charger  &  boute  fa. 
*  boule  qui  pefoit  5  00.  livres  de  fer  >  dedans  la  gueuUe  d'icelie  bombar^ 
de ,  àlaauelle  gueuUeeflroit  un  nommé  Jehan  Afsi^^  fondeur»  oui  icelle 
bombarde  avoir  faitte  :  laquelle  boule  en  roullant  au  lone  de  la  voilée  con-» 
tre  le  tampon  de  la  chambre  de  icelle  bombarde,  fedefchargea  incon* 
tinent  >  fans  fçavoir  dont  le  feu  y  vint.  A  caufe  de  quoy  elle  tua  &  meur« 
drit  &  mîft  en  diverfes  pièces  ledit  Mauguc  >  &  jufques  i  quatorze  autresi 
perfonnes  de  Paris ,  aont  les  teftes ,  bras  ,  jambes  &  corps  ^  eftoient 
portez  &  jettez  en  l'air ,  &  en  divers  lieux.  Et  ala  au(&  ladirte boule  tuer 
&  mettre  en  pièces  &c  lopins ,  un  pauvre  garçon  ovfelleur  y  qui  tendoit 
aux  champs  aux  oifeaux.  Et  de  la  poudre  &  veht  cle  laditte  bombarde  » 

Jf  en  eur  quinze  ou  feizé  autres  perfonnes,qui  tous  en  eturent  pludeurs  de 
eurs  membres  gaftez  &  buflez  »  &  en  mourut  pluneurs  depuis.  Et  telle- 
ment que  de  ceux  qui  y  moururent  ledit  jour  »  que  de  ceux  qui  furent 
happez  dudigt  vent ,  en  mourut  en  tout  de  vingt-deux  à  vint-quatre  per- 
fonnes. Et  après  le  trefpas  dudit  Mauguc ,  fondeur  de  laditte  bombarde  > 
le  corps  fut  recueilly  >  enfcvely ,  &  mis  en  bière ,  &  porté  à  fainâ  Mer- 
xy  à  Paris  fon  Patron  ,  pour  y  faire  fon  fervicc ,  &  fiit  crié  par  les  carre- 
rours  «de  Paris  ,  que  on  priaft  pour  ledit  Mangue ,  qui  nouvellement 
tftoit  aie  de  vie  à  trefpas,  entre  le  ciel  &  la  terre ,  au  fervice  du  Roy  nof- 
tre  Sire. 

En  kdîtte  année  te  Mardy  1.  Mars ,  le  corps  d'un  nommé  Laurens; 
Garnicr ,  de  la  ville  de  Provins ,  qui  avoir  par  Arreft  de  k  Cour  de  Par- 
lement efté  pendu  &  eftranglé  au  gibet  de  Paris ,  yn  an  &  demy  par 
avant  ledit  jour ,  pour  occafion  de  ce  qu'il  avoir  tué  &  meurdryun  CoU 
teâeurou  Receveur  de  la  Taille  dudit  heu  dcPravins,Sc  duquel  cas  ilavoit 
obtenu  remiffion  qui  ne  linr  fur  point  entérinée  par  kdkte  Cottr ,  fut  aa 
pourcbas  d'un  fîen  frère  fait  defpendre  dudit  gibet  par  Henry  Coufin 
Exécuteur  de  lahaure  Juftice  audit  lieu  de  Paris^  Et  illec  fut  enfevel)t 
ledit  corps  &  mis  en  une  bière  couvert  d'un  cercueil ,  âcduditgibetmené 
dedans  Paris  par  k  porte  fainâ  Denys  ,  &  devant  icelle  bière  aloienc 
quatre  Crieurs  de  ladine  ville  fonnans  de  leurs  clochettes  ,  &  en  leura 
poitrines  les  armes  dudit  Garnur ,  &  autour  dlcelle  bière  y  avoir  qua^ 
tre  cierges  &  hui6^  rorches ,  qui  eftoient  portées  par  hommes  veftus  de 
dueil  &  armoyez  comme  dit  eft.  Et  en  tel  eftat  fut  mené  padant  parm^ 
kditte  ville  de  Paris  y  jufques  â  k  porte-  fain&  Anthoine ,  où  fut  mis 
ledit  corps  en  un  chariot  couvert  de  noir ,  pour  mener  inhumer  audit 
Provins.  Et  l'un  defdits  Crieurs  ,  qui  aloit  devatit  ledit  coq)S,  crioit 
bonnes  gens  dittes  vos  patenoftrespour  Tame  de  feu  Lanrens  Garnicr  e» 
fon  vivant  demeurant  à  Provins ,  qu'on  a  nouvellement  trouvé  mort 
foan  un  chefne^  dites-en  vos  patenoftres  >  que  Dieu  bonne  mercy  luy 
face* 


3 


DU    ROY    LOUYS    XI  ijy 

En  buUcte  année  le  Jeudy  i8.  Mars  >  tin  Gentil-homme  nommé  Otiolcy 
fiâcif  du  pays  de  Gafcogm  >  qui  auparavant  avoit  eu  la  charee  &  coiv- 
^uite  de  par  le  Roy  de  cent  lances  de  Ton  ordonnance  ^  laquelle  chargé 
<k  ordonnance  le  Roy  avoir  nouvellement  fait  cadèr  avec  autres  >  laquelle 
chofe  il  prit  à  defplaiTance.  Et  à  cefte  caufe  fut  rapporté ,  que  ledit 
Oriolt  parloir  mal  &  ufoit  de  menafiès  ,  &  que  avec  ce  aufli  ,.qu'il 
mift  en  délibération  avec  le  Lieutenant  de  fa  compagnie  ,  de  delaifler  \t 
Roy  &  fon  fervice ,  &  aler  fervir  en  guerre  fou  adverfaire  le  Duc  en 
Autriche.  En  quoy  faifant ,  commettoit  crime  de  leze-Majefté  envers 
fon  fouverain  Seigneur ,  pour  lefquels  cas  Se  autres  furent  iceux  Oriolc 
&  fondit  Lieutenant  décapitez  en  la  ville  de  Tours  ledit  jour  de  Jeudy. 
Et  après  laditte  exécution  raitte ,  furent  portez  par  maiftre  Denis  Coujin  > 
Exécuteur  de  la  haute  Juftice  »  &  qui  avoit  exécuté  ledit  OrioU  8c 
fondit  Lieutenant  »  leurs  telles  6c  panie  de  leurs  membres  attachez  Se 
mettre  aux  portes  <VArras  y  Se  Buhunc ,  au  pays  de  Picardie. 

Audit  an  Se  mois  de  Mars  fut  aufli  pris  prilon  nier  i  Paris  un  nommé 
le  Seigneur  de  Mauves  ^  qui  àuffi  avoit  elle  calfô  de  la  charge  de  cent 
lances  »  dont  auffi  avoit  eue  la  charge  pour  le  Roy  i  8c  fut  pris  en  VhoC» 
tel  du  Comeiprès  fainâ  Jehan  en  Grève ,  par  Phelippe  C  HuillieryE(aiytt 
Capitaine  de  la  Baftille  fainâ:  Anthoine  >  Se  par  luy  ou  par  autres  mené 
prifonnier  audit  lieu  de  Tours  par  devers  le  Ro^r,  qui  lors  y  eftoit.  Et  àt* 
puis  fut  délivré  comme  ignorant  des  cas  à  luy  impofez. 

An  mois  d'Avril  1479.  après  Pafques ,  le  Roy  qui  eftoit  au  pays  de  ^^ 

Touraine ,  délibéra  du  fait  ae  la  euerre ,  &  de  ce  qui  eftoit  de  faire  tou-  ^' 
chant  le  fait  d'icelle  >  pource  que  la  trefve ,  qui  fur  ce  avoit  efté  entre  luy 
d'une  part  &  le  Duc  en  Autriche  d'autre  part ,  eftoit  nrefque  faillie» 
Et  que  par  ledit  d* Autriche  n'avoit  efté  aucune  Àmbaftàde  envoyée  de- 
vers  luy  pour  accord  faire  entre  eux  fur  leurs  diftèrents,  8c  pour  conclure 
ic  ce  qu'ils  avoient  à  faire  après  la  fin  d'icelle  trefve. 

^  Au  mois  de  May  fuivant ,  nonobftant  que  laditte  trefve  ne  feuft  em« 
pirée  ne  faillie  >  les  manans  Se  habitans  de  la  ville  de  Cambray  mirent 
8e  boutèrent  les  Picars  y  Flamens  y  Se  autres  ennemis  du  Roy  tenant  le 
party  dudit  Duc  en  Autriche  dedans  laditte  ville  de  Cambray.  Et  d'iceU 
le  en  dechaftèttnt  8e  mirent  dehors  les  gens  de  guerre,  qui  eftoient  de^ 
dans  le  Chafteau  de  laditte  ville  de  par  le  Roy ,  nonobftant  oue  laditte 
ville  le  Roy  avoit  laiilee  Se  baillée  en  la  garde  &:  confidence  du  Sgr.  de 
Fiennes  y  8e  incontinent  après  vinrent  cîe  trois  à  quatre  cens  lances  def^ 
dits  Flamens  Se  Picars  y  devant  la  ville  &  chaftel  de  Bouchain  »  dedans 
laquelle  n'y  avoit  en  garnifon  pour  le  Roy  que  feize  lances  qui  fe  retrahirenc 
dedans leair  chaftel,  pource  qu'ils appercurent  que  les  habitans  dudic 
Bouchain  avoient  délibéré  de  mettre  leldits  ennemis  du  Roy  dedans 
kilr  ville ,  incontinent  qu'ils  v  feroient  arrivez ,  ce  qu'ils  firent.  Et  in- 
continent eux  arrivez  vinrent  lerdits  habitans  aftaillir  lefdits  gens  du  Roy, 

ue  par  force  ils  prirent  Se  les  tuèrent  tous  dedans  ledit  Chafteau ,  Se 

e  tous  ceux  qui  y  eftoient  n'en  efchappa  que  un  feul ,  Icc^ucl  s'enfer- 
ma dedans  une  chambre  ,  &  par  un  tuyau  des  chambres  aifees  fe  lailla 
cheoir  dedans  les  foflez  8e  fe  fauva  :  defqnelles  entreprifes  &  chofes  ainfi 
£ûttes ,  le  Roy  en  fut  fort  mal  content ,  Se  non  fans  caufe ,  vcu  qucla^ 

V  a  dittc 


i5«  LES    CHRONIQUES^ 

dicte  tfcfvc  rompue  &  encreprifes  deflurdictes  ne  fe  faifoient  poînr 
.^73'     pQjjj.  aucune faqtc  ou  coulpe ,  que  euflcnt  fair  les  gens  de  guerre  du  Roy^ 
iur  lefHics  ennemis. 

Et  icefte  caufe  le  Ro]t  envoya  certain  grand  nombre  d'arciUerie  en 
la  Duché  &  Francfu-Comtc  de  Bourgogne  j  avec  grand  nombre  de  no* 
blés  hommes  &  francs  archçrs  du  Royaume  de  France  »  par  devers  Ic- 
Gouverneur  de  Champagne  ,  qui  eftoïc  Gouverneur  &  Lieutenant  Ge^ 
fierai  du  Roy  audit  pays  de  Bourgogne  ,  pour  recouvrer  ledit  pays  &: 
mettre  derefchef  en  ù,  maith.  Et  y  oeTognerent  lefdits  Gouverneurs  £c 
ceux  de  fa  compagnie  Ci  vaillanunent ,  que  par  aflàult  &  port  d'armés  ils 
gagnèrent  d'aflault  le  chaftel  de  Rochefoh ,  &  tuèrent  (ous  ceux  qui  ef> 
toient  dedans  >  en  pillant  tout  ce  qulls  y  trouvèrent»  Et  de  là  s'en  ale^^ 
sent  devant  la  cité  de  Do/e  ,  qui  fut  fort  batuc  d'artillerie  >,  &  après  fur 
aflàillie  tellement  qu'elle  fut  prife  d'af&ult  >.  à  caufe  de  quoy  pludeurs 
gens  de  façon  &  bons  Marchans  y  moururent  ^  &  y  fut  laditte  ville  izf 
jcafée  &c  mile  par  terre. 

Aa  mois  de  Juin  enfuivan» ,.  meflTre  Robert  d^EJknMviUt  >  Cheval- 
lier Seigneur  de  Beine  ^  qui  avoir efté  Prevod  de  Pans  par  l'efpace  de43,. 
ans ,  ala  de  vie  â  trefpas  audit  lieu  de  Paris^  Et  en  fon  Ueu  le  Roy  don^ 
fia  ledit  office  de*  Prevoft  de  Paris  i  Jacques  £ Eftouteville  y  fils  dudit 
defifunâ  Prevofit ,  en  faveur  de  ce  qu'il  diioit  que  ledit  detfund  l'avoit 
bien  &  loyaulment  fervy^àla  rencontre  de  Momlehtry  &.  autres-  divers: 
lieux^  ^ 

Durant  ces  ehofes  le  Roy  eftant  à  Moneargis  y  oyt  les  nouvelles  des;, 
fhofes  deffiifdittes  ^  dont  il  fut  fort  joyeux ,  &  lors  fe  partit  &  s'en  ala 
à  Npftre-Dame  de  la  FiSoire  près  Senlisy^y  faire  fêsoftemdes  ,.ic  de  la 
»'en  vint  au  bois  de  Fincennes  ,  où^  il  ne  fejourna  qpe  une  nui6L  E& 
d'illec  fe  partit  Se  prit  fon  chemin  pour  aler  L  Provins  ,  Se  de4à  au  pay» 
de  Champagne  ^  iZangres  &  autres  lieux  >  &  cependant  fut  chargé  à 
Paris  >^  par  la  rîviere  de  Seine  moult  grand  nomore  de  belle  &  grofle 
artilli^ic  y  entre  laquelle  y  avoit  feize  grodes  bombardes  toutes  de  ronte^^ 
Se  grand,  quantité  de  poudre  &  falpeftre  ,  pour  mener  à  Chaaions  ea 
Champagne  >.  k  Bar^e-Dua  ,  Sc  d'ilfee  akr  cenquefter  la  Duché  da 
Luxembourg  i  mais  ledit  voyage  &i£  rompu  &L  n'en  &t  rien  fait*. 

Et  ife-Samedy  tiers  jour  de  Juillet  audit  an  foixante&  dix^neuf  >  vintr 
Se  arriva  L  Paris  une  moult  belle  &  bonnette  AmbaflTade  du  pap  iCEf- 
pagne  >  qiie  menoit  &  conduifoit  pour  le  Roy  l'Evefque  de  Lombes  ^ 
Amé^d^  JainU  Denis  tn  France^  Et  les  furent  recevoir  aux  champs  hors; 
de  laditte  ville ,  les  Prevoft  des  Marchans  &  Efchevins^de  laditte  ville ,, 
Se  autres^eftans  d'icelle  ville ,  6c  après  Leur  entrée  faite  en  icelle  ville  » 
s'en  ^Xtitni  UainS  Denis ,.  ou  ils  tarent  fort  leftier  par  ledit  Abbé  dudic 
lieu  >  &  aufli  audit  lieu  de  Paris  »,  par  aucuns  des.  gpis<  Se  Officiers  Ave, 
Roy  y  eftans  en  icelle*. 

En  icelle  année  LXXDC  ^tmzetiFrance  un  jeune  Prince  du  Royaume 
£EXco£e  at  nonuné  le  Dxxo. d'Albanie  ,  frcrc  du  Koy.d'EfioJfe  (3,5),  qui„ 

pac 

(15)  SCr AtêxanA-e  Smart >  freradè  [Parts ca  14^1»^  eft.catccré:  aux CckC 
Zicq^III..  &02  (CEcoiTe^  il  eft.  mort  à.1  cias*. 


D  U    R  O  Y    L  O  U  Y  s    X  I.  157 

pat  ledit  Roy  eftoit  dechaflfé  hors  dudk  Royaume»  lequel  s'en  rinc  au 
Roy  à  refuge  >  qui  luy  fift  granc  honneur  à  l'entrée  qu'il  fift  à  Paris  :  car 
au  devant  de  luy,  furent  aux  champs  par  la  -poxtt Jàin3  jinthoinc ,  fur 
le  chemin  alant  au  bois  de  Vinunncs ,  tous  les  Eftats  de  Paris  ,  avec  ôc 
en  la  compagnie  de  Mgr«  de  Gaucourt ,  oui ,  comme  Lieutenant  du 
Rov  >  le  recueillit  bien  honnorablement.  Et  a  illec  fut  amené  &  conduit 
dedans  Paris  ,  &  mené  loger  en  la  tac/ainS  Martin  ,  à  Tenfeigne  du 
Cocq ,  où  depuis  il  fut  longuement  logé ,  &  fes  gens  &  compagnie  » 
tout  aux  defpens  du  Roy ,  combien  que  de  fa  compagnie  &  gens  de  na- 
tion ,  n^avoit  avec  luy  que  dix  à  douze  chevaux ,  &  le  fift ,  le  Roy  >  ac« 
compagner  par  Mgrs.  de  Monyptgny  ,  Chevalier  ,  le  Sgr.  de  Congrcffault^ 
qui  eftoient  auffi  Efcoffôis^ 

Au  mois  d'Aouft  enfuivant ,  ItsPicars  s  Flamcns  j  &  autres  ennemis  du 
Roy ,  eftans  logez  es  pays  de  Flandres ,  &  autres  villes  contraires  au 
Roy ,  fe  mirent  fur  les  champs ,  tendans  afin  de  trouver  &  combattre  les 

Î;ens  du  Roy ,  &  vinrent,  pour  ce  faire,  près  de  la  ville  de  Theroucnnc  , 
aquelle  ville  tenoieàt  les  gens  du  Roy ,  &  lefquels  ennemis  coidoieni; 
avofi:  &  emporter  laditte  vUle  par  force  &  violence*  Et  après  leur  venue 
la  battirent  fort  de  leur  artillerie ,  à  quoy  il  fut  vaillamment  refifté  6c 
contrcdiâ  par  Mgr.  de  Saint  Andry  ,  comme  Lieutenant  de  cent  lances 
de  Mgr.  le  Duc  àt  Bourbon ,  &  autres  Capitaines  &. nobles  hommes  de 
l'ordonnance  du  Roy.  Et  dudit  exploit  en  furent  avertis  les  autres  gens 
de  guerre  eftans  pour  le  Roy  en  earnifoa  efdits  pays  de  Picardie ,  tous 
lefquels ,  pour  fecourir  lefcuts  oe  Therouennt  &c  laditte  ville ,  fe  afièm* 
blerent  &  mirent  fur  les  champs ,  &  vinrent  trouver  lefdits  Picars ,  F/a- 
mens  ,  &  autres  gens  de  guerre  ennemis  du  Roy  ,.  à  environ  une  lieue 
près  dudit  Therouenne  ;  kfquels  ennemis  &  adverfaires  eftoient  grand 
nombre ,  comme  foixante  mille  combattans  ^  qui  eftoient  menez  &  con- 
duits par  ledit  Duc  d'Autriche  j  le  Comte  de  Romon^,  &  autres  SgrSé' 
fenans  ledit  pany  >  defquels  vinrent  frapper  les  gens  du  Roy  eftans  en 
garnifon  audit  Therouenne  f .  avec  plufieurs  des  compagnies  des  lances, 
que  le  Rpy  avok  en  Picardie  ,  dont  av<>it  la  conduitte  le  Sgr..  des  Quer^ 
des  ,6c  autres  Capitaines  avec  hiy  y  tous  lefquels  par  grand  vigueur  6c 
honnefte  courage ,  frappèrent  dedans  lefdits  adverfaires  6c  ennemis ,  6c 
tellement  qu'ils  défirent  toute  l'avangarde  dudit  Due  d'Autriche ,  à  eau- 
fe  de  quoy  y  eut  grand  occifion  des  gens  dudit  Duc ,  6c  y  perdirent  beau* 
coup  de  biens,  6c  furent  menez  chafiàns.'  Et  pource  que  aucuns  francs 
archers  du  Roy ,  qui- fuivoient  ladine  chaflè ,  fe  mirent  i  piller  le  baga* 
|e ,  &  autres  biens  laiflèz  par  lefdits  adverfaires ,  ainfi  chaâèz  comme 
lit  eft ,  vint  fur  lefdits^  francs  archers  ic  autres  gens  de  guerre  rie  Comte 
êc  Romont,  qoiavoitbien  quatorze  i  quinze  mille  piétons,  picquiers, 
qui  tuèrent  panie  defdits  francs  archers.  Se  autres  gens  de  guerre.  Et 
tant  y  en  mourut  des  deux  coftez  ^  qu'on  difoit  6c  eftimoit  les  morts  de 
quatorze  à  quinze  mille  combattans ,  dont  en  y  eut  defdits  Bourgui^ 
fnons  y  Picars  &  Flamens ,  de  morts  y  environ  de  onze  i  douze  nulle 
combattans ,  fans  les  prifonniers ,  dont  les  gens  du  Roy  prirent  grand 
quantité  *,  c'eft  aflàvoir ,  comme  de  neuf  cens  i  mil  prisonniers ,  entre 
lefquels  y  fut  pris  un  des  fils  duRoy  de  Poulaine  >  &un  autre  jeune  fils 

V  ^  q^u'oQi 


147  9^ 


1479. 


\ 


158         LES    CHRONIQUES 

au'on  difoit  eftre  le  mignon  dudic  Duc  d* Autriche ,  avec  grand  nombre 
e  gens  de  bonne  &grande  maifon,  &  tous  bonsprifonniers.  Et  au  regard 
des  gens  de  l'armée  du  Roy ,  y  mourut  le  Capitaine  Beauvoijùn  &  Fuafte 
de  Momptdon ,  Baillif  de  Rouen ,  6c  des  gens  de  guerre  de  lordonnancc 
du  Roy  ,  y  mourut  environ  trois  cens  archers  de  laditte  ordonnance  > 
fans  les  francs  archers. 

Et  après  ladite  defconfmire  »  ainfi  faite  que  dit  eft ,  ledit  Duc  i'AutrU 
che  ,  le  Comte  de  Romont ,  ic  autres  de  leur  compagnie,  fe  rallièrent 
&  vinrent  devant  une  place  nommée  MaUunoy  ,  ciedans  laquelle  eftoit 
un  Capitaine  Gafcon ,  nommé  la  Cadet  Rtmonnet ,  &  avec  lu v  de  feptà 
huit  vingts  lacquets  arbaleftriers  »  auflî  Gafcons  >  laquelle  place ,  par 
lefdits  d'Autriche  ôc  Romont ,  fut  aflàillie.  Et  par  lefdits  Gafcons  fut 
fort  re(ifté ,  mais  enfin  furent  emportez  d*aflault  i  6c  y  moururent  la  pluf- 
part  defdits  lacquets ,  &  les  autres  fe  jetterent  dedans  les  fofièz.  Et  au 
regard  dudit  Cadet,  il  fut  pris  prifonnier  6c  mené  par  aflèurance  devers 
ledit  d* Autriche  ,  lequel  >  nonobftant  laditte  aflèurance ,  &  trois  jours 
après  faditte  prife ,  &  de  fang  froid  6c  raiCs  »  ledit  d* Autriche  le  fift  pen* 
dre  &  eftrangler.  Et  pour  vengeance  faire  de  fa  mon ,  le  Roy  très  mal«> 
content  d'icdle,  fift  pendre  juiqu*au  nombre  de  cinquante  des  meilleurs 
prifonniers ,  que  fes  gens  d'armes  eufiènt  en  leurs  mains ,  &  par  le  Pre« 
voft  des  Marelchaux  »  lequel  les  fift  pendre  :  c'eft  afiàvoir ,  fept  des  plus 
efpeciaux  prifonniers ,  au  propre  lieu  où  le  Cadet  Remonnet  avoit  efté 
pendu ,  dix  autres  prifonniers  devant  Douay ,  dix  autres  devant  SainB 
Orner ,  dix  devant  la  ville  d^Arras  ,  &  dix  devant  VlJI-t*  Et  eftoit  ledit 
Prevoft  accompagné ,  pour  faire  fiure  laditte  exécution ,  de  huit  cens 
lances  6c  fix  mille  francs  archers  >  tous  lefquels ,  après  icelle  exécution 
faite,  s'en  alerent  cofté  la  Comté  de  Guy  nés  ,  &  en  revenant  jufques  en 
Flandres  ,  prirent  dix-fcpt  places  6c  maifons  fortes ,  &  tuèrent  &  bruf* 
lerent  tout  ce  qu'ils  trouvèrent ,  &  en  emmenèrent  bœufs ,  vaches  ,  che« 
vaux ,  jufques  es  autres  biens ,  &  après  s'en  retournèrent  en  leurfdittes 
gamifon^* 

Audit  temps  fut  pris  fur  mer,  par  Coulon ,  &  autres  efcumeurs  de 
mer  en  Normandie ,  pour  le  Roy ,  jufques  à  quatre-vingt  navires  de 
Flandres ,  qui  eftoicnt  alcz  quérir  des  feigles  en  Prujfe  pour  avirailler  le 
pays  ,  6c  tout  le  hareng  de  la  pefche  d'icelle  année ,  où  il  fut  fait  la  plus 
grand  defconfiture ,  qui ,  paffe  a  cent  ans ,  fut  ^ite  fur  mer ,  à  la  grand 
confufion  6c  deftrudkion  defdits  Flamens. 

En  l'année  1480.  paflèrent  la  mer  d^Angluerre,  pour  venir  en  France 
X  4  g  o.  par  devers  le  Roy ,  le  Sgr.  de  Havart ,  un  Prothonotaire,  &  autres  Am* 
badàdeurs  Anglois ,  pour  le  fait  de  Tentretcnement  de  la  trefve  d'en- 
tre le  Roy  &  le  Rov  d'Angleterre  ,  lefquels  AmbafTadeurs  furent  bien 
receus  du  Roy ,  &  leur  fift-on  bonne  chère  &  grand  ,  &  s'en  retournè- 
rent après  leur  expédition.  Et  leur  fut  donné  par  le  Roy  de  l'of  comp* 
tant  &  de  belle  vaiflcUe  d'argenr. 

En  laditte  année  1480.  le  Roy  bailla  lettres  de  commiffion  à  maiftre 
Jehan  Avin,  Confeiller  en  fa  Cour  de  Parlement  ,  &  à  Jehan  Doyac^ 
de  la  ville  de  Cuffet  en  Auvergne^  pour  faire  fur  Mgr.  de  Bourbon,  fes  viU 
les ,  pays ,  officiers  ^  6c  bons  fu je^^  plufieurs  damnez  exploits  6c  nou« 

velletez  » 


DU    ROY    LOUYS    XL  159 

velletez  »  que  lefdics  Commiflâires  prirent  joyeufement  i  faire  »  cui-  ^TT^ 
dans  deftruire  ôc  poner  dommage  audit  Mgr.  le  Duc ,  contre  Dieu  &  rai-  ^ 
Ton ,  &  fans  caufe  :  mais  pour  complaire  à  là  volonté  d'aucuns  oui  les 
menoient ,  afin  de  deftruire  ledit  Sgr.  &  mettre  en  exil.  Et  par  lefdits 
Commiflàires ,  en  enfuivant  leurditce  commiflion ,  firent  ajourner  à  com* 
paroir  perfonnellement  en  la  Cour  de  Parlement  à  Paris ,  la  plufpart 
des  Officiers  d'icelluy  Mgr.  le  Duc  ,  comme  fon  Chancellier  »  fon  Procu- 
reur General  ,  le  Capitaine  de  fa  garde ,  &  autres  plufieursen  grand  nom- 
bre ,  qui  y  comparurent  au  jour  a  eux  afiigné ,  ou  par  Commiflàires  d'i- 
celle  Cour ,  furent  examinez.  Et  pour  ce  faire ,  longuement  deftenus  en 
arreft  en  laditte  ville  y  alencontre  defquels  maiftre  François  Hafléy  Advo- 
cat  du  Roy  en  laditte  Cour  de  Parlement  >  plaidoit  pour  fon  pkifir  faire 
contre  Dieu  &  raifon ,  le  fervice  de  corps  &  d'ame.  Et  après ,  par  la- 
ditte Cour ,  furent  eflargis  &  renvoyez  en  leurs  maifons. 

Et  après  ces  chofes  ainfi  faites  y  fut  auffi  adjourné  à  comparoir  en  Ia« 
ditte  Cour  maiftre  Jehan  Herbert ,  Evefque  de  Confiance  >  pour  refpon* 
dre  à  plufieurs  crimes  &  cas  à  luy  impoiez ,  où  il  vint  &  comparut  >  & 
fut  fur  ce  interrogé,  &  puis  par  Arreft  de  laditte  Cour  fut  fait  conftitué 
prifonnier  es  priions  de  la  Conciergerie ,  &  tousfes  biens  &  temporel , 
mis  en  la  mam  du  Roy. 

En  laditte  année  au  mois  d'Aouft ,  fut  fait  trefve  avec  le  Duc  d^jiu-' 
triche  pour  fept  mois ,  dont  les  trois  mois  dévoient  eftre  nlarchans ,  les 
trois  autres  d'abftinence  de  guerre ,  &  le  feptiefme  mois  de  repentailles* 

En  laditte  année  au  mois  de  Septembre ,  le  Lundy  quart  jour  dudir 
mois ,  un  Le^at  du  Pape,  nommé  le  Cardinal  de  SainB  Pierre  y  ad  Fin- 
cula  (36) ,  qui  eftoit  venu  en  France  >  &  arriva  en  la  ville  de  Paris  ,  où 
il  futhonnorablement  receu  par  tous  les  Eftats  de  Paris ,  qui  alerent  au 
devant  de  luy  par  la  pont  Jain3  Jacgues.  Et  par  tout  fon  chemin ,  où 
il  paflà  par  laditte  ville ,  eftoit  tout  ^ndu  de  tapiftèrie  jufaues  à  TEglife 
Noftre-Dame  de  Paris ,  où  il  fift  illec  fon  oraifon.  Et  après  icelle  faite, 
s'en  ala  en  fon  logis,  qui  luy  eftoit  ordonné  au  Collège  de fainS Denis 
près  les  Auguftins.  Et  1  accompagnoit ,  &  eftoit  tousjours  près  de  luy, 
très-noble ,  très-reverend  j>ere  en  Dieu  ,  Mgr.  le  Cardinal  de  Bourbon. 

Et  le  lendemain ,  qui  fut  Mardy  fixiefme  jour  dudit  mois ,  maiftre 
Olivier  le  Diable ,  dit  le  Dain ,  Barbier  du  Roy ,  feftoya  lefdits  Légat  y 
Cardinal  de  Bourbon  ,  &c  moult  d'autres  gens  d'Eglife ,  &  nobles  hom- 
mes ,  tant  plantureufement  que  poffible  dtoit.  Et  après  difner  les  mena 
au  bois  de  Vinunfus  eft>attre  &  chafter  aux  Dains  dedans  te  parc  dudic 
bois ,  &  après  s'en  revint  chafcun  en  fon  hoftel. 
^  Et  le  Jeudy  enfuivant,  veille  de  la  Nativité  de  la  Benoifte  Vierge  Ma- 
rie, &  Vendredy  enfuivant ,  ledit  Légat  fut  aux  Vefpres  &  Mcflè  en 
l'Eglife  Noftre  -  Dame  de  Paris  ,  où  moult  de  gens  ,  de  tous  eftats  , 
furent  en  laditte  Eglife ,  pour  veoir  faire  ledit  fervice  audit  Légat,  qui 
le  fift  bien  &  honnorablemenr. 

Et  le  Dimanche  enfuivant»  douziefme  jour  dncfit  mois,  ledit  Légat 
ala  difner  &  foupper  en  Thoftel  de  Bourbon  à  Paris ,  où  mondit  Sgr.  le 

Cardinal 

(3^  07  Cétok  Jaliai  de  la  Rouvert ,  qoicI^QUfiicPapcfbasleiiomdeJalesIL 


i<fo  LES    CHRONIQUES 

oq     Cardinal,  de  Bourbon  le  fcftoya ,  &  y  mena  ledit  Lesat ,  plufieurs  Arche» 
^      *     vcfques ,  Evcfques ,  &  autres  Seigneurs  &  Gentilshommes ,  où  eftoienc 
l'Archcvefque  ae  Btjançon  &  celuy  de  Sens  »  les  Evefques  de  Chartres  , 
celuy  de  Ncvtrs  »  celuy  de  Thcrouenne  ,  celuy  tt Amiens ,  celuy  d*AUtk  , 
&  autres ,  le  Sgr.  de  Curton  ,  Moirtau ,  Maiftre  d'Hoftel  au  Roy ,  & 

Elufîeurs  autres  Gentilshommes  &  gens  d'Eglife  >  où  ils  furent  moult 
onnorablement  fcftoyez.  .  • 

Et  le  Lundy  après  enfuivant  treiziefme  jour  dudit  mois ,  ledit  Légat 
fe  partit  de  Paris ,  &  s'en  alg  kfdnS  Denis  en  France ,  pu  au  (fi  il  nit 
feftoyc  par  l'Abbé  de  faincl  Denis  y  Se  duàit  fainS  Denys  s'en  ala  au 
pays  de  Picardie  &  Flandres ,  pour  cuidcr  commuiiiouer  avec  les  Fla-^ 
mens  &c  Picars ,  &  aflfayer  de  faire  aucun  accord  entre  le  Roy  êc  eux ,  fut 
leurs  difFerens ,  où  il  fut  depuis  par  long^temps ,  la  plufpart  d'icelluy  fe** 
iournant  à  Peronne  ,  cuidant  avoir  fur  accès  d  entrer  audit  pays  de  Flan* 
dres ,  où  le  Roy  y  envoya  auflî  maiftre  François  Hafli ,  Le  Prevoft  de  Pa- 
ris &  autres ,  qui ,  fans  y  rien  faire  >  retournèrent  i  Paris^  Et  auffi  re-^ 
tourna  ledit  Légat  audit  lieu  de  Paris  le  Jeudy  devant  Noël  ii.  jour  de 
Décembre  1480.  lequel  Légat  ala  veoir  Mer.  le  Cardinal  de  Bourbon^ 
avec  lequel  il  fouppa  &  coucha ,  &  le  lenc&main  s'en  partit  dudit  hof> 
tel  par  la  porte  dorée  ,  &  paflà  la  rivierre  jufques  en  l'hoftel  de  Neefle , 
où  il  monta  à  cheval  avec  les  gens ,  qui  illec  lattendoient.  Et  s'en  >U 
jufques  iOrieans  ,  où  il  fejourna  certain  temps ,  pendant  lequel  le  Koy 
fift  délivrer  le  Cardinal  Ba/uc ,  &  s'en  ala  audit  Or/eans  devers  ledit 
Légat.  Et  en  ce  temps  fe  tint  le  Roy  au  pays  de  Tourraine  ,  où  il  demeu- 
ra par  la  plufpart  de  Thy  ver»  &julquesà  environ  les  Roys>  qu'il  s'en 
ala  à  PoiSiers  ,  &  autres  lieux  3  &  puis  s'en  retourna  à  Tours  &ç  aux  /pr« 
ges  >  vers  la  an  du  mois  de  Janvier. 

En  ce  temps  le  Roy  fift  cafler  &  abatte  tous  les  francs  archers  da 
Royaume  de /r^/zce ,  &  en  leur  plac^vouluft  eftre  &  demeurer  pour  fèrvir 
en  les  ferres  les  5z/i^&  picquiers.!Et6ft  fairepar  tous  Couftelliers  grand 
quantité  de  picques ,  hallebardes ,  &  grand  dagues  i  larges  rouelles^ 

En  laditte  année  l'hyver  commença  tard  ,  &  ne  gel^  point ,  qui  ne 
fuft  le  lendemain  de  Noël  jour  de  fainâ  Eftienne,  &  dura  jufques  au  8^ 
.Février»  qui  font  fix  femaines,  durant  lequel  temps  fift  la  ^lus  grande 
&afpre  froid  ure>  que  les  anciens  euflènt  jamais  veufaure  en  leurs  vies,  Cc 
fmtniXtsiwitxsàtSeifieyMarne^Yonnei&ctKmtts  autres  rivières  affluantes 
en  laditte  rivière  de  Seine ,  prifes  èc  gelées  fi  très-fort ,  que  tous  çhar«^ 
rois  »  gens ,  &  beftes ,  paflbient  par-deilus  la  glace.  Et  au  4l^gel  defdites 
rivières  en  advint  plufieurs  grands  maux  &  dommaees,  â  caufe  defdites 

laces  qui  en  emportèrent  plufieurs  ponts  eftans  fur  lefdites  rivières ,  &c 

\s  glaçons  firent  de  grans  dommages  :  car  ils  rompirent  &  emportèrent 
grand  quantité  de  batteaux,  dontparties'enalerentrrappercontrelesponts 
Noftre*Dame ,  S.  Michel  d^icelle  ville  de  Paris  »  lefquelsbat  teaux  fauveren  t 
plufieurs  grans  heurts  que  eufien  t  fait  lefdits  glaçons  contre  lefdits  ponts,qui 
mrent  en  bien  grand  danger  d'eftfe  abatus.  Et  pour  la  paour  que  en  eu- 
rent les demeurans  fur  lefdits  ponts,  defemparerent  lefdits  ponts,  eux 
&  leurs  biens ,  jufques  le  danger  en  fuft  pafle,  &  lefquels  glaçons  rom- 
pirent fept  des  pieux  4u  moiuini  du  Temple.  Et  4  cpfte  caule  fie  vint 

point 


r 


B  U    R  O  Y    L  O  U  Y  s    X  r.  i/r 

point  de  bois i  Paris  par  la  rivière  de  Seine  ,  &  fut  bien  cher,  comme 

de  fepc  à  huit  fols  pour  le  moule  ;  mais  pour  fecourir  le  povre  peuple»      1 480* 

les  gens  des  villages  amenèrent  en  laditte  ville ,  à  chevaux  &c  charrois  » 

Eand  quantité  de  bois  vert.  Et  eut  efté  ledit  bois  plus  cher ,  (i  les  Aftro- 
giens  de  Paris  euflènt  dit  vérité ,  pource  qu'ils  difdient  que  ladictè 
grand  gelée  dureroit  jufques  au  huiÂiefme  jour  de  Mars  >  &  il  dégela 
trois  (emaines  avant ,  mais  depuis  ledit  deeel  le  temps  fut  fort  froid  , 
jufques  bien  avant  le  mois  de  May  >  à  caufe  oequoy  plufieurs  bourgeons 
des  vienes,  qui  eftoient  trop  avancez»  furent  perdus  &  gelés,  6c  les. 
fleurs  des  arbres  &  les  fouches ,  en  divers  lieux  perdues  Ôc  gelées. 

•  Durant  ledit  hyver ,  &  jufques  au  mois  d'Avril,  que  faUloit  la  trefve 
entre  le  Roy  &  les  Flamens ,  ne  fut  rien  fait  de  cofté  ne  d'autre ,  pource 
que  lefdits  Flamens  envoyèrent  leur  Ambaflàde  devers  le  Roy  à  Tours  , 
aufquels  il  donna  expédition ,  Se  continua  les  treiVes  d'un  an  ,  efperant 
que  durant  icelluy ,  le  trouveroit  quelque  bon  expédient  de  paix  finale. 

Audit  temps  les  AmbaHàdeurs  du  Roy  Edouard  d^ Angleterre  ,  vinrent 
par  devers  le  Roy  pour  le  fait  de  la  trefve ,  &  prit  le  Roy  la  peine  d'alet 
iievers  eux  jufques  à  Chafieau-RegnauU ,  où  le  Roy  les  oiiyft  fur  la  ma* 
tiere  pourquoy  ils  eftoient  venus  :  Et  illec  furent  expédiez  par  le  Roy , 
&puis  s'en  retournèrent  en  Angleterre.  Et  après  leur  partement  fut  dit 
&  publié ,  que  la  trefve  d'entre  lefdits  deux  Roys  eftoit  continuée  pour 
bien  long-temps.  Audit  an  1480.  au  mois  de  Mars ,  le  Roy  eftant  en  fon 
hoftel  du  PUffis  du  Parc  Icz-Tours  ,  fut  merveilleufement  malade  d'une 
maladie,  qui  foudainement  le  prit,  dont  fut  dit  depuis  qu'il  fut  en  grand 
danger  de  mort  :  mais  moyennant  l'ayde  de  Dieu ,  la  fanté  lu  y  fut  rendue. 
&  revint  en  convalefcence. 

En  l'année  x^8 1 .  le  Roy  vouluft  &  ordonna  que  certain  camp  de  bois, 
qu'il  avoit  fait  faire  pour  tenir  les  champs  contre  fes  ennemis ,  ruft  dreflê  ^  4* 
&  mis  en  eflat  en  une  grand  plaine  près  le  Pont  de  r  Arche ,  pour  illec 
le  veoir ,  &  dedans  icelluy  certaine  quantité  de  gens  de  guerre  arme;^ , 
avec  hallebardiers &  picquiers,  que  nouvellement  avoit  mis  fus,  dont 
il  avoit  donné  la  conduite  defditsgens  de  guerre  à  médire  Phelippc  de 
^frveciTJ/r,  Chevalier,  Sgr.  des  Querdcs  ,  &  à  maiftre  Guillaume  Picquare^ 
£aillif  de  Âoi^Tz,  dedans  lequel  camp  il  voulufl  que  lefdits  gens  de  guerre 
feuflènt  par  lefpace  d'un  mois ,  pour  fçavoir  comment  ils  fe  conduiroienc 
dedans,  &  pour  fcavoir  quels  vivres  il  convicndroit  avoir  à  ceux  qui 
feroient  dedans  ledit  canu> ,  durant  le  temps  qu'ils  y  feroient.  Et  pour 
ider  audit  âunp ,  que  le  Roy  avoit  ordonhé  eflre  prefl  dedans  le  quin* 
ssiefme  jour  de  Juin ,  le  Roy  s'approcha  près  de  Paris ,  &  fift  la  fefle  de 
Pentecofte  à  Noftre-Dame  de  Chartres  ,  &  d'illec  s'en  ala  audit  Pont  de 
f  Arche ,  &  de  U  audit  camp  >  qui  fut  choifi  &c  aflis  entre  ledit  Pont  de 
r  Arche  ,  &  le  PontfainB  Pierre  ;  partie  duquel  camp,  tel  qu'il  pouvoir 
contenir ,  fut  fofibye  au  long  de  ce  qui  en  fut  dreflé ,  &  dedans  fut  ten« 
du  des  tentes  &  pavillons  ,  &  auffî  y  fuf  mis  de  l'artillerie ,  &  de  tout 
ce  qui  y  eftoit  requis.  Et  par  laditte  porrioh  ,  ainfi  dreflee ,  qui  fut  fort 
Hgreable  au  Roy  ,  fut  fait  jugement,  quel  avitaillement  il  faudroit  avoir 
pour  fournir  tout  icelluv  camp ,  quant  il  feroit  du  tout  emply  de  ce  que 
le  Roy  avoit  intention  de  y  mettre  &  bouter.  Et  après  ces  chofes ,  &  que 
Tome  IL  X  le 


ï6z  LES    C  H  R  O  N  r  Q  U  E  S 

le  Roy  l'eut  bien  vcu  &  yifité,  s*en  vint  à  bien  content ,  &  s'en  partir 
1481.     pour  s'en  retourner  audit  lieu  de  Chartres  ,  Selome ,  Vtndofnu  ,  &  à 
Tours  j  &  en  renvoya  toutes  les  compagnies,  qui  eflx>ient  venus  audit 
camp  par  Ton  ordonnance,  chafcun  en  fa  garnifon. 

En  laditte  aûnée  le  Duc  de  Bretagne  envoya  acheter  à  Mitan  certaine 
quantité  de  harnois  \  comme  cuiraties ,  fallades  &  autres  harnois ,  qui 
furent  enfardelez  en  fardeaux  en  façon  de  draps  de  foye ,  &  autres  mar- 
chandifes  fon  enveloppez  de  cotton.  Et  teUement  que  à  remuer  les 
fardeaux,  nefaifoient  point  denoife ,  lefquels  fardeaux  >  qui  fe  portè- 
rent fur  mulets ,  arrivèrent  aux  montagnes  (T Auvergne  \  laquelle  mai^ 
chandife  de  harnois ,  les  gens  &  commis  de  Doyac  prirent ,  &  inconti- 
nent fut  mandé  au  Roy ,  qui  donna  lefdits  harnois  audit  Doyac  {yj)  , 
Se  autres  fes  fatellites» 

En  laditte  année  toutes  les  vignes,  prefque  univerfellement  par  tout  le 
Royaume  de /Ax/ice ,  faillirent,  &ne  rapportèrent  que  un  bien  peu  de 
chofe ,  &  le  vin  qui  cruft  en  laditte  année  ne  valut  gueres ,  &  fi  fe  ven- 
dit bien  cher.  Et  a  cède  caufe  le  vin  de  Tannée  précédente ,  qui  auflli  rsc 
valoit  gueres ,  fut  vendu  moult  cher  :  car  le  vin  qui ,  au  commencement 
d'icelle  année ,  ne  fut  vendu  i  deftail  &  taverne  que  quatre  deniers 
tournois ,  fut  vendu  douze  deniers  tournois  la  pinte.  Et  par  aucuns  Mar-* 
chans ,  bourgeois  de  Ptf m  &  d'ailleurs ,  qui  avoient  gardé  du  vin  créa 
autour  de  Paris ,  comme  de  Champigny  fur  Marne ,  &  autres  lieux  voi- 
fins  >  le  vendirent  bien  chèrement  :  car  plufieurs  en  vendirent  à  deftail 
deux  fols  parifis  la  pinte ,  qui  eftoit  audit  prix  trente-fix  livres  tournois 
k  muid.  Et  advint  que  au  moyen  de  ce  que  lefdites  vignes  faillerent , 
comme  dit  eft ,  &  que  le  vin  ne  valut  gueres,  pluficurs  Marchans  s'en 
alerent  chercher  les  bons  en  diverfes  régions  lointaines ,  lefquels  Mar- 
chans firent  amener  en  la  ville  de  Paris  j  qui  fut  pareillement  cher  ven^ 
du ,  comme  fix  &  fept  blancs  la  pinte.  Et  lefquels  vins  furent  alez  quérir 
jufques  es  fins  &  mettes  des  dernières  villes  d'EJhagne^ 

En  laditte  année  les  earnifons  pour  le  Roy ,  eftans  au  pays  de  Picardie^ 
tenans  frontières  fur  kfdits  Flamens  ,  nonobftant  la  trefve ,  firent  de 
grand  courfes  les  uns  contre  les  autres  >  en  faifant  raauvaife  guerre  :  car 
fous  les  prifonniers  de  guerre  pris  de  chafcun  defdits  coftez ,  fans  mife- 
ricorde  aucune,  eftoient  pendus  quant  pris  eftoient,  fans  aucun  en  mettre 
4  rançon: 

Audit  temps ,  le  Roy  qui  avott  efté  malade  à  Tours ,  /en  partit  dudic 
lieu  de  Tours ,  &  s'en  ala  à  Thouars ,  où  auflî  y  devint  très-fort  malade*» 
&  y  fut  en  très-^and  danger  de  mort ,  parquoy  &  afin  de  recouvrer  fa 
fanté,  envoya  faire  maintes  offrandes,  &  donner  de  bien  grandes  fom-  * 
mes  de  deniers  en  diverfes  Eglifes  de  ce  Royaume ,  &  fift  de  grandes 
fondations  ,&  entre  les  autres  fondations ,  fonda  en  la  fainâe  Chap- 
pelle  du  Palais  Royal  à  Paris  ,  une  haute  Meflè  pour  y  eftrc  ditte  chaf- 
cun jour  en  l'honneur  de  Mgrî  Sainâ  Jehan ,  à  l'heure  de  fept  heures 
du  matin ,  laqudle  il  ordonna  eftre  chantée   par  huit  chantres  ,  qui 

eftoient 

C)  7)  1^  n  étoit  Gbaverneur  ic  h  Province  d'Auvergne.  Vû^ez  additions  à  l^onftrci^ 


) 


D  U    R  O  Y    L  O  U  y  s    X  I.  i6i 

cftoient  venus  du  pays  de  Provence  y  Icfquels  avoient  cfté  au  Roy  René 

de  SecilU ,  &  de  (a  Chappelle ,  qui  s'en  vinrent  après  le  rrefpas  dudic     ï  48  J» 

feii  Roy  René ,  leur  maiftre  devers  le  Roy  ,  qui  les  recueillit ,  comme 

die  efh  Et  fonda  laditte  Me(Iè  de  mil  livres  parifîs ,  prifes  fur  la  Ferme 

ic  couftume  du  poidbn  de  mer  qui  fe  vend  es  Halles  de  Paris. 

Et  après  ce  que  dit  eft  >  &  que  le  Roy  eut  efté  ainfi  malade  >  il  fe  voiia 
d'aler  en  pèlerinage  i  Mgr.  fainâ  Claude ,  ce  qu'il  entreprît  de  faire , 
&  s*en  vint  à  Noftre-Dame  de  Ctery  faire  fes  offrandes ,  &  puis  fe  partit 
d'illec  pour  aler  accomplir  fondit  voyage.  Et  pour  eftre  feurement  de  fa 
perfonne  »  y  mena  avec  luy  huiâ:  cens  lances  ,  &  plufieurs  autres  gens 
de  guerre ,  quon  eftimoit  bien  à  fix mille  combattans.  Et  avant  fon  par« 
tement  du  pays  de  Tourraine ,  ala  à  Amboije  veoir  Mgr.  le  Dauphin  fon 
fils ,  que  jamais  n  avoir  veu  »  au  moins  que  bien  peu  >  âr  au  département 
lujr  donna  fabenedi^on>&  le  laida  en  la  garde  de  Mgr.  Pierre  de  Bourbon^ 
^Seigneur  de  Beaujeu ,  lequel  il  fift  fon  Lieutenant  gênerai  par  tout  fon 
Royaume  durant  (ondit  voyage.  Et  lors  déclara  le  Roy  à  Mgr.  le  Dauphin» 
qu  il  vouloir  qu'il  obeift  àmondit  Sgr.  de  Beaujeu ,  &  qu'il  fift  tout  ce 
qu'il  luy  ordonneroit  »  &  toutainfi  que  (î  luy-mème  luy  cpmmandoit. 

En  laditte  année  »  durant  le  voyage  de  iainâ  Claude ,  fut  le  bled 
mottlt  cher  univerfellement  par  tout  le  Royaume  de  France ,  &  mefme- 
ment  au  pays  de  Lyonnais ,  Auvergne ,  Bourbonnais ,  6c  autres  payi 
voifins.  Et  i  cefte  caufe  y  mourut  grand  quantité  de  peuple ,  tant  de 
maladie»  que  de  famine»  qui  fut  merveilleufement  grande  par  toutes 
contrées  »  &  (î  ce  n'euflènt  efté  les  grandes  aumofnes  &c  fecours  de  ceux 
qui  avoient  des  bleds»  la  mort  y  euft  efté  qioult  douloureufe.  Nonobf 
cant  ce  fe  panirent  defdits  pays  plufieurs  povres  gens  qui  alerent  à  Paris, 
&  en  pluueurs  autres  bonnes  villes  »  6c  furent  mis  en  une  grange  ou 
maifon  à  faindfce  Catherine  du  Fal^des-Ef colliers  y  où  illec  les  bons  bour^ 
eois  &  bonnes  bourgeoifes  de  Paris  les  aloient  foi^neufement  panfer. 
It  depuis  furent  menez  d  Thoftel  Dieu  de  Paris  ^  où  ils  moururent  tous» 
eu  la  plufpan  :  car  quant  ils  cuidoient  manger ,  ils  ne  pouvoient»  pour^ 
ce  qu'ils  avoient  les  conduits  retraits  »  par  avoir  efté  trop  fans  manger. 

En  l'an  1481.  le  Jeudy  IV^  jour  de  May»  environ  l'heure  de  quatre  ^^^^^^,^^ 
à  cinq  heures»  de  très-noble,  puiflànte»  (ainâre  &  à!^%  bonnes  vivans  ^"^"'^^ 
l'exemplaire  :  c'eft  à  fçavoir  ma  très-redoutée  Dame  Madame  Jehanne  de     1 4*  ^» 
France  »  femme  &  efpoufe  de  Mgr.  Jehan  Duc  de  Bourbonnais  &  d'Au- 
vergm  9  expira  &  rendit  l'ame  à  Dieu  en  fon  Chafteau  de  Moulins  en 
Bourbonnais  »  par  le  moyen  d'une  forte  fièvre  fi  mervcilleufe  »  que  l'art 
de  Médecine  n'y  peut  pourvoir ,  8c  fut  fon  corps  inhumé  en  l'Eglifc  de 
Noftre-Dame  dudit  Moulins.  Laquelle  Dame  fut  fort  plorée  &  lamentée^ 
cant  par  mondit  Sgr.  fon  efpoux  &  mary  »  fes  ferviteurs  6c  gens  de  Ces 
pays ,  &  par  tous  autres  du  Royaume  de  France  »  qui  laditte  Dame  avoient 
veuë  &  eu  cognoidànce»  pour  les  grandes  vertus  &  biens  donc  eftoit  par 
grâce  remplie. 

Et  auparavant  icelle  année  ala  aufli  de  vie  à  trefpas  »  au  pays  de  Flan^ 
ares  »  Madame  la  Comteflè  de  Flandres  &  Artois ,  fille  du  feu  Duc 
Charles  de  Bourgogne  ,  femme  du  Duc  d'Autriche ,  &  nièce  de  Mgrs.  de 
Bourbon  •  de  laquelle  iifirenc  deux  enfans  >  c'eft  aflavoir  un  fils  &  une 

X  i  fiUe, 


I 


1(^4  tES    CHRONIQUES 

—  fille ,  Icfquels  demeurèrent  en  la  garde  des  Flamens  on  la  ville  de  Gànd^ 
1482.  ^^  ccftcditte  année  1481.de  laditte  maladie  de  fièvre  &  rage  de 
celle,  moururent  en  divers  lieux  moule  de  notables  &  grans  perfonna* 
ges  ,  tant  hommes  ,  que  femmes.  Et  entre  autres  moururent  les  Arche- 
vefqucs  de  Narbonne  &  Bourges^  TEvcfque  de  Lifteux^  &  maiftre  Jehai^ 
le  BouUngcr ,  premier  Prefidcnt  en  la  Cour  de  Parlement ,  &  auflî  mef- 
ûrcCh^vlcsdç  Gaucourt,  Chevalier,  qui  avoir  efté  Lieutenant  pour  le  Roy 
en  fa  ville  de  Paris  ,  lequel  fut  fort  plaint ,  car  il  eftoit  un  bcau&  honnefte 
Chevalier ,  beau  perfonnagc ,  fage  homme  &  grand  clerc.  Et  de  laditte  Cour 
de  Parlement  moururent  pluficurs  desConfeillers  &c  Advocatsd'iccUe ,  & 
entre  autres  mourut  un  nommé  maiftre  Nicollc  Bataille  ,  que  an  difoic 
eftre  le  plus  grand  Legifte  du  Royaume  de  France  ,  bonne  perfonne  & 
fon  plaifant ,  qui  fut  fort  plaint  &  non  fans  caufe.  Et  diloit-on  qu'il 
mourut  par  le  courroux  qu'il  prit  de  fa  femme  ,  qui  fut  fiille  de  maiftre 
Nicolle  Erlaut ,  en  fon  vivant  Treforicr  du  Dauphiné ,  combien  qu'elle 
euft  de  fondit  mary  tout  le  olaifir  que  femme  en  pouvoir  avoir ,  &  d'elle 
avoir  eu  douze  enfans  en  mariage ,  &  avoir  ledit  defFunft ,  au  jour  de 
fon  trefpas ,  quarante-quatre  ans  d'aage.  Laquelle  femme  fe  conduific 
en  la  lefcherie  de  fa  pute  charogne  avec  ribaux  particuliers ,  durant  fon- 
dit mariage.  Et  entre  autres  entretint  en  faditte  lefcherie  un  jeune  gar- 
çon, fils  aune  vendereflc  de  poires  &  poiflbn  de  mer  des  Halles  de  Pa^ 
ris ,  nommé  Rtgnault  la  Pit^  lequel  avoir  autrefois  eue  grand  familia- 
rité autour  du  R07 ,  comme  fon  varier  de  chambre ,  &  depuis  avoir  efté 
mis  dehors  de  fon  fervice ,  par  fes  fautes  iç  abus ,  dont  l'accufa  Olivier 
le  Diable  dit  le  Dain ,  auflî  fon  compagnon ,  comme  Barbier ,  Varier  de 


mary  en  fut  adverty ,  qui  en  prit  (î  très-grand  côuroux ,  que  à  caufe 
d^icelluy  il  ala  de  vie  à  trefpas ,  qui  fur  moult  grand  dommage.  Au  Royau- 
me des  Cieux  gife  l'ame  de  luy  en  bon  repos. 

Et  après  que  le  Roy  eut  fait  &  accomply  fon  voyage  audit  lieu  de 
fainû  Claude ,  il  s'en  retourna  fort  malade  à  Noftre-Dame  de  Cltry  > 
U  où  il  fit  faneufvainc,  &  après  icellc  faite ,  moyennant  la  grâce  & 
bonté  de  la  benoifte  Vierge  Marie,  illec  rcquife ,  fc  à  laquelle  il  avoir  fa 
fînguliere  confidence  &  dévotion ,  revint  en  affez  bonne  convalcfcence> 
&  fut  fon  alegé  de  fes  maux.  Durant  &  pendant  le  temps  que  le  Roy 
eftoit  audit  lieu  de  CUry ,  y  mourut  beaucoup  de  gens ,  tant  de  foa 
hoftel,  que  d'autres ,  &  enrre  les  aurres  y  mourut  un  Docteur  en  Théo- 
logie ,  que  nouvellement  il  avoit  fait  fon  Confeiller  &  Aufmonier ,  qui 
eftoit  natif  de  Tours ,  fils  d'un  Boucher  de  kditte  ville ,  &  fe  nommoit  > 
ledit  Dodeur,  maiftre  Martin  Magifiri. 

En  après  le  Roy ,  qui  eftoit  audit  lieu  de  Cleryy  s*en  partit  &  stn 
ala  à  Mthun  fur  Loire  ,  ifainS  Laurtns  des  Eauis  ,  &  illec  environ  > 
&  y  fut  jufques  près  la  feftc  Noftre-Dame  de  my-Aouft ,  qu'il  fc  par- 
ût dudît  faittâ  Laurens  Sc  retourna  derechef  audit  lieu  de  Clery  ,  X 
Ufcfte  &  folcmnitc  de  laNoftrc-Damc  de  my-Aouft^ 


DUROYLOUYSXI.  1(^5 

'  Enladitte  année  au  commencement  de  Juillet»  fe  mirent  fus  une  belle 
&  honnefte  Ambalïàde  du  pays  de  Flandres  ,  pour  venir  devers  le  Roy  1 4  8  i< 
audit  lieu  de  CUry  ,  où  ils  arrivèrent ,  &  illec  parlèrent  au  Roy ,  auquel 
ils  firent  remonftrer  &à  fon  Confeil ,  les  caufcspour  lefquelles  ils  cftoient 
venus  devers  luy ,  de  par  les  nobles  hommes ,  gens  d'Eglife,  &  populai- 
re dudit  pays  de  Flandres.  Lefquelles  caufes  eftoient  tcndans  afin  qull 
pleuft  au  Roy  avoir  bon  appoindement  avec  luy  pour  lefdits  Flamtns ., 
qui  ne  tendoient  à  autre  fin ,  que  d  avoir  paix  finaîle  avec  le  Roy.  LeC- 
quels  Ambaflàdeurs  furent  du  Roy  très-bien  honneftement  receus  &:  re- 
cueillis ,  &  leur  fut  de  par  luy  donné  expédition ,  dont  keux  Ambafla- 
deurs  furent  très-bien  contcns.  Et  ce  fait  ils  s*en  retournèrent  audit  pay^ 
de  Flandres  ,  &  furent  conduits  &c  menez  de  par  le  Roy ,  en  la  ville  de 
Fcris  par  Mgr.  de  SainB  Pierre  ,  qui  les  fift  bien  feftover  par  le  Prevoft 
des  Marchans  &Efchevins  d'icelle  ville  de  Paris ,  bien  oc  honneftement, 
&  puis  après  s'en  retournèrent  à  G  and  &  autres  villes  de  Flandres  ^  donc 
ils  eftoient  partis.  Et  ainfi  que  laditte  Ambaflfade  s'en  retournoit ,  le 
Roy  avoit  fait  mettre  fus  les  champs  grand  partie  de  (ts  gens  de  guerre» 

au'il  avoit  en  garnifon  au  pays  de  Picardie  y  dont  avoit  la  charge  &  con- 
uitte  le  Sgr,  des  Querdes ,  laquelle  compagnie  il  faifoit  beau  veoir,  car 
elle  eftoit  tort  belle.  En  laquelle  compagnie  avoit  quatorze  cens  lances 
fournies ,  très-bien  accompagnées  de  fix  mille  SujJJes ,  &  aulfi  de  huidfc 
mille  picquiers.  Tous  lefquelsgens  de  guerre ,  ainnaflcmblez  que  dit  eft, 
s'en  alerent  à  grand  triomphe  &  bruit  mettre  le  fiege  devant  h  ville  d^j^ire, 

3ui  eft  une  très-belle  place  &  bien  affife ,  prèsde  *$".  Orner  &  Therouenne,  de- 
ans  laquelle  ville  y  avoit  plufieurs  gens  de  guenedeparleDuc  d^jiutrichi* 
En  laquelle  place ,  tout  incontinent  que  les  gens  du  Roy  y  furent  arrivez, 
Ja  battirent  moult  fort  d'artillerie ,  dont  &  dequoy  les  manans  d'icelle 
ville  furent  &  fe  trouvèrent  fort  efpouvantez  :  mais  aucuns  des  gens  de 
guerre  illec  eftans  ,  qui  avoient  bonne  intelligence  avec  ledit  Sgr.  des 
Qutrdcs  ,  pour  le  Roy ,  de  luy  bailler  laditte  place  &  ville ,  firent  com- 
pofition  pour  icelle  ville  ,  qui  eftoit  telle, qu'elle  feroit  mife  en  la  main 
du  Roy.  Et  fut  faitte  laditte  compofitioii  nar  un  Chevalier ,  nommé  le 
Sgr.  Defcomrans  (j8)  ,  qui  eftoit  du  pays  de  Picardie ,  &c  lequel  avoir 
la  carde  de  laditte  ville  de  Aire  de  par  ledit  Duc  d* Autriche.  Et  mifl; 
laditte  place  en  la  main  du  Roy ,  en  luy  faifant  le  ferment  de  le  fervir 
bien  &  loyaument ,  dont  &  pour  bien  le  recompenfer ,  le  Roy  luy  don- 
na la  charge  de  cent  lances ,  &  fi  Ixjçf  fut  outre  baillé  &  donné  trente  mille 
efcus  en  or  content. 

En  laditte  année  es  mois  d'Aouft  &  Septembre ,  un  Chevalier  du  pays 
du  Liège ,  nommé  meftire  Guillaume  de  la  Marche  y  dit  le  Sanglier  d'Ar- 
daine ,  fift  &  confpira  guerre  mortelle  alencontre  de  très-nome  Prince 
&  très-Reverend  père  en  Dieu  Mgr.  Loys  de  Bourbon ,  Evefque  de  la- 
ditte cité  de  Liège ,  qui  avoit  paravant  nourry  ledit  Sanglier  d^Ardairu^ 
Jour  le  tuer  &  mcurdrir.  Et  après  ce  fait,  de  mettre  &  faire  Evefque 
udit  LUgc ,  le  firere  dudit  Sanglier.  Et  pour  faire  par  icelluy  Sanglier 
ùl  àzmntc  entrcprife  >  k  Roj  luy  fift  délivrer  argent  &  geT>»  de  guerre 

()t)  U  eft  noamii  Cohem  dans  Comiaear»  Tofnc  L  linc  VI.  Chiqr.  IX. 


la  LES    CHRONIQUES 

en  grand  nombre.  Au  moyen  defquels  >  &  audl  de  certain  nombre  de 
^  4  S  i-  mauvais  garçons,  larrons ,  pipeurs  &  pUiars , qu'il  prit  &  aflèmbla ,  tant 
en  la  ville  cie  Paris ,  que  en  aucuns  des  villages  voifins  d'icelle  ville  % 
jufques  au  nombre  de  deux  à  trois  mille.  Lefquels  il  fift  veftir  &  habiller 
de  robes  rouges,  &  à  chafcune  defdites  robes,  dedùs  la  manche  feneftre, 

}r  fift  metrre  une  hure  de  fanglier.  Et  eftoient  lefdits  mauvais  garçons 
egerement  armez  :  ScainH  \tà\t Sanglier  les  mena  jufqu'au  pays  de  Liège. 
Etiuy  illec  arrive  trouva  façon  &  moyen  d'avoir  intelligence  avec  aucuns 
traiftres  Liégeois  de  laditce  ville ,  alencontre  de  leur  Seigneur  ,  de  de- 
ch&llèr ,  tuer  Se  meurdrir  leurdit  Evefque ,  &  le  mettre  hors  de  la  cité  ^ 
avec  ce  qu'il  avoit  de  gens  :  ce  que  firent  lefdits  Liégeois ,  &  fous  ombre 
d'une  amitié  feinte ,  qu'ils  difoient  avoir  à  leurdit  Evefque ,  luy  dirent 
que  force  eftoit  ^u'il  alaft  aflàillir  fondit  ennemy ,  &  que  fefdits  habi- 
tans  le  fuivroient  en  armes,  &  vivroient  &  mourroient  pour  luy^  & 
qu'il  n'y  auroit  point  de  faute  que  Itàit-Sansrier ,  &  fa  compagnie  de- 
meureroient  defconfits  &  deftruits.  Lequel  Mgr.  de  Liège  inclinant  ï 
leur  requefte,  faillift  de  laditte  cité  de  Liège  ^  Se  ala  avec  eux  aux  champs, 
tout  droit  où  eftoit  ledit  de  la  Marche ,  lequel ,  quant  il  vit  ledit  Evefque, 
fe  defcouvrit  de  l'embufche  où  il  eftoit,  &  s'en  vint  tout  droit  audit 
Mgr.  TEvefque.  Et  quant  lefdits  traiftres  habitans  de  Liège  virent  leur* 
dit  Evefque  es  mains  dudit  de  la  Marche  /on  ennemy  ,  luy  tournèrent 
le  dos ,  &  fans  coup  ferir  ,  s'en  retournèrent  en  laditte  cité  de  Liège. 
Et  incontinent  ledit  Mgr.  de  Liège  ,  qui  n'avoir  ayde  ne  fecours  que  de 
Tes  ferviteiirs  Se  familiers ,  fe  trouva  fort  efbahv  :  car  ledit  de  la  Marche^ 

3ui  eftoit  faillv  de  faditte  embufche,  s'en  vint  a  luy ,  &  fans  autre  chofe 
ire  ,  luy  bailla  d'une  taille  fur  le  vifage ,  &  puis  luy-mefme  le  tua  de 
fa  propre  main  :  &  après  ce  fait ,  icelluy  de  la  Marche  fift  mener  &  jetter 
ledit  Evefque ,  Se  eftendre  tout  nud  en  la  ^rand  place  devant  l'Eglife 
fainâ  Lamoert ,  maiftrefle  Eglifè  de  laditte  cité  de  Liège  ,  où  illec  fat 
manifeftement  monftré  tout  mort  aux  habitans  de  laditte  ville ,  &  à  un 
chafcun  qui  le  vouloitveoir.  Et  tantoft  après  laditte  mort  y  arrivèrent  cui- 
d^ns  le  fecourir ,  le  Duc  cT Autriche  ,  le  Prince  d'Orange ,  le  Comte  de 
Remont  Se  autres  gens  de  guerre,  lefquels,  quant  ils  fceurent  la  more 
dudit  Evefque,  s'en  retournèrent  fans  rien  faire,. à l'occafiond'icelle. 

En  laditrp  année  au  mois  d'Octobre ,  le  Roy  fe  trouva  fort  malade  ea 
Ton  hoftel  du  Plej^s  du  Parc  lez-Tours  ,  i  caufe  de  laquelle  maladie  eue 

Îrand  paour  de  mourir.  Et  pour  cefte  caufe  fe  fift  porter  à  Amboife  par 
evers  Mgr.  le  Dauphin  y  auquel  il  fift  plufieurs  belles  remonftrances ,  ea 
luy  difant  qu'il  eftoit  malade  d'une  maladie  incurable,  en  le  exhortant 
que  après  fon  trefpas  il  voulfift  avoir  aucuns  de  fes  fcrviteurs  pour  bien 
recommandez.  C'eft  aâavoir  maiftre  Olivier  le  Diable  dit  le  Dain  ,  fon 
Barbier ,  &  Jehan  de  Doyac ,  Gouverneur  d* Auvergne ,  en  difant  qu'il  aveic 
cfté  bien  fervy  d'eux ,  &  que  ledit  Olivier  luy  avoit  fait  plufieurs  grans 
Services ,  Se  qu'il  ne  fcuft  rien  de  luy ,  fi  n'euft  efté  ledit  Olivier.  Et  auffi 

Î[u'il  eftoit  eftranger ,  &  qu'il  fe  feryift  de  luy ,  Se  qu'il  l'entretenift  en 
on  fervice ,  &  aux  Offices  Se  biens ,  qu'il  luy  avoit  donnez.  Luy  recom- 
manda auffi  Mgr.  du  Bouchai^e ,  Se  Meffire  Guyot  Pot ,  Baillit  de  Ver* 
pmndoïsy  Ce  luy  enchargea  au'U  creuft  leurcpnfeil  :  car  il  les  avait  trouvez 

fagçs 


( 


DUROYLOUYSXÏ.  xC-j 

(âges  &  de  bon  confeil.  Et  fi  dit  outre  à  Mgr.  le  Dauphin ,  qu'il  confer- 
vaft  tous  les  Oificiers  qu'il  avoir  faits  en  leurs  offices ,  Se  que  principal- 
lement  il  euft  Ton  povre  peuple  pour  recommandé  y  lequel  il  avoir  mis 
en  grande  povreté  &  defolanon  ,  &  plufleurs  autres  chofes  luy  remonP 
tra ,  que  depuiS  il  fift  manifefter  en  plufleurs  des  bonnes  villes  de  fou 
Royaume  &c  en  fa  Cour  (3  9}  de  Parlement.  Et  fi  luy  dift  outre ,  que  pour  la 
conduite  de  la  guerre  il  fe  fervift  du  Sgr.  des  Qucrdcs ,  lequel  il  avoit 
trouvé  en  toutes  fes  affaires  bon ,  loyal  &  notable  Chevalier ,  &  de  bon* 
ne  &  grande  conduite ,  &  ce  fait  s'en  retourna  au  Montils, 

Audit  temps  le  Roy  fift  venir  grand  nombre  &  grand  quantité  de 
joueurs  de  bas&  doux  inftrumens,  qu'il  fift  loger  iiainâ:  Cofme  près 
Tours ,  où  illec  ils  fe  afièmblerent  jufques  au  nombre  de  fix  vingts.  Entre 
lefquels  y  vint  plufieurs  bergers  du  pays  de  PoiSoi/,  qui  fouvent  jouèrent 
devant  le  logis  du  Roy ,  mais  ils  ne  le  voyoient  point  j  afin  que  auldits  inA 
trumens  le  Roy  y  prift  plaifir  ic  paflè-temps ,  &  pour  le  garder  de  dor- 
mir. Et  d'un  autre  codé  y  fift  aufli  venir  grand  nombre  de  bigots  ,  bigot^ 
tes  9  &  gens  de  dévotion  ,  comme  hermites  &  fainâes  créatures  >  pour 
fans  ct&  prier  à  Dieu,  qu'il  permift  qu'il  ne  mouruft  point  y  &  qu'il  le 
laiflàft  encores  vivre. 

En  ce  temps  es  mois  d'Oâobre  &  Novembre ,  fe  firent  de  grans  alées 
Se  venues  par  les  Flamtns  de  la  ville  de  G  and  >  qui  vinrent  en  Ambadà*» 
de  devers  le  Roy.  Lequel  pour  les  oyr ,  y  commift  maiftre  Jehan  de  la 
yac(futrit  y  qui  eftoit  du  pays  de  Picardie  y  &  lequel  il  avoit  nouvelle^' 
ment  fait  &  créé  fon  premier  Prefident  en  fa  Cour  de  Parlement  s^ Paris, 
pour  confulter  de  la  matière.  C'cft  aflàvoir  de  bonne  paix  Se  union  eftre 
faite  entre  le  Roy  &  lefdits  Flanuns^  Et  auffi  avec  leait  Prefident  y  or-* 
donna  Se  commift  le  Roy. ,  ledit  Mgr.  des  Querdes  Se  autres.  Se  tellement 
fut  communiqué  par  lefokes  parties,  tant  a  un  cofté,  que  d'autre ,  qu'ils 
firent  Se  trai&erent  ladittc  paix  (40).  En  laquelle  faifant  fe  devoit  faire 
le  mariage  de  Mgr.  le  Dauphin  &  de  la  mie  du  Duc  d^ Autriche ,  qui 
eftoit  en  la  pofteffion  &  garde  defdks  Flamtns  de  Gan<f,  dont  de  ce  le 
Roy  fut  fon  joyeux ,  Se  eut  laditte  paix  Se  union  pour  bien  agreiible.  Et 
pour  l'honneur  d'icelle  en  fut  chanté  par  tout  le  Royaume ,  Te  Dtum 
laudamus ,  &  fi  en  furent  faits  les  feux  en  la  ville  de  Tours.  Et  inconti^ 
nent  ces  chofes  faites ,  fut  grand  bruit  ^ue  lefdits  Flamtns  s'eftoienc 
partis  dndit  lieu  de  G  and  pour  amener  laditte  fille.  Laquelle  pour  labienr 
&  honneftemenc  recueillir ,  le  Roy  y  avoit  ordonné'  Madame  de'  Btau-^ 
jeu  y  fa  fille  aifnée  ,  Madamede  i7i//7oi5  (41),  fœur  de  la  Reyne,  Mada-* 
me  de  Thouars  ,  Madame  CAdmirale ,  Se  plufieurs  autres^  Dames ,  Da-* 
moifelles  &  gentilles  femmes ,  qu'on  cuidoit  qu'ils  deudènt  venir  Se  ar^ 
river  en  h  ville  de  Paris  le  huidiefme  jour  de  Décembre.  Mais-  laditte 
venue  fejourna  pour  aucims  menus  difterens ,  qui  furvinrent  du  cofté* 
defdits  Flamens ,  &  jufques  à  ce  que  lefdits  dif&rens-  enflent  efté* 
▼uider. 

Enr 

^'3^)CfcT%.IcsPfctf\r.N<'.CCCLXr7.         (41)  Agnès,  fiïlc  de  Louis,  Duc  de 
^40}  Sur  le  Traité  d*Arras  le  13.  Decem-     Sa^oye ,  Epoufe  de  François  L  Comte  de^ 
fce  H^^«  %•  les  FreuY.  mm.  CCCjUCiX»    Duaoiv 


1481. 


i 


i6%  LES    CHRONIQUES 

En  laditte  année  IcsRoys  d*£fc9jffi6c  d* Angleterre  eurent  grand  guerre 
2  48  z.  l'un  contre  l'autre,  &c  entrèrent  leiSits  Efco[jois  bien  avant  audit  Royau* 
me  d'Angleterre ,  lequel  ils  dommagercnt  moult  fort.  Et  nonobftanc 
que  lefdics  EfcoJ/ois  eftoient  cent  mille  hommes  en  bataille  plus  que 
n*eftoient  les  Anglais  ,  toutesfois  afin  qu'ils  ne  frappafftnt  l'un  fur  Tau-- 
tre  »  Te  mift  &  fut  fait  appoinâement  entr'eux  par  le  moyen  du  Duc 
d'Albanie  ,  frère  dudit  Roy  d'EfcoJJe ,  qui  querelloit  contre  icelluy  Roy 
dEJcoffe  fon  frère.  Laquelle  querelle  d'entr'eux  cftoit  telle ,  que  ledit 
Duc  a  Albanie  difoit  que  fondit  frère  ufurpoit  fur  luy  ledit  Royaume  > 
pource  que  lefdits  Roy  d'Efco(je  &  Duc  d' Albanie  ^  qui  eftoient  frères , 
eftoient  venus  &  iftus  fur  terre  d'une  ventrée,  &  que  d'icelle  ledit  Duc 
d'Albanie  eftoit  le  premier  iflu  »  &  que  par  ainfi  il  avoir  acquis  droit 
d'aifnedè  devant  fondit  frère  audit  Royaume.  Et  à  cefte  caufe  ceux  qui 
menoient  laditte  guerre  pour  ledit  Roy  d'EfcofJe  firent  composition  avec 
lefdits  d^ Albanie  Se  Anglais  y  qui  eftoient  ensemble ,  tellement  qu'ils  ne 
frappèrent  point  les  uns  contre  les  autres ,  &  s'en  retourna  chafcun  au 
lieu  dont  il  eftoit  party. 

En  laditte  année  au  mois  de  Janvier,  vinrent  &  arrivèrent  en  la  ville 
de  Paris  les  Ambafladeurs  de  Flandres  y  qui  avoient  moyenne  la  paix 
d'entre  le  Roy  &  les  Flamens ,  au  moyen  du  mariage  de  Mgr.  le  Dau^ 
phin  ôc  de  Daraoifelle  Marguerite  d'Autriche  ,  Comteflê  de  Flandres  , 
fille  dudit  Duc  d'Autriche  ;  au  devant  defquels ,  &  pour  les  recevoir 
en  la  ville  de  Paris ,  de  par  le  Roy  ,  y  furent  Mgr.  l'Evcfque  de  Marfeil^ 
le ,  Lieutenant  pour  le  Roy  en  icelle  ville  de  Paris ,  accompagrfé  du 
Prevoft  des  Marchans  &  Efchevins^  bourgeois  Se  habitans  d'icelle  ville  t 
&  d'un  Do&eur  de  la  ville  de  Paris  y  nommé  Scourable  ,  cyai  fift  une 
moult  honnorable  propofition  par  devant  lefdits  Flamens  y  qui  moult  s'en 
tinrent  pour  bien  concens.  Et  le  lendemain  qu'ils  furent  arrivez  en  la- 
ditte ville ,  oui  fut  le  Dimanche  4.  Janvier ,  furent  lefdits  Ambaflàdeurs 
Flamens  en  l'Eglife  Noftre-Dame  de  Paris  oyr  la  Meflc.  En  laquelle 
Eglife  de  Noftre-Dame  y  furent  faites  proceflîons  generalles ,  &  y  pref- 
cha  ledit  Scourable  ,  qui  y  fift  une  gioult  belle  prédication ,  dont  tou$ 
ceux  qui  l'oyrcnt  furent  tpoult  bien  contens.  Et  de  laditte  venue  &  pu- 
blication de  laditte  paix,  en  fut  chanté  en  icelle  Eglife,  Te Deum latÛLt" 
mus  y  fait  les  feux ,  &  aufti  de  grandes  chères  parmy  les  mes  de  laditte 
ville.  Et  furent  ledir  jour  de  Dimanche ,  iceux  Ambaflàdeurs ,  au  partir 
de  laditte  Eglife  de  Noftre-Dame ,  menez  difner  en  l'hoftel  de  laditte 
ville  de  Paris ,  là  ou  illec  ils  furent  moult  bien  feftoyez.  Et  le  lendemain 
lefdits  Ambadadeurs  fe  partirent  dudit  lieu  de  Paris ,  &  s'en  alerent  par 
devers  le  Roy. 

Et  d'icelle  venue  &  bonne  paix ,  en  furent  resjouys  &  joyeux  très- 
noble  &  rrès-reverend  père  en  Dieu  Mçr.  le  Cardinal  de  Bourbon  ,  qui 
à  l'occafion  d'icelle  bonne  paix ,  fift  faire  en  fon  hoftel  de  Jipurbon  â 
Paris  y  une  moult  belle  moralité ,  fottie  &  farce ,  où  moult  de  gcnf 
de  la  ville  alerent  pour  les  veoir  jouer ,  qui  moult  priferent  ce  qui  y 
fut  fait.  Et  eudent  les  chofes  deflu (dites  efté  plus  triumphantes ,  fe  n'euft 
efté  le  temps  qui  moult  fut  pluvieux  &  mal  advenant ,  pour  la  belle  ta- 
piflèrie  &  le  grand  appareil  (^t  eu  la  cour  dudit  hoftel.  Laquelle  cour 

i  fut 


DU    ROY     LOUYS     XL  1^9 

fur  toute  tendue  de  la  tapidèrie  de  mondit  Sgu  le  Cardinal,  dont  il  en 

avoit  grand  (quantité  6c  de  belle*  1481. 

Après  lefdics  jeux ,  ainfi  faits  cjue  dit  eft  ,  lefdits  Ambaflàdeurs  s*en 
partirent  de  Paris  le  Lundy  enfmvant ,  comme  dit  eft ,  &  s'en  alerent  à 
j^mboifc  ,  où  ils  furent  moult  honnorablement  receus  de  par  le  Roy ,  & 
y  virent  par  deux  fois  Mgr.  le  Dauphin  ,  qui  les  recueillit  moult  hon- 
neftcment.  Et  à  leur  département  de  Tours ,  où  ils  furent  depuis ,  le  Roy 
leur  fift  donner  pour  leur  dcffroy ,  trente  mille  efcus  au  loleil ,  &  de 
belle  vaiflcllc  d'argent  largement ,  &  puis  iceux  Ambaflàdeurs  s'en  re- 
tournèrent à  Paris  ,  où  ils  firent  publier  en  la  Cour  de  Parlement  les  ar- 
dcles  faits  pour  ladicte  paix  :  c'eft  aflavoir  publiquement  &  en  pleine 
Cour,  à  huis  ouvert.  Et  après  laditte  Icdure  faite ,  leur  furent  iceux  ar- 
ticles confirmez  par  laditte  Cour,  Et  au  département  d'icellc  Cour , 
maiftre  Guillaume  le  Pic^^ ,  Baillif  de /?ai/^/t ,  mena  &  conduisit  lef- 
<lits  Ambaflàdeurs  &  autres  Officiers  du  Roy ,  eftans  illec  en  Ton  hoftel 
afiîs  audit  lieu  de  Paris  ,  en  la  rue  Quinquenpois ,  où  illec  il  donna  i 
difner  à  toute  la  compagnie,  de  y  furent  moult  plantureufement  feftoyez, 
â  un  jour  de  Mardy  4.  Février  1482. 

Audit  mois  de  Février  le  Roy  efcrivit  lettres  à  tous  les  Eftats  de  Pa* 
ris  9  par  lefquelles  il  les  prioit  très-inftamment ,  cju'ils  fe  voulfiflènt 
tranfporter  en  rEglifeMgr./ii/zc?  Denis,  luy  faire  prière  qu'il  veille cftre 
interceflèur  &  moyen  envers  Noftre  Sauveur  Jefus-Chrift ,  qu'il  voulfift 
permettre  que  le  vent  de  bife  ne  counift  point ,  pource  que  par  le  rap^ 
port  de  tous  Médecins ,  avoient  efté  d'opinion  ,  que  ledit  vent  de  bi(e, 
quant  il  venteroit ,  feroit  moult  de  maux,  tant  à  la  fanté  des  corps  hu- 
mains ,  que  des  biens  de  la  terre.  Et  par  l'ordonnance  du  Roy  furent 
tous  lefdits  Eftats  de  Paris  y  i  divers  jours ,  audit  lieu  de  fainS  Denis  , 
faire  proceftions  &  chanter  lefdittes  Meflès.  __«« 

Et  le  Samedy  19.  Avril  i48},  après  Pafques  ,  Mgr.  de  Beau; tu  &  Ma-  ^"'"*** 
dame  fa  femme  vinrent  à  Paris ,  pour  eux  aler  en  Picardie  recevoir  Ma-  1485* 
dame  la  Dauphinc  des  mains  des  Flamens  ,  qui,,  par  le  traifté  de  la  paix, 
la  dévoient  mettre  es  mains  de  mondit  Sgr^  de  Beaujeu  pour  le  Roy.  Et 
fift  laditte  Dame  de  Beaujeu  fon  entrée  en  la  ville  de  Paris ,  comme  fille 
du  Roy ,  &  y  fift  des  meftiers  nouveaux.  Et  eftoient  lefdits  Seigneur  &c 
Dame  bien  honneftement  accompagnez  de  grans  Seigneurs  Se  Dames , 
comme  le  Sgr.  d^Albret ,  le  Sgr.  de  SainB  Falier ,  Se  autres  nobles  hom- 
mes ,  Madame  l\Admralle ,  &  autres  Dames  &  Damoifelles ,  lefquels 
rejournerent  à  Paris  par  trois  jours ,  durant  lefquels  Mgr.  le  Cardinal  de 
Bourbon  les  feftoya  moult  honnorablement. 

Audit  mois  d'Avril  le  Roy  Edouard  d^Ansleterre  mourut  audit  Royau- 
me d'une  apoplexie ,  qui  le  prit.  Autres  difent  qu'il  fut  empoifonnc  en 
buvant  du  bon  vin  du  creu  de  Ckalluau ,  que  le  Roy  luy  avoit  donné , 
duquel  il  but  en  fi  grand  abondance  qu'il  en  mourut  :  combien  que  on  a 
dit  depuis,  que  il  vefcut  jufques  à  ce  qu'il  euft  fait  Roy  en  fon  lieu  fon 
fils  ail  né. 

Audit  mois  &  an  mourut  au(fi  Madame  Marguerite  de  Bourbon ,  fem- 
me de  Phelippe  Mgr.  de  Savoy e ,  Comtefle  de  Breffe ,  de  maladie ,  qui 
longuement  luy  dura ,  6c  d'iceile  maladie  on  n'y  peut  mettre  remeidc 
Time  IL  Y  qu'elle 


17©  LES    CHRONIQUES 

qu'elle  n'en  mourut  étique ,  dont  fat  grand  dommage  :  car  elle  eftoié 
14^3*^    en  Ton  vivant  moult  honnefte  &  bonne  Dame ,  &  pleine  de  grans  biens 
Se  vertus. 

Le  Samedy  5.  May  par  l'ordonnance  &  commandement  du  Roy,  tous 
les  Eftats  de  Paris  ,  comme  le  Prevoft ,  Juge  ordinaire ,  avec  les  Suppofts 
&  Praticiens  du  Chaftdlet  dudit  lieu  ,  la  Cour  de  Parlement ,  la  Chani^ 
bre  des  Comptes ,  les  Généraux  des  Aydes  &  Monnoyes ,  la  Chambre 
du  Trefor  &  les  Efleus ,  avec  les  Prevoft  des  Marchans  &  ETchevins  d'i- 
celle  ville ,  alerent  en  belle  procefiîon  dudit  lieu  de  Paris  ,  jufques  au 
lieu  &  en  1* Abbaye  de  lAgt.  fainB  Denis  en  France ,  illec  prier  pour  la 
bonne  profperité  du  Roy ,  de  la  Rey  ne ,  Mgr.  le  Dauphin ,  &  les  Seigneurs 
du  Sang ,  èc  auflî  pour  les  biens  de  la  terre» 

Le  Lundy  1.  Juin  >  environ  cinq  heures  du  foîr  >  fiflr  Ton  entrée  en 
la  ville  de  Paris  Madame  la  Dauphint ,  accompagnée  de  Madame  de 
Beaujeu ,  Madame  rAdmiralle ,  &  autres  Dames  &  gentils  femmes.  Et 
entrèrent  à  laditte  heure  audit  lieu  de  Paris  par  la  poncfainS  Denys  9 
où  eftoient  préparées  pour  fa  venue  trois  beaux  efcnatfaux ,  en  l'un  des- 
quels tout  en  haut  eftoit  un  perfonnage  repréfentant  le  Roy  comme  Sou* 
verain.  Au  fécond  eftoient  deux  beaux  entans ,  un  fUs  bc  une  fille ,  vef^ 
tus  de  damas  blanc ,  faîfant  &  repréfentant  Mgr.  te  Dauphin  »  &  ma- 
ditte  Damoifelle  de Flandres^^i  au  tiers  eftage  au  deilbus eftoient  deux 
perfomiages  de  mondit  Sgr.  de  Beaujeu  &  deMackmefa  femme.  Et  à 
chafcun  d'iceux  perfonnages  à  cofté  e(lx>ient  les  e(cu(K)ns  des  armes  def- 
dits  Seigneurs  5r  Dames.  Et  ft  y  avoit  aulG  quatre  perfonnages  :  c'efli 
ailàvoir  l'un  de  labeur ,  l'autre  de  Cl)ergé  y  l'autre  marchandife ,  &  l'au^ 
cre  Nobleflè ,  qui  tous  dirent  un^  couplet  à  icelle  entrée.  Et  eft  afl&vois 
que  partout  où  maditte  Damoifelle  de  Flandres  paflà  y  tout  fut  tendu 
par  les  tues ,  &  y  furent  encores  faits  plufieurs  beaux  perfonnages ,  tous 
eonfonans  aufdits  Mgr.  le  Dauphin  &  Madame  k  Dauphim^  Et  pour 
honneur  de*  fadittelvenuë  >  furent  mis  hors  &  délivrer  tous  prifonniers 
de  laditte  ville  de  Paris.  Et  y  fut  fait  nouveaux  meftiers. 

Le  Vendredy  7.  Juin  ,  environ  l'heure  d*entre  huiû  &  neuf  heured^^ 
du  foir  ,  fe  leva  grand  tonnerreaudit  Kca  Ac  Paris..  Et  à  un  des  ef* 
dats  dudit  tonnerre  qui  fut  i-  laditte  heure-»  vint  îcetluv  tonnerre  en* 
flamber  &  mettre  le  feu  au*  clocher  de  Madame  A^fainae  Geneviefre  au 
mont  de  Paris  ^  lequel  htutk  toute  k  charpenterie  dudit  clocher,  qui 
eftoit  demeurée  par  l'espace  de  neuf  cens  ans ,  fondk  toutes  les  cloches 
dudit  clocher ,  &  le  plomb  dont  il  eftoit  couvert ,  où  il  y  avoit  Mr  tC* 
timation  cent  mille  livres  de  plomb- £c  plus ,  &  y  eut  .un  gcanddom* 
mage-,  qui  eftoit  pitié  â  voir. 

Au  mois  de  Juillet  1-483.  fut  fait  &  (blemnifé-k  fefte  des  nonces  de 
Mgti  k  Dauphin  ôc  Damoifelle  Marguerite  de  Flandres  ,  en  la  ville 
d'jimboife^  Et  y  avoit  ôc*  eftoient  prefens  i^ufieurs  nobles  &  notables  per-* 
fonnages  de  ce  Royaume,  envoyez  des  citez  &  bonnes  villes  dudit 
Royaume ,  &  par  l'ordonnance  du  Roy. 

En  kditte  année  1^8^.  le  Roy  délibéra  d'avoir  &  luy  eftre  portée  la^ 
fatnâe  Ampolle ,  qui  eftoit  en  l'Eglifey^'/iâf  Remy  de  Reims  ,  8c  qui 
avoir  eft4  apportée  par  grâce  divine  dès  l'an  cinq  cens  >  par  une  Co« 

bmbe 


DUROYLOUYSXI.  171 

lonibe  blanche  >  au  bon  SainS  Remy  de  Reims  y  pour  en  oindre^  fô- 
crer  à  Roy  de  France  le  Roy  Clovis ,  qui  fuc  le  premier  Roy  Chrétien  ,  x  4^  J 
lequel  mourut  en  (41)  laditte  année,&  gifl:  en  TEglife  Ste.  Geneviefve  au 
inonc  de  Paris.  Et  par  ainfi  eftoit  demeurée  laditte  fainâe  Ampolle  ati- 
dit  lieu  de Jain3  Rtmy  neuf  cens  quatre- vingt  &  trois  ans ,  qu'elle  en 
fut  tirée  &  mife  hors  de  fon  lieu ,  &  apportée  i  Paris  par  Claude  de 
Montfaucon  ,  Gouverneur  d^ Auvergne  ,  a  ce  commis  par  le  Roy.  Et  ar- 
riva à  Paris  le  dernier  jour  de  Juillet ,  &  fut  apportée  en  grande  révé- 
rence &  procédons  repofer  en  la  fainâe  Chappelle  du  Palais  Royal  â 
Paris ,  où  elle  v  demeura  jufques  au  lendemain  au  foir ,  premier  jour 
d'Aouft  »  qu'elle  fut  emportée  dudit  lieu  de  Paris  >  au  Roy  en  fon  hof- 
tel  des  Montils  le^  Tours ,  avec  les  Verges  de  Moyfe  6c  Jiaron  ,  &  la 
Croix  de  la  Viâoire  ,  qui  auffi  fut  envoyée  par  grâce  divine  au  bon 
Roy JainS  Charlemagne ,  pour  obtenir  viûoire  alencontre  des  Infidèles. 
Lesquelles  Verges  &  croix  avoient  tousjours  efté  audit  lieu  de  la  fainâe 
Chappelle  à  Paris  ,^  avec  les  fain&es  reliques  eftans  illec  au  premier 
jour  a  Aouft  »  qu'ils  en  furent  ^vec  laditte  (ainâre  Ampolle  ,  par  l^veA 
que  de  See[  ,  &  autres  CommiUkites  à  ce  ordonnez  de  par  le  Roy  em^ 
portez. 

Le  Lundy  15.  Aouft  ,  le  Roy  devint  fort  malade  en  fon  hoftel  de» 
Montils  lei  Tours  ,  tellement  qu'il  perdit  la  paroUe  &  tout  entende- 
ment,  &  en  vinrent  les  nouvelles  à  Paris  ,  le  Môrcredy  17.  dudit  mois» 
qu'il  eftoît  mort ,  par  une  lettre  qu'en  efcrivit  maiftre  Jehan  Briçon-- 
/i^r.  AufqueUes  lettres  fut  foy  adjouftée,  pource  que  ledit  Briçonnet 
cftoit  homme  de  bien  &  de  crédit.  Et  à  çdle  caufe  les  Prevofts  des  Mar- 
chans  6c  Efchevins  de  la  ville  de  Paris  y  pour  pourvoir  aux  affaires  ai- 
cdle  ville ,  firent  mettre  garde  aux  portes  de  laditte  ville ,  pour  garder 
que  hommes  n'en  iflît  ne  y  entraft.  Et  à  cefte  caufe  fut  bruit  tout  com- 
mun parmy  laditte  ville  de  Paris ,  que  le  Roy  eftoit  ain(i  mort ,  dont 
il  n'eftoit  rien  »  &  s'en  revint ,  but  ,  parla  ,  &  mangea  rrès-bien ,  6c 
vefquit  jufques  au  Samedy  au  foir  enfuivant  30.  Aouft»  environ  l'heure 
de  entre  fix  &  fept  heures  au  foir  qu'il  rendit  l'ame.  Et  incontinent  fut 
le  corps  abandonné  de  ceux  qui  l'avoient  fervy  en  la  vie. 

Et  après  ledit  trefpas  »  fon  corps  depuis  qu'il  fut  appâreillécomme  on  a 
de  couftume  de  faire  »  fut  porté  inhumer  »  dudit  lieu  des  Montils ,  en 
l'Eglife  Noftre-Dame  de  Clery  »  pource  au'il  voulut  &  ordonna  en  fon 
vivant  que  ainfi  fut  faid  »  &  ne  voulut  eftre  mis  avec  les  deffunds  très- 
nobles  Rois  de  />tf/icefesPredeceflcurseii4'Eglife  &  Abbaye  de  fainS 
Denis  en  France.  Et  ne  voulut  jamais  dire  la  raifon  qui  le  avoit  meu  â 
ce.  Mais  aucuns  penfoient  que  ce  feuft  pour  la  caufe  de  l'Eglife,  où  il 
fift  moult  de  biens»  6c  aum  pour  la  grande  dévotion  au'il  avoit  à  la  Be-  , 
noifte  Vierge  Marie  >  priée  audit  lieu  de  Clery.  Lequel  deffund  Roy  en 

fon 


(41)  07  L' Auteur  de  cette  Chronique 
feo  ver(2  dans  notre  ancienne  Hiftoire , 
Ignorait ,  comme  on  le  remarqae  ici ,  que 
le  Roi  Clovis  ne  moonit  que  le  17e.  No- 
t.^nibre  }  i  x.  mais  cela  eft  pardonnable  à 


on  écrivain  des  tems  od  il  a  vecîi  :  il  if;no- 
roit  pareillement  que  Clovis  avoit  été  bap- 
tifé  ran  49  5.  Je  lui  pafTe  le  refte  de  fa  Re. 
marque  hUlorique  »  fur  laquelle  on  pour« 
roit  uire  quelque  ob(crvation« 

Y  *  (45) 


»7»  LES    CHRONIQUES 

fon  nvant>  A  caoTe  d'aucuns,  pcrfonnagcs  qui  eftoïenc  à  l'entoar  ie  lu 

14^3*  perfonne, comme  0/ivier /c  Diablt  ,  ait  le  Dain  t  foti Barbiec >  Jefaaa 
de  Doyae  (43) ,  &  autres  pluiîenis ,  le^uels  il  creoit  plus  que  gens  de 
fon  Royaume  ,  âft  durant  Toa  icgne  beaucoup  de  injulHces  ,  maux  6c 
violences  :  &c  tellement  qu'il  avoir  mis  fon  peuple  ft  au  bas  ,  que  au  joue 
de  fon  trcfpas  eftoit  prelque  au  defcfpoir  •-  car  les  biens  qu'il  prenoit  fur 
fonditpeuplcilles  aonnoit&  diIb:ibuoitaux£glifes,cng[aQspenGons, 
en  Amballades ,  &  gens  de  bas  eftat  &  condition.  Aufquels  pour  les  exaucer 
nefe  pouvoir  tenirde  leur  donner  argent,  biens,  &  poûèlSons ,  enrellefa^ 
çon  qu'il  avoir  donn^  &  aliéné  la  plurpart  du  Domaine  de  fon  Royau- 
me. Er  nonobstant  qu'il  eut  durant  fondit  règne  pluGeurs  aâTaircs  ,  rou- 
tcsfois  il  mift  en  teûe  fubjeâion  fcs  ennemis  >  qu'ils  vinrent  rous  par 
devers  luy  à  mercy  ,  &  fut  {I  craint.  &  doubté ,  qu'il  n'y  avoit  fi  çrand 
en  fon  Royaume ,  &  mefmement  ceux  de  fon  fang  ,  qui  dormift  ne 
rcpontft  fcurcment  en  fa  maifon.  Et  avanr  fondir  trefpas  fut  moult  fort 
molcfté  de  plufieuts  maladies.  Poui  le  guérit  defquelles  maladies.,  fu- 
rent faites  pour  luy,  par  les  Médecins  qui  avoient  lacure  de  fa  perfonne,, 
de  terribles  &  mcrveillcufes  médecines.  Lefquelles  maladies  luy  puiflcnt 
valoir  au  falut  de  fon  ame ,  &  luy  donne  fon  Paradis  par  fa  mifcricord^ 
celluy  qui  vit  &  ccgne  au  ficcle  des  fiecles.  Amiu 

(4J)  ^Voici-ivaiitpageitft 


EXTRJIli 


DU    HOY    LOUYS    XI. 


Ï75 


EXTRAIT 

D'UNE    ANCIENNE    CHRONIQUE    (i) 

commençant  en  1400.  &flnijjanten  146 y.  imprimée  dans 
les  Hijtoires  des  Roy  s  Charles  VI.  &  Charles  IVIL 

L'An  1^61.  i  rentrée  de  May ,  le  Duc  Philippe  Àc  Baurgomc  tint  la 
f(^c  de  rOrdre  de  la  Toifon  d'or ,  fort  noble  en  rEsUic  àtfainS 
Bcrtin  y  en  la  ville  dcfainS  Orner  y  où  eftoient  le  Comte  de  Charolois  , 
le  Duc  de  C lèves  ,  le  Comte  d'Efiampes ,  Adolphe  de  CUves^  Jacques 
de  Bourbon  9  quatorze  Chevaliers  de  cet  ordre ,  les  Evefques  de  Thcrouan^ 
ne  f  d'Amiens  y  de  Salubrie  &  de  Tournay  (i)  les  Aobés  des  Dunes  , 


le  fer  vice  devant  le  DuCr 

La  Dauphine  accoucha  d'une  fille  audit  an  à  Geneppe* 

L'AmbalIade  êi  Outremer  y  dont  eftoit  chef  un  Cordelier  Patriarche 
d'Antioche  (5)  ,  vint  devers  le  Roy  de  France,  y  &  puiç  devers  le  Duc 
de  Bourgogne  requérir  leur  aide  &  iecours  contre  le  Turc.  Le  Duc  la  ré- 
cent ^faint  Orner  le  i8.  May  &  la  deffraya  pendant  le  temps  qu'elle  fut 
auprès  de  luy  j  il  y  avoir  des  Ambaflàdeurs  de  Trebifonde  y  du  Roy  de 
Perfe  ,  du  Duc  de  Géorgie  ,  du  Seigneur  d'Arménie  6c  du  Soudan  Roy 
de  Mejbpotamie. 

Le  jour  de  la  fefte  de  k  Ma^detaine  y  trefpafïà  de  ce  monde  dans  le 
Chafteau  de  Meun  en  Berry ,  Charles  VII.  de  ce  nom ,  Roy  de  Fran-- 
ce  y  âgé  de  5  8.  ans,  &  de  fon  règne  le  j  9.  dont  le  Corps  fut  porté  à  Paris, 
&  de  Paris  à  fainS  Denis  ,  la  où  il  fut  enterré  fort  honnorabkment , 
dans  la  Chappelle  Se  proche  de  fes  Père  Se  grand  Pere^ 

Au  commencemenr  du  mois  d'Aouft ,  Mr.  de  Beaujeu  ,  Mr.  le  Duc  dç 
Bourbon  ,  T  Archevefque  de  Lyon  ,  Se  Mu  Jacques  de  Bourbon  vinrent 
en  la  ville  du  Qucfnoy  en  Hainauty  yi£ter  le  Comte  &  la  Comteilè  de  Cha^ 
rolois  leur  foeur.  Toft 


(41). Cette  Chroniqae  a  été  angmenci^ 
depuis  1461.  Bc  continuée  jufques  en  1476. 
for  les  Nocces  des  Journaux  tenus  par  les 
Maîtres  cTHotel  des  Ducs  de  Bourgogne. 

(41)  Cétoit  Guillaume  Gallois ,  ou  Fil* 
latre^qul,  malgré  uœ  naiflance illegiti- 
me  y  ne  laiflà  point  de  parvenir  à  de  gran- 
des dignitésEcdefiaftiques.  Il  fut  £v£quc  de 


Tournay  &  ChaneelGerdefaToKbn  d'Oiv 
(  )  )  Ce. Cordelier,.  nommé  lotfis  ^ 
BùttiûpUy  étojt  un  maicie  fourbe»  quî^  ^prèp 
avoir  trompé  bien  des  gens ,  fut  encore  au 
i2s  heureux  pour  trouver  une  retraitte  au* 
pris  du  Duc  de  Bourgogne ,  qui  {employa 
a  quelques  négociatK>os  :  ilvitoic  encore 

»cnr47^ 

Y  3  (4) 


H6i 


174  LES    CHRONIQUES 

Toft  après  le  trcfpas  du  Roy  Charlis  VIL  Louis ,  fon  fils  saùié  ac-"^ 
1  J-.  f-...^  nL:i: j^  d o.  ^'j^m^çg  grands  Sci- 

Franct  à  grand  hon« 


1 4^  I  f     compagne  du  Duc  Philipppe  de  Bourgogne  ,  &c  d'autres  grands  Sci- 
gneurs ,  s*cn  alja  à,  Rhcims ,  où  il  fut  façré  Roy  de 


neur  &  folemnité  le  x  5.  Aouft  (4). 
.  Le  Lundy  dernier  jour  d' Aouft ,  le  Roy  Louys  »  Accompagné,  comme 
deflfus ,  fit  ion  entrée  dedans  Paris  >  qui  fut  noble  Se  très-belle  à  re- 
garder. 

Le  Dimanche  13.  Septembre  le  G>mte  de  Charolois  eftant  à  Paris  fit 
des  jouftes  devant  Thoftel  du  Roy. 

Le  Duc  de  Bourgomc  panit  de  Paris  le  Mercredy  jo.  Septembre  te 
alla  coucher  iJainSt  Daiys  ,  où  iLre(la  deux  jours  *,  puis  en  partit  pour 
retourner  en  (es  pays  s  il  ^iva  le  Lundy  i  ^  •  Oâobre  en  la  ville  de  f^a- 
UncUnnci  avec  1* Archevefque  de  Lyon  ,  TEvefque  de  Licgc  ,  les  Comtes 
iTEJlampcs  &  àtjairicl  Paul^  Mr,  Jacques  de  Bourbon  ,  Mr.  Adolphe  de 
C/evfs ,  8c  autrçs  Seigneurs  ,  il  y  reçeut  les  Ambaflàdeurs  du  Pape  &  du 
Roy  d'Angleterre  Edouarfl  ^  lefquels  il  feftoya  fort.  Il  alla  enfuite  à 
Ivoix  au  pays  de  Luxembourg  ,  où  il  refta  depuis  le  i8.  Oâobre  jufques 
au  5  Novembre ,  qu'il  en  partit  pour  retourner  iBmxçllçs  ^  pù  il  arriva 
le  Samedy  18.  Novembre. 

Le  Comte  de  Charolois  fit  pendant  ce  temps  un  voyage  en  Bourgogne  : 
il  arriva  i  Dijon  >  le  Dimanche  i  \.  Oârobre ,  &  en  panit  le  19.  pour  , 
aller  ifainS  Claude  ^  où  il  arriva  le  t6.  au  foir  :  il  en  partit  le  lende- 
main pour  aller  à  Chalons  fur  Saône  y  enfuite  à  Bourbon  Lancy  ^  i 
Moulins  y  où  le  Duc  de  Bourbon  ,  fon  beau-frcrc  (5)  le  deffraya  pen* 
dant  fept  jours.  Il  fe  rendit  enfuite  à  Nevers ,  où  le  Comte  de  ce  nom  le 
regala  pendant  quatre  jours*,  enfuite  il  fe  rendit  à  Tours  9  où  il  arriva  le 
Dimanche  ii.  Oé^obre  ^  deux  jours  après  il  y  donna  à  fouper  au  Roy, 
avec  lequel  il  alla  çn  pèlerinage  à/ainac  Catherine  de  Fierbois  ,  d'où  ils 
revinrent  enfemble  à  Tours  le  4.  Décembre  :  le  Comte  y  refta  jufques  au 
Vcndredy  onziefme ,  qu'il  en  partit  pour  aller  à  Amboife ,  &  pendant 
que  le  Comte  fut  à  Tours  &  en  ce  pèlerinage  »  il  fiit  tousjpurs  defirayé 
a^x  dépens  du  Roy. 

Le  Parlement  de  Paris  fit  de  belles  remontrances  au  Roy  {6) ,  fur 
les  liberrés  de  l'Eglife  Gallicane. 

Le  Chancellier  des  Urjins  fut  defapointé ,  &  Pierre  de  MorvUlier  fuç 
Chancellier  en  fa  place. 

Le  Mvefchal  de  Loheac  ,  TAdmiral  9  le  Prevoft  de  Paris  &  autres  i 
furent  aufii  defapointés. 

Audit  an  fut  Tefté  beau  Se  fec  >  les  vins  bons  &  vineux  y  6c  le$  bleds  à 
bon  compte. 

Ceuic  de  Rheims  fe  mirent  en  fedition  Se  tuèrent  aucuns  des  Fermiers 
du  Roy,  qui  y  envoya  une  fecrette  armée  fous  le  Seigneur  de  Mouy  y  (jui 
en  fit  prendre  quatre-vingt  ou  cent  d^s  plus  feditieux ,  &  les  fitd^apiter 
ic  depuis  la  ville  fe  tint  en  paix.  Potor^ 


(4)  V0y$K  le  Cecemooial  de  France  > 
Tome  I.  pag.  17&.  &  17^. 

(  5  )  Le  Comte  de  Charolois  avoir  t^w^ 
(t  I£d>çllc  de  Bourbon ,  fopm  du  P)ic  de 


ce  nom. 

{6)  Elles  ft>Dt  imprimées  dans  les  Mé' 
moires  de  Du  Tillet ,  anfli  bien  que  dans  te 
&ecueUdesl4benezde  l'Eiglife  Gallicane» 

<7} 


DUROYLOUYSXr.  175 

Poton  de  SainurelU  (  ou  Xaintraillcs  )  y  Senefchal  de  Guyenne  »  mou- 
rut ^Bourdtaux  :  ceftuy  Poton  &  la  Hirc  en  leur  temps  fervircnt  le  feu      i^6u 
Roy  knoult  notablement  Se  vaillamment  >  &c  furent  Capitaines  plus  re> 
nommés  que  nuls  autres  de  leur  temps; 

Le  douziefme  jour  d'Odobre  ^  fîit  prefque  toute  brûlée  la  ville  &  fE- 
glife  A^Evcre  (  ou  àiEvreux). 

Audit  an  entre  la  fainB  Rcmy  &  là  Touffaints  ,  furent  veus  en  L*aic 
plufieurs  fignes ,  comme  brandons  de  feu  ^  oC  d'autres  merveilles. 

Le  Comte  de  Charolois  éftant  avec  le  Roy  en  Tourainc  y  fe  perdit  it 
une  chafle ,  à  la  très-grande  dcplaifance  du  Ray,:  Se  puisiLfut  retrou* 
vé ,  &  par  fon  moyen  fut  délivré  le  Duc  de  Sommtxfee  Anglois  y  qjae  les 
François  vfoicnt  pris  ,  &c  s*en  alla  demeurer  à.^riigr^^» 

Le  Roy  ayant  conftitué  le  Comte  de  Charolois  ton  Lieutenant  gênerai 
en  la  Duché  de  Normandie  y  à  trente- fis  mille  francs  de  penfmn ,  ce 
Comte  fe  rendit  à  Rouen  le  Samedy  19.  Décembre ,  &  en  partit  le  ix^ 
pour  fe  rendre  en  Artois  ,  &c  de-U  yicts  le  «Duc  de  Bourgogne  fon  père  à 
Bruxelles  y  où  il  arriva  le  Mardy  au  foir  v^  Jannôer. 

Le  Roy  Louysmit  jus  audit  an  la  RragmatiqueSanâioa  y  sL  la  prière 
du  Pape,  laquelle  avoir  duré  en  France  plus  de  trente  ans  (  c'eftoit  de> 
puis  Tannée  14  j8v) 

Audit  an  tiefpaflà  lA^tCitcFloquet  ^imUant  CapitainCyBailly  é^EvreuXySc 
maiftre  Nicolas  /io/c/i ,  mourut  iAutAuny  Cbancelliei  du  Duc  de  Bourr 
gome  y  (âge  Seigneur  éc  riche.. 

Le  Roy  eftant  à  Tours  le  18.'  Décembre  y  refut  Thommage  du  Duc 
écr  Bretagne  ,  tant  pour  ce  Duché  y  que  pour  les  Comtés'de  Momfort  Sc 
iPEfiampes  (7}  ,  après,  quoy  le  Roy  alla  en  pellerinagc  sL  Noftre^Dame 
de  Kedon  en  Bretagne. 

Loaysd^ Albret  Sc  jchzn^Jeaffi'CKy  y  EvcSqucd^Arras  3. furent  faits- Car^^ 
dinaux  par  le  Pape  Pius  IL 

Le  Duc  de  Bourgogne  eftant  ^Bruxelles  le  Dimanche  17^  Janvier ,  y 
regala  le  Comte  Thomas  d'Ariette  ôc  autres  Ambafladeurs  du  Duc  de 
Milan  ,  TArchevef^ue  de'I.yo/z  ,|les£vef<^uesde£/^,ideCVx/7z^rtfj'  &de 
Tourmay ,  &  fk  faire  en  {bn>hoftel  le*fîtftin  desnopces  de  Jeian  de  Fau-^ 
travers  &  d'Ifàbetle  de  Franciere  ,  &G  le  lendemain  tomba  C^  grièvement 
malade,  a u'il  fut  abandonné  des  Médecins  >  puis  revint  en  convalef* 
cence  par  lai^gracede-Dieu ,  après  oinq  mois  de  maladie  >  ayant  congçdi^ 
{ts  Médecins  fbulement  le  4.  Juilkt  iuivant.. 

En  cet  an  tre(pa(Ia  la  Dame  êiCr.Raveftain  {  Beatrir  àc Portugal)  très*- 
bonne  Dame  &c  honnorable,  niepce  de  la  Ducheflè  de  Bourgogne  y  Se 
fut  commune  renommée  qu'elle  fut  empoifonnéc^(  par  Jean  Con/lain  ^ 
duquel  il  eft  parlé  cy-après.)  (i) 

Audit  an  environ  l'entrée  de  Mars  trefpa(!a  Dame  Jeanne  de  .ff^r^ 
Comtedè  àcfainS  Paul ,  laquelle  laiflà  d'elle  quatre  fils  &  quatre  filles. 

Meffirc 


C?)  E'Afte  eneftimprimé^disuisfaNoa^ 
vdlc  Hiftbirttl^  Bretagne ,  Tom.  II.  col- 
ixv%.V»ytK  aufli  lao^eii.  ci-deflus  ,  od 
Ion  trouTcksdifficuicez  que  fit  ccfcrmcnt* 


(8)  Voyez   Mbnftrcfet ,  volume  II h 
P^S'  ^  )  •  $7  ^^  ^^°  crime  eft  fon  àiiHMS^ 
û  vouloit  empoUbaner  le  ComcexlcCba-^ 
toloif.^ 


i7<5  LES    CHRONIQUES 

Meflire  Gaiivin  Quicrct ,  vaillant  homme  d'armes  »  trefpalla  au(E  en 
i4^r,     la  ville  à: j4ttcvi//c. 

Au  mois  de  Mars  la  Ducheilè  d'Orléans  accoucha  d'un  beau  Gis  (il 
a  ejté  depuis  Roy  de  France ,  )  &  le  tint  fur  les  fonds  le  Roy  Louys  » 
qui  luy  donna  (on  nom ,  ôc  la  Rcyne  d'Angleterre ,  qui  eftoit  venue 
.^...^  requérir  fecours  au  Roy ,  pour  recouvrer  le  Royaume  à! Angleterre. 
Y±6^       Pafques  arriva  le  i8.  Avril. 

Le  jour  dcfainS  Jacques  ScfainS  Chrillophe ,  (  X5.  Juillet  )  de  Tan 
i^6i.  Jean  Confiain  fommelier  du  corps  ài  Duc  Philippe  de  Bourgogne 
fut  décapité  au  Chafteau  de  Rupelmonde  ,  pour  (es  maléfices ,  &  d'au« 
tant  ou  u  machinoit  (Se  contendoit  à  empoifonner  le  Qïmte  de  Charolois  \ 
&  ledit  jour  ce  Comte  y  qui  eftoit  à  Bruxelles  en  partit  après  difner  pour 
aller  au  Chafteau  àt  Rupelmonde  ,  où  il  refta  jufques  au  Samedy  51. 
Juillet ,  qu  il  en  partit  pour  venir  i  Anvers  ,  &  enfuite  aller  en  Holla* 
de  y  ovLÛ  refta  pendant  les  mois  d'Aouft  &  de  Septembre  >  n'eftant  re- 
venu à  Bruxelles  que  le  Mardy  5 .  Oâobre. 

Le  1 5.  Septembre  rrepafla  l'Abbé  de  SainS  Faaft  d'Arras ,  Jean  du 
Clerc  (9) ,  Grand  Amiiofnier»  &  Prélat  de  grand  gouvernement  &  belle 
conduitte^  âgé  de  9(7^  ans. 

Le  Duc  de  Bourgogne  envoya  le  Sgr»  de  Chimay  devers  le  Roy  Louys^ 
pour  aucuns  difFerens  eftans  entre  eux ,  &  parla  lors  au  Roy  fi  aigrement, 

3ue  plufieurs  en  eurent  grande  merveille ,  pour  ce  que  le  Roy  luy  avoir 
emandé  yji  le  Duc  de  Bourgogne  ejloit  d'un  autre  metail  que  les  autres 
Princes  (lo). 

Le  Mardy  18.  Septembre  la  Ducheflè ,  veuve  du  Duc  de  Cleves ,  vint"^ 
voir  le  Duc  de  Bourgogne ,  fon  frère >  qui  eftoit  lors  i  Bruxelles^  &  refta 
avec  luy  jufques  AU  15.  Oétobre. 

Le  Samedy  i(>.Oâobre  arriva  auûi  à  BruxelUi  la  Duchefiè  veuve  du 
Duc  de  Bourbon  i  pour  demeurer  avec  fon  frère  le  Duc  Philippe  de  Bour^ 
gogne,  &  amena  avec  elle  plufieurs  de  fes  enfan$ ,  que  ledit  Duc  honnora 
6c  avança. 

Le  Dimanche  17. Oûobre  le  Duc  de  Bourgogne^  pour  témoigner  la 
foye  qu'il  avoit  d'avoir  avec  luy  fes  deux  fœurs  les  Duchedès  de  Bourbon 
&  de  Cleves  ,  leur  fift  un  grand bancquet,  où  la  Duchefiè  de  Bourgogne^ 
)a  Comteflc  de  Charolois ,  Mefdcmoifelles  de  Bourbon  ,  le  Duc  oc  C/«- 
vesy  l'Archevefquede  Lj^on ,  Monfeignçur  Jacques  de  Bourbon ,  Adol* 
phe  de  Cleves  ,  &  le  petit  Comte  de  W'irtemberg  ailifterent  \  le  Comte  de 
Charolois  ne  s'v  trouva  pas,étant  pour  lors  à  Aibeville^d'où  il  ne  revint  i 
Bruxelles  que  le  z  5 .  Oâobre. 

Le  Dimanche  14*  Novembre,  le  Duc  de  Bourgogne ^  étant  \ Bruxelles^ 

fit 
au  Seigneur  de  Chimay ,  comment  il  avoic 


{9)  ^fy  Voyez  Monftrclet »  page  9T. 
à  Tau  1461.  ou  il  fait  l'Eloge  de  ce  Prélat. 

(10)  Le  Seigneur  de  CfeiVw^  luy  répon- 
dit :  Ouy  il  $fi  ttun  mtUre  metml ,  pà]qH*il 
twus  s  gmfiiéé*fime9tH  contre  UB^,  vôtre 
fere ,  ceque  nul  autre  Prince  nuroit  voulu 
faire  :  le  Comte  de  Dunois  n'aysM^ic  pas  ap- 
prouvé cette  réponfc  ,  ^  ayant  dwandé 


ofé  parler  ainfi  au  Roy  -,  ce  Seigneur  lui  ré- 
pondit  :  Sij'avois  été  à  cinquante  lieues ,  ^ 
euffèfenfé  que  le  Roy  m'ettt  voulu  dire  ce 
qu'il  ma  dit  de  hhnfeigneur  mon  Maure ^ 
je  foroit  venu  four  lui  dtre  ce  qtteje  lui  ai  réy 
fondu,  Mooftrelet  >  Vol.  III.  pag.  9  ^.  Voyen^ 
auffilaCl^omqueci-dçirus  pag.  14. 

(u) 


r 


D  U    R  O  Y    L  O  U  Y  S    X  I.  17^ 

8t  un  grand  banquet  à  la  Ducheflc  de  Bourbon ,  &  Mefdemoifclles  de     .    ^ . 
Bourbon ,  où  le  Comte  &  la  Comteflè  de  Charolois ,  1* Archevefque  de       ^     ' 
Lyon  ,  Mgr,  Jacques  de  Bourbon  ,  le  Sgr.  de  Ravejlain ,  le  Comte  do 
Sainct  Pol  y  le  Comte  iPEJlampes  ,  Mgr.  Adolphe  de  Gucldns  ,  qui 
étoit  venu  voir  le  Duc  ,  &  autres  aflifterenr. 

Le  Roy  de  France  envoya  en  AngUurrt  le  Grand  Sencfchal  de  Nor^ 
mandu  ,  meflire  Pierre  de  Brc^é  avec  deux  mille  combattans. . 

Le  Duc  de  Bourgoont  envoya  cent  hommes  d'armes  &  quatre  cens 
archers  à  rEvefque  <fc  Maytnct ,  pour  l'aider  en  une  guerre  ,  que  ledit 
Evefque  avoit  contre  un  Seigneur  (T Allemagne. 

Entreveuc  du  Roy  de  France  ôc  du  Roy  de  CafHlle  à  Fontarabie. 

Le  Comté  de  Roujfillon  fut  engagé  à  la  France  y  ce  qui  a  caufé  depuis 
de  grandes  brouilleries  avec  les  Roys  <VArragon. 

Le  Dimanche  20.  Février ,  le  Comte  &  la  Comteflcde  Charolois ^kt^nt 
en  la  ville  du  Qttefnoy  en  Hainaut ,  firent  faire  en  leur  Hôtel  &  à  leurs 
dépens,  le  banquet  de  nopces  de  Jean ,  Seigneur  de  SainB  Simon >  &  de 
Jeanne  de  la  Trimouille.  ^mmÊmmmmm 

L'an  14^3.  Pafques  arriva  le  10.  Avril,  &  le  19.  de  ce  paois  trepafla  T 

maître  Robert  le  Joru ,  Gouverneur  d  Arras  ,  qui  tout  fon  temps  eut     ^  4^  J* 
grand  gouvernement ,  âgé  lors  de  quatre-vingtniouzeans ,  fon  fils  meflire 
Guillaume  le  Jone ,  Chevalier ,  Seigneur  de  Contay  ,  luy  fucceda  dans  ce 
Gouvernement. 

Le  Duc  de  Bourgogne  envoya  une  Ambaflàde  devers  le  Pape  PiuSypovUi 
être  difpenfé  du  vœu ,  qu'il  avoit  fait  d'aller  contre  le  Turc ,  Se  pour 
pouvoir  en  fon  lieu ,  y  envoyer  Cvt  mille  combattans  à  fes  propres  coûts  Se 
dépens. 

Le  Dimanche  11.  Juin,  en  la  ville  de  Bruges  fc  firent  les  nopces  de 
Mgr.  Philippe  Baftard  de  B rabane ,  &  de  Demoifelle  Anne  de  Baeujt ,  en 
l'Hôtel  &  aux  dépens  du  Duc  de  Bourgogne ,  qui  étoit  lors  en  cette  ville 
avec  la  Duchefle  de  Bourbon ,  Mefdemoifelles  fes  filles ,  les  deux  petits 
Baftards  de  Bourgogne  y  Mgr.  Jacques  de  Bourbon  y  Mgr.  de  Ravejlain  Sç 
autres. 

Le  Dimanche  t6.  Juin  le  Comte  &  la  Comccflc  de  Charolois  ctans  en 
la  ville  du  Quefnoy  en  Hainaut  y  firent  faire  en  leur  Hôtel,  &  à  leurs  dé- 
pens y  le  banquet  de  nopces  de  Guillaume ,  Seigneur  de  Stavele  y  fils  du 
Vicomte  de  Furncs  y  £(,Àt  Demoifelle  Leonor  de  PoiSiers ,  fille  de  Mr. 
iTArcy. 

Le  Duc  de  Bourgogne  étant  à  Hefdin ,  le  Lundy  premier  four  d'Aouft, 
«vec  la  Ducheflè  de  Bourbon  &  Mefdemoifelles  (es  filles ,  fit  régaler  aux 
fontaines  du  parc,  le  Patriarche  de  Hierufalem  (11),  l'Admirai  &  autres  ' 
Ambaflàdeurs  de  France ,  &  dix  jours  après  il  en  partit  pour  aller  à  No- 
tre-Dame de  Boulogne ,  où  il  arriva  le  Samedy  i  :;.  Aouft  ;  il  y  fejourna 
iufques  au  Jeudy  25.  Aouft ,  qu'il  en  panit  pour  aller  à  Saincl  Paul  Se  de 
là  i  Hefdin  ^  où  il  arriva  le  Jeudy  premier  Septeipbjre,  &  refta  jufques  au 
^4.  OAobre. 

Le  Dimanche  7.  Aouft  le  Comte  Se  la  Comteflè  de  Charolois  étans  au 

Quefnoy 

(i  i)  Cétolt  LooU  dcHarcQor ,  Evéquc  de  Bayçux* 

Tome  II.  Z  (ii> 


17»  LES    CHRONIQUES 

Quefnoy  en  Hainauty  firent  faire  en  leur  Hôcel&  à  leurs  dépens,  le 
ï  4  ^  3  '     banquet  de  nopces  du  Seigneur  de  Stadts ,  &  de  Marie ,  fille  du  Seigneur 

de  Uarchics. 

La  Reyne  d^ Angleterre  fut  en  aventure  de  perdre  ta  vie  &  fon  fils ,  e» 
une  foreft  du  pays  ,  où  ils  furent  pris  &  debagués  de  Brigands ,  puis  s'e» 
vint  au  refuge  vers  le  Duc  de  Bourgogne ,  qui  la  fit  recevoir  en  la  ville^ 
de  SainS  Pau/ ,  &  régaler  le  Venarcdy  i.  Septembre  ;  après  quoy  il  U 
fit  convoyer  &  guider  jufques  en  Lorraine  à  Nancy-le-Duc  ,  &  uluy  don- 
na de  beaux  dons  &  riches. 

La  Comtefle  d^Eu  accompagnée  d'Etienne  Chevalier  ^  Trcforierde  Frang- 
ée ,  vint  à  Hefdin  au  commencement  du  mois  de  Septembre ,  le  Duc  de^ 
Bourgogne  la  fit  deffraycr  pendant  le  temps  qu'elle  y  fut. 

Le  Roy  donna  au  Sgr.  de  Croy  l'Office  de  Grand  Maître  d'Hôtel  de 
France  ,  &  fi  luy  donna  la  Comté  &  la  Seigneurie  de  Guines  étant  es 
mains  des  Anglois^ 

Jean  (  de  bourgogne  )  Comte  d'Eflampes ,  coufîn  germain  du  Duc  de 
Bourgogne ,  &  de  tout  temps  nourry  en  la  Maifon  de  Bourgogne ,  laifla 
cette  Maifon ,  &  fe  retira  en  la  Maifon  du  Roy ,  pour  ce  que  le  Comte  de 
Charolois  ne  l'avoit  point  en  grâce  (12). 

Le  fixieme  jour  de  Septembre ,  fut  par  le  Parlement  fentence  rendue* 
contre  meflîre  Antoine  de  Chabannes ,  Comte  de  Dampmartin  ,  &  fut 
jugé  digne  de  mort,pour  caufe  d'avoir  commis  crime  èi^le:^'Majtfii  (i  3}>- 
mais  le  Roy  luy  fauva  la  vie>  &  le  fit  remettre  en  orifon.. 

Le  Roy  par  la  finguliere  volonté  fit  ardoir  &  brûler  tous  les  rcts&  touk. 
les  filets  fervans  à  prendre  beftes  fau^ges  en  l'Ifle  de  France ,  &  en  plu*^ 
fieurs  autres  lieux.. 

Le  Roy  rembourfa  le  Duc  de  Bourgogne  de  quatre  cens  mille  efcus  > 
&  reprit  a  luy  les  villes  &  les  terres  engagées  fur  la  rivière  de  Somme  „ 
pour  pareille  fomme  »  pui3  vint  devers  le  Duc ,  lors  étant  en  la^ville  de 
liefdin  :  il  y  demeura  &  fut  deffrayé  pat  le  Duc>  depuis  le  Mercredy  1%^ 
Septemore  jufques  au  Mercredy  i9..0â:obre,  qu'il  en  panit  après-dinert 
k  Comte  &  la  Comteflfe  de  Charolois  étoient  pour  lors  à  la  Haye ,  où  le* 
Comte  rcfta  jufques  au  Samedy  17^  Décembre^ 

Le  Roy  depofa  pluficurs  des  Officiers  des  pays  dégagés»,  nonobftanr 
qu'il  eût  promis  au  Duc  de  Bourgogne ,  qu'il  n'en  y  mueroit ,  ny  change*- 
«oit  aucuns ,  &  en  eut  le  Sgr.  de  Lannoy  la  plus  grande  part  {çu perte  )  ^ 
dont  plufieurs  gens  murmurèrent  aâes. 

Le  15.  Octobre  apparut  en  l'air  un  grand  brandon  de  feu. 

Le  jo.  Oûobre  mourut  Dame  Marie  de  Bourgogne ,  veuve  d'Adolphe- 
Duc  de  Cleves  ;  le  Duc  de  Bourgogne ,  fon  frère ,  étant  à  Bruges ,  luy  fie 
faire  des  obfeques  le  Samedy  16.  Novembre. 

\sl  Reyne  de  France ,  Marie  d'Anjou  >  veuve  du  Roy  Charles  VII. 

trepaf& 


(11)  Ce  ne  fiit  pas  la  feule  rai  Ton ,  mais 


encore  parce  que  ce  Prince  &  Je  Comte  de     MJirthê ,  Généalogie  de  la  Maifon  deFran- 


Nevcrs  j^fon  frère ,  avoient  de  grandes  pré- 
tentions fur  1»  Duché  de  Brabanc  &  autres 
Seigneuries ,  fur  quoi  le  Duc  de  Bourgo- 


gne refufbit  de  Teur  faire  juftice.   Sainf- 


ce.  Coquille  ,  Hift.  de  Nevers. 

(i  3)  ycjfêtc  les  Lettres  de  Rabelais  >f  ag- 
163.  édition  de.1 7x0. 

(14) 


r>u  Rov  LOUYS  X  r.       179 

trepaflk  le  19.  Novembre ,  le  Duc  de  Bourgogne  lay  fie  faire  des  obfeques 

•en  la  ville  de  Bruges ,  où  il  écoic  >  le  Samedy  14.  Décembre.  s  4  ^  J  • 

Le  Dimanche  1 8.  Décembre  en  la  ville  de  Bruges ,  fe  firent  en  THotel 
&  aux  dépens  du  Duc  de  Bourgogne ,  les  nopces  de  Msr.  Adolphe ,  lors  fils 
unique  de  Mgr.  Amoul^  Duc  de  GueldreSy  avec  Mademoifelle  Catheriruy 
fille  de  Madame  la  Duchefiè  de  Bourbon  ;  le  Comte  de  Charolois  écoic 
pour  lors  à  Rourdam^  &  la  Comceflè  à  la  Haye ,  où  le  15.  Décembre 
elle  regala  le  mefme  Adolphe^  (fon  beau-frere)  (14)  qui  l'y  étoitallé  voir. 

Toft  après  fut  grand  trouble  &  débat  encre  le  Duc  de  Bourgogne  Se  le 
Comte  de  Charolois  fon  fils ,  pour  leurs  fcrviceurs ,  que  chacun  d'eux  ce« 
noir  contre  le  gré  l'un  de  l'autre  y  pour  lequel  débat  appaifer ,  furent 
afièmblez  les  trois  Eftats  des  pays  du  Duc  »  qui  les  mirent  en  bon  accord» 
fi  que  le  fils  retourna  devers  fon  père  à  Bruges  »  où  il  arriva  le  Lundy  i  ;. 
février ,  &  demeura  trois  jours  avec  luy ,  après  quoy  le  Duc  partit  pour 
venir  à  Lille  >  où  il  arriva  le  Samedy  i  S.  Février ,  &  où  il  tefta  jufques  au 
mois  de  May  fuivant  :  le  Comte  retourna  en  Hollande. 

Le  Jeudy  9.  Février  le  Duc  de  Bourgogne  étant  en  la  ville  de  Bru" 
ges  y  fit  faire  en  TEglife  de  fainS  Donas  les  obfeques  de  la  Reyne 

d'EMe{xs). 

Le  Roy  fejourna  un  peu  de  temps  à  Tournay ,  audit  an ,  après  qu'il 
"CÛt  été  en,  la  cité  Itz-Arras ,  &  fut  audit  Tournay  rcceu  fort  nonnora- 
blement ,  puis  s'en  ala  à  Lille  {16)  ovl  étoit  le  Duc  de  Bourgogne  y  qui  le 
teceut  là  h>rt  noblement  \  à  cette  fois  le  Roy  détourna  le  Duc  du  voyage 
qu'il  avoir  conclu  de  faire  en  Turquie ,  le  Roy  retourna  en  France ,  fie 
trouva  i/ainS  Cloud  la-Paris ,  le  Duc  de  Savoy e  6c  fon  fils  aifné ,  qui 
l'avoient  là  longuement  attendu. 

L'an  14^4.  totl après  Pafqucs,  qui^toit  arrivé  le  premier  Avril,  le  — <■ 
Roy  manda  &  pria  Philippe  de  Savoye^  troifieme  fils  du  Duc  de  ce     14^4* 
iK)m  (17) ,  de  venir  vers  luy  en  feureté,  mais  il  le  fit  prendre  &  mener 
prifonnier  au  Château  de  Loches  tn  Touraine ,  où  il  le  nt  tenir  l'efpace  de 
cinq  ans. 

Le  1 5 .  May  le  Roy  retourna  â  Paris ,  où  la  Reyne  étoit  accouchée 
d'une  fuie. 

Le  Comte  de  Nevers  (Charles  de  Boureogne)  trepafià ,  &  le  Duc  de 
Bourgogne  étant  à  Bruges  luy  fit  faire  des  obfeques  le  Vendredy  1  j .  May. 
(Jean  <fc  Bourgogne)  Comte  d^EJlampeSy  frère  de  ce  Comte  de  Nevers  ^ 
lujr  fucceda  en  fes  Terres  de  Nevers ,  de  Rethel ,  de  Dons;y  ,  &  autret 
Seigneuries. 

Au 

1 4)  Il  venoit  d'éponfer  fa  fœor. 

If)  Elle  (è  nommoic  Marie,  &  écoic 
fille  ^Araoolc ,  Doc  de  Gueidres ,  &.  de 
Catherine  de  Cleves, 

{li)  Mânftreletf  Ideyer ^  &  autres  Au- 
teurs ,  parlenc  de  ce  voyage  du  Roy  à  LilUi 
il  eft  cependanc  incertain  qu  il  y  ait  été , 
car  les  Maîtres  d*Hôtel  du  Duc  de  Botirgo- 
ÇM,  qui  tenoienc  des  notes  journalières 
loR  exaâes  de  ce  qui  fe  pailbic.à  laCoot 


{: 


de  ce  Prince»' n'en  font  aucune  mention 
dans  leur  Journal  ,  quoiqu'ils  y  fafTenc 
mention  des  trcûs  voyages  au  Roy  à  Hedsft 
en  S^tembre  i^6j.  en  Juin  &  eo  Juillet 
14^4. 

(  17)  Le  Roy  ne  retînt  ce  Prince  en  pri- 
(bn ,  que  du  confcntement  du  Duc  de  Sa- 
voye  Ion  Pcre.  Mmthiêu  Hift.  de  Louis 
XL  Liv.  X.  n.  17.  Ce  qui  dans  la  fuite  aliéna 
ce  Prince  de  l'amitié  de  Louis  XL 

Z  1  (18) 


iSo  LES    CHRONIQUES 

^  Au  mois  de  May  arriva  une  bataille  en  Angleterre  dure  &  mortelle  da 

?  4  ^  4*  Hoy  Edouard  contre  le  Duc  de  Sommerfet ,  pour  le  Roy  Henry ,  &  fui- 
rent ledit  Sommerfet  &c  tous  les  fiens  morts  ou  pris ,  &  fit  le  Roy  decapi« 
ter  ledit  Duc  de  Sommerfet. 

Meilire  Pierre  Louvain  fut  afla/Hné  de  la  main  de  meffîre  Raoul  de 
Flavy^  pour  contre-vengeance  de  la  mon  de  feu  Guillaume  de  Flavy  , 
fon  itttt. 

En  plaidant  une  caufe  en  Parlement  à  Paris  >  la  Chamlbre  fe  prit  2 
trembler ,  &  cheut  illec  une  groflè  pierre  de  la  maflbnnerie ,  &  le  lende- 
main advint  le  péril  en  plaidant  cette  caufe  >  &.  faillit  un  des  baulx  (  ce 
font  foliveaux  mis  de  travers)  de  la  chambre  hors  de  fon  lieu. 

LeSamedy  i;.  Juin  le  Roy  arriva  au  foir  en  la  ville  de:  Hefdin ,.  oâ 
étoit  le  Duc  de  Bourgogne  ,  qui  le  receut  &  défraya  juiques  au  Luur 
dy  2  5 .  qu'il  en  partit  après-difner  :  ces  Princes  fe  firent  aucunes  requef- 
tes  l'un  a  l'autre:  fans  fortir  effeék,  leComte  de  Chaxolois  étoit  lors  en  la 
ville  ^'-^/>e. 

Le  Roy  revint  à-  Hefdin ,  vers  le  Duc  de  Bourgogne ,  le  Lundy  ï.  Juil- 
4et  au  foir ,  &  y  fut  def&ayé  aux  dépens  du  Duc,  jufques  au  Lundy  ^ 
de  ce  mois ,  au'il  en  partit  après-diner  •,  &  après  avoir  eu  quelq^ues  coa- 
ferences  avec  les  Ambafladeurs  d'Angleterre  y  axk  fujct  dek  contmuatioir 
de  la  Trêve  entre  la  France  &  V Angleterre ,  il  s'en  alla  après  cela  4  Ab^ 
beville  &  à  Rouen  >.puis  retourna  à  A^ovio/i, gros  village  près  la  Foreft  de 
Cre(^ ,  où  il  fe  tint  aflcs  long-temps, en  attendant  quelques  noiwelles^ 

Le  Dimanche  1 5-  Juillet  y  la  Reyne ,  la  Princefle  de  Piemoniy  Made- 
moifelle  de  Savoye  y  (es  focurs,  &  le  Comte  d*Euy  vinrent  à  Hefdin  foiv 
per  avec  le  Duc  de  Bourgogne ,  &  difner  le  lendemain  ;  elles  y  vinrent 
encore  difner  le  Jeudy  1:9..  Juillet  :  le  Comte  de  CA^ro/aii  étoit  lors 
en  la  ville  du  Quefnoy  en  HainaïUy  &  avoitenfuite  étèà  Gand^Sz  Conb> 
telle  de  Charolois  étoit  à  Gorkum  en  Hollande. 

Le  Samedy^  1 1  -  Aouft  le  Duc  de  Savoye  arriva  à  Hefdin  vers  le  Duc  de 
Bourgogne  ,  qui  le  fit  traitter  &  deffrayer  jufques  au  Lundy  j^  Septem^ 
bre ,.  qu'il  en  partit  aprèsrdifner  •>  le  Comte  &  la  ComteHe  de  Charolois. 
étoient  lors  en  Hollande. 

Le  15.  jourd'Aoufttrepafla  le  Pape  Pius  II.  Se  luy  fucceda  le  Pape 
Paulus  II. 

Le  Dimanche  9.  Septembre  fe  Duc  de  Cleves  vint  vifiter  le  Comte  de 
Charolois y^Q^  étoit  lors  à  Gorkum  en  Hollande^ 
^  LeMercredy  1 2^  Septembre  l'Admirai  de /r^we  (tî)  vint  en  k  vUIe 
de  Hefdin  difner  avec  le  Duc  de  Bourgogne* 

Le  Jeudy  zo.  Septembre ,  le  Comte  de  Charohîs  s*étant  embarqué  i 
Dordrechty  eflliya  une  grande  tempefte ,  qui  l'obligea  de  fe  mettre  à  l'an- 
cre &  de  changer  de  batte^u  ;  il  arriva  heureufement  avec  quelques-uns 
de  fa  compagnie  en  la  ville  de  Rotterdam ,  &  Iç  mefme  foir  il  alla  cou^ 
cher  à  la  Haye. 

Le  Baftard  de  Rubempri  fut  pris  ea  Hollande  par  lê  commandement 
du  Comte  de  Charolois  ctaut^li ,  lequel  Baftard  >  ielon  k  commune  re* 

nommée 
<x9]  Cécoit  7c4ii >  Sirede  Momaabao  «  motc  en  146^.. 


DU    ROY    LOUYSXI.  i8i 

nomteée  >  avoir  charge  du  Roy  de  prendre  icelluy  G^mte  >  &  de  luy     i  "ka 
amener  mort  ou  vif.  ^   ^' 

La  trêve  entre  la  France  Se  rÀngUurrc  fut  renouvellée  pour  ua  an  ,  à 
commencer  du  premier  O&obre. 

Le  Comte  de  Charolois  (ignifia  à  Ton  père  la  prife  &  la  confeflîon  d'i- 
ceiluy  Baftard  de  Rubcmpré^  furcjuoy  ce  Duc  partit  de  Hefdin  le  7.  OQxy 
bre  s  &  s'en  alla  à  LilU  >  où  il  arriva  le  1 1 .  de  ce  mois  ^  le  Roy  étant  en- 
core à  Novion ,  attendant  aucunes  nouvelles  »  &  defîrant  encore  retour- 
ner â  Hefiin  devers  le  Duc ,  qui  en  étoit  party  haftivement ,  comme 
dit  cft. 

Le  Duc  de  Bourbon  (19)  vint  à  LilU  le  14.  Oftobre ,  vifîter  le  Duc  de 
Bourgogne  Ton  oncle  >  puis  il  s'en  alla  à  Gand  vifîter  le  Comte  de  Charo^ 
lois  »  &  fut  feftoyé  fort  noblement  partout  pendant  quaranc-un  jours 
qu'il  fut  avec  eux. 

Le  Comte  de  Charolois  arriva  à  Lille  vers  le  Duc  de  Bourgogne  fon 
père ,  le  Dimanche  4.  Novembre  aa  (bir ,  &  le  ^.  dudit  mois ,  ce  Duc  fit 
faire  un  prefent  de  vin  au  Comte  d^Eu^  à  T Archevefque  de  Narionne  & 
au  Chancellicr  de  France ,  Ambafladcurs  du  Roy. 

Le  II.  Novembre  >  jour  de  S.  Martin,  le  Duc  de  Bourgogne  h^nti  LilU^ 
fit  faire  unefefte  en  L'Hôtel  du  Comte  de  Charolois  ^  où  ce  Comte  >  la  Dik 
cheilêde  Bourbon  y  Madame  Ae:Gucldresr&c,  Mademoifelle  de  Bourbon  p 
le  Duc  de  Bourbon ,  TArchevefque  de  Lyon  ,  Mgr.^  de  Beaujeu  ,  Adol- 
phe de  Cleves  ^  Seigneur  dcRaveftein,  Mgr.  Jacques  de  Bourbon  ,  Se  au- 
très  affifterent. 

Le  Jeudy  13.  Novembre  ^  te  Duc  de  Bourbon  après  avoir  pris  congé  du 
Duc  de  Bourgogne  Se  du  Comte  de  Charolois  y  etans  k  Lille  y  en  partie 
jxjur  retourner  en  France. 

-  ^  Le  Roy  mandaà  /io»e/z  venir  devers  luy  les  députés  de  Tournay  8c  des 
villes,  dégagées  (10) ,  &  Kurfit  remontrer  qu'il  étoit  deplaifant  de  ce 

3u'on  diloit  communément  qu'il  avoit  voulu  faire  prendre  le  Comte  de 
harolois  par  leBaftard  de  Rubempri ;  Se  fecondement  Jeur  dit,  quU 
avoit  commis  le  Comte  de  Nevers  Capitaine  de  Picardie. 

Le  Roy  fit  reprendre  par  fes-gens  &  remettre  en  fa  main  la  ville  &  le 
Chafteau  de  Crevecctur-U^-Cambray  ,  qu'il  avoit  neantmoins  donnée  i 
Meflire  Antoine  Baftard  de  Bourgogne  ,  &  fut  le  Chaftelain  emmené  pri- 
fonnier  devers  le  Roy^.  ^ 

AflèmbKe  de  Seigneurs  à  Tours  (21)  contre  le  Duc  de  Bretagne  le  1 8L 
Décembre. 

Le  4.  Janvier  trepafla  Charles  Duc  d^ Orléans  ,  âgé  de  70.  ans  6ç 
laifla  m^'(^i)  &  fille  de  la  fille  de  Cleves  fa  femme ,  niepce*  du  Duc  dé 
Bourgogne. 
Audit  aa  entre  Noël  Se  Carefme ,  le  Roy  Edouard  £  Angleterre  prit  â 

feximie 

(1$)  JeanDac  de  Bbatbon  II.  Fils  de  1  d^Arrasde  14)5'. 

L— I ;     J»A 1-   J^    B /-    _\   t    ^  f»  -_î-_t 


Charles  tL  d* Agnès  de  Boursugne. 

(10)  Cécoîenc  celles  ficuécsfur  fa  rlvie- 
xe  de  Somme ,  lelquelles  avoieat  été  enga- 
gées aa  Doc  de  Bourgogne  par  k  Traité 


(i  1}  Le  Récit  sçn  troave  flans  la  nouvelle 
Hiftoirç  de  Bretagne,  Tome  IL  col.  1X79- 
(il)  Le  Fils,  nommé  Louis  ,,adcpuisété 
Roy  de  France ,  XII*.  du  nom. 

Z  3  (13) 


^^^^^^^  i8i  LES    CHRONIQUES 

j^  femme  6c  cfpoufa  la  fille  du  Seigneur  de  Rivières  ,  ntepce  du  Comcd 
^  ^*  Louys  dcfainâ  Paul ,  fille  de  fa  fœur,  qui  avoit  efpoufé  premièrement  le 
Duc  de  Bedfort  lors  Regcnt  de  Franu ,  duquel  mariage  furent  nul  con- 
tens  ceux  de  Londres  &  plufieurs  Seigneurs  du  pays. 

L'hyvcr  fut  fi  dur  &  fi  gelé  que  le  pain  &  le  vin  en^eloîent  à  la  taUe, 
fc  geloitbicn  profond  dans  les  celiers ,  &  dura  depuis  le  dixième  jour 
de  Décembre  jufques  au  quinzième  jour  de  Février ,  &  furent  engelèea 
les  Rivières  de  Seine  ôc  d'Oife ,  &  fi  firent  grandes  neiges. 

Environ  la  fin  de  Février  retournèrent  les  deux  baftards  de  Bourgopu 
de  leur  voyage  à' Outremer  à  peu  d'exploit ,  &  lailïèrent  à  Marfeille  leur 
navire  &  leurs  hamois. 

Le  Duc  Philippe  de  Bourgogne  fut  fi  malade  à  Bruxelles ,  qu'on  douta 
de  fa  mort ,  &  lors  requit  fon  fils  qu'en  tous  lieux  de  dévotion ,  on  priât 
pour  la  fanrè  de  fon  père ,  8c  fi  envoya  de  ks  plus  féaux  amis  prendre  & 
faifir  les  places  favorables  au  Sgr.  de  Croy ,  en  écrivant  par  toutes  bon- 
nes villes  (ij) ,  qu'il  rcputoit  (on  ennemy  ledit  Sgr.  de  Croy  avec  tous 
fes  alliez,  il  débouta  le  Sgr.  de  Commenran  y  pour  advancer  le  Sgr. 
d!Aimeries. 

Le  Duc  de  Berry  feul  frère  du  Roy ,  laifla  l'hôtel  du  Roy  &  s'en 
courrut  en  Bretagne  ,  pour  fe  tenir  avec  le  Duc  pour  la  crainte  ou  pour 
la  haine  du  Roy  ,  &  s'allièrent  iceux  Ducs  enfemblc  avec  le  Comte  de 
Charolois  &  plufieurs  autres. 

Le  Comte  de  Dampmartin  échappa  de  prifon  de  la  Baftille  fainS  An^ 
toine  Se  s'en  alla  en  Bretagne  devers  le  Duc  de  Berry. 

Le  Comte  de  Charolois  fit  prendre  &  faifir  la  ville  &  le  Chafteau  de 
Lanncy,  dont  le  Seigneur  &  la.  Dame  s'eftoient  retirés  à  Tournay  avec 
toutes  leurs  bagues.  \ 

Le  Duc  de  Berry  envova  fes  lettres  (24)  au  Duc  de  Bourgogne  &  au- 
tres Princes  du  fang  Royal ,  pour  eux  mettre Yus  &  aider  de  remettre  le 
Royaume  en  ordre  &  en  juftice. 

te  Roy  de  France  envoya  le  Sgr.  de  Lannoy  en  Angleterre ,  jpour 
avoir  alliance  avec  le  Roy  Edouard  y  à  la  nuifance  de  la  Maifon  de  Èour* 
gogne  :  mais  ce  Roy  Edouard  envoya  les  lettres  A\x  Roy  de  Franu  au 
Duc  de  Bourgoene  ,  pour  foy  advifer. 

A  l'entrée  d'Avril  fut  une  grande  conjonâion  de  Saturne  &  de  /ap/- 
ur  ,  qui  fignifioit ,  comme  d^^oient  aucuns  ,  grands  nuux  à  avenir  aa 
inonde. 

Audit  an  fe  firent  alliances  des  Princes  de  France  contre  le  gré  du  Roy, 
afin  de  mettre  le  Royaume  en  ordre  &  juftice. 

Le  II.  Avril ,  jour  de  la  Paflîon  de  Notre-Seigneur ,  dit  le  Vendredy 
Saint ,  les  Seigneurs  de  l'ordre  de  la  Toifon  prièrent  humblement  au  Duc 
de  Bourgogne  ,  qu'il  voulût  pardonner  à  fon  fils  ^  &  le  bon  père  luy  par- 
donna tout  fon  mal  talent  le  lendemain  Vigile  ôc  la  nuit  de  Pafques 
14^5.  Pafqucs 


(15)  Les  lettres  du  Comte  de  Charolois, 
en  datte  du  ix.  Mars  14^4.  (ou  14^5. 
ftyle  tiouveau ,  )  font  imprimées  dans  le 
troi£éme  volume  des  Cfaxonlquc^  deMonf- 


ftrelet ,  mais  avec  quelques  fautes. 

(14)  Elles  font  du  i  ;.  Mars  14^4-  îniprî- 
mées  dans  le  troifîéme  volume  des  Chror 
nlqoesdc  Moofttelct.  ~ 

(M) 


r 


DtJ    ROY    LOUYS    XI.  tts  ^^^ 

Pa(qaes  arriva  le  14.  Avril  &  toft  après  le  Duc  de  Bourgogne  mit  fon  ^ 

armée  fus ,  laquelle  il  laifla  conduire  d  Ton  fils  le  Comte  ae  Charolois  ,       ^    y 
pour  aller  devers  le  Duc  de  Bcrry^zytc  lesautxes  Princes  qui  avoient  mis 
tus  routes  leurs  puiflànces. 

Le  fiaftard  de  Bourgogne  reprit  fur  les  gens  du  Roy  Arlœux  &  Cre*- 
reccmr  5  que  le  Roy  depuis  un  peu  de  temps  avoit  fait  prendre  fur  ledit 
Baftard. 

Le  Samedy  15.  May ,  le  Comte  de  Charolois  fc  rendit  à  fon  armée, 
qui  étoit  à  fontaine^au-'Pire  :  le  lendemain  il  alla  à  Honnecour  ^  où  il 
refta  trois  jours  ;  le  19*  May  il  campa  à  Ro^L  en  Vermandois  ^  où  il 
reftajufques  au  3.  Juin  ,  qu'il  en  partit  pour  coucher  à  Bray  ;  il  y  fe- 
journa  jufques  au  6.  qu'il  paflà  la  Rivière  de  Somme  &  alla  coucher  à  Li- 
hons  en  Santers  ,  d'où  il  partit  le  10.  pour  aller  à  Roye  ,  qui  fe  rendit  à 
luy  &  où  il  fejouma  jufques  au  19.  qu'il  en  partit  pour  aller  à  Archieu^ 
Le  20.  il  mit  le  iiege  devant  le  Chafteau  de  Beaulieu ,  qui  fe  rendit  le  24^ 
&  pendant  ce  temps  fe  rendoienr  aui£  à  ce  Comte  ou  à  Ces  Commis 
ceux  de  Nejle  Se  de  Montdidier^ 

Le  Mardy  z%.  Juin  >  le  Comte,  de  Charolois  alla  i  Beffons  >  le  i^.  d> 
JainS  Remy  en  Beauvoifis  ,  le  27.  à  Frefnoy  ,  le  28.  à  Pont-Maixanu  9 
où  il  refta  le  29.  &  pa&  la  rivière  le  30*  pour  venir  camper  à  Baron  fur 
Nonrutêc^  en  Tlfle  de  France  ,  d'où  il  partit  le  Mardy  2.  Juillet  pour  ^ 
czttiTgMk  Mitry  y  il  y  refta  le  }.  &  le  4.  &  en  partit  le  5.  pour  aller  i 
faind  JWnis ,  où  il  refta  jufques  au  i  o^  attendant  après  les  auttes  Prin^ 
ces,  qui  ne  pouvoient  venir  ny  approcher  ,  à  caufe  de  l'armée  du  Roy,  qui 
étoit  entre  les  deux  ofts ,  pour  empefcher  qu'ils  ne  fe  puftènc  joindre 
cnfemble. 

Le  Mercredy  10.  Juillet ,  le  Comte  de  Charolois  partit  defainS  De-- 
nis  &  alla  camper  à  Boulogne-la-Petite  y  près  le  font  JainS  Cloud^\c 
Comte  Atfaincl  Paul  y  Chef  deravant-garde  de  ce  Comte,  trouva  moyew 
de  faire  paftèr  i  tous  fes  gens  la  rivière  de  Seine ,  &  prit  le  pont^Zu/^âT 
4>loud ,  &  lors  pafla  toute  l'armée  cette  rivière ,  pour  tirer  vers  E^am-^ 

Îes  j  éc  trouver  là  l'armée  du  Difc  de  Berry ,  &  c'ecoit  lorslequinziefme 
uillet ,  &  ce  jour  ce  Comte  partit  de  Sairâ  Cloud  Se  alla  comper  à  Long^ 
Jumeau^ 

Le  Mardy  16 •  Juillet ,  le  Cpmte  de  Charolois  partit  àç,  Lons-Jumeau^ 
&  vint  au  f^al  de  Montlehery  ,  où  il  mit  fon  armée  en  bataille.  Le  Roy 
s'advança  avec  toute  (xm  armée  pour  le  combattre  ^  &  combattirent  par 
divcrfe  fortune  ;  mais  enfin  k  Roy  fut  déconfit  &  fe  retira  cette  nuit  ai 
CorbeiL  Le  Comte  refta  fur  le  champ  de  bataille  >  il  en  partit  le  len- 
demain 17.  pour  aller  à  Montlehery ,  d'où  il  partit  le  ^8-.  pour  aller  cam-^ 
pcr  i  Chajlres.  Le  Vendredy  19.  il  coucha  à  Efiampes  ,  où  les  Ducs  de 
Berry  &  de  Bretagne  &  les  autres  Princes  de  leur  alliance  vinrent  bien^ 
foft  après;  ils  j  réitèrent  jufques  au  Mercredi  31.  Juillet ,  qu'ils  en  par- 
tirent pour  venir  à  Angierville  en  BeauJJe  ,  où  ils  campèrent.  Le  Comte 
ÀzChamy  (25)  cuidant  venir  devers  le  Comte  de  Charolois  avec  citw 

quante 

(i  5)  Pierre  it  Bauffremont ,  Comte  de  f  de  Bmirsogne  ;  il  étoit  (econd^fils  de  Hetn-f 
Ciiamy  ^  ConfciUcr  te  CharabcUaadaDnc  L  de  fiaa&emoot  fedc  Jeanne  de  Yci^^ 

0"^ 


iS4  tES    CHRONIQUES 

,  quance  lances ,  fut  épié  des  gens  du  Roy  &  fut  pris  Se  retenu  priTonnier^ 
^  '     &  fes  gens  fe  fauverenr. 

Le  Jeudy  premier  Aouft»  le  Comte  de  Charolois  alla  cam}>er  ifainS 
Mathurin  de  C  Archamp  ;  il  y  refta  jufques  au  5.  qu'il  en  partit  pour  alf 
ier  coucher  à  Mortt ,  ou  il  fit  boftir  un  beau  pont  lur  la  rivière  de  S  tint  » 
laquelle  il  paflà ,  &  campa  outre  cette  rivière ,  près  Mont ,  jufques  au  9* 
qu'il  alla  camper  à  Htrijjy  en  Brit.  Le  i  o.  il  alla  camper  à  Nangy  en  Brie, 
où  il  refta  jufques  au  1 5.  qu'il  en  partit  pour  aller  camper  à  Kitry.  le 
16.  il  alla  campera  Bray^Comtt^Robtrt ,  où  il  refta  jufques  au  19.  qu'il 
alla  camper  à  Maifons  (ùi  Stint  à  un  quart  de  lieue  du  pont  de  Chartn* 
ton  9  &  le  Mardy  20.  Aouft  il  alla  camper  à  Confians  ^  où  il  fejourna  juf- 
ques  à  la  fin  du  moisd'Oâobre. 

Les  Princes  afièmblés  avec  leurs  gens  pafibient  par  le  pays  de  Btauct 
&  de  GaAinois  ,  &  ayant  traverfé  la  Stint  audit  pont  de  Mont ,  allèrent 
par  la  Brit  paflèr  la  rivière  de  Marnt  à  Chartnton  ,  &  fe  loger  près  Pa^ 
ris  y  qu'ils  voulurent  aflieger  >  ayant  repris  le  pont  de  fainâ  Cloud  ic 
Lagny 

Le  Roy  fît  crier  à  Routn^  où  il  étoit  allé  ,  fon  arriere-ban  ,  puis  re- 
tourna à  Paris  le  2 S.  Aouft  >  &  envoya  devers  les  Princes,  pour  trouver 
aucun  bon  moyen  de  paix. 

Les  Litgcoisy  alliez  au  Roy  de  Franct ,  à  fon  pourchas  counuent  lors 
&  mirent  feux  es  pays  du  Duc  de  Boursognt ,  qu'ils  avoie^^QVoyé 
deffier.  Entre  autres  ils  aftie^erent  la  ville  de  Limbourg  apparteffinte  au-* 
dit  Duc  s  mais  quand  ils  virent  que  le  Hoy  ne  leur  avoit  point  envoyé  le 
fecours  qu'il  leur  avoit  promis  ,  ils  s'en  retournèrent  en  leur  ville  | 
voyans  auflî  que  le  Duc  avoit  mis  fus  une  groflè  armée  contre  eux. 

Audit  an  furent  brûlées  en  la  ville  tVArdrt  cent  â  Ax  vingt  maifons 
par  feu  de  mechef ,  ou  par  maléfice  d'aucuns  haineux  ou  mauvais  gar« 
nemehs. 

Le  Comte  de  Charolois  fejournant  à  Confians  lt[  Paris  ,  ceux  de  /?/- 
nand  faillirent  de  leur  ville,  [lortans  une  rèflèmblance  dudit  Comte  re« 
vêtu  de  fes  armes ,  laquelle  ils  pendirent  devant  Btinnts  (  ou  Bouvi* 
gnts  9  )  à  un  gibet ,  difans  de  luy  plufieurs-  vilenies  &  injures.  {16) 

Le  Roy  étant  à  Paris ,  &  les  Princes  autour  de  cette  ville,  ils  con- 
vinrent &:  fe  virent  enfemble  durant  les  trêves ,  qui  étoient  entre  eux  par 
plufieurs  fois. 

Au  mois  d' Aouft ,  le  Roy  Edouard  d^AngUttm  fit  prendre  le  R07 
Htnry  &  le  fit  mettre  en  prifon  au  Château  de  LondrtSp 

£ntre  ces  chofes  deux  traîtres  furent  trouvés  à  Boulognt  fur  la  mer,qui 
reconnurent  avoir  vendu  le  Château  aux  Anglois  ,  fi  en  fiireiit  décapités 
le  onziefmê  jour  de  Septembre. 

A  la  fin  du  mois  de  Septembre ,  les  Bntons  furprirent  la  ville  de 
Pontoift  de  nuit ,  par  le  moyen  du  Capitaine  mefme  de  la  ville. 

Le  Duc  de  Bourbon  pour  &  au  nom  du  Duc  de  Btrry  ,  entra  fdans  le 
diateaude  Routn  par  le  moyen  de  la  veuve  du  Seigneur  de  la  Ftnunc  , 

(  autrement 

(i6)  Ils  diroient  au*il  étoit  Baftard ,  èc  1  neur  de  la  DochelTe  fa  Mère ,  chofe  tou* 
fablioienc  quantité  de  choi^  au  deshon-  1  jours  odieufe.  M^er* 

(*7) 


D  U    R  O  Y    L  O  U  Y  s    X  L  185 

(auttemenc  la  grande  Senefchale  ,  }  après  il  entra  en  la  ville  9c  la  mie 
en  Tobeifl&nce  du  Duc  de  Bcrry  ,  Se  puis  les  autres  villes  de  laditte     I4^S< 
Difchc. 
£ntre  ces  chofes  ,  ceux  de  Dlnand  ne  ceflbient  de  mettre  les  feux  au 

£ays  du  Duc  de  Bourgogne  ^  &  les  gens  du  Duc  pareillement  brûloienc. 
;ur  pays. 

Le  Jcudy  16.  Septembre ,  la  Comteflè  de  Charolois ,  (  Ifabelle  de 
Bourbon  ,  fille  de  rcu  Charles ,  Duc  de  Bourbon  ,  )  mourut  en  la  ville 
d^ Anvers  après  deux  mois  de  maladie  »  laiilànt  d'elle  Damoifelle  Marie 
fa  feule  fille. 

Le  Q)mte  de  Ntvtrs  (  Jean  de  Bourgogne ,  auparavant  Comte  d'ET- 
lampes  ^  )  fut  pris  de  nuit  en  fon  Château  de  Peronne ,  par  les  eens  du 
Comte  de  Charolois ,  &  la  ville  &  le  Château  remis  en  la  main  du  Duc 
de  Bourgogne ,  &  fut  ledit  Comte  de  Neyers  mené  prifonnier  au  Chateail 
de  Bethune. 

Le  Comte  de  Najfau ,  le  Senefchal  de  Hainaut ,  &  le  Bailly  avec  dix- 
huit  cent  combattans  mirent  les  feux  au  pays  de  Liese ,  &c  trouvèrent  à 
Monunac  quatre  npiille  Liégeois ,  lefquels  ils  comoattirent ,  fi  qu'il  y 
en  eut  plus  de  deux  mille  deux  cens  tués  fur  la  place ,  ce  qui  arriva  le 
15.  Odobre. 

Les  Confi^lers  &  Ambafladeurs  du  Roy  &c  des  Princes  les  mirent  en 
bon  accord  &  fut  la  paix  faittç  entre  eux  (17)  par  certains  moyens,  dont 
entre  les  autres  le  Comte  de  fainci  Paul  fut  ordonné  Conneftable  dé 
France  ,  le  Duc  de  Berry  dcvoit  avoir  la  Normandie  pour  appanage  >  le 
Comte  de  Charolois  r'eut  le  pays  dégage  (18)  &  le  Comté  de  Guynes. 
Tous  les  autres  r'eurent  leurs  terres  &  quelque  avancement  du  Roy ,  & 
prirent  tous  &  un  chacun  d'eux  lettres  du  Roy  ,  de  ce  qui  leur  touchoit 
vérifiées  &  confirmées  par  le  Parlement  le  1 1 .  Odobre. 

La  paix  faitte  du  Roy  &  des  Princes ,  chacun  s'en  retourna  fur  le  fien. 
Le  Comte  de  Charolois  partit  de  Conjlans  le  Jeudy  j  i.  Oûobre  ,  pour 
venir  â  Filliers-le-Bel ,  où  le  Roy  l'accompagna.  Ils  y  furent  enfemble 
jufques  au  j.  Novembre ,  qu'ils  (e  feparerent  après  difner  ;  le  Roy  pro- 
mit au  Comte  de  luy  donner  fa  fille  aifnée  en  mariage ,  après  quoy  le 
Comté  partit  &  vint  couchtr ^i  Senlis  'y  il  alla  enfuitte  i.Compiegne  , 
tioyon  y  Chajlelety  Guyfe  ,  Moncornet ,  Regnioue^  ,  où  il  regala  Mada- 
me de  Nevers  (29)  qui  y  étoit  venue  difner  \  il  arriva  iMaizieres  fur  Meu- 
Je  le  Jeudy  1 1  Novembre  &  y  fut  régalé  par  Madame  de  Nevers  ;  il  en 
panit  le  160  pour  venir  zRemiouei  ,  enfuitte  à  Maubert^Fontaine  ^  Chi- 
may ,  Beaumont ,  Binch  ,  Fleuru  9  Judoigne  &  Tldlemonty  où  il  arriva  le 
Lundy  9.  Décembre  &  y  refta  jufques  au  11.  qu'il  alla  àfainS  Tron  ,  où 
il  {èjouma  jufques  au  1 2.  Janvier  s  il  alla  enmitte  camper  à  Cleynselme 
pays  du  Liège  ,  où  il  fut  jufques  au  12.  Janvier,  qu'il  alla  à  Vecfuwal 
près  Tongres  >  il  y  Cejourna  trois  jours ,  puis  revint  ifainS  Tron  ,  où  il 

refta     • 

(27)  Il  7  eut  dcax  Traités  ptAUcs  ,  Tun  I      (i8)  Cétoicnt  les  Villes  fur  la  rivière 
^dé  à  Conflans  le  5.  Oâobre  ,  &  l'autre  |  de  Somme. 

a  Saine  Maur  des  FoiTés  le  2^*  du  même  1      (29)  Le  Duc  de  Bourgogne  tenoit  Ton 
Cipls.  I  mari  prifonnier. 

Tome  IL  A  a  (jo) 


• 


i8^  LES    CHRONIQUES 

reftâ  jufc^ues  au  jo.  qu'il  patrie  pour  Bruxelles  >  où  il  arriva  le  Vendredf 
ï  4 ^  5*  31.  Janvier  au  foir  ',  il  y  trouva  le  Duc  de  Bourgogne  fon  père  avec  Ma- 
dame la  Ducheflè  de  Bourbon  ,  Madame  de  Gtuldres  6c  Mademoifelle 
Marguerite  de  Bourbon  Ces  filles.  Il  alla  le  Samedy  8.  Février  en  pèleri- 
nage à  Noftre-Dame  de  Haljimbcrghe ,  &  partit  de  Bruxelles  le  Mer- 
credy  ii.  Février,  pour  aller  à  G  and  y  où  il  arriva  le  Vendredy  14.  Fé- 
vrier au  foir. 

Pendant  ce  temps  ,  le  Roy  s^accorda  avec  le  Duc  de  Bretagne  •,  leur 
Traitté  (30)  fut  arrefté  à  Caen  le  13.  Décembre  i^6\. 

Le  Duc  Charles  de  Normandie  fe  tira  vers  Rouen  ,  pour  fe  faifir  de 
fa  nouvelle  Duché  &  les  habitans  le  receurent  dedans  à  Seigneur,  mais 
tpft  après  le  Roy  luy  ofta  toute  icelle  Duché  &  convint  le  Duc  retraite- 
avec  le  Duc  de  Bretagne ,  &  fi  fit^le  Rojr  noyer  le  Sr.  d^EJiernay  (  ou  de: 
Sternay  )  (31)  &  aucuns  autres  qui  avoient  été  favorables  à  fon  frère  > 
&  pluneurs  enfuite  s'abfenterent  &  s'enfuirent  hors  du  pays* 

Les  Liégeois  advertis  que  le  Roy  ne  les  avoit  point  compris  en  fon 
Traitté,  &  voyans  la  grande  armée  que  le  Comte  ac  Charolois  avoit  tou- 
te prefte  pour  entrer  enleur  paysàJainS  Tron ,  &  Uautour obtinrent  trêves 
d  leur  requefte  premièrement ,  &  puis  ta  paix  moyennant  les  amandifes. 
honnorables  &  profitables  qu'ils  promirent  faire  par  leur  fcellé. 

Nonobftant  laditte  paix  ,  ceux  de  fainS  Tron  tuèrent  deux  gommes. 
,  des  gens  de  Mr.  le  Baftard  de  Bourgogne  ,  cuidans^  faire  plus  grand  mal , 

Hiais  ils  furent  prévenus  &  tués  au  nombre  de  fcize  ou  vingt  &  les  au* 
très  fe  tinrent  en  paix. 

Le  Comte  de  Charolois,  qui  étoit  retourné  vers  fon  père  à  Bruxelles,, 
en  partit  le  Mercrcdy  1 2.  Février  pour  aller  à  Gand  x  où  il  arriva  le  1 4.. 
il  y  refta  jufques  au  22.  qu'il  en  partit  pour  Bruges  >  où  il  arriva  le  24». 
il  y  refta  jufques  au  17.  Mars ,  qu'il  en  partit  pour  aller  à  pied  à  Boulo^ 
gne  :  ledit  jour  17.  il  fut  à  j4udembourg^  le  i8.  à  Nieuporty  le  19.  aux 
Dunes  ,  le  20.  à  Dunkerke  ,  te  21.  a  Berghes  y  le  22.  a  Watenes ,  où  le 
le  Prcvoft  du  lieu  le  regala ,  te  ij^i faincl  Orner ,  où  TEvefquede  Tour-^ 
nay  ,  Abbé  àefainct  Bénin  ,  le  regala  :  il  y  refta  jufques  au  2S.  qu'it 
alla  à  Ardres  ,  où  it  fur  régalé  par  Guillaume  Bornel ,  &  le  29.  Mars  il 
arriva  à  Boulogne  ,  en  laquelle  ville  le  Comre  de  Nevers  le  vint  prier  & 
requérir  de  pardon ,  &  il  luy  pardonna  tout ,  &  luy  fît  très-bon  accueil. 

Le  Roy  leva  &  mit  fus  la  plus  groflc  armée  qu'il  eut  encores  fait,  fei- 
gnant de  vouloir  dépendre  le  pays  de  Normandie ,  coTitte\ts.Anglois  ; 
6c  le  Comte  de  Charolois  de  fon  cofté ,  fit  auflî  la  fiennc,  donnant  à  en- 
cendre  que  c'étoit  pour  fervir  le  Roy  en  Normandie  contre  \t%  Anglais. 

Le  Roy  envoya  en  Angleterrele  Baftard  de  Bourbon  ,  lequel  obtint  une 
trêve  de  22.  mois.  Se  le  Comte  de  Charolois  y  envoya  aum  le  Baftard  de 
Bourgogne  fon  frère  pour  eftre  aflêuré  des  Anglois. 

L'an  ij^66^  toft  après  Pafques,.  qui  arriva  le  6,  Avril ,  ceux  àe-Dinand' 
ennuyés  de  ta  paix ,  fe  remirent  aux  champs  &  allèrent  brûler  en  Hainaut 
Se  au  pays  de  Namur  contre  leur  Traitté  Se  Ordonnance  de  l'Eglife 

dc- 

(^•)  Ce  Traité  eftiînprimé  dans  la  Non-  |  ()i)  Il  étoit  General  dé  NormandieiuK^ 
^Ue  Hiftoiie  de  BretagncT.  IL  col.  ix%  j^  I  vam  ikchrooiquc  Scaudalcufc  pag.  5  )  • 

Cy2) 


l^6i. 


DU    ROY    L  O  U  YS    XI.  187 

de  Rome ,  fi  qu'ils  en  cheurenc  en  fencence  d'excomuniment. 

Le  Mardy  15.  Avril ,  Mr.  de  JFarwic  vint  trouver  le  Comte  de  Cha*     ï4^<î* 
rolois  à  Boulogne  ,  où  il  fejourna  jufques  au  18.  qu'il  en  partit ,  &  pen- 
dant ce  fejour  il  fut  entièrement  defïrayé  par  ce  Comte,  avec  toute  fa 
fuite ,  qui  étoit  d'environ  trois  cens  perfonnes. 

Le  Duc  de  Bourgogne  ,  fut  malade  à  Bruxelles  depuis  le  Xj.  Février 
jufques  au  29.  Avril.  • 

Le  Comte  de  Charolois ,  qui  ctoit  party  de  Boulogne  le  11.  Avril  pour 
aller  en  Picardie  ,  arriva  à  Montreuil  le  ij*  Avril  ;  il  en  partit  le  19.  pafla 
par  Rue  y  &  le  Crotoy^  &  arriva  le  !•  May  à  Abbeville  ;  il  y  fejourna  jut 
ques  au  i8.  qu'il  alla  à  Amiens^  où  il  fejourna  jufques  au  30.  qu'il  alla  à 
Corbiey  &  le  lendemain  à  Peronruy  où  il  demeura  pendant  tout  le  mois 
de  Juin  \  il  alla  enfuite  à  Sainci  Quentin ,  d'où  il  partit  le  1 2.  Juillet  pour 
retourner  en  Hainaut ,  &  dc-U  à  Bruxelles ,  ou  il  arriva  le  Samedy  x6. 
Juillet. 

Le  Duc  de  Bourgogne ,  qui  étoit  à  Bruxelles  fort  débilité  par  maladie 
&  par  vieilleflè,  aflcmbla  toutes  fes  troupes  &  les  fit  tirer  à  jyamur  cnvi^ 
ron  au  commencement;  du  mois  d'Aouft. 

En  ce  mefme  temps  trepafla  de  grieve  maladie  le  Seigneur  de  Haule^ 
bourdin ,  Baftard  de  SainH  Fol ,  beau  Chevallier  &  vaillant ,  &  bon  chef 
de  guerre. 

Le  Comte  de  Charolois  partit  de  Bruxelles  le  2.  Aouft  pour  fe  repdre  à 
Namury  près  de  laquelle  ville  il  aflèmbloit  l'armée  du  Duc  fon  Père,  qui 
fe  rendit  luy-mefme  à  Namur  le  14.  Aouft ,  ceux  de  Dînant  furent  envi- 
ronnés de  les  gens  de  tous  les  coftés  de  la  rivière  de  Meu^e  ;  les  appro- 
ches fe  faifoient  de  jour  en  jour  pour  les  afiaillir ,  &  toft  après  furent  ga- 
gnés leurs  fauxbourgs  :  le  Comte  fe  logea  à  celuy  de  Leftn  l'Abbaye  de 
ce  nom ,  où  il  fut  pendant  tout  le  fiege. 

Le  Duc  partît  de  Namur  le  20.  Aouft  après-difner ,  &  alla  par  eau  cou- 
cher à  Bouvignes  ;  il  fit  fommer  ceux  de  Dinant  de  fe  rendre ,  mais  ils 
répondirent  fort  fièrement ,  &  dirent  plufieurs  injures  du  Duc  &  de  foa 
fils ,  &  toft  après  fe  trouvèrent  fi  oppreilés  &  battus  des  engins  à  pou- 
<lrc  que  l'on  jettoit  contre  leurs  portes  &  leurs  murs ,  &  au  dedans  de 
leur  ville,  qu'il  fembloit  que  ce  fût  là  un  droit  enfer,  fi  que  finalement 
ceux  de  la  earnifon  s'enfuyrent ,  &  les  habitans  fe  rendirent  à  la  fin ,  à  la 
ilifcretion  du  Duc ,  le  Lundy  2  < .  Aouft. 

Trois  jours  furent  employés  a  piller  cette  ville  de  Dinant ,  qui  étoir 
fort  riche ,  puiis  y  prit  le  feu  par  megarde  ou  autrement ,  &  le  Comte  de 
Charolois  fit  mettre  le  feu  par  tout ,  fi  que  la  ville  fut  toute  brûlée. 

Quand  cette  ville  de  Dinant  fut  ainfi  toute  confommée,  &le  feu* 
éteint*,  le  Comte  de  Charolois  ,  par  ordonnance  du  Duc  fon  père,  man-» 
da  des  ouvriers  &  fit  abattre  portes  ,  tours  &  murailles ,  &  tous  les  édi- 
fices de  laditte  ville ,  fi  qu'il  n'y  demeura  rien  deflus  terre ,  &  fembloit 
proprement  qu'il  n'y  eût  eu  oncques  habitations ,  Eglifes ,  ny  maifons. 

La  ville  de  Thuin  fut  donnée  au  Comte  de  SainB  Fol ,  pour  ce  qu'il 
n'avoir  point  été  au  pillage  de  Dinant  (5  2} ,  ceux  de  Thtdn  fe  rachepterent 

de 
()i)  Etrange  dédommagement. 


188  LES    CHRONIQUES 

de  luy  >  &  abattirent  leurs  portes  Se  leurs  murs  >  &  auâl  firent  ceux  de 
1^66,    faincl  Tron  ;  &  partant  ils  échappèrent  fans  être  pillés. 

Le  Comte  de  Charolois  avec  toute  fon  armée  tira  ^ctsLicge ,  au  com- 
mencement du  mois  de  Septembre,  pour  combattre  les  2/>g«(>i5 ,  ^ui^ 
croient  fortis  en  grand  nombre  de  leur  cité ,  &:  fi  le  Comte  eût  été  bien 
avifé ,  il  les  pouvoit  tous  ruer  jus  à  cette  fois  ,  zttès  légèrement  de  lez- 
Monunacy  ou  il  étoi^le  4.  &  le  5.  Septembre. 

Le  Duc  de  Bourgogne  partit  de  Namur  le  j.  Septembre  pour  Venir  i 
PcrcwtZy  Se  enfuite  a  Judoignc ,  où  il  refta  quelques  jours. 

Les  Liégeois  pour  avoir  paix  avec  le  Duc  de  Bourgogne  promirent  & 
s'engagèrent  de  fournir  tout  ce  qu'on  leur  demandok.  Se  baillèrent  des 
oftages  à  cet  effeâ,  &  partant  fut  la  paix  faite  pour  cette  fois,  qui  fut  le 
8.  de  Septembre. 

Cette  paix  étant  ainfi  faite ,  le  Comte  de  CAi^ro/o/V congédia  fon  armée 
&  s'en  alla  a  XottVizm  devers  le  Duc  fonpcre,  qui  y  étoit  arrivé  le  12.. 
Septembre  -,  ce  Comte  en  partit  le  14.  pour  aller  à  Bruxelles ,  où  il  donna 
â  difner  aux  Amballadeurs  du  Roy  le  Dimanche  i8  :  &  le  19.  il  en  par- 
tit pour  aller  à  G  and  9  où  il  s'arcefta  i  le  Duc  ne  xtioxxiïiQLLBnixtlles  que 
le  2^  Oftobre. 

Le  ïj.  de  ce  mois  d'Oûobre  Madame  de  G7/fZt/r«  k  jeune,  qui  de* 
meuroit  avec  le  Duc  de  Bourgogne ,  partit  de  Bruxelles  pour  aller  trouvexs 
fon  mary,  &  le  lendemain. i  j.  Maclame  la  Ducheflè  àc Bourbon  Se  Ma- 
demoifelle  Marguerite  (53)  fa  fille ,  qui  avoient  toujours  été  à  la  dépenfe 
du  Duc  ,  partirent  auffi  de  Bruxelles  pour  retourner  en  Bourbonneis  f 
elles  prirent  leur  route  par  Gand  >  où  le  Comte  de  Charolois  les  deffraya» 
jufques  au  22.^ qu'elles  en  partirent  après-difner. 

Le  2o.  dudit  mois  d'Oâobre,  le  Duc  partit  de  Bruxelles  par  eau ,  pafià 
par  Vilvorde ,  Matines  ^  Tenremonde  ,  Petheghem  ,  où  le  Comte  de  Charo^ 
lois  difna  avec  luy ,  Courtray  ,  &  arriva  le  29.  à  Lille  ,  où  il  s'anefta. 

Le  Comte  de  Charolois  partit  de  Gtf/2^  le  1 3.  de  Novembre,  pour  allei 
i  Bruges  ,  où  il  refta  jufques  au  i6.  Pendant  qu'il  y  fut ,  il  y  regala  les 
AmbsuTàdeurs  du  Roy ,  ceux  de  Mgr.  de  Bourbon  ,  &  ceux  du  Comte 
d*j4rmaçnac  :  il  alla  cn(\xïi^  k  V Efclufe  Se  à  h  Briel^  où  il  s!embarqua 
le  premier  Décembre  pour  pafler  en  J/ollande  y  mais  à  caufe  des  glaces 
il  fut  obligé  de  prendre  terre  à  une  lieue  de  Dordrecht ,  Se  aller  par  char- 
roy  à  Gorichem  (c'eft  Gorkum  )  où  il  arriva  fort  tard  ,  &  refta  jufques  au» 
10.  Janvier. 

L'Archevefque  de  Trêves ,  les  Evefques  dl/trecht  Se  de  Mets  en  Lor^ 
raine  y  Se  le  Comte  de  Blanquenheim ,  vinrent  à  Gorichem  au  mois  de  De^ 
cembre^  vifiter  le  Comte  de  Charolois  y  qui  les  regala,  ainfi  que  les 
Ambafiàdeurs  des  Ducs  de  Normandie  Se  de  Bretagne ,  qui  étoient  près 
de  ce  Comte; 

Le  Duc  de  Bourgogne  étant  z,  Lille  y  fut  malade  pendant  tes  mois  de 
Janvier  Se  de  Février ,  le  Comte  de  Charolois,  qui  avoir  été  pendant  ce 
temps  en  Hollande  Se  en  Zelande  ,  revint  à  Bruxelles  le  Mardy  10.  Fé- 
vrier,. 

(^  5)  Eltcadcpoisété  mariécà  Philippe  de  Savoye,  Seigneur  de  Brefle,  6c  enfuice  Duc 
de  Savoye 

(34> 


DUROYLOUYSXI.  189 

vrîcr  ;  le  Comte  Palatin  ,  rEvefque  de  Spire  &  le  Comte  de  Hanin  (  ou   

de  Hanau )  vinrent  le  voir  en  cette  ville ,  où  il  les  retint  jufques  zxx  i6.     ia66. 

Î[ull  les  mena  à  Tcnrcmondc  y  enfuite  à  Gand ,  Bruges  ,  tEJclufe ,  puis 
es  ramena  à  Gand ,  où  ils  le  quittèrent  le  2}«  Février  *,  &  pendant  tout 
le  temps  qu'ils  furent  enfemblc ,  le  Comte  de  Charolois  deffraya  toute  la 
compagnie  ,  &  la  regala  fplendidement  (34))  après  quoy  il  vint  le  14.  à 
Lille  voir  le  Duc  Ton  père,  qui  v  étoit  encore  malade ,  &  qui ,  le  2.  Mars, 
fc  fit  mener  en  batteau  en  la  ville  de  Bruges ,  où  il  arriva  le  j.  Mars  :  le 
Comte  de  Charolois  alla  à  Gand^  dont  il  partit  le  14.  Mars  pour  aller  a 
Bruee%  ,  où  il  refta  près  du  Duc.  ___ 

L  an  14^7.  Pafques  arriva  le  29.  Mars ,  &  toft  après  paflà  eft  Angleterre  ^^*'**** 
meffîre  Antoine,  Baftard  de  Bourgogne ,  où  il  fit  une  armée  de  plaifance  x  4^7* 
contre  le  Sgr.  d  EJcales ,  frère  de  la  Rey ne  d'Angleterre. 

Le  Duc  de  Bourgogne  étant  à  Bruges ,  y  receut  au  mois  d'Avril  les . 
Ambaflàdes  des  Ducs  de  Bourbon ,  de  Normandie ,  de  Bretagne  i  de  Ca- 
labre  ,  &  du  Conneftable  de  France  y  Icfquelles  il  fit  régaler. 

En  ce  temps  changèrent  leurs  atours  les  Dames  &  Damoifelles ,  &  fe 
mirent  à  porter  bonnefts  fuf  leurs  telles ,  &  couvrechefs  fi  longs ,  que 
tels  y  avoit  qui  touchoient  la  terre  par  derrière  leur  dos,  &  elles  prirent 
des  ceintures  plus  larges ,  &  de  plus  riches  ferrures  qu  oncques  \  mais 
ils  laiilerent  leurs  queues  à  porter ,  &  au  lieu  de  cela  elles  prirent  grandes 
Se  riches  bordures. 

Les  hommes  aufli  fe  prirent  à  fe  veftir  plus  court,  que  oncques  mais  ils 
avoient  fait ,  fi  qu'on  voyoit  leurs  derrières  &  leurs  devant ,  ainfi  com- 
me on  fouloit  veftir  les  finges ,  &  fe  mirent  à  porter  fi  longs  cheveux  , 
qu'ils  leur  empefchoient  le  vifage  &  les  yeux  ;  ae  plus  ils  portoient  de 
hauts  bonnets  fur  leurs  telles  trop  mignonement ,  &c  des  fouliers  à  trop 
longues  poulaines  ;  les  valets  mefmement  >  à  l'imitation  des  maîtres  ,  éc 
its  petites  sens  indifféremment  portoient  des  pourpoints  de  foye  ou  de 
velours  ,  chofes  trop  vaines  &  fans  doute  haineufes  à  Dieu, 

Le  Lundy  quinziefme  jour  de  Juin  à  neuf  heures  du  foir,  trepada  de 
ce  monde  le  noble  Duc  Philippe  de  Bourgogne  ;  le  Comte  de  Charolois^ 
qui  étoit  lors  à  Gand ,  en  partit  apres-dilner ,  pour  venir  voir  fon  père  y 
lequel  il  trouva  mourant. 

Le  corps  du  Duc  fut  mis  en  terre  à  S^  Donas  de  Bruges ,  pour  un  temps 
moult  noblement  (}  5)  :  le  nouveau  Duc  luy  fit  faire  des  obfeques  magni- 
fiques ,  le  22.  Juin  en  laditteEglife  àt  S, Donas ,  où  affifterent  lesEvefques 
de  SaUsbery ,  de  Cambray  ,  de  Tournay  ,  de  Sarrepte ,  de  Salumbrie ,  & 

Î[uinze  autres  Prélats ,  qui  furent  tous  defifrayez  aux  dépens  du  Duc  :  ce 
ut  l'Evcfque  de  Tournay  qui  fit  l'Office.. 

Le  Vendredy  x6.  Juin  le  nouveau  Duc  de  Bourgome  partit  de  la  ville 
de  Bruges  après  difner  ,  &  alla  coucher  à  Deinfe ,  Te  lendemain  il  alla 
coucher  â  Zuinardc  près  Gand. 

Le  Dimanche  28.  au  matin  il  fe  rendit  en  la  ville  de  Gand,  où  il  fît 
fon  entrée  folemnelle ,  prit  poficffion  du  Comté  de  Flandres  en  l'Eçlife 

faind 

()4)  Tiyf*.  Philippe  de  Coipioes ,  Livre  I  (f  5)  Il  a^té  «Icpuîs  transféré  aux  Char- 
II.  chapitre  S..  l  tieuxde  Dijon  en  Février  1473. 

Aa  }  (}6.} 


190  LES    CHRONIQUES 

faind  Pierre  Se  fie  les  fermens  ordinaires  ;  il  refta  trois  jours  dans  cette 
1 4  (j  7.     ville  ,  &  en  panit  le  premier  Juillet  pour  aller  à  Tcnrcmonde. 

Environ  ce  tcmps.le  Duc  de  Warvic  vint  d^AngUurrt  en  France ,  & 
fut  quelques  jours  en  la  ville  de  Rouen ,  où  le  Roy  le  fit  régaler  >  après 
quoy  il  retourna  en  Angleterre  avecMn  TAdmiral  de  France  (}6). 

Le  Duc  de  Bourgogne  pzïtit  de  Tenremonde  le  ).  Juillet  pour  aller  k 
Matines  ,  où  il  il  refta  julques  au  9.  de  ce  mois ,  qu'il  en  partit  pour  aller 
à  Hevre  (37)  près  Louvain;  il  y  refta  jufquesau  ii,  qu'il  en  partit  après- 
difner  pour  fe  rendre  à  Lèuvain ,  où  il  prit  poflèflîon  du  Duché  de  £ra^ 
tant  ;  le  13.  il  coucha  à  Filvorde  ,  le  14.  il  en  partit  après-difncr  &  fe 
rendit  à  Bruxelles  ,  dont  il  prit  podeûion,  &  fit  fon  entrée  publique» 
ayant  fait  tenir  fon  échançonnerie  ouverte  à  tous  ceux  qui  y  voulurent 
aller  boire  :  il  refta  dans  cette  ville  jufques  au  17.  Âouft ,  qu'il  en  partit 
.  pour  aller  à  Fïlvorde ,  enfuitte  à  Matines  ,  Lierres ,  Anvers  ^"  &  le  8, 
Septembre  au  foir  il  revint  à  Bruxelles. 

Le  Mardy  11.  Septembre  le  Roy  alla  en  pellerinage  (38)  à  pied  de  la 
ville  de  Paris  en  l'Eglife  dejaincl  Denis  en  grande  dévotion. 

Le  Lundy  1 1.  Oftobre ,  le  Duc  de  Bourgogne  étant  à  Bruxelles  fit  le 
banquet  des  nopccs  du  Vicomte//*-/^rig7^w7(39)  avec  Damoifelle  Je  annc 
de  Bourbon  (40)  ;  le  1 3.  il  partit  pour  aller  à  Louvain  >  il  y  refta  jufques 
au  19.  qu'il  alla  à  Thy-te-Mont^  où  il  fejourna  jufques  au  i6.  ou'il  alla  d 
Leauwe  en  Brabant  :  le  27,  il  vint  au  hege  qu'il  faifoit  faire  ae  la  ville 
dt /ai nS  Tron  ,  &  le  1 8.  il  gagna  la  bataUle  fur  les  Liégeois  au  village  de 
Brujlen. 

Le  2.  Novembre  la  ville  defainS  Tron  fe  rendit  à  volonté ,  le  Duc  en 
fit  démolir  les  portes,  les  tours  &c  les  murailles*)  la  pefte  qui  étoit  dans 
cette  ville  cau(a  une  grande  mortalité. 

Le  6.  Novembre ,  le  Duc  avec  fon  arnlée  en  bataille ,  arriva  devant  la^ 
ville  de  Tongresj  qui  fe  rendit  j  il  alla  camper  le  lendemain  fur  la  rivière* 
de  Jerre  ,  au  lieu  dit  le  JFaige ,  il  y  fejourna  jufques  au  9.  qu'il  alla  à 
Autey ,  le  11.  il  campa  devant  Liège. 

Le  Mardy  17.  Novembre,  ce  Duc  accompagné  de  quantité  de  Princes^ 
Barons ,  Chevaliers,  Ecuyers ,  Capitaines  &  gens  de  guerre ,  tous  en  ri- 
ches parures ,  fit  fon  entrée  en  la  ville  &  cité  de  Liège ,  &  y  rétablit  TE^ 
vcfque  UO  ;  il  fut  receu  des  gens  d'Eglife  &  habitans  en  grande  révé- 
rence, il  y  fejourna  jufques  au  28.  qu'il  en  partit  avec  fon  armée  pour 
venir  à  nuy ,  où  il  rut  dix  jours  :  le  7.  Décembre  il  alla  à  Marche  en  Ftf- 
mine  ,  où  a  refta  jufques  au  9.  qu'il  alla  coucher  ifaincl  Hubert  en  Ar* 
denney  ilydifnale  10.  &  lemefme  jour  revint  à  Marche^  où  il  refta 
jufques  au  12.  qu'il  revint  à  -fli(y  ;  il  alla  de-là  à  Tongres  ,  à  Treicl  fur 

Mtuiç 


{\6)  Louis  Baftard  de  Bourbon. 

(j7)  Prieuré  de  Cclcftins.  Fi^r^IcsDe- 
lices  des  Pays-Bas,  Tom.  I.  pag.  1 14.  édi- 
tion de  171 1. 

(}8)  Voyex,  THiftoirc  de  Saint  Denis  du 
Père  Felibien ,  pag.  5  6x, 

(  59  )  Jean  jle  Chalon ,  depuis  Prince 
d*Orange. 


iio)  Jeanne ,  fille  de  Charles  Duc  de 
Bourbon  ,  &  d* Agnès  de  Bourgogne ,  fa 
femme ,  &  fœur  d'Ifabelle  de  Bourbon  , 
Ducheffe  de  Bourgogne  »  mone,  com- 
me il  a  été  dit  ci-devani,  le  %6.  Septembre 

(41)  Louis  de  Bourbon ,  coufin  &  beau- 
frerç  du  Duc  de  Bourgogne. 

(4f) 


t^6S. 


DU    ROY    LOUYSXI.  191 

Meuu  (41)  y  où  il  fut  cinq  jours,  à  HaJfcU ,  à  Die/i  y  à  Louvain  y  il  ar- 
riva a  Bruxelles  le  14.  Décembre.  Le  x 5*  il  y  tint  Cour  ouverte  à  tous     ^4^7* 
venans ,  &  y  fit  donner  à  manger  à  plus  de  deux  mille  pauvres. 

Le  x8*  Décembre  les  Ambafladeurs  de  Ftnife  arrivèrent  en  grande  com^ 
]»gnie  en  la  ville  de  Bruxelles  >  ils  furent  feftoyez  par  le  Duc  ^  qui  par^ 
tit  deux  jours  après  pour  Tenremonde  y  Se  retourna  le  3.  Janvier  à  Bru-* 
xtUes  y  où  il  fejourna  jufques  au  xC.  Mars ,  qu  il  alla  à  Nivelle  y  le  17.  ik 
Morts  y  où  il  fejourna V  le  4.  Avril  il  alla  au  Quefrioy  ^  le  5.  â  VaUncien* 
nés  ,  le  ^*  à  Anthoing  ,  le  7*  à  Lille  ,  le  &•  4  Roulers  y  &  le  pr  à  Bruges  , 
où  il  refta* 

Le  Roy  tint  lesEftats  de  fon  Royaume  en  la  ville  de  Tours,  ûs  dure* 
rent  depuis  le  6.  Avril  jufques  au  14.  dudit  moisr 

Pafques  arriva  le  17.  Avril ,  &  le  to,  leDuc  de  Bourgogne  étant  cncovci 
Bruges  y  regala  Mr.  de  Malicorne ,  T Abbé  de  Begar^  Se  autres  Ambafla- 
deurs des  Ducs  de  Normandie  ôc  de  Bretagne  y  après  quoy  il  alla  à  VEf^ 
clufe  ôc  i  Middelbourgy  puis  revint  à  Bruges  le  £7* 

Le  Dimanche  8.  May  il  fit  la  fefte  de  1. Ordre  delà  Toifon  d'Or ,  où  fe 
trouvèrent  treize  Chevaliers ,  &  fit  plufieurs  Chevaliers  nouveaux  :  (  ce 
furent  Edouard  IF.  Roy  d  Angleterre  ,  Louis  de  Chalon ,  Seigneur  de 
ChâteaU'Guyon ,  Jean  de  Damas  y  Seigneur  de  CU^y  Jacques  de  Bour^ 
bon  y  Seigneur  de  Richebourgy  Philippe  Comte  de  Éeaugéy  Seigneur  de 
Breffe ,  depuis  Duc  de  Savoye  ,  Philippe  de  Crevecœur  >  Seigneur  des 
Querdes ,.  depuis  Marefchal  de  France ,  &  Claude  de  Montagu ,  Seigneur 
de  Couches),  &cxt%Az\cs  hxthzSzàtursÂcRomeyd^AnglcurreyàcsïivLC^ 
de  Normandie ,  de  Bretagne  &  de  Calabre^ 

La  nuit  du  22*  au  13.  May  mourut  en  la  ville  de  ^n/^e^  y  Mgr.  Jacques 
de  Bourbon ,  nouveau  Chevalier  de  la  Toifon  ,  fils  de  feu  Mgr.  Charles 
Duc  de  Bourbon  (43)  &  de  Madame  A^ès  de  Bourgogne. 

Au  commencement  du  mois  de  Jum  y  TEvefque  de  Mets  vint  voir 
le  Duc  de  Bourgogne  en.,  la  ville  de  B ruses  j  le  Landgrave  du  Rhin  Se 
lïvefque  de  f^erdun  ,  y  vinrent  enfuite,  ilsnirent  fouvcnt  régalés ,  ainfi 
que  les  Ambafladeurs  du  Pape,  de  France  y  d'Angleterre  y  d'Arragony  de 
Normandie  y  de  Bretagru  y  de  Lorraine  y  du  Comte  Palatin  &  autres* 

Le  Samedy  25.  Juin  y  Dame  Marguerite  d^Yorcky  fœur  du  Roy  d^An^^ 
gleterre  y  (  Edouard  IF^  )  future  cpoufe  de  Mer.,  le  Duc  de  Bourgogne  y. 
arriva  en  la  ville  de  CEJclufe  ;  Mademoifelles  ae  Bourgogne  &  d^Argueil 
l'y  allèrent  voir  le  lendemain ,  &  le  Lundy  27.  le  Duc  at  Bourgogne  y  alla 
&  revint  le  lendemain  à  Bruges  ,  où  le  Sgr..  de  S  cales  ,  (  frère  delaReyne 
d*Angleurre  )  vint  le  29.  Le  30.  le  Duc  alla  coucher  kVEfclufe  Se  revint 
à  Bruges  le  premier  Juillet. 

Le  Sameay  2.  Juillet ,  Mgr.  le  Duc  de  Boursogne  alla  en  la  ville  de 
Dtfm  voir  Madame  Marguerite  ^/'-TorcA: ,  qui  y  etoic  arrivée,  il  retourna 
le  mefme  jour  i  Bruges  ^  le  lendemain  il  en  partit  à  cinq  heures  du  matin 

Îour  aller  en  ladite  ville  de  Dam  ,  où  étoit  laditteDame  accompagnée  de 
,  i  Duchedè  de  Norfolck^  de  TEvefquc  de  Salesbery  ,  des  Comte  &  Corn- 

cefle 

(41)  MaeftricEr. 
£4^}  Mon  en  245^^ 


I9Î  LES    CHRONIQUES 

tefle  de  Scalts ,  du  Sgr.  d'OnJevil/e  ^frcrc  dudit  Comte  Se  de  quantité  de 
14(»8.  Barons,  Chevaliers,  Dames  Se  Damoifelles  d* Angleterre  y  jufqucs  au 
nombre  de  dix-huit  cens  perfonnes ,  auquel  lieu  mondit  Seigneur  épou- 
fa  maditte  Dame  Marguerite  \  Se  ce  fait  retourna  à  Bruges  y  Se  maditte 
Dame  environ  à  dix  heures  du  matin  aflife  en  une  litière ,  noblement 
adextréé  Se  accompagnée  de  plulieurs  Comtes,  Comtefles  Se  nobles 
hommes  ,  entra  en  THoftel  de  mondit  Seigneur  i  Bruges  ^  où  il  y  eue 
Cour  ouverte  à  tous  venans. 

Le  6.  de  Juillet ,  mourut  en  la  ville  de  Bruges  Mgr.  Adrien  de  Bor^ 
fille  ,  Seigneur  de  Bredam  ,  compasnon  de  l'ordre  de  laToifon  d'or ,  le- 
quel avoir  époufé  Dame  Anne  ,  fifle  baftarde  de  feu  Mgr.  le  Duc  Phi- 
lippe. 

Le  I  }•  Juillet,(44)  le  Duc  partit  de -ff/ï/^w  pour  aller  à  rEfclufi^Se  àeAi 
il  pa(!à  en  Zclande  y  puis  en  Hollande  ,  où  il  fut  depuis  le  19.  jufques 
au  premier  Aouft  ,  qû*il  en  partit  pour  (è  rendre  à  Bruxelles  ,  où  il  ar- 
riva le  j.  près  de  la  nouvelle  Duche(Iè,qui  y  étoit  arrivée  douze  jours  au- 
paravant ;  il  n'y  refta  que  huit  jours ,  après  lefquels  il  vint  au  Quefnoy , 
où  le  Conneftable  de  France ,  l'Archevefque  de  Lyon  ,  &  rEvefque  de 
Verdun  le  vinrent  voir  &e  demeurèrent  quelques  jours  avec  luy  ;  le  xG. 
Aouft  il  partit  du  Quefnoy  Se  vint  coucher  a  Peronnç  ,  où  Le  Connef- 
table fe  trouva  le  lendemam. 

Traitté  d*Ancenis  entre  le  Roy  &  le  Duc  de  Bretagne  le  i  o.  Sep* 
tembre. 

.  Le  Duc  qui  étoit  à  Peronne  depuis  le  16.  Août ,  en  partit  le  1 5.  Sep- 
tembre pour  aller  avec  fon  armée  au  pays  de  Santers  ,  (où  il  campa  près 
du  bois  de  Merancourty  Se  refta  jufques  au  12.  qu'il  vint  camper  a.Z/* 
hons  en  Santers  ,  où  il  s'arrefta. 

Le  1.  Odobre ,  le  Cardinal  d* Angers ,  (  Jean  Balue  ,  )  vint  voir  le  Duc 
de  Bourgogne  en  fon  camp  à  Lihons  en  Sanurs  ^  le  5.  ce  Duc  retourna 
à  Peronne  ,  où  ce  Cardinal  fe  rendit  le  lendemain  C.  Le  Roy  y  arriva  le 
Dimanche  9.  Octobre  i  ayant  en  fa  compagnie  ledit  Cardinal ,  le  Comp- 
te àtfainS  Paul ,  Conneftable  de  France ,  l'Archevefque  de  Lyon  Se  le 
Sgr.  de  Beaujeu  5  d'autre  part  y  vinrent  Mr.  Philippe  de  Savoye  ,  TE- 
vefque  de  Genève  Se  autres  Seigneurs  qui  furent  tous  feftoyez  par  le  Duc. 

Le  Jeudy  i  j.  Oûobre ,  le  Duc  qui  avoir  cru  partir  le  lendem;iin ,  nç 
partit  pas ,  mais  le  lendemain  il  fit  fon  Traitté  avec  le  Roy  j  5c  le  15^ 
ils  partirent  enfemble  Se  allèrent  coucher  au  Château  de  Bapaumes  ,  où 
vinrent  aufli  Mrs.  de  Bourbon  ,  de  Beaujeu ,  le  Cardinal  d* Angers ,  l'Arr 
chevefque  de  Lyon  ,  &  autres  Princes  d.u  fang. 

Le  Dimanche  16.  le  Roy  &  le  Duc  après  avoir  difnéà  Bapaume^  vinr 
lent  coucher  iCambray  le  17.  ils  y  difnerent  &  couchèrent  au  Chafteau 
du  Quefiioy  ;  ils  y  refterent  jufques  au  19.  qu'ils  en  partirent  aorès  dif- 
ner  &  vinrent  coucher  à  Givry  en  Hainaut  ;  le  20.  ils  couclierent  à 
Chaftelet  fur  S  ambre  ,  pays  de  Liège  ;  le  21.  ils  arrivèrent  le  matin  i. 
Namur ,  iU  y  fcjournerent  juiques  au  24.  qu'ils  allèrent  coucher  au 
Château  de  Falaifi  }  ils  y  refterçnt  le  25.  &  le  ^(>.  au  matin  ils  en 

partirent 
(44)  Mcycnw^ 

(45) 


DU    ROY    L  O  U  Y  S    X  T.  193 

partirent&  vinrent  coucher  à  MommaU ,  le  ij.  ils  arrivèrent  devant  la  ville 

de  LU^c  qui  fut  prife  d  aflàult  le  Dimanche  xo.  Odobre,  &c  ce  jour  fu-     1 4<^8» 

rcnt  faits  plufieurs  Chevaliers ,  &  le  vin  fut  aiftribué  aux  gens  de  guerre 

avant  lafllault  -,  le  Roy  &  le  Duc  allèrent  coucher  au  Palais  de  la  Cité  , 

ils  y  furent  enfemble  jufques  au  Mercredy  i.  Novembre  ,  que  le  Roy  & 

Mrs.  les  Princes  partirent  pour  retourner  en  France  :  le  Duc  refta  à  Liège 

fufques  au  9.  qu'il  en  partit  après  difner  ,  &  en  partant  il  fit  mettre  le 

feu  par  toute  laditte  ville  &  cite ,  après  quoy  il  vint  fouper  &  coucher 

dans  r Abbaye  de  Fivignicrs  ,  (45)  il  en  partit  le  10.  &  vint  en  la  ville  de 

Treicht  fur  Meufc{j^6)yOViï\  refta  jufques  au  ii.qu*il  vint  coucher  i  Werfel 

pays  de  Limbourg  :  le  i^.  il  vint  à  nerve  audit  pays  ,  le  14.  à  PolUur  , 

£ays  de  Franchimont ,  il  en  partit  le  1 7.  &  à  fon  départ  il  y  fit  mettre 
i  feu  &  par  tout  le  pays  de  Franchimont  ^  (47}  après  quoy  il  vint  cou- 
cher à  Louvigny  ,  pays  de  Stavelo. 

Le  1 8.  Novembre ,  le  Duc  arriva  à  Frenhur ,  Chàtelknie  de  Huy ,  le 
19.  il  logea  en  l'Abbaye  du  Fal  Nôtre-Dôme  lez  Huy  ,  &  y  fejourna  juf- 
ques au  i6.  qu'il  en  partit  »  après  avoir  fepare  fon  armée  >  éc  ce  jour  il 
vint  coucher  â  Landen ^pzys  cle  Brabant  :  le  27.  il  vint  à  Louvain  ,  où 
il  fejourna  jufques  au  19.  qu'il  fe  rendit  i  Bruxelles  ^  où  il  s'arrefta  :  le 
4*  Décembre  il  regala  les  AmbaHàdeurs  de  France  ,  Scie  jour  de  Noël  il 
tint  table  où  Mr.  Philippe  de  Savoye  &  le  Prélat  officiant ,  mangèrent  i 
les  pauvres  furent  traittés  fuivant  l'ancienne  coutume  de  Bradant. 

Le  Samedy  28.  Janvier ,  le  Duc  partit  de  Bruxelles  ,  Ôc  paflànt  par 
jilofiy  Oudenarde ,  Courtray  -&  Lannoy  ,  il  arriva  à  Lille  le  Mercredy 

{>remier  Février;  il  y  refta  jufques  au  \6.  qu'il  en  partit  pour  aller  en  pe- 
erinage  en  l'Abbaye  de  CainB  George  près  Hefdin  :  le  11  •  il  arriva  au 
Château  de  Hefdin  ,  où  il  trouva  la  Ducheftè  fa  ipere  &  la  Duchede  fa 
compagne  ,  qui  y  étoit  depuis  le  i;.  Novembre  >  &  laquelle  il  n'avoir 
vue  depuis  longtemps;  il  refta  avec  elle  jufques  au  15.  Mars,  qu'il 
partit  pour  venir  à  Arras  ,  où  le  Duc  d* Autriche  (48)  arriva  le  Mardy  21  • 
Mars  >  ils  en  partirent  enfemble  deux  jours  après  :  le  24.  ils  arrivèrent  à 
Hefdin  vers  les  Dames ,  entte  lefquelles  étoit  Mademoifelle  fa  fille  :  le 
^6.  jour  de  Pafques  fleuries ,  il  dilna  en  falle  &  avec  luy  le  Duc  d*Au^ 
triche  y  Mr.  Philippe  de  Savoye  &  le  Prélat  ()ui  avoit  fait  l'office  du  jour. 

Le  1.  Avril  jour  de  Pafques ,  ces  trois  Princes  étant  encore  à  Hefdin,  ^i— — 
difnerent  en(emble  y  ils  refterent  en  cette  ville  jufques  au  15.  que  le  i4<$9. 
Duc  de  Bourgogne  en  partit  avec  le  Duc  d'Autriche  y  ils  allèrent  i  Rue  , 
au  Crotoy  &  a  noulogne  »  &  le  xi  •  allans  de  Boulogne  i  Ardres  y  ils  ren^ 
contrèrent  en  chemin  le  Comte  de  Warwich  qui  les  venoit  voir ,  &  qui 
retourna  le  mefme  jour  à  Guy  nés  ;  ces  deux  Ducs  arrivèrent  à  fairiS 
Orner  le  22.  Le  Comte  de  Warwich  y  vint  le  16.  en  ^ande  compagnie. 
Le  27.  le  Duc  de  BIhurgoene  fouppa  en  falle ,  le  29.  ils  allèrent  a  Aire  , 
vers  les  Duchefles  &  Nkdemoifelle  ^  &  ib  retournèrent  â  SainS  Orner  le 
Londy  premier  jour  de  May» 

Le 


(4O  Abbaye  de  Filles  de  l'Ordre  de 
CiceauK. 
(4^)  Ceft  Maftrricbc 


(•47)  Dépendant  deTEvéché  de  Liège. 
(48)  Maximilien  >  depuis  Empereur  I^ 
de  ce  nom. 


Tome  IL  B  b  (49) 


1^4  LES    CHRONIQUES 

Le  Conneftable  Ac  France  arriva  le  4.  Maf  iJkinS  Orner  ^  où  il  i!eftar 
1 4^9*^  huit  jours  avec  le  Duc  de  BourgognCiqui  en  parut  le  1 1«  pour  allerà  jéirc 
vers  les  Daines ,  enfuicce  il  alla  i  Caffil  9  à  Tprcs  9  à  Counray  ,  ou  il  refta 
4epuis  le  17.  jufques  au  5.0. -May,  qu'il  panic  pour  Dcyrft  ;  le  lende- 
main il  alla  à  Gand ,  où  il  demeura  &l  femaines  avec  la  Ducneflè  ,  &  où 
il  trouva  des  Amba(Iadeurs  de  Rome  9  de  France  ,  de  Pologne  ^  de  Venift 
ic  autres  »  &  où  le  Duc  de  C/eves  le  vint  voir» 

Le  1 1»  Juillet  le  Duc  de  Gueldres ,  qui  étoit  avec  le  Duc  dcBourgogna 
depuis  le  19.  Juin  >  prit  conjgé  de  ce  Duc  j  qui  panit  le  i^.  avec  la  Du- 
chefle  Ton  époufe ,  pour  aller  à  Bruges  ;  il  y  reft^  jufques  au  19.  qu'il 
alla  coucher  à  rEfclufe:  le  jo.  il  alla  difner  à  Noftre-Dame  (TArdem'- 
bourg  en  petite  compagnie ,  6c  revint  coucher  à  rEfclufe  .*  le  5 1 .  il  mon- 
ta en  batteau  avec  le  Duc  de  C levés,  difna  devant  Armuydt  y  &  coucha 
i  Middelbourg  en  Zelande. 

Le  premier  Août ,  le  Roy  étant  au  OAiZdcad'Jlmboife  ,  inftitua  Tordre 
de  fainB  MicheL 

Le  4.  Août  le  Due  de  Bourgade  alla  difner  à  Armuyde ,  &  revint  coi:-^ 
ehcïi  Middelbourg,  à!  ovL  il  partit  le  <>•  après  difner ,  pour  aller  coucher  àla 
Fere  »  où  il  fut  un  peu  malade  ^  il  en  partit  le  1 1«  difna  fur  Peau  &  cou- 
cha  à  la  BrieL  Le  1 2.  après  avoir  difné  à  la  Briel  aux  dépens  de  Mr- 
d*OJirevant  ,  (49)  il  alla  fouper  à  la  Haye ,  où  il  fut  malade  pendant  un 
mois  :  le  h6.  Septembre  il  alla  à  Noftre-Dame  de  Stravefan  (  ou  Sgrave^ 
fande,  )  d  oùil  revint  coucher  à  h  Haye  :  le  11.  il  alla  entendre  la  Meflè 
Ôc  déjeuner  LfainS  George  ,  à  deux^  lieues  à^  h,  Haye  ^  où  il  retourna, 
eu  cher^ 

Le  27k  Septembre ,  le  Duc  de  CUves ,  qui  étoit  venu  voir  le  Duc  de 
Bourgosne  ,  &  avoir  toujours  demeuré  avec  luv  depuis  le  12.  Juin  ,  prie 
congé  de  ce  Prince,  pour  s'en  retourner,  &  le  Duc  dc^  Bourgogne  alla 
ibupper  kDelft  :  le  xS.  il  alla  diCnet:àfain3 George  &c  foupper ala  Haye, 
où  il  y  avoir  aes.Ambaflàdeurs  de  Rome,  Allemagne ,  Cajiille ,  Arragon, 
Venije  ,  Cologru,  Oojlefriiej  &c^  Il  y  refta  jufques  au  j*  Novembre, 
&  pendant  ce  temps  il  alla  faire  pluileurs  pèlerinages  ifainâ  George,  k 
Noftre-JDamade  Stavejan  &  kfainSe  Croix ^ 

Le  j.  hk>vembre ,  u  partir  de  la-fiT^ve  ,  alla  déjeuner  ifainct  George  , s 
difner  à  Delfi  ,  foupper  iRoterdam  :  le  4,  il  difna  &  coucha  en  batteaa 
près  l'Ifle  de  Wolferdic  >  il  y  refta  jufques  au  (>.  qu'il  vint  coucher  à  An^ 
vers  y  où  il  demeura  jufques  au  1 }«.  qu'il  vint  difner  à  Malines  &  coucher 
i  Vilvorde  ;  le  14.  ï\co\xchsik  Bruxelles  y  où  les  Ambadàdeurs  de  Rome,. 
Allemagne  y  Cajiilk  y  NapUs  ,  Savoy e  >.  Venife  y  Calabre  y  Cologne  y  Juil-- 
tiers  8c  autres  le  rendirenr*. 

Le  24  Novembre  ^  le  Comte  de  f^audemont  arriva  à  Bruxelles  ,.  où 
il  fut  feftoyé  par  le  Duc  \  le  Comte  d^ Meurs  y  arriva  le  }.  Décembre^, 
&  fut  pareillement  feftoyé.. 

Le  6..  Décembre ,  le  Duc  alla  coucher  à  Halle  y  ilv  difna  Le  lendemain  ^ 
k  le  foir  revint  à  Bruxelles  y  le  1 2.  il  alla  à  la  Mefle  kfaincl  Sebaflien  det: 

Linquebeckc 

(49)  François  de  Borfdk.,  Fondacear  dcJa  Chameufcde  Délit ,  mon  Je  1^.  No«. 
-  vcmbrc  1470*.  • 


DU    ROYLOUYS    XL  Î95 

Vinqtubuki  :  k  14*  le  G)mte  de  Ghcmcn  (50)  le  vint  faluer  »  &  il  fut 

régalé .*  le  i(î.  ce  Duc  alla  foupper  ijaincl  Jotft-U^^Bruxdlts ,  à  caufe  du     *  4 ^ ?• 

crcoas  AtPafyuct&a,  fon  Hôtel  \  le  17.  il  diina  ifainS  ScbafiUn  »  foup-^ 

pa  ^fainS  JoÏÏk  ,  il  y  difna  le  lendemain  ,  puis  alla  coucher  à  Tennmon^ 

de  ;  le  19.  ilcn  partie  après  difner  &  vint  coucher  à  Gand ,  où  il  refta. 

Le  j  I .  Janvier ,  le  Seigneur  de  Duras  ,  T Aumofnier  de  la  Reyne 
d^ Angleterre  Sc  autres  au  nombre  de  16.  perfonnes ,  apportèrent  au  Duc 
-de  Bourgogne ,  étant  lors  en  la  ville  de  Gand ,  Tordre  de  la  Jareticrre  ^ 
que  le  Roy  d  Angleterre  luy  envoyoit ,  &  qu'il  reçeut  en  cérémonie  le  4* 
Février  :  ils  y  furent  jufques  au  9.  fuivant ,  pendant  lequel  temps  ils 
furent  tous  défrayés  auxdepens  du  Duc.  Le  Sgr,  de  Duras  eut  un  prefenr 
de  deux  flacons  d'argent  >  pefans  i8.  marcs ,  les  autres  eurent  aufE  des 
prefens  à  proportion. 

Le  Dimanche  18.  Février ,  le  Duc  Se  la  Ducheftè  de  Bourgogneétzns  k 
Gand  fe  firent  les  noj>ces  de  la  Damoifelle  Jeanne  de  Berghes^ 

Le  lo*  le  Duc  partit  de  Gand  pour  aller  à  Bruges  ,  où  la  Ducheflè  6c 
Mademoifelle  fe  rendirent  le  ii.  &  le  27.  le  Duc  tint  falle  pour  les  nop- 
ces  du  fils  (5 1  )  de  M.  de  Culembourg  avec  Jeanne  de  Bevres  y  fille  de  Mr« 
le  baftard  de  Bourgogne. 

Le  6.  Mars ,  le  Duc  étant  à  Bruges ,  regala  le  fils  du  Duc  de  Juillicrs  ; 
le  1 7*  il  alla  avec  la  Duchefle  en  pèlerinage  à  Noftre-Dame  d'Ardemr 
bourg  y  6c  revinrent  à  Bruges ,  où  m  refterent* 

Le  5.  Avril ,  le  Duc  partit  de  Bruges  pour  Lille  ,  où  il  arriva  le  len« 
demain  &  s'arrefta  y  la  Ducheflè  &  Mademoifelle  allèrent  à  Bruxelles  , 
Matines  ,  Anvers  &  Louvain. 

Pafques  arriva  le  21.  Avril ,  &  le  30.  dudit  mois  >  le  Duc  après  avoir  *— — 
idifné  a  Lille ,  alla  coucher  à  Roulers  en  petite  compagnie.  1470* 

Le  premier  May  il  difna  à  Roulers  y  fouppa  à  CEfclufe ,  où  il  refta  le 
lendemain  ;  le  5.  jour  de  la  procefllîon  du  iainft  Sang ,  il  vint  difner  i 
Bruges  6c  retourna  coucher  à  ÏE/elufe;  il  en  partit  le  8.  &  alla  coucher 
â  Middelbourg  en  Zelande  ;  il  en  partit  le  io«  après  difner ,  &  vint  cou- 
cher au  Château  de  la  Vere ,  où  il  difna  le  lendemain ,  &  revint  à  Mid- 
delbourg yoii  il  difna  le  1 1.  puis  alla  coucher  au  Ctâxe2MàcDunebourg  en 
Zelande  :  le  Dimanche  1 5 .  il  monta  fur  l'eau  à  Fleffinghe  y  6c  vint  cou- 
cher â  VEfclufe  y  d'où  il  partit  le  11.  difna  fur  Teau  y  fouppa  à  MiddeU 
bourg  :  les  navires  de  guerre  étans  reftés  à  PEJclufe  y  attendans  le  vent , 
le  14*  ils  panirent  pour  Armuyden  y  où  l'armée  de  Zelande  devoir  fe 
rendre  >  le  Duc  refta  à  Middelbourg  :  le  Dimanche  5.  Juin ,  ily  fit  publier 
à  fon  de  trompe ,  que  tous  gens  de  guerre  v  aftèmblez  y  eurent  a  fe  re- 
tirer en  leurs  navires,  pour  partir.  Le  4.  il  fit  decoler  quatre  hommes 
pris  pour  homicides  en  ilfle  de  Zuitbevelandty  (51}  defqueh  trois  étoienc 
frères  germains  &  le  quatriefme  leur  germain. 

Le  6.  Juin ,  le  Duc  fit  partir  les  navires  des  Havres  de  la  f^ere  8c 
dTArmuyde  >  ils  refterent  à  Ramequin  y  faute  de  vent  î  le  9.  il  alla  en- 
tendre 


(50)  Ce  poonoit  bien  être  Meghcn. 

(51)  Galpan ,  fils  de  Gérard ,  Seigoear 
de  Calcflibourg ,  Hocftrate  de  Borfeue ,  de 


d'Elifabeth  de  Buren. 

(;i)  Lune  des  Ifles  de  Zelande  »  la  plus 
proche  de  la  Flandres  Hollandoife. 

Bb2.  (55) 


19^  LES    CHRONIQUES 

tendre  la  Meflc  à  Noftrc-Damc  au  Poldrc.  Le  1 1  •  la  Flotte  au  nombre 
1470-      de  i6n  navirçs  ,  partit  de  Ramcquin-Ui'FlcJlinghe  ,  commandée  par  le 
Sgr,  de  \z  Vcrc  y  Comte  de  Grandpréy  ($})  Lieutenant  &  Capitaine 
gênerai. 

Le  1 2.  le  Duc  après  avoir  difné  à  l'Abbaye  de  Middclbourg  en  Zdan^ 
de  ,  il  partit,  pour  FlMnehc ,  &  vint  defcendre  à  Swppddame  ,  d*dù  il 
alla  coucher  vers  la  Ducneffè  au  Château  de  Middclbourg  en  Flandres  9 
où  il  s'anefta ,  &  où  le  17.  ils  firent  le  banquet  aux  Dames  >*  la  Duchef- 
fe  ayant  fait  renforcer  fon  plat  à  caufe  que  le  Duc  fouppa  avec  elle* 

Le  X  u  le  Duc  partit  de  Middclbourg  &  vint  coucher  à  Bruges ,  où 
vinrent  les  Ambafladeurs  de  France  ,  d  Arragon  ,  de  Calabre ,  duComtç 
Palatin  &  autres*  Le  i}.  il  ordonna  un  plat  de  crue ,  pour  régaler  les 
Ambafladeurs  d^ Arragon  :  le  1 5 .  il  en  partit  après  difner  &  alla  coucher 
à  Oudcmbourg  :  le  16.  il  coucha  à  Nieuport ,  le  17.  il  difna  à  Fumes  , 
coucha  à  Berghes  y  le  18.  il  coucha  iiJainS  Orner  ,  où  les  Ambafladeurs 
de  France  ,  tapies  Bretagne  ,  &  autres  fe  trouvèrent* 

Le  Samedy  dernier  Juin  >  la  Reine  accoucha  d  un  fils  qui  fut  nommé 
Charles ,  &  eut  pour  pareins  Charles  de  Bourbon  Archevefque  de  Lyon^ 
&  Edouard  Prince  de  Galles ,  &  pour  marraine ,  Madame  Jeanne  de 
France  y  femme  de  Jean  Duc  de  Bourbon. 

Le  4.  Juillet ,  le  Duc  de  Bourgogne  partit  àt^fainS  Orner  après  difnei 
&  alla  à  Aire  voir  Madame  la  grande  (  fa  mère ,)  le  5.  il  en  partit  après 
difner  &  revint  IfainS  Orner  y  où  il  trouva  les  mefmes  Ambafladeurs  Se 
ceux  de  Fenife  :  le  19.  il  fit  fcftoy^r  les  Ambafladeurs  de  Bretagne. 

Le  2  5*  le  Duc  après  avoir  difnciJainS  Orner,  alla  coucher  à  Defurene, 
le  2.6.  au  Château  de  Boulogne ,  fe  28*.  à  EfiapUs  ,  le  29.  il  alla  ouir 
Mefle  ifaincl  Jojfe  fur  Mer ,  difner  à  Verton  &  coucher  aa  Crotoy  5  où  il 
refla. 

Le  2^  Aouft  il  difna  â  l'Abbaye  de  Damp-^nartin  ^  ic  alla  coucher  i, 
Hefdin  y  où  il  demeura  cinq  mois  &  demy  y  ayant  prefque  toujours  avec 
luy  le  Duc  de  Gueldre  y  &  pendant  ce  (èjour  il  y  fit  régaler  les  Ambaf- 
fadeursduDuc  de  Bretagne  les  8.  &  10.  Septembre,  celuv  du  riche  Duc 
de  Bavière  le  15.  Octobre,  &  y  reçcut  les  Ambafladeurs  ae  France ,  Na^ 
pks  9  Mayence  &c  aurres.. 

Le  Roy  Edouard  d* Angleterre  arriva  à  la  Haye  le  11.  Oûobre ,  le  Duc 
de  Bourgogne  hiy  fit  donner  cinq  cens  efcus  d'or  de  quarante-huit  gros 
pièce  (54)  par  mois  pour  fon  entretien  ,  outre  plufieurs  autres  fommes 
de  deniers  &  dons  qu'il  luy  fit  avant  fon  départ  pour  r Angleterre. 

Le  28*  NovembrelaDuchefIède^oi/r^e7^/2e;  Se  Mademoifelle Marie ,  ar- 
rivèrent à  Hefdin  vers  le  Duc. 

Le  Dimanche  2.  Décembre ,  fe  firent  en  la  ville  de  Hefdin  les  nopces 
de  Philippe  de  Mangerot  avec  la  Damoifclle  de  Rochtbaron ,  ils  furent 
fegalez  par  le  Duo  &  la  Ducheflè* 

Le  Mardy  jour  de  Noël  le  Duc  tint  falle  y  le  jeune  Duc  de  Gueldrts 
mangea  avec  luy. 

(5  0  Yolfiut  it,  Borfelle ,  depuis  Cheralicr  dclaToifbiHPOr,. 
Ch)  C^  f^  fÙK  cGosâorios» 


DUROY    LOUYS    XI.  197 

En  ce  mois  de  Décembre  le  Duc  de  Bourgogne  ordonna  à  meifire  Hen-« 
ry  de  Horrus ,  Seigneur  de  Pcruwei ,  d'alfer  avec  gens  d'armes  dans  la     ^  47®^* 
Tille  de  Thielt  en  Gueldrcsy  d'en  retirer  Arnoul  le  vicl  Duc  de  Gutldnsy 
qui  y  éroit  détenu  prifonnier  par  le  jeune  Duc  Ton  fils  »  &  de  Tamener  en 
la  ville  de  Hefdin ,  comme  il  ht.  )% 

Le  Mercredy  i.  Janvier ,  le  Duc  partit  de  Hefdin  Se  alla  i  j4ire ,  où  il 
trouva  le  Roy  d^  Angleterre  y  il  y  refta  le  3 .  en  panit  le  4.  après-difner ,  Se 
xcvinc  à  Hefdin. 

Le  5.  Janvier  la  Ducheilè  de  Bourgogne  partit  de  Hefdin  j  difnsL  iHeu-^ 
€hin  &  arriva  le  foir  à  Aire  y  où  elle  louppa  avec  le  Roy  d'Angleterre  foa 
frère  ;  elle  refta  le  6.  avec  luy ,  le  7.  ce  Roy  vint  ijaincï  Paul ,  où  le  Duc 
de  Bourgogne  Te  rendit  ôc  coucha  :  il  en  partit  le  lendemain  après-difner 
pour  retourner  i  Hefdin ,  où  il  refta  >  &  où  les  Ducs  de  Gueldres ,  père 
&  fils  fe  trouvèrent. 

Le  1 1.  le  Roy  d^ Armes  ,  dit  Toifon  d*Or{^  ^) ,  alla  par  le  commande^ 
ment  du  Duc  de  Bourgogne ,  porter  au  Conneft^le  de  France  lettres  de 
fommation  (5^)  de  le  venir  fervir  en  armes. 

Le  !(>•  le  Duc  avoir  deflfèin  SidWtxiDourlens  ,  &  le  (bupper  y  avoîc 
mefme  été  préparé ,  mais  le  voyage  fut  remis  au  lendemain,  qu'il  s'y 
rendit  à  petit  train ,  &  où  les  deux  Ducs  dé  Giuldres  fe  trouvèrent  \  il  j 
refta  jufques  au  Dimanche  3*  Février  qu'il  en  partit  en  armes  après-dif^ 
tier ,  &  vint  foupper  à  AveJnes^e-^Comte  en  Artois  avec  le  jeune  Duc  de 
Gueldres:  lé  4.  il  coucha  à  Bapaume ,  le  5.  à  Arras ,  où  ceux  de  la  ville 
qui  dévoient  livrer  le  vin  à  trcris  deniers  le  lot ,  s'accordèrent  moyen- 
nant douze  muids  *,  il  y  refta  avec  les-  Ducs  de  Gueldres  &c  grand  nom- 
bre de  Capitaines  ,  jufques  au  10.  qu'il  alla  foupper  en  fon  oft  au^ 
camp  IcZ'Vailfy ,  &  ce  jour  les  plats  des  Chambell^s  furent  réduits  ea 
argcnr. 

Le  jeune  Duc  de  Gueldres  (nommé  Adolphe)  voyant  que  le  Duc  de 
Bourgogne  prenoit  le  party  de  fon^pere  contre  luy ,  s'enfuit  du  camp- de 
ce  Duc ,  qui  dépefcha  le  10.  Février  des  exprès^  à  Mafiricht  &  ^Bais-U- 
DuC',  pour  l'y  faire  arrcfter  s'il  y  paflbir. 

Le  I  iv  Février  le  Duc  de  Glocefire  vint  à  LitU  voir  la  Ducheflé  de 
Bourgogne  fa  fœur  ,  il  refta  quelques  jours  avec  elle;  &  l'accompagna, 
fufques  à  Gand. 

£nviroa  ce  temps  (  5  7)  le  Koy  Edbuard  partir  pour  f  Angleterre^ 
Le  1 3.  le  Duc  de  Bourgogne  partit  de  fon  camp  de  WaxUy  &  vint  cam- 
per à  Hebuteme  ,  d'où  il  partit  le  i^.  &  campa  a  Tolencourt  (  ou  Toten-^ 
€çurt)  sle  18.  ii campa  près  la  ville  de  Dours  fur  Somme  vtrsAmiens'y  le: 
xi«  il  campa  hors  le  village  de  Lonville  près  Amiens  y  le  23.  i^irinacourt 
(ou  JT inencourt  )ycr^ Pequigny  ;  le  Dimanche  14  à  Belloy  j  fon  avant- 
garde  prit  la  ville  de  Pequigny  ,  qui  fiit  incontinent  mife  en  feu ,  le* 
Chafieau  fe  rendit  le  foir  par-  compofition;  le  if.  après  avoir  déjeuné  à'. 

'      Btlloy^ 


(55)  n  (e  nommoit  Gilles  Gbbert; 
(5^)  Cette  (bmmation  ne  pouvoic  regar- 
Arqoe  le  (èrvice  dû  par  le  Conneftable 


:  tion  dti  Dac  dé  Boorgoene; 

(57)  La  pcnfiôn  qoc  le  Duc  de  Bônrgo^ 
e'avoit  ordonnée  pour  rcntrctien  de  c& 


gnc  avodt  ordonnée  pour 


|oor  Ifsccrres^iul^kvoîc  fous  la  domina^  l  Roy/,  lui  fiic  payée  jt^rques  aa  i5>  fevricri 


198  LES    CHRONIQUES^ 

BcUoy  y  il  paflà  la  Somme  Se  campa  fous  Pequignv  s  où  il  refta  jufques^aa 

147^*  Lunc{y  4.  Mars>  qu'il  en  partie  &  vint  camper  hors  le  village  de  Clarx 
fur  la  Serre  :  il  avoit  ordonné  de  faire  à  Perrone  les  obfcques  de  Dom 
Pedre ,  Infant  de  Portugal  y  &  celles  du  Duc  de  Calahre  (58^,  mais  elles 
furent  remifes  d  un  autrejpmps. 

Le  5.  Mars  le  Duc  de  Bourgogne  partit  de  Clary  ,  &  vint  camper  fur 
la  Serre  entre  les  villages  de  Verdefalle  &  de  Salver  :  le  6.  il  pafw  cette 
rivière  &  vint  camper  fur  Mei  vers  Amiens  ;  il  y  refta  jufques  au  i  o, 
qu'il  en  partit  avec  fon  armée ,  &  campa  à  l'Abbaye  de/ii/w?  Acheul  vers 
Amiens  ,  il  y  rcceut  &  regala  l'Âmbaflàdeur  du  Duc  de  Bretagne  ;  il  ea 

!>artit  le  iy.  pour  aller  avec  fon  armée ,  outre  laditte  Abbaye ,  en  la  Va* 
ée  de  la  Croix  à  la  Pierre  d^ Amiens  »  où  il  refta  &  conclut  le  9.  Avril 
une  trêve  de  trois  mois  avec  le  Roy ,  après  quoy  il  partit  de  ce  camp  le 
10.  &  vint  avec  fon  armée  à  Gliji  fur  Somme  y  le  11.  jour  du  Jeudy  abfot 
lu  jil  campa  près  l'Abbaye  de  Corbie  &  encra  dans  cette  Abbaye ,  ou  il  fie 
■^■^f  le  Mandé  (59)  à  treize  pauvres. 

1471.  Le  14.  Avril  jour  de  Pafques,  le  Duc  affifta  à  l'office  célébré  par  l'Abbé 
dcC orb'u ,  qu'il  6t  difner  avec luy ,  &  il  renvoya  fa  gendarmerie  &  fon 
artillerie  \  il  fejourna  à  Corbie  juiques  au  18.  cju'il  en  partit  après  déjeu* 
ner  pour  venir  coucher  à  Dourltns  ;  il  en  partit  le  lo.  difna  a  Bucquoy% 
fouppa  à  Bapaume  y  d'où  il  partit  le  ii.  &  vint  à  Peronne  ;  il  y  fit  le  15 • 
la  fefte  de  l'Ordre  de  la  Jaretierre  &  mangea  en  falle  \  le  2.  May  il  y  fie 
faire  les  obfeques  de  Dom  Pedre ,  Infant  de  Portugal  ;  le  4.  celles  du 
Duc  de  Calabre  y  ôcct  jour  il  donna  à  médire  Antoine  dé  f^adeville  » 
Comte  de  i^V/f /ri ,  de  Michellcs  &  Lijle-wich  y  unt  penfion  de  douM 
cens  florins  par  an ,  &c  une  autre  de  pareille  fomme  â  meffire  Guillaume  » 
Seigneur  de  Hajiinghes  y  Chambellan  du  Roy  d' A neleurré  (60)  y  le  Di" 
manche  5.  &  le  Vendredy  1 1.  il  regala  les  Ambaflàc&urs  de  France  >  & 
le  19.  ceux  de  Bretagne. 

Le  10»  Juin  il  partit  de  Peronne  6c  vint  à  Bapaume  ;  le  1 1.  il  difna  1 
Sowafire  &  coucna  à  Dourlens. 

Le  II.  la  Duchefle  de  Bourgogne  y  ^ui  eftoit  i  Gand  avecMademoi- 
felle ,  y  fit  faire  un  grand  feu  de  réjouiflànce  pour  les  viûoires  du  Roy 
4* Angleterre ,  fon  frère  \  on  y  employa  un  mil  de  gros  bois  &  fagots* 

Le  14.  le  Duc  partit  de  Dourlens  &  vint  à  Abbeville ,  il  en  partit  le  17, 
&  alla  au  Château  de  Crotoy  j  il  y  difna  le  lendemain ,  puis  revint  i  Ab^ 
beville ,  où  il  refta  quelque  temps. 

La  Ducheâè  de  Bourgogne ,  qui  étoit  lors  à  G  and  y  en  partit  le  2  5 .  Juiit 
&  arriva  au  Crotoy  le  i  j .  Juillet  \  le  Duc  s'y  rendit  le  lendemain  ,  il  y 
refta  jufques  au  19.  qu'il  retourna  â  Abbeville  ^  où  les  trois  Eftats  de  fes 
pays  s'aâemblerent  le  ii.  Juillet;  le  i).  il  alla  vers  la  Duchefle  au  Cro^ 
$oy  ;  ils  en  partirent  enfemble  le  14.  difnerent  i  Rue  >  &  couchèrent  k 
fairiâ  Jo^e  fur  Mer;  le  15.  Us  revinrent  au  Crotoy  ;  le  i6.  le  Duc  revint 
ï  Abbeville  >  la  Duchefle  étant  reftée  au  Crotoy. 

Le 


(fS)  Inxk  d'Anjou,  Doc  de  Gdabre , 

5 ère  de  Nicolas ,  Duc  de  Calabre  ,  duquel 
fera  parlé  d-apti$ ,  pagç  101, 


(f5)Ceft-à.direlaCiiic- 
(^o)  Vtytz.  les  Mémoires  de  Comloef  ; 
Liv.  lY.  cbap.  B.  ft  Liv,  YL  cbap.  1. 

{6\) 


D  U    R  O  Y    L  O  U  Y  s    XI.  199 

Lepremier  Aouft  y  eut  un  grand  feu  de  mefchef  en  k  ville  £AbbevilUy 
4e  Duc  fie  payer  le  dommage  foufferc  par  les  pauvres  >  il  partit  le  (.  après- 
4lifner ,  &  vint  au  Crotoy  vers  laDuchedè  *,  le  p.  il  revint  a  AbbtvUle  ^  où  il 
cefta  ;  le  1 8.  il  y  regala  les  Ambaflàdeurs  AtFranu  &  d*Arragon ,  le  foup- 
per  y  avoir  été  préparé  ,  mais  il  partir  à  petit  train  &  vint  coucher  au 
Château  d^Auchy  ;  il  en  panit  le  lendemain  >  difna  à  Hcuchin ,  &  fouppa 
à  Aire  vers  Madame  la  Diicheflè  fa  mère  >  avec  laquelle  il  refta  jufques 
au  Samedy  14*  qu'il  alla  iri' Abbaye  d'Auchy^lcs-Moines  Icz-He/dîn  y  le 
25.  il  alla  au  Château  d'Auchy  y  où  arrivèrent  les  Commis  pour  la  paix 
qui  devoir  fe  trairter  i  Royc  y  le  2^.  il  retourna  â  AbbeviUe  ^  où  les- 
Ambaflàdeurs  de  Rome  {6\)  y  NaplcSj  Bretagne  j  Gueldres  ,  &c  autres  fe 
trouvèrent* 

•  Le  ^  o.  il  fit  faire  dans  TEglife  àtfaincl  Wulfrane  d^AbbtvilU ,  les  obfe- 
ques  cluPrincadePie/7K7/2/(6r)  &  lelendemain  ccllesduComtei/'£//(^})» 
aufquelles  il  aflifta. 

Les  ^.  7*  8. 10»  &  11.  Septembre,  le  Duc  regala  les  Ambaffîideurs  de 
France  ,  ic  ledit  jour  1 1  •  il  regala  aufli  ceux  de  Bretagne. 

Le  ii«  la  Ducheflè  y  qui  étoir  au  Crotoy ,  regala  le  Seigneur  de  Haftin^ 
gucs  9  grand  Chambellan  d'Angleterre. 

Le  16^  le  Duc  partit  d* AbbeviUe  après-difner,  &alla  au  Crotoy  vers  Is 
Duchedè,  les  Ambaflàdeurs  de  France  &  de  yenife  y  arrivèrent  le  j- 
Oâobre ,  pourquoy  il  ordonna  deux  plats  de  crue  r  le  v^.  il  y  feftoya  les- 
Ambaflàdeurs  de  France  au  difner ,  &  le  foupper  y  eftoit  ordonné  ^mai$ 
H  panit  fur  les  nouvelles  au'il  eut  de  la  maladie  de  Madame  fa  mère,  &c 
alla  coucher  à  Hejdin  ;  le  lendemain  il  alla  difner  à  Heuchin  &  fouper 
i  Aire  vers  Madame  fa  mère  \  le  ty.  il  en  partit  après-difner  &  alla  i 
fainB  Orner  ,  où  fe  trouvèrent  les  Ducs  de  Clcves  Ôc  de  Gueldres ,  &  où 
ilrefta*^ 

Le  Vendredy  premier  Novembre ,  le  Duc  de  Bourgogne  étant  ^JainS 
Onur  avec  le  Duc  de  Gueldres  ^  les  Ambaflàdeurs  d'Arragon  ,  de  Éreta" 
pu  y  de  f^enife  ,  &  autres ,  receut  en  TEglife  defainS  Bertin  l'Ordre  dof 
Roy  Arragon ,  8c  il  rint  falle  ^  il  y  refta  jufqu'au  1 5.  qu'il  en  partit  après*^ 
Aimer ,  6c  alla  i  Tourmkem  ;  le  i  tf*  il  alla  à  Boulognt  >  où  il  refta  juf-^ 
ques  ail  iS^^qu'il  en  partit  après-difner  &  revint  à  Toumehem;  lé  lende- 
main 19»  ifainâ  Orner  y  où  le  Duc  de  Gueldres ,  &  les  Ambaiudenrs  de 
Bretagne ,  d* Arragon ,  de  f^enife  ,  de  autres,  étoiem  reftez,  la  Ducheflc 
étant  malade  à  Arques. 

Le  2.  Décembre ,  le  Duc  alla  en  petite  compagnie  voir  la  Ducheflè  fai 
compagne  i  Arques  ;  il  retourna  le  lendemain  ifainS  Orner  ,  où  étoienc 
le  Duc  de  Gueldres  &  les  Ambaflàdeurs  de  France  y  d' Arragon  ,  Breta^ 
gne  y  Venife ,  &  autres  7  le  10^  il  parrir  ècfainS  Orner  aprè^difner ,  ic 
alla  à  Aire  devers  Madame  fa  mcre  y  la  Duehefle  éraoe  k  Arques  y  regala'. 

memrr 


1471, 


(^r)  VKvsb^S^ÀKXkt  de  Rome  le  nôm- 

jnm  Lacas  de  ToUeoti  )  le  Duc  le  fie  Ton 

Maiftie  des  Requeftes ,  &  lui  fit  us  don 

èe\7S*  florins. 

{^l  Charles  dcSavoyc»  fils  d'Ame,  IX. 


Duc  d'e  Savoy e  »  8c  dToland  de  France; 

{6})  Charles d*Anois  , plufieurs  Auteurs^ 
marquent  quileftmort  en  I47>'*  maisoni 
voit  par-là , qu'il eA  mort  en  1471.  Hem 
cft  dé]^  parlé  dansées  Mémoires. 


X47I*     na 

deurs 


20O  LES    CHRONIQUES 

mcflîre  Jean  de  CUvts  Se  le  Marquis  de  Rothdin  ;  le  i  j.  le  Duc  retour- 
à  S.  Orner;  il  en  partit  le  1 6.  après  avoir  feftoyc  au  dilner  les  Âmbaflà^ 

jrs  de  France  ,  &  vint  à  Aire  ,  où  le  17.  Madame  fa  mcre  rendit  TcC- 

prit  à  Dieu  entre  trois  &  quatre  heures  du  foir  j  le  1 8.  le  corps  de  Mada« 
me  la  Duchcflè  fut  montre,  veftu  en  habit  de  Cordelière,  jufques  au  foir, 
puis  ouvert  &c  embaumé  5  le  20.  le  Duc  panit  d'Aire  6c  alla  i  Arques  ; 
il  en  partit  le  14.  fecrettement  &c  vint  coucher  en  TAbbaye  dcfainS  Ber- 
lin ïjàinS  Orner  ;  le  1 5 .  il  difna  dans  cette  Abbaye  &  retourna  par  eau 
à  Arques  ;  le  19.  Mgr.  de  Ravejiain  ,  en  grande  compagnie ,  amena  à 
Arques  le  corps  de  feu  Madame  la  grande  Duchefle  >  ou  il  repofa  la  nuit 
accompagne  cle  feize  Cordeliers. 

Le  Lundy  50.  Décembre  Mgr,  le  Duc  de  Bourgopie  partit  en  deiiil  du 
Château  £  Arques  ,  avec  le  corps  de  Madame  fa  mère ,  accompagné  des 
prdrcs  mandians ,  des  Collèges  des  Meftiers ,  de  la  Bourgeoiae ,  &  de 
la  Loy  dtfainS  Orner ,  des  Eciiyers  &  Chevaliers  de  THôtel,  de  ceux  du 
Confcil ,  &  des  Ambafladeurs  de  France  ,  Bretagne  ,  f^enife  ;  Se  autres» 
&  entra  en  la  ville  de  fain3  Orner ,  où  il  fit  repofer  le  corps  en  TEglifc 
Collegialle  (64)  du  lieu  -,  il  difna  en  l'Hôtel  du  Prevoft  de  cette  Eglife , 
&  aprcs-difner  partit  en  la  mefme  compagnie ,  &  alla  en  rEglifedeyii/zâf 
Bertin  ,  où  il  fit  chanter  Vigiles  ,  fouppa  en  l'Abbaye ,  &  le  lendemain 
fit  dire  le  premier  fervice  pour  laditte  Duchefle. 

.  Le  Jeudy  2.  Janvier  le  Duc  après  avoir  difné  ifainS  Orner ,  en  partit 
en  deiiil  avec  le  corps  de  Madame  fa  mère ,  &  coucha  à  Therouenne  ;  le 
lendemain  il  vint  a  Lillers  ,  &  coucha  à  l'Hôtel  de  wavrin  ;  le  4.  il  alla 
aux  Chartreux  de  Gofnay  ,  où  le  corps  de  la  Duchefle  fut  inhume ,  il 
logea  au  Château  5  le  lendemain  il  en  partit  après-difner  ,^  &  coucha  ^ 
Betkune  ,  où  il  rcfta  le  6.  6c  en  partit  le  7.  pour  Lilie  ,^  où  il  refta  juf- 

âues  au  21.  qu'il  en  partit  après-difner ,  &  alla  coucher  à  Menin  ;  le  22. 
coucha  à  Courir ay  ;  le  2 j.  au  Château  d'Englemonfiier  devers  Mada,- 
me  de  Nevers  ;  le  24.  il  arriva  à  Brt^es ,  où  il  refta  &  ceceut  les  Ambafla- 
deurs de  Portugal  y  de  Guyenne  ,  de  Bretagne  y  de  Fenife ,  &  autres  \  6c 
environ  ce  temps  ,  meflîre  Guillaume  Hugonet ,  Seigneur  de  Saillant  6c 
du  Lys ,  Chancellier  du  Duc  ,  fit  prefent  au  nom  de  fon  maiftre ,  i 
l'Abbé  de  Begar  ((>  5)  Ambaflàdeur  du  Duc  de  Bretagne ,  de  douze*  taflès 
d'argent  goderonées  6c  dorées,  &  de  deux  flacons  d'argent,  letoutpcfant 
(bixante-Seux  marcs  ou  environ. 

Le  Lundy  10.  Février,  le  Duc  de  Bourgogne  partit  de  ^mgsr^  après* 
difner ,  &  alla  à  Maie  vers  la  Duchefle  ^  on  y  fit  la  folemnité  des  nopces 
de  meflîre  Baudouin  de  Lannoy  (66)  &  de  Mademoife  Michelle  d'Efne^ 


2I« 


(^4)  Dcpds  érigée  en  Cathédrale.  Voyez, 
le  plan  de  cette  Eglife  dans  les  Délices  des 
Pays-Bas ,  Toni.  II.  pag.  9 A* 

(d  y)  Vincent  de  Ker-leau ,  depuis  Eve-  , 

^uc  4c  Lço»  i  il  cft  parlé  plttficvr$  fois  de    d'Or  en  148  î. 


lai  dans  les  Mémoires  de  Comines  ,  il 
étoit  le  Mlnidre  favori  de  François  IL 
Duc  de  Bretagne. 
{66)  Il  a  âé  Eut  Chevalier  de  laToifon 


«^1 


t 


DU    ROYLOUYS   X  î-  tôt 

21.  le  X5«  U  alla  à  Afoie ,  d'où  il  revim  i  Bruges  ;.  le  xt.  il  aUa  e&coie  i 
MaU^  le  14.  Mars ,  ou  le  15.  fe  firent  les  nopces  du  Comte  de  Rou/^     *47*' 
Jy  (67)  avec  la  fille  du  Comte  de  Charny  (68),  &  le  18.  il  retourna  i 
Bruges^  .  ^ 

Le  19  •  M^s  1 47 1.  jour  4e  Pafqiies ,  le  Duc  de  Boursoene  ^  qui  é toit  a 
Bruges ,  eut  avec  luy  a  difner  le  Due  dt^GueUres  ,  &  le  Prélat  quiavoit 
oflScié  ;  le  premier  Avril  il  alla  à  Maie  vers  la  Ducheflè  :  il  revint  le  j» 
â  Bruges  ,  où  il  donna  le  6.  une  fefte  àrAmbàfladeur  de  Franu  /  Je  i  j, 
il  y  vit  les  jouftes  du  Forefiier  de  Bruges ,  ôc  du  Roy  de  VEJpirutte  de 
Lille  (6cf)  ;  le  1 5.  il  alla  à  Alale  »  qui  fut  brûlé  le  lendemain  \  le  17.  il 
retourna  à  ^n/£V5  ,  où  le  z;^  jour  de  fainS  Georges  >  il  célébra  la  fefte 
de  l'Ordre 4e  la  Jarretière,  &  tint  Talle ouverte  ;  le  x8.  il  aila  à  Maie 
vers  la  Ducheflè ,  &  revint  le  lendemain  à  Bruges  ,  où  il  y  ivoit  des 
Ambafladeurs  du  Pape ,  de  l'Empereur,  des  Roy  s  de  France ,  à'AngU-^ 
terre  ,  &  de  NapUs ,  des  Ducs  de  Guyenne  ,  de  Bretagne  ,  de  Venife  ,  de 
Cologne ,  du  Palatin  ,  &  autres. 

Le  Mardv  5  «  May ,  le  Duc  partit  de  Bruges  après^fner ,  &  alla  à  £c- 
€lo  /  le  6*  il  alla  à  é^^/z^  y  le  8.  à  Tronchiennes  voir  la  Duchellè  -,  le  9.  il 
revint  à  Ct^z/k//  9  &  Y  ^fta  jufques  au  ix.  qu'il  alla  à  Oudtnarde  y  le  i  ). 
il  coucha  à  Leu?e;  le  14.  à  Valencienncs,  ;  le  1 5.  il  difna  à  Cons  &  cou* 
cha  i  Douay  ;  le  1 6.  à  -«^rr^tj ,  où  il  tint  Cour  ouverte ,  le  1 7.  feftc  de 
la  Pentecofte ,  &  eut  avec  luy  à  difner  le  Prélat  officiant ,  &:  Jean  de 
Clcves  ;  les  Amballadeurs  du  Pape,  de  Naples ,  d* Angleterre ,  de  Breta-- 
gne ,  de  Cologne ,  &  autres ,  mangèrent  avec  les  Maiftres  d^HôteL 

Le  20.  le  Duc  de  Calabre  (70)  arriva  â  Arras  &  fut  toujours  aux  dépens 
du  Duc  de  Bourgogne ,  avec  lequel  il  fit  une  nouvelle  alliance ,  après 
avoir  renoncé  à  celle  qu'il  avoir  avec  le  Roy, 

En  ce  mois  de  May  mourut  Charles,  Duc  de  Guyenne  (71)  Scie  Roy  prit 
poffcffion  de  ce  Duché. 

Le  4.  Juin ,  le  Duc  de  Bourgogne -pxvtit  d^ Arras  après-difner>  &  vint 
coucher  en  fon  camp  près  Bapaumt  /le  5 .  le  Duc  de  Calabre  vint  l'y 
joindre  •,  le  6.  ils  campèrent  à  Champ-Luhojîn  près  Efclufiers  fur  Som^ 
me  ;  le  9*  le  Duc  vint  difner  à  Peronne  &  retourna  à  fon  camp  ;  il  en 
partit  le  lendemain  après-difner ,  &  vint  camper  hors  Lihons  en  Santef^ 
re  ;  le  11.  il  campa  près  Nèfle ,  qui  fut  prife  d'adault  &  mife  au  feu  &  à 
répée  *,  le  1 3.  il  en  ht  démolir  le  château  &  les  murailles  ;  le  1 4.  il  éampa 
à  Koye ,  après  avoir  fait  brûler  ce  qui  reftoit  de  la  ville  de  Nèfle  y  le  1 5. 
la  ville  de  Roye  luy  fut  rendue  par  les  François  ,  qui  en  partirent  leur$ 
vies  fauves,  les  capitaines  avec  deux  petits  chevaux ,  fans  habillement  , 

de  guerre  ou  autre  oagage ,  les  homnies  d'armes ,  un  cheval  feulement , 
les  archers  â  pied  en  pourpoint  blanc  ,  le  bafton  k  la  main  %  le  Diman- 
che XI.  dudit  mois   le  Duc  de  Calabre  revint  au  camp  du  Duc  de 

Bourgogne 


[67)  Antoine  Je  Luxembourg  x. fils  de 
louis ,  Conneftable  de  France.  '  ' 

(^S)  Antoinette  de  Beaufremont. 
{69)  C'étoit  le  Roy  des  Joutes  s  il  fe 


{70)  >3lcola&'d*.Ajijàù^Çls,4è  Jeait,  Duc 
de  Calabre /duquel  H  a  été  parlé  ci  devant, 
&  de  Marie  de  Bouroon. 

(71)  Son  Teftament ,  du  14.  Mai  I47t* 


•oimnoit  Jacetin  Artus.  1  eft  ci-apris ,  a»  Coince  de  Loôîs  XL' 

Tome  IL    .  Ce  (71) 


% 


tor  lE  S   CHRONIQUE?    , 

BouTff^tpxxs  Royt  :■  ce  Duc  feu  pârtk  le  *  5  •  *^  viht  camper  hors  Maif-' 
147^*  nil  près  Momdidicr  ;  le  1^.  il  catnpa  au  Bois-du-Gan  hors  Bertuel  (71}  9 
le  27.  à  Thillitrs  près  Beauvais  ,  le  i8,  ifainS  Lucien  près  Beauvais^ 

Mademoifeiie  de  Bourgogne  fut  pendant  tout  ce  mois  en  la  ville  de 
Mons  ,  &  y  donna ,  du  confentement  du  Duc  fon  père  fa  promeflfe  par 
écrit  y  d'epoufec  le  Duc  de  Calabre ,  qui  l'accepta  &  en  donna  auffi  fa 
promedè. 

Le  Jeudy  9.  Juill^  >  l'aflâut  fut  donné  à  Beauvais ,  8c  huit  jours  après 
1 6.  dudit  mois ,  le  Duc  de  Bourgogne  fort  chagrin  de  ne  pouvoir  reuf- 
fir  dans  fon  entreprife  fur  Beauvais  ,  fit  publier  des  lettres  très  injurieu- 
Tes  contre  le  Roy  d  Toccaiion  de  la  mort  du  Duc  de  Guyenne  >  qu'il 
difoit  avoir  été  empoifonné  par  frère  Jourdain  Faure  ,  dit  Vercors  ,  & 
Henry  de  la  Rocht ,  par  commandement  du  Roy  ,  &  promettoit  de 
vanger  cette  mort  fur  ceux  qui  en  étoient  la  caufe  &  voudroient  favorifec 
k  Roy  en  cela. 

Le  Mercredy  ii.  Juillet  le  Duc  leva  fon  fiege  de  devant  Beauvais ,  & 
vint  camper  à  la /ioi/^^-/77tfi/ô/r  près  Xi^jr ,  le  15.  il  campa  hors  te  vitla- 

Î(e  de  Fercus ,  le  ij^  il  campa  outre  Poix  à  la  Croix  Raoul ,  où  il  refta 
e  15.  le  Dimanche  i^.  il  campa  sL  Rambuires  ;  le  17»  il  campa  à  Bovin" 
cour  y  (  ou  Brunecour)  près  la  ville  d^Eu  ;  le  28*  il  campa  outre  l'eau 
fous  la  ville  d^Eu  vers  Dieppe ,  il  y  refta  jufques  au  %  Aouft  >  qu'il  vint 
camper  avec  le  Duc  de  Calabre  ,  en  deçà  du  village  de  Cryel  fur  mer 
vers  Dieppe;  le  11.  il  reçeut  TAmbaf^dcur  d'Efcopcy  qui  en  partit  le  1 5. 
le  17.  il  campa  au  Bajlich  de  BeUimont  fous  Martin  Eglife  près^rAej  en 
Caux ,  Se  l'avant-garde  gagna  &  brûla  la  ville  d^Arkes.  Le  Landy  24.  le 
Duc  pada  l'eau  avec  le  Duc  de  Calabre ,  &  vint  camper  au  bois  près  le 
village  dcfainS  Laurent ,  fous  le  Château  d^Arkes  ;  le  ^G.  il  campa  près 
le  Château  de  LongueviÛt  en  Caux  ,  &  ce  Château  fîit  pris  &  brûlé  ; 
le  27.  il  padà  la  rivière  &  campa  hors  le  village  de  Tojles  en  Caux  j  le 
28.  il  campa  fous  Cailly  en  Caux  z  le  )o.  il  campa  près  la  Juftice  de 
Jflouen  y  le  f  i.  Aouft  it  fit  fommer  la  ville  de  Rouen  de  lui  livrer  le  paf- 
iage ,  qui  lui  fut  refufé. 

Le  Mardy  premier  Septembre ,  le  Duc  refta  fous  Rouen  ;  le  j.  il  cam- 
pa avec  le  Duc  de  Calabre  zfainB  Martin  le  blanc  ,  du  cofté  d*Eu;  le 
5 .  il  campa  outre  Neufchaul ,  entre  les  deux  cenfes  de  fain3  Antoine  ; 
le  9«  il  campa  près  la  cenfc  de  Varimvri  ;  le  1 1.  il  campa  en  deçà  de  la 
ville  de  Blaney ,  où  il  rcccut  les  Amoadàdeurs  d'Angleurre  &  de  Breta- 
gne. >*  le  14. ilcampaà /roiTzice^ttrr >  où  il receut  le  1 5.  FAmbaflàdeur  de 
Vem^^  i  le  \^.  il  campa  fous  Araines  ;  le  17.  à  Picquigny  ;  le  19.  en- 
cre Pron^l'UrVal  &  Pron^L-le-Mont ,  fur  la  rivière  de  Selles  le:^  Amiens. 
Le  Dimanche  20.  il  paflà  la  rivière  >  campa  avec  le  Duc  de  Calabre  fur  la 
montagne  de  Coppegueulle  ;  fon  armée  en  bataille  &  fit  brûler  les  villages 
de  deçà  l'eau  >  depuis  fon  camp  jufques  aux  portes  d^ Amiens  ;  le  21*  il 
campa  à  la  Faloife  9  ïc  ix*  à  Merwy ,  le  25.  paflà  l'eau  à  Moreul ,  campai 
Maners  en  S  amers  :^'  le  2  j.  à  Lifion}  ;  le  27.  à  Efpaigny  fur  Somme ,  où 
ilrefta.         •      ;         ' 

Le 

(71)  Ou  Bieccnil ,  Dioce(c  4e  Beanvst»  t  od  eft  nae  tkhe  Abbaye  de  Benedi^as. 

(7î) 


DU    ROY    L  O  U  y  S    X  I.  103 

Le  Dimanche  4.  Odtobce  ,  le  Dac  alla  difner  à  Peronne  8c  revint  i 
Efpaigny ,  il  en  partit  le  12.  avec  le  Duc  de  Calabrt  &  vint  camper  à  1 47  ^^ 
Hombltu  près  Ham  y  le  1 5*  il  campa  à  f^erlainp'U^Ham  ;  le  1 6.  â  Flavy^ 
Marteau  y  le  17.  devant  la  ville  de  Janly  ,  le  18.  il  pallà  Teau  &  vint  è 
Ckauny  fur  Oifc ,  qui  fe  rendit  ce  jour  ;  le  2 1 .  il  campa  devant  la  Fen  f 
le  24..  il  palCi  à  COift  ic  campa  à  Deviiletr^lei^fainS  Akèain  ;  le  16.  il 
campa  à  Nouvyon  VAbbefft  3  le  27.  à  Ribtmont  fur  O/J/S  ;  le  28.  il  palft 
la  rivière  &  vint  camper  à  VilUrs  U  yen  :  il  y  refta  le  29.  Ôc  ce  jour  la 
Duchede  8c  Mademoifelle  de  Bour^ogTu ,  qui  ëtoient  à  Gand  y  donnè- 
rent le  banquet  de  nopces  dé  (j^ri/e/&/^r>'pourquoy  y  eut  douze  plats  dé 
crue:le  jo.lc  Duc  alla  à  Fonffommeôc  au  camp  de  FctrevaqUc  ;  le  }i.  il 
campa  devant  Btaurevoir  y  le  2;  Novembre  ,  le  Duc  de  Calabrt  partit  & 
revint  le  4*  au  camp  de  B^aurtvoir ,  il  en  partie  le  j .  pour  retourrier  eii 
Lorraine ,  après  avoir  renoncé  par  écrit  à  la  promeflb  que  la  Princeflc  de 
BoiP'gozne  \\XY  avoir  donnée  de  lepoufer,  &  renouvelle  en  mefme 
temps  fe  Traitté  d'alliance,  qu'il  avoit  fiait  avec  le  père  dç  cette  Prin- 


c 


•'  .      )     .         •'! 


eflc^ 

Le  ^. Novembre  leDuc àcS^urgogne  vint  <:anlipér  hors  Premoncpi^èi 
Strain  j;  le  8i  il  campa  devant  ^oA^,  près  TAbbâye  v  lé  i  (•  fut  publiée 
la  trêve  entre  lé  Roy  ôé  feDuc  jufquds  au  premier  Avril  fuîvant  (147}.) 
Je  14.  il  campa  à  Couchain  hors  '  nufigny  ;  le  16.  il  vint  à  Chajiel  de 
Cambrejjs y  après  avoir  feparé fon  armée;  le  i8.  il  coucha  iCambray^ 
où  la  ville  luv  fit  prefent  de  deux  poinçons  de  vin ,(  le  Chapitre  deTE- 
glife  de  Noftre-Dame  >d'ub.  poinçJnîi'&  léChâpîtfede  l'Eglife  de 
fainS  Gery.  de  j<5.  lors;  le 20.  il  rcv4mr;àiPrri)^i/i^,  d'oi\  ïi  partît 4e  24. 
après  difner  &  couchât  à  Bray  Çm;^Sorhnu\;  le  2^ -à  î^ourlms  ;  le  28.  à 
foinâ  Ricqiueryic^^é  à  AhbcviUtiO^  (e  couvèrent  les  Aniba^àdeurs  de 
Rome  y  à^r Empereur  y  tTArragonp  de  Venife  6c  autres. 

Le  Jeudy  5.  Décembre ,  \^demôifelle  de  Bourgogne  érant  à  Gand^ 
avec  la  Duchefle  fa  beHe-mera  ,  renon^.  par!  écrit  i  la  prob^ieife  que  le 
DucdeCiiitfif«iluy  «voit  dfcnnéexiei'é^oufer.  >  i-  /       »      > 

En  ce  temps  (73)  Arnoutd  Duc  de  GuildreSyyztiiùXzxi  Dut  de  Bouf^ 
gogne  les  Duché  èç  Giuldres  &  Comté  Aq  Zut^hen^y  pour^kibllime  ic 
an  rachàp  de  trois  cens  mille  florins  du  Rhin. 

Le  Lundy -14.  Décembre ,  le  Duc -partit  d^AbbevUle  z^ès  difner  & 
vint  au  Crotc^  y  &  ce  jour  lefdits  Ambàfl&deucs  âc  cehiy  àz  Bretame  y 
qui  éix>it  arrivé  à  AibevUlelc  6.  decé^ràbis ,  en^paçtitént-  pour  aller  4 
Bruges»  •         •  -  '.m*  .  :'     v»,     •:-  'i  ;  *  •  /.^i,ii.  -  -^i  :  \  .  >  à  •_>!)  ^:     -^^  *  '_  .. 

Le  16.  feDucparardei:?ro/^j(,alk^diuirla:I^kâbàlA^^^ 
8c  foupperà  Mojylrfiuèlïutmeiy  où.les  Ambaflaâeur8l£'*L^^i2Mri:&  de  ^^^ 
ni^e  ïc  trouvèrent;  le  17.  il  difna  à  Bellefontaine'y  foupsL  a  Boulogne ^ 
le  18.  il  difna  &  {àupvzà,  JJefurene  ,  le  19.  il  ymt  kTherouanne  ytk  20* 
ilidifna  au.  Château  de  Lillersy  '&c  coucha  au  Château  dé  Gcfnày  ^ 
le  ai  ilfitaii3iiQiartt)ébx  de(r0^#i^i?aoùÎYerfàirriiô(Mâdg^  la  Grande 
Ùi  mère;  le  22.  il  partit  de  Gofnay  après  difner  &  vint  coucher  à  /.i//^ ,• 
le,l3^il,couchai  i^^^^f/*^  ^4fe,|;4y  il  ôrriva  à  Bruges ,  pf^éçoiçailçs  A^iji- 
/-î'       ;    ,'r.     .  ,  '         •      '    :.  .  ^   ^  baflàdcurs 

(7})LcsLettres{bnt4a7. Dccbmbim'    »  ...^  .  .'    * 

U^r  Ce  2  (74) 


>a4  It  ES    C  H  R  O  NI  Q  U  E  S 

ba0kdeurs  de  Rome ,  de  l" Empereur  »  d'Arragon ,  de  Bretagne  6c  de  f^e^ 
*  ^^  ^*    ni^e  i  le  15.  il  tint  falle  ouverte ,  les  Chambellans  difnerent  avec  luy  \ 
le  30.  il  partit  de  Bruges  après^  diûicc  &  vint  i  Dam  ^  le  j  i»  il  coucha  à 
CEjUu/e.  .... 

Le  5amedy  z.  Janvier  »  il  fzxxii  de  VEJcluft ,  après  difner ,  monta  fur 
l'eau  &  alla  coucher  à  Armuydt  ^*  le  } .  il  coucha  à  Zericue  »  &  7  refta 
juf^ues  au  7^  qu'il  en  partit  après  diuicr  8c  vint  couches  z  A rmuy de  /  il 
arriva  le  8«  à  l'Efcltde ,  après  avoir  été  en  grand  danger  fur  l'eau  \  pour^ 
quoy  il  envoya  dix  florins  quinze  fols  en  ocBrande  &  aâion  de  grâce  1 
Noftrii^Dafiie  d'Ardemtotfrg  ;  \t  9.  il difna  à  Dam  »  &  coucha  i  Bruges^ 
où.  étoieixt  les  Ambàflàdeurs  âuJàihS  Pere^  de  r  Empereur  y  iTArragon  ^ 
de  Venise  &  autre$  >le  1 4.  étant  en  habit  dé  Duc  »  il  fit  la  cérémonie  de 
créer  Comte ,  le  Sgr.  de  Cbimay  (74)  &  ce  en  la  perfonne  de  Philippe 
de  Croy  Sire  de  Quievrain  fon  fib ,  i  caufe  de  l'indifpofition  du  père  » 
ce  Sgr..  de  Quievrain  mangea  avec  luy ,  les  autres  Comtes  mangèrent  à 
une  table  feparée  ;  le  i  ^»  il  alla  difner  à  Ardemiourg  Se  revint  à  Bruges  i 
il  en  partit  le  2  «•  après  difner  &  alla  à  Gond ,  vers  la  Ducheflè  \  le  Sgr* 
de  Haâing^^  Ch^fae  VAahiSààed*  Angleterre  %  y  arriva  le  x^.  &  fut  fef- 
toyé  d'un  plat  \  le  lendemain  A  /ut.  encore  fdfiioyé  avec  les  autres  Sel* 
gneurs  Anglais ,  &  y  eut  crpis  plats  df  crue  ^  le  2r&.  le  Duc  partit  de 
Çand  après  difner  &  alla  coucher  i  la  Ncufe  (  ou  Ter-Neufe  )  es  quatre 
Mefliers  5  (7$)  le  >9^  il  motica  fur  mer  &  ancra  le  foir  près  de  Rei^ 
mtjfwah  i  le  50^  il  difna  jâc  couctqi  A  Zeric{ie  ;,  le  51.  il  mangea  fur 
ieau&;  coucha  dans  foii  bafteau.  devant  (rioemiZ^r..  .  «  :» 

Lç  I#ndy  |)iremier  Eerfief  il  .pafïa  à  Nieubatre ,  &. coucha  à  ta  Nays 
tn  ff^ÛifndCi  où  t'Ambiftàdeur  de  JSrfittfg'T^tf  arriva  lèa.  Le  }..le  Duc  alla 
oiiir  Me0è  iSgraveiande  ^  le  4.  il  L'entendit  &  desfeuna  kJainS  George 
ItZ'Delft  ;  il  partie  de  ta  Haye  le  j  *  ajMcès-difner  &  alla  à  Ltyde  ,  le  7..  i 
Harlem  ;  le  S.  il  en  partit  après-difner ,  ic  alla  par  eau  i  Amjlerdam  t 
il  y  difaa  lelenfiemam  5u  &  couchai  U  Goude:  itiyjdifna  le  \o.  Se  cou^^ 
cha  fur  l'eau  entre  Roterdam  Se  Dôrdrethe ^  le  ii.  il  coucha  i  Gorichem 
(ou  (ï^o/'i:i^in)'&  virefta  jufques  .an  15.  qu'il  en  partir  après-^diâier»  Se 
vint  paf  fsau  coucner.d  Dordreckt  r  il  en  ^partit  k  17*:  aprcsHdifner»  &  râtt 
à  BiervUet ,  où  il  refta  à  caufe  du  vilain  temps  ;  le.  19.  il  s'embarqua  » 
difna  fur  mer  &  coucha  à  Zeric^ée  ;  il  en  partit  le  ai.  après^fner  »  arri- 
va à  la  f^ere ,  Se  coucha  4  Mideâbourg^}  il  en  panir  le  1.4.  difna  fur  mer^ 
Sç  fplippa  i^  l'J^bbayede  pdnB  Michel  d'Anvers  ^  où  les  Ambaflâdeur» 
de  Rome  Se  de  Venife  fe  rendirent  \  il  en  partir  te  Lundy  premier  Mars. 
après^)6ier>i  &  àUao6ucher!à  JkLii^  /  le  z«  il  vint  kBriixelles  »  oâ  k 
Duchelfibs'étoir  rendue:  il  refta  avecidle  jufques  au  xj.  qu'il  partit  aprè&* 
difner»  &  alla  à  Anvers  ^  le  i8.il  diiîiafur  l'eau  &  couchai  Reimerf^ 
wale  (y  6)  ^  le  .50.  il  revint  à  Anvers  ,  &  le  fi.  i  Malints^ 
Pendant  ks  mets  de  Février  &:  de  Mars ,  fetinretu:  daiis  les  villes  de 
*  Ztfoi:!  &  de  Gwufi^ ,  phifieuts  conférences  enâre  les:  ibnba£adeiirs  du  Vjof 

(74)  Tfcaii' *  Cre^'  ^      ;    ^^     -  -     j  .:  ({ri)^Mlt:dfe  UZijânîc^^aérffiibi 

(75)  Ce  (ont  HaUt ,  Boochautc  >  Azelle  [  mcrgée.  Vpjex,  les  Délices  àts  Pays-Bas», 
^  Aflenede.  l  Tome  UL  page  17*  .. 

(7J) 


D  U    R  O  Y    L  O  U  Y  S    XI.  ioj 

6C  ceux  du  Dac  de  Bourgogne  y  pour  parvenir  â  la  paix  s  les  AmhaiTz^ 
deurs  de  ce  Duc  furent  Jean  de  Luxembourg ^  Comte  de  Marie  (  fils  du  ^  ^^  *" 
Conneftable) ,  Philippe  de  Croy ,  Seigneur  de  Quievrain  ,•  Guy  de  Bri^ 
meu  ,  Seigneur  de  Humbercourt  ;  Antoine  Rolin  ,  Seigneur  d^Aimerits  , 
Grand  BaïUy  de  HaynauU  ;  Ferry  de  Clugny  ,  Prothonotaire  du  SainB 
Siège  (77)  y  Amoint ,  Seigneur  de  Mont  jeu  ;  Gérard  yurry  ,  Maiftre  de* 
Requeftes ,  &  Gérard  Bataut ,  Secrétaire  :  ils  convinrent  d'une  trêve  en- 
tre ces  Princes. 

Le  Jeudy  premier  Avril ,  le  Duc  partit  de  Malines  Ôc  alla  à  Bruxelles  y 
où  il  trouva  la  DuchefTe  >  &  ou  les  AmbaiStdeurs  àt  Rome  y  d*  Angle  terre , 
de  Naples  y  Bretagne  y  Vemfe  y  &  autres ,  fe  rendirent  :  le  4.  il  confirma 
la  trêve  avec  le  Roy ,  alla  difner  à  la  Maifon  de  ville  de  Bruxelles ,  &  y 
vit  les  jouftesqui  s  y  firent  fur  le  xnarché  ;  le  8*  il  alla  â  Anyers  y  le  9.  il 
alla  dilner  &  foupper  ifainSe  Gertrude-Berg  y  la  Duchedè  partit  pour  al- 
ler à  Gand  i  le  io«  il  revint  à  ^/zv^i,  il  en  panit  le  12.  déjeuna  à  Pots  y 
difna  &  fonppaâ  Gond  ;  le  i  )•  il  alla  à  Courtray  y  le  14.  à  Lille  ;  le  1 5« 
il  y  fit  le  Mandé  (78)  à  treize  pauvres. 

Le  1 8.  Avril  jour  de  Pafques ,  le  Duc  étant  à  Lille  regala  le  Prélat  qui  ________ 

avoit  officié  devant  luy ,  &  lefdits  Ambaflkdeurs ,  pourquoy  y  eut  deux  ***"'''*'*' 
plats  de  crue  ;  le  20.  il  alla  à  Bethune  ,•  le  ii.  difna  i  fainâPaul  y  cou-  ^  ^7  J» 
cha  â  Hefdin ,  le  ii.  à  Abbeville  y  le  x^  â  Dourlens  y  le  xG.  à  Mirau-^ 
mont  y  où  le  Seigneur  du  lieu  le  regala ,  &  defFraya  quelques  Officiers  > 
le  27*  difna  â  Miraumont  aux  dépens  du  Seigneur  du  lieu  y  6c  coucha  à 
Peronne  ;  le  28.  à  Cambray  j*  le  30.  il  en  parût  après  difner,  &  alla  cou- 
cher à  ^ii/^r^. 

Le  Samedy  premier  May  plufieurs  Princes ,  grands  Seigneurs  y  Cheva* 
liers  de  l'Ordre  >  &  autres  y  allèrent  au-devant  du  Duc ,  qui  partit  de 
Hojjpre  après  déjeûné ,  &  arriva  à  Valencitnnes  ,  où  il  trouva  la  Duchelle 
&  (e  fit  hors  laditte  ville  un  tournoy  y  pour,  fa  joyeufe  venue ,  &  y  eut 
creuë  par  tous  les  Offices. 

Le  Dimanche  2.  May,  le  Duc  cekbra  la  fcfte  &  fblemnité  de  l'Ordre 
de  la  Toifon  d*Oc ,  où  fe  trouvèrent  le  fire  de  Ravefiain  ,  le  Comte  de 
la  Roche  en  Ardenne  y  meffire  Jacques  de  Luxembourg ,  le  ilre  de  Croy  > 
Comte  de  PorcUn ,  le  fire  de  Lannoy  y  le  fire  de  Molembaix  ,  le  fire  de 
la  f^ere  y  le  fire  de  Brederode  >  meffire  Simon  de  Lallaing  y  le  fire  de 
Montagu  y  le  fire  de  Chajleau-Guyon  ,  le  fire  de  la  Roche ,  le  fire  des 
QturiUs  y  le  fire  de  la  Gruthufe  ,  &  le  fire  de  Cleffy ,  tous  Chevaliers  de 
cet  Ordre  ;  ils  difnerenc  à  la  table  du  Duc  ,  &  à  une  autre  table  mangè- 
rent TEvefque  de  Tournay ,  ChanccUier ,  qui  avoit  fait  l'office ,  les  Tre- 
forier.  Greffier,  &  autres  Officiers  de  l'Ordre ^  &  plufieurs  Princes > 
grands  Seigneurs ,  Chevaliers  5  &  autres  ,  &  y  eut  Cour  ouverte. 

Le  3.  fe  tint  ik'atenciennts  le  Chapitre  de  cet  Ordre ,  le  Duc  y  créa 
Chevaliers  Ferdinand  y  Roy  d*Arragùn  Se  dcSicille  ,  Ferdinand  y  Roy  de 
tapies  y  Guy  de  Brimeu  ,  Seigneur  de  Humbercourt ,  Jean  de  Luxem^- 
bourg  y  Comte  dç  Mark  »  Philippe  de  Croy  ^  Comte  de  Chimay  }  Eneel- 

(77)  Il  a  dq^oisité  Evfi^e  de  Tournay  I  (7Z)  Cdl^'à-dire  qaïl  leur  lava  les 
le  Cardiiud«  1  pieds. 

Ce  j  (7J^> 


io6  LES    CHRONIQUES 

bert  de  Naffau  ,  Comte  de  Viandcn ,  &  Jean  de  Rubcmpri  »  Seknear  Aé 
^'  ^'  BUvres ,  &  fit  dire  quinze  Méfies  pour  chacun  des  fept  Chevafîers  der- 
niers morts-,  fçavoir ,  Mgr.  Jacques  de  Bourbon ,  Pierre  de  Bauffremont^ 
Seigneur  de  Charny  ,  Jean  de  Crequy  ,  François  de  Borfillt ,  Comte 
iTOfircvant ,  Claude  de  Montaigu  ,  Seigneur  de  Conclus ,  Jean  de  Croy<t 
Comte  de  Ch\may ,  ôc  Thibaut  de  Ncufchafid ,  Marefchai  de  Bour- 
gogne» 

Le  1 1.  May  lé  Duc  alla  foupper  avec  la  Duchedè  au  banquet  qu'elle 
donnoit  pour  les  nopces  de  Bel/equin  (79) ,  fille  de  Jean  de  Bojfchuyfen, 
Sommelier  de  corps  de  ce  Duc  :  le  18.  il  partit  de  FalcTicunnts  âpre»* 
difner  >  &  coucha  a  Mons  ;  Le  19.  à  Binch  ^  le  lo.  à  Nivelle  ^  &  le  1 1 .  à 
Louvain. 

Le  i  3 .  May ,  le  Roy  d^Arragon ,  fit  déclarer  à  Philippe  de  Savoyc  ^ 
Comte  de  Beaugey  ,  &  autres  Commandans  l'armée  du  Roy  devant  Per^ 
pignan  ,  qu'il  avoit  été  compris  dans  la  trêve  arreftée  entre  le  Roy  ,  les 
Ducs  de  Bourgogne  y  de  Bretagne  &  autres  ,  &  qui  devoir  durer  jufques 
au  premier  Avril  de  l'année  (uivante ,  &  il  les  fit  fommer  de  fe  retirée 
avec  l'armée  des  Comtez  de  Roujplton  &  de  Cerdaigne. 

Le  24.  le  Duc  de  Bourgogne  partit  de  Louvain  &  alla  coucher  à  Leeu^ 
we  en  Brahant  •*  le  25.  il  difna  zfainS  Tron ,  coucha  à  Tongres  >  le  2^« 
à  Maejlricht ,  ou  les  Ambafladeurs  du  fainâ:  Père ,  de  Hongrie  ,  Naples  , 
Angluerre ,  Pruffe  ,  VtniT^  &  autres  fe  rendirent  \  il  en  partit  le  Jeu- 
dy  lo.  Juin  après  difner  &  alla  coucher  au  camp  de  Moervelt4e^Elfem  $ 
le  12.  il  campa  près  Echt ,  le  1 5.  près  Mont  fort ,  au  pays  de  Gueldresy 
dont  le  Château  fut  mis  à  fon  obeiflànce  :  le  1 3.  il  coucha  à  Remoru  ^ 
(  ou  Ruremondc  ;  )  le  1 6.  il  campa  à  Thiegelem  ,  près  la  ville  de  yènlo  , 
de  laquelle  il  fit  commencer  le  fiege  le  18.  &  où  fe  rendirent  Jcs  Am- 
baflàoeurs  du  faincl  Père  »  Ae4^eni[e  &  autres  :  le  20.  il  achepta  de  Ge^ 
rard ,  Duc  de  Juilliers ,  fes  droits  &  prétentions  fur  les  Duché  de  Gud* 
dres&c  Comté  de  Zutphen^  pour  lafomme  de  80000.  florins  du  Rhin,  (80) 
le  2 1 .  la  ville  de  Fenlo  luy  fut  rendue  •,  il  y  receut  le  24.  l'hommage  & 
ferment  des  habitans  de  la  ville  -,  il  en  partit  le  2  5 .  &  vint  camper  à 
fTiJfen-le^'Wez  accompagné  defdits  Ambailadeurs  :  le  2tf#  il  campa  de!- 
vaiit  la  ville  de  Gocht ,  '  dans  laquelle  il  pafla  le  27.  après  difner  :  les 
habitans  luy  ayant  fait  hommage  &  ferment  de  luy  eftre  bons  ^  loyaux 
fubjets  ,  &  il  alla  coucher  au  Château  de  Cleves ,  où  le  Duc  de  ce  nom 
Je  deflfraya;  il  en  partit  le  19^  &  fe  rendit  à  fon  armée  campée  à  Mon*^ 
wyck  fut  Meu[e-lei'Ghemp ;  le  50.  il  campai  Diàçkemborck-lerTNii 
meghe.  ,.        . 

Le  Samedy  5.  Juillet ,  il  partît  du  camp  de  'Duickemborcky  Se  s'ap* 
procha  de  Nimeghe ,  pour  en  faire  le  fiege  :  Deux  Ambafladeurs  du  fainft 
Père  &  ceux  de  Hongrie ,  de  Ftni[e  &  autres  étafts  près  de  luy  5  le  14I 
k  Pue  de  Cleves  vint  à  ce  fiege ,  Ip  18.  il  4i(pa  ayec  Iç  Duc  de  Bourgo^ 


(79)  Avec  Jacques  die  Saîntle  Alîlegoh- 
de.  Voyez,  l'Hiftoirede  Valendennes ,  p;^. 
X79*  <Mi  elle  e(t  dite  «  ^$  mal ,  fille  de 
Jean  de  pofTu. 


gne^ 

(80)  Lfe  Contrar  de  vchté  cA  dans  lé 
Traité ,  incltulé  Affinio  jttris  Imferatcrss 
CaroU  V.  in  Dmsm  ÇiUriéyim^imi  à 
Anvers  en  1541. 

(80 


r, 


D  U    s.  O  Y    L  O  U  Y  s    X  I.  io7 

^._  ,  &  à  la  prière  des  habirans  de  Nimeghe ,  rravailla  à  faire  leur  paix*,  ,  .  ^  , 
e  19.  la  ville  de  Nimcghc  fe  rendit ,  les  %o.  les  Bourguemaiftres  ,  Eche-  ^'i* 
vins.  Bourgeois  &  Habitans  de  ladicte  ville,  vinrent  crier  mercy  au 
Duc  à  pieds  &c  chefs  nuds  &  à  genoux ,  luy  prefenterent  &  livrèrent  leurs 
idefs  ,  les  Stalbrocrs  (8 1 J  &  eftrangersétans  à  la  folde  de  laditte  ville,  vin- 
rent veftus  de  leurs  habillemens  de  guerre ,  lefqùels  ils  mirent  bas  & 
laiâèrent  en  préfcnce  du  Duc  ,  &  après  allèrent  paflcr  l'eau  &  chercher 
ailleurs  leur  adventure  ,  &  fut  fait  un  plat  de  crue  pour  le  Duc  de 
CUvcs. 

Le  12.  Juillet ,  le  Duc  de  Bourgogne  alla  difner  à  Nimeghe ,  &  revint 
dans  fon  camp  \  le  14.  il  alla  encore  difner  au  Château  de  Nimeghe 
avec  le  Duc  de  CUves  èc  coucha  en  fon  camp;  le  25.  il  logea  au  Château 
de  Nimeghe  &  y  regala  le  Duc  de  Cleves  &  lefdits  Âmbauàdeurs  y  le  t6. 
il  ordonna  deux  plats  de  crue  pour  les  enfans  de  Gueldres  (82)  &  l'Am- 
baflàdeur  de  Cologne  \  le  27.  il  partit  de  Nimeghe  après  difner  &  coucha 
en  (on  camp ,  ayant  ordonné  un  plat  pour  lefdits  enfans  de  Gueldres  / 
le.  28.  il  dima  en  fon  camp  Icz-Nimeghe  ,  &  campa  Itz-Gruthuyfe  ,  au 
pays  de  Cleves ,  il  y  refta  jufques  au  }  i /qu'il  en  partit  après  difner ,  paf- 
Ùl  la  rivière  du  Rhin ,  &  campa  lez  l'Abbaye  de  Elten ,  (85)  fur  le  bord 
de  laditte  rivière  au  Comté  de  Zutphen. 

Le  Dimanche  premier  Août  l'Evefque  de  Munfter  vint  voir  le  Duc  de 
Bourgogne  dans  fon  camp  lez  Elten  ,  &  il  y  fut  régalé  ;  le  }.  ce  Duc  alla 
camperiez  Baecq  près  Zutphen  ;  le  4*  il  alla  difner  &  coucher  à  Zutphen  ^ 
où  l'Archevefque  de  Cologne \tyÏTiiv\[\iCïy\^  <.  il  receut  le  ferment  de 
ceux  de  Zutphen ,  l'Archevefque  de  Cologne  &c\^  Duc  à^  Cleves  étanslors 
avec  luy  :  le  6.  l'Evefque  ^'//rrecAr  vint  luy  rendre  vifire  ;  le  1 1.  il  par- 
tit après  avoir  déjeune  à  Zutphen ,  paflà  la  rivière  d^Iffel ,  &c  alla  dilner 
&  coucher  à  Arnhem  au  pays  de  Gueldre  ;  le  1 2.  les  habitans  d^Arnhem 
luy  firent  ferment  d'eftre  bons  &  loyaux  fu  jets. 

Mort  £Arnoul ,  Duc  de  Gueldres  &  de  Nicolas  d^ Anjou  ,  Duc  de  Ctf • 
labre. 

Le  14.  Août  le  Duc  de  Bourgogut  patlà  la  rivière  du  Rhin  &  le  F'ahal^ 
&  vint  à  Nimeghe  y  oui*  Ambafladeur  de  l'Empereur  fe  rendit  ;  le  i  ^.  il  y  re- 
gala les  enfans  de  Giuldresic  les  Ambafladeurs  du  fainâ:  Père  &  de  l'Em- 
pereur \  le  17.  11  difna  à  Nimeghe  Se  fouppa  à  Gocht  ;  le  i8.  il  difna  &c 
iô\xpp2iiStrale\  le  15^.  il  difnaà  StraUy  &  coucha  â  Duelfe^  où  il  receut  & 
d'emray  a  l' Ambaflàdeur  de  l'Empereur  avec  fa  fuite ,  au  nombre  de  trente-fix 
perfonnes  ;  le  20.  il  fouppa  au  Château  de  Breynrur{  ou  Breymber^  )  apparte- 
nant au  Damoifeau  Louis  de  Palan ,  &  fcitué  près  la  ville  de  Lennich  en 
Brabant:  le  2 1.  ilcouchaà/îo^if  en  Brabant  ;  le  22.  il  arriva  ^Aix ,  ayant 
avec  luy  les  Ambafladeurs  du  St.  Père  ,  del'Empereur,  A&Polosm/à^Lor^ 
raine&czmtes  y  il  y  fejourna  jufques  au  16.  qu'il  en  partit  après  difner  &.  alla 
coucher  â  Keteruttjje  au  Duché  de  Limbourg  ;  le  27.  il  coucha  à  SaerSj  le 

28. 


(81)  C'eft  à-dire  Gendarmes  oa  Che* 
Taox-Leeers. 

(81)  Cnarles  »  depuis  Duc  de  Gueldres , 
^ n'a pomt  laiiTé  d'cnfans ,  &  Philippe, 


depuis  mariée  à  René,  Duc  de  Lorraine,  le 
même  qui  bactic  le  Duc  de  Bourgogne. 

(80  Abbaye  de  Filles  de  l'Ordre  de  Saine 
Benoic 


'  . 


«473. 


zo8  LESCHRONIQUES 

z8.  il  alla  à  Harltu  fainét  Laurent,  en  la  Comté  de  Ffalmc  Si  y^regal^ 
rAmbailàdeur  d^  TEmpereur  î  le  19.  il  coucha  â  Lymorly ,  où  u  regala 
cet  Ambaflàdeur  &  ceux  4e  Pologne  Se  de  Lorraine  j  le  50.  il  coucha  i 
Baftognt  9  &  le  3 1 .  à  Martclangc, 

Pendant  ce  mois  Ce  tint  à  Sentis  une  conférence  entre  les  Ambadà-» 
deurs  du  Rov  &  ceux  du  Duc  de  Bourgogne ,  pour  parvenir  à  la  paix  ^ 
les  Comtes  de  MarU  Se  de  Chimay  9  Antoine  Kolin  ,  Sgr,  d^Aimtries  6c 
Ferry  de  Clugny  >  Ambafladeurs  du  Duc,  eurent  ordre  d'envoyer  un  He-» 
raut  au  Roy  ,  pour  le  fommer  d'exécuter  la  rreve  arreftée  entre  eux. 

Le  Mercredy  premier  jour  de  Septembre ,  le  Duc  de  Bourgogne  panic 
de  Martelante  Se  alla  coucher  à  Arlon  en  Luxembourg^  ayant  avecluy 
ks  Amba0a(&urs  du.raindl  Père  »  de  l'Empereur  Se  autres  >  Se  les  enfans 
de  Gueldres  ,  qui  furent  défrayez  à  fes  dépens  :  il  partit  d^ Arlon  \^  6. 
Se  alla  foupper  d  Luxembourg ,  où  ces  Ambafladeurs  fe  rendirent ,  Se 
cnfuitte  ceux  de  Mets  ,  de  Fenife ,  de  Trêves ,  de  Lorraine ,  &  du  Corn** 
te  Palatin  :  il  envoya  à  Anvers  chercher  toute  la  vaiflclle  d'argent  Sc 
dorée  qui  y  étoit ,  pour  la  faire  tranfpprter  à  Mets  ou  ailleurs  ,  Se  s  ea 
fervir  à  U  tçfte  qu'il vouloit  donner  à  l'Empereur*,  il  fit  auffi  pour  ce  fu- 
jet  9  chafler  dans  le  pays  de  Luxembourg  Se  aux  environs;  le  19.  il  partit 
de  Luxembourg  après  déjeuner ,  Se  vint  coucher  à  Makeren-y  le  jo.  il  en 
partit  après  difner  accompagné  de  plufieurs  Nobles  de  (ts  pays  >  pour 
venir  â  Tr^vw ,  d'où  l'Empereur  (84)  vint  audevant  de  luv  en  grand 
triomphe  ,  jufques  à  une  demie  lieue  hors  de  cette  ville,  où  ils  entrèrent 


enfemble  ,  &  s  étant  feparez  ,  le  Duc  vint  foupper  Se  coucher  en  l'Ab^ 
baye  de  fainS  MaximinAzz-TreveSp 

Le  Vendredy  premier  Oâiobre,  ce  Duc  étant  en  laditte  Abbaye  >  y  re«« 
ceutlavifite  de  î'Archevefoue  de  Trêves  y  du  Comte  de  Cat^enelboge  p 
du  Marquis  de  Baden  9  &'  d'autres  Princes  &  grands  Seigneurs  de  CEm* 
pire  ;  le  1.  étant  accompagné  des  Evefques  de  Liège  Se  d'Utrcchty  Se  d'au^i 
très  Princes  &  Seigneurs  ,  il  alla  rendre  vifiteà  l'Empeteur,  en  fon  Pa« 
lais  en  la  cité  de  Trêves  ;  le  «.  l'Empereur  accompagné  des  Archevefques 
de  Mayence  Se  de  Trêves  ,  de  fon  Els  Maximilien  (depuis  Empereur  L 
de  ce  nom)  des  Ducs  Louis  de  Bavierre  ,  Albert  de  Monnicken ,  &  au* 
très  Ducs ,  Comtes ,  &  Princes ,  vint  voir  le  logis  du  Duc  de  Bourgogne 
en  l'Abbaye  de fainS  Maximin  ;  le  4.  les  Archevefques  de  Mayence  Sc 
de  Trêves ,  le  Marquis  de.  Baden ,  le  Comte  de  Cat^enelboge  ^  le  frère  du 
Turc  y  Se  plufleurs  grands  Seigneurs  d'AUemagru ,  vinrent  voir  le  Duc  \ 
ils  y  retournèrent  encore  le  lendemain,avec  le  Comte  de  wurumberg  ;  Iç 
6.  le  Duc  de  Bourgogne  accompagné  des  Evefqoes  de  Liège  Se  d^Utrecht^ 
alla  voir  l'Empereur  ;  le  7.  ce  mcmie  Duc  accompagné  de  ces  deux  Evef- 
ques y  des  enrans  de  C levés  y  des  Comtes  dé  MarU ,  de  Najfau ,  de  Vianm 
dtn  y  de  Meeghen,y  de  Heume ,  de  Saumcy  de  Raverfckeityde  JDarem  {oM 
Darorem  ) ,  de  Tierjleiri  yScde  plufieurs  autres  Evefques ,  Princes  &  No» 
Ues  de  fes  pays ,  alla  au-devant  de  l'Empereur,  qui ,  accompagné  des 
Archevefques  de  Mayence  Se  de  Trêves  ,  de  fon  fils ,  des  Ducs  Eftienne 
jde  Bavière ,  Albert  de  Monnicken  ,  Louis  de  Bavière ,  du  Marquis  de 

Baden 

(84)  Frcderic  III.  Père  de  MaxinùUen  L  &  qui  tint  l'Empire  cioqnaate-trds  ans» 

(85) 


DU    ROY    LOUYS    XL  109 

Baden  8c  de  fon  fils ,  du  Patriarche  (TAntioche  (85) ,  derEvcfque  de 
Mcti ,  des  Comtes  de  Cat^enelbose ,  de  wirumberg ,  &  de  plufieurs  au-  ^  47  J» 
très  Evefques ,  Ducs ,  Comtes ,  Princes ,  &  grands  Barons  de  C Empire , 
vint  oiiir  Meflfe  &  difner  avec  le  Duc  de  Bourgogne ,  qui  tint  Cour  ou- 
verte ,  pourquoy  y  eut  grande  creuc  par  tous  les  oflRces  ,  &  la  dcpenfe  de 
bouche  de  ce  jour,  fut  de  1 1 17  florins  14.  f.  7.  den. 

Les  8.  &  9.  Oâobrc  après-difncr ,  l'Empereur  accompagné ,  comme  il 
a  été  dit,  vint  encore  voirie  Duc  de  Bourgogne  :  le  Dimanche  10.  ce 
Duc  alla  voir  l'Empereur*,  les  1 1.  11.  &  i  j.  il  receut  les  vifites  des  Ar- 
i:hevefques  de  Mayence  &  de  Trêves  ,  &  de  plufieurs  autres  grands  Sei- 
gneurs cT Allemagne  ;  le  14.  il  alla  voir  l'Empereur ,  qui  le  vint  voir  le 
1 5*  &  le  !(>•  Le  17.  il  receut  la  vifite  du  Duc  Eftienne  de  Bavierre  :  le 
1 8.  l'Empereur  vint  en  grande  compagnie  voir  le  tournoy  que  le  Duc  de 
Bourgogne  fit  faire  à  plufieurs  Chevaliers  &  Ecuyers  de  Ion  Hôtel ,  au 
plus  près  dé  fon  logis  :  le  i^.  &  jours  ûiivans ,  ce  Duc  receut  les  vifites 
des  Princes  8c  Seigneurs  d* Allemagne. 

Le  z8.  Odobre ,  fut  arrefté  le  mariage  {%6)  de  Mçr.  Louis ,  Duc  d'Or^ 
leans  ,  avec  Madame  Jeanne  de  France ,  féconde  fille  du  Roy. 

Le  51.  l'En^pereur-,  accompagné  de  fon  fils,  des  Archevefques  de 
Mayence  8c  de  Trêves  ,  du  Marquis  de  Baden  ,  de  deux  de  fcs  enfans  > 
&  d'autres  Princes  &  grands  Seigneurs,  vint  voir  le  Hue  è.^  Bourgogne. 

Le  Lundy  premier  Novembre ,  &  les  deux  ^ours  fuivans ,  le  Duc  re- 
ceut les  vifites  de  plufieurs  Princes  d'Allemagne. 

Le  }  •  fut  arrefté  le  mariage  ({{7)  de  Mgn  Pierre  de  Bourbon  avec  Mada- 
me Anne  de  France ,  fille  aifnée  du  Roy. 

Le  4.  le  Duc  de  Bourgogne  alla  voir  l'Empereur  ,  qui  luy  accorda  l'in- 
veftiture  des  Duché  de  Gueldres  8c  Comté  ae  Zutphen  ;  lartremonie  s'en 
fit  fur  un  hourt ,  fur  le  marché  de  la  ville  de  Trêves  ;  les  lettres  (88)  en 
furent  expédiées  deux  jours  après  ,  l'Archevefque  de  Mayence  eut  1 100. 
florins  pour  (on  droit  de  fceau. 

Les  7.  9.  10.  &  II.  Novembre ,  le  Duc  de  Bourgogne  alla  voir  i'Em- 
j>ereur  •,  le  1 4.  il  receut  le  fils  de  l'Empereur  ,  qui  vint  voir  tirer  le  Pape- 
gay  ,  &  il  fit  feftoyer  les  Ambaflàdeurs  du  Duc  de  Lorraine  :  les  19.  10. 
21.  22.  &  23.  il  nt  féftoyer plufieurs  Princes ,  les  Eleus  d'Allemagne  ,  8c 
les  Ambaflàdeurs  de  Dannemarc  8c  de  Bretagne  .*  le  2  5 .  il  partit  après-dif- 
ner  àtfainÛ  Maximin  Icz-Treves ,  &  alla  coucncv à,  Mackeren  en  Luxem- 
bourg ;  le  164  il  ^la  par  la  rivière  de  Mo^^Ue  en  petite  compagnie  à 
Thionville  ,  où  les  Ambaflàdeurs  de  Rome  ,.  Hongrie ,  Pologne  ,  Fenife  , 
NapUs  y  du  Comte  Palatin  ,  d^ Angleterre  ,  de  Dannemarc ,  Bretagne  , 
Cologne  8c  Ferrure ,  fe  rendirent  \  il  en  partit  le  1 1.  Décembre  aprèsr-dif- 
ner ,  &  alla  coucher  ifainSe  Marie  du  Ckefne  ^  le  1  ^.  il  coucha  a  Ckam-^ 
ffliechi  le  .1 3.  au  Château  dç  Pierre/or t ,  où  il  refta  Iç  i4<  le  ;  5.  il  coucha 

a 


(%$)  Il  en  a  été  parlé  ci-devant. 
(%6)  Le  contrac  eft  imprimé  dans  le 

find  Recueil  des  Traités  de  Paix ,  &  dans  ' 
Corps  Diplomatique. 
(  87  )  Le  contrat  eft  imprimé  dans  iç 


grand  Recueil  des  Traités  de  Paix  ,  &c, 

(88)  Elles  font  imprimées  dans  le  Trai- 
té intitulé  :  Afferùù  jnris  Imperatoris  Caro- 
li  V.  f»  GeUrid  Dêustu^  imprimé  p,  An« 
vers  en  1541. 


Tome  IL  D4  (89) 


Ï47J. 


iio  LES    CHRONIQUES 

à  Frouart  ;  le  1 6.  il  arriva  à  Nancy  3  le  Duc  de  Lorraine  étant  veua  an^ 
devant  de  luy  avec  les  Nobles  de  Tes  pays  s  le  i  S.  il  coucha  z/airtcl  Ni-- 
colas ^  où  le  Duc  de  Lorraine  l'accompagna;  le  19.  il  partit  àcfainB 
Nicolas  après-difner ,  accompagné  du  Duc  de  Lorraine ,  &  vint  coucher 
â  Neuville  y  le  lo.  il  difna  i  Bacaracq  aux  dépens  de  l'EveTaue  de  Metp 
&  coucha  en  T Abbaye  de  Moyemoutier  ;  le  11.  il  coucha  a  Villers  ^  le 
22.  à  Berkem  ^  le  i}.  à  la  ffeuie  ,  Ici^i  Brifacq  au  Comté  de  Ferrette, 
où  les  Evefques  de  Spire  6c  de  Bajle  ,  le  Marquis  de  Baden  ,  &  autres 
Princes  &  grands  Seigneurs  d'Allemagne  vinrent  le  voir ,  &  où  les  Am- 
batlàdeurs  du  SainSPere^  de  Fenife^  &  autres ,  fe  rendirent  >  il  y  refta 
jufques  au  }  1.  qu'il  en  partit  après-difner  y  6c  alla  coucher  à  EnJJisheim  ^ 
où  u  s'arrefta. 

Le  5.  Janvier ,  ce  Duc  fît  aflèmbler  un  Parlement  dans  fa  ville  de  Ma^ 
Unes  y  6c  pour  le  compofer  nomma  les  perfonnesfuivantes. 

Meflîre  Guillaume  Hugonet  (ifp)  ,  Seigneur  de  Saillant  6c  du  Lys  y 
Chevalier ,  Chancellier. 

Meflire  Ferry  de  Clugny ,  Evcfque  de  Toumay ,  Chef  du  Confeil  di> 
Duc. 

Meflire  Jean  Carondelet ,  Chevalier  >  Seigneur  âc  Champuàns  &  Juge 
de  Bejfançon  ,  premier  Prefîdent. 

Maiftre  Jean  de  la  Bouverie ,  fécond  Prefident» 

Meflire  Guv  de  Brimeu  >  Comte  de  Meghen  ,  Seigneur  de  Humber^ 
court  (90)  »  Cnevalier,  Chambellan  du  Duc  >  Confeiller. 

Meflire  Simon  de  Lallaingy  Seigneur  de Montigny  9  Chevalier,  Cham^ 
bellan  du  Duc  >  Confeiller* 

ConfeilUrs  &  Maijhes  des  Requejles^ 

Maiftre  Jean  Jaauelin. 
Maiftre  Lyenard  de  Potots^ 
Maiftre  Tnomas  de  Plaine. 
Meflire  Artus  de  Bourbon^ 

Cottfeillers-Clers  àfei:[efots  de  gages  par  jour* 

m 

Meffire  Adrien  de  Poitiers  ,  Prevoft  dcfainS  Pierre  de  Lille^ 

Meflire  Jean  Fincent ,  Prevoft  dtfaina  Pierre  de  Cajfel. 

Meflire  Jean  Rolin.. 

Meflire  Richard  de  la  Chapelle  y  Chantre  de  ITglife  de fainS  Donas 
dt  Bruges^ 

Memre  Louys  Wury  >  Doyeade  Dole. 

Meflire  Antoine  Gerart. 

Meflire  Philippe  de  Brimeu ,  Prevoft  de  l*EgIife  de  Nivelle^ 

Meflire  Arnoul  de  Lallaing ,  Prevoft  de  l'Eglife  de  Nôtre-Dame  de 
Brug^.  •  Confeillers 

{^$)  Il  a  depuis  été  iiaifVii  par  les  Gan-  \  {$0)  VL  a  auffî  été  <fêcapité  par  les  Gant- 
fois.  Memoiresdc  Ccmiiics  «  litxc  Y*  cha-  tois.  Mémoires  de  Commet,  Livre  V.  cfaa» 
ritxcXYII.  IpicteXYIL 


D  U    R  O  Y    L  O  U  Y  s    X  L  lïi 

ConfcilkrS'Lays  à  vingt  fols  de  gages  par  Jour.  ^  4  7  3 

Maiftre  Ârnoul  de  le  Btcque. 

Maiftre  Folparc  à^Amcronghcfu 

Maiftre  Philippe  Viciant  (91) 

Maiftre  Pierre  de  Gorges^ 

Maiftre  Jean  du  Bois. 

Maiftre  Jean  Lyon^ 

Maiftre  Jean  de  Janly. 

Maiftre  Guillaume  de  Clungy  le  jeune ,  Seigneur  de  Morutlon% 

Maiftre  Pierre  de  CUrcvaulx^ 

Maiftre  Eftienne  de  Courradis  de  Lignana. 

Maiftre  Philibert  de  la  Frète. 

Maiftre  Fernand  de  Lucenne^ 

Maiftre  Jean  Candele ,  premier  Advocât  du  Duc. 

Maiftre  Thomas  de  la  Papoire ,  Procureur  General. 

Maiftre  Jean  d'Offay  (92) ,  fécond  Advocat  du  Duc. 

Pierre  Duret ,  SuMicuc. 

Nicolas  de  Rutter ,  Greffier  Civil. 

Antoine  de  Halkwin ,  Greffier  CrimincK 

Jean  de  Lonmtville ,  Greffier  des  Prefentations* 

Jacques  de  Drume^ ,  Payeur  des  Gages. 

Robert  de  Hefdin ,  premier  Huifficr. 

Le  Samedy  8.  Janvier,  le  Duc  de  Bourgogne  partit  d*£nffiskeim  après** 
difner ,  &  alla  coucher  à  Tn/î/ie ,  où  les  Âmbaftadeurs  de  Rome  (9j)^ 
du  Comte  Palatin ,  des  Suijfcs  ,  de  Berne ,  &  autres ,  fe  rendirent  -,  ilen 
partit  le  1 1 .  difna  à  Beaufort^  &  coucha  a  Montbeliart ,  où  il  difna  le  len- 
demain aux  dépens  du  Seigneur  du  lieu ,  puis  alla  foupper  à  Baulme-les- 
Nonts  au  Comte  de  Bourgogne  aux  dépens  de  TAbbeflè  du  lieu  •,  il  en 
partit  le  X  5.  après-difner ,  &  alla  coucher  à  Befançon ,  où  le  Doyen  du 
Chapitre  luy  prefenta  deux  poinçons  de  vin ,  &  le  Chapitre  luy  en  pre- 
ienta  huit  muids  :  il  en  partit  le  Lundy  17.  après-difner ,  &  alla  coucher 
a  Mernay  au  Comté  de  Bourgogne  ;  le  18.  il  coucha  à  Atixonne^  le  19» 
«n  fon  Château  de  Rouvre ,  a  où  il  partit  le  2 1 .  après-difner ,  &  alla  cou- 
cher à  Perigny  à  une  lieuë  de  Dijon ,  où  il  alla  le  13.  &c  où  le  Cardinal 
d^Autun  (94; ,  les  Archevefques  de  Cologne  (9  5  )  &  at Befançon  (96) ,  les 
Ambaftàdeurs  de  Rome ,  du  Comte  Palatin  ,  d^Arragon ,  de  Bretagne  > 
de  renife ,  des  Suijfes ,  &  autres,  fe  fendirent  :  le  1 S .  il  y  tint  Eftat  de 
Duc ,  &  Cour  ouverte. 


(91)  Ceft  celai  qui  a  fait  une  Hiftmre 
ic  Flandres ,  laquelle  n'a  pas  encore  écé  im- 
primée, 

(9a>)  Ceft  loi  qui  a  fait  le  Traité  des 
prétentions  de  Marie  de  Bourgogne  fur  le 
Daché  de  Bourgogne  ,  &  autres  pays ,  le- 
quel cft  imprime  au  commencement  du 


Le 


deuxième  Tome  du  Ccélex  DifUnuukus  de 
Mr.  Leibnirs. 

(95)  Il  fe  nommoit  Tmcms  ,  Se  étoit  Evé- 
quc  de  Sebenico. 

(94)  JeanRolin. 

(9  {)  Ruperr,  Comte  Palatin  du  Rhin. 

(96)  Charles  de  NeuFchâtel. 

Dd  1  (97) 


m  VES    CHRONIQUES- 

I      I        Le  8.  Février ,  le  Duc  étant  à  Dijon ,  envoya  une  figuré  de  cire  repre* 
j  Tentant  fa  perfonne>  &  deux  grands  cierges  avec  fes  armes ,  le  tout  pe- 

^^*  fant  cinq  cens  quarante  livres ,  ôc  les  fit  offrir  à  fainS  Blaifc  en  rEgfife 
de  Paroy  IcsMonyauXy  &  ce  mefme  jour,  étant  accompagné  du  Cardinal 
d^Autun  y  de  TArchevefque  de  Btfançon ,  des  AmbaHàdeurs  du  Sainct 
Père ,  (TArragon ,  de  Bretagne ,  de  f^enife  »  &  de  plufieurs  Prélats  &  No- 
bles du  pays  de  Bourgogne ,  alla  au-devant  des  corps  de  feus  très-nobles 
Duc  Philippe  Se  Ducheflè  Ifabelle ,  (ts  père  &  mère ,  que  Mrs.  de  Ra-^ 
vejlein  ,  ne  Ricquebour^y  &  meflire  Jacques  de  Luxembourg ,  avoietit 
amenés  du  Comté  de  Flandres^  ôc  fit  mettre  ces  corps  dans  la  Chapelle  de 
fon  Hôtel.  Le  lo.  étant  accompagné  comme  eft  dit  cy^eflus,  il  conduifit 
cts  corps  depuis  la  Chapelle  de  fon  Hôtel  jufques  aux  Chartreux  lez  la 
ville  de  Dijon ,  où  il  les  fit  enterrer  le  Vendredy  1 1  :  le  19.  il  panit  da 
Dijon  après-difncr  ,  ic  alla  coucher  à  Rouvre  ;  il  y  difna  le  10.  ôc  cou- 
cha à  Auxonne;  le  11.  il  difna  à  Notre-Dame  de  Montrolant  &  coucha 
d  Dole ,  où  il  s'arrefta. 

Pendant  ce  mois  fe  tint  une  conférence  en  la  viHede  Compiegnc  entre 
les  Ambatîàdeurs  du  Roy  &  ceux  du  Duc  de  Bourgogne  ,  pour  parvenir 
à  la  paix  :  la  trêve  entre  ces  deux  Princes  fut  continuée  jufques  au  1 5 .  May> 
le  Roy  en  donna  (ts  lettres  le  premier  Mars  (97^. 

Le  Dimanche  6.  Mars ,  le  Duc  de  Bourgogne  étant  à  Dole ,  envoya  eir 
grande  diligence  un  exprès  aux  villes  de  Éerne  &  de  Fribourg ,  avec  let- 
tres adreflàntes  aux  Avouez  &  Confeil  de  ces  villes,  lefquels  il  reque-. 
roit  qu'ih  vouluflènt  luy  faire  reponfe ,  &  déclarer  s'ils  avoient  fait  al- 
liance avec  le  Roy  ,  comme  on  le  difoit  *,.il  chargea  en  mefme-temps 
le  Seigneur  d'Irlain  (98)  de  s'informer  de  ce  qui  en  étoit;  le  8.  il  partit 
de  Dole  &c  alla  coucher  à  Arbois  ;  le  9..  il  coucha  à  Salins ,  où  il  refta  le 
10.  il  en  panit  le  11.  &  coucha  à  Quingey ,  le  12.  à  Befançon ,  d'où  iL 
partit  le  15.  &  coucha  à  F'efoul:  il  en  partit  le  23.  &  coucha  à  Luxeu  ea 
Bourgogne  ,  d'où  il  partit  le  28.  &  alla  coucher  iRemiremont  en  Lorrain 
ne  j  le  29.  à  EJhinal ,  le  j o.  à  Bayon ,  &  le  3 1.  il  entendit  la  Meflê  ifainB 
Nicolas  y  &c  alla  difner  &  coucher  à  Nancy. 

Le  Vendredy  2.  Avril ,  ce  Duc  partit  de  Nancy  aprcs-difner  &  alla, 
coucher  zNomeny ,  le  j.  à  Thionville,  d'où  il  partit  le  4.  &  alla  cou- 
cher à  Luxembourg ,  où  il  refta  ,  &  les  Ambaffàdeurs  d'Angleterre ,  Non- 
^igg^g,,^^  griCi  Arragon  ,  Bretagne ,  Venife  ,  Lorraine  ,  &  autres  (e  rendirent. 

Le  lô.  Avril  jour  de  Pafques,  ce  Duc  en  habit  Ducal,  tint  Salle  ic 

*  4  7  4»     Cour  ouverte ,  &:  difna  ayant  à  fa  droite  L'Evefqqe  de  Salubrie ,  qui  avoit 

fait  lofiSce  ,  &  à  fa  gauche  Mr.  Jetm  ic.Cleves^ les  Ambafladeurs ^'-^/î- 

gleterre ,  Hongrie  ,  Efpagne ,  Bretagne  y  Venife  y  6c  autres  ,  furent  traites. 

à  d'autres  tables. 

Le  22. , Avril  meffire  Girard  de  Duresforty  Seigneur  de  Duras ,  & 
m&iftre  Jean  Morton ,  Doâfeur  es  Loix,  Maiftrc  des  RoUes  de  la  Chambre 
du  Roy  d'Angleterre^  Ambaflàdeurs  de  ce  Roy  vers  le  Duc  de  Bourgogne^ 
prirent  congé  de  ce  Due  en  fà  ville  de  Luxembourg  y  pour  s'en  retourner 

vers 

(^7)  Elles  font  imprimées  dans  le  grand  1  (98)  Guillaume  de  la  Baume,  depuis. 
Kecucil  des  Traités  de  Paix.  1  Chevalier  de  la  Toifbn  d'Or. 

(99> 


D  U    R  O  Y    L  O  U  Y  S    X  I.  113 

vers  leur  Maiftre  y  ils  eurent  en  prefenc  pour  eujc  deux  cent  dix  marcs 

de  vaillcUc  d'argent ,  &  chafcun  un  cheval  •,  Bertrand  de  Duras  ,  frerc     *  474« 

dudit  Girard ,  qu'il  avoit  accompagné  dans  cette  Ambai&de  3  eut  auflî 

un  cheval  en  prefent. 

Le  Samedy  xj.  Avril  fefte  de  S.  Georges ,  le  Duc  de  Bourgogne  étant  à 
Luxembourg  y  (oiemnifa  la  fefte  de  TOrdte  de  la  Jarretierre ,  la  Duchede 
&  Mademoifelle  de  Bourgogne  étoicnt  pour  lors  à  GanJ. 

Au  commencement  du  mois  de  May,  le  Duc  fit  arreftcr  prifonnier  le 
Comte  de  Morubeliard  (99) ,  &  le  retmt  quelquetemps  avec  luy. 

Environ  ce  tems  le  Duc  étant  fatisfait  des  agréables  fervices  du  Comte 
de  Campobajre  {\)  i  &  de  Jacques  Galyot ,  Elcuyer ,  fit  prefent  au  pre- 
mier d'une  Heur  de  diamans  du  prix  de  cent  quatre-vingt  florins ,  &  au 
fécond  d'une  croifette  garnie  de  cinq  tables  de  diamans,  &  trois  perles 
pendans  de  la  valeur  de  quatre-vingt-quatre  florins. 

Le 9.  Juin,  le  Duc  partit  de  Luxembourg  après-difner,  &  alla  cou^ 
xher  en  petite  compagnie  à  Arlon  ,  &  revint  le  lendemain  coucher  à 
Luxembourg  :  il  en  repartit  le  Z2.  après  déjeûner  &  coucha  à  Arlon  ,  le 
1}.  à  Bafloigne ,  d'où  il  partit  le  15.  après-déjeuner ,  &  coucha  à  Mar^ 
cke  en  Famene  :  le  16.  il  arriva  d  Namur^  il  en  partit  le  17.  alla  difner  i 
wavre  &  coucher  i  Bruxelles  ,  où  la  Ducheflè  &  Mademoifelle  de  Bour^ 
gogne  fe  rendirent  le  28.  au  foir. 

Le  Dimanche  5.  Juillet,  le  Duc  partit  de  Bruxelles  après-difner.  Se 
alla  coucher  à  MaUnes, ,  où  la  Ducneflè  &  Mademoifelle  de  Bourgogne 
fe  rendirent  ;  le  lo.  il  envoya  ordre  au  Seigneur  de  Romont ,  étant  à 
Arras ,  de  faire  fommer  le  Roy  de  fe  défifter  de  faire  la  guerre  au  Roy 
d^Arragon^  attendu  qu'il  étoit  compris,  comme  fon  allié,  dans  la  trêve 
faite  entre  eux ,  &  environ  ce  temps  il  fit  faire  un  riche  bonnet  Du- 
cal avec  un  Cercle  d'Archiduc ,  pour  faire  fon  entrée  en  fon  Parlement 
de  Malines. 

Le  II.  Juillet ,  le  Duc  après  avoir  difn^  à  MaUnes  y  croyoit  aller  â 
Louvain  ,  où  la  Ducheflè  s'eftoit  rendue ,  &  où  il  avoir  ordonné  fon 
foupper  ,  mais  il  refta  à  MaUnes ,  d'où  il  partit  le  lendemain  après-di(^ 
ner  ,  &  alla  coucher  à  Louvain  *,  le  i  }•  il  difna  à  Louvain  ,  &  avoit  or- 
donné (on  foupper  à/^//zâf  Tron ,  mais  ilfouppa  &  coucha  d  Thy-le-MonCy 
la Duchellc dilna  à  ib/î^rej  &  fouppaà  Trecke^Cur-Meufe  ^  le  14.  il  dif- 
na à  Tày-le-Mont  &  coucha  àfaincl  Tron  y  le  1 5  •  il  avoit  réfolu  d'aller 
4  Liège  ,  &  le  difner  y  avoit  été  apprefté,  mais  il  en  fit  apprefter  un  autre 
àJainS  Tron  ,  où  il  ne  difna  pourtant  pas ,  étant  allé  dimer ,  foupper  & 
coucher  à  Tongres  ;  il  en  partit  le  16.  &c  alla  à  Trecht-(\xï-Meufe ,  où  la 
Ducheflè  étoit  depuis  quatre  jours  ^  le  ii.  il  panir  de  TVecAr  après  déjeû- 
ner ,  &  alla  avec  fon  oft  coucher  en  fon  camp  près  le  Cloiftre  de  fainS. 
GheerUck  ,  où  les  Ambafladeurs  de  Naples ,  Venife ,  Juilliers  ,  Danne- 
marc ,  &  autres ,  fe  rendirent  s  il  refta  dans  ce  camp  jufques  au  2  5 .  qu'il 
alla  coucher  en  fon  camp  près  Thyver  ;  il  en  partit  le  2^«  &  alla  camper 

près 

(^9)  Henry  IL  fils  dUIric  VIL  Comte  1  (i)  Il  Ta  depuis  trahi  à  la  journée  de 
de  Wlnemberg,  &  d'Elifabeth  de  Lands- 1  Nancy,  oii  le  Duc  de  Bourgogne  a.  été 
bue ,  fa  féconde  fàinmc.  l  tué. 


114  LES    CHRONIQUES 

près  Lenneke  :  il  marcha  avec  Ton  armée  les  27.  1 8.  &  19  :  &  le  30.  il 
1 474»  campa  près  l'Abbaye  de  Norre-Dame ,  près  la  porte  de  la  ville  de  Nuys  ^ 
devant  laquelle  il  venoit  mettre  le  Hege  *,  le  j  i  •  il  envoya  meflîre  Francif-* 
que  ^*£fi  >  Marquis  de  Ferrare ,  fon  Confeiller  &  Chambellan ,  &  An^ 
toine  y  Ëaftardde  Bourgogne  >  en  ambadâde  vers  le  Roy  de  tapies  fi)  >  2 
qui  il  envoya  Ton  Ordre  »  ainH  qu  au  Roy  de  SicilU  (3) ,  avec  les  habille- 
mens  dudit  Ordre. 

Le  Lundy  premier  Aouft ,  rArchcvefque  de  Cologne  vint  difner  avec 
le  Duc  de  Bourgogne  en  Ton  camp  près  Nuys^  pourquoy  on  fit  deux  plats 
de  creuc  \  il  y  difna  encore  le  7. 

Pendant  ce  mois ,  le  Comte  de  Montbeliard  qui  avoir  été  arrefté  pri* 
fonnier  à  Luxembourg  y  Se  enfuite  conduit  iTreckt'-fuX'Metffe  y  fut  mis 
au  Chafteau  de  Boulogne  à  la  carde  &  dépenfe  du  Chaftelain  du  lieu. 

Le  3.  Septembre  ce  Duc  fit  donner  un  aflàut  à  an  boulevart  devant  la 
ville  de  Nuys ,  &  y  furent  bleflez.  noble  homme  Thomas  Stanley  , 
Thomas  Ebringhem  ,  &  Talbot  Gentilshommes,  Capitaines  ,  treize  hom- 
mes d'armes  &  cinquante-quatre  Archers  tous  Anglois  ;  il  fit  donner^  ^« 
^onn^z\iSv.  Stanley  ,  zo.  florins  à  chacun  desCapitaines,  4.  florins  i^.fols 
à  chacun  des  hommes  d'armes,  &  1.  florins  8.  fols,  d  chacun  des  Archers. 

En  ce  temps  le  Duc  fit  faire  de  grands  Eftendarts  avec  l'Image  de 
fainâ  George  ,  des  Guidons  &  des  Cornettes  pour  les  differens  Eftats  de 
fon  Hoftel ,  Archers  de  corps  &  de  la  grande  garde  ,  &  pour  les  vingt 
compagnies  d'ordonnance  \  le  premier  des  Eftendarts  de  ces  compagnies 
étoit  en  champ  d'or ,  avec  l'image  de  fainâ  Sebaftien  ,  le  mot  &  la  de« 
vife  de  Monfeigneur  le  Duc ,  çarni  de  fufils ,  de  flambes ,  &  de  la  Croix* 
de  fainâ  André  Le  1.  avoir  l'image  de  faind  Adrien  en  champ  d'azur  ; 
le  3*  l'image  de  fainâ  Chriftophe  en  champ  d'argent  *,  le  4.  faindt  An- 
thoine  en  champ  rouge  s  le  5.  lainâ:  Nicolas  en  champ  vert  \  le  6.  (zmdc 
Jean  Baptifte  en  Champ  noir ',  le7.  fainâ  Martin,  iur  drap  fanguain^ 
le  8.  famft  Hubert ,  vit  gris  j  le  9.  faindbe  Catherine  ,  fur  blanc  •,  le  10. 
fainâ  Julien ,  fur  violet  *,  le  f  i.  fain^e  Marguerite ,  fur  tanné  ;  le  ii« 
fainde  Avoye ,  fur  jaune  s  le  13.  fainâ  André ,  fur  noir  &  violet  ^  le  14. 
fainâ  Eftienne,  fur  vert  &  noir  j  le  15.  fainâ;  Pierre,  fur  rouge  & 
vert  -,  le  16.  fainûe  Anne  ,  fur  bleu  &  violer  j  le  17.  fainâ:  Jacques ,  fur 
bleu  &c  or  -,  le  i8.  fainâe  Magdelaine,  fur  jaune  &  bleu;  le.  19  faindfc 
Jerofme ,  fur  bleu  &c  argent ,  &  le  10.  fainâ:  Laurent ,  fur  blanc  &  gris. 

Le  zi.  Septembre ,  le  Duc  fit  feftoyer  l'Ambaffadeur  de  Naplesy  étant 
près  de  luy  au  fiege  de  Nuys  ,  &  envoya  du  pain ,  du  vin  &  des  vian-* 
ides  aux  gens  qui  travailloient  à  faire  une  digue  fur  la  rivière  du  Rhin. 

Le  18.  Oâobre ,  les  Ambaflàdeurs  de  Hongrie  &  de  Dannemarc  fu* 
rent  régalez  par  le  Duc  au  fiege  àit-Nuys. 

Le  17.  Novembre ,  ce  Duc  après  avoir  difné  au  fiege  de  A^//^5,  alla 
en  compagnie  de  Princes ,  Barons ,  grands  Seigneurs,  &  en  grand  triom- 
phe en  barreau  ,à  l'oppofite  de  la  ville  de  Dufildorp  ,  à  un  lieu  du  fiege» 
où  il  avoit  fait  drelter  plufieurs  tentes  &  pavillons ,  ôc  fait  porter  un 

grand 

(1)  FcriUnaod ,  fils  naturel  d'Alphonfc,  I       (  J  )  FcrJinand ,  Roy  d'Anagon  &  de 
f^oy  d'Arragoû,  i  Sicillc, 


DUROYLOUYSXI.  115  

grand  banquet  pour  recevoir  &  feftoyer  le  Roy  de  Dannemarc  ,  Jean  ' 

Comte  (TOldcmbourg  fon  frère ,  leur  neveu  ,  les  Ducs  de  Saxe  ,  de      1474* 
Brunjwick  >  de  Meckélbourg  &  autres  Princes  &  grands  Seigneurs  de 
leur  compagnie ,  lefquels  croient  à  Duffddorp ,  &  après  la  fefte ,  re- 
tourna audit  fiege ,  ou  les  AmbaiTadeurs  de  NapUs  ,  ycnifc  &  autres  fe 
trouvèrent. 

Le  iS.  le  Duc  de  Saxe  &  autres  Princes  &  grands  Seigneurs  de  THô^ 
tel  du  Roy  de  Dannemarc  ,  vinrent  vifiter  le  Duc  de  Bourgogne  en  fon 
camp  de  Nuys^  où  il  les  regala  ;  ils  y  retournèrent  encore  le  lendemain  avec 
le  Duc  de  Bninfwick ,  &  le  Comte  de  Brandebourg ,  &  y  furent  encore 
régalez. 

Le  20.  le  Duc  de  Bourgogne  accompagné  de  plufieurs  Princes ,  Com- 
tes »  Barons  ,  &  autres  grands  Seigneurs ,  alla  â  un  quart  de  lieue  dudit 
ficgc ,  près  d*un  bois  où  il  avoir  fait  dreflèr  plufieurs  tentes  &c  pavillons 
bien  riches  ,  &  fait  porter  Un  grand  difner  pour  le  Roy  de  Dannemarc  y 
qui  s'y  rendit  avec  ion  frère ,  Ion  neveu ,  les  Ducs  de  Saxe ,  de  Brunf^ 
wick  ,  &  de  Meckélbourg ,  &:  autres  Comtes  &  Barons ,  &  après  les  épi- 
ces  ,  il  retourna  foupper  &  coucher  audit  fiege. 

Le  1 1  •  le  frère  du  Roy  de  Dannemarc  vint  voir  le  Duc  de  Bourgogne  y 
qui  le  deffraya. 

Le  xG.  TElcdeur  de  Saxe  &  autres  grands  Seigneurs  de  THôtel  da 
Roy  de  Danrumarc  y  vinrent  voir  le  Duc  de  Bourgogne  ^  qui  les  re-« 
gala. 

Le  19.  le  frère  du  Roy  de  Dannemarc  y  le  Duc  de  Saxe  8c  autres  Sei- 
gneurs ,  vinrent  encore  voir  le  Duc  de  Bourgogne  ,  qui  les  deffraya. 

Le  Jeudy  premier  Décembre  y  l'Archevefque  de  Cologne ,  le  frère  & 
le  Chancellier  du  Roy  de  Dannemarc  ,  vinrent  vifiter  le  Duc  de  Bourgo-* 
gne  au  fiege  devant  Nuys ,  où  il  les  regala  >  ils  y  retournèrent  encore  \t^ 
quatre  jours  fuivans.  Le  6.  ce  Duc  partit  après  difner,  &  alla  en  ^rand 
triomphe  à  un  bois,  à  une  demy-lieuedu  fiege,  auquel  lieu  il  avoit  fait 
dreiïèr  plufieurs  tentes  &  pavillons ,  &c  fait  porter  un  grand  banquet  y> 
pour  feitoyer  le  Roy  de  Dannemarc  y  fes  frère  &  neveu  ,  les  Ducs  de  Sa^ 
xcy  à^  BrunJ'wichy  de  Meckélbourg  y  Se  autres  Princes  &  Seigneurs  de 
leur  compagnie  i  &  après  le  banquet  &  les  épices ,  il  retourna  au  fie^e  ^ 
il  fe  confomma  i  ce  banquet  fix  roudres  de  vm  du  JRjiin  y  blanc  Se  bien 
bon ,  revenans  â  trente-quatre  muids ,  gauge  Françoife ,  le  tout  pour  la 
yaleur.de  250.  florins  ;  &  le  17.  il  fit  encore  un  grand  oanquet  au  mefme 
lieu  y  après  quoy  il  retourna  au  fiege. 

Le  22,  le  Duc  de  Bourgogru  regala  TArchevefque  de  Cologne  ;\t  2  j. 
il  fit  livrer  pain ,  vin  y  Se  viandes  aux  Ambafiàdeurs  de  Hongrie  Se  de 
Navlcs  9  &  au  Prélat  qui  avoit  fait  loffice  du  jour  ;  &  pendant  ce  mois 
il  ht  donner  une  robe  de  velours  fourrée  ,  deux  robes  de  drap  aufii  fou- 
rées  ,  Se  d'autres  habillemens  à  Adolphe  de  Gutldres  y  prifonnier  à 
Courtray. 

Le  II .  &  1 2.  Janvier ,  le  frère  du  Roy  àc  Dannemarc  vint  voir  le  Duc 
ic  Bourgogru  y  qui  le  regala ,  ainfi  que  les  Ambadàdeurs  d'Ar^Uterre 
Se  de  Hongrie  y  qui  étoient  vers  lu^.  Le  30.  ce  Duc  regala  quelques  gens 
du  Roy  ài^Danacmarc  >  qiii  dévoient  aller  avec  luy  au  liea>  ou  ce  Koy 

devoïc 


xx6  LES    CHRONIQUES 

devoir  s'aflèmblcr  avec  mondit  Seigneur-,  &  le  31.  ce  Duc  après  avoir 
1 474»  difné  au  fiege  devant  Nuys  ,  en  partie  à  privée  compagnie ,  &  alla  près 
d'un  bois ,  à  demy-lieue  du  fiege  ,  où  il  avoit  fait  dreffèr  des  tentes  & 
pavillons,  communiquer  avec  le  Roy  de  Danncmarc ,  qui  y  ctoit  venu  » 
accompagné  du  Duc  de  Mukclbourg .  &  de  quelques  gens  de  fon  Hôtel  ; 
pour  le  banquet  defquels  le  Duc  de  Bourgogne  avoit  fait  porter  quatre 
Çlats  de  viande  ,  &  après  les  épices  ,  il  retourna  foupper  Çc  coucher  au 
ïîege  de  Nuys  ;  jSc  pendant  le  fejour  que  ce  Roy  fit  à  Dujfcldcrp  &  aux 
environs,  ceDucluy  envoya  en  trois  fois  ^i^o.  florins  i.  fol  pour  fa 
dépenfe. 

Les  3 .  &  (J,  Fçvrier ,  le  Duc  de  Bourgogne  regala  le  frcre  du  Roy  de  Dan- 
nemarc;  les  1 1.  &17.  il  regalaceRoy  ,quirçtoit  venu  voir*,  les  18.  xo,  12. 
&  z  5 .  2(^.  il  regala  fon  frerc ,  quelques-uns  de  fes  Confeillers  ,  ^  autres 
perfonnes  de  (on  Hôtel ,  &  rAmbafladeur  de  Naples. 

Les  3 .  4.  &  5 .  Mars ,  ce  Duc  regala  les  AmbafOideurs  de  Naoles  6c  du 
0)nneftable  de  France  y  le  i.  il  regala  TAmbaflàdeur  de  Venije  ;  le  \  2. 
l'Ambadàdeur  du  Duc  de  Milan  arriva  vers  luy,  il  le  fit  régaler,  ainfi 
que  les  jours  fuivans ,  avec  les  Ambafiàdeurs  de  Hongrie  &c  de  Lor^ 
fainç. 
"^— ^  Le  16.  Mars ,  jour  de  Pafques ,  il  regala  cts  Ambaflàdeurs  avec  le  pre- 
?  47  5»  mier  Chambellan  &  le  Prélat  officiant ,  pourquoy  y  eut  4.  plats  de  crue } 
les  30.  &  3  !•  il  regala  l'Ambafladeur  du  Comte  Palatin. 

Pendant  le  mois  a  Avril ,  le  Duc  de  Bourgogne  étant  au  fiege  de  Nuys  t 
regala  en  differens  jours  les  Ambaflàdeurs  de  Naples ,  Milan  y  Venife  9 
Hongrie  ,  Bretagne  ,  du  Comte  Palatin  ,  de  JuillierSy  Colonie ,  &  d^Ar* 
ragon  jôc  le  29.  de  ce  mois ,  le  Sire  de  Riviers  ,  Amballadeur  du  Roy 
(T  Angleterre  y  (4)  arriva  vers  ce  Duc,  &  en  fut  régalé. 

Les  I.  2.  &3.  May  ,  jours  deRevoifonou  des  Rogations,  ce  Duc  fit 
régaler  le  Légat  du  Sainft  Siège  ,  les  Ambaflàdeurs  tt  Angleterre  y  de  i'i- 
cille  ,  Àrragon  ,  Naples  ,  Milan  ,  t^enife  ,  Palatin  Se  autres ,  &  y  eut 
chacun  de  c^s  jours  huit  plats  de  crue  pour  ces  Ambaflàdeurs ,  qui  furent 
encore  recalés  plufieurs  jours  fuivans. 

Le  Jeudy  premier  Juin  ,  le  Légat  vint  revers  Mgr.  le  Duc  ,  avec  aucuns 
Princes  &  Barons  d^ Allemagne  ,  qui  furent  tous  régalés ,  ainfi  que  les 
jours  fuivans ,  avec  les  Ambaffadeurs  de  Sicille  ,  Arragon  y  Naples  y  Mit 
lan  y  Venife  y  Juilliers  ,  Palatin  y  Cologne  ,  &  autres. 

Les  4.  &  j.  Juin  &  autres  Jours  fliivans  ,  quelques  Princes  tTAlle^ 
magne  &  gens  de  TEmpereur ,  vinrent  vers  le  Duc ,  &  en  furent  régalés 
avec  lefdits  Ambaffadeurs. 

Le  Mardy  13.  Juin  ,  ce  Duc  après  avoir  difné  au  fiege  devant  Nuys  ^ 
où  il  étoit  depuis  le  30.  Juillet  de  Tannée  précédente ,  leva ,  &  partit 
à  tout  fpn  ofl ,  approcha  de  lofl  de  l'Empereur ,  &  alla  foupper  &^  cpu- 
cher  au  camp  de  l'Abbaye  du  Val  Noftre-Damc  qui  pleure ,  près  Nuys  » 
ayant  auprès  dp  luy  les  Ambaflàdeurs  de  Sicille  y  Arragon  ,  Naples  ,  -Wi- 
lan  &  Venife  y  lelquels  il  fit  regder,  &  les  jours  fuivans,  pourqupy  y 
eut  trois  plats  de  crue  chaque  jour.  Le  Dimanfhe  |8.  &  jours  fuivans  » 

'  étant 

(4)  Ilicoit  aafit  foA  bcaa-fi^e, 


l>UROYLOUYSXL  117 

icantan  mefmecamp  y  il  fie  régaler  le  Légat,  ces  Ambafladeurs ,  les  Ducs 
de  Saxe  ,  Marquis  de  Brandebourg ,  &^  autres  grands  Princes  de  Toit  de  ï  47  S 
l'Empereur,  qui  vinrent  prendre  congé  de  iuy  le  x6  -,  le  27.  il  partit  de 
ce  camp  après  difner  ,  &  alla  coucher  avec  fon  oft  au  camp  près  le  Châ- 
teau de  Huiktnrojdc  y  il  y  refta  avec  les  Ambafladeurs  de  SicilU ,  Arra- 
go/iy  NapUs  ^  Milan  p  Fcnife  ,  &  autres  jufques  au  jo.  qu'il  en  partit 
après  difner ,  &  alla  camper  près  JLinnicL 

Le  Samedy  premier  Juillet ,  il  difna  au  camp  près  Linnick ,  &  alla 
camper  à  Rodc^U-Duc ,  ayant  ces  Ambafladeurs  avec  Iuy ,  lefquels  il  fit 
régaler  de  trois  plats  9  le  4.  il  partit  de  ce  camp  après  djfner  ,  &  alla 
camper  près  le  mont  de  Galox  ,-  le  5..  il  difna  en  ce  camp  &  coucha  à 
Tricht  fur  Mtufc  >  il  y  déjeuna  le  Icndjemain ,  difna  à  Hajjclt,  Se  coucha 
iDU/i. 

Le  6.  la  Ducheflè  de  Bourgogne  ,  qui  avoit  été  prefque  toujours  i 
Gond,  arriva  à  CVz/tfii  vers  le  Roy  d} Angleterre  fon  frère ,  qui  la  dcffraya. 

Le  7.  ce  Duc  vint  de  Diejl  à  Matines  ,  où  il  refta  jufques  au  10.  qu'il 
alla  difner  à  Tenremonde ,  oc  coucher  à  G  and  ;  il  en  partit  le  1 1«  après 
difner ,  &  alla  coucher  a  Bruges  y  il  y  difna  le  1 1  &  coucha  à  Nieuport  ^ 
le  1 3.  il  difna  à  Dunkerke ,  coucha  a  Gravelines  ;  le  14.  il  arriva  à  Ca-- 
lais  vers  le  Roy  d^ Angleterre ,  qui  le  defiraya ,  la  Ducheflè  étant  pour 
lors  àfainS  Orner  y  avec  les  Ducs  de  Clarence  6c  de  Glocefire  fes  frères; 
le  1 8.  il  alla  au  Chafteau  de  Guines ,  avec  ce  Roy  ,  qui  le  fit  dcffraiyer  ; 
il  en  partit  le  1 5)u  &  ^la  ifainS  Orner ,  où  il  trouva  la  Ducheflè  y  ntn 
partit  le  Z2.  &  alla  à  Fauquemberghe  ^  près  Toft  du  Roy  d^A^gleurre  ,•  il 
y  fejourna  le  13  *  &  en  partit  le  24.  après  déjeuner ,  &  alla  dimer,  foup- 

Îjer  &  coucher  en  la  cite  d'Arras  ;  .&  ce  jour  il  mangea  du  poiflbn ,  à  cau- 
e  de  la  veille  àtfaincl  Jactjius  ;  le  27.  il  partit  d^Arras  après  difner  & 
alla  coucher  à  Dourlens  y  il  ^en  partit  le  29.  après  difner  ,  &  alla  voir 
loft  du  Roy  d'Angleterre ,  iSc  coucher  en  la  cenfe  de  Ham^icoun ;  la 
Ducheflè  partit  ce  jour  àclainS  Orner ,  pour  retourner  i  G  and ,  où  Ma- 
demoi&lle  de  Bourgogne  etpit  reftée. 

Le  Mardy  priemier  Août ,  -ce  Duc  difna  en  la  cenfe  de  Hamencourt  » 
coucha  au  village  (tAicheu ,  près  Toft  du  Roy]  d^ Angleterre  j  il  en  par- 
tit le  2,  après  difner,  &  coucha  à  Ancre  ;  il  en  partit  le  j.  après  dif- 
ner &  coucha  à  Curleu  fur  Somme ,  près  ledit  oft  s  le  f  •  il  paflà  la 
Somme 'i  &  coucha  i  FeuilliereSj  près  ledit  oft;  il  y  difna  le  6.  pafla 
par  Toft  du  Roy  d'Angleterre  ,  &  coucha  à  Peronne  ;  i\  y  refta  ju^ues 
au  I u  ((u'il  en  Danit  après  difner ,  pa^ljà  par  loft  du  Roy  d'Angle^ 
Urre  ,  .&  alla  coudiçr  à  Çambray  ;  il  y  difna  le  1 3 .  ,&  coucha  à  FaLen^ 
tiennes  ,  d'où  il  partit  le  1 8.  après  difner ,  fouppa  à  Cambray ,  &  alla 
coucher  à  Peronru  ,  il  y  déjeuna  ;  le  19.  il  alla  vers  le  Roy  d  Angle-- 
urre  en  fon  camp  >  près  fainH  Cry  fut  Somme ,  &  revint  difner  & 
ODUcher  a  Peronne  ;  il  y  difna  le  20.  alla  encore  voir  le  Roy  d'AngU- 
terre  au  mefmc  camp ,  &  alla  coucher  à  Cambray  ^  le  2^.  il  difna  à 
VaUncienneSy  coucha  à  Mons  ;  le  jlz.  il  difna  à  Nivelle  9  &  coucha  à 
Namur  ,  où  les  Ambafladeurs  de  Naples ,  Arragon ,  Fenife  ,  &  autres  9 
ije  rendirent. 

le  29.  Août ,  eotrevcuc  du  Roy  avec  b  Roy  d  Angleterre  ,  au  lieu  de 
T^mc  II.  Ec  Pcquigny 


îiS  LES    CHRONIQUES 

Pcquîgny  :  ces  Princes  convinrent  d'une  trêve  ((}  entre  eux»  &  que  le 
*  47  J»     Dauphin  éppuferoit  la  fille  de  ce  Roy  d* Angleterre^ 

Le  Vendredy  premier  Sepcc;nibre,  les  Ambaflàdeurs  de /Vu «c^  ,  JMï. 
Ion  ,  &  du  Comte  Palatin  >  arrivèrent  vers  ce  Duc  qui  éxoit k  Namur  , 
Se  en  partit  avec  ces  Amba(Iàdeurs  >  difnaà  Chimayy  &  coucha  kMar* 
che  en  Fameru  y  il  y  refta  jufques  au  4.  qu'il  en  partit  après  difner  ,  âc 
alla  coucher  au  Château  de  la  Rocht  en  Ardenne  ;  il  y  difna  le  5.  6c 
coucha  au  Château  de  Rolers  y  le  6.  il  difna  i  Martelante  y  coucha  à 
Arlon  ;  le  7.  il  déjeuna  à  ^/jc  &  coucha  au  Château  de  Tnieuredainges  ; 
le  8.  il  arriva  au  Château  de  Soleurre^  {fi\  toufours  accompagné  de  ces. 
Ambaflàdeurs ,  &  où  le  Légat  du  Pape  arriva  le  1 1  >  le  k  5  •  il  y  donna 
fes  lettres  (7)  pour  une  trêve  de  neuf  ans  avec  le  Roy  j  il  en  partit  le 
23.  &  alla  difner  &  coucher  au  Château  de  Bajfompierrey  accompagne 
du  Leeat  &  des  mefmes  Ambaââdeurs ,  il  y  difna  \  le  24  coucha  à  Goife^ 
où  il  difna  le  25.  &  coucha  à^  Pont-k-Mouffon  ;  le  i6.  il  alla  en  grand 
triomphe audevant  du  Prince  de  Tarente  ;  le  29.  il  panit  du  Pont-z-Moup 
fon  après  difner  ,  &c  alla  avec  fon  armée  coucher  au  Château  de  Conde  ^ 
étant  accompagné  de  ce  Prince ,  du  Légat  &  de  ces  Ambaflàdeurs  \  le 
30.  il  déjeuna  â.  Condi ,  &  coucha  au  village  de  NettvilU  y  à  une  lieue 
de  fain3  Nicolas  y  la  Ducheflè  6c  Mademoifeile  de  Bourgogne  étant  tou-^ 
jours  à  Gand. 

Le  3  •  Octobre ,  les  Ambaflàdeurs  de  France  arrivèrent  vers  le  Duc  de 
Bourgogne ,  quLétoit  au  village  de  Neuville  avec  le  Prince  de  Tarente  Se 
&  les  ^nbaiudeurs  de  Naples ,  d^Arragpn ,  Venife  1  Milan  Se  autres  > 
&  qui  en  partit  pour  aller  coucher!  j^onville  ;  il  eu  partit  le  ^.  après 
difner  Se  alla  camper  près  Bayon ,  où  ce  Prince  Se  ces  Ambadàdeurs  fe 
rendirent  ^  le  7.  il  campa  près  Charmes  ;  il  partit  le  lo».  &  campa  i 
Dommarcaj  il  marcha  le  1 3*  &  campa  près  r Abrègement  fur  Mofelle  ; 
k  14.  il  aflieg^  Efpinal  »  qui  fe  rendit  le  19^  &  où  il  difna  avec  le  Prin* 
ce  de  Tarente  ;  le  20»  il  difna  au  camp  fous  Efpinal ,  &  alla  camper 
près  Chauvigny  ;  il  y  difna  le  2i.  Se  campar  prèis  le.Chateau  de  Vaude-^ 
mont  y  qui  fe  rendit  ce  jour  \  'A  y  refta  le  22.  en  partit  le  2:3.  après  dif- 
ner y  Se  alla  camper  près  le  pont  Jaincl  foncent  y  il  y  difna  lé  24.  &: 
vint  camper  au  ficge  devant  Nancy ,  ayant  avec  kiy  ledit  Prince  de  Ttf- 
rente  ;  le  Légat  du  Pape  &  les  Ambaflàdeurs  de  l'Emperur  ,  France  > 
Naples  ,  Arragon  ,  Venife  ,  MUan  ,  Juilliers  ,  Palatin  Se  autres  fe  ren- 
dirent â  ce  (Tege. 

Le  29*  Oâx>bre,  la  Ducheflè  dc-Bourgogne  étant  à.  Gand  avec  Made^ 
moifelle ,  y  ordonna  neuf  ^ats  de  crue  pour  le^  feftin  de  nopces  de 
Jean  de  Baeuft  >  &  de  Gertrude  de-  Berlettes. 

Les  4.  Se  6.  Novembre,  le  Légat  du  Pape  ,.&  TAmbaffâdettr  de  TEm-^^ 
pereur  vinrent  defainS  Nicolas  au  fiege  de  Nancy ,  où  le  Duc  de  Bour- 

fygne  les  regala  â  difner ,  &  les  fit  deffrayer  9  ainu  que  rAmbailadeur  de^ 
'rance  y  pendant  le  temps  qu'ils  furent  avec  luy». 

(5)  EUêeft  Imprimée  dans  lé  grand'Re-  |  Montmidy. 
CQcil  des  Traités ,  Tome  I.  pag.  ^13.  (7)  Elles  font  imprimées  dans  lê  grancF 

^     (6)  Petite  tille  entre  Luxeshboorg  &  .RecueildesTraitésaepaix,T*  L  p.  61  e. 

(8) 


DUROYLOUYSXI.  119 

Le  Jcudy  jo.  Novembre ,  la  ville  de  Nancy  fe  rendit  à  ce  Duc  ,  qui  y 
•alla  difner  éc  coucher  5  il  y  refta  tout  le  mois  de  Décembre  ,  &  le  25.  de     *  47  J 
ce  mois,  il  y  tint  Salle  \  le  Prélat  officiant ,  &  le  Prince  de  TartnU  man- 
gèrent avec  luy* 

Le  Jeudy  i  k  Janvier,  le  Duc  de  Bour^opu  partit  de  Nancy ,  &  alla 
coucher  à  Thou  en  Lorraine  ;  le  11»  il  difna  &  coucha  à  Ncufchafldtn 
Lorraine  ,  il  y  refta  jurques  au  1 7.  après  difner  ,  qu'il  alla  coucher  au 
Chafteau  de  Dombrot  ;  il  y  difna  le  1 8.  &  coucha  à  JonvtlU  ,  où  il  difna 
le  19.  &  coucha  au  Chiteau  de  Mans  ;  le  zo.  il  coucha  à  Vefouly  Ôc  le 
a 2.  à  Bcfançon  »  où  il  s'arrefta ,  &  pendant  tout  ce  temps ,  il  fit  toujours 
defÏTayer  rÀmbaflàdeur  de  France. 

Le  Mardy  6.  Février ,  ce  Duc  partit  de  Befançon  après  difner  ,  &  alla 
coucher  à,  Çhdteaumuf  y  près  le  village  de  Willonfans  ;  il  y  difna  le  7. 
&  coucha  à  la  Rivière ,  où  il  difna  le  8.  &  coucha  à  Join^ne  ;  il  en  partit 
le  I  z.  après  difner ,  &  coucha  i  Orbe  ,  pays  de  Savoye;  il  y  refta  jufques 
au  1 9.  qu'il  en  partit  avec  fon  armée ,  &  campa  devant  la  ville  de  Gran* 
fon  en  Savoy e. 

Le  Vcndredy  premier  Mars ,  ce  Duc  étant  en  fon  camp ,  fur  le  Lac 

Srès  la  ville  àe  Granfon ,  ordonna  cinq  plats  de  crue ,  pour  TAmbaflà- 
eur  de  Milan  ;  le  z.  il  fut  tout  le  jour  fur  les  champs  ;  (8)  le  j.  il  fut 
tout  le  jour  à  NouretJ[  ou  No^eroy ,)  au  Comté  de  Bourgogne^  le  4.  il  ordon- 
naque  le  Prince  de  Tarente  y  qui  étoit  toujours  avec  luy  ,  auroit  un  plat  de 
viande  de  crue ,  pour  luy  &  fa  fuittc  -,  le  9.  il  partit  de  Noterez  aprè* 
difner ,  $c  coucha  à  Joigne  ;  il  en  partit  le  11 .  &  alla  coucher  à  Orbe  ;  il 
y  refta  jufques  au  14.  qu'il  alla  avec  fon  armée  coucher  fur  les  champs  9 
allez  près  de  Loianne  ;  le  1 5.  il  campa  près  Lo^anne  y  8c  y  refta 

Le  6.  Avril ,  TAmbaflàdcur  de  l'Empereur  arriva  près  Loianne  ,  aa 
camp  du  Duc  de  Bourgogne ,  qui  le  fit  régaler  &  les  jours  fuivans ,  d'un 
plat  de  crue;  leii  •  jour  de  Jeudyiabfolu,  ce  Duc  fit  le  mandé  à  treize  pauvres* 

Le  14.  Avril ,  jour  de  Pafques ,  ce  Duc  étant  campé  près  Lozannc , 
ayant  l' Àmbadàdeur  de  l'Empereur  avec  luy  ,  ordonna  quatre  plats  de  «mhm 
crue ,  pour  le  Prélat  officiant ,  le  Légat  du  Sainéfc  Père ,  le  Prince  de  Ta^  1 47^» 
rente ,  Se  autres  grands  Seigneurs ,  qui  difnerent  avec  le  grand  Cham- 
bellan 5  le  13,  il  célébra  la  fcfte  de/ainS  George  y  Se  y  eut  deux  plats  de 
crue  ;  le  ic^.  il  alla  en  petite  compagnie  coucher  à  Loianne  ,  où  il  refta 
jufques  au  27.  May  ,  qu'il  en  partit  après  difner  avec  fon  armée ,  Se  alla 
camper  à  Morrain  y  pays  de  Savoye  ,  près  le  lac  de  Loianne  ,  &  où  le 
Le^at  du  Pape ,  les  Ambaflàdeurs  de  Milan  Se  du  Comte  Palatin  le 
fmvirent. 

Le  Mardy  4.  Juin ,  ce  Duc  partit  de  Morrain  après  difner,  &  cam- 
fja  avec  fon  armée  près  le  Château  de  Beatday  en  Savoye  ;  il  en  par- 
tit le  6.  Se  campa  près  Stravoyer  en  Savoye  ,  ayant  avec  luy  Monueur 
de  Scalts  ,  rAmbaflàdeur  de  Milan  Se  autres  y  le  7.  il  campa  d  Mon^ 
ia  y  près  de  Stavoyer;  il  en  partit  avec  fon  armée  le  9.  après  difner ,  Se 
alla  camper  devant  la  ville  de  Morat ,  au  pays  de  Savoye  ;  le  lo.  il  cam- 
pa ï  Foc  près  Morat  ^*  le  1 1.  il  campa  devant  Morat^y  où  l'Ambailàdeur 

de 

(f  )  Soa  armée  y  fut  mi£c  en  déromc 

£e  X 


îto         LES    CHRONIQtyÊS 

de  Milan  fe  rendit  \  il  y  refta  juiques  au  Samedy  ii»  auquel  jour  y  Tes 
^  47^*  AlUmans  y  Suijlts  ,  Bernois ,  &  autres  fes  ennemis  ,  vinrent  devant  tla 
ville  de  Morat ,  pour  en  faire  lever  le  fiege  •,'  il  fit  avancer  (es  gens  con- 
tre eux  s  mais  par  fprtune  dé  guerre ,  il  fut  mis  en  déroute,  tellement 
qu'il  convint  à  ks  gens  de  guerre  de  {e  tetiret  »  &  abandonner  k  camp  > 
&  luy  de  les  fuivre ,  ce  qu*>l  fit  en  petite  compagnie  ,  &  vint  au  gifte  à 
Moreges  ,  pays  de  Savoy c  ,  &  toutes  les  provifions  de  tous  les  Officiers 
furent  perdues. 

Le  Dimanche  25.  Juin  ,  ce  Duc  difna  à  Moreges  Se  fouppa  à  Jay  en 
Savoy  e  y  il  y  refta  aux  dépens  de  la  Duchcfle  de  Savove  julques  au  17. 
qu'il  en  partit  après  difner ,  &c  alla  fouppcr  &  coucher  a  Mijou  ,  le  fouj>- 
per  ayant  été  apprefté  i.fainci  Claude ,  où  il  n'alla  pas  ;  le  28.  il  alla  ouïr 
Meflc  &  difner  iJainS  Claude  &  coucher  à  Morran ,  Comté  de  Bourgo^ 
gogne  ;  il  y  déjeuna  le  lendemain ,  difna  à  Chajiillon  ,  coucha  à  Poligny^ 

Le  Lundy  premier  Juillet ,  ce  Duc  partit  de  Poligny  après  difner  j  de 
coucha  à  Arbois  ;  le  2»  il  coucha  i  Salins  y  où  il  refta  jufques  au  14.^ 
qu'il enpartiÉ après  difner ,  &  alla  au  Château  de Rochejfort ,  devers  U 
Duchelle  dtSavoye  y  il  en  partit  le  15,  après  difner ,  &  revint  â  Salins^ 
où  on  luy  cnvova  de  la  nouvelle  batterie  aecnifine,  qu'il  avoit  faitachep- 
rer  à  Dijon  ;  le  22.  il  partit  de  Salins  après  difner  ,  Se  alla  coucher  i. 
la  Rivière  y  il  dla  le  27.  difner  au  Château  àtJoux^  £c  revint  à  ht  Rivière. 

Le  6.  Août,  ce  Duc  difn^  la  Rivière  y  coucha  à  Arley  ^  il  en  par- 
tit  le  7.  après  difner ,  &  ,  coucha  à  Domblan  ,  oà  Jean  de  Vautravers 
le  feftoya  ,  &  def&aya  panie  des  Officiers  j  il  retourna  le  lendemain 
couchera  la  Rivière  ,  où  il  railèmfaia  fon  armée  &c  campa  le  19.  &  où 
il  receut  le  28.  les  Ambaflàdeurs  de  Cajlille ,  de  Pologne ,  &  autres» 
qui  refterent  avec  luy  jufques  au  9.  Septembre. 

Le  1  o;  Septembre  ,  la  Ducheflè  de  Bourgogne  étant  à  Gand  avec  M»- 
moifelle ,  y  donna  un  feftin ,  pour  les  nopces  d'Eftiermete  à^Crevecaur^ 
Funede  fes  Demoifelles. 

Le  2  5 .  Septembre ,  le  Duc  partit  de  la  Rivière  après  difner  avec  fon 
armée  ,  &  campa  à  Liniers  ;  il  en  partit  le  27;  &  campa  à  Omem  y  le  28.- 
il  campa  à  Sonne4enGrand  ;  le  29.  il  alla  difner  à  Montfaucon ,  &  revint 
coucher  en  fon  camp ,  ptès^Sonne^e-^rand  ^  le  }0«  il  diCnTiiBefançon, 
coucha  en  fon  camp,  près  Chajiillon^ 

►  Le  Mardy  premier  Oftobre ,  ce  Duc  refta  en  fon  camp  de  ChafiU-- 
Ion  ;  les  r.  &  5.  il  campa  près  Fe^oul ,  le  4.  à  Buffegnencourt ,  le  5..  à 
Jonvelle ,  le  6 A  Bellemeville  en  Lorraine  ,  les  7.  8.  &  9.  à  Neufchaftel  ; 
k  10.  il  campa  aux  champs  ,  les  11.  8r  12.  il  campa  près  Toul  en  Lor- 
raine  :  le  1 3.  il  canrpa  près  le  village  de  Nouveau  >  te  14^  près  du  Châ- 
teau de  Dieulewart  lur  la  Mofelle  ,  au-de-là  de  laquelle  rivière  étoit  fe 
Duc  René  de  Lorraine  f  avec  fon  armée ,  qui  gardoit  le  paflàgc  de  cette 
rivière  -,  le  1 5.  il  paflà  la  rivière  de  Mofelle ,  &  campa  près.  Condet ,  6c 
ce  jour  furent  deffaits  quatre  à  cmQCQns^ A HeTiftans  ,  mcnans  vivres  au  Duc 
René  ;  le  r6.  il  déjeuna  au  Pont  de  Condet  ,  alla  vcrslc  Pom-à^MouJ/on 
pour  rencontrer  le  Duc  René,  qu'il  trouva  en  bataille,  gardant  un  paflk- 
fie  &  un  Fort  près  dudit  pont ,  &  fut  tout  ce  jour  en  bataille  au-devant 
du  Duc  JUné  >  &  fouppa  &  coucha  prè$:4e  ce  Fort  s  le  17.  il.  déjeuna  eiv 

Coxt 


T>V    R  OY    L  O  U  y  S    X  I.  itt 

fon  camp  à  une  lieue  du  Pont-i-Mouffon ,  vint  jufques  au  paflàge  &  Fort 

que  le  Duc  René  tenoit ,  pour  tacher  de  le  paflèr ,  &  y  trouva  ce  Duc     *  47<î« 

René  en  bataille ,  qui  gardoit  ce  paflage  j  &c  le  Duc  de  Bourgogne  fut  tout 

le  jour  en  bataille ,  &:  y  refta  avec  fon  armée  )  le  1 8.  le  Duc  René  abaï*- 

donna  le  Château  &  le  Font^irMouffon ,  où  le  Dud  dp  Bourgogne  .entr^, 

&  coucha  en  TEglife  faindk  Antoine  ^  le  19.  il  déjeûna  iTonti-Mouffon^ 

&  campa  près  Condet  y  le  10.  il  campa  près  le  village  d'Ejfey'ltz-Nan-', 

^j^ y  le  II.  il  campa  à  Neuville  entre  Nancy  ScfainS  Nicolas  y  le  iir  it 

campa  devant  Nancy  ,  qu'il  aflîegea. 


Chevaliers 

difncrcnt  avec  Mr.  le  Baftard. 

Le  premier  Décembre,  la  Ducheflè  étant  à  G  and  avec  Mademoifelle 
de  Bourgogne  y  ordonna,  quatre  plats  décrue  pour  les  fiançailles  de  la  fille 
du  Seigneur  delà  Gruthufe;  8c  le  29.de  ce  mois  le  Roy  aç  Portugal  y  qui 
itoit  venu  au  Château  diAmanSiy  vint  voSr  le  Diiç  de  BiQucgogne  en  îoa . 
camp  au  fiege  devant  Nancy ,  &  y  fut  régalé  de  vin  &  épices. 

'Le  Dimanche  5.  Janvier ,  te  DaC  dé  Bourgogne  étaht  àU  fiége  dé  Nan* 
cyy  averty  de  la  venuif  du  Duc  René  de  Lorraine  fon  ennemy  ,  avec  une 
grande  puiflance  de  cens^de  guerre,  Lorrains  y  AUemans  ,  Fran'çoiSy  8c 
autres ,  pour  venir  faire  lever  ceiîege  &  le  combattre ,  fit  en  grande  dili- 
gence mettre  fes  gens  d'armes  aux  champs,  kiifl&nt  ledit  fiege  gatny ,  Sc 
aflèmbla  fon  armée  entre  la  Maladeri€^ïcz.'Nancy   &  la  Neuville 
ayant  peu  de  gens  dé  fonrofté,  àttaqlïârvaîttaiTimçnirfe  ennëmîSJ 
mais  leur  grand  nombre  rompit  fon  aqxiée-»  qui  fat  n^ ife  eo  déroute  , 
&  y  furent  pris  8c  tuez  plufieurs  nobles  vaïïàux  &  fn  jets  de  ce  Duc  > 
le  fiege  fut  abandonné  avec  toutes  les  provifions  de  vin  ,  épices , 
cii«es ,  &  autres  pour  tous  les  Offices  ;  (9)  &-  le  Duc  y  perdit  malhcureu-' 
ftmtnt  la  vie  ,  ne  laijjant  qu" uru feule  filk  fon  héritière ,  laquelle  étoit pour 
lors  à  Cand  avec  la  l)uc)ujje  de  BQurgogne^,yâ:  belle-mer e. 

EPÎTAPHEDECEDUC, 

Rapportée  par  Pontus  Heuterus>  Historien  des  PAYs-BASr 

Te  pacis  piguit ,  te  tœduit  atque  quietis  , 
Carole-fJicquejaces^Jamquequitfcetiii. 

A  u  T  R  E    E  F I  T  A  P  H»  E, 

Rapportée  par  TEScHBNXiACHER ,  dans  son  Histoire  dé  Cieves*. 

Te  piguit  patis  ,  tœduitque  quietis  ,  in  umtt 
mortuejam  Carofe ,  Litis  amiujace» 

JEthera  nnm  pateant  Tibi ,  vel  defccnfus  averni  , 
Sollicitus  nec  eras  y  me  neque  curapremin 


<  \ 


(9)  Ce  qui  fuît  ncft  pas  dans  fe  Journat,  mais  on  a  cru  le  devoir  ajouter  ponr 
I^IaiiciiTcmem  derhiftoira  .     . 

Ec  5  LE 


1X1 


CABINET 


L  E 

C  A  B  I  NE  T 

DU   ROY 

LOUIS    XL 

CONTENANT  PLUSIEURS  FRAGMENS; 

Lettres  mijjîves ,  &ficrettes  intrigues  du  Règne  de  ce  Monar- 
que ,  &  autres  Pièces  très-curieufes ,  recueillies  de  diverjès 
Archives  &  Trejbrs par  Mr*  T.l'HerMITE  de  Souers. 


CHAPITRE     PREMIER. 

La  dif^act  du  Cornu  dt  Dammartin  y  &  VtnUvtnunt  d^  Monficur^ 

Fnrt  du  Roy. 

LA  grandeur  de  courage  »  qui  fie  dire  à  Louis  >  Père  du  Peuple  «  que 
S^Maicfténe  fcfouvenoitpointde  TofFenfc  rcceuc  en  la  personne 
du  Duc  d'Orlcans ,  ne  toucha  point  rcfpric  de  fon  Predccefleur ,  Louis  XL 
qui  ne  pût  oublier  le  déplaidr  rendu  à  Monfieur  le  Dauphin ,  par  Taveu- 
gle  obeiflance  que  Jacques  (  i  )  de  Chabanes  enft  pour  le  Roy  Charles  VIL 
Louis  fon  fils,  venant  à  la  Couronne  9  lança  tous  les  traits  de  fa  colère 
contre  ce  fidèle  Miniftre  :  Il  partagea  Ces  biens  &  fes  terres  à  fes  Favoris* 
Le  Seigneur  du  Lau  euft  pour  ùl  part  la  Terre  de  Blanquefort  en  Guyen- 
ne*, &  la  Baronnie  de  Rochefort ,  avec  la  Terre  d'Auriere ,  furent  don- 
nées à  Uvaft  de  Monterpedon  :  Charles  de  Melun  s'efforça  d  avancer  la 
condamnation  de  ce  diigracié ,  Se  de  tous  ceux  qui  eftoient  le  plus  en 
crédit  5  comme  TAdmiral  de  Montauban ,  Boniface  de  Valpergue  > 
Hoiiaux,  Rellac ,  ^  autres;  le  fetil  Joachim  Rouhanlt^  Mareichal  de 

France  > 


( I  )  ?i^  Il  ne  s'appclloît  point  Jacques  , 
mais  Antoine  de  Chabanes  ,  Co^ntc  de 
Dammartia ,  qui  eut  rioduftric  4ç  fç  fau- 


ver  de  la  Baftille.  Voyiz  ce  qui  en  eft  dit 
dms  la  Préfiice ,  &  dans  les  Pièces  qui  font 
aux  Preuves  ci-apris ,  tmmirp  IV.  (^  V. 

il) 


D  E    L  O  U  Y  S    X  L  113 

France,  confcrva  de  ramitic  pour  ce  malhcurpux  5.  &  lors  qu'il  fut  prendre 
voflèflion  du  Gouvernement  de  Laon ,  ce  généreux  Seigneur  recevant 
les  lettres  du  Comte  de  Dammartin  >  les  accompagna  de  les  larmes ,  Se 
par  ks  rcponfes  l'avertit  de  mettre  fa  perfonne  en  feuretc ,  tandis  qu'il 
envoyeroit  quelqu'un  des  fîens  en  Cour.  A  ces  nouvelles  Dammartin  fc 
retira  à  S»  Foreeau,  &  envoya  vers  le  Roy  Robert  de  Balzac  fon  nepveuy 
qui  fut  introduit  près  le  Duc  Philippe  de  Bourgogne ,  par  le  Seigneur  de 
Charlns ,  auquel  ce  Prince  dit  tout  haut ,  parlant  au  Duc  Jean  oe  Bour- 
bon ,  que  Cnabanes  eftoit  l'un  des  honneftes  Gentilsrhommes  du  Royau^ 
me ,  &  qu'il  auroit  bien  voulu  qu'il  fe  fuft  retiré  à  fon  fer  vice  jl'aflèuranr 
qu'il  luy  auroit  fait  plus  de  bien ,  que  ne  luy  en  fit  jamais  Charles  VII, 
Le  Duc  de  Bourbon  dit  aufli  au  mefme  Balzac  d*ailèurer  fon  oncle  ,  que 
devant  qu'il  fut  peu  ,  il  auroit  de  Ces  nouvelles;  Cependant  les  cérémo- 
aies  du  Sacre  eftant  achevées,  le  Comte  de  Dammartin ,  impatient  de  Ce 
juftifier ,  fuivit  la  Cour  à  Bordeaux ,  &  à  la  faveur  du  Seigneur  de  Co^ 
minges  entra  dans  la  Chambre  du  Rov ,  &  parlant  à  genoux  à  Sa  Majefté, 
luy  demanda  plnftoft  juftice  que  mi(ericorde  r  mais  Te  Roy^  tousjours  in- 
flexible >  luy  fit  commandement  de  fortir  du  Royaume  ^  ce  qu'il  fit ,  Se 
paflà  en  Allemagne ,  où  il  demeura  quelque  temps  »  tandis  que  Jeanne 
de  Charlus  (1)  la  femme ,  fe  trouvant  cha^e  de  toutes  fcs  maifons ,.  &C 
fans  aucuns  amis  y  fut  contrainte  demandier  l'afCftance  d'un  Laboureur 
de  Dammartin  y  nommé  Anthoine  le  Fort ,  leauel  la  retira  chez  luy  y  où 
il  la  nourrit  fort  long-temps  avec  fon  fik ,  filleul  du  Duc  de  Bourbon  » 
kquel  n'avoir  alors  que  dix-huit  mois.  Cependant  Jean  Vigie ,  qur  de- 
puis fut  Evefque  de  Lavaur  y  ne  pouvatu  foulFrir  que  le  Comte  de  Dam- 
manin ,  fon  oncle ,  fut  plus  long-temps  exilé ,  le  preflà  par  {es  lettres 
&  par  {qs  confeils  de  fe  rapprocher  de  la  Cour ,  où  il  revint ,  8c  fe  confti- 
tua  luy-mefme  à  la  Baftille ,  pour  fe  purger  des  crimes  que  fes  ennemi» 
luy  impofoient  :  Mais  comme  Charles  de  Melun  fe  déclara  ouvertement 
contre  luy ,  &  pourfuivit  fa  condamnation ,  il  prit  réfolution  de  fe  re- 
mettre en  liberté  ;  ert  ce  temps  ,  Monfieur ,  Frère  du  Roy ,  fe  retira  en^ 
Bretagne ,  feignant  d'aller  à  la  chaûè  avec  Odet  Daydie ,  Seigneur  de 
lefcun  y  vaillant  &  hardy  Chevalier ,  qui  fit  cette  entreprife  s  après  la^ 
quelle  Ait  compofée  cette  balade^ 

MctU[  fus  chUns  &  oyjiaux^ 

jitiffi  toute  gaudijfcric  y 

Jufqu'à  ce  qut  Odei Daydie 

Aura  remis  fus  jeux  nouveaux  r 

Le/quels  ne  feront  trouve^  beaux^ 

Mais  ils  pourroient  bien  eher  coufier  ^ 

Un  grand  mal  efi  bonàojltr. 
Alors  PErtat  eftant  en  trouble ,  &  tous  les  Princes  liguez  contre*  Tâu"- 
thoritédela  Couronne,  le  Duc  de  Nemours  dépefcha  le  Seigneur  de 
Lanflàc  pour  advertir  le  Roy ,  que  pour  certaines  caufes  il  s'eftoit  accom^ 
mode  avec  les  autres  Princes  ;  &  chargea  ledit  Lanllàc  d'en  parler  à 
Monfieur  du  Maine  »  &  aux  autres  Princes  qui  eftoient  à  la  Cour..  Le  Duc 

de 
U)  SsihémiUJrmU  di  S^Uaht  de  iaCu  êltefe  nommm Msrzuwtê  de  Na^ueiiH. 


1X4  CABINET 

de  Bourbon ,  d'autre  part ,  prit  routes  les  finances  du  Languedoc ,  Sè 
arrefta  le  fieur  de  Cruflbl  fort  familier  du  Rov ,  &  les  fleurs  &  Trcignel» 
cy-devant  Chancellier  de  France ,  &  d'OriolIe,  Cette  occafion  fi  favora- 
ble pour  les  affaires  du  Comte  de  Dammartin ,  lijy  firent  fonger  aux 
moyens  de  recouvrer  fa  liberté  à  la  faveur  du  frère,  battardde  fon  nepvcu 
Viger,quiluyaida&  luy  fournit  une  corde  pour  defcendre  du  ne  des  tours 
de  la  Bal^Ue.  Il  pafla  de-là  à  S.  Forgeau ,  dont  il  chafla  Geoffroy  Cœur  , 
qui  en  avoir  eu  la confifcation ,  &  de*U  retourna  à  Moulins,  fc  joindro 
au  Duc  de  Bourbon  ,  qui  luy  donna  le  Gouvernement  de  Moulins ,  & 


__  Montlhery ,  &  l'approche  des  Princes  devant  Paris ,  auquel  tcmpi  _^ 
Roy  trouva  peu  de  fidèles  ferviteurs ,  puifquc  ks  plus  familiers  prirent 
le  party  ennemy  :  Le  Patriarche  de  Bourges ,  fils  de  Jacques  Cœur ,  qui 
avoir  inutilement  demandé  la  caffation  de  la  Sentence  donnée  contre  (on 
père  (5) ,  divertit  le  Duc  de  Nemours  d'aller  trouver  le  Roy ,  qui  luy 
avoir  envoyé  Yvon  du  Fou  :  Le  mefmc  confeilla  ledit  Duc  de  Nemours 
d'enlever  le  Roy  ,  lors  que  Sa  Majefté  eftoic  à  Monluçon  -,  &  pour  cet 
abouchement ,  il  fallut  que  les  Seigneurs  du  Lau  &  de  Comingcs  fuflène 
donnez  à  oflage  :  En  ce  temps  le  Bourguignon  venant  hoftiîement  en 
France ,  prit  la  Ville  de  Beaulieu  ,  où  le  Marefchal  Rouhault  avoir 
mis  garnilon ,  tandis  qu'il  commandoit  dans  Peronne  \  mais  il  eut  auffi* 
toft  ordre  du  Roy  de  fe  rendre  à  Paris ,  avec  Jean  Balue  ,  Evefque  d'E- 
vreux ,  qui  eut  charge  d'y  mener  le  Guet  avec  Charles  de  Harlay  ,  qui 
en  eftoit  Chevalier  :  Le  Bourguignon  fit  grande  violence  du  cofté  de 
S.  Denys ,  &  poufft  fon  avantgarde  jufqdô$  à  S.  Lazare  ;  mais  le  Maref- 
chal Roiiault  luy  réfifta  courageufement*  Entre  les  traiftres ,  dans  la  Mai- 
fon  du  Roy ,  l'on  découvrit  le  Seigneur  du  Lau  ,  auquel  le  Duc  de  Ne- 
mours envoya  ks  inftru6kions  par  efcrit ,  pour  prefenter  à  Sa  Majefté ,  Se 
luy  fit  demander  fecrettement  par  le  Seigneur  de  Lanflac  9  fi  Tentreprifc 
qu'ils  avoient  faite  enfcmble ,  d'enlever  le  Roy  ,  fe  pourroit  exécuter , 
auquel  il  manda  dire  9  que  non  ;  mais  il  ne  laiflk  de  s'aboucher  avec 
le  Comte  Charplois,  comme  fit  auifî  Charles  de  Melun,  Grand  Maiftre 
de  France ,  &  Lieutenant  General  de  l'Armée  du  Roy  ,  leauel  commen- 
çant â  les  foubifonner  d'infidélité ,  ordonna  pour  la  garde  ae  Paris  Gilles 
de  Saind  Simon  y  Bailly  de  Senlis ,  avec  le  Comte  de  Cominges ,  Balîard 
d'Armagnac ,  fous  l'authorité  du  Marefchal  Rouhault  s  auquel  temps  les 
Bretons  paflèrent  les  rivières  de  Seine  &  d'Ionne  fur  des  bafteaux ,  &  fu- 
rent répondez  par  le  Marefchal  Rouhault,.  un  Page  duquel,  nommé  Pa- 
mabel ,  euft  un  bras  em))orté  en  cette  occafion  ,  &  forent  auffi-roft  dé- 
pefchez  les  fieurs  de  Precîgny ,  Prefident  en  la  Chambre  des  Comptes  , 
&  Chriftophe  Paillard ,  Confeiller  en  la  mefme  Chambre ,  pour  aller 
trouver  le  Duc  de  Calabre  c  Jean  Beraud, Confeiller  au  mefme  Parlcmcnr 
fie  Paris ,  fe  retira  en  Bretagne ,  ic  le  Comte  d*Eu  fut  receu  Grand  Maiftre 

de 

(i^)lltaâhtemimAûufi  i46j.aHPefttU  feruMUnsfurlisEfîtres de'RAhelais ^  iditton 
Vêh  dMs  tbiftoire  dm  Roy  Charles  Vlh  im-  di  170^.  SCT  Cette  Edition  fut  donnée  pai^ 
freJjHondHlâtivrefpag.Ztî^&fntrelesOb'  l  U.Ciodé^oj  0vecd0nottviUisRimMr^f. 


r" 


DE     LOUY5     XT.  iij 

éc  France  »  8c  Gouverneur  de  Paris,  en  la^kcedu  Gouverneur  de  Melun» 
difgracié  >  &  appelle  le  Sardanapale  de  (on  temps  >  engorgeur  de  vins  & 
de  broiiets  (4}. 


CHAPITRE    IL 

Mariage  dùBaJlard  de  Bourbon  :  dijgrace  du  grand  Chambellan  y  &Jk 
prijon:  jirreji  prononcé  en  faveur  du  Comte  de  Dammartin  :  fon  r«- 
tour  pris  du  Roy  >   &  autres  incidens  arrivés  dans  les  années  66* 

CEtte  première  année  en  Odobre  ,  le  Roy  fut  foupper  en  THoftel  de 
Ville  à  Paris  >  où  il  y  euft ,  félon  le  manufcrit ,  moult  beau  fervice  ^  4  <^  5 
de  chair  &  poi£bn  ;  &  illec  la  fille  naturelle  du  Roy  ,  nommée  Jeanne , 
^u'il  avoir  eue  d'^ne  Dame  en  Dauphiné,  nommée  Madame  de  Beau- 
mont  ,  fut  fiancée  à  Monfieur  Louis ,  Baftard  de  Bourbon ,  bon ,  gentil 
&  loyal  Chevalier  y  lequel  fit  de  bons»  grands^  agréables  fervices  au 
Roy ,  &  à  la  Couronne ,  &c  ne  donna  jamais  à  avarice  une  feule  demie^ 
heure  de  repos  pour  dormir  en  fon  coeur.  ' 

L'année  fuivante,  mcffire  Anthoine  de  Chafteau-neuf ,  (5)  Seigneur  ^^^T^ 
4luLau,  Senefchal  de  Guyenne,  grand  Chambellan  du  Roy,  &  plus  *4^^" 
aimé  de  luy ,  que  oncques  n'avoir  été  aucun ,  &  à  qui  le  Roy  fit  de 
moult  gratKls  biens ,  tant  qu'il  fut  autour  de  luy ,  &  de  fon  iervice  \ 
car  en  moins  de  cinq  ans ,  il  amanda  des  biens  du  Roy ,  de  trois  à  qua- 
tre  cens  mille  efcus  d'or  \  ayant  été  fait  prifonnier  du  Roy ,  &  mis  au 
ChaAeau  de  Sully  fur  Loire  ^  par  faditte  ordonnance  ,  fut  envové  audit 
iieu  au  mois  d'Oûobre  ,  Mcffire  Triftan  l'Hermitte ,  Prevoft  des  Ma- 
xefchaux  de  THoftel  du  Roy ,  &  maiftre  Guill(aume  Cerifai ,  nouvelle- 
jnent  Greffier  Civil  de  Parlement ,  pour  illec  tirer  hors  ledit  Sieur  du 
Lau  ,  &  le  mener  prifonnier  au  Chafteau  de  Huilbn  en  Auvergne. 
'  En  ce  mefme  temps  ^  le  Roy  fit  publier  à  Paris ,  que  toutes  perfon^ 
nés  9  de  quelle  cçndition  &  eftat  qu'ils  fuflent ,  depuis  lage  cfe  feize 
4u£quesâ  (oixante  ans ,  qu'ils  iffi/Iènt  hors  de  la  ville ,  en  armes  &  habille- 
mens  de  guerre  ;  &  s'il  y  en  avoit  aucuns  qui  n'euflenthamois,  que  néan- 
moins ils  eudent  en  leur  main  un  bafton  denenfable,  &  furpeinedelahart, 
j&  lors  iffit  horsde  la  ville  de  Paris ,  la  plufpart  du  populaire,  chacunfous 
(on  eftendard  ou  bannière,  &  eftoient  bien  quatre -vingt  mille  teftes 
;innées  ;  8c  ce  fut  alors  que  Monfieur  de  Cruflbl  dit  au  Roy ,  Sire  , 
fsntendez-vous  pas  bien  qu'en  cette  montre,  il  y  a  plus  de  dix  mille  qui 
tie  fçauroient  faire  dix  lieues  à  cheval ,  fans  repaiftre.  Et  le  Roy  luy 
répondit ,  par  la  foy  de  £on  cprps ,  Monfieur  de  Cruflbl ,  je  croy  bien 
que  leurs  femmes  chevauchent  mieux  qu'ils  np  font. 

Le  Mardy  ii.  Septembre  de  la  mefme  année ,  le  Roy  partit  de  Paris , 
pour  aller  à  faind  Denis  en  France ,  &  eftoient  avec  luy  ,  auffi  à  pied , 

monfieur 

<4)  lia  iU  depfiis  décapité  i  Andely  le  |  dsUmfê  ,fag,  75.  édition  de  iio6. 
$fi, Âûk  1458.  Voyez  U Chronique S^ên-  I    (5)  Yoy. laChroniqHe Seandaleufe^v.  6Z* 
Tome  II.  je  f  {6) 


%i6  CABINET 

Monfieur  d'Evretnc  >  Monileur  de  Craâbl ,  Philippes  rHoillIer  & 
très  -,  Se  au  retour  de  Ton  pellerinage  ,  s'en  retcvrna  en  Ton  Hoftel  des 
Tournelles  ,  &  d'illec  fut  loupper  en  Ltloftel  du  Sire  Denis  Heflèlin(t>) 
fon  Pannetier ,  &  efleu  de  Paris  »  qui  noi;fveilement  étok  devenu  com^ 
père  du  Roy  »  à  caufe  d'une  iienne  fille  >  donc  fa  femme  eftoit  accou- 
chée ,  que  le  Roy  fit  tenir  pour  luy ,  par  niaiftre  Jean  Ballue ,  Evef-» 
que  d'Evreux  \  &  pour  commère  eftoient  Madame  de  Revel ,  (7)  Se 
Madame  de  Monglac»  (8)  &  audit  Hoftel  le  Roy  fit  grande  chère,  6c  y 
trouva  crois  beaux  bains ,  &  richement  accouftrez ,  cuidant  que  le  Ro): 
d'euft  illec  prendre  fon  plaifir  &  fe  baigner  >  ce  qu'il  ne  fit  »  'pour  aucu* 
nés  chofes  qui  en  raifon  l'emeurent  i  c'eft  à  fçavoir ,  tant  pour  ce  qu'il 
eftoit  enrhumé ,  qu'aufll  le  temps  eftoit  dangereux.. 

Le  Jeudy  i.  du  mois  fuivant ,  Silveftre  le  Moyne  »  natif  de  la  villr 
d'Auxerre  »  pour  aucuns  cas  &  délits  par  luy  commis  ,  &  qui  pour  au- 
cuns temps  avoit  efté  conftitué  prifonnier  es  prifons  de  Thkon ,  fui. 
tire  hors  Se  mené  noyer  en  la  rivière  de  Seine ,  près  la  grange  aux  Mec- 
ciers  ,  par  la  Sentence  &  Jugement  de  meflire  Triftan  F Hermite* 

^^^^^       Sur  la  fin  de  Tannée ,  le  fîeur  de  Balfac  (5)  fut  voir  le  Roy  de  la  part    • 
^g      de  fon  oncle  ,  le  Comte  Dammarttn  j  &  après  plufieurs  audiences ,  le: 

'  ^  *  Roy  confcntit  au  retour  de  fon  oncle ,  qui  revint  en  grâce  y  Se  au  mois 
d'Aouft  de  l'année  6t.  après  tontes  les  procédures  faites  par  les  Offi-* 
ciers  du  Rov  en  fa  Cour  de  Parlement ,  en  matière  d'erreur ,  contre  An- 
thoine  de  Cnabanes ,  Comte  de  Dammartin ,  Grand  Maiftre  d'Hoftel  de^ 
France  ,  fut  prononcé  un  Arreft  au  profit  dudk  Grand  Maiftre ,  en  U 
manière  qui  s'enfuit» 

C'eft  à  fçavoir ,  qu'à  l'occafion  du  recellement  de  ta  depofition  de 
Renaut  du  Traynay ,  Chevalier  ,  &  autres  caufes  à  ce  mouvans  >  le^ 
fieurs  de  ladite  Cour  ont  ordonné,  que  T Arreft  donné  l'an  146^^  contre 
ledit  deChabanes,  Comte  de  Dammartin  ,  feroit  de  npUe  vigueur ,  & 
cotallement  annullé;  &  queia  depofition  dudit  Renaut  du  Traynav  , 
fisroit  mife  devant  la  Cour,  &  que  pour  ce  faire  feroient  regardez  tous  les 
moyens  &  diligences ,  c)ue  faire  fe  pourroient ,  pour  recouvrer  ladite 
depofition  >  &  au'àcé  faire  feroient  contraints  tous  ceux  qui  auroient  efté 
caufedekreceUationd'icelle  depofition  ;  Se  qu'au  cas,  qu'eMene  pour- 
roit  eftre  recouvrée  »  feroient  députez ,  par  laditte  Cour  >  certains  Corn- 
miflaires ,  pour  aller  pardevers  ledit  meflire  Renaut  de  Traynay ,  pour  ? 
refaire  ladite  depofition ,  afinque ledit  fieur  de Chabanes  s'en  puft  ayder 
à  fa  juftification. 

.  Le  Samedy  lo.  Aooft  de  la  mefme  année ,  meflire  Charles  de  Melun ,, 
(leur  de  Normanville ,  qui  avoit  efté  Grand  Maiftre  d'Hoftel  de  France» 
Se  nouvellement  fait  prifonnier  au  Château  Gaillard4e2  -  Andeli  fur 
Seine  >  après  fon  procez  fait  par  meffire  Triftan  l'Hermire  >  accompa- 
gné 


(6)  Voyez  Is  0^r$mfiii  ScMmUlêufe , 

(f)  LWftcirt  ScémdâUmfê^  Page  6$.  dit 
^9iê  ^hûit  MAdsmi  4$  Bitril  ^  filU  naf/tnlU 


Bureau  y  Sieur  deManglst, 

(9)  C'éteit  'Robert de  Balfac,  fils  de  Je 
Sieur  dEntragues  i  é"  ^  Itanm  de  Cbmr^ 


r 


D  E    L  O  U  Y  S    X  L  117 

fn£  cTattoins  Sdgnears  de  la  Cour  de  Parlement ,  ^2X  ledit  meflire  Trif- 
can  fat  condamne  d*eftre  décapité  pour  plttfieors  crimes.  Il  déclara  auÀ 
avoir  eu  quatre  mille  efcus  du  fieur  de  Chalençon  »  à  caufe  que  ledit  de 
Melun  luy  avoir  fait  avoir  plufieurs  faveurs ,  &  lettres  du  Roy ,  pour 
avoir  la  Vicomte  de  Polienac  ,  qu'il  plaidoit.  Il  fut  exécuté  au  Marché 
<l'Andeli  9  &  fut  le  pourcnas  de  ion  exécution  ^it  par  le  Cardinal ,  qui 
lorsgouvernoit  (i  o)« 

Le  Comte  de  Chabanes  retourné  eh  grâce ,  &  fe  trouvant  près  du  Roy 
à  Montils-kz-Tours ,  Ùl  Mafeftié  le  déclara  fon  Lieutenant  générât  en 
Champagne ,  Se  luy  mit  fous  fa  charge  quatre  cens  hommes  d'armes , 
conunandez  par  Salazar  >  (ieur  de  S.  Jdi. ,  Eftienne  de  Vignoles,  &  Ro*- 
ben  de  Conigan ,  &  avoit  en  outre  quatre  mille  francs  Archers. 


CHAPITRE    II L 

Li  Roy  allant  à  Peronne  trouver  7c  Bourguignon  9  À  la  ptrfuajion  du 
Cardinal. Ballue  >  tfcrit  diverfcs  lettres  au  Grand  Maijlre  de  Chabanes  T 
les  lettres  dt  Ballue  au  Bourguignon  interceptées  y  fan  emprifannenunt^ 
&  confifcation  defes  biens  ,  ^  les  Vers  <Qmpofe[fur  fa,  difgrace. 

AU  commencement  de  Tannée  fuivante ,  le  Roy  délibéra  d'aller 
vers  Monfieur  de  Bourgogne ,  efperant  faire  un  bon  appointement 
enfemble ,  ic  mena  le  Cardinal  Bdlue ,  auquel  le  Roy  avoit  plus  défiance, 
qu'en  aucun  de  fon  fang ,  &  eft  à  ficavoir  que  ce  voyage  fe  fit  contre  le  gré  & 
volonté  de  Meflteurs  les  Conneftable  ,  Grand  Maiftre  &  Marofchanx  de 
France ,  qui  firent  leur  devoir  de  remonftrer  au  Roy  les  inconveniens ,  qui 
en  pourroient  avenir,  k  luy  &  à  fon  Royaume,  &  nonobftant  leditCardi* 
nal  fit  leurs  opinionseAre  nulles  ,&  connoiflànt ,  le  Grand  Maiftre ,  la  fauf- 
hxh,  Se  mauvaifetié  du  Duc  de  Bourgogne ,  &  les  pratiques ,  qui  pour 
Iprs  fe  mouvoient  en  France  contre  le  Roy  ,  il  ne  voulut  obtempérera, 
«ne  lettre  que  le  Roy  luy  efcrivit,  dont  la  teneur  s*cnfuit. 

Monfieur  le  Grand  Maiftre ,  vous  pouvez  avoir  fçeu  ,  que  depuis  au*  Lettre  Je 
cuns  temps  en  cà ,  certaines  parolks  ont  efté  renues  entre  mes  gens  &  Louis  XL 
ceux  du  Confèil  de  mon  beau-frere  de  Bourgogne ,  pour  affaires ,  qui 
eftoient  entre  moy  &  luy ,  &  tellement  a  efté  procédé ,  que  pour  y  pren- 
dre aucune  bonne  conclufion  ,  je  fuis  venu  jafques  en  cette  ville  de  Pe- 
ronne ,  au  quel  lieu  après  plufieurs  demandes ,  qui  ont  efté  faites  entre 
moy  &  luy ,  avons  tellement  befogné ,  qu'aujourd'huy ,  craces  à  Koftre- 
Seièneur ,  moy  8c  mondit  frère  avons  es  mains  du  Qircunal  d'Angers  > 
preiens  tous  les  Seigneurs  du  fang ,  -Prélats  Se  autres  grands  Se  notables 
perfonnages ,  en  srand  nombre ,  tant  de  ma  compagnie ,  comme  de  la 
iienne ,  juré  paix  nnable  folennellement  fur  la  vraye  Croix ,  &  promis 
ayder ,  deifendre  Se  fecourir  l'un  l'autre  i  jamais  ;  &  avec  ce ,  avons  juré 
^  mains ,  Se  fur  la  Croix  fufdite ,  le  Traité  d'Arras ,  fur  les  çeniures  Se 

contraintes 

<io)  Voyez  tHiJlûire ScMndaUufi  «  si^m^Me  ly  de  ee  Velmne.  \ 

Ffa  (ix) 


ii8  CABINET 

contraintes  en  igeldy  contenues ,  &  autres  >  qui  cordiallement  ont  efté 
advifées  ,  pour  perduraUement  demeurer  cônrederez  en  paix  &  en  ami* 
tié  :  incontinent  ce  fait ,  mondît  frère  de  Bourgogne  a  ordonné  en 
rendre  grâces  &  louanges  à  Dieu  ,  par  les  EgliTcs  de  fon  pays ,  &  desja 
il  fait  faire  en  cette  ville  grande  folemnité.  Et  pource  que  mondic 
frère  de  Bourgongne  a  eu  nouvelles ,  que  les  Liégeois  ont  pris  mba 
coufîn  du  Liège ,  lequel  il  eft  délibéré  de  recouvrer  par  toutes  ma* 
nieres.à  luy  poflibles  >  il  ma  fupplié  &  requis,  qu'en  faveur  de  luy ,  8c 
aufli  que  ledit  Evefque  eft  mon  prochain  parent ,  lequel  je  fuis  en  foa 
bon  droit  tenu  de  fecourir  >  que  mon  ptaiur  fuft  aller  jufques  es  marches 
du  Liège  ,  qui  (ont  proches  d!^ici  >  ce  que  je  luy  ay  oâroyé ,  Se  ay  mené 
en  ma  compagnie , partie  des  gens  de  mon  Ordonnance  ,  dont  Mr.  le  Con- 
neftable  a  la  charge ,  en  efperance  de  brief  retourner  ,  moyennant  l'aide 
de  Dieu  ;  &  pource  que  ces  chofes  font  au  bien  de  moy ,  &  de  tous  mes 
fujets ,  je  vous  efcris  prefentement ,  pource  que  je  fuis  certain ,  que  de 
ce  ,  ferez  bien  joyeux  s  &  afin  qu'en  faffîez  raire  pareilles  folemnitez» 
D'autre  part,  Monfieur  le  GrandMaiftre ,  ainâ  que  dernièrement  vout 
ay  efcrit ,  je  vous  prie ,  que  plus  diligemment  que  pourrez.,  vous  faites 
départir  tout  mon  arriereban  ,  enfemble  tous  les  francs  ^chers  >  &  que 
y  mettiez  tel  ordre  &  pfovifion  ,  qu'ils  s^en  puident  aller  au  moins  de 
charge  &  foule  du  peuple ,  que  faire  fe  pourra  ;  &  leur  baillez  gens  de 
bien  ,  pour  la  conduite  d'eux  ,  par  chacun  Bailliage  6c  Senecluudee ,. 
&  fur-tout  gardez  bien,  qu'ils  nefaidènt  nulles  nouvcUetez.  Et  ce 
fait ,  fî  vous  voulez  venir  à  Rouen  ,  je  le  voudrois  bien  ,  afin  d'ordon^ 
ner  &  pourvoir  au  furplusde  ce  qui  fera  à  faire ,  félon  que  les  matières 
feront  difpofées.  Donné  à  Peronne ,  le  9.  Oûobre.  Signé  y  Loys  :.  &  au 
deffous  y  Neurain,  &  en  la  fufcription.  A  noftre  cher  &  amé  coufin  le 
Comte  de  Dammartin  >  Grand  Maiflre  de  France.. 

Il  efl  à  remarquer ,  qu^après  la  leâure  faite  de  laditte  lettre ,  le  Grand 
Maifbe  ne  voulut  confentir  aux  ordi^s  y  contenus  »  ne  les  jugeant  pas 
eftre  pour  le  bien  de  l'Eftat. 

Le  Roy  après  le  Traité  de  Peronne ,  allant  contre  les  Liégeois ,  efcrit 
cette  fuivante  au  fufdk  Comte  de  Dammartin ,  y  eftant  perfuadé  par  le 
fufdit  Duc  de  Bourgogne ,  afin  qu'il  licentiafl  fon  armée» 

ttxtxtàt  Monfieur  le  Grand  Maiflre  ,  j'ai  receu  les  lettres ,  que  par  le  Sire  du 
louis  XI.  Bouchage  (11)  m'avez  efcrites,  tenez  vous  feur ,  que  je  ne  vay  en  ce  voyage 
du  Liège ,  par  contrainte  nuUe ,  &  que  je  n'allay  oncques  de  fi  bon  cœur 
en  voyage ,  comme  je  fais  en  cettuycy  :  &  puifque  Dieu  m'a  fait  grâce  , 
&  Noflre-Dame ,  que  je  me  fuis  armé  avec  Monfieur  de  Bourgogne  > 
tenez-vous  feur ,  que  jamais  nosbroiiilleures  de  par  de-U  ne  le  ffauroiene 
faire  armer  contre  moy  ;  Monfieur  le  Grand  Maiflre ,  mon  ami ,  vous 
m'avez  bien  monflré  que  m'aimez ,  &  m'avez  fait  le  plus  grand  fervice  » 

Iue  pourriez  faire  i  car  les  gens  de  Monfieur  de  Bourgogne  eudènt  cui- 
é  ,  que  je  les  eufle  voulu  tromper.,  &  ceux  de  par-delà  eurent  cuidé, 

que 
(i  I)  ImkertdeBMtsmMjt  j  S^tmi  dn  BoHckai$  >  ftf»  distrmc^MxfmmU  du  RcL 

(ia> 


ï 


D  EL  O  U.y  S    X  L  119 

que  j*coâe  dlé't>rî(bnnier)  ainfi  par  défiaiice  les  uns  des  autres ,  j'eftois 
~  permi.  Moniteur  le  Grand  Maiftre  ,  couchant  les  logis  de  vos  Genfdar-* 
mes ,  vous  fçavez  que  nous  deviiimes  vous  &  moy  >  touchant  le  fait 
d'Armagnac ,  &  me  femble  que  vous  deviez  envoyer  vost^ns  tirer  tout 
dioit  en  ce  pays-là,  je  vous  bailleray  trois,  oo  Quatre,  on  cinq-O^itaines 
dès  que  je  leray  hors  d'icy  ;  ôc  pource  choififfiez  lefquetsque  vous  voudrez» 
&  je  vous  les  envoyeray  :  Monfieur  le  Grand  Maiftre,  je  vous  prie,  venez- 
vous-en  à  Laon ,  &  m'attendez-là  ,  &  m'envoyez  un  homme  incontinent 
que  vous  y  ferez  ,  &  je  ypus  fçray  fçavoir  fouvent  de  nos  nouvelles ,  6c 
tenez*vous  feur  que  fi  le  Liège  eftoit  mis  en  £ub  je6tion,que  dès  le  lendemam 
|e  m'en  irois  ;  car  Monfieur  de  Bourgogne  eft  délibéré  me  preflèr  de 
m'en  partir  incontinent  qu'il  aura  fait  au  Liège  ,'  6c  défire  plus  mon  re:- 
tour  ae  par  de-li,  que  je  ne  fais  :  François  du  Mas  Vous  aira  la  bonne 
chère  ^ue  nous  faifons ,  &  adieu ,  Monfieur  le  Grand  Maiftre.  Efcrit  à 
Namur  le  ii.  d'Oâobre.  Signé ,  Loys  :  &  au  dtûous  y  Jouftin.  Et  à  la 
fufcription.  A  noftre  très-cher  6c  amé  Coufin  le  Comte  de  Dammattin  » 
Grand  MaiAre  de  France* 

Après  la  leâure  de  ces  Lettres ,  le  Grand  Maiftre  dit  a  Nicolas  Boif- 
feau  ,  de  la  Maifon  du  Duc  de  Bourgogne ,  qui  avoir  accompagné  ledit 
du  Mas ,  qu'il  s'eftonnoit  du  mauvais  procédé  de  fon  Maiftre ,  qui  trahif- 
foit  le  Roy ,  à  qui  il  avoit  tant  d'obligation  ,  6c  luy  dit  que  ledit  Duc 
fe  tint  aflèuré ,  que  fi  le  Rov  (osa  Seigneur  ne  vcnoit  bien-toft  »  que  tous 
ceux  du  Royaume  avoient  aéliberé  de  luy  joiier  en  fes  pays  un  tel  &  fem- 
•  blable  jeu  ,  qu'il  vouloit  joiier  au  pays  de  Liège  ,  &  que  Monfieur  de 
Guyenne  n'eftoit  pas  mort,  nyle  Royaume  delpourveu  de  gens  cheva^ 
leureux. 

Toft  après  le  Bourguignon  envoya  un  Ambaflàdeur  vers  Monfieur  de 
Guyenne,  pour  entretenir  les  promefiès  ^ui  avoient  efté  faites  entr'eux; 
ce  que  fcacnanc  ,  le  Roy  dépefcha  à  fondit  Frère  monfieur  du  Bueil  {n}^ 
Imbert  oe  Baftarnay  i  6c  maiftt^e  Pierre  d'OrioUé ,  Içfquel^.  eftans  près  de 

Monfieur  de  Guyeime ,  efi:civirent  la  lettre  fuivante  a«  Roy.    .. 

t    •  f     -  •    ■ 

•  '     .        . . 

Sire  >  nous  recommandons  à  voftre  grâce  tant  &  fi  très-humblethent>  lodfs  à 
que  plus  pouvons ,  &  vous  plaife  ;. fçavoir ,  Sire ,  que  Samedy  dernier  les  Louis  XI» 
Bourguignons  arrivèrent  vers  Monfieur  voftre  Frcreic'cft  à  içavoir  Jac- 
ques Monfieur  de  S.  Paul ,  6c  maiftt c  Piep-e  de  Remiremotit ,  lefiiiueb 
luy  ont  apporté  deux  paires  de  lettres ,  ç'eft  à  fçavoir  une  générale  >  6£ 
l'autre  petite  &  particulière ,  laquelle  après'  Monfi^j:  voftrie  Frère  nous 
a  récitée ,  6c  contient  en  tStcCt  fix  points  :  Le  premier ,  que  Monfieur 
de  Bourgogne  envoyé  vifiter  mondit  Sieur  voftre  Frerç  >  en  fon  nouvel 
mdvenement  de  Seigneurie  j  le  fécond ,  fi  luy  avez  fourny  entièrement 
tout  ce  qu'avez  promis  poiir  fon  appatiage,  s'oftrant  s'.employer  de  toute 
ia  puiflànce  pour  k .  luy  faire  4>ailier  ]  le  tiers  peânc ,  .qu'il  a  efté  bruit  i 
que  Monfieur  de  Bourgogne  avoit  voulu  entrepr endte  le  Gouvemement 

du 

(il)  Cétpit  AnmûtMê  de  BMiil ,  Comii  de  Ssmctrê  j  h^  énmt  éfmfi  Jainm  >  jWr 
mumriUf  dm  R^jr  LmsXl.  ,    . 

Ff3  (13) 


13P  c  A  B  IKE  t;    : 

du  Royaume  >  au  préjudice  de  mondir  Sei^ur  roftre  Frerc^  &  qu'ils 
le  voudrotenc bien  advertir  que  ledit  bruit  n'eftoit  pas  véritable:  Le 
quart  point ,  s'y  cftoit  d'oifiErir  à  mondit  Sieur  voftre  Frère  la  Toifon ,  la-» 

Î[uelle  Mr.  Jacques  de  S.  Paul  avoir  ^portée  pour  luy  bailler ,  s'il  luy  plai<» 
oit  la  prendre  c  Le  quinr  »  pour  oârir  à  mondit  Sieur  voftre  Frère  le  ma-* 
riagede  Mademoifeile  de  Bourgogne,  au  cas  quâ  prefent  il  vondroic 
prendre  la  Toifon  »  auquel  cas  il  avoir  puillance  de  conclure  ledit  maria* 
ge  >  &c  s'en  aflèurer  :  Le  nxiefme  point  »  de  faire  nouvelles  alliances  avec 
mondit  Sieur  voftre  Frère ,  difaus  qu'ils  avoient  apponé  blanc  figné  & 
fcellé  de  mondit  Sieur  de  Bourgogne  ,  pour  faire  ladites  alliances  fi  fbr^ 
tes ,  (i  exprès ,  &  en  quelque  qualité  que  mondit  Sieur  votre  Frère  les 
voudroit  devifcr. 

Sur  ces  points ,  Monfieur  votre  Frère  a  fait  faire  réponfe  félon  TefFeâ 
&  fubftance ,  que  s'enfuit. 

Au  premier  point ,  mondit  Sieur  voftre  Frère  remercie  mondit  Sieur 
de  Bourgogne  :  Au  fécond ,  qu'après  que  Monfieur  voftre  Frère  a  veu  ^ 
que  par  tous  les  traitez  qu'on  failoit  de  fon  appan^e  ,  on  ne  luy  oftroir 
pas  rien,  qu'i{  fuft  propre  ne  convenable ,  ne  choie  dont  il  fe  puft  bon* 
nement  entretenir  :  Il  n'a  trouvé  movcn  fors  d'avoir  recours  à  vous ,  & 
vous  a  fupplié  qu'il  vous  pleuft  luy  oailler  le  pays  de  Guyenne,  qu'il  a 
de  prefent ,  où  il  avoit  ion  afte^ion  plus  qu'ailleurs  \  Se  qu'il  vous  a 
trouvé  fi  franc  &  fi  libéral  envers  luy ,  que  vous  luy  avez  donné  ledit 
appanage ,  &  pays  qu'il  demandoit  :  Toutefois  qu'il  remercie  ledit  Sieur 
de  Bourgogne  de  fon  bon  vouloir  :  Au  tiers  point ,  que  Monfieiu:  s'eft 
trouvé  avec  vous  bien  familièrement  &c  en  privé ,  &  par  pluficurs  purs  ; 
mais  qu'à  vous ,  en  voftre  Hoftel ,  ne  ailleurs ,  il  n'a  point  ouy  parler  de 
laditte  matière ,  &  croit  que  ce  font  rapports  controuvez ,  qui  ont  efté 
faits  à  Monfieur  de  Bourgogne  :  Au  quart  point ,  touchant  la  Toifon , 
que  de  nouvel ,  vous  qui  eftes  fon  Roy ,  ôc  fon  Chef,  avez  £ût  un  Ordre 
pour  vous  &  vos  fucccfleurs ,  bel  &  notable ,  fiondé  en  l'honneur  de  Mon* 
fieur  S.  Michel,  Prince  de  Chevalerie  de  Paradis  *,  la  reprefentation  du* 
quel  vous  &  tous  vos  Roys  de  France^  avez  tousjours  portée  en  voftre 
eftendart  s  lequel  Ordjre  il  vous  a  plu  luy  oftrir ,  &  l'a  pris ,  &  bien  defiré 
à  avoir  \  Se  par  iccluy  Ordre,  Vous ,  comme  Chef,  &  tous  les  autresChe* 
valiers ,  qui  en  font  efté  liez  &  abftraints  les  uns  avec  les  autres  i  plu« 
fieurs  chofes  bien  honneftes  Se  raifonnables  à  l'honneur  de  Dieu ,  &  pour 
le  bien  du  Royaume,  &dela  CouronnedeFrance,&qu'àvoftreditOrdre9 
Monfeigneur  fe  tient ,  &  licitement  n'en  peut,  &  n'cft  pas  délibéré  d'en 
prendre  ^  mais  qu'il  remercioit  mondit  Sieur  de  Bourgogne  de  fon  bon 
vouloir  :  Au  quint ,  que  Monfieur  remercie  Monfieur  de  Bourgogne ,  Se 
ne  leur  a  tenu  nulle  parole. 

Et  au  fixiéme ,  touchant  les  alliances ,  que  mondit  Sieur  voftre  Frerp 
CCMC  que  Monfieur  de  Bourgogne  foit  joint  Se  uny  avec  vous ,  en  bonne 
amôur  6c  alliance ,  Se  comme  voftte  bon  parent  Se  fubjeâ ,  Se  que  ton^ 
ceux  qui  fotit  vos  bien-veillans^  amis  &  alliez ,  mondit  Sieur  les  tient 
pour  les  ficns  ^  &  par  ce ,  croit  que  mondit  Sieur  de  Bourgogne  foit  de 
-ce  nombre  v  car  mondit  Sieur  eft  délibéré  d'avoir  amour  i  tous  vos  amis 
Se  bicn-veillans  >  Se  tenir  pour  fes  ennemb  ceux  qui  feront  les  voftres.     • 

Depuis 


D  E    t  O  U  Y  s    XI.  ri3t 

'  Depuis  ladite  déUbetàcioii  »  mondic  Sieur  voftrè  Frère  nous  i  dit  >  qu'au-' 
cuns  l'avoienc  adverty  de  donner  de  la  vaideile  d'argent  aufdits  Bourgui^ 

Ïpons ,  pource  que  c'eft  chak  accouftiuuée  de  faire  aux  Ambafiàdcurs  ^ 
oit  d'amis  ou  d'ennemis ,  &  qu'on  aurait  ja.  trouvé  ladineYàiffèUe»  mais 
•ctt'il  nele  vouloitpoint  fairefan»  Ypftre  copfdliSarîquoyiunis  luy  aroi^ 
dit  9  qu'il  nous  fembloit  qu'il  ne  le  dcvoit  point  faire  »  &  à  tant  s'dk  coik 
dud  qu'il  n'en  auroient  points 

Sire>  c'eft  l'cffeâ:  à  ce  qui  a  efté  befogné  touchant  la  matière  deflîifdi^ 
te  ;  de  après  que  mondit  Siéur  voftre  Frère  a  veu  &  leude  mpt  à  mot  les 
prefentes  lettres,  qui  font  felonladitte  délibération,  il  nous  a  dit  qu'il  afaic 
aufdits  Bourguignons  telle  réponfe  que  C)r-de0useft  contenue  ,  &  tiou^ 
vous  tousjours  mondit  Sieur  voftre  Frère  en  très-grand  ddir  &  vouloir  ^ 
de  vous  fervir  &  obeyr ,  &  en  cette  matière  £c  toutes  autres ,.  foy  con-^ 
duire  8c  gouverner  entièrement ,  félon  voftre  bon  pl^ûiir ,  8c  tenir  le 
chemin  qu*il  vous  plaira ,  &  non  autre. 

-  Sire ,  tantoft  aprrès  que  lefdits  Bourguignons  feront  partis  y  nous  en  te^ 
tournerons  au  plaifir  de  Dieu  ,  que  par  la  fainâe  grâce  il  vous  donne 
très4>onnevie  &:  longue,  èc  aqcomiMiilèment  de  vos  très-nobies  defîrs  ; 
Efcrit  à  Saint  Jean  d'Angely  le  vingt-deuxième  jour  d'Oâobre  j  ainfi 
Signé  y  vos  trèS'obéyiïâns  lubjeâs  ôc  ferviteurs,  Jean  de  Bueil^Imberr 
deBatarnay ,  &  Pierre  Doriolle  f&â  lafubfcripeion  de  la  Lettre  ;  Au  Rof 
notre  fouverain  Seigneur* 

Les  lettres  du  Cardinal  Battue ,  efcrites  au  Bourguignon  y  ayant  efté 
(urprifes ,  il  hi  arrefté  prifonnier ,  &  mené  à  Montbafon ,  Se  lai/fô  eu 
la  garde  de  Monfienr  de  Torcy  (i  jr) ,  &  des  Commifllaices  eftablisià  faire 
inventaire  de  fes  meubles ,  &  pour  l'interroger  fur  les  charges  à  luy  im- 
poses ^  fçavoir ,  Taneguy  du  Chaftei, Gouverneur  de  RouâSlonymaiftre 
Guillaume  Coufînot  (14),  ledit  £eur  de  Torcy ,  &  maiftrePierreDoriot* 
le  >  General  des  Finances  r  Les  biens  dudit  Ballue  avant  eftié  cofifquez  ^ 
Monfieur  de  Cruflbl  eut  d'iceux  une  pièce  de  drap  a  or  de  vin^-<}uatràr 
atdnes  6c  quart',  valeur  de  douze  cens  livres  y  quantité  de  fburures^  de 
martre  zebeline ,  fit  une  pièce  d'efcarkte  de  Florence. 
Lors  de  la  deftruâion  audit  Ballue  ^  furent  ùiix%  ces  vers  r 

Maiftre  Jean  Ballue 

ji  perdu  la  reui 

De  fes  Eyrfcht[  y 

Monfieur  de  Verdun  (if^ 

N^enaplusfosun  9 

Tous  font  dejpefcher^ 
Le  Roy  eftant  i  AmboiCe ,  envoya  a  Paris  Moniieur  de  Chaftitfon  y 
Grand  Maiftre  Enquefteur ,  6c  General  Refidrmateur  des  Eaux  &.F<Mrefts^ 

pour 


'  (ij)  Citêit  Jesn  itEfioMevîlU\  Gr/mi 
lÊMfift  dês  ArhâUflrhrs, 

{14)  UéiMMMitrêdèsBMfuhes^  éf  Sei- 
gftemr  de  hUmremi,  V oy cl  dtlm^fsg,  878. 
d$  tmfime  dm  iJy  Chsriês  VIL  &  U 


\  Chrùmque  Se^dédêufi»  Il  ifU  fort  éUtachi 
MH  Râi  Letâs  XL 

(i  f)  GmlUwnedeHétratÊeoitr  ,  EvêfMêdé 
Verdsm,fut  suffi  arrêté.  Voyez Cêmines, 
Tome  h  Ufure  U.  Chsp.  15.  ttee.  $"  &  ^ 


• 


N 


*î2  .:  '/.  CTA^BJIN^  Ha 

pûur  pcéiuire  8r  recevoir  les^  monftoés  des  fiaobietes  ^s  Officiers  >  ^lui 
a'fftat ,  &  populaire  de  la  Ville  de  Paris.  ■  > 

,  Au  inefnte  temps  le  Roy  cbnfticua  foû  Liemenahc  General  es  Pays  de 
;Giiyçnt]fô  9 .  Bourdetois  >  Gafcpgne  »  iaoguedôç  >  Albigeois ,  *  Hoiiergue  » 
:Ouercy ,  Agsnots^Pedgord^  Auvergne  :$  Haut  &  fias  Limoufin ,  la  IMaiv 
■cne ,  Xaimonge:^  3^  aatiB5;PayB  ,  oà  fd  faifoienc  vols  &  yiolemens  ^  ic 
oppreflions  fur  les  fubjeâs  du  Roy  de  la  part  des  Anglois  :^atotne  dft^ 
Chabaiies ,  Comte  de  Daixunartin ,  auquel  fut  domié  plein  pouvoir  & 
authorité ,  pour  en  faire  telle  niftice  qu'il  trouyeroit  bon  eftre  >  &  mandt 
le  Roy j  aux  Senefchaux ,  Baillifs ,  Chefs ,  Capitaines  à^^  vivres ,  No«« 
j^ler ,  valTaux  »  bouc^Qis.&  habiraos  xles  Villes  defdits.  Pays  >  d  obéyr  , 
dootierayde  &  faveur  à  ion  Lieuten!ant  General ,  tout  ainu  qu'il  paroift 
parles  paroles  )  fçavoir  faifons  »  que.  nous  confiant  â  plain  des^ grands 
iens  9  vaillance  9.  qcperience ,  loyauté  ^  prud'hotmme  >  &  bonne  liiligen^ 
ce  de  noflxe  cher  &  féal  Couiin  >  .&c.  Cet  aâe  fiit  pafTé  au  Montil54ez- 
Tours,  Tan  1468,  Si^ne,  Louis  :  Et  plus  bas  ^  Lalouette  ,  tefmoins-le{^ 
dirsde Bourbon,  le Conneftable, les  Seigneurs  de  Craon  &  de  laFo<» 
refts,,  Tanneguy  du  Chaftcl  ^  €c  autres  %  lefqaelles  lettres  conûennehc 
Cintr 'autres  cho(es  le  pouvoir  d'abfoudrc»  &  de  pouvoir  mefœe  pourTui^ 
yre  les  Sieurs  d'Armagnac  &  de  Nemours  y  qui  avoieat  adberé  au  party. 
des  Anglois.         .  •  -  » 

L'année fuivante  14^9.  le  16.  Avril,  le  Grand  Maife^,  Uciïtcnant 
J  4op»     General  en  Guyenne  ,  partit  avec  fon  armée,  &  arriva  en  la  Ville  de 
R4vdés,  auquel  lieu  iltiit  prefter  fermetkc  de:  fidélité  aux  priiïcîpàux 
fujèâs ,  &  aun>erme  temps  le  R^oy  fut  àdvertr  que  les  Bourguignons  ar« 
moient  dans  Ces  Pays  ^  &c  en  efcrivit  ^11  Grand  Malftre  xle  cette  ^pte» 

lo^^^yil^  ^Éonficur  le  Grand  Maiftre ,  je  vous  envoyé  le  double'  deir  Mandcmeo» 
•  <Jue  Monfieur  de  Bourgogne  a  tait  en  ces  Pays ,  &*  cft  le  tour  par  l'aver- 
(lâèn^ent  »  qu'il  a  eu  de  Bretagne ,  par  le  moyen  du  Seigneur  de  Lefcun  ^ 
&vousaflèure  que  s'il  sne> veut  rien  demander.,  ^etnevieffendray.bien»  &^ 
ne  vpu&xequcrray  ^de  cet  an  de  me  venir  ferVir  %  toutefois  je  vous  prie  » 
que  vous  mettiez  peine  d'avoir  poomptement  k  fecours  1  car  iea  ce  Eût 
ùnt  vous  chevirez  bicn-toft  du  demeurant,  &: vous  prie  que  fouvenjt  vous 
me  récriviez  de  vos  nouvelles  :  Auflî  j'ay  efcrit  à  Mr.  le  Gouverneur  de 
RottffiUon ,  qu'il  fe  vienne  joindre  à  vous ,  &  que  je  vous  ay  fait  mon 
LieutenantGeneralen  cetteannée,  &  que  je  veux  qu'il  vous  obéyfle ,  com« 
me  à  moy-mefme  \  &  derechef  luy  en  efcrit  bien  expreflement ,  &  qu'il 
fe  hafte  de  fe  joindre  avec  vous  en  toute  l'armée  jde  par  de-là  *,  &  pour 
ce ,  je  vous  prie  que  de  voftre  part  vouS  luy  efcriviez ,  qu'il  fe  hafte  de 
s'y  rendre  »•  afin  qu'abre^iiez  à  toute  diligence  s  car  plus  grand  pkitir,  ne 
fervice  «  ne  me  Içiurez  faire.  Adieu  Monilei|r  le  Grand  Mai(b:e  :  Efaie 
i Tours  le  6.  Novembre,  Signé  ,  Loys  •,  &  au  dcffous  ,  Toutain  :  Ei  en 
lafuhjcr^tion.y  Anoftre  très-cher  &  A.  C  L.  C.  D.  G.  Maiftre  d'Hoftcl  9 
&  noftre  Lieutenant  Gçnç|:al  en  Hoiiergue,  Gafcogne  >  &  aMtrçs marche$ 
^pardeTjà,. 

•  '    ^  (  •  •  • 

Xi 


r 


DE    LOUYS    XL  135 

Xc  Cornu  JCArmaffiac  voyant  cent  Armée  contre  luy^  envoyé  U  Seigruur 

de  Baria^an  vers  le  Roy  ,  pour  tafcher  à  détourner  cet  orage  fur  eux. 

Le  Roy  en  efcrit  aufufdit  ùrand  Maiftre  en  ces  urrrus. 

j\4  Onficur  le  Grand  Maiftre,  j'ay  veu  par  le  ficur  de  la  Cholctiere      lettre  Je 
ce  que  m'avez  efcrit  %  auflî  ouy  ce  que  m'a  dit  Georges ,  voftre  fer-  Louis  XI. 
viteur^  &  veu  bien  au  long  le  mémoire  que  vous  luy  avez  baillé,  dont 

J'e  vous  remercie  tant  que  je  puis ,  &  vous  prie  qu'en  la  plus  grande  di- 
igence  que  vous  pourrez ,  vous  mettiez  à  tin  la  charge  que  je  vous  ay 
baillée  :  Au  furplus  le  Comte  d'Armagnac  a  envoyé  vers  moy  le  fieur  de 
Barbazan  &  autres ,  pour  me  fupplier ,  qu'il  fut  receu  par  Procureur  en 
la  Cour  de  Parlement ,  &  que  je  fific  ceuèr  la  voye  de  fait  en  mon  Ar- 
mée )  &  femblablement  les  Eftats  du  Pays  me  l'ont  fait ,  par  eux  ,  fem- 
blablement  requérir  *,  mais  réponfe  leur  a  lefté  faite  en  mon  Confeil  bien 
adèmblé ,  qu'autre  provifion  ils  n'auroicnt  en  cette  partie,  fors  que  ledit 
Comte  d'Armagnac  fe  tiraft  en  ladite  Cour  de  Parlement ,  pour  fe  jufti- 
fier  des  charges  qui  luy  font  données  :Tout?efois  iî  ledit  fieur  de  Barba- 
zan ,  ou  autres  •,  fe  trouvent  devers  vous ,  &  qu'ils  faflent  que  la  poilèf' 
£on  de  Ledtoure  ,  &  autres  places  de  par-de-la,  vous  foient  loyalement 
'baillées  ,  &  qu'ils  faflent  au  furplus  entière  obéïflance;  &  en  ce  cas  ,  & 
non  autrement ,  pour  fupporter  le  pauvre  peuple  j  &  afin  qu'ils  puiflcnc 
mieux  payer  les  tailles  y  je  fuis  .content  que  l'Armée  n'entre  point  "* 
audit  Pays  ,  ic  que  vous  le  fupportiez  des  cliarges  au  mieux ,  que 
faire  fe  poufra ,  mais  ne  vous  laiflez  point  endormir  ae  parole  5  mais  aufii 
il  me  fenible  pour  le  mieux  ,  quelque  chofe  qu'il  vous  promette ,  qtte 
Yous-mefme  devez  aller  en  perfonne  pour  prendre  la  poucflîon ,  &  qu'à 
Jiuls  autres -ne  vous  devez  fier  \  &  auflî  fi  vous  voyez  qu'ils  veulent  diffi- 
Qiuler  j  j&  que  la  poflèffîon  des  places  ne  vous  (bit  loyalement  baillée  « 
procédez  outre  à  voftre  entreprife  ,  fans  aucun  délay ,  ainfî  au'îl  a  cfté 
conclud  &  délibéré,  &  me  faites  fouvent  fçavoir  de  vos  nouvelles.  Mon- 
fieur  le  Grand  Maiftre^  j'ay  eu  des  lettres  deMonfieuc  de  Torcy  ^  qui  font 
bien  bonnes.,  H  croy  qu'il  fe  tirera  devers  vous 5  s'il  y  vient ,  je  croy  que 
le  traiterez l>ien  sinais  je  vous  en  ay  bien  youluadvert;ir,carronhonmieeft 
venu  vers  moy ,  je  croy  que  ce  foit  à  bpn  efcient  :  Aux  Montils-lez-Tours 
Je  ij.  Novembre,  Signée  Loys*,  jS»  au  dejTous ^  Touftain:i^r  en  la 
fubfcription ,  A  noftre  cher  &  amé  Coyifin  le  Comte  D.  D.  G^  M.  de  Frao- 
ce,  &  noftre  Lieutenant  Gçaeral  es  marches  de  par-de-lsi. 

Le  faur  di  Barbazan  tafcha  depuis  de  furprendrt  U  Grand  MéAre ,  luy 
voulant  faire  croire  y  que  le  Roy  avoit  changé  d^  intention  5  &  qu'il  ne 
vouloit plus  que  la  guerre  conAmuafi  en  Guyenne;  mais  le  Grand  Maïf 
trt  m  laiffà  defuivufes  ordres  ponSuellement ,  &  en  efcrivit  au  Roy  , 
en  us  termes^ 

S  Ire ,  le  plus  humbiemant  que  je  pius ,  â  voftre  grâce  me  recomman-     Lettre  de 
de, vous  plaife  fçavoir,  gne  depuis  que  vous  ay  dernièrement  efcrit  M.dcDaim 
par  Pierre  Oerct ,  l'Ambanàde  que  le  Comte  d'Armagnac  aenvoyé  devers  «*"*^ 
«rou5  i  eft  venue  devers  moy;  c'eft  à  fçavoir  >  le  fieur  de  Barbazan  &  au- 
Tj>mc  II  G  g  cfté 


S34  CABINET 

très ,  8c  m'ont  dit  comme  ils  ont  efté  de^rs  vous ,  &  que  voas  avez 
elle  content  que  l'armée  n*entraft  point  au  pays  j  au  cas  que  ledit  Comte 
d'Armagnac  (e  rendift  au  Parlement  de  Paris ,  pour  foy  juftifier  des  cas 
à  luy  impofez»  le  qu* il  baillaft  en  la  main  de  Moniteur  de  (  Guyenne  >  les 
terres  qu'il  a  de-là  la  rivière  de  Garonne  >  &  les  autres  ,  qui  font  deçà 
le  pays  de  Rouergue  à  moy  v  mais  je  leur  ay  dit ,  que  vous  ne  l'aviez 
ainfi  voulu ,  &  que  finoti  qu'ils  me  baillaient  la  pofTefUon  de  Ledoure» 
l'obeïflance  des  autres  places ,  qui  font  ideça  &  delà  ladite  rivière  j  &c 
que  ledit  d'Armagnac  euft  à  fe  rendre  en  pcrfonne  en  Parlement ,  pour 
s  y  juftifier  defdits  cas  ,  dequoy  ne  leur  accorderois  point  ce  qu'ils  me 
demandoient  ;  mais  quand  ils  viendroient  ainfi  faire  ,  en  ce  cas  &c  noa 
autrement  *>  &  en  fuivant  ce  qu'il  vous  a  pieu  me  mander  ,  je  fuis  bien 
content  que  l'armée  n'entraft  plus  avant  ;  mais  j'ay  bien  connu  ,  qu'ils  ne 
queroicnt ,  que  dilaycr  le  plus  qu'ils  peuvent ,  Se  à  cette  caufe  je  parti* 
ray  demain  d'icy  y  au  plaifir  de  Dieu ,  paflèray  la  rivière  ,  &  iray  lo« 
ger  en  l'Ifle  Jourdain,  qui  eft  à  prefent  en  voftre  obciflancc  •,  &  font  venus 
les  Confuls  vers  moy ,  ont  apporté  les  clefs ,  &  ont  fait  toute  obeiÛànce- 
Ledit  Comte  d'Armagnac  eft  à  Ledour ,  &  fi  je  puis  je  l'encloray  com- 
me je  Vous  ay  toujours  efcrit ,  &  croy  qu'en  peu  je  vous  feray  fçavoir  de 
bonnes  nouvelles  de  tout  >  au  plaifir  de  Dieu. 

Le  Grand  Maiftre  réduifit  tout  le  pays  d'Armagnac  en  Tobeiflânce  du 
Roy ,  ic  avoir  fous  fa  charge  le  Baftard  de  Bourbon  ,  Admirai  de  France  > 
Monfieur  de  Craon  >  Monfieur  de  Cruflbl ,  le  Capitaine  Salazar  &  au-* 
très  ,  &  lors  fut  faite  une  chanfon  ,  quicommençoit» 

Canaille  d*j4rmagnac  >  comme  k  pognc  fouffnr 
La  venue  de  Franu  j  du  Comte  Ùammarun* 
Dès  le  règne  précèdent  >  il  avoit  conquis  tout  cepavsen  Tobeiflance 
du  Roy ,  Se  après  cette  dernière  viûoirc  >  le  Roy  luy  efcrivit  cette 
lettre. 

lettre  àt  Monfieur  le  Grand  Maiftre ,  préfentcment  j'ay  eu  lettre  Je  mon  fil$ 
Loms  XI.  TAdmiral ,  (id)  du  Marquis  &  du  Senefchal  de  Beaucaire ,  telles  que  je 
croy  que  le  fçavcz  bien  ;  &  en  effet ,  iljn'v  a  plus  que  Rodex  ,'  que  tient 
le  bon  corps  Brillac  ;  j'efcris  à  mon  fils  l'Admirai ,  que  fur  tout  le  plai- 
fir qu'il  defire  me  faire ,  qu'il  mette  ledit  brillac  entre  mes  mains^  au- 
cuns m'ont  rapporté  aue  le  Comte  d'Armagnac  rode  environ  Leâoure  y 
ce  que  je  ne  puis  pas  bien  croire  \  fi  ainfi  eftoit ,  je  vous  prie  >  que  faf- 
fiez  Donne  diligence  >  &  mettiez  toute  la  peine  que  pourrez  >  pour  le 
prendre  t  au  furplus ,  mon  Frère  le  Duc  de  Guyenne  eft  ici  »  &  faifons 
bonne  chère ,  Se  nous  en  allons  à  Amboife  »  en  attendant  de  vos  nou- 
velles. Monfieur  le  Grand  Maiftre ,  je  voudrois  que  vous  euffiez  tout 
bien  fait,  &  que  vous  y  fufilez  ;  je  vous  prie  abrégez,  &  vous  y  en  ve- 
nez ,  &  me  faites  fçavoir  fou  vent  de  ce  qui  vous  fou  viendra.  On  m'a  dit 
f  que  le  Comte  d'Armagnac  a  aucune  retraite  es  terrea  de  Monfieur  de 

Foix 


r 


D  E    L  O  U  Y  S    XI.  135 

Foix  ,  fi  ainfi  eft>  faires  le  Tçavoir  âMonfîeur  de  Foix  >  6c>je  ctoj  >  qu'U 
ne  le  fouffrlra  pas.  Efcrit  à  MontiU-lcz-Touis  «  le  27.  Décembre.  Signi 
LoYS  :  £t  au  dejfous ,  le  Clairet. 


CHAPITRE    IV. 

Lors  de  Pinfiittaion  Je  r Ordre  SainB  Michel ,  U  Roy  envoyé  U  Collier  au 
Grand  maijlre  ,  qui  obtient  la  grau  du  Cornu  d'Armagnac  :  le  refus 
que  le  Duc  de  Bretagne  fait  dudit  Collier  :  la  reduBion  des  villes  dA-^ 
miens  ,  Mondidier  &  Roye  :  lettres  injurieufes  du  Duc  de  Bourgogne 
au  Grand  Maijlre  y  &  la  réponfe  du  Grand  Maifire  au  Bourguignon. 

Lbttre  du  Rot  au  Grand  Maistre. 

i4(>9. 

TRès-chcc  &c  amé  Coufin  /pource  que  depuis  n*agueres ,  par  Tadvis 
&  délibération  de  noftre  très-cher  &  amé  Oncle ,  le  Rojr  de  Sicile ,  ï-cttrc  de 
de  Hierufalem  &  d'Arragon ,  &  nos  rrès-chers  &  amez  Frères ,  les  Ducs  ^^^*" 
de  Guyenne  &  de  Bourbon  ,  &  autres  de  noftre  fang  &  Grand  Confeil  » 
a  efté  délibéré ,  que  nous  ferions  &  porterions  TOrdre  de  Monfieur  de 
Sainâ  Michel ,  &  de  noftre  Compagnie  &  Fraternité ,  ferions  le  non>- 
bre  de  trente-fix  Chevaliers  ;  &  par  Tadvis  des  fufdits  >  arez  efté  eilû  da 
nombre  des  douze ,  lefquels  ont  efté  choifîs ,  pour  eilire  le  furplus  8c 
jufques  audit  nombre ,  &:  pour  un  des  plus  grands  &  notables  Chevaliers 
d'ancienne  lignée  ,  extraiâ:  de  grandes  8c  notables  Maifons ,  &  qui  tous- 
jours  avez  bien  &  lovaument  fervy  nos  predeceftèurs  &  nous  \  ôc  cjui  plus 
a  fait  &  veu  es  armées  »  6c  au(C  pour  Teftat  Se  Oftîce  de  fouverain  Maif- 
tre  d'Hôtel  de  France  ,  &  pour  la  grande  prochaineté  que  vous  avez  i 
l'entour  de  noftre  perfoltine ,  avez  efté  >  comme  raifoh  eft  >  efleu  pour 
un  des  principaux  de  laditte  Compagnie  ;  &  pour  ce  >  nous  vous  en- 
voyons prefentement  le  Collier  de  noftredit  Ordre ,  par  noftre  amé  8c 
feai  Confeiller  &  Maiftre  de  noftre  Hoftel ,  le  Sire  de  la  Choletiere  3  afin 

Î[uc  le  preniez  &  reteniez ,  8c  que  dorefnavant  vous  le  portiez  en  fai- 
ant  le  ferment  en  fa  préfence ,  de  bien  8c  loyalement  entretenir  le  con- 
tenu es  Chapitres  &  articles  faits  fur  ce ,  de  point  en  point ,  ainfî  qu'ils 
font  contenus  ;  lequel  Sire  de  la  Choletiere  vueilliez  croire ,  de  ce  qu'il 
vous  en  dira  de  par  nous ,  comme  nous  mefmes  ;  8c  par  luy  à  nous ,  fai- 
tes fçivoir  de  vos  nouvelles.  Donné  à  Cefnan  le  16.  Oâobre,  Signe 
LoYS  :  Et  au  deffous  Touftin ,  &  a  lajubfcription.  A  noftre  amé  C!ou- 
fin  ,  le  Comte  de  Dammartin»  Grand  Nfoiftre  d'Hoftel  de  France,  8c 
noftre  Lieutenant  es  pays  d'Auvergne ,  de  Rouergue  &  d'Armagnac. 


Gg  t  Depuis 


ti&  CABINET 

Depuis  ledit  de  Nemours  s*ejlantjetti  entre  Us  bras  du  Grand  Maifire  ,  iC 
obtint  fa  paix  à  fa  faveur  ,  le  Roy  en  ayaru  expédié  un  plein  pouvoir 
audit  Grand  Maijire  ^  lequel  tandis  qu^il  fut  is  pays  de  Rouergiu  & 
Armagnac  >  ufa  a  un  pouvoir  plus  abfolu  qu'aucun  JLieuunant  Gerural 
du  Roy  9  qui  ait  ejlé ,  donnant  grâces ,.  abfolutions  ,  remifjîons ,  con^ 
^cations  ^  &  autres  femblables  aSions  de  puiffancefouverame  ,•  auquel 
temps  ,  le  Roy  luy  efcrivit  laprefente. 

lettre  de  JVl  Onficur  le  Grand  Maiftre  ,  j'ay  receu  vos  lettres  ,  &  ne  faut  pas 
toulsXI.  que  je  vous  mande,  mais  que  je  vous  remercie  de  tout  mon  pou- 
voir ,  du  grand  aide  &  fecours  que  m  avez  fait  à  mon  befoin  \  Se  prie 
•  Dieu  &Noftre-Dame,  qîi'il  me  donne  grâce  de  le  vous  rendre.  Mon- 
fieur  le  Grand  Maiftre  ,  il  y  a  trois  points ,  où  il  faut  repondre  ;  c'eft  â 
fçavoir  du  logis  des  Genfaarmes  ,  de  Monfîeur  de  Nemours ,  &  de  la 
composition  de  Rodez.  Au  regard  des  Genfdarmes  ,  il  me  femblc 
que  chacun  d'eux  doit  retourner  en  fon  logis  *,  &  au  regard  du  Senef— 
chai  de  Touloufe ,  du  Senefchal  de  Carcaiïbnne  ,  &  de  Monfieur  le 
Marefchal  de  Lohcac ,  il  me  femble  que  vous  les  devez  envoyer  en 
Normandie ,  je  les  logeray  le  mieux  que  je  pourray.  Au  regard  de  Salla- 
zard  ,  il  doit  demeurer  à  la  Marche.  Item ,  touchant  MonHeur  de  Ne^ 
mours  5  je  vous  prie  mettez-y  concluHon  le  plûtoft  que  vous  pourrez  > 
pour  vous  en  revenir ,  &  qu'il  faflè  la  tranfaâion ,  car  c'eft  le  plus  feur 
point }  que  je  puis  avoir..  Item  y  touchant  Rodez,  j'eu({e  bien  youlu  a  voir 
Brillac ,  ainfi  que  vous  pourrez  connoiftre  par  nos  lettres  ^  que  leur 
avons  efcrites ,  dont  je  vous  envoyé  le  double  r  mais  veu  que  BriUac  fait 
ce  ferment ,.  &  qu'il  ne  va  point  après  le  Comte  d'Armagnac ,  il  me  fuf- 
fit,  &  me  femble  Monfieur  le  Grand  Maiftre,  que  fi  vous  n'avez  fait 
autre  appointement  depuis ,  que  vous  devez  accepter  cetuy-cy ,  afin  do 
vous  en  venir  *,  car  j'av  efperance  >  à  l'aide  de  Noftre  Seigneur ,  que  vous 
me  fafliez  de  grand  fervices.  Monfieur  le  Grand  Maiftre,  j»  vous  en- 
voyé auffi  la  réponfequej'ay.  faite  aux  lettres  que  Monfieur  l^dmiral  m'a.- 
efcrites  touchant  cette  compofition  :  je  nefcay  fi  l'avez  acceptée ,  j'en 
envoyeray  mes  Lettres  Patentes  fans  difficulté ,  telles  que  vous  me  man* 
derez;  &  veu  la  peine  que  les  Genfdarmes  ont  euëcetHyver,  je  vous 

J)rie  defpefchez-vous-en  le  plûtoft  que  vous  pourra  :  fi  n'euft  eftéj  vos 
ettres  >  que  vous  m'avez  efcrites ,  je  leur  euflel  envoyé  leurdite  confir- 
mation ;  car  je  mandois ,  que  fuffiez  encore  en  Gafcogne ,  &  que  leur 
euffîez  envoyé  votre  pouvoir  par  Rouergue.  Donné  à  Amboife  >  3.  Fe^ 
vrier.  Signe  y  Lovs  •Et  plus  bas  >  le  Cleret  (1470.) 

Après  hi  cérémonie  des  Chevaliers  ,  le  Roy  envoya  le  Collier  au  Duo- 
de  Bretagne ,  qui  le  refufa  ,  difant ,  qu'il'  ne  tircroit  jamais  au  Collier 
avec  le  Gouverneur  du  Limofin»  Gilbert  de  Chabanes,  Seigneur  é^ 
Curton  y  ny  autres  gens  du  Roy. 


iP«r 


DE    L  O  U  Y  S   XI. 


*37 


Peu  aprh  ,  U  Roy  ayant  fait  un  pclUrinage  à  SainS  Michel ,  efcrivie 

au  Grand  Maijir^  la  Lettre  fuivaruc. 

Aa  Onficur  le  Grand  Maiftrc  >  au  retour  de  mon  voyage  de  S.  Mi-      j^^^^^  jt 
chcl ,  (17)  farrivay  en  cette*  Ville  Lundy  dernier,  &  incontinent  Louis  XL  ^ 

Suc  je  fus  defcendu  ,  feus  nouvelles  de  l'Admirai ,  du  Gouverneur  de 
.ouftHlon  ,  &  autres ,  qui  font  à  Harfleur  &  Honflcur  ,  que  les  Bour- 
guignons dloient  tousjours  là ,  qui  faifoient  guerre  ,  brûfans  plufieur^ 
jnaifons  &  vaidèaux  près  de  la  cofte  de  la  mer ,  tuans  gens ,  &  pre- 
uans  prifonniers  ,  &:  mefmement  un  vaiflèau ,  qui  retournoit  de  Rouen», 
chargé  de  marchandifes ,  ont  pris  &  retenu ,  &  envoyé  le  Maiftre  Plege 
de  la  finance ,  des  autres  hommes  >  qui  eftoient  dedans  *,  &  femble  que 
veu  les  manières  que  font  lefdits  Bourguignons  ,  qu'ils  attendent  plus 
grande  puiâànce ,  foit  d'Angleterre  ou  d'ailleurs ,  pour  defcendre  ,  pour 
venir  par  mer  combattre  mes  gens.  Vous  fçavez  quelle  faute  ce  me  fe- 
roit ,  s'ils  n'y  trouvoîent  bonne  rcfiftance»  &  pour  ce ,  ne  m'en  fuis  pafe 
voulu  retourner  jufaues  à  ce  que  j'aye  veu  la  fin  de  cette  befogne ,  &  me 
fois  délibéré  d'aller  là  en  perfonne,  pourrefifter  à  leur  puiflfàncc ,  Se  faire 
ce  que  l'on  verra  eftre  à  faire  :  &  demain  m'en  parts  d'icy  pour  y  tirer 
fout  droit  ;  &  pour  le  faire  plus  feurement ,  j'ay  mandé  vos  gens  ,  qu'ils 
fe  tirent  à  moy  audit  lieu  de  Harfleur ,  à  ceux  du  Gouverneur  de  Rouf- 
£llon  ,  du  Seigneur  de  Craon  &  de  Sallazar  ;  pource  que  font  ceux  qui 
font  le  plus  près  d'icy^  Auflî  j'ay  mandéàGapdorat ,  &  à. tous  lesftancîB 
Archers  y.  Se  ù  en  chemin  j'ay  nouvelle  ,  que  le  Duc  de  Bourgogne  s'en 
foit  departy,  incontinent  je  contremanderay  vofdites^  gens ,  &  les  au- 
tres aum ,  Se  leur  fcray  fçavoir  y  Se  plût  à  Dieu  que  vous  y  fuffiez ,  guand 
1**7  feray  *,  car  fi  j'euflfe  fçeu  cette  avanture ,  je  ne  vous  eufle  pas  laifle  al- 
er.  Je  vous  feray  fçavoir  ce  qui  furviendra ,  auffi  me  faites  fçavoir  p».- 
leillement  de  voftre  cofté.  Donné  â  Avranches ,.  le  prenûer  Aoufk.  Signé 
LoYS  y  &  plus  bas  X  le  Clerc 

Lors  mefme ,  les  Villes  d^ Amiens ,  Koye ,  Mondidier ,  &  autres,  eftans 
réduites  au  pouvoir  du  Roy ,  par  les  foms  du  Grand.  Maiftre ,  le  Bpur* 
guignon  iuy  efcrivit  la  fuivante.  '  , 


e  H.  A  P  I  T  R  E    V. 

Lettre  injurieujedu  Bourguignon  au  Grand  Màijire  de  France.- 

LE  Duc  de  Bourgogne,  de  Brabant,  de  Limbourg  &  de  Luxembourg  j     tettre  Jà' 
Comte  de  Flandres ,  d'Anois ,  d&  Bourgogne  Se  de  Hainaut ,  de  Duc  de 
Hollande,  Zelande&  Namur  :  Comte  de  Dammartin ,  Nos  très^hers  Bourgo-- 
Sc  bienamez  les  Majeur  &  Efchevins  de  noftre  bonne  Ville  &  cité  d'A-  g^c. 
toiiens ,  eux  demonftrans  nos  bons ,  vrais  &  loyaux  fubjets  ,.ont  envoyé 

certaines  > 
U7)y oyeiUChr0ttiqttiSçétml4UHfe,f^e>Ze.  tUceVolwne^ 


138  CABINET 

certaines  lettres  clofes  du  Roy  ,  prefentées  â  aucuns  de  noftredite  Ville, 
par  un  Officier  d'armes ,  lequel  a  fait  certaine  fommation ,  &  depuis 
nous  ont  envoyé  autres  wo$  lettres  à  eux  adreflàntes ,  fans  icelles  lettres 
du  Roy  ny  les  voftres  ouvrir ,  voir  ny  faire  rcponfc  ,  que  par  ngftce 
vouloir  Se  plaifir.  Et  à  cette  caufe ,  nous  nous  fommes  voulu  charger  de 
faire  réponfe  à  vous  ,  qui  vous  dites  Lieutenant  General  du  Roy  :  Se 
pour  reponfe ,  vous  fçavez  que  par  les  Traitez  faits  à  Conflans  »  def- 
quels  n'avez  pas  eu  moindre  fruit  ny  profit ,  que  de  voftre  vie ,  cftat^fic 
cnevance  -,  le  Roy  nous  laiflà,  céda  &  tranfporta  ladite  Ville  d'Amiens  & 
autres  Villes ,  Se  terres  eftans  fur  la  rivière  de  Somme ,  que  feu  nofoç 
très-cher  Seigneur  &  Père ,  que  Dieu  abfolve ,  avoir  pofledées  depuis  le 
Traité  d'Arras  ,  &  lefauellcs  le  Roy  ,  en  fa  Ville  de  Tours ,  nous  avoic 
promis  Se  juré  en  parole  de  Roy ,  n'en  rachepter  du  vivant  de  noftredic 
feu  Seigneur  Se  Perc ,  &  outre  nous  tranfporta  les  Prevoftez  de  Vimeu 
&  Beauvpifis ,  en  tout  droit  &  titre,  aue  les  autres  Villes  &  terrés  deffuC- 
dites ,  dcfouelles  il  nous  feroit  bailler  &  délivrer  la  po({effion ,  en  quit- 
tant Se  defchargeant  tous  les  vaflaux  &  autres  fubjets  d'icelles  Villes  Se 
terres  ,  des  fidélité  &  ferment ,  qu'il  avoient  à  luy ,  en  leur  mandant  de 
nous  faire  le  ferment  de  fidélité ,  Se  nous  eftre  bons  ,  vrays  &  obeiffans 
fubjets  )  ce  qu'ils  ont  fait ,  tant  en  la  perfonne  de  nos  Commis ,  Avth 
bafladcurs ,  qu'à  noftre  perfonne ,  lefquels  tranfports ,  le  Roy  par  lefdics 
Traitez  de  Conflans  &  de  Peronne ,  faits  &  jurez  fur  la  vrave  Croix ,  a 
promis  &  juré  en  parole  de  Roy ,  Se  fur  fon  honneur ,  garder  &  entre- 
tenir ,  fans  aller  au  contraire  en  aucune  manière ,  &  fur  les  peines  con- 
tenues au  Traité  de  Peronne  ;  &  néanmoins  en  enfraignant  Se  contre- 
venant notoirement  au  fdits  Traitez  »  il  a  fait  mettre  en  fa  main  lefdites 
Prevoftez  de  Vimeu  &  Beauvoifis ,  pour  eftre  rejoints  â  fon  Domaine.  Il 
a  fait  prendre  nos  gens  Se  ferviteurs ,  &  les  traiter  inhumainement  » 
après  vous  ^voir  envoyé  de  par  luy  grand  nombre  de  Genfdarmes  devant 
ladite  Ville  d'Amiens,  à  toutes  lefdites  lettres  du  Roy,  cuidant  au 
inoyen  d'icelles  émouvoir  les  habirans  de  noftredite  Ville  à  vous  adhé- 
rer ,  &  adjoûter  foy  aux  paroles  dudit  Officier  d'armes ,  &  de  Maiftre 
Pierre  de  Morvilliers  ,  s'ils  l'euflent  voulu  ouïr ,  pour  les  fouftraire  de 
noftre  obeiflance ,  ce  qu'ils  n'ont  pas  voulu  faire ,  mais  de  garder  leurs 
promedes ,  fermens  Se  loyautez  envers  nous  ^  parquoy  à  telles  paroles 
leditieufes  9  ils  ont  eftoupé  leurs  oreilles.,  ufant  en  ce  de  la  prudence 
que  nature  donne  au  ferpent ,  commandée  à  la  fainâe  Efcriture ,  à  s'ef^ 
touper  les  oreilles  contre  la  voix  des  enchanteurs  ,  Se  pour  ces  caufes 
plus  que  par  crainte  ny  fubjeâion  d'autruy ,  ainfi  que  contiennent  vof^ 
dites  lettres  :  ils  ont  delaiflé  à  vous  faire  réponfe  >  en  la  remettant  à 
nous ,  fçachant  que  de  leur  bonnç  volonté  ,  ferjne  Se  entière  loyauté  en* 
vers  nous  ,  nous  fommes  bien  certiorés ,  Se  qu'en  içelles  leur  loyauté , 
eux  Se  autres  nos  fubjets ,  nous  garderons ,  delfendrons  Se  preferve- 
tons ,  moyennant  l'ayde  de  Dieu  noftre  Créateur ,  4uquel  la  prefence  Se 
tefmoignage  par  lefdits  fermens  entrevenus ,  lefdits  droits  font  par  telle 
&  autre  manière  contemnez  Se  violez.  Nous  avons  bien  veu  par  vos  let* 
très  efcrites  à  noftre  amé  &  féal  Confeiller  &  Chambellan ,  Se  Capi- 
raine  de  Mondidier  le  Bon^d'Arly  ^  que  vous  prefupofçz ,  que  ce  que 

nom 


D  Ê    L  O  U  Y  s    X  T.  139 

nous  avons  fait  par  nos  gens  ,  entretenir  noftre  ponèfllon  dcfdices  Pre- 
voftez ,  cellèront  contre  l'authorité  du  Roy  j  Dieu  le  tout  puiilànc ,  du- 
quel les  Roys  &  Princes  tiennent  leurs  Seigneuiîcs  1  ne  leui  ayant  pas 
donné  authorité  de  rompre  leurs  promelles ,  Se  contemner  Ton  nom  &c 
fà  puiHànce ,  par  les  fetments  entrevenus  en  leurs  convenances  :  Par.- 
QtjOY  plus  véritables ,  on  pouiroit  dire  que  ladite  main-mife  faite  édi- 
tes Prcvoftez  ,  fans  caufe  &  fans  ordre  ,  nous  non  appeliez  ny  ouïs ,  & 
g)ur  du  tout  en  cuider  ,  débouter ,  a  eftc  ,  &  eft  contre  l' authorité  de 
ieu  lefdits  Ttaitez  &  ptomcfTes ,  lefquels  vous  n'ignorez  pas  eftre  vio- 
lez ny  enfreins  par  la  cauteleufe  &  deceptueufe  prifc  de  noftre  Ville  de 
S.  Quentin  ,  pai  le  Comte  de  S.  Paul  >  Connefta'  '  '  tfes  > 

pilleries  ,  meurtres  &  occilîons  faites  par  les  j^ei  oftrc 

Comté  d'Auxerre  ,  &  les  feux  boutez  Se  homicii  :s  en. 

noftre  Comté  de  Bourgogne  ,  &  en  vous  n'a  cen  is  de 

noftre  Ville  d'Auxcrte  ne  fc  foient  fouftraits  de  n  def- 

quels  i  cette  an  avez  fait  venir  aucuns  pardevets  v  dousi 

ont  fait  fçavoir  les  paroles  que  leur  avez  dites  ,  ta  n  fe- 

cret  :  comme  au0i  ont  fait  autres  nos  féaux ,  IrCquels  par  prome0cs ,  le, 
Roy  a  voulu  faire  attraire  &  efmouToir  à  l'encontre  de  nous  ;  mais  par 
la  bonté  divine  >  feront  convaincus  toutes  telles  cauielles  &  frauduleu-, 
fes  malices ,  &  n'eft  ja  befoin  >  que  déformais  vous  eftayez  de  parvenir 
à  vos  lins,  par  telles  Kfcritures  ny  langages  ;  car  au  plaifîr  de  Dieu  ,  nous 
Ibmmes  délibérez  de  garder ,  preferver  Se  deftendte  nofdiis  fubjets  de  , 
tout  noftre  pouvoir  ,  ainlî'que  nature  Se  raifon  l'infeigne ,  &  par  la 
contravention  Se  fraftion  dudit  Traité  de  Peronne  ,  &  les  peines  conte- 
nues en  yccluy  encourues  à  noftre  profit ,  il  nous  loift  de  le  faire.  Efciit 
CD  noftie  Chatel  dç  Hcdin  le  feiziéme  Janvier  4470.  A}nfi  Rgni  par 
Monjîeur  U  Due  fSc  au  deffius  >  de  Longueville  >  &fitlé  en  are  rougt  â 
fitlpUqui. 

Le  Grand  Maifire  ft  voyam  injurié  par  cette  Lettre  ,  fa 
riponfe  en  cetu  forte, 

I   Rès-hant  &  puiflànt  Prince,  j'ay  veu  vos  lettres,  que' voos  m'avez     Lettre  Ja 
elcrites  ,  Icfgnellcs  je  croy  avoir  efté  diûées  par  voftrc  Confeil  Si.  Comte  de 
très  crands  Clercs ,  qui  font  gens  pour  faire  lettres  mieux  que  moy,  car  ï?*™™"- 
je  n  ay  point  vefcu  du  tmefticr  de  la  plume  \  Se  pour  vous  taire  réponfc  ""' 
par  icelle ,  je  conçois  bien  le  mécontentement  qu'avez  de  moy ,  pout- 
ce  que  j'av  &it  Se  feray  toute  ma  vie  contre  vous ,  n'f  ft  qu'A  l'nonneur 
&  profit  du  Roy  &  de  fon  Royaume.  Ttcs-haui  &  pui.lfant  Prince ,  pour. 
vous  faire  réponfe  touchant  l'article  de  Conflans  ,  que  vous  appeliez  ù 
bien  public  ,  &  que  vetitablement  doit  eftte  appelle  U  mal  public ,  où  j'cf- 
tois  ,  dont  vous  dites  que  je  n'ay  point  eu  moms  de  fruii^  Se  honneur  > 

âue  de  ma  vie  eftat  &  chevance.  Vous  entendez  bien  qu'à  l'avencment 
uRoy  à  la  Couronne ,  il  ne  tint  pointa  moy  ,que  [e  n'cnttafic  à  fon  fer- 
vice  ,  &  de  ce  faire  fis  mon  loyal  devoir  -,  mais  qui  garda  le  Roy  de  ce 
faire  ,  fut  la  redoutance  demcs  hayneux  &|malveillans,  defquels  a  l'ayde 
de  Dieu  ,  coonoiflàpt  le  dioiâ  des  parties  ,  je  fuis  venu  au  delTus  i  mon 

honneuc 


t4^  CABINET 

honneur.  Se  à  leur  grande  honte  &  confufion',  car  je  me  fuis  bien  juP- 
tifié  contre  eux,  par  bonnes  juftificatipns  vues  par  la  Cour  de  Parlement, 
£c  par  Arreft  d'icelle  donné  à  rencontre  d'eux  ,  qui  ne  tût  fçeurent  at- 
teindre. Très-haut  .&  puiflànt  Prince ,  Monfieur  voftre  Père ,  à  qui  Pieu 
pardonne  ,  fçavoit  bien  que  je  luy  efcrivis ,  que  fon  bon  piaifir  fut  ine 
mettre  en  la  bonne  grâce  du  Roy ,  ce  qu'il  me  promit  fairç  j  &  s'il  eftoit 
en  vie,  je  ne  fais  doute,  qu'il nç  portaft  bon  tefmoignage  pour  moy  ,  Se 
yeux  bien  que  vous  entendiez ,  qu^  fi  j'eufle  eftc  avec  le  Jloy  ,  lorfque 
çommençailes  ic  malvuhliç  ,  que  vous  dites  U  bien  publie  p  vous  n'en 
èufficz  pas  efchapé  à  u  bon  marché ,  que  vous  avez  fait ,  Se  mefmemcnt 
i  la  rencontre  de  Montlhery,  par  vous  inducment  entreprife.  Mais  vous, 
qui  eftcs  ingrat  du  bien  que  Iç  Roy  vous  fait ,  avez  pris  &  prenez  pei-^ 
lie  de  joue  en  jour ,  de  luy  faire  toutes  les  extorfionç  Se  machinations  » 
que  luy  pouvez  faire ,  tant  fvir  Cçs  fùjeâbs  Sç  Seigneurs  de  fon  fang  , 
que  autres  Princes  fcs  voifins ,  qui  luy  veulent  mal  à  voftre  requefte , 
Jefquels  vous  avez  émeus,  &  tafckez  encore  d'émouvoir  <lc  jour  en  jour 
^  luy  vouloir  mal ,  4cquov  voftre  fouverain  Seigneur ,  &  le  mien  ,  vien- 
dra bien  i  bout  àTayde  de  Dieq^  &  de  Noftre-D^une  ,  &  de  fes  boAs  &' 
Joyaux  Capitaine^  &  Gcnfdarmes.  Très-haut  &  puiflànr  Prince  ,  vous 
m'efcrivcz  des  paroles  par  vofdites  lettres ,  qui  equipoj^nt  d'eftre  en^^ 

_  lus 

fages  de  {on  Royautne ,  tant  de  (çs  Capitaines  *  &  autres  de  fes  Con- 
feillers  de  fa  Cour  dç  Parlement ,  &  de  fon  Grand  Confeil  5  mais  U 
grande  feduétion,  que  par  vous  luy  fut  faite ,  ne  l'en  peut  oficques  émou- 
voir, qu'il  n'allaft  vers  v6u$ ,  fous  l'efperance  de  Taffiànce  qu'il  avoir  en 
vous  ,  non  precogitant  le  danger  où  il  s'eft  mis  d'eftre  entre  vos  majns^ 
&  ne  luy  en  eft  demeure  que  la  peine  &  le  travail  d'y  aller,  donc  1^  Bon- 
té infinie  la  prefervé  &  gardé ,  que  ne  puftes  venir  à  vos  fins ,  &  fera 
encore  ,  il  Dieu  plaift ,  &  de  vos  malignes  intentions, obliques  &  occul- 
tes. Très-haut  6c  puiflànt  Prince ,  il  nô  vous  en  eft 'demeuré  que  le 
deshonneur  ,  &  la  foy  ope  vous  avez  par  droit  perdyB ,  Içfquelles  cbo- 
fcs  dureront  par  éternelle  mémoire  envers  tous  Princeis ,  qui  font  neaj 
&  à  naiftre;  Se  de  moy ,  je  ne  fus  point  la  guide  de  mener  ledit  Seigneur 
Roy  audit  pays  de  Liège  s  mais  je  fus  plûtoft  caufe  de  fon  retour  ,  parce 
pe  que  je  ne  voufusîrompre  l'armée  qu'il  m'avpit  laiflce  entre  les  mains,&  que 
luy  voulie:p  faire  feparer.  Très-haut  &  puiflànt  Prince ,  fijevousefcrischôfe 
qui  vous  déplaife.  Se  cju'ayez  envie  de  vous  en  venge Wetnov  i  j'efpere  qu'a- 
vant que  la  fcfte  fe  départe ,  yous  me  trouverez  fi  près  de  voftf  earmée ,  con- 
tre voys ,  que  vous  cpnnoiftrez  lia  petite  crainte  que  j'ay  de  vous,  eftanc 
accompagné  de  la  puiflance  qu'il  a  plu  au  Roy  de  me  donner ,  qui  n'eft  pas 
petite ,  pour  la  reconnçiflànce  qu'il  a  eue  des  fervices  que  j'ay  faits  au 
Roy  fori  pçre  ,  à  qui  Dieu  pardoint  &  à  luy ,  Se  pouvez  eftre  feur  ,  que 
vous  rie  me  fiçauriêz  efcrire  chofe,  qui  me  Içeut  garder  de  faire  tous  jours 
fervicç  au  Roy  ;  Se  requiers  à  Dieu  ,  qu'il  lui  plaife  me  donner  grâces 
M  faire  félon  que  j'ay  le  vouloir,  fie  devez  fçaVoir,  que|e  ne  vousefcris 
<:hofç5  tQup^t  cçttç  matiçjc ,  que  je  nç  vous  donne  a  connoiftre ,  Sç 


D  E    L  O  U  Y  s    X  I.  i4t 

foftt  au(C  feur  que  de  k  more  ;  que  Ci  voulez  longuement  guerroyer  le 
Roy  ,  il  fera  à  la  fin  trouvé  par  tout  le  monde  »  que  vous  avez  abufé  du 
meftier  de  la  guerre.  Ces  Lettres  font  efcrites  par  moy  Anthoine  de  Cha* 
bannes ,  Comte  de  Danimartin ,  Grand  Maiftre  d'Hoftel  de  France ,  &c 
Lieutenant  General  pour  le  Roy  en  la  Ville  de  Beauvais ,  lequel  tr^ 
humblement  vous  eicrit.  Et  en  la  fubfcription  efloit  >  A  Monfieur  ck 
Bourgogne. 

Quelques  jours  apr^  U  Roy  nttifia  V accord  fait  par  U  Grand  Maijlre  , 

<tvec  les  Habitans  de  la  Ville  d^ Amiens  ^  dans  laquelle  il  entra ,  6* 

recem  Hai'tojl  apris  la  Lettre  Juivarue  de  la  pan  de  Sa  Majefié. 

^[  Onfieurle  Grand  Maiftre ,  j'ay  receu  vos  lettres ,  que  par  le  Bailly  Lettre  de 
de  Caux  m'avez  efcrites ,  dont  je  loue  Dieu  &  Noftre-Dame  >  &  con-  Louis  XL 
Rois  bien  le  bon  £ervice  que  m'avez  fait ,  &  à  jamais  m'en  reflbuvien- 
dray ,  &  de  ceux  qui  ont^é  avec  vous  ^  &  au  regafd  de  ceux  de  la  Ville» 
tout  ce  que  vous  leur  avez  promis ,  je  le  ratifieray ,  &  les  dons  que.  vous 
avez  faits  ^  Sortiront  à  effeft  »  ainfi  que  verrez  par  les  dons  &  ratifîca- 
'  tiohs  que  j'en  feray ,  tout  ainû  que  vous  avez  promis ,  &  fans  aucune 
Êiute  :  Je  connoiftray  à  jamais  le  grand  fervice  qu'ils  m'ont  fait,  J'envoye 
Blanchefort  &  les  Fouriers ,  pour  faire  mon  logis ,  &  bien  bref  y  feray 
iàns  point  de  faute;  j'efpere  demain  parler  à  mon  frère  le  Conneftable  > 
afin  de  fçavoir  mieux  ce  que  j'ay  à  faire  &  avifcr  fur  le  tout  :  J'ay  cfcrit  à 
Philippe  de  MorviUiers ,  au  Majeur  de  Monfieur  de  Torcy ,  au  MareC- 
chai  y  au  Bailly,  &  autres  ^ui  m'ont  efcrit.  Monfieur  le  Grand  Maiftre 
fàites-moy  tousjours  (Ravoir  de  vos  nouvelles ,  &  auflî  je  vous  adverti- 
fay  de  ce  que  je  ^auray  *,  &  au  furplus ,  je  vous  prie  croyez  ledit  Baill]^ , 
en  ce  qu'iWous  dira  de  mes  nouvelles  ;  &  adieu,  Monfieur  le  Grand  Maif- 
oe:  Eicrit  à  Compiegne  >  le  huiâiefme  Septembre  i  ^Signé  ,  Loys.  £i 
MU  dej/ous,  Touftitu 

Huit  jours  apris  le  Grand  Maijlre  receut  de  la  part  du  Roy  une  inJlruSion 
par  efcrit  y  toucharu  C ordre  qu*il  devoit  tenir  â  V approche  de  VÀrmU  du 
Duc  de  Bourgogne  y  laquelle  cantenôit  les  par^^lesfuivantes. 

O I  le  I^c  de  Bourgogne  va  droiâ:  â  Amiens ,  que  Monfieur  le  Grand     lettre  <{e 
Maiftre  garde  bien  la  Ville ,  &  qu'il  fe  garde  de  combattre ,  que  le  Louis  XI. 
Roy  ne  ioit  point  avec  luy ,  il  ne  inettra  gueres  à  y  eftre^  qtfil  iafle  tous-  n  i 

jours  donner  fur  les  fourageurs  du  Duc  de  Bourgogne 3  du  mieux  qu'il  x47Q. 
pourra  ,  &  fur  leurs  gardes.  S'il  pafie  la  Somme  pour  venir  à  Montdi- 
dier  &  i  Roye ,  Monfieur  le  Grand  Maiftre  pourra  laillèr  tout  l'Arriere- 
ban ,  qui  ne  feroit  pas  bien  «n  Habillemens  pour  la  guerre ,  &  les  francs  ' 
Archers  pour  garder  Amiens ,  avec  les  Gens  de  l'Ôrdbnnance ,  &  au- 
cuns del'Arriere-Ban^s'ilenavoit  oui  fufiènt  pour  fe  joindre  avec  le 
Roy  \  Se  su  fcavoit  quelques  logis  oe  chevaux  â  Hécart ,  qu'il  donnaft 
deflus  9  ôc  auUl  {ur  les  fourageurs  dudit  Bourguignon ,  &  qu'il  leur  fafiè 


pis  qu'il  pourra  -y  s^l  venoit  au  Mont  Sainâ  Quentin  »il  pourroit  aller 
scmpaser  Rue ,  6ç  la  Ville  de  Crotoy ,  &  avec  l'artillerie  qu'ils  ontv 


wa» 

Tomelïj,  H  h  prendront 


H*  CABINET' 

firendront  te  Chafteau  >  &  peuc-eftre  pourroic  bien  prendre  Montreuil 
ur  la  Mer  y  &  ce  fait  >  laifler  les  gens  de  l'Arriere-ban  &  francs  Archers» 
à  Rue ,  au  Crotoy  &  àMoncreiiil,  s^'ils  le  pou  voient ,  6c  abartre  la  forci* 
ficacion  de  Sain£b  Riquier ,  &  s'en  revenir  avec  les  ckiq  cens  Lances  de 
rOrdonnance  à  Amiens  Se  à  Pequisny ,  pour  garder  les  pays  d'illec  en-- 
vkon  y  en  tenant  bon  ordre ,  &  tel  que  les  vivres  ne  leur  taille  ;  &  par 
ce  moyen  lefdits  gens  de  TArriere-ban ,  &  francs  Archers  j  vivront  hor» 
des  pays  obéyfl&nsauRoy^Faiti  Noyonle  i6Jcvrier(i470.)«Si^^  jLoys^ 

MonRtur  de  Guyenne  ejlant  mal  content ,  attira  pris  de  luy  Monjîeur 
Jr Armagnac  ^  furquoy  le  Roy  efcrit  lajuivantc  au  Grand  Maijlrc^ 

(ottisXI.  JVlOnfieur  le  Grand  Maiftre,  Monfîeurde  Guyenne  a  rendu  lester-^ 
resau  Comte  d^Armaenac,  &  ne  luy  a  pas  encore  rendu  Leâoure> 
mais  il  le  luv  doit  rendre  bien-toft  ;  pour  ce  il  me  femble  qu'il  feroic 
temps  d'exploiter  le  fils  de  Monteur  de  Fimarcon.  Et  fi  je  pouvois-pren^ 
dre  Leâoure  y  elle  fefoit  mienne  de  bon  gain  >  &  ne  Tauroient  jamais* 
l'un  ne  Tautre  ,  &  feroit  pour  tenir  tout  en  fubjeâdon ,  Monfieur  de- 
Marie  eft  au jourd'huy  arrivé  >.quia  lai(fë  Monfieur  de  Guyenne  à  Sainte^ 
Severe  >  malade  des  fieyres  quartes  ;  &  font  maintenant  ralliez  le  Sei**^ 
gneur  de  Lefcun  »  &  le  Gouverneur  de  la  Rochelle ,  contre  Madame  de^ 
Thoiiars  &  le  Seigneur  de  Gr^nmont ,  Sc  a  couché  le  Sieur  de  Gram- 
mont  avec  luy  ,  &  le  Moyne  eft  du  cofté  de  Monfieur  de  Lefcun ,  &  ta(^ 
che  d'approcner  mon  frère  de  Bretagne,  &  de  l'amener  jufques  à  Xain- 
tes.  Je  vous  prie  que  fi  vous  f^avez  rien  de  nouveaa,  advertidez-moy. 
Je  mets  la  plus  grande  diligence  que  je  puis  à  afiembler  le  refte  de  ce 
que  je  vous  dois  encore ,  &  je  le  vous  envoyeray  le  plûtoft  que  je  pour-» 
ray.  Adieu ,  Monfieur  le  Grand  Maiftre.  Efcrit  au  Montils-lcz-Tours. 


«h 


CHAPITR.EVL 

Leàres  fecretes  du  Roy  au  Grand  Maiftre.;  etdembU  ^lesiUla  tnatadkde: 
Monjîeur ^Fren  unique  du  Roy  ^fa  mon^Jon  Tefiamenty  &  U  voyage. 

du  Rjoy  en  Guyenne  &  en  Bretagne^ 

lettre  de   1^  Jr  Onfîcur  k  Grand  Maiftre ,  j'af  dépefché  François  de  Ballefbrt,  SC 


ItuisXL 


M 


a  eu  cent  francs  du  Treforier  des  guerres ,  &  vous  aHêure  que  je: 
ne  l'ay  pas  trouvé  G  bon  que  je  faifoi^ ,  (juand  je  le  dépefcbay  à.  Amboife  >. 
&  n'y  ay  point  de  fiance  y  toutefois  laifiez^le  aller ,  mais  mettez-y-^n* 
d'autres  en  befogne  ,  dont  cettuy^cy  ne  fçache  rien ,  &c  le  pouvez  faire: 
par  les  mains  du  Senefchal  de  Beaucairé  voftre  nepveu  \,&c  que  le  Senef- 
chai  montre  bien  manière  de  fe  fier  en  cettujr-cy ,  mais  qu'il  y  mette- 
d'autre  couriers  y  Sc  fur  mon  ame ,  Monfieur  le  Grand  Maiftre ,  je  me- 
doute  quand  il  a  parlé  à  ceux  que  vous  entendez  bien,  ils  l'ayent  conver^ 
r  :  Et  je  vous  prie  »  queftionnez^le  un  peu  de  loin  y  pour  voir  fi  vous^ 
;rez  de  mon  opinion  :  Toutefois^  en  y  mettant  d'autres  lévriers  après  la^ 
^jueuës  donc  cettuy-cy  nç  Cqzçhc  rien  rû  me  femble  que  nous  devrions: 

ayoic 


D  EL  O  a  Y  s    X  I.  HJ 

fl7ok  ce  que  nous  demandons»  Adieu  ,  Moniieur  le  Grand  Maiftre»  Si«  * 
«oftque  je  fçauray  des  nouvelles  de  Monfîeurle  Conneftable,  je  vous  en 
feray  fçavoir  z  Moniieur  le  Grand  Maiftre ,  retenez  Fremonc  de  Lorfe 
avec  vous  »  jufques  à  ce  c|ue  vous  avez  parlé  au  Prevoft ,  &  que  vous  ayez  - 
fceu  au  vray ,  il  la  caille  eft  de  gioter ,  car  je  ne.  veuille  rien  prendre 
pour  le  lai0er  aller ,  ainfî  que  vousdis  au  départir '>  mais  Ci  elle  eft  de 
gibier ,  faites-y  diligence.  *  Donné  à  Meaux  le  z6.J\iiTu  Si^Cy  Loys,  Et 
en  la  fubfcripiioru  A  noftre  très-cher  &  amé  Couiîn ,  le  Q>mte  de  Dam- 
tnartia»  Grand  Maiftre  de  France. 

Il  eft  â  renuirquer  que  le  Roy  efcrivit  cettre  lettre  de  Ta  propre  main  t 
&  comme  dit  le  manufcrit,  pour  quelcjue  intelligence  qu'il  avoir  avec 
Dammartin  ^  &  que  peu  de  gens  (çavoient* 

Depuis  U  mefmc  Roy  upprtnant  la  maladu  de  MonJUur  ^fon  Frcrt^ 

tfcrivu  lafuivanu. 

j\4.  Onfieur  le  Grand  Maiftre,  Mardy  au  foir  i*ay  receu  vos  lettres ,      Lettre  de 
<lonç  je  vous  remercie  tant  que  je  puis  :  fi  Bourre  ne  fuft  allé  à  fa  mère  Louis  XL 
qui  eft  morte ,  vous  eufiiez  desja  les  quinze  cens  livres  de  tefte  ;    •    .^^' 
mais  je  Tattens  icy ,  d'icy  à  un  jour  ou  deux ,  &  incontinent  qu'il  fera     *  ^' 
venu  ,  je  m'accjuiteray  en  la  plus  grande  diligence  que  je  pourray.  Mcry 
<le  Cœur ,  le  bicle,  qui  eftoit  à  Monfieur  de  Lefcun  s'en  eft  venu^  &  a  die 
ddieu  au  Duc ,  pourquoy  je  penfe  qu'il  eft  inftruit  :  Je  luy  ay  dit  qu'il  fe 
tinflè  enfonHoftel.  Je  vous  envoyé  parefcritce  qu'il  m'a  dit,  ce  qui 
fe  contrarie  l'un  à  l'autre ,  &  eft  langage  tout  forge  ;  &  de  ce  qu'il  char- 
ge Monfieur  le  Conneftable,  ayant  donné  meilleur  efpoir  qu'auparavant; 
Madame  de  Thouars  eft  morte ,  &  ils  ont  amené  à  .Saint  Jean  d'Angely 
Monfieur  de  Gu^ienne  ,  ^ui  a  les  fièvres  quartes  ;  il  a  fait  faire  ferment  à 
fes  Genfdamies  de  le^  fuivre  contre  moy  ,  mais  il  y  en  a  aucuns  qui  ne 
l'ont  pas  voulu  faire  ,  8c  s'en  font  venus ,  comme  le  fils  du  Sieur  de 
Dampiere.  Je  vous  envoyé  encore  le  fils  de  Jean  de  Aulbus ,  mon  Maif- 
cre  d'Hoftel ,  auquel  j'ay  chargé  vous  parier  plus  au  long  de  toutes  cho* 
(es.  Je  vous  prie  que  vous  le  crofbz  de  ce  qu'il  vous  dira  de  moy,  &  adieu, 
Monfieur  le  Grand  Maiftre.  Efcrit  à  Montils-^lcz-Tours ,  le  ving-neufié- 
tne  Oâobre.  Signé  5  Loys  ,  &  pffis  bas  ,  Thilld)ault.  Et  au  dejfus.  A 
noftre  cher  &  amé  Coufin ,  6cc. 

Autre  Lettre  du  Roy  fur  le  me/me  fuj  et. 

Ivl  Onfieur  le  Grand  Maiftre ,  depuis  les  dernières  lettres  que  je  vou5      Lettre  de 
ay  efcrites ,  j'ay  eu  nouvelles  que  Monfieur  de  Guyenne  fe  meurt,  &  J;;2Siî22i» 
qu'il  n'y  a  point  de  ranede  en  fon  fait ,  &  me  l'a  fait  {Ravoir  un  des     ia-jx. 
plus  privci  qu'il  ait  avec  luy ,  par  homme  exprès ,  &  ne  croit  pas ,  ainfî       ^ 
qu'il  dit ,  qu'il  foit  vif  à  quinze  jours  d'icy  au  plus ,  qu'on  le  puiflfe  mé- 
tier :  S'Û  m'en  vient  autres  nouvelles ,  incontinent  je  vous  lé  feray 
ii^avoir.   Le  Senefcha"    ***         •      -%  •         -1  -^^i 

ciftat  ^  en  manière  que 


iijavoir.   Le  Senefchal  d^Açenois  eft  icy  ,  &  je  luy  ay  appointé  fort 

je  crois  qu'il  eft  bien  content  -,  &  afin  que  foyons 


Hh  2  afleuré 


244  CABINET 

aileuré  de  cetuy ,  qui  m*a  fait  fçavoir  les  ]K>avelIes  >  c'eft  le  Moyne  qtii 
dit  Tes  heures  avec  Monfieur  de  Guyenne  ,  donc  je  me  fuis  fort  esbahy  9 
&m'en  fuis  iigné  depuis  la  tefte  jufqu'aux  pieds  ,.&  adieu.  Efcrit  au 
Montils-le-Tours ,  leiS.Mav.  Signé,  Loys.  &  audeffous^TiVi^d.  £i 
€n  lafubfcriDtion  5  A  noftre  cner  &  amé  Coufin',  le  Comte  de  Dammar^ 
tin  ,  Grand  Maiftre  de  France*. 

Le  manufcrit  dit  ces  mefmes  paroles  :  il  eft  â  fçavoir  y  que  le  Moyner 
eftoit  foubçonné  qu'il  avoir  joiie  la  fourbe  a  Monfieur  de  Guyenne  »  6c 
baillé  la  corme  verte  y  6c  ^u'iceluy  Moyne  fur  caufe  de  le  mettre  Jâtor^ 
de  la  terre  des  vivans. 

Ce  mtfmc  Prince  ejlant  à  rcxtrimtc,  fa  fort  Tejtanunt  tn  cuu  teneur^ 

TESTAMENT  DE  MONSIEUR,  FRERE  DU  ROY^ 

AU  nom  du  Père  &  du  Fils  y  &  du  Saint  Efprit ,  Amen.  Charles  > 
Fils  &  Frerc  de  Roy  de  France ,  Duc  de  Guyenne ,  ComtedeXaiiî- 
ionge  s  &  Seigneur  de  la  Rochelle  i  Bien-fouvenans.  de  noftre  falut ,  6c 
fain  de  penfSe  ;  jacoit  que  de  corps  foyons  forr  malade ,  penfant  tous- 
jours  à  la  parole  de  Noftre-Seigneur ,  difant  au  Roy  Ezecniel  :  Difpofe 
de  t'a  Maifon ,  car  demain  tu  mourras  y  comme  fi  cette  parole  nous  fuft 
finguliérement  tranfmife.  Non-refufant  icelluy  mandement ,  mais  icel- 
luy  humblement  recevant ,  puifqu*il  plaift  à  Dieu ,  à  l'Ordonnance  de 
qui  toutes  chofes  font  fu  jettes  ,&ci  qui  rien  ne  fe  peut^  tapir  de  noftre 
maifon ,  prife  en  trois  fentences  : 

C'eft  à  (çavoir  de  noftre  ame  >  qui  d'icelluy  Dieu  ,  eft  dite  fe  fiege» 
mais  qu'elle  foir  jufte  &  de  noftre  corps  \  puis  après  de  noftre  famille  ». 
tout  par  ordre ,  &  (ucceilivement  par  ce  prcfencTeftament ,  avons  voulu 
difpofer  &  ordonner  en  la  manière  qui  s'enfuir*. 

.1  R£MiiR£MENX>  donc  confiderans  nulle  chofe  eftre  parfaite,  fi 
finallement  elle  ne  retourne  dont  elle  a  pris  fon  eftre  6c  fa  naiflànce; 
confiderans  auffi ,  &  croyans  fermement  noftredite  ame  >  comme  de  noC- 
tre  Père  Adam ,  &  de  tous  autres  mortels ,  eftre  créée  de  Dieu  Tout' 
puiflànt  y  qui  de  néant  a  créé  toutes  cl^fes ,  icelleà  fon  Créateur  rendons 
finallement,  luy  très-humblement  fuppiiant ,  comme  fera  arrivée i> porc 
d'humain  Mut ,  la  reçoive  en  fes  éternelles  Maifons  àtousjours  perpétuel- 
lement vivre  avec  les  benoifts  Saints*.  D'humble  courage  auffi ,  Se  dévote- 
icquefte,  l'a  commettons  à  la  Vierge  glorieufe ,  qui  des  pécheurs,  juC 

Îuesicy,  nous .confeftbns  eftre  Advocate,  6c  qui,  non  fans  caufe,  eft 
itc  du  Rédempteur  de  L'humain  genre ,  &  Roy  de  gloire ,  Mère  très» 
débonnaire  v  à  Moniteur  Saint  Michel  y.  6c  i  toute  la  Cour  de  Paradis 
celefte ,  afin  que  par  leurs  prières  elle  monte  es  faûits  Lieux  ,  pour  per- 
durablement  régner  avec  eux  .1  Si  leur  prions- &  requérons,  6c  très-devo- 
ment  les  fupplions,  qu'ils  me  foient  en  ayde  :  Et  après ,  puifque  toute 
chofe  doit  juftement  du  fîen  eftre  rendue ,  &  que  ce  corps  mortel ,  que 
nous  portons  a^  n'eft  que  terre  >  il  eft  bien  raifon  6c  expédient  oue  luy 

uvrions^ 


D  Ê    L  Ô  U  Y  s    X  L  145 

Hvnons  8c  rendions  à  la  -terre  &  aux  vers  engendrea^ ,  pour  eftrè  d'iceux 
rongé  ,  confoinîné  iceluy  9  dont  à  Texemplaire  des  bons  Chreftiens ,  infti-^ 
tuons  dhre  baillé  à  Ecclefiaftique  fepulture ,  laquelle  nousélifôns  en  YE^ 
l^ede  S.  André  de  Bourdeaux  9  devant  k  grand  Autel, auquel  lieu  r  par 
jiofbe  héritier,  notre  très-redouté  Seigneur  Moniteur  le  Roy ,  lequel  ,s'il 
luy  plaift ,  nous  inftiruons  noftre  principal  etecuteur ,  &  par  nos  autres 
exécuteurs  de  cettuy  noftre  Teftament  &:  dernière  volonté ,  cy-après  dé- 
clarés, (bit  procuré  noftre  corps  eftre  honneftement  enfeVeFjr,  à  la  louan- 
ge de  Dieu  9  non  pas  à  la  pooiipe  Se  orgueil  mondain  ,  ôc  faflê  faire  le9 
obfeques>  fi  qu'au  jotir  de  noftre  trefpas.  Se  au  fervice  faflè  célébrer 

EDur  noftre  arae  y  Sç  les  âmes  de  nos  pareas  y  tous  ceux  qui  voudront  ce^ 
brer,en  les  payant  deucment;  ânallement  faut  venir  en  nûftre  famille^ 
que  vulgairement  on  dit  noftre  maifon  *,  laquelle  combien  que  mal  ou 
bien  nous  Tavons  gouvernée  y  ceiu)r  feul  le  fçait ,  qui  tout  connoift.  Tou- 
tefois des  biensfaits  ,  loiiange  à  Dieu ,  &  des  fautes ,  nous  hiy  fupplions 
&  requérons  vray  pardon  8c  mercy  :  Et  quant  a^^furplus ,  conune  nousr 
devons^  à  plufieurs  plus  que  nous  ne  poftedons  ,Tceluy  qui ,  (][uand  &  de 
ce  pourra  fouvenir,faut  recourir  parquoy  à  iceluy ,  que  par  droit  d'heritiec 
nous  doit  fucceder,  noftredittrès-redou'te  Seigneur,  MonfieurleRoy,  com- 
me avons  dit  devant,  en  Thonneur  delaPamon  de  Noftre-Seigneur  Jefus* 
Chrift  :  Supplions ,  tant  comme-nous  pouvons ,  &  ce  nonobftant  autant 
que  nous  pouvons  charger  fa  confcience  ,  qu'a  tous  ceux  à  qui  nous  de« 
TOUS  f  faite  payer  nos  dcbtes ,  Se  nous  defchargec  d'icelles*,  comme  en 
luy  nous  avons  parfaite  fiance  *,  &  ainfi  qu'il  euft  vouhi  pour  luy  eftre 
fait ,  fi  premier  que  nous  fuft  decedé.  Outre  plus  benignement  luy  reque^ 
tons ,  qu'il  luy  plaife  tous  nos  ferviteurs  traiâer  humainement ,  8c  iceux 
pourvoir  d'Omces  8c  Bénéfices ,  félon  kur  vacation ,.  Se  les  juftement  &: 
faifonnablement  recompenfer  des  bons  fervices  qu^'ils  nous  ont  faits.  Et 
après  fi  aucunement  avons  jamais  offenfénoftre-ditnès-redouté  Seigneur, 
&  très-amé  frère ,  nous  luy  requérons ,  qu'il  luy^  plaife  nous  pardonner  $^ 
car  de  noftre  part ,  fi  oncques  en  quelque  manière  il  nous  otfenea ,  de 
très-debonnaire  affîcâjon ,  prions  la  divine  Majefté^qu'elle  luy  pardonne^ 
&  de  fi  bon  courage  &  bonne  volonté  luy  pardonnons;  &  au  furplus 
pour  noftre  ame ,  fiifle  fiiire  Monfeigneur  le  Roy ,  noftredit  héritier  y 
tant  de  (ervices  qw'il  verra  effare  à  faire  ;^.&  voulons  qu'à  ce  faire:,  pro* 
curent  ceux  que ,  après  Monfeigneur  le  Roy ,  nous  ordonnons,  &  par 
ce  prefent  efcrit,  nous  déclarons  8c  nommons  exécuteurs  de  cettuy  noftre' 
.  Tdiament  Se  dernière  volonté. 

Ceft  à  f^avoir ,  Révérend  Père  en  Dieu ,  noftre  bien  amé  8c  féal  Con- 
feiller  Arthus  deMonthauban,  Archevefque  de  Bourdeaux*,  Roland  Coif- 
fier ,  noftre  Confeftèur  v  Jean  Mefchineau,  premier  Chapelain  de  noftre 
Chapelle ,  8c  Dofteur  en  Théologie  r  Odet  Daydie ,  Seigneur  de  Lef- 
cun  *,  Jean  Aulbin ,  Seigneur  de  Malicorne ,  noftre  premier  Chambellan  y 
le  Seigneur  de  Grammont  f  c'eft  àr  feavoir ,  Roger  de  Grammont  Se 
Thierry  de  Lenoncoiut ,.  Gouverneur  de  la  Rochelle,  auffi  no^Cham-^ 
fcellans.  Defquels  nous  inftiruons  lès  principaux  à  tous  pourfiiits  >  les 
iiifdits  Seigneur  de  Grammont  &  de  Malicorne.  Nous  voulons  auffi  Sa 
crdoxmons.  finallemcnt  >  que  ce  prefent  efcrit  figné  de  noftre  fein  ma^ 

Uh  3.  nudbjF 


Z4^  C  A  B  IN  E;T^  ' 

nuel>  roitfaic  &  réputé  autentique  >  comme  s'il  eftoic  CééÛé  de  noftreS 

Îjrand  fcel ,  &  fîgné  du  Notaire  public ,  lequel  nous  avons  figné  >  Pre-» 
eiu  à  ce  cefmoins ,  Nobles  hommes  ,  Jean  de  Roche  -  chouart  »  Vi«» 
comte  de  Brûlais  ;  Guillaume  de  Ponville  ^  Marc  Clairet  ;  maiftre  Ro« 
berc  du  Lyon  »  &  Robert  Foucques  >  .Doâbeur  en  Médecine  y  le  ringt- 
quatrième  jour  de  May  ij^ji.ainfijigné  y  Cakolvs. 

Mondeur  de  Comminges  foutenoità  toute  puiÛànce ,  que  le  Duc  avoit 
efté  empoifonné  &  malencié  par  l'exprès  commandement  de  celuy  qui. 
naturellement  eftoit  tenu  à  Taimer ,  &  Monfieur  de  Lefcun  prift  TAbbé 
de  S.  Jean  d' Angely ,  &  Jean  de  la  Roche  >  Efcuyer  de  Cuifine ,  Autheut 
de  la  mort  dudit  Duc  >  l'un  defquels  Te  pendit ,  eftant  en  prifon  chez  le 
Duc  de  Bourgogne. 

Après  la  mort  du  Duc  de  Guyenne,  le  Roy  fut  prendre  poflcflion  de  Tes 
Eftats  ,  dont  il  fit  Moi|^ur  de  Beaujeu  Gouverneur ,  &  au  retour  de-* 
libéra  de  paflèr  en  Bretagne ,  pour  faire  guerre  au  Duc  y  mais  par  le 
moyen  de  Odet ,  Seigneur  de  Lefcun ,  le  Breton  fit  fonaccommodement^ 
&  Odet  fut  Gouverneur  de  Guyenne  ,  tant  que  le  Roy  vefcut.  La  mef- 
me  année  le  Duc  d'Aiençon  fe  retirant  vers  le  Duc  de  Bourgogne,  fut 

{>ris  par  Triftan  THermite ,  qui  Tenvoyx  au  Roy  *,  6c  fur  la  fin  d'Avril  s 
e  Roy  d'Arragon  fit  cntreprife  fur  la  Ville  de  Perpignan  ,  &  la  prit  > 
Monfiem:  du  Lau  eftant  Gouverneur  :  peu  aprèç  le  Roy  la  reprit  par  le 
Seigneur  de  Gaucourt ,  qui  y  pofa  le  liège  en  Juin  de  la  mefme  année  : 
ledit  Seigneur  de  Gaucourt  conduifit  le  Duc  d'Aiençon  au  Chafteau  du 
Louvre ,  lequel  Duc  ayant  efté  condamné  ,  fut  renvoyé  prifonnier  à  la 
garde  de  Jacques  HinHèlin ,  Efcuyer  d'Efcurie  du  Roy ,  &  de  Jean  de 
Harlay ,  Chevalier  du  Guet.  En  Juillet  de  la  mefme  année  ,  les  nouvel- 
les vinrent  au  Roy ,  en  la  foreft  de  Loches ,  que  François  Duc  de  Berry 
Ton  fils  ,  eftoit  mort  y  Se  pour  ce  fit  abattre  grand  quantité  de  la  foreft  » 
ayant  de  couftume ,  quand  mauvaifes  nouvelles^  luy  venoient  dans  aup 
cuns  habits ,  ou  fur  quelque  cheval ,  il  ne  s'en  vouioit  plus  jamais  fervir  % 
en  ce  mefme  temps  revint  en  France  Pierre  de  Morvilliers ,  jadis  Chan-» 
cellier  ,  qui  s'eftoit  retiré  en  Bretagne  depuis  la  mon  du  Duc  de  Guyen-* 
ne.  La  mefme  année ,  le  Roy  eftant  encore  en  trêve  nvec  le  Breton  y  il 
efcrivit  la  fuivante  au  Grand  MoiAre, 

Lettre  de  J\d  Ônfîeur  le  Grand  Maiftre,  le  Duc  de  Bretagne  a  icy  envoyé  Mon-. 
I^uis  Xlt  fort ,  fon  pourfuivant ,  pour  aller  fignifier  les  trêves  au  Duc  ae  Bour- 
gogne ,  finiflàntes  au  dernier  jour  de  ce  mois.  J'efcris  â  Monfieur  le 
Conneftable,  aue  fi  vous  &  luy  voyez  que  ladite  trêve  ne  vous  foit 
pas  feante  par  oe-là ,  la  faire  crier ,  au  moins  ,  qu'il  en  fafie  femblant  » 
&  dire  qu'xls  l'ont  rompue  de  leur  cofté,  Auffi  fi  voyez ,  qu'elle  vous  foit 
bonne,  tenez-la  s  car  avant  que  le  Pourfuivant  foit  par- delà  >  il  n'jr 
aura  pas  huit  jours  de  trêves  ,  tenezry  les  termes  ainfi  aue  vous  aviferez 
cftre  à  faire  ,  &  félon  que  verrez  les  affaires  de  par*aelà  :  les  Bretons 
montrent  qu'ils  la  veulent  tenir  ,  car  ils  s'en  fpnt  allez  chacun  en  fon 
Hoftcl,  Monsieur  le  Gr»nd  Maiftre ,  j'envoye  piçs  deux  Scncfchaux  pour 

fivoit 


D  E    L  O  U  Y  S    XI.  147 

Leâoore 


.     CHAPITRE    VIL 

Le  Roy  foupçonnant  te  Conn^aUe  cTinfidclite  ,  ledit  Connétable  efcritla 
fuivanu  au  GrandMaifire  &  au  Duc  de  Bourgogne  :fa  prife  &  mort  y  &: 
lei  Vers  qui  furent  faks  fur  cefu/et  ;  enfuiu  la  mort  du  me/me  Bourgui'^ 
'  gnon  ,  &  le  dciàldu  Duc  de  Lorraine^ 

Van  nul  quatre^cens  Ceptante  quaere  y  que  le  Roy  ordonna  que  lafefle  de 

S^  Ckarlemaguefujt  célébrée  par  tout  fin  Royaume  :  au  mois  de  Janvier 

'  le  ConnèflabU  mal  voulu  duRoy  y  efcrivit  lafuivante  au  Grand  Maiflre^ 

*  « 

MOnfîcur  le  Grand  Maiftre  »  je  me  recommancle  a  vops  ,  tarit  com- 
me je  pui^,  pource  que  le  bruit  de  pjon  abandonnement  coure     ^^        ^^ 
tousjours  de  plus  en  plus,  &cn  fuk  chacun  jour  adverty ,  tant  d'un  ^  ^^ 
party  que  de  l'auïit»  J'ay  prefentement  &  depuis  mes  lettres  à  vous  ef-  ^^^^^^^ 
crites  ,  envoyé  devers  le  Roy  Monfîçur  de  Moiiy  mon  Lieutenant ,  pour 
luy  remonftrer  mojn  cas ,  afin  que  foa  bon  plaîfîr  foit  y  donner  proviuon  ^ 
&  femblablement  j'en  efçris  si  Meâieurs  ae.rOrdre>  eftans  de  prefent 
en  Cour ,  de  toutes  lefquels  lettres  je-vous  ay  envoyé  de^  doubles ,  pour 
en^eftre  adverty  i  plein  t  f\  vous  requiers  &  prie ,  <anc  comme  je  puis  ,. 
veu  que  n  ay  rait  &  ne  voudrois  faire  chofe  pourquoy  le  Roy  doi- 
ve avoir  caufe  de  faire  de  moy  ledit  abandonnemenc ,  qu'en  cette  matière 
me  veilliez  confeiller  &  aider ,  &  fervir  £  meftier  eft ,  comme  en  cas 

Îiareil  »  vous  voudrois  faire ,  ce  que.  tenus  fommes  l'un  à  l'autre ,  par  le 
erment  folemnel  fait  à  la  réception  de  1  Ordre ,  &  fur  ce  me  faire  fça- 
Yoir  voftre  bon  advis  &  vouloir.  Mjbnfieur  le  Grand  Maiâre ,  fi  eft  chofe 

ÎuepQur  vous  puiilè  faire  çn me  le  faifant  fçavoir,  le  feray,  je  prie  Noftre- 
eigneur  qu'il  vous  donné  ce  que  defirez.  Efcrit  au  Caftelet ,  le  pénul- 
tième 0£b;>bre»  &  au  dej/bus  y  le  Comte  de  S.  Paul  >  Conneftaole  de 
France»  .  ,.»■  j^  >  \  »  '\  . 


Ledk  Conneftable  fcachant  l'accommodement  fait  entre  le  Roy  &  le 
Duc /^  Bourgogne  ,  il  fis  xedo:^  i  Monsen  Uainaujc,^  4'où  il  efcrivii^ 
lafutvante  audit  Duc^  / .  .         / 

]^^On  trcS'honnoré&redoutéSctgncur,  fi  humblement  &  affeAucu-     Icttij^Jin 
£:men€  que  faire  puis,  me  rccotnmande  à  voftre  bonne  grâce,  de  la-  ^<>ûï*wwK 
q^ueUe>j*ay  totallcment  atfaire>Yrà  la  neceflité  o4  je  ftis  ,  pour  vous     ^ 
penfec  avoir  fait  ièrvice  ^Scjoxof  comme  voftre  crcs-humble  ferviteur  &: 
^uvre  parent,  me  fois. retiré. en- vos  pays  ,  pour  y  vivre  &  mourir  > 
tans-efpargner  ma  vie  ny  mes  biens  s^oùxL  vous  plaira  m'employer ,  pour 

VOUS^j, 


a48  CABINET 

vous ,  mon  très-honoré  Seigneut  ;  j'ay  foaveoanee  des  biens  &  bon^ 
ncurs  que  j'ay  reçeas  en  voftrc  maifon ,  tant  que  j'y  ay  demeuré ,  qui  me 
donne  efperance  »  que  ne  me  voudriez  mettre  en  oubly  ;  car  je  fçay  que 
ne  voudriez  bleflèr  voftre  honneur  y  Se  auffi  ne  faits  nul  doute  >  que 
n'ayez  adez  fouvenance  des  promefles  que  m'avez  faites  âr  fait  faire  >  en- 
îemble  du  fçrvice  que  je  vous  ay  fait  en  la  jouruéc  de  Montlhery  9  vouf 
iuppliant  très-humblement  à  la  an  de  mes  lettres ,  que  mon  loyer  n*eû: 
foit  perdu  ,  &  qu'il  vous  plaife  crpirç  ce  Gentil-homme  >  qui  eft  à  mov  , 

£re(ent  poneur ,  auquel  j'ay  donné  charge  de  vous  remonArer  mon  oo* 
mt  affaire.  Efcrit  à,  Mons  >  le  14.  Novembre ,  &  au  d^ous ,  Mqp  très* 
redouté  Seigneur ,  voftre  très-humble  ic  très-affeâdonne  ferviteur  Loys 


\j 


Cette  lettre  fut  Inutile ,  le  Bourguignon  fe  plaignant  de  ce  que  fiur  la 
confiance  qu'il  avoit  en  luy ,  le  Roy  d'Angleterre  avoit  fait  des  routes  ^ 
croyant  qu'il  luy  rendroit  la  Ville  de  &  Quentin^  &  il  dit  au  porteur  » 
qu'il  n'avoir  perdu  à  efcrire ,  que  l'efperance  &  le  papier  \  &  peu  après 
fit  livrer  ledit  Conneftable  es  mains  d<t  l'Amiral  de  France ,  Baftard  de 
Bourbon ,  &  des  Seigneurs  de  S.  Pierre  &  du  Bouchage  :  furquoy  Ton  di-^ 
foit  en  Cour ,  qu'il  y  avoit  eu  guerre  en  Paradis  ,.&  que  S.  Pierre  avoît 
pris  S.  Paul.  Après  la  mort  ^  ocecOt^on  dudit Conneftable  9  furent  con^ 
pofez  ces  Vçrs» 

Mil  quatre  cent ,  Cannée  de  Grâce        '  • 

Soixante  &  quinze  ,  en  la  erand* Place 

A  Paris  que  ton  nomme  Çrreve  , 

Van  qu^U fut  fait  au^  j4nglois  Tfeve  ^ 

Pe  Décembre  le  dix-ruufy 

Sur  un  Efchàffaut  fait  de  neuf  ^      • 

Fut  amené  le  Connefiable 

En  compagnie  grande  &  notable  ^ 

Comme  le  veut  jJiai  &  rail' 

Pour  fa  tfésf  grande  trahij 

JSt  la  il  fia  décapité 

£n  cette  tris- noble  Cité f 

De  fjlus  fut  drefle  un  Poteau  en  la  mçfme  pljice  de  Grève  9  fur  lequel 
pn  Ufpit  cçs  4cjix  dçujc  Vçrs  ^.atjins,     . 

JDetegit  imbelles  animos  nilfortlter  aufa  y 
Sedittà  y  tantumve  fugam  meditataiuventus. 

L  ' année  fuivanu  >  le  Roy  traitant  de  paix  avec  le  Duc  de  Bretagne  ^ 

ffcrivit  cette  JjLettre  au  Grand  Maifire^ 

Lettre  de  J^Qnfieur  le  Grand  Maiftre ,  je  vous  envoyay  l'autre  jour  une  forme 

l^^tt**  XI.    Ju  f^i^  ^  afin  que  m'en  envoyez  le  pareil ,  pour  faire  tenir  au  Duc  de 

Bretagne  \  &  depuis  ay  advifé  qu'il  n'eft  pas  en  bonne  forme  »  &  l'ay 

fait  corriger ,  ainfi  que  vous  verrez,  fit  pource  tant  que  puis  vous  prier , 

[ue  me  le  renvoyez  au  plûtoft  (jue  pourrez  »  &  vous  me  ferez  graxid  plai-« 

p  car  je  vous  promecs  de  f^e  rçmpre  ^  çançeler  i'aucre  >  $c  vous  le 

irçnYcrray, 


wjbn  , 
ifonj 


r 


©EL  O  U  y  S    X  I.  149 

tttiverray.  Et  adieii ,  MonCeur  le  Grand  Maiftre.  Efcric  i  S.  Martin  de 
Cande  »  le  cinquième  jour  d'ÂcuilEb.  Sigaé  >  hors* 

Cette  JLtttre  reçue  9  le  Grand  MMftre.envoyafonJedé  contenaru  ces  paroles. 

J|\  Ous,  Antoine  de  Chabannes,  Cgoitedè  Danunartin^  Grand  Maif-      5^^^  j^ 
cre  de  France  >  comme  il  foit  ainiî  que  pour  Tentretenement  &  union  de  Comte  de 
jPaix  fait  entre  Monfeigneur  le  Roy  ,  d  une  part ,  &  le  Duc  de  Bretagne  »  Dammar- 
Vautre  ;  ait  efté  advife,  pour  plus  grande  feureté  ,.&  afin  que  ledit  trai-  tin 
ccé&  paix  foit  mieux  entretenu  ^  obi^rvé^  gardé ,  qu'aucuns  Seigneurs 
J&c  autres  de,  la  part,  du  Ro^  >  &  pareillement ,  qu!auouns  Seigneurs  &c 
autres  de  la  part  dudit  Duc  ,l>ailleront  leur  féelé  en  la  forme  &  manière 
.que  nous  autres  de  la  part  du  ^oy  &  par  fon  exprès  commandement* 
^Promettons  audit  Duc  de  Bretagne ^.mr  noftre  honneur  Se  Baptefme 
.qu'apportafn^s  fur  les  Fonts ,  qu  au  cas  que  mondit  Seigneur  le.Roy  me- 
neroit  suerre  audit  Duc  de  Bretagne ,  de  jamais  ne  l'accompagner  ne 
«fuivre  hors  du  Royaume ,  ny.avec  luy  courrir  en  ladite  Duché  ne  Pays  du 
Duc ,  ny  y  faire  entreprife ,  pillerie  aucune ,  ny  entreprendre  ha^nois,  ne 
faire  choie  qnelconque.,.direâement  ou  indireâement  »  iqui  porte  pré- 
Indice  audit  Duc ,  ny  a  fon  Pays,  hors  daRoyaume^  t^  qu'il  eft  à  pre* 
iènts  en  renonçant  à  tout  commandement  ou  contrainte  que. le  Roy 
Aous  pourroit  faire  faire.  En  tefmoin  de  ce ,  nous  avons  iigne  de  noftre 
main  aux  prefentes,  &  à  icelles  avons  fait.niiettre  Je  ieçl  denos^^rmos^ 
le  huiâieime.du.mQis,jd'Aojiift.i47$. 

L^anniejuivame,  y  "le  Duc  de  'Bourgogne  ayant  e^c  tue  devant  "Naney  ^  le 
Duc  de.LorraineJut  au-devant  de Jbn  corps  en  habit  de  deiiil ,  ayant 
une  grande  Barbe  d^or  ^.venante  jufqu  à  la  ceinture  9  à  la,mode  des  an^ 
ciens  P.rmx^  quand  ils  avoient  gagné  quelques  viSoires  ;  ,£»  lors  le 
^Grand  MaUlre  ayant  ejli  envoyé  en  Picarde  ,  par  ordre  duRoy  >  it 
efcrivit  la  Lettre  fuivante  à  Sa  Majeflé. 

O  Ii^B ,  ie^usiinmblement  ({ue  îe  puis ,  ^tne  recommande  àvoftrelx)»-     Xectre  du 
oe  grâce ,& vous  plaife  fçavoir  que  j'ay  receu  les  lettres,  qu!il  vous  a  plu  ^omtc  de 
xn'efcrirepar4]n  Chevaucheur  de  yoftre Efcurie.  Sire,  dexetce  matière  P*""»*^- 
nous  efcrivons ,  &i  nous  aefté  occafipn  de xourir  à*  Vaîenciennes  ^  &  me  ^^ 
defplaift  bien ,  SiitE ,  que  nous  n'y  avons  fait  autre  chofe4  maïs  on  y  fera 
encore  ce  qui  fera  poffible  touchant  le  fait  d'Amenés-;  comme  aufli  dur  ce 

2u il  vous  a^plû  m  efcrire  par  une  autre  Jettre^  j^n  ay  parlé  i  noonHeur 
leltier  (18)  plufieurs  fois,  paravant  &  depuis  vos  lettres  receuës ,  mais  il 
m'a  tousjours  dit  qu'il  a  fait  le  mieux  q^u'il  a  pu  ,  &  qu'il  voudroit  que 
le  feu  ftiftidanslaVille  &  au  Pays ,  pmfqu'ils  ne  fe.  veulent  mettre  en 
ivoftre  obéyflànce.  Sire  ,  plaife  vous  me  msider  &  commander  vos  bons 
5>laifjrs ,  pour  les  accomplir  à  mon  pouvoir ,  au  plaifirde  Dieu ,  auquel 
•fe  prie ,  Sire  >  i^u'il  vous  donne  honnevie  Sclooigaie.  A  EfchcUeie  dis- 
septième  Avr^. 

Plufieurs 

■(si)  Ce pem  eft  ememtu 

Tome  IL      ^  li 


25a  CABINET 

Plufieurs  Viiïes  fe  rendirent  alors  au  Roy  dans  iXftat  de  Bbargogner 
Arras  réfîfta -quelque  temps  >  Qiais  enfin  le  Roy  y  entra  le  Mardy  quatrîé«^ 
"  me  Mars  147^.  après  avoir  envoyé  dans  la  Ville  le  Cardinal  de  Bourbon». 
.  1 47^»  le  Chancdlier  »  &  Guyot-Pot,  Bailly  de  Vermandois  9;  pour  recevoir  les- 
fermens  des  Habitans  de  ladite  Ville  >  qui  luj  fut  remiCe  par  Philippe  do* 
Crevecœur  ,.5eigneur  des  Querdes ,  Se  à  oui  le  Bourgu^non  s*eftoit  la 
plus  fié  y  luy  ayant  baillé  la  charge  de  fa  fille  ^  &  peu  avant  cette  prife  »» 
tes  mefmes  Habirans.  d' Arras  avoient  compofés  ces  Vers». 

Quand  les  Rats  mingeront  Us  Cas 
Le  Roy  fera  Seigneur  d*  Arras  / 
Quand  la  Mer  5  qui  efi  grande  &  lit  ^ 
Sera  a  la  Saint  Jean  gelée  ^ 
On  verra. par  dtjfus  la  glau 
Sortir  ceux  d^Arta^  de  leur  Place*. 

Le  Roy  >  aprïsfûn  entrée  en  cène  Ville  ,  efcrivit  cetu  Lettre  au 

Grand  Maijlre^ 

Iq!^I^  ]VI  Onfieur  fe  Grand  Maiftre ,  Dieu  mcrcy  &  NoftrerDatne ,.  fafpris 
*  cette  Ville  ,  &  m'en  vaii  à  Noftre-Damc  de  la  Viûoire,  &  à  mon  re- 
tour je  m'en  vais  à  voftre  quartier  y  ic  vous  meneray  bonne  compagnie  ;: 
&  pour  ce  ne  vous  fonciez  que  de  moy  bien  guider  >  car  j'ay  tout  fait 
par  de^  r  Au  regard  de  ma  bleflure  ^  ^'a  e£bé  le  Duc  de  Bretagne ,  qui  le 
m'a  fait  faire ,  parce  quil  m'appelloit  le  Roy  Coiiart »  &  auffi  vous #fça-r 
vez  de  pieça  ma  coutume ,  car  vous  m'avez  veu  autrefois  :  Et  de  ceur 
que  vous  m'tfcrivez  de  Taleran  ,  de  de  Bertrand  de  Roye  >  que  je  vous 
ay  renvoyez ,  je  n'en  fçay  oncques  rien ,  &  ne  croj  pas  que  rien  leur  ait 
efté  dit  ae  par  moy  >  quelque  chofe  qu'il  vous  die  :  Monfieur  le  Grand; 
Maiftre  >  je  vous  prie  que  me  fafllez  Içavoir  fouvent  de  vos  nouvelles». 
&  de  cequ'il furviendu de  par-de4à  iSc  Adieu^  A. Arras. k  feptiéme de: 
May.  Signé  y  Loys... 

Lu  mefme  années  le  Prince  d* Orange  foAtint  là  guerre  en  Bourgogne  ^ 
coTUre  le  Seigneur  de  Craon  y  &  av ou  en  fa  compagnie  M^re  Claude  dtr 
Vaudri  ^&  le  Sieur  de  Chafieau-Guyon  y:  frère  dudit  Prince  d'Orange  „ 
vint  à  leurfecours;  là  il  y  eut  grand  hirûbilis  entre  la  Bataille  des 
François  &  Bourgmgnons  ,  où  quinze  cens  fiirent  tue^  y  &  le  Seigneur 
de  ChafieaU'Guyon prifonnier  :  Au  mefme  temps  le  Grand Maiflre  prier 
d*affauUla  Fille  d'Avenes  ,6  le  MarefchalJoaeàim  Rouault^  luy  efcrivit 
la  Xettrefiùyame^ 

tc«r«  &  iVl  Onfieur  le  Grand  Maiffre ,  je  me  recommande  à  vous,  tant  comme- 
Marécfcal  je  puif,  :  J'ay  receu  de  vos  nouvelles  par  ce  porteur,  &  comme  vous: 
Eoaault.  ^^^  pris  \^  ville  rfAvcncs  d'aflàult ,  &  qu'avez  la  conduite  de  l'ar^ 
jnéc  du  Roy ,  dont  fe  vous  afleure  que  j'ay  dlé  6c  fuis  fbrt  joyeux  :  Mon- 
fieur  le  Grand  Maiftre,  je  vous  prie,  que  fi  vous  voyez  que  le  puiflîcz 
£aité,<)àevous  me  recommandiez  humblement  a  la  bonne  ^race  du  Roy, 
&  qu'il  luy  plaifc  avoir  bonne  fouvenance  de  moy ,  &  prie  Dieu  qv»'iË 

luyy 


r 


DE    LOUYSXL  ;zyi 

kiy  ècftiVBt  accompliâêmenc  de  tout  ce  qu'il  deiîre  »  &  vous  prie  deicT- 
chef ,  que  tout  ce  que  pourrez  faire  pour  taoy^  que  le  faffiez^  de  Adieu» 
Moiteur  le  Grand  Maiftre ,  auquel  je  prie  qu'il  vous  donne  bonne  vie  & 
longue.  A  ChaftiUon  ^  le  vingt-quatrième  Juin*  £i  au  deffous  >  le  tour» 
voftrejoachinu 

£n  Juillet  de  la  nufmc  armu  l^yS.  f  Admirai  deffit  h  Duc  de  Gucldrcs  ^ 
pris  de  Tournay  ,  ayant  quatorze  ou  quinze  miue  Allemans  ,  huit  cens 
defquets^rentprifonniers^  &  deux  mille  tue^fur  la  place  i  auquel  umps 
le  (irarid  Maiftre  ejlane  Gouverneur  du  Quefnoy  y  ^fortifier  cetu  Place 
&  la  mit  en  deffenfe  contre  le  Prince  d'Oranse  »  qui  f ai/bit  de  grands  de^ 
gajls  aux  lieux  circonvoiRns  ,  &foutint  le  Juge  contre  V armée  de  VAr^ 
cniduc  i  le  Seigneur  du  ï.udesjut  àfonfecours  »  avec  le  Seigneur  de  Gyé^ 
que  le  Roy  fit  Marejchal  de  France  ,  &  luy  donna.  Us  ComU[  -de  Marie 
&  de  Ckyèel  en  Portien^  ^  ejloit  renomme  ledit  Seigneur  de  Gyé  par 
les  grands  &fages  Capitaines  du  Royaume  »  défaire  une  fois  grand  fait 
^fervice  au  Roy  »  &  celuy  mefmeprit  Êaudoiiin  »  Bajlatd  du  Bour^ 
guignon  »  qui  s  eftoit  efchappi:  ieait  Roy  ^  aprïs  utte  aSion  »  efcrivit 
ainfî  au  Grand  Maiftre. 

j^  Onfieur  le  Grand  Maiftre ,  fay  receu  vos  lettres  »  &  vous  aflcurc 

Îir  la  foy  de  mon  corps  ,  que  je  luis  bien  joyeux  qu'avez  fî  bien  pourvcu 
voftre  fait  au  Quefnoy  »  que  n'avez  pas  efté  furpris ,  comme  fut  Sa- 
lazar  à  Grey ,  car  on  euft  dit  que  vous  autres  vieilles  gens  ne  vous  con- 
noiflèzplus  au  fait  de  la  guerre  s  nous  autres  jeunes  en  enflions  pris  l'hon- 
neur pour  nous  :  Je  vous  prie  que  faites  tant  que  avériez  le  cas  de  ceux 
^ui  vous  ont  voulu  trahir  jufqu'à  la  racine  ,  îc  que  les  punifliez  Ci  bien  » 
qu'ils  ne  vous  ûflènt  jamais  mal.  Je  vous  ay  tousjours  dit  qu'il  ne  faut 
point  que  me  demandiez  congé  pour  aller  faure  vos  befognes ,  car  je  fuis 
leur  que  n'abandonnerez  point  les  miennes ,  que  n'ayez  bien  pourveu  à 
tout ,  &  pour  ce ,  je  m'en  remets  tout  à  vous ,  &  vous  en  pouvez  aller 
iâns  congé  \  touchant  le  fait  de  Cimay  »  Dieu  mercy ,  tout  en  va  bien  » 
ic  aime  mieux  que  vous  foyez  bien  gardé ,  qpe  vous  eftre  avanturé  de 
perdre  deux  pour  un  s  i8c  à  Dieu  foyez.  Au  Pleflîs  du  Parc-lez-Tours ,  te 
win^-iixicme  Janvier,  Signé  ^  Loys.  £t plus  tas  ,Cçmmn. 


Lettre  de 
Unis  XI. 


li  X  CHAPITRE 


ly*  CABINET 

CH  A  D  IT  R  E    V  I  I  I. 

Mort  dtt  Duc  dt  Nemours.  >  de  Charles  d^Amboifj^y^  &  celles  de  plufieu9S» 
autres  Seigneurs  ;  &  autres  chofes  remarquables  ^.arrivées  Van 

Jacques  XArmagnac  ,  Duc  de  Nemours^  ayant ejli détenu prifonnier  y. par 
le  moyen  du  Cadet  de  Saint  Basile  ,  favory  du  Seigneur  de  Beaujeu  y . 
fut  conduit  à  la  B/ifiUle  Saint  Anthoine  ,  où  il  efcrivit  la  Lettre 
fuiranuauRoy... 

*^'**™^^    \J[  On  très-recTouré  &  fouverain  Seigneur ,  tant  Se  (T  hutnblémenr, . 
1475..    xVJL  que  faire  je  puis  ,  me  reconunanoe  à  voftrc  grâce  &  mifericordc  v . 
^^        Sire,  j*ay  fait  à  mon  pouvoir  ceque  par  Meilleurs  le  Chancellier ,  pre- 
1479*    mier  Prefident ,  MonHeur  deMontagu  (19)  &  de- Vifray ,  .leur  a  plu  me 
Noaveaa  commander^ car  ^urmourii  navous  veux  défobéyr»ne  défobéyrayr- 
P'y^^  S I R1B ,  ce  que  leur  ay  dît  me  fembloit ,  que  dévots  dire  à.  vous ,  &  non  à  - 

autre;  &  par  ce  vous  fupplie  qu'il  vous  plaife  n*en  eftre  mal  content  i 
car  rien  jamais  ne. vous  veux  celer,  ny  celeray ,  S  i  a  e  ,  en  toutes  les  chb- 
fes  deHus  dites  \  j'av  tant  méfait  envers  Dieu  &  envers  vous  ,^  que  je  voi^ 
bien  que  je  fuis  perdu ,  (î  voftr^^gracc  &  mifericorde  ne  s*eftend>  laquel- 
le ,  tant  &  fl  très-humblement ,  &  en  grande. amertume&  contrition  de 
cœur  que  je  puis ,  VOU6  fupplie  &  requiert,  en  l'honneor  &la.benoifte 
Eâflion  de  Noftre-Se^neur  Jpfus^hrift,&. merites.de  lai>enoifte  Viergç 
Marie,  èc  des  grandes  grâces  qu'il  vous  a  fait ,  plaiiè  vousjnei'bâtoyer» 
&  libéralement  donner  \  flcefeul  -  prix,  a  radieté  tout  le  monde ,  je  le 
vous  prefente  ppur  la  délivrance  de>  moy^  pauvre  pécheur ,  &  entière 
abolition  &r  grâce ,  S  i  r  e  ^  pour  les  grandes  grâces  qui  vous  font  faites^ 
&itesHiioy  grâce ,  &  à  mes  pauvres  enfans  >  ne  fouffrez  que  ppur  mes 
péchez  je  meure  à  honte  âc.confu(ion ,  &c  qu'ils  vivent  en  deshonneur  « 
&  au  pain  quérir  -,  &iî'^vez  eu  amour  à  ma  femme  ^.plaife  vous  avoir 
ftitié  du. pauvre  malheureux. mary  ^  &  orphelins*. S lre  ^  ne  fouffrez 
qu'autre  quevofiire  mifericorde  ^l  clémence  êc  pieté  >Xoit  juge  de  ma  caur 
[e  9  ne  qu'autre  que  vous ,  pour  Thonneur  de  Noftre-Dame ,  n'en  ait 
connoiflfance  *,  S  i  R  e  ,  derechef,  en  l'honneur  de  la  benoifte  Paffion  de 
mon  Rédempteur ,  tant  Se  fî  très-humblement  que  faire  puis ,  vous  re*- 
quiert  pardon ,  grâce  &  mifericorde  \  je  vous  ferviray  "bien ,  &  fi  loyau- 
mtnr,  que  vous  connoiftrez  que  fuis  >vray  repentant ,  &  que  de  force  ' 
de  bien  faire  veux  amander  mes  deffauts  t  pour  Dieu,  Siices  ayez  pitié 
de  moy  &  de  mes  pauvres  enfans  ,  &  eftendez  voftre  mifericorde ,  &  h. 
tousjours  ne  ceflèront  de  vous  fervir ,  Se  de  prier  Dieu  pour  vous ,  auquel 
fupplie,  que  par  fa  grâce.  Sire,  Uvous  domt  très-bonne  vie  &:  longue»  . 
&  accomplifïement  de  vos  bons  defirs.  £fcrit  en  la  Cage  de  la  BaftHle ,. . 
le  dernier  Janvier  (  1478.)  Et  au  deffbus ,  Voftre  très-humble^  &  très— 
obéyffànt  fub jet  &  ferviteur ,  le  pauvre  Jacques.  Jean . 

(x^j  Ce  nom  ifi  conemin^ . 


i 


DELOtXYSXI.  155 

Jtan  U  Éoulanpr  ,  premier  Prcjidcnt  9  condamna  à  thon'  ledit  Duc  de 
Nemours  ,  accompagné  de  Denis  Heijdjelin  ,  Maijlre  d^Hofiel  du  RoyJ 
&  OH  mefmt  temps  ,  Charles  d*AmboiJe^  Gouverneur  de  Champagne  ^Jut 
envoyé  dans  la  haute  Bourgogne  ,  ou-  ilprU  Verdun  ,  Montfaucon  ,  Se-^ 
mtur  &  Beaunez  &  le  Grand  Ma^rcalfaillu  pris  Falencienncs  Jacques 
Galliot  f  lequel  fut  prefûue  défait  é  fort  bleffe  a  la  te/ie  :  Et  en  u  temps  y 
Udit  Grand  AÙiJire^eJ^rivii  cette  Lettre^  au  Roy.* 

O  la  E  >  Icplas  humbfctnetir c^de  je puiir,  me rccominahcle  à voftre  bon-  ^    "'^^ii** 
ne  grace^ ,  &  vous  plaife  fçavoir ,  que  depuis  cinq  ou  fix  femaines  en  D^^j^^f- 
^a ,  plufieurs  gens  de  Jacques  Galliot ,  le  font  venus  rendre  en  cette  dn, 
ViÛc ,  &  entre  autres,  il  j  en  vint  dernièrement  un  qui  feignit  de  foy 
venir  rendre ,  &  venoit  voir  icy  quel  nombre  de  gens  if  y  avoir  en  cette 
Ville  ,  &  cela  fait  ,s*en  devoit  retourner  vers  ledit  Galliot  (20}  r pour  le 
luy  déclarer *,&  pource  que  je  fus  adverty  par  un-defes  compagnons,  je  te 
fis  prendre ,  &  il  connut  de  bon  gré ,  fans  force,  qu  un  nommé  Pruden- 
ce ,  qui  eftoit  Lieutenant  dudit  Galliot ,  avoit  marchandéà  luy  à  une  fom- 
mc  d*argent ,  qu'il  luy  devoit  donner  pour  mettre  le  feu  en  cette  Ville, 
&  le  devoit  advertir  du  jour  qu'il  le  pouvoir  faire  ;  à  cette  caufe  leur  ay 
iàit  faire  leur  procez  Se  couper  les  teftes  ^  le  fait  dudit  Galliot  eft  peu  de 
cbofe  par  deçà  ,  la  phifpan  de  fe^gens  ontefté  tuez  ;'les  uns  &  les  au- 
tres fe  font  venus  rendre  ,  &  n'aguetes  qu'il  a  efté  pris  vingt  chevaux- 
devant  Valenciennes ,  &  a  efté  luy-mefme  depuis  peu  fort  rebouté ,  ou- 
vragé &  blefl?.  Il  n'eft  pas  à  Valenciennes ,  &  dit-on  qu'il  eft-  allé  vers 
le  Duc  d'Autriche  s  bien-toft  vous  f^aurernouvclles  de  ce  qui  en  fera. 
Sire  ,  je  prie  Dieu  qu]^l  vous  doint  bonne  vie  &  longue.  Efcrit  au 
Quefnoy ,  le  vingt-fîxieme  Décembre.  £r  à  lafubfcription.  Au  Roy ,  mon 
ibuveram.  Seigneur. 

Ledit  Grand  Maiftre  fil  depuis  pratiquer  ledit  Galliot ,  &  l'attira  aii 
fèrvice  dii  Roy  ,  en  ayant  eu  congé  du  Duc  d'Autriche ,  &  il  prit  grande 
peine  à  l'avoir ,  dit  le  manufcrit,  parce  qull  le  fentoit  eftr&trèSi^t>oa  2^ 
vaillant  Chevalier. 

Autre  Lettre  du  Roy  au  Gmnd  Maijlre  dt  Prattte^ 

JML  Onfïeur  le  Grand  Nf  aiftre ,  vous  retiendrez  avec  vous ,  tant  que  vous  V*  ^  ^\ 
voudrez,  les  deux  cens  Lances  qui  vont  à  Tournay ,  H  mille  ou  douze  LouiTS. 
cens  chevaux  ne  feront  pas  pour  vous  courir  fus ,  veu  laX!Iompagnie  que 
vous  avez  \  mais  je  vous  prie  (ju'il  ne  fe  fa(fe  pas  uncr  autre  fois  le  gaft  \ 
car  vous  eftes  aufli-bien  Officier  de  la  Couronne ,  comme  je  fuis  ^  &  fî  je 
fuis  Roy ,  vous  eftes  Grand  Maiftre.  Et  Adieu. .  A  Saint  Quentin  ,  le 
vingt<inquiéme  Juin.  Signé  ^^Loy si  Et  plus  Bas',  Jean  de  Chaumont. 

Dàins 


(&o)  Zm€^s  GsUiêi  i  >  Gemilbûmme  Na^ 
plitMin  ,  am  efi  mnrt  dif$ûs  MH/trvice  du 
%  (^^rtês  Vilh  gfmrMmem  ifiimé  dis 


cûttrti/ans  d»  des  trvupes^  V oy tt'Tbilippf  dt 
Comines  i  TùmeL  Livre  I.  çhsf.  6,  Livre 
IV.chaf,  i.é^chsf,  15. 

1  i   3  (tl). 


\ 


154  CABINET 

Dans  cette  mefine  année  1 479.  la  Ville  de  Cambray  Ait  prlfe  far  le$ 
François ,  le  Sieur  de  Fiennes  y  commandant  :  Ce  qui  donna  lieu  à  U 
Chanfon  : 

Elle  eft  bien  habillée 

La  Pille  de  Cambray  , 

Marafin  (ix)  C  a  pillée. 

Le  Seigneur  de  Chaumont  faifoit  en  ce  temps  là  merveille  dans  la  Franche^ 
Comté  ,  où  il  prit  la  Fille  de  Dole  d^ajjault  5  &  V  Amiral  gagna  quatre-- 
vingts Navires  Flamens  :  Ce  fut  fur  la  fin  de  uttt  mtfme  année ,  que  U 
Marefchal  de  Gyé  defirant  avoir  une  efpée  de  la  main  du  Grand  Maifire  ^ 
ledit  Grand  Maifire  luy  efcrivit  la  Lutrefuivante.        ^ 

i-J:  ^"' j  **  -M.  Onfieur  le  Marefchal ,  je  me  recommande  à  vous ,  tant  &:  de  iî  bon 
Dammar-  ^^"'^  ^^  I^  P"^^  >  "^^^  neveu  Vigicr  m  a  dit  <jue  vous  aviez  volonté  d  a- 
tio«  voir  une  efpée  que  j'ay ,  je  voudrois  bien  avoir  meilleure  chofe  dequoy 

vous  enfliez  envie  »  car  vous  en  finiriez  bien  ,  (i  homme  en  finoit.  Je  veux 
garder  les  ftatuts  du  defFunt  Roy ,  à  qui  Dieu  pardoint ,  qui  ne  vouloic 
point  qu'on  donnaft  à  fon  amy  choie  qui  piquaft  *,  mais  je  Tenvoye  à 
Monfieur  de  Bajaumont  »  qui  vous  la  rendra  \  fi  j'eftois  homme  à  qui 
Ton  deuft  faire  Cçavoir  des  nouvelles ,  je  vous  nrierois  que  m'en  fimez 
fçavoir  \  mais  je  ne  fuis  pas  au  comte  des  gens  de  bien  pour  le  prefenr. 
J'efcris  au  Roy  touchant  la  garde  de  cette  Place  ;  je  luy  voudrois  bien 
fupplier  ,  que  s'il  n'y  met  autres  gens ,  qu'il  luy  plût  m'en  décharger  ; 
car  je  fais  doute  dV  taire  mal  fes  befognes  &  les  miennes.  Je  prie  Dieu^ 
Monfieur  le  Marefchal  »  qui  vous  doint  ce  que  vous  defirez. 

Ledit  Grand  Maiftre  envoya  dire  à  Monfieur  de  Bajaumont  >  qu'il 
vendit  l'eipée  fix  blancs ,  pour  en  faire  dire  une  Méfie  en  l'honneur  de 
Monfieur  S.  Georges,  pource  qu'il  efloit  d'opinion ,  qu'on  ne  devoit  riea 
donner  ï  fon  amy  qui  piquafl. 

De  VAffemblée  générale  qui  fia  tenue  à  Orléans  y  pour 

la  Pragmatique-fanUion» 

X*  Ut  en  ce  temps  tenue  une  moult  belle  &  grande  Afïcmblée  en  la  Ville 
d'Orléans ,  où  lurent  envoyez  par  le  Roy ,  les  plus  grands  Clercs  de 
fon  Royaume ,  pour  la  Pragmatique-fan^tion  s  6c  illec  fe  trouvèrent  les 
trois  neveux  de  Monfieur  le  Comte  de  Dammartin ,  Grand  Maifire  de 
France  5  c'cft  à  fçavoir ,  l'Evefque  de  Valence ,  frère  du  Senefchal  de 
Beaucaire ,  nommé  Balzac ,  &  aufli  l'Evefque  de  Lavaur ,  &  l'Abbé  de 
Marmoutier,  lefquels  firent  bon  &  loyal  ferviceauRoy ,  tant  que  ont  finy. 

Képonfe  du  Roy  à  celle  que  Edouard  Roy  d'Angleterre  luy  efcrivoitfur  U 
fujet  de  Vemprifonnemem  de  fon  frère  y  le  Duc  de  Clarence. 

A  Udit  temps ,  le  Roy  Edoiiard  d'Angleterre  >  fit  prendre  fon  frère ,  le 
Duc  de  Clacence ,  lequel  vouloir  aller  au  fecours  de  la  Doîiairiere ,  Du^ 

chefle 
lll)Uc0nmând0kÀCsmbrMyfàurl€licy]LçmsXI.  HifL  de  Cambray ,  T.  l.f.119. 


tia^ 


D  E    L  O  U  Y  s    X  T,  if  j 

cTiefle  de  Bonr^^ogae  ^  &  bien-toft  après  envoya  Tes  Ambafladeurs  ea 
France ,  avec  lettres  au  Roy ,  pour  avoir  fon  advis  >  &  le  Roy  ne  luy  fit 
^ucre  céponfe  >  que  le  Vers  fuivant  du  Poëre  Lucain^ 
Toile  morasfapc  nocuit  diffcrrc  paratum* 
Depuis  les  nouvelles  arrivèrent  que  ledit  Duc  de  Ckrence  avoir  efté 
noyé  4^ns  un  tonneau  de  Malvoifie.^ 

En  la  mcfmc  année  j  un  nommé  Julio  de  Pi[e ,  Italien  y  donna  le  gase  de 
-  bataille  à  outrance  >  à  Bofile  de  Juge  ,  Napolitain  ,  furquoy  le  Maref" 
chai  de  Loheac  efcrivit  lafuivanu  au  Grand-Maiflre^ 

^^^Onfieur  le  Grand  Maiftre ,  je  me  recommande  bien  fort  à  vous*,      ^^^^ 
tant  &  de  fi  bon  cœur  eonune  je  puis  v  j'ay  reçeu  les  lettres  que  m'ar  n^^î^^ 
yez  efcrites  »  &  oiiy  ce  que  le  Prevoft  m'a  dit  \  au  regard  de  ce  que  m'ef- 
crivez  que  mefiire  Julio  de  Pize  a  refufé  le  fauf-conduit  du  Roy ,  difant 
eftre  fufpeâ ,  6ç  que  médire  Albert  dit ,  qu'il  eft  au  deflufdu  d'eflire 
tel  Ju^e  qu'il  luy  plaira  >  laquelle  chofe  ne  croyez  pas  y  au  contraire  y 
Moni^r  le  Grand  Maiftre  »  j'ay  veu  trois  ou  quatre  gages  devant  moy  y 
de  foy  mentir  ,  &  auili  de  rpm^ure  de  lauf-conduits  ^  mais  les  deman-^ 
deurs  venoient  tousfours  requérir  la  raiTon  aux  Capitaines  »  à  qui  eftoic 
le  deflfendeur  v  ôc  par  meilleure  raifon  ,  comme  il  me  femble ,  ledit  Ju- 
lio la  devroit  demander  ai^  Roy  de  mefiire  Bofile ,  puifqu'il  efi  fon  fer- 
viteur ,  &  me  femble  que  devriez  avoir  la  fommation  que  mefiire  Ju- 
lio  a  faite  audit  mefiîre  Bofile ,  &  ];^areillement  la  réponfe  qu'a  faite  le- 
dit  mefiire  Bofile  fur  ladite  fommation  ^  aulfi  moy  eftant  à  Laval ,  André 
Trolop  &  Jacques  de  Guiter  entreprirent  de  faire  armes  â  outrance  de-^ 
vaut  moy  ,  iquoy  je  leur  baillay  jour ,  où  ils  fe  trouvèrent  tous  deux  ^ 
ic  moy  eftant  en  mon  fiege ,  &  les  dedus  nommez  >  au  camp  tous  ar-^ 
mez ,  &c  ja  ledit  Trolop  hors  de  fa  tente ,  gamv  de  toutesfes  pointes  Se 
baftons  à  afi&mbler  ,  entra  audit  camp  Louis  le  Clerc ,  lequel  fe  mit  à 
genouT  devant  moy ,  me  requérant  juftice ,  &  me  difant  r  Monfeigneur  ,. 
voicy  André  Trolop ,  qui  n'eft  homme  digne  de  combattre  Jacques  de' 
Guiter  quiicy  eft ,  &  j'ay  eu  fa  foy ,  laquelle  il  ma  menrie,&  s'il  veut  dire 
k  contraire ,  je  fuis  preil  à  le  combatte  devant  vous  >  &  fur  ce  ledit  An- 
dré qui  avoir  avec  luy  du  meilleur  Confeil  qui  fut  lors  en  nos  marches  y 
ç'eft  a  f^avoir  Aubert  de  Montfort  y  Mendonnet ,  Beauvade  &  autres^ 
notables  hommes  ,  &  par  leurs  advis  &  délibérations ,  me  demanda 
congé  de  luy  répondre  >  lequel  je  luy  donnay  Se  dit  oiiy ,  je  fuis  icy  fur 
fe  fauf-conduit  de  Monfieur  le  Marefchal ,  embefongné  pour  accomplir 
ks  armes  entreprifes.  Se  ne  penfois  point  en  vous-,  &  pource  je  vous 
fais  réponfe ,  que  fi  aucune  chofe  avez  à  me  demander  >  que  quand 
voftre  plaifir  fera  de  vous  trouver  de  mon  party  Se  devant  mon  Juge ,  Se 
^ue  m'en  accufercz ,  que  vous  y  répondray,  ainfi  qu'en  tel  cas ,  un  Gen-^ 
nl-homme  doit  faire  >  Se  en  façon  <|u'au  plaifir  de  Dieu  »  mon  honneur 
y  fera  bien  gardé  j  Se  lors  par  iadvis  de  Monfieur  de  Biieil  »  Louis  der 
BueiL&  autres  notables  gens  là  prefens,  je  renvoyay  ledit  Louis  le  Clerc j» 
de, furent  lefdites  armes  accomplies ,  Se  luy  fut  dit  que  je  n'eflois^  paS' 
iw  Juge  en  cet  endroit». 


2 


5*  CABINET 

Pourquoy  je  vous  advectis  de  ces  chofcs,  afin  que  vous  y  advîfiez,  priant 
Noftrc-Seigneur  qu'il  foit  garde  de  vous,  Efcrir  i  Pontoife  ,  le  8.  Dé- 
cembre :  le  tout  voftre ,  le  Sire  de  Loheac ,  de  Lanvaux ,  de  Quergolay  » 
^arefchal  de  France.  Signé .,  André  de  Laval  i  &  au  dtffus  de  faditu  let^. 
trc.  A  Monsieur  le  Gran4  Maiftrc  de  C|babanne$. 

Lettrefecrfitu  du  Rpy  auflit  Grand  Majftre  ,  FannUfuivanttf, 

Lettre  de  ]S/jL  Onfieur  le  Grand  Maiftre ,  j'ay  efté  merry  quand  j'ay  veu  que  ne  me 
|,ouis  XL  faiiiez  point  de  réponfe  ;  car  il  me  fembloit  que  vous  n'eftiez  plus  dans  la 
volonté  que  je  vousavois  laiffè  touchant  Bourgogne  \  &  je  n'^v  autre  Parap 
dis  en  mon  imagination  >  que  celuy-là.  J'ay  eu  à  ce  matin  aes  lettres  du 
Stenefchai  de  Be^ucaire  ,  que  je  vous  ay  envoyées ,  &  remedirom  bien 
^  tout  >  quand  jauray  parle  à  vous  >  &  pource  que  je  «t'en  vais  Lundy  i 
Tours ,  jenèyoùsefcris  autre  chofe  \  ntiâs  j  ay  plus  grand  faim  de  parler  â 
vous ,  afin  de  trouver  remède  en  cette  matière  »  que  je  n*«us  onques  | 
jConfeflèur  pour  lefalut  de  mon  ame.  Efcrit  à  U>cnes  >  le  i8.  Oâobre» 
Signe  LoYs:  Et  au  dtjfous ,  Tilhar  :  6»  à  la  fufcription.  A  Monfieur  le 
Çpmte  de  Dammàrtin  ,  Gritnd  Maiftre  de  France. 

Autre  Lettre  du  Roy  à  Monjîcurde  Curton  y  Gouverneur  du  Lîmojin. 

lument  comn^encé; 

noftre  yolonté  fiSc 

mains  les  efpies^ 

faites  ksoien  géeOier  &  les  livrez  au  Prevoft.  J*ay  efcrit  à  Monfiéur  le 

Grand  Maiftre  ,  qui  vous  mandera  bien  au  long  de  nos  nouvelles.  Efcric 

à  Montils-lez-Tours  >  le  6.  Novembre.  Loys  :  Et  plus  basp  Tilhar. 

Le  mefme  Seigneur  de  Curton ,  félon  le  manufcrît  >  moyenne  la  trêve 
,€ntre  le  Roy  &  T Archiduc  Maximilian ,  avçc  lequel  le  Roy  ^'aboucha 
près  de  Cambray. 

Sur  la  fin  de  1  année ,  l'on  avait  arrçfté  es  prifons  de  Paris ,  un  Cordç- 
lier  accu^  dé  qudque  crime ,  lequel  toùtetois  fut  mis  eh  libené  par  \% 
faveur  de  Jean  le  Boùlançer ,  premier  Prefident ,  du  fîeur  Heinilèlin ,  & 
d'Olivier  te  Dain  »  ce  t^ui  paroift  par  les  Versfuivans^  qui  furent  fait^ 
furcefujo:.  /  .  r 

Uhpmjfant  Noble  Boulanger 
Un  Heinjfelin  &  un  Barbier  , 
Ont  mis  hors  le  bon  Cordelier. 
Audit  temps  ,  le  Roy  prit  en  fa  proteâton  Guillaume  de  la  Madc ,  .dit 
le  Sanglier  d'Ardene ,  &  iuy  fournit  argent  &  hommes  ,  félon  le  Ma- 
nufcrit ,  pour  faire  kt  guette  à  l'Evefque  de  Liège.  Il  eft  à  remarquer 
que  les  Comtes  de  la  Marie  n'ont  pas  tousjours  efté  appeliez  de  ce  notn  » 
,&qtt'ilseftoientanciennementnofnmez  les  Comtes  dé  Teisferbance  \  (ii) 
^  puis  après  furent  appeliez  les  Comtes  d'Altene ,  à  caufe  du  voifinage 

dçt 
^p)  On  Tiftêrb0tU9  y^  eomfr^rifletUBomfil,  ^  muns  ternsê»  tsfs  de  GyeUref^ 


r 


D  E    L  O  U  Y  s    X  T.  157 

de  certaines  Terres  d'Adolphe ,  premier  Comte  d*Altene ,  &  de  celle  da 
Comte  d' Arombourg  î  le  voifînage  &  pays  contigus ,  eftoient  appelles 
du  langage  du  pays  Alronce.  Cet  Adolphe  I.  eftant  fécondé  de  la  valeur 
de  fon  frère ,  le  fortifia  fur  la  montagne  de  Voolfefegge ,  en  Weftpha- 
lie  ;  Ôc  depuis  l'Empereur  érigea  en  leur  faveur  ces  Terres  en  Comté  fou- 
veraine  ,  &  ils  furent  appeliez  les  Comtes  d'Altene ,  comme  qui  diroic 
les  Comtes  voifins  j  on  les  apjiella  auilî  les  Comtes  du  Mont ,  à  caufe 
des  Fortercfles  qu  ils  avoient  fait  baftir  fur  cette  Montagne. 

Adolphe  V.  du  nom  >  Comte  d'Altene  fe  fignala  dans  le  Sejtfentrion , 
&  fe  rendit  Comte  de  la  Mark  y  l'une  des  plus  anciennes  Comtez  d'Alle- 
magne. 

Theodoric  Comte  de  Cleves  ,  fut  le  premier  de  cette  Maifon  qui  oc- 
cupa une  partie  de  la  Paleftine  ;  il  mourut  en  1 1 14. 

Theodoric  UI.  auflî  Comte  de  Cleves ,  entreprit  le  voyage  de  la  Terre 
fainte ,  fous  l'Empereur  Frédéric  L 

Arnoul  du  mefme  fang  ,  &  le  neuvième  Comte  de  Cleves ,  fut  auffi 
en  Orient ,  &  après  plufieurs  viâoires  obtenues  fur  les  Infidelles  ,  il 
mourut  l'an  m  8.  &c  fut  inhumé  avec  une  pompe  toute  Royale  dans  la 
Ville  Hierufalem. 

Jean  premier  du  npm ,  Duc  de  Cleves  &  Comte  de  la  Mark  ,  employa 
aufli  fes  forces  contre  le  Turc ,  &  tous  ceux  de  cette  Maifon  »  tousjours 
armés  pour  la  deffenfe&  les  interefts  del'Eglife,  quoyque  ledit  fur- 
nomme  Sanglier  d'Ardene ,  fut  lors  obligé  de  faire  guerre  a  l'Evefque  de 
Liège.  Cet  lUuftre  fang  cft  allié  en  France  dans  les  Maifons  de  la  Tour 
d'Auvergne  &c  Defchalar ,  des  Marquis  de  la  Boulaye ,  Se  des  Comtes 
de  Beaumont-Harlay  3  A^  Chanyalon  8c  autres. 

La  Lettre  fuivante  que  le  Connejiabk  efcrivit  au  Grand  Maijlre  >  lors  du 

Jîege  de  Beauvais  y  a  ejié  obmife  dans  fon  rang. 

JMl  Ondeur  le  Grand  Maiftre  ,  je  me  recommande  à  vous-,  j'ay  receu  vos 
lettres  y  &  incontinent  après  la  réception  d'icelles  ,  j'ay  efcrit  par  tous  i47^« 
les  lieux  où  j'ay  pu  fçavoir  &  connoiftre ,  que  l'on  peut  avoir  des  Char- 
pentiers ;  jay  mande  aux  Officiers  des  lieux ,  d'en  envoyer  à  Beauvais  en 
toute  diligence,  le  plus  grand  nombre  qu'ils  pourroient,  &  dès  hier 
vous  envoyay  huit  Charpentiers  que  je  trouvay  fur  le  chemin  ;  fembla- 
blement  j'ay  efcrit  à  Monfieur  de  Moiiy ,  &c  i  ceux  de  la  Ville  de  S. 
Quentin ,  qu'ils  cnvoyent  audit  Beauvais  deux  des  plus  groflès  Coulevri- 
nesqui  foient  en  la  Ville  ^  &  qu'ils  les  faflènt  mener  que  jour,  que  nuit, 
le  plûtoft  que  faire  ie  pourra ,  &  en  toute  diligence.  Au  reeard  dès  dou- 
;te  cens  livres  que  m*avez  mandé  vous  envoyer  ,  je  luy  ay  baillé  la  fom- 
me  que  Monfieur  de  Torcy  m'a  envoyée ,  ainfi  que  hier  l'avois  dit ,  & 
tout  ce  qui  me  feraçoffible  de  ce  que  vous  me  ferez  fçavoir ,  je  le  feray 
de  bon  cœur.  Monfieur  le  Grand  Maiftre ,  noftre  Seigneur  loit  garde 
de  vous.  Efcrit  à  Creil ,  le  1 2.  Juillet.  Soubfcrit  le  Comte  de  S.  Paul , 
Conpeftable  de  France.  Signe  ,  voftre  Lors.  (1471.) 

Tome  IL  Kk  Lettre 


15»  CABINET 

Lettre  du  Duc  de  Bourgogne  ,  efcriu  au  Duc  de  Bretagne  ,  qui 

a  efte  oubliée  dansfon  rang 


j^On  bon  frcrc ,  je  me  recommande  à  vous  de  très  bon  coeur  ;  j'eftoîs^ 
^  ^^  **  en  certain  efpoirs  ayant  marché  jufques  devant  Roiien ,.  de  profiter  au- 
dit Koiien ,  du  moins  pour  avou:  paflàge  y  mais,  toute  la  puifTance  des* 
ennemis  eftant  en  cette  frontière ,  où  eft  le  Grand  Maiftre  >.  dont  je  ne^ 
fais  aucun  doute ,  pour  la  loyauté  dont  il  eft  çarny ,  &  n*ay  pas  la  cho- 
fe  encore  pu  fortir  cie  fon  effet  i  ne  fçay  ce  qu'il  s'en  enfuivra ,  ce  voyant 
je  leur  zy  donné  matière  de  penfer  ailleurs ,  &  ay  pris  icy  camp  entre 
ledit  Roiien  &  le  Neuf-Chaftel ,  à  Tintention  de  retourner  toutes  voyes 
fur  la  prime ,  finon  j'cxploiteray  la  guerre  en  autre  quanier  plus 
dommageable  aufdits  ennemis ,  &  feray  tout  ce  que  pomole  me  fera  > 
pour  les  efloigner  de  voftre  marche  -,  mes  cens  de  guerre  de  Bourgogne- 
&  de  Luxembourg ,  font  bon  devoir  en  Champagne.  Y^J  fçeu  qu*aufl£ 
faites  vous  en  voftre  endroit ,  dons  je  fuis  très-joyeux»  J  ay  ards  &  brûlé 
tout  le  pays  de  Caux  ,  par  manière  qu'il  ne  nuira  de  long-temps  ,  ny 
à  vous  ny  à  nous  autres ,  &  ne  me  departiray  des  armes  fans  vous ,  ainiL 
que  certain  fuis  que  ne  le  ferez  fans  moyr  mais  pourfuivxay  l'œuvre  en- 
commencée ,  félon  vos  adveniflèmens  &  remonftrances ,  au  plaifir  de 
noftre  Seigneur ,  qui  vous  donne  bonne  vie  &  longue ,  &  frudtueufe 
viâoire.  Eicrit  à  mon  camp-lez-Boifîze,  le  quatrième  Septembre  :  Signée 
voftre  loyal  frère  Charles  tEt  au  dejfus  Â  mon  frère  le  Duc  de  ore* 
tagne,  (1471.) 

*  147S.  En  Oâx)bre  de  la  mefme  année^ ,  fût  trouvé  en  Auvergne ,  en  une 
Smvanc  la  Religion  de  Moines  noirs,  appartenant  au  Cardinal  de  Bourbon,  un 
s  ^l*"^  Religieux  hermafrodite ,  qui  devint  gros  d'enfuir ,  &  fut  pris  Se  gardé 
fl^cï-àcC-  i^f^^^^  ^^^  ^*^  ^^^  accouchée 

fi"»»  P«  '  5  J  •      Au  commencement  de  Tan  1 48  o.  moururent  Jean  le  Boulanger  &c  Char- 
les de  Gaucourt,  Gouverneur  de  Paris  ,  bel  &  honnefte  homme  ,  fagc 
&  grand  Clerc ,  dit  le  Manufcrit  r  comme  fit  auflî  Charles  d'Amboife  >. 
Gouverneur  de  Champagne  &  de  Bourgogne ,  qui  deceda  en  la  Ville  det 
Tours  au  mois  d'Hy ver ,  &  à  fa  louange  luy  fut  fait  cet  Epitaphe. 

/[^  Ars  mttte^jus  vos  armes  Sr  Bannières 

Et  entende^  un  peu  à  lamenter  y 

Ne  pofcTpUis  vos  tentes  par  Brnnicres 

Laijje[  les  champs  fans  vlus  guerres  hanter  f. 

Vous  n*ave[  caufes  de  nre  ny  chanter , 

Perdu  avei  vofire  aifnifils  &  Chef  y 

Dont  France  fouffre  à  prifent  grand  michef^ 

Dame  PaÛas  vofire  Efcu  de  Chriflal , 
Avoit  porte  ce  grand  Chef  que  je  dy  , 
Faifant  reluire  maint  acier  ô  mital^ 
E^ofl  rangé  comme  preux  &  hardy  ; 
One  plus  grand  mal  en  France  nefourdy 

Quand 


DE     LOUYS     XL  »5, 

Quand  Atropos  »  qui  toutes  gens  vient pnndn  > 
Sa  vU  oflajans  craindre  de  méprendre. 

Crueue  mort  dont  te  vient  telle  envie  , 
Que  tel  Chefd^ofi  &  autain  chevetaine^ 
Tu  as  voulu  fi'tojl priver  de  vie^. 
Bien  te  cuiaions  de  luy  ejlre  lointaine  } 
Mais  tu  as  pris  ton  couroux  &  autainc 
A  le  ravir  ^  puis  quHl  ejioit  mortel, 
S  cache  qu* en  France  on  en  voit  peu  dèteL 

Dejon  EJlat  tout  dloit  accomply  , 
Que  Scipion  ,  Pompée  y  ru  Hannibal , 
Non  pas  Cefar,  de  vouloir  ji  remply  , 
Ne  fiit  jamais  à  pied  ne  à  cheval  / 
La  haute  mort  fait  as  unfigrandmal 
A  tous  Nobles  &  à  tousgtns  de  guerre  5 
Qu*on  doit  de  toy  vers  Dieu  vengeance  querre. 

Le  Roy  Vavoitpourfa  vertu  haut  mis 
Eteflevefur  tous  les  Chefs  de  guerre  , 
Fourpugnâtifde  tous  fis  ennemis  , 
Comme  un  Lion  de  force  &  de  vaillance  > 
Joyeux  eûoit  de  fa  convalefcence  : 
Mais  tojt  après  ,  comme  en  unfeul  moment  j 
La  mort  luy  fit  grand  couroux  &  tourment. 

Aux  Italies  jadis  fit  maint  beaux  faits 
Defonfier  bras  &  de  fa  dure  e/pée  , 
£n  rencontre  mortel  portoit  les  faits 
Par  fa  force  de  vertu  attrempée  y 
Et  puis  en  France  fa  vertu  a  montrée 
Enplujieurs  lieux  ^  tant  que  le  bruit  en  cour 
Par  tout  le  monde  ,  aufR-bien  qu*à  la  Cour. 

Duché  ^  Comté  ,  de  nourgogne  haute  &  baffe  ^ 
Comment  a^t^ilfubjuguée  &  réduiu  > 
Et  d* autres  lieux  en  bref  temps  repajji 
Par  fa  force  &fa  bonne  conduite  y 
Tant  a  defoisfes  ennemis  en  fuite  , 
Mis  &  chaffe{ju/ques  en  AÏlemaigne 
N*a  guerrcyeur  qui  ne  le  doute  &  craigne. 

Si  vous  faymiei ,  Sire ,  pas  n'avei  tort , 
Car  ilcjloit  à  vousfirviteurfeable  , 
Tant  Je  travail  a  pris  à  grand  effort , 
Que  fa  vie  a  efié  moins  durable  y 
Mais  fa  gloire  fera  plus  perdurable 
D* avoir  eu  tel  Maifire  &Jî grand  Roy 
Qui  Icyaument  afirvyfans  deroy. 

Il  ejioit  né  de  MaÇbn  ancienne  j 
Charles  d*Amboife  dont  tant  ejl  de  renom  5 
De  Chaumoru  Sire  ,  &  Comte  de  Brienne  , 
Et  d'autres  lieux  dont  je  laijfe  le  nom  •* 

Kkt  h 


1480. 


t6o  CABINET 

Je  prie  4  DUu  qu^illuyfaj/e  pardon  , 

Et  donne  au  Roy  toujours  homme  propice  5 

Qui  Ji  féal  le  fefve  en fon  Office.  Amen. 

Après  le  décès  de  Charles  d'Amboife,  le  Roy  donna  le  Gouvernement 
de  Champagne  â  Baudricourc ,  &  le  Gouvernement  d'Arras,  qu'avoir  au- 
paravant ledit  Baudricourt ,  à  meflire  Olivier  Cohefmin^  Gouverneur 
a  Auxerre  >  lequel  commandoit  cent  Lances« 

Ledit  Charles  eftoit  fils  de  Pierre  d'Amboife ,  Sieur  de  Chaumont  ^ 
Chambellan  du  Roy  Charles  VIL  la  Maifon  &  Chafteau  duquel  le  Roy 
Loiiis  XL  fit  razer  au  temps  de  la  paix  du  Bien  Public  ^  mais  depuis  la  fit 
refaire  pour  defcharger  (a  confcience  :  Car  ledit  Sieur  de  (fhaumont 
eftoit  renomme  très-bon  &  (âge  Chevalier, 


CHAPITRE   IX.  ET   DERNIER. 

Le  Roy  donne  le  Gouvernement  du  Quefnoy  au  Seigneur  du  Lude  y  &  luy 
en  envoyé  la  Commiffion  ;  le  mefme  Seigneur  du  jLude  yfavory  du  Roy^ 
fait  licentier  plufUurs.  Compagnies  d^Ordonnanu  y  &  mefme  celle  du 
Grand  Maiflre  ;  les  Lettres  ejcritesfur  cefujet  de  la  part  du  Roy  i  Us 
appointemcns  &  penjions  qu  avoit  ledit  ôrand  Maiflre.. 

Lettres  de  enanu  du  Roy  au  Grand  Maijlre. 

MOnfieur  le  Grand  Maiftre ,  j*ay  defpefchc  le  Gouverneur  de  Dau- 
phiné  ,  pour  s'en  aller  au  Quefnoy  ,  je  luy  ay  charge  de  vous  dire 
aucunes  chofcs  y  Se  pour  ce  vous  prie  que  vous  fafliez  ce  qu'il  vous  dira  > 
&  le  croyez  comme  ma  propre  perfonne ,,  &  fans  difficulté  &  fans  diifi- 
mulation  nulle  :  Adieu ,  Monfieur  le  Grand  Maiftre.  A  Cambray  >  le  8» 
Juin.  Signé ,  Loys.  Et  plus  bas  ^  Courtin.. 

Coppie  de  la  Commiffion  du  Roy  en  faveur  de  Jean  Daillon  ,  Seigneur 

du  Lude  j  &  Crouvemeur  de  Dauphiné.. 

LO  vs ,  par  la  Grâce  de  Dieu ,  Roy  de  France ,  à  noftre  amé  &  feaf  Cou* 
fin  le  Comte  de  Dammartin ,  Grand  Maiftre  d'Hoftcl  de  France  :  Salut 
&  diledion.  Nous  voulons  &  vous  mandons ,  que  les  Chaftel  &  Ville  de 
Quefnoy-le-Comte ,  dont  de  prcfcnt  avez  la  charge  pour  nous,  que  vous 
les  bailliez  &  mettiez  entre  Içs  mains  de  noftre  amé  fie  féal  Confeiller  & 
Chambellan ,  le  Sire  du  Lude ,  Gouverneur  de  Dauphiné ,  pour  en  faire 
&  difpofer,  ainfi  que  par  nous  luy  a  efté  ou  fera  ordonné  ;  &  en.  ce  fai- 
fant  nous  vous  tiendrons  quitte  &  defchargé  de  la  garde  que  en  avez 
eue  de  par  nous ,  &  vous  en  quittons  &  dekhargeons  par  ces  prefentes  , 
fignées  de  noftre  main.  Donné  à  Cambray,  le  8.  Juin  1480.  Et  au  bas  9 
Par  le  Roy ,  le  Roy ,  le  Prothonataire  de  Clugny ,  Maiftre  Guillaume  Pi- 
card ,  &  autres  prefents.  Et  au  dos  ejioit  efcrit. 
Nous  Jean  Daillon  >  Chevalier  Seigneur  du  Lude  >  Gouverneur  du 

Dauphiné  > 


D  E    L  O  U  Y  s    X  I.  x6i 

Dauphitié  y  certifions  que  par  Mondeur  le  Grand  Maiftre  >  par  vertu  de 
ces  prefentes  Lettres  ,  nous  a  efté  baillé  en  main  la  Ville  &  Chafteau 
du  Quefnoy-le-Comte  ,  en  tefmoins  de  ce  ,  nous  avons  (igné  les  pre- 
fentes de  noftre  main. 


Lettre  du  Roy  au  Grand  Maijlrt* 


M 


Onfîeur  le  Grand  Maiftre ,  pource  que  je  fçay  la  peine  &  le  fervice  Lettre  Je 
qu'avez  tousjours  porte ,  tant  envers  feu  mon  père  que  moy  \  j'ay  ad-  Louis  XL 
vifé ,  pour  vous  foulager ,  de  ne  vous  faire  plus  homme  de  guerre  » 
nonobftantque  i'entend  bien  que  je  n*ay  homme  en  mon  Royaume  9  qui 
entende  mieux  le  faid  de  la  guerre  cjue  vous ,  &  où  gift  plus  ma  fiance, 
s*il  me  venoit  quelque  grande  affaire  >  auflî  l'ai-je  dit  â  Pierre  Cleret  \ 
pour  vous  le  dire  :  &  touchant  voflre  penfîon  &  eftat  qu'avez  de  moy , 
je  ne  vous  l'ofteray  jamais ,  mais  plûtofl  la  vous  croiftray  \  &  fi  n'oubli- 
ray  jamais  les  grands  fervices  que  m'avez  faits  >  pour  quelque  homme 
quienvueille  parler  >  &  adieu.  Signé  y  Loys. 


Réponfcdu  Grand  Maijtrc  au  Roy. 


S 


Ire  >  le  plus  humblement  que  faire  je  puis,  je  me  recommande i 
voflre  bonne  grâce ,  &  vous  plaife  fçavoir ,  que  par  Monfîcur  de  Mon- 
faucon,  qui  efl  paffc  par  icy ,  j*ay  desja  fceu  que  voftre  plaifir  a  efté  que 
je  n'aye  plus  la  cnarge  de  la  Compagnie ,  qu'il  vous  avoir  pieu  me  bailler 
a  conduire.  Sire  ,  j'avois  bien  fçeu  paravant,  qu'il  eftoit  oruir  que  vous 
aviez  volonté  de  ce  faire  ;  ^nais  je  ne  le  pouvois  croire ,  &  me  tenois 
aufli  feur  de  cet  eftat ,  que  de  rien  que  j'aye  :  confîderez  que  j'ay  longue- 
ment fervi ,  &  qu'il  vous  a  pieu  me  faire  cet  honneur ,  de  m'en  don- 
ner voftre  ordre ,  auflî  que  les  miens  ont  fervy  le  feu  Roy  voftre  père , 
que  Dieu  pardoint ,  en  les  grandes  affaires ,  &  en  temps  qu'il  en  eftoic 
befoin  ,  pour  les  grands  troubles  qui  eftoient  lors  en  ce  Royaume  >  en 

3uoy  ils  ont  fine  leurs  jours  :  c'eft  à  fçavoir  feu  mon  père ,  en  la  bataille 
'Agincourt  ;  mon  frère  Eftienne,  à  Crevan  ;  &  mon  frère  dernier,  en 
Guyenne  :  &  de  moy  Sire  ,  depuis  que  j'ay  pu  monter  i  cheval ,  j'ay 
fervy  le  Roy  voftre  père  ,  &  vous  ,  le  mieux  que  j'ay  pu ,  &  non  pas  u 
bien  que  j'en  ay  eu  le  vouloir  en  ma  vie ,  que  la  mercy  Dieu  ,  vous  n'y 
avez  eu  perte  ny  dommage ,  &c  ne  vous  ay  point  fait  de  faute.  Toutefois, 
Sire  ,  cuis  qu'ainfî  en  cela  tout  eft  à  vous,  voftre  bon  plaifir  en  foit  fait. 
C'eft  bien  raifon,SiRE,  je  vous  fupplie  très-humblement  que  vôftre 
plaifir  foit  que  je  demeure  en  voftre  bonne  grâce ,  &  qu'il  vous  plaife 
avoir  regard  à  mon  fait ,  &  aux  fervices  que  moy  &  les  miens  vous 
avons  fait  \  au  moins,  que  jepuiflè  vivre  fous  vous ,  félon  l'office  &  eftat 
qu'il  vous  â  pieu  me  donner  :  & ,  Sire  ,  je  fuis  tousjours  pour  faire  & 
accomplir  vos  bons  plaifirs  ,  &  tout  ce  qu'il  vous  plaira  me  commander, 
aydant  le  benoift  fils  de  Dieu  ,  auquel  je  prie  vous  donner  bonne  vie  & 
longue. 


Kk  3 


EJlat 


/ 


%Ct  CABINETDE  LOUYSXL 

Efiat  des  appointtmcns  qu^avoU  U  Grand  Maifir€. 

}  .  E  Gcand  Maiftre  d'Hoftel  de  France  «  avoit  vingt  cinq  mille  deux 
^ens  livres  de  revenus  des  bienfaits  du  Roy  :  c^eft  à  £çavoir« 

Pour  rOffice  de  Grand  Maiftre  y  dix  mille  livres. 

Pour  FOrdre  de  Chevalerie ,  quatre  mille  livres. 

Sur  le  Brienfonnois  >  huit  mille  livres  payables  au  jour  de  la  Chan^ 
deleur. 

Pour  fa  Compagnie  de  cent  lances  d'Ordonnance ,  douze  cens  livres. 

Et  pour  les  Gouvernemens  de  Montivilliers  >  Harfleur  &  Chafteau- 
Gaillard  >  deux  mille  livres* 

Et  ce  >  en  reconnoiflànce  des  bons  &  agréables  fervices  rendus  au  Roy 
Charles  Se  Loiiis  XL  &  Tcftimoit  le  Roy  an  homme  très-hardy  6c  bon 
Chevalier  ;  &  ce  quel(|ues  grandes  affaires  luy  fuHent  furvenucs  en  fon 
Eoyaume  >  en  luy  gillbit  toute  fon  affaire. 

Lt^n  du  Roy  Louis  XL  par  laqiuUc  il  veut  que  Marie  ^  fa  fille  natmelk  j 

efpoufant  Aimar  de  PoiSiers  ,  Sieur  de  Saine  Fiallier  ,  poru  les 

Armes  de  France  ,  avec  une  bande  d^or  y  146 J. 

,  JLOys  ,  par  la  grâce  de  Dieu ,  Roy  de  France.  A  tous  ceux  qui  ces  prc- 
'  4"7-  fentes  Lettres  verront ,  Salut.  Comme  puis  n*agueres  nous  avons  traité 
&  accordé  le  mariage  de  noftre  très  -  chère  &  amée  fille  naturelle  » 
Marie,  avec  noftre  cher  &  féal  coufin  Aimar  de  Poidiers  ,  fieur  de  S* 
Vallier ,  parquoy  feroit  bien  expédient  d'ordonner  les  Armes  qu'il  nous 
plaira  que  noftredite  fille  porte.  £<;avoir  faifons  »  que  nous  acertenez 
que  ladite  Marie  eft  véritablement  noftre  fille  naturdie  >  voulant  hono* 
rer  elle  &  fa  poflerité,  &  quelle  joiiiflè  des  honneurs  &  prérogatives ^ 
qu'aux  enfans  naturels  des  Princes  appartiennent ,  pour  l'amour  &  fin- 
guliere  affeâion  que  nous  avons  en  elle ,  avons  voulu  &  ordonné,  vou- 
lons 6c  ordonnons  par  ces  prefentes,  que  ladite  Marie  noftre  fille  natu- 
relle ,  pone  les  Armes  de  France,  à  la  différence  d'une  bande  d'or ,  com- 
mençant au  coftéL  feneftre  ,  ainfi  que  \çs  enfans  naturels  ont  accoutumé 
de  faites  de  laquelle  chofe  faire,  nous  luy  avons  donné  &  donnons 
puiflançç  &  faculté  perpétuelle.  En  tefmoins  de  ce ,  nous  avons  fait 
mettre  noftre  féel  à  ces  prefentes.  Donné  à  Meflay ,  le  x  i.  Juillet  1467. 
&c  de  noftre  règne  le  6.  Par  le  Roy ,  le  Sire  de  Cruflbl ,  Maiftre  Pierre 
boriole ,  &  autres  prefens.  L.  Touftain. 

Nous  apprenons  par  cette  lettre  un  fecret  que  THiftoire  a  ignoré.  La 
Princeile  que  Louis  XL  reconnoift  pour  fa  fille  naturelle ,  naquit  dix  ou 
douze  ans  avant  que  fon  père  fut  Roy.  La  mère  eft  demeurée  inconnue  -,  & 
tout  ce  que  l'on  a  fceu  de  cette  avanture ,  eft  que  cette  Princeflc  Marie 
fut  quelque  temps  mAtiée  avec  le  fieur  de  S^  Vallier ,  &  qu'elle  mourut 
fans  çnfans. 


ELOGE 


%r 


T. 


T  .-* 


•.^ 


4-1^-4' 

ELOGE 

DU   ROY 

CHARLES    VII  t 

PAR 

M.    DE    BRANTOME^ 

DANS  LEQUEL  SE  TROUVENT  PLUSIEURS^ 

pankularijés   qui  regardent  la  Vie  &  U  Règne 
du  Koy  Louis  Xl^jon  Fcrt. 

POuR  venir  à  norgrands  Capitaines' &  Perfonnages  François,  je  ne?  ' 
puis  mieux  conunencer  l'œuvre  qu*d  noftre  petit  Roy  Charles  VIIL- 
Petit  l'appellay-je  >  comme  plufieurs  de  Ton  temps  &  après ,  qui  par  une' 

de  fa 


certaine  Habitude  de  parler ,  lont  appelle  tel ,  i  cauie  de  fa  petite  fla- 
ture  &  débile  complexion  »  mais  très*grand  de  courage ,  d*ame>  de  ver- 
tu &  de  valeur ,  de  telle  fone  que  non  pas  les  François  feulement  »  mais^ 
les  eftrangers  luy  donnèrent  par  devife  >  fans  qii'il  la  prit  de  luy-merme  ». 
ce  Vers  glorieux»^ 

Major  in  txiguo  rcgnabat  corporc  virùis^ 
Qui  eft  proprement  à  dire ,  plus  grande  vertu  regnoit  en  ce  petit  corps» 
qu'on  n'euft  jamais  penfc  y  pouvoir  régner.  Ce  grand  Roy  rut  nourry 
par  le  Roy  Louys  XL  fon  père ,  au  Chafteau  d'Amboife ,  feparé  quafi  du- 
monde ,  nourry  &  peu  pratiqué  de  perfonne  ,  non  en  fils  de  Roy ,  ny 
mefme  d'un  (impie  Gentil4iomme ,  &  le  tout  fait  ain/i  apofté  y  afin  qu'il 
perdift  cœur  &  n'attentaft  rien  contre  luy  :  il  letraittoit  félon  la  mala- 
die qu'il  avoit  eue ,  tant  il  efloit  jaloux  de  fon  Eftat ,  &  de  fa  perfonne 
encore  plus  -,  Se  pounant  telle  mauvaife  nourriture  ne  luy  offença  ja- 
mais fon  généreux  courage ,  qu'il  avoit  extrait  de  tant  de  braves  Roys 
fes  predecefleurs  :  fi-bien  qu'après  la  mort  de  fon  père ,  &>  hors<de  fon^ 
fouz ,  il  ne  fongea  &  ne  couva  rien  moins,  &  ne  fe  contentant ,  ny 
votuant  fe  borner  de  fon  grand ,  très-ample  Royaume  &  fi  eftendu ,  (  du- 
quel eftoit  la  totale  ambition  du  Roy  fon  père  ,  fans  attenter  ny  vou- 
loir enjamber  fur  un  autre  )  voulut  avoir  celuy  des  doux-  Siciles ,.  ic  par' 


1^4  ELOGE 

ce  moyen  fe  faire  couronner  Empereur  de  tout  l*Oricnt.  Quî  cuft  ja- 
mais penfé  &  prédit  fi  grand  courage  Se  fi  grande  ambition  à  cç  jeune 
Roy ,  veu  fa  nourriture  ?  Car  le  vieux  proverbe  de  jadis  difoit ,  aue  la 
nourriture  paile  nature  »  &  aufE  qu'elle  façonne  les  hommes  ,  s'il  faut 
croire  l'exemple  de  Licurgue ,  lorfqu  il  monftra  à  fcs  Laccdemoniens 
deux  chiens  d'une  mefme  ventrée ,  qu'il  avoir  fait  nourrir ,  l'un  aux 
champs  Se  l'autre  en  ville  ,.q^i  tous  deux  firent  divers  &  nouveaux  ef- 
fets ,  (  ce  conte  eft  trpp  cpmmun  )  le  tout  attribuant  à  la  nourriture  Se 
non  a  la  nature.  Mais  cela  faillJLt  à  ce  Roy  magnanime  ,  car  fa  mauvaifç 
nourriture  n'endommagea  en  rien  fon  généreux  naturel  &  brave  cou- 
rage y  qui  eftoit  né  avec  luy ,  6c  qui  le  rendit  un  des  grands  Roys  de  la 
France ,  voire  de  la  Chreftienté.  Ayant  donc  conceu  en  foy  dès  tes  ten- 
dres ans  fes  belles  ambitions ,  il  entreprit  le  voyage  &  la  conquefte  de 
Naples  y  contre  le  confeil ,  pourtant  de  tous  fes  grands  Capitaines ,  Se 
l'opinion  d'aucuns  de  fes  Eftats,  voire  fans  argent,  qui  pis  eft  ,  eftanc 
le  nerf  de  la  guerre. 

Il  partit  de  fon  Royaume  ,  &  n*ayant  pas  fait  la  moitié  de  fon  che- 
min ,  l'argent  luy  faut ,  dont  il  fut  contraint  d'emprunter  les  bagues  de 
Madapfie  la  Duchefie  de  Savoye  &  de  Madame  la  Marqujfç  deMontferat» 
toutes  deux  très-bonnes  Françoifes  ,  royales  Se  charitables,  qu'il  enga- 
^CA  très-bien  ,  Se  par  ainfi  pourfuivit  fon  chemin  d'une  audace  très'aflcu- 
rée ,  épouvantant  toute  l'Italie  ,  d'un  feul  fentiment  de  fa  venue ,  en- 
voyé des  Marefchaux  de  logis  &  Fourriers  devant ,  la  craye  à  la  main 
"  marquer  les  logis ,  comme  u  leur  plaît ,  fans  aucune  rencontre  ny  refif- 
tance  de  porte  fermée  ;  chacun  luy  fait  place ,  le  Pape  s'enhardit  certai- 
nement de  luy  faire  barrière  par  Ces  fulminations  &  excommunications  » 
mais  il  paflc  outre  &  marche  droit  vers  Rome ,  luy  faifant  réponfe  gen- 
rinjent,  que  dès  longtemps  il  avoir  fait  un  vœu ,  (he  qu'elle  gentille  inveui- 
tion  &  feintife  de  voeu ,  )  à  Monfieur  S,  Pierre  de  Rome  ,  &  que  neceC- 
fairement  il  falloit  qu'il  l'^ccomplift  au  péril  de  fa  vie,  he  voiU  donc 
entré  dans  Rome  ,  bravant  &  triomphant ,  luyrmefme  armé  de  toutes 
pièces  ,  la  lance  fur  la  cuifle ,  comme  s'il  euft  voulu  aller  à  la  charge  ; 
ce  qui  eftoit  beau  &  à  donner  à  entendre ,  s'il  y  a  rien  qui  branle  ,  me 
voicy  preft  avec  mes  armes  &  mes  gens ,  pour  charger  &  foudroyer  tour. 
Si  bi^n  que  $:ette  façon  d'entréç  ne  fentoit  nullement  fa  pompe  ny  bra- 
yement,  m^is  un  vray  tremblement  ou  foudre  de  guerre.  Ainfi  donc 
marchant  en  ce  bel  &  furieux  ordre  de  baraille ,  trompettes  fonnantes 
&  tambpqrs  battans  ,  entre  &  loge  par  les  mains  de  fes  Fourriers ,  là  où 
il  luy  plait ,  fait  aflèôir  fon  corps  de  garde  ,  &  pofe  fes  fenrinellcs  par 
les  placer  Se  quarricrs  de  h  noble  Ville ,  avec  force  rpndes  Se  parrouilles, 
planter  fe$  joftices  ,  potences  &  eftrapades  en  c^nq  ou  fix  endroits ,  fes 
bandons  faits  en  fon  nopi ,  fes  edids  &  ordonnances  publiées  &  criées 
À  fon  dç  trompe ,  comme  dans  Paris.  Alle^-moy  trouver  jamais  Roy  de 
France ,  qui  ^ir  jamais  fait  de  ces  coups ,  fors  que  Charlemagne  ',  encore 
penfay-je  qu'il  n'y  procéda  d'une  autorité  fi  fuperbe  Se  imperieufe.  Que 
reftoit-il  donc  à  ce  grand  Roy  de  plus ,  finon  qu'il  s'impatronifaft  bien 
à  plein  de  certe  glorieufe  Ville ,  qui  avoir  dompté  tout  le  monde  aur 
Ffefojs  ^  comniç  il  çftoit  çn  f^  puiflfançe ,  Sç  comme  pçut-eftre  il  l'euft 

bien 


\ 


DU  RQY  CHARLES    VIII.  i^^ 

tien  voulu  fclon  fon  ambition  >  &  félon  aucuns  de  fon  Confcil?  Mai^ 
k  violementdc  la  fainAe  Religion  le  retira,  &  le  reproche  qu*on  luy 
cuft  pu  faire  d'avoir  offenfc  fa  Sainteté  ,  bien  qu'elle  luy  en  euft  don- 
né fu  jet ,  &  fe  doutoit-on  bien  ,  qu'il  luy  en  donneroit  un  autre ,  com- 
il  fît ,  &  pour  ce  force  gens  le  çoufïbient  à  luy  rendre  la  pareille , 
quand  ce  n'euft  cftc  que  pour  fe  tenir  fur  fcs  gardes  ;  mais  tant  s'en  faut, 
qu'il  luy  rendit  tout  honneur  &  obeiflànce  ,  en  luy  baifant  en  toute 
humilité  fa  pantoufle.  (  i  ) 

Il  tire  puis  après  droit  à  Naples ,  à  petites  journées ,  où  il  entre  de- 
dans fans  aucun  effort  par  une  porte ,  le  Roy  Ferdinand  >  fon  ennemy  , 
fortant  par  l'autre ,  en  difant  ce  verfet  de  David. 

Si  Dieu  ne  garde  la  Cité  ,  en  vain  veille  celuy  qui  la  garde. 

Il  trouve  pourtant  les  Chafteaux  qui  fe  mettent  en  defenfc  ,  mais  les 
ayant  afCegés  &  battus  >  eftant  luy-mefme  en  perfonne  dans  les  tran- 
cnées  ordinairement,  &  y  faifant  apporter  fon  difner,  ils  fe  rendent.  Le 
Prince  de  Tarente  le  vint  trouver ,  &  faire  la  révérence  au  mefme  lieu  & 
affîette  de  fon  difner  ,  dont  il  s'cftoima  fort ,  le  voyant  là  comme  le 
moindre  foldat  des  Cens ,  &  en  loiia  fort  fa  valeur ,  &  après  avoir  fore 
parlé  cnfemble ,  le  loiia  &  l'eftima  encore  d'avantage. 

En  cela  il  fit  plus  que  le  Roy  François,  qui  après  la  prife  de  Milan» 
ne  voulut  entrer  dans  la  Ville ,  jufques  à  ce  que  Dom  Pedro  de  Navarre 
euft  pris  le  Chafteau.  M^is  le  Roy  Charles  voulut  fe  trouver  luy-mefme 
en  perfonne  à  la  prife  de  ces  Chafteaux  ,  &  après  il  fit  fon  entrée  fore 
triomphante ,  veftu  en  habit  Impérial ,  d'un  grand  manteau  d'écarlate, 
avec  (on  grand  collet  renverfé  ,  fourré  de  fines  hermines  mouchetées , 
tenantla  pomme  d'or  ronde  &  orbiculaire  (  de  tel  mot  ufe  la  Chronique) 
en  fa  main  droite  ,  &  en  la  feneftre ,  fon  grand  fceptre  Impérial ,  îc 
fur  la  tefte ,  une  riche  couronne  d'or  i  l'Impériale ,  garnie  de  force  pier- 
reries ,  contrefaifant  ainfi  bravement  l'Empereur  de  Conftantinople , 
félon  que  le  Pape  l'avoit  ainfi  créé ,  &  que  tout  le  peuple  d'une  voix  , 
le  crioit  Empereur  très-Ausufte.  Qui  voudra  mieux  fçavoir  toute  la  cé- 
rémonie de  cette  belle  entrée ,  life  Gaguin  ,  où  elle  eft  fort  bien  au  long 
defcrite ,  &  comme  les  belles  &  grandes  Dames  du  pays  &  de  la  Ville 
paroifibient  aux  rues  &  aux  places  principales  -,  belles  &  fi  bien  ornées 
de  la  tefte  &  du  corps ,  qu'il  n'y  avoit  rien  de  fi  beau  à  voir  à  nos  Fran- 
çois nouveaux ,  qui  n'avoient  veu  les  leurs  de  France  fi  gentilles  ,  ny  en 
il  belles  parures ,  lefquellcs  en  oaflànt ,  prefcntoient  au  Roy  leurs  jeunes 
cnfans ,  &  le  prioient  de  leur  donner  l'Ordre  de  Chevalerie  de  fa  pro- 
pre main  ,  reputant  à  grand  honneur  &  bonne  fortune ,  ce  qu'il  ne  re- 
fufoit  point ,  tant  pour  les  gratifier  en  cela  ,  que  pour  avoir  plus  de  loir 
(xi  &  amufement  à  contempler  leurs  beautez  ,  leurs  bonnes  grâces ,  & 
la  (uperbeté  &  gentillefle  de  leurs  accouftremens.  Puis  il  alla  faire  fa 
prière  à  la  grande  Eglife  cathédrale  ,  devant  le  grand  Autel ,  fur  lequel 
cftoit  le  chef  de  S.  Janvier  &  fou  digne  fang  ^  qui  fe  monftre  encore  a^- 
jourd'huy» 

Le 

(4)  Le  Rpy  Charles  VIIL  ne  hs$f$  pMs  les  I  h  Ujofu,  Burchardtis,  enfin  Uiftoite ficrem 
fîtds  ni  Us  mains  du  PMe .  mah  il  U  baifa  l  dn  rate  Alexandre  FI. 

Tomt  II,  U  {%) 


xGG  ELOGE 

le  lendemain  de  Tentrée ,  il  fit  dans  le  Chafteau-neuf  un  fort  fuperbe 
banquet  en  deux  grandes  tables ,  à  tous  les  grands  Seigneurs  &  Princes 
du  Royaume. 

J'y  ouy  dire  à  aucuns  anciens  de  Naples ,  la  première  fois  que  j'y  fu$>^ 
que  les  Dames  y  cftoient ,  &  qu'il  les  failoit  tous  &  toutes  oeau  voir. 
Puis  après  fouper  prit  le  ferment  de  fidélité  d'eux ,  qui  le  luy  firent  de. 
bon  cœur  ,  avec  de  belles  proteftations  \  mais  ils  ne  les  gardèrent  gueres 
après  qu'il  fuft  party  :  en  quoy  ils  furent  i  blâmer ,  car  ils  avoient  le 
meilleur  >  le  plus  doux  &  le  plus  humain  Roy  qu'eux  &  nous  ayons  eu 
il  y  a  long-tems.  En  cette  entrée  du  Roy  >  on  n'y  trouva  rien  à  redire  y 
iïnon  que  près  de  luy  eftoit  le  Seigneur  de  Beaucaire ,  reprefentant  le 
Conneftable  du  Royaume  de  Naples ,  ce  qui  n'eftoit  gueres  beau  \  car 
il  ne  venoit  que  de  frais  eftre  fon  valet  de  chambre ,  (i)  &  luy  voir  por- 
ter l'efpée ,  cette  veuc  eftoit  odieufe.  De*  pareille  chofe  je  vis  force  gen9 
s'eftonner  au  Sacte  du  Roy  Henry  III.  qu'un  Marefchal  de  parlejnon-» 
de ,  qu'on  avoit  veu  fort  petit  compagnon  ,  voire  Comroiflaire  des  vi- 
vres au  camp  d'Amiens  n'y  avoit  pas  %  5 .  ans  >  fift  l'office  de  Pair  &  Con- 
neftable de  France ,  &  portaft  l'efpée  de;  Conneftable  ;  f  j)  mais  ce  fut 
faute  d'autre ,  car  il  y  en  avoit  deux  prifonnicrs  à  la  Baftille ,  (4)  &  l'au- 
tre perfccutéj  (5)  ce  qui  fut  trouvé  de  très-mauvaife  grâce ,  &  en  fut 
fort  brocardé.  Qui  voudra  voit  pareillement  le  dénombrement  des  gens 
de  guerre  ,  tant  de  pied  que  de  cheval ,  de  terre  &  de  mer ,  le  fuperbc 
appareil  ^  le  graçd  attirail  &  attellage  d'anillerie  »  bref  une  armée 
çompofée  fupcrbement  &  de  tout  ce  qu'il  failoit ,  pour  faire  peur  à  toute 
l'Italie  >  coname  elle  le  fit  »  life  ce  bon  Chroniqueur  Guagum  ,  &  Paul 
Jove ,  il  trouvera  4  fe  plaire. 

Je  brife  donc  icy ,  pour  dire  qu'après  que  ce  gentil  Roy  eut  laiffe  fon 
Royaume  paifible ,  &  donné  aux  Seigneurs  &  Dames  du  Royaume  force 
beaux  plaints  &:  padè-temps  ,  de  beaux  tournois  à  la  mode  de  France  > 
quivont  tous  jours  emporté  fc  prix, par  deflus  tous.les  autres,  &  où  il  eftoit 
tousjours  des  premiers  àt^  tenans&  des  mieux  faifans, avec  (es  migrons 
&  fes  favoris  Galliot ,  Cbaftillon ,  (6)  Bourdillon  (7)  &  Bonncval ,  (8) 
qu'on  difoit  en  rime  gouverner  le  fang  Royal  >  il  part  du  Royaume ,  rc-^ 
prend  fon  mefme  chemin  >  &  rétrace  les  mefmes  pas  >  reçoit  nouvelles 
de  la  grande  ligue  faite  contre  luy ,  pour  l'empefcher  de  paftèr ,  &  qu'oa 
l'attend  au  paffage  de  Fornouc  >  pour  totalement  le  défaire  &  mettre  en 
pièces  >  n'ayant  que  la  moitié  de  fon  armée ,  &  l'autre  laiil^e  en  fa  con- 

quefte» 

(t)  Les  fjiis  m  frenciint  foint  in  r#  tems 
i$  Vslttsdi  Chambre  ,  qtiils  nefiiffem  Gen- 
tilshommes .*  Etienne  de  Vefc  Sénéchal  de 
Beaucaire  ^itoit  de  trh^nehle  famille.  Voyez 
les  Mémoires  de  Caftelnau  ^  Tome  IL  page 
5 1 3 .  C^  /ex  Généalogies  des  familles  de  Bon- 
9e,  Agous  y  Vefc,  ^  autres  ,par  Guy  Âllard, 

0  )  Cétoit  M.  le  Comte  de  Rets,  Maréchal 
de  France, 

(4)  Cétoiem  les  M^rMiMUxdê  Ihmmo^ 
uncj  cJ.  de  C<^. 


(5-)  Citoit  le  Maréchal  de  Damville. 

(6)  Jacques  Galliot ,  Sieur  de  Genouillac^ 
C^  Jacques  de  Chdtillon  ,  defquels  M,  de- 
Brantôme  a  fait  les  éloges  ,  Tome  L  de  fe% 
Hommes  lUufires  François. 

(7)  Phil^erê  de  la  Platiere ,  dk  BourdiU 
Ion  ;  il  y  a  eu  un  Maréchal  de  France  de  cê^ 
nom  en  1^60, 

(S)  Germain  de  Bonneval;  H  avoit  (si  em^ 
fant  (ihonneur  du  Roy  Charles  Fil/.  Voyez. 
tUifieire  de  et  Roy ,  page  6lo. 


DU  ROY:CHAKLES  VIII.  £^7 

quefte  >  ne  s'en  eftonne  point ,  (  chofe  mitaculeufe  1  )  fe  preparei  la  ba- 
uilte  >  choiûflr  neuf  Preux  >  pour  les  tenir  près  de  fa  perfonne  Se  combat* 
tre  prcsdeluy. 

Ladiflaus  >  Roy  de  Hongrie  &  de  Naples  ,  quand  il  donna  cette  belle 
bataille  au  Roy  de  Naples ,  Louys  IL  choiiit  aulli  ûx  Gentilshommes 
avec  luy  »  &  les  fit  tous  Chevaliers  avant  la  bataille  >  &c  les  veftit  tous 
d'une  lorte  à  fa  propre  dcvife ,  (  aînfi  que  dit  THiftoire  )  tellement  qu'ils 
eftoient  fi  bien  méconnus  >  que  chacun  d'eux  redèmbloit  au  Roy ,  8c 
toutes  les  fois  qu'il  envoyoit  un  Efcadron  ,  il  envoyoit  avec  icelur 
un  des  fept  Chevaliers  ,  de  forte  qu'il  fembloit  qu'en  chacun  defdits  El- 
cadrons  >  le  Roy  fiift  en  perfonne. 

Enfin  la  bataille  fe  donna  forte  &  furieufe ,  que  ledit  Roy  Ladiflaus 
perdit  à  demy.  Voyez  THiftoire  de  Naples.  Noft redit  Roy  Charles  fait 
ce  jour  de  fa  main  incroyables  faits  d'armes  ^  monté  fur  un  cheval  noir 
Se  borgne ,  qu'on  appcUoit  Savoye ,  que  Monfîeur  de  Savoye  luy  avoir 
donné  »  lequel  fervit  bien  cette  fois  fon  Maiftre  ,  qui  eftoit  armé  de  tou- 
tes pièces ,  &  fur  fon  hamois  très-riche ,  avoir  une  très-riche  jacquertc 
{  ainfi  appelle  l'Hiftoirc  ce  que  nous  appelions  une  cotte  d'armes  )  i 
courtes  manches ,  de  couleur  blanche  Se  violette ,  femée  de  croifettes  de 
Hierufalem  faites  de  fine  broderie  ,  &  enrichie  d'orfèvrerie  5  fon  cheval 
eftoit  bardé  de  mefme ,  fon  habillisment  de  tefte ,  très-riche  &  fupcrbe: 
bref,  il  n'y  avoir  rien  à,  dire  qui  ne  fuft  d'un  bon  &  vray  genfdarme , 
dit  l'Hiftoire.  Il  y  en  eut  aucuns  qui  pour  le  bon  zèle  Se  amitié  qu'ils 
luy  portôient ,  contrefirent  fes  couleurs  Se  fa  livrée ,  qui  furent  le  Sei- 
gneur de  Ligny  fon  bon  coufin ,  le  Seigneur  de  Pienne ,  &  le  Baftard  de 
Bourbon  Mathieu.  Je  crois  bien  que  les  autres  favoris ,  que  j'ay  dit  cy- 
devant ,  en  firenr  de  mefme ,  bien  que  l'Hiftoire  ne  le  dife  pas.  Phifieurs 
furent  jaloux ,  &  portèrent  grande  envie  à  l'éledion  de  ces  neuf  Preux 
ainfi  chbifis ,  comme  il  arriva  de  mefme  à  c;^lle  que  fit  le  Roy  Jean  en  la 
bataille  de  Poitiers»  qui  en  fit  une  très-gentille  excufe  que  l'on  voit  dans 
la  Chronique ,  Se  comme  il  en  contenta  un  chacun ,  certes  telles  élec- 
tions peuvent  fervir  à  leurs  Majeftez  quelquefois ,  car  c'eft  un  grand  plai- 
£r  d'eftre  bien  fécondé  Se  afiillé  en  relies  affaires  importantes  de  perfon- 
nes  ,  de  fiance  &  de  valeur  ;  mais  au  Roy  Jean  ny  au  Roy  Charles  >  ces 
choifis  ne  fervirent  gueres  5  car  le  Roy  Jean  nonobftanr  eux  fut  pris  &  en 
danger  de  la  vie  (  il  fe  peut  faire  qu'ils  avoient  efté  tous  tuez  près  de  luy , 
ou  qu'emporrez  par  l'afpreté  du  combat ,  ils  l'avoient  quitte  Se  comba- 
tu  ailleurs  )  fans  un  brave  Gentil-homme  François ,,  du  pays  d'Artois , 
transfu^ié  avec  l'Anglois ,  ainfi  que  firent  auflî  ces  braves  du  Roy  Char- 
les ,  qm  s'amuferent  fi  fort  à  combattre  qui  çà  qui  là ,  &  à  pourfuivre 
la  vidoire  ,  que  le  Roy  demeura  feul ,  (  dit  Philippes  de  Comincs  &  au- 
tres Hiftoriens ,  )  l'efpace  d'unç  demy-heure  ,  enlorte  que  fans  fon  bra- 
ve cœur  ,  fa  valeur ,  fa  refolue  defenfe  ,  fon  opiniaftreté  de  combat  Se 
fon  bon  cheval  Savoye ,  (  car  tout  y  fervit }  il  eftoit  mort  ou  pris  Se  trouf- 
fé.  En  telles  importantes  affaires ,  puifque  l'on  y  eft  choify& appelle,  il 
y  fàur  mieux  avoir  l'œil  Se  de  la  confideration ,  fans  fe  laiflèr  trop  aller 
À  l'ardeur  de  fon  courage. 

J'ay  ouï  dire  à  aucuns  anciens  Capiraines ,  que  jadis  par  les  vieilles 

Ll  1  couftumes 


a^8  ELOGE 

coofhûnes  des  batailles ,  les  grands  &  premiers  Efcuyers  des  Roys  deFrancd 
dévoient  tous  jours  eftre  auprès  d'eux>  (ans  jamais  les  defaiAparer  ny  aban- 
donner y  &  ne  faire  que  parer  aux  coups  que  l'on  donne  à  leurs  Maiftres  t 
ny  fans  s  amufer  à  autre  chofe  que  cela ,  ainA  qu'on  dit  que  fit  ce  brave 
&  grand  LCcuycr  de  S*  Severin  à  la  Bataille  de  Pavie ,  à  l'endroit  du  Roy 
François  î  aufli  y  mourut-il  en  la  bonne  grâce  &  loiiange  de  Ton  Roy  > 
qui  le  fceut  bien  dire  par  après.  Il  ne  faut  pourtant  pas  blafmer  ces  neuf 
Preux  d'une  fi  légère  taute ,  puifqu'elle  eftoit  couverte  de  trop  de  gène- 
rofité  de  cœur  &  de  vaillance  >  car  quelque  faute  que  l'on  faiflè  en  ces 
combats»  elle  eft  tousjours  excufée  quand  elle  eft  d'une  furabondance  de 
vaillance ,  accompagnée  de  courage. 

Ces  neuf  Preux  eftoient  ceux  que  Belle-Foreft  nomme  en  fa  Chroni- 
que y  defquels  eftoit  le  Seigneur  a  Archiac ,  dit  meflire  Adrien  de  Mont- 
beron  >  grand-pere  de  Madame  deBourdeil,  qui  eft  aujourd'huy  l'une  des 
belles  ,  illuftres  Se  riches  Maifons  qui  foit  en  Guyenne. 

Je  les  ay  tous  veus  portraits  &  neints  au  naturel  dans  une  fale  d'une 
de  fes  maifons  en  Xaintonge ,  enfemble  la  forme  du  combac  &  de  la  ba- 
taille ,  &  eux  auprès  de  leur  Roy  ,  avec  une  contenance  de  vifage  ro- 
prcfentée  trèsraflcurce  &  hardie  >  qu'il  faifoit  cette  très-beau  voir  j  de- 
puis la  vieillefle  a  tout  eâfacé  y  &  ruiné  la  falle  pareillement  y.  dont  c'eft 
grand  dommage  >  car  la  veuë  en  eftoit  trèsrplaifante. 

Le  Baftard  de  Bourbon ,  dit  Mathieu ,  acquit  là  un  très-grand  hon- 
neur ,  pour  y  avoir  très-bien  fait  -,  auflî  il  y  fut  pris  très-vaillamment ,  Se 
fort  près  de  la  perfonne  de  fon  Roy  &  Maiftre ,  qui  l'aimoit  Fort  Se  le 
croyoit ,  comme  de  rai  fon  ;  il  avx)i£  trèsrbien  fervy  le  Roy  Louys  XL  & 
pourcel'avoit  honoré  de  belles  charges;  mais  comme  fon  naturel  eftoit 
prompt  &  léger  i  faire  &  défaire  les  perfi>Qnes  >  il  le  defapointa ,  Se 
mefme  du  Gouvernement  de  Picardie  ;  il  eftoit  un  très^bon  Capitaine  & 
avoit  du  crédit  envers  fon  î^aiftre  &  de  la  créance ,  comme  il  parut  lors 
qu'il  l'appella  Se  le  reprit  de  colère ,  quand  il  eftoit  temps  d'aller  à  la 
cnarge ,  &  que  l'ennemy  marchoit  la  tefte  baiflée ,  luyi  dit  Se  luy  cria  > 
Sire  ,  Sire ,  avancez-vous ,  il  n'cft^  meshuy  temps  dcs'amufer  à  faire  des- 
Chevalîers  •,  voicy  l'ennemy  ,  allons  à  luy  ;,  à  quoy  il  le  creut  &  cou- 
rut auflî-toft  i  luy;  Surquoy  je  feray  cette  petite  digreflîon ,  pourauoy 
le  tems  patTé ,  ces  Seigneurs  &  Gentils-hommes  eftoient  (i  cuneux  de  te^ 
faire  faire  Chevaliers  par  leurs  Roys  ou  fes  Généraux  d'armée  y  avant  la 
bataille  Se  la  méfiée ,  plûtoft  qa'après ,  dont  j'en  demanday  un  jour  l'o- 
pinion à  feu  Monfieur  de  Saniac.  Le  bon  homme ,  très  digne  Chevalier 
de  fon  temps  ,  &  qui  entendok  fort  bien  lescliofes  Chevalerefques ,  me 
répondit  que  telle  eftoit  l'humeur  d'aucuns  qui  vouloient  ainu*  gagner 
les  devants ,  craignant  que  le  Roy  ou  le  General  y  mouruft  on  fuft  {iris» 
8e  par  ainfî  qu'ils  fuilent  fruftrez  de  ce  bel  honneur^  qju'ils  pretendoient 
&  defiroient  tant,  ou  bien  s'ils  venoient  à  y  mourir  eux-mefmes,  que 
pour  le  moins  cela  leur  demeuraft  &  leur  fervift  de  perpétuelle  mémoi- 
re de  gloire,  &  à  leurs  héritiers  ». qpe  pour  le  moms  on  euft  pu  dire 
3u  ils  dftoient  morts  Chevaliers  »  faits  delà  main  dû  Roy.  Vous  trouvez 
ans  les  Mémoires  de  M.  du  Bellay ,  comme  à  la  Bataille  de  la  Bicoque 
h.  brave  Monûeur  de  Pont-Dormy ,  iaifanc  la  pointe  avec  fa  Compagnie 


DU  ROY  CHARLES  VU!.  xG^ 

âe  cinquante  hommes  d'armes  ,  il  avoir  au(C  avec  lay  les  Chevaliers 
nouveaux ,  ce  qui  fait  croire  qu'ils  venoient  d'eftre  faits  tous  frais  de 
Monfieur  de  Lautrec ,  General  de  1* Armée.  Aujourd'huy  cette  petite  ufan- 
ce  de  cérémonie  d'ambition  ne  fe  pratique  gueres  plus  *,  car  ou  mouranc 
vaillamment  U ,  ou  furvivant  ayant  très-bien  fait  >  l'on  eft  aofli  hono-^ 
rabiement  créé  »  comme  fi  cette  cérémonie  s'y  fuft  folemnifée  >  &  poiE- 
ble  encore  mieux. 

Il  y  a  auffi  un  abus ,  que  tel  eftoit  touché  ou  accolé,  (car  ajnft  fe  fai^ 
foienc  les  Chevaliers ,  ou  par  le  touchement  du  bout  de  l'efpée  fur  Tef- 
paule,  ou  par  l'accolade)  qui  venant  puis  açrès  aucombat,  au  lieu  de 
tien  faire  oc  de  bien  combattre  ,  il  s'enfuyoit  à  bon  efcient  de  la  batail- 
le,  ne  faifant  rien  qui  vaille  >  &  voilà  une  Chevalerie  &  une  accoUads 
bien  employée  \  &  c'eft  pourquoy ,  difoit  Moniteur  de  Sanfac  >  qu'il  eftoit 
bien  meilleur  cent  fois  >  &  plus  honorable  de  fe  faire-  créer  Chevaliec 
après  la  bataille  ,  ayant  très-bien  combattu  >  &  fait  bien  le  devoir  de 
Chevalier ,  ainii  que  le  Rof  François  Premier  voulut  eftre  fait  Chevaliei 
de  la  main  du  brave  Monfieur  le  Bayard ,  après  la  bataille  des  Suifles ,  Se 
comme  de  noftre  temps  fiit  fait  Monfieur  de  Thavanes ,  Chevalier ,  tane 
de  l'honneur ,  que  de  l'Ordre  du  Roy  Henry ,  après  la  bataille  de  Ren- 
ty  ,  comme  j'en  parleray  en  fon  lieu  t  forces  aurres  ont  efté  ainfi  créés  , 
comme  je  le  dirois  bien  ,  mais  cela  feroit  trop  long  ^  &  aufii  qu'au  jour- 
d'huy  l'on  fe  difpenfe  aflèz  d'ailleurs  pour  (c  faire  Chevaliers ,  que  les 
moindres  fe  créent  d'eux-mefmcs  ,  fans  aller  au  Roy,  de  forte  qu'on 
•  peut  dire,  qu'il  y  a  aujourd'huy  plus  de  Chevaliers  tels  quels ,  &  de  Da- 
mes leurs  remmes,  que  jadis  n'y  avoir  d'Efcuyers^&deDamoifelles»^ 
tant  eft  grand  l'abus  parmy  la  Chevalerie-^ 

Pour  revenir  encore  à  noftre  grand  Roy  Charles  ,  il  faut  noter  une 
grande  faute  que  firenr  ce  jour-là ,  comme  je  tiens  At^  plus  grands  que 
mojr ,  tant  de  bons  Capitaines  qui  eftoient  avec  luy ,  &  Seigneurs ,  qui 
leftoient Meflîeurs  les  Marefchaux  de Gyé, de  Rieux ,  de laTrknouilfe r 
de  Ligny ,  de  Pienne,  le  Baftard  de  Bourbon  ,  &  force  autres ,  que  le 
Roy  eftant  haï  5c  cherché  de  fes  ennemis  tout  ce  qu'il  fe  peut ,  &  qui 
luy  en  vouloient  plus  qu'à  pas  un ,  tant  pour  fa  generofité  &  fon  reflfèn- 
timent ,  que  pour  aflèurance  &  créance  qu'ils  avoient  conceuc  entr'eux  , 
que  le  Roy  pris  ou  mort,  tout  feroit  perdu  pour  la- France,  &  tout  ga- 
^é  pour  eux ,  &  qu'à  celuy  il  falloir  toiu  bazarder  &  donner ,  envoyé* 
xeent  un  Trompette,  ou  Héraut,  pour ,  fous  feintife ,  demander  quel- 
que Seigneur  Vénitien  prifonnier  ,  &  fous  telle  ombre  efpier  &  avifcr 
bien  &  remarquer  les  figne&quepourroit  bien  avoir  le  Roy  ,.  pour  le  re- 
<:onnoiftre&  le  charger^ 

Ce  qui  fïit  aifé  au  Trompette  ,  car  eftant  mené  vers  le  Roy  il  le  recon- 
nut par  (t%  armes ,  fon  habillement  de  tefte ,  fa  cotte  d'armes ,  fon  che- 
val,  jufqucs  à  la  prifc  de  fa^  place  de  bataille ,  &  ainfi  rapporta  bonne- 
langue ,  telle  que  l'ennemy^la  defiroit  ^  fi  bien  que  fur  fon  rapport ,  toute 
la  plus  grande  charge  tomba  fur  luy  comme  une  foudre  ,  dont  bien  luy 
fervit  de  faire- à  beau  jeu  beau  retour.  Je  vous  laifïc  donc  àpenfer  s'il  y 
avoir  raifon  de  donner  entrée  dans  l'armée ,  fur  Je  poinr  de  combattre, 
i  un  tel  galand  que  celuy-li ,  &  fi  on  ne  le  devoit  pas  chafïer  ou  faire 

LL  3,  retirer;* 


lyo  ELOGE 

retirer.  Je  ne  fçay  pas  où  ces  Meilieurs  pouvoient  avoir  le  kns  6c  les 
yeux ,  de  commettre  telle  faute  que  nos  plus  petits  Capitaines  d  au- 
jourd'huy  ne  feroientpas.  Mais  de  ce  temps,  nos  anciens  François  eftoicnt 
fi  francs  &  fi  bons  ,  qu'ils  penfoient  tous  les  autres  leur  eftre  femblahles; 
&  Dieu  fçait ,  n  aYoien^ils  pas  lu  force  Hiftoires  modernes  de  la  faute 
de  telles  gens  >  Or  d'autant  que  Jacques  de  Bergame,  au  Supplément  de 
fcs  Chroniques ,  a  mis  par  efcrit  la  harangue  que  le  Roy  fit  ce  jour-là  â 
ceux  de  fon  armée  avant  de  commencer  la  charge ,  &  qu  elle  me  femble 
très-belle  &c  gentille ,  j'ay  avifé  de  la  mettre  icy.  Elle  eft  donc  telle  fans 
la  changer. 

M  Certes ,  très-forts  &  hardis  Chevaliers ,  jamais  je  n'euflè  entrepris 
•»  de  fi  grandes  chofes ,  comme  ce  voyage  ,  n'euft  efte  la  fiance  que  j'ay 
»  tous  jours  eue  en  voftre  vertu  &  proiiçlTe ,  pareillement  les  foUicita- 
M  tions  &  promeiles  de  Sforce ,  Duc  de  Milan ,  lequel  nous  euft  biea 
w  gardé  d'eftrc  en  necdfité  de  combattre  s'il  m'euft  tenu  fa  foy.  Mais 
M  comme  ainfi  foit  que  la  nature  des  traiftres  fe  déleâe  plus  en  trahifoa 
w  qu'en  foi  &  vertu  >  nous  devons  combattre  afin  de  vaincre  mauvaiftié, 
M  &  foyez  certain$,qu 'autant  ou  plus  nous  eft  facile  de  vaincre  la  bataille 
M  que  de  la  commencer ,  (gentille  rodomontade  de  mot)  car  nos  enne- 
M  mis  font  foudoyers  &  mercenaires ,  qui  combattent  plus  par  crainte  , 
•*  que  par  amour  qu'ils  ayeat  à  leur  Prince  :  parquoy  nous  ne  les  devons 
M  pas  redouter.  Songez  que  nos  anceftres ,  en  combattant  vaillamment^ 
M  ont  paflc  par  tout  le  monde  5  &  de  leurs  ennemis  ont  emporté  gran-r 
M  des  dcfpoiiilles  ôc  triomphes-,  &  à  nous ,  qui  fommes  leurs lucceflèurs, 
w  efchappera  cette  troupe  imbecille  que  n'en  rapportions  victoire  ^  Re- 
M  gardez ,  pour  l'honneur  de  Dieu  ,  ce  quec'eft  que  fortune  vous  offre  à 
w  prefent.  O  preux  Chevaliers  ,confiderez  que  vous  eftes  François  ,  def- 
»  quels  la  nature  &  propriété  eft  de  faire  &  fouffrir  force  chofes ,  comme 
M  les  Gaulois,ayant  tousjours  tenu  eftre  plus  glorieufe  chofe  de  mourir  en 
»  bataille  que  d'eftre  pris.  Nos  ennemis  fe  confient  en  leur  multitude ,  & 
M  nous  en  noftre  force  &  vertu  ;  fi  nous  vainquons,  tous  les  Italiens  font 
w  à  nous  &  nous  obéïflcnt  5  &  fi  nous  fommes  vaincus,  ne  vous  chaille> 
w  (  gentil  mot  ancien  )  France  nous  recevra ,  qui  deffendra  aflcz  fon  paysj 
M  bref  noftre  cas  eft  feurement  :  mais  je  vous  avertis  que  pour  cette  heu- 
«  rc  n'ayez  foin,  ny  follicitude  de  vos  femmes  &  enfans,  ne  penfez 
»»  qu'i  vaillament  combattre,  &  fi  vous  avez  autre  courage ,  &  qu'ay- 
w  miez  mieux  honteufement  par  fuite ,  vous  retirer ,  &  voir  voftre  Roy 
M  &  naturel  Seigneur  dolent  &  captif  es  mains  de  fes  ennemis ,  décla- 
w  rez-le  de  bonne  heure  w.  Voilà  certes  de  belles  paroles  d'un  brave  & 
gentil  Roy  pour  n'avoir  jamais  eftudié ,  mais  elles  provenoicnt  du  pro- 
fond de  Ion  cœur  généreux,  aufquelles  auffi-toft  tous  (es  gens,  tant 
grands  que  petits ,  refpondirent  qu'ils  n'eftoient  pas  prefts  feulement  de 
nazarder  leurs  corps  pour  fon  fervice  ,  mais  d'y  employer  leurs  âmes  & 
les  engager  à  tous  les  diables  pour  luy ,  quand  befoin  feroit.  On  ne  fçait 
quel  plus  loiier  à  la  vérité,  ou  les  beaux  mots  du  Roy  ,  ou  la  réponfe  de 
les  fujets  ,  qui  ne  concluoient  pas  moins  que  de  l'engagement  de  leurs 
âmes ,  &  de  fe  rendre  efclaves  des  diables  pour  luy.  Telle  franchife  de 
parler  ,  n'a  guerc$  eftc  entendue ,  ny  dite  des  Chreftiens ,  ny  tel  devoir 

de 


DU  ROY  CHARLES  VIII.  271 

de  fervîtude ,  n'aefté  offert  de  fcs  fujets  à  leur  Roy  &  Seigneur ,  <ju*il 
faut  loiier,  venant  de  telle  affeâion.  Ces  François,  ce  coup-là,  avoienc 
raifon  de  conter  ainfi  d'cfcot  pour  ce  Prince ,  car  jamais  ne  fut  veu  meil- 
leur Prince  en  France ,  ii  doux ,  ii  bénin  ,  ny  fi  libéral  ;  fi  bien  que  ja- 
mais perfonne  ne  fe  defpartit  de  fa  prefence  ,  qu  elle  s'en  allafl  efcon- 
dnitede  chofe  qu'elle  lay  demandafl,  ny  qu'il luydift  jamais  mauvaifc 
parole  ;  &  c*efl  ainfl  qu'il  faut  gagner  les  gens  -,  aufli  fut-il  très-loyau- 
ment  fervy  des  fîens  &  bien  aymc ,  &  mefme  en  cette  bataille ,  qu'il  ga- 
gna fort  heureufement.  Elle  gagnée ,  rebroufle  fon  chemin ,  repafle  les 
montagnes ,  levé  le  fîege  de  Novarre ,  défengage  le  Duc  d'Orléans ,  fon 
beau-frere ,  fait  la  paix ,  &  puis  rentre  en  l^rance  s  arrive  à  Lyon  fain  & 
gaillard ,  joyeux  &  triomphant ,  rencontré  Se  recueilly  de  Li  Reine  An- 
ne ,  fa  femme ,  l'une  des  oelles  ,  honnefles  Se  vertueufes  Princeflès  du 
monde ,  avec  un  vifage  beau  Se  riant  d'elle ,  &  de  toutes  les  Dames  de 
fa  Cour ,  qui  en  faifoient  de  mefme  à  leurs  pères ,  maris ,  frères ,  parens, 
amys  &  ferviteurs  y  Se  Dieu  fçait  les  contes  qu'ils  leur  faifoient  de  leur 
voyage.  Qu'efl-il  befoin  d'alléguer  davantage  pour  haut  loiier  >  couron- 
ner Se  confirmer  ce  Roy  pour  l'un  des  plus  grands  Se  braves  Roys  qu'il  y 
cuft  de  long-temps  en  France  2  Comme  fzy  ouy  dire  à  une  grande  Dame  de 
ce  temps ,  nourrie  petite  fille  à  la  Cour ,  qui  difoit ,  que  quand  le  Roy  Fran- 
çois Premier,  parmy  fes  difcours ,  qu'il  faifoit  quelquesfois,  il  rangeoir 
tousiours  ce  petit  Roy  Charles  parmy  les  plus  grands  Roys  de  France,  fes 
Preaecefleurs ,  en  alléguant  les  mefmes  raifons ,  que  j'ay  cy-deflùs  all&* 

f;uées.  Guicicardin ,  très-bon  Hifloriographe  certes ,  a  voulu  médire  de 
uy  mal  â  propos  en  fon  Hifloire  s  mais  il  êfl  hors  d'eflre  receu  pour  n'en 
parler  que  par  paflion  ,  &  aufli  qu'il  fit  à  luy  Se  à,  tous  ceux  de  fa  patrie 
îî  belle  fezarde  ,  qu'il  ne  fçavoit  comment  s'en  revancher,  finon  à  mef^ 
dire  de  luy ,  &  de  le  deffi^urer  &  le  defcrire  difforme  de  corps  Se  de  vi- 
fage y  fon  effigie  douce  &  oenigne,  qui  efl  à  Saint  Denis  en  bronze  doré 
devant  le  grand  autel ,  ne  le  nous  figure  pas  tel ,  ainfi  que  j'ay  oiiy  racon- 
ter à  feu  ma  grand'mere  Madame  la  Sênefchalle  de  Poitou  ,  de  la  Mai- 
Ton  de  Lude ,  que  j'allègue  fouvent  en  ce  livre,  &  qui  avoir  eflé  nourrie 
fille  de  Madame  de  Bourbon ,  fcrur  dudit  Roy  &  fa  Régente ,  &  mefme 
avec  luy,  qu'il  avoit  le  vifage  beau  >  doux  &  agréable  ,  Se  l'accomparoic 
à  un  Gentilhomme  près  de  notre  maifon  ,  &  difoit  que  c'efloit  fa  vrayc 
femblance ,  en  l'appellant  fouvent  par  ce  mefme  mot ,  la  Véronique  du 
petit  Roy  Charles  VIII.  &  prenoit  grand  plaifir  de  le  voir  &  l'accofler 
louvent  pour  l'amour  de  fon  idée  ;  mais  félon  la  femblance  de  ce  Gentil- 
homme ,  je  trouvcrois  ce  Roy  fort  beau  Se  fort  agréable  ;  il  eftoit  de  pe- 
tite ftature ,  de  taille  fort  maigrelette ,  pareille  à  celle  ,  difoit  cette  hon^ 
nèfle  Dame,  du  Roy,  &  en  faifoit  force  beaux  contes,  &  mefme  de 
fon  voyage  de  Naples ,  que  Monfîeur  le  Senefchal  de  Poitou  fon  mary  , 
avoit  fait  avec  luy  ,  qui  en  racontoit  bien  aufli ,  Se  en  rapporta  force 
beau:i^  &  riches  meubles  cjue  j'ay  veus  en  noflre  maifon.  Enfin  ce  fut 
Un  grand  Roy,  lequel,  s'il  ne  fuft mo«t,  vouloir  redreficr  nouvelle  ar- 
mée, réfolument  Se  plus  forte  qu'auparavant ,  pour  apprendre  au  Pape 
&  aux  Potentats  d'Italie  à  tourner  mieux  au  bafton  qu'ils  n'avoient  fait  , 
qui  fiit  caufc  qu'ils  ne  le  regrettèrent  gueres  >  Se  par  dépit  Tappellerent , 

comme 


tjt  ELOGE 

comme  ils  font  encore  au jourd'huy ,  Cabenuceo  ,  qui  eft  autant  à  dire  s 
teftu  &  opiniaftre  s  mais  pluftoft  faut-il  dire  qu'il  eftoit  refolu ,  courageux 
&  déterminé  en  fes  entreprifes  &  aélions. 

Ce  mefme  Jacques  de  Bergame  que  j  ay  allégué  cy-devant ,  dit  que  la 
renommée  de  fes  valeurs  eftoit  fi  divulguée  de-là  parmy  le  monde  ,  qu'il 
en  faifoit  non-feulement  trembler  l'Europe  ,  mais  l'Afie  ;  en  telle  forte 
que  le  Grand  Turc ,  pour  lors  Bajazet ,  eut  telle  frayeur  de  luy  qu'il  ne 
i'allaft  chercher  jufqucs  chez  luy  &  lech^flerde  fon  Empire,  comme 
fort  bien  il  avoit  rcfolu ,  qu'il  fe  mit  incontinent  fur  (ts  gardes ,  fit 
amas  de  grandes  forces  &  munitions  ;  cependant  luy  envoya  une  Am- 
baflàde  magnifique  >  pour  requérir  fon  amour  &  bienveillance  ,  ce  qu'il 
refufa  tout  à  plat  ;  car  pour  certain ,  ce  brave  &  très-Chretien  Roy  avoit 
refolu  &  conclu  par  fentence  irrévocable  (  difent  les  Hiftoires  ,  )  d  aller 
conquérir  le  ^.oyaume  de  Hierufalem  &  tout  l'Empire  d'Orient ,  &  s'en 
faire  couronner  Roy  &  Empereur  \  mais  la  mort  par  trop  cruelle  le  pre^ 
vint  &  l'en  empefcha.  Helas  l  il  ne  mourut  point  dans  un  lieu  où  fon 
généreux  cœur  le  portoit ,  mais  au  Chafteau  a  Amboife  au  plus  vil  lieu , 
qui  fut  dans  une  galerie  ,  voyant  jouer  i  la  paume ,  comme  dit  Philip^ 
pes  de  Comines  ,  fi  que  l'on  peut  dire  de  luy ,  comme  dit  Paul  Jove  du 
Roy  François  premier ,  Etjîc  maximus  orbis  Rcx  in  infimo  totius  GalUtB 
vico  periit.  aiiifi  mourut  le  plus  grand  Roy  du  monde  dans  le  plus  petit 
village  de  la  France  ;  ce  qui  n'çft ,  car  la  piaifon ,  le  Chafteau  ôc  le  bourg 
font  très-beaux  ,  grands ,  illuftres  &  fort  renommez  en  France  ,  mais 
il  falloir  que  ledit  Paul  Jove  parlaft  ainfi.  Mais  il  fera  mieux  dit  de  noftre 
Roy  Charles  ,  EtJic  maximus  Rex  totius  orbis  in  viliffimo  totius  fuœ  au^ 
lœ  loco  ptriit.  Et  ainfi  le  plus  grand  Roy  du  monde  elt  morr  au  plus  vi-^- 
lain  &  laie  lieu  de  fa  Cour ,  ainfi  que  dit  Philippes  de  Comines ,  & ,  s'il 
vous  plaît ,  en  vovant  joiier  à  la  paume  \  fpeûacle  cènes  bien  différent 
de  celuy  qu'il  s'eftoit  propofé  ,  mourir  en  voyant  fes  belles  entreprifes 
&  conqucftes  faire  &  achever  devant  luy.  Certes  le  fale  lieu  fut  trop  in- 
digne de  ce  grand  &  très-illuftre  Roy ,  &  la  fortune  ou  dès  le  commen-? 
cément  le  devoit  Quitter  l'a  ,  ou  bien  ,  puifqu'elle  l'avoit  entrepris ,  ne 
le  devoit  abandonner ,  ains  le  parfaire  &  pourfuivre  jufques  à  ion  plus 
beau  période ,  puifqu'il  s'eftoit  offert  pour  la  Chreftienté  &  le  nom 
de  Dieu. 

L'Italie  ne  le  plaignit  pas  s  aufiî  le  Pocte  Fauftus  difoit  que  fes  victoires 
&  faits  belliqueux  eftoient  autant  de  belles  marques  &  enfeignes  qu'il 
appelle  vcrajicmmata  proprement  en  Latin  ,  fur  le  front  des  Italiens  , 
qui  jamais  n'en  tomberoient ,  cela  eft  alTcz  commun.  Comme  j'ay  dit , 
que  le  Roy  fon  père  ne  voulut  jamais  qu'il  apprift  mot  de  Latin  ,  finon 
celuy-cy  ,  Qui  ûefcit  di£imulare  ,  ncjcit  regnare  ^  auffi  l'apfjrit-il  bien  & 
le  pratiqua  \  mais  d'autre  meilleure  façon  que  fon  pere>  qui  le  toumoit  d 
mal ,  &  le  fils  à  bien  ;  tellement  qu'il  fe  lit  dans  la  Chronique  d'Anjou , 

aue  lorfqu'il  entreprit  fon  voyage  de  Naples,  il  y  eut  force  Ambaflàçleurs 
'Italie  ,  qui  allèrent  vers  luy  pour  le  requérir  humblement,  (  ainfi  par- 
le la  Chronique  )  il  leur  fit  relponfe  en  telle  fage  &  douce  ambiguité, 
qu'ils  n'eurent  caufe  d'aucune  fufpicion ,  ny  de  hayne  contre  luy  ,  ny 
^ilfii  apparence  ou  proipeffe  d'amipié  >  dont  après  trop  plus  que  devant  le 

pr^gnirentj 


DU  ROY   CHARLES  VIIT  173 

^talgntrent  ;  connoiflanr  par  fcs  effets ,  ^'en  luy  eftoicnc  toute  genero- 
ùté  y  vaillance  &  gentilleilc  :  8c  par  Tes  dits ,  qu*ileftoit  garny  de  fens  ôc 
de  prudence  9  ainn  parle  la  Chronique. 

^  Il  fit  pourtant  une  grande  faute  quand  il  livrâtes  pauvres  &  valeureux 
Pifans  aux  Florentins  ,  qui  dirent  puis  après ,  pour  cela  Dieu  Ten  avoir 
puny  &  oftc  fî  vifte  de  ce  monde ,  &  par  une  mort  fi  fubite.  Les  ChreC* 
dens  y  au  moins  aucuns ,  ne  laprouvent  point ,  pour  n'avoir  loifir  de  fç' 
recommander  à  Dieu.  Cefar  au  contraire ,  qui  tenoit  la  mort  la  moins 
opinée  &  preveuc ,  la  plus  heureufe. 

C'cû  une  belle  queftion  pour  difputcr.  L'on  parla  fort  diverfement 
du  genre  de  la  mort  de  ce  grand  Roy  >  aucuns  ladifoient  d^un  cathare  » 
ou  apoplexie ,  où  il  ne  pouvoir  eftre  fujet ,  veu  fa  complexion  débile  & 
fon  naturel  point  v  adonne,  car  U  n'eftoit  gros  ,  gras,  ny  replet ,  Se 
celles  gens  y  font  uijets. 

Aucuns  aifoicnt  qu'il  avoit  eu  le  bocon  Italiano ,  d'autant  qu'il  liie* 
caçoit  encose  fort  Tltalie  èc  le  croignoient. 

Aucuns ,  qu'il  n'avoit  pas  bien  accomply  la  volonté  de  Dieu  â  ne  pu*- 
lïir  &  reformer  les  Prélats  &  gens  d'Eglile  en  leurs  Aus  &  infolcnces  » 
^infi  ^uc  Dieu  l'y  avoit  appelle  ,  comme  luy  fceut  bien  dire  Savonarole, 
I^s  Piians  ,  comme  j'ay  dit ,  affirmaient,  pour*  leur  avoir  rompu  fa  foy  : 
bref ,  il  en  ftit  ailèz  parlé  s  mai«  la  plus  vraye  vérité  fut  «  que  telle  eftoit 
fa  deflinée  &  fon  heure ,  bien  que  Dieu  fc  courrouce  fort  contre  ceux 

3ui  violent  une  foy  folemnellcment  donnée  :  &  voila  pourquoy  cette 
evife  f  Qui  ntfcit  dl£îmularc  ncfcit  reenarc  ,  ne  vaut  rien ,  ainfi  que 
f  ouïs  une  fois  prefcher  à  un  grand  Prédicateur ,  Doéteur  de  Sorbonnc  , 
nommé  Monfieur  Poncer,  (9)  qui  prcfchoit  à  la Paroi(ïc  S.  Sulpice ,  à  S, 
-Germain  des  Prez ,  qui  dit  tout  haut ,  fiir  un  fujet  que  je  ne  diray  pas ,  T  i  o) 
que  telles  paroles  efloientd'un  vray  Atheifte ,  &  oui  ouvroit  le  chemin 
aux  Roy  s  &  au  Princes  ,  pour  aller  à  tous  les  Diables  &  les  rendre  vrays 
Tyrans.  Poffible  qui  en  voudra  bien  pefer  les  raifons ,  il  trouvera  ce 
Prefcheur  très-veritable  &  fort  homme  de  bien  félon  noflre  bon  Seigneur 
Jcfus-Chrift,  qui  hayt  mortellement  les  hypocrites,  iefquels  on  peut 
nommer  proprement  traiftres  diffimulez ,  difoir  ce  bon  Prefcheur.  C'ef^ 
toit  le  Prefcheur  autant  hardy  à  parler  oui  jamais  a  entré  en  chaire,  8c 
horsde-là.  Par  cas  un  jour  Monfieur  de  Joyeufe,  (11)  du  temps  delà 
grande  fefle ,  defpenfe  &  magnificence  qui  fe  fit  en  fes  nopces ,  le  ren» 
contra/it  par  la  rue ,  il  luy  dit ,  Monfieur  Poncer ,  je  ne  vous  avois  ja- 
mais connu  qu'à  cette  heure ,  dont  j'en  fuis  bien  aife ,  car  j'ay  fort  oui 
parfer  de  vous  ,  &  comme  vous  faites  rire  le  monde  en  vos  fermons. 

Il  luy  refpondit  froidement ,  comme  l'autre  luy  avoit  parlé  de  colère  ; 
Monfieur ,  c'efl  raifon  que  je  les  faflè  rire ,  puifque  vous  les  faires  tant 

I fleurer  pour  les  fubfides  &  grandes  defpen{es  de  vos  belles  nopces  que 
e  peuple  fouffre  pour  vous. 
Ce  lut  à  Monfieur  de  Joyeufe  dtf  fe  retirer  ,  bien  qu'il  eufl  eu  grande 

envie 

(9)  Voyez  le  Journal  4$  Hemy  IJf.  f$4r  1  fe  ami  obligé  d^ exiler  ce  DoUeur  Poncet. 
fém  1 5  8  î .  lome  I.  édition  de  1 744.  C 1 1  )  VAutheur  du  Joternal  de  Henry  Ilh 

'  (^)  Ôétoit  contre  le  Roy  Hemy  IIL  qui    éUpribue  ce  fait  à  M.  d'Epemon. 

Tome  II.  ^  Mm  (u) 


274  ELOGE 

envie  de  le  frapper  ;  mais  s'il  i'euft  toaché  le  moins  du  monde ,  le  peuple 
(qui  eft  mutin  pour  tels  fujecs  de  leurs  Prefcheurs  libres,  car|ils  les  aiment 
naturellement  )  tel  s'adèmoloit  ^  cjui  euft  fair  cjuelque  vilain  fcandale  fur 
luy  &  fa  fuite  >  car  il  eftoit  fort  aimi  dans  Pans.  Brifons  icy ,  Se  d  autant 
que  cette  devife  précédente ,  que  j'ay  dit  de  cette  diûlmulation ,  efloic 
u>rtie  &  enfeigne  à  fon  fils  par  le  Roy  Louys  XI.  fon  perc,  &  par  luy-met 
me  obfervée  u  curieufement ,  il  faut  un  peu  parler  de  luy ,  non  par  un 
grand  fommaire ,  car  je  ferois  tort  aux  beaux  &  longs  dilcours  que  fait 
Philippes  de  Comines  de  luy  en  fa  belle  Hiftoire  >  mais  par  de  petits 
contes,  les  plus  briefsqueje  pourray  de  fefdittes  diflimulations,  feintes  » 
finedès  &  galanteries. 

Entre  plufîeurs  bons  tours  des  diilîmulations ,  feintes  >  finefics  Se  ga- 
lanteries ,  que  fit  ce  bon  Roy  en  fon  temps ,  ce  fut  celuy  lors  que  par 
gentille  induftrie  il  fit  mourir  fon  frère  le  Duc  de  Guyenne,  quand  il  y 
penfoit  le  moins  ,  &  luy  faifoit  le  plus  beau  femblant  de  l'aimer  luy  vi- 
vant ,  &  le  regretter  après  fa  mort  5  fi  bien  que  perfonne  ne  s'en  apper- 
ceut  qu'il  eut  fait  faire  le  coup ,  finon  par  le  moyen  de  fon  fol  qui  avoit 
efté  audit  Duc  fon  firere ,  &  il  l'avoir  retiré  avecque  luy  après  la  mort  > 
car  il  eftoit  plaifant.  Eftant  donc  un  jour  en  fes  bonnes  prières  &iorai« 
fons  à  Clery  ,  devant  Noftre-Dame  ,  qu'il  appelloit  fa  bonne  patrone  > 
au  ^and  Autel  y  Se  n'ayant  perfonne  près  de  luy  ,  finon  ce  fol ,  qui  en 
cftoit  un  peu  éloigné  ,  Se  duquel  il  ne  fe  doutoit  qu'il  fuft  fi  fol ,  fat  , 
fot ,  qu'il  ne  put  rien  rapporter:  il  l'entendit  comme  il  difoit ,  Ah  ,  ma 
bonne  Dame  l  ma  petite  Maiftrefîe ,  ma  grande  amie,  en  qui  j'ay  eu 
tousjours  mon  reconfort  5  je  te  prie  de  fupplier  Dieu  pour  moy  Se  eftre 
mon  advocate  envers  luy  ,  qu'il  me  pardonne  la  mort  de  mon  frère  ,  que 
j'ay  fait  empoifonner  par  ce  mefchant  Abbé  de  S.  Jean  ;  (  notez  encore 
qu'il  eutbienfervyen  cela  ,  ill'appelloit  mefchant  ;  ainfi  faut-il  appellcr 
tousjours  telles  gens  de  ce  nom  ;  )  je  m'en  confeflè  à  toy  comme  d  ma 
bonne  patrone  &  Maiftreflè.  Mais  auflî  qu'eu(Ie-je  fccu  faire  î  il  ne  me 
faifoit  que  troubler  mon  Royaume.  Fait-moy  donc  pardonner  ma  bonne 
Dame ,  &  je  fçay  ce  que  je  te  donneray.  (  Je  penfe  qu'il  vouloir  entendre 
quelques  beaux  prefens  ,  ainfi  qu'il  eftoit  couftumier  d'en  faire  tous  les 
ans  force  grands  &  beaux  à  TEglife.  )  Le  fol  n'eftoit  point  fi  reculé  nv 
dépoutveu  de  fens ,  n  v  de  mauvaifes  oreilles ,  qu'il  n'entendift  Se  retinft 
fort  bien  le  tout  5  en  lorte  qu'il  le  redit  à  luy  en  prefence  de  tout  le  mon* 
de  à  fon  difner ,  Se  à  autres ,  luy  reprochant  laditte  affaire ,  &  luy  repe^ 
tant  fouvent  qu'il  avoit  fait  mourir  ion  frère. 

Qui  fuft  eftonné  ,  ce  fut  le  Roy  5  (  il  ne  fait  pas  bon  fe  fier  à  fcs  fols» 
qui  quelquesfois  font  des  traits  de  fagcs ,  &  difent  tout  ce  qu'ils  fça- 
vent ,  ou  bien  le  devinent  par  quelque  inftinâ:  divin  5  )  mais  il  ne  le  gar- 
da gueres  ,  car  il  pafïà  le  pas  comme  les  autres  >  de  peur  qu'en  réitérant 
il  fut  fcandalifé  davantage. 

Il  y  a  plus  de  cinquante  ans ,  que  moy  eftant  fort  petit ,  m'en  allant 
au  Collège  à  Paris ,  j'ouys  faire  ce  conteà  un.vieux  Chanoine  de  là ,  qui 


verra 


DU  ROY  CHARLES  VIII.  175 

verra  la  tnéchanceté ,  la  tniferable  fin  &  le  défefpoir  de  ce  méchanr  Abbé. 

Ce  Roy  la  donna  bonne  aufli  au  Conneftable  de  Saint  Pol  y  quand 
il  luy  commanda  de  venir  par  devers  luy»  luy  ayant  mandé  qu'il  avoir 
befoin  de  fa  tefte ,  non  pas  pour  la  confulter ,  mais  pour  la  luy  faire  cou- 
per y  comme  il  fie.  Il  ne  Talla  pas  trouver  pour  cela,  ny  de  fon  gré,  mais 
fut  livré  par  le  Duc  de  Bourgogne.  Je  ne  veux  m  amufer  à  faire  des  contes* 
de  fa  juftice ,  qu'il  a  fait  exécuter  fur  les  uns  &  fur  les  autres ,  car  de 
cela  je  m'en  rapporte  à  ceux  &  aux  grands  perfonnages  des  Cours  de 
Parlement ,  qui  le  fçavent  mieux  que  moy ,  &  auflî  de  l'Hiftoire  fan- 
glante  j^qui  a  efté  efcrite  de  luy  >  ou  elle  touche  plus  fur  les  cordes  aigres 
de  fa  vie ,  oue  fur  les  douces. 

On  m'a  dit  qu'elle  eft  en  la  Bibliothèque  du  Roy  ,  que  le  Roy  Fran- 

5 ois  ne  voulut  jamais  qu'elle  fuft  imprimée  ,  dont  c'eft  dommage,  carli- 
iedans  on  y  euft  veu  chofes  &  autres ,  &  plufieurs  grands  Roys  &  au- 
tres Princes  y  eullènt  pris  exemple;  ainfi  que  je  tiens  d'un  grand  perfon- 
nage  d'Eftat ,  car  il  n'y  a  rien  qui  pouilè  la  perfonne  tant  à  la  vertu,  que 
l'honneur  &  l'abhorrement  du  vice ,  ny  qui  le  mené  aufli  tant  à  la  vertu 
que  l'émulation  de  la  mefme  vertu. 

Pour  ce  coup  je  me  fuis  avifé  de  mettre  icy  quelques  doubles  des  let- 
tres qu'il  écrivoit  à  Monfieur  de  Breflîure  (ii) ,  que  j'ay  trouvées  dans  le 
Thréfor  de  notre  Maifon  ,  lequel  il  fit  grand  de  fon  temps  par  belles  char- 
ges, car  il  cftoit  fon  Confeiller  &  fon  Chambellan ,  fon  Lieutenant  Ge- 
neral en  Poitou ,  Xaintonge ,  Aunix ,  &  autres  lieux  qu'il  luy  pleut,  fon 
Senefchal  de  Poitou ,  &  qui  plus  eft ,  fon  fécond  Triftan  l'Hermite  j  car 
il  eftoit  fait  à  fa  main  pour  cela;  &  d'autant  que  meflire  André  de  Vi- 
vonne  ,  mon  grand  père  &  Senefchal  de  Poitou  après-luy  ,  époufa  en 
première  nopces  fa  fille ,  belle,  honnefte  &  riche  Damoifclle ,  héritière, 
il  luj  tomba  dans  fes  coffres  force  lettres  que  ledit  Roy  Louys  XI.  luy 
cfcrivoit. 

J'ay  efté  curieux  d'en  recouvrer  quelques-unes ,  &  en  mettre  le  double 
icy  ,  non  pas  de  toutes ,  car  j'en  ay  veu  une  centaine  qui  lèvent  la  paille, 
&  fubellines,  que  j'eufte  icy  toutes  mifes ,  mais  on  m'euft  tenu  pour  un 
copifte ,  &  aum  qu'il  y  en  a  aucunes  fort  fcandaleufes,  &  pour  le  Rov  &c 
pour  force  honneftes  Gentilshoiiimes  d'aujourd'huy ,  dont  leurs  prede- 
ceflèurs  y  font  compris. 

Une  chofe  que  j'ay  notée  dans  ces  lettres ,  c'eft  qu'en  une  centaine  que 
j'ay  veu  au  diable  le  feing  d'un  feul  fignet ,  ny  le  uen  particulier  que  j'y 
ay  veu  ;  mais  ce  font  tous  divers  Secrétaires  qui  ont  figné  ;  ce  qui  me 
fait  croire  qu'il  n  avoir  point  ou  gueres  de  Secrétaires  parriculiers  à  luy , 
comme  ont  eu  depuis,  &  aujourd'huy ,  nos  Roys ,  ou  qu'il  ne  fe  fioit 
gueres  en  eux,  ou  qu'il  fe  fervoit  des  premiers  Qercs ,  qu'on  nommoit 
tels ,  pour  Secrétaires ,  qu'il  trouvoit ,  ou  fe  fervoit  des  premiers  Notai- 
res 


(il)  Jacques  de  Beaumont  «  Sieur  de  Bref- 
fiurt  en  Feiteu  ,  oui  de  Jeanne  de  Roche- 
eb^mmrt  m  eu  L^fide  Beaumont  ^  fremiere 
femm9  d  Antoine  de  Vivonne ,  qui  n'en  a  point 


Bâillon  du  Lude  ^  il  a  laijfi  cinq  enfans , 
dont  une  fille ,  nommée  Anne ,  s  êpoufé  Fran^ 
fois  de  Bourdeille ,  père  de  Pierre  de  Bourdeil- 
le  y  Abhi  de  Brdntême  ,  Auteur  de  ces  Mi- 


êttd  enfant  :  de  fa  féconde  femme  ^  Louife  de  \  moires. 

Mm  z  (43) 


27^  ELOGE 

rcs  qu'il  reftcontroît  aux  lieux  &  villages  d  où  il  efcrîvoîr ,  ou  Bîcft  cfe 
quelques  autres  petits  Secrétaire  de  Princes  &  autres  Gentilshommes  de* 
fa  Cour,  premiers  rencontres  s  ainit  qu'il  fit  un  jour  d'un  petit  fcribe,fiit 
&  bon  compagnon» qui  fe  prefentant  à^luy,  lors  qu'il  voulut  faire  efcrire 
à  la  hafte ,  eftant  à  Taflemblee ,  luy  voyant  fon  efcritoire  pendue  à  fa  cein* 
ture,Iuy  commanda auflî-toft  de  luy  efcrire  fous  luy;  &  ainfi  qu'il  eut  ou- 
vert fon  gallemard,  que  l'on  appelloit  ainfi  jadis,  &  encore  aujonrd'huy 
aucuns  l'appellenttel  a  la  vidleFrançoife,  de  voulant  fairetomber  fa  plu- 
me,  avec  elle  tombèrent  deuxdez,  auquel  le  Roy  demanda  tout  audi-toii 
à  quoy  ferveit  cette  dragée^  L'autre  (ans  s'èftonner  luy  répondit,  Sire^ 
c'eft  un  remedium  contra  péjicm.  Viens-ça,  dit  leRoy ,  tu  es  un  gentil  pail«i^ 
fard ,  ( ilufoit  fouvcnt  de  ce  mot  )  tu  es  à  moy ,  &  le  prit  à  fon  fervice^ 
Car  le  bon  Prince  aimoit  fort  les  bons  mots  &  les  efprits  fubrils. 

Voicy  donc  le  double  de  la  première  Lettre  de  celles  queje  veux  efcri- 
re icy. 

LETTRE. 

A  Monjieur  db  Breffiure^ 
J^R.  DE  BRESSLURE, 

J'ay  receu  vos  Lettres  &  les  2000  lîv..que  m'avez  envoyées  par  lè  por-^»^ 
teur ,  dont  je  vous  remercie.  Des  nouvelles  de  par  deçà,  nous  avons  pris. 
Hefdin,  Boulogne,  Fiennes ,  &  le  CKafteau  àla  Montoire  ,  que  le  Roy 
d'Angleterre,  qui  fut  plus  de  fix  fcmaines  devant,  ne  p^t  prendre ,  & 
fut  pris  de  bel  alTaut,  &  tous  ceux  qui  eftoient  dedans^.qui  eûoienc 
bien  trois  cens ,  tous  ruez»^ 

Les  garnifons  de  Liffe,  de  Douay,  d'OrcKies  &  de  Vafenciennes,  s'ef- 
rant  aflemblées  pour  fe  mettre  dans  Arras-,  &  eftant  bien  cinq  cens  hom- 
mes à  cheval  &  mille  hommes  à  pied,  le  Gouverneur  de  Dauphiné  (i  j)  ». 
ui  eftoit  en  la  Cité ,  en  fût  averty  &c  alla  au  devant,  &  n'effoient  point 
e  nos  gens  plus  haut  de  (Tx  vingts  lances,  qui  dotmerent  dedans;  ea 
efFet,ils.les  vousfefto^erent  fibienqu'ilen  demeura  plus  de  (îic  cens  fur  le 
champ ,  &  de  prifonniers ,  ils  en  amenèrent  bien  fuc  cens  i  la  Cité ,  Se 
ont  efté  tous ,  les  uns  pendus ,  &  les  teftes  coupées ,  &  le  refte  gagna  Ix 
fuite.  Ceux  dudit  Arras  eftoient  aflèmblez  bien  vingt-deux  ou  vingt-trois  ; 
pour  aller  en  Ambaflade. devers  Mademoifelle  de  Bourgogne,  ils  ont  efté 
pris  &  les  inftruâfions  qu'ils  portoient  >  &  ont  eu  les  teftes  tranchées  >, 
car  ils  m'avoient  fait  une  fois  le  ferment..  Il  y  en  avoir  un  entre  lès  autres^ 
Maiftre  Oudard  de  Bul^ ,  à  qui  j'avois  donné  une  Seigneurie  en  Parle-!- 
ment ,  &  afin  qu'on  connuft  bien  fa  tefte,  je  l'ay  fait  atoumer  d'un  beaa 
chaperon  fi3urré,.&  eft  fur  le  marché  de  Hefdin ,  15  ou  il  préfîdc.  Inconti-s 
nent  que  nous  aurons  autres  nouvelles  je  les  vous  féray  f çavoir.  Je  vous; 
prie  que  vous  pourvoyiez  bien  tousjours  à  tout  de  par-dc^là,  &  de  ce  quie 
furviendra  m'en  adveniflSez  fouvenr,  &  Adieu« 

Efcritt  à  Verdun  et  vingt-Jixicmcjour  d* Avril.  Ainfi  Signé ,  Loys.  E^ 
plus  bas ,  Jefme.!  QucUa 

(^  5;  Choit  Jiétn  de  Daillon ,  JSieardu  Lude^ 


i 


DU  ROY  CHARLES  VIII.  177 

Qadle  plaifanterie ,  notez ,  de  faire  aind  encapuchonner  ce  pauvre 
diable  d'un  chaperon  fourre  à  la  mode  d'un  Préiîdenc  qui  préfîde. 

AUTRE    LETTRE. 

TLJR.  D]E  BRESSIURE,  ftïonAiny, 

J'ay  efté  averty  que  Mn  de  Rohan  traite  fon  appoîntement  arec  le 
Duc ,  &  qu'il  s'en  veut  aller  en  Bretagne ,  &  à  cette  caufe  s'eft  retiré  en 
une  Abbaye  près  de  Nantes  :  je  ferois  bien  mary ,  veu  le  temps  qui  court, 
qu'il  s'en  allaft,  &  pour  ce  je  vous  prie  qu'incontinent  vous  en  allicz^là 
où  il  eft ,  vous  y  pouvez  aller  feurement  &  fans  danger ,  &  que  vous 
trouviez  façon  de  le  faire  venir  devers  moy ,  &  prenez  trois  ou  quatre 
de  Ces  gens  qui  mènent  ce  train  de  le  faire  aller  en  Bretagne,  &c  parlez  â 
ceux  denoftre  bande ,  a6n  de  les  faire  venir  devers  moy ,  &  leur  promet- 
tez beaucoup  de  biens  ,  Se  aufli  que  je  traitteray  bien  Mr.  de  Rohan. 
Quoy  qu'il  en  foit ,  gardez  bien  qu'il  ne  s'en  aille  point  e«  quelque  fa- 
çon qu'il  le  veuille  prendre  ;  mais  fi  par  dpuceur  le  pouvez  avoir ,  je  l'ai- 
merois  mieux  qu'autrement.  Il  y  a  un  jeune  garçon  du  Dauphiné  qui  le 
gouverne,  parlez  à  luy,  &c  à.  tous  les  autres. que  vous  verrez,  ciequi 
vous  pourrez,  aider  en  cette  manière. 

EJcriuàlaFi3oin ,  Uftptiimtjour  dcStpttmhn.  Ainji  y^Signé ^  Loys.. 
Et  plus  bas  y  Petit. 

Quelle  fineflè  l  fur-tout  if  vouloit  retirer  à  foy  Monfieur  de  Rohan  , 
qui  eftoit  lors  un  grand  Seigneur ,  comme  au jourd'huy. 

UNE    AUTRE. 

J^R.  DE  BRESSIURE, 

Je  vous  prie  que  vous  fçachiez  de  Merichon  (14)  s'il  voudrolt  vendre 
fbn  hoftel  de  la  Rochelle ,  car  je  le  voudrois  bien  avoir  pour  moy  ou  au- 
cuns des  miens,  pour  eftre  plus  près  d'eux  &  leur  voifin ,  &  les  faire  te- 
jiir  du  pied.  Je  ne  veux  point  de  fes  terres  ny  autres  chofes ,  mais  feule* 
ment  ledit  hoftcl  \  &  y  befognez  flfecrettement  qu'il  ne  s'en  apperçoiva 
point  qu'il  vienne  de  moy  ,  ny  que  je  le  veiiille  avoh:.  Adieu. 

Au  Plcffis-du^Parc  ,  U  vingtième  jour  de  May^ 

Monfieur  de  Breffiure,  de  ce  que  je  vous  efcris,  \^  vous  prie  qu'il  (bit 
£  fecreuement ,  qu'il  n'en  foit  nulles  nouvelles.  ^ 

AinJîSigniy  Loys.-  Et  plus  bas  ,  Scerbifey.- 

Bonne  finefle.- 

UNE 

fi4)  83*  Merichon  fïit  Chambellan  de  Louiis  XT.  &  Maire  de  la  RocKcllc.  Voje:^ 
livre  lY.  Chapitre  VH.  note  i^ 

Mm  % 


178  ELOGE 

UNE    AUTRE. 

2^R.  DE  BRESSIURE, 

Vous  fçavez  comme  j'ay  à  cœur  k  matière  pour  laquelle  j*ay  envoyé 
devers  vous  mon  bel  oncle  du  Mayne ,  &  pour  ce  je  vous  prie  que  vous  y 
befogniez  le  mieux  que  vous  pourrez,  &  tellement  qu'avant  voftre  par* 
tement  la  chofe  foit  conclue  î  &  en  quelque  eftatquela  chofe  foit  >  efcri« 
vez  avant  icelluy  voftre  partement  à  mon  frère  le  Conneftable  »  que  la 
chofe  eft  faite  y  Se  y  envoyez  homme  propre ,  &  vous  prie  bien  qu'il  n'y 
ait  faute. 

Donné  au  Pont  de  Ci  f  UfiiTiémcjourdc  Juillet.  Ainfi  Signé  ,Lor$^ 
Et  plus  bas  y  De  Chenlard. 

Autre  finellè  pour  tromper  ce  Conneftable. 

AUTRE    LETTRE. 

J^R.  DE  BRESSIURE, 

Tay  efté  averty  de  Normandie  &  d'ailleurs ,  que  l'armée  des  Angloîs 
eft  rompue  pour  cette  année ,  &  pour  ce  que  je  vois ,  vous  n'avez  que 
faire  au  quartier  où  vous  eftes  pour  cette  heure ,  je  m'en  retourne  pren- 
dre Se  tuer  des  fangliers ,  afin  que  je  n'en  perde  la  faifon ,  en  attendant 
l'autre  pour  prendre  &  tuer  des  Anglois.  Faitcs-moy  fçavoir  tousjours 
de  vos  npuvelles,  &  ce  qui  vous  furviendraj  toutesfois  ne  vous  bougez 
de-U ,  (entre  nous)  &  fi  vous  avez  befoin  ,  mandez-le  moy ,  &  je  m'en 
iray  à  vous ,  mais  que  me  le  fafEez  fçavoir.  Adieu. 

Efcritc  à  Argtnton^  ce  quatrième  jour  de  Novembre.  Ainfi^  Signé  ^ 
LoYS.  Et  plus  bas ,  de  Doyate. 

Ceft  parler  en  brave  &  vaillant  Roy  de  ne  vouloir  perdre  la  faifon  de 
tuer  des  fangliers ,  non  plus  que  des  Anglois  en  la  leur ,  &c  vouloir  allcc 
fecourir  fcs  gens  au  befoin,  s'il  en  arrivoit. 

AUTRELETTRE. 

J^R.  DE  BRESSIURE, 

J'ay  efté  averty  que  les  forces  de  mon  beau-frere  de  Guyenne  s*appref- 
tent  pour  entrer  en  nos  pays ,  que  Dieu  ne  veuille.  Mais  quand  ainfî  fcroir, 
je  vous  prie  qu'en  toute  diligence  vous  faffiez  la  refîftance  poflîble ,  en  at- 
tendant de  vos  nouvelles,  pour  y  donner  la  provifion ,  fi  je  ne  vais  à  vous. 

Donné  à  Vendofme  ,  ce  onzième  jour  d^  Octobre.  Loys.  Et  plus  bas  ^ 
Demoulins 

U  ne  s'eftonnoit  pas,  Se  parloir  bravement  ce  Roy-là. 

AUTRE 


DU  ROY  CHARLES  VIIL  zy, 

AUTRE    LETTRE. 

J^R.  DEBRESSIURE, 

Tay  receu  les  Lettres  de  Monfieur  de  Calabre ,  6c  yeu  la  créance  qu'il 
m'a  envoyée  par  efcrit,  je  ne  m'y  fieray  que  bien  à  point.  Tcfcris  audit  de 
Cal;d>re  >  &  auflî  â  mon  coufin  le  Baftard.  Je  vous  prie ,  Mr.  de  Breffiure  > 
mon  amy ,  que  vous  preniez  bien  garde  à  tout,  &  que  nul  inconvénient 
n'avienne  pendant  mon  voyage  >  ainfi  qu'en  vous  en  ay  ma  confiance. 

Efcriu  à  ChanulU ,  h  quatriimcjour  de  Mars.  Signé  ,  LoYS.  Et  plus 
bas  j  Jefme. 

AUTRE    LETTRE. 

J^R.  DE  BRESSIURE, 

J'ay  veu  ce  que  m'avez  efcrit ,  &  Mr.  le  Maiftre  touchant  les  Dames 
de  Poinûievre  y  je  luy  fais  refoonfe  qu'il  laillc  le  tout  ainfi  qu'il  l'a  trou- 
vé ,  car  Mr.  de  Poinétievre  eft  par  deçà ,  &  j'ay  fait  prendre  le  ferment 
de  luy. 

Efcritt  à  Amboîft  ^  et  vingi-quatre  Septembre.  Signé  ,  Lors.  Et  plus 
bas  y  Parent. 

Il  en  efcrit  de  mefme  â  ce  Maiftre  d'Hoftel,  &  l'infcription  de  la 
Lettre  eft  :  A  noftre  amé  &  féal  Confeiller ,  &  Maiftre  d'Hoftel ,  Jean 
Gucrrin.  Quelle  Seigneurie  !  penfez  que  c'cftoit  quelque  bon  garnement 
de  bas  lieu.  De  tels  il  s'en  fervoit  fouvent  pluftoft  que  d'autres  >  pour* 
veu  qu'ils  le  ferviflènt  fidellement. 

AUTRE    LETTRE. 

», 

VJR.  DE  BRESSIURE,  mon  Amy, 

Je  crois  que  vous  fçavez  afièz  que  depuis  n'agueres  le  Pape  »  â  ma  re-* 
quefte ,  a  pourveu  Monfieur  d'Evreux  (i  5)  de  l'Abbaye  de  Bourgeuil  >  Se 
parce  que  j'ay  entendu  que  vous  eftes  curateur  du  feu  Evefque  de  Maille^ 
xcy  qui  tenoit  ladite  Abbaye»  &  qu'à caufe d'icelle  il  a  plufieurs  biens , 
gui  aeuëment  appartiennent  àmondit  Sieur  d'Evreux,  qui  eft  fonfucceé 
leur,  je  vous  prie  de  tenir  la  main  que  le  tout  foit  rendu  ,  car  il  eft  bon 
diable  d'Eve(que  pour  à  cette  heure ,  je  ne  fçay  ce  qu'il  fera  à  l'avenir;  il 
eft  continuellement  occupé  à  mon  fervice.  Je  vous  en  prie  encore,  Mon« 
fieur  de  Brefiîure ,  mon  amy ,  qu'il  n'y  ait  faute. 

Efcriteà  Compie^Cf  le  hmtiimt  jour  d^Aoufi.  Signé  ^  LoYS.  Et  plus 
bas  y  Merlin. 

Il  penfe  veu  cela ,  que  Mefixeurs  les  Chanoines  de  fon  temps  ne  faifoîent 

grandes 
(x/)  Céien  hme  Bslue ,  defm  Otrdinàl.  Voyez Cmines ,  &  Us  Fnfives  ,  numm  C« 


xto  ELOGE 

grandes  éleâions  de  leurs  Evefques ,  &  qu'il  coufoic  >  tailloîc  &  faifoic 
^out.  Notez  au(fî  qu  il  appelloic  cet  Evefque  bon  diable.  Je  penfe  que 
çc  fut  le  Cardinal  Balue  >  fait  après ,  il  luy  rendit  bien  la  pareille  depuis» 

AUTRE    Ï-ETTRE, 

VJR,  DE  BRESSIURE, 

J'ay  eftc  averty  quç  Mr.  de  S.  Lou  çft  aile  devers  vous ,  pour  fe  con-^ 
feîller  à  vous  de  ce  qu'il  avoir  à  faire ,  &  m'efbahys  bien  de  ce  que  ne  l'a-» 
vez  pris  >  veu  U  grande  trahifon  Se  mauvaiftié  qu'il  a  faite  à  l'encontre  de 
moy  >  &c  pour  ce  iî  voulez  que  jamais  j'aye  fiance  en  vous  >  s'il  eft  en  liea 
où  vous  le  puiflîez  recouvrer ,  faites  le  prendre  incontinent ,  car  ce  m'eft 
jchofe  fort  a  cœur ,  que  ne  m'ayez  averty  de  fon  allée.  Je  vous  prie  que  me 
faifiez  fçavoir  ce  qui  en  eft. 

EfcrUeau  PUffiS'dU'Parc  M  c^fii[^mc  jour  4^  Janvier.  Si^é  ^  LoYS^ 
Jptpli^s  has  9  De  Chaumpnt, 

Je  penfe  bien  que  leditMr.  de  Brefliurefut  en  grand  accellbire>  après 
cette  Letcre  receuë ,  pour  attraper  ledit  Moniieur  de  S.  Lou  ;  car  s'il  y 
fnanqua ,  il  ne  faut  point  douter  qu'il  n'entraft  en  méiiance  de  luy,  com- 
me il  l'en  menaça.  Il  falloir  bien  dire  que  ce  Mr.  de  S.  l^u  fût  grand  9 
puifqu'il  l'appelloit  Monfieur  :  j'en  ay  connu  de  fes  defcendans,  qui  font 
tujourd'huy  ,  entre  autres  un  que  j'ay  veu  Lieutenant  de  l'une  des  Co- 
lonelles de  Monfieur  de  Strozze  >  qui  fut  tué  i  la  Roche-la-Belie  \  braver 
^  vaillant  Gentilhomme* 

AUTRELETfRE, 

J^R.  DB  BRESSIURE, 

J'ay  efté  averty  que  depuis  n'agueres  les  Anglois  ont  arrefté  le  Najf irf 
de  Monfieur  des  Bordes ,  &  pour  ce  il  fc  faut  donner  garde  d'eux ,  dC 
en  avertir  par  tout  où  vous  verrez  efbre  à  faire ,  tant  par  mer,  que  par 
terre ,  mefme  à  la  Rochelle  ,  à  S.  Jean  d' Angely ,  à  Xainres ,  Se  ailleurs 
où  befoin  fera ,  fans  entreprendre  dur  eux ,  ny  leur  faire  la  guerre  ;  Se 
auffî  que  l'on  fe  donne  garde  que  les  Marchands  d'Angleterre  ne  manient 
quelque  pratique  fous  ombre  de  leurs  marchandifes ,  &  s'ils  prennent 
quelque  chofe»  qu'on  prenne  autant  fur  eux  i  mais  q«'on  ne  commence 
pas.  Adieu. 

Efcriu  au  Pl^s^u^Parc  y  ccvingtlifmjourdt  Janvier  ^  Signé ^  LpySt' 
£t  plus  bas  y  Amier. 

AUTRE    LETTRE, 
\^  R.  DE  BRESSIURE , 

l'ttf  reçeules  Lettres  que  voys  m'ercrivez»  ^<û  font  mention  4'mi 

novfmh 


I 


DU  ROY  CHARLES  VÏII.  iVi 

nommé  Huiflbn  >  que  vous  dites  qui  a  fait  plufieurs  maux  en  une  conv* 
miflîon  y  qu'il  die  avoir  eue  de  moy  y  Se  pour  ce  je  veux  fçavoir  qui  eft  ce 
Huidbn  9  &  les  abus  qu'il  a  fait  touchant  cette  commiflîon.  Je  vous  prie 
qu'incontinent  ces  Lettres  veucs  vous  me  l'envoyiez  flbien  lié  &  garrotté, 
êc  fi  feurement  accompagné,  qu'il  ne  s'échappe  point ,  enfemble  les  Infor-  * 
mations  »  qui  ont.  efté  faites  à  l'encontre  de  luy  >  8c  qu'il  n'y  ait  point  de 
faute  ;  ôc  me  faites  foudain  fcavoir  de  vos  nouvelles  >  pour  faire  les  pré^ 
paratifs  des  nopces  du  galand  avec  une  potence. 

Efcrit  À  la  hajic  du  PUffis^U'Parc  ^  U  tnntiimt  Juin.  Signe  >  Lovs. 
Et  plus  bas  ,  Jefme. 

Il  n'y  a  perfonne  qui ,  voyant  cette  Lettre,  ne  die  que  le  pauvre  diable 
auffitofl;  arrivé  au(fi-toft  dépefché ,  car  il  efcrivoit  de  colère  &  à  la  hafte. 

AUTRE    LETTRE, 

Vf  R.  DE  BRESSIURE,  monAmy, 

J'envoye  prefentement  mon  fils  de  Beau  jeu  en  Guyenne.  J^vous  prie, 
fur  tout  le  plaifir  &  fervice  que  me  fçauriez  jamais  faire ,  que  vous  l'ac« 
compagniez&  obéy fiiez  comme  à  moy  :  &  au  furplus  donnez  bonne  pro- 
vifion  par  tout,  &  ne  le  perdez  point  de  veuc ,  ainfi  que  plus  au  long  j'ay 
chargé  Mr.  d'Achon  de  vous  dire.  Je  vous  prie  que  le  veuillez  croire  de 
ce  qu'il  vous  dira  de  par  moy. 

Efcrit  a  Royc ,  eefcptiémcjour  de  May.  Signe  ^  Loys.  Et  plus  bas  > 
Johier. 

U  montre  par  cctte-cy ,  qu'il  ne  fe  fioit  en  fon  propre  gendre ,  puis  qu*^ 
ouade  audit  Sieur  de  Bremure  de  ne  le  perdre  de  veuc* 

AUTRE    LETTRE. 
'X/TR.DE  BRESSIURE,  monAmy, 

J'ay  receu  vos  Lettres ,  &  au  regard  de  la  confifcation  de  Madame  de 
la  Rochefoucault ,  c'eft  bien  la  raifon  que  Mr.  de  Maillé  Tayt ,  puis  qu'il 
l'a  époufée  :  car  mal  fur  mal  n'eft  pas  ianté  s  Se  vous  remercie  tant  que 
je  puis  de  la  bonne  dilijgence  que  vous  faites  en  la  commiflîon  que  je 
vous  4y  donnée ,  Se  deffcnfes  que  vous  avez  fait  faire  Qu'on  ne  touchaft 
point  aux  Bretons ,  Se  vous  prie  derefchef  qu'on  les  faUe  bien  traiter  Se 
qu'on  ne  leur  demande  rien. 

Monfieur  de  Brefliure ,  mon  amy ,  j'envoye  mon  fils ,  Monfieur  de 
Beaujeu  par-de-U ,  pour  pourvoir  â  tout  ce  qui  fera  néceflàire  en  Guyen- 
ne. Je  vous  prie  ne  l'abandonnez  point  &  m'y  fervez ,  comme  en  vous 
j'ay  confiance. 

Efcrit  à  Bray  fur  Somme  ^  ce  dixième  jour  de  May.  Signio  Loys.  Et 
plus  bas ,  Jefme. 
Tome  II.  N  n  AUTRE 


*8i  ÉLOGE 

AUTRELETTRE. 
J^R.  DE  BRESSIURE, 

Tay  appointé  avec  Madame  de  Belleville  de  la  place  de  Montagu  »  Si 
Blancherort  y  va  pour  en  prendre  la  pofleffibn  pour  moy  ,  &  pource  que, 
comme  vous  fçavez ,  il  eft  befoin  d  y  mettre  des  gens  dedans  jufques  à 
ce  que  j'y  aye  pourveu ,  qui  fera  bien  brief  ;  je  vous  prie  qu'incontinent 
ces  Lettres  receucs ,  en  toute  diligence  vous  luy  envoyiez  audit  lieu  de 
Montagu  trente  ou  (quarante  Gentilshommes  bien  feurs,  &  qu'ils  y 
foient  Samedy  prochain ,  bien  habillez  &  en  point,  &  aue  chacun  d'eux 
avt  une  bonne  arbalefte  -,  mais  qulls  ne  faflent  point  de  bruit ,  &  quand 
ifs  approcheront  dudit  Montagu  ,  qu'ils  envoyent  dedans  ledit  Blanche- 
fort  ,  pour  leur  faire  fçavoir  leur  venue. 

Monfieur  de  Breflîure ,  mon  amy ,  vous  fçavez  que  cecy  me  touche  fort  ; 
je  vous  prie  qu'y  faffiez  (î  bonne  diligence ,  qu'il  n'y  ait  point  de  faute  > 
qu'ils  y  foient  audit  jour,  &  que  ce  foit  gens  de  qui  vous  tenez  feuretc» 
&  qui  ne  foient  point  Seigneurs  de  quoy  on  ne  fe  puiffe  bien  ayder. 

Efcrit  à  Sablé  ,  ce  deuxième  jour  du  mois  d'ÂouJl.  Signé  ,  Lo YS.  Et 
plus  bas  ,  Thilhart. 

Cette  Lettre  montre  le  bel  équipage  auquel  il  vouloir  ces  Gentilshom- 
mes entrer  en  la  place ,  &  fur-tout  avec  leurs  bonnes  arbaleftes  &  bien 
habiller*,  aufli  qu'il  ne  veut  point  de  Seigneurs  qui  ne  fçachent  bien 
fervit  pour  faire  trop  des  grands  :  il  veut  des  Gentilshommes  moyens  & 
defquels  on  s'adèure  plus ,  &  qui  font  plus  de  fatigue  que  ces  grands. 

Sans  aller  plus  avant  &  fans  parler  davantage  de  ce  Roy ,  il  faut  dire 
&  avouer  que  ce  fut  un  grand  Rojr,  tant  pour  grandes  aflàires  d^Eftat, 
ain  fîque  Philippe  de  Comines  le  ngure  très-bien  y  que  pour  la  vaillan- 
ce &  la  guerre,  ainfl  qu'il  le  fit  bien paroifltre  à  la  bataille  de  Montlhery  , 
qu'il  donna  bravement,  fans  s'eftonner  des  plus  grands  de  fon  Royau- 
me ,  qui  s'eftoient  fouAevez  8c  bandez  pour  le  Bien  Public. 

J'ay  ouy  dire  à  une  Dame  notable  ,  que  le  Roy  François  le  louoit  ex^ 
trémement ,  fors  qu'il  eftoit  un  peu  trop  cruel  &  fanguinaire  ,  &  que 

;  car  devant 
'avoient  en- 
^  ^  ^ ,  comme  de- 
puis^ mefmes  que  les  Eftats  &  Cours  de  Parlement  (e  mefloient  forrde 
comroller  &  cenfurer  leurs  aâions  ,  volontez  &  ordonnances  ,  au  fieu 
que  celuy-cy  aflembhmt  fcs  Eftats  8c  Cours  ,  ils  ne  difoient  8c  ne  fai- 
toient  rien  nnon  ce  cju'il  vouloir ,  jugeoit  8c  ordonnoit ,  condamnoit , 


rcngara  ,  qui  ciroiu  ac  ion  temps  ,  OC  avoïc  porcc  long-ccnrps  ics  armes 
de-la  les  Monts  &  bon  compagnon  ,  qui  faiibit  &  jettoir  fes  fentences 
comme  U  luy  plaifoit  ;  &  fi  par  cas  on  appellpit ,  il  avoit  tousjours  près 
de  Çà  chaire  une  grande  efpée  à  deux  mams  ^  qu'il  poixoit  fouvent ,  il  la 

de(guainoit 


DU  ROY  CHARLES  VIII.  it^ 

defguaînoit  foudainySc  avec  Ton  cap  de  Diou  l'approchoit  du  col  du  pau- 
vre appellanc ,  &  luy  faifoic  iî  belle  peur  >  le  menaçant  de  luy  couper 
tout  â  net  s'il  ne  defiftoit  de  Tappel  i  enforte  qu'il  eftoit  contraint  de  fu- 
bir  i  la  fentence  telle  quelle  qu'il  euft  prononcé.  Le  conte  en  eft  plaifant  > 
&  le  proverbe  en  court  encore  aujourd*huy  au  pays.  Il  redèmble  le  Juge 
de  Montravel ,  qui  veut  eftre  bien  creu ,  ôc  craint  en  Ton  dire  de  fentence 
comme  il  luy  plaift. 

Or  d'autant  que  ces  lettres  de  ce  grand  Roy  que  j'ay  produites ,  & 
d'autres  points  auffi ,  j'ay  apperçeu&  confideré  fonfignet,  très-beau, 
certes  ,  8c  fait  de  bonne  main ,  mais  un  peu  bizarre  :  j'ay  avifé  de  le 
contrefaire  &  le  montrer^  bien  que  je  fçache  qu'il  s'en  trouvera  a(Ièz» 
voire  ouafi  à  revendre  ^  dans  les  Chambres  du  Parlement  &  des  Comptes, 
peut-eftre  pareils  &  femblables  aux  miens ,  fans  rien  changer  aux  prece- 
iicntes  :  le  fignet  eft  donc  tel. 

Je  laide  à  juger  aux  gens  d'efprit  la 

forme  de  la  lettre ,  en  forte  que  pcut- 

eftre.un  bon  efcrivain  nV  fçauroit  que 

mordre  ni  cenfurer  en  ion  art  d'orto^ 

graphe ,  &  mefme  en  fa  dernière  let- 

_  -    /  r  1/  / 1/   y  \      we  de  S.  Pour  achever  Louys  &  cou- 

JA    //    t  J  ¥/  K  /â  \     ronner  la  fin  de  nos  petits  contes  de 

1^1  t^^^AJ  1/   ^  lA/     noftre  grand  Roy  ,  il  faut  que  je  faflfe 

celuy-cy  &  puis  dIus  ,  car  il  le  vaut , 
que  j'ay  leu  dans  la  Chronique  de  Sa- 
voye. 

Le  Pape  Eugène  ayant  envoyé  une 
fois  vers  luy  un  Grand ,  fuffifanc  SC 
dofte  perfonnage  du  pays  de  Grèce  &  Archevefque  de  Nicée ,  nom- 
mé Beflarion  ,  pour  fon  Légat  à  moyenner  la  paix  entre  luy  ôc  le  Duc  de 
Bourgogne  Charles  ;  ce  bon  Doreur  n'eftant  fi  bon  Courtifan  comme 
bon  Pbaofophe  ,  &  ne  Cçachant  difcerner  la  grandeur  de  l'un  à  l'autre*. 
Se  du  Seigneur  au  Vaflal ,  il  ^'en  va  premièrement  vers  le  Duc ,  duquel 
ayant  eu  la  depefche  ,  s'ep  alla  après  fort  nefciemment  trouver  le  Roy , 
ui  trouva  fort  eftrange  la  façon  de  ce  pauvre  Philofophe  ,  d'avoir  abor- 
é  premier  le  Vaflal  que  le  Seigneur ,  cuidant  que  ce  fuft  par  quelque 


I 


mépris  :  nonobftant  il  ouït  fa  harangue  philofophale  tellement  auelle- 
ment  s  en  après  d'un  vifagc  moitié  courroucé ,  moitié  ridicule  '4c  de  mé^ 
pris,  &luy  .^ant  mis  la  main  doucement  fur  la  barbe  revcrenciale  ,  de 
mefme  que  fit  le  bonne  homme  Hommelas ,  quand  il  filoit  les  moufta** 
ches  de  la  fienne ,  parlant  des  miracles  des  Decretales  dans  le  bon  rotor 
pu  Rabelais ,  il  luy  dit ,  Monfieur  le  Révérend  ,  Barbara  Grœca  gcnus 
ruinent ,  audd  habcrcJbUbant» 

Et  fans  luy  faire  autre  réponfe ,  le  planta  là  tout  efbahy ,  &  quant  & 
quant  luy  fit  dire  par  quelque  autre  qu'il  euft  à  fe  retirer,  &  qu'il  n  au- 


Cl  bien  â  propos. 

Nn  z  II 


iS4 


COMPARAISON 


Il  ne  tedoutoit  eueres  le  Pape  ni  d'autres  de  Ton  temps ,  outre  que 
rhumeur  luy  pri(Ulla  defliis  de  pointilter  fur  ce  point  d  nonneur  &  de 

Î^refceance ,  qui  devoir  pounant  excufer  ce  bon  Prélat  *,  car  il  y  allott  à 
a  bonne  foy  ,  Se  en  prenoit  le  patron  fur  les  cérémonies  de  l'Eglife  t 
Quia  qui  canit  magnam  Miffam  ,  vadit  ultimus  in  proctffiofu  &  cjl  major. 
Sur  quoy  je  laiUe  à  difcourir  à  de  plus  grands  perfonnages  que  moy  > 
£  ce  bon  homme  de  Prélat  faillit  là ,  èc  à  qui  on  doit  plûtoft  adtefler  fa 
parole  &  (on  Ambaflàde  »  au  grand  ou  au  petit. 

Je  n'allègue  pour  moy  que  cet  exemple  judicieux  arrivé  de  noftre 
temps  du  bon  Pape  Pie  V.  qui  envoya  au  Roy  d'Efpagne  Dom  Philippes  > 

Îlûtoft  fon  neveu  le  Cardinal  Alexandrin ,  qu'à  noftre  grand  Roy  Chaf* 
es  IX.  quand  il  le  vint  trouver  à  Blois ,  comme  je  vis  en  pofte  »  eftanc 
allé  en  Efpagne  premier  par  mer*  A  ce  conte  le  Roy  Charles  fe  devoit 
eftomaquer ,  mais  point  ;  car  avant  luy  le  Pape  Paul  IIL  Farncze  avoit 
envoyé  fon  neveu  Alexandre  Farneze  au  Roj  François ,  premier  qu'à 
l'Empereur.  Quelques-uns  difoient  que  c'eftoit  en  fon  chemin  faifant  à 
paflèr  par  la  France  ,  ic<  plus  commode  pour  aller  trouver  l'Empereur 
en  Flandres ,  où  il  eftoit  pour  lors.  Je  m^en  rapporte  du  tout  au  dire  des 
plus  grands  perfonnages  que  moy. 


COMPARAISON  DU  REGNE  DU  ROY 

Louys  XII.  à  çeluy  du  Roy  Louys  XL  Tirée  de  tHifiùire 
du  Koy  Louys  Xli.  par  Claude  de  Seyssel  ^  Evefque 
de  MarfeilU  ,  depuis  Archevefquc  de  Turin^ 

IL  convient  parler  du  Roy  (  1 6)  Louys  XL  fils  du  Roy  Charles  VIT.  &  de 
fon  règne  •,  pourtant  que  plufieurs  gens  qui  ont  efté  de  fon  temps 
(  lef(juels  pource  au'ils  n'ont  pas  de  ce  reçue ,  tant  de  bienfaits  ou  d*au- 
chonté  qu'ils  vouoroient ,  combien  que  plus  à  l'aventure  qu'il  ne  leur  eft 
deu  )  patient  incèflàmment  de  luy ,  de  fes  faits  &  de  fes  ix&s ,  &  le 
haut  louent  jufques  aux  cieux  >  difans  qu'il  a  efté  le  plus  fage>  le  plus 
puidant ,  le  plus  libéral ,  le  plus  vaillant  >  &  le  plus  heureux  ^ui  jamais 
fut  en  France.  Et  néanmoins  par  ce  que  j'ay  pu  fçavoir  à  la  venté  de  luy 
&  de  fon  règne ,  &  qui  eft  tout  notoire  &  de  frefche  mémoire  ennc 
toutes  gens ,  il  a  efté  (  toutes  chofes  dignes  de  louange  à  un  Prince  confi- 
derées)  moinsalouer  beaucoupque  le  Roy  Louys  qui  eft  à  prefent.  Et  fon 
règne  eft  autant  différent  du  règne  moderne ,  comme  l'Empire  de  Domi- 
tian?,  de  celuydeTrajan.  Si  neveux-jc  pas  pourtant  detraderà  fes  vertus  & 
louanges  qui  font  grandes ,  mais  il  convient  rendre  à  un  chacun  fon  los  ^ 
fans  flater  ny  épargner  l'un  ny  l'autre. 
Pour  venir  au  commencement  de  fon  règne ,  il  eft  notoire  fut  pour  la 

cruauté 


(  1 6)  VHiftom  Amedùiê  dm  Rey  Louis  XI. 
mti  Monfiêttr  de  Vsrsilé^s  s  donnée  au  Pu- 
ilu,efifref(^He  tome  tirée  de  cetiiCcm^m» 


mi  fin  ,  svee  cette  dijfireme  qu'il  m  amplifia 
flupeurs  endroits  Mufr^tidici  do  Cbonttmt 
du  À  ce  Roj^ 


DES  ROYS  LOUYS  XL  ET  XII.       iSj 

eniauté  de  Ton  père  ^  ou  comme  cft  l'opinion  de  plufieurs ,  pour  (à  te^ 
mérité  ,  qu'il  fut  Tefpace  de  fepc  ans  &  plus ,  fi  hay  ôc  foupçonné  de 
fondit  pcrc ,  que  pour  feurcté  que  on  luy  prcfcntât ,  ne  s*ofa  fier  de  ve* 
nir en  Ion  pouvoir,  ains  pour  crainte  de  fa  perfonne  >  fut  contraint  s'en? 
fuir  à  celuy  qui  avoit  efté  ennemy  capital  de  fondit  père ,  ja^oit  qu'il 
fut  reconcilié  >  &  par  le  temps  qu'il  fut  en  Flandres  fugitif,  luy  ny  ceux 
qui  l'avoient  fuivy  ne  defiroient ,  ne  demandoient  aucune  cnole  tant 

3ue  la  mort  de  fonait  père  :  Ci  s'en  enqueroient  les  aucuns  par  augures  ôc 
evinemens ,  les  autres  par  aftrologie ,  &  plufieurs  par  nigromance  :  &C 
outre  ce  y  avoit  des  ferviteurs  domeftiques  dudit  Roy  qui  s'attendoienc 
avoir  grand  loyer  du  fils ,  pour  luy  taire  fçavoir  a  toute  diligence  la 
maladie  Se  la  mort  du  père. 

Après  que  par  la  mort  de  fon  père ,  il  eut  ce  que  tant  il  avoir  defiré , 
&  qu'il  hit  couronné  koy  ,  il  commença  à  éloigner  &  meprifer  les 
Princes  Se  grands  Seigneurs  du  Royaume  ,  &  à  pluueurs  ofta  Se  aux  au^ 
très  diminua  les  Offices  &  Eftats  qu'ils  avoient  du  Roy  Charles  fon  père, 
&  perfecuta  plufieurs  des  principaux  ferviteurs  de  fondit  feu  père ,  qu'il 
mefcroyoit  l'avoir  imputé  vers  luy ,  8c  fc  gouvernoit  &  fervoit  d'aucuns 
petits  perfonnages  ,  gens  audacieux ,  Se  prefts  à  faire  fes  volontés. 

Auiii  fit-il  les  defFenfes  des  chailes  dont  il  fe  deleâoit  grandement ,  fi 
afpres  &  fi  rigoureufes;  »  qu'il  eftoit  plus  remiflible  de  tuer  un  homme 
qu'un  cerf  ou  un  fanglier. 

Pour  lefquelles  chofes  ,  les  Princes  Se  grands  Seigneurs  du  Royai^jne 
voyans  fon  efprit  Se  fa  manière  de  vivre ,  eurent  u  grande  crainte ,  8c 
tant  fe  mécontentèrent  de  luy  ,  mefmement  Charles  fon  frère  ,  Fran* 

gyis ,  Duc  de  Bretagne  >  Charles ,  Comte  de  Charolois ,  fils  du  Duc  Phi» 
ppe  de  Bourgogne  s  Jean ,  Duc  de  Bourbon  \  Jacques ,  Duc  de  Ne- 
mours i  Jean ,  Comte  d'Armagnac  •,  Louys ,  Comte  de  S.  Paul ,  Se  pref- 
|ue  tous  les  autres  Princes  &  grands  Seigneurs,  qu'ils  confpirerent  & 
e  mirent  en  armes  contre  luy  >  fous  ombre  toutefois  du  Bien  public  , 
mais  à  la  vérité  pour  luy  faire  perdre  le  Royaume ,  enfemble  la  vie. 
Et  après  la  bataille  que  ledit  Comte  de  Charolois  eut  contre  luy  à 
Monclhery ,  tous  lefdits  Princes  le  vinrent  aflieger  dans  Paris  ,  où  il 
s'eftoit  retiré-,  mais  en  ufant  de  fon  fens  Se  de  fon  aftuce,  il  traitra  par  fc^ 
crets  mefiàgers  l'appointement  avec  les  principaux  ,  leur  promettant  Se 
accordant  ce  qu'ils  demandèrent ,  tellement  qu'il  les  fit  deiaflèmbler. 

Après  qu'ils  furent  ainfi  feparés ,  Se  par  ce  moyen  leurs  forces  rom^ 
pues  9  ainfi  qu'il  trouvoit  les  occafions  ,  courut  fus  à  un  chacun  d'eux  , 
&  pltîfieurs  en  affola ,  avant  qu'ils  puflènt  avoir  fecours  les  uns  des  au* 
très  9  dont  les  premiers  furent  Charles ,  fon  frère ,  &  Jean  ,  Comte  d'Ar* 
magnac,  car  il  chaflâ  l'un  du  Duché  de  Normandie ,  qu'il  luy  avoit  ac- 
cordé par  le  Traité ,  &  l'autre  fut  tué  en  la  Cité  de  Leâore  *,  après  qu'il 
fe  fut  rendu ,  &  qu^il  eut  pris  foy  Se  feureté  des  Lieutenans  audit  Roy 
Louys ,  phifieurs  y  a  qui  difent  (  ce  ce  toutefois  je  n'affirme  pas }  qu'if 
fut  caufe  de  faire  mourir  fondit  frère  par  poifon  ,  mais  bien  eft  ctiofe 
certaine ,  ou'il  n'eût  jamais  fiance  en  luy  >  tant  il  vefquit  >  &  ne  fut  pas 
deplaifant  de  fa  mort  (17).  Auffi 

(17)  Yoyczci^éiivani  fagi  ^4. 143.  d»  144, 

Nn  3  (i&) 


?. 


xU  COMPARAISON 

Audi  fît-il  détenir  prifonnier  le  Duc  Jean  d'Alençon ,  qu*il  avoit  cleli« 
vré  de  prifon,à  fon  nouvel  avènement.  Pour  autant  qu'il  fuft  trouvé  avoir 
depuis  eu  intelligence  avec  les  Anglois  8c  les  Bretons  y  &  aptes  qu'il 
fut  mort  y  fut  pareillement  pris  le  Duc  René  Ton  fib ,  par  foupçon  ,  ÔC 
par  fon  commandement  détenu  tant  qu'il  vefquit  à  Paris ,  &  procédé 
contre  luy  comme  criminel  de  leze-Majefté. 

Il  fe  vangea  bien  pareillement  par  fuccedion  de  temps ,  defdits  Louys^ 
Comte  de  S.  Paul ,  qu'il  a  voit  fait  Conneftable  de  France,  &  de  Jacques, 
Duc  de  Nemours ,  lefquels  par  fentence  de  la  Cour  fouveraine  du  Parle* 
ment  de  Paris ,  furent  publiquement  décapitez  *,  &  aucuns  des  Confeil- 
1ers  de  laditte  Cour ,  pourtant  qu'ils  avoient  été  d'opinion  de  mitiger  la 
peine  dudit  Jacques  Duc  de  Nemours ,  furent  par  ce  Roy  fufpendus  do 
leurs  Offices. 

Au  regard  du  Duc  Jean  de  Bourbon ,  combien  que  pour  l'amour  de 
fa  fœur ,  qu'il  avoir  eô>oufée ,  il  ne  le  petfecuta  pas  fî  avant ,  fî  l'eut-il 
tousjouts  en  haine  &  (oupçon  »  &  chercha  plufieurs  occafîons  pour  luy 
courir  fus ,  jufques  à  luy  envoyer  de  fes  Miniftres,  gens  de  petite  condi^ 
tion ,  i>our  luy  faire  >  fous  couleur  de  juftice  ,  pluueurs  chofes  bien  an- 
cres &  intolérables ,  penfant  pour  le  grand  cœur  qu'il  coiuioiflbit  en  luy , 
le  provoquer  à  faire  quelque  violence  ou  refiftance  ;  mais  connoiflànc 
iceluy  £>uc ,  i  quelle  fin  tout  fe  faifoit ,  Tendura  patiemment  &  échappa 
par  tolérance  &  diflimulation. 

^n  tant  que  touche  René ,  Roy  de  Sicile  Duc  d'Anjou  &  Comte  de  Pro- 
vence ,  fon  oncle  &  Charles  d'Anjou  >  Cointe  du  Maine  fon  coufîn  ,  corn» 
bien  qu'il  ne  les  perfecuta  par  guerre  >  toutefois  il  n'avoit  amour  ne  fiance 
à  eux ,  pourtant  mefmement  que  ledit  Charles ,  qui  eftoit  avec  luy  à  la 
bataille  de  Montlherv ,  l'abandonna  >  ic  s'enfuit  avec  une  grande  partie 
des  gens  d'armes  ,  oont  il  avoit  la  conduite ,  qui  ne  fut  pas  fans  foup« 
çon  d'avoir  intelligence  avec  les  ennemis  du  Roy ,  &  pour  cette  raifon  » 
ne  voulut  jamais  donner  ayde  ny  confort  auxdits  René  ^  Charles ,  à  la 
conquefte  &  recouvrement  du  Royaume  de  Naples ,  quç  Dom  Alfonfe, 
Roy  d'Arragon  leur  avoit  par  force  tollu  y  8c  après  fa  mort  »  l'avoit  laifK 
à  Dom  Fertand ,  fon  filsbaftard,  car  ledit  Roy  craignoit  que  fefdits  oncle 
&  coufîn  ne  fufîènt  trop  grands  &  trop  puifîàns.  Jaçoit  que  après  la 
mort  dudit  Roy  René ,  il  donna  ayde  audit  Charles  Comte  du  Maine  » 
contre  René  Duc  de  Lorraine,  pour  obtenir  le  Comté  de  Provence  * 
dont  après  iceluy  Charles  mourant  fans  hoirs  ,  le  laiflà  héritier, 

Au  regard  du  non  Charles ,  Duc  d'Orléans ,  père  de  noftrc  Roy  Louys » 
jaçoit  que  jamais  ne  voulut  eonfentit  à  la  conspiration  &  conjuration  aes 
autres  Princes  ,  ains  tousjours  fut  loyal  envers  ledit  Roy  Louys ,  toute- 
fois il  en  fit  tousjours  bien  peu  d'cftime  ,  tellement  que  luy  ayant  iceluy 
Duc  ,  comme  loyal  fujet ,  bon  parent  &  fage  Prince ,  fait  plufieurs  re- 
montrances ,  pour  l'induire  à  le  reconcilier  &  bien  vivre  avec  lefdits 
Princes ,  le  contemna  de  paroles  ,  fans  avoir  regard  à  la  majefté  de  fâ 
yieillefîè ,  ny  à  fa  loyauté ,  dont  de  regret  qu'il  en  eut  &  autremenf  pour 
débilité  de  (a  perfonne  >  il  fina  fa  vie  dedans  deux  (  1 9)  jours» 

Aprç$ 
(i8)  OnçrokqH*ildoitJf^iV9iràofW. 


DES  ROYS  LÔtrVS  XI.  ET  XIT.        187 

Après  fa  mort ,  n'uTa  pas  ledit  Roy  de  plus  grande  humanité  envers 
fon  fils  i  prefent  régnant ,  c^u'il  avoit  fait  envers  le  père ,  ains  tafcha  le 
faire  nourrir,  de  forte  (  1 9)  qu'il  n'eut  cceur  ne  entendement  pour  mal  faire 
à  luy  ne  à  fes  enfans ,  tant  etoit  foupconneux ,  &  ufa  envers  luy  de  beau^ 
coup  de  rudeûes ,  mais  entre  autres  le  contraignit  par  force  ôc  menaces 
d'époufer  Madame  Jeanne  fa  fille ,  femme  toutefois  bien  fage  »  dévote 
&  honnefte ,  mais  moult  difforme  de  fa  perfonne ,  &  inhabile  à  porter 
enfans ,  voulant  par  la  fterilité  de  fa  fille  luy  toUir  le  pouvoir  &  Tefpoir 
d'avoir  lignée  ,  tant  avoit  en  haine  le  fang  Royal. 

Mais  ifne  fe  put  pas  fi  aifement  venger  dudit  Charles  de  Bourgogne  t 
qui  tantoft  après  fucceda  à  fon  père  >  ny  du  Duc  François  de  Bretagne 
pourtant  qu'ils  eftoient  plus  puiûans  que  les  autres ,  mais  eut  par  long-^ 
temps  guerre  avec  eux ,  Se  fit  plufieurs  trefves  ôc  appointemens,  &  h- 
naleroent  le  Duc  de  Bretagne  n  bien  fe  deftèndit^'  &  gouverna ,  qu'il  eut 
la  paix  avec  luy  &  demeura  en  fon  entier  \  mais  ledit  Charles  Duc  de 
Bourgogne  qui  eftoit  impatient  de  repos  >  après  plufieurs  guerres  qu'il 
eut ,  en  diverfes  fortunes  avec  les  François ,  foy  confiant  des  trêves  qu'il 
avoit  avec  ledit  Roy  Louys ,  s'en  alla  ameger  la  Cité  de  Nuis  fur  le  Rhin  > 
où  il  refifta  à  la  puiflànce  de  l'Empereur  Frédéric ,  &  de  tout  l'Empire  » 
&  eut  contre  eux  viâoire  y  de  laquelle  tant  fe  enorgueillit ,  que  en  s'e» 
retournant ,  prit  toute  la  Duché  de  Lorraine ,  &  après  s'en  alla  contre 
les  Suides  par  lefauels  fut  vaincu  en  deux  batailles ,  &  finalement  ayant 
raflèmblé  fon  armée  &  aflîeçé  la  Ville  de  Nancy  en  Lorraine  au  cœur  du 
grand  hyyer ,  plus  par  obftmation  ,  que  par  fens ,  fut  par  René ,  Duc 
de  Lorraine ,  à  l'aide  defdits  Suites ,  &  de  aucuns  hommes  defdits 
François ,  que  le  Roy  Louys ,  (  pource  que  la  trêve  duroit  encore  )  avoit 
ca(Ies,  défiait  &  tué. 

Et  bien  apparut  après  fa  mort ,  combien  ledit  Roy  Louys ,  craignoic 
^ue  les  Princes  de  (on  fang  fuflènt  grands  7  car  combien  que  Dame  Ma^ 
ne  y  feule  fille  &  héritière  d'iceluy  Duc  Charles ,  luy  fupfuiaft  ,  que  foti 
plaifir  fuft  luy  donner  à  mary  l'un  defdits  Princes  de  (on  fang  tel  qu'il 
voudroit,  entendant  par  ce  moyen  remettre  fa  perfonne  &  fes  biens  en 
la  puiflànce  dudit  Roy  Louys  >  toutefois  il  refufa  le  party ,  craignant  que 
cehiy  qui  l'épouferoit  y  eflant  accru  de  fi  groflès  Seigneuries ,  ne  nifl 
après  trop  puiflànt  ;  dont  laditte  Dame  fby  voyant  hors  d'efpoit  d'avoir 
amitié  avec  ledit  Roy ,  pour  fe  garder  de  la  fureur ,  &  refifler  à  la  force 
<}u'il  luy  faifoity  (ut  contpiinte  s'allier  en  Allemagne ,  Se  épcmfsk  Maximi- 
ken,Duc  d'Autriche ,  fils  dudit  Empereur  Frédéric,  qui  fut  le  commen- 
cement de  plufieurs  guerres ,  qui  ont  depuis  eflé  entre  ledit  Maximilien  y 
&  la  Maifen  de  France ,  lefquelles  encore  n'ont  pris  fin ,  ôc  Dieu  veille 
qu'elle  y  foit  de  nofbre  temps. 

Un  feul  y  eut  de  la  maiion  de  France  que  ledit  Louys  XL  aima  &  ho- 
nora tant  qu'il  vefquit  \  c'eft  i  fçavoir  Pierre  Seignciu:  de  Beaujeu  >  frère 
puifné  dudit  Jean  Duc  de  Bourbon  y  auquel  pource  qu'il  le  connoifibic 
nomme  paiiibk  >  bénin  ic  de  bon  vouloir  »  uns  mauvaiftié  ny  trompe- 
rie y 

(tsyLa DuthefftiOrliéms ^fé^tnitt  j  frit  j  Im  ionnm  iêtiks-Um  Maifres ,  fitruoM fOH$^ 
tefim  fUt-mirnuU  tiâméuUn  de  fon  fils ,  &  I  tUifioin ,  qu'U/fm^ok  très-bien.  Se  Gelais; 

(lO> 


i8$  C  O  M  P  A  R  A  I  S  O  N: 

rie  s  U  donna  en  mariage  Madame  Anne  fa  fille  aifnée  >  qui  eftoic  iors 
Tune  des  plus  belles  Se  des  plus  honneftes  Dames  que  Ion  fçut ,  &  eft 
encore  des  plus  fages  &c  des  plus  vertueufes ,  &  au  furplus  luy  fit  d'au- 
tres grands  biens,  (20)  &  luy  donna  plufieurs  charges  moule  honora- 
bles >  &  finalemenc  (  connoiHanc  approcher  la  fin  de  les  jours  )  ordonna 
que  luy  8c  fadicte  temme  >  eufiènc  le  gouvernement  Se  le  manimenc 
principal  de  la  perfonne  &  des  affaires  de  Charles  (on  fils  8c  fuccedëur» 
&  le  leur  recommanda  plufque  à  nul  aurre  >  combien  que  aucuns  qui  ef- 
toient  auprès  dudit  Roy  Louys  à  Tes  derniers  jours ,  ayent  affirmé  depuis  » 
que  s*il  fut  efchappé  &c  euerry  de  Tadice  maladie ,  il  avoir  intention  de 
chafiçr  ledit  Seigneur  de  Beau  jeu  ,  a  quoy  toutefois  je  n  adjoute  pa$ 
grande  foy  *,  mais  quoyqu  il  foit  excepté  ceftuy-cy  tant  leulemumu  >  tou^ 
les  autres  parens  il  demt ,  rabaifia  ou  meprifa. 

Et  ccrcamement  doit  bien  eftre  jugé  cruel,  s'il  avoir  fi  mauvais  cou* 
rage  envers  eux  ,  (ans  qu'ils  luy  enflent  meffait ,  &  s'il  les  avoir  offenfé 
&  provoqué  tellement  qu'il  ne  les  cuidaft  pas  eftre  bien  reconciliez  ,  ny 
avoir  bon  vouloir  envers  luy  ,  il  n'avoir  pas  efté  bien  fagede  les  irriter  & 
provoquer ,  mais  encore  que  fans  leur  avoir  en  rien  menait ,  il  les  connue 
de  mauvaife  &  perverfe  volonté  enves  luy  &  fon  Royaume ,  fi  faur-il 
dire  qu'il  eftoit  oien  malheureux  d'avoir  trouvé  tels  parens  defquels  il 
eftoit  contraint  fe  deffier  &  garder ,  U  où  il  s'en  deut  fervir  ,  aider  & 
honorer. 

Mais  tant  fut  grand  le  foupçon  Se  crainre  qu'il  eut  de  fes  parens ,  que 
de  fon  feul  filsmefme ,  quiencores  efloit  enfant ,  avoitfoucy  qu'il  n'eue 
le  coeur  trop  grand ,  &  que  par  ce  moyen  venant  en  a^e ,  par  l'inftiga* 
tion  des  Princes ,  ne  luy  nft  quelquefois  ce  qu'il  avoir  fait  à  fon  père ,  8c 
à  cefte  caufe  le  faifoit  nourrir  au  Chareau  d  Amboife ,  entre  les  femmes 
ayec  un  petit  nombre  d'hommes  qui  n'eftoient  pas  de  erande  étoffe ,  Se 
ne  vouloit  en  manière  quelconque ,  que  autres  gens  fallaflènt  voir  ny 
pafiàflènt  pgr  la  Ville  d' Amboife  ,  meunement  nobles  hommes  &  gens 
d'Ëftat ,  dont  par  long-temps  a  efté  grand  doure  entre  plufieurs  gens  ^ 
s'il  eftoit  mort  ou  vif ,  &  pource  que  meflîre  Imbert  de  Batamay ,  Sei<* 
gneur  du  Bouchage  (  lequel  par  fes  fens  &  vertus  ,  a  efté  continuelle- 
ment  dçs  plus  privés  ferviteurs  dudit  Roy  Louys  )  efbint  une  fois ,  par 
fon  commandement ,  allé  voir  ledit  Daupnin  ,  le  mena  un  bien  peu  d'cC* 
pace  &  de  temps  hors  de  ladire  Ville  d'Amboife ,  Se  luy  fir  voler  quel- 
que perdreau ,  pour  le  recréer ,  cuidant  faire  p^ifir  audit  Roy  fon  maif^ 
tre ,  îceluy  Roy  s'en  courrouça  aierement ,  comme  fi  par  ce  moyen  il 
avoit  commencé  luy  donner  cœur  ce  fortir  Se  connoiftre  le  monde. 

Envers  fa  femme  auffî ,  la  Reyne  Charlotre  de  Savoye ,  11  ne  fut  pas 
plus  humain ,  ny  plus  courtois  que  envers  les  autres  *,  car  ourre  que  par 
un  bien  long-temps  ,  &  tant  qu'il  fut  en  âge  vigoureux  ,  il  luy  rint  bien 
mauvaife  loyauté  de  fa  perfonne ,  il  la  tint  toujours  peritement  accom-» 

f magnée ,  &  accoutrée  la  plupart  du  temps  en  quelque  Chafteau  où  il 
'alloit  voir  quelquefois ,  plus  pour  defir  d'avoir  lignée  que  pour  plaifîr 
qu'il  prit  avec  elle  h  Se  pour  la  crainte  qu'elle  avoit  de  luy ,  Se  pour 

autres 

(il) 


z 


DESROYSLOUYSXÎ.  EtXtI.       iî> 

mittfS  rudefles  qu'il  luy  faifoit  foitvent,  eft  bien  à  croire  qu'elle  n^avoit  pas 
grandes  voluptés  ny  grands  padècemps  en  fa  compagnie  ,  mais  qui  pi^ 
cfr  à  la  fin  de  Tes  jours  il  l'envoya  en  Dauphiné  &  deftendît  expreOemenc 
qu'cBe  ncfuft  point  auprès  de  Ton  fils  quand  il  fcroit  Roy. 

Au  regard  oe  fes  fcrviteurs  &  domeftiques ,  jaçoit  qu'il  leur  fift  de 
grands  biens  ,  &  les  enrichift  en  peu  de  temps  >  &  pareillement  toutes 
autres  gens  dont  il  fe  vouloit  fervir ,  autant  ou  plus  que  jamais  fit  Roy  » 
il  avoir  toutefois'.un  efprit  fi  variable  &  fi  inconftant ,  &  eftoit  au  furplus 
fi  craint  de  tous  ,  qu'il  n'y  avoit  celuy ,  tant  fut  près  de  luy  ny  en  fa  grâ- 
ce j  qui  ne  le  regardai  en  grand  crainte  :  car  oien  fouvent  par  petites 
occauons  fie  léger  foupçon ,  ceux  qu'il  avoit  clevcs  jufques  au  ciel ,  Sc 
defquels  il  fembloit  qu'il  fe  fiaft  du  tout,  il  les  chaflbit  à  leur  grand  hon- 
te,  ou  à  tout  le  moins  confiifion ,  combien  qu'il  ne  leur  oftoit  point  les 
biens  qu'il  leur  avoit  faits ,  s'il  n'y  avoit  grand  caufe  >  mais  par  effet  il 
n'y  avoit  celuy  autour  de  luy  y  tant  le  connoidbit  dangereux  de  muable  > 
ui  fut  feur  ae  fon  eftat ,  &  de  cela  comme  je  cuide ,  advint  plufieurs 

is  >  que  ceux  dont  plus  il  fe  fioit ,  &  que  plus  ilavoit  honores  &  éle- 
vés 9  craignant  (a  légèreté  8c  variation,  fe  font  trouvés  avoir  confpiré 
contre  fa  perfonne  &  fon  Eftat ,  entre  lefquels  pour  autant  pas  que  je 
ne  les  veux  tous  nommer  8c  pour  caufe  >  furent  Charles  de  Melun  (i  i)  • 
&  le  Cardinal  Ballue. 

Or  s'il  eftoit  craint  &  peu  aimé  des  Princes  &  des  Grands  en  gênerai  » 
fi  eftoit-il  encore  plus  hay  du  peuple  ,  lequel  il  chargea  de  fon  temps  fi. 
fort  de  tailles ,  pour  l'horrible  depenfe  qu'il  faifoit  1  la  guerre  &  à  la 
gendammrie  ,  8c  auffi  pour  les  grands  dons,  qu'il  faifoit  aux  Eglifes  8c 
gens  paniculiers  ,  que  plufieurs  ménages  en  Normandie ,  en  Langue- 
doc ,  8c  autres  lieux  de  fon  Royaume ,  eftoient  contraints  abandonner 
fcurs  héritages ,  &  s'en  aller  hors  dudit  Royaume ,  &  quelque  remon- 
trance qui  luy  fuft  faite  par  aucuns  bons  8c  notables  Prélats  8c  Religieux  » 
<le  Mbaiflèr  lefdites  tailles  ,  jamais  on  ne  luy  |>uft  perfuader ,  en  quelque 
ezcremitéde  maladie  qu'il[fuft,  difant  qu'il  eftoitforcé  ainfi  faire  ou  laiftèr 
perdre  8c  gafter  le  Royaume ,  8c  ceux  qui  fe  parforçoient  luy  perfuader , 
il  les  eftimoit  fes  ennemis  8c  du  Royaume ,  ou  gens  ignorant  les  affaire» 
d'iceluy  ,  du  nombre  defquels  furent  l'Archevelaue  de  Tours  ,  (ii)  Car* 
dinal  du  S.  Siqge  Apoftolique ,  8c  l'Evefque  d'Aloy  >  (13)  gens  fages ,  de 
grande  doârine  8c  de  vie  exemplaire. 

JBn  fommc  toute  fon  eftude ,  fon  defir  8c  fes  ûm  eftoient  d'eftre  craint 
8c  obéi  de  tous  ,  8c  pour  cette  caufe  tâchoit  à  rabaiflèr  les  grands ,  afin 
qu'ils  fuflènt  pluscramtifs&  obéiftans,  &avançoit&enrichi(Ic)it  promp- 
jement  les  petits  8ç  moyens  dont  il  fe  vouloit  fervir ,  afin  qu'ils  obéiflcnt 
à  toutes  fes  volontés ,  fans  avoir  autre  regard  à  Dieu  ny  aux  hommes  :  il 
t&choit  auffi  d'avoir  grand  nombre  de  gens  de  guerre ,  &  les  bien  entre- 
tenir &. contenter ,  tant  les  Capitaines  que  les  foldats ,  non  pas  feule-. 
jnent  pour  refifter  à  fes  ennemis  ,.&  les  opprefler  fi  bon  luy  Icmblôit  , 
aiais  auffi  pour  tenir  ks  fujets  en  crainte  8c  obéiflànce ,  melmement  les 

*  grands | 

(±t)llsM  diesfut  À  AndiUy  en  \^6%.  1      (^l)  Blie de  Bourdeitte. 
Chconi^ttc  ScanJ^cafe  pag.  75.  es-Mùs.    1      \iy)  Jesn  Geegrty ,  ou  UuU  dAmhifi* 

Tome  IL  Oo 


-15^0.  COMPARAISON 

.  grands  >  car  pour  rimagination  qu'il  avoir  conrre  eux ,  il  entroir^  façiTor 
menr  en  foupçon  de  pluiieurs  gens  >  Se  croyoir  legeremenr  aux  rapport 
teurs ,  de  force  que  bien  fouvenr  fans  grands  indices,  il  faifoir  prendre  dC 

Î;ehenner  plu(îeurs  gens  >  ranr  nobles  qu'aurres  »  &c  quelquefois ,  comme 
'on  die ,  mourir,  dont  puis  après  eftanc  adverry  de  leur  innocence ,  fe 
repencoic  &  tâchoic  de  l'amendet ,  en  quelque  façon  *,  &  s'il  le  coni^ . 
mandoir  chaudement ,  il  avoir  Triftan  THermitc  fpn  Prevoft  des  Mare- 
chaux  ,  homme  fans  pitié ,  qui  l'executoit  aufli  prompcement ,  &  n'v 
avoir  de  luy  aucun  appel ,  tellement  que  l'on  voyoit  autour  des  lieux  ou 
ledit  Roy  fe  cenoit ,  grand  nombre  dç  gens  pendus  aux  arbres,  &  les 
prifons  Se  autres  mailon^  circonvoifines ,  pleines  de  prifonniers  y  lef^ 
quels  on  oyoit  bien  fouvent  de  jour  Se  de  nuit  crier  pour  les  tourmens 
qu'on  leur  faifoir  >  fans  ceux  qui  eftoient  fecrettemcnc  [ettés  en  la  ri-- 
vicre. 

Il  eftoit  néanmoins  aufmonier  Se  faifoic  de  grands  biens  aux  Eglifes , 
non  pas  rant  feulement  au  Royaume,  mais  en  plufieurs  aurres  quartiers 
où  il  merroit  fa  dévotion  &  faintaifie ,  mais  ce  n'eftoit  que  pour  cuider 

Srolonger  fa  vie ,  ce  que  l'on  apperccvoit  a(Iez  ,  parce  qu'il  ne  deman-^^ 
oir  jamais  aux  ^ens  d'Eglife ,.  aufquels  il  faifoir  cesdons ,  qulls  priaf- 
fenr  pour  la  remiflion  de  (es  péchés ,  mais  tant  feulement  pour  fa  prof- 

?crité ,  fanrc  &  longue  vie ,  tellement  que  faifant  une  fois  recirer  par  un 
reftre  l'Oraifon  que  l'on  faifoit  en  l'Eglife  à  S*  £utrope,.auqoel  il  s'^C- 
toit  voué  &  recommandé ,  Se  voyant  qu'elle*  contenoit  Se  requeroi^ 

Four  avoir  fanté  de  Tame  &  du  corps ,  commanda  que  l'on  oftac  ce  mor 
ame ,  difant  que  c'eftoir  allez  que  ledit  Saint  luy  "fifl  avoir  fanté  da 
corps>  fans  l'imporruner  de  tant  de  chofes ,:  &  luy  fend>{oi£  (  combien 
^  qu'il  s'abui^ft  )  de  pouvoir  corrompre  &  gagner  par  dons  Dieu  &  les 

j?^P*  Sainrs,qtte  nous  devons  placquer  *  par  bonnes  oeuvres  Se  par  amandemenc 
eare^  pour  ^^  "^^  pechés ,  ce  qu'il  ne  faif9ir  mie ,  ains  entre  autres  chofes  il  op- 
éffsijer,  preda  plufieurs  fois  la  liberté  Ecclefiaftiqiie ,  car  il  vouloir  que  tousrbc- 
nefices ,  non  pas  feulement  les  £ve(chés  >  ains  les  Abbayes  &  D^nités . 
fuflènt  conférés  à  fa  volonré  >  quelque  fois  à  gens  de  guerre  ou  aurres^ 
tels  qu'il  choinHoit ,  Se  ceux  qui  luy  cpnrredifoient ,  rraittoit  de  forre , 
que  bien  peu  de  gens  fe  rrouvoient  qui  luy  ofaflfènt  defobéir ,  pour  quel* 
conque  homme  qu'il  requift  >  Se  outre  ce  faifoit  fouvent  pocu:  aufres 
caufes  arrefter ,  bannir  «  emprifonner  Se  malrrairrer  de  fon  aurhorité  Lé- 
gats du  Pape ,  Cardinaux ,  Prélats ,  &  autres  gens  d'Eglife ,  &  iceux 
Ipolier  du  revenu  de  leurs  bénéfices,  (14) 

Pareillemenr  les  mariages  que  les  S.  Canons  veulenr  fur  toures  chofes 
eftrecontradés  de  franche  volonré,  &  fansconrrainre,  il  fiiifoit  fouvenr. 
Élire  à  fon  plaifir ,  pour  enrichir  fes  fcrviteurs ,  maugré  les  pères ,  mè- 
res Se  parens  des  femmes ,  quand  elles  avoient  grands  mariages ,  ou- 
grofles  fucceflîons. 
Sa  dévotion  fembloit  plus  fuperfldtieufe  que  retigieufe ,  car  à  quel- 
que 

(1^4)  Ceft  un  Ecele^sftsqu/  qsù  parle  ^  l  psreit  point  pétr  Vhilifpês  de  Cominês  ^finm^ 
&  qui  prend  peut-être  trop  en  ceU  le  parti  1  pour  h  Cardinal  Bsdue  (^  rEviquéde  Ver* 
défit  Confines.  |^  Cependant  cela  ne  udun^  ' 


DES  ROY5  LOU YS  XI.  ET  XIL        £^f 

S«  image  ou  Egli(e  de  Dieu  &  des  Saints  ,  Se  mcfmemcnt  de  Noftrc-^ 
ame  qu'il  entendift  que  le  peuple  euft  dévotion  >  £c  où  il  Te  fift  quelques 
miracles ,  il  y  alloit  faire  fes  offrandes,  oH y  envoyoit homme  exprès  :  il 
«voit  an  furplus  fon  chapeau  tout  plein  d'images  ,  la  plufpart  de  plomb 
ou  d'eftain ,  lefquels  à  tous  propos  quand  il  luy  venoit  quelques  nouvel* 
les  bonnes  ou  manvaifes ,  ou  que  fa  fanraifie  luj  prendit ,  il  baifoir  ,  fc 
ruant  à  genoux ,  quelque  part  aull  fe  trouvaft  ,  h  foudainement  quelques 
fois  ,  qu'il  fembloir  plus  olertc  d'enteitdement  que  fage  homme ,  &  s'il 
fçavoit  quelque  homme  que  l'on  eftimat  de  fainte  vie ,  il  tâchoit  l'avoir 
en  quelque  pays  qu'il  fuft  &  quoy qu'il  luy  coutaft  ,  ainfi  c^u'il  fie  de  Frerc 
Francifque  de  Paule ,  qui  depuis  ronda  l'Ordre  des  Minmies ,  lequel  i 
grande  difficulté  il  fit  amener  de  Calabre ,  efperant  par  Tes  prières  ôc 
mérites  obtenir  fanté  Se  guerifon. 

Il  eftoit  pourtant  au  furplus  moult  fage  &  clairvoyant  en  fes  affaires  & 
foudain  à  exécuter  fes  entreprifes  ,  hardy  de  fa  perfonne ,  &  phjs  aifé 
i  décevoir  autruy  qu'à  fe  iaiddr  tromper ,  car  il  avoir  un  entendement 
^gu  &  cauteleux,  èc  un  parler  artificieux  &  captieux ,  prompt  i  gaudi^ 
ilèric  &  cavillation. 

Il  tint  outre  plus  tous  les  movens  qu*il  put  pour  garder  que  l'argent 
ne  fortift  de  fon  Royaume  ,  &  a  cette  cau(e ,  n'ufoit  jamais  gueres  d'ha* 
billemens  riches  Se  mefmement  de  foye ,  ny  auffi  de  fourures  precieu- 
fes ,  afin  de  donner  exemple  aux  autres  de  ainfi  faire ,  &  que  ^ar.ce 
cioyen  ils  n'employaflcnt  argent  en  draps  de  foye ,  en  Martres ,  ny  au- 
trcs.chcres  fourures  que  l'on  apporte  des  pays  eurangers. 

Auffi  ne  voulut-il  jamais  envoyer  armée  hors  des  limites  du  Royaume , 
connbien  qu'il  y  fuft  par  plufieurs  fois  incité  ,  comme  l'on  dit  par  les 
italiens* 

Et  par  effeû  il  tint  de  fon  temps  par  fon  fens  Se  par  fa  puiffence ,  fôa 
Royaume  en  grande  obeiflànçe ,  leureté  Se  réputation ,  &  fes  fubjets  ',  Se 
aufli  fes  voifins  en  grande  crainte  Se  foupçon  s  lefquels  chofes  ,  fi  nous 
voulons  croire  Ciceron  en  fes  Wiilippiques ,  doivent  plus  eftre  attribuées 
i,  imbécillité  qu'à  ^oire  vcar,  comme  il  dir,  c'eft  chofe  glorieufe  à  un 
Prince  de  bien  mériter  envers  la  chofe  publi<jue ,  &'d'eftre  loué  ,  hono« 
ré ,  aimé  &  chery  des  fubjets  s  mais  d'eflre  craint  éc  hay ,  c'eft  chofe  detet 
table  &  imbecille".  &  auffi  le  Philofphe  dit  en  fes  Politiques ,  que  la  nature 
d'un  Tyran ,  eft  tacher  d'eftre  craint ,  &  d'un  bon  Prince  d'eftre  aimé  •  Se , 
comme  dit  Ciceron  au  fécond  livre  de  fes  Offices,  céluy  qui  eft  craint  eft 
hay ,  &  ccluy  qui  de  tous  eft  hay  bien  feroit  expédient  qu'il  fuft  mort,  mais 
encore  qu'ils  vivent  &  profperent ,  fi  font-ils  afïèz  punis ,  parce  qu'il  eft 
confequent  8c  neceffiiire  Qu'ils  craignent  ceux  defquels  ils  veulent  eftre 
craints ,  ainfi  que  faîfoit  ledit  Roy  Louy  s ,  lequel  comme  dit  a  efté ,  n'eftoit 
paç  tant  feulement  en  crainte  de  fes  fubjets ,  &  mefinement  des  Princes 
&  de  Ces  mefmes  parens ,  mais  de  fon  fils  propre  encore  enfant,  craignoit 
!lge  &  la  virilité  :  &  bien  fe  déclara  évidemment  la  crainte  qu'il  avoit 
de  (es  fubjets  ,  quand  il  ouit  dire  que  le  Duc  Galeas  SJhrce  avoir  efté 


Oo  ^  commandoic 


i^i  COMPARAISON 

commandok  que  on  Toccift»  &  outre  plus  faifoit  par  Un  Page  porter  eoN 
près  luy  un  epieu  (  pour  fe  dépendre  de  qui  te  voudroit  outrager  )  lequel 
après  qu'il  eftoit  en  fa  chambre ,  tenoit  au  chevet  de  foo  lia: ,  &  verita*- 
blement  il  apparut  bien  à  fa  mon  s'il  eftoit  aimé  ou  hay  >  car  iâ  où  toutes 
fortes  de  gens  s'en  rejouidbient ,  bien  peu  y  en  eut  qui  en  fuflènt  marris  , 
non  pas  mefme  de  Tes  ferviteurs  &  de  ceux  auxquels  il  avoit  fait  de 
grands  biens ,  &  plufieurs  chofes  qu'il  avoit  faites  &c  ordonnées  en  fon 
vivant ,  furent  par  ordonnance  des  Eftats  &  par  Arrefts  des  Parlemens ré- 
voquées comme  tortionnaires  &  tyranniques,  enfemble  ce  qui  s'en  eftoic 
eniuivy  ^  &  des  Miniftres  dont  il  uibit  pour  exécuter  (es  volontés^  les 
uns  furent  condamnés  à  mourir»  les.  autres  à  moindre  peine  corporelle  , 
&  pludeurs  à  amandes  pecimiaires ,  &  plus  grand  nombre  en  y  eut  eu 
de  punis ,  fl  la  mort  ne  les  euft  exemptés^ 

Lefquelles  chofes  ne  font  pas  pour  avenir  après  la  mort  de  noftreRoy  y 
&  bien  le  put-on  appercevoir ,  quand  il  fut  h  grevé  de  maladie ,  que  les 
Médecins  mefmes ,  &-tous  ceux  qui  eftoient  emprès  luy  le  tenoient  pour 
mon ,  (16)  car  dès  que  le  bruit  en  fut  parle  Royaume ,  l'on  eut  veu  me- 
ner un  il  grand  dueil  par  gens  de  tous  eftats ,  comme  (x  chacun  euft  perdu 
fon  propre  enfant ,  &  plus  que  jamais  ne  firent  de  Roy  dont  il  foit  mé- 
moire» &  fut  bien  lors  apperçu  que  Dieu  avoit  plus  agréables  fcs  bon- 
nes œuvres ,  &  le  bon  traittement  qu'il  faifoit  à  fon  peuple  >  que  les  gran- 
des offrandes  &  les  vœu^dudit  Roy  Louys  XL  car  ioudainenient  >  là  où 
on  le  cuidoit  mort ,  revint  en  amendement ,  &  depuis  tousjours  eft  allé 
en  amendant ,  de  forte  au'il  eft  à  prefent  à  laide  de  Dieu  ,  autant  ou  - 
plus  fain  ëc  bien  difpofé  de  fon  corps  ^  qu'il  a  efté  depuis  qu'il  eft  Roy  , 
&  croy  fermement  qu'il  a  efté  par  (es  mérites  &c  pour  les  prières  du  peur 
pie ,  prefervé  miraculcufcment ,  ainfi  que  l'on  lit  de  Traian ,  le  bon  Em- 

Sereup ,  qui  miraculeufement  futpar  divin  fecours  fauve  du  terremot  (27) 
e  la  Cite  d'Antioche  :  aufti  quelque  bonté  que  l'on  attribue  audit  Tra«* 
jan ,  iceluy  Roy  l'avoit  mieux  mérité  que  luy ,  car  outre  ce  qu'il  fut  payen 
&  perfecuteur  des  Chrétiens  ,  il  fut  lubrique ,.  non  pas  tant  feulement 
avec  les  femmes ,  mais  encoie,  qui  eft  choie  abominable  à  dire,  avec  les 
jeunes  garçons,  ainiî  que  Dion  le  témoigne  en  fa  vie^  ce  que  l'on  oe 
peut  dire  de  noftre  Roy,  depuis  qu'il  eft  venu  à  la  Couronne,  quant 
aux  femmes.  Du  rémanent  il  n'en  faut  point  parler ,  car  il  eft  trop  en 
horreur  à  tous  François ,  &  iî  ne  fut  point  la  juftice  mieux  entretenue  i 
Rome ,  oy  tant  augmentée  de  fon  temps ,  en  tout  fon  Empire  (  qui  eft  Iç 
principal  los  quon  luy  baille  )  qu'elle  l'a  efté  en  France ,  &  aux  autres 
pays  iujets  de  ce  règne  *,  car  par  ce  que  l'on  lit  dudit  Trajan ,  8c  mefme 
que  Pline  l'Orateur ,  <^ui  a  cfcrit  les  louanges ,  en  a  dit ,  il  entretint 
tant  feulement  &  remit  en  fon  premier  eftat  l'authorité  du  Sénat  4ç 
Rome ,  &  des  autrcs-Officiers  ,  mais  cettuy-cy  ne  s'eft  contente  de  conr 
fcryer  &c  maintenir  l'authorité  &  prérogative  de  Ces  Cours  Souveraines  , 
qulfont  les  Sénats  de  France ,  en. la  mapiere  qu'il  les  avoit  trouvées  & 
qu  ellesavoient  efté  efté  inftituées ,  mais  en  a  érigé  de  nonvellcs ,  &  pat 

bonne$ 

(%6)  Cela êfi  MsnrivtoH  mwt  J^ Avril  1 505. 

0^ 


DES  ROyS  LO.lJYf  3CIr&T  XII.      ,tsi 

bûnnes  Oidonn^nces  >  authotifé  les  anciennes  &  refiAmé  les  abus  »  ^ns 
avoir  acceptation  de  peifonnes',  ainfi  qu'il  a  cfté  dit  defûis  /donc  il  fait 
.  beaucoup  plus  à  louer  ,  &  s'en  ^doit-pn  bieu  émerveiller  ,  ppiu  auuQt 

3ue  Trajan  avoic  efté  clii  âc  çhoiil  par  Nçrya  Ton  predcceueur  ,  qi;^  IV 
opi^par  le  conren^cmcnt  duSenat  &  du  peuple  K-pinaia,  cftant  dç$j). 
.  connu  &  Mpfiimenté,  homme  de  feni  ^  deyertu  ,  &  qu<  l'Empire  ne 
luy  cftoii  point  deu  par  droit  de  fucccllion  ,  ny  par  Lignée  aMcunemenr.. 
Donc  cftoit  chofebiçn  aifée  à  un.bon  Prinçç  »,  clioiftf  entre  fes  /ubjecf- 
UD  bon  &  vaillant  homme  dii^ne  de  luy  Tucceder  i  mais  le  Roy  Louyj 
dont  nous  parlons  eft  parvenir  d  la  Couronne  par  lig^i^e  &  par  nature  r 
non  point  pat  éteâion ,  &  IT  a  elle  en  Ton  jeune  &  flbriHant  âge  nouc- 
■tj  (xS)  plùcoft  en  (ubricitc  &  lafciveté  ^  (  afinqu'il  fiifl  imbçpule  d'en- 
tendçiiient ,  &  n'cuft  ^ens ,  ny  autho4:ité  pour  avoir  fuire ,  ny  CEcdil  ^^uc 
en  vertus  &  chofes  tequiles  pour  régner ,  comme'  ilr  a.  elle  dit  fy-delîus j. 
tnaislabontédcraDacuie,  &k  noblefIè&  hauccflè  de  Ton  cœur,  a  vaincu 
&rurmonté  par  propre  yeitu,&:fansitniiaiioBd'auiruy,  toutes  délices  & 
.  noorricure  »  tout  ain^  que  Hercules  vainquit  les  moniires  pariaprouenè> 
qae  Janon  luy  avoit  envoyés  pour  1«  détruire-  &  affoler ,  &  u  a  acquis- 
.Ics  vertus  âc.mccurs.dignes  de  lesner,  &  eftparvcpuau  RoyauuiCrdignp' 
de  Tes  mœurs,  contre  l'opinion  dudltRoy  LouysXI. 

Or  qui  elt  donc  eekty ,  ta«t  foit  peu  depouivcu  de  fens  &  détracteur 
du  temps  pf cfcnt ,  qui  préfume  de  préférer  ledir  Roy  touys  XI.  au  Roy 
Loiiys  xn.  à  piéfêat  régnant ,  foit  ei>  bonté  de  n^ure  ,  en  douceqr  & 
f^ayité  de  mœurs ,  en  airj-empance  Si.,  modération  de  cceiit  &  de  voit- 
lok)  ^  finallemcnt  en  heur  Se  feltciré  de  règne  iCertes.ccttujr-cy  dtv- 
quoy  nous  parlons ,  eft  en  faits  ,  en  dits-&  C", conditions  du  tout  conr 
.  ttaire  à  iceluy  ,  fbts  en  ce  leulcment  que  tous  deux  ont  eAé'  hardis  à  [a- 
juerre. 

Auflî  luy  (ont  les  cbofes  advenues  da  tout  autrement  ;  car  première- 
ment fettuy-cy  eft  venu  au  Rx)yaume  paz  vraye  fuccelCon  ,  fans,  jamais 
avoir  cftc  Soupçonné  en  manière  quelconque  d'y  élire  voula  parvenir 
pat  ^ucuil  mc^ea  (îniflre  ,.  vivant  ledit  Roy  Charles  yill.  ains  tant  qu'il 
-velquit  l'iionoca  tousjot^rs  coi^me  pe[e,&  nima  comme  tîls,  combien 
que  ledit  Roy  Charles  ne  luy  mondraÛ:  pat  avantuie  pas  ligne  d'amour 
reciproque  ;  Se  ja^oirque  pour  1  '    "  "1  vint 

«n  graïui  tUlTqrent' avec  Madame  Boui;- 

;bon  ,  iafa|ufls  iiç  mettre  aux  armes  it-qnî^ 

Tçut  dire  pour  vérité  <}ue-  jama:  oyai^ 

juc  ,  aios  ftprès  que  ledit  Roy  C  s  àj^s 

ou  jCnviron  ,  connoiflànc  l'amoui  d'Or- 

léans ,  à  p^éf^t  Roy, -avoit  em  :e  Ces 

mains ,  &  fous  fa  fcuieté  vint  en  1  ago^ 

pour  époufçEi  U  DuçhellèdeBcet.  xomr 

plir  le  traité  de  matiaue ,  qui  avoi  eans';. 

ic  après  la.  mort  dudit  Roy  Char^vj  ,  uuiiiL/ikn  ^u  u  !»••.  4>  wu^.b  qu'il 
-■■■■■  Suft 

*    (i8)  Lt  S^y  Ltuii  XII,  «  iii  ttisMm'tUvit  Voyez  U  "Rimar^*  ei-divant,  i>«{'' 

"7-  ■ ■  '■   . 

Ooj  f27> 


TCu  «and  joyc  d'eftrc  élevé  â  un  iï  glorieux  Royanmc  >  toutefois 
quand  il  vint  pour  faire  révérence ,  &  donner  Teau  benifte  au  corps  du 
Roy  exanini^  ^  q^i  gi^it  fur  une  table  en  habillement  Royal  (ainfr  qu'il 
cft  dccoutunn(e)nele  puft contenir,  pour  Tamour  naturel  qu'il  luy  portoii;^ 
qu'il  ne  plçanft  bien  chaftideAient,  dont  pour  la  pitié  &  bonté  qu'il  avoir 
ufé  envers  (on  prédeceflèur ,  Hiçu  permit  que  (es  autres  firent  le  fembU' 
ble  envers  luy  s  car  jàçoit  qu'il  fîift  en  allez  loinitain  degré  en  ligne  colla* 
cerale  y  conjoint  audit  Roy  Charles  ,  toutefois  tous  les  Princes  ic  fu  jets 
d'un  accord  merveilleux  incontinent  le  tinrent  &  reputerent  comme 
{loy  i  ^  jamais  n'y  eaft  Roy  au  commencement  dfe  foo  règne  fi  paifible  eti 
France. 

Il  à  wfCi  fingulierêment  aimé ,  advancé  &  honoré  les  Princes  de  foh 
IRoyaume ,  là  où  l•a^tre  les  perfécutoit  ôc  rabàiflbit  ou  déprifoic ,  ainfi 
q^ue  l'on  peut  voir  du  Duc  Pierre  de  Bourbon ,  lequel  pour  fa  bonté  de 
Vieilleflè,  il  a  honoré  &  révéré  tant  qu'il  a  vefcu  ,  comme  fon  père ,  & 
pource  qu'il  n'avoit  qu'une  feule  fille,  laquelle  il  deflroit  bailler  à  femme 

5  Charles ye  Bourbon,  Comte  de  Montpenfîer ,  avec  fes  Duchés ,  Tet* 
res  Çc  Seigneuries ,-  pour  tousjoors  entretenir  &  faire  grande  la  Maifoti 
dé  Bourbon  ,  ledit  Seigneur  non  pas  tant  feulement  en  a  cfté  content , 
mais  a  cohfenti  libéralement  que  les  Duchez  de  Bourbon  &  d'Auvergnet 

6  autres  Terres^ ,  qu'il  prétendoit  devoir  retourner  à  la  Couronne,  de- 
meurafïènt  audit  Comte  de  Montpenfîer  &  au?  fiens ,  &  fc  rient  &  re- 
pute à  grande  gloire  ,.que  par  fon  moyen ,  Se  par  fa  libéralité ,  la  Mai- 
ton  de  Bourbon  foit  Bc  demeure  plus  grande  6c  plus  pui(&nte  i  que  ja- 
inais  ne  ftifl  en  nul  temps ,  ce  que  ledit  Roy  Louys  XI,  craignoit  fur  toU- 
t;es  chofes ,  &  de  celle  &  des  autres.  ^ 

Au  regard  du  Comte  d'Angoulefme ,  fon  neveu  &  plus  prochain  pa^ 
rent ,  il  luy  a  donné  la  Duché  de  Valois,  Se  qui  eft  plus  grandje  choie  » 
fa  fille  unique  (x^)  en  mariajge,  &c  par  efl^tlaime  aufli  cordialement 
qu'il  pourroit  eftre  aimé  de  fon  père,  s'il  vivoit ,  &  de  fa  mcre  qui  ell 
en  vie. 

Semblablement  le  Duc  d'Alençon ,  les  Comtes  de  Vendofme ,  db 
Foix ,  &  de  Dunois  ,  qu'il  a  trouvés  jeunes ,  &  cduy  de  Nevers  ,  qui 
depuis  peu  de  temps  par  le  trépas  de  fon  père  (50) ,  eft  demeuré. en  bas 
&ge,  il  tâche  â  fon  pouvoir  de  les  faire  bien  nourrir  par  gens  de  bien ,  Se 
cxercitcr  en  toutes  chofes  vertueufcs ,  pour  le  defir  qd'u  a  qu'ils  foicift 
gens  de  cœur  &  de  vc;rtti ,  ce  que  ledit  Roy  Louys  XÎ.  craignoit  en  fon 
fils  unique  prppirei  &  s*il  eftqtteftion  de  jouter ,  ou  de  raire  queli[^ 
autre  exercice  conyèriitble  à  étji,  Juy-*nicfnic  les  ddrefïe-&  incke,  «cëhi- 
mc  s*ils  eftoient  fes  propres  enfatis ,  ayant  toutefois  grand  foin  qu'ils  «te 
&  travaillent  trop  5  &  âii  furplgs  touchant  feuts  terres  fc  affaires  »  il  ieft 
auifi  curieux  qu'ils  foitnt  bien  conduits,  comme  de  leurs  perfonnés ,  8c 
pour  conclufipn  il  fe  travaille  autant ,  8c  penfc  à  les  faire  grands  Se  geiis 


'  à  I  , 

(3.9)  Madame  Claude deVrance  ^  mariée 
À  Tranfois  y  Comte  dAngouleppe ,  depuis-  Roy 
fremier  de  ce  nom  ^  aeu  Unefœur  y  Madame 


^enie  4i  francff ,  msii  ^U^  ffétûit  fat  encore  \  CÂMfm  éersvcit  en  1  ^^07, 


née  y  n^ étant  'mftta  au  monde  tftien  i  f  lo, 

.  (50)  Engelkert  de  Cleves  i  Comte  deNor 
vers  ,  mort  en  i^o6.  te  ^fait  jufor  ynf 


DES  ROYS  tOUYS  XI/ET.XII.        t^f 

iit  bien ,  comme  k  Roy  Louys  XI.  cr^ignôit  que  les  fieos  le  fuflènt. 

.  Au  regard  de  la  Reync  Anne,  Ducnefle  de  Bretagne,  fa  femme,  ainô 
qq'il  Tavoic  honoré  vivant  ledit  Roy  Charles ,  comme  fa  Dame  &  Prin- 
cçfle,  depuis  qv^U  l'a  éppufce,  ra;tousjours  tant  &  fi, grandement  aimée»; 
eftimée&xherie  ,  qu'il  a  en  elle  mi^  &  dépofé  tpos.fes  plaiiks'.^.toatesî 
fe3  délices,  ny  jamais- a  cfté  Soupçonné  d'avoiç, violé  ion  koaria^e ,  ny. 
pris  plaiitc  charnel ,  nv  volupté  avec  autre  fçmmç  >  combieft  <|ue  on  luy  I 
en  ait  fouvent  ofiTèrt  de  bien  belles  &  plaifames,  dont  un  bomhie  ferme 
&  conftant  euft  efté  bien  tenté  *,  ^  au  furplus  il  luy  laiflè  la  totale  admi- 
ftution  de  fon.Puché  de  Bretagne,  &  des  jcerres  quelle  a  en  France 

Î>our  le  douaire  dudit  feu  Roy  Charles ,  tout  ainfi  q^cil  elle  n'étoit.^nc: 
^  femme ,  &  par^ffet  ne  fut  jamais  DaciiiQmiêfix  traittéç ,  ny  plus  aimée 
de  fon  mary ,  au0i  certainement  elle  le  mérite  bien  >  eu  de^ens^del 
prudence ,  ahonneftçté ,  de  venufté ,  d«  courtois  &,de  graeieu£eté ,i  il> 
eo  eft  bien  peu  qui  en  approchen  t,  moins  qni  foient  femblàbles,  &  nulle 
qui  rexqede  &  pour  fa  parfaite  félicité  en  ce  monde ,  eftoit  bien  requis 
aiidir  Roy  Lovys  d'avoir  une  telle  compagne  *,.  aum  les  vertus  fc  condi-' 
tiens  excellentes  d'elle,  maritoient  bienîd'avoir  pour  m^ry*,  xmd.giwà- 
il  noble,  fi  bon,  &  fi  heureux  Roy,  ,j 

.  Et  tant  que  touche  fes  ferviteurs  »  domeftiqiies ,  &  ^antres  geAs  dont:  il 
fe  fert,  il  n'ufe  pas  de  fi  grands  dons  envers  eux  comme  faifdit  ledit  Rby^ . 
Louys  XL  mais  toutefois  ceux  qu'il  connoift  Tàvoir  bien  fervy ,  &  qui 
le  fervent  loyalement,  nelaiflfè  dépourveus ,  ains  fans  vouloir  eftre  par 
eux  importuné ,.  les  ppùrveoit  quand  l'occ^fidn  y^çheoit ,(  comme  il 
advient  fouvent  )  d'omcès  ou  d'antres  biens,  félon  leUr  eftat'lc  dcilèrte , 
quelque  fois  de  fon  propre  mouvement ,.  &l  fan^  qu'ils  en  fçafchent  rien, 
tellement  que  nul  d'eux  ne  demeure  dépourveu^  &:  de  Teftat  qu'ils  ont 
de  luy ,  s'ils  ne  font  quelque  faute  notable,  font  afièurés  comme  de  leurs^ 
héritages  ,  &  par  ce  moyen  tous  ont  caufe  de  foy  contenter ,  chacun  en* 
fa  qualité  ,  là  où  faifant  les  grands  &  exceilifs  dons,  ledit  Roy  Louys  XL 
en  enriehiâbit  un  petit  nombre ,  &  en  laifibit  «n  bien  grand  nombre  de: 
mal-contens  v^  aufli  fea  grande^  largellès  fe  fajfoient  à  la  charge  du  pauvre 
peuple ,  &  bien  pouvoient  dire  ceux  auxquels  il  denneit ,  qu'ils  eftoient 
ainii  que  les  enfans  des  beftes  Se  oi(eaux  vivans  àt  rapines  noturris  du 
fang  ou  pauvre  peuple  :«Mais  ceux  d  qui  notre  Roy  donne  ont , ce  récon-- 
fort ,  que  ce  qu'ils  prennent  n'a  point  efté  induement  tollu  à  autruy ,  & 
qui  plus 'eft  i  prifec  ceux  qui  fiprvent  ledit  Roy  régnant  ne  font  en  au- 
cune crainte  de  luy  s'ils  ne  mefront  s  car  il  n'eft  pomt  envers  eux  terrible,, 
rigoureux ,  auftere,  difficile  ny  variable ,  ains  tout  conftant,  htunain,. 
doux ,  &  familier ,  &  devife  bien  fouvent  avec  eux  tout  privement  ;  noir 
point  comme  R07,  mais  comme  compagnon  ,  fans  fof  irriter  ny  cour- 
roucer, fi  aucun  d'eux  ditchofe  folle,  ottmalpenfécjpourvcu  qu'elle  no 
foxt  au  préjudice  d'autruy ,  tellement  qu'il  ne  iemble  eftre  plus  grand  que 
(es  ^rviteurs ,  finoni  pour  autant  qu'il  eft!  meilleur ,  &  ne  porte  haine  ny  » 
regret  à  perfbnne  s'il  n'a  metfait  ;  6c  fi  aucune  fois  il  fe  courrouce ,  quel-, 
c)ue  menace  qu'il  fâfle  (  dont  i  peine  fe  peur  contenir  nul  hommede  ccnur. 
tgnt  foit  attrempé ,  ains  eft  fens  &  vertu  de  le  fçavoir  faire  à  temps  Se 
iaifon  (ans  excéder^  fi  ne  craint  pourtant  celuy  quieft  menacé ,  d'avoir 

mal 


*9<5  C  O  M  P  A  R  A  I  S  O  N 

mal  en  fa  petfonne  ny  en  fes  biens ,  s'il  n'cft  connu  par  iuftice  qu^il'âye 
nieffaic  j  &  tout  .ainfi  qu'il  eft  prompt  ^  punir  tous  maléfices ,  &  toutes 
offcnfes  qui  touchent  rintercft  d'autruyoude  lachofe  publique ,  il  eft 
preft  à  pardonner  celles  qui  ne  touchent  qu  a  fa  perfonne  >  car  jamais  il 
ne  fot  cruel ,  ny  vindicatif,  ce  que  ron  connut  bien  évidemment  à  fon 
avènement  à  la  Couronne ,  car  l'année  mefme  que  mourut  le  Roy  Charr- 
ies VIII.  combien  que  par  inftigation  d'aucuns ,  qui  avoient  authorité 
envers  ledit  Roy ,  il  fuft  fi  mal  traité ,  qu'à  peine  le  ofoit  trouver  en  fa 
préfencfe^  &  aucuns  de  Ct$  principaux  terviteurs,  perfecutés  d'honneur 
&  de  biens,  toutefois  eftant  Roy,  n'en  fit  aucun  feniiblant ,  non  plus  quç 
fi  ne  luy  en  fouvendit. 

Au  regard  des  flateurs*dont  les  oreilles  des  Princes  communément 
font  afiiegées,  il  ne  font  pas  bien  venus  envers  luy  ,  ains  fi  aucuns  cui« 
dant  lùy  cottiplaire ,  tient  quelque  pro{>o5  de  luy  ,  en  fa  préfence  a  foa 
avantage  trop  longuement,  il  donne  bien  à  connoiftre  par  fignes ,  &  ne 
luy  répondant  rien  ,  qu'il  feroit  mieux  de  fe  taire ,  8c  s'il  ne  l'entend 
a(ïez  par  ce  moyen ,  il  s'en  va ,.  ou  change  propos ,  tant  eft  modefte  8c 
continent  en  toutes  chofes,  &  aime  mieux  que  fes  louanges  foient  ^aui 
cœurs  des  hommes  que  en  la  langue. 

Et  ne  faut  point  craindre  d'eftlre  maltraitté  de  luy  par  faux  rapports  # 
qui  eft  l'un  des  grands  dangers,  qui  foit  aux  autres  Cours  ,  car  tous  ceux 
qui  difent  mal  d'autruy ,  il  les  répute  lâche$.&  méchans  s'ils  ne  Je  veil- 
lent maintenir  en  la  préfence  de  ceux  dont  ils  parlent ,  6c  de  cela  advient 
qu'en  fa  Maifon  n']i  a  difiention  ,  ^nvie  ny  partialité ,  moins  que  en 
Maifon  de  Frince  du  monde ,  pourtant  qu'ils  n'ont  caufe  de  pourchafièr 
l'un  contre  l'autre ,  car  ils  n*y  gagneroient  rien ,  n'y  aufii  d^'entreprendre 
Tun  fur  l'autre ,  pourtant  qu'if  ne  donne  point  les  biens  par  pratiques  » 
mais  par  mérites  de  fa  propre  volonté  ,  &  fans  en  vouloir  eftre  importu- 
né ,  éc  ceux  qu'il  a  connu  8c  expérimenté  gens  vertueux  &  fçavâns  en 
tous  eftats ,  jamais  ne  les  a  défappoihté ,  s'il  n'y  a  eu  caufe  bien  éviden-* 
te ,  &  fi^ft  le  plcrs  aifé  à  fervir  en  tous  endroits  que  Prince  du  monde, 
&  qui  plus  fupporte  de  fes  ferviteurs  ,  canç  que  touche  à  fa  perfonne  :  fi 
peut-on  bien  connoiftre  évidemment  fa  confiance  &  fermeté  envers  fes 
lerviteurs,  en  uneckofe  qui  eft  de  plus  grande  importance  que  toutes 
les  autres  ;  car  ayant  dès  le  commencement  de  fan  règne  choifi  Monfei- 
gneur  George  d'Amboife  (31),  lors  Archevefque  de  Rouen,  8c  à  préfent 
Cardin^  8c  Légat  en  France,  pour  la  conduite  de  fes  principales'aiFaires» 
pource  qu'il  le  connoiâbit  eftre  homme  très-exellent  8c  accomply  de 
lens ,  d'expérience ,  de  loyauté  8c  de'bonne  vie  ,  jaçoit  que  par  plufieurt 
fbisil  aitefté  longuement  abfent  de  luy,  6c  par  avanture  picqué  8c 
chargé  de  plufieurs  chofes ,  ainfi  qu'il  advient  à  toutes  gens  qui  ont  fi 
grande  authorité ,  &  aufiî  que  les  chofes  dont  il  avoit  charge  foient  quel- 
que fois  avenues  autrement  qu^on  eftimoit ,  8c  quelques  paroles  qu'u  ait 
eu  avec  luy ,  pour  matières  quelconques  ,  comme  il  eft  pcefque  de^né*» 
iceffité  9  ayant  fi  lont^emps  mené  les  affaires  du  Royaume ,  fi.n'a-t'on 
|amats  apperceu  que  loir  cr^it  £ç  authorité  fuft  en  riçn  dimimiée,  maÎ9 

tousjour9 

(5*) 


DES  ROYSLÔ.UYS  XI.  ET  XIL        197 

f ousjours  augmentée ,  pour  autant  que  les  mérites  Se  la  pruclence  croif^ 
foient  avec  le  temps  &  par  continuation  de  fervices. 

Il  n'eft  befoin  de  déclarer  la  libéralité ,  dont  il  a  ufc  envers  Ton  peuple 
&  Tes  Aijets ,  car  jamais  n*a  penfé  en  autre  chofe  que  de  les  foulager  de 
routes  charges  le  plus  qu'il  pourroit,  de  leur  diminuer  les  tailles,  &  de 
les  garder  aoppreflîon  &  de  pillerie.  Car  quelque  affaire  ouiluy  foit  fur- 
venue  ,  jamais  ne  leur  a  mis  charges  nouvelles ,  ains  tout  l'argent  qu'il  a 
pu  épargner ,  reftraignant  la  dépenfe ,  tant  de  fa  perfonne  que  de  (a  mai* 
ion,5<:  par  autres  moyens  railonnables ,  il  ratousjours  employé  aut 
affaires  de  Tes  guerres  avant  que  dechareer  Ton  peuple ,  &  (ce  qui  ne  fait 
à  oublier)  ayant  r année paffêc  Cjz)  fouldoyé  bien  groflè  armée  en  Italie, 
tant  pour  châtier  les  Genevois ,  que  pour  réfifter  aux  entreprifes  du  Roy 
dts  Romains  y  fans  mettre  fur  fon  peuple  aucune  charge  nouvelle  ^  6c 
cftant  averty  par  fcs  gens  de  finance ,  que  ladite  armée  ne  fe  pourroit 
entretenir  outre  le  mois  de  Février  enfuivant ,  fans  mettre  une  crue  de 
caille  (combien  qiiefon  peuple  par  tout  le  Royaume ,  entendant  le  be-- 
foin ,  &  connoiflànt  le  bon  traittement  que  ledit  Seigneur  luy  faifoir  » 
eût  libéralement ,  &  de  fon  bon  çré  accordé  ladite  crue  ,  &  confenty 
4)u'elle  fût  mife  fus ,  &  auffi  que  la  guerre  ait  depuis  ledit  mois  de  Fé- 
vrier duré  plus  de  cinq  mois  en  plus  grande  dépenfe  que  devant^ }  il  n'a 
toutefois  jamais  voulu  que  ladite  crue  »  ainfi  accordée,  fût  exigée  ,  telle- 
ment qu'il  eft  à  émerveiller ,  comme  fa  parcimonie,  induftrie  &  bonne 
conduite  ,  peut  fuppléer  à  faire  chofes  fi  grandes  &  de  fi  grande  dépenfe, 
en  diminuant  le  revenu ,  là  où  les  autres  Roys  qui  prenoient  fur  leur  peu- 
ple tout  ce  qu'ils  pouvoient ,  eiloient  tousjours  en  néceflîté  s  mais  la 
grande  amour  fait  faire  chofes  prefque  impofilbles ,  £c  tout  ainfi  que 
rien  ne  fuffit  à  ceux  qui  tout  veulent  avoir ,  a  ceux  qui  rien  ne  veulent , 
fors  ce  qui  eft  néceflaire ,  rien  ne  faiilt.  Auflî  la  diligence  qu'il  a  ufce  à' 
croître  &  augmenter  fon  domaine ,  a  bien  aydé  à  fa  frugalité  &  attrem- 
pance ,  car  là  où  les  Princes  »  &  mefmement  le  Roy  Louys  XI.  foy  con- 
nans  de  l'argent  qu'ils  levoient  fur  le  peuple,  à  leur  volonté,  ne  tenoienj: 
pas  grand  compte  de  leurdit  domaine ,  &  par  ce  moyen  les  fermiers  ,  &: 
autres  qui  en  avoient  charge ,  faifoient  beaucoup  de  tromperies;  il  a  tà« 
ché  tant  qu'il  a  pu  de  remettre  fon  domaine  en  value  >  ann  de  foulagec 
par  ce  moyen  fon  peuple. 

Je  ne  veux  pas  pourtant  dire  (afin  que  je  n'obmette  rien  )  que  le  Roy 
Louys  XI.  ne  nit  plus  abondant  &  artificieux  en  langjage ,  mais  s'il  exce- 
doit  en  cela ,  &  sll  eftoit  ^u(fî  plus  caut ,  plus  malicieux ,  &  par  adven^ 
ture  de  plus  grand  efprit ,  il  eft  plus  à  eftimerque  cettuy-cy  foit  plus- 
franc  ,  plus  rond,  &  plus  ouvert  en  fait  &  en  paroUe,  fans  fimulation  , 
ny  déception ,  dont  ceux  qui  ont  eu  à  traitter  &  befogner  quelque  chofe 
avec  luy ,  fe  font  fi  fort  auèurez  en  fa  foy  &  promefiè ,  que  fur  icelle 
ont  mis,  non  pas  tant  feulemenr  leur  eftat,  mais  leurs  perfonnes,  ainfi 
aue  fit  r Archiduc  Philippe  d'Autriche ,  lequel  jaçoit  qu'il  fut  defcen* 
dant  du  Duc  Jean  de  Bourgogne ,  qui  avoir  fait  meurrrir  le  Duc  Louys 
^^Orlea^s,  ayeul  dudit  Roy,  auflî  que  le  Roy  des  Romains,  pered'iceluy 

»  Archiduc  » 

Tomellf.  Pp  (35) 


19»  COMPARAISON 

Archiduc  >  loy  eût  fait  la  guerre,  au  commcncemeiu  de  Ton  Règne»  Se  ne* 
fut  Ton  amy  i)as  bien  enonre  >  ce  néancmoins  au  voyage  que  fie  ledit  Ar- 
chiduc en  EÎpagne ,  il  pafla  fc  repaflà  par  le  Royaume  de  France ,  en- 
aulli  grande  ieurccé  cooune  par  Ces  terres  mefroes ,  autant  ou  plus  hono- 
ré ,  chery  &  bien  traitté  par  iceluy  Roy ,  qu'il  fut  des  Rov  &  Rerne.  de 
Caftille ,  defquels  avoit  epouie  la  fille  aifnce ,  par  moyen  de  laquelle  s'at-» 
tcndoit  eftre  leur  fucceflèur ,  &  ne  luy  eut  pu  ledit  Roy  Louvs  hiire  plus^ 
courtois  recueil ,  ny  plus  grande  démonftration  d'amour  su  eut  efté  Ton 
propre  fils ,  &  qui  plus  tait  i  louer  à  Ton  retour  d'Efpagne,  jaçoit  que 
ierditsRoy&  Reynede  Caftille,  n'eudent voulu  tenir  laj^intement 
fait  par  luy ,  quelque  procuration  qu'il  eût  d'eux,  (  dont  i  bonne  caufe 
ketuy  Roy  Louys  fe  fût  pu  douloir  6c  aâèurer  de  lui )  ^toutefois pour 
cela  ne  luy  en  fit  jamais  pire  chère ,  ains  eftant  tombé  en  grieve  maladie- 
a  Lyon  ,  iceluy  Rx>v  en  eftoit  au0î  foigneux  que  s'il  l'eût  engendré ,  tel^ 
tement  que  luy  ou  ia  Rcyne  ne  bougèrent  ^ueres  d'emprès  luy. 

Le  Roy  d'Arragon ,  mefroe  depuis  qu'il  eut  époufé  ht  niepce  dudit 
.Roy  Louys ,  après  tous  lefdits  difirarens  >  &  la  prife  du  Royaume  de  Na- 
ples ,  ne  s'eft-il  pas  venu  rendre  en  k  pui&nce  d'ic^y  Roy  dans  la  Cité 
(  ^3  )  £>^  de  Savonne  (y}) ,  &  outre  plus  de  fa  bouche ,  dt  de  fa  perfonne  ^  ne  vou*» 
^^  7'  lut  eftre  fervy  que  de  ce  qui  luy  eftoit  adminiftré  par  les  gens  dudit  Roy 

Louys ,  &  certainement  bien  le  pût  faire  ',  car  ledit  Roy  Louys  n'eftime 
nuls  biens  tant  que  fa  fby  Se  loyaulté ,  Se  s'il  eut  voulu ,  comme  plufienrs 
antres  euflènt  bien  fait  trouver  des  occafions  pour  wnir  au  contraire  ^ 
peut-être  qu'il  eût  recouvert  ledit  Royaume ,  &  d'autres  chofes  plofieurs 
ums  grande  difficulté  ^  mais  il  veut  vk^re  fans  reproche  quoiqu'il  luy 
puiile  avenir. 

Pareillement  Dom  Federic  d^Arragcxr,  combien  que  ledit  Roy  Louys 
luy  eût  toUu  le  Rovaume ,  qu'il  occupoit  f  34) ,  ne  vint-il  pas  mettre  fa 
perfonne  y  enfemble  celle  de  fa  femme  &  de  les.enfans ,  entre  fes  mains 
plûtoft  qu'entre  celles  dudit  Roy  Ferdinand  d'Arragon  y  (on  parent  Sc 
ton  allié-  j  tent  connoiffi>ic  k  grande  loyauté  Sc  Huinanité  d'iceluy  Roy^ 
Louys.. 

S'il  convient  parler  de  fa  Refigion ,  il  eft  Ptinoe  dérot  Sc  Catholi* 
^ue  fans  hypocrifie ,  ny  fimukçion  >  car  il  fe  garde  d'otfenfer  Dieu ,  Se 
le  reconnoift  en  toutes  chofes  mieux  de  fait ,  que  de  parole ,  Se  bien 
luy  femble  à  iceluy  eftre  plus  agréable  qu'on  lujr  oftre  un  bon  Se  entier 
vouloir ,  fans  aucune  déhionftration  extérieure ,  que  de  luy  dire  une  Ion* 
'  gtie  oraifon ,  ou  faire  grande  inclination  corporelle  y  toutefois  il  fe  té^ 
iBonctlie  avec  luy ,  par  conftftîon  de  (es  péchez  >  fepc  ou  huit  fois  Tan  >• 
en  ufant  de  la  grâce  qu'il  luy  a  donnée  de  guérir  1er  maKides  des  écrouel- 
ks ,  ainfi  ^'ont  fait  les  ancres  Roys  de  France,  depuis  Clovis  le  premier 
Roy  Chrétien  en  toute  humiUté. 

Il  fe  gaideauâi  de  faire  ,*  nyfouffirir  eftre  fait  tort  ny  violence  i  Ces 

fujcts,. 


(34)  CftêitU  'Râymmie^de  Naptes  dont 
h  R^  fertèntmd  ttArragon  s*impara  en- 
Jiskt ,  nmi$  ledit  Federie  ne  vint  pas  libre- 
miuLenJfMnci  ^  iljfuL'immifmhéêpi^ 


yiemênt ,  lui  MyMnt  donni  pour  fuhffhr  Im.- 
jùuiffmut  du  DuM  dAnjoH^  Il  momtUJÊi 


DES  R.OYS  LOUYS  Ki.  ET  XII.        199 

djets  9  ny  ilommage  ijks  roi&is,  s'il  a'cft  provoqué,  âc  finguliensmenc 
^'oppidler  rEgUfe ,  ainfi  qu'en  placeurs  chofes  ont  pu  connoiftrc  fei 
fttjeô  y  tant  ea  Frauice  qu'en  Italie ,  dont  pour  éviter  pcolixité ,  je  raeon- 
teray  un  féal  exemple ,  que  j'ay  vu ,  diffne  de  ciienu>ire  ;  c'eft  que  le9 
Seigneurs  de  Milan  aroient  accoutumé  die  prendre  Se  percevoir  d'une 
grande  partie  des  Preiats  xiu  Duché  un  bœuf  gras  à  Nady  &  l'avoienc 
^eilimé  à  cinquante  ducats  chacun  bœuf,  laquelle  (bmme  ils  mettoient 
en  leur  recepte ,  de  (i  longtemps  que  Jean  Galeos ,  Vicomte ,  qui  fut  le 
I  memîer  Duc  de  Milan ,  entre  autres  plufieurscho&s  qu'il  donna  en  mariage 

r  a  Madame  Vaien tine  fa  fille  (  que  le  Duc  Louys  d'Orieans,  ayeul  de  noftie 

Roy ,  ^pouià  )  y  mit  cette  exaùâfcion  v  ce  néantmoins  le  bon  Roy  ayant  re- 
couvert ledit  Duché ,  a  voulu  eftre  infermé  d'où  eftoit  venu  ce  droit  ^ 
&  par  quel  moyen ,  êc  entendant  qu'on  n'en  trouvoit  aucun  titre  ,  fors 
tant  feulement  l'ufance  fi  ancienne ,  comme  dit  eft,  a  deffendu  qu'on  ne 
l'exigeât  plus ,  &  auffi  que  l'on  ne  prit  aucunes  chofes  fur  les  biens  des 
Egliles ,  dont  les  Seignemrs  patSès ,  mefmement  les  S/bruf^uis ,  qui 
avotent  ufurpé  la  Seigneurie ,  difpofoîe^c  bien  fouvent  â  leur  volonté , 
6c  mefine  touchant  fes  bénéfices  6c  dignités  Ecdefiaftiques  ,  combien 
qu'il  aft  voulu  gaider  fon  autfaoricé  6c  prééminence  pour  la  caifon ,  it 
en  a  «fé  toutefois  fi  modeftement ,  que  Von  ne  luy  peut  imputer ,  qu'A 
ait  forcé  tes  droits  &  la  liberté  de  l'Eglife. 

Pareillement  touchant  les  mariages ,  il  n'eft  homme  vivant ,  pour  <|uf 
il  en  ak Jamais  voulu  prefo  perfonne  de  fes  fujets ,  6c  û  quelquefois  il 
en  a  prié,  c'a  efté  de  (brte  que  ceux  qui  n'oac  voulu  obtempérer  i  fa  ce* 
quefte,  n*ont  point  af^perceu  que  pour iiela  «1  e&t  auoin  inal  talent  en** 
vers  eux. 

Vray  eft  qu'il  eft  plus  pompeux  en  habiUemens  &  accotmement  de  fa 
peribnne,  que  ne  nit  ledit  Roy  Louys  XI.  car  (ans  point  de  faute ,  ce« 
luy-cy  fut  en  cette  partie  trop  extrême ,  tellement  qu'il  (embloit  bien 
(buvent  mieux  un  Marchand  ou  homtne  debadê  condition  ,  qu'uti 
Roy  3  ce  qui  n'eft  pas  biea-féant  i  un  grand  Pnnce  4  mais  le  Roy  qin 
eft  i  préfent ,  a  en  cecy  gardé  tellement  la  médiocrité ,  ou'on  ne  Çixf 
poorroit  imputer  d'eibe  exceffif  en  trop  ny  en  peu ,  auflî  V^int^'A  f^ardé 
touchant  fa  dépenfe  de  bouche,  dont  fantve eftoit par tcop exccflif ^ 
eutîeux, 

^  Néantmoins  a  tenu  tels  moyens  que  fou  Royaume  eft  beaucoup  piua 
riche  d'argent,  6c  de  toutes  chofes,  qu'il  ne  fut  jamais  du  temps  dùdic 
Roy  Louys ,  ny  auparavant ,  comme  u  peut  ap|>aroir  par  taxions  6c  expe^ 
nences  évidentet ,  qucnque  YettîUem  maintenir  pluuenrs  gens  au  con^ 
trftite ,  difans  que  les  guerres  dltalie  ont  épuifé  le  Royaume  d'argent  v 
6c  pour  montra  qu'ainfi  (bit  comme  je4is ,  l'on  voit  généralement  par 
tout  le  Royaume  baftir  grands  édifices ,  tantpi^ica ,  que  privés,  &  font 
^etns-de  adnues ,  non  pas  les  plandiers  tant  feulement ,  &  les  murail^ 
les  qui  ibnt  par  le  dedans ,  mais  lea  couvertes ,  les  coiâs  ,  les  tours ,  6c 
imaees  qui  font  par  le  dehors ,  6c  fi  font  les  4nai(bns  meublées  de  toute» 
ehoies,  trop  plus  fomptueu(èmenc  que  jamais  ne  furent ,  &  on  uie  de 
▼asièlle  d'argent  en  tous  eftats ,  fans  comparaifon  plus  que  l'on  ne  fou- 
loic  ,  «dlemoot  qu'il  a  efté  befoio  furcela  faire  ordonnance  pour  corriger 

Pp  a  celle 


500  COMPARAIS  ONT 

celle  fuperfluicé ,  car  il  n'y  a  forces  de  gens  qui  ne  veuillent  avoir  cafle^^ 
sobelecs ,  aiguières  8c  cuillères  d'argent  du  moins  ,  &  au  regard  des  Pre- 
uts ,  Seigneurs  )  &  autres  grollîers^  ils  ne  fe  contentent  pas  d*avoir  toute: 
tottc  de  vaiflèlle  y  tant  de  table  que  de  cuifine ,  d'argent  >  s'il  n'eft  doré ,. 
&  niefraes  aucuns  en  ont  grande  quantité  d'or  maflif  ;  auâi  font  les  habil- 
lemens ,  &c  la  manière  de  vivre  plus,  fomptueux  que  jamais  on  ne  les  vit> 
ce  que  toutefois  je  ne  prife  pas,,  maisc'eft  pour  montrer  la  riclieflè  dix 
Royaume, 

Pareillement  1  on  voit  les  mariages  des  femmes  plus  erands ,  6c  le  priic 
des  héritages  9  &  de  toutes  autres  cnofes  plus  haut ,  &  u  trouve^-t'on  plus, 
de  vendeurs  que  d'achepteurs^  &  qui  eft  chofe  trop  apparente ,  lerevena 
des  bénéfices  >  des  terres  &  des  Seigneuries^,  eft  cru  par  tout  générale^ 
ment  de  beaucoup ,  &  pludeurs  y  en  a  qui ,  à  prefent ,  font  de  plus  grand 
revenu  par  chacune  année ,  qu'ils  ne  fe  vencloient  du  temps  mefme  dut 
Roy  Louys  XI.  pour  une  fois ,  te  pareillement  les  Fermes  des  Gabelles  y. 
Péages ,  Greffes ,  &  de  tous  autres  revenus ,  (ont  augmentés  bien  gran- 
dement ,  &  en  plufieurs  Ikux  «  plus  de  deux  tiers ,  en  autres  de  dix  parts 
les  neuf,  aufli  eft  l'encrecours  de  la  marehandife  >  caat  par  mer  que  pac 
terre ,  fort  multiplié  y  car  potu:  le-  bénéfice  de  la  paix,  qui  a  efté  de  ce 
Règne ,  Se  pour  TauthorKé  6c  réputation  que  les  François  ont  eu  en 
Italie,  Allemagne,  Efpagne,  Angleterre  6c  autres  pays,  6c  provinces 
tant  maritimes  que  terrefSres,  pour  raifon  des  grandes  vidtoires  que  nof- 
tredit  Roy  a  eues,toutes  gens  (excepté  les  nobles,  lefqjiels encore  je  n'esc^. 
cepte  pas  tous  )  fe  méfient  de  marehandife ,.  6c  pour  un  Marchand  que 
Ton  trouvoit  du  tonps  dudxt  Roy  Looys  XL  riche  &  groftier  à  Paris ,  à 
Rouen.,  à  Lyon,  &  aux  autres  bonnes  villes  du  Royaume ,  &  générale^ 
ment  par  toute  la  France  ,  l'on  en  trouve  de  ce  Règne  plus  de  cinquan- 
te,  &  fi  en  a  par  les  petites  villes  plus  grands  nombre,  qu'il  n^'en  foo^ 
loit  avoir  par  les  grofïès  &  principales  Cités ,  tellement  cju'on  ne  fait 
gueres  maifon  fur  rue ,  qui  n'ait  boutique  pour  marehandife ,  ou  pour 
art  mécàlnique ,  &  font  a  préfent  moins  de  difficulté  d'aller  à  Rome,  à 
Naples,  à  Londres,  6c  ailleurs de-là  la  Mer,  qu'ils  fcûfeient  autrefois 
d'aller  à  Lyon ,  oa  à  Genève ,  tellement  que  aucuns  en  y  a ,  qui  par  mer 
font  allez  chercher  ,  &  ont  trouvé  des  terres  nouvelles ,  car  la  renommée 
&  l'authorité  du  Roy  à  prefent  régnant ,  eft  fî  grande  ,  que  (es  fujets 
font  honorés  &  fupportez  en  tous  pays ,  tant  en  mer ,  qu'en  terre ,  6c 
n'y  a  fî  grand  Prince  qui  les  ofat  outrager ,  ny  permettre  qu'ils  le  fuflènc 
en  fa  Tàrre  &  Seigneurie  :.  l'on  voit  auffi  qu^ô  par  tout  le  Royaume  faire 
jeux  &  efbatemens  i  gmnds  frais  >  qui  jamais  ne  fe  firent ,  nv  fe  peuvent 
Élire  en  pays  pauvre  5  6c  fl  fuis  informé  par,  ceux  qui  ont  la  principale 
charge  des  finances  du  Royaume ,  gens  de  bien  6c  d'authorite ,  que  leâ. 
tailles  fe  recouvrent  â  prefent  beaucoup  plus  aifément  &  à  moms  de; 
contrainte^  defrais ,  fans  comparaifon  qu'elles  ne  faifoient  du  temps* 
des  Roys  pafTés,  Se  néantmoins  le  peuple  pair  la  longueur  de4a  paix  eft 
tant  multiplié V  que  l'on  ne  fe  devrpit  point  émerveiller  fi  on  trouvoic; 
plus  de  gens  pauvres  qu'on  ne  fouloit ,  car  d'autant  que  les  biens  feTac-^ 
gent  fe  départent  entre  plus  de  perfonnes.,  autant  en  a  moins  un  chacuiiy 
mai^  kraiibn  eft  au  contraire^  pourtant  que  tous  lahpurent*&  travaillenu 

doûR- 


DES  ROYS  LOUYS  XL  ET  XII.         30Î 

dont  avec  les  gens  croiflent  les  biens ,  le  revenu  &  les  richeffcs.  Qui  eft- 
ce  donc  ceiuy  tant  fot  &  infenfé,  qui  veuille  dire  &  maintenir  le  Royau- 
me où  Ion  voit  telles  chofes  >  eftre  pauvre  d'argent ,  &  qu'il  n'y  en  air 
grande  abondance  l  certainement  jamais  homme  ne  vit  tels  ouvrages  faire 
en  pays  indigent. 

•  Parquoy  ne  me  puis  aflez  émerveiller  d'un  tas  de  gens  ingrats  &  mé- 
connoidàns  du  bien  qu'ils  ont ,  qui  blâme  noftre  Roy  Louys  d'avoir  fait 
la  guerre  en  Italie  ,  difans  qu'il  devoit ,  ainfi  aue  fit  ledit  Roy  Louys  XI^ 
borner  fon  Royaume,  &  non  point  fonir  denors ,  comme  s'il  eût  fait 
une  grande  faute  d'accjuerir  le  Duché  de  Milan  ,  qui  luy  appartenoit  à 
jufte  titre»  par  fucceflion  paternelle ,  8c  pareillement  d'avoir  accepté  U 
Cité  de  Seigneurie  de  Gènes ,  qui  eft  en  partie  la  feureté  dudit  Duché ,  &c 
par  ce  moyen  d'avoir  rendu  toute  l'Italie  à  luy  obfequente  &  aftrainte, 
6c  qui  plus  eft  d'avoir  rejette  la  guerre  hors  du  Royaume ,  &  amuie  fes 
ennemis  de  par-de-li(  ainfi  que  les  Romains^  tous  ceux  qitife  font  gou ver* 
nés  par  raifon,  par  police,  &  par  bon  conJEeiUont  tousjours  tâché  de  faire) 
&  auflî  ofté  la  foule  des  gens  d'armes  d'iceluy  Royaume  :  certes  ces  gens 
fî  curieux  &  fi  malentendans  le  bien  qu'ils  ont  devroient  beaucoup  plus 
blâmer  &  reprendre  le  Roy  Charles  le  Grand  yqui  tant  eft  loué  Se  renom-* 
mé  par  tout  le  monde ,  lequel  par  fi  longtemps  mena  U  guerre  conti- 
nuelle en  Italie ,  en  Allemagne ,  en  Efpagne ,  &  en  autres  nations  étran- 
ges ,&  haut  louer  cettuy-cy ,(  fi  comme  font  toutes  autres  nations)  le- 
quel n'a  jamais  mené  la  guerre  pliK  longuement  que  de  trois  mois ,  &  le' 
plus  fouvent  a  eu  viâioire  en  beaucoup  moins  de  temps  ,  &  fi  n'a  fair 
pafièr  en  Italie  armée  que  quatre  fois  en  tout  ;  &  pour  parler  à  la  vérité , 
on  le  devroit  bien  blâmer  Se  reputer  pauvre  de  cœur  &  de  conduitte,  & 
pour  crainte  de  telle  dépenfe  (qu'il  a  toutefois  faite  fans  furcharçer  fon 

feuple,  mais  tousjoi^s  en  le  déchargeant,  )  il  avoit  refufé  d'acqucrir  un  Ct 
eau,  fi  grand,  fi  riche  Se  fi  opulent  pays,  qui  luy  appartenoit  par  droiture,, 
par  la  force  duquel  faftsaide  d'ailleurs  fes  Prédecefleurs ,  Ducs  de  Milan , 
ont  fait  défi  grandes  chofes ,  oui  dévoient  bien  fuffire  à  puifians  Roys ,  Se 
mcfmement  ayant  efté  outrage  Se  provoqué  par  celuy  qui  occupoit  ledit 
pays  avant  qu'il  fut  Roy ,  &^près  :  Se  h  tels  Duchés  Se  Seigneuries  fe 
pouvûient  acquérir  par  achapt,  il  fcroit  bien  mauvais  marchand  ,  qui  re- 
fuferoitd'en  achcpter  au  prix  que  la  conquefte  en  a  coufté.  Se  jamais 
ne  fit  iceluy  Roy  cnofe  qui  luy  revienne  â  u  grande  gloire ,  ny  à  fi  grand 
honneur  &  profit  au  Royaume,  dont  on  s'appercevra  mieux  journelle- 
ment ;  fi  voudrois  bien  que ,  fans  faire  tort  à  perfonne  ,  à  la  louange  de 
Dieu  &  à  l'augmentation  de  la  Religion  Chrcftienne ,  il  en  pût  acquérir 
d'autres  à  fi  bon  marché  v  Se  quoy  qu'on  die  du  Koy  Louys  XL  s'il  eût  eu 
telle occafion  d'acquérir  fi  grand  chofeen  Italie  fi  aifément,  &  qu'il  n'eût 
cfté  empefché  en  France ,  en  crainte  de  fes  voifins  &  de  fes  lujets  ,  iï 
n'eut  pas  refufé  un  tel  party ,  ny  plaint  la  dépenfe  ,  &  fi  ne  fe  fût  par 
aventure  pas  arrefté  â  ce  que  par  droit  luy  eût  pu  appartenir,  s'il  eût  eu 
fe  moyen  de  paflcr  plus  outre ,  comme  a  eu  cettuy^cy  :  mais  eftant  en  Ci 
grande  crainte  &  foupçon  de  fes  fujets.  Se  non  vovant  le  moyen  pour 
parvenir  fi  promptement  à  fi  grand  chofe  ,  n'eftpas  a  émerveiller ,  s'il  n'y 
moulut  entendre ,  car  c'eût  efté  grande  folie  i  Se  mcfmement  de  recevoir 


301  COMPARAISONS. 

]a  Seigneurie  de  Gènes  qu'on  lay  prefenta ,  non  zyaot  autre  terre  en  Ira- 
lie  >  carcenctuyeùtefteque  dépen(c;8c&  le  Roy  qui  eftdprelèntQ'cÛC 
eu  ny  efper^  d'avoir  autre  chofeen  Italie  i  autant  en  eut-il  fait. 

Oi  eft  adèz  clairement  apparu ,  pat  ce  que  j'ay  dit  cy-dcflus ,  que  le 
Koy  Louys  XIL  dont  nous  parlons,  a  cfté  Se  cÂtiop  plus  aimé,  chetjSc 
denré  de  Tes  fujets,  que  ne  fut  le  Roy  Louys  XI.  ny  autre  des  plus  an- 
ciens ,  plus  utile  &  profitable  au  Royaume ,  &  digne  de  plus  granda 
jouange  i  Û  ne  le  dis  pas  pour  haine  que  j'aye  à  nul  d'eux ,  ny  poiu  actcim 
fn^'talenc ,  cat  ils  ,  ny  aucun  d'eux  ,  n'ont  jamais  nie£iit  à  moy  ny  i 
aucun  des  miens;  mais  il  me  (emble  que  l'office  d'un  bon  fujet  &  (ev/U 
teur  enrers  (on  Prince ,  quand  il!eft  bon  Se  venoeux  >  eft  de  blâmer  ceux 
qui  n'ont  pas  eftéfemblables,  car  par  ce  moyen  lepeai-on  louer  grande-* 
mem  ,  (î  Ton  reprend  ceux  qui  n'ont  point  mérité  idle  gloire,  &  is  ne 
fais  pas  ce  jugement  de  moy-RicTinc,  car  ce  que  je  dis  Te  trouve  paraâes 
£c  éciicures  audientiques ,  &  appen  par  eâeâs  &  chofes  pennaoenies  i 
&  quand  on  le  voudfoit  faire,  la  commune  renommée  du  peuple  en 
portetoii  témoignage  trés-vcritable  3c  certain  :  car  les  François  ont  tous- 
jours  eu  licence  &  liberté  de  parler  il  leur  Yokmté  de  toutes  gens ,  SC 
tnefme  de  leurs  Princes ,  non  pas  après  leur  mon  tant  Paiement ,  Buis 
eocoie  pn  Icar  vivant,  éc  en  leur  pi^cocc 


3<?î 


PREUVES 

DES 

MEMOIRES 

D  E 

PHILIPPES  DE  COMINESr 

CONTENANT  LES  TRAITEZ ,  INSTRUCTIONS, 

Lettres,  &  autres  ASesfirvansd^écîairciJfemeHS  à  ^Hifioirc 
dts  Roy  s  Louys  XI -&  CharUs-  VII h 


Sommaire  dt  ta:  vit  de:  Meffire  Angelo  C'atTO' ,  Archivé^  de^ 
Vienne  (f) >  ^  qui,  Mejfire  Philippes  de  Comines adreffefes  Mémoires. 

MEssiutb  PirrLrppEs  db  C<yjirrN-Fs  ^  ChcTalicr,  Seigneur 
£Argenton  9  Aotheur  du  préfenc  Livre ,  qui  contient  les  Mémoi- 
res des  vies  des  Roys  Louys  XI.  ic  Charles  FUI.  <|ue  I>ien  abfolVe,  dit 
par  Ton  Proeme  (r),  iceux  avoir  recoUigez  &  compilesi  la  requefte  d'unp 
Archevefque  Ac:  Vienne  j  duquel  il  fait  fouvent  mention  en  pluiieursen- 
Aotrs  de  ierdits  Mémoires»  (ans  toutefois  dédarer ,  ny  autrement  expri- 
mer le  nom  dudit  Archeverque,  ne  quel  perTonnage  c'eftoit  r  Et  pource' 
Sue  cela  ne  peut  eftre  advenor  qn*il  n'ait  efté  homme  ^nd  &  venera- 
le ,  digne  d'eftre  mis  en  plus  grand  lumière  >  il  fera  ici  récité  ce  qui  3t 
cfté  recqeilly  &  entendu  de  luy ,  par  le  rapport  de  trois  perTotms^es  de' 
grande  foy,  prudence  >  ic  autborité>' l'un  defquelsCquieft  décédé  )eftoic 

Meflîre* 

(r)  Pour  (^oir  (bamudicffient  qael  H  les  papiers  d'an  ancien  ftiuUàn^  cuxicuX- 
hok  cet  Arcfaeréque  de  Vîeooe ,  à  <^i  le  '  PerTonnage  de  THiftoâre. 
Sejgnenr  d'Aigencon  adtetfc  (es  Mcmoi-  .     (x)  ftCr[PMMii«T  via»  terme  qui  fi^- 
res  %  voici  ce  ou  on  eo  a  pris  de  mot  à  mot,     fie  ^mogm ,  ou  Pr^éue  ;  ces  deroiers  loot 
Iten  même  Ityle  qo*il  a  été  trouvé  cotre  Lanjourd'huy  en  ufage^ 


i 


304  PREUVES  DES  MEMOIRES 

•Meflîre  Jehan-François  de  Cardonne ,  Chevalier ,  Seigneur  de  la  Foltyne 
&  du  Pleffis-de-Fer  en  Bretagne ,  Confeiller  &  Maiftre  d'Hoftd  de5 
Roys  Charles  FUI.  Louys  XII.  ôc  François  L  de  ce  nom  ,  aullî  fou- 
venc  (î)  allégué  par  ledit  Seigneur  èi  Argentan ,  en  la  Chronique  qu'il  a 
faire  dudit  Roy  Charles  :  le  deuxiefme  eu  Meflîre  Jehan  Briçonrut ,  Che- 
valier ,  Seigneur  du  PleJJis'Ridcau  ,  Confeiller  &  fj:cond  Prefidcnt  des 
Comptes  à  Paris  (qui  eft  (4)  encores  vivant)  •,  &  le  tiers  eftoit  un  Gen- 
tilhomme de  NapUs  j  partifan  de  la  Maifon  ai  Anjou  ^  appelle  Meflire 
Renaldod'-^/^/i2/ro,auflîChevalier,  qui  a  longuement  demeuré  en  ce 
Royaume ,  &  y  eft  mon  du  règne  du  Roy  François  :  Lefquels  ont  connu» 
veu  &  fréquenté  ledit  Seigneur  Archeve(que ,  qui  de  fon propre  nom  & 
fur  nom ,  s  appelloit  Meflîre  Angelo  Catto  ,  Se  efl:oit  natir  de  Tarente  au 
Royaume  de  NapUs ,  &  avoir  fuivy  la  parr  de  la  Maifon  à*^ Anjou  ,  mef« 
me  les  Ducs  Jehan  &  Nicolas  de  Calabre ,  &  enfuis  héritiers  de  ladite 
Maifon  ,  qui  avoient  grand  droidt  audit  Royaume,  &  defquels  mention 
eft  auflî  faite  en  plufieurs  endroits  defdits  Mémoires ,  &  eftoit  ledit  Ar- 
chevefque  perfonnage  de  bonne  vie,  grande  littérature,  modeftie,&: 
très-fçavant  es  Mathématiques.  Et  pource  que  Icfdits  Ducs  Jehan  &  Ni^ 
colas  preteiidirent  fubfecutivement  au  mariage  de  la  fîUe  unique  du  Duc 
Charles  de  Bourgogne  (  qui  eftoit  lors  le  plus  grand  mariage  de  la  Chref- 
tienté  )  ils  tindrent  ledit  Meflîre  Angelo  Catto  près  de  laperfonne  dudiç 
Duc  ,  pour  conduire  de  leur  part  ledit  mariage  y  lequel  ne  hit  accomply  nà 

Fourrun,nepourrautre,carilsvefquirentpeu,&decederenttoftrun  après 
autre  :  &  après  leur  deceds  ledit  Ducconnoiflàntle  grand  fens  8c  verra 
dudit  Melïîre  Angelo  ,  le  retint  en  fon  fervice ,  &  luy  donna  penfion. 
Et  eftoit  pareillement  au  fervice  dudit  Duc  ledit  Seigneur  (5)  aArgen-^ 
ton  y  avec  lequel  il  contra(Sta  grande  amitié  Se  familiarité  î  &  pendant 
qu'il  fut  avec  ledit  Duc ,  (6)  illui  prédit  plufieurs  des  fortunes  bonnes 
6c  mauvaifes  qui  lui  advindrent ,  mefme  des  batailles  de  Granfon  Se  Mo^ 
rat  y  &  après  ladite  bataille  de  Morat ,  connoiflànt  l'obftination  dudic 
Duc,(&peut-eftre)  les  malheurs  qui  eftoientà  advenir  à  lui  &  à  fa 
Maifon ,  prit  congé  de  lui  honneftement ,  comme  il  pouvoit  bien  faire» 
fans  pour  ce  eftre  reproché  ou  calomnié  ;  car  il  eftoit  eftranger  Se  noa 
fujet  dudit  Duc  :  Et  fut  toft  retiré  par  ledit  Roy  Louys  XL  duquel  il 
eftoit  devenu  nouvellement  fujet,  au  moyen  que  le, Roy  René ^  Duc 
à' Anjou ,  &  Roy  de  Naples  Se  de  Seeille  ,  ayoït  inftitué  (7}  ledit  Roy 
Louys  XL  fon  neveu ,  ion  héritier  efdirs  Royaumes  &  tous  fes  biens* 
Et  eftant  au  fervice  dudit  Roy  Louys  (  qui  le  fit  toft  Arcbevefque  de 
Fienne  ) ,  furvint  la  tierce  bataille ,  donnée  à  Nancy  ,  en  laquelle  fut 
tué  ledit  Duc ,  la  vieile  des  Roys ,  Tan  mil  quatre  cens  foixante  &  feize» 
Se  à  rheure  que  Ce  oDnnoit  ladite  bataille ,  Se  i  Tioft^ctt  mefme  que  ledic 

Duc 


())  Il  poarroit  y  avoir  de  Tabus  en  ce 
fieu  s  (tnon  que  Comims  eût  écrie  de  Char- 
les VIII.  autre  choie  que  ce  qaon  en  a. 

(4)  Les  deux  mots  fuivans  font  rayez  en 
mie  coptCj  &  il  y  a  au-defTus,  décédé  fuis  peu 
4f  tpmfs  jd'un^  autre  m^  \  mai^  il  pouvoit 


eocore  vivre  quand  ceci  fut  écrit. 

(f  )  Il  le  quitta  en  1471.  f^  Vâyêz  tu 
deflTus  Tome  I.  Livre  IIL  Chapitre  XI. 

(6)  Prédirions  de  cet  Archevêque  k 
Charles ,  Duc  de  Bourgogne. 

(7)  Le  Teftamcnt  s'en  yokn,  ÇÇXVlIJf 

m 


DE  PHIL.  DE  COMINES  305 

Duc  fiit  tué  »  ledit  Roy  (8)  Louys  oj^oit  la  Me(Iè  en  TEglife  MonHeur 
Sainâ  Manin  i  Tours ,  diftant  dudit  lieu  de  Nancy  de  dix  grandes 
tournées  pour  le  moins  »  &  à  ladite  Meflè  le  fervoit  d'Aumofnier 
ledit  Archevefque  de  Vicnnt  :  lequel  en  baillant  la  paix  audit  Seigneur  ^ 
luy  dit  ces  paroles*  Sire ,  Dieu  vous  donne  la  paix  &  U  repos ,  Vous  les 
ave[Ji  vous  voulc^ ,  quia  confommatum  eft  :  Voire  ennemy  le  Duc  de 
Bourgogne  efi  mort ,  &  vkru  d*ejire  tué  ^  &  /on  armée  de/confite.  Laquelle 
heure  cottée  9  &t  trouvée  eftre  celle  en  laquelle  véritablement  avoit  efté 
eue  ledit  Duc.  Et  oyant  ledit  Seigneur  leCdites  paroles  s'efbahyt  grande* 
ment ,  8c  demanda  audit  Archevefque  s'il  eftoit  vray  ce  qu'il  diloit ,  8c 
comme  il  le  fçavoit  ?  A  quoy  ledit  Archevefque  re(pondit ,  qu'il  le  fça* 
voit  conune  les  autres  chofes ,  que  Noftre-Seigneur  avoir  permis  qu'il 
prédît  â  luy  &  au  feu  Duc  de  Bourgogne  :  8c  fans  plus  de  paroles  >  ledit 
Seigneur^fit  vcbu  i  Dieu  &  à  Mr.  S.^ Martin ,  que  û  les  nouvelles  qu'il  di- 
foit  eftoient  vrayes  (comme  de  faiâ  elles  fe  trouvèrent  bien-toft  après  ) 

au'il  feroit  £ûre  le  treillis  de  la  chaffe  Monfieur  Sainâ:  Martin  (qui  eftoit 
e  fer  )  tout  d'argent.  Lequel  vœu  ledit  Seigneur  accomplit  depuis ,  8c 
£t  faire  ledit  treillis  valant  cent  mille  francs  >  ou  à  peu  près.  Semblablo- 
tnent  ledit  Archevefque ,  eftant  au  fervice  dudit  Roy  Louys ,  rencontra 
un  jour  bien  matin  Meilire  Guillaume  Briçonnet ,  père  dudit  PreHdent , 
cy-devant  nommé  (qui  depuis  fut  Cardinal ,  comme  fera  dit  cy-après  ) 
homme  (9}  grand  &  honorable ,  &  de  grande  prudence  8c  vertu ,  8c  pour 
lors  eftoit  General  de  Languedoc  ,  lequel  General  eftoit  mandé  par  ledit 
Roy  lu)uys  XL  pour  aller  devers  luy  au  Plejfis  à  Tours  :  Et  ayant  ledit 
Archeveique  efte  quelque  temps  fans  parler  »  8c  regardé  le  Ciel,  8c  puis 
après  ledit  General  luy  dit  enfin  ces  paroles  :  Monteur  le  General,  Je  vous 
ay  plujieurs  fois  dit  que  lepaffage  &  fréquentation  des  eaux  vous  font  dan^ 
gereux ,  &  vous  en  adviendroit  auelquejour  un  grand  péril  j  &  peut^eflrc 
la  mort  :  Je  viens  du  Pleflis ,  ou  vous  alle^  :  Lies  eaux  font  grandes  au 
Pont-fainâe-Anne  >  le  pont  ejl  rompu  y  &  y  a  un  mauvais  bafUau  :  Si 
vous  m'en  croye{  ,  vous  nirtr  point.  Toutefois  ledit  General  n  en  fit  rien,* 
&  ne  le  creut  \  dont  véritablement  il  fut  au  plus  grand  danger  du  mon- 
de d'eftre  noyé  \  car  il  cheut  en  l'eau  y  8c  fans  un  faule  qu'il  empoigna , 
c'eftoit  fait  de  luv  :  il  fut  ramené  en  fon  logis ,  où  il  fut  longuement 
malade,  tant  de  la  frayeur,  que  de  la  grande  quantité  d'eau  ^uiluy 
eftoit  entrée  par  la  bouche ,  &  par  le  nez  &  oreilles  :  Et  depuis  ledit 
Archevefque  vifita  plufieurs  fois  ledit  General  (qui  eftoit  fon  amy  )  du- 
rant fadite  maladie  ;  lequel  General  pour  lors  eftoit  marié.,  8c  avoir  fa 
femme  vivante  (qui  eftoit  jeune)  8c  avoit  quelques  enfans  ja  nez,  entre 
kfqueb  eftoit  ledit  Prefident ,  &  luy  prédit  derechef,  qu'il  feroit  quel- 
que 

^  (8)  Il  (c  tfouvc  Uyea  au  Cbap.  4.  du  VIL  1     (9)  Si  Comines  en  parle  on  peu  datrement» 

Livre  de  CMfMirr/yCiae  cet  Arche  véqueétoic  il  fiiut  croire  auffî  que  celui  qui  écrivoic 

Aftrologue  -,  mais  il  y  a  lieu  de  s'étonner  ceci  >  écoic  aâèdionoé  aux  Briçonnets  ^  car 

qu'il  ae  parle  MB  dSine  chofeaufficonfide-  après  «vp^Ij  on  avoir  oùs,  qttfiqtte  chùfe 

rable  que  celk-cy  ,  au  fujec  de  la  mort  du  qu'mit  vûttiu  dire  ledit  Seignêmr  dArgenun  ,  ' 

Duc  de  9onreogne ,  mais  latradicipa  s'en  mais  ces  mots  ont  ité  rsLyis  par  une  aucre 

étoh  confervee,  main* 

Tome  II.  Qq  (lo) 


3otf  PREUVES  DES  MEMOIRES 

que  jour  un  grand  pecfonnage  en  rEglife ,  &  bien  près  d'eftre  Pape  : 
Choie  à  quoy  ledit  General  n'avoic  oncques  penfc ,  &  n'y  avoir  aucune 
apparence  :  Et  oyant  cela  fadite  femme  (  qui  s'appelloic  RaouUecre  de 
Btaunc  y  femme  de  grande  chafteté ,  d'honneur  &  vertu ,  )  n'en  fat  trop 
contente;  car  c'eftoit  à  dire  qu'elle  s'en  iroit  la  première  (  cAo/^  aue  Us 
femmes  n^ aiment  pas  volontiers)  i  or  vefquit  néanmoins  ladite  remmc 
long-temps  depuis.  Se  fit  plufieurs  enfans ,  &  pour  cette  caufe  >  elle  & 
pluueurs  autres  difoient  iouvent  que  ledit  Archevefque  ne  dÛoit  pas 
cousjours  vérité.  Toutesfois  enfin  elle  deflogea  la  première  ,  &  la  fur* 
vefquit  ledit  General  fon  mary ,  lequel  fe  tint  longuement  en  viduité  , 
fans  parler  de  fe  faire  homme  d'Eglife  y  &  après  la  mort  dudit  Roj 
Louys  XL  demeura  au  fcrvice  de  Charles  yill.  fon  fils  (  auquel  il  avoir 
efté  fpecialement  recommandé  par  ledit  Roy  Louys  y  fon  père)  il  fut  de 
fon  Confeil  Privé,  &  bien  près  ae  fa  perfonne ,  &  aida  &  favorifa  gran- 
dement l'entreprife,  que  fit  ledit  Roy  Charles  ^  pour  la  conquefte  de  Na-* 
pies  y  tant  pour  le  (lo)  bon  droiâ  qu'il  connoiflôit  que  ledit  Seigneur  y 
avoir ,  que  pour  fatisfaire  aux  requeftes  &  pourfuites  du  (i  i)  Pape  Ale^^ 
xandre  VL  &  du  Duc  de  Milan  y  appelle  le  Seigneur  Ludovic  y  oui 
foUicitoient  fort  ladite  entreprife ,  plus  toutesfois  pour  la  haine  mortelle 
&  capitale ,  qu'ils  portoient  aux  Roys  de  Naples  ,  jilphonfe  6c  Ferrandy 
que  pour  le  bien  &  augmentation  de  l'Eftat  dudit  Roy  Charles  ,  chofe 
qu'ils  ne  déclarèrent  pas  du  commencement  de  ladite  entreprife  audit 
Seigneur ,  ny  à  fes  ferviteurs  :  &  leur  fembloit  bien  que  quand  ils  fe  fe« 
roient  aidez  dudit  Seigneur  à  deffaire  lefdits  Roys  de  NapUs ,  qu'ils  le 
chaflèroient  bien  aifément  de  V Italie  y  comme  ils  donnèrent  aâèz  à  con« 
noiftre  par  la  Ligue  qu'ils  firent  contre  luy  avec  les  Vénitiens  ,  &  la  ba- 
taille qu'ils  luy  donnèrent  à  Fornouéy  fi-toft  qu'il  eût  fait  fadite  con-* 
quefte  :  Et  audit  voyage  de  Naples  fut  avec  ledit  Roy  Charles ,  ledit 
MeffireGuillaume^nco/z/a/r,  (quiy  fitdegrands  fervices)  &  fut  fait  à 
Rome  homme  d'Eglife ,  Evelque  de  SainS-Mâlo ,  &  Abbé  de  Sainâ 
Germain  àt%  Prez  ,  près  Paris ,  &  depuis  fut  fait  Cardinal  par  ledit 
Pape  Alexandre  y  &  par  après  fut  Archevefque  de  Rheims  Se  de  Narhon- 
ne  y  èc  eut  quelques  voix  à  l'éleéHon  du  Papat  après  la  mort  dudk 
Alexandre  y  uiivant  ce  que  luy  avoit  prédit  ledit  Archevefque;  &  de- 
puis eftant  Cardinal ,  durant  le  règne  dudit  Charles  ,  &  celuy  du  Roy 
Louys  XI L  fon  fucceflèur ,  a  tenu  grand  lieu  &  grands  eftats  en  ce 
Royaume ,  jufques  à  eftre  Lieutenant  dudit  Seigneur  au  Gouvernement 
de  Languedoc.  Ledit  Meffire  Angelo  Cauo ,  Archevefque  dcflîifdit  > 
depuis  toutes  ces  chofes  &  plufieurs  autres,  qui  ont  par  luy  efté  prédites 
long-temps  auparavant  qu'elles  fuflènt  advenues ,  eft  decedé  ayant  vefca 
fainûement  &  aufterement ,  &  gift  en  fon  Eglife  de  Vienne^ 

Dans  le  Gallia  Chrifliana  de  Claude  Robert  y  imprimé  à  Paris  chez 

Sebaflien 

(ie)l!s'hiyerr«UttDifcoiirs  ci-après,  gonnois,  qui  ^ieiit  Rois  àt  Naples; 
f»r  le  Livre  VII.  maïs  il  ne  perfifta  gocrcs  ca  ce  propos  * 

(i  i)  Le  Ptpey^tsnt  bien  la  main  au  com-  devenant  ennemi  de  Chatks  YIIL-  Â:  j^ 
menccmeoc  {hmix  donner  aaintc  aux  Ana-  [  loiu  de  fcs  ptofpcritez^ 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  307 

Stbafiun  Cramoijy  »  Tan  i6i6.  in  folio  5  page  182.  au  Catalogue  des 
Archevefques  de  Vienne  >  numéro  g6.  on  Ur. 

Angtlus  Cato  Tartruiaus  9  tx  Mcdico  >  &  EUtmofynario  Ludovici  XL 
cujusfuafu  fcripjit  Commtntarios  rerumFrancicarumPhilippusQomintus^ 
Jacct  injita  MctropoU.  Ejus  trat  Symbolum  :  Ingenxum  Tuperac  vices. 

I  le 
fjcr  Lettre  fur  la  maladie  de  Charles  VIL 

NOftre  crès-redouté  Seigneur ,  nous  recommandons  a  voftre  bonne 
grâce  >  Ci  très-humblement  que  plus  pouvons.  Plaife  vous  fçavoir , 
noftre  très-redouté  Seigneur ,  que  certaine  maladie  eft  puis  aucun  temps 
en  ça  furvenuc  au  Roy  voftre  père ,  noftre  fouverain  Seigneur  •,  laquelle, 
premièrement  a  commencée  par  la  douleur  d'une  dent ,  dont  à  cefte 
caufe  il  a  eu  la  joue  &c  une  partie  du  vifage  fort  chargée,  &  a  rendu 
grande  quantité  de  matière ,  &  a  efté  Taditte  dent  après  arrachée ,  &  la 
playe  curée  en  manière ,  que  tant  par  ce  que  aufti ,  par  le  rapport  que  les 
Médecins  nous  faifoient  chafcun  jour  >  nous  avions  ferme  efperance  que 
brief  il  deuft  venir  i  guerifon.  Toutesfois  pource  que  lachofeeft  de 
plus  longue  durée  que  ne  pen/ions ,  &  que  comme  il  nous  femble  il 
afToiblit  plus  qu'il  ne  faouloit ,  nous ,  comme  ceux  qui ,  après  luy  ,  vous 
dedrons  lervir  &  obeïr,  avons  délibéré  le  vous  efcnre  &  faire  fçavoir , 
pour  vous  en  avertir ,  comme  raifon  eft  -,  afiin  de(Ius  tout  avoir  tel  avis, 
que  voftre  bon:  plaifir  fera  ;  &  vous  plaife ,  noftre  très-redouté  Seigneur, 
nous  mander  &  commander  vos  bons  plaiHrs ,  pour  y  obeyr  de  tous  nos 
pouvoirs ,  au  plaifir  de  Noftre-Seieneur ,  qui  par  fa  fainâe  erace  vous 
doint  très4>onne  vie  &  longue.  Efcript  à  Meun  fur  Evre,  le  dix-feptief- 
me  jour  de  Juillet.  Airifi  Signé ^  Vos  très-humbles  &  obeyflàns  fervi* 
teurs. 


1461 


Tirée  des 
Recueils  de 
M.  TAbbé 
Le  Grande 
en  14^1. 


Charles  d'Anjou. 

Gafton  *. 

Guillaume  Juvenel ,  Chan- 

cellier. 
Jehan. 
Conftan. 
A.  de  Laval. 
Amenyoa  Delebret. 


Anthoine  de  Chabanes. 
Jehan  d'Eftouteville. 
Machelin  Btachet. 
Tanneguy  du  Chaftel. 
Jehan  Bureau. 
Guillaume  Coufinot. 
P.  Doriole. 
Chaligant. 


Le  Roy 
meurt  le 
Mercredy 
lie.  Juillet 
14^1. 


♦Ccftlc 
méaie  Gaf- 
ton de  Foiz 
dont  on  va 
lire  une 
Lettre. 


I  I  L 


|}C7  Déclaration  de  M.  de  Foix  ^fur  les  brigues  pendant  la  maladie 

de  Charles  FIL 

SI  R  E  ,  pour  vous  avertir  au  vray  fur  les  points  dont  Montbardon  & 
Janot  du  Lion  ont  parlé  de  par  vous ,  vous  trouverez  i  peine  de  ma 
vie  la  vérité  eftre  telle ,  comme  cy-après  eft  declajré. 

Premièrement ,  en  tant  qu'il  touche  la  ligue  &  les  fermens  que  on 
vous  a  rapporté,  que  Mr.  du  Maine >  moy  &c  autres ,  avons  faits  i  je  vous 

Qq  %  jure 


Tirée  des 
mêmes  Re« 
cneils. 
14^1. 

6.  Aouft 


3o8  PkEÛVES  DES  MÉMOIRES 

______  jure  Dieu  &  le  ferment  que  je  vous  dois ,  oue  je  n*ay  ligue  ne  ferment 

14^1.    avecques  Seigneur ,  ne  perfonne  qui  vive  de  ce  Royaume»  excepte  avecs 

Sues  le  Comte  d' Armaignac ,  qui  fut  par  commandement  Se  ordfonnance 
evous. 
Il  eft  vray  que  la  journée  ^u'il  fut  ddiberc  que  on  vous  cfcrirok  par 
Vermandois  le  Hérault ,  la  difpofîtion  en  quoy  le  Roy  voftre  père  eftoit 
pour  lors ,  auquel  on  efperoit  encores  vie  Se  guerifon ,  Mr.  du  Maine  ou- 
vrit en  la  prelence  de  tous  ceux  du  Confeil ,  qu'il  eftoit  neceffité ,  (i  le 
Roy  voftre  père  pouvoir  euerir  ,  que  chafcun  le  acquitaft  loyaument  en- 
vers luy  touchant  voftre  rait ,  Se  que  nous  ne  demouriftions  plus  en  cet 
inconvénient  >  en  quoy  nous  eftions  pour  les  différences  qui  eftoient  en^ 
tre  luy  Se  vous  ,  Se  jurafmes  tous ,  &  promifmes  à  Dieu  que  fi  le  Roy 
voftredit  père  pouvoir  venir  en  fanté,  que  pour  perdre  cftat,  ne  offices, 
ne  fa  grâce,  nous  ne  faudrions  point,  que  nous  ne  nous  acquiâifCons 
loyaument  envers  luy ,  affin  de  faire  ceâèr  toutes  les  différences,  &  c^vtil 
vous  reprenfift  en  fa  bonne  grâce.  Se  vous  traiâaft  ainft  qu'il  appartient. 
Et  le  lendemain  derechief  nous  nous  trouvafmes  rous  enfemble ,  Se 
auquel  temps  encores  cfperions  la  guerifon  du  Roy  voftredit  père ,  & 
fiit  remonfîrc  comme  les  différences  &  malveillances,  qui  avoientefté 
entre  aucuns  des  Seigneurs,  &  de  ceux  du  Confeil,  eftoient  très  mal 
féans ,  &  en  pouvoient  venir  de  grans  inconveniens ,  Se  pource  qu'il 
eftoit  bien  reanis  pour  le  bien  du  Roy  voftredit  père  ,  &  de  la  chofe  pu^ 
blique,  que  cnafcun  oftaft  toute  rancune  &  malveillance,  qu'ils  avoient 
les  uns  Se  les  autres ,  &  qu'il  y  euft  entre  nous  rous  bon  amour  &  union. 
Et  dit  lors  Mr.  du  Maine ,  que  de  fa  part  il  en  eftoit  Se  promettoit  à 
Dieu  de  ainfî  le  faire ,  fi  fis-je  moy  de  la  mienne,  Mr.  de  Dunois  de  la 
fienne ,  Se  tous  les  autres  pareillement.  Et  quelque  chofe ,  Sire,  que  on 
vous  rapporte ,  vous  ne  trouverez  point  qull  y  ait  autre  chofe  que  ce  que 

J^/r.^  "a.  J!^     n J^  i\   J__^_         *-•    _rt    • r >   * 


y 

chofe.- 

Et  de  dire  que  depuis  j'aye  fait  ligue  ne  ferment  à  perfonne  quelcon- 
que ,  ne  fçû  autre  qui  l'ait  taide ,  fur  ma  foy  non  ay  ,  &  fe  vous  trouvez 
le  contraire  puniflèz-moy  â  voftre  bon  plaifïr. 

Et  au  regard  du  fait  d'Angleterre ,  il  eft  vray  ^u'il  y  a  eu  plufieurs 
voyages  qui  ont  efté  faits  par  de-là ,  &  y  fut  premièrement  un  nommé 
Doulcereau,  lequet  lé  grand  Senefchal  de  Normandie  y  envoya,  pour 
fçavoir  des  nouvelles ,  &  eftoit  ledit  Doulcereau  â  la  bataille  de  Noran- 
♦HcarîVI.  ^^^^^  quand  le  Rov*  d'Angleterre  fut  pris  ;  &  en  fe  cuidantfauver  pour 
.  '  venir  par  deçà,  il  fut  pris  par  aucuns  Anglois,  &  mené  prîfocmier  à 
Anthonne ,  ou  en  je  ne  fçay  quel  lieu  par  de-LL  Et  quand  le  Duc  de 
Sommerfet  paflà  en  Angleterre  ,  il  le  délivra ,  Se  vint  par  deçà ,  &  de- 
puis fut  renvoyé  par  devers  la  Reyne  d'Angleterre ,  pour  luy  aire  que  le 
Roy  eftok  difnofe  de  l'ayder  Se  fecourir ,  &  ceux  de  fon  party  *  en  la 
querelle  qu'elle  avoir  contre  le  Roy  Edouard  ,  &  qu'il  l'avoit  fait  fça- 
voir aux  Roys  d'EfpagneSc  Efcoflè  les  alliez^  afin  qu'ils  fi&nt  le  femblà- 
ble  de  leur  part. 

Il 


r 


DE  PHIL.  OE  COMINES.  309 

n  eft  vray  auiïi  qu'il  vint  un  Maiftre  d'une  TtentUe  de  Bretagne ,  Se 
un  Chapelain  de  laReyne  d'Angleterre  devant  Noël,  lerqueis  ladite  *4<^* 
Reyne  envoyoit  devers  le  Roy  voftredit  pcre ,  pour  luy  dire  Teftat  en 
ûuoy  elle  eftoit  pour  lors ,  &  la  pitié  qui  eftoit  en  Ton  fait ,  6c  du  Prince 
ion  fils*}  &  qu'il  luy  pleuft  avoir  pitié  d'elle  6c  de  fondit  fils ,  6c  les  en- 
voyer quérir  &  recueillir  en  ce  Royaume ,  &  leur  donner  fauf-conduic 
ûour  y  eftre  trois  ou  qùatrd  ans ,  iulques  à  ce  qu'ils  fe  pudênt  remettre 
lur  par-de-là  )  &  (ut  la  matière  oien  fore  deSattuc  au  Confeil  du  Roy 
voftredit  père ,  flc  en  la  prefence  de  tous  les  Seigneurs  &  gens  de  fon 
Confeil  ;  &  après  pludeurs  altercations ,  fut  conclud ,  prelent  le  Roy 
voftredit  perc ,  que  on  devoir  envoyer  par-de-U  le  fleur  de  Janly ,  meftire 
Jehan  Carbonnel,  &  un  Secrétaire»  &  leurs  furent  baillées  lettres  6c 
inftruâions  pour  remonftrer  à  ladite  Reyne ,  (]ue  (1  elle  fe  pouvoit  tenic 
par-de-là  ,  qu'elle  fe  y  tinfift ,  6c  les  inconveniens  qui  pouvoient  advenir 
de  fa  venue  de  par-deçà  ;  toutesfois  fe  au  devant  elle  veoit  qu'il  luy  fût 
force  pour  foy  fauver  de  venir  par-deçà ,  le  Roy  voftredit  perc  en  ce  cas 
eftoit  content  qu'elle  y  vintift  6c  fondit  fils  y  &  luy  envoya  fauf-conduic 
pour  ce  faire  >  8c  ne  fera  point  trouvé  qu'ils  eullent  charge  de  autre  chofe 
faire. 

Item ,  6c  lefquels  de  Janly  6c  Carbonnel  ne  trouvèrent  point  ladite 
Dame  au  pays  de  Galles,  là  où  les  autres  l'avoient  lai(fée,  mais  s'en  eftoit 
allée  desja  en  Efcoflè ,  &  par  ce  s'en  retournèrent  fans  rien  faire. 

Il  eft  vray  auflî  qu'en  iceluy  temps  le  Roy  voftredit  perc  envoya  fon 
Ambaflàde  en  Efcoflè  pour  cette  matière ,  &  pour  prier  le  Roy ,  la  Reyne 
fa  mère ,  &  les  gens  des  trois  Eftats  dudit  pays ,  qu'ils  voulfiftent  donner 
i  ladite  Reyne  &  au  Prince  fon  fils ,  tout  le  fecours ,  ayde  6c  confort  que 
faire  fe  pourroit  \  6c  efcrivit  femblablement  à  ladite  Reyne  d'Angleterre 
ce  qu'il  avoir  fait  fçavoir  en  Efcoflèen  faveur  d'elle. 

Depuis  ces  chofes ,  8c  après  la  dernière  bataille,  que  la  Reyne  d'An* 
gleterre  eut  contre  fes  adverfaires ,  là  où  le  Roy  d'Angleterre  fon  mary 
a  efté  recouvré ,  ladite  Dame  a  envoyé  devers  le  Roy  voftredit  père ,  deux 
Jacobins  &  ledit  Doulcereau,  l'un  aefdits  Jacobins  alloit  à  Rome  à  ren- 
contre d'un  Légat  qui  avoit  efté  en  Angleterre,  &  d'aucuns  Prélats  dudit 
pays ,  qui  avoient  efté  contraires  au  Roy  Henry ,  6c  requerroit  lettres  de 
recommandation  à  noftre  Saint  Père ,  &  aux  Cardinaux ,  lefquelles  le 
Roy  que  Dieu  abfolve ,  fi  luy  bailla. 

^  L'autre  des  Jacobins  requerroit  que  le  Roy  voftrepere  preftaft  quatre- 
vingt  mille  efcus  à  ladite  Reyne  d'Angleterre ,  &  qu  il  fift  armer  par  mer 
contre  le  Roy  Edouard ,  &  qu'il  revoquaft  tous  les  faufs-conduits ,  & 
n'en  donnaft  plus  nuls  à  ceux  qui  tenoient  le  pany^  dudit  Edouard ,  & 

3u  il  envoyaft  cenains  Anglois  qui  avoient  efté  pris  n'agueres  fur  la  mer 
evers  ledit  Roy  Henry ,  6c  ladite  Reyne,  pource  que  c'eftoient  ceux  qui 
avoient  menez  toutes  les  trahifons  du  Comte  de  Varvic  &  dudit  Roy 
Edouard ,  qu'ils  appelloient  le  Comte  de  la  Marche ,  6c  promettoient  de 
payer  autant  comme  leur  finance  monteroit. 

A  quoy  fut  refpondu  que  en  tant  que  touchoit  l'argent  qu'il  denun- 
Joit  à  emprunter ,  le  Roy  voftredit  pcre  avoit  eu  de  grandes  charges  à 
fupponer  cette  prefente  année  en  plufieurs  manicresqui  furent  déclarées» 

Qq  3  & 


^  *0    —      •»       V*  j^  ^  '    •  ^  • 


310  PREUVES  DES  MEMOIRES 

&  que  à  cette  caufe  il  ne  leur  pouvoir  bonnement  fecourir  dudit  ar« 
14^1.     geiu. 

Et  au  regard  des  faufs-conduits,  il  ne  pouvoir  honneftement  révoquer 
^eux  qui  eftoient  ja  donnez  pour  certe  année  »  mais  il  deffendroit  i  Mon-^ 
iieur  l'Admirai  qu'il  n'en  donnaft  nuls  nouveaux  a  nuls  d'iceux ,  qui  te- 
noient  le  party  contraire  dudit  Roy  Henry, 

Touchant  les  prifonniers  Anglois  que  ledit  Roy  Henry  &  la  Reyne 
demandoient ,  fut  refpondu  que  on  les  feroit  bien  garder  par-deça,  mais 
les  leur  envoyer  fans  le  confentement  de  ceux  à  qui  ils  eftoient ,  bonne-^ 
ment  ne  fe  pouvoit  faire. 

Quant  à  l'armée  de  la  mer  le  Roy  eftoit  content  de  la  £iire  >  &  en  ce 
les  fecourir  au  mieux  qu'il  feroit  poifible ,  de  laquelle  armée  eftoit  Chef 
le  Grand  Senefchal  de  Normandie. 

Et  d  ce.  Sire ,  que  on  vous  a  dit  qu'il  y  avoit  alliances  entre  le  Roy 
voftre  pcre,  &  ledit  Roy  Henry ,  &  que  je  vous  fiflc  fçavoir  quelles  al-; 
liances  c'eftoient ,  je  vous  jure  Dieu,  Sire,  que  jour  de  ma  vie  je  ne  fceus 
que  depuis  la  reddition  de  Normandie  &  de  Guyenne,  il  y  ait  eu  autres 
trêves ,  paix ,  ne  alliances  entre  le  Roy  voftredit  père  ,  &  ledit  Roy  Hen- 
ry ,  &  la  Reyne  d'Angleterre  fa  femme ,  que  ce  que  deftus  eft  dit.  Et  ne 
fera  point  trouve  que  de  mon  fceu  il  y  ait  eu  autre  chofefaite;  mais  cn- 
corcs  me  fouvient  oien  que  quand  le  Seigneur  de  Molins  &  le  Jacobin  > 
qui  vinrent,  parlèrent  de  ces  matières,  le  Roy  voftredit  père  rcfpondoit 
tousjours ,  qu'i 
ry  feroit  remis 
chacun  adonc 

&  lors  feroit  temps  d'en  parler,  &  non  pas  maintenant  *,  ne  oncques  au- 
tre rei)onfe  n'en  ouïs  de  luy ,  ny  ne  fceu  qu'il  ait  faiûe  5  &  diioit  que. 
ce  qu'il  faifoit  en  faveur  audit  Roy  Henry  &  de  la  Reyne  fa  niepce  , 
c  eftoit  pour  foy  acquiter  envers  Dieu  &  honneur ,  comme  un  Roy  doic 
faire  à  l'autre,  6c  aufti  à  la  proximité  du  lignage,  à  quoy  ledit  Roy  Henry 
Se  ladite  Reyne  d'Angleterre  luy  attenoient ,  &  que  raifonnablement  il 
devoit  ainfî  faire  en  cette  querelle. 

Il  eft  vray  aufli ,  Sire ,  que  depuis  la  maladie  du  Roy  voftredit  père  > 
il  eft  venu  aucunes  gens  de  par  ledit  Roy  Henry  &  ladite  Reyne  d'Angle- 
terre, qui  avoient  charge  cle  parler  à  luy  toucnant  les  matières  de  par- 
de-là,  mais  4  l'occafion  de  ladite  maladie ,  ils  n'y  ont  point  parlé ,  ôc  n'y 
a  rien  efté  fait  ^  &  c'eft ,  Sire ,  tout  ce  que  j 'ay  fceu  de  ladite  matière. 

Sauf  que  eftant  le  Roy  àRemorantin,  au  partir  de  Montrichart,  le 
Duc  d'Yorc  fift  faire  ouverture  au  Roy  voftredit  père  •  par  le  moven  de 
ceux  d'Ëfcoftè ,  &  autres  qu'il  luy  pleuft  luy  donner  faveur  ôc  aide  en  fa 
querelle  à  l'encontre  du  Roy  Henry ,  &  faifoit  de  grandes  offres ,  au  cas 
que  le  Roy  voftredit  perc  l'eût  voulu  accepter ,  &  fut  la  chofe  fort  der 
batue  au  Confeil,  auquel  eftoient  tous  les  Seigneurs  ,  Chefs  de  guerre  » 
&  autres  gens  du  Ck)nfeil  dudit  Seigneur,  &  mefme  y  eftoit  le  Duc  de 
firetasne ,  &  fut  l'oppinion  de  tous ,  pource  qu'il  fembloit  que  ladite 
querelle  n'eftoit  pas  bonne,  que  le  Roy  n'y  devoit  atteindre^  ôc  mefmb 
que  le  Duc  d'Yorc  eftoit  fubjeû  dudit  Roy  Henry,  ôc  luy  avoit  fait  hom- 
mage ôc  ferment  de  feaulté  >  comme  à  ion  Souverain ,  ôc  que  nulles 

querelles 


3 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  311  

3txerelles  de  fubjecs  vouknt  entreprendre  contré  leur  Souverain ,  &  le  ^^^ 

ebouter  de  fa  Seigneurie ,  ne  font  juftes ,  loutenables  >  ne  raifonnables  »        ^   ^  * 
&  que  quant  il  n'y  auroit  autre  raifon ,  fi  le  Roy  devoir  rejetter  ladicte 
offre  en  toutes  manières  ,  &  ainfi  fut  conclud  de  faire.  Et  croy ,  Sire  , 
que  on  ne  trouvera  point  plus  largement  defdites  matières  d'Angleterre , 
êc  vous  alTure  que  n  j'en  l^avois  plus  largement ,  je  ne  le  vous  cellerois 
point,  ny  ne  feray  de  chofe  que  vous  me  demandez ,  dont  vous  veuillez 
cftrc  informé  que  je  ne  vous  die  la  vérité  de  tout  ce  que  j  en  fçauray. 
-   Et  pource  que  j'ay  entendu  que  aucuns  vous  onr  rappprré  que  on  a 
voulu  faire  faire  des  chofesauRoy  voftredit  pcre,  en  voftre  préjudice , 
pour  avantager  Monfîeur  voftre  frère  ;  fur  mon  ame.  Sire ,  je  ne  fceus 
oncqups  rien  de  ladite  matière ,  ne  n'en  ay  ouï  poinr  parler  » .  finon  que 
Tannée  pa(Re  eftant  le  Roy  voftredit  perc  à  Mehun ,  &  que  les  Am- 
baflàdeurs  du  Roy  d'Efpagne  y  eftoient  qui  traiâroient  le  mariage  de 
mondit  Sieur  voftre  frère ,  avec  la  fœur  dudit  Roy  d'Efpagne ,  il  fut  ou- 
vert que  les  Efpagnols  requeroient  que  le  Rpy  voftredit  père  donnaft  &  * 
tranfportaft  la  Duché  de  Guyenne  à  mondit  Sieur  voftre  beau-frere ,  à 
quoy  le  Roy  voftredit  père,  re(pondift  qu'il  ne  luy  fembloic  pas  bien  rai- 
sonnable y  &  que  vous  eftiez  abfent ,  que  eftiez  frère  aifné.  Se  que  eftiez 
celuy  à  qui  la  chofe  touchoit  le  plus  après  lu)^ ,  6c  que  vous  pourriez  dire 
ue  fans  vous  appeller  on  ne  le  devoir  pas  faire ,  &  auriez  grand  caufe 
e  vous  mal  contenter ,  &  de  dire  après  que  vous  n'en  tiendriez  rien ,  & 
pour  ce  qu'il  n'en  feroit  rien  ,  &  qu'il  e(peroit  que  vous  vous  adviferiez 
&  redrerfèriez  envers  luy ,  &  ceflèroient  toutes  les  différences  du  temps 
pafle,  &  adviferoit  bon  ce  qui  feroit  â  faire  au  furplus;  mais  quand  vous 
ne  le  voudriez  ainfi  faire,  &  fur  ce  faudroic  qu'il  rcgardaft  à  ce  qu'il  au* 
roit  i  faire.  Et  fur  ma  foy ,  Sire ,  je  n'ay  autre  choie  fceu  de  ladite  ma- 
tière que  ce  que  dit  eft  ^  &  ne  vous  celleray  de  cela ,  ne  d'autre  chofe  que 
je  ne  vous  en  die  la  vérité  quand  vous  la  me  voudrez  demander.^ 

Et  quant  i  ce ,  Sire ,  que  on  vous  a  rapporté,  que  par  l'alliance  de 
Mr.  du  Maine  6c  de  moy,  je  devois  eftre  Conneftable  de  France ,  pour 
£iire  guerre  â  vous  &  à  Mr.  de  Bourgogne  ;  fur  mon  ame.  Sire ,  je  n'en 
eus  oncques  alliance  avec  ledit  Mr.  du  Maine ,  vray  eft  que  nous  avons 
efté  bien  fort  amis  enfemble,  &  d'autres  au (1i ,  contre  ceux  qui  eftoient 
entour  le  Roy  voftredit  père ,  qui  nous  fembloit  qui  ne  valoient  pas  tant 
que  nous  faihons ,  mais  de  dire  que  de  vous ,  ne  de  Mr.  de  Bourgogne , 
euft  efté  fait  aucune  mention  es  chofes  dellùfdites ,  jamais  ne  fut,  ne  que 
si  cette  caufe  je  deuftè  avoir  la  Conneftablie.  Bien  eft  vray  que  je  parlay 
au  Roy  voftredit  père ,  dudit  Office  de  Conneftablie ,  pource  qu'il  vac-» 
quoit  y  avoir  ja  long-temps ,  &  m'en  a  tous  jours  donné  bonne  refponfe, 
&  s'il  euft  vefcu ,  &  qu'il  euft  entièrement  tenu  les  paroles  qu'il  me  di- 
foit ,  je  croy  que  je  y  eufte  bonne  part  j  mais ,  comme  dit  eft  deftus,  que 

Cmais  euft  efté  fait  mention  de  voi^s ,  ne  de  Mr.  de  Bourgogne ,  en  par^ 
nt  de  cette  matière ,  ne  que  ce  fuft  pour  courir  fus  à  vous  ne  à  luy ,  il  ne 
fera  point  trouvé  y  6c  affin  que  je  ne  le  pui{{ènier,gardezcesprefens  arti-> 
des,  lefquels  à  cette  caufe  j'ay  fignez  de  ma  main,  &  feeltez  de  mon  feely 
&  le  contenu  efquels ,  je  veuille  maintenir  eftre  vray  en  voftre  prefence, 
(c  voftre  plaifireft,  &  l'cfprouver  par  ma  perfonne  contre  ceux  qui  vou- 
dront 


•►; 


t 


i 


•ir 

311  PREUVES  DES  MEMOIRES 

dront  dire  le  contraire ,  excepté  vous.  Sire  >  Se  Mr.  Charles ,  voftre  frère* 


^  4<>  !•     Fait  à  Tours  le  fixiefrac  jour  d'Aouft,  Tan  mil  quatre  cens  foixantc  Ôcvau 
Sisné  ^  Gaston. 

^  IV. 

I 

§Cr  Extrait  (Tune  Chronique  MS.fur  It  Comte  de  Dammartin, 

Tire  des  T  £  Comte  de  Dampmanin  pourpenfa  foy  évader  &  s'en  aller  hors 
mêmes  Re-  X^  du  Royaume ,  pour  éviter  la  fureur  du  Roy  »  laquelle  n'avoir  jufte* 
cueUi.  ment  deflervie  >  fi  demanda  Tes  gens  &  fervireurs  >  oui  de  long-temps 
l'avoienr  fervy  &  auxquels  il  avoir  fait  moult  de  gratis  biens,  s'ils  eftoient 
délibérez  de  le  fervir  comme  ils  avoient  accoutumé ,  &  de  eux  en  allçr  avec 
luy  hors  dudit  Royaume  pour  éviter  ladite  fureur  du  Roy,  &  la  haine  qu'il 
avoit  à  luy ,  &  la  plufparr  d'iceux  luy  refpondirent  que  non ,  &  qu'ils 
ne  fc  mettroienr  point  en  danger  pour  luy ,  dequoy  ledir  Comre  fut  fort 
marry  ,  en  leur  remonftrant  les  grands  biens  &  honneurs  qu'ils  avoient 
eus  cle  luy ,  &  avoir  ledit  Comte  pour  lors  du  Roy  dernier  cenr  hom* 
mes  d'armes  s  &  mefmemenr  un  nommé  Carville ,  ion  Varier  de  Cham- 
bre &c  Tailleur ,  auquel  ledir  Comre  demanda  un  périr  courtault  qu'il 
avoit ,  qui  ne  valoit  pas  cent  fols ,  pour  envoyer  un  Page  dehors;  lequel 
Carville  luy  refpondit  tels  mots  ou  lemblables  :  Mgr.  u  vous  me  voulez 
donner  le  mulet  que  Mgr.  de  Nemours  vous  a  donné  ,  je  vous  baillcray 
mon  courtault  &  non  autrement ,  dont  ledit  Comre  eur  grand  deuil ,  âc 
luy  dift  :  ha  l  Carville  vous  ne  monftrez  pas  que  vous  foyez  bon  fervi- 
teur ,  ne  loyal  de  m'abandonner  mainrenanr  en  ma  granae  necefllté,  &C 
de  me  refufer  fi  perite  chofe ,  c'eft  mal  reconneu  les  biens  &  hon- 
neurs qu'avez  eu  de  moy.  Cedir  mefme  jour  un  nommé  Voyaulr  Di- 
monville ,  qui  pareillemenr  eftoir  fervireur  dudir  Comre ,  s'en  eftoirallé 
en  la  falle  du  Cnafteau  dudir  Mehun ,  où  gidbir  morr  ledir  feu  Roy  Char^ 
les  fur  un  grand  lir  de  parcmenr ,  couvert  d'une  couverture  de  velours 
bleu  femée  de  fleurs  de  lys ,  qui  eftoit  merveilleufement  belle ,  &  y  avoit 
plufieurs  torches  allumées ,  &  grand  quantité  de  cierges ,  éc  plufieurs 
grans  Seigneurs  &  Dames  qui  meuroient  &  gemiflbient  ledit  feu  Roy 
Charles. Et ainfi que  ledit  Voyault  s'en  retournoit devers  fondit Maiftre, il 
rencontra  en  chemin  un  nommé  le  TaiUeur,qui  le  fervoit  en  fa  chambre  & 
fon  buffet,  lequel  luy  dift  qu'il  fehafbft,&  que  ledit  Comte  le  demandoir* 
£r  ainfi  qu'il  enrra  en  fa  chambre  pour  aller  parler  à  luy ,  il  le  vir  qu'il 
eftoir  à  genoux  devant  un  banc ,  &  difoit  (ts  vigilles ,  &  pleuroit  moult 
fort ,  dequoy  ledit  Voyault  fut  fort  efbahy,  en  penfant  en  luy-mefme  qu'il 
pouvoit  avoir.  Et  quant  ledit  Comte  eut  achevéfa  devotion,ii  demanda  au- 
dit Voyault  dont  il  venoit ,  lequel  luy  refpondit  qu'il  venoit  de  la  fallc 
où  gifibit  mort  le  feu  Roy  Charlesl  Et  alors  ledit  Comte  luy  dit  celles 
paroles  ou  femblables  t  Voyault,  vous  fçavez  que  je  vous  ay  nourry  de 
voftrc  jeuncflc ,  &  ainfi  qu'eftes  mon  vafl&l ,  n'eftes-vous  pas  délibéré 
de  me  fervir  comme  vous  avez  fait  du  temps  pade  ;  &  il  luy  refpondit 

3ue  oy ,  &  qu'il  ne  l'abandonneroit  point  jufqu'à  la  mort.  Et  quand  le- 
it  Comte  vit  qu'il  avoit  bonne  volonté  de  le  fervir ,  fi  efcrivit  plufieurs 
ïxttrçs  miffives ,  &  entre  autres  à  Mr,  Philippçs  »  Duc  de  Bourgogne.,  i 

l'Admirai 


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■•'^'>. 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  313 

f  Admirai  ^Montaubanjà  Bonlface  de  V  alpcrguc, &  à  Joachlm  Rouaulc  *,      j  .  ^  j 
qui  eftoic  lors  en  la  bonne  grâce  du  Roy  \  &  luy  eftoient  ledit  V^lperguc    ^  ^  ^ 
&  Admirai  fes  ennemis  à  luy  inconnus ,  pource  qu'il  penfoit  que  ils  luy  ^.-f  j?„ 


deuilènt  aider  à  faire  fon  appoinâement  envers  le  Roy ,  &  auflî  que  il  ^^  ^  ^.^^ 
les  renoit  pour  fes  amis.  £c  bailla  icelles  Lettres  audit  Voyaulc  en  luy  damné  com- 
défFendant  qu'il  ne  fe  renommait  point  eftre  à  luy  >  (înon  en  difanc  qu  u  meconcuC- 
avoic  laide  Ion  Maiftre  >  &  qu  il  s'en  alloit  â  Ton  avanture  pour  trouver  ûonaicc. 
quelque  bon  Maiftre.  Et  lors  ledit  Voyault  print  lefdites  Lettres ,  &  s^zn 

Eartit  dudit  lieu  deMebun  feul,  &  s'en  alla  a  Avennes,où  eftoit  ledit  Roy 
oys,  &  quant  il  fut  arrivé  en  ladite  ville  ,  il  s*en  alla  vers  le  logis  du 
Roy,  en  regardant  s'il  verroit  perfohne  de  ceux  à  qui  il  avoir  à  befogner» 
fx  va  choifir  entre  les  autres  ledit  Admirai  de  Montauban ,  qui  s'en  vou- 
loir aller  difner ,  fi  fe  tira  vers  luy ,  &  regarda  bien  qu'il  n'y  euft  perfon- 
ne  &  qu'il  ne  fuft  veu  >  &  le  falua  ainfi  qu'il  appartenoit  en  luy  prefen- 
cant  leidittes  Lettres  de  par  ledit  Comte  ;  &  quand  ledit  Admirai  eut 
ouvert  lefdites  Lettres ,  &  veu  le  fisnet  dudit  Comte ,  lequel  il  conneuc 
bien ,  fans  aucunement  veolr  la  fubftance ,  les  jetta  par  terre  comme  par 
defpit,  en  regardant  autour  de  luy  s'il  venoit  perfonne  de  fes  gens  pour 
le  faire  prendre  >  en  difant  audit  Voyault  qu'il  le  feroit  jetter  en  un  fac 
en  la  rivière ,  fi  apperceut  d'avanture  un  Chevalier  Flament ,  qui  eftoit 
homme  très-hardy  &  vaillant  Chevalier ,  qui  s'en  vouloir  aller  difner 
avec  ledit  Admirai ,  fi  luy  dit  qu'il  tint  bien  ledit  Voyault  jufques  à  ce 
qu'il  euft  trouvé  un  de  (es  gens  pour  le  mener  prifonnier.  Et  c^uand  ledit 
Chevalier  eut  bien  entendu  tout  le  cas  »  &  la  mauvaiftié  &  ingratitude 
dudÎF  Admirai  >  fi  le  print  par  le  bras ,  en  luy  diTanr  »  Monfieur ,  que  vcti^ 
lez-vous  faire,  vous  fçayez  qu'il  n'y  a  gueres  que  le  Roy  vous  a  donné 
rOffice-d' Admirai ,  &c  paravant  vous  n'en  aviez  point  d'autre ,  monftreK 

3ue  vous  eftes  fagc  &  homme  digne  de  mémoire ,  &  devez  tafcher 
'accueillir  bruit  &  honneur ,  &  non  pas  croire  voftre  fureur;  vous  fça- 
vez  que  du  temps  du  feu  Roy  Charles ,  le  Comte  de  Dampmartin  vous  a 
fait  tous  les  plaifirs  qu*il  a  pu  faire  ^  confiderez  auifi  fi  vous  envoyiez  un 
mefiàge  par  devers  un ,  que  vous  penfifSez  qu'il  fuft  voftre  amy ,  &  le 
requériez  d'aucunes  chofes ,  &  il  luy  fift  déplaifir ,  vous  ne  feriez  pas 
joyeux. 

Quant  ledit  Chevalier  eut  tout  bien  remonftré  audit  Admirai  les  cho^ 
fes  devanr  dites ,  fi  rappaifa  un  peu  Ùl  fureur,  &  appella  ledit  Voyault  » 
qui  eftoit  tout  penfif ,  &  luy  dit  qu'il  dift  hardiment  audit  Comte ,  que 
il  le  Roy  le  tenoit ,  qu'il  feroit  mangerjfon  cœur  aux  chiens  ,  &  dit  aufii 
audit  Voyault  qu'il  s'en  altaft  bien-Doft ,  Ëc  (pie  s'il  eftoit  trouvé  i  fepc 
Jieures  près  du  Roy ,  qu'il  le  feroit  noyer.  - 

Er  ledit  joue  à  l'heure  de  foupi>er  ledit  Voyault  s'en  aUa  en  PHoftel  de 
Monfeigneur  Phelippe  de  Savoye ,  pour  bailler  les  Lettres  à  Boniface 
Valpergqe ,  que  ledit  Comte  luy  efcrivoit ,  ainfi  qu'il  luy  avoit  chargé 
de  faire,  &  lequel  Mgr.  de  Savoye  eftoit  fort  tenu  audit  Comte ,  à  caule 
du  traité  &  appointemeriC  qu'il  avoit  fait  entre  le  Roy  Charles  feptiéme 
&  ledit  Duc  de  Savoye ,  qui  fut  en  l'an  I45('«  &  Ait  ledit  accord  fait  k 
l'honneur.^  avantage  du  Roy ,  &  prouffit  de  fon  Royaume  ;  &  lequel 
Pue  Pbelipipe  de  Savoye  xoonoifiiàtu  Iç  bon  traité  &  accord  que  ledie 
Tome  Uf,  Rr  Comte 


314         PRTiUVES  DES  MEMOIRES 

Comte  avoir  fait  entre  le  Roy  &  luy  ,  oui  n'e0x>it  au  dommage  de  Tuii 
*  ^  .*•     ne  de  l'autre  ,  il  donna  audit  Comte  la  lomme  de  dix  mille  clcus  d'or  > 
dont  pour  feureté  de  ce  il  luy  bailla  la  Baronnie  de  Clermont  en  Gene^^ 
noys,  pour  en  jouir  luy  &  les  tiens  jufques  i  ce  qu'il  euft  payé  ladite 
fomme  de  dix  mille  efcus ,  de  laquelle  Seigneurie  de  Clermont ,  dont 
ledit  Comte  Dampmartin  avoit  jouy  >  Se  dont  il  avoit  efté  recea  en  fof 
6c  hommage  par  ledit  Phelippe  Duc  de  Savoye ,  luv  fut  oftée  après  le  de- 
ceds  dudit  Roy  Charles  feptieme,  &  en  fut  deflain  par  force  &  violence» 
6c  remife  en  la  main  du  Duc  de  Savoye  fon  fils  ;  lequel  non  reconnoif* 
fant  les  fervices  que  luy  avoit  faits  ledit  Comte  de  Dampmartin  ,  qui 
n'eftoient  pas  de  petite  eftimation  >  remit  en  fes  mains  ladite  Baronnie* 
de  Clermont  >  nonobftant  que  par  les  Lettres  fignées  8c  feellées  de  fon 
grand  fceau ,  à  Paris ,  ladite  Baronnie  difoit  eftre  &  appartenir  audit  Com*^ 
te  de  Dampmartin  i  tousjours ,  &  dont  il  avoit  efté  rcccu  en  foy  8c  ho- 
mage  dudit  Duc  de  Savoye ,  jufques  â  ce  que  ladite  fomme  de  dfix  mille 
«feus  luy  fuft  payée. 

Après  que  ledit  Boniface  eut  leu  lefdites  Lettres,  il  fit  tel  recueil  ati- 
dit  Voyault  que  avoit  fait  ledit  Admirai ,  qui  pareillement  le  vouloir 
mettre  en  prifon ,  'n'euft  efté  aucunes  remonftrances,  qui  luy  furent  faites^ 
&aufn  qu'il  y  euft  aucuns  Gentilshommes  qui  le  nirent  veoir,  &  le 
laiflèrent  aller ,  &  mirent  hors  de  la  matfon.  Et  ainfi  que  ledit  Voyault 
i'en  fortift  hors  d'icelle  maifon ,  qui  ne  fçavoit  où  s'en  aller  loger ,  Se 
eftoit  bien  deux  heures  de  nuit ,  quand  il  apperceut  à  la  Lune  un  des 
Clercs  de  maiftre  Jehan  de  Reilhac ,  Secrétaire  du  Roy  Loys ,  qui  depuis 
fut  General  de  France  ,  lequel  dit  de  Reilhac  il  avoit  autrefois  combien 
la  Cour  dudit  feu  Roy  Charles  ;  fi  fe  tira  vers  ledit  Clerc  &  le  falua  >  Se 
quant  ledit  Clerc  Tapperceut  fi  le  connut  bien  ,  8c  luy  demanda  d'où  il 


ht  fouDper  avec  eux ,  dequoy  ledit  Voyault  fut  fort  joyeux ,  car  il  ne  fça- 
voit ou  fe  retirer ,  tant  pour  ce  qu'il  eftoit  desja  tard  ,  que  auffi  qu'il  ne* 
fuft  conneu  d'aucuns,  qui  luy  eufiènt  pu  faire  quelque  defplaifir  *,  car  ^ 
comme  dit  eft,  il  avoit  efté  menacé  par  ledit  Admirai,  que  s'il  le  trouvoit 
qu'il  le  feroit  noyer. 

Et  quand  ils  eurenr  fouppé  il  fe  prinr  à  devifer  avec  lefdits  fervirettrs. 
en  attendant  ledit  maiftre  Jehan  de  Reilhac ,  qui  eftoit  au  logis  du  Rdy,. 
lequel  ne  vint  qu'il  ne  foc  plus  de  minuit.  Et  quand  iceluy  de  Reilhac 
fut  avancé  en  fondit  hoftel  te  monté  en  fa  chambre ,  il  demanda  à  l'un 
de  fes  fcrviteurs ,  qui  eftoit  en  ladite  chambre,  gui  eftoit  celuy  qu'il  avoit 
veu  en  bas  parler  à  fon  Clerc  ,  &  qu'il  eherchoit^  &  alors  ledit  ferviteur 
luy  refpondit  que  c'eftoit  un  qui  avoir  autrefois  efté  ferviteur  du  Comte 
de  Dampmartin  ,  ôc  qu'il  cherchoit  fon  advanture ,  car  il  avoit  laifle  fon 
maiftre  comme  il  difoit  ^  &  quand  ledit  de  Reilhac  ouït  Qu'il  fe  difoit 
avoir  efté  ferviteur  dudit  Comte  de  Dampmartin ,  fi  fe  doubta  bien  qu'il 
eftoit  venu  en  Cour  pour  aucunes  affaires ,  car  il  fi^avoit  bien  aue  le  Koy 
Tavoit  en  haine  d^  temps  qu'il  eftoit  Daulphin ,  façoit  ceque  il  t'euft  bie» 
te  loyaument  fervy  >  fans  y  efpargner  craince  de  vie  en  plufieurs  lieux ,  & 

mand^ 


DE  PHîL- DE  COMINES  31^ 

«lUck  ledit  Voyaulc  venir  fecreccemenc  en  fadire  chambre  »  &  (i  fie  for* 
tir  hors  d'icelle  (ous  ceux  qui  y  eftoienc ,  &  luy  demanda  quil  eftoic» 
Se  qu'il  avoir  affaire  en  Cour ,  (î  luy  refpondit  ledit  Voyauk  qu'il  avoir 
fervi  autrefois  le  Comte  de  Dampmarcin  »  Ôc  qu'il  Tavoit  laûle  depuis 
un  peu  de  temps  en  çà ,  &  qu'il  eftoit  venu  en  Cour  pour  trouver  quel^ 
que  bon  maiilre.  Et  lors  ledit  maiftre  Jehan  de  Reilhac  luy  fit  faire  fer- 
ment qu'il  luy  diroit  vérité  de  ce  qu'il  luy  demanderoit  »  ce  qu'il  fit.  Et 
puis  luy  demanda  où  il  avoit  laide  fondit  maiftre»  ôc  ledit  Voyault  luy 
réfpondit  qu'il  lavoit  l'ailfè  à  Mehun  fur  Yeure  bien  troublé  Se  penfif , 
&  a  donc  luy  dit  ledit  de  Reilhac  que  ce  n'eftoit  pas  bien  fait  à  un  bon 
fervireur  de  lai0er  fon  maiftre  en  (on  adverficé ,  &  fans  autres  chofes 
luy  dire  pour  celle  nuit>  le  fit  mener  coucher  en  une  belle  chambre  près 
<le  la  fienne. 

Le  lendemain  au  matin  il  envoya  encore  quérir  ledit  Voyault ,  &  luy 
4it  qu'il  n'eut  doubte  de  luy ,  &  qu'il  luy  dit  hardiment  ce  qui  le  me« 
noit  3  &  qu'il  luy  pourroit  bien  aider  en  fes  affaires.  Et  quant  ledit 
Voyault  vit  que  ledit  Reilhac  luy  tenoit  fi  bons  termes  »  fi  le  penfa  en 
luy-mefme  qu'il  fe  decouvriroit  du  tout  à  luy ,  &  que  en  tant  qu'il  eftoit 
Secrétaire  du  Roy ,  qu'il  luy  pourroit  dire  quelque  bonne  nouvelle  \  8c 
voyant  ledit  Voyault ,  que  ledit  de  Reilhac  parloit  fi  firanchemen  à  luy , 
fe  découvrit  du  tout  à,  luy  y  en  luy  difant  telles  paroUes  ou  fembtables  t 
Monfeigneur»  puifqu'il  vous  plaift  que  je  vous  die  la  caufe  qui  me  meine 
par  deçà ,  je  la  vous  diray  \  il  eft  vray  que  depuis  que  le  feu  Roy  Char- 
les ,  que  Dieu  abfolve  >  eft  trè(pa(Ie ,  il  a  efté  fait  aucuns  rapports  i 
Monfeigneur  mon  maiftre ,  que  le  Roy  l'avoit  très-fort  en  hayne ,  &  que 
s'il  le  pouvoit  tenir  qu'il  le  feroit  manger  aux  chiens  ;  &  quand  ledit  de 
Reilhac  l'eut  ainfi  ouï  parler ,  &  aufC  qu'il  fçavoit  bien  qu'il  en  eftoit  i 
car ,  comme  dit  eft  ^  il  eftoit  Secrétaire  du  Roy ,  fi  luy  demanda  iœluy 
de  Reilhac  s'il  avoir  apporté  nulles  Lettres  de  par  ledit  Comte  i  au« 
cuns  pour  pourchaffer  fa  paix  envers  ledit  Seigneur  y  lequel  luy  ref^ 
pondir  que  ouï  »  &  qu'il  en  avoir  apporté  jine  a  l'Admirai  de  Montau-^ 
ban  y  pour  le  joindre  &  unir  au  fervice  du  Roy  »  &  une  autre  à  Bonifâce» 
lefquels  le  Comte  de  Dampmartin  tenoit  pour  fes  antis  y  &  qu'il  penfoit 

aue  ils  luy  eufiènt  aidé  8c  fecouru  en  fes  affaires»  ainfi  ^ue  plufieurs  fois 
avoir  fait  pour  eux ,  &  luy  dit  aufil  qu'il  les  leur  avoir  baillées  y  mail 
^qu'ils  l'avoient  voulu  faire  noyer  y  n'euft  efté  aucuns  qui  luy  aveienr  fait 
lepafiàge»  &  qui  les  appaiferenr.  Et  lors  ledit  de  Reilbu:  appella  un 
XUerc  qui  avoir  nom  Rooert  y  8c  quand  ledit  Clerc  fut  venu ,  il  luy  die 
ces  mots  ou  femUables  :  baille  moy  ce  fac  où  font  ces  raandemens  de 
ces  envieux  qui  demandent  les  confifcations  du  Comte  dtf  Dampmartin^ 
&  quand  ledit  Clerc  eut  apporté  lefdits  mandehiens  ^  ledit  de  Reilhac 
les  monftra audit  Voyault,  en  luy  difant  que  c'eftoient  les  mandemens 
pour  avoir  la  confifcation  de  fondit  maiftre  ,  que  Sallezart>&  Anthoikie 
<iu  Lau  pourchaflbient  »  mais  que  le  Roy  ne  les  avoit  pas  voulu  figner. 

Après  ces  chofes  y  ainfi  dires  que  dit  eft ,  ledit  Voyault^  dit  audit  de 
Reilnac  qu'il  avoit  encore  deux  paires  de  Lettres  à  bailler,  l'une  aa 
DucPheuppe  de  Bourgogne»  Prince  très-bon  8c  de  haute  renommée  ^ 
l^aquel  leKoy  eftoit  trèsrtcnu  du  fccgucs^qu'îlluy  avoit  fait  en  faneceflité^ 

Kt  X  auquel 


1461 


ii6      preuvesdesmemoir.es 

TT^TT  *uq*^cl  Voyault  ledit  maiftre  Jehan  de  Reilhac  refpondit ,  qu'il  ne  pou»- 
voie  bailler  iefdines  Lettres ,  pource  que  ledit  Duc  eftoir  un  peu  mat 
difporé  ',  &  une  autre  pour  bailler  à  Joachim  Rouaulc ,  &  lors  ledit  de 
Reilhac  luy  dit  que  les  luy  monftrat ,  ce  qu'il  fift.  Et  que  au  regard  de 
celle  de  Joachim  Rouault,  Seigneur  de  Gamaiches ,  û  ne  luy  poutroit 
bailler ,  car  il  s'en  eftoit  allé  prendre  la  poflèdlon  de  ce  que  le  Roy  luy 
avoir  donné  en  Lan  en  Lanfnoys ,  6c  qu'il  s'en  retournaft  hardiment  de- 
vers le  Comte  fon'maiftre ,  &  pria  audit  Voyault  de  luy  dire  qu'il  fe  re- 
commandoit  bien  fort  â  luy ,  &  qu'il  ne  fe  fouciaft  que  de  garder  fa  per- 
fohne ,  car  avant  qu'il  fuft  peu  de  temps ,  que  on  le  rappelleroic  bien  vo- 
lontiers »  &  audi  que  tou^  les  plaiiîrs  qu'il  luy  pourroit  faire  ^  qu'il  le 
feroit  volontiers ,  car  il  fe  fentoit  eftre  plus  tenu  à  luy  ^  que  d  homme 
du  monde  y  &c  defFendit  bien  audit  Voyault  qu'il  fe  gardaft  bien  de  C^ 
renommer  eftre  audit  Comte  ^  en  quelque  manière  que  ce  fuft  >  &  luy 
bailla  Lettres.  Et  ayant  print  congé  ledit  Voyault  dudir  de  Reilhac  en  le 
merciant  très  humblement  des  bonnes  nouvelles  qu'il  luy  avoir  dites,  & 
s'en  alla  ledit  Voyault  en  Lan  en  Lanfnoys  v  Se  ainfi  cjue  ledit  Voyault 
s'en  alloit  parmy  ladite  Ville  de  Lan ,  ledit  Joachim  Rouault ,  qui 
eftoit  pn  une  feneftre  de  fa  chambre  le  conneut  avec  lequel  eftoit: 
le  Baftard  d'Armignac  &  Sallezart  ;  &  incontinent  ledit  Joachim  en*^' 
voya  un  fîcn  ferviteur  par  devers  ledit  Voyault  luy  demander  qu'il 
cherchoit ,  &  quant  ledit  ferviteur  fut  devers  ledit  Voyault  y  fi. luy  de- 
manda qu'il  cherchoit,  &c  û  luy  refpondit  qu'il  avoîc  un  peu  i  parler 
audit  ]^ckim  Rouault ,  maiftre  dadit  ferviteur.  Et  quant  Joachim. 
Rouault  fçut  qu'il ,  fi  renvoya  fon  ferviteur  par  devers  ledit  Voyault,  luy- 
dire  qu'il  ne  vînt  point  vers  luy  ,  jufques  à  ce  qu'il  le  mandaft ,  ôc  qu'U 
fe  gardaft  bien  de  le  renommer  eftre  au  Comte  de  Dampmartin  ySc  quand 
ledit  Rouault  eut  laide  ledit  Baftard  d'Armignac  &  SaUezaTry.&  qu'il  fe 
fuft  retiré  en  fa  chambre ,  il  envoya  quérir  ledit  Voyault  fecrettcment 
par  un  de  fcs  fenriteurs  ,  &c  quand  leait  Voyault  fut  vers  luy ,  il  luy  de-»- 
nianck.  qu'il  cherchoit  ^  car  il  fcavoit  bien  que  le  Roy  aïKnt  ledit  Q>mte 
de  Dampmartin  en  haine ,  dont  il  eftoit  fort  marry ,  car  il  connoiftbic 
ledit  Comte  long-temps  eftre  bon  &  hardy  Chevalier,  oue  de  lone» 
temps  si  y  avoir  une  ancienne  amitié  entre  eux  pour  les  i^laifirs  que  iîs^ 
s'eftoient  faitsl'un  i  rautre,&  Icdiç  Voyault  voj^ntqueilavoit  opportunité 
de  luy  btiller  lefdicces- Lettres ,  les^luv  prefenta;  &  quand  il  les  eutleuër 
fepnnft  à  plorer  en  difant  telles  parolles  :  Très*4oux  amy ,  fi.  ce  n'eftoit 
de  peiir  que  fuffiez  cherché  en  chemin ,  &  détenu  prifortnier ,  je  refcrit-^ 
Yois' volontiers: à Monfeigneur  de  Ehmpmartin,  voftre  maiftre*,  lors  luy 
tnonftra  ledit  Voyault  les  Lettres  de  maiftre  Jehan  de  Reilhac  :  Et  quand 
ledit  >Rouauk  les  eut  vues  luy  bailla  autres  Letrres  pour  porter  audit 
Comte,  &  entre  autres  chofes  luy  dit  débouche  que  le  plus  fort  de  foa 
affiiire  eftoit  de  mettre  fa  perfonne  en  feureté,  &  que  le  Royis'en  alloit  i, 
Fiieims  pour  fe  f^re  fâcrer ,  &  qu'il  ne  faifoit  nulle  doubte  que  on  le 
YiippéUeroit  volontiers ,  St  quand  il  eut  f^rmé  fefdites  ttvcrts ,  il  les 
baiUa  audit  Voyault  en  hiy  priant  qu'il  le  recommandaftbien  fort  audit 
Comte,  fit  qtie  lai oà  luy  pourroit  faire  plaifir ,  il  le  feroit  vdoiitièis^  8i 
lors^print  congé  de  luy:  Içdit  Voyault  9.0c  monta  achevai  pour  s'en  allet 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  317 

âS*  Fargeau  vers  ledit  Comte  fon  maiftre  ,  qui  y  eftoit ,  qui  cftoit  troublé  ^ 

en  fon  cœur ,  car  de  plus  en  plus  avoit  rapports  oue  le  Roj^  de  tous  points  ^^ 
eftoit  délibéré  de  le  faire  mourir  »  6c  cherchoit  de  tous  points  fa  deftruc- 
tion  pour  le  rapport  un  nommé  Georges  Damancy  fon  ferviteur  y  qui 
leur  dit  qu'il  Tavoit  ouï  dire  pour  vray ,  8c  ainCi  que  ledit  Comte  fe  vou- 
loit  mettre  à  table  pour  difner ,  ledit  Voyault  va  arriver ,  &  luy  fît  la 
révérence  ainfi  qu'il  appartenoit  y  8c  quand  ledit  Comte  le  vit  fi  mua 
couleur ,  &  fans  autre  chofe  dire  luy  demanda  quelles  nouvelles  il  ap- 
portoit ,  lequel  luy  refpondit  qu'il  les  apportoit  bonnes  félon  le  temps  -y 
&  lors  fe  leva  ledit  Comte  de  fa  table,  qui  vouloit  commencer  à  difner, 
8c  le  print  par  la  main  &  le  mena  parmi  la  Cour  dudit  Chaftel  dudit  S. 
Fargeau ,  en  luy  demandant  quelles  nouvelles  il  avoit  apportées ,  &  il 
luy  conta  conament  il  avoit  trouvé  l'Admirai  8c  Boniface ,  aufquels  il 
avoit  baillé  les  Lettres  qu'il  leur  refcrivoit  'y  mais  ils  luy  avoient  fait  très* 
mauvais  recueil ,  8c  n'euft  efté  par  le  moyen  d'aucuns  Seieneurs  qu'il 
avoit  autrefois  connns,  ils  le  vouloient  faire  noyer  -,  dequoy  ledit  Comte 
fut  fort  dolent  &  marry ,  en  difant  que  c'eftoit  mal  reconnu  à  eux  les 

Êlaifîrs  qu'il  leur  avoir  faits.  Et  après  que  le4it  Voyault  luy  eût  conté 
ien  au  long  les  parolles  que  Reilhac  luy  avoit  dites  ,  il  en  fut  moule 
resiouï  &  leva  les  mains  vers  le  Ciel  en  rendant  grâces  à  Dieu  des  nou*- 
velles qu'il  avoit  eues  ;  &  lors  print  derechef  iceluy  Voyault,  &  le  mena 
en  la  grad'falle  du  Cbafteau  de  Saint  Fargeau,en  luy  demandant  tous  jours 
quel  bruit  y  avoit  en  Cour,  &  il  luy  dit  que  le  Roy  s'en  eftoit  parti  pour 
aller  à  Rheims ,  &  puis  tira  les  Lettres  de  Joachim  Rouault  qu'il  avoit 
en  fon  pourpoint,  &  les  bailla  audit  Comte  de  Dampmartin ,  defquelles 
il  fut  encore  plus  joyeux  que  devant ,  &  les  monftra  à  fon  nepveu  Ro- 
berr  de  Balfac ,  Seigneur  de  Ranmartin.  Et  peu  après  ledit  Comte  tint 
confeil  avec  les  deuufdits  8c  adviferent  que  ledit  Robert  de  Balfac  s'ea 
iroit  au  Sacre  du  Roy  pour  fçavoir  des  nouvelles  >ain  A  que  ledit  Rouaulc 
luy  avoit  efcrit,  &  que  ledit  Comte  s'en  koit  en  Limofin  &  menerôir 
avec  luy  ledit  Voyault  v  mais  depuis  ils  conclurent  que  Voyauk  iroit  au 
Sacre,  pource  qu'il  connoidôit  mieux  les  perfonnages  à  qui  il  fe  falloir 
addreflèr.  Et  aufli  que  ledit  de  Balfac  f<{avoit  mieux  les  pallages  &  che- 
mins de  Limofin  que  ledit  Voyault ,  ce  qui  fut  fait ,  &  bailla  enfeigne 
audit  Voyault  où  il  le  trouveroit,  avec  une  Lettre  qu'il  efcrivoit  au  Duc 
de  Bourgogne. 

Lors  s'en  partit  hedit  Voyault  pour  aller  à  Rheims ,  8c  là  trouva  le  Roy 
&  plufieurs  grands  Seigneurs  &  Princes,  8c  entre  autres  Mgr.de  Charlus 
[ui  eftoit  nepveu  dudit  Comte ,  auquel  il  fe  addreflà,  &  luy  coma  tout 
on  cas ,  8c  luy  dit  entre  autres  choies ,  qu'il  avoit  des  Lettres  à  Mgr.  le 
Duc  de  Bourgogne  que  ledit  Comte  luy  refcrivoit.  Et  ouand  ledit  Voyauk 
eut  longuement  parlé  à  luy  touchant  fon  affaire ,  ledit  S§r.  de  Charlus 
luy  dir  qu'il  le  feroit  depefcher ,  &  quant  fe  vint  au  foir  que  mondic 
Sgr.  de  Bourgogne  fe  voulut  retirer  en  fa  chambre,  ilappella  avec  luy 
Wgr.  de  Bourbon  fon  nepveu  pour  s'en  aller  avec  luy.  Et  lors  ledit  de 
Charlus  dit  à  Voyault ,  <^u'il  fe  tint  près  de  la  chambre  &  qu'il  le  feroit 
^epefcher*,  &  quant  lefdits  Seigneurs  6irent  en  la  chambre  du  Duc  Phe* 
%pe  de  Bourgogne,  ikdeviferent  de  placeurs  chofes ,  tant  des  afifaires 

Rr  j       '        di> 


?. 


iii  PREUVES  DES  MEMOIRES 

^    ■    du  Roy  que  aucrcmcnt ,  &c  ouis  ledit  Seigneur  de  Bourbon  appella  i  part 
^  ledit  Sgr.  de  Char  lus ,  &  luy  dit  qu'il  fift  entrer  ledit  Voyault  en  la 

chambre  ,  ce  qu'il  fit ,  &  luy  demanda  les  Lettres ,  &  quand  il  les  eut  % 
il  les  prelenta  à  mondit  Sgr.  de  Bourbon ,  qui  les  bailla  au  Duc  de  Bour* 
gogne  Ton  oncle ,  lequel  les  print  &  les  ouvrit  »  &  en  les  liTant  Ce  fei- 
gnoit  y  &  demanda  à  Mgr.  de  Bourbon  qui  les  avoir  apportées ,  &  il  luj 
dit  que  ç'avoit  efté  un  des  Gentilshommes  dudit  Comte  ,  lequel  il  fie 
appeller  \  6c  quand  le  Duc  de  Bourgogne  le  vit  >  il  luy  demanda  où  eftoic 
le  Comte  de  Dampmartin ,  &  ledit  Voyault  luy  relpondit  qu'il  l'avoic 
laide  à  Saint  Fargeau  >  délibéré  de  s'en  aller  à  Ton  adveiiture*  là  où  Dieu 
le  confcilleroit ,  &  qu'il  eftoit  tant  penfif  &  courroucé  »  que  plus  ne 
pouvoir  9  à  donc ,  dit  le  Duc  à  Mgr.  de  Bourbon ,  que  c'eftoit  l'un  des 
nonneftes  Gentilshommes  du  Royaume  de  France  ,&  qui  autant  valoir 
&  fçavoit ,&  qu'il  voudroit bien  qu'il  feretiraft  vers  luy.  Se  qu'il  luy 
feroit  des  biens  plus  que  ne  fit  jamais  le  Roy  Charles.  £t  quand 
M^r.  de  Bourbon  6yr  ainfi  parler  Ton  oncle ,  il  luy  dift  que  s'il  luy  plai- 
foit  refcrire  c^uelque  chofe ,  qu'il  resjouiroit ,  à  quoy  le  Duc  reipondic 
qu'il  ne faifoit  jameftier,  en  difantcet  homme  ne  régnera  pas  longuement 
en  paix  fans  avoir  un  merveillcufement  grand  trouble }  &  après  ces 
choies  dites  chacun  fe  depanit  de  la  chambre  du  Duc  de  Bourgogne ,  Se 
le  Duc  de  Bourbon  s'en  partit  pour  aller  en  Ton  logis ,  puis  appelU 
ledit  Voyault ,  &  luy  demanda  s'il  luy  fouviendroit  bien  de  ce  ({ue  le 
Duc  de  Bourgogne  luy  avoir  dit ,  &  il  refpondit  que  ouï;  &  dit  aufll 
audit  Voyault  que  quand  il  verroit  ledit  Comte  ,  qu'il  luy  dift  qu'il  Te 
recommandoit  bien  fort  i  luy ,  &  que  avant  qu'il  fuft  deux  ans ,  qu'il 
cyrroit  d'autres  nouvelles ,  mais  quoiqu'il  en  fuft  ou'il  gardaft  fa  perlon- 
ne*,  lors  print  congé  ledit  Voyault  de  Mgr.  de  Bourbon,  &  s'en  alla  droit 
à  S.  Fargeau ,  où  il  ne  rrguva  que  Madamoifelle  la  Comteflè  de  Damp* 
manin,  avec  laquelle  n'avoit  que  Loys  du  Soulier,  Gouverneur  de  Damp- 
martin ,  laquelle  eftoit  en  grand  penfée  dudit  Comte  fon  mary ,  pource 
qu'elle  ne  fçavoit  où  il  eftoit.  Se  ne  fejournaft  ledit  Voyault  à  S.  Fargeau 
<^ue  deux  jours  ,  qu'il  fe  mir  en  chemin  pour  trouver  fon  maiftre  \  Se 
ainfi  qu'il  paflbit  par  la  Palifle,  il  rrouva  Mgr.  de  Charlus  qui  eftoir  re- 
tourné du  Sacre ,  lequel  efcrivir  une  Lettre  audit  Comte  «  qu'il  bailla 
audit  Voyault,  par  lelquelles  il  luy  efcrivoit  ce  qu'il  avoit  fait  a  Rheims» 
6c  comment  il  avoit  parlé  à  Meflfeigneurs  les  Ducs  de  Bourgogne  Se  de 
Bourbon ,  Se  qu'il  crcuft  ledir  Voyault  de  ce  qu'il  luy  diroit;  a  s'en  par- 
tit &  s'en  alla  a  Charlus  à  deux  lieuos  de  Bort ,  où  il  trouva  le  Comre  de 
Dampmanîn ,  &  quanr  il  le  vit ,  fi  le  tira  à  part  6c  luy  demanda  quelles 
nouvelles  il  avoit  apportées  \  6c  il  luy  dit  ce  qu'il  avoit  fait ,  &  luy  recira 
les  parolles  qu'il  avoir  ouï  dire  au  Duc  de  Bourgogne  6c  à  Mgr.  de  Bour- 
bon ,  6c  entre  aurres  chofes  luy  dit  qu'il  eftoit  de  neceflîté  de  trouver 
quelque  Prclar  ou  homme  d'Eglife  de  bonne  prcfenration  pour  envoyer 
a  Pans  à  la  venue  du  Roy  6c  des  Princes,  pour  fçavoir  comment  fon  hiic 
fe  porreroit^  &  quand  ledit  Comte  eut  ainfi  ouï  parler  ledir  Voyault  « 
il  appella  un  de  fes  ferviteurs  &  envoya  quérir  Mgr.  de  Bort  fonnepveu, 
fils  oe  fa  fœur^  &  quand  il  fut  venu  il  luy  dit  qu'il  convenoit  qu'il  en« 
voyaft  quelque  Prélat  ou  autre  homme  d'honneur  Se  de  boune  prefen« 

utioa 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  fi^  

tatson  à  Paris  à  la  venue  du  Roy  ,  &qu'il  luy  prioic  qu'il  y  voulfift  aller ,      14^1. 
car  il  luy  feroic  plaifîr ,  lequel  refpondic  que  par  Tes  bons  Dieux  il  n'en 
feroit  rien ,  &  que  s'il  luy  euft  fait  plaiûr  le  temps  pafle ,  qu'il  1  eufl;  trou- 
vé  à  fa  neceilité* 

1  V*. 

iffT  Extrait  des  Mémoires  de  Jacques  du  Clercq ,  Efouyer^  Seigneur  de  -.  ^  ..  *™ 
Beauvoir  en  Temois  ,  depuis  Can  1448^  jufqu^en  146  y*  tiré  de  la  il^^Ykhhé^ 
Bibliothèque  de  S.  Waafl  d^Arras.  Livre  II L  Chapitre  XXII.  Le  Graoi 

L'An  de  grâce  145  (>•  Loys  Dauphin  de  Viennois,  fils  du  Roy  de 
France ,  içachant  que  le  koy  de  France  Charles  £bn  père  »  avoir  en^ 
▼oyé  fecrettement  Meuire  Antoine  de  Chabannes ,  Comte  de  Dammar^ 
fin  avec  grand  nombre  de  Gens  d'armes ,  pour  prendre  &  amener  devers 
luy  fondit  fils ,  pour  certaines  caufes  que  je  ne  fçay  pas  \  les  uns  difans 
qu'il  avoit  fort  vexé  fon  pays  &  particulièrement  les  gens  d'Eglife  »  qu'il 
avoit  mis  fi  bas ,  qu'ils  n'avoient  de  leurs  Bénéfices  (^ue  ce  qu  il  vouloir  '^ 
les  autres  difoientquec'étoit  parce  qu'autrefois  il  avoir  fait  mourir  la  belle 
Agnès ,  après  la  mort  de  laquelle  le  Roy  retint  à  fa  Cour  fa  nièce ,  nom^ 
mée  Mademoifelle  de  Villequier  >  laquelle  eftoir  moult  belle»  &  avoit  en 
fa  compagnie  les  plus  belles  Damoilelles  qu'elle  pouvoit  trouver ,  lef- 
quelles  fuivoient  tousfours  le  Rov  où  qu'il  allaft ,  &  fe  logeoient  tous-»^ 
fours  d  une  lieue  au  moins  près  ae  luy  \  duquel  gouvernement  le  Daufin 
avoit  efté  &  eftoir  fort  depkifant ,  &  pour  cette  (  raifon  )  s'eftoit  abfenté 
du  Royaume  de  France  plus  de  douze  *  ans  tout  entiers,  &  s  eftoir  tenu  ^  VLjm 
au  Pays  de  Daufiné  ,  durant  lequel  temps  il  n'avoit  eu  quelques  deniers  icitrrearcfo 
de  fon  perc ,  ne  du  Royaume ,  ains  luy  avoit  fallu  vivre  du  Pays.  D'au-  <l6ii»  ans^ 
très  auffi  difoient  que  le  Roy  le  vouloit  retraire  devers  luv,  &  luy  donner 
Eftac  comme  il  appartenoit;  autres  encore  difoient  que  (e  le  Roy  (on  pe* 
re  l'euft  tenu  »  Teuft  mis  en  tel  Heu  que  jamais  on  n'en  euft  ouï  parler  » 
&  euft  fait  Roy  de  Fr^ice  après  luy  Monfeigneur  Charles  de  fait,  def- 
quelles  chofes  je  me  tiens  â  ce  qui  en  eft^ 

Le  Daufin  fâchant  que  le  R07  fon  perc  le  vouloit  faire  prendre  fecret- 
tement ^  &  en  cas  qu'on  te  manquaft ,  de  faire  entrer  des  troupes  &  de^ 
le  prendre  à  force  »  fit  appointer  un  difner  en  une  fbreft ,  comme  s'il  euft 
voulu  aller  à  la  chafie ,  &  hiy  fixiéme  ou  fêptléme ,  fe  partit ,  &  â  tue- 
cheval  chevaucha  vers  les  marches  de  Bourgogne  s  &  bien  que  Fon  (ceut 
ion  déparr ,  le  Comte  de  Dammartin  qui  eftoir  aux  aguets ,  le  fuivit  de 
fi  près  qu'il  le  penfa  prendre  \  mais  le  Daufin  efchappa  &  vinr  à  S.  Clau-^ 
de ,  où  il  fut  receu  fort  honnorablement  du  Prince  d'Orange ,  lequet 
eftoir  grand  Seigneur  en  Bourgogne ,  &  que  le  Daufin  haïfibit  auparavant 
pour  aucunes  deftroufies ,  que  le  FÎrince  &  le  Maréchal  de  Bourgogne 
«voient  fiiir  des  troupes  du  Daufin» 


JÊirtf^ 


310  PREUVES  DES  MEMOIRES 

1461.  i  y**^ 

f^  Abrégé  des  faits  du  Comte  deDammarûn  (i). 

ANcoine  de  Chabannes  >  Comte  de  Dammartin ,  de  la  Maifon  de 
Chabannes ,  qui  rapporte  Ton  origine  aux  Comtes  de  Bigorre  en  Ar« 
magnac,  fut  en  fon  vivant  un  notable  Chevalier ,  qui  fervit  fidellemenc 
les  Rois  de  France ,  &  défendit  le  bien  public ,  tant  en  guerre  (^u'autre^ 
ment ,  s'acquit  un  grand  renom,  &  fut  tenu,  pour  un  grand  Capitaine  & 
vaillant  Chevalier, 

Il  porta  les  armes  à  treize  ans  fous  le  Roy  Charles  VII.  lequel  l'ayant 
connu  faee  &  vaillant ,  luy  donna  de  grands  Éftats,  le  fit  grand  Panetier  de 
France ,  Tuy  donna  une  Compagnie  de  cent  Lances ,  &  autres  grandes 
charges ,  &  fut  tousjours  bien  entretenu  par  luy  jufques  à  fon  trefpas.  U 
le  qualifie  notre  amé&  féal  Confeiller  &  Chambellan,  Antoine  de  Cha«^ 
bannes.  Comte  de  Dammartin,  grand  Panetier  de  France. 

En  la  première  conquefte  de  Guyenne  ledit  Roy  Charles  VIL  y  envoya 
ledit  Sieur  Comte  avec  fes  frères  &  parens^  ayant  la  charge  &  conduite 
des  autres  gens  de  guerre ,  lequel  nonobftant  les  pertes  qui  eftoient  lors 
fur  les  lieux ,  &  la  grande  réfiftance  des  Anglois ,  par  la  prudence  Se 
bonne  conduite  les  en  chafla ,  print  le  Chafteau  de  Blancafort ,  &  quatre 
cens  Ançlois  qui  eftoient  dedans ,  &  contraignit  plufieurs  navires  chargez 
d' Anglois  de  le  retirer  de  devant  Bourdeaux ,  &  y  perdit  fix  vingts  hom* 
mes ,  entre  autres  plufieurs  de  fes  parens,  amis  &  lerviteurs. 

Luy  retourné  devers  le  Roy,  les  Anglois  fçachant  qu'il  n'y  avoit  per- 
fonne  pour  leur  refifter ,  affiegerent  la  ville  de  nouveau  &  reprirent  Blan-< 
cafort  \  le  Roy  l'y  renvoya ,  &  quoiqu'il  y  euft  grand  danger  à  caufe  de 
la  mortalité  qui  eftoit  en  tout  le  pays,  &  que  plufieurs  de  fes  frères  & 
parens  y  fullent  morts  de  la  pefte  ou  tuez ,  pour  complaire  au  Roy  il  y 
retourna ,  chafià  lefdits  Anglois  &  reconquit  ledit  Blancafon ,  qui  avoic 
autrefois  appartenu  aux  predecefièurs  de  la  Comtefiè  de  Dammartin  > 
ià  femme  ,  dont  les  Armes  eftoient  empreintes  partout. 

En  considération  de  ce  fervice ,  le  Roy  luy  fit  don  de  la  Baronie  £c 
Chafteau  de  Blancafort ,  tant  par  droit  de  confifcation ,  qu'autres  qui  luy 
pouvoient  appartenir ,  l'an  1 4  5 1 . 

Le  1 5.  Juillet  audit  an ,  Jacques  Ocur,  Argentier  de  France  fut  arrefté 
prifonnier  à  Taillebourg  en  Xaintonge ,  &  luy  furent  donnez  dix  Com- 
midaires  pour  faire  fon  procès,  dont  Antoine  de  Chabannes  fut  l'un  :  Le 
procès  inftruit ,  fut  jugé  par  le  Roy  en  fon  grand  Confeil,  appeliez  plu* 
fieurs  Prefidens  &  Confeillers  du  Parlement ,  les  Gens  du  Roy  &  le 
Chancellier ,  en  prefence  dcfqucls  fut  ledit  procès  veu ,  receu  par  deux 
Greffiers ,  l'extrait  vérifié ,  &  furent  prefquc  tous  les  Ju^es ,  au  nombre 
de  trente  à  quarante,  conibnans.  Et  pour  les  cas  y  n^entionnés,  fut  ledit 

Cœur 


(lï  §3"  Tiré  du  MS.  8457.  de  laBi- 
bliotheque  du  Roi  parmi  ceux  de  Bechunc, 
folio  S I  •  après  cjaoi  eft  au0f  une  Généalo- 


gie de  la  Mai(bn  de  Chabannes  \  mats  nou^ 
en  avons  une  en  deux  grandes  feuilles  4q 
cettç  MaiToa  \  ogà  cft  fon  bpmç. 


r 


DE  PHIL.  DE  COMINES  311 

Cœur  banci  â  perpctuiré ,  condamné  à  faire  amende  honorable  au  Pro- 
cureiMT  General ,  en  quatre  cens  mille  cfcus  dor  d'amende  envers  le 
Roy  »  Tes  biens  acquis  &  confifquez,  &  à  tenir  prifon  jufqu  a  Taduel 
payement  de  l'amende  s  fur  transféré  à  Poitiers ,  dont  il  évada ,  &  fe  re- 
cira a  Rhodes ,  6c  mourut  en  combattant  contre  les  Mefcréans  y  au  dire 
de  fcs  héritiers.  Des  cas  à  luy  impofés ,  il  en  confefla  les  uns,  pour  lef- 
.quels  il  avoir  befoin  de  la  mifericorde  du  Roy ,  d'autres  en  fut  atteint  & 
convaincu ,  &  des  autres  ne  les  confefla ,  ny  n'en  fut  convaincu  ,  &  fu- 
rent ouïs  en  l'information  cent  cinquante  témoins;  l'Arreft  fut  donné 
par  le  Roy ,  prononcé  pfcr  le  Sieur  cle  Traynel ,  Chancelier  à  Jacques 
Cœur  le  29.  May  1455.  à  Lufignan- 

En  exécution  dudit  Arreft  rut  procédé  par  le  Procureur  du  Roy  au 
Threfor,  aux  Criées  des  biens  dudit  Cœur,  entre  autres  des  Terres  de 
S.  Fargeau ,  de  Puifaye ,  &  furent  adjugées  à  Antoine  de  Chabancs  com- 
me plus  offrant  &  dernier  eiicheriflcur ,  moyennant  vingt  mille  efcus , 
ilont  il  Bt  les  foy  &  hommage  au  Roy ,  au  Chaftellard  près  Eftre ville ,  le 
10.  Juillet  145  (J. 

L'an  1457.  le  Roy  Charles,  à  l'exception  des  quatre  cens  mille  efcus 
<i'amende  portées  par  l'Arreft  donné  à  Lufignan  ^u  55.  &  des  dons  qu'il 
avoir  fait  aux  particuliers -des  biens  dudit  Jacques  Cœur,  qu'il  vcutavoit 
lieu,  donne  6c  relafclie  tout k  furplus  des  biens  dudit  Cœur,  qui  n'ef- 
toient  pas  venu  en  connoilïance  ,  qebtes  ,  promeflès ,  obligations  ,  &  ce 
à  Jean  Archevefque  de  Bourges,  Henry,  Confeiller  &  Maiftre  des  Comp- 
tes à  Paris ,  Doyen  de  Limoges,  Ravant  *  &  Geoffroy  Cœur,  Valet  de    *  Je  croit 
Chambre  du  Roy  ,  enfans  de  Jacques,  moyennant  quoy  feroienc  lefdits  qu'il  faut  ii« 
Kjccut  tenus  renoncer  à  toutes  les  demandes  qu'ils  pourroient  faire  contre  rcR#iMwr. 
ledit  Seigneur  <Roy  Se  les  donataires  des  biens  duoit  feu  Jacques  Cœur  > 
ce  qu'ils  firent. 

Charles  VIL  decedé  ,  Louis  XL  luy  fuccede ,  lequel  inité  contre 
Antoine  de  Chabanes  de  ce  qu'il  l'avoir  pourfuivi  par  ordre  du  feu 
Roy  en  Dauphiné ,  lorfqu'il  fe  retiroit  en  Bourgogne,  8c  poufïc  par  les 
«nnemis  dudit  Antoine ,  luy  met  fus  certains  cas  dont  il  eftoit  innocent, 
pour  raifon  de  quoy  il  fe  rendit  volontairement  prifonniêr  à  la  Concier- 
gerie du  Palais  à  Paris ,  pour  s'en  purger,  donc  il  fut  transféré  au  Louvre 
Se  depuis  à  la  Baftille. 

Charles  de  Melun ,  Chevalier ,  Gouverneur  de  Pariis  &  du  Bois  de  Vin- 
cennes ,  Grand Maiftce  d'Hofte!  de  France,  gendre  du  Baron  de  Montmo- 
rency, homme  qui  ne  perdoit  aucune  occasion  de  ruiner  les  perfonnes  au- 
près du  Roy,  defquelles  il  pouvoir  ^fperer  la  confifcarion,  abufant  de  la  fa- 
veur <iu'il  avoit  auprès  du  Prince,  fut  à  mefme  remps  commis  à  la  régie 
des  biens  du  Comte  de  Dammartin ,  avec  promeflè  cle  confifcation  qn  cas 
de  condamnation.  Il  ne  perd  point  de  temps ,  accompagné  de  fon  frerc 
de  Nantouillet,  il  enléx'e  tous  les  meubles  &  hardes  qu'il  rrouve  appar- 
tenir i  Antoine;  vaiflclle  ^'argent,  tapiflèrie,  lifts,  meubles,  rano 4 
Dammartin ,  S.  Fargeau  ,  P^ochefort ,  Bourges ,  en  l'Hoftel  de  Beautreil- 
lis ,  rue  S.  Antoine  à  Paris ,  les  papiers  invenrorîcz  à  Votilne  en  Auver- 
gne, Se  avec  des  charrettes  emporte  jufqu'à  une  grille  de  fer,  qui  n'eftoit 
encore  attachée ,  qu'il  fit  fervir  à  famaxfon  à  Paris,  difpofe  des  revenus 
Tom  IL  S£  •  des 


jii  PREUVES  DES  MEMOIRES 

des  terres  à  fa  fancaide ,  6c  réduit  la  Comteflè  de  Dammartii^â  tdte  né- 
ccflîté,  qu'elle  fut  contrainte  de  fc  retirer  à  Mitry  près  Paris,  chez  An- 
toine le  Fort,  Ton  Fermier,  qui  la  nourrit ,  elle  &  Tes  enfans  pendant 
trois  mois  j  non  content  de  ce  ledit  Charles*  de  Melun  met  toute  pierre 
en  œuvre  pour  faire  condamner  ledit  Comte  \  il  foUici^  les  Juges  de  la 
part  du  Roy ,  il  tafche  de  fonder  leur  fentiment ,  &  n'ayant  pu  titer 
eclairciflement  du  premier  Président ,  &  d'aucuns  des  Juges»  touchant 
ladite  condamnation ,  avant  par  ordre  du  Roy  communique  aux  Âdvocat 
&  Procureur  General ,  la  dépofition  de  Memre  Regnault  de  Darnezay  , 
Chevalier,  &  fceu  qu'elle  ne faifoit  nullementèTincention  duRoy,  mais 
bien  à  la  defcharge  du  Comte  ,  il  la  fupprima  ,.  &  ne  voulut  qu'elle  fut 
produite  au  procès  ,  quoiqu'il  eut  efté  ordonné  par  divers  appointemens. 
de  la  Cour  qu'elle  y  feroit  adjoùtce. 

Les  enfans  de  Jacques  Cœur ,  qui  avoient  efté  déboutés  de  leurs  oppo* 
iîtions  es  criées  qui  s'eftoient  faites  en  la  Chambre  du  Threfor,  des  biens 
de  leur  père ,  &  qui  n'eftoient  pas  contens  de  la  part  que  le  Roy  Char* 
les  leur  avoir  faite,  fe  prévalans  de  la  conjonâure  du  tenrps  ,  de  la  pri- 
fon  &  de  la  diigrace  du  Comte  de  Dammartin  ,  s'addréflerent  au  Roy 
Louis ,  qu'ils  eftiment  leur  devoir  eftre  d'autant  plus  favorable  ,  qu'Û^ 
témoigne  eftre  plus  irrité  contre  le  Comte ,  &  qu'il  fera  confideration 
fur  l'affiftance  qu'il  avoit  receuc  de  Jacques  Cœur ,  d'argent  &  de  confeil 
k>rs  de  Ces  retraites  en  Bourgogne  ,  que  de  Serres  veut  avoir  efté  caufe 
de  fa  ruine. 

Obtiennent  Lettres  deluy  en  t4(>i.  par  lefqucUes  ils  demandent  eftre 
receus  appellans  de  T Arreft  donné  contre  leur  perc ,  qu'ils  appellent  Sen- 
tence ,  &  difent  avoir  efté  donné,  par  Commilkires  intcre(ïcz  ,  eftre  r^ 
levez  de  l'amende  honorable  >  eftre  reftituez  contre  le  laps  de  temps  Se 
la  renonciation  faite  par  eux  >  enfuite  du  don  que  leur  avoit  fait  le  Roy 
Charles ,  comme  faire  par  crainte  &  l'authorité  du  Prince;  font  (ignifier 
lefdif es  Lettres ,  &  donnent  affignatdon  à  chacun  des  Commiflaires  qui 
avoient  inftruit  le  procès ,  devant  Meffieurs  du  Parlement  >  Se  parce  que 
Antoiae.eft  iuif<Himer,  ikdocmentrexploicl'  ^n  nomtné  Caillàu  en  Ik 
5aUe  du  Palais ,  comme  Agent  de  fes  afraires ,  qlii  le  nie  &  le  rêfufe; 

Charles  de.  Melun  &  Gcotfroy  Cceur  s'accordent  enfemble  j  Geoffroy 
acheté  des  meubles  d'Antoine ,  dudit  Melun ,  pour  deux  mille  cinq  cens, 
cfcus  d'or. 

L'afHgnation  des  héritiers  de  Cœur  efchéuc ,  la  caufe  fut  plaidée  à  huys 
clos  fur  renterihemént  de  kyrs  Lettres,  le  zo.  May,  j..  Juin  &  4.  Aouft 
•  14^2^  Se  le  ij).  Janvies  1455.  Se  après  plutîeurs  dupliques  &  repHques, 
Mr.  de  Gannay  /pour  le  Procureur  General ,  fouftient  l'Arreft  donné  con- 
tre Jacques  Cœur,  juridiquement  donné 5  fouftient  leur  requeftc  inci- 
vile &  impertinente,  &  leurs  Lettres  obreptices  &  fubreptices. 
.    Charles  de  Melun  avançoit  tant  qu'il  pouvoit  la  condanmation  d'An» 
toinc  de  Chabanes ,  dont  il  viiiitenfin  à  bout ,  &  intervint  Arreft  le  20* 
Aouft, i4<^j.  ijar  lequel,  fur  un  rirétendu  rapport  avoir  efté  fait  par  An- 
toine de  Chabanes;  au.Roy  Charles  dernier  trefpa^,  à  la  chàrgedu  Roy, 
lors  Dauphin ,  rédigé  par  efcrit ,  au  lieu  de  Cande,  par  ma&re  Alain 
Roulant ,  Notaire  8c  Secrétaire  dudit  Seigneur  >  devant  le  Sieur  de 
,    .  TrayneU 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  525 

Traynel,  lors  Chancelier  de  France ,  le  17.  Septembre  i44(î,  il  fut  dit 
ledit  rapport  eftre  faux ,  &  controuvé  par  ledit  Antoine  ,  comme  tel 
ièroit  déchire  &  lacéré  publiquement  en  plein  Parquet ,  &  luy  déclaré 
crimineux  de  Lezo-Majefté ,  banny  à  perpétuité  du  Royaume ,  Se  fes  biens 
acquis  &  confifquez. 

Charles  de  Melun  eut  Mitry  de  la  confifcation,  Geoffroy  Cœur  eut  les 
Terres  de  Puifaye ,  en  donna  une  fomme  d'argent  de  deux  mille  efcus , 
ou  ^utre ,  audit  de  Mclun  j  Vafte  (1) ,  Bailly  de  Rouen,  Rochefort  &      (t)  Ccft 
Auriere  en  Auvergne  -,  le  Sieur  du  Lau ,  Blancafort,  Vaftc  de 

Au  mois  de  Mars  12^64.  les  Ducs  de  Berry ,  Frère  du  Roy  ,  de  Bour-  MoQtcfpc* 
bon  ,  Bourgogne  &  Bretagne',  &  autres  Seigneurs  dcfappointcs  par  j°°^  p??.^^ 
Louys  XL  ayans  pris  les  armes ,  Antoine  trouve  moyen  de  s'efchappcr  de  t^J^c  j^ 
la  Baftille  ,  &c  alîiftéde  fon  frère  &  de'fcs  amis ,  s'en  vient  droit  à  Saint-  Louis  XI, 
Maurice  fur  Laveron ,  &  à  Saint-Fargéau ,  les  pille  ilir  Geoffroy  Cœur , 
le  fait  prifonnier  du  Duc  de  Berry ,  •  &  s'en  va  en  Auvergne ,  s'affure  de 
Saint-Pourçain  en  paflànt ,  &  fe  rend  auprès  de  Mr.  de  Bourbon, 

Le  ^.Novembrefj)  14^  5.  devant  Paris,  fut  fait  traitté  entre  les  Seigneurs 
qui  avoient  pris  les  armes  pour  le  Bien  Public ,  6c  le  Roy ,  &  par  ic^luy  cft    ,(3)  H  fiwc 
porté  par  article  particulier  en  faveur  d'Antoine  de  Chabanes ,  qu'il  fera  ^^ijft^^* 
remis  par  le  premier  Confeiller  de  la  Cour  de  Parlement ,  ou  des  Re-  ^"*^*''^^* 
queftes ,  en  la  jouiffance  du  Comté  de  Dammartin ,  de  ks  Terres  &  Sei- 
gneuries, &  de  Ces  biens  meubles  pris  durant  fon  emprifonnement,  or- 
donné dcil'en  faire  jouir ,  fuivant  le  contenu  audit  article. 

Depuis  ce  temps-là  Antoine  de  Chabanes  fiit  tousjours  en  faveur  & 
en  office  près  ie  Roy  Louis  XL  .ce  qui  fe  juftiâe  par  les  emplois  &c  les 
charges  q^u'il  luy  donna  enfuite.  / 

M  Louis ,  &c.  Sçavoir  faifons ,  que  par  la  grande  &  finsuliere  confian- 
>»  ce  oue  nous  avons  de  la  perfonne  de.  noftce  cher  Ôc  ame  Coufin ,  Con- 
»  feiller  &  Chambellan,  Antoine  de  Chabanes,  Comte  de  Dammartin , 
n  &  pour  confîderation  de  bons,  grands  8c.  no  tables  fer  vices  qu'il  nous 
»  a  dès  longtemps  faits ,  tant  au  fait  des  guerres ,  qu'en  nos  autres 
9»  grandes  affaires  ,  fait  &  continue  chacun  jour  eq^çrand  foin,  cure  & 
t»  diligence.  Aiceluy  pour  ces  caufes  &  con(ideranons,  &  autres  à  ce 
•»  nous  mouvans ,  avons  donné  Se  donnons  de  grâce  fpeciale  par  ces  pre- 
M  fentes ,  l'Office  de  Grand  Maiftn^i'Hoftel  de  France ,  que  n'agueres 
w  tenoit  &  occupoit  Charles  de  Meam ,  Chevalier ,  &  lequel  avoir  pa- 
t^  ravant  tenu  le  Seigneur  de  Croy ,  comme  vacant  par  le  deceds  de  fea 
*»  le  Sire  de  Gaucourt ,  &c.  Donné  en  la  Tour  des  Champs ,  près  noftrc 
•»  Hoftel  de  Mehun  fur  Yevre,  le  vingt-troiiîéme  jour  de  Février,  Tan  de 
•»  j^ace  ij^66.  (4)  &  de  noftre  règne  le  fix.  Signé  fur  le  repli,  par  le  Roy  {$)  Ccft 
w  le  Sei^eur  de  Chaftillon  ,  preicnt  De  laLoerc.  lum  fur  le  repli.  ^^^  H<^7- 

»»  Le  vingt-huitième  jour  de  Mars,  avant  Pafaues  i  ^6iS.  Antoine  de  Cha-  ^^y^^  ^^^^ 
•»  banes,  Comte  de  Dammartin,  en  la  prcfcnce  du  Roy,  noftrc  Seigneur,  au  ^^^•-^ 
»  Chaftel  des  Montils  lez-Tours,  fit  le  ferment  au  Roy,  noftredit  Seigneur  y 
»  de  le'bien  &  loyaulment  fcrviren  l'Office  deGrandMalftred'Hoftel  de 
n  France,  (|uele  Roy  Jiuya  donné  par lefditesLetrres,  tant  en  l'Hoftel 
^  dudic  Seigneur ,  comme  au  fait  de  la  Guerre,  touchant  icelluy  Office, 
EL  <^4u'il  le  ferviia  envers  Se  contre  xous  >  fans  nul  en  excepter  >  en  ce 


> 


314  PREUVES  DES  MEMOIRES 

99  Se  toutes  autres  chofes ,  ainfî  qu'il  appartient  audit  Office  de  Grand 
M  Maiftre ,  &  cpmme  bon  &  loyal  fervitcur  fie  Officier ,  eft  tenu  fervir 
j*  Ton  Roy  &  fouverain  Seieneur;  prefens  Monfieur  le  Duc  de  Bourbon, 
M  Monfieur  de  Traynel ,  Chancelier  de  France ,  Monfieur  de  Cruflbl , 
M  Chambellan  dudit  Seigneur  y  6c  moy  fou  Secrétaire.  De  la  Loere  > 
n  fcellé  du  grand  Sceau» 

Lettres  données  à  Orléans  le  i8.  Décembre  i4t>5.  commandées  par 
le  Roy ,  par  lefquelles  il  confirme ,  approuve  fie  ratifie  la  rcftitution , 
réintégration  fie  délivrance  faite  des  biens  du  Comte  deDammartin  par 
Mefiire  Heélor  Coquerel,  Confeillcrdela  Cour,  le  1 1. Novembre  1465» 
Autres  Lettres  données  à  Mehun  fur  Loire ,  le  30.  Juin  1^66.  par  le 
Roy  en  fonConfeil,  par  lefquelles  il  confirme ,  levé  fie  ratifie  derechef 
ladite  reftitution  6c  réintégration  des  biens  dudit  Antoine  ,  nonobftant 
TArreft  contre  luy  donné  par  le  Parlement ,  à  la  pourfuite  de  fes  haineux 
&  malveillans. 

Autres  Lettres,  données  aux  Montils,  le  6.  Avril  14^7.  après  Pafques  9 
par  lefquelles  le  Comte  de  Dammartin  eft  ordonné  par  le  Roy,  de  Tadvis 
d'aucuns  Seigneurs  de  fon  Sang  fie  des  Chefs  de  Guerre,  fon  Lieutenant 
General  en  la  Comté  de  Champagne  6c  Pays  circonvoifin^ ,  fur  quatre 
cens  Lances  -,  c'eft  à  fçavoir  cent  Lances  fous  la  charge  6c  retenue  de  npf- 
rre  cher  fie  amé  Goufin  le  Comte  de  Dammaitin  ^  cent  Lances  fous  la 
charge  de  noftre  amé  fie  féal  Confeiller  fie  Cambellan ,  Jean  de  Sajezart» 
Chevalier,  Seigneur  de  Saint  Juft  y  cent  Lances  fous  la  charge  f^'Eftiennoc 
de  Vignoles ,  fie  autres  cent  Lances  fous  la  charge  de  Robert  Crugui- 
gan  ',  bien  informé  de  Cts  fens ,  vaillance ,, bonne  conduite  fie  grand  di« 
figence  ;  enfcmblc  fur  quatre  mille  francs  Archers ,  fie  ftlr  leurs  Capitai*- 
iïCSy  avec  pouvoir  de  remettre  tous  crimes  fie  délits  ,  ainfi  qu'il  eft  plus 
amplement  porté  par  lefdires  Lettres  y  fignées  fur  le  repl v  par  le  Roy , 
le  Duc  de  Bourbon ,  le  Conneftables  ,  les  Marefchaux ,  les  Sires  de  la 
Foreft  fie  de  Cruflbl,  fie  autres  prefens.  De  la  Loere* 

Lettres  don  nées  à  Tours  le  14.  Avril  1^67.  aux  Eftats  y  tenus ,  par  lef- 
quelles le  Roy  loue  X  ratifie  fie  approuve  les  Lenres  de  rçftitution  faite  des 
biens  Cdudit  omte.  Autres  Lettres  defdits  jour  fie  an,  par  lefquelles  le 
Roy ,  tenant  lefdits  Eftats ,  approuve  autres  Lettres  de  reftitution  cy-de- 
vant  oâroyées  audit  Comte.        j|^ 

Item  y  le  19.  Juillet  1 4^7.  à  Eftampes',  le  Roy  ordonne  audit  Comte 
de  loger  fes  troupes  à  Guifc ,  fie  es  Terres  de  Mr.  de  Marie ,  à  caufe  de 
l'Epidémie. 

Commiffion  dudit  Comte ,  en  exécution  du  Mandement  cy-deflus,  au 
Sieur  Alnequin ,  Capitaine  des  francs  Archers  au  Baillage  de  Venfian- 
dois,  fie  le  Procès  verbal  dudit  Alnequin  accompagné  de  Guinot ,  Sei- 
gneur de  Lentillac ,  homme  d'armes  fous  la  charge  de  mondir  Sieur  le 
Comte.  Signé  fur  le  repli  par  le  Roy ,  l'Evefque  d'Evrcux ,  fie  autres 
prefens,  Touftain. 

Don  de  neuf  mille  livres  de  penfion  accordée  audit  Comte  de  Dani*- 
martin  par  le  Roy  ,  en  confideration  des  grands  ,.bons  6c  louables  fervi- 
ces  qu'à  fait  dès  la  jeunefle  noftredit  amè  fie  féal  Coufin ,  Confeiller  fie 
Chambellan  »  Antoine  de  Chabanes  >  à  nous  fie  à  la  chofe  publiqu^  ^ 


/ 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  nf 

noftrc  Royaume,  au  fait  des  guerres  &  autrement  v  fait  &  continue  cha- 
cun jour  en  plufieurs  manières ,  &  efperons  que  plus  fa(Iè  au  temps  ave- 
nir ^  confiderans  auffi  les  grands  biens  qu'il  avoir  &  prenoit  à  ladite  caufe 
de  feu  noftre  très-cher  Seigneur  &  Père  ,  que  Dieu  abfolve,  tant  en  pen- 
fîons ,  dons ,  qu'au  moyen  des  Offices  de  Grand  Panstier  de  France  ,  do 
Senefchal  de  Carcaflbnne ,  de  |Capitaine  de  Leucate  &  de  Monteclaire , 
&  d'autres  qu'il  tenoit  du  vivant  denoftredit  Seigneur  &  Père  >  qui,  cha- 
cun an^  montoient  à  grande  fomme  de  deniers, .dont  ne  luy  avons  enco- 
re fait  aucune  recompenfe  ^  &c.  Donné  à  Orléans  le  19.  Odobre  1^66. 
Signé  fur  le reply  par  le  Roy,  Mr.  le  Duc  de  Bourbon,  le  Sire  de  Baroges, 
maiftre  Jean  de  Reilhac ,  &  autres  prefens.  De  la  Loere# 

Auquel  don  eft  attaché  autre  don  d'augmentation  de  trois  mille  livres 
de  ladite  penfion.  Donne  aux  Montils  lezrTours ,  le  5 .  Décembre  1472. 
Signé  par  le  Roy .  Bourré. 

Lenres  données  à  Tours  le  11.  Septembre  1^67.  par  lefquelles  le 
Roy  tenant  les  Eftats ,  annuUe  l'Arreft  donné  par  le  Parlement  contre 
Antoine  de  Chabanes ,  à  la  pourfuite  de  fes  malveillans ,  le  reçoit  en  fes 
îuftifications  >  &  à.  propos  d'erreur. 

Arreft  du  Parlement  obtenu  par  ledit  Antoine  de  Chabanes ,  contre  le 

Îiremier,  fur  la  propofitidn  d'erreur ,  donné  avec  le  Procureur  General  y 
e  I}.  Aouft  14(98. 

Audit  an ,  fur  la  fin  d* Aouft ,  fit  maiftre  Triftan  l'Hermite,  Grand  Pre- 
voft  de  l'Hoftel ,  le  procès  à  mclfire  Charles  de  Mclun  fur  plufieurs  cas 
à  luy  impofez ,  &  luy  fit  trancher  la  tefte.  Le  Roy  donna  la  confifcation 
de  (es  biens  à  Antoine  de  Chabanes ,  lequel  meu  de  pitié  des  mineurs  , 
&'  à  la  prière  de  leurs  parens  &  tuteurs ,  fe  conrenta  de  la  Terre  de  Saint- 
Marc  &  les  Tourncllcs,  pour  toute  fatisfadion  de  fes  meubles ,  pris  Se 
vendus  par  ledit  Charles ,  Se  pour  la  jouiflànce  qu'il  avoir  faite  cfe  tous 
fes  biens  pendant  quatre  ans  qu'il  l'avoir  tenu  prifonnier  ,'&  pourfuivi 
fa  condamnation  ,  &  il  eftoit  n  bien  auprès  du  Roy ,  que  nonobftant  les 
réintegrandes  &  Arreft  ci-dcffus  au  profit  d'Antoine ,  il  n'avoit  ofé  en 
faire  aemande. 

Audit  an,  le  Roy  informé  qu'es  Pays  de  Guyenne,  Bonrdelois,  Gafco- 
gne ,  Languedoc ,  Albigeois ,  Roucrgue ,  Quercy ,  Agenois ,  Perigord , 
Auvergne ,  haut  &  bas  Limofin ,  la  Marche ,  Xainronge  ,  &  aurres  Pays 
voifins ,  on  faifoit  de  grandes  violences ,  pilleries  ,  aeftruftions  d*Egli- 
fes  ,  meurtres',  ravidèments  publics ,  ôc  autres  maux  intolérables,  &  op- 
preflions  fur  fes  fubjets  par  aucuns,  qui ,  fous  prétexte  de  fon  fervi- 
ce ,  s'eftoient  mis  en  armes  en  très-grand  nombre ,  qui  ne  vouloienc 
quitter  les  armes ,  ny  comparoir  j  informé  aufli  que  les  Angkns  ,  anciens 
ennemis  de  France  ,  avoient  entrepris  fur  aucunes  places  du  Duché  de 
Guyenne ,  de  Bourdelois  &  de  Gafcogne  -,  par  advis  de  (on  Confeil , 
délibération  de  plufieurs  Seigneurs  du  Sang,  ordonna  fon  Lieutenaht 
General  Anroine  de  Chabanes ,  Grand  Maiftre,  pour  y  pourvoir,  auquel 
fut  donné  plein  pouvoir  Se  authorité  pour  le  fait  de  Juftice  &  Police , 
comme  fi  le  Roy  y  eftoit ,  dont  il  s'acquitta  à  fon  grand  honneur ,  telle- 
ment qu'à  fon  retour ,  le  Roy  eut  le  tout  agréable  &  le  confirma. 

L'an  i4(Î9.  le  Roy  advcrty  d'aucuns  excès,  voyes  de  fait,  ufure» mani- 

Sfj  fcftcs 


it6         PREUVES  DES  MEMOIRES 

nifeftes  ,  &  defTenducs  en  droit,  exa(5tions  indues  &  illicites,  qui  fefai* 
foient  en  Languedoc  ,  commit  ledit  Sieur  Grand  Maiftre  fon  Lieutenan. 
General,  pour  y  remédier, en  puniflant  lesdélinquans*,  ce  qu'il  fit  en  telle 
forte,  que  le  Roy  &  fon  Confeil  l'eurent  merveilleufi^menc  agréable» 
&  y  laifià  pour  l'exécution  de  Tes  Sentences  maiftre  Jean  de  Lingny  » 
Confeiller  en  la  Cour  de  Parlement  de  Thouloufe ,  &  maiftre  Guillaume 
Coftin ,  Advocat  du  Roy  en  la  Senechauflee  de  Rouergue ,  Se  fur  les  ap- 
pellations inter jettées ,  d'aucunes  dlcelles ,  le  Roy  les  confirma  v y  don- 
na ,  ledit  Seigneur  grâce  à  Jean  de  la  Roche,  Efcuyer,  Sieur  deSeurac  > 
qui  avoir  tué  un  homme  d'un  coup  d'efpée  dans  la  cuillè ,  &  â  plufieurs 
autres ,  fuivant  le  pouvoir  à  luy  donné. 

Lettres  en  forme  du  Roy  ,  portant  pouvoir  audit  Sieur  Comte  detran- 
figer  &  accorder  en  fon  nom ,  avec  Médire  Jacques  d'Armagnac ,  Duc 
de  Nemours  ,  Comte  de  la  Marche,  touchant  plufieurs  cas  .dont  il  eftoit 
charjjé  envers  le  Roy.  Données  à  Tours  le  8.  £)ecembre  1469.  Signé  par 
le  Roy.  DeCerifay. 

Scellé  dudit  Jacques  d'Armagnac ,  portant  pouvoir  aux  Sieurs  de  Bri- 
zons  Ôc  de  Sou ,  de  traitter  en  ion  nom ,  donné  au  Chaftel  de  Cariât  le 
4.  Janvier  14(99.  Signé  Jaques.  Aâe  en  latin  defdits  de  Brizons  &  de  Sou» 
du  0.  Janvier  audit  an  ,  par  lequel  ils  prometteht  le  faire  venir  à  Chau- 
defaygucs, 

Tranfadion  entre  luy  &  ledit  Grand  Maiftre  à  Saint  Flour,  le  27.  Jan- 
vier audit  an ,  par  laquelle  ledit  d'Armagnac ,  pour  feurecé  du  Traité  mec 
dès  à  prefent  es  mains  du  Roy  les  places  &  fortereiîes  de  Lieurers  au 
Diocefe  d'Alby,  Murât,  Croufant&  Montagu  en  Combraille. 

Execution  dudit  accord  par  Draguinet  Delaftre ,  Chevalier,  Confeiller 
du  Roy  ,  Chambellan  &  Grand  Maiftre  d'Hoftel  de  la  Reine ,  &  mcflîrc 
Pierre  Bonmol ,  Doyen  de  Clermont,  commis  par  le  Roy  pour  recevoir 
le  ferment  de  fidélité  des  fubjets  dudit  Jacques  de  Nemours ,  avec  inf» 
trudion  pour  cela ,  du  17.  Février  audit  an. 

Lettres  du  Roy  par  lefquelles  il  ordonne  ledit  Grand  Maiftre  fon  Lieu- 
tenant General  en  Beauvoifis  ,  avec  tout  pouvoir  de  traitter  en  fon  nobi> 
donner  grâce, &c.  Données  àAmboifele  8.  Décembre  1470.  Signé  parle 
Roy ,  l'Admirai ,  le  Sieur  de  la  Foreft,  mcllirc  Guillaume  Compaing ,  Se 
autres  prefens.  Demoulins, 

Lettres  de  don  fait  audit  deChabanes  parleRoy  LouysXL  tant  encon- 
deratio'n  des  grands ,  bons ,  notables  &  recommandables  fcrvices  rendus 
au  Roy  Charles  fon  père ,  &  à  luy,  tant  au  fait  des  guerres ,  qu'autour  de 
leurs  perfonnes  ,  &  pour  aucunement  le  recompenfer  &  rémunérer  des 
grandes  peines,  frais ,  mifes  &  travaux  qu'il  a  prifes,  faitcsi&  foutenucs, 
comme  noftreLieutenantGeneral  par  nouseftably  àla  redudlion  en  noftre 
obéïflànce ,  des  Terres  ij  Chafteanx ,  Villes ,  Places  ^  Seigneuries  du  Comté 
d'Armagnac  ;  les  Places ,  Chafteaux  ,  Baronnies ,  Chaftellenies ,  Mande« 
mens,Terrei  &  Seigneuries  de  Seveirrac en Severraguez,dc  laGuyole  Se 
de  Cabrefpines  ,  &  membres  d'iceiles  ,  affifes  es  pays  de  Rouergue  s 
Mandement  de  Seveirrac  &  la  Guyole,  en  la  haute  marche  &  montagnes 
de  Rouergue ,  &  en  la  Comté  de  Rodes.  Item.  Par  autres  Lettres  du 
piçûne  jour  Se  zn^  Se  pour  mefme$  confiderations  >  don  à  luy  fait  des 

PUces  9 


DE  PHfL.  DE  COMINES.  32.7 

Places  >  Chafteaux ,  BarQnnie  Se.  Chaftellcnie  de  Banavant ,  Montefce, 
Lepuech  &  la  Carc,  affiics  au  Pays  de  Rouergue& deBedeine.  Données 
au  mois  de  Novembre  es  Montils  >  Tan  1 47a. 

Commandement  de  Meflîre  Charles  de  France,  Frerc  du  Roy,  Duc  de 
Guyenne,  audit  Antoine  pour  fe  mettre  en  poflTeflion ,  en  fon  nom  ,  des 
Terres  &  Seigneuries  du  Comté  d'Armagnac ,  à  luy  dclaiffces  par  le  Roy 
depuis  la  confifcation  du  17.  Octobre  14(79.  Par  Monfeigneur  le  Duc. 
Daniel. 

Trêves  accordées  pour  trois  mois  entre  le  beau  CouGn  de  Bourgogne 
&  le  Roy ,  .&  pour  robfervation  d'icelles  font  nommés  de  la  part  dudic 
Seigneur  Roy,  le  très-cher  Coufin  Antoine  de  Chabanes,  Grand  Maiftre 
es  marches  d  Amiens ,  d'Amicnois  &  Pays  d'environ  ;  le  Sire  de  Mouy , 
Bailly  de  Tournay  •,  le  Comte  de  Nevers  ;  le  Vicomte  de  laBeliere,  Gou- 
verneur de  RouitiUon  j  le  Coufin ,  Sire  de  Chaftillon  es  Pays  de  Cham- 
pagne ;  les  amés  Confins  les  Comtes  Dauphins  d'Auvergne,  de  Perigord 
&  de  Comingcs,  chacun  en  droir  foy.  A  Fontaines  le  10.  Avril  1470. 

Lettres  par  lefquelles  le  Roy  commet  Antoine  de  Chabannes  avec 
Louis  de  Beaumont ,  Sieur  de  la  Foreft ,  pour  remettre  en  fon  obéïffàncc 
le  Pays  de  Poitou ,  enfemble,  donner  grâce  aux  villes ,  vafiàux  &  fuje6b> 
le  II.  May  1471.  au  Pleflîs.  Signé  par  le  Roy,  Monfeigneur  le  Duc  de 
Bourbon  ,  les  Sires  Curton  &  du  Lude ,  &  autres  prefens.  Tilhart. 

Autres  Lettres  du  29.  May  1472.  par  lefquelles  il  eft  eftably  Lieutenant 
General  es  pays  de  Beauvoifis  &  marches  de  Picardie.  Demoulins.   ■ 

Autres  Lettres  par  lefquelles  le  Roy  commet  Antoine  de  Chabanes 
pour  faire  la  montre  &  reveuë  de  la  Compagnie  de  cent  Lances  fournies 
du  Duc  de  Bourbon,  de  cent  fournies  de  noftre  Coufin  le  Comte  dePen- 
tbievre,  des  cent  Lances  fourmes  du  Coufin  Sire  de  Beuil ,  &  des  cent 
Lances  fournies  de  noftredit  amé  &  féal  Confeiller  &  Chambellan ,  le 
Sire  de  Curton  j  enfemble  des  cent  Lances  fournies  de  voftredite  charge 
&  compagnie.  Au  Pleffis  le  7.  Décembre  1473. 

Ordre  audit  Grand  Maiftre  de  mettre  des  gens  de  guerre  a  Chauny 
en  tel  nombre  qu'il  advifera  ,  fur  l'advis  qu'on  a  de  quelque  entreprHe 
fur  la  Place ,  le  19.  Décembre  1 47  j. 

Pcrmiffion  du  Roy  detrafiquer  en  Bourgogne  à  tous  Marchands  fous  le 
congé  d^Antoine  deChabanes ,  fon  Lieutenant  General ,  en  payant  unefctt 
pour  queue  de  vin  ,  1475.  le  14.  Décembre  &  20»  Novembre. 

Sous  Charles  VI  11^ 

Confirmation  de  la  Charge  de  Grand  Maiftre  en  faveur  d'Antoine  de 
Chabanes ,  du  25.  Septembre  1483.  à  Amb«îfe  le  premier  de  fon  Regne.r 
Signé  fur  le  reply  par  le  Roy,  les  Comtes  de  Clermont  &  Sieur  de  Beau<- 
jeu,  les  Sires  de^Querdes  y  deGyé,  de  Cunon»  &  autres  prefens.  Petitr 
Scellé  du  grand  fceau. 

Don  de  la  charge  de  Capitaine  de  Harfleur,  de  Montierviller,  &  du 
Chaftel  &  Place  de  Gaillart  en  trois  Lettres  feparées.  Données  à  Amboife 
le  23.  Septembre  1483.  Signé  par  le  Roy ,  les  Comtes  de  Clermont  &  de 
la  Marche ,  de  Danois  &  de  Merle  prefens*  Brinon. 

Commandement 


\ 


3i8  PREUVES  DES  MÉMOIRES 

Commandement  au  Chancelier  de  recevoir  le  ferment  d'Antoine  pont 
tout  ce  que  deflus  »  d'autant  que  l'employ  qu'il  a  auprès  de  fa  perfonna 
ne  luy  permet  pas  d'aller  fur  les  lieux  le  prefter  aux  Baillifs  de  Rouen  fie 
de  Caux.  A  Amboife  les  jour  &  an  que  deffus.  Brinon ,  où  eft  infère 
Tadte  de  ferment  fait  par  ledit  Antoine  au  Chancelier,  le*  30.  Septembre 
^483. ,  fjgné  Benard. 

Lettres  dudit  Seigneur  Roy  par  lefquelles  il  déclare  à  Meffieurs  du  Par- 
lement ,  Chambre  des  Comptes ,  Gens  d'Eglife  ,  Prevoft  des  Marchands, 
Efchevins  >  Bourgeois  j  Manans  fie  Habitans  de  Paris ,  que  pour  la  grande 
confiance  qu'il  a  de  la  perfonne  de  fon  très-cher  fie  féal  Coufin  le  Comte 
de  Dammanin  ,  Grand  Maiftre,  Se  de  (ts  grands  fens,  vertus,  vaillance, 
noble(Ie,loyauté ,  prud'hommie  6c  bonne  diligence  -,  confiderc  auflî  les  très- 
grands  ,  très-agréatles  Se  recommandablcs  fervices,  qu*il  a  par  long-temps 
faits  à  feus  nos  très-chers  Seigneurs  Ayeul  5c  Père ,  que  Dieu  ablolve  tn 
leurs  plus  grands  Se  principaux  affaires ,  où  bien  fie  grandement  il  s'efl; 
employé ,  a  nous  fait  fie  continue  chacun  jour;  il  le  commet  Se  ordonne 
dans  Paris ,  ficc.  Donne  au  Pleffis  lez-Tours  le  deuxième  jour  de  Février 
1 48^.  Par  le  Roy ,  le  Comte  de  Clermont  fie  de  la  Marche ,  Sieur  de  Beao- 
jeu ,  vous  le  Sieur  de  Graville ,  Admirai  de  France ,  fie  prcfens.  Parent» 

En  1475.  fut  ledit  Antoine  commis  par  Louys  XI.  pour  prefider  au 
combat  à  outrance  d'entre  Julio  de  Pife ,  convoquant ,  fie  Ponfile  de  Ju- 
ge ,  Napolitain ,  fie  fit  deffaut  ledit  Julio.  • 

Apris  quoy  fuit  dans  U  MS.  la  Généalogie  de  la  Mai/on  de  Chabanes* 

*  m 

Vf 

Hj^  PIECES  touchant  le  Procès  d'Anthotne  de  C  ha  bannes  ,   Comte  Je 
Dampmartin*  Extrait  du  z6^.  Regijire  Criminel^  foL  ziz» 

i4.Déccm.  j  UDOVICUS  Sec.  univerfisfalurcmîvifàpernoftramParlamentîCu* 
rc  14  1.  j^  ^.^^^  fupplicatione ,  five  Requeftâ  ûbi  pro  praefente  Anthonii  de  Cha- 
bannes,  Comitis  de  Damno  Martino  ,  traditâ ,  continente  quod  in  vigi* 
lia  Sandi  Laurentii  noviHimè  praetçriti ,  idem  Supplicans  mancipatus 
fuerat  prifonerius  in  Conciergeria  Palatii  noftri  Parif.  Se  expoft  in  do- 
mo  noftra  de  Lupara,ubi  abhuc  exiftebat,  abfque  eo  quod  ipfe  fie  fervirpr  qui 
fibi  per  diâam  Curiam  noftram  ordinatus ,  ruerat  aliquam  prohibitionem 
habuidènt  pro  fuis  veftimentis  ,  licet  maximam  neceflîtatem  haberent  , 
fie  ab  hoc  requifierit  didus  Supplicans  (Ibi ,  propter  hoc  per  eamdem  Cu- 
riam noftram  provideri ,  ac  confideratis  in  hac  parte  confiderandis  no- 
tum  facimus ,  quod  praefataC  uria  noftra  hac  vice  prxdiûo  fupplicanti  pro 
ipfius,fiefupradiâifuiferviM>ris  viâu  ,  veftimentis  fie  aliis  (uisnecemta' 
tibusprovifionem  ducentarum  librarum  Turofinenum  fuper  frudibus  re- 
venutis  fie  empiumentis  Terrarum  fie  Dominiorum  ejufdem  Supplicantis^ 
non  obftante  manu  noftra  in  diâis  Terris  fie  Dominiis  appofitâ,  capiendam 
6e  levandam  ,  ac  Joanni  Poupon  Hoftiario  noftri  Parlamenti  tracfendam, 
pro  illam  in  praemiflîs  convertendo  fie  implendo  fecit  atque  facit  per 
praefentes.  Quo  circa,  1^.  Parlamenti  noftri  Hoftiario,  velScrvienti  noftro 
fuper  hoc  requirendo  9  cenore  prxfentium  çommittimu$  fie  piandamus  , 

^uatcnuç 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  329 

tenus  receptoribus  commiflis  ad  receptam  fupra  diâam  terrarum  8c  Do- 
miniorum  ,  &  cuilibec  eonimdem  praecipiac  &  injungat,  ut  pvxài€to  *4^ï« 
Joanni  Poupon ,  vel  ejus  cerco  mandato  anre  diébun  proviflonem  ^  five 
fummam  prcediâarum  loo.  L  Turon.  mode  prsefaro  cradant  arque  fol* 
vant  indilatè ,  quos  &  unumquemque  ad  hoc  noveric  eflc  compellendost 
virilîtcr  ôc  dd>itè  compellendo,  fupra  di6ka  manu  noftra  in  anredidtis  ter- 
ris &  Dominiis ,  ut  praemittitur  appofitis ,  nonobftante  :  cui  quidem  Hof* 
tiario  vel  Servienti  ab  omnibus  Jufticiariis  &  subditis  noftris ,  in  hac 
parre  pareri  voiumus  &  jubemus.  Dacum  Parif.  in  Parlamento  noftro  t 
24.  die  Decembris  >  anno  Domini  1462.  Se  regni  noftri  fecundo. 

V*- 

jjCT  jfrrejl  du  ParUnunt.  Tiré  du  z6.  Regifin  Criminel  y  foL  ziS.  verfo» 

LU D O V I C U S ,  &c. dilefto & fidcli noftro Marrino de Bellefaye, in  Tiré  Jec 
noftra  Parlamenti  Curia  noftro  Confiliario ,  faiutem  &  dileâionem  \  Recueils  de 
cùm  die  data  pra^rentium,  vifis per  diâam  Curiam  noftram  informationibus  M.  l'Abbé 
&  proceflîbus  contra  Anthonium  de  Chabannes ,  Comitem  de  Domno  ^®  Grani, 
Manino>  in  caftro  noftro  de  Lupara,  ex  ipfius  Curias  noftrx  ordinatione 
prifîonerium  detentum  unà ,  cum  extraâibus  tam  ad  onus  ipfîus  de  Cha« 
bannes,  quam  ad  fui  exonerationem  faâis ,  ac  confideratis  confiderandis  y 
eadem  Curia  noftra  pro  veritatem  caHis  ,  unde  qua^ftio  vertitur  melius 
atcingendo  expediens  eflè  ,  dileéhim  noftrum  Reginaldum  de  Dref- 
nay ,  militem ,  &  alios  fi  fieri  poflit  Aiprâ  punâis  &  aniculis ,  additis  in- 
formationibus&procefTibus,  hac  decaufaextraâîs,  eaordinari ,  &quod 
hu  jufmodi  informationes  &  proceflus ,  ac  totum  id  quod  advetfus  praedic^ 
tunti  Anthonium  de  Chabannes  faéhun  fuit ,  oftendentur  noftris  Procura- 
rori&  Advocatis,quidiâuri  venient,idquod  decebitpro  ulterius  faciendo 
&  procedendo  »  utfuerit  rationis ,  delibcraverit&  ordinaverit,  Vobis  igi-» 
tur  tenorepraefentium  comittimus  &  mandamus  quatenus  pracfatum  Re- 
ginaldum oe  Drefna7,&  alios  examinandos  fupràdiâis  punâis  Se  articula 
vobisper  diâam  Curiam  noftram  traditis,  fi  fieri  poflîc  examinetis ,  verita- 
tem negotii  ab  eis  diligenter  inquirendo ,  &  depofitiones  eorumdem 
in  fcriptis  fideliter  redadis ,  pênes  diâam  curiam  noftram  afFeratis ,  vel 
fiib  figillo  veftro  claufas'tranimîttatis ,  quàm  citiùs  fieri  poterit  ab  om- 
bus  ver6  Jufticiariis  ,  8c  Subditis  vobis  Se  veftris  deputandis  in  hac 
parte  pareri  voiumus  &  jubemus.  Dacum  Parif.  in  Parlamento  noftro,  19, 
diie  Januarii ,  anno  Domini  1^61.  Se  regni  noftri  fecundp. 


**^ 


$7  Procédure  contre  le  Comte  de  Dammartin.  Tirée  du  mime  Regijlre. 

CUM  virtute  certarum  litterarum  per  Procuratorem  noftrum  gênera*     Xité  deé 
lempro  nobis,  die  quinta  roenfis  Septembris  >  anno  Domini  14(71.  mimes  Re« 
obtentaram  Anthonius  de  Chabannes  ,  eoquod  perfonaliter  appr ehendi  tueUs^ 
iK)n  potuerat  per  catiifimum  8c  confanguiueum  noftrum  Bertrandum  de 
Tpme  IL  T  t  Turrc 


330  PREUVES  DES  MEMOIRES 

Turre ,  Comûem  in  Bolonia ,  Se  dileâ»in  &  fidclem  noftrum  in  noftra  Par» 

M     '     lamenti  Curia>  ConiUiarium  noftrum  Joannem  de  Plantis  »  ad  craftinam 

diem  fefti  Bcati  Martini  Hiemaiis,  cum  proxitnè  fucuri,  in  diâa  noftra^^ 

Porlatncnci  Curia ,  fub  pœna  bannimenti  à  cegno  noftro  confifcationif* 

?ue  cor poris ,  ac  bonorum  fuonim  perfonaliter ,  eomparirurus ,  &c  diâo 
rocuratori  noftro  ad  fines  quas  contra  eum  digère  vellet ,  refponfuru^ 
adjornatus  exUidèt.  Quo  die  diâo  de  Chabannes  minime  comparent 
te,  diâus  Procurator  nofter  i$^  menfîs  Novembris  tune  prôximè  fe-^ 
^entis,  defeAum  contra  eum,  perfonaliter  ut  tenebatuc  noncompa^ 
rentern  obtinuiilèt ,  ipre<|ue  Procurator  nofter  in  ejus  abfentia  proponi 
feciflèt,  quod  anno  Domini  i^6.  vel  circiter,  nos  pro  tune  Delphmus 
Viennenus  exiftens,  eumdem  Anthonium  de  Chabannes  in  paupertate  & 
miferia  propriis  exigentibus  demeritis  conftitutum  ,  ac  à  domo ,  five 
Çuriabonx  memorix  defunAi  Domini  &  proeenitoris  noftri  expulfum  ^ 
necnon ,  &  ab  onere  gentium  armorum ,  &  mi  exercitus  deftitutum  re- 
ceperamus  &  recolUgeramus ,  &  de  noftra  domo  ut  domefticum  fie  famir 
liarem  noftrum  retinueramus ,  fibique  noftro ,  ut  magis  eftèt  intentus* 
feryitio  quam  plura  bona ,  interque  furamam  decem  miUium  fcHtorunY 
auri femel ,  &  prouna  vice,  fibi  cumplures  alias  gratias faciendo  dedera* 
mus  &  contuleramus  :  qnibus  non  obftantibus ,  idem  de  Chabannes  malig* 
no  dudhis  fpiritu  ,  ingratum  &  infidelem  er^  nos  multipliciter  (c  often-- 
dens  cum  malevolis  ^  odiofis  &  inimicis  noftris,  quos  in  eadem  domo,  fe» 
Curia  diûi  defun&i  Domini  progenitoris  noftri  eflè  noverat,  abfentiani 
&  elongationem  noftri  ab  eadem  domo ,  feu  Curia  requirentibus ,  ut  ip«; 
fius  Domini  progenitoris  noftri  odium  &  matevolentiam  confequeren- 
tar  proeurantibus  fe  adjunxerat ,  &  illis  adhaerendo  plures  machina* 
ciones ,  detraâiones  &  monopolia  contra  nos ,  perfonam  noftram ,  jur- 
queproçeniturjcnoftrae,fecerat&conrpiraverat  >  plura enim  verba  dif-' 
famatoria  ,  &  iniqua  caitunniofè ,  malitiofè ,  &  contra  veritatem  exqui- 
fita  dixerat ,  &  publicaverat ,  dici  &  pubiicari  fecerat  &  procuraverat ,  8c 
'  ut  admiciendum  fines  fuos  leviùs  pervenire  poftet ,  prasdiâo  defunâot 
Pomino  &  progcnitori  noftro ,  plures  faffos ,  damnabiles  &  iniquos  re- 
kcus  &  raporeufi-,  imer  quos  quod  eumdem  DofiiiQunt&  progenitorem  noA 
trum  dejicere,  fie  aotoritateml^ttbemandi  accipere ,  gentefque  circaejusr 
perfonam  exiftentes  toUere  Se  mimntare ,  ac  alia  ad  noftrac  beneplacitum 
yoluntatis  traderc  volebamus  fie  nitebamur  v  fie  quod  de  pracmiâSs  cum> 
ipfo  curas  ,  coUoquia ,  média  fie  vias  eidem  declarando  babuera^nus  fece- 
r^nç  ^Sc  contra  veritatem  adinvenerant  fie.retuterant ,  fie  exiftimans  ipfe: 
de  Chabannes  >  per  haec ,  fie  in  fimili  amoricate  regtmen  fie  prsemin. 
nentiam  in  domo  fie  Curia  defunâi  Domini  fie  progenitoris  noftri  habe- 
re  fie  obtinere ,  nofque  ab  eifdem  domo  fit  Curia  expellere  fie  elong^e. 
De  prxmillis ,  non  conteiîtus  fxpe  diâus  de  Chabannes  tendens  totis  viri- 
bu$  divifioneiii  fie  di0èntionem  inter  diéhmi  Domiiram  fie  projgenitorem 
noftrum  ,  fie  nos  interponere  Se  nutrire  coram  dileâo  fie  fideli  Confilia- 
lia  noftro  Gulielmo  Juvenel,  miUti  Domino  de  Trainei ,  tune  Cancella- 
xio  Francis,  die  viccfima  feptima  menfis  Novembris ,  anno  Domini  prs* 
àifito^  <44^*  in  loco  de  Cando ,  quemdam  fklfnm  fie  calumniofum  rapor^ 
tu»  damnaUliter  calumniofè ,  fie  contra  veritatem  adinvenerar ,  com^ 

pofnerat 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  35» 

nnaverar  >  ac  per  (Ulediun  6c  fiaelem  noftrum  y  tune  prsfad  defunâi       ^ 
Dotnini  &  pro^enitoris  noftriNotari&m  &  Scccetarium  Magiftrum  Adam 
Roland!  in  fcriptis  redigi  prooicaverat ,  ôc  proiecutus  fuerat  nos  &  non- 
nullos  de  noftris  fanguine ,  ac  Regali  progenic  >  cettofqae  Nobiles 
nolfari  regni  »  erga  diâum  defundum  Dominum  &  orogenicorem  nof- 
tium»  multipliciter  onerando  6c  calumniofè  accuhindo  ,   prout  pet 
cumdem  taportam  >  fie  in  fcriptis  redaélum  y  &  pênes  diâiam  Curiam 
noftram  per  diâum  Procuratorem  noftrum^  produâum  >  liquidé  conftare 
te  apparàre  potecat.  Dieebat  infuper  prznunciatus  Procurator  nofter ,  quo 
ad  eaufami  diâomm  ^  faUbrum  6c  damnabilium  relacuum ,  prxdidbum  de 
Chabannes  contra  veritatem ,  adinventorum,  &  maxime  pttecextu  diébrra- 
pottos,  ficutdiâam  eft  in  fcriptis,  redaâi  prxfatus  defupâius  Dominusâc 
progenitor  nofter  plures  imaginationes  &  fufpiciones  contra  nos  ejus  fi- 
lium  primogenitum  habuerat,  occafione  quorum  nonnnUs  differentiar  8C 
<lifiènttones  procedèrant,  &  cuonx  fuerant  »  quâ  de  re  à  domo  five  Cu- 
m  Cxpc  diâi  Domini  &  progenitoris  Aoftri  recedere ,  8c  ad  çatriam  DeU 
phinatus  noftri  nos  transferre  6c  confugere  oportuerat  :  nolnfque  in  dic« 
to  Delplunatu  exiftentibus  6c  commorantibus ,  diftus  de  Chabannes 
pejora  prioribus  aceumulatus ,  perfonam  noftram  cum  magno  exercitu  > 
diéhim  Delphinatum  adeimdo  capere  vifus  fuerat  ;  quapropter ,  ab  eo- 
dem  Deiphmatu  recedere ,  de  ad  chariflSmum  confanguineum  6c  avun- 
cuium  noftrum, DucemBurgundix,  ejufque  patriam ,  alibi  recurfum  non 
.habentes,accederecoegcrat&  impulerat*,  quodqneprxfatusdeChabannes 
in  fuis  damnabilibus  propofitis,  &  voluntate  perfeverans,  nobis  ficut 
permittitur  ab(èntibus  6c  expulfis  ,  femper  divlfionem  &  dillèntionem 
mter  defunâum  Dominum  progenitorem  noftrum ,  &  nos  continuare  ni- 
ins  fuerat  &  procuraverat  ;  6c  ufque  ad  ipfins  progenitoris  noftri  obitum  » 
totis  viribus ,  diverfis  nefandîs  &  obliquis  mediis  continuari  fecerat  &: 
procurarerat,  qux  omnia  &  fingula  per  diâum  de  Chabannes  fada  &t  per* 
petrata ,  idem  Procurator  nofter  ,  IxCx  Majeftatis  traditionis ,  fedttio- 
nis ,  ambitionis ,  falfi  À  alia  deteftabilia  &  enormia  crimina  (nifiê  6é 
«fie  dieebat  &  prxtoidebslt  :  ouare  petebat  &  requirebat  &pe  diâus  Pro- 
curator nofter ,  ex  ante  diâo  defeéhi ,  talem  unlttatem  fibi  fieri  adverfus 
didum  de  Chabannes  adjudicari  videlicet  quod  per  diâam  noftram 
ParlamentiOirîam,  idem  de  Chabannes  de  pracdiâ:»  criminibus  Scexcef- 
fibns  çro  conriâo  &  fuperato  haberetur  6C  teputaretur ,  6c  ad  ea^ 
dem  crimina,  deliâadc  excefius  reparandum  6c  emendandum  condemna- 
retur ,  ac  quod  pto  ipforum  reparatione ,  prselibatus  de  Chabannes  cor- 
pus &  bona  fua  quacumque  6c  ubieumque ,  eo  qui  nos  conftfcaverat  6c 
fore  fecerat  diceiecur  6c  declararetur ,  pœnaque  corporali  criminati  6c 
pubiica ,  fecundum  cafuum  exigentiam  puniretur ,  faltem  Regno  noftro 
perpetub  banniretctc ,  bonaquefua,  quarcumque  mobilia  6c  immobi* 
lia ,  nobis  confifcarentur  6c  applicarentur  ;  quodaue  diâus  raportus  ,  ut 
prattpittitur  in  (criptis  redaâus  ,  fignoqne  manuali  diâi  magiftri  Ad^tni 
4feRolandifignatus,falfus  &  îniquus,  fal(^,  damnabiliter  arque  calum- 
riio{e&  contra  veritatem  per  prxnominatum  de  Chabannes,  fadus,  adin- 
ioventus  &  fiibricatus  fuiflè  6c  efiè  diceretur  &  declararetur;  ac  ut  talis 

Tt  X  publiée 


331  PREUVES  DES  MEMOIRES 

.  ce  in  Parqueto  &  Âudirorio  noftras  diâi  Parlamenti  Curiae  laceraretury 
^  ^  *  aut  quod  alix  taies  concluûones  &c  Requefbe  contra  &  adverfus  de  Cha* 
bannes ,  ut  rationis  eflèt ,  eidetn  Procuratori  noftro  fièrent  Ôc  adjudica- 
rentur  :  quam  quidem  utUitatem  eadem  curia  noftra  mitiùs ,  ut  iemper 
confuevit  >  agere  volens ,  eumdem  de  Chabannes  denub  in  diâa  noftra 
Parlamenti  Curia,  perfonaliter  &  fubpœnis  quibus  fupra,  compariturum» 
utilitatem  pr^cdiébm,  aut  aliam  juri  conTonam  dido  Procuratori  noftro  ge- 
herali  adjudicari^vifurum,  rerponfurumque,  &  ulterius  fadhirum ,  ut  ra- 
tionis  foret ,  intimatione  in  talibus  fieri  folira ,  adiornari  ordinafTet ,  &  ad 
id  faciendumlitterasconcefl[ilIèt,quarumvtgorediéhis  de  Chabannes,  ad 
fextum  diem  menfis  Februarii  >  anno  Domini  i^6i.  pridcm  in  eadem 
Curia  noftra  perfonaliter  cum  intimatione  Se  fub  pœnis,  quibus  fupra 
modo  pra^fato  compariturus  iterum  adjornatus ,  ac  eèquoddiûâ  die  ubf 
afCgnara  (îmiliter ,  oec  certâ  aliâ  die  fequenti  >  ad  quem  fuper  fecundo 
deredu  ,  pariter  adjornatus ,  &  fufficienter  evocatus  minime  perfonali- 
ter in  dida  Caria  noftra ,  ut  debebat  »  comparuerat,  i*'.  &c  5^.  defeâi- 
bus  pofitus  extitiftèt ,  &  demum  fupra  diâorum  defeâuum  utilitate ,  ad 
primam  diem  menfîs  Junii  inde  proximo  fequenti  >  perfonaliter  cum  in- 
timatione ôc  fub  pœnis  ante  didbis  in  prxfata  Curia  noftra  compariturus 
îterum  adjornatus  fuidèt  ,  aua  die  adveniente  minime  comparuidèt  j 
quapropter  eadem  Curia  9  auaitodido  Procuratore  noftro ,  quartum  de- 
feâum  (ibi  contra  didhim  de  Chabannes  praediélam  Curiam  noftram  dsLvi 
Se  concedi  petente  &  requirente  ex  una  &  magiftro  Joanne  Vicier  y 
pro  Advocato ,  Se  nunc  diâi  de  Chabannes  per  diâam  Curiam  noftram 
certis  inftrumentis  Se  atteftationibus  pra^iâum  Vigier ,  aHifque  Utteris^ 
noftris ,  tam  mifibriis  quam  patentibus,  prsdiâum  Procuratorem  nof- 
rrum ,  penès  eam  traduis  &  produâis  ac  confideratis  in  hac  parte  con-^ 
fîderandis ,  praedidum  quartum  defeékum  contra  prxnominatum  de  Cha-- 
bannes,  falvo,  quod  (rinfra  oâavum  diemmenfis  Auguftitunc  proxi- 
mo fequenti  y  in  didba  noftra  Curia  veniret ,  Se  perfonaliter  compareret ,. 
idem  clefedtus  adnullaretur ,  dido  Procuratori  noftro  dedidet  &  conceflif- 
fet,  ac  quod  ,fîdiâus  de  Chabannes,  infradiéhim  terminum  penès  eam- 
dem  Curiam  noftram  venire ,  &  perfonaliter  comparere  vellet  in  mani- 
bus  alicujus  noftrorum  Judicum  ,  fibi  propinquorum  ,  qui  eum  in 
diâa  Curia  noftra  fuis  expcnfis ,  fublata  cuftodia  Judici  cumparitu- 
lum  adduceret ,  fe  reddere  tenerentur,  ordinadèt  &  appreftadèt ,  quam^ 
ordinationem  infequens  pra^Êatus  de  Chabannes  ,  (e  in  manibus^lo- 
cum  tenentis  ballivi  noftri  MatisconenHs  ,  Senefcalli  Lugdunenfis ,  qui: 
eum  prifonerinm  in  carceribus  Conciergerie  Inoftri  Palatii  Parifiis  ad- 
duxerat  &  conftituerat  &  reddididèt ,  &  poft  modum^  ex  didx  Curix^ 
noftrx  ordinatione  in  Domo  ,  feu  Caftro  noftro  de  Lupara  detentus  fu- 
per criminibus  delidis  &  exceflîbus  prafdiftis ,  necnon  hiper  information 
nibus,  depofîtionibus  omnibus  ,  didtoque  raportu.&  aliis  per  diâum 
Procuratorem  noftrum  penès  didam  Curiam  noftram  produûis  Se  rradi- 
tis ,  ad  ejus  inftantiam  pluries ,  Se  iteratis  vicibus  per  eamdem  Curiam: 
noftram  ,  ejufque  Commiflarios  vifis,  Igitur  ©er  didam  Curiam  noftranv 
ac  diligenter  examinati.^  didis  proceiTu  ,  intormationibus  &  depofîtio- 
JÙbus  teftium  >  confeftionibus  di^  de  Chabannes  diâo  >  etiam  confide^ 

xarisr 


DE  PHIL.  DE  CÔMTKES.  ^35 

fatïs  în  hac  parte  confidcrandis ,  8c  quae  Curiam  ipfam  movcre  poteranc 
&  debebanr,  prjEfata  Curia  noftra  fupra  diéhim  raportum ,  coram  pracfa-  ^  4^  *«^ 
to  Confiliario  noftro  Gulielmo  Juvenel ,  die  17.  mcnfis  Scptembris ,  aiï- 
fio  Domini  1446.  prxdiâum  magiftrum  Adam  Rolandi ,  ut  prœmifTum 
cil ,  in  fcriptis  redaélum  &  (ignatum  >  ^alfum  y  iniquum  &  praedidbum 
de  Chabannes  falfè ,  calumniofè  ôc  contra  veritatcm  fadkum  de  adinven- 
rum  fuiflè  &  eflc ,  ac  quod ,  ut  tali^  palam  in  publiée  in  Pàrqucto  &"  Au- 
ditorio  diéhe  Curiae  noftrae  dilaniabitur ,  &  bcerabitur,  ordinavit  Se  ordi- 
nat ,  &  infuper  diéhim  de  Chabannes ,  pro  fupra  didbo  cafu  ,  crimina- 
lem  crimine  Ixfas  Majêftatis  declaravit  &  déclarât  ;  verum  quia  diéhis 
cafus  noftram  perfonam  principaliter  tangere  &  concernere  videretur , 
'Se  quod  nos  fuper  iis  per  didbam  Curiam  noftram  confulti  mifericordiam 
&  clementiam  rigori  juftitise  prseferre  volentes  ,  jam  di6to  de  Chaban- 
nes pœnam  corporalein  remiûmus  ,  memorata  Curia  noftra ,  per  fuum 
Arreftum  5  eumdem  Anthonium  de  Chabannes  ,  à  Re^no  noftro  perpé- 
tué bannivit  atque  bannie ,  bona  fua  quaecumque  mobilia  &  iilimobilia: 
nobis  aquifîta  &  confifcata  fore  8c  efle  declaravit  &  déclarât  >  ipfaque 
Curia  noftra  certis  eaufis  >  eam  ad  id  moventibus  Infulam  ôc  Villam 
Rhodi  )  diâo  Anthonio  de  Chabannes ,  ad  commorandum  ufque  ad  be- 
jieplacitum  noftrum  aflignavit,  fie  eum  ibidem  confîrmavit ,  afSgnatque  8^ 
Confinât  ,  quodqoe  idem  de  Chabannes  prifonerium  firmatum  >  ubi* 
nobis  libuerit ,  tenebit  donec  fie  quo  ufque  in  didfcis  Villa  fie  Infula  Rho- 
di,  fe  tenentem  ,  fuamque  mannonem  ibidem  facientem  ab  hinc  ufque 
ad  noftri  beneplacitum  recedentem ,  bonam  8c  fufficienrem  cautionehr 
premiferic  >  ordinavit  fie  ordinat»  Pronunciatum>  10.  die  Augufti  14^;,. 

ij!^  Lettre  de  Chartes  de  Melun  ,  Baïllïfde  Sens  ,  au  Roy  Louis  XI. 

SI  R  E ,  je  me  recommande  très-humblement  à  voftrc bonne  grâce  5      Tiré  <îcs 
Sire,  hyer  fut  achevé  d'examiner  le  Comte  dd  Dampmartiri ,  tou-  Recueils  de 
chant  fa  dépodtîon ,  qui  fcït  devant  le  Sieur  de  Traynel  8c  maiftre  Adam  M.  l'Abbé 
Rolanr,  fie  croy  ;  SiRè  ,  qu'il  dit  aflèz  près ,  touchant  fadite  dépofition  8c  ^^  Grand.' 
nercftc  que  la  Veuve  de  maiftre  Jouachim  Jouvelin ,  que  tout  ne  fut  fait, 
&  vous  portera^ ,  mais  que  je  m'en  aille  >  le  double  de  tout  ce  qui  aura 
efté  fait ,  fie  qu'il  aura  confeflfe. 

Touchant  Treignac  on  n'y  fera  jamais  autre  chofe  touchant  les  fept 
cas  qu'il  porta  contre  Vous  à  Rome ,  jufques  à  ce  que  Guillaume  de  Va- 
rie fie  maiftre  Charles  Aftatt  foient  examinez  ,  mais  touchant  les  autres 
cas  qu'il  a  commis ,  qui  ne  porteroient  que  amende ,  le  procès  eft  tour 
fait,  fie  preft  à  l'en  condamner,  combien  qu'on  ne  peut  plus  befogner' 
par  la  Cour  de  Parlement,  jufquts  à  hi  Saint  Martin ,  car  vacations  fu- 
ient données  Mardy. 

Touchant  Jehan  Marcel ,  nous  fe  tenons  encore  au  Petit  Chaftellet , 
&  n'eft  jour  que  les  Commiflàires  n'y  befognent  ;  Se  touchant  fes  biens 
meubles ,  fans  les  héritages  fie  maifons,  j'ay  entendu  que  l'inventaire  fe" 
«lontc  à  dix  ou  douze  mille  livres  parifis ,  fie  fe  Ditu  veut  qu  il  foit  con- 

T  t  5  damné>» 


334  PREUVES  DES  MEMOIRES 

i^^i  damne.  Sire,  on  en  trouvera  beaucoup  plus ^  mais pluft  à  Dieu  qu« 
le  Pape  euft  tranflaté  l'Rvcpnu  de  Paris  en  l'EvcJché  de  JeruJaUm^  A  moa 
Souverain  Seigneur*  le  Bailly  de  Sens. 


♦  **♦ 


$C7  Arrêt  du  Parlement  contre  jintoine  de  Cbaiannes  ,  Comtt 

Tiré  du  de  Dammartinm 

Volume        ^ 

MS  d^^M  ^^  Samedy  deuxième  joar  de  Juilkt  14^  a»  Ouifcîl  en  la  ChamWe. 

'  T  T  E  U  par  la  Cour  le  procès  fait  contre  Antoine  de  Chabannes  ,* 
1464.  Y  Comte  de  Dammartin  ^  prifonnier  en  THôtel  du  Louvre ,  les  con- 
Cj/f  iciU  clufions  prifes  par  le  Procureur  General  du  Roy  »  à  Tencontre  dudit  de 
^^^'J*  Chabannes ,  &  tout  vçu  &  confidcré ,  ce  qui  faifoit  à  voir  &  confîderer 
fJerês  li  ^"  ^^^^^  partie  :  la  Cour  dit  &  déclare  certain  rappon  Élit  par  ledit  de 
deVAmt*  Chabannes  au  Roy  dernier  trefpaffê,  que  Dieu  abfolve,  à  la  charge  da 
qui  finit  kU  Roy  >  lors  Dauphin  fan  fils>  rédigé  par  écrit  au  lieu  de  Cande ,  par  maiftre 
ft^ie  ffic€'  Adam  RoUant ,  Notaire  &  Secrétaire  dudit  Seigneur ,  pardevant  le  Sire 
dntt$.  de  Treynel ,  lors  Chancellier  de  France ,  le  vingt-feptieme  jour  de  Sep- 

tembre l'an  \4^G.  avoir  efté  &  eftre  faux  9  faulfement ,  calomnieuferaenc 
&  contre  vérité  faiâ:  &  controuvé  par  ledit  de  Chabannes,  &  comme 
tel  fera  déchiré  &  lacéré  publiouement  en  plein  Parquet  &  Auditoire  de 
laditte  Cour  %  &  outre  pour  ledit  cas  y  l'a  déclaré  eftre  crimineux  du  cri- 
me de  leze-Majefté'i  &  pource  que  cela  regarde  principalement  la  per- 
fonne  du  Rov,  &  que  ledit  Seigneur ,  fur  ce  adveny  par  ladite  Cour  » 
voulant  preterer  mifericorde  à  rigueur  de  Juftice ,  a  remis  &  remet  audit 
de  Chabannes  la  peine  corporelle  s  la  Cour  bannit  à  tousjours  de  ce 
Royaume  ledit  de  Chabannes ,  &  déclare  rous  &  chafcuns  fes  biens ,  meit^ 
blés  &  immeubles  acquis  &  confîfqucz  au  Roy  s  &  pour  certaines  eau  fes 
à  ce  mouvant  laditte  Cour,  elle  a  affigné  &  confifqué ,  afli^ne  &  confif- 

3ue  audit  de  Chabanes  l'Ifle  &  Ville  de  Rhodes  pour  s'y  tenir  &  faire  fa 
emourance ,  fans  en  partir  jufques  au  bon  pfaifir  dudit  Seigneur ,  & 
pour  ce  faire  baillera  bonne  &  fuffifante  caution  ,  &  tiendra  prifon  fer^ 
mée  U  où  il  plaira  au  Roy  |ufques  à  ce  qu'il  ait  baiUé  laditte  caution» 

VI. 

Tiré  des  $7  Revijîon  du  Procis  d^  Antoine  de  Chabannes  j  Comte  de  Dammétrtin^ 
Hecueils  de 

M.  TAbbé  Du  trentç-deuxiéœç  Regiftre  Criminel  >  fol.  )x. 

Le  Grand. 

1464.  (T^  ^^  à  certo  tempore  citrà  dileûus  &  fidclis  Confiliarjus  Se  Cam- 
V^-/  bellarius  nofter,  Antonius  de  Chabannes  ,  Comes  de  Damnomar- 
tino ,  medio  qqonimdam  finiftrorum  &  pravorum  raporraum  per  certos 
fuos  odiofos  &  malevolos ,  er^a  nos  exiftentes  bona  ipfîus  de  Chaban- 
nes, per  confifcationem  de  alias  vias  indebicas  habere  tendentes,tunc 
^obis  fai^rum  >  ad  rec^ueftam  noftri  Proçuratoris  Generalis  in  noftra  . 

Parlgmçnti 


-DE  PHIL.  DE  COMINES.  335  

«Patlamenti  Coria  perronaliter  cotnparituris  ad jornatus ,  omniague  caftra ,  "77^77 
terras  &  dominia,  cam  ipfius  quàm  fuse  uxoris>  8c  alla  bona  ma  mobilia 
6c  itnmobilia  ad  manum  noftram  po(ica ,  &  diâis  fuis  odiofis  &  maie- 
volis  s  qui  fruâus  &c  revenutos ,  hujufmodi  bonorum  immobilium  , 
abfque  expoft  ullum  cotnpotum.  reddendo  >  neque  aliquam  reftirucio- 
cem  faciendo ,  ad  eorum  ucilitatem  ceperant ,  tradiqa  fuidenc.  Qui 
quidem  de  Chabannes  Juftitix  obediendo,  in  Villa  noftra  Parifienfi  ve- 
Aidèc  &  perfonaiiter  comparuiflec  ,  inque  Conciergeria  Palacii  noftri 
Pariiiis  Te  prifonerium  reddidiflèt ,  &  expoft  in  noftro  Caftro  de  Lupara 
duâus  &  ibidem  fpatio  duorum  annorum  vei  circa  deceatus ,  ac  ea 
pendente  ad  pnediâorum  ruonim  odioforum  profecutionem,  pluribus  6c 
diverfîs  vicibus  per  cercos  di£be  noftras  ^arlamenti  Curix  Confiliarios  ' 

inrerrogacus  >  &  ut  vericas  cafus ,  unde  ipfe  de  Chabannes  oneracus  erat» 
melius  fcirenir ,  &  attingeretur  i>er  didam  Curiam  noftram ,  guod 
çoramiifio  fieret  &  dirigerecur  uni  noftrorum  ipfius  Curix  Confiliario- 
rum ,  pro  incer  cxtera  Reginaldum  de  Drefnar  milirem ,  &  alios  >  û  fieri 
podèc,  examinando,  &  quod  pro  id  faciendo  ipfe  Confiliarius  nofter 
crga  nos  fe  transferret ,  quo  faâx)  &  pênes  eamdem  Curiam  noftram  re- 
portaco  ;  ad  perfeâionem  didi proceUus  >  ut  foret  rationis  ,  procedere-^ 
fur  deliberatum  &c  ordinatum  fuifiêt ,  pro  quod  appunâamentum  exci- 
piendo ,  aiter  didorum  noftrorum  Confiliariorum ,  erga  nos  fe  rran^fe-' 
cens  hujufmodi  appunâamentum  &  commiffionem  fîbi  traditam  pro  in- 
îfix  alias  perfonas  diétum  Renigaldum  de  Drefnay  examinando  nobis  no- 
tificadèt.  Qui  quidem  de  Drelnay  eo  quod  tune  extra  Regnum  noftrum 
«xiftebat,  pcr  diâum'Confiliarium  noftrum  à  dida  Curia  noftra  commif' 
fum  minime  interrogatos  ,  &  ob  boc  expoft  de  noftra  ordinatione  per 
alterum  noftrorum  ConHliariorum  apud  nos  exiftentium  examinatus ,  ac 
depofitio  fua  Parifius  illis ,  qui  jam  diâum  proceflum  profeguebantur  > 
at  illam  diâx  Curix  noftrx  traderent ,  mi(Ià  tuiflèt  >  qua  minime  tradita; 
pro  eam  dido  procefliii  jungendo  >  licet  ipfa  foret  pars  ejufdem  proceifus 
9c  quod  fineiliaad  ipfius  proceflus  perfedionem  ad  judicium  bono  modo 
procedi  non  potuiâèt ,  didaCuria  noftra  de  hoc  non  advifata,  feu  certiorata 
grandiimpenfione&  importuna  profecutionefupradidomm  malevolorum 
viceiîmaaie  menfis  augufti  anno  146^.  certum  judicium  per  formam  Arrefti 
contraprxnominatum  de  Chabannes  pronuntiaflèt,  per  quod  certum  rap^ 
portum  per  ipfum  deChabannes,  cariuimo  defundo  Domino  8c  progenico- 
xi  noftro  de  nobis  tune  Delphinoexiftentibusfadum,  &  intoco  S.Martini 
de  Cande,  per  M.  Adam  Roland ,  ipdus  defundi  Domini  &  progenitoris 
iioftri  Secrctarium  9  coram  diledo  &  fideli  Confiliario  noftro  Domino  de 
Traynel  9  ninc  8c  pro  nunc  Cancellario  Francix ,  vicefima  feptima  die 
meims  Septembres ,  anno  144^,  in  fcriptis  redadum ,  falfum ,  falfoque 
&  calumniofè ,  ac  contra  veritatem  per  eumdem  de  Chabannes  fac- 
mm  &  adinventum  fuiflè  &  eflè  ,  ac  tamquam  talem  in  dida  Curia 
fioftra  publke  lacerari ,  didum  8c  declaratum ,  Se  ulterius  pro  dido  cafu 
ipfc  de  Chabannes  criminofus  crimine  Ixfx-Majeftatis  declaratôs  >  8c 

3 nia  cafus  noftram  perfonam  principatiter  concemebat ,  atque  nos  per 
idam  Curiam  noftram  advifati ,  mifericordiam  8c  clementiam  rigori 
Jiiftitix  prxferre  volentes  dido  de  Chabannes  pœnam  corporalem  remi^ 

feramus 


^^^^  35tf         PREUVES  DES  MÉMOIRES 

Y4TT7   feramus&remittebamus ,  ipfcper  diduinjudicium  a  Regno  noftro  perpe^ 
*     tuo  bannicus  y  &c  omnia  boiia  iua  mobilia  &  immobilia  nobis  acquidta  6c 
confifcaca  fore  declarata  fuiilènt,  ac  eidetn  de  Chabannes  Infulafic  Villa 
Rhodi,pro  ibidem  fe  tenendo  Se  fuam  manfionem  faciendo  abfque  ab  ea 
ufque  ad  noftrum  beneplacicum  difcedendo  aflignaca&  conhnata,  & 
quod  pro  id  fiendo ,  ipfe  bonam  &  fufiicienrem  cautionem  craderec  j  ac 
carcerem  firmacum  ubi  nobis  libérée ,  qub  ufque  diâ:atn  cautionem  cradi- 
dirtèt,  tenerec,  per  ipfum  judicium  ordinatum  extitidèt.  Quibus  prxmiffis 
attenris ,  nos  confiderantcs  &  infpicientes  profecurionem  &  judicium  jam 
difti  procefTus ,  ac  pronuntiationem  fuper  illo  faûam  fuifle  grandi  im- 
penfione  &  importunitate  odioforum  &  malevolorum  pvxdiiki  de  Cha- 
bannes ,  pro  bona  ipdus  &  Cux  uxoris  habendo ,  &  de  illis  fe  dicando  , 
perque  doluai  ôc  circumventionem  ipforum  unde  débité  certiorati  era- 
ipus ,  talc  judicium  &  arreftum ,  ficut  prasmittitur ,  datum  valere>  neque 
effedum  loriiri ,  &  fignanter  quia  in  materia  error  evidens  inrervenerat, 
in  quantum  didum  judicium  datum  fuerat  abfque  videndo  depofîtio^- 
nem  praefati  de  Drelnay ,  qux  pro  eam  didfco  proceffui  jungencfo  miflâ 
8c  recelaca  extiterat ,  &  aliter  pluribus  modis ,  de  quibus  nos  débite  cer« 
tiorati  fueramus  »  didtae  noftra^  Parlamenti  Curiae  per  noftras  patentes 
Littera$  à  npbis  Parifius  vicefim^  prima  die  menus  Septembris  >  anno 
1467^  concédas  mandaflèmus  &  in junxidèmus,  ut  ipfa  fummariè&de 
pkno  abfque  folemnitates  in  propofîtione  errorum  requifitas  obfervan- 
do  ,  prxfatum  de  Chabannes  ad  prsemifla  ac  fuas  alias  juftificationes  > 
innocentias  ôç  dcfenfion^es  proponendum ,  feu  proponi  &  articu^ri  far- 
ciendum ,  6c  totum  id  quod  ad  hune  finembonum  Gbi  videretur  pro^ 
ducendum  reciperer.  Et  eo  fadbo  fupradidkoque  proceflîi  per  eamdem 
Curiam  noftram  refumptoôc  vifo,  a  deprxmiifis>  abfque  refpeâum 
habendo  ad  di£Us  folemnitates  tangentibus ,  diâis  erroribus  requifitas 
(ibi  conftaret  ad  corre£tionem  6c  reparationèm  fupra  didi  judicii  6ç.  ar- 
refti  ac  totius  hujus  quod  fa<ftum  ellet  mediantibus  prxdiâis  circumven* 
tione  i  impreffione ,  compulHonibus  6c  aliis  viis  indebitis  procederet  » 
ut  videret  6endutn ,  ea  adnuUando  cum  toto  eo  quod  inde  fecutum  foret» 
nonobdante  diâo  judicio ,  fîcut  praefertur  per  modum  Ârrefti  date  6c 
pronunciatione  fuper  illo  faâ:a  i  quod  judicium  6c  illius  pronuntiatio- 
nem in  quantum  opus  erat ,  vel  edet  >  cum  toto  eo  quod  mde  fecutum 
état  abfque  ad  ea  refpeâum  habendo ,  neque  ad  cœtera  alia,  qux  cSco* 
y    tum  di{)arum  noftrarum  patentium  licterarum  impedire  valerent  per  ipfas 
noftras  patentas  Lineras  fupradi£to  cafu  ex  tune  annulaveramus  6c  an« 
nulabamus ,  quas  quidem  Litteras  noftras  diâus  dé  Chabannes  prxdi6be 
Çuris  nofkrx  prefent^flèt ,  6c  illas  (îbi  per  eamdem  Curiam  noftram  in» 
terinari  requiuidèt ,  quas  àiikz.  Curia  noftra  Procuratori  noftro  Generalit 
ut  ipfe  quiquid  veUet  diâurus  veniret  oftendi^&  expoft  vifis  per  eam 
Litteris  miflbriis  tenores  qui  feriacim  fequuntur  contmentibus  t  De  par 
le  Roy,  No$  âmes  &  féaux  ,  nous  avons  oôxoyé  à,  noflxe  cher  &  amé 
Çoufin  Iç  Comte  de  Dampmartin ,  Grand  Maiftre  d'Hoftel  de  Prance  , 
nos  Lettres  patentes  à  vous  addreflàntes ,  touchant  T Arfeft  qui  fut  donné 
à  rencontre  de  luy  -,  &  çource  que  fçavons  qu'au  procès  &  au  jugement 
^*içQ\viY  y  a  eu  pinceurs  impreffions ^  recpUçmens^  éc  autres  chofes  indues, 

connus 


DE  PHILDE  C0MINE5.-  S}7 

comme  vous  fçavez  &  entendez  aflczs  nous,  pour  defcharger  noftre   7T 

confcience ,  voulons  &  vous  mandons  que  vous  procédiez  incontinent     ^  ^ 
À  l'entherinement  de  nofdites  Lettres ,  fans  v  faire  aucune  difficulté» 
Se  gardez  que  en  ce  n'ait  façte  ^ar  tel  e(t  noftre  plaiiir.  Donné  à  Meaux 
le  dernier  jour  de  Juin.  Ainfi  Signé ,  Loys.    Et  plus  bas ,  Bourré. 

Moniteur  le  Cardinal ,  j'efcris  prefentement  à  la  Cour  pour  le  fait  de 
Monfieur  le  Grand  Maiftre»  touchant  le  fait  de  l'Arreft  qui  fur  donné 
contre  luy ,  auquel  a  eu  pluHeurs  impreflions  &  recellemens ,  ainfi  que 
verrez  :  je  vous  prie  que  allez  devers  la  Cour ,  &  leur  remonftrer  fur  ce 
ma  volonté  \  car  jamais  je  n'auray  ma  confcience  i  mon  aife ,  jufqu  a  ce 
que  fon  fait  (bit  accomply.  Donné  i  Meaux  le  dernier  jour  de  Juin. 
Ainfi  SigrU  ,  Lots.   Et  plus  bas ,  Bourré. 

Una  cum  cedula  per  didum  Procuratorem  noftrum  Generalem  Ma* 
giftris  Joanne  Simon,  &  Guillermo  de  Ganay,  noftris  Âdvocatis,  afib- 
ciatum  pro  (ua  refponfione  tradita ,  per  quam  ipfe  vi(is  pracdiâisnoitris 
patentibus  Litteris  d  nobis ,  in  noftra  Perfona  &  Confihi  deliberatione 
prsceptis  &  conceffis ,  nec  non  caufis  fuper  hoc  quibus  diâse  Litterse 
noftrx  fundatx  erunt,  &  confiderato  quod  per  ipfas  Litteras  noftras  nos 
cas  pro  noftrx  confcientiae  exoneratione  concefimè  dicebamus ,  &  quod 
de  ejufmodi  materia  ipfi  Procuratori  noftro  &  didti&  noftris  Âdvocatis 
fcripieramus ,  &  fibi  per  earum  Confiliarium  &  amicum  noftrum  Cardî* 
nalem  Andegav.  ad  longum  loqui  feceramus ,  dicebat ,  fe  noUe  impedi- 
re  quin  didla  Curia  noftra  in  materia,  de  qua  iu'diâis  noftris  patentibus 
Lineris  mentio  fiebat,  fecundum  ipfam  Lirtèrarum  formam  &  continent- 
tiam  procederet ,  quod  prsfente  ai£to  Procuratore  noftro  jam  diâus  de 
Chabannes  veniret  requifiturus  integrationem  didbrum  noftramm  pa* 
tentium,  ac  totum  idquod  fibi  bonum  videretnr  ordiiKiflèt  &  appunââf* 
fet ,  ac  id  in  prefentia  ejufdem  noftri  Procuratoris ,  Procuratori  ipfius  de 
Chabannes  notificafiet.  Deindeque  idem  de  Chabannes  didumappunc* 
tamentum  iufequendo  prxdiâas  noftras  patentes  Litteras  ,  fibi  per  die- 
f am  Curiam  noftram  integrari,  pra^fato  Procuratori  noftro  Generali  prx^ 
fente  requifiifièt ,  &  hac  de  caufa  certos  articulos  in  fcriptis  rradidifièt 
per  quos  dici  &  proponi  fecifiet ,  quod  ip£e  de  Chabannes  ex  fua  juve^ 
nili  xtate  in  fervitio  pr^ati  defunâi  Domini  &  progenitoris  noftri  fue* 
rat  &  fibi  vita  illius  Comité  in  fuis  guerris ,  &  alibi  contra  noftrx  Co- 
rons antiquos  inimicos ,  ficut  Prasoeceflbres  fui  retroaâis  temporibus 
fecerant ,  qui  omnes ,  feu  major  pars  eorumdem  in  guerris  Francis?  pro 
noftri  Regni  &  fubditorum  noftrorum  defFenfione  obierant ,  continué 
fervierat ,  &  durante  tempore  quo  in  fervitio  ipfius  &  Domini  progeni* 
toris  noftri  fuerat ,  femper  benè  &  fideliter ,  prout  hoc  facere  naturaliter 
tenebatur ,  &  eriani  per  juramentum ,  tanquam  ejufdem  Domini  &  pro- 
genitoris  noftri ,  Omciarius ,  Vailàllus  &  Subdicus  aftri&us  erat ,  fer* 
vierat  \  ac  eo  pendente  ,  nuilum  cafum  reprxhenfibilem ,  nec  qui  de 
génère  malorum  dici  pofièt ,  fecerat ,  neque  commiferat ,  <)uo  non  obf> 
tante ,  &  paulo  poft  decefium  prsdiéti  Domini  &  progenitoris  noftri  ^ 
nonnuUi  odiofi  &:  malevoli  erga  nos  tunc^exiftentes ,  &  fi^nter  Caro- 
lus  de  Meleduno  miles ,  tune  dominus  de  Nantoiiillet ,  &  ipfius  de  Cha« 
bannes  ad  caufimi  fupradiâi  Coœitatu^  Vafiàllus  ,  bona  fu^  &c  prac^ 
Tomt  Ih  V  u  diâx 


_^_^  33»  PREUVES  DES  MEMOIRES 

~Tr^  diâx  fux  uxoris  habere  cupîens ,  diâum  de  Chabannes  in  noftra  indigo 
^      *     natione  poncre  nifus  fiietat  ^  &  ob  hoc  de  perfona-  fua  pliires  graves  & 
{iniflros  raportus  nobis  feccrat ,  fub  quorum  colore  nos  ad  noftras  pa^ 
tentes  Litceras  pro  iprum  de  Chabannes  capiendo ,  &  onmia  bona  lua 
mobilia  &  inunobilia  ad  manum  noftram  ponendum  ,  concedenduo^ 
moti  fueramus  *,  occafione  cujus ,  didus  Carolus  de  Meleduno  >  oni- 
nia  bona  mobilia ,  Licteras  &  Documenta  ejufdem  de  Chabannes  ,  Se 
îam  diStx  (ux  uxoris  capi  &  afportari ,  ac  etiam  omnes  Tuas  Terras  Se 
Dominia  ad  diâam  manum  noftram  poni  feccrat  »  ac  illorum  fru£kus  fie 
revenutos  qui  cum  diâis  bonis  mobuibus  plufquam  viginti  mille  fcuta 
auri  valebant ,  per  certa  tempora  levaverat ,  feu  levari  fecerat ,  quibus- 
pracmiflîs  nonobftantibus  ,  di&us  de  Chabarmes  cenioratus  de  fuo  fac- 
to ,  &  quod  diéti  raponus  erant  falfi  Se  pravi ,  crga  nos  Burdigals  tune 
exÛlentes  fe  tranftulerat ,  ac  poftquam  apud  nos  fe  benè  Se  débité  excu- 
faverat  de  &  fuper  eo  quod  fibi  proediâus  de  Meleduno  Se  alii  fui  odiod 
Se  malevoli  torcionariè  &  inique  impofuerant ,  nos  fcientes  diâam  ac^ 
cufàtionem  contra  ipfum  de  Chabannes  ,  odio  plufquam  aliter  faâam: 
fuiflè ,  fibi  très  oblationes  fieri  feceramus  y  quarum  prmia  erat ,  fi  diâua 
de  Chabannes  aUcubi  extra  Kegnum  noftrum  ire  vellet  »  quod  nos  d& 
hoc  contenti  edèmus,  abfque  aliter  in  perfonaro  fuam  aitentari  faciendo  > 
&  fecunda  ipfarum  oblationum  exifteoat ,  (î  ipfe  de  Chabaimes  in  noifaro* 
magno  Conlilio  juftitiam  fubire ,  fie  in  ea  fe  ponere  vellet  >  quod  ei  ratio- 
nem  fieri  fàceremus>  at^ue  in  fuis  juftificationibus  fie  defen  fionibus  audire- 
tur  y  Se  tertiahujufinodi  oblationum  talis  fuerat  >  quod  fi  didus  de  Chaban- 
nesin  diâa  noffara  Parlamenti  Curia  venireprxdiligebat  >  nos  contenti  era* 
mus ,  quod  in  eâ  ratio  fibi  fieret.  Quam  ultimam  oblationem  idem  de 
Chabannes ,  in  bona  iuftitia  ejufdem  Curûc  noftrx  fe  omnino  confidens»^ 
acceptaverat ,  fie  paul6  poft  Parifius  perfonaliter  venerat  »  fif  de  diâîs 
crimmibus  fibi  impofitis  purum  fie  innocentem  fe  fentiens ,  in  Concier^ 
geria  Palatii  nomi  P^hus  fe  prifonetium  reddiderat ,  quem  expoft 
iam  diâus  de  Meleduno  in  Caftro  de  Liq>ara  y  pro  de  itto  ad  fuum  Libi^ 
tum  magis  faciendo  >  ubi  ipfe  fpatio  duorum  annorum ,  vd  circa  >  de- 
tentus  fuerat  prifonerium ,  mandpari  Se  conftitui  ^^  fie  ibidem  plurâ>us  r 
fie  iteratis  vicibus ,  ac  diverfis  temi>oris  intervalUs  »  intcrrogari  fecc- 
rat, confeffione  eu  jus  de  Chabannes  in  fcriptis  redaûa ,  ac  proce(fii  ex- 
traordinario  contra  cum  fado ,  farpedidus  de  Meleduno  >  maxima  im- 
portunitate  fie  afFedione  inordinata  ,  adeè  follicitaverat ,  quod  in  dida* 
Curia  noftra  ,  cum  in  ea  de  materia  didi  procefius  loquebatur  prsfen* 
tcm  e£fè  pluries  fe  ingefièrat ,  fie  pendente  hujufmodi  procefiu ,  Litteras 
miflorias  quse  didse  Curi^  noftrac ,  fie  Praefidentibus  ac  nonnutlis  Confi- 
liariis  ipfius  Cutix  noftrx  dirigebantur  pro  ipfum  procefium ,  contra 
praedidum  de  Chabannes  ,  Se  in  fui  prxjudicium  judicari  faciendo ,, 
femper  tendendo  quod  corpus  Se  bona  ma  confifcata  declararentur  à  no- 
bis magna  impreffione  plunbusfie  iteratis  vicibus  exquifierat  fie  obtinue* 
rat ,  ac  de  hoc  non  contentus ,  aliquos  de  Prxfidentibus  Se  Confiliarii^ 
didae  Curi^e  noftrat  feparatim  fie  in  locis  privatis  aliquotiens  congrcgari 
fecerat  9  quos  ibidem  qualiter  ad  didum  proceifiim  judicandum  proce^ 
Gèrent  inquirere  nifus  >  fie  eos  ad  fuum  appetitum  judicando  exhortatus 

fuerat  ^ 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  339 

ftterat ,  ac  eoquod  nontudli  diâofum  Confiliariorum  »  eidem  de  Meledu^  . 
no ,  hoc  non  elle  modum  fackndi  dixeranc  &c  remonftraveranc ,  ac  dtâas  ^ 
£ux  Requefts  obcemperarç  nolucranc ,  Licceras  miflbrias ,  per  quas  ipfe 
cofdem  Confiliarios  valdè  injuriâbacur ,  nobis  fcripferat)  que  quideni 
.  injiuÛB  eranc  maxûnè  Se  valde  inhoncftae ,  ac  raies  quas  dido  de  Meledu- 
no ,  nequc  alicui  alio  dicere  feu  proferre  non  liccbar ,  de  quarum  de* 
clararione,  praediâus  de  Chabannes,  ob  honorem  prxdidbas  Curks  noftrx 
&  no^trorum  in  eaConfiliariocum  fe  dcHilebar ,  fedconrenrus  erac  de  hu- 
jurmodi  injurias  eidem  Curias  noftrs,  fi  ei  illas  fcire  placecec  dici  h* 
ciendo.  £r  ulreriùs  diâus  de  Meleduno  adhuc  minime  contenrus  ,  pras- 
'diii5U>s  Confiiiarios  noftros  in  noftra  indigtiatione  ponere ,  6c  fibi  fua  Of^ 
£cia  8c  bona  amirri  facere  »  nifus  fuerar  î  fed  nos  de  conrrario  hujus 
•quod  ipfe  de  Meleduno  contra  eofdem  Confiiiarios  noftros ,  &  ad  eoruai 
onus  nobis  inrelligi  dederar  débité  informati ,  fibi  credere  nolueramus , 
quodque  procedendo  în  diâo  proceUîi  eadem  Curia  noAra  vericarem 
criminum  praefaro  de  Chabaiines  impofitorum  »  atringere  valdè  cupiens, 
menioracum  Reginaldum  de  Drefnay  milirem  în  villa  d' Aft  ,  in  Comitatu 
de  Piémont  coinmorancem  examinari  inter  cetera  appun<SUverat5&  ad  id 
fiendum  diledum  fidelem  noftrum  magiftrumMartinum  Iklle£aye  in  ipfii 
Curia  noftra  Confiliarium  conunifi:rat  &  depuraverac ,  qui  erga  nos  fe 
transferens  ,  diâum  appunâamentum  nobis  recitaverar ,  unde  contenti 
fueramus ,  &  eumdem  Confiliarium  noftrum  de  in  diâ:a  villa  d'Aft  eun^ 
do  ooieraveramus  ,  ac  eo  quod  ipfe  fuper  longitudine  itineris  feu  viagii 
&  aliter  proue  voluerot  fe  excufaverar,  diledum  &  fidelem  noftrum  Con^ 
filiarium  magiftrumPetnimDoriole  deprsdidum  de  Drefnay  exaininan- 
do  commiferamus  &  depucaveramus ,  qui  ipfum  de  Dtefnay  Domino  de 
Calvomonte  Se  aliis  prefentibus  examinaverac  &  fuam  depofitionem  lA 
fcripris  redegerat ,  ac  eam  daufam  Se  figillatam  nobis  miferac ,  quam 
nos  predido  de  Meleduno  in  villa  noftra  Parifienfi  exiftenti ,  &  ^pra^ 
diâum  proceflum  conrra  jam  diâum  de  Chabannes  foUicitanti  pro  illam 
erga  diétam  Curiam  noftram  ponendo  Se  diâo  proceffiii  >  prout  ipfa  Cu- 
ria noftra  ordinaverat  jungendo  incontinenti  miferamus.  Qui  quidem 
de  Meleduno  diâa  depofitione  per  eum  aperta.  Se  vifa  eam  apud  diâam 
Curiam  noftram  >  ponere  noluerac  »  fed  illam  abfque  diâac  Curûe  noftra 
quidquam  dicendo  neque  fcire  faciendo  >  erga  fe  retinuerat ,  Se  expoft 
Judiaum  jam  diâi  procefius ,  maxima  importunitate  profecutus  fuerat , 
eidem  Curias  no&ix  hujufmodi  procefiumin  ftatu  judicandi  eÛe  ,&  quod 
diâus  Procurator  nofter  nil  aliud  dicere  neque  producere ,  quàm  id  quod 
inipfoprocefiu  erat»  volebat  affirmando  ;  ob  quod  ipfa  Curia  noftra  tune 
minime  advifara  de  prsedida  depofitione  pr^fati  deDrefnay,dolo,  fraude 
&  circumventione  memorati  de  Meleduno ,  qui  ku jufmodi  depofitionem 
tecelaverat ,  &  pênes  eamdem  Curiam  noftram ,  prout  nos  fibi  pro  fupra 
diâo  appunâamento  furniendo  mandaveramus  ,  ponere  noluerac  ad 
prxdiâîim  proce(^Im^  abfque  ipfam  depofitionem  videndo  judicare  vo^ 
lendSh  procefièrat  »  &  certo  cemj^re  ex  poft  die^  fcilicet  vicefima  Aii- 
gufti ,  anno  millefimo  quadringentcfimo  fexagefimo  tertio  pronuncia- 
xum  fuerat  in  diâa  Curia  noftra  iuper  diâo  procefiu  çr^edidum  Judicium 
j^  forsiam  Arrefti  coocra  prtefacum  de  Chabannes ,  in  grande  fui  prae jtt« 

V  V  JL  dicium 


^^^  340  PREUVES  DES  MEMOIRES 

jjt^i^  dicium  &  dedecus ,  ad  quod  diéhis  de  Meleduno  femper  tetenderaf ^ 
*  per  quod  quidem  Judkium  fupradiélus  raportus  per  diâum  de  Chaban- 
nés ,  prsfaco  defundbo  Domino  &  progenkore  noftro ,  ad  onus  noftnim 
cùm  Delphinus  eramus  faéhis ,  perque  fupradiéhim  magiftrum  Adam 
Rolanc  coram  prasfato  Cancellario  noftro  m  ancediâo  loco  fanai  Mar- 
tini de  Cande ,  fupradiâa'  viceHma  feptima  die  menfis  Septembris  » 
Îrsediâo  anno  i44(>.  in  fcriptis  redaâus,  falfus»  ac  per  eumdem  de  Cha** 
annes  falfe  &  caiumniofè  &  contra  vericacem  faâus  Se  adinvencos ,  & 
^ubd  canqaam  calis  in  diââ  Curia  noftrâ  publiée  lacerarecur ,  &  ulteriùs 

3'  >re  de  Chabannes ,  pro  diâx)  cafu ,  criminorus-  crimine  IxCx  Majeftatis 
iéhis  Se  deckratus  fiaerac ,  &  infuper  continebac  ipAim  Judicium  , 
quod  eo  quod  cafos  perfonani  noftram  principaliter  concernebat ,  & 
quod  nos  mper  hoc  ,  per  diâsim  Curiam  noftram  advifacl  fueramus ,  ae 
mifericordiam  &  ciemenciam  rigori  juftitiae:  praferre  volebamus ,  nos  dic- 
to  de  Chabannes  pcmam  corporalem  remi(eramns  &  remiccebamus  ,  ex 
^uo  conftabac  hujufmodi  Jucucium  minime  faéhim  fuifle  in  diâa  Curiâ 
noftrâ ,  ncque  per  eam ,  eo  quod  ipfam  in  fuis  Arreftis  caiibus  gratiis  , 
nifi  in  Judiciis  &  iiiorum  pronuntiationibus  praefentcs  eflcmus ,  uti  non 
confueverar  -y  poftquam  gratiam  in  diâo  Judicio  declaratam  >  idem  de 
Chabannes  per  ipfum  Judicium ,  i  Regno  noftro  bannitus ,  &  omnia 
bona  fua  mobilia  &  immobiiia  nobis  acquitta  Se  confifcata  fucrant  » 
ac  fibi  fupradiâa  Infula  Se  Villa  Rhodi  ,  pro  ibidem  fc  tenendo  St 
,  fuam  maniionem  faciendo ,  abfque  inde  ufaue  ad  beneplacitum  noftrum 
difcedendo  ,  aflignaca  &  confinata  >  &!quod  de  hoc  fiendo  ,  ipfe  bonam 
&  fufficientem  caurionem  rraderec ,  &  prifionem  fîrmatam  ubi-  nobis 
placeret ,  quoufquc  didbam  cautionem  tradidiflct ,  diâtim  &  ordina- 
lum  extitcrat»  Paul6  poft  eu  jus  quidem  Judicii  pronunciationem  ,  prar- 
nominatus  de  Meleduno  ,  diéhim  de  Chabannes  in  Bafilida  fanai  An- 
thonii ,  cujus  cuftodiam  ipfe  de  Meleduno  pro  nobis ,  faltem  pro  Do- 
mipo  de  la  Borde  fuo  pâtre ,  de  illa  fe  Capitaneum  dicente  habebat , 
prifonerium  dici  &  poni  fecerat ,  Se  expoft  nos  débité  certiorati ,  quod 
diâum  Judicium ,  per  formam  Arrefti ,  contra  eumdem  de  Chabannes» 
&  in  fui  praejudicium  datum  per  diéli  de  Meleduno  ,  pro  ipitus  de  Cha- 
bannes ,  Se  fupraditîbe  fuai  uxoris  bona  &  hsreditagia  habendo  impor- 
tunitatem  ,  profecutionem ,  magnam  impenHonem ,  dolum  &  circunr- 
ventionem,  faâum  &  pronunciatum  fuerat,  atqœ  in  co  error  evidens  in- 
tervenerat  fupra  diâas  noftras  patentes  Litteras ,  diâtx  Curis  noûrx  di- 
Fedas  conccflèramus  ,  per  quas  eidem  Curis  noftras  mandabamus,  ut 
prsdiâum  de  Chabannes  ad  contenta  in  diâis  noftris  Litteris ,  &  om- 
nes  alias  fuas  juftificationes ,  innocentias  Se  defenfiones  fummariè  Se 
de  piano  ,  abfque  folemnitates  in  propofitione  erroris  requifitas  obfer- 
vando  proponendum  ,  feu  proponi  &  articulari  faciendum,  &  totum  id 
quod  ad  hune  finem  &  fîbi  bonum  vidcretur  producendum  recipcret ,, 
atque  eo  faâo  prasdiâoque  proceflu  per  iplam  Curiam  noftr^  re- 
iîimpto  &  vifo ,  ii  ei  de  contemis  in  eifdem  Lineris  noftris  conftIRc  ad 
diâi  Judicii ,  &:  totius  hujus  quod  medio  fupradiâarum  circtimventio- 
nis ,  impreftionis ,  compuUionum ,  Se  aliarum  viarum  indebirarum  fac- 
tum  foret  »  correâionem  Se  reparationem ,  prout  videret  faciendumr» 
i      .  ,       ,  proccderct 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  541 

procederet  illc  cum  toto  eo  quodinde  fecutum  cflct  adnulkndo ,  intcri- 
narionem  quanim  quidem  noftrarum  Litterarutn ,  jam  diârus  de  Chaban-  *  4  ^  ^ 
nés ,  prasdidx  Curias  noftrae  requifierac  ,  quas  illas  memoraco  Procura- 
tori  noftro  oftendi  ordinaverat  y  quibus  per  eum  viCis  ,  ipfe  per  noftro- 
rum  Advocatorum  deliberationem  fupradiâam,  cedulam  tradideratj 
quâ  per  diâam  noftrain  Curiam  viia ,  ipfa  didtas  noftras  Licteras  cangen* 
te  forma  procedendi  interinaverac  >  ob  quod  diâus  de  Chabannes ,  prs* 
fente  diûo  noftro  Procuracore  ,  integrationem  earumdem  noftrarum 
Licterarum ,  quoad  fecundum  &  principale  punâum  ipfarum  in  diâa 
Curia  noftra  expoft  iterum  requifierac ,  ac  pro  ad  id  perveniendo  prac^ 
miilu  in  fcriptis  >  per  arciculos  tradiderac ,  ex  quibus  ipfe  peciiilèc  Se  re-* 
quiiîillèc  fupradiétum  Judicium  per  fofmam  Arrefti  pronunciarum  per 
didUm  Cunam  noftram ,  nulium  eâè  dici  Se  declarari ,  faltem  iliud 
cum  toco  eo  quod  inde  fecutum  fuerat ,  tanquam  fub  eo  colore  ante-' 
diâorum  pravorum  &  finiftrorum  raportuum  ,  nobis  tortionariè  8c  in- 
debitè  »  per  odiofos  &  malevolos  diâi  de  Chabannes ,  bona  ipfius  Se 
fupradiâx  fux  uxoris  habere  volentes  faâorum  ,  perque  eorumdem  im-* 
porruniilàm  Se  extraordinariam  perfecutionem  ac  dolum  ac  fraudem , 
medix>  quorum  didka  noftra  Curia  circu mven ta  &  decepta  fuerat ,  fac- 
tum  &  datum  revocari  &  adnullari ,  eoqae  fado  ,  eumdem  de  Chaban- 
nes ,  à  fupradiâis  criminibuS'  &  déliais  fibi ,  per  diâos  focs  odiofos 
&  malevolos  iitipofkis  in  antedi£fco  proceilù  extraordinario  contra  ipfum 
de  Chabannes ,  ob  hoc  faâo  pleniàs  declaratis ,  pure  Se  plenariè  abfol- 
vi ,  quittumque  &  pacificum  teneri ,  un  autem  in  diSto  Judicio  pef 
formam  Arrefti ,  ut  prasmitntur  dato ,  errorem  de  faâso  fuiÔè  &  inter- 
vcniflc ,  necnon  ipibrum  errorem  corrigcndo ,  fupradiâam  depofitio- 
nem  prxfati*  Reginaldi  de  Drefnay  ,  apud  diâam  Curiam  noftram  por 
ni ,  &  diâx>  procedûi  extraordinario  jungi ,  ac  compellendos  ad  id 
compelli ,  Se  ipfo  proceflurum  perfeâus  &  in  ftatu  judicandi  foret,  per 
diébm  Curiam  noftram  vifo  Se  vifitato  pra^diâum  de  Chabannes ,  à 
cli6l:is  criminibus  Se  déliais  (ibi  impofitis ,  nonobftante  prsdiâo  Judi- 
cio ,  iic  per  formam  Arrefti  dato  >  quod  diâo  cafu  cum  toto  eo  quod 
inde  fecutum  fuerat ,  tanquam  per  errorem  faâi  datum  y  jodicatum  Si 
pronunciatum  adnuliaretur ,  perpetub  abfolvi  Se  pacificum  teneri ,  Se 
m  quantum  opus  eftet ,  fupraaiâas  Litteras  noftras ,  per  quas  in  cafibut 
in  illis  declaratis ,  in  quibus  débité  cerriorati  fueramus  Se  eramus ,  jam 
diâum  Judicium  per  formam  Arrefti  pronunciatum ,  &  totum  hoc 
quod  inde  fecutum  foret ,  eum  toto  etiam  eo  quod  medio  prsemiflbrum 
in  eifdem  Litteris  noftris  contentorum  faâum  eftèt ,  abfque  diâo  Ju- 
dicio y  neque  cxteris  aliis ,  quar  effedhim  ipfarum  noftrarum  Litterarum 
împedire  valerent  ultum  refpeâum  habenaoV  adnuUaveramus,  eidem  de 
Chabannes  in  his  qux  reftant  de  punâo  in  pundfcum  ,  juxta  fui- formam 
9e  tenorem  integrari  ,  aur  quod  omnes  taies  alias  requeftae  &.  conclu-^ 
iiones  ipfi  de  Chabannes  fièrent  Se  adjudicarentur ,  prout  difcretioni 
éiStx  Curiac  noftras  videretur  fiendum ,  proteftando  per  eum  ouod  quid- 
«uid  dixiftèt  contra  fuam  confeflîonem  in  fupradiûo  procemi  extraor- 
clinario  faâ:am  venire  ,  neque  aliquid  quod  hujufmodi  fux  confeflioni 
sepugnaret  >.  feu  pncjudicaret  dicere ,  vel  in  fcriptis  tradcre  mioimè  in* 

Vv  j  tendebati 


341  PREUVES  DES  MEMOIRES 

^  tendebat  s  quibus  articulis  Se  conclufionibus  y  per  inemoratum  Procu-> 
*^  '•  ratorem  noftrum  generalem  ,  ex  diâae  Curûe  noftrse  ordinatione  vifis» 
ipfe  quod  pnefatus  de  Chabannes  à  nobis  obtinuerac  noftras  patentes 
Litteras  >  per  ouas  diâse  Curûe  noftr^  tnandabamus ,  ut  ipfa  errorem 
quem  ipfe  de  Cnabannes  in  Ârrefto  contra  eum  dato  interveniflè  dice*- 
bat  i  corrigeret ,  hujufmodique  Arreftum  aduullaret ,  &  de  impreilîo* 
nibus ,  de  quibus  in  diAis  Litteris  noftris  fiebat  mentio,  fe  informaret» 
ac  eumdem  de  Chabannes  ad  Tuas  jufti&cationes  proponendum  recipe*- 
ret ,  incegrationem  quarum  Litterarum  diâus  de  Cnabannes  requifie^ 
rat ,  &  ob  hoc  ,  certas  memorias  in  fcriptis  tradiderat ,  per  quas  correc*- 
tionem  erroris  &  diâi  Ârrefti  adnullacionem ,  ac  eum  abiolvi  requi* 
rebat ,  qui  (i  hujufmodi  Arreftum  corrigeretur  ,  fuas  defènfîones  expoft 
tradere  poUèt ,  &  ob  hoc  idem  Procurator  nofter  y  quod  non  impedie- 
bat  quin  didU  Curianoftra  procefTum  videret ,  de  quo  errore  &  impref- 
fîonibus  fe  informaret ,  &  ad  correâtonem  errons  >  û  hoc  faciendum 
videret  ,  procederet.  Quo  faâo ,  ipfe  eum  diâo  de  Chabannes  fupec 
fuis  juftificationibus  procefTurus  veniret ,  dixiHèt  ôc  proponûflet ,  eodem 
de  Chabannes  vifo ,  eo  quod  diâus  Procurator  nofter  dixerat ,  quod 
pro  ad  correâionem  errons  procedendo  y  Se  impreffiones  adverando  » 
diâa  Curia  noftra  proceftum  videret ,  &^  co  fado  ,  ipfum  de  Chaban- 
nes ad  fuas  juftificationes  proponendum  reciperet ,  prsefente  &  requi* 
rente  y  fuper  quibus  prxmiilîs  eadem  Curia  noftra ,  quod  apud  eam  dic« 
tus  de  Chabannes  fuas  memorias  y  Se  fupradiébs  noftras  patentes  Lit* 
teras ,  ac  etiam  diûus  Procurator  nofter  id  quod  bonum  videretur  po* 
nerent  >  quo  toto  junâo  eum  proceflu ,  ipfa  Curia  noftra  fuper  correc-- 
tione  erroris  ,  prout  videret  fîendum)  jus  raceret  »  ordinaflèt  Se  appunc** 
tadèt.  Tandem  vifis  per  diâam  noftram  Curiam  Parlamenti  fupradiâis 
Litteris  à  nobis  per  memoratum  Anthonium  de  Chabannes ,  Comitem 
de  Dompno  Martino  ,  vicefimâ  prima  die  menfis  Septembris  noviflîmè 
lapfi  obtenus  y  unà  eum  antediâis  articulis  per  eum  traditis ,  vifis  infu- 
per  depofitionibus  prxfaci  Caroii  de  Meleduno  y  Se  aliorum  ex  diùst 
Curiae  noftrac  ordinatione  examinatorum  fuper  recelamento  fupradiébe 
depofitionis  antedi&i  Reginaldi  de  Drefnay ,  per  ipfius  Curiz  noftrâc 
appunâamentum  &  ordinationem  examinati  y  qvix  quidem  depofitio 
pênes  eamdem  Curiam  noftram  minime  pofita  neque  tradita ,  fed  eo 

3uod  ad  exonerationem  diâi  de  Chabannes  faciebat  y  recelata  fuit  ;  au- 
ito  etiam  fuper  hoc  prarfato  Procuratore  noftro  generali ,  Se  vifo  fupra* 
âiSto  proceflu  criminali  contra  ipfum  de  Chabannes  aliàs  faûo ,  fuper 
quo  didum  Arreftum  fuit  datum  Se  pronunciatum  y  ac  confideratis  om« 
nibus  in  hac  parte  confiderandis ,  Se  qux  Curiam  ipfam  movere  pote*> 
tant  &  debebant ,  PRi£FATA  Curia  kostra  ,  per  fuum  Arreftum  oc- 
cafione  ,  feu  caufa  prxdiâi  recelamenti  jam  didbs  depofitionis  Se  aliis 
caufis  eam  moventibus ,  prsdiftum  Arreftum  y  fupadiââ  Vicefima  die 
menfis  Augufti ,  praediâo  anno  14^3.  prolatum,  adnuUavit  &  adnullat» 
eamdemque  depofitionem  pntdiâi  de  Drefnay ,  fi  reperiri  valeat  penès 
ipùita  Curiam  poni ,  &  acl  id  fiendum  illos  quos  decebit  omnibus  viis 
Se  Inodis  debitis  com]>elli ,  &  cafu  quo  hujufmodi  depofitio  reperiri  non 
poterit ,  diâ;um  Reginaldum  de  Drefnay  expenfis  iilius  quem  decebit 

per 


'  DE  PHIL.  DE  COMINES  343 

pcr  certos  à  diûâ  Curia  noftra  commicrendos  de  novo  examinari ,  &  co   

hiGto^  didam  deponcionem  procédai  jungendo  ordinavlc  ôc  ordinat,  14(^1» 
necnon  prsfatum  Anthonium  de  Chabannes  ad  fuas  juftificaciones  Se  de- 
fenfiones  proponendum,  ac  diâum  Procuracorem  noftrum,  ad  id  cjuod  bo- 
Dumiîbi  vifum  fueric  in  contrarium  dicendum  admiiîc  &  admitcic,  ac 
eifdem  parcibus  ipfis  audiris  jus  faciec ,  manum  noftram ,  &  omne  aliud 
itnpedimenrum  in  perfona  &c  bonis  diâi  Anthonii  de  Ctûtbannes  ,  occa- 
£one  diâiproce(rusappoficam&  appofîmm  ,  quo  ufque  partibus  auditis  » 
aliter  fueric  ordinatum ,  ieyando  &:  adnullando ,  pronunciacum  decims 
renia  Augufti>  anno  Domini  miilefimo  qoadringcnceftmo  Texagefimo 

V  IK 

1^7  Du  tnntù'anîcmc  Regiftre  Criminel  du  Parlementa 
Du  VendreJy  quinzième  Juillet  14^8.  au  Coii(éil  à  huis  dot. 

LE  Procureur  General  du  Roy  dit  >  que  le  G>mte  de  Dampmartin  a      Tiré  de» 
obtenu  du  Roy  Tes  Lettres  patentes,  par  lerquelies  il  mande  à  la  ï^ccucilsdc 
Cour,  qu'elle  corrige  l'erreur  que  ledit  Comte  dit  eftre  intervenu  en  TAr-  ^'  i^^^ 
reft  qui  a  efté  donné  contre  luy ,  &  adnulle  ledit  Arrcft ,  &  s'informe         "" 
des  impreflions  dont  eft  fait  mention  efdites  Lettres ,  &  reçoive  ledit 
Comte  à  fes  juftifiçations  *,  Tentherinement  defquelles  Lettres  iceluy 
Comte  a  requis ,  &  à  cette  fin  a  baillé  par  cfcrit  certains  mémoires ,  par 
kfquels  il  requiert  la  correâiorî  de  Terreur ,  l'annullement  dùdit  Arreft, 
&  qu'il  foit  abfous.  Or  dit,  que  fi  ledit  Arreft  eft  corrigé,  ledit  Comte 
£(ra  après  tout  à  temps  de  baUler  fes  juftifications  y  &  pour  ce  dit  feule- 
ment le  Procureur  du  Roy ,  qu'il  n'cmpcfche  que  la  Cour  ne  voye  le 
procès ,  &  s'informe  de  Terreur  ic  àts  impreffions ,  &  qu'elle  ne  procède 
a  la  corredion  de  Terreur,  fi  elle  voit  que  faire  fe  doive,  &  ce  fait  il  vien- 
dra procéder  avec  ledit  Comte  fur  fes  juftifications. 

Boucher  pour  ledit  Comte  requiert,  veu  que  le  Procureur  du  Roy  a 
dît  Que  la  Cour  voye  le  procès ,  pour  procéder  à  la  corredion  A^  Terreur 
&  aaverer  les  impreflions ,  &c  ce  fait ,  le  ^reçoive  à  (ts  juftifications. 

Appointé  eft  que  ledit  Comte  mettra  devers  laCour  fes  Lettres  Royaux 
&  mémoires ,  &  auflii  le  Procureur  du  Ro)r  ce  que  bon  luy  femblera ,  Se 
tout  joint  avec  ledit  procès ,  ladite  Cour  fera  dcoit  fur  la  correâûon  de 
Terreur  >  ainfi  qu'elle  verra  eftre  i  faire.^ 

VIL 

A3€  de  Vhomtna^  lige  fait  au  Roy  Louys  XL  par  te  Duc  de  Sourgogng^ 

des  Duché  de  Bourgogne ,  Comte[  de  Flandres  ,  d'Artois 

&  autres  qu'il tenoit  de  la  Couronne^ 

A  Saint  Thierry  lez-Reims  te  17.  Ao&c  r4^r.  Tiré  de  TE- 

LO  YS ,  par  la  grâce  de  Dieu ,  Roy  de  France  ,  i  nos  amés  Se  feaulx,  14^  Codc- 
gens  de  nos  Comptes  &  Trefoners ,  aux  Baillifs  de  Vermandois ,  froy,T.  IV. 
de  Vitry  Se  de  Chaumont,  i  nos  Procureurs  &  Receveurs  efdits  baillia-  pag.  16 1. 

ges 


34*  PREUVES  DES  MEMOIRES 

~  Yi^  gcs  ,  &  à  tous  nos  autres  Jufticiers,  ou  i  leurs Lieurenans ,  Salut  &  dî- 
*  îeâion  :  Sçavôir  faifons  que  noftrc  très-cher  &  très  amé  Oncle  &  Coufin 
le  Duc  de  Bourgogne  nous  a  aujourd'hu  v  fait  en  nos  mains  les  foy  & 
hommages  liges  >  <}u  il  nous  eftoit  tenu  faire  pour  raifon  de  fadite  Duché 
de  Boureogne,  Pairie  &  Doyenné  des  Pairs  a  icetle  appartenant,  de  la 
Comté  de  Flandres ,  Pairie  d'icelle  >  &  de  la  Comté  d'Artois ,  6c  gène* 
ralement  de  toutes  les  autres  Terres  Se  Seigneuries ,  appartenances  &c  ap^ 
pendances  d'icelles>  qu'il  tient  de  nous  Se  de  noftre  Couronne,  &  ainû 
que  luy  Se  Tes  predecedeurs  l'ont  fait  le  temps  pafTé  à  xk)s  prédeceflèurs  , 
aufquels  foy  &  hommage  nous  l'avons  receu,  fauf  noftre  droit  &  Tautruy. 
Si  vous  mandons.  Se  expreHement  enjoignons.  Se  à  chacun  de  vous ,  fi 
comme  à  luy  appartiendra ,  que  fp ,  pour  caufe  defdites  fov  Se  homma^ 
ge  à  nous  non  faits  ,  lefdits  Duché  de  Bourgogne ,  Comtes  de  Flandres 
Se  d'Artois ,  droits  de  Pairie ,  Se  autres  Terres  &  Seigneuries  de  noftre* 
dit  Oncle  Se  Coufin  ,  ou  aucunes  de  leurs  appartenances  &  appendan«> 
ces  avoient  efté  ou  eftoient  prifes,  faifies,  arreftées ,  ou  autrement  em- 
pêchées ,  mettez-les  ou  faites  mettre ,  chacun  de  vous  endroit  foy  ,  in- 
continent &  fans  délay ,  à  pleine  délivrance  y  car  ainfi  nous  plaift-il  »  Se 
voulons  eftre  fait,  pourveu  toutesvoyes  que  noftre  Oncle  Se  Coufin  bail- 
lera  par  efcrit ,  fon  dénombrement  Se  adveu  defdites  chofes  dedans 
tenips  deu ,  &  au'il  fera  &payera  les  autres  droits  Se  devoirs ,  fe  aucuns 
en  (ont  pour  ce  deus  ,  fe  faits  Se  payez  ne  les  ait.  Donné  à  Saint  Thierry 
lez-Rheims ,  le  dix-feptiéme  jour  d'Aouft ,  l'an  de  grâce  mil  quatre  cens 
foixante  &  un  ,  &  de  noftre  Règne  le  premier.  Ainfi  Signé  par  le  Roy , 
Mefièigneurs  le  Duc  de  Bourbon ,  le  Comte  de  Charolois  ,  le  Duc  de 
Cleves  ,  l'Archevefque  de  Lyon ,  les  Evefques  du  Liège ,  de  Langres  Se 
de  Toumay ,  les  Comtes  d'Eftampcs  Se  de  Dunois ,  le  Seigneur  de  Croy, 
Grand  Maiftre  d'Hoftel ,  te  Baftard  d'Armagnac ,  le  Sieur  de  Montauban» 
Admirai ,  Meffire  Jehao  Bureau ,  Chevalier  ^  Treforier  de  France ,  Se  au- 
très  prefens. 

ColiatiofaSia  ejl  cum  âtteris  originatibus  exificmibus  in  thcfauro  cartu* 
rum  domini  nojiri  Régis  pcr  nos  cuftodcs  ac  thefaurarios  diSi  thefauri  Die 
fccunda  Junii  anno  milUJimo  iiij.  c.  iiij.  xx,  xix.  Signé  Louct  Se  Budc^ 
^vec  paraphes. 

Voici  les  paroles  que  prononcea  le  Duc  de  Bourgogne. 

VII*. 

■ 

ÇCy  ÇOPPIE  des  paroles  de  rhommagefait  au  Roy  Louys  XL  par 

Philippes  y  Duc  dt  Bourgogne  ^  1461.      • 


Tirée  da 
T.  III.  des 


M 


Ducs  &      jg  (Quj  igj  p^yj  qyç  je  ^iç^s  de  la  noble  Couronne  de  France ,  &  vous 

M  rAb^  tiens  à  Seigneur ,  &  vous  en  promets  obéyflance  &  fervice  -,  Se  non  pas 

{^  Grand,     feulement  de  celles  que  je  tiens  de  vous ,  mais  de  tous  mes  autres  Pays , 

que  je  ne  tiens  point  de  vous ,  &  d'autant  de  Seigneurs  Se  de  nobles 


hommes  ^ 


DE  PHIL.^DE  COMINES.  ur 

liommes ,  de  gens  de  guerre ,  &  d'autres  qui  y  font ,  que  j*en  pourray  ^^^7/ 
traire.  Je  vous  promets  faire  fervice  avec  mon  propre  corps  tant  que  je 
vivray,  avec  auffi  quantque  je  pourray  fincr  d'or  ou  d'argent, 

VIII. 

f^  Lettres  Patentes  ,  par  le/quelles  le  Roy  nomme  EJlienru  Petit  y  pour 
lever  une  taxe  fur  le  Languedoc  ,  pour  les  frais  defon  Sacre  , 

&  autres  befoins  ,  146 1. 

A  Tous  ceux  qui  ces  prefentes Lettres  verront,  Philippes  Chaumeux,  -^  "^f  ™ 
Garde  du  petit  Sccl  Royal  de  Montpellier  :  Salut ,  Sçavoir  faifons,  j^^"  ^bbé* 
que  aujourd'huy  nous  avons  tenu ,  veu  &  Icu  ,  &  regarde  diligemment,  LcCrani 
ic  par  le  Notaire  ci-de(Ibus  efcrit ,  fait  vifiter ,  lire  &  regarder  de  mot  à 
mot  certaines  Lettres  patentes  du  Roy ,  noftre  Seigneur,  données  à  Aven- 
nes  en  Haynault  le  premier  jour  de  Juillet  dernier  palK ,  14^1  faines 
&  entières  en  fcel  &  efcritures  ,  defquclles  la  teneur  s'enfuit  :  Loys  par 
la  gface  de  Dieu ,  Roy  de  France  ,  a  nos  amez  bc  féaux  les  Généraux 
Confeillers  par  nous  ordonnez  fur  le  fait  &  gouvernement  de  toutes  nos 
finances  tant  en  Lai)guedoil ,  comme  en  Languedoc ,  Salut  &  diledlioa» 
Comme  pour  fubvenir  aux  grandes  affi^res  que  avons  de  prefent,  pour 
le  (ait  de  noftre  advenement  &  de  noftre  Sacre ,  que  avons  intention  de 
faire  au  plaifîr  de  Dieu  ,  nous  foit  befoin  faire  recouvrer  argent  du  fait 
de  noftredite  finance  de  toutes  les  parties  de  noftre  Royaume  ;  ic 
foit  ainfi  que  noftredit  Pays  de  Languedoc  ,  foit  de  longue  diftan- 
ce  des  marches  de  par-deçà ,  parquoy  maiftre  Eftienne  Petit ,  lequel  s'eft 
entremis  par  ci-devant  de  la  rccepte  de  nos  finances  audit  Pays  de  Lan- 
guedoc ,  ne  pourroit  en  fi  brief  temps ,  comme  befoin  nous  eft,  venir 
devers  nous  pour  apporter  &  fçavoir  au  vray  Teftat  de  ladite  rccepte  gé- 
nérale, &  avecques  ce,  quant  il  y  voidroit  *  &  difconùnueroit  le  fait 
celle  receptc  générale  pour  cette  prefente  année ,  en  ce  qui  eft  cncom-  ^Voudrok^ 
mencé,  le  fait  de  nofdites  finances  en  pourroit  eftre  grandement  retardé ,  '^,.,^^2** 
&  y  aurions  de  grands  interefts ,  parquoy  foit  befoin  y  donner  provifion  ^^  J^^ 
convenable  :  Sçavoir  vous  faifons  que  pour  la  confiance  que  nous  avons  ^^f^^^j^ 
de  la  perfonne  dudit  maiftre  Eftienne  Petit ,  &  icelluy  avons  commis  & 
ordonné,  commettons  &  ordonnons  par  ces  prefentes  a  recevoir  à  noftre- 
dit Pays  de  Languedoc,  tous  les  deniers  qui  nous  y  font,  8c  peuvent  & 
pourront  eftre  deus ,  tant  du  temps  pafle ,  comme  de  ce  qui  eft  efcliea 
de  cette  prefente  année  au  jour  du  trefpas  de  noftre  très-cher  Seigneur  &' 
père,  aue  Dieu  abfolve  ,  8c  qui  efchoyra  jufques  à  la  fin  d'icelle ,  tant  à 
caufe  du  fait  de  l'ayde  &  oftroy  dernier  /ait,  &  mis  fus  audit  pays, 
dont  aucuns  des  termes  font  efcheus ,  &  les  autres  font  à  efchoir ,  comme 
de  l'équivalent ,  greniers  &  autres  de  notre  finance ,  pour  d'iceux  difpo- 
fer  ainfi  que  ordonnerons ,  &  avec  ce  luy  avons  donné  &. donnons  pou- 
voir avec  traitté ,  ccmimiflîon  &  mandement  efpecial  de  faire  ou  faire 
faire  Jes  contraintes  neccflàires  à  faire ,  pour  recouvrer  &  recueillir  lefait 
de  no£dites  finances  ,  en  la  forme  Se  manière  que  fait  a  efté  par  ci-de^ 
yant ,  &  comme  pour  nos  propres  debtes  :  Si  vous  mandons  par  refdites 
Tome  If.  X^  prefentci 


34«.         PREUVES  DES  MEMOIRES 

prcfcntcs  que  ledit  maiftre  Petit  vous  faites ,  foutfrez  &  laiflez  jouît  8C 
ufer  pleinement  &  paifiblement  >  ledit  temps  durant  de  noftrcdite  com- 
miffion,  en  luy  fai(ant  obéyr  es  chofes  dépendantes  d'icelle  y  &  pour  ccr 

au'on  en  pourra  avoir  affaire  en  plufieurs  lieux,  voulons  que  au  vidimus^ 
e  CCS  prefentcs ,  fait  fous  Scel  Royal ,  ou  authentique  ,  foit  adjoutée* 
pleine  foy  comme  ices  prefentes.  Donne  à  Avennes  en  Haynault  le  pre* 
micr  (i)  jour  de  Juillet ,  Tan  de  crace  mil  quatre  cens  foixante  &  un  , 
&  de  noftre  Règne  le  premier,  fous  noftre  Scel  Secret  en  Tabfence  du 
grand.  Par  le  Roy  ,  TArchevefque  de  Bourges ,  l'Admirai ,  les  Sires  de 
Crouy  &  de  Baugy ,  &  maiftre  Jehan  de  Bar ,  Jehan  Baillet ,  &  autres 
prefens.  M.  Baraois.  En  tefmoin  de  laquelle  vifion  ,  tencion  &c  perlée- 
tion ,  nous  avons  fcellé  ce  prefent  vidimus ,  ou  tranfcrit  dudit  petit  Scel». 
le  vingtième  jour  d*  Aouft ,  Tan  mil  quatre  cens  foixante  &c  un. 

Collation  a  efté  faiâ:e  avec  les  Lettres  originales  cy-deilûs  incorporées; 
par  moy. 

IX. 

i^  Abolinon  donnée  par  Louys  Xï.  à  cous  les  Officiers  du  Duc 

de  Bourgogne. 


T    O  YS  y  par  la  grâce  de  Dieu ,  Roy  de  France  :  Sçavoir  faifons  à  tous: 


Tîrfe  par 
M.  TAbbé    JLj  prefens  &  à  venir ,  que  comfce  de  la  part  de  noftre  trè A:her  Se  très- 
Le  Gr^i    amé  Oncle  le  Duc  de  Bourgogne ,  nous  ait  efté  expofé  que  à  Toccafion  & 
duRcgiltre  p^^.  |ç  moyen  de  plufieurs  rapports,  fauflement  faits  à  fa  chargea  feu  nof- 
Charter      très-cher  Seigneur  &  père ,  que  Dieu  abfolve ,  plufieurs  grandes  y  aigres^ 
Aftc    30^.  ^  rigciureufes  pourfuites  avent  efté  faites  &  tenues  alencontre  de  luy  Se 
de  (es  fujets ,  tant  fous  omore  de  Juftice ,  comme  autrement  v  à  quoy  il 
a  refîfté  Se  obvié  par  les  plus  doux  moyens  qu'il  a  peu  Se  fceu ,  fans'  ef- 
clandre  :  mais  ce  nonobfbant  Ton  a  iinpofe  aux  OfSciers  de  noftredic 
Oncle,  que  par  fon  ordonnance  >«&  aufu  de  leur  authorité  ils  ont  défo-» 
béy  a  la  Cour  de  Parlement  &  aux  Officiers  d'iceluy  cher  Seigneur  &: 
pere ,  en  contemnant  les  Arrefts  de  noftredite  Cour ,  en  défobcyflànt  1 
iceux ,  &  par  ce  encourans  en  grandes  peines  \  Se  d'autre  part  à  Toccafion 
defdits  differens ,  ayent  efté  commis  par  aucuns  Officiers  >  ferviteurs  Se 
fujets  de  noftredit  Oncle ,  plufieurs  excès  Se  délits ,  prinfes  &  tranfports 
des  perfonnes  de  noflre  Royaume  en  TEmpirc ,  Se  pour  lefqilels  ils  ont 
efté ,  font ,  ou  pourroient  eftre  pourfuis  en  rigueur  de  JufUce ,  fe  noffa'C- 
grâce  n'eftoit  fur  ce  impartie;  de  laquelle  noftredit  Onelenousafait  fup- 
plier  ^  que  fefdits  ferviteurs  Se  fubjers  puifïènt  déformais  vivre  en  paix  ,. 
&  demourer  paifibles  fous  luy;  pourquoy  nous,  ces  chofes  confîderées ,, 
voulans  en  contemplation  de  noftredit  Oncle,  traiter  fes^fubjets  en  toutc^ 
fkveur ,  i  iceux  Officiers  Se  fubjets  de  noftredit  Oncle ,  tant  Capitaines^ 

& 


(1)  1^  11  y  a  fautd"dan$  cette  datte , 
vlùfque  Charles  VII.  ne  mourut  que  le  11. 
JniJlec^  Louis  fon  fils  n'en  fçeut  la  nou- 
Ydlequele  14.  à  Genep.  De-làil  fe  rendit 
àMaobeugc  oii  il  étoit  encore  le  17.  du 


même  mois  j  &  cnfuitc  il  fe  rendit  à  Aven» 
nés.  Ainfî  la  datte  doit  être ,  ou  le  dernier 
Juillet ,  ou  le  prcniicr  jour  d'Août.  Le  qua^ 
rriéme  de  ce  dernier  mois  il  étoit  encore  ie 
Avenues 


I 


OË^HIL.  DE  COMIlsrESr.  547 

9c  autres  »  qui  Tout  fcrvy  ,  comme  auffi  tous  autres  fes  fubjcts  ^  de  quel-  ^^^f 
qu'eftat  ou  condition  qu'ils  foicnt ,  avons  remis  ôc  pardonné ,  &  aboly ,  ^ 
remettons,  pardonnons  &  aboli0bns  de  grâce  efpeciale ,  pleine  puiflan- 
ce  &  authonté  Royale  ^  par  ces  prefentes  ,  tous  maux ,  dommages  »  cri- 
mes, dérobévllances  ,  tranfports  desperfonnes  de  noftre  Royaume  en 
l'Empire  ^  délits  &  excès  par  eux  &  chacun  d'eux  commis  &pefpetrez  en 
noftredit  Royaume,  &  dehors,  contre  nous ,  &c  fur  nos  Omciers  &  fub- 
jets ,  ou  qui  par  nous  ont  fervy ,  tant  par  voy e  de  fait ,  comme  autre- 
ment depuis  le  Traiâé  de  paix  fait  à  Atras  ju(ques  aujourd'huy ,  Se  vou- 
lons que  tous  procès,  a6kes ,  caufes  meucs  8c  pendantes  pardevant  tous  '*'^" 
Ju^es  quelconques,  enfemble  tous  appeaux,  bânni^mens ,  déclarations  de 
peines  &  de  mulccs  >  &  tout  ce  qui  en  eft  cnfuy ,  foient  mis ,  &  nous 
mefme  les  mettons  par  ces  prefentes ,  du  tout  au  néant  >  fans  amende 
tant  au  regard  des  parties ,  comme  de  noftre  Procureur ,  &  fur  ce  impo- 
fons  filence  i  noftre  Procureur  Se  i  tous  autres.  Si  donnons  en  mande- 
ment par  ces  mefmes  prefentes  à*  nos  amez  &  féaux  les  Gens  tenans,  & 
3ui  tiendront  noftre  prochain  Parlement  à  Paris ,  au  Bailly  de  Vcrmàn- 
ois,  de  Sens,  de  Vitry ,  de  Chaumont  Se  de  Mafcon,  &  Sencfchal  dfe 
lyon,  &  à  tous  autres Jufticiersprefcns  &  avenir,  &  à  chacun  d'eux,  fi, 
comme  à  luy  appartiendra ,  que  de  noftre  prefente  grâce,  remiflton  Se 
pardon  ,  Se  abolition  ,  fafient ,  fouffrent &  laiflènt  lefdits Officiers,  fer- 
viteurs-&  fujets  de  noftredit  Oncle ,  jouïr  &  ufer,  &  par  la  manieremie 
dit  eft ,  jouïr  pleinement  Se  paifiblement ,  fans  leur  faire ,  ne  foufrrir 
«ftre  fait  en  corps  ne  en  biens  en  aucune  manière.  Et  afin  que  ce  foit 
<hofe  ferme  &  ftable  à  tousjoucs ,  nous  avons  fait  mettre  noftre  Scel  i 
•ces  prefentes ,  fauf  en  autres  chofes  noftre  droit ,  Se  Tautruy  en  toutes. 
Donné  à  Tours  au  mdis  d'Odkobre,  Tan  de  grâce  mil  quatre  cens  foixan- 
fe  &  un ,  &  de  noftre  Règne  le  premier.  Ainfi  Signé ,  Par  le  Roy  à  la  rela- 
tion du  Confeil.  J.  CafteL  f^a ,  Conttntor  ^  Signe  ^  Chaligauc» 


^Cr  jéhoiluon  donnée  par  le  Roy  Lot^s  XL  à  Mtjjpre  Jean ,  Du^ 
d'Alençen  »  Pair  de  France  ,  condamne  pour  crime  de  U\e^MajefH  j 
par  Arrefi  de  fan  1458^  dattledu  lu  Oaohre  146U  avec  Vamplia^ 
tion  du  mois  de  Décembre  Van  146 z-  fur  ce  que  Von  calomnioit  Us 
premiers  Chrétiens.  Tîrë  pat 

M.  l'Abbé 

LO  YS ,  par  la  grâce  de  Dieu ,  Roy  de  France  ^  Comme  par  nos  Le  Grand 
Lettres  patentes ,  &  pour  les  caufes  contenues  en  icelles  de  noftre  ^"  Volume 
certaine  fcience ,  pleine  puiflance  Se  authorité  Royale ,  ayons  remis  Se  *J^'  °^ 
reftitué  noftre  très-cher  &  très-amé  Coufin  le  Duc  d'Alençon ,  en  tous  ^^    ^ 
fes  droits,  dignités, biens ,  Terres  &  Seigneuries  quelconques,  pour  en  ^j^^  l  y^^ 

I'ouïr  par  luy  Se  les  fiens ,  comme  il  faifoit  paravant  l'appointement  à  &  du  Re- 
uy  donné,  &  les  procès  &  arreftenfuivis  à  l'cncontre  de  luy, comme  par  giftrc  198, 
nofdites  Lettres ,  publiées  &  enregiftrées  en  noftre  Cour  de  Parlement  &:  du  Trcfor 
Chambre  des  Comptes  peut  apparoir ,  'dont  l'en  dit  la  teneur  eftre  telle  :  ^^^^'^^ 
L  o  Y  s ,  par  la  grâce  de  Dieu ,  Roy  de  France  ^  Comme  du  vivant  de  feu  ^^  ^•' 

Xx  1  noftre 


34*         PREUVES  DES  MEMOIRES 

I4<îi.  noftre  très-cher  Seigneur  &  père ,  que  Dieu  abfolve ,  noftre  très-cher  tc 
tcès-amé  Coufîa  Jean»  Duc  d'Alençon  y  eut  efté  chargé  d'avoir  conduit 
&  mené ,  &  fait  conduire  &  mener  pluûeurs  traitez  &  appointemens 
avec  nos  anciens  ennemis  les  Anglois  >  &  d'avoir  envoyé  pour  ce  faire 
en  Angleterre  &  ailleurs ,  ou  partys  defdics  Anglois  ,  pluiieurs  meflàges 
fans  le  congé  &  licence  de  noftredit  feu  Seigneur  &  père ,  au  moyen 
defquelles  charges  ,  &  par  le  procès  fur  ce  fait  à  Vendofme  ,  en  la  pre- 
fence  de  noftredit  feu  Seigneur  &  père ,  en  fa  Cour,  garnie  de  Pairs  & 
autres  à  ce  appeliez ,  fe  loit  enfuit  certain  Arreft  ou  Sentence  donnée 
audit  lieu  de  Vendofme  contre  noftredit  Coufin  d*Alen<fon  y  le  dixième 
jour  d'Oâobre  Tan  1458.  par  laquelle  Sentence  ou  Arreft  y  eut  efté  dit 
&  déclaré  icelluy  noftre  Coufîn,  eftre  crimineux  de  leze-Majefté»  & 
comme  tel ,  eftre  privé  &  débouté  de  l'honneur  &  dignité  de  Pairie  de 
France ,  &  avec  fes  dignités  &  prérogatives ,  &  déclaré  avoir  confifqué 
corps  &  biens ,  fauf  toutes  voves  &  refervés  à  noftredit  feu  Seigneur  & 
père ,  de  faire  &  ordonner  mr  le  tout  à  fon  bon  plaiHr ,  que  tel  fut  \ 
c'eft  à  fçavoir  que  au  regard  de  la  perfonne  de  noftredit  Coufin ,  Texe- 
cution  rut  différée  jufques  au  bon  plaifir  de  noflredir  Seigpeur  &  père  > 
&  au  regard  des  biens,  que  les  meubles  demoureroienc  a  la  femme  &: 
enfans  de  noftredit  Cou Cn,  Supplians  »  refervez  les  artilleries ,  harnois 
&  autres  habillemens  de  guerre  >  &  au  regard  cfes  biens  immeubles  ,  re- 
ferva  à  luy  les  Villes ,  Chafteaux  &  Chaftellenies  d'Alençon ,  Danfront 
&  de  Verneuil ,  tant  deçà  que  de-là  la  Rivière  d'Eure,  &  lefquelles ,  dès- 
lors  il  unit  &  incorpora  au  patrimoine  &  domaine  de  la  Couronne  y 
&  avec  ce  retint  le  furplus  de  ce  qui  eftoit  du  Duché  d'Alençon ,  fe^ 
circonftances  &  dépendances,  &  auflî  les  Chaftel  &:  Chaftellenie  de 
Samblençay ,  avec  les  Pays  de  Tours ,  pour  en  difpofer  à  fon  bon  plai- 
fir \  &  femblablement  referva  à  luy  les  foys  &  hommages ,  droits ,  de- 
voirs &  reconnnoifïances  qui  eftoient  à  noftredit  Coufîn ,  Suppliant  >  » 
caufe  de  la  Comté  du  Perche ,  fur  &  pour  raifon  des  Terres  &  Seigneu- 
ries de  Nogent-le-Rotrou  ,  fes  appanenances  &  dépendances ,  &  autres 
Terres  appartenantes  à  noftre  très-cher  &  amé  Counn  le  Comte  du  Maine 
à  caufe  de  noftre  trè&chere  &  très-amée  Coufîae ,  fa  femme  ;  Se  délaifïe 
aufdits  enfans  d'Alençon  5  c'eft  à  fçavoir  à  noftre  très-cher  (Se  amé  Coufîn, 
René  d'Alençon ,  la  Comté,  Terre  &  Seigneurie  du  Perche ,  pour  en  jouïr 
par  luy  &  {^%  hoirs  maflcs ,  defcendans  de  fon  corps  en  loyal  mariage  > 
&  fans  aucune  dignité  de  prérogative  de  Pairie  -,  &  le  furplus  des  autres 
Terres  &  Seigneuries ,  aux  enfans  de  noftredit  Coufin ,  Supplians  ,  tant 
mafles  que  femelles  ,  le  tout  félon  la  forme  plus  à  contenue  audit 
Arreft;  au  moyen  de  laquelle  refervation  ,  noftre-dit  Coufin  foit  demou- 
ré  prifonnier  au  Chaftel  de  Loches  jufques  au  trefpas  de  noftredit  trè$- 
cher  Seigneur  &  père  ,  depuis  lequel  trefpas ,  de  la  part  de  noftredit 
Coufin  d'Alençon  nous  ait  efté  fupplié  &  requis  très-humblement  qu'il 
BOUS  pleuft  de  noftre  grâce  avoir  reeard  &  confideration  à  l'eftat  de  fa 
perfonne  &  à  fon  cas ,  i^^  circonftances  &  dépendances ,  &  que  de 
tout  ce  dont  on  luy  a  donné  charge ,  ne  s'en  eft  aucune  chofe  enfuit  par 
effeâ ,  ainçois  eftoit  comme  chofe  impoffible ,  &  avec  ce  aux  grands  & 
notables  fervices ,  que  luy  &  fes  predeceflèurs  avoicnt  fait  à  nous  &  aur 

*  noftres  » 


DE  PHIL.  DE  COMINES  349 

iioftres  )  &  par  long-cems  en  plufieurs  &  diverfes  manières  ;  &  entre  les  ^ 

autxes  comme  Charles  »  lors  Comte  d'Alençon ,  fon  grand  ayeul ,  &  feul  ^  * 
frère  du  Roy  de  France ,  pour  la  detfenfe  du  Roy  &  du  Royaume ,  alla 
de  vie  à  deceds  à  la  bataille  de  Crecy ,  &  après  luy  le  Comte  Pierre  d'A* 
lençon ,  fon  fils ,  fut  en  oftage  en  Angleterre  pour  le  Roy  Jehan  (  que 
Dieu  abfolve)  &  s'en  délivra  à  (es  propres  coûts  &  defpens  ,  en  quoy 
froya  la  fomme  de  foixante  mille  vieils  cfcus  d'or  &  plus  ;  &  depuis  fer- 
vy  continuellement  &  vaillamment  le  Roy  &  le  Royaume  ,  en  fut  bleffé 
de  fon  corps ,  dont  par  traiâ:  de  temps  s'enfuivit  la  mort ,  après  lequel 
feu  noftre  Coufin  le  Duc  d'Alençon  ,  pour  la  defFence  d'icelluy  Royau- 
me t  alla  de  vie  à  déceds  d  la  bataille  d'Agincourt ,  délaidë  noftredit  Cou- 
fin  Suppliant  de  bien  jeune  âge  Se  mineur  d'ans ,  &c  lequel ,  depuis  iceluy 
fon  âge,  &  tout  le  temps  de  la  vie ,  a  fervy  continuellement  noftredit  feu 
Seigneur  &  père ,  Se  nous ,  fans  y  efpargner  corps  ne  biens ,  &  en  la 
bataille  de  Verneuil  fut  trouve  entre  les  morts,&  pris  prifonnier  par  nof* 
dits  ennemis  ,  &  pour  foy  racheter  paya  la  fomme  de  trois  cens  mille 
cfcus  d  or ,  en  quoy  luy  convint  employer  tous  fes  meubles  &  vendre 

Srand  partie  de  Ion  héritage ,  jufques  à  la  valeur  de  quinze  mille  livres 
e  rente,  ou  plus ,  dont  il  n'a  eu  aucune  recompenfe ,  après  laquelle  dé- 
livrance perfcvera  continuellement  audit  fervice,  tant  au  voyage  du  Sa- 
cre &  Couronnement  de  noftredit  feu  Seigneur  Se  père,  comme  avec 
fes  armées ,  pour  refifter  à  Ces  adverfaires  &  defFendre  noftredit  Royau- 
me i  &  fut ,  &  a  cfté  privé  &  débouté  par  l'efpace  de  trente  ans  &  plus , 
defdites  Duché  d'Alençon  &  Comté  du  Perche,  Se  d'autres  plufieurs  Ces 
Terres  &  Seigneuries ,  qui  ont  efté  détenues  &  occupées  par  nofdits  an- 
ciens ennemis  durant  le  temps  de  la  guerre.  Se  jufques  a  la  réduction 
de  nos  Pays  &  Duché  de  Normandie  -,  en  nous  fuppliant  très-humble- 
ment qu'il  nous  pleuft  de  noftre  grâce  avoir  plus  de  regard  aux  fervices  > 
tant  de  luy  ,  que  de  Ces  predeceltèurs ,  que  aux  charges  à  luy  impofées  , 
■qui  n'ont  forty  aucun  effeû,  affirmant  par  la  foy  &  ferment  de  fon 
corps  ,  &  fur  le  damnement  de  fon  ame,  qu'il  ne  euft  oncqucs  mauvaifc 
volonté  ou  intention  contre  la  perfonne  de  noftre  feu  Seigneur  Se  père , 
ne  en  fon  préjudice ,  mais  l'entendoit  à  faire  à  autres  fins,  qu'il  reputoit 
eftre  bonnes  Se  raifonnables  ;  &  que  i  l'encontre  de  ladite  Sentence  Se 
Arreft ,  &  l'effet  d'iceluy ,  il  nous  plaife  luy  impartir  noftre  grâce ,  at- 
tendu .mefmement  le  long>temps  qu'il  a  efté  détenu  en  prifon,  8e  les 
grandes  pauvretés  &  mifere  que  luy ,  fa  femme  Se  enfans  ont  patiem- 
ment endurées  &  fouffertes  pendant  ledit  temps  s  fçavoir  faifons ,  que 
nous  ,  ces  chofes  confiderées  Se  acertenés  des  grands,  notables  Se  raf^ 
tueux  *  fervices  fufdits&  plufieurs  autres  faits  par  luy  &  fes  prédécefleurs  ^  VMfiMux^ 
Se  i  noftredit  Royaume  ,  efperons  que  luy ,  fes  enfans  &  fuccefleurs  ren-  Jc  crois 
dront  ânous  &  à  la  chofe  publique  de  noftredit  Royaume ,  Se  pourcertaî-  qa'on  dok 
nés  autres  juftes  caufesôc  confédérations ,  que  raifonnablement  peu  vent  Hrc/rw- 
&  doivent  mbuvoir  à  ce  noftre  Royale  Majefté ,  Se  que  aucun  dom-  '^*** 
mage  ou  inconvénient  ne  s'eft  enfuit,  à  caufe  des  chofes  deffiifdites  i 
à  nous,  noftredit  Royaume  ,  ne  à  la  chofe  publique  d'iceluy,  &  auffi 

?[ue  en  contemplation  de  noftre  très-cher  Se  trës-amc  Frère  ,  charles  de 
rance  >  Se  auffi  de  nos  très-chers  &  très  amez  Oncles  &  Coufins  Se  Pairs 

Xx  3  de 


__^  3îO  PREtrVÊS  DES  MEMOIRES 

^    ^        de  France ,  les  Ducs  d'Orléans  ,  de  Bourgogne  &  de  Bourbon ,  &  dt 
^     '     pluûeurs  Pairs  d'Eglife ,  &  auflî  des  Comtes  d'Angouiefme ,  de  Charo- 
lois ,  de  Nevers ,  d'Eu ,  de  la  Marche  ,  de  fainâ  Pol ,  de  Vcndofme, 
de  Dunoys  &  de  Laval ,  &  de  plufieurs  autres  Prélats ,  Comtes  &  Ba- 
rons ,  &  autres  nobles  perfonncs  de  noftre  Royaume  en  très-grand  nom- 
bre, qui  de  ce  nous  ont  requis  &  fupplié,  iceluy  noftre  Coufin  fup- 
pliant  de  noftre  grâce  efpeciale ,  pleine  puiflànce  &  autorité  Royale  , 
ôc  à  noftre  nouvel  advénement  à  noftre  Royaume  &  Couronne ,  eue 
fur  ce  grande  &  meure  délibération  avec  les  Gens  de  noftre  Grand  Con- 
feil ,  lefquels  >  pour  ce ,  avons  fait  adembler  en  grand  nombre ,  avons 
mis  ôc  mettons  par  ces  Prefcntes  à  pleine  délivrance  de  fa  perfonne  ,  Se 
en  fa  liberté  ,  rranchife  &  libéral  arbitre  ;  &  l'avons  reftitué ,  remis  & 
rétablis  »  remettons  ,  reftituons  &  retabliUbns ,  par  ces  Préfentes  ,  en 
fadite  Duché  d'Âlençon  &  en  tous  fes  droits  >  honneurs ,  prééminences  » 
prérogatives  ,  dignitez  &  droits  de  Pairie  par  luy ,  ks  Hoirs  &  Succef- 
leurs  ',  &  luy  avons  rendu  &  reftitué ,  rendons  &  reftituons  fadite  Du- 
ché d'Alençon  avec  tous  &  chacuns  (es  biens.  Terres  &  Seigneuries  Se 
hommages ,  tout  ainiî  &  félon  la  forme  Se  manière  qu'il  les  avoir ,  pof- 
fedoit  Se  jouiftbit  pardevant ,  avant  lefdits  Procès  &  Sentence  ,  Se  non* 
obftant  iceux ,  &  en  tant  que  par  lefdites  Sentences  Se  Arrefts  ,  les  cho- 
fes  deffufdites  ou  aucunes  d'icelles  ,  auroient  efté  unies  Se  incorporées 
au  Patrimoine  &  Domaine  de  noftre  Couronne ,  nous  les  en  avons  fépa- 
rées  Se  féparons  par  ces  Prefentes ,  Se  les  remettons  Se  réunifions  au  Do- 
maine de  noftredit  CouCn ,  tout  ainfi  que  paravant  eftoient  *,  &  avons 
voidu  &  voulons  qu'il  &  fes  Hoirs  &  Succellèurs  en  jouiflcnt  pleine- 
ment &  paifiblement ,  &  l'en  avons  réunis  &  remettons  en  poflcflîon 
&  faifine  par  la  tradition  de  ces  Préfentes ,  fans  autre  provifion  ,  minif- 
cere  ou  folemnité  garder  ;  &  fur  ce  avons  impofé  Se  impofons  (Ilence 
perpétuel  à  nos  Procureurs  préfens  Se  à  venir.  Se  à  tous  autres.  Si  don- 
nons en  mandement  à  nos  amez  &  féaux  les  Gens  de  noftre  Parlement  » 
de  nos  Efchiquiers  de  Normandie ,  &  de  nos  Comtés ,  à  tous  nos 
Lieutenans  &  Chefs  de  guerre ,  Baillifs  ,  Sencfchaux ,  Prevofts  &  autres 
Jufticiers  &  Officiers ,  ou  à  leurs  Lieutenans  préfens  Se  à  venir ,  que  de 
noftre  préfcnte  grâce ,  délivrance,  rétablillcment ,  reftitutions,  volon- 
té ,  ils  failcnt ,  fouffrent  &  laiflènt  iceluy  noftre  Coufin  &  Ces  Héritiers 
Se  Ayans-caufe ,  jouir  &  ufer  au  temps  avenir  pleinement  &  paifible- 
ment ,  fans  faire  ne  fouffrir  aucune  chofe  eftre  faite ,  attemptée  ou  inno- 
vée au  contraire ,  nonobftant  que  lefdites  Duchés  d'Alençon  &  autres 
Terres  &  Seigneuries  ou  partie  d'icelles ,  eufïènt  efté  par  ladite  Sentence 
unies  &  incorporées  à  noftredite  Couronne  ,  ordonnances ,  prohibi- 
tions ou  défenfcs  de  non  alliener  noftre  Domaine  &  aurres  quelcon- 
ques •,  &  afin  que  ce  foit  chofe  ferme  &  établie  à  tousjours  ,  nous 
avons  fait  mettre  noftre  féel  i  ces  Préfentes,  fauf  en^ aurres  noftre 
droit  &  l'autrui  en  toutes.  Donné  à  Tours ,  le  onzième  jour  d'Oûobre , 
l'an  de  grâce  ,  mil  quarrc  cens  foixante  &  un  ,  &  de  noftre  rogne  ,  le 
premier ,  ainfi  figné.  Par  le  Roy  en  fon  Grand  Confeil  :  auquel  Monficur 
Charles  de  France ,  Monfieur  le  Duc  de  Bourbon  ,  Meflîcurs  les  Com- 
tçç  d'Armignac,  de  la  Marche  >  Se  de  Yçndofmç ,  vous  le  Comte  de 

Danois , 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  jp 

Dunoys  ,  rArchevcfquc  de  Bourges ,  TEveCque  d'Agdc ,  le  Sire  de  T^6u 
Moncauban  ,  Admirai ,  les  (leurs  de  Thouars  &  de  la  Tour  en  Auver- 
gne >  Decaiiïbl  »  du  Lau  &c  de  Beauvoir  ^  Monfieur  Jean  Dauver ,  pre- 
mier Préfident  de  Touloufe  ;  Jean  Bailler ,  &  George  Havart  y  Mefiîeursf 
dàs  Requeftes ,  Eftienne  Chevalier ,  Trcforier  &  autres  plufîeurs  eftoient* 
Jean  Bourré  >  Se  es  parties  du  bas  de  la  marge  defdites  Lettres ,  eftoir 
efcritcequi  enfuit,  f^ifa  ,  Contcntor  Chali^ant.  EtSmefmementau  do» 
defdites  Lettres  de£Ris  tranfcrites  eftoit  efcnf  ce  que  s'enfuit»  Lccla^pu^ 
blicata  &  rcgifirata  in  Curiâ  Parlamenti  Parijius  y  viccjîmdnonâdicmen' 
Jîs  Martii  ,  anno  Domini  milUjimo  aiiadragcnujimo  fexagejîmo  primo 
antc  Pafca^  Ainfi  fîgné  ,  Halligret.  Similiter,  Le3a  ,  publicata  &  rcgifirata 
inCamera  Compotorum  Domini  nojlri  Régis  Parifîus  y  die  pcnultima  diHd 
menjis  Martii ,  anno  quo  fuprà.  Ainfi  (ïgnc  Jean  de  Badomlier»  Lef* 
quelles  nos  Lettres  de^fus  tranfcrites  >  aucuns  non  advertis  de  noftre 
intention  pourroient  calomnier ,  &  eux  efforcer  de  les  impugner  &  dé- 
battre >  à  Toccaiton  de  ce  que  par  icelles  ,  noftre  CouCn  eft  feulement 
reftitué  en  it%  Dignités ,  Nobleflès  >  Prérogatives ,  Prééminences ,  Droits  y 
Terres  &  Seigneuries ,  en  Teftat  ^u'il  eltoit  au  temps  &  alors  defdits 
Procès  &  Arrdl ,  fans  faire  mention  du  temps  précèdent ,  ne  des  eau- 
fes,  fous  ombre  &  au  moyen  defquelles  av oient  efté  faits  &eftoient  en- 
fuite  Jefdits  Procès  &  Arreft ,  &  auflî  que  en  icelles  nos  Lettres  ne  font 
expreflemcnt  &  nommément  déclarées  &  fpécifiées  ,  toutes  &  chacunes 
les  Terres  ,  Seigneuries  &  Hommages ,  &  autres  droits  appartepants  à 
noftredit  Coufin ,  ne  aucunes  refervations  exprimées ,  que  noftredit  feu 
Seigneur  &  père  avoir  faites  touchant  aucuns  Hommages,  Terres  &  Sei- 
gneuries, pour  endifpofer  àfonplaifir  &  volonté,  &  de  ce  que  de- 
Îuis  s'en  cftoit  enfuivi  -,  &  par  ces  moyens  feroient  &  pourroient  nof- 
ites  Lettres  demeurer  en  doubte  &  en  difficulté  ,  &  noftredit  Coufïn 
cftre  molette  &  travaillé  par  Procès  &  autrement ,  en  fefdites  Terres  y 
Foy  &  Hommages ,  &  autres  droits  ;  &  fe  fur  les  chofes  deflufdites  ^ 
noftre  volonté  &  intention  n'eftoit  déclarée  ;  fçavoir  faifons  ,  que  nous 
voulans  ladite  reftitution  faite  à  noftredit  Counn ,  avoir  &  fortir  entiè- 
rement fon  plain  effet  en  tous  fes  Droits,  Terres  &  Seigneuries,  Fiefs 
&  hommages  y  fans  limitation ,  ne  reftriâion  aucune ,  &  l'interpréta* 
tion  d'icellc  ,  eftre  largement  &  amplement  entendue  félon  noftre.  in- 
tention &  volonté,  tant  pour  confideration  descaufes  contenues  en  nof- 
dites  Lettres  que  autres  à  nous  connues  &  notoires ,  &  qui  à  ce  raifonna- 
blement  nous  ont  meu  &  meuvent  ;  avons  voulu  &  déclaré ,  voulons  &^ 
déclarons  par  ces  Préfentes  noftre  intention  &  volonté  avoir  efté  &  eftre 
que  noftredit  Coufin  d'Alençon ,  ait  efté  &  foit  entièrement  &  du  tout 
reftitué  &  remis  en  fon  entier ,  &  en  tous  &  chacuns  fes  Droits ,  Ter- 
res ,  Seigneuries. ,  Foy  &  Hommages  ,  honneurs  ,  dignités ,  préémi- 
nences &  prérogatives,  &  autres  chofes  quelconques,  pour  en  jouir 
par  luy  &  les  hoirs  ,  en  la  forme  &  manière  qull  faifoit  paravant  ces 
cas ,  es  moyens  defquels  les  Procès  &  Arrefts  ne  fuflcnt  advenus  ;  &- 


SSt  PREUVES  DES  MEMOIRES 

-• — - —  dites  Lettres  de  reftitution  ,  lefquels  y  voulons  cftre  comprins  &  cn- 
1401.  fçndus,  nonobftant  les  ^rcfcrvations  contenues  audit  Arreft,  dons  ou 
difpontions  que  en  auroit  fait  noftre  feu  Seicneur  &  père ,  que  ne  vou- 
lons nuire  ne  prcjudicier  à  noftredit  Coufin  a  Alençon ,  ne  à  ladite  refti- 
tution &  d'abondant  >  en  tant  que  mcftier  feroit  à  nous  de  noftre  certai- 
ne fcience ,  pleine  puidance  6c  autorité  Royale  »  remis  »  reftitué  &  rein- 
tegré ,  remettons  ,  reftituons  &  réintégrons  noftredit  CouCn  d* Alençon 
généralement  Ôc  fans  exception  ne  reftriâion  quelconque ,  en  tous  Tes 
Droits ,  Terres  ,  Seigneuries  ,  Foy  &  Hommages  ,  ainfî  ôc  par  la  forme 
&  manière  qu'il  eftoit  &c  en  jouiubit  paravant  ces  cas  ,  fous  ombre  6c 
occasion  def quels  fe  feroient  6c  font  enfuit  lefdits  Procès  6c  Arreft  >  6c 
nonobftant  que  lefdits  Droits ,  Terres  &  Seigneuries ,  Foy  &  Homma- 
ges y  6c  les  dons ,  ceffions  &  tranfports  faits  par  noftredit  feu  Seigneur 
&  père  ,  i^e  foient  expreflcment  déclarés  6c  nommés  en  ces  Préfentes. 
Si  donnons  en  mandement  à  nos  amez  &  féaux  Confeillers  les  Gens  te- 
nans  6c  qui  tiendront  noftre  Parlement ,  de  nos  Comptes  6c  Treforiers 
â  Paris ,  6c  à  tous  nos  autres  Jufticiers  &  Officiers  qu'il  appartiendra  » 
ou  à  leurs  Lieutenans  6c  à  chaoun  d'eux  ,  que  rejettiez  les  dimcultés  def- 
fusdites  6c  autres  objeâionsou  allégations ,  que  on  voudroit  propofcr 
contre  nofdites  Lettres  de  reftitution  ,  ils  &  chacun  d'eux  ,  (i  comme  i 
luy  appartiendra,  fouffreht  6c  laiftent  jouir  6c  ufer  noftredit  Coufîn  d'A- 
lençon  6c  fes  héritiers  de  nofdites  Lettres  de  reftitution ,  grâce  ,  décla- 
ration 9  conceflîon  &  oftrov  ,  nonobftant  les  obmiflîons  6c  chofes  def- 
fufdites ,  &  tout  ain(î  qne  a  elles  euftènt  efté  nommément  exprimées  6c 
déclarées  en  nofdites  Lettres  ,  fans  mettre  ,  ne  donner,  ne  fouffrir  eftrc 
mis  ou  donné  à  noftredit  Coudn  6c  à  fes  hoirs  ,  aucune  contredite  ou 
empêchement  5  &  quant  à  ce  ,  impofons  filence  perpétuel  à  noftre  Pro- 
cureur General  6c  à  tous  autres  •,  &  afin  que  ce  (oit  chofe  ferme  6c  éta- 
blie à  tousjours ,  nous  avons  fait  mettre  noftre  féel  à  ces  Préfentes.  Don* 
né  à  Tours  au  mois  de  Décembre ,  l'an  de  grâce  14^1.  &  de  noftre  règne 
le  fécond  :  ainfi  fignc  fur  le  repli ,  Par  le  Roy ,  le  Comte  de  Sancere  > 
TAdmiral ,  le  Sire  du  Lau ,  Meflîre  Jean  de  Bar ,  Chevalier  général  ^ 
U  Sire  dç  Bçauyoir  6c  autrçs  préfens ,  le  Prevoft^  ^j/2r, 

^ÇCT  Promejfc  de  Jean ,  Duc  d^ Alençon  ,  Comte  du  Perche  ,  d^obferver  dt 
point  en  point  les  conditions  contenues  en  la  grâce  ^  que  le  Roy  luy  a 
faite  ,  fur  V Arreft  contre  luy  donné  à  Vendofme. 

Tiré  par  T  E  AN ,  Duc  d* Alençon ,  Pair  de  France,  Comte  du  Perche ,  Vicomte 

M.  TAbbé  J  jç  Beaumont  &  Seigneur  de  la  Guerche  :  A  touçceux  quicesprefentes 

Le  Grand  Lettres  verront,  falut  :  Comme  de  la  grâce  de  noftre  très-redouté,  Mon- 

ine Volume  ^^^8"^^"^  ^^  ^^^7  >  ^  ^^Y  ^  I?^^^  "^"^  remetrre ,  reftituer  6c  reftablir  en  nos 

des  Ducs  &  <lroits  ,  honneurs ,  prééminences ,  prérogatives  6c  droits  de  Pairie ,  pour 

Pairs  de  nous  ,  nos  hoirs  &  fuccefleurs,  &  nous  rendre  &  reftituer  tous  &  cha- 

France,  n.  cuns  nos  biens.  Terres  &  Seigneuries  en  l'eftat  que  nous  les  avions  6c, 

»  «7.  ^,  65.  poflTçdions  paravant  certain  Procès  &  Arreft  enfuit  à  l'cncontçe  de  nou« 


DE  PHIL.  DE  COMINES  ^53 

k  Vcndofmc ,  par  feu  Monfieur  le  Rojr ,  fon  pcrc ,  que  Dieu  pardoint ,  le 
<lixiéme  jour  aOdobre ,  l'an  14^8.  ainfi  que  par  les  Lettres  de  fa  grâce  *  4  »  ï 
^e  mondit  Sgr  peut  apparoir  ,  aonnées  en  ce  prefent  mois  d'Oftobre, 
moyennant  certaines  relervations  que  mondit  Seigneur  nous  a  fait  décla- 
rer ,  dont  la  teneuV  s'enfuit  :  Ceft  à  fçavoir ',  qu'au  regard  de  nos  Places 
■de  Vcrnoil ,  Dameront  &:  Sainde  Sufanne  ,  il  arefervé  à  y  commettre 
Capitaines  ôc  Gardes  de  par  luy  jufques  à  fon  bon  plaifir ,  qui  luy  feront 
le  lerment  en  tel  cas  accouftumé  ;  Se  avec  ce  a  efté  fon  bon  plaifir  de  re- 
ferver  la  carde ,  gouvernement  &  adminiftration  de  nos  très-chers  & 
très-amez  ms  &  fiue ,  René  ôc  Catherine  d'Alençon ,  pour  efbe  &  de- 
meurer avec  luy ,  &  de  leur  mariage  difpofer  &  ordonner,  &  les  allier 
avec  telles  perionnes  qu'il  luy  plaira ,  &  leur  bailler  tel  douaire ,  parc 
&  Dortion  de  noflre  héritage ,  qu'il  verra  eflre  à  faire ,  tout  ainfî ,  &par 
la  forme  &  manière  que  nous  pourrions  ôc  euflîons  pu  faire  s'ils  fuflent 
demeurez  en  nofbe  puiffànce  paternelle  ;  ôc  aufli  que  nous  faifîons  faire 
chofe  qui  fuft  ou  pufl  eftre  au  préjudice  de  mondit  Seigneur,  foit  par 
alliance  de  nofdits  enfàns ,  ou  autrement ,  fans  fon  fceu  ôc  exprès  com- 
mandement ,  dès  maintenant  »  pour  lors  &  dès-lors ,  pour  maintenant 
mondit  Seigneur  a  déclaré  &  déclare  ladite  grâce ,  qu'il  luy  a  pieu  nous 
faire ,  eflre  nulle  &de  nul  effet-,  par  ainfi  que  ce  ne  porte  aucun  préju- 
dice à  nofdits  enfans ,  &  qu'ils  n'en  eftoient  coupables  ôc  confentans. 
Sçavoir,  faifons  que  nous ,  reconnoi(fans  à  noftre  pouvoir  les  grâces  & 
amour  qu'il  a  pieu  à  mondit  Sieur  le  Roy  nous  faire  ôc  deroonflrer ,  avons 
confenty  ôc  confenton's  les  chofes  deffufdites ,  &  les  avoir  agréables  y  ôc 
avons  promis  ôc  accordé,  promettons  &  accordons  par  ces  prefentes,  les 
tenir  cle  point  en  point ,  (ans  jamais  aller  à  l'encontre  en  aucune  manie- 
tes  en  tefmoin  defquelles  chofes  nous  avons  mis  noflre  main  à  ces  prc^i 
fentes ,  ôc  à  icelles  fait  mettre  noflre  SceL  Donné  à  Tours  le  douzième 
dudir  mois,  l'an  mil  quatre  cens  foixante-un.  Ain(i  fîgné  fous  le  reply, 
Jbhak.  Et  deflus^  par  Monfieur  le  Duc  ôc  Pefe^  Ôc  vous,  autres  prc< 
ièns.  GiUaia. 

X  I  L 

97  Extrait  des  Lettres  confirmatives  en  faveur  du  Duc  d^AUnçon. 

LE  Roy  ayant  eflé  informé  de  quelque  aétion  intentée  à  l'encontre  ^g^is^ 
du  Duc  d'Alencon ,  dont  Arreft  &  Sentence  avoient  efté  rendus ,  j^  r Abbé 
icflablit  ledit  Duc  cuns  toutes  fes  dignités  &  prérogatives ,  à  la  prière  de  Le  Grand, 
plufieurs  de  i^%  Seigneurs ,  Prélats  ôc  mefme  parens ,  qui  luy  reprefen- 
terent  que  tous  fes  titres  &  papiers  luy  avoient  efté  pris  ôc  failîs  en  vertu 
de  cet  Arreft  en  la  Chambre  des  Comptes ,  au  Chafteau  d'Argentan  ,  ce 
qui  contenoit  tous  les  enfeignémens  par  lefquelson  pouvoir  reconnoiftre 
la  Duché  &  toutes  les  Terres  dépeAdantes ,  fes  dignités  &  prééminences 
de  Pair  ;  ôc  autres  droits ,  privilèges  ôc  libertés ,  aufli-bien  que  quelques 
autres  Lettres  de  certain  traire  &  appointement  faits  depuis  ledit  Arreft 
parles  Confeillers  &  Officiers  du  feu  Roy,  avec  les  provifîons  accor- 
dées à  Catherine  d'Alencon  ,  tante  dudit  Duc  d'Alencon ,  par  lef- 
Auelies  elle  avoir  £ùc  le  Roy  héritier  de  la  Terre  ôc  Seigneurie  de  Dexmes 
Tome  IL     '  Yy  & 


14^1* 


Tiré  des 
Recueils  dé 
M.  ÏAhhi 
IbC  Grand. 


554  PREUVES  DES  MEMOIRES 

6c  (es  appartenances  y  qpe  le  Kof  voulue  rendre  audk  Duc  avec  tous  lei* 
titres ,  tn  fe  refervant  une  provifîon  »  ce  qu'il  confirnu  par  cette  Lettres 
Nous  ordonnons  lefilits  titres,  regîftres 9  ficc  concemans  lefdits  Duché 
d'Alençon ,  fes  Terres ,  Seigneuries  ,  &c.  prifes  en  la  Chambre  des^ 
Comptes  audit  lieu  d'Argentan  Se  ailleurs ,  Se  envoj^z  en  noltre  Cbam* 
bre  des  Comptes ,  en  noftre  Threfor ,  eftre  rendues ,  &c.  à  noftredic 
Sieur  le  Duc  d'Alençon ,  ou  à  Tes  ErocureurS  8c  Commis  pour  luy  »  Se 
auffi  le  Livre  du  traité  &  appointement  fait  par  noftre  feu  Seigneur  Se 
père  avec  noftre  Coufine  la  Ducheflèen  Bavière,  touchant  ladite Tene 8c 
Seigneurie  de  Dexmes ,  dont  nous  \\xj  faifons  don  8c  délaya  fans  aucune* 
difficulté  rSi  vous  mandons  expreflément  que  vous  bailliez  8c  délivriez  ic 
kelluy  noftre  Coufin,  ou  à  fes  Commis,  les  Lettres  contenant  Se  accom- 
plidànt  nofdites  Ordonnances dudit appointement ,  &  autres  Lettres,  ti^ 
très  &  papiers ,  &c. concernans  fefdits  Duché  Se  fes  appartenances,  qu^ 
font  à  voftre  garde,  avec  reconnoiftance  de  noftredit  Coufîn  8c  de  fefdits» 
Procureur  &  Commis,  qui  vous  vaudront  defcharge  envers  nous»  Co: 
vingtiéme^jour  d!Oâohr&i4/>i..  Sipié  Le  Erevoft*^ 

X  I  1  I^ 

Çy  Extrait  dts  Ltttre  d^ahoVition  en  faveur  Jk  Due  '  dTAànçon  , . 

&  confirmation. 

LE  Duc  d*Alenfon  ayant  efté  retenu  une  longue  efpace  de  temps  eir 
prifon ,  pour  avoir  tait  enlever  plufieurs  traités  &  papiers  de  la  Fran* 
ce  devers  les  Anglois  ennemis*  du  Royaume,  fans  aucune  comsniffion  dti^ 
Roy  defFunâ ,  fit  prefenter  une  requefte  par  laquelle  il  fupplia  inftam^ 
ment  Sa  Maj^lé  d  oublier  ces  chofes^,  qu'il  dit  n'eftre  pas  vrayes  ,  par  le 
reilbuvenir  des  grands  fervices  que  luy  8c  fes  anceftres  avoient  tousjours^ 
rendus  à  la  Coiuronne,  &  pour  la  confervation  du  Royaume  &:  de  (tt» 
Eftats ,  fàifant  voir  que  toute  fa  famille  avoit  toosjours  efté  très-afFec-^ 
tionnée  à  leur  fervice ,  principalement  Charles ,  Comte  d'Alenoon ,  foa 
grand  Ayeut>  feul  frère  du  Roy  de  France ,  qui  pour  la  dcftenfe  àvt 
Royaume ,  alla  s^'expnofer  aux  plus  grands  dangers  de  la  bataille  de  Cre- 
cy ,  où  il  pardic  la  vie  ;  enfuite  de-  quoy  le  Comte  Pierre  d'Alençon  fonc 
fils  fut  en  oftage  en  Angleterre  pour  le  Roy  Jean  ,  &  s'en  tira  par  le 
moyen  de  plus  de  foixameinille  vieux  efcus  d'or  de  £t%  propres  biens  » 
fie  n'ayant  point  ceffé  depuis  de  fervir  tous  jours  vaillamment  le  Roy^,  fut 
bleile  d'une  fi  dan^ereufe  manière  >  qu-'il  en  mourut  peu  de  temps  après  y 
après  luv  le  Duc  a  Alençon  perdit  la  vie  en  dépendant  le  Royaume ,  fie 
laiflà,  à  la  bataille  d'Agincourt ,  où  il  mourut  ^  le  mefme  Suppliant  en  bas  - 
âge  •  lequel  depuis  ce  temps-lâ  nece&  point  de  fervir  le  teu:  Roy,  Sc^ 
meune  Sa  Xlajefté  depuis ,  fans  efpargnér  non  plus  fon  corps  que  (^: 
biens  en  la  bataille  de  Verncuit,  ou  il  fut  trouvé  entre  les  morts-,  fi^  pris, 
par  les  ennemis  Se  mis  en  prifon ,  où  pour  s'en  racketter ,  il  paya  la  (om- 
me  de  trois  cens  mille  clcus»  d'or  •,  c'cft  pourquof  il  employa  tous  ks- 
meubles  ,  Se  fut  obligé  de  vendre  une  partie  de  ks  héritages  ^ufques  â 
quinze  mille  livres  de  rente  dont  il  n'et^  aucune  recompenfe.  Se  après  ne: 
difcontinua  point  defcrvir  Sa^ajeûi,  tant  au  voyage  du  Sacre  de  la  per<r 

.  fonnc 


DEÎ>HIL.  DE  COMINES.  55^ 

fonne  du  feu  Roy ,  àuffi  bien  que  dans  fcs  années,  |)our  ta  d^nfe  du  ^  g^ 
Royaume ,  pendant  lequel  temps  H  avoir  c&é  detK>uté  &  privé  de  la  ^  ^ 
jouiflànce  de  fa  Duché  d*Alençon  Se  fes  dépendances  ^  jufques  à  la  ré- 
dudtion  du  Pays  &  Duché  de  Normandie.  Açrès  avoir  leprefencé  ces 
chofes ,  &  avoir  fait  ferment  qu'il  n'avoir  jamais  eu  de  mauvaife  volonté 
contre  le  Roy  déffiinâ ,  &  qu'il  fupplioit  le  Roy  d'en  eftre  peifuadé  *,  il 
reprefenta  les  miferes  qu'il  avoir  endurées  avec  fa  famille,  fuppliant  le 
Roy  d'avoir  égard  au  temps  qu'il  avoir  ^é  en|>rifon^  Le  Roy  ayant  fait 
oflèmbler  les  Princes  àc  (a  Cour  &  fon  Confeil ,  le  fit  mettre  en  liberté 
&  jouiflance  de  tous  fes  biens  ,  (tignitt2  &  honneurs  ^  &:c>  luy  &  fe$ 
fucceflèurs  ,  .t>our  en  jouir  paisiblement ,  &  impofa  -(ilence  au  Procureur 
6c  i  rous  fes  fujets  »  nonobftant  la  Sentence  rendue  contre  luy  &  fe$ 
biens ,  &c.  Donné  à  Tours  le  onziefme  jour  d*Oâ:obre ,  l'an  de  grâce 
mil  quatre  cens  foixante  &  un ,  de  noftre  Règne  lepremier> 

S'ehruit  la  confirmation  de  ces  Lettres ,  par  laquelle ,  nonc^ant  les 
teferves  contenues  audit  Arreft  donné  contre  luy ,  il  reftaUitle  Ducd'A^ 
lençon  en  toutes  fes  Terres  8c  Seigneuries ,  après  avoir  fait  une  repeti^ 
tion  de  tout  ce  que  conriennent  les  deux  precedenres.  Doimé  à  Tours 
au  mois  de  Décembre  mi  quatre  cens  foixante  8c  deu!t ,  <&  de  noftre  Re« 
sne  le  fécond. 

X  IV. 

1^  Lettres  du  Roy  Lcmys  XL  par  Uf<pulhs  il  p0rmu  ^  Jeàn^  Cx>mte 
^iC  Armagnac  »  d€  requérir  par  Procureur  C entérinement  des  Lettres  ,  p^^ 
defqueUes  il  Vavcit  rejlitui  envers  tArrefi  du  Parlement  de  Paris  ,  donné 
en  contumace  ,par  lequel  ledit  Comte  avoit  efii  banni  du  Royaume^  ai^eo 
confiscation-dejes  biens. 

Dtt  ti.  Oâobrei4^f. 

LOYS ,  par  la  grâce  de  Dieu ,  Roy  de  France^  A  nos  ameasSc  fcaux      l^é  Jei 
Confeillers  ,  les  gens  renans  &  qui  tiendront  noftre  Parlement ,  ?:^,Vji5.i^ 
falut*  dUeûion.  Noftre  très^her  «c  amé  Coufin  ,  Jean ,  Comte  d'Ar-  £^^^13! 
magnac ,  nous  a  fait  remontrer  que  nous  lui  avons  oâroyé  nos  Lettres 
Parentes ,  en  forme  de  Charres ,  en  lacs  de  foye  6c  cire  Verte ,  jpar  les- 
quels nous  l'avons  reftitué  â  fes  Terres  8c  Seigneuries ,  lefqueUes  avoient 
^é  empefchées  du  temps  de  feu  noftre  rrès<her  Seigneur  6c  père ,  que 
Dieu  aofoille ,  au  moyen  de  certain  Arreft  donné  ]>ar  conrumace  en 
noftredite  Cour  ,  par  lequel  il  avoit  efté  déclaré  banni  de  noftre  Royau- 
me ,  6c  fefdites  Terres  8t  biens  confifquez  ^  6c  par  icelles  nos  Lettres  ^ 
l'avons  rappelle  6c  luy  avons  pardonne  8c  aboli  tous  les  cas^  qu'il  avoit 
paravant  nuts  6c  commis  envers  nous  8t  juftice ,  en  mandant  que  on  le 
faflê  jouir  de  fefdites  Terres ,  Seigneuries  6c  Biens ,  nonobftanr  ledit 
ban  &  les  procès  qui  faits  avoient 'ffié  allencontre  de  It^ ,  ainâ  qu^  cei 
chofes  font  plus  à  plein  contenues ,  6c  déclarées  en  nofdites  Lettres  Pa^ 
tentes  \  lefquelles  il  eft  tenu  vous  prefenrer  en  perfonne ,  pour  en  avoir 
l'entérinement  s  mais  pource  qu'il  a  efté  longuement  abïent  de  noftre 
Royaume ,  fans  jouir  aucunement  de  fefditesTerres ,  8c  qu'il  ne  pour- . 
soit  aller  en  no^  Ville  de  Pari^ ,  qu'il  ne  fift  long  fejour  6c  très-gran*^ 

Yy  t  de 


35^         PREUVES  DES  MEMOIRES 

iJL&i  ^^  dcpenfe,  à  laquelle  il  ne  pourroit  bonnement  »  quant  à  pteTe^^ 
^  ^  fournir  9  il  nous  a  fupplié  &  requis  »  que  nofixe  plaifir  foit  Iny-  oâroyei; 
que  lefdites  Lettres  >  u  vous  plaife  faire  prefenter  &  requérir  Venterit» 
nement  par  Procureur»  &  fur  ce  >  luy  impartir  noftre  grâce.  Pour  ce  efl> 
il  que  nous,  ce  que  dit  eft  conCderé  >.&  auffi  que  noftredit  CouHn  d'Ar^ 
Diagnac  eft  à  prefent  en  noilre  compagnie  &  iervice ,  voulant  relever  de 
charges  &  depenfes  iceluy  noftre  Coufîn  d* Armagnac ,  pour  ces  caufes 
Se  autres  i  ce  nous  mouvans ,  avons  oétroyé  &  oâroyons  ,  voulons  &€ 
nous  plaill  de  grâce  fpéciale,  par  ces  préfentes ,  qu'il  loit  receu  par  Pro^ 
cureur  y  i  vous  prefenter  lefdites  Lettres  d'abolition  »  &  en  requérir  l'en** 
térinement  par  Procureur  ,  quant  i  ce  duement  fondé  ,  tout  ainfî  quq 
feroit  noftredit  Coufin  d*  Armaenac ,  s'il  les  vous  préfentoit  &  en  re^ 
queroit  fenterinemént  en  perionne..  Si  vous  mandons  Ôc  enjoignons 

Sue  icefuy  noftre  Coufin  expofànt,  vous  faites  Se  fafliez  jouir  &  ufer  pai-« 
blement  de  noftre  prefente  grâce  &  oâroy;,  car  aind  nous  plaift-il  eftre 
fait ,  &  à  noftredit  Coudn  expofant ,  l'avons  oAroyé  &.  oâroyons  da 
grâce  fpécialé  par  ces  Prefentes,  nonobftant  la  rigueur  du  ftyle  de  nof-n 
tredite  Cour  de  Pàrfement».  Donné  à  Toursle  douzième  jour  d'OûobrCy 
^an  de  grâce  i^i  ^  Se  de  noftre  règne  le  premier.  Par  le  Roy  ,  Monfei-» 
gneur  le  Duc  d'Alénçon ,  le  Comte  de  Dunois ,  l'Admirai ,  le  Sire  de 
Mont(breau  8c  autres  pluûeurs  prefens  ».  De  Laloere. 

X  V. 

ij^  Jrrtfi  d'cnrtgijlnment.  Proch  Jiffirens  d'jirmagnac  ,  z6l  Regîpre 

Criminel  du  Parlement  y  foL  gz» 

"^•f  ^*^  T    ^Ï^OVICUS  univerfis  faTutcm.  Notum  facimus ,  quod  vifis  per 
M^'"rAbb^    JL>  noftram  Parlamenti  Curiam  certis  litteris  rappelli  banni ,  rcmiflîoni{^ 
IcrGrand-     que  &  abolitionis  à  nobis  occaHone  contcntorum  in  eifdem  Litteris  nof- 
tris  9  per  cariffimum  confanguineum  noftrum  Johannem  Comitem  Ar^ 
meniaci ,  fub  data  undecimâ  die  mentis  Oébobris  pra^fentis  obtentis ,  Se 
per  ejufdem  confanguinei  noftri  Proeuratoremad  id  fpecialiter  fundatum^ 
Se  pro  ip(b  confanguineo  noftro  earumdem  Litterarum  integratione  re- 
quirendo  «  didacCuriae  noftrae  exhibitis  ,  &  pracfentatis ,  necnon  audi-^ 
to  Procuratore  noftro .  generali ,  qui  in  nu  Ho  contradicere  voluit  ,, 
àiOix  difcretioni  ejufdem  Curiae  noftr^e  fe  retulit ,  ac  confjderatis  & 
attentis  omnibus  in  hac  parte  confiderandis  ,.  pra^ata  Curia  noftra  ». 
auditis  Litteris  noftris  &  contenta  in  eifdem,  ootemperavit  &  obtem- 
pérât ,  ac  illa  memorato  confangiuineo  noftro  intcrinavit   &   interi- 
nat,.  quocirca  dileâo  &fidelino£o  Magiftro  Johannide  Lougalioin 
diéta  Curia  noftra  Confîliario ,  tenore  praclentium ,  per  quas  univerfis  Se 
£ngulisOfficiariis  &  Jufticiariis  noftris ,  arque  RegnL  noftri  prasfentibufr- 
Se  futuri»,  ne  praenominatum  confanguineum  noftrum  in  corpore  five  * 
bonis  fuis  aliqualiter  occafione  contentorum  in  fupradidbis  Litteris  nof> 
tris  vexent ,  moleftcnt  aut  perturbent ,  feu  vexari ,  molcftari  Se  jperrur» 
fcari  faciant  veT  permit  tant,  inhibemus.:  comittimus.  &  manclamus» 
quatenus  idem confanguineo noftro  bona  ,  Terras,  Donunia  &  poflef» 

Abnes^fuasQccaiionc contentorum^. in  jam  didis  Litteris  noftris  captas^ 

arreftata». 


HE  PHIL.  DE  COMINEl  $57 

ttrefbtas  feu  itnpedicas  plenariè  libcrct  feu  liberare  faciat ,  îndflatè  ex-  1, 4.^*1^ 
pdUendo',  ad  hoc  fi  qui  fine  vel  fuerinc  y  omnibus  viis  &  modis  debici^ 
viriliter  &:  diilriâè  compellendo  ^  cui  quidem  Confiliario  noftro  &  ab 
co  deputandis  ab  omnibus  Jufticiariis  6c  Subditi»  noftris^  in  hac  parte 
pareri  volumus  Se  jubemus.  Datum  Parif.  in  Parlamento  noftro  ^  zi. 
die  Oâx:^ris  >  aana  Domini  14^1^  &  regnlnoftri  anno  Jr^ 

X  V  I. 

$Cr  Lettres  iTobedienct^fitiale  du  Roy  Louys  Xt.  au  Pape  PU  IL 

LUDOVICUS,  Dei  gracia,  Francorum  Rex,  tibi  SanAiffimo  aC      TitiSt 
Beatiffimo  Patri  noftro  Pio  Papa  Secundo ,  obedienriam  filialem  &  Volume 
plenos  devocionis  affeâiis.  Deum  folum  fcientes  efle ,  eu  jus  providen-  ^ij?'  ?^  I* 
tia  benc  con&iitur  rébus  humanis ,  meliufque  Régna  Se  Urbes  Reli-  Roi  fol  8 
gione  cinffi  atque^defendi  quàni  armis  &  m<»nibus,te  Vicarium  Dei  vi-  parmi  ceux 
vcnris ,  ea  venerarione  proitquimur,  ut  facra  pra^ertim  in  Ecclefiaftici^  deBethone^ 
xebus  tua  roonitav  veluti  vocem  Paftoris  audire ,  illifque  parère  prômp- 
ta  mente  velimus^  Quapropter ,  BeatifCme  Pàtet ,  &  fi  cônftitutio  qax- 
dam  in  Regno  noftro  >  quam  Pragmaticam  vocanr  y  magno  Pnelarorum 
conventu , ma^â  temporis detiberatione conclufa  fuerit ,  8c  jamcaltum 
obducens-,  quietum  projpe  fixerit  ftatum,  ut  tamen  tuis  ad  nos  Litteris  » 
illam  à  Regno  noftro  aunerri ,  explodr,  abrogarique  flagitas*  Nbbis  quo- 
que  dileâus  6c  fidclis  nofter  Confiliarius  Joannes  Epifcopus  Attrebaten- 
m  y  quem  cum  poteftate  Legati  de  latere  ad  hoc  noftrimi  Regnum  nrifif- 
ti ,  commemoravit  ea  ,  ad  quarper  ipfum  tibi  noftro  noitiine  pbificenda,  * 
vovenda  ,  6c  promittenda  ,  nos  antequam  Regnum  fufcepiflèmus ,  Reli- 

fionis  inftinâus  quidam  deduxerar.  Nos  noftra  promifia  exequi,  acce- 
ente  modératrice  rerum  Ecclefiafticarum  tua  authoritate  ftuaemus.  Se 
^o\\xmusy  6c  id  quidem  tanto  volumus  anime  pfopenfiôri-,  quahtb  no- 
bis  Regnum  Francix  florens  &  bcllo  vacuum  tuetur  Deus  &  protegir. 
Omnibus  itaque  viâimis  potiorenf  obedientiam  intcHigentes ,  aflenfî 
fumus,  his  qux  tuo  nomine nobis  aperta funt ,  ipfam  fcilice t  Pragmaticam 
Sanftionem  tibi  tuacque: Sedrefiè  infenikm  ,  utçote  quae  in  fcditione  & 
fchifmatis  tenipore  ,  atque  per  feditionetn,  feâionifijue  à  tua  Sede  figu- 
lom  nata  fit ,  &  quac  dum  tibi  ,  à  quo  faerac  leges  oriuntur  8c  manant 
ouantumlibet  erîpi ,  authoritatem ,  omne  jus  6c  omnem  legemdifîblvitj 
ittud  enim  exoritur,  quod  idem  Confiliarius  nofter,  nomine  ruse  Sanc- 
tîratis  aftruxit ,  ut  dum  per  Pragmaticam  ipfam  ,  Âimma  in  Ecclefia  tuse  ' 
Sedis  authoritas  minaitur ,  dum  Praelatis  in  Rtcgno  noftro  quoddam  li- 
centiac  templum  per  illam  pracftniirur.-  Dtim  congruens  uniras  ad  alia*. 
Régna ,  conformirafque  tolli  videtur ,  abroganda  fit  ipfa  Pf agmatica  , 
peliendaque  â  Regno  noftro ,  quippe  quae  adverfus  ruaan*  Scdcm  om- 
nium Ecclefiarum  matrem  ab  infèrioribus  Pradatis*  laça  fit ,  tanquam  ut 
Scriptura  lo<)uitur ,  quomodo  fi  elcvetur  virga  contf a  levantem  fé ,  aur 
baculus  ,  utique  lignum  eft.  Qux  quidem,  ^eatiffime  Pater,  Jicet  pieri^ 
«ue  doâi  homines  confutare  niterentur  ^  atque'dîluere ,  ntultaque  nos 
othonarentur  abrogare  Sanâigncm  ipiam ,  te  tamen  Prihcipem  totius 

Yy  3  Ecclefiag-^ 


55«  PïlEUVES  DES  MEMOIRES 

^        Êcclefiar,  te  Antîfticem  facroram^  te  Dominici  gregis  Paftorem  profitemor  » 
"^  £c  fcimus,  teque  jubencetn  Arquimur,  tibi  &  Beacimmi  Pétri  Cathedcae  cou- 

fentitnus  8c  jungimun  Icaque  ficut  mandafti  >  Pragtnatkam  ipfam  à  Reg» 
no  noftro  «  noIhrcKiue  Vîenneniî  Del]>hinatu  »  &  omni  diaone  noilni 
per  prcfences  pellimus  >  dejicimus ,  ftirpitufque  abrogamus  »  Se  quam  p 
£c  qualemve  ante  Pragmatiae  ipCuseditionem*  circa  Ecdefianim,  Bene* 
ficioruxn ,  aliarumque  rerum  ipiritualium  difpoiStionem ,  cenfuram ,  mo» 
<leratioiiem  in  Regno  noftro ,  omnique  dicione  noftra  tui  Prac^ceflô- 
tes  y  Martinus  quintus ,  &  Eugenius  quartus.  Romani  Pontifices  habe« 
l>ant,  6c  exerceoant,  talemeandem  noftro  adjutori  Beatiffimo  Petro» 
tibique  ipfîus  fuccedori  reddimus  ,  pcxftamus ,  &  reftitoimus  cum  Cum^ 
mo  imperio  >  cum  judkio  Ubero ,  cum  poteftaoe  non  coarâata.  Ta 
cnim  cum  fcias  quid  authoritate  divinitus  tibi  tradita  poifis ,  quas 
pro  Regni  noftri ,  &  Ecclefiarum  in  eo  tcanquillitate  i>oftuiabimus ,  noa 
négliges  vts  neceflàrias ,  poterifque  femper  quod  optimum  fuerit  judi- 
care.  Utece  igitur  deinceps  in  Regno  noftro  poteftace  tui  ut  voles  »  atque 
iUam  exerce  y  non ,  ut  nominum  membta  nuUa  contentione ,  capite 
uno  >  atque  una  mente  ducuntur  »  fie  tuis  (àcris  deccetis  EcdeGx  Prxlati 
in  Regno  noftro ,  &  Delphinatu  confonantiam  ^  &  obedientiam  plenam 
refundent.  Quod  fi  forte  obnitentur  aliqui  aut  reclamabunt  »  nos  in  ver* 
)>o  Regio  pollicemur  tu2  Beatitudini  atque  promittimus  ezequi  »  facere 
tua  mandau ,  omni  appellationis  >  aut  oppofitionis  obftaculo  prorfus 
excIuCo ,  eofque  qui  tîbi  contumaces  fuerint  pro  tuo  juflu  comprimemus 
Ce  refrenabîmus*  Datmn  Tuoonis  •  fiib  magno  figillo  noftro  >  die  xxv^. 
menfis  Novembris.  Anno  Domini  millefimo  quadringentefimo  fexago- 
fimo  primo  >  ôc  tcgpi  noftri  prima  Per  Regem  in  fuo  Confilio. 

X  VI  L 

Hf^  Le  Berry  donne  tn  app^magc  à  Charles  de  France  ,  Frère  deLouys  Xli 

ipi^  ^  T   OYSf  par  la  grâce  de  Dieu,  Roy  de  France;  fçavoir  Ëûfons  i 
Kecueils  <ic  -^  ^^"^  préièns  &  i  venir.  Comme  après  le  décès  de  feu  noftre  très- 
M^  f  Abbé    cher  Seigneur  6c  père  que  Dieu  abfoille ,  qui  n'aguètts  eft  trcpaftS ,  fie 
1^  Grand.)  â  noftre  avènement  à  la  Couronne  de  France  »  en  donnant  provifion  &c 
ordre  es  Êuts  6c  affaires  de  nous  fie  de  noftre  Royaume  y  ayons  entre  au« 
très  chofes  eu  advis  fie  regard  i  ce  que  noftredit  feu  Seigneur  6c  père  n'a- 
voir encore  fait  appanage  y  ne  donné  aucun  nom  ou  titre  de  Seigneurie 
à  noftre  très-cher  A:  trés-amc  Frère  Charles  de  France»  fie  conuderant 
que  noftredit  Frère  eft  ja  parvenu  en  âge  pour  avoir  eftat  fie  aucune  pro* 
vifion  honnorable»  voulans  pour  lefdites  caufes,  fie  pour  la  grande  acFec^ 
tion  6c  amour  naturelle  que  avons ,  comme  avoir  devons  à  luy ,  fie  afin 
que  luy  donnons  entrée  fie  commencement  d'avoir  fie  tenir  eftat ,  ainfi 
que  à  Fils  fie  Frère  de  Roy  appartient  »  fie  fur  ces  chofes  eu  Tadvis  de 

Îlufieurs  de  noftre  Sang  fie  ii^iage ,  fie  des  Gens  de  noftre  grand.  Confiai]» 
icelluy  noftre  Frère  Ourles,  pour  partie  de  fon  appanage ,  fie  en  atten^* 
dant  que  autrement  luy  puiflions  pourveoir ,  avons  baille ,  cédé ,  quitté^ 
(riinfpon^  6ç  dclaifte»  paillons  >  cédons  >  quittons  >  tranfporcons  fie  dé^ 

laiflbns 


DE  PHIL.  DE  COMIKES:  si9 

taiflÔns ,  &  â  fes  enfans  malks ,  &  aux  defccndans  de  fcs  enfans  mailes  i  m 

en  droite  ligns  &  loyal  mariage ,  perpecuelLemenc  &  i  tousjours  ,  le  Du-     i  ^«f  jf^ 
chi  de  Berrir,.  enfemblc  toutes  les  Villes,  Chafteaux,  Fortcrcflcs,  Pla- 
ees  1  Baronnies ,  Terres^  Sei^neUiics  >  Hommes  >  Hommages  ,  Bcfs ,  or-- 
tiere-fîefs,  cens  ,  rentes,  ferviiutes,  eftangs,  moulins,  rivières,  forefls^ 

tarenncs,  noblellës ,  collations  &  patronages  de  bénéfices,  Jufticc  & 
eigneurie ,  haute  ,  moyenne  Se  ba(& ,  mère  &  mixte ,  impere  &  autres- 
dignités  ,  profits  &  revenus  quelconques  à  nous  appaitenans  i  caufe  du- 
dit  Duché  de  Bcrrf ,  en  quelque  valeur  ou  eftimation  qa'Us  feient  ou 
puiflêntcftre^enquelq.uemaniercqu'ils  viennent  en  ores,  ou  poar  le- 
temps  avenir .  &  tout  ainfî ,  &  eu  la  forme  6c  manière  que  tes  avoit  Se 
tcnoit  feu  lè  Duc  de  Bcrry ,  noftre  oncle  dernier  ircfpaflî,  fans  aucune 
ehofe  y  retenir ,  ne  referver  pour  nous  ne  les  noâres,  fors  feulement  les- 
^sy  Se  hommage  lige.  Se  les  fonverainetea ,  rellbrts  Se  autres  droits 
Royaux  efdks  Ducne  de  Berry ,  Villes ,  Chafteaux ,  Chaftellenies  8e 
Icors  appartenanccs-&:  appendances ,  avec  les  gardes  des  Eglifei  Cathe- 
draul; ,  &  «utics  eftant  de  fondation  Royale  ,  de  panage  ,  &  11  ptivile- 
^  giées ,  qu'elles  ne  putllènt  ou  doivent  elbre  feparces  de  la  G>utonne  de 
France ,  &  auffi  relervé  X  nous  Se  i  nos  Baillifs ,  des  exemptions  la  con- 
noiflànce  descaufea  defdiiesEgtifesCathe<iraLes,de  fondation  Royale  Se 
exemptes  ;  &  avec  ce  luy  avons  donné  &  donnons  par  cefdites  prefen- 
tes  la  nomination  de  tous  les  Offices  des  Aydes  ordonnez  pour  la  guer- 
re ,  ayâns  &  qui  auront  cours ,  Jk  des  greniers  Se  cHambres  i  Sel  eftablts 
audit  Pays  Se  Duché  de  Berry,  Se  autres  Offices  ;  Se  etl  outre  avons  i 
noftredir  Frère ,  pour  luy  Se  pour  fefdits  Hoirs^,  oftro^é  Se  oâroyons  ,, 
voulons  Se  nous  plaid  de  grâce  cfpeciate')  pleine  puiflance  Se  autorité 
Royale ,  comme  de^f,  qae  ledit  DucHé  de  Berry ,  enfemblc  les  Villes,' 
Chafteanx,Bâronnies,Chaftcllcnies,Jullice,Terre3&:Seigneuiies,&auties- 
chofesqui  en  dépendent,aînn  par  nousàluybaillées  en  appanage,avec  leurs  ' 
appanenances  &:  dépendances,  ils  tiennent  d'otefnavantenFairie,&  ice- 
luy  noftre  Frère  Charles  avonï fait ,  etéé  Se  inftîtué,  faifbns>  créons  Sc- 
inftituons  de  grâce  efpcciale  8c  autoiité  Royale ,  par  cefdites  prefentes  ,■ 
Duc  pour  luy  Sc  fefdits  enfans  mafles ,  Se  les  en^ns  malles  defcendans  f 
oomme  dclHiSi  en  droite  ligne  8c  loyal-mariage ,  Se  Pair  de  France  ;  vou- 
làns  qu'ils  jouiflènt  8c  ufent  de  toutes  telles  prérogarivcs ,  prééminen- 
ces 8e  libertez  dont  ont  jouy  8c  ufé ,  jouyflent  8e  ufsnt  les  autres  Ducs 
Se  Pairs  de  France ,  nonobftant  que  ledir  Duché  de  Berry  folt  du  Domai- 
oedelaCouronnede  France,  duquel  Domùne  nous  avons  iceluy  Du- 
ofaé  fepaté  8e'  disjoinr ,  feparons  &  disjoignons  pat  cefdites  ptefentcs ,  à 
caufe  dodir  appanage ,  Se  tant  qu'il  aura  lieu  ,  nonobftanr  quelconques 
privil^es  que  on  pourroir  dire  avoir  eftéoâroyez  par  nos  pcedecenèurs, 
de  noo  pouvoir  mente  ledit  Duché  de  Berry  Hors  de  noftre  main  >  ne  le 
ftpaierde  ladite  Cooronne,  Se  quelconques  :s 

au  contraire.    Pour  Icfdits  Duché  de  Berry ,  ^  ,  _ 

Baronnies,  Terres,  Seigneuries,  hommes,  ^    . 

fiefs,  nobleflcs,  prérogatives,  collations  Si  , 

Juftice ,  cens ,  rentes ,  fervinitcs  Se  autres  d  4 

^elconques-i  icelleafrf^tenans,  enfemble  n 

aofdita 


*4^^> 


Tiré  des 
recueils  de 
M.  TAbbé 
LeGraod. 

Le  Traité 
dont  aousl 
donnons  la 
ratificatifi- 
cation  »  Cç 
troave  im- 
primé au 
Corps  Dî- 
plomacîquç 
T.  III.  par. 
tiel.p.i7f. 
icn  datte  dçL 


y6o  PREUVES  DES  MEMOIRES 

aufdits offices ^  avoir&  tenir^n  appanage  de  France  Se  en  Pairie»  8c 
jen  jouy r  &  ufcr  par  noftredit  Frère  Charks ,  &  fcs  cnfans  mafles ,  fie 
les  enfcins  mafles  des  enfans  procréés  defdics  mafles  en  loyal  mariaee  » 
jlorefnayanc,  perpetuellemenr ,  tant  qu'il  y  aura  hoirs  mafles  defcendus 
de  mafles  en  la  manière  devant  dite ,  pleinement  fie  paifiblement ,  tout 
ainfi  que  font  >  fie  ont  droit  >  £c  accouftumé  faite  les  autres  &igneurs  de 
jioftre  Sang ,  es  Terres  Se  Seigneuries  qui  leur  ont  efté  baillées  en  appa- 
iiage  Se  en  Pairie.  Voulons  toutesfois  »  que  s'il  advenoit  '  que  nofttedit 
Frère  Charles  n*euft  aucuns  enfans  mafles ,  ou  que  au  temps  advenir  fa 
lignée  cheut  en  ligne  femelle  ^  en  ce  cas  lefdits  DiKhé  Se  Seigneurie  d^ 
Berry  reviendroient  à  nous  ou  à  nos  fucceflèurs  Roys,  Se  au  domaine  de  la 
Couronne  de  France  »  tout  par  la  forme  Se  manière  que  font  &  doivent 
faire  en  cas  (èmblable  les  autres  Terres  fie  Seigneuries  baillées  en  appa^ 
nage  de  France.  Si  donnons  en  mandement  par  cefdites  prefences  i  nos 
amez  fie  féaux  Confeillers ,  les  Gens  tenans ,  fie  qui  tiendront  noftre 
Parlement ,  fie  de  nos  Comptes ,  Treforiers  fie  Généraux  >  fie  i  tous  nos 
autres  Jufticiers ,  ou  i  leurs  Lieutenans ,  prefens  fie  i  venir ,  fie  i  chacun 
xl*eux  ,  il ,  comme  â  luy  appartiendra ,  que  noftredit  Fcene  Charles  fie  ^ 
fefdits  en6ans  mafles ,  fie  les  enfans  mafles  de  fefdits  enfans  mafles ,  en 
'  droite  ligne  fie  en  loyal  mariage ,  ils  faflènt  Se  fouffrent  jouyr  fie  ufec 
paiiiblement  fie  perpétuellement  de  nos  prefent  bail  9  quittance  «  ceflioti 
jfie  tranipon  defdits  Duché  fie  Pairie,  (ans  faire  ne  fi:>uffi:ir  eftre  fait  aucu* 
ne  chofe  au  contraire  :  fie  afin  que  ce  foit  chofe  ferme  fie  ftable  à  tous* 
jours ,  nous  avons  fait  mente  noftre  Scel  à  qefdites  prefentes ,  (auf  en 
auties  chofes  noftre  droit  >  fie  Tautruy  en  toutes^  Donné  à  Montrichart 
au  mois  de  Novembre ,  Tan  de  grâce  mil  quatre  cens  foixante-un ,  fie  da 
noftre  Reçue  le  premier.  Sic  Signatum  >  fupra  plicam  ,  Par  le  Roy  eh 
fon  Confeil.  J.  EÎe  Laloerc.  Fifa  ,  l4^a  ,  publicata  &  rtgifhata  Panf:  in 
Parlamtnto  z4m.  die  Novcmbris  >  anno  146 ip  Sic  fifft.  Cheneteau>  & 
indorfo%  RtgÙlrata. 

CpUafio  faaa  tjl  cum  orii^nafi.  Chpncceaa» 

X  y  ï  U. 

ifT  Réuificafion  du  Traité fuivant ,  faiupar  U  Roy  d^Arragon  , 

U  Zip  May  14^7^ 

IjM  nomlne  Domîni ,  Amen.  Tenore  hu jus  inftrumenti  cunAis  pateat 
evidenter  »  Se  notum  fit  .Quandoquidem  fereniffimus  fii  potentiuimus 
Princeps  Dominus,  Joannçs  Deigratiâ,  Rex  Arragpnum ,  ram  perfe  quàm 
per  fuos  deputatos  fsepius  precibus  inftiterit  pênes  fie  apud  Chriftianiflî* 
mum  Se  potentiflimum  Principem  Se  Dominum  9  Dominum  Ludovicum 
Dei  gratia  Francprum  Regem  «  ut  de  certo  numéro  gentium  armorum 
fie  traâiis ,  iive  fagitt^ios  ne.c  non  artilleri^e ,  five  munitionum  contra 
nonnulio^  fubditorum  Aiorum  civitati^  Barchinone  Se  pridcipatus  Car 
thaloniar  di£to  Domino  I(.egi  Arragonum  rebelles  fuccurrere  Se  eoncc- 
aere  vellet  ad  eos  ad  fuam  obedientiam  reducendum ,  fie  poft  diverfos 
qradatus  fupej:  hop  tam  intçr  ipfos  Don>inos  Reges  9  quàm  eorum  Con^* 

flUarioâ 


r 


DE  PHIL»!D.E  OaMTRtES.  iêi 

fitiarlos  «d  hoc  Cpccialiccc  deputaços  habicos  »  pnéfatns  ChriftiMiffimas         ^ 
Francorum  Rex  )  cercis  ex  cauds  ad  hoc  animum  ruiim  moventibus  vo-       ^ 
iuerit.  &  coofentierit  \  vult  etiam  &  confencic  dare  &  concedere  ad  ufiim 
Se  effeâus  ptxxt\i(ios  ài€to  Domino  Arragonum  Régi  numerum  fepciaçen- 
tarum  Lancearum  ^  cum  fagitcariis  (îve  gencibus  traéhis  iiiis  convenien- 
tibus  fectindùm  urum  &  moretn  Regni  Franciâs ,  ûib  conduâu  8c  onere 
aliquorum  e  jurdeinChriftianifluni  Régis  Francorura  y  principalium  OfScia- 
xiorum  unà  cum  certo  numéro  pedicum  armatorum,&  cercà  quanticate  mu- 
nitignum ,  machinarum  feu  artillerie  folutorum  &  ftipendiatorum.  Qui 
àxôtï  armaci  &  Lancex  >  unà  cum  ipfis  fagitrariis  debenc  e(Ie  in  punâo 
&  parari  pro  inCelTu  ,  intra  finera  menfis  Junii  proximè  inftantis  procu- 
tion  tandem  ad  ferviendum  prxlibato  Domino  Arragonum  Régi  >  in 
partibus  Cathalonise  »  &  hoc  faciendo  praefàtus  fereniffimiis  Rex  Ar- 
ragonum tenebitur  prxfato  Chriftianiflimo  Francorum  Régi ,  pro  fump- 
tibus»  (lipendiis  &  expenHs ,  pej:  eum  in  his  qus  fupra  diâa  funt  facien- 
dis  folvere  &  {blvet  (aâto  fummam  ducentorum  millium  fcutorum  ve« 
fêrum  auripuri,  &examinati,  çiuorum  fexaginta  quatuor  ponderabunt 
Se  affingent  marcam  auri  Francis  folvendam  ;  videlicet  centum  millia 
icuta  vetera  &  confimilis  ponderis  infra  très  menfes  poftquam  prsdiébi 
civitas  Barchinonas  ad  obedientiam  &c  fubjeâionem  prxfati  fereniilimi 
'Régis  Arragonum  reduâa  fuerir  proximo  inde  fequentes.    Alia  ver^ 
centum  millia  fcuta  auri  confimilis  ponderis  &  quantitatis  infra  unuoi 
annum  poft  illos  très  menfes  proximo  fequentem ,  pro  cujus  fummx  Se 
quantitatis  folutione  diâus  fereniffimus  Rex  Arragonum  tenebitur  >  pro- 
jnittet  ftabiliter ,  jurabît  ex  nunc  tradere  &  liberare ,  ceu  tradi  6c  liberari       f 
facere  in  manibus  Dominorum  Caroli  &  Berengarii  de  Ulmis  »  milites 
nunc  ad.fecuritacem  pr;edi£ti  Chriftianiilimi  Régis  Francorum  >  Caftra  de 
Perpiniano  &  de  Calabre ,  in  Comitatibus  Roiluionis  &  Ceritanix  :  con-    ^  "^ 
fentiet  etiam  atoue  ordinabit  quod  prsediâi  Domini  Carolus  &  Beren- 
garius  mUites  folemne  prsftabunt  juramentum  de  fideliter  cuftodiendo 
diâa  Caftra  de  Perpiniano  &  de  Calabre  ,  diâo  Chriftianiflimo  Franco- 
rum Régi  >  &  de  ea  fibi  tradendo  &  reftituendo  lap/is  terminis  folutionis 
quoties  per  ipfum  vel  fuos  ad  hoc  deputatos  fuerinc  requiiiti  8c ,  cum 
hoc  tenebitur  Rex  Arragonum  prxlibatus  exonerare,  quittare  8c  liberare 
didtos  Dominos  Carolum  &  Berengariiim  de  Ulmis ,  de  joratnento  8c 
£delitate  per  eos  &  eorum  quemlibet  fibi  prsftitis  de  cuftodiendo  per 
caftra  8c  f^rtalitia  pracdiâa  ;  prseterea  diéhis  lereniilknus  Rex  Arragonum 
llatim  poft  reduâionem  diâse  civitatis  Baichinonas ,  tenebitur  liberare 
&  tradere ,  ceu  tradi  8c  liberari  facere  ipd  ChriftianifCmô  Régi  »  ceu 
ab  eo  deputando ,  vel  deputandis  per  ipfum  Francorum  Regecti  ^  ufquc 
ad  plenam  8c  integram  folutionem  &:  fatisfaâionem  dûfbe  fummse  du^ 
centorum  millium  fcutorum  veterum  auri  &  ponderis  antediâi  >  Abfqub 
tamen  fortis  principàlis  deduélionem  quos  fruâus ,  feu  redditus  >  fîc 
perceptos»Rex  Arragonum  ancediâus  mera  liberalitate&donationis  ti- 
tulo  dédit  &  ceftit  ipà  Cbriftianiflimo  Francorum  Régi ,  vultque  y  eo  cafu 

S[Uod  in  ejus  veni$nt  atque  cédant  &  ex  caufa  antediâi  8c  ulterius  diâus  ^ 
erenidîmus  Rejt  Arragpnum  tenebitur  poft  diâam  reduâionem  civitatis 
^chinonae  &  rr^dit^  cQnçeijlione  dtdoruçi  caftrorum  >  villarom  &  forta^ 
Tpmc  îlf  '  Zz  litioru^ 


3Ïfî  PREUVES  DES  MEA^OIRES 

litionim  anà  cum  ieâditibas,frixâibas,obvienti(mibus  de  emodumentifi 

^  '^  ^  ^'     nûttere ,  quktare  &  relaxaie  ad  commodum  &  urUitatem  diâi  Chriftiar 
niffimi  R^is  Ftancks ,  omnia  homagia  >  kuidunia  >  fidelicares ,  reddi^ 
.tus ,  pfovcncus  &  obventîones  ûbi ratîonc  diâmum  Comîtaraum ,  ViU 
larum  >  Caftr orum  »  ic  alia  £bi  ex  qQacamque  caofa  debka,  unlcum  uni^ 
ytïùs  {>ercinencits  y  tradcndo  ecàam  Se  coneedendo  ruper  hoc  mandata, 
opportuna  »  &  iiccecas  patentes  ad  hoc  neceflârias  pto  execaticme  & 
compleineneoiiinmuin  &  ûngulonim  pr9tmiâorafxi,c6ficedet  ultetius  ipfe 
Rex  Arragonum  poft  reiaxarionem  diâijuramenci&ldUtatisyqiiodmad 
taie  juramentum  fidelitatis  folitum  ûki  &  Regibus^  Arragonum  >  qai  pt^ 
tetnpore  fùerint  ratione  diâorom  Cosmtatuam  &  Dotninioranv  prâcftafi  y 
eriam  prxfaoo  Chriftianiffimo  Régi  Francorum  y  ont  fuo  vel  fuis  ad  hoc 
poft  relatkmem  deputandis  pec  Capitaneos  y,  Caftellanos ,  CaAellomm 
cuftodes  Se  fubjeâos  ipforum  Comitatuum  &c  Dominiorum  prxftcnir  Se 
ab  ipfo  Dominia  Se  iplt  Conritatus  cum  eorum  pertinentiis ,  fruâufque». 
corum  &  redditus  per  eum  teneantor  Se  poffideantur,  fure  pignons  Se 
pro  {ux  voltmtatis  arbitrio  nfaue  ad  plenam  fatisfaâîonem  &  integram 
niStz  Cummx  dacentocnm  millium  fcutorcnn  auri  vetenuti.  Qcm(  Caftra  ^ 
Villas ,  Fortalitia ,  Comitatns  &  Dominia  (bperiùs  deciarata  >  ipfe  fer e- 
nifllmus  Rex  Arragcniam  ,  tradere  tenebinir  diâo  Chriftianiûuno  Fran»^ 
«orum  Régi  modo  prsediÂo  (vh  pœna  &  obligatione  mille  marcharum* 
auri  puri  ad  pondus  Francis ,  quam  pocnasn  prsdiâus  ArsagonomRexv 
incurret  &  folvere  tenebitur  pnelibato  Qiriftianiffimo  Francomm  Régi 
ultra  rummam  prxdtâam  ducentotum  tniUlum  rcutomm  auri  cafti ,  quo 
pra»iiâa  Caâxa  »  Villas ,  Fortalitia  y  Comimrus  &  Dominia  non  tradi- 
derit  modo  ante  diâo»  qvat  pœna  folvenir  in  terminisTolutionis,  pcâcdic^- 
torum  ducentontm  miUium  fcutorum ,  quam  âunmam  siille ,  marchai 
lum  auri  folvendo  prxdiârus  Rex  Arragonum  remand>it  immunis  ab 
-obligatione  traditionis  Caftrornm ,  Vilbuiim  »  Dominiorum  &  Fortali« 
^rum  praDtliâorum,  cxteris  in  aUis  clauiulis  hujus  pracTentis  vd  obliga- 
tionis  in  fuo  roboremanentîbus.  Oeterum  >&contmgeret  antequam  ipfa 
armata fivegentes armorum  diâam patriatn Cathaloniaspro rua:urfu  vel- 
ad  praemiflbs  fii^s  intrarent ,  vel  iptis  in  ea  patria  exiftenribuis^  ^^^Stà  ci-» 
!¥kts  BachinonaD&  Cathaionis  Principatus,  cum  diâo  (ereniHiino  Rega 
Arraçonum ,  concordarent  vel  appunâarent ,  vel  ad  ejus  manum  S: 
«bediendam  (c  reducerent ,  nihilominus  ]^a^atus  &renimmus  Rex  Ar- 
x^omm  renehicur  omnia  ât  fingula  fuperiùs.  deciarata  facere,  (blvere* 
-&  adimplere  modo  Se  formz  fic^b  jpœnis ,.  eonditionibus ,  qualitati«^ 
im$  ScaMxCidài  fuperius  dedaraœ  :  poftrem&  >  &  poft  reduâionem  diâx 
fivitati^  Barcbinons  &  Principatus  contingeret,  eumdem  feteniffimum 
R^em  Arraeonum  >  autoribus  armorum  prasdiâbs  m  fuccurftim  iibi  con* 
cems  uti  vellet ,  k  jurare  ad  reducendum  ad  fuam  obedientiam  aliquat 
Terras  aut  Dominm  âiorum  Regnomm  Atragonix ,  ant  Valenci^e  hot 
facere  potetît^adfeâo  quod  ultra  ftimmam  pr^âamducentonim  millium 
fcntonim  >  iciem  iSereniffimus^Rex  Arragonum  ,  Eu  jus  ratione  tenebitur 
folvere  poft  nnius  anni  fpatînm  computandum,  poft  lapfura  termini 
pro  ultima  fôfattione  fupaiùs  ordinati,  fummam  centum  millium  ifcato* 
Juin  veteram  abrific  qufdem  ponderis  v  infupec  fuie  adjeâum  &  con« 

oordatumr 


DETHIL;l>EGO»riNES  I 


Regetn  Arragomim  &  atiquos  ex  ruisÇoaâtiaim»erga.  posémuaCh^        14^^ 
tianiflifiium  Ftaaeoioia  Rcgem  apte  dkhimpradii^iunV'iQ.ruis^ 
rpbôre&iînmtate,  âc  ^ilo4  nuUatûnuspe]:  illuthrCcnfTsamt  înnovariôtl 
qoodeciaai  pçtsrit  vccj^^m  prànau&œligariôikki»  âc  ejas  vinaiead) 
obfcfvadonem  in  ipia  contenixmua  fins  i»centacécam:  àxpedieiic  &  vi-«> 
fum  ftiencper fe &  alianx aâîones »'iiooobflimce jusBfcndobiiga^     âél 
convencione  t  provifo  camen  cjuod  fî  idem  ChriftianifCmus  Francorum 
Rex  virtute  prxcedencis  obligatioois  agerec  &  aliquid  ex  ea  confequerecur» 
prxdi^s  Rex  Arragonum ,  remanebic  immunis  quoad  illa  foluin,qux 
ùttice  iltiiis-piaéceaentis,  obUgationi^  fokica  fuecinc  ^pcae&nti  tàme^ 
i^iigatÎQoc  c|Buoad  ccotera  9  in  iuo  robôre  jsemaronte;  Qox  omnia  &  (In- 
gula  diâa  >  &  recirara  fiieroot  in  civicace .  Qatonenfi  in  Prâefencia  didi 
Chriftianidlimi  Francorum  Régis ,  Arragonum ,  &  ipfîus  vicesgerentis  pro 
ip(bque  &  fua  notnine  liu|us  rei  Se  nqgocii  geftoris^  de  alcora  ptaslenci- 
Dos  ceftibuique  infra  fctiptorum:»  quibua  fie  diâis»  cedcads  &  intelleâtt 
pcaedîâiîs  Gaciftianiffinïu»  F  nuvonim  Rex  ed>qucD  ûhm\  eomccnliiiic^  pxvi« 
loific  Se  inravk in  verbo icflio ùfXtG ^ cénoreâc adiiBplettt:£ib.' oblkaftio^ 
ne  omninml>Qb^  &  IWnièrum  fooraitt,  miam^Ê^b  jisnai^ 
âdarohaonii  auri ,  ca(u  que  tamen  ij^a  C^r;tPerpkiiiaaù^C!alabo9;»:iik> 
4o  pcsBcfiâo  libi  rtadiâa  fuerinc  ^  diâus  etiam  Dominua  de  Pciaita  4  jn 
qoalicatibus  ^uibus  fupra  &  nunc  ipfius  Régis  Arragoomn.,.  &ipixxi|^Oi 
onns  bujos  rei  in  £e  fufcipîens  pepigûi>  pion^wSc.}\»ïzw  in  âiûanssi 
ùuûa  i  éc  fùh  >oblijga]iione  &  JbypodKoi  cfxrpot iç  &  omiHuiB  iMmonm^ 
Ikonun  omnia  &  imgubu  pàedî&a  cenertËurcce,  Aciadimpleiêrperiibo^ 
mm  (ereniflimHm  RcIgjniL  Acragonum*,  &  per  ipTiim  hune  piâân^ein 
eoncraâum  .fivé  convcntiohcm  fsurorc.  sad&wi  »  &  deno^operfmiilGf 
kiftrumencam  pcaediâa ,  promictere»  txaâare  &  juiiare,  6c  quod  ad  e» 
tenenda  6c  admiplenda  ipfe  fîereniffimus  Rex  Arcagoimm  »  omnia  âiâ 
Régna  >  Terras  3c  Domicua  obH^ic  6c  fubmictet ,  rah.  ponis:».  nioUtsifio 
cpxaticatftus  fuperiùs  dscl^raQÎs  pec  folemne  inlhi|OB0ùmm><um;'chni^ 
HiUs  &.enuncîariombtts,  &  altis  adiiocnecef&ciis^  meUorûniodptâs  £bimi 
cpjsL  poredtpnediâusipic  ArraetoumRex/ubmitteocoerciiMatjS^^ 
uonirigoribusCamerseApolioucse  &aliorum  quorumcumque^Jjudiouà  fia 
Dominocum  tam  Ecclefiafticoruro  quim  Sscularium ,  &  ad  majorem  cauce- 
iam^omnia  &  (ingulaptsemifla  {bletnni  &  publico  juramentoficmabittSccaÊt 
Quo  prasdiâus  Dominiis  Perrus^ie  Pecalôi  >  c^  qu0:  (tc'promifiiè  mo(fio  ^  6ù 
lOTtttà,  pracmiflîfi  non  adimplevit.ipre  ex:  cunc^  incnirere  y  ah  pcimant 
mîUe  marchamuftÀttràrum,  de  cujus  folutione  &vca&  quain^^GoalpteH. 
mémo  praçdiâorum  defeceric  ipfe  de  Peralta  &  nunc  ie  xnnniâJK>na,âm* 
mobilia  &  immoblia  qu^ecumque  ôbligavic  &  obligat  fubmitcirque  fupra 
prxmiflis  cocrcitioni  Camerœ  Apoftolics  &  quorumcumque  aliorum  judir 
cum  tamEccie(iafticoium9quam.fa6cularium,  deSc  fiinet  quibuspnemiflîs 
omnibus  &  (îngulis  prœfences  pra:di6bs  requiderunt  a  nobis  Nocariis  pu«   -: 
Uicis  fibi  fieri  pid>licun  inftramencuoiyfeu  pubikâ  iuftrumennii  unmh  yeT 
pfavaaâafuenincli2ecîndiâa<idTâtatoBaïonea{uniO  - 

tianiifîmi  Re^  Francxiruniw  Pie  tu  ménfii^  Maii^^in.  bicarn.Bom.  t46u 
Ponci£  SanûiCinChiifto  Pams  ^-D^  iaoftriD;  Pii  >  DiviniProvidciicil» 

Zz  X  Papx 


T 


-'-J 


3^4  PREUViES  DÈS  MEMOIRES 

Papac  n.  an.  4.  Prcfentîbus  ibidem  magnificis  &  egregiis  viris  Domino» 
^•4  ^*  Johanne  Comité  de  Conmiinge  ^  Marefcallo  ,  Domino  Pctro  de  Moft^ 
viilkr6L,;MiliceiCancellario,  JDomino  Johanne  Buceili^etiam  Milke»^ 
Domino  de  Moncgkt^  Thc^aufan»  Erandae  v  '  Magiftro  Pecro  Dôrioie ,  i 
Confiliario  ejafdem  Chriftianiffimi  R^i$  »  Johanne  Defpelcce,  Vice^' 
Comité  Derra>  Becnardo  ^e  Ulmâs  ,.  Senefodlo  Bell;cadri  Ernemaufi  »> 
Petco  Amaidi  dé  monte  Maunto^ccftihus  ad  poemiiTa  vocacis&itagatîsJ 

ifCT  ExtraitJeP Obligation  dû  Roy  d^jérragon  pour  îafomj^i  de  deux  cîmr 
.  mJU  écus^&  engagement  dnCamtédt  RoufiUon^  C^ddigne  >  '  » 

i'  ••     î'  i       auptofitÂuRoy  Loujis^KI.     .  i.  i.*.    ,.    /:. 

Tîfé  des  T,  E  Roy  <}'Arta^on  recomnoift  que  le  JLoj  Loujs  XL  eftant  à  Sauve- 
^^^  r  AW  ^  ^^  ^^^^  >  &  luy  a  Sainte  Peb^e ,  Louys  luy  a  ofort  fept  cens  Lances  & 
îf  G  d  deaiAcbaleftriers ,  ou  Genç  de  traie  sL  proportion  »  pour  redmtt  la  Cacat< 
^  '^^  '  lagtKi  i  8c  quaitre  cens  '  homhies  d'aones  ».  aoffi  à  prbpotckai  .pooir  hts  kuK 
txëi  guerres^  qu'il  pourrpîc  avoir  dans  le  Royaume  de  Valence  onoeluyi 
drArcagon ,  que  Louys  entte(iend^o}t4 1  Erilluy  pronsct,  pourvu  quui 
luy  entretienne  le  nombre  de  troupes  jufiqu'à  ce  qu'il  ait  réduit  la  Cata- 
logne 9  deluy^  payer  deu^  cens  mille  efcus  d'or>  vieille  monnoye  de 
Erance > l^avoir,  cei^t,im  an  aprèsla réduâton  delà  Catalogne,  &,ks  cent 
antres  wet  an-  après  te  premier  payebienr s  &  ea  cas  qiûiliuy  iburniife 
encore  quatre  cens  Lances  pour  les  guerres  d*Arrœpn  ^  dé  Valence  >  il 
lygr  promet  pour  tour^  trois  cens,  mille  pareils  efcns^ddètlesintereftsferone 
payez  fur  les  revetius  »  domaines  &  entrées  des  Cotntez  de  RoufQllon  & 
de  Cerdaigne ,  les  charges  defdits: Comtés  préalablement  payées  par  les: 
mains  de  Charles  de  Ufinis  ».  General  desFmances  dudit  Roy  d'Arrago» 
<^ns  lefdi^s  Comtés. de  Cerdaigne  &  de  Rouffilloa  >  &.  donne  pqur  eau- 
tion  les  mQfmes  Seigneurs,  dorant  tauiVsâr  précèdent  aefté  patte 'y  re« 
nonce  déplus  àitout  fecours  qu'il  pourroit  attendre  de  Louys  XL  en  cas 
decootravehcion*  Fait  dans  le  Palais  Archiepifcopalde^afago&ileiji^ 
de  May  14^2.. 
(%ligation  oti  caution  des  Seigneurs  cy-defKis  memionnés ,  qut  s'oblx^ 

ëînt  foudairement  Se  par  corps ,  de  £ûre  toucher  les  revenus  de  RoufliU 
nj&  do  Cerdaigne  au  RoyLonvs.XL  datte?  damç]iiefour»;pcefens^ 
Antoine  de  Noguera^ii  Martin  xie  la  Nuca ,  Ba^ulus.  GineraUs  ÈLegnk 
Am^num  ^Xouis  de  :Saim  Ange  »  Avocat  FifcaL  &  Doâeur  es  Loix  y  Sa 
Serdmand  de  Yaguedan..  ;  f  .  < 

XIX*. 

Volume  ^1^  ^^  '^9y  £Arragon  engage  le  Rouffillon  à  Louys  JTA  •  - 

S^/i ^» uc la   *''  *-  4   '"a  *j .  . . *  ^ .  ' ' i 

Bibliothe-  T)  Afieat  imivcrfis  qnod  nos  Johannes,  Dei  gratta  ^  Rek  Arragdaum ,  Nin 
cjuc  dtiRoi,  X  vàrra: , Sicilisi^  Valènciac ,  MajoricarumySardinis  &.CcrSlae>  Cornes 
5%"V^"^  BarcHûonâes  Dux  Athenarum  &  Neopatriac ,  ac  etiam  Conies  Roflîlionis 
?!,  /^"°^»  &*Ceritani«,'attcndentcs  &c  confidcrantes:vos  illuftriflSinum  &.  ChrHliaT 
^^^•'^^  .  ;       .  niffimum 


DE  PHIL.  DE  CÔMINES.  3(^5 

fliffîmum  Principem  LudoVicum  5  cadèm^ratia  Francorum  Rcgem ,  con-  ■  ■ 
fanguineum  &  confœderacum>tanquain  fratrem  noftrum  cari(fîmuni,dum  ^ 
.fupcrioribus  diebus  Celfîtudo  veftraia  Villa  de  Salvatierra,  Comirarus 
Bearni,  nos  in  loco  Sanâi  Pelagii,  Clegni  noftri  Nav^rrse  adeflè  ôc  adef- 
fî^mus  pTopcer  fincerum  afTcâiim  &  benevolenciam  prxcipuam  ,  quan) 
erga  nos  6c  noftrum  honotem  geritis  ,  obtulidè  nobis  fuccurfum  contra 
inobedicDces  &  advcrfanres  nobis  in  Carhaloniîc  principatu  feptingcn- 
tas  knccas ,  muniras  fagittariis  vel  aliis  gentibus  de  traéfcu ,  cum  pedicatu 
compecenre^  artilleriis  &  aliismunicionibus  juxta  formam  &;  modum 
Re^ni  yeftri  Francis ,  veftris  quidem  propriis  fumptibus  Se  expends , 
8c  in  fcrvicio  noftro  manebunr  ufquequo  ipd  Catnelani  inobedientes 
Tenerunt  &  r-eduâi  fuerunt  ad  noftram  veram  obedientiam.  Et  fimiliter 
fi  à  vobis  dtâo  Sereniflimo  Francorum  Rege ,  haberc  voïuerimus  ex  dic- 
ris  gentibus  veftris  ,  pro  ferviendo  nobîs  in  gucrra ,  in  Rejjnis  Arrafgo^ 
nam  ,  Valencise  vel  in  altero  eorumdem  Regnorum  ,  mittetis  nobis  qua- 
dringentas  Lanceas ,  duntastat  muniras  modo  &  forma  prxdi£Hs  ,  veftris 
pariter  fumptibus  &  expenfîs ,  &  qtiin  quidem  &  juftum  fore  cenféntes , 
Se  co&fonuni  ratk)ni ,  ut  pro  maximis  fumptibus  &  etpenfis  ^  quos^  Se 
quas  pro  ftipendiis  diâarum  gentium  fereniratem  veftram  agere  opor-* 
tebit  condecensr,^  per  nos  eidemfiat  fatisfaâio  &  emenda ,  idcirco  tenorç 
prarfentis  deliberate  >  ac  de  noftra  certa  fcientia  convenimus  &  pacifci^ 
mur  vobi(cum  diâo  illuftriflimo  Francorum  Rege ,  at(jue  promittimu» 
&  nos  obligamus  Celficudini  veftrac ,  per  formam  &  validam  ftipulario^ 
nem ,  quac  in  primo  cafa  quo  ad  no»  mifericis  ad  di^him  Camelonia^ 
Principatum  diâas  feptin^intas  Lanceas  >  mahiras  fagttfariis  vel  alii^ 
gentibixs  de  traékû ,  cum  peditatu  competenti^  artiUeriis>  &c  aliis  munitio^ 
nibus  juxta  fbrmam  &  modum  diâi  Regni  veftri Francis»  ut  eft  diâum^ 
&  in  noftro  fervicio  veftris  fumptibus  Se  expehfis  permanferint  ûfque- 
quo  diâi  Cathelani  inobedientes  nobis  devenerint  &  redufti  fueritit  ad 
noftram  veram  &  completam  obedientiam*  Dabimus  Se  trademus  vobis 
autcui  fenquibus  volueritis  loco  veftri  realiter  &  defkâo  ducentos  mille 
fcutos  auteos  veteres  monets  Regni  veftri  prsdiâi  Francis ,  vel  valorenl 
verum eorumdem,  ifto  videlicet  modo  quo  (olvemus  aut  folvî  fàciemus  vo^ 
bisautcuicumquefeuquibufcumque  à  vobis legirimam poteftatem habeiv 
tibus,centum  milte  fcutos  infra  annum  unum  compurandum  Se  tempore 
quo  diâi  Catelani  inobedientes  devenerint  Se  redncSbi  fuerint  ad  noftram, 
'  veram  &  completam  obedientiam  >  &  alios  centum  mille  fcutos  veteres  » 
vel  verfun  valorem  eorumdem  folvemus  feu  folvi  facicmns  vobis  aut  cul 
voUieritis  &  mandaMtis  nomirie  veftro  intra  tempus  alrcrius  anni  corn- 
putandum  à  âne  termina  prims  folutionis  factendum  de  di£lis  prioribns 
centum  mille  fcutis  *,  in  fecundo  autem  cafu ,  quo  ex  diâis  feptingenti^ 
Lanceis,  de  quibus  fupra  mentio  habetur ,  quoad  Cathelanite  Ptincipa* 
tum ,  à  Cekitudine  veftra  habere  voïuerimus  quadringintas  Lanceas  mu^- 
nitas  modo  &  forma  prslibatis ,  Se  itlas  cum  éffeâu  mittetis  veftris  pro^ 
priis  ilimtibus  &  expenfîs  prô  ferviendo  nobis  in  guerra  >  itt  Regni^  Aï- 
ragonum  y  Valencis ,  vel  m  altero  ^rumdem  Regnorum  ,  ifeibi  quan- 
tum opus  fuerit  pamanferint ,  dabimus  &  traâemus  vobis  aut  cui ,  feu 
quibus  volueritis  Se  maiidabitis ,  loco  veftri  realiter  ac  fado  trecétttos 

Z  z  5  mille 


i66  PREUVES  DES  MEMOIIV1ES 

jA^i.    tmllc  fcutos  aurivcccris  mcmetx  «  vcftri  Regni  Francût,  m  hunc  viJc- 
-      *     licec  nKxluin  quo  folyemus  ,auc  iolvi  faciemus  vobis,  auc  cuiçiunque  feu. 

Îuibufcumque  à  vobis  fufficientem  poceft^tcin  habeucibus  cenrum  mille 
:ucos  iûfra  aiinum  uoum  compucandui^  â  tempocc  quo  diifti  Carb'elani 
inobedient»  devenerinc  Se  reauâi  fu^çinc  a4  noftram  veram  Se  comple-: 
tam  obedienciam  >  Se  alios  centuoi  mille  fcutos  vececes  vd  eonim  valo«, 
cem  (blvemus  9  (eu  (blvi  faciemu&  vobi$  ,.  auc  cm  voluerici$  Se  mandabî- 
Ùs  y  nomiae  veftro  infra  cempus  aiterius  anni  compucandom  à  fine  cec^ 
mini  prinue  folucionis  faciendx.  Se  dï(kis  prioribas  cemum  mille  ficads: 
reliques  Aiucem  cenrum  mille  fcutos  ad  comjplemenrum  di^^um  ti^ecen- 
corum  mille  fcuconun  fuo  cafu^  folvemus  »  ieu  folvi  facionus  vobis  aut 
£ui  volueritis  &  mandabitis  nomiae  veftro  infra  tempM$  aiterius  annt 
compucandum  à  fine  termini  fqcundie  folutioiûs  facieode  »  do  atiis  cen-* 
tum  mille  fcucis  :  promittences  vobis  diâx>  ferçnidimo  Fcaoconsm  Regè 
confanguineo  &;confederato,tanquamftatri  noftro  cari/Iimo  &  Prothono- 
risNorario  infra  fcripto,  ramque  publicas  Se  ^enticac  perfonaepro  ornai* 
bus  quorum  modo  intereftsaut  intereÛè  poterit  quoraodolibct  ia  futiarum 
l^ijtmiè  ftîpulanti  in  noftra  bona  fide  &  verbo  Regio  »  qupd  cofdem  do^ 
centos mille  icujtos  {joQczfu Se  feu  tiîeqencos  mxUe  fcutos  in  fuo fioguU 
finguUs  referendo  »  îblye^us ,  feu  folvi  faciemus  >  Se  mandabimus  ywis» 
feu  cul  auc  quibu3  v<^ueritis  Se  mandabicis  npmine  veftro  juxtamodum  Se 
fonnamfuperiùsmemorataATiacquetemporibas&cerminis  fupi:a  defigna* 
€is&  ftacujtis  ujiterioribus>  de  canon  ibu5,.fubtei;fugiîsac  exccptionibus  re- 
fecatis  Se  Doenicus  ptocul  pulfis  &  ad  ea  omnia  Se  fij^gula  proue  per  nos 
fupra&.inrrapromiflà  &  obligatafunt  teiicadum>  cpQiplendum  &  invio« 
labUicecobfervandum  omni  animi  atfeâuobligamus vobis  di^feroiiffi- 
mo  Fraqcorum  Régi ,  g^neraliter  qmnes  reddirqs  Se  introitus»  jura  & 
emolumeota  quorumlibec  Regnorum  &  ceirarum  aoftranmi  >  omniaqoe 
bon^  noftra  mobilia  &  ftabilia  quccumque  fine  Se  ubique  teperiancus 
habita  &  habenda  fpecialicer  &  exprefte  obligamus  vobi^  quofi:uaquQ 
redditu5  incroicus  jura  &  emolumienita ,  qus^  nqs  habemus  imepimus  in 
Comitatibus.Roftîlionis  Se  Ceritanûe  folutis  oneribus  qti^  taoà^  df  ejuf* 
dem  folvupcurt  fi  camen  aliquâs  fuk  fadbp  graci^.vel  affignaiciooes  fuper 
4aribus  Se  redditus  diâorum  Comitatuni  Roftilionis  &  Ccricani»  ultra 
ordinarias  qu^  dedecentibus ,  illisqui  Ulas  recipkinit>  vos  diâus  iUuftrif^ 
iimus  Francorum  Rex  habeacis  &  recipiatis.  Se  habere  debeatis  cum 
omni  ju^ispLenitude  &  integritate,iftovidelû;et  ipodpquopoftquamquan* 
citâtes  praemencionaxae  >  fcienciatap ,  verè  débita;  fuetint  Se  qucyl  eid6n 
sum  fuerint  exfolutfs  modis  &  fûrmis  fupremis  mcxf^tm^isy  id»)  Se  cd.^ 
iritudo  veftra  ÛKroicus  ,  jura  redditus  &  emolumenca  dîdorum.  Comi^ 
racuum  Rofiilionis ,  Ceritanis  deduâis  oneribus .inodoqttQ.fupradflâ:ttm 
eft,  i^besix  Se  recipiat  per  maaus  magnifici&  dileâ^i  Confiliarii  noftri 
CaroU  de  Ulmis  >  militis  Prôcuratoris  Regii  in  eiiGctem  Comitcatibus 
Roflilionis  &  Cerit;aniae  9  vel  aiterius  fucceflbris  fui  inoScio  fupradiâo  ; 
im  qfiodqQe  hujufmodi  redditus  recipiemus  i>oi|:  compucmi!iir  m  fi^rtem 
^iocipalepi  di^orum  dujcentorum  mille  aut;  trfçcentqra  miUèicumntmfin- 
guU  fingulk  referendo.  Et  nihil  pminus  ad  ulttniorem  veftri  tuiniOQem  Se 
£uwstac^m  communemque  pacifcimur  Se  no;  obligamus  quod  Êiciemus» 

arque 


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DE  PHIL.  DECOMINES.  §^7 

scque  operam  dabknas  efficacem  quod  diâus  Carolas  de  tJhnis  ido- 

neam  faci^  oUigarionem  advenien|U>as  cafîbus  fupi:adiâis  in  quibus     ^4^^' 

Era ,  Tedditos  »  introiciis  Se  emolumenta  diÔtorum  Comkacaom  Roffi-» 
mis  Se  Cerkanise ,  tigore  bafuftnodi  convenrionis  parti  &  obl^ationis 
ad  vos  petttncbunry  de  ifUs  refpondebic  Sublimitati  vdBûM  ^  vel  eux  volue-* 
rie  &  mandabic  fuxra  for tnam  fuperiùs  mencionatanir  Et  quod  (|jLncunque 
iîicceflbr  fuus  in  diâx>  officie  ProcuracorisRegii,  fuisloco  Se  cempoce 
€on{iinilem  faciec  Se  obligationem  quam  feceric  fupra  his  Carolus  de 
Utmis ,  Procurator  Regius  y  qui  nanc  eft  in  diâis  CoiiiiracibQsRoflilionis'  « 
Se  Ceritanijt ,  &  infuper  ctipientes  vos  tiindem  fereniffimam  Francorum- 
Regem  in  Se  fuper  prasmîffis  reddere  nitiorem ,  cum  bac  eadem  convenir 
mus ,  pacîfcimur  Se  nos  obligamus ,  quod  illuftiis  Johannes  de  Arragonia- 
filias  nôfter  cariflimus ,  Adminiftrator  EcdcCtx ,  Qefara^^fteâ.  Nobili» 
Petms  Durrea ,  Frater  Bemardus  Hugonis  de  Rupe*  Bertino ,  Commen-*^ 
dator  Montiffi>ni  Ordinis  Sanâi  Jonannis  Hierofolimicanî^  Petrus  de 
Peralta,  Se  Ferrarius  deCanuca»  Jufticia  Regni»  Arragonum  milites, 
Confiliminoftri,  idoneam  facient  obligationem>  quant  fupradiâus  Caro« 
lus  deUlmis,  Ptocurator  Regius,  aut  qus fucceflbr  in  eodem  Officioy 
defecerit  in  folutione  reddituum  &  jurium  didorum  Coniitatuum  Ro(fi-« 
Itonis  &  Ceritanitf ,  quidem  quantitas  diâorum  ducentorum  mille  fcu- 
torum  fuo  cafu  Se  diâorum  tre^cntorum  mille  fcutorum  >  in  fuo  vobis  *  ^  Ajoutei^ 
non  folvetur,  ipfi  &  quilibet  eorum  in  foUdum,  tenebitur  Se  tenebuntur,  tnnfwt. 
quoad  folucionem  duntatat  jurium  &  redditumn  diâotum  Comitatuum 
Roffilionis  Se  Ceritanix^^uasannÎB^ngiilisileduâis  oneribus  modo  pne- 
diâo  folvenda emnt  vobisy  quou(que Celfitudini  veArde  quantitas  diâo* 
tum  looooo  fcutorum  fuo  cafu  y  Se  ^ooooo  fcutorum ,  in  fuo  vel  valor 
îpfoTum  foluta  fiierit  cum  dStOÔa.  Nos  emm  pro  majori  omnium  &  fingu- 
lorum  fupra  Se  infîra  fcriptorum  fortificatione  &  corroboratione  renun«^ 
ciamus  ,  quoadque  omnia  juri  canonico  &  civUi  foris ,  conftitutionibus» 
ufitatis  legibus^  Se  atiis Juribus,  Se  auxilio  juris ,  velfaâi  qui  &  qua;» 
quoad  ifta  nobis  prodefle ,  aut  vobis  diâb  dluftriffimo  Francorum  Régi 
nocere  aut  obeflë  polflfent,  quovis  modo  >  ratione  (ox  caufk  qui  &  quae 
dici ,  fcribi  Se  «ogîrari  valerent ,  etiam  in  favorem  Re^m  Se  Frincipum 
introduâis  r  iiv  quorum  omnium  Se  fingulorum  teftimonium  prsfens 
publicum  inftrumentum  confici  ju(fimus|er  ProtHonotarium  noftrum. 
Se  Notarium  publicum  infta  fcrmtum..  Quod  fuit  datum  &  aâum  in 
Palatio  Archiepifcopali  Qvitatis  Cxfarauguften ,  die  vicefimo  terdo  men-» 
fis  Maii ,  anno  à  Nativitatè  Domini  miUeilmo  quadringentefimo  fexa- 
gefimo  fecundoRegnique  noftri  Navarrx»  anno  trigelimo  feptimb  >  alio*^ 
tum  vcr6  Regnocum  noftrorum  quinto»- 

X  X^ 

$7  Traité  de  Lùuys  XL  anc  MargairiuiTArtjottyRtymd'Anghierrc. 

MArgareta ,  Dei  ^tia  Regina  Angliaf  &c.  Univerfis  Chrifti  Fidelibus  Recueils  de 
ad  quorum  noticiam  praefcntes  Litter«  pcrvenerînt,  falutem  in  auc-  m.  l'Abbé 
lore  pacis.  Notum  fàcimus^.qyiod  virtute  &>  audoritate  nobis  commifloe  Le  Grand. 

poteftatis 


3^8  PREUVES  DES  MEMOIRES 

j  .^  poteftaris cujos  rcnor  fequitur, &  eft  talis : Henricus, Dei graria  Rcx  An- 
glix  &c.  praxtileâiflîniâe  conforci  nqftras  Margarerae,  eadem  gracia  Reginx 
Anglic.  &c«  Salucem.  Sciatis  quod  nos  dedimus  &  concefl^us  vobis  pie- 
nam  poteftatem  &  auâoiitatem  communkandi ,  tra^andi ,  ccmfencien- 
di,  &  deccrminandi  &  concludendi ,  cum  rereniilimo  Se  ftrenuilTitno 
Principe  Ludovico,  confanguineo  noftro  germano  Francis,  vel  ejus 
Commiflàrio ,  (îve  Commiflàriis  fufficientem  poteftatem  in  hac  parte ,  ab 
ipfo  habente  feu  habentibus  de  &  fuper  treugis ,  abftinentia  guerrarum 
&  firma  paçe,  pro  termino  annorum ,  feu  pro  termino  vit^  noftrs, 
prout  vobis  melius  vifum  fperit  expedire  »  inter  nos  &  /ingplos  fubditos 
&  vailàilos  ,  ac  amiços  confœderatos  ^  alligacos  noftros ,  de  ipfum  con- 
fanguineum  noftrum  germanum ,  &  fingulos  fubdicos  &  vauallos ,  ac 
confœderatos  ^  alligaros  fuos,  necopn  Angliac  &  Francis  Régna  inien^ 
di,  faciendi,  ceiebrandi ^  firmandi,  necnonedendi,poftulandi,pro- 
mittendi  &  jcon£entiendi ,  pro  nobis  &  nomine  noftro  totum ,  &  quid^ 
quid  per  vos  in  prsmiffis  >  (eu  ratione  prsmiftbrum  rationabile  videbitur 
&  opponunum ,  ac  omnia  alia  &  (ingula  quae  ad  prxmiilà ,  feu  eorum 
aliqua  necedària  fuerint,  feu  quomodolibet  opportuna;  fecundum  quod 
vobis  melius  videbitur  expedire  concludendi,  exequçndi ,  &  expediendi» 
necnon  nos  &c  Regnum  noftrum  Anglis ,  il  opus  fuerit  obligandi ,  ade6 
prscifè  &  intégré ,  (icut  nos  ea  facere  po(Tëmus  »  (i  perfonaliter  ince* 
leûèmus.  Promittentes  nosbonafide,  &  fub  verbo  regio  ratum  &  gra-> 
tum,  firmum  ,  atqu^  ftabile  pro  perpetuo  habiturum  totum  &quidquid, 
per  vos  vice  éc  nomine  noftro  aâum  ,  f;eftum  (ive  faâum  fuerit  in  prx- 
mifCs  vel  aliquo  eorumdem ,  etiam  (1  talia  forent  qux  mandatum  de  (e 
exigèrent  magis  fpeciale ,  ac  ea  omnia  &  iingula  qua^  in  hac  parte  nomine 
noftro  per  vos  a£ta ,  gefta  &  fafta  fuerint  per  Litteras  noftras  patentes  y 
pro  nobis  &  heredibus  noftris  ,  concedemus  >  confirmabimus  &  racifica^ 
pimus ,  &  fufficienter  roborabimus  in  cujus  rei  teftimonium  has  Litteras 
noftras  fieri  fecimus  patentes.  Tefte  me  ipfo  apud  Edinburch ,  décima 
die  Aprilis ,  anno  Regni  noftri  quadrageHroo ,  una  cum  cariflimis  viris 
Petro  de  Brezc ,  Milite ,  Comité  de  Maulcvricr  \  Georgio  Havart ,  Domi- 
no de  la  Rofîere ,  &  Stephano  Chevalier ,  Thefaui:ario  Francis ,  ferenif* 
Ami  &  illuftriftimi  Principis  Ludovici,  ejufdem  Domini  mei  Régis  An-* 
glis  &  mei  cognati  germani  Francis  >  Commiftariis  deputatis ,  potefta- 
tem» fufficientem  fpecialiter  habentibus,  cujus  ténor  fequitur,  &  eft  talis. 
L  o  Y  s  ,  par  la  grâce  de  Dieu ,  Roy  de  France  :  A  tous  ceux  qui  ces  pré- 
sentes Lettres  verront ,  Salut  :  Comme  très-haut  &  très-puiflànt  Prince  % 
noftre  très-cher  &  très-amé  coufin  Henry ,  Roy  d'Angleterre  ait  nagi^e- 
res  envoyé  devers  nous  très  haute  .&  puiflànte  Princefle,  noftre  très-chere 
6c  très-amée  confine  Marguerite ,  Royne  d'Angleterre ,  fon  cpoufe  »  à 
tout  pouvoir  fuffîfant  de  luy ,  de  communiquer ,  traiûer  v,  contentir  & 
déterminer ,  Se  conclure  avec  nous  ou  nos  commis  6c  députez,  ayant 
pouvoir  fuffifant  de  par  nous  de  ce,  fur  trêves ,  abftinence  de  guerre  6c 
terme  paix  pour  le  temps  &  terme  de  certains  ans  ,  ou  pour  le  cours 
de  fa  vie  :  nous  pour  l'honneur  &  révérence  de  Dieu  noftre  Créateur, 
qui  a  commandé  paix  ,  amour  &  charité  entre  les  hommes ,  6c  pour 
çfchçver  l'efiiiiion  du  fang  humain  »  6c  auiC  en  faveur  ^  <:ontemplatiQn 

dç 


i 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  %69 

et  la  proximité  de  fang  &  lignage ,  qui  eft  encre  nous  &  nofdics  coufia  TlilT 
6c  couiine  d'Angleterre ,  fommes  condefcendus  d'entendre  ou  faire  en- 
tendre par  nos  gens  à  ce  conunissavec  noftredite  coufine,  à  traitter  ^  ajin 
pointer  fur  le  tait  defdites  trêves  &  abftinence  de  guerre  :  Sçavoit  fai- 
fons, que nousconfians i plain & entiecement des fens »  prudence, ioyaul- 
té  &  prudhommie  de  noftre  cher  &  amé  couiin ,  Confeilier  Se  Cham-» 
bellan ,  .Pierre  de  Brezé ,  Chevalier,  Comte  de  Maulevrier ,  &  de  nos 
mnez  èc  féaux  Confeilier  s ,  Georee  Havart ,  Seieneur  de  la  Rofiere  » 
Maiftre  des  Requeftes  ordinaires  de  noftre  Hoftd ,  &  maiflre  Eftienne 
Chevalier ,  Maiftre  de  nos  Comptes  &  Treforier  de  France ,  iceux  avons 
faits,  ordonnez ,  commis  &  députés ,  faifons,  ordonnons,  conunettons 
8c  députons  nos  Commidaires ,  Procureurs  &  Medages  efpeciaulx  pour 
entendre ,  befogner  Se  conclure  en  la  manière  deflufdite  avec  noftre-  • 
dite  cou£ne  la  «Royne  d'Angleterre ,  Se  leur  avons  donné  Se  oârové  • 
xlonnons  ^  oâroyons  par  cefdites  prefcntes  plain  pouvoir ,  auâorité  Se 
mandement  efpecial  de  prendre ,  faire,  promettre  ,  coniêntir ,  fermer  Se 
xronclure  pour  Se  au  nom  de  nous ,  avec  noftredite  coufîne  la  Roync 
4' Angleterre ,  ayant  fur  ce  pouvoir  fuffifant  de  noftredit  couiin  d'An- 
gleterre, fon  époux,  en  cette  partie  trêves  générales  &  particulières» 
xant  par  terre  que  par- eau.  Se  auflîpar  mer, depuis  tel  temps,  jufqu'à  tel 
xems ,  &  -en  toutes  lesineilleures  manières ,  voyes  Se  formes  que  nofditt 
Commidàires  adviieront  eftre  plus  expédient  de  faire  pour  nous ,  nos 
Koyaumes ,  Terres  &  Seigneuries, pays-,  fubjeâs,  vaflaux>  amis ,  aUiex 
&  confederez ,  leurs  Royaumes ,  Seigneuries  Se  fubjeds  quelconques  ; 
de  faire  publier  Se  proclamer  icelles  trêves ,  qui  ainfi  feront  primes  Se 
«accordées  par  tous  nofdits  Royaume ,  Terres  &  Seigneuries ,  où  meftiev 
fera,  de  furer  8c  promettre  pour  Se  au  nom  de  nous,  que  lefdites  crevés» 
quioinfi  feront  accordées  ,  nous  garderons ,  &  en  tant  que  à  nous  appar- 
tient ,  les  ferons  garder  par  noklits  fub jeâs ,  Se  de  faire  ordonner  ^ 
députer  confervareurs&  juges  defdites  trêves ,  tels  Se  en  tel  nombre» 
ainfi  qu'il  leur  femblera  mieux  eftre  expédient  ;  lefquels  confervateurs 
ayent  puiflànce  fuffifante  de  corriger  Se  reformer  tout  ce  quipoutroic 
eftre  attempté  contre  lefdites  trêves ,  Se  à  faire  exercer  Se  expraier  tou- 
res  Se  chaciines  les  autres  chofes  qui  à  ce  feront  neceflàires  &  convena- 
bles, pofé  qu'elles  fuflènt  telles,  qu'elles  requièrent  mandement  plus  fpe-> 
cial ,  vpromettans  en  bonne  foy  Se  parole  de  Roy ,  Se  fous  l'obligation 
&by{>oteque  de  tous  nos  biens,  de  tenir  &  £iire  tenir  ferme  Se  ftable  tout 
£e  qui  par  nofdits  CommiÛàires  auraefté  fait  es  chofes  cy-deflùs ,  &  en 
chacune  d'iceiles ,  Se  le  confirmer  par  nos  Lettres  patentes ,  quant  meftier 
en  fera  j  en  tefmoin  de  ce  nous  avons  fait  mettre  noftre  fcel  à  ces  pre^ 
fentes.  Donné  à  Amboife  le  vingt-deuxième  jour  de  Juin  ,  l'an  de  grâce 
mil  quatre  cens  foixante  Se  deux  ,  Se  de  noftre  Règne  le  premier»  Sic 
Jignamm  ,  Par  le  Roy  en  fon  Coniêil.  De  la  Loere.  Communicavimus 
Se  ipfi  nobifcum  de  modis  Se  mediis  quibus  ad  treugas  ^  feu  abftinencias 
guerrarum  pro  termino  annorum ,  feu  pro  termmo  vits  ipforum  Domi- 
ai  mei  Régis  Anj^ias  &  co^nati  fui  Francis ,  antediâi  commodius  mu-» 
tuo  vifum  eft  pofle  perveniri.  Tandem  nos  Margareta  antedida  uni  cum 
Commiflàriis  antem^  prp  Sf,  nomine  diâi  Domini  mei^  Se  ipfi  Conv. 
Tome  11,  Aaa  miilàrii 


^_^  570  PRE UVES  DES  MEMOÏKES 

^        miiïàrii  nomine  fie  aaûoritace ,  qua  fupra ,  treugas  générales  Ôc  abftinett- 
^'    *     cias  guerrarum ,  firmas  Se  ftabiles  per  .terram  >  mare  &c  aquas  dulces  ,  a 
data  prarfencium  ufque  ad  fuiem  cencum  annorum  proximos  fequen-- 
tium  appunduavimus }  concotdavimuS'»  fecitnus,  cepimus^,  accepcavi^ 
mus  )  inivimus  ac  concUifimus ,  cenoreque  prsfencium  appunâuamus> 
concludimus ,,  facimus»  capimus ,  accepcamus,  inimus  &  condudimiis  ^ . 
pro  adiâo  Domino  meoRege  Anglix  antediâo  regnoque  ruopacrits 
Terris  y  Dominiis  Se  fubdicis  fuis^,  nccnon  pro  omnibus  Dominis  de- 
fanguine  Domini  mei  Régis  amodiai  fie  aliis  fuis  fubdicis»  vatTalliss. 
amicis;>  alligacis ,  confederacis,  adjucoribus&  adherencibus»  fie  pro  om- 
nibus eorum  infùlis»  Ducaribus  >.Comicatibus  fie  aliis  patrîis  >  Terris  fi^ 
Dominiis  qux  cenont  fie  habenc ,  tam  in  diâo  Regno  Anglis  quam  extra 
fi^  pro  omnibus  eorum  vadàllis  &  fubdicis  videlicet  y  quod  ad  prsediâo^  • 
amicos ,  alligatos  »  confederatos  fie  adhérences  non  fubdicos  >  (î  in  illis 
treugis  comprehendi  velint ,  cum  prsdiâis  Commiâàriis ,  faspedi&i  fe^^ 
rcniflimiac  pocencis  Principis  coenaci  noftrigermani  Francix»  ancediâi 
fie  ipfi  nobi(cum  nominibus,  quious  fuprà,  pro  diâx>  fereniffimo  Princi'' 
pe  cognato  noftro  germano  ,  &  pro  Terris  pacriis,  Dominiis  »  vaflàllis  fif 
fubdicis  fie  alligacis  ,  confederacis  fie  adherencibus  fuis-  eorumque  Reg- 
nis,  pacriis ,  Dominiis ,  vailâltis  fie  fubdicis,  ac  alligacis,  cpnfederaci^ 
Se  adherencibus  fuis ,  cam  infrà  Regnum  Francûr ,  quam  extra  exiften^ 
tibus,videlicet  refpeéhi  aIIigacorum>confederacorum  fi^  adherencium,  (ibi^ 
non  fubdicorum^  fi  in  eifdem  comprehendi  velinc  in  modum  qui-fequi-» 
tur.  Primo.  Quod  borne  creugae,  abftihenciaeque^uerrarfiancincer  diâos 
Henricum  Regem  Anglix  Se  illuftriffimum  Principem  Ludovrcum  fuum  ' 
oognacum  Francis ,  Se  heredes  fuos  ,  Terras  diciones  vaflàllosque  ac 
{fibdicDsper  cencum  annos  inviolabUicer  duracurar  à  28J  die  menus  Ju- 
nii  i  anno  Domini  1462.  incipience.  lum.  Qùod  diâo  cencum  anno-» 
rum  durance  cempore ,.  diâi  Principes  fié  eorum  fubdici,  cam  de  una* 
parce ,  quam  de  altéra  fîmul  valeanc  converfari ,  nK)rari ,  ire  î  venire  de  * 
parce  una  in  alceram ,  abfquefuarum  perfbnarum,  fùorumve  bonorum 
prpjudicio  »  fie  fine  quociimque  alrerius  parcium  falvo  conduâu  ,  ica  ca-^ 
men  quod  divifioniinis ,  quxnunc  in  ip(o  Anglia^Regno  exiftunt  duran-* 
tibus  9  fi^  quamdiu  duraverinc»regniejufdem  fnbdici  fiVe  nobiles,  mer^ 
cacores  aut  alii  eu jusvis^  ftacus,  auc  condicionis  exiftanc  cercificacionem^ 
û)forum  R^gis  Angliae,five  Regiria^squod  ipfi  eorum  fine  fui  veri  A  fidèles 
uibd ki ,  fiiam  parcem  fovcnces  afferrc  fit  oftendere  tenebuntur,  quotiens  * 
ftierint  requifiti,  in  hocetiam  refèrvàto ,  quod  ipforum  Rfegis  fie  Règina? 
Anglix  fubdtci  non  poterant  in  Vafconiae  pareibus  mercari ,  nec  alias  ire^ 
aut  converfari,  donec  ipfi  Rer  Anglia?  fie  Regina  fuermt  in  codem 
Regno  paciffci  ,  fine  fpcciali  fie   exprefia  ticentia  antediâi  Principis- 
Franciac  Item.  Durante  ipfarum  treugarum  tempore  minime  poterunt 
antediâi  Rer  Anglix  Henricus^fic  ftrenuiflimus  PÎ'inceps  Ludoneus  fuus 
cognatus  Francias ,  feu  alrer  eorumdem  fufi:ipere ,  receptare  ,  fiiftinere* 
aut  favorifarè  aliquos  alterucrius  nacurales  fubdicos  ,  qui  modo  erga 
eos  efficerencor,  inobediences  fie  rebelles  »  nec  cum  ipfis  rebetlibus ,  auc 
eorum  aliquo  craâare ,  aut  promiccere  per  ipfos ,  auc  alios  eorum  veros- 
&  obédiences  fubdicos  quoicumque  craûacus ,.  apjuinA^unenca  >  ligas  ,- 

vcl. 


DE  PHIX.de  COMlî^BS.  371 

•vd  atnicitias  iniri ,  feu  concrahi;  fed  potius  viribus  totis  ,  alterutrius ,    Y^TiT 
^ebellibus  nocebunc  »  ac  danipna  ferenc  .••••• .  hoc  cafu  fe  fejura- 
re  viciiEm  renebuncur ,  ii   opus  fucrit,  dum   unus   ipTorum  Princi*^ 
ptim  per  alcerum  fiierit  rcquiiitu«  contra  fuos  prâsfacos  iubdicos ,  qui  à 
-modo    fe  erga  eos  inobedicnces  redderenc  feu  rebelles.   Item.  Quod 
durante  cempore  divifionis  ^  nunc  in  Angliâ  viçencis  de  cœtero  dene^ 
{(abuntur  faivi  conduâus ,  rebellious  ipdus  Régis  Henrici  atqucfoven»* 
tibus  partem  Edwardi ,  nuper  Comitis  Marchis  infra  Angliam ,  ipforum- 
que  nullis  dabuntur  falvi  conduâus  per  fereniffimum  Principem  Ludo^ 
vicum  fuum  <:ognatuni  Francis  anredidfcum ,  Admiraldum  luum  ,  aut 
alios  quoicumque  Francis  Officiarios  »  excédas  duntaxat  falvis  conduc- 
tibus  prifonariorum  »  ic  ilUs  qui  femper  dariconfueverunrpiicatoribtis^ 
tempore  pi(cationis  alleâium  ,  oui  quidem  dari  poterunc  ex  u traque 
parte  &  in  forma  folita  »  dummodo  nikil  aliud  faciant ,  procurent  >  auc 
negocientur  >  ipfî  pifcatores.prâbter  foiain  pifcium  pifcationetn»  Item.  Pro 
confervatione  diâbarum  treugarum  concordatum  eft ,  quod  deputentur  â 
diâis  Princîpibus<certi<:onrervatorés>qnorquidem  durante  toto  tentpore 
treugarum  tenebuntur  ipiî  Principes  &  eorum  fucceflores  continuare> 
ac  quotiens  cafus  vacationis  acciderit ,  novos  conftittiere ,  &  pro  ifta  vi-^ 
ce  ,  pro  nunc  confticuere  eic  parte  Anglise^  Cancellarium  Anglue,  <^ui  fub 
fe  poterit  committere  &  deputare ,  particulares  Commitlarios  in  (ingu- 
lis  Ponubus  maris  Reeni  Anglbe ,  ubi  erit  expediens  Se  neceflarium  ;  Sc 
XX  parte  Francis ,  Aamiraidum  Francis }  qui  iimiliter  habeat  fub  fe  de-^ 
putatos  in  fingulis  Portubus  Francis,  qui  quidem  ton fervatores  habeani; 
cognofcere  fummariè ,  &c  de  piano ,  de  attemptatis  fî  qus  acoidant  iti 
prejudicium  ,  ipfarum  treugarum  &  ipfa  attemptata  deoitè  reparent  »  ac 
'de  infra(5toribus  faciant  condigna^  punitionem.    Item.   Si  accidat  in 
Tuturum  aliquid ,  in  prejudicium  treugarum  ipfarum  attemjptari ,  noft 
tamen  obid  rumpentur  ipfs  treugs ,  fèd  femper  in  fua  ârmitate  rema^ 
nentes  inviolabiliter  obfenrentur.  Addendo  etiam  quod  quotiefcumqub 
"cafus  acciderit  (ivein  mari  »'fîvein  rerra  ,  Teuin  villa ,  ivre  in  campis-v 
aut  ubicumque  terrarum  attemptata  fuerint ,  alter  ipforum  confervato* 
Tum  rogatus ,  ab  altero  debeat ,  diUgentiam  adhibere  fuper  reparationi-^ 
bus  attemptatorum ,  Sc  facer e  cum  éffe(£hi  quam  citiùs  fuerit  poflîbile 
^ebitam  fatisfaâionem  dampnificatis ,  tam  ex  una  {)arte ,  quam  altéra» 
Item.  Et  his  medîantibusiHuftriflîmus  Princeps  cognatus  fuus  Francis, 
antediâus  ram  pro  fe  quam  fuis  vaf!allis ,  ac  fubditis  dectarabit ,  pro 
ipfo  Regc  &  Regina  Anglis  contra  diâum  Edwardum ,  nuper  Comi* 
tem  Marchis ,  in  Anglia ,  fuofque  adhérentes  &  complices  hocque 
idem  Prin'ceps  Francis  Ludovicus  antediôus  per  totum  Regnum  Fran- 
cis proiflamaTi  faciet  &  publicari ,  fuafque  per  patentes  Xitteras  amicis 
'fuis,  corifederatis ,  ac  benevdlis  iigniâcabit  ad  hoc  ,  ut  idem  ipH  faciant 
in  fuis  Regnis  &  Dominiis.  Item.  Faciet  fereniffimus  Princeps  Ludovi- 
cus confanguineus  fuus  Francis  antediéhis  per  omnes  terras  fibi  fub- 
îeâas ,  fono  rubs  &  proclamatione  publicari  &  nunciari,  quod  nuUuiit 
luorum  fubditorum  cujufcumque  conditionis  aut  ftatus  hierit,  ducat, 
tranfvehat ,  ducive  faciat ,  aut  tranfvehi  blada ,  vina  vel  alia  bona ,  feu 
widualia  aut  mercantias  quafcumque  ad  Anglis  Regnum ,  vel  alia  loca 

A  a  a  a  ipfi 


^___  372  PREUVES  DES  MEAfOIRFS 

ij^dx^    ^P^  Edwardo  fubjeâa  ,  vel  adhsrentia  pro  fubveniendo  aut  jùvandcr 
diâum  Edwardum ,  (iiosque  complices  &  adhérences ,  nec  eiTdem  con« 
£liuin>  folamen ,autauxuuim quoquotnodoprxftent  fub  pœnaperdicio' 
ni&  rerum,,  viâualium  >  mercanciarum  &  navium  in  quibus  merces  ipfa^ 
onuftos  forent  ^bc  fub  confifcacionis  corporum  &  bonorum  pœna.  Item.  ; 
Quod  Reges  Romanorum  ,  Arragonum  &  Portugalise ,  &  cœceri  Reges« 
&  Principes  amici ,  benevoli  &  confœderaci  diâorum  Principum ,  &c 
quilibec  eorum ,  cam  ex  una  parte ^iiam  alia  >.  û  bonum  fibi  videamr  > 
comprehendantur  (ub  didtis  treugis  fecundum  eanim  formam  &  teno- 
lem ,  tam  pro  ip(is  quam  pro  fuis  lubditis  quibufcumque.  Quas  quîdent 
treugas  ,  ac  omnia  &  fingpla  prsmiflà  >  in  prasdiâis  articulis  contenta» . 
cum  &  ex  deliberatione  Gonnliarionim  Domini  mei  nobifcum  >  in  hac 
se  exiftentium  videlicet  prardile&i  fratris  noftri  Jafparis  ,.Comitis  Pem- 
brochix  »  ae  dileâorum  confanguineorum  noftrorum,  Johannis.d&Foix>« 
Comitis  de  Candale,  &  Roberti  Comitis  de  Hungerfotd,  acThoms; 
Donûni  de  Roos.  lohannis  Morton ,  cuftodis  privaci  figilU  ante  didfci 
Domini  mei  Régis  Edmundi  »  Montford,  Roberti  Whitingham ,  Thomas 
Sfynderen ,  &  Henrici  Lewes  miiitum ,  necxion  Guillelmi  Grimmelhy  » 
Armigeri  &  Régis  Armorunv  :  Nos.  in  vim  poteftatis  Tuprafcriptas  pro-- 
mifimus  »  &  per  pradentes  promittimns ,  pro  &  nomine  diâi-  Domini  * 
mei  Se  pra  eo  facere ,  teneri  &  obfevari  de  pun&o  in  punâum ,  abfque 
aliquo  modo  veniendo  >  vel  eundo  in  contrarium  in  pane  >  vel  in  toto< 
ob  quamcumque  caufam,  veLfub  quocumque  colore  ,  necnon  vigoro 
ejufdem  poteftatis  nobis  attributs ,  &  tanquam  fpeciale  mandatum  ha- 
bentes  à  ai£to  Domino  meo  Rege  Anglix'ipfum  RJegem ,  Regnum  fuimi. 
Anglis  &  onrnia  fua  bona  quascumque ,  obligavimue  fubmifimus  Se  ypo-* 
tecavimus,  6c  per  pr^fentes  obligamus,  iubmittimus  &  ypothecamus^ 
{pecialitec  &  expreuè  ad  omnia  &  fingula ,  in  fupradiâis  articulis  con*- 
tenta  pro  &  ex  parte  diâi  Domini  mei  Régis  Angiis  tenendum>  fir- 
mandum  &  inviolabiliter  obfervandum ,  prominmufque  Se  fupradiâi;. 
Confiliarii  promiferunt  >  procurare  &  kborare  omnibus  modis  &  me-^ 
diis  poffibiubus  abfque  dolo ,  fraude  &  malo  ingenio  omnia  &  (ingula. 
praemiilà ,  approbari  &  ratificari ,  per  ipfum  Dominum  meum  Regem: 
Anglias  antediâum  in  verboRegio,  &  per  très  ip(ms  Regni.  Angliae^ 
ûatus  in  fuo  Parlamento.  Arque  de  ipfis  rarificacione  &  approbatione  v 
modo  fupradi£to  faciendis^ ,  Litteras  condecentes  &  oppertunas  in  auc- 
tenriqua  forma  »  figiUo,reu  £gillis  in  tali  cafu  debitis,  amietis  &  oppor* 
tunis  expeditas  tune  &figillatas,.antediâo  illuAriffimoPrincipiLudo- 
vico  confanguineo  noftro  germano  Francise ,  aut  ejus  Cancellario  ad/ 
proximum  inftans  Naxivitatis  Domini  feftum  Parifius  in  Caméra  compo- 
torum  tran(xnittere  hujufmodixatificationis  Litteras  in  forma  débita» per. 
ipfum  confanguineum  noftrum  expeditas  recipiendo . ...  In  eu  jus  rei> 
teftimoniùm  nos^praefata  Margareta  iignetum  noftrum  pratfentibus  inanu»^ 
noftra  propria.,  lubfcriptis  appofuimus.^  Datum  apud Tours,  vicefimo* 
o<%avo  die  Junii,  anno  Domini  millefimo  quadringentefîmo  fexageHmo 
fecundo  regnique  Domini  mei  Régis  Angliae  antediâi  quadrage(imo- 
Signé, Margarita  ,  J,  Pembrok,  Kendale,  Hungerford^  Roos,  JpHan- 
Bis.Mortond,  EdmondLMoJiifort. . 


'^ 


©E  PHtt.  Ï)E  CON^INE^.  573  

•  EtfurU  revers^  de  la  mefmc  main  de/dites  Lettres ^  eft  ejhrit  :  Ttcur  ia6x. 
fjptr  Se  guerrarum  abftitienci^  incer  GhriftianifCmum  Francôrum  Ludo^ 
ticum  >  &  Henricum  illuftriflimuin  Anglise  Reges ,  per  utriufque  partes 
Qtà  hoc  depucatos ,  adcenrumannostradatas&concoxdatas^Caynone,  ao 
demum  Turonis  paflàtae ,  2&.  die  lunii  146^ 

X  X  *. 

ÇCT  Ordre  de  Louis  XL  en  conféquence  dU'fufdit  Traité. 

LO  Y  S ,  par  la  gtacede  Dieu ,  Roy  de  France,  au  Vicomte  de  Pon-      Tni  des 
ceaudemer  »  ou  à  Ton  Lieutenant ,  &  à  Pierre  de  Salenove ,  Salut  :  I^ccueils  d^ 
Comme  puis  n'agueres ,  par  certains  appoînâ?emens  faits  entre  nous ,  ^-  l'Abbc 
d'une  part,  &  très  haute  &  puiflante  Princcflc  noftre  très-chere  &  très-  ^c^r*°^' 
amée  Couftne  la  Royne  d'Angleterre ,  pour  &  au  no/n  de  très  haut  Se 
puiflànt  Prince,  le  Roy  Henry  Ton  mary,  nous  nous  foyons  déclarez 
de  porter  &  favorifer  la  part  de  nofdits  Cou(in  Se  Confine  ,  i  rencon- 
tre de  Edouard  de  la  Marche ,  fubjeft  rebelle  Se  défobéïflànt  envers 
noftredit  Coufin ,  foy  efforçant  de  luy  ofter  fa  Seigneurie ,  pour  la  re- 
couvrance  de  laquelle  noflredite  Coufine  fe  fbit  difpofce  s'en  retourner 
devers  fondit  efpput  en  grande  diligence ,  pour  le  paflàge  de  laquelle 
Se  de  fa  compagnie,  nous  vous  mandons  que  vous  vous  tranfportiez  par 
n3us  les  ports  de  j?ier  de  Normandie  Se  Picardie ,  &  faiâes  commande- 
mens  à  tous  Maiflres  de  Navires ,  que  ils  vous  baillent  les  Navires  quc^ 
leur  requerrez,  Se  à  tous  Matelots  &  Mariniers,  que  ils  viennent  fervir, 
&c.  Donné  i  Rouen  le  16.  d'Aoufl  i^ôi.Tirédu  f^idimus  en  parchemin  y^ 
copié  par  M.  VAibé  Le  Gmnd.  > 

XX  t^ 
03*  Alliance  du  Roy  Louis  XL  avu  Jean  ,  Roy  (fArragqh. 

Jr  O  ANN ES,  Dei  gratiâ  Reif  Arragonum ,  Navarrac ,  Sicilix ,  Valen-^     Tiré  des 
I  cias ,  Majoricarum  ,  Sardiniar  &  Corficâ^ ,  Cornes  Barchinona^,  Dus  mêmes  Re. 
arthenarum  &  Neopatri^e ,  ac  Cornes  Roflîllionis  &  Ceritaniac ,  uni-  ^**^*^ 
verfis  pracfentem  Litteram  infpeâxiris,  Salutem.  Cum  inter  aliquos  Con- 
filiariorum  noflrorum,  per  nosadharc  fpecialiter  deputatosex  unâ.  Se 
alios  etiam  deputatos  per  fereniflimum  Se  Chriftianiflimum  Principem  Se 
cariflimum  confanguineum  noftrum  Ludovicum  eâdem  gratiâ  Regem 
Francôrum  ex  altéra  ,  Prefentibus  ,  cetta^  ligse ,  confederationes ,  intelli- 
gentix  Se  amicitiar  traébara^  fuerint  Se  concordatas  pro  nobis  &  nomine' 
noffaro ,  &  etiam  pro  ipfo  cariffimo  confanguineo  noflro  Francôrum  Re- 
ge ,  Se  pro  Rejgis  terris ,  dominiis  Se  fubmtis  noflris  &  utriufque  nof- 
trum ,  fub  modo  &  forma  in  articulis  fequentibus  contentis.  Sequentur 
articuli  faâi  &  concordati  inter  deputatos  ChriftianifEmi  &  potentiflimi' 
Principis  Domini  LudoviciDei  gratiâ  Francôrum  Rcgis  moderni,& 
etiam  deputatos  fereniflimi  Principis  &  Domini  Domini  Joannis  eâdem 
SF^iâ  Régis  Arragonum  >  Navarros ,  Sicilias ,  &c.  fuperamicitiis,  ligis,^ 

Aaa  5  intelligentiis' 


^^  374  PREUVES  DES  MEMOIRES 

"^"^^^  inceUigentiis  &c  confederationibus  intcr  ipfos  Principes  &  pro  réunis  » 
^4^^'     terris ,  dominiis ,  fubditis  fuis.  i^.  Vidd[icec^quocfp^ediâusChrlftia« 
ni(fimus  Ludovicus  Francomm  Rex  modernus ,  &  pcatlibacus  Dominuf 
Joannes  modernus  etiam  Arragonum  »  Navarre  Se  Sicilis  Rex ,  erunt 
deinceps  perpecu6|boni,  veri,  hdetes  amici ,  unus  erga  alium  ad  invlcem 
pro  confervacione ,  defenfîone  &  tuitione  Cixx  vicx,  fuarumque  perfona^ 
rum,  bonorom  ,  ftatuum,  regnprum,  rerrarum»  dominiorum  &  fubdi^i^ 
torum»  Item,  quod  iî aliqui »  cujufcum^ue  ftarusauc  conditionis  fine 
auc  fuerint ,  fucuris  vellec  cemporibus  alicai  ipfortim  Regum ,  aut ,  vel 
terris  •  vel  eorum  regnis ,  terris ,  dominiis  &  fubditis  guerram  facere 
âut  movere  y  yiraque  aut  vioientiam  inferre ,  aut  aliquiddê  fuo  indebî« 
tè  &  contra  eorum  voluntatem  detinere  vel  occupare ,  alter  prxdiâo- 
rum  Regum  tenebicur  ipfum  fuftinere  >  defendere  y  fibi  furorem  exhi* 
bere  contra  inimicos  fuos  &  omnes  alios  per  faéti  violentiam  aut  alids, 
indebitè  fuum  occupantes  omnibus  viis&  modis  iibi  poâibilibus  qiran<*, 
<lo  fuçrit  requifitus  ,  quemadmodum  bonus ,  verus  &  fidclis  anucus  0 
frater  6c  confederacus  facere  debeat  aiteri  fine  fiâtione  quacumque.  Item» 
quod  n  unus  prsdiâorum  Regum  pro  fuo  volcbat  auxuio  aliquas  Gentes^ 
armorum, Sagitrarios  vel  Balliftarios ,  Equités  vel  alios  armatos  Pedeftres, 
alter  tenebitur  iibi  pcxbere  ufque  ad  numerum  quingentarum  Lancea- 
rum  cum  Gentibus  de  tïù£i{i  illis  convenientibus  lecundùm  forman:i 
Regni  Franciae  quoad  Regem  Francia:  Se  fecundûm  formam  Regnorum 
Arragonum ,  &  etiam  tenebitur  unufquifque  ex  diâis  Regibus  aiteri  de 
tali  noftro  Pedituin  armatorum  ouibus  opus  fuerit  y  Se  lUe  ipforum  Re- 
gum qui  hoc  requiret  ab  alio  habcre  voluerit ,  ille  tamen  pr^ediâorum 
Kegum  qui  praediâos  armatos  tam  équités  quàm  pedites  requiderit ,  in 
exitu  illius  Régis  à  quo  miili  fuerint ,  &  antequam  alterius  regnum  Se 
jdominia  ingrediantur ,  eis  ftipendia  folvere  tenebitur  fecuncmm  mo- 
dum  Se  formam  confuetam  in  regno  Se  dominiis  unde  pncdiâ^  Genres 
armorum  mi{&  fuerint  y  iingula  (ingulis  referendo  y  Se  pro  toto  tempore 
quod  Rex  requirens  eafdem  Genres  armorum  detinere  voluerit  &  ulque 
ad  exitum  regni  &  dotniniorum  fuorum ,  &  hoc  fine  fraude  y  dolo  ve{ 
malo  ingenio  cjuocumqué ,  per  iftas  tamen  confederationes ,  nec  per 
aliqua  quœ  in  eis  contineantur ,  pracdiéti  Reges  y  nec  aliquis  eorum  quic 
quamagere  intendunt  quod  audoritati  Se  reverentiâcSan£tiifimi  Doitiinî 
noftri  Pap$ ,  tanquam  Vicario  Chrifti  Se  SanStx  Sedi  Apoftolicx  poflèc 
in  aliquo  derogare.  Prxdiâus  etiam  Chriftiani(fîmus  Francorum  Rex 
per  ea  (juac  fuperiùs  traâata  funt ,  non  intendit  in  aliquo  derogare  auc 
prsejudicium  inferre antiquis confederationibus,  traâatibus  &  amicitiis 
inter  Francorum  Caftell^  &  Legionis  Reges  Se  Régna  eorum  fadis  » 
x:ontraâis  &  initis  Se  femper  ad  plénum  obfetvatis  ,  nec  etiam  confede* 
rationibus  Se  amicitiis  inter  prardidum  fereniflimum.  Francorum  Re« 
^em ,  &  fereniflimum  Reçem  Scotias  &  eorum  Régna ,  hadenus   fac-» 
tis  &  initis ,  confanguinitatiquc  amicitix  Se  benevolentis  ferenifiimi 
Régis  SiciliarRenati,  Domini<jue  Ducis  Calabrias  ejus  primogeniti,  &  eu- 
îuflibet  eorum.  Et  fimiliter  didus  ferenifiimus  Rex  Arragonum  per  hanc 
;confederationem  non  in  tendit  derogare  amicitiis,  con(anguinitati>a(fi- 
^tat^  Sf  beneyolpntis  cfujip^  fijmc  intçr  eum  &  illuftriilîmos  Alphonfum 

'  ^ortugalU?» 


DE  PKIL.  DE  COMINES.  ^7^., 

Pbmigallix-,  Feixlinanduni  Sîcilise  Reges  nepotes  fuoj ,  &  illuftrem  Ffan-  " — -tt- 
eifcumSforcïa,  Ducem  Medîotani ,  &  quemlibeteorum.  Nos,  depriE-  ^ 
dtftis  articulis  Si.  de  omnibus  &:  fîngulu  in  cis  fc  quolibet  eorum  con- 
tentis  ,  ad  plénum  inftruâi  &  infbimati,  &c  pro  quorum  conclulione 
nos  &  prcdi^s  carifTImus  Rex  Francorum  confanguincus  nofter  ^muL 
hodiernâ  die  conveiiinius  atlîduâ  cogitacione ,  penfanterqtie  legtiis  Se 
Regibus  pro  eorum  Habiliiatc  Principatus ,  nÛ  accommooatias  concor- 
diâ  valeac  inveniri  noftrlamoris  &c  dile£tioiùs  radicem  ad  ânem  debi- 
■Um  deduccre  cupiences.prxdiâosarticuios,  omniaque  &  iîngula  ineir 
contenta  fîimamus  ,  laudamus  &  ap|frobamus  ,  Se  promittimus  fub  ncf- 
ttâ  fide  Se  vecbo  regio  ea  facere ,  cenere ,  adimplcre  &  inviolabiliter 
oblervaie  (ccundùm  modum  &  formam  in  eis  &  quolibet  eorum  conten" 
ram.  In  quorum  omnium  fidem  Se  teflimonium  bas  noftras  prxfemes 
Litteras  manu  noftrâ  propriâ  Hgnavimus ,  figillumque  noftrum  impen- 
denti  lullîmus  apponendum.  Datum  circa  locum  de  Salva-terra  inquo-- 
^m  cafu  pofîto  m  Regno  Francis  in  territorio  de  Malleore  dd  Sola  j  Os 
teciiâ'  metius  Maii  >  an.  i  Natîvitate  Domini  t  ^61,.- 

XXI  I. 

$7  Don  fait  pttr  Louys  Xi.  du  Duché  de  Luximhourg ,-  £•  Comté         C^opi^par' 
de  Ckiny  ,  à  PhiUppe  le  Bon  ,  Duc  de  BourgogTU.  M- 1  Abbé 

Le  Grand 

LOYS,  par lagracedcDica.Roy de  France:  Sçavoirfaifoflsà tous  ^'î^'"  ''■^- 
prefcns  &  à  venir.  Comme  noftré  très-cher  Si  f^  Trefor 

Dieu  abfo^vc,  eut  en  fon  vivant  acquis  de' nos  ti  dtschartes  . 

Coufin  &  Coufine  ,  les  Duc  &  Ducncflë  de  Saxe ,  Aae  4a  j ,  ' 

fonniers  ficconfors  en  cette  partie,  LesDuchéde  -    ^  . 

de  Chiny ,  &  de  la  Roche  en  Ardàine  >  avec  les  p  c'cft  céi^ 

partenanccs  &  appcndances  d'iccUes  quelconques  j  riiitrs. 

rres  dudii  acqucft  peut  plus  à  plein  apparoir  j  lerqt 
niflte  très-cMr  &  très^amé  Oncle  Se  Coulin  PheH] 
gne ,  prëtendott  avoir  aucun  droit ,  pour  laquelle 
)lié&  requis,  que  afin  que  fondit  droit,  qu'il  a  el 
oit  mieux  apparent, tt  nous plaifelu)' donner,  céder,  5:  tranfpiorter  le 
droit  que  y  avons  ,  Se  fur  ce  luyeflàrgir  libéralement  noftre  grâce.  Pour 
ceeft-il  que  nous  ayant  coniîderacionacc  quediteft,  auSîà  là  proximité 
du  lignage  ,  en  quoi  nous  atteint  noftredtt  Oncle  de  Bourgogne ,  &  la 
nès^rande  &  (inguliere  amour  &  affection  qu'il  a  tousjours  eue:  à  noftrer'  . 
perfonne,  ainfî  que  l'avons  par  long-temps  connen  parcffefl:,  à  icelluy 
noftre  Oncle  Pbelippcs,  Duc  de  Bourgogne ,  à  fcs  noirs  ,  pûut  les  cau- 
fés  Se  confiderations  ,  autres  à  ce  nous  mouvans-,  avons  donné ,  baillé  ,- 
eedé  ,  tranfporté  &  délailfé,  donnons,  baillons, cédons,  iranfporrons 
&  délaiflôns ,  de  grâce  efpeciale  ,  pleine  puiflânce  '8c  authorité  Royale 
par  ces  prefentes  tout  tel  droit,  nom,raifon&  action  que  avons,  &  quC 
nous  peut  &  doit  competer  Se  appanenir  efdits  Duché  de  Luxembourg 
&  Comté  de  Chiny  &  de  la  Roche  en  Ardainc  ,  leurs  parrenances  & 
^>pendances  ,  cens ,  tente»  >  Juflice ,  propriété ,  ccvenus.»  fiefs ,  noblef- 

fcs 


t 


-  3r^  PREUVES -DES  MEMOIRES 

I  ^Ct.  Tes  &  autres  droits  à  icelles  appartenons  quelconques  >  tant  aa  mo^ 
'  &  i  caute  dudit  acqueft  >  que  en  âr  nodredit  Seigneur  Se  Père  >  que  au- 
trement en  quelque  manière  que  ce  foit ,  pour  les  avoir  Sc  en  jouir  par 
noftretiit  Onde  ac  Bourgogne  &c  fefcliiE  hoirs  perpétuellement ,  une 
que  nous  >  nos-hoirs  fucceOeure  &c  ayans  cauie  de  nous ,  y  puiÛîons  ja- 
mais quereller,  ny  demander  aucune  chofe  ,  &  en  outre  pour  ce  que  de 
la  part  de  noftr«dji  feu  Seigneur  &  Père  fut  payé  ,  baillé  &  délivré  au- 
cune fomme  de  deniers  aufdits  Procureurs  &  Ambaflàdeurs  ,  en  faifaht 
lefdites  .condidon  Se  tranfport  en  r^atant  de  la  Tomme  principale  dudit 
acquêt]  laquelle  fomme  principale  monte  ^  cinquante  mille  elcus^  nous 
pour  les  caufes  que  dcflus ,  &  de  noftie  plus  an^te  libéralité ,  avons 
donné  Sc  tranfporté  ,  donnons  St  tranfporions  par  cefdices  prefentes  i 
noftredit  Oncle  de  Bourgogne  toute  tclfe  fomme  de  deniers  que  a  eu  , 
-vivant  noftredit  Seigneur  &  p£re  >  a  efté  payée  Si.  délivrée  i  une  fois 
«uiplu^eurs*  aufdits  de  Saxe,  leurfdits  confors  6c  Âmhafladeurs,  i, 
l'occallon  que  dellus  \  de  laquelle  fomme  voulons  ,  &  eft  noftre  plaiiîr  , 
que  noftredit  Oncle  fe  peur  aider  ,  &  la  convertir  au  pavement  oe  l'ao- 
quifiiion  qui  eft ,  ou  fera  faite  i  fon  profit  defdits  Duché  Sc  Comté  ,  en 

f  remettant  en  bonne  foy  Se  en  parole  de  Roy ,  entretenir  &  accomplir 
noftredit  Oncle  tour  le  contenu  en  ces  prefenres  ,  fans  aller,  ne  fou& 
frk  aller  à  l'encontre  par  nofdits  hoics  &  fuccedeuES ,  Roys  de  France  » 
ne  par  autre  i  luy  faite  bailler  ou  délivrer  ,  ou  à  fes  gens  pour  luy ,  toures 
Letttes  &  inftrumens  que  pouvons  avoit ,  touchant  ledit  Duché  de  Lu- 
xembourg ,  &  les  Comtés  de  Chiny  &:  de  la  Roche  ;  &  afin  que  ce  foie 
chofe  fecmc  &  ftable  à  tousjours ,  nous  avons  ligné  ces  prefentes  de  nof- 
tre main,  ^  à  icelles  avons  fait  mettre  noftre  Scel,  faufeo  autre  chofe 
lutruy  «n  tout.  Donné  i  Amboife  le  vingr'çinquiéme 
e  ,  l'an  de  grâce  mil  quatre  cens  foisanre  Sc  deux  ,  & 
e  fécond.  Ainfi  Signé  ,  Par  le  Roy  ,  vous  le  Patriarche 
refque  de  Saint-Brieux ,  l'Admirai,  les  Sires  de  Ttayn  j 
a  Rouflîe ,  8c  autres  plufiçurs  prefens.  De  la  Loet& 
yifa  conttntor.  du^an.  --% 

X  X  I  I  V  * 

:$7  PfiMVoir  de  Htniy  ,  Roy  de  C^ilU  ■  pour  trtdur  dipaix 
ff  confédération  ttvtc  U  Roy  Louys  XI, 

Tiré  a»  T-T  ^""<^"*  »  ^^'  gratiâ  i  Rex  Caftell»  &  Lcgionis  &c.  Unîvcrfis  pne- 

Recoeils  de  -^ -^  fcntîbus  pariter  Sc  futuris  has  noftras  Litreras  infpeâuris ,  Salutem 

M.  l'AbU    &  gratîam.  Ciim  eos  qui  fub  Deo  auâore  pacis  imperitnt ,  Evangelica 

Le  Grand,    leéno  hortetur  ad  unitatem  fpiritus  Sc  fraiernam  dileâionena ,  per  quam 

Regum  amor ,  rranquilla  Regnorum  quies  &  fpes  xcerni  Regni  conferr 

vantur  ,  06  pr^rtim  inter  eos ,  quorum  progeniiorcs  longas  &  diutur- 

nas  amicicias  &  iniemeratos  confsderationum  Sc  ligacum  nexus  ufque 

ad  vitx  termtnum  perduxerunt.  ConCderantes  igicur  &  animo  noftro 

gerentes  diutiflîmas  Sc  comprobatas  amicitias  inter  dos  Sc  progenîtorés 

noftros ,  ac  fereniflimi  Principis  cariflimi  fratris  Sc  confanguinei  noftrî 

^udoyjipi  t  Pçi  fiiaiiâ  *  F^aocotijun  Régis  prxdece0bres  \  &  inter  nos  Sf 

ijifugj 


DE  PHIL.  DE  COMINESf.  377        . 

%)fiim  ultra  fanguinis  necdBtudinem ,  qua  inyicem  fungimur ,  ad  perpe-  ^TT^T^ 
cuam  validamque  amicitiam  in  robur  firmitacis  contrahcre ,  éc  qux  ip(î  ^  ^ 
prxdecellbFes  noftd  glorîofè  iniciaverunt,  ad  fœlicem  ftacum  utrorumque 
Kegnonim  pro(equenc€s  :  Nocum  facimus  quod  nos  confidentes  de  lega^ 
iitate ,  fidelitace  &c  magna  prudentiâ  Reverendiilîmi  in  Chrifto  Patrie 
AlfonfiCarrillO)  Archiepifcopi  Toletani  Hifpaniarum  Primacis  ac  noftri 
Cancellarii  majoris ,  &c  nobiib  viri  Joannis  Pacheco  »  Marchionis  de 
Villena,  noftri  Majoris  Majordonii ,  ex  noftrâ  cerca  fcientiâ  maturâque 
Confîlii  noftri  deliberatione ,  conftituimus ,  facimus  &  ordinamus  per 
pTxfences  Procuratores ,  Traâ:atores  ôc  Oratores  noftros  générales  &  fpe- 
ciales  :  Dan  tes  eifdem  plenam  ,  generalem  8c  liberam  poteftacem  »  ami- 
•citias ,  confitrderationes  6c  ligas  inter  nos  ôc  noftros ,  ac  prsfaci  fracris 
noftri  Régis  Francis  prxdecedbres  inicas  Se  confervatas  vice  ôc  nomine 
noftro  ôc  pro  nobis  nxredibufque  ôc  fucceflbribus  noftris  ac  Regno  » 
•ditionibus  »  fubdicis  &  vaflàllis  noftris  ôc  nobis  adhsrentibus  ôc  adhsfu^ 
ris  unâ  cum  Ambaffiatoribus ,  Oratoribus  &  Procuratoribus  prsfati  fere-^ 
nilHmi  Régis  Francis  fratris  noftri  cariffimi,  pro  fe  &  fuis  hsredibus 
^  fucceflbribus  >  Regnis  p  dominiis  ôc  fubdicis  »  confirmandi>  traâandi» 
faciendi  &  perficiendi  in  perpetuum  >  vel  ad  certum  tempus  duraturas» 
fub  antiquarum  confœderationum ,  vel  alterius  tenoris  forma ,  proue 
tp(is  Reveiendiftîmo  in  Chrifto  Patri  Archiepifcopo  ôc  Marchioni  de 
Villena  videbicur  expedire ,  nec  non  dedarandi ,  interprecandi ,  mutant' 
4li,  ad jiciendi  »  diminuendi ,  (i  qua  in  diélarum  confœderationum  litre* 
lis  aut  verbis  ambigua»  obfcura,  imperfeâa  aut  aliàs  mutanda  videan- 
tur  y  jurandiquc  in  animam  noftrani  ôc  in  verbo  Regio  pro  nobis  ^  pro^ 
mitcendi  pracdiâa  omnia  ôc  fingula  per  eos  traâata  >  concordata  ÔC 
«confirmata  per  nos  firmiter  reneri ,  &  inviolabilicer  obfervari ,  (imile^ 
que  juramentum»  obligationes  ôç  ftipulationes  à  prxdiâis  Ambailîatori*  .    j 

bus|&  Oratoribus  prxfati  carîflimi  Régis  Francis  fratris  noftri  requirendi» 
petendi  Ôc  exigendi  ac  recipiendi ,  ôc  infuper  omnia  alia  ôc  (ingulâ 
exercendi ,  gerendi  &  difponendi  ac  expediendi  quem  prsmiflîs  ôc  cir-  Quim  ?  ^ 
<:a  ea  fuerint  neceflària ,  utilia ,  (eu  etiam  opportuna ,  &  qus  facéremus  crois  qa*U 
Se  difponeremus ,  feu  facere&  difponerc  poflfemus ,  fi  aûum  in  perfona  ^^^  !"*♦ 
propria  gereremus  y  etiam  fi  talia  (int  qus  mandatum  fpecialius  exige-  ^* 
f  ent.  Promittimus  etiam  bona  iide  &  in  verbo  regio  ac  fub  obligatione^ 
bonorum  noftrpnim  quorumcumque  pro  nobis, hsredibufque  Ôc  fuccef- 
fôribus  ac  Regno  >  fubdicis ,  amicis  &  benevolis  noftris  adnstentibus  ôc 
adhsfuris ,  ratum  >  gratum ,  firmum  Ôc  ftabile  haberi  ôc  perpétua  Jiabi- 
turos ,  quicquid  per  prsfatos  Procuratores  noftros  confîrmatum ,  déclara* 
tum ,  interpretatum ,  mutatum,  additum,  diminutum ,  obligatum ,'  jura- 
tum ,  promiftum ,  adum  &  condufum  y  fadumve  &erit  in  prsmiffis  ôc 
eorum  quolibet ,  vel  circa  ea  una  vice  aut  iceratis  ôc  diverfis ,  eaque 
omnia  Ôc  iîngula  irrefragabiliter  obfervaturos ,  expleturos  &  confirma- 
euros  ,  etiam  noftras  patentes  Litteras ,  fuper  his  quotiens  erimus  re- 
•quifiti ,  prxfato  cariffimo  fracri  noftro  dacuros  à  prsfacis  Ambafiiacoribus 
conformes  recipiendo.  In  quorum  omnium  fidem  ôc  teftimonium  prs- 
mifibrum  ,  figiilum  noftrum  in  abfentia  magni  ordinatum  Litreris  |>rs- 
£:iicibus  duximus  apponendum.  Datum  in  oppido de  Majorito  die  decimâ 
Toffu  IL  B  b  b  mcnfis 


37»  PREUVES  DES  MEMOIRES 

^  mcnfis  Marcii^anno  à  Nativirate  Domini  millefimo  quadringçnt  efimo  fe-' 
^  ^*  xagcHmo  fecundo,  Regni  verb  noftri  anno  o6tavo.  Et  fipiiplus  basp 
Ne  (ka-  ^  mandaco  Domini  noftri  Régis  in  fuo  ConûUo  >  Alvaruis^  Gomeni  y 

droit-il  pas  Secrctarius  >  avec  paraphe^ 

Krc  Gi^m#.  XXIV.. 

fins. 

apT  Extrait  d'une  Lettre  fur  Ccntrevui  dti  Roy  s  de  France  & 

de  Cajiille  >  du  14.  Ayril  1463. 

Tiré  des  T    Ertrcs  da  même  y  du  14.  AvriLll  mande  que  Ibrfqu'il  partit  d'Acqs^ 
îf  ^'AKK^  X^  quinze  jours  auparavant  on  travailloit  â  aboucher  les  deux  Roys  da 
IcG^nd     France  &  d'Efpagne,  qu'il  y  avoir  trêve  cnrre  eux  jufqu'au  premier  May^ 
'     qu'ils  n'eftoicnt  qu'à  deux  jours  l'un  de  l'autre  ^  que  cependanr  l'Admi- 
rai de  France  >  qui  eftoit  de  la  part  de  Ton  Maiftre  auprès  du  Roy  d'Efpa-: 
gne,  efcrivoit  qu'il  auroit  bien  de  la  peine  à  obliger  Henry  à  voir  Louys». 
parceque  les  Ambaflàdeurs  d'Edouard  IV.  tafchoient  d  empefcher  qu'iU 
ne  fi(Ient  la  paix  \  que  ceux  de  Barcelone  s'eftoient  joints  à  eux  -,  que 
ceux  de  Perpignan  iuy  avoient  efcrit ,  que  s'il  ne  traitoit  point  avec  la. 
France ,  ils  éeorgeroient  tous  les  François  qui  eftoient  chez  eux  >  que 
d'ailleurs  ils  le  faifoient  de  grandes  demandes  les  uns  aux  autres  >.  que  fî. 
les  deux  Roys  ne  fe  parloient  point  »  il  n'y  auroit  qu'une  trêve >&  pen- 
dant ce  temps  chacun  traiteroit  avec  Edouard  \  qae  le  Duc  de  Bourgo- 
Spe  a  qui  eftoit  bien  a^ec  la  France  >.  pourront  l'entraif ner  ^  que  Margue- 
rite >  Reyne  d'Angleterre ,  eftoit  (ortie  avec  (on  fils ,  &  av^it  lai(fè: 
Edouard  paiiible  poilèdèur  de  tout  le  Royaume ,  &  qu'elle  Veftoit  reti*^ 
♦   René  rée  auprès  du  Roy ,  fon  perc  *  \  que  tout  cela  Iuy  faiÇbit  croire  qu'on  ne 
«Anjou»      pourroit  pas  envoyer  de  grands  fecours  au  Duc  Jean  de  Calabre;  que 
01  de  Si-  jç^jj  Coxa^  fon  Ambaflàdeur  »  eftoit  venu  fort  pauvre ,  &  s'en  retour- 
neroit  mandiant  \  que  Barthélémy  de  Bologne  Iuy  avoit  dit  que  le  Duc 
avoit  commandé  à  Coxa  de  ne.  s'en  pas  retourner»  qu'il  ne  Iuy  portaft 
quatre-vingt  dix  mille  efcus  ^  qu'il  le  tiendroit  heiureux.  s'il  en  avoit  la. 
moitié;  qu'on  Iuy  envoyoit  deux  Vaidèaux,  l'un  chargé  de  bled,  &  l'autre 
de  Tel ,  qu'ils  dévoient  eftre  fuivis  de  (ix  Galères ,  mais  qu'il  croyoit  que 
c'eftoient  autant  de  belles  paroles  »  &  rien  plus  >  que  pour  Iuy  Antoine  ^ 
il  alloit  prendre  poflèftion  du  Comté  de  Valentinois.. 

XXV. 

Tké  par  ÇCT  Juf^enum  rendu  par  le  Roy  Louys  XI.  fur  Us  differens  entre  les^ 
M.  J^Abbé  Roys  de  Cafiille  &  d^Armgon  ,.  pour  les  prétentions  réciproques  ,  qu'ils- 
5u  Trcfor  '       ^'^oient  Cunfur  Vautre.  Donne  â  Rayonne  le  23.  Avril  1463.. 

Anmim^e,  T  UDO  V IC US ,  Dei  gratiâ ,  Francorum  Rex  &cc.  Notum  &c. 
facyii.  i^.  M^  Quod  ficc  çartibus  auditis ,  &  prout  per  eorum  Litteras  Procurato- 
Cette  pkce  ^^.&.  fubmiftorias ,  â  quo  non  liceat  appellari,  judex  eleâi ,  per  bonum . 
n'cft  qu'on  P^^^is  intcr  fereniflimos^  Principes  Henricum  Caflelbs  Regem  cognartim 
ftbregédcla  noftrum ,  &  Fratrem  confœderatum  &  Regem  Arragonum  avunculum 
faivantc      &  confaderatum  noftrum,  fuper  difcordias  inter  eos  oitas  propter  eau-. 

fa» 


DE  PHIL.  DE  CÔMINÉS.  J79 


Tas  in  eorom  Litteris  &  fcqucntibus  articulis  eicprclïàs,  cum  nottra^&     ^4^J^ 
«loftri  Confilii  matura  deliberacione  ordinamus  &  declaramus  :  . 

Quod  didus  Rex  CafteUx  dimia-et  diâo  Arragonum  Régi  omniaoppidai 
yillas^çivicates,  ultra  &  quascumque  alia  cerricoria  qiue  fub  ipfius  porefta- 
te  >  feu  ejus  umbra  aut  lucceffione  func  rebelles ,  de  quibus  jus  habere 
•prétendit  in  Regno  Navarrac ,  &  otnnia  qwx  ei  poiient  deoeri  &  de 
quibus  poflèc  habere  adionem  fuper  didum  Regnum  auc  aliquam  ejus 
partem,  vel  caufa  profecucionis  guerrac ,  vel  quotnodocumque  aliter  > 
£xceptis  iis  ai|2  inferiùs  ezprimunrur.  . 

Item  9  Reun^uec  diéhis  Rex  Caftellae  Régi  Ârragotmm  Principatum  1 1* 
•Catolonix  >  civicacem  Barchinone  »  &  ea  qi^e  in  eodem  Principacu  func  ' 
conccadiâum  Regem  Arragonix,  nec  per  eaRex  Caftellx  renebirur 
ponere  diâum  Regem  Arragonix  in  poflduonem  diâx  Patriae ,  fed  quan- 
cum  poterie  verbo  ,  &  fidelicas  Régis  competit  nuUata ,  favorem  8c  au* 
ailium  prxbebtit  ante  diQx  Patriœ  per  fe  aut  per  atium  direâè  aut  in-* 
direâiè  y  fed  quantum  poterit  taborabit,  ut  diéka  Patria  Hcut  Régi  Se 
Principi  obediet  Régi  Arraeonke. 

lum  ,  Diâus  Rex  CafteUac  dimittet  quxcumque  in  R«gno  Valenciae      1 1 L 
aut  Arragonias  poflidet  Se  eft  fub  umbra  ejus,  (luas  in  lioc  ultimo  bello 
fuerunt  capta ,  &  pro  fecurirate  horum  &4n  his  articulis  contentorum , 
dabuntur  taies  Litter>se  Régis  Arragonum,  quales  noftro  Confilio  Se  Régi 
Caftellas  videbuntur  dandac. 

Item ,  Or<linamus ,  qubd  in  recompenfationem  didorum  Rex  CafteU  I V» 
Ix  habcat  furomam  Regi  Arragonum  in  Regno  Caftellae  ratione  terrarum 
quac  in  RegnoXZaAellac  habebat  debitam ,  &  iuri  fuo  renunciet ,  nunv 
quam  impofterum  ,  aut  ei ,  aut  alicui  fuoruni  naeredum  h:eat  aliquid  pe- 
tere  aut  jus  praetendefe ,  Se  quod  côntraâus  diète  renunciationis  in  luo 
femper  vigore  maneat. 

hem  ,  Infuper  ordinamus ,  qubd  diâus  Rex  Carftdlac  hal3eat  in  Regno  V^ 
Navarrac  Villam  Se  Caftrum  de  Stella,  cum  tota  Patria  in  Baillivata  feu  ' 
merindad  qùx  in  eadem  Patria  vocatur ,  cautione  Regi  Caftellae  ftmeriori- 
tatis  data  «  de  mutata  confuetudineobrervantias ,  libertates  Se  hanchi* 
(iaseorum  Auili  infîringendas ,  &  hoc  Rex  Caftellas  tenebitur  jurare  8c 
horum  Litterac  dabuntur  à  diâo  Rege  Arragonum  auc  i  quibus  de  jure 
didhmi  Navarra^  Regnum  pertinet. 

Item  y  Quod  habentes  jura ,  Dominia  aut  Inereditates  in  diâa  terra       V  L 
paciBcè  poflideant  ratione  «arum  «  fuperioritatem ,  £e  homagkmi  Regi 
Caftellas  facien  do. 

Item  ,  Qubd  Rex  Arragonum  Regi  Caftellx  in  ttibus  terminis ,  fcili-     VIL 
cet  in  tribus  annis  incipiendo  â  data  hujus  prarfentis ,  dabit  quinquagin- 
tSL*  duplas  dei>andain  pr^mo  anno  18000.  inatîis  vero  16000.  in  quoli-   *  Ajoutée, 
bet ,  &  tenebitur  dare  in  Villa  Fuenteratua ,  cui  Rex  Caftellas  voluerit  ^*»*^- 
erdinare  ,  &  oppidum  de  la  Raga  ficut  ante  dido  Regno  Navarrx  refti-^ 
tuetur ,  exceptis  his  de  quibus  expreflfa  fuit  mentio. 

Item  y  Si  medio  Régis  Caftellas  Principatus  Gitalaniae  Se  Barchinonae    V II  h 
kifra  duos  menfes  ad  obedientiam  Regi  Arragonum  fuerit  redu&us  auc 
aliquo  alio  modo  infra  diâum  tempus ,  prxdiâus  Ktx  Arragonias  cène- 
)>itur  ros  beni^  rufcipere  >  pmnia  prxdiâa  mala  a}>olendo  &  paccendo  ' 

J8bb  n  i 


3«o  PREUVES  DES  MEMOIRES 

yj^^2.     a tcmporc ukimac  rcbcUionis  &  principio,  cariolurque  ad  iftud  trîmcC- 
^    ^'     cre  incluiivè  omnia  eis  rtftiruendo >.(lve  Officia  ,  ùvc  Bénéficia  qux  priùs^ 
habuerant ,  quibus   nunc  privancur  ,  cum  fecuratibus  &  Licceris  ad 
lioc  recjuifitis,  proue  ArcHiepifcopus  Tolecanus  &  Marchio  de  Viilena». 
ant  alii  depuran  per  Regem  Cafteilse  &  duo  noftri  &  alU  duo  Régis  Sc 
Reginas  Arragonum,  &  unus  de  Barchinona  qui  fequucus  fuerit  rebel-* 
lionem ,  per  Regem  Caftellae  eledkis  &  per  iftos  (epcem  cota  maceria< 
decidacur  î  quod  fi  concordes  non  fteterinc  ,,auc  fi  propcer  Barchinonem 
non  fuerinc  concordes  »  aiii  fex ,.  fcilicec  duo  noftri ,  duo  dcCaftella^- 
duo  de  Arragonia  decerminabunc  y  quod  fi  non  fteterinc  concordes  qua- 
tuor eorum  ,  fit  quod  onus  ad  minus  fir  Régis  Gaftellae  déterminent  ve^- 
ritatem ,  fi  jurayerint  fiscimdùm  confcientiam  judicare  »  &.boc  tempore 
pendente  nuUum  bellum  aut  damnum  alceri  parti,  fiet ,  fi:d  uterque 
alteri  erit  pacificus.  Qahd  £infra  di(^m  tempus  Principatus  Catala- 
nix ,  aot  Villa  Barchinonz  ,  non  fuerit  ad  debuam  Régis  Anagonum^ 
obedientiam  redaébt ,  Rex  Caftdls  tenebitur  eam  relinquere,  nec  per  (cp. 
nec  per  alium  auxilium  ei  prsbendo  directe  aut  indireâè  >  imo  labora-* 
bit  ut  fiht  boni&  fidèles  fiibditi  ficut  fupremo  Domino  Sc  veto  Princi- 
pi  »  &  fi  prsediéta  fecerunt  omnia  quxeis^fuerunt  ablata  mobilia  aut  im- 
mobilia >  Officia  aut  Bénéficia,  feu  quaecumque  alia  bona  eifdem  refti- 
tuentur ,  etiamfi  fuerint  alienata ,  de  cuftodiet  eis  omnes  libertates,  fson- 
chifias  &  confiietudines». 
I  X  Ôiantum  ad  capitulationem  faâ&un'cum  Re^na  Arragonum  in  Villas 

Frama  de  Penades  poft  delibecationem  Principis  CaroU,  ordinamus» 

S^uôd  poft  duos  'menfes  poft  reduAionem  fupradiâam ,  quidquid  per 
eptem  modo  f>pradi£fcos  fteterit  deliberatum  aut  per  fex ,  raciant  amW 
partes  ;  auod  fi  (ex  non  fuerint  concordes ,  pvxâiStns  Rex  Arragonum 
non  teneoitur  primas  condietudines  aut  capitulationesobrervare; 
*X^  Item,  DiâurRex  Arragonum  omniBiis  de  fingulis  c^uibus  occafione^ 

didUbelti  fiierunt  rebelles^  civitatibus  »  villis  &  patriis  infra  triginta 
cjuinque  dies  parcere  tenebitur ,  &.  diâas  Rex  Caftellx  %  fi  aliqui  ra-- 
tione  diâi  belli  ei  fuerint  rebelles ,  idem  tenebitur  facere  &  po  dijfbis- 
Komicidiis,  oppreffionibus  &  quibufcumque  déliais  hinc  inde  faâis  y^ 
fine  ulteriori  progrefiïi ,  aâione  aut  qualicumque  vindiââ ,  qui  ea  prae- 
jMtr  y  oa  didlo  tempore  fecerint ,  erunt  aboliti ,  8c  Joannes  de  Jaar ,  Jacobus  de 
plâeôrlcfci*  Arragonia,  Joannes  de  Cardona,  Joannes  de  Bellomonte,  Ludovicus- 
««•  *filius  Conftabularil  de  Navarra  &  fratres ,  Carolus  de  Arthieda  ôc  Perdis 

nandusde  Botea,  fi  timeantad  Regem  Arragonum  accedere,  non  tene->^ 
Buntur  perfonaliter  comparere ,  fed  Proeuratores  facient  debitam  obe- 
dientiam  &;  Komagium  y  Sc  fi  alibi  voluerint  vivere  Sc  bona  eorum  ven- 
dere^utalienare,  non  poterit  eos  impedire  quin  fàciant  fi  velint;  fi- 
▼erb  ratione  Beneficiorum  ii  qui  rebelles^  fuerunt ,  oppida  habent  aot 
Caftra,  tenebuntur  ponere  in  cuftodia  Kominum  non  fuipeâdrum  &  de 
eis  homagium  Régi  racient*. 
%l^  hem,  Ordinamùs ,  qubd  intra  triginta quinque  dies proximè fequen» 

tss^  prsdi£his  Arragonum  Rex,  Villam,  Caftrum  &  Baillivamm ,  feu^ 
Merindad  de  Stella,  ponat  in  manibus  Archiepifcopi  Toletani  &  Mar- 
«hionis de.  ViUena ,  quiMarchio  in obfides ponet filium, quoufque  Rexr 

Caftella^r 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  jîi  

Cafteiïat  omnia  alla  qu«  in  ditione  Régis  Arragonum  habet ,  etiam  rcfti-     ia.6^^ 
fuec ,  aller  ab  alcero  in  ifto  incervallo  nihil  capiendo  &  aiCduo  nominaci 
kabebunt  licentîam  à  Rcge  Arragonum  impecrare  pro  hominibus  qui  ob-^ 
fides  la  Guardia  San  Vincente  Lofaicos  »  uc  ponantur  in  manibus  Régis 
Caftell2e,qjuia  jus  débet  habere>.  proue  per  iftam  fencenciam  ordinamus  y 
ic  quod  m  incer  di£bos  Reges  poftquam  fuperi/is  ordinaca  fuerint ,  vera* 
yax  (icuc  ante  difcordiasdebebat  elle  ;  nec  hxredesauc  fuccellbres  aliquid 
pocerunc  de  (tiperiùs  ordinaris  in  pofterum  prxtendere  auc  eis  concrav^- 
nire^  fub  pœnis  poficis  in  Litteris  fubmiffionis  &  Procuracoris  nomina-^ 
corum  Regum  :  &  omnia  ftipra  diAa  Ôc  fineula  eorum  diâti  Reges ,  in^^ 
fra  duodecim  dies  proximo  venruros ,  renebuncur  hoc  jurare ,  nunquam 
alicui  diâorum  amculorum  contraveniendo  auc  montra  veniri  permit^ 
teixdo ,  proue  per  iftam  fententiam  dedaramus  Ôc  ordinamus  fub  pœnis* 
in  difkis  fubmiiEonibus  Se  compromiflis  concentis  ;  prxfencibus  noftris* 
caris  &  magnificis  amicis  Archiepifcopo  Toletano  &  Marcliione  de  Vit- 
Icna  X  noftri  didi  fratris  €Ognari^&  amiciconfoederati  Régis  Caftella^ 
Oraroribus ,  &  Ludovico  Defpuech  ,  Magiftro  Ordinis  de  Moncefa  &c 
Goflèrano  Oliverii  Milite  de  fupradiâa  materiâ  didi  Régis  Arragonum^ 
Oraroribus.  In  teftimonium  praedifborum  noftrum  iigillum  prxfentibus' 
fecimus  apponi ,  in  civitate  noftra  Baïonenfi ,  ij.  die  meniîs  Aprilis^^ 
annoOomini  14^53.  poft  Pafcha,.  8c  R^gni  noftri  anno  fecundo. 

• 

Copiée  p2t 

i^  Scntentc  vérifierait  du  Roy  Louys  XL-  entre  U  Roy  de  Cafiille    Le  Grand 

&  U  Roy  d^Arragon.  Avril  1463.  far  un  Rc- 

^  giftredcM»' 

LOYS,  &c.  A  tous  ceuxqui'ces  prcfentes  Lettres  verront.  Salut:  Clairam- 
Comme  pour  l'affermiflement  de  certaines  grandes  queftions,  dife-'  ^^^^  ^^"^ 
rences  &  débats  meus  entre  très-haut  &  très  -  puiflànt  Prince  noftre  ^*  P'  '^^* 
wès-cher  &  très-amé  Frère,  Coufin  Se  allié  le  Roy  de  Caftille  &  de    ^^f'^^f 
Léon,  d'une  part,  &  très-haut  &  très^puiflànt Prince  noftre  très-cher  ^^^LV' 
Se  très-amé  Oncle  &  Coufin  le  Roy  d'Atragon ,  d'autre  ;  tant  pour  occa-  ^^^^^"^ 
fion  des  Royaumes  d*Arragon,  Navarre ,  Valence  &  Principauté  de  Ca- 
dialogne ,  aulfî  de  deux  cens  mille  doubles,  ou  autre  grande  fomme,     ihtibUs  ,• 

Îu'on  dit  autrefois  avoir  efté  donnée  en  mariage  à'  feue  noftre  Coufine  fous-encciH' 
larie,  Reyned'Arragon ,  Tante  de  noftredit  Frère ,  Coufin  &  allié  le  dés  Ecus 
Roy  de  Caftille,  que  de  toutes  autres chofes  quelconques,  dont  ledit  ^^»  ^^' 
Roy  de  Caftille  pourroit  faire  queftion  Se  demande  à  noftredit  Oncle  &  ^*^^'** 
Coufin  le  Roy  d'Arragon ,  de  tout  le  temps  paflé  jufques  àprefent ,  lef- 
dits  Roys  de  Caftille  &  d'>kragon  nous  euftent  efleu  Arbitre ,  Arbitra- 
teur  &  amiable  Comçofiteur ,  pour  finir  lefdites  queftions ,  dont  plus  à 
plein  fera  cy-après  faite  mention,  ordonner,  fentetlcier,  juger,  pro- 
noncer &  eiuuniner  tout  ce  que  verrons  eftre  à  faire  pour  chacune  defdi- 
tes  parties ,  ainfi  que  plus  à  plain  eft  faite  mention  es  Lettres  de  .pouvoir' 
Se  (oumifiion  à  nous  envoyées  par  lefdits  Roys  de  Caftille  Se  d'Arragon,* 
dont  les  teneurs  s'enfuivent.  Sec.  Lequel  arbitrage  nous ,  pour  les  grands  ' 
es  9  amitiés  Se  alliances  qui  font  >  Se  ont  efté  par  cy-devant  entre - 

Bbb  y.  lefdits^' 


iîi  PREUVES  DES  MEMOIRES 

1.^2^   ^^^^^^^  Kùys  de  Caftille  Se d'Arragon  &c  nous ,  ayons  libéralement  acccp- 

-^  '^*     té  5  &  fur  lefditçs  queftions ,  dilcords ,  débats  &  différences ,  defirant 

lappaifemenc  d'iceux,^  nourrir  paix  iSc  amour  entre  lefdits  Roy  s,  leurs 

Royaume^ ,  Seigneuries  &  Sujets ,  £c  éviter  le$  grands  dommages  qui 

entre  eua^  îç  leurs  Sujets  »  amis  ft:  alliez ,  fe  pourroient  enfuivre  ,  & 

pour  autres  juftes  caufes  à  ce  nous  mouvans ,  eue  fur  ce  meure  délibéra** 

tion ,  avons  dit ,  ordonné,  déclaré  &  déterminé,  difons ,  ordonnons  , 

I.         déclarons  &  déterminons  en  la  forme  &  manière  qui  s'enfuit.  Et  pte* 

fnierement ,  a  efté  &  eft  p^^  nous  dit ,  ordonné ,  déclaré  &  déterminé» 

Cc&  h'ffrcs  H"^  noftredit  Frère  le  Roy  de  Caftille  baillera  Se  délaiflèra  audit  Roy 

a  Arragon  toutes  les  Citez ,  Villes ,  Chafteaux ,  lieux ,  Terres  &  Seigneu** 

tenta  ceux  ries  quelconques ,  qu'il  tii^nt  &  qui  fous  fon  adveu  font  tenues  audit 


fc  rappor-  d' Arragon  toutes  les  Citez ,  Villes ,  Chafteaux ,  lieux ,  Terres  &  Seigneu 
tenta  ceux  ries  quelconques ,  qu'il  tii^nt  &  qui  fous  fon  adveu  (ont  tenues  audii 
du  Latin  d-  Royau^ie  de  Navarre ,  Sç  toutes  iommes  de  deniers  qui  pourroicnt  lujr 


devant.  eftre  deues ,  Se  pour  raifon  defquelles  ledit  Roy  de  Caftille  prétend  avoic 
recoqrs  Se  aâion  fur  ledit  Royaume  de  Navarre ,  Villes  &  Seigneuries 
d'iccluy ,  tant  à  cau(e  de  la  foiilde  &  defpence  qu'il  a  faite  Se  pu  faire 
à.  Toccaijon  de  la  guerre  encommencée  audit  Royaume  de  Navarre ,  i  la 
requête  de  &u  noftrp  CouHn  le  Prince  Don  Carlos  s  comme  depuis ,  ne 
paravant  en  quelque  panière  que  ledit  Roy  de  Caftille  y  ait  du  (ien  em** 
ployé  Se  defpendu ,  fauf  &  refervé  les  chofes  cy-après  déclarées ,  qui  de* 
1 1^  meurent  audit  Roy  de  Caftille.  Item.  Ordonnons ,  déclarons  &  detecmi-« 
nons  que  ledit  Roy  de  Caftille  cédera  &  délaiflèra  la  Principauté  de  Ca* 
thalogne  &  la  Cité  de  Barcelone  audit  Roy  d' Arragon  *,  aufli  toutes  les 
autres  Cités ,  Villes  &  Seigneuries  de  ladite  Principauté  ,  fans  aucune 
chofe  y  retenir  en  quelque  manière  que  ce  foit.  Se  pour  ce  n'eft  entendu 
que  ledit  Roy  de  Caftille  fpit  tepu  d'en  bailler  audit  Roy  d'Arragon  U 
podeflion ,  ne  ne  leur  donnera ,  ne  fouffrira  eftre  donné  pour  le  temps 
avenir ,  par  luy ,  ne  aucuns  de  fes  fujets ,  amis ,  bienveillans  Se  alliez 
aucun  confort ,  fecours  ne  ayde ,  ainçois  ledit  Roy  de  Caftille  tiendra  h 
main  eavers  eu^  à  tout  fon  loyal  pouvoir  *,  que  d'orefnavant  feront  bons» 
vrays  Se  loyaux  fujets  audit  Roy  d'Arrason,  comme  à  leur  Prince  Se 
f  I L  Souverain  Seigneur.  liem.  Ordonnons ,  déclarons  Se  déterminons  qpà 
ledit  Roy  de  £aftille  baillera ,  cédera  &  delaiftèra  audit  Roy  d'Arragoa 
toutes  &  chacunes  les  Cités ,  Villes ,  Fqrrerefliès ,  Terres  &  Seigneurie^ 
qu'il  tient  &  poiîède ,  &  qui  fous  (on  aveu  font  tenues  &  occupées  es 
Royaumes  d'Ârr^igon  .&  de  Valenc/c ,  Se  qui  ont  efté  prifes  tant  de  pay 
ledit  Roy  de  Caftille ,  po^ime  par  fes  Capitaines  &  Gens  de  guerre  k 
ces  dernières  guerres ,  tout  entièrement,  (ans aucune  chofe  à  foy  yretc» 
nir ,  &  pour  feureté  defdites  chpfes  contenues  es  articles  deiTufdits ,  fe? 
ront  baillées  telles  Lettres  &  Contrats  audit  Roy  d'Arragon  ,  que  par 
noftredit  Frère  de  Caftille ,  nous  &  nos  Confeillers  feront  advifés  &  ac? 
^  y.  cordéf.  Item.  Ordonnons ,  déclarons ,'  déterminons  que  noftredit  Frère 
le  Roy  de  Caftille  pour  recompenfation ,  payement  &  folutiondes  cho- 
(es  contenues  audit  compromis  Se  fubtnjihon  par  luy  £ûts,  ait  pour  luy 
tous  &  chacun  les  Malvaidies  ,  de  Jure  hœreJat.  cédez  pour  viç  ou  par 
chacun  ah ,  que  noftredit  Oncle  le  Roy  d'Arragon  a  &  tient  de  noftrer . 
dit  Frère  de  Caftille ,  fituées  &  aftifes  en  quelconques  revenus  de  fes 
Royaumes  ^  ou  afGs  en  fes  Uvrçs  çn  qael(|ue  manière  que  ce  foit,  &.qu0; 


E 


DE  PHIL.  DE  COMINES  383 

fioftredic  Oncle  Ôc  CouHn  le  Roy  d*Arragon  défaiflêra  audit  Roy  de 
Caftille ,  &  qu'il  puifTe  faire  defdites  Malvaidies à fon  bon  plaifir  ,  &  de     *  4^  5* 
celuy  feront  baillées  toutes  les  Lettres  &  Contrats  par  ledit  Roy  d*Arra« 
on  &  (es  héritiers ,  qui  pour  ce  feront  neceflàires  audit  Roy  de  Caftil- 
s  ;  &  pareillement  luy  rendra  &  baillera  les  écritures  Se  contrats  qu'il  a 
defdites  Malraidies.  hem.  Ordonnons ,  déclarons  &c  déterminons  qu  ou-        y 
tfe  &  pardefifus  les  chofes  delfufdites  ledit  Roy  de  Caftille  ait  pour  luy 
ou  pour  ceux  qu'il  luy  plaira ,  le  lieu  &c  Ville  d'Eftelle ,  &  les  Villes  , 
lieux  i  Forterefles  &  Terres  qui  font  de  la  Merindad  de  ladite  Eftelle  qui 
eft  audit  Royaume  de  Navarre  >  à  ce  que  ledit  Merindad  demeure  pour 
£en ,  &  de  fes  Royaumes ,  &c  annexé  à  la  grande  Souveraineté  d'iceux  à 
tousjours  mais  9  &  ce  oâroyera  ledit  Roy  d'Arragon  &  toutes  les  autres 
perfonnes  à  qui  de  fait  &  de  droit  ledit  Royaume  de  Navare  appartient, 
&  fur  ce  s'en  donneront  toutes  les  écritures  &  contrats  qui  feront  necef-' 
faites  audit  Roy  de  Caftille.  Item.  Ordonnons,  déclarons  &  determi-        VL 
nons  que  les  Terres  &  Seigneuries  que  Pierre  de  Peralte ,  Chevalier ,  & 
autres  quelconques  Chevaliers  6c  perfonnes  ont  &  tiennent  en  ladite 
Merindad  d'Eftelle  de  leur  propre  nerirage ,  Qu'ils  le  tiennent  d'orefna^ 
vant-  fous  la  Souveraineté  &  Jurifdiâion  dudit  Rojr  de  Caftille  ,  en  luy 
faifant  hommage  &  devoirs  pour  icelles  ;  ainH  qu'ils  tes  ont  tenus  juf- 
qu'icy  fous  la  Jurifdiâion  &  Souveraineté  dudit  Roy  de  Navarre  ;  &  ou-      VIL 
tre  avons  ordonné ,  déclaré  &  déterminé,  ordonnons,  déclarons  &  de* 
terminons  qu'il  fera  payé  &  baillé  par  ledit  Roy  d'Arragon  audit  Roy  de 
Caftille  la  (omme  de  cmquante  mille  doubles  Caftillans  de  Lavarde  ;  Ôc 
kelle  fomme  de  cinquante  mille  doubles  fera  payée  par  ledit  Roy  d'Ar* 
ragoQ  en  trois  termes*)  c'eft  àfçavoir,  dedans  un  an  prochain  ,  venant 
à  compter  du  jour  de  ces  Prefentes ,  dix- huit  mille  doubles  ;  féconde 
année  après  enfuivant ,  feize  nulle  >  &  la  tierce  année  après ,  feize  au- 
tres mille  doubles  pour  le  payement  de  ladite  fomme  de  cinquante  mille 
doubles,  lefquels  payemens  fe  feront  en  la  Ville  de  Fontarabie  en  la 
main  de  celuy  que  ledit  Roy  de  Caftille  commettra  pour  icelle  fomme 
recevoir  *,  &  au  regard  de  la  Ville  de  la  Rague ,  eftant  â  prefent  en  dé* 

Îoft ,  elle  fera  rendue  audit  Roy  d'Arragon ,  comme  les  autres  Places 
udit  Royaume  de  Navarre,  excepté  ledit  Merindad  d'Eftelle.  Toutes 
lefquelles  chofes  deÛufdites  déclarées ,  prononcées  &  adjugées  aufdites 
panies ,  (ont  en  recompenfe ,  payement  &  folution  ,  tant  du  principal  r 
comme  des  dommages ,  interefts,  de(penfes  &c  autres  chofes  prétendues- 
par  chacune  defdites  Parties ,  plus  à  plein  contenues  &  déclarées  efdites 
Lettres  de  fôumiffîon.  lum.  Que  fi  ainfi  eft  que  ledit  Roy  de  Caftilletrou-     V I H 
voit  maniéré  avec  la  Cité  de  Barcelone  &  Principauté  de  Cathalogne , 
qu'ils  viennent  à  l'obéyflànce  6c  fidélité  dudit  Roy  d'Arragon ,  ledit 
Roy  d'Arragon*feralors  tenu  de  leur  pardonner ,  &  pardonnera  toutes: 
les  chofes  &  faits  paflez ,  du  plus  grand  cas  jufqu'au  moindre  inclufive- 
ment ,  *  de  leurs  privilèges ,  us  ,  coutumes  6c  libertés  en  la  forme  qu'ils  *  Ajoatrt, 
eftoient ,  &  dont  ils  ufoient  avant  le  commencement  du  débat  qu'il  a  eu  ^^*^Y^' 
avec  lefdits  de  Barcelone  ,  &  leur  donnera  toutes  les  feurctés ,  tant  *''*  ^^^* 
d'écritures  ,  comme  autres  quelconques ,  oui  feront  avifées  &  accor- 
'  déespar  noftrcdit  Frère  6c  allié  le  Roy  de  Cauille  6c  nous ,  par  l'advis  âr 

confeiL 


384         PREUVES  DES  MEMOIRES 

con(eil  de  rArchevefquc  de  Tolcde  &  du  Marquis  de  Villcna  »  &  de 
*  *  ^  •      deux  autres  nos  Confeillers  pris  &  cfleus  de  par  nous  ;  defquclles  feurecér 
xioftredit  Frère  de  Caftille  &  nous  ferons  pièges ,  afin  que  û  ledit  Rof 
id' Arragon  ne  les  gardoit  >  noftredit  Frère  de  CaftiUe  Se  nous ,  6c  chacun 
de  nous  luy  ferons  garder  par  quelque  voye  que  mieux  faire  le  pourrons^ 
&  n  noftredit  Frère  de  Caftille  ne  pouvoir  conclure  avec  ceux  de  la  Prin- 
cipauté de  Cathalogne  qu'ils  viennent  en  robéyflànce  dudit  Roy  d'Arra*  ^ 
gon  ,  ne  iceux  ne  icelle  fe  veuillent  réduire  dedans  le  temps  qui  fera 
iadvifé  par  ledit  Roy  de  GdUlle  &  nous  >  ledit  Roy  de  Caftille  deflors 
en  avant  ne  les  foutiendra  ne  favorifera  publiquement  ne  fecrettement  » 
par  luy  ne  par  fes  fujets ,  ne  en  autre  manière  quelconque  ;  &  fi  le  casf 
advenoit  que  ladite  Cité  de  Barcelone ,  6c  les  autres  Villes  de  ladite 
Principauté  de  Cathalogne ,  Ce  donnadènt  à  autres  quelconques  »  Roy  , 
Prince  >  Communauté  ou  autre  perfonne  quelconque ,  en  quelconque 
manière  contre  ledit  Roy  d'Arragon ,  6c  pour  fe  denendre  de  luy,  qu'en 
ce  cas  noftredit  Frère  de  Caftille  9  contre  t^Ue  perfonne  ou  Communauté 
à,  qui  ladite  Cité  de  Barcelone  fe  donnera  en  noftre  aide  »  nous  requer* 
rant  noftredit  Frère  de  Caftille  par  vertu  des  alliances  qui  font  entre  luf 
Jbc  nous ,  qu'il  nous  faflè  ledit  ayde  »  6c  il  fera  tenu  de  le  faire  par  ladite 
y         requefte.  lum.  Ledit  Roy  d'Arragon  pardonnera  dedans  trente-cinq 
*'        jours  prochains  venans  à  Dom  Jean  d'Ichica  ,  i  Dom  Jame  d'Arraeon  ,  | 
Dom  Jean  de  Cardonne ,  à  l'Abbé  &  aux  Religieux  du  Monaftere  de  Ver-* 
nelle  »  &  à  Ferrando  de  Volée  »  &  à  tous  les  autres  Chevaliers ,  Cités  » 
Villes  9  vieux,  jeunes,  6c  perfonnes  fingulieres ,  qui  pour  ledit  Roy  de 
#  Ajoutez ,  Caftille  fe  font  monftrées  *  efdits  Royaumes  d'Arragon  6c  de  Valence  les- 
figkelUs.       temps  paflcs  ;  6c  audi  mefme  qu*il  pardonnera  dedans  le  temps  fufdit  à* 
Dom  Jean  de  Beaumont,  à  Dom  Louys ,  fils  du  Conneftable  de  Navar* 
*Oa Arr  re , à  Charles d' Arthieres *,  &  autres  perfonnes  quelconques.  Villes, lieux, 
^^  •  6c  terres, qui  ont  enfuit  la  voye  &  opinion  de  feu  noftre  Coufin  le  Prin- 

ce Carlos  ,  ou  de  noftredit  Frère  de  Caftille ,  audit  Royaume  de  Navar-^ 
re  ,  toutes  les  choies  pafl^  du  plus  grand  cas  jufqu'au  moindre  incluiî^ 
vement ,  6c  toutes  roberies ,  pilleries  •  boutemens  de  feux ,  maléfices  , 
qui  par  eux  auroient  efté  faits  durant  le  temps  des  euerres  paflees ,  6c 
pareillement  noftredit  Frère  de  Caftille  pardonnera  cums  le  temps  deftuf-' 
idit  à  tous  ceux  qui  ont  tenu  le  parti  de  noftredit  Oncle  d'Arraeon  du* 
jrant  ces  demierçs  guerres ,  &  (emblablement  pardonneront ,  abolironi: 
/6c  remettront  dedans  ledit  temps  lefdits  Roys  de  Caftille  6c  d'Arragon 
coûtes  les  roberies ,  maux ,  pilleries  &  dommages  qui  ont  efté  faits  de 
une  part  &  de  l'autre  es  Royaumes  &  frontières  de  Caftille ,  d'Arragon, 
Ï^Iavarre  &  Valence ,  en  ces  dernières  guerres ,  en  nuniere  qu'en  nul' 
temps  ,  pour  cette  caufe  ne  s'en  puidè  faire  queftion ,  demande  ny  re- 
prinfe  aucunes  les  unes  parties  aux  autres ,  &  qu'à  tous  les  deflufdits  des 
Rovaumes  d'Arragon ,  Valence  6c  Navarre  foient  reftitués ,  retournés  & 
dé(empefchés ,  quelconques  Villes ,  lieux,  héritages,  biens  inmieubles  6c 
rentes  qui  leur  ont  efté  prinfes ,  àrreftées ,  fequcftrées  ou  empefchées  s 
pLutCi  fed'icelles,  ou  d'aucunes  d'icelles  ait  efté  fait  donation  a  autres 
perfonnes ,  ou  foient  fequeftrées  ou  aliénées  en  quelconque  manière  & 
jpbtme  auç  les  dçffijifdjitj  6c  pl^icun  d*ctij^  les  a^ent^  ticnnçni  Çc  poflcdcnt  ' 


•       • 


DE  PHIL.  DE  CÔMINES.  ^gy 

*infî  qtfîls  les  tcnoicnt  par  avant  ;  qu'ils  fuflfènt  prins  ôc  occupés ,  6c  ^"^T" 
que  d  orcfnavant  ils  tiennent  &  obéyuènt  audit  Roy  d'Arragon ,  comme  *  ^^' 
à  leur  Roy  &  Souverain  Seigneur  î  mais  Ci  lefdits  Dom  Jean  dlchica  & 
Dom  Jame  d'Arragon ,  Dom  Jean  de  Cardonnc ,  Dom  Jean  de  Beau- 
mont,  &  Dom  Louys,  fils  dudit Conneftable  de  Navarre,  avoient  paour 
d'aller  en  perfonne  audit  Roy  d'Arragon ,  qui  à  prefent  eft ,  qu'ils  n'y- 
feront  tenus  d'y  aller ,  ne  en  nul  temps  ne  foient  à  ce  contramts ,  & 
qu'ils  luy  feront  les  fidélités  par  leurs  Procureurs ,  &  les  Chevaliers  na- 
turels dudit  Royaume  de  Navarre ,  luy  feront  la  fidélité  qu'ont  accou- 
tumé^ faire  leurs  predcceflèurs  aux  Roy  s  trépafles  ;  &  fêles  deflîifdits  ne 
veulent  vivre  ne  demourer  efdits  Royaumes  de  Navarre ,  Arragon  & 
Valence ,  qu'ils  le  pourront  faire ,  &:  que  pour  ce,  ne  caufe  aucune  n'en- 
courront peine  ,  ny  en  cas  aucun  ^  ne  ne  feront  pour  ce  leurs  biens 
prins  ne  empefchez  ;  êc  s'ils  les  veulent  vendre  ou  aliéner,  faire  le  pour- 
ront ,  &  qu'ils  ne  foient  pas  perturbés  ne  empefchés.  Et  en  ce  que  tou- 
che le  Prieuré  de  Saint  Jean  de  Navarre ,  &  les  autres  Offices  ou  Bénéfi- 
ces Ecclefiaftiqucs  &  Séculiers  de  tous  lefdits  Chevaliers  &c  perfonnes 
d* Arragon  ,  Valence  &  Navarre ,  qui  ont  efté  de  l'autre  opinion  ,  avons 
prononcé  &  déclaré ,  prononçons  &  déclarons  qu'audit  Dom  Jean  foie 
reftitué  ledit  Prieuré ,  &  jouira  d'orefnavant  dts  fruits  d'iceluy  ainfi  qu'il 
a  accoutumé ,  tant  par  luy  que  par  fes  predcceflèurs  ;  toutesfois  s'il  y  a 
aucunes  fortes  places  appartenantes  audit  Prieuré ,  ledit  Dom  Jean  fera 
tenu  d'y  mettre  homme  pour  la  garder ,  qui  ne  foit  point  fufpeâ:  audit 
Roy  de  Navarre,  Et  pareillement  prononçons  &  déclarons  au  regard  des 
autres  perfonnes  ayans  Bénéfices  6c  Offices  Ecclefiaftiqucs  &  Séculiers 
efdits  Royaumes;  c'eft  à  fçavoir ,  qu'ils  feroat  reftiruez  en  leurfdits  Bé- 
néfices &  Offices ,  jouiront  des  fruits  d'iceux  ;  toutesfois  s'ils  avoient 
aucunes  places  fones  à  caufe  de  leurfdits  Bénéfices  ,  ils  commettront  i 
la  garde d'icelles,  perfonnes  non  fufpeftes  audit  Roy  d'Arragon  ou  de 
Navarre  ;  &  au  regard  de  certains  revenus  que  rEvelque  de  Cartagenc 
dit  eftre  empefchés  &  retenus  en  certaines  Terres  de  ion  Evefché  étant 
au  Royaume  de  Valence ,  dont  il  requiert  délivrance  fdon  la  provifion 
de  noftre  Saint  Père ,  nous  prononçons  &  déclarons  que  noftrcdit  On* 
de  d'Arragon  permettra  &  confentira  que  ladite  Sentence  ou  provifion 
de  noftredit  Saint  Père  fera  mife  en  exécution  ,  fans  venir  au  contraire. 
Item.  Que  toutes  les  Villes  ,  lieux  &  fortereflès  que  noftredit  Frère  de  y^r. 
Caftille  tient ,  &  autres  pour  luy ,  efdits  Royaumes  d'Arragon ,  Valence 
&  Navarre ,  &  doit  laifler ,  bailler  &  intenter  à  noftredit  Oncle  d'Arra- 
gon félon  le  dcflTus  contenu  ,  que  noftrcmt  Frère  de  Caftille  les  mette 
toutes, excepté  celles  qui  font  des  appartenances  de  ladite  Merindad,  au 
pouvoir  dudit  Archevefque  de  Tolède  &  du  Marquis  de  Villaine,  ouà  celuy 
ou  ceux ,  qui  d'eux  deux  auront  puiflànce  dedans  trente-cinq  jours  pro* 
chains,&  ceàcompter  du  jourde  ces  prefentes,&auffi  que  ladite  Ville  & 

Jïlace  d'Eftelle,  &  les  Villes ,  Bourgs ,  fortereflcs  &  terres,  qui  font  de 
a  Merindad  de  ladite  EfteUe ,  qui  eft  audit  Royaume  de  Navarre,  qu'à 
pefent  noftredit  Frère  de  Caftille  ne  tient ,  noftredit  Oncle  d'Arragon 
les  mette  6c  baille  toutes  dans  lefdits  trente-cinq  jours ,  compté  du  jour 
fie  datte  de  ces  prefèntes  »  au  pouvoir  de  noftxe  cher  6c  ame  Coufin  le 
Tome  If.  Ccç  Capitati 


3?tf  PREUVES  DESMEMOIRES 

Capican  de  Bue  »  afin  qu'il  les  baille  &  délivre  aufdits^  ArcheveHiae  i^ 
^4^3*     Tolède  &  Marquis  de  Villaine  ,  ou  à  ceux  qui  dans  dix  jours  prochains» 
à  compter  du  jour  que  feront  accomplis  lerdits  trente-cinq  jours ,  afin 
2  que  lefdits  Archevefque  &  Marquis  les  baillent  &  délivrent  incontinent 

à  noftredit  Frère  de  Caftille ,  ou  à  celu]^  qui  aura  pouvoir  de  luy  ;  ôc 
après  que  lefdits  Archevefque  &  Marquis  feront  intégrés  dudit  Merin-* 
dad  >  que  noftredit  Frère  de  Caftille  doit  avoir  ^  ils  bailleront  8c  déli- 
vreront incontinent  dedans  autres  dix  jours  prochains  cnfuivans ,  àcompter 
du  jour  que  feront  accomplis  les  deflufdits  trente-cinq  jours ,  toutes  les 
Villes,  heux»  fbrtereflès>  terres  &  Seigneuries  qu'ils  auront  receuës 
efdits  Royaumes  d'Arragon  »  Valence  âc  Navarre ,  de  noftredit  Frère 
de  Caftille ,  &  des  autres  qui  pour  luy  les  remettront  au  Capitan  de 
Bue ,  afin  qu'il  les  baille  Se  delivce  à  noftredit  Oncle  d'Ar ragon  >  ou  à 
celuy  ou  ceux  qui  de  luy  auront  puiflànce ,  &  que  toutes  les  écritures 
qui  félon  les  c&ofes  demis  contenues  fe  doivent  faire ,  oAroyer  &  bail- 
ler y  tant  par  ledit  Roy  d'Arragon ,  fon  fils  &  héritier ,  comme  par  nof> 
vredit  Frère  de  Caftille ,  fe  faflent  te  oâroyent  en  ferme  valable  ,  Se 
icelles  feront  baillées  Se  délivrées  au  pouvoir  defdks  Archevefque  Se 
Marquis  de  Villaine  dedans  le(dits  trente-cinq  jours  prochains  venans». 
â  compter  du  jour  &  datte  de  ces  prefentes ,  afin  que  les  baillent  &  dé- 
fivrent  incontinent  â  chacune  des  panies  à  qui  ils  pourront  toucher  ^  Se 
en  outre  avons  déclaré ,  ordonné  &  prononcé ,  aeclarons ,  ordonnons 
Se  prononçons  qu'accomplies  Se  achevées  les  délivrances  defdites  Cités^ 
Villes  y  Chafteaux  Se  Terres  deflus-  contenues ,  Se  que  par  chacune  def- 
dites parties  foîent  délivrées ,  que  d'orefnavant  foie  obfervée  Se  gardée 
la  paix  entre  lefdits  Roys  &  Royaumes  de  Caftille  ,  Arragon  y  Valence 
Se  Navarce  ,  &  Principauté  de  Cathalogne  >  Se  autres  Terres ,  Royau- 
mes Se  Seigneuries  dcfdits  Roys  bien  Se  convenablement  »  &  lelon- 
qu'elle  fe  gardoit  &  devoit  garder  avant  qu'ëhtre  eux  toutes  les  guerres ,. 
mouvemens.,.  ruptures  paflces  fuffent  encommencées ,  &  que  nul  defditç: 
Roys  de  Cailille  &  d'Arragon ,  ny  leurs  héritiers  de-là  en  avant  pour 
caufe  defdites  guerres ,  mouvemens  Se  chofes  ^ilCéts  entre  eux  &  leury 
Royaumes ,  n'aye  y  ne  ne  puiflent  av4>ir  aâion  »  demande ,  ne  recours 
aucun  L'une  partie  contre  l'autre;  Item.  Ordonnons ,  déclarons  Se  dé- 
terminons que  les  places  &  fortereflès  des  Commanderics  de  •••••• .  flc 

de  Montalvan    qui  font  des  Ordres  de  Saint  Jacques  Se  de  Calàtrava  ^ 
cftanr  es  Royaumes  d'Arragon  Se  de  Valence ,  feront  laiflëes  libérale- 
ment dedans  les  trente^cinq  jours  dellufdirs  aux  Maiftres  Se  Adminiftra- 
tcurs  de  leurs  Ordres ,  à  ce  qu'ils  puiflent  commettre  &  députer  à  l^^ 
garde  d'icelles  perfonnes  non  iufpcâes  audit  Roy  d'Arragon ,  lefquels* 
feront  tenus  de  aire  les  fcrmens  a  eftrc  bons  &  loyaux  au  Roy  &  Royau-^ 
mes  d'Arragon  &  Valence ,  en  telle  manière  que  s'il  advenok  que  guer- 
re fortift  entre  lefdits  deux  Roys  cfe  Caftille&  d'Arragon ,  que  Dieu  ne* 
veuille,  les  Commis  à  ladite  garde,  en  ce  cas,  (broient  tenus  de  fervir 
Se  adhérer  au  Roy  d'Arragon ,  comme  faifoient  leurs  predeceflcurs  par^ 
ey^devant  -,  fefquelles.  chofes  par  nous  dites  &  déclarées ,  nourordon^ 
nons^  Se  déclarons ,  que  par  vertu  du  pouvoir  a  nous  donné  au  moyens 
dfidkesibumiftions^  que  lefdits  Roys  de  Caftille  &  d'Arragon  feront' 

tenus)^ 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  fîy 

tenus  garder  &  accom^^lir ,  ratifier  &  afTurer  en. leurs  perfonnes  dedans 

ce  ,  &  toutes  les  chofes  deflfufdites  promettre  par  foy  &  ferment,  tenir,     *  +^  3* 

entretenir  &  accomplir  de  point  en  point  félon  leur  forme  &  teneur» 

Se  de  non  jamais  venir  au  contraire»  pour  quelque  caufe  ou  occafion  que 

ce  foit ,  fur  les  peines  contenues  efdits  compromis ,  laquelle  déclaration 

Se  détermination  nous  avons  dite  &  prononcée ,  difons  &  prononçons 

en  la  forme  Se  manière  deifus  efcrite.  A  ce  prefens  nos  très-cners  &  amé$ 

Confins  TArchevefque  de  Tolède  Se  le  Marquis  de  Villainc ,  Ambaflà- 

<leurs  envoyez  pour  ladite  matière  par  devers  nous  »  par  noftredit  Frère» 

Coufin  Se  dlié ,  le  Roy  de  Caftille  &  de  Léon  ,  &e  de  Maiftre  de  Mon- 

tcza ,  &  GoUèran  OL  Chevalier ,  auflî  Ambaflkdeurs  envoyez  pour  cette 

matière  devers  nous-»  par  noftredit  Frerc  &  Oncle  le  Roy  d'Arragon, 

Se  tefmoins.  A  fiayonne  ce  jour  de  l'an  1 4^  j .  Se  le  14.  d'AvriL 

X  X  V  L 

^7  Stcours  donné  par  Louys  XI ^  au  Roy  iVArragon. 

LO  Y  S ,  par  la  grâce  de  Dieu ,  Roy  de  France  \  (Ravoir  faifons  à  tous  jl#  i»  îlff' 
prefèns  &,  à  venir  ^  Que  comme  après  noftre  advenemcnt  à  la  Cour  l^  Grand 
Tonne  de  France  »  très-haut  &  très-puiflànt  Prince  noftre  très-cher  &  très-  duRegiftre 
4Uiié  Oncle  Se  allié ,  le  Roy  d'Arragon  &  de  Navarre ,  nous  euft  fait  re-  i^çuduTié- 
monftier  que  la  Cité  de  Barcelonnc  »  Se  plufieurs  de  ks  autres  Sujets  des  for  des 
|)ays  de  Cathalogne  &  d'Arragon  s*eftoient  eflevez  à  l'encontre  dé  luy  Chartes , 
en  le  voulanrpriver  &  débouter  de  fa  Seigneurie,  en  nous  requerrant  ^^^   ^^^ 
que  luy  vouliflions  donner  confort  Se  ayde  à  Tencontre  defdits  rebelles 
Se  défobéydàns ,  ainfi  que  chacun  Roy  &  Prince  le  doit  faire  pour  l'au- 
tre en  tel  cas ,  &  par  efpecial  i  l'encontre  des  Sujets  qui  fe  eflevent  & 
rebellent  contre  leur  naturel  &  fouverain  Seigneur  »  &  pour  ce  euflions 
deflors  faits  &  padèz  avec  noftredit  Onde  d'Arragon  »  certains  traitez  Se 
appointemens ,  par  lefquels  entre  autres  chofes ,  enflions  promis  luy  ay- 
dier  &  fecourir  à  l'encontre  de  fefdits  Sujets  rebelles  Se  defi^béyilans ,  Se 
autres  qui  nuire  Se  porter  donunage  luy  voudroient  »  excq>té  à  l'encon- 
tre de  très-haut  Se  puiflànt  Prince  »  noftre  très-cher  Se  amé  Fxere ,  Coufin 
&  allié ,  le  Roy  de  Caftille  Se  de  Léon  »  &  fans  préjudice  des  frateini" 
ces  Se  alliaiKres  qui  font  anciennes  entre  nous  Se  nos  prédeceflèurs  »  Se 
noftredit  Frère ,  Coufin  Se  allié  de  Caftille ,  Se  les  fiens  ;  lefquelles 
chofes  nous  euffions  fait  notifier  à  noftredit  Frère  »  Coufin  Se  allié  de 
Caftille  »  en  enfuivant  lefquels  appointemens  &  promefiès ,  enflions  la 
faifon  paflee  envoyé  noftredite  armée  audit  pays  de  Cathalogne  pour 
ayder  Se  fecourir  noftredit  Oncle  d'Arragon  contre  lefdits  rebeUes ,  mais 
noftredit  Frère ,  Coufin  Se  allié  de  Caftille  non  content  de  ce  »  pour  au- 
cunes grandes  différences  Se  altercations  qui  eftoient  entre  luy  &  noftre- 
dit Oncle  d'Arragon»  prétendant  quelque  droit  ouintereft  en  la  matière» 
envoya  certain  grand  nombre  de  gens  de  euerre  en  iceluy  pays  de  Ca- 
.  thaloene  Se  d'Amgon»  pour  au  contraire  donner  ayde  &  lupporter  ceux 
qui  eftoient  ainfi  eflevez  Se  rebellez  contre  noftredit  Oncle  d'Arragon  » 
&  à  ce  moyen  pouvoient  les  chofirs  cheoir  en  grands  débats  &  inconve*- 

Ccc  1  niexiSf 


38^  PREUVES  DES  MEMOIRE? 

niensi  pourquoy  nous  dcfirans  de  tout  noftre  cœur  appaifer  leOîts  ier^ 
i^4<^3'*  tats  &.  entretenir  les  fraternitcz  &  alliances  d'entre  nous  &  noftreditf 
Frere^CouHn  &  allié  de  Caftille,&  auflî  les  appointemens  faits  entre  nous^ 
&  noftredit  Oncle  d'Arragon ,  Se  pour  obvier  à  tous  dommages  &  incon-* 
veniens  qui  s'en  pourroient  enluir,  que  nous  voyons  &  eonnoiflbns 
allez  notoires ,  foyons  venus  en  perfonne  es  marches  de  par  deçà  poup 
«flembler  avec  noftredit  Frère  ,  Coufin  &  allié  de  Caftille,  qui  s'y  eft 
aufli  trouvé,  &  ppareillement  aucuns  de  la  part  de  noftredit  OikIc  d'Âr- 
ragon ,  en  traitant  lefqudles  matières,  ôc  pour  le  bien  &  utilité  de  nous 
&  de  noftredit  Rovaume ,  &  entretenir  l'amitié  de  noftredit  Frère,  Gou-» 
fin  &  allié  de  Caftille,,&  de  noftredit  Oncle  d'Arragoft  ,  ayons  baillé 
Se  délivré  à  noftredit  Coufin  &  allié  de  Caftille,  le  Merindad  d'Eftelle 
membre  diidit  Royaume  de  Navarre ,  pour  eftre  déformais  joint  &c  uny 
audit  Royaunve  de  Caftille  v&  pour  confideration  de  ce  aue  noftre  très- 
chere  Se  très  amée  Coufine  la  Gomteflè  de  Foix ,  &  fon  fils  aifné  ,  mary: 
&  efpoux  de  noftre  très-chere  &  très  amée  Sœur  Magdelaine  de  France  ^ 
peuvent  Se  doivent  fxicceder  audit  Royaume  de  Navarre ,  après  le  de- 
ceds  de  noftredit  Oncle  &  Coufin  le  Roy  d'Arragon  Se  de  Navarre, 
Père  de  noftredite  Coufine  de  Foix ,  ont  grand  intereft  au  bail  que  fai^ 
ions  dudit  Merindad  d'EfteWe  ,  qui  eft  l'un  des  principaux  membres  du* 
dit  Royaume  de  Navarre ,  en  diminuant  Se  démembrant  icelluy  Royau^* 
me,  voulons  de  ce  aucunement  les  recompenfèr  de  noftre  propre ,  afin 
que  eux  ne^ leurs  enfans  qui  defcendront  du  mariage  de  leurdit  hls  aifné» 
&  de  noftredite  Sœur ,  ne  foient  en  ce  par  nous  deçeus  &  defFraudez , 
&  pour  autres  grands ,  juftes  6t  raifonnaoles  caufes  a  ce  nous  mouvans  ', 
à  nofdits  Confins  Se  Coufine  de  Foix ,  &  à  leurs  hoirs ,  fucceffeurs  Se 
ayans-caufe  ,  pour  Se  en  recompenfation  dudit  Merindad  d'Eftelle  ,  par 
nous  baillé  &  accordé  à  noftredit  Frère,  Coufin  St  allié  deCaftille  pour 
la  pacification  des  chofes  deflîifdites ,  avons  donné ,  cédé ,  quitté,  tran^ 
porté  &  délaifie,  donnons,  cédons^  quittons^,  tranfportons  &  délai!*- 
fons  de  noftre  plaine  puiilance  de  autorité  Royale ,  par  ces  prefentes  > 
tout  le  droit  >  nom ,  raifon  Se  aébion  que  avons ,  Se  pouvons  avoir  en  Se 
fur  les  Comtés^  Terres  &  Seigneuries  de  Rouflîllon,  Se  de  Cerdagne^ 
Se  es  Villes ,  Chafteaux,  places ,  rentes  &  revenus ,  hommes,  homma- 
ges ,  vaflàux ,  nobleRès ,  fiefs ,.  arriere-fiefs ,  droits  ,  prérogatives ,  par^ 
tenances  &appendances»d'icelles  ,  quellesqu^Hesfoicnr,  en  quelques 
manières  qu'elles  confiftent  ou  viennent',  eus  &  à  quelque  valeur  ou  cfti^ 
mation  qu'elles  montent  ou  puiflcnt  monter  au  temps  à  venir,  lefqueîs 
nous  avons  n'agueres  acquis  de  noftredit  Oncle  Se  Coufin  d'Arragon , 
pour  la  fomme  de  trois  cens  mille  viels  efcus  d'or  defoixante  &  quatre 
au  marc  ,  Se  depuis  prefté  fur  iceux  à -noftreditOnck  Se  Coufin  d'Arra* 
gon  ,  la  fomme  de  cinquante  mille  efcus  d'or ,  à  prefent  ayans  cours  en 
noftre  Royaume ,.  pour  iceux  Comtés  ,  Terres  &  Seigneuries  de  RouA 
fillon  &  de  Cerdagne,  Villes,  Cités ^  Chafteaux ,  places,  rentes ,  reye-* 
nus,  honunes,  honmiages,  vaflaux  ,  noblcfiès  ,  prérogatives-,  pattenan-^ 
ces  &  appendances ,  profits  &  émolumens  d'icelles ,  avoir  ^  tenir ,  poA 
feder  &  exploiter ,  &  en  jouïr  d'orefnavant  par  nofdits  Coufin  &  Cou* 
inedeFoixs  leurfdits  hoirs  ^  Xuccefleurs  Se  ayans  caufc>  perpetuell€<i- 
.  meniL 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  :         589 

ment  &  k  tousjours  ,  &  autrement  en  faire  &  difpofer  pureihent ,  fim- 
plement  &  abfolument ,  comme  de  leurs  héritages-  Se  propre  chofe ,  fans  ^^^i* 
aucunement  y  retenir  &  referver  pour  nous  >  ne  les  noftres ,  pour  quel- 
que caufe ,  ne  en  quelque  manière  que  ce  foit ,  &c  fiK  ce  impbfons  meu-- 
ce  perpétuel  à  noftre  Procureiu:  prelent  &  à  venir  :  Si  donnons  en  man-^ 
dément  à  nos  amcz  &  féaux  Confeillers  les  Gens  tenans  i  &  qui  tien- 
dront noftre  Parlement,  &  de  nos  Comptes  y  au  Gouverneut  de  Rouffil- 
lon ,  &  à  tous  nos  autres  Jufticiers»  ou  à  leurs  Lieutenans  ,  Se  a  chacun 
d'eux,  fi,  comme  à  luy  appaniendra ,  que  de  nofdits  Coufin  &  Confine 
de  Foix ,  leurfdits hoirs  ,rucce(]èurs  Se  ayans-caufe  ,faâent,  {buifrent  Se 
laifiènt  jouïr  Se  ufer  paifiblemcnt  de  nos  prefens  don ,  cefiîon  ,  quittant 
ce  Se  tranfport ,  fans  leur  faire ,  ne  fouffrir  eftre  fak  ores-,  ne  pour  le 
temps  aTenir ,  aucun  empefchement ,  ou  detourbier  au  contraire  y  ain- 
cois  cefàit  ou  donné  leur  cftoit  en  aucune  manière  ,  fi  t'oftent  ou  faf- 
lent  ofter  &  mettre  fans  delay  à  plaine  délivrance,  nonobftant  quelcon- 
ques Ordonnances  faites  par  nos  Predeceflèurs  &  nous ,  de  non  donner 
&  aliéner  aucune  chofe  de  noftre  Domaine ,  Se  autres  à  ce  contraire  ;  Se 
avons  promis  &  promettons  par  ces  prefentes,  de  en  bailler  à  nofdits 
Coufin  Se  Coufine  de  Foix ,  toutes  Lettres  &  enfeignemens  que  nous 
en  avons  de  noftre  Oncle  Se  Coufin  le  Roy  d'Arragon  ,  fervant  &  tou- 
chant lefdites  matières  j  Se  afin  que  ce  foit  chofe  terme  &  ftable ,  &  à 
toujours  ,•■  nous  avons  figné  ces  prefentes  de  noftre  main  ,  &  à  icelles 
fait  mettre  noftre  Scel ,  fauf  en  autre  chofe  noftre  droit ,  &  Tautruy  en 
toutes.  Donné  à  Auvret  en  Comminge  le  vingt^quatre  joiu:  de  May ,  Van 
de  grâce  146^.  Se  de  noftre  Règne  le  deuxième.  Ainfi  Signé ,  Loys.  Par 
le  Roy ,  vous ,  le  Comte  de  Comminçe ,  le  Sire  de  Treynel ,  Mcflîre 
Henry  de  Marie ,  Geoffroy  de  Saint  Belm ,  &  Aymard  de  Puiffieu ,  Ch^ 
valiers ,  le  Sire  de  la  Rofiere ,  &  autres  prefens.  De  la  Loere.  f^Ja  ^ 
Contenter.  J.  du  Ban- 

Suivent  dans  le  même  Regiflre  deux  autres  Lettres  Patentes ,  P une  par 
laauelle  le  Roy  Louys  XL  donne  au  Comte  de  Foix  la  Fille  &  Comté  de 
Mauleon  de  Soûle  ,  &  par  Tautre  il  luy  donne  la  Ftlle  &  Comté  de  Car^- 
cajjont^ 

XXVI  r.. 

ffT  Remiffian  accordée  aux  Habitans  dt^  Perpignan^ 

« 

LO  Y  S  ,\  par  la  grâce  de  Dieu ,  Roy  de  France  r>  fc^voir  faifons  à  tous      *  Tué  du 
prefens  &  à  venir  :  Comme  moyennant  la  gracede  Diea,  nous  ayons  ^^^^ ,    ' 
puis  n'agueres  par  force  d'armes  fait  n>ettre  en  noftre  obéyfiance  noftre  ^ac  jççf 
Ville  de  Perpignan ,  cnferiiblc  noftre  Gomjé  de  Rouflillon  5  en  faifant  la- 
quelle reduÂion  lefdits  Bourgeois  &  Habitans  de  noftreditce- Ville  fe 
fiiflènt  mis  en  armes ,  Se  fait  tojurc  la  rpfjft^nçe  qu'ils  enflent  peu  à  1  en;- 
contre  de  nous&  de  noSpgen$  v  &  depuis  par  forpe  Se  contrainte  euftîoa^ 
mis  leurs  perfonnes  &  biens  à  noftre  volonté^  &  foit  ainfi  que  depuis 
lefdits  Bourgeois  &  Habitans  ayent  envoyé  par  devers  nous  Pierre  Serre- 
gut>.Confuî  fécond  de  ladite  Ville  >-  &  Jcan^Efteve,  Bourgeois  d'icellc 

Ccc  3  Ville > 


^^^^^  ^90         PREUVES  DES  MEMOIRES 

JT^~    Ville ,  oar  kfg[ueis  ils  nous  ont  humblement  fait  fupplicr,  qucnoftre 
plaifir  hit  avoit  pitié  &  compaflion  d'eux ,  &  les  recevoir  en  noftrc  bon- 
ne  grâce  &  bien-veillance ,  &  leur  remettre ,  quitter ,  pardonner  &  abo- 
lir les  dcfobcvflànces  ,  réfiftances ,  port  d'armes ,  homicides  &  autres 
crimes  >  &c  délits  par  eux  commis  &  perpétrés  à  Tencontrc  de  nous  &  de 
nos  Subjets 9  &  Air  tout  leur  impartir  noflre  grâce;  pourquoy  nous  >  qui 
ne  voulant  la  deftruâion  de  ladite  Ville ,  &  dts  Bourgeois  &c  Habitans 
en  icellc ,  mais  defirans  leur  bien  &  entretien  en  noftrc  obéyflance  » 
voulant  mifericorde  préférer  à  rigueur  de  juftice ,  6c  inclinant  aux  hunv- 
bles  fupplications  &  requeftes ,  qui  fur  ce  nous  ont  efté  faites  par  lefdits 
Bourgeois  &  H^itans ,  Se  afin  que  d'orefnavant  ils  fe  conauifent  Se 
gouvernent  envers  nous  comme  nos  bons  &  loyaux  Subjets  doivenr  faire» 
6c  pour  autres  grandes  caufes  Se  confiderations  i  ce  nous  mouvans  auf«- 
dits  Bourgeois  Se  Habitans  de  noftredite  Ville  de  Perpignan  y  avons 
quitté  ,  remis  ,  pardonné  Se  aboly ,  cjuittons ,  remettons  >  pardonnons 
JSe  aboliflbns  de  noftre  grâce  efpeciale ,  pleine  puiflance  &:  autorité 
Royale  par  ces  prefen tes ,  toutes  les  ofFenfes,  rebellions»  défobéy(Iànces> 
amendes ,  roberics ,  boutemens  de  feux ,  abbattemens  de  matfons  &  au- 
tres édifices ,  crimes  &  délits ,  &  offenfes ,  en  quelque  lieu  on  en  quel- 
que manière  qu'ilis  les  ayent  faits  &  commis ,  tant  en  gênerai  >  comme 
en  particulier  à  Tencontre  de  nofdits  gens  &  Sub jets  ,  &  autres  tenans 
noftrc  party  ,  Se  autres  quelsconques  ;  ja{oit  ce  que  les  cas ,  ne  les  per- 
fonnes  &  biens  ne  foicnt  cy-dcdans  autrement  {pecificz  &  déclarez ,  de 
tout  le  temps  pafle  jufau'au  jour  du  ferment  par  eux  à  nous  fait  de  nous 
cftre  bons  &  loyaux  SuDjets ,  fans  ce  que  pour  occafion  defdites  rebcK 
lions ,  défobéyflances  &  crimes  deifufdits ,  commis  à  Tencontrc  de  nous 
Se  nofdits  Suojets  ,  Se  tenans  noftre  party ,  ne  aufli  pour  aucune  partie» 
qui ,  à Toccafion  de  ladite  guerre,  puidè  cftre  intereflée  &  endommagée 
par  lefdits  Bourgeois  Se  Habitans  y  en  quelque  manière  que  ce  foit  ;  Se 
pareillement  pour  la  défobéyflance  &  autre  crimes  &  délits  par  eux  com- 
.inis  à  rencontre  de  noftrc  très-cher  &  très-amé  Oncle  &  Coufin  le  Roy 
d'Arragon ,  ou  noftrc  très-chere  &  très-amée  Tante  &  Coufine  fon 
efpoule ,  ou  leur  primogenit ,  aucune  choCc  leur  en  puiflc  jamais  cftre 
imputée  ou  demandée  ores ,  ne  pour  le  temps  à  venir ,  en  quelque  ma^» 
niere  que  ce  foit ,  &  les  avons  reftitués  &  remis ,  reftituons  Se  remettons 
par  ces  prefentes  à  ladite  Ville ,  au  Pays  Se  à  leurs  biens  >  &  furtout  im- 
pofons  filencc  perpétuel  à  noftrc  Procureur ,  prcfcnt  &  à  venir ,  &  à 
tous  autres  -,  &  en  outre  pource  que  nous  avons  efté  advcrtis  que  plu- 
ficurs  des  Habitans  de  ladite  Ville ,  après  la  rcduftion  d'iccUc  en  noftre 
obéyflance ,  ou  devant  icellc  rcduâion  ,  doubtans  rigueur  de  juftice ,  fe 
font  abfentez ,  &  pour  occafion  de  leur  abfencc  ont  eftés  à  voix  publi- 
que bannis  de  par  nous ,  Se  leurs  corps  Se  biens  déclarés  confifqucs^ 
nous ,  de  noftre  plus  ample  grâce ,  avons  voulu  &  ordonné ,  voulons  Se 
nous  plaift,  que  lefdits  abfcns,  condamnés  ou  non  condamnés  envers 
nous ,  comme  dit  eft ,  qui  font  retournés  Se  retourneront  demeurer  en 
ladite  Ville  dedans  le  terme  de  trois  mois  prochains  ,  venant  i  compter 
d'aujourd'huy ,  jouiflent  de  l'abolition  derflifdite  comme  les  autres  qui 
fpnf  dçmcuQSzçn  Jad^tp  Villf  ^  comme  dçflTus  eft  dit,  &  iceux  avons 

^^Lppellç» 


DE  FHIL.  DE  COMINES.  39!  

fappeilez  &  reftitucz ,  rappelions  &  rcftituons  par  ce^  prefcntcs  i  nous  j.^^ 
&  à  noftrc  Royaume  >  nonobdant  (][uel€onques  condamnations  ou  ba-* 
niflions  qui  pourroienc  avoit:  efté  faites  contre  eux  durant  leurdite  ab< 
fence ,  laquelle  ne  leur  voulons  nuire  ne  prcjudicier  v  mais  l'avons  mife 
^  mettons  du  tout  au  néant  par  cts  prefentcsr  Si  donnons  en  mande* 
ment,  aux  Viguiers,  Gens  de  noftrc  Parlement  audit  Perpignan ,  &  à 
tous  nos  autres  Jufticiers  >  ou  à  leurs  Lieutenans,  Sci  chacun  d'eux  ,  fl 
comme  à  luy  appartiendra >  que  de  nos  prefens  grâce,  quittance ,  abo- 
lition ,  conceflion  ôc  rappeaux  ,  faflent,  loufFrent ,  laiflcnt  lefdits  Bour- 
geois &  Habitans  jouïr  &c  ufer  pleinement  &  paiflblement>  fans  luy  faire 
ou  donner ,  ne  fouffrir  eftre  fait  &  donné  en  corps  ne  en  biens  aucun 
detourbier ,.  ou  empefchement  au  contraire  en  corps  ne  en  biens  en 
quelque  manière  que  ce  foit ,  mais  fe  leurs  corps  ou  leurs  biens  font , 
ou  eftoient  pour  ce  pris  ou  empefcher  ,  iî  les  mettent  ou  faffènt  mettre 
fans  déky  à  pleine  délivrance  rEt  voulons  &  ordonnons  que  ces  prcfen- 
tes  foient  publiées  par  tous  les  lieux  qu'il  appartiendra  ^  &c  afin  qpe  ce' 
foit  chofe  ferme  &  fkable  à  tousjours  r  nous  avons  fait  mettre  noftre* 
Scel  d  ces  prefentes  »  fauf  en  autres  choies  noftre  droit  >  &  l'aucru]^  qu 
R>utes«.  Donné  >&c. 

X  X  V  1 1*; 

^Cr  Rcmiffiojt  pour  Us  Habitans  de  Collioitfe. 

LOYS ,  &c,^Seavoir  faifons,&c»  nous  avons  reçeu  l'humble  Supplication      TiriTdti 
de  nos  chers  &  bien  amés  lesBourgeois  de  noftrc  Ville  de  Coliioure  en   ^^^^  ^^- 
noftre  Pays  &  Comté  de  RouffiUon  ,  contenant  qu'à  l'occafion  de  ce  que  ^^^  '^^' 
l'année  paffée  ,  que  noftrcdite  armée  entra  à  puiflànce  audit  Pays  ,  ils       ^  '  ^^' 
refifterent  à  l'encontre  de  noftrcdite  armée  par  longue  efpace  de  temps  > 
ils  doubtent  qu'ayant  conçeu  aueune  haine  oadéplaifance  à  l'encontre 
d'eux ,  en  nous  requerrant  humblement  qu'ils  nous  plaife  leur  pardonner 
&  abolir  les  fautes  qu'ils  pourroient  avoir  faites  à  l'encontre  de  nous  y 
&  fur  ce  leur  impartir  noftre  grâce  :  pour  ce  eft-il ,  que  nous  >  ces  chofes- 
confiderées  >  voulans  ufer  envers  eux  de  bénignité  &  clémence ,  &  pre- 
ferer  mifericorde  à  rigueur  de  juftice,  aufdits  Bourgeois  &  Habitans  de' 
Coliioure,  &  à  chacun  d'eux ,  avons  quitté,  remis  &  pardonné  &  abo< 
ly  ,  &  par  la  teneur  de  ces  prefentes  >  quittons ,  remettons ,  pairdonnons 
ic  abolitions  de  grâce  efpécialcy  plaine  puiflànce  de  autorité  Royale  y 
toutes  Tes  voyes  de  fait ,  défobéyflànce  &  meurtres ,  prifes  de  gens  & 
de  biens ,  8c  autres  cas ,  crimes  ic  délits  quelconques  ,  que  lefdits  Sup-- 

flians  ou  les  aucuns  d'eux  ont  ou  peuvent  avoir  commis  &:  perpétrés  à 
encontre  de  nous,  de  nosMajefté ,  Seigneurie  &  Sujets ,  pour  quelque 
caufe ,  ne  en  quelque  manière  que  ce  foit,  fous  ombre  &:  occafion  delar 
guerre  &  autrement,  de  tout  le  temps  paflc  jufquesà  prefent,  &  vou^ 
k>ns  qu'ils ,  chacun  d^eux,  jouïflent  paifiblement  &  à  plain  de  nos  pre* 
fentes  abolition  &^  grâce,  tout  ainfi  que  fî  tous  lefdits  cas  dé;  crimes^ 
eftoient  expreflement  nommez ,  fpecifiez  &  déclarez ,  fans  ce  que  auca*  ' 
Bc  chofe  leur  en  foit  ou  guidé  eftre  jamais^  imputée  oU'  demandées  ne 


^^^^_  391  PREUVES  DES  MEMOIRES 

^  .^2.  ^  aucun  d'eux ,  en  quelque  manière ,  ne  pour  quelque  caufe  que  ce  foîr,* 
^  ^*  '  6c  fur  ce  impofons  filenceà  noftrc  Procureur  :  Sidonnons  en  mande^ 
metn  au  Gouverneur  de  Rouflillon  &  à,  tous  nos  autres  Jufticiers  »  &c. 
Donné  à  Touloufe  au  mois  de  Juin,  l'an  de  grâce  1^6}.  Se  de  noftrc 
Reene  le  fécond.  Signé ,  Par  le  R07 ,  le  Comte  de  Comminge,  le  Sire 
de  la  Rofiere ,  Guillaume  de  Varye ,  &  autres  prefens.  De  la  Loere. 

X  X  V  I  I  I. 

$Cr  Extrait  des  Plaintes  du  Comte  de  Charolois  contre  Jean  de  Pourgômei 

Comte  d'EjIampes. 

Vi^    \  A    T    ^  Jcudy  feiziefmede  Juin  T4^j.  le  Sieur  deMouy  alla  trouver  k 

M^^rAbbé^  X^  Roy  à  Touloufe,  &  luy  prefenta  fes  Lettres  de  créance  de  la  part 

Le  Grand.    ^^  ^^*  ^^ Charolois ,  portant  que  fur  lavis,  que  Mr.  d*Eftampes  avoir 

fair  quelques  entreprifes  fur  luy  ,  Sç  que  le  bruit  en  eftant  venu  audit 

1  *  T  ^da  ^^^"^  d'Eftampes ,  &  qu'on  accufoit  particulièrement  Jc^n  Bruyère ,  fon 

Comte  de    Médecin,  de  conduire  cette  aiffaire,  il  envoya  ledit  Medeçip  au  Quefnoy 

Charolois ,  vers  Mr.  de  Charolois,  qui  le  fit  arrefter ,  &  trois  jours  après  îçdit  Bruyc* 

F.Monftrc-  re ,  arrefté  par  la  Jurifdidion  de  TEglife ,  confcfla  que  du  fceu  &  con- 

let  à  l'aa      noidànce  de  Mr.  d'Eftampes ,  il  avoir  fait  fix  images  de  cire  blanche  ^ 

14^5. p.97*  longues  d'un  pied ,  Charles  des  Noyers  ,  ferviteur  audit  Sieur  d'Eftam^* 

pes  ,  &  un  Moine  noir  dont  il  ne  Içait  p^5  le  nom,  avec  Mn  d'Eftam- 

pes  5  que  ces  vœux  eftoient  pour  trois  hommes  &  trois  femmes  \  que  les 

rrcHs  hommes  eftoient  le  Rov ,  Mr^  de  Bourgogne  &  Mr.  de  Charolois  » 

que  fur  la  première  part ,  \p  Roy  eftoit  pfçrit  Loys  -,  fur  la  deuxième^ 

Philippe ,  èç  fur  |a  troifiéme,  Charles,  ^vec  je  nom  de  Jean  fur  les  rroi$ 

&  Belial  fur  le  dos  5  que  celle  du  Comte  avojt  efté  piquée  pour  le  faire 

tomber  en  langueur ,  &  que  les  deux  autres  eftoient  pour  le  faire  aimer 

defdjtjs  Seigneurs  -,  pour  les  noms  des  femmes  il  ne  les  fçait ,  mais  qu'une 

eftoit  poujr  Madame  de  Charolois  -,  qu  elles  avoient  efté  baptifées  avec 

de  l'eau  bruyanjç  du  haut  d'un  moulin  •,&  la  confeffion  de  Bruyère  oiiie  , 

on  a  arrefté  des  Noyçfs ,  quji  a  çftp  cpnduft  à  Bruges  ,  &  a  non-feulemeiit 

confeffé  les  mefmes  cho(es ,  mais  a  fait  apporter  les  images  qu'il  gardbiç 

cher  luy  •,  en  mefme  temps  on  affembla  les  Chevaliers  de  la  Toilon ,  & 

pn  envoya  Mouy  devers  le  Roy ,  lequel  déclara  ce  que  defliis  le  18.  Juin^ 

4  Mr.  Guillaume  Juvçnel^  Sieur  de  Treynel,  &ç  i  Adam  Rolant^ 

X  X  IX. 

PIECES  pour  le  rachjipt  des  Villçs  de  la  Rivière  de  SommCf 

||^  InJlruHion  à  Maiflre  EJlienne  Chevalier  ,  des  çhofes  qu'il  a  à  faire  ai(, 
voyage  ^  où  il  va  prefentement  par  U  cof^imandement  & 

ordonnance  du  Roy. 

Urée  4es  T^  Remiirement,  partira  de  la  Ville  de  Paris  le  Mercredy  vîngt- 
M^r Awi*  quatrième  jour  de  ce  prefent  mois  d'Aouft ,  accompagné  de  cinquante 
l1'  g  njf   Lancçs  Ôc  cent  Archers  dç  la  Compagnie  du  Bailly  d'Evreux ,  &  mènera 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  j^j 

les  âeaz  cens  mille  efcus  neufs  qu'il  a  en  Ta  gaide  en  la  VîUe  de  Beau-  ' 
■vais. 

Item.  Et  luy  arrivé  audit  lieu  de  Beauvais,  il  trouvera  autres  cinquante 
Lances  &  cent  Archets  de  la  Compagnie  de  Mr.  le  Matelchal  de  Gama- 
che  ;  &  d'illcc  tirera  avec  lefdites  cent  Lances  &  deux  cens  Archers  à 
tout  ledit  argent  en  la  Ville  d'Eu ,  &  illec  ptefentcra  à  Mr.  d'Eu  les  Let- 
tres que  le  Roy  luy  cfcript ,  portant  créance  fur  ledit  Maîftrc  Eftienne 
Chevalier ,  en  laquelle  créance  luy  dira ,  que  le  Roy  ,  pour  la  grande  &c 
Iwnne  confiance  qu'il  a  en  luy ,  a  ordonne  que  ladite  fomme  de  deux 
cens  mille  efcus  foit  poitce  audit  lieu  d'Eu  ,  &  illec  tnife  &c  laiflee  en 

farde  jufqu'd  ce  que  ledit  Maiftre  Eftienne  Chevalier  foit  retourne  de 
evers  Mr.  de  Bourgogne ,  où  le  Roy  l'a  chargé  d'aller ,  tant  pour  fça- 
voir  à  quels  gens  iltuy  plairaque  leair  argent  foit  baillé ,  comme  pour 
recouvrer  la  quirtancç  dudit  argent ,  &  aulli  feureté  de  Mr.  de  Bourgo- 
gne de  recouvrer  les  Villes ,  Places  &  Seigneuries  engagées  >  en  luy  rai- 
lanc  le  payement  de  quatre  cens  mille  efcus  >  qui  pour  ce  luy  fonc 
deubs. 
Jtem.'Et  ce  fait,"  ledit  Eftienne  Chevalier  s'en  ira  devers  Mr.  de  Bourgo- 

fne  1  &  luy  prefenrera  les  Lettres  que  le  Roy  luy  efcrit,  &  pareillement 
Mr.  de  Croy ,  &  leur  dira  comment  le  Koy  efl:  très-|dyeux  &  conteuc 
de  ce  que  Mr.  de  Bourgogne ,  i  la  prière  &  requefte  du  Rov ,  a  ellç 
content  de  prendre  de  Tuy  ,  pour  partie  defdits  quatre  cens  mille  efcus  » 
deux  cens  mille  efcus  oeufs  pour  deux  cens  mille  efcus  vieux  ,  &  l'en 
mercie  bien  acencs. 

Item.  Sçaura  à  mondii  Sieur  de  Bourgogne  i  i  qui  il  luy  plaira  que 
ledit  argent  foit  baillé,  &  en  le  baillant  recouvrera  la  quirtance  de  mon- 
dit  Sieur  de  Bourgogne  >  Se  femblablcment  recouvrera  la  feureté  dont 
defCas  eft  faite  mention ,  Se  le  apportera  par  devers  le  Roy. 

Item.  Scaura  auffi  de  mondir  Sieur  de  Bourgogne ,  fe  fon  plaîfîr  fera 
de  bailler  fous  fa  main  la  charRC&  gouvernement  defditcs  Terres  &  Sei- 
gneuries ainfî  engagées  à  Mr.  le  Comte  d'Ellampcs  *  auquel  cas  le  Roy 
en  fera  content ,  moyennant  que  mondit  Sieur  d'Eftampcs  jure  &  pro- 
meire  au  Roy ,  &  luy  en  baille  fon  Scellé  du  commandement  6c  oroon>' 
nance  de  mondit  Sieur  de  Bourgogne ,  de  luy  rendre  &c  délivrer  toutes 
lefdites.  Places,  Terres  &  Seigneuries  ,  ainii  engagées,  incontinenr qu'il 
luy  apperra  que  le  Roy  aura  tait  payement  à  mondit  Sieut  dç  Bourgogne 
des  derniers  deux  cens  mille  efcus  ,  pofé  ^ res  que  Dieu  euH  fait  fon 
conunandemenr  de  mondit  Sieur  de  Bourgogne,  que.DÏeu  ne  veuille* 
&  que  Mr.  de  Charolois  fon  fils  fuft  venii  à  la  Seigneurie ,  6c  on  fc  gou- 
vernera par  l'advis  &  confeil  de  Mr.  de  Croy,         ■ .  ' 

Iiem.  Dira  à  mondir  Sieur  de  Bou 
treprifes ,  que  Mr.  de  Charolois  fon  t 
a.  eftc  &  eft  fort  defplaifant ,  &  qu'il 
fecourir  Se  favorifer  mondit  Sieur  de 
Charolois  de  tout  fon  pouvoir,  fans 
luy  femble  qu'en  bien  peu  de  tcmp: 
Jjon  ,  en  manière  que  ce  fera  à.  l'honr 
ide  Bourgogne ,  fi  en  luy  ne  tient ,  i 
Tomt  lit 


141Î}. 


1^6). 


Tiré  des 
Recueils  de 
M.  l'Abbé 
Le  Gr;ind9 


394         PREUVES  DES  MEMOIRES 

mondit  Sieur  de  Bourgogne  efl:  content  d'aller  jufques  à  He(Hîn  G,  mon- 
dit  Sieur  de  Bourgogne  y  veut  venir  6c  qu  il  voye  que  faire  fe  doive. 

XXIX*. 

§Cr  Commiffion  du  Roy  Louys  XL  pour  le  rachat  des  Villes  de  la 

Rivière  de  Somme. 

LO  Y  S  >  par  la  grâce  de  Dieu ,  Roy  dé  France  »  à  nos  amés  &  féaux 
Pierre  de  Morvilliers ,  Chevalier  •,  noftre  Confeillcr  &  Cbancellier» 
Bertrand  de  Beauveau  ,  Sire  de  Prcfigny ,  &  Prefidcnt  en  noftre  Cham- 
bre des  Comptes ,  Guillaume  Juvcneî  des  Urfîns ,  Sire  de  Treyncl  j  le 
Sire  de  Landes ,  Bailly  de  Sens  ;  Pierre  Berat ,  Chevalier ,  Treforier  de 
France ,  &  Maiftre  Efticnnc  Chevalier,  auffi  Treforier  de  France  >  Salut 
ic  dileÂion  :  Comme  en  enfuivant  le  ferment  par  nous  fait  à  noftre  Sa- 
cre &  Couronnement ,  de  réunir  &  rejoindre  au  Domaine  de  noftre 
Royaume  &  Couronne,  tous  les  Pays ,  Chaftellenies ,  Terres  &  Seigneu- 
ries ,  rentes  &  revenus  vendus,  aliénez  ou  engagez  par  nos  Predeceflèurs 
Roys  de  France  ,  &  meffnement  par  ^eii  noftre  très<her  Seigneur  &  Pè- 
re ,  que  Dieu  abfolve ,  nofti^e  intention  ait  efté  &  foit  de  rachcpter  & 
recouvrer  les  Pavs ,  Terres  &  Seigneuries  aflîfes  au  Pays  de  Picardie  > 
baillées  &  engagées  par  noftredit  feu  Seigneur  &  Père  par  le  Traité  d'Ar- 
ras  à  noftre  très-cher  &  très-amé  Oncle  &  Coufin  le  Duc  de  Bourgogne 
pour  la  fomme  de  quatre  cens  mille  efcusd  or,  pour  faire  teauel  rachapt 
qui  eft  trcs-neccflàire ,  &  dont  grand  inconvénient  irréparable  fc  pour- 
roit  enfuir  fe  de  brief  ledit  racliapt  n'eftoit  fait,  ayant  de  noftre  efpar- 
gne  aftemblé  &  mis  enfemble  jufqu'à  la  fomme  de  deux  cens  mille  efcus 
d'or  ,  &  que  pour  fournir  le  lurplus  de  ladite  fomme  de  quatre  cens 
mille  cfcus ,  montant  à  pareille  lomme  de  deux  cens  mille ,  ne  nous  foir 
poffible  de  trouver  ou  recouvrer  icelle  fomme  ,  fans  grands  griefs  &  op- 
preflîons  de  nos  Sujets ,  lefc^uels  de  tout  noftre  pouvoir  dcfirons  relever 
aefdires  oppreflions ,  &  foit  ainfi  que  la  plus  bnefve  &  aifée  voye  pour 
fixer  &  recouvrer  ladite  f6mmc  promprement ,  foit  de  prendre  pluneuri 
grandes  fommes  de  deniers  mifcs ,  depofées  &  confignéés  tant  en  noftre 
Cour  de  Parlement ,  en  noftre  Chaftelet  à  Paris ,  qu'es  Auditoires  des 
Requcftes  de  noftre  Hoftel  &  de  noftre  Palais ,  qu  auffi  es  mains  de  plu- 
iieurs  Marchands  &  ChangciflK  de  noftredite  Ville  de  Paris ,  comme  en- 
main  de  Juftice ,  Icfquelles  fommes  ainfi  depofées  &  confignéés  en  noftre 
Cour  de  Parlement ,  &  autres  Cours ,  où  elles  font  déposes  &  confi- 
gnéés ,  pourroient  refufer ,  ou  délayer  de  les  bailler  ,  où  délivrer ,  ou  fai- 
re bailler  &  delivrer>fe  par  nous  n'y  cftoit  pourvu  de  remède  convenable^ 
Pourquoy  nous  ces  choies  deflfùs  confiderées ,  vous  mandons,  comman- 
dons &  expréflfëment  enjoignons  en  commettant ,  fc  meftier  eft ,  par  ces 
>rerentes ,  que  vous  vous  rranfportiez  en  noftre  Cour  de  Parlement ,  & 
Ilec ,  toutes  les  Chambres  d'icellc  afïejrtiblées ,  remonftriez  nofdites  ne- 
çeffitcs  &  affaùies  ,  &  les  grands  defir  &  afFçdion  que  avons  de  recou- 
vrer &  rachepter  lefditcs  Terres  >  &  qu  a  ce  ne  pourrions  fournir,  com- 
me dit  eft,  fans  prendre  lefdites  fommes  confignéés  &  depofées ,  tant 


s 


es 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  39^  

is  mains  du  GrcflScr  de  ladite  Cour ,  que  d'autres  pcrfonnes  j  &  les  exhor-  ^4^3'- 
tiez  qu'en  ayant  regard  au  bien  6c  honneur  de  nous  &  de  noftre  Royaù* 
nie ,  &  augmentation  de  noffre  Doïnaine ,  ils  veuillent  confentir  qu'i« 
celles  Tommes,  ainii  dépofées  6c  conHgnées ,  nous  foient,  ou  au  Commis 
de  par  nous ,  baillées  éc  délivrées ,  reaument  &:  de  fait ,  en  leur  offrant 
de  par  nous  >  pour  la  reftitution  d'icelles  Tommes ,  &  de  les  remettre  es 
mains  &  lieux  où  elles  Tout  de  preTent ,  toute  telle  Teureté  qu'il  Temblera 
i  icelle  noftre  Cour  eflre  à  faire  &  convenable  en  cette  partie.  Et  pa- 
reilles remonftrances ,  exhortations  Ôc  offres  faites  efdites  Cours  &  Âu-^ 
ditoires  »  ôc  ailleurs  où  il  appartiendra  ;  de  ce  faire  vous  donnons  plain 
pouvoir  &  autorité,  èc  conjuniflion  6c  mandement  eTpeciaL  Donné' à 
Paris  le  vingtième  jour  d'Aouft ,  Tan  de  grâce  14^3.  &  de  noftre  Règne 

le  troiiiéme*  Sicjig/u  Par  le  Roy  en  Ton  grand  ConTeiL  Le  Prevoft. 

* 

XXIX**. 
ifX  Extrait  des  Quittances  de  Philippe  le  Bon  9  Duc  de  Bour^ogne^ 

Quittance  de  Philippes  le  Bon  ,  Duc  de Bourgçgne ,  pour  la Tom-     T"^^^ 
me  de  deux  cens  mille  eTcus  reçus  du  Roy  Louys  XJ.  en  déduction  ^^." 
de  quatre  cens  mille  efcus ,  pour  le  rachapt  des  Villes  &  Seigneuries  de 
la  Rivière  de  Somme ,  à  Heidin  le  1 1.  Septembre  1 4(>  5  • 

Quittance  pour  lerefte,  du  8.  Oàobre  Tuivant,  moyennant  quoy  ^il 
promet  rendre  au  premier  Novembre  leTdites  Villes  6c  Seigneuries. 

X  X  I  X***. 

§3*  Fldimus  d'une  CommUJion  de  Louys  XI*  pour  une  levée  de  deniers 
pour  rachapt  des  Filles  de  la  Rivière  de  Somme. 

A  Tous  ceux  oui  ces  prcTentes  Lettres  verront ,  Arnoid  Houiïc ,      Tîré  des 
Notaire  6c  Secrétaire  du  Roy  noftre  Sire ,  Prevoft ,  Garde   du  mêmes  Ror 
Scel  de  la  Prevofté  de  Troyes ,  Salut  :  Sçavoir  faifons ,  que  Tan  de  grâce  cucils. 
I  A^j.  dix-Teptiéme  jour  de  Décembre ,  Mathe  Bruyer  &  Félix  Vareton , 
Clercs ,  Notaires  Jurez  du  Roy  noftredit  Sire  en  ladite  Prevofté ,  vi- 
rent ,  tinrent  &  diligemment  lurent  mot  d  mot  deux  Lettres  patentes 
du  Roy  noftredit  Sire  eTcrites  en  parchemin  ,  Tcellées  de  Ton  gj^and  Tc^el 
en  iimples  queues  &  cire  jaune  ^  Taines  6c  entières ,  en  Tcél ,  Teing  ma- 
nuel &  eTcriture  ,  deTquels  les  teneurs  s'enTuivent  : 

L  o  Y  s  ,  par  la  grâce  de  Dieu  ,  Roy  de  France  :  à  nos  atpcz  6c  féaux 
ConTeillers ,  l'EveTque  Duc  de  Langies ,  le  Sire  de  Treynel ,  Maiffare 
Mathieu  Beauvarlet,  Receveur  General  de  nos  Finances  en  nos  Pays ,  deT- 
fus  &  par  deçà  les  rivières  de  Seync  &  Yonne  •,  &  Anthoine  DiTene , 
noftre  Notaire  &  Secrétaire,  Salut  6c  dileftiotî  :  Comme  ihs  longtçms  6c 
meTmement  depuis  que  Tommes  venus  à  la  Couronne  de  France ,  ayant 
cousjours  eu  Tmgulier  defir  entre  autres  choTes  de  ravoir  &  rachepter  nos 
Terres  &  Seigneuries  de  Picardie  ^  qui  avoicnt  efté  engagée^  par  feu 

Pdd  z  nofbre 


'  39'^         PÏIEUVES  DES  MEMOIRES    - 

YaôT^  noftrc  très- cher  Seigneur  &  Pcre ,  que  Dieu  abfolvc,  par  ledit  traité  fc 
appointemenr  fait  a  Arras  en  Tan  1435.  à  noftrc  très-cher  Ôc  très-amc 
Oncle  le  Duc  de  Bourgogne,  ce  que  n'avons  pu  faire  obftanr  plufieur» 
grandes  affaires ,  charges  &  dépenfes  que  avons  eu  à  fupporter ,  tant  par 
le  mariage  de  rioftre  très-chere  &  rrès-amée  Fille  Anne  de  France ,  de 
noftre  trcs-chere  &  très-amée  Soeur  Madeleine  y  que  pour  la  conqucftc 
&  reduftion  des  Comtez  de  Rouflîllon ,  de  Cerdagne  &  Pays  de  Conflans,. 
&  de  noftre  armée  que  avons  longuement  tenue  en  Cathalogne,  &  ca 


s 


quatre 

tant  du  Noftre  propre,  que  par  emprunt  fur  un  quartier  d'an  du  paye- 
ment de  nos  Gens  de  guerre ,  &  de  plufiairs  nos  Officiera  &  Subjets^, 
laquelle  avons  fait  bailler  comptant  à  noûredit  Oncle  de  Bourgogne  »  8c 
recouvré  lefdires  Terres ,  &  aicelles  avons  la  poflcffion ,  &  foit  aind 
que  ne  pourrions  bonnement  rendre,  ny  reftiruer  les  fommes  par  nous 
tmprimtées ,  mefmehient  à  nofditsGens  de  guerre  ,ainfi  que  avons  vou- 
loir Se  intention  de  faire  ,  &  que  par  eux  à  cette  caufe  ne  foit  fait  aucun 

■  mal  ic  dommage  fur  nos  Pays  &  Subjets,  8c  que  les  puiflîons  tenir  en 
juftrice  &  nous  fervir  d'eux  pour  la  deffenfe  Ôc  feureté  de  noftre  Royau- 
me, fans  avoir  fur  ce  aucun  ayde  de  nofdits  Subjets,  mefmement  juf* 
ques  à  la  fomme  de  cent  mille  efcus  d'or ,  qui  nous  eft  nccedàire  pour 
rendre  &  reftituer  à  nofditsGens  de  guerre  l'argent,  que  avons  fait  pren- 
dre d'eux  fur  ledit  quartier  d'an  de  leur  payement  ;  parquoy  foit  befoin 
envoyer  aucuns  notables  gens  de  par  nous  par  les  Pays  &  Elevions  de 
noftre  Royaume  ,  pour  remonftrer  de  par  nous  les  chofes  defliifdites  6c 
autres  grandes  charges  &  affaires  que  chacun  jour  avons  à  fupponer  î 
fçavoir  vous  faifons,^que  nous  confians  de  vos  fens ,  loyautez  &  prudhom- 
mie ,  vbus  avons  commis  &  ordonnez ,  commettons  &  ordonnons  par 
ces  prefcntes  pour  alfer  8c  vous  tranfporter  en  nos  Pays  de  France  > 
Chanmagne  &  Brie ,  8c  autres  Pays  de  la  charge  &  recepte  gençrale  de 

'  vous  Beàuvarlet;  8c  mander  en  aucunes  Villes  defdits  Pays  les  Gens  des 
ttois'Eftiti ,  ou  plU^  en  tel  nombre  que  verrez  eftre  à  faire ,  pour  leur 
remonftrer  de  par  vous  les  chofes  delTufdites  ,  &  les  grandes  charges  & 
affaires  que  avons  â  fiipporter  &  'fbutcnir ,  comme  dit  eft ,  pour  le  fait 
de  noftredit  Royaume  &  le  bien  de  la  chofe  publique d'iceluy  ,  en  leur 
reqiierrant  que  pour  leur  part  &  portion  de  ladite  ibnmié  de  cent  mille 

'  cfcus  d'or,,  ils  nous  oâîoyént  par  tons  lefdits^payç  de  ladite  recepfe 

■  génerâie  de  vous  deffufdit  Beau  varier,  la  fomme  de  i9879Jivres4Kyls 
tournois ,  8c  icelle  faites  menre  fns  par  les  Efleus  de  chacun  defditsPays 

;  &  El^£tions ,  aufquels  par  cefdîtes  Prefentes  vous  avons  dorme  pouvoir 
ïe  faire  ,  avec  la  fomme  de  600  livres  tournois  fur  tous  iceux  pays  pour 
touç.frais  pat  manière  de  taille  fur  les  habitans  defdits  pays  le  plus  jufte- 

•  ';Ènent  8c  clvilement^qùc  faite  fe  pourra  ,  IcTfbrt  portant  le  foible,  ou 
s'ils  -advifeht  autre  voyè  plus  aifce  8c  moins  gènabk  pour  le  peuple ,  de 
kverhtlite  fômme  8c  frais  fur  les  vivres  bu  autrement.  Nous  voulons 

]  8c  vous  commandons  que  de  ce  leur  dorihfer  tel  congé  qulli  voudront 
avoir  x  &  que  pour  le  foulagemcnft  id^cux-,41s  puiflott  prendre  ce  que 

monteronr 


0Ë  PHIL.  DE  COMINES.  397  _ 

monteront  les  deniers  commis  des  Villes  defdits  pays  pour  un  an ,  &     146^ 
laquelle  fomme  payer  &  faire  venir  ens  franchement,  voulons  eftre  con- 
tribuables  toutes  manières  de  gens  demeurans  efdits  Pays  ,  tant  es  bon- 
nes ,  que  dehors ,  exempts  &  non  exempts ,  privilégiez^  &  non  privilé- 
giez, &  fans  préjudice  cfe  leurs  privilèges  pour  ledit  tempsà  venir ,  excep- 
tés toutesfois  Gens  d*Eglife ,  Nobles  vivans  noblement ,  fuivans  les  ar- 
mées ,  ou  qui  par  vieilleflè  &  impotences  ne  les  peuvent  plus  fuivre , 
les  Officiers  ordinaires  8c  Conimenccaux  de  Nous  ,  de  noftre  Compa- 
gne ,  la  Roy  ne,  de  noftre  très-chcre  &  très-redoutceDame  &  Mère,  &  de 
noftre  très-cher  &trèsramé  Frère  le  Duc  de  Berry,non  Marchandans, vrais 
Efcoliers  eftudians  en  Univerfité  fans  fraude ,  pour  degré  &  fcience  acqué- 
rir ,  &  ccM  qui  voudront  demeurer  en  noftre  Royaume,  des  Pays  non 
contribuables  aux  tailles  mifes  fu$  de  par  hous  ,  aufquêls  a  efté  donné 
par  feu  noftredit  Seigneur  &  Père ,  affranchifiement  pour  neuf  ans ,  & 
pauvres  mandians ,  &  lefquels  deniers  nous  voulons  eftre  levez  &  re- 
ceus  par  les  Receveurs  par  nous  commis  à  recevoir  &  faire  venir  ens  le 
payement  de  nofdits  Gens  de  guerre  en  iceux ,  &  à  ce  faire  &  foufFrir , 
f&  à  payer  lefdits  deniers  les  termes  efcheus ,  contraignez  ou  faites  cor>- 
traindre  par  lefdits  Efleus  tous  ceux  qu'il  appartiendra  par  toutes  voyes 
deucs  &  accouftumées  à  faire  pour  nos  propres  debtes  &  affaires ,  &  Ce 
de  partie  à  partie  n'euft  débat  ou  oppofition  defdits  deniers,  première- 
ment &  avant  toute  œuvre  payez,  nonobftant  appellations  quelconques; 
voulons  par  lefdits  Efleus  aux  parties  ouïes  y  eftre  fait  Se  aaminiftré  rai- 
fon  &  juftice,  de  ce  faire  à  vous ,  &  aux  trois  ou  deux  de  vous ,  pour 
ce  autorité  ,  commifCon  &  mandement  efpecial  s  mandons  &  comman- 
donsi  tous  nos  Jufticiers,  Officiers  &  Sujets ,  que  à  vous ,  en  befognant 
es  chofes  deflîifdites ,  obcyflènt  &  entendent  diligemment ,  &  vous 
preftent  &  donnent  confeit ,  confort  &  ayde ,  fe  meftier  en  avez  ,  & 
pource  que  de  ces  prefentes  on  pourra  avoir  alTaire  en  plufieurs  lieux  , 
nous  voulons  que  au  vidlmus  d'icelle ,  fait  fous  Scel  Royal,  foyfoit 
adjoûtée  comme  à  ce  prefent  original.  Donné  au  Neufchaftel  de  Nicourt 
le  deuxième  jour  de  Novembre ,  Tan  de  grâce  mil  quatre  cens  foixante- 
trois  ,  &  de  noftre  Règne  le  troifiéme»  Âinfî  Signe ,  Par  le  Roy  en  fos 
ConfeiL  De  la  Loere» 

X  X  I  X****, 

ifT  Autre  Commiffîon  fur  le  même  fujet. 

/TE  M.  L  o  Y  s  ,  par  la  grâce  de  Dieu  i  Roy  de  France ,  à  nos  amez 
&  féaux  Confeillers  ,  VEvefauc  de  Langres,  Pair  de  France,  le  . —  -- 
Sire  de  Treynet ,  noftre  Chambellan  ;  maiftre  Mathieu  Beauvarlet ,  &  ^çjj"  ^ 
maifhe  Antnoine  Difenc ,  noftre  Secrétaire  ,  Salut  &  dileftion  :  Pour 
certaines  caufes  &  confklerations  à  ce  nous  mouvans,  qui  grandement 
touchent  le  bien  de  nous  &  de  noftre  Seigneurie ,  nous  voulons ,  voufs 
mandons  ic  comihandons  expreffément ,  que  avec ,  outre  &  pardeflîis 
la  fomme  que- vous  avons  ordonné  requérir  nous  eftre  donnée  &  octroyée 
par  les  Gens  des  trois  Eftats  des  Pays  &  Elevions  de  Paris ,  hors  la  Ville 

Ddd  5  dt 


Tjrf  des 


39?  PREUVES  DES  MEMOIRES 

de  Senlis  »  de  Beauvais  >  de  Compiegne  >  de  Noyon ,  de  Soiflbns  y  dt 
^^^}^     Laon ,  de  Chafteau-Thierry ,  de  Rennes»  d'Amiens  de  la  Somme,  de 
Troycs ,  de  Tonnere ,  de  Vezelay ,  de  Sens ,  compris  Moncargis  &  Joi- 
gny,  de  Melan,  de  Provins  y  de  Meun,  d'Eftampes  ,  de  Meaux ,  Lan- 
grès  &  de  Rethelois  ,  pour  partie  de  la  fomme  de  cent  mille  efcus  que 
avons  ordonné  e^re  refticuée  aux  Gens  de  guerre  de  noftre  Ordonnance» 
Air  le  pavement  defquels  avons  prife  ladite  fomme  pour  nous  ayder  au 
rachapt  ce  nos  Terres  de  Picardie ,  vous  faites  mettre  fus  Se  impofer  la 
fomme  de  l6o}J^l.  iÙ6  d.  tournois;  c'eft  à  fçavoir ,  en  ladite  Eleâion 
de  Paris ,  hors  la  Ville ,  huit  vingt  dix  livres  y  en  TEleâion  de  Senlis 
trente  livres  î  en  l'Eieâion  de  Beauvais  cent  livres  tournois  ;  en  TEleâion 
de  Compiegne  trente-cinq^  livres  tournois  ;  en  l'Eleâion  de  Noyon  cent 
livres  tournois  ;  en  TEleâion  de  Soldons  vingt  livres  tournois  y  en  l'E- 
leâion de  Laon  neuf  vingt  livres  tournois  *,  en  l'Eledtion  dç  Chafteau« 
Thierry  trente  livres  tournois;,  en  TEleébion  de  Rennes  cent  livres  tour- 
nois; en  l'Eleâion  d'Amiens  de  la  fomme  de  foixante  livres  ;  en  TElec^ 
tion  de  Troyes  cent  livres  tournois  5  en  l'Eledion  de  Tonnerre  foixante 
livres; en  l'Eleûion  de  Vezelay  trente-cinq  livres  ;  en  l'Eleâion  de  Sens» 
compris  Montargis  &  Joieny ,  cent  cinquante  livres  ;  en  l'Eleâion  de 
Melun  foixante  uvres;  en  l'Eleâion  de  Provins  trente  livres  tournois; 
en  l'Eleâion  de  Mandes  trente  livres  toiu:nois  ;  en  l'Eleâion  d'Eftampes 
vingt  livres  tournois  ;  en  l'Eleâion  de  Meaux  cent  livres  tournois  ;  en 
l'Eleâion  de  Langres  huit  vingt  livres  ;  en  l'Eleâion  de  Rethelois  foi- 
xante-quatre  livres  deux  fols  (ix  deniers  tournois  ;  lefquelles  parties  >  qui 
montent  enferpble  à  ladite  fomme  de  feize  nulle  trente-quatre  livres 
deux  fols  (ix  deniers  tournois  y  voulons  eftre  levées  &  receuës  par  les 
Receveurs  defdits  Pays  y  aux  termes  6c  ainfi  que  les  autres  deniers  def- 
fufdits ,  pour  eftre  par  eux  payées  &  baillées  au  Receveur  gênerai  de 
nos  Finances  ;  6c  par  ces  deicharges ,  aind  que  par  nous  fera  accordé  » 
&  à  ce  faire  &  foufFrir  >  &  à  payer  lefdits  deniers  y  les  termes  qui  feroïic 
fur  ce  ordonnez  écheus  >  contraigniez  ou  faites  contraindre  par  lefdits 
Efleus  tous  ceux  qu'il  appartiendra  par  toutes  voyes  &  manières  accouf- 
tumées  pour  nos  propres  debtes,  nonobftant  oppositions  ou  appellations 
quelconques;  de  ce  mre  avons  donné  &  donnons  à  un  ,  &  aux  quatre 
ou  trois  de  vous ,  pouvoir ,  commiflion  y  commandement  efpecial  ;  man-* 
dons  6c  commandons  à  tous  nos  Jufticiers  y  Officiers  6c  Subjets ,  que  i 
vous  ,  les  quatrel  ou  trois  de  vous  »  vos  commis  6c  députez ,  en  ce  fai* 
fant ,  obéyflênt  &  entendent  diligemment ,  preftent  &  donnent  confeil» 
confort  &  ayde  y  fe  meftier  eft ,  &  requis  en  font.  Donné  à  Abbeville 
le  dernier  jour  de  Novembre ,  l'an  de  grâce  1463.  &  de  noftre  Règne 
le  troifiéme.  Ainfi  Signe  >  Par  le  Roy.  De  la  Loere.  En  tefmoin  de  ce» 
nous  Jardé  y  defTufdit  nommé ,  avons  Scellé  ces  Prefentes  Lettres  de  W- 
dimus  9  en  tefmoin  du  Scel  6c  contre-Scel  de  ladite  Prevofté  ;  6c  veu  le 
rappott  defdits  Notaires  avec  leurs  lignes  manuels.  Ce  fut  fait  Lettres  Sc 
premier  deffufdites.  * 

*  Je  n  cntens  pas  ces  derniers  mots  y  mais  telle  eft  la  copie  que  j'ai. 

I 


DE  PHIL.  DE  COMINES.       .       599 


XXI  X*****.  .  146} 

JPCr  Extrait  de  rinjlrtulion  du  Comte  de  Charolpis  ,  fur  le  rachapt 

de/dites  Villes. 


Uillaume  de  Biche  a  dit  au  Roy ,  que  Mr.  de  Charolois  a  entendu      "^''^  «J** 


F  .     ,  -         -  -       .  -  . 

a  cœur,  il  s'en  attent  à  iuy  ,  mais  au  regard  de  fon  vouloir ,  il  voudroit 

bien  qu'il  ne  les  racquittaft  point ,  &  qu'il  le^  laiflàft  ainfi  pour  cette 

heure. 

Jtem.  Que  ceux  du  Pays  d'Artois  ont  envoyé  devers  Mr.  de  Charolois 
Iuy  prier  que  ces  Terres  ne  fuHent  rachetées ,  pour  aucunes  raifons  qu'ils 
Iuy  ont  fait  dire ,  lefquelles  il  a  fait  fçavoir  à  Mr.  de  Çourgogne  par 
les  Sieurs  d'Ymbercourt  &  de  Contay,  &r  un  Clerc. 

Item.  Que  l'on  a  dit  à  Mr.  de  Charolois ,  que  s'il  venoit  devers  le 
Roy,  que  le  Roy  le  feroit  prendre ,  &  qu'il  fe  gardaft  bien  de  fe  trou- 
ver en  lieu  là  où  le  Roy  euft  pouvoir ,  &  qu'il  le  bailleroit  à  Mr.  de 
Boiu-gogne.  .        .  .    , 

Item.  Qu'il  a  oiii  dire  que  le  Roy  eft  mal  content  de  Iuy ,  c'eft  qu'il 
voudroit  bien  fçavoir  de  quoy  c'eft ,  il  n'a  fait  chofe  pourquoy  il  en  cloye 
[  rien  appréhender  *.]  *  ^«  ^^* 

y     y     T    ^  3lt  ^e  ^e  3l(  Ht  :te  dCmiCrS 

-^  -^  ^  ^  •  mots  man- 

.  .  .  qucnt  dans 

^CT  Lettre  du  Sieur  Chevalier  fur  le  rachapt  defdites  Filles.  la  copie 

que  j  ay. 

MOnfeigneur ,  je  me  recommande  à  vous  par  ma  foy  du  bon  du      Tiré  des 
cœur  :  le  Roy  a  voulu ,  &  pour  ce  dont ,  l'Amiral ,  vous  &  moy  mêmes  Rc- 
alliffions  devers  Monfeigneur  de  Bourgogne,  &  Iuy  portiilions  deux  cens  cuciis. 
mille  efcus ,  pour  partie  de  quatre  cens  mille  elcus  qui  Iuy  font  deus 
pour  les  Terres  engagées ,  comme  vous  fçavez.  Mondit  Sieur  l'Admi- 
rai eft  party  de  devers  le  Ro)^  un  jour  avant  moy ,  pour  allepen  Bretagne 
&  en  Normandie ,  &  incontinent  qu'il  aura  fait  ce  qu'il  y  a  à  befçgner 
il  fe  rendra  à  Paris  ,  auqiiel  lieu  il  doit  trouver  vous  &  moy  ,  pour  d'il- 
lec  aller  tous  enfemble  devers  mondit  Sieur  de  Bourgogne.  Je  ne  vous 
cfcris  point  quant  il  y  fera  ,  pource  que  je  ne  fçay  Te  jour ,  car  avant» 
qu'il  y  vienne ,  il  a  efperance  d'avoir  des  nouvelles  de  Mr.  de  Croy 
touchant  le  fait  de  la  Trêve. 

J'ay  amené  avec  moy  le  Treforier  des  Guerres  pour  faire  toute  dili- 
gence poffible  de  recouvrer  argent ,  &  m'a  dit  ledit  Treforier  oue  en  la 
fin  de  ce  mois  il  me  rembourfera  des  foixante  mille  livres  que  je  Iuy  avois 
avancées  pour  la  guerre  de  Catalogne ,  &  en  la  fin  de  Juin  quatorze  mille 
huit  cens  foixante-une  livres  dix-icpt  fols ,  qu'il  a  receus  pour  moy  de 
maiftre  Eftienne  Petit,  fur  quoy  j'en  avois  efte  appointé  cette  année. 

Quant  j'ay  pris  congé  du  Roy  je  Iuy  ay  dit  qu'il  eftoit  impoflîbleque  il 
peut  faire  payement  à  mondit  Sieur  de  Bourgogne  defdits  deux  cens  mille 

efcus  > 


J 


1^6} 


400  PREUVES  DES  MEMOIRES 

efcus  y  Ton  fe  peut  aydcr  de  trente-cinq  mille  livres,  qui  pour  ce  faire  i 
fe  doivent  prendre  fur  ieditTrefor  des  guerres,  &  que  c'cftoit  argent  oui  fc 
devoit  recevoir  au  long  de  l'an,  &  aufliquedoubtoitque  lesdix  mille  livres 
qui  doivent  eftre  pris  fur  Jacques  Piflèleu  ,  ne  (croient  oas  prefts ,  & 
qu'on  ne  s'en  pourroit  ayder  pour  cette  heure ,  il  me  fcmble  que  le  re- 
couvrement defdites  Tcnes  engagées ,  &  le  fait  de  laditte  Trêve  font 
les  deux  plus  grandes  matières  de  ce  Rovaume ,  &  qui  plus  touchent  le 
fait  du  Roy  -,  &  toutesfois  il  a  defpecnc  mondit  Sieur  l'Admirai  6c 
moy  tant  ligierement ,  &  à  fi  petite  délibération ,  que  à  grand  peine 
avons  nous  eu  loiiir  de  prendre  nos  houdeaux ,  Se  m'a  dit  que  puif» 
qu'il  y  a  bon  fonds ,  il  fixait  bien  que  ne  luy  faudrez  point ,  &  que 
vous  luy  prefterez  ce  que  vous  avez ,  &  aufll  aue  nous  trouverons  des 
cens  à  Paris  qui  nous  prefterons  ,  &  pour  ce  abréger  y  c'cft  tout  ce  que 
f  en  ay  pu  tirer  de  luy  ,  Se  luy  femble  que  lefdits  treftte-cinq  mille  li- 
vres d'une  part ,  &  dix  mille  livres  de  l'autre ,  fe  doivent  trouver  ea 
un  pas  defiré.^  Je  vous  efcrit  ces  chofes  à  ce  que  foyez  adveni  dç  tout, 
&  que  veniez  pourvu  de  ce  dont  vous  luy  pourrez  ayder. 

Je  voudrois  pour  Dieu  que  vous  euffiez  bien  fait  &c  achevé  à  voftrc 
plaifir  &c  profit  tout  ce  que  vous  ayez  à  faire ,  &  vous  fuflîez  de  cette 
heure  icy ,  afin  que  puiflîons  befpgner  enfemble ,  ^  advifer  les  voyes  Se 
manières  que  aurons  à  tenir  pour  parvenir  à  la  fin  à  quoy  le  Roy  tient, 
puis  j'ay  pitié  de  vous ,  &  fçay  bien  l'aife  &  la  plaifance  que  vous  avez 
de  prêtent^  &  Iç  dcplaifir  que  prendrez  à  le  laiflcr ,  &  efcrire ,  que  ve-, 
niez  fi  diligemment,  comme  la  matière  le  requiert  >  toutesfois,  s'il  vous 

{)laift ,  vous  achèverez  ce  que  avez  d  faire  par-de-là ,  &  vous  en  viendrez 
e  pluftoft  que  promptement  pourrez  à  Tours ,  auquel  lieu  je  m'en  vais 
&  vous  y  attcndrajr  )  Se  cependant  feray  ce  que  je  pourray  ,  &  vous 
commettrez  encore  fi  je  puis  environ  vingt-cinq  mille  livres  de  monnoye, 
que  nous  y  avons.  Il  me  femble  qu'il  vaut  mieux  compter  ladite  monnoye 
en  or ,  &  y  perdre  quelçiue  chofe ,  que  porter  ladite  monnoye  avec 
nous ,  car  qui  la  porteroit  ce  feroit  une  merveilleufe  peine ,  &  avec  ce 
coufteroit  autant  la  voiture  ,  comme  fera  la  charge  de  monnoye  j  voyez 
fi  nous  aurons  beaucoup  à  bcfogner  audit  lieu  de  Paris  ;  &  vous  con- 
viendra bien  uferdenos  cinq  cens  naturels,  parquoy  eft  bcfoin  de  nous  y 
trouver  le  pluftoft  que  nous  pourrons ,  car  encore  n'y  fçaurons-nous  eftre 
fi  long-temps ,  que  nous  n'ayons  bien  à  tirer  au  colier  •,  pour  ce  vous 
prie  derefchef  que  vous  vous  veuilliez  rendre  diligemmenr  audit  lieu 
•  de  Tours  ;  fi  le  Roy  s'en  va  en  Languedoc ,  &  je  crois  que  la  principale 
♦  On  a  vu  caufe  pourquoy  il  y  va ,  eft  pour  bailler  la  poflcflîon  de  Carcaiibnne  *, 
d-dcflus  p.  &  d'illec  fe  part  es  champs  pour  tirer  à  Lyon,  &  par  avanture  en  Savoyc, 
J89.  que      Ton  veuille  *  au  Marefchal  de  Bourgogne  &  aux  fiens ,  comme  Ion  m'a 


c'cftoit  dit  j  la  Ville  &  Seigneurie  d'Efpinal.  Monfeigneur,  je  prie  à  Dieu  qu'il 
pour  M.  de  y^yj  doint  &  comble  de  vos  defirs,  Efcrit  à  Saint  Jean  d'Angely  le  dix- 
Ajout  2  neuvicfme  jour  de  May.  Depuis  ces  Lettres  efcrites ,  Mr.  de  Croy  m'a 
ff^fy^  ^  *  dit  qu'il  a  eu  nouvelle  de  fon  ncpveu ,  qu'il  avoit  envoyé  en  Angleterre, 
&  que  fondit  nepveu  luy  a  fait  Içavoir  que  certaine  Ambaflàde  d'Ànglç- 
terre  fe  trouvera  a  Saint  Orner  à  la  Saint  Jehan  ,  pour  befogner  au  fait 
de  ladite  trêve,  Sç  efpere ,  vu  ce  qu'il  dit,  que  le  Chancelier  d'Angleterre 

fç 


DE  PHIL.  DE  COMINES  401  ^_^^^_^^^ 

fe  y  trouvera  »  &  par  avanrure  le  Comte  de  Varwics  mondit  Sîeur  l'Ad-  V^TT"^ 
fnital  dit  hier  àprefent  qu'il  fera  à  Paris  i  la  fefte  de  Saint  Jehan ,  pour       ^  ^* 
ce  ne  dévoilez ,  &  eft  befoin  que  vous  vous  haftiez.  Voftre  Serviteur  ÔC 
frère»  Eftienne Chevalier. 

X  X  I  X***^*'^**. 

4f^  ABc  dcpromejft  de  Philippe^  Duc  de  Bourgogne^  de  rtnirt  au^Roy    . 

la  Comte  de  Ponehieu  &  autres  Terres  fians  deçà  &  de^là  la  '*^^' 

Rivière  de  Somme  ,  en  baillant  quatre  cens  mille  icus, 

PU  EL  IPPË  y  parla  grâce  de  Dieu ,  Duc  de  Bourgogne  »  deLochkrs»      Tiré  des 
de  Brabant  &  de  Limbourg ,  Comte  de  Flandres  &  d'Artois ,  de  accueils  de 
Bourgogne ,  Palatin  ,  de  Haynault ,  de  Hollande ,  de  Zclande  &  de  J^'i!^^ 
Namur ,  Marquis  du  Saint  Empire  ,  Seigneur  de  Frife ,  de  Salins  &  de       ^'^*'*** 
Malines.  A  cous  ceux  qui  ces  prefentes  Lettres  verront ,  Salut  :  Comme 
par  le  Traité  de  paix  fait  ic  pafle  nouvellement  en  cette  noftre  Ville 
a  Arras ,  par  le  moyen  &  à  l'enhortement  de  très-Reverend  Père  en  Dieu 
le  Cardinal  de  Sainte  Croix ,  Légat  de  noftre  Saint  Père  le  Pape ,  &  le 
Cardinal  de  Chypre»  noftre  Cou  fîn.  Légat,  &  autres  Prélats  &  gens 
d'Eglife ,  Ambadâdeurs  du  Saint  Concile  de  Bafle ,  entre  les  Ambaflà- 
deurs  de  Monseigneur  le  Roy  ^  au  nom  d'iceluy  Monfeigneur  le  Roy  » 
ayans  de  iuy  pouvoir  fuffifant  en  cette  partie  d'une  part,  &  nous  d'autre» 
par  mondit  Seigneur  Roy ,  nous  foient  baillez  &  tranfportez  pour  nous» 
nos  hoirs  &  ayans-caufe,  à  tousjours  plusieurs  Cités,  Villes,  Fonereflfèç, 
Terres  &  Seigneuries  déclarées  en  l'article  contenu  audit  Traité,  duquel 
la  teneur  s'eniuit* 

lum^  Que  le  Roy  baillera  &  tranfportera  â  mondit  Seigneur  de  Bour- 
gogne pour  Iuy ,  Tes  hoirs  &  ayanscaufe  à  tousjours ,  toutes  les  Citez  ^ 
ViUes ,  FonereÔes ,  Terres  &  Seigneuries  appaitenanres  à  ta  Couronne 
de  France,  de  &  fur  la  Rivière  de  Somme,  d'un  cofté  &  d'autre ,  comme 
S.  Quentin ,  Corbie ,  Amiens ,  Abbeville  &  autres ,  enfemble  toute  la 
Comté  de  Ponthieu ,  deçà  &  de-U  ladite  Rivière  de  Somme ,  d' Arlon  ^ 
Saint  Riquier ,  Crevecœur ,  Arleux ,  Monagne ,  avec  les  appanenances 
&  appendances  quelconques ,  &  toutes  autres  Terres ,  qui  peuvent  ap» 
panenir  à  ladite  Couronne  de  France ,  depuis  ladite  Rivière  de  Somme 
mclufivement ,  en  tirant  du  cofté  d'Artois ,  de  Flandres  &  de  Haynault, 
tant  du  Royaume  que  de  l'Empire ,  en  y  comprenant  aqflî  au  regard  des 
Villes  féans  fur  ladite  Rivière  de  Somme  du  cofté  de  la  France ,  les  Ban- 
lieues &  Efchevinages  d'icelles  Villes ,  pour  jouïr  de  par  mondit  Seigneur 
de  Bourgogne ,  feldits  hoirs  &  ayans-caufe  à  tousjours ,  defdites  Cités , 
Villes  ,  Fortereflès  ,  Terres  &  Seigneuries  ,  en  tous  profits  &  revenus , 
tant  de  Domaine ,  comme  des  Aydes ,  ordonnez  pour  la  ^erre ,  &  auftl 
tailles  &  autres  émolumens  quelconques ,  ^  fans  y  retenir  de  la  part  du 
Roy  ,  fors  les  foy ,  hommage ,  reflbrt  &  Souveraineté ,  &  lequel  trans- 
port &  bail  fe  fera ,  comme  dit  eft ,  par  le  Ro)r  au  rachapt  de  la  fomme 
de  quatre  cens  mille  efcus  d'or  vieis ,  de  foixante-quatre  au  marc  de 
Xfoyes,huit  onces  pour  iparc^  &  d'aloy  àvingt-quacre  carats  un  quart  de 
Tome  II.  E  p  ç  remède  9 


40X  PREUVES  DESMEMOIRES 

remède  >  ou  autre  monnoye  d'or  courante ,  à  la  valeur  du(|uel  racHapr» 
M^3*^  de  la  part  de  tnondit  Seigneur  de  Bourgogne»  feront  baillées  Leccres^ 
bonnes  &  Tuffifantes  »  par  lefi^uelles  il  promettra  pour  luy  &  les  (iens  » 
que  toutes  &  auantes  fois  qu'il  plaira  au  Roy  ou  aux  (iens  faire  ledit 
rachapt  y  mondit  Seigneur  de  Bourgogne  &  les  Cens  ^  feront  tenus  en 
recevoir  Indite  fomme  d'or  >  de  rendre  ic  délaiflèr  au  Roy  &  aux  fiens 
toutes  lefdites  Cités ,  Villes  y  Fonerellès ,  Terres  &  Seigneuries  coin- 
prifes  en  ce  prefent  anide  >  tant  feulement  &  fans  toueher  aux  autres  ^ 
dont  deffus  eft  faite  mention  *,  &  fera  content  en  outre  mondit  Seigneur 
de  Bourgogne  de  recevoir  le  payement  defdits  quatre  cens  mille  elcus  i 
deux  fois  >  c'eft  i  fcavoir  à  chacune  fois  la  moitié,  pourreu  qu'il  ne  fera 
tenu  de  rendre  le£dites  Citez ,  Villes  »  Forcerefles ,  Terres  &  Seigneu« 
ries ,  ne  aucunes  d'icelks  )ufques  tout  ledit  payement  foit  accomply  >. 
&  qu'il  ait  receu  le  dernier  denier  defdits  quatre  cens  mille  efcus  ;  Se 
cependant  mondit  Seigneur  de  Boui;gogne  fera  les  fruits  (iens  de  toutes^ 
leldites  Cités ,  Villes  »  Forteredes  y  Terres  &  Seigneuries»  tant  àts  Do* 
maines  y  comme  des  Aydes  &  autrement  y  fans  en  rien  déduire  ne  ra« 
battre  du  principal  *,  &  eft  à  entendre  y  que  audit  tranfport  êc  bail  que^ 
fera  le  Roy ,  comme  dit  eft  y  ne  feront  pomt  compris  la  Cité  de  Tour- 
nay  y  &  Bailliage  de  Tournay  ,Tpurne(ts  &c  Saint  Amand  y  mais  demeure^ 
ront  icelles-Cité  ic  Bailliage  de  Tournay ,  Tourneds  ic  de  Saint  Amand 
es  mains  du  Roy,  refervé  Mortaigne,  qui  eft  eoropris  &  demeurera  à 
mondit  Seigneur  de  Bourgogne  ,  comme  dit  eft  deflus^  \  &c  combien  que 
ladite  Cité  de  Tournay  ne  dèive  point  eftre  baillée  à  mondit  Seigneur 
de  Bourgogne,  ce  nonobftant  eft  refervé  à  iceluy  Monfeigneur  de  Bour- 
gogne l'argent  à  luy  accordé  par  ceux  de  ladite  Villtf  de  Tournay  par 
certain  Traité  qull  a  avec  eux ,  pifques  à  certain  temps  Se  années  a  ve^* 
nir;  &  lequel  argent  lefdits  de  Tournay  payeront  entièrement  à  mondit 
Seigneur  de  Bourgogne  >  c'eft  à  fçavoir ,  que  au  regard  de  tous  Officiers^ 
qui  feront  necedâires  à  mettre  &  inftituer  es  Citez,  Villes ,  Forteredès ,« 
Terres  Ôc  Seigneuries  delîufdites  ;  au  regard'  du  Domaine ,  mondit  Sei* 
sneur  de  Bourgogne  &  les  (iens  les  y  mettront  8c  inftitueront  plainement 
a  leur  volonté  y  &  au  regard  des  droits  Royaux ,  Se  au(&  des  Aydes  & 
Tailles,  ta  nomination  en  appartiendra  i  mondit  Seigneur  de  Bour^ 
gogne  &  aux  (iens  ,'  &  Tinftitution  8c  commidlon  au  Roy  &  i  fes  fuc« 
teneurs ,  comme  deiTus  &  déclaré  en  cas  femblable.  Sçavoir  faifons  que- 
nous  voulans  envers  mondit  Seigneur  le  Roy  ufer  de  bonne  foy ,  comme- 
raifon  eft,  promettons  en  parole  de  Prince,  &  par  les  foy  &  ferment' 
de  noftre corps  ,,pour  nous  &  nofdits  hoirs  &  iucceâèurs ,  que  toutes* 
Se  quantes  fois  mondit  Seigneur  le  Roy ,  ou  fes  fuccçflèurs  Roys  de- 
France  ,  nous  payeront  ou  feront  payer  la  fomme  de  quatre  cens  mille- 
efcus  d'ôr  viek  de  foixante-quatre  au  marc  de  Troycs ,  huit  onces  pour- 
marc ,  &  d'alby  à  vingt-quatre  carats  i  un  quart  de  remède ,  ou  autre* 
monnoye  d'or  courante  à  la  valeur,  réellement  &  de- fait  5  tout  à  une: 
fbis  ,  ou  à  deux  fois;  c'eft  ^  fcavoir  achacun  payement  la  moitié ,. nous 
rendrons  Se  reftiturons  à  mondit  Seigneur  le  Roy ,  &  à  celuy^  de  fefdits- 
fuccefleurs ,  qui  nous  fera  ledit  payement,  en  recevant  lefdits  quatre- 
<en&  mille  efais  i  une.  fois  ou  a  aeux-^c'eft  i  fçavoir  à  chactme  rois  la^ 

moitié.  >« 


r 


I>E  PHIL.  î>n  COMINES  ^  405 

tnoitié ,  toutes lefdices Cités ,  Villes  &  Fortcreflcs ,  Terres  Se  Seîçneu-  ^r- 
ries  déclarées  en  l'article  cf-deflTus  tranfcrit ,  fans  icelles  Cités ,  Villes ,  ^  ^^ 
Fonereflès  ,  Terres  &  Seigneuries  y  ou  aucunes  d'icelles  retenir,  ne  au- 
trement diflerer,  ou  retarder  ladite  reftitution  d'icelles  ou  partie  d'icel^ 
les  y  fous  ombre  ou  occafion  de  quelque  autre  dette ,  demande  ou  pour- 
suite,  que  pouvons  ou  pourrions  avoir  au  temps  à  venir ,  ou  nos  hoirs 
-ôc  fuccefleurs  ,  à  quelque  caufe  ou  titre  que  ce  foit ,  ou  puiflè  eftre  i 
rencontre  de  mondit  Seigneur  le  Roy  ,  ou  de  Tes  hoirs  &c  fucceflèurs , 
pourveu  toutesfois  que  nous  ne  ferons  tenus  de  rendre  ne  reftituer  IcC* 
dites  Cités  ,  Villes ,  Fortcrefles ,  Terres  &  Seigneuries ,  ne  aucunes^d'i- 
celles  jttfques  tout  ledit  payement  foit  accomply ,  &:  que  avons  receu 
le  dernier  denier  defdits  quatre  cens  mille  eicus.»  8c  cependant  feront 
les  fruitsnoftres  de  toutes  lefdites  Cités,  Villes,  Forterefles,  Terres  &  Sei« 
gneuries,  tant  de  Domaine ,  commue  des  Aydes&  autrement,  fans  en  rien 
déduire  ne  rabattre  du  principal ,  comme  il  eft  déclaré  &  contenu  audit 
article.  Toutesfois  nous  n'entendons  comprendre  aucunement  en  cet 
prefentes  le  Chaftel  Se  Ville  de  Peronne ,  combien  qu'ils  foient  aflis 
fur  la  Rivierre  de  Somme ,  ne  aucunes  des  autres  Villes ,  Forteredès  Se 
Seigneuries  à  nous  tranfportées  par  mondit  Seigneur  le  Roy ,  décla- 
rées 6c  fpocifiéesès  autres  articles  dudit  Traité  de  paix^  8c  aux  chofes 
deifnfdites ,  faire ,  tenir ,  entretenir  8c  accomplir  ,  nous  fommes  obli- 
gez Se  obligeons  par  la  manière  deflufdite  ,  &  fous  Tobligation  8c  hypo- 
uieque  de  tous  nos  biens ,  Se  de  nofdits  hoirs  &  fucceffeurs ,  prefens  8c 
à  venir ,  voulans  à  ce  ^ftre  contraints  par  la  cenfure  Ecclefiaftique  de 
noftredit  Saint  Père  le  Pape ,  &  du  Saint  Concile  de  fiaïle ,  &  par  tou^ 
tes  autres  Cours  Eccleiîaftiques  &  Séculières ,  Se  toutes  autres  voyes 
<ieuës  8c  raifonnables ,  aufquelles  ^  quant  à  ce ,  nous  fommes  foumis 
Se  foumettons ,  &  nofdits  hoirs  &  fucce(Ièurs ,  Se  biens  quelcon- 
ques par  ces  mefmes  prefentes ,  Se  tout  fans  fraude  &  malignité ,  te- 
nonçans  à  toutes  allégations  &  exceptions,  tant  de  droit  que  défait, 

Î[ue  pourrions  dire  &  alléguer  au  contraire ,  &  en  e(pecial  au  droit ,  di* 
anc  qpc  générale  renonciation  ne  vaut ,  fî  Tefpeciaie  ne  précède.  En 
xefinoin  &  ce  nous  avons  fait  mettre  noftre  Scel  à  ces  prefentes.  Donné 
en  noftredite  Ville  d'Arras  le  dernier  jour  de  Septembre  «  fan  de  grâce 
œil  quatre  xrens  trente-cinq. 

f)7  Information  faiu  irt  1448*  de  par  U  Roy  9  Umchant  U  Trald  de  luy 

&  du  Duc  de  Bourgogne  9  à  Arras. 

INformarion  faite  par  nous  Jehan  Tudert ,  Confeiller  Se  Maiftre  dés     Co(n2  fur 
Requeftes  de  THoftel  du  Roy  noftre  Seigneur,  Guillaume  de  Vie,  rorignal 
Robert  ThU>ouft ,  Confeillers  dudit  Seigneur  en  fa  Cour  de  Parlement,  P*^^- 
i&  Jacques  Aude ,  Notaire  Se  Secrétaire  du  Roy  noftredit  Seigneur  ,  &  ^  ^  ^^ 
Greffier  de  fon  Grand  Confeil ,  par  vertu  des  Lettres  de  commîflîon  ^'V^ 
d'iceluy  Seigneur ,  à  nous  addbreuantes ,  defquelles  la  teneur  s'enfuit  : 
Charles»  par  la  grâce  de  Dieu  >  Roy  de  France  j  à  nos  amez  &  féaux 

Eee  ;l  Confeillers 


404  PKEVVIES  DBS  MEKTOI 

Confeitlers  Jean  Tudert  y  noftre  GonfeiUer  &  Maiftre  des  Rcquefter  «h 
*4oî»  noftre  Hoftel  >  Guillaume  de  Vie  &  Robert  Tibouft»  nos  Confeillers 
en  noftre  Cour  de  Parlement  y  6c  Jacques  Aude  »  noftre  Notaire  &  Se» 
tretaire»  &  Greffier  en  noftre  Grand  Confeil»  Salut  &  dileâion  :  Noftre 
Procureur  General  nous  a  fait  expofer  que  au  Traité  &  appointemenc 
fait  â  Arraseatreneos  Ambaflfàdeurs  Se  Commis  de  par  nous ,  &  noftre  trè»- 
cher  &  très-amé  Frère  &  Coufin  le  Duc  de  Bourgogne ,  nous  délaiflâmes 
ànoftredit  Frère  &  Coufin  plufieurs  Pays,  Terres  &  Seigneuries  pour 
en  jouïr  par  luy ,  au  racquit  &  rachapt  de  quatre  cens  mille  efcu»  d*or  » 
fous  les  conditions»  &  par  la  forme  &  manière  plus  au  long  defignées 
&' déclarées  es  Lettres  fur  ce  faites^  ôc  combien  que  noftredit  Frère  & 
Coufin  y  8c  les  Gens  de  fon  Confeil  y.  en  faifant  lecut  Traité  y  eudènt  dit 
te  accordé  aux  gens  par  nous  envoyez,  audit  lieu  d'Arras  pour  le  faic 
d'icelluy  Traité ,  que  toutesfois.  que  ferions,  paix  ou  aurions  longue  trê- 
ve avec  les  Anglois  »  noftredit  Frerc&  Coufin  nous  rendroit  ôc  délivre** 
roit  reaument  &  de  fait  lefdits  Pays  »  Terres  &  Seigneuries ,  fans  pour 
ce  prendre  de  nous ,  ne  demander  ladite  fbmme  de  quatre  cens  mille 
cfcus  >  ne  aucune chofe quelconque;  néanmoins  noftredit  Procureur,  à 
l'oGcafion  de  ce  q^e  lefdices  Lettres  ne  font  de  ce  aucune  mention ,.  doute 

3 ue  noftredit  Frère  &  Coufin  y  s'il  advenoit  que  fiifions  paix  avec  tef- 
its  Anglois  on  priffions  longue  trêve ,  voulfift  faire  difficulté  de  nous 
cendre  lefdits  Pays ,  Terres  &  Seigneurie»  pas  nous  à  luy  tranfportez, 
Vil  n^avoit  payement  defdits  quatre  cens  mme  efcus ,  qui ,  fe  ainfi  eftoir» 
feroit  en  noftre  grand  préjudice  ic  dommage ,  fe  par  nous  n'eftoit  fur 
€e  donné  provifion ,  ainfi  que  dit  noftredit  Procureur ,  requerrant  que 
fur  ce  luy  veuillons  pourveoir  de  remède  convenable  j  pourquoy  nous» 
ces  chofes  confideréesu ,  voulans  pourveoir  à  carder  ic  entretenir  le  Do^ 
maine  de  noftre  Couronne ,  comme  teiAis  y  iommes ,  vous  mandons  & 
commettons  par  ces  prefentes ,  &  aux  deux  de  voW,  que  diligemment 
&  bien  vous  enquêtiez  la  vérité  fur  les  chofes  deffiîfdites ,  &t  ovicz  8c 
examiniez  tous  les  tefmoins  qui  Air  ce  vous  feront  produits <le  la  part 
d'icelluy  noftre  Procureur  *,  &:  tout  ce  que  par  les  depofitioM  detdâs 
tefmoin»  trouverez  mettez  &  rédigez  par  efcnt  en  forme  authenrique  » 
pour  nous  valoir  &  fervir  en  tempsr  &  en-  lieu  ce  que  de  raifon  (era^ 
de  ce  faire  vous  douons  pouvoir  &  autorité  v  mandons  8c  commandonc 
a  tous  nos  Jufticiers ,  Officiers  8c  Sujets ,  que  à  vous ,  en  ce  faifant  > 
ebéyflent  &  entendent  diligemment.  Donné  à»  Tours  le  neuv^iéme  jour 
de  Janvier,  Tan  de  grâce  1448.  &  de  noftre  Règne  le  vingt-fepticme^ 
Ainfi  Si^  ,  Par  It  Roy ,  vous  &  autres  prefens«  Eftienne  Chevalier*. 

Premièrement.  Vénérable  8c  difcrette  petfonnc,  Maiftre  Andry  dtt 
Beuf,  Preftre,  Chanoine  &  Prevoft  de  Courçay  en  TEglife  Monfeigneup 
Saint  MartiiT  de  Tours,  &  Notaire  &  Secrétaire  ài  Roy ,  âgé  de  qua- 
fante-fixansouenviron^aprèsfermentparluy  faitdedire  vérité ,  lamain 
mife  au  pis ,  examiné  par  nous  Commiflaires  deftùs  nommez  en  certe 
Ville  de  Tours ,  ledixiéme  jour  du  mois  de  janvier ,  Tan  1448*  adit  & 
depofé ,  que  au  temps  8c  jours  du  Traité  fait  à  Arras  entre  le  Roy  & 
Monfeigneur  de  Bourgogne ,  ileftoit  audit  lieu  d'Anras  en  la  Compagnie 
4c  fetvice  defeu  Meffire  ChriftoQhle.de  Haroaurt  >  Ton  des  Ambaftadeurs 

envoxcac 


DE  PHIL.  DE  COMINËS.  40^ 


comme  ils  parloienc  defdkes  matières,  que  on  bailloic  à  mondit  Seigneuf 
de  Bourgogne  les  ComteaHTerres&  Seigneuries  d'Amienoi^,deManftreuil 
&  Saine  Quentin  en  Vermandoi»  >  avec  les-  revenus  d'iceux  y  Se  fut  ce 
oâroyé ,  pource  que  de  la  part  de  mondit  Seigneur  de  Bourgogne  fut  dit 
que  il  failoit  paix  avec  le  Roy  ^  <)ue  en  faifant  ladite  paix  fes  Pays  de 
Hollande-,  Flandres  ScAatois  (eroieq^  en  frontière  &  forte  guerre  contre 
les  Anglois,pour  laqueUe  guerre  luy  aider  3  fou  ftenic  on  luy  bailloit  lefdites 
Seigneuries  &  revenus^  d'icelle»  >  jufqaes  à  ce  que  le  Roy  luy  euft  fait 
bamer  ,  &  pour  ee  payer  k  fomme  de  quatre  cens  mille  efcu^ ,  à  une 
fois  enfanblemcnt  ,  oa  it  deux  payemens  ^  c'eft  à  fçavoir  à  chacun 
payement  deux  cens  mille  cfcns  >;&  avec  ce  demandoiènt  lefdits  gens  de 
mondit  Seigneur  de  Bourgogne  pour  iceluy  Monfeigtleur  de  Bourgogne , 
les  Ville  &  BaiUage  de  Tournay  &  Tourneiis ,  au^ueUes  chofes  fedic 
Meffire  Chriftophe  ne  fe  vouluft  onccjues  açaorder ,  &  jura  que  à  les 
bailler  ,  jour  de  fa  vie  ne  fe  accordorpic ,  &  fut  en  voulenté  de  s  en  par- 
tir,  &  aller  audit  lieu  de  Tournay  s'il  euft  pu,  &  de  fait  y  fut  allé  fe  fon 
iauf-conduit  n'euft  efté  faiily ,  &  i  ladite  €aufe  fut  ailbuppé  de  bailler 
lefdites  Ville  &  Bailkge  de  Todrnay  &  TourneHs^  &  outre  fut  dit  à  luyy 
^oi  parle,  par  feu  mondit  Seigneur  le  Chancellier ,  que  en  ayant  paix 
avec  lefdits  Anglois ,  que  mondit  Seigneur  de  Bourgogne  rendroit  au 
Roy  franchement  &  quittement  lefdites  Terres  &  Seigneuries  d'Amie- 
jioys,Monftereuil  ôc  Saint  Quentin  \  &c  fçait ,  luy  qui  parle  véritablement» 
que.au  jour  que  ledit  traité  fut  fait ,  ou  environ  iceluy  jour ,  il  vit  tcnif 
à  feu  mondit  Seigneur  le  Chaneeltier  tme  Lettre  patente  en  parchemin 
fcelléedir  fcel  demondic  Seigneur  de  Bourgojgne ,  en  cire  vermeille  yS^ 
difoit  icelluyMonfieur  le  Chancelier  audit  feu  Meffire  Chriftophe  que 
c'eftoit  les  Lettres  de  promeile  de  mondit  Seigneur  de  Bourgogne  do 
tendre  lefdites  Terres  6c  Seigneuries  franchement  &  fans  rien  payer  , 
parmy  ayant  paût  aufdits  Anglois  v  Se  eft  memoratif  ïxiy  qui  parle ,  que 
aufli  que  lors  feu  mondit  Seigneur  le  Chancelier  tenoit  les  Lettres  des^ 
chofes  que  le  Roy  donnort  aux  Chancelier  de  BourgjOgne  &  Seigneur  de 
Groy  ;  &  ces  chofes  a  depuis  tousjours  ouï  dire  &  maintenir  aufdits 
feus  Monfei^neur  le  Chancelier  Se  Meflire  Chriftophe  'y  &  croit  luy  qui 
^rlc,  que  amH  fut  dit  &  promis,  &  a  bien  ouï  parler  &  dire  que  ladite 
promefle  eftoit  faite ,  parmy  ayant  paix  ou  longue  trêve  aufdits  Anglois  ; 
mais  de  longue  trêve  nefçauroit  pas  bien  par^  au  vray  y  Se  c'eft  tout 
ce  que  il  dépofe  en  fçait.^ 

Très^aut  &  puiflfànt  Prince  Monfeigneur  Artur  de  Bretagne  ,  Comte 
de  Rkhemont,  Seigneur  de  Partenay,Conneftable  de  France,  âgé  de 
cinquante-fix  ans  ou  environ ,  examiné  par  nous  Commiflàires  deflus 
nommes  en  là  ViUe  de  Tours  le  vingtième  jour  dudit  mois  de  Janviec 
l'aa  1448.  fuf  It  contenu  efdites  Lettres  de  commiffion ,  die  &  depofe 
par  foa  ferment,  qu'en  l'an  14) 4.  au  mois  de  Février  ou  environ  Meilèir' 
gneurs  de  Bourt>on ,  luy  qui  parle  ,  feu  Monfeigneur  TArchevefque  de 
jRcims,  lorsChancelier  de  France»  Chriftophe  de  Harecourt  &  le  Ma- 

£  e  e  3  refchak 


1465' 


4o6         PHEUVES  DES  MEMOIRES 


I4?ir  ^^^^^  ^^  ^^  Fayette,  curent  certaines  paroles  en  la  Ville  de  Ncveis 
avec  les  gens  de  ^onfeigneur  de  Bourgogne ,  pour  trouver  manière  que 
mondit  Seignejur  de  Bourjgogne  euft  traite  au  Roy  ;  &  après  plufieurs  ou-» 
vertures  faites  d'une  partie  &  d'autre ,  fut  pourparlé  au  cas  qu^il  plairoit 
au  Roy ,  que  les  Terres  &c  Seigneuries  que  à  prefent  tient  Monseigneur 
de  Bourgogne  >  par  le  Traité  d'Arras ,  eftantes  deçà  la  Rivière  de  Somme 
luy  demeurailènt  feulement  en  ^age  de  quatre  cens  mille  efcus,  combien 
que  paravant  les  gens  de  mondit  Seigneur  de  Bourgogne  demandoient 
avoir  Icfdites  Terres  pour  mondit  Seigneur  de  Bourgogne ,  &:  luy  de- 
meurer perpétuellement  à  luy  &  aux  ficns  ;  lefquelles  qhofes  furent  rap- 
portées c^it  au  Roy  que  à  mondit  Seigneur  dç  Bourgogne ,  dont  ils  furent 
allez  d*accord  d  une  part  &  d'autre  )  Se  pour  faire  &  traiter  entre  eux 
APpointement  &  accord  final ,  entreprendre  cenaine  journée  »  laquelle  a 
depuis  efté  tenue  à  Arras ,  i  laquelle  mefdits  Seigneurs  deilus  nonunez  « 
^  autres  ,  y  furent  par  le  commandement  &  ordonnance  du  Rov  y  Se 
aufli  y  furent  les  gens  de  mondit  Seigneur  de  Bourgogne  ^  &  après  que 
de  la  panie  de  mondit  Seigneur  de  Bourgogne ,  mefdits  Seigneurs  Se 
autres  Ambalfadeurs  pour  le  Roy  ,  eurent  efté  requis  faire  paix  Se  traité 
avec  les  Anglois ,  &  pource  qu'il  fembla  à  mefdits  Seigneurs  &  autres 
Ambadàdeurs  deàiifdits,  que  le  profit  du  Roy  feroit  mieux  défaire  traité 
avec  mondit  Seigneur  de  Bourgogne ,  fans  y  comprendre  les  Anglois , 
que  de  traiter  avec  les  Anglois  Se  mondit  Seigneur  de  Bourgogne  3  ne 

t>arlerent  finon  de  mondit  Seigneur  de  Bourgogne ,  fans  y  comprendre 
es  Anglois  ,  &  que  il  leur  lembloit  que  quant  mondit  Seigneur  de 
Bourgogne  auroit  traité  ayec  le  Roy,  lefdits  Anglois  plus  aifément  Se  à 
mendre  charge  pour  le  Roy ,  viendroient  à  aucun  traité,  &  mieux  que 

3uand  on  traiteroit  des  deux  enfemble.   Et  fe  recorde  que  audit  ueu 
'Arras ,  par  aucuns  de  mefdits  Seieneurs  Se  Ambaflfàdeurs  du  Roy ,  fut 
dit  aux  gens  de  mondit  Seigneur  de  Bourgogne ,  en  debatant  defdites 
matières ,  telles  paroles  ou  Semblables  ;  c'eft  à  fçavoir ,  puifque  le  Roy  ^ 
par  ledit  traité  fait  â  Arras ,  laiflbit  â  mondit  Seigneur  de  Bourgogne  fi 
grande  partie  de  fes  Terres  &  Seigneuries ,  quelles  chofes  il  pourroit 
*  Imy  li-  ^^^^^^  aufdits  Anglois  pnour  avoir  traité  avec  eux ,  Se  mefmement  que  le 
Cpx ,  UMT.    Roy  n'avoir  point  intention  de  luy  *  lai(Ièr  la  Duché  de  Normandie  ^  & 
lors  les  gens  de  mondit  Seigneur  de  Bourgogne  refpondirent  que  quant 
le  Roy  voudroit  traiter  aux  Anglois ,  il  ne  devoir  point  laiflèr  pour  les 
Terres  qu'il  avoir  baillées  en  ^age  à  mondit  Seigneur  de  Bourgogne ,  Se 
Gue  (i  le  Roy  faifoit  paix  aufdits  Anglois,  mondit  Seigneur  de  Bourgogne 
feroit  tant  que  le  Ro)r  feroit  content  de  luy ,  Se  qu'il  voudroit  qu'il  cnift 
jà  fait  paix  aux  Anglois  ,  &  il  y  euft  reftitué  femites  Terres  fans  ri^ra 
payer.  Interrogé  fe  mondijt  Seigneur  de  Bourgogne  ,  ou  fes  gens  firent 
lors  ou  depuis  aucunes  prome(fes  à  mefdits  Seigneurs  Se  autres  Ambafla^ 
deurs  du  Roy  de  rendre  Se  reftituer  lefdites  Terres  engagées  ,  toutes  Se 
quantes  fois  que  le  Roy  fetoit  paix  ou  longue  trêve  aux  Andois ,  fans 
payer  ladite  fomme  de  quatre  cens  mille  efcus ,  pour  laquelle  lefdites 
Terres  font  engagées  j  &  fî  de  ce  en  furent  faîtes  ou  accordées  aucunes 
I-ettres ,  dit  qu'iln'en  fçait  aucunes  chofes ,  fors  ce  que  deflùs  a  depofé, 
fiohlç  Sç  puiflànt  Seigneur  Mf 0îre  Gilbert ,  Seigneur  de  la  Fayette  ^ 

ChçvaUçF 


DE  PHIL.  DE  COMÏNES.  407 

Ghevalîer ,  Marefchal  de  France  ,  âgé  de  . . , .  .ans  ou  environ ,  jure,  &  ^  .  " 

examiné  par  nous  Commiflaires  deflus  nonunez ,  le  vingt-deukiémd  jour  ^  ^  ^ 
dudic  mois  de  Janvier ,  l'an  defTurdice  >  fur  le  contenu  en  ladite  com^ 
miflîon ,  die  &  depofe  ce  qui  s'enfuit  r  Ceft  à  ff  avoir ,  que  au  Traité  fait 
à  Arras  entre  le  fiLoy  &  Monfeigneur  de  Bourgogne ,  û  eftoir  nommé 
Ambailadeur  de  par  le  Roy  avec  Meileigneurs  le  C^c  de  Bourbon  >  l'Ar-^ 
chevefque  &  Duc  de  Rheims  ,  Chancelier  de  France ,  le  Conneftable , 
le  Comte  de  Vendofme ,  Chriftophe  de  Harcourt ,  6c  Meffire  Adam  de 
Cambray  >  Chevalier  y  premier  Prefident  en  Parlement  y  Se  fe  recorde 
que  encre  autres  chofes  requifes  par  les  Ambaflàdeurs  de  mondit  Sei* 

Êneur  de  Bourgogne ,  ils  recjaerroient  très-inftamment  avoir  Ics^  Terres,, 
ïfquelles  ont  depuis  par  ledit  Traité  efté  baillées  en  gage  pour  la  fomme 
de  quatre  cens  mille  efcus  j  lefquelles  chofes  ôc  autres  pluueurs,.  requifes 
de  la  partie  de  mondit  Seigneur  de  Bourgogne ,  furent  fort  debatucs  du 
eofté  du  Roy  -,  &  fe  recorde  que  à  aucunes  journées  dont  n  eft  recors ,  ils 
fe  adèmblerent  de  nuit  avec  lefdits  gens  de  mondit  Seigneur  de  Bourgo- 
gne ,  &  luy  femble  que  c*eflx>ic  en  THoftel  où  eftoit  lo^e  mondit  Seigneur 
le  Conneftable ,  pource  qu'ils  doutoient  parler  defdites  matières ,  que 
MeflSre  Jean  àt  Luxembourg ,  ôc  autres  de  fa  ligue  6c  alliance  le  fceudenc 
&  empefchaflènt  ledit  Traité ,  auquel  Hoftel  de  mondit  Seigneur  le 
Conneftable  6c  ailleurs ,  fut  débatu  par  lefdits  Ambafladeurs  du  Roy  ; 
que  lefdites  Terres  eng^ées  ne  furent  baillées  àmondic  Seigneur  de 
Bourgogne  s  &  fe  recorde  que  finalement  lefdits  gens  de  mondit  Sei- 

Sneur  de  Bourgogne ,  confentirent  &  accordèrent ,  que  en  baillant  lef- 
ites  Terres  en  gage  i  mondit  Seigneur  de  Bourgogne  de  quatre  cens 
mille  efcus  9  au  cas  que  le  Roy  feroir paix  finale  aux  Anglois»  il  recou- 
Ttaft  lefdites  Terres  engagées  pour  lefdits  quatre  cens  mille  efcus  fans 
payer  aucune  chofe  ;  &  cuidoic  certainement  que  lefdites  promeflès 
fur  ce  faites  par  lefdits  gens  de  mondit  Seigneur  de  Bourgogne  fuflènt^ 
efcrites  audit  Traité  y  6c  n'eft  pas  fouvenant  qulls  accordauènt  reftituer 
lefdites  Terres  sHl  avenoit  que  le' Roy  prift  longue  treve^  aux  Anglois^- 

TUDBRT,  D£  VlCjRvTWBOTTST,  J»  AuDB^ 

I 

X  X  x^ 

I 

àp3*  Plaintes  du  Roy  Louys  XI ^contre  Chartes  ,  Comte  de  fJevers.- 

Î'Eudy  troiziéme  jour  de  Novembre,  Tan  14^  ,  l^Evefiiue  de  Char-  Tiré  dir 
très  arriva  à  Donzy ,  aufquel  lieu  eftoit  Monieigneur  le  Comte  de  2^3  g . .  1 
evers  &  Madame  laComteflè  fa  femmr avec  loir  eftat ,  &  le  lende*  aèlaBiblio^- 
main  environ  deux  heures  après  midy  du  vouloir  de  mondit  fieur  le  theque  du- 
Comte ,  ledit  Evefquc  vint  pardevers  lui  eftant  en  fon  Chaftel,  lui  pré-  koy ,  par-- 
fenta  les  Lettres  clofes  à  luv  adrefiàntes^de  par  le  Rby ,  &  luy  fit  les  (alu-  mi  ceux  de 
rations  &  révérences  en  tel  cas  accoutumées.  Bethune  ». 

Mondit  fieur  le  Comte  reçut  les  Lettres  du  Roy  en  tout  Honneur  &  ^^^^^  '^•' 
révérence  ,  &  après  ce  qui  les  eut  lues  ,  dift  audit  Evefaue  qu'elles  con- 
tenoient  créance  fur  fa  perfonne ,  6c  qu'il  eftoit  preft  de  la'  ouvrir  feuK 
daeneompaigûie.  A  qiioy  ledit  Evefque  refpondit  qjiela  matière  eftoir 

grande:»^ 


^^_^  408  PREUVES  DES'MEMOIRIS 

T~77^  grande ,  /Se  toucboit  fort  la  perfonnc  de  mondic  ficur  le  Comte ,  6c  que 
trop  mieux  eftoic  qu'il  ouift  ladite  créance  feul ,  Se  que  après  la  pour-* 
roit  communiquer  en  tout  ou  en  partie  â  ceux  de  Ton  Confeil  »  &  retenir 
&  taire  paidevers  luy  ce  que  bon  luy  en  fembleroit  5  donc  mondir  (ieur  le 
Comte  tut  content ,  Se  lors  fit  retraire  ceux  de  Ton  Con{eil  eftans  p^sde 
luy  ,  entre  lefquels  eftoient  Monfieur  le  O^det  de  Lebret  »  frère  de  ma* 
dite  Dame ,  Mellîre  Jehan  de  la  Rivière ,  Œevalier  Seigneur  de  Cham* 
pleins ,  Ton  fils ,  MefEre  Jehan  Darmes ,  Do6fceur  en  Loix  Se  en  Décret 
avec  autres  Tes  Confeillers  Chambellans  Se  Secrétaires  y  Se  ce  fait, ledit 
Evefque  après  plufieurs  bonnes  paroles  Se  exhonations  à  l'honneur  du 
Roy  Se  de  Meflleieneurs  de  Ton  Sane ,  lefquels  plus  que  mils  autres  fonc 
tenus  &  obligez  luy  obéïr  comme  a  leur  Souverain  &  naturel  Seigpeurc 
Luy  dift  Se  expofa  comment  le  Roy  a  eu  tousjours  en  bonne  &  finguliere 
recommandation  &  amour  mondit  fieur  le  Comte  de  Nevecs ,  comme 
(on  prochain  parent  ytCix  de  la  Maifon  de  France»  tant  de  par  père  que 
de  par  mère. 

Item.  Que  le  Roy  entre  fes  autres  parensluy  a  bien  remonftrc  par  effet 
1  amojLir  Se  affeâion  qu'il  a  eu  â  luy  ,  mefmement  depuis  fon  advenemenc 
à  la  Couronne  ,  depuis  lequel  temps ,  il  l'a  bien  &  doucement  traité  en 
toutes  fes  affaires>ainfy  qu'il  l'a  bien  pu  veoir  Se  recognoiftre,&  lui  a  baiU 
lé  bonne  Se  grande  pennon  ,  Se  autres  bienfaits  qui  montent  chacun  anâ 
treize  mille  Francs  Se  mieux  ,  ce  qu'il  n'a  pas  fait  à  plusieurs  autres.  Se 
eftoit  le  Roy  délibéré  de  continuer  de  bien  en  mieux 9  quanta  mondit 
iîeur  de  Nevers  n'euft  tenu.     '  ^ 

Jtcm.  Luy  a  dit  que  le  Roy  a  efté  adverty  que  mondit  fieur  de  Ne- 
vers  ,  non  ayant  regafd  aux  chofes  deifufdites  ,  &  fçachant  que  Monfieur 
le  Comte  de  Charroloys  fait  chacun  jour  chofes  à  defplaifance  du  Roy  Se 
de  Monfieur  le  Duc  de  Bourgogne  ion  père,  a  fait  aiiance  avec  mondit 
fieur  le  Comte  de  Charroloys ,  par  le  moyen  de  Madame  la  Comrefiè  fa 
femme ,  &  d'autres  eftant  au  tour  d'elle  ou  autrement ,  &  avec  ce,  luy  a 
tranfporté  fon  Comté  &  Seigneurie  de  Rethel ,  dont  le  Roy  eft  moult 
cfmcrveillé  &  très-mal  content ,  Se  n'a  pas  intention  de  le  fouffrir. 

Item.  Luy  a  dit  ledit  Evefque,  que  le  Roy  dcfirant  en  favoir  la  vérité 
par  mondit  ficur  de  Nevers ,  lui  a  fait  fçavoir  par  fes  gens  mefmes,  qu'il 
avoir  envoyez  devers  le  Roy,  qu'il  vinft  devers  luy ,  pour  foy  en  cxcu- 
fer  en  perlonne ,  &  d'arrefter  par  le  Bailly  de  Chartres  fon  Chambellan, 
&  de  fon  Confeil  (ju'il  a  pour  cette  caufe  exprès  envoyez  devers  mondit 
Seigneur  le  Comte,  dont  mondit  ficur  de  Nevers  s'eft  excufé.  Se  l'acenvi 
en  paroles  Se  délai  l'efpace  de  dix  femaines  fous  couleur  de  ce  que 
tousjours  difoit  qu'il  fe  apprefteroit  &  entre  autres'  chofes  a  prins  ex« 
cufationde  non  y  aller,  pour  ccque Monfieur  le  Comte  d'Eftampes  fon 
frère  eftoir  à  prefent  devers  le  Roy ,  &  y  avoir  autorité  comme  difoit 
mondit  fieur  le  Comte,  qui  n'eft  pas  excufation  raifonna\>le,  car  veû  que 
le  Roy  l'avoir  mandé  venir  ,  il  n'y  a  fi  grand  à  qui  le  Roy  voulfiA  iouffrir 
faire  chofe  mal  faite. 

lum.  Et  non  content  de  ce,  mondit  fieur  de  Nevers  t  puis  n'aguercs 
menacé  le  frère  de  Maiftre  Baude  de  Haloy ,  Noraire  &  Secrétaire  du 
&oy«  Se  Receveur  pour  luy  fn  Niyernois>  de  |uy  faire  coupçr  bras  Se 

jambçç 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  409 

fâmbes  »  cellcmeiK  qu'il  s'en  vint  plaindre  devers  ledit  fieur  ^  «ftant  d*cr-  ^^ 
nierement  à  Poilïy,&  pour  ce  que  le  Roy  ne  pouvoit  croire  que  ainfi  fuft, 
ordonna  que  ledit  Maiftce  Baude  y  allaft  en  perfonne ,  pour  faire  fondis 
office»  leqiftel  arrivé  audit  pays,  inondit  iieur  le  Comte  la  fait  prendre  au 
corps,  &  l'a  fait<ranfporter  en  un  Chaftel ,  où  il  le  détient  prifonnierde 
ion  autorité  privée ,  &  fans  le  congé  du  Roy.  ^ 

lum.  Ledit  Evefque  lui  a  dit  &  remontré  de  par  le  Roy  y  que  les  cho- 
fes  deffufdits  font  de  très-mauvais  exemple ,  &  ne  font  pas  à  foutfrir ,  & 
pour  cesctufes  le  Roy  a  ordonné  dès  à  prefent  que  la  penfîon  de  mon- 
ditfieurle  Comte,  la  compenfacion  deRethelois ,  l'émolument  des  gre< 
oiers  de  fes  terres  &  autres  deniers  qu'il  prend  du  Roy  foient  aâbupez  8c 
«mpefchez,  &  que  aucune  chofe  neluy  en  foit  payée,  tant  du  tems 

})aflé ,  comme  de  celuy  advenir,  jufqu'àce  que  par  le  Roy  autrement  ea 
bit  ordonné. 

lum.  Luy  a  dit  que  le  Roy  l'envoyé  pardevers  luy ,  pour  luy  fignifier 
ces  chofes  ,'&  la  deplaifance  que  le  Roy  a  prifeès  manières  de  faire 
que  tient  mondic  Seigneur  de  Nevers ,  &  pour  ce ,  ledit  Evefque  par 
plufieurs  Oc  grandes  remontrances  l'a  exhorté,  qu'il  $'en  vienne  excufer 
en  perfonne  acvers  le  Jloy  fon  fouverain  Seigneur,  car  par  Lettres  nimef- 
fages  quels  qu'ils  foient ,  le  Roy  n'aura  point  fadice  excufation  agréable 
«'u  n'y  vient  en  perfonne  t  Se  avec  ce  luy  a  dit  de  par  le  Roy  qu'il  mette 
^u  délivre  ledit  Haloy ,  ainii  que  par  Lettres  claules ,  le  Roy  a  dernière- 
ment efcrit  Cuis  plus  de  delay. 

Item^  A  remontré  ledit  Evefque  de  Chartres  à  mondit  fieur  de  Ne- 
vers,  4e  grand  contempt ,  mefpris  &  defobeiflance  qu'il  a  fait  ic  commisr 
envers  le  Roy ,  de  ce  qu'il  n'a  voulu  venir  devers  lu)r  j  comoien  que  par 
ceux  de  famaitbn  Ôc  par  ledit  Bailly  de  Chartres ,  quia  par  longtems  efté 
devers  luy,  il  le  luy  ait  fait  (Ravoir ,  &  que  parce,  le  Roy  prefume  qu'il. 
a  fait  pis  que  on  ne  lui  a  rapporré ,  &  auuî  eft-il  vray  fcmblabje  comme 
ilfemolea  plusieurs ,  attendu  qu'il  craint  à  foy  en  excufer  en  oerfonne.' 

•  Icem.  Luy  a  remonftré  de  par  le  Roy  comme  paravant  qu'il  fcuft  con- 
foinâ  par  mariage  avec  Madame  fa  femme ,  il  avoir  tousjours  obey  aux 
Commendemens  du  feu  Roy  que  Dieu  abfoiyc ,  ainfi  que  faire  le  dèvoit» 
&  qu'il  doit  faire  au  Roy  notre  fouverain  Seigneur ,  qui  de  prefent  eft , 
mais  depuis  fondit  mariage  il  a  efté  tout  diverti ,  Se  s'eft  efforcé  de  faire 
chofes  qi^'il  a  (^u-eftre  contraires  à  la  volonté  du  Roy  &  de  mondit  fieur  de 
Bour|ogf)e ,  &.  a  prife  intelligence  avec  mofidit  fieur  dç  Charrolois ,  le- 
<|uel  lia  fçy  &  cogneu  non  vouloir  obeïr  à  fon  père ,  &  tout  par  j'induc** 
^lonSc  enliortement  de  maditeDame  fa  femme,&:  de  ceux  qui  font  autour 
4'elle ,  con^medeMonfieur  le  cadet  de  Lebret ,  frère  de  madite  Dame , 
•de  Mefiire  Jean  delà  Rivière  &  autres ,  qui  n'eft  pas  grand  honneur  i 
mondit  fieur  de  Nevers  de  fouifrir  &  permettre  que  madite  Dame  fa 
iemme  ait  autorité  &  gouvernement  par-deflfus  luy. 

*  Item.  Luy  a  dit  ledit  Evefque  qu'il  a  charge  du  Roy  expreflè  de  parler 
bien  amplemenr  Â  madite  Dame  deMevers,fur  les  chofes  deflfltfdites, 
qui  luy  touchent ,  &  de  luy  dire  &  remontrer  que  le  Roy  eft  très-mat 
montent  d'elle ,  car  il  femble  bien  au  Roy  quec'eft  par  elle  que  mondit' 
£ettr  de  Nevers  n'eft  venu  devers  luy ,  Se  que  cefont  manières  forr  eftraiy-' 

TçmcIL  Fff  gcs 


4»<i         PRÈUYES  DES  MEMOIRES 

^^TT^  gcs  d'ettiMfdier  qyc-lcs  Mandemeos  <ki  Roy  ne  font  accomplis  »  tCqjat 

^4   3*     par  Ton  iodudtioo  k(Uc  cmpeichemenc  s*eft  en  fuy. 

/ic/v».  LiHra  4lk  ledit  EveA^ue»  q^e  moodkfieur  le  Comte  de  Nevers  ner 
dok  craindre  >  ne  prendre  eiMUtioa  pour  la  prefence  de  Monfienr 
d'Eftampes  ion  frère  >  qu'il  die  eftre  deversie  Roy ,  car  de  prefenc  il 
n'y  eft  point  »  &  deflre  le  Rojque  mondir  fieur  le  Comte  de  Neycr^ 
vienne  devers  luy  aa  Neaf-caftel  de  Nycoun  qui  eft  en  Normandie  »  i 
dix  lieues  de  Rouen,  &  eft  le  pays  &  le  lie«  au  Roy  ncuëment  »  Se  nY 
viendra jp<Hnt  Blondit  fiefir  d'Eftampes»  &  lui  a  dit  de  par  le  Roy  >  qur 
tnondic  tour  deNevers  ne  fe  doit  aucunement  doubter  à  venir  devers  luy^ 
Se  que  aixtrement  le  Roy  ne  fera  pas  content  >  &  lui  a  dit  plufieurs  autres» 
remontrances  >  pour  tous  jours  l'incliner  Se  induire  à  obeicau  Rov»  &  ver- 
nir devers  luy  en  peffoone^toutes  escufations  cei&ntes ,  &  que  de  toutes 
CCS  chofes  luy  dire  >  il  a  Lettres  clofes  fcellées  du  Sel  du  fecret  >  avec 
inftruâion  fignéc  dé  k  main  du  Roy  Se  de  fbn  Secrétaire  »  Maiftre  Jeham 
de  la  Loere  »  Se  avec  ce  à  charge  expreflcdu  Roy  de  venir  en  U  compa* 

?nie  de  mondit  lîeur  de  Nevers ,  &  far-tout  lu^  a  requis  refponce  pour 
çavoir  qui  eft  à  faire,en  luy  fupliant  qu^'il  veuille  avoir  fa  {>«foane  pour 


excufer  »  car  ledit  Evcfque  eft  Chapelain  indigne  8e  Confeiller  dû  Roy  9. 
tenu  Se  obligé  i  luy  par  foi  Se  ferment  comme  à  fon  fouvenôn  Se  iiaturel 
Seigneur  ^  auquel  il  a  intention  de  rapporter  veritaUcment  tout  ce  qu'il 
aura  trouva  de  la  çart  de  mondit  ficur  de  Nevers  »  Se  <}ue  £ir  toutes^ 
chofes  y  mondit  Seigneur  de  Nevers  doit  craindre  encourir  l'indigpatîoiy 
du  Roy  y  duquel  fc  de  la  Couronne  de  France»  tout  honneur  »  noblefte^ 
Se  biens  mondains  qu'il  a  Se  peut  honneftemear  avoir,en  viennent  Se  doi» 
pendent  comme  il  eft  t3out  notoire ,  en  lui  remerant  que  plus  il  ne  mettes 
cette  matière  en  dday ,  9iais  vienne  devers  le  Roy  notre  fbuverainSei^ 
gneur ,  commeraifon eft. 

Item.  Que  ces  chofes  dites  Se  expofées  Bien  au  kmg  par  ledit  Eve(que 
de  ChanreS)Comme  dit  eft ,  mondit  Seigneur  le  Comte  deNevers  fut  très^ 
fort  eimerveiflé ,  di(ant  que  tousjours  iï  avoir  aimé  le  Roy  comme  fon* 
Souverain  Senneuf  y  ne  oneques  n'avoit  eu  vouloir  de  faire  on  penlet 
chofe  qui  fuft  à  fa  deplaifance  »  Se  fur  chacun  point ,  refpondir  moulr 
honnorablement ,  Se  pour  ce  que  ledit  fieur  eftoit  délibéré  paravant  1» 
venue  dudit  Ewi^ie  >  &  de  prefenr  plus  que  oneques  »  mais  ce  venir  de^ 
vers  le  Roy  pour  en  refondre»  &  foyjuftioer  enperfi>nne,  farefponcen'a; 
efté  de  pt^ftnt.  cy  eArrite  >  pour  ce  que  ky^mefme  a  condud  hdkc  aot 
Roy  en  perfonnc*  ^ 

lum.  Poufi  ce  que  plufieurs  des  chofes  defliifdires  touchant  madire^ 
Dame  la  Comteflè ,  le  cadet  de  Lebret  fon  frère ,  Meffire  de  la  Riviett  Se 
autres  de  la  MaiA>n  de  mondit  (leur  de  Nevers.  Ledit  Evetquedu  vou** 
loir  de  mondit  fieur  fe  prefenta  â  la  perfone  de  madire  Dame  »  Se  lui  ex* 
pofa  les  points  &  artiocs  de  fa  créance  qui  luy  touchoîent ,  Se  dont  il 
atroit  eu  charge  du  Roy  9  Se  pareillement  audit  Cadet  de  Lebret»  Meflire 
Tehan  de  la  Rivière  Si  autres ,  à  quoy  madire  Dame  refpondir  à  gran<£ 
honneur  Se  tevetence  en.  foj  excufant  nonnotablement ,  &  auffi  ledit  Ca- 
det  >  Meflirelehtn  de  la  Rivière  &  autres  reQ>ondirent)^&  eux  excuferent 
chacun  en  fi>A  regard  en  grande  reyjscencefc  crainte  éa  Roy  >  lefquelles 

re(ponfes 


#• 


DE  PHIL-  DE  COMINES:  4it 

refponfes  &  eicuiatians^  feroient longues  à  cfcrire ,  8e  fmumtr  tùohdk  '  ia^j, 
ffieur  le  Comte  aconclud  &  délibéré  feire  ttCponk  au  Roy  en  perfonne ,  ^  ^ 
6c  pour  tout delay ,  partir  famcdy  douzieTme  jour  de  Novembre»  lende- 
main de  la  Fefte  Saint-Martin  d'ny^er  »  &c  a  requis  &  demandé  audit 
Svefqtie  (k  créance ,  &  tout  ce  qu'il  a  dit  en  effet  &  fubftance  par  efcrit 
pour  fur  ce  envers  le  Koy  en  refpondre  ,&  foy  juftifier  en  perfonne» 
tant  p<Air  luy ,  que  pour  madire  D^tie  &  autres ,  à  qui  on  donne  chargi^ 
de  cette  matière,  de  que  ledit  Evefque  luy  a  oâroyé  8c  iigné  de  fa  maim 
Ce  fut  fait  &  efcrit  i  Donzy ,  le  Vendxecty  quatrième  jour  de  Novembre? 
1^6).  Aixiû  (igné  y  M.  Dilliers ,  Epifcopus  CarnotenUs. 
Collatioa  de  cette  préfente  copie  faite  X  l'original»  P»  moy  Lamier. 

X  X  X  L 

1^  Auùrddt  mariage  d*  Madame  Jeannt  Je  France  avec  Louys  »  Ihu 


d^ Orléans  (  qui  depuis  a  iti  Louys  XI L  Roy  de  France).  ^  4^  4* 

HAut  &  puidànt  Prince  Monfeigneilt  Charles ,  Duc  d'Orléans ,  de      Tiré  du 
Milan  &  de  Valois  ,  Comte  de  Blois  ,  de  Pavie  &  de  Beaamont ,  MS.ytf  t.dc 
Seigneur  d*Aft  Se  de  Coucy  d*une  part ,  &  Monfeigneur  Jehan  de  Ro-  W»  Dupuy, 
chechouart ,  Sire d'Yvoy ,  Confeiller ,  Chambellan  du  Roy  noftie  Sire,  ^"^^^^^ 
&  fon  Bailly  de  Chartres ,  au  nom  &  comme  Procureur  du  Roy  noftre-  Jiç^ri  pio! 
dit  Seigneur ,  fondé  par  Lettres  procuratoires  données  à  Nogent-le-Roy  ^^^^^  q^ 
le  dixiefme  jour  duprcfent  mois  de  May ,  Tan  14^4,  d'autre  part  j  traite-  ncraL 
rent  &  accordèrent  enfemble  par  vertu  defdites  Lettres  procuratoires ,  & 
au  bon  vouloir  du  Roy  noftredit  Seigneur ,  le  mariage  cle  Madame  Jean- 
ne de  France  fa  fille ,  &  de  Monfeigneur  Louys ,  fils  de  mondit  Seigneur 
Duc  d'Orléans  &  de  Molame  Marie  de  Cleves  fa  femme ,  au  nom  de  la 
benoifte.Trinité  ,à  la  louange  de  Dieu  &  au  plaifir  de  noftre  Mère  Saînrc 
Eglife ,  en  cette  manière ,  que  ledit  Procureur  pouf  le  Roy  noftredit  Sei» 

fieur ,  a  donné  &  accordé  par  mariage  madite  Dame  Jehanne  de  France 
mondit  Seigneur  le  Duc  aOrteans  pour  mondit  Seignem:  Louys  fou 
fils  ,  6c  fembîablement  mondit  Seigneur  le  Duc  a  accordé  mondit  Sei- 
gneur fon  fils  à  madite  Dame ,  qui  au  plaifir  de  Dieu  efpouferont  l'un 
rautrcenâgecompctent,&  fera  ledit  mariage  parfait  &  folemnifé  en  face 
4le  Sainte  Eglife,  eue  fur  ce  difpenfation  luffifante  de  noftre  Saint  Père 
le  Pape ,  â  laquelle  Madame  Jeanne  de  France  icelluy  Procureur  audit 
nom  a  accordé  &  promis  faire  donner  8c  payer  par  ledit  mariage  en  de-^ 
niers  comptans  pour  une  fois  la  fomme  de  cent  mille  francs ,  avec  les 
xobes  6c  joyaux  de  noces  appartenans  en  tel  cas  \  6c  mondit  Seigneur  le 
Duc  ,  pour  mondit  Seigneur  fon  f3s,  a  pr(Mnis  &  accordé  pour  le  douaire 
de  madite  Dame ,  au  cas  que  le  douaire  aura  lieu ,  la  fomme  de  fix  mille 
livres  tournois  de  rente  en  douaire  chacun  an  à  la  vie  de  madite  Dame, 
s'il  advenoit ,  que  Dieu  ne  veuille ,  après  la  confommation  dudit  ma- 
riage, que  mondit  Seigneur  Louys allaft  dévie  à  trefpas  au  devant  de' 
madite  Dame  -,  &  pour  le  logis  de  madite  Dame  lujr  a  accordé  la  Ferté-  • 
Milon  6c  Brie-Comre-Roberr.  Ce  fait  6c  paffé  à  Blois  par  moy  Eftienne 
Gendre ,  Qcïc  ,  Tabellion  Juré  audit  lieu ,  le  dix^ncuviefmt  jout  de 

Fff  a  May, 


4^x  PREUVES  DES  MEMOIRES 

1 4  <>  4.    ^^y  y  l*ai*  <îc  grâce  mil  quatre  censfoixaat&quatrè.  Gendre. 

X  X  X  I  L 

i^  Xrcvt  entre  Lmiys  XL  &  Edouard  IV^  Roy  d'Angleterre  r 

en  1464.  U  20.  de  May. 


lîr*  Jcs 
Recueils  de 
M.  l'Abbé 
IcGiaad. 


LUDOVICUS,  Dci  gratis ,  Francorum  Rex ,  Univcrfis  praeTentes^ 
Litceras  infpedhiris  »  Salutem  :  Cùm  poft  conventionem  nuper  celé* 
bratam  in  Villa  aeHefdino  inter  gentes  &  Ambaflàtiores  noftros,  acillos 
cariflimi  &  dileâl  Confanguinei  noftri  Edwardi  »  Régis  Angliac ,  fuper 
certis  guerranim  abftinentiis ,  çer  terram  inter  nos  &  diéhim  Confangui- 
Heum,  fubditofciue  noftros  &  iuos  »  hinc  inde  captatis  \  quia  ad  noftram 
devenerat  notitiam  >  qua  occafione  guerrse  fuper  mare  tune  vigentis 
mercatores  di<5tum  mare  fréquentantes ,  quàm  plurimum  damnificatifiie- 
fant^  &  propterea  diébs  guerras ,  abftinentias  per  idem  mare  fummum  5d 
per terram  eue  cupiebant,nis  de  caufis^âc  aliis  nos  moventibus,per  alias  noT- 
cras  patentes  Litteras  datas  apud  Tomacum ,  die  nona  menfis  Februatii» 
aôviuimè  lapfi  ^Commifîdetnus  &  deputaviâèmus  diteâ»m  &  fildelem 
Confiliarium  &  CambelUnum  Dominum  de  Laano;)^ ,  Militem ,  &  fibi 
dediflèmus  plenam  poteftatem  ,  &  mandatum  fpeciale  ad  capendum» 
concludendum ,  promittendum  âc  concordandum  »  pro  nobis  &  ex  parte 
nodracumproefatoConfanguineo  noftroyaut  omnibus  commiflis  &depu* 
tâtis  fuper  hoc,  ab  eopoteftatem  habentibusdi6bu:umguerrarum,abftinen- 
tias  per  mare  in  eundem  modum  &  formam ,  &  pro  tall  tempore  qui- 
bus  capta  fuerant  in  diâa  Villa  de  Hefdino ,  per  terram  inter  nos  &: 
diâum  Confànguineum,  noftrofoue&  fuos  ful>ditos  »  &genoraliter  £a^ 
ciendum  ctrcamâas  guerrarum  abftinentias  »  per  mare  quemadmodum* 
per  nos  &  per  gentes  noftra»  ^  fa^m ,  concordatum  &  conckifum  fuie 
m  diâ:a  Villa  de  Hefdino,  cum  Ambaffiatoribus  pnefatiConfanguineicir- 
ca  diâas  guerrarum  abftinentias  per  terram,prout  hsc  &  aliain  diâis  nof- 
tris  patentibu^  Litteris  plenius  eontinentur ,  &  ira  fi  quod  praefatus* 
Conuliarius  &  Ambafliator  in  virtute  poteftatis  &  commiflionis  noftrs: 
prxdiâse»  cum  jam  diéto  ConfanguiaeonoftroRegeEdwardo>.feucunit 
carifllmo  Confanguineo  nofko  Comité  de  ^arwic  »  &  Domino  de  Veul* 
lor ,  ab  eodçm  Rege  ad  hoc  fpecialiter  commiffîs  &  deputatis  diâast 
guerrarum  abAinentia^.,  per  mare,  Sumina  &  aquas  dulces  pro  parte-  & 
nomine  noftro,  inieri  fecerit ,  concordaverit  &  ooacluferit,  prout&: 
quemadmodum  in  Litteris  didi  Ambafliatoris  noftri ,  fuper  hcc  confec- 
tis  latiu»exarantur..  Inquibus  etiam  tam  noftne,  quam  di£ki Confangutner 
iK)ftri.  Régis  Edwardi  luttera?  commiflionales,  &:  mandator^cprsfato  Am- 
baftiatori  noftro  &  Deputatis  ipHus  Régis  refpeâîvè  cance(ue ,  in<x>rpo- 
rari  dicuntur..  Quarum  quidem  Litterarum  ipdus  Ambaffiacoris  noftri» 
tenore  afpicitur  edè  tabs  Joannes  Dominus  de  Lannoy,  de  Rnmie,. 
de  Sebourg,.diébiChriftianiiIimi&  Excellentiflimi  Principis ,  &  fupre- 
TBk\  Domini  mei Francorum  Régis,  ac metuendiflinii  Domini  meiDu* 
eis  Burgundias  y  Confiliarius  &  Cambellanus ,  Baillivu^  &  Capitaneus 
Ambianei,  ex  parte  ejufdem  (upremi  Domini  mei  Regis^,  Gubernacor 
Villarum  de  Ihlulis  ^  de  Duaco  &:  de  Or^iia  >  ex  parte  ejufdem  me-^ 

tuendiilum. 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  413 

rucndiffimi  Domini  mei)  Ducis  Bur^ndix»  Se  Capitaneu^  <fe  Gorme-> 
hem,  ex  pane  Domini  mci  Comirij  de  Charolois  >  omnibus  ad  quo9  '^^^ 
prxfences  Licteix  pervenerinc ,  Talutem  :  Cum  pnefacus  Chriftianiflimus 
&  Excellentiffimus  Princeps,  &  fupremus  Dominos  meus  Ludovicus, 
Dei^atiâ ,  Francorum  Rex,  pec  litteras  Tuas  patentes  ,  &  pro  cauiîs  & 
conndoratjonibus  in  eifdem  contenus  me  ordinaverit ,  deputaverit  ôc 
fecerit  fuum  AmbalTiatorem ,  Commi^ium  &  Deputatum  y  modis  de 
formis  prout  în  diâis  Licteris  fois  patentihus  plane  continetuc  ,  quarum 
ténor  en  calis  : 

LoYs,  parla  grâce  de  Dieu 9  Rôy  de  France,  i  rfoftreamé&  feat 
Confeiller  Se  Chambellan  le  Sieur  de  Mnnoy ,  noftre  BaiUy  d'Amiens  # 
Salut  &  dileâ^ion  :  Comme  à  rAflfèmblce  dernièrement  tenue  en  la  Ville 
de  Hefdtn  par  nos  Gens  Se  Amba({adeurs ,  Se  ceux  de  noftre  très^her  Se 
amé  Cou  fin  le  Roy  Edouard  d^Angleterre ,  aie  efté  faite  certaine  abfti^ 
nence  de  guerre  entre  nous  &  noftredit  Coufin,  Se  nos  fubjets  &  les 
fiens;  &  pour  ce  que  ladite  abftinence  n'a  efté  prifeaue  parterre.  Se 
qu'il  dk  venu  autr«  connoiffitnce ,  qu'il  y  a  de  prefent  fur  la  mer  grande 
guerre  ,  dont  les  Marchands  frequentans  ladite  mer ,  ont  efté  très  fore 
endommagez,  &  par  ce  voudroient  bien  que  ladite  abftinence  de  guerre 
fbft  auilîbien  par  mer  que  par  terre ,  ain(i  qu'il  nous  a  efté  dit  Se- re^ 
monftré.  Nous ,  pour  ces  caufes  ,  &  auflî  que  avons  tousjours  defiré  Se 
délirons  avoir  tousjours  bonne  amitié  &  concorde  avec  noftrcdit  Coufin^ 
&  que  nofdits  fubjets  8c  les  Hens  puiflênt  amiablement  fréquenter  lesun» 
avec  les  autres ,  aiifQ-bien  par  la  mer  qu'Us  font  par  terre ,  confians  à 
plein  de  vos  fens ,  loyauté  &  bonne  prudhommie  >  vous  avotis  donné  Se 
donnons  par  ces  prefentes  plein  pouvoir  &  mandement  efpecial ,  de 
prendre ,  conclure ,  promettre  Se  accorder ,  pour  nous  de  de  noftre  part  y 
avec  iceluy  noftre  Cou(m ,  ou  fes  Commis  Se  Députez ,  ayans  de  luy  fur 
ce  pouvoir ,  ladite  abftinence  de  guerre  par  la  mer ,  tout  àinfi  en  la  for-^ 
me  Se  manière ,  &  pour  tel  temps  qu'elle  a  efté  prife  par  terre  en  ladite  • 

Ville  de  Hefdin ,  entre  nous ,  noftredit  CouHn  &  nofdits  fubjets  ;  Se 
généralement  de  faire  y  touchant  ladite  abftinence  de  eucrre  par  mer  y 
autant  Se  tout  ainfi ,  aue  par  nous  Se  nofdits  gens  a  efté  fait  f  conclu  &: 
accordé  en  laditte  Ville  de  Hefdin ,  avec  lefdits  Amba^deurs  de  noftre-^ 
dit  Coufin ,.  touchant  kdite  abftinence  de  guerre  par  terre  *,  Se  tout  ce 
qui  fera  par  vous  fur  ce,  fait,  promis  &  accordé  >  nous  promettons  enr 
bonne  foy  y  Se  par  parole  de  Roy ,  avoir  agréable  Se  le  tenir  ferme  Se 
fiable  ,  &  fur  ce  bailler  nos  Lettres  telles  >  &  en  telle  forme  Se  manie* 
re  que  meftier  fera ,  toutes  fois  que  requis  en  feront*  Donné  à  Tour-^ 
aay  le  neuviefme  jour  de  Février ,  l'an  de  grâce  mil  quatre  cens  foixan- 
tc-trois  y  Se  de  noftre  Règne  le  troiiiefme.  Notum  facioque  ego  anna 
di£be  commiflîonis  â  me  accepta ,  poft  confukationem  Se  delioeratio- 
Bem «habitas,  cum  aha&  potenti  Principe  Domino  Richarda  Comité^ 
de  Warwic  &  Sari ,  magno  Camerario  Anglias ,  ac  nobili  Se  potenti  viro- 
Domino  Johan ne  de  ireulor,iiiilitemagnoPincerna  An^lix,  Commidàriis 
&  deputatis  fereni{Hmi^&  potentiiIimiPrincii>is&  Domini  £dwardi,Regis/ 
Anglix  ,adverfarii  diâi  fupremi  Domini  Régis*,  ego  Domkius  deLannoy,. 
nktute  Se  auâoritate  commiflîonis  prxdi^ ,  &  de  expreflb  mandato^ 

F  f  f  3  ejufden» 


4U  PREUVES  DES  MEMOIRES 

6  A     ^i^^^  Tupr eott  Domini  ma  Régis  >  tina  om  ^rmÉuis  Oominii  Comice 
'^  •'^^    és^ Vacwtc  Se  Domino  de  Vculor yScipû,  mecum  Êofficsemem  potcftar 
tem;  Se  auâDcicateni  ad  hoc  habeucea  >  quonim  ComnûâSoDi&  cenor  in?' 
feciiis  dcCcvhitm  >   Inxvîmus,  fectniua,  cottcordaYÎmus  &  condufi^ 
mus  »  inimus  p  f^cimus  >  coiu:orda]nu&  &  concLodimus ,  finnamus  guer- 
rarum  abftinendas  per  mare,  per  âumtna ,  Se  aquas  dukes ,  pro  parte  Se 
nomiiie  didi  foçremi  Domini,  Régis ,  Se  po  pane  Se  nomine  ipiius 
{èrefiiiBipi  Principis  Anglis  Régis ,.  modis  Se  formis  >  prout    alus 
creugx  >  acceptas ,  inics ,  concordacas  &  conclufs  nuper  fueifinc  in  Villa  de 
Hef<^o  ,  per' Ambafltatoces,  Commiilàrios  &  depucacos  utriufque  po« 
reftacis  per  terram  incepxaras  lo,  Maii ,  proxime  fiitucî  >  Se  duracuras 
ufque  a!d  proximam  diem  menfis  Oâcoris,  inclufivcad  folis  occa* 
fum  qui  erit  in  hoc  pizfenci  anno  Domini    14^4.  videlicec  quibus 
durantibusdiâb  guerranim  abftinentiis.  lum.  Suprenfuu  Dominus  meus 
Rex  non  £aciec ,  nec  fieri  permittec ,  per  ipfum  nec  per  fubdicos  fuos» 
five de  Regno  Francis,  deDelphinatu ,  vel  de  aliis  patriis  >  vel  dominiis 
fiiisqqibulcumque  aliqu^m  guerrarom  hoftilicatem,  moIeftacioQCm>peru 
curbacionem  auc  dampnum ,  permare ,  (kunina  &:  a^pias  dukes  diâx> 
£dwardo,Regi  Angliac,  navibus ,  marchandiis ,  auc  fubdids  fuis,  &  fimili« 
ter  diâus  ExceUentiifimus  Princeps  Edwardus ,  Rex  Anglûç  >  durantibus 
éifdem  abftinenciis ,  non  faciec  nec  fieci  permittec ,  per  ipfum  neque  per 
fubdicos  fuos ,  (ive  de  Regno  fuo  Angliac ,  de  Marchais  ùAiûxy  Guynes» 
homines  de  Hybernia,  vel  de  aliis  patriis  aut  Dominiis  fuis  >  aliquam 
guerrarum  hoftilicatem,  moleftacionem ,  perturbationem  auc  dampnuta 
per  mard ,  âuroina ,  vel  dulces  ac{uas  diâo  Aipremo  Domino  meo  Régi  » 
navibus ,  marchandiis ,  auc  fubdicis  fuis  quibufcumque.  Item.  Pendentif 
bus  diâis  abftinenciis  per  mare  fiumina,  &  aquas  dulces  pr^^acus  fu^ 
premus  Dominus  meus  non  ponabic  neque  fieri  permictec ,  per  Te  auc 
per  fubdicos  fuos  aliquod  juvamen  ,  auxilium ,  auc  favorcm  Henrico  > 
nuper  fe  dicenci  Régi  Anglisc ,  Margarit^  uxori  îux  >  nec  filio  fuo  ad  nocu* 
mencum ,  auc  gravamen  diâi  Edwardi  Régis ,  vel  fubdicorum  fuorum  » 
ûipermare ,  âunûna,  vel  aquas  dulces  neque  dabic  j  neque  dari  permiccec 
auxilium  >  v<l  favorem  inimicis  auc  adveriariis  ejufdem  Edwardi  RjCgis  »: 
ad  nocumencum  fui ,  auc  fubdicorum  fuorum  quoquomodo  fuper  mare» 
Rumina ,  auc  a<quas  dulces ,  &  eodem  pendencious  eifdem ,  uc  pff«ferrur» 
guerrarum abftiRenciis ,  DominuspocenciflimusPrincepsEdwardus»  Rer 
Anglia^ ,  non  portabic  neque  fieri  permictec  ,  per  fe  nec  per  fubdicos  fuosi 
aliquod  juvamen  vel  favorem ,  inimicis  diâi  fupremi  Dominimei  Régis  ad* 
nocuniencum^  aut  gravanKn  fui,  auc  fubdicorum  fucrumquorumcumque»' 
fuper  mare,flumina,  auc  aquas  dulces  uc  pwfertur«  provito  camen  &  tem- 
per  falvo ,  quod  per  has  abftinencias,  per  mare,  flumina  &  aquas  dulces, 
papcas  ,  inicas  Se  conclufas  nuUum  fiac  mejudicium ,  abftinenciis  capcis,  • 
imcis  Se  conclufis  in  di^  ViHa  de  Hefdino  ,  nec  alicui  arciculo  conten-^ 
co  in  eifdem  ,  fed  his  non  obftancibus  intégras  in  fuo  rohore  &  virtuce  * 
permaneanc.  Item.  Si  concingac,  quod Deus  avertac,aliqua  fore  accepcaca' 
vel  perpecraca  in  fucurum  concra  diâas  abftinentias  per  mare ,  flumina, 
vel  aquas  dulces,  non  prcnpter  hoc  incelligenrur  ruprv  ,  nec  ob hoc  fiet 
Çueira  ex  una  parce  ,  vel  4U  per  nn^re  9  fiuniina ,  vcl  aquas  dulces ,  imo/ 

^ur^cibw- 


0E  PHIL.  I^E  CÔWÏNÈl  4iy  ^^^_^^ 

dutSLti^iMt  diâis  abftinemiis ,  pet  marc  «  flùÀÛBa ,  &  i^nas  dulces  in  fw  ^ 
irirtttce  durtncc  tempor'C  pr»iiâo  3  ac  ii  nifail  contra  ipTâs  accepcarum  ^  ^* 
fttiâèt ,  aâa  ,  didU ,  acceptaia  teputabunmr  &  malefaâoi^  punientur  & 
con^èrvaearc9l,  vel  €x)flltiiîâaFiîo9  ad  hoc  deptuaitdof  #  &  oraiiiandos  cifc 
per  dîâttni  i[u|n:etnfim  Domimum  rncma  Regem  s  &»  dîâ»s)  petemkfi- 
Aiurn  Principem  Edwardum ,  Regem  Anglic  i  pro  p^cibus  fuis  cum  om- 
nia  &  fingula  fuerant  »  Se  (ont  appunâaaca  >  concordaca^  Se  ceâclnfa  y 
peK  me  IX)mineim  de  Lannof  »  Ambaffiaeorem  &  CenHmdariom  dlftt 
ChriftîaQiffimi  Prkicipis  &  rapremi  Domini  m^  Régis  >  esuna ,  &  per 
didos  DoBDÂnos  Conuiiiflarios  Se  Depucaix^  di£bi  recenÂâimi  Priftcî* 
pis  Domkii  Eièwardi  Régis  ft^Hra  nominatos  ex  altéra  partibu»^  Se  pro-* 
imfi  &  promitto ,  per  pntTentes  ego  Domktti»  de  Lannoy ,  pco  parte 
Se  nomîne  di&i  rapfcmt  Dottiîni  mei  Ktms ,  vircate  poteftack  mîhi  pet 
k>fum  conceflk  »  qoam  ipTe  tend>tc  &  (erVabit  kivioTabiliter  omnia  pr^e- 
kmibas  contenta,abrque  hoc  qood  alioM  rempocenec  contravemet^  vei 
coocravenire  permictet  pro  parce  foa  alîqiiomodo ,  fine  fraude  vel  malo 
sngento#  &  ut  meUus  p»dtâ:a  tueantùc»  promiâ  Se  |>rotnicto  quod  idem 
itiprenafus  Dominas  meus  Rex  acceptab ,  approbabK  Se  ratiBcabit  om^ 
nia  &  (înguia  fupradiâa  >  per  Litteras  Ams  patentes ,  fub  «agno  jftgillo 
fuo  &  illas  deliberari  fackt  îlhiftriffimo  &  metoendiilimo  Dochino  iheo 
Duci  Burgundifie  y  intra  primamdiem  Junii  proximè  future»  ot.èas  idem 
Dux  tradat^vel  tradifaciat  diâo  excellentifiimo  Principi  Domino  Edwar*^ 
do  R^i  Anglias  >&  ifmtliter  pnefati  Commiflaûi  antêdîâi>  ptfo  pane  Sc 
in  noâine  diéti  fereoiâùni  Régis  Angiiae  >  tuebuntar  6c  faciei^  eittndenr 
potcntiffimum  Principem  Dominmnr  Edwacdom  Ânglic  Reg^m»  accep^ 
tare ,  approbare  $c  raeiâcare  omnk  &  GitgvAx ,  (upcadiâsa  per  Littera» 
fuas  patentes  Tub  magno  figiUo  fuo  Se  qaas  ipfe  trâiânictet  ad  euhdenv 
metuendifliraum  Dominum  meum  Ducem  ^  eitra  eundem  prknam  dicm 
Junii,  ut  idem  metuendiffimus  Domkius  meus^  Dux  eas  tradatveltradi 
faciat  diâx>  Chrîftian^&mo  Se  ftipremo  Dfwaino  meo  Régi  >  Se  înfupeir 
ego  Dominus  de  Lannoy  ,  Amb^wator  &  Gxnes  de  ^zrwic  ,  SC  diésos 
Veulor,Commi(Ëu:iî  prxdi(£b€onfentimu$,qBod  fupradtâa  publicabuntuf 
Qt  convenit  extra  diÂum  zo«  dtem  Maiî  proximè  futtari  :  ténor  vero  po« 
teftatis  £c  anâoritatis  diâorum  duorum  de  Varwic  Se  de  Weulory 
Commifllàrios  Se  Deputatos  prxdîâorum  de  qua  Çupvz  fbquitur  in 
kec  verba  r  Edwardus ,  Deî  gracia ,  Rex  Anglia  Se  Francias ,  Se  DominuS' 
Hybernix  omnibus  ad  quos  pne&nres  Litoerae  pervenecûnt  f  fciâtis  <mod 
cum  in  dieu&  conventume  nuper  habitis  Se  teittisia  Villa  de  Hefdino,» 

Cr  noftros  Ambaffiatores  &  Commiflàrios  ad  l|oc  demitatos,  Jk  Anà- 
fGatores  potentiifimi  Principis  Confangtiineî  noftrî  Lodovici^  Domi- 
ni noAri  Francise  inter  aHa  acceptoe  Se  conchifar  foerant  tertaë  gûerra*^ 
rum  abftinentiat  inter  nos&  fubditos  noftros  hinc  indev<iaa^  abftmentia^ 
folum ,  per  terram  acceptât  Se  concordatae  fuerunt ,  Se  non  per  ifiace  que 
iofecntum  eft,utinformaveriiit,  quod  mercatoîos  fupér  mare  plucimàm  , 
per  ffuerram  in  dies  guerrantur  &  damoificantur^  nos  pûbGcx udlitati 
conuilentes&  fubditorum  commodis  protideiedenderames ,  ae  de  fideti* 
tate,prudentia&  circonfpeétione  cariflSrat  de  dileâiflimi  Confiliarii  Se 
G)nfanguinei  noftrî  Ricardi  >  Comicisdc  Varwic  Se  Sari  >  ae  dileâi  Si 

fidelis 


4ïtf  PREUVES  DES  MEMOIRES 


1^6^.  fidclis  miliris  noftri  Jchannis  Weulor  »  Domini  de  Wculor  magni  Pin- 
cernée  noftri  Angltte  9  plene  confidences, deputavimus&ordinavimus  ,  ac 
perprxrencesdeputanms&ordinamus  ipfos  CommUTarios  noftros  dantes 
6c  concedentes  eirdem  plenam  poteftatem ,  auâoritacem  Se  mandarum 
fpeciale  ad  capiendum ,  concordandum,  concludendum  &  promitiendum 
nomine  noftro ,  cum  îpfo  poceutidimo  Principe  Confanguineo  noftro 
LodovicO)  velcum  DomiitiodeLannoy  ^Commiflario,  Ambadiacore  & 
Deputato  fuo  Tuâicienteni  poteftatem  ,  ad  hoc  habence  abftinenciarunt 
guernse  per  mare  ilUs  modis  &  formis ,  Se  pro  tali  cempore  ut  captx  fue- 
tnht  pet  cetram  in  diâra  Villa  de  Hefdino  inrer  nos  Se  diâum  Con^ 
fanjguineum  noftrum  Lodovicum  &  fubdicos  hinc  inde ,  8c  qualicer  ad 
facienduxn  omnia  concemenria  diâas  abftinentias  guerrariun  per  mare  ^ 
ita&  fimiliter  uc  per  Ambafliatores  noftros  faâ:um  >  concordacum&  con« 
clufum  fait  in  diâia  Villa  de  Hefdino ,  cum  CommiUàriis  &  Ambaflia-* 
toribus  diâi  Confanguinei  noftri  Lodovici ,  circa  abftinentias  guerrs 

f)er  terram  promittentes ,  bona  fide  &  verboregio,  quod  omnia  &  finga-^ 
a ,  appunâuata  >  concordata ,  conclufa  &  promida  per  ipfos  Conian-- 
guineum  noftruiti  Comitem  de  NTar wic  &  Sari  >  &  Dominum  'Veulor 
Se  in  circa  promitia,  rata  &erata  habebimas,  obTervabimus  ,  Se  per 
noftros  obfervari  faciemos  &  luper  hoc  Litteras  noftras  dabimus ,  modis 
&  formis  opportunis,  cum  ad  hoc  requifiti  fuerimus,in  eu  jus  rei  teftimo- 
niumhasLicterasnoftrasfieri  fecimuspatenteS)tuncipfoapud  ^eftmonaft^ 
a8.  die  Marcii ,  ahno  14^4*  per  ipfum  Regem  &  data  prsdiéfca  au&ow 
ritate  Parlamenti,  &c.  Ea  propter  nos  qcue  per  didum  Dominum  de  Lan* 
noy ,  Confiliarîum  Se  Ambamatorem  noftrum  ,  in  hac  parte  inita ,  fiâa» 
concordata  Se  tonclufa  fuerunt ,  rata  &  cratahabentes,  ea  omnia  &  fin- 
gula  in  diâris  fuis  patentibus  Lineris  prxfatis  contenta  ,  di^barùm  guer- 
rs  abftinentiarum  acceptationem  per  mare,flumina.  Se  aquas  dulces  mter 
nos  Se  didhun  Confanguineum  noftrum ,  noftrofque  &  fuos  fubditos  > 
iicutpraemiccitucfirmatanunconcementia  voluimus,  ratificavimus ,  ap^ 
probavimus  &  confirmavimus^)  voltuntffque  Se  ratificamus ,  apnrobamut 
iSc  confirmamus  per  prxfentes ,  promittentes  fub  verbo  Se  nde  regiis  > 
ea  omnia  &  fingula  tenere  &  ob&rvare  ;  tenerique  8e  xnviolabilîtee 
obfervari  facere,  nec  per  nos  aut  noftros  quovifmodo  contravenire  ,  aut 
facere  in  futurum.  Quo  circa  dileâis  &  fidelibus  noftris  Marefcallis 
Francix ,  Admiraldo ,  Vice- Admiraldis ,  Senefcallis ,  Baillivis ,  prxpofitis 
Capitaneis&  Cuftodibus  villarum ,  ponuum  y  pontium ,  pafiuum  tranfver- 
♦J  n'ai  pu  bum*&Jurifdiftionum&diffaduum*cœteriuiucomi£GsJttfticiariis,Offi- 
^i^  cntea-  ^^^^  &  fubditis  noftris,£c  etiam civibus>prout ad  omnes  pertineat  diâi.  •  • . 
^recesieux  pnefentes  diGbts  guiertarum  abftinentias  per  mare,  flumma  &  aquas  dui* 
fBot$.  ces  firmiter  &  inviolabiliter  cuftodiant  &  ôbfervent,  cuftoditiaue  &  ob- 

fervari faciant  quilibet  in  fuo  refpeâu  durante  tempore  fupra  declarato,  de 
punfto  in  pupâum ,  fecqndàm  diâârum  Litterarumperdiéhim  Dominum 
de  Lannoy ,  Confilia^ium  Se  Ambafiiacorem  noftrum  fuper  hoc  tradita- 
rum  ébrmam  Se  teoorem ,  6c  prout  in  eifdem  ad  plénum  conrinetur; 
;  Si  quid  veFoactemptatum,inn6vatcnB,  foret  in  contratium  id  réparent  at-« 
'  oue  ponam,feu  reparari  Se  ad  priftintmn  &  debitum  ftatum  poni  acreduci 
Viciant  indiiatè.QuoNiAMfic  nobsspÊicet  ^  fierivolumusân  cujus  rei 

reftimoniuiïi 


•  i 


i 


DE  PHIL.  DE  COMINES,  417 

lefllkiK)nnim  {içîllum  noftnim  his  przfencibus  juflîmus  ai>ponendum« 
Datum  Pariliis  eue  14.  meniS^  Mail ,  aimo  Domini  1^64.  Se  Regni  nof-     '  4<^4« 
mctrao. 

X  X  xm 

fjhT  Procis  Verbal  (1)  des  ^mbaffadeurs  dt  Louys  XI.  Rcy  de  France  ; 
àjçavoir  ,  Meures  les  Comtes  d^Eu  &  le  Chancelier  de  France  >  les  Ar^ 
Mtvequt  de  tJarhoruuJSt  M.  de  RamboureSy  des  chofes  dites  par  ledit 
Chancelier  ,  pardevant  M.  le  Duc  &  M*  de  Charohis  ,  &  autr^  Che^ 
valiers  ,  Canfeillers  &  Seigneurs  en  grand  nombre  ,  le  MardyJixUme 
de  Novembre  ,  Can  1 4  64*, 

PRemîer  ^  ledit  Chancelier  pre(enca  Lettres  de  créance  à  mondit  Sieur      Tîré  da 
le  Duc ,  lefquelles  le  Duc  fît  lire  i  M.  de  Tournay ,  &  après  le  Y^  \^\'^^ 
Chancelier  propofa  en  la  manière  qui  s'enfuit  :  ^'*^*y*^ 

Monfieur  ,  nous  foimnesenvoyezde  par  le  Roypour  â  vous  remon(!-  b^oc 
-rrer  &  requérir  les  chofes  que  je  reciteray  ,  &  combien  qu'il  y  a  tien  jourd'huy  " 

Î|lufieurs  notables^. plus  dignes  9  .&  qui  mieux  euilènt  propofé,  toutes-  dans  celte 
bis  puifqu'il  a  plu  au  Roy ,  fous  voftre  bénigne  fupportation  ,  le  diray  du  Roy. 
le  mieux  que  )e  pourray  ,  ic  comme  mes  mémoires  À  inftruâions  por- 
tent. 

Monfieur  »  il^eft  vray  qup  le  Roy  a  eftéadverty  >  &  bien  fçû  que  le 
Duc  de  Bretagne  y  qui  eft  Vaf&l  &  Subjet  du  Roy>  &  qui  luy  a  fait  foy 
t£c  hommage  >  avoit  envoyé  (on  Chancelier  au  Roy  Edouard  en  Angle-     Cétok  te 
terre,  pour  avec  icduy  faire  traité  y  qui  font  anciens  ennemis  <lu  Royau-  ViceJ::iMm* 
me ,  &  pour  y  faire  alliance  contre  la  haulteut  du  Roy  >  contre  fa  foy  &  ^^^^^* 
ferment ,  Se.  contre  le  bien  public  d'iceluy  Royaume ,  en  quoy  il  a  com- 
mis crime  de  Sa  Maiefté ,  confifcation  de  corps  y  de  biens  pour  luy ,  \t% 
femme  jSc  ^enfaiis  &  lignages  jufqu'au  tiers  degré ,  i:rime  fur  cous  wtres 
crimes. 

Et  pour  cette  caufe  Je  Roy  en  voya  le  baftard  de  Rubempré  avec  autrei^ 
pour  au  retour  dudit  Chancelier  hors  d'Angleterre,  k  prendre  fur  la 
mer  ,  Se  le  amener  nrifonnier  au  Roy  ;  lefquels  Baftards  &  autres,  font 
arrivez  en  vos  pays  de  Hollande  &  de  Zelian^le ,  ^  deçart  M.  de  Char- 
rolois  votre  fils,  ladite  navire  a  efté  arreftée,  &  ledit  Baftard  pris  luy 
troiziéme  \  Se  ce  -fait ,  M.  de  Charrolois  a  envoyé  Olivier  de  la  Marche  » 
natif  de  Bourgogne  envers  vous  mondit  Heur,  qui  en  paÛànt  parmy  la 
'Ville  de  Bruges,  a  dit  panout  avant  la  ViUe ,  ^e  le  Roy  avoit  voulu 
faire  prendre  M.  de  Charrolois  prifon  nier,  &  qui  plus  eft,  un  Jacobin  la 
prefcné  à  Bruges  publiquement  devant  tout  k  monde  f  do.nt  ja  font 

les 


ftT  { I  )  Ce  Procis  Verbal  n'eft^^as  toot- 
à-fait  exaâ  ;  puirqu'oh  y  a  omis  des  cir- 


'&  9,  6c  ce  qui  manque  ï  ce  Procès  Verbal 
^t  préciflfmeat  ce  qui  irrka  le  plus  le 
Comte  de  ChatPiois,  en  quoi  mc^  le 

Tome  //•     * 


Chancelier  fût  juftemenc  défavoué  par  le 
Roi  Louis  XI.  6ur  ce  défaveu  voyez  Je 
cette  édicion ,  Livre  I.  Cba« 
^e  ^ù.  Sur  cette  Ambaflade 
ippes  de  Comines  s  c  eft.  là 
que  commencent  Ces  Mémoires  \  confulcex  { 

auffi  Enguerrant^ile  Monftrelct  fiir  ïqm 
X^f4,  fbuo  194.  &C.  ] 

G;gg    '  '    à 


i 


41^  PREUVES  DES  MEMOIRES 

"^^"""T*^  les  nouvelles  par  tous  les  Royaames  Qureftiens  »  en  grand  vitupère  de  b^ 
^^■^    hauteur  du  Roy,  lequel  Dour  cette  caufe  a  intention  d'envoyer  fes  Am- 
bailadeiirs  »  comme  il  fait  i  prefent  envers  le  Roy  d'Efpagne  >  de  Portu^ 
gai  &  de  cous  autres  Chteftiens ,  pour  foy  excufer. 

Car  oncques  n'en  eut  vouloir ,  ne  penfée  de  faire  »  ne  veut  aucun  ma6 
envers  M.  de  Charrolois  votre  fils  »  &  pour  tant  requiert  le  Roy ,  que  ré- 
paration lui  foit  faite.de  cette  injure  &  fâme  publique ,  volant  i>ar  tous- 

•ccKmquVl  *^ï^<>y*w«*w»  *f  P***^  *  leRov  penferkcaufe  de  cette  matière  le  ce  ne 

^aac  lire  ec  ^^^^  '  parce  que  il  a  ofté  i  M.  de  Charolois  fa  nenfion  de  Normandie. 

ne  peut*  Et  qu'il  foit  vray  fe  apparent,  vous  Moniteur,  eftes  parti  de  votre 

Ville  de  Hefdin  hâtivement  après  ces  nouvelles  delTufdites  venues ,  Se 
ceux  de  voftre  Ville  de  Hefdin  ont  plutoft  fermé  leurs  portes  qu'ils  n'ont 
accoutumé ,  plus  tard  les  ont  ouvenes  qu'ils  n'ont  fait  par  cy-devant ,  Se 
vous  venant  fur  ce  cRemin  envers  votre  Tille  de  Lille,  ie  font  venus 
aucuns  demander  s'il  vous  falloit  rien  ou  quelque  cfiofe,  comme  fi  vous 
fufliez  mal  content  parti  de  Hefdin,  dontleRoy  (e  donne  grand  merveille^ 
de  cette  fâme  Se  renommée  courant  contre  fon  honneur,  &  pourtant ,  ilv 
seouiert  comme  il  m'a  commandé  de  vous  le  dire  &  reqtiierre; 

Premier ,  que  ledit  Olivier  de  ta  Marche  lu]^foit  rendu,  pour  efkrt  de 
par  le  Roy  puni  comme  de  raifon ,  &  de  droit  fkire  ce  doit,  &  femblar 
blement  ledit  Jacobin  qui  a  prefché  publiquement  tdle  famé  &  renom- 
mée du  Roy ,  contre  fa  hauteur  &  honneur ,  &  en  outre ,  que  ledit  Baf- 
tard  de  Rubempré  8c  fes  Confors ,  foient  mis  à  pleine  délivrance,  enfem-< 
ble  la  navire  8c  le  foumiflèment  dlcelle  Gms  coût ,  frais  ou  dépens^ 
eomme  fes  Légats  pris  8c  atreftés  en  vos  pays  qui  eftes  Ya^al  &  ^ujerdu 
Roy ,  c'eft  noftre  Charge. 

Rcfponfcs  èailUes  fur  h  pïtd^ 

Premier,.  M..de'  CHarolois  après  anH  avoir  demandé  licence  8c  obtentM 
de  M.  le  Duc  de  pouvoir  parler  8c  ioy  excufer ,  pour  ce  que  le  Chancei^ 
lier  le  chargea ,  refpondit  en  la  manière  qui  s'enfuit. 

Pour  ce  que  parla  propofition  faite  l'on  me  venir  charger  ,  je  dis  qur 
après  laCaufis  ou  Arreft  dont  le  Roy  fe  plaint,,  j'ai  envoyé  Olivier  de  la 
Marche  envers  mondit  fieur  mon  Père ,  fans  luy  donner  charge  de  fdire^ 
ne  de  publier  celles  cRofes  que  vous  dites ,  8c  fans  fçavoir  de  telle  fâme 
8c  renommée  que  vous  avez  propofé ,  8c  fans:  auffi  fçavoir  de  ce  c^ue  le 
Jacobin  deuft  avoir  prefché  telle  chofe ,  &  m'en  doit  M  •  le  Roy  bien  te^ 
nir  pour  excufé  ,  ear  fe  telle  famé  ou  renommée  vole  comme  vous  dites  >^ 
je  n'y  ai  coulpe  ne  de  commandement  ,.nede  fçeu ,  ne  de  adveu ,  néan^ 
moins  M.  le Roy^m'a monftré  plufîeurs^uretésiaasl 'avoir deâervi,!ne' 
en  fait ,  ne  en  aucune  manière  ,'&c.. 

Aptisjur  U  pud  ^nfpondit  M.U  Duc  comme  s^ènfuii^ 

Pont  vous  advertir&  refpondre  fur  aucuns  points  par  vous  propofes,fi^ 
fi)nner  Air  ce  que  vous  dites  de  Olivier  de  la  Marche  Se  du  Jacobin ,  Se  de 
la  fâme  &  renommée  publiée^eft  vray  que  Olivier  de  la  Marche  efloit  en-* 
voyé envers  moy  â  Hefdin  pour  pluueurs  caufes ,  mais  de  ce  qu'il  deuft 
avoir  publié  les  nouvelles  en  la  VuledeOruge^t^Les  que  vousdites^je  ^'ca 


^ 


DE  PHÎL.  DECOMINES.  41^ 

iCçai  rien  ^  &  ne  cuîde  point ,  &  au  regard  du  Jacobin'i  j'en  aï  oui  parler,   >^  .^  j^ 
.  qu'il  deuft  avoir  prcfché  aucunes  paroles  de  cette  matière  ,  dont  j'^i  efté 
ceTplaifant  >  &  ne  fut  pas  de  mon  fc&  ne  ad?eu« 

Et  au  regard  de  mon  partement  de  Hefdin  hâfti^etnônt  $  je  me  partis 
de  beau  foleil,  8c  n'allai  que  jufques  à  Saint  Paul,  combien  que  je 
n'euflè  bien  allé  jufques  à  Houdaîn ,  ce  ne  fut  pas  figne  de  hafte  ,  mais 
je  me  partis  pour  mes  autres  affaires  de  mes  autres  pays  &fubjets,&  ayois 
envoyé  â  la  Requefte  du  Roy  au  Comte  ^  ITanMfic  »  pour  (çavoir  fa  ve« 
nuëà  la  journée  dontavois  ^nouvelle  qu'il  ne  viendroit  point ,  SE  alort 
je  me  partis,  car  y  avois  longuement  e(té ,  &  avois  eu  grande  defpenfe. 

Et  au  regard  des  portesde  Hefdin ,  je  n'en  fçai  rien  de  les  plus  tempre^  ^  Temp^ 
fermer ,  &  ne  le  cuide  point,  car  mon  Bailli,  qui  efticy  prefenr,  me  de-  c^cft-à  dire 
manda  à  mon  département ,  fe  le  Roy  venoit  en  mon  abfcnceà  Hefdin ,  it  **"** 
commentai  le  recevroit,&:  je  luy  refpondis,que  s*il  venoit  comme  devant,     ***  *  *^* 

au'il  le  recevroit  conune  autrefois  »  dont  je  m'en  rapporte  à  luy ,  il  eft  ^té^cn^** 
roit  là  prefenc  Tlandrcs. 

Et  alors  U  £aiUi  de  HcftUn  nfpondu  qu'il^fioU  ainfi. 

Et  au  regard  de  cendre  les  prifonniers  i  Mr.  le  Roy  pcHir  ce  que  je  -fuis 
fon  Subjet  ou  Vatfal ,  il  eft  mon  fouverain  Seigneur  ,  &  luy  ai  fait  corn- 
me  je  dois  faire  ,  âe  ne  luy  ai  point  fait  faute  ,  ne  â  homme  qui  vive  » 
mais  peut-eftre  que  je  ai  fait  faute  à  femmes.  Ce  que  je  edâè  volontiers 
amendé ,  fe  je  euflfe  pu  s  &  de  bes  rendre  •  il  faut  Içavoif  qu'ils  ont  eSti 
pris  en  mes  pays  &  Seigneuries  qui  ne  (ont  pas  fttbjets  an  Roy,  Se  les- 
quels je  ne  tiens  point  xle  luy^ 

Et  après  ^M.de  Charolois  dit  • 

Nous  connoiilôns bien  que  le  Baftard  de Rubempré  euft  un  mal {i) 
gouvernement.  Et  fe  vous  dites  qu'il  eftoit  Lcgat  du  Roy  \  il  eft  vray 
qu'ils  font  venus  en  Zellande ,  ^  illec  ont  laiile  leur  navire  ,  &  font 
venus  par  Zellande  &  par  Hollande  jufques  à  Gorktun",  ce  n'eftoitpoint 
le  chemin  pour  attendre  ou  pour  prendre  le  Chancelier  de  Bretagne  ve^- 
tnanc  d'Angleterre^commevous  dites,  &  que  vous  dites  qu^ils  eftoient  Le« 
gats  ic  Envovés  de  par  le  Roy ,  fe  ils  fu({ent  efté  envoyés  de  par  M.  le 
Roy,  ils  fe  aeuflènt  avoir  prefenté  pardevant  moy  ,  quand  ils  vindreni 
i  Gorknm ,  ce  qu'ils  ne  firent  point ,  &  que  plus  eft  ,  u  A  d^iceux  a  con« 
4feflë  qu'il  avoit  dléâ  Montfort  au  Baftiaai  ce  n'eftoitpois  le  cheanûd^An* 
^ieccrce ,  ne  xle  Bretagne. 

jfprh  le  Chancelier  f  requ  ie   premiers  U^  Pfifônnieri^ 

&M.U  Duc  re/pondit. 

Ils  ont  efté  pris  en  mes  pays  non  fubjets  au  Roy ,  &  pour  tant ,  ne 
(bis  pas  tenu  de  les  rendre. 

Et 

$7  (  1  )  Il  iàot  lire  Gamemeni ,  ainfi  1  ce  Baftard  t/loit  mstevah  Génmefmm,  & 
<|U*oa  le  voit  dans  Monftrdet ,  (bf  l'an  iparienné  ^Mok^  homkida  &  miamsk 
14^4 ,  folio  104.  verfo ,  od  H  eft  die  que  1  ^^a»« 

Cggx 


4ïO  PREUVES  DÈ5    MEMOIRES 

j  464.  Ee aiors  h  Chanalicr repUquoitm 

Se  les  gens  de  guerre  du  Roy  fur  la^  mer  ne  poavoient  venir  en  voé 
(ays  non  fubjecs  au  Roy  >  ce  feroit  trop  près  pris» 

MoT^imr  k  Duc^ 

Vous  cariez  de  gens  de  guerre  du  Roy ,  &  le  Roy^n'a  polat  de  guerre'^ 
tar  il  afaic  trêves  avec  les  Ânglois>  unandurant.^ 

Lt  Chancelier  difoit^- 

MoniTeur  %  comme  nous  entendons  que  vous  ne  voufez  point  rendr^ 
au  Roy  les  prifonniers,  vous  prendrez  advis  fur  la  matière^  &  nous  bail»» 
léz  meilleure  reponfe  >  s'il  vous  plaift.. 

Mon/icur  le  Duc  refpondit- 

Vous  ne  faîtes  que  venir ,  vous  vînftes  hier  (oir ,  cet  Ruy  mes  vous^  ne; 
irez  nulle  part,  il  eft  trop  tatd^ 

Etfepirûnnt  Us  Amh^adturi  ^  &  aUirentàUttn  logis  ^ 

Trois  jours  après  >  c'eftàfçavoir  le  Vendredy,  neuvième  de  Novemw 
Bre  >  les  Ambauadeurs  ont  eu  refponfe  de  M»Te  Duc ,  comme  s'enfuit. 

Monfieur  le  Duc  &  M.  de  CharoFois  ont  chacun  refumé  Iti  marierez 
comme  dedus ,  &  en  la  fin  les;AmbaiIàdeurs  ont  requis ,  Se  mednement 
le  Chancelier ,  avoir  refponfe  finale  fe  Monfieur  voudroit  rendre  les  pri^ 
Êmniers  au  Roy  ou  non ,  &  ledit  lacobin  &  Olivier  de  la  Marche*^ 

Monfieur  rcfpondit.' 

Que  il  cnvoyera  fcs  Ambafladeurs  vers  Mr.  le  Roy,  Icfqucîs  parlcronr 
au  Roy,  &  luy  bailleront  tclk  refponfe  qu'il  a  efpoir,  qu'il  en  fera, 
bien  content» 

ZV  Chancelier  refpondxt. 

Monfieur  y  vous  verrez  quele  Roy  aenvoyè  icy^  pardévers  vous  moult 
grande  &  notable  Ambafidde,  à  Ravoir, -M.  le  Comte  de  Eu  icy  prêt» 
lent ,  qui  eft  Comte  &  Prince  de  (on  fang^  M.  l'Archevefque  de  Nar»- 
bonne ,  moy  comme  fon  Chancelier  de  France  indigne,  &  M.  de  Ram- 
boures  X  veuillez  nousi  bailler  votre  refponfe  finale  >.comme  vous  feriez^ 
au  Roy ,  car  nous  reprefentons  fa  perfonne ,  &  le  vous  requérons- 

Monjîettr  le  Duc  rejpondît*^ 
Comme  deflîis,  qull  envoyera  briefment  Ambaflàde  envers  le  Roy. 

Et  lors  prirent  congé  les  Jmlaïïkdeurs  à  M.  le  Duc,  &  font  ralles  & 

partis  de  Lille  x  ^^  nuit  de  Saint  martio^ 

Remarques 


DE  PHIL.  DE  COMiNESr  4x1 

XXXIV.  '+^4' 

-  .  Tiré  de» 

kemarques  fur  k  Bafiari  de  ÉaiUmprié  w**?!'/!*''' 

'  M*  1  Abbc 

LE  Baftard  de  Rubetnpré  arriva  à  Hermuc  * ,  deifcend^it  ïuy  troKîéme ,     ^ 
alla  a  Gorkum  ,  ik  dans  un  cabaret  .pluiîeurs  queftions  y  alla  au    ^  Armuy^ 
Chafteau,  le  vifica»  tout  cela  le  rtodic  fWpeâ:.  I^fttt  arrefté  s'étancmis  <lci^^  Zc^ 
en  azile  dans  «ne  Eglife ,  varia  dans  fon  interrogatoire  »  dit  qu*il  alloit  ^^ 
▼eok  k  Dame  de  Montfort  »  coufine  de  Ton  frère.  Le  fieur  de  Rubenv« 
pré ,  (jouvstneur  du  Crôto^  >  nota  que  la  Dame  de  Montfort  eftoit  fiUo 
d'Antoine  de  Crouy^fes  variations  Hrent  qu'on  le  crût  coupable  ,  &  fur 
cela  >  les  bruits  furent  eftranges  qu'il  vouloit  enlever  le  Comte  de  Cka- 
rolois,  &  le  prendre  mort  ou  vif-,  le  Comte  fit  l'eflFrayé  ,  envoya  Olivier 
dé  la  Marche  à  Hefdin  verdie  Duc  y  qui  manda  drdonner  la  queftiôn  aif 
Baftard  y  &  qu'on  le  puni(!è  félon  la  rigueur  des  Loix  incidente  \  en  ce 
temps,  mourut  le  fieur  de  Touteville ,  Capitaine  du  Mont  Saint-MicheU 
le  plus  riche  homme  du  Royaume  en  argent  comptant  ;  il  avoit  efîé  fait 
au  commencement  de  ce  Règne,  Grand-Senechalde  Normandie  â  la  place 
de  Brezé ,  i  qui  le  Roy  rendit  albrs^cet  Eftat  au  refus  &  à  la  prière  dé 
Crouy  qui  reprefenta  au  Roy  >  que  Brezé  avoit  efté  le  premier  qui  euft 
pris  le  nom  de  Grand-Senecnal. 

Monrauban  *  écrivit  i  Crouf  d'étouffer  toute  cette  ^aire ,  &  de  foire     *  Il  ^toîf 
renvoyer  le  Baftard ,  mais  Crouy  qu'on  compliquait  dans  cette  affaire,  ne  A^l^^^aL 
voulut  pas  recevoir  le»  Lettres  de  Montauban  ,•  &  ditauMeffàger,  mon 
ami ,  reporte  tes  Lettres  à  ton  Maiftre ,  &  luy  dit  que  je  ne  m'en  mefle« 
rai  ja  :  qui  l'a  brade  fi  le  boive  y  bien  letir  en  convient. 

Rubempré  firere  du  Baftard  avoit  efté  élevé  en  la  maifon  du  Duc, 
eftoit  fon  Chambellan  &  Sujet ,  tant  que  le  Duc  poffeda  les- Tilles  de 
Somme ,;  c'eftoir luy  qui» avoit  inftruic&  engagé*  le  Baftard,  &  le  Roy 
avoit  raifon  de  dire  qu'il  ne  eonnoiffbit  point  le  Baftard.- 

On  confeillok  au  Due  de  fe  retirer  plus  avant ,  il  n'en  vouloit  rie5 
faire ,  &  attendoit  toujours  la  journée  ^t%  Anglok  y  quoiqu'il  n'y  euft 
pas  d'apparence  que  jamais^  les  deui  Roys  pufient  s'accorder ,  car  l'un 
vouloit  avoir  Pays&  Provinces  pour  fa  part  droituriere,'&  l'autre  ne 
vouloit,  ni  n'euft  ofé  rendre  un  pied  pour  la  criée  du  monde,  meffne 
eftoit  blafmé  encore  &  noté  des  leaux,Françoisqui  les  avoient  aidéà  con-* 
quérir  de  cequ^il  chaudoit  tant  les  AngLois  d'avoir  pai»à  eux,  &  qui 
Kur  querroit  fi- fort  t'amour,&  luy  dit  le  Grand-Senechat  de  Normandie  >t 
Meflire  Pierre  de  Brezé ,  Sire,  ce  dift-il,  voulez-vous  eftre  bien  aimé  de» 
François  vos  Snbjets  ou  V  affàux ,  nequerez  nulle  amitié  aux^Anglois  y 
car  d'autant  que  vous  y  querez  amour ,  vous  ferez  hay  des  François  ,> 
faires-vous  amy  des  Princes  de  votre  Royaume  ,  vos^parens  &  Sub  jets ,  &: 
tout  le  monde  ne  vous  pourra  nuire,  ne  Anglois  ne  autre  \  1^  gift  votre 
falut ,  &  là  gift  l'amour  ic  l'amitié  que  vous  devez  quérir. 

Le  Chevaucheur  Henriet  raporta  c^ue  les  Anglois  ne  viendroient  point, 
v^.  Â  caufe  qu'on  avoit  arrefté  Philippe  de  Savoye ,  qui  eftoit  venu  fun 
«ne  parole  qu'on  luy  avoit  donnée  i^»  A  caufe  de  l'entreprife  du  Roy* 

Gggi 


^_^^^  41Î  PREUVES  DES  MEMOIRES 

YT^~  contre  le  Comte  de  Charolois  j".  A  caufe  du  Mariage  de  Savoye  rompu 
Se  qu'on  alloit  faire  de  celuy  de  la  fille  de  Rivière. 

Le  Duc  auroit  vpuiu  que  pour  les  Terres  enclavées  on  euft  fait  qud^ 
qu'accord  pour  fa  vie,  ^  celle  du  Comte  de  Charolois  Ton  fils  s  le  Koy  y 
ironfentoit  pour  la  vie  du  Duc ,  mais  non  pour  celle  du  fils. 

Le  Roy  envoya  Georgcs^Havarr ,  prier  le  Duc  de  le  vouloir  attendre  à 
Hefdkt ,  le  Duc  ne  promit ,  ni  ne  refufiu  Cecy  fe  fie  un  Samedy  y  le  Roy 
vouloir  venir  un  Lundv ,  chacun  hors  les  Crouy ,  pre(îbit  le  Duc  de  par^ 
tir  ,  &  fur  le  minuit ,  le  Duc  dit  à  J4iUippc-Martin  (on  valet ,  d'avertit 
Tes  Officiers  d'eftre  prefts.â  partir  de  grand  matin  :  Havart  eftoit  d^apartt 
quand  on  repandit  cettt  nouvelle  qui  eftonna  bien  du  monde* 

XXXV. 

TraUé d'alliance  entre  Jian  Duc  de  Calabre&  de  Lorraine^  &  Charles 
Comte  de  Charolois ,  y  compris  le  Duc  de  Broagru^^ 

A  Nancy ,  le  lo  Décembre  14^4. 

T  Ehan  fils  du  Roy  de  Jerufalem  &  de  Sicile ,  &c.  Duc  de  Calabre  & 
,  ^]  ^*  J  de  Lorraine,à  tous  ceux  qui  ces  prefentes  verront  £ilut.  Qmune  amour^ 
(SoJcfrov,'  ^^y^^  ^  concorde  entre  les  Princes  foient  caufe  d'entretenir  eux  &  leur» 
^    Principautez  en  obeiflance  envers  Dieu&  en  eftat,  vertu  »  magnificence 
Se  tranquillité ,  de  les  accroiftre  &  augmenter,  à  quoy  chacun  Prince 
doit  curieufement  veiller  &  entendre ,  afin  de  reprimer  les  concendens 
à  vouloir  fur  eux  invader  ou  entreprendre  s  fçavoir  faifans  que  en  en* 
fuivant  ce  qui  eft  de  r^ifonifingulieremenc  pour  la  bonne,  entiere&coco 
diale  amour  que  avons  à  la  perionne  de  noftre  très-cher  &c  très-amé  Cou* 
(in  Charles  de  Bourgogne  »  Comte  de  Charolois  f  Seigneur  de  Chafteau* 
Belin  &  de  Bethune ,  feul  fils  8c  vray  heririer.de  haur  6c  puiflànt  Prince 
noftre  très-cher  &c  très-ainé  Oncle  le  Duc  de  Bourgogne  ,  de  Brabant  5c 
de  Limbourg ,  Comte  de  Flandres  :  Sec,  Nous ,  ces  chofes  confiderces  Se 
pour  autres  caufes  6c  confideracions  raifonnables  i  ce  nous  mtmvans , 
avons  fiiit  &  par  ces  prefentes  faifons  alliance  »  confédération  8c  paâion 
avec  noftredit  confin  le  Comte  de  Charolois  >  en  la  forme  &  manière 
qui  s'enfuit,  c'cfti  fçavoir  :quc  nous  luyfonmies&  ferons  vray  amy,allié 
Se  bien  veillanr  ,  riendrons  fon  party ,  le  conforterons ,  conieillerons  » 
aiderons  &  fecpurerons  de  route  noftre  pmSzncci  garda: ,  fauver  8c  dQ£r 
fendre  fa  perfonne  Se  cette  de  (es  enfans  prefens  Se  avenir  >  leur  hon- 
neur,  e(tat ,  pays  ,  terres  »  Seigneuries  Se  fubjets>  tint  les  pays  »  terref 
fc  Seigneuries  que  noftredit  Confia  le  Comte  de  Charolois  a  de  pcefent  » 
comme  ceux  que  tient  noftredit  Oncle  fon  Père ,  lefquels  après  (on  de* 
(cès  luy  doivent  competer  &  appartenir ,  tout  ainfy  que  nous  ferions 
les  noftres  propres  fans  différence  aucune  par  martre  Se  employer  pour  & 
en  faveur  aiceux  ,  8c  en  leur  ayde  nos  pays  &  toute  noAte  nuisance  en 
guerre  contre  &  envers  tous  ceux  qui  les  perfonnes  de  nouredit  Cou«p 
fin  le  Comte  de  Charolois  ou  de  feidits  enfans^  pays  ,  terres ,  Sei^eu* 
iriçç  8ç  fubjets  prefens  Sç  avenir  ^  vouldroicnt  grçvçr  pu  amaindrir ,  inva* 

4cr 


l 


DE  PHIL,  DE  CGMINÊS.  41J 

der , guerroier  ou  ufurper en  quelconque  manière,  ne  foubs  quelque 

couleur  ou  gùereUe  qiie  ce  fok  ou  puift  eftre ,  fans  nuls  excepter  ne  re-  i  ^^64^ 
fervec  fors  feulement  la  perfonne  éc  mon  très-redoubté  Seigneur  &Pere$' 
Se  en  outre ,  tout  ce  que  pourrions  fçavoîr  sftre  fait ,  dit ,  pourchafle  ou 
procuré  allencontre  ne  eu  préjudice  d'iceluy  noftre  Coufin  ou  de  fefdirs^ 
cnfans,pays  y  terres  y  Seigneuries  Se  fubjets  prefensdc  avenir  kiy  fignifie- 
rons  »  l'en  advertirons ,  &  de  tout  notre  pouvoir  l'en  garderons  ^  &  telle 
alliance  &  confédération  entendons  &  promettons  avoir  avec  noftre  très^ 
cher  de  très-amé  Coufin  François  Duc  de  Bretagne ,  &Cr  Ces  pays ,  Sei-* 
gneuries  &  (ubjets  aufly  prefens  &  avenir ,  &c  aufly  y  comprenons  tous^ 
nos  alliez  entant  que  compris  y  voudront  eftre.  Se  en  celles  que  cy  après 
ferons  i  noftre  pouvoir ,  y  compreiidrons  nofttedit  Coufin  le  Comte  de 
Gbarolois ,  £cÇdH$  pays ,  Seigneuries  &  fubjets ,  avec  fes  amis  &  aliex  ^ 
prefens  &  ^enùrdf  leur^paysSc  fubjets  ,  comme  nous  Se  lesnoftres  fe' 
compris  y  veulent  eftre  &  l'accepter ,  promettans  par  cefdites  prefentes 
par  la  foy  Se  ferment  ée  noftre  corps  en  parole  de  Prince ,  Se  fur 
noftre  honneur ,  ces  prefentes  alliances  &  confédérations  tenir  Se  garder 
fermement ,  fans  jamais  aler  allencontre  en  aucune  manière ,  moyennant 
Se  parmv  ce  que  îceluy  noftre  Coufin  le  Comte  de  Cbarolois  nous  a  fait 
Se  baille  pareiUe  feureté  &  jpromeflè.  En  tefmoins  de  çç ,  nous  avons  fait 
mettre  noftre  feel  à  ces.  preientes ,  &  icelles  avons  (ignées  de  noftre  |h:o- 
re  main^Donnéen  noftre  Ville  de  Nancy  le  dixième  jour  de  Décembre  >- 
an  de  grâce  mil  quatre  cen^  foixante  &  quatre  ,  figne  J  £  k  A  n  avec  pa- 
laphe  ;  Se  fur  le  reply  eftoit  efcrit  pat  Monfeigneur  le  Duc ,  Se  par  foir 
^onmiandement  kffcié  de  LAMBtALtfi ,  avec  paraphe ,  &  y  appendoit  le^ 
<4it  fed  en  cif€  «ouge* 

CoUaiiontUJMr  ^original  qui  efi  en  la  Chambre  des  Comptes  de  Lille  en 
Flandres^ 

iffTLe  Roi  René  d^  Anjou  yRoi  de  Sicile  y  Père  Duc  de  Calahre  »  ayant 
eu  avis  de  cette  alliance  par  le  moyen  de  Louis  XI  >  écrivit  à  fonfiU  la  Let- 
tre fuivanu  9  pour  lui  remontrer fon  devoir  fur  utie  alliance.  J^ai  tiré  cette 
Littre  des  Mémoires  dtjti.  CAbhé  Le  Grand  y  fitr  Le  Règne  de  Louis  XI ^ 

X  X  X  V  *.        ' 

$7  Lettre  du  Roy  et  Sicile  Afin  Fils  ,  le  Duc  de  Calahre. 

M  On  Qls ,  Monfeigneur  fe  Roy  m'a  prefentement  efcrit  par  Gafpar     Tiré  dts 
Code ,  &aufli  envo]fé  le  double  d'qae  Lettre  que  luy  avez  écrite^  Recueils  de 
lequel  par  fes  Lettres  me  faitfgavoir  qu'il  envoyé  devers  vous  le  fleur  de  M.  TAbbé 
Preci^y ,  &  que  de  ma  part  je  vouliflè  auflî  envoyer  devers  vous  aucuns  Le  Graad* 
des  miens  qui  me  fut  fewlc.  Mon  fils,  vous^  fçavez  ce  que  je  vous  ai  faic 
'  fçavoir  par  l'Evefque  de  Verdun ,  de  la  volonté  du  Roi  &:  de  la  mienne , 
auffi  tousjours  m'avez  été  obéiâànt  jufqu'aprefent  encore.  Si  vous  eftes 
fage ,  ne  commencerez^vous  pas  à  cette  heure  à  faire  autrement ,  &  je 
le  vous  confeille  pour  votre  bien  Sf  honneur ,  &  fur  ce,  veuilles:  croire 
&  auifî  faire  Se  accomplir  ce  que  vous  dira  de  par  moy ,  mondit  Seigneur 

le 


1^6} 


Tiré  du 
Volume 


} 


414  PREUVES  DES  MEMOIRES 

Roy  &  moy  ledit  GaTpar  que  j'en voye  devers  vous  pour  c^tte  caufe»aatr-6(» 
ment  je  ne  pourrois  eftre  content  de  vous.  Notre  Seigneur  foit  garde  de 
vous  ,  efcrit  à  Lanhoy  le  dixième  jour  d'Aouft  »  ainfiy?^W,  votre  Per^ 
René.  Le  Roy  de  Sicile  envoya  cette  Lettre  au  Roy  Louis  XI ,  &  luy 
4cnvit  (U  Couvrir  &  de  voir  fi  $IU  etoit  tçlle  qu*U  lafouhaitoit. 

X  X  X  V  I, 

jjCr  Traite  d^alliance  (  i  )  &  confédération  entre  le  Roy  Louis  XL  Georgà 
Roy  de  Bohême  &  la  Seigneurie  de  Venife  5  pour  refifier  au  Turc. 

IN  nominc  Domininoftri  JefuChrifti  ;  Nos  Georgius»  Rex  Bohemias  » 
notum  facimus  univerds  &  fingulis  ad  perpetuam  reimemoriam  (|uod 
Ifçç  ^T\K  ^""^  veterum  Hiftoricorum  fcripta  recenfemus  ^  reperimus  Chriftiani- 
Diipùi  aa-  ^^^^^  florentiflîam  quondam  fuiflè  &  homimbns,  opibiifque  beatam 
jourd*hui  '  <^^ijus  tanta  longitudo ,  latitudoque  fuit ,  ut  ifi  ejus  ventre  centum  d^ 
chez  Mr.  ^^^  &  (eptem  régna  ampliflima  clauderentur  9  qu^e  etiam  ex  fe  tôt  po- 
JolideFlea-  puios  emifit  »  ut  magnam  Gentilium  partem  >  una  cum  Dominico  icput- 
ri  y  Procur  chro  longo  tempore  occupar^t  :  necgens  fuit  tune  orbetoto  qus  Chrmia* 
rcut  Gcne-  fiorum  rcgimen  laceflère  auderets  at  nunc  q^uantùm  lacerata,  contraâa» 
a»  Par-  caflàta  atque  omninitore,  fplendorequepriftino  enudataque  fit  omnes 
agnofcimus.  Tanta  etenim  mutatio  in  ipfa  Chriftianitate  à  paucis  temr 
poribus  cicrà  faâa  eft ,  ut  fi  quis  Regum  9  Principum  atque  Procerum  an- 
tiquorum jam  ob  inferis  refurgeret  &  Chrifticolarum  partes  intraret  » 
Builatenus  fuam  oatriam  recognofi;:eret  perfidus  nempe  Mahumetus> 
cum  pêne  univeruis  orbisChriftianx  Religtonis  Sanâitace  polleret,  Prii>- 
cipio  gentem  jexiguam  Arabum  feduxit  \  yerùni  ubi  jprimis  conatibus 
ejus  occurere  negledhun  eft,  continua  çerditorum  honnnum  tantam  ma- 
num  fibi  acquifierat  y  ut  Icftiflîmas  Africx  partes ,  &  Afiae  regiones  fub- 
jugarit ,  te  in  damnatifiîmam  impulerit  perfidiam  %  rpurciilîmi  denique 
Turc2e*>  quiàdiebuspaucifiimis  prim6  inclirum  Grsecorum  Imperium^ 
deinde  quamplures  Chriftianiraris  Provincias ,  &  régna  in  fuam  po- 
ceftarem  rede^er^ ,  animas  pènè  infinitas  è  Chriftianorum  finibus  afpoaa^ 
xunt.  Omnja  in  praedam  dedunt^  plurima  Monafteria  magnaque  Dei 
xenxpla  demoliebantur  »  &  ut  ruèrent  difpoTuerunt  *,  aiia  quoque  infinita 
inala  commiferunt  &  perpctrarunt.  O  aurea  Provincia  l  Ô  terrarum  dé- 
çus Chriftianitas  quomodo  ex  te  honor  (i)  omàis  abTcefik  2  Quomodo  fie 
abiit  color  optimus  \  Ubi  vigor  ille  tuorum  hominum  \  Ubi  reverentia 

Siiam  tibi  omnes  genres  imoendebant  \  Ubi  Majeftas  Régia  i  UIm  g|orià  ? 
(uid  tibi  cot  vidàriae  prohierunt ,  fi  tam  cit6  ia  triunipnum  duci  debe- 
bas  ?  Quid  gentilium  dtlcum  rcftitiflfe  potentia  juvat ,  n  nunc  viçinotum 
imperus  ferre  non  potes  \  Heu  fortuna  \  heu  viciffimdo  \  qiîam  i,  te  Imr 
peria  yar^antur  ;  qûam  cit^  matantur  Rqgna  \  quam  cito  dilgl^untur  po 

tcftate;5!- 


l^mcQc. 


(l)  Cp  Traité  eft  imppméfiix^parf^tc- 
ment  dans  le  Corps  Diplomatique  du  Droit 
ides  Gens  ,  Tome  IIÏ.  Panic  L  page  515. 
Auc  j*;ii  cm  le  devoir  donner  \sx  avec  plus 


d'ezaâinide ,  ^  le  double  plus  amplç  qu'il 
n  eft  dans  le  fufdit  ouvrage. 

(i)  {HiifWT)  Tay foppléé ce  n^  1  ^ 
manque  dans  la  copie  que  i*^.'    •  ^ 


DEPHIL.  DE  CÔMINES.  4tt. 

teftatesl  Quae  fie  âutcm  tantse  niucattonis  ac  ruins  caufa  non  eft  intueri  <  4^4* 
facile ,  quia  occulta  funt  judicia  Dei  »  non  minus  hodie  quàm  olim  ferti- 
les funt  agri  >  non  minus  foKunda  pecora  aflunt  >  vinearum  proventus 
reddunt  ufuram  follàp.  Auri  &  argenti  minerx  ceniati  homines  func 
induftrii:  magnanimes  multarum  rerum  expert!  ;  Littéral  tam  vigenr 
quàm  unquam  x  Quid  enim  eft  quod  Chriftianitatem  adeb  depredtt ,  ut 
èx  prxdi&iscentum  &  decem  feptem  Regnis  damtaxatin  ventre  Chriftia- 
nitatis  fexdecim  remanferim  ?  Suntfortadè  non  nuilapeccata ,  qiix  Deus 

{>unire  vult ,  quemadtnodum  in  veteri  teftamento  non  nuncjuam  fadtuni 
egimus.  Ob  quam  rem  nobis  diligenter  coniîderandum  videtur ,  ut  6 
quid  erratum  eft  emendetur  :  Et  per  opéra  pietatis  divina  majeftas  miti« 
getur  )  cjuam  propter  iniquitatem  aliquam  conftat  iratam  e(Iê.  Sed  quia 
cûm  animadvenimus  quod  cum  hispié  ac  mifericorditer  Deus  agat  5  quo- 
rum deliébi  in  hoc  mundo  punit  i  Quodque  ipfe  homines  pro  filiis  habet 
&  quos  diiigit ,  corrigit  &  caftigat,  pormultafque  adver(itates>  ad  opéra 
virtutis  inducit.  Ideo  fpem  noitram  jaâantes  in  Dominqm ,  cujus  res 
agitur  \  fcimus  auod  fan^îmonise  noftrae  nihil  religio(ius  ^  integritati  nil 
congruentius  &  iaudi  nil  gloriofius  efficerepoterimus ,  quam  dare  operam 

2u6d  vera ,  pura&  firma  pax  »  unio  &  charitas  inter  Chriftianos  nat ,  fit 
desChrifti  adverfus  immaniffimum  Turcfaum  defenfetur.  Ad  hoc  eninî 
ad  hoc  derivata  funt  Régna  Se  principatus ,  ut  foUicitudine  &  diiigentia 
nobis  poflibiiibus  pax  decoretur  5  Status  Reipublicx  fuftentetur  >  bella 
adverfus  Infidèles  reliciter  peragantur ,  &  fines  Reipublicac  tueantur  Se 
propagentur.  Ad  quas  etiam  res  omnes  populi ,  omnes  nationes ,  omnef-* 
que  Reges  Se  Principes  Ixtis  &  promptis  animis  debent  &  tenentor  in- 
rendere.  Nam  fi  Chriftianos  nos  dicmius ,  folicitudinem  habere  tene- 
mur ,  ut  chriftiana  Religio  tueatur;  &  fi  contra  Chriftum  efié  nolumùs , 
pro  fide  fuâ  certare  &  fecum  efiè  debemus.  Spiritus  enim  Sanâus  eos 
damnât,  qui  (ècumin  bello  non  funt,  qui  ex  adverfo  non  afcendunt , 

Sui  fe  murum  pro  domo  Ifrael  non  ponunt ,  nec  aliquem  patrisç  dulcedo 
ec  Paiatia  ampliffima,  nec  divitiarum  multitudoà  (ervitio  Deiretrahere 
debent.  Illi  namque  inferviendum  erit ,  qui  pro  nobis  mortem  crucis  fu- 
bire  non  expavit ,  qui  daturus  eft  promercede  unicuique  fideli  cœii  cœlo* 
rum  patriam,ubi  vera  patria ,  in^éntia habitacula >  divitias  incompara- 
biles  Se  aetema  vita  confiftit  :  Etenim ,  quamvis  hoc  tempore  lugubris  fie 
fbrtuna  Graccorum  ,  &  dolenda  nimis  Conftantinopolitana  &  aliarum 
Provinciarum  clades  *,  nobis  ramen  fi  gioriac  cupidi  lumus,  optanda  fuie 
hacc  occafio,auae  nobis  poffit  hoc  decus  refervafe ,  ut  defenfores,  confer- 
▼atorefqueChriftiani  nomînis  appellaremur;&ob  id  rei  cupientes,ut  tsAis 
modi  bella ,  rapinae,  t^imultus,  mcendiafic  cardes  ,  quac  ut,proh  dolor!  re- 
ferimus  ,  Chriftianitatem  ipfam  jamjamquad  undique  circumdederunt, 
quibus  agri  vaftantuf ,  Uthcs  diripiuntur.  Provincial  lacerantur,  &  in- 
numeris  régna  ac  principatus  mileriis  conterantur ,  cefient  &  penitus 
exringuantur  Se  ad  ftatum  debitum  mutuae  ch^riratis&fraternitatis  unionç 
laudwili  deducantur ,  nos  de  cenâ  fcientia ,  maturâ  deliberationeprsha- 
bita ,  invocAti  ad  hoc  gratiâ  Spiritàs  fanéti  ,  Praelatorum  ,  Principum  ; 
Procerum ,  Nobilium,  &  jurisdivini  &  humani  Dodorum  noftronim  ad 
Jboc accedente  confilio  fc  a&nfu»  adhii^smodi  connexionis,  pacis« 
Tom  IIp  Hhb  fraternitatis 


_  4^0  PREUVES  DES  MEMOIRES 

j^       *fratcrnitatis&concordix  inconcu£sè  duracuram  ,^  ob  Dci  reverentk»^ 
^  ^*     fideique  confervacionem  devcnimus  »  unionem  in  fnoduœ  qui  fequl* 
tur  pro  nobis  9  lueredibus  &  iucceâbribus.noâri$  fiuuris ,  perpetuisccoi-r 
poribiu  duracuranu 

Prima  nempe  in  virtute  Fidei  Cacholicx  &  verbo  regk>  &  principes 
dicimti5&polucemur>^q^uod  ab  hac  hora  &  die  in  antca  puram ,  veram  &. 
finceram  fraternicatem  mvicem  exhibebimus  &  fervabûnus»  nec  proptcE 
quafcumque  defenfiones  y  querelas  »  vel  causas  miuuo  ad  arma  veniemus» 
vel  qaofcumq^  nomine  noftro  venire  permirtenuis,  fed  pocius  unu& 
alium  contra  omnem  bominem  vivencem,  fed  nos  vel  aliq|]em  ex  nobis. 
de  faâ;o&  abfquc  legicicno  edkiko  hoftilicer  invadere  moUcnceni).  juxca; 
concinemiam  Se  tenorem  capiculorum  feripcoruin  iuvabinHi& 

Secundo2iqu€)d  nulhis  noftrûm  aiuilium  vel  conâlium  dabic  >  nec  conn 
fenciec  contra  akerius  perfonam ,  neque  in  periculum ,  feu  necem  per- 
fon^  ipfius  per  nos  vel  alium ,  fea  alios  aliquatenus^mactunabimur  »  auç 
de  faâo  machinari  volentibus  confentiemus^  fed  confer^sationcm  fani-- 
tatis ,  virx  &  honoris  ejufdem  pro  poflê  procurabimus. 

Tertio,(jpondemusmodo  fupra  diâo ,  quod  £  aUquis vd  alîqui  ex  fub^ 
ditis  cujuicumque  noftrum  aliquas  vaftaciones^prxdas ,  rapmas  ,  incen- 
dia» aot  alia  quxcumque  malefîciorum  gênera  in  Re^nts,  Principatibos  ,. 
feu  terris  alterius  noftrum  eonuniferit  vel  commifermt ,  volumus  quocV 
per  hsc  pax  Se  unio  prauniâfà  non  (înt  violatx,  nec  infringantur ,  Ccà 
qu6d  iidem  malefà£kores  ad  fattsfàâionem  ».  (i  amicè  fieri  non  poterit  s^ 
judicialicer  compellantur  ab  eo-  fub  cujus  ditione  domiciliam  habuerint  > 
Yel  in  cujus  tcrritorio  delinquentes  comperti  fuerint  r  Ita  qu^  damn^ 
per  ipfos  faâa  de  bonis  eonim  refarciantur  »  &  ipfi  etiam  alias  pro  quali-r 
tate  deliââ  condi^nè  puniantur  >  qui  malefadores,  fî  judicio  parère  con-*^ 
cempferint  »  Dommus  eorum  tamdomicilii ,  quàm  loci  perpetrati  déliai 

tuilibet  eorum  altero  ad  Roc  etiam  non  expeâato,  ipfos  tanquam  maie-, 
cos  perfeaui  6c  impugnare  tenebitur  &  debebit.  Quod  fialiquisnoftrûmv 
fub  quo  delinquens  domicilium  habucrit  vel  m  cujus  territorio  deliduta 
commiâum  &  delinquens  detentu5fuerit>  negligens  &c  remilfusin  prx-^ 
diâis  extiterit ,  tune  eum  3c  delinquentem  jure  difponente  pari  pœnâ 
conftringat ,  poterit  injuriam  feu  damnusi  paflus  unum  ex  nobis  coram 
ParlamentOjfeuConHIlorio  fubfcripco  judicialirer  requirere  &  convenire». 
Quarto  »  volumus  ,  quod  fi  forte  per  aliquem  feu  aliquos  estra  hanc 
conventionem  cEaritatcm&  fraternitatem  expetentes  à  nobis,  non  lacef  « 
fîtos  &  provocatoscuiquam  ex  nobis  bellum  mferretur  ,  feu  inferricon- 
lingeretquod  minime  yerendum  exiftimatur  hac  amicitia  &  charitatefub^ 
fiftente  >  tune  congregatio  noftra  fubfcripta  nomine  omnium  in  boc  fos-^ 
dere  exiflentium  communibus  noftris  expenfîs  ,  etiam  à  Cotlega  noftro 
opprefl^  non  requifita»  Oratores  fuos  folemnes  ad  fedanda  fcandala,  pa-* 
cemoue  componendam  ^  illico  débet  ad  locum  partibus  accommodum 
tranfmittere  &  ibidem  in  prxfentia  partium  diffîdentium  vel  Oratorum 
fuoriun  pleno  mandato  fuffultarum  omni  opéra  Se  diligentia  diffidente? 
ad  concordiam  Se  pacem ,  E  amicè  fieri  poterit  revocare ,  velat  arbirros 
eligent ,  vel  coram  Judice  comperenti ,  vel  Parlamento  feu  Confîftorio 
fubfcripto  de  jure  certem ,  inducere^  Et  flcaufa  aut  defeâu.  bellum  ink^ 

tentis 


DE  PHîL.  DE  COMINES  417  ^^ 

.teiittspai:  &  Imîo^kero  ^nedtâohim  itiodonmi £eri  non  potem  :  nots  ^''"T'*' 
4:<rccn  omncs  cuac  uoankniac  coocofdi  ^soceticiâ  c|>prdlb,fcu  defcndente  ^  ^  ^  ^ 
ibcio  QoAro  ad  Au  defesâoeem  6c  dedmis  Regnoruin  inoftromm  ^  œc 
ixm  AoArorum  &  (iibdîcorufn  tioftroniiii  jpwùWiotAnis  Iticro  feu  ^imolu^ 
4rBenro  »  ({uos  £cu  qus  ad  «fmn  domûs  &  h^ûtattoms  Cux  dpco  tribas 
.^iebus  propomonabiUrcr  in  aimocKipofuerint  finguiîs  anms  utccurrcre 
<|iiannim  &  quo  tifque  ab  eadem  congregarione  noftra ,  vel  majc^i  pan:e 
ipfius  )«uiicatttm  &  dccrctum  fuerîc  tore  coodeoens  Ôc  oj^nanum  ad 
pacetn  o^M^effi  Tocii  confequendaiiK 

.  Utque  diffidarioncs  beUa  qtss  per  fiuon  coofiderotionMi  inter  ^ufci^- 
piences  alreratros  opecanoir  aoknres  ampltus  arccamor  fie  incer  reliquot 
Chrifti  fidèles  de  hoc  fœdere  non  ectftentes  ecîam  pas  vîgear ,  volumut 
&  ordinamus  quodliforfan  condn^eret  alios  Principes  &  Magiftratas 
Chrifticolasmeemîratinoftrtf  non  mcoipoiatos  tnter  fe  diflentiombus 
auc  bello  certaïc  £x  tune  congregado  noftra  fubTcripra  nottris  nomini^ 
i>us  per  Oracoces  d^mcandos  commumbus  noftris  expenfis  concordiam 
amicè  vel  in  jure  ut  prsefcnur  inter  dîtferenrespropa&  e£cîat ,  quâffi 
û  ambc  partes  Tel  uns  earum  quo  modo  acceptare  &:  à  bello  &  guerris 
defiftere  noluertnt  vel  nolnerit  ex  tune  belinm  mferens ,  vel  à  bdlo  de^ 
£ftere  nolens  ,  inducenir  modis  &  formis  in  capitob  faprià  proximo 
infenisw 

•  lum.  Volumus  quod  illiquipacetnnoftiam  pnefememqliovisniodo  vio* 
lare  tentaverintin  nullius  noftrûm  Regno,PrincipatibttS)domimisvcorrito» 
riis  &  diftriftibtts ,  caftris >  civitatibiis,  oppidis,  feu  fortalic»s  reccpt^  » 
conduci  »  protegi  >  feveri  ,vel  aliquemfavorem  quovis  colore  Iul>ete  de^ 
bebunt ,  reu  poterunt  s  ({uinimo  non  obftante  quocu  mque  {alvocon- 
tluâu  arreftabunmr,  capîentur  6c  ptmientur ,  ut  violatores  pacis  ^e- 
Talisprout  qualitas  déliai  »  feu  excedus  cujuslibet  ^orum  meruent. 

Volumus  prxrensâ  >  &  pr;efentibus  mjungimus  omnibus  &  ângulh 
t)fiicialibus  8c  fubditis  noftris  »  ut  nullum  unquani  homânem  in  eonim 

}>roteâionem  &  tuitionem  communiter  vel  diviiîm  tecipiant ,  vel  illi 
alrumconduéhun  générale  ,  vel  (peciate  quovis  modo  concédant,  vel 
pneftent ,  nifi  per  prtus  particularireri&:  nominatim  excipiant^  qnod  fal- 
vus  condoâus ,  (iveproteâio  iftanon  debeant  ei  cuidamurtoncranoftrâ 

{)rsefenris  pacis  édita  tueri  &  defendere^  fed  eo  nonobftante  fi  de  vio«> 
atione  pacis  infamatus ,  fufpeâussvel  accufatus  futrit,  poterit  fuprahoc 
contm  eum  ut  pnefertur ,  &  etiam  juftiti&  me(Uante  procedi^ 

-Qui  autem  violatorcm  pacis  pr^fentis  feienter  fociavcrit ,  aut  ei  quo- 
vis quxfito  colore  ,  confilium  >  auxilium  vel   favorem  prseftiterit ,  vel 
cum  receptaverit ,  aut  ipfum  defendere ,  feu  protegere ,  vel  eidem  fal*  - 
vnmconduâu m  contra  prxfentem  noftsam  umonemdarepraerumpferit» 
pari  pœnâ  ipfum  &  ttcum  expcâet. 

Verum  cum  pacis  cultus  i  juftitia  8c  juftitia  ab  illo  efie  non  po^t ,  Se 
per  jufticiam  pax  gignicor  &  coofervatur ,  nec  fine  illa  nos  &  fubditi 
noftri  inpace  iubnftere  porerimus ,  ob  id  rei  paci  ju^tiam  anneâimu«  ^ 
fed  cùm  Lexquât  àc  judicionim  ordîne  fcripta  eftmuhas  motetriones 
fubfequentibns  temporibus  fufecpcrat  ad  boc.pervenit ,  m  paidatim  om* 
lÛQOcadesec  ,  onde  uAttènc perqpiens in aliam  tcanftulithguram prop* 

Hkhi  ter 


4i8         PREUVES  DES  MEMOIRES 

^  ter  qtwt  nos  omnino  confufum  fudicioram  ordinem  confîderatïte$  éxifti^ 
• '^  •  ^  tnamus  opportcrc  juxta  novorum  tetnporum  &  divcrfarum  Provincia** 
rttcn»Regnorum  Se  Principacuum  in  noftronimconfuetadines  ufus  &  quah 
licacesde  nacurx  gremionova  jura  i>roducere,rciUcet  novisabufibus  nova 
remédia  rectpere  per  quac  virtuok  dicencur  prxtniisâc-vkiod  cdhcinuîs 
pœnarum  mulâis  concetaneur ,  &  ur  fecundum  ordinem  (ingul^  craâ^ 
mus  >  prxvidimus  primitus  ordinare  quoddam  générale  Confiftorium 
quod  omnium  noftrorum  &  cocius  Con^regationîs  noftrs  nomine  in  loco 
ubi  Conçreeatio  ipfa  pro  cempore  fueric  €>DfervecHr,àquo  velue  à  font^ 
juAiciae  rivuU  undique  deriventur.  Quod  quidem-judicium  ordinabitur  in 
numéro  ôc  qualitace  perfonarum  &  ftàtucormn  pronc  fubfcripta  noftru 
Congregatio  vel  major  pars  ejufdetn  concluferic  &  decreverit. 

Et  ut  in  eodem  Judicio  finis  litibus  imponaturne  immonales  finr^ 
yolumus  quod  Judéx  ipfe  &  Aflèflbres  ejurâern  conquerencib^s  ,  proue 
caufarum  qualitaces  poftulaverinc  »  judicium  &  juftitiam  fâchant  dm- 
pliciter  &  de  piano  £ne  figura  &ftrepitu  judicii ,  fubterâigiis  &  frufta* 
toriisdilacionibus  omnino  ceilàntibus.        '  • 

Placet  prxcerea  qùbd  fi  quas  quxreks  &'ditfeFentias  de  novo  inter  nos 
Reges  &  Principes ,  aliofque  in  fœdere  ifto  exiftcntes ,  fuboriri-contin  - 
gat,quod  alter  altcri  coram  diâx>  judicio*  noftro  in  jure  refpondere  &  fe« 
cum  experiri  debeat  &  tcneatur,fervatis  in  hoc  ftatutis,  decretis  &  ordi# 
narioriibus  pcr  Oratores  &  Procuratores  noftros-vel  majorem  partem  eo- 
rumdem  in  Congregatione  ip(à  ut  praefertur  ,.faciendis  de  ftatuendis. 
^  leem.  Vblumus  etiam^  quod  Congregatio-  noftra  debeat  habcre  omni*  - 
modam&liber^mi  faeultatem  quofcumque  Reges,Principes  Se  Magiftra- 
tus  cbriftianos,  qui  de  prxfenti  huie  unioni  incorporati  non  fuerunt  ad 
prîcfcntem  noftrampacem ,  unionem  Ôcfraternitatem  accipiendi ,  &  ftfe 
nomine  noflxo  quemadmodum  nofipfi  fecimus  obligandi  &  reciprocâ 
vicifiîtudine  oblieationes  accipiendi  litteris  opportunis ,  ultrb  citrique 
datis  &  acceptis  ,.lioc  tamen  ad jeâo  quod  mox,  acceptations  rali  fiwîa  ^ 
Congregatio  ipfa  nobis  omnibus  fignincet  »  ut  acceptosad  nos  fraternali 
aâedione  ,  ut  decet ,  pertraâare  v^leamus  Se  pommus. 

Cœtcrum  cùm  naec  mtelligentiaôc  charita^  potiffime  fada  fit  &  confti- 
tuatur  ad  gloriam  &honorem  divina  majeftatis  fanftae  Rximaux  Ecclcfiar- 
&  catholicap  fidei ,  &  ut  potiffime  iis  ChriftL  Fidelibus  cclerrimè  fuccur* 
rantur ,  qui  à  Turcorum  Principe,  ehiiftiani  nominis  hofte  facviflîmode'» 
prîmuntur  j  idcircè  no&prxfati  Rcges&  Principes  promirtimiKacdeyo* 
vemusDomino  noftro  Jefu-Chrifto  ejus  gloriofiffimx  Matri  Virgini  Marix, 
fa;  âxque Romans  Ecclefiae,chriftianamReligionemactiniverfo& Fidèles 
expreflbs  defenfare  &  protegere  à  fpurcifllimoTurcorum  Principe  commu- 
nibus  inter  nos  virihu&&  prxfidiis  proportionaliter  taxandis  &  declaran- 
dis^pro  quibus  conficiendis  &  exequendis  omnes  décimas  qux  Ecclefiis 
eccLefiaticifque  &  religiofis  perfonis  in  RegnisyPrincipatibtis  &  dominiis 
noftris  dantur  Se  folvuntur  cum  diAis  noftris  Se  fubditorum  noftronmr 
]M'oventâ>us^bicris,&  emolumentis,pro  tribus  diebos ,  ur  pracfcrtur  fingu- 
lis  annis  exponendis ,  quoad  ufqueopus  fuerit  foluturos  ficdaturos  at« 
que  ab  hoftis  infequutîone  non  deftituros ,  fi  à  Congregatione  noftra  ex- 
pcdieos,  judicabitur  >  quoufque  i  Chr^ftianpram  finibus  fuerit  effugatus». 

auc 


y* 


-DE  PHIL.  DE  COMINES^  429 

aut  comtnuni  fencenciâ  pax  conficienda  cenfeatur ,  qux  nulla  rationecon- 

^i débet >  oifi  finitimorum  Chriftianorum  fecuricaû  ante  cautum  fore     14^4* 

iudicabitun 

.    Prxcerea  cùmomnia  folerti  ftudio  ac  dilieentiâ  ante  carenda  fint  y  ne 

incautos  demum  adverfa  fortuna  contundat,  Ideo  placet  nôbis  quod 

communi  fententiâ  totius  Congrégation is  noftras  vel  roajori$  partis  ejuC- 

dem  difccrnatur  quibus  cemporibus  hoftem  aggredi  expédiât  >  quiburve 

xerreftribusacmaritimis copiis  bellum  çerere  opus  ^  quibufve  belli  duci« 

i>us,quibus  machinisjbelliciTve  apparatibus  uti  necefle  {it,quo  in  loco  qm* 

(kca  exercitus  terreftres  convenire  debeant  ultra  contra  Turcos  profeâuri, 

.  lum^  Quomodo  viâualiahaberipoûint  in  competenti  pretio  &horpicia 

în  civitatibus  >  villis  6c  aliis  locis  opponunis*  Item.  Quomodo  providea* 

xur  de  communi  moneta  >  per  quam  in  ezercitu  venientes  ineundo^ 

ftando  6c  redeundo  non  graventur.  ùcm^  Quod  f\  quid  ex  hoftium  mani-^ 

bus  >  aut  poteftate  adimi  ullâ  ratione  contingeret  communi    fententiâ  » 

cui  conferendum  fuerit  decernatur ,  prout  utilius  chriftianas  Religion^ 

iciiieet  admajorem  fidelium  tutelam  in  pofterum  convenire ,  cognitum  & 

îudicatum  fuerit ,  ne  hoftis  denub  negligentiâ  aut  impotentiâ  poflî^ 

dentium  excitatus  détériora  prioribus  detrimenta  fidelibus  inférât* 

Volumus  prxterea  quod  conclufis  iftis  mox  quilibet  noftrûm  ad  pe  eu*' 
Jiiarum  <xaâtionem  ut  prxfertur  in  Regno,  principatu  »  Dominio  fuo  pro^ 
cedat  juxta  formam  Se  ordinem  à  Congregatione  ipfa ,  vel  majori  ejus 
parte  dandam  in  finem ,  ut  divinum  hoc  opus  illicb  exequatur  6c  Cbrifti 
fidelibus  fuccurratuc.  * 

-  lum.  Ut  fuprà  &  infrà  fcripta ,  omnia  &  (ingula  débitée  executlont 
demandentur,  promittimus  Se  polliceniur  modo  prtcdi£to,  quod  quilibet 
iioftrûm  oratores  fuos  notabiles  Se  magns  autoritatis  viros ,  ampliflimo 
.ms^ndato  Se  (igillo  fuo ,  fuflTultos  dominica  remini l'cerc  de  an  no  à  Nati^ 
vitate  Domini  14^4.  proxime  futura  in  civitatc  Bafileenft,  in  Theotonia  *  *  Ccft-à- 
habeat  qui  omnes  ibidem  ad quinquennium  immédiate,  fequens  conti«-  «lire  , -/!//#- 
nuum  reikleant  &  noftris ,  &  aliorum  incorporatoruai ,  feu  incorporant  m^gne^ 
dorum  nominibus  corpus  univerfitatem  ,  feu  CoUegium  verum  faciant , 
conftituant  &  reprsfentent  s  quoquidem  quinouennio  Congregationis 
Bafileenfis  effluxo  eadem  Congregatio  ,  per  aliua  knmediatum  fecjuens 
({uinquennium  in  civitate  N.  in  Francia,  &  per  tertium  quinquennmm  9 
in  civitate  N.  in  Italia  habearur  Se  obfervetur  fub  eifdem  modis  Se  con^ 
ditionibus  quibus  fuprà  de  Bafîlea  cautum  &  difpoCtum  dignofcitur ,  ut 
deinceps  femper  dequinquermio  in  quinquennium  circuirum  faciendat 
tam  diu  quo  ufque  ipfa  Clongregatio  »  vel  major  pars  ejufdem  aliud  du- 
^erit  ordmandum  &  difponendum ,  unum  quoque  proprium  &  fpeciale 
conHlium  ,  ipfa  Congregatio  habeat  unus  prxfîdens  Pater ,  &  caput  N. 
&  nos  CŒteri  Chriftianitatis  Reges  &  Principes  y  membra  funus  :  habear 
criam  diftum  CoUegium ,  in  nos  omnes  &  nodros  fubditos  eofque  >  .qui 
eumdem  prorogaverunt  Jurifdiâionem  voluntariam  &  contentiofam , 
vnà  cum  mero  &  mixto  Imperio  5  prout  eadem  Congregatio  »  vel  major 
pars  ejufdem,  hoc  decreverit  &  (latuerit  ordinandum  nab^at  denique  pro*- 
pria  arma  ,  fîgillum  Se  archam  communem  atque  Archivum  publicum  ^ 
Syndicum^Filcalem,  Officiales  Se  quxcumqine  alia  jura  ad  licitum  &  juÇ^ 

Hhh  3  tunv 


436         PREUVES  DES  MEMOIRES 

nm  Cûllegimn  qiïomodd  lîbet  pertincmia  &  fpeâafida« 
4  4<^.4*         £c  iit  un^uique  Provîncke  jura  Tua  iibcfa  confeivencvr  pfecet 

quod  caks  in  Congregatione  pocioribus  Officiis  in  qualibec  nationc  ^  in 
qua  Congregatio  ipfa  pro  tempore  fiiciir,  pcxâckintât ,  qui  cie  cadeta  nia- 
cione  orcum  Se  originem  traxcrunt  >  iiK^c(que^  habicMincs  ïp6us  ag- 
nofcatit  te  ifyteiiigant. 

PotTô  uc  cxpemk  Se  fumptus  neceflarii  Se  miles  pro  ^ace  ièrvancla  ^ 
juftîcia  mintfttamia ,  oratoribas  Se  nuhtus ,  hinc  inde  tfanfmittendis  , 
ddignandk  Sc  alii$  ^pportunitatîbus  Con^:egauonis  ûcAt»  non  défi* 
cianr,pfoffiittittHis  &  (poodcmus,quod  quil^t  tK>ftrûmdocimamparrem 
omnium  pectinianim ,  peteum  ^u loo  fk>mine  de  decimis  Se  emolumenro» 
feu  locro  crimn  diemm  ,  uc  prfiefertur,fiiblevaodorum  in  tempore  per 
Congràgationem  ipfam  ,  vel  majoiem  partem  ejus  determinonoo  ad  Ar- 
chivum  publicum  coUeâoribus  y  Se  Confilîo  <iiâae  Congre^ationis  » 
abfque  uiterfori  mora  delegec  Se  rranfmiirac  >  quod  (î  non  fccerit ,  pote  - 
rit  &  debebit  ipfum  Syndicus ,  feu  Procurator  Fifcalis  eiufdem  Congre-* 
gationis  mox  toram  Parlamento  >  (eu  Judicio  ipfius  in  fus  voibare  >  pecu- 
niam  cum  daimnis  Se  incereflè  judicialiier  requierre.  Et  etiam  nos  alios 
fub  debito ,  per  vx>s  pratftito  fidei  movcre  &  nortari,  ut  diâam  pecuniam» 
damna  &  intereflè  manu  militari ,  ab  eo  &  fubditis  fuis  requiramus  Se 
extorqueamus  ki  ufus  communes  Congregationis,  ut  piaefertur,  conver- 
tend  os. 

Rurfum  dicimus  Se  volumus  quod  no^  Kex  Fcancias ,  unà  cum  ccste* 
ris  Regibus  Se  Principibus  Gallue  unam  y  nos  vero  Re^es  Se  Principes 
Germanise  ,  aliam  &  nos  Dux  Venetiarum ,  uni  cum  Prmcipibus  >  corn- 
munitatibus  Italias ,  tertiam  vocem  in  ipfa  Congregatione  nabeamus  Se 
faciamus  ,  at  ù  Rex  CafteUal ,  vel  alii  nation is  Hifpaniâs  Reges  &  Princi- 
pes in  hac  noftra  unione ,  amiciria  Se  fraternitate  concurrerent ,  ipfi  veri 
fimilirer  unain  vocem  in  Congregatione ,  corpore  &  CoUegio  habebnnt  ; 
il  auttm  inter  oratoresRegum  &  Principum  unius  &  ejufdem  nationis 
contraria  vota  fuper  re  aliqua  data  &  conclufk  fuetint ,  placet ,  ut  quod 
A  majori  parte  adbnn  Se  conclu  fu m  ,  6t  perinde  (irmkate  fubfiftat ,  ac  fi 
^  ipfa  liatione  unanimi  confenfu  judicatum  Se  decretum  eKtiriHèt,  quod 
fi  œqualcs  pctfonsc  numéro  in  voto  fuerint,  prxvaleant  itii  oratores ,  qui 
comparatione  faâa  ad  altos  ,  per  repraefentationem  Dominorum  fuo^- 
rum  ,  majorum  meriti  &  dicnitatis  fuerinr.  Et  fi  in  mcritis  &  dtgnitati* 
l>us  sequales  fint  optio  erit  aliarum  nacionuni ,  in  hoc  fo?dere  eidftentium 
quam  paitem  acccptarint. 

Et  ut  dâbietas  oftmino  tollanrr  >  placet  ut  fi  alîquis  Regum  vel  Princi- 
pum noftrorum  plures  oratores  ad  «diAâm  congrc^ationem  tranfinifem , 
i|uod  hi  omnés  duntaxat  habearit  unicam ,  videticet  îpfius  mitten^s  in 
natione  fua  diâtx  Congregationis  vocem. 

Iu)n.  Cum  fctiptura  teftatur  ei  qm  fidem  Chrifti  juverit  ^  auzerit  >  de^ 
fenderit  definitum  efle  locum  in  c<clo ,  in  ^o  beati  gaudîo  fempiterno 
iruuntur  ,  proinde  fperandum  eft  ,  quod  omnes  c«eteri  Chrifti^  ad 
Tem  tam  fanftain  ,  tàm  pîam ,  tam  nçct&tutn  votennbus  animis  ma*- 
nus  apponent ,  nam  qui  prxftare  auxilia  hoc  ten[^)ore  contra  Tnrchos 
p$gayerit>  infideUtatis  procul  dubio  Se  inimiconun  Crucis  Chrifti  fau^o* 

rem 


DE  PHIL.  DE  CQMINES.  .  451 


rem  fe decIarabiC'  Et  ob id rei placée ,  quod  nos  onvnes  unanimiter per     ^^ 
Colemoes  oracores  noftros  apud  fummuni  Pontificem ,  omni opéra  &  dili» 

Sencia  nobis  poflîbilibus  fuD  modis  &  formis  per  Congregationem  prac- 
iâam  dandis,  efficiamus  ut  Sanâirasfua  actendac  ^  quod  exaâio  fupra- 
<liâa  decimarum  ad  tuendatn  Chriftianorum  pacem  Qirifti  fidelium  de^ 
fen(u>nem  &  iDimicorum  Cruels  impugnationem  eiponarur  &c  tanquam 
Pacer  &  Paftor  fidelium  de  benignitaris  fuas  clementia  concédât  Se  de- 
oiandet  per  Tuas  publicas  &  authenticas  Bullas  fub  formidabilibus  pœnis 
executoribus  Cihi  nominandis  ^fuper  Inde  in  pleniûima  forma  datis  ôc , 
deputatis  >  quod  décima  praefata  juxta  modum  Se  conditiones  fibi  noftri», 
iKMninibus  offerendas  dentur ,  tradentur  &  exfolvantur ,  ut  quae  bella  > 
Se  diUèntiones  inter  Principes  EccleHafticos  Se  in  hoc  fœdere  non  exif- 
tentes  &  potiflîme  iila  quss  bella  in  Turchos  conficienda ,  Se  pace  prs^ 
diâa  confervanda  quoquomodo  impedimçnto  e(Iè  poflet ,  &  medio  toi' 
lat  vel  Legatiun  aliquem  virum  utique  bonae  vitae  probum  Se  expertum 
cum  plenaria  ad  hoc  facultate  »  ad  unam  quamque  Provinciam  tranf- 
mittat>qui  vitam  ,  idioma  Se  habitudines  ejufdem  inteliigat  Se  agnofcac 
operamque  Se  diligentiam  condignas  adhibeat  >  ut  partes  difkrentes^ 
amice  componantnr.    Quod  fi  facere  noluerint  difFerentias  inter  eo&. 
pendentes  m  vim  commiflîonis  £bi  faâx  y  in  jure  difEniat  &  décidât. 
Convocet  denique  Sanâitas  foa  alios  Principes  &  Communitates  Italiae, 
&  eofdem  fub  divinis  cenTuris  Se  formidabilibus  pœnis  moneat  Se  re-* , 
quirat ,  ut  ipfi  tanquam  Turcho  prx  cœteris  nationibus  magis  vicini  ad 
inftruendam  claflèm  maritimam  unà  cum  aliis  Chrifticolisi  'aHurgant  ilHs 
proportionaliter  praefidia  ad  honorem  &  gloriam  Dei  fidetiumoue  de- 
ieniionem  conférant  &  contribuant  >  ut  hoc  opus  defendendas  fidei  fpe- 
ratum  finem  eo  laudabilibus  accipiat. 

Practerea  ut  pax  Se  ordinatio  ifta  inviolabiliter  obfcryetur  decernimus^ 
&  pollicemur ,  ut  quocumque  ex  nobis  ad  coeleftem  patriam  evocato , 
haeredum  five  fucceubrum  fuorum  nuUi  in  Re^no  ,  Principatu  ,  feu  Do* 
minio  fuo  fuccederc  liceac ,  neque  ad  hocadmitti  dcbeat  y  nifi  prius  CtCc 
fupra  &  infra  fcrîpta  omnia  &  fingula  inviolabili  fide  (ervaturum  fpo- 
ponderit  Litteris  luis  patentibus>  cum  (îgillo  appenfo  Congrégation! 
noftra^  tanquam  communibus  munimentis  ad  ufum  cujuslibet  noftrûm 
datis.  • 

Et  fi  alîqua  atia  ultra  pramiifia  diâa  noftra  Congregatio  vel  major  pars 
ejufdem  ordinaverit,  decreverit  Se  concluferit ,  qux  pro  confetvatione 
£icere  &  conducere  quomodo  Hbet  videbimtur,  illa  omnia  &  (îngula 
attendemus  &  efficaciter  obferrabimus  >  atque  id  agemus  qu2  vtr»  Se 
fincerae  fracernitatis  vinculum  exigit  Se  rcquuit.  Et  qux  in  pracfentibus 
Litteris  noftris,  per  diftindkiones  &  continentias  eorumdem  in  fuis  ^  .  . 
punâîs  »  claufulis »  articulis,  fententiis  quoque  Se  capitulis  univerfis  mcncef"^ 
comprehenduntur  in  cujus  rei  teftimonium  Se  robur  quilibet  Rex ,  Se,  Traité  inv- 
Principum  noftrorum  ,  figillum  Majeftatis  fus  prxfentibus  duxir  appo-  primé  au 
nendum.  Datum  Se  adhim  &c.  ,  Corps  Di- 

Univerfis  *  pfsefentes Litteras  infpe£hiris ,  Nos  Hugo  de  Bournafel ,  Mi-  plomati- 
les,  Dominus  didi  Loci  &  de  la  Barde,  Senefcallus  Tolofanus  &  Albi-  qttc.I.crct 
jjcnfis ,  &  Robcrtus  Banc  »  Dominus  de  la  Roche  Se  de  Monftereul ,  '^  y  ^^^^ 

Magifter  ^^ 


43»  PREUVES  DES  MEMOIRES 

Magifter  Requeftarum  Hofpitis  ,  ConHliarii  que  Chriftianiiluni  Dommi 
'  ^   4*      Ludovici ,  Dei  gratiâ ,  Francorum  Rcgis,Domini  noftri  fupremi ,  Com- 
minâriiquç  &  oepurati ,  pro  parte  ejufclem  Domini  noftri  ^egis,  per 
fuas  patentes  Litteras  cenoris  fequentis. 

LuDovicus,Deigratia,FrancorumRcx,dile<îtis  Se  fidelibus  Confîliariis  ' 
noftris  ,  Hugoni  de  Bournafel ,  Militi ,  Domino  diéti  Loci  de  Bouma*' 
fel  &  de  la  Bare ,  Scnefcallo  noftro  Tolofano  &  Albigenfi ,  &  Magiftro 
Roberto  Barte ,  Domino  de  la  Roche  &  de  Monftereul ,  Magiftro  Re- 
queftarum Hofpitii  noftri ,  Salutem  &  dileâionem  :  Confiderantes  quod 
cum  interinclitaerecordarionis  Francorum  Regcs,  Chriftianiflîmosnoftros 
prredcceflbres  &  fereniiîîmos  inclitofque  Bohemix  Reges  ,  ligae ,  confœ- 
derariones  &  amicitix  ,  per  ionga  tempora  haâenus  nrmx  inviolabilef-i 
que  extiterint.  Et  nuper  nobilis  Baro  Aibertus  de  Poftupis,  Marchionatps 
Lufatix  Advocatus  y  &  ftrenus  ,'  &  egregius  Miles  Anthonius  Marini  de 
Gratianopoli ,  Confiliarii ,  Ambafliatores  &  Oratores  cariftimi  &  dilec«» 
tiftimi  Fratris  noftri  Georgii ,  Régis  Bohcmix  ,  ad  nos  deftinati  cum  po* 
tcftatc  fufficienti ,  nobis  verbo  expofuerint  praediftum  fratrem  noftnimt 
renovationem  &  contitiuationem  prxdifbrum  ligarum,  amicitiarum 
&  fraternitatum  defîderare ,  nos  in  re  tam  laudabli  &  Reipublicac  Chrif- 
tianx  congrua^Regnifque  &  fubditis  noftris ,  hinc  inde  profutura,  fimili 
veto  concurrere  cupientes  ,  confidentes  ad  plénum  de  veftris  fidelitate , 
diligentia ,  probitate  &  induftria  vos  Procuratores  noftros  générales  Se 
nunciofi  fpeciales  facimus  Se  conftituimus  ,  creamus ,  &  etiam  ordina-» 
mus,  per  praefentes  ,  dantes  per  eafdem  vobis  plenam  &  liberam  potefta- 
tem  nomine  noftro  cum  prxdiétis  oratoribus  cariftimi  fratris  noftri  Bohe-« 
miae  Régis  lieas,pacem,  fœdera,  amicitias  &  uniones  jam  diâas  dudum 
habitas  inter  diStas  Domos  illuftriûimas  Franciac  &  Bohembc  innovandi» 
faciendi,  agendi,  ordinandi,  condudendi  &  difponendi ,  innoyatas^ 
fa£bs ,  a£bS)  or dinatas ,  conclufas  &  difpofita^  Litteris  padtis,  juramen^ 
^  -       .    tis,  promiffîonibus, fponfionibiis  &  aliis  juris vel  fafti  claufulis ,  opportun 
,.j5^'^"  nisconfumandi*&  qux  nos  cum  prnefato  fratre  noftro  cariftimoBonemias 
%nfirmMn     ^^S^>  ^  praefcntes  eflfemus ,  faceremus,  agercmus  ^  firmaremus  pro 
^/;  bono  &  feliciftimo  ftatu  Regnorum  Chriftianorum  »  Reipublicre,  ac  ndei 

Orrhodoxx  prout  vobis  melms  expeditius ,  ac  utilius  videbitur  expedire  » 
promittentes  nihilominus  bona  fide ,  Se  verbo  noftro  Regio ,  ratum  y 
gratum ,  firmum  &  acceptum  nos  pro  nobis  &  fucce(n>ribus  noftris  > 
Regibus  Francise  habituros  ^uicquid ,  per  vos  in  prxmifjlis  ordinatum  » 
aâum ,  faftumque  fuerit  &  condufum*  Datum  in  Villa  de  Dieppe ,  die 
décima  quarta  menfis  Julii ,  anno  Domini  14^4.  Se  Regni  noftri  tertio, 
Per  Regem ,  Patriarcha  Epifcopo  Bajocenfi ,  Epifcopo  Briocenfi  ,  Admi- 
raldo ,  Dominis  du  Lau  Se  déBafoges,  Magiftro  Stephano  Chevalier , 
Guillelmo  de  Varie ,  &  aliis  prxfentibus.  Rolant.  Et  nos  Aibertus  d^ 
Poftupis,  Marchionatus  Lufatire  Advocatus ,  &  Anthonius  Marini  do 
Gratianopoli ,  Milites  ,  Confiliarii ,  Ambaflîatorefque ,  &  Nuncii  fere- 
niflîmi  Principes  Domini  noftri  Georgii,  Dei  gratiâ,  Bohemiae  Régis > 
&c.  Similirer  ordinati  per  praefatum ,  fereniftîmum  &  illuftriflîmum  Re- 
gem Bohethifc,  5:um  fuis  patentil^us  Litteris  quarum  ténor  fequitur  in  hxo 
verba.  . 

G^ORGIUS  > 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  433  ^^___ 

'  CeorgiaS) Dci gracii , Rcx Bohemiâe , &c. Notum facimus tenorc prx-  ^  .^ 
lencium  univetHs ,  quod  cumiuter  ChriftianiiGmum  Regnum ,  domum 
ac  Reges  Francis ,  &  inter  fcreniflimos  Reges  Bohemias  praedeceflbres 
noftrosligx,  fœdera&  amicicûe  indidblubiles >  eciam  jùramenris ,  pœnis» 
Utteris,  figillis  vallatas,  ac  obligacionibus  ftriâriilimè  firmacas  fuiIIcDC» 
ut  rcgna  canta,  talique  opcima,  fauftâque  amicitia,  conjunâa  vix  extitif- 
ient,quibusuna  animaunaque  pro  fide  Orchodoxa&  Republica  voluncas» 
cxticic,  nos  prsdeceflorum  noflxorum  veftigiis  inhacrere  volentes ,  uc  nof- 
tro  tempore>iu Regnum  noftrum,cum  Cntiftianiffiniis Regibus  jungatut 
quatenus  hôftibus  Religionis  Chriftianse  facilius  retiftere  pofllîr ,  &  ipfa 
medum  domefticâ  rerum  externâ  pace  &  amicorum  numéro  felici  Lae- 
t^ ,  habentes  plenam  conftancemque  fiduciam,de  legalicare ,  &  pruden^ 
tia  nobilis  Baronis  Alberti  de  Podupis,  Marchionatus  Lufarias,  Advocaci^ 
Se  ftrenui  &  egregii  Milicis  Anthonii  Marini  de  Gradanojpoli ,  Confilia* 
riorum  noftrorum,  fidelium,  dileâorum  ipfos  animo  deliberato,  de  cer- 
ta  noftra  fcientia  auâoritace  Regia ,  facimus ,  creamus&  conftiruimus 
meliorimodo,  via,  jure  &  forma  quibus  poreft,  &  débet  fieri,  noftros^ye^ 
fos ,  legitimos  &  certos  procuracores  negotiorum  geftores  »  Ambafliacoresy 
Nuncios  &  Oratores  fpeciales  »  dantes  &  concedentes  eifdem  plenam  » 
6c  omnimodam  poceftatem  »  auâoritatem  &  facultatem  noftro  nomine, 
cum  Chriftianiffimo  Principe  &  Domino,Domino  Ludovico  >  Rege  Fran- 
corum ,  Confanguineo  noftro  &  fratrexariflimo  ligas ,  pacem  »  rœdera , 
amicitias  &  uniones  veceres  habitas  incer  domos  incliciflinias  Franciac  Se 
Bohemias'  innovandi ,  faciendi  >  agendi ,  ordinandi  »  '  concludendi  & 
difponendi ,  innovatas ,  faâas ,  aâas ,  ordinaras ,  conclufas  Se  difpod- 
ras  Litreris ,  paâis ,  juramentis ,  promillionibus ,  fponiionibus  Se  aliis 
juris  ,  vel  faéa  claufulis  opportunis  confumendi  quasnos  cum  jpratfato 
Domino  Rege,  H  pnefences  eflèmus ,  faceremus,  ageremus  &  nrmarê^ 
mus ,  pro  bono  &  reliciflimo  ftatu  Regnorum  Chriftianorum  Reipubli- 
ca ,  ac  fidei  Orchodoxae ,  prout  ipfîs  melius ,  expeditius  &  ucilius  vide- 
bitor  expedire;  promktentes  nihilominus  bona  fide,  in  verbo  noftro  Re« 

fio ,  racum  ,  gracnm ,  firmûm  Se  acceptum  nos  pro  nobis  &  fticcenbri^ 
us  noftris  ',  Regibus  Bohemiac  habiruros  &  tenturos  quicquid  per  pracfa<* 
fos  Oratores  Ambafliatores  &  Confiliarios  noftros  ordinatum  ,  aâum  » 
faâum ,  habicum  &  condufum  fuerit  quomodolibet  in  prarmifEs  pras* 
fentium  fub  appenfione  noftri  Regalis  figilii  teftimonio  Litterarum.  Da- 
lam  Pragac  die  i6.  Maii,  anno  Domtni  14^4.  Regni  noftri  anno  (èpcimo. 
Sic  fubfcripta  ad  mandatum  Doroini  Régis  y  vigoce  quanunquidem  Lit^ 
terarom  Se  virtute  poteftâtis  nobis  per  eas  actributae ,  convenientes  in 
unum  nos  Commtflàrii  pracdiéti  poft  multas  communicatione5,macurâ  de- 
liberatione  inter  nos  haoicâ ,  actendentes  &  confiderantes  antiquas  ligas» 
confœderationes  &  amicitias  inter  Reges  &  Rev^  Franciae  Se  Bohemiae» 
cetroaâis  temporibus  înitas ,  Êiâas  Se  inviolî^iliter  obfervatas ,  ipfas  ad 
konorem  Dei  omnipotentis ,  pro  bono  Se  uôUtate  fidei  CatholiQç ,  & 
cotius  Reipublîcac  Œiiftianac  Se  confervationse  RegiK>rum  &  fubditoc um 
Regam  pnedtâorum  virtute  diébntm  noftranimr  commiffionum ,  &  in 
quantum ,  per  eas  nobis  conceffiim  eft  >  innovamtis ,  facimus ,  ordina*» 
mus  >  concludimus,  aç  de  novo  in  <^antiun  opus  eft  >  facimus,  firipainus,; 
Tom^  IL  lii  ftacuimus» 


434  PÉ.EUVES  DES  MEMOIRES 

^  ftatuimus ,  ^omittcnccs  nominibus  qaibos  fiipca  >  qi^xl  à  modo  »  facariT^ 
^  '^^  que  temponbus  diâi  Reges  intereflè  invicem  ,  amorein  »  cUleâioncm  ^ 
mcermun  civitacem  tnutuo  obfervabunc  >  cnmciqpie  fracres ,  amici  &  coi-* 
Ugaci  perjpetuis  tetnporibas ,  tam  pro  bono  >  milicacc  &  honcftate  Regno-^ 
nun,  perionaroinque fuaruin» quam  (uIeiCatholiar,&  Reipublkrs^  Chrif- 
tians  >  &  ira  nos  prxdiâi  Commiâàrii ,  virtute  jam  diâarum  poceftatum 
pro  diétis  Dominis  Regibus  eorumque  fuccefloribus  Regibus  Franctae 
te  BohesnisB  in  animum  pnefatorum  Regum  nos  coufticuentimm  te  nobi» 

Steftatem  concedencium,  voltsmus ,  promînimus  &  jaraniBS  ad  facro- 
lâa  Dei  Evangelia,per  nos  cotporaliter  taûa  ;  in  eu  jus  tti  cfeftimoniunL 
prxdiûas  Litteras  fignis  noftris  manualibus  (ignamus ,  cum  figillorum 
noftrorum  appenfione.  Datum  in  Villa  de  Dicpe  >  die  i  S^  menus  JuUi* 
in  Normandia  >  atuio  Domini  i4(>4. 

X  X  X  V  I  L 

|}Cr  DtcUraiion  du  Roy  Louys  XL  par  laquelle  9  apfh  avoir  narré  Ub^ 
.  menées  &  pratiques  depluficurs  Seigneurs  unis  &  ligue{Jbus  prenxte  dw 
.  Bien  PuiÛc  y  qui  sUfioitnt  joints  avccfom  Frère  ,  il  leur  donru  un  mois 
.  pour  ytnir  vers  lui  ^  bft  réduite  à  kur  devoir  y  ce  faifant  leur  pardonne 
U  crime  de  le^e-MajcJté  y  qu  'ils  ont  encourus  par  kur  rehellion  yt6^  Mat» 
.   1464.  {ou  I465.fiyle  nouveau). 

Tiii  ^es  T  O  Y  S  y  par  la  grâce  de  Dieu ,  Roy  de  France  v  A  toos  ceux  qui  cei 
accueils  de  J^  preTences  Lettres  verront»  Salut  :  Comme  aucuns  meus  de  mauvais^ 
M.  TAbbé  efprit,  &  en  daauiable  propos,  non  ayans  regard  à  Dieu,  honneur» 
confcience  &  la  loyaulté  qu^us  nous  doivent ,  &  i  qaov  par  ferment  & 
autrement ,  ils  font  tenus  envers  nous  &  la  Couronne  de  Fiance ,  ayenr 
lait,  confpiré,  machiné  &  pourchaâe plufieurs  chofes  trèsf  réjudiciable» 
i  nous  ic  a  nos  fubjets ,  &  i  la  chofe  publique  de  noftre  Royaume ,  txae 
eferçans ,  par  féduâions  &  autrement ,  troubler  &  empelcber  le  bois 
eftat  du  Royaume ,  qui  eftoic  ii  paiâblc  &  en  ii  grande  tEanquillité  %■ 
que  marchandife  courroit  franchement  partout^  chacun  vivoit  paisible* 
mient  en  fa  maifon  »  feuflènt  Gens  d'Eglife ,  Nobles  »  Bourgeois ,  Mar-* 
chands.  Laboureurs,  ou  autres  \  toutes  manières  de  gens  eftrangers  os 
du  Royaume ,  pouvoient  feurement  &  fauvement  aller ,  venir ,  entrer  6c 
iiHr  par  toutes  les  parties  de  noftredit  Ro/aume>.avec  leurs  déniées ,  mar« 
chandifes,  or&  argent,  &  toutes  autres  chofes  quelconques,  fans  dan- 
ger ,  deftourbiers ,  ou  empefchemeas  aucuns ,  &  néanmoins  non  ayans  ^ 
iceux  feduâeurs  confideration  aux  chofes  deflufdites,  ne  aux  maux  v 
inconveniens  qui  peuvent  advenir  parleur  mauvaife  &  damnée  confide- 
ration ,  ont  induit ,  féduit  &  fuborné  noftre  Frère  de  Berry ,  jeune  d  agc 
&  non  confiderant  k  mauvaife  intention  de  ceulx  qui ,  ces  trahifons  >. 
rebellions ,  machinations  &  confpirations  conduisent,  à  îor  féparer  dW 
wc  nous ,  &  par  leur  faux  donné  à  entendre ,  fous  &  couleur  de  luy  & 
de  plufieurs  menfonges  controuves  pour  fattcaire  &  faire  joindre  avec 
eux ,  &  efmouvoir  le  peuple  à  Tencontre  de  nous  ,  &  à  foy  feparer  de 
noftre  obéyflànce,  ont  îak  dire  >  femer  &  publier  par  diferfes  parties  de 

cedit 


le  GranJ. 


DB  PHIL,  DE  COMINES.  43c 

ttàlt  Rovauiiie ,  qu'on  vonloic  rempriTomier»  ce  que  oncqûes  n'en  pen*    ia$^ 
iames ,  ce  quand  euffionsfccu  aucun ,  que  fi  un  damnable  cas  euft  voulu  ^ 

perpétrer ,  nous  en  enflions  fait  ùist  celle  punition  ,  que  ce  caà  efté 
exemple  i  tous  les  autres  ^  ainçDÎs  penfîons  Se  entendions  que  noAredic 
Frère  fîift  (t  content  de  nous  »  &  nous  en  tenions  fi  aJIuree  que  poflible 
eftoit  y  Oc  luj^mefme  de  fit  boudie  ce  nous  aroit  dit  ainfi  »  6c  affirmé 
avec  tant  de  belles  paroles ,  qu'il  eftoit  vrajr -fi^mblable  que  ainfi  eftoit.; 
&  croyons  fermement  ^u'il  avoit  ce  propos  &  vouknte ,  fe  ne  feuflènc 
les  autres  mauvais  feditieux»  qui  en  ce  Tont  deftouibé  »  &:  de  bon  vouloir 
qu'il  avoit  à  nous  détourné  ^  6c  lesquels  en  outre  ont  envoyé  par  divers 
ies  paniculiers  de  noftre  Royaume ,  pour  faire  adhérer  Se  joindre  avec 
eux  par  leur  faux  donné  i  entendre  »  &  leur  mauvaife  6c  damnable  fe- 
duâion ,  laquelle  ils  s'efforcent  couvrir  fous  couleur  du  bien  de  la  choie 
publique,  de  plufieurs  Princes,  Prélats ,  Gens  d'Eglife ,  Barons ,  Oieva* 
tiers ,  Efcuyers ,  Bourgeois ,  Marchands  ,  Se  autres  Habitans  des  bpnne^ 
Villes  Se  des  Champs ,  lefquels  ignorans  k  mauvaife  &  datnnable  fin  i 
quoy  les  féditicux  tendent ,  qui  n  eft  que  pour  mettre  guerre  Se  divifion 
en  ce  Royaume  >  &  troubler  Se  empefcher  le  bon  vouloir  que  nos  bons 
Se  loyaux  fubjets  ont  envers  nous ,  comme  faire  doivent ,  pourroienc 
pent-eflre  leur  avoir  donné  confentcment ,  cuidant  bien  faire ,  Se  leur 
auroient  fait  quelques  promefles  de  eux  joindre  avec  eux  i  &  tenir  leur 
parry ,  ou  autrement  i  aefquelles  chofes ,  quand  ainfi  fe  feroit ,  eft  tout 
clair  qu'tnconveniens  irréparables  en  pourroient  enfuiVre ,  à  l'exemple 
des  chofes  paffêes ,  &  donc  à  cette  c^iife  eft  à  douter  que  nos  anciens 
ennemis  Se  f adverfaires  les  Anglois  »  à  leur  pourchas  ou  autrement  » 
pourroient  entrer  Se  defcendre  en  ce  Royaume ,  &  jr  faire  maux  &  domr 
mages  innumerabks ,  ainfi  que  autresfois  ils  ont  fait,  dont  tant  de  fang 
humain  Chreftien ,  tant  de  ceux  de  nofhe  (àng  &  lignage ,  a  efté  efpan*         ' 
du ,  tant  d'Eglifes  violets ,  femmes  foicées  ,  pucelles  desflorées ,  &  au* 
très  pitiez  Se  inhumanirex  font  enfuivies ,  qui  pttéufe  &  douloureufe 
ehofè ,  Se  autre  s'euflènt  penfé ,  Se  en  enflent  efté  adveny  ;  &  néanmoins 
doutans  j>eut-eftre  que  pour  l'adhérence  qu'ils  ont  fidte  anfdits  feduc* 
teurs ,  traifbes  8c  rebelles ,  â  nous  &  à  la  Couronne  de  France  »  noi» 
vouliflions  prendre  vengeance  d'emt  j  Se  procéder  à  l'encontre  d'eux^ 
ainfi  Qu'il  eft  accouftunâ  contre  criminels  de  leze*Ma|efté ,  poqrroienc 
faire  difficulté  de  fe  réduire  envers  nous  Se  nous  reconnoiftre ,  Se  l'er- 
reur i  quoy  ils  ont  efté  menez ,  ic  que  ne  leur  vouliflions  donner  Se 
impartir  i  noftte  ^ace  i  fçavoir  faifons  i  que  nous  à  l'exemple  de  noftré 
Sauveur  Jefus-Chnft  ,  duouel  tenons  le  Royaume  &  la  Couronne  ,  qui 
ne  voulut  la  perdition  de  Ion  peuple,  mais  que  chacun  fe  reduifift  en- 
vers luy ,  &  pour  eftre  8c  demeurer  en  fa  bonne  grâce;  nonobftant  tou- 
tes les  fautes  Se  erreurs,  en  quoy  lefdits  Princes ,  Prélats ,  Gens  d'Eglife» 
Nobles ,  &  autres  de  quelque  eftat  que  ce  foit ,  pourroient  eftre  efçneus, 
&  envers  nous  avoir  ofrenfe  ,  à  caufe  &  par  le  moyen  &  pourchas  defdits 
feduébenrs ,  traiftres  ,  rebelles  Se  défooéy^ns  envers  nous ,  *voulans 
monftrer ,  comme  Prince  de  mifericorde ,  que  ne  voulons  la  deftruâion 
Se  perdition  de  noftre  Peuple ,  avons  dîfpoié  de  faire  advertir  tous  les 
iîibjets  de  noftre  Royaume  des  chofes  aefTufdites ,  &  pour  les  affurer 

Iii  1  que 


43^  PREUVES  DES  MEMOIRES 

14^4.   ~4^c  "ul  "^  ^^^  difficulté  de  venir  pir  devers  nous  >  &  fe  réduire  &  bilcr 
de  l'erreur  en  quoi  peut-eftre  ils*  feroienc  efcheus,  avons  ordonné  »  dit 
ic  déclaré ,  difons^ ,  ordonnons  &  déclarons  par  ce£dices  prefentes,  que 
'  tons  ceux  qui  voudront  venir  &  eux  réduire  envers  nous ,  dedans  un 
mois  ou  fîx  femaines  au  plus  tard ,  délaidànt  &  abandonnant  le  damna.- 
ble  party  defdits  rebelles  &  defobéy flans  >  nous  les  recevrons  bénigne- 
ment ,  &  dès  à  prefent  leur  impartim>ns  noftre  bonne  grâce ,  fans  ce  qui 
a  efté  caufe  ores ,  ne  pour  le  temps  à  venir ,  oïl  leur  impute  aucune  fau- 
te 9  comme  blâme ,  reproche  &  deshonneur  â  l'occafion  des  chofes  def- 
fusdites  a  ne  que  on  leur  donne  ou  faflè  aucun  deftoutbier  >  dommage 
ou  empefchement  en  leurs  corps ,  ne  en  leurs  biens  en  manière  quelcon- 
que ;  &  voulons  que  fi-toft  qu'ils  fe  rendront  â  nous ,  comme  à  leur  Sovh- 
:  verain  droiturier  Seignetu: ,  foient  reftitnez  à  leur  bonne  famé  &  renom- 
mée ,  &  à  tous  leurs  biens ,  &  que  de  ces  prefentes  ils  fe  puiflênc  ayder 
te  leur  puiflènt  valoir  tout  ainfi  que  s^ils  avoient  Lettres  efpeciales ,  au 
cas  en  eux  réduifant  ou  venant  par  devers  nous  &  nos  Lieutenans»  pour 
faire  le  ferment ,  &  nous  fervir  &  obé^r  comme  bons  &  loyaux  fuDJets 
doivent  faire  ;  &  d'abondant  pour  obvier  à  toutes  chofes  qui  pourroienc 
préjudicier  à  noftre  prefente  grâce  &  abolition  générale ,  denoons  eito 
mandemens  à  tous  nofdirsLieutenans,  Conneftables,  Marefchaux  ôc 
Chefs  de  Guerre ,  Senefchaux  ,  Baillifs ,  Prevofts ,  &  à  tous  nos  autres^ 
Jufticiers  &  Officiers  »  ou  à  leurs  Lieutenans ,  &  à  chacun  d'eux  »  que 
ces  prefentes ,  &  le  contenu  en  icelles  »  ils  faflènt  garder  5  entretenir  Se 
obferver  de  point  en  point  d'icelles ,  publier  par  les  Auditoires  de  leurs 
Jurifdidions  >  fie  par  tous  les  lieux  aceouftumez  >  à  faire  ccîs  &  publica- 
tions ,  &  que  tous  ceux  qui  s'en  voudront  ayder  >  ils  les  en  faflènt  don- 
ner &  ufer  pleinement  &  jpaifi>lement ,.  (ans  difficulté  quelconque  >  6c 
impofons  filence  perpétuel  i  noftre  Procureur ,  &  à  tout  ce  qu'il  vour- 
droit  dire,  alléguer  ic  propofer  au  contraire  y  Se  voulons  que  ao. W^i^vi^i 
d'icelle ,  fm  fous  Scel  SLoyal  ou  authentique,  foy  (bit  ad jouftéè comme* 
à  l'original  ;  en  tefmein  de  ce  nous  avons  Êiic  mettre  noftre  Scel  à  cefdir 
tes  prefentes.  Donné  â  Thouai^  le  feiziéme  jour  de  Mar^,  l'an  de  gcacc* 
mil  q^iatre  cens  foixante-ouatre  ,  &  de  noftre  Règne  le  quatre*.  Sicjïè^ 
jiatum  fupra pUcam  ,  Parle  Roy  en  fon  Confeil,  auquel  le  Comte  cm 
Mayne ,  les  Comtes  de  Cominge  &  Sirt  de  Bois-Menard ,  Marefchal  de- 
France;  le  Comte  de  Maulevrier  ^  Grand  Senefchalv  lefdits  Sires  du 
Lau  &  de  Bafbges  ^  Maiftre  Jean  Dduvet,.  premier  Srefident  de  Thou- 
ioufe  V  les  Sires  de  Monftreuil  &  de  la  Rofiere  y  Maiftre  Eftionne  Cho^ 
valier  >  Guillaume  de  Varie ,  Se  autres  eftoient..  Rolânt*.  Ei  in  dorfo  erat 
Jiriptum  >  U3a  ^.publUata  &'regtârata  Parifius  in  Parlamcnto  ^  viufima 
fexta  dit  Martii  ,  anno  Domim  milltfimo  quadringcnujimo  Jtx^igç^mai 
quarto  ^  antc  Pafçhuy  &Jignatttm ,  Cheneteau*. 


s^^ 


XXXVUl. 


DE  PHIL.  DE  COMINES,  437 

XXXVIII.  .>4<î4- 

0:7  Lettn  dt  Monjuur  U  Duc  de  Btrry  au  t>uc  de  Bourgogne^ 

TRès-cher  &  crès-amé  Oncle ,  je  me  recommanctc  à  vous  tant  com-  t\xl  des 
me  je  puis ,  vous  plaife  Tçavoir  que  depuis  aucun  temps  en  çà  j'aye  Recueils  i^ 
eu  fouvent  les  clameurs  de  pliuleurs  Seigneurs  du  Sang ,  mes  parens  &  M.  TAbbé 
aucuns  nobles  hommes  de  ce  Royaume ,  en  tous  eftacs  du  defordonné  ^^  Gran^ 
^  patent  Gouvernement ,  qui  eft  par  les  gens  &  eftat  autour  de  Mon- 
iieur  ,  pleins  de  toutes  mauvaifeté  &  iniquité ,  lefquels  pour  le  profit  6c 
atfeâion  finguliere  &c  défordonnée ,  ont  mis  Moniteur  en  foupçon  Se 
haine  devers  vous  &  moy ,  &  tous  les  Seigneurs  du  Royaume ,  mefme^ 
ment  vers  les  Roys  de  Caftille  &  dXfcoflè  >  alliez  de  fî  long-temps  à  la 
Couronne  ,  que  chacun  fixait ,  au  regard  comment  Tanârorité  de  i  Eglife 
eft  gardée ,  Juftice  faite  &  adminiftrée  3  les  Nobles  maintenus  en  leurs 
<lroits  de  noblefle,  le  pauvre  peuple  fupporté  &c  gardé  de  oppreiHon  *,  ne 
vous  en  efcrit  plus  autant ,  car  je  fçay  (|ue  aflèz  en  eftes  informé  ,  & 
moy  defplaifant  des  chofes  deiTufdites ,  amfi  que  doit  eftre ,  comme  ce- 
luy  à  qui  le  fait  touche  de  (\  près  que  chacun  Içait  ;  &  defirant  y  pour- 
.veoir  par  le  confeil  de  vous ,  defdits  Seigneurs  &  parens  >  &  autres  no^ 
tables  hommes ,  qui  tous  m*ont  promis  ayder  &  (ervir ,  fans  y  cfpargner 
corps  ne  biens ,  au  bien  du  Royaume  &  de  la  chofe  publique  d'iceluy  y 
aum  pour  fauver  ma  perfonne ,  que  je  fentois  en  danger  \  car  inceflam-' 
ment  ic  couvertement  »  mondit  Sieur  &  ceux  d'allentour  luy  >  parloient 
de  moy  paroles  telles ,  que  par  raifon  me  dévoient  donner  eâufe  de 
douter  j  je  me  fuis  départy  d'avec  mondit  Sieur  ,  &  devenu  devers  beau 
CouCn  de  Bretagne  ,  lequel  m'a  fait  fi  bon  &  louable  recueil  >  que  aflez^ 
ne  m'en  (caurois  louer  ,  le  eft  délibéré  de  me  fervir  de  corjps  y  biens  &c 
de  toute  fa  puiflànce  au  bien  dudit  Royaume  &  de  la  cho^  publique  ^ 
&  pour  ce,  très-cher  &  très-amé  Oncle ,  que  mon  defir  eft  de  m'employer 
avec  vous  &  lefdits  Sieurs  mes  parens,  par  le  confeil  defauels  je  «veuille 
ofer  &  non  autrement  à  la  réponfe  &  bonne  addreflè  audit  Royaume 
^efolé  ,  &  que  je  fçay  que  eftes  des  plus  grands  du  Royaume  à  qui  le 
bien  &  le  mal  touche  bien  avant,  &  Doyen  des  Pairs  de  France,  Prince 
renommé  d'honneur  &  de  bonne  juftice,  ainfi  qu'il  appert  par  vos  grands 
faits ,  conduite  &  entretenemenr  de  vos  grandes  Seigneuries  *,  &  fçachans 
que  la  défordonnance  dudit  Royaume  vous  a  defplu  &  defplaift ,  con> 
me  raifon  eft,defirois  de  tout  mon  cœur  avec  vous  &  les  autres  Sef- 
gneurs  mes  parens ,  pouvoir  afiembler ,  afin  de  pourveoir  par  confeil  de 
vous  &  d'eux  à  tous  les  faits ,  qui  par  deffaut  d'ordre  de  Juflice  &  Poli- 
ce ,  font  aujourd^huy  en  tous  les  eftats  dudit  Royaume  ,  &c  au  foulage^ 
ment  du  pauvre  peuple ,  aue  tant  a  â  poner  que  plus  ne  peut ,  &  met^ 
rre  tel  ordre  en  tous  endroits ,  qu'il  puiflè  eftre  à  Dieu  plaifant ,  x 
l'honneur  &  félicité  dudit  Royaume,  &  en  la  rétribution  d'honneur  &  dV 
mémoire  perpétuelle  de  tous  ceux  qui  s'y  feront  employez  -,  fTvous  prie,très- 
cher  &  tres-amé  Oncle,que  fi  cette  matière. qui  eft  fi  grande  &  pour  la  bonne 
fin^vous  plaifemonftrer&  aflifter^  à  vous  employer,  &aufti  faire  employer 

li  i  \  mon» 


4i9^  PREUVES  DES  MEMOIRES 

:r"T—  mon  beau- frère  de  Gharolois  >  voftrc  fils  >  en  mon  ayde»  comme  je  mV 
'^  ^'  fuis  tousjours  confié  que  le  feriez ,  .&  afin  que  vous  Ôc  moy  nous  puil* 
fions  aflembler  ,  qui  eft  la  chofe  que  plus  defire  y  pource  que  mon  in* 
tencion  eft  de  briefincontinenc  entrer  en  pay  s&  tenir  les  champs  avec  lefdits 
autres  Princes  &  Seigneurs,qui  m'ont  promis  moy  accompagner  &  ayder  ;  je 
vous  prie  qu'il  vous  plaife  vous  mettre  fus  encore  de  vomre  part  en  pays 
vers  France  ,  &  au  cas  que  faire  ne  le  pourriez ,  y  voulifiîez  faire  venir 
mondit  beau-frete  de  Charolois  ,  à  toute  bonne  paiflance  de  gens  »  flc 
avec  ce  envoyer  6c  faire  venir  aucuns  de  voflre  Confeil  feable  y  pour 
eftre  &  afiifter  pour  vous ,  à  ce  que  les  autres  Seigneurs  du  Sang  advifô* 
ront  eftre  i  faire  pour  le  bien  du  Royaume  9  Se  par  lefquels  pourrez 
tousjours  eftre  informé  de  ma  bonne  Se  jufte  intention»  laquelle  par 
vous  6c  lefdits  autres  Seigneurs  du  Sang  fe  veuille  conduire  »  Se  non 
autrement  s  &  ce  que  par  mondit  beau-frere  en  voftre  abfence  »  fi  a>  fak 
&  dit  pour  le  bien  de  la  chofe  publique  &  du  Royaume ,  8c  foulagement 
du  pauvre  peuple ,  je  le  fouftiendray  &  maintiendrav  tant  que  je  vivray» 
8c  de  ce  pouvez  eftre  bien  cenain  ,  très-cher  6c  très-amé  Onde»  tous«- 
jours  vous  me  ferez  fçavoir  fe  il  eft  chofe  que  pour  vous  puiilè  ,  &  je  le 
feray  de  bon  cœur  9  priant  Dieu  qu'il  vous  doint  bonne  vie.  Efcrit  i 
Nantes  en  Bretagne  le  feiziefme  jour  de  Mars.  Lafufcriptioru  A  moa 
Oncle  le  Duc  de  Bourgogne.  La  foubfcripùon.  Voftre  Nepveu  Charles. 

X  X'X  I  X. 

$7  Mafdftfit  de  Monfieur  It  Duc  de  Berryfur  laprife  des  armes 

pour  le  Bien  Public. 

Recueils  ^  T  ^  Jcudy  vîngt-fixiefme  jour  de  Mars ,  Tan  mil  quatre  cens  foixante- 
M.  TAbbé  -'^  quatre  »  environ  onze  heures  du  matin  dudit  jour»  en  la  prefence 
Le  Grand  de  moy  Eftienne  Bu(Tèt ,  Notaire  de  la  Cour  de  Sanarre  y  6c  Greffier  du 
Bailliage  d'icelle  Comté ,  pourvoyent  Thameray ,  Sergent  de  Monfieur 
le  Duc  de  Berry  ,  ont  efté  prefentées  certaines  Lettres  Patentes  de 
mondit  Sieur  de  Berry ,  aufquels  eftoient  attachées  certaines  autres  Ler- 
tres  données  de  honorable  &  fage  Maiftre  David  ,  Chambellan ,  Lieu^ 
tenant  General  de  Monfieur ,  Senefchal  de  Berry  »  &  honorable  hom* 
me  Eftienne  Bourgogneau ,  Procureur  de  Monfieur  le  Comte  de  Sancer- 
re,  à  Jean  Goudin,  Prevoft  dudit  lieu  de  Sancerre»  defquelles  la  teneur 
s'enfuit» 

Charles, Fils&Frere  deRoysde  France,  Duc  de  Berry,  au  Se* 
nefchal  de  Berry ,  ou  à  fon  Lieutenant,  Salut  &  diledion  :  Comme  par 
les  Gens  du  Sang  de  France  ,  6c  autres  nobles  hommes  &  Confeillers 
de  feu  noftre  très-cher  Seigneur  6c  Pcre ,  que  Dieu  abfolve,  ayons  due- 
ment  efté  adverty  &  informé  ,  en  nous  remonftrant  la  grande  calamité 
en  quo^  eft  la  chofe  public^ue  de  ce  Royaume ,  par  le  moyen  d'aucuns 
ennemis  d'icelle  eftans  environ  Monfieur  le  Roy ,  à  l'apperit  defquels 
Jufticeeft  extrêmement  bleffce  &  foulée;  &  tellement  qu'il  convient,  tant 
a  la  Cour  de  Parlement,  que  ailleurs  juger  les  eau fes  a  leur  volonté ,  la 
grande  6c  exceflive  exa^on  des  Procureurs ,  dont  le  peuple  de  ce  Royaux 

me 


DE  PHÏL,  DE  COMINES.  439 

meeftfi  très-fort  foulé,  que  à  peine  les  peut-il  fupporter;  les  Gens  j  .^  - 
d'Eglife  opprimez,moIeftez  &  defappointez  ae  leurs  Efbts  &  Benefices,& 
quipiseft)  font  faire  mariages  contrelegré&  volonté  &conrentementdes 
opères  &  mères,  &  autres  parenS)lefquelles  chofes  font  contre  tout  ordre  de 
droit ,  deshonneur  &  vitupère  du  Royaume  >  confofîon  de  la  chofe  pu^ 
blique ,  .&  dériflon  d'iceluy  en  tous  les  Royaumes  voifins,  nous  requer- 
rant  que  à  ce  vouliflîons  donner  ordre  &  provifion  ,  Se  expulfer  6c  de-* 
bouter  iceux  ennemis  du  bien  public ,  eftant  &  qui  ont  efté ,  &  font  autour 
de  mondit  Sieur,  &  ramenant  toutes  chofes  faire,  &  obtempérant  à  leur 
confeil  &  requefte,nous  fovons  party  de  Poitiers  pour  nous  trouver  en  leur 
compagnie ,  pour  fur  ce  délibérer  de  ce  qui  eftoit  &  eft  à  faire  en  cette 
matière ,  en  laquelle  âifant  ait  efté  advifé ,  que  nous  devons  tirer  de^ 
vers  mondit  Sieur  pour  tout  ce  luy  remonftrer ,  i  celle  fin  que  mieux  •& 
plus  convenablement  puiflions  parvenir  au  foulagement  du  pauvre  peu* 

Île,  à  laquelle  chofe  fommes  délibérez  entendre  de  root  à  noftre  pouvoir, 
Taidc  de  Noftre-Seigneur ,  fans  ce  que  entendions  toucher  en  aucune 
manière  i  la  perfonne  &  autorité  de  mondit  Sieur ,  &  à,  cefte  caufe  nous 
foft  befoin  d'eftre  accompagné  des  Nobles  de  noftre  Pays.de  Berry  -y  pour 
ce  que  voulons  c}ne  vous  leiftes  crier  de  par  nous  ,  par  cry  public  éc  a  fon 
de  trompe  au  lieu  de  Sancerre ,  que  tous  Nobles  tenans  nef  ou  arrière-^ 
fief  de  nous ,  &  autres  fuivans,  &  qui  ont  accouftumé  Se  font  tenus  fui« 
vre  les  armes  ,-fe  mettent  fus  au  meilleur  habillement  ^ue  faire  le  pour-  ' 
ront ,  iceluy  montez ,  armez  Se  habillez  ,  à  tout  le  moins  en  perfonne  9 
fe  rendent  au  vingt-fixiéme  jour  de  ce  prefent  mois  de  Mars  prochain 
en  noftre  Ville  de  JBourges ,  auquel  lieu  trouveront  nos  amez  Se  féaux 
Chambellans  &  Confeulers,  les  Seigneurs  de  Livieres,  de  VouUon  Se 
de  Lufay ,  pour  illec  les  recevoir  aux  nK>nftre$  Se  faire  payer  de  leurs 
gages ,  &  leur  dire  ce  qu'ils  faftent  au  partir ,  Se  fur  peine  de  confifca* 
tion  de  corps  Se  de  biens.  Si  vous  mandons  Se  commandons  ,  Se  ex- 
prellement  enjoignons ,  queces  nobles prefentes  Lettres  faites  lire ,  crier^ 
publier  &  enregiftrer  es  papiers  de  voftre  Greffe ,  en  manière  qu'dh  n'en 

Ïuiflè  prétendre  caufe  d'ignorance ,  Se  que  en  tems  &  en  lieu  en  puif- 
^  ons  eftre  faite  telle  punition  que  le  cas  le  requiert  ;  car  ainfi  nous  plaift* 
il  eftre  fait  ;  mandons  Se  commandons  à  tous  nos  Jnfticiers  &  Omciers 
&  Subjets,  que  à  vous ,  voftredit  Lieutenant ,  &  autres  Commis  &  Dé- 
putez ,  en  ce  faifant ,  obéyftènt  &  entendent  diligemment.  Donné  i 
Bourges  le  dix-neufriéme  jour  de  Mars ,  l'an  mil  quatre  cens  foixante^ 
quatre.  Mnfifoubfcrii  en  marge  :  Par  le  Confeil  de  Monfeigneor ,  eftanr 
a  Bourges ,  auquel  eftoient  Meflieurs  de  Beaujeu ,  le  Omite  de  Damp- 
martin ,  les  Sieurs  de  Livieres ,  de  Lufay ,  de  VouUon  ,  Meftire  Pierre 
des  Barres,  &  plufieurs  autres  prefens.  Etfignits^  Cadier*  Scellées  du 
(rand  Scd  de  mondit  Sieur  le  Duc  en  cire  vermeille* 


XL, 


440         PREUVES  DES  MEMOIRES 

'^"'^  XL 

Traite  (CAUianu  entre  François  ,  Duc  de  Bretagne ,  éCufU  pan  >   ^, 

Char  Us  ^  Cornu  de  Charolois  ,  d^ autre  part  ^  à  Nantes 

U  2Z.  Mars  14  64.  (ou  146a*  nouveau  Jly le). 

•  *     ■ 

Tiré  de  TE-  T^  Rançois ,  par  la  grâce  de  Dieu  ,  Duc  de  Bretagne ,  Cpmte  de  Mont* 

^'^"/^  ^^^^  *  ^^  Richcmond ,  d'Eftampes  &  de  Vertus  :  A  tous  ceux  <jui  ce$ 

Codcfrojr.    prefcntes  Lettres  verront  &.  ouïront ,  Salut.  Comme  amour ,  union  &c 

concorde  entre  les  Princes,  foient  caufe  d'entretenir  eux  &  leurs  Princi- 

paucez  en  obéylTance  vers  Dieu ,  &  en  eftat ,  vertu  ,  magnificence  & 

tranquillité ,  &  de  les  accroiftre  &  augmenter,  à  auoy  tout  chacun  Prin« 

ce  &  Seigneur  doit  curieufement  veiller  &  entenare ,  afin  de  reprimer 

les  Contendans  à  vouloir  fur  eux  invader  ou  entreprendre  >  &  (jue  de 

long  &  ancien  temps ,  tel  que  mémoire  de  homme  n*eft  au  contraijre,  ait 

eu  amitiés  &  alliances  faites ,  nourries  &  maintenues ,  tant  par  confaiH 

guinicé,  affinit;ié  de  lignage  &  amour  naturelle,  que  autrement  entre 

feux  très-haux  &  puidans  Princes  les  Ducs  de  Bourgogne  &  les  feux  Ducs 

de  Bretagne,  nos  predeceflèurs ,   lefquels  en  gloire  puiflènt  enfemble 

lepofer ,  &  foit  ainfi  que  puis  aucun  temps  ayons  efté  &  foyons  bien 


prendre  inimitié,  indignation, 
plaifir  &  malveillance  contre  plufieurs  des  Seigneurs  de  fon  fang ,  te  par 
faux  &  iniques  rapports  les  mettent  en  didènuon  &  divifion  avec  luy  au 
détriment  de  tout  le  Royaume ,  le  confeillent  &  enhortent  à  invadec 
&  entreprendre  fur  eux  ,  leurs  Pays  &  Seigneuries  ,  &  entre  aurre  autres 
fur  trèsAïauts  &  pui(Tàns  Princes  nos  très-chers  &  très-amez  Oncle  & 
Coufîn  le  Duc  de  Bourgogne  &  le  Comte  de  Charolois  fon  fils ,  &  fur 
nous  dfpecialement  pour  eux ,  leurs  Pays  &  Sujets ,  &  nous  &  les  nof* 
très  grever  &  endommager ,  fi  faire  le  pouvoient,  à  quoy  defirons  pour-* 
veoir  par  toutes  voyes  deues ,  poffibles  &  raifonnables  *,  fçavoir  iaifons, 
que  en  enfuivant  ce  qu'eft  de  raifon ,  &  les  bons  &  louables  faits  de 
nofdits  predeccflcurs ,  &  pour  obvier  aux  foudaines ,  légères  &  torfon- 
niercs  entreprifes  que  mondit  Sieur  le  Roy ,  par  la  periuafion  ,  cnhorte- 
ment  &  inftant  pourchas  des  deffufdits  nos  malveiUans ,  pourroit  fur 
nous  faire  &  invader,  nous  pour  plus  grande  faculté  avoir  de  y  obvier 
&  refifter ,  &  garder  nos  Pays ,  Sujets  &  Seigneuries  en  leur  entier ,, 
ainfi  que  fommes  tenus  de  faire,  avons  fait ,  &  par  ces  prefentes  faifons 
alliance ,  confédération  &  paâion  avec  noftre  delfufdit  très-cher  6c  trèS' 
amé  Coufin  Charles,  Comte  de  Charolois ,  fils  &  feul  héritier  de  noftre^ 
dit  très-cher  &  très-amé  Oncle  de  Bourgogne  en  la  forme  &  manière  qui 
s'enfuit  ;  c'cft  aflàvoir,  que  nous  luy  fommes  &  ferons  vray  amy ,  allie  & 
bienveillant ,  le  ayderons ,  tendrons  fon  party ,  confeillerons ,  confor- 
terons &  fecourerons  de  toute  noftre  puifl&nce  à  garder ,  fauvcr  &  detfcn-i 
dre  fa  pcrfonne  &  celle  de  fes  enfans  prefens  &  advenir ,  leur  honneur,  * 
Eftat,  Pays,  Terres,  Seigneuries  $c  Subjets,  tant  celles  qu'il  tient  Se 

polTedqt 


DE  PmL.  DECOMIKEl  44J 

podcde  prefencement  >  comme  celle  qu'il  pourra  avoir  8c  podeder  au 
temps  aavenir ,  ainfi  que  nous  ferions  les  noftres  propres  fans  différence     ^  ^^  î' 
aucune  contre  tous  .&  vers  tous  ceux  qui ,  les  perfoimes  .de  luy,  &  de 
iefdiis  enfans ,  leurs  Pays ,  Terres  ,  Seigneuries  &  Sujets ,  voudroient 
crever ,  amoindrir ,  guerroyer  ou  ufiirper  en  quelque  manière  que  ce 
loir,  fans  en  excepter  ne  referver  mondit  Seigneur  le  Roy ,  au  cas  que  , 
f)ar  l'enhortement  ou  pourcbas  de  nofdits  malveillans ,  ou  autrement»  il 
voudroit  entreprendre  ou  faire  guerre  à  noftredit  Coufin  de  Charolois  » 
^  auquel  cas  >  &  autres  »  promettons  fecourir  &  aydec  iceluynofhe 
Couiin  ,  tant  envers  mondit  Sieur  le  Roy ,  que  tous  autres  >  quels 
qu^ils  foient  qui  le  voudroient  invader  ou  guerroyer ,  par  mettre  Se 
employer  pour  &  en  faveur  deluy  6c  de  fon  ayde,  nous,  nos  Ter- 
res ,  Pays  &  Seigneuries  advenus  &  advenir ,  6c  tottte  noftre  puiffàn- 
ce  en  guerre  contre  iceux  invadans  ou  guerroyans,  &  avec  ce  tout  ce  que 
pourrons  fçavoir  eftre  fait ,  dit  »  pourcnalfé  ou  procuré  en  (on  préjudice 
le  luy  (igniâerons  »  l'en  advertirons  &  de  tout  noftre  pouvoir  Ven  gar- 
derons*, &  en  œsprefentes  alliances,  confédérations  &  conventions» 
comprenons  mon  très-oedouté  Seigneur  Monfieut  le  Duc  de  Berry  ,  6c 
nos  très-chers  &  très-amez  Couiins  les  Ducs  de  Calabre  &  de  Bourbon , 
Se  en  celles  que  par  cy-devant  avons  faites,  6c  que  cy-après  ferons,  i 
noftre  lovai  pouvoir  y  comprendrons  noftredit  Coufin  de  Charolois,  Ces 
Pays ,  SuDJets  6c  Seigneuries ,  avec  fes  amis  &  alliez  ,  prefens  &  à  venir» 
6c  leurs  Pays  &  Subjets ,  comme  nous  &  les  noftres ,  en  tant  que  ils  y 
voudront  eftre  compris  6c  l'acceoter ,  6c  ne- ferons  aucunes  autres  alUan* 
ces  ou  confederarions  prefudiciaoles  à  ces  prefèntes ,  promettans  &  par 
ces  prefèntes  promettons  èc  jurons  par  la  foy  6c  ferment  de  noftre  corps, 
en  parole  de  Prince,  &  fur  noftre  honneur,  ces  prefèntes  alliances  6c 
confédérations  temr  &  garder  fermement ,  fans  jamais  aller  i  lencontre 
en  aucune  manière,  moyennant  &c  parmy  ce  que  noftre  Coufin  de  Cha« 
roloisnous  a  fait  &  baille  pareilles  promeilès  &  fureté  \  en  tefmoin  de 
ce  nous  avons  figné  ces  prefenoes  de  noftre  main ,  &  Scellées  du  Scel  de 
nos  armes.  Donné  en  noftre  Yille  de  Nantes  le  vingt-deuxième  jour  de 
Mars ,  Tan  mil  quatre  cens  foixante  &  quatre.   Ainfi  Signé ,  François  « 
avec  paraphe.  Sur  le  repty-eftoit^fcrit^  Par  le  Duc  de  fon  Commande^^ 
ment ,  &  Signé  ,  Milet,  avec  paraphe. 

Le  Comte  Je  Charolois  nefe  contenta  pas  défaire  avec  le  Dac  de  Bre^ 
tagru  le  Traite  précèdent  y  U  s^étoit  encore  attaché  par  un  pareil  Traité  te 
I)uc  de  Calabre  y  &  avo'ufait  ayec  luy  h  Traité  imprimé  ci-deffus  nu  • 
mero  XXXV.  dans  leqfitl  le  nufy^e  Jjuc  de  Bretagne  fui  compris ^ 


Tomt  IL  Kkk  XLI. 


L 


44* 


M^S 


&x.  Mars. 


PREUVES  DES-MEMOIRES 

X  LL 


1)7  Ce  fiât  Us  points  (i)  que  le  Seipuur  ée  Cbaroiols  met  &  impofe  am 

Seigneur  de  Croy  ,  146S. 

ET  Premièrement  »  dît  ledit  Seigneur  de  Chtrobis  >  oie  ledit  Sei*- 
gneor  de  Croy  (2)  s'eft  efforcé  &  efforce  tous  les  jours  de  mettre  le^ 
dit  Seigneur  de  Cnaroiois  en  malveillvice  de  mondit  Seigneur  de  Bour-^ 
gogne  Ton  père  »  &  de  le  £ûre  deikuire  »  fc  (oa  pouvoir  eftoic  de  cr 
Faire. 

Item.  Dir  ledit  Seigneur  de  Charolois  que.  le  Seigneur  de  Croy  »  le^ 
Roy  eftant  Dauphin  ^  taivailla  êc  potufuic  tant  le  Roy  de  le  faire  confti* 
mer  prifonnier ,  ainfi  comme  le  Roy ,  depuis  Ton  foyeur  advenement  en 
fon  Royaume ,  kiy  a  dk. 

htm.  Dit  ledit  Seigneur  de  Charolois  >  que  depuis  que  le  Roy  e(t 
Roy  )  ledit  Sieur  de  Croy  s'eft  efforcé  de  mettre  haine  &  malveillance 
entre  le  Roy  &  ledit  Seigneur  de  Charolois  >  laquelle  jamais  ne  fut. 

lum.  Dit  ledit  Seigneur  de  Charolois,  que  ledit  Sieur  de  Cro^  &  les- 
£ens ,  en  U  Ville  de  Lifle  ,  conune  Amtmdadeurs  du  Roy  >  mirent  & 
imposèrent  grandes  charges  fur  ledit  Seigneur  de  Charolois  >  &  que  le- 
dit de  Croy  &  les  fiens  ont  prefenté  &  offert  de  fcrvir  le  Roy  à  rencon- 
tre dudit  ligueur  de  Charolois  y  après  la  mort  de  Monfeigneur  dr 
Bourgogne ,  au  cas  qi:e  le  Rov  fift  guerre  audit  Seigneur  de*  Charolois. 

Jum.  Dit  ledit  Seigneur  de  Charolois ,  que  ledit  Sieur  de  Croy  sdk 
vanté  de  luy  faire  guerre  aux  Places  &  Fortereffès  de  Boulogne ,  Namur, 
Luxembourg  »  &  en  autr^  9  que  ledit  Sieur  de  Croy  tenoit  en  fes-mains^ 
&;  icelles  mettre  en  autres  mains  ,  que  de  mondit  Sieur  de  Bourgogne- 
&  de  Charolois. 

Jum.  Dit  ledit  Seigneur  de  Charolois ,  que  ledit  Sieui^  de  Croy  » 
émeu  &  inciré  le  Roy  a  rachepter  (  j)  les  Terres  ,  que  Mbnficur  de  Bour- 
gogne tenoit  en  gage ,  lequel  ne  l'euft  jamais  fait  y  fe  ce  n'euft  efté  au 
pourchas  {j^)  Se  moyen  dudit  Sieur  de  Croy. 

Inm.  Du  ledit  Seigneur  de  Charolois»  que  ledit  Sieur  de  Croy  a  fa-^ 

vorifé 


07  (i)  Copié  (ùr  les  Manafaks  de 
M.  Balutjc  y  numéro  165.  Ceft  proprement 
un  abreeé  de  la  Lettre  aae  le  Coince  de 
Charolois  publia  contre  les  Seîf^neurs  de  la 
Mai  fon  de  Croy  ;  on  comme  Ton  prononc- 
ée anjoard'huy  ,  de  Crouy.  La  Lettre  en 
tiereeft  Imprimée  au  T.  IILdêMonftrelet, 
fol.  107.  ▼«{& ,  édition  de  Paris  1 J71.  elle 
contient  quatre  pages  m  filio  r  elle  y  eft 
néanmoins  imprimée  avec  quelques  fautes. 

$Zr  1%)  Par  les  amples  Recueils  que  M. 
fAbbé  Le  Grand  avoit  faits  fur  le  Règne 
de  Louis  XI.  On  voit  aui  années  14^5.  & 
14^4,  beaucoup  de  LettKS  de  confiance  des 


Seigneurs  de  Crotry  à  ce  Roy  y.qni  les  com- 
bla même  de  bienfaits  ^  preuve  qull  y  avoir 
quelque  intelligence  entre  eux  :  car  ce  Prin- 
ce ne  phçoit  pas  inutilement  fes  grâces  Se 
Ces  faveurs. 

§Cr(^)  Cette  plainte  peut  avoir  queU 
ue  réalité ,  puifque  dans  les  inftruâdon& 
e  Louis  XI.  pour  le  rachat  des  Villes  de- 
là Rivière  de  Somme  ,  11  eft  ordonné  au 
Sieur  Chevalier  de  s'accorder  avec  M.  de 
Croy.  F(^#jc  ci-defTus  page  j^i. 

if3'  (4)  Pottrchas ,  c*eft-à-dlrc  à  la  fol- 
licitatibn  ,  à  rinfHgation  ;.  terme  encore- 
ufité  parmi  le  peuple  de  la  Flandres  Walone. 


l 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  445 

vorîfc ,  foutCDa  6c  aydé  à  rencontre  dudit  Seigneur  de  Qurolois ,  fon         , 
Coulln  le  Comte  de  Nevers  j  lefquels  Nevers  &  Croy  fc  font  vantez ,       4   4- 

3ue  le  Roy  leur  avoit  promis  de  bailler  quatre  cens  lances  avec  l'ayde 
es  Liégeois  ,  pour  entrer  au  Pays  de  Brabant  après  le  deceds  de  Mon- 
ileur  de  Bourgogne  »  &  par  ce  moyen  en  priver  dudit  Pays  ledit  Sieur 
de  Charolois. 

.  licm.  Dit  ledit  Seigneur  de  Charolois ,  que  pour  venir  aux  fins  furdit" 
xcs ,  que  le  Roy  a  fait  ledit  Sieur  de  Nevers  >  au  moyen  dudit  de  Croy  » 
fon  Lieutenant  &  Capitaine  General  efdittes  Terres  defengagées ,  pour 
parvenir  i  fes  fins ,  &  en  conclufion  ledit  Sieur  de  Charolois  a  fait  pu« 
olier  par  toutes  les  Villes  Se  Cités  de  Monfeigneur  de  Bourgogne ,  par 
Lettres  patentes ,  tout  ce  que  dit  eft  defTus ,  en  donnant  en  mandement 
fur  certaines  &  grandes  pe;ines  efdittes  Villes  dudit  Seigneur  de  Bourges 

S  ne  >  qu'ils  ne  voulfKIènt  (5)  recepter ,  ne  donner  faveur  neayde  audit 
e  Croy  >  ny  à  Ces  alliez  en  aucune  manière. 

X  L  I  L 

Ip^  LETTRE  du  Duc  de  Bourbon ^  Z4.  Mars  1466. 

M  On  très-redouté  ic  fouverain  Seigneur  »  }e  me  reconmiande  kuni-    tir^e  Je$ 
blenient  à  voftrp  bonne  grâce ,  &  vous  plaife  (çavoir ,  mon  toès^  Recueils  de 
^redouté  Seigneur,  que  j'ay  receu  les  Lettres  quil  vous  a  pieu  m'écrire  M.  TAbbé 
ide  voftre  main ,  par  JonèUn  du  Bois  porteur  de  ceftes ,  &  ouï  bien  au  Le  Grand, 
long  la  créance»  que  fur  icelle  il  m^a  dite  de  par  vous ,  contenant  en 
<tfet ,  comment  n'agueres ,  enallant  en  voftre  voyage  de  Noftre-Dame 
xlu-Puit ,  avez  fccu  comment  Mohfieur  de  Beriy  >  voftre  Frère ,  s'en  eftoit 
allé  avec  Odet  Daydie  ai  Bretagne ,  fans  voftre  (ceu;  &  pource  qu'avez 
grande  &  finguliere  confiance  en  moy ,  en  me  requerrant  que  inconti» 
nent  voulfiflè  partir  pour  aller  devers  vous  »  &  laidèr  mon  frère  le  Baftard 
^e  Bourbon  par  de^ ,  pour  mettre  fus  cent  Lances  en  mon  Pays ,  pour 
tirer  après  &  faire  ce  qui  feroit  advifé  y  dont  je  vous  remarcie  tant  &  ù, 
irès-humblement  »  comme  faire  puis  «  &  pour  vous  adverôr  &  faire  f^ 
voir  plus  à  plein  ,  mon  très^edouré  &  louverain  Seigneàr  >  les  motifs 
de  mondic  Sieur  de  Berry ,  comme  des  autres  causes ,  termes  es  chofes 

Î refentes  >  qui  font  à  cette  heure,  conune  je  croy  »  divulguées  >  qui  font 
cette  part ,  tant  de  voftre  Royaume  »  que  dehors  par  lopg*temps  ,  ont 
cfté  confîderées  &  pefées  generallement  par  tous  les  Seigneurs  &  Prin- 
ces de  voftre  (àng  8c  lignage ,  qui  ont  Seigneuries ,  Terres  &  Pays  en 
voftredit  Royaume  &  (ous  vous ,  &  qui  ont  intereft  après. vous  au  bien» 
profperité  &  entretcnemeot  de  voftiâiit  Royaume ,  auquel  apcès  vous  » 
ils  ont  bonne  part ,  chacun  en  fon  endroit ,  les  façons  qui  ont  efté  te- 
nues 9  tant  au  fait  de  la  Juftice  >  Police  &  Gouvernement  d'iceby  ,  que 
aux  grandes ,  estrefnaes  ic^  exceffives  charges  du  pauvre  peuple ,  lequel 
entre  nous  Princes  8c  Seigneurs  deilufdits  9  chacun  en  droit  foy  ^  avons 

veu, 

ft7  (5)  Hect^  ^  Ctft-à-dîfic ,  ceccfoir ,  coame  il  eft  nùxtpt  dans  la  Lettte 

Kkkz 


444  PREUVES  DESMEMOTRES 

lA^.     vcu  >  ouï  &  cbnneu  ,  plaindre ,  doulek  &  foutfrir  ,  &  fouftenîr  charges^ 
vexations  &  nioleftes  importables  j  Se  par  delTus  tout  ordre ,  façon  &v£ 
&  accouftuméê ,  dont  plufieurs  d'entre  nous  6c  nos  fubjets  9  tant  en  ge* 
aeral  que  en  particulier ,  vous  ont  efté  £aites  des  remonftrances^  &  i 
ceux  qu'il  vous  a  pieu  eflever  de  approcher  encour  vous  >  ayant  le  manie- 
ment &  conduite  derditeschoresjlerquelles  remonArances,  requeftes& 
complaintes  eftoient  >  ont  efté  &  font  dignes  d'eftres  ouïes ,  &  que  pro- 
vifion  y  fut  donnée  pour  le  bien  >  utilité  &  confervation  de  la  cnofe  pu- 
blique  de  voftredit  Royaume ,  &  auffi  pour  Teftat  defdits  Seigneurs  & 
Princes  de  voftre  Sang  y  aufquelles  chofes  jufques  a  prefent  n'a  efté  voftre 
plaifîr  aucunement  entendre ,  ne  donner  l'oreille  >  ne  proviHon ,  ordre» 
ne  police  raironnableàce>&  autres  chofes,  lefquelles  ont  efté  par  cy* 
devant  faites  &  conduites  par  voftre  plaifir ,  voulenté  &  tolérance  ^au 
moyen  d'aucuns  qui  font  entour  vous ,  qui  par  cy-devant  n'ont  guercs 
congnu ,  comme  il  appert ,  le  fait  &  eftat  de  voftredit  Royaume ,  lequel 
a  efté  fi  longuement  profperant  en  Ci  bonne  juftice ,  tranquillité  &  police 
ordinaire  ,  qui  font  toutes  notoires  diôfes  &  manifeftes  dedans  voftre- 
dit Royaume  >  &  ailleurs  \  pourquoy ,  mon  très^redouté  &  fouverairft 
Seigneur  ,  tous    enfonblt   &  d'une  voix  8c  commun  dfentement ,, 
meus  de  pitié  6c  compaftion  du  pau^te  peuple  à  eux  fubjets,  la  clameur 
te  oppremon  duquel ,  en  tous  les  eftats  eft  parvenue  fbuvent  à  leurs 
oreilles ,  après  ce  qu'ils  ont  veu  6c  congnu ,  qur  par  remonftrances  par- 
ticulières, ne  requcftesque  on  vous  ait  fur  ce  faites,  vousn'f  avez 
voulu  donner  remède ,  ordre  ncprovifion  convenable,  ont  &  convenu 
en  un,  concludâc  délibéré,  par  ferment  &  fcellez  autentiques,  &  tels  qu'il 
appartient! en  tel  cas,de  eux  trouver  &  mettre  enfemble,pour  vous  remonf^ 
crer ,  donner  à  connoiftre  par  aucune  voye ,  telle  que  Dieu  ,  raifon  & 
équité  leur  enfeiçie,  les  chofes  deftufdites,  pour  j* donner  d'orcfnavant 
bon  ordre  &  provifîon  ,  autre  qu'it  n'y  a  eue  depuis  que  ba  Couronne  de 
France  eft  venue  en  voftre  main  j  en  quoy  nous  e(perons  tous  à  l'ayde  de 
Dieu ,  noftre  Créateur ,  qui  congnoift  6c  fçait  toutes  chofes ,  penlées  6^ 
intentions ,  faire  œuvre,  qui  à  vous  8c  à  voftredite  Couronne ,  &  à  toute 
k  chofe  publique  de  voftredit  Royaume ,  fera  profitable  8c  utik,  &  auf- 
dits  Princes  &  Seigneurs  de  voftredit  Sang ,  hoimorable  8c  digne  de  re- 
commandation &  mémoire  perpétuelle  ;  &  quant  à  ce ,  mon  très-redouté 
&  fouverain  Seigneur ,  que  m'efcrivez  que  aille  devers  vous ,  en  quoy 
me  femble  ,  pour  la  façon  de  vos  Lettres ,  qu'eftes  non  adverti  de  ces 
chofes  que  vous  efcris ,  la  chofe  ne  le  requiert  à  prefent ,  ne  faire  ne  le 
puis ,  &  defplatft  à.rous  lefdits  Sieurs  Princes  de  voftre  Sang ,  qu'il  faille 
que  par  faute  de  donner  ordre  de  bonne  heure  aux  chofes ,  le  fait  dé 
.voftredit  Royaume  vipnne  en  telle  eommiferation  8c  neceflîté  ;  lacjuellê 
(c  pourroit  légitimement  par  vous  appaifer ,  quant  il  vous  plairoit  con- 
fideter  en  vous  mefme  l'eftat  8c  prolperité  en  quoy  vous  avez  trouvé 
voftredit  Royaume,  8c  en  quel  il  eft  de  prefent  ^  mais  il  peut  eftre  >  mon 
très-redouté  8c  fi^uverain  ^igneur ,  quen'eftes  pas  de  tout  adveny,  8t 
quand  plufieurs  chofes  fe  font  mal  faites  par  cy-devant ,.  tarit  entour 
:Vous  s  que  parmy  voftredit  Royaume ,  par  puii&nce,  force ,  violence  8c 
autres  voyes  eftrangeres  &  non  accouftumées ,  que  ne  font  pas  venuesià 

voftre  ' 


DE  PHIL:  de  COMINES.  44y 

voftce  notice  Ôc  connoidànce  %  &  dont  on  vous  informera  tellement  & 
£[  avant ,  que  vous  pourrez  &  devrez  dire  que  ce  qui  fe  fait  à  bonne  Se  *  +^  5' 
fufte  caufe  »  &  en  quoy  quiconque  s'en  mefle  ne  peut  avoir  blâme  >  ne 
reproche  envers  Dieu  >  vous  i  voftre  Couronne  >  ne  Juftice  ;  pource  que, 
mon  très- redouté  &  fou verain  Seigneur  >  te  vous  fupplie  très-humble-» 
ment ,  que  attendu  &  confideré  ^  ce  que  dit  eft ,  Ôc  autres  chofes  que 
bien  fçaurez  confiderer  »  que  ne  puis  efcrire  »  dont  pleinement  ay  parlé 
audit  JoÛelin ,  vous  plaife  m'avoir  pour  excufé  de  ce  que  je  ne  vais  devers 
vous  ;  car  je  fui»  bien  délibéré  avec  les  autres  Seigneurs  &  Princes  de 
cette  alliance  &  voulenté  >  pour  le  bien  de  vous  &  de  voftredit  Royaume, 
d'entendre  i  vous  faire  lefdines  remonftrances  &  y  donner  Ordre  >  vous 
fuppliant  très-humblement ,  mon  très^redouté  &  fouverain  Seigneur,  pour 
honneur  de  Dieu ,  qu  il  vous  plaife^  avoir  advis  &  y  donner  de  bonne 
heure  provifion ,  telle  qu'on  puiile  dire  que  de  voftre  temps  ne  foit  adve-^ 
nu  inconvénient  4  voftredit  Royaume  par  faute  de  y  vouloir  remédier , 
comme  il  appartient  par  raifon  j  en  vous  aflurant ,  mon  très^redouté  Sc'y 
gneur ,  que  cette  befogne  n  eft  point  entreprife ,  ne  fe  conduit  contre 
voftre  perfonne,  ne  le  bien  de  voftre  Couronne  >  mais  feulement  pour 
remettre  les  chofes  en  bon  ordre ,  à  l'honneur  de  vous  &  de  vos  fubjets  y 
&  relievement  8c  confort  du  pauvre  peuple ,  qui  font  chofes  de  tous>^ 
droits  te  de  bonne  raifon ,  dignes  de  perfeverance  &c  recommandation , 
&  où  il  écheoit  prompte  Se  convenable  provision  ,  comme  voftre  bonne 
difcretion  ,  envers  laquelle ,  tant  que  je  puis  Se  dont  m'en  acquite  par 
cette  Lettre ,  pourra  s'il  luy  plaift  mieux  advifer.  Mon  très-redouté ,  Sec 
îe  fupplie  au  benoift  Fils  de  Dieu ,  qu'il  vous  donne  bonne  vie  &  longue.' 
fciit  à  Bourges  haftivement>  la  veille  Noftre-Dame  de  Mars. 

X  L  I  I  L 


î 


(5cr  Articles  envoye^aa  Roy  Louys  XL  par  U  Roy  de  Sicile  ^  touchant 
ce  qui  avait  efié  pourparU  entre  ledit  Roy  de  Sicile  &  Monjieurle  Duc 
de  Berry  ,  accompagne  du  Duc  de  Bretagne  ,  de  Mon/ieurde  Dunois  y 
&  autres  }  avec  les  refponces  faites  par  le  Roy. 

AUx  articles  envoyez  par  leRwde  Sicile  >  apportez  par  Mr^le  Comte      Tiré  <ïcs 
de  Vaudemont ,  le  Sgr.  de  (Jlcrmont ,  &  le  Juge  d'Anjou ,  &  pre-  Recueils  de 
fentez  au  Roy  noftredit  Seigneur ,  par  les  d^ùitlits ,  Se  l'Eveuiue  de  Ver-  ^-^  ^^^^f 
dun  avec  eux,  de  par  ledit  Sieur  Roy  de  Sicile,  touchant  cequiavoit       Grand, 
efté  dit  &  ponrparlé  à  la  Roche-au-Duc  (îir  Loire  ,  entre  ledit  Sieur  Roy 
de  Sicile  >  d'une  part ,  &  Monfîeur  de  Berry ,  accompagné  du  Duc  de 
Bretagne ,  du  Comte  de  Dunois  &  autres ,  d'autre  part  s  le  Roy  noftre- 
dit Seigneur  a  fait  dire  &  remonftrer  aufdits  gens^  dudit  Sieur  Roy  de 
Sicile,  ce  qui  s'enftrit. 

Et  Premièrement ,  en  tant  que  touche  la  remonftrance,  que  ledit  Sieur        ^ 
Roy  de  Sicile  à  faite  à  mondit  Sieur  de.  Beny  du  troublequ'il  voyoit  Se 
connoiftbit  eftre  au  Royaume  >  dont  s'en  pouvoit  enfuir  la  deftruétion 
d'iceluy ,  fi  aucun  bon  appointement  ne  s'y  trouvoit ,  auquel  volontiers 
s'enqiloyeroit,.  comme  celuy  à  qui  Dieu  avoit  donné  cet  honneur  Se  gracd 

Kkk  j  dcftrc 


L._ 


^___^  44^  PREUVES  DES  MEMOIRES 

— 7~   d'cftre  Oncle  du  Roy ,  &  de  mondic  Sieur  de  Bcrry ,  requerrant  &  priant 
^    ''      kdir  Monsieur  de  Berry ,  cjuc  à  ce  fe  vouUIft  inclinen 

Le  Roy  remercie  Icaic  Sieur  Roy  de  Sicile  >  fon  Oncle  %  du  bon  you- 
loir  qu'il  a  à  luy  &  au  bien  du  Royaume  >  6c  qu^nc  à  la  remonftrance 
qu'il  a  faite  audit  Moniteur  de  Berry  ,  du  mal  &  inconvenienc  qui  peut 
enfuire  à  tout  le  Royaume  >  i  caufe  du  trouble  nouvellement  mis  lus , 
-  fous  couleur  À  ombre  de  mondit  Sieur  de  Berry ,  par  ceux  qui  l'ont  in- 
duit Se  {èduit  i  foy  feparer  d'avec  le  Roy  &  de  fa  compagnie ,  &  tenir 
les  termes  qu*il  tient ,  le  Roy  eft  bien  content  de  ladite  remonftrance  « 
laquelle  chacun  peut  connbiftre  eftre  véritable  ôc  raifonnable. 
j  [^  £t  au  regard  de  ce  que  ledit  Roy  de  Sicile  pria  6c  requift  mondit 

Sieur  de  Berry  de  dire  &  déclarer  les  caufes ,  qui  Tont  meu  de  foy  par- 
tir  fi  foudainement  d'avec  le  Roy ,  à  quoy  mondit  Sieur  de  Berry  a  ref^ 
pondu ,  que  il  a  efté  meu  de  ce  faire  pour  deux  caufes  \  lune  pour  la 
(ureté  de  fa  perfonne ,  difànt  que  depuis  le  trefpas  du  Roy ,  que  Dieu 
pardonne ,  il  a  tousjours  fceu  &  congneu  que  le  Roy  ne  i'avoit  point  ea 
amour,  ne  bien  agréable  >  mais  en  tout  foupçon  &  défiance  »  &  fou« 
ventes  fois  le  deroonftroit  par  Ces  paroles;  &  que  ces  chofes  pcocedoienr, 
comme  ilpenfoit,  au  moyen  d'aucuns  de  fesferviteurs  defquelsil  a  grand 
caufe  de  foy  douter  oour  plufieurs  raifons,dont  pour  le  prefent  il  fe  tiaift* 
<  L'autre  caufe  de  fondit  partement  a  efté,pource  qu'd  voyoit  &conn 
gnoi(Ibit,ain(i  qu'il  dit,  le  defordre  qui  a  efté  &  eft  en  tous  cas  au  Royau- 
me,  dont  les  Seigneurs  du  Sang,  l'Eglilî:,  la  Nobleflè  6c  le  pauvre  peu- 
ple ,  au(E  la  Juftice  Ce  deulent ,  6c  s'en  pouvoit  enfuir  la  deftruâion  du 
Royaume  fe  remède  n'y  eftoit  mis. 

Le  Roy  s'efmérveille  fort  de  ceux  qui  ont  donné  i  entendre  i  mondit 
Sieur  de  Berry ,  qu'il  fe  deuft  en  rien  douter  du  Roy  touchant  la  fureté  de 
fa  perfonne ,  n'y  qu'il  y  deuft  aucimement  y  adjoufter  foy ,  car  oncqucs 
le  Roy  n'eufî  vouloir  &  ne  penfa  chofe  ,  qm  fuft  au  préjudice  de  la  per« 
fonne  de  mondit  Sieur  de  Berry  ,  6c  aufli  luy  aâient-d  de  ft  près  en  pro- 
chaineté  de  fang ,  qu'il  n'eft  pas  vray-femblable  qu'il  deuft  avoir  cette 
voulenté;&  comme  chacun  peut  connoiftre  ,&  a  veu  par  expérience ,  le 
Roy  depuis  fon  advenemeht  d  la  Couronne  n'a  monfhre  aucune  cruauté  â 
perfonne,  quelque  faute  ou  ofFenfe  qu'on  euft  faite  envers  luy  ,  parquoy 
leroit  bien  eftrange  à  croire  qu'il  euft  voulu ,  ne  penfer  mal  ou  cruauté 
fur  fon  Père  6c  fcul  Frère  germain ,  duquel  il  defiroit  là  fureté  de  fa  per- 
fonne ,  comme  la  (lenne  propre ,  tant  pour  ladite  amour  6c  afFeâion 
qu'il  avoir  avec  luy ,  comme  fon  frère ,  comme  pource  qu'il  fembloit  au 
Roy  que  la  fureté  de  la  perfonne  de  mondit  Sieur  de  Berry  eftoit  lapro^ 
pre  fureté  de  luy-mcme ,  a  efté  bien  mal  fait  à  ceux  qui  ont  donné  à  en* 
tendre  le  contraire  â  mondit  Sieur  de  Berry ,  &  à  luy  d'y  adjoufter  foy  ( 
6c  quand  le  Roy  euft  efté  adverty  6c  informé ,  ou  feroit ,  que  aucun 
fubjet  ou  fcrviteur ,  euft  machiné  de  confpirer  aucune  chofê  contre  la 
perfonne  de  mondit  Sieur  de  Berry ,  il  en  etUl  fait  faire,  6c  fèroit  fi  grande 
6C  fi  grieve  punition ,  que  ce  euft  efté  exemple  à  tous  autres. 

Et  i  ce  que  mondit  Sieur  de  Berry  dit  que  te  Roy ,  depuis  le  trefpas 
du  Roy  fon  Père ,  ne  l'a  point  eu  agréable ,  ne  en  amour ,  mais  en  fbubçon 
fie  dtmince  p  il  femblc  bien  au  Roy  que  chacun  peut  clairement  con- 

nolftrc 


HÉ  PHIL^  DE  COMINES.  447 

noUlte  par  les  termes  qu'il  a  tenus  à  mondit  Sieur  de  Berry,  que  les  cho-    

fcs  font  autrement  j  car  jaçoit  ce  que  mondit  Sieur  de  Berry  foit  encore  146^. 
en  jeune  âge  3  &  a'euft  que  quatorze  ans  au  temps  du  tre(pas  du  Roy  » 
que  Dieu  pardonne  >  néanmoins  deÛors  il  luy  donna  &  baula  le  Duché 
Je  Berr^  en  tous  droits  de  Seigneurie  >  pocu:  partie  defon  appanage,  com- 
me avoit  feu  Monfteur de Berry  le  Duc  Jean  ,  &  au  demeuranciuy  bailla 
penûon  pour  entretenir  fon  eftat  en  attendant  de  luy  faim  mieux,  &  la 
tenu  continuellement  en  fa  compagnie ,  comme  fon  bon  Frère, 

fit  en  luy  monftranc  tout  iîgne  aamour  &  de  fiance  >  pource  que  plu^ 
fieurs  rapports  luy  avoient  efté  faits»  qu'il  ne  £e  gouvernoît  pas  envers 
luy  &  autrement ,  ainfi  qu'il  devoit ,  &  qu'il  appanient  à  Fils  &  Frère 
de  Roy ,  faire  envers  {on  chef  Se  fouverain  Seigneur ,  le  Roy  feable- 
ment  Se  gracieufement  les  luy  remonitra  luy-meime  â  Razille ,  quand 
dernièrement  il  v  eftoit ,  en  Tenhortant  à  tout  bien  faire ,  &  luy  décla- 
rant le  bien  &  le  mal  qui  s'en  pouvoit  epfuir ,  lefquelles  choies  fem^ 
bla  que  ledit  Moniteur  de  Berry  eut  bien  agréables  »  Se  diA  qu'il  pleuH 
au  Roy  luy  bailler  tel  train  qu'il  voudroit  qu'il  tinft  &  qu'il  le  fcroit> 
Se  s'il  faifoit  autrement  qu'il  le  punUt  bien,  que  ne  font  pas  chofes 
de  demonftrance  >  que  le  Roy  ne  l'euft  bien  agréable ,  Se  en  bonno  Se 
parfaite  amour. 

Et  outre  plus  >  pource  que  mondit  Sieur  de  Berry  fupplia  au  Roy  que     in 
fon  plaifir  tuft  de  luy  croiftre  fa  p^nfion ,  &  le  Roy  le  luy  oétroya  ,  &  le  " 

fit  volontiers  >  &  luy  dit  &  fit  cure  que  fi-toft  que  le  fait  de  Bretagne  au- 
roit  pris  fin ,  il  luy  bailleroit  fon  appanage  entier ,  en  tel  &  aufli  grand 
Se  plus  que  feu  Monûeur  d'Orléans ,  feDuc  Loys ,  qui  eftoit  feul  Frère  du 
Roy  Charles  VL  fi  avoit  eu. 

Et  avec  ce  luy  dift  fit  dire  qu'il  defiroit  fon  bien  &  fon  avancement  y 
^  que  trois  chofes  principalement  luy  tenoient  au  cœur  >  efquelles  il 
defiroit  pourveoir  en  fon  vivant  y  l'une  pour  le  falut  de  fon  ame ,  l'au-* 
cre  pour  afligner  douaire  convenable  i  la  Royne  fa  compagne ,  ainfi  qu'a-^ 
voient  accoutumé  d'avoir  les  autres  Ro3nies  de  France  au  temps  prece^ 
dent  'y  Se  le  tiers  »  qu'il  puft  honnorablement  pourveoir  Monîieur  de 
Berry  fon  Frère ,  auquel  il  avoit  intention ,  à  l'ayde  de  Dieu ,  de  faire 
avoir  fi  grande  Se  fi  bonne  provifion  à  fon  honneur  &  profit ,  Se  d'y  ex- 
ploiter tout  fon  pouvoir  &  fa  puiâànce  ,  qu'il  en  devroit  bien  eftre  con- 
tent >  &  avec  ce  luy  dift  le  Roy ,  &  fift  dire  que ,  veu  qu'il  venoit  en  âge^ 
il  vouloit  que  toutes  (es  grandes  affaires  luy  fufiènt  conununiquées  > 
pour  ayder  à  les  conduire  &  confeiller ,  conune  raifon  eftoit  >  &  qu'il  en 
avoit  en  luy  fa  confiance* 

Lefcjuelles  chofes  demonftrent  alfèz  bien  clairement  que  le  Roy  avoir 
mondit  Siem:  de  Berry  en  amour  &  bien  agréable ,  Se  qu'il  n'avoir  caufc 
de  penfer  le  contraire» 

Et  en  tant  que  touche  tes  ferviteurs  du  Roy ,  dont  mondit  fieur  de      I  y. 
Berry  fe  deult  »  &  dit  qu'il  a  grand  caufe  de  fe  doubter  d'eux  pour 
pluueurs  raifons  >  dont  pour  ce  point  il  fe  taift. 

Pource  que  l'anicle  parie  en  termes  gencrau)i,  il  eft  fort  difficile  iy 
refpondre  \  mais  le  Roy  ne  crpit  pas  avoir  ferviteurs  qui  voulfifiènc 
avoir  fait ,  ne  procurer  chofe  qui  fuft  préjudiciables  la  perfonhe  de  mon- 
dit fieur  de  Berry  >  ne  par  eux  >  ne  luy  a  efté  fait  rapport  ou  préjudice  de 

mondic 


448  PREUVES  DES  MEMOIRES 

*'*^"™  mondic  Sieur  de  Bcrry  >  donc  il  air  caufe  raifcmn^ble  de  fe  devoir  doutef 

*  4    5  •     d'eux  -,  &  quand  mondic  ficur  de  Berry  eue  informé  le  Roy  que  verita- 

blemenc  il  euft  été  aind ,  le  Roy  y  euft  donné  la  provifion  celle  6c  & 

bonne  que  le  cas  Teuft  requis 

V*  Ec  quanc  à  la  féconde   caufe  pour  laquelle  mondic  fieur  de  Bcrry  dit 

.  qu'il  s'en  parcy  de  la  compagnie  du  Roy  ,  c*cft-àrfçavoir  pource  qu'il 

voyoic  Se  connoiflbic,  ainh  qu'il  die  ,1e  deibrdre  qui  a  efté  &  eft  en  cous 

cas  ou  Royaume ,  donc  tous  les  Seigneurs  du  fang,  l'Eglife,  la  NoblelTe 

&  le  pauvre  peuple,  ôc  auifi  la  juftice  fe  deulenc  &  s'en  pouvoit  ea 

fuireia  deft  uâion  du  Royaume ,  ce  remède  n'y  eftanc  mis. 

Le  Roy  depuis  qu'il  eu:  venu  a  la  Couronne  ,  a  mis  couce  la  peine 
qui  luy  a  efté  pofGble  de  meccre  >  garder  &  encrecenir  fon  Royaume  en 
paix  ,  repos ,  cranquillicé  6c  bonne  juftice,  &  à  iceluy  augmenter  6c  ac« 
croiftre ,  &  y  a  grâces  à  nocre  Seigneur ,  pené  Se  cravaillé ,  en  vifk 
tant  les  parcies  de  fon  Royaume,  plus  que  ne  fift  oncques  mais  Roy 
de  France ,  en  fi  peu  de  cems  depuis  Charlemaigne  ,  jufques  i  prefenc  , 
£c  eftoienc  les  chofes  fi  bien  difpofées  avanc  ce  crouble ,  que  c  hacun  vi- 
voie  en  paix  en  fon  hoftel ,  feuâenc  Seigneurs ,  gens  d'Eglife  ,  Nobles  ^ 
Bourgeois,  Marchands,  Lâlx>ureurs  ou  ancres  ,  de  quelque  eftac  que  ce 
fuft ,  Dieu  eftoic  honnorablemenc  fervi  en  l'Eglife  ,  &  le  Divin  Service 
bien  fait  &  contenu  ,  marchandife  couroic  par  coucfeuremenc,  &  pou* 
voie  chacun  aller  de  jour  &  de  nuit  l'or  ai  point ,  fans  deftourbier  oa 
empefchement  aucun,que<ce  n'eft  pas  demoncrance  que  ou  Royaume  au 
fi  grand  defordre  m  comme  il  a  pieu  à  mondic  fieur  de  Berry  dire ,  ne 
pour  ce  moyen  ne  rue  poine  venu  la  deftruâion  du  Royaume ,  mais  ait 
moyen  de  ladiee  allée  de  mondic  Seigneur  de  Berry ,  &  de  l'encreprife 
Se  confpiracion  de  ceux  qui  l'onc  induic  6c  feduicà  loy  feparer  du  Roy  » 
6c  cenir  les  cermes  qu'il  cienc,eft  bien  à  doucer  que  grands  inConveniens  ea 
viennenc  ,  car  déjà  Monfieur  de  Bourbon  &  aucuns  ancres  adherans  de 
ladiee  encreprife  &  confpiraeion  fe  fone  mis  fus  en  armes  ,  onc  faie  monf- 
très  ,  &  die  &  femé  pluueurs  paroles ,  écries  criés  aux  bonnes  Villes  Se 
aux  Prélacs ,  Seigneurs  6c  autres ,  alepconcre  du  Roy ,  en  le  chargeant 
très-forc  de  fon  luinneur ,  parlanc  eftrangemenc  conere  ion  autorité  6c  Ma- 
jefté  Royale  ,  prenant  fes  ferviteurs  &  Confeillers  principaux  ,  comme 
Monfieur  de  Tray nel ,  qui  longtems  a  été  Chancelier  de  France ,  &  le 
Senefchal  de  Poitou  ,  Confeiller  6c  Chambellan  du  Roy  &  grand  Panne- 
tier  de  France  ^  Maiftre  Pierre  Doriole ,  qui  lon^ems  avoir  fervi  en 
grand  &  fi  honnorableeAat  le  Roy ,  que  Dieu  pardoint,  6c  faifoie  fem- 
blablemene  le  Roy  nocre  fouverain  Seigneur  qui  eft  à  prefenc  ,  &  lefquels 
eftoienc  allés  devers  ledic  Monfieur  de  Bourbon ,  pour  maeieres  qui  le 
touchoiene  pour  l'appaifemene  des  queftions  Se  difterences,qui  eftoienc 
encre  Monfieur  de  Savoye  &  luy ,  &  non  contens  encore  de  ce  ,  Loys 
duBreiiil ,  Jean  du  Mars&  autresen  leur  compagnie  font  venus  en  forme 
d'hoftilité  Se  en  armes^ourir  jufquesà  la  rivierip  &  Loire,&  en  près  la  Ville 
de  Blois  prindent  Jeudy  dernier,  qui  fut  vingt-fiîptiémc  jour  de  Mars,  Iç 
6enechal  de  Beaucaiirc  »  qui  venoit  devers  Monfeigneur  de  Bourgogne ,  où 
le  Roy  l'avoir  envoyé  en  amba^de ,  &  pareillement  autres  ferviteurs  & 
fubjets  du  Roy ,  Marchands  &  autres ,  tant  du  pays  de  Picardie ,  de  la 
|3otneé  dp  Bjois  que  ^^'.ailleurs  >  les  one  bleifez  6c  xpueiUez  ^  oftez  ce  c^^'ilt 


DE  PHIL.  DE  COMINE5.  449 

«Toicnt ,  &  emmenez  prifonniers ,  &  baillé  ledit  Duc  de  Bourbon  feu-  ^  4^  J* 
f  été  &  fans  conduite  comme  ennemi,  (jui  n'eft  pas  grand  commencement 
xle mettre  bon  ordre  &  provifion  au  fait  de  ce  Royaume,  ainfi  ^ueMon- 
iîcur  le  Duc  de  Bcrry  &  fes  Adherans  difent  qu'ils  veulent  faire  ;  mais 
ainfi  que  chacun  puet  cognoiftre  &  ofter  le  bon  ordre  que  parvant  y  eftoit  » 
jk  mettre  &  fufcitet  la  guerre,  la  pillerie  &  le  defordre  partout  ce  oui 
pis  eft  ,  donner  matière  &c  occaHon  aux  anciens  ennemis  &adverfaires  les 
Anglois  d'entrer  en  ce  Royaume  ,  dont  dommages  &  maux  infinis  fe 
,  pourroient  enfuire ,  ainfi  que  les  cas  font  autres  fois  advenus ,  comme  il 
eft  tout  notoire. 

VL 


<ilMtIcontens  ou  autres,en  pei^vent  avoirdit  les  paroles entr*eux au deu;ù  du 
Jloy  *,  mais  pour  dire  tous  les  Seigneurs  du  Sang,  rËglife,laNoble(Iè,  &  au- 
,tres  indifféremment  s'en  foient  tus,cecy  tourneroit  à  la  charge  de  plufieurs 
qui  n'en  peuvent  mais,  &7  en  abeaucoupqui  tcfmoigneroient  du  con- 
traire ,  &  quoiqu'isl  en  ayent  dit,  jamais  n'en  fut  parlé,  ne  aucune  chofe 
remontré  au  Roy  \  &  fi  Monfièur  de  Berry  ou  autres  Teudent  fait,leRoy 
cufl  volontiers  donné  provifion  ,s'il  y  euft  caufe  &  matière  de  ce  faire  ,  &: 
n'y  devoit-on  pas  procéder  par  telles  liçues,tonfpirarions&  a&mblées  de 

Îiensen  armes,  ne  ufer  de  telle  voye  defaitfic  d'hoflilité  aUencontreKle  la  per- 
onne  du  Roy, ne  faire  fi  grands  troubles,tiunultes,  dommages  &  inconve- 
niensau  Royaume,comine  ils  ont  fait,quifontfi  grandes  ooenfes&fi  hauts 
jcrimes comme  chacun  fixait,  &  dont  tant  d'inconvenienspeuvent  enfuire, 
•&  pour  ce  femble  que  de  cet  article  on  fe  fuft  bienpeu  déporter  fans  don- 
ner fur  <e  fi  grand  charge  au  Roy  ,  ne  à  ceux  qui  n'y  penferent  oncques. 

Mondit  fieur  de  Bcrry  dit  qu'il  eft  feul  frère  du  Roy  ,  &  à  prefent  fon       VIL 
héritier  prefomptif ,  i  qui  le  mal  du  Roy  &  du  Royaume  *  doit  def- 

}>laire  plus  que  d  nul  autre,  &  pour  ces  caufes ,  voyans  &  cognoiflàns 
eschofes  deffiifdites,  lefauelles  fe  pourroient  plus  porter  &  foutenir 
iclon  droit  &  raifon  ,  a  efté  meu  &  confeillé  de  la  plulpart  des  Sei- 
gneurs du  Sang  &  autres  notables  hommes  de  ce  Royaume ,  &  auflipout 
la  feureté  de  fa  perfonne ,  &  à  Coj  depanir  de  la  compagnie  du  Roy ,  & 
fiîioindre&  afiembler  avec  leditSieurKoy  deSicile  &  lefditsSeigneursdu 
Sang,afinque  par  leursconfeils  &  de  ceux  des  Eflats  du  Royaume  foitfaite 
remontrance  au  Roy  deschofes  dont  a  caufe  de  foy  douloir ,  poure  y  eftre 
mis  la  provifion  telle  qu'elle  eftnécefiaire  pour  le  bien  de  luy  ,de  f^iCou- 
ronne ,  &  de  la  chofe  publique  duRovaume  ,  en  quoy  il  dit  qu'il  fe  veut 
employer  pat  le  bon  advîs  &  confeil  des  dcflufdits,  requérant  ledit  fieur 
RoydeSiale  que  fonplaifir  fufl  foy  adjoindre  &  affifter  avec  luy  &lesSei- 
neur^  du  Sang&EflatsduRoyaume,  ainfi  qc&e  par  rai(bn  faire  il  doit. 

Le  Rc^  (çait  bien  que  mondit  fieur  de  Berry  efl  fon  feul  frère  &  Ta 
toujours  aimé  <x>mme  A)n  frère ,  &  au  xegard  d'eflre  héritier  prefomptif 
xlu  Roy,  le  Roy  ne  dit  oncques ,  ne  fk  dioie  dont  il  eut  caufe  de  fby  cou- 
loir pour  empêcher  s'aucune  chofe  lui  doit  avenir  en  ce  cas  qu'il  ne  lait» 
mais  la  mercy  Dieu ,  le  Roy  eft  encore  jeune  te  vcnueux ,  fie  la  Reineeft 
^  efUt  de  di{pofitioa  de  porter  des  enfans*,  fie  eft  i  prefent  en- 
TomtlL  LU  (éxiùz 


n 


450  PREUVES  DES  MEMOIRES 

itinôtc  d'enfànc  y.8c  de  ce  qui  furvioidra  en  ce  cas ,  le  Roy  le  remet 
'  ^^  '  en  la  difpoficion  de  notredit  Seigneur  »  &  après  à  Notre-Dame  ôc  faint 
François,  lefquels  il  a  efperance  eftre  en  ce  cas  fesmoyenneurs  envers  lay* 
V  1 1 L  £c  à  ce  ^ue  mondic  (leur  die  Berrv  die  que  le  mal  da  Roy  6c  du  Royau- 
me kiy  doit  plus  déplaire  que  à  nul  >  &  voyant  Se  connoiUant  les  choC» 
dont  il  a  parié»  lefquelles  ne  fe  pourroient  plus  poner  ne  foutenir  feloft 
Dieu  &  raifon  ,  a  efté  meu  &  confeillé  de  la  pluipart  des  Seigneurs  du 
Sang  &  autres  notables ,  6c  aufli  pour  la  feureté  de  fa  perfonne  fe  join- 
dre 6c  adèmbler  avec  ledit  fîeur  Roy  de  Sicile  6c  Iddirs  Seigneurs  ^ 
afin  de  faire  remonftrances  au  Roy  par  leur  confeil,  &  de  ceux  des  Eftars 
<da  Royaume  >  defdites  cbofes  dont  a  câule  de  fe  douloir  ,  pour  y 
eftre  mis  en  la  provifion  »  telle  qu'elle  y  eft  neceflàire  pour  le  bien  de 
kiy  6c  de  la  Couronne  &  delà  chofe  publique. 

Il  ferobleau  Roy  que  mondit  (leur  de  Berry  doit  eftre  plus  enclin  après^ 
luy  au  bien  du  Roy  &  du  Royaume  que  nul  autre ,  &quant  i  ce  ^u*ii  dit 
que  les  chofes  dont  il  parle  ne  fe  peuvent  plus  porter ,  ne  foutenir  félon 
Dieu  &  raifon ,  chacun  peut  connoiftre  Tâge  de  mondit  fieur  de  Berry  » 
tantoù  il  eft  de  prefent ,  comme  de  celuy  où  il  eftoic  au  rems  du  trépas 
du  Roy,  que  Dieu  pardoint;&  auâichacunpeutcongnoiftrelageJavertU 
&  Tcntendement  que  Dieu  a  donné  au  Roy ,  &  à  prendre  les  chofes  en 
la  manière  que  mondit  fieur  de  Berry  fait  pour  en  faire  la  remonftrance 
au  Roy  s  ilfemble  que  c'cftune  écrangemanieredefaire,car  ileft  tout 
notoire  que  le  Roy  eft  fon  chef,  fon  Roy  &  Seigneur  fouverain ,  &  luy 
doit  mondit  fieur  de  Berry  hcmneur ,  obeiflànce ,  fideKté  6c  fervice ,  8c 
ji*eft  pas  à  luy  de  entreprendre  connoiflànce  de  reformer  le  Roy,ne  VEO- 
tat  du  Royaume ,  &  la  forme  6c  manière  qu'il  le  prent ,  ne  parce  que  die 
eft  deftùs  ,  quelque  confeil  qul(  ait  eu  ,  il  n'ovoit  pas  eu  caufe 
fuffifante  pour  foy  partir  a  Foccafion  deflufdire  de  la  compagnie 
du  Roy  :  6c  fe  luy  ,  le  Duc  de  Bourbon  &  autres  Seigneurs ,  avoient 
aucune  chofe  à  remonftter  touchant  ces  matières  ,  ils  le  deuflènt  avoir 
fait  à  VaQcxtAAéc  dernièrement  à  Tours ,  où  le  Roy  parla  à  eux  tous  fi 
doucement ,  &  fi  benignement  comme  chacun  ffait ,  en  leur  difant  &  re- 
monftrant  que  s'il  y  aroit  aucune  chofe,  dontilslevoulfiftentadvertirpour 
le  bien  du  Royaume ,  il  y  pourvoyeroit  volontiers  par  leurs  bon  advi» 
&  confeil  y  i  auoy  par  l'advis  &  délibération  de  eux  tous ,  fut  refponda 
au  Roy  par  la  bouche  dudit  fieur  Roy  de  Sicile,  qu'ils  étoient  fes loyaux 
fubjets  &  fervitcurs ,  &  que  le  Roy  eftoit  leur  fouverain  Seigneur  ,  & 
Touloient  6c  eftoîent  délibérés  de  le  fervir  envers  &  contre  tous ,  &  de 
vivre  &  mourir  avec  luy ,  &  d'autre  chofe  ne  luy  parlèrent. 
I  Xr  Et  quant  à  ce  que  ledit  Monfieur  de  Berry  requiert  l'adjonâion  du*- 

dit  fieur  Roy  de  Sicile  en  ces  matières ,  afin  que  par  fon  advis  &  cotifeil 
&  des  autres  Seigneurs  du  Sang,  aufiî  des  gens  des  Eftars  de  ce  Royaume,, 
foie  pourvu  aux  fautes  dont  il  a  parlé ,  ainfi  qu'il  eft  necefiàire  pour  le 
bien  du  Roy  6c  delà  Couronne ,  &  de  la  choie  publique  duRopume. 

Le  Roy  a  bien  confiance  au  Roy  de  Sicile  qu'il  ne  fe  joindra  avec 
jnondit  fieur  de  Berry  ne  autre ,  au  préjudice  du  Roy  ,  mais  luyfemble 
que  cette  adjonction  dudit  fieur  Roy  de  Sicile  que  ledit  Monfieur  de 
Serry  requiert  eft  bien  contraire  aux  Lettres ,  efcriptes  &  fcmonce» 
t  ledit  Monfieur  de  Berry  &  fe&  Àdherans  ont  fait  publier  par  ce 


r 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  4^1 

Royaume ,  que  cous  les  Seigneurs  eftoienc  tous  d'une  commune  voix 
&  opinion  en  ces  matières,  &  nommément  ledit  R07  de  Sicile,  &  qu'ils  ^  ^^ 
avoient  tous  fur  ce  baillé  leurs  fcellez  &  promeflès  ,  &  fe  ain(î  euft  efté 
an'il  fut  vray ,  ib  n'etiflènt  pas  de  prefent  requis  avoir  Tadjonâion  du* 
4it  fieur  Roy  de  Sicile,&  s'il  y  a  pluueurs  autres  Seigneurs,  de  ce  Royaume 
qui  ne  font  pas  de  cette  fuitte ,  mais  font  délibérez  de  fervir  le  Roy  en- 
vers &  contre  tous  ,  comme  tenus  y  font ,  ainfî  qu'il  eft  aflèz  notoire  * 
parquoy  ne.(bnt  à  croire  toutes  leschofes  qu'ils  difent  en  cettepartie. 

Et  au  regard  des  Eftats  du  Royaume,  il  eu  bien  certain  que  à  caufe  des        X. 
nouvelletes  furvenues  &  des  maux  jâ  enconunencez  ,  ainfî  aue  deHus 
cft  déclaré  ,  donc  la  confequence  eft  à  doubter  de  venir    beaucoup . 
pire  s'il  n'y  eft  pdurveu  ,  les  gens  defdits  Eftats  ont  trop  plus  grand 
caufe  d'eu:ddouloir&  plaindre,que  de  chofe  qui  ait  efté  faite  au  précèdent. 

Mondit  Seigneur  de  Berry  dit  au  furplus  que  fon  intention  eft  toute  y., 
tendante  à  bonne  fin  ,  &  luy  femble  qu'il  feroit  bien  requis  pour  le  bien 
du  Roy  ,  du  Royaume  ,  de  la  chofe  publique  que  les  Seigneurs  du  Sang 
&  trois  Eftats  du  Royatune  duenient  convoquez ,  fuftènt  aftèmblez  en 
lieu  feur  &  convenable  ,  pour  faire  remohftrance  au  Roy  de  leurs  do- 
léances 9  pour  eftre  par  luy  &  leur  v  confeil  donné  fi  bon  ordre  &  pn>- 
vifîon  pour  le  tems  advenir ,  que  ce  foit  au  bien&  à  l'exaltation  de  luy, 
du  Royaume  &  de  la  chofe  puDlique. 

Le  Roy  a  tousjours  defiré  &  deure  le  bien  de  fon  Royaume  &  de  fes 
Subjets,  &  y  a  pené  &  travaillé  au  mieux  qu'il  a  pu ,  &  eft  difpofé  de 
faire  mieux  que  jamais  *,  &  quant  les  Seigneurs  de  fon  Sang  ou  autres 
viendront  par  devers  luy,ainu&  en  l'eftat  qu'ils  doiventypourl'advertir  & 
luy  faire  remonftrance  d'aucunes  chofès  au  bien  du  Royaume,  U  les  re- 
cueillera &oiiirabenignement,&  leur  donnera  les  provifîons  convena- 
bles par  bon  confeil  &c  advis,  &  tellement  que  chacun  aura  caufe  d'en 
eftre  content.  Et  quant  eft  d'aflèmblet  les  Eftats,  veu  le  voyes  de  fait  & 
exploits  dontlils  ont  ufez  Se  ufent  chacun ,  pour  veoir  Se  congnoiftre 
comme  ils  ont  mal  pris  le  chemin  pour  faire  raflèmblée  defdits  Eftats  , 
&  ne  defire  point  le  Roy  le  mal  dommage  nedeftruâion,  d'aucuns  de  fes 
Subjets ,  mais  eft  courrouflfc  Se  deplaifant ,  quant  il  voit  &  congnoift 
qu'ils  font  chofe  allencontre  de  luy ,  ou  aucunement  qui  ne  foit  bonne 
éc  raifonnable,  &  aimeroit  beaucoup  mieux  que  autrement  fuft  :  Se  com- 
bien veu  la  faute  Se  ofFenfe  que  plufîeurs  ont  commife  allencontre  de 
luy ,  Se  ait  bien  caufe  de  procéder  contre  eux,  ainfî  que  raifon  &  juftice 
le  veut ,  &  qu'il  eft  accouftumé  faire  netelcas,neanmoins  quand  il  verra 
Se  congnoiftra  qu'on  fe  voudra  radreftèr  envers  luy  ,  Se  le  connoiftre  Se 
obeïr  comme  l'on  doit  fon  fouverainSeigneur,&  de  kiâêr  ces  mauvaifes 
&  de  teftables  voyes  qu'on  a  commencées ,  dont  tant  de  maux  Se  incon* 
yeniens  peuvent  advenir  à  tout  le  Royaume,  ainfî  que  defîîisa  efté  touché 
il  a  tousjours  efté  &  eft  enclin  comme  Prince  de  mifericorde,à  pardonner 
â  ceux  qui  ont  fait  lefdites  fautes&  otfenfîcs ,  &  mettre  en  oubly  toutes 
les  cho(es  paftces ,  Se  les  reprendre  Se  tenir  en  fa  bonne  grace^aufli  quand 
ils  voudront  perfîfter  en  leur  mauvais  vouloir  Se  entreprife  allenontre  de 
luy,  &  dont  (e  lachofe  eftoit  foufFerte,il  enfuiyeroient  maux  innumerables 
le  Roy  eft  difpofé  de  y  dotmfirJUprovifîcyi ,  ainfî  aue  i  un  Roy  Se  Prince 

Lll  1  fonveraia 


XIL 


Tiré  des 
Xecueiis  de 
M.  r  Abbé 
Le  Grand, 


4S^  PREUVES  DES  MEMOIRES 

jfbuverain  appanient  de  faire  félon  raifon  >  auanc  tel  cas  advient. 

£c  quant  a  ce  quemonditfieur  de  Berry  dit  que  nonobftant  toutes  let 
chofes  faites  &  pdflces ,  en  quoy  aucuns  des  ferviteurs  du  Roy  ont  gran-* . 
demçnt  mefpris  envers  luy,iïe{lcontent  peur  Hionneur  duRoyde  mettic» 
tout  en  oubîy ,  &  qu'il  ne;  leur  fera  touché  à  fon  poutchas.,  ne  i  fa  ce^ 
quefte  à  personne  ne  en  biens. 

Le  Roy  a  accouftumc ,  6c  fi  ont  tous  les  autres  vertueux  Roys  de 
France  ,  de  garder  &  entrtenir  leurs  ferviteurs  en  liberté  &  feureté  w 
fans  qu  il  foit  loifible  à  autre  oue  à  luy ,  d'entreprendre  fur  eux  aucune 
correàion  ,  &  qui  confpire  allencontre  d'eux^  cnacun  fçait  le  g^and  criri 
me  que  c'eft  ,  &  fi  autrement  fe  faîfoit ,  jamais  Roy  ne  feroit  bien  ne 
loyaument  fervi ,  8c  aufli  quand  ils  ont  failli  en  aucune  chofe  >  c'eft  aur 
Roy  à  lespunirou  pardonner  felôn  fon  bon  plaifir*,  ôc  pour  cefembleaoi 
Roy  qu'on  fc  pouroit   bien  déporter  du  contenu  en  cet  article. 

Par  le  Roy  en  fon  Confeil ,  auquel  MeflSeurs  les  Comtes  du  Maine  &: 
d'Angoulefmc,  FEvefque  de  Poitiers  ,  les  Comtes«  deTane^rville  ,  dc^ 
Lavaur,  Captau  de  Bûch ,  le  Sire  de  Grave ,  les  Comte  de  ComingeR 
ôc  fieur  de  Boifmenard  Marefthaux  de  France,  les  Sires  de  Bùcil» 
Comte  de  Sancerre  ,  de  la  TremoiUe ,  de  Chaftillon  >.  dcTorcy  ,  de  la- 
fiorde,  du  Lau ,  deBaynne,  deBafoges,  de  Montfcrrand,  deMontreul  » 
de  la  Rozie ,  Maiftre  Jean  Dauvct ,  premier  Prefîdent ,  Mcflire  Geofiroy-^ 
de  Saint-Belin  ,  Chevalier ,  Maiftre  Eftienne  Chevalier  &  autres.  E(- 
tantâ  Saumur  le  premier  joue  d'AirriL,  L*anmil  quatre  cens,  foixantel 
quatre  avant  Pafques^ 

X  t  I  v:. 

i^  Sommation  ,  Tjutrptllàtion  &  Commiffîon  dé  CKarlcs  ^fils  S  frera 
de  Roy  yPuc  de  Berry  ,   à  Monfeigruur  UDuc  de  Calahre  ,  Lorraine, 
&c.  Jean  II.  pour  prendre  les  armes  ,  &fej  oindre  avec  luy  &  autres 
Princes  du  Sang  9  contre  le  Roy  Louis  XL&  ceux  de  ^n  Confeil  ^ 
pour  le.  bien  public  du  Royaume.  14JSS.. 

CH  A  R  L  E  S,  fils  &  frère  de  Rois  de  France,  Duc  de  Berry  -,  à  nof- 
tre  très-cher  &  très*amé  Coufin  le  Duc  de  Calabre  ,  Salut  :  Comme 
dépuis  le  trefpas  de  Monfeigneur,que  Dieu  pardoint,nous  avons  eu  plu- 
fieurs  complaintes  &  doléances  par  les  Seigneurs  du  Sang ,  &  autre» 
notables  hommes  de  ce  Royaume,  du- grand  defordre  quiaefté  en 
tous  eftats  audit  Royaume ,  par  le  faux  &c  dèsloyal  coh(eil  d^àucuna 
proches  ferviteurs  de  Monfeigneur  ,  tendans^à  leurs  fihguliersprouiits  9 
plus  que  au  bien  de  mondit  Seigneur ,  du-  Royaume  8c  de  la  chofe  pu- 
blioiie ,  dont  s'en  enfuivroit  totalement  la  deftruâion  d*iceluy ,  la- 
quelle caufe  ,  &.  auflî  pour  la  feureté  de-  noftre  perfonne  que  fen* 
nous  en  très^-grand  danger  par  leurr  faux  ic  mauvais  rapports ,  nous 
ibions  tirez  devers  beau  Coufin  de  Bretagne,  lequel  nous  a  grandement 
recueillis  &  de  bon  voulbir  de  nous  joindre  de  aflembler  avecques  tou^ 
les  Seigneurs  du  Sang,  &  les  trois  Eftat»  du  Royaume  ,  pour  faire  re* 
monftrance  à  mondit  Seigneur  defdites  doléances  ,  à  ce  que  par  luy  6c 
leu£  confeil ,  y  fuft  donné  pour  l'advenir  fi  bon  ordre  &  provifion ,  que 
ce  fîift  au  bien  6c  exaltation  d'iccluy  Royaiune  >  &  de  la  chofe  publia 

que 


DE  PHIL-DE  COMINES.  4jj 

Se,  fans  rien  toucher  à  Teftac  de  fa  pcrfonne ,  ne  aux  droits  de  fa  ■ 

)iironne  ^  &  coft  après ,  nous  venus  devers  notredic  beau  Coufin  de     t^6$ 
Bretagne  y      fommes   allez   au    Pays   d'Anjou*  >  à  la  Roche-au-Duc  ^^ 
aceompaj^  de  noftredit  Couftn  de  Bretagne  ,   aufli  de  beau  Couiîn 
de    Dunois  y  de  Loheac    Se    d'autres  ,    auquel    lieu      trouvafmes 
beaux  Oncles ,  le  Roy  de*  Sicile  >  &  kiy  fifmes   remonftrances    dc$ 
chofes  deirufdites  >  &  de  notre  bon  vouloir  &  intention  ,  tendant  à  toute 
bonne  fin  ,  &  que  pour  le  bien  de  mondit  Seigneur  &  du  Royaume^ 
eftoit  befoin    que   kfdits  Seigneurs  du  fang  &  Eftats  du  Royaume 
fullènt  aflèmblez  en  lieu  feuf  &  convenable  >  kquel  beaux  oncle  loua^ 
&  approuva  noftredite  intention  ,  ainfi  qu'il  appert  par  i'efcript  qu'il 
nous  en  bailUfigné  de  fa  main  i  en  outre  fefoubmift  d'aller  ou  envoyer" 
devers  mondit  Seigneur  ,  pouckiy  en  faire  remonftrance  »  Se  nous  en» 
faire  le  rapport  tantoft  après*^  Pour  raccompliflètnent  des  chofes  def-* 
fufdites  y  noftredit  beaux  Oncle  cnvoy^  devers  mondit  Seigneur  beau 
Coufin  le  Comte  de  Vaudemont ,  le  Sire  de  Clermont  &  le  Juee  d'An-^ 
)ou,  leiiquels  luy  r^[>porterent  (on  vouloir  Se  intention  v  Se  icefuY"  nous>  ' 
fift  fçavoir  par  Révérend  Père  en  Dieu  >  l'Evc^qoe  Se  Comte  ac  Ver- 
dun 4  2c  les  Sires  de  la  Foreft  &  de  Fontaines^  après  la(][ueli:e  bien  en-* 
lendue  &  congnue ,  n'appert  point  que  mondit  Seigneur  ait  intention  ne 
vouloir  de  condefcendre  aux  fins  &  conclnfions  deffus  touchées ,  tant: 
utiles  Se  proufitables  au  bien  du  Royaume  Se  chofe  publicjue  d'icelûy  »• 
ains  par  le  mauvais  confeil  u'il  aentour  luy,  continuer  fon  indignation 
&  malveillance  vers  nous  9  vous  Se  autres  Seigneurs  du  Sang ,.  {ùivancr 
Boftre  intention  au  bien  du  Royaume ,  fans  vouloir  attendre  ne  donner 
aux  chofes  dedhfdites  provifion  ne  remède  convenable;  pour  qupy  c(t 
requis  Se  neceilàire  que  en  fon  defFaut  de  nous-mêmes  là  y  donnions  r 
Se  que  pour  ce   faire  >  vous  Se  nous  fniiffions   foindre  enfemble  pan 
puinànce  Se  autrement», à  ce  plus  grand  inconvénient  n'advienne  audits 
Royaume  t  fi  vous  prions  Se  re^uefbns  fur  tout  l'amour  que  vous  avez  â» 
nous ,  &  que  eftes  attends  zvt  bien  du  Royaume  &  delà  chofe  publiauet 
d'icelûy  >  que  incontinent ,  &  en  la  plus  grande  diligence  que  pofliDle 
fera ,  vous  marchiez  avant  en  pays  en  bonne  pui^nce ,  pour  rencontrer 
nous  Se  noftredit  Coufin  de  Bretagne  &  vous  joindre  à  nous  &  les  autres 
Seigneurs  du  Sang ,  aufquels  pareillement  faifons  fcavoir  noftredite  in- 
tention ,  es  parties  que  plus  convenablement  faire  le  pourrez ,  à  ce  que 
nous  eftant  enfemble,  puiilions  par  bonne  &  mure  délibération  Sa  pac 
vos   advis  &  conseils ,  Se  celuy  des  Eftats  dit  Royaume ,  pourvoir  ait 
grand  defordrequien  tous  Eftats  eft  en  iceluy- Royaume,  ât faire  régner 

E'  iftice ,  entretenir  &  garder  l'autorité  de  l'Eelife  &  la-  liberté  des  No- 
les,ceÛèr  Se  faire  ceflèr  toutes  voye^de  fait ,  de  force  >  &  de  violence,qui 
chacun  jour  ont  eu  ,  &autres  ont  cours  par  ce  Royaume*,  ofter  Se  faire 
ceflèr  1  es  aydes ,  impofitions ,  quatriefme ,  huitieiine*,  &  toutes  autres 
charges ,  oppreffions  &  exaé^ions  fur  le  pauvre  peuple  *,  fors  feulement 
la  Taille  ordmaire  des  Gens  d'armes ,  laquelle  auca^ant  feulement  côura 
lufqu'à  ce  que  par  les  Eftats  du  Royaume ,  querbrief  efperons  ademblec 
pour  eftre  par  leur  confeil  donné  ordre  aux  faits  d'icelûy  ,/oit  advifâ 
d'en  faire  diminution  Se  telibulagement  audit  pauvre  peuple ,  qu'il  fera^ 

LU  3  advifi 


454         PREUVES  DESMEMOIRES 

^^^^^^^^^^  advifë ,  fc  pouvoir  &  devoir  faire ,  &  en  tant  que  îneftier ,  cft  vous  don- 
^  4^  /•      nions  par  ces  prefentes  Se  à  vos  Lieutenans  &  Commis  pouvoir  de  les 
faire  aéscrier  en  tous  les  lieux  où  vous  paÛèrez  ou  envoyerez ,  â  quoy 
voulons  eftre  obeï  comme  à  nous-mefmcs;  les  deniers  ddfqoels  aydes , 
imponcions ,  quatriefme  &  huitiefme  que  vous  trouverez  avoir  efté  le-« 
vez  du  temps  pa(fê  jufques  à  prefent ,  qui  feront  ez  mains  des  Collec- 
teurs ,  Receveurs  ou  Fermiers  &  ceux  de  ladite  TaiUe,  tant  du  temps 
pafTé  que  que  du  temps  avenir  >  coprune  dit  eft  :  voulons  &  vous  don- 
nons auffi  pouvoir  de  prendre  ou  faire  prendre ,  lever  &  recevoir  pour 
employer  à  Tentretenement   des  gens  Jic  volbre  Armée ,  8c  de  com- 
mettre tel  ou  tels  perfonncs  fuffikntes  qui  bon  vous  fcmblera  ,  i  en 
faire  la  recepce  Se   mife  par  voftre  Ordonnance ,  lefquels  en  rendront 
compte  »  &  leur  fera  la  mife  employée  par  vos  relations  ou  par  celles  de 
celuy  ou  ceux  de  vos  Officiers  que  vous  aurez  commis  à  les  bailler  de 
par  vous ,  vous  donnant  &  à  vofdics  Lieutenans  &  Commis  ,  de  par  ces 

Î>refentes  donnons  pouvoir  de  entrer  à  puiflànce  >  ôc  ainfî  que  bon  vous 
emblera  en  toutes  les  Villes ,  Citez ,  lieux  &  Places  du  Royaume  ,  de 
requérir  ou  faire  requérir  ceux  qui  en  ont  la  garde  >  de  vous  en  faire 
ouverture  pour  les  mettre  &  tenir  ez  mains  de  nous ,  vous  &  autres  Sei* 
gneurs  du  Sang  ,  ajoints  avec  nous  de  prendre  les  fermens  de  tous  les 
Habitans  en  icelles  Villes  &  Places  qu'ils  ferviront  Se  enfuivront  nof- 
tredite  intention  ,  qui  efl  au  bien  de  tout  le  Royaume ,  de  commettre 
8c  députer  à  icelles  Villes  &  Places ,  tenir  &  garder  de  par  nous  telles 
perfonnes  que  verrez  eflre  à  ce  fuffifantesSc  propice,  de  prendre  ou  faire 
prendre  par  puiflànce  d'armes  8c  autrement ,  comme  mieux  pourrez  le 
tsàït ,  toutes  Villes  ,  Places  8c  Habitans  d'icelles ,  èfquelles  on  vous 
aura  refufé  faire  ouverture  8c  obeïr  à  vos  fommations ,  injonftions  8c 
commandemens  ;  de  punir  les  coupables  ou  leur  pardonner  »  comme  bon 
vous  femblera,  8c  verrez  aux  cas  appartenir,  8c  généralement  de  faire 
en  toutes  les  chofes  deflùfdites ,  8c  toutes  autres  requifes  &  neceflàires 
en  tels  cas ,  comme  nous-mefmes  le  ferions  &  pourrions  faire  en  nofbe 
perfonne,  fiprefensy  eftions  :  ce  que  de  noftre  part  entendons  faire  » 
promettant  avoir   acreable  ,  tenir  ferme  &  fiable  tout  ce  que  vous 
6c  vofdits  Commis  de  par  vous  aurez  dit  8c  fait  ez  chofes  deuufdites , 
leurs  circonftances  8c  dépendances  >  &  vous  y  porter  foutenir  de  tout 
noflte  pouvoir ,  fans  jamais  aller  allencontre }  Et  afin  que  nul  n'ait  caufe 
d'ignorance  que  vous ,  nous  &  autres  Seigneurs  du  Sang  forons  joints 
pour  faire  leldites  chofes  8c  autres  fervans  au  bien  8c  utilité  dudit 
Royaume,  Se  fous  ombre d^ignorance ,  prendre  excufation  de  non  vous 
obeïr ,  nous  vous  avons  baillé  &  oârôyé  ce  prefent  pouvoir  fîgfté  de 
noftre  main ,  fcellé  du  fcel  de  nos  armes ,  pour  leur  en  faire  apparoir , 
déclarant  que  tous  ceux  qui  obéiront  à  ce  que  ferez  8c  ordonnerez  félon 
le  contenu  en  iceluy  ,  aurons  pour  bien  recommandez  8c  feront  recon- 
nus de  leur  bonne  obfervance  8c  volonté  au  bien  dudit  Royaume  ;  8c 
aufli  de  ceux  qui  feront  le  contraire ,  en  fera  fait  telle  punition  qu'il 
appartiendra  ,  comme  de  ceux  qui  feront  defobeiflâns  Se  empefcnan$ 
le  bien  du  Royaume&de  lachofe  publique  d'iceluy,&  voulons  que  au  A^-- 
Jimus  de  ces  prefi:ntes  valablement  retenu  8c  autentiqué,pleine  foy  foit 

>td)outé^ 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  4^^  

adjoatée  comme  à  l'Origmal.  Donné  i  Nantes  ,  le  vingt-umerme  jour     ^  .  ^  e 
d'Avril ,  Tan 4p grâce muquatre  cens  foixanc-cinq    MÛj^gné  Charles. 
Et  plus  bas  >  par  Monfeigneur  en  fon  Confeil    >  M  i  l  et.  &  fcellc  en 
queuië  du  grand  Sceau  midic  Seigneur  Duc ,  en  cire  vermeille. 


X  L  V. 


Déclaration  des  trois  EJlats  de  Brabaru  ,'  Limbourg  ,  Flandres  ,  j4t^ 
tois  y  Hainaut ,  Namur  9  Matines  &  Anvers  ,  par  laquelle  ils  rr- 
reconnoijfent  le  Cornu  de  Charolois  comme  leur  Seigneur  apris  la  mort 
du  Duc  de  Bourgogne  fon  Père. 

A  Bnixclks  le  17  Avril  1^6$. 

IN  nomine  Domini  Amen.  Novcrint  univerfî  prefcns  publicum  in(.  ]^^{on^]^ 
trumcntum  infpcûuri ,  quod  cùm  nupcrrime  lUuftriffimus  Princeps  j^"  Code- 
Sc  Dominus,  Dominus  Philippus  Dux  Burgundiae,  Brabanciae ,  &c.  Re-  (^L 
verendos  Patres  Dominos ,  Prelatos  ac  lUuftres  Comités,  Baroncs  &  alios 
NobÛes ,  Milites,  &  militâtes  nec  non  civitatum ,  &  Oppidorum  com- 
munitates,  très  Status  Ducatuum  ,Comitatuum  &  Dominiorum  iuo-* 
mm  vidclicet  Brabancise,  Limburgix  ,  Flandrisc ,  Arthcfii,  Hannonix  & 
Namurci,  nec  non  Marchionatus  facri  Imperii  &  dominii  de  Mechlinia 
reprefentantes  ad  hoc  pet  litteras  fuas  convocatos ,  inter  aUa  per  orga«* 
num  nobilis  &  egregii  Viri  Domini  Pétri ,  Domini  temjporalis  de  Goux 
&  de  N^erdergrecte  militis ,  confiliarii,  &  cambellani  lui  in  efièâu  re- 
quifierit  quatenus  illuftriflimum  Principem  Dominum  Caroium  Comi- 
tem  Cadrdefii  filium  &c  hercdem  fuum  tanquam  talem  ac  in  Brabancùt , 
^  aliis  Ducatibus  ,  comicaciburque  &  cxteris  dominiis  fuis  fucceflbrem 
unicum  &  univerfalem ,  qualis  &  prout  erat  &c  eum  efle  volebat  &  de- 
clarabat ,  agnofcerent,  tencrent  &  reputarent ,  &  ijoft  mortem  fuam  ip- 
fum  ut  talem  &  eorum  verum  Dominum  recipere  lub  fide&  juramentis 
fuis  ut  tenebantur,  promitterent  &  reputarent ,  ut  dolus  &  machination 
emulotum  domus  Burgundiae  contrarii  ftatui  domini  fHii  fui  fraudaren-* 
tur  :  hinc  eft  quod  anno  à  Nativitate  Domini  milleiimo  quadringente- 
/îmo  Texagefimo  quinto ,  indiâîone  tertia  décima,  die  verè  vigefima 
feptimo  mentis  Aprilis  hora  quintâ  poft  meridiem  velcitciter,Ponti£-« 
çatus  fanâiffimi  in  Chrifto  Patris  &  Domini  noftri  Domini  Pauli  divina 
Providentia  Papx  fecundianno  |>rimo  ,coram  prenominatis  illuftriflimis 
Dominis  Duce&Cadrale(iiComite,in  nobilium  &  prepotentum  domino^ 
rum  teftium  ac  noftrorum  notariorum  infràfcriptorum  prefenriaperfona- 
liter  conflitoti  Reverendi  in  Chrifto  Patres  Domini  Tornacenfis  &  Atre- 
batends  Epifcopi  ac  Abbatesquam  plurimi  dominiorum  [M'ediélonmiEc- 
cle(iafticorum,illnftres  &  nobUes  Domini  de  Naflbw&  de  HuerneComi- 
tes  &  alii  milites  &  militares  nobilium  »  &  procerum  nec  non  civitatum 
&  oppidorum  deputati  communiuni ,  feu  plebeyotum  ftatus  memorari 
Domini  Ducis  dominiotum  fxpefatorum  >  reprefentantes  per  organa£c« 
cleHaftici  videlicet  Reverendi  Patris  Domini  Gofluini  Abbatis  Monafteriî 
iandi  Pétri  Hafflegemen£s  Ordinis  >  fan^  Benediâi,  Cameracenfîs  Dio^ 

ccfis. 


45<^  PREUVES   DES    MEMOIRES 

oobiles  veto  generod  Domini  Johannis  de  Angia^^militis  Domini  cempo' 
*  4^4*  jalis  de  Keftergatc ,  communitaces  âurem  Brabancix  Ducac^^s ,  Henrici  de 
Palude  oppidi  Bruxellenfîs  Secretarii  ceteroruin  quoque  dominiorum  vide- 
cet  Flandrûe  ,  Archedi  ,Hannonias ,  Namurci  &  Mcchlinke  MagiftirMa-* 
thûe  Grotheere  oppidi  GandenfisPennonariirucceffive&diftinâim  pre* 
taâam  requifîcioiiem  ijefumences  6c  récitantes  f\c  ad  eam  in  effeâu  ref^ 
pondérant^  quod  ipfa  Requ^fta  ex  qua  finceram  &  paternalem  diâi  Do- 
mini Ducis  erga  preiibatum  dominum  G>mitem  Cadralefii  fuum  filium 
afi^âioBem  concepenint,  eorum&iingulorani  ipforuin  animos  ceddide* 
cat  quam jocundûs ,  ôc  de  illa  quam  plurinnim  gratulantes  €am  comptée- 
cebantur.  Quodque  juxtà  illam  ,  quanvetiam  potius  ipfi  eidem  Doniino 
Puci  quànV  ècontra  ipfe  eis  feci(Ie  debuiÛènt ,  ut  diceDatur  fuprâ  diâura 
Dominum  Comitem  Cadrale(îi  tanquam  filium  &  verum  heredem  fuum 
.  ac  in  Brabanciîe  &c  aliis  Dùcatibus  ^  comitatibufquç  ic  dominiis  fuis  pre« 
diâds  unicum  &  indubitatum  fuccefTorem ,  &  pro  tali  nomine  patriarum 
&  dominiorum  facpediârorum  habebant  ^  tenebant  &  reputabanc,  6c 
quod.  horum  contrarium  in  eorum  nunquam  inciderat  mentes  aut  cogi« 
cationes ,  fibique  morte  ipfius  Domini  Ducis ,  utinam  non  propinqua  » 
nutu  Dei  contmgênt^,  ut  tali  ac  eorum  vero  6c  indubitato  Donuno  more 
fidelium  fubditorumobedire  vellent  6c  deberent,  atque  ut  defuper  preli* 
bâti  Domini  Ducis  animus  eb  ma^is  redderetur  quietus ,  Hbi  &  dié^o Do- 
mino Cadralefii  defuper  &  in  illius  corroborationem  quamcumque  pol- 
Ucitationem  &  promifllionem  Hve  verbo  &  cumiingulorum  juramento  » 
ûvc  litteris  &  figillis  fuis ,  aut  alio  quovis  génère  fibi  Domino  Duci  ma- 
gis  placito  &  per  eum  ordinando  facere  fe  promptos  &  paratos ,  obtule* 
runr,  addentes  prediâorum  nobilium  &  communium  ftatus  per  organa 
quorum  fuprà ,  quod  fi  qui  fotfan  jam  vel  impofterum  eflènt  qui  in  prx- 
minis  ,  aut  eorum  aliquo  contrariam  ,  aut  diâo  Donnno  Cadralefii  pre- 
(udicialem  haberent  opinionem  feu  voluntatem  »  aut  aliquid  contra  eum 
molirentur  ,  conarentur  aut  machinarentur  illis  totis  viribus ,  bonis  âc 
corporibus  Gbi  Domino  Cadrale(ii  aififtendo  refîfterent ,  quam  quidem 
sefmnptionem  prefatus  illuftriffiraus  Dominus  meus  Dux  Burgundis 
gratimmam  habuit  ac  etiam  ita  poftquam  viam  univerf^e  carnis  ingreilus 
k>ret  fieri  voluit  &  mandavit  ex  parteque  prefati  Domini  Cadralefii  tribus 
ftatibus  prediâis  ,  inde  erates  redditte  funt  de  &  fuperquibus  premiflis 
ikpediâus  Dominus  Cadralefii  petiit  (ibi  à  nobis  notariis  mfràfcriptis  6c 

Îuolibec  noftrum  fieri  6c  tradi  mftrumentum  publicum  unum  vel  plura. 
âa  fuerunthxc  Bruxellx  ,Camera€enfisDiocefis,inquâdam  aulâ  fupe- 
riori  Curias  Ducalis  Brabanciac ,  anno  >  indiâione ,  menfe»  die,  horâ  ,  6c 
Pontificatu  auibu6  fuprà  ',  prefentibns  ibidem  nobiJibus  &  prepotentibus 
Dominis  Ludovico  de  Lucemburgo,  Comité  fan£ti  Pauli,  Theobaldo  Do- 
mino Novi  Caftri  Marifcallo  Burgundire  ,  Johanne  de  Novo  Caftro  Do- 
mino de  Monte  acuco ,  Pctr©  Domino  de  Goux  &  de  Vcrdergrette  mili- 
ttbus ,  Magiftro  Paulo  de  Rota ,  Tbefaurario  &  Canonico  Cameracenfi 
te  Guiileimo  deJSifches  Ballivo,Regio  fan6^  PetriMonafterienfis,teftibus 
'    ad  haec  omnia  vocatis  &  rogatis. 

Et  -ego  Theodericus  de  Heyken  Presbiter  Cametacenfis  Diocefis  ;  pu- 
^Ucus  fiurris  Aj>o{lolLca  6c  Impcïiali  au^oricatibus  notariuç  >  quiafta- 


%. 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  457 

tûutn,  dominionimpncnarracoram  refponfioni  »  oblacioni  &  gratiarum  ^ 
cecidirioni&  habhioni>  cecerirque  praemmls  oinoâ>us.&  iÎQgulis»qt]ae  dum  ^  ^ 
(ic>uè  prxmittitur  fierencdicerencur  &  agerencur  unà  corn  pnenooiinatis 
Dominis  ceftibusfupràjucNocario  puUicoinfrafcriptisincerfuijeaqoe  fie 
fieri  vidi  6c  audivi,  ideo  hoc  prxfens  publiciim  inftrumentum  manu  difti 
infra£cripti  notani  fîdeliter  fcripcum  fub^cipfi  >  publicavi  Se  in  hasnc 
publîcam  formam  redc^i>  figno(jue  &  nomine  meis  folkis  uni  cum 
codom  fubrcripro  nocario  fignayi  rogacus  de  requifinis  in  fidem  robur.âc 
tcdimonium  ptsmtfibrum  omnium  &  finffjâotmnij^iié.dciicykcnyavec 
paraphe. 

Smiiliter  eeo  Adrianus  de  Bliét ,  acolirus  Cameracenfis  Diocefispu- 
blicus  ApoftoTîca  &  Inxperiali  auâoricatibus,  ac  venerabilis  Curix  Came- 
racenfis  Notarius ,  quia  recicationi  &  refumpcioni  diâae  Requeftae  ac 
^  ad  illam  modis  qoibus  fuprà  per  fin^ulos  Aatus ,  feu  eorum  deputatos 
£a£be  refumptioni ,  cecerilque  prsmiflis  ,  unà  cum  >Iocario  Se  ceftibus 
fuprafcripcis  interfui ,  ideoprslens  publicum  inftrumentum  manu  inea 
]>ropnâ  fcriprum  exinde  confeci ,  illudque  unà  cum  figno  &  rubfcrip- 
tionediâiprxfcriptiNotarii,  etiamfigno&  nomine  meis  folitis,  hîc  me 
eàdem  propria  manu  fubrcribent.e  fignavi  requifitus  ijignidc  Qliec^  avtc 
parapha. 

CoUatiqné  par  AL  Godefroy  f  fur T original ,  Jumt  m  la£hambrp  des 
Comptes  de  LMUa 

X  L  Vî. 

1^  Saufconduit  du  Duc  de  Btrry  y  pour  its  jimbaffadcurs  du  Roy^ 

CH  A  RLE  S ,  fils&  fîpere  de Roys deftance ,  Duc  de  Beny  -,  à  tous  lîré  âct 
iccux  qui  ces  prefentes  Lettres  verront ,  Salut  :  Comme  Monieigneur  Rccucih  de 
ait-piûs  nagueres  envoyé  pardeveis  nofttetrès-cher&très-amc  Oncle  le  M.  TAbbé 
Roy  de  Sicile ,  Révérend  Père  en  Dieu  l'Evcfque  de  Poitiers^e  Comte  de  ^^  ^"^ 
Maulevrier ,  Grand  Senoohal  de  Normandie ,  &  Maiftte  Jean  Dauvet  » 
premier  Prefident  de  Touloufejpour  eftre&  afiifter  avec  noftredît  Oncle 
d  traiter  .&  pratiquer  aucuns  oons  appointemens  fur  les  différends 
meus ,  à  cautè  des  doléances  remontrées  aufdits  beaux  Oncles  Roy  de 
Sicile ,  à  la  Roche-au-Duc ,  Se  foit  ainfi  que  noftredit  Oncle,  comme  mé- 
diateur defdits  Traitez&  appointemens  »  ait  délibéré  d'envoyer  le(dits 
Evefques  de  Poitiers  ,  Grana-Senechal  Se  Prefident  de  Touloufe  ic  au» 
cuns  autres  de  Tes  gens  ,  pour  afièmbler  en  aucuni  lieu ,  qui  fera  âdvifé 
avec  aucuns  qui  fieront  commis  &  députez  de  par  nous,  pour  illec  com- 
muniquer &  conférer  fur  le£dirs  différends  &  pratiquer  aucuns  bo  ns 
moyens  de  les  pacifier  Se  appointer  ,  fi  fiiire  fe  peut  ;  l'efquels  Eve(- 
que  ,  Grand  Seuecbal  Se  Prefident ,  attendu  lefoirs  différends ,  dou- 
tant que  aucun  empefchement  leur  fuft  fait  ou  donné  en  leurs  perfon* 
nés  ,  en  allant ,  menant  &  fi:journant ,  ont  fait ,  Se  font  difficulté  de 
venir  ,  Se  eux  tranfporter  à  laaite  aflcmblée  ,  s'ils  n'avoîcnt  feuretc  de 
nous  :  Sçavoir  faifons  ,  que  nous  defirans  lefdits  diffetends  eftre  bienap* 
patfez^  ^ufdits  Evdfquç  »  Grand  Sencchal  Se  Prefident  ,  à  chacun 
Tome  //•  '  M  mm 


45S         PREUVES  DES  M^E  MO  IRES 

1465.  d'eux ,  avons  donné >  &  donnons  par  ce^  preTentes ,  boime  &  loyalle- 
feureté  de  pouvoir  aller ,  venir ,  lejourner  ic  reconrner  ,  foir  pareaa 
ou  par  terre ,  eux,  leurs  gens  ,  ferviteurs  &  autres  de  leur  compagnie», 
tels  &  exi  tel  nombre  3c  eftat  tju'ils  voudront ,  Êms  ce  que  aucun  def- 
touibier  ou  empefchement  leur  foit  fait ,  mis  ou  donne  en  leurs  per- 
fonnes,  &  à  leurs  biens ,  en  quelque  manière  que  ce  ibit ,  durant  ce^ 
prefent  mois  de  May.  Donné  a  Lefperonniere ,  lez-Nantes ,  le  fécond 
jour  de  May ,  l'an  mil  cjuatrecens  foixante-cinq,  zinû^gné  Charles». 
Et  plus  hasy  par  Monfeigneur  en  Ton  Confeil  ».de  A  im^  r  ax  ,  avec  par? 
laphe  >  &  (celle  en  queue  de  cire  rouge. 

X  L  V  I  !.. 

déclaration  de  Charles  Comte  de  Charolcis  »  que  la  r^erve  faïu  de* 
laperfonnedu  Roy  [  Lotus  XI.  \dans  le  Traité /ait  avec  fAr cher  efque: 
de  Trefves  r^aurapoiru  de  lieu. 

A-  BniaeUes  »  le  i  j;  May  14^^^ 

Tiré  de     >^HARtES  de  Bourgogne,  Comte  de  Charolois  »  Seigneur  dcr 
acM  ^Go*    ^^  Chafteau-Blein  &  de  Bethune ,  Lieutenant  General  démon  très-re* 
éefroy.        douté  Seigneur  &  Père.  Comme  puis  n'agueres  nous  ayons  fait  ^certai- 
nes alliances  &c  confédérations  avec  très-ReverendPere  en  Dieu ,  noftr&' 
très-cher  &  très-amé  Coufin  T Archevefque  de  Trefves ,  efquelles  ayons 
fait  certaines  refervations  contenues  &  déclarées  en  iceltes  ,  Se  entre 
lesL  autres ,  ayons  refervé  &  excepté  Monfeigneur  le  Roy,  &  il  foit  aind 
que  de  ta  part  dudit  très-Reverend  Père,  nous  ait  efté  requis  que  ladite 
refervation  &  exception  au  regard  de  mondit  Seigneur  le  Rov^ ,  veuil- 
lons déclarer  non  eftre  comptifes  efdites  alliances  St  confédérations , 
fçavoir  faifons  :xiue  nous  inclinans  à  la  requefte  d'iceluy  très-Reverend- 
Père  ,  noftre  Côufîn ,  &  pour  l'amour  queavonsà  luy,  avons  déclaré  & 
déclarons  par  ces  prefentes  ladite  refervation  de  mondit  Seigneur  le- 
Roy ,  dont  mention  eft  faite  en  nos  Lettres  natentes^  defdites  alliances 
Se  confédérations ,  non  devoir  eftre  comprife  en  quelque  manière  que 
6e  foit  en  icelles  alliances  &  confederations«Donnéâ  Bruxelles,  le  quin* 
fiefme  jour  de  May  ,  Tan  de  grâce  mil  quatre  cens  foixante-cinq ,  &plus 
bas  y  par  Monfeigneur  le  Comte ,  figné  }.  Gros  ,  avec  paraphe,  &  fcell4 
£un.  Sceau  en  cire  rouge  »  à.  fimple  bande  de  parchemin^ 
CoUaeionné  fur  C original  en  la  Chambre  des  Comptes  de  lÀUe.^ 

XL  V  II  L 

* 

Trêves  ^Angleterre  ^du.  16  May  14SS. 

Tôt  dès  T    G  YTS  »  par  la  grâce  de  Dieu  ,  Roy  dé  France.  A  rous  ceux  œn  cer 

Rccuciisdc  JLj  prefentes  Lettres  verront ,  Salut  rComme  depuis  noftre  advene- 

U  GmSl    '"^^^^  ^^  Couronne ,  jjar  le  moyen  de  noftre  trè«:her  &  rrès-amé  On- 

^^'^^^    cle ,  le  Duc  de  Bourgpigne»  aient  efté  faites  &  grifes  certaines  abftineh* 


DE  PHIL.  DE  COMINES  4^.» 

<cs  de  gucrrCjtant  =par  mer  qac  par  tepre»  entre  nous,  nos  Royaumes^  pays   TUïT 
•&  fubjets d'une pm>  6c  Ivmt  Se  puitfanc   Prince,  noftre  très- cher  &       ^    ^* 
•amé  Coufin  £douard,  Rpy  d'Angleserre ,  fefdits  Royaume ,  pays  &  ùjh* 
jets  d'autre  part  4  lerquelies  alnbneoces   depuis  aient  efté  prolongées 

d'une  part  &  d'autre  ^  ju^ues  au    .     •    %     jour  de ^ 

prochainement  vcnans ,  Se  comme  par  les  «Lettres  d'icelles  abftinences 
&  prorogation  peut   apparoir,  6c  pource  que  pendant  ledit  tems,  n'u 
«bonnement  efté  ^  ne  (èroit  pdfîble  de  traiter  ,  ne  appointer  ^  matiè- 
res ,  foubs  efperance  defqueUcs  ,  ont  efté  prife;  lefdites  abftinences  de 
guerre  ,  parquoy  foitlebefoin  de  prolonger  aucune  îcelles. abftinences  » 
pour  aucun  tems ,  durant  lequel  en  puille  entendre  à  traiter  8c  appoint 
*  ter  lefdites  matières  ;  &  pour  ce  faire ,  eft  expédient  de  envoyer  aucun 
homme  notable  avec  pouvoir  fu£fant  depar  nous ,  pour   foy  trouver 
-avec ,  &  en  la  compagnie  de  noftre    très-cher  &  très-amé  Cou£n  le 
Comte  de  Varwic ,  lequel  comme  entendu  avions ,  eft  pour  ces  caufes 
"Venu  deçà  la  nier  es  marches  de  Calais ,  où  il  eft  de  prefént  s  Sçavoît 
faifons  ,que  nous  confians  entièrement  en  laperfonnede  noftre  amé  6C 
féal  Con(eiUer,&  Maiftre  des  Requeftes  de  noftre  HofteUGeorees  Havart , 
Seigneur  de  la  Rofiere  &  de  (es  fens  ,  prudhomie ,  loyauté  &  bonne  diîh^ 
gence ,  îceltnr  pour  ces  caufes   avons  commis  &  conunettons  ,  6c  luy 
avons  donne  &  donnons  par  ces  prefentes ,  plein  pouvoir ,  commî^n 
Se  mandement  (peciai  pour  foy  ,    transporter  efdites  marches  de  Calais 
ou  ailleurs  ,  quelque  part  que  (oit  noftredit  Coufin  de  W^arwic^  6c  fur 
lefdites  abftinences  de  ^erre  ,  traiâçr  6c  befogner  avec  noftredit  Cou#^ 
fin  le  Comte  de  Varwic ,  &  ceux  de  fadite  con^agnie  ,  ayans  fem^ 
blable  pouvoir  de  noftredit  Coufin  d'Angleterre ,  Se  icelles  aoftinences 
prolonger  ei}  la  propre  forme  6c  manière  qu'elles   ont  dté  par  ci-de^ 
vant,  c&puis  le  jour  &  l'heure  qu'elles  faudront  jufques  à  tinet  ans,  pro« 
venant  enfuite*,  &  d'icelle  prorogation ,  bailler  fes  Lettres  en  forme  dûe^ 
en  prenant  les  pareilles  de  ceux  qui  auront  de  ce  puiltance  de  la  parc 
de   noftredit  Coufin  d'Angleterre ,  &  laquelle  prorogation  ,  nous  avons 
promis  &  promettons  par  ces  prefentes,  en  bonne  foy  &  paroUe  de  Roy> 
&  fous  l'obligation  6c  hypothèque  de  tous  nos  biens  ,  avoir  agréable  » 
Se  renir  ferme  6c  ftabie  9  &  en  bailler  nos  Lettres  <ie  ratîjfication , 
quant  requis  en  feront ,  en  prenant  femblables  Lettres  tatificacoires  de 
noftredit  Coufin  d'Angleterre  ^en  tefmoindece,  nous  avons  fait  mettre 
noftre  Scd  à  ces  prefentes*  Donné  à  «Monluçon  ,  le  feiziefme  jour  de 
May  ,  l'an  de  grâce  mil  quatre  cens  foixante-cinq ,  &  de  noftre  Règne 
3e  quart. 

X  L  I  X. 

KP*  Lcttn  du  Rcy  à  Monjicur  U  Cornu  d'Eu  >  du  i^  May  146 X 

DE    f  A  R    LE    ROY. 

TRès-cber  Se  très-amé  Coufin  »  nous  avons  efté  advertis  que  les  gens      Tfa-é  im 
des  Comtes  de  Charolois  6c  de  Saint- Pol  font  Armée  ,  en  inten-  RccncUsdd 
tton>conune  Ton  dit ,  d'entrer  fiy  nos  pays,  des  Marches  depardeUy  î*'il  j  . 

Mmma  Se  ^^'^ 


•** 


4^0         PREUVES  DESMEMOIKES^ 

j^  &  porter  dommage  i  nous  &  à  nos  fubjets  ;  &  avecques  ce  ^  avons (ç& 
^  ^"^  k  prife  de  Crevecœur  &  de  Marleu  y  6c  pource  que  avons  bien  vouloir 
&  intention  de  y  pourvoir ,  ainfi  qu'il  en  eft  befoin ,  nous  vous  prions 
que  en  toute  diligence  faite  mettre  fus  tout  le  plus  <;tand  nombre  de 
gens  de  guerre  que  pourrez  fîner  ,  &  d'iceux  faites  raire  les  monftres 
par  noftre  amé  Se  féal  Confeifler  >  leMarefchal  de  GamaiTches»  qui  eft 
par  delà,  ou  par  homme  commis  de  parluy,  &  nous  efrivonsà.M^ 
Eftienne  Chevalier  >  que  nous  avons  envoyé  à  Paris ,  qu'li  fafle  payer 
tous  lefdites  gens  que  ferez  mettre  fus  ,  qui  par  monftre  &  revue  fe-i- 
ront  paflez  &  trouvez  en  habillemens  Aiâîlans.  Nous  efcrivons  auffi  à 
beau  Coufîn  de  Nevers,  que  de  Cst  pan  il  faflè  mettre  fus  le  olusgrand 
nombre  de  gens  de  cuerre  qu'il  pourra  amaflèr  y  &  femblablement  ef«  ' 
crivons  audit  Marefchal^de  Gamafches ,  que  luy  &  les  gens  qu'il  a  en 
I  fa  compagnie  fc  joi.^nent  avec  vou»&  beau  Coufin  de  Nevers^,  afin  que 

vous  tous-joints  enlemble,  puiffiez  mieux  refifter  aux  entreprifes  &  mau^ 
vaifes  intentions  defdirs  Comtes  de  Charolois  3c  de  Saint-Pol  t  fi  vous 
prions:  derechef  que  vous^employez  en  toute  diligence ,  &  de  tout  votro 
pouvoir ,  es  chofes  deflùfdites  ;  ôc  S  voyez  que  les  gens  defdits^  Comtes  » 
de  Charolois  &  de  Saint-Pol  marchent  en  avant  fur  ce  neflrepays^  met-^ 
Jinêrfus^  tez  peine  de  les  ruer  Jus,  de  detroufler  par  tous  les  moyens  qve.  pour* 
a*eft-àdire,  rez  relifterà.  leurs  entreprifes ,  de  mefmement  mettez  peine  de  leur 
abbanre  &   rompre  le  paflage ,  en  manière  qu'ils  ne  puiflfènt  venir  èz  Marches  do 
détruire ,     par-de-çà ,  ne  ailleurs  fecourir  le  Due  de  Bourbon ,  ne  autres  qui  fe  font 
ttrmc  en-  Jg^ju-^z  contre  nous  ,  ne  auffî  porter  dommage  à^nous  &  ne  a  nosgens^ 
«eFlan^es*  ^  fûbjets  des  Marches  de  par-de-li:  au  fbrplus ,  nous^  avons  efcrit  au 
Sire  de  Torey   &  au  Bailly  de  Vermandois^,  que  de  leur  cofté  ils*  faffimt 
mettre  fin  le  plus  grand  nombre  de  gens  de  guerre ,  que  pourront ,  Ss 
que  fouvent  ils  envoyeur  devers  vous,  pour  vous  advtrtir  de  tout  ce 
qu'ils  pourroient  fçavoir,  femblablement  envoyez  pardcvcrs  eux  hom- 
mes de  voftre  part ,  les  adverti^  de  tout  ce  que  pourrez  fentir ,  afinr 
que  par  l'adyerti£fèment  &  communication  que  ferez  les  uns  avecques- 
lesautres^,  ptuiSez-mieux  eftreadvifcz  ,  pour  pourvoir  &  délibérer  fiir 
tout  ce  quivfera- àfft«rey.&  toujours  nous  faites  fga\oir  des  nouvelles* 
qui  furviendront ,  &  en  tout  vous  employer  au  mieux-ide  voftre  pou-» 
voir ,  comme  bien  y   avons  fitiguliere  confiance.  Donné  à  Montluço» 
le  dix^huitieme  jour  de  Mzy<ijigni  L  o  y  s.  Et  plus  bas  G.  Pic  art;. 
Et  en  la  fitifiription ,  â.  nçftre  très>  cher  Se   amé.  Couiin   le  Comcer 
deEuâ. 

Jb^uXon  de  Charles  ,  Comte  de  Charolois  f  aux  Càmmiffaîres  qui  dévoient: 
traiter  enJpn,nom  avec  les  Ambajfadturs  du  Re^  d*£fcoJ/e^ 

Aa  Qaefnoy.le  xu  May  14^5». 

Tiré  ac  T  Nftruûions^  à  Mcflîre  Phelippe  Pot ,  Seigneur  de  la  Roche,  &  Pierre^ 
i^  MG         .  ^^8*^®^  de  Goux ,  Chevaliers ,  ConfeiUers  &  Chambellans  de  Mon- 
dcfroy        feigneurleDuc  de  Bourgogne  »  de  ce  ij^'ils  feront  Sc.befoigneront  de  pM 
^*  Mônfeigç^euÈ. 


DE  Ï>HÏL.  DE  COMINES.  4^1  

iAonCàigRCVLT  le  Comte  de  Charolois,  Lieutenant  General  de  mondit  , 

Seigneur  le  Duc ,  avec  les  Amba({adeurs  du  Roy  d'EfcolIè ,  qui  doivent       ^    ^^ 
brief  venir  es  marches  de  pat  deçà. 

Premicremeni.  Lefdics  Seigneurs  de  la  Roche  Se  de'  Goux  verront  les* 
Lettres  que  lefdits  An^bailàdeurs  apporteront  de  par  \cr  Roy ,  &  ouïront 
kur  chaige,  en  leur  déclarant  &  e^^fant  comme  mondit  Seigneur  les  a* 
commis  pour  befogaer  avec  eux  &  en  fon  abfence  y  laquelle  il  excufe- 
ront ,  confideré  la  Charge  que  mondit  Seigneur  ^  pcefentement  pout  le' 
fait  de larmée* 

Item.  Pour  contraâer  &  faire  unebonne  arlliance  entre  U'Roy  d'Efoofle 
&  (on  Royaumev  &  mondit  Seigneur  de  Charolois  &  leFays  de  mon- 
dit Seigneur  le  Duc  Ton  père ,  contendront  lefdits  de  la  Roche  &  de 
Goux,  que  par  le  Traitée  defdittes  alliances  il  foit  convenu  Se  accordé , 
que  le  Roy  &  mondit  Seigneur  de  Charolois  feront  &  demeureront  bons 
ëc  lovaux  frères  Se  amis.  Se  que  l'un  procurera  &  pourchadèra-à^fon  poiK 
Toir  l'honneur  >  l'Eftat ,  la  conduite  Se  le  profit  der l'autre',  pat  tbus  bons^ 
moyens  ,&  manières-  licites  Si  honneftes  ,  tour  ainfi  que  fk>ur  foy-* 
mefme  il  voudroit  faire  &  procurer ,  fans  fraude  ou  malen^^in.- 

lum.  Que  iceuK  Seigneurs  tiendront  iècrets  les  faits  ,  affaires  &  con-^ 
£iulx  que  l'un  (ignifiera  à  L'autre',  fans  jamais  les  révéler  ou  manifcfter  t 
fierfonne  vivant  fans  le  confentement  Kun  de  l'autre^ 

lum.  Que  les  ennemis ,  gens  de  guerre  defdits  Seigneurs,  ne  pour-^ 
ront  eibe  favorifez  »  receus<,  ne  reteptez  es  Pays  Se  Seigneuries  de  l'ua 
ht  de  l'autre ,  poui^faire  ou'entreprendre' guerre,  ou  faire  dommage  au' 
pays  l'un  de  l'autre ,  &  &  aucuns  gens  de  guerre  ennemis  disfdits  Sei- 

Îneurs  veut  demeurer  ou  paflèr  par  le  pays  oe  l'autre ,  ce  fera  par  Lettres* 
e  fauf-conduit^  lefquelles  Lettres  feront  conditionées  en  tdie  manière 
que  iceux  gens  de  guerre  ne  pourront  &  ner  devront  faire  ne  confpirer 
aucune  chofe  préjudiciable  aufdits  Seigneurs,ne  à  aucuns  d'eux  durant  le 
temps  dudit  fauf^onduit^ 

Item.  Que  autres*  qui^ ne  feronr  sens  de  guerre,  qui  hanteront  ou 
eommuniqueronr  pour  fait  de  marehandife  es  Pays  ddfdits  Seigneurs , 
fer<Mit  receus-efdits  pays'L'un  de  Vautre  pour  l'entrecofirs  de  ladiitemar-* 
chandife ,  fans  fouffrir  que  aucune  entreprife  foit  faite ,  fous  couleur  du-* 
dit  entrecours  contre  iceux  Seigneurs^  ne  aucuns  d'eux; 

Item.  Que  du  Royaume  d'Efcoflè ,  ou  par  fubjets  du  Roy  &  des  payr 
de  mondit  Seigneur  de  Charolois ,  qu'il  a  &  aura  après  le  trefpas  de  mon- 
dit Seigneur  le  Due  fon  père',  &:'des  fubjets  d'un*cofté  &  d'autre,  ou: 
par  auttles  â  leur  pouvoir  ,Tne  fera  fait  guerre,  hôftilité  ne  dommage  es 
Royaume,  Pays-,  Terres  on  Seigneuries  l'un  de  Fautre,  ainçois  y  refîfte- 
ront  de  tout  leur  pouvoir ,  &  feaucùne  chofe  eftoit  faite  par  mer  ou  par 
terre  au  préjudice  d'iceur  Princes^  ils  procureront  &:  pourchaflèronr  de" 
bonne  foy,  6c  fans'malengîn,  de  &ire  faire  la  réparation  des  dommages, 
^ui  auroient  efté  faits  es  pays  &  fur  les  fubjets  l'un  de  l'autre. 

licm.  Que  fe  les  fubjets  '  defdits  Seigneurs-  eftoient  rebelles -ou  défo- 
béyflansâ  l'un  defdits  Seigneurs  ,  chacun  d'etnc  fera  en  ayde  Se  aflfiftan- 
ce ,  fe  requis  en  eft ,  pour  réduire  lefdits  rebelles  à  robcyflànce  de  fon» 
Seigneor^âcàce-fe  employeront  de  tout  leur  pouvoir.  Se  jufques  à  ce 

Mm  m  3  que- 


^___^  4(Jt  PREUVES  DES  MEMOIRES 

fTTT'  Que  Icfdits  fubjets  fc  foumcttront  à  droit  &  â  juftice ,  félon  la  couftume 
des  pays  où  demeureront  lefdits  fubjets. 

Item.  Que  les  fubjets  dudit  Royaume  d'ECcoSt  &  ks  fubjets  des  pays 
<le  niondit  Seigneur  le  Duc  de  Bourgogne  &c  de  mondit  Seigneur  de 
Charolois  y  auront  bonne  Se  faite  communication  de  marchandife  les 
uns  avec  les  auci:es  ,  ainfi  qu'ils  dnt  elle  au  temps  paflë ,  &  feront  trai« 
cez  les  débats ,  queftions  &  affaires  des  fubjets  a  un  cofté  &  d'autre  félon 
les  anciennes  couftumes  ;  gardées  &  observées  efdits  Royaume  >  Pays  ic 
Seigneuries  d'un  co&é  &  d'autre ,  Se  feront  à  iceux  fubjets  entretetenus 
leurs  frianchifes ,  privilèges  &  libertés ,  ainfî  qu'ils  ont  efté  le  temps 
pa(fë  >  &  fe  il  y  a  aucune  difficulté ,  lefdits  Princes  Se  Seigneurs  en  refer-» 
yeront  à  eux  la  déclaration  Se  interprétation ,  pour  y  faire  cy-après  ce 
qu'il  appartiendra^ 

Item.  Que  fe  kfdirs  Seigneurs  &  Princes  eftoient  envahis  ou  af&illis 
par  aucuns  »  ils  (èront  tenus  de  fecourir  l'un  l'autre  en  dedans  deux 
mois  après  ladite  requeftc ,  Se  luy  bailler  ayde ,  confort  Se  affiftance  de 
gens  de  guerre ,  jufques  au  nombre  de  trois  mille  combatans ,  pour  trois 
mois  entiers ,  fans  les  defpens  de  celuy  qui  requerra  ledit  fecours  ;  Se 
lefdits  trois  mois  pailèz ,  le  Seigneur  qui  aura  requis  Se  voudra  avoir  ledit 
fecours ,  fouldoyera  lefdits  trois  mille  combarans ,  ou  tel  nombre  d'eux 
qu'il  voudra  avoir  a  Ùl  charge|,&  aux  gages  accouftumez  félon  le  pays^  où 
lefdits  combatans  feront  employez.  • 

Itemp  Et  fe  l'un  defdits  Princes  Se  Seigneurs  a  befoin  de  l'autre  pour 
Avoir  plus  grand  nombre  de  combatans ,  l'autre  fera  tenu  de  fa  puiâance 
luy  ayder  jk  luy  envoyer  plus  grand  nombre ,  Se  tel  qu'il  pourra  boimer 
ment  finer  aux  gages  Se  charges  du  requerrant  le  fecours. 

Item.  Et  Ce  lefdits  Ambafîadeurs  du  Roy  veulent  referver  le  Roy  Lovs 
de  France ,  lefdits  Seigneurs  de  la  Roche  &  de  Goux  les  avertiront  ae 
l'eftat  &  di(pofition  de  France  y  Se  diront  que  tout  confîderé ,  l'on  pourra 
taire  &  non  faire  mention  de  ladite  refervation ,  car  le  Roy  d'Efcoilè  n'a 
aucun  befoin  de  l'alliance  du  Roy ,  fors  que  pour  le  doute  des  Anglois  9 
Jefquels  font  en  trêves  &  abftinences ,  Les  temps  comme  de  quinze  ou  de 
feize  ans.  Se  ainfl  la  caufe  de  ladite  alliance  cdlè  à  prefent  Se  cédera  le- 
dit temps  durante 

Item.  Et  fe  lefdits  Ambaflàdeurs  veulent  Se  entendent  que  mondit  Sei* 
gneur  de  Charolois  doye  fervir  le  Rov  d'Efcofle  contre  les  Anglois ,  leur 
lera  dit  que  mondit  Seigneur  a  efte  requis  d'avoir  aucune  alliance  au 
Roy  Edouard  ^  pour  ce  qui  peut  toucher  la  feureté  des  pays  qu'il  a  »  Sc 
quiluyadviendrontparletrelpas  de  Monfeigneur  fon  pNçre  &  aurf^ement» 
Se  que  par  ce  moyen  il  ne  fe  poorroit  obliger  de  faire  guerre  aufdits 
Ançlois  pour  la  querelle  du  Roy  d'Efcoilè ,  mais  il  n'a  fait  &  n'entend 
à  faire  alliance  qui  foit  au  préjudice  du  Roy  d'Efcodè ,  ne  de  fon  Royaur 
me  y  Se  pour  ce  contenderont  que  de  ce  lefdits  Ambaààdeurs  fe  veulent 
contenter. 

Item.  Et  fera  dit  aufdits  Ambaflàdeurs  »  que  mondit  Seigneur  entend 

3ue  efdites  alliances  foient  refervez  fes  prochains  parens ,  aufquels  mon*^ 
it  Seigneur  le  Duc  fon  Perc ,  &  luy ,  onr  d'ancienneté  alliance^ 
/tem,.  &t  if  lefdits  An^bal&deurs  requièrent  avoir  déclaration  defdit$ 

AnçiPW 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  45^5.  _ 

anciens  parens  &  alliez ,  lefdits  de  la  Roche  &  de  Goux  diront  que  ce 

font  l'Empereur ,  les  EfUfeurs  de  l*Empire ,  Meilleurs  les  Ducs  de  Berry  ^     1 4^  >• 

de  Bretagne  >  de  Bourbon ,  de  Lorraine  >  &  les  Ducs>  de  Bavière  &  de 

Clevesr 

Ittm^  Et  s'il  plaift  aufdits  'Ambaflàdeurs  de  referver  les  deClufdits  y 
faire  le  pourront  &  en  fera  mondit  Seigneur  de  Charolois  côntenr. 

^  Ittm.  Et  aa  cas  que  lefdits  Ambadkdeurs  feront  diâicuité  au  fait  déf- 
îtes alliances ,  iK>ur  &  à  caufe  defdits  Angloiis ,  leur  fera  dit  que  iceuz* 
Anibaflàdeurs  foient  concens  de  befogner  pour  autel  temps  que  lefdites 
alliances  ou  trêves  d'entre  Angleterre  &  Efcoiïè  doivent  durer ,  &  après 
le  terme  expiré ,  que  lefdits  Princes  foient  &  demeurent  entiers  pour 
traiter  &  befogner  touchant  le  Roy  &  le  Royaume  d'Angleterre ,  &  ce 
pourra  lors  toucher  d'un  cofté  &  d'autre ,  ainfi  qu'il  plaira  aufdits  Princes 
&  qulls  verront  eftre  à  faire  pour  le  mieux ,  lefdites  alliances  &  confé- 
dérations demeurantes  au  furplus  en  leur  entier  félon  les  articles  delTuS' 
déclarez» 

lum.  Et  combien  que  îceux  Seigneurs  de'  la  Roche  &  de  Goux  ayent 
pouvoir  ample  &  gênerai  fans  exception  ou  condition ,  toucesfbis  ils  be«^ 
fogneront  en  ladite  madère  félon  que  deflus  pft  touchié ,  &  non  autre-^ 
ment  ne  plus  avant. 

Fait  au  Quefnoy  le  vingt-uniefme  jour  de  A4ay ,  l'an  mil  quatre  cen» 
£)ixante-cinq  y  Signe  ,  Chaulks  ,  avec  paraphe. 

CoUadonéfur  l'original  en  la  Chambre  des  Comptes  eU  Lille. 

• 

Outre  le  Duc  de  Calabre  &  le  Roy  d^Efeoffe  j  que  le  Cornu  de  Charolois 
mvoit  engage^dansjis  interejls^  il  rechercha  encore  U$  ElcSeurs  les  plus 
voifins  defes  Terres. 

Le  premier  avec  lequel  il  traita  fut  C Electeur  de  Trêves. 

Ce  Prélat  ejioit  de  la  Mai/on  de  Baden ,  &  favorifoit  la  Maifon  dé 
Bourgogne  ;.  cependant  il  avoit  lieu  de  ^aindre  qu'une  claufe  inférée  dans-  • 

un  Traue  antérieur  fait  avec  le  Duc  de  Bourgogne  y  par  lequel  le  Roy 
Louys  XL  avoit  ejie  excepté  de  ce  Traité  ,  ne  fut  un  ohjlacle  à  execuur  U'^ 
luy  qu*ilferoit  contre  la  France. 

Le  Comte  de  Charolois  leva  la  difficulté,  en  déclarant  par fes  Lettres  du- 
iS.  May  1465^  que  la  referve  faite  de  la  perfonru  du  Roy  n^auroit point 
de  lieu  y-ty-^ffiispage  468.  apris  quoy  cet  Archevefque  ne  fa  point  de  diffi- 
êultéde  renow^eller  u  Traité  par  Lettres  du^i.^  May  i^Si^quifuivent. 

L  L 

JLeitres  dt  r Archevefque  de  Trêves  9  par  lefquelles  il  promet  d*  exécuter  Iç 
Traité  d* alliance  y  qu'il  avoit  fait  le  4^  May  1462.- avec  le  Duc 

de  Bourgogne.- 

A  Coblents  le  dèrnkc  May  14^5. 

JGHANNES,Deigratiâ,fanâxTreverenfisEcclefiae,Archiepifcopus,      Tiié  do^ 

facri  Romani  Imperii ,  per  Galliam  &  Regnum  Arelatenfe  Archican-  J!^"^* 

cellarius>  ac  Princqps  Eleâor  :  notum  focimus  univerfis>  per  praefentcs  j^fj^*    ^' 

q^od  ^* 


^^^^  464,  PREUVES  DES  MEMOIRES 

""""^^  quodlcum  nos  ad  honorem  Dci  9  nccnon  Principatus  »  Domitûi  &  Tcp» 
^^^i'  XX  nodzxy  ac  eciam  fubdiconim  nobis  fidelium  confolacionem »  pacetn» 
rranquillicatem  ,  cotnmodum  &  profeâum  quaTdam  ligas^  confratcrni^ 
tates  &  inrelligencias ,  five  pa£b  cum  iUuftriffimo  Principe  Domino 
Philippo ,  Dei  gratia  >  Bufgundix  ,  Locharingis  «  ficabanôas  Se  Limbur^ 
gix  Duce ,  Flandrix  9  Arrhciu  >  Burgundiae  9  Palatino  Hannonix ,  HoK 
landix,  Zellandis  & Namurci  Comice,  FnCiXj  Salinarum  &  Mechli- 
;ii^  E^omino ,  Confanguineo  noftro  cariûkpo  ,  ineundas  &  ineunda  da- 
«er]imu5  in  modum  qui  Cequimr  :  Johfpnes  »  Dei  gcatia  ^  Eleâus  Se 
jcoafirmatus  TrevecenUs ,  facri  Rojnani  Imperii ,  Princeps  Eleâor ,  ac 
per  Galliam  &  Regnum  Ârelatenfe,  Ârchicancellarius  ^  &  Philippus^ 
eadem  gracia  Bargundi^ ,  Xx>th|u:ingi2 ,  Brabantûe ,  Se  Limburgix  Lux  » 
Flandrios  y  Archomi  >  Burgundi^ ,  Paiatinus  Hannontse ,  Hoilandts ,  Zei- 
landiac ,  &  Namurci  Come^ ,  Fd^  >  de  Salinis  de  Mechiinia  Dominus  : 
Notum  facimus  iSc  recognofcimus  publice  per  pr^fenccs ,  quod  ad  ho- 
norem Dei ,  necnon  Principatuum ,  Dommiorum  &  Terrarum  noftra* 
rum ,  ac  etiam  iubdicorum  >  nobis  fidelium  confolationem ,  pacem  , 
tranquilli^cem  »  commodum  &  profeâum  non  per  errorem ,  vel  impro« 
vide  ,  Cpi  fano  fidelium  npftrorum  accedence  confilio  >  mucuo  quafcam 
ligas  >  confracernicates  &  inrelligencias  >  five  paâa  duximus  ineundas 
fie  ineunda  prsfenciburque  inimus  »  promiccences  Se  quilibet  noftrûm 

{)romiccen$  de  cerca  Tua  fciencia  firmicer ,  ac  fpondens  in  verbo  &  lega* 
icacc  Principis  >  ac  eciam  in  vircuce  fuper  eo  prasftaci  juramemi ,  quod 
ex  nunc  Se  inancea  quam  diu  nos  ambo  in  humanis  vixerimus ,  veri  le* 
gales  Se  perfeâi  fracres  erimus  Se  amicî  >  quodque  quilibet  noflxûm 
ejufdem  tracris  fui  prxdiâi,  honorem  >  ftacum»  commodum  &  çrofecr 
cum  procurabit  omnibus  viis ,  modis  »  ad[utoriis  &  ingeniis ,  licicis  Se 
honeftis  quibus  melius  >  cum  honore  (civeric  acque  potueric  »  ficuci 
fibi  ipfi ,  in  cafu  fimili  procurari ,  opcarec  abfque  dolo  &  fraude ,  acque 
quod  fecreca  qux  unus  noftrùm  ab  alio  >  feu  nomine  alcerius  percepe^ 
uc  jSc  incellevcric  nulli  homini  umquam  pandec,  feu  manifeftabic  nid 
confenfu  alcerius  incervenience ,  &  quod  ille  vel  illi  qui  alceri  noftrûm 
inimicabicur ,  in  alcerius  fracris  fui  praçdiAi  Principacibus ,  Terris  Se 
Dominiis  fciencer  recepcari ,  vçl  ;diquem  favorem  habere  non  debebunc, 
nec  pocerunr>  quin  immo  arreftabuncur ,  capiencur  Se  puniencur  >  uc  fui 


qtiancum  [ 
uc  omnes  amici  >  coUigaci  &  confederaci  fui ,  fivè  in  Germania  ,  fivèin 
Gallia  domicilium  habuerinc ,  erunc  alcerius  fupradidbi  fracris,  fui  veri 
pèrfeâi ,  amici ,  confederaci  Se  coUigaci  dolo  &  fraude  ceflancibus.  Qpi* 
libec  eciam  noftrûm  bona  fide ,  cum  Officiacis  fuis  in  Terris  Lucze^nbur- 
^enfis  Se  Treverenfis  difponere  debebit,  ut;  ipfi  in  quancum  pocerunt  fine  t 

fraude  non  permiccanc ,  de  una  ek  duabus  terris  prsedidis  aliam  <9Rip-  j 

nificari ,  fca  cujuslibcc  noftrûm  Officiaci  Terram  ,  alcerius  pra^damque» 
ku  capcionem  in  eadem  fadbs  >  fidelicer  ficuc  propriam  Pofl|PÎ'  fui 
Terram  defendanc,  nec  prxdiâi  Officiaci  noftri,  nifi  caufa  uxgcns  Se  ra^ 
fiodsi^iU; ,  fqb  fueric  affecurabunc  yeniendi  io  caftra ,  oppida  3  fdrcalicià 

■      '  •  •  % 


* 


V 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  46^ 

6xx  Gubernationi  commifla ,  feu  ipforum  diftriâus  y  aut  ibidem  ma- 
nendi  qucmpiam  ,  qui  altcrutramJTcrrarum  dampnifîcavéric,  quin  que-  *  ^^ 
rulantibu$ ,  de  illo  expedicam  facient  juxca  fua  mérita ,  juftitiam  in 
quantum ,  cum  honeftate  fieri  poterie ,  &  &  caufà  fe  obrulerit,  pr opter 
quam  falvus  conduâus  dari  debeac ,  hoc  cafu  cavebunt  prsfati  Offi* 
ciati  talimodo  >  auod  tepipore  iiiius  nihii  fiât,  aut  procuretur  per  ilium 
cui  pnediétus  >  faivus  conduâus  datus  fueritin  prejudicium ,  aut  per- 
niciem  Terne ,  feu  Dominii  cui  dampnum  datum  fit.  Item.  Si  fubditi 
alterius  noftrûm  in  Terris  feu  Dominiis  Trevcrenfis ,  aut  Lutzembur^ 
Çenfis  prxdiâis  eâScerentur  Domino  fuo  altero ,  êx  nobis  rebelles  ,  feu 
.  Kiobediente's  aut  alterum,  ex  nobis  Dominum  fuiun  in  Tuis  juribus, 
bonis,  confuetudinibuS)  Dominiis,  Jurifdidionibus  &  eorum  pertinent 
tiis  impedirent ,  feu  aliquam  inferrent  injuriam  ,  vel  moleftiam ,  tune 
tlter  noftr&m  eundem  fideliter  juvare,  ac  illi  confilium,  favorem  &  au* 
xilium  preftare  debebit ,  ut  talis  fubditorum  audacia  compefcatur,  dic^ 
tique  fubditi  ad  debitam  reducantur  obedientiam  &  Domino  fuo  faciant 
ea  ad  qux  de  jure ,  vel  confuetudine  funt  aftriâi.  Item.  Si  aliquis  fùb- 
ditus  unius  ex  duabus  Terris  pra^didtis  nobilis ,  aut  Militarts  aliquam 
impetitionem  habiierit  contra  Dominum  alterius  Terr«  ,  tune  Dominus 
knpetitorum  intimabit ,  hoc  Domino  impetito  ,  feu  fuis  Gubernatori* 
bus  in  Terra  fua  pracdiâa ,  &  deinde  quihbet  noftrûm  duos  deputabit, 
de  Confiliariis  fuis  qui  caufam  hujufmodi  diligenter  audiant ,  &c  exa« 
minent  &  promedulo  fuse  difcretionis  non  faciendo  partem  ,  fub  virtu^ 
ce  fuorum  furamentorum  hujufmodi  negocium  in  jure,  vel  amicitia 
competenti  déterminent  fine  ,  quod  fi  diâi  Confiliarii  noftri  in  eandem 
fententiam  concordare  nequiverint  habebunt ,  iidem  poteftatem  eli^en- 
di  quintum  ,  qui  utriufque  Terrse  vaflâllus  exiftar ,  &  quorum  fententiam 
diâus  quintus  laudavetit ,  illa  manebit  rata  &  inviolabiliter  obfervetur^ 
yerum  u  prxfatos  Confiliarios  noftros  fuper  Eleâione  hujufmodi  quinti 
contigeret  efle  differenDes  ,  tune  cujuslibet  noftrûm  Confiliarii ,  ad  hoc 
modo  caufam  dcputati  nominabunt  unum ,  qui  utriufque  Terrx  vafïàl  • 
lus  exiftat  &  mifla  inter  taies  duos  fone ,  diêkus  quintus  digatur  ira  vi- 
delicet ,  quod  fî  queftio  fuerit  contra  Archicpifcopum  Treverenfem  , 
tune  ad  oppidum  Lutzemburgenfe ,  fi  verè  contra  Ducatum  Lutzembur- 
jienfem,  tupc  ad  civitatem  Treverenfem  praedifti  convenient  Confîlia- 
rii ,  vel  alibis ubi  pro  tune  ipfis  concorditer  placuerit  s  pncterea  fi  fubdi- 
tus  unius  ex  duabus  Terris  pracdiAis  contra  fubditum  Ttrvx  alterius, 
impetitionem  habuerit  fi  fuerit  fuper  feudo  ,  tune  coram  Domino  feudi 
&  fuis  Vaflàllis ,  fi  fuper  rébus  immobilibus  coram  judice  loci  ipfarum 
sérum  >  fi  vcrb  fuper  aliis  aékionibus  perfonaiibus  ,  tune  coram  jûdici* 
bus  competentibus  ipfius  impetiti ,  feu  -rei  hujufmodi  queftio ,  feu  im« 
petitio  cum  expedita  juftitia ,  vel  aliâs  congruo  fine  deducatur.  Item.  Jn- 
rifdiâio  Ecclefiaftica  noftri  Johannis,  £leâ:i&  confirmati  Trevcrenfis, 
&^elatorum  ndbis  fubditorum  manebit  Se  fervari  debebit  per  Dùca«* 
cum  Lutzemburgenfem ,  abfque  aliquoimpedimento,  prout  antiquitùs 
cxtiyt  obfervatum ,  arque  Ecclefix  &  Monafteria  fingulxque  perlonae  » 
eonmfem  tam  feculares ,  j|uam  Religiof^e  Diocefis  Trevcrenfis  ,  frudhis 
irrcpientorum  fuorum  aUofque  ipforum  icdditus  >  fine  impedimento  ve- 
Tome  IL  Nnn  hère 


:# 


ff 


466  PREUVES  Ï5ES  MEMOIRES 

hctc  &  ducerc  pocdnint  per  Ducataiu>  vel  terrain  >  vel  aq^iam  %  8c  &o<r 
'4^  3*  £ne  prejudicio  lircerarum  6c  craâacuum  perantea  >  incer  noftros  prxde* 
ceâbres  Duces  &  Archiepifcopos  hâbitonim ,  quibus  per  prselentein: 
unioncm  »  (eu  intelligentiam  in  nuUo  derogare  incendimus  ab  hujurmo- 
di  quoqueliga ,  feu  intclligentia  »  nos  ambo  commuck«r  excipimus  fanc-^ 
tiffimum  Dominum  noftrum,  &  fedem  Apoftolicam»  gloriofiffimum 
Principem  Dominum  Imperacorem  >  &  ChriAianiflimum  Frincipem  Re-^ 
gem  Francis  ^&  eciaro  non  incendimus.»  per  prxrentem  amicitiam»  con^ 
ftacernicarem ,  feu  confcderacionem  prejudicare  in  aliquo  confedera- 
^onibus  per  nos ,  auc  quemlibec  noftrûm  perancea  fados  »  nec  etiam- 

Îardiis ,  antiquis  èc  perpecuis  v  quin  immo  taies  confederationes  8c  gar*  « 
iseremanebunc  infuoeflè  &  vircuce ,  prout  erant  ance  prxTentem  amici» 
tiam  concraâam  dolo  6c  fraude  in  omnibus  prsmiffis  pœnirus ,  cedànti* 
bus  &  femocis, in  cujus  rei  teftimoniufn ,  bas  Litteras  fi^illorum  noftro- 
mm  juâimus  appenfione  communirL  Datum  Bruxeiiis,  eue  quana  menfis 
Idaii  9  anno  Domini  millefimo  quadringentefimo  fexagefimo  fecundo  r 
nos  igitur  Johannes,  Archiepifcopus  Treverenfis  >  &c.  defirantes  6c  vo« 
tentes,  cum  illuftriflimo  Principe  Domino  Karolo  de  Burgundia,  Ka^ 
dralefii  Comité  »  ac  Bechunix  6c  Caftribeiini  Domino ,  &c.  Confangui*- 
neo  noftro  cariflimo ,  fimilia  paâa ,  quae  ipfe  illuftriflimus  Dominus  Dus 
Çurgundix ,  proeenitor  funs  nobifcum  habcr  obfervare  &  manutenere 
eafdemligas,conrraternitates  &  intelIigentias,fivepaâaqu2fuperiùslaciÙ9* 
defcripta  funr ,.  de  noftra  cerca  fcientia  ex  nunc  6C  in  antea  >  quamdia 
illuftrifljmus  Dominus  Karolus  de  Burgundia ,  Gonfanguineus  noder,^ 
9c  nos  in  humanis  vixerimus  habere ,  tenere  SC  integraiiter  fine  dolo 
atqiie  fraude  obfervare  ,  ex  noftra  parte  promittimus  &  fpondcmus  in* 
cujus  rei.  teftimonium  prxfences  noftras  Litteras,  figillo  noftro  juflimus 
appenfione  communiri*.  Datum  in  oppido  noftro  *  Conftùentiat ,  ultima 
^Cmflum^  menas  Maii,.  anno   Domini  millefimo  quadringentefimo  fexagefimo* 
WL.  Co-      quinto.    Sctlli  £un  Sceau  en  cire  veru.  gaulant  à  double  queue  iepar^ 
^^        chemin^ 

Collaiionné  fur.  C original  ^  eflant  en  la  Chambre  des  Compus  de  Lille. 

Le  Duc  de  Bavierrc ,  fEleSeur  Palatin ,  &  PArckevefquc  dt  Colognm 
(e  lieutretu^ujfi  avec  le  Duc  de  Bourgogne  &  U  Cornu  de  Charolois  j  &- 
ces  Frinces  firent  entre  eux  Us  Traite^  qmfuivetH  >  mimera  LJ IL  &c.- 

E  I  I. 

1^  Déclaration'  de  Monfîeur  de  Berry  ,  de  pourfuivre  Jhû  dejfein  dt 
reformer  U  Public  y  le  Rey  ayant  refufe  V affemblee  des  Princes  du  Sang  ^. 
if  autres  Notables  du  Royaume ,  pour  y  pourvoir^  Ju  z.  Juin.. 

Tirf  iti   ^  H  A  R  t  E  S  >  Fils  &  Frère  de  Roys  de  France ,  Duc  de  Bcrrjr  :  i 

^^^\^  V^  nos  bons  amis ,  les  Manans  6c  Habitans ,  Se  Communauté  oe  la 

LcGnM^    ^^^  ^  bonne  Ville  d* Amiens,  falut:Nos  bons  amis  aflîfz  avez  peu 

congnoiftre  le  grand  defordre,qui  en  tous  eftats  a  efté  &  eft  au  Rofaume 

fat  le  manaeais  &damunahlc  conièiLdcccuz  quiom  conduit  &  confeilié 

Mûnfieur^ 


DE  ?HIL.  DE  COMINES.  4^7 

Moniteur^»  i>uis  radvenement  à  la  Couronne ,  les  très-durs  8c  eftran*         >   - 
!ges  termes  qui  ont  efté  tenus  à  tous  les  Seigneurs  du  Sang ,  Tes  plus  pro       ^    ^  * 
«chains  parens  i8c  lèrviteurs^  aux  Princes  &  Seigneurs  de  l'ancienne      ^Ilfiac 
4unitîé  &  alliance 4  qui  tiftoit  grand  port  &c  Touftien  au  Royaume ,  auffi  Coûter,  Ai 
i.  plufieurs  Chevaliers  ,  ETcuyers  6c  autres  notables  hommei^ ,  qui  ail  ^-^' 
temps  de  Moniteur  >  que  Dieu  pardoint ,  ont  ^i[poCé  leurs  perfonnes 
<&  biens  au  recouvrement  dlceluy ,  Se  expulfîon  des  ennemisv&  à  gran<>*  ^ 
<le  partie  des  gens  de  tous  eftats  ;  &  comme  on  a  voulu  mettre  diflèniîon 
Se  divifîon  entre  lefdits  Princes  au  détriment  de  tout  le  Royaume  ;  Se 
d'abondant  nous  a  >  mondit  Sieur  »  tenu  de  très^rigoureux  termes ,  dit 
plusieurs  paroles  mal  Tonnantes  fur  noftte  perfonne  >  fans  en  rien  le 
avoir  deiKxvy ,  &  nous  a  long-temps  tenu  en  fubjeéHon  extfefme  &  fans 
«ftat  9  en  telle  manière  que  nous  fonunes  veu  Se  trouvé  en  grand  doute 
ie  crainte  de  noftre  penonne  ;  pour  laquelle  caufe  &  pour  les  grandes 
<lameurs  que  avons  eu  fouventes-fois  du  defordte  &  piteux  gouverne- 
ment ,  qui  en  tous  eftats  a  coilfs  au  Royaume  pat  l'enhortement  des 
Confeillers  eftans  en  Autorité  près  de  mondît  Sieur ,  plains  de  toute 
tnauvaifeté  &  iniquité  ,  tendans  à  Teurs  profits  Se  affeÂioh  (Ingulierei 
Se  defordonnées  ;  defirant  y  pouveoir  par  le  confeil  &  advis  defdits 
Seigneurs  du  San^ ,  nos  parens ,  Se  autres  notablcls  homitiies  qui  ont 

Sromrs  nous  y  ayœr  &  fervir  au  bien  Se  félicité  de  tout  le  Royaume  8e 
e  la  chofe  publioue  d'iceluy ,  relever  Se  faire  régner  ftiftice  ,  garder 
l'autoriré  de  PEgliie ,  céder  l'injuftice  >  voyes  de  fait  »  de  force  Se  de 
violence ,  qui  clracun  jour  y  avoient ,  Se  ont  encore  cours  ;  oftcr  les  ex- 
ceffives  exaàions ,  charges  Se  oppreffions  d'aydes  &  d'impofîtions  fur  tt 
pauvre  peuple ,  auflî  pour  fauver  noftre  perfonne  >  que  (entions  <9ftre 
<n  grand  danger  >  nous  nous  fommes  départis  de  avec  mondit  Sieur  ^ 
•&  venus  a  reruge  devers  beau  Coufîn  de  Bretagne ,  lequel  nous  a  benig- 
nement  receus  ',  &  après  avoir  congneu  noftre  intention  ,  qui  eft  entiè- 
rement à  l'honneur  de  la  Couronne ,  au  bien  &  félicité  de  tout  le  Royau- 
me &~de  la  chofe  publique  d'iceluy ,  il  s'eft  offirtt  àhous  fervir,  fecou- 
rir  &  ayder  de  toute  fa  pui(fance  y  comtqf  les  autres  grands  &  princi- 
paux Seigneurs  du  Sang  ont  fait  de  leur  part  t  or  eft  ainfi  que  par  le 
moyen  de  beaux  Oncles  le  Roy  de  Sicile ,  nous  avons  fait  remonltrer  i 
Monfeigneur  le  vouloir  Se  intention  de  nous  y  Se  des  Princes  du  Royau- 
me ,  â  ce  que  fon  plaifir  fuft  de  adembler  nous  Se  les  Seigneurs  du  Sang^ 
Se  aurres  notables  hommes  du  Royaume ,  en  lieu  feut  Se  convenable  pour 

tsurvoir  au  faitd'iceluy,  laquelle  chofe  mondit  Seigneur  n'a  pas  eu  agrea- 
le  •,  parquoy  fommes  délibères  avec  lefdits  Seigntèurs  du  SaTig  enfuir 
noftre  bonne, jufte  &  léale  intention,ainfiaue  pourrez  vcoir  par  la  tefponce 

{>ar  nous  faire  aux  articles  de  Moniîeur ,  de  laauelle  nous  vous  envoyons 
e  double-figné  :  quelle  chofes  comme  à  nos  bons  Se  efpeciaulx  amis  , 
vous  avons  bien"  voulu  communiquer  &  faire  Ravoir:  Sî  vous  prions 
que  à  la  conduite  d#fdites  chofes  veuillez  noiR  eftre  favorable  &  aydans, 
ée  faire  a  beaux  Oncles  de  Bourgogne  Se  beau-Frere  de  Charolois ,  com- 
me à  nous  ,  fc  perfonnellement  eftions  «n  voftre  Marché ,  auquel  beau- 
Frere  de  Charolois  avons  ordonné  &  donné  pouvoir  de  faire  ceftèr  Se 
ideicrier  toutes  tailles  ^  importions  Se  autres  charges  importables  au  po« 

Nnn  a  vrc 


^^____  4^8  PREUVES  DES  MEMOIRES 

IA$<.  ^^^  peuple  ,  &  ce  que  par  luy  vous  fera  dit,  promis  &  fait,  &  ordonné, 
vous  entretiendrons  invioiablement  fans  enfraindre  ;  &  à  ce  que  ces  pro- 
fentes  puidènt  eftre ,  &  foient  i  tous  publia uement  &  manifeftemenc 
congnues  ,  nous  avons  voulu  8c  ordonné  icelles  eftre  faites  en  forme  de 
Lettres  patentes,  &  fcellécs  de  noftre  erand  Scel  :  Nos  bons  amis  le 
fainét  Elprit  vous  ait  en  fa  garde.  Donné  a  Fougieres,  le  premier  jour  de 
Juin  ,  l'an  mil  quatre  cens  foixante-cinq.  Ainfi  Signe ,  Par  Monfeigneuc 
en  fon  Confeil ,  C  ha  a  l  £  s.  £i  plus  tas.  Marchand*. 

Lllt 

Traité  (Tallianct  cntrtLouiSy  Duc  de  Bavière  y  &  C  Manies  ,  Comte  Je 

Charolois» 

A  Nuremberg  le  4.  Juin  1 4^5^ 


Tirédcl-E.  -r  UDOVICUS,  Deigratiâ,  Cornes Palatinus Rheni ,  Ba(&,  altap- 
m"^  L  ^^  ^"^  Bavariae  Dux ,  Sec.  Notum  facimus  univerfis  &  iîngulis ,  ad  quos 
frov..  °    "  praefcntes  Litterx  devenerint ,  attendentes ,  quod  mutua  Principum  fo^ 


dera„ne  dum  beaevolentias  &  amicicias  erga  feipfos  parturiunt ,  fed 
ctiam  Principatus  ,  patrias ,  &  fubditos  corumin  pace  &  tranquiliitate 
confervant ,  itaque  cùm  jamdudum  majores  nofIriBavarixEhices,  cura 
Ducibus  Burgundix  mutuas  benevolentias  ,  amicirias  &  fœdera  percuf- 
ierint ,  &  fefe  ut  veros ,  fidos  &  perfeâos  amicos  profecuti  fuerint , 
quodque  iUuftris  Princeps  eonfangumeus  nofter  percarilCmus  Dux  Karo- 
lus  de  Burgundia ,  Comes  KadraleGi  >  Dominus  Caftrâ>eHini  &  Betliu* 
nienfis  ,  locum  tenens  generalis  illuftris  Principis ,  confan^uinei  no£> 
tri,percariifimi  genitoris  fui  Domini  Philippi,  Ducis  Bureundix  Sec.  fan- 
guinis  claritate,  prudentia,  induftriâ,  &  m  fubeundislaboribus:  atque- 
graviflimis  rébus   conftantiâ  ,  pcrfeverantîa  ,  fummâque  animi  rnsh 

Snitudine,  &  csteris  virtutibus,&:rebus ,  quibus  tantumPrincipembenc 
ecet ,  abundantiflimè  polleat  ,  atque  nobis  fanguinis  neceffitudine 
fundlus  exiftat,  idcirco  fupraçuâds  &  aliis  honeftis  &  rarionalibus  caufîs 
mbti  maturâ  deliberatione  pr^shabitâ,  (anoque  Comitum  ,  Baronnm>. 
Procerum  &  nobilium  ,  aliorumque  noftrorum  Confiliariortim  &  fide^ 
lium  diUâorum  accedente  conulio  >  ex  certâ  fcientiâ  fratemitat;emv 
unionem  ,  amiciriam  &  fœdus  cum  diâo  Domitio  Karolo ,  in  Dei  Sal- 
vatoris.  nomine  inivimus  &  fecimus  >  fecimus  &  kiimus  fub  modis,  es- 

Eituli$&  tenoribus  fubfec}uentibus..Pr//;7^.  Quod  nos  fumus ,  &  e(Iè  do- 
eamus  fupradiâti Domini  Karoli  verus,fidus  Se  perfeâus  frater ,  &  ami- 
eus  >  fie  quod  toto  pofle  honorem  ,  ftatum ,  &  commoditatcm  ipfius  om- 
nibus modis licicis  &  honeftis,  &  qui  cum  honore  effici  poterunt  procu- 
]:abimus ,  &  in  efFeébi  talirer  ac  fi  pro  nobis. ,  dolo ,  frauae , .  aut  malâ  in- 
terpretatione  femotis ,  efficere  aut  procurare  veUemus  ;  deinde  bona 
fide ,  totoque  noftropofie  procurabimiis ,  quèd  amici  &  confederati  nof- 
tri,  erunt  amici  &  confecieraci  ipfius  *,  tenebimus  quoque  ipfius  faûa  8c 
confîlia  qux  ipfe  nobis  fignificabit  fecreta  ^  nec  fine  confenfu  fuo  uu^ 
quam  cuiquam  viventLrevelabimus ,  pr^tere^  de.  teoris»  patriis  &  domt- 

nii5. 


DE  PHIL.  DE  COMÎNES.  469 

lioftris non  f>ermittcmits  fubditos  noftros ,  vel  alios  quoCcumque  guer-     ^  .^- 
ram ,  hoftilitarem  auc  incommodij^atem  ,  feu  damnum  quodcumquc  fu- 
pradiâo  confanguineo  noftro  parriis ,  terris ,  dominiis  vel  fubdiris  fuis 
mfcrri ,  verum   toro   noftro  poflTe  refiftemus  ;  &  fi  quidquam  in  con* 
crarium  fierec ,  bonâ  fide  &  Hne  quôvis  dolo  aur  fraucle  procarabimus  ac 
efficiemus  quod  de  damnis  &  incommodicaribus  qux  in  dominiis,  terril 
&  parriis  noftris  fadcc  erunt ,  fier  condigna  reparatio  ,  tenebimufqiie  & 
reputabimus  pro  inimicis  noftris    adtores  Se   faétores    diAoriim  dam- 
norum ,  guerras  &  hoftilitacis  ,  iptifque  damnum  8c  incommodum  infe^ 
remus ,  donec  diéfci  adores  &  faâores  pr^diârorum  damnorumfibi ,  pa- 
rriis ,  terris  ,  dominiis  ,  aut  fubditisfuis  quem  feu  qijos  deflFendcrurrt  *       ^Je  croh 
condignam  reparationem  fecerint ,  ncc  denique  inimicos  ipfiu^  Domini  quel  faut  //- 
Karoli  in  patriis,  terris ,  ac  dominiis  noftris  rcceptabimus.,  nec  eis  ali-  ''*  c>iFcnd<^^ 
quem  favorem  prarftabimus  ,  fed  ft  ibidem  reperiantur'  eofdem  tamquàm   ^^  "^  '  ^^!^C 
inimicos  noftros  ,  capi ,  arrcftari  OC  puniri  racienius,  rurlum  nonpatie-  *   471. /i:- 
mur  morari  ant  refidere  in  patriîs,  terris  6c  dominiis  noftris  aiiquos  quos  gne  58.' 
fciverimus    velle  inferre  damnum  aut  incommodum    praefato    can- 
fanguineo  noftro,  vel  terris-,  parriis,  dominiis  feu  fubdiris  fuis  ,  nec 
per  nos  aut  Officiarios^  noftros ,  vel  per  altum  quovifmodo  dabimus  fal- 
vuih-  conduâum,  feturiratem  aut  modum  conducendi ,  ad  manendum» 
feu  refidendum  Jaut  tranfènndum  indi<5bis  terris,  parriis  &  dominiis  noC^ 
cris ,  nifi  fub  rali  conditione  quod  illi  qm  obtinebunt  didos  falvos  con- 
duûus  non  debebunt ,  nec  poterunt  facere  aut  procurare  aliquod  dam- 
num feu  incommodum  fupra:diâo  confanguineo  noftro,  nec  parriis ,  ter- 
ris dominiis  vel  fubditis  fuis  :  infuper  fpondemus  quod  Ci  confanguineus 
nofter  prsdiâusaûiones  vel  (juxrelas  aliquas  fibi  contra  nos  competere 
pretenderet ,  eafdem  profequx  poterit,  prout  juris  €&  8c  rationis.  Dehinc 
confentimusf  &  volumus,fi  aliquae  quacftiones.aut  diiFerenrire  moverentur' 
inter  fubjeftos  diâî  confanguinei  noftri ,  &noftros  caufa  redditaum,  he*^ 
redirariorum  aut  cenfuum ,  quod  tradtari  &  terminari  debeant  per  jus 
ic  legem ,  fecundùm  confuetudinem  patrie ,  in  quâ  talia  evenient.  Si 
ver6  raies  differenrise  aut  quxftiones  eveniunt  pro  cafu  perfonali,  &  uni 
parrium  non  vellec ,  tamquam  defenfoc  capere  jus  coram  Principe  ,  M> 
quo  refidebit ,  ille  de  quo  conquasretur  caufam  rationabilem  uifpitio- 
nis  allegando ,  tune  Omciarii  patriae ,  in  qua  diâus  defehfor  erit  lubdi- 
tus  ,  eligent  Jùdices  de  patriis ,  feu  'dominiis  diâi  confanguinei ,  8c 
noftris   ipfis  parriBus  gratos.  Si  ad  hoc  diéhe  partes  convcniant ,  &  fi 
circà  hoc  non  concordent ,  tune  confanguineus  nofter  deputabit  unum 
de  fu% ,  &  nos,  unum  de  noftro  confilio ,  qui  duo  Confiliarii  (Ivopus  eft,« 
terrium  eligent ,  8c  ca(u  quo  elTènt  difFerentesin  nominando diâum 
tertium  ,  quilibet  didorum  Confiliariorum  nominabit  unum ,  &  forre 
diriment  qui  de  iftis  duobus  nominatis  terrius  erit  ard  decidendutn  8c 
dererminandum  didtas  quceftiones  8c  diiFerenrias  ,  hoc  modo  videticet , 
quod  fententia  lata   fecundùm  judieium  &  opinionem  diéforum  duo- 
rum  Confiliarioram  ,  &  rertii  fuprâ  didto  mooo  deâi ,  aur  per  duos  ip- 
forum  obfervabitur  ,  8c  realiter  ,  ac  de  fadto  ipdus  fier,  executio,  &  unio' 
ac  fraremitas  ifta  viribus  fubfiftere  &  durare  deber ,  ramdiu  confangui-- 
1ICU5  nofter  ^8c  nos  in  humanisf\ierimuSé  Demum ,  nos  Dux  Ludovicus' 

M  n  n  3  prxfatus 


♦ 


^^___^  470         PREUVES  DES  MEMOIRES 

yT^~r"  prsefatus ,  rcTervamuS)  &  nominatim  excipimus  in  pnefenti  fœdere  frater-f 
nicate  &  unione  fereniûlmum  Dominum  noftnun  Friderkum,  Romano- 
rum  Imperatorem  ,  &c  Revecendj^mos  in  Chrifto  Patres  >  Se  illuftnfli-' 
mum,  acque  illuftres  Principes^  dominos  confan^ineos  affines ,  &  amtr 
cos  noftros  chariffimos ,  Rudbectum  »  Arcbiepifcopum  Colonienfem  3 
<jeorgium  Bohemis  Regem,  FriderkumComitemPalatinum  Rheni  ,  £r« 
fieftum  &  Aibertum  Saxoniac ,  Sigifmundum  Bavarias  >  8c  Sigirmundum 
Auftriac  Duces  »  acque  eciam  confencimus ,  quod  fatpc  diâus  confangui- 
neus  nofter  pariter  poffic  fibi  reièrvaret&nofliinatknexctpeFeiBetporatum 
Dominum  noftrum  9  Romanonim  Imperatorem,  &  tôt  Principes  ultra 
Rhenuxn  refidentes  »  (eu  dominia  fua  faabentes ,  ^uot  nos  citrâ  Rhenum 
excepimus  &  refervamus ,  &  eofdem  Principe^  Litteris  patentibus ,  &  fi« 
gillo  fuo ,  (i^ilUtis  nobis  infrà  hinc ,  &  Nativitatem  Chrifti  de  proxiniô . 
f  uturam/ignificare,  &  ut  fuprà  diâa  omoia,  &  fingula  iilibara  &  invio 
tara  ,  per(everent&:  fubfiftant  nos ,  DAc  Ludovicus  luprà  diéhis ,  tenorc 
prxfentium  in  verbo  Principis  »  &  iide  data  ,  loco  prseftiti  juraroenci  fu- 
prà  diâo  Domino  Karolo  ,  &  eriam  Oratoribus  &  Commiflariis  fuis  ,  vi^ 
delicet  ftfiçnuo  viro  Petro  de  Hagkemback ,  fcutifero  Magiftro  Auke ,  ac 
yenerabili  £c  xgregio  viro  Ferrico  de  Ciu(^ny ,  utriufque  juris  Dbâori 
Archidiacono  de  Favernejro ,  in  Eccleiîa  Bifuntinenfi ,  ac  Aube  tcquxC^ 
carum  Magiftro,  nomine  fuo  recipiencibus  ac  acceptantibus  ,  6c  ad  hoc 
fpeciale  &  plénum  mandatum  habentibus  ,  ficuti  licterx  fuâc  nobis  dcfib- 
per jporredbe ,  apertiflîmè  edocuerunt.  Spondemus  8c  promittimus  omnia 
8c  migula  capitula ,  cLaufulas  &  articulos ,  prout  podca,  feu  pofitae  func  » 
firmiter  tenere  ,  obfervare  ex  parte  noftrâ  jprofequi ,  mc  ullo  umquam 
tempore,  dire^  vel  indireâè,  quovis  quacuto  colore ,  ingenio  yelcauâ 
per  nos,  vel  alium  feu  alios contravenire ,  nec  etiam  contravenicntibns 
confentire ,  dolo  6c  fraude  penitus  (èmotis.In  cujus  leî  teftimonium ,  bat 
Litteras  figilli  noftri  appenuone  juffimusfic  fecimus  communiri.  Datum 
&c  aâum  Norimbergr  ,  die  Mercurii ,  quartâ  Junii ,  anno  à  Nativitate 
Domini ,  milleffimo  quadrmginn^iimo  lexagefimo  quinto  :  &fetllc  ifun 
(Sceau  en  cire  brune  ,  pendant  à  double  queue  de  parchemin. 

Collationniffir  l'Original  étant  en  la  Cha(nbr$  des  Comptes  de  Lille, 

l  V. 

Traite  fT alliance   çntre  Federiç ,  Eleveur  Palatin ,  ^  Charles  ,  Comte 

de   Chfirolois. 

AHei4eiberg>  le  15  Juin  1465. 

Sion^d ^'  P  R ID  ER ICUS ,  Dei  grariâ ,Comes  Palatinus Rheni ,  facri  Romani 
M? Gode-  X^.  Ï^'^P^"!  Archidapifer ,  Princcps  Eleûor,  Bav.ari^pque  Dux.Notum 
^y^  facimus  univerfîs  8c  ungulis  ,  ad  quos  prxfentes  Litterse  devenerint ,  at- 

cendentes  quod  mutua  Principum  fœdera,  ne  dum  benevolentias  &  amir 
cicias  erga  leipfos  parturiunt ,  fed  eciam  Principatus ,  Patrias  &  fubdi*- 
tos  eorum  in  pace  &  tranquillitate  confervant.  Itaque ,  cùm  jamduduia 
^I/^joreç  noljtri  ^  Comités  PaUûni  Rhenf  >  facri  ]R.omani  Ipiperii  f^ç\^ 


•    \ 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  471 

dtipiferi,Prkicipes£teâ)ore^»,  &  Bavari»  Duces ,  cum  Ducibus  Burgundiac 

tnucuas  benivolentias  y  amicitias  &  fœdera  ihîcrinc  &  habuerinc ,  &  fe-    14^^ 
(c  uc  viros  fidos ,  &  perfeâosàmicos  profecuti  fuerinc.  Qaodque  illuftm 
Princeps  >  confanguinctts  nofter ,  percariflimus  Dominas  Karolus ,  de 
Burgundiâ ,  Cornes  Kadraleiii  \  Dominas  Caflxibellini  &  Bethunienfîs  » 
b>cum  tenens  Generalis  illuftris  Principis  co4ifangainet  noftri  percarif^ 
£mi  genicoris  fui  Domini  Philippi  Dncis  Bar^andis ,  Scc^  r;uiguinis  cla^ 
xi^te  ,  pnidentiâ',  induftrii,  ôc  in  fubeundis  laboribus  atque  gravifli^ 
sus  rébus ,  conftanciâ ,  perfeverentiâ ,  fummaque  animî  magnicudine  6C 
exceris  virtucibus  8c  rebu^  ,  qaibus  tancam  I^incipem  bene  decet ,  a^ 
bundantiffime  poUeac ,  atque  nc^is  fanguinis  necellitadine  junétas  ex- 
iftac ,  idcirco  fuprà  diÂis  ôc  aliis  honeftis  y  8c  racionalibas  caufis  mori  ^ 
aiaturâ  deliberarione  pnehabita ,  fanoque  PrxlarorHm,  Comicon»,  Baro- 
num ,  Procerum  &Nobiliunt,  aliorumque  noftrorum  Coniilîariorum  8C 
fidtUum  diieâoram.accedenrecoa(ilioex  cercâr  (cientiar  fratemitatem  ,* 
unionem ,  ainiciciam ,  8c  fœdus  cum  diéhy  Domino  Karolo  in'  Dei  fat^ 
▼acoris  nomine  inivimus  &  fecimus  >  facimus  &  inimus  fub  modis,  capi- 
tulis  dccenoribus  rubfequencibus.  Prima.  Quod  nos  runius,&:  tdk  debea^ 
tnus fuprà  diâi  Domini  Karoli,  verus,fidus  &  perfeâus  frarer  &amicus  y 
fie  quod  roto  po({è  honorem ,  (lacum  &  commodicacem  ip(iu$^  omnibus^ 
moais  licicis  8c  honeftis  y  8c  qux  cunr  honore  effici  porerunt  prrocurabi-' 
mus ,  8c  in  efFeâu  calirer  ac  H  pro  nobis ,  dolo ,  fraude  auc  m:ilâ  incer- 
precacionefemoris  efficere  auc  procurare*  vellemus  ;  deinde  bonâ  fidey 
cocoque  noftro  podè  procurabimus ,  auod  amtci  &  confederaci  noftrî 
erum  amici  âc  confederati  ipfkis ,  cenebimus  quoque  ipiius  fada  &  con- 
filia  qux-ipfe  nobis  fignificabic  fecrera  ,  nec  (ine  confenfu  fuo ,  umqu.nnv 
€uiqùam  vivenri  revelabimus  «pranereà  db  terris  y  patriis  &  don^iniis' 
iioftris  non  penmttemus  fubdîtos  noftros,  vel  alios  quofctunque  guer-^ 
ram,  hoftilitatem  autincommodiratenr»  feu  dammum  ^uodcumquelapr^f 
dléto  confanguineo  noftro*,  aut  patriis ,  terris ,  dominiis  vd  fubdiris  luiV 
inferri ,  verum  roto  noftxo  po(Iê  refîftemus  ,  8c  fi  quifquam  in  cono-a- 
sium  âeret  boni  £de  ,  &  fine  <}uovis    doio  ,  auc  fraude    procura* 
bimus  ac  efficiemus  quod  de  damnis  8c  incommodicatibus  quas  in  dômi-»^ 
niis,  terris  8c  pacriis  noftris  faâia  erunt ,  jfiet  condigna  reparacio  ,  rené- 
bimufque  &  repucabimus  pro  inimicis  noftris  aéSores*  £t  raAores  diâo-»- 
mm  damnorum  guerrx  &:  hoftilitatis  »  ipfifque*  d^mnum  &:  incommd-* 
dum  inferemus,  donec  didi  aâores  &  faâores  prasdiâorum  damnorum 
fibi  pacriis,  cerris,  dominiisaut  fubdicis  fuis  quem  feu  quos  ofFende^ 
rint ,  condignam  reparationem  fecerint,  necdeniqueinimicos  ipfius  Do- 
mini Karoiilin  patriis  ,  terris  8c  dominik  noftris  receptabimus ,  nec  eis> 
aliquem  favorem  prxftabimus ,  fed  fi^ ibidem-  reperiantur  >  eofdem  cam- 
<|uam  inimicos  noftros  capi,  arreftari  5c  puniri iacietnus  rurfiim  ;  non  pa* 
Qemur  morari ,  auc  refiderein  pacriis,  cerris  &dominiis noftris aiiquos 
qnos  fciverimus  velle  inferre  damnum  auc  incommodicatem  prxfaco  nof> 
taro  confanguineo,  vel  cerris ,  pacriis  ,  dominiis  feu  fubdicis  mis ,  necper 
nos ,  auc Officiarios  noftros,  vei  per  alium  quovifmodo  dabimus  falvum 
conduâam,fecuricacem  auc  modum  conducendi  ad  manendum ,  feu  refi- 
dcndum  auc  ccanfeuhdum  in  cerris diâis,pacriis  Se  dominiisnoftrisjnifi  fub 

uli 


47^  PREUVES  DES  MEMOIRES 

^  tali  condîrione  ,  quod  illi  qui  obcinebunc  di&os  falvos  condiiâuS)  tion 
'^  ^'  debebunc ,  nec  poterunc  facere  auc  procurare  aliquod  damnum  feu  in-* 
cûmmodum fuprâ diSto  confancuineo  noftro ,  nec  parriis»  terris,  domi* 
niis  9  vel  fubdiris  fuis  ;  rpondemus  eciam  auod  u  fubdici  pr^faci  Po- 
mini  Karoli  confanguinei  noftri  fibi  erunc  rebelles  auc  inobedientes,  ad 
eos  in  fuam  obcdientiam  reducendum  noftro  poflè  ei  fubveniemus ,  8c 
talicer  quod  diâi  fubditi  fe  (libmictent>&  ftabunr  juricoram  ipfo  confan- 
guineo  noftro  fecundùm  patrie  confuetudinero  eidem  obediendo ,  uc  ra^ 
tionis  erit.  Infuper  rpondemus ,  quod  Ci  confanguineus  nofter  prsediâus 
aétiones  vel  quxrélas  aliquas  Abi  contra  nos  competere.  pretenderet , 
eafdem  profequi  poterie,  prout  juriseftSc  rationis  «  de  hinc  confenci*- 
I71US  Se  volumus ,  quod  (i  aliquxe  qiKcftiones  auc  difterentise  moverencur 
inter  fubditos  di^i  confanguinei  noftri,  &  noftros  cau(a  rieddituum  hx- 
redicariorum  auc  cenfuum  quod  tra&ari  Se  terminari  debeant  per  jus  Se 
iegem  ,  fecundùm  confuetudinem  pacri^c,  in  quâ  calia  evenienc  y  u  vcr6 
taies  différencia;  auc  quoeftiones  evenianc  pro  cafu  perfonali ,  8c  unapar^ 
,    tlum  non  vellet ,  tamquam  defenfor  ,  capere  fuo  coram  Principe  ,  fub 

auo  reiidebit  ,  ille  de  quo  conc{U2eretur  caufam  racionabilem  fuipicionis 
.  legando ,  cunc  Officiarii  pacrix ,  in  quâ  di^us  defenfor  eric  fubdicus  • 
eligenc  Judices  de  pacriis  ,  icu  dominiis di£bi  confanguinei  noftri ,  8cnou 
tris  ipiis  parcibus  gracos ,  fi  ad  hoc  didbe  parces  convenianc  >  8c  fi  circà 
hoc  non  concordenc,  cunc  confanguineus  nofter  depucabic  unumde  fuo 
confilio  ,  8c  nos  unum  de  noftro  coniilio  ,  qui  duo  Coniîiiarii  (i  Dpus 
çft  cercium  eligenc ,  &  cafu  quo  eflenc  différences  in  nominando  did.um 
tercium  ,  quiUbec  didlorum  Cpnfiliariorum  nominabic  unum  ,  8c  forte 
diriment  quis  de  iftis  duobus  nominatis  cercius  erit ,  ad  decidendum  8c 
determinandum  didbis  qusftiones  &  differentias,  hoc  modo  videlicet  » 
quod  fententia  lacâ  fecundùm  judicium  8c  opinionem  didtorum  duoruiil 
Confiliariorum  ,  Se  cercii  fuprà  diSto  modo  eleâi ,  auc  per  duos  ipforum 
obfervabicur ,  ac  realicer  &  de  faûo  ipfîus  fier  exccucio.  Dehinc  fpon-^ 
deoius  quod  fl  fkpe  diâus  Dominus  Karolus ,  confanguineus  nofter ,  ef- 
fec  invafus  per  aliquos  cum  magna  potenciâ  ,  qui  vellenc  incrare  terras 
vel  pacrias.,  auc  dominia  fua  ad  ea  conquirenda  ponendo  obfidionem  8c 
caftramecendo  coram  aliquibus  de  fuis  civicacibus ,  villis  auc  forcaliciis  , 
auc  pro  debellando  noftro  podè  dum  requifici  fuerimus,&  caufas  feu 
occafiones  didVarum  guerras  &  invafionis  nobis  (igniâcaveric^ei  fubvenie* 
mus  in  hiifque  cafibus  noftris  expenfis  pro  cribus  menfîbus  efficere  cura- 
bimus ,  c|uod  nobis  poflîbiletfric,  fed  diâis  cribus  menfibus  elapfis,  ex** 
penfis  fuis  flbi  fubveniemus ,  hoc  modo  fcilicec  quod  ftipendia  fecundùm 
modum  Francia:  ftipendiariis  dabuncur  ,  &  unio  aç  fracernicasifta  viribus 
fub(iftcre.&  durare  debec  adquofcumque  ftacus  ,  honores  &  praeeminen* 
tias  nos  devenire  concigeric ,  camdiu  confanguineus  nofter  »  &  nos  in 
humanis  fuerimus  ,  8e  uc  fuprà  di^a  omnia  Se  fingula  iUibaca  &  invio- 
laça  per feyerenc  8e  fubfîftenc,  Nos  Fridericus  fuprà  diâus  y  ccnore  prac- 
fcncium  in  verbo  Principis ,  8c  bonâ  fîde  loco  jdramenri  przftiti,  fuprà 
4i£to  Domino  Karolo  ,  ac  eciam  Oracoribus  &  Commiffariis  fuis ,  vide-: 
licec  ftrenuo  viro  Pecro  de  Hacqaiembacg  ,  fcucifero  Magiftro  Aulxi  ac 
ycnçr4bili  8c  egrcgio  virp  Fcrriço  de  Clugny,  ucriufque  jurisDojâori 

ConfiUarii^ 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  475  ____ 

Conlîliariis  fuis ,  nomine  fuo  recipientibus  &  acceptancibus  ,  &  ad  hoc  '4('5* 
fpcciale  ac  plenuinmandatum  habencibus ,  ficuti  liiterx  fuz  nobis  de- 
(apcr  porre£be  apcrtiflîmè  edocuctunc.  Spondcmus  &  promittimusom- 
nii  &  Itngula  capitula,  claufuias  Se  articulos  proue  poUca,  feu  polîix 
funt  firmicer  ,  tencre  ,  obfcrvare  ex  parte  noftrâ  profequî ,  nec  ullo  un- 
quam  cempore  direftè  vel  indireftè ,  quovis  quEfîto  colore,  ingenio  vel 
caufapernps  vel  alium  ,  feu  alios  coniiaveniie  ,  nec  etiam  contiave- 
nientibus  confcntirc,  dolo  &  fraude  pcnicùs  femorïs}  in  cujus  rei  teftimo- 
nium  has  litteras  lïgilli  noftri  appenHone  jufllmus  &  fecimus  muniri. 
Datum  &  adbum  in  caftro  noftro  Heydelberg  ,  die  fabbati,  quinta  dé- 
cima Junii ,  anno  à  Nativitate  Domini  Dommi ,  mitlefimo  quadringcn- 
tefimo  fcxagefimo  quinto ,  Ofcelté  d'an  Sceau  en  cire  brune ,  pendant  à 
double  queue  de  parchemin, 

■    CoUationnl  fur  C orignal  Itant  en  la  Chambre,  des  Comptes  de  Lille. 

• 

L  V. 

AHe  par  lequel  Federic ,  Electeur  Palatin  ,  Je  referve  le  droit  de  nommef 
trois  Alitez  i  pour  les  ex<epttr  du  traité  ^alliance  quil  avoit  fait  avec 
Charles  ,  Comte  de  Charolois  ,  ainjîque  ce  Comte  en  avoit  aujjt  refervê 
trois  dtjbn  cojié. 

A  Heydelberg,  le  if.  7uin  HSS-- 

FRIDERICUS  ,  Dei  gratis ,  Cornes  Palatinus  Rbcni  ,facri  Roma-      ^îii  Ae 
niimperiî  Archidapifcr,  Princeps  Eleftor,  ficBavarix  Dux,  reenof-  rEdirion 
cimuStSc  fatemur  publiée  perprzfentesjquod  licet  certa  ffEdera,inteUigen-   de  M.  Go- 
tias  Se  uniones  iniverimus  cum  iUuftii  Principe  confan(;iiineo  noftro  prx-   ieCioy. 
carinîmo  Domino  Karolo  de  Burgtmdià ,  Comiri  Cadralefti,  Domino 
Caftribellim  &  Berhunienfi  ,  locum  tenenti  gencrali ,  mccocndidîmi  Do- 
mini patris  fui,  de  quibus  latè  patet  litteris  noftris  iîgillo  noftro  figilla- 
tis  a  de  data  diei  Sabbati ,  quinta  décima  menlls  Junii ,  anno  Domini 
millelîuio  quadrtngenie/imo  I 
bac  ,  Scutîiero  &■  Ferrico  de 
Domini  Karoliconfanguinein 
fœdus  6c  amicitias  faciendun 
conitiùt  habentibus  tradiris,  ir 
corU>us  dftiis  ,  non  eft  fada  n 
confanguineum    noftmm  Do 

amicitia  tefervare&  cxcîpere  très  Principes  per  ipfum  Dominum  Karo- 
liim  nominandos  ',  tamen  cùm  Oracores  pri^diâi  fpoponderint  diâutn 
confanguineum  noftrunj  acquiefccrcvelle  rcfervationi  Ôc  exceptioni  trium 
Principum  fpccificacorum  &  declaratornm  in  litteris  przdiâorum  Pétri 8c 
Ferrici  de  fuprà  diSki  data  nobis  traditiscxptefsè  conlentimus  &  volumus, 
quod  ipfe  Dominus  Karolus  iîmiliter  point  de  valeac  in  bis  amicitiâ  Se 
fcrdeie,  tntelligeRrii  &  unionetefervarc  &exciperc  très  Principes  quos 
ipfe  Yoluerit ,  &  quos  nobis  fignificabit  hinc  ad  feftura  Nacivitatis  Uo- 
mini  proximi  venturam  t  quorum  caraen  Pfincipum  nominandorum , 
Tome  IL  Ooo  dominia 


t^ôs 


Tiré  des 
Recueils  de 
M.  TAbbé 
Le  Grand. 


474  PREUVES  DES  MEMOIRES 

dominia  principaiia  ultra  Rhcnum  fita  fine  &  confticuanmr ,  cui  qviidctm 
refervacioni  ôc  exceprioniex  nunc  9  prout  ex  tune  ôc  ex  tune ,  prout  èx: 
nune  annuimus  &  confenrum  adhtbemus,quodqueauantumra<l  illostres 
Prineipes>ut  pr2emitticur,nominandos  prsemiflbrum  tœderum  vigore  ipfe 
Dominus  Karolus  nuilatenus  obligetur.  Infuper  fpondemus  &c  annuimus 
quod  licet  inter  Principes ,  très  pcr  nos  exceptes  refervaverimus  Rcve^ 
rendum  Pacrem  &  illuftrem  Principem  Dominum  Rupettum  »  Archiepif- 
coputn  Colonienrem  &  Germanum  noftrum»  Tamen  fi  idem  Dominus- 
Archiepifcopus  Colonienfis  recufaverit ,  inire  fœdus  ,  intelligentias  &c 
uniones  cum  praefato  confanguineo  noftro  Domino Karolo  »  hinc  ad  fef- 
tum  Nativitatis  Domini  i>roximè  futurum  sfakem  taies  quales  f^imus  il- 
luftrem Principem  Ludovicum>  Comîtem  Palatinum  Rheniy  fuperioris- 
inferiorifque  Bavarix   Ducem ,  confanguineum  noftrum ,  cum  eodem 
Domino  Karolo  inivide ,  quod  nos  in  eventum  hujusrecufationis  nonob- 
ftantibus  fuprà  diâis  vTervatione  &c  exceptiohe  ac  confenfu  ,  volumus^ 
Se  confentimus  ipfum  Dominum  Archiepifcopum  Germanum  noftrum  » 
minime  à  prs&tis  fœderibus  eflfè  exceptum,  neque  quovifmodo  ipfum  in- 
àoc  cafu  tenenius  refervatum ,  promittimufque  fuprà  diftb  Dommo  Ka- 
rolo confanguineo  noftro ,  ac  etiam  prarfatis  Petro  Se  Ferrico  fuis  Ora 
toribus,  nomine  ipHus  Domini  Kacoliacceptantibus  ,  tenoce  prsfentîitm 
in  verbo  Principis  ôc  bona  fide  omnia  fuprà  di<Sta  firmiter  tenere ,  adim- 
plere&  obfervare ,  nec  ullo  unquam  tcmporc  dircâèvelindireftcquo- 
vis  ^usiHto  colore ,  ingénie  vel  caufii  per  nos,  vel  alium  feu  alios  contra- 
venire ,  nec  etiam  contravenientibus  confentire,  dolo,fraudc&  malâ  in- 
terpretatîone  penitùs  femotisJn  cujus  rei  teftimonium,Has  Litteras  noftras- 
figillinoftriappenfîone  juflîmus&fecimusmuniri.  Datum  incaftro  noftro^ 
Heydelberg  ,  decimo  quinto  menfis  Junii ,  anno  à  Nativitate  Domini;, 
millefimo  quadringenteflmo  fexagefimo  quinta ,  £>  jfic^/^  i/'i//r  Sceau  en^ 
cirebrunc  y  pendant  à  double  queui  de  parchemin. 

CoUationnifur  l\rig^nal  étant  en  la  Chambre  des  Comptes  de.  Lille^ 

L  VL 

0CF  Articles  de  raccord  fait  par  le.  Roy  avec  Mejfeîgmurs  lès  Ducs  dt 
Bourbon  ,  de  Nemours  y  Le  Comte  d^ Armagnac  y  ^  le  Seigneur 

d'Albrct.. 

MEflîeury  les  Ducs  de  Bourbon ,.  de  Nemours ,  Comte  d'Armagnac^. 
5c  Seigneur  d'Albret ,  &  leurs  predeceflèurs' ,  ont  tousjours  bicn- 
fervy  le  Roy,  la  Couronne  &  le  Royaume  de  France-,  comme  tenus  y 
font ,  &  ont  tousjours  bon  vouloir  de  le  fervir ,.  &  le  reconnoilTent  leur 
Roy  &  fouvcrain  Seigneur.. 

Item.  Et  pource  que  lefdits  Seigneurs  onr  intention  de  faire  hum« 
blei  remonftrances  au  Roy  de  leurs*  plaintes  &c  doléances  ,  à  quoy 
le  Roy ,  de^  fa  grâce ,  a  fait  refponce  qu'il  eftoit  content  de  donner 
proviuon,  &  ont  fur  ce  fait  au  Roy  plufieurs  requeftes,  &  ont  par 
dernier  requis,  &  encore  requièrent  &  fupplient  le  Roy  î  qu'il  luy 
plaife  donner  trêve  aufdits  Seigneurs ,  qu'ils  puiflcnt  faire  fçavoir  au» 
Seigneurs  de  leur  alliance,  que  le  Roy.  leur  a  accorde  qu ils  puiflent 

envoyer 


DE  PHÏL-  DE  COMINES.  47c 

'tiivehr^  devers  luy  leurs  Ambafladeurs  pour  luy  dire  &  expofer  tout  ce 

qui  lemblera  *eftre  à  faire  pour  le  bien  de  luy  &  du  Royaume ,  Ôc  que     ^  ^  "  î* 

pour  ce  faire  9  le  plaifîr  du  Roy  foit  d'afligner  tel  lieu  qu  il  luy  plaira ,  là 

où  lefdirs  Aiid>a(tedeurs  (c  trouveront  devers  le  Roy  au  jour  de  la  fefte 

-Noftre-Dame  d'Aouft  prochain  venant  ^  lequel  lieu  le  Roy  a  aflîgné  â 

Paris,  &  au  cas  que  le  Roy  n!y  pourroit  eftre  audit  jour,  iceluy  Seigneur 

fera  dire  par  le  Prevoft  de  Paris ,  quinze  jours  devant  ladite  feue,  à  ceux 

-qui  viendront  de  par  lefdirs  Seigneurs  >  te  lieu  où  le  Roy  fera  le  jour  de 

ladite  fefte  Noftre-Dame  d'Aouft  ^  pendant  lequel  temps  lefdirs  quatre 

Seigneurs  dedus  nommez,  envoyeront  not^r  aux  autres  Seigneurs  dont 

-demis  eft  ^te  mention  ,  qu'ils  envoyent  aufdits  jour  &  lieu  pour  faire 

tie  par  eux  dire <&  «xpofer  au  Roy  ce  que  femblera  eftre  à  faire  pour  le 

bien  de  luy  &  de  Con  Royaume. 

Jum.  Lefdirs  quatre  Seigneurs ,  pendant  ladite  journée ,  bailleront 
lainH  Qu'ils  pourront  leurs  doléances  ,  afin  qu'il  plaife  au  Roy  fur  ce  don- 
'ner  telle  provifion  qu'il  appartiendra  au  point ,  le  plus  tard  audit  jour. 

Jum.  Le  Roy ,  à  la  requefte  defdirs  Seigneurs,  donnera  trevis  6c  abfti- 
nence  de  guerre  à  ceux  de  la  Ville  de  Bourges  ,  d'icy  à  la  fefte  de  Noftre- 
'Dame  d'Aouft ,  au  cas  qu'ils  la  voudront  accepter  Se  tenir  ;  de  auffi  ceux 
de  Bourges  ne  feront  aucune  guerre  au  Roy  ne  à  fespays^  fubjers» 
pendant  lequel  temps  mondit  Seigneur  de  Bourbon  pourra  envoyer ,  fd 
Don  luy  femble^  devers  mondit  Seigneur  de  Berry ,  lequel  luy  avoir 
prié  qu'il  voutiift  prendre  ladire  Ville  de  Bourges  en  fa  garde ,  pour  luy 
ligniner  &  faire  (çavoir  que  fon  bon  plaiiir  foit  de  pourveoir  à  la  garde 
lie  Bourges  ^  zinCi  que  bon  luy  femblera ,  &  enrre-cy  &  là  mondit  Sei- 
gneur de  Bourbon  fera  fetrairc  fes  gens  hors  ladite  Ville  de  Bourges. 

leem^  Incontinent  les  articles  deuufdits  accordez ,  jurez  ,  promis  8C 
paftèz  d'une  pan  &  d'autre  ,  mondit  Seigneur  de  Bourbon  dedans  huit 
jours  après  la  datte  de  Pappoinrement ,  au  plus  rard  fera  délivrer  les 
Senefchaux  de  Poitou ,  de  Beaucaire  ,  franchement  &  quittement ,  6c 
les  autres  prifonniers  ,  qui  ont  efté  brii  depuis  ces  dividons  ;  &  pa« 
reillement  le  Roy  fera  délivrer  Jeaft  ae  Coufan ,  Mr.  de  Sougerolles ,  & 
tous  les  autres  prifonniers ,  eftans  des  gens ,  fujets  6c  ferviteurs  defdirs 

auarre  Seigneurs  ,  qui  ont  efté  pris  par  les  gens  du  Roy  depuis  lefdire^ 
ivifions',  &fera  en  outre  retraite  fes  gens  d'artnes  hors  des  pays  de 
mondit  Seigneur  de  Bourbon  Se  des  aurres  trois  Seigneurs  deflus  nom^ 
mez,  &  luy  rendre  fes  Terres*,  6c  auflî  à  Mn  d'Albret  les  ïîennes.  Se 
de  leurs  fubjets  &  ferviteurs  j  qui  ont  efté  prifes  depuis  lefdites  divi- 
iions,  dans  ledit  çerme  de  huit  jours ,  &  demeureront  les  pays  du  Roy  & 
defdits  quatre  Seigneurs ,  en  bonne  union  enfemble  •,  ceflera  toute  voye 
de  fait  d'une  part  6c  d'autre  \  6c  au  cas  que  les  autres  Seigneurs  de  l'aU 
liançe  defdits  Quatre  Seigneurs  ne  voudront  obéyr  au  Roy'au  jour  de  la 
Noftre-Dame  d  Aouft ,  comme  ils  doivent  à  leur  fouverain  Seigneur,  6C 
que  le  Roy  aura  pourveu  à  leurfdites  requeftes  raifonnablement ,  ou 
qu'ils  fe  monftreroient  ennemis  du  Roy  Se  du  Royaume  &  défobéyflàns  . 
au  Rov,  lefdirs  quatre  Seigneurs ,  audit  jour  de  la  Noftre-Dame  d'Aouft, 
fe  déclareront  qu'ils  fervirq^t  le  Roy  à  l'encontre  defdirs  autres  Seigneur» 
&  leur  alliance ,  &  tous  autres ,  qui  mal  Se  dommage  voudroiettf  porrer 
au  Roy  &  à  fon  Royaume*  O  o  o  i  Itcmé 


47^  PREUVES  DES  MEMOIRES 

jaCu  Ittm.  Le  Roy  a  odroyé  à  niondk  Seignoir  de  Bourbon  de  non  ch- 
^  ^*  trçr  pendant  ledit  jour  Noftre-Dame  d'Aouft  dedans  les  Duché  &  Com- 
té de  Bourgogne  ,  la  Comté  de  Charoloû  »  la  Terre  &  Seigneurie  du 
Chafteau-Chinon ,  &  autres  Terres  &  Seigneuries  enclavées  efdirs  Pays 
de  Bourgogne ,  voifines  &  prochaines  de  mondit  Seigneur  de  Bourbon  » 
derqueiies  Terres  &  Seigneuries  enfembie  >  ne  fera  htit  guerre  au  Rof 
pendant  lefdirs  teins ,  pour  &  afin  que  mondit  Seigneur  de  Bourbon 

Eui(Ie  plus  convenablement  traiter  bonne  paix  &  amour  entre  le  Rov  ^ 
îfdits  Seigneurs  de  fon  Sang ,  &  autres  fes  Suiets.  Toutes  lefquelics 


£  V  IK 
0C7  JUttn  du  Sieur  Baluc  à.  Monpcur  le  Chancelier;. 


Tiré  des 


Recueils  de    7V^  Onfeigneur ,  je  me  recommande  très-hiunblement  à  vous.   Prc^ 
M.  l'AbW    -4 '^  f^^tement  cft  arrivé  un  de  mes  gens  devers  le  Roy ,  par  lequel  Ic*- 
Ic  Grand     ^*^  Sieut  a  cfcrit  à  Monfieur  le  Lieutenant  &  à  moy ,  que  Monfieur  de 
Bourbon  eft  venu  à  Varennes ,  qui  eft  à  une  bonne  lieue  de  Saint  Pour- 
çain ,  &  là  eft  Monfieur  de  Nemours ,  &  Dimanche  dernier  aflèmblerent 
ic  parlèrent  enfembie  ,  mais  mondit  hpmme  i^artit  ce  jour  ,  &c  nous  a 
mandé  le  Roy  que  incontinent  la  conclufion  prife ,  il  envoyera  par  deçà 
un  homme  pour  nous  en  advertir ,  je  croy  que  auflîi  fera-t*il  à  vous*,  on 
cfpere  devers  le  Roy.  qu'ils  ne  paniront  pomt  d'enfcmble  fans  appoint 
tement ,  &  auffi  me  l'ont  eferit  Klcffieurs  les  Senefchal  de  Guyenne  & 
Bailly  de  Rouen  ;  toutesfois  ^e  ne  fuis  pas  de  leur  opinion ,  &  doute  que 
ne  foit  que  amufement ,  Dieu  par  fa  grâce  y  veuille  donner  provifion , 
car  tout  le  Royaume  en  a  bien  befoin  ;  le  Roy  nous^a  eftrit  que  le  Duc 
de  Milan  luy  envoyé  huit  cens  hommes  d'armes  &  mille  enfans^i  pied, 
&  Madame  de  Savoye   cinq  cens  Lances  :  Monfieur  de  Foix   ame^r 
ne  pareillement  fon  armée ,  &  me  femble  que  à  la  rigueur  le  Roy  aura 
du  meilleur,'  mais  la  douceur  fut  plus  propice*.  Monfieur,  vous  avez 
grand  honneur  à  la  conduire  du  nays  de  par-de-là.  Dieu  vousdoint 
cousjours  bien  continuer ,  &  vous-aomt  accompliflement  de  vos  defirs  , 
&  bonne  vie  &  longue;  Efcrit  k  Paris  le  feptiéma  de  Juin.  Voftre  très- 
humble  ferviteur  Balue.   Et  à  lafukferipnon..  A  mon  très-redouté  Seis- 
gneur ,  Monfoigaeur  k  Chancelier  die  France. 

I  V  I  L 

f3*  Lettre  de  Guillaume  Coufinoty  à  Monjituitle.  Chancelier  ^  toucKanr 

le  voyage,  du  Koy  Louys  XÏ.  en  Auvergne. 

•lémcs  Rc-  \^  Onfcigncur ,  je  me  recommande  humblement  à  vous.   Pour  ce 

cuçiis.         '^\  V^^.  defirer ,  je  fçay  que  vous  defirez  /(çavoir  des  nouvelles^  dont 

depuis  huit  ou  dix  jours  en  çà  n'ay  pas  eu  bien  loifir  de  vous^  en  efcrire 


,■       DE  PHIi.  0E  COMINES.  477 

E>ur  les  matières  qui  font  furvenuës  :  de  prefent  i  ay  pris  un  peu  de  *— ** 
i/ir  de  vous  efcrirc  du  démené  de  nos  matières  clepuis  le  partemenc     <  4^  5** 
du  Roy  de  Saint  Pourçain ,  pour  aller  àVarennes  ,  jufques  à  prefent. 
Il  eft  vray  que  après  la  première  trêve  prife  à  Moncluçon  ^  à  la  re«^ 

Îtiefte  de  Monsieur  de  Nemours ,  dont  à  cette  caufe  avons  perdu  vingt- 
eux  ou  vingt-trois  journées  de  befognes  y  le  Roy  vint  audit  faint  Pour- 
cain,  &  auffi  Monfeigneur  de  Bourbon  vint  à  Varennes  >  qui  n'eft  que 
a  deux  petites  lieues  dudit  Saint  Pourçain  ,  &  Âfmes  plufieurs  allées  &c 
venues  les  uns  devers  les  autres^,  &  cuidions  tous  eftre  appointez  *,  mais 
foudainement  Monfekneuf  de  Bourbon  s'en  partit  dudit  Varennes , 
Madame  de  Bourbon  euant  à  Saint  Pourçain ,  Se  s'en  alla  à  Moulins ,  ^ar- 
ce  qu'il  avoir  fceu  que  ledit  fieur  de  Momagu  ôc  le  Seigneur  de  l^ul- 
ches  avec  deux  cens  Lances  de  Bourgogne ,  nous  eftoient  arrivez  à  Mou- 
lins ,  &  furent  tous  nos  appoincemens  pompus  >  &  fembloit  que  les 
Bourbonnois  euflènt  ja  gagne  leur  queftion  ,  laquelle  chofe  venue  à  la 
congnoidance  du  Roy ,  pouree  que  on  difoit  que  le  Marefchal  de  Bour-. 
^ogne  venoit  après  avec  quatre  cens  hommes  d'armes  ,  le  Roy  fit  incon- 
ûnent  partir  Sallezart  ic  Regnault  de  Girefme  »  &  bien  quatre  cens 
francs  Archers  ieheval  de  Bourgogne,  s'il  padbit  la  rivière  de  Loiret 
&  au  regasd  du  Roy  ,  il  s'en  vint  audit  lieu  de  Varennes  ^  auquel  liea 
vint  Monfieur  de  Chaumont  >  &  les  Chancelier  &  Lieutenant  de  Bout- 
lK>nnois  »  &  aufli  le  Bailly  de  Nemours ,  &  derechef  furent  commencei^ 
autres  Traitez  *,  &  nous  eftans  là  ceux  de  Vichy  ,  de  Varennes ,  de  Rez* 
de-la-Palidè ,  8c  tout  le  pays  d'environ  fe  vint  mettre  en  l'obéydance  du 
Roy  ',  lequel  accorda  aufdlts  de  Bourbonnois  prefque  cous  les  articles 
qu'ils  luy  requirent» 

Et  nous  eftans  en  ee^  termes ,  8c  que  cuidions  avoir  fait ,  mondît  Sei- 
gneur de  Bourbon  ouït  nouvelle  que  le  Comte  d'Armagnac  venoit ,  &c 
amenoit  bien  cin<^  ou  fix  mille  hommes  avec  luy  pour  le  fecourir  ,  Sc^ 
incontinent  il  partit  de  Moulins  accompagné  du  Sieur  de  Beaujeu  éc  du 
Comte  de  Dampmartin ,  &c  s'en  vint  par  l'autre  cofté  de  la  rivière ,  tu 
rant  à  Montagu  en  Combraille»  âc  delà  àHermant ,  qui  eft  àdouzer 
lieues  de  Rionn 

Lefquelles  cho(ês  venues  à  la  eongnoiflànce  du  Roy»  il  panit  le  lon^ 
demain  de  Varennes  avec  fon  anillerie  ^  &  vint  mettre  le  iiege  devant 
Verneuil ,  &  fîit  le  dix-feptiefme  jour  de  ce  mois ,  laquelle  pkce  de  Ver- 
aeuil  dès  ce  jpur  fe  mift  en  composition  à  rendre  le  lendemain ,  ou  corn-, 
battre ,  Se  fut  rendue  ;  Se  pource  qu  elle  eftoic  fort  préjudiciable  à  Saint 
Pourçain ,  Se  leur  faifoit  grand  guerre,  le  Roy  la fift abattre. 

Et  eftant  ainfi  le  Roy  a  faint  Pourçain ,  de  retour  de  Varennes  «  lu^ 
vinrent  nouvelles  bien  difFerente»  du  Comte  d'Armagnac  *}  car  elles  di- 
foient  qu'il  alloit  à  Bourges ,  les  autres  qu'il  venoit  à  Riom  y  Se  i  cette 
occafîonlc  Roy  fit  incontinent  parrir  Monfieur  de  Cominge  avec  quatre 
cens  Lances,  pour  lïtct  versMontluçon  ,  &  trancher  le  chemin  de  mon-  ; 
dir  Sieur  d'Armagnac,  en^  cas  qu'il  iroit  à  Bourges,  Se  partit  ledit  Mon- 
fieur de  Cominge  le  Mercredy  enfuivant>  qui  fut  le  vingt-deuxième  jpuc 
de  ce  mois. 

Et  le  lendemain  vingtième  dudit  mois>  environ  une  heure  après  mi- 

Ooo  5.  mût. 


478  PREUVES  DES  MEI^OIRES 

^  nuit ,  nos  cfpicB  reroornerenc  de  divers  lieux,  que  nousavions  envoy&'y 
<4^.^  Se  fçuûnes  pour  vrajr,  que  ledit  Mon(eigneur  de  Bourbon ,  Monueiir 
de  Nemours ,  Monfeignear  d'Armagnac ,  Moniteur  d'Albrec  ^  le  Comœ 
de  Dampmarcin ,  le  Sieur  de  Beaujeu ,  &  toute  leur  puiilànce,  eftoienc 
allez  entrer  à  Riom  le  jour  procèdent  environ  fouper ,  £c  difoit-on  qu'ils 
feroient  beaucoup  de  chofes ,  dont  le  récit  vaut  mieux  teu  que  dit  ;  & 
i  cette  meCme  heute  feifmes  partir  Merlki  avec  quatre  cens  fiancs  Ar* 
chers  j>our  aller  renforcer  la  garnifon  de  Montpenfier ,  Se  envoyafmes 
d'autres  gens  devers  tnondit  Sieur  de  Cominge  pour  luy  dire  qu'il  né 
^aiïàft  pas  Montmorault  pour  tirer  devers  Montluçon  ,  mais  qu'il  tiraft 
vers  Ganat ,  6c  ainfi  le  fift. 

Et  ce  mefaie  jour  le  Roy  fe  difpofa  à  j^rtir  de  Saint  Pourçain  ^  avec 
le  furplus  de  Ton  armée ,  &  toute  Ton  artillerie  y  pour  tirer  audit  Ganac 
&,  à  Riom ,  délibéré  de  vous  venir  aflieger  tous  lefdits  Seigneurs  &  tou- 
tes leurs  armées  dedans  Riom ,  &  coucnafnKS  iceluy  jour  a  Efcfaerolles  » 
<qui  eft  environ  à  une  lieuë  &c  demie  de  Ganat. 

Et  le  lendemain  bien  matin  ,  qui  fut  Vcndredy  vingt-un  dernierl,  Sdf 
jezart  &  Regnault  doGirefine^  Scmoy  aUafmes  <fevant  Ganat  par  l'or- 
donnance du  Roy»  Se  eftoit  dedans  un  quia  nom  le  Seigneur  de  Ribes  » 
lequel  repondit  à  Guyenne  le  Hérault ,  quand  il  le  alla  lommer  de  ren- 
dre  la  place ,  qu'il  ne  congnofflbit  le  Roy ,  qu'il  ne  f^avoit  que  ceeftoit 
Je  ce  Roy ,  &  qu'il  ne  luy  obéyroit  points  &  que  Mon/ieur  de  Bourbon 
eftoit  leur  Seigneur ,  6c  qu'il  garderoit  bien  la  place  pour  luy. 

Lefquelles  chofes  à  nous  rapportées  approchaimes  incontinent  ladite 
place ,  &  defcendifmes  à  pied.  Se  vinfmes  gagner  les  fauxboures  du  coft^ 
devers  Riom  ,  Se  auifi  ceux  de  Saint  Pourçam ,  &  les  approchafmes  de 
fi  près ,  que  en  moins  de  quatre  heures  y  fans  qu'il  y  euft  coup  d'artille- 
rie tire ,  finon  les  coulevrines  ,  nous  prifmes  ladite  Ville  d'aflàut ,  8t 
s'enfuirent  tous  les  gens  dedans  le  Chafteau  ;  Se  environ  une  heure  après 
le  Roy  y  arriva  d'un  cofté,  &  Monfieur  de  Cominge  de  l'autre ,  &  moft 
^ue  le  Roy  fut  arrivé ,  il  fit  dreflcr  fon  artillerie  contre  le  Chafteau  & 
rompre  le  baftardeau  qui  tenoit  l'eau  des  foflèz  ,  Se  commencer  l'adàult 
contre  ledit  Chafteau ,  lequel  tantoft  luy  fut  rendu ,  Se  ceux  de  dedans 
à  fa  volonté  :  &  ce  fait  &  qu'il  euft  mangé  un  oeuf,  car'  autre  chofc  n V 
^voit*  monta  à  cheval ,  Se  toute  la  compagnie ,  &  l'anillerie  ,  &  vin{- 
rtits  au  gifte  à  Aigueperfe ,  là  où  les  quatre  Seigneurs  deffus  nommez 
écrivirent  au  Roy  une  Lettre ,  &  envoyèrent  vingt  articles  bien  eftran- 
ges ,  Se  À  quoy  il  rut  refpondu  de  mefmc. 

Le  lendemain  qui  fut  Samedy  vingt-deux ,  le  Rov  après-difner ,  pour* 
ce  qu*il  eftoit  jeûne ,  partit  d'Aiçueperfe  ,  Se  toute  la  compagnie  &  l'ar- 
rillerie  vint  loger  à  une  lieue  de  Riom  ,  &  incontinent  Moniteur  de 
Bourbon  ouït  fes  nouvelles ,  qui  monta  à  cheval  &  s'en  alla  par  les  Ma- 
rais à  Thiart ,  Se  dc-U  â  Mouhns  s  &  vous  certifie  que  je  ne  vis  jamais 
gens  mieux  mouillez  que  nous  fufmes  ce  jour-là  s  &  néanmoins  Dieu 
qui  conduk  tout ,  pofé  que  la  plufpart  des  gens  &  des  chevaux  fuflent 
logez  fous  les  arbres  6c  es  prés ,  chacun  prenoit  en  gré,*^  Se  n'avons  per- 
4a  ne  ^ns  ,  ne  chevaux ,  ne  biens. 
fs  h]^  ^ni  fut  Dimanche  vingt-trois,  b  Roy  jfc  toute  fon  armée  vint 

Joger 


DE  Pmr,.  OE  COMINÊS  47,'      . 

loger  à  MauAc  &  à  Marfac ,  qui  font  à  un  quart  de  lieue  de  Riom,  &  vint  , 

monditSgr.deNemours  parler  au  RoViTuc  les  champs  à  reurecéj&  grâces 
à  Nollrc-Seigneur  rappointemem  eft  fait  pour  les  trois  Seigneurs ,  c'eft 
aflàvoir ,  Nemours  ,  Armagnac  Se  le  Bret ,  &  fe  Monfeigncur  de  Bour- 
bon y  veut  eftre  compris ,  le  Roy  en  eft  conrent ,  &  l'a  ainfi  accordé;. 
9c  auilî  s'il  n'y  veut  eftre  compris  ,  Icfdiis  ttoifrSfeigneurs  abandonnent 
MonHeur  de  Bourbon  &  fe  mettent  de  la  part  du  Roy  ;  &  devons  tous 
bien  louer  Dieu  que  au  grand  honneur  du  Roy  ,  &  ayant  la  force  Se  la 
puinànce  en  fa  main  ,  les  appointemens  ont  efté  faits  ,  que  je  n'eftime' 
pas  UD  peu  de  chofe ,  veu  la  grande  puiflànce  q^ue  on  difoit  qu'ils  avoienr,' 
Se  les  eftrangcs  paroles  que  on  difoit  &  fcmoit  au  préjudice  du  Roy ,  & 
contre  fon  armée  &  puilËoice  >  &c  me  femble  qu'il  y  a  bien  matière  d'en' 
regracier  Dieu  folemnellement  par  proccâlons  ,  mcUès  folemnelles  ,  £c 
autrement. 

Le  Roy  audî  a  oâroyé ,  que  tous  les  autres  Seigneurs  qui  fe  font  cHc' 
vez  contre  luy ,  foienc  compris  audit  appointement  s'ils  y  veulent  eftre' 
compris ,  &  ftnon  c'eft  fon  intention  d'aller  en  toute  diligence  au  de-- 
vant  d'eux*  Se  fçavoir  qui  aura  le  droit  ou  le  ton.- 

Le  LunJy  z^'^Juitu- 

L  V  I  I  !.. 

SromtSi  dt  Charles  dé  Boam>ght ,  Comte  de  Charoloïs  ,■  de  confirmer  les 

rriviUffs  des  Duchés  de  Brabant  &  de  Limhourg^  lorjijuilfera 

parvenu  à  lafucceffion  de  ces  Pays.- 

KtiCATttjf  ik:^iixa.lXtt.ty  yitm^Ututt mîierd-'BfidiFmii)  k  }.  Juillet  14^;. 

C  HARLESdc  Bourgogne, CoBitedeCharolois, Seigneur  deChaf'      Tifi  àk 
tcau-Bclin  &  de  Bcthune  ,  LieutenanfGeneral  de  mon  très-redoutc  ^Édition 
Seigneur  &  Père.    A  tous  ceux  qui  ces  prcfcntes  Lettres  verronr,  Salut:  T.^'  ^°' 
Comme  les  bonnes  Villes  de  Brabant  nous  ayent  baillé  leurs  Lettres ,       '°^' 
dontlatcncurtranflatcedeThiois  *  en  François  eft  telle  :  NousBoutgue-      *Thiah, 
maiftres ,  Efchèvins  &  Confeil  des  Villes  de  Louvaîn  ,  Bruxelles ,  An-  Langue 
vers  ,  Bois-le-Duc ,  Thiclmont ,  Lcwes  &  Nivelles ,  des  fccu ,  voulcnté,  Thcudef- 
&  confentement  des  Forains ,  Larges  GonGiulx  ,  Doytns  Jurez  des  Mef-  qucuuAl- 
riers ,  &  autres  bonnes  gens  généralement  d'icelles  bonnes  Villes.  Sça-  l','"'"'* j  "^ 
voir  faifons  a  tous,  que  comme  noftre ttès-redouté  Seigneur Monfei-  ''"™=™*' 
neur  Phelippe  >  Duc  de  Bourgogne ,  de  Lothiers ,  de  Brabant ,  de 
.imbourg ,  Comre  de  Flandres ,  Sec.  Nous  n'agueres  aflèmblez  en  la 
Ville  de  Bruxelles ,  avec  les  deuif  Eftats  des  Prélats  &  Nobles  du  Pays 
de  Brabant  ,Sc  ptufleurs  autres  de  fes  aurres  pays ,  ait  fait  expofer  par 
le  Noble  Mgr.  Pierre  ,  Seigneur  de  Goux  &  de  Vedergrare,  CKcvalier, 
Confeiller  &  Chambellan  de  mondit  Seigneur 
irès-redoutc  Seigneur,  meu  de  faveur  &  amouT 
aulG  lelîfter  aux  malveiilans  deluy  8c  de  fes  pays 
sneuties  Se  Pays ,  après  fon  trefpas ,  appartenir 
héritage  à  très-puifTanr  Prince  Monfeigneur  Charle 
te  de  Charolois  >  fon  unique  61s  legitune  y  déclarai 


!i 


48>o  PREUVES  DES  MÉMOIRES 

j  ^         Charles  eftrc  fcul  fon  droit  hoir  &  héritier,  commandant  aux  autresEftats 
^   **      de  fes  Seigneuries ,  &  à  nous  à  ce  appeliez ,  que  ils  &c  nous  voulfiffions. 
Tes  déclarations  Se  ordonnances ,  tenir  fermes  &  ftables ,  Se  promettre 
fous  ferment  de  tenir,  avoir  Se  recevoir  après  fon  trefpas ,  ledit  Mon* 
feiçncur  Charles  pour  noftrc  Seigneur  Se  Prince ,  s*eft-iî  que  nous^  après 
dehbcration  de  confeifTtir  ce  eue ,  confideranc  que  l'héritage  du  rerc 
doit  fucceder  félon  droit  fur  le  feul  Fils ,  Se  defîrans  obéyr  aux  comman- 
démens  de  noftredit  très-redouté  Seigneur ,  ain(i  qu'il  appartient ,  re« 
congnoiflbns  iceluy  Monfeîgneur  Charles,  fon  feul  Fils,  efîre  fon  legiti^ 
fne  héritier  en  fes  Pays  Se  DuchezdeBrabant,  de  Limbourg,  Marchion* 
♦  Ccft-à-   ne*  d'Anvers ,  &  es  autres* Terres  Se  Seigneuries  d'outre  Meufe  ',  &  que 
liirc ,  Mjtr.  nous  fommcs  tenus  de ,  après  le  trefpas  de  noftredit  très-redouté  Sei- 
f^i/at         eneur ,  le  recevoir  en  noftre  Seigneur  &  Prince  s  promettans  outre  fea- 
fAjivm.     blement ,  Se  fous  ferment  de,  en  enfuivant  ce,  le  recevoir  lors  en  noftrc 
Seigneur  &  Prince  ,  aind  que  avoirs  fait  mondit  Seigneur  fon  Père  \  Se 
luy  faire  feaultc ,  ainfi  que  bons  loyaux  fubjecs  doivent  faire  à  leur  Sei- 
gneur Se  Prince ,  &  que  avons  fait  à  mondit  Seigneur  fon  Père  &  à  k% 
predecelTèurs ,  moyennant  que  iceluy  Monfeigneur  le  Comte  de  Cha- 
rolois ,  le  cas  advenant  du  trefpas  de  mondit  Seigneur ,  &  qu'il  prendra 
la  podèftîon  defdits  Pays  ,  il  renouvellera  6c  confirmera  premièrement» 
&  à  fon  entrée  efdites  VÛles  de  Brabant ,  leurs  Privilèges  Se  le  contenu 
de  la  Chartre  du  Pays,  laquelle  mondit  Seigneur  le  Duc  oétroya  à  fon 
entrée  efdits  Pays ,  &  promettra  de  earder  &  entretenir  les  droits ,  fian* 
chifes  &  libertez  defdits  Pays  Se  Villes ,  ain(i  qu'ils  ont  promis ,  mondic 
Seigneur  fon  Père  .&  fefdits  predecedèurs ,  en  donnant  provifion  fur  ce 
que  Ton  trouvera  avoir  eftc  fait  contre  le  droit  defdits  Pays  8f  Villes  > 
tellement  que  Lefdites  bonnes  Villes  auront  caufes  d*cftre  contentes.  En 
tefmoin  de  ce.  Nous  Bourguemaiftres ,  Efehevins  &  Confeil  des  Villes  d« 
Louvain ,  Bruxelles,  Anvers ,  Bois-le^-Duc ,  Thielmpnr  &  Lewe,  avons 
fait  appendre  â  c^%  prefentes  Lettres  les  Sceaux  aux  caufes  defdites  Vil- 
les*, &  nous  Gaultier  Poulloudor^  comme  Rentier,  Se  Jean  Bacheler, 
comme  l'un  iit%  dix  Jurez  de  ladite  Ville  de  Nivelle  ,  avons  auflî  fait 
appendre  nos  propres  Sceaux ,  au  nom  d'icelle  Ville  de  Nivelle ,  à  ces 
Lettres  ain(i  que  Ton  a  accouftumé  faire  en  tel  cas ,  pource  que  ladite 
Ville  de  Nivelle  n'a  aucun  commun  Scel  *,  le  vingriefme  jour  de  Juin ,  en 
l'an  mil  quatre  cens  foixante-cinq  \  en  nous  fupplians ,  que  entant  que 
â  nous  touche  nous  leurs  veuillons  o^oyer  nos  Lettres ,  par  lefquelles 
nous  les  afliirions  des  conditions  y  contenues.  Sçavoir  faifons ,  que  Nous 
inclinans  à  leur  fupplication  Sç  requefte ,  avons  promis  Se  pron^ettons 
en  parole  de  Prince,  que  le  cas  advenant  du  trefpas  de  mon  très-redouté 
Seigneur  &  Père,  Se  que  prendrons  la  poflèffion  de  la  Seigneurie  defdit» 
Pays  de  Brabant ,  de  Ljmbourg ,  Marcnionne  d'Anvers ,  Se  Terres  d'ou- 
tre Meufe,  nous  renouvellerons  Se  confirmerons  premièrement,  &  ^ 
noftre  ^entrée  efdites  Villes  de  Brabant,  leurs  Privilèges  Se  le  contenu  en 
la  Uiartre  du  Pays ,  accordée  par  mondit  Seigneur  &  Père  à  fon  entrée 
efditç  Pays  \  Se  en  outre  promettons  de  garder  &  entretenir  les  droits  , 
tranchîfes  &  libertez  défaits  Pays  &  Villes ,  ainfi  que  promis  l'ont  mon- 
^t  S^ignçur  Se  Pçre  s  ^  fes  predeceflèurs -,  Se  que  nous  donnerons  pro* 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  481 

vifion  fur  ce  duc  l'on  trouvera  avoir  efté  fait  contre  le  droit  defdits  Pays        -^ 
&  Villes  )  tellement  que  par  raifon  icelles  Villes  auront  cauie  d'eftre      ^    ^  ' 
contentes.  En  tefmoin  de  ce  nous  avons  fait  mettre  noftre  Scel  à  ces 
prefences.  Donné  en  noftre  Oil  à  Mitry ,  le  troiAefme  jour  de  Juillet,  l'an 
de  grâce  mil  quatre  cens  foixante-^inq.  Signé  fur  U  rcply^  Par  Monfei** 
gneur  le  Comte.  J.  Gros. 

CoUationéJur  t original  cflant  en  la  Chambre  des  Comptes  de  Lille. 

LIX. 

%T  Marche  de  Carmle  des  Ducs  de  Befry  €f  de  Bretagne.  Le  14%  ou  i^. 

Juillet. 

ADvertiflèment  pour  monftrer  les  termes  que  Monfeigneur  de  Van-^     Tiré  itt 
dofme  a  tenus  a  Tarmée  du  Roy  »  qui  eft  venue  à  Vandofme ,  en  Kccudls  de 
l'accompagnement  de  Monfeigneur  du  Maine ,  &  auffi  la  refooncc  faite  ^*  ^^^ 
par  mondit  Sieur  de  Vandofme  aux  Lettres  &  offres  de  Monleigneur  de  ^^  ^"^*<**» 
Berry  coilrre  l'armée  defdits  Bretons. 

Premier.  U  eft  vray  que  le  Vendredy  cinquiefme  jour  de  Juillet,' 
mondit  Sieur  de  Vandofme  envoya  un  des  fiens  devers  Monfeigneur 
du  Maine  à  Tours  ,  &  luy  efcrivit  que  les  Bretons  eftoient  à  Bauge ,  & 
qu'ils  tiroient  à  pafler  par  la  G^mté  de  Vandofme ,  comme  il  avoit  efté 
adverty ,  requerrant  qu'il  y  voulfift  pourveoir. 

Surquoy  il  fit  refponce  qu'il  eftoit  bien  joyeux  d'avoir  receu  les  Lettre^ 
de  mondit  Seigneur,  que  le  lendemain  il  fe  trouvaft  ou  envoyaft  devers 
luy  au  Chafteau-Regnault. 

Et  ledit  jour  de  lendemain  ,  qui  fut  le  fîxiefme  de  ce  mois ,  envovi 
fon  frère  Baftard  audit  lieu  de  Chafteau-Regnault ,  &  luy  requift  par  fes 
Lettres  qu'il  voulfift  pourveoir  de  gens  d'armes  &  artillerie  à  Vandofme,. 
&  autres  fes  places.  ^  ^  • 

A  quoy  par  fes  Lettres  il  fit  refponce ,  qu'il  mercioit  fort  mondit  Sieut 
de  Vandofme  d'avoir  envoyé  devers  luy ,  &  que  pour  le  bon  vouloir 
qu*il  congnoiflbit  que  il  avoit  au  Roy,  il  n'eftoit  rien  qu'il  nefiftpour 
luy ,  &  qu'il  eftoit  cleliberé  ce  jour  là  de  venir  à  Vandofme  avec  le  grand 
Senefchal  >  &  les  Capitaines  &  toute  l'armée ,  comme  il  fift. 

Et  incontinent  ouïe  ladite  refponce ,  envoya  mondit  Sieur  de  Van-^ 
dofme  pour  la  fignifier  aux  habitans ,  pour  le  recueillir  &  luy  faire  toute 
obéyflànce  ,  comme  il  appartenoit  à  Lieutenant  General  du  Roy,  ce  qui 
fut  fait  libéralement. 

Or  ainfî  que  ledit  fixiefme  jour  de  Juillet  mondit  Sieur  de  Van- 
dofme avoit  receu  Lettres  de  Monfeigneur  de  Berry ,  &  de  ce  faifant 
mention ,  que  il  fe  voulfift  adjoindre  avec  eux  ,  &  que  il  feroit  rccon- 
gneu  en  eftats  &  honneurs ,  comme  pourrez  veoirpar  le  double  de  leurs 
Lettres,  dont  (fit)  cette  cxcufe,difant  que  il  avoit  promis  au  Roy  luy  gar- 
fes  places  à  fon  pouvoir ,  &  autres  caufcs  ,  comme  pourra  eftre  veu  par 
la  copie  de  fes  Lettres. 

Et  pource  que  depuis  fut  adverty  par  un  des  gens  de  Madame  fa  mere^ 

qu'elle  avoit  envoyé  devers  fon  frerc  de  Loheac  au  Cbafteau  du  Loir,  luy 

Tome  IL  P  p  p  de 


_^^  48^2.  PREUVES  DES  MEMOIRES 

1 4  (7  5 .  V^^^  <lu-3  trouvaft  façon  que  l'armée  ne  patfàft  par  la  Comté  v  que  fott^ 
^  Je  crois  ^^  frcreluy  maiidoit  qu'il  fc  donnoit  merveilles  *  comment  mondic  Sieuc 
qu'il  faut  li-  ^^  Vandolme  avoir  fait  telle  rcfponce ,  ôc  que  il  ne  voulfift  refufer  l'en- 
Ky qu'Use/-  trée  de  Tes  Places  à  Monfeigneur  de  Berry ,  &  autres  qui  vouloient  1er 
tcJnoit  À  bien  du  Royaume ,  mefmement  que  le  Roy  de  Sicile,  Monfeigneur  dU' 
merveillis ,  Maine  ,  qui  font  Oncles  du  Roy ,  leur  avoient  feit  faire  ouverture  ai^ 
^^-  Pont-de-Cc ,  Beaufon ,  Baugé  &  au  Cliafteau  du  Loir ,  &  femblablement 

les  autres  Seigneurs  en  toutes  les  Pkces  ,  par  où  ils  eftoient  paffez» 

Mondît  Seigneur  de  Vandofmc  envoya  mondit  Sieur  de  Preaut  &  fort 
Argentier  devers  mondit  Sieur  du  Maine  à  Vandofme ,  le  Dimanchc^ 
ii^l^iefine  jour  de  ce  mois ,  pour  requérir  qa'il  envoyait  gens  de  guerre: 
&  artillerie  pour  la  deffenfe  de  Lavardin  >  de  Montoire  >  &  autres  Pla« 
ces ,  contre  ladite  armée ,  pource  que  à  Montoire ,  qui  n'cft  Place  forte , 
n'y  avoir  que  le  Capitaine ,  &  qumze  ou  vingt  des  gens  de  la  ViDe,  Se 
à  Lavardin  n'avoir  que  mondic  Seigneur  &  les  gens  de  fon  Hoftel  y  à. 
quoy  il  fut  fait  refponfe  par  Monueur  le  Grand  Senefchal ,  prefenr 
Monfeigneiur  du  Maine ,  &  les  Capitaines  qui  pour  ce .  avoient  tenu* 
Confeil ,  au'il  n'y  avoit  aucune  artillerie  >  &  aufli  qu'on  ne  bailleroit  au 
cuns  gen»  a'armes^ 

^  Et  lors  fut  demandé  par  mondît  Sieur  de  Préaux  Se  par  ledit  Argen- 
tîcr ,  qui  eftoit  à  faire  a  mondit  Seigneur  de  Berry  vouloir  entrer  de- 
dans Montoire  ;  à.  quoy  par  ledit  Grand  Senefchal  »  f«t  refpondu  que 
on  congnoiflbit  bien  que  ladite  Place  n'eftoit  pas  tenable,  &  que  on: 
les  pouvoir  bien  laiflèr  enrrer  dedans ,  Se  leur  envoyer ,  pain  >  vin  Se 
autres  vivres  r  mais  que  mondit  Seigneur  de  Vandoune  ne  devoir  aller 
devers  Monfeigneur  de  Berry  ,  de  laquelle*  refponce  mondit  Sieut  de 
Préaux-  Se  Argentier  firent  rapport  à  mondit  Sgr»  oe  Vandofme,  {Uqucf)  fur 
adverty  qu'il  eftoit  tout  commun  en  ladite  armée  des  Brerons ,  eux  eftans: 
à  Trou  y  qui  eft  à  une  lieuë  de  Lavardin  ,  Se  i  Vandofme ,  {&)  il  efcrivit  â 
^on&igneur  du  Mayne  le  Mardy  neufviefme  jour  dudit  mois ,  &  outre 
ce  il  feroir  fècouru  fi  il  leur  refiifoir  l'entrée ,  &  qu'ils  s'efforjjafiènt 
d'entrer  ou  qu'ils  mident  le  fiege  \  furquoy^  mondit  Sieur  du  Maine  luyv 
fift  refponce  par  fes  Lerrres ,  qu'il,  feuft  fiir  que  il  aiiroit  £èeoars  Se  ayde»- 
qu'il  y  pourvoir  oit  de  tout  fon  pouvoir,  &  envoyeroit  gens  en  grand 
nombre  pour  les  garder  d'enrrer  ,  en  luy  faifant  fçavoir  le  befoin  que 
mondit  Seigneur  de  Vandofme  en  avoir. 

Attendant  laquelle  refponce.  Se  auâi  paravant.  Se  depui&:mondit  Sei* 
gneur  de  Vandofme  âc  tous  fes.gens  onr  efté  en  armes ,  &  en  fa  Place, 
nuit  &  jour  fur  la  muraille*,  car  ila  tousjours  efté ,  &  eft  deliberétenin 
j)our  le  Roy  en  foy  acquitant;. 

Et  outre ,  voyant  lefdirs  Bretons  arriver  i  Montoire ,  fît  rompre  lé 
Pont  de  fur  la  rivière  audit  lieu  de  Lavardin ,  parquoy  ne  purent  pafièr 
kfdits  Bretons.,  qui  y  venoient  loger  en  grand  nombre ,  &  s'^n  re- 
tournèrent à  Montoire>  auquel  lieu  toute  l'armée  en  grand  nombre  loge-» 
Jtent  Mardy. 

Lequel  jour ,  Monfieur  de  LoHeac  ,  Meflieurs  dek  Rocke  Se  du  Lude 
accompagnez  de  foixante  ou  quatre^vingrs  ArcHers  en  habillement ,  vin-- 
itnt  jufquei  aux  barrières  de  Lavardin  pour,  parler  à  mondic  Seigneur  de 

Vandofme» 


DE  PHIL,  DE  COMINES  483  ^_____ 

Vandorme  »  aufquels  il  fit  rcfponfe  qu'ils  n'y  entreroienc  point,  &  qu'il         ^ 
parleroit  volontiers  à  eux  entre  les  barrières ,  accompagné  chacun  de  fix       ^   ^ 
ou  huit  hommes ,  ce  qui  fut  fait. 

Et  entre  autres  choies,  luy  fut  fait  plufieurs  offres  s'il  fe  vouloir  ajoin- 
dcc  avec  mondit  Sei^ur  de  Berry. 

A  quoy  mondit  Seigneur  de  Vandofme  fit  refponce,  que  pour  chofe 
que  on  luy  donnaft,il  ne  fe  confentiroit  à  leurdite  requefte,  &  qu'il  garde- 
roit  fa  leaulté  envers  le  Roy ,  &  à  tant  fc  départirent ,  &  s'en  rerourne- 
rent  à  Montoire  mefdits  Sieurs  de  Loheac ,  de  la  Roche  ôc  de  Fontaines» 
fzns  ce  que  mondit  Seigneur  de  Vandofme  foit  allé  devers  Monfeigneur 
de  Berry. 

Et  la  nuit  enfuivant,  c*eft  à  (cavoir  entre  le  Mardy  &  Mcrcredy,  au 
point  du  jour ,  mondit  Seigneur  du  Maine ,  &  toute  larmée qui  eftoit  i 
Vandofme  fe  partirent ,  8c  demeurèrent  ceux  de  la  Ville  tous  defpour- 
veus ,  jaçoit  ce  que  par  eux  fut  requis  leur  laiilèr  gens  de  guerre  pour  re*- 
iifter  aufdits  Bretons. 

Et  femblablement  cette  nuit  au  point  du  jour ,  fe  partit  de  Montoire, 
qui  eft  à  trois  lieues  de  Vandofme  &  à  un  quart  de  Lavardin ,  toute  l'ar- 
mée des  Bretons ,  &  tinrent  leur  chemin  vers  Mondoubleau ,  Se  com- 
me ils  eftoient  à  deux  lieues  de  Montoire,  &  à  une  demie  de  Vandofme 
ou  environ  ,  ils  eurent  nouvelles  par  leurs  chevaucheurs  &  efpies,  que 
mondit  Seigneur  du  Maine ,  Se  toute  l'armée ,  eftoient  partis  de  Van* 
dofme. 

Et  lors  tournèrent  root  à  court  à  Vandofme ,  Se  arriva  foudainoment 
toute  Tarmée  aux  barrières ,  &  furent  les  habitans  fommez  faire  ouvertu- 
i?e  à  Monfeigneur  de  Beny  à  ce  prefent ,  ce  qu'ils  refuferent,  &  firent 
refponfe  que  on  leur  donnaft  de  Vayde,  parler  cnfemble ,  6c  d'envoyer 
devers  mondit  Sieur  de  Vandofme. 

Sur  quoy  fut  dit  par  Monfeigneur  de  Berry  ,  prefent  le  Duc  de  Bret^ 

e  &  Monfeigneur  deDunois ,  qu'ils  y  entreroient ,  &  par  aucuns  de 
adite  armée  fut  dit  ^  que  s'ils  n  obéyflbient ,  ils  mettroKnt  la  Ville  à 


e 


fei^  &  à  fang ,  &  fut  ordonne  faire  tirer  l'artillerie  ",  &  ce  voyant  les  ha- 
bitans ,  ouverture  fut  faite ,  &  entra  l'armée  en  la  Ville  Mercredy  di- 
xiefme  jour  de  Juiliet,fans  aucune  chofe  (faire)  f^avoir  à  mondit  Seigneur^ 

Et  Jeudv  onziefme  jour  dudit  mois ,  mondit  Seigneur  de  Berry  en- 
voya derecnef  Lettres  à  mondit  Seigneur  de  Vandofme ,  pour  foy  adjoin- 
dre &  affilier  avec  luy  Se  autres  Meffieurs  du  Sang ,  &  qu'il  allaft  cetuy- 
jour  devers  luy  à  Vandofme ,  comme  apperr  par  le  double  defdites  Let- 
tres ,  dont  Monfeigneur  de  Vandofme  fe  excufa  par  fes  Lettres ,  difant 
que  il  s'acquicteroit  à  fervir  le  Rov ,  ainfi  que  par  la  copie  des  Lettres  de 
mondit  Seigneur,  appert  plus  à  plein. 

Et  le  Vendredy  douziefme  jour  dudit  mois  fe  partit  de  Vandofme 
mondit  Seigneur  de  Berry ,  Se  toute  l'armée ,  fors  environ  quatre  cens 
hommes  que  mondit  Seigneur  a  laifle  en  la  Ville  &  au  Chafteau ,  c'eft  à 
fçavoir  vingt  ou  vingt-cinq  Lances  au  Chafteau ,  &  le  furplus  en  la  Ville 

aui  encore  y  font  «  pour  lelquels  mettre  hors  mondit  Seigneur  Jic  Van- 
ofme  envoyé  «prefentement  devers  le  Roy ,  pour  avoir  des  gens  d'armes 
fie  anillerie ,  f uppUant  le  Roy  y  pourveoir. 

Pppi  LX. 


4H  PREUVES  DES  MEMOIRES 


J46S 


L  X. 
97  Relation  dt  la  BataUk  de  Montlhery^ 

Tîtéc  des  .<^r  Oftrc  très-redouté  Seigiiear ,.  tant  &  fi  bumblemenc,  comme  f$ûre- 
q\  II  -^^  pouvpns,nous  nous  recommandons  à  voftre  bonne  grace,&  pour  ce 
quffow  cft  ^^^^  tf ès^redooté  Seigneur  »que  fommes  certain&que  devons  fçavoir  des- 
fAbbaye  de  i^ouvelles  de  TArmée ,  de  l'Euar ,  de  noftre  crès-redouté  Seigneur  voftre 
S.  Yincenc  ^^  >  &  que  fonunes  tenus  de  nous  en  acquitter  mefmement  en  matières- 
it  Bezan-     qui  {le)  touchent» 

fQA.  Il  eft  vray  que  Mardy  pallî  feizieTme  jour  de  ce  mois ,  nous  fufmes^ 

prefens  du  commencement  jufqu'à  la  fin  de  la  bataille ,  que  Monfieur 
voftre  Fils  a  >cu  contre  le  Roy  &  fa  puiflànce  y  qui  eftoit  de  vingt 
deux  censLanches  ou  environne  mieui  en  point  que  oncques  furent  vues- 
en  ce  Royaume ,  comme  Ton  dit  \  lacuelie  bataille  »  après  ce  que  mon- 
dit  Seigneur  voftre  Fils  fut  confeillé  a  aller  querre  &  envahir  le  Roy  & 
iadite  puiflànce  >  au  lieu  où  ils  eftoient ,  qui  eftoit  moult  fort  Se  avan- 
tageux pour  eux ,  commença  entre  une  &  deux  heures  après  midy  :  en 
fuivant  ledit  confeil  fut  fait  ledit  envahidèment  très-fierement ,  &  d  auf& 
hardi  courage  >  que  Ion  a  tu  faire  en  journée  de  bataille  pafte  longtemps», 
comme  il  femble  à  ceux  qui  virent  d'un  coftc  &  d  autre  ayant  congnoif- 
fance  de  telles  matières  \  Se  tellement  aue  les  Franchois  fe  mirent  en  fuite 
ic  ea  defroy  bien  grand  ,  par  lequel  aefroy^  ils  eftoient  tous  noftres  fo 
l^une  des  âmes  de  noftre  bataille  ne  fut  démarche  pour  cuidier  venir 
joindre  à  ceux  de  l'autre  bout  de  noftredite  bataille ,  qui  eftoient  les. 
premiers  en  celle  defdits  Franchois. 

Çzi  parce  moyen  une  groflè  compagnie  dlceuxFranchois  vint  foudaine* 
•ment  charger  fur  les  nofbes  »  qui  ainh  dem^rchoient  en  telle  façon  (|u'ils^ 
s'en  vinrent  fuyans  les  uns  parmv  les  autres ,  &  par  ce  moyen  fe  parrirent 
8c  vinrent ,  mirent  en  fuite  au  bois  que  nous  avions  au  dos  une  partie  de 
nos  gens >  pendant  laquelle  fuite  mondit  Sei^eur  voftre  Fils ,  qui  ^ien 
n'en  fçavoit ,  tousjours  pourfuivant  &  chafl^t  fes  ennemis,  s'en  vinr 
environner  k  Place  de  Montlhery  à  bien  petit  nombre  de  gens ,  tuant  & 
defconfifant  tout  ce  qu'il  trouva  en  fon  chemin  y  Se  après  s'en  vint  vof- 
trcdit  Fils  repaflcr  devant  la  porte  de  ladite  Place  ,  ou  9  comme  dit  eft,» 
eftoit  le  Roy  &  fadite  garde ,  &  là  fut  mondit  Seigneur  voftre  Fils  en 
grand  danger  &  doute  de  fa  perfonne ,  fe  n'euft  efte  fa  vaillance  Se  bon* 
ne  vertu ,  mais  la  Dieu merchy  il  en  efchappa>  Se  tantoft  après  s'en  vinr 
planter  au  champ  de  bataille  aux  mainsd'un  traiét  d  arc  devant  fes  enne- 
mis ,  où  il  fut  longuement  >  raliant  fes  gens  qui  eftoient  en  petit  nom- 
bre ^lefdits  ennemis  pareillement  ralliés  devant  luy  en  leur  fort  en  plus 
grand  nombre,  qu'ils  eftoient  fanscomparaifon ,  &  fut  la  chofe  deilors 
jufques  vers  le  Soleil  couchant  en  tel  eftat ,  que  nul  fçavoir  qui  devoit 
cftre  le  maiftre ,  à  laquelle  heure  le  Roy  &  les  fièns  fc  partirent  confu- 
fement ,  en  laiflant  ibn  artillerie ,  Se  demeura  la  Place  à  mondit  Sei- 
gneur voftre  Fils ,  fur  la<jucllc  il  demeura  toute  la  nuit ,  &  le  lendemain 
iufqiuc^  ^i^^  Qiidy ,  qu'il  s'en  vint  loger  audit  lieu  de  Montlhery  pour 

la&aiichir 


DE  PHÎL.  DE  COMINE  S^  ;48î 

lafraifchir  Ces  gen^  &  leurs  chevaux  >  lefquels  eftoient  fort  travaillez, 
.    Et  combien  que  la  journée  &  la  vi(5toire  ait  efté ,  &  foit  belle  &  gran^    ^4^5* 
Jic  'y  toutesfois ,  veu  le  premier  adault  fait  ai^dits  Fran^iJipis ,  de  tel  cou- 
lage 6c  hardiment ,  comme  deHus  eft  dit,  &  le  grand  defcoy  où  ils  fu^ 
<rent  »  un  dlceux  Franchois  euflènt  eu  plus  grand  perte  $c  deiconfirure  de 

?,ens ,  fe  n*euft  efté  la  fuite  des  gens  de  mondit  Seigneur  voftre  Fils ,  qui 
e  partir  de;  U  place ,  comme  delTus  eft  dit  y  defquels  pluiieurs  ont  efté 
mis  à  Paris ,  qui  de  prime  face  ont  donné  caufe  au  peuple  de  cuidier  que 
Je  Rov  avoir  eu  la  viâoire  >  en  faifant  ladite  fuite  des  gens  du  Roy ,  qui 
fut  très-grande ,  &  principalement  de  Moniieur  du  Maine  »  Monideur 
TAdmiral ,  Moniieur  de  la  Barde ,  Saliezart  &  autres ,  avec  leurs  rou- 
tes 9  lefquels  comme  nous  avon$  fcéu  >  s'enfuirent  tous  &  encore  fuvent, 
comme  Ion  dit  en  bien  grand  dcfroy  \  Se  ainfi  noftre  très-redoute  Sei^ 
gneur  ,  grâces  à  Dieu»  la  journée  a  efté  pour  vous  3c  mondit  Seigneur 
Yoftre  Fils ,  &  luv  eft  nettement  demeurée  la  Place ,  comme  dit  eft  y  au 
-grand  honneur  de  vous  6c  de  luy ,  6c  par  conféquent  de  tous  vos  Pays  6c 
^igneuries. 

Car  véritablement  iceluy  mondit  Seigneur  voftre  Fils  fe  eft  au/Ii  ver- 
•Cueufement  conduit  &  gouverné  y  que  le  toute  fa  vie  il  n'euft  fait  autre 
chofe  que  de  conduire ,  ordonner  &  rallier  bataille;  &  de  fa  perfonne 
s*eft  aufli  chevalereufement  poné  que  corps  de  noble  homme  pourroit 
/aire  ,  6c  tellement  que  luy  feul  a  efté  caufe  par  fa  vaillance  &  bonne 
xbevalerie  d'avoir  gagné  ladite  journée  >  tousjours  fouftenant  ladite  ba- 
itaille»  fans  oocques  démarcher  pour  chofe  qu'il  vift  »  combien  toutes^ 
/ois  qu'il  a  efté  pn  petit  bleffé  vers  la  gorge  d'un  coup  d'efpée,  mais  Dieu 
xnerchy ,  ce  n'eft  chofe  dont  il  peut  avoir  danger* 

Et  en  vérité  ttès-itdout^  Seigoeur  »  il  a  biien  montré  qull  eft  voftre 
JFils ,  car  il  a  grandement  retenu  vos  bons  enfeignemens,  &  fes  tours  de 
yertu  &  de  nobleftè  que  vous  luy  avez  appris  en  cas  femblables  )  6c  cer- 
jtes  à  tout  bien  conAderé ,  il  a  gagné  la  plus  belle  journée  qui  ait  efté 
veuë  en  France  paâe  à  longtemps ,  fans  gueres  grande  perte  de  gens,  veu 
que  la  chofe  dura  bien  longuement ,  ainçois  qu'on  put  û  b<^nement 
connoiftre  à  qui  l'honneur  6c  viûpire  en  demeuroit  ^  aucuns  des  gens 
]de  mondit  Seigneur  voftre  Fils  ont  efté  morts  en  ladite  befoi^ne  >  &  les 
autres  pris ,  les  uns  en  tombant  ^  &  les  autres  en  chaftant  un  peu  bien 
outrageufement ,  &  mefmement  font  morts  Monfieur  de  Hames,  Meftire 
Philippe  de  Lalaing  y  Philippot  Doignies ,  voftre  Baillif  de  Courtray  , 
cui  portoit  le  pennon  de  mondit  Seigneur  voftre  Fils  >  le  Frère  de  Mon- 
fteur  Halebnmy  >  6c  autres  9  6c  de  prifonniers ,  Monheur  du  Bois ,  qui 
portoit  la  Bannière  de  mondit  Seigneur  voftre  Fils ,  Monfieur  de  Creve- 
ccBur  y  6C  aucuns  autres  :  Et  au  regard  des  Ftanchois ,  il  f  a  eu  beaucoup 
^e  leurs  Capitaines  &  autres  de  grand  fachon ,  morts  &  pris  ,  defquels 
nous  avons  patfaite  connoiftance  *>  mais  entre  les  autres ,  Monficur  de 
Maulevrier ,  Grand  Senefchal  de  Normandie ,  y  eft  demeuré  mort ,  dont 
eft  dommage  ;  &  pareillement  y  eft  mort  Philippe  de  Louhan  ,  &  bien 

Srand  nombre  d  autres, tous  gens  de  nôra,en  trop  plusgrâiid  nombre  que 
es  noftres  fans  comparaifon  -,  &  avec  ce  avons  grand  foifbn  de  leurs  pr£- 
IbnnierS)  &  entre  les  autres  le  filsde  Monsieur  de  Vantadour^ 

P  p  p  5;  Noftre 


48^  PREUVES  DES    MEMOIRES 

j^  Noftre très-redoutc  Seigneur»  plaife  vous  adés  nous  mander  &  cottt 

mander  vos  bons  plaifirs ,  pour  y  obéyr  &  les  accomplir  de  rrès  humble 
cœur  à  nos  loyaux  pouvoirs ,  moyennant  l'ayde  de  Noftre-Seigneur  »  qui 
par  fa  grâce  vous  doint  bonne  vie  &  longue ,  &  accompliflèmenc  de  vos 
très-nobles  plaifirs.  Efcrit  i  Eftampes  le  dix-neufviefme  jour  de  Juillet 
de  Tan  14(^5* 

Noftre  trè^-redouté  Seigneur ,  depuis  ces  Lettres  efcrites ,  eft  à  cette 
heure  arrivé  Monfieur  de  Berry  en  cette  Ville,  Mohfieur  de  Bretagne  Sc 
fa  compagnie  ,  6c  n*eft  Monfieur  venu  que  à  petit  nombre  de  gens  >  ^ 
Ton  armée  eft  logée  auprès. 

LX*. 

Journée  de  Montlhery ,  lif.  Juillet  14^5.  (i) 

ifT  Copie  de  r explication  faite  de  bouche  à  Madame  la  Ducheffe  par 

Guillaume  de  Torcy  j  Ecuyer ,  touchant  Vitat  de  Monfieur  de  Charoloisp 

fur  une  Lettre  de  credence  envoyée  à  madite  Dame  par-  mondit  Sieur  de 

Charolois  5  &fignie  defonfigne  manuel^  en  datu  du  vingtième  jour^ 

de  Juillet  1^0  5^ 

Tiré  du  T^  Remier.  Dit  que  le  feizieTme  dudit  mois  >  qui  fut  par  aucune  heure 

MSS.  1 91*-  JL    de  dix  heures ,  le  Roy  en  grand  puiflance  &  en  grand  perfonne  arri- 

dclaBiblio.  y^  auprès  de  Montlchery ,  où  monclit  Sieur  de  Charolois  efloit  avec  fe$ 

bcmnc  au-  ^^^  a'armes,  qui  l'attendoient  bien  fur  fes  eftriers,  &  fcs  préparations 

jourd'huy'  faites  bien  au  long.  ^       .^ 

dans  celle        ^^  quant  au  joindre  enfemble  on  peu  avant  que  les  Archers  anemblif-» 

4u  Roy.    .  fent,  mondit  Sieur  de  Charolois  fit  tirer  fur  fes  ennemis  de  fes  engins  i 

poudre  moult  merveilleufement ,  pource  qu'ils  n'approchoient  point  ; 

duquel  trait  firent  occifion  des  gens  du  Roy ,  bien  de  douze  ou  quatorze 

cens ,  &  grand  nombre  de  chevaux  s  &  lors  le  Roy  renforça  l'avant-gar* 

de  &  les  fit  approcher  plus  près  de  noi  gens  5  &  leur  fit  un  grand  aflaulc 

&  grand  ruine  des  Archers  de  lavant^garde. 

Item.  Ce  vu  par  Monfieur  de  Charolois  avec  ceux  qui  eftoienr  envers 
luy  )  fe  boutterent  de  devers  au  fecours  de  leurs  gens  \  &  à  l'aflèmblée  7 
eut  grand  nombre  de  morts  &  de  pris  d'un  cofté  &  d'autre  ;  de  noftre 
cofté  au  nombre  de  trois  à  quatre  cens  hommes  morts  >  &  entre  autres 
gens  de  nom  >  Meffire  Philippes  de  Lalain ,  Mr.  duQuefnoy,  Mr.  de 
Hames ,  Mr.  Vardue ,  &  dçs  Efcuyers  de  Monfieur  de  Charolois  font 
morts. 

Et  au  regard  des  prifonniers  de  noftre  cofté ,  on  dénomme  Monfieur 
de  {x)  Crevecœur ,  Meffieurs  de  Haplaincourt ,  &  Monfieur  de  Heme- 

ries* 


(0  fier  CcttfctjJacîon  cft  affcz  fardëe , 

Zi  ne  s  accorde  pas  avec  Phllippes  de  Co- 

inioes ,  ni  avec  Olivier  de  la  Marche ,  té- 

inoinsoculalrcs.Fi9y^x.  la  Préface  {générale. 

\r)  $3"  Çrevçcœur.  U  fip  iatçrrogé  par 


ordre  du  Roy  ,  pour  f^voir  au  vray  les 
caufes  du  raécootentement  de$  Princes. 
Mais  il  ne  dit  que  ce  qui  écoit  public ,  ic 
ce  que  les  Princes  àvoicnt  marqués  dani| 
leurs  çaits. 

(3) 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  4$y 

fies  »  qui  fut  caufe  du  premier  defroy  de  nos  gens,  pource  qu'il  s'enfuit^          ^ 
&  Monfieur  de  Vichy  &  Moniieur  de  la  Boutillerie  y  Se  plus  n'en  y  a  do     ^  ^^  /^ 
gens  de  nom. 

Et  au  regard  des  gens  du  Roy ,  font  jprifonniers  Mn  du  Maine ,  MslU 
hortie  ,  blechié  (5)  en  la  tefte  &  en  la  race ,  &  prifonnier  >  Garghefatlè 
prifonnkr  ;  le  Senefchal  de  Normandie  morr ,  &  encore  un  autre  grand! 
Capitaine  >  dont  on  ne  fcait  le  nom ,  &  plufieurs  hommes  d'armes  6c  Ar- 
chers  en  grand  nombre.  ^   .  . 

Et  au  regard  du  nombre  des  Franchois  morrs ,  on  n'en  içait  encore  la 
vérité  >  mais  on  dift  qu'il  y  en  a  grand  nombre ,  Se  des  navrez  >  tant  que 
c'eft  chofe  ajnnumerablc. 

Item.  Dit  que  à  raflcmblce  Mr.  le  Baftard  tua  le  cheval  fur  lequel  le 
Roy  eftoit  y  Se  l'euft  mis  à  fin,  fe  n'euft  efté  la  ^orce  àt  fes  Archers ,  quile 
recueillerent  &  remontèrent  ;  &  incontinent  à  bien  petite  ordonnance  y 
le  Roy  fe  départit  »  &  ne  fçurent  Tes  gens  quel  chemin  il  tinft  »  car  ils  le 
queroient  de  lieu  à  autre.  Se  le  fuivit  Monfieur  de  Charolois  bien  cinq 
ou  (ix  lieues ,  jufçiues  à  un  fort  lieu  y  où  on  difoit  qu'il  s'eftoit  retrait  y 
mais  il  n'en  eftoit  rien,  Se  fe  bouta  es  boi^  pour  fe  fauver  *,  car  s'il  euft 
efté  audit  fort ,  l'en  l'euft  aflîegé.  Et  dit  que  à  la  journée  Monfieur  der 
Saine  Pol  Se  Monfieur  Jacques  fon  frère  ,  firent  tant  d^^ùrnites' ,  qu'il  n'eflr 
Hérault  qui  le  fceuft  reciter;  &  mefmement  mondit  Sieur  de  Charolois 
en  perfonne ,  qui  n'eftoit  monté  que  fur  un  petit  chevalet ,  afin  que  (c9 
sens  vident  qu'il  ne  contcndoit  point  à  fuir ,  mais  luy*mefme  resjoidbit 
les  Archers. 

liem.  Ce  fait ,  mondir  Sieur  retourna  aux  champs  y  où  les  morts 
eftoient ,  &  y  demoura  tout  le  jour  Se  la  nuit ,  &  le  lendemain ,  tant  qu'il 
eut  fait  enterrer  le»  morts ,  &  nuisfift  y-  à  fon  de  trompe ,  ff  avoir  au^ 
carrefours  du  lieu  ,  où  la  bataille  avoit  efté ,  s'il  y  avoit  quelque  puidan- 
ce  qui  voulfift  aborder  à  luy ,  il  eftoit  preft  à  eux  refisjondre  -y  Se  puis  s'en 
alla  loger  à  Chaftres  fous  Montlehery ,  Se  le  lendemain  à  Efl^mpes. 

Die  outre  ,  que  au  regard  du  Roy  on  ne  ffait  où  il  fut  pifques^au  Jeu- 
dy  au  foir  ,  qu'il  arriva  à  Paris  accompagné  de  environ  cent  nommes  de 
guerre  à  tout  compter.  Se  maiorient  iUec  que  la  plufpart  de  (es  gens  fono' 
morts  ou  bleflèz^ ,  Se  ont  perdu  tant  en  chevaux ,  que  &  merveules ,  tant- 
dès  engins  à  poudre  conune  d'autres. 

Dit  outre ,  que  le  Roy  a  contendu  de  faire  vuider  ceux  de  Paris  fur 
Moniteur  de  Charolois  ;  nuis  ils  ont  refpondu,  que  fa  puillànçe  leur 
poife  trop ,  6e  ^uc  s'ils  vuidoîenc  il  n'en  rechapperoit  homme ,  &  dirent 
qu'ils  n'en  feroient  rien. 

Dit  outre  ^  que  ja^ oit  que  le  Roy  fut  recourue  4  Paris  en  fi  petit  nom-^ 
kre ,  &  toutesfois  il  ctiida  faire  accroire  i  ceux  de  Paris  qu'il  eftoit  vic- 
torieux ,  mais  ils  doutèrent  du  contraire ,  comme  ils  l'apperçurent  le  len- 
demain ,  quand  ils  virent  fes  gens  en  fi  grand  nombre  blefièz.  Se  avoienc- 
la  nuit  couru  les  bois.. 

*  Dit  outre,  que  mondit  Siecu:  de  Charolois  eftant^  Eftampes  y  jufques- 
au  Samedy  vingtième  dudit  mois  ea  bon  eftac,-  arrivèrent  les  Fouiriers^^ 

'  Cl)  fj^  BUdfié  y,  t'tS^^ikehkSé  i  Aiankrcdc  parler  Picarde 


48Î  PREUVES  DES  MEMOIRES 

Y77—   de.  Meflîeurs  de  Berry  &  Bretagne ,  difans  gac  les  Seigneucs  yietulroîenir 
*^    ^*    le  lendemain  ,  &  dirent  ou'ils  avoient  wis  en  chemin  le  Remenant  de 
r Artillerie  du  Roy ,  qui  eftoit  efchappé  a  mon^t  Sieur  de  Charolois, 

Dit  outre ,  que  on  maintient  que  Meffieucs  de  Calabre,  de  Bourbon  8c 
le  Marefchal  de  Bourgojgne  doivent  arriver. 

Dit  outre»  que  tous  les  gens  de  Monfieur  de  Charolois  font  tous  ri- 
ches ,  &  ont  vivres  adèz  &  nepoifent  à  leurs  fubjets >  fors  que  l'en  prie 
{)our  eux  *,  &  au  regard  de  puidance  ils  en  ont  allez  pour  rencontrer  tooft 
eurs  adverfaires ,  moyennant  la  grâce  de  No(^-Sei^neur« 

La  BataiiU  de  MontUhtry  faiu  û  Mardyftiy,cnujour  dt  Juillet ,  fan 
mil  quatre  ctnsfoixant^cinq. 

♦       L  X  I. 

Traité  iAlHanu  entre  Louis  y  Duc  de  Bavière  ,  €f  Philippe  ^  Duc  dt 

Bourgogne. 

A  Landshot ,  le  xi  Juillet  14^5 • 

Tiré  de  ITE-  T  U  D  O  V I C  U  S ,  Dei  gratiâ  >  Cornes  Palatinus  Rheni  inferioris  »  fu- 
dicion  de  JLi  perîorifque  Bavarix ,  &c.  Dux.  Univerfis  &  fingulis  ad  quos  prae- 
M.  Godç-  fentes  devenerint  :  cum  animo  revolvimus  ,  quod  mutua  Principum  foc* 
f'^oy*  dera  f^penumero ,  non  folùm  gratas  animi  concordias  9  benevolentîas» 

amicitias  peperiere ,  verum  etiam  Principatus  5  Dominia  5  habitatores  & 
incolas  eorumdem  in  pace ,  tranquillitate  atque  augmento  confervavere» 
animamur  >  atque  inducimur  cum  aliis  ferire  fœdera  Principibus  >  & 
quoniam  majores  noftri  cum  Principibus  >  ac  Ducibus  Burgundix  il« 
luftribus,  fratemitates ,  tmiones ,  ligas »  amicitias  &  fcedera  obfervaflè» 
eos  fingulari  affeâione  amaflè  »  veros  ac  fidos  coluiilè  amicos  comper- 
tum  habemus ,  id  circo  eorum  inherendo  veftigiiis  ,  cum  illuftri ,  ac  po- 
tenri  Principi  Domino  Philippo  Burgundiat  »  Sec.  Duci  >  confan^uineo 
noftro  percai'idîmo ,  prudentia  &  fanguinis  claritate  pcrfpicuo ,  m  ma* 
ximis  rébus  animi  magnitadinepr£cellenti,matudl  prius,  cum  Comitum, 
Baronum ,    Proc^m ,  nobiliumque  Confîiiariorum  noftrorum  ,  fano 
confilio  habita  deliberatione ,  fraternitatem  >  amicitiam,  unionem,  ligam 
&  fœdus  in  Dei  Salvaroris  noftri  nomine  percuflimus  &  inivimus  & 
harum  tenore  percutimus  &  inimus ,  modis  &c  capitulis  infra  annotatis. 
Primo.  VidcHcet  quod  diélum  DominumPhflippum,  coofanguîneum 
noftrum  ,  ejufque  Principatus ,  Dominia,  Territoria»  diftriâus,  terras 
&  fubditos  oçcafione  6c  vigore  câufamm  èc  queftionum  »  de  fiituro  fu- 
boriundarum  non  diffidebimus,  non  moieftâhimus >  neque  guoram,  feu 
bellum  movebimus  »  nec  à  fubditis  Principatuum ,  Dominiorum ,  Terri« 
coriorum  &  diftriâuum  noftrorum  fieri  permittemus,  aut  facere  con« 
fenriemus  >  fed  pra^fatum  confanguineum  noftrum ,  titi  verum  &  perfec- 
mm  fratrem  »  ac  fidum  amicum  tenebimtis  ^  &  profequemur  &  fi  aliqux 
diflfidationes ,  ^ut  guerrx  à  fubditis  noftxis,eidem  coafangiiineo  noftro». 
vcl  fubditis  fuis  movcrentur ,  tune  illico  poftquam  dehis  certiorati  fueri- 
^us  9  iUas  dilEdatipnes  ^  ^fucrras  fubditos  n^os  rcvocare  &  tollere 

çurabimus  j^ 


ÔE  1>HIL.  DE  COMINES- 


489 


eurabimns  >  infui^er  promittimus  ,  qaod  inimicos ,  malefaâores  &c  in& 
diacores  fuprà  diâi  conrangumei  noftri  in  Principatibus ,  Dominiis  i 
Territoriis ,  Terris ,  6c  diftriétibus  noftris ,  fcienter  non  recepcabimus  , 
nec  aliquem  prxftabimus  favorem,  vei  falvum  duâum,  <juin  immo  fi  quos 
in  eifdem  reperiemus  eofdém  arreftari ,  capi  «  &c  condignâ  pœna  fecun- 
dum  eorum  démérita  &  deliâra  pleâi  &  puniri  faciemus.  Rurfum  quo- 

Î[ue  rpondemus ,  quodapud  Reges  &  Principes  ,  tam  fecuiares ,  quam 
pirituaies  nobis  confœderatos  diiigenter  foliicicabimus ,  ut  ipfl  fub  ho^ 
neftis  modis  &  formis  memorato  confanguineo  noftro ,  confœderentur 
ic  uniantur ,  Se  Ci  qui  eorum  noftrorum  confœderatorum  practaâo  con-* 
fanguineo  noftro  ,  confœderari ,  aut  unionem  iniri  recufaverint ,  nihiio- 
minus  apud  eofdem  cafu  quo  difFerentix,  difcordis ,  diffidationes  & 
guerrx ,  auc  bella  in  ter  hujufmodi  noftros  confœderatos ,  qui  confœde*- 
rari  recufarent  &  prsefatum  confanguineum  noftrum  orirentur ,  opérant 
dabimus  Se  diiigentiam  faciemus  quibus  modis  hujufmodi  difFerentix  » 
diffidationes^  guerracatque  belia  fedarentur,&:  aut  amice,autinjurecom* 
ponerentur  i  débet  autem  hujufmodi  fraternitas,  unio,  amicitia,  iiga 
&  fœdus  inter  prasfatum  noftrum  confanguineum  &  nos  ,  durare  6c 
fubfiftere  >  quoad  ufque  alter  noftrum  ex  humanis  difcedèrit  ;  poftremo 
in  hoc  fœdere  &  unioneexcipimus  &  exceptos  habere  voiumus  Sanârifli* 
mum  Dominum  noftrum  Papam ,  fereniffîmum  Dominum  noftrum  Du- 
cem  Fredericum ,  Romanorum  Imperatorem  »  6c  Reverendiflimos  in 
Chrifto  Patres  6c  iliuftriftimos ,  ac  iiluftres  Principes  Dominos,  confan- 
guineos ,  affines  6c  amicos  nofttos  carifliimos  Dominum  Kazimirum ,  Po- 
lonjâs ,  6c  Georgium  ,  Bohemiae  Reges ,  Dominum  Burckhardum ,  Ar- 
chiepifcopum  Salrzburgenfem ,  &  Dominum  Petrum»  Epifcopum  Au«- 
guftenfem ,  Cardinales ,  Dominum  Rudbertum ,  Archiepifcopum  Cola- 
nienfem  y  Principem  Eleâorem ,  Dominum  Federicum ,  Comitem  Pala- 
tinum  Rheni,  Bavariac  Ducem ,  Dominos  Erneftum  ,  6c  Aibertum  Saxo- 
nix  9  Dominum  Sigifmundum  Bavari0e,&  Dominum  Sigifmundum# 
Auftriâc  Duces ,  6c  omnes  alios  Bavarix  Duces  >  Dominum  Georgium 
Bambergenièm ,  Dominum  Johannem  Herbipoienfem ,  6c  Dominum 
Wilhehnum  £ifteten(èm  Epifcopos  ,  Comités  Ulricum ,  6c  Ebeihardum 
de  Wirtemberg ,  Regias  Civitates  Nuremberg ,  Ulm ,  Nordling ,  Gien* 
gum ,  Alen  &  Bopffingen  ;  &  ut  fuprà  diâa,  omnia  6c  finguia ,  iiiibata 
&  invioiata  perfeverent  ac  fubfiftant  ^  Nos  prsfatus  Dux  Ludovicus  te* 
note  pcxfentium  in  Principis  verbo ,  &  fide  data  loco  prsftiti  juramenti 
fuprà  diâo  confanguineo  noftro ,  atque  etiam  Oratoribus  6c  Commi(Ià« 
riis  fuis ,  videlicet  ftrenuo  viro  Waltnero  de  Noed ,  Domino  de  Riflt  » 
Miiiti  y  Confiliario  &  Cambeliario ,  &  Magiftro  Lamberto  Vandorie  iti 
Legibus  Licentiato ,  ac  Secretario  fuprà  didi  confanguinei  noftri  »  no** 
mine  fuo  recipientibus  6c  acceptantibus ,  &  ad  hoc  fpeciale  6c  plénum 
mandatum  haoentibus ,  ficuti  Litters  fus  nobis  defuper  porreâ^  clarè 
docent,  poUicemur  &  promittimus  omnia  6c  finguia  capitula,  claufulas 
&  articulos ,  proiU  fupra  pofîta ,  vel  pofits  fine ,  fîrmiter  tenere ,  obfer- 
vare  &  pro  pane  noftra  profequi ,  nec  yllo  unquam  tempore  contrave- 
nire  ,  nçque  contravenientibus  confentire ,  omni  dolo ,  traude  6c  mala 
interpretatione  fciwotis^  In  cujus  rei  p^ftimonium  noftrum  fîgillumhis 
Tome  II.  Q  4  SI  patcntibus 


1465 


^__^__^  490  PREUVES  DES  MEMOÏRES 

ia6<.    patentibus  noftris  Lictcris  appendi  jofldmus.  Datum  in  oppido  no(Ero 
Landshuc  in  fefto  divx  Marie  Magdalenx  y  fub  antio  Domini  millefimo 
quadringentefimo  fexagefimo  quinco*  £i  fcclU  d^un  Sceau  en  cire  rouge 
enchajfi  en  cire  blanche  9  &  pendant  à  double  bande  de  parchemin^ 
Collationi  fur  C original  étant  en  la  Chambre  des  Comptes  de  Lille ^ 

L  X  I  L 

Traité  d'AUianu  entre  François ,  Duc  deBruagne  ,  &  Chartes  ^ 

Comte  de  Charolois. 

A  Eftampcs ,  Te  14.  Joilla  14^5»  (r) 

Tiré  de    IC  R  A  N  Ç  O I S ,  par  la  grâce  de  Dieu  ,  Duc  de  Bretagne  :  A  tons  ceux 
TEdicion     X^  qui  CCS  pTcfcntes  Lettres  verront ,  Salut  z  Comme  amour ,  union  & 
Je  M.  Go-  concorde  entre  les  Princes  y  foient  caufe  d'entretenir  eux  &c  leurs  Prin- 
^roy.       cipautez  en  obcyilànce  vers  Dieu ,  &  en  eftat ,  vertu  ,  magnificence  & 
tranquillité,  &  de  les  accroiftre  &  augmenter ,  à  quov  chacun  Prince  ic 
Seigneur  doit  curieufement  veiller  &  entendre  ,  ann  de  reprimer  le» 
contendans  de  vouloir  fur  eux  invader  ou  entreprendre ,  &  que  de  long, 
&  ancien  temps  »  &  tel  que  mémoire  d'homme  n'eft  au  contraire  9  ait 
eues  amitiez  &  alliances  faites ,  nourries  &  maintenues  >  tant  par  con- 
fanguinité ,  affinité  de  lignage  &  amour  naturelle ,  que  autrement  y  en- 
tre feus  très-hauts  &  pui(Eins  Princes  de  bonne  mémoire ,  les  Ducs  de 
Bourgogne ,  ic  nos  predecedèurs  Ducs  de  Bretagne ,  qui  en  gloire  puif> 
fent  enfemble  repoler ,  en  enfuivant  lefquels  nos  predeceflcurs  entre 
beaux  Oncles ,  à  prefent  Duc  de  Bourgogne ,  beau  Coufin  de  Charolois 
fbn  fils  >  &  nous ,  par  cy-devant  ait  eue  grande  amitié',  certaine  alliance 
bonne  intelligence  *,  &  il  foit  ainfi  que  de  pieça  ayons  efté  &  foyons  bieti 
acenenez,  que  aucuns  eftans  en  auâorité  &  prochains  delà  perfonne  de 
Xlonfeignenr  le  Roy  >  meus  de  mauvais  &  damnable  courage ,  ont  in«^ 
duit,  &  chacun  four  induifent  mondit  Sgr»  le  Roy  à  prendre  &  continuer 
inimitié ,  indignation  ,  déplaifir  &  malveillance  contre  les  Seigneurs 
de  fon  Sangy&  par  faux  &  iniques  rapports  mettent  luy&  eux  en  diflenfion 
le  divifion  grande  *,  &c  au  détriment  &  dommage  de  tout  le  Royaume ,  le 
confeillent  de  invader  eux ,  leurs  Pays  &  Seigneuries ,  6c  par  eipecial  les 
Pays  &  Seigneuries  dudit  beaux  Oncle  de  Bourgogne  &  de  nous ,  pour 
grever  &  endommager  luy  &  nous ,  fe  faire  le  pouvoir ,  ainfî  que  par 
efiTeâ  Ta  à  fon  pouvoir  monftré  par  rinvafîon  qu'a  puiilànce  d'armes  il  fift 
le  feiziefme  jour  de  Juillet  dernièrement  pafle ,  devant  Montlehery  (1) 
fur  noftredit  beau  Coufin  de  Charolois ,  qui  pour  ayder  â  pourveoir  zvt 
bien  du  Royaume  &  de  la  chofe  publique  d'ieeluy ,  ainfi  qu'avoir  efté 

avifé 


(i)  (JCT  Uo  Double  &  ce  Traité  fut 
expédié  au  nom  (lu  Comte  de  Charolois  j 


il  n'y  a  de  dlfFerence  que  le  coimnence-  ;  de  fon  Secrétaire 


ment  j  qui  eft  ainfi  :  Charles  ieBourpgnt^ 


Belsn  <$•  de  Bethnm-  A  tma  eemx ,  8tc  £t 
la  fin  eft  fignée  du  Comte  de  Cbarolois  8c 


(i)  Bataille  de  Montlehery ,  \ci6.  Juif-. 


Cû$nu  de  Ounvlûis  y  Seigneur  de  ChMfieMH-  I  1er  1 4^5.  Voir  ci-dcÛiis ,  page  484.  &c. 

(3) 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  491  ^_ 

«vift  9  6c  <jue  necedàire  eftoit  de  faire ,  vu  le  grand  defordre  qui  eftoit  ^^"^^T* 
&  eft  audit  Royaume ,  venoit  joindre  avec  noftre  très-redouté  Seigneur  *  4U  S 
Monfeigneur  le  Duc  de  Berry  ,  nous  &  autres  Seigneurs  du  Sang ,  au- 

auel  jour ,  au  moyen  de  la  bonne  conduite  &  grand  vaillance  de  noftre- 
it  Couiin  de  Charolois  y  Dieu  pourveut  au  contraire  de  l'intention  de 
mondit  Seigneur  le  Roy  >  ainfi  que  droit  le  requeroit ,  pourquoy   nous 
deiirant  pourveoir  aux  chofes  defluiHites  &  autres  par  toutes  voyes  deuës» 
polfibles  Se  raifonnables  (5)*  Sçavoir  faifons  que  en  enfuivant  ce  qui  eft 
de  raifon  >  les  bons  6c  louables  faits  de  nofdits  predeceflèurs  3  Se  pour 
obvier  aux  foudaines  >  leeeres  Se  tortionnaires  entreprifes  que  mondic 
Seigneur  le  Roy ,  par  Tennort  >  perfuafîon  Se  inftant  pourchas  des  defTuf- 
dits  nos  malveillans,  ou  autrement,  pourroit  fur  nous  faire,  nous  pour 
^us  grande  faculté  avoir  d*y  obvier  &  refîfter ,  &  poiu:  garder  nous ,  nos 
f  ajs ,  fubjets  Se  Seigneuries  en  leur  entier ,  ainfi  que  tenus  fommes  de 
Eure  9  confirmons  >  ratifions  Se  approuvons  par  ces  prefentes ,  toutes  les 
<le(rufdites  amitiez  y  alliances  Se  intelligences  avec  leurs  dépendances , 
félon  la  forme  &  teneur  de  nos  Lettres  fur  ce  faites  Se  données  î  Se 
d'abondant  »  en  tant  que  meftier  eft ,  faifons  autres  alliances  Se  confe^ 
derations  efpeciales  avec  noftredit  beau  Coufin  de  Charolois  >  en  la  for- 
me &  manière  qui  s'eiifuit  ^  c'eft  à  fçavoir  que  nous  luy  fommes  Se  fe- 
rons ,  bon  frère  ,  parfait  amy ,  allié  &  bien-veillant  ,*  1  ayderons  ,  tien- 
drons fon  party ,  confeillerons ,  conforterons  ,  Se  fecourrons  de  tout 
noftre  oouvoir ,  à  garder ,  fauver  &  defiFendre  la  perfonne  de  luy  Se  de 
(es  enfans prefens  &  à  venir,  leur  honneur  ,  Eftat,  Pays,  Terres,  Sei- 
gneuries &  fubjets ,  ainfi  que  ferions  les  noftres  propres ,  fans  différen- 
ce aucune  ,  contre  tous  Se  vers  tous  ceux  qui  peuvent  vivre  &  mourir^ 
fans  en  excepter  mondit  Seigneur  le  Roy,  quand  lespecfonnes  de  nof- 
tredit Coufin  ou  de  fefdits  enfans  ,  leurs  Pays ,  fubjets ,  Terres  &  Sei- 
gneuries prefens  Se  à  venir  ^  voudront  grever ,  amendrir,  guerroyer  ou 
ufurper  en  quelque  manière  que  ce  foit ,  auquel  cas  Se  en  toutes  les  au- 
tres Donnes  &  louables  querelles  &  entreprifes  d*iceluy  noftre  Coufin  de 
Charolois  ,-  nous  promettons  fecourir  Se  ayder  luy  Se  fefdits  enfans  m 
tant  contre  mondit  Seigneur  le  Roy ,  que  tous  autres  quels  qu'ils  foient» 
par  mettre  &  employer  pour  &  en  faveur  d'eux ,  &  en  leur  ayde ,  nous  » 
nos  fubjets ,  Pays ,  Terres  &  Seigneuries  contre  iceux  invadeurs  ou 
guerroyans ,  &  les  fecourir  en  penonne  de  toute  noftre  puifiàn~ce ,  ainfi 
&  en  la  manière  que  noftredit  beau  Coufin  le  voudra  demander  *,  &  en 
outreront  ce  Que  pourrons  fçavoir  eftre  fait,  dit  ou  pourchafie  à  fon 
préjudice ,  le  luy  fignifierons ,  Se  de  noftre  pouvoir  Ten  garderons ,  8c 
aux  alliances  que  avons  faites  par  cy-devant ,  ferons  noftre  leal  pouvoir 
de  l'y  comprendre ,  &  en  celles  que  ferons  d'orefnavant  Ty  compren- 
drons en  tant  que  eftre  le  voudra ,  Se  ne  ferons  alliance  aMcune  prejudi-  * 
ciable  à  ces  prelentes  *,  Se  pour  la  grande  &  parfaite  amour  &  fiance  que 
avons  à  nofbedit  beau  Coufin  de  Charolois ,  fur  tous  autres  ;  Se  aufii 
pour  plus  grande  feureté  Se  fermeté  d'entretenir  de  noftre  part  les  chofes 

defiufdites  » 

(5)  On  aorotc  pu  lai  dire  avec  beaacoap  de  juftice  de  prendre  foin  defes  propres 
Euu ,  (ans  fe  meter  de  ceux  d*un  auue. 

Qqq  1 


>  l 


1 


49%  PREUVES  DES  MEMOIRES 

dedufctices ,  nous  Tavons  voulu  faire  &  faifons  noftre  yray  frcrc  d*armcsy 
*^4«>>-  gc  i)ourcequc  dcfirons  de  tout  noftre  cœur  les  deffufditcs  alliances  eftrc 
inviolablcmcnt  gardées ,  tenues  &  obfervces ,  &  afin  que  par  faute  da 
déclaration  &  bon  entendement  n'y  puiflè  fourdre  &  advenir  difficulté 
ou  obfcurité,  mefn\ement  au  regarcl  cle  la  claufe  générale  cy-deflusefcrite 
contenant  que  fecourrons  &  ayderons  noftredit  G>ufin  de  Charolois  en 
toutes  fes  querelles  &  emreçrifes ,  tant  contre  mondit  Seigneur  le  Roy, 
que  tous  autres ,  par  la  manière  deflîis  touchée  ,  nous  déclarons  &  en- 
tendons ,  que  pour  quelque  débat  ou  guerre  de  mer ,  ^ui  pui(&  eftre  en»- 
tre  les  Anglois ,  ou  autres  de  quelque  nation  qu'ils  foicnt ,  &  les  fubjets 
de  nous ,  ou  de  noftredit  Coufin  de  Charolois  ,  les  fubjets  de  celuy  de 
BOUS  deux ,  qui  n'auroit  pris  le  débat  &  guerre  de  mer  contre  lefdits 
Anglois ,  ne  feront  point  tenus ,  nonobftant  lefdites  alliances ,  de  eux 
efmouvoir  ne  mettre  en  guerre,  ne  de  faire  aucunement  pour  cette  eau  fe 
contre  les  treyes ,  traitez  ou  alliances ,  qui  pour  Tcntrccours  de  la  mar- 
chandife ,  auroient  efté^  faites  entre  les  pays  &  fubjets  de  nous ,  de  not- 

ourgogne  ,  &  d  keluy  noftre  Coufin  de  CIu&- 


5 


tredit  Oncle  le  Duc  de  Bourgogne, , 

xolois  fon  fils  y  ains  demeureront  quant  à  ce  point ,  en  leurs  anciens  ufa- 
es  &  couftumes  5  &  s'il  advenoit  que  aucuns  de  nos  fubjets  fous  ombre 
e  leur  guerre  particulière,  ou  autrement,  s'avançaflènt  cy-après  de 
venir  es  Pays ,  Ports  &  Havres  de  noftredit  Coufin  de  Charolois,  par  met 
ou  par  terre  prendre ,  rober  &  emmener  aucuns  Marchands-,  ou  autres 
gens  quiferoient  en  k  franchife  defdits  Pays,  Ports  &  Havres ,  ou  qui  fe- 
raient en  trêves  &  abftinence  de  guerre^ou  auroient  (eurctc  d'iceluy  noftre 
Coufin  de  Charolois,  ou  de  les  Officiers;  en  ce  cas  ceux  de nofdics 
fubjeti»  qui  s'avanceroient  de  ce  faire  ,  pourront  eftre  prifi  &  arreftez 
efdits  Pays ,  Ports  &  Havres  d'icelay  noftre  Coufin  de  Charolois,  la  ou 
ils  pourront  eftre  trouvez ,  &  d Iceux  pourra  eftre  faite  telle  purûtion  ^ 
corredion  &  juftïce ,  que  au  cas  appartiendra  par  raifon  félon  les  couftu- 
mes &  ufages  defdits  Pays ,  Ports  &  Havres  où  ils  feront  pris ,  &  ea 
outre  fe  iceux  nos  fubjets  roboyent  ou  deftrouflbyent  en  mec  aucune, 
biens  &  marchandifes  appartenans  aux  Marchans  oes  Pays  &  Seigneu* 
ries  de  noftredit  Coufin  cle  Charolois  ^  refidans.&  habirans  en  iceux ,  ou 
à  autres  eftans  en  trêve  ou  abftinence  de  guerre ,  ou  en  la  feuretc  d'ico- 
luy  noftre  Coufin ,  ou  de  fcfdits  Officiers ,  comme  dît  eft  deflus  5  &  après 
amenafiènt  ou  feiflfènt  amener  lefdits  biens  Se  marchandifes  en  aucunes 
des  Villes ,  Ports  ou  Havres  defdits  Pays  d'iceluy  noftre  Coufin ,  pour 
les  y  vendre  ou  butiner ,  ceux  quilles  ameneroient  pourront  audit  cas 
eftre  pris  &  arreftez ,  &  lefdits  biens  &  marchandifes  mis  en  la  main  de 
noftredit  Coufin  ,  comme  à  luy  confifquez ,  pour  en  difpôfcr  &  ordon- 
ner à  fa  volonté ,  foit  de  les  rendre  à  ceux  à  qui  ils  appartiendront ,  ou 
autrement ,  ainfi  que  fon  plaifir  fera  5  6c  au  xegard  des  perfonnes ,  ils  fe# 
ront  punis  dudit  méfait  à  la  volonté  d'iceluy  noftre  Coufin  ,  ou  de  fefdirs. 
Officiers.  Item.  Et  pource-que  defirons  pourveoir  à-nos  Pays  &  Seigneu-^ 
ries  pour  le  temps  wvenir  ,  &  les  preferver  de  l'inconvénient  auquel 
ôvons  efté  puis  ueu  de  temps  en  çà ,  s'il  advenoit  que  aucuns  de  nos. 
iuccefièurs  voulnft  cy-aprcs  aller  à  rencontre  defdites  prefentes  alliances,. 

que  Dieune  vcuille^nous  dès  maintenant  pour  brs,,  donnons  en  ce  cas^ 

ûoftrcdit. 


DE  PHIL.  DE  COMINES-  -         4^j 

boftredic  Coufin  de  Charolois ,  ou  à  fcs  fucceflèurs  >  les  Comtes ,  Ter-  

res  &  Seigneuries  de  Moncforc^  d*£ftafnpes  &  de  Vertus >  avec  leurs     \^6%. 
appanenances  &  dépendances  >  &  defdits  Comtez ,  Terres  &  Seigneu- 
ries >  nous  déveftons  &  deflàififlbns»  &  icelles  cédons  &  tranfportons 
dès  maintenant ,  pour  nous ,  nos  hoirs ,  fncceflèurs  ou  ayans  caufe  »  à 
noftredit  CouHn  de  Charolois ,  pour  en  jouïr  &  ufer  en  tous  droits , 
profits  &  emolumehs ,  herirablement  &  à  tousjours  y  par  kiy ,  fefdits 
hoirs  ou  ayans  caufe ,  tout  ainfî  &  en  k  forme  &  manière  que  nous  en 
jouïâôns  prefentement ,  &  que  nos  predeceflèurs  en  o;nt  jouy  par  cjr- 
devant ,  uns  ce  que  nous ,  nofdits  hoirs ,  fucceflèurs  ou  ayans  caufe ,  j 
puiffions  dès-là  en  avant  quereller  ou  reclamer  aucun  droit ,  en  quelque 
'manière,  ne  par  quelque  raifon  que  ce  foit  ou  puilîè  eftrc.  htm.  Et  afin 
îdeplaseftroitement  garder  le  devant  dites  alliances  ,  nous  avons^  dere- 
chef &  de  nouvel  efleus  »  nommez  &  commis  ,  eflifons ,  nommons  &: 
commettons  de  noftre  part ,  confervateurs  d'iccUes ,  les  pcrfonnes  par 
nous  autrefois  efleucs  &  nommées  en  nos  autres  Lettres  patentes  de  ce 
faifant  mention ,  precedens  ceftes  en  date  \  &  par  ces  mefmes  prefentes 
leur  donnons  de  nouvel  autel  &  pareil  pouvoir ,  avec  les  port ,  faveur  > 
ibuftien  &  feureté,  tant  à:  exécuter  leur  commiffion  que  autrement,  com- 
me nofdites  autres  Lettres  patentes  d'alliance  ou  de  confervation  le  por- 
tent &  contiennent,  lum.  S*il  advenoit  que  lefdits  Confervateurs  ,  ou 
aucuns  d'eux  allaflènt  de  vie  à  trefpas ,  ou  fuflènt  duemenr  accufez  de 
non  exercer  la  charge  dediifdite  à  eux  commife  \  en  ce  cas  nous  &  nof- 
tredit Coufin  de  Charolois,  &  nos  fucceflfèurs  ou  ayans  caufe ,  &  cha- 
cun de  nous  en  droit  foy ,  pourrons  fubroger  autre,  ou  autres  Conferva- 
teurs au  lieu  de  ccluy  ou  ceux  qui  feroient  trefpaflcz,ouduementexcufez, 
comme  dit  eft.   Item.  Pour  encore  mieux  fermer  &  aflèurer  Tentretcne- 
xnent  defdites  alliances  d'entre  nous  &  noftredit  Coufin  de  Charolois, 
nous  avons  voulu  faire  &  faifons  icelles  alliances  de  nos  Pays  &  fubiets 
avec  iceluy  noftre  Coufin  de  Charolois ,  tout  ainfi  qu'elles  font  faites 
entre  nos  perfonnes  ,  promettans  par  la  foy  &  ferment  de  noftre  corps 
en  parole  de  Prince ,  &  fur  noftre  honneur ,  les  deflîifdites  alliances  & 
ftatemitez ,  leurs  circonftances  &  dépendances ,  unir  &  garder  fermer 
ment,  fans  jamais  aller  au  contraire  en  aucune  manière ,  &  faire  avoir 
à  noftredit  Coufin  de  Charotois  Lettres  bonnes  &  valables ,  de  consen- 
tement &  ratification  des  chofes  devant  dites  des  Eftats  de  nofdits  Pays 
&  Seigneuries,  pour  durer  les  vies  de  nous  &  de  nos  hoirs  ,.fuccef- 
lèurs  éc  ayans  caufe  à  tousjours  ;  en  tefmoîn  de  ce  nous  avons  fait  mettre 
noftre  Scel  à  ces  prefentes.  Donné  à  Eftampes  Icvingt-quatrifiéme  jour  de 
Juillet ,  Tan  mil  quatre  cens  foixante  &  cmq.  Ainfi  Signi ,  François  ,, 
avec  paraphe.   Et  fur  U  nply  efioit  efcrit^  Par  le  Duc  de  fon  commandes 
ment  >  &  Signé  ^  Mil  ex  avec  paraphe* 


Q^qq  5  XXIII. 


i^6y 


494         PREUVES  DES  MEMOIRES 

L  X  1 1  L 

Trùùttc  J^ alliance  tntn  PhîUppt  Duc  de  Bourgogne ,  &  Federie^ 

Eleaeur  Paladn. 

A  BrozeUes ,  le  x6.  Septembre  14^5. 


PHILIPPUS,  Del gratia ,  Dux Burgundiac ,  Lotharingix ,  Brahan* 
c\x  &  Limburgis ,  Cornes  Flandrix ,  Arthefii ,  Palatinus  Hanonix  ^ 


Tiré  de  rE- 
^licion  de 

f^'  Hollandic ,  Zeellandix  &  Namurci,  facrlque  Imperii  Marchio  »ac  Do- 

minus  FriCx  ,  Saiinarum  ic  Mechliniae  :  Notum  facimus  univeriis  &  (îa« 
fiilis  ad  quos  prxfences  litterx  devenerint ,  atcendentes  quod  mcitu^ 
rincipum  fopdera  nedum  benivolentias  &c  amicitias  erga  feipfos  partu^*^ 
riunt ,  fed  etiatn  Principatus ,  patrias  &  fubdicos  eonun  in  pace  &  ccan^ 
quillitate  confervant  \  icaque  cum  jam  dudum  majores  noftri  Duces  Bur^- 
gundix  ,  &c«  cum  Conùcibus  Palacinis  Rheni  facri  Romani  Imperii  Ar«- 
chidapiferis ,  Principibus  EleAoribus ,  &  Bavarix  Ducibus,  mutuas  benl^ 
yolencias  >  amicitias  &  fœdera  inierint  &  habuerint ,  &  fefe  ut  veros  » 
fidos  &  perfeâos  amicos  pcofecuti  fuerinc ,  quodque  illuftris  Princeps  » 
confanguineus  nofter  percaridimus  Dominus  Fridericus  >  Cornes  Palans- 
nus  Rheni  >  facri  Romani  Imperii   Ârchid^ifer,  Princeps  Eleétor  »  8ç 
Bavariae  Dux  »  fanguinis  claritare  »  prudenriâ ,  induftria  &c  m  fubeundis 
laboribus  atq^ue  graviflîmis  rébus  conftantia,  perfeverentia ,  fummaque 
animi   magniruoine^  &  csereris  virtutibus  6c  rébus  ,  quibus  tancum 
Principem  bene  decet ,  abundantiflimè  polleat ,  arque  nobis  fanguinis 
iieceflicudine  junâms  exiftar ,  idcircà  fuprâ  diétis,  &  aliis  honeftis  Sera* 
tionabilibus  caufis  moti,  maturâ  deliberatione  prarhabirâ>  fanoque  Prxla- 
torum ,  Comitum,  Baronum>  Procerum  &  nobilium,  aliorumque  nof* 
crorumConniiariorum&  fidelium  dile<5torum  accedenteconfiiio,excen2 
fcientia  fraternitatem  »  unionem ,  amiciriam  &  fœdus  cum  didto  Domi* 
no  Friderico  >  in  Dei  Saivatoris  nomine  inivimus  &c  fecimus ,  facimus  iC, 
înimus  fub  modis ,  capituiis  &  tenoribus  fubfequentibus  :  primé  quod 
nos  fumus  &  c(Iè  debeamus  fupràdi<5ti  DominiFriderici,  verus ,  fidus  &C 
perfedtus  frater ,  &  amicus ,  uc  quod  coto  po(Iè  honorem ,  ftacum  & 
commoditarem  ipHus  »  omnibus  modis  licitis  &  honeftis»  &  qux  cuni 
honore  effici  poterunt  procurabimus ,  &  inefFeétu  talicer',  ac  fi  pro  nd>isy 
doio,  fraude  aut  malâ  interpretatione  femotis^efficere  aut  procurare  vel* 
lemuss  deinde  bona  fide,  roroque  noftro  po(Ie  procurabimus  quod  amici 
Se  confœderati  noftri ,  erunc  amici  &  confœderati  ipfius  ;  renebimus 
quoqueipfius  fadta  &  confilia  qux  ipfe  nobis  figniBcabit  fecreta ,  necfine 
confcnfu  fuo  unique  cuique  vivenri  revelabimus  *,  practereà  de  terris ,  pa* 
criis  &  dominiis  noftris  non  permittemus  fubdiros  noftros ,  vel  alios 
quofcumque  guerram ,  hoftilirarem  aut  incômmodicatem ,  feu  damnum 
quodcumque  fuprà  diÂo  confanguineo  noftro ,  aut  patriis,  terris,  domi- 
niis y  yelfubditis  fuis  inferri  »  verum  tôto  po(^  noftro  refiftemus ,  &  fi 
quidquam  in  contrarium  fieret ,  bona  fide  &  fine  quovis  doio  aut  fraude 
procurabimus  9  ac  efficiemus  quod  de  damnis  &  incommoditatibus  quae  , 

iu 


^ 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  495  ^^ 

in  domtniis»  terris  &  patriis  noftris  faâaerunc ,  fier  condigna  reparario ,  ^ 

tenebimufque  &  reputabimus  pro  inimicisnoftrisaâores  &  faâores  die-       ^    ^* 
torum  damnorum ,  guerrx  &  hoftilitaris  ,  ipfifque  damnum  &  incotntno- 
dum  infcFÇtnus,  donec  diStï  arbores  &  faâores  pr^diâorom  damnorum 
fibi  >  patriis >  terris,  dominiis  aut  fubditis  luis,  quem  feu  quos  ofFende- 
tint  y  condignam  reparationem  fecerint  »  nec  denique  irtimicos  ipfîus 
Domini  Friderici  in  patriis,  terris  Se  dominiis  receptabimus  ,  nec  eis^ 
atiquem  favorem  prasftabimus ,  fed  fi  ibidem  reperiannir ,  eoTdem  tam^ 
quam  inimicos  noftros  capi,  arreftari  &  puniri  faciemus  y  rurfum  non 
patiemur  morari  aut  refidere  in  patriis,  terris  &  dominiis  noftris  aliquos 
quos  fciverimus  veile  inferre  damnum  aut  incommodum  praefato  noftro 
confanguineo  ,  vel  terris  ,  patriis  ,  dominiis  feu  fubditis  fuis ,  nec  per 
nos  aut  Officiarios  noftros,  vei  per  alium  quovifmodo  dabimus  falvumf 
tonduéhim ,  fecuritatem  ,  aut  modum  conducendi  ad  manendum  ,  feu 
reHdendum  aut  tranfeundum  in  didis  terris ,  patriis  &  dominiis  noftris^ 
nifi  fub  tali  conditione  ,  quod  illi  qui  obtinebunt  diftos  falvos  conduc- 
tus  non  debebunt ,  nec  poterunt  facere  aut  procurare  aiiquod  damnum 
(ca  incommodum  fuprà  diâo  confanguineo  noftro,  nec  patriis,  terris , 
dominiis  vel  fubditis  fuis  :  fpondemus  eriam  quod  fi  fubditi  pracfati  Do-- 
mini  Friderici  confanguinei  noftri  (ibi  erunt  rebelles  aiu  inobedientes  ad 
eos  in  fuam  obedientiam  reducendum>noftro  poilè  ei  fubveniemus  &  ta- 
Kter  quod  diéti  fubditi  fe  fubmittent ,  &  ftabunt  juri  coram  ipfo  con- 
fanguineo noftro ,  fecundùm  patrie  confuetudinem  eidem  obediendo  y 
Ht  rationis  erit  y  infuper  fpondemus  ,  qnod  fi|  confanguineus  nofter  prse- 
àiâus  aftiones  vel  querelas  aliqaas  fibi  contra  nos  competere  pretende- 
fet ,  eafdem  profequi  poterit ,  pront  juris  eft  &  rationis  y  de  ninc  con- 
fenttmus  &  volumus,  quod  fi  alwjuîB  quaeftiones  aut  differcntiacmoveren- 
fur  inter  fubjeâos  didbi  confanguinei  noftri ,  &  noftros  eau  (a  réddituum 
hereditariorum  aut  cenfuum ,  quod  traébiri  &  terminari  debeant  per  jus^ 
ic  legem  ,  fecundàm  confuetudinem  patriae  ,  in  quâ  talia  evenient ,  fi' 
verà  taies  differentise  aut  quasftiones  evcniant  pro  cafu  pcrfonali.  Se  una. 
partîum  non  veller ,  tamquam  defenfor  capcre  jus  coram  Principe ,  fub 

auo  refidebit  ille  de  c[uo  conquereretur  caufam  rationabilem  fu(picionis 
llegando,tunc  Officiarii  patnas  in  quâ  diârus  defenfor  erit  fubditus,  éli- 
sent Judices  de  patriis ,  feu  dominiis  diâi  confanguinei  noftri ,  &  noftris 
ipfis  partibus  gratos  »  fi  ad  hoc  diéVse  partes  conveniant ,  &  fi  circâ  hoc 
non  concordent ,  tune  confangnineus  nofter  deputabit  unnm  de  fuo ,  Se 
nos  unum  de  noftro  confilio,  qui  duo  Confiliarii ,  fi  opuseft,  tertium  cli- 
ent ,  &  cafu  quo  efièht  différentes  in  nominando  diétum  tertium  qui- 
ibet  diâorum  Confiliariorum  nominabit  unum  ,  Se  forte  diriment  quis 
de  iftis  dnobus  nominatis ,  tertius  erit  ad  decidendum  Se  terminandum 
diâas  quxftione^  Se  differentias  hoc  modo ,  videlicet  fententiâ  latâ  fe- 
cundùm jodicium  Se  opinionem  didtorum  duorum  Confiliariorum ,  Sr 
tertii  fuprà  difto  modo  clcâî ,  antper  duos  ipforûm  ,  obfervabitur  ac 
realiter&:  de  faélo  ipfius  fiet  exécutio  i  de  hinc  fpondemus  ,  qiiodfi  faepe 
dictas  Dominus  Friaericus  confangirineus  nofter  eflèt  invafus  peraîiquos 
cum  magna  potentiâ  qui  vcllcnt  intrare  terras  vel  patrias ,  aut  dominia 
/ua  ad  ea  conquirenda  ponendo  obfidionem ,  Se  caftrametando  coram 

aliquibuar 


i 


^_^^_^  4^6  PREUVES  DES  MEMOIRES 

j    ,  .       aliquibus  de  fuis  civicaribus  >  villis  aut  forcaliciis ,  aut  pro  dèbellando» 
^    '*     nomo  pofle  dum  requifîti  fuerimus  ,  Se  caufas  feu  occafiones  diâarum 

fuerrx  &  invaûonis  nobis  (Ignincaveric  »  &  rubveniemas  in  hifque  cafî^ 
us  noftris  expenfis  pro  tribus  meuiibus  c&ctrt  curabimus  quod  nobis, 
poflibiic  eric ,  Ccà  diâds  tribus  mcniibus  elapfis  >  expenfis  fuis  (ibi  fubve- 
niemus  ,  hoc  modo  fcilicet  <]uod  ftipendia  recundùm  modum  Francias 
ftipendariis  dabuntur ,  &  unio  ac  frarernius  ifta  viribus  fubfiftere  &  du« 
rare  débet  ad  quofcumque  ftatus,- honores  &c  prâeeminentias  nos  deve- 
nirecontigerit,quamdiu  confanguineus  nofter  ,  &  nos  in  humanis  fue-> 
rimus  ;  demum  nos  Phiiippus  y  Diix  Burgundias  prasfatus  refervamus  Sc 
nominatim  excipimus  in  prsfenti  fœdere,fraternitate  &  unione  fanâifli'* 
tnum  DoQiinum  noftrum  Papam  ,  fereniffimum  Dominum  noftrum  Fri« 
dericum  Romanorum  Imperatorem ,  excelientefque  Principes  RegçsSco* 
tix  &  Portu^alix,  illudres*  ac  potentes  Principes  Dominum  Karolum 
Ducem  Bituricenfem ,  Ducem  C^aiabriae  &  Lotharingie ,  Dominum  Lu* 
'  dovicum  altae  &  baflk  Bavaris  Ducem ,  necnon  Britannix ,  Bourbonix  ^ 
Sabaudis ,  Clevenfem  &c  Gelriae  Duces  :  &  ut  fuprd  diâ:a  omnia  &  /in- 
^ula  illibata  Se  invioiata  perfeverent  &  fubfiftant ,  nos  Phiiippus  fupri 
diâus  tenore  prasfentium  in  verbo  Principis  »  8c  bonafîde  ioco  juramenti 
prasftiti  fuprà  diâo  Domino  Friderico  fpondemus  &  permittimus  omnia 
'&  (inguia  capitula,  clanfulasSc  aniculos  prout  pofita  vel  pofitas  funt^fir* 
miter  tenere ,  obfervare  Se  parte  noftrâ  profequi ,  nec  uUo  unquam  tem-» 
pore  direâè,  vel  indire£tè,quovis  qu^efito  colore ,  ingenio  ,  vel  cau(a per 
DOS  y  vel  alium  feu  alios  contravenire  ,  nec  etiam  contravenientibus 
confentire  dolo,&  fraude  penitùs  femotis.  Incujus  rei  teftimoninm  has 
Litteras  (igilli  noftri  appenfione  jufllmus  &  fecimus  mbnirLDatum  &  aéhim 
in  oppido  noftro'JBruxellenfi ,  die  vigedmâ  fextâ  menfis  Septembris ,  anno 
i  Nativitate  Domini ,  milleiimo  quadringentefimo  fexageHmo  quinto  ; 
figni  fur  It  rtply*  Per  Dominum  Ducem.  Scoenhove  avec  paraphe  , 
&  fulli  d'un  petit  Sceau  en  cire  rouge  ^  pendant  à  doubhe  bande  dû, 
parchemin. 

Çollationni  fur  V Original  étant  en  la  Chambre  des  Comptes  de  LillÇf 

L  X  I  V. 

Traitté  d^ alliance  entre  PhiUppe  Duc  de  Bourgogne^  &  Robert  ^ 

Archevefquc  de  Cologne^ 

A  BrazcUeSy  \tx6  Septembre  14^;, 

fF?*  ^  P  HILIPPUSDci  gratiâ,Dux  Burgundiar,  Lotharingie,  Brabantie,  & 
acM  ^G  Limburgiœ,Comes  Flandriae,  Arthefii,Burgiindiae,Palatinus  H^nonix, 

ilcftoy*  Zeellandie  &  Namurci,facrique  Imper ii  M^rchioac  Dominas  Frifi^cSali- 
narum  &  Mçchlini^ ,  JSfotum  facimus  univer(is  3c  fingulis ,  adquos  pre- 
fentes  Littere  devenerint ,  attendentes  qupd  mutua  Principum  fœdera 
nedum  benivolentias  &  amicitias  erga  feipfos  parturiunt,  fed  etiam 
Principatus ,  patrias  &  fubditos  eorum  in  pace  &  tranquillitate  confer-r 
V^nt>  itaque  cjwijani  dudum  Majoras  poftri  Duces  Burgundie»  &c» 

,  çum 

4 


i 


>    DE  PHIL.  DE  COMINES  497 

ëom  Reverendiilùnis  in  Chrifto  pacribus  Archtepifcopis  Colonienfibus», 
Principibus  Eleâoribus  mutuas  benivolencias ,  amicicias  6c  foedera  inie^  ^4^5 
rinc  &  habuerint  >  &  (^c  uc  veros  ,  fidos  &  perfeâos  amicos  profecuti 
fuerinc  >  quodque  Reverendiflimus  in  Chriuo  Pacer ,  illuftris  Princeps 
confanguineus  nofter  percariffimu^  Dominus  Robertus ,  Ârchiepifcopus 
Colonien(îs>  Waftvalias  &  Angaria^  Dux,  &c.  facri  Romani  Imperii  Prin*- 
ceps  Eleâor ,  fanguinis  clarirace ,  prudentiâ,  induftria  ,  &  in  fubeiindis 
laboribus  acque  graviifimis  rébus  ^  conftancia ,  perleverencia ,  fummaque 
animi  magnicudine  &  cacceris  vircucibi^s  &  rébus  ,  quibus  tam  Princi- 
pem  bene  dccec  abundanciflimè  polleac  ,  atque  nobis  ianguinis  neceûicu*. 
aine  junâus  exiftat,  idcirc6  fuprà  didis  6c  aliis  honeftis  &  rationabilibus 
caufis  mori ,  matura  deliberatione  prsehabicâ ,  fanoque  Prsiacorum ,  Co- 
mitum  ,  Baronum  ,  Proccrum  &  Nobilium ,  meliorumque  noftrorum 
ConHliariorum  &  fidelium  dileâorum  accedenceconfilio,  ex  cercâ  fcien^ 
tia  fraternitatem ,  unionem ,  amiciciam  &  foedus  cum  diâo  Domino  Ro- 
berco  ,  Archiepifcopo  in  Dei  Saivacoris  nomine  inivimus  6c  feçimus  » 
facimus  6c  inimus  fub  modis ,  capitulis  &  cenoribus  rubfe^uencibus^ 
Primb.  Quod  nos  fumus  &  eflè  debeamus  fuprà  didi  Domini  Roberci  >, 
Archiepifcopi  >  verus  ,  fidus  &  perfeâus  frater  &  amicus ,  C\c  quod  coco 
podè  honorem ,  ftatum  6c  commodicarem  ipfius  omnibus  modis  iicicis  6c 
noneftis,  6c  quac  cum  honore  effici  pocerunt  procurabimus ,  &  in  effeâu 
taliter  ac(i  pro  nobis, dolo,  fraude  auc  malâ  incerpreracione  femotis>effi- 
cere  auc  procurare  veilemus.  Deinde  bonâ  fide ,  tocoque  noftro  pofle 
procurabimus  ,  quod  amici  &  confederaci  noftri  y  erunc  amici  &  confe*. 
deraci  ipfius  ;  cenebimus  quoque  ipfius  faâa  6c  confilia  quae  ipfe  nobi^ 
fignificabic  fecreca ,  nec  fine  confenfu  fuounicuique  vivenci  revelabimus* 
Prsecereà  de  cerris ,  pacriis  &  dominiis  noftris  non  permiccemus  fubdicos^ 
noflrosvel  alios  quofcumquc  guerram,  hoftiliratemaucincommodicacem» 
feu  damnum ,  quodcuma  ue  fuprà  diâo  confanguineo  noftro ,  auc  pacriis», 
terris  >  dominiis  vel  fubaicis  fuis  inferri,  verùm  coco  noftro  polie  refifte- 
mus  »  &  fi  quidquam  in  concrarium  fierec ,  bonâ  fide  &  fine  quovis  doio 
bue  fraude  procurabimus  ac  efficiemus  ,  quod  de  damnis  6c  incommodi« 
tacibus  quae  in  dominiis ,  terris  &  pacriis  noftris  fa£U  erunt,fiet.condigna 
reparacio  ,  tenebimufque  &  repucabimus  pro  inimicis  noftris  ^dbores  6c, 
fadores  di6torum  damnorum  >  guer»  &  hoftilicacis  ,  ipfifque  damnum 
&  incommodum  inferemus  y  donec  didi  adores  &  fadores  pcsedidonim 
damnorum  fibi ,  pacriis  «  terris^  dominiis  auc  fubditis  fuis  >  quem  feu 
quos  otfenderint  »  condignam  reparationem  feccrint  »  nec  denique  int- 
micos  ipfius Domini  Roberti  Archiepifcopi  in  pacriis»  terris  &  dominiis 
noftris  recepcabimus  ,  nec  eis  aliquem  favorem  pratftabitnus  >  fed  fi  ibi* 
dem  reperiantur  eofdem  tanquam  inimicos  noftros  »  capi,  arreftari  &  pu- 
nir i  faciemus,  rurfum  non  paciemur  morari  aut  reddere  in  pacriis ,  cerris 
&  dominiis  noftrir aliquos  quos  fciverimus  velteinferre  damnum  aut  in* 
commodum  praefaco  noftro  confanguineo ,  vel  terris ,  pacriis  ,  dominiis 
feu  fubdicis  fuis  >  nec  per  nos  auc  Officiarios  nc^os ,  vel  per  aiium  quo- 
vifmodo  dabimus  falvum  condudum  >  fecuritacem  aut  modum  condu^ 
cendi  ad  manendum  \  feu  tefidendum  aut  tranfeundum  in  didis  cerris  > 
|>ACcijs  ^  dominiis  noftris  j  nifi  fub  cali  condicione  quod  ilUqui  obcine- 
Têou  IL  K  r  r  bunc 


498         PREUVES  DES  MEMOIRES 

^  bunt  didos  falvos  conduéhis  non  debebunc ,  ncc  potcrunt  facere  aut 
^  ^*  procurare  aliqaod  damnam  feu  incommodum  fupri  diâo  confanguineo 
noftro ,  nec  jpacrns  >  terris  »  dominiis  vel  fubdicis  fuis ,  infuper  fponde^ 
mus  y  Quod  h  confanguineus  nofter  pnediftus  aAiones  vel  querelas  ali- 
quas  nui  contra  nos  competere  pretenderet  eaTdem  profequi  poterie 
prout  juris  eft  Se  rationis.  De  hinc  confentimus  &  volumus  quod  fi 
aliquse  qua^iones  aut  difFerentiac  moverentur  inter  fubjeâos  diâi  con* 
fanguinei  noftri ,  Se  noftros  cau(a  reddituum ,  hereditariorum  aut  cen^- 
fuum  quod  traâari  &  terminari  debeant  per  jus  &  legem  >  fecundùm 
confuetudtnem  patriar ,  in  qua  calia  erement  s  fi  verè  taies  differentias 
aut  quaeftiones  eveniant  pro  cafu  perfonali ,  Se  una  partium  non  vellét  » 
ranquam  defenfor  capere  jus  coram  Principe ,  fub  que  refidebit  ille  de 

2UO  conquerentur  t  caufam  rstionabilem  fufpîtionis  all^anda  >,  runc 
>fficiarii  patrix  in  c|uâ  diâus  defenfor  er it  fubditus ,  eligent  Judices  de 
patriis  feu  dominiis  diâi  confangutnei  noftri  »  Se  noftris  ipfis  partibus 
gratos ,  fi  ad  hoe  diâis  panes  conveniant ,  &  fi  circà  ^c  noa  concor- 
dent y  tune  confanguineus  nofter  deputabit  unum  de  fuo ,  Se  nos  unuat 
de  noftro  confilio,  qui  duo  Confiliarii,fi  opus  eft,tertium  eligent>&  cafi» 

2UO  efiènt  différentes  in  nomkiando  diâum  tertium  quilibet  diâorum 
bnfiliartorum  nominabit  unum  ,  Se  forte  dirinicnt  qms  de-  iftis  duobus 
nominatis  ,  tertius  erit  ad  decidendum  &  determinandum  diâas  quacf* 
tiones  &  differentias  >  hoc  modo  videlicet  quod  fententia  latâ  fecundùm 
judicium  Se  opinionem  diâorum  duorum  Confiliariorum  >  Se  tertii  fupri 
diâo  modo  eleâri ,  aut  per  duos  ipforum  obfervabitur  ,  ac  realiter  Se 
de  faârb  ipfius  fier  exeeutio  ^  &  unio  ac  fraternitas  ifta  vdribus  fubfifterc 
ie  durare  débet ,  ad  quofcumque  ftarns ,  honores  Se  praecminentias  no9 
devenire  eontigerit  quamdiu  confanguineus  nofter  >  Se  nos-  in  humani» 
fuerimus  ;  demum  nos^  Philippus  Dur  Burgundise  pracfatus ,  refervamus  » 
&  nominatimexcipimus  in  pracfentifœdere,  fraternitate&unionefanc- 
tifiîmum  Dominum  noftrum  Papam ,  fereniffimum  Dominum  nottrum* 
Fridericum  Romanorum  Imperatorem ,  cxcellentefque  Principes  Reges 
Scotiae  &  Portugaliae ,  iltuftres  ac  potentes  Principes  Dominum  Karolum^ 
Ducem  Bieuricenfem,  Dueem  Cakbrias^&  Locharingix^ ,  Dominum  Lu** 
dovicum  >  altae  &  baflae  Bavaria^  Ducem ,  nec  non  Btitanniac-,  Bourbon 
niae ,  Sabaudiac  >  Clevenfem  &  Gelriac  Duces  ,  &  ut  fuprà  diéb  omnist 
Se  fingulaillibata  &  inviolataperfeverent&fubfiftantnos,Philippusfupnlr 
diâus  tenore  pracfentium  in  verbo  Principis  &  bonâ  fide  loco  juramentt 
prxftiti  fuprà  diâoDomino  Roberta,  Archiepifcopo>fpondemu^&  promit*^ 
timusomnift  &finguk  capitida,  claufùks  St  artictuos  prout  pofitafea 
pofitac  (unt,firmiter  tenere,  obfervare  &  parte  noftra  profequi ,  nec  uUa 
unquam  temporc  diredlè  vel  indireâ^  quovis  q^uaruto  cotore-s  ingénia 
Yel  caufô  per  nos ,  vel  aKum  feu  afioscontravenire,  nec  etiam  contra 
venientibus  confentire,  dolo  Se  fraude  penitùs  femotis  :  in  eu  jus  rei  tet 
timonium  >  has  Litteras  fi^illi  noftri  appenfione  jnifîmus  Se  ftcimus 
muniri.  Datum  Se  aâum  m  oppido  noftro  Bmxeltenfi ,  die  vigefima^ 
fexti  menfis  Septembris ,  anno  à  Nativitate  Domina  millefimo  quadrin- 

fentefimo  fexagefimo  quinto.  Signé /kr  U  rtply ,  Per  Dominum  Ducem  > 
c  H  o  £  H  Hro V  £  >  av^cparaphc  j  &Jc€lU  d'unpaii^  Sciau^  tn  cire  rùuge  ^ 


I 


DÉ  PHIL.  ÔÊ  COMINES.  499 

pendant  à  double  queue  de  pauhemin.    CoUadonni  fur  V original  en  la 
Chambre  des  Comptes  de  Lille.  ?  4 9  >• 

L  X  V. 

jj^  Copie  des  accords  &  appoinumens  faits  par  le  Roy  aux  Princes  » 

qtd  s*enfuiveni. 

ET  premier ,  Mon(ieiir  de  Beny  aiira  toute  la  Duché  de  Normandie      '^''f  ^^ 
en  tous  profits ,  tant  de  Domaine  comme  d' Aydes  &  fans  reflbrt ,  ex-  j^^^^^^feé 
icepté  l'hommage.  Et  la  Duché  de  Berry  demeurera  au  Roy  s  Monfieur  de  Lc  Grand. 
Charolois  joyra  fa  vie  durant  &  defon  premier  héritier  des  Villes  &  Sei- 
gneuries rachetées ,  pareillement  que  Mr.  Ton  père  a  fait  avant  ledit  ra- 
chat >  &  il  aura  à  héritage  pour  luy  &  Tes  hoiçs  les  Comtés  de  Boulogne 
&  de  Ghinnes ,  avec  les  Chaftellenies  de  Peronne ,  Mondidier  &  Roye> 
£t  en  recompenfera  le  Roy  ceux  qui  y  prétendent  avoir  droit  >  &  lefdites 
vies  étant  expirées ,  le  Roy  ou  Tes  héritiers  fucceflèurs  payeront  aux  héri- 
tiers ou  ayans  caufe  de  Monfieur  de  Charolois ,  deux  cens  mille  écus 
d'or.  Monfieur  de  Calabre  aura  les  Villes  »  Chafteaux  &  Seigneuries  de 
Moufon ,  Sainte-Meynhoult ,  Vaucpuleurs  &  ETpinal ,  avec  cinq  cens 
Lances  payées  par  le  Roy  pour  demy  an  ,  &  cent  mille  efcus  d'or  comp- 
tant, pour  employer!  laconquefte  deNaples,  &  de  ceux  de  Metz.  A 
l'alliance  defquels  &  du  Roy  Ferrando ,  le  Roy  Me(fîre  renoncera  & 

Î promettra  non  bailler  ayde  ne  fiîcpurs ,  &  remettra  fus  la  Pragmatique- 
anâion  ,  par  Tadvis  des  gens  de  TÉglife  du  Royaume.  M.  de  Bour- 
|k)n  aura  les  Chafteaux  &  Seigneuries  de  Ufl[bn,&  d'une  autreSeigneurie 
en  Auvergne ,  dont  ne  fçai  le  nom  ,  &  fi  ne  fçai  fe^  d'icelles  il  joyra  i 
vie  &  à  héritage,  &  fi  aura  les  Eftats  ,  penfioi^  ,  Charges  de  Lances,  te 
Gouvernement  de  Chienne ,  comme  il  avoir  au  jour  du  trépas  du  père 
du  Roy ,  &  fi  luy  fera  payer  cent  mille  efcus  d'or  à  luy  èâ^  de  refte  du 
mariage  de  Madame  fa  femme  ,  &  fi  dit-on ,  qu'il  aura  ponion  des  aydes  _ 

de  fes pays.  Monfieur  de  Bretagne  aura  à  héritage  les  Comtés  d'Eftatdpes; 
Montrort  &  de  Nantes ,  &  renoncera  le  Roy  aux  droits  des  Regales  de    ,  ,^ 

la  Duché  de  Bretagne  »  &  fi  aura  portion  des  aydes  defditcs  Comtés  .  ^; 
d'Eftampes ,  Nantes  &  Monfon ,  &  par  le  Traité  qui  fe  Êdfoit  avant  le 
bail  dudit  Rouen  demourroit  Gouverneur  du  bas  pays  de  Normandie  â 
grande  penfion  ;  mais  obftant  la  délivrance  de  ladite  Duché  de  Norman* 
aïe  baillée  audit  mondit  de  Berry,  fait  à  fuppofer  que  fe  Bretagne  a  ladite 
Gouvernance ,  ce  fera  fous  ledit  Berry.  M*  de  Nemours  fera  Gouyerneuc 
de  Paris  &  de  l'Ide  de  France  à  crande  nenfion  »  &  fi  aura  le  droit  dei 
nominations  des  Offices  &  Benences  en  La  collation  du  Roy,&  fi  aurarer 
tenue  deux  cens  Lances  payées  fur  les  Tailles  du  Roy  ^  &  portion  des 
aydes  des  Pays  &  Seigneuries  dudic  Sieur.  Monfieur  de  Dunois  aura  lef 
Charges  de  Lances ,  &  p^ifions.  qii'il  avoir  au  jour  du  trefpas  du  feu  Roy  ■% 
Se  rmitacîoa  de  (toutes  Ç^  T«9sef  ^  S(s\gMitrie$  ><^paur  lepeifUtiondt 


cous  fes.  bîcni,  nnruhles^&i  j:^cofnpe4{es  dc^  ^KOV^^docLombacdic:^ 
bAmimede  «  »  •  ^  Monfieur  d'Albret  aura  certaines 
Seigneurie^  jpignans  fcs  pjiys ,  dont  ne  fçai  Içs  .pom^;,  avec  la.Charj;^  de 
iiçnt  Lanpe$  payées  parle  I^oy.  Monfieur  ^'^(migAaç^^urgireftitu^oa.df 

Rrr  X  "  fcs 


^oè         PREUVES  DES  MEMOIRES 

.  (es  quatre  Chaftellenies  >  qpe  «lu  vivant  an  feu  Koy  luy  forent  oftéet  | 
^  ^  '  '  que  on  dit  eftre  les  clefs  de  tous  Tes  pays  &  vaillables  par  an  plus  de 
4000  liv.  avec  cent  Lances  Se  portion  des  aydes  de  Tes  pays.  Monfieut 
de  Loyhac  fera  premier  Maréchal  de  France  à  la  charge  de  100»  Lancea 
payées  par  le  Roy*  M.  de  Bueil  demourra  Admirai  de  France  à.  la  charge 
de  roo.  Lances*  Mr.de  St.  Pol  Connétable  de  France*  Meffire  Tanne^ui» 
grand  Efcuyer ,  à  la  charge  de  loo.  Lances.  Mr.  de  Dampmartin  reftitué 
entoutesfes  Terres,  &aura  charge  décent  Lances*  Et  comme  on  dit 
n'y  a  trefves  que  pour  troisjours ,  qui  feront  continuez  jufques  à  ce  que 
les  Lettres  defdits  Traitez  feront  faites ,  les  Places  livrées  >  &  les  autres 
chofes  accomplies*  Fait  le  deuxiefme  jour  d'0£bcbre  14(^5* 

En  après  ledit  accord  fait  Se  paflé  par  aucuns  biens  preciez  au  Roy  » 
fut  denuuidé  audit  Roy  >  qui  le  avoit  meu  de  faire  tel  Traité  à  (on 
préjudice* 

Et  le  Roy  refpondit  en  cette  manière  >  ce  a  efté  en  confideration  de  la 
jeuneflè  de  mon  frère  de  Berry* 
'    La  prudence  de  beau  Couiin  de  Calabre. 

Le  lens  de  beau  frère  de  Bourbon* 
'    La  malice  du  Comte  d'Armignac* 

L'orgueil  grand  de  beau  Coufin  de  Bretagne. 

Et  la  pui&nce  invincible  de  beau  frère  de  Charoloîs* 

L  X  V  I. 

'Tmiti  de  Paix ,  (  f  )  apptUl  h  Traité  de  Confions  >  tntrt  U  Rey  Louys  XL 
d^unt  pan  y  &   Charles ,  Comte  de  Charolois  >  depuis  Duc 

de  Bourgogne  d'autre. 

A  Paris ,  Tan  i^^s*  ^  !•  Oâobrr. 

fEAtlon  T  O  YS,  par  la  gracede  Dieu  »  Royde  France.  A  tossceoxqiti  cef 
4e  M.  Go-  X^ptefentcs  Lettres  verront.  Salut  tCoimne  noftre  très-cher  Se  très»* 
itboY*  ^^  ^^^  ^  coufin  Charles ,  Comte  de  Charolois ,  du  vouloir  Se  cont- 
mandement  de  noftre  très-cher  &  très-amé  oncle  le  Duc  de  Bourgogne 
fon  père ,  (  pour  venir  &  s'aiïêmbler  avec  noftre  très-cher  Se  très-amé 
frère  le  Duc  de  Normandie ,  nagueres  Duc  de  fierry  >  Se  autres  Seigneurs: 
de'tidftre  Sang  ^  ayans  vouloir  Se  incéntion  de  befangner  &  entendre  en 
aucunes  matières  ,  concernant  le  Bien  |iublk  &  untverfel  de  noftre 
Rc^auaie ,  Ti^ftat  Se  appaifement  defdits  Semneorsenvers  nous  »  )  ait  de»; 
pais  cifnq  mois  en  ça  mis  fus  grande  Se  pumnte  armée,  iàns  laquelle  û 
ne  pouvoit  feurement  venir.  Se  foy  trouver  à  ladite  aflèmblée.^  Ponrce,. 
méfnnement  qu'aucuns  rapports  luy  avolent  efté  fàits^en  luy  donnant  au* 
ctines  charges,  donnans  a  entendre ouenMs leteôîon^  n<mre  ennemy  y 
ibauâi  qvcleiComtedeNeffefs  ,  lé  ^ttéttCnsif  ^'^r^tim^  ^'il  tenott 
te  reyutoîtjpottr  â^CAJit&tis'v-p^  ftfimnknaM  gens  de 

|<mcl»g^dte4bIkoj;^fic,  fan  i4^}*k'jv  Oâoi>re.^ 


I 


^  1>E  PHIL.  DE  COMINES.  501  

1^  *      guerre  >  Villes  &  Fortercflcs  s*cftoicnt  mis  en  armes  en  la  frontière  des         ^^ 

Îays  de  noftredic  oncle.  Se  fur  les  paflàges  de  noft redit  frère  &  coufin ,  &  4  r 
Toccafion  de  ces  matières  ,  tant  avant  l'affemblée  d'iceluy  noftre 
frère  &  coufin  y  avec  noftredit  firere  de  Normandie ,  &  autres  Seigneurs 
de  noftre  San^ ,  que  depuis  plusieurs  difcords  ,  divifions  Se  voyes  défait 
foient  enfuivies  >  jufques  à  grande  effufion  de  fang  entre  nous  Se  noArb-* 
dit  frère  >  &  autres  Seigneurs  de  noftre  Sang  :  pour  lefqueiles  appaifer  ^ 
^  afin  de  efchever  &  mettre  a  fin  les  grands  maux  8c  inconveniens  inefti- 
mables  commencez,  &  qui  eftoient  apparens  à  venir  à  caufe  defdites^ 
divifions ,  à  ce  que  nous  &  lefdits  Seigneurs  de  noftre  Sang ,  puiffion» 
cftre ,  Se  demeurer  en  amour,  union  &  concorde,  que  Dieu  noftre  Crea^ 
teur  autheur  Se  largiteur  de  paix ,  puft  eftre  fervy  Se  révéré ,  Se  noftredic 
Rovanme  Se  tous  Eftats ,  régi  &  ]^ouverné  en  paix  ,  tranquillité ,  police  ^ 
Se  Donne  Juftice  ;  nous  ayons  fait  faire  &  tenir  plufieursaflèmblées  d'au^ 
cuns  nos  parens ,  Confeillers  Se  Serviteurs ,  avec  aucuns  defdits  Seigneurs 
de  noftre  Sang,  &  autres  leurs  Commis  Se  Députez ,  entre  lefquels  d'une 
part  Se  d'autre ,  après  plufieurs  belles  &  notables  ouvertures  hiites ,  tant 
pour  le  bien  public  de  noftredit  Royaume ,  police  Se  gouvernement  d'i- 
cehiy ,  que  pour  l'appaifement  Se  reunion  de  noftredit  fxere  de  Norman-^ 
die ,  Se  autres  Seigneurs  de  noftre  Sang  ,  envers  nous  les  Commis  & 
Députez  de  ^iioftredit  firere  Se  coufin  s  le  Comte  de  Charolois  ayent  faic 
plufieurs  remonfhrances  ,  plaintes  Se  doléances  :  Se  entr'aucres.,  que  tant 
pour  lefdits  rappons  faits  i  noftredit  frère  &  coufin  ,  que  pour  autre» 
c^ufes  touchant  l'eftat  de  fa  perfonne ,  dont  relation  nous  a  efté  faite,  Se 
auffî  pource  qu'il  eftoit  adverti  qu'aucuns  de  nos  gens  &  ferviteurs ,  au 
nom  de  nous ,  avoient  procuré  ,  Se  fait  certaines  alliances  qui  luy  pou^ 
voient  eftre  préjudiciables  :  iceluy  noftre  frère  Se  coufin  a  efté  contraint 
de  mettre  fus  ladite  armée ,  pour  la  conduite  de  laquelle ,  il  a  fait  Se 
fouftenu  plufieurs  grands  frais  ,  mifes  Se  defpenfes,  montansàplus  de 
quatre  cens  mille  efcus  :  Se  avec  ce,  pource  que  par  le  mojren  défaites  aU 
liances  &  foUicitarions  d'aucuns  nos  ferviteurs,  les  Liegois  s'eftoient  na-^ 
gueres  mis  en  armes ,  en  intention  d'envahir  le  pays  de  noftredit  oncle  y 
Se  lu)r  faire  &  porter  dommage  •,  &  iceluy  noftre  oncle  pour  refîfter  â  l'en- 
creprife  defdits  Liégeois,  avoit  mis  fus  autre  grande  armée  à  grands  frais 
Se  defpens  ;  &  d'autre  part,  pource  que  nous  avons  njagueres  rachepté  de 
fioftredit  oncle  les  terres  eftans  fur  la  rivière  de  Somme ,  lefqueiles  par 
fe  Traité  d'Arrasluy  appartenoient ,  nonobflant  que  noftredit  frère  Si 
coufin  i  bonne  Se  jufte  caufe  s'attendoit  que  ne  les  deuffions  rachepter 
du  vivant  de  noftredit  oncle ,  que  iceluy  noftre  oncle  n'a  jouy  des  profits 
defdites  terres  fa  vie  durant,  ainfî  qu'il  avoit  fiance  ,  Se  quelefdites 
terres  n'ont  pas  efté  racheptées  félon  la  forme  dudit  Traité  d'Arras ,  iceluv* 
noftredit  firere  &  coufin  a  efté ,  &  eft  grandement  intereffé  Se  dommage, 
difant  que  des  charges,  mifes.  Se  defpens ,  dommages  Se  interefts  def- 
lufdits  ,  &  autres  qui  n'ont  efté  déclarez  ,  nous  eftions  raifonnablement 
tenus  de  faire  à  noftredit  frère  Se  toufin  recompcnfe  convenable  ;  fur 
lefqiielles  chofes ,  dont  rapport  nous  a  efté  fait ,  nous  fommes  certiorez 
Bien  à  plein ,  nous  avons  eu  bonne  Se  meure  délibération  par  plufieurs 
£û<*avec  aucuns^^des  Seigneorsde iioflre  Sang ,  les  gen» de  noftre  grand 

Rrr  j  Confcil 


jot         PREUVES  DES  MÊMOlïltS 

\  é<^  Gonfeil  >  &  autres  notables  hommes  de  noftrc  Royaume;  ScAvom 
^  ^*  Faisons  ,  Que  nous ,  de  noftre  certaine  fcicncc  &  bonne  volonté ,  defi- 
rans  reunir  &  rejoindire  à  nous  noft redit  frère  &  coufin  ,^ant  regard ,  i 
ce  Que  par  les  bons  &  grands  (êrvices ,  aydes  &  fecours  qu'il  peut ,  &  a 
vouloir  de  faire  à  nous  &  à  la  Couronne  >  noftre  dit  Royaume  puide  dkrc 
gardé  8c  défendu  allencontre  de  nos  anciens  ennemis  >  Se  autres  nos  ad- 
verfaires  ,  paix ,  union  6c  tranquillité  eftre  nourrie  6c  entretenue  entre 
nous ,  noftredit  frère  8c  coufin  ,  &  autres  Seigneurs  de  noftre  Sang  >  &  # 
que  toutes  voyes  de  fait  puiflènt  ccfler ,  &  Juftice  eftre  obeye  ,  gardée 
&  adminiftrée  en  noftredit  Royaume  :  Et  aufli  pour  considération  &  re* 
muneration  des  grands  fervices ,  mifes  &  defpenfes  que  ni^hcdit  oncle 
nous  a  faites ,  8c  a  fouftenues  pour  nous  du  vivant  de  feu  noftre  très* 
cher  feigneur  &  père  ,  que  Dieu  abfolve  ,  par  devers  lequel  ^  8c  en  Ces 

Îays  y  pour  efviter  les  dangers  efquels  nous  eftions  vraylemblablemenr 
e  noftre  perfonne ,  nous  retraïfmes  ,  &  tant  pour  Tentretenement  de 
TEftatdenous,  de  noftre  très-chere  8c  très-amée  compagne  la  Reyne,. 
que  pour  pluûeurs  notables  Ambaflàdes  envoyées  devers  noftredit  fea 
Seigneur  8c  père ,  devers  noftre  Saint  Père  le  Pape  >  8c  ailleurs ,  pournos 
grands  affaires  touchant  noftre  eftat  à  venir  à  la  Couronne ,  &  d'autres 
grands  frais  &  defpens  faits  par  noftredit  oncle  ,  8c  noftredit  frère  8c 
coufin  ,  pour  nous  accompagner  en  noftre  Sacre  a  Rheim% ,  &  noftre 
Entrée  à  Paris  à  grand  nomore  de  gens  d*armes  »  par  la  doute  que  avions 
de  trouver  contradiction  en  noftredit  Royaume  :  de  tous  lefquels  frais  » 
mifes  &  defpenfes  que  nous  avons  fouventes-fois  promis  8c  accordé  i 
noftredit  oncle  &  à  noftredit  frère  &  coufin  de  les  recompenfer  :  Et  aufll 
pour  recompenfer  iceluy  noftre  frère  8c  coufin  de  la  peniion  de  trente-fix 
mille  francs  oue  nous  luy  avions  donnée  &  accordée ,  &  laquelle  >  certaiu 
temps  avant  lefdites  divifions  ,  luy  a  eftéempefchée  &  rompue.  Par  Tad-^ 
vis  &  délibération  de  noftredit  frère  de  Normandie ,  &  de  nos  très-cher» 
&  très-amez  confins  les  Ducs  de  Bretagne ,  de  Calabre ,  de  Bourbon  8c 
de  Nemours ,  les  Comtes  du  May  ne»  du  Perche  ,  d*Eu  ,  d'Armagnac , 
des  gens  de  noftre  grand  Confeil ,  de  noftre  Parlement,  8c  autres  nota- 
bles hommes  de  noftre  Royaume,  avons  baillé  6c  tranfporté ,  baillons  8c 
tranfportons  par  ces  prefentcs  à  noftredit  frère  &  coufin  le  Comte  de 
Charolois,  pour  con/ideration  &  recompenfationdeschofes  deffufdittest 
&  au(fi  pource  que  noftredit  frère  8c  coufin  s'eft  libéralement  8c  pleine- 
ment accordé,  entant  qu'à  luy  eftoit,  &  grandement  employé  envers 
noftredit  frère  8c  autres  de  noftre  Sang ,  à  Pappaifement  defdites  divi« 
fions ,  8c  pour  le  bien  de  paix  ,  pour  luy  &  fes  hoirs  mafles  ou  femelles  > 
defcendans  de  luy  en  direâe  ligne ,  &  les  hoirs  defdits  hoirs  auifi  def* 
«endans  d'eux  en  direâre  ligne ,  à  tousjours ,  les  Villes ,  Citez ,  Terres  » 
Fortereflcs  &  Seigneuries  appartenantes  à  nous  de  &  fur  la  rivière  de 
Somme ,  d'un  cofté  &  d'autre ,  comme  Amiens ,  Saint-Quentin  ,  Corbie» 
Abbeville  ,  enfemble  toute  la  Comté  de  Ponthieu  deçà  &  delà  ladite 
rivière    de  Somme  ,  Dourlens  ,  Saint  Riquier ,  Crevecocur  ,  Arleux  > 
Monftreuil ,  le  Crotoy ,  Mortagne,  avec  leurs  appartenances  8c  appen-> 
dances  quelconques  ,  &:  tous  autres  qui  nous  peuvent  appartenir  à  cakife    . 
4ç  noftrçdite  Couronne  y  depuis  ladite  rivière  de  Somme  ^  indufivemenc 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  ^03 

eh  tiirant  du  cofté  d'Artois  i  de  Flandres  Se  de  Hainaat ,  tant  de  noftre- 
dk  Royaume  que  de  TEmpire ,  Icfquellcs  noftredit  oncle  de  Bourgogne  ^  4  ^  J" 
tenoit  6c  podèdoit  n  agueres  au  moyen  dudit  Traité  d'Arras  y  &  avant  le 
rachapt  &  defensagement  que  nous  avons  fait*  En  y  comprenant  auffî  , 
au  regard  des  Vill^  feantes  fur  ladite  rivière  de  Somme,  du  cofté  de 
noftredit  Royaume ,  les  banlieues  &  Efchevinages  d'icelles  Villes,  &c 
tout  ainfi  &  en  la  forme  Se  manière  que  noftredit  oncle  les  tenoit  &  pof- 
(êdoit ,  pour  jouir  par  noftredit  frère  Se  coufm  >  '&  fefdits  hoirs  ,  Se  les 
hoirs  de  fefdits  hoirs  mafles  ou  femelles  ,  defcendans  d'eux  en  direAe 
ligne  ,de(clites  Citez  >  Fortereflès ,  Villes ,  Terres  &  Seigneuries  en  tous 

Erofits  Se  revenus ,  tant  de  Doifiaine  comme  des  Aydes  ordonnez  pour 
t  guerre  >  &  aufli  des  Tailles  Se  autres  emolumens  quelconaues,  ainfi 
que  faifoit  noftredit  oncle ,  &  fans  v  retenir  aucune  chofe ,  fors  les  foy 
&  hommage  >  redbn  Se  Souveraineté  :  &  lequel  tranfport  nçus  avons  fait 
&  faifons ,  au  rachapt  de  deux  cens  mille  efcus  d'or  bons  Se  de  poids  ,  i 
prefent  ayans  cours*  Lequel  rachapt  nous  &  nos  fucceflèurs  ne  pour- 
rons faire  de  noftredit  frère  &  couun ,  ne  durant  fa  vie  :  mais  feulement 
nous  Se  nofdits  fucceflèurs  ne  pourront  faire  defdits  hoiri  de  noftredic 
frère  Se  coufin  ,  defcendans  d'eux  en  direâe  li^ne  >  ^ui  tiendront 
xcelles  terres  parmy  leur  baillant  Se  payant  à^  une  fois  ladite  fomme  de 
deux  cens  mille  efcus,  à  prefent  courans  rpour  lafeureté  duquel  ra- 
chapt, noftredit  frere&  coufin  nousbaillera  fes Lettres  Patentes  en  bonne 
forme.  Et  voulons  &  entendons  ^ue  noftredit  frère  &  coufin  >  &  fefdits 
hoirs  defcendans  de  luy.  Se  qui  tiendront  lefdites  terres ,  pourront  com- 
mettre fie  ordonner  pleinement  &  à  leur  volonté  y  tous  Officiers  qui  fe- 
ront neceflkires  à  mettre  Se  inftituec  au  regard  du  Domaine  defdites  Ci^ 
cez ,  Villes ,  Fortereâès,  Terres  &  Seigneuries  deftufdites.  Se  que  les  au- 
tres Officiers  qui  feront  necedàires  pour  les  droits  Royaux ,  Aydes  & 
TaiUes  ,  foient  inftituez  de  par  nous  &  nofdits  fucceftèurs  ,  à  la  nomir 
nation  de  noftredit  frère  Se  coufîn.  Se  de  fefdits  hoirs,  pour  icelles  Aydes* 
&  Tailles  impofer  &  lever  ainfi  qu'il  fe  faifoit  du  temps  que  noftredic 
oncle  de  Bourgogne  les  tenoit  &  poftedoit.  Et  en  outre ,  comme  par  ledit 
Traité  d'Arras ,  encre  autres  chofes  ait  efté  aceordéque  le  Comte  de  Bou^ 
logne  feroic  Se  demeureroit  à  noftredit  oncle  le  Duc  de  Bourgogne ,  &  i 
fcs  enfans  mafles  procréez  de  fon  propre  corps  :  &  que  noftredit  feu 
Seijpeur  &  père  (eroic  tenu  de  recompenfer  ceux  qui  pretendroient  y 
avoir  droit*  Nous  pour  les  caufes  Se  conftderations  aeâufdites  ,  Se  fans 
déroger  audit  Traité  d'Arras  ,  avons  accordé  Se  déclaré  ,  accordons  Se 
déclarons  à  noftredit  frère  Se  coufin ,  que  luy  &  fes  enfans^ mafles  ou  fe- 
melles ,  procréez  en  mariage  de  fon  propre  corps ,  tant  feulement  durant 
leur  vie ,  ciennenc  &  puiflenc  tenir  kdite  Conué  de  Boulogne  par  la 
forme  &  manière ,  que  par  le  Traité  d^Arras  noftredit  frère  &  couiin  la 
peut  tenir  ,  Se  en  taire  les  fruits  leurs ,  comme  de  leur  héritage  ;  Se 
à  ce,  nous  ferons confentir  ceux  qui  prétendent  droit  en  ladite  Comté , 
êe  ferons  tenus  de  faire  les  recompenfations  qui  appartiendront ,  Se  en 
tenir  paifîble  noftredit  frère  Se  coufin ,  Se  fefdits  enfans.  Et  aufli  avons- 
promis  &  accordé ,  promettons  &  accordons  à  noftredit  frère  Se  coufin  ^ 
que  nous  luy  ferons  baUler  Se  defpecher  pleinement  »  purement  &  fran- 
chement 


4, 


504  PREUVES  DES  MEMOIRES 

chement,  &  en  tant  qu'à  nous  eft  >  luy  baillons  &  délivrons  dès  mainte-* 
^"^    ^'     nant  les  Chafteaux  ,  Villes,  Chaftellenies  &  Prevoftez  de  Pcronne, 
Monrdidier  &  Roye ,  avec  coûtes  leurs  appartenances  Se  appendance^ 
quelconques  ,  defcharcéesde  toutes  gagieces  &  rachapts,  en  tels  Se  Tem- 
blables  droits  quelles  turent  baillées  Se  tranfportéesâ  noftredit  oncle  Ton 
père  ,  par  ledit  Traité  d' Arras ,  pour  les  tenir  &  en  jouyr  ainfi  &  par  û 
manière  contenue  &  déclarée  audit  Traité,  &  ferons  &  procurerons  pac 
effet  que  noftre  très-cher  &  très-amé  couûn  ledit  Comte  de  Nevers  i 
tranfporte  Se  remette  à  noftredit  frère  Se  couCn  le  Comte  de  Charolois  » 
tout  rel  droit  qu'il  a  &  prétend  avoir  efdits  Chafteaux  ,  Villes  ,  Prcvot 
tez  &  Chaftellenies  >  &  que  de  ce  quil  en  tient ,  il  vuide  &  defpeche  la 
poftellion  es  mains  de  noftredit  frère  &  coufin  le  Comte  de  Charolois» 
ou  de  (es  Commis.  Et  avec  ce  >  avons  baillé  Se  tranfporte  à  noftredit  frère 
Se  coufin ,  pour  luy  ,  fes  hoirs  &  fucceftèurs  quelconques  ^  &  en  héritage 
perpétuel  la  Comté  de  Guynes ,  &  Ces  appartenances  &  appendances  quel- 
conques ,  pour  en  jouyr  par  noftredit  rrere  &  couûn ,  &  fefdits  hoirs  Se 
fuccedèurs  en  tous  droits  »  profits  &  emolumens,  tant  de  Domaine  que 
des  Aydes ,  Tailles  &  autres  obventions  quelconques ,  fansy  rienrefervec 
ne  retenir  pour  nous  ,  fors  les  foy  Se  hommage,  reftbrt  &  Souveraineté  : 
Se  du  droit  que  le  Sire  de  Croyougutres ,  pourroient  avoir  &  prétendre 
en  ladite  Comté  nous  ferons  tenus  le  recompenferj  &  d'icelle  Comté 
faire  Se  tenir  noftredit  frère  Se  coufin ,  Se  fefdits  hoirs ,  quittes  &  paifi* 
blés  envers  ledit  de  Croy  &  tous  autres  :  toutes  lefquelles  chofes  nous 
avons  promis  Se  promettons  en  bonne  foy  ,  Se  par  parole  de  Roy  ,  par 
noftre  ferment ,  Se  fous  l'obligation  de  tous  nos  biens  prefens  Se  i  venir  , 
pour  nous  ,  nos  hoirs  Se  fuccefièurs  ,  tenir ,  garder ,  entretenir,  enteri-i 
ner  Se  accomplir  de  point  en  point  en  la  forme  &  manière  delfiifdite  > 
inviolablement  &  fans  enfraindre ,  ne  jamais  venir  au  contraire  par  nous 
ou  par  autre ,  ne  fouffrir  qu'autre  y  vienne  directement  ou  indireâement, 
couvertement  ou  en  appert,le  tout  fans  fraude,  dol  ou  malengin,&  nous 
fommes  foubmis  &  (bubmettons  pour  raccomplifièment,  entérinement 
Se  entretenement  des  chofes  demidires ,  &  chacune  d^elles  à  la  coher^ 
tion  Se  contrainte  de  noftre  (Sint  Père  le  Pape  *,  &  à  toutes  Cours  ,  tant 
d'Eglifes  comme  Séculières  ,  pour  lefquelles  &  chacune  d'icelles ,  nous 
voulons  &  confentons  ,  nous  &  nofdits  fucceflèurs,  effare  contraints  â 
obferver  toutes  Se  chacunes  les  chofes  deffufdites ,  en  renonçans  à  tous 
droits ,  privilèges ,  Ordonnances ,  Edits  Royaux ,  exceptions  &  chofes 
quelconques ,  par  lefauelles  on  pourroit  en  tout  ou  en  partie  venir  aa 
ton  traire  des  chofes  deflufdites ,  tout  ainfi ,  que  fi  tous  lefdits  droits  »« 
Ordonnances  ,  Edits ,  exceptions  ,  ou  autres  renonciations  eftoient  ex- 
preflement  déclarées  Se  fpecifiées  en  cefdites  pref  entes.  Et  en  outre  > 
mandons ,  &  expreflement  enjoignons  à  noftre  amé  &  féal  Chancelier , 
Se  à  nos  amez  Se  féaux  Confeillers  les  gens  de  noffare  grand  Confeil ,  les 
gens  qui  tiendront  nos  Parlemens  advenir,  gens  de  nos  Comptes,  les 
Généraux  de  nos  Finances  ,  Baillifs ,  Senefchaux  ,  &  autres  nos  JufU- 
ciers  Se  Officiers ,  ou  d  leurs  Lieiitenans  ,  Se  à  chacun  d'eux  comme  1 
eux  appartiendra ,  que  certes  nos  prefentes ,  &  le  contenu  en  icelles ,  ils 
gardent  entièrement  >  &  accomplifTent  de  point  en  point  >  &  ne  faficnc* 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  ^o^ 

fouftrenc  faire  aucune  chofe  au  contraire  :  &  quand  aucune  chofe  fera  TÂÔT, 
faite  au  contraire  >  ils  la  reparent  &  remettent  incontinent  &  fans  delay 
au  premier  eftat  Se  deu^&  mefmement  efdits  deParlement,des  Comptes» 
&  des  Finances  y  que  cefdites  prefentes  ils  vérifient  &  approuvent ,  &  les 
fàflènt  publier  &:enregiftrerpar  tout  où  il  appartiendra,  nonobftant  quel* 
conques  Ordonnances  faites  de  non  aliéner,  nç  mettre  hors  de  nos  mains 
les  Domaines  de  noftredite  Couronne ,  &  toutes  reftriâions  ,  promefles 
&  fcrmens  que  nous,  ou  aucuns  de  nofdits  Officiers  auroient  pu  faire  en 

*  gênerai  ou  en  particulier,  fous  (quelconque  forme  de  paroles  ,  par  lef^ 
quelles ,  on  pourroit  &  voudroit  empefcher  TefFet ,  accompliflèment  &c 
entretenement  de  tout  le  contenu  en  cefdites  prefentes  :  lefquelles  Or- 
donnances 9  reflri&ions ,  promefles ,  obligations  &  fermens  ,  nous  pour 
le  bien  de  paix ,  ne  voulons,  quant  au  casprefent,  déroger  ou  prejudicier 
aux  tranfporrs  &  autres  choies  defliifdites  &  defdites  promefles ,  fer- 
iqens ,  ou  autres  refbiâîons  que  nofdits  Officiers  pourroien  ravoir  envers 
Jious  au  contraire  dc$  chofes  deflufdites,  nous  les  tiendrons  &  tenons 
ivur  cefdites  prefentes  ,  &  en  accompiiÛànt  le  contenu  en  icelles,  pour 
quittes  6c  fumfamnienc  defchargez^  Et  pour  ce  que  d'icelles  on  pourra 
avoir  afiàire  en  plufieurs  &  divers  lieux ,  nous  voulons  qu'au  vidimus  d'i- 
celles  fait  fous  le  Scel  Royal ,  fojr  foit  adjouflée  comme  à  Toriginal  :  En 
TcsMoiN  de  ce  ,  nous  avons  fait  mettre  6c  appofer  noflre  grand  Scelà 
ces  prefentes.  Dokns'  à  Paris  le  cinquiefme  jour  d'Oâobre ,  l'an  de 
grâce  mil  quatre  cens  foixante  &  cinq ,  &  de  noure Règne ,  le  cinquiefme: 
^nfi  figne ,  Parle  Ro7,le  Comte  deo.  Pol,  Connefbble ,  le  Sire  de  Mont- 
tuban ,  Admirai  de  France ,  le  Sire  Deflandes,  Maiflre  Jean  Dauvet ,  pre^ 
tnier  Prefident  de  Thouloufè ,  6c  autresprefens  J.  Bonore  :  Et  fur  U  reply 
defdites  Lettres  ^  efloit  efcrit  :  LeSa  &  publicata  Parijîis  y  in  Parlamento 
duodecimâdie  OSobris^  anno  JPonùni  miUeJimo  quadringentejîmo fixage-' 

fimo  quinto.  Ainfi  J^ni  Cheneteau.  Et  avec  ce  ,  eft  efcrit  plus  oas  fur 
ledit  reply.  Regijlrata  ^  prœfinte  Procuratore  Régis  ^  &  non  contradicente» 
A3um  in  Parlamento  die  décima  OBobris  y  anno  millejîmo  quadrin^nte^ 

fimo  fixaetfimo  quinto.  Cheneteau.  Similiter  U3a ,  publicata  &  Kegif 
erata  in  Caméra  Computorum  Domini  noftri  Resis  ,  Parifiis  j  decimd 
nond  die  diBi  menfa  OSobris  ,  anno  quo  fuprà  Badouiller^ 

L  X  V  I  ♦, 

Tranjport  fait  par  Louis  XL  au  Cornu  deCharoloiSp  des  Prevofle^de 

Vimeu  y  de  Beauvoifis  &  de  FouUoy. 

LO  Y  S ,  par  la  grâce  de  Dieu ,  Roy  de  France ,  A  tous  ceux  qui  ces  upj*î'  ^ 
perfentes  Lettres  verront ,  Salut  :  Comme  par  autres  nos  Lettres  de   jT^^qw 
la  datte  du  cinquiefme  jour  du  prefent  mois  d'Oâobre ,  6c  pour  les  caufes  defroy. 
contenues  en  icelies  ,  nous  ayons  entre  autres  chofes  baillé  &  tranf^ 
porté  à  noflre  très-cher  &  très-amé  frère  &  coufin  Charles  ,  Comte  de 
Charolois ,  toutes  les  terres  eflant  fur  la  rivière  de  Somme ,  que  nofhre 
frès-cher  6c  très-amé  onclç  le  Duc  de  Bourgogne  tenoit  6c  poflèdoit  au 
Tome  II,  Sff  moyen 


^o6  PREUVES  DES  MEMOIRES 

^  moyen  du  Traité  d'Arras  »  (  i  )  par  avant  le  rachapt  &  defenffagementque 
^  ^*  nous  en  avons  n'agueres  fait  de  luv  >  comme  plus  à  plein  m  contenu  et» 
nofdites  Lettres  :  &  depuis  noftredit  frerc  &  coufin  nous  ait  fait  humble- 
ment remonftrer  qu  auBaillia^e  d'Amiens  font ,  &  ont  acouftumé  d'eftre 
trois  Prcvoftez ,  c'eft-à-fçavoir  >  la  Prevofté  de  Vimeu  ,  la  Pievofté  de 
fieauvoi(is>  qui  s'eftend  en  partie  dedans  la  Ville  d'Amiens  >  &  la  Prevofté 
de  Foulloy,qui  s'eftend  deçà  &c  delà  la  rivière  de  Somme  :  lefquelles,  par- 
ce que  noftredit  oncle  les  tenoit  &  po(!edoit  paravant  ledit  rachapt ,  ne 
font  point  comprifes  audit  tranfport  qu'avonstait  defdites  terres  à  noftre*  * 
dit  frère  &  coufîn ,  en  nous  fuppliant  c^ue  poor  éviter  les  difcors  &  de-^ 
bats  qui  pourroient  eftre  entre  les  0£Sciers  >  qui  feroient  commis  de  par 
nous  efdites  Prevoftez  »  &  les  Officiers  ordonnez  efdites  terres ,  de  auilî 
afînquelefditesPtevoftez  nefoient  démembrées  dudit  Bailliage  d'Amiens^ 
il  nous  plaife  adjoindre  audit  Bail  6c  tranfport  defdites  terres ,  lefdites 
Prevoftez  &  leurs  a^panenances  &  appendances  quelconques ,  &  luy  en 
faire  nouveau  tranlport ,  pour  en  jouyr ,  conmie  defdites  autres  terres» 
SçAvoiR  FAISONS, que  nous ,  de  noftre  certaine  fcience,  6c  pour  les 
caufes  6c  confîderations  contenue  en  nofdites  autres  Lettres  Se  autres 
caufes  à  ce  nous  mouvans  »  avons  baillé  6c  tranfporté ,  baillons  &  tranf» 
jportons  à  noftredit  frère  6c  cou(în  le  Comte  de  Charolois  •  pour  luy  6c 
tes  hoirs  defcendans  de  luy  en  direéèe  ligne,  6c  les  hoirs  de  fes  hoirs aufK 
defcendans  d'eux  en  direâe  ligne ,  lefHitesl^evoftezde  Vimeu ,  de  Beau- 
voiHs  6c  deFouUoy,  &  leurs  appanenances  &  appendances  qudconques- 
cftans  dudit  Bailliage  d'Amiens,  pour  en  jouyr  en  la  forme  &  manière ,  6c 
en  tels  6c  (èmblables  droits ,  &  fous  telles  6c  femblables  refervations  de 
rachapts ,  que  iceluy  noftre  frère  6c  cou  (in ,  6c  (efdits  hoirs  defcendans 
de  luy  en  mreâe  ligne»  tiendront  &  pourront  tenir  lefdites  terres  à  lu^ 
tranfportées ,  conune  dit  eft  :  6c  voulons  que  noftredit  frère  6c  coudn  6c 
fefdits  hoirs ,  quant  aufdites  Prevoftez  &  leurs  appartenances ,  Ce  puif- 
fent  avder  des  Lettres  que  nous  luy  avons  baillées  &  oétroyées  ,  concer- 
nans  lefclites  terres ,  6c  de  tout  le  contenu  en  icelles ,  tout  ainfi  que.iT 
kfdites  Ptevoftez  6c  leurfdites  î^partenances  eftoient  nommément  &  ex- 
preftement  déclarées  &  fpccifiées  en  nofdites  Lettres.  Si  mandons  ,  6c 
expreiïèment  enjoignons  à  noftre  amé  6c  féal  Chancelier ,  &  à  nos  amer 
&  féaux  les  Gens  de  noftre  grand  Confeil ,  les  Gens  tenans  noftre  Parle- 
ment, de  nos  Comptes ,  Généraux  de  nos  Finances ,  6c  à  tous  nos  Baillifs  >. 
Ji^iciers  ,  Officiers  &  Subjets ,  que  de  noftre  prefent  don ,  o<îÉroy  &  ad- 
jondtion ,  ils  faflent  &  foimrent  jouyr  &  ufcr  noftredit  frère  &  coufin 
paiHblement ,  fatrs  luy  faire ,  ne  foutfric  eftre  fait  aucun  deftourbier  ou 
cmpefchement  au  eontraire,  6c  que  ces  nos  preftntes  ils  vérifient,  pu- 
blient 8c  faftent  enregiftrer  partout  ou  il  appartiendra,  nonobftant  toutes 
Ordonnances  ,  reftriâions  ,  6t  autres  choies  faifans  au  contraire.  Et  auffi^ 
mandons  &  commandons^  nos  amez  &  féaux  les  Commiflaires  par  nous 
ordonnez  à  bailler  lapofteffibn  defdites  terres  à  noftredit  frère  &  coudn  » 
que  pareillement  ils  mettent  luy  ou  fèsCbnunis  en  podeftlon  defdites 

Prevofte2r 

(i)  Ce  Traité  (ut  (ait  entre  te  Roy  Charles  YI I.  &  PhilippclcBoiv  Duc  àt.  Bau»- 
cogne  à  Airas  >  Taa  14^5  ^  le  r i«  S^€iid>rc 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  ^07 

Prevoftez  >  &  les  falTenr  jouyr  fans  difficulté  ou  concradidtion  guelcon-  ^ 
ques  :  Car  tel  eft  noftre  plaiur.EN  tssmoin  de  ce  nous  avons  raie  mec-  '  ^  *  {' 
tre  noftre  fcel  à  ces  prerences*  Donne*  à  Paris  le  treiziefme  joue  d'Oâo* 
ère  >  l'an  de  grâce  mil  quatre  cens  foixante  &  cinq ,  Sc  de  noftre  Règne 
le  cinquierme.  Ain(l(igné.  Par  le  Roy,  les  Sieurs  Deflandes,du  Lau» 
éc  Baloges  >  &  autres  prefens ,  G.  Picard»  £t  fur  le  reply  eftoit  efcrit 
ce  qui  s'enfuit  >  LeSa  y  publicaia  &  regifirataParifiis  in  Parlamtnto  j  die 
dêcimd  fcxtd  Octobris  »  milU/imo  quadringtnujimo  fcxagcjimo  quinto% 
Cheneteau.  Décima  fcptimd  OSobris  ,  millcjimo  quadringutujîmo  fixage»^ 
fimo  quint o  ,  vocatus/uit  Procuraior  Régis  ,  qui  pubUcadoni  &  regijira^ 
iioni  prmdiÔis  non  cohtradixit.  ABum  in  Pananunto  ^  die  ù  anno  prit-- 
diBis ,  Cheneteau.  SimiliurUBa ,  publicata  &  regifirata  in  Cornera  Corn* 
putorum  Domini  noftn  Régis  >  Parifiis  9  decimd  nond  die  OSobris  y  annm 
Domini  millejimo  quadringentefimofexagejimo  quinto  ,  Badouiller. 

LXVI*\ 

Lettrés  Patentes    du*  Cornu  dJ^  Charolois ,  pour  la  nverjion  des  FUles 
de  la  rivière  de  Somme  ,  &des  trois  Prevofle[^»^eJfus  tranfporties^ 

CH  A  R  L  E  S  de  Bourgogne  »  Comte  de  Charolois  »  Seigtiecir  de  ,  'Hré  <U 
Chafteau-belin  &  de  Bethune  ,  Lieutenant  gênerai  de  mon  très-re-  J!^'|jî^^ 
douté  Seigneur  &  père  :  A  tous  ceux  qui  ces  prefentes  Lettres  verront  >  ^J^' 
Sahic  :  Conrnie  Monfeigneur  le  Roy  par  Tes  Lettres  patentes  en  datte  ébx  ^^^* 
^inquiefme  jour  de  ce  prefent  moisd'Oâobre,  &  pour  les  caufes  fie  con- 
itderations  y  contenub*s  9  nous  ait  baillé  Se  tranfporté  >  pour  nous  &  nos 
hoirs  malles  ou  femelles  defcendans  de  nous  en  aireéte  ligne*  8c  les  hoirs 
de  nofdits  hoirs  auffi  defcendans  d'eux  en  direâe  ligne  ,  à  tou&onrs>  les 
Cites  »  Villes  Se  Fortereflès  >  Terres  &  Seigneuries  qui  Iny  appartenoient 
de  &  fur  la  rivière  de  Somme  d'un  cofté  &  d'autre  >  comme  Amiens  >  S» 
Quentin ,  Corbie  »  Abbeville ,  enfemble  toute  la  Comté  de  Ponthiea 
deçà  &  deU  ladite  rivière  de  Somme,  Dourlens ,  Sainâ-Riauier  ;  Creve- 
coeur ,  Arleux ,  Monftreitil»  le  Crotoy ,  Mortagne  *  avec  leurs  apparre* 
nances  &  appendances  quelconques  ,  &  toutes  autresqui  luy jpouvoient 
•ppartenir  a  caufe  de  fa  Couronne  >  dej^is  ladite  rivière  de  5omme  in- 
clufivement ,  en  tirant  du  cofté  d'Artois ,  de  Flandres  6c  de  Hainaur  * 
tant  de  fon Royaume  que  de  l'Empire  :  lefquelles  terres*  mon  très^redouté 
Seigneur  &  père  tenoit&  pofl(èdoit  n'agueres  au  moyen  du  Traité  d'Arras» 
&  avant  le  rachaptque  mondit  Seigneur  le  Roy  en  avoir  fait  de  luy  *  pour 
en  jouyr  par  nous  &  nofdits  hoirs  ,  &  les  hoirs  de  nofdirs  hoirs  mafles  ou 
femelles ,  defcendans  de  nous  en  direâe  ligne ,  ainiî  ic  par  la  manière 
contenue  &  plus  à  plein  déclarée  en  fefdites  Lettres.  Et  lequel  bail&  tranf- 
pon  mondit  Seigneur  le  Roy  ait  fait  au  rachapt  de  deux  cens  mille  efcut 
d'or ,  bons  &  de  poids. ,  i  prefent  ayans  cours  :  Lequel  rachapt  *  mondit 
Sekneur  le  Roy  &  (es  fuccefleurs  ne  pourront  faire  de  nous  ne  durant 
nomre  vie ,  mais. feulement  le  pourront  faire  de  nofdits  hoirs  defcendans 
de  nous  en  direâe  ligne ,  8c  des  hoirs  de  nofdits  hoirs  aufti  defcendans 
d*eux  en  direûe  ligne  *  leur  payant  &  baillant  à  une  fois  ladite  fomme  * 

Sffi  de 


^^^^^^^  çog  PREUVES  DES  MEMOIRES 

^^        de  deux  cens  mille  efcus  d*or ,  bons  &  de  poids  à  prefent  ayanscodrs  \  8c 
pour  la  feurecé  duquel  rachapc ,  nous  ferions  tenus  de  bailler  à  mondic 
Seigneur  le  Roy  nos  Lettres  patentes  en  bonne  forme.  Et  depuis,  par 
autres  Lettres  du  trciziefme  jour  de  cedit  mois  d'Oûobre ,  niondit  Sei« 
gneur  le  Rov  en  adjouftant  au  bail  &  tranfport  à  nous  fait  defdites  terres> 
nous  ait  baillé  &  tranfporté  les  Prevoftez  de  Vimeu>  Beauvoiûs  &  Foui-- 
loy,&  leurs  appartenances  &  appendances  quelconques,eftans  au  Bailliage 
d'Amiens,  pour  en  jouyr  en  la  forme  &  manière ,  6c  en  teb  &  femblables 
droits  9  &c  {ous  telles  &  femblables  refervations  de  rachapts ,  que  nous  £c 
nofdits  hoirs  tiendrons  &  pourrons  tenir  lefdites  terres  à  nous  tranfponées  » 
comme  dit  eft ,  &  par  icelles  Lettres ,  mondit  Seigneur  le  Roy  ait  voulu, 
que  nofdits  hoirs  deffîis  déclarez ,  Qu^t  aufdites  Prevoftez  ou  leurs  ap- 
partenances ,  nous  puiifîons  aider  deldites  Lettres  qu'il  nous  a  baillées  & 
oâro]^ées  ,  concernans  lefdites  terres  &  de  tout  le  contenu  en  icelles  » 
toutainfi  quefi  lefdites  Prevoftez  &leurfdites  appartenances  eftoient  nom* 
mement  &  expreftèment  déclarées  6c  fpecifiées  en  fefdites  -Lettres ,  con- 
tenant le  bail&  tranfport  defdites  terres  deflùs déclarées.  Sçavoir  fai- 
sons ,  que  nous  voulans  &  defîrans  garder  &  recognoiftre  bonne  foy  ea^. 
vers. mondit  le  Seigneur  le  Roy  6c  fes  fucce0€urs,  de  n«>ftre  cenaine 
fcience ,  pure  &  franche  volonté ,  pour  nofdits  hoirs  defcendans  de  nous 
en  direâe  ligne ,  &  les  hoirs  de  nofdits  hoirs ,  aufli  defcendans  d'eux 
en  direûe  ligne ,  mafles  ou  femelles ,  i  toufiours ,  qui  tiendront  lefdites 
terres  ,  avons  convenu  &  confentv ,  promis  &  accordé ,  convenons  >« 
confentons ,  promettons  6c  accoraons  par  ces  prefcntes  à  mondit  Sei-, 
gneur  le  Roy ,  pour  luy  &  fes  fuccefleurs ,  qu'ils  6c  chacun  d'eux  puiflènr 
iavoir,rach«>tcr  &  recouvrer  toutes  6c  puantes  fois  qu'il  leur  plaira  après 
noftre  deceds,  &  non  devant,  de  nofdits  hoirs ,  6c  des  hoirs  de  noidits. 
hoirs,ma(lesou  femelles>defcendans  d'eux  en  direâeligne,toutes  lefdites. 
Citez ,  Villes,  Terres  &  Seigneuries  deftus  déclarées ,  ànoustranfportée& 
par  mondit  Seigneur  le  Roy  ,  &  lefquelles  mondit  Seigneur  6c  père,  te- 
noit  &  poftèdoit  avant  ledit  rachapt  6c  defengagemen;  :  &  aufli  kfdites) 
Prevoftez  de  Vimeu ,  de  Beauvoifis  &  deFouUoy ,  &  leurs  appartenances», 
tout  à  unefots,  en  leur  baillant  &  payant  à  une  fois  laditefpmmede  deus> 
cens  mille  efcus  d'or,  bons  6c  de  poids ,  à  prefent  ayans cours  t Et  leif^ 
ouelles  Citez ,  Villes , Fonereflcs ,  Terres  fie  Seigneuries ,  ficles Prevoftez, 
cefliifdites ,  nofdits  hoirs  defcendans  de  nous  ,  fie  les  hoirs  d'iccux  nos. 
hoirs ,  aufli  defcendans  d'eux  en  direâe  ligne ,  mafles  ou  £bmelks,  qui; 
tiendront  lefdites  terres ,  feront  tenus  de  baUkr  >  reftiruer  Se  délivrer  à^, 
mondit  Seigneur  le  Roy ,  ou  à  fefidits  fucceflèurs  après  noftredit  deceds  ^ 
ëc  non  devant  parmy  recevant  de  luy  ou  de  fefdits  fueceflèurs  4  une  fbîsi 
kdite  fomme  de  deux  cens  mille  efcus  d'or  ,  bons  fie  de  poids ,  i  prefent 
ayanscours^Et  en  ce  cas,  eux  du  tout  defifter  fie  départir  defdkes  Terres. 
&  Prevoftez,  fans  y  faire  difficulté  ou  contradiâion  quelconque  ,  fie  àccf 
faire  fie  accomplir  par  la  manière  que  dit  eft ,  pour  après  noftredit  deceds,. 
fie  dès  maintenant  comme  pour  lors  les  obligeons  nofdits  hoirs^  defcen-^ 
clans  de  nous ,  6c  les  hoirs  d'iceux  nos  hoirs  defcendans  d'eux  ca  direâa 
Ugne ,  mafles  ou  femelles,  quitiendront  icelles  terres ,  le  tout  (ans  pre^ 
-  ttidice  6c  innovation  de  certaines  autres  Lettres  de  mondit  Seigneur  la 
iloy  X  delà  dacce  de^fdite  x  P^  lefquelles  il  a  voulutedit rachapt^  fie  k: 


DE  PHIL.  DE  COMITES.  ^  ^09  

eontetaa  en  ces  nos  prerences  cftre  entendu ,  &  les  chofes  deflUfditcs  par  ^. 
la  forme  &  manière  que  dit  eft  >  nous  pour  nofdics  hoirs  >  &  les  hoirs  de  '  ^  ' 
nofdics  hoirs  defcendans  en  direde  ligne  ^  avons  prçmis  &  promecton; 
en  bon^ie  foy  par  parole  de  Prince  »  par  noftre  fêtaient  &  fous  l'obUga^ 
rion  6c  hypothèque  de  tous  &:  chacuns  nos  biens  prefçns  ,&à  venir ,  &c 
dc%  biens  de  nofdics  hoirs ,  &  des  hoiis  d'iceux  nps  hoirs ,  ayoir  &  tenif 
fermes  &  ftables  >  belles  par  la  manière  defliifdite  ,  6c  non  autrement  » 
accomplir  >  entériner  6c  entrerenir ,  fans  enfraindie  ,  ne  jarpais  venir  an 
contraire  par  nous  ne  par  autre ,  direâement  ou  ihdireâement  »  couver^ 
f  emcnt  ou  en  appert  >  &  nous  fommes  foubmis  pour  nous  6c  i^^fdits  Hoirs» 
^  les  hoirs  d'iceuxnos  hoirs  j  à  la  cohertion  &  contrainte  de  noftre  S. 
Père  lePapo> Ô^  à  ^cw<s autres  Cours  tant  d'Egliiè ,  conuTie^cculi^of »> 
p^  lesquelles»  &chaçme  d'elles»  nous  voulons  jiofdics  hcùrs»  3c  les  hoirs 
d'iceux- no»  hoirs ,  eftre  contraints  à  faire  &  obferver  les  chofes  defilif- 
diccs  >  en  rcxionçans  à  tous  droits ,  exceptions  &  autres  chofes^  par  lef- 

Î[uelles  on  voudroit ,  ou  on  pourroit  venir  au  conrraire  des  choies  def- 
ufdites  ,  tout  ainH  que  fi  tous  lefdirs  droits ,  exceptions  6c  autres  renon- 
ciations eftoient  expreflèment  déclarées  en  cefdites  prefentes.  En  tes- 
MoiK  de  ce ,  nous  ^vont  i^ir  metrre  npftre  Scçl  à  cefdites  prefentes. 
Donne'  à  Conflans ,  près  de  Paris ,  le  feiziefme  jour  d*Oâ:obre  ,  Tan  de 
crace>  mille  quatre  cens .fbixaiite  &*ciM.  Ainfl  ngné  :  Par  Monfeigneur 
le  Comte  »  le  Sire  de  Neufchaftel ,  Maréchal  de  Bourgogne  ^  le  Comte  de  ^ 
Charny ,  les  Sires  de  Monta^ ,  de  Brequv  »  de  Halbourdin  &  deCon- 
tay  y  Meffires  Guillaume  de  BjkhjçSi)  !Qirar4  Ûnory  >  Maiftre  ^Guillaume 
Hugonet  »  Jean  Carondelet  >  &  autres  prefens.  J.  Gros  >  collation 
cft  faire. 

£xtrait  des  Rcpfirts  de  la  Chambre  des  CompUt  ^  avecUfqiuls  en  vertu 
d*uneBjtquefie  décrétée  de  r ordonnance  d'icelledu  vinçt'Jeptiefmt  jour 
de  Février  làj^.  en  a  efté faite  collation»  Jigni  Chevalier. 

L  X  VI***. 

ifpf^  Xettre  de  Monteur  le  Comte  d^Eu  au  Roy  ,.  touchant  P accord 

avec  Monfieur  le  Duc  de  Normandie. 

MO  N  très-redouté  &  fouverain  Seigneur ,  [c  me  recommande  i      Tiré  ics 
votre  bonne  griacç ,  r;int&  fî  très-humblement  qtîéfaiifepuis;^  &  Recueils  de 
vous plaifc'fçavbir , mon  rrès-rcdouté &  fouverain  Seig neur^^ûe àihçerij^. M.  TAbbé 
que  fois  arti^é-en  cette  Ville  de  mon  rctoiir  de  pair  delà ,  ffti  ttoUv^  e^nt  '^^  Q^^^ 
là  ViHè'  fie  Chaftel  deRouen ,  les  Places  de  Diepes  &  d'Arqtiès  eftoient  i 

rendues  ou  en compofition ,  &  dej>nis , •ar  reçu vosLcttWs efcricifes  i Paris  •  '-  -         • 
leneuviefmejour  deceprefen[tmois,  par  lelquçlles' m'avez  fait  fçavofir,  '     ' 

flûe  touchant  l^ppanage  de  mo^  rrès<edotité  Séignéi^j-Monfieur  totrâ     ^^^  '  ^,  \^ 
nrere  ,  luy  avez  accordé  la  Duché  de  Normandie  :  tantoft  après  iaqfuilU  .«„  •>!-      ' 
réception  de  vofdites  Letti^s,  faieftéfomtiiiél^mon  nepveu  de  Bout-  jnx:'  :  : 
bpn;  fa!f  difiND^  li^ucendnt  Geoetalde  mondît  Si^eur^ votre  freije^ideluy 
woàxt^  cette  Place  du  Nçuf-Chaflel  ^  la^quéllc  >  &  tout  l'uf^frjtiit  de  h 

Sff  }  *  vicomte 


1 


^___  510         PREUVES  DES  MEMOIRES 

i^^r  Vicomte  dudit  Neuf-Chaftcl  me  fut  picça  donnée  à  ma  vie  »  par  le  feu 
Royvoftrepere9  que  Dieu  abfolve *>& depuis  Ton  crefpasm'ae&parvoul 
confermée  :  Mon  très-redouté  &rottverain  Seignettr,vous  (çavez  auè2>  que 
je  n'ai  provifion  ne  ordonnance  de  gens  ne  autrement,  pour  la  pouvoir 
garder  ne  tenir  conere  les  gens  de  mondit  Sieur  9  Se  pour  ce ,  vous  fup- 
plie  que  de  votre  grâce ,  m'en  veuillez  tenir  pour  deichargé  i  &  oir  >  & 
croire  mon  amé  &  féal  Serviteur  &  Efchanfon ,  Jaoï^es  de  Dreux  9  de 
ce  qu'il  vous  dira  de  par  moy ,  pour  cette'  fois  9  en  moy  mandant  &  com- 
mandant toujours  vos  très-nobles  &  bons  plaidrs  pour  y  obeyj: ,  6c  vous 
fervir  de  très-bon  coeur  à  mon  pouvoir,  comme  tenu  y  fuis  >  ài'ayde  da 
Benoift  Fils  de  Dieu  ,  qui ,  mon  très-redouté  8c  fouverain  Seigneur,  vous 
doint  très-bonne  vie  &  longue ,  &  accomnliflèment  de  vos  très-hauts  & 
nobles  defirs.  Efcrit  au  NeufChaftel ,  le  aix^ieuvierme  jour  d'Oâdbre« 
Votre  très-4iumble  &  très-  obéyflànt  le  Comte  de  Eu  9  C  h  a  n  l  e  s« 
Jpt  ilu  Sufcripiion.  Au  Roy,  mon très-redouté  &  fouverain  Seigneur* 

L  X  V  I  L 

*  « 

§7  Extrait  des  Régions  du  ParUnunt. 

Du  dix-fipt  Aouft  146$. 

Tiré  des  t^  Ejourd'huy ,  les  Prefidens  &  ConfeiUers  envoyez  vers  le  Gmitc 
Recueils  de  V^  d'Eu  >  pour  appointer  avec  les  Princes» 

M.l-AbW  .    . 

^  GranJ.  Du.  vingt-dcux  d'Aoufi  1 466. 

Ce  jour ,  les  Lettres  efcrites  par  le  Duc  de  Berry  à  la  Cour ,  pour  en^ 
voyer  gens  pour  Parlement ,  &  on  députa  pour  aller  vers  le  Duc. 

Du  vingt-ncuf  d^AouJt  1465. 

Ce  Jour  ,  fut  propofé  au  Parlement ,  a  ce  qu'on  n'allaft  plus  au  Palais  » 
donc  (e  rapportèrent  plufieurs  nouvelles  \  &  pour  expédier  du  cents  des 
vacations  >  fut  dit.,  qu'aucuns  ConfeiUers  iroient  chez  le  Cbancelier. 

Du  dixf-ntuf  Septembre  1466* 

.  j  f  Ce  jour  9  l^emonftrances  du  Chancelier  des  o0res  faites  par  le  Rôv^ 
: .  ' .  aju  Dup  de  Berry ,  qui  demandoit  Normandie  &  Guyenne  ,  lefquelles 
#  T^oiit  le  lloy  ne  ppuvoit  bailler ,  v^*  TOcdonnance,  mais  bien  a  c^erc  Oiam^ 
parlerons  pagne  ,  Brie  fc  Vermandois  ,  excepté  Maux  Se  l^ntereau -'Fmt* 
de  cette  or*  Yonne  &  Xfebin»  Au  Duc  de  Bourgogne  ,  avoir  offert  les  Terres  de 
donnance  Boulogne ,  Mondidier ,  Peronne ,  Troyes ,  &  deux  ceiis  mille  livres  i 
j  **  ^'^      payer  dans  quatre  g^jii ,  4  ce  qu'on  coiuioiflc  qu'il  ne  tenoit  au  Roy  qu'oa 

iXXXIII.  '  .     '.  -    D»  douie  Oaobre  14qX 

'  Ce  jour  ,  commença  te  Parlement ,  à  voir  i  les  Lettres  de  dolï  fitit  ait 
Comte  (te  Chatolois  ;  les  Gens  du  Roy  ont  dit ,  que  Vu  la  grande  alie^ 

nution 


DE  PHIL.  DE  COMINES..  .-511 

nation ,  8c  aufli  aae  le  Roy  fe  foumettoic  aux  fubjeâions  du  Pape ,  j>our 
perdre  leurs  Omces  ,  ils  ne  ccmfentitoient  à  i entérinement  dcUlites  *4^S" 
Lettres  >  &  que  le  Roy  faifoit  cecy  par  contrainte  &  force  \  Se  proreftoit 
que  luy  eftant  en  liberté  >  il  le  revoqueroit  ;  ôc  incontinent  »  vint  rEveT- 
que  d'Évreux ,  qui  dit  que  le  Roy  vouloit  qu'elles  fuflent  publiées  ,  non- 
obftantladite  opposition  ,  Turquoy ,  le  Chancelier  demanda  audit  Ev^fqtfô  - 
fon  opinion  ,  &  à  des  Seigneurs  qui  n  eftoient  du  Parlement  ^  qui  furent 
d*avi$  de  ladite  publication,  nuis  il  n'en  demanda  à  ceux  du  Parlement  , 
qui  volontiers  y  euflènt  contredit  ;  8c  ce  fait  >  le  Chancelier  commanda 
qu'elles  fuflent  publiées ,  &  s^tn  alla ,  &  dit  â  Bayard ,  l'un  des  quatre 
Notaires ,  qu'il  luy  envoyeroit  les  clefs  du  Roy  ,  Se  ce  fait  9  la  Cour  ht  ou- 
vrir les  huys,  &  (cclla  lefdites  Lettres  en  l'abfençe  des  Gens  du  Roy  ;  ce 
fait ,  les  quatre  PreHdens  allèrent  à  la  Table  de  Marbre, -où  le  Roy  eftoit» 
qui  vouloit  bailler  Tefpée  au  Comte  de  S*  Pol ,  Conneftable  ;  delà  allo^ 
xent  en  la  Grand  Cnambre ,  où  les  Confeillers  attendoipnt  à  y  venir 
ie  Chancelier  &  les  Marefchaux  >  qui  s'aflîreat  en  haut.  Ce  fait ,  ledit 
Comte  deSaint-Pol  vint,  &  furent  les  Lettres  liies>&  le  ferment  reçu. /^/^  ' 
4€m.  La  proteftation  des  Confeillers  touchant  ledit  don  fait  audit  Comte 
de  Charolois. 

DuditjauTm 

Ce  joiir  >  fur  ce  que  les  Gens  du  Roy  ont  dit  i  la  Cour  ,  que  le  Rojr 
vouloir  que  le  don  par  luy  fait  au  Duc  de  Bourgogne  des  Prefvotez  de 
Vimeux  Se  autres  fuft  publié  9  6c  ont  dit  j  que  veu  le  tçms  de  guerre  Se 
auffi  le  commandement ,  ils  n'empefchent  point  leurs    proteftations 

Ïu'etles  foient  lues  ;  ce  fait ,  les  Sieurs  montetent  en  haut ,  Se  deftianda 
Advocat  du  Duc  de  Bourgogne ,  la  publication  defdite»  L^res ,  Se  que 
le  Procureur  gênerai  fuft  prefent ,  fur  quoy  fut  ordonné  ,  que  lut  lefdites 
^Lettres  9  feroumis»  I^Sa  ^publicata  &  rtfffirata  :  y  avoir  ak)rs  trois  Ad* 
.Yocats  du  Roy» 

Du  dix'fept  OSobn  14660 

Ce  }oiir,le  Roy  mande,qtt'ez  premières  Lettres  de  don  faites  au  Comte 
4e  Charolois,  k  ce  mot  Rtgiûrata  foit  ajouté.  Se  à  l'autre,  qu'il  foit  xsm  9 
ProcuTéUorc  Reps  audito  >  é  non  contradiccnu.  Ce  qui  fut  ocdonnér 

Du  vingt-neuf  éTOSobrc  1466. 

Ce  jour  j  publication  du  Traité  de  paix ,  entre  le  Roy  &  les  Princes  y 
où  font  pluueurs  Terres  données  en  don ,  aufondles  s'oppofbient  plufîeurs 
Seigneurs ,  i  quoy  le  Procureur  du  Comte  au  Maine  n'eftoît  reçu  ,  at^ 
tendu  quec'eftoient  tranfports  faits  pour  le  Traité  de  paix»  Se,  fur  ce,  U 
Cour  ordonne  que  fur  le  dos  d'icdle ,  fera  mis ,  LeSa  ypiMicata  ,  regif- 
tratuy  &  en  un  Regiftre  i  part ,  abfque  prœjudicio  oppojîtionum  eoidem  die* 

LXVIL 


PREUVES  DES  MEMOIRES 

L  X  V  I  I*. 

fCT  Proujlation  de  la  Chambre  dis  Comptes  contre  le  Traité  de  CortflanSj^ 

Tiré  des  y  E  quatorziefme  jour  d'Oârobre  mil  quatre  ctns  foixante-cinq ,  le 
M^^r  A^KW^  ^  Procureur  du  Roy  noftrc  Sire  en  fa  Cnambre  des  Comptes ,  s*oppo- 
L  G  a  ^^^  ^^  que  deux  paires  de  Lettres  Royaux  >  obtenues  par  Monûeur  le 
Comte  de  Charolois ,  les  unes  données  à  Paris  le  cinquierme  four  dudic 
mois ,  par  lefquelles  le  Roy ,  noftredit  Seigneur,  luy  baille  &  tranfporte 
Amiens,  Saint-Quentin  >  la  Comté  de  Ponthieu ,  &  autres  Terres ,  Vil* 
les  &  Places ,  n'agueres  par  le  Rov  defgagées  de  Monfieur  deBoursogne» 
avec  les  Coiutez  de  Boulogne  &  de  Guignes  ,  enfemble  &  les  Villes  & 
Chaftellenies  de  Peronne ,  Mondidier  &  Roye  :  &  les  autres  auffi  don« 
nées  d  Paris  le  treiziefme  jour  d'iceluy  mois  d'Oâobre ,  audit  an  mil  aua« 
tre  cens  foixante-cifnq ,  par  lefquelles  le  Roy  noftredit  Seigneur  a  (emola^ 
blement  baillé  &  tranfporte  à  mondit  Seigneur  de  Charcuois  les  Prevof^ 
tez  de  Vimeu ,  de  Beauvoifis  &  de  Foulloy ,  ainfi  que  pius  à  plein  eft 
contenu  efdites  deux  paires  de  Lettres ,  ne  foient  aucunement  vcrifiées» 
entérinées ,  ne  expédiées  par  me(dits  Seigneurs  Ats  Comptes ,  pour  cer<« 
taines  caufes ,  qu'il  entend  à  dire  &  déclarer  en  temps  &  lieu  9  &  juT* 
ques  à  ce  qu'il  ait  cfté  pré^ablement  oy  fur  ce.  BouatiBH. 

L  X  V  II  I, 

^ffT  Lettres  Patentes  de  Louys  XL  pour  raùfier  te  Traité  de  Confians  g 
&  nomination  des  ptrfonnes  pour  la  reformatUm  de  VEtat^ 

T    O  Y  S,  par  la  grâce  de  Dieu ,  Roy  de  France  :  A  tous  ceux  qui  ces 
n      -t  j*  JL'  prefentes  Lettres  verront ,  Salut  :  Conune  pour  la  pacification  8c  ap^ 
M  ?Abbé^  paifement  des  queftions  &  différences ,  qui  puis  aucun  temps  fe  font 
lôcrani     n^^ues  entre  nous  d'une  part ,  &  noftre  très-cher  fie  très-amé  Frerc  Char- 
les de  France ,  à  prefent  Duc  de  Normandie ,  fie  aucims  des  Seigneurs 
^e  noftre  Sang  >  adjoints  avecques  luy ,  fie  leurs  adherans ,  d'autre  part» 
ayent  par  nous  iL  noftredit  Frère ,  fie  lefdits  Seigneurs  de  noftre  Sang  ^ 
faits  fie  accordez  les  Traitiez  fie  appointemens  contenus  fie  déclarez  es 
anicles ,  defquels  la  teneur  enfuit  t 

Contne  Monfeigneur  le  Duc  de  Normandie ,  n'agueres  Duc  de  Berry  » 
fie  ptufteurs  autres  des  Seigneurs  du  Sang  joints  &  adherens  avecques 
luy ,  luy  ayent  fait  remonftrer  au  Roy ,  qu'ils  eftoient  venus  fie  aflem^ 
h\n  enfemble  pour  venir  par  devers  luy ,  fie  pour  luy  faire  aucunes  de* 
monftranccs  fie  requeftes  touchant  le  bienjHiblic  ,  Teftat  fie  ordre  de  la 
Jufticc  du  Royaume  ,  ce  qu'ils  n'ont  peu  faire  ne  accomplir  pour  aucuns 
rapports  à  eux  fait$  portans  menaces  \  fie  à  cefte  caufe  ,  pour  la  fenreté^ 
de  leurs  perfonnes  ,  s'eftoient  mis  en  armes  en  afibmbtée  de  gens  \  fur 
quov  fe  font  enfuis  aucunes  divifions  fie  voyes  de  fait  \  pour  obvier  auf» 
quelles  ,  fie  aux  dommages  ^  inconveniens  qui  en  pourroient  advenir  ^ 
^  ^^x^  pour  UQurrir  bonne  paix  ^  union  çna:ç  le  Roy  fie  Içfdits  Sei- 


DE  PHIL.  DE  COMTNES.  jïj  ^^_^^__^ 

Sears  $  afin  qu'on  puiCCe  mieux  vacquer  &  entendre  aux  chofes  neccf-  ^""^T^ 
jrea  pour  le  bien  &  ucitité  delà  chofe  j>ubUque  »  &  dudit  Royaume  >     ^4^5 
ont  efté  traitées'»  appointées  &  accordées  entre  eux  les  chqTes  qui  enfui- 
vent. 

I.  • 

r 

i  -  - 

pREMisasMENT.  Que  toutes  manières  de  guerres  te  voyes  défait 
d'entre  le  Roy  &  lefdits  Seigneurs  ,  leurs  hommes  »  raflaux ,  fubjets  i 
leurs  adherans ,  alliez  >  amis  &  bienveillans ,  de  quelque  eftat  ou  condi- 
cion  qu'ils  foient ,  en  quelque  pays.  Terre  ou  Seigneurie  que  ce  foit  » 
nxL  Royaume  ou  dehors,  à  caufe  defdites  divifions  &  dificrençes ,  cedè'^ 
ront  aorefnavant  d'une  part  6c  d'autre ,  &  demourront  en  bonne  paix, 
amour  &c  tranquillité  -,  Se  feront  le  Roy  &  lefdits  Seigneurs  aller  leurs 
sens  de  guerre  fur  leurs  lieux  ,  &  fans  faire  fejour ,  au  pluftoft  que  faire 
iepournu 

IL 

Item.  Que  de  quelconaues  chofes  qui  fe  foient  enfuis  à  roccafion 
defdites  divifions  d'un  cofte  Se  d'autre ,  ne  pourra  jamais  aucune  cho(e 
cftre  imputée,reprouvée,ne  demandée,ne  moleftation  faite  par  p»rocès  ne 
autrement ,  en  quelque  manière  que  ce  (bix  à  aucuns  defdits  Seigneurs , 
fie  des  adherans ,  ferviteurs ,  fubjets  &  alliez ,  amis  Se  bienveillans  d'une 
paît  &  d'autre  ;  ainçois  demeureront  en  bonne  feureté  en  quelque  part 
qu'ils  foient  ou  demeurent ,  au  Royaume  ou  dehors ,  fans  ce  que  le 
pays  du  Rov,  ne  defdits  Seigneurs  leur  puiflent ,  ne  aucun  <i'eux ,  auau 
ne  chofè  eitie  imputée  ou  demandée. 

I  I  r.  • 

lum.  Que  lefdits  Seigneurs  ne  feront  ou  mouveront  par  eux ,  ne  pat 
âbere  à  ToccaHon  defdites  cho&s  pallees  ne  autrement ,  guerre  ou  dom« 
mace  foit  fait  au  Roy  par  autres  Seigneurs  oa  Conimunautez ,  Se  n'y 
bailleront  ayde  ou  fecours  en  quelque  manière  que  ce  foit ,  pour  caufe 
defdites  chofes  paflees,  ne  autres  quelconques  ;  ainçois  ferviront  Se 
pbéyront  au  Roy  »  ainfi  que  tenus  y  font.  ^  « 

IV. 

\  Ittm.  Aufli  le  Roy  par  iuy  ne  par  autres ,  à  l'occafion  defdites  chofes 
{Kdfêes ,  ne  autrement ,  ne  fera  ou  mouvera  guerre  ou  dommage  aufdirs 
Seignemrs  ne  à  leurs  adherans ,  fubjets  ,  alliez  ou  ferviteurs ,  &  ne  pro- 
curera que  guerre  ou  dommage  leur  foit  fait  par  autres  Seigiieurs  ou 
Communaurez ,  &  n'y  baillera  ayde  ou  fecours  en  aucune  manière  pour 
caufe  des  chofes  paffèes,  ne  autres  quelconques  ;  ain^ois  les  aydera  Se 
iervira  comme  fes  bons  parens  &  fubjets  ,  &  de  leurs  perfonnes  *,  &  pa- 
reillement lefdits  Seigneurs  &  leurs  Officiers  ne  procéderont  à  l'encour 
tre  des  ferviteurs  âr  adherans  du  Roy ,  pour  auciïti  cas  ou  maléfice  *  que 
l'en  leur  vot^lra  demander  ou  impofer ,  par  voye  de  fait ,  prinfe>  arreft 
Tome  II.  Ttt  ou 


V, 


i: 


V 
./ 


514  I>REUVES  DES  MEMOIRES 

j  .  ^,      OU  détention  de  leurs  perfonnc$  ,  ne  autrement  ^ue  ce  foit ,  par  bonne 
&  mure  délibération  ,  &  ainfi  que  deilùs  a  eftéVhc  de  la  partie  du  Roy. 

• 

lum.  Pour  pourveoîr  aux  plaintes  &  doléances  »  qui  de  la  part  defdits 
Sekheurs  >  &  de  plufieurs  des  fubjets  du  Roy ,  luy  ont  efté  faites,  aiicuns 
de(ordres  &  fautes ,  que  on  dit  eftre  au  fait  de  TEelife,  de  Juftice,  &  de 
plufieurs  griefs ,  exadiions  &  vexations  indues  ,  a  la  grand  charge  du 

{)euple,&  bien  puÛic  du  Royaume,  a  efté  appointé  &  traidie  <^ue 
e  Roy  commettra  trente-fix  notables  hommes ,  lefquels  il  a  commis  \ 
c'eft  à  fçavoir ,  douze  Prélats  &  notables  gens  d'Eglile  5  douze  notables 
Chevaliers  &  Efcuvers  \  douze  notables  gens  de  Confeil  &  de  Juftice , 
aufquels  le  Roy  a  donné  plein  pouvoir  &  autorité ,  &  commiilioa  d  eux 
afîèmbler  en  la  Ville  de  •  •  •  •  &  d'eux  enquérir  &  informer  des  fautes  As 
ordres  delTuCdits ,  avecques  autres  chofes  touchant  le  bien  public  & 
univerfel  dudit  Royaume  -,  &  de  oyr  &  recevoir  toutes  les  remonftran* 
ct'&  &  advertidemens  oui  touchent  ce  que  dit  eft ,  leur  feront  faites  &: 
baillées  ;  &  fur  toutc;s  tes  chofes  deflùfditcfi  &  leurs  circonibances ,  advî^- 
fer ,  délibérer  &  conclure  les  réparations ,  provifions  &  remèdes  con- 
venables au  bien  public  dudit  Royaume,  deidits  Seigneurs ,  de  i^  fub- 
jets &  de  la  chofe  publique  du  Royaume  >  à  la  confervation  &bon  ordre 
de  Juftice ,  des  droits  &  franchifcs  de  tEglife ,  des  Nobles ,  autres  vaC- 
iaux  &  fubjets ,  le  foulagement  &  defcharges  du  peuple  &  du  Rovaume  \ 
&  à  ce  Que  d'orefnavant  &  fainte  Eglife  puiflè  eftre  révérée ,  le  Divin 
fervice  rait,  Juftice  adminiftrée  ,.&  marchandise  avoir  Çon  cours.,  ic  tout 
le  peuple  du  Royaume  demeurer  en  repos ,  libertés  &  bonne  tranquillité», 

V  L 

lum.  Lesquels  advis,  délibérations^  &conclufions,  ainfi  &  par  h 
manière  qu'il  auroient  efté  faits ,  accordez  &  conclus  par  lefdites  trente- 
fix  perfonnes  ,  ou  la  plufpart  d'entre  eux ,  tant  par  Icmonce  d'Ordon- 
nances ,  Edits perpétuels,  Déclarations  ou  autrement ,  le  Roy  veut  & 
ordonne  dès  à  préfent ,  comme  pour  lors  &  dèsrlors  »  comme  a  prefeni^ 
valoir  &  fortir  leur  plein  effet ,  fie  eftre  entretenus  fie  gardez  félon  leurs 
formes  fie  teneur ,  comn^e  fe  Uiy^meûne  en  fa  perfonne  les  avoir  faits  f 
fie  d'abondant  dedans  quinze  jours  après  qu'ils  feront  rapponez  au  Roy 
il  les  autoriferâ  fie  approuvera ,  ainfi  âc  par  la  manière >  queparle(3it$ 
ttente-fix  atira  efté  aclvifé  fie  condud',  fie  leur  en  baillera  fes^  Lettrer, 
lefquelles  feront  leues,  publiées  fie  enregiftrées  en  la  Cour  de  Parlement, 
tn  k  Chambre  des  Comptes ,  es  Baillages  fie  Senefchauflees  Royaux ,  fie 
les  gardera  fie  fera  garder  en  tous  leurs  points -,  mandera  à  fadite  Cour 
de  Parlement ,  aux  Baillifs ,  Senefçhaux ,  fie  autres  JufBciers  dudit 
Royaume,  de  les  garder  fie  entretenir  fans  enfraindre,  ne  jamais  aller 
au  contraire  \  fie  des  maintenant  veut  fie  ordonne  que  lefdits  Senefçhaux, 
Baillifs  fie  Jufticiers  jiftent  fie  promettent  ainfi  le  fair« ,  fie  né  feront  bail- 
lées par  le  Roy  Lettres  en  (a  Chancellerie >  ne  ailleurs,. i  l'enoonore 

defiditSf, 


> 


DE  PHIL.de  COMÎHES.  ji^ 

defdits  advis  faits  &  accordez ,  comme  dit  eft  *,  Se  efquelles ,  fe  elles  . 

eftoienr  baillées  par  le  Roy  en  ladite  Chancellerie ,  tic  ailleurs ,  ne  fera     *  4^  5 
en  ce  cas  obéy  par  lefditsde  Parlement,  Baillifs  ,*Senefchaux  Se  autres 
Jufticiers  ;  Se  pareillement  lefdits  Seigneuts ,  fans  pour  ce  empefcher  la 
Tove  de  Jaftke  >  ne  l'autorité  du  Roy  es  cas ,  aind  qu'il  appartient ,  qui 
si'ecouteroient  lefdites  dhriiions  Se  dmèrences. 

VIL 

Item.  Que  lefdits  Seigneurs  >  leurs  hommes  »  vailàux ,  fubjets  >  fervi- 
teurs  ou  adhei^ns ,  tant  du  Roy  que  defdits  Seigneurs ,  tant  d'un  cofké 
que  d'autre ,  retourneront  franchement  &  quittement  en  leurs  maifons  > 
places  9  héritages ,  rentes  Se  revenus ,  &  biens  meubles  ,  quelque  parc 
qu'ils  foîent ,  loit  au  Royaume  ou  dehors ,  &  fans  que  à,  cette  caufe  rieii 
leur  en  puiflè  eftre  retenu ,  querellé  ou  demandé  au  temps  advenir  *,  Se 
feront  &  demeureront ,  font  &  demeurent  par  cedit  Traitié ,  ^  en  leurs 
jouiflahces ,  poflèflîons  &  faifines  ,  efquelles  Se  ainH  qu'ils  eftoienr  para* 
vant  içfditesdiviHons,  nonobftant  quelconques  dons,  ceffions,  tranf^ 
ports  ,  occuj)ations  ou  empefckemens  qui  leur  ayent  efté  faits  par  le  Roy 
ou  lefdits  Seigneurs ,  ou  par  autres  à  leurs  caufes  &  moyens ,  fous  cou-^ 
leur  de  juftice  ou  aurrement ,  depuis  lefdites  divifîons  ou  aucunes  d'icel^ 
les  y  lelquels  empefchemens  font  &  feront  nuls  ,  Se  de  nul 'effet,  comme 
choie  non  advenue ,  Se  eft  permis  à  tous  les  deilufdits  d'entrer  ou  lever 
lefditfibiens ,  comme  devant  >  de  leur  autorité ,  fans  aucun  miniftere  de 
juftice  ^  &  fe  meftier  eft ,  en  feront  baillées  Lettres  i  carf,  qui  les  reque^ 
reront,  telles  que  befoin  fera.  '  ^ 

V  II  L 

*  Item.  Que  les  biens  meubles  eftans  en  nature  de  diofes,  qui  ont  efté 
prins  Se  empefchez ,  fous  couleur  de  Juftice  ou  autrement ,  que  par  voye 
ou  exploit  de  guerre  ,  feront  délivrez  *&:  defpechez  >  &  reftituez  à  ceux 
aufquels  ils  apparrenoient  paravanr  lefdites  4ivi(ions  y  Se  pareillement 
feront  rendus  Se  reftituez,  tous  les  biens  qui  auront  efté  prins  durant  les 
trêves.  .  . 

IX. 
%. 
Jum.  Que  les  Villes  Se  G>mmunaute2  c^ni  ont  obéy  Se  adhéré  à  Vvtn 
party  ou  à  i'autse ,  ne  feront  pour  ce  maltraitées ,  Se  ne  leur*  fera  fsàt  ou 
donné  aucun  trouble,  d'eftourbier  ou  erapeichement  en  leurs  droits  y 
privilèges ,  franchifes  &  libertez ,  ainçois  y  demeureront  idnfi  qu'ik 
eftoicnt  paravant  lefdites  diviiîons. 

■       •'  X. 


1 ,  ..':.•.* 


lum.  Tant  par  le  Roy ,  que  par  lendits  Seigneurs  feront  rendues  Se 
délivrées  les  Villes  &  Places  prinfes  &  occupées  de  l'un  party  fur  l'au- 
tseipaufedefditesdivifions.  ^  .        «^ 

Ttti  XL 


^*^ 


T 


5i<^  PREUVES  DES  MEMOIRES 

14^5-  XI. 

lum.  Le  Roy  ne  coAtraindra  lefdics  Seigneurs  a  venir  devers  lûy  »*  fi 
ne  feront  tenus  d'y  venir  en  ietirs  perfonnes  >  fans  que  pour  ce  lefdits 
Seigneurs  foient  exempts  des  fcrvices  qu'ils  doivent  au  Rov  ï,  caufe  de 
leur  fidélité ,  quand  befoin  fera  »  pour  la  defifenfe  &  bien  évident  dudit 
Royaume* 

XII. 

lum.  Et  quand  le  plaifir  du  Roy  fera  de  venir  es  places  &  niai£bns 
defdits  Seigneurs ,  efquelles  ils  feront  en  leurs  perfonnes  >  il  leur  fenb 
icavoir  trois  jours  devant  fa  venue  »  auffi  lefdits  Seigneurs  ne^ viendront 
devers  le  Roy  >  fans  premier  envoyés  devers  luy  pour  fçavolr  fou  boi» 
plaifir  &  cotuentement. 

X  I  I  L 

lunu  Se  on  vouloit  impofer  ou  imputer  aufdits  Se^neun ,  leurs  adhe- 
rans  ou  ferviteurs ,  en  aucuns  cas  ou  maléfices ,  le  Roy  ne  procédera  à 
rencontre  d'eux  par  voye  de  fait  »  prinfe-»  ou  détention  de  leurs  i>erfoii«» 
nés  ne  autrement  »  que  ce  ne  foit  par  bonne  &  meure  délibération  d» 
Confeil ,  &  à  bonne  &  fuffifante  caufe  >  information  précédente  >  &  ea 
termes  fuffifans  &  de  bonne  jufUce ,  &  en  gardant  les  droits  >  dignitez 
ic  prérogatives  defdits  Seigneurs  »  feront  tenus  de  garder  &  entretenir 
lefdits  advis  &  delH>erations  &  condufions  «  &  de  les  faire  garder  par 
leurs  Officiers  en  tous  leurs  points  »  qu'ib  le  promettront  &  jureront  5 
comme  dit  cft.  *  * 

X  I  V. 

lum.  Durera  le  pouvoir  &  conutiifllon  defdits  trente-fix  >  deux  mois 
i  compter  du  temps  qu'ils  conunencéront  à  befogner,  &  auront  puiflànr 
ce  de  proroger  ledit  temps  quarante  jours  >  pour  une  fois  ^  &  fe  il  adve* 
noit  que  aucuns  defdits  trenre-fix  allaflènt  de  vie  à  trefpas  >  fuflènt  ma* 
kdes  y  ou  tellement  occupez  qu'ils  n'y  pufient  vacquer  .&  entendre  >  en 
ce  cas  les  autres  y  fubrogeront  tels  qu'ils  verront  en  leur  confcience,  âc 
commenceront  4  befogner  le  quinzième  jour  de  Décembre  prochain  ve-^ 
nant. 

X  V^ 

.  lum.  Le  Roy  fc  le£Iits  Seigneurs  tiendront  >  garderont  &  accomjrfi^ 
tont  entièrement  en  tous  leurs  points  les  traitiés  éc  accords  entre  eux», 
tant  touchant  l'appanajge  de  Monfieur  de  Normandie  >  que  autres  chofes 
faites  &  accordées  aufdits  Seigneurs,&  4  diacun  d'eux  leursadherans>fans. 
jamais  faire  ou  procurer  direâement  ou  indiredlement.  au  contraire  y, 
tout  ainfi  que  fe  lefdits  contrats ,  accords  &  appointemens  eftoient  in* 
ferez  &  incorporez  en  ces  fnrefens  articles». 

X  V  L  ' 

lum.  Pource  que>à  caufe  defdites  diiferenccsje  Roy  a  £ùt  prendre  &. 

•  mettre 


DE  PHIL.  DE  COMINES.        .    517 

mettre  en  fa  main  les  Terres  &  Seigneuries  de  Parcenav  »  Vouvant»  Mai-  ^^;^;^ 
rêvent ,  Secondignv  >  le  Couldray  >  Salvart  &  Cliaftillon  *,  & aufli par  le  146  y 
moyen  de  certain  don  &  tranfporc  que  feu  le  Roy  Charles  en  fift  au  Roy 

3ui  à  prefent  eft ,  le  Roy  en  a  fait  don  &  tranfport  i  Monfîeur  le  Comte 
u  Maine  >  fon  Oncle ,  lequel  en  a  prins  &  appréhendé  de  la  poflefSon 
en  defpoincant  Monfieur  le  Comte  de  Dunois ,  rant  defdites  Places  » 
Terres  &  Seigneuries  »  qu'il  tenoit  Se  poflèdoit ,  au  moyen  du  don  &c 
tranfport  qu'd  luy  en  avoit  e(Vé  fait  par  ledit  feu  Roy ,  6c  depuis  con* 
firmez  par  le  Roy  qui  à  prefent  eft ,  dont  les  Lettres  avoient  &  onteftc 
vérifiées  &  expédiées,  tant  en  la  Chambredes  Comptes,  qu'en  la  Cour  de 
Parlement ,  a  efté  appointé  &  accordé  pour  le  bien  de  la  paix ,  en  quoy 
mondit  Seigneur  de  Dunois  s'eft  grandement  employé  que  mondit  Sei-  • 
gneur  du  Maine  délaiÛeroit ,  lequel  dès  à  prefent  delaiflè  &c  renonce  à 
tout  le  droit  qu'il  pou  voit  prétendre  &  avftir  es  Terres  de  Partenay,  &c. 
&  qu'il  luy  en  bailleroit  fes  lettres  de  renonciation  à  mondit  Sieur  de 
Dunois  ,  enfemble  les  Lettres  des  dons  à  luy  faits ,  Se  que  le  Roy  con* 
firmeroit  &  en  bailleroit  fes  Lettres  de  connrmation ,  de  cenaine  fcien* 
ce  du  don  fait  à  mondit  Seigfteur  de  Dunois  par  ledit  feu  Roy ,  en  da^ 
clarant  qu'il  veut  Se  ordonne  que  ledit  don  fortifie  fon  plein  effet  *»  Se  d'a- 
bondant ,  afin  que  ledit  Seigneur  de  Dunois  ne  fuft  empefché  ou  mblefté 
fous  ombre  dudit  don  fait  au  Roy  par  le  feu  Roy  fon  père,  que  le  Roy 
a  fait  don  &  tranfpprt  à  mondit  Seigneur  de  Dunois  du  droit  qui  luy 
pouvoit  apparrenir  au  moyen  dudit  don  à  luy  fait  par  ledit  feu  Roy ,  Se 
Autrement  délaifle  Se  tranfporté  à  mondit  Seigneur  du  Maine ,  Se  que  à 
mondit  Seigneur  du  Maine  foit  baillée  Se  délivrée  reaument  Se  de  fait 
la  poflèflion  ,  Se  paifible  jouiflànce  defdites  Terres  &  Seigneuries,  la« 
quelle  le  Roy ,  tant  de  par  luy ,  comme  de  par  Monfieur  du  Maine,  fera 
tenu  de  Sailier  promptement  Se  fans  delay  à  mondit  Seigneut  de  Dunt)is, 
Se  feront  baillées  &  rendues  i  mondit  Seigneur  de  Dunois  les  Lettres 
de  don  fait  p^  ledit  feu  Roy  au  Roy  qui  à  prefent  eft. 

X  V  I  L 

»  lum*  Au  regard  de  mondit  Seigneur  du  Maine  ,  pource  aufli  qu'il 
s^eft  employé  à  ladite  pacification ,  Se  pour  recompenie  du  droit  que  le 
Hoy  luy  avoit  donné  Se  tranfporté  ,  le  Roy  fera  tenu  de  le  récompen- 
ser, &  luy  donner  Se  bailler  pour  icelle  recompenfe  la  Terre  &  Seigneu- 
pe  de  Tadlebourg ,  laquelle  le  Roy  fera  délivrer  à  mondit  Seigneur  du 
Maine ,  Se  recompenfer  ceux  à  qui  elle  appartient.    • 

X  V  I  î  L 

liem.^n  JFaveur  de  ce  prefent  Trattié  >  Se  pour  le  bien  de  paix ,  Se 
àla  crès4iumble  reouefte  defdits  Seigneurs ,  le  Roy  a  reftitué ,  réintégré  & 
ieftablyAntboineqeChabannes,CcuntedeDampmartin,en  (es  honneurs, 
Chafteaux >  Places, Terres ,  Seigneuries, rentes,  revenus ,  droits  &  autres 
biens  immeubles,ainn  &  par  la  manière  queiceluy  Comte  de  Dampmartin 
Se  Damoifelle  Marguerite  de  Nanteuil ,  fa  femme ,  les  tenoient  &  poflè- 
^  T 1 1  j  doient 


••i. 


yi8  PREUVES  DES  MEMOIRES 

Y7^sT7  ^^^^^^  ^^  temps  du  trcfpas  du  feu  le  Roy  Charles ,  dernier  trcfpaflS  •,  8c 
^  ^'  aufli  en  Tes  biens  meubles  eftans  en  nature  de  chofe ,  quelque  part  qu'ils 
foient,  nonobftant  TArreft  prononcé  par  la  Cour  de  Parlement  à  i'encon- 
tre  dudit  Comte  de  Dampmartin  ,  en  Irous  dons  >  venditions  »  publica- 
tions &  verificaticMis  d*iceux ,  que  le  Roy  au  moyen  dudit  Arreft  avoit 
fait  ou  fait  faire  defdites  Terres  &  Seigneuries ,  &  biens ,  ou  d'aucunes 
d'icelles  -,  lefquelles  Places ,  Terres  ,  Seigneuries  &  biens  deflufdits ,  fe- 
ront pleinement  &  quittement  délivres  audit  Comte ,  &  les  détenteurs 
d'iceux  à  ce  contraints ,  fans  avoir  regard  audit  Arreft  ,  dons»  ceflions'> 
venditions ,  publications  Se  vérifications  d'iceux  >  ne  que  à  luy  ou  fe$ 
hoirs  y  ils  portent  ou  puiflènt  porter  aucun  profit  ou  dommage ,  &  fur  ce 
*  luy  feront  baillées  Lettres  telles  que  befoin  fera. 

•   X  I  X. 

Item.  Le  Roy  de  bonne  foy ,  en  parole  de  Roy  »  par  fon  ferment,  & 
auffi  lefdits  Seigneurs ,  de  bonne  foy ,  &  par  leurs  fermens  >  promettront 
Abjureront  tenir,  garder,  accomplir  &  dbferver  toutes  les  chofes  def- 
fufdites  en  tous  leurs  points  &  articles ,  &  de  les  faire  garder  &  accon^ 
plir  par  leurs  Officiers  &  fubjets  ,  fans  jamais  par  eux  ne  par  autres ,  di- 
redemcnt  ou  indireâement ,  couvertement  ou  en  appert ,  venir  au  con- 
traire ,  ne  foufFrir  que  autre  y  vienne  en  aucune  manière ,  fous  quelque 
couleur  ou  occafion  que  ce  foit  ou  puifle  eftre  ;  &  fe  le  Roy  ou  lefoics 
Seigneurs  faifoient  aucune  chofe  a  Tencontre ,  nç  leur  fera  obéy  par 
lefmts  Officiers  6c  fubjets  *,  Se  aufli  aucuns  des  Seigneurs  du  Sang ,  le 
Comieftable ,  Marefchaux ,  Admirai ,  Comtes ,  Barons  &  autres  nota- 
bles hommes  ,  la  Cour  de  Parlement ,  les  Prélats  &  bonnes  V^les  qui 
feront  nomifiées  de  la  ç art  du  Roy  *,  Se  auffi  les  autres  Comtes ,  Barons 
&  notables  homtpes ,  les  Prélats  &  bonnes  ViUcs'qui  y  feront  nommées 
de  la  part  defdits  Seigneurs ,  promettront  Se  jureront  tenir ,  garder  Se 
entretenir ,  &  accomplir  en  tant  que  en  eux  eft ,  &  fera,  toutes  les  cho- 
fes  dellufdites  ,  fans  jamais  venir  au  contraire  5  &  que  fe  le  Roy  ou  lef- 
dits Seigneurs,  faifoient  ou  vouloient  faire  aucune  chofe  au  contraire 
des  choies  deffiifdires  en  tout  &  en  partie ,  ils  n'y  ayderont ,  ferviront 
ne  affiftcront ,  ne  feront  ou  donneront  aucun  ayde ,  fervice ,  faveur  ne 
affiftancc  en  façon  ou  manière  gue  ce  foit  5  mais  feront  &  procureront  dç 
leur  pouvoir  que  toutes  chofes  faites  au  contraire  feront  reparées  &  re- 
mifes  au  premier  eftat  &  deu  félon  |e  vray  entendement  des  chofes 
deffufdites.  • 


promettront 

fuivront  ne  obtendront  difpenft ,  rciicvcmcnc  ou  rcciuon  lous  couicut 
d'auttes  promelïès ,  traitiez ,  appointemens ,  proteftation ,  procédures , 
ne  d'autre  couleur  ou  occafion  quelconque  5  &  fe  ils  obtenoient  Icfdi- 
tes  difpenfations ,  &  rclievement ,  recihon ,  ou  qu'elles  leur  fufïènt 
P^oyées  ou  accordées ,  ils  ne  s'en  ayderont  point,  &  feront  de  nul  effet. 

X2WI, 


DE  PHIL.  DE  CQMINES,  519 


fubUcAta  in  Parlamtnto  trigcjîmâ  OSobris  ;  anno  Domini  milltfimo  qua^ 
dringmicfimo ftxagtJlmQ  çimto^^  Chen£TEAU. 


L  X  V  I  I  I  *. 


f3*  En/idweni  Us  trtntt  Rx  ptrfonnts  ordonnées  pour  la  taufc  dcjjîifdiu  y 

de  la  réjbrmation  de.  CEtat. 


XXI.  •  X4^S« 

lum.  S^iladvenoic  que  aucuns  dcrdits  Seigneurs  fift  ou  voulâft  faire 
ou  entreprendre  aucune  chofe  contre  &  au  préjudice  defdits  Seigneurs, 
traitiez  &  appointemens ,  en  ce  cas  les  autres  Seigneurs  feront  tenus  de 
fervir  &  garder  le  Roy  à  Tencontre  d'iceiuy ,  ouceux  qpi  auroient  fait 
ou  voulu  faire  aucune  choie  au  contraire  â  ce  que  dit  eft  >  fans  leur 
faire  ou  bailler  audit  cas  >  ayde  ou  faveur^  quelconque.^ 

X  X  I  L 

.  lum.  AuiG  fe  le  Roy  faifoit  ou  vouloit  faire  aucune  entreprife  k  ren- 
contre defdits  Seigneurs  y  traitiez  &  appointemens  >  iceux  Seigneurs 
pourront  aydier  &  fecourir  les  uns  les  autres ,  fans<e  que  ife  ce  leuc 
puidè  aucune  chofe  eftre  imputée  ou  demandée. 

SçAvoiR  FAISONS ,  que  nous  de  certaine  fcience,  &  par  bonne  &C 
meuredeliberationdeConfeilavonsloué,  confemy  &approuvé%  louonsy 
confentons  &  accordons  tout  le  contenu  efdits  articles ,  &  iceux  entrer 
Aendrôns>  obferverons  &  garderons,  &c  ferons  entretenir ,  obferver  de 
garder  félon  le  contenu  en  iceux ,  fans  aucunement  faire ,  ne  fouflFrir 
eftre  fait >  ne  venir  au  contraire:  Si  donnons  en  mandement  par  ces 
prefentes  à  nosamez  &  feaulx  Confeillers ,  les  Gens  tenans  &c  qui  tien- 
dront noftre  Parlement  à  Paris,  que  ces  prefentes  &  le  contenu  en  icel- 
les ,  ils  entretiennent  &  gardent  entièrement  en  tous  èc  chacuns  leurs- 
points  ,  &  faflènt  entretenir  &  garder  fans  enfraindre  ne  fouffrir  efbe 
fait  ou  venir  au  contraire.   En  tefmoin  de  ce  nous  avons  fait  mettre  ce 


Tiré  Jês 

Premièrement,  tes  douze  Prélats^  M^rAbbé^^ 


Meâèigneurs  du  Mans. 

Paris* 
LiHeux. 
Reims. 
Langres. 
Orléans. 


Le  Doyen  de  Paris.  *  ^*  Grand: 

Maiftre  Jehan  de  Courcelles*- 
Eftienne  le  Fournier. 
Jehan  Sellier. 
Jehan  de  Ilolive.- 


Les  douze  Chevaliers  Se  Efcuyers* 

Mefleigneurs  de  Dunois.  |         Preffigny. 

UAdmiral.^  '         Montforeau.- 


kfeflîre 


JIO 


u^r- 


PREUVES  DES    MEMOIRES 

Traynel.  • 

Memre  Jchati  de  ^oncegiu 
Torcy. 
ChaiimoQt. 


Médire  Lovs  de  Beaumonc; 
Melfire  Jcnan  Meno. 


De  Rembare. 
George  de  Houer. 


Les  douze  Gens  de  G>nfeil« 


Dauvet. 
BouUengier. 
>laiftres  Jacques  Fournier. 
Berthelemy  Cloiftre. 
GuiUaume  de  Paris. 
Franchois  Halle, 
Pieije  Doriole. 


Denis  d*Au5cerre. 
Jehan  l'Enfant 
Jouachim  Jouvelin. 
Jacques  Fournier  >  Juge  d« 

Mans. 
Guillaume  Hugoner. 


L  X  V  I  I  I  ♦  ♦. 
•  fer   Publication  ic  la  Paix. 

Tiré  des  T    *^^  "^^'  q^uatre  cens  foixance-cinq,  le  vîngt-ncuvîefme  jour  d'Oft<ft 

Recueils  dç  J^  ^^^  ^^^  ^^^  ^^  ^^î^  <^fî^^  P^^  ^ous  les  catrefours  de  Paris  >  ic  or« 

M.  l'Abbé    donnée  par  le  Roy  noftre  Sire ,  &  Monficur  le  Conneftable  de  France  3 

Le  Grand,     qiie  les  Hérauts' de  luy ,  &  de  Mefficurs  du  Maine  &  d'Alençon ,  feroient 

à  faire  crier  ladite  Paix  avecques  un  Huiflier  d'Armes  du  Roy ,  un  Greffier 

ÔC  un  Trompette ,  ainfi  qu'il  enfuit  : 

On  fait  fçavoir  à  tous  Par  le  Roy  &  Monfeigncur  le  Conneftable  de 
France  y  que  bon  traitié  &  accord  lont  faits  çntre  4e  Roy  &  Monfieur 
le  Duc  de  Normandie ,  &  autres  Seigneurs  du  Sang  joints  &  adherans 
avecquesluy ,  tant  pour  eiflt,  leurs  ferviteurs  ,  fubjets,  alliez  ^  amis  & 
bienveillans  d'une  part  &  d'autre. 

Par  lequel  accord  toute  guerre  &  voye  de  fait  celle  tant  d'une  part 
que  d'autre ,  &  fait-on  dcftcnfe  à  tous ,  quels  qu'ils  foient ,  que  d'oref- 
navant  ils  ne  procèdent  ou  fa(Icnt  procéder  par  voye  de  fait ,  ne  autre- 
ment en  aucune  manière,  fur  peine  d'eftre  punis,  comme  rranfgrellcurs 
de  paix. 

Et  eft  defFendu  que  à  caufe  dcfdites  divifions ,  ne  de  chofe  qui  s]en 
eft  enfuivic ,  on  ne  reproche  aucune  chofe  les  uns  aux  autres  fur  peine 
d'eftre  punis ,  ainlî  que  s^u  cas  appartiendra.  " 

Item.  Eft  appointe  que  chacun  retournera  tant  d'une  part  que  d'autre, 
en  fes  héritages ,  poflèffions  &  biens  immeubles ,  &  auffi  en  les  meubles 
eftâns  en  nature  de  chofe ,  qui  ont  efté  prinsôc  occupez  par  voye  de  Juf- 
tice  ou  autrement  •,  &  ne  fera  aucune!  chofe  imputée ,  ne  demandée  par 
procès,  ne  autrement  à  aucuns  d'une  part  8c  d'autre ,  pour  quelconque 
chofe  qui  en  foit  enfuyvie  à  caufe  défaites  divifions ,  comme  plus  âplaia 
eft  déclaré  es  Lettres  fur  ce  faites. 


LXIX. 


DE  PHIL  DE  COMINES.  jii 

LXIX.  M^J- 

'Autre  accord  de  Paix  fait  â  Saint'^Maur-dcS'Foffc^  entre  Us  Ducs  de 
NarmandU  ,  de  Bretagne  ,  de  Calabre  y  &  de  Zorraine  ,  de  Bourbon^* 
nais  y  d^ Auvergne  &  de  Nemours  y  les  Comtes  de  Ckarolois  ,  d^Arma-- 
gnac  ,  de  SainB-Pol ,  &  autres  Princes  de  Franu ,  foufieve^Jous  le  nom 
du  Bien  Public  ^  d*une  part  y&  le  Roy  Louys  XL  d'autre  ,  fan  mil 
quatre  uns  foixante^cinq  ^  le  vingt^neuviefffu  OSobre. 

CHARLES ,  Fils  &  Frcrc  -de  Roy  de  France ,  Doc  de  Normandie  \  ^  Tiré  Je 
François ,  Duc  de  Bretagne  •,  Jean ,  Duc  de  Calabre  &c  de  Lorraine  ^  TEdition 
Charles  de  Bourgogne ,  Comte  de  Charolois  ;  Jean ,  Duc  de  Bourbon-  ^^' 
nois  &  d'Auvergne  j  Jacques ,  Duc  de  Nemours ,  Comte  de  la  Marche  j  ^  ^^' 
Jean ,  Comte  d*Armaenac  ;  Loys  de  Luxembourg  >  Comte  <le  Sainc-Pol  ; 
Charles  y  Comte  d'Albret  ;  &  Jean  >  Comte  de  Dunois.  A  tous  ceux  qui 
ces  j^refentes  Leares  verront ,  Salut  :  CommepourappaiTerlesdifFerensfic 
divmons  meues  entre  Monfieur  le  Roy, d'une  part^Nous  &c  pluHeurs  nota« 
blés  honmics  de  ce  Royaume,  joints  &  adherans  avec  nous ,  d'autre  part, 
cenains  tuitez  6c  appointemens  ayent  efté  advifez  &  accordez  entre 
mondit  Sieur  le  Roy  &c  nous ,  ainfi  que  plus  i  plein  eft  contenu  en  cer« 
tains  articles ,  dont  la  teneur  s'enfuit  &  eft  telle  :  Comme  Monfieur  le 
Doc  de  Normandie,  &c  n'agueres  Duc  de  Berry ,  &  plufieurs  autres  Ats 
Seigneurs  du  Sang ,  joints  &  adherans  avec  luy ,  ayent  fait  remonftrer  au 
Roy  qu'ils  s'eftoient  unis  &  allèmblez  enfemble  pour  venir  par  devers 
luy ,  &  pour  luy  faire  aucune*  remonftrances  ic  requeftes  touchant  le 
fait  &  ordre  de  la  Juftice ,  &  bien  public  du  Royaume  ',  ce  qu'ils  n'ont  pu 
faire  ne  accomplir  pour  aucuns  rapports  à  eux  faits ,  portans  menaces  -y 
&  i  cette  caufe  fie  nour  la  fureté  de  leurs  perfonnes  ,  s'eftoient  mis  fus 
en  armes ,  &  en  aUemblée  de  gens ,  fur  quoy  fe  font  enfuivies  aucunes 
divisons  &c  voyes  de  fait  \  pour  obvier  aufquelles  ,  fie  aux  dommages 
^  inconveniens  q«ui  en  pourcoient  arriver ,  fie  aufli  pour  nourrir  bonne 
paix,  amour  fie  union  entre  le  Roy  fie  lefdits  Seigneurs ,  afin  qu'on  puiflb 
mieux  vacqoer  aux  chofes  neceflàires  pour  le  bien  fie  utilité  de  la  chofe 
publique  du  Royaume ,  ont  efté  traitées  fie  appointées  entre  eux  les  cho« 
les  qui  s'enfuivent  : 

Premièrement.  Que  toutes  manière  de  guerres  fie  voyes  de  fait  d'en- 
tre le  Roy  fie  lefdits  Seigneurs ,  leurs  homofies ,  vaiHtux  Se  fubjets ,  leurs 
adherans ,  alliez ,  amis  fie  bienveillans ,  de  quelque  eftat  ou  condition 
qu'ils  foient ,  en  quelques  pays.  Terres  fie  Seigneuries  que  ce  foit,  au 
Royaume  ou  dehors ,  a  caufe  defdites  divifions  ou  ditferens ,  céderont 
d'orefnavant  de  part  fie  d'autre ,  fie  demeureront  en  bonne  paix ,  amour 
fie  tranquillité ,  Se  feront  le  Roy  fie  lefdits  âeurs ,  retirer  leurs  gens  de 
guerre  lur  leurs  lieux ,  fans  faire  fejour ,  au  pluftoft  que  faire  fe  pourra* 
'  1 1.  Item.  Que  de  quelconques  chofes  qui  it  foient  enfuivies  a  caufe 
defdites  dividons ,  d'un  cofté  fie  d'autre ,  ne  pourra  jamais  aucune  chofe 
cftre  imputée ,  reprochée ,  ou  demandée ,  ne  molcftation  faite  par  jpro- 
çh  ny  autrement ,  en  quelque  manière  que  ce  foit ,  à  aucuns  deldits 
Tome  IL  Vuu  Seigneur^ 


5*i  PREUVES  t)ES  MEMOIRES 

^        Seigneurs ,  ny  des  adherans ,  ferviteurs ,  fubjecs  >  alliez  »  amîs  &  bien^ 

^   ^  *     YeiUans ,  dHine  {)arc  6c  d'autre ,  ainçois  demeureront  en  bonne  feureté 

quelaue  part  qu'ils  foient,  ou  demeurent  au  Royaume  ou  dehors  >  fans 

que  de  Ta  part  du  Roy ,  ne  defdits  Seigneurs ,  leur  puiife ,  ne  à  aucuns 

d'eux ,  aucune  chofe  eftre  imputée,  reprochée  ou  demandée. 

III.  Item.  Que  le£dits  Seigneturs  ne  feront  ou  mouveront  par  eux  ny 
par  autres ,  à  l'occafion  defdites  chofes  paflees ,  ne  autrement ,  guerre 
ou  dommage  au  Roy  >  &  ne  procureront  que  guerre  ou  dommage  luy 
foit  fait  par  autres  Seigneurs  ou  Communautez,  &  n'y  bailleront  ayde  & 
fecours  en  quelque  manière  que  ce  foit  >  pour  caufe  defdites  chofes  paf* 
fées ,  ne  autres  quelconques,  ainçoisr  fervnront  8c  obéyront  au  Roy ,  ainii 
que  tenus  y  font. 

I  y.  lum.  Auifi  que  le  Roy,  ne  par  luy ,  ne  par  autres,  àToccafionp 
defdites  chofes  paflees,  ne  autrement  f  ne  fera  ou  mouvera  guerre  ou 
dommage  aufdits  Seigneurs ,  ne  à  leurs  adherans ,  fubjets ,  ferviteurs^  ou 
alliez ,  Se  ne  procurera  que  guerre  ou  dommage  leur  foie  faiterpar  aurre9 
Seigneurs  ou  Communautez  ;  &  ne  baillera  ayde  ne  fecours  en  aucune 
manière  pour  caufe  defdites  chofes  paflees ,  ne  autres  quelconques  y 
ainçois  les  aydera  de  fecourra  comme  fes bons  paren&&  fubjets,  &  fans 
toutesfbis  pour  ce  empefcher  k  voye  Se  pourfmte  de  Juftice ,  ne  l'auto- 
rité du  Roy  es  cas ,  êc  sânû  qu'il  appartient  félon  raiÂ>n  >  en  aurres  cas 
qui  n'appaniennent ,  &  ne  concernent  lefdits  difFerens  &  divifions. 

V.  liem.  Que  les  hommes  &  vaflàux ,  fubjets,  ferviteurs  8c  adherans» 
tant  du  Roy ,  comme  defdits  Seigneurs,  qui  ont  tenu  partys  tant  d'un 
cofté  que  d'autre,  retourneront  &  retournent  franchement  acquitte- 
ment en  leurs  maifons ,  places ,  hérita^  >.  rentes ,  revenus  &  biens  im* 
meubles ,  quelque  part  qu'ilsfoient ,  (oit  au  Royaume  ou  dehors.  A:  fans 
qu'à  cette  caule  rien  leur  en  puiilè  eftre  retenu  ,  qnerdléou.  demandé 
lie  tems  advenir  >  8c  feront  Se  aemeureront ,  font  &  demeurent  par  cedit 
Traité  en  leurs  jouïflànces  »  pollèflions  &  fkifines ,  efquelles  8c  ainâ 

Su'ils  eftoient  auparavant  lefiites  divifions  >  nonobftant  quelconques 
ons ,  ceffions ,  tranfpons ,  occupations ,  ou  empefchemens  qui  leur 
ayent  efté  faits  par  le  Roy  ou  le(dirs  Seigneurs,  ou  par  autres  à  leurs^ 
caufes  &  moyens,  fous  couleur  de  luftice  ou  autrement ,  depuis  lefdi« 
tes  diviiions ,  &  à  l'occafion  d'icelles  v  leiquels  empefchemens  font  8c 
feront  nuls,  &  de  nul  eflFct ,  comme  chofes  non  advenues j  &  cft  permis 
à  tous  Tes  deâitfdirs  d'entrer  en  leuirfdirs  biens ,  comme  devant ,  de 
leur  authorité,  &  fans  aucun  miniftere  de  Juftice*,  8c  ftmeftier  eftoit 
en  feront  baillées  Lettres  à  ceux  qui  les  requerront ,  telles  que  befoin 
fera. 

y  I.  lum.  Que  les  biens  meubles  eftans  en  nature  de  chofe ,  qui  ont 
efté  pris  &  empefchbz  fous  couleur  de  Juftice  &  autrement ,  par  voye  & 
exploit  de  guerre,  feront  délivrez,  depefchez  &  reftituezi ceux  aufquek 
ils  appartenoient  paravant  lefdites  diviiions  r  Se  pareillement  feront  ren- 
dus &:  refticuez  tous  les  biens  qui  auront  efbé  pris  ob  empefchez.  durant 
fcs  trefves. 

VII.  Jnm.  Que  les  Villes  &  Communautez  qui  ont  obéy  &  adhéré 
i  un  oui  l'autre  parcy ,  ne  feront  pour  ce  maltraitées  >  Se  ne  leur  fera  £m 

oa 


DE  PHIL-  DE  COMINES.  513 

oa  donné  aucun  trouble ,  deftourbier  ou  empefchemenc  en  leurs  droits  > 
privilèges,  oârois,  franchifes  &  libertez»  ainçois  y  demeureront  ainfi     ^4^  S 
qu'ils  eftoient  auparavant  lefdites  divUions. 

VI  IL  lunu  Et  tant  par  Iç  Rpy  que  par  lefilits  Seigneurs ,  feront  ren- 
dues &  délivrées  les  Villes  &c  Places  prifes  &  occupées  cfe  l'un  party  fur 
Tautte»  iczxxCc  defdites  divifions. 

I X.  Itcnu  Le  &oy  ne  contraindra  lefdits  Seigneurs  à  venir  devers  luy» 
&  neferont  tenus  dj  venir  en  leurs  perfonnes ,  fans  toutesfois  que  par 
ce  iceux  Seigneurs  (oient  exempts  des  fervices  qu'ils  doivent  au  Roy  à 
caufe  de  leurs  fidelitez  >  quand  bcfoin  fera  >  pour  la  deffenfe  &  bien  évi^ 
dent  du  Royaume. 

X.  lum.  Et  quand  le  plaîfir  du  Roy  ièra  de  venir*ès  maifons  &  places 
defdits  Seigneurs ,  ê(quelles  ils  feront  en  leurs  perfonnes ,  il  leur  fera 
fçayoir  trois  jours  devant  fa  venue.  Aufli  lefdits  Seigneurs  ne  viendront 
devers  le  Roy  »  fans  pcemiecement  envoyer  devers  luy ,  pour  (Ravoir  fon 
boa  plaifir  &c  coafbntement. 

X  L  lum.  Si  on  vouloit  impo(cr  ou  imputer  aufdits  Seigneucs  »  ou  a 
leurs  adherans  &  iêrviteurs ,  aucun  cas  ou  maléfice ,  le  Roy  ne  proce- 
dera  ne  éera  procéder  i  T-encontre  d'eux  par  voye  de  fait ,  prife  »  arreft , 
ou  détention  de  leurs  perfonnes ,  ou  autrement  •  que  ce  ne  foit  par  bon- 
ne &  nrieure  délibération  de  confeil ,  &  à  bonne  &  fuffi(ànte  caufe  ^  in* 
fonnation  pcecedente  >  Se  en  termes  de  bonne  Juftice  »  &  en  gardant 
les  dcoits ,  dignitez  Se  prérogatives  defdits  Seigneurs  &  de  leurs  perfon- 
nes :  Et  pareiflement  kfdits  Seigneurs  Se  leurs  Ojiciers  ne  procéderont 
à  rencontre  des  ferviteurs  Se  adherans  du  Roy  5  pour  aucun  cas  Se  ma- 
léfice ,  que  Ton  leur  voudroit.impofer  »  par  voye  de  fait ,  prife  y  arreft , 
ou  détention  de  leurs  perfonnes  5  ne  autrement ,  que  ce  ne  foit  par 
bonne  Se  meure  délibération  »  &  ainfi  que  deflus  a  efté  dit  de  la  part 
du  Roy. 

XII*  lum.  Pour  pourvoir  aux  plaintes  Se  doléances  que  de  la  part 
defdits  Seigneurs  Se  de  plufieurs  fubjets  du  BLoy  >de  divers  wats ,  luy  ont 
efté  faites  d'aucuns  defordres  Se  fautes  que  Ton  dit  eftre  au  fait  de  l'Egli- 
(c  ,  de  la  Juftice  &  de  plufieurs  griefs ,  exa^ons  Se  vexations  inducs ,  à 
la  grande  charce>  foule  Se  donmiaee  du  peuple.  Se  du  bien  public  du 
Royaume  >  a  efté  traité  Se  appointé*  que  le  Rçy  commettra  trente-fix 
notables  hommes  de  fon  Royaume  >  &  lefauek  il  a  commis  %  c'eft  à  (^ 
voir  >  douze  Prélats  Se  notables  gens  d'Egufe  ,  douze  notables  Cheva- 
liers Se  Efcnyers ,  &  douze  notables  Gens  de  Confeil  Se  de  Juftice ,  auf- 
quelsle  Roy  doimera  Se  adonné  plein  pouvoir  &commiâion d'eux  a(Ièm« 
blet  en  la  Ville  de  •  •  •  ^ . . .  &  d'eux  enquérir  Se  informer  des  fautes  Se 
defordres  defiiifdits  ^  Se  autres  diofos  touchant  le  bien  public  Se  uni- 
verfel  du  Royaume  >  &  d'ouïr  &  recevoir  toutes  les  remonftrances  Se 
advertifièmens  >  que  touchant  ce  cjue  dit  eft  >  leurs  feront  faites  Se  bail-  ' 
lées ,  fur  toutes  les  chofes  dedufdites  »  leurs  circonftances  &  dépendan- 
ces ,  advifer ,  délibérer  &  conclure  lesçrovifions  >  réparations  &  reme* 
des  convenables  au  bien  du  Roy ,  defdits  Seigneurs ,  de  fes  fubjets  ,  Se 
de  la  chofe  publique  du  Royaume  ,  â  la  confervation  &  bon  ordre  de 
Juftice^  des  droits /libortez  S^  franchifes  deJ'Eglife,  des  Nobles»  Se 

Vutt  ^  autres 


1 


^^^^  514         PREUVES  DES  MEMOIRES 

■^  autres vaflaux  &  fubjecs >  foulagemetic  £c  dcfcharge. du  peuple  &  du 

^      ^  *     Royaume  *>  &  à  ce  que  d'orefnavanc  Dieu  noftre  Créateur  »  &  fatiiâe 

Eglife  puiilènc  eftre  révérés»  &  le  divin  fervice  fait ,  Juftice  adœiniftréc» 

marchandife  avoir  Con  cours*»  Se  tout  le  peiqxle  du  Royaume  demeurer 

en  repos ,  liberté  &  bonne  tranquillité» 

X 1 1 1.  Item.  Lefquels  advis  >  délibérations  &  conclufions  »  ainfi  Sc 
par  la  manière  qu'ils  auront  efté  faits  >  accordez  &  conclus  par  lefdite» 
trente- (ix  perfonnes  ^  ou  la  plufparc  d  entre  eux  »  tant  pat  fonne  d'Or-* 
donnance ,  Edits  perjpetuels  >  Déclarations  ou  autrement  »  le  Roy  veut 
&  ordonne  dès  à  prelent  >  comme  pour  lors  >  &  deflors  comme  à  mefent^ 
valoir  forcir  leur  plein  &  entier  effet  »  &  eftre  tenus  &  gardez  félon  leuc 
forme  &c  teneur  »  cdliime  û  luy-mefme  en  peifoone  \^  avoir  faits.   £c 
d'abondant  dedans  quina»  jours  après  qu'ils  auront  efté  apponez  an  Roy» 
il  les  authorifera  &  approuvera ,  aind  &  par  la  forme  &  otaniere  qœ  pac 
kfdits  trente-fix  aura  efté  advifé  &  conclu  >  &  en  baifiera  fes  Lettres 
patentes ,  lefquelles  Lettres  feront  publiées  &  enregiftrées  en  la  Cour 
de  Parlement  >  en  k  CbamJbre  dès  Comptes  >  &  Bailliages  &  Senefchauf' 
fées  Royaux ,  &  les  gardera  ôc  fera  gamer  eix  tous  leurs  points  :  Et  maa* 
dera  à  ladite  Cour  de  Parlement ,  aux  Baillifs  »  Senefchaax ,  ic  autres 
Officiers  dudit  Royaume ,  de  les  garder  &  entretenir  ,  ians  enftatndre 
ne  jamais  venir  au  contraire.  Et  dès  maintenant  veut  6c  ordonne  çiue  les 
Baillifs ,  Senefcbaux  ôc  Jufticiers ,  jurent  8c  promuettent  ainfi  le  faire  :  Et 
ne  feront  baillées  Lettres  par  le  Roy  en  fa  Chancellerie ,  tic  ailleurs  >  à 
rencontre  defdits  advis  faits  &  accordez ,  comme  dit  eft  :  Aafquelles 
Lettres  >  fi  elles  eftoient  baillées  par  le  Roy  en  (aditte  Chancellem,  ou 
ailleurs ,  ne  fera  en  ce  cas  obéy  par  lefdits  Confeillers  de  Parlement  > 
Baillifs,  Senefcbaux,  Sc  autres  Jufticiers.  Et  pareillement  lefdits  Seignecurs 
feront  tenus  de  garder ,  entretenir  lefdits  ^dvis,  délibérations  Se  conclu- 
ions ,  Sc  de  les  faire  garder  en  tous  leurs  points  par  leurs  Officiers  y  qui 
le  promettront  &  jureront,  comme  dit  eft. , 

XIV.  lum^  Durera  le  pouvoir  &  conEuniflion  defditstrente-fîx,  deux 
mois  à  compter  du  temps  qu'ils  commenceront  à  befogt»er ,  Se  auront 
puiffimce  de  proroger  quarante  jours  pour  une  fois  r  Et  s'ifadvenoit  qu'aux 
cyns  defdits  tiente-fix  allaft  de  vie  à  trefpas ,  fuftènt  malades  ou  telle* 
ment  occupez  ou'ils  n'y  poflent  vacquer  ou  entendre ,  en  ce  cas  les  autres 
y  fubrogeront  d'autres  >  tels  qu'ils  verront  en  leurs  confciences*,  &  com-^ 
menceroRt  i  befogner  le  quinzieûnc  jour  de  Décembre  prochainement 
venant. 

X  V.  Item.  Le  Roy  te  lefdits  Seigneurs  tiendront ,  garderont  &  ac- 
compliront entièrement ,  &  en  tous  leurs  points ,. les  traitez ,  accosds  & 
autres  appointemens  faks  &  accordez  entre  eux ,  tant  touchant  Tappa* 
nage  de  Monfieur  de  Normandie ,  que  autres  chofes  faites  &  accordées 
auldits  Seigneurs  >  &  à  chacun  d'eux ,  &  autres  leurs  adherans ,  fans  ja- 
mais faire  ou  procuier  direâiement  <m  indiredement  aucune  chofe  au* 
contraire ,  tout  ainfi  que  û  tous  lefdits  traitez  ,  accords  &  appointe- 
mens eftoient  nommément  Se  expreffi^ment  inferez  8t  incorporez  en  ces 
prefens  articles. 

X VL//^/iv»£t pourcequ'icaufe defdicsdifferensleRoy  a£ut prendre 

8c 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  515  _^^ 

te  mettre  en  fes  mains  les  Terres  &  Seigneuries  de  Parihcnay ,  Vouvcnc,  ^T^TT 
Maire  vent  »  Secondigny  >  le  Coudray ,  Salvart  &  Chaftillon  j  lefqueUes»  '^  '' 
au  moyen  defluTdit ,  &  auffi  par  le  moyen  de  certain  don  &  tranfport  > 

3ue  feu  le  Roy  Charles  en  fit  au  Roy,  qui  i  prefent  eft ,  le  Roy  en  a  fait 
on  &  tranfport  à  Moniieur  le  Comte  du  Maine,  fon  Oncle,  lequel  en 
a  pris  Se  appréhendé  la  pof&ilion  ,  en  defappointant  Monfieur  le  Comte 
de  Dunois  defdites  Places ,  Terres  &  Seigneuries  (ju'il  tenoit  &  poilè^ 
doit  au  moyen  du  don  ôc  tranfport  qui  luy  en  avoient  efté  faits  par  ledit 
feu  Roy  Charles ,  &  depuis  confirme  par  le  Roy  qui  eft  à  prefent ,  dont 
les  Lettres  avoient  &  ont  efté  vérifiées ,  tant  en  la  Cour  de  Parlement , 

2u  en  la  Chambre  des  Comptes ,  a  efté  appointé  &  accordé  pour  le  bien 
e  la  pau ,  en  quoy  Monfieur  de  Dunois  s'eft  grandement  employé,  que 
momut  Sieur  du  Maine ,  leauel  des  à  prefent  délai(!è  6c  renonce  entre 
les  mains  du  Roy  ,  tout  le  droit  qu'il  pouvoit  &  prétendent  avoir  efdites 
Terres  de  Parthenay  ,&c.  £t  qu'il  en  bailleroit  fes  Lettres  de  renonciarion 
à  mondit  Sieur  de  Dunois  ^  enfemble  les  Lettres  des  dons  à  luy  faits,  & 
que  le  Roy  confirmeroit  &  bailleroit  fes  Lettres  de  confirmation  de 
créance  >  àxi  don  fait  à  mondit  Sieur  de  Dunois  par  feu  le  Roy  fon  Père, 
en  déclarant  qu'il  veut  Se  ordonne  que  ledit  don  fortiffe  (on  plein  &c 
entier  efïet.  Et  d^abondant,  afin  que  ledit  Sieur  de  Dunois  ne  fut  empef- 
ché  ou  molefté  fous  ombre  dudit  don  fait  au  Roy  par  le  feu  Roy  (on 
Père ,  que  le  Roy  fait  don  &  tranfport  à  mondit  Sieur  de  Dunois  du 
droit  qui  luy  pouvoit  appartenir  au  moyen  dudit  don  à  luy  fait  par  le  feu 
Roy ,  &  autrement  delaifie  &  tranfponé  à  mondit  Sieur  du  Maine  y  & 

2u'à  mondit  Sieur  de  Dunois  (bit  baillée  &  délivrée  reaument  £c  de 
lit ,  la  podèffion  6c  paifible  jouifiànce  defdites  Terres  &  Seigneuries , 
laquelle  le  Roy ,  tant  par  luy  que  par  mondit  Sieur  du  Maine ,  fera  te- 

Sju  de  bailler  promptement  6c  fans  delay  à  mondit  Sieur  de  Dunois ,  & 
eront  baillées  6c  rendues  a  mondit  Sieur  de  Dunois  les  Lenres  du  dont 
fait  par  ledit  feu  Roy ,  au  Roy  qui  eft  à  prefentr 

X  V I L  Item.  Et  au  regard  de  mondit  Sieur  du  Maine ,  pour  &  aufli 

3u'il  s*eft  grandement  employé  à  la  pacification ,  &  pour  la  recompènfe 
u  drok  que  le  Roy  luy  avoir  donne  &  tranfporcé  ,  le  Roy  fera  tenu  de 
le  recompenier ,  &  luy  donner  6c  bailler  pour  icetle  recompènfe  la  Terre 
&  Seiffuenrie  de  Taillcbourg ,  laquelle  le  Roy  fera  deRvrer  â  mondit 
Sieur  du  Maine ,  6c  fera  recompenier  ceux  à  qui  elle  appanienr« 

XVIIL  liem»  En  faveur  île  ce  prefent  Traité  pour  oien  de  paix.  Se- 
i  la  trèsrhumble  requefte  defdirs  Seigneurs,,  le  Roy  a  refldnié ,  réintégré 
&  reftablv  Antoine  de  Chabannes ,  Comte  de  Dampmatin ,  enieshon-* 
neurs^  Cmfteanx  ,  Places»  Testas  6c  Seknèuriesi>  Keiltes  éc  reVentis  , 
droits  6c  autres  Inens  immeubles ,  ainn  6c  par  la  manière  qificelny 
Comte  de  Dariipmanin  &  Damoiièlle  Marguerite  de  Nanteuil ,  fa  fem- 
me ,  les  tenoiem  6c  en  jouiflbient  au  temps  du  feu  Roy  Charles  demie- 
ment  rrefpade  ;  &  aufllen  (es  biens  meubles  eftans  en  nature,  quelque 
part  qu'ils  foient ,  nonobftant  l'Arreft  prononcé  par  ta  Cour  de  Parle-* 
ment  â  Tencontre  dudit  Comte  de  Dampmartin ,  8c  tous,  dons  ,'eeflions 
6c  venditions ,  publications  &  vérifications  d'kreux ,  que  le  Roy  au  moyen 
dadic  Arreft  >  auroit  fait  ou  fait  faire  defdites  Terres ,  Seigneuries  6c 

Vuu  5  biens. 


^5ig  PREUVES  DES  MEMOIRES 

^^!^^y^  biens  ,  ou  d'aucunes  d*icellcs  :  Et  lefquelles  Places ,  Terres  &  Seigneu« 
ï4«S^  ries,  &  biens  defrufdics  feront  pleinement  & quittement délivrez  6c 
depefchez  audit  Comte  de  Dampmartin  »  &  les  détenteurs  d'iceux  i  ce 
contraints ,  fans  avoir  égard  aucut  Arreft ,  dons  y  ceffions ,  venditions  y 
publications  &  vérifications  d'iceux,  ne  que  à  luy  ou  Tes  hoirs  ils  portent 
ou  puiAent  porter  préjudice  ou  dommage  ^  &  fur  ce  luy  feront  baillées 
Lettres  telles  que  befoin  fera.  * 

XIX.  lum.  Le  Rojr  de  bonne  foy ,  en  parole  de  Roy  &  par  fon  fer* 
Inent ,  &  auifi  lefdits  Sieurs  de  bonne  foy  oc  par  leurs  fermens ,  promet*^ 
cront  &  jureront  de  tenir ,  garder ,  accomplir  &  obferver  toutes  \t%  cho* 
fes  deffufdites  en  tous  leurs  points  &  anicles ,  de  les  faire  garder ,  ac^ 
complir ,  entretenir  &  obferver  par  leurs  Officiers  &  fubjets ,  fans  jamais 
par  eux  ou  par  autres  direâement  ou  indireâemenr ,  cojuvertement  ou 
en  appert  venir  au  contraire ,  ne  fouf&ir  que  autres  y  viennent  en  aucu- 
ne manière ,  ou  fous  Quelque  couleur  &  occafîon  que  ce  foit ,  ou  pui(Iè 
eftre.  Et  fi  le  Roy  ou  lefdits  Seigneurs  vouloient  faire  aucune  choie  au 
contraire  ,  ne  leur  fera  ohéy  par  leurfdits  Officiers  ou  fubjets  :  Et  aufli- 
il  aucuns  des  Seigneurs  du  Sang ,  le  Conneftable ,  Marefchaux  &  Admi^ 
irai ,  Comtes ,  Barons ,  &  autres  notables  hommes ,  la  Cour  dé  Parler 
ment ,  les  Prélats  &  bonnes  Villes  qui  feront  nommez  de  la  part  du  Rov» 
&  auffi  les  Comtes ,  Barons  &  noraoles  hommes  qui  feront  nommez  ae 
la  part  defdits  Seigneurs ,  promettront  &  jureront  de  tenir,  garder,  en* 
cretenir  ^  accomplir ,  en  tant  qu'à  eux  eft  &  fera ,  toutes  les  chofes  def* 
fufdites ,  fans  jamais  venir  au  contraire  par  eux  ne  par  autre ,  ne  fouffi'ic 
qu^autre  y  vienne  :  Et  que  fi  le  Roy  ou  lefdits  Seigneurs  vouloient  faire 
aucune  cnote  au  contraire  des  clipies  deffiifdites ,  en  tout  ou  en  partie , 
ils  n'y  ayderont ,  ferviront ,  ny  affifteront ,  ne  feront ,  ny  donneront  au-^ 
cun  ayde ,  fervice ,  faveur  ou  affiftance  en  façon  ou  mamere  i^ue  ce  foit  \ 
mais  teront ,  procureront  &  promettront  de  tout  leur  pouvoir ,  que  tou« 
tes  chofes  faites  au  contraire  foient  reparées  &  mifes  au  premier  eftat  ic 
dû ,  félon  le  vray  entendement  des  chofes  fufdites. . 

X  X.  lunu  Et  avec  ce  le  Roy ,  lefdits  Seigneurs  &  tous  I^'deffiifdits^ 
jureront  &  promettront  que  defdites  promellès ,  traitez  &  fermens ,  ils 
ne  poutfuivron t ,  procureront ,  ne  obtiendront  difpenGition ,  relèvement, 
ou  refciiion  ,  ftus  couleur  d'autres  promeflès ,  fermens ,  traitez  ou  pro^ 
teftations  précédentes ,  ne  d'autre  couleur  ou  occalion  quelconque  :  Et 
s'ils obtenoient  lefdites  difpenfations ,  relèvement  ou  rekifion,  ou  qu'el- 
les leur  fuflent  oâxoyées  &  accordées ,  ils  ne  s'en  ayderont ,  &  feront 
de  nul  effi:A  &  valeur. 

XXL  htm.  S'il  advenoit  qu'aucun  de£iits  Seigneurs  fift  ou  voolfift 
faire  &  entreprendre  à  l'encontre  du  Roy ,  contre  éc  au  préjudice  defdits 
traitez  &  appointemens  ,  en  ce  cas  les  autres  feront  tenus  de  fervir  & 
aydcr  le  Roy  à  l'encontre  de  celuy  ou  ceux ,  qui  auroient  fait  ou  voulu 
faire  au  contraire ,  cemme  dit  eft ,  fans  l^ur  faire  ou  bailler  audit  cas  aydç 
CHi  faveur  quelconque. 

XX  IL  lum.  Auffi  n  le  Roy  faifoit  ou  vouloit  faire  aucune  entre-* 
iprife  à  l'encontre  defdits  Seigneurs ,  ou  aucuns  d'eux ,  contre  &  au  pré-» 
îudi^e  dçfdits  tr^tez  &  appointemens,  ipeux  Seigneurs  pourront  ayder 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  5x7 

ês  recoûfir  les  uns  les  autres ,  fans  que  de  ce  leur  puidè  aucune  cho(e 

•cftre  imputée  ou  demandécj  Et  feront  faites  Lettres ,  tant  du  Roy  que  def-     ^  4  ^  ^  « 

dits  Seigneurs ,  en  tant  que  beibin  fera ,  ôfquelles  feront  incorporez  ces 

prefens  articles ,  &  feront  publiez  &  enregiftrcz^  en  la  Cour  de  Parlemen t>  _ 

ôc  au  vidimus  d'iceiie ,  fera  foy  ad  joutée  comme  à  l'original. 

SçA voia  FAISONS  que  nous ,  de  noftre  cerraine  fcience  5  pure  &  fran<** 
che  volonté  »  par  bonne  &  metnre  délibération  de  Confeil  j  avons  loiié  , 
confenti&  approuvé,  loUons,  confentons  &  approuvons  par  ces  pre^ 
fentes ,  les  Traitez ,  accords  &c  appointement ,  dont  mention  eft  faite  es 
anicles  de(fus  tranfcrits  >  6c  tout  le  contenu  en  iceux.  Et  avons  promis 
&  promettons  de  bonne  foy  &  par  nos  fermens ,  de  les  tenir ,  garder  6c 
accomplir  de  noftre  part  inviolablement ,  tout  ainfi  en  la  forme  &  ma« 
niere  que  lefdits  articles  le  contiennent»  Ek  tesmoin  de  quoy  »  nous 
avons  rait  menrenosSceaux  à  ces  prefentes»  PoNKE'àSaint-'Maur  àcs  Fof- 
fez^le  vingt-neuviefme  jour  d'Oâobre  mil  quatre  cens  foixante-cinq.j" icy?**- 
gnatumfuptr  plicam  :  Par  le  commandement  de  Meflieurs  les  Ducs  Se 
Comtes  dedufnommez.  J.  Gros.  Et  in  dorfo  tratfcriptum  5  L$Sa  ^publi'- 
cota  &  rtgijirata  Parifiis  in  Parlamento  qidnJccimd  dit  Novembris  y  anno 
milUfimo  auadringtntefma  fexagtjimo  quinto.  Sicfignatum  >  Cbeneteau. 
CoUado/aBa  tfi  :  ExtraSumà  Kegijlris  Ordinationum  Regiarum^in  Curia 
Pariamcnd  regiftraiarum.  Pichon. 

,    Ce  Traité  confirmé  par  le  Roy  Louis  XI.  eft  dans  le  premier  Regiftre 
des  Ordonnances  de  Louis  XL  foL  S  S. 

Proteftation  du  Roy  Louis  XI.  en  fa  Cour  de  Parlement  de  Paris. 

Que  le  fufdit  Traité  de  Cotons  fait  en  Van  nul  quatre  censfoixante 
cinq,  avec  les  Princes  mefcantens  yfefaifoit  contrefa  volonté  ,  &  par  force 
&  contrainte,  &  ne  luy  pouvoit  tourrur  à  préjudice^ 

Et  que  ledit  Roy  Louys  nepouvoit  bailler  en  appanage  à f on  frère  Charles 
le  Duché  de  Normandie  ,  pmfqu^U  avoit  eflé  uny  à  la  Couronne  par  les      ^^  p     t 
Roys  fes predecejfeurs  \  HoyjSn! 

L  X  X«  après  fous 

*   le  Mimero 

iff^  Lettres  duRay  Louis  XL  qui  Je  referve  les  Regalles  de  Normandie^  LXXXill. 

LO  Y  S  ,  par  la  grâce  de  Dieu ,  Roy  de  France.  A  tous  ceux  qui  ces  pre-      Tiré  des 
fentes  LÔtres  verront ,  Salut  :  Comme  en  faifant  le  bail ,  ceffion&  Recueils 
tranfpon  i  noftre  très-puîflant  &  très-amé  frère  ,  Charles  de  France ,  de  o^/|JÏY 
noftre  Duché  de  Normandie  »  pour  tout  fon  droit  d^appanage  ,  nous  l^^rl 
ayons  oâxoyé  &  accordé  de  donner  àluy&  à  fes  hoirs  mafles  defcen-     '^^ 
dans  de  luy  ,  &  aux  hoirs  maâes  de  (efdits  hoirs  maftcs  ,  tant  cp'il 
en  y  aura  de  hoirs  mafles  en  hoir  malle  de  loyal  mariage  ,  qui  tiendront 
ledtt  Duché ,  tous  les  fruits»  profit ,  émolumens  &  revenus  qui  appar^ 
tiennent)  &  qui  pourront  appartenir  à  nous,  &  à  nos  fucceflèursRoysde 
France ,  i  caufe  des  Regalles  &  Gardes  des  Eslifes  Métropolitaines  ic 
Cathedralles,  &  aufdites  Eglifes  dudit  Duché,  on  auroità  femblable 
^ok  >  &  des  Places  appanenans  à  icelles ,  pour  iceux  fruits ,  profits 

& 


*4  - 


5:^  PREUVES  DES  MEMOIRES 

&  éoiolatnens  faire  lever  Se  caeillir  »  &  outË.  garder  lefdkes  Places  par 
1 4^  ^     gens  &  Officiers,  quii  ce  (eronc  nommez  par  noftredic  frère,  &  par  nos 
gens  à  fa  nomination.  Se  avec  ce  luy  aurons  oâxoyé  que  les  Bailiifs  de  nof- 
tredicfi:ere  audit  Duché ,  feront  Gardiateurs  de  par  nous  defdites  Eglife^ 
&  auront  la  connoidànce  de  par  nous  par  commifliîon  irrévocable  ,  fans 
ce  qu*il  fou  befoin  de  avoir  de  nous  ancre  commiffion  de£ditsGardes ,  3c 
de  non  Sauvegarde,  &<autres  caufes  &  procès,  «fepens  defdites  tempo* 
ralirez  d'iceiles  Eglifes ,  desquelles  le  rapport  viendroit  en  l'Efclûquiet 
de  Normandie ,  qui  en  connoiftra  6c  difcucera  que  des  autres  caufes 
duditDuchc ,  ôc  demeureroienr  à  nous ,  &  nos  fucceflèurs  Roys  de  France, 
les  collations  di:s  Bénéfices  qui  vaqueront  en  Regale  ,  &  la  connoiflànce 
d'icclles  collations*  Sçavoir  faisons  ,  que  nous  voulons  tenir,  &  ac- 
complir à  noftredit  frère  les  chofes  à  luy  oâroyées  par  fondit  appana^e 
à  iceluy  noftredit  frère  &  à  fefdits  hoirs  mafles,&  aux  noirs  mafles  de  fefdits 
hoirs  mafles ,  i  toujours  ,  tant  qu'il  y  en  aura  de  hoir  mafle  en  hoir  mafle 
de  loyal  mariage  qui  tiendront  ledit  Duché ,  avons  donné  &  oâxoyé  ^ 
donnons  Se  oâxoyons  degrace  efpeciale  par  cespreientes,  tous  lesfinits» 
profits  ,  émolumens  8c  revenus  qui  appartiennenr  >  &  pourront  apparre^ 
pir  â  nous  Se  à  nos  fnccefleurs ,  à  caufe  defdites  Regalles  Se  Garck  def-> 
dites  Eglifes  Mecropolicaines  &  Carhedrallcs ,  Se  aufdites  Eglifes  dudic 
Duché ,  &  aurions  lemblable  droit ,  Se  la  Garde  des  Places  appartenans  à 
iceluy  ,  pour  iceux  fruits ,  profits  &  émolumens ,  faire  lever  &  cueillir , 
&  leldites  Places  garder  par  gens  Se  Officiers,  qui  en  feront  nommez  par 
noftrcdit  frère ,  Se  nos  gens  a  fadite  nomination  ^  Se  avec  ce  ,  luy  avons 
donné  Se  o&royé  ,  donnons  Se  oâroyons  que  les  Baillis  d'iûéluy  noftre 
frère  audit  Ducoé ,  Se  de  fefdits  hoirs  mafles ,  tant  qu'il  y  en  aura  de  hoir 
mafle  en  hoir  mafle,  comme  diteft,feront  d'orefnarant  Gardiateurs  de  par 
nous ,  &  nos  fuccefleurs  defdites  Eglifes ,  auront  laconnoiÛance  défaits 
Gardes  Se  Sauvegardes ,  &  autres  caufes  &  procès  dependans  defdites 
temporalirez  d'icelles  Eglifes ,  &  lefquels  Baillis  nous  y  avons  commis 
Se  commettons  par  cesprefentes ,  &  par  permiffion  irrévocable,  (ans  ce 
qu'il  foit  befoin  en  avou:  de  nous ,  ni  de  nofdits  fuccefleurs  autres  per- 
miflîons  \  defauelles  Gardes  Se  Sauvegaôles ,  &  auÛî  des  autres  caufes  Se 
procès  dependans  des  temporalitez  defdites  Eglifes ,  le  reflbrt  ira  en  TEf- 
cbiquier  ae  Normandie,  qui  en  connoiftra ,  jugera  &  décidera  aue  des  au- 
tres caufes  dudit  Duché,  &:  par  cefditesprefentes,lefquelles  voulons  valoir 
•  itoujourspermHEon  irrévocable ,  y  avons  gens ,  &recommettons  les  gens 
qui  tiendront  d'ore^avant  ledit  Efchiquier ,  fans  ce  qu'il  {bit  befoin  de 
autremeodes  nommer ,  ny  d'en  avoir  autre  permiflion  de  nous ,  Se  de^ 
meurerontànoos  &  a  nos  fuciceflèurs  Kavs  de  France  9  les  coUations  des 
3eneâcesqui  vaqueront  en  Regalle,  &  la  connoiflànce  d'icelles  colla- 
tions. Si  donnons  en  Mandement  par  ces  mefmes  prefentes ,  à.  tous  nos 
Jufticiers  &  Officiers  prefens  &  avenir,  &  à  chacun  d'eux ,  comme  à  luy 
appartiendra  ,  comme  de  nos  prefens  don ,  conceflion&  oiflroy ,  fàflènr, 
foutfrenr&  laiflènt  noftredit  frère  Se  fefdtts  hoirs  mafles.  Se  les  hoir^ 
tiiafles  de  (èfdits  hoirs  mafles ,  à  rou  jours  qu'il  y  en  aura  de  hoir  mafle  en 
hoir  mafle  de  loyal  mariage,  jouir  Se  ufer  pleinement  Se  paiflblement  » 
(i^$  Içur  Êdre^  ni  fou&ir  çftre  fait  »  ni  donné  aucun  empefchcment , 

PU 


'm* 


DE  PH-IL-DE^OMINÊS.  m9 

cti  deftourhkr  aucun  S  car  ain(i  nous  ptaift-il  &  voulons  eflrefàît  non*  ^ia^(/ 
«obftânt  quelconques  or4ionnance8^  conftitutkms,  couftumes  &  ufages^ 
lefquels ,  en  tant  que  mc(Uer  eft  %  nous  voulons  eftre  cy  cenu%  pour  ex- 
fiteÛès  Lbtttes,  Se  autres  chofes  quclconques^impetrées  ou  i  impetrer.,  i 
ce  contraires^  s  en  tefmoin  de  ce ,  nous  ayons  fait-  mettre  noftre  Scel  i  ces 
prefentes.  Donne  à  Paris  le  vingt*neuvie£ÎTie  jour  d'Oâobre,  i'aniie 
^le  grâce  mil  quatre  cens  (bîxante-cinq ,  &c  de  noftre  Règne  le  deuxieûne. 
Signi  :  Par  le  Roy  en  fon  ConfeiL  D£  la  Lof  re  > 

1  X  X  *, 

"'       -      .    •  ■        .  -  w        . 

$C7^  Leures  de  Louis  JCL  touâiant  U  Cornet  £Etu 

LO  Y  S  »  par  la  grâce  de  Dieu ,  Roy  de  France.  A  tous  ceux  qui  cet      Tlr^  des 
prefentes  Lettres  verront ,  Salut  :  Comme  par  nos  autres  Lettres  Pa-  Recueils  de 
«tentes  fcellées  en  lacs  de  foje  &  en  yerd,  &  pour  les  au  très  caufes  conte-  *^  l'Abbé 
nues  enicelles ,  nous  ayons  bailU ,  cédé ,  dclaiffé  &  tranfportc  a  noftre  ^^^^^ 
cràs-puiflant  &  trés-amé  frère  >  Charles  de  France ,  pour  tout  fon  droit 
-de appanage  >  pourluy  &  Tes  hoirs •mafles ,  ic\zz  hoirs mafles  de  fefdits 
hoirs  mafles  »  tant  qu  il  en  y  aura  de  hoir  mafle  en  hoir  mafle  de  loyal 
mariage»  tout  noftre  Duché  de  Normandie  entièrement ,  ain(i  qu'il  Te 
•comporte  &  peut  cftendre ,  recomporter  en  long  &  en  large ,  avec  toutes 
/es  a^artenances  &  appêndances ,  tant  à  Tes  Villes,  Chafteaux»  Places» 
Fonereflès,  Port  de  Mer,  que  en  hommages^Fiefs,  Arriere-Fiefs,  hommes» 
vaflàux  &  fubjets  d'iéelujr  Duché ,  ainh  que  plus  à  plein  eft  contenu  en 
ttofdites  Lettres ,  &  depuis ,  nous  ait  noftredit  frère  ratt  rèconnoiftre  que  ^ 

ia  Comté  d'Eu ,  laquelle  de  toute  ancienneté  eft  fubjette  ^  &  tenue  par 
dommage  de  ladite  Duché  de  Normandie  ,  &  reflortidbient  les  fub- 
jets d'icelle ,  contre  â  TETchiquier  de  Normandie ,  avoit  efté  puis  aucun 
temps  érigée  en  Pairie  >  dont  pourroient  fourdre  au  temps  aavenir  des 
queftions  &  débats  ^^  en  nous  requérant  qu  il  nous  pluft  fur  ce,  faire  decla- 
Tation  ,  SçAVoia  faisons  ,  que  nous  oye  la  Reauefte  de  noftredit  fcere» 
voulansSc  defirans  queluy ,  de  fefdits  noirs  mafles ,  tant  qu'il  en  y  aura  , 
jouilTent  entièrement  des  chofes  que  luy  avons  baillées  pour  fon  appanage» 
&  pour  aurres  caufes  &  confiderations  à  ce  nous  mouyans ,  avons  pat 
i'advis  &  délibération  à^s  Seigneurs  de  noftre  Sang  ,  Se  Gens  de  noftre 
Confeil ,  déclaré  &  déclarons  par  ces  prefentes  ^  que  ledit  Comté  d*£u  & 
les  fubjets  d'iceluy ,  nonobftant  ladite  Pairie,re(Ibrtiront  i  TEfcbiquier  de 
Normandie,  &  demeureront  fubjets  de  noftredit  frère,  &  de  fefdits  hoirs 
mafles  tant  qu'il  en  y  aura ,  comme  les  autres  fubjets  dudit  Duché ,  &  au 
regard  delà  perfonne  de  noftre  très-puiflàiit  &  tcès-amé  Coufln  le  Comte 
d'Eu ,  qui  à  prefent  eft  pour  conflderation  de  ce  c^u'il  a  efté  créé.  Pair  de 
de  France ,  il  demeurera  quant  à  fa  perfonne, es diginitez  &  prérogatives 
de  Pairie,  fans  ce  qu'il  foit  tenu  de  faire  hommage  à  noftredit  frère,  & 
&  fans  aufll  que  y  ce  les  fubjets  dudit  Comté  puiitoit  prétendre  aucune 
exemption  »  &  en  tant  que  touche  les  héritiers  de  noftredit  coufln  le 
Comte  d'Eu ,  ils  feront  tenus  de  faire  à  noftredit  frère  &  à  fes  fucceflèurs 
Pues  de  Normandie;  i'hominage  dudit  Comté  tel  qu'il  eft  dû  d'ancien- 
Tome  II.  Xxx  becéi 


53©^  PREUVES  DES  MEMOIRES 

neté  ;  ic  donnons  en  mandemeat  par  ces  méûnes  pref  entes  fi  nos  àmcx 
^43*  ^  féaux  Confeillers  les  Gens  cenans  ».  &  qui  ciendn>nc  noftrc  Parlemeoc  » 
les  Gens  ^e  nos  comptes  &  Treforiers  de  France  ,  &  à  tous  nos  autres 
int^eflàns  9  &  0£Bcier$  prefens  &  advenir  »  &  à  chacun  d'eux  >  fe  conimp 
a  luv  appartiendra ,  que  noftre  prefente  déclaration  ils  emr^iennen^  ^ 
gardent  &  obfervent,  ôc  d'kelfe  iàflènt  »  (bu£freût  ic  laiflènt.  noftredit 
6ere  &c  (cCdits  hoirs  maiks,  &  les  hoirs  mafles  depcndans  d'eux  »  à  toi^ 
jours  tant  qu'il  en  y  aura  de  hoir  mafle  en  hoir  maffe  de  loyal  mariage  » 
joyr  &  ufer  pleinenietit  &  paifîblement ,  fans  aucunement  venir  encon* 
tre  >  ne  leur  faire  ni  fouffrir  eftre  fait  »  mis  ou  donné  auctm  cmpefche^ 
ment  on  dcftourbier  »  car  ainfi  nous  plaift-il  >  8c  voulons  eftre  fait,  non<» 
obftant  ladite  création  de  Pair  »  comme  di^  eft  ».  quelconques  ordon- 
nances y  çonftitutions ,  édits»  déclarations  >  coutumes  &  ufàges,  leTquels 
emant  que  meftier  eft ,  nous  vouk>h$  cy  eftie  tenus  pbur  expreSe)  Le|r« 
tres,&  autres  chofes  quelconques  knpetreou  à  impetrer  à  ce  contraire.  Eh 
TEMoiK  de  ce  9  nous  avons  rait  mettre  noftre  Scel  i  cefdites  prefentes;.. 
Donné  à  Paris^  le  vin^t-neuvie(me  jour  dX)6h>bre ,  Tan  de  mce  mU 
quatre  cens  foixante^mq  »  &  de  noftit  R^ne  lecinqiefm^  Sigpé»  Put 
ie  Roy  en  (on  Conreil>  R  o  l  l  aitt» 

LX  X  **• 

i^  Lettres  du  Roy  Louis  XI^  fur  k  retour  des  Terres  ik  J^ormuàMe  ^ 

&  autres^ 

Kccucils  de  T    ^  ^  ^  P^  ^  gwcc  de  Dieu ,  Roy  de  France.  A  tons  ceux  qui  ce^jpre>- 

M.  l'Abbé     -'^  Tentes  Lettres  verront ,  Sahit  r  Conune  par  nos  Lettres  Patentes  icel- 

le  Grand.    ^^^  ^^  ^^^  ^.  ^<>7^  &  ^^  ^i^d ,  &  pour  les  caufes  contenues  en  icelles> 

nous  ayons  baillé ,  delaifté ,  quitté  &  tranfporté  à  noftre  trés-puiHant  & 

très-amé  frère  Charles  de  France,  pour  tout  fbn  droit  d  appanage  >  pour 

luy  &  Ces  hoirs  mailes»  &  les  hoirs  mafles  de  feTdits  hoirs  maiks  ^  tant 

qu'il  en  y  aura  de  loyal  matiage,  tout  noftre  Duché  de  Normandie  entie* 

rement  >  ainfi  qull  le  comporte  &  peut  étendre  >  &  comporter  en  long 

&  en  large  ,  avec  toutes  Tes  appartenances  &  appoidançes,  ain£  que  plu$ 

à  plein  dit  contenu  en  nofdires  Lettres ,  &  en  faifant  ledit  tranfport  ^  lu/ 

ayons  accordé  que  en  tant  que  touche  les  Comtez  de  Mortaing ,  de  Lon- 

gueville,  S.  Sauveur  le  Vicomte,  S.  Sauveur  LeiHetin ,  &  autres^Terrcs  que 

tient  noftre  très^puiâant  &  très-amé  coufin  le  Duc  d'Orléans ,  audit  Duché 

de  Normandiç  pour  appanage,  retourneront  audit  frère  &  à  fes  fuccefleur^ 

mafles  audit  Duché,  en  tous  tes  cas  &  re(ervationrqu  'elles  (oient  retourna* 

blesâla  Couronne  de  France,  Sça  voir  faisons,  que  nous  voulons  &  de- 

firons  que  noftredit  frcrc  &  fefdits  fuccef&urs ,  iouiflcnt  entièrement  des 

chofes  que  luy  avons  baillées^  promises ,  accordées  par  (bndit  appanage, 

à  icduy  noftre  ftere  î  avons  odbroyé  &  oftroyons  de  grâce  efpe^iale  par 

tes  prefentes ,  que  en  tant  que  touche  leidits  Comtez  de  Mortaiog  &  de 

LongucvtUe,  Saint-Sau veur-le- Vicomte ,  ôc  SaimrSauvcut  Lefdetin  ,  Se 

autres  Terres  que  noftredit  coufin  d'Orléans  tient  audit  Duché  de  Nor-  . 

Biandie,  p^  appanage  ou  accroiftement  d'iceluy,  retourneront  à  noftre^ 

.dit 


DE  PHIL  DE  COMÎNES.  531 

ait  frère  >  8c  i  Ccfdits  hoirs  mafles,  6c  aot  hoirs  tnafles  de  ferdits  hoirs 
mafles ,  tant  qu'il  en  y  aura  de  loyal  mariage,  on  tous  les  cas  &  reTerva-  '4^5* 
rions  ,  qu'elles  font  recour nables  à  la  Couronne  de  France ,  fans  que  ce 
tourne  à  préjudice  à  nous  >  ni  à  noftredit  frère  >  en  autre  chofe.  Si  don- 
nons en  mandement  par  ces;  mefmes  Drefentes ,  à  nos  amez  Se  féaux  les 
Gens  tenans ,  &  qui  tiendront  noftre  Parlement ,  les  Gens  de  nos  Comp^ 
ces ,  Se  Treforiers  de  France ,  &  i  tous  nos  autres  Jufticiers  Se  Officiers; 

Srefens  Se  advenir  »  Se  à  chacun  d'eux ,  fi  comme  à  iuy  appartiendra,  que 
e  nos  pre(entes  grâce  9  conceffion  Se  oâroys ,  ils  fadènt  >  foufFrent  &: 
aident  noftredit  frère  Se  fefdits  hoirs  mafles  ,  &  les  hoirs  maies  de  ftC- 
«lits  hoirs  mafles ,  tant  qu'il  en  y  aura  de  loyal  mariage ,  jouit  Se  ufer  plei^* 

Sèment  Se  paifîblement ,  fans  leur  faire ,  ni  foufrrir  dire  fait ,  mis  ou  ^ 
pnné  aucun  empefchement  ou  deftourbier ,  au  contraire  ;  car  ainfî 
nousplaift-il,  de  voulons  eftre  fait ,  nonobftant  que  aucunes  de  fefdites: 
Terres  ayent  efté  baillées  en  forme  de  appanage ,  Se  quelconques  ordon- 
nances, conftitutions  ,  Edits,  Déclarations,  Lettres  &  autres  chofesr* 
quelconques  impetrées  ou  à  impetrer  â  ce  contraires.  En  tssmoin  de  ce  9 
nous  avons  fait  mettre  noftre  Scel  à  ces  prefentes.  DonnéàParisle  vingt- 
neuviefme  jour  d'Oâobre,  l'an  de  grâce  mil  quatre  cens  foixante-cinq  »  ' 
êc  de  noftre  Règne  le  cinquiefme.  Par  le  Roy  en  fon  Confeil ,  Rol  ant» 
LeSa  ,putli<aca  &  regifiraia  Parijiis  9  in  Parlamtntù  9  ptmUtimâ  dit  Oc" 
tobrit  9  anno  milltfimo   quadrïngtnufimo  Jexagejimo    quinto.  Chene^ 
tean.  SimUiur  USa  9  pubhcata  &  reginrata  in  Caméra  Comptuôrum  Do^ 
mini  nofiri  Régis ^  Pari/us^  in  altéra  Thtfauri  Caméra prefeme  die  Cranno. 

L  X  X  *♦*• 

ÇCT  Lettres  de  Louis  XL  touchant  le  retour  d*Alençon 

Tïtt  Jet 

LO  Y  S  par  la  grâce  de  Dieu  9  Roy  de  France.  A  tous  ceuxqui  ces  pre-  Recueils  de 
fentes  Lettres  verront ,  Salut  :  Comme  en  foifant  le  b^  9  ceflîon  9  j^.  i»Abbé 
&  tranfport  à  noftre  très-pui(Iant  &  très-amé  frère  Charlesde  France  9  LcGraïuL 
pour  fon  droit  de  appanage  de  noftre  Duché  de  Normandie  9  noftre- 
dit frère'  ait  voulu  dire  &  maintenir  que  le  Duché  d'Alençon  de* 
voit  eftre  retournable  à  Iuy  &  à  fes  hoirs  9  pour  tous  les  cas  Se  moyens 
ou'il  cftoit  retournable  d  la  Couronne  de  France  9  auflî  qu'il  devoir  pren- 
ore  Se  lever  audit  Duché  d'Alençon  toutes  les  Tailles  9  Aides  9  Greniers 
&aufdites  fubventions{/tfv^ej/'tfr]nos  Gens  &  Officiers9ait  eftéditjque  vu 
que  ledit  Duché  d'Alençon  dvoit  efté  baiUé  Se  appanage  9  Se  érigé  en  di- 
gnité de  Pairie  9  il  eftoit  feparé  dudit  Duché  de  Normandie  9  &  par  ce  9 
lïe devoir  retourner  à  noftredit  frere  nid  fes  hoirs  9  quand  le  cas  ores  ad- 
viendroit  du  reourt,  de  ladite  Duché  d'Alençon  9  ni  en  icelle  n'y  dévoie 
lever  ni  prendre  lefdires  Tailles  9  Aides  9  &  aufdites  fubvenrions  9  atten* 
du  meûnetnent  que  noftre  très-puiflant  Se  très-amé  coufln  le  Duc  d'Alen- 
çon 9  qui  eftoit  defcendu  dé  feul  frere  de  Roy  de  France,  prenoit  iceux 
Greniers  9  Se  femblablement  avoic  la  nomination  des  Officiers  9  Se  ayenc 
cfté  dites  &  alléguées  pluflcurs  raifons  d'un  cofté  &  d'autre  9  fur  quoy* 
ilepuis  ait  cfté  dit  &  accordé  par  Tadvis  Se  délibération  àcs  Sei* 

Xxx  X  gneurs 


14<?Î 


Tiré  des 
Recueils  <fe 
IC.  TAbbé 
Le  Grand. 


531         PREUVES  DES  MEMOIR.ES 

gnears  de  noftre  Sang  >  &  des  Gens  de  noftre  Confetl ,  qai  en  tant  que 
touche  le  recour  dudit  Duché  d' Aiençon  >  que  au  cas  &  quand  ledit  retour 
fera  advenu  &  efchera  par  deffaut  de  hoirs  mafles  ou  autrement ,  il  en 
fera  ordonné  &  déterminé  par  le  Jugement  des  Paksde  France  »  oyes  par , 
euxlescaufes&  raifons,  lefquelles  demetureront  fauves  d'une  part  & 
d  autre»  &  au  regarddts  Aydes  &  Taillesdudit  Duché d'Alençon  ,  a  efté 
dit  que  la  penfion  de  noftredic  couiîn  d'Alen^on  ,  fera  prife  &  levée  par  : 
lefdites  Avdes  &  Tailles  »  telle  &  en  la  manière  qu'il  eftok  accoutumé  ^  • 
&  le  re£au  appartiendra  à  noftredic  frère  &  à  fes  hoirs  inafles  Ducs  dc> . 
Normandie ,  &  feront  lefditcs  Aydes  &  Tailles  iropofées  >  levées  6c  re- 
cueillies  >  par  les  Officiers  qui  ont  accoutumé  de  les  imppfer  ,  lever  6c  re^ , 
ce  voir ,  lelquek  payeront  kditç  penlion  par  décharge  ^  &  le  refidii  deli*- 
yreront  à  noftredit  frère  >  auquel  baillerons  Let|rres^>  pour  toujours  çou^ 
traindre  nofdîts  Oâfkiers  de  montrerià  noftredit  frère  la  vraye  valeut  déf- 
îtes Aydes  6c  Tailles  i  &  feront  les  compt;es  de  nofdits  Omciers  rendus; 
en  nc^re  Chambre  des  Comptes  à  Paris*  Nous  voulaps  tenir  6c  accom- 
plir ce  qui  a  efté  dit  6c  ordonné  touchant  ledit  Duché  d'Al^dçon  ,  &  des 
Taillés  &  Aydes  cueillies  6c  levées  en  iceluy  »  avons  efté  &  fommescon- 
tens>que  quand  le  cas  échera  du  retour  dudit  Dtiçhé  &  dcffaut  de  Hok  made 
ou  autrement  il  en  foit  ordonné  &  deterpiinépar  le  jugement  des  Pairs  de^. 
France,  ouyes  par  eux  les  caufes  6c  raifons*  »  lefquelles  demeureront  fau- 
ves d'une.  part&  d'autre,  Seau regatd  des  Aydes  &:  Tailles  dudit  Duché,, 
que  la  penuon  de  noftredic  €oufîn  d'Alençon  prife  &  levée  par  lefdites 
Aydes  &  Tailles ,  telle  &  en  la  manière  qu'il  eftoit  accoutumé,,  que  te^ 
reiidu  appartiendra  i  noftredit  frère  &  à  fes  hoirs  mafles  Ducs  de  Nor- 
mandie ,  lefquelles  Aydes  &  Tailles  feront  impofées,  cueillies  &  levées» 
par  les  Officiers  quionr  accoutumé  de  les  impoler,  Icwr  ôc  recevoir ,  Ic^ 
quels  payeront  à  tloftredit  Coufin'  ladite  Peniîon  >  &  par  décharge,  &  le 
refîdu  délivreront  à  noftredit  frère  ,.  auquel  baillerons- Lettres  pour  tou* 
jours  contraindre  nofdits  Officiers  à  montrera  iceluy  noftre  frère  la  vraye 
valeur  deCHites  Aydes  &  TaiUes  ,  &  feront  les  comptes  de  nofdits^  Offi«» 
ciers  rendus  cû  noftre  Chambre  des  Comptes  à  Paris.  Sr  tem^oin  de  ce ,. 
nous  avons  fait  mettre  noftre,  Scel  àf  nofidites  prefentes..  Donné  â  Paris  le 
vingt-neuvi^ftne  |oar  d'Otîtobre  ,  l'an  de  grâce  mil  quatre  cens  foixante-^i 
cinq ,  Se  de  noftre  Règne  le  cinqûiefme;  Signé  y  par  le  Roy  en  fou  Cary^ 
feil.  RoiAi^T.. 

L  X  X  *  *  *  *- 
fer  Lettres  d'Bommage  de  ta  DucfUdc  Normandie»-  « 

LO  T  S  par  la  grâce  de  Dieu ,  Roy  de  France.  A  nos  amez  &  fisaur  lefi 
Gens  de  nosComptes&  Tfeforiers  àPari^ ,  Salut  &  dileâion.  Sça^ 
VOIR  vous  faifbns,  que  noftre  très-cher  6c  très-amé  frère  Charles  àc\ 
Vt^XiQt  y  nous  a  aujourd'huy  à  noftre  perfonne  £éiit  les^  foy  &  honunage 
que  tenu  nous  eft  de  faire ,  pour  raifo^  de  la  Duché  de  Normsmdie  âc 
Pairie  de  France,  tenue  &  mouvant^  de  novi^^  àcaufede  iiQftreCouionne,, 
6c  laquelle  Duché  nous  luy  avons  nouvellement  baillée  pour  (on  appa-^ 
sage  >  4Hlfqneb  foy  &  hommage  nous  lavons  rei(û  >  fauf  noftre  droit  6c 

^^^truyw 


^ 


DE  PHIL.  DU  ÇOMINES.^  si}  

Vaotniy.  Si  vous  mandons  à  chacun  <lc  vqos,  fi  comme  a  luy  appatîcn-r  ij^6y 
dra  >  que  pourcaufe  defdices  foy  &  bommaee  à  nous  faits  ,  vous  ne  fai-^ 
tes  ou  donnezv^  ne  fouffrczeftre  fair  ou  doi^ixe  à  i)oftr^diç  ftçrc  ne  à  fadiçfi 
Duchéyfos  appanenahces  ou  apMUidpçes.<)MeWpn^.qç»,ai^ 
mène ,  ains,  fe  fait  >  mis  ett.oaric^  3  ayoi$t:fté  qg  f^^olt ,  U^mciitz  ou 
Eûtes  mettre  inccmi^ncm  to  fans  délaya  pl^ne  délivrance.  Ppnné  au, 
Bois.de  VinccmieSv  le  pénultième  jour.aOârobre-,  ràû.  de  grâcçmil 
quatce  cens  foixante-cinq  >  &  de  noftre  Règne ,  le  cinquierme.  Signé. 
Par  le  Roy.  Melfeigneurs  les  Ducs  de  Bretagne ,  de  Calabrc ,  Comte  de 
Charolois»  Ducs  de  Bourbon  &  de  Nemours ,  {es  Comtes  ^'Artnagnac  ^ 
dt&i  Paul,'Conûeftable  de  Fraoçe,dç,Dunoys,  y<)u?i  IgSr^ Ççimçp  àc 
Cominges.»  &  Sire  dcBoifmeaartyMarefchaua^  de  France 


.s  ■■     '•  ' 


f         ^       '   T^ 


.     '  L  X  X  I. 

1^  Lettres  de  Louis  XI.  pour  ia  nomination  des  OfficitrS  de  Normande. 

LO  YS  ,par  la  grâce  de  Dieu ,  Roy  de  France*  A  tw^  ceux  qiji  eçsf  Recueils  de 
prefentes  Lettres  verront  »  Saloc  ;  Comniç  en  faiiW^le  bail  ^  çeiConi  m.  TAbbé 
&  tranfport  à  noftretrès-puinànt  &  très-amé/rerçÇfijîrlp^.de  France  ,  4p  Le  GcancL 
noftre  Duché  de  Normandie ,  pour  tout  fon  droit  de  appanage  »  nous  en- 
tre autre  chofe  ,  luy  ayons  cedé&  tranfporté  tous  les  profits,  emolumens 
&  revenus  ,  ordinaires  ou  extraordinairces  dudit  Duché,  tant  en 
Greniersâc  Gabdles,  que  en  Aydes  ^io^ofitiops ,  foit  pctur;  foulde  de 
Gens  d'Armes ,  ou  autrement  &  tout  ledit  Duché ,  &  fi  nos  autreis  Lettres 
luy  ayons  donné  i  fefdics  Jioir^  maflcs  y  ^uifl^i^tfç/^cMlté  d'ic^j  k^ 
des  »'impofitiàEni ,  Greniers  &  Tailles  >  mettre: ou  faire  mettre  (ur  &  im<» 
pofer ,  pour  lefquds  recevoir  ,  faire  venir  enfemble  >  lever ,  cueillir  Se 
ama^  ,  auflî  pour  cohnoiftre  des  prefens  débats  &  queftions  qui  en 
viendront,  fera  befoiivdexonrunenre  &  lever  Grennetiers  %  Contrôleurs  , 
Receveurs  Acianrres  O^Sciers ,  Sçavoir  faisons  ««çmenous^  voulons  &. 
dèfiroris  que  luy  .&  fefdits  hoirs  mafles  jouifiènt  enri<eceit)ent  djes  cbpfes 
que  luy  avons  huilées  ^itraojfi^rtées  en  fondit  appanageii  ^  l^y^^l^çç 
^  eflargir  de  tM  gcaces^;pf erogaiiy^ ,  &:  pçiur  ^ur^ e  /^on(iderapoti  à  ciç 
nous  mouvans  à  icehiy  noftre  frère,  pour  lùy:^  fefdits  hoirs  mades  »  6c 
les  hoirs  mafles  de  (Hdits  koks  mafles ,  i;ant  .aii*il  fcn  y  aura  de  hoir  maAç 
en  hpir  mafle  de  loyal  mariage;  avon$  àsmn^Mj oâri>yé  ,<]oiHipns &ç  ocr 
troyons  de  graceefpeciale  par  çesprerQu^e^t, |M]û(&nce  ^  i&cuiré dc^^loiUr 
^meri^preiênt  &  idorefnavarit^  quand  y^y|eroDt;ïiçU&  ieliji  !â:çn^^tier% 
ReceveurSyControleucS'  6c  autres  Officiers,queLpQnq«e  qiif^  boQ  Içur  femr 
Ueri  à  noftredit  fèâre  &  à  fc^  hoit^todft  Pâché ,;  pour  l^fdits^Qreniers  ^ 
Gabelles ,  Aydes,  impofitions  &  Tailles,  (bit  pour  (bulde^de Gens  d'Arr 
mes  on  autrement ,  &  autres  fubfides .extraordinaires ,  aflèôir ,  recevoir^ 
faire  venir  enfemble,  pour  furcueillir»  lever  ^ .%9vi(Ièr  au  profit  de  nofr 
tredicfrere  &  de  &fi»c^ hoirs -maflesi,  &  pont  m  iconi^ojlftre  y,  'pff:^^  6c 
demefler  des  queèioos  ^^îebats  qui  :eo  ffurvien^rtipnt  ji  ^^ener^lepien^ 
pour  tomes  autres  chofes.mXfliSûres  5  tQlHeéf  1^  ^oTçs^d^ll^ites»  leur^ 
ràxonftaiU:es&.âq:)endiimQSiA^q^eU^  no^nn^ 

Xxx  3  par 


^  v- 


'i4<^5- 


Tiré  des 
Recueils  de 
M.  TAbbé 
Le  Grand. 


5U  PRElJVÊS  DES^MEMOIRÊS 

SLT  nofttedic  frère  6c  Ccfdks  hoirs  nufles,  &  non  â  autre  »  nous,  &  no» 
ccellèars  Roys  de  France ,  donnerons  lefdics  Offices  »  fans  quelconqud 
difficulté ,  Se  avec  ce ,  avons  voulu  6c  voulons ,  (^uenoftcedit  frère  pui£k 
dès  a  prefeht  Dominer   nouveaux  Officiers  èfdits  Offices  ,  comme  va-( 
quatis  par  Its  céffion  SC  tranfport  que  \nj  avonsiait  dudit  Duché  »  non^^ 
obftant  quelconques  Létales  ou  don  defdits  Offices  que  autresen  eu&nc 
eu  cy  devant.  Si  donnônseii  Mandaient  i noftameZ'&  ficaur  lesGene^^ 
raux  Confeiliers  >  fur  le  fait  de  nos  Finances ,  &  à  tous  nos  autres  Jufti'- 
ciers  6c  Officiers  »  &  à  chacun  d'eux ,  fi  comme  à  luy  appartiendra  >  que 
npftredit  fireie  &  fefdirs  hoirs  mafles ,  à  toujours  tant  qu'il  en  y  aura  de 
hoir îmaifleen 'hoir  mafle,  ainfi,  que  cbt  cft  rils  faâènt  y  kmffient ,  &  laif-« 
fent  jouy r  &  u(er  pleinemèiil:  &  paifiblement  de  nos  prefeos  don ,  con-» 
ceffion  6c  oStcoy ,  fans  en  ce  luy  faire  ,  ni  fouffiir  eflxe  fait  ,  ni  mis  ou 
donné,  aucun  empefchement  6c  difficulté ,  car  ainfi  nous  plaift-il ,  &  vou- 
lons eftre  fait  nonobilant  quelconques  Ordonnances, conftitutions,£dit$ 
Déclarations  ,  Lettres  &  autres  chofes  quelconques ,  impetrées  oui  im- 
petrer  à  ce  contraire.  En  témoin  de  ce,  nous  avons  fait  mettre  noftre 
Scel  à  ces  prefentesb  Donné  à  Paris  le  vingt«neuvie(me  jour  d'OAobre  » 
Tan  de  grâce  mil  quatre  cens  foixante<:inq ,  6c  de  noftre  Règne  le  xin^ 
quiefme.  Signé.  Par  le  Roy  en  fon  Confeil.  Rol  ant.  • 

L  X  X  I  *. 

ffsT  Expédition  dfs  Généraux  fur  cute  heure  preceitnu. 

LE  S  Généraux  Confeiliers  du  Roy  noftre-  frère ,  fur  leÊdt  &  entre^ 
tiennement  de  toutes  fes  Finances  ,  tant  en  Languedoil  que  en  Lan«^ 
euedoc ,  vu  |es  Lettres  Patentes  dudit  Seigneur ,  au(quellesces  prefentes 
font  attachées  feules ,  l'un  de  nos  Seigneurs,  par  lefquelles ,  &  pour  les 
caufes  dedans  contenues ,  iceluy  Sgr.  a  donné  6c  o&royé  i  Monfieur 
Charles  de  France ,  Duc  de  Normandie  (on  frère ,  &  à  fes  hoirs  mafles  , 
&  aux  hoirs  mafles  de  (efdirs  hoi^  mafles ,  tant  qu'il  en  y  aura  de  hoir 
mafle  en  hoir  mafle  de;  loyal  mariage ,  les  puiflànce  &  £aiculté  de  nommer 
dèsà  prcîfent&  dorefnaVant  quaiâ  ils va^jueront  »  tels  Efiu&  GrenetierSy 
Receveurs ,  Contrôleurs  6c  autres  Officiers  quelconques  que  bon  leur 
femblera ,  6c  i  fefdits  hoirs  audit  Duché ,  pour  aflèoir ,  recevoir ,  faire 
venir  eux  pour  furcueillir,levtr&  amaflerau  profit  deoiondit  Sei^eur 
de  Normandie  ou  de  fefdits  hoirs  mafles ,  toutes  les  autres  impofmons  » 
Crehim^  G:d>elks ,  'taillcrs ,  £wt  pour  fouldede  Gens' d'Armes ouautte* 
ment^i  &  i^utires  fi^âdes  etti^àordinaires  au  Duché  deNoonaudie^  aufll 
pour  connoifti^,  juger  de  décider  desquefHons  6c-  débats  qui  eh  fbuivt 
dront ,  &  généralement  pour  toutes  autres  chofes  necellàires,  toutes  les 
chofes deffufdites,  leurs  circonftances&  dépendances,  aufquels  Officiers 

3ui  ainfi  feront  nommez  par  mondit  -Seigneur  de  Normandie ,  6c  fef- 
its  hoks^  mafles  i  &  non  à  autre.  Le-^R^^  tioftredit  Ssr.  6t  (es.  ffaoéef- 
ftàt$  ^àyi  de  f rance ;  doïïwéronc -lefdits  Offires,  ums'  quelconque 
difficulté  y  &  ^vlsc  ce ,  a  ledit  S(5i^Beur  voulu  que  nunidir  Seimeur  de 
Normandie  ipuiflè  dèsà  pctlfent-ubmaièr  nouveaux  Officiers  èfdits  Offi- 
ces» 


^ 


PE  PHIL.  DE:COMIN:ES  -  ^3^. 

ceS)  comme  vaquans  par  les  ce/Hoii  flc  tranlpoixqu'il  luf  2  ff(icdudic  pii'  ^^^^*™^ 
chef  npoobftantquclconques  Lettres  ou  don  derdûs06Ecesi  queai^  ^4^f' 
«es  es  eulTeot  eu  audit  Sgi.  par  cy-devanc  >  nous  en  tant  que  i  nous  eft 
.confeoDons  entherinetnent  &  accomplilTemencderdices  LçtWcs ,  pour  Us 
raufes  t  toi)!!  ainfi  &  en  la  forme  Se  manière  que  le  Roy  [io%edi(  Sgr.  le 
.veuc  &  mafide  pac  icelles.  Donné  Tous  noltredit  feing  le  .cioqulçraie 
.  jour  de  Novcn^ifei  l'an  mil  quatre  cens  {oixance-cinq..    ., 

,,\.  .1  x,x  i.i*v 

J^  TotuhofU  la  coBtraiau  des  EJtus  &  Rteevettrs  tCAlaifOit-      -, 

LO  Y  S 1  par  la  grâce  de  Dieu  >  R07  de  France.  A  cous  ceux  qjiî  ces      ^,  , 
prcfcntcs  Lettres Verront ,  Salut  :  Comme  en  feifant  le  bail ,  cellioti  Hecudls  A» 
&  tranfporc  i  noftre  très-puiilànt  Se  très^mé  frère  Charles  de  France  j  m,  l'Abbé 
jxiurtoui  fo;!  droit  deappooage, poucluy  dcfeshoirs  maflesttantqu'il  LcGtaïul, 
en  y  aura  du  Duché  de  Normandie ,  ait  efté  expreOêment  die ,  que' au  re- 
.gard  Jcs  Tailles  &  Aydes  du  Duché  d'Alençon ,  la  penfion.de noftterrifr- 
Duillànt&  très-amé  coufînie  Ducd'Alençon>  foie prifeSc levée  fur  leu 
Aites  Tailles  &  Aydes,  telle  &  en  la  manière  qu'il  eftoit  accoutumé,  éç 


l 


lue  le  re£du  appariiendioit  i  noftredit  frère ,  &:  i  fes  hoirs  malles  Du^s 
le  Normandie  ,  &  foienr  lefdites  Aydes  &  Tailles  împofées  ,  levées  & 
cueillies  par  les  Officiers  qui  ontaccoutumédelesimpoier ,  lever  &  rece- 
cevoir ,  lefquels  payeront  la  penfîon  de  nolfaredit  couiîn  d'Alençon  par 
décharge  >  &c  lereHaudelivreiontà  noftredit  A:ere  &â  fefdits  hoirs  mafles, 
auquel  noftre  frère  baillerons  Lettres  ,  pour  toujours  contraindre  lef- 
dits  Officiers ,  à  montrer  k  nc^redit  frère  ou  à  fes  gens  &  Officiers  ,  la 
vraye  valeur  defdices  Aydes  &  Tailles ,  &  defquels  Officiers ,  tes  comp- 
resloient  rendus  eu  noitre  Chambre  des  Comptes  à  Paris.-  Sçavoir  fai- 
sons ,  que  nous  voulons  Se  devrons ,  noftredit  frère  Se  fèfdits  hoirs 
^jqiaAesi  tant  qu'il  en  y  aura ,  }owe  entièrement  des  chofes  que  lay  avo«s 
o^oyées  pal  fondit  appanage  a  icetuy  noflre  frère  >  ppur  fuy  Se  ^(djps    ;'  '^ 
hoirs  mafles ,  tant  qu'il  en  y  aura  ,  avons  oélrpyé  fc  qâroypns  par  ç^s    ' 
prefenres ,  que  iefdits  Ellus ,  Receveurs  &  autresOfficiers  ,  qui  foitt  ou  .' 
feront  ordonnez  à  ^ëoir  >  recevoir,  cueillir  fie  amailèc  lefdites  Aydes  &  ""'  ' 
Tailles  audit  Duché  d'Alenèon,  puilïènt  élire  confrainis  â  iiionârec4 
oofttedit  frère  &  à  (es  hoirs  malles  ,  tant  qu'il  en  y  aura  Ducs  de  Nor- 
mandie ,  ou  à  leurs 
valeut  defdiies  Aydes 
DUS  d  délivrer  i  nofbn 
ra  ,  le  xeffdu  qui  dein 
lencon ,  après  <iue  la 

levée  Xur  lefdites  Ay  t 

accoutumé ,  &  avec  < 

ions  &^oas  pIàlt,QU(  , 

joa  au  yidimusa'içvX^  , 

.^vecqutirancedenoft  r 

auia ,  tout  ce .  9UC  m 


« 


*55         PkEtrVES  DES  MÊMOÎRÏS 

i^Cj.    "fençon  ,  ibiti  alloué  es  comptes,'  &  hibbatu  4ë  la    Recette'  des  Reôd- 
yeurs  par  nos  amez  &  féaux  Gens  de  nos  Comptes ,  qui  font^  ou  peur  le 
tems  advenir  feront ,  fans  aucune  difficulté*  Si  donnons  en  Mandemenc 
par  ces  prefentes ,  à  nos  amez  &  féaux  Gens  de  nos  G)mptes ,  &  Gene« 
raux'fur  le  fait  dé  nos  Financ:es,&  à  cous  nos  autres  Jufticiersfit  Officiers 
prefens  &-advemriQuenoftredit  frère  SC  fefditshoirs  mtUtes ,  à  toujours  » 
tant  ou'il  en  y  autiade  hoir  mafle  en  hoir  mafle ,  Ducs^e  Nbtmandie  ^ 
ils  fauènt ,  fouffrent  &  laiflent  jouir  6c  ufer  pleinement  6c  paiiiblement, 
de  nos  prefens  don ,  conceifion  6c  t>âroy  ^^fans  leur  faire  ou  donner ,  ni 
foufFrir  eftrç  fait  ^  mis  o]x  donné  ^ucqn  deilourbier^ou  empefchemfsnt  au 
contraire '^  en  baillant  par  vous  nofdits  Généraux ,  Confediers  5  à  ces 
prefentes  voftre  arrache  âc.exjpedition ,  adi:e({ant  au  prçmier  tiluiflier  de 
\^i  -      4tci{IrëC6ur  de  Parlement,  des  Requeftcs  du Fahtis  ou  dç  iiaftre  Hoftef, 
T   ^krar  contraindre  lefdits  ]Eflus  &  Receveurs  ^  à  bailler  ladite  vraye  valeur 
'    défdîtes  Tailles  &  Aydes  à  noft redit  frerc  ou  à  fes  Gens  8c  Officiers ,  la^ 
•■  -    qudleattâche  6c  expédition  voulons  valoir  ^ur  toujours  j  car  ainfi  nous 

plaift-il  s6c  voulons  eftre  fait ,  6c  à  noftredit  rrere  6c  i,  fefdits  hoirs  mailesj 
taotqu^il  en  ygura,  Tavons  oftroyé  6c  oétroydns  de  gracç  efpecialë.pac 
ces  prefentes ,  nondbftant  ôppofition^  &  appellations ,  quelconc^ues  Orù 
donnances ,  Edics ,  Déclarations  Coutumes, Ufages,Lettres,&  autre  choib 
qùclconçiue  ,  ^te  xni  à  faire  i  ce  au  contraires.  En  tetttoin  de  ce,  nouii 
avons  fait  mettre  noftrcScel  à  ces  prefentes.  Donné  à  Paris  le  vingt-neu- 
vicfme  jour  d'Oârobre ,  l'an  de  grâce  mil  quatre  cens  foixante-cinq ,  6c 
de  noftre  Kcgnp  le  cincjuiefoic*  Ainfi  iîgné.  Par  le  Roy  en  fôn  ConfciL 
Pi  la  Coua»  .    '    >•  . 

•      '     ■       "   .    '  '  L  X  X.  ï  *  *  *  . 

(j^  JÇxftdi^ion  Jcs  G^nçraux  fiir  cette  Lettre  priuient^^ 

T  é  des  T    '^  5  ^^^^'^^^'^  Confcillcrs  du  Roy  noftrç  Sgf.  fur  Iç  fait  &  Gou* 

Recueils  de   -L^  venfemenr  de  toutes   fes  Fin^ntes,  tant  en  Laneuedoil  comme 

M,  TAbbé    ^"  tafiguedoc,  Vû:|fes  Letttçs  Patenter  dudjt  Sgr.  aulqiïelles  ct%  pre-» 

Iç  Grand,  lentes  (ont  attachées  fout  ilun  de  nos  fignes,par  tefquelles,  &  par 

les  caufes  dedans  conrcnucs,  ledit  Sgr,  a  donne  i5c  oftroyé  à  Monfei^ 

Sneur  Charles  de  France,  Duc  de  Normandie  fon  frère ,  pour  luy  &  (iz% 
oirs  ipafles ,  ^ant  qu'il  en  y  aura  \  Que  Içs  Eflus ,  Receveurs  &  autres 
•Officiers  qui  fôht  ou  feront  ordonne:^ à  aflcoir,  recevoir,  cueillir  & 
'mnaflcrlés  Aydes &^ Tailles  duEhiché  d'Alcnçon^^ûiffênt  eftre  contrainrs 
4rnbiirrcrà  itapnilit  Sgr,  Je  Duc  de  Normandie ,  ou  à  fefdirs  hoirs  mafles 
tant  qu'il  eh  y  aliraDucf  de  Normandie,  ou  à  leurs  Gens  &  Officiers  â 
ce  commis  de  par  eux ,  la  vraye  valeur  defdites  Aydes  &  Tailles  dudit 

T% t-i     J>Al . Ow  l-iTJîi.-    n  1 : L^.â^  1    X_JÎ.._. _A    ^ iM^^'*^. J^ 


gneurd'ÀIëhçonferaprifc  Ôpleycç,  telle  &en  la  manière  qu'tt  cftôît 
accoutumé,  &  que  par  eux  rappcirt'fintlefd ires  Lettres  Patentes  (Ignées  de 
\x  main  dudit  Stignçur,  <ni  Vidimus  4'icdle  /  feit  fous  Std  ^oyàl  i  pour 


s 


T)E  PHIL.  DE  COMINES.  ^7 

fine  fois  reuiement  avec  quittance  de  noftredic  Seigneur ,  ou  de  fefdits 
iloirs  mafles ,  tant  qu'il  en  y  aura ,  tout  ce  que  pourra  monter  ledit  rc-  *  ^  ^ 
l(idu  defdites  Aydes  &  Tailles  d'Alençon ,  foit  alloué  es  Comptes ,  &c  rab- 
i>atu  de  la  recette  defdits  revenus  ;  6c  en  outre  nous  a  ledit  Seigneur , 
r  fefdites  Lettres ,  mandé  Se  donné  puiflànce  &  authorité  de  donner 

Ur  ce  noftre  attache  »  &  expédition  adreflfée  au  premier  noflfre  Huillîer 
<le  la  Cour  de  Parlement,  des  Requeftes  du  Palais  ,  ou  de  THoftel  d*ice- 
luy  Seigneur ,  laquelle  ledit  Seigneur  veut  à  tousjours  eftre  valable ,  pour 
contraindre  lefdits  Efleus  &  Receveurs  aux  choies  deflufdites  :  Nous  en 
tant  que  à  nous  eft,  confentons  Tentherinement  &accompli(Ièment  def- 
dites Lettres ,  en  mandant  de  par  ledit  Seigneur  Se  nous  »  au  premier 
Huîâier  de  la  Cour  de  Parlement,  des  Requeftes  du  Palais,  ou  de  VHoC- 
tel  d'iceluy  Seigneur,  qui  pi^mier  fur  ce  fera  requis  par  mondit  Seigneur 
de  Normandie ,  ou  de  Tes  noirs  maies ,  tant  qu'il  en  y  aura ,  que  lefdits 
Efleus,  Receveurs  &  autres  Officiers  dudit  Duché  d'Alençon  ,  ils  con- 
traignent d'apporter,  Se  de  faire  monflre  par  chacun  an  à  mondit  Sei- 
gneur le  Duc  de  Normandie ,  &  à  fes  hoirs,  tant  qu'il  en  y  aura ,  ou  à 
Xciits  gens ,  Officiers  à  ce  commis  de  par  eux ,  la  vraye  valeur  defdites 
aydes  &  tailles  dudit  Duché  d'Alençon,  &  lefdits  Receveurs  à  payer  le 
refîdu  de  ce  que  monteront  lefdites  Aydes  &  Tailles ,  après  que  la  pen^ 
fion  de  mondit  Seigneur  d'Alençon ,  fera  prife  8c  levée  telle  Se  en  la 
manière  qu'il  eftoit  accouftumé ,  en  baillant  aufdits  Receveurs  ces  pre* 
(entes  fignées  de  la  main  dudit  Seigneur  ou  vidimus  d'icelu7,fait  fous  Scel 
Royal ,  pour  une  fois  tantleulement ,'  avec  quittance  de  mondit  Seigneur 
xle  Normandie ,  ou  de  fefdits  hoirs  mâles ,  tout  ainfi  &  par  la  forme  Se 
manière  que  le  Roy ,  noftredit  Seigneur ,  le  veut  &  mande  par  fefdites 
Lettres.  Donné  fous  nofdits  fignes  le  feptiefme  jour  de  Novembre ,  l'an 

mil  quatce  cens  foixante-cinq.  Ainfi  Signé  ,  Rj^ynaut. 

.  L  X  X  I  L 
Proujlation  contre  le  Traieé  de  Confions. 

LE  mefme  Roy  envoya  Guillot  Pot ,  Bailly  de  Vermandok ,  Se  Jacques        Tiré  de 
Fournier^  Confeiller  au  Parlement  de  Paris,  pour  deflourner  Onar-  l'Edition 
ies ,  Duc  de  Bourgogne ,  d'aflifter  le  Duc  de  Bretagne  contre  luy.  dç  M.  Go* 

Item.  Et  quant  à  ce  que  ledit  Sieur  de  Creouy ,  Carondelet  &  Meu-  dcfroy. 
rin  ,  ont  dit  que  l'alliance  Se  traité  d'.entre  mefdits  Seigneurs  de  Bourgo- 
gne Se  de  Bretagne ,  a  eflé  fait  par  le  confentement  du  Roy ,  oncques  le 
Roy  n'y  donna  confentement  libéra ,  ne  de  fa  franche  volonté  \  mais 
fçait  mondit  Seigneur  de  Bourgognel,que  lorfqu'on  veut*  dire  ledit  con-  *  Veut.Jt 
fentement  avoir  eflé  donné ,  la  plufpart  de  tous  les  Seig;neurs  du  Royau-  crois  ^u  il 
me  de  France  efloient  en  armes  contre  le  Roy ,  le  tenoient  affiegé  dans  ^*^^  '^^*''^'' 
ia  yille  de  Paris 5  chacun  jour  prenoient  &  faifoient  rebeller  Villes,  Pla- 
ces Se  Forterelïcs  contre  luy,  tellement  que  force  &  contrainte  luy  eftoit 
pour  efchever  le  danger  Se  inconvénient  de  fa  perfonne ,  &  la  totale  def- 
truâion  de  fon  Royaume,  dont  le  péril  eftoit  lors  éminent ,  de  faire  & 
paficr  cequ'ondeinandoit  ^maisc'efloit  par  force, violence  &  contraintexles 
Tome  IL  Y  y  y  chofcs 


___  53»         PREUVES  DES  MEMO ÎRE'S: 

i^^r  chofes  deflufdites ,  &  le  monftra  bien  v  car  quand  il  vie  que  force  8c  ûc^ 
ccfGxé  luy  fut  de  ainfi  le  faire ,  il  alU  en  fa  Cour  de  Parlement ,  &  ail-^ 
leurs  en  pluiieurs  lieux  »  &  notifia  que  ce  qu'il  fai(bic  eftoic  contre  fotf 
courage  &  volonté ,  par  force  &  coAcrainse ,  Ôc  pour  «fchever  les^ 
inconveniens ,  tant  de  fa  perfonne ,  que  du  Royaume  >  qu'il  voyoit 
en  difpo&ion  d  advenir  y  proteftant  expieilëment ,  que  quelque  con- 
fentemcnt  qu'il  donnaft ,  ne  fut  valable ,:  &  ne  luy  puft  tourner  à 
préjudice. 

hem.  Et  auili  toutes  les  chofes  qui  furent  faites  >  lorfqti'on  dit  que  le- 
dit confeotement  avodt  efté  donné ,  ont  cSté  rompues  &  caflees.  Car  pre- 
mièrement, le  Duché  de  Normandie  oui  avoit  efté  baillé  i  mondit  Sieur 
de  Guyenne,  luy  a  efté  ofté ,  mefme  a  la  requeftc  du  Duc  qui  le  bailla^ 
au  Roy  ;  6c  par  la  délibération  de  la  plufpart  des  Seigneurs  du  Sang  » 
tant  de  ceux  qui  avoient  efté  audit  Traité ,  que  d'autres ,  &  depuis  par 
concluflon  de  tous  les  trois  Eftats  du  Royaume  de  France,  a  efté  trouvé' 
&  reconnu  que  d'ancienneté  par  les  Roys  de  France ,  &  encore  derniè- 
rement par  le  Roy  Charles  VII.  que  Dieu  abfolve  ,  il  avoit  efté  uny  à  lar 
Couronne  de  France ,  &  dit  &  déclaré  qu'il  en  eftoit  infeparable,  &  ne^ 
fe  pouvoir  aliéner  ne  tranfportetr^ 

L  X  X  I  I  L 

Remarques  fur  te  Traité  de  Confians  ,  &Jur  les  Duche[  dt  Lothiers  ,  £ra^ 
tant ,  JUmbourgf  Marquifat  d'envers  ,  Terres  d^Outre-Meu^e ,  Filles 
de  Peronncy  Mondidier ,  Raye  y  Auxerre-,  &  fur  quelques  Terres  em 
Hollande. 

Tiré  Je  TE-  T  E  Roy  Louys  XI.  traitant  avec  le  Comte  de  Chiarolois ,  luy  promit 
didon  de  JL^  par  le  Traité  du  ;.  Oâobre  14^5.  de  luy  délivrer  les  Villes,  ChafteU 
M.  Gode-  lenies  &  Prevoftez  de  Peronne ,  Mondidier  &  Roye ,  &  de  procurer  par 
"•y*  effet  que  le  Comte  de  Nevers  luy  tranfporteroit  &  remettroit  tous  fcs- 

droits  5c  prétenticms  fur  ces  Villes. 

Il  y  avoit  long-temps  j^ue  Jean ,  Comte  de  Nevers  jouiflbit  du  revenu 
de  ces  trois  Villes,  qui  hiy  avoit  efté  cédé  en  144^.  par  le  Duc  de 
^ucgogne ,  pour  le  payement  ^quelques  fommes  que  ce  Duc  luy  de- 
voit  *,  il  précendoit  outre  cela  que  les  Duchez  de  Lothiers  ,  de  Brabant , 
lie  Limbonr^ ,  &  Je  Marquifat  d'Anvers  luy  eftoient  efcheus  fuivanc 
le  parta^  fait  par  Philippe  le  Hardy;,  Duc  de  Botugogne,^  &  la  fubftito- 
^on  y  inferée. 
Voyez,  cy-  Le  Comte  de  Charolois  trouva  moyen  de  fc  faifîr  de  la  perfonne  de' 
^^^  ce  Comte ,  &  par  menaces  ou  autrement ,  il  fe  fit  donner  la  carde  des 

^^         '  Comtez  de  Nevers  &  de  Rethel ,  &  il  en  esttorqua  des  renonciations  à 
routes  prétentions  Air  les  Ducherde  Lothiers,  Brabant,  Limbourg ,  Mar^ 
^uifat  d'Anvers  j  T^ies  &  Seigneuries  de  Peronne,  Mondidier,  Roye». 
Auxerre ,  &  pour  autres  fu jets  énoncez  dans  fes  renonciations. 
Il  en  fut  rait  ik  Lettres  différentes ,  fçavoir  : 
I.  Pour  la  garde  des  Comtez  de  Nevers  &  de  Rethel. 
2<  Pour  renoncer  aux  Duchez  de  Brabant,,  Limbourg,  &c. 

5- 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  n9 

5  •  7bac  rendre  au  Duc  de  Bourgogne  le  Comté  d' Auxerre ,  &  les  Ter-         ^ 
«s  de  Vome ,  Ooft-Vornc ,  la  BrieUe  ,  &  autres  qui  avoient  efté  tranf-     ^  ^^  î 
jxmécs  i  ce  Comte  pour  fîireré  de  6oqo  livres  de  rence  à  luy  promifes  par 
ibn  contrat  de  mariage. 

4*  Pour  renoncer  a  la  donanovi  qm  luf  avoit  efté  (akt  en  i  ^6.  par 
Philippe ,  Duc  de  Bourgogne,  des  Terres  de  Peronne,  Mondidier  6c 
Roye ,  pour  en  jouïr  pendant  quimte  ans  y  6c  eftre  payé  de  vingt  mille  Ta- 
lus d'or,  que  ce  Duc  luy  avoit  retenus  du  dot  de  la  femme  d^une  part , 
Se  loooo  livres  d^autre  part ,  qui  luy  dévoient  revenir  de  k  fucceffion  de 
Bonne  d'Artois  (a mère ,  féconde  femme  de  ce  Duc 

5*  Pour  approuver  leTraîtéfait  i  Paris  en  ce  qui  regardoit  le  tranfport 
ées  Villes  de  Peronne ,  Mondidier  Se  Roye. 

6.  Et  pour  renoïKcr  à  ces  fommes  de  loooo  fahis  d'or  &  de  loooo  liv. 
qu'il  prétendoit  luy  eftres  ducs. 

Les  cinq  premières  de  ces  Lettres  furent  datées  à  Englemonftier  le  lu 
Mars  i4(>5.  avant  Pafqués  (i),  &  la  âxiefme  fur  daitée  à  Boulogne  le  der- 
niers Mars  1 4^5  •  auiH  avant  Pafques» 

Quoique  ces  pièces  foient  datées  comme  faîtes  à  Englemonftier  &  i 
Boulogne ,  il  n'eft  cependant  pas  fur  qu^elles  y  ayent  eâ»  jpdflSes ,  il  dk 
certain  que  dans  les  Lettres  de  ceffion  des  Duchez  de  Draoant ,  de  Lim- 
bourg ,  Sec.  les  mots  EngUmonfiicr,  &  zz.jour  ,  fonr  d'un  encre  très- 
^lifferent  de  celuy  du  corps  de  la  Lettre ,  ce  qui  témoigne  qu'ils  ont  efté 
adjouftés  après  coup  *,  &c  pour  les  autres  Quatre  Lettres,  le  Comte  de  Ne- 
vers  &  fes  héritiers  ont  tousjours  prétencfu  qu'elles  eftoient  fauflès ,  ou 
I>our  parler  plus  jufte ,  qu'elles  n'avoient  pas  efté  données  avec  toute 
a  liberté  que  l'on  doit  avoir  dans  des  affaires  d'une  aufli  grande  confé- 
quence. 

Une  s'agiilbit  pas  moinsquedequatreProvincesfouveraines&des  plus 
confiderables  de  l'Europe,  comme  aufli  de  plufieurs  Terres  &  prétentions 
de  grande  imi>ortance,  cela  demandoit  que  les  aâes  ne  fuflènt  fujets  à 
aucune  fufpicion. 

Le  Comte  de  Nevers  n'eftoit  plus  en  liberté  de  fe  tirer  du  fâcheux  pas 
pu  il  fe  trouvoit  engagé ,  la  feule  précaution  qu'il  prit ,  fut  de  faire 
écrire  fur  la  bande  du  parchemin ,  fur  laquelle  le  fceau  devoir  eftre  ai>- 
pliqué ,  une  proteftation  de  violence  &  de  nullité  de  tout  ce  qui  eftoit 
contenu  dans  les  aâes  qu'il  avoit  efté  contraint  de  figner. 

Ce  ftratagefme  luy  fut  fuggeré  par  un  habile  &  fidde  Miniftre ,  nom- 
imé  Bertaut  -,  &  aulfî-toft  que  ce  Comte  fut  en  liberté ,  il  fit  aflîçner  le 
Duc  de  Bourgogne  au  Parlement  deParis ,  pour  voir  déclarer  nulles  les 
renonciations  qu'il  avoit  faites  à  (es  prétentions  fur  les  Seigneuries  de 
Perotine ,  Mondidier  &  Roye ,  &  autres  prétentions  réelles  &  pécuniai- 
res fur  d*autres  biens  qui  dévoient  luy  appartenir. 

Le  Duc  de  Bourgogne  mourut  quelques  mois  après  ces  renonciations 
données ,  &  le  Comte  de  Charolois  fon  fils  &  (ucceflêur  au  Duché  de 
Bourgogne ,  ne  fe  mit  pas  fort  en  peine  de  rendre  juftice  à  fon  coufin  le 
Comte  de  Nevers.  Le 

(i)  L*aan<e  conuneBçoic  lors  à  Pâques ,  qui  arriva  le  6.  Avril ,  premier  jour  ds 

Yyy  X 


540  PREUVES  DES  MEMOIRES 

.  Le  difFerend  pour  tes  Duchez  de  Brabanc  ,  Limbourg ,  Sec.  avoit  eft£ 

^  ^'      auparavant  décidé  par  la  force  ;  le  Duc  de  Bourgogne  s'cftoit  cmpacé  dé- 
cès Duchez  j  Se  le  Comte  de  Charolois  Ton  fils  avoit  tiré  des  Eftats  de 
tous  Tes  Pays  une  déclaration  qu'ils  le  reconnoiftroient  pour  leur  Seigneur 
Voyez,  cy-  j^près  la  mort  de  Ton  père ,  moyennant  quoy  il  avoit  promis  aux. Eftats  àt 

mmXLV    ^^^^^^^  ^^  ^^"^  confirmer  leur  Chartres  &  privilèges. 

.  La  caufe  pour  les  Villes  de  Peronne ,  Mondidier  &  Roye  fut  portée 
au  Parlement  de  Paris  >  où  les  héritiers  du  Comte  de  Nevers  demandè- 
rent que  les  quatre  Lettres  originales  qui  regardoient  ces  Villes ,  fvtSknt 
rapportées  »  &  que  les  fceaux  qui  y  eftoient  attachez  fuflènt  levez  pour 
voir  fur  la  bande  de  parchemin ,  a  laquelle  ils  eftoient  attachez ,  la  pro- 
teftation  de  violence  &c  de  nullité  y  qu'ils  difoient  y  eftre  iofcrirc* 

On  ne  voit  pas  que  ce  procès  ait  cfté  décidé ,  mais  il  eft  certain  que 
ces  quatres  Lettres  originales  furent  depofées  au  Greffe  <lu  Parlement  de^ 
Paris ,  en  l'année  1515. 

Ces  faits  font  fi  fîneuliers ,  que  l'on  eft  perfuadé  que  le  Le£keur  judi- 
cieux fera  très-aife  de  trouver  icy  les  Lettres  de  rcconnoiflànce  &  les» 
renonciations  aux  Duchez  de  Brabant,de  Limbourg,&c.  aux  Seigneuries  de 
Peronne ,  Mondidier  &  Roye ,  &  autres  prétentions  du  Comte  de  Ne* 
Vûfiz  cy-  ^^^^  >  ^  V^^  ^'^^  y  adjoufte  l'afte  de  la  depofition  faite  au  Parlement  de 

^Tèsn$ime'  Paris,  des  Lettres  qui  regardent  Peronne  ,  &  de  la  demande  qui  y  fut 

r^LXXXV.  faite  pour  l'ouverture  de  ces  fceaux ,  afin  d'y  découvrir  la  faudeté  &  nuU 

9cc.  Uté  ae  ces  Lettres^ 

LXXIY. 

Acte  de  r Hommage  lige  fait  au  Roy  Louys  XL  par  U  Comte  de  Charolois^ 
de  plujieurs  ITUles  >  qui  luy  av oient  ejli  cédées  en  Picardie  & 

autres  lieux..  ' 

A  Saim-Antoine-lez-Parîs  >  le  dernier  Odlobre  14^^. 

.^J .  T    O  YS  ,  par  la  grâce  de  Dieu ,  Roy  de  France  :  A  nosamez  &  finaux. 

Ac  M.^Go-  ^^  G^tïs  de  nos  Comptes  &  Trçforiers  ,  aux  BaiUifs  de  Vermandois  > 
dffroy,  d'Aniien:;»  Saint-Quentin  %  Senefehal  de  Ponthiea ,  8c  Lions  nos  autres 
Jufticiers  &  Officiers  y  ou  a  leurs  Lieutenans,  Salut  &  dileâion  :  S<^avoir 
vous,  faifons ,  que  noftre  très-cher  &  très-amé  Frerc  &  Coufin  le  Comre 
de  Charolois ,  nous  a  aujourd'huy  fait  les  (oy.6c  hommage  lige  qu'il  nous, 
eftoit  tenu  faire  à  caufe  des  Terres  &c  Seigneuries  de  Picarcue,  tant  deçà 
que  de-U  la  rivière  de  Somme,  avec  les  Villes  &  Places  de  Peronne  , 
Mondidier  &  Roye,  &de  la  Comté  de  Guynes]  lefauelles  Terres  Se 
Seigneuries  luy  ont  par  nousefté  baillées  &  tranlportees-  par  le  Traité 
n'agueres  fait  entre  nous  Se  luy,  aufquels  foy  &  nommage  nous  l'avons 
reçu,  fauf  noftre  droit  &  l'autruy  vfi  vous  mandons  &  à  chacun  de 
vous ,  fi  comme  à  luy  appartiendra  ,  que  pour  caufe  defdits  foy  &  hom- 
mages à  nous  non  faits ,  vous  ne  faites  ou  donnez ,  ne  fouffrez  eftre  fait^ 
tnis  ou  donné  â  noftredit  Coufin  aucun  deftourbier  ou  empefchement  i 
ainçois  fe  lefdites  Terres  &  Seigneuries  >  ou  aucunes  d'icelles  eftoient: 

pout 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  541 

poor  ce  prinfcs ,  faides ,  arreftées  ou  aucunement  empefchées ,  mettez-  . 

lesluy  ou ,  ou  faites  mettre  incontinent  &  fans  délay  à  pleine  délivrance»  1 4  6-^^ 
pourvu  que  noftredit  Coufin  fera  tenu  de  bailler  ou  faire  bailler  par 
efcrit  j  dedans  temps  dû ,  fes  dénombremens  &  adveus  defdites  Terres 
&  Seigneuries  »  &  taire  &  payer  les  autres  droits  &  devoirs  qui  pour  ce 
nous  pourroient  eftrc  deus  :  Donné  à  faint-AntlK»ne-lcz-Paris ,  le  der- 
jour  d*Oâx)bre ,  Tan  de  grâce  mil  quatre  cens  foixante  cinq»  Se  de  noftre 
Règne  le  cinauiefme.  Et  plus  bas.  Par  le  Roy  »  Mellèigneurs  les  Duos: 
de  Calabre ,  de  Bourbon  &  de  Nemours.  Les  Comtes  de  Sainc-Pol ,  Con-^ 
neftable ,  le  Comte  Delebret,  Vous ,  Meflîre  Jacques  de  Luxembourg  y 
les  Comtes  de  Marie ,  de  Brienne  &  de  Penthievre ,  de  Comminge  &  de 
Dunois  )  l'Admirai ,  le  Marefchal  de  Gamaches ,  le  Grand  Maiftre  d'Ho(^ 
rel  de  France ,  le  Baftard  de  Bourgogne  ^  les  Sires  de  Crequy  &  de  Craon». 
le  Marefchal  de  Bourgogne  ,  le  Comte  de  Dampmarcin ,  les  Sires  de 
Traynel  »  de  Halbourdin  »  de  Montaeu ,  de  Bazoges ,  Guillaume  de  Biche»' 
le  Sire  de  Feneftranges,  de  Monftereul,  autres  ^tt(çxis^Signé,  de  Reilhac». 
avec  paraphe;  Et  fcclU  d'un  Sceau  en  cire  jaune  pendant  à  JimpU  bande- 
dtparchcmin. 

Collationefur  C original  étant  en  la  Chancre  des'  Compus  de  Lille^ 

L  X  X  V. 

§Cr  Pouvair  du  Roy  Loujs  XL  pour  U  Serment  des  Princes  fur  Caccep^ 
tation  du  Traité  du  Bien  Public  >  du  z^  Novembre  1466. 

LO  Y  S  ,  par  la  grâce  de  Dieu  *  Roy  de  France  r  A  noftre  amé  &  féal     Tiré  des 
Coofeiller  &  Chambellan ,  Guillaume  Juvenel  des  Urflns ,  Che-  Kccueils  de 
valier ,  Seigneur  de  Traynel  *,  &  à  noftre  amé  &  féal  Notaire  &  Sccre-»  ^-  l'Abbé 
laire  Maiftre  Jean  de  Reilhac  ,  Salut  &  dileâion  :  Comme  il  foitainfi  ^^  Grand* 
que  puis  aucun»  jours  en  la  prefence  d  aucuns  des  Seigneurs  de  noftre 
Sang ,  ayons  promis  de  garder  &  entretenir  le  Traité  &  appointement 
d'entre  nous^  &  lefditr  Seigneurs  »  ainfi  que  par  la  forme  &  manière  que 
lefdits  Seigneurs  le  promettoient  de  leur  part  »  &  à  cette  caii(e  ayons 
ordonné  envoyer  par  devers  noftre  très-cher  &  très-amé  Frère  le  Duc  de 
Normandie ,  à  noftre  très-cher  &  très-amé  Nepveu  Te  Duc  de  Bretagne» 
pour  fçavoir  &  orr  leur  intention  touchant  ledit  ferment,  pourquoy  nous 
confians  de  vos  {ens,  loyautez  &  bonnes  prudhomnùes,  vous  mandons  & 
commettons  par  ces  prefentes ,  que  vous  tranfportiez  par  devers  noftre- 
dic  Frère ,  &  à  iceux  fçachez  de  par  nous ,  s'ils  veulent  promettre  & 
jurer  ledit  traité  &  appointement ,  de  la  refponiè  c^ue  ils>  âc  à  chacun 
d'eux  nous  aurout  faites  »»  nous  certifier  le  plus  diligemment  que  pour^ 
rez.  Donné  à  Villers-le-Be^le  deuxième  jour  de  Novembre ,  Tan  de  grâce 
mil  quatre  cens  foixante-cmq^ ,  &  de  noftre  Règne  le  cinquiefme.  Sic 
jLgnatum ,  Par  le  Roy  ,  l'Adnural  >  &  autres  Princes,  Bourré. 


Tyy  3  LXXV*. 


• 


542         PREUVES  DES  MEMOIHES 


14^5-  ix  X  y*. 

fC7  SemufU  de  ^Iqms^unsdts  PrwisUffu^^ 

Tiré  des  T  E  deuxidiiie  jour  de  Novembre ,  mil  quatre  cens  foisanteHriiKi)  par 
Uecueils  de  J^  le  comtnandeinenc  &  onèocmance  du  %oj  ,  nous  Guillaume  Juve«> 
L^r  ^^J^  nel  des  Urfins ,  CJicyalicr ,  Confeiller  &  Chambellan  du  Rcyy ,  &  Jcaa 
Gi^^d.  ^^  Reilhac  ^  Secrétaire  dudic  Seigneur  >  nou^  cran^ttez  par  devets 
Me0ieurs  les  Ducs  de  NormancËe  &  de  Bcecagne ,.  8c  Comte  db  Danois, 
isftan^  à  Pontoire  >  &  à  iceux  diiities  de  par  tedtc  Seigneur  >  qa'il  nou$ 
cnvoyoit  devers  eux ,  pour  les  fermens  qu'ils  dévoient  faire  d'entretenir 
les  appointemcns  &  traité  nouvellement  faits  >  ainfi  que  le  Roy  l'avoir 
promis  de  (à  part  ;  à  qaoy  nou»fuc  faîte  refponfe  par  la  bouche  de  mon^- 
dit  Seigneur  de  Nornumdir  >  que  en  la  forme  Â^  manière  que  lefdits 
traitez  H  appointemens  ont  efte  pailè?  8c  leus  en  la  Cour  de  Parlement , 
il  les  jurou  &  prometcoit  iScy&tlt  fèm>cnt  sa  la  main  de  mondit  Sei- 
gneur de  Danoise  £t  au  regard  dudit  Duc  de  Bretagne  >  il  dit  qu'il  juroit 
8c  prometcoit  ledit  traité  de  paix  j  mais  au  r^ard  de  ce  qui  touche  le 
fait  de  trente-fix  hommes ,  il  refpondit  que  fur  ce  il  en  parleroit  à  nous 
}e  lendemain;  rerournafmes  par  devers  ledit  Duc  pour  avoir  faditte  ref- 
ponfe touchant  ledit  ferment ,  lequel  fit  venir  deux  Notaires  »  ^  en  leur 
prefence  protefta  de  ne  foy  foumettre  les  Loix  de  fa  Duché  de  Bretagne 
a  ce  qui  (croit  fait ,  ne  dit  par  lefdits  trente*fix  hommes ,  &  en  tant  que 
comme  foit  la  Comté  de  Montfort ,  &  autres  Terres  eftans  par-deçà,  il 
coiifentoit  bien  foy  y  foumettre  y  lors  par  nous  fut  fembkb^ment  pro^ 
tefté  de  par  le  Roy  ,  touchant  lefdits  trente-fix  hommes  «  telles  protefta- 
tions  que  ledit  Seigneur  (eroic  cotifeillé  de  faire ,  8c  le  lendemain  nous 
retournafmcs  par  devers  le  Roy ,  noftredit  Scigheur  >  auquel  fifmes  rapr- 

Î|ort  de  la  ferme  de  manieie  comment  lefdits  Seigneurs  avoient  fait  ledit 
ermenc,  ^  le»  ptpteftations  faites  par  ledit  Duc  de  B^etaone,  de  non 
foy  foumettre ,  ne  (on  Pays  de  Dr^agne ,  â  ce  qui  feroit  dit  ^  lefdits 
crente-fix  hommes  :  Et  oy  ledit  rapport  par  te  Roy  y  nous  fiift  dift  &  char- 
giez aller  en  la  Cour  de  Parlement',  pour  pareillemenr  faite  ledirrapi>orc 
en  la  main  du  Greffier  d'icelle  Cour ,  protefter  de  par  le  Roy ,  que  ainfi 
eue  ledit  Duc  de  Bretagne  avoit  dit  &  protefté ,  comme  demis ,  que 
^mblablement  le  Roy  pmteftoit  qu'il  demeureroir  en  ùm  entier  pour 
faire  telles  proteftanons ,  que  bon  luy  femblera ,  lefquelks  chofes  avons 
recitées  à  ladite  Cour  de  Parlement ,  8c  charge  au  Gidfier  d'icelle  les  en- 
rogiftrer  c  Et  ces  diofes  certiffens  eftre  vrayes  :  en  tefmoin  de  ce ,  nou$ 
wons  figné  ces  prefentes  de  notice  main,  les  an  &  jour  que  detfus  dit^ 
Sicjignatum^  G.  Juvenbl  ,  J.  ns  Reilhac, 


Le  Roy  par  toutes  ces  cédions  avok  voa-  ; 
Itt  rompce  la  ligue  faiçe  contre  luy;  mais 
voulant  s'attacher  ^entièrement  le  Comte 
de  Charolois ,  qui  eftoit  devenu  veuf,  le 
x6.  Septembre  1^6$.  par  la  mon  d'Yfabellc 
de  Bourbon  fon  époufc ,  il  luy  avoir  offcn 


* 
if 


Madame  Anne  (te  France  fa  Fille  alTnéc^ 
en  mariage  (lors  âgée  d'environ  quatre  ans) 
&  les  Comtez  de  Champagne ,  de  Ponthicn 
&  de  Boulogne ,  en  cas  que  ce  mariage  eut 
font  efFct,  comme  on  peut  voir  dans  les  ar- 
ticles fuivans. 


Ï)E  PHlL.  CE  COSIINÉS,  .^43 


t  X  X  V  I.' 


14^5- 


ArûeUs  accdrde[  par  le  Roy  Louys  XL  pour  le  mariage  de  Madame 
Anne  dt  France  f  fa  Fille  aijhée  ^  avec  Charles  9  Comte  de  CharoloiSm 

A  VilleriJo^Bd ,  le  3.  Notembre  14(1/. 

LE  Roy  éft  content  de  donner  en  mariage  Madame  Anne  de  France,      x*  /  ^4 
fon  aifnée  Fille  à  Monfieur  le  Comte  de  Charolois ,  &  pour  le  dot  i.p  jî  • 
&  mariage  de  madite  Dame  la  Tomme  de  douze  cens  mille  ekus  d'or»  &  ^^  m.^  Go- 
pour  la  leureré  &c  payement  d*icelle  fomme  baillera  &  tranfoortera  i  dcfroy. 
mondit  fieur  de  Charolois ,  au  profit  de  madite  Dame  &  de  Ces  hoirs  , 
loute  laJComté  de  Champagne  &  Tes  appartenances  &  enclaves  quelcon-^ 
ques  9  tant  de  Langres ,  de  Laon ,  de  Vermandois,  ainfi  qu'elles  Te  com- 
ponent  &  extendent ,  avec  le  Bailliage  de  Sens ,  en  tous  droits  de  Pairie, 
prééminences ,  prérogatives ,  fiefs  ,  nommages ,  rentes ,  revenus  &  au* 
très  profits  ,  tant  ordinaires  que  extraordinaires  quelconques ,  defdits 
Comtés  &  enclaves ,  &  la  nomination  des  Officiers  Royaux  ,  néceflài- 
res  pour  les  droits  Royaux ,  Greniers  ,  Aydes  &  Tailles ,  fans  y  rien  re- 
ferver ,  fors  ce  qui  fera  dit  cy-après,  &  les  foy ,  hommage  ,  reflbrt  & 
fbuveraineté  fous  laCour  de  Parlement ,  fans  moyen,  au  rachat  de  toute 
kdite  fomme ,  &  fera  enquis  defdits  enclaves,  pour  icelles  déclarer  plus 
à  plein  |}endant  le  temps  cy-dedbus  déclaré. 

Et  baillera  le  Roy  madite  Dame  fa  Fille  en  la  puiflànce  dudit  Mon^ 
.  iîeur  de  Charolois ,  incontinent  que  ledit  traité  dudit  mariage  fera  fait 
&  accordé ,  enfemhle  la  po{reâion  &  jbuyilànce  defdits  Comte  de  Cham- 
pagne ,  Citez ,  Villes ,  Chafteaux ,  Places  ,  Foriereflcs ,  tant  d'iceluy 
Comté ,  que  defdites  enclaves ,  ik>ur  en  ioyr  &  prendre  tous  les  profits 
&  émolumens  du  Domaine  &  Greniers  a  Sel  d'icelles  Comté  &  encla- 
ves ,  re(êrvez  au  Roy  les  profits  des  Aydes  jufques  à  la  confommation 
dudit  mariage ,  tant  feulement ,  après  laquelle  ledit  Monfieurde  Charo- 
lois prendra  lefdics  Aydes ,  Se  feront  feulement  jrefervez  au  Roy  les  tail^- 
les  clés  Gens  d*armes. 

Et  entend  le  Roy  que  mondit  Sieur  de  Charolois  ehvoyera  devers  luy 
pour  faire  &  accorder  ledit  traité  dudit  mariage ,  &  quérir  madite  Dame 
dedans  Pafques  prochain  venant ,  &  pluftoft  fi  bon  luy  femble ,  &  un 
mois  après  qu  elle  fera  en.  fon  pays  ,  Tefpoufera  en  fiace  d'^gliiè. 

Et  au  icas  que  la  Ductîé  de  Normandie ,  ,par  mon  ou  autrement ,  re^ 
tournerait  au  Roy ,  foit  avant  ladite  confommation  ,  ou  après,  en  ce  cas 
mondit  Sieilr  4e  Charolois  joyroit  defdits  Comt^ &  enclaves,  tant  en 
Domaine ,  Greniers  à  Sel,  Aydes ,  Tailles  de  Gens  d*armes ,  que  autres 
profits  entièrement. 

Et  s'il  advenoit  que  madice  Daihe  allaft  de  vie  à  trefpas  avant  ladite 
eonfommarion ,  ou  après  j  fans  enfans  procréez  dudit  mariaee,  fiu^ivant 
ledit  Sieur  de  Charolois ,  en  ce  cas  iceluy  mondit  Sieur  de  Charolois 
demourroit  jouifiant  defdits  Comté  &  enclaves ,  en  tels  droits  que  lors  y 
eiendroit  icelles  Comté  &  enclaves  ,  au  rachat  de  la  fbnune  denuit  cens 
mille  efcus  d  or ,  panie  de  toute  ladite  fomme. 


I 

1 


t44  PREUVESDESMEMOIR.es 

^  Et  en  outre  pour  partie  de  la  recompenfe  de  l'attente  de  ladite  *conr 

^  ^  '  fommation  dudit  mariage  pdur  la  jeuneflè  de  madite  Dame  >  le  Roy 
baillera  à  mondit  Sieur  de  Charolois  la  Comté  de  Ponthieu ,  pour  luy 
Se  Tes  hoir5  mâles  &  femdles  procréez  de  luy  &  de  madite  Daine ,  &  les 
hoirs  d'iceux  hoirs  procréez  en  direâe  ligne ,  &  la  Comté  de  Bou- 
logne ,  pour  luy  &c  les  hoirç  procréez  de  luy ,  &  les  hoirs  d'iceux  fes  hoirs 
en  direâe  ligne  à  tousjours ,  &  la  fomme  du  rachat  de  ladite  Comté  de 
Ponthieu  «  &(,  autres  Terres  n'agueres  tranfportées  ,  demouxra  fuj:  lefditet 
autres  Terres  non  eftansd'icelle  Comté  de  Ponthieu. 

Et  en  faifant  &  accordant  ledit  traité ,  il  fera  fait  &  aduré  par  bon 
confeil ,  en  la  meilleure  manière  que  fera  advifé  en  fubflance  des  chofes 
deHufdites.  Fait  à  Villers-le-Bel  >  le  troidefme  jour  de  Novembre ,  Tan 
mil  quatre  cens  foixante-cinq.  SigTié ,  Lovs. 

Mondit  Sieur  4c  Charolois  a  consenti  &c  accordé  les  points  &  articles 
delTufdits  au  cas  qu'il  plaira  â  Monfieor  de  Bourgogne,  Ton  Père,  &à 
Madame  la  Duchcffè,  fa  Mère,  &c  refervéen  tout  leur  vouloir  &  bon 
plaifir.  Signé ,  Charles* 
f     ÇoUationijur  P original  ejlant  en  la  Chambre  des  Comptes  de  Lille* 

L  X  X  V  I  I. 

"Contrat  de  mariage  entre  Dame  Jeanne ,  Fille  naturelle  du  Roy  Louys  XI. 

&  Louys  f  Bajiard  de  Bourbon. 

A  Paris,  le  7.  Novembre  14^5. 

Tiré  de  A  Tous  ceux  qui  ces  prefentes  Lettres  verront ,  Robert  d'Eftouteville, 
fEdition  JLJL  Chevalier,  Seigneur  de  Bcine ,  Baron  dTvry  &c  de  Saint- Andry  en 
de  M.  Go.  la  Marche ,  Cohfeiller  &  Chambellan  du  Roy ,  noftre  Sire ,  &  Garde  de 
4rfcoy.  la  Prevofté  de  Paris ,  Salut  :  Sçavoir  faifons ,  que  pardcvant  Gilles  Godin 
6c  Nicolas  Eveillart ,  Clercs ,  Notaires  du  Rov ,  noftredit  Seigneur ,  & 
de  par  luy  eftablis  en  fon  Chaftelet  de  Paris ,  turent  prefens  &  con^por 
furent  perfonnellement  très-haut ,  très-excellent  &  très-puiflant  Prince 
Louys ,  Roy  de  France ,  pour  &  au  nom  de  luy  &  de  Danie  Jeanne ,  fa 
Fille ,  de  laquelle  il  fe  fit  &  porta  fort  en  cette  partie  efdits  noms ,  d  u- 
tie  part  \  &  haut  &  pui(Iànt  Prince  Monfeigncur  Jean  de  Bourbon  8c 
d'Auvergne  ,  &  Monfeigneur  Louys ,  Baftard  de  Bourbon ,  Seigneur  de 
Chaftellac  ,  en  leurs  noms,  d'autre  pan  s  lefquelles  parties  efdits  noms, 
de  leurs  l;>ons  grés,  bonnes  volontés  ,  propres  mouvemens  &  cenaines 
fciences,  fansforce,  fraude,  erreur,  ouindudion  aucune,  mais  com^ 
me  bien  délibérez ,  pourveus  advifez,  (i  comme  elles  dîfoient,  recon- 
neurent  &confelIèrent  pardevant  lefdits  Notaires ,  comme  en  droit  ju-> 
gement ,  avoir  fait ,  &  d'abondant  par  ces  prefentes  Lettres ,  firent  & 
Font  enfemble  de  bonne  foy ,  &  l'une  partie  avec  l'autre ,  les  traitez,  ac- 
cords, dons,  tranfports,  promeflès  ,  convenances,  obligations,  &  autres 
chofes  cy-açrcs  declaréesjpour  raifon  du  mariage,  qui  au  plaifir  de  Dieu 
fera  brief  fait  &  folemni(een  fainteEglife,  dudit  Monfeigneur  le  Baftard 
^  Sourbon  ic  à-'\cç\]e>  Pâme  Jeanne ,  en  la  manière  qui  s'enfuit^  c-eft  à 

Cjavoir, 


^ 


"•   • 


DE  PHIL.  DECOMINES.  :         ^4^ 

Içavdkv  le  Aoy  noArcdk  Seigneur  avoit  promis  &  encore  ptochet  par 
CCS  prefences,  donner  &  bailler  ladite  Dame  Jeanne  à  iceluy  Moniei*  ^  4^f* 
gueur  le  Baftard  »  aue  icelle  promit  &  promet  prendre  en  femme  & 
efpoufe  par  la  Loy  de  mariage ,  fi  Dieu  éc  fàinte  Eglife  s'y  accordent  > 
le  plus  brief  que  bonnement  faire  fe  pourra  au  bon  plaifir  du  Roy  noftre* 
ilit  Seigneur,  à  l'œuvre  &  tcaité  duquel  mariage,  éc  en  faveur,  conten> 
plation ,  ^  pour  l'augmemation  d'iceluy ,  le  Roy ,  noftredit  Seigneur ,  « 
avoit  ^  a  donné  à  iceux  futius  conjoints  la  fomme  de  quarante  mille 
cfcus  d'or  ,  pour  une  fois ,  du  coin  &  forge  dudit  Seigneur ,  laquelle 
fonune  de  quarante  mille  efcus  d'or ,  le  Roy  noftredit  Seigneur  promit 
&  sagea  de  bonne  (oy ,  &  encore  par  ces  prefentes  promet  &  gage  pour 
baïUer  &  délivrer  à  iceux  futurs  conjoints ,  ou  au  porteur  de  ces  pre- 
fentes Lettres ,  pour  eux  en  cette  manière  s  c'eft  à  (Ravoir ,  cinq  mille 
livres  tournois  le  jour  des  efpoufaiUes  defdits  futurs  mariez,  &  dix  mille 
livres  tournois  au  bout  de  Tan ,  eu  égard  au  jour  defdites  nopces ,  &  ea 
lafinde  chacun  an  prochain  après  eniuivant  autres  dii  mille  livres  tour- 
nois ,  jufques  à  plein  &  entier  payement  defdits  quarante  mille  efcui- 
d'or ,  pour  d'iceux  quarante  mille  efcus  d'or  difpofer ,  faire  &  ordonnée 
par  iceluy  Monfeigneur  le  Baftard  a  fon  plaifir  &  volonté  \  ic  outre  plus 
le  Roy  noftredit  ligueur  donna  &  donne ,  cède ,  quitte ,  tranfporte  > 
baille ,  oâroyt ,  délivre  &  délaifie  dès-maintenant  à  tousjours ,  par  pue 
ôc  vray  don  irrévocable  fait  entrevifs ,  fans  jamais  contrevenir  ,à  icelle 
Dame  Jeanne,  fa  Fille,  pour  elle,  (es  hoirs  Se  ayans  caufe,  venans  ôc 
iflàns  d'elle ,  &  dudit  Monfeigneur  le  Baftard  audit  mariage ,  fix  mille 
livres  tournois  de  rente  annuelle  Se  perpétuelle  chacun  an ,  pour  eftre  le 
propre  héritage  de  ladite  Dame  6c  de  fes  hoirs  defcendans ,  comme  dit 
eft  j  6c  s'il  acwenoit  ou  advient  que  lefdits  futurs  conjoints  n'avent  au- 
cuns  enfans  nez  ,  ne  procréez  audit  mariage ,  en  ce  cas  lefdits  ux  mille 
livres  tournois  de  rente  feront ,  reviendront  &  retourneront  au  Roy  not 
tredit  Seigneur ,  ou  à  fes  fuccefièurs  Roys  de  France ,  Dauphins  4e  Vien-^ 
nois  *,  8c  pour  l'afliete  8c  aflîgnation  d'icelle  rente  de  fix  mille  livres  tour- 
nois ,  iceluy  Seigneur ,  afin  qnue  mondit  Seigneur  le  Baftard  ait  mieux 
de  quoy  entretenir  fon  eftat  nonorablenient ,  8c  fouftenir  les  charges 
de  mariage ,  donna  &  donne  ,  cède ,  quitte ,  tranfporte ,  baille ,  déli- 
vre &  délaifiè  dès  à  prefent ,  i  tousjours  perpétuellement  i  icelle  Dame 
Jeanne ,  fa  Fille ,  pour  elle ,  fes  hoirs  6c  a^ans  caufe,  yen^uis ,  comme 
defius ,  les  Chafteaux ,  Villes ,  Chaftellenies ,  Terrçs ,  Seigneuries  de 
Uflbn  en  Auvergne ,  de  Cremieu ,  Moras,  Beaurepaire,  Vefille  &  Cor* 
çillon  au  pays  de  Dauphiné,  enfembie  les  cens  ,  rentes ,  revenus ,  arrie* 
refiefs ,  droits  de  Juftice ,  bois ,  rivières  ,  moulins ,  garennes,  homma- 
ges ,  honrieurs ,  prérogatives  &  autres  droits  8c  appartenances  quelcon^ 
ques  d'icelles ,  &:  de  chacune  d'icelleç  en  quelque  valeqr  &  eftimatioii 
qu'elles  foienc  ou  puifiènt  eftre ,  &  en  quelconque  njaniere  qu'ils  vien* 
nent  en  ores ,  ou  pour  le  temps  advenir ,  fans  aucune  chofe  ou  droit  f 
lefervpr  ne  retçnir ,  fors  feulement  les  foy  ,  hommage ,  refibrt  &  fou^ 
yeraineté  d'icelles  ,  pour  tant  que  lefdites  Terres  8c  Seigneuries  peuvent 
8c  pourrons  valoir  ^  &  fe  lefdites  Places ,  Terres  &  Seigneuries  ne  valent 
0a  valoient  lefdits  fi^  mille  livres  tournois  4e  rente  chaci^n  an ,  en  ce 
Tome  II.  TéZZ  cas 


j4^  PREUVES  DES  MEMOIRES 

^'  cas  le  Roy  noftredit  Seigneur  fera  tenu  6c  promet  les  leur  parfiùre  ic  |ia> 
^  ^  '  fournir  ce  qui  en  défaudra  fur  ies  autirs  Terres  >  Chafteaux ,  Fortereflèi 
Se  Seigneurie  du  Roy  noftttdît  Seigneur^  plus  prochaines  de  celles  ddC^ 
fus  nommées  ^  èc  de  prochain  en  drochain  ^  en  lieux  convenables  6c 
biens  vetians  jufques  au  parfait  &  toumiflement  de  ladite  fooiMe  de  /k 
mille  livres  tournois  de  rente  par  an ,  &  de  ce  ^re  affiete  bonne  &  con- 
venable i  ia  couftume  du  Pays  *,  &  néantmoins ,  6c  iaçoit  ce  que  reftima^ 
tion  6c  ptifée  defdites  Places ,  Chafteaux  >  Forcereâès  de  Seigneuries ,  ne 
foit  faite  de  quelle  valeur  elles  font ,  le  Roy  noftredir  Seigneur  veut  » 
confent ,  oâroye  8c  accorde  que  dis  à  pnefenc  ia  podèffion  6c  délivrance 
en  foit  faite  6c  baillée  aufdits  futurs  conjdints ,  en  quelque  valeur  6c 
eftimation  qu'elles  foient  ou  pûifiènt  eftte ,  lefqudles  Places,  Terres  6c 
Seigneuries  ainfi  baillées  pour  ladite  rente  de  (ht  mille  livres  tournois ,  le 
Roy  ndbedit  Seigneur ,  6c  fes  fucceflèurs  Roys  de  France ,  Dauphins . 
de  Viennois,  pourront  r'avoir  ^  raimbre,  retraire  ou  racheter  quand  boir 
leur  fembterSi ,  en  payant  pour  ce ,  6c  baillant  aufdits  fiituts  conjoints , 
i  teurfdits  hoirs  ou  ayans  caufe ,  à  une  fois  &  à  un  payement ,  ta  fom- 
me  de  cent  mille  efcus  d'or  courant  à  prefent ,  lefquets  cent  mille  e(cus 
d'or  le  Roy  noftredtt  Seigneur  avoir  promis  donner  6c  payer ,  comme  il 
difoit,  i  ladite  Dame  Jeanne,  fa  Fille ,  pour  icelle  fomme  de  cent  mille 
efcusd'oreftreconvertie  &  employée  en  héritagefic  rente, de  telle  &fem* 
blable  nature  Se  condition  que  lontlefHits  fixmiîlelivrestournois  de  rente» 
ainfi  donner  bar  le  Roy  noftredit  Seigneur  i  ladite  Dame  Jeanne ,  fa  Ffl- 
le ,  cotfmie  dkdk^  6c  fans  ce  que  Idxlits  cent  mille  efcUs  d'or  puiâènt 
eftre  convertis  ou  employez  en  autre  ufage  que  en  ladite  renre ,  pour 
eftre  le  propre  héritage  de  ladite  Dame  Jeanne  ;  &  au  cas  que  ladite 
Dame  Jeanne  iroit  de  vie  à*  trefpas  fans  hoir  ou  hoirs  procréez  de  foi> 
corps  e^  loyal  mariage ,  en  ce  cas  lefdires  Terres  6c  Seigneuries  baillées 
6c  tranfportées  par  le  Roy  à  ladite  Dame,  feront , reviendront  6c  retour-- 
neront  au  Roy  noftredit  Seigneur ,  &  à  fes  fucce(feurs  Roys  4e  France  ^ 
Dauphins  de  Viennois ,  6c  ledit  Monfeigneur  te  Duc  de  Bourbon  ,  auffi 
en  faveur,  augmentation  6c  contemplation  dudit  mariage, &  par  manie>- 
re  d'e(change ,  &  fans  aucunes  Cultes,  avoir  cédé,  quitté,  tr^ilponé 
6c  délaiflé,  & 'encore  pur  oes  prefences  Lettres,  cède,  quitte ,  tranfporte 
6c  délai({è  <tu  tbut  dès  malmenant ,  âtousjours,  i  iceiuy  Monfeigneur 
Loays  ,  Baftard  de  Bourbon  ,  |K>i»rtuy,  fes  hoirs  ^aytns  caufe ,  à  tous*- 
jours,  fa  Terre,  Seigneurie,  Oïdld,  Forterelïc ,  jOTCke,  cens,  rentes  y 
revenus ,.  6tk  6c  ariierefiefs ,  6c  autres  droits ,  revenus  8c  app:rîtenan« 
ces  quekonOMs-,  de  Roâifilbn ,  fîtuée  6C  aflîfe  au  Pays  de  Dauphiné  » 
pour  par  iceftff ,  MonfeigneUr  le  Baftard ,  fes  hoirs  6c  ayans  caufe ,  e» 
fouïr  &  ufer^'c^refnavant ,  pai(ïblem^it ,  à  tous^urs,  6c  par  kdite  Da- 
me Jeanne ,  <f$ceHes  Terres  &  Seigneuries  cy«4cfl&s  à  elle  baillées  8c 
tranfporté^^s  pat  le  Roy  ncftredit  Sd^neur ,  pareillemeift  jouïr,  ufer  6c 
pbfleder ,  6c  autttmetit  mi  faire  8c  éiCpokt ,  comme  de  ton  ^opte  héri- 
tage, en  rous  droits,  proifits,  revenus,  émohimens,  honneurs,  prêt- 
rogativcs ,  6c  transits  chtLt^ts  qu'ils  jpeuvent  devoir ,  Se  conditions  demis 
touchées ,  6c  p^t  tt  prefent  traiîiporr  6c  efchange  ainfi  fait  par  ledit 
Monfeigneur  de  Bourbon  audit  Monfeigneur  le  fi^ard  de  ladue  Terre 

8c 


r 


DE  PHIL  DE  COMINES.  ^47 

&  Seigneurie  de  Rooflillon  >  icclay  Monfeignear  le  Baftard  coiie ,  yàztet 
nanfporte  &  délaidè  dèi  maineenant  il  couspars ,  à  icekiy  Nik^rewoeur  ^4^5^ 
le  Duc  de  Bourbon»  pour  luy  »  (es  hoirs  de  a^ans  canfe  »  ladicte  Terre  » 
Seigneuries ,  revenus  &  appanenances  du  Cbaftellac ,  que  ledit  Mon^ 
feigneur  le  Baftard  avoir  &  renoir  fituée  ôc  aflâfe  hors  du  Royaume  de 
Prance  >  pour  par  lefdirs  Monfeigneur  le  Duc  de  Bourbon  »  en  jouyr  6t 
poileder  i  tousjours ,  &  en  faire  comme  de  fa  chofe  ^  &  moyennant  les 
chofes  dedUrdites ,  iceluy  Monfeisnenr  Louyis  Baftard  de  Bourbon, don- 
na Ôc  donne  par  ces  prefenres  à  ladite  Dame  Jeanne,  fa  future  efpoufe , 
la  fdhmie  de  mil  &  cinq  cens  livres  tournois  de  rente  chacun  an ,  à  les 
avoir  &  prendre  par  ladite  Dame ,  par  chacun  an  fa  vie  durant ,  fitoâ 
Oc  au  cas  que  douaire  aura  lieu ,  en  &  fur  ladite  Terre ,  Seigneurie  ; 
revenus  &  appartenances  de  Rouflillon ,  Se  généralement  fur  tous  les 
autres  héritages ,  Terres,  Seigneuries,  revenus ,  biens  meubles ,  de  poC- 
feflions  immeubles  quelconques  (^celuy  Monfeigneur  le  Baftard  Se  de 
fcs  hoirs  &  ayans  caufe ,  &  lur  chacune  pièce,  partie  Se  portion  d'iceux, 
pour  le  tout ,  fur  les  mieux  apparens,  au  choix  Se  eleâion  de  ladite  Da- 
me ,  que  ledit  Monfeigneur  le  Bafturd  en  chargea ,  Se  charge ,  oUi^  8c 
hypothèque  du  tout  envers  ladite  Dame ,  pour  rournir  Se  faire  valoir  lar 
dite  rente  de  mil  Se  cinq  cens  livres  tournois ,  bonne* ,  folvable  8c  bien 
payable  à  tousjours  chacun  an ,  durant  la  vie  de  ladite  Dame ,  fitoft  Se 
incontinent  que  douaire  aura  lieu  ,  &  avec  ce ,  veut ,  confent ,  oAroye 
Se  accorde  ledir  Monfeigneur  le  Baftard  ,  que  ladite  Dame ,  au  cas  de 
douaire  fe  elle  le  furvit ,  &  qu'il  aille  de  vie  à  trefpas  avant  elle ,  ait  ^ 

F  renne  &  choififlè  fa  demeurance  audit  lieu  de  Rouflillon ,  Se  une  autre 
lace  des  Places  d*iceluy  Monfeigneur  le  Baftard  ,  telle  que  à  elle  plaira 
choifir  jufques  au  nomore  de  deux  feulement ,  defquelles  deux  Places 
icelle  Dame  jouira  fa  vie  durant ,  comme  Douairière  Se  ufufruâxiaire , 
&  y  pourra  mettre ,  ordonner  Se  inftituer  Officiers  tels  Se  ainfi  qu'il  ap« 
partiendra  fadite  vie  durant.  Se  partant  lefdites  parties  es  noms  (jué 
deflus ,  chacune  d'elles  en  droit  foy ,  cède ,  quitte,  tran (porte  &  délaiflè 
Tune  à  l'autre  tous  tels  droits  de  propriété ,  fonds ,  poueffion ,  faifine  ; 
Seigneurie,  noms;  raifons ,  caufes ,  detnandes ,  pourGiites ,  foy ,  hom^ 
mage  Se  toutes  les  a&ions  réelles,  perfonnelles ,  mixtes ,  direâes ,  teucs^ 
expreflès ,  Se  autres  droits  Se  aâions  quelconques ,  qu'elles  avoient  & 
pou  voient  avoir ,  demander,  prétendre  ou  reclamer  en  quelque  manière 
que  ce  (bit ,  chacune  en  droit  foy  es  chofes  par  elles  cyAleflus  tranfpor* 
cées  Tune  à  l'autre ,  comme  dit  eft ,  &  dont  chacune  d'elles  en  droit  foy 
fe  deflàifit  &deveftit  du  tout  de  ce  qu'dle  a  tranfporté  au  profit  deceluy 
ou  ceux  i  qui  il  eft  cy-deflus  tranfporté ,  voulans  Se  confentans  qu'ils  en 
fuflènt  Se  ioient  faifis  &  veftus  ,  mis  Se  receus  en  bonne  pofleflion  &  fai^ 
fine ,  pleine  foy  &  hommage  ,  par  tout  deuement  de  ceux ,  Se  ainfi  qu'il 
appartiendra  ,  &  pour  j^lus  pleinement  faire ,  vouloir  Se  confentir  dftr^ 
^t ,  ainfi  que  dit  eft ,  icelles  parties  efdits  noms ,  &  en  chacun  d'iceux» 
tant  conjointement,  comme oivifement ,  firent,  conftituerent ,  ordon- 
nèrent &  eftablirent  leur  procureur  gênerai  Se  certain  meflàge  efpecial , 
le  porteur  de  ces  prefentes  Lettres ,  auquel  icelles  parties  efdits  noms  > 
donnèrent  fie  donnent  plein  pouvoir ,  authorité  &  mandement  efpecial 
i  Zx%  a  de 


548  PREUVES  DES    MEMOIRES 

\T7T^  de  ce  faire  j  &  de  faire  en  outre  tout  ce  <jui  an  cas  appartiendra  ^  leCquels 
^    ^  *     accords,  traitez,  tranfpons,  dons,  oblieations  ^  promedès  y  convenances  , 
Se  toutes  Se  chacune  les  chofes  deflufdites ,  Se  en  cefdites  prefèntes  Le^ 
très  efcrites  &  contenues  -y  lefdices  parties  efdits  noms,  &  cnacùne  d'elle^ 
en  droit  foy ,  jurèrent  &  promirent  >  c*eft  à  fçavoir ,  le  Roy  noftredit 
Seigneur ,  en  parole  de  Roy ,  &  lefdits  Monfeigneur  de  Bourbon  & 
Monfeigneur  le  Baftard,  par  leurs  fermens  &  foy  de  leurs  corps ,  pour  ce 
par  eux  chacun  d'eux ,  donnez  Se  baillez  corporellemcnt  es  mains  defdits 
Notaires ,  comme  en  la  noftre  fouveraine  >  pour  le  Roy  noilredit  Seigneur 
avoir  agréables ,  tenir  fermes  &  ftables ,  les  tenir  >  garder,  entretenir  Se 
ioyaument  accomplir  de  point  en  point ,  félon  leur  forme  Se  teneur  » 
fans  aller ,  faire  venir  ,  ou  dire  contre ,  par  elles  >  l'une  d'elles  >  ne  par^ 
autres  ,  jamais  à  nul  jour ,  foit  par  voye  d'erreur»  d'ignorance ,  lefion» 
circonvention  ou  décevance  >  ou  autrement,  par  quelque  voye  ou  ma^ 
niere  que  cefoit  ou  puiflè  eftte  >  Se  p»er ,  rendre  &  reitituer  à  plein ,  Se 
fans  aucun  plaids  ou  procès  ,  l'une  d  elles  à  l'autre  >  tous  coufts,  frais ,. 
mifes,,  defpens>  dommaj^es  Se  interefts,  qui  faits,  eus,  fouf&rts ,  fbuf- 
tenus  y  ou  encourus  (broient ,  par  l'une  deifdites  panies  ,  au  defFaut,  Se 
par  le  faijt  Se  coulpc  de  l'autre,  pour  raifbn  des  cnofes  deflufditesou  au^ 
cunes  d'icelles  non  faites ,  tenues  &  non  accomplies,  ainft  &  par  la  for- 
me &  manière  que  defliis  eft  dit ,  obligeant  quant  à  ce  lefdites  parties, 
efdits  noms ,  l'une  envers  l'autre ,  tous  &  chacuns  leurs  biens',  de  leurs 
hoirs  &  tous  >  tant  meubles,  comme  immeubles^,  prefens  &  advenir 
qu'elles  en  foumettront  &  foumettent  pour  ce  >  du  tout  l'une  envers 
l'autre ,  à  jufticiers ,  vendre  &  exploiter  par  nous ,  nos  fuceellèiirs ,  Pre«> 
vofts  de  Paris ,  Se  par  tous  autres  Jufticiers  ,  Juftice  &  Jurifdiâions , 
fous  qui  pouvoir  &  Jurifdiâion  ils  Ptrone ,  &  pourront  eftre  fceus  oa 
trouvez ,  pour  ces  Lettres  &  leur  contenu  du  tout  entériner  &  Ioyau- 
ment accomplir  y  Se  renoncèrent  en  ce  faifant  expreflëment ,  lefdites  par- 
ties ,  &  chacune  d'elles  en  droit  fojs^par  lefdits  fermens  Se  foy ,  à  toutes 
exceptions  >  déceptions,  fraudes ,  barata,  cauteles ,  cavillations,  raifons, 
deffenfes  Se  oppofkions ,  â  toutes  Lettres ,  grâces ,  eftats^,  repis ,  privile* 

Ses,  francbifes,  libertez,  impetrations ,  difpenfations  de  abfokitions 
onnées  &  à  donner  à  tous  us ,  ftyles ,  couftumes  &  ^abliflèmens  des 
Villes  &  lieux  d  lacKo(e  non  faite  en  manière  deuë,  à  tout  ayde  de  fait& 
de  droit  efcrit ,  0c  non  efcrit ,  canon  Se  civil ,  Se  généralement  à  toutes 
autres  chofes ,  droits  &  aydes  quelconques,  qui^,  tant  de  fait ,  comme 
de  droit,  &  autrement  ayder  &  valoir  pourroientà  l'une  defdites  parties 
&  à  l'autre  nuire  ou  préjudicier ,  pour  aller,  ^ire ,  venir  ou  dire  contre 
ces  Lettres ,  ou  pour  cmpefcber  l'exécution  d'icelles ,  &  au  droit  difant 

Senerale  fenonciation ,  non  valoir.  En  tefmoin  de  ce  Nous,  i^la  relation 
efdits  Notaires,  avons  mis  à  ces  Lettres  leScd  de  ladite  Prevoflé  dePa* 
fis  -,  ce  fut  fait  Se  paffé  le  Jeudy  feptiefme^ur  du  mois  de  Novembre  , 
fan  de  grâce  mil  quatre  cens  foixante-cinq.  Ainfr  Signe,  Godin  Se 
£ VJUU  AAT.  Et  plus ba$.  Collatiofii  cum  ori^nali £cr  mt  P£BiU>ouui.£iu 


IXXYUBl 


DE  PHIL.  DE  CÔMINES.  549 


L.x  X  V  I  1 1.  *^^** 

1^  Serment  fait  au  Roy  par  Jean  ^  Cornu  £Armagriac  >  ié  firvir  h 
'  Roy  envers  &  contre  tous  ,  fans  exctpur  Monfieur  ^  Frère  du  Roy. 

Σ  A  N  »  G>mce  d'Armagnac  >  de  Rondes ,  de  Tlile  &  de  Fe(Ien2:a  $     tiré  de» 
Vicomte  de  Lomagne9  reconnois  &  confe0è9  que  de  mon  bon  gré  &  Recueils  de 
inche  volonté  ,.&  fans  que  jamais  9  par  le  Roy  mon  fouverain  Seigneur^  M.  TAbbé 
ne  par  autres ,  aye  cfté  requis  &  induit  v  au  jourd'fauy  cinquiefme  jour  du  ^^  GranA. 
mois  de  Novembre,  l'an  14^5.  je  promets  de  jure  par  deflus  la  loyauté 
&  ferment  que  je  dois  â  mondit  Seigneur  le  Roy,  comme  fon  fujet  & 
va(Iàl ,  jure  &  promets  par  la  foy  &  (arment  de  mon  corps ,  fur  mon  hon- 
neur ,  par  le  Baptefme ,  que  i'ay  apporté  défais  le  fonds ,  fur  le  péril  & 
damnation  de  mon  ame  ,  lur  le  faint  Evangile  de  Dieu ,  &  fur  les 
faintes  Reliques  de  la  Chapelle  du  Psdais  â  Paris  ^  que  de  ma  perfonne» 
chevance ,  (erviteurs ,  bienveitlans ,  fubjets ,  &  de  tout  mon  pouvoir  y 
|e  ferviray  &c  obéyray  tousjours ,  &r  â  jamais  â  mondit  Seigneur  le  Roy 
envers  &  contre  tôtts  qui  peuvent  vivre  &c  mourir  ,  fans  perfonne  quel- 
conque excepter ,  foit  mondit  Seigneur  Charles  fon  Frère ,  ou  autre ,  le 
ferviray,  auiu-bien  contre  mondit  Seigneur  Charles,  que  contre  tous 
autres,  en  quelquemaniere  ou  querelle  que  ce  foit,  &  fans  exception 
nulle  quelconque ,  &  aufli  s'il  actvenoit  que  les  chofes  fe  tournaient  en 
divifîon  ou  défobéy (lance,  parqtroy  voye  défait  s'enfuivift  ',  ie  promets 
&  jure ,  comme  deffus ,  en  ce  &  autrement  enfuir  la  volonté  du  Roy  y 
tenir  le  party  &  querelle  qu'il  prendra, &  en  fa  querelle  [paru\ktmtTit 
adherer,&  en  icelle  demourer  &  perfeverer  fans  en  départir,pour  quelque 
couleur  ou  occafion  que  ce  foit  *,  &  d'icelles  divisons  ou  défobéyflancetf 
l'avertir  fi  avant  &  fitofl:  que  vendroit  à  ma  connoiflance ,  &  pour  ce  je 
renonce  à  tous  fermens ,  promeiïes  >  (celles ,  ou  fiances  que  par  cy-dé^ 
vant  i'ay  baillées  ,  faites  ou  paflées  à  quelque  perfonne  y  Seigneur  ou 
Seigneurs  que  ce  foit ,  enfembleà  tonsappointemens,  traités,  fcellés 
ou  promenés  faits  êc  paflës  fous  couleur  du  bien  public ,  ou  autrement , 
ic  promets  &  jure,  comme  deffus^,  que  je  n'auray ,  ne  prendray  d'oref-    • 
navant  k  quelque  Seigneur  ou  perfonne ,  quelle  qu'elle  foit ,  alliance  y 
intelligence  fecrete  ou  publique ,  ne  ne  feray  promefie ,  ne  alliance  au- 
cune, Uns  le  fceu,  vouloir^  congé  &  confentement  du  Ro]^  :  pareillement 
le  Roy  mondit  Seigneur,  pour  quelque  chofe  que  pourrois  avoir  fait  pat» 
ey-devanrà  fa  defpktifance,  ne  autrement,  ne  fera  on: pourchaflèra ,  ne 
fera  £ûre  on  pomrchallêr  plus,  ou  par  fes Officiers ,  ne  autres  en  quoique^ 
mankreqaece  foit,  aucuns  maux,  d^eftourbiers  ou  empefchemens  h 
rencontre  de  moy ,  ne  de  mes^  biens  ;  ainçbis  me  gardera  &  prefervero^ 
de  touteforce  &  violence,  (bit  de  mondit  Seigneur  fon  frère',  oud'autre»^ 
ibit  de  révélations  que  je  luyay  faites  &r  déclarées  Ac^  chofes  que  j'ay* 

S;û  le  temps  paflîi  tefmotn  hibn  foing  manuel  cy  mis.  les  jours.  &  an  que* 
efliis;  Ain(cJ^g^,  Jehan.  Etfcelli  en  cm  rouge  du  cacimdudit  Séigneur.i   le  r.  No- 
:  Fareiis  firmerù  de  même  datttuU  Jacqmsde  Nemours  ^Fair  de  France  ^  ▼crabre 
&deaiatits,S4igmufDeiôbre^.  '         .  '4^^ 

.      .  Zzz  %  IXXIX.  :      j 


«L 


559  PREUVES  DES  MEMOIRES 


*4<Î5 


L  X  X  I  X. 


Prods  Ferbal  de  la  itUvranu  fiùu  au  Camu  d$  Charobis  des  Filles  d'Af» 
beville  ,  Montreuil»  Arras  ,  Amiens  ,  Ptronnt  ,  &  autres  qui  luy  ' 

avaient  été  cédées  par  le  Roy  Louis  XI, 

rMd^  ^*  T    'A  N  mil  auatrc  cens  foixame-cinq  au  mob  d'Oâx)brç»  oous  Jehan 
de  M.^Go-  J^  Deftouteville ,  Chevalier ,  Seigneur  de  Torcy ,  Maiftre  des  Arb^cf-* 
dc&oy.     '  w&t%  de  France  >  6c  Lots  de  Soycourt ,  Seigneur  de  Mouy  »  Chevalier 
fiailly  de  Vermandcds  >  ConTeillers  &  ChampeUans  du  Roy  noftre  Sire  » 
&  iMu:  luy  commis  »  ordonnez  &  députez  par  fes  Lettres  Patentes  de 
commiflion  adreflàna  au  Sei^ieur  des  Landes  &à  nous»  &  aux  deux  de 
nous  trois  en  Tabiènce  de  Tautre ,  pour  bailler  &  délivrer!  Monfieur  le 
Comte  de  Charolois  »  ou  !  Tes  Commis  &  Députez  »  la  poilcffion  &  Çax^ 
fine  des  Villes  >  Places  »  Tenes  &  Seigneuries  d'Amiens  »  AbbeviUe^ 
Monftreuil ,  DouUens  »  Saint-Quentin  >  Corbie  &  autres  Terres  &  Sei<» 
gneuries  »  baillées  &  tranfportées  par  le  Roy  à  mondit  Sieur  de  Charo-» 
'  lois.  Panifmes  de  la  ViUe  de  Paris  >  &  en  noftre  compagnie  >  Maiftre  Mi« 
chel  de  Villechartte»  Notaire  &  Secrétaire  du  Roy  noftre  Sire»  &par  luy 
commis  &  ordonné»  pour  afGfter  Se  eftre  prefent  avec  nous  au  bail  de  la- 
dite jpofleflîon  &  faïune  >  &  nous  trouvâmes  enferoble  en  ladite  Ville 
d'AbbeyilIe  »  le  Lundy  quatriefme  jour  de  Novembre  audit  an  mil  quatre 
censfoixante-cinq,  en  laquelle  Ville  fe  trouvèrent  femblablement  Mon-« 
Heur  le  Comte  de  Cluuny  »  Meflire  Jehan  >  Seigneur  &  Ber  d'Auxy  »  Che*« 
valier ,  premier  Chambellan ,  MeflSre  Girrurd  Vurry  ^  Doâ;eur  en  Loix  > 
Confeillers  de  mondit  Seigneur  de  Charolois ,  &  par  luy  commis  &  de<* 
putezpour  prendre  ficJlcepter  en  fon  nom  la  poOèdlon  &  faiiine  defdite& 
Villes ,  Places ,  Terres  &  Seigneuries  à  luy  tranljportées ,  lefquels  fe  trans- 
portèrent par  devers  nous ,  pour  entreprendre  les  pur,  lieu&  heure  que. 
vouldrions  befogner  au  fait  de  noftredite  commiflion ,  &  après  que 
•    euTmes  communiqué  la  matière  enfemble  >  &  veu  les  Lettres  de  tranf- 
port  £iit  par  le  Roy  à  mondit  Seigneur  de  Charolois  defdites  Villes  Terres 
&  Seigneuries  &  autres  qu'ils  avoient  apportées ,  nous  leurdemandafmes 
Lettres  du  Roy  de  defcharges  &  acquits  poturnous  >  &  autres  Officiers  Se 
Capitainesdes  Villes  &  Places  de(ditesTerres,dont  ils  ne  nous  purent  four* 
mr>&  entendoient  y  avoir  fouffifament  (atisfaitpar  lefdites  lettres  de  tranf«« 
port  y  &  pour  ce  qu'elles  ne  nous  femblercnt  (ouffiTantes  quant  aux  dcT* 
charges  >  &  que  mettions  difficulté  en  la  mattcre>iceax  comnûs  £c  depàioea 
de  par  mondit  Seigneur  de  Charolois ,  afin  que  ne  retardiffions  de  befon- 
gner  »  nous  promirent  de  nous  faire  avoir  lefdites  Lettres  du  Roy  de  def- 
char^  &  acquits  fouffiians  pour  nous  »  &  autres  Officiers  &  Capitaines 
defdites  Places ,  &  de  ce  nous  baillèrent  cedule  (ignée  de  leurs  feings  ma-: 
nuels.  En  quoy  faifaoc  >  nous  leur  afltgnafmes  four  feptîefmedudirinoift 
de  Novembre  »  jen  l'Hoftet  eommun  de  ladite  Ville  d'AU^evi^e  â  deux 
heures  après  midy ,  pour  befongneren  cequedir^  ^  auquel  jour  &  heure 

nous 


DE  PHIL.  DE  CULMINES.  -^.51 

-«tioos  nous  tranrportafmes  audit  Hoftel  comniun  y  ic  fea^tabrement  (e 
y  trouvcrcnt  melclks  Sieurs  de  Chàmy ,  d'Auxy  &  Doéteur ,  lefqueb,  ^4^5* 
après  qu'Us  eurent  fait  lire  &  publier  en  prefence  des  Mayeurs  ,  Efcfae- 
vins  &  du  peuple  illecadcmbié  en  grande  compagnie  les  Lettres  dudit 
rranfport  >  ou  te  vidimus  d'iceluy  fait  fous  le  fcel  de  la  Prevofté  de  Paris» 
avec  leurs  Lettres  de  commiflion ,  nous  requirent  que  en  fuivant  la  vo- 
lonté du  Roy  noftredtt  Sire ,  noms  leur  voutfîffions  bailla  la  poflèffion  & 
faidne  de  ladite  Ville  d'AbbeviÙe  &  Comté  de  Ponthieu  ,  en  obtçmpe-  Abbcvcîlfe 
rant  à  laqaelle  rcquefte  &  accompliffant  le  vouloir  &  plaifîr  du  Rov  y  Pondûcu. 
&  ufant  de  noftit:  oouvoir  8c  commiflion  >  donr  nous  fifmes  lire  les 
Lettres  à  nous  adreflans ,  nous  en  la  prefence  dudit  Secrétaire,  baiilarmes 
aufdits  Commis  8c  Députez  ladite  podèflion  8c  faifine ,  en  touchant  en 
leurs  mainsdes  noftres ,  &  leur  baillant  les  clefs  de  ladite  Ville  que  nou» 
bailla  8c  rendir  le  Mayeur  d'icelle  ,  reTervant  toutes  voyes  pai:  nous  les 
foy  8c  hommage»  reflbrt  8c  fouveraineté  au  Roy  noftredit  Sire ,  8c  corn- 
#iendafmesauldits  Mayeur  &  Efchevins,  &  au  pctiple  ,  x^'A  obéyflèni:  i 
mondit  Seigneur  de  Charolois>  comme  à  leur  naturel  Seigneur  ,  fous  le 
reflbrt  8c  fouveraineté  du  Roy  noftredit  Sire>  â  quo^  ils  nrent  refponfe  , 

Î[ue  en  obéyflânt  au  bon  vouloir  &  plaiiîr  du  Roy ,  ils  acceptoient  pour 
eur  Seigneur  naturel  mondk  Seigneur  deCharok>is  ,  8c  en  nrent  les  fer- 
mens  d  obéyflànce  *>  &  ce  fait ,  nous  defpartimes  &  allafmes  en  nos  logis 
8c  ce  jour  mefme  pour  aucunes  caufes  8c  coniiderations  ,  mandafmes 
venir  par  devers  nous  en  ladite  Ville  d' Abbeville ,  Mcflire  Anxhoinc  de 
Rubempré  »  Chevalier  Capitaine  du  Crotoy  8c  de  Rue  pour  lors ,  lequel      érotoy« 
y  vint  le  lendemsûn  ,  auquel  en  la  prefence  dudic  Secrétaire  i  la  requefte      Ruë^ 
de(<lirs  Commiflàires  8c  Députer  de  mondit  Sieur  de  Charolois  y  après 
ôfteiition  par  eux  faire  du  vidimus  defdites  Lettres  de  rmnfpon&  autres 
dont  deflus  efl:  padé ,  &  remonftrance  faite  aufli  du  vouloir  8c  plaifir  du 
Roy»  fifmes  conutiandement  par  vertu  du  pouvoir  à  nous  domné  par  nof- 
dites  Lettres  de  commiflion  ,  qu'il  fift  ouverture  Jefdites  Places  da  Cro- 
toy 8c  de  Rue ,  les  rendift  8c  delivraft  incontinent  au  moins  dedans  deux 
fours  lors  prochains  enfuivans  >  à  îceux  Commis  8c  Députez  deitiondic 
Sieur  de  Charolois  »  ou  â  ceux  qu'il  y  envoyeroient  ,  auxquels  co«f* 
mandemenst  mondit  Sieur  de  Rubempré  refpondit  qu'il    obéy£)xt 
très-volontiers  &:eftoit   preft  &  appareillé  dépendre,  bailler  ScdcM- 
vrer  lefiites  Places  par  la  manietie  ^ant  ^ite ,  Se  de  fait  ^en  demift  en 
nos  mains,  par  laquelle  demiffion  8c  ufantde^^oftredit  pouvoir,  nous 
en  baitlafmes  la  pofleflîon  wfdit^  Commis  Se  Deputese ,  eti  touchant  de 
nos  mains  è$  leurs  >  retenant  8c  refetvant  toujours  les  refloK  Se  âwvo-  ; 
raineté  au  Roy  noftre  fouverain  Seigneur*  Le  ^ùttr  enfuivant  vindrcnti 
noftreî  mandemefift ,  8c  fe  tranfporrerent  par  dtvers  nous  les  Mayeur ,  £f- 
chevins  8t  habitans  de  la  Ville  de  i^nt  Ricquier  ,  ou  leurs  Pr^vcureors  S.  RlqEîcr 
ou  Députez  pour  eux ,  emte  k^uelsdftoit  le  Mayeiir  &  aucuns  des  ££- 
che vins  d'icelle  Ville ,  aufquds  après  les  temontrançes  faites  du  don ^ 
ceflion  8c  tranfport  faits  par  ie  Roy  noftredit  Seigneur  à  nu)ndit  fieur  de 
Charolois  des  Terres  &  Seigneuries  deflufdke$,&  oftenrion  faite  desLet* 
res  tant  dudit  tranfport  ou  vidimus  d'iceluy ,  que  de  noftre  pouvoir  8i 
commiffion»  aufli  du  pouvoir  8c  commiâSon  de  mefdits  fieurs  de  Charny, 

d'Aïuy  > 


"  55*  PREUVES  DES  MEMOIRES 

"^5™S5?  ,à!Amy  ScDdùtat ,  Sczattcs  folemnicez  gardas  comme  devança cftc  par 
^  4  M'  ,  noQs  fait  commandancnt  de  par  le  Roy  noftredit  Seigneur  >  par  la  vertu  du 
pouvoirànousdonné  par  nomites  lettres  de  commiifion qu'Us  fiflent  ouver- 
ture &  pleine  obéyflànce  à  monditfieur  de  Charolois,  comme  â  leur  Sgr» 
jiaturel  ou  d  leurs  Commis  &  Députez  cy  defibus  nommez^lefauels  Mayeur 
Efchevins  &  habitans ,  ou  leurfdits  Procureurs ,  firent  xefponfe  qu'ils 
eftoient  prefts  Se  appareillez  de  obéyr  au  Roy  &  à  Tes  commandemens ,  Se 
en  ce  faUant  de  faire  ouverture  à  tnondit  neur  de  Charolois  ou  à  fefdifs 
Commis  &  Dépurez,  Si  luy  donner  touteobéyflànce  î  6c  ce  fait ,  iceuxQ>m* 
mis  Se  Députez  nous  requirent  que  leur  vouUiffions  bailler  la  poflèflion 
de  ladite  Ville  de  faint  Ricquier»  en  obtempérant  à  laquelle  requefte  »  8c 
ufant  de  noftre  pouvoir  >  nous  leur  baillafmes  la  po0cnion  &  laifine  en 
touchant  en  leurs  mains  des  noftres ,  ofTrans  leur  en  bailler  réelle  &  ac- 
tuelle poflèflîon,  febefoing  en eftoit»le  Dimanche  enfuivant  dixième  jour 
<iudit  mois  de  Novembre.  En  procédant  au  fait  de  noftredite  conunif* 
fion  9  nous  Sieur  de  Mouy  9  Se  en  npftte  compagnie  ledit  de  Villechartrcn 
Secrétaire  >  partifmes  de  ladite  Ville  d*AbbeviUe ,  &  allafmes  en  la  Ville 
Rocf.  de  Rue ,  Se  nous  Sieur  deTorcy,  pour  Taccident  de  la  maladie  qui  nous 
eftoit  furvenu  >  demourafmes  malade  en  ladite  Ville  d*Abbeville  >  mais 
nous  remifmes  &  donnafmes  noftre  povoir  â  nous  Sieurrde  Mouy  »'pour 
befoncner  au  fait  de  noftredite  commifGon  es  Villes  Se  lieux  ,  efquels 
nous  Sieurde  Torcy  ne  pourrions  eftre  en  perfonne ,  en  laquelle  Ville 
de  Rue  y  nous  Sieur  de  Mouy  fifmes  ailèmbfer  les  Mayeurs  »  Efchevins  » 
Manans  Se  habitans  d*icelle  en  grand  nombre  devant  l^glifè  dudit  lieu  » 

Êour  ce  qiie  pour  l'heure  prefente  ç*eftoit  le  lieu  le  plus  convenable  pour 
efongner>  Se  itlec  après  cette  oftentlon  â  eux  faite  du  vUimu^cs  Let^ 
très  de  tranfport  sdontdelTus  eft  faite  mention  ,  &  autres  Lettres  fervans 
à,  la  matière  &  remonftrances  au  cas  anpartenans»  nous  baillafmes  la  pof- 
feflion  de  ladite  Ville  à  mefdits  Sieurs  de  Charny,  d' Auxy  Se  Doéteur,ce  re- 
queransau  nom  que  deflîis,  &  fifmes  commandement  de  parle  Roy  noftre^ 
dit  Seigneur  auldits  Mayeur  ,  Efchevins  Se  habitans  illec  prefens ,  que 
:  d'orefnavant  ils  obéyflènt  à  mondit  Sieur  de  Charolois  3  comme  à  leur 
vray  &  naturel  Seigneur ,  refervée  la  Souveraineté  au  Roy  noftredit  Sei^ 

Êneur  ,  à  quoy  ils  nrent  refponfe  qu'ils  eftoient  prefts  &  appareillez  d'ô- 
éyr  fclon  le  bon  plaifir  Sç  vouloir  du  Roy  y  Se  en  figne  de  podefOon  & 
faifine  >  nous  baillafmes  les  clefs  de  ladite  Ville  aufdits  Commis  &  Depu« 
tez ,  qui  les  prindrent  Se  acceptèrent  au  nom  deflîifdit^  le  tour  en  lapre- 
fence  dudit  Secretairis  du  Roy  deflus  nonuné.  I.e  lendemain  onziefme  jour 
UAnftretiil  ^^^  ^^^^  ^®  Novembre ,  nous  Sieur  de  de  Mouy  Sç  Secrétaire  »  partif- 
«cuu  ^^^  j^j^  Ueududit  Rue ,  &  allafmes  au  gifte  à  la  Ville  de  Monftereul 
fur  la  mer,  en  laquelle  ce  jour  ne  fifmes  aucun  exploit ,  pour  ce  qulleftoic 
tard ,  mais  le  lendemain  douziefme  dudit  mois  ,  fifmes  afièmbler  les 
Mayeut ,  Efchevins,  Manans  &  habitans  de  ladite  Ville  en  leur  Hoftel 
commun,  &  illec  après  lei%ure&  publicarion  des  vidimus  dixdit  WitiC-t 
port  Se  Lettre^  originales  dont  defius  eft  parlé ,  faite  par  le  Clerc  &  Gref- 
fer d'icelle  Ville,au(fi  de  certaines  Lettres  clofes  que  le  Roy  leur  efcrivoic 
touchant  cette  matière, &  remonftr^nces par  nous  faites  du  bonplai(ir  & 
yoqloir  du  Roy,^  aqtrp^  folemn^te?  fçrvansâ  ladite  matière  gardées  nou$ 

requirent 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  ^fy 

requirent  lefdtts  Comte  de  Châroy»  Sicut  d'Auxy  fie  Doékeuc ,  qucenac-  ^;-^ 
compliilàntle  contenu  èfdtces  Lettres  de  cranfport ,  nous  leur  voulâdîons  *^  '^ 
bailfer  bpoflèffion  de  ladite  Ville ,  Seq^iKurie  &  Prevofté  de  MonAereoL 
Se  reTdires  appartenances  ;  en  obtenq>erant  à  laanelle  requefte ,  de  ufant 
de  noftredît  pouvoir  &  coramiiEoxi,  nous  Sieur  oe  Mouy  accompagmi  du>* 
dit  Secrétaire  >  leur  baillafmes  ladite  poflleâîon  6c  faiftne,  en  leur  baillant 
réalement  les  clefs  dlcelle  Ville,  ficcoiTunandafaies  de  par  le  Kcy  noftre- 
ait  Sire  aufdics  Mayeur ,  ECchevins  ôc  habirans ,  illec  preTens  en  grand 
nombre  y  que  dès  lors  enavant  ils  obéyâènr  à  mendie  Seigneur  de  Cha^ 
rplois  &  à  fes  Officiers  commise  dépotez,  pour  luy  fie  de  par  luy  y  comme 
à  leur  vray  8c  naturel  Seigneur ,  en  rdcrvant  les  rdSsa  8c  feuveraineté 
au  Roy  nciftredit  Sire ,  i  auoy  leTdits  de  Motiftereul  firent  refponfe  qu'ils 
cftoient  prefts  Se  appareillez  d'ohéyr  au  bon  plaifir  fie  vouloir  daRoy  >  Se 
en  ce  faiiant  donner  toute  obéydànccà  mondh  Seigneur  de  Charolois  Se 
à  fefdits  Commis  fie  Députez.  Le  lendemain  treizieime  dudtt  mois ,  nous 
Sieur  de  Mouy  accompagné  dudir  Secrétaire ,  parrirmes  de  ladite 
Ville  y  Se  allafmes  au  jîfte  en  la  Ville  de  Hefdin  ^  fie  le  four  ^enfûivant  cri 
la  Ville  8c  Cité  de  Therwane ,  en  laqfucllc  Ville  Se  Cité  le  qoinziefme  Thcroaanc 
jour  d'iceluy  mois  de  Novembre ,  en  procedaiiir  à  noftre  exploit  encom- 
mencé  fie  exécution  de  noftreditce  commiffion ,  ainfi  qite  aedus  eft  dit, 
fifmes  aflcmblcr  en  l'Eglife  de  ladite  Ville  fie  Ciré  Monlicur  f  Evefque  fie 
MdHeurs  les  Doyen ,  Chanoines  fie  Chapitre  »  Bailly,  Efcfacvîhs ,  Capi- 
raine  fiic  autres  Manans  fie  habirans  d'icelle  Ville âc  Cité ,  fie  bdire  a({èm- 
blée  faite  «  nous  tirafmes  avec  tes  defCifdits  en  un  certam  lie»  appelle  les 
Efcoles  de  Théologie  de  TEgiife  dedîffdite,  joignant  fie  conti^u^d  icette 
Eglife,  pour  befongner  sai  fait  de  noftredite  commiffion  i  atfduei  tiéfcr  a|Mrès 
oftenfion  fie  leâure  faite  en  public  des  vidimus  dès-Lettres  de  rranfport, 
donr  deflus  eft  parlé  fie  autres  Lettres  delHis  déclarées ,  meidîts  Sieurs  Ué 
Comte  deChaniy,  Seigneur  d' Auxy^fic  Melfire  Gitxà  Vurry  Doâreur ,  nous 
requirent  q^eei^ ufant  de  nollre  pouvoir  fie  accovnipttf&ntlcf  bon  vouloir 
&  plaific  du  Roy^tts  leur  vcmlfiifens  haàtler  Se  ddîvrer  la  poflfèffion  fie 
làinne  de  ladite  Viile  fie  Cité  ^  &  fes  apparteflâmces ,  comme  efkns  At^  *' 

des  Villes,  Terres  fie  Scigiîearies  contenues  audi»  rranfport ,  Se  des  ViBefs^ 
^a  pieça  engagées  i  Moniteur  le  Duc  de  Bourgongne  par  le  Traité  êtkt^ 
ras ,  Se  racheprées  par  le  Roy  ;  en  obtempérant  à  laquelle  rej^uefte  ,  ufanr 
denoftredir  pouvoît,  contmiÂdRfiî  fùbadegation  dénoua  Sieur  deTorcy, 
nousSiewdeMoiwtcttrbarflafiMfêstaditeè(Hle(ttdn  -    '       ^ 

lant  fiedelivratit  rdaiemem  les  Cle^s^d^icelte  Vilte  ^  ^  commandafmes^djl*^ 
par  le  R^  noflite  Svre^  mondit  Sièut  TEveique^  acrfditt  Doyen,  Chai- 
noines.  Chapitre')  Bailiy ,  ËlciieVfns  >  Capitaine ,  Manans  fi^  habitans  ,• 
eju'its  reçuftnr  mondic  Seigneur  de  Çharofois ,  commelcurSeigrteutf  na- 
turel ,  fie  luy  fiâmc  obéyflànce ,  rdie cjue  fubjcts  doivent,  fie  font  tenus' 
de  faire  d  Uurdïoirorier  fie  naturel  Seigneur,(oubs  le  reflort  fie  fouverai-  ' 
neté  du  Roy  ntôftredtt  Siit  ;(  i  qwy  ïcsdéfTu^itii'fiterit^ef^iôttfe  ^iEju'iti  • 
cftoient  ptfcfts  Se  appat«llh!2?d*ôbéyrfttf%^  p^^  fit  voufoir  du  R6v,' 
comâicraifWeftoit  V  8? pii!lt»Ç*  cpié;  lef^tt  (Jomnîis  Se  Députez  reqiii-^ 
rentfiiradnttmeftèrcntlêHdttVEW^ufes  >'D6yen»,  Chanoines  fie  Chapitre,-» 
BaiUy ,  Efchevins ,  Capitaine  y  Mânansfic  habitans  de  faite  le  fermtent  ^n  i 
-  Tom9  IL  A  a  a  a  leurs 


554  PREUVES  DES  MEMOIRES 

^^Y^7^  leurs  mains  es  noms  que  dcfliu  i  mondit  Seigneuc  de  Charolois ,  d'ellre 
■*  '■■  fes  bons ,  vrays  fubjcts  &  obéyflàns  comme  iîcur  Seigneur  naturel ,  l'Ôf- 
ficial  de  mondk  Sieur  de  Thcrwane  dift  &  profera  talcs  paroles  en  fub- 
ftance,  que  mondit  Sieur  de  Therwane  eftoît  Seigneur  temporel  Se  fpiri- 
tuel  de  ladite  Ville  &  Cit^,en  ^enoû  &:  levoit  les  cens  &  renies ,  &  n'y 
avoii  le  Roy,  fors  le  reCIbit  &  louvcraîneté,  6c  que  quelque  fetment  que 
lefdits  Commis  &  Députez  de  mondir  Seigneur  de  Chatolois  voulfiffeat  - 
faire  faiieà  mondit  Sieur  de  Tlierwane&  anfdits  Doyens  ,  Chanoines Sc 
Chapitre  ,  ils  n'entendoient  faite  chotë  qui  puft ,  ne  deuft  derogct ,  ne 

Îrejudicier  aux  droits ,  libertés  ,  prérogatives  âffranchifes  de  leur  Egliie» 
quoy  rcfpondircnt  mcfdits  Sieur  de  Charny ,  d'Auxy  ,  &  Doâcur  qn'ils. 
n  avoient  pas  intention  de  toucher  aux  droits ,  privilèges  &  prérogatives- 
de  ladite  ËgliCc,  &  que  mondit  Seigncui de Chkrolois  ne  les  vouloît  pas 
rompre,  ne  enfraindre,  ain^ois  Icsleur  coniînner  &  approuver ,  &  qu'ils 
avoient  puiflànec  de  leur  promettre  qu'il  le  fcroit  ainfi  ,  avec  ce  leur  fut 
ik  6c  reraonftr^quedu  moins  ils  eftoient  fubjcts  &  durellbri  dclaPre- 
Toflé  de  MoDfteteul,&  que  ladite  Prevoftéappartenoit  à  mondit  Seigneur 
de  Charolois ,  &  pat  cocfequent  fes  fubjets ,  dont  lefdits  Evefque  > 
Doyen  »  Chanoines  &  Chapitre  furent  contensin.  fl:  donnèrent  enfcmble 
lefdits  Bailly ,  Efchevins,  Manans  &  habttans  toute  obéyflànce  fous  les 
conditions  deflufdites.  Le  jout  enfuivani  feiziefme  du  mois  de  No* 
vembre  ,  nous  Sieur  de  Mouy  ,  accompagné  dudit  Sectctairff  ■  panifmes 
de  ladite  Cité ,  Se  allafmes  au  gifte  en  la  Ville  de  faînt  Orner ,  en  inten- 
tion d'allet  en  la  Comté  de  Guynes  ,  pour  en  bailler  k  podèûion  aâuelle- 
&  réelle  à  mondit  Seigneur  de  Chatolois  ou  i  fes  Commis  Sc  Députez: 
poutluy,  mais  pource  que  nous  fufmes.  advcrtis  qu'il  ]^  euft  dangerdc-. 
nos  perfonnes  fe  nous  y  fiiflions  allez ,  fuft  en  la  Ville  d'Ardre  où- 
ailleurs,  &  que  les  Anglois  de  Calais  &  de  Guynes  eftoient  fur  les  champ» 
en  aguet  &  doutoit  l'on  que  ce  fuft  fur  nou»,  n'y  alta&nes  point  >&  le 
lendemain  dix-feptiefme  audit  mois ,  panifmes  dudit  falnt  Orner  après 
difnec ,  Sc  allafmes  en  une  terre  &  Fief  tenu  &  mouvant  do  ladite  Comté 

êajoa.     de  Guvnes  >  appelle  Erquînghoud  ,  mcmbte.  ic  Pétrie-  d'icelle-Comté  ,. 

auquel  lieu  avoient  eltémandévenir  GuiUauipeBournelifouverain  Bailly 

Ardrcs      dc  ladite  Comté  dc  Guynes,  &  C^itaine d'Ardre  ,  le  Bailly  de  l'Efcbe- 

vînage.  d'Ardrcs ,  Efchevins  d'icelle  Ville ,  Moniteur  l'Abbé  d'And^ehem^ 

l'un  ses  Barons  ,  Sc  nucunsdes&ancs  honunes  de  ladite  Comté,  les  Ca- 

ândierkq.  pireneSc  BaiUy  delà  Ville  &  Chaftellemc  d'AAdrevicq  ,  le  Mayeur  de- 
ladite  Ville ,  Sc  aucuns  francs  hommes  BC  Efshevins  d'icelle,&  les  Efchc 
vins  du  pays  degredenarde  &3uHes,qui  audit  lieu  de  Érquinghoud 
inrcHt  tolis^  elTcmblez  ledit  joue,  environ  l'heure  de  deux  heures  après 
nûdy ,  Sc  illec  en  prenant  ledit  Fief  âcPerrîe  deEiquinghoud  ,  pour  toute 
ladite  Comté  de  GuyAes,  en  précédant  toufîouts  i  l'exécution  de  noftre- 
commiffifHt ,  &  «Tant  de 
Seigneur  de  Torcy: ,  nous  f 
aptes  cllenfibn  Sc  ôdiibttîc 
du  Scigncut  de  Chatolois.c 
neS]  dont -detiùs  eft  faite  r 
putCK  ce  le^ueiaas  >  au  ooi 


IDE  PHIL.  DE  COMINES.  555 

Comté  de  Guyncs  Se  Ces  appartenances  >  &  en  fîgne  de  poCkfËon  &c  Sci-  ^""^ 
gneurie ,  leur  baillafoies  un  trouileau  de  clefs  pour  Se  au  lieu  des  clefs       ^    ^  ' 
oes  Villes  &  Chafteaux  de  ladite  Comté  de  Guy  nés ,  Se  fifmes  comuian- 
démens  de  par  le  Roy  noftredit  Sire^aufdits  Bailiys»Capitaines,Erchevins, 
francs  hommes  8c  autres  Officiers  »  Bourgeois ,  M anans  &  habitans  des 
Villes  deflufdites  Se  autres  illec  venus  pour  cette  caufe ,  q  u*ils  obéyflènt 
dorefnavaiit  à  mondit  Seigneur  de  Cnarolois  >  comme  à  leur  droiturier 
&  naturel  Seigneur,  refervant  toutes  voyes  les  reflbrt  Se  fouveraineté  aa 
Roy  noftredit  Sire,  àauoy  ih  firent  refponfe^qu'ils  eftoient  prefts  d'obéyr 
au  bon  plaifîr  Se  vouloir  du  Roy  ,  &  en  ce  £ii(ant ,  donnoient  toute 
obéyllânce  à  mondit  Seigneur  de  Charolois,  comme  à  leur  Seigneur  na- 
turel:&  ce  fait,nous  en  recoumafmes  au  gifte  en  ladite  Ville  de  Tnerwane, 
&  le  lendemain  dix  huitiefme  dudit  mois,  nous  partifmes  d'illec,  alUrme» 
au  sifteà  Houdain,  Se  le  jour  enfuivant  en  Cité-lès-Arras  ,  en  laquelle  Gtéd'Arta» 
Cité  le  vingtiefme  jour  dudit  mois  ,  fifmes  aflèmbler  devers  le  matin 
Monfieur  TEvefoue  cTArras ,  Meffieurs  les  Doyen  »  Chanoines  &  Clia- 
pitre  9  les  Prévoit ,  Efchçvins ,  Manans ,  habitans  &  Capitaine  d'icelle 
Citéenl'Eglife  Noftre-Dame ,  dedans  le  reveftiaire  d'icelle  ,  &  illec  fe 
trouvèrent  aufli  mefdits  Sieurs  de  Charny,  d'Auxy  Se  Doâeur,  Commis 
Se  Députez  de  mondit  Seigneur  de  Charolois ,  lefquels  après  oftenfion 
Se  leâiure  faite  en  public  des  vidimus  defdites  Lettres  de  don  èc  tranf- 

r3rt  Se  autres  Lettres  deflùs  déclarées ,  nous  requirent  que  en  procédant 
l'exécution  de  noftredite  commiifion ,  &  accompliflant  le  vouloir  & 
plaifir  du  Rov ,  nous  leur  vouUUlions  bailler  la  podèmon  aâuelle  Sc  réelle 
deladite  Cite  &  fes  appartenances  en  tous  droits  >  qui  au  Roy  noftredit 
Sire  avoient  été  competé  &  appartenu  en  icelle  paravant  lefdits  don  9 
c^ifion  Se  traniport  tous  fon  reUbrt  Se  fouveraineté ,  en  obtempérant  i 
laquelle  requefte  >  ufant  de  noftredit  pouvoir  &  commiffion  ,  &  de  la. 
fubdelegation  de  nous  Sieur  de  Torcy ,  nous  Sieur  de  Mouy  en  la  pre- 
(ence  cmdit  Secrétaire  ,  baillafmes  aufdits  Commis  Se  Députez  ladite 
poflèffion  Se  (aifine  pat  la  tradition  àt^  clefs  Acs  portes  de  ladite  Cité  , 
pour  en  avoir  tel  le  jouyftànce  Se  Seigneurie  ^  comme  paravant  en  a  voit  eu 
Monfieur  le  Duc  de  Bourgogne,  du  temps  qu'il  Tavoit  podèdée  par  ren- 
gagement du  Traiâé  d'Arras ,  &  le  tout  lelon  la  forme  Se  teneur  dudit 
tranfport  9  (kuf  le  droit  de  mondit  Sieur  TEvefque  &  de  fon  E^life  9  Se 
fifmes  commandemens  de  par  le  Roy  noftredit  Sire  à  mondit  Sieur  TE- 
vefque ,  aux  Doyen ,  Chanoines  &  Chapitre  de  ladite  Eglife  illec  pre- 
fens ,  aux  Prevoft ,  Efchevins&  habitans ,  qu'ils  obeillènt  dorefnavant  i 
4|dondit  Seigneur  de  Charolois  comme  à  leur  Seigneur  droiturier  &  na^ 
Xurel,fous  le  reflbrt  Se  fouveraineté  du  Roy  noftredit  Sire,  à  quoy  fift  ref- 
ponfe  Monfieur  rEvefque ,  qu'il  eftoit  preft  d'obéyr  au  Roy  Se  i.Çts 
commandemens  Se  plailirs ,  &:  donnoit  toute  obéyiHince  à  icduy  Mon-  . 
'fieur  de  Charolois  &  a  fêfdits  Commis  Se  Députez ,  (ans  préjudice  des 
droits ,  privilèges ,  prérogatives  &  prééminences  de  hxy  Se  de  fon  Eglife  ; 
&  femblablement  lefdits  Doyen  ,  Chanoines  Se  Chapitre ,  Prevoft  ,  Ca- 
pitaine,Efchevins,Manans  &  habitans  firent  refponfe  qu'ils  eftoient  prefts 
de  doimer  âmondit  Seigneur  de  Charolois  touteobéyflance  Se  fubjeâion , 
conmie  â  leur  Seigneur  naturel  >  Se  en  firent  les  fermens  à  la  requefte  def- 

Aaaax  dits 


V-, 


14^S> 


DouUcDS. 


Amiens* 


Prcvoftcz 
^e  Beauvoi- 
fis^Virocu 
ft  Foulloy. 


55^  PREUVES  DES  MEMOIRES 

dits  Comtnls  &Depotcz  d'icelay  Monfiem  de  Charolois;  &ce  faunoui^ 
derpartiTmes  &  allaTmcs  en  nos  logis.  Le  lendetxmn  vincc-amiefoie  jam 
dudir  mois  »  parcifmes  de  ladite  Cité»  &  allafoies  au  geur  en  la  Ville  de 
Doullens  >  en  laque  le  le  jour  enfuivam  vingc^euxieime  d'iceluy  mois  %. 
fifmes  afièmbler  devers  le  matin  les  Mayeur  »  Efchevins  ,  Bourgeois  & 
habitansen  THoftel  commun  de  ladite  Ville  >&  illec  après  leâure& 
ofteniion  faite  des  Lettres  de  tranfoott  &  aorres  Lettres  en  la  forme  &c 
manière  devant  dite  >  nous  Sieur  de  Mouy  en  la  çrefence  dudic  Secré- 
taire ,  ufant  des  pouvoir  &  ûibdelegation  que  demis,  baillafmes  aufdics 
Commis  &  DejMxtez  de  mondit  Seignetir  de  Charolois  la  poSeffionâc  faî^ 
fine  de  ladite  Ville  par  la  tradition  des  clefs  d'icelle ,  &  &ûi)esxommàn«> 
dément  auTdits  Mayeur ,  Efchevins  >  Manans&  habitans  qu'ils  ohéyflènc 
dorefnavant  à  mondit  Seigneur  de  Charolois  comme  i  leur  Seigneur  na-* 
turel,  fous  le  reflc^t  &  fouveraineté  du  Roy  noftredk  Sire  ^  à  quoy  ils  &^ 
rent  refponfe  qu'ils  eftoient  prêts  d'obéyr  au  bon  vouloir  &  plaifîr  du 
Roy  )  &  en  ce  taifànt  donnoient  toute  obéy (lance  à  mondit  Seigneur  dev 
Charolois  félon  la  forme  dudit  tranfport  >  dont  defTus  eft  fdte  mention». 
ic  en  firent  les  fermens  »  &  ce  jonr  demourafmes  en  ladite  Ville  de  Doul-^ 
lens.  Le  jour  enfuivant  vingt-troifiefme ,  nous  Sieur  de  Mouy  accom- 
paigné  dudit  Secrétaire  ,  partifmes  d'icelle  Ville  &  nous  tranfportafme^ 
en  la  Ville  d*Anuens,  où  nous  Sieur  de  Torcy  eftions  venu  partant  de  la-^ 
dite  Ville  d^AbbeviUe,  enlaqoelle  eftions  demeuré  malade  comnœ  deflùs' 
eft  dit  >  &  en  icelle  Ville  d'Amiens.  Le  Lundy  vingt-cinqoiefme  jour  du-» 
dit  mois  de  Novembre  ,  en  procédant  au  fait  de  noftredite  commiffion  ^ 
£fmes  aâèmbler  Monfieur  1  Evefque  &  les  gens  d'Eglife ,  Mayeur ,  Ef- 
chevins »  Bourgeois ,  Manans  &  habitans  d'Amiens  en  la  halle  qui  eft  1& 
lieu  commun  Se  public  ,  auquel  on  fait&  l'on  a  couftume  de  faire  les  af-> 
femblées  des  faits  &  affaires  delà  Ville  deilùfdite  ,  en.  laquelle  Ville  fu-^ 
rent  lues  6c  publiées  le  vidimus  des  Lettres  de  tranfport  >  tant  defdites 
Villes ,  Terres  &  Seigneuries  de  defliis  la  rivière  de  Somme ,  que  des.' 
Prevoftex  de  Beauvoius,  Vimeu  &  Foulloy,enfemblenos  Lettres  de  pou- 
voir &  commiiffion  &  autres  Lenres  y  dont  defliis  eft  faite  mention ,  après^ 
laquelle  leâure  &  publication ,  mefdits  Sieurs  de  Charny  ^  d' Auxy  îc  Doc-i 
teur  illec  prefens  es  noms  &  qualités  a  ne  deâùs  y  nous  requirent  que  en^ 
accomplimmt  le  bon  vouloir  6c  plaîfir  du  Roy ,  &  la  charge  oui  par  luy: 
nous  avoir  efté  donnée  >  nous  leur  voulfiffions  bailler  la  poâèiuon  &  fai-i 
fine  de  ladite  Ville  &  Seigneurie  d'Amiens  >  6c  fes  appartenances,enfem» 
ble  defdites  trois  Pievoftcz ,  qui  font  fub jettes  dudit  Bailliage  d'Amiens>. 
en  obtempérant  à  laquelle  reouefte  6c  ufant  de  noftredit  pouvoir  âccom<# 
miflfion ,  nous  en  la  prefence  audit  Secrétaire  leur  baillafmes  ladite  pof- 
feflian  6c  faiitne  de  ladite  Ville  ^  ks  appartenances  par  ta  tradinon  des 
clefs  d'icelle  Ville,&:  du  furpluseiftant,que  faire  le -pouvions  par  vermde> 
noftredite  commiftion  en  refervant  au  Roy  le  reilôrt  &  fouveraineté  ,  6c\ 
fifmes  commandcntcnt  de  par  le  Roy  i  mondit  Sieur  TEvefque  ,  aufdits. 
Gens  d'Egtife^  Masseur ,  Eichevins ,  Bourgeois ,  Manans  &  habitans  ,  que 
d*orefnavant  ils  obeyflènt  à  niondit  Seigneur  de  Charolois  y  comme  a  lettr 
Seigneur  natureUfous  lerellbrt&  fouveraineté  du  Roy  noftreditSirefclon- 
la  teneur  defdites  Lettres  de  tranfport  ;  à  quoyLÎls^enç  jreiponfe  qu'ils 

.  eûoient 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  ^57 

tftoîent  prefts  d'obéyrau  Roy  &  à  fcs  plaifirs  &  commandcmeas ,  &  en  ce  ^^^ 
faifant donnoient  toute obcuànce à mondit Seigneur  de  Charolois,&  lac-  ^  ^* 
ccptoicnt  leur  Seigneur  natureljçuifque  c'eftoit  le  plaifir  du  Roy,  &  firent 
les  fermens  d*obéy  (lance  ^  &  ce  fait  nous  deparrifnies  d'illec ,  Se  allafmes 
en  nos  logis  ,  mais  pour  les  aifairesqui  furvindrent  aux  Commillàires  de 
mondit  Seigneur  de  Charolois,  comme  ils  difoient,  nous  nepartifmes  de 
ladite  Ville  jufques  au  vingt-neuviefme  jour  dudic  mois»  lequel  jour 
nous  allafmes  au  gifte  en  la  Ville  de  Corbie ,  en  laquelle  le  lendemain  Coibîcc 
}our  de  faint  Andrieu  ,  nous  fejournaCmes  (ans  aucune  chofe  befongner 
du  fait  de  noftre  commiilîon ,  parce  que  lefdits  Commis  Se  Députez  de 
mondit  Seigneur  de  Charolois  nous  dirent  que  le  jour  &  fefte  Monfieur 
faint  Andrieu  ils  n'oferoient  aucune  chofe  befongner  plus  que  le  jour  dé 
Noël ,  pour  Tordre  qu'ils  portoient  y  Se  le  lendemain  premier  jour  du 
mois  de  Décembre  audit  an ,  fifmes  allèmbler  environ  l'heure  de  neuf 
heures  devers  le  matin  au  refedoirc  de  l'Abbaye  dudit  lieu  de  G>rbie 
l'Abbé  &  lé  Convcnt  d'icelle  Abbaye,  &  les  Manans  &habiransde  ladite 
Ville,  en  la  prefence  defquels ,  après  oftcnfion  faite  des  ri<///wiw  des  Let- 
tres, du  bail  Se  tranfport  Se  autres  Lettres  deflùfdites,  nous  en  la  prefence 
dudit  Secrétaire  baillafmes  aufdits  Commis  Se  Députez  de  mondit  Sei- 
gneur de  Charolois  la  poKIèifîon  de  ladite  Ville  par  la  tradition  des  clefs^ 
o  icelle ,  Se  fifmes  commandement  aufdits  Abbé  »  Convent,  Manans  Se 
habitans  ,  qu  ik  obéyllènt  à  mondit  Seigneur  de  Charolois  comme  à  leur 
Seigneur  naturel ,  (ous  le  reflbrt  &  fouvcraineté  du  Roy  noftredit  Sire ,  i 

3uoy  ils  firent  refponfe  que  en  obéyflànt  aux  commandemens  Se  plaifirs^ 
u  Roy ,  ils  donroient  à  mondit  Seigneur  de  Charolois  toute  obcytHmcé*, 
Se  en  firent  les  fermens  ;&  ce  fait  nous  departifmes,&  ce  jour  après  diner 
allafmes  au  eifte  à  Lihons  en  Santers ,  auquel  lieu  mandafmes  venir  par 
devers  nous  Tes  Officiers,  Manans  &  habitans  des  Villes  &  Chaftellenies 
de  Mondidier&  Roye ,  lefquels  y  vindrent  le  lendemain  deuxiefme  du^ 
dit  mois  de  Décembre  j  &  eux  venus  les  fifmes  aflembler  après  difner 
environ  une  heure  après  midy  en  deux  pièces  de  terres  labourables  près  le-  % 

dit  lieu  de  Lihons ,  lefquelles  pièces  de  terre ,  l'on  dit  eftre  defdites  deux 
Prevoftez ,  c'eft  aflavoir ,  Tune  de  la  Prevofté  de  Roye  ,  Se  l'autre  de  lat 
Prevofté  de  Mondidier ,  efquelles  deux  pièces  de  terre  &  chacune  d'i-  MonfiJîcr 
celles ,  après  oftenfion  faite  des  Lettres  dudit  tranfport ,  nous  en  la  pre-^  &  Rojc^ 
ience  dudit  Secrétaire ,  baillafmes  la  poflcflîon  deidites  deux  Prevoftez 
de  Roye  Se  de  Mondidier  &  de  chacune  d'icelles  aufdits  Commis  Se  Dé- 
putez de  mondit  Seigneur  de  Charolois ,  ce  reqaerans  par  la  tradiriott 
d'un  bafton  que  nous  Sieur  de  Torcy  tenions  en  nos  mains  ,  Se  fifme^- 
commandement  aux  Capitainees,  Prévofts  ,  Efchevins ,  Manans  &  habi* 
tans  defdites  Villes  &  Prevoftez  ou  à  leurs  Procureurs  cftans  illec ,  Se  i 
tous  autres  en  gênerai  â  qui  ce  peut  toucher  ,  qu'ils  obéyflTent  d'orcfna- 
vanta  mondit  Seigneur  de  Charelbis ,  comme  à  leur  naturel  Seigneur;. 
fous  lé  reflbn  Se  fouvcraineté  du  Roy  noftredk  Sire  y  à  quoy  les  deïïuf- 
dit  s  ou  ceux  qui  i  liée  eftoient  prcfens,  Sles  Procureurs  des  abfens  re/^ 
pondirent  qu'ils  eftoient  prefts  Se  appareiller   d'obéyr  aux  comman- 
demens &  plaifirs  du  Roy,  &en  ce  faifant acceptoient  pour  leurSeîy 
^leur  naturel  mondit  Seigneur  de  Charolois  >  Se  firent  les  fermens  d'c^ 

A.aaa  }  héjfEuicc 


558  PREUVES  DES  MEMOIRES 

^  béy (lance  ;  &  ce  fait ,  nous  deparàfmes  &  allaTmes  au  gcfir  en  la  Ville 
^  ^  *  de  Peronne  >  en  laquelle  le  lendemain  troifiefmecludic  mois  de  Décembre 
Peronae;  fifmes  aflemblerles  Prevoft,  Efchevins,  Lieutenant  du  Gouverneur  & 
autres  Officiers ,  Manans  &  habitans  en  l'Hoftel  commun  de  ladite  Ville 
environ  l'heure  de  dix  heures  devers  le  matin >  &  illec  après  publication 
&  leéhire  faite  des  Lettres  dedufdites  en  la  forme  accouuumée  >  nous  en 
la  prefence  dudit  Secrétaire  baillafmes  à  mefdits  Sieurs  de  Charn)[  % 
d'Auxy  Ôc  Doâ^ur  es  noms  que  delTus,  la  pofleffion  de  ladite  Chaftellenie 
^Prevofté  de  Peronne ,  enlemble  des  autres  Chaftellenies  deMondidier 
&  Roye ,  en  corroborant  &  confortant  Texploit  par  nous  fait  le  jour  pré- 
cèdent entant  que  befoin  en  eftoit  par  la  tradition  des  clefs  de  ladite 
Ville  de  Peronne,  quieft  le  chef  defdites  trois  Prevoftez  &  Chaftellenies» 
6c  fifmes  commandement  aufdits  Prevoft ,  Efchevins,  Manans  >  habitans» 
Lieutçnans  ôc  Officiers  eftans  illec  >  tant  de  ladite  Prevofté  de  Peronne  > 
que  defdites  Prevoftez  de  Mondidier  &  Roye ,  qu'ils  obéyflent  dorefn^* 
vant  à  mondit  Seigneur  de  Charolois  comme  à  leur  Seigneur  naturel^fous 
le  refllbrt  &  fouveraineté  du  Roy  noftredit  Sire  ^  &  pareillement  pour  ce 
que  le  Lieutenant  du  Capitaine  de  Beauquefne  Se  autres  de  la  Chaftelle-» 
nie  dudit  lieu  eftoient  venus  en  ladite  Ville  de  Peronne  >  au  man- 
dement de  mefdits  Sieurs  de  Charny,  d*Auxy  &  Doâeur ,  Se  s'eftoienc 
trouvez  à  raflcmblée  de  ceux  de  ladite  Ville  de  Peronne ,  audit  Hoftel 
commun,  nous  baillafmes  aufdits  Commis  &  Députez  de  mondit  Sei- 
gneur de  Charolois  la  podèffion  de  laPlace  &  Chaftellenie  de  Beauquefne 
en  faifant  les  commandemens  femblables  que  de(Kis  audit  Lieutenant  Se 
autres  illec  venus  de  ladite  Chaftellenie ,  a  quoy  eiix  &  lefdits  de  Pe- 
ronne ,  au0i  ceux  defdites  deux  autres  Prevoftez  de  Mondidier  Se  Roye» 
qui  îllec  eftoient ,  Se  firent  re(ponfe  qu'ils  eftoient  prefts  d'obéyr  au 
Roy  noftredit  Sire ,  &en  ce  faifant  donroient  toute  obcyftànce  à  mondic 
Seigneur  de  Charolois ,  Se  Tacceptoient  leur  Seigneur  naturel,fpus  le  ref- 
fort  Se  Souveraineté  du  Roy  noftredit  Sire,  Le  lendemain  quatriefme  du- 
C  Qocnciii.  ^^^  ^^^  partifraes  de  ladite  Ville  de  Peronne ,  &  allafmes  au  gefir  en  la 
'  ^  Ville  de  laint  Quentin  ,  en  laquelle  cedit  jour  ne  befon^nafmes  aucune 

chofe  du  fait  de  noftredite  commidion  ,  mais  le  lendemain ,  cinquiefme 
après  difner,  environ  deux  heures  après  midy  j  fifmes  aflembler  les  Doyen 
&  Chapitre  de  TEglife,  aufti  les  Mayeur  ,  Efchevins,  Manans  &  habi* 
tans  de  ladite  Villeen  THoftel  commpn  d*icelle,  auquel  Hoftel  après  lec- 
tures^ exhibition  des  vidimus  dudit  tranfport  &  originaux  des  Lettres 
deflîifdites  >  baillafmes  la  poftèftion  de  ladite  Ville  &  Seigneurie  defainr 
Quentin  ,  félon  la  teneur  des  Lettres  du  bail  Se  tranfport  a  mefdits  Sieurs 
de  Chamy  ,  d*Auxy  Se  Doéteur ,  Commis  Se  Députez  de  mondit  Sei- 
gneur de  Charolois  ce  requerans  ,  ainfi  que  avonç  fait  des  autres  Villes  > 
Terres  Se  Seigneuries  demis  nommées ,  en  v  gardant  les  folemnitez  telles 
que  cy-deftiis  font  efcriptes ,  en  faifant  les  autres  exploits,  refervant 
tous  jours  parnouslereftbrt&  fouveraineté  au  Roy  noftredit  Sire  \  après 
laquelle  poftèAîon  par  nous  baillée  &  acceptée  par  lefdits  Commis  Se 
Députez  de  mondit  Seigneur  de  Charolois  un  nommé  ,  •  %  .de 
Viliicrs  foy  difant  fubftitut  du  Procureur  du  Roy  au  Bailliage  de  Verman» 
4oi$ ,  au  ueee  de  Ribempot  ^  fe  comparut  pardevant  nous  audit  Hoftel, 

Se 


DE  PHIL.  DE  COMINËS.  5^9 

&  fift  proceftatioti  en  parlant  à  nos  perfonnes  &  aufli  aux  perfonnes  def- 

dits  Commis  &  Députez  de  mondit  Seigneur  de  Charolois ,  que  quel-     ^4^  >• 

2tte  tranfport  que  euft  fait  le  Roy  de  ladite  V  ille  ic  Bailliafi;e  de  iaint 
Quentin  i  mondit  Seigneur  de  Cliarolois  »  ledit  Bailliage  de  faïnt  Quentin 
hors  ladite  Ville  &  banlieue  devoir  re(Ibrtir  de  Ribemont ,  quieft  Tun  des 
ileges  du  Bailliage  de  Vermandois ,  difant  que  du  temps  de  Fengagemenr 
fait  par  le  Traite  d'Arras  dcfdites  terres  de  Picardie  d  Monficur  de  Bourgo- 
gne ,  en  quoy  eftoit  comprife  ladite  Ville  de  faint  Quentin  ;  ledit  reflort. 
avoir  eu  lieu  >  Se  fe  devoir  ainfî  faire  à  prefent ,  à  quoj  luy  fut  par  nous 
refpondu  y  qu'il  parloir  raifonnablement ,  &  auffi  lefdits  Commis  &  Dé- 
putez de  mondit  Seigneur  de  Charoloisluy  dirent  &  refpondirent  qu'ils^ 
proreftoient  &  entendoient  pour  mondit  Seigneur  de  Charolois  d'en  jovr 
lelon  la  forme  du  tranfport  y  &lpcès  que  lemits  Commis  &  Députez  de 
mondit  Seigneur  de  Charolois  eurent  fait  faire    les  fermens  aufdits 
Mayeur  >  Efchevins ,  Manans  &  habitans ,  ils  fe  départirent ,  &  nous  de- 
mourafmes  encore  audit  Hoftel ,  &  baillafmes  à  iceux  Mayeur  &  Efche-^ 
vins,  Manans  &  habitans  les  Lettres  clofes  que  le  Roy  leur  efcrivoit ,  6c 
après  nous  departifmes  \  mais  pour  aucuns  affaires  lurvenucs  à  mefdits 
Sieurs  de  Charny ,  d'Auxy  &  Doâeur  comme  ils  difoient ,  ne  partifmes 
de  ladite  Ville  de  faint  Quentin  jufques  au  Limdjr  neuviefmedudit  mois, 
lequel  jour  nous  allafmes  au  gefir  en  la  Ville  de  Creveconir ,  &c  le  lende- 
main y  arrivèrent  raefdits  Sieurs  de  Charny  >  d'Auxy  &  Doâeur,  &  eux 
arrivez  en  procédant  au  fait  de  noftredite  commiffion ,  Se  pour  befongnec 
en  icdle  >  entrafmes  au  Chaftel  dudît  lieu ,  auquel  fe  comparurent  &  pre^ 
fenterent  les  Baillys  ,  Capitaines ,  Prevofts ,  Manans  &  nabitans  dudic 
lieu  de  Crevecœur ,  ic  auffi  des  lieux  &  Chaftellenies  de  Remilly  Se 
faint  Souplet ,  lefquets  mefdits  Sieurs  de  Charny  y  d'Auxy  Se  Doâeur 
avoient  fait  venir  ,  &  illec  après  ofteniion  defdites  Lettres  de  tranfport 
&  autres  dont  deHùs  eft  faite  mention  »  en  prenanr  ledit  Keu  de  Creve- 
cœur pour  toutes  lefdites  Chaftellenies  y  Terres  Se  Seigneuries  baillaf- 
mes en  la  prefence  dudit  Secretaite  aufdits  Commis  &  Députez  de  mon»- 
dit  Seigneur  de  Charolois  es  noms  que  deflus ,  la  podèffion  Se  faiiine  d'^ 
celles  Baronnies ,  Chaftellenies  y  Terres  &  Seigneuries  de  Crevecœur ,  Crevecœnr 
Arlux,  Remiltv& faint SoupIet&  leurs  appartenances.  Se  de  chacune      Arleux»'' 
d'icelles  fous  l'autorité  &  Souveraineté  du  Roy  noftredit  Sire ,  félon  ïx    Remiiii  W. 
forme  &  teneur  du  Traité  &  tranfport ,  Se  en  &gne,  de  poflèffion  Se  Sei-  S.  Sooplet^ 
gneurie ,  leur  baillafmes  les  clefs  de  la  Ville  &  Chaftel  dudit  Crevecœur, 
&  fifmes  commandement  de  par  le  Roy  aufdirs Baillys ,  Prevofts,  Capi- 
taines ,  Manans  Se  haUrans  eftans  illec ,  que-  d'orefnavant  ifs  obéyllent  à 
mondit  Seigneur  de  Charolois ,  comme  à  leur  naturel  Seigneur  ,  fous  la 
Souveraineté  du  Roy  noftcedir  Sire  \  à  quoy  en  accompliflanr  le  vouloir 
Se  plaifir  du  Roy ,  ils  donnèrent  toute  d>éy (lance,  &  acceptèrent'  mon-      . 
dit  Seigneur  de  Charolois  pour   leus  Seigneur  naturel ,.  Se  firent  les. 
fermens  d'obéyftance  \  Se  i  tant  departifmes  &  allafmes  au  ge/lr  en  la> 
Ville  de  Cambray ,  te  lendemain  partifines  de  ladite  Ville  de  Cambray 
aprèsdifner  y  Se  allafmes  au  gifte  en  la  Ville  de  Valenciennes ,  Se  le- jour 
enfuivant  douziefme,  en  procédant  au  parfait  de  noftredite  commiflîon 
&  exploit  encommencé  par  vertu  d'icelie  >  partifmes  au  matin  de  Va^» 

lencicncsi> 


:'^-*.'* 


560  PREUVES  DES  MEMOIRES 

i  4 (>  5*     lencienncs  »  &  aHafmes  à  difaer  en  la  Ville  de  Mortaigoc  »  diftant  de? 
quatre  lieaejs  de  ladite  Ville  de  Valencietines ,  auquel  lieu  de  Morcaigne* 
Mortaignc.  avant  difner  ,  fiftnes  aflcmbler  les  Capitaine  ou  fon  Lieutenant ,  Prevofts». 
Souldoyec$>  Manans  &c  habitans  de  ladite  Ville  &  Chaftel  de.Mortaigne 
en  THoftel  commun  d'icelle  >  auquel  Hoftel  vin.drent  &  fc  comparurent 
IcTdirs  Commis  &  Députez  de  mondit  Seigneur  de  Charolois  >  Se  illec 
après  oftenfion  &  exhioition  faites  du  vidimus  defdites  Lettres  de  tranf- 
poct  &  autres  »  dont  cy-devant  eft  faite  mention,  baiUafmesà  keux 
Cotnmisâc  Peparezau  nom  quedeâfus  en  la  prefence  dudit  Secrétaire 
la  poifeiSon  &  faiCue  de  ladite  Ville  »  Chaftel ,  Chaftellenie  &  Seigneu- 
rie de  Mortaigne  ,  6c  fefdites  appartenances  par  la  tradition  àcs  clefs 
d'iceUe  fous  Fautorité  &  fouveraineté  du  Roy ,  &c  fifmes  commande- 
ment aufdits  Capitaine  ou  fon  Lieutenant^  Prevofts,  Souldoyers&  autres 
Officiers  ,  Manans  &  habitans  qu'ils  obéydent  d*orefnavant  à  mondit 
Seigneur  de  Charolois  comme  à  leur  Seigneur  naturel  \  à  quoy  ilsdonne*. 
rent  toujte  obéyiTance  9  Se  en  Erent  les  lermens  v  &  en  outre  pour  con-. 
forter  &c  corroborer  en  tant  quêmellier  eftoit  les  exploits  par  cy-devanc 
^cs  par  vtitu  de  iH>ftiîedice  commiflSon ,  &  afin  de  comprendre  en 
iceux  toutes  les  Villes,  Chafteaux,  ChaftèUenies ,  Baronnies,  poflèffions,^ 
Terres  Se  Seigneuries  basées  &  tranfponéespar  le  Roy  noftredk  Sîreâ 
mondit  Seigneur  de  Charolois ,  fie  que  noftredit  exploit  ne  puîfie  eftre 
dit  imparfait  pour  non  avoir  efté  fur  tous  lefdits  lieux  ,  places  fie  terres, 
fie  chacunes  d'icette$ ,  noùsà  la  requefte  defdits  Comnusfic  Dépurez  de 
mondit  Seigneur  de  Charolois,  en  prenant  kdine  Terre  fie  Seigneurie  de 
Morraigne  ,  qui  eft.  panie  defdites  Terres  fie  Seigneuries  ccanfpoitées 
pour  le  totage  d'icelles ,  les  mifmes  en  pollèffion  fie  faiitne  généralement, 
de  toutes  fie  chaciine&les  Terres ,  Seigneuries  te  poilèflîons  quelconques 
fie  leurs  appartenances  que  le  Roy  noftredit  Sire  a  baillées  fie  tranfpor- 
tées  à  mondit  Seigtteur  de  Charolois ,  fie  qui  peuvent  Se  doivent  eftre 
comprinfes  fie  emendues  efdites  Lettres  du  Traite  fie  rran^poct  qnievano 
mentionnées  >  entant  que  noftredite  commiflion  fe  pouvpit  entendre 
fous  toutes  voyes  Tautoricé  fie  fouveraineté  du  Roy  nolbe  fouverain  Sei-> 
gneur ,  fie  au  rachapt  de  deux  cens  miDe.  efcus  d  or  ,  fie  le  tout  félon  la) 
forme  fie  teneur  d*icelles  Lettres  de  Traité  fie  tranfport^  Toutes  kfquelles 
chofes  fie  chacimès  d'icelles ,  nous  Sieurs  de  Torcy  fie  de  Mouy  cy-de^ 
vant  nommez ,  cerdfions  eftre  vrayes  fie  avoir  efté  par  nous  faites  fie  ex« 

Î^loitcesen  la  prefence  dudit  Secrétaire ,  ainfi  qu'Jks'(bnt  icy  efcnpte% 
peci6ées  fie  déclarées  tes  an  fie  jour  deâhfdtts  par  ccft  noftre  procès  ver^ 
bal ,  lequel  en  tefmoia  de  ce  ,  nous  avons  fait  fceller  des  (ceanz  denos^ 
armes ,  fie  (igné  de  nos  £bings  manuels  :  Signé  J«  Destoxttbvillb  ;  Se 
L.  ni  SoYcouRT  ,  avec  paraphe.  EtfeelU  dt  deux  Sceaux  en  cm  roug^f 


ptndans  à  double  bande  de  parchemin. 
ÇoUadonnéfur  P original  ^  eflam  en  he 


Chambre  des  Comptes  de  Lille. 


LXXX. 


.w^' 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  5<?? 

LXXX-  *^^5 

ÇCr  Promeffes  &  SecUc^  donnc[  au  Roy  Louis  XL  par  Jacques  d^Arma-- 
gnac  9  ï}uc  de  Nemours  ,  Jean  Comte  i  Armagnac  ^  Charles  Seigneur 
de  Lebret  ,  &  Gafton  ,  Cornu  de  Foix  y  de  luy  Mre  bons  &  féaux  »  & 
dt  le fervir  envers  &  contre  tous.  146a.  &   140  6 • 

JE  Jacques ,  Dac  de  Nemours  ,  Comte  de  la  Marche ,  de  Perdrîac  »    ^ni  des 
de  Chaftces  &  de  Beaofort ,  Vicomte  de  Cnrlat  »  de  Murac  &  de  S.  Rccueibcio 
Florentin  »  Seigneur  de  Leufe,de  Condé  &c  de  Montagu  en  Combr  aille,  M.  rAl>bé . 
Pair  de  France ,  connoift  &  confcfle ,  que  de  mon  bon  gré  &  franche  Le  Grand, 
voulenté ,  &c  fans  que  jamais  par  le  Roy  mon  fouverain  Seigneur ,  ne  par 
autres ,  j'ai  efté  requis  ou  induit  aujourd'huy  cinquiefme  jour  du  mois 
de  Novembre  mil  quatre  cens  foixante-cina  ,  \\y  promis  &  juré  par- 
^leflùs  laioyauté  &  ferment  que  je  doisà  mondit  Seigneur  le  Roy  ,  com- 
me   fon  (ubiet  Se  vaflâl  »  j  ure  &  promets  par  la  foy  &  ferment  de 
mon  corps ,  fut  mon  honneur  ,  &  par  le  Baptême  que  j*ay  appoorté  de(- 
fus  les  fonts ,  fur  le  péril  &  damnation  de  mon  ame ,  fur  les  laints  Evan- 
giles de  Dieu ,  &  fut  les  faintes  Reliques  de  la  Châpelie  du  Palais  de 
Paris^que  de  ma  perfonne,chevance,ferviteurs»bienveillance,fubjets,&  de 
tout  mon  pouvoir,  je  fervirai  &  obéyrai  d  tousjours  &c  à  jamais  mondit 
Seigneur  le  Roy  envers  &  contre  tous  ,  qui  peuvent  vivre  &  mourir  > 
fans  quelconque  perfonne  excepter ,  foit  Monfeigneur  Charles  fon  frère 
ou  autres  ,  &  leferviray  auflî  bien  contre  mondit  Seigneur  Charles  9  que 
contre  tous  autres ,  en  quelque  manière  ou  querelle  que  ce  foit ,  &  fans 
exception  nulle  quelconque  ;  &  aufE  s'il  advenoit  que  les   chofes  fe 
tournaflènt  en  divifion  ou  defobéyflance  ,  par  quoy  voye  de  fait  s'en  en- 
fuit,je  promets  &  jure  comme  delfus  en  ce  &  autrement  enfuivre  la  vou- 
lenté mi  Roy  ,  tenir  le  party  &  auerelle  qu'il  prendra  ,  £c  à  fa  querelle 
fermement  adhérer ,  &  en  icelle  aemourer  &  perfeverer ,  fans  en  dépar- 
tir par  quelque  couleur  ou  occalion  que  ce  foir,  &  d'icelles  divifions  ou 
delobéyflànces  l'advertir ,  (i  avant  6c  (itoft  qu'ils  viendront  d  maconnoif- 
fance  ;  &  pour  ce ,  je  renonce  d  tous  fermens ,  promeflès  ,  fcellez  ou 
alliances,  que  par  cy-devant  j'ay  baillées  ,  fait  ou  pafled  quelques  per- 
fonnes ,  Seigneur  ou  Seigneurs  que  ce  foit ,  enfemble  ,  d  tous  appointe- 
inens,Traitez,fcellez  ou  promefles  faits  ou  pa(Ièz,foitfous  couleur  du  bien 
public  ou  autrement,  &  promets  &  jure  conmie  defliis,  que  je  n'aurai 
ne  prendrai  d'orefnavant  d  quelque  Seigneur  ou  perfonne  quelle  qu'elle 
foit ,  alliance ,  intelligence  fecrette  ou  publique,  ne  ne  feray  promedè, 
ne  alliance  aucune,  fans  le  fçeu,voulloir,congié  &  confentement  du  Roy  t 
Se  pareillement  le  Roy  mondit  Seigneur ,  pour  quelque  chofeque  pour- 
rois  avoir  fait  par  cy-devant  d  fa  defplaifance  ne  autrement ,  ne  fera  ou 
pourchaflcra  >  ne  fera,  faire  ou  pourchaflêr  par  luy  ou  par  fes  Officiers 
ne  autres  ,  en  quelque  manière  que  ce  foit ,  aucuns  maux ,  deftourbicrs 
ou  empefchemens d  l'encontre  de  moy  ne  de  mes  biens,  ainçois  me 
gardera  Se  prefervera  de  toute  force  &  violence  ,  foit  de  mondit  Sei- 
gneur fon  frère  ou  dantre  ^  foit  des  révélations  que  luy  aye  faites  8c 
Tome  IL  Bbbb  déclarées 


SH  PREUVES  DES  MEMOIRES 

1 4  (?  5 .    déclarées  des  chofes  que  j'ay  (eu  le  temps  paflë  ,  te(inoin  mon  (cing 
•  manuel  &  fcel  cy-mis  le  neuvieime  joUr  *  de  Novembre,  Tan  mU  quatre 

S*"^    cens  foixante-cinq.  Km&Jigné  Jacques.  Signé  Bum.  CoUaUon  tji  faiu. 

?awrctabUr  J.^  Jehan  Comte  d'Armagnac  »  de  Boudez ,  de  Lille  &  de  Fezanfac  ,. 
le  5e.  tant     Vicomte  de  Lommaigne,  &c.  congnois&  confeflè,  que  de  mon  Bon 
par  ce  qui     gre  &  franche  voulencé ,  &  fans  que  jamais  par  le  Roy  mon  iouverain 
cft  qr-de-      Seigneur  ne  par  autres  >  ave  efté  requis  induit ,  aujourd*huy  cinquief- 
^^^  '  35^    ^?  '^"^  ^"  '"^'^  ^^  NoVcmorc  mil  quatre  cens  foisumte-cinq ,  j'ay  pro- 
*^^w^      mis  &  juré  pat  deflus  la  loyauté  &  ferment  que  je  dois  i  mondit 
«y-^F^»  '    Seigneur  le  Roy ,  comme  fon  fubjet  &  vaflàl ,  furc  &  promets  par  la  foy 
&  ierment  de  mon  corps ,  fur  mon  honneur ,  &  par  le  Baptême  que  j'ay 
apporté  deflus  les  fonts»  fur  le  péril  &  damnation  de  mon  ame  ,  fur  les^ 
(aints  Evangiles  de  Dieu ,  &  fiu  les  faintes  Reliques  de  la  Chapelle  du 
Palais  à  Paris ,  que  de  ma  perfonne ,  chevance ,  lerviteurs  >  bienveillans> 
fub jets  &  de  tout  mon  pouvoir ,  je  ferviray  &  obéyray  tousjours  &  à  ja-^ 
mais  à  mondit  Seigneur  le  Roy  envers  &  contre  tous  qui  peuvent  vivre  6c 
mourir ,  fans  perionne  quelconque  excepter ,  foit  Monleigneur  Charles 
fon  frère  ou  autre ,  &  le  ferviray  auffi  bien  contre  mondit  Seigneur 
Charles ,  que  contre  tous  autres ,  en  quelque  manière  ou  querelle  que  ce 
foit,  &  fans  exception  nulle  quelconque  ;  &  aufli  s*il  advenoit  que  le& 
chofes  fe  tournaient  en  divifion  ou  delobéyflànce ,  parquoy  voyede  fait 
s'en  enfuit ,  je  promets  Se  jure  comme  deUÙs ,  en  ce ,  ou  autrement  en^ 
fuir  la  voulente  du  Roy  ,  tenir  le  party  &  querelle  qu'il  prendra  ,  Se  i 
fa  querelle  telletnent  adhérer  ,  &  en  icelle  demourer  &  perfeverer  fans 
en  départir  par  queloue  couleur  ou  occafion  que  ce  foit  »  &  d'icelles 
divifions  ou  defobéyfllànces  Tadvertir  (1  avant  &  fitoft  que  viendront  à 
ma  congnoiflànce ,  &  pour  ce ,  je  renonce  à  tous  (ermens  ,  promefles  » 
fcellez  ou  alliances ,  que  par  cy-devant  j'ay  baillées ,  fait  ou  palfê  à  quel- 
ques perfonnes  >  Seigneur  ou  Seigneurs  due  ce  foit ,  enfemble  i  tousap*^ 
pointemens ,  Traitez ,  fcellez  &  promeâes  >  faits  ou  paflèz  y  foit  fous 
couleur  du  bien  public  ou  autrement ,  &c  promets  &  jure  comme  deflus 
que  je  n'auray  ne  prendray  d'orefnavant  à  quelque  Seigneur  ou  perfonne 
quelle  qu'elle  fait  >  alliance  ou  intelligence  fecrette  ou  publique  >  ne  ne 
feray  alliance  aucune ,  fans  le  fceu  ,  vouloir  >  congié  ou  confentement 
du  Roy.  Er  pareillement  le  Roy  mondit  Seigneur  pour  qn^ue  chofe 
que  pourrois  avoir  fait. par  cy^devant  à  fa  defplaifance  ne  autrement  » 
ne  fera  ou  pourchaflEera  ^  ne  fera  faire  on  pourcbaflêr  par  luy  ou  par  fes 
Officiers  ne  autres ,  en  quekiue  manière  que  ce  fbit>aucuns  maux ,  def-* 
tourbiers  ou  empefchemens  à Vencontre  de  moy  ne  de  mes  biens  ^  ain* 

Sois  me  gardera  &  prefervcra  de  route  force  &  violence,  fdk  demon^ 
it  Seigneur  fon  firere  ou  d'autre ,  foit  des  révélations  que  \c  luy  ay  faites 
k  déclarées  des  chofes  que  j'ay  fçu  le  temps  paflé  \  teimoin  mon  feing 
manuel,  &  fcel  cy-mis  le iourdeflufdir.  Amfi/igné^  j£UA>f« Signé  Bude.. 
.    Coiladon  ^  faite.  . 

J  E  Chftries ,  Seigneur  tfElebret ,  Comte  de  Dreux  8c  de  Cavre,  Captât 
de  Bttch  >  €<»3gnoift  6C'Con£eflè  que  de  mon  bon  gré  &  franche  voulente- 

& 


*i 


î 


'     ••»> 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  j6i  ^_^_ 

•&  fans  <jue  jamais  par  le  Roy  mon  fouverain  Seigneur,  ne  pir  autre  aye  ^^^^^ 
eftë  reqius  ou  induit,  au joura'huy  cinquiefme  jour  du  mois  cie  Novembre  *  ^  "  ^ 
aiii  quatre  cens  foixanté-cinq  ,  j'av  promis  ^  juré  par  defTus  la  loyauté 
&  ferment  que  }t  dois  à  mondic  seigneur  le  Roy  comme  fon  fubjet  & 
vaflàl ,  jure  &  promets  par  la  foy  &  lerment  de  mon  corps,fur  mon  hon- 
neiu: ,  &  par  le  Baptême  que  j'ay  apporté  deffus  les  fonts  ,  fur  le  péril  &:- 
damnation  de  mon  ame  ,  fur  les  faints  Evangiles  de  Dieu  ,  6c  fur  les 
faintes  Reliques  de  la  Chapelle  du  Palais  de  Paris ,  que  de  ma  perfonne , 
chevance,  ferviteurs,bienveillans jfubjcts  &  de  tout  mon  pouvou:,je  fervi- 
ray  &  obéyrai  â  toujours  &  à  jamais  à  mondit  Sgr.  IcjRoy  envers  &  contre 
«ous  qui  peuvent  vivre  &  mourir  ,  fans  quelconque  perfonne  excepter , 
foit  Monfei^eur  Charles  fon  frère  ou  autre  ,  &  le  ferviray  auffi  bien 
contre  mondit  Seigneur  Charles  que  contre  tous  autres  ,  en  quelque 
manière  ou  querelle  que  ce  foit ,  &  fans  exception  nulle  quelconoue  \ 
&  au(C  s'il  advenolt  que  les  chofes  fe  tournauènt  enf  diviHon  où  dcto* 
béydance,  par  c^uoy  voye  de  fait  s'en  enfuivift,  je  promets  &  jure  cortime  . 
demis,  en  ce  &  autrement,  enfuivir  la  voulenté  du  Roy  ,  tenir  le  party  di 
Querelle  qu*il  prendra  ,  &  à  fa  querelle  fermement  adhérer  ,  &  en  icellc 
demourer  &  perfeverer,fans  en  départir  pour  quelque  couleur  oii  occâ- 
iîort  que  ce  foit,  &  dlcelles  divilionsou  defobéy (lances  i*àdv<îrtir  fi  avant 
6c  fitoft  qu'ils  viendront  à  ma  connôidànce  j  &  pour  ce  ^  jç  tetiohcéà  tdUs 
fermens,  promeflès,  fcellez  ou  alliances  ^ucpar  cy-devant  j'ày  bail- 
lées ,  fait  ou  pafle  à  quelque  perfonne ,  Seigneur  ou  Seigneurs  que  ce 
foit,  enfemble  ,  a  tous  appointemens.  Traitez  ,  (celtet  &  promefles  faits 
&  padèz  foubs  couleur  du  bien  public  ou  autrement ,  8c  promets  &  jure 
comme  delTus ,  que  jcn'auray,  neprendray  d'orefnavant  a  quelque  Sei- 
gneur ou  perfonne  quelle  qu'elle  loit ,  alliance ,  intelligence  fccrette  ou 
publique ,  ne  ne  feray  protneflfès  ne  alliance  aucune  fans  le  fceu  ,  congé , 
vouloir  ou  confentemént  du  Roy  ;  &  pareillement  le  Roy  mondit  Sei- 
gneur ,  pour  quelque  chofe ,  que  pourrois  avpir  fait  par  cy-devant  i  fa 
defplaifance  ne  autrement ,  ne  fera  ou  pourchaflèta ,  rie  fera  faire  ou 
pourchallèr  par  luy  ou  par  ksi  Officiers  ne  autre ,  en  quelque  manière 
ue  ce  foit ,  aucuns  maux  ,  deftourbiers  ou  empefchemens  a  l'encontre 
c  inov,ne  de  mes  biens  \  ainçois  me  gardera  8c  prefervera  de  toute  force 
&  violence ,  foit  de  mondit  Seigneur  fon  frère ,  ou  d*âùtre ,  tdii  dts  ré- 
vélations que  luy  aye  faites  ou  déclarées  des  chofes  que  j'ay  Cca  le  temps 
paflé  5  tefmoin  mon  fcing  manuel  &  Sec!  cy-mis  le  cinquiemie  joUr  de 
Novembre,  Tan  mil  quatre  cens  foiiatite*cinq.  Ainfiy^'/i/  Charles. 
Signé  BvvE.  Collation  eji faite. 

3  E  Gafton ,  frrincc  de  Navarre ,  Comté  de  Foix ,  promets  par  la  foy  9c 
ferment  de  nion  ccfvpi  i  &  tût  le  fainr-BaJ)tème  que  J'ay  porté  deflas  les 
font^,  que  rr  Monfejgfrem*  le  Roy  a  guerre  ou  qucftioft  contre' Mtynfei- 
gneur  Charles  fon  frète  ,  Monfeigncur  de  Charolôis,  le  Duc  de  Breta- 
gne ou  autre  «yùelcoriqucs,  foît  du -Rcyautne  ou  d'ailleurs  ,  que  je  le 
ferviray  à  l'encontre  d'eujc  &  de  tels  autres  qui  peuvent  vivre  &  mourir  i* 
&  me  dedareray  pour  hrjr ,  &  feray  partie  jfotoelle  en  contre  tous  cu)t» 
pour  fervir  mondit^  Seigneur  le  Roy  toutes  &'  quantcs  fois  q[u'ii  ih'erf 

Bbbb  z  requerra 


^_^_  5^4         PREUVES  DES  MEMOIRES 

^^     requerra  ou  fera  requérir ,  &  tout  ce  je  promets  »  comme  deflus  5  en  teC-> 
^      '     moin  de  ce  j'ay  efcrit  &  figné  ces  preiêoces  de  ma  main  ,  i  Tours  ,  le 

dix-huitiefme  pur  de  Man  mil  quatre  cens  foixante-fix.  Ainil  Signé  , 

Gaston. 

Collation  faite  à  V  original  par  moy  Jean  Pousfc  ,  Notaire  &  Secretairù 

du  Roy  ,  le  vingt'feptiejfme  jour  de  Deumbtc  ,  tan  mil  quatre  cens  foit 

xante^huit^  Signé  ,  P  o  u  s  F  e. 

LXXX*. 

|}7  Protneffe  du  Diu  de  Bretagne  au  Roy  Louys  XL  de  ne  recevoir  cm 

fonûuchly  ny  prejler  ayde  ny  fecours  à  aucun  mal- content 

du  Roy  &  du  Royaume  ,  vingt  Décembre  146^^ 

ilré  Al  TJ  R  ANÇOIS ,  par  ta  graee  de  Dieu ,  Duc  de  Bretagne ,  Cointe  de  Mont* 
Volume  X^  fort,  de  Ricnemont  ^  d'Eftampes  &  de  Vertus  :  A  tous  ceux  qui  ces 
7^».desMS^  prefentes  Lettres  verront  >  Salut  :  Comme  il  ait  plu  à  mon  très-redouté 
M.  Diif  uy.  Seigneur  Mgr.  le  Roy ,  prendre  &  faire  de  nouvel  grandes ,  parfaites  & 
efpeciales  amitiés ,  alliances ,  confédérations  &  bienveillances  >  en  re- 
jettant  Se  mettant  en  oubly  8c  au  néant  toutes  queftions  &c  différence» 
paflees  entre  luy ,  fes  Royaumes ,  Pays ,  Seigneuries  &c  fubjets ,  &  nous 
éc  les  noftre&  y  lesquelles  amitiés  &  bienveillances  de  mondit  Seigneur 
^  envers  nous  >  congnoidbns  eftre  très-utiles  &c  profitables  au  bien  de  nous 
&  de  noflre  Pays  &c  Duché,  &  chofe  publique  d*k:eluy*).&  à  cette caufe 
les  y  defirons  tenir ,  garder  &  obferver  fermes  &  ftablesxle  tout  noflrc 
pouvoir,  fans  vouloir  faire ,  ne  foutfrir  faire  chofe,  dont  rupture  d'icellei 
ou  diminution  d'amour  &  bienveillance  de  mondit  Seigneur  en  vers  nous> 
s'en  peut  enfuir  i  Sçayoir  faifons ,  gue  pour  tousiours  de  noftre  part  y 
nourrir,  continuer  Se  entretenir  lefdites  amitiez,  bienveillance  &  allian- 
ce ,  nous  avons  promk  Se  promettons  à  mondit  très^edou^é  Seigneur  lo 
Roy ,  que.  tout  ce  qu'il  aimera  nous  aimerons,  &  ce  qu'il  aura  en  dé^ 
plaifir  &  malveillance ,  nous  l'y  aurons ,  &  fe  aucuns  de  fes  ferviteur» 
ou  fubjets  efloient  mal  contensrde  luy  ,  Se  que-mondit  Seigneur  les  eufL 
en  aucune  indignation  ou  nvilveillance ,  &  a  cette  caufe  vouUîflènt  eux 
tirer  j^ar  devers  nous  Se  en  noflre  fervice ,  pour  avoir  ayde  Se  fupport  à 
leurs  intentions  Se  voulentés  ^  nous  ne  les  y.  recueillerons,  foùftiendrons>r 
ne  recevrons  en  aucun  confort,  avde»  recueil,  ne  attrait  ne  leur  don- 
nerons*, ainçois  les  reputerons mal  contens  de  nous.  Se  les  aurons > en 
noflre  malveillance  ,  tout  ainfi  que  mondit  Seigneur  les  y^aura  y  Se  com- 
me mondit  Seigneur  nous  a  promis  faire  &  avoir  de  fa  part  en  ce  qui 
touchera  fes- ferviteurs  &  fubjets ,  &  dont  il  nous  a  bailte  les  Lettres  en 
iemblable  forme  ^  de  jmefme  effet  &  fubflanceî  &  ce^  chofes  promet- 
tons faire ,  tenir  &  accomplir  fur  noflre  honneur ,  en  parole  de  Princo 
Se  par  les  foy^  &  ferment  de  noftre  corps,  fans  iamais  faire. du  contraire^ 
En  tefmoin  de  ce  nous  avons  figné  cefaites  prerontes  de  noflre  main.,.  Se. 
y  avons  fait  mettre  noflre  fcel.  Donné  à  Caën  le  vipgtiefme  jour  de  Dé- 
cembre, Tan  de  grâce  1^6^.  Ainfi  Signé ,  Vs^At^i^ois.  Et  fur  le  reply^ 
Par  le  Duc  de  ion  commandement  >.e;i  Ion  Confeil  >  ^^uquel  vous ,  lesr 

Scigneurs^ 


lyE  PHIL.  DE  COMINES-  55^ 

Seigneurs  de  toheac ,  de  la  Roche  »  de  Lcfcun  >  le  Yice-Chaocelier  >  &  

autres  eftoiçtit.  Mii*£T.  14  6" 5^ 

[  '         \  L  X  X  X:^.'    ;4   .- 

^Çy  Fcrmiffiott  aux  Mcdicis  de  porter  FUurs  de  Lys  en  Uur^  Armoiries. 

LO  Y  S  >  &c*  fcavoir  faifons ,  &c.  que  nous  ayant  en  mémoire ,  la  *7]5^f f" 
^ande ,  louable  &  recommand^le  renommée  que  feu  Cofme  de  ^'  c     A 
McdKis  a  jcuëenfon  vivant  en  tous  fes  faits  &  affaires,  lefquçis  il  a. coq*  ^  R^ftrc 
(duicsen  fi  bonne  vertu  &  prudence,  quefesenfansfic^tresiespareas  i^^A^ii» 
&  amis  en  doivent  eftre  recommandez  &  eflevee  en  tout  honneur ,  pour  for  des 
ces  caufes  &  en  obtempérant  à  la  fupplication  &c  requefte ,  qui  faite  nous  Chartes^ 
a  efté  de  la  partie  de  noftre  amé  &  féal  Conseiller  Pierre  de  Medicis ,  fils 
dudit  feu  Cofjae  4?  Mediçis  >  avons  de  noftre  certaine  fcience»  go^ce 
cTpeciale  »  pleine  puiflànce  iS^  authorité  Royale  »  gâroyé  &  od^oyoni 
par  ces  preientes  ,  qpe  ledit  Pierre  de  Medicis  »  &  ks  hoirs  &  f^iccefr 
leurs  nez&  ànaiftre  en  léal  mariage,  puiflent  d'orefnavant ,  à  twsjpurs 
perpétuellement  avoir  &  porter  en  leurs  armes  trois  Fleuri  de  hy$  ci) 
la  torme  &  manière  qu'elles  font  cy  jportraices  s  &  iicelles  armes  leurs 
avons  données  &  donnons  par  cts  preientes ,  pour  en  ufer  p^r  tous  les 
lieux  ,  &  entre  toutes  les  perfonnes  que  bon  leur  femblera ,  $c  tant  en 
temps  de  paix  »  qaen  temps  de  guerre  >  fa^  ce  que  aucun  empefchemeoi 
leur  puiue  eftre  mis  ou  donné  ores,,  ne  pouif  le  tenip&  advenir  en  queU 
que  manière  que  ce  ipit  au  contraire  ;  Se  afin  quç;  ce  i<>it  cho^  ferme  ^ 
fûble  â  tousjours  ,  nous  avons  fait  mettre  noftre  fçel  auldices  prefentes» 
iâuf  en  autres  cho&s  noftre  droit ,  &  l'autruy  en  routes.  Donné  à  Motii* 
loçon  au  mois  de  May  ,  l'an  de  grâce  mil  quatre  cens  foixante-cinq ,  &c 
de  noftre  Règne  le  quatrieftne.  Ainii  Smne  ',  Paf  le-  Roy  >  le  Comte  4c 
Çpnaniînge,  &  autres prefens.  J.  BouRÊ,  f^î/î^^ 

.  L  X  X  X  I  L  ,  1^6^.^ 

Style  nou^- 
.  07  jtbolitionpourUComttffe.d^  MauUyrier.  veau. 

LO  Y  §,  par  la  grâce  de  Diea,  Roy  de-France  :  Cjavoir  faifons  à  tous  M.  TAbbé 
prefens  &c  àvenirtNousavons  receu  humble  fuppl^atidn  de  noftre  Le  Grand  / 
chère  ^  bien^a^ée  Jehanne.Cr^fpin  ^  Comteflè,  de  Maol^rier ,  conte^  <^u  Regiftre 
nant  que  environ  le  mois  de  Sq)tembr,e  dçrnier  pafifé.  elle  eftant  erv  '^4-<luTré- 
noftre  Ville  de  Rouen  ,  &  ayant  la  garde  d'iceUiy ,  par  fragilité  ^  induç-^  ^^  ^^^ 
tion  ou  fédition  meuc,  de  donner  entrée  auditJ^ofteLà  noftre  très-c^ier  a^^^m? 
&  trcs-amé  frère  &  cjoufinle  Pucde.Bourbonnois  &  d'Auvergne ,  &.aur 
cun  autre ,  pour  &  au  nom  4e  nçft^  très-'cher  &  f  rè^^^anqé  frère  Charles^ 
lefquels  en  la  con^agnie  de.^uiîeurs  autres  Seigneurs^de  noftre  Sang 
s'eftoient'  adljeifçz  & .  aUic^  enién;^ble>^  &  mis  fus  en  armes  ij  l'^eruiontr^ 
^  nous  9  laquelle  chofe  fur  £d  a  efté  miie.  ht^ti ,  Se  leur  fut,par  auôun( 
eftans  dans  ledit  Chaftel  »  &  du  commandement  ou  conCèntenjipnt  4f 
ladite  Suppliante  ^baillé  entrée  en  iceluy  Cl\aftel ,  auquel  eftoieni  lors  les 
..,  Bbbb  3  clefi^ 


^66  PREUVES  DES  MEMOIRES 

clefs  4^5  portes  de  ladite  Ville ,  xjui  y  avoient  eftc  portées  le  foir  de  de^ 
!  ^  !  vant ,  ainfi  que  chacun  jour  on  avoir  accouftumé  de  les  porter  par  devers 
le  Capitaine  dudit  Chaftel  »  au  moyen  de  laquelle  entrée ,  &  de  la  pnii^ 
fance  des  gens  d'armes,  qui  fe  mirent  dedans  iceluy  Chaftel ,  &  auflfî  de 
ceux  qui  eftoient  a  Tenviron  de  ladite  Ville  de  Rouen ,  iceluy  noftre  frère 
&  couiin  de  Bourbonnois,  &  autres  de  fa  compagnie,  firent  tant  que 
par  iceluy  Chaftel  ils  entrèrent  en  ladite  Ville ,  a  quoy  ceux  dlcellc  Ville 
.  n^eirflent  botincment  pu  rcfiftct ,  &  après  s  efforcèrent  IcfHits  gens  d'at^. 
me^  mcttrfe  ,  &  de  fait  iilircnt  en  leurs  mains  la  plafpart  des  autres  Pla- 
ces Àt  noiftte  Pays  &  Duché  de  Normandie  -,  pour  recouvrer  lefquelles  , 

; ,  '  &  mefmé  noftreditc  Ville  &  Chaftel  de  Rouen ,  femmes  venus  8c  entrés 
'à  gr^nd  puiflànce  audit  Duché  ,  auquel  avons  trouvé  bonne  obéyflànce  ^ 
&  fe  font ,  nos  bons  &  loyaux  fubjets  les  habitans  d'icelle  Ville  de  Ronen^ 
liberallement  remis  en  noftre  obéyflànce,  pourquoy ,  grâce  à  Dieu ,  avons 
recouvert  &  remis  à  nous  &  à  la  Couronne  ^  ce  que  au  moyen  des<ho* 
fes  delïufidites  en  avoient  efté  mis  hors  \  Se  ipom  confideration  de -ces 
chofe^ ,  &  après  icelle  ainfi  faite  ,  s'eft  ladite  Suppliànre\ournée  par  de- 
vers nous  i  &  nous  oè  erès-inftàminent  &  hutnblement  requis ,  que  atten* 
du  que  de  tout  temps  fes  predeceflêurs  Se  elle ,  ont  efté  bons  &  loyaux 
envers  nous  Se  la  Cfouronne  ,  &  que  lefdits  cas  font-adv«ius  par  fragi- 
lité ,  induûion  ou  fédition ,  dont  ladite  Suppliante  eft  de  prefent  fort 
repentante  &  déplaifante ,  éc  que  fans  quelconque  apprehenfion  elle  eft 
venoëpar  devers  nous ,  à  ce  qu'il  nous  piaifcluy  pardonner  &abolirledit 
cas,  &  fiirce uy  impartir  noftredite  grâce  t  Pour^uoV  nous, ce  confideré, 
voulant  mifericorde  préférer  à  rigueur  de  juftiiîe ,  tSc'kuffii  lattè^gràii* 
de  ptiere  Se  r-equefte  d'aucuns  Seigneurs  dé  hôftrè  Sànç ,  &  d'aurres  pa- 
rens  Se  amis  de  ladite  Suppliante ,  avons  à  iceUe  Sunpliante  pardonne  & 
ûboij ,  &  par  ces  orefentes ,  de  noftre  grâce  efpeciaue ,  pleine  puiflànte 
Se  authorité  Royale-,  pardonnons  &  aboUflbns  les  cas  deflùklits  ,*  Se 
toutes  leurs  circonftances  Se  dépendamies  ,  en  quelque  manière  qu^k 
ayent  par  elle  efté  commis  Se  tout  ce  (juien  eft  enfuit,  &  tout  aiofi  quefe 

.'     ;         lefdits  cas,leurs  circonftances  Sê  dépendances  eftoient  tout  au  long  Ipeci- 
.1  fiez  &  déclarez  en  nofdites  prefentes  >  avec  toute  peine,  offenfe  &  amen- 

de  corporelle ,  criminelle  &  civile  j  en  quoy  elle  poarroit  eftre  â  cette 
caufe  encourue  envers  nous  &  Juftice ,  fans  ce  que  jamais  aucune  repri^ 
ou  reproche  luy  en  puiflfe,  eftre  fait  oti  donné ,  &  Tavons  feftîtué &  refti- 
tuons  à  fa  bonne  famé  &  renommée ,  Se  tous  fes  biens  non  confifqués» 
meubles  &  immeubles ,  voulons  &  noms  plàift  (qu'elle  en  jouifte  comme 
'.'  elle  faifoit  paravant  ledit  cas  avenu ,  St  fur  c€  impofons  filence  perpe* 
,  tuel  à  notre  Procureur  prcfent  Se  avenir.  Si  donnons  en  mandement 
par  cefdites  prefentes  à^nos  antez  Se  feaûx  Confeillers ,  les  Gens  tenans 
&  qui  tiendront  noftre  Parlement  Se  noftre  Efchiquier  de  Normandie  > 
aux  Prevofts  de  Paris ,  TSailly  de  Roueti  8C  Senefchal  de  Poitpu ,  &  à  tous 
nos  autres  Jufticiers  ou  leurs  Lieurehans  prefens  ^  à  venir ,  fi  comme  a 
kly  am)artiendrâ ,  que  de  nos  frtrefenres^  gtace  Se  pardon  &  abolition  > 
ils  6i(fent',  foùffrent  &  laiflènt  ladite  ShppRan.te  joûïr  .9t  ùfer  pleine- 
inerit  &  paifibletttént  (ans  luy  faire ,  mettre  on  donner ,  né  fouffrir  eftre 
fait,  mis  ou  donné  aucun  deftour^er  ou  etiVpefchémcnt  au  contraire, 

ne 


/ 


DE  PHIL.  DE  COMIKES.  5^7  ^__ 

iic  qu'elle  fok  tenue  de  faire  faire  aucime  verificatioia  du  cohcdnu  en  ceè  ^^^^^ 
{>relentes  »  ne  des  cas  dedufdits ,  leurfdkes  cîrconftances  6c  dS^pendân^^  ^ 
ces  5  ne  auffi  qu'elle  en  puinè  eftre  mife  en  aucun  ^tocès  ;  mais  fe  (on 
corps ,  ou  aucuns  de  fefdics  biens ,  meubles  on  immeubles  fontou  eftoietit 
pour  ce  pris ,  faifis ,  arreftez,  ou  autrement  levez  ou  empcTchez ,  fi  les 
hiy  mettent  ou  faflènt  mettre  tan  toft  ,&  fans  délay  à  pleine  délivrance;  & 
afin  que  ce  foit  chofe  ferme  8c  ftable  à  tousjours  >  nous  avons  fait  mettra 
noftre  fccl  à  cefditcs  prefentes ,  fauf  en  autres  chofes  nôftre  droit ,  & 
Tautruy  en  toutes.  Donné  au  Pont-de-l'Arche an  mois  de  Janvier,  lan 
de  grâce  mil  quatre  cens  foixante-cinq,  &  de  noftre  Règne  le  cinouiefmc^ 
Par  le  Roy ,  TArchevcfque  de  Narbonnç ,  les  Sires  de  Cbaftillon ,  de 
Cru(R)l,  &  autres  prefcns.  Signé ,  Toustain.  ^ 

L  X  X  X  I  I  I. 
UCT  Lettres  Paumes  par  lef quelles  le  Roy  Louys  XL  reprend  la  Normandie,     Copîé  par 

LO  Y  S ,  par  la  grâce  de  Dieu,  Roy  de  France.  A  tous  ceux  qui  ces  pre-  Lc  Grand 
fentes  verront  :  Comme  pour  aucunes  juftes  caufes  &  raifonnables  fur  le  Rc- 
ayons  cfté  confeillez  &  délibérez  de  reprendre  &  mettre  en  noftre  main  giftrc  194. 
noftre  Pays  &  Duché  de  Normandie ,  que  n'aguerres avions  baillé  à  noftre  <lu  Tréfor 
très-  cher  &  très-amé  frère  Charles  de  France ,  façoit  ce  que  nofdits  Pays  ^  Chancs 
&  Duché  fuâènt  annexez  à  noftre  Couronne ,  &  qu'ils  ne  s'en  puflènt  ou  *"*  ^^y* 
dudènt  feparer  *  fur  grandes  peines  &  cenfures  Ecclefiaftiques^en  enfui-  *5uj.i^  i 
yant  laquelle  délibération  >  euffions  puis  n'agueres  envoyé  en  aucunes  niondcla"" 
parties  de  noftrcdit  Pays  &  Duché  de  Normandie ,  noftre  très-cher  &  Normandie 
très-amé  frère  &  coufin  le  Duc  de  Bourbon ,  noftre  Lieutenant  Gênerai ,  àlaCouron- 
avec  partie  de  noftre  armée ,  &  luy  euffions  entr*antres  chofes  donné  "c ,  Voyez 
pouvoir  de  faire ,  pour  &  au  nom  de  nous,  toutes  compofitions  ,  con-  '^  Lettres 
venances  &  appointemens  avec  toutes  gens  de  guerre,  d'Eglife ,  Nobles,  ^  mois  de 
bourgeois  &  habitans  des  Villes  &  Places  de  noftredit  Pays&  Duché,  &  fJ^^^S"/^ 
autres  chofes ,  ainfi  qu'ils  verront  eftre  à  faire  pour  le  bien  de  nous ,  &  fcfqucllcs  le 
le  recouvrement  de  noftredit  Duché ,  lequel  noftredit  frère  &  coufin  ,  Roy  Jean 
audit  nom ,  fe  fuft  tranfporté  avec  noftredite  armée  devant  notreditc  -  réunit  la 
Ville  de  Louviers ,  en  laquelle  avoit  lors  des  gens  de  noftredit  frère ,  qui  Normandie 
la  tenoient  à  rencontre  de  nous  ^  &  après  aucunes  fommations  faites  par  *'«Co«ron- 
noftredit  frère  &  coufin  aux  habitans  de  ladite  Ville,  &  gens  de  guerre  ^'p^^i^"^ 
eftans  en  icelle ,  de  rendre  &  mettre  ladite  Ville  en  uoftre  obéyflancc ,  àia  p.  i^i. 
iceux  habitanf  en  enfuivant  la  bonne  loyauté  &  obé^flance  qu'ils  ont  du  je.  Voi! 
lousjours  eue  envers  nos  predeceflêurs  &  nous ,  connoifllâns  que  eftions  du  Recucit 
kur  fouverain  &  naturel  Seigneur ,  firent  obéyflànce  &  ouverture  de  &s  Ordon- 
noftredite  Ville  à  noftredit  ftere  &  coufin ,  pour  &  au  nom  de  nous ,  nanccsv 
lequel,  en  ce  faifant,  leur  octroya  audit  nom  le  contenu  en  certains  arti- 
cles defquels  la  teneur  s^ehfuit.  La  compofîtion  &  convenance  &  traité 
de  la  rendre  en  reduéHon  en  la  main  du  Roy  noftre  Seigneur ,  de  la 
Viile'de  Louviers ,  faite  avec  haut  &  puifiant  Pnnce  Monfieur  le  Duc  de 
Bourbonnois  &  d'Auvergne ,  Lieutenant  General  du  Roy  noftre  Seigneur^ 
par  n<>ble  homme  Monfieur  Jean  Daillon ,  Chevalier ,  Seigneur  de  Fon-* 
taines.  Capitaine  d'icelle  Ville  ^-fic  cerne  de  fa  charge  pour  Monfieu1^ 

Charles^ 


j^8  PREUVES  DES  MEMOIRES 

^  .  Charles  de  France  »  Frère  du  Roy  noftredk  Seigneur  :  £c  auilî  par  les 
^  *  Cens  d'Eglifè  »  nobles  bourgeois  &  habicans  de  ladire  Ville ,  pour  ce 
a(Iemblez  en  grand  nombre  ^  en  la  perfonne  dudit  Chevalier  &  Capitai- 
ne ,  &  tour  de  leur  commun  accord  &  confentement  >  font  rels  ;  c'eft  i 
Tçavoir ,  que  pour  vuider  le  flege  Coudainemenc  mis  avec  grande  anil- 
lerie  devant  ladite  Ville  par  les  Capitaines  &c  gens  d  armes  de  l'Ordon- 
nance du  Roy  noftredit  Seigneur,en  grand  nombretSc  non  mettre  à  etfufîon 
de  {ang  humain  ^  de  autres  inconveniens ,  aflàuts  6c  approche3  pour  ce 
encoaunencez  >  &c  comme  importables  aufdits  Capitaines  &  habitans  9 
vu  leur  pauvre  &  petit  nombre  de  gens ,  garnifon  6c  artillerie  >  &  donc 
ptuûeors,&  de  nouveU&  par  me(Ià^es  propres,ils  ont  adverty  6c  fait  fçavoir 
a  mondit  Seigneur  le  Duc ,  lefdits  Capitaines  9  gens  d'E^life ,  nobles  » 
bourgeois  6c  habitans  »  ont  mis ,  mettent  &  refldtuent  ladite  Ville  en  la 
main  6c  obéyllance  du  Roy  noftredit  Seicneur ,  eftant  à  prefent  en  per- 
fonne en  armes  fur  les  champs  près  lamte  Ville ,  &  mcfmement  en  la 
main  de  mondit  Seigneur  de  Bourbon ,  fon  Lieutenant  General  s  6c  en 
accompliâant  plufîeurs  Lettres  miflives  Scfommations  d*iceux  Seigneurs 
addre(mntes  aux  deltufnommez  »  &  contenans  ainfi  le  faire  fur  grof: 
fes  peines  &  dangers  déclarez  en  icelles  »  6c  par  ce  moyen  mondi^ 
Seigneur  de  Bourbon  »  fon  Lieutenant  General  >  6c  fov  faifant  fort  du  Roy 
noftredit  Seigneur ,  a  promis  &  promet  de  tx>nne  toy  audit  Capitaine  > 
gens  de  fa  charge ,  &  autres  qui  s'en  voudroient  aller  ailleurs ,  demoo* 
rer  hors  ladite  obéylf^nce  du  Roy  noftre  Seigneur ,  que  ils  le  puiilenc 
faire  fùrement  $  de  en  emporter  franchement  »  &  emmener  où  il  leur 
plaira  leurs  chevaux  >  armures ,  harnois  6c  biens  quelconques  générale-* 
ment,  fans  aucune  refervation  ou  exécution.  Et  que  ce  prefent  traité  ou 
vidimus  d'iceluy  leur  en  vaille  pleine  fûreré  ,  6c  fans  aucun  empefche- 
ment)  qui  leur  en  pui(Te  eftre  donné  au  contraire ,  en  corps ,  ne  en  biens» 
pour  quelconques  caufes ,  reproches ,  délits  6c  méprentures  »  quelles 
qu'elles  foient  ou  puiflent  eftre  9  6c  leur  fera  baillé  conduite  telle  6c  fi 
bonne  9  que  au  cas  appartiendra  (e  meftier  eft ,  6c  au  regard  defdits  au- 
rres  foudoyersqui  voudroient  demoureren  l'obéydanceâc  fervice  du  Roy 
noftredit  Sgr.iïs  y  feroient  re^us  6c  gagez  comme  les  autres  9  en  faifanc 
leur  devoir  9  6ç,  n  demourronc  quittes  6c  defchargez  de  tous  mefFaits  6c 
méprentures  quelconques  9  6c  fans  ce  que  jamais  aucune  chofe  leur  en 
puifte  eftre  imputée  ou  reprochée  ,  pour  quelque  caufe  que  ce  foit  ou 
puiilè  eftre.  Jum.  Et  en  tant  que  touche  lefdits  gens  d'Eglife ,  Ofticierst 
nobles  9  bourgeois  6c  habitans  de  ladite  Ville  9  Parroiftè  6c  Fauxbourgs 
de  Louviers  9  ils  font  6c  feront  reçus  beni^nement  eu  là  bonne  grâce  , 
obéyftânce  6c  fervice  du  Roy ,  noftredit  Seigneur  9  6c  mondit  Sieur  de 
Bourbon  9  Lieutenanr  General ,  6c  feront  entretenus  âc  gardez  àtousjours 
en  tous  leurs  privilèges»  exemptions ,  franchifes  6c  libertez  quelconquess 
tout  aind  qu'ils  faiioieut  au  temps  que  le  Roy  noftredir  Seigneur  fift 
bailler  l'obcydànce  de  ladite  Ville  i  mondit  Seigneur  fon  Frère  9  6c  fan^ 
aucun  empelchemenr,  qui  leur  puiite  eftre  miç  on  donné  jiu  contraire  » 
pour  quelque  caufe  que  ce  foit  ou  pui(Ie  eftre  pour  le  temps  advenir  9  6c 
tnefme  de  tous  leurs  héritages  6c  biens  quelconqnes  \  6c  a  leur  font  6c 
^ontpardçnnésfous  lei^rs  délits  6c  Q0enfçs,cnc][uoy  ils^ou  aucuns  â^t\x% 

en 


(. 


».  ■* 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  5^9 

en  gênerai  ou  particulier ,  pourroienc  eftre  encourus  envers  le  Roy  nof- 
tredit  Seigneur,  pour  quelque  caufe  ou  occafion.que  ce  foit  y  6c  dcC-  *^^  ^ 
quelles  choTes  ces  prefences  leur  vaudront  bonne  Se  fûre  confirmation 
éc  pardon  ,  &  fans  ce  qu'ils  foient  tenus  en  obtenir  autres  Lettres,s'il  ne 
leur  plaift.  Item.  Et  auliî  pource  que  ladite  Ville  a  efté  moult  foulée  & 
appauvrie  Kle  la  guerre ,  il  leur  a  efté  promis  qu'il  ne  leur  fera  baillé  gar- 
nilon ,  finon  gens  aiiiez  &  en  nombre  à  eux  bien  ponable ,  pour  les  tenir 
enfemble  fans  tiifpanion.  lum.  Se  aucuns  defdits  habitans  avoient  efté 
pris ,  arreftés  ou  empefchez^  ou  fullènt  ou  foient  abfens  de  ladite  Ville; 
au  regard  des  empefchez ,  ils  feront  mis  en  pleine  délivrance ,  avec  tous 
leurs  biens ,  &  les  abfens  auront  terme  de  retourner  jufaues  â  un  mois» 
Se  jouiront  du  contenu  en  ces  prefentes.  Et  lefquelles  chofes  8c  chacu- 
nes  d'icelles  »  Nous  Jean ,  Duc  de  Bourbonnois  &  d'Auverjgne  >  Se  Lieu- 
tenant General  de  Aïondit  Seieneur  le  Roy ,  avons  promifes  Se  accq|- 
>dées  aux  defliifdits ,  faire  valables  &  les  faire  confirmer ,  Se  donner  ces 
JLettres  »  &  entretenir  Se  garder  par  mondit  Seigneur  le  Roy ,  tout  par  la 
forme  Se  manière,  que  dit  eft,  lans  jamais  contrevenir  \  tefmoin  noftre 
fcel  Se  feing  manuel  cy  mis ,  le  premier  jour  de  Janvier ,  Tan  mil  quatre 
<ens  foixame-cinq.  Signé ,  Jean  ,  &  J,  de  Dailloh.  Et  nous  ayans 
iceux  habitans  humblement  fupplié  &  requis ,  que  attendu  que  eux  Se 
leurs  predecedeurs  ont  tousjour s  efté  bons  &  loyaux  envers  nous  Se  U 
Couronne,il  nous  plaift  en  confirmant  leditoâ:roy  â  eux  fait  par  noftredic 
ùexc  Se  coufin ,  par  vertu  dudit  pouvoir  par  nous  à  luy  baillé ,  avoir  le 
contenu  defdites  articles ,  promefles  Se  traitez ,  Se  appointemens  ^eflus 
incorporez  ^agréables ,  Se  iceux  ratifier  &  approuver ,  &  fur  ce  leur  iv^ 
partir  noftre  grâce. 

Ce  Considéré  ,  voulans  garder  &  entretenir  tout  ce  quia  eft^  faic» 
traité ,  promis  &  accordé  aumits  habitans  par  noftredit  firere  Se  coufin  » 
iceux  articles ,  traitez  ,  promefiès  &  appbintemens  deflfus  incorporez , 
avons  eu  Se  avons  agreaoles  ;  &  iceux  de  grâce  efpeciale ,  pleine  puif- 
(ànce  Se  authorité  Royale ,  avons  confirmé ,  loué ,  ratifié  &  approuvé  , 
louons ,  ratifions ,  confirmons  Se  approuvons  par  ces  prefentes ,  Se  de 
noftre  plus  ample  grâce  leur  avons  oâroyé  Se  oâroyons  par  cefdites  pre- 
fentes ,  qu'ils  ayent,  jouïfiènt  de  tous  tels  &  femblaUes  privilèges ,  que 
ils  avoient  de  nous  au  temps  que  noftredit  Frère  prit  la  poflèilion  de 
noftredite  Ville ,  félon  la  forme  Se  teneur  des  chartres  Se  privilèges  qu'ils 
ont  eus  par  cy-devant  ;  lefquéls  voulons  fortir  leur  plein  effet ,  fans  ce 
que  pour  occafion  des  chofes  deifufdites  ,  ne  autrement ,  on  leur  puiflè 
ores ,  ou  pour  le  temps  à  venir ,  aucune  chofe  imputer  ou  demander  en 
aucune  manière;  &  fur  ce  impofons  filence  perpétuel  à  noftre  Procureur 
&  à  tous  autres,  &  donnons  en  mandement  par  cefdites  prefentes  â  nos 
amez  Se  féaux  les  Généraux  Confeillers  par  nous  ordonnez  fur  le  fait  > 
&  Gouverneurs  de  toutes  nos  Finances,  au  Bailly  de  Rouen  ,  &  aux 
Efleus  par  nous  ordonnez  en  la  Ville  Se  Eleâion  d'Evreux ,  &  à  tous  nos 
autres  Juftieters  &  Officiers ,  ou  à  leurs  Lieutenans ,  prelens  Se  à  venir» 
&  à  chacunxl*eux ,  fi  comme  à  luy  appartiendra ,  aue  de  nos  prefentes 
grâce ,  confirmation  ,  ratification  &  application ,  félon  le  contenu  efdit$ 
articles,  ils  fouffrent  Se  laiflènt  Icfdits  SuppUans  j»  &  chacun  d'eux>  jopïr 
Tome  IL  'C  ccc  Sc 


570  PREUVES  DES  MEMOIRES 

^  ^^  &  ufcr  pleinement  &  paifîblement ,  fans  leur  faire ,  mettre  ou  dotmer  p, 
"^  *  ne  fouffrir  eftre  fait ,  mis  ou  donné ,  ne  à  aucun  d'eux  >  ores  ne  au  temps. 
i  venir ,  aucun  deftourbier  ne  empefchemcnt  au  contraire  i  lequel ,  fe 
fait ,  mis  ou  donné  leur  eftoit  ^  IciÊr  mettent  ou  fa&at  mettre  fans  délaya 
â  pleine  délivrance  »  &  au  nremier  eftat  6c  dû  t£n  tefmoin  de  ce  nous, 
avons  fait  mettre  noftre  fcei  à  cefdites  prefentes.  Donné  au  Pont-de- 
l'Arche»  le  vingt-un  Janvier  >  Tau  de  grâce  mil  quatre  cens  foixance-cinq», 
&  de  noftre  Recne  le  cinquiefrae.  AinH  Signé,  Par  le  Kojy  Monfeigueuc 
.le  Duc  de  Bourbon ,  les  Sires  de  Cruâbl  &  de  Bazoges ,  ôc  aunes  pre-^ 
fens,  DiSHouLjNs* 

L  X  X  X  I  I  I  *. 

1^  Exirait  de  la  copie  de  rinfiruSion  a  Maiftre  J<an  Hébert ,  &  George- 
de  Vouet  5  Maifhe  GuilUume  Rouffel  ^  &  Guillaume  Gombault  ydec€: 
que  Mott/îcur  u  Duc  de  Normandu  ,  leur  a  chargé  faire  &  befogner  de-' 
vers  le  Koy  ,  où  il  les  envoyé  prefenumeru  i  Rouen ^ 

Ttti  ia      A    ^^^  ^^  recommandations  .ordinaires  »  il  eft  defplaifanr  que  le  Ro]^ 
Vd.  76%.     JLJL  l'attaque  de  tous  coftez ,  rempliflè  la  Normandie  de  gens  de  guer- 
desMSS.de  re  ^  qu'on  ne  doit  violer  le  Traité  ;  que  le  Duc  de  Bretagne  a  fait  fçavoir 
M.  Dupoy.  au  Duc  y  que  le  Roy  fouhaitoit  que  le  Duc  fe  ibûmift  i  ce  que  les  Ducs 
de  Bretagne  &  de  Bourbon  ordonneroient.  Il  demande  qu'on  y  joigne 
le  Duc  de  Calibre  &  le  Comte  de  Charolois.  Le  Duc  de  Normandie  con- 
sent que  le  Pont-de- l'Arche  foit  mis  entre  les  mains  du  Duc  de  Bretagne 
pendant  qu'on  traitera..  Le  Roy  s'eft  des ja  faifi  de  Lou viers  >.  ce  cpn  rompt 
toutes  mefurcs.)  le  commerce  cftant  interrompu  par  les  gens  de  guerre  y. 
le  Vice-Chancelier  de  Bretagne  luy  a  dit  que  le  ^y- vouloit  qu'il  renon- 
çaft  à  la  Normandie  avant  toutes  chofes ,  ce  qu'il  ne  peut  faire  que 
Meffieur^  de  Bretagne  Se  de  Bourbon  n'avent  prononcé  fur  fon  partage  ;. 
que  moyennant  qu'il  livraft  le  Pont-de4' Arche  au  Roy  >  il  y  auroit  trê- 
ves pendant  dix  iours  »  mais  ce  terme  ne  fuffit  pour  l'accommodement^ 
D'ailleurs  Monfeigneur  ne  fçait  que  veut  dire  le  Roy ,  en  ad  jouftant  que 
Meffieurs  de  Bretagne  6c  de  Bourbon  prononcent  fur  le  partage ,  &  fur 
tes  autres  matières  r  Qu'entend-on  par  ces  autres  matières  ?.  A  r^^pponf 
ledit  Vice-Chancelier  qu'en  accompliflànt  ledit  accord ,  le  Roy  pardon- 
ne i  tous  ceux  de  Rouen ,  fors  au  Patriarche  Evefque  de  Bayeux  >  â  Jean 
de  Lorraine ,  les  Seigneurs  de  Bueil ,  de  Chaumont  >  Charles  d' Amboife- 
&:  Jean  de  DaiUon ,  avec  lefquels  le  Roy  ne  befognera  fans  le  confeil  des. 
Ducs  de  Bretagne  6c  de  Bourbon.  Cependant  tous  ont  efté  compds  dans: 
le  Traité  >  Monfeigneur  veut  avant  toutes  chofesadurer  fji^  bonne  Ville* 
de  Rouen ,  8c  tousfes  fer\Hiteurs  &  fubjets»  &  autres  qui  ont  adhéré  i 
kiy ,  fans  en  excepter  un  feul  ^  8c  qull  n'entrera  en  aucun  traire  que  la- 
dite (ûreté  ne  foit  faite.  Que  la  choie  qui  luy  a  fait  le  plus  de  peine> 
c*eft  ou'il  foit  hors  des  bonnes  grâces  dn  Roy ,  qu'il  eft  ion  firere ,  que- 
fes  fuDjets ,  contre  qui  il  exerce  tant  d'aâes  d'hoftilité ,  font  fes  fubjets*. 
Mais  eft  â  remarquer  cet  anide» 
Et  pour  tousjpurs  foy  mettre  e&  fon  devoir  >  &  ca  humilité  envers  le- 

Roy> 


;   DE  PHIL,  DE  COMINES  571 

Roy  5  mondit  Seigneur  en  enToivanc  l'olïre  autrefois  par  luy  faite  >  offre 
encore  fc  ioûmettre^  crdîre  >  touchant  Ton  i>artage ,  ou  la  recompenfe 
d'iceluy  >  ce  ooe  le  Duc  de  Bretaene ,  Monfeigneur  de  Calabre ,  Mon« 
£eur  de  Bouroon  >  &  Monfieur  ot  Charolois ,  ou  Monfeigneur  de  Bre* 
tagne  &  Monfeigneur  de  Bourbon ,  ou  les  deux  des  quatre  de(fufdit$  » 
mais  que  le  Duc  en  foit  l'un  »  en  diront  &  ordonneront  >  pourvu  que  le 
Roy  s  y  foumette  de  fa  part  >  &  que  toute  guene  Se  voye  de  fait  cède 
d'un  cofté  Se  d'autre  >  &:  que  fa  bonne  Ville  de  Rouen ,  8c  tous  les  habi- 
tans  en  icelle  foient  &c  demeurent  en  bonne  {ureté,  tant  en  toutes  leurs 
libertés  6c  privilèges ,  qu'autrement  ;  &c  auffi  tous  les  ferviteurs  Se  fubjets 
de  mondit  Ssr  •  &  autres  qui  ont  adhéré  avec  luy ,  (ans  nul  en  excepter. 
Jtcm.  Et  fe  le  plaifîr  du  Roy  n  eft  d'accepter  l'offre  dedufdit  >  mondit 
Seigneur  offre  touchant  fon  partage ,  ou  la  recompenfe  d'iceluy ,  de 
croire  tout  ce  que  Us  trois  EJlats  {i)du  Royaunu  de  France  en  diront  ou 
ordonneront  »  toutesfbis  quU plaira  au  Roy  de  Us  ajfembUr  :  Et  fe  aucuQe 
Mes  ouvertures  delGifdites  n'eft  agréable  au  Roy ,  mondit  Seigneur  offre 
encore  Je foûmtttre  de  fondit  partage  ,  ou  de  la  recompenfe  d^ic^y  ,  à  tout 
<e  qu*en  diront  &  ordonneront  Mcffeigneurs  Us  Pairs  de  Franu  y&la  Cour 
4c  ParUment  enfembU  »  (  aufquels)  fous  r autorite  du  Rw  f  appartint  la 
connoiffance  de  toutes  les  matières  touchant  les  Pairs  de  r  ronce  ;  pourquoy 
cette  mature  doit  plus  convenablement  venir  {levant  eux  y  attendu  que  mon* 
dit  Seigneur  ^  dit  fa  nature  »  comme  Fils  de  Roy  »  ef?  Pair  de  France  9  aujffz 

Îu*à  preferu  il  efi  quefiion  £uiu  des.  naturelles  &  ancUnnes  PairUs  de 
^ranu.   Signé f  Dg  Villibrs. 


1^64  i 


L  X  X  X  I  V. 

Ratification  donnée  par  CharUs  ,  Comte  de  Charolois  ,  de  C accord  fait 

entre  luy  &  ceux  de  Liège. 

A  Vicbcmale  >  le  14*  Janvier  i^C$. 

CHARLES,  de  Bourgogne ,  Comte  de  Charolois^  Seigneur  de  T  .     T^ 
Chafteaubelin  Se  de  Betnune ,  Lieutenant  General  de  mon  très-re-  M?^Go<le« 
douté  Seigneur  &  Père.  A  tous  ceux  qui  ces  prefentes  Lettres  verront  Se  ftôy. 

QÏront , 


'  (  I  )  Le  Roy  afTembla  les  Eftats  Généraux 
i  Tours  en  14^7. 

-  il  fin  liîc  que  (nivaoc  les  Ocdonnances 
de  Charles  le  Sage  ,  le  la  commoae  obftr- 
yaoce  du  temps  paiTé  »  que  le  Roy  eftoic 
content  d*aflcoir  à  Charles  fon  Prête  dou- 
ze mille  livres  par  an ,  &  combien  qu'il 
fbffift  de  bailler  aux  en&ns  desllo)S  ûtxt 
de  Comte ,  le  Roy  eftoit  d*accord ,  que  fi 
ion  itère  n*eftoit  content  dudit  titre ,  U 
que  les  Terres  qu'il  ky  baillerok  ne  (nflênt 
en  Duché  ^  de  les  ériger  en  Duché  1  le  luy 


lai/Ter  »  optre  les  douze  mlUe  livtcs  »  edco^ 
re  jufqu'à  quarante  mille  francs. 

Furent  les  Eftats  d'ooinion  qu'il  dévoie 
eftre  nemonftréà  Monneur  de  Bourgogne 
leurs  avis  >  le  qu'il  luy  plut  >  attendu  la 
proximité  de  lignage  dontil  atticnt  au  Roy» 
le  qu'il  eft  auSl  Pair  de  France  »  |c  quil 
doit  garder  les  droits  de  la  Couronne ,  le 
s'«mt>loyer  au  bien  du  Royaume ,  qu'il  le 
veuille  adhérer, aufdits  trois  Eftats. 

Xes  Ducs  de  Bourgogne ,  de  Bretagne  le 
de  Bourbon  n  eftoicnt  pas  à  ces  Eftats. 

Ccc  c  1 


\i 


57»         PREUVES  DES  WEMOîKtS 

.  ^      oÏ£ont>  Salut  :  Comme  ceux  des  Cité,  Villes  &  Pays  de  Liège  8c  de  Looa: 
^  ^      '     depuis  un  an  ença ,  fe  fuflènc  déclarez  Se  confticuez  ennemis  Se  adver^ 
iaires  de  mon  très-redoucé  Seigneur  Se  Père  »  de  nous^,  de  des  Pay^  Se 
Seigneuries  de  mondicSeigneur,  contre  lesquels  ils  euflènc  meu  &  fufcicé 
guerre  >  à loccafion  de  laquelle  il  eurent  fait  plufîeurs  maux  Se  domma* 
ges  efdiits  Pays  &  Seigneuries  de  mondit  Seigneur ,  Se  les  noftres  s  Se 
pour  obvier  à  la  réparation  ,  que  moyennant  Tayde  de  Noftre-Sei- 
gneur ,  mondit  Seigneur  Se  Père  entendoic  Se  pouvoit  avoir  des  ou- 
trages ,  ofifenfes ,  injures  &  dommages  par  eux  faits  Se  perpétrez ,  & 
cfchever  les  maux  Se  inconveniens,  qui  à  cène  caufe ,  &  ila  grand  coul- 
pe  defdits  de  Liège  &  de  Looz ,  eitoient  apparens  de  advenir,  iceus 
des  Cité  »  Villes  &  Pays  de  Liège  &  de  Looz ,  ayent ,  tant  par  nos  très- 
cbers  &  amer  confins  lesComicsxle  Meurs  Se  de  Horne,  comme  par- 
certains  leurs  députez  »  fait  fupplier  Se  requérir  i  mondit  Seigneur  So 
Père  >  Se  à  iyous^,  que  (on  bon  plaifir  Se  le  noftre  fuft  d'entendre  à  traité^ 
Se  appointement  de  paix  envers  eux  »  Se  de<oïr  Se  agred:>lement  recevoir 
les  offres  fa\fes  à  mondit  Seigneur  Se  Père  »  &  à  nous ,  tendantes  à  amen^ 
des  &  réparations  honorables  Se  profitables ,  fur  lefquelles  offres  entre 
les  Gens  du  Cpnfeil  de  mondit  Seigneur  &  Père  ,  &  defdits  députez  y. 
avent  efté  traité ,  advifé  &  accordé  les  points  Se  articles,  dont  la  teneur 
s  enfuit  &  eft  telle  :  Ceux  des  Cité ,  Villes  &  Pays  de  Liège  Se  de  Looz  ^ 
pour  parvenir  à  fin  de  paix  avec  mon  très-redouté  Seigneur  Monfieur  lo 
Diic  de  Bourgogne  Se  de  Brabant ,  feront  &  accompliront  les  points , 
articles  Se  chofes  qui  s'enfuivent.  Premièrement.  Les  Maiftres ,  tous  les 
Efchevins  Se  tous  les  Officiers  de  ladite  Cité  ,  les  Doyens  des  MefHers,. 
avec  dix  perfonnes  d'un  chacun  d'iceux  Meftiers,  Se  d'une  chacune  Eglir 
fe ,  c'efl  a  fçavoir ,  de  l'Eglife  Monfieur  Saint  Lambert ,  dix  Chanoines  >. 
Se  de  chacune  desEelifes  fecondaires j  Abbayes ,  Prieurez  &  Eglifes 
Pàroiffiales  quatre  perfonnes  Ecclefiaftiques ,  Se  jufques  au  nombre  de 
dix  nobles  yaflàux  de  l'Eglife ,  qui  ont  fait  cette  guerre  ,  tous  rcprefen- 
tans  les  trois  Eflats  defdits  Pays ,  viendront  devers  mondit  Seigneur  le- 
Duc  à  certain  jour  ,  quelque  part  qu'il  fera ,  en  Brabant  ou  en  la  Ville  de- 
Malines  ;  lequel  iour  mondit  Seigneur  fignifiera  Se  fera  fcavoir  aufdits 
de  Liège ,  &  en  la  prcfence ,  à  teftes  nues  &  à  genoux ,  airont  à  tort  > 
fans  caufe  &  contre  raifon ,  ils  ont  commencé  Se  continué  ladite  guerre 
contre  mondir  Seigneur,  fcfdits  pays  &  fcs  fubjets  ,  que  il  leur  en 
defplaifl ,  s'en  repentent  de  tout  leur  cœur ,  Se  q^ut  s'il  l'avoient  à  com- 
mencer, iamais  ne>  leferoientoucommenceroient,  &fupplieront  en 
toute  humilité  pour  eux ,  &  pour  tous  ceux  de  ladite  Cité ,  que  mondit^ 
Seigneur  les  veuille  prendre  &  recevoir  en  fa  bonne  grâce  >  &  leur  par- 
donner leurs  offenfes ,  offirans  de  faire  Se  accomplir  les  conditions  Se 
charges  cy-après  déclarées.  Item.  Que  femblablement  les  Bourguemaiftres, 
Efchevins  Se  Confeil.defdites  autres  Villes  ,  &  les  gens  d'Eglife  de  cha- 
cune d'icelles. viendront  devers  mpndit  Seigneur,  audit  jour  qu'il  fera, 
affigné  aufdits  de  Liège ,  pour  dire  &  faire  telle  &  femblable  reconnoif- 
fance  ,  &  requérir  la  grâce  de  mondit  Seigneur ,  comme  defîùs  efl  dit*. 
Item.  Que  les  deffufcuts  feront  femblable  amende  honorable  à  mondic 
Sieur  de  Cbarolois ,  four  les  injures  qu'ils  ont  dites  Se  proférées  de  fa 

perfonne^. 


DE  PHIL;DE  CONflNEJ.  575  ^_^^^^ 

jperfenne  »  &  auflî  qu'ils  l'ont  défié  &  pris  fon  Ghaftcl  de  PKalàife ,  8c  "][T^^ 
ars  &  bruflc  la  baflc-cour  de  fon  Chaftcl  de  Monraigle  5  &  lay  rendront? 
fes  dommages  &  interefts ,  defquels  de  la  part  de  mondit  Sieur  de  Cha- 
rolois  leur  fera  bailler  la  déclaration»  hem.  Pource  que  en  cfette  pre-» 
fente  guerre  plufieurs  des  fubjers  de  mondit  Seigneur  le  Duc  ont  efto 

Eris  &c  occis ,  lefdits  de  la  Cite ,  Villes  &  Pays  de  Liège  &  de  Looz  bail- 
:ronc  dedans  la  faint  Jehan  Baptifte  prochainement  venant ,  en  deniers 
comptans  es  mains  du  Changeur  de  cette  Ville  de  Bruxelles,  la  fomme 
de  fix  mille  florins  de  Rhin  ,  du  coin  des  quatre  Eflifeurs  de  l'Empire  y 
pour  la  moitié  d'icelle  fomme ,  par  ceux  que  mondit  Seigneur  commet-^ 
rra  â  ce ,  eftre  convertie  &  employée  en ledification  &  conftrudtion  d'u- 
ne Chapelle  »  au  lieu  où  il  plaira  à  mondit  Seigneur.    En  laquelle  Cha- 
pelle fera  efcrit  en  lieu  apparent ,  la  caufe  de  la  conftruâion  &  fonda^ 
tion  d'icelle.  Et  l'autre  moitié  en  l'achapt  de  cent  &  cinquante  florins^ 
de  Rhin  de  rente  heritable;  pour  la  fondation  &  dotation  de  trois  Mcflcs' 
perpétuelles  chacun  jour  en  ladite  Chapelle ,  Icfquelles  fe  diront  par 
CTois  Chapelains  tels  que  mondit  Seigneur  &  fts  luccedeurs ,  Ducs  de' 
Brabanr ,  commettront  à  ce  »  &  ordonneront ,  Item.  Que  lefdits  fubjets 
&  les  Jufticiers ,  Cours ,  Bans  &  Efchevinages  des^pays  de  mondit  Sei- 
gneur  »  tant  ceux  qui  font  nucment  à  luy  fubjets  fans  mo^en ,  ououiluy^ 
appartiennent  en  communion  &  par  inaivis>  comme  aufli  tous  les  uibjets* 
de  fes  vaflaux  de  tous  fefdits  Pays ,  ou  qui  font  de  fon  ancienne  garde 
ou  advouerie  ,  qui  par  cy^devant  ont  ufé  delà  Loy  de  Liège ,  ou  qui  par 
aucune  manière  ont  refllorty  par  chef  de  cens ,  ou  autrement ,  en  laoite^ 
Gité  ou  efdites  Villes ,  font  &  demourront  exempts  defdits  reflbrts  chef 
de  cens.  Et  aufli  ne  feront  lefdits  Jufticiers ,  Cours ,  Bans  Se  Efchevina-^ 
ges  ,  ne* aucuns  de  fes  fubjets,  de  quelque  Pays  qu'ils  feroient ,  ou  ap- 
partiennent à  mondit  Sçigneur,  foiten  Brabanr,  Limbourg ,.  Luxem-* 
Bourg,  Hdynaut,  la  Roche  en  Ardenne^  chacun  ne  autres  quelconques'^ 
tenus  de  refpondre  d'orefnavant  à  tannél  du  Palàisà  Patron  à  Liège,  ne 
autrement,  ainçois  feront  8r  demourront  à  tousjoursfi'ancs',  quittes  Se 
exempts  de  la  puiflànce,  Jurifdiâion  Se  connoiflànce  defidits  de  la  Cité 
de  Liège ,  &  des  autres  Villes  &  Villages  d'iceluy  Pays ,  &  des  deffiifdi- 
tes  Cours  de  Lannel  du  Palais- dudit  Patron,  &  defdits  chefs  de  cens>. 
reflbrt  &  autrement.  Item.  Que  lefdits  de  Liège  &  Pays  ne  pourront 
jamais  eux  armer  ne  mouvoir  guerre ,  de  ladite  Cité  ou  defdites  Villes ,  - 
ne  leurs  Chaftellenies à  l'encontre  demondit  Seigneur,  on  de  ks  fuc-* 
certèurs  ,  Seigneurs  defdits  Pays  &  Seigneuries ,  que  mondit  Se^neur- 
lient  à  prcfent ,  ne  leur  faire  ou  commencer  guerre,  &  auflî  ne  pourront' 
jamais  taire  alliances  avec  ^ucun  Prince  Ecclefiaftique  ou  feculier,  ou^ 
avec  Communautez,  fans  le  fceu  de  mondit  Seigneur,  ou  de  fefdits > 
(uccertcurs  ,  Ducs ,  Comtes  &  Seigneurs  des  Seigneuries  à  luy  apparte-  • 
liantes ,  &  qu'il  n'y  foit  compris  ou  excepté  Se  refcrvé,  s'il  le  veut  eftre. 
Air  peine  de  deux  cens  mille  florins  de  Rhin  ,  pour  euxi  commettre - 
pour  une  chacune  fois  qu'ils  feront  le  contraire ,  Se  à  appliquer  â  mon- 
dit Seigneur  &  àiefdits  iucceflèurs.  lum.  Pource  c{ue  lefdits  de  Liège 
ont  fait  alliance  contre  mondit  Seigneur ,  ce  que  faire  ne  pouvoient  fe-* 
Ion  le  coBtenu  defdits  traitez  >  ils  renonceront  aufdites  alliances ,  &^ 

Ce  ce  y  rendront^ 


Î74         PREUVES  DESMEMOrHES 

rendront  &  bailleront  à  mondit  Seigneur  les  Lettres  qu'ils  ont  de  ceux 
1 4&&«     ^^^  lefquels  ils  fe  font  alliez  >  ou  du  moins  vidimus  de£iites  alliances, 
au  dos  duquel  fera  efcrit  comment  ils  y  ont  renoncé*  Et  ce  fait  feront 
dHieence  oe  recouvret  les  Lettres  qu'ils  ont  baillées  à  ceux  avec  lefquels 
ils  le  font  aUiez  y  en  rendant  celles  qu'ils  ont  d'eux ,   fans  malengin. 
Item.  ConCentitont  &  reconnoiftcont  mondit  Seigneur  dcfefdits  fuccef- 
feurs  )  Duc3  de  Brabant  &  de  Limbourg  eftre  gardiens  &  advouez  fou« 
verains  berirables  des  Eglifes  &  defdites  Cité ,  Villes  &  Pays  de  LÎMe 
&  de  Looz,  &  que  au  moyen  de  ladite  gardienneté  &  advouerie,  momfît 
Seigneur  &  fefdits  fuccefleurs  auront  faculté  »  pouvoir  &  autorité  de 
faire  >  garder  &  entretenir  aufdites  gens  d'Eglife  9  aufdits  de  la  Cité  Se 
defdites  Villes  6c  Pays  de  Liège  &  de  Looz  >  leurs  bons  droits  »  franchi- 
fes  y  privilèges  &  libettez  »  ^  de  faire  ceflèr  toutes  voyes  de  fait  &  re« 
bouter  toutes  commotions  y  port  d'armes  &  violences ,  &  les  addreflèr 
quand  le  cas  le  requerra ,  ou  que  requis  en  feront  y  8c  pour  ce  faire  pro- 
mettront Icfdits  de  la  Cité  6c  defdites  Villes ,  6c  pays  en  leurs  chefs,  6c 
au(n  comme  reprefentans  membres ,  avec  les  autres  Eftats  afSfter  â  mon- 
dit Seigneur  6c  à  fefdits  fucceflèurs  en  ,  &  pour  l'exercice  dudit  droit 
d'advouerie  &  de  gardienneté  y  fans  faire  par  mondit  Seigneur  ou  feidits 
Aicceflèurs  >  au  mo]ren  de  l'advouerie  fouveraine  6c  gardienneté ,  dont 
deffus  eft  faite  mention ,  préjudice  aux  advouez  particuliers  efdites  Ciié 
Se  Pays  de  Liège  6c  de  Looz ,  6c  fauf  ûfiûi  en  autres  chofes  le  droit  » 
hauteur  6c  Seigneurie  de  mondit  Sei^eur  de  Liège  Se  de  fefdits  fuccef- 
(eu.  liem..  Et  pour  reconnoiflànce  perpétuelle  de  ce ,  lefdits  de  la  Cité» 
Villes  6c  Pays  de  Liège  6c  de  Looz ,  afïèoiront  6c  afCireront  bien  6c 
(uffifamment  la  fomme  de  deux  mille  florins  du  Rhin  dudit  coin  d'iceux 

2uatre  Eflifeurs ,  de  rente  heritable  pKOur  mondit  Seigneur  y  6c  fefdits 
icceflèurs>)  Ducs  de  Brabant  &  de  Limbourg,  advouez  fouveraias  6c 
gardiens  en  la  manière  dite  s  Se  promettront  de  icelle  fomme  de  deux 
mille  florins  de  Rhin  payer  chacun  an  en  la  Ville  de  Louvain  à  deux  ter- 
mes ;  c'eft  à  Cqvfoky  la  moitié  à  la  fàinc  Jehan  Baptifte,  &  l'autre  moitié 
à  fefte  de  Nod  ,  &  efcheoira  le  premier  terme  audit  jour -de  faii>t  Jehan 
prochainement  venant  (  i).  Et  par  ce  moyen  mondit  Seieneur  &  fefdits 
fwcefleurs ,  comme  advouez  &  gardiens ,  Ducs  de  Brabant  &  de  Lim- 
bourg, garderont  ^  entretiendront  lefdits  des  Eglifes ,  Cité  ,  Villes  & 
Pays  y  en  leurs  bons  droits ,  franchifes ,  privilèges -&  libercez,  e(quels 
la  Loy  les  doit  (auver  6c  garder,  6c  auffi  Us  aydetont de  toute  ksur  poif* 
fance  contre  ceux  qui  5  înjuftement  6c  par  voye  de  fait ,  les  voudroiesic 
grever  ou  dommager,  pourveu  qu'ils  feront  tenus  de  efter  à  droit  devant 
mondit  Seigneur  &  fefdits  fuccedèurs  ,  fur  ce  que  ceux  qui  les  vou- 
(iroient  grever ,  &  par  voye  de  fait  leur  voudroiént  aucune  chofe  de- 
mander ]  6c  fe  lefdits  querellans  ne  fe  veulent  à  ce  foumettre  ,  mondit 
Sgr.  fera  aafdi)t$<le  la  Cité  6c  Pays  ladite  ayde  6c  affiftance^  &  auffi  ils 
feront  tenus  deux  y  ayder  Se  employer  j  4nii  qu'ils  ont  laccouftumé  en 

leurs 


(0  Marie  de  Bourgogne  a  depuis  renon- 
cé à  tous  droits  &  allions  qu'elle  auroit  pu 
;^voir  far  Iç  Pays  de  Licge  ^  en  venu  ncs 


Traitez  de  Paix ,  dcrquèls  elle  ii*cft  d^or- 
tée  par  Lettres  du  dix-neuf  Mars  mil  qua- 
tre cçns  foizante-fcizeott  1477*» 


ft^ 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  j7y 

feun- guerres  ôc  armées.  Iian.  Lefdics  de  la  Cité,  Villes  6c  Fays  de  Liège 
.  &  de  Looz  payeront  à  mondic Seigneur»  pour  les  defpens  ^  donunages  ^ 4^ ^ 
&  incerefts  loufteous  par  kty  &  fes  fubjecs».  au  moyen  &  i  i'occafion  de 
ladite  guerre  >  fans  la  charge  coutesfois  des  vaHàux  &  fubjets  de  mondit 
Seigneur  &  de  ceux  c^uionc  tenu  Ton  party ,  ayans  biens  efdits  pays  de 
Liège  &  de  Loox  »  la  lonune  de  trois  cens  quarante  mille  fbrins  du  coin 
&  charge  defdits  quatre  Eâifeurs  de  l'Empire ,  à  prefent  courans*  Item^ 
-Confentiront  lefdits  de  la  Cité  >  Villes  &  Pays  de  Lie^  Ôc  de  Looz, 
que  à  tousjours  mais ,  quand  mondit  Seigneur  le  Duc  ouTes  fuccedeurs»^ 
ou  Tuii  d'eux ,  Ducs  ic  Comtes  des  Pays  qull  tientiprefem ,  voudroienc 
paflèr  la  rivière  de  Meuze  par  aucune  partie  defdits  Pays  de  Liège  &  de 
Looz  ou  autres»  les  pafls^es  &  repaflâges  leur  foient  &:  feront  ouverts»  par 

Îuelque  ville  ou  paflage  qu'il  foit  >  tel  qu'il  plaira  i  moadit  Seigneur  le 
>uc  ,  ou  à  fefdits  Aiccefleurs  ,  Seigneurs  des  Duchez  &  Comtez  à  luy 
appartenans  ,  ou  d'aucuns  d'iceux ,  Toit  qu'ils  veulent  paflèr  à  tout  gens 
d'armes  ou  autrement  »  fans  mefiaire  aux  gens  des  demirdites  villes  & 
paflages ,  &  que  vivres  leur  feront  adminiftrées  pour  leurs  deniers  fans^ 
les  renchérir  pour  cette  caufe.  lum.  Auront  cours  6c  feront  receuës  es 
Cité ,  Villes  &  Pays  de  Liège  êc  de  Looz  de(Cifdits  »  les  monnoyes  fai*- 
tes  6c  forgées  par  mondit  Seigneur  le  Duc  »  &  fefdits  fucceflèursDucs,. 
Comtes  &  Seieneurs  des  Pays  qu'il  tient  prefentement ,  pour  au  tel  prix, 
&  valeur  qu'elles  auront  cours  ,  6c  feront  allouées  es  pays  de  mondit  Sei- 

3neur  6c  (efdits  fucceflèurs.  lum.  Ne  pourront  jamais  ceux  des  ViUes^ 
e  Tuing»  Foflè  &  Convins ,  ne  autres  quelconques  des  Cité  >  Villes  & 
Pays  deflufdits ,  faire  ou  édifier  Villes  fermées  ne  Fortereflès  q[uelcon- 
^ues  >  de  Namur  en  allant  devers  Haynauc  »  entre  &  fur  les  rivières  de 
Jkleuze  &  de  Sambre.  Item.  Et  au  regard  de  Monfieur  de  Liège  >  accor- 
lieront  6c  promettront  de  luy  obéyr  »  &  le  tenir  &  reputer  cosiime 

*  leur  Seigneur ,  &  rendre  obéyflànee  â  noftre  Saint  Père  le  Pape ,  &  aux 
Sentences  &  Mandemens  Apoftoliques  >  luy  rendront  fes  rentes  &  rêve- 
4IUS  y  qu'ils  ont  perceus  durant  la  guerre  »  luy  feront  amende  honorable 
6c  profitable ,  6c  re&tution  de  tous  dommages  qu'ils  luy  ont  faits»  dcC- 

auelles  amendes  »  dommages  £c  imerefts  â  nn  civile  &  honorable  mon- 
it  Seigneur  de  Liège  baillera  la  déclaration  à  mondit  Seigneur  le  Duc» 
&  pour  fur  ce  ordonner  &  appointer  comme  bon  fembucra  â  mondit 
Seigneur  le  Duc  &  â  mondit  Sieur  de  Charolois  >  â  fin  honorable  &  ci- 
vile  pécuniaire  tant  feulement»  fans  toucher  aux  corps  ^'aucunes  perfon-^ 
nés ,  ne  aux  droits  6c  Jurifdiâions  de  mondit  Seigneurde  Liège  »  ne  au£ 
aux  bons  droits  »  privilèges  »  franchifes  &  iibertez  defdites  Cité ,  Villes^^ 
Se  Pays  »  efquels  la  Loy  les  doit  fauver  &  garder^  iceux  des  Cité»  Villes 

•  &  Pays  de  Liège  &  de  Looz  s'en  foumettront  à  mondit  Seigneur  le  Dtic 
&  à  mondit  Sieur  de  Charolois»  6c  promettront  de  faire  &  accomplir 
ladite  Ordonnance  ,  qui  fera  faite  eux  oys  »  fans  jamais  venir  au  con- 
traire, lum.  Et  par  ce  moyen  bonne  paix  perpétuelle  fera  entre  mondit 
Seigneur  »  fefdits  pays  6c  fubjets  »  6c  lefdites  Cité  »  Villes  &  Pays  de 
Liège  &  de  Looz  »  y  compiife  la  Ville  &  Chaftellenie  de  Sainn^n  &  de 
Haufban  »  &  généralement  tout  le  Pays  de  Liège  &  de  Looz  »  hormis^ 
ceux  de  Dinant ,  &  aoffi  faâs  y  comprendre  ceux  de  la  Ville  &  Chaftel- 
lenie 


t 


57^  PREUVE^  DES  MEMOIRES 

lenie  de  Huy ,  lefqudls  de  Huy  fe  font  des)a  roamls  à  l'ordonnance  êc 
1466.    volonté  de  mondit  Seigneur ,  Se  parmy  ce  touœs  offenfes  faites  dcp^is 
iadite  guerre  Se  a  Toccafion  d'icelle  »  tant  d'une  pan  que  d'autre  >  font  8c 
feront  remifes ,  efteintes  &c  abolies  >  (ans  que  aucune  chofe  en  puidê 
xftre  reprochée  ou  demandée  »  Se  pourront  lefdits  fubjets  d'une  part  Se 
d'autre  communiquer  »  tant  en  marchandife  ^ue  autrement ,  comme  ils 
/aifoient  paravant  ladite  guerre  »  fans  malengin.  lunu  Et  au  furplus  ceux 
xjui  font  compris  en  ce  pre(ent  traité  de  paix»  tant  d'un  cofté  que  d'au- 
tre »  retourneront  i  leurs  biens  immeubles  »  héritages  &  fiefs ,  en  l'eftac 
&  à  la  charge  qu'ils  les  trouveront  ;  Se  au  regard  &s  meubles  ou  rentes 
xl'argent  »  ou  autres  rentes  quelles  qu'elles  foient ,  prifes  &  occupées 
depuis  la  guerre  &  à  l'occafion  d'icelle  >  demourront  a  ceux  qui  les  au^ 
ront  levées  ou  receucs  ->  Se  auffî  toutes  rentes  >  dettes  &  meubles  empef* 
chez  ou  faifis  par  Juftice  es  Pavs  de  mondit  Seigneur ,  luy  demourront« 
lum.  Tous  les  points  Se  articles  cy-devant  déclarez  feront  ratifiez  ,  ap^ 
prouvez ,  louez ,  gréez  &  revalidez  par  lefdites  Cité  »  Villes  &  Pays ,  par 
forme  Se  manière  des  trois  Eftats  defdits  Pays  de  Liège  Se  de  Looz ,  oui 
à  cette  fin  feront  allemblez ,  &  qui  bailleront  leurs  Lettres  en  forme  due» 
Se  avec  ce  pour  l'accompliflèment  d'iceux  points  Se  articles  feront  bail- 
lées les  (uretez  en  tel  cas  accouftumées  &  requifes  »  Se  telles  qu'il  plaira 
i  mondit  Seigneut  le  Duc  ;  &  aufli  lefdits  députez  defdites  Cité ,  Villes 
Se  Pavs ,  en  enfulvant  Se  accompliÛànt  le  contenu  au  troifiefme  des  arti- 
cles dcflufdits  ,  pour  nos  injures  »  dommages  &  interefbs  ayent  appointé 
envers  nous  à  certaines  Cbmmes  dJe  deniers  plus  à  plain  déclarées  es  Let< 
très ,  qui  fur  ce  ont  efté  faites ,  &  de  &  fur  lefdits  traités  Se  appointe- 
mens  noftre  très^cher  Se  très<-amé  frère  Se  coufin  Loys  de  Bourbon  »  efleu» 
confirmé ,  les  Doyen  Se  Chapitre  de  Liège ,  les  nobles  Se  lefdits  des  Cité 
Se  Villes  reprefentans  les  trois  Eftats  defdits  Pays  de  Liège  &  de  Looz  ^ 
nous  ayent  au  nom  de  mondit  Seigneur  Se  Père ,  Se  de  nous  9  fait  &  pafle 
leurs  Lettres  *,  en  nous  teès-humblement  fuppliant  que  en  louant  &  ap- 
prouvant lefdits  traitez  Se  appointemens ,  il  nous  plaife  leur  bailler  Se 
oâroyer  nos  Lettres  patentes  en  forme  duc  :  Sçavoir  .faifons»  que  nous 
f>our&  au  nom  de  mondit  Sgr.  &  Père,  comme  fon  Lieutenant  General» 
&  par  fon  exprès  vouloir  &  commandement ,  &  auffi  en  noftre  propre 
nom ,  pour  honneur  &  révérence  de  Dieu  noftre  Créateur ,  pitié  Se  conv- 
paffion  du  pauvre  peuple  »  &  afin  d'efchever  Se  faire  cefièr  les  grands  Se 
^nnumerabies  maux  Se  dommages  procedans  de  guerre  &  diviuon  »  â  ce 
que  mondit  Seigneur  puiflè  eftre  lervy ,  honnore  &  révéré ,  &  le  peu- 
ple en  tous  Eftats  vivre  en  fureté ,  tranquillité  &  bonne  paix  >  de  noftre 
certaine  fcience ,  franche  volonté  ,  &  par  grande  &  mûre  deliberaticia 
de  Confeil ,  pour  mondit  Seigneur  Se  Père  »  nous  »  les  hoirs  &  fuccef- 
feurs  de  mondit  Seigneur ,  Se  les  noftres  à  tousjours ,  avons  loué ,  gréé,  ^ 
ratifié ,  confenty ,  approuvé ,  louons ,  gréons ,  ratifions  »  confentons  & 
Se  wprouvons  tout  le  contenu  efdits  articles  en  tous  leurs  points  ^  ainil 
jqu'ih  font  cy-deffus  incorporez  &  tranfcrits ,  &  avons  promis  &  pro- 
mettons, de  bonne  foy ,  en  parole  de  Prince  pour  mondit  Seigneur  Se 
Père ,  nous,  lefdits  hoirs  Se  fucceilèurs  de  mondit  Seigneur  Se  les  noftres 
^  tousjours^  iceux  articles  >i6c  toutes  les  cbofesy  contenues  >  en  tant 

qu'U$ 


DE  Ï>HIL- DE  CÔMINES.  qt- 

iqtf  Us  couchent  &  toucher  peuvent  ou  pourront  à  nv^ndic  Seîgneiur  &  ""T7^ 
Pete  »  nous  »  lefdits  hoirs  &  fucceflèurs  de  tnondit  Seigneur  y  8c  les  nof-  ^ 
toes ,  garder  ,  entretenir ,  obferver  6c  accomplir  félon  leur  forme  &  te- 
neur ,  fans  jamais  faire  »  ne  foufFrir  faire  aucune  chofe  au  contraire ,  ÔC 
mefmement  &  expreÏÏëmeat  promis  &  promettons  pour  mondit  Seigneur 
&  Père ,  nous  »  lefdits  hoirs  &  fucceflèurs  de  mondit  Seigneur  >  &  les 
Doftres ,  Ducs  &  Duchefles  de  Brabant  &  de  Limbourg ,  que  demourans 
lefdits  traitez  &appointemens  en  force  &  vigueur ,  Ôc  fans  aucune  chofe 
y  déroger  ou  prejudicier,  mondit  Seigneur  &  Père,  &  nous  ,  comme 
gardiens  &  advouez  fouverains  heritables  des  gens  d*Eglife ,  Cité,  Villes 
&  Pays  de  Liège  &  de  Looz«deflufdits  >  garderons  &  entretiendrons  ,  Ôc 
nofdits  hiirs  &  fucceflèurs  »  garderont  &  entretiendront  nbftredit  frère 
&  coufln  lefleu  confirmé ,  leldits  Doyen  &c  Chapitre  »  nobles  &  leurs 
fucceflèurs,  8c  aufli  lefdits  des  Cité,  Villes  &  Pays  de  Liège  &  de  Looz 
&  leurs  fucceflèurs ,  leurs  bons  droits ,  franchifes,  privilèges  8c  libertés 
efquels  la  Loy  les  doit  fauver  8c  garder ,  ainfl  pat  la  forme  &  manière 
contenue  es  huitiefme  8c  neuviefme,  &  en  outre ,  &  en  tant  quemeftier 
fèroit  »  ferons  ratifier  toutes  les  cbofes  deflufdites  par  mondit  Seigneur  8c 
Bere ,  toutes  8c  quantes  fois  que  requis  en  ferons ,  pourvu  toutesfois 
que  lefdits  efleu  confirmé ,  Doyen  &  Chapitre ,  Nobles ,  Cité  ,  Villes 
8c  pays  deflufdits,  &  leur^  fucceflèurs  à  tousjours  chtcun  en  fon  endroit 
Se  comme  toucher  luy  peut  8c  pourra,  garderont,  entretiendront  de  leur 
codé  lefdits  traitez  &  appointemens  ,  ainfi  &  par  la.  forme  8c  manière 
qu'ils  font  contenus  &  déclarez  efdits  articles  :  En  tefmoin  de  ce  nous 
avons  fait  mettre  noftre  Scel  à  ces  prefentes.  Donné  i  Vichtmale  en 
aoftre oft  le  vingt-quatriefme  jour  de  Janvier,  Tan  de  grâce  mil  quatre 
cens  foixante-cinq. 

L  X  X  X  V. 

Lettres  de  Jean  f  Comte  de  Nevers  ,  p^r  Ufquelles  U  remet  au  Comte  de 
Charolois  la  garde  defes  Comte[  de  jNever$  &  de  RetheL 

AEnglemondier,  le  %%•  Mars  14^5.  avant  Pafqoes. 

JEHAN,  Comte  de  Nevers ,  de  Rethel  8c  d'Eftampes ,  Baron  de      Xvci  de 
Donzy  &  Seigneur  de  Dourdan.  A  tous  ceux  qui  ces  prefentes  Let-  rEdidon 
très  verront ,  Salut  :  Comme  nos  Pays  8c  Seigneuries  foient  voifins  8c  de  M.  Go« 
prochains  des  Pays  8c  Seigneuries  de  mon  très-redouté  Seigneur  &  On-  dcftoy. 
cle  Monfeigneur  le  Duc  de  Bourgogne  ^&  qui,  après  luy,  appaniendront 
à  mon  xrèsredouté  Seigneur  &  Coufin  Monfeigneur  le  Comte  de  Cha- 
rolois ,  fon  fils ,  parquoy  aux  moyen ,  ayde  &  emport  de  mondit  Sei- 
gneur &  Coufin ,  iceux  nos  Pays  8c  Seigneuries  peuvent  eftre  gardez  & 
entretenus  en  bonne  (ureté  ,  8c  relevez  de  toutes  voyes  de  fait  8c  op« 
prellions  inducs.  Sçavoir  faifons ,  que  nous  pour  ces  caufes  ,  &  auflî  que 
dêfirons  nous  rejoindre  &  reunir  envers  mondit  Seigneur  &  Coufin,  8c 
recouvrer  fa  bonne  grâce ,  de  laquelle  nous  avons  puis  aucun  temps  en«* 
91  efté  efloigné  «  parce  que  par  enhort  de  petit  Confeil  nous  fomme; 
Tjome  lu  D  d  d  d  conduits 


Î7«  PREUVES  DES  MEMOIRES 

conduits  envers  luy  par  manière  donc  il  n'a  pas  efté  content  j  8c  afin  qne 
^4^5*     mondit  Seigneur  Se  Cou  An  puî(&  d'oreTnavant  pcendte  8c  aviair  fiance  de  ^ 
nous  &  de  nofdits  Pays  Su  Seigneuries ,  d'ùseux  Te  iîervir ,  &  parce  moyen 
novsr  mppsUev  à  fa^ bonne  grâce  »  &  avois  nofiiits  Pavs  &  Seigneuries  ca  : 
plus  efpeciale  recommandation ,  Se  pour  autres  cauies  &  confidecations  : 
mefmenaem ,  car  ainfi  nous  plaift ,  avons  £iit  8c  fàifons  de  noftre  cectaii-  > 
ne  fcience ,  ftanche  8c  libérale  v<^onté ,  &  pour  le  bien  érident  de  nous 
8c  de  nofdits  Pays^  mondit  Seigneur  &  Cou/în  de  Charotois  gardien 
irrévocable  de  nos  Pays  de  Comtez  de  Nevers  &  de  Rechel  >  &  auffi  de 
nos  Baron  nies  de  Donzy ,  Rofay  »  &  autres  nos  Terres  8c  Seigneuries  > 
ti  avons  voulu  y  confemy  8c  ordonné ,  voulons-,  confenrons  &  ordon* 
nons  9  &  nous  plaift  y  que  nos  deux  Gouverneurs  8c  nos  deuxftûllifs  de 
Nivernois  8c  Rerhelois ,  &  les  Capitaines  de  nos  Villes ,  Places  &  For- 
rereflès  quelconques,  prefens  &  advenir  »  feront  d'orefnavant  commis 
Ce  eftablis  par  nous  en  leurs  Offices  i  la  nomination  de  mondit  Sei« 
gneur  2c  Coufin  Monfeisneur  de  Cbarolois,  donttt  nous  appecra  par 
{es  Lettres  patentes,  &  des  lors  feront  en  fes  mains  le  ferment  tel  quit' 
appartiendra ,  par  lequel  ils  luy  promettront  expreifcment  que  en  aucu- 
ne manière  ils  ne  nous  ferviront  à  l'encontre  de  luy ,  fes  pays  &  fubjets 
fiins  ce  qu'ils  foient  tenus  de  faire  es  mains  denous,  ou  de  nos  Officiers», 
autre  ferment  contraire  ou  préjudiciable  au  ferment  deffiifdit ,  8c  autre* 
ment  ne  feront  ou  pourront  eftre  par  nous  commis  ne  inftituez  en  leurf-- 
dits  Offices,  8c  avec  ce  ne  les  pourront  defmettre ,  defcharcer  ne  defap^ 
pointer  d'icenz  Offices  fans  le  fceu  de  confentement  de  mondit  Seigneur  &  • 
Coufin,lc(}uel  confentement  il  donnera  quand  dûcment  luy  apparra  qu'ils^ 
auront  fait  Se  commis  faute  ,  parqu'oy  ayons  caufe  raisonnable  de  lest 
priver  &  defchargef  de  leurfdits  Offices ,  aucjuel  cas^euxqui  feront  com-^ 
mis  en  leurs  lieux ,  feront  par  nous  commis  à,  la  nomination  de  luy  > 
dont  il  apparra  auffi  par  fes  Lettres  patentes ,  &  feront  ferment  en  les 
mains  comme  deffiis  t  Si  donnons  en  mandement  par  ces  mefmes  prefen- 
tes  à  tous  Prélats ,  perfonnes  d*Eglif^ ,  Barons ,  Vaflfàux ,  Nobles,  Com-^ 
munautez ,  Bour^ois ,  Subjets ,  Jufticiers  8c  Officiers  de  nofdits  Pays  > 
Comtez ,  Baron  nies  &  Seigneuries  deffiifdites ,  fingulierement  à  nofairs^ 
Gouverneurs,  Baillifs  Se  Capitaines  prrefens  &  advenir ,  que  le  contenu 
en  ces  prefentes  ils  gardent ,  entretiennent  &  obfervent  de  point  en 
point! ,  fans  faire  ou  aller  au  contraire  en  quelque  manière  que  ce 
ibit ,  nonobftant  tous  fermens  de  fidélité  ,  de  lervice  &  de  fubje&ion  ,, 
que  nofdir^  Gouverneurs ,  Baillifs  &  Capitaines  ont  eu  vers  nous ,  8c 
nous  auroient  8c  pourroient  avoir  faits ,  defquels  fermens  te  autres: 
aftrinftions  quelconques  les  tiendrons ,  Se  dès  maintenant  tenons ,  en 
nous  obéyffitnt  au  casprefent ,  pour  quittes,  abfous  Se  defchar^ez  ptei* 
iiement  Se  entièrement*,  8c  au  iurplusils ,  8c  tous  antres  nos  Officiers  Se 
Subjets  quelconques  obéyflènt  d'orefnavant  â  mondit  Seigneur  6c  Coufi» 
en  nofdits  Pays ,  Comtez ,  Baronnies  &  Seigneuries  ,  comme^gardien: 
d*iceux,  &luy  fafiênt  pleine  ouverture  en  nofdites  Villes,  Places  Se 
Forterefiès ,  ou  à  fes  commis  ,  à  ce  tout  ainfi  qu'ils  feroient ,  doivent  Se 
(bm  tenus  de  faire  à  nous  mefines ,  car  ainfi  nous  plaiftiL  :  En  tefmoin 
Jk  ce  nous  avons  fait  menre  noftce  Scel  à  ces  prefentes.  Donné  â  Engle^ 

moniuar 


^ 


DEPHIL.  DE  COMINES.  579 

ino&fiier  le  vingt-deuadertne  Jour  dt  Mars ,  Tan  de  gcace  mil  quarre  cens 
Xbixanre-cioq  avam  Pafaucs.  Signé ^J eh  ah  y  avec  paraphe.  Etjur  U     *.  ^^5* 
^fy-  P^  Monseigneur  leCooife  »  B&rthaulx  ,  avec  jparaphe.  EtfitUi 
^un  SficoM  en  cire  rouge  pendant  JLdeuUc  ^uue  de  parchemin. 

L  X  X  X  V  I.  • 

Jlenoncioiion  de  Jean  ,  Comte  de  Nevers  ,  a  toutes  fes  préuruions  Jiir  les 
Ducht[  'dit  Luthiers  ^  Braiaat  St  de  Limbourg^Jur  UMarquifat 

d*jinvers  &  Terres  d^Outre-Meufè. 

• 

A  Eoglcinooftier ,  le  4^.  Mars  14^5.  devant  PaTques. 

JEHAN,  Comte  de  Nevers  ,  de  Rechel  &  d'Eftampes  >  Baron  de      Tiré  de 
Donzy  &  Seigneur  de  XDou^dan.  A  tous  ceux  qui  ces  prefentes  Lee-  rEdklon 
cres  verront,  3flut  :  Comme  puis  aucun  temps,  amfi  que  nous  avons  de  M.  Go- 
entendu  ,  fe  foient  efmcus  &  eflcvez  voix  &  langage  es  Pays.&  Duché  àdtoy. 
.de  Brabant ,  &  autres  Pays  vpifins ,  que  nous  prétendions  avoir  droit  & 
raifon  es  Duchez ,  Seigneuries ,  Pays  &  Terres  de  Lothiers ,  de  Brabant, 
-de  Limbourg ,  d 'Anvers  &  d!Ou tre-Meuze ,  leurs  appanenan.ces  &  appen* 
élances  quelconques ,  lefquelsnou^  entendions  mamtenir  &  quereller  â 
jious  con^eter  &  appartenir,  tant  au  moyen  de  certains  (partages  Se 
«traitez  faits  par  feu  de  très^oble  &  très  haute  mémoire  Monfeigneur 
Philippe,  Fils  de  Roy  de  France,  Duc  de  Bourgogne ,  noftre  très-cher 
Seigneur  ic  ayeul ,  que  Dieu  abfolve ,  entre  aum  ae  très-noble  mémoire 
Jelun ,  Duc  de  Bourgogne ,  Seigneur  Anchoine,  Duc  de  Brabant ,  & 
nonre  très-cher  Seigneur  &  Père  Philippe^  Comte  de  Nevers  &  de  Re- 
thel ,  fesienfans  \  que  auiC  j>our  raifi^n  ic  au  moyen  de  la  proximité  àt 
lignage,  que  feu  noftre  très-cher  Seigneur  &  Frère  Charles ,  Comte  de 
Nevers  dernier  trefpa0e  >  &  nous  ,  attenions  à  feu  Jehan  &  Philippe, 
enfans  dudit  Anthome,I)up  de^rabant  ;  lefquelles  voix  &  langagefoient 
yenus  à  la  connoiflànce  de  mon  très^redoute  Seigneur  &  Qncle  Mon- 
feigneur le  Duc  de  Bourj^ogne  &  de  Brabant,  &  de  mon  très-redoute 
Sagneur  &  Coufin  Monfeigneur  le  Comte  de  Charoloisfon  fîls,  lefquels 
^  cette  caufe  ayentpris  &  pu  .prendre  imagination  envers  nous,  que 
^efdites  voix  &  langage  furent  euneus  &  eflevezde  par  nous.&  à  noftre 
jtnoven.  Sçavoir  failons,  que  nous  confidjcrans  que  iommes  iiTu  &  party 
de  ladite  ,tcès-noble  Maifon  de  Bourgogne ,  de  laquelle  mondit  tres-re» 
douté  Seigneur  &  Oncle  cft  à  prefent  ,.& mondit  très-jcdouté  Seigneur 
;&  Coulîn ,  comme  fon  feul  âl5^&  héritier,  fera  après  luy  chef,  que  en 
icelle  Maifon  nous  avons  efté  noiirr^  &.eflevé  depuis  noftie  jeune  âge , 
ayans  en  mémoire  les  grands  biens  &  {honneurs  que  nous  avons  eu  de 
iadite  Maifon ,  &  defirans  ofter  toute  matiere.de  Tulpiçion  ,  imagination 
&  defplaifîr  de  mefdits  Seigneur  Oncle  &  CouHn  envers  nous ,  &  pour 
reconnpiftre  vericé  à  racmut  de  nos  confcicnce  &  honneur ,  après  que 
avons  efté  ceruorez  ,  aavifez  &  bien  informez   defdirs  .partages  & 
traitez ,  de  ladite  proximité  de  lignage  &. de  toutes  autres  caufes ,  rai- 
Tons  &  moyens ,  pour  kfquels  on  ponrroit  dire ,  alléguer  ou  prétendre, 

Ddad  1  que 


58o  PREUVES  DES    MEMOIRES 

que  en  tout  ou  en  partie  nous  eu(Cons  ou  deuffions  avoir  droit  efdit^ 
*  4^  $•     Duçhez  &  Pays  deflîis  déclarez  ,  &  auffi  des  couftumes  Se  ufances ,  St 
de  tous  autres  traitez  &  appointemen»  faits  entre  les  Ducs  &  Ducheflè^. 
d'iceux  Pays  &  Duchez  touchans  &  concernans  cette  matière ,  de  noftre. 
certaine  fcience ,  propre  mouvement ,  pure  &  franche  voulentc ,  par 
bonne  &  meure  délibération  de  confeil  >  fans  force ,  contrainte ,  m- 
du£fcion ,  dol  ou  malengin ,  avons  conneu  >  confeÛe  &  déclaré ,  &  par 
la  teneur  de  ceftes  connoiflbns^confeflbns  &  déclarons  que  noftredit  (tu 
Seigneur  &  frère ,  &  nous ,  jamais  n'avons  eu  ^  n'avons  &  n'entendons», 
ou  prétendons  avoir  aucun  droit ,  part  ou  portion  efdits  Duchez  >  Sei- 
gneuries ,  Pays  &  Terres  de  Lothiers ,  de  Brabant ,  de  Limbourg ,  d'An- 
vers &  d'Outre-Meuze ,  leurs  appartenances  &  appendances  quelconques^ 
ibit  au  moyen  defdits  traitez  &  partages  de  ladite  proximité  de  lignage- 
ou  autre  titre ,  caufe ,  raifon ,  moyen ,  droit  efcrit  &  non  efcrit ,  couftu- 
me  eenerale  ou  particulière  >  ne  autre  quelconque  qu'on  pourroit  ou 
voudroit  dire  ou  penfcr  en  manière  que  ce  foit ,  &  que  en  iceux  Pays, 
Duchez  &  Seigheuries  nous  ne  voulons  &  n'entendons  quereller,  main- 
tenir ou  prétendre  aucun  droit,  adtion,  Seigneurie,  portion,  partage 
pour  le  prefent  ou  pour  le  temps  advenir,  ains  connoiflon»,  confeHbns. 
&  déclarons  mondit  Seigneur  &  Oncle  avoir  efté  &  eftre  vray  &  feul 
héritier  >  Seigneur  &  poflcfleur  defdits  Duchez ,  Seigneuries ,  Pays  & 
Terres  de  Lothiers ,  ae  Brabant ,  de  Limbourg ,  d'Anvers  &  d'Outre- 
Meuze  ,  leurfdites  appartenances  &  appendances ,  Se  ieeux  avoir  tenu 
&  poflèdé  de  long-temps  paifiblement  y  au  veu  Se  fceu  ,  &  km»  aucun  ^ 
contredit  de  noftredit  feu  Seigneur  8c  Frerc ,  &  de  nous ,  &  que  après  * 
mondit  Seigneur  &  Oncle  mondir  Seigneur  &  Coufin  fon  fils  ,  fer^  5c 
demourra ,  doit  eftre  Se  demourer  vray  &  feul  héritier ,  Seigneur  & 
poffefleur  d'iceux  Pays ,  Duchez  Se  Seigneuries,  fansque  à  noftredit  feu. 
Seigneur  Se  Frcre,  Se  à  nous  ait  appartenu,  appartienne  ou  puifle  appar- 
tenir aucun  droit ,  ponion  ou  panade  par  les  couftumes  Se  nfknets  ctf- 
dits  Pays  8c  Duchez  ,  &  par  autres  titres^ ,  traitez-,  appointemcns ,  cau- 
fcs  Se  moyens  ,  defquels  nous  fommes  Se  nous  tenons  eftre  pouri  plein- 
&  fuilifamment  informez  &  ceniorez ,  fans  ce  que  jamais  foit  beioin  >. 
pour  la  vérification  du  contenu  en  cefdites  prefentes ,  en  faire  aucune 
preuve ,  exhibition  ou  demonfttance ,  defquelles  preuves  &  exhibitions^ 
nous ,  en  tant  que  befoin  eft ,  tenons  pour  defchargé  Se  defcbargeons 
mondit  Seigneur  Se  Oncle ,  mondSt  Seigneur  &  Coufin  ,  leurs  m)irsv 
fucceflTeurs  Se  ayans  caufe ,  &  nonobftant  quelconque  preuve  ou  exhibi- 
tion qu'on  feroitou  voudroit  fiiirc  d'autres  titres ,  traitez  ,  appointe- 
mens ,  couftumes ,  ufances.,  ou  autres  chofes  qudconques  ,  &  lefquek- 
titres ,  traitez ,  appointemens  Se  autres  chofes ,  fe  aucunes  en  font  ou 
cftoient  au  contraire  de  ce  que  dit  eft,  nous  voulons^,  tenons  &  decla^ 
rons  eftre  &  demourer  caftez,  annuHez  &  de  nul  effet ,  &  que-  d'iceux., 
nous  Se  nofdits  hoirs^  Se  fuccedèurs  ne  nous  puiffions  ayder  en  aucune 
manière  contre  &  au  préjudice  de  mefdits  Seigneurs  Oncle  Se  Coufin  > 
leurfdits  hoirs  &  ayans  caufe,  &  iceux  titrés,  traitez  Se  appointemens  ,fe 
aucuns  eftoient  ou  venoient  cy-après  en  nos  mains ,  ou  oe  nofdits  hoirs» 
leur  psomettons  bailler  »  rendre  &  délivrer  fans  delay  quelconque  >  & 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  ^tt 

en  outre  pour  plos  ample  déclaration  &ferinetédc  cequc  diteft  ,&  afin  ; ,  . g„~ 
que  jamais  n'en  Cou  on  puiflç  eftre  douié  ou  difficulté  poui  nous ,  nofdits^  ^  ^' 
hoirs  ,  fucccflèurs  &  ajrans  caufe  ,  avons  quirre ,  renoncé  Se  delaiflîf ,  8c 
par  ccfdites  prefcntcs  quittons ,  renonçons  &  dclaifTons  d'abondanr ,  en 
tant  que  meftier  eft  ou  reroit ,  es  mains  Se  au  profit  de  mondit  Seigneur 
ic  Onctc,  mondir  Seigneur  &  Couiin ,  leurs  noirs,  fucceflèurs  &  ayan» 
caufe  à  tousjours  ,  tout  tel  droit ,  aâion  >  pan  &  partage ,  que  noftredîc 
feu  Seigneur  &  Frcre,  &  nous  avons  Sc  pourrions  avoir  Se  prétendre 
eCdits  Duchez,  Seigneuries,  Pays  flc  Terres  de  Lodûers,  de  Brabant,  de 
Limboaig ,  d'Anvers  &  d'Outtc-Mcuze ,  leurfdites  appartenances  &  ap- 
pendanccs  quelconques  ,  i  quelque  titre  ,  caufe  ou  moyen  que  ce  foit, 
comme  dedas  cft  dit  >  &  avons  promis  Sc  promettons  par  la  foy  &  fer- 
ment de  nofke  corps  y  fur  noftrc  honneur ,  par  noftrc  ferment  pour  ce 
donné  aux  faines  Evangiles ,  &  fous  l'obligation  de  tous  nos  biens  pre- 
icns  8c  advenir,  pour  nous,  nofdits  hoits  &  ayans  caufe ,  lefditcs  con- 
noilTance ,  déclaration  ,  cemon ,  département ,  renonciation ,  &  tout  le 
contenu  en  cefdites  prefcntes  avoir  &  tenir  fermes ,  ftables  Se  agréables 
inviolablement  &  k  tousiours  ,  fans  jamais  par  nous  ne  autre ,  direâe- 
ment  ne  auctement  faire ,  pourchailer,  ne  confentir  aucune  chofe  au 
contraire  ,  aïns  tout  lecontenu  en  cefdites  prefcntes  entretenir  de  point 
en  point  félon  leur  forme  Se  teneur  ,  mefmemenc  Se  expredî^ment  avons 
promis  Se  promettons ,  comme  dellus ,  en  tant  que  befoin  fera  ,  au  cas 
ie  quand  que  par  mondir  Seigneur  Se  Oncle  ,  ou  mondir  Seigneur  Se. 
Coufin,  requis  en  feront,  de  «ire,  louer,  confirmer  &  approuver  nofdi- 
tcs  déclaration  ,  connoifTancc,  ceflion  ,  département  Se  renonciation 
efdits  pays  deflus  déclarez  ,  Sc  faire  tous  les  devoirs  i  ce  convenables  Se 

■  requis  ,  tant  en  l'anèmblée  des  trois  Eftats  d'ieeux  Pays ,  Se  en  tous-  au-- 
très  lieux  que  befoin  fera ,  &  qu'il  plaira  i  mondit  Seigneur  &  Oncle  , 
mondit  Seigneur  Sc  Coufin  ,  leurs  hoirs  Sc  ayans  caufe  Se  chacun  d'eux, 
&  pour  ce  faire  nous  rranfporter  en  noftrc  perfonne  efdits  pays  &  au- 
tres lieux  defliifdits,!  la  feule  &  première  requefte  de  niefdits  Seigneurs- 
&  de  chacun  d'eux  ,  ceffans  toutes  excufations ,  &  nous  fbmmes  fou- 
mis&:  foumeitons  par  cefdites  prefcntes  anr  Jurifdiâions  ,  coherrions 
&  contraintes  de  noftre  Saint  Père  le  Pape  ,  de  l'Empereur  ,.  8e  de  toas> 

■  Roys ,  Ducs ,  Comtes ,  Seigneuries,  Communautez  dc  autres  Cours, 
tant  d'Eglife ,  comme  fccuticres  ,  par  lefquclles  S  chacunes  d'elles  nous 
voulons eftre  contraints  Se  compellez  jufquesà  p]einaccbmpliflëment& 
entherinement  des  chofesdeffufdites  ,  Se  de  chacunes  d'elles  la  cohci;- 
tion  Sc  contrainte  de  l'une  d'ieelles  Cours  non  ccflàntc  pour  i'aurrc  ,  & 
avons  renoncé  Sc  renonçons  expreflëmcnt  à  tous  droits         " 

viteges ,  ftatuts  ,  ordonnances ,  exceptions',  dcSènfe  ,.i 
fation  de  ferment ,  Sc  autres  moyens  quelconques ,  par 
ou  en  partie  ,  on  pourroir  ou  voudroir  venir  au  contrai 
cefdites  prcfenrcs  ,  au  vidlmus  defquelles  ,  fait  fous  S 
nous  voulonsfoy  eftre  adjouftéè  comme  à  l'origilTal  r'. 
nous  iccUes  avons  de  noftrc  main ,  fait  fccllér  de  nof 
fêin^  manuel  de  noftrc  Secrétaire,  cy  fubfcripr.  Donné  â  Englemonftier 
lie  vmgfdeusiefme  jour  de  Mars,  l'an  de  grâce  milauatre  cens  foixantc- 
D  d  a  d  3.  cinq,. 


^__^  sSt  PREUVES  DES  MEMOIRES 

^TT^"  cinq  devant  PaTques.  Signé ,  Jehan  »  avec  paraphe.  Et  fur  le  rtply.  Par 

^    ^  *    Monièigneur  le  Comte  »  &  Signi^  Berthault  ,  avec  paraphe.  EifcclU 

d*un  Sceau  en  cire  rouge  pendant  à  double  bande  de  parchemin  ,  auiqueU 

.les  Lettres  eft  attachée  avec  un  tiret  £ms  Sceau  lacedule  fuivante. 

Le  vingt-^leuxiefme  jour  du  mois  de  Mars  »  Tan  quatorze  cens  foi- 
xante-cinq  ^  felon  le  ftyie  de  la  Cour  de  Brabant  »  pardevant  le  Lieute- 
nant de  Moofeiçneur  le  Duc  ^  de  Tes  Fiefs  de  Brabant  y  Meflire  HtnrUus 
Mamus  Chevalier,  i'eift  Monfei^eur  le  Comte  de  Nevers ,  &c.  recoa- 
noiSânce>  déclaration  &  renonciation  des  Duchez  9  Pays  »  Terres  &  Sei- 
gneuries de  Lothiers ,  de  Brabant  &  de  Limbourg  ^  d'Anvers  &  d*Outrc- 
Meufe ,  &  de  toutes  leurs  appanenances  Se  dépendances  >  félon  le  con- 

.  tenu  des  Lettres  illec  fonnées ,  promettant  ledit  Comte  de  fa  main  en  la 
main  dudit  Lieutenant  >  par  fes  foy  &  ferment  pour  luy  »  fes  hoirs  & 
fucceUeurs  >  d'entretenir  &  accomplir  le  contenu  defdite  Lettres  &  fe$ 

.  promedès ,  &  de  non  venir  à  l'encontre  en  aucune  manière ,  pour  &  au 
profit  de  mondit  Seigneur  le  Duc ,  de  mon  Seigneur  de  Charolois,  leurs 
hoirs  &  fucceÛèurs  perpétuellement,  prefensMeflires  Gautier  de  le  Noqt 

.  &  Jehan  Taige  >  Chevaliers ,  Maiftres  Gelden  de  le  Noot  &  Jehan  de 
Groote  ,  Licentiez  en  Loix ,  Confeillers  ,  &  Inghelbert  de  Dielbeke  » 
hommes  féodaux  de  mondit  Seigneur  le  Duc ,  &  plufieurs  autres.  Si' 
gné  p  J.  DE  Da  ,  avec  paraphe. 

L  X  X  X  V  I  *. 

CeJJion  &  tranQfonfait  par  Jean  ,  Comte  de  Nevers  9  au  profit  du  Duc 
de  Bourgogne  &  du  Cornu  de  Charolois  5  d*un€  rente  defix  mille  livres 
&  des  villes  ^  Terres  &  Seigneuries  d'Auxerre  ^  fTorne  p  Oofi-Worne  > 
la  BrielU  &  autres^ 

A  Englemooftler ,  le  ix.  Mars  14^5. 

# 
Tiré  de  T  E  H  A  N  ,  Coi^ite  de  Nevers  ^  de  Rcthcl  &  d'Eftampes ,  Baron  de 
rEditioQ     J  Donzy  &  Seigneur  de  Dourdan«  A  tous  ceux  qui  ces  prcfcntcs  Lettres 
de  M.  Go-  verront ,  Salut  :  Comme  rhon  très-redouté  Scignei^r  &  Oncle  Monfei- 
^      '        gneur  le  Duc  de  Bourgogne ,  au  traité  de  noftre  mariage ,  pour  avance- 
ment d'iceluy ,  StC  pour  amour  fînguliere  qu'il  avoic  à  nous,  mefmement 
3ue  pour  lors  nous  ne  tenions  aucunes  termes  ou  chevances ,  nous  euft 
onné  la  fomme  de  fix  mille  livres  pari&  de  revenu  par  an ,  &  promis 
d'îcelle  fomme  nous  aiEgner  bien  &  fufiifamment  *,  à  {çavoir ,  trois  mille 
,  livres  parHis  de  quarante  gros  ^  mormoye  de  Flandres  la  livre,  es  Marches 
de  Picardie  ou  Flandres ,  &  trois  mille  livres  paû(is  en  Bourgogne, 

Kur  JefqueUes  iix  mille  livres  de  revenus  mondit  Seigneiu  .&  Oncle,  en 
Q  mil  quatre  cens  trente-fe|it^  nous  cuft  baillé  >  xedc  &  tranfpo^té  a 
tousjours  pour  nous  &  nos  hoirs  légitimes  procréés  de  noftte  corps ,  & 
les  hoirs  de  nos  hoirs,  foîent  niafles  ou  femelles  defcendans  en  direébe 
.  ligne.,  la  Cité  &  Comté  d'Auxerre  avec  toutes  Cts  appartenances  Se  ap- 

Êendances  quelconques  «  &  en  tous  tels  droits  »  que  feu  Monfeigneur  le 
ojr,par  Iç  tmxé  fait  à  Arras^lcs  luy  avoic  baillées  &  tranfportées>&  depuis 

pour 


DE  PHIL-  DE  CQMINES,  5^3 

pôarplusgrander^ompeniêdefdksfeKnUeUvi»  derevena  tnon-- 

dit  Sgr.  &  Oncle  nous  ak  aoiE  iakenf&on  y  àatasciom  8c  traniporc  pour  '4^5* 
nous  &  nosenfans  matfles  feallsmenc ,  des  Terres  fie  Seigneuries  cie  Voor- 
lie  y  Ooft-Vome^  laBrietlie  ic  autres  y  aîniiqw  pUp  à  pleia  eftok  con- 
tenu es  Lettres  que  de  ce  onc  efté  fakes  :  Sçavoir  fàiTons,  gue  nous  con-  > 
iiderans  que  fommes  efté  nourris  &  eâevez  pac  mondic  Seigneur  8c  On- 
cle ^  &  que  au  temps  que  kditts  donation  defdirs  Qx  mille  liviei?  nous 
fut  faite,  nous  n'av^ions  aucune  Terre  ou  chevance  »  pour  laquelle  caufc 
xnondit  Seigneur  &  Oncle  fut  principalement  efmeude  nousrfùe  iceUe 
donation ,  8c  que  depuis  paar  le  déceds  8c  rrefpas  de  feu  noftre  très-cher 
*  Seigneur  &  Frère  le  Contre  de  Nevers  >  que  Dieu  abfolve  >  nous  font 
advenues  8c  efchuës  les  Comtez  de  Nevers ,  de  Retfael ,  8c  autres  Terres 
8c  Seigneuries ,  que  tenoit  noftredit  Seigneur  &  Frère  en  fon  vivant , 
en  quoy  mondit  Seigneur  8c  Oncle  s'eft  grandement  etnployé  >  pource 
que  en  noftre  faveur  il  a  fouventes  fois  defmeu  mondit  Seigneur  &  - 
Frère  de  aliéner  &  mettre  hors  de  fes  mains  lefdites  Comtez  &  Seigneu* 
ries,  ou  la  plufpart  d*icelles ,  8c  aufld  que  pour  le  mariage  de  n(^re  très- 
chère  8c  très-aime  fille  k  Ducheflè  de  Cleves ,  lequel  a  efté  mis  en  avant 
&  fait  par  fon  bon  moyen ,  il  a  defpendu  largement  du  fîen  ,  8c  que 
durant  fUufieurs  années  il  nous  a  cfontié  8c  entretenu  belle  8c  grande 
peniion  de  Cvx  mille  francs  d*une  part ,  &  de  deux  mille  francs  d'autre 
part,&  auflî  que  nous  n'avons  aucuns  enfans  mafles,  lefquels ,  quand  nous- 
en  aurions ,  feroient  bien  &  fuffifamment  héritiers  defdites  Comtez  8c 
Seigneuries  à  nous  efchuës  par  le  trefpas  de  noftredit  feu  Seigneur  8c 
Frère ,  parquoy  raifon  eft  q[ue  nous  reconnoifibns  tes  grands  biens  dtC^ 
fùfdits  en  remertant  es  mams  de  mondit  Seigneur  &  Onde  ce  que  libé- 
ralement il  nous  avoit  donné  &  baillé  du  fien  propre  en  noftre  jeune  âge 
8c  neceffîté ,  &  pour  noftre  avancement  :  pour  ces  caufes  8c  autres  à  ce 
nousi»mouvans ,  &  car  ainfi  nous  plaift ,  de  noftre  cerraine  fcience,  pure 
8c  franche  voulenté ,  fans  force,  dol ,  ou  malengin,  par  bonne  &  mûre  ^ 
délibération  de  confeil,  pour  nous*,  nos  hoirs ,  fuccefleurs  &  ayans  caufe 
â  tousjours ,  foit  c^ie  nous  ayons  cy-après  hoirs  mafles  ou  non  ^  avons 
quitté ,  cédé ,  remis ,  delaifle  &  rranfporté ,  quittons ,  cédons ,  remet- 
tons ,  délaiflbns  8c  tranfportons  par  ces  prefenres  à  mondit  Seigneur  8c 
Oncle  pour  luy  ,  &  apr^  luy  pour  mon  très-redouré  Seigneur  &  Coufin 
le  Comte  de  Charolois  fon  leul  fils ,  fes  hoirs,  fucceftèurs  &  ayans  càu- 
fe ,  lefdits  fix  mille  livres  parifis  de  revenu  par  an  à  nous  donnez  par 
mondit  Sei^^neur  &  Oncle,  comme  dit  eft ,  enfemble  tousaffignaux,  ga-* 
gieres ,  obligations ,  hypothèques,  8c  tout  droit ,  aâton  ,  raifon ,  que-' 
relie  &  pourfuite ,  que  nous  competoient  8c  apparrcnoient ,  pouvoieifc 
competer  &  apparrenir ,  à  caufe  ou  pour  raifon  defdirs  fix  mille  livres 
parius  de  revenu  ,  &  aufli  avons  quitté  ,  cédé ,  remis ,  ddaiflé  8c  tranf^ 
porté  à  mondit  Seigneur  8c  Oncle  pour  luy ,  8c  après  luy  pour  mondit 
Seigneur  8c  Coufin  ,  fes  hoirs ,  fuccefteurs  8c  ayans  caufe ,  lefdites  Cité 
&  Comté  d* Auxerre  i  &  les  Terres  de  ^orne  8c  Ooft- Vornc ,  la  Brielle, 
8c  autres  Terres  &  Seigneuries  ,  que  pour  recompenfe  8c  acquit  defdita 
fîx  mille  livres  parifis  de  revenu  nous  ont  efté  baillées  8c  tranfportées  par 
mondit  Seigneur  8c  Oncle  >  8c  defdits  fix  mille  livres  parifis.  Cité  & 

Comté 


î«4  PREUVES  DES  MEMOIRES 

î  4  (^  5^     Comté  d'Auxerre  »  Terres  Se  Seigneuries  dèilùrdices ,  &  dé  tout  le  droîc 
que  rioas  y  compecte  &  appartiens  tant  à  la  caufe  ddUlUilice  >  qoe  autre 
quelconque  >  nous  fommes  départis  3  défaifis  &  déveilus  >  défamûons  > 
départons  &  déveftons  »  ic  en  avons  reveftu  6c  reveftonls  mondit  Seigneur 
Se  Oncle  pour  luy  >  &  après  luy  mondit  Seigneur  Se  Coufin,  fans  ce  que 
nous  ou  nofdirs  hoirs  &  fucceuèurs  Se  ayans  caufe ,  famais  puiflions  pré* 
tendre  aucune  chofe,  quereller  ou  demander  efdites  (ix  mille  livres  do 
revenu  ^  ne  aux  Cité  »  Comté  »  &  autres  Terres  &  Seigneuries  defTufdi- 
tes  9  vont  quelque  caufé  ou  raifon  que  ce  Toit ,  ou  peut  eftre  contre 
noondir  Seigneur  &  Oncle  »  mondit  Seigneur  &  Couun ,  leurs  hoirs  » 
fucceuèurs  &  ayans  caufe  ;  &  pour  plus  grande  fureté  des  chofes  de0uf- 
dicc$  9  nous  avpns  rendu  &  baillé  à  mondit  Seigneur  Se  Coufin  les  Let- 
tres des  bails  Se  tranfports  deflufdits»  comme  calices,  vaines»  de  nul  effet, 
Se  valeur  >  &  avons  promis  Se  promettons  parla  foy  &  ferment  de  noftre 
corps ,  fur  noftre  honneur,  par  noftre  fermeqt  pour  ce  donné  aux  faines . 
Evangiles  de  Dieu  ,  &  fous  exprellè  obligation  &  hypothèque  de  tous^ 
nos  biens  prefens  Se  advenir  quelconques,  lefdites  quittance,  renon- 
ciation ,  ceffion  Se  tranfport ,  &  tout  le  contenu  en  cefdites  prefentes 
avoir  Se  tenir  fermes  Se  (tables  &  agréables,  inviolablement  à  tousjours» 
Se  icelles  garder ,  entheriner  &  accomplir ,  fans  jamais  par  nout  ne  par. 
autre  ,  direâement  ou  autrement  venir  au  contraire ,  ne  foufFrir  (^ue  au^ 
tre  y  vienne ,  à  quelque  caufe ,  couleur  ou  occadon  que  ce  foit ,  ou. 
peut  eftre  ;,  &  pour  Taccomplidement  des  chofes  delfufdites  ,  nous  fom- 
mçs  fqumis  â(  foumettoas  par  ces  prefentes  aux  Jurifdidions,  coher* 
tions  Se  contraintes  de  noftre  Saint  Pçre  le  Pape ,  Se  de  toutes  autres 
Cours  &  Jurifdiâions ,  tant  d'Eglifes ,  comme  Séculières ,  par  lefquel- 
les  Se  chacune  d'elles >  nous  voulons  Se  confentons,  nous,  nofdits  hoirs 
Se  fucceftèurs ,  eftre  contraints ,  compellez  jufques  à  plein  açcompliUe- , 
ment  Se  entherinement  des  chofes  deuiifdites ,  la  cohertion  Se  contr^inta 
de  Tune  defdites  Cours  non  cédant  pour  Tautre ,  Se;  avons  renoncé  Sç 
renonçons  expreflèment  4  tous  droits  ,  couftumes ,  privilèges ,  (^atuts  ^ 
Qidonn^ces ,  allégations ,  ea^ceptions  &  deffenfes  t  par  Içfquelles  on 
pourroit  ou  voudroit  venir  au  contraire  des  chofes  deflufcutes  y  Se  à 
toutes  refçiQons ,  reftitutions  par  entier ,  difpenfation  de  ferment ,  Se 
CHitres  chofes  quelconques ,  mefmement  au  droit ,  difant  que  générale 
lenonciatiation  ne  vaut  (i  l'efpecial  ne  précède ,  &  voulons  ^ue  au  vidi" 
mm  de  cefdites  prefentes  fait  fous  fcel  authentique,  foy  fou  adjoul^ée 
comme  à  Toriginal  d'icelles  ,  lefquelles  nous  avons  fait  louer  &  paâèr 
en  la  prefence  de  Bernard  Oudry ,  Tabellion  Royal ,  Juré  Se  eftably  en 
h  Ville  &  Cité  de  Tournay ,  &  icelles  avons  (icné  de  noftre  main ,  Se 
Élit  fceller  de  noftre  Scel ,  avec  le  feing  manuel  de  noftre  Secrétaire  Se 
du  Tabellion  dçftûs  nommez.  Donné  a  Englemonftier  le  vingt-deuxief- 
me  jour  de  Mar$ ,  Tan  mil  quatre  cens  foixante-cinq  avant  Pafques. 
Aînu  Signé  fous  le  ploy  ,  Jehan  &  B.  Oobry.  Et  fur  U  ploy  efioit 
tfcrit.  Par  Mpnfeigneur  le  Comte ,  &  Signe  ,  Berthault.  Et  Jc$lli 
flfn  Sç^l  d^  çir$  rou^tji^ndam  en  douhU  ^upu^^ 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  y^y 


A  TOUS  ceux  qui  ces  prcfcntcs  Lettres  verront  oa  oïront  j  Guil-  ^4^». 
laame  de  Layens  Ltcentié  en  Décret ,  &  Bachelier  eil  Loix,  Chanoine  de 
Tournay  »  Confeilbr  du  Roy  noftre  Sire  9  &  Garde  du  fcei  Royal  or- 
donné en  fa  Ville  &  Cité  dudit  Tournay  >  Salut  :  Sçavoir  faifons,  que 
pardevant  Bernard  Oudry,Tabellton  Royal  juré  &  eftabli  en  ladite  Ville  > 
auçiuel  nous  adjonftons  pleine  foy.  Comparut  perfonnellement  haut  &c 
pnillànc  Prince  Monfeigneur  Jehan,  Comte  de  Nevers,de  Rcthcl&  d'EC- 
rampes ,  Baron  de  Donzy  &  Seigneur  deDourdan ,  lequel  de  fa  certaine 
Xcience ,  pute  &  franche  volonté ,  loua ,  pa(Ia  &  approuva  les  Lettres  de 
remiffion,renonciation  &  quittance,parmy  leploydefquellescesprefentes 
(ont  annexées,  6c  en  outre  par  iceluy  Monfeigneur  le  Comte  fut  dit,  cer«- 
tifié  &  affermé  loyaument  pourvcrité&par  la  foy  de  fon  corps  jurée  en  la 
main  dudit  Tabellion,  quelefcel  mis&  pendant  en  double  queue  &  cire 
vermeille  ,  aufdites  Lettres  eftoit  &  eft  fon  propre  fcel  armoyé  de  fes 
armes ,  duquel  fcel  il  avoir  accoutumé  de  ufer  en  toutes  fes  befognes  8c 
affaires ,  &  mefmement  en  ufoit  aux  jour  &  date  defdites  Lettres  de  de 
ces  prefentes ,  6c  encore  entendoit  à  ufer,  &!que  à  iceluy  fcel  &  i  tout  le 
contenu  'efdites  Lettres ,  pleine  foy  faifoit  &  fait  adjoufter ,  lefquelles 
Lettres  de  remiffion ,  renonciation  6c  quittance  iceluy  Monfeigneur  lé 
Comte  ,  pour  plus  erande  approbation  de  vérité,  fîgnadefa  propre  main 
en  la  prelence  d'iceluy  Tabellion ,  en  tefmôin  de  ce ,  nous  à  la  relation 
dudit  T^ellion  avons  mis  ledit  fcel  Royal  à  ces  prefentes  Lettres  qui 
fureur  faites  le  vingt-dèuxiefme  jour  de  Mars ,  Tan  de  grâce  mil  quatre 
cens  foixantecinq  avant  Pafques.  Ainfi  /igné  Jur  Uptoy.  B.  Oudry. 

L  X  X  X  V  I  *  *. 

JUnoTuicuionfcàttpar  Jean ,  Cornu  de  Nevtrs  »  à  tous  fes  droits 
&  prétendons  Jur  les  Filles  &  Seigneuries  de  Feronne  > 

Mondidier  &  Roye. 

A  Ei^lemonltier ,  le  ii.  Matt  I4^|« 

JEHAN  Comte  de  Nevers  ,  de  Rethel  &  dïftampcs ,  Baron  de  ^H^^' 
Donzy ,  6c  Seigneur  de  Dourdan  ;  A  tous  ceux  qui  ces  prefentes  Let-*  ]^,  qq^^ 
très  verront ,  Salut  :  Comme  en  Tan  mil  quatre  cens  quarante-fîx  >  mon .  boj. 
très-redouté  Seigneur  &  oncle,  Monfeigneur  le  Duc  de  Bourgogne  pour 
Ips  taufes  contenues  es  Lettres  fur  ce  faites ,  &  dont  cy-après  (era  faite 
mention ,  nous  euft  baillé ,  cédé  6c  tranfporté  fes  Villes ,  Chafteaux , 
Prevoftez ,  Chaftellenies ,  Terres  6c  Seigneuries  de  Peronne,  Mondidier 
6c  Roye ,  leurs  appartenances  &  appendances  quelconques ,  pour  icelies 
Wnir  6c  en  jouyr  par  nous  6c  nos  hoirs  hccitablement  &  à  tousjours  en 
Xfms  prouâts ,  reooes  &  revenues  quelconques ,  tant  en  Domaine  comme 
en  Aydes ,  &  tout  aind  6c  pir  la  même  forme  &  manière  que  par  le  Traité 
de  Paix  fait  à  Atras  entre  feu  Monfeigneur  le  Roy  6c  mondit  Seigneur  6c 
oncle ,  il  les  pouvoit  6c  devoir  tenir  &  jouyr ,  6c  que  par  iceluy  Traité , 
mondir  Seigneur, le  I^oy  les  luy  avoit  baillées  &  tranfportées  par  telle  con« 
Tome  IL    '  Eecc  dicion 


yStf  PREUVES  DES  MEMOIRES 

dicion  que  s'il  advenoit  que  lefdites  Villes  ,  Chdteaux ,  Prevoftez  &  Set- 
^  ^  ^  °*  gncuries  de  Peronne,  Mondidier  8c  Roye  cheu(&nt  en  lefticucion  envers 
mondit:  Seigneur  le  Roy ,  en  ce  cas  mondic  Seigneur  &  oncle  de  Ces  hoirsi 
feroibnt  tenus  d'aâurcr  »  fournir  &  faire  valoir  i  nous  fie  noftre  très^ 
chère  &  crès-amée  compame  laComrefïè  deux  mil  Talus  d'or  de  rente  9, 
au  rachapt  de  vingt  mil  falus  d'or  que  mondic  Seigneur  6c  oncle  avoir 
fait  recevoir  des  deniers  de  mariage  de  noftredite  compajgne ,  pour  la- 
quelle fomme  &  pour  vin;^  mil  frans  que  nous  demandu)ns  à  mondic 
Seigneur  &  oncle,  à  caufe  des  chofes  mobiliaires  de  feue  ndikte  crès-re- 
doutée  Dame  &  mère  Dame  Bonne  d'Arthois  jadis  fa  compagne  »  que: 
Dieuabfolve,  &  pour  aucunes  ancres  caufes  contenues  èfdites.  Lettres  v 
mondic  Seigneur  Se  oncle  nous  avoir  faic  lefdits  bail  &  tranfporc  »  lef- 

2uels  noftre  très- redouté  Seigneur  &  coufin  Monfeigneur  le  Comte  de* 
iharolois  ,  feul  fils  de  mondit  Seigneur  &  oncle  depuis  certain  temps  >. 
difoic  Se  maintenoit  eftre  nuls  &  de  nulle  valeur  pour  faute  de  fon  con^ 
fentement  >  pour  ce  ane  par  ledic  Traicé  de  paix ,  lefdices  Villes  »  Cha* 
fteaux ,  Prevoftez ,  Cnaftdlenies ,  Terres  Se  Seigneuries  luy  eftoienc  ac« 
quifès  comme  à  feulfik  mafle  demondic  Seigneur  &: oncle»  Se  pour  aprèsi 
Le  décès  d'iceluy  »  lequel  fans  le  fceu ,  vouloir  &rconfencemenc  de^  mon- 
dic Seigneur  &  coufîn  n'en  avoir  pu  faire  cranfporc  vdable,  auflî  quelef- 
dics  bail  &  cranfporc  feroienc  Se  devroienc  eftre  refcindes ,  caflèz  Se  an-^ 
Qullez  comme  frauduleux  Se  deceprcz ,  parce  que  quancores  ilfûr apparu 

Sue  lefdices  fornmes  de  vingt  mil  falus  d'une  part  8c  de  vin^t  mil  pans 
'autrr  parc  nous  feuflènc  dues  pour  lescaufès  defHifdices^  ».  U  n'eftoient- 
îls  (OS  aflbi  fouffifans  pour  avoir  fait  cranfjport  de£dite$  Seigneuries  quL 
eftoienc  &  font  de  trop  plus  grande  valeur ,  &  qpand  dn  voudroit  dire: 
«'Oue  lefdits  bail  Se  traniporc  nous^feuftenc  faics  en  acquic  Se  payement 
de  fix  mil  livres  parifis  de  rcnce  que  mondit  Seigneur  &  oncle  nous  avoir 
donné  aatraicé  de  noftredic  mariage  ,  mondk  Seigneur  8c  coofin  difoic 
que  defdics  fîx  mil  livres  parifTs  de  rente  nous  avions  autres  aflîgnaux , 

1>ar  lefquels  fe  dévoie  faire  la  recompenfe  Se  payemenc  defdics  (ix  miUe 
ivres  parifîs ,  Se  defquels  nous  eftions  auparavanc  ccnus  pour  concens  >. 
{)arquov  en  icelles  ne  dtvoienc  eftre  employées  lefdices  Seigneuries», 
efquelles  par  ledic  Traire  d'Arras  luy  eftoienc  ,  acquifes  comme 
die  eft  y  pour  le|b  uelles  caufes  Se  aux  fins  deflïifdices  mefînemenc  ^ 
parce  que  nous  dihons  lefdits  bail  Se  tranfport  eftre  bons  Se .  valables  9, 
Se  que  du  moins  nous  devrions  eflte  retompenfesi  des  fornmes  dd- 
fufclites ,  pour  lefquelles  iceux  hél  Se  tranfport  nous  ations  efté  faits*. 
Se  fuc  n'agaires  meu  difcort  &  différent  entre  mondic  Seigneur  Se  eoufin». 
&  nous  y  dont  plus  grand  pourroic  enfuir*  Sf  avoir  faisons  »  que  nous  de^ 
firans  appaifer  Se  appoincer  ledk  différent  Se  difcorr  fur  les  chofes ,  par- 
venir à  traité  »  tranfaâion  SC  appointement ,  à  ee  que  nous  foyons  SC 
démontions  en  bonne  amour ,  union  Se  concorde  envers  mondit  Seir- 

Îneur  Se  coufin ,  Se  en  reconnùiil&nt  là  veritételle  qn^etle  dl  &^it  efti^e^ 
e  noftre  certaine  feience,  pure  Se  franche  volonté»  ceflanstoutes  decep* 
fions ,  fraude ,  do)  &:  malengin,  par  bonne  Se  mure  deliberarion  de  con-- 
feil  y  avons  traité,  tranfigé  opacifié,  appointé  Se  accordé  y  Se  par  la  te- 
Morde  ces  prefentes  >  traitons^  tranfîgeons,  pacifions^  appointons  &  ac-. 

coidona 


DE  PHIL.  DE  CQMINES.  '^87 

cordons  avec  moncUc  Seigneur  ôc  couCn  ,  de  &  fur  les  ehofes  dedur*   'TTTg' 
ditçs  en  la  manière  qui  s'enfuie*  C*eft  allavoir  que  nous  coniidcrans  que       ^ 
leCdices  Villes  %  Chafteaux ,  Prevoftez  >  Chaftellenies  ^  Terres  Se  Seigneu- 
ries de  Pcronne^  Mondidicr  &  Roye  font  &  doivent  eftre  vray  héritage 
de  mondic  Seigneur  &  couiîa  ,  ayans  auûî  regard  aux  çaufes  pour  le&> 

Î[ueUes  lefdics  bail  &c  tranfport  nous  ont  efté  Faits  >  fachatis  9c  çogooif»- 
ansque  après  deue  difcufllon  elles  feroient  trouvées  non  fouffifantes  pour 
avoir  fait  lefdics  bails  &c  cranfport  »  &  iceux  foutenir  en  valeur  >  &  pour 
«litres  cattfes9c  coniîderations  à  ce  nous  mou  van  s  meûnement  >  car  ainfi 
nous  plaift ,  avons  cafle ,  refcîndé  &  annuUé ,  cadbns ,  refciodons  8c  an^- 
nullons  lefditsbail  Se  tranfport  à  nous  faits  defdites  Terres  &  Seigneuries 
6c  iceux  avons  voulu  &  déclaré  ,  voulons  ôc  déclarons  eftre  &  demourer 
puis  f  cafles  >  rcfcindez  6c  annuliez  >  6c  nous  fommes  départis  &  dépar- 
tons expredement  de  tout  des  droit,proprieté,  Seigneurie ,  adion  &  rai* 
fons  quelconque  que  à  nous ,  nos  noirs  &  fucceUeurs  eftoit  &  pouvoir 
eftre  acquis  tant  à  cau(e  defdits  bail  &  tranfport  »  que  de  la  poÛèifion  6c 
joy (lance  que  avons  eu  par  aucun  temps  &  par  tous  autres  moyens,cau(ies 
&raifo  quelconques  pour  &  au  profit  de  mondit  Sgr«  &  couun,&  de  fes 
hoirs  &  iucceÛeurs  >  auquel  en  figne  de  ce  >  6c  que  nous  fommes  entiè- 
rement dedàids  6c  dévêtus  defdits  droit ,  propriété ,  Seigneurie  »  aétion 
6c  raifon ,  &  d'iceux  en  tant  que  befoin  eft  >  l'avons  reveftu  &  reflaifi , 
reveftons  &  reflaiffidbns,  nous  avons  rendu  ^  baillé  6c  délivré lefdites  Let- 
tres contenans  lefdits  bail  6c  tranfport  comme  nulles ,  caffées  6c  vaines^ 
quanta  nous  nofdits  hoirs  6c  fucceftèurs  pour  &  au  profit  de  mondit  Sei^ 
gnetu:  &  coufin ,  &  de  fefdits  hoirs ,  6c  par  le  moyen  de  cette  prefente 
tranfaâion  >  pacification  &  concorde»  nous  fommes  demourez  6c  demott- 
rons  entiers  de  ladite  fomme  de  vingt  mille  falus  d'or  d'une  part,  laaueUe» 
comme  dit  eft  »  a  efté  ptinfe  &  reçue  par  mondit  Seigneur  6c  oncle  des 
deniers  de  mariage  de  noftredite  compagne  ,  2c  de  la  fomme  de  vingt 
mille  frans  d'autre  part  pour  lefdites  choies  mobiliaires  de  madite  Dame 
6c  mère ,  lefquelles  fommes  mondicSeigneur  6c  couHn  »  afinque  en  fe- 
i;ipns  pleinement  recompenfé ,  a  convenu  6c  accordé  rendre  6c  payer  à 
certains  termes  contenus  6c  déclarez  en  (^  Lettres ,  qu'il  nous  a  pour 
ce  baillées  >  &  lefquelles  nous  avons  devers  nous ,  6c  c^tce  prefente  tean- 
fadioa,accord  6c  Traité»  appointement  &  tout  le  contenu  en  cefdites  pre- 
fenresjnoospour  nous,nosnoirs,fuccelIem:s  &  ayans  caufe,avonspromis6c 
j)romettons  par  la  foy  6c  ferment  de  noftre  corp3fur  noftre  honneur,  pat 
noftre  ferment  pour  ce  donné  aux  lainrs  Evangiles  de  Dieu  &  ious  expref* 
fes  obligations  6c  hypothèques detous nos  biens prefens& advenir  ,.quel« 
conques  tenir&  garder  fermes  &  ftables^inviolablemcn ta  tousjours  8c  icel-< 
les  enrretenir  6c  accomplir  de  point  en  point  fekm  leur  forme  6c  teneur  , 
fans  jamais  en  aucune  puniere  aller  au  contrairepar  nous,  ne  par  autre,  di- 
rectement ou  autrement,ne  confentir  ^oe  autre  y  vienne  à  quelque  caufe» 
raifon ,  couleur  ou  occafion  que  ce  fott  »  ou  peu  eftre  6c  auftl  avons  pro- 
mis les  chofes  detfufdites  faite  agréer  èc  coQlentîr par  noftrcdire  compa- 
gnie ,  &  fur  icelles  bailler  &  délivrer  à  noftçedit  Setgneor  6c  coufin  fes  Let<- 
tres  de  confentement  en  forme  due  >  6c  pour  oe  faire  avons  fttbmis  6c 
fubmeaons nous»  nofdits  hoii;s ,  fuccelG^ub  6c  autres  ayans  caofi:  »  nos 

Eeee  a  biens 


58^  PREUVES  DÈS  MEMOIRES 

1^66.  b^s  &  les  leurs  aux  jurifcliâions  »  cohettions ,  contraintes  de  noftre  SL 
Père  le  Pape  »  de  tous  Roys  ^  Ducs  9  Comtes,  &  autres  cours  &  jurifdic-» 
rions  quelconques  tant  d'Eglife ,  comme  fecuiiere  »  par  lefquelles  &  de 
chacune  d'elles ,  nous  voulons  Ârconfentons ,  nous ,  nofditshoirs  ôc  fuc-* 
<eflènrs  eftre  conflxains  &  compdlez  jufques  â  plein  accompliflêment  fit 
entérinement  des  chofes  dedùldites  la  cohertion  èc  contrainte  de  l^^nb 
defdites  Cours,non  cédant  pour  Tautre  ,  &  avons  renoncé  8c  renonçons 
expreflèment  à  tous  droits ,  couftumes,  privilèges ,  ftatuts  ordonnances,, 
allégations ,  exceptions  &  defTenfes ,  par  leTquelles  on  pc^irroit  ou  vou- 
droit  venir  au  contraire  des  chofes  de({ufdites>&  à  toutes  refcifibns ,  ref- 
titutions  par  entier ,  difpenfation  de  ferment  &  antres  chofes  quelcon- 
oues,  mefmement  au  droit  ,  difant  que  generaUe  renonciation  ne  vaut 
(c  Tefpecialle  ne  précède,  &  voulons  ^ue  au  vidimus  de  cefdites  prcfen- 
tes ,  fait  foubs  fcel  autentique,  foy  foit  adjotrftée  conmie  à  l'original  d'i* 
celles ,  lefquelles  nous  avons  fait ,  loué&  paflî  en  la  prefence  de  Bernard 
Oudry  ,  Tabellion  Royal  Juré  &  eftabli  en  h  ViHc  &  Gité  de  Toumay  , 
&  icelles  avons  (igné  de-  noftre  main ,  &  fait  fceller  de  noftre  fcel  avec 
le  feing  manuel  de  noftre  Secrétaire  Se  du  Tabellion  defliis  nommez« 
Donné  à  Englemonftier  Te  vtngt-deuxiefmejourde  Mars  ^l'andegracc- 
mil  quatre  cens  foixante-cinq  avant  Pafques  ;  foubs  le  ploy  eftoit^^n^' 
Jehan  &  B.  Oudry.  Et  fur  le  ploy  efcrit ,  Par  Monfeigncur  leComte,&: 
Jii^né  Berthault.  EtfcclU  d'un  Sccl  de  cire  rouge  ,  pendant  en  doubk 
queuté 

A  Tous  ceux  qui  cesprefcntes  Lettres  verront  ou  auront,  Guillaume  de 
Layens ,  Licentié  en  Décret  &  Bachelier  en  Loîx ,  Chanoine  de  Tournay^ 
Confeiller  du  Roy  noftre  Sire  ,  &  Garde  du  fcel  Royal  ordonné  en  ft 
Ville  &  Cité  dudit  Tournay ,  Salut  :  Sçavoir  faifons,  que  pardevant  Ber- 
nard Oudry  ,  Tabellion  Royal ,  Juré-S:  eftabli  en  ladite  Ville ,  auquel 
nous  adjouiftons  pleine  foy  ,  comparut  perfonncllcment  Haut  &  puiÔànt 
Prince  Monfeigneur  Jehan  Comte  de  ^fevers ,  de  Rethel  &  d'Eftampcs , 
Baron  de  Donzy  &  Seigneur  de  Etourdan  ,  lequel  de  fâcertainefciencc 
pure  &  firanche  volonté>loua>  pafla'&  approuvâtes  Lettres  de  Traité,paci- 
fiement  &  accord ,  parmy  le  jioy  defquettes  ces prefen tes  font  annexées, 
&  en  outre  par  iceluy  Monfeigneur  le  Comte  fut  dit,  certifié  &  afferme 
Ibyaument  pour  vérité  &  par  Ta  foy  de  fon*  corps,  jurée  en  la  main  dudit 
Tabellion,que  le  fcel  mis  Se  pendant  en  double  queue&  cirevermeifiè 
aufdites  Lettres,eftoit  6c  eft  fon  propre*  fcel  armoye  de  fdr  armes  ,  duquel 
fcel  il  avoir  acconftumé  de  ufer  en  toutes  fes  b^fognes  Se  affaires ,  & 
mefttiement  en  ufôit  aux  jour  St  cfette  defdites  Lettres  St  dc-ce»prefentes, 
&  encore  entendoit  à  ufer ,  &  que  à  icelaVfc^  Se  k  tout  le  contenu  èf- 
dites  Lettres  îplcine  foy  fàifoir  Se  fait  adjoufter,  lefquelles  Lettres  dé 
Traité ,  paciftonent  Sr  accord  iceluy  Monfeigneur  le  Cortite pour  plus 
grande  approbation  deverité  iigna  de  fa  propre  main  en  la  prefence  dl^ 
€eluy  TabeUtoni.  En  tefmotn  àt  ee ,  nous  à  la  relation  dddit  Tabellion  > 
avons  mis  ledit  fcel  Royal  à' ces  prefen  tes  Lettres ,  qui  furent  faîtes  le 
Vingt-deuxîefme  jour  de^Marsyl'an  de  grâce  mil  quatrecens -foixante-cinq 
«onnt Bannies.  Ainfi /ba^i^/ik/Bw  OiroivY. 


DE  THIL.  DE  COMITES.  589 


L  X  X  X  V  I  ***v 


t       < 


l^66i 


Leitres  Je  Jean  Cornu  de  Ktvtn  ^  par  UfpuUts  U  Mtouvck  Traitlfait 

entre  le  Roy  Louis  XL  &  Charles  Comte  de  Ch^oîbis  y&  la  ctjEonfiùte   ^  Tiré  de 
à  u  Comte  des  FUks  &  Sdmeuries  de  Peromu  >  Mondiditr  &  Koye^        ^'^^  "on 

A  Ei^cmoiiftki:  „  le  xu  Utn  I4^^  . .     _      >      ^^oT- 

JEHAN  ComtedçNev^rs^deReiikel^  4!£fta(xipcs,  BafpadelDonzjr 
&  Seigneur  de  Douf dan^A  tous  ceuxqui  ces ffreteiKcs  Lettres  verront^ 
Salât  :  *  Çoiumepar  cenaii)  Traité  n*âgucrrcs  fait  &  paflTc  à  Paris  entre      *  Vovcr 
Monfeigneur  le  Roy  d'une  part ,  &  moatrès-redouté  Seigneur  Se  coufin  le  Traité  de 
Monfeigneur  k  Comte  de  Charoloisi  d'autre  part  »  inondk  Seigneur  le  ^^^^ 
Roy  ait  entre  a^t^es  chofes  pi  t^cque  en  luy.  feftoit  baillé,  remis  ôd  ^^xYI^ 
franfporté  i  mondit  Seigneur  &c  cou£îi  les  Villes>Cbafteavix  l  Prevoftez  y 
Chaftellenies>  Terres  Se  Seigneuries  de  Peronne^  Mondidier  Se  Royéî  & 
leurs  appartenancesquelconques,dç  luy  euftpromisfaiiQ  bailler^deUvrer  & 
(derpekner  entièrement  la  joy^nce  &  po({^on.  d'icidbs  Terres  Se  Sei- 

Sneuries3&  faire  Se  procurer  par  effet  que  nous  départirions- entièrement 
Scelles  &  de  tout  le  droit  que  y  avions  âc  pouvions  avoir  pourpar  mon- 
dit  Seigneur  &  cou(in  &  (es  hoirs  en  joy^  >  &  les  tenir  &  pofleder  ain£ 
ic  par  la  forme  &  manière ,  qu'il  eft  contenu  es  Lettres  audit  Traité  > 
duquel  nous  fommes  à|^in  certiorez  &  informez  rant  par  la  viiion  Se 
le^re  d*iceltty,  que  autrement  dueiaenr.  Scavoic  faiibo»  »  qiàd  nous  de;- 
iirans  ledit  Traké  eftre  entretenu  &  accoinpfy  5  ^  que  i  no&ic  caufe  ou 
moyen  ne  foit  aucunement  dérogé»  ne  contrevenu  à  iceluy,de  noftre  cet* 
(aine  fcience ,  pure  &  franche  volonté  par  bonne  &  meure  deliberatioiv 
de  confeil  »  avons  loué ,  gréé,  confemi  Sf  approuvé  $  Ipuonsl ,  yccons 
coniRentops  £c  approuvons  lefdic^ bail  ,,n;^^^t  &  tout  le  côntenu-do* 
dit  Traité  fait  encre  Monfeigneur  le  Roy  &  mondit  Seigineut  Se  coofin  y 
en  une  que  touche  leldites  Villes»  Chafteaux,  Prpvoftez,  ChafteUenies-,. 
Terres  &  Seigneuries  de  Peronne ,  Mondidier  Se  R4>ye  i  Icurs^apparce^ 
^fiances  âcappendances,  tout  ainfi  que  ce  quant  àcerious  mefme^  avions 
fait  &  pafle  ledip  Traité  en  noftre  peribnne  ,  Se  iious  fommes  départi 
&  dqpartons  entièrement  &  pleinement  detput  le  droic  que  nous*  avions 
.&  pouvions  avoir  en  icelles,pour  fiç  au -profit  de  moAdk  Stâgneur  ^Si 
.couHn ,  k$  hoirs  &  fucceileurs^,  (ans  referver  ou-  retenir  aubihê  .choùt 
en  &  fur  kelles  Villes ,  Chafteaux.  PrevoftesT)  Ouftellenies ,  Terres^âc 
.Seigneuries,  ne  alçncontre  de  monmt  Seigneur  ^  çoulin  &  fefdtts^hoiiis^ 
&  refervé  à  nous- tant  feulement  la  pouifuiiitte  teUêque  deviens  &  poa- 
-viops  avoir  i  caufe  de  noftre  récompense  du^dcoit^euafdit  qui  nous  pour- 
voit competer  èfdites  Terres  Sç  Seigneurie^ ,  ^ur.  kelle  pourûûte  faire 
envers.n^ondit  ^eig^eur  leRoy  tant  feuIcMnoift^ilPii^'poutfrcQncremon- 
dit  Seigneur  &  cpuiiq^  nefelditshqi^s  ^Sç  j(iiicceâai)r^  v&  avx)os  promis 
(U  promettonsparU  foj  &  f^rniienc  de  oaftre  ootps  sfurjnoftce  /honneur , 
par  noftre  fennepf;  çwjïce^ garnie aox  ^jiftts ivangi|er,dcpicayj8c foubs 
f  OBpitilc  ot)liga^Qp  oc  hypothèque  de  cous  nos  biens ,  Terres  &  Seigneu^ 

Eeee  ^  ries. 


^^  590  PREUy  E3  DES  MEMOIRES 

fA66t  ^^^^  Icfdits  bail  &  cranfporc ,  laudacion  ,  approbation  &  confentcment  8c 
tout  le  contenu  en  ce(dices  praTentei  ,4tvoir  Se  tenir  fermes  >  ftables  Se 
agréables  »  &  icelles  entant  que  en  nous  eft  entériner  &  accomplir  de 
point  en  point  félon  leur  forme  Se  ceseor  >  (ans  jamais  par  nous  ne  pat 
autre  faire  aucune  chofè  au  contraire  en  façon  ne  manière  que  et  foir ,  Se 
pour  ce  nous  fommes  foubmis  Se  fonbmectons  aux  cohertions  y  junfdtc^- 
tions  &  contraintes  de  noftre  faint  Père  le  Pape  >  &  de  toutes  autres 
Cours  tant  d'£glife  comibe^fieculieiés ,  par  iefoMUes  Se  chacune  d'dles 
nous  voulons  eftre  contraints  &  compellez  jnlques  à  plein  accompliflè- 
ment  du  contenu  eu  cefdites  prefeaies'  la  cohertion  de  Tune  defdites 
Cours  non  ceflànt  pour  l'autre  >  Sc  avons  tenoncé  Se  renonçons  apreflèr 
mens  à  tous  droits ,  exceptions ,  detfenfes,  à  toutes  refcifions^  diipenfa- 
tion  de  ferment  &  autres  chofes  quelconquçs ,  par  lefquelles  on  voudroit 
ou  pourroit  venir  au  contraire  des  chofes  deÂufdites  faites  &  paflëes  en 
la  prefence  de  Bernard  Oudrv ,  Tabellion  Royal  juré  ficeftabli  en  la  Ville 
Sc  Cité  de  Tournay  >  lefquelles  nous  avons  ligné  de  noftre  ifnain  ,  fait 
fceller  de  noftre  fccl  avec  le  feing  manuel  de  noftre  Secrétaire  >  cy-def- 
(bubs  nommex.  £)onné  à  Englemonftier  le  vingt^enxiefme  jour  de 
Mars ,  Tan  de  grâce  mil  quatre  cens  foixante-cinq  devant  Pafques.  Ainfi 
^gmi  foubs  le  ploy ,  Jehan  ,  &B.Oudry.  Et  fur  le  ploycftoit  cfcript 
par  Monfeigneur  le  Comte.  Et Jîgné  B^kthavlt.  EtfalUd'unSccldê 
drc  r&ugi  pendant  tn  double  qmeut. 

A  Tous  ceux  cjai  ces  présentes  Lettres  verront  ou  oiront,  Guillaume  de 
L^ens ,  Lîceiitié  en  décret  Se  Bachdier  en  Loix ,  Chanoine  de  Tournav  » 
Concilier  du  Roy  noftre  Sire ,  &Garde«du  fcel  Royal  ordonné  en  fa  Ville 
&  Cité  dudit  Tournay ,  Salut  :  Scavoir  faifons  que  pardevant  Bernard 
Oudry ,  Tabellion  Rc^al  juré  Sc  embli  en  ladite  Ville,  auquel  nous  ad- 
jouftoqs  pleine  foy ,  comparut  perfonnellement  haut  &  puiflant  Prince 
Monûeur  Jehan  ,  Comte  de  Nevers ,  de  Rethel  Se  d'Eftami>es  »  Baron  de 
Donzy  Se  Seigneur  de  Dourdan,  lequel  de  fa  certaine  fcience  pure  Sc 
franche  volonté ,  loua ,  pafla  &  approuva  les  Lettres  d'approbation  >  d<Mi« 
âmiation  Se  dapartement,parmy  le  ploy  dçfquelles  cesprefemes  font  an* 
nexées ,  Se  en  outre  par  iceloy  Monfieur  le  Comte  fut  dit ,  certifié  Se  af- 
firmé loyaument  pour  vérité  &  par  la  foy  de  fon  corps  jurée  en  la  main 
dudit  Tabellion ,  que  le  fccl  mis  &  pendant  en  double  queue  &ciffe  ver^ 
meille  auGlites  Lettres  eftoit  &  eft  fon  propre  fcel  armoyé  de  (ts  armes» 
^otiel  fcei  il  avoir  accouftumé  dé  uferen  toutes  fes  befbgnes  &  affaires» 
melmement  enufoitaux  jour&  date  defditesLettres  &  decesprefentesfc 
inicore  entend  i  ufer ,  Se  qiie  à  iceluy  fcel  &  à  tout  le  contenu  èfdites 
Lettres ,  pleine  foy  faifoit  &  fait  ad joufter ,  lefquelles  Lettres  d'appro- 
•bation,  confirmation  Sc  département  iceluy  Monfeigneur  le  Comte  pour 
^lus  graiule  approbation  de  vérité  ,  figna  de  fa  propre  main  en  la  prc- 
icnce d'iceluy:T4bellion*  En  teftnoin  de  ce,  nous  à  4a  relation  dudit 
TabeUio»  ^  avons  tm  ledk  fcel  Royal  à  ces  prëfefttes  Lettres,  qui  furent 
.faites le  vingr*deuxiefme  jour  dé  Mars,  l>n  degracé  nîil quatre  cens 
fpW»ûtC<inq  avaiit  Pafquefe.  Alnifi  fimi  fur  le  p\<ij ,  B.  Oudry. 


DE^HIL.  DE  COMIN.es.  591 


,  I 


L  XX  X  VI  ***K  77^ 

tUnoÊÊcianon  de  Juuk  Comft  Je  Ncnrs  $  à  lafommtdt  zOOOOfalu^  d'or^ 
&  à  une  ëutrt  i€Xi> ^0^0  francs  ^^Lpriicnd^it  luyi^u  dms 

par  U  Duc  dt  Bourgogne. 

A  BoologDC.,  le  ^rfiitf  Vfaa  X4^|«.  avant  Palmes. 

JEHANÇomte  dcNcverç;,  rfr  Rcthcl  &   d'JEftampcs,  Baron  ^t  ,^ J*^*  *^ 
Doozy  &  Scigneot^de  Doucdan  ^  A  tous  cc^x  (juiccs  pçcrcntçs  Lécci:e&  jw^^A^ 
▼erroné^  Salut  r Coain>e aa  moyen  decercam  accofd ^aMçân^meuc &.  ^^^y^ 
iranfaâion  n'agaeres^  fait  &  paué  entre  mon  très-redoute  Se^neur  éc^ 
çpufin  Monfeigneur  le  Comte  de  Charolois  d^une  part  &ç.  nous  d  autre 

Krr>de  &  fur  lesbail  6c  tranfpprtque  mon  très^-redoucé  Seigneur  &  oncle 
onfeigncuc  le  Duc  de  BourBogpç  nous  aYOit  pjf^  iaks  des  Villes  ^ 
Chafteaux ,  Prevoftez ,  ChailelTenies  >  Terces  Se  Seigneuries  de  Peronnje^ 
Mondidier  &  Rove ,  iceluy  Monfeigneuc  &  cou^uit  nous  euft  promis  y 
convenu  &  accoraé  rendre  &  payer  U  fQmtnè  de  vingt  mille  Talus  d'or 
d'une  part  >  leCquels  mondit  Seigneur  Se,  onde  avoit  eu  &  reçu  à^  de- 
niers du  mariage  de  noftre  très-ct^re  &très-am^e  compagne  la  Comtedè» 
&  la  fomme  de  vingt  mille  francs  d^autre  part  >'<iue  nous  demandions  à 
«londit  Seigneur  6c  oncle  pour  l^chofesJUpbÛi^iresdcfcue  noftretrès-r 
vedoutée  D^me  &  mtre  jadis  fa  compagne  j  qiiç  Dira  abfolve  ,  comme 
il  eftoit  plus  i  plein  contenu  es  Lettres  conrenaps  lefdits^accord  ^  apppin-^ 
cément  >  &  tranfaétion ,  Se  en  autres  Let;tre^  c^\t  nuî^ndit  Se^nenr,^; 
çoufin  nous  avoit  fur  ce  baillées  &  délivrée^ ,  &  il  foit  que  depuis  auamit 
emps  en  ça  par  enhort  d'aucunes  gens  de.petit  confeil  nous  forons  con-^ 
duits  envers  mondit  Seigneur  &  coufiii  autrement  que  ne  devions  &; 
far  maniereque-  nous  avions  encouru  fon  indîgilation  &;t9a^e^'acr,'d^t. 
amèrement  nous  defplait.  Sçavoir  faifoi»  >  que  nousde^âns  foif  toUtesp* 
ehofes  nous^  rejoindre  iSc  reunir  à  mondic  Seigneur  «Se  cpu(în  >  ^recoud- 
ver  fa  bonne  ffrac^  de  noftre  certaine  fciencç  ^  pufie  Se  franche  volonté, 
(ans  aucune  force  >  contrainte  >  induâion  »  dolou  n^lengîn:  Se  pouj^ 
atkme-reparation  de  ee  que  dit  eft  pour  nous^  po$  hoirs  Se  luqceflêurs  L 
tous  jours  avons  quitté  >  remise  &  renoncé  ^  quittons»  rèrhèttons  Se  re-* 
nonçons  entièrement  par  ces  pref<i^f e$  à  ^opdit  Seigf»euf  .^^omAu  pQiir^ 
tiiy  f  fes  hoirs  &  fucce0èurs  (jutUooHwres  lefdites  fomme'i^de  yin^  mille: 
ialus  d'or  d'une  part  »^^  de  vinçt  miUe  franc»  d'autrej>9rc  que  dûs  nous 
eftoient  pourles  caufes  deffufdites,  enfemble  fous  a^n^ux  >, gageriez» 
•bligations  ,  hypothèques  &  autres  droits  &  aâions  quelconques  que 
pour  raifon  deidites  fommes ,  de  tant  ^  moyen  .defdits  accord  Se  tran- 
fàftion  que  par  autre  Traité ,  conrraâ  ou  appointemens  precedens  nous 
compecoîent  Se  appttcenpiciit  v  pQuV)pii:«c  çottipet<f'&  appartenir  tant 
i  rencontre  de  mondir  Seigneur  &  oncle  >  mondit  Seigneur  &e  couiin  » 
que  leurs  p»y$  >  Terres ,  Seigneuries  fisibiMs^meublfes  où/  noîi  mdùbtief;  df 
avons  fait  Se  faifons  paâe  exprès  avec  mondit  Seigneur  Se  coufin^de  odii  . 
yunais  rien  quereler»  prétendre  otif  demander  à4tt<mdit  Sd 

mondit 


.  / 


59t  PELEUVES  DES  MEMOIRES 

^^^77^'  mondit  Seigneur  &  coufîn  leurs  hoirs  &  fuccellèurs,  â  caufc  defdites 
.  ^.  ;_  î  fommes ,  amgnaux ,  gageries  ,  obligations  &  hypothèques  en  manière  ne 
pour  caufe  ou  occanon  que  ce  foie ,  &  en  ugne  de  pleine  &  entière 
quittance  de  c^  que  dit  eft ,  nous  avons  rendu  6c  délivré  k  niohclk  Sei* 
gneur  &  coufin  les  Lettres  obligatoires  que  nous  avions  de  luy  des 
lommes  deflufdites ,  comme  cancellëes  &  de  nul  effet  &  valeur,  &  avons 
promis  &  promettons  par  la  foy  &  ferment  de  noftre  corps ,  fur  noftre 
honneur  &  par  noftre  ferment  ^our  ce  donné  aux  faints  Evangiles  de 
Dieu ,  &  fous  expreflc  oblig^tipn  9c  hypothèque  de  tous  nos  biens  pre- 
fens  &  advenir  quelconques ,  lefdièes  quittance  >remiflton  &raioncia- 
tion  &'  tout  le  contenu  en  cefdites  prefentcs  avoir ,  tenir ,  garder ,  ente* 
..  .  riner  de  accomplir  ^  fans  jamais  pat  nolis  ne  par  autre  diredbement  ou  au^ 
trcment  faire  aucune  choie  au  contraire ,  &  icelles  faire  louer,  confentir 
Se  approuver  par  noftreditexompagne ,  &  bailler  à  mondit  Seigneur  8c 
couun  fes  Lettres  de  confcntement  -,  &  pour  ce  faire  nous  fonunes  foub* 
mis  Se  foubmettonsau?^  jurifdiâions  ,  cohertions&  contraintes  de  noftre 
(oint  Pcre  le  Pape  &  de  toutes  autres  Cours  ,  tant  d*Ëg|îfe  comme  fecu-* 
lieres,  par  lefquelles  &:  chacune  d'elles  nous  voulons  eftre  conftraints^ 
cômpellez  jufqucs  à  plein  accompliflèment  du  contenu  en  cefdkes  pre-' 
fentes,la  cohertion  de  INiine  des  Cours  non  cédant  pour  l'autre ,  Se  avonS' 
renoncé  &  renonçons  expreflement  à  tous  droits ,  exceptions  &  deffen- 
fes ,  à  toutes  recidons ,  difpenfation  de  ferments  Se  autres  chofes  quel^ 
conques  ,  par  lefquelles  on  voudroit  ou  pourroit  venir  au  contraire  des> 
cho(es  deuufdite^  faites  Se  ipaflëes  en  la  prefence  de  Maiftre  Firmin  du 
Crocq ,  Preftre  Bachelier  en  Décret ,  &  Notaire  Apoftolique  ,  lefquelles 
nous  avons  figné  de  noftre  main  l  fait  fceller  de  noftre  fcel  avec  le  feing 
manuel  de  noftre  Secrétaire  cy-deftbubs  nommé,  Donné  i  Boulogne  le 
dernier  jour  de  Mars ,  l'an  de  grâce  mil  quatre  cens  foixante-cinq  avant 
Pafques.  AinCi Jignéjoubs  /</;/oy ,  Jehan.  Et  encore  eftoit  efcript  foubs* 
ledit  plo^  ce  ques^enfuit  les  an'âc  jour  deflufdits,  Se  du  Piontifiement  do 
noftre  fauit  ^  Père  en  Dieu  Paul  iêcond  de  ce  nom ,  Tan  fbcond  y  haut  8ç 
puiflàîit-Pfihee  Monfeignièur  Jehan  ,  Comte  de  Nevets,  de  Rethel  & 
d'Eftamfpes,  nommé  %h  ce^  prefentes  Lettres  a  fait ,  loué  Se  paffè  icelles 
&  tout  Icur'cônteilu ,  &  a  recognu  y  avoir  mis  Se  efcript  fon  feing  ma- 
nuel ,  &  fait  appofer  fon  ficel  armoyé  de  Ces  armes ,  en  la  prefence  4b 
moy  Firmin  du  Crocq,  Preftre  Bachelière»  Décret,  Notaire  Apoftolique' 
&en  (i^edece,  j^tnt  fuis  fil  fer  ipt  avec  mon  feifig  duquel  je  u(e  de 
mon  office  >  &Jtgné'¥^KMiH  dv  Crocq.  Et  fur  ledit  ploy  eftoit  efcript. 
Par  Moiifeigrtéûe  lô^Cottite.  EtJigneBEKTHAXJir.  EtficUé  d^Mnfidcn 
dn  rougt  y  ptri4^fït  tndoHUc(3ueu€n  ^ 

LXXXVI*****, 

||7  Ltêmêu  feu^ttidli  Comte  dt  CharùUÀS  au  Cùmu  dé  MtvtrsZ 

.  >  ■    1  j    >         .       ■  •  •  .  *      ' 

Tiré  des  ^T  ^'^  ^  Châries  de^Bourgogne ,  Comte  de  Charotois ,  Seigneur  de* 
Kçcaeilsdc  J-N  dihafteaubeUn  Se  de-  BerkuTie  ;  accordons  Se  promettons  de  bomie 
M*  lAbbé   foy  6c  en  j^aroUc  de  Prince  au  Comte  de  Ncvets  npftre  coufin ,  que  ea 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  593 

tendant  tç  mettant  dès-  maintenant  en  nos  mains  &  obéyflance  la  yille  — 

&  Chaftel  de Peronne ,  pout  en  faire  noftre  bon  plaifir ,  Se  en  feïendant      *4 »  »• 
noftre  prifonnier  audit  Chaftel  de  Peronne ,  moyennant  que  touchant  la 
querelle  >  qu'il  fe  dit  avoir  fur  le  pavs  de  Brabant ,  touchant  les  Terres  de 
Hollande  que  tient  le  Comte  d'OiCrevant  noftre  coufin  ,  èfquellès  il  te 
^it  avoir  droit  après  le  décès  de  nofttedit  coufin  d'Oftrevant ,  &  tou* 
•chant  lel  Comté  d'Auxerre ,  il  fé  foubmettra  &  demourera  entièrement 
Se  fans  condition  à  noftre  volonté  &  Ordonnance  ^  nous  ne  le  traite- 
rons ne  ferons  ou  fouffrirons  maltraiter,  ne  ne  ferons  ou  fouffrirons  faire 
•deplaifir  ou  dommage  en  fa  perfonne  ne  à  fes  biens  ,  en  le  mettant  ou 
-foutfrant  mettre  à  tinance  &  rançon,ne  en  le  tenant  comme  prifonnier 
àe  guerre  *  en  tefmoin  de  vérité  nous  avons  figné  cette  Cedule  de  noftre 
4nain  ,  le  vingtrtroifiefme  jour  de  Septembre  14^5*  Etjigné  Charles. 

L  X  XX  VIL 

jé3e  de  ia  produSion  faiu  au  Parkmtnt  dt  Paris  des  Originaux  de  quatre      *^ité  de 

Lettres  données  en  146 S.  par  Jean  Comte  de  Nevers  ,  &de  la  demande  TEdition 

faite  par  la  Comt^edt  Nevers ,  que  Icsfctauxdc  ces  Lemes  fiaient  ou-  j^^'  *^' 
verts, pour  en  vérifier  lafaujfeté.  ^^' 

|o.  Deœmbte  bc  5.  Taavkr  15C&.  6c  %6  Mars  15 1|.  avant Pafques. 

LE  penultiefme  jour  de  Décembre ,  l'an  ouinze  cens  douze  ,  ma  très* 
redoubtée  Dame  Madame  rArchiducheflè  d'Auft riche  >  Duchcftè  6c 
Comtcflè  de  Bourgogne  ,  Douaricre  de  Savoye ,  avertie  par  Lettres  de  *    *  Maigoo* 
I^aiftre  Jehan  Bochart ,  (  i  )  Confeiller  de  Monfieur  à  Paris  >  efcriptes  le  rite  d'Aatri- 
vingt-quatriefme  jour  dudit  mois  »  que  par  appointenient  rendu  en  la  chc  «fille de 


tttnc ,  forclos  &  fans  plus  y  retourner ,  à  peine  de  l'amende ,  pour  éviter 
à  icelle  forconclu/ion  »  a  par  Tadvis  à^s  Gens  du  Prince  &  grand  Con^ 
faux  eftans  lez  expreflèment  ordonné  audit  Maiftre  Philippe  Haneton  » 
Audiencier  &  Garde  des  Chartres  de  Flandres ,  délivrera  Maiftre  Jehan 
Jongler ,  Confeiller  &  Maiftre  des  Requeftes ,  &c.  les  cinq  Lettres 
origmalles  defliis  mentionnées ,  cequ  il  arait  Dour  les  porter  &  délivrer 
i  Arras  à  Maiftre  Jehan  Caulier  (  2  ;  auquel  m  mande  tirer  à  diligence 
avec  icelles  Lettres  â  Paris  ,  pour  faire  collationer  les  copies  d*icelles  par 
les  Commiflaires  i  ce  ordonnez ,  &  produire  lefdites  copies  audit  procès 
de  Nevers ,  &c  ce  fait  rapporter  lefdites  Lettres  originalles  pardeça  &  les 

rendte 


feiil 


f  )  Il  étoit  fils  de  Jean  Bochart  »  Con- 
ter au  Parlemenc  de  Paris  en  1490.  & 
^  Jacqueline  de  Hacqueville  ,  fiUe  de 
Haoïil ,  aofll  Confeiller  aa  Parlement ,  & 
de  Hekne  Henneaoln  %  d'eux  defcendenc 
Mr$.  Bochan  de  Coampigny  »  de  Nproy , 

ToiMiI.  Ffff 


de  Sarron ,  8cc. 

(%)  Il  y  a  plafienrs  de  fès  lettres  au 
fujec  de  ce  procès  de  Nevers  &  autres  » 
dans  le  Recueil  des  Lettres  du  Roy  Louis 
XII.  pul>liées  par  M.  Jean  Godefi:oy|in-ii* 
Bruxelles  1711 ,  4.  Volumes. 


Î94  PREUVES  DES  MEMOIRES 

^^      rendre  aadic  Garde  des  Chartres  pour  les  remettre  où  il  adptrtiendra  r 
^     '     fait  à  Malines  les  jour  &  an  delGifoits.  Signé  Mar.gu£&itk  >  avec  paia>- 
phes  icitatfiy  Jonglet  »  aufllavec  paraphe. 

JVl  A I S  T  R  £  Jehan  Jon^et  dénommé  en  TOrdonnance  cy-derant  ef^ 
cripte  >  fatisfaifant  à  iceile  Ordonnance ,  a  délivré  les  cinq  Letttes  infé- 
rées &  mentionnées  en  ce  quayer  le  troifiefme  jour  de  Janvier  audit  aa 
quinze  cens  douze  es  mains  de  Maiftre  Jehan  Caulicr ,  lequel  a  confeflè 
éc  affermé  les  avoir  reçues  &  icelles  portées  à  Paris,  pour  en  £ùre  la  pro- 
duâion,  ainfi  que  par  madite  Dame  luy  a  efté  ordonné  »  &  luy  venu  audit 
Paris, après  avou:  délivré  lefdites  cinq  Lettres  au  Greffe  de  la  Cour  dePar- 
lement  illec ,  pour  faire  coUationer  les  Copies  d'icelles   par  le  Grefliei: 
de  ladite  Cour ,  &  en  faire  la  produûion  (elon  l'appointement  d'icelle  > 
Maiftre  Euftache  Bonete  Procureur  de  Madame  de  Nevers  &  de  tes  en« 
fans  3  comparant  audit  Greffe ,  a  dit  &  prôpcffé  au  nom  d*icelleDame,enr 
la  Qualité  qu  elle  procède ,  que  les  quatre  defdites  cinq  Lettres ,  aflàvoir 
celles  de  Jehan  Oxnte  de  Nevers  eftoient  fauflès,  difant  les  caa(èsdela 
faudèté  eftre  efcriptes  fous  les  fceaux  d'icelles  Lettres ,  requérant  iceux 
fceaux eftre  levez  >  &  ^e  faifant  à  cette  fin  infcrire.  A  quoypar  ledit  Maif- 
tre Jehan  Caulier  &  Maiftre  Jehan  Bochart ,  &  Jelum  Deichamps ,  Con-- 
feillers  &  Procureurs  de  Monfieur ,  fut  foutenu  &  debatu  au  contraire 
par  plufieurs  raifons ,  lefquelles  nonobftant  ladite  Cour  par  Arreft ,  a  dit 
&  ordonné  que  lefdites  quatre  Lettres  démoureront  devers  la  Cour  ,  Se 
fur  la  requefte  baillée  à  la  Cour  le  dix-neuviefme  jour  de  Février  audit 
an  qubze  cens  douze ,  par  lefdits  Maiftre  Jehan  Bochart ,  &  Jehan  Def- 
champs ,  afin  que  pour  la  defcharge  d^eux  &  dudit  Maiftre  Jehan  Caulier». 
les  copies  defdites  quatre  Lettres  par  eux  mifes  &  exhibées  devers  ladite 
Cour  leur  fuflènt  baillées ,  (îenées  par  le  Greffier  d'icelle  Cour ,  en  tef- 
moignant  icelles  avoir  efté  miles  au  Greffe,  faines  &  entières  d'efcripture», 
feing  &  fcel ,  &  que  les  orkinaux  ont  efté  arreftez ,  parce  que  de  la  part 
de  ladite  Dame  de  Nevers  us  ont  efté  maintenus  faux.  Dit  a  efté  que  les; 
copies  de(dites  quatre  Lettres  feront  baillées  aufdits  demandeurs  ngnées; 
du  Gre£Ber  de  ladite  Cour ,  &  certification  aue  lefdites  Lettres  font  de- 
meurées arreftées  au  Greffe  d'icelle  Cour,à  la  requefte  de  ladite  Dame  de 
Nevers ,  ainfi  qu'il  appert  plus  à  plein  par  l'appointement  mis  fur  cha- 
cune defdites    copies  fignée  du  Greffier  de  ladite  Cour  ,  lefquelles^ 
quatre  cojùes  ainfi  appointées  &  fignées  dudit  Greffier  ont  efté  rendues: 
audit  Maiftre  Jehan  Caulier  y  lequel  les  a  rapportées  &  délivrées  à  m^ 
dite  Dame,  en  la  prefence  de  Meffieurs  de  Nafibu ,  de  Chievres ,  de 
Berghes,  De  la  Roche ,  Chef  &  Prefident ,  &  autres  du  Privé  Confeil , 
eftans  lez  elle  avec  la  Lettre  originaUe  de  Monfteur  le  Duc  Philippe  de 
Bourgogne ,  en  date  de  l'onziefme  jour  de  Juillet ,  l'an  mil  quatre  cens 
quarante  fix ,  qui  eft  la  pFemiere  des  cinq  Lettres  inférées  en  cedit  quayer,. 
ic  dont  là  copie  a   efté  coltarionée  &  reçue  pour  {Mxxluite  en  ladite 
Cour  de  Parlement  fans  difficulté ,  &  icdle  Lettre  orîginalle  enfemble 
}es  quatre  copies  defiùfdites^  ont  efté  rendues  par  madite  Dame  audit 
Audiencier,  pour  les  mettre  en  ladite  Treforie  des  Chartres  de  Flandrei 
avec  ce  prêfent  quayer  ^  pour  le  tour  y  eftre  gardé  à  la  feureté  &  def- 

.  >  charge: 


DE  PHÏL.  DE  COMINES.  595  ^^__^ 

diarge  de  ducoo.  Fait  i  Maliaes  le  t€*,  \oat  de  Mars,  l'an  quinze  cens  ^77^ 

tieize  avant  PaTques.  Sigiu  Mailooshiti  ,  avec  paraphe  ,  &  plus  bas  »  *^°o. 
Par  Ordonnance  de  madite  Dame.  Sigaé  M  A  9.  n  1  x  ^  avec  paraphe, 

.  Le  Roy  n  avtrit  fts  aRcmln  te  coaraKcmcnt  Aa  Comte  de  Nercn  pour  fidcc  livrer  aa 
Comte  de  Chaiolois  les  Villes  d'Amiens  ,  d'Abbevîlle ,  de  Pcronuc  ,  Sr.  Quciuin  &  au- 
ues  ;  cela  s'efloic  cxccucé  pendanc  le  mois  if  Oâobrc  mil  quatre  cens  roiiante-cinq  :  le 
Comte  de  Charoloii  en  avoir  mefme  tendu  hocunage  au  Roy  le  crence-un  de  ce  mois, 
trafique  le  Duc  de  Bourgogne  avoti&ttdci  autres  Tc[TCS,qD'iI  teiioic  dcbCoaronae 
J£s  l'aaaie  mil  qoatic  cens  ToixaiKe-BB  ,  comme  Ton  peut  Toii. 

L  X  X  X  V  I  I  I. 

$7  Lettres  de  darlts  de  France  Dttc  de  Normandie  >  qiû  canfiru  aux 
alliances  que  doitfaire le I}ue  de  Bretagne,  du  J.  Juillet  i^6G, 

C  H  ARLES,  fils&  frère  de  R.o]rsdeFratice,DucdeNorniandie;Atous      t^^  j^t 
ceuxquicesprcrcntesLettresvecrontaSalut  CommcpouipiererverSc  Recneïlsds 
mettre  en  leuteié  noftre  perTanne  (}ue  fecEtons  en  danger  à  caufe  des  dif-  Ml  VkVôi 
ferens&  diviiîonsjqui  l'année  dcinwcepallce  ont  eu  coursen  ce  Royaume»  LeGiand. 
nous  ayons  cotdiallement  &  tràs-iiiflamment  requis  noftte  tiés-cher  Qc 
très-amé  couHn  te  Duc  de  Bretagne  nous. recueillit  &  iccevoit  en  Tes  pays 
&  Seigneuries  *  Se  nous  y  maintenir  feulement  par  aucun  temps  &  juC- 
qu'à  ce  que  les  Traité  ^  appointcment,qui  ont  cft  ouverts ,  &  pour- 
parlers eullènt  pris  bonne  an  &  conçlufîon ,  laquelle  chofe  noltredit, 
couHn  aie  libetallemeni  fait  en  poftte  faveur ,  &  aullî  pour  le  bien  de 
Monfcigneur  Sc  de  tout  fon  Royaume  j  &  à  cette  caufe  noftrcdit  couiîn 
e(l  advetti  âc  bien  acertené  >  que  pour  l'occalîon  ddlufdits  :  c'eflà  fça- 
Toii ,  de  nous  avoir  redraint ,  îoutenus  &  favorifez  en  fondit  pays,  poux 
fcuretcde  noftre  petfonne  feulement,  comme  dit  eftiplulîcurschofes 
gnt  efté  dites  >  faites  &  pour-pailer ,.  par  lefquelles  il  a  eu  vrayes  con- 
ieâures  ^prefomptioDS  apparentes  >&  comme  notoire  qu'on  vouloir 
cmrqpreiiatc&  faite  guerre  a  luy  Sc  à  fefdit! 
Boit ,  que  Dieu  ne  veuille  nous  feç outir ,  c 
derions  voir  advenir  ,  &  nous  ayt  noftredit' 
prefcrvct  dudit  inconvénient ,  il  luy  eft  befo 
&  confédération  À  pludeuts  Roys  &  Princq 
aider  fe  befoin  en  cftoît  t  comme  le  Rot  d'EJ 
colTe  ,  de  Portugal  &  autres  ,  &  memiemt 
qui  eft  pui{Iânt,&  le  prcft  &  ailîbic  i  faire  i 
ledit  fecoura  prompiemenc  i  nais  il  ne  le  v( 
avoir  reproche  ne  blâme  au  temps  advci 

conlidere  ce  que  dit  eft ,  &  que  noftredit  couiîn  a  grande  &  jufte 
caufe  de  prendre  lefdites  alliances  avec  lefdits  Princes ,  Se  mefme 
avec  ledit  Roy  d'Angleterre,  pour  preferver  tuy  ,  fefdits  pays  &  princi- 
palement noftre  pecfonne  ,  que  fommes  i  prefent  en  iceluy ,  nous  avons 
efté  Se  fommes  de  fcntimens  &  advis  ,  que  noftredit  cou^n  pour  Ici 
raifons  deftufdites,  ce  peut ,  Se.  doit  licitement  faite ,  &  avons  promis  Sç 
promenons  d  noftredit  couHn  ,  que  en  quelque  lieu ,  eftat ,  condition  ou 
auihonté  que  jaoïais  ooui  puiÔîons  trouver ,  nous  ne  luy  en  ferons  ne 
Ffff  a  foufimons 


j9tf  PREUVES  DES  MEMOIRES 

^  ^      fouffriron.^  faire  aucune  reproche ,  ainçois  avons  &  tiendrons  'lefilited 

^  alliances  Avec  ledit  Roy  d'Angleterre  licitement  Ôc  ijufte  caufe  faire  >  6c 

pour  le  bien  de  nous-merme,  fans  que  jamais  on  luf  en  peuft  ores  ne 

pour  le  temps  advenir ,  rien  reprocner  contre  fon  honneur  ,  ne  contre 

Famitié ,  alliance  &  obligations  qu'il  a  à  caufe  de  là  proximité  de  lignage» 

&  autrement  à  mondit  Seigneur ,  à  nous  &  au  Royaume  *,  en  teûnoin  dcr 

ce  ,  nous  avons  figné  ces  prefentes  de  noftre  main  ,  &  fait  {celler  de 

noftre  fceL  Donné  à  Vannes,  le  troifieTme  jour  du  mois  de  Juillet  ^^ 

K  Van  de  grâce  mil  quatre  censfoixante-iuuEt  zinH^gnéxCuAKhES^Èe  plusi 

bas.  Par  Monfeigneur ,,  Duc  de  Normandie.  ^Âinfi^^m,  Merlin.  Lc--^ 

dit  aScfcellé  d'un  Saau  de  cire  vermeille  ,  furutu  bande  de  parchemin^ 

L  X  X  X  I  X. 

fÇ7  Abolition  pour  Louis  de  Har court  y  Patriarche  de  Jerufàlenr. 

LO  Y  S  par  la  grâce  de  Die»  yKoy  de  France:  Sçavoir  faifons  à  tous, 
prefèns  &  advenir  y  que  à  la  requefte  &  prière  de  noftre  très-cher  âr 
M^*AbW^  trèsramé  neveu  le  Duc  de  Bretagne,  nous  de  grâce  efpeçiale ,  pleine  puif- 
le  Grand.  ^"^^  ^  authorité  Royale»nvons  donné  &  donnons- par  ces  preientes  abo* 
ktion  generalle  à  Louis  de  Harcouct ,  Patriarche  de  Jerufalem  &  Evef- 
que  de  Bayeux  ,  de  toute  la  Êuite&  ofifenfê  qu'il  peut  avoir  faite  6c 
commife  envers  nous  ,  tant  pour  avoir  £brvi  &  ac<i^ompagaé  noftre  trèsT* 
cher  &  très-amé  frerc  Charles ,  &  les  Seigneurs  &  leu»  adhérant ,  que 
pour  quelconques  autres  chofes  qu'il  pourroic  avoir  fait  à  Tencontre  de 
nous&  noftre  ^Seigneurie  de  tout  le  temps  pa(£&  ju^ues  â  prefent ,  fans 
ce  que  aucune  chofe  luy  en  puiÛe  eftre  imputée  ou  demandée  en  quelque 
manierequece  foit>  eresne  pour  le  temps- advenir  »  6c  voulons  qu'ilr 
jouifle  d'orefnavant  de  tous  (e&  bénéfices  &  de  la  temporalité  d'iceux  y 
ainfi  qu'ils  faifoit  par  cy-devant ,  nonobftant  quelconques  dons- que  en* 
avons  ou  pourrions  avoir  faits  le  temps  paflfé ,  pourveu  que  ledit  Patriar-n 
cnefera  tenu  de  faire  le  plutoft  que  fairefe  pourra  flsrment  es  mains  d'i-^ 
celuy  qui  fera  i  ce  commis  par  nous,d'eftre  d'orefnavant  bon  &  loyale 
envers.nous ,  &  denous  fervir  envers  tous ,  &  contre  tous  ceux  qui  peu- 
'vent  vivre  &  mourir,  fans  nul  en  excepter,  &  de  renoncer  à^tou$.autresf 
ièrmens ,  qu'il  pourroir  par  cy-devant  avoir  faits ,  foit  â  noftrcdit  frère 
,  Charles  ou  autres  quekonques^  defdits  Seigneurs ,  &  aufll  fera  tenu  de 
•1  f  ^^**  s*en  aller  à  Rome,  &  *  rentrer  en  noftre  Rc^aume ,  fans  nos  congé  6c  11-» 
S^c  ^n$  ^^^^^^  ^y  donnons  en  Mandement  par  ces  mefmes  ^efenres  au  Bailly  de 
untfir.  Rouen ,  Gifors  ,  Caux ,  Caen ,  Evreux  &  Couftentm ,  &  à  tous  nos  au-^ 
très  Jufticiers  ,  Ofticiers^,  ou  leurs  Lieutenans ,  &  à  chacun  d'eux ,  fy- 
comme  à  luy  appartiendra  que  de  noftre  prefente  grâce,  parddn,  aboli*- 
tion  faftènt' ,  fouifrent  &lai(Iènt  ledit  Patriarche Evefque  de  Bayeux/ 
jouir  6c  ufer  pleinement  &  paifiblemenr,  fans  luy  faire  mettre  ou  donner 
ne  fouffrir  eftre  fait ,  mis  ou  donné  pareillement  i.fes  gens  &  ferviteurs 
aucun ,  Arr^  deftourbier  ou  empekhement  au  contraire ,  mais-  fe  fon* 
corps  &  fefdits  bénéfices ,  &  pareillement  fbrdits  ferviteurs  &  aucucv 
d'eux ,  font  ou  eftoient  pour  ce  pris  ,  faifis ,  arreftez  ou  aucunement  em« 
pefchez,  il  les  mettent  ou  faftènt  mettre  tantoft  &  fans  delay  à  pleine  de-^ 

liyjance 


DE  PHIL.  DE  COMINESr    ^         <07 

lîvrance  >  &afiQ  que  ce  foie  chofe  ferme  Se  ftable  à  tous  jours,  nous  avons  'JTT^ 
fak  mettre  nc^e  fcel  à  cefidstes  prefentes  >.  ùaïf  en  autres  chofes  nof-  - 
tre  droit  &  Tautruy  en  toutes.  Domié  à  Montargis  au  mois  de  Juillet , 
Tan  de  grâce  mil  quatre  cens  foixante-fix  ,  &  de  noftre  règne  le  fixiefme. 
Par  leRoy ,  Monfeigneur  le  Duc  de  Bourbon^ ,  l'Everq^ue  d'Evreux ,  les 
Sires  de  Cruflbl  &  de  la  Foreft  »  Maiftre  Robert  Biote  >  Se  autres 
mckns. Signé L.  Cousxain, 

PUus  conctmatit  Efpinal.  C  x  J     • 

IO  Y  S,  par  la  grâce  de  Dieu,  Roy  de  Francç  \  A  tous  ceux  qui  ces      Tiré  de 
^prefentes  Lettres  verront ,  Salut  :  Sçavoir  faifons^  que  pour  aucunes  r£<Hcion 
caufes  Sç  confiderations  à  ce  nous  mouvans  ^  nous  avons  quitté  &  àt(->  1^^*  ^^ 
chargé ,.  quittons  Se  defchareeons  les  Bourgeois ,  Manans  Se  habitans  de  ^^^^7* 
la  Vuk  d'Erpinal  des  foy  &  ferment  qu'il  ont  Se  avoient  à  nous ,  &  leur 
avons  donné  &  donnons  congé  &  licence  de  prendre  &  choifir  tel  autre 
party  Se  Seigneur  que  bon  leur  (emblera ,  pour  les  fupçorter  Se  fouftenir, 
&  défendre  en  leurs  biens ,  franchifes  &  hbertez  au  oien  Se  utilité  d'eux 
Se  de  leurdite  Ville ,  £ms  ce  que  ores ,  ne  pour  le  temps  advenir  leur  en 
puiilions  demander  aucune  chofe ,  ne  donner  aucune  reproche  en  quel* 
que  manière  que  ce  foit.  Si;  donnons  en  mandement  à  nos  amez.  Se  féaux. 
les  Gens  de  aosComptes ,  qu'ils  rendenc  Se  reftituent  aufdits  d'Efpinal 
les  Lettres  qu'ils  en  ont  autresfois  fur  ce  baillées  ^Car  tel  e(t  noftre  plai- 
fit.  Én.tefmoin  de  ce ,  nous  avons  fait  mettre  noftre Scel  icesprefçntes».' 
.  Donné  à  Montargis ,  le  fixiefme  jour  d'Aouft ,  Tan  de  grâce  mil  quatre 
cens  foixante  fix  ,  &  de  noftre  Règne  le  fiiû^me.  Sur  le  reply  eft  eicript^ 
Par  le  Roy,  les  Sires  de  Craon  ,  de  la  Forelt ,  &  autres  prefens.  Signé  ^ 
L£  Roux  avec  paraphe.  Etfullé  d^ un  grand  Sceau  m  cin laune  y  ptn>-- 
dmnt  m  quifu  de  partlujmn^  \  ^  \ 

René  IL  Duc  de  Lorraine  y  par  fts  Lettres  données  au  Ckafielet  dé 
Louppy  ,  tan  mil  cinq  cens  ,  le  dix-neuviefme  Novembre  ,  fait  la  foy  & 
hommage  pour  la  FoOerie  d^ Efpinal ,  à  fon  oncle  Henry  dc^  Lorraine  , 
Evcfque  de  Met{.  Foicy  les  Lettres  au  long,  (  i  ) 

RE  N  £'  par  la:gracc^deDicu,Roy  de  Jerufalem,  de  Sicile,  &c;  Duc  la  même 
de  Lorraine  &  de  Bar ,  &c.  Marchis  ,  Marquis  du  Pont ,  Comte  de>  Edôion^^ 
Provence ,  de  Vaudemont  &  d'Aumale ,  &c.  A  tous  ceux  qui  ces  pre- 
ibntes  Lettres  verront ,.  Sakit  :  Sçavoir  faifons  y  conmiepar  venu  de  cer- 
tain contrat  Se  tranfporrautresfois  fait  à  feue  noftxe  trés-chere  Dame  &: 
mère  la  Reyne  de  Sicile  >x}tte  Dieu  abfolve ,  par  Nk  De  Ville ,  jadis  Vbu- 
icflè  d'Efpinal ,  veuve  de  Jean  d'Anglure,  pour  elle  Se  fes  hoirs  de  la- 
dite Vouerie  d'Efpinal,  enfemblede toutes  fes  appartenances ,  comme- 

vraye 
(  I  )  i^ù.  W6.  *Aouft.  Ceux  dïfpî-  I      (  »)  La  Voucrîc  a'Efpinal  cft  tcnacà- 
sal  reconaolfTcat  le  Duc  de  Lorraine  pour  1  foy  &  hommage  de  r£vefdhé  de  Mecz  ,- 
leur  Seigneur.  Ec  le  Roy  Loai$  XI,  leur  l  Tan  1500.  Et  depuis  ce  temps ,  Efpinal  eft^ 
dbxme  congé  de  ce  faire.  ■  toujours  rcfté  au  Ducde  Lorraine. 

Efff  i. 


J98  PREUVES  DES  MEMOIRES 

1 466^   ^^^7^  heriticrc  de  ladite  Voucric,  foir  icclle  Voiierie  apr^  le  tre/pas  de 
^  noKredire  Dame  6c  mère ,  à  nous  ,  comme  Ton  feol  bâttîer  obvenuë.  £c 

pource  que  ladite  Vouerie  &  (es-  appartenances  font  des  anciens  Fiefs  de 
rEvefche  de  Metz,  i  noftre  tnftance ,  prière^  &reqaeftie  ait  Révérend 
Père  en  Dieu  >  noftre  très-cher  oncle  Meffire  Henry  de  Lorraine ,  £ve(qac 
de  Metz  >  comme  Seigneur  féodal  de  ladite  Voiierie  à,  ce  donné  fon  con- 
fentement  &  agtéation ,  comme  par  Tes  Lettres  Patentes  à  nous  fur  ce 
données  peut  apparoir.  De  ce  eft-u ,  que  pour  nous  mettre  en  devoir  & 
acquit  envers  noftredit  oncle  6c  Ton  EgUfei  avons  repris  en  fiefs  &  hom- 
magcf  de  luy^idite  Voiierie  avec  (es  appartenances ,  luy  preftant  foy  6c 
loyauté ,  d'en  faire  ou  ^re  faire  les  (etvices ,  devoirs  &  obéyfllânces  en* 
vers  luy  &  fonEvefché ,  tels  qu'audit  fief  appartiennent.  Pareillement  (c* 
ront  tenus  nos  hoirs  de  faire  ou  faire  faire  par  Procureur  les  repri(es  » 
toutesfois  que  le  cas  lereauerra  envers  noftredit  oncle  y  6c  Ces  fucceflèurs 
Evefoues  de  Metz ,  fans  difficulté  aucune.  En  tefmoin  de  ce ,  tu>us  avons 
à  cefdites  prefentes ,  fignées  de  noftre  main,  fait  appendre  noftre  Scel. 
Donné  en  noftre  Chaftel  de  Luppy  ,  le  dix-neuviefme  jour  de  Novembre» 
l'an  mil  cinq  cens.  Signe  foubs  le  reply  >  RenL  Et  fur  ledit  reply ,  Par  le 
Roy  de  Sicile ,  6cc.  Les  Prefidenc  clés  Comtes  de  Lorraine ,  Procureur 
General  dudit  Duché ,  Lieutenant  de  Bailly  de  Bar  prefens.  Signé Bovdet. 
'ExicoAéi  Regi^rata  G ALLAKT  y pro  Chasteau-neuf.  Et  fctlUcs  d'un 
grand  fccl  de  cire  rougi  pendant  en  queue  de  parchernin. 

Le  Bailly  d'Efpinal,  &  les  quatre  Gouverneurs  ont  Laconnoiflkncc^ei 
caufes  d'appel ,  6c  leurs  Jugemens  ont  même  effet  que  les  Arrefts. 

Par  Lettres  du  Roy  Charles  VIL  de  l'an  mil  quatre  cens  quarante-quatre 
le  onze  Septembre ,  données^judit  lieu  d'Efpinal ,  il  y  eft  ordonne  qu'il 
y  aura  un  Bailly  qui  aura  la  cognoiflânce  des  caufes  d'appel  des  Prevofts» 
&  autres  Officiers  de  Juftice. 
i44<^'  Et  par  autres  Lettres,  aux  Montis-lès-Tours ,  l'an  mil  quatre  cent 

quarante-fix ,  au  mois  de  Mars ,  il  eftablit  un  Bailly  6c  quatre  Gouver- 
neurs à  Efpinal ,  pour  y  co^noiftre  de  tous  Appeaux  interjettez  de  l'Ëf- 
chevin  d'Efpinal ,  fans  qu'il  en  puifle  eftre  appelle  pardevant  autres  Ju- 
ges en  aucune  manière. 
J448.  ^^  autres  Lettres  données  auflî  auxMontis-lès-Toursl'an  mil  quatre  cens 
quarante-huit ,  te  vingt-quatre  Mars ,  il  mande  au  Parlement  de  Paris , 
qu'il  n*ait  à  prendre  cognoiflànce  des  appellations^  que  Ton  voudroit  in« 
terjetter  défaits  Bailly  &  Gouverneur. 

Lettres  de  Nicolas,  Marquis  du  Pont,  Lieutenant  de  fon  Pete,  Jean 
Pue  de  Cdabce  6c  de  Lorraine,  audit  Duché  6c  pavs  de  Lorraine  :  Qui 
contiennent  les  Privilèges  &  Franchifes  de  ceux  d  Efpinal.  A  Efpimd  » 
%\U.  fan  mil  quatre  cens  foixante-fix  le  vingt-un  Juillet.  Confirmées  par  Char-^ 
les  IL  Duc  de  Lorraine.  A  Nancy ,  l'an  mil  cinq  cens  nonante-neuf ,  le 
vingt-cinq  Janvier. 

îttm.  Que  par  deflîis  lefdits  Prevoft  ,  &  autres  Officiers  de  Juftice ,  y 
aura  un  Bailly  de  par  mondit  Seigneur  y  lequel  avec  les  quatre  Gouver- 
neurs ^ue  leidits  Habitans  ont  accoùfhimé  faire  &  renouveller  chacun, 
an  audit  lieu,  auront  la  cognoiflance  des  caufes  d'Appel ,  &  des  Refïbrts 
jllçç  mputpçft^  vçntiÛcç$ ,  ^  en  jugçront  ^détermineront  félonies  couf- 

tûmes 


1444. 


m 


DE  PHIL.  DE  COMINES,  j5>, 

tomes ,  ufages ,  ftils  6c  obfervances  accoaftumées  audit  lieu  >  (ans  ce  op'ils 
foient tenus  de  reflbrtir  devant  aucuns  autres  Juges  ,  Seigneurs ,  ne  Bail-    '^^66. 
lis  dudit  Duché  de  Lorraine»  ne  d'autres  :  Mais  lortira  leur  Jugement  fou 
plein  effet  comme  par  Arreft  Se  Sentence  définitive. 

La  Ville  deçà  la  rivière  de  Mofelle  eft  appellée  Efpinal. 

Et  l'autre  partie  de  la  Mofelle  eft  appellée  RuamoiiL 

X  CL 

Pouvoir  dcLouisXLÀ  Jean  Duc  de  Calabre  {dont ^/auvent  fait  mention 

dans  Usfufdus  Manoires  )  dejefaifir  doua  perjonnc  de  fondit  frère  , 

l  an  mil  quatre  uns  foixante-Jïx  ,  le  huitkfme  Aoufi. 


TOUS  ceux  qui  ces  preientes  Lettres  verront  &  oiront  >  Salut  :  Tîré  iclTE- 


A 


Scel  du  Tabellion 

<iue  l'an  de  ^acenoftre  Seigneur  nul  quatre 

four  du  mois  de  Mars ,  nous  avons  vu,  tenu  exemple  &  lu  de  mot  en 

mot  une  Lettre  efcripte  en  parchemin  ,  icellée  en  double  queue  du  Scel 

du  Roy  noftre  Sire  en  cire  jaune  y  faine  en  fcel ,  &  en  efcriture  i  (ans 

aucun  vice  ou  fufpicion  quelconques ,  defquelles  la  teneur  s'enfuit» 

1^  O  Y  S  par  la  grâce  de  Dieu ,  Roy  d&  France  :  A  tous  ceux  qui  ces  prer 
(entes  Lettres  verront ,  Salut  :  Sçavoir  iaifons  »  que  nous  envoyons  pre* 
lentement  noftre  très-cher  &  tnès-amé  coufin  Jean  Duc  de  Calabre  & 
de  Lorraine»  devers  noftre  très-cher  &  très-amé  neveu  &  coufin  le  Duc 
de  Bretagne ,  pour  traiter  Se  accorder  les  differens d'entre  nous»  &c  noftre 
beaufrere  Charles*  Et  avons  donné  Se  donnons  puillànce  à  noftredit  cou* 
fin  de  Calabrefde  mettre  &  faire  venir  en  fes  mains  noftro£c  frereCharles, 
&  luy  promettre  de  le  tenir  en  feureté  ^  &  de  luy  aco^der  la  fomme  de 
deniers  qu'il  verra  eftre  à  faire  pour  fa  provifion  de  vivre  :  Et  les  chofes 
qu'il  promettra  Se  accordera  à  noftredit  beaufrere ,  pour  &  au  nom  de 
nous ,  &  après  par  nous  vérifiées  :  Nous  confentons  qu'il  les  puiflè  en- 
tretenir de  point  en  point  félon  la  charge  que  luy  avons  fur  ce  baillée  ^ 
nonobftant  la  promeilè  Se  fcellé  que  noftredit  coufin  nous  a  baillé  de 
nous  fervir  à  Tencontre  de  noftredit  beaufrere.  En  tefnK>in  de  ce ,  nous 
avons  fait  mettre  noftre  fcel  i  cesprefentes.  Donné  à  Montargis  le  hui- 
riefme  jour  d'Aouft  ,  l'an  de  erace  mil  quatre  cens  fbixante^fix ,  &  de 
noftre  Règne  le  (Txiefme.  Ainnjigné  >  Lours.  Et  fur  le  ply  defdites  Let«* 
très ,  Par  Te  Roy,  les  Sires  des  Qaon,  de  la  Foreft  ,  &  autres  prefens» 
LE  Roux.  En  tefnnoinde  ta  vifion  defdites  Lettres  Se  approbation  d^i* 
celles ,  nous  Tabellions  Jurex  ^  Gardes  du  fcel  devant  nommer ,  avons 
mis  &  appendu  à  ces  prefentes  Lettres  de  Vidimus ,  le  fcel  dudit  Tabel  • 
Uonage ,  avec  nos  (eings  manuels  icy  mis.  Qui  furent  faites  Tan  Se  jour 
devant  efcripts.  Simi  fous  le  reply  R.  de  Nouroy  ,  Garik  &  GariK'» 
avec  paraphes.^  EtfcelUes  d'unfcelencire  rouge  y  pendant  en  fueue  depar^ 
chemin^ 

xcii; 


tfoo  PREUVES  DES  MEMOIRES 

***^^'  XCIL 

97  jibolition  pour  k  Duc  de  Bourbon  ,  &  pour  ftsfub jus  &  vaffaux. 

Recueils  il  T  P  Y  S  par  la  grâce  de  Dieu  ,  Roy  de  France  :  Sçavoir  fàifons  à  tous 
M.  l'Abbé  JL/  pfefens  &  advenir ,  que  comme  i  larupplicarion  Se  humble  requefte 
Le  Grand  de  noftre  très-cher  Se  très-amé  frère  &  counn  le  Duc  de  Bourbonnois  Se 
d'Auvergne  »  nous  ayons  autresfois  quitté ,  remis  Se  pardonné  à  tous  Tes 
Officiers ,  honunes  ,  vaflàux  ,  fubjets  &  autres  »  qui  ont  adhéré  avec  luy  » 
&qui  Tavoient  fervi  ou  fefdiii  vaflaux  y  durant  la  divifion  qui  par  cy-de- 
vaut  &  dernièrement  a  efté  entre  nous  &  aucuns  des  Seigneurs  de  noftre 
Sang  i  fudènt  Nobles  ou  non  Nobles ,  tous  les  cl!;,  crimes  >  otfenfes  & 
délits  Qu'ils  &  chacun  d'eux  pourroient  avoir  commis  &  perpétrez  durant 
ladite  divifion  ^  foit  par  paroUe  fur  noftre  perfonne  ,  ou  d'autres  œuvres 
de  fait,  prîtes  &  renconnemens  de  placci  des  perfonnes ,  8c  debiens,hon^ 
nades ,  ou  autres  maléfices  en  quelque  manière  ou  condition  que  les  def- 
«fufdits  ou  aucuns  d'eux  les  euflent  faits  y  commis  &  perpétrez  fous  om* 
bre  de  Juftice  ou  autrement ,  fous  couleur  defdites  divifions  ,  (ans  ce 
<}ue  pour  le  temps  brs  prefent  Se  advenir ,  aucune  chofe  leur  en  puil 
eftro  demandée  par  nos  Officiers ,  de  par  nous  j  par  Juftice  ou  autrement, 
ne  pourfuite  eftre  faite  contre  eux  ou  aucun  d'eux  ,  ce  néanmoins  au 
moyen  de  ce  que  pour  lors  n'en  furoit  Içues  Lettres ,  nos  Procureur^  Se 
Seaechaudées  de  Limofin,  Lyon ,  Bailliages  de  Maçon  ,  de  St.  Pierre  le 
Moutier ,  de  Velay ,  de  Vivarais  ,  Montrerrant ,  des  Montagnes  d'Au* 
vergne ,  de  Berry  ëe  plufieuré  autres  Officiers  &  Conuniflàires ,  eux  di« 
fans  avoir  pouvoir  de  nous ,  ont  tiré  &  tirent  chacun  jour  en  procès  par- 
devant  lefdits  Sénéchaux ,  Baillis  &  autres  Jufticiers ,  grand  nombre  de 
•fubjets  Se  ferviteurs  de  noftredit  frère  Se  coufin  de  Bourbon  ,  &  auffi  de 
nos  chers  &  bien  amez  coufin  l'Archevefque  &  Comte  deLvon ,  &  Comte 
de  Montpenfier ,  pour  les  caufes  deflufcutes  ,  au  moyen  ae  quoy ,  ils  Se 
chacun  d'eux  font  grieffement  moleftez ,  travaillez ,  emprifonnez  Se  dam«* 
nifez  à  la  deplaifance  de  noftredit  frère  &  coufin  ,  &  en  venant  direâe- 
ment  contrenoftredit  pardon  ft  oâroy  »  fur  ce  fait  à  (a  requefte  ,&  plus 
feroit  fe  par  nous  n'eftoit  fur  ce  pourvu  de  noftre  grâce  Se  remède  conr 
venable ,  ainfi  que  noftredit  frère  &  coufin  nous  a  remontré  ,  requérant 
humblement  iceluy»  Pour  ce  eft-il  que  nous  bien  recors  des  choies  deft- 
fufdites  ,  voulans  entretenir  à  noftredit  frère  Se  coufin  leditpardon  Se  oc- 
ttoy  qui  par  nous  fur  ce  que  dit  eft  ,  z.  efté  fait ,  avons  çn  faveur  Se  conr 
templation  d'iceluy  noftre  firere  &  coufin  s  Se  pour  le  très-grand  amour 
*  Se  confiance  que  avons  à  luy ,  aufii  afin  que  nos  fubjets  &  les  fiens  puifr 
fent  vivre  enlemble  fans  hame  ,  Se  pour  certaines  &  autres  grandes  & 
raifonnables  caufes  ^  confiderations  à  ce  nous  mouvans  de  nouvel  Se 
d'abondant  en  tant  que  meftier  eft,  quitté,  remis,  pardonné  &  aboli ,  Se 
r  par  la  teneur  de  ces  prefentes  de  grâce  fpeciale  ,  pleine  puiflance  Se  siUr 
thorité  Royale ,  quittons^  remettons,  pardonnons  &  aboliftbns  aufdef- 
fufdits  officiers ,  hommes ,  fubjets  Se  ferviteurs  de  noftredit  frère  Se 
f  Qufin  dç  Bonirbo^  ^  ^  ^u/H  à  la  fupplicat^on  8ç  requeftç  aux  hommes  » 

fttt)jçt$ 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  tfot  ^__^_^__^ 

Idbjets  &  ferviteurs  de  noftredit  coufîn  PArchevcfque  &  Comte  de  x^" 

Lyon  ,  8c  Comte  de  Montpenfîer»  &  i  chacun  d'eux  tous  y  Se  chacun  ^  * 
les  cas  >  crimes  &  délits  par  eux  ou  aucuns  d'eux  faits ,  commis  ficperpe- 
tre2  durant  le  temps  défaites  divifîons ,  6c  jufques  au  dernier  jour  de  No- 
vembre dernier  pa(Ie,  nonobftant  que  par  avant  ledit  temps,  iceliesdivi- 
(lons  fudènt  entre  nous  &  tefdits  Seigneurs  pacifiées  ,  pour  ce  que  les 
gens  de  noftre  coufin  le  Duc  Galeas  ,  6c  zuQi  ceux  de  aoftre  Senechal  de 
Beaucaire  &de  Jehan  de  Bonfredon  >  eftoient  encore  en  hoftilité,  &  fai- 
foient  guerre  jufques  audit  jour  ou  environ  ,  contre  6c  fur  le  pays  de 
noftredit  frère  &  couHn  de  Bourbon  ,  6c  au(fi  fur  les  Terres  6c  contre  les 
fubjets  de  nofdits  coufins  de  Lyon  &  de  Montpenfier ,  2c  ce  en  quel^ 
que  manière  que  lefdits  crimes  6c  délits  ayent  efté  faits ,  commis  &  per- 
pétrez par  les  gens  deflufditSy  ou  aucuns  ,  foiten  langages  dits  6c  pro- 
férez fur  noftre^rfonne ,  6c  des  Gens  eftans  avec  nous ,  ou  tenans  nof- 
tre party ,  œuvres  de  fait ,  faits  fous  couleur  de  Juftice  ou  autrement , 
en  quelque  manière  que  ce  foit ,  &  mefmementâ  ceux  qui  ont  ou  pour^ 
roient  avoir  efté  cau(e  6c  confentant  de  la  prife  &  exécution  de  feu  An- 
thoine  de  la  Vifiere  ,  dit  Varilles ,  n'a  gueres  &  pendant  ledit  temps  pris 
&  exécuté  par  aucuns  des  Gens ,  ferviteurs  6c  Officiers  de  noftredit  frerc 
&  coufin ,  taifant  &  menant  guerre  fur  ks  hommes  &  fubjets ,  après  l'ap- 

r tintement  pris  entre  nous  6c  les  Seigneurs  de  noftre  Sang ,  aufquels  ne 
aucun  d'eux  nous  ne  voulons  ,  â  caufe  deschofes  xlenufdites,  ne  autres 
«venues  à caufedefdites  divi(îons>&  jufques  audit  dernier  jour  de  Novem- 
bre dernier,  pa(fè  aucune  chofe  eftre  demandée  avec  toute  peine ,  amende 
ic  otfenfe  corporelle ,  criminelle  &  civile ,  en  quoy  pour  occafion  de  ce» 
ils  &  chacun  d'eux  pout'roient  eftre  encourus  envers  nous  &  Juftice^  & 
les  avons  reftituez  &  reftituons  en  leur  bohne  famé  6c  renommée  au  pays 
&  à  leurs  biens  non  confifquez ,  en  mettant  au  néant  tout  procès,  ap- 

{)aux ,  Ban  6c  autres  Exploita ,  qui  ont  ou  pourroient  avoir  efté  faits  à 
'encontre  defdits  hommes ,  6c  (ubjets  d'iceux  nos  frères  &  coufins  »  .  , 
pour  la  caufe  deflfufdite ,  &  quant  â  ce  ,  impofons  filence  perpétuel  i 
nofdits  Procureurs  6c  i  tous  autres,  toutes  voyes  nous  n'entendons  pas 
que  Pierre  d'Amboife  y  Charles  d'Amboife  fon  fils  ,  &  Jean  de  Dailloa  > 
lefquels  autresfois  à  la  requefte  de  noftre  très-cher  &  très-amé  neveu  le 
Duc  de  Bretagne ,  nous  en  avons  excepté  ,  &  aufquels  par  la  vertu  de  la 

rromeflè  que  avons  fait  à  noftredit  neveu  &  coufin  de  Bretagne ,  en  faifanc 
appointement  d'entre  nous  &  luy  ,  ne  pouvons  à  noftre  honneur  donner 
abolinon,joui(Iènt  du  bénéfice  de  cette  dite  abolition ,  ne  aufli  nos  fer- 
viteurs ayant  caufe  ou  penfioa  de  nous ,  qui  fans  euxdeclarer  contre  nous 
auront  aucune  chofe  machiné  ou  delinqué  i  l'encontre  de  nous  ou  de 
noftre  perfonne.  Si  donnons  en  Mandement  â  nos  amez  6c  féaux  Con- 
feillers  les  Gens  de  nos  Parlemensà  Paris  6c  i  Thouloufe ,  aux  Sénéchaux 
de  Lyon ,  Limofin ,  Baillis  de  Mâcon  Se  de  St.  Pierre-le-Moutier ,  de  Vê- 
lais ,  Vivarais ,  Montfi^rant ,  des  Montagnes  d'Auvergne  ,  de  Berry ,  6c 
à  tous  nos  autres  Jufticiers ,  Officiers ,  ou  a  leuts  Lieutenans ,  prefens  6c 
advenir ,  6c  à  chacun  d'eux ,  fi  comme  i  luy  apparnendra,  que  de  tioftre 

f|refente  grâce ,  quittance ,  remiffion ,  pardon  &  abolirion ,  raflent ,  Souf- 
rent 6c  laiflènt  lefdits  hommes^  ferviteurs  6ç  vallàux  ,  fubjets  &  adhe« 
Tome  II.  G  g  g  g  rans 


14^6, 


éo^  PREUVES  DES    MEMOIRES 

rans  de  noftredic  frère  &  coufin  ».&  chacun  d'eux  »  jouir  ôc  ufer  pieine^ 
ment  6c  paUiblemenc  »  fans  caufc  de  ce  les  molefter  »  travailler  ou  empef- 
cber ,  &  ce  ne  font  le  temps  advenii^en  corps  ne  en  biens ,  en  aucune 
manière^  ainçois  fe  aucun  defdits  hommes ,  fubjers  de  noftredic  frère  Se 
coufin  de  Bourbon  »  &  coufin  de  Lyon  6c  de  Moncpeniier  eftoient  à 
caufe  des  chofes  deîTurdites  ou  aucunes  d'icelles ,  pris  ,  faiCs ,  arreftez  >. 
cmprifonnez,  adjournez  ou  tenus  en  procès  ou  autrement  »  moleftez  ou 
travaillez  en  leurs  biens ,  pris ,  faifis  ou  empefchez ,  les  leur  mettent  ou 
fadènt  mettre  tantoft  &  fans  delay  à  pleine  délivrance  &  hors  de  procès», 
car  ainfî  le  voulons ,  6c  nous  plaift  ddre  fait  >  6c  aufdits  frère  &  coufin  ^ 
6c  à  leurs  hommes  &  fubjets ,  6c  â  chacun  d'eux  >  l'avons  oâroyé  &  oc- 
troyons par  ces  prefentes  »  nonobftant  que  procès  fuflènt  pendans  en  cas 
d'Appel  en  noftre  Cour  de  Parlement  a  Paris  >  entre  noftredit  frère  & 
coufin ,  ayant  pris  la  caufe  par  fes  Officiers  d'une  part»  êi  ledit  de  la  Vir 
^ere  d'autre  part  >  i>our  aucun  grand  cas  »  crimes  ou  sudefices  par  ioeluy 
de  la  Vifîere  commis,  6c  perpétrez  en  quelconques  autres  chofes  que  Von 
pourroit  faire  ou  dire  au  contraire  ;  &  i  fin  que  ce  foit  choie  ferme  &: 
ftable  i  tous  jours,  nous  avons  fait  mettre  noAre  fctl  à  ces  prefentes  ». 
fauf  en  autres  chofes  noftre  droit  &  l'autruy  en  toutes  :  &  pour  ce  que- 
de  ces  prefentesl'on  pourra  avoir  à  faire  en  plufieurs  beux ,  nous  voulons.^ 
que  au  Fidimus  d'iceUes ,  fait  ibus  fcel  Royal ,  pleine  foy  foie  ad jouftée 
comme  à  l'original.  Donné  à  Montargis ,  le  dix^feptiefme  d'Aouft ,  l'an 
de  grâce  mil  quatre  cens  foixante-fîx ,  te  de  noftre  Règne  le  fixiepne. 
AïtkCiJîgni^  IHurle  Roy ,  les  Sires  de  Craon  &  de  la  Foreft  »  Maiftre 
Jean  de  Reilhao>  General»  &  autres  prtfens.  La.  Losre..  yifa>  conuntor^ 

X  C  I  I  L 

t^  Aholiûon  gefitralc  pour  ceux  qui  eut  pris  ies  armes 

pour  lu  Princes  ligue{. 


Rovaume,aumoyen  de  laflèmblée  faite  par  aucuns  des  Seigneurs  de 
iK>ftre  Sang,qui  s'eftoienteflevez  à  l'encontte  de  nous ,  nous^euffions  don*^ 
né  nos  Letores  d'abolition  generalle  â  tous  de  quelque  eftat  qulls  fuflent 
de  noftredit  Royaume^qui  lesavoient  fervis  &  adhéré  avec  eux ,  de  tous 
^as  ,  crimes ,  nialefices  6c  délits  qu'ils  avoient  fait  Se  commis  fous  om- 
bre &  couleur  defidites  divifions  &  aftemblées  à  encontre  de  nous  ,  en 
quelque  manière  que  ce  f  uft  *,  lefqudles  Lettres  d'abolition  nous  avons 
voulu  6c  ordonné  eftre  publiées ,  entérinées^  6c  gardées  ,  en  &  partout 
Boftredit  Royaume  s  ces  chofes  nonobftant  ,|il  eft  venu  à  noftre  ccmnoif- 
iànce  que  plufieurs  de  ceux  qui  ont  adhéré  avec  lefdtts  Seigneurs  pour 
les  grandes  fautes  qu'ils  ont  comimfès ,  craignent  à  retourner,  doutant 
que  ne  les  veuillons  reprendre  &  tenir  en  noftre^race,  &  k  cette  caufe,en 
7  a  pkifieurs  de  divers  Eftats,  qui  encore  font  en  grand  doute  &  rrainte  » 
6c  feroient  plus ,  fe  par  nous  n'y  eftoit  donné  plus  ample  provifion ,  ainfi 
que  remonftré  nous  a  efté  s  pource.eft-il  que  ces  choies  confiderées ,  vou- 
.     .  lans 


DE  PHIL.  DE  COMINES,  €o^ 

kniufer  ens^rers  noCdks  fd>iecs  de  bénignité  &  ckmence»  &  nofdites  ^^ 
Lettres  d'abolition  eftre  gamées  &  obfervées*  Pour  ces  cauTes  &  antres  ^4^ ^«^ 
confiderations  à  ce  nous  mouvans  y  9c  par  Tadvis  Se  delibetation  des 
<jens  de  noftre  grand  ConTeil  >  avons,  en  ratifiant ,  approuvant  &c  confir^ 
mant  noftredite  abolition  generalle  de  nouvel  &  d  aDondant>en  tant  que 
meftier  eft  ,  quitté ,  remis ,  pardonné  ôc  aboly ,  &  par  la  teneur  de  ces 
prefentes ,  quittons ,  remettons,  pardonnons  &  abolillbns  de  grâce  efpe- 
ciale  f  pleine  puidance  &  authorité  Royale  à  tous  nos  Tubjecs  de  noftre 
Royaunie ,  foit  Gens  d'Elfe ,  Nobles,  Bourgeois ,  Marchands  &  autres^ 
^e  quelque  eftat  ou  condition  qu'ils  foient ,  tous  les  cas ,  crimes ,  ofFeAfes 
^  délits  qu'ils  &  chacun  d'eux  peut  avoir  faits ,  dits ,  commis  &  perpé- 
trés à  i'encontre  de  nous ,  de  noftre  Seigneurie  &  Majefté ,  de  la  chofe 
publique  de  noftredit  Royaume  &  de  nos  autres  fubjets,&  qui  en  ont  efté 
confen  tans,  narticipans&adherans  ,  Toit  parfait  ou  par  parole  durant 
lefdites  divimns ,  fie  fous  ombre  Se  occasion  dficelles ,  quelque  forme  Se 
manière ,  ou  pour  quelque  caufe  ou  occafion  que  ce  ù>k ,  juiques  an  jour 
de  la  date  de  ces  prefentes ,  nonobftant  que  lefdîts  crimes  Se  délits  ne 
foient  exprimez  en  cefdites  prefentes ,  avec  toute  peine ,  amende  Se  of» 
fenfe  corporelle ,  criminelle  Se  civile ,  enquoy,  ils  Se  chacun  d'eux  pour-» 
roient  pour  occafîon  deschofes  dellufdites,  fie  chacime  d'icelle  eftre  en-f 
courus  envers  nous  fie  Juftice  ,  fans  ce  que  aucune  chofe  leur  en  foit  d'o« 
refnavant ,  ou  puifle  eftre  imputée  ou  demandée ,  ne  injure  faite ,  dite 
ou  reprochée ,  ne  aucuns  d'eux  par  noftre  Procu^r ,  ne  autres  quelcon^ 
ques  ,  fie  les  avons  reftituez  Se  r^ituons  à  leur  bonne  famé  Se  renom* 
mée  au  pays  Se  à  leurs  biens»  qui  feroient  trouvez  en  nature  non  confif^ 

Î[uez  par  Sentence  8e  Déclaration  diiememenr  faite,  en  *  par  cefHites  pre*     *  A jouttz 
entes  au  néant  tout  procès,appaux,defaices,  ban  Se  exécutions  advenues,  *"  ^'^^ 
ficautresExploits  quiontoupourroientpourceavoirefté  faits  ou  comment  '^ 
cezà  rencontre  d'eux  en  quelque  Juri(diâion  que  ce  foit  ^  Se  quant  â  ce» 
impofons  iîlence  perpétuel  à  noftre  Procureur  Se  à  tous  autres  >  toutes* 
fois  nous  n'entendons  pas  que  Pierre  d' Amboife ,  Charles  d' Amboife  fon 
fils ,  Se  Jean  de  Daillon  ,  lefquels  autresfois  à  la  requefte  dc  noftre  ttèi^ 
cher  Se  très-amé  neveu  fie  coufin  de  Bretagne ,  en  £ûfaiit  l'appointe*- 
ment  d'entre  nous  fie  luy ,  ne  pourrons  à  noftre  honneur  donner  abolie 
tion  ,  jouillènt  du  bénéfice  de  cefdites  prefentes  abolitions ,  ne  zvM 
nos  ferviteurs  ayant  gages  ou  penfion  de  nous  ,  c^i  (ans  eux  decla^» 
ter  contre  nous ,  auront  aucune  chofe  delkiqué  ou  machiné  à  l'encoi^ 
tre  de  nous  ou  de  noftre  perfonne.  Si  donnons  en  mandement  par 
cefdites  prefentes  i  no$  amez  fie  féaux  les  Gens  de  noftre  Parlement  , 
tant  à  Paris ,  Thouloufe  fie  Bourdeaux  ,  les  Gens  qui  riendconc  nofixeEf» 
chiquier  en  Normandie ,  fie  tous  Sénéchaux ,  Baillis  fie  autres ,  nos  Juf^ 
eiciers,  ou  à  leurs  Lieutenans,  prefensfie  advenir  ,*fie  à  chacun  d'eux  » 
fi  comme  à  luy  appartiendra,que  nofdits  fubjets  qui  voudront  eftre  corn* 

{>ris  en  cettedite  abolition ,  fie  chacun  d'eux  ils  hiflent,  foufirent  fielaîf* 
ent  jouir  fie  ufer  pleinement  fie  paifîblement  d'icelle ,  fie  fi  leurs  corps 
ou  biens  font  ou  eftoient  pour  ce  pris  ou  empefchez ,  Ci  les  mettent  ou 
fadènt  mettre  fans  délay  chacun  en  droit  foit ,  i  pleine  délivrance ,  fit 
klditcs  prefentes  faffent  regiftrer  fie  publier  en  leurs  Auditoires  fie  autres 

G  g  g  g  1  Ueuji 


^04  PREUVES  DES  MEMOIRES 

lieux  aecouftumez ,  afin  que  aucun  n'en  puiflè  ou  doye  préremlre  oaufe- 
^46^  d'ignorance  -,  &  afin  que  ce  foit  chofe  ferme  &  ftable  i  cousiours ,  nous 
avons  fait  mettre  noftre  Scel  à  ces  prefences  >  fauf  en  autres  cnofes  noftra 
droit,  &  Tautruy  en  toutes^  Donné  à  la« Morte  le  vingt-quatriefme  jour 
d'Aouft ,  Tan  de  erace  mil  quatre  cens  foixante-fix  9  &:  de  noftre  Re^ncr 
le  fixiefme.  Ainn  Signé ,  Par  le  Roy  en  Ton  Confeil ,  auquel  Monueuc 
le  Duc  de  Bourbon,  Philippe,  Monueur  de  Savoye ,  vous,  rArchevefque: 
de  Tours ,  TEvefque  de  Langres ,  les  Sires  de  Oaon  &  de  la  Foreft ,  &. 
autres  plufieurs  eftoient.  D£  la  Loeke  ^  vifa  ,  coiucnior* 

X  C  I  V. 

$7  Lettre  du  Duc  de  Bretagne  au  Camttidè  Dunois  du  81  Janvier  1466^ 

-* 

Tiré  des   \  iT  O  N  Onck  ,  je  me  recommande  à  vous  ^  le  Roy  a  icy  envoyé^^ 
È'^nAbW    iVlMonfieurd'Evreux,&MaiftrcGuiUaumc  de  Paris,  fos  Confeil^ 
Le  Grand     ^^^^  '  lefquels ,  entre  autres  chofes^,  m'ont  remontré  de  par  luy  la  grande, 
amour  &  fiance  qu'il  a  defiré  prendre  &  avoir  avec  moy^  &  comme  de 
fa  part  il  veut  tousjours  garder  &  entretenir  les  alliances  &  promefles*. 
d'entre  luy.  &  moy ,  fans  pour  nulle  chofe  du  monde  aller  au  contraire,, 
ne  faire  rien  qui  y  déroge ,  en  defirant  aufii  eftre  acertené ,  que  de  moiv 
cofté  je  le  veuille  faire ,.  à  quoy  je  leur  ay  fait  reponfe ,  que  comme  rai-- 
fon  eft ,  je  m'en  tiens  Se  repute  de  plus  en  plus  attenu  au  Roy ,  &  l'en, 
remercie, fitrès-hdmblement  que  je  puis ,  ^  que  le  Rioy  peuft  eftre  feur>. 
qu'ainfi  que*nulle  chofe  n'ay  fait ,  ne  ây  eu  volonté  de  faire  contre  mofk 
Honneur  &  promeile  jufques  icy ,  comme  il  a  bien  pa  connoiftre,  aufil 
peu  moins  le  voudrois-je  faire  au  temps  advenir  en  moins  que  je  feroi& 
defplaifant  &  non  fans  caufe ,  comme  auqresfoisf  luy  ay  fait  fçavoir  qu'iL 
y  duft  prendre  ne  avoir  aucun  doute  ;,ca&defna  part  ne  s'y  trouvera  point 
de  f^ute  *,  &  voudrois  bien,  mon  oncle ,  quequand  vous  vous  trouverez 
devers  luy  vous  l'en  vouliffiez  aflèurer  &  acertener  à  ce  <^u'il  en  puft  eftro 
iibrs  de  foupçon  ,  au  regard  de  certains  rap{>o];ts>„qui  ont  efte  faits  zvk 
Roy ,  tant  de  moy  que  de  mes  ierviteurs,  qvii  ont  efté  en  Andeterre  » 
dpntlefdits  Âmbafl&deurs  ont  touché  v  je  leur  en  ay. fait  refponle,&  fait 
faire  à  tous  les  points  particuliers  par  ceux  qui  en  eftoient  chargez,  de» 
laquelle  me  femble  que  le  Rov  (e  doit  bien  contontor,  s'il  luy  plaift^ 
car  véritablement  rien  n'en  a  efté,  &  font  chofes  con  trouvées  pour  met- 
tre diflenfion  entre  luy  8c  moy  ,  ainfi  que  brief  luy  penfc  faire  remonf^ 
trer  par  de  mes  gens  >  que  j'aY  intention  d'envoyer  aevers  luy  touchant 
remonftrances  qu'il  m'a  fait  faire  diss  (cntreprifesque  mon  frère  de  Cha^ 
rolois  a  faites ,  &  des  chofes  qui  le  menant  à  s'en  douloir  &  malcon-^ 
tenter ,  lefauellesils  m'ont  fuppofées  par  le  menu  Se  de  point  en  point  ^ 
il  m'a  femblé  que  vous,  moy  Se  tous  ceux  qui  voulons  8c  defironsle-biea 
du  Roy-&  du  Royaume ,  tie  vous*  mettre  peine  ^ue  les  matieresfbient 
incitées  à  rhonnear  du  Roy  &  pour  la  confervation*  des  ^droits  de  f» 
*  Doidènt   Couronne  par  bon  moyen ,  &  en  doulent  *  ,  fans  entrer  en  matière  dui 
Ceà^hîite  puiflfè  engendrer  queftion  ny  divifion  au  Royaume  ^  &  â  cette  fin  ay  de- 
éktUwtr..     libéré  d!enYoyer  devers  mondit  frère  de  Charolois  de  mes  gens  notabl^^ 

& 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  ^05  ^__^ 

te  non  CuCpcdts ,  luy  retnonftrer lefclites  chofes  ,  pour  Tadvertir  de  foy   "TX^tT 

mettre  en  ion  devoir,  de  monftrer  &  apparoir  s'il  a  aucune  juftification  > 

pourquoy  il  puft  foutenir  les  chofes  par  luy  faites ,  dont  le  Roy  n'eft  pas 

content ,  &  pour  iby  mettre  en  raifon  fur  le  tout  en  manière  qu  a  (on 

tort  il  ne  foit  caufe  de  ladite  divifion ,  &  pour  ce  ^  mon  Oncle ,  qu'en 

toutes  ces  matières  je  defice  tousjours  me  conduire  par  voftre  bon  con- 

ieil  &  advis ,  comme  de  celuy  que  je  connois  aimer  loyalement  le  bien 

du  Roy  &  du  Royaume,  &  le  mien  aufli ,  j  ay  bien  voulu  vous  efcrire 

&  advertir  de  tout  ce  que  dit  eft  5  qui  eft  l'effet  de  la  refponfe  par  moy  ^ 

faite  aufdits  Ambaflàdeurs»,  vous  priant  que  tousjours  vous  veuillez  em« 

ployer  vers  le  Roy  à  luy  faire  entendre  Se  connoiflxe,  que  je  luy  fuis  Se 

feray  tel  que  je  dois  ,  Se  qu'il  ne  doit  avoir  aucun  doute  que  je  veuille 

rien  faire  au  contraire  de  la  promeflfe  Se  alliance  que  j'ay  a  luy ,  ainçois 

qu'il  me  trouvera  entier  à  le  fervirau  bien  dlceluy  &  du  Royaume  ,  Se 

à  m'y  employer  en  tout  que  pofEble  me  fera.  Mon  Oncle ,  je  prie  Dieu 

qu'il  vous  doint  ce  que  defirez.   A  la  Bourardiere  près  Nantes  le  huic 

Janvier ,  mil  quatre  cens  foixante-iix.  Voftre  Neveu  François.  Reçue  le 

vingt  Janvier  mil  quatre  cens  foizante-fix.. 

X  c  v; 

f!7  Atlianu  iTAmé  >  Duc  de  Savoy t  avec  la  Maxfon  de  Bourgogne^ 

A  M  E' ,  Duc  de  Savoyc ,  de  'Chablais  &  d' Afte ,  Prince  &  Vicaire      -.  -  .  «. 
perpétuel  du  Saint  Empire,. Marquis  en  kalie ,  Prince  de  Piémont  j^^ç^Jliij  ^ 
Se  Seigneur  de  Nice  y  de  Verceil  Se  de  Fribourg,  A  tous  ceux  qui  ces  jw.  TAbbé 
prefentes  Lettres  verront ,  Salut  ;  Comme  n'agueres  ait  efté  pourparlé  ic  Grand. 
Se  traité  de  renouveller  &  confirmer  les  alliances  que  de  longtemps  ont 
efté  entre  le  Duc  Se  Comte  de  Bourgogne  &  de  Savoye ,  Se  finalement 
par  nos^ très-chers  ,tbien amés& féaux Confeillers,  Claude  de  laValme^,  ^LaFédme.. 
Comte  de  MontreuiUMeflireHuguemn,  Seigneur  de  Chandenier  ^  Clau-*  C'eft  penc- 
de  Andrenet ,  Seigneur  deCourfanty  Cfcvalier  &  Chambellan,  Se  ^tieUBsU 
Jean  Chapuis  ,  JugedeGés  Se  Doâeur  en  chacun  droit  'y  nos  Ambaflà^  '^^ 
deurs  &  Procureurs  à  cefpecialement  ordonnés  Se  conAitués,  avec  lesf 
Ambailâdeurs  de  nos  trèsvhonoré  Oncle  le  Duc  de  Bourgogne ,  Se  très* 
cher  &  amé  Coufin  le  Comte  de  Cbarolois  fon  fils  ;^auffi  pour  ce  envoyé 
au  lieu  de  Chalon  fur  Saône  ,  ait  efté  promis ,  accordé  &  appointé  de 
^nouveller ,  reprendre  Se  confirmer  lefdites  alliances ,  ainu  Se  par  la 
manière  qu'eft  contenu  en  l'appointement  fur  ce  par  lefdits  Ambailâ- 
deurs ,  d'un  cofté  Se  d'autre  fait ,  duçiuel  la  teneur  s'enfuit ,  &  eft  telle  : 
Après  ce  que  par  plufieurs  fois.  Se  a  diverfes  journées  a  efté  pournarlé  Sc 
communioué  entre  les  Ambailadeurs^deMeftèigneurs  les  Dues  oe  Bour- 

Sogne  Scûc  Savove  touchant  les  confédérations  &  alliances'  d'entre  lefr  . 
its  Seigneurs,  lefdits  Amba&deurs  ont  fait,  paffê ,  accordé  &  promis 
pour  Se  au  nom  defdits  Seigneurs,  &^par  le  pouvoir  à  eux  donné,.  lefdi«r 
ces  confédérations  Se  alliances  en  la  manière  que  s'enfuit;  c'eft  à  fçavoir^ 

3ue  chacun  defdits  Seigneurs  affirmera  pour  vérité ,  Se  confedèront  que 
s.  ont  £sàtSc.  feront  l'ua  avec  l'autre  ^  pour  eux  >  leurs  Maifons,  jioirf 

Cggg  j  & 


__^_^  606  PREUVES  DES  MEMOIRES 

^fr^^  &  fucceflcurs ,  Ducs  &  Guides  de  Boufgogne  &  de  Savoye»  leucs  Pajrs 
^  ^*  Terres  >  Seigneuries  &  fubjets»  bonnes  &:  vrayes  confédérations ,  ami- 
tier ,  unions  ».  alliances  &  intelligences  fermes  &  durables  à  cousjours 
mais  &  perpétuellement  >  en  la  manière  que  s'enfuie;  c'ed  à  fçavoir  qu'ils 
ont  promis ,  promettront ,  &  chacun  d'eux  promettra  en  bonne  foy  & 
parole  de  Prince  y  eux  entretenir  enfemUc  >  leurs  Mai(bns ,  hoirs  &  fuc- 
cefleucs ,  Pays  »  Tertes ,  Seigneuries  &  fubjets  d'un  cofté  &  d'autre  en 
bonne  &  vraye  amour  &  dileâion ,  &  deffendre,  fecourir  &  ajderrun 
l'autre  >  leurs  Maifons ,  hoirs  &  fuccelleurs  >  Pays ,  Terres ,  Seigneuries 
&  fubjets  »  toutes  les  fois  que  befoin  fera  Se  cequis  en  feront  >  ou  l'un 
d'eux  en  fera  requis ,  envers  &  contre  tous  ceux  qui ,  torts ,  griefs  ou 
dommages  leur  vqiidroicnt  faire ,  ou  à  Tun  d'eux ,  Se  en  ce  employer 
leurs  perfonnes ,  fe  meftier  eft ,  leurs  chevaux  >  &  routes  leurs  puiUances 
£ms  y  rien  efpargner ,  Se  tout  le  plus  avant  que  faire  le  pourront  fauf 
toutes  voyes  de  la  part  de  mondit  Seigneur  de  Bourgogne  &  fes  hoirs  Se 
fucccflèurs  y  le  Pape ,  l'Empereur  »  le  Roy  Se  le  Comte  Palatin  du  Rhin, 
&  du  cofté  de  mondit  Seigneur  de  Savoye ,  le  Pape  »  l'Empereur  y  le  Roy 
Se  fes  anciens  alliez  Se  confédérés  de  Berne ,  par  l'entretenement  Se  fer» 
nieté  defquels  alliances»  lefdits  Ambadadeurs  ont  promis  &  accordé» 
promettent  Se  accordent  d'avoir  Se  obtenir  Lettres  patentes  en  forme 
duc;  c'eft  à  fçavoir  les  Ambaflàdeurs  de  mondit  Seigneur  de  Bourgogne» 
les  Lettres  de  Monfeigneur  le  Duc  de  Ek>urgogne  &  de  Monfieur  de  Qia- 
rolois  fon  fils  \  Se  leidits  Ambafladeurs  de  Monfeigneur  le  Duc  de  Sa* 
Toye  y  belles  de  Monfieur  de  Savoye  ;  lèfquelles  Lettres  contenant  la 
forme  que  deflus  »  tant  d'un  cofté  que  d'autre  »  iceux  Ambafladeurs  ont 
promis  Se  promettent  apponer  ou  envoyer  au  lieu  de  Montreuil  au  Chaf- 
cel  d'iliec»  le  huitie(me  jour  du  prochain  mois  de  Mav  »  Se  icdles  bailler 
Se  délivrer;  c'eftà  f<;avoir»  celles  de  Monfeigneur  de  Bourgogne  Se  de 
Monfieur  de  Charolois  aux  Commis  Se  Dépurez  de  mondit  Seigneur  de 
Savoye  ;  &  celles  de  mondit  Seigneur  de  Savoye  aux  Commis  Se  Depu* 
tes  de  mondit  Seigneur  de  Bourgogne  ;  Se  auffi  rendre  d'un  cofté  Se  d'au- 
rre  toutes  les  cedules  defdits  Atnbaflàdeurs ,  qu'ils  ont  les  uns  des  autres 
fignées  de  leurs  mains  »  touchant  cette  prefoite  matière»  Donné  à  Cha- 
Ion  fur  Saône  le  vingtiefme  jour  de  Mars  »  mil  quatre  cens  foixante-fîx» 
Jkhan  Joard  y  FnANçois  de  Menthon  Degoux.  Sçavoir  faifbns  » 
que  nous  veuillans  entretenir âcc^ferver  denoftre  cofté  les  choies  conte^ 
nues  audit  appointement  »  avoir  premieremenr  vu  Se  confideré  la  teneur 
d'iceluy ,  par  grande  Se  mure  deliberarion  de  nofloe  ConfeiU  pour  nous» 
nos  hoirs  Se  fuccelleurs ,  féaux  Se  fubjets  quelcompies  »  lefdites  allian* 
fes»  confederations  )  amitiés»  unions»  intelligences  Se  autres  chofi» 
contenues  audit  appointement ,  avons  loué  »  approuvé  Se  confirmé  »  louons» 
Approuvons  Se  confirmons  par  ces  prefentes  »  &  promettons  en  bonne 
foy  &  parole  de  Prince  »  Se  fous  VoDligarion  de  oms  nos  biens  prefens 
Se  à  venir ,  les  entretenir  &  obferver  de  noftre  cofté  par  laiocme  Se  ma* 
niere  contenue  audit  appointement  deflus  inféré  »  fans  jamais  faire  ou 
venir  au  contraire ,  ou  fouffrir  eftre  fait,  ne.contrevenir  en  manieie quel- 
conque ,  avec  auffi  toutes  autres  folemnités  Se  promeflës  à  ce  necefliures  t 
ffVi  t^^pin  dçfqueljipi  çHofe$  nous  avons  figné  ces  prefentes  par  noffare 

Secrétaire 


DE  PHIL.  DE  COMINES  ^07  

Secrétaire  deflbus  efcric ,  &  fcellé  du  Scel  de  noftre  Chancellerie*  Don-  1 4(1 7, 
né  à  Pignerol  le  dixiefmejour  d'Avril,  mil  quatre  cens  roixante-fepc. 
Par  mondic  Seigneur ,  prefens  Meilleurs  Jean  Michel ,  Chancellier  de 
Savoye  ;  François^  Cote  de  Gmere ,  Qaude  de  Seidèl ,  Marefchaux  de 
Savoye;  Jean  de  Campeys ,  Abbé  de  Six  ;  Amé ,.  Seigneur  de  Viry  ;  Phi- 
lippe de  la  Palu ,  Seigneur  de  Saint  Julien  >•  Huguenin  Alamand ,  Sei- 
gneur d'Aubene  ;  Anthoine  de  Lav,  Sieur  de  Trois- Vernay  ;  Claude  de 
Chalis ,  Maiftre  dl^oftel  j  Pierre  de  Saint-Michel  *>  Anthoine  Champion  -^ 
Humbort  Chcrrier,  Advocat  Fifcalî  Jehan  de  LettcUoy ,  Maiftre  des  Re-- 
queftes. 

CoUatiormc  à  r Original  par  moy  y  ConfùlUr^  Notain  &  Secrétaire  du 
Roy  en  fa  Chambredcs  Comptes  de  Bourgogne  &Bre£e^  Signé  y  Cou  va£ux. 

XC  V  I. 

Lettre  efcrite  aux  Mineur  &  Efchevins  de  la  Fille  de  Lille  ,  contenant 
ùi  relation  de  la  maladie  &  de  la  mçrt  de  Phtiippe  ,  Duc  de 

Bourgogne^ 

  Bragcs»  le  t6.  Juia  t^^f. 

ME  S  très-fionnorez  Sgrs»  je  me  recommande  à  vous-tant  8c  d  chiere-      Thé  de 
ment  que  je  puis ,  &  vous  plaife  fçavoir  mes  trés4ionnorez  Sgrs.  l'E<li"on 
que  aujourd'nuy  date  de  ceftcs ,  j  av  receuës  vos  Lettres,  que  m  avez  4^^^-  ^®- 
cfcrites  de  mefme  datte ,  par  lefquelles  m'efcrivcz  que  eftes  ddirans  ff  a-  *^"^y" 
voir  nouvelles  de  mon  très-redouté  Prince,  duquel  Dieu  par  (a  grâce 
veuille  avoir  Tarme  ,  je  ne  vous  refcript  point  de  fa  convalelcence ,  ains 
vous  refcrit  noftre  douloureufe  perte ,  6c  la-maniere  de  fa  maladie  r  c'eft 
à,  fçavoir,  que  toute  la  femaine  palT^  il  avoit  fait  bonne  chère ,^&  aui& 
ioyeux  que  Pon  Tavoit  vu  pieça,^:  foy  fouvent  devifor  SC  efbatre  avec  au* 
très,  nous  lez^  luy  y  Vendredy  dernier  pafle,  pource  que  de  couftume  il  ne 
mangeoit  chofe  qui  print  mort>  ne  mangea  comment  rien  au  difner.  Se 
après  fon  difner  pa(Ia  longuement  le  temps  à  reearder  Tes  ouvriers ,  après 
fur  le  point  dt  quatre  heures  »  il  alla  dormir  julques  à  fix  heures ,  après 
fe  leva  en  bon  point  &  joye ,  Se  environ  fejpt  heures  Monfieur  le  Chan*- 
celier  vint  parla:  à  luy  par  Tefpace  d'une  heures'  Se  après  le  partcment 
de  mondit  Sieur  le  Cnancelier ,  Monfeigneur  but  une  tauè  de  lait 
d'amandes  &  mangea  un  loppin  de  votre  ^  &  ne  but  que  deux  fois;,  ^près  ^  Aamcl,ec« 
à  (on  coucher  il  devifa  â  ceux  qui  eftoienr  autour  de  luy ,  &  faifoit  bon-  te. 
ne  chiere ,  il  fe  coucha  en  bon  point  à  l'advis  d'un  chacun  f  ^uand  vint 
i  deux  heures  après^  minuit ,  luy  furvinrent  une  grande^uantité  de  âonv- 
mes  environ  la  gorge ,  par  lefquelles  il  fut  ii  oppreflS  que  l'on  cuidoic 
que  à  celle  heure  il  deuft  mourir ,  &  luy  en  feift-t'on  faillir  hors  beau- 
coup  par  luy  mettre  la  main  en  la  gor^e  foUvent ,  parquoy  il  fut  foK  tra« 
vaille.  Se  tantoft  après  encra  en  une  hevre  chaude*  continue,  que  luy  a 
duré  puis  le  Sameay  (ix  heures  du  matin ,  jufques  au  Lundy  neuf  heures 
du  Vefpre ,  où  il  rendit  à  Dieu  l'ame ,  &  vous  certifie  que  le  bon  Prince 
cft  mon  tout  vif  i  l'occafion  d'un  flux  de  âcm'mes ,  qui  luy  defcendirent 

du 


^o8  PREUVES  DES  MEMOIRES 


Monfieur  Ton  fils  mena ,  quand  Û  entra  en  la  chanobre  Se  qu'il  le  vit  labo 
ter ,  &  en  la  peine  ineftimable  où  il  eftoic;  Moniteur  de  Tournay  furvinc 
incontinent  après  Ton  trefpas ,  &  renouvella  noftre  deuil  â  tous  par  les 
grands  regrets  &  lamentations  qu'il  fit  aujourd'huy  date  de  celles.  Mon- 
dit  Seigneur ,  que  Dieu  pardoint ,  a  efté  mis  fur  un  lit  couchié  entre 
deux  draps  comment  s'il  eu(ift  ciké  en  bon  point ,  &  après  a-t'on  fait 
ouverture  à  tout  le  peuple  qui  l'eft  venu  veoir  y  Se  fembloit  qu'il  dormît 
Se  avoir  le  vifage  à  demy  riant ,  mais  il  eftoit  fort  apali ,  &  n  eftoit  cœur 
qui  puft  tenir  contenance ,  quand  le  peuple  pailbit  pardevant  luy ,  des 
grandes  lamentations  Se  regrets  que  le  pauvre  peuple  faifoit  grands  Se 

{>etits ,  &  a  tousjours  efté  chaud  de  Theure  de  Ton  trefpas ,  jufques  au 
endemain  date  de  celles  trois  heures  après-nûdv ,  à  laquelle  heure  fuft 
«nathomifé  &  fait  feparation  du  cœur  à  part  »  tes  boyaux  >  foye  >  pouL- 
mons  Se  rate  d'autrp  part,  &  le  corps  enbaumé  Se  bien  ordonné poul*  le 
mener  où  il  plaira  à  mon  trèsHredouté  Seigneur  Monfieur  fon  nls  \  Se 
pour  vous  advertir  à  la  vérité  de  la  difpofition  de  fon  corps  »  fon  foye 
eftoit  beau  &  n.et  ^  la  rate  eftoit  toute  pourrie  Se  en  pièces  Se  une  par-» 
rie  du  poulmpn  »  ce  qui  touchoit  à  la  rate  ,  Se  le  cœur  eftoit  te  plus 
beau  que  l'on  vît  oncques.  Se  petit  &  gent,  &  a  efté  trouvé  mondîf  Sei- 
gneur à  l'ouvrir  fort  gras  fur  les  eoftes ,  deux  doigts  de  graide  »  Se  fe  luy 
ont  mis  la  tefte  en  deux  pieches  pour  veoir  fa  cervelle ,  pource  que  au- 
cuns des  Médecins  tenoient  que  il  avoit  apoftume  environ  le  cervel,  ce 
que  n'a  point  efté ,  ains  a  efté  trouvé  net  &  le  mieux  parfait  que  l'on  ait 
vu  pieça  :  Or  Meffieurs ,  je  vous  advertis  de  ces  choies  »  pource  que  je 
fçais  bien  que  vous  n'en  eftes  point  û  au  long  advertis ,  que  je  vous 
refcris  ,  &  aux  chofes  deflfufdites  j'ay  tousjours  efté  prefent.  Mes  très^ 
honnorez  Seigneurs  j'avoye  grand  de(îr  de  vous  tousjours  faire  fervice  de 
tout  mon  pouvoir  envers  Monfeigneur  noftre  bon  Prince ,  que  Dieu  par- 
doint ,  ce  que  plus  ne  puis  faire  »  dont  il  me  defplaift  que  autrement  je 
ne  vous  ay  fervy  >  comment  j'en  avois  la  vraye  Se  bonne  voulenté  :  Or , 
pour  fin ,  j'ay  perdu  mon  maiftre  &  vous  avez  perdu  voftle  bon  Prince, 
dont  vous  Se  nous  tous  fommes  tenus  de  prier  Dieu  Se  fa  glorieufeMcre, 
&c.  &  plus  ne  fçay  que  refcrire ,  fors  que  je  fuis  tousjours  preft  à  faire 
vos  bons  plaifirs ,  Se  prie  Noftre-Seigneur ,  que  vous  doint  accompli(Iè^ 
ment  de  tous  vos  bons  defirs  &  Paradis  à  la  fin^  Efcrite  à  Bruges  le  fei- 
«iefme  jour  de  Juin ,  l'an  1467.  de  la  main  d'un  entièrement  defolé  Se 
defconrorté,  &  voftre  très-humble  ferviteur.  Signé,  Poly  Bull  and. 
La  fubjcription.  A  mes  très-boi^ore?  Seigneurs,  Mayeur  Sç  Efchevins  de 
la  Ville  de  Lille. 

Le  Duc  de  Bourgogne  avoir  fait  un  premier  Teftament  en  141^.  mais 
comme  il  l'avoir  révoqué  par  un  fécond  fait  en  1441.  on  fe  contentera 
4e  piettre  icy  ce  dernier^ 


XCVIL 


»4*7. 


DEPHIL.de  COMINES.  €op 

XC  VI  L 

I  T^lamêm  dt  Philippe  9  Duc  de  Bourgogne. 

A  Rflthel  »  le  &•  Decembie  1441. 

PHILIPPE,  par  la  grâce  de  Dieu ,  Duc  de  Bourgogne  ,  de  Lothier ,  2^^£^ 
de  Brabant  &  de  Limbourg ,  Comte  de  Flandres ,  d'Arrois ,  de  Bour-  m.  Gode- 
.gogne  y  Palatin  de  Ha^nault  >  d'Holande ,  de  Zelande  &  de  Namur ,  g^. 
Marquîsliu  Saint  Empire ,  Seigneur  de  Frife  >  de  Salins  6c  de  Malines. 
A  tous  ceux  qui  ces  prefentes  Lettres  verront ,  Salut  :  Sçavoir  faifons 
que  n'eftant  cnofe  (î  certaine  que  la  mort ,  ny  plus  incertaine  que  l'heure 
d'icelle,  ne  voulans  pas  demeurer  inteftat,  mais  conune  bon  Catholique» 
avons*  fait  &  faifons  noftre  Teftamem ,  &  ordonnance  de  dernière  vo* 
lonté  >  par  la  forme  &  en  la  manière  que  s*enfuit  >  en  revocant  expreflif- 
.ment  tous  autres  Teftamens ,  Codiciles  &  Ordonnances  de  dernière 
volonté,  que  avons  faits  par  cv-devant  *,  fors  en  tant  qu'ils  feroient  con- 
formes &  femblables  en  fubuance  au  contenu  de  ces  prefentes. 

Et  premièrement,  quand  il  plaira  à  Dieu  que  allions  de  vie  à  trefpas, 
nous  iuy  recommandons  noftre  ame ,  à  la  Benoifte  Glorieufe  Vierge  Ma« 
rie ,  â  Monfieur  Sainâ  André ,  Apoftre ,  &  à  tous  les  Sainâ:s  &  Sainâes 
de  Paradis. 

lum.  Eflifons  noftre  fepulture,  voulons  ic  ordonnons  noftre  corps , 
«uelque  part  que  nous  allions  de  vie  à  trefpas ,  eftre  porté  &  inhume  te 
iepulmré  en  noftre  Eglife  des  Chartreux-lez-Dijon ,  auprès  &  à  l'endroit 
de  feu  mon  très-cher  Seigneur  &  Père ,  que  Dieu  pardoint ,  en  tirant 
droit  vers  le  grand  Autel  s  Se  s'il  advenpit  que  pour  aucune  caufe  oa 
neceflité  fuffions  mis  ailleurs ,  nous  entendons  que  ce  ne  foit  que  par  ^ 
manière  de  defpoft  9  Se  que  le  pluftoft  que  faire  fe  pourra ,  foyons  porté 
&  inhumé  en  noftredite  Eglife  des  Chartreux ,  par  la  manière  que  dit 
eft ,  au  cas  que  autrement  en  aurions  ordonné  avant  noftre  trefpas  ,  Se 
voulons  que  les  tombes  Se  reprefentations  de  feu  noftredit  Seigneur  Se 
Père,  Se  de  nous ,  eftre  faites,  accomplies  Se  aflifes  le  plus  brief  que  faire 
fe  pourra  par  nos  exécuteurs  cy-de(Ibus  nommez ,  félon  que  ordonnées 
&  diviféçs  les  avops ,  au  cas  que  en  noftre  vivant  ne  les  reriohs  mefme 
faire  Se  a0eoin 

Item.  Voulons  &  ordonnons  que  toutes  Se  chacunes  les  dettes  que 
nous  devrons  au  temps  de  noftre  déceds ,  &  dont  il  apperra  dûcmenc 
à  nos  exécuteurs ,  payent  Se  fadènt  payer  de ,  &  fur  le  plus  clair  de  nos 
)>ien$ ,  &  le  pluftoft  qu'ils  pourront  bonnement  à  la  dcfcharge  de  noftre 
ame. 

Item.  Donnons  &  lai({bns  aux  Religiemç ,  Prieur  Se  double  Couvent 
des  Chartreux  lez-Dijon  cent  livres  tournois  de  rente  amortie ,  pour 
laquelle  rente  acheter ,  fi  de  noftre  vivant  ne  leur  baillons ,  nous  voulons 
&  ordonnons  que  la  fomme  de  quinze  cent  livres  de  bonne  monnoye 
Royale  foit  pavée ,  Se  baillée  de  nos  biens  par  l'ordonnance  de  nos  exé- 
cuteurs c^-aptes  nonunez  ^  tantoft  après  noftre  déceds  aufditç  Religieux, 
Tome  IL  Hhhh  pour 


€to  be  phil.  be  COMINE^S. 

.  pour  icelle  commettre  par  eux  en  l'achat  defdites  cent  livres  toumoisr^ 
^^  ^*  ou  de  tant  (Qu'ils  en  pourront  afoir  ou  acquérir  pour  icelle  fomme  ;  & 
lefquels  Religieux  feront  tenus  de ,  à  cette  caufe  pour  noftre  obit  Se 
anniverfàire ,  xslke  &  cefebfrt:  chacsh  îoor  pctpcnidïtanent ,  par  Tun 
d'iceux  Religieux  ,  une  Meflê  de  Requiem  tantoft  après  noftre  deceds  ÔC 
enterrement  en  icelle  £^fe  ^  fo^  k  TJatBcdc  &  falut  de  noftre  ame  >  & 
avec  ce  donnons  &  laiflons  a  iceux  Religieux,  Prieur  &  double  Conyenc 
des  Giartreux  iez-Di|on  «^  autre  cent  Iraes  xooÀois  de  rente  acnortiê  > 
pour  laqiKtle  rente  acheter ,  fi  en  no(ke  vivant  ne  leur  baiUans ,  nous 
voulons  &  ordonnons^  que  la  (èmhlaUe  romlrie  île qiiinKe  «cetit livres^ 
èonne  montioy^  Koyale  leor  ioit  pavée&^tlivrée  wr  noQiH  etXMUteurs^ 
caintoft  4q>rè5  noftre  doceds^  ix>flr  remployer  m  l'achapt  te  mcqmfkioa 
d'iccDes  cent  livres  tovmois  de  rente  ^  on  de  tant  q«'^  en  pourront 
avoir  pour  ladite  fomme ,  mo^femiant  qu^tk  feront  tenus  à  refte  caufe  ». 
^e  &  faire  les  fcrvices  8c  menus  âatfrages  de  devorîon  pour  4e  tetanÀc 
^es  anKs  de  ha  mondit  tFès-chder  Seigneur  6c  9ere>  -de  feùif  mat  très* 
chère  Dame  êc  Mère ,  de  nous ,  ^  de  noftve  vrès-cbete  8c  rvès-omée- 
compagne  la  Duch^  Bonne  d*Attôis ,  que  Dieu  pardoint  ^  tets^^pie  les 
ordonnerons ,  6c  que  nous  6c  eux  ferons  d'accord  enfemble  ,  o«  que 
après  noftre  deceds ,  fera  appointé  te  accordé  entre  nos  exécuteurs  cy- 
après  nommez  6c  eux ,  au  cas  que  n'en  aurions  ordonné  6c  appointé  ctt 
noftre  vivant. 

Item.  Voulons  &  ordonnons  que  la  fomme  de  deux  mille  tkrres  mon-^ 
jToye  Royale,  pour  une  fois,foit  ^écSc  baillée  par  no£Éits  exécuteurs,, 
xantoft  après  noftre  deceds ,  attfdits  Religieux  desChanreux  lez-Dijofi>, 
pour  icelle  fomme  commertre|)ar  eux  en  Tachapt  de  rente  perpetuelhr 
et  admortie  ,  ce  qu'ils  en  pourront  avoir  poufr  ladite  fomme,  outre  0c 

Er  defliis  les  deux  mille  livres  qu^ls  ont  desja  eu  de  noos  pour  fembliK 
;  caufe ,  &  parmi  ce  font  tenus  8c  obligez  de  bien&  fumfamment  n«- 
tenir  tout  leur  Monaftere  8c  édifices  d'iceluy  »  dès  maintenant  &  pour 
le  temps  advenir  à  tons)ours,  8c  auffi  de  le  véédifier  bien  8c  notablement^ 
au  cas  que  par  guerre  ou  autrement,  vicndîoit  à  démolition  8c  ruine ,  ce 
que  Dieu  ne  veuille. 

Item.  Donnons  &  laif&nsaux  Prietn: ,  &  Ccmvent  des  Chartreux  lez^ 
Beaune  cent  livres  tournois  de  rente  admortie ,  en  accroiflement  de  leur 
fondation  ,  &  afin  que  les  âmes  de  nos  predecefièiirs ,  de  nous  &  de  nor 
fuccefièurs  foient  comprinfes  &  participent  en  leurs  prières ,  pour  la- 
quelle rente  acheter ,  li  en  noftre  vivant  ne  leur  balfloDs^  nous  voulons 
éc  ordonnons  (}ue  la  fomme  de  quinze  cens  Kvres  de  bonne  monnoye 
Royale  leur  fou  baillée  par  Tordonnanee  de  nos  exeouteurs  cy-après 
nonmiez  >  des  biens  de  noftre  exécution ,  tantoft  après-  noftre  deceds  >. 
pour  icelle  fomme  de  quinze  cens  livres  employer  par  eux  en  l'achapt  8c 
«cquifition  defdites  cent  livres  de  rente ,  ou  de  tant  qu'ils  en  pourront 
avoirs  8c  lefquels  Prieur  8c  Couvent  feront  tenus  ècettecaufe  de  croiftre 
le  nombre  des  frères  d'iceluy  Couvent  d'un  Religieux  à  perpétuité ,  le- 
quel ReHgieux ,  &  (es  fucceflèurs  en  ladite  Religion ,  feront  tenus  de* 
prier  fpecialement  en  iceluy  lieu  à  tousjours  pour  le  falut  des  âmes  do- 

oofditspredecedèurs»  de  nous  8c  de  nos  fuccefleors. 

Iicmé. 


DE  PHIL.  DE  COMINESr.  6îi 

:  Item.  Donnons  &  laiflbns  aux  Rdigiciuc,  Prieur  &  Convcnt  des  .  ^^ 
Clmtreux  de  Lagny  lez-fiarberans,  la  fomme  de  foixante  livres  de  renre  ^  ^  ^' 
admortie  >  pour  laquelle  fomme  acheter  >  fi  de  noftre  vivant  ne  leur 
baillons  »  nous  voulons  &  ordonnons  que  la  fomme  de  neuf  cens  livres 
livres  de  bonne  monnoye  Royale  leur  foit  baillée  par  nos  exécuteurs  cy- 
^prés  nommez ,  des  biens  de  noftre  exécution  >  tantoft  après  noftre  de- 
t^ds  f  pour  iceUe  fonune  de  neuf  cens  livres  employer  par  eux  en  l'achat 
jSc  acquifition  defdites  foixante  livres  tournois  de  rente  ,  ou  d'autant 
qu'ils  en  pourront  avoir  >  &  lefquels  Prieur  &  Convent  feront  tenus  à 
cette  cauie  de  croiftre  le  nombre  des  Frères  d'iceluy  Convent ,  d'un  Re- 
ligieux à  perpétuité  »  lequel  Religieux ,  &  fes  fuccef&urs  en  ladite  Re- 
ligion feront  tenus  de  prier  fpecialement  en  iceluy  lieu  >  à  tousjours 
pour  le  falut  des  âmes  de  nofdits  predeceflèurs  >  de  nous  &  de  nos  fuc« 
<:eflèurs« 

lum.  Donnons  &  laiflbns  aux  Religieux  »  G>nvent  &  Abbé  de  l'Or- 
dre de  Cifteaux,  cent  livres  tournois  de  rente  admortie ,  pour  laquelle 
rente  acheter ,  fe  en  noftre  vivant  ne  leur  baillons  >  voulons  &  ordon- 
nions que  la  fomme  de  quinze  cens  livres  de  bonne  monnoye  Royale  leur 
foit  b^Uée  &  délivrée  par  l'ordonnance  de  nos  exécuteurs  cy-après  nom- 
mez »  des  biens  de  noftre  exécution  >  tantoft  après  noftre  deceds ,  pour 
icelle  fomme  de  <juinze  cens  livres  convertir  par  iceux  Religieux  en 
l'achat  Se  acquifition  defdites  cent  livres  tournois  de  rente ,  ou  de  tant 
qu'ils  en  pourront  avoir  Se  acquérir  au  profit  de  ladite  Eglife  &  Monaf- 
tere  de  Q^gu  j  &  lefquels  Religieux  de  Cifteaux  feront  tenus  de ,  à 
-cette  cau(<^H^ire  dire  6c  célébrer  chacun  jour  perpétuellement  en  ladioe 
Eglife  de  ClKaux  »  une  Meflè  de  Requiem  ,  à  commencer  tantoft  après 
-noftre  deceds  >  pour  le  remède  8c  falut  des  âmes  de  nous,  de  noftre  très- 
chere  &  très-amée  compagne  la  Duchefiè  qui  eft  à  prefent ,  de  feues  nos 
très- chères  &  bien-amées  compagnes  les  Duchedès  Michelle  de  Franco» 
&  Bonne  d'Artois ,  aufquelles  Dieu  faflè  mercy  ,  &  de  nofcnts  prede* 
ceâèursSc  fuccefièurs.  Etlaauelle  Meflè  lefdits  Religieux ,  Abbé  Se  Con-  ^ 
vent  feront  tenus  de  faire  dire  &  célébrer ,  comme  dit  eft ,  par  quarrc 
Religieux  Preftres  d'iceluy  Monaftere ,  lesquels  quatre  Religieux  ils  o&- 
-donneront  chofcun  an ,  pour  célébrer  chacune  femaine  l'un  après  l'autre 
laditte  Méfie  »  à  chafcun  defquels  quatre  Religieux  lefdits  Aboé  Se  Con- 
vent (eront  tenus  de  bailler  chacun  an  >  outre  teur  ordinaire  accouftumé» 
dix  livres  tournois  >  pour  avder  à  fupporter  leurs  neceflitez ,  moitié  i  la 
Saint  Jean*Baptifte ,  moitié  à  Noël  »  Se  avec  ce  feront  tenus  lefdits  Abbé 
&  Coinrent  de  faire  célébrer  chafcun  an  perpétuellement  deux  anniver- 
:  faites  folemnds  pour  le  remède  des  âmes  de  nous  Se  des  perfonnes  def- 
:fufditet  )  c'eft  â  fçavoir  ^  Vigiles  au  foir  au  Chœur  de  TEglife,  &  le  len- 
demain Meflè  de  Requiem  i  note  au  grand  Autel  ^  dont  le  premier  anni- 
verfilire  fe  fera  à  tel  jour  que  nous  crefpafièrons  de  ce  fiecle ,  ou  le  pro^ 
cbain  jour  ferial  après ,  &  le  fécond  a  demi  an  après  on  environ ,  en 
cdhacua  defquels  anniveriàires  vouions  que  le  Convent  de  ladite  Eglife 
ait  cent  fols  coumois  pour  pitance ,  qui  fe  prendront  defdits  cent  livras 
.  tournois ,  Se  le  Surplus  de  ladite  tente ,  qui  naonte  à  cinquante  livres  cous- 
•  sois  >  dax)COrera  au  profit^commun  de  ladite  Eglife  de  Cifteaux. 

Hhhlvx  Item. 


__^  ^11  TREUVES  DES  MEMOIUES 

1^67.  ^^^*  Semblablement  ^  &  i  toutes  telles  charges  »  donnons  Se  USffon^ 
aux  Religieux  >  Abbé  6c  Convent  de  Oervaux ,  cent  livres  tournois  de 
rente  admortie  >  pour  laquelle  rente  acheter,  fe  de  noftre  vivant  ne  leur 
baillons  >  voulons  6c  ordonnons  que  la  fomme  de  quinze  cens  livres  de 
bonne  monnoye  Royale  leur  foit  baiUée  &  délivrée  par  l'ordonnance  de 
nos  exécuteurs  cy-aprè&  nommez ,  des  biens  de  noftre  exécution  »  tau:- 
.  toft  après  noftre  deceds ,  pour  icelle  fomme  convertir  par  iceux  Religieux 
en  racquiiîtion  defdites  cent  livres  tournois  de  rente ,  ou  de  tant  qu'ils 
en.  pourront  avoir  &  acquérir  au  profit  de  ladite  EgliTe  &  Monaftere  de 
.Clervaux ,  &  à  la  charge  que  deflus. 

lum.  Et  auffi  femblablement  «  6c  à  routes  telles  charges  ^  donnons  & 
laiflbns  aux  Religieux  »  Abbé  &  Convent  de  Saint  Anthoine  de  Viennois 
cent  livres  tournois  de  rente  admortie  >  pour  laquelle  rente  acheter  , 
fe  de  noftre  vivant  ne  leur  baillons  >  voulons  &  ordonnons  que  la  fbnv- 
jne  de  quinze  cens  livres  de  bonne  monnoye  Royale  leur  foit  Indllée  & 
délivrée  par  l'ordonnance  de  nos  exécuteurs  cy-après  nommez ,  des  biens 
de  noftre  exécution  »  tantoft  après  noftre  deceds  »  pour  icelle  fomme 
convertir  par  iceux  Religieux  en  l'acquifition  de  cent  livres  touroois; 
.  de  rente ,  ou  de  rant  qu'ils  en  pourront  avoir  6c  acquérir  au  ptx>fic 
de  laditte  Eglife  &  Monaftere  de  Saind  Anthone  >  Se  à.  la  charge  que: 
deflus. 

Item.  Et  en  outre  à  toutes  telles  6c  femblables  charges ,  que  dît  eft 
deflus  de  Cifteaux  »  donnons  &  laiflbns  aux  Religieux  ,  Abbé  &  Cot>- 
vent  de  Sainâ  Oyant  de  Joux ,  appelle  communément  dâ£ùnâ  Claud&^ 
en  noftre  Comté  de  Bourgogne ,  cent  livres,  tournois  de  d^B  admortie  ,. 
pour  laquelle  rente  acheter,  fe  en  noftre  vivant  ne  leur  barrons:,  voulons* 
8c  ordonnons  ^ue  la  fomme  de  quinze  cens  livres  de  bonne  monnoye- 
Royale  >  leur  foit  baillée  &  délivrée  par  l'ordonnance  de  nos  exécuteurs: 
ey-deftbus  nommez ,  des  biens  de  noftre  exécution  y  tantoft  après  noftre 
deceds ,  ^ur  icelle  fomme  convertir  par  iceux  Religieux ,  Abbé  & 
Convent  en  l'acquifition  defdites  cent  Imes  rournois  de  rente ,  ou  de 
tant  qu'ils  en  pourront  avoir  &  acquérir  au  profit  de  ladite  Eglife  Se 
iionaflere  de  Sainâr  Oyant  ^  &  à  la  cnarge^iue  deftîis. 

Item.  Voulons  &  ordonnons  que  es  Eglifes  Métropolitaines  &  Cathé- 
drales de  Befançon  y  Aufhin  ,  Châlons  ,  Mafcon  ,  Auxerre ,  Amiens  ». 
Arras  ,  Cambray ,  Tournay  &  Therouanne,  &  en  chacuned'îcelles^^fotr 
fait  &  cdehré  ua  obit  &  anniverfaire  folemnel,  chafcun  an  perpétuelle- 
ment ,  à.  tel  jour  que  irons  de  vie  à  trefpas  y  c'èft  à  ft^voir  >  Vigiles  le 
foit ,  &la  Méfie  de  Rtauiem  à  note  Le  lendemain  î  6c  pour  ce  donnons  & 
laiflbns  à  chacune  défaites  Eglifes:,  pour  une-  fois ,  la  fomme  de  trois 
cens  livres  de  bonne  monnoye  Royale,  qui  monte  pour  lefdices  dix 
Eglifes  à  trois  mille  livres ,  pour  l'employer  &  convertir  en  l'achat  de- 
de  rentes  &  revenus  au  profit  defdites  Eglifes>  6c  pour  en  fupporter  la 
charge  defdits  obits  &  anniverfaires. 

Ittm.  Voulons  &  ordonnons  que  toutes  les  rentes ,  quipar  les  Eglifes, 
.efquelles  par  ce prefent Teftament ordonnons  perpétuelles  fondations» 
feront  achetées  des  femmes  de  deniers  par  nous,  en  cedir  Trament» 
dpnnéea&  laifSes  à  icelles  Eglifes  >  foicnt  admonics  fans  en  payer  fîban- 

ceu 


• 


I 


?. 


DE  PHIt.DE  COMINES.  •        <fi; 

ce  ;  &  clès  maintenant  pour  lors ,  en  tant  que  meftier  eft ,  les  admor^     1JL67, 
tîlCons  »  6c  ordonnons  que  par  noftre  hoir  (oient  femblablement  admor-*        ' 
fies  ^  &  fur  ce  baillées  Lettres  aufdites  EgliTes  telles  »  &  eh  telle  forme 
uil appartiendra ,  6c lefquelles rentes Toulons  &  entendons eftre  àcqui-* 
es  hors  Fiefs  6c  Juftices^ 

Item.  Donnons  &  laiitbns  à  tous  les  Cpnvents  des  quatre  Ordres  de$ 
Mendians  de  nos  Pays  »  de  nos  Duchez  &  Comtez  de  Bourgogne ,  Char 
rolois,  Mafconnois  »  Auxerrois ,  Brabant ,  Limbourg  >  Flandres,  Ânois, 
Haynault  »  Hollande  y  Zelande  6c  Namur  »  à  chacun  d'iceux  Convens 
vingt  livres  pour  une  fois  »  pour  faire  un  obit  &  anniverfaire  folemnel  y 
chaicun  d*iceux  Convens  une  fois ,  pour  le  falut  des  âmes  de  nous  &  des 
perfonnes  de(Iu(dites* 

♦  Inm*  Et  en  outre  aux  Convens  dçs  Frères  Prefcheurs  9  des  Frères 
Mineurs  &  des  Cacmes ,  lez  noftre  Ville  d' Arras  »  donnons  &  laiflbns  la 
ibmme  de  nulle  livres  pour  une  fois  ;  c  eft  à  fçavoir ,  au  Couvent  des^ 
Frères  Prefcheurs  quatre  cens  livres  »  6c  à  chafcun  des  autres  deux  Con- 
vens trois  cens  livres  >  pour  icelles  fotnmes  convertir  &  employer  aux 
réparations  &  referions  des  édifices  de  leurs  Eglifes  &  Convens ,  qui 
ont  efté  démolis  6c  abatus  pour  le  fait  de  la  euerre  ;  &  moyennant  que 
les  Religieux  defdits  Convens  feront  tenus  vaire  célébrer  chafcun  an  per« 
cruellement  en  chafcun  d'iceux  trois  Convens  ,  un  obit  &  anniverlairc 
iblenmel  y  â  tel  jour  que  irons  de  vie  à  trefpailèment. 

lum.  Voulons  6c  ordonnons  que  de  nos  biens  &  de  noftre  exécution 
foie  prife  la  (bmme  de  dix  mille  livres  monnoye  Royale ,  laquelle  vou- 
Ions  eftre  donnée  >  baillée  &  diftribuée  lepluftoft  que  faire  fè  pourra 
bonnement,  après  noftre  deceds ,  par  l'ordonnance  de  nos  exécuteurs  cy^ 
après  nommez ,  aux  pauvres  Egliles^».  Hofpitaux  6c  Maifons-Dieu  de  nos^ 
rays ,  des  Duchez  &:  Comtez  de  Bourgogne ,  Comtes^  de  Charolois  > 
Mafconois  &  Auxerrois.. 

lum.  Pareillement  voulons-  8c  ordonnons  (emblable  ibmme  de  dir 
mille  livres  monnoye  Royale  eftre  prife  6c  diftribuée  par  Tordonnance  de 
nofdits  exécuteurs ,  aux  pauvres  Eglifes ,  Hofpitaux  &  Maifons-Dieu  de 
nos Pays^ de  Brabant,  Limbourg  ,^  Flandres^  Artois,  Haynault,  HoUan^ 
de,  Zelande  6c  Namur*. 

liem^  Donnons  6c  laiflbns  i  nos  familiers  6c  ferviteurs  de  noftre 
Hoftel ,  la  fomme  de  vingt  mille  livres ,  pour  une  fois ,  pour  les  reconv* 
penfer  aucunement  de  leurs  fervices ,  &afin  qu'ils  foient  plus  tenus  de 
prier  Dieu  pour  nous ,  6c  les  diftribuer  entre-  iceux  familiers  &  fervlteurs 
par  nofiiits  exécuteurs  &  par  leur  ordonnance  *,  c'eft  à  fçavoir ,  dix  mille 
Êvres  aux  Chevaliers ,  Efcuyers,  Confeillers,  Secrétaires  &  Chapelains 
*qui  nous  (erviront  au  temps  de  noftre  trefpas ,  d  chafcun  félon  foa 
^at ,  &  félon  qa'ils  nous  auront  plus  longuement  fervi ,  &  où  il  fera 
snieux  employé  ,  &  qui  plus  grand  befoin  en  auront ,  &  de  nous  auront 
.eu  moins  de  profit;  &  les  autres  dix  mille  livres  de  rente  à  gens  de 
moindre  eftat  :  Comme  Queulx,  Faulconirrs,  Veneurs,  Varlets^ fervans 
6c  autres  gens  au  deflbus ,  à  chafcun  (eton  fon  eftat ,  &  où  il  fera  mieux 
employé,  6c  qui  aura  plus  longuement  (èrvy ,  6c  eu  moinsde  profit  de 
nous  >  comme  déflus.. 

H  h  h  h  i:  Itatu 


6î4         PREUVES  ]>ES  MEMOIRES 

,  lum*  Voulons  &  oidonnons  que  les  dons  &  traofpoics  que  âvont 

^  ^*  faits  à  noftre  très-chere  &  crès-amee  coropagnela  Ducheflèf  de  plufieurs 
Terres  &  Seigneuries  >  de  auffi  l'affi^nacion  de  Ton  douaire  »  avec  le$ 
oârois  que  faits  luy  avons ,  de  pouvoir  tefter  des  biens  que  donné  luj 
avçns  )  ou  d*une  partie  d'iceux ,  luy  foient  &  demeurent  bons  &  valables^ 
te  les  confirmons ,  te  chafcun  d'iceux ,  par  ccluy  noftre  prefenc  Teftamenc 
au  profit  d*icelle  noftre  compagne* 

Jum.  Voulons  &  ordonnons  que  les  dons  &  recompenfations ,  offices 
te  pendons  que  avons  donné  à  vie  à  nos  Chambellans  6e  autres  ferviteurs» 
de  quelaue  eftat  qu'ils  foient ,  leur  demeurent  leurs  vies  durant  9  félon  la 
teneur  des  Lettres  qu'ils  en  ont  de  nous. 

hem.  Nous  faifons ,  nommons  Se  inftituons  noftre  héritier  Se  (uccef- 
feur  univerfel  en  tous  nos  biens ,  Terres  6c  Seigneuries»  noftre  très-cher 
te  très-amé  Fils  Charles ,  Comte  de  Charolois  &  Seigneur  de  Chafteau- 
Belin ,  &  s'il  advenoit  (que  Dieu  ne  veuille)  qu'il  allaft  de  vie  à  trefpas 
devant  nous  >  &  que  au  temps  de  noftre  dcceds  nous  n'ayons  autre  en* 
fant ,  ou  hoir  légitime  mafle ,  ou'  femelle  defcendant  de  noftre  corps  ^ 
ou  de  noftredit  nls  ;  en  ce  cas  nous  voulons  &  confentons  que  nos  biens« 
Terres  &  Seigneuries  efchoyent  &  fuccedent  i  ceux  Se  i  celles  de  nos 
fœurs ,  nepveux  >  confins  &  parens  plus  prochains ,  aufquels  félon  raifon 
elles  devront  efcheoir  &  fucceder ,  le  tout  à  la  charge  de  l'accomfdifte-^ 
ment  de  ceftuy  noftre  prefentTeftsunent  >  par  la  main  &  par  l'ordonnance 
de  nos  exécuteurs  cy-après  nommez. 

Item.  Voulons  que  noftredit  Fils,  le  Comte  de  Charolois  9  s'il  nous 
furvit ,  Se  confequemment  tous  nos  autres  héritiers  &  fucceflèurs  en  la 
Comté  de  Flandres  ,  qui  feront  Comtes  de  Flandres ,  foient  tenus  de 
donner  Se  envoyer  chauun  an  perpétuellement ,  à  leurs  frais  &  defpens» 
la  fomme  de  cinq  cens  ducats  d'or  aux  Religieux  Cordeliers  du  Mont 
de  Syon  ,  pour  &  au  profit  du  Couvent  &  des  Rel^ieux  en  commun 
dudit  Mont  de  Syon  ,  aufquels  donnons  &  laiilbns  ladite  fomme  par 
chafcun  an  perpétuellement.  Se  de  ce  chargeons  exjpre(&nent  &  à  tous- 
fours  hoftredite  Comté  de  Flandres  ,  &  tous  Se  chaicuns  nos  fucceftcurs 
€n  icelle  Comté. 

hem.  A  Comillc ,  noftre  Fils  baftard  ,  nonobftant  quelque  chevance 

3u'il  ait  d'autre  part ,  donnons  &  laiâbns  fix  mille  livres  monnoy e  Royale 
e  rente  ^  à  héritage  pour  luy  Se  les  hoirs  de  fon  corps  defcendans  en 
droite  ligne  &  en  lojral  mariage ,  laquelle  rente  luy  voulons  eftre  baillée 
&  aflignée  bien  &  lurement  en  nos  Pays  de  par  deçà  de  Bcabanr ,  Flan* 
dres,  Artois,  Haynault,  Hollande,  Zelandey  ou  Namur,  dedans  un 
an  après  noftre  deceds ,  lefquelles  fis  mille  livres  de  rente  voulons  Se 
étendons  eftre  comprifes  les  rentes  Se  revenus  des  Terres  &  Seigneur 
ries  que  dès  maintenant  il  a ,  ou  aura  de  nous  cy-après  avant  noftre  tref* 
pas ,  Se  ce  qui  reftera  d'icelles  fix  mille  livres  de  rente  au  jour  de  noftre- 
dit trefpas,  nofdits  exécuteurs  luy  parfoumiront  reaument  Se  de  fait  « 
des  biens  de  noftredite  exécution  ,  ainfi  que  dit  eft ,  &  par  condition  ^ 
que  s'il  alloit  de  vie  à  trefpas ,  fans  hoir  de  fon  corps  en  loyal  mariage  9 
comme  dit  eft ,  ladite  rente &aftîgnations  baillées  pour  icelle,  retour* 
nçrpient  â  noftrç  héritier ,  ou  héritiers  qu'il  appartiendront  »  de  auifi  que 


DE  PHIL.  DE  COMINEJ;  l^i< 

feponr  bdicc  rente 'luydtotenc. baillées»  caxiune  vtay^fed^ableineQC  ^ 
le  convietulca  >  aucunes  Tecres  de  noâse  Seigneurie  &  Domaûse  i  noftre  |  ^  (^  ^, 
héritier  >  ou  héritiers  qu'il  appartiendra ,  pourront  recouvrer ^fthiy'bail* 
lanc premièrement autacKtle'ibtre  Mrte  part,  qui  ne  {eroât  point  du 
Domaine  de  nos  Seigneorks  »  atiffi-bien  aflife  6c  auffi  btenrevenaoïtc  , 
en  nos  Pm  defliifdits  »  cbnmie  iceUes  qui  premîeces  baiUées  kiy  m- 
roienteûsB.  ;>■• 

litm.  A  Aotboine  »  ncrfbe  Filsbaftard^  donxRMis &  laiilâns < (embla- 
bboKsit  deux  ibilte cinq  cens  livres  moanoyexsoyale  de  fcnce  'à-  héritage 
pour  kiy  fie  ks  hoirs  defccndans  de  ûm  cotps^-en  dnMce  làmc  Bc  en 
loyal  mmBgC9  hupioUe  terne  loy  youlons  eâxe  baillée  6c  aAignée  bien  6c 
âremcntcn  nos  Pays  ^e  par  deçà ,  de  Srabant ,  Fiandscs^  Âstois  ,  Hay- 
nanfa  ,  Hollande,  Zelanœ ,  on  Namiir^  dedans  un  an  après  noftre  de- 
cc3s ,  Se  par  condition  ,  que  s'il  alloit  de  vie  a  uefpas  Gais  avoir  hoirs 
de  (on  <!orps  en  droite  Jigne  &  loyal  mariage  ^  comme  dit  eft-,  ladite 
rente  6c  lesiaiEgnarions  willées  pour  scelle ,  retourneront  à  viù&xc  herl* 
tter,  ou  horitiers  qu^il  appaiïtiçndra ,  6c  auflî  que  fe  pour  ladite  tente*» 
luy  eftoient  baillées ,  comme  vra^'^^^^^'^'^^*?^'^  le  adviendra  faire» 
ancunes  Terres  de  noAre  Se^neotie  6c  Domaine ,  noftre  héritier ,.  ou 
heririers  qu'il  appartiendra ,  les  pourront  Tecouvror  m  luy  baillant  autant 
de  terre  premièrement  anore  part,  qoi^ie  foirt^pediu  du  Domaine  de  rms 
Seigneuries ,  auffi  bien  ïevenant  en  nos^ays  defiiliHits,  comnle  (:elks 
^ue  premières  baillées  li^  amront  efté*  ' 

liem.  A  Marion ,  noftre  File  baftiarde ,  donnons  &  laiflbns^Ia  fotû- 
me  de  qoinze  mîUe  libres  monnoye  Royale  pour  fon  inoriage^,  6c  pour 
eftre  emf^oyé  le  tout ,  ou  au  moins  la  plus  grande  partie  ,  en  tentes  6c 
héritages  au  profit  d'elle  &  des  fiens. 

Item*  A  noftre  autre  PiHe  baftarde ,  qtii  eft^emetirante  à.  prefent  ^ 
l'Hoftel  de  Pierm  du  Chefne,  noftre  RentmaUtre  d&firabano,  doiinotls 
&  laifllbns  pareillement  la  fomnie  de  douze  mille  livres  monnc^  Rc^de 
poor  Ton  mariage,  6c  pour  eftre  employé  le  tour ,  ou  au  ïnoins  la  plus 
grande  partie  en  rentes  6c  héritages  au  profit  d'elle  &  des  iiens.        >  ^ 

Item.  A  noftre  autre  Fille  baftarde ,  à  prefent  demeurante  en  Flan* 
dres ,  donnons  &  laiflbns  pareillement  la  fomme  de  dix  mille  livres» 
pour  une  fois ,  pour  fon  mariage  ,  &  pour  eftte  employé  le  tout ,  ou 
au  moins  la  plus  grande  partie  >  en  tentes  6c  héritages  au  profit  d'elle  6c 
des  fiens»  '  ^ 

Item.  Bt  au  regard  de  noftre  Ordre  de  la  Toîfon  d'Or ,  que  avons 
ordonnée  6c  mife  fus  depuis  certain  temps  ençà ,  ce  dont  ne  fotk  en- 
core gueres  accomplies ,  ne  aflbuvies  du  tout  les  fondations ,  édifices  6c 
autres  ordonnances ,  6c  mefmement  l'ordonnance  par  nous  faite  d'acque* 
rir  en  noftre  Ville  de  Dijon  lieux  6c  places  »  &  y  taire  édifices  »  8c  auffi 
acquérir  rentes  pour  le  vivre  &  eftat  de  douze- pauvres  anciei^'Cheva- 
fiers  de  bonne  renommée  ^  6c  pource  que  ne  fçavons  s^il  plaira  â  Dieu 
nous  faire  cette  grâce,  que  avant  noftre  deceds  puiflions  accomplir  tou- 
tes lefdites  fondations  6c  ordonnances ,  nous  voulons  &  ordonnons  que 
ce  qui  en  reftera  i  faire  6c  accomplir  au  temps  de  noftre  deceds ,  tant  en 
^dinces  >  acquifitions  détentes  &  héritages  j  que  autrement  >  foit  parfait 

& 


___^^  €i^         PREUVES  BES  MEMOIRES 

^T"**  &  accômply  des  biens  de  noftre  exécution ,  ainfî  &  par  k  maniete  que 
^   ;      nofdips  exécuteurs  trouveront  eftcc  ordonné  par  nous  au  Chapitre  de 
noftredit  Ordre. 

Item.  Voulons  en  outre  que  en  noftre  Ville  de  Dole  9  pour  le  tnen  6c 

.  augmentation  de  noftre  Fille  de  l'Univerfîté  dudir  Dole  foit  »  à  nos  deA 
pens  9  ou  des  biens  de  noftre  exécution  >  fondé  un  Collège  pour  un 
Maiftre  &  douze  pauvres  Efcoliers  de  la  nation  de  nofdits  Pays  »  de 
nofdits  Duché  &  Comté  de  Bonrgogne  >  pour  le  vivre  defqueb  (oient 
«achetéêsi  rentes  &  revenus  à  tousjours»  &aui&pour  leurs  demeures  > 

1  maifons  &  édifices ,  à  la  diftribution  &  par  Taiivis  de  rffi&  exécuteurs  y 
jufques  à  laTonune  de  dix  mille  livres  ^  pour  une  fois  ic  au  deflbus;^ 
lum.  £t  pource.  que  par  noftre  Teftament  autrefois  fidt ,  &  aufC  par 

•  autres  Lettres  par  nous  paflées  &  accordées  entre^vifs  à  noftre  très-cner 
&  féal  Chevalier  &  Chancelier ,  Meffire  Nicolas  Rolin ,  Seigneur  d'An- 

^thune,,.Sc  mefmement  nour  confideration  que  luy  baillafmes  l'Ordre  de 

.  Chevalerie  %  luy  avons  donné  &  tranfponé ,  pour  en  jouïr  tantoft  après 

,r^fi^^t%  deceds»  par. luy  &  fes  hoirs  i  tqus jours >  noftre  Chaftel,  Bourg 
&  Chaftellenie  de  Moneuvrey  en  noftre  Comté  de  Bourgogne  »  avec  fes 
appartenances  quelconques  >  en  Teftimation  de  cinq  cent  livres  efteve*- 
nons  de  rente,  en  toute  Juftice  &  Seigneurie,  haute ,  moyenne  &  baflè^ 
^  en  telles  prérogatives  qcCpnt  les  autres  hauts  Jufticiers  en  noftredite 
Comté  9  par  condition  que .  les  hoirs  légitimes  de  noftre  corps ,  foient 
mafles  ou  femelles ,  le  pourront  racheter  toutes  &  quantes  fois  qu'il  leur 
plaira  d^keluy.  noftre  Chancelier  ou  des  ilens,  en  luy  baillant  reaumenc 
&  de.fait ,  à  une  fois ,  la  fomme  de  dix  mille  falus  d  or ,  ou  de  quinze 
Qiille  livres ,  ainfî  que  ces  chofes  font  déclarées  plus  à  plein  es  Lettres 
que  noftredit  Chancelier  en  a  de  nous  \  nous  de  noftre  certaine  fcience, 
^  pour  confîderaiion  des  bons  fervices ,  que  iceluy  noftre  Chancelier 

;  OQH^'fût.  lournellert^ent ,  louons ,  ratifions  &  confirmons  par  cet  noftre 
prpCent  T/sftameuf  i  Icfdits  don  ^  tranfport ,  &  tout  le  contenu  efdites 
Lj^trts  qi^  en  a  noftredit  Chancelier ,  ^  en  la  claufe  de  noftre  premier 
Teftament.de  ce  faifant  mentiop  ,  &  d'abondant,  en  tant  que  meftier 
.  eft ,  par  celuy  npftre  prefent  Teftament ,  luy  faifons  lefdits  don  & 
tranfpottf 

.  Iwn^  En  outre ,  pource  que  avons  entendu  que  le  Prince  d'Orançc , 
noftre  iCoufin ,  prétend  avoir  aucun  droit  es  Terres  de  Chafteau-Bdm , 
Orgelet ,  &  autres  en  noftre  Comté  de  Bourgogne,  qui  furent  au  Comte 
de  Tonncre»  £c  lefquelles  avons  donnéçs  â  noftredit  Fils  de  Charolois , 
combien  que  tenons  que  ledit  Prince  n'y  ait  f  aucun  droit  j  voulons  & 
Qtjdonnons  que  à  iceluy  Prince  d'Orange  foit  ouverte  la  yoye  de  Juftice, 
s'il  le  requiert ,  en  noftre  Parlement  de  Dole  ,  &  par  les  Gens  qui  tiea- 
dronr  icpluy  Parlement  appeliez ,  &  ovs  noftredit  Fils  ou  fon  Procureur, 
.  ^  audres  qui  feront  à  appeller ,  foit  adininiftrée  juftice  &  raifon. 

lum*'  Et  afin  de,  pourveoirau  gouvernement  de  nos  Pays ,  Terres  & 
Seigneuries ,  s'il  advient  que  allions  de  vie  à  trefpas,  furvivant  noftredic 
Jils  Charles ,  Comte  de  Charolois ,  &  luy  eftant  fous  agié  ,  voulons  & 
ordonnons  premièrement ,  au  regard  de  la  perfonne  de  noftredit  Fils  , 
f|u'ii  foit  nourry  ^  alimenté  durant  ie  temps  dç  fa  minorité  >  &  jufques 
.      .  il 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  ^17 

il  Toit  en  âjje  fuffifant  »  avec  hoftre  très-chere  &  très-amée  compagne  la 
Ducheflè  la  mere>  en  nos  Pays ,  Terres  &  Seigneuries ,  &  non  ailleurs.     *  4»  ?• 
Et  au  regard  du  gouvernement  d*iceux  nos  Pays ,  Terres  Se  Seigneuries 
durant  ladite  minorité  >  voulons  &  ordonnons  que  noftredite  compagne, 
comme  première  &  principale ,  &  après,  nos  amez  Se  féaux ,  l'Eveique  ' 
de  Tournay ,  rArchcvefque  de  fiefançon  &  TEvefquede  Gambray,  qui 
à  prefent  font  'i  le  Seigneur  d'Anthune ,  noftre  Chancelier  y  Meffire  An- 
thoine  >  Seigneur  de  Crov  Se  de  Renty ,  noftre  Coudn  &  premier  Cham- 
bellan *,  noftre  Coufin  &  Kiarefcbai  de  Bourgogne ,  Meflire  Jean ,  Comte 
de  Fribourg  &  de  Neufchaftel  >  le  Seigneur  de  Charny  &  de  Molinet  ; 
Meflire  Jean  de  Croy  ,  noftre  CouHn  Se  Bailly  de  Haynault  ;  les  Sieurs 
de  Roubais  Se  de  Santés  ;  Médire  Jean  Bont ,  noftre  Chancelier  de  Bra-. 
bant  \  Médire  Colart  de  Cominesfi) ,  noftre  Souverain  Baillv  de  Flan- 
dres y  Se  Maiftre  Eftienne  Armenier  »  Preddent  de  nos  Parlemens  de 
Bourgogne  >  avec  autres  tel ,  ou  tels  que  noftredite  compagne ,  &  les  au- 
tres aeflus  nommez  aviferont ,  en  ayent  le  gouvernement  Se  adminiftra- 
tion  en  tous  cas  »  tant  en  fait  dé  juftice ,  de  finance,  de  police  &  gouver- 
nement de  pays ,  que  autrement.  Se  d'y  commettre  Officiers  en  tous- 
Eftats  durant  la  minorité  dé  noftredit  Fils. 

.  Item.  Et  pour  raccompliflèment  de  ceftuy  noftre  prefent  Teftament , 
nous  eflifons  &  nommons  nos  exécuteurs  noftredite  très-chere  &  très- 
amée  compagne  la  Duche(îè ,  Révérend  Père  en  Dieu  TEvefque  d'An- 
xerre  >  noftre  Confeflèur ,  &  en  fon  abfence  &  quand  il  n'y  pourra  vac- 
quer  ,  Révérend  Père  en  Dieu  TEvefque  de  Salumbrie ,  Confedèur  de 
jBoftredite  compagne ,  l'Evefque  de  Tournay ,  l'Archevefque  de  Befan- 
çon  ,  noftredit  Chancelier  Meifire  Nicolas  Rolin ,  Seigneur  d'Anthune  i 
noftredit  Coufin ,  Confeiller  &  premier  Chambellan  Mcfldre  Anthoine, 
Seigneur  de  Croy  &  de  Renty  ;  noftredit  Coufin  &  Marcfchal  de  Bour- 
gogne Meffire  Jean ,  Comte  de  Fribourg  &  de  Neufchaftel ,  &  ledit 
Meffire  Hugues  de  Lannoy ,  Seigneur  de  Santés  y  aufquels  deffiis  nom- 
mez ,  les  fept ,  les  fix ,  ou  les  cinq  d'iceux ,  dont  voulons  noftredite  com^ 
pagne ,  comme  principale ,  y  eftre  toutes  les  fois  qu'elle  y  pourra  &  vou* 
ara  entendre ,  &  pareillement  nofdits  Confeflèur  Se  Chancelier ,  nous 
donnons  plein  pouvoir ,  anthorité  &  mandement  efpecial  de  mettre  i 
exécution  due  ceftuy  noftre  prefent  Teftament  Se  ordonnance  de  dernière 
voulenté,  en  tous  &  chafcuns  fes  points ,  reaument  &  de  fait;  Se  i  cette 
caufe  voulons  Se  ordonnons  eftre  mis ,  &  dès  maintenant  pour  lorfr 
mettons  en  Rurs  mains  tous  nos  biens  ,  meubles  &  dettes  mooiliaires  à 
nous  appartenantes  quelconques ,  &  quelque  part  qu'ils  foient  au  temps 
de  noftre  deceds ,  les  en  faiiidbns  ,  Se  voulons  que  tantoft  après  noftre 
deceds  ils  en  foient  faifis ,  &  par  bon  &  loyal  inventaire  en  prennent 
Se  faflènt  prendre  la  réelle  Se  corporelle  détention ,  pour  l'accomplifiè- 
ment  de  ceftuy  noftre  prefent  Teftament  :  Voulons  en  outre  Se  ordon- 
nons que  nofdits  exécuteurs  ayent  Se  prennent  la  moitié  de  toutes  les 
rentes  ,  profits  &  revenus  de  nos  Pays,  Terres  &  Seigneuries,  les  char- 
ges ordinaires  déduites,  tant  en  domaines  comme  en  Aydes  ,  a  commen- 
cer 
(  I }  Cétoit  k  pcre  4ç  Philippe  àfi  Cojnines* 

Tom  II.  liii 


*  Ccft  ce 


ii8  PREUVES  DES  MEMOIRES 

\7^^  ^^  tantoft  après  noftre  deceds  >  &  conânaer  unt  &  fi  longaement  >  que 
^   ^*     ceftuy  noftre  prcTent  Teftamenc  foie  en  cous  fes  points  entièrement  ac« 
comjply.  Aufquels  nos  eiecuteurs  deflus  nommez  »  c*eft  à  (çavoir  >  audit 
fvelque  d'Auxene ,  noftre  Confcflèur ,  donnons  &  laiflbns  la  fomme' 
de  mille  livres  monnoje  Royale  pour  une  fois  »  &  audit  Evefque  dr 
Salumbrie  >  Confeflèur  de  noéredite  compagne  »  la  fomme  de  cinq  cens, 
livres  monnoye  Royale  pour  une  fois ,  &  à  tous  les  autres  apfès  nom-» 
meZ)  à  chafcun  d'eux  un  joyau  jufques  â  la  fomme  de  cent  lalus  d'or  >. 
pour  avoir  mémoire  de  nous.  Et  voulons  que  iceux  nos  exécuteurs  advii^ 
lent  entre  eux  »  un  ou  deux  bons  preud'hommes  i  leur  advis ,  ic  gens 
bien  receans ,  aufquels  ils  commenent  la  recette  de  defpenfe  de  noftre- 
dite  exécution  »  &  qui  feront  tenus  d'en  rendre  bon  &  loyal  compte  fie 
nliaua  j  là  &  ainfi  qu'il  appaniendra. 

^  ium.  Et  que  c'eft  noftre  prefent  Teftament  &  la  publication  &  execu^ 
tîon  d'iceluy ,  nous  foumettons  aux  Jnrifdidtions  de  l'Eglife  &  tempo-^ 
relie  ;  c'eft  à  fçavoir ,  à  noftre  Saint  Père  le  Pape ,  &  i  l'Audience  de  b 
Roe  *  en  Cour  de  Rome,  &  auffi  à  Monfeigneur  le  Roy,  &  à  fa  Cour 
de  Parlement  à  Phris  \  voulans  &  confentans  que  après  noftre  deceds  nos^ 
f!dlc°l^#*^  exécuteurs  deflus  nommez  puiftent  faire  ladite  foumiflion  en  ladite  Cour 
^^         "de  Rome  &  auffi  en  ladite!0)ur  de  Parlement  à  Paris ,  en  toutes  les  deux»:, 
'  ou  en  Tune  dlceUe  ,  félon  que  b<Mi  leur  femUera  -,  &  quevar  vertu  dcf- 
dites  fonmiflions  nos  héritiers  &  fuceâèurs,  &  tous  autres  a  qui  iLpourrar. 
toucher ,  foient  contraints ,  tant  par  la  cenfure  de  l'Eglife ,  comme  par 
exécution  réelle  &  autrement ,  par  toutes  les  voyes  dues  à  entheriner  ^ 
fournir  &  accomplir  toutes  &cnaeunes  les  chofes.de£ifdite^,  fi  &  etk 
?ant  que  toucher  leur  pourra  tjEr  nonobfiant  que  une  grande  partie  de  nos 
biens ,  Pays  ,  Terres  &  Seigneuries  foient  hors  de  ce  Royaume  ,  &  hors  de 
la  JubjeSion  de  mondit  Seigneur  le  Roy,  laquelle  chofe  ntmobfiant  voulons, 
qu  ilsfortiïfentJuriftiSion  en  la  Cour  de  Parlement ,  au  regard  &  en  tant 
qu*il  touche  cejluy  noftre  prefent  Tefiament^  pour  C  exécution  d^iceltty  ,  & 
les  dépendances  a  icelle  exécution  >  &  non  autrement  y  ne  plus  avant.  Er 
auffi  voulons  que  fi  aucuns  de  nos  exécuteurs  deffiis  nonunez ,  ne  pou^ 
Toient  ou  vouloient  entendre  &  vacquer  au  fait  de  ladite  exécution  ,  ov^ 
allafient  de  vieitrefpas  avant  c^uè  ladite  exécution  fîift  accomplie,  que- 
en  ce  cas  foient  en  leur  lien  mis  &  fubrogez  autres  idoines  y  &  fidi^ 
fans  par  ladite  Cour  de  Parlement  de  Monfeigneur  le  Roy  ,  à  laquelle  efpe^ 
cialement  foumettons  V exécution  de  noflre  prefent  Teftament. 

hem.  Et  s'il  advenoit  (  que  Dieu  ne  veuille)  que  allafllkns  de  vie  sL 
trefpas  fans  laiflèr  hoir  légitime  defcendant  de  nous ,  ou  (}ue  noftredic 
Fils  de  Charolo)*-  trefpaflkft  avant  nous ,  fanslaiflèr  hoir  légitime  defcen* 
dant  de  luy ,  Ce  nos  fœurs ,  nepveux ,  niepces ,  confins  ou  parens  aufquel» 
iuccederoient  &  efchoyroient  nos  Pays ,  Terres  &  Seigneuries ,  &  biens^ 
voulfifient  contredire  &  empefcher  l'exécution  A:  entherinement  de- 
eeftuy  noftre  prefent  Teftament ,  en  tout  ou  en  panie ,  en  ce  cas  celuy  > 
celle ,  ou  ceux ,  qui  contredire  &  empefcher  le  voudroient ,  privons  âc 
déboutons ,  te  voulons  dès  maintenant ,  pour  lors  âc  deftors,  pour  main- 
tenant eftre  privez  &  déboutez  entièrement  de  noftredite  fucceffion  & 
biens ,  &  la  part  ou  portion  des  contredifans  »  ou  contredisantes.,  eftre* 

appliquée 


DE  PHIL,  DE  COMINES.  619 

mpfUiqaét  à  celuy  ou  ceax  de  nordirs  autres  héritiers  qui  voudroit  confen* 

iir  par  etfet  raccompliflement  dlceluy  noftre  Teftament  :  Et  au  defiàut     '  ^^  7* 

de  nofdits  prochains  héritiers ,  Se  que  eux  Se  chafcun  d'eux  voudroieuc 

contredire  8c  empefcher  Texecution  de  noftredit  j^refent  Teftament  > 

voulons  &  ordonnons  que  nofdits  Pays»  Terres  2c  Seigneuries  efcho^nt 

ic  fuccedent  en  ce  cas  à  nos  autres  parens  Se  couHns ,  pofé  qu'ils  foient 

en  plus  lointain  degré  de  confanguinité  >  lefquels  à  la  requefte  de  nofdits 

exécuteurs  voudront  entendre  &  vacquer  par  effet  à  raccompliflèmenc 

d'iceluy  noftre  prefènt  Teftament  :  Et  en  ce  cas>  c'eft  à  fçavoir»  au  def-» 

faut  de  tous  nos  héritiers  plus  prochains,  qui  par  raifon  devroient  fucce- 

der  en  nos  Seigneuries  &  biens  »  voulons  que  nofdits  exécuteurs  puiflenc 

choifir  &  eflire  un  ou  plufieurs  de  nos  autres  parens  Se  coufins  ,  puiflàns 

Se  fuffifans  pour  tenir  nos  Pays ,  Terres  Se  Seigneuries ,  &  qui  veuillent 

entendre  par  effet  »  conune  dit  eft ,  à  l'accompliflèment  de  ceftuy  noftre. 

Erefent  Teftament  »  lefquels  en  ce  cas  voulons  &  ordonnons  eftre  nos 
eritiers  &  fuccefleurs  en  tous  nofdits  Pays  >  Terres  &  Seigneuries  Se 
biens  )  Se  en  privons  &  déboutons  les  autres  audit  cas.  > 

lum.  Voulons  Se  ordonnons  que  tous  &  chafcuns  les  dons  Se  légats 
par  nous  faits  ,  comme  deflîis  eft  déclaré  >  foient  &  demeurent  valables» 
nonobftant  quelconques  ordonnances  anciennes ,  par  nous  ou  nos  pre-* 
deceftèurs  faites  de  non  donner  ou  aliéner  aucune  chofe  de  noftre  Do- 
maine ,  &  mefmement  l'ordonnance  par  nous  n'agueres  faite  »  que  dons 
que  nous  faiCons ,  ne  foient  valables  fi  les  Lettres  ne  font  fignées  par 
Maiftre  Jean  Aibert  noftre  Secrétaire  »  &  prefens  certains  nos  ConfeiU 
1ers  &  Chambellans  à  ce  ordonnez,  &  quelconques  autres  ordonnances, 
reftriâions ,  mandemens  ,  ou  deffenfes  que  l'on  pourroitdire  &  alléguer 
à  rencontre  de  l'exécution  Se  plein  accompliUèment  des  chofes  deftufdi* 
ces ,  Se  chacunes  d'icellfcs. 

lum.  Entendons  Se  voulons  aufti  que  cette  noftre  prefente  ordon- 
nance ,  en  tous  &  chafcuns  ks  points ,  ait  force  Se  vigueur  de  Tefta- 
ment folemnel  Se  nuncupatif ,  ou  au  moins  de  codicile,  ou  ordonnance 
de  dernière  voulenté,  ou  autrement ,  ainfique  mieux  valoir  pourra  ^  en 
fuppléant  par  nous ,  comme  Prince ,  fi  &  tant  que  faire  le  pouvons ,  tou- 
tes obmiffions  &  folemnitez ,  voulans  que  cette  noftre  dernière  voulenre 
foit  entièrement  accomplie  en  tous  Se  chafcuns  fês  points ,  fans  infrac- 
tion aucune;  &  à  ce  faire,  fournir  &  accomplir,  foumettons,  obli- 
geons &  hypotequons  tous  &  chafcuns  nos  biens  ,  meubles  &  immeu- 
bles prefens  Se  â  venir  quelconques ,  renon^ans  à  toutes  chofes ,  tant  de 
fait ,  comme  de  droit  ou  de  couftume ,  que  Ton  pourroit  dire  ou  alle^ 
goer  i  i'encontre  des  chofes  deftufdites ,  ou  d  aucunes  d'icetles  ;  6c 
mefmement  au  droit,  difant  que  générale  renonciation  ne  vaut  fe  l'efpo- 
cial  ne  précède  ;  Se  voulons  que  aux  Lettres  de  publications  ou  vidimus 
de  ceftes ,  qui  fe  feront  après  noftre  deceds  en  formev  duc  Se  fous  fcet 
authentique ,  collationnées  comme  il  appartient ,  foit  foy  adjouftée  com- 
me à  ce  prefent  original.  En  tefmoin  de  ce  avons  fait  mettre  noftre  Scel 
i  ces  prefentes  ,  &  icelles  fubfcrites  de  noftre  main.  Donné  en  la  Ville 
de  Rethel  le  huitiefme  jour  de  Décembre ,  l'an  de  grâce  mil  quatre  cens 
quarante-un  »  Signio  Philippe.  Et  fur  U  rtply  cfl  tfcnt.  De  par  Monfei- 

liii  1  gneuc 


étcv  PREUVES-DES  MEMOIRES 

,        gneur  le  Duc  >  5ig/ii  ,  Bokesse  au.  Et  fur  ledU  nply  efl  encore  tfcrit.  Et 
^   ^'     avec  ce,  à  plus  grande  approbation  ,  parle  commandement  de  mondit* 
Seigneur  le  Duc ,  Signe  >  Tronsom  ^  avec  paraphe.  Etjcellé  d^un  grand 
Sjceau  en  cire  rouge  pendaru  à  double  bande  de  parchemin. 

Collationnê  fur  ^original,  efiam  en  la  Chambre  des  Comptes  de.  Lille* 

X  C  V  II  t 

Lettre  de  Charles  5  Duc  de  Bourgogne  >  donnant  avis  au  Roy  Louys  Xt. 
de  la  mort  du  Duc  Philippe  It  Bon  ^  fon  Père.  De  Èruges , 

le  i  Cf.  Juin  146 J. 

Tiré  de  Tk  yl"  O  N  très  redouté  Seigneur ,  je  me  recommandé-  à  voftre  bonne 
redition      jLVL  grâce  fi  très-humblement  que  faire  puisj  &  vous  plaife  f<çavoir  > 
j^feî'^^  mon  très-redoute  Seigneur,,  qiiîl  a  plu  à  Dieu»  Souverain  de- toutes 
*^^^*        chofes,difpofer  &  prendre  à  fa  part  mon  très-rcdouté  Sgr.  &  Pere,lequcl 
en  rendant  le  dû  de  nature ,  trefpafla  de  ce  mortel  monde  lundy  derniec 
pafle  entre  neuf  &  dix  heures  après-midy  \  Se  pource ,  mon  très-redouté: 
Seigneur  ,  que  de  voftre  grâce  avez  eu  finguliere  amour  &c  afFeâion  à 
feu  mondit  Seigneur  &  à  fa  Maifon ,  fenvoye  prefentement  par  devers 
vous  mon  amé  Se  féal  Chevalier ,  GoMeiller  &c  Chambelkn  ,  MeflSre 
Emart  Bouton,  Seigneur  du  Fay ,  porteur  de  ceftes  ,  pour  vous  figniâes 
ledit  cas  douloureux,  à  moy  tant  defplaifant ,  que  plu»  ne  pourroit  eftre, 
vous  Aippliant  très-humblement ,  qu'il  vous  plai(e  avoir  en  voftre  bon-- 
ne  grâce  moy  Se  les  pays  fubjets ,  qui  me  font  par  ledit  trefpas  efcheus». 
tant  en  voftre  Royaume ,  comme  en  l'Empire ,  defquels  je  vous  defire 
faire  tout  fervice  &  plaifir ,  en  moy  mandant  Se  commandant  vos  bons 
VDuloirs ,  pour  les  accomplir  à  mon  pouvoir ,.  comme  raifon  eft ,  Se  ainfî 
que  tenu  y  fuis ,  à  t*ayde  de  Noftre-Seigneur  lefushChrift,  auquel,  motu 
très-redouté  Seigneur ,  je  fupplie  qu'il  vous  ait  en  fa  digne  &  benoifte 
garde  ,.  Se  vous  donne  bonne  vie  &  longue  ,  avec  Taccomplillènient  de 
vos  hauts  &  nobles  defirs.  E&rit  en  nu  Ville  de  Bruges ,  I0  dix-neur 
viefme  jour  de  Juin ,  l'an  mU  quatre  cens  fbixante-fept.  Et  deJTous  efcrit^. 
Voftre  très-humble  Se  rrès-obéyflant  fubjet ,  Charles,  Duc  de  Bourges 
gne  Se  de  Brabant ,  &  Signe  ,  Ch a  a  l e s.  N.  Gros..  Et  deffus  efcrU^ 
A  mon  très-redouté  Seigneur  ,.Monfeigncuc  le  Roy> 

Trois  jours  auparavant  un  particulier  avoir  appris  kmort  de  ce  Duc 
de  Bourgogne  ,  aux  Mayeur  &  Efchevins  de  la  Ville  de*  Lille,  par  la^ 
jtettre  cy-deifus ,  numéro  XCVL  dans  laquelle  il  rapporte  les  circonftatv 
ccs.de  la  maladicde  ce  Prince^ 


XCIX. 


DE  PHIL.  DE  COMINES.    •  «ii 

X  C  I  X. 

15^  Ltun  du  Cornu  de  IXammarrin  au  Roy  Lonys  Xh  fur  une  rtvolu 

arrivée  à  Moufon. 


1467. 


I R  E  9  le  plus  humblement  que  je  puis  me  recominançle.i  vo(lre  bon-     Urée  des 

. o. !_!/•_  r^-*-: î> f -r >;i i>^^,«:i«  J^ 


m'a  efté  poflibliey  maisj'aj  irouvc  que  les  gens  de  Sallezarc  »  &  auifi  ceux, 
dudit  MoufoB  »  &  les  Lie^is  >  par  lesquels  le  débat  eft  meu  entre  eu^ 
&  ceux  Dinois ,  s'en eftoient  fuysât  abfontez  de  Udlte  Ville  un  Jpur 
avant  ma  venues  donc  j'ay  efté  &  fuis  fort  déplaifant^  S i  k  e  ,  voqs  aviez^ 
icfcrit  i  Sallezart  de  cette  matière  par  ledic  de  Guyenne  »  qui  le  trouva, 
an  chemin  de  Paris  avant  qu'il  vînt  devers  moy  à  Soiflbns  %  ledit  Salle-^ 
9art  luy  dift  qu'il  alloic  devers  vous  >  il  luy  bailla  vos  Lettres  ^  &  fur  ce- 
ledit  Sallezart  m'cfcrit  une  Lettre  3.  contenant  qu'il  refcrivoit  à  Ton  Lieu- 
tenant ,  q^ue  comme  qui  fuft  que  fes  cens  >  qui  avoient  fait  ce  débat  m 
luflènt  priS'9  &  en  m'en  venant  de  par  deçl  je  trouvay  ledit  Lieutenant 
à  Mefieres  >  &  luv  bailla  Guyenne  les  Lettres  qpe  Salk^^art  luy  efcrivoit» 
êc  après  ce  qu'il  les  eut  lues  »  il  me  dift  qu'il  p'y  avoit  poiat  de  faute 
que  les  deflufdits.  ne  fuflènt pris  &  mis  en  voftre  main ,  &  me  dift  qu'il 


fait,&  luy  fembloit  que  pour  luy  ilsne  s'efpouvante^oiem  point,  toutefoiv" 
avant  qu'il  vinft  en  ladite  Ville  de  MoufonJes.geas  d'armes^ks  Liegeoi!s&. 
ceux  de  la  Ville  >  qui  avoient  efté  audit  débat ,  partirent  tous  enfemble 
environ  de  deux  cens  honmies  en  leurs  habillemens ,  tels  qn'ils  ont  de 
par  deçà.  S 1  r  e  »  quand  je  fus  venu  je  me  trouvay  bien  defplaifant  Se 
courroucé  ^  &  dis  au  Lieutenant  qu'il  eftoit  caufe  de  leur  allée ,  &  oue 
ppurce  qu'il  m'en  avoi(  refpondu,  je  m'en  pcendtois  à  luy  »  &  il  me  oift 
que  jamais  par  luy  n'en  avoient.  efté  advertis  »  &  qu'il  aimeroit  mieux 
eftre  mort  que  l'avoir  fait ,  &  qu'il  abandonnoit  fa  vie  s'il  fe  trouvoit 
aue  il  en  fuft  confentant  ne  (çavant  :  Après  pluHeurs  paroles. que  j'eus 
a  luy  y  qui  très-longues  vous  feroient  à  efcrire ,  je  lu v^  fis  commandement 
de  par  vous ,  ^u'il  allaft  après  eux ,  &  que  quand  il  voudroit ,  il  n'eftoit 

Eas  en  leur  puiflànce  qu'ils  Ce  puiftent  ekhapper  >  ne  qui  ne  fuftènt  priss 
:dit  Lieutenant  incontinent  monta  à  cheval  accompagné  de  beaueouJ>' 
de  gens ,  &  a  efté  deux  jours  à^les-querir  >  &  n'en  a  trouvé  que  rrois^ 
lefqoeis  il  a  pris ,  &  en  les  amenant  en  cette  Ville  ^  l'un  s'eft  mis*  eh 
franchife  ,  &  les  autres  deux  m'a  amenez ,  je  les  ay^fait  mettre  en  vos 
prifon»  9  les  autres  (e  font  efcartez  ^à  &  là  ,  de  n*eft  homme  qui  qn 
fçache  nouvelle  -j  quant  eft  aux  Liégeois  ôc  ceux  do  cette  Ville ,  ils  fe' 
font  mis  dedans  les  forefts ,.  &  U  fe  tiennent ,  8c  font  tous  les  maux  du' 
monde ,  ils  prennent  gens  &  boutent  £çux ,  ôc  tiennent  les  gens  prifon- 
.  niers  parmy  les  bois ,  &  n'eft  malqu'ils  ne  faflent  »  £c  tout  ce  deoat  eft 
ncnu  par  iceuXjL  autant  ou  plus  >  que  pour  les  gens  d'armes^  il  j  a  fept 

'   liii  3  ou. 


6ti  PREUVES  DES  MEMOIRES 

ou  huit  prifonniers ,  tant  de  la  Ville ,  que  des  Liegeois^»  que  faj  fait 
1 4^7*  prendre ,  qui  ne  font  pas-  pas  plus  coupables  »  car  ceux  qui  ont  efté  à 
iexecution  ^re^s^n  lonr  tous  fîij^s.  Sire,  j'ay  fait  examiner  beaucoup^ 
de  gen«  >  Se  fait  faire  les  informations  au  mieux  que  j'av  jpû  »  n'ay  fceu» 
lefquelles  je  vous  envove  par  Guyenne  >  le  jour  que  ce  aebat  advint  l'un 
'  '  des  principaux  ,  &  celuy  qui  conduifoit  les  gens  qui  lurent  tuez  de 
Moimeur  de  Ckarolois ,  fut  pris  &  un  Hen  valet  avec  luy  »  je  l'ay  £dt 
examinera  fondit  valet ,  je  vous  envoyé  leurs  depofitions  avec  les  au- 
tres i  |e  ne  Tay  point  voulu  délivrer  pour  deux  raiions  ;  la  première  »  fi 
eft  que  Ci  vevt  par  bonne  information ,  qu^il  a  fort  travaille  vos  fubjets 
de  Élit  de  grands  maux ,  &  fi  a  très-mauvaife  renommée  au  pays ,  la  fé- 
conde ,  fi  eft  que  veu  les  maux  qu'il  a  faits  »  je  ne  l'ay  peint  voulu  deli<- 
vrer  Ams  le  vous  faire  fcavoir  :  toutesfois  je  Tay  fait  mettre  hors  de  pri« 
ibn  Se  eflargir  par  le  Cnaftel  >  &  luy  ay  dit  que  je  ne  le  deftient  finon 
rafques  à  ce  que  les  informations  foient  faites  de  cedit  cas ,  ainH  advenu  » 
lefquelles  je  fais  faire  à  route  diligence ,  Se  l'ay  fait  pour  l'entretenir  en 
efperance  de  fa  délivrance  9  jufquesâ  ce  que  vous  en  ordonnerez  i  voftre^ 
bon  plaifir.  Tay  ordonné  au  Lieutenant  de  Sallezart ,  que  tous  les  bien» 

2ue  les  defiiifdits  avoient  le  jour  que  le  cas  furvint ,  qui  fdÛc  que  tout 
t  tienne ,  tant  chevaux ,  qu'autres  chofes,  afin  que  u  voftre  plaifir  eft 
de  les  faire  rendre ,  que  vous  trouvez  tout  enfemble  »  nonooftant  que 
ceux  qui  s'en  font  allez  en  ont  tout  emmené  avec  eux ,  Se  il  m'a  dit  que 
en  tout  il  fera  le  poflible.  Depuis  ma  venue  de  par  deçà  rien  ne  s'eft  fait 
de  nouveau  »  comme  il  fe  faiioit  paravant  -j  car  ces  Liégeois  »  qui  fe  font 
retraits  autour  de  Moufon ,  &  en  la  Seigneurie ,  courroient  tous  les  jours 
en  la  Duché  dé  Luxembourg  »  &  y  failoient  des  maux  largement  ^  j'ay 
ordonné  au  Gouverneur  de  cette  Ville  qu'il  faflc  icy  retraite  tous  les 
batteaux  qui  font  fur  la  rivière ,  &qu'il  faUè  rompre  les  gués ,  afin  que  du 
Royaume  en  hors  ces  maux  ne  fe  fafient  plus  ^  ces  Liégeois,  qui  font  tous  ces 
maux  >  ont  envoyé  de  vers  moy  me  dire  qu'ils  ont  ouï  dire  que  j'eftois  venu 
de  pardeçà  pour  les  prendre  ;  j'ay  refpondu  â  leur  homme ,  que  vous  aviez 
fait  (çavoir  jkut  toutes  les  bonnes  Villes  de  voftre  Royaume ,  que  quand 
ils  y  viendroient,  qu'ils  yfîifient  bien  recueillis ,  &  qu'on  leur  fift  tout 
tout  le  plaifir  que  l'on  pourroit ,  &  que  vous  les  avez  affranchis  de  tous 
(ervices  ,  mais  que  vous  n'entendez  pas  que  de  voftre  Royaume,  dehors^ 
ne  de  voftre  Seigneurie  de  Moufon ,  qui  deuflènt  faire  à  vos  voifins  les 
maux  qu'ils  font ,  ne  que  eux ,  ne  autres  voulfifiènt  fouftenir  à  fi  mau^- 
vaifes  œuvres  *,  mais  auand  ils  s'y  voudront  gouverner  comme  gens  de 
bien  Se  de  bonne  vie  aoivent  faire,  vous  vouliez  qu'ils  fufiènt  recueillis 
par  tout  voftre  Royaume ,  Se  que  vous  avez  efté  aufii  defplaifant  des 
maux  qu'ils  ont  eus ,  comme  eux  mefmes.   Sire,  j'ay  refcrit  à  ceux  de 
Liège ,  &  y  a  un  anicle  qui  fait  mention  de  cette  matière  ,  afin  que  fi 
aucun  rapport  leur  eftoit  fait,  qu'ils  en  fufiènt advertis.  Sire,  il  eft 
venu  une  femme  par  devers  moy  ,  qui  eft  de  la  Seigneurie  Dinois ,  la« 
quelle  femme  m'a  baillé  une  remonftrance ,  que  je  vous  envoyé  par 
Guyenne ,  à  moy  requérant  que  je  luy  voulfiflc  faire  rendre  fes  deux 
enf^ns,  que  les  Liégeois  tiennent  prifonniers  aux  bois  ^  je  me  fuis  etiquis 
U  fak  enquérir  fecrettement  poui  f^avok  où  ils  font ,  £c  fi  je  puis  fçavoîr 

où 


DE  PHIL.  DE  COMÏNES.  ^a^ 

eà  ils  font  t  je  mcccray  peine  de  les  recouvrer  6ç  les  feray  rendre  s;  cçux 

de  cette  Ville  font  venus  par  devers  moy  deux  ou  trois  fois  »  &  m'çoj:     ^4^7^ 

requis  que  )e  fiflè  vuider  les  brigands  de  ces  bois  ou  autrement,  îb  foni 

Krdus  y  car  les  Marchands  n'oUnt  aller  par  pays  >  ne  les  Laboureurs  la- 
urer ,  ne  ne  monte  ne  defcend  rien  au  Ions  de  la  rivière  de  Meuze  » 
fc  eft  toute  marchandife  perdue,  &  font  ddiberez ,  ainfi  que  m'a  dit 
ledit  Gouverneur ,  &  eux-mefmes ,  d'envoyer  par  devers  vous  pour-cette 
çaufe.  SiB^Bs  fy  donneray  le  meilleur  remède  que  faire  fe  pourra ,  mais^ 
il  eft  bien  difficile  à  ce  faire ,  car  i  grande  peine,  les  chailera-t'on  hors 
de  ces  bois  fans  en  faire  punition  corporelle  ^  &  je  doute  que.  qui  le 
£era  vous  ne  mefcontentez  les  gens  du  Liège  ,  car  fi  n'eftoit  cette  crainte 
f  Y  penferois  bientoft  pourveu  a  Tayde  de  Dieu.  S  i  r  b  y  7^y  ordonné  au 
Lieutenant  de  Sallezart  qu'il  envoyé  quérir  huit  ou  dix  lances  ^our  met« 
^e  en  cette  Ville  au  lien  de  ceux  qui  s'en  font  allez.,  &  au'ils  foienr 
gens  paiiibles  &  de  bonne  affaire ,  &c  qu'il  y  ordonne  un  homme  (îige: 
pour  les  conduire  y  car  il  eft  bien  neceffité  que  celuv  qui  y  fera  &>it  hom- 
me froid  &  de  bon  entendement  r  il  m'a  dit  que  dedans  Mardy  prochain, 
fans  point  de  faute  ,  ils  (èront  en  cette  Ville ,  Sc  eux  venus ,  Se  aufli  *  *  Ajoutez  > 
avoir  donné  la  provifion  qui  me  fera  poffible  i  fes  gens,  qui  font  parmy  ^h^ 
ces  bois  7  je  ne  vois  pas  que  ma  demeure  de  par  deçà  pui(Iè  gueres  iervir, 
«ar  tant  (|ue  je  feray  en  la  Ville ,  lefdits  Liégeois ,  ne  ceux  de  la  Ville ,  ' 
qui  ont  fait  ce  cas ,  ne  s'y  trouveront  ^  mais  incontinent  (Qu'ils  fçauront 
que  j'en  feray  party ,  ils  y  reviendront.  Je  char^eray  audu  Gouverneur 
que  incontinent  qu'ils  feront  retournez,  qu'il  les  prenne  6c  mette  çrt 
prifon ,  &  aufli  luy  bailleray  ceux  qui  font  prefens ,  Sc  les  mettray  eiv 
bonne  (iketé  y  Sc  puis  ay  mon  efperance  de  m'en  tirer  vers  Laon ,  Se  en 
ces  marches-là,  ou  font  mes  gens  logez  ^  car  je  doute  que  fi  j'eftois  lon^ 


j'aj  dit  audit  Lieutenant  de  Sallezan» qui  faflê  fçavoir  pat  toutes  les  gar* 
niions  U  où  les  gens  dudit  Sallezart  font  logez ,  que  homme  fur  peine 
de  fa  vie  ne  faflè  nulle  voye  de  fait  fur  les  gens  de  Monfieur  de  Cbarolois» 
ce  qui  m'a  dit  que  fera ,  &  â  mov  retournant  je  pafièray  par  une  partie 
de  leurs  gamifons ,  Sc  leur  feray  le  commandement  v  femblablement  le 
Gouverneur  de  cette  Ville  m'a  dit  que  en  la  Comté  de  Qrandpré,  qui 
eft  en  Champagne ,  qu'il  y  a  un  crand  tas  de  ces  Liégeois ,  qui  font 
tous  les  maux  du  monde ,  &  m'a  dit  ledit  Gouverneur  que  je  vous  en 
advertiflè ,  afin  que  vous  le  fiffiez  fçavoir  à  Monfieur  de  Qiaftillon  pour 
V  pourveoir.  Sirs  ,  vous  m'avez  efcric  que  vous  aviez  fait  fçavoir  i 
Monfieur  de  Charolois  que  vous  m'envoyez  de  par  deçà ,  Sc  auffi  qu'il 
y  envoyaft  pour  cette  matière ,  il  n'y  eft  allé  ne  venu  homme  de  par  luy 
devers  moy ,  fi  ai- je  mis  peine  par  voyes  couvertes ,  que  quelqu'un  des* 
fiensvinft  jufques  icy  pour  leur  donner  â  entendre  quevous  eftes  defpki» 
fànt  de  ce  cas  advenu  V  Sc  auffi  pour  leur  remonftrer  les  diligences  que 
vous  en  faites  faire.  Sire  ,  j'ay  faîr  en  cette' ofiatiere  tout  le  mieux  que 
î:'ay  pu  ne  fceu ,  Sc  feray  à  cecy  Sc  i  tontes  vos  autres  affaires.  Sire,  vous 
m'avez  efciit  que  je  fille  punition  de  ceux  que  je  trouverois  coupables^ 

mais. 


i 


^^^^^   €z4,  PREUVES  DES  MEMOIRES 

^rTT^  tt*^  Icfdîtcs  Lcrtrcs'portoicnt  créance  Cm  lecUt  Guyenne  »  qui  eftoit  eii 
^  4  7«  ^^^  ^g  j^  diflimulaflè  de  faire  aucune  punirion  »  ce  que  j*ay  fait ,  ic 
▼û  aum  les  cho(es  »  qui  ne  font  pas  encore  en  eftat  pour  y  aiflèoir.  Juge^^ 
ment.  Sire  ,  plaife  vous  moy  mander  6c  conmiander  vos  bons  plaifirs  > 
pour  les  accomplir  au  plaifir  de  Dieu  9  auquel  je  prie  qui  vous  doint 
tx>nne  vie  Se  longue.  Eicrità  Moufon,le  vingt  neuviefme  jour  du  mois 
de  Juin.  Sire  5  Guyenne  a  efté  voir  ce  qui  a  em  fait ,  par  lequel  pourrez 
eftre  informé  du  tout.    Votre  très^humble  Se  obeiflànt  ferviteur  Se  fub« 

jet,  An^  D£  ChA  BANNE. 

Au  Roy  ,  mon  (buverain  Seigneur 

C. 

Remarques  fur  le  Cardinal  Balluë.   Comment  le  Cardinal  Ballui  (  i  )  ^ 
rEvefque  de  Verdun  entretenaient  la  divijion  entre  le  Roy  Louis  XL 

&  fon  frère  Charles  ,  Duc  de  Guyenne. 

Rcmarqacs  Z*^  EUX  qui  ont  efcrit  la  Vie  du  Roy  Louis  XI.  remarquent  que  Jeant 
^c  M.  Gp-  \^  Cardinal  de  la  Ballue ,  avoir  un  ^and  pouvoir  auprès  de  luy  :  Que 
I    Ji  V"'  ^^  Cardinal  le  trahit  au  Traite  qu'il  ht  en  mil  quatre  cens  foixante-huic 
Eido  à  Pcronne ,  avec  Charles  dernier  Duc  de  Bourgogne  :  car  ce  Traité  fut 

fort  honteux  au  Rov  Se  au  defavanuge  de  TEftat  ;  auffi  le  fit-il  eftanc 
prifonnierdans  lé  C^hafteau  de  Peronne.  Le  Roy  eftant  hors  du  pouvoir 
de  ce  Duc  >  commença  à  recognoiftre  la  trahifon  du  Cardinal ,  qui  avoir 
eftc  corrompu  par  le  Duc  de  Bourgogne  »  tellement  qu'il  ne  vo'yoitplus 
fi  volontiers  ce  Cardinal.  En  ce  remps-là,  l'Evefque  de  Verdun  vint  à  la 
Cour  y  attiré  par  le  même  Roy ,  parce  qu'il  fçavoit  que  Charles  fon  frère 
fe  gouvemoit  par  cet  Evefque.  Cet  Evelque  d'autre  codé  promit  plus  qu'il 
ne  pouvoir  au  Roy ,  Se  éfperoit  par  là  venir  au  Chapeau  de  Cardinal  :  mais 
B'ayaïit  pas  nu  faire  ce  qu'il  avoir  promis  auprès  du  frère  du  Roy ,  il  fuc 
forr  meprife  i  la  Cour  ,  qui  mefure  ordinairement  les  hommes  par  l'a- 
vantage qu'on  fcfpere  en  tirer.  Ce  Cardinal  difgracié  fîit  trouver  cet  Evef- 
3ue ,  qui  fe  recognoiflbit  fort  mal  à  la  Cour ,  &  luy  .fit  (entir  l'eftat  où 
s  fe  trouvoicnr  rous  deux ,  Se  combien  ils  eftoient  mefprifez.  Que  le 
Roy  ne  faifoir  eftat  que  de  ce  qu'il  craienoir.  Qu'il  eftoit  fort  inconftant 
&  ingrat.  Qu'ils  pouvoient  rentrer  en  leur  premier  eftat ,  s'ils  pouvoient 
conférer  finceremcnt  enféhible.  Cet  Evefque  embraftà  volontiers  ce  party* 
Charles  ,  firere  du  Roy  s'cftoit  retiré  en  Breragne  près  le  Duc.  L'on  rrai- 
toit  de  fon  retour  Se  de  l'accommodement  avec  Le  Roy  fon  frère.  Le  Duc 
de  Bourgogne  avoir  fes  Ambaftàdeurs  près  ce  Prince  en  Bretagne.  Les 
conditions  de  l'accommodement  que  l'on  propofoit  de  la  part  du  Roy  à 
fon  frère  eftoient ,  que  au  lieu  de  la  Champagne  Se  Bne  ,  il  prît  la 
Guyenne.,  comme  plus  advantageufe.  L'Evefque  envoya  fecrenement  en 

Bretagne 

.(  I)  [UCardinsiBëUM ,  }  £iat  lin  de  b  Ballue  ,  die  M.  Godifi^. 


ffy  Ten  doute  cependant ,  car  la  Lettre 
m^e  du  Roy  Louis  XI.  le  nomme  tou- 
jours Iç  Car4iW  BgUyiif»  ^  luy-méme  ne 


%ooitpa$  autrement.  Enquoi ,  Mm/hiiêf^ 
la  Chronioue  fcandaleulc  &  les  autres 
Ecrivains  lont  uniformçSt 


DE  PHIL.  DE  COMINE  s;  €if 

Bretagne  advenir  ce  Prince  de  ne  pas  accepter  la  Guyenne.  Qu*ll  s*efloi- 
gnoit  trop  de  la  Bourgogne  »  ce  que  defîroit  le  Roy  :  qu'il  feroit  en  ce     *  *   ^ 
pays  environné  de  grandes  Provinces  du  Royaume  >  fans  aucun  fecours.  < 

Que  s'il  vouloir  efprouver  comme  il  difoit  vray ,  il  n  avoir  qu  a  deman^ 
<ler  que  l'on  luy  adjouftaft  une  des  Provinces  voifînes  de  la  Guyenne , 
'qu'il  fçavoir  que  Ton  luy  refuferoit ,  &  que  lors  qu'on  avoir  donné  advis 
au  Roy  que  le  Roy  d'Elpagne  avoir  perdu  fon  frère  >  qui  l'avoir  fort 
troublé  5  il  avoir  dit  que  cette  mefme  fortune  manquoit  à  fa  feliciré» 
Le  Cardinal  de  fon  cofté  envoya  un  des  (iens  en  Bretagne ,  pour  rraiter 
avec  les  Ambafladeurs  du  DucdeBourgogne,qui  avoient  ordre  conforme 
à  ceux  de  l'Evefque  de  Verdun ,  Se  adjoufta  qu*il  faloir  que  le  Duc  de 
Bourgogne  fe  confervàt  en  l'amitié  de  Charles  frère  du  Roy  ,  lequel  en 
la  feule  confîderarion  qu'il  eftoir  héritier  du  Royaume ,  une  grande  par- 
tie des  princes  du  Royaume  feroient  de  fon  cofté ,  qu'il  ne  falloir  pas  qu'il 
quittât  la  Champagne.  A  cela ,  il  adjoufta  que  le  Roy  difoit  toup  les  jours 
mille  injures  contre  le  Duc  leur  Maiftre*  Il  arriva  par  un  de  ces  hazards 

Suiarrivenr  fouvenraux  rraitres  »  que  l'on  prit  comme  par  miracle,  un  des 
omeftiques  de  l'Evefque ,  qui  portoit  des  Lettres  du  Cardinal  au  Dud 
frère  du  Roy ,  ce  domeftiquc  fut  donc  arrefté  près  Chafteaudun  ,  &  fîic 
trouvé  chargé  de  Lettres  en  (  i  )  chiffre  dont  il  fçavoit  l'explicationril  fut 
conduit  au  Roy ,  c[ui  defcouvrit  la  trahifon  du  Cardinal  &  de  l'Evefque. 
Le  Roy  les  fit  venir  devant  luy,  &  leur  reprocha  leur  perfidie,  &  les  fie 

f  rendre  Se  mettre  en  prifon.  Puis  envoya  quelques  Confeillers  de  foa 
arlement ,  pour  les  mrerroger  :  l'Evefque  confefta  tout ,  &  le  Cardinal 
aufli ,  qui  dit  qu'il  avoit  fait  cette  trame  pour  fe  vanger  de  ce  que  l'on 
l'avoir  ofté  du  Miniftere ,  Se  qu'il  avoit  recherché  les  moyens  d'y  renrret 
par  la  dtvifion  :  Le  Roy  depefcha  incontinent  à  fon  frère  tout  ce  qu'il 
avoit  appris  de  cespri(onniers,&  luy  remonftra  de  quelles  gens  il  fe  fer-« 
voit ,  qui  n'avoient  autre  dc0èin  que  de  les  tenir  en  divifion  pour  en 
profiter  ,  qu'il  ne  luy  imporre  qu'il  ait  la  Chaitipagne  ou  la  Guyenne.  Le 
Duc  fiefchy  par  les  aifcours  du  Roy  fon  frère ,  fe  refolut  de  prendre  la 
Guyenne,  pour  laquelle  il  avoit  inclination.  Le  Roy  Se  fon  frere.arrefte« 
rent  de  fe  voir  en  Anjou  fur  une  rivière ,  où  l'on  fit  conftruire  un  pont  k 
&  une  efpece  de  Chafteau  de  bois  au  deffus.  Le  Roy  &  fon  frère  fe 
virent  au  travers  d'un  treillis ,  le  frère  fe  jetta  aux  pieds  du  Roy ,  &  (e 
baillèrent  la  main  à  travers  des  barreaux  :  Le  jeune  Prince  s'excufaauRoy 
fur  (es  mauvais  Confeillers.  Le  Roy  prit  la  paroUe ,  &  luy  dit  que  ceut 
qui  le  gouvernoienr  avoient  grandement  failly,  qu'il  nepouvoitpas  faire 
plus  mal  que  de  fe  fcparer  ainfi  :  Vous  avez  erré  çà  &  là ,  efclave  de  vos 
valets  9  approchons-nous  Se  nous  recognôiftrons  où  nous  ont  porté  les  ar- 
tifices, de  ces  mefchans  :  je  vous  pardonne  plus  volontiers  ,  maintenant 
que  je  recb^nois  que  vos  voyages  ne  font  pas  de  voftre  mouvement.  Tout 
ce  qu'on  vient  de  lire  eft  extrait  de  l'Hiftoire  de  JacG[ues  Picolominy  ^ 
Cardinal  de  Pavie  ,  livre  7*  de  fes  Conmientair^ ,  impœflion  faite  i 
Milan ,  l'an  mil  cinq  cens  foixante  »  le  vingt- neuf  Mars  >  in-folio  » 

p*ge 
(  I  )  Voyez  le  Cabinet  4e  louis  XI.  cy- Jç/Tu^ ,  fstgQ  x  3  z  • 

Tomll.  Kkkk 


6x6  PREUVES  DES  MEMOIRES 

.        page  405.  &  ruivances,  &  de  l'im  pceflîon  de  Frandbct  de  mil  &l  ceak 
'^   '•     quatorze  »  page  441.  &  fuivantes» 

.    Dans  le  Ga/Ua  ChnfUana  de  Claude  Robert  cy^cSm  alkgaé  ^.  page 
598.  an  Cacalc^ne  des  Evefques  d'Evreuz  »  op.  yi^  on  lie 

Joannes  de  fikduë ,  ex  Cof^fèffario  &  Elûmofinario  Ludavici  XI.  €t  Ab^ 
tau  trigtfimo  tertio  Becci  9  eo^  primo  Commcndatario  cof^ramr  in  Ec^ 
de/la  rarijitafi  1466*  dit  Doaùmcd  çuartd  Augi^i  ,  pojtta  Cardinalis^ 
&  Andegaytnfis  Adminifirator  >  qui  tandem  tx  amico  inimicus  faSus 
Rtgi  Ludovico  Xh  annos  undtcim  in  carcert  cum  EpUcopo  Virduntnfi 
tTMft^t  5  teât  Ptùtippo  Comintto^Ub.  %•  cap.  ultimo^écquoaiamOnu^ 
phrius  ,  &  Ùiaconius.  Itaquc  exptrtus  tfi  Horatiamun  iUud^ 

Dulcis  imxjptrtis  cultura  potentis  ^mici.. 

Et  au  Gitalogue  des  Eveuiues  d* Angers  »  n9.  £7».  Joannes  de  Batur  ex: 
Ebroictnfi,  pcfica  Cardinalis  ,  Epifcopus  Albaner^  ^filius  Sartoris.  Vide 
Domirmr^  de  Refuge  9  TraBam  ôallico  de  Curia  ,  poR  z.  c^zS.  Petrum. 
Mathieu  ,  Ub^  il^  vitm  Ludovici  XL  Guaguinum  ,  libro  undecimo. 

Dans  le  Recueil  des  Libertez  de  l'Eglife  Gallicane ,  imprimé  l'an  mil! 
fix  cens  trente-neuf,  au  Traire  des  Droits  Ecclefiaftiques  »  fait  par  An* 
thbine  Hotman  ,  Advocat  en  Parlement  y  Tan  mil  cinq^  cens  quatre» 
yingt  quatorze ,  pages  187*  ic  1&8. 

I^  Cardinal  de  &diuc  fiit  em^ifonné  avec  l'Evefque  de  Yicf dun  >  dik 
temps  du  Roy  Louis  onzierme»,  Fa3i  autan  caufam  vulgari  violatam  ab 
us  Majeftaam  &  quietem  Regni  ardbus  impeditam  »  ce  dit  Jacobus  Cardin 
naiis  Papitnfis  ,  lib.  y.  Commentariorumy  ou  il  recite  tout  ce  difirxend^ 
&  comme  ce  Jean  de  BaUuë  eftant  de  petit  lieu,  parvint  avec  grander 
induftrie  à  eftre  Cardinal  du  titre  de  fainte  Suzanne,  &gouvernoit 
tout  le  Ro)raume  de  France  t  Mais  impatient  de  fa  fortune ,  &.  fe  voulant 
mefler  trop  avant  des  affaires  du  fiere  du  Roy-,  qui  eftoit  Charles  Duc  de 
Guyenne ,  il  fut  conftitué  prifoitnier  ^&  deur  Confeitlers  du  Pârlemenr 
furent  envoyer  à  Rome ,  pour  y  remonflrer  le  droit  qu'avoit  le  Roy  de 
faire  ce  procès  pour  lescas  privilégiez  concernans  le  Royaumetle  France  >. 
Êins  diftmâion  de  perTonneEcclefîaftique,  ¥oire  eftant  du  corps  de  l!E^ 
glifi:  de  Rome.w  (  a  ) 

C  L 

Extrait  de  tlSflokt  mam^ite  des  anâquàe^  di  Flandres  ^  eompofeepaà 

,  ConfiiUer  au  Confeil  de  Malines*  duQ8*^ 


CoouBotîoaà  Gmiy  èx  ctmgs  de  Mt.  le  Doc  Charles». 


Tiré  it  1*E.  X?  ^  ^^^  "^  quatre  cens  foîsame  fept  »  le  lendemain  qpe  Monfieur  le 
Jicjon  de  X^  I^  Charles  avoît  fait  fà  joyeufe  entrée  en  Gand ,  qui  fut  le  dernier 
M.  Gode-  |oar  de  luin  >  le  peuple  de  Garni  s'efmut  >  &:  les  fbls.de  foint  Lievin  en 
&<^y*  retournant 

(1)  $7  LcCardinal  Balaefot  remis  Idevint  Pape  en  ifCt).  fous  le  nom  de: 
en  1480.  Siu  Cardinal  de  S.  Pierre  aux  |  Joies  IL  Voyez,  le  Tome  I.  de  cette  £4i>*^ 
liens , Leg;» du  Page ,  &  qpi  luy-méme  l<cioii.IiyreYL  chag.  7.iiotci7. 


DE  PHIL.  DE  COMINES.  <fi7 

TCtoumant  de  Ho  utcm  »  pailànr  par  le  Coremarr ,  abbarircnt  la  maifonerco     ^^^" 
t)ù  fe  levoit  la  cueulocte  de  blcq»  tirèrent  fur  le  grand  marché ,  &  là  de-     •  '*  ^* 
tnourerent  avec  la  fierté  ,  &  ne  s'en  vouloient  départir  qu'ils  n'cuflènc 
^      ^e  cedulle  fignéc  de  la  main  de  mondit  Scignienr  >  par  laquelle  il  leur 
^  promettoit  les  articles  aui  s'enfuivent. 

Premiers,  que  kcueulotte  de  bled  feroît  oftée,  que  les  ponesclofes  par 
la  paix  de  Gavre  »  *  feroienr  ouvertes ,  qu'ils  pourroient  ufer  de  leurs  ♦  Ce  Traita 
bannières  ^  ainC  qu'ils  fiûioient  de vanr  ladite  paix.  '  da  Duc  de 

Qu'ils  efliroient  leurs  Doyens  en  la  manière  anciennement  accouftu-  Boargogne 
inée,que  tous  metfàits  leur  feroienr  pardoD]iez>que  CommUItires  fèroient  ^.^^9^?" 
ordonner , qui  s'informeraient  fur  (  /r  )  gouvernement  de  la  Villes  6c  Mr .  ^^^*  i^  ** 
le  Duc  fort  eftonné ,  leur  accorda  tout  ce  qu'ils  demandèrent ,  &  figna  la  îtr .     ^ 
cedulle»  &  ce  fait  en  départirent,  &  rapportèrent  la  fierté  à  faint  Bavon  » 
&  coururent  ouvrir  l'hofpitael  Poorte. 

firief»  après  lefdits  de  Gand  y  fcacbans  qtie  mondit  Se^neur  le  Duc 
eftoir  pany  fort  mal  content ,  ils  luy  renvoyèrent  la  cedulle  »  6c  avec  ce  » 
luy  donnèrent  diverfes  fommes  de  deniers  y  mais  quelque  chofe  qu'ils 
fceuflènt  faire,  ib  ne  fçavoient  parvenir  à  mercy  jufques  en  l'an  foixantc 
huit  qu'il  eftoit  retourné  de  Franchemont  plein  de  gloire  &  de  viâoire, 
que  lors  ils  envoyèrent  leurs  Députez  devers  luy  à  Ikuxelles ,  pour  traiter 
éc  luy  prier  mercy  »  lefqnels  befognerent  tellement ,  qu'ils  obtiment  la 
paix  par  la  manière  qui  s'enfuit.  - 

Premier  que  l'Hofpitad  Poorte  par  eux  ouverte  feroit  reftoupée,  &  que 
tout  ce  qu'ils  avoient  fait  an  préjudice  delà  paix  de  Gavre  feroit  reparé, 
que  le  privilège  de  Philippe  le  Bel  touchant  le  renouvellement  ce  la  Loy 
(eroit  caffî ,  &  la  Loy  déformais  refaite  par  les  Commiflaires  de  Monfei- 
gneur ,  que  les  bannières  dont  ils  avoient  ufé  en  ladite  fefte  de  faint  Lie- 
vin  luy  (croient  apportées  à  Bruxelles,  &  prefentées  par  chacun  Doyen  la 
(lenne ,  pour  en  taire  à  fa  volonté ,  fans  famais  pouvoir  ufer  de  fembla^- 
bles  ;  Item ,  que  faint  Lievin  fer^Mt  déformais  porté  dévotement  6c  hon- 
neftement  fur  un  chariot. 

.  Qu'ils  ne  uferoient  plus  de  tenir  Hauwec  au  mi-Kacefme ,  que  pour 
tenir  colace ,  l'on  ne  pourroit  aflcrobler  que  trois  cens  perfomies  des 
plus  notables  de  la  Ville ,  qu'ils  baiUerment  leur  oblkation  (oubs  le 
grand  fcel  de  la  Ville  ,  que  h  jamais  ils  contrevenoîent  a  cette  paix ,  ils 
tourferoienc  corps  6c  biens  6c  iranchife  de  meftier,  nonobftant  leurs  pri- 
vilèges au  contraire. 

Au  mois  de  Janvier  mil  quatre  cens  foixante  huit,  lefdits  de  Gand 
foumirenc  à  toutes  les  choies  detfufdttes ,  fie  moyennant  ce ,  Monfei- 

Î[neur  leur  fit  aboUcion  6c  pardon  de  toutes  leurs  defisnfes ,  6c  en  May 
uivant  foixante  neuf,  mocidic  Seigneur  vincâ  Gasid  ,  où  il  fut  reçu  a 
grand  triomphe. 

;  Le  nouveiu  Duc  de  Bourgogne  ne  juseant  pas  à  pr(m>s ,  ou  peut-efti^ 
*  n'eftant  pas  en  eftat  de  foumettre  les  ântois  par  la  bKce ,  leur  permit 
l'ouverture  des  pones  qui  dévoient  çftre  fermées  »  fie  de  fe  fervir  aeleuté 
bannières ,  ainfi  qu'ils  faifoient  avant  le  Traité  de  Gavre  »  fie  leur  en 
donna  les  deux  Lettres  (bivantes. 

Kkkki  CIL 


6i%  PREUVES  DES  MEMOIRES 

i4«7-  CIL 

Pe^mi/pon  donnitpar  Chartes  Due  de  Bourgogne  ^  a  ceux  de  la  Fitte  dk      f^ 
CTand  d'ouvrir  trois  de  leurs  portes  j  lepnuUes  dcvoUnt  efire  fermier  ^ 

en  exécution  du  Traue  de  Gavre. 


A  Bruxelles  «  ttiS.Toittec  14^7* 

Tîrfdc    ^^  H  A  R  L  E  S ,  par  la  grâce  de  Dieu ,  Duc  de  Bourgogne ,  de  Lo» 
^°^^^   V^^  thier  ,  de  Bruant ,  de  Lembourg  &  de  Luxembourg  ,  Comte  de 
j^  '         Flandres ,  d'Artois ,  de  Bourgogne ,  I^atin  de  Haynau ,  de  Hollande  » 
de  ZeUande  &  de  Namnr ,  Marquis  du  faint  Empire ,  Seigneur  de  Frife  y 
de  Salins  &  de  Malines*  A  tous  ceux  qui  ces  prefentes  Lettres  verront  ^ 
Salut  :  Comme  plufieurs  de  nos  fubjets  de  notre  Ville  de  Gand  à  noftre 
joyeufe  entrée  &  réception  que  nous  fifmes  dernièrement  en  noftredit^ 
ViUe,^  comme  Seigneur  6c  Comte  de  Flandres.»  nouseuflènt  fupplié  Se 
.    requis  de  bouche ,  qu'il  nous  pluft  de  noftre  gtace  leur  accorder  &  don- 
t^  fta   ^'  ^cr  l'ouverture  des  portes»  deiquellcs  Tune  par  le  Traité  de Gavre  *  cftoir 
Juiil^^^  &devoit  à  tousjours  eftre  clofe  &  murée ,  &  les  deux  autres  dévoient 
1455.  cftre  clofes  feulement  chacun  Jeudy  de  la  femaine  »  depuis  laquelle  re- 

quefte  à  nous  aind  faite ,  &  le  lendemain,  de  noftre  entrée  &  receptioi^ 
certaine  commotion  fuft  furvenue  en  noftredite  Ville  par  le  moyen 
d'aucunes  menues  &  mefchantes  perfonnes  &  populaires  i  l'encontre 
comme  ils  difoient  des.  Gouverneurs  d'icelle  noftre  Ville  »  à  l'appaifo- 
snent  de  laquelle  commotion  ôc  d  réduire  à  noftre  obéyflànce  »  le  com- 
mun peuple  de  noftredite  Ville ,  qui  par  le  moyen  de  ladite  commotion 
3'eftoit  ddevé  »  les  Efchevins  &  ^onfeil ,  Se  au0i  les  notables  d'icelle 
noftre  Ville  ie  fbient  grandement  acquittez  &  employez  comme  entendit^ 
^  avons^  Sçavoir  £aifofts,  que  nous  ces  chofes  conuderée»  mefmeroent  en 
faveur  defdits  Efchevins ,  Confeil  &  notables  ,  &  pour  contemplation  dii 
bon  vouloir  que  ils  âr  toute  la  communauté  de  noftredite  ViUe  de  Gand» 
ont  tousjours  demonftré  avoir  envers  nous  avant-  noftredite  entrée  Se 
réception ,  &  efperons  qu'ils  auront  au  temps  advenir ,  comme  bons  Se 
obéy(Ians,fubjets  ^  à  iceux  Efchevins  ,  Confeil»  notables  &  communauté 
de  noftredite  ViUe  de  Gand  »  en  enfuivant  ladite  requefte  i  nous  faite  de 
bouche,  avons  oâroyé ,  accordé  &  confenty,  o^oyons  ,  accordons 
8c  consentons  y  Se  de  noftre  grâce  efpeciale  donnons  congé  &  licence 
que  lefdites  portes  condanuiees  à  dcmourer  clofes  en  la  manière  dite> 
foienc  &  demeurent  d'orefnavant  ouvertes  conmie  les  autres  portes  de 
noftredite  Ville  ^  tout  ainii  qu'elles.eftoient  paravant  ledit  Traité-^  poup- 
veu*  toutesvoyes ,  &  moyennant  que  iceux  de  noftredite  Ville  de  Gand 
nous  bailleront  letirs  Lettres  ,  par  lefquelles  ils  cognoiftront  &  confeflê- 
ront  que  de  noftredite  efpeciale  grâce  »  leur  avons  oâroyé  &  con«- 
fentv  Touverture  deftufclite  ,  Se  que  ce  k>it  fans  préjudice  en  autres 
ckptes  dudit  Traité  de  Gavre ,  comme  deftus  eft  déclare  :  (1  donnons  en 
Mandement  à  nos  amez  &  féaux  les  Gens  de  noftre  Chambre  de  Confeil^ 
i  noftre  Procureur  generalde  Flandres  »  à  noftre  haut  Bailly  de  Gand  »  Sd 


c 


DE  PHIL.  DÉ  COMINES.  ^19  ^^.^^ 

I  tous  nos  autres  Jufticicrs  &  Officiers  qui  ce  peut  &  pourra  toucher ,  que     i^Oj^ 
de  ndftre  prcfcnte  grâce,  oâioy ,  congé  &  licence,  ils  &  chacun  d'eux  en  4 

droit  foy  uflcnt ,  fouffrent  &  kiflent  lefdits  de  noftre  V ille  de  Gand  plei- 
nement &  paifiblement  joyr  &  ufer ,  fans  leur  faire  mettre  ou  donner , 
ne  fouffrir  eftre  fait ,  mis  ou  dpnné  aucun  deftourbier  ou  cmpcfchcmenc 
au  contraire  -,  car  ainfl  nous  plaift-il  ;  en  tefmoin  de  ce ,  nous  avons  fait 
mettre  noftre  fcel  à  ces  prefentes  :  Donné  en  noftre  Ville  de  Bruxelles  ♦ 
le  vingt-huitiefmc  jour  de  Juillet,  Tan  de  grâce  mil  quatre  cens  foixantc 
fcpt.  Aixï&^gné  :  Par  Monfeigneur  le  Duc.  J.  Gros» 

'     C  I  I  r. 

PermtfEon  dt  Chartes  Duc  dt  Bourgogne  ,  aux  trois  MemBres  de  la  Fitter 
de  'Gond  ydefe  Servir  dans  cette  FiUe  des  bannières  &  en/eignes  ydont 
ils  avoient  ejiéprive[  par  le  Traité  de  Gavre*. 

A  Bruxelles  le  i8.  Jaillec  1467^ 

H  A  R  L  E  S  par  ta  grâce  de  Dieu  ,  Duc  de  Bourgogne ,  de  tothîec,      J}^,^  ^ 
de  Brabant ,  de  Lembourg  &  de  Luxembourg,  Comte  de  Flandres,  ^  ^^^^^ 

d'Anois ,  de  Bourgogne ,  Palatin  de  Haynau ,  de  Hollande ,  de2^11andé  ^^^^^ 

&  de  Namur ,  Marquis  du  faint  Empire ,  Seigneur  de  Frife ,  de  Salins  & 

de  Malines*  A  tous  ceux  qui  ces  prefentes  Lettres  verront ,  Salut  :  Comme 

les  Efchevins  Confeil ,  &  notables  de  noftre  Ville  de  Gand  ,  nous  ayent 

prefentement  fait  remonftrer  le  bon  vouloir  Se  grand  defir  qu'ils  ont ,  S: 

aufli  le  devoir  &  acquit,  eaquoy^ils  femettent  de  faire  obéyr*  Jufticeen     *  Xo  crok 

noftredite  Ville,  &  a  réduire  le  commun  peuple  d'icelle  ^au  train  qu'il  qu'il  fiiurli- 

«ftoit  avant  la  dernière  commotion  n'agaires  par  le  moyen  des  Manans  'm*^'^ 

furvenue  en  noftredite  Vîlle ,  Ôc  comment  fe  noftre-  plaiHr  eftoit  leur  oc- 
troyer de  noftre  gtace  efpeciale  ,  que  les  membres  Se  meftiers  d'icelle 

noftre  Ville  peuftent  ravoir  leurs  bannières  ,  comme  ils  avoient  avant  le 

Traité  de  Gavre,  ils  e(peroient  certainement  que  le  peuple  defdits  mef* 

tiers  feroitpar  ce  moyen  entretenu  en  meilleure  conduite,  paix,  tran^ 

ijuillité  &  obéyftànce  de  Juftice ,  en  nousfuppiiant  en  toute  humilité  que 

pour  le  bien  de  noftredite  Ville,  il  nous  plaife  fiir  ce  leur  extendre  & 

cflargir  noftre  gracerSçavoir  faifons,  que  nous  ces  chofes  considérées  8€ 

fur  icelles  eu  advis  &  délibération  de  Confeil ,  inclinans  à  ladite  fuppli* 

cation  en  faveur  mefmement  defdits  remonftrans ,  &  de  la  bonne  aftec- 

tion  qu'ils  ont ,  comme  ilsdifent ,  de  d'orefnavant  entretenir  noftredite 

Ville  en  bonne  obéyflànce ,  i  iceux  Efchevins ,  Confeil  8c  notables  de 

noftredite  Ville  ,  avons  accordé ,  oâroyé  &  confenti^  oâroyons ,  con- 

fentons  &  accordons  de  grâce  efpecialepar  ces  prefentes ,  donnons  congé, 

licence  pour  &  au  nom  des  trots  Aiembres  d'icelle  noftre  Ville  :  afiàvok 

te  Membre  de  la  Bourgeoi/ie ,  le  Membre  des  meftiers  &  le  Membre  des^ 

Tiflèrans,que  iceux  trois  Membresqni  paravant  laderniere  guerreavoient 

accouftume  d'avoir  bannières  ou  enfei^nes  ,  puiflènt  d'orefnavant  ufer 

defdites  bannières  dedans  noftredite  Ville ,  Se  non  point  hors  d'kelle  ^ 

4:  poucveu-qu'ils  n'en  pourront  qfer  fors  que  en  choCcs  licites  &  hon- 

Kkkk  X  neftes^ 


/ 


6^0  PREUVES  DES  MEMOIRES 

1 4  (}  7.  neftes  \  Ci  donnons  en  Mandement  i  nos  amez  &  féaux  les  Gens  de  noftre 
Chambre  de  Confeil ,  à  noftre  Procureur  gênerai  de  Flandres ,  à,  noftre 
haut  Bailiy  de  Gand ,  &  i  cous  nos  autres  Ju(Uciers  &  Officiers  y  cui  fur 
ce  peut  Se  pourra  toucher  &  regarder  que  de  noftre  prefente  grâce ,  oc- 
troy ,  congé  &  licence ,  ils  &  chacun  d'eux  en  droit  foi  faftent ,  fouf- 
frent  &  laiHentlefdits  £fchevins»  Confeili  &  notables  d'icelle  noftre  Ville 
de  Gand ,  pleinement  8c  paUîblement  jouir  8c  ufer»fans  leur  faire,  mettre 
ou  donner  ne  foutfrir  cAre  fait ,  mis  ou  donné  aucun  deftourbier  ou  em- 
pefchement  au  conrraire  »  car  ainfi  nous  plaift-il  \  en  tefmoin  de  ce  9 
nous  avons  fait  mettre  noftre  fcel  i  ces  prelentes.  Donné  en  noftre  Ville 
de  Bruxelles,  le  vingt*huitiefmc  jour  de  Juillet ,  Tan  de  grâce  mil  quatre 
cens  foixante-fept.  AinCi Jigné  :  Par  Monfeigneur  le  Duc,  J.  Gros. 
.  Les  Gantois  perfifterent  dix-huit  mois  dans  leur  révolte ,  &  ce  ne  fuft 
qu'après  avoir  appris  que  le  Duc  de  Bourgogne  revenoit  du  pays  de  Liège 
avec  des  troupes  viétorieufes  &  fuffifantes  pour  les  faire  rentrer  dans 
leur  devoir ,  qu'ils  reconnurent  la  neceftité  où  ilseftoient  de  fefoumettre. 
Ils  crurent  appaifer  la  colère  de  ce  Prince  ,  ea  faifant  refermer  les 
portes ,  qui  auroient  dû  eftre  fermées ,  &  ils  en  donnèrent  le  certificat 
qui  fuit  cy-après  fous  la  cotte  C XXX  IL 

C  I  V. 

$7  Alliance  de  Philippe  de  Savoy e  ,  avec  le  Duc  de  Bourgogne. 

Tiré  des  T^ HILIPPEdc  Savoye ,  Comte  de Beaugé , &  Seigneur  de  Brellê. 
Uecaeils  de  J^  ^  ^^^'  ^^^^  ^  ^^  preifentes  Lettres  verront.  Salut  :  Sçavoir  faifons 
M.  l'Abbé  que  pour  la  très-grande  &  fingulierej^arfaite  &  entière  amour  que  avons 
ic  Grand.  &  portons  i  la  ttès-noble  8c  tres-puiftante  Maifon  de  Bourgogne ,  comme 
nos  predeceâèurs  Ducs  de  Savoye  de  bonne  mémoire ,  que  Eheu  abfolve» 
ont  tous  jours  fait  fpecialement,  poarl'affeâion  très-cordiale  que  avons , 
&  tous  jours  avons  eu  de  la  perfonne  de  très-haut  &  puidànt  Prince,  mon 
très-cher  &  très-honnoré  Seigneur  Monfeigneur  le  Duc  de  Bourgogne  8c 
xle  Brabant  :  Nous  en  fuivant  les  bonnes  8c  louables  vertus  ,  confédéra- 
tions &  intelligences  n'agaires  &  dernièrement  ^tes  entre  feu  mon  très- 
honnoré  Seigneur  &  oncle ,  Monfieur  le  Duc  de  Bourgogne  fon  père , 
dont  Dieu  ayt  rame,&  mondit  Siegneur,qni  eft  de  prefent  d'une  part;  8c 
mon  très-redouté  Seigneur  &  frère,  Monfieur  le  Duc  de  Savoye  &  de 
Chablais ,  &  d'Aofte  d'autre,  avons  fait  8c  faifons  alliance,  confédération 
-&  intelligence  perpétuelle  avec  mondit  Seigneur  de  Bourgogne,  en  la  ma- 
manière  que  s'enfuit*  C'eft  aftavoir  que  de  ce  jour  en  avant ,  nous  luy 
fommes  8c  ferons  vrai  &  loyal  ami ,  {a  perfonne ,  fon  honneur ,  fes  pays. 
Seigneuries  &  fubjets  garderons  &  dépendrons ,  &  aiderons  à  garder  de 
^tout  noftre  pouvoir  ,  toutes  les  fois  que  befoin  fera ,  envers  8c  contre 
tous  ceux ,  que  ^ief  ou  dommage  luy  £ûre  voudroîent  >  8c  porter ,  & 
tout  ainfi  que  ferions  8c  voudrions  faire ,  potu:  garder ,  prefcrver  &  def- 
fendre  noftre  perfonne  ,  noftre  hoi^neur  ,  nos  pays ,  Seimeuries  &  fub- 
jets ,  contre  tous  ceux  que  grever  ou  dommage  nous  voudroient ,  tour  ce 
(}ue  fçaurons  8c  pourrons  (çavoir  par  qui  ne  comment  que  ce  foit  nuy  fa* 

Dle> 


\ 

> 


DE  PHIL-  DE  COMINES.  (Î31 


1^67. 


façon  à  nous  poifible  >  y  obvierons ,  &  Tempef- 
cherons  en  tout  ce  qu'il  aura  Se  pourra  avoir  à  faire  d'orefnavanc ,  foie 
pour  conquefte  de  fon  héritage  ou  autre  jufte  querelle ,  le  confeillerons 
&  ferons  confeiller  »  fe  requis  en  fbmmes  au  mieux  »  &  le  plus  loyalle- 
ment  que  faire  le  pourrons  >  &  pour  Tadrefle  &  fubftenance  de  ce  que 
luy  confeillerons>  luy  ferons  toute  aide  y  confort ,  afliftance  6c  fervice  à 
nous  pofCble ,  de  laqudle  alliance,  mondit  Seigneur  de  Bourgogne  nous 
a  baillé  fes  Lertres  Patentes^fcellées  de  fon  fcel ,  iîgnées  de  fa  main  de  la 
date  du  jourd'huv  >  en  telle  &  pareille  forme  que  cefdites  prefcntes.  En 
tefmoin  de  vérité  ,  nous  les  avons  figné  de  noftre  main ,  &  à  icelles  fait 
mettre  &  appendre  noftrefcel*  Donné  en  la  Ville  de  Pigncrolleen  Pied- 
mont  ,  le  vmgt-uniefme  jour  de  Juillet  mil  quatre  cens  foixante-fepr.. 
Signé  Philippe  de  Savoye. 

CoUationc  à  F  original ,  par  moy  ConftilUr  Notaire  &  Secrétaire  du 
Roy  en  la  Chambre^Us  Comptes  de  SourgogneSr  Brejfe.  S  igné  OouYKEvyu 
avec  paraphe. 

C  V^ 

07  Lettre  du  Comse  de  Dammardn  au  Roy  Louis  XL  aujujet  du 

Pays  de  Liège* 

SI  R  £ ,  k plus  humUenient<iuef e  puis  me  recommande  à voftre bonne      Yir{  tc% 
grâce ,  8c  vous  plaife  fçavoir  que  Monfeigneur  de  Langres  &  moi ,  Recueils  de 
avons  befogné  aux  nutieres ,  par  quoy  Tavez  envoyé  par-deçà  le  plus  di-  m.  l'Abbé 
ligemment  Se  le  mieux  que  pofl2>le  nous  a  efté  j^  comme  pourrez  voir  plus  Le  Grand, 
à  plein  par  les  Lettres  que  nous  vous  e(crivons  enièmbfe  touchant  cette 
matière.  Sire  >  des  nouvelles  de  par-deçà  nous  avons  fçu ,  Monfieur  de 
Langres  &  moy ,  que  Monfeigneur  de  Bourgogne  doit  mercre  deux  cens 
Lances  aux  Places  prochaines  qu'il  tient  entour  des  pays  de  Liege}&  qu'il 
a  fon  Armée  toute  prefte ,  Se  a  cette  caufe ,  nous  fbmmes  retirez  en  cette 
Ville  de  Rethel  >  jpour  ce  qu'elleed en  marche  moyenne  près  de  Laon ,  de 
Soiflbns  8c  des  Pkces  voinnes ,  &  en  lieu  pour  pourvoir ,  fi  rien  furve* 
noir  au  pays  Se  en  toutes  les  marches  de  par-^eça  j  le  Lieutenant  de  Sal- 
lezart  &  la  {duf]>an  de  fes  gens  font  venus  devers  moy ,  je  leur  ay  or-^ 
donné  qu'ils  (ê  tiehnent  prdis ,  Se  que  chacun  fe  tienne  en  fa  Garnifon  t 
j'envoyerai  devers  Robert  Conguingan  Se  Eftevenot  >  pour  leur  faire* 
içavoir  pareillement  qu'ils  ie  tiennent  prefts  >  afin  que  if  befotn  eftoit  9. 

3u'on  s'en  puidè  ayder  en  attendant  la  jouri^que  les  ^ens  de  Monfieur 
u  Liège  doivent  venir  devers  nous ,  |e  pourrai  bien  fàireun  tour  à  Soif* 
fbns  >  Se  es  marches  de  par-delà  >  fi  je  vois  qu'il  en  foit  befoin.  Sire  r 
.  i^ay  efperance  en  Dieu  >  à  ce  que  j'ay  pu  entendre  par  les  Gens  de  mon^  i 

dit  Seigneur  du  Liège ,  que  nous  befognerons  à  voftte  bien  Se  à  voftre 
intention  avec  eux ,  &  à  ce  que  je  puis  connoiflrre  ,  ils  (ont  fort  las  de  la; 
fiuerre  les  uns  &  les  autres,  mre  ,  Ton  vous  y  fervira  tout  au  mieux  qu'il 
fera  pofitble  >  &  fur  mon  ame,  je  connois  que  Monfeigneur  de  Langres 
vous  y  fert  de  corps  >  d'efpric  >  &:  d'un  bien,  bon  Se  grand  vouloir  >  &  eflb 

oa 


«3^  PREUVES  DES  MEMOIRES 

lA^j^     ""  très-notable  Prélat,  honnorable  &  (âge ,  Ôc  bien  honune»  pour  fcrvit 
en  telles  matières  £c  plus  grandes,&  vous  aflure,  Siq^e  ,  qu  il  y  prend  très- 
grande  diligence  &  de  bien  bon  cœur.  Sire  »  je  vous  ay  dernièrement 
refcrit  p^r  le  Senechal  de  Beaucaire ,  touchant  ces  Places  de  par-deçà 
que  vous  m  avez  mandé  que  je  miflè  en  voftre  main  \  (i  votre  plaifir  eft 
que  je  le  faiTè ,  envoyez-moy  plus  ample  puiilance  que  n'avez  fait  der- 
nièrement ,  &  ;n£  mandez  comme  je  ny  gouverneray ,  &  je  le  feray ,  5c 
en  cela  &  en  toutes  autres  chofcs^en  priant  Dieu ,  Sire  ,  qu'il  vous  doinc 
bonne  vie  &  longue.  Efcrit  à  ELethel  »  le  treizieime  jour  d'Aouft.  Voftre 
très-humble  &  obeyflànt  ferviteur  &  fubjee.  A.  de  Cbabannes. 
Aa  Roy  >  mon  louverain  Seigneur. 

C  V  L 

§cy  Alliance  pcrptmtUt  des  Ducs  de  Berry  &  de  Bretoffiem 

rJJcLIi  ^  C^  ^  ^  ^  ^.^^  '  ^^  ^  ^^^^^  ^^  ^^y^  ^^  Françe,Duc  de  Normandie;  A  tout 
M^^AbU^  V^  ceux  qui  ces  prefentesLettres verront,Salut  :  Comme  engre  feu  de  trèsj 
ic  GranJ.  gloricufe  mémoire ,  le  Roy  Charles  Vil»  de  ce  nom  ,  dernièrement  dé- 
cède, noftre  très-redouté  Seigneur  &  père,  auquel  Dieu  fallèvray  pardon, 
en  £on  vivant,  &  noftre  très-cher  &  très-amé  couân  le  Duc  de  Bretagne, 
de  prefent  &  mefme  emreleur  predeceilèurs ,  aufquels  Dieu  pardoint , 
ayt  eu  grande  &  parfaite  amitié,intelli^ence  &bienveillancç,^ui  ont  efté 
caufe  a  avoir  entretenu  eux,&  leurs  Prmcipautez  &  Seigneuries  en  eftat, 
vertu ,  magnificence  &  tranquilité  :  Sçavoir  faifons,  quenous  deflrans  en- 
fuivre  les  louables  faits  &  conduite  de  noftre  très-redouté  Seigneur  âç 
père ,  &  auttes  nos  progenireurs ,  &  pour  preferver  noftre  perfonne  ,  Se 
reprimer  Tinvafîon  &  entreprifes  que  mondit  Seigneur  le  Roy  de  jprefenr, 
aux  pourchas  d'aucuns  nos  haineurs  proche  de  luy ,  pourroit  raire  fur 
nous  ,  ainfî  que  fommes  acenenez  qu'il  quiert ,  &  a  vouloir  de  faire  fe 
poifible  luy  eftoit  ^  &  mefme  pour  la  grande  amour  naturel  que  nous 
avons  à  noftredit  coudn  de  Bretagne ,  tant  pour  raifon  de  la  proximité 
de  lignage  ,  dont  il  nous  attient  que  pour  la  vraye  expérience  &  fingu- 
liere  &  cordiale  amitié,  qu'il  nous  a  par  effet  monftré  en  ce  que  par  deux 
fois  il  nous  a  recueilli ,  fauve  &  gardé  noftre  perfonne  ,  &  mefme  a  em- 
ployé &  expofé  la  fienne  &  toute  fa  puKIànce ,  pour  donner  fupport  & 
aide  à  nous  &  aux  Seigneurs  du  Sang  ,  joints  avec  nous,  à  devoir  pour- 
.  -  yoir  2tu  defordre ,  qui  a  efté  &  eft  au  Royaume ,  &  à  nous  faire  avoir 
.  ^  ^^  •"  noftre  partage  &  appanage  ,  dont  à  luy  nous  reputons  [  pour  ce  j  attenus 
!dcux crX      ^  V^^ài  autres  juftes  caules  à  ce  nous  mouvans ,  nous  avons  fait  &  fai- 
chcts  man-  ^^"^  ^^^^  noftredit  coudn  bonne,  vraye  &  loyale  amitié,  confédérations 
iqucà  la  po.  ^alliances  fraternellement^^  de  prefent  ]  &  perpétuelle  aux  vies  de  luy  & 
f>if^  de  nous ,  en  la  manière  qui  enfuit^  C'eft  aftàvoir  que  nous  luv  fommes 

^  ferons  perpétuellement ,  tant  que  vivrons ,  &  que  quelque  bien 
[  queayon$^  &  puiftions  parvenir,  foit  à  la  Couronne  de  France  ou 
autres  grande  Principauté  &  Seigneuries  ,  bon  ,  vray  &  loyal  ami  » 
paVent ,  bienveillant  &  frère  bien  allié  l'aimerons  ,  fouftiendrons  [  &  ayy 
d^ron^  ffourfe'^  pouvoir  i  gvdei:»  fauyçr&deffendre  fa  perfonne ,  les 

honneur^ 


DE  PHIL.  DE  COMINËS  ^53 

lionoeors  8c  Ces  Pays ,  Terres ,  Seigneariês  &  fubjcts ,  ainfi  que  voudrions  - 

-&ke  les  noftrcs  propres  fans  différence  aucune  contre  cous  ,  [fans  en]       4  07* 
excepter  Monfeigneur  le.  Roy9ne  autres  que  la  per fonne  de  n<:  t  crédit  coufin 
voafdrdits  Pays ,  Seigneuries  &  fubjets-^^voudcoit  grever  >  guerroyer, 
dommagerouufurper  en  quelque  [iwtfnifre,/?tfr^tf/5  3  &  querelles,  en- 
trepci(es,  tant  à  recouvrer  fondit  Dacté  de  Milan,*  que  autres  Terres  &  *IIyafaa- 
5eigneuries  qui  luy  appartiennent ,  ou  cfquelles  il  prétendra  droit,  nous  ce  ,  H  fauc 
{  promenons  de  ]  bonne  foy  l'aider  &  foutenirdenoftrepui(Iance,&  nous  ^^^^^^ 
déclarer  aaû  de  fes  ami>  &  ennemis  de  fes  ennemis ,  mettre  &  employer  ^^'^^^ 
en  faveur  de  luy  [  &  dcjcsfub/tts ,  nos  biens  &  vies  ]  fi  befoin  eft ,  &:  tous 
nos  -fubjets  >  Pays  6t  Seimeuries  >  tant  i^refèns  que  advenir  ,  tout  aiml 
que  iceluy  noftre  coufin  le  voudra  demander  &  requérir  ,  tant  à  Fen  con- 
tre de  mondit  Seigneur {  U  Roy  ]  que  tous  autres  vivans ,  &.qui  peu- 
vent vivre  &  mourir  •,  &  en  outre ,  tout  ce  que  pourrons  fçavoir  eftre 
fait  y  dit  ou  pourchaâé  au  préjudice  de  noftredit  coufin  &  de  fefdits 
Pays  y  Terres  &  Seigneuries  &  uibjets ,  &  au(fi  defdites  entreprifes  & 

Î[uereUes,nous  luy  ugnifierons  &  de  tout  npflre  pouvoir  gardetons  &  déf- 
endrons t  &  entendons  ces  prefentes  alliances  eftre  de  tel  effet  &  vertu» 
préférant  &  annulant  tout  au tre  à  cettes  pœ judiciabie  par  cy-devant  /  par  - 
nous  prifes  »  faites  &  à  faire  >  à  quelques  Princes  qu'ils  foient ,  fans  nul 
excepter  >  quejamais  des  vies  de  noftredit  coufin  &  de  nous  par  nulle 
choie  qni  puiffe  advenir ,  ne  pour  eftre  parvenu  à  la  Couronné  ne  autre^ 
ment ,  de  noftre  part  ne  feront  >  ne  ne  pourront  eftre  en&ains ,  ne  caflèzj 
aincois  l'entendrons  en  leurs  effets  &  vertu  y  fans  jamais  à  nul  jour  de 
noftre  temps  aller  à  l'encontre  y  6c  ainfi  le  jurons  &  promettons  fur  noftre 
foy  &  honneur  Se  parolle  de  Prince  ,  fur  les  Reliques  de  la  vraye  Croix, 
de  St.  George ,  St.  Sebaftien  &  autres ,  &  Les  faints  £vangiles,]>ar  nous  Se 
noftredit  coufin  manuellement  touchez ,  &  (ur  peine  d'encourir  les  cen* 
fures  Ecclefiaftiques,  efquelles  nous  nous  foubmettons,  &icelle  foubmif- 
fion  promeftons  faire  authorifer  par  noftre  St.  Père  pour  tout  temps ,  tant 
preienc  que  advenir ,  en  quelque  Eftat  &  Seigneurie  ,  fi>it  à  la  Couronne 
de  France  ou  autres  que  puifiions  jamais  parvenir  ,  en  renonçant  par  ces 
prefentes ,  renonçons  à  toutes  exceptions  Se  déceptions  y  fraudes ,  bar- 
ras Se  allégations  de  fait ,  de  droit  Se  de  couftume ,  â  tous  rdievemens , 
abfolutions  &  deffenfes  de  fermens ,  alliances ,  appointemens  &  pro^ 
meffès  efcriptes  ou  non  efcriptes  ,  Se  generallement  à  toutes  les  chofes 
quelconques,  par  lefquelles  on  pourroit  aller  contre  la  teneur  de  ces  pre* 
Kntes  ;  &  à  fin  de  plus  étroitement  garder  cefdites  prefentes  alliances  » 
nous  avons  élus  >  nommé  &  commis,  elifons,  nommons  &  commettons 
de  noftrepart,  ainfi  que  de  noftredit  coufin  a  fait  de  la  fienne  configna* 
tare  (Ticeiles  alliances ,  noftre  amé  Se  féal  Chancelier  l'Evefque  &  Comte 
de  Verdun,  Se  le  Seieneur  de  Lefcun ,  Confeiller  &  Chambellan  de  nof- 
tredit coufin,  aufquels  par  ces  prefentes ,  donnons  pouvoir  &  comm'ifGon 
de  connoiftre  de  tous  cas  qui  pourroient  advenir  ou  eftre  rapportezavoir 
eftc  faits  d'une  part  Se  d'autre  au  préjudice  d'kelles ,  &  d'en  dire,  juger 
Se  ordonner  à  leur  égard ,  Se  nous  foubmetcans  Se  foubmettons  aux  cen<* 
ùxïcs  Se  peines  defimdites,  d*en  faire  &  tenir  leurfdite^  ordonnancés'en- 
lâcrement ,  pour  y  dctfercTy  njc  aller  à  l'encoofre  y  8e  Ce  cefilits  configna^' 
"  Tome  IL  LUI  teurs 


I4^7« 


Tréfor  des 
Chanes,par 
M.  l'Abbé 
Le  Grand. 
Àrmûin  N^ 
Csfittê  B., 
Inveutskê 
XI. 


^3+  PREUVES  DES  MEMOIRE  S 

tcurs  ou  f  oa  <f euic  tlbit  de  vie  aa  crcTpas,  oa  furent  duifinent  tMOh 
fez,  de  Bon  exercer  la  Cbarge  dfiffitâlke ,  en  ce  cts  ».tious^  Ôc  noftredk 
coQÂn  çlm^f^  en  droU  foi ,.  pomronc  fukroeter  aune  ou  antres  condgaan 
teu^  >  $MI  lien  d^  celaj  ou  m.  cens  qui  feroine  nopsdSm  >  om  dttëmciir 
excufe?  »  comnc  dit  ea^ 

liêm.  Poiir  mic^x  former  &  afl&icr  rentenncment  deidices  aUiances^ 
fious  lt&  avons  voulu  faice  te  i^oas  de  nos  Pap  9  Se^euriei  &  fiib^ 
avec  eemdc>Qoftr^c  confiti  >  tout  ainfi  qu'elles  font  entité  nos  perfonacsv. 

En  t^fave^i^  d^  ce  »  nous  avons  ^né  ces  piefeates  de  nodiemaîa  »  8a 

Jf  fait  nçtfctrfi  noftve  Scel.  Docinf  a  Nantes-,  le  feizieiixie  joor  d'Aouft^ 
'an  de  grape  mil  quatre  cens  fojpcante-fept»  Signé  Chaules  r  avec  para^ 
phe.  £tmrlereply»I%ki  MûtofeignearicDac  de  Normanctie^  di  Yillikma^ 
avec  paraph^^  £tp0rpi^  avoir  ^  fctliéfiar  d^utk  qfuuL 

C  V  I  L 

1er  Çt^^frmm^A  eaiUaMcscyrAfiis,  pm  C%a^  I>ucdt  N^^nnoMUi. 

&Fram^ùSxûtLcdtBr€iagnu 

CHARiES,  fils  fit  frète- de  R03F  de  France ,  Duc  dr  Normandie  %.. 
ôc  François  par  ta  grâce  de  Dieu ,  Duc  de  Bretagne  >  Comte  de 
Monfbrt»  de  Ricnemonr ,  d'Eikmpes  dt  de  Vertus;.  A  cous  ceux  qui  ces 
preTentes  Lettres  verront ,  Sahit  r  Comme  pfaifieurs  grandes  nûfbnnables: 
caufes  contenues  &  déclara  en  nos  Lettres  de  Scellez.,  faits  Se  datcez  du 
féiziefme  four  de  ce  prefènt  mois  d'Aoaft ,  noosiayons  pris  8c  fait  aâem*^ 
blement  Tunavec  l'autre ,  tant  pour  nos  nertomies  que  pour  nos  Ihtjtôc 
Seigneuries  prefens^  8c  advenir ,  grande  y  Donne ,  loyale  8c  parfatteamitié,» 
eonUsderation  &  alliance  fraternelle,  irrévocable  8c  perpétuelle  aux  vies 
de  nous  (leux,ainfi  [  ^  ]  en  la  manière  plus  i  pkin  déctareeSt  fpecifiée  en 
nos  Lettres^c  Scellez,  par  lefqueUesaQiances,  miem  âc  plus  étroitmnenc 
garder  8c  obferver  fans  rupture ,  ne  infraâion  ,  ayons  par  nofdites  mef- 
Qies  Lettres  elû  &  nommé  confervateurs  dlcelies^ alliances,  no^^bien  ai- 
mez &  firaux  rEve£aue&  Comte  de  Verdun,  ChanceUer  de  nous  ^Doc^ 
de  Normandie»  &  te  Sieup  deLefcun,  ConfeiUer  8ç  Chambellan  de 
nous,  Duc  de  Bretagne ,  Sçavotr  faifonsqaeen  traitant  dt  jurant  kfdires: 
alliances  ,  nous  eognoif&nsles  grands  &  louables  Services  dianes  de  mé- 
moire, que  lefdits  Confervateurs  8c  chacun  d'eux  nous  ont  Fait  &  fonr 
chacun  jo«f  >  en  expoiànt  leurs  per&nnes  5  biens ,  Eftat  8c  Cbevance  à 
l'entrecenemenr  8c  conduite  de  toutes  nos  grandes  8c  princîp^des-  afàires^ 
8c  maticffe»  %  avons  d'mne  mefnie  voulenté  8c  intention ,  compris  &  en« 
tcndn  comprendre  8c  encore  d'abondant,  déclarons  par  ces  prefentes  1er 
d^flufdits  Evefqne  8c  Comte  de  Verdun  ,  8c  ledit  Seigneuf»  de  Lefcn» 
être  compris  en  iceUtsconftderations  &  alliances^  en  promettant  8C  leur 
promettons  qne  en  quelque  eftat  que  nous  8c  chacun  de  nous  puiffions  ja-^ 
mais  pan enir  >  nous  aflemblement  8c  feparament  pMterons  8c  foutien-* 
dvons  leurs  peifonnes  comme  tt»nofoes  propres ,  contre  tons  œux  qu& 
lès  voudroieso  grever  oudoomiager ,  &  les  maintiendrons  en  letu:94>ien^». 
Eftat,  honneius  8c  pro^ritez,  fans  jamais  faire  aucnn  accord  neappoîn-^ 
ifimen&  avec  mondxt  Sei^eur  kRoy  >  neavecaurres  Princes  queb  qu'ils^ 

foienr 


DETHIi:  DE  COMINES-  '«35 

totm  f  que  leurt  pet  fonnes  »  tnetis ,  hoancors  »  Eftacs ,  Terres  &  poflef-        ^ 
fions  n*y  toienc  enaeremeni  compns^comine  les  noftres  mefmes  propres ,     ^  4  ^  7« 
De  à  nul  }our  de  noftre  temps  preTent  no  advenir  ^  ne  les  abandonne- 
tons  par  nul  ca^iport  qui  nous  piufle  eftccÊût ,  ne  pour  quelconque  canfe 
ou  occafion  que  ce  foie ,  fe  n'eftoic  toutes  voyes  qu'ils  fuflènt  atteints  6c 
convaincus  d'avoir  conunis  cas  criminel  envers  nous  ou  l'un  de  nous  y 
auquel  cas  promettons  les  oyr  &  chacun  d'eux  fufiSfamment  &  per- 
tînement  ^  [fans  aucunement  ]  les  fbrclure  »  ne  mectrehors  de  noftreditc  ♦  n  y  a  ict 
alliance»  nedefdits  Traité  Se  appointement  >  ii  aucuns  fe  font ,  &  tes  quelques 
chofes  nous  [  avons  promis  &  juri  ^  i  ]  aucun  ^  en  droit  foy  promet-  mocsd^chi- 
tons  &  jurons  jpar  cefdites prefentes  »  faire,  tenir  &  loyaumentaccom*  «zdansTo* 
plir  aux  deiTuldits  Confervareurs ,  ainfi  &  [  m  Ai  fufdif  matien  &  J  ^P°^  >  |^ 
autres  points  contenus  en  nofdites  alliances  Se  Scellée ,  &  Canons  ainu  pj/^^^g^ 
juré,  &  de  rechef  le  jurons  fur  nos  foys  &  honneurs,  fur  les  faints  eftenm^ 
Evalues  &  ùxx  les  Reliques  de  la  vraye  Croâ ,  de  faint  George ,  faint  aeuz  cr^ 
Sd>aflbien  &  antres ,  par  nous  nouvellement  touchées ,  ic  fur  peine  d'en-  chets. 
courir  les  cenfures  Ecclefîaftiques,èiqaelles  nous  nousfoubmettonspour  i^j^^^ 
tout  temps  ,  tant  prefent que  advenir,  en  renon^mt,  &par  ces  prefentes  je  crois  qu*a 
renonçons  à  toutes  exceptions ,  déceptions ,  fraudes,  oarats  &  dlega-  fàutUre^^ 
tions  de  fait,de  droit  &  de  couftumes,à  tousrelievemens,abfolutions  &  ctm. 
difpenfes  de  Rome  ,  à  tous  appointemens  &  promeflès  efcriptes ,  6c 
Seneralement  à  toutes  les  chofes  quelconques,  par  lefquelles  onpourroit 
aller  contre  la  teneur  de  ces  preuntes.  En  tefmoin  de  ce ,  nous  avons 
£gné  ces  prefentes  de  nos  mains,  &  y  fait  mettre  nos  Sceaux.  Donné  à 
Nantes ,  le  vint-deuziefme  jour  d'Aouft ,  l'an  de  grâce  mil  quatre  cen^ 
foixante*f<^« 

C  V  I  I  I. 

$7  Emrtprifc  du  Dut  ik  Calainfur  rJrragon^  ù  commij^on  pour  lertr 

aydt  &fubfiit 

JE  H  A  N ,  fils  du  Roy  de  Jertifâiem  &  des  deux  Siciles ,  &c.  Primo-     «j^^^  ^ 
genit  d'Arragon,  t>uc  de  Calabre  &  de  Lorraine ,  Marchis,  Prince  de  Recueik  de 
Gironne ,  Gouverneur  ic  Lieurenant  General  nour  Monfèigncor  le  Roy  m.  TAbbé 
en  ces  Pays  &  Comtez  de  Rouffillon  &  deSaraaigne^  A  tous  ceux  qui  ces  Le  Grand, 
prefentes  Lettres  verront  ou  orront.  Salut:  Comme  nous  en  enfuivant  le 
non  plaifir  de  mondit  Seigneur  le  Roy ,  &  par  la  puidance  à  nous  par  luy 
donnée  en  ces  Pays  &  Comtez ,  ainfi  que  par  Ç^  Lettres  Patentes  peut 
apparoir ,  nous  ayons  n'affaires  donné  commiflion  &  mandement  efpe^ 
cial  à  AoAre  très-cher  &  bien  amé  Charles  Defmarais ,  Chevalier ,  Capi- 
taine du  Chaftel  de  Perpignan,  &  Gabriel  de  faint  George ,  Bailly  dudit 
lieu  ,  avec  pouvoir  &  puklànce  de  faire  mettre  fus  ic  en  armes  gens  i 
cheval  8c  de  pied  efdics  Comtes  de  Rouffillon  &Sardaigne ,  chacun  félon 
fa  qualité  &  puiflbi>ice ,  pour  nous  venir  aider ,  fecourir  &  fervir  ï  noftre 
eumprife  deCathalogne ,  ainfiqoe  mondit  Seigneur  le  Roy  par  (efdites 
Lettres  le  vent  8c  mande,  8c  foitainii que lefdiesDefnsurais&St. George, 
enob^llantaufoon  plaifir  de  mondit  Seigneur  le  Roy  ic  de  nous,  par 
vertu  ée  aofiAitei  Lcmei  de  commiflSon  ,  ayent  fait  aflembler  gens  clef-  - 

Lin  a  dits 


6^6  PREUVES  DES  MEMOIRES 

dits  Pays  &  Comtez  ,  pour  les  caufcs  delHifclkes  »  lefqaels  nous  ayent: 
^4^7*'    promis  es  perfonnes  dclTurdics  Defmarais  âcSt.  George  ,  quatre  cens* 
nommes  en  armesaux  frais  &  dépens  defdics  Pays ,  Se  pour  ce  queà  pre>^ 
fenc  noAre  très-cher  &  amécoufin  le  Comte  d'Armajgnac  accompagné  de 
trois  cens  Lances  5  vient  pour  nous  aider  &  fècourir  à/noftredite  entrer- 
prife ,  par  quoy  tant  pour  cette  caufe  qu'autre  nous  foit  plus  neceflàire: 
d'avoir  argent  qpe  gens  ,  &  layde  defdus  quatre  cens  hommes  foit  con- 
verti en  ayde  d'argent ,  pour  lequel  convetti({èment ,  faire  &  faire  fairc^ 
nous  foit  befoin  pourvoir  de  hommes  à  nous  feables  &  bien  entendus  >- 
Sçavoir  faifons  que  nous  à  plein  confians  des  fens ,  fouffifance ,  loyauté,^ 
prud'hommie  &  bonne  diligence  eftre  en  la  perfonnede  noftre  très  cher: 
&  bien  amé  Jomme  de  Montort,  JMaiftre  de  noftre  Chambre  aux  Deniers»* 
iceluy  pour  ces  caufes  &  autres  â  ce  nous  mouvans,  avons  commis  de  inf** 
titué».  cpmmettons  &  inftituons  par  ces  prefentes»  en  mandement  &: 
commandement  fe  meftier  eft  >.que  ledit  ayde  defdits  quatre  cens  hom-* 
mes  à  nouspar  les  gens  defdics  pays  ainû  promis  aue  dit  eft ,  il  veuille'^ 
mettre  &c  convertir  en  ayde  d'argent  >  i  telle  de  femblaUe  iomme  que  ie* 
pourroient  monter  lefdns  quatre  cens  hommes  ,  par  les  gens ,  tanrde  la^ 
Ville  de  Perpignan  que  des  autres  Villes  &  Chafteaux  defdits  Comtez  ». 
en  contraignant  à  ce  faire  rous  ceux  qui  de  ce  feront  refufans  par  toutes^ 
voyes  dues  &  raifonnables  >  &  k  femme  à.  quoy  fe  pourra  monter  ledit* 
ayde ,  voulons  eftre  payée  en  noftredite  Chambre  aux  Deniers  aufquels; 
nous  avons  par  ces  meimes  prefentes  donné  &  donnons  pouvoir  &  puif- 
fanced'en  donner  quittance  ,aufti  delà  fonune  de  17^0  liv«  tournois) 
<^e  nous  doit  le  Treforier  gênerai  de  Languedoc  ,  pour  le  dernier  quar- 
tier de  7000  liv.  tournois  a  nous  aflignées  fur  luy  par  mondit  Seigneuc 
le  Roy ,  lefqudles  &  chacune  d'iceUes  quittances  par  ces  prefentes  vou- 
lons fie  déclarons  eftre  valables ,  comme  celles  qui  feroient  (ignées  de- 
noftre  main  s  fie  pour  ce  que  en  plufieUrs  lieu5c  on  pourroic  avoir  à  hefo-' 
gner  de  ces  prefentes ,  rouchant  chacune,  des  chofes  deilufdftes ,  nous; 
voulons  que  pleine  foy  foit  adjoutée  au  vidimus  d'icelles  ,  fait  ôc  colla*— 
tionné  comme  il  àppartieht ,  tout  ainfi  qu'on  feroit  à  l'orijfeiifal.  En  tefe 
moin  de  ce,  nous  avons  fait  mettre  noftre  fcd  de  fecret  i  cefdites  pre- 
fentes, faites  fie  données  à  Barcelone  le  vingtiefme  jour  de  Septembre  >  y 
tan  mil  quatre  cens  foixante-fcpt.  Jehan*. 

C  I  X.. 

f 

$7  Injlruclion  du  Roy  Louis  XL  auficur  dt  CourJUlon  envoyé  vers  Rtniy^ 
Roy  de  Sicile  J[ur  les  fpupçons  de  Louis  XLaufujet  du  Comte  du  Alaine^^ 

Tiré  dcs^^     A    M  E  S  S I  R  E  GuiUaume  de  CourfiUon  ,  de  direau  Roy  de  Sicile  ». 

?/ Mr         "^^^  comme  le  Roy  a  fçû  qye  Monfcig^eur  du  Maine ,  efmeur,  piqué  fie. 

l'Abbé  Le    ^^^*cif^  Monfîeur  Charles  fie  le  Duc  deBreta^e,  d*entreprtndre&  faire 

GuuuL        cçntreluy,  fie  tellement  qu'on  l^ya  rapporte  qu'ils  fe  préparent  de  leurv 

puiftance  pour  luy  faire  du  pirequ'ils  pourront.  Se  que  niondii  Sieur  dur 

Maine  a  fait  offrira  mondit  Sieur  Charles ,  le  fervir  de  fes  places  fie  d'ar- 

gçnt^  qui  eft  chofe  fort  étrange  au  Roy^,  vu  fie  conûderé  qi;ie  pou  r  l'arf- 

mouc: 


^     DE  FHIL:DE  COMINES:  ^         tfj^ft 

mour  dùdit  Sieur  Roy  de  Sicile  ,:&:*  derMonâmi  le  Gonneftablc  >  le  Roy  ■ 

avoir  cfté  conçoit  de  iuy;  -  '  i  *  ,  .  »  ^t^6j, 

Item.  Luy  dira  qdc  vcn  les  laitetgcs  quicotitear^  if  eft  force  [  luy  de-' 
clarcr\  comme  il  en  e(kreii^s,dminiuler  les  chbfesen cet  eftar>  luypour^ 
roir  eftre  trop  grand  dommage ,  .6c  que  ie^Rbyi  fçoic.  qu'il  defpiairois 
fort  audit  Roy  de- Sicile ,  &  pour  ce  envoyé  ledit  de.  Courfillon  devers 


Maifon  >  quand  il  voadr^^eftre  plegaderdits  SieQcs  Ducs;,  â<  ce  nonob-* 
ftantqn'il  ne  vdudrotr  pas  qu'il  entenib  Àomvivffi[  m  ptru,  aacjmo  ;  €h 
qmpariÀ  ]  mûndit  Siear  du  Maine- en  aura  plus  grand* paour  de.  faillir 
ic  aflenrer  le  Roy ,  que  de  la  part  de  mondit  Sieur  du  Maine ,  ne  d& 
fes  gens  &  pbces  il  neluyvoudraaucun  dommage ,  le  Roy  en  fera  conf- 
ient \  &  fera^tant  ledk  de  CouriiUbaqueieRoy  de  Skilemandera-Mon^ 
fieur  da  Maine  pio«r  venir  devers:  luy  »  &  le  Ibrà  jurer  fur  la  vraye  iGa>ix( 
de  Ss^nt  Lo,^ued.*ocefnavantfervirale  Roy  envers-tous  &  contre.  tioiis»« 
lans^  nulen  esficepter  ^  &  que  de  fes  pays  &  places  aocmn  mal  ne:  dcœ«^ 
mage  n'en  adviendra  an  Royr,  direâ^ent  on  ipdiredement ,  fecrette-- 
mcnr  ou  en  appert ,  ne  ne  les  baillera  à  mondit  Sieur .  Charles  .1  ne  4*  ' 

autre  tiue  ce  (oitcontrele  Roy,  mais  l'en  feryira  fier  obéyra  ,i  ainlî  que* 
un  parent  6c  fubiet  doit  faire  fon  Roy  dcoiturier.fic  foûverain  Seigneur.^ 
Au(fi  fera  ledit  Sieur  Roy  de  Sicile  juïttràtMoniieuc'ie.Bafburdditf 
Maine,  &c  tons  cèuarquiont  k  charge  des  places  fori!es»demK>ndit  Sieup' 
duJMaino ,  qu'ils  en  feront  &c  obeyrontautRoy-,  n'en  faire  chofe*  qu*^ 
ioUi  ou  puiflè  eftre  à  foo  préjudice  fie  ^mmage  [  .G^fc^  le  fcavoient  i}ien,i> 
advertiront,  ou  feront  advercir  *>  .8c  baillera  ledit  Sieur  du  Maine  fooj^ 
Çoellé  Se  auffi  cefdites^)  Sec 

;■  .       ■  €  rx  *\ 

$7  Promefe  du  Cornu  du  Maine^defctvir  le  Roy  envers  &  comre  tour^ 
fous  la  cautwndttRoy  Rcni4e  Sicile^  O3obre.  i^'Gj.      / 

CJ  H  A.RL  E  S ,  Comte tlu  Maine,  de Guife ,  dé  Mortaing  Se  de  Gien j  RcSiîs'dt 
/  Vicomte  de  Chaftelleraut  fie  Gouverneur  de  Languedoc.  A  tous  m.  l'Abbé*^ 
ceux  qui  ces  prefentes  Lettres  verront ,  Salut  :/Comme  1  roccaftonxFaa-^  LcCraïuL;' 
wns*  rap|>orts  qu'avons  entendu  avoir  efté  faits  i  Monfeigntut  leRoy  v 
defquels  ilaitefté'mal-eomenrSe^conceaindignatipntrontrenous^  poufl 
ofter  lequel  mal-eontentemen»  *,  fie  afin  et  le  mettreiiors  de  toutefun^ec-» 
tîon  ,^  nons  avoir  fie  tenir  en  fa^  bonne  grâce ,  Monfeigneur  mon  frère 
te  Roy^de  Sicile ,  auquel  mondit  Seigneur  le  Roy.  en  avoir  efcric,  ait  puis 
naguerres  envoyé  à  nôftre  prière  Se  requefte  aucuns^  des-fiens  devers 
mondit  Seigneur  le  Ro]fi  »  pour  ky^reimooftner  lè(Hit9;tappQrt  avoir  eftéir 
fai»  contre  Vérité,  Se  pouriK^juftifier envers  luy  »  Seuoy  fuf^Uto  lesi^ 
in^oehors  de  (on courage >•  Se- n'y adjouftet  foy  ;  it  que-mondit, SSeirt 

S eur  le  Roy  ait  Voulu  Se  accordé  a  mondit  Seîgncsir  Selteoe  y  efi*ay)ani^- 
reté  de  luy  pour  nous  en  la  fonhe  qui  s'enfuit  3  ;:    ; 

LUI  3^  REKi», 


14^7- 


^3«         PREUVES  DES  MEMOIRES 

RemI»  par  la  grâce  de  Dân>Roydc  Jerafalcfn  Acde  Sicile»  d^Arragon» 
de  rifle  de  Sicile,  de  Valence9Mayorque,SardaigDetCoffai^e,&c«Q>ra* 
me  il  (bit  atnfi  qull  ait  eue  £dc  phifiem^  rappcfts  i  Monfiâm 
de  mon  frère  le  Coime  da  Maine  ^  dont  i  cauTe  d*iceux  ila  en  grande 
tndifinacion  à  Tencontre  de  mondît  frère ,  afin  qoe  mondic  Seigneur  foie 
fur  de  mondic  firere  »  &  qu'il  puiflê  eftre  &  demeurer  en  fa  bonne  grâce, 
&  pour  Taflùrer  qu'il  feia  fon  bon ,  vray  8c  loyal  paient ,  fnbfet  &  fer-* 
vireur  »  Se  qu'il  le  veut  ferrir  &  fen^ira  envers  éc  contre  tous  qui  pevvent 
vivre  Se  mourir,  tant  à  Tencontre  de  àbn  fi-ere  Monfcij;neur  Cfbarles  ^ 
oue  des  Ducs  de  Bourgogne  Se  de  JSrecasoe ,  que  coas  autres;  en  faveur 
M  mondit  frère»  &  pour  feuieté  à  mondir  Seigneur  »  je  hiy  ay  baiUé  cet 
prefentes  ,  fignées  de  ma  main  Se  fceltées  de  mon  Scel  )  &  promers  que» 
en  cas  que  mondit  frète  fera  le  contraire ,  je  feray  le  plus  gnmd  ennemy 
qu'il  ait  »  &  fetViray  mondit  Seigneur  i  l'encontre  de  la  petfonne  de 
mondit  frère ,  Se  \m  mettray  ks  Ays  »  Terres ,  Seigneuries  en  fon  obéy£i 
(ance  »  &  raoy-meune ,  £  le  cas  advient ,  les  prendrav  8c  mettray  en  ma., 
main ,  (ans  autre  commandement ,  &  les  baïUecay  a  mondit  Seigneur 
pont  en  faite  à  fon  bonplaifir  :  £t  en  refmoin  de  ce ,  i'av  ficnc  ces  pre-i 
Suites  de  monfeing  manud ,  Se  fait  fceller  de  mon  om ,  k  onzieime 
jour  d'Oâobre ,  l'an  mil  quatre  cens  foixante-fept.  Laquelle  fèureté 
deflufHite  mondit  Seigneur  Se  frère ,  à,  noftre  prière  Se  requefte  ,  ait 
baillée  à  mondit  Seigneur  k  RxDy  y  voulans  Se  deftrans  de  tout  noftre 
pouvoir  uier  envers  mondic  Seigneur  Se  frère  de  bonne  équité ,  ainfî 
qu'il  a  fait  envers  nous  ,  connoifiàns  l'amour  fratcmeUe  qoe  nous  porte 
mondit  Seigneur  &  frère  >  Se  que  ce  qu'il  en  a  fàir  eft  pour  &  en  nofhe 
faveur  Se  noftre  bkn&  honneur  ,&  pour  coosjours  demourer  en>Ur 
bonne  grâce  de  mondit  Seigneur  k  Roy,  Sçavoir  ndfons  5  que  pour  les 
caufes  dcflufdires  ,  nous  avons  promis  Se  promettons  par  ces  prefentes  » 
par  la  foy  &  ferment  de  noftre  corps ,  fur  noftre  honneur ,  Se  lous  Tobli- 
gation  ae  tous  &  chacuns  nos  biens ,  Pays  &  Seigneuries ,  que  nous  fou* 
mettons  &  obligeons  Qmfit  à  ce  &  chacun  d'iceux ,  i  mondit  Sekneut 
k  Roy  en  la  perlonne  oc  mondit  Seigneur  &frerc ,  que  tousjours  ferons 
bon ,  vray  Se  loyal  parenr,  fubjet  &  ferviteurluidic  Monfeigneur  le  Roy, 
Se  le  fervirons  envers  tous ,  &  contre  tous  qui  peuvent  vivre  &  mourir, 
tant  à  renconrre  de  Mônfeigneur  Chatks  (on  frère ,  que  des  Ducs  dt 
Bourgogne  Se  de  Bretagne ,  Se  rous  autres  >  (ans  aucunemem  faine  k 
eontrasxe  »  Se  nu  cas  qne  ferions  le  conccafire ,  noits  voulons  Se  nous  con« 
iemons  dis  fa  parr,  comme  pour  krs  9  qw  mondit  Seigneur  &  frère 
noo;  Càvc  adrerfaire  >  Se  im'il  puifle  fervir  mondtt  Seigneur  le  Ro)r  i 
l'eacontte  làc  nous ,  Se  tom  qu^il  pu^  de  foy ,  Se  fans  avrre  connoif- 
£mce  de  cauie ,  ne  declararion  fur  ce  prendre  èc  mettre  en  fa  main  nos 
Pays ,  Terres  ^  Places  Se  Seigneurks ,  en  mandant  par  ces  prefèmes  â 
nos  OfEciets  >  tant  de  Juftke  ,  Capicaînes  >,  Gardes  de  Plaoes  >  que  au- 
tres >  que  an  cm  deflufi^t ,  ils  0c  chacun  éttax  en  droit  foy ,  en  baillent 
la  powiffion  ^fai^ne  à  mondit  Seiaie0  A:  fîrere^  kfquds  par  ce  fài^ 
faut  V  nous  avoM  dcfchtrget  8c  diéfchargeoQS ,  Se  chac«in  d'eux,  oar  ces 
prt^ennes  des  foy  Se  ferment  que  avons  d'eux ,  à  cnfê  dlœtfx  Omces  Se 
Ç^àçs  dç  Placçs  fie  FortçrdPTçs  ^  ^  0rt  dçtfaut  de  et  que  mondit  Seigneur 


DE  PHÏL.DE  COMïNES.  «59 

8:  firere  puîfle  pKKodcf  i  mam  armée  à  kdtes  cendre  8c  mettre  c^  fà  ^aoj^ 
main  >  te  îceUes  &  chacune  tNÔUer  à  mondk  Seigneur  le  Roy ,  pour  eiv 
£ûye  &  diTpc^ià  ion  bon  Blaifip  »  febn  £»  teneur  en  St^  Se  fçùtttê 
^efibfdiies  i  fie  couc  oe  àne'^fSiS'dk  nous  wMm  promi»  &  çfomcktbh^' 
par  ces  prefences  >  fous  tes  foy ,  obligarion  &  ferment  ciedui^W,  petâtty 
faire  &  accomplir  de  point  en  poiat ,  armement  &  ioyaument ,  fans  ja- 
Biais  faire  >  ne  aller  au  contraire  par  nous  ne  les  noftres ,  en  quelque;' 
Manière  que  ce  foit  y  £r  for  ce  garder  mondit  Seigneur  8c  irere  >  Se  le^ 
fiens  vers  tous&  contce  co«s ,  de  tous  dommages  5  pertet^  &  inrerefts. 
En  tefmoin  de  ce  »  &  pour  la  icMetédir  pondit  Seigneur  ic  frère  ic  des^ 
fiens  y  8c  pour  approbation  8c  confirmation  des  choies  defltifEites^  nous^ 
avons  %né  ees-prêfemes  de  noâxe  main ,  9c  &Àt  fcetler  de^noère  Séel  ^ 
k  onzieuneiottt  d'Oâobre ,  l'an  mil  quatre  cens  foixante-P:pt.  CHARiifi5< 

ex.-  ■• 

fGT  ConctffiûB  du  Refy  Lotuys  XL  à  *  Catta^Maru  Sjbn^  Pifcomt^^ 

Ihu  d€  Milan  5  &  ÀJisJitcceffiurs  ,  dc^ porter  les  jirmes  dt 

Franu  ^  icarulus-  av4c  cêltts  dé  AStafK 

LO  T  S  >;  par  ta  «ace  de  Dieu ,  Roy  de  France ,  Sçavoîr  fàifons  I      *^^^f  ^* 
touspreK5n«&  avenir,  que  nous  confidcrans  le  grand  &  fingulier  w^^Ibbé 
amour  &  afftâien  ,  que  avons  con^neu  avoir  i  nous  Ar  à  k  Couron-  lJ  Gian<U 
jie  de  France,  noftmrès*cher  Se  rres-amé  lrepe&  coufin  Galcas-Marie 
'  Sforce  y  Vicomte  Duc  de  Milan  y  8c  (pecklement  k  noftre  pcrfonne  v 
:ttnfi  qu^îl  a  moi^é  par  etfets  durant  les  divisons,  qui  n'agueres  ont  e(lé 
en  cemiy  noikre  Royaume,  au  moyen  d'aucuns»  de  noftre  Saog ,  nos 
vtaflàux  8c  fubjets  >  qui  s'eftotem  efievea  contre  nous  ,  auquel  temps 
noftredit  firere  8c  coumi  de  Mibn  vÎBt  en  perfoiine  en  noftredit  Royau- 
me accompagné  de  grand  nombre  de  ^ns  d'armes  8^  de  trait ,  pour 
nous  fecourir  8e  ay<kv  i  rencontre  des  de<{u(^ics>  en  quoy'H-  sem- 
*ploya  grandement  èc  honor2d>lement  aabien  de  nou9:  Voutans  recon- 
noiftre&  luy  monftrer,  que  de  noftre  part  avons  pareittement  hiy  &  la' 
Maifon  de  Milan  en  grand  amour  8c  recommandation  ,  tellement  qu  i!^ 
en  foit  i  tousjours  mémoire ,  à  ice^tiy  Galeas-Marie  S&rcê,  noftre' 
ftere  &  eoufîn  ySc  i(^  hoirs  8c  fuccemurs  Dues  de  Milan  ,  avons  de 
Boftre  certaine  fcienee,  grâce  fpécîrale,  pleine  poiflance  Se  autlioritc 
Royale  oâroyé  fcodtroyons,  q)ie  noftredit  fteredc  coufin  de  Milan  ,^ 
dès  k  prefent ,  fit'  fes  fu^eefièurs  Ducs*  de  Milan ,  k  puiflêt^t  d-brcfna- 
vant  perpetueflksment  nommer  fit  efcdpre  en  titre  de  France ,  &  eux  dire* 
8c  porter  parens  de  nous  Se  dé  la  Mairon  de  France  »  te  en  figne  de  plus 
grand  mémoire  des  cliofes  deflufdites  ^  &  pour  tonsjours  approcher  luy-' 
8e  fefdits  fucceflêurs ,  Ducs  de  Milan ,  de  nous  Se  de  ladite  MaHbn  de 
France  en  biens  fie  honneurs,  voulons^  oâf oyons,  5c  nous  pbift  qtfils" 
puiAènt  déformais  perpétuellement  porter  Ifes  Armés  efcartefées  de  Fran- 
ce,  &  dci  Serpent ,  que  jjortent  &  ont  accouftumé  porter  fuy  &  fcS" 
predeceflèuts  ,  Ducs  de  Milan  ,  en  la  forme  St  manière  qu'elles  Conttir 
fcintuir  cy-après.  Et  afin  que  c6  foit  chc^  ferme  ât  ftable  à  tousjours ,. 

flOOS^ 


^_^^_^  C4<^  PREUVES  DES  MïMOIUES 

YTisT^   9^^  ^^^^  fak^m^ttFç  «oftïç  Sc^  à  ccfditcs  pcefentcs,,  fauf  jen  autre» 

^  ^'     cMes  flofti^  dïqk ,  &  l'amruy  jen  toutes.  Dooaé  eu  noftrc  Ville;  de 

Chantes  A  le  cinqaieffne  jf>ut  de  Noycmbte,  iW.de  gtace  mil  qiiacre 

4^ns  foixaaterfopt ,  .^  d<c  opftre  Rogne  le  (cpxjasisot.  Par  le  Roy  >  rj/i  ^ 

^GT  SJponft  faite  à  Monfieur  d^  Ca^UkrA  Mv<^iparlcRoym  Bretagne  pam 
.  i^f'evs^,  Han/uiirUJ?¥fi^JJ^ctrmandU  ,  è  mt^ndrjiMMA:  moyens 

de  p4Lçifiça^W. 

Tiré  ixA  Ç^  'E  S  T  la  réponfe  faite  par  Moiifeî){oettr  le  Duc  de  Normandie  aux 
m^^aÎIk^^  V^  cbofcs  que  Monfeigneur  le  Duc  de  Calabre  a  dites  de  p$r  le  Roy  i. 
Le  ci    Monfeigneur  le  Duc  de  Bretagne ,  touchant  le  fait  de  mondit  Seigneur, 
vr»û4.       Mondit  Seigneur  de  Calabre  a  dit  qu'il  tfavoit  point  char^  du  Roy 
4e  parler  >  ne  foy  addre({er  à  mondit  Seigneur  »  mais  (eulement  de  dire 
au  Duc  »  po^r  li^r  fairip  ffj^yoir  »  i}ue  fi  le  plaifir  de  mordit  Seigneut 
«doit  d'al|er  devprs  le  Ray ,  il  Ip  traitçroit  doucement^  conme  Çon  frère» 
jSc  il  mondit  Seigneur  t^'eiîoit  d^iiberé.d  y  aller  ^  çue  le  plaifir  du  Roy 
ti'eftoit  pas  qu'il  demeuraft  en  Bretagne  »  &  prioit  le  Duc  qu'il  ne  Ty 
voulût  point  entretenir-;  mais  ^e  le  Roy  eftoit  content  qpç  mondit 
Seigneur  allaQ:  en  I^orraine  >  qui  icft  a  mondi^  Seigneur  de  Calabre  »  âç 
pays  hors  duRoyâpmc  ao^fubjet  au.Roys  ^  qi*e,  poiv .  la  fçurcté  dgi 
pauage  le  Ro^  dpnneroîc  toutes  les  provifion^  q^  fpraiç^t  advifées  » 
tellement  qu'il  devrQÂt  Suffire  >&;  au  furplus  quand  mondit  Sçigneur 
feront  audit  pays  de  Lorraine  le  Roy  luy  ordonrieroitfptoviîion  pour  viyre» 
{2Xi%  autrement  parler  de  Tappanage  de  mondit  Seigneur  )  ne  autres  cho^ 
les  touchant  fon  fait  s  ^  au  regard  des  férviteiirs  de  mondit  Seigneur  » 
que  le  Roy  jcftoit  content  que  ceux  qui  voudroicnt  retourner  &  demeu- 
rer au  Royaume  »  &  luy  faire  fermeiK  de  nouvel  en  renonçant  à  tous 
autres  {êrmens  qu'ils  auroient  fait  ailleurs,  le  pUÛfent  faire  »  &  par  ce. 
moyea  recouvrer  leurs  biens ,  &  les  autres  s'en  puHa^r  aller  hors  du  • 
Royaunac,  où  bon  jeur  fembleroit ,  &  que  le  Roy , leur  feaiUeroit  feureté. 
i^  conduite  pour  les  mener  feurement  |u(ques  hor^  du  Royaume  »  fans 
aucunement  parler  de  la  ceftitution  de  leurs  Isiens..  .    . 

.  ^t  combien  que  les  paroles  delTuCHites  nie  foien^  point  addreflees  â 
mondit  Seigneur  ^ 'qui  -moqlt  volontiers,  ejiir  vott  mondit  Seigtv^ur  de, 
Calabre ,  &  pour  le  bien  des  matières  communiqués  avec  luy  >  comme  i 
fon  pcocbaii;!  p^^nt ,  auquel  il  a  fing^iec  nmoiir  Se  cop^ance  » .  J^  fem- 
blablemenr  tou^jpurs  verroit  ^rès-rvojiontiiurs  tous  autr^.  .qui  vi^droient. 
de  par  le  Roy,  il  fon  plaifîr-eftoit ,  &  que  mondit. Seigneur  ^iit  moulr 
douient  de  veoir  que  le  Roy ,-  dont  il  eft  feul  ftçre.a  ait  (l  grande  indi- 
gnation contre  luy  ,  qu'il  ne  [Veuille  poinç  qjiie  fe$  Amballadeurs  convf 
m^niquent  ayec{uy ,  ^e  luy  addrellènt  ie^i^parpl^^quiliiy  plai^  f^r^direi 
toucmnt  fon  fait  ^  ce  néantn^oii^s  >  pour  tousfpiirs  (oy  pecx;(e  ^^  fpn  de* 
voir  ,&jen  toute  humilité  ^^pbéyflancee^v^  Ip  Roj^  lpoi)dJi!t  ^eignieur> 
a.bienyoulo,  iç  touçjour«  veut  ^jairerqefponfeà  tout  ce  qu'il  ai>lû  ]8c  plaira 
AU  V^y  ip?p4er  ;  i?  p^uj  hiJf|o])lç  &  ç0pyçi»bJequij3y.#.poffibk  i.çgr, 

fjua»f 


DE  PHIL.  DE  CÔMINES.  641 

tjuanc  à  k  matière ,  la  chofe  du  monde  que  mondic  Seigneur  délire  plus» 
c*eft  de  veoir  la  vraye ,  entière  Se  fcurc  pacification  dlccllc ,  &  d'eftrc 
&  demeurer  très-humble  frère  ,  fubjet  &  ferviteur  du  Roy ,  fervir  lujr 
&  le  Royaume  de  tout  Ton  pouvoir  >  &  qu  il  plaife  au  Roy  l'avoir  en  (a 
bonne  grâce  »  luy  garder  Ton  droit ,  ainn  qu'il  le  doit  faire. 

De  fa  part ,  mondit  Seigneur  s'eft  tousjours  mis  Se  defire  mettre  en 
fon  devoir ,  Se  depuis  les  traitez  faits  entre  le  Roy  Se  les  Seigneurs ,  n'a 
fait,quis,  ne  pourcnaflfé,&  ne  voudroit  faire  chofe  qui  luy  doye  déplaire, 
dont  le  Roy  ait  occadon  de  l'avoir  ainfi  déchaffê  de  fa  Seigneurie ,  &  le 
laiflèr  du  tout  defnué ,  fans  Terre ,  Seigneurie ,  revenus ,  ne  provifion 
quelconque  y  laquelle  chofe ,  jaçoit  ce  qu'elle  luy  foit  bien  griefve ,  il  a 
touftenuc  &  endurée  moyennant  le  bon  aydc  du  Duc ,  qui  pour  honneur 
du  Roy  &  de  fon  feu  perc  ,  que  Dieu  ablolve ,  l'a  fi  très-bien  &  hono- 
rablement recueilly  &  traité  en  fon  pays ,  que  perpétuellement  mondit 
Seigneur  luy  en  eft  tenu. 

Quant  au  premier  point ,  touchant  l'allée  de  mondit  Seigneur  devers 
le  Rov,  mondit  Seigneur  parlant  en  toute  humilité  &  obéyfTànce ,  aeu 
&  a  ae  grandes  craintes  Se  doutes  touchant  la  feureté  de  fa  perfonne  » 
&  la  plufpart  des  Princes  &  Seigneurs  du  Royaume  fçavent  bien  de 
pieçà  que  mondit  Seigneur  a  efté  adverty  depluheurs  chofes ,  qui  à  ce  le 
meuvent,  defquelles  mondit  Seigneur  euft  eu  plus  grande  caufe  de  ofter 
fon  imagination  ,  fi  les  traitez  d'entre  le  Roy  &  les  Seigneurs  enflent 
cfté  entretenus  fans  enfrairtrire  ;  mais  comme  chacun  fçait ,  les  chofes 
font  venues  en  autres  termes  bien  eftranges  ,  &  mefmement  mondit 
Seigneur  puis  n'agueres  a  fceu  pour  certain  aucunes  paroles ,  qu'il  a  pieu 
au  Roy  dire  aflèz  publiquement  touchant  mondit  Seigneur ,  lefc^uelles 
hiy  donnent  plus  grande  matière  de  douter  ;  parquoy  mondit  Seigneur 
ne  fe  peut  encore  déterminer  d'y  aller  pour  le  prefent ,  &  fupplie  très- 
humblement  aulloy  qu'il  luy  plaife  en  eftre  content ,  Se  recevoir  agréa- 
blement fon  excufation  y  car  mondit  Seigneur  ne  le  fait  pas  pour  hiyr , 
ne  délayer  de  obéyr  au  bon  plaifir  du  Roy  ,  ainçois  voyant  clairement 
fa  feureté ,  eft  tousjours  preft  &  Jefire  de  tout  fon  pouvoir  le  fervir  Se 
obéyr  très-humblement ,  &  s'employer  au  bien  de  luy  &  du  Royaume, 
comme  très-humble  frerc ,  fubjet  &  ferviteur  doit  à  fon  fouvcrain  Sei- 
gneur Se  ftere. 

Au  regard  de  ce  que  le  plaifir  du  Roy  eft  que  mondit  Seigneur  fon 
frère  s'en  aille  en  Lorraine ,  qui  eft  hors  du  Royaume  ,  &  n'a  pas  agréa- 
ble qu'il  foit  en  Bretagne ,  mondit  Seigneur  ne  peut  bonnement  enten- 
dre qu'il  y  ait  caufe  raifonnable  qui  doye  mouvoir  le  Roy  ,  de  pluftoft 
vouloir  c^u  il  foit  en  Lorraine ,  tout  hors  du  Royaume ,  que  en  Bretagne , 
&  de  prime  face  cette  ouverture  avec  les  autres  chofes  pourroit  donner 
à  mondit  Sei^ieur  grande  matière  de  plus  douter,  veu  la  grande  diftance 
qui  eft  à  y  aller  ,  plufieurs  paflàges  Se  deftroits  ,  enclos  de  rivières  Se 
autrement ,  par  où  il  faut  paflèr ,  efquels  à  toute  heure  l'on  pourroit 
aifement  donnet  cmpefchemcnt  en  la  perfonne  de  mondit  Seigneur 
quand  on  le  voudroit  faire  *,  parquoy  il  ne  peut  connoiftre  ,  &  aufli  il 
ne  femble  pas  à  tous  ceux  oui  connoiflent  le  chemin ,  aufquels  mondit 
Seigneur  en  a  communique  >  qu'il  y  puiQè  pailèr  feurement ,  Se  quand 
Tome  IL  M  m  m  m  orei 


^_____  ^4»  PREUVES  DES  MEMOIRES 

^"""T**^  ores  mondit  Seigneur  fcroit  en  Lorraine ,  fi  n'y  pourroit-il  feuremenr 
^"^    ^'     demeurer  >  veu  les  diverficez.  des  Seigneuries  qui  (ont  audit  pays ,  &  è» 
prochains  d'iceluy. 

£c  n  eft  pas  de  merveille  fi  mondit  Seigneur  craîoc  Se  doute  de  mettre 
fa  perfonne  en  chemin  ,  ne  en  lieux  où  il  ne  voit  clairement  fa  feureté,. 
attendu  les  grandes  rigueurs  Se  dures  exécutions  que  le  Roy  a  fait  faire 
fur  les  corps  &  les  biens  de  plufieurs  ferviteurs  de  mondit  Seigneur ,, 
nonobftant  quelques  Lettres,  pardons  y  abolitions,  feuretez  6c  pro- 
mefiès  qui  en  eufleut  efté  faites  &  données ,  en  quoy  s*eft  fort  demonftrée 
&  demonftre  chacun  jour  Tindignation  que  le  Roy  a  contre  luy ,  Se  aufir 
les  furprifes  des  places  de  mondit  Seigneur ,  comme  de  fa  Ville  de  Rouen: 
&  autres ,  durant  les  trêves  &  feuretez ,  pendant  lefquelles  le  Roy ,  par 
fes  Lettres  patentes ,  avoit  promis  Se  jure  de  rien  ne  y  furprendre. 

Et  qui  voudra  tendre  à  bonne  fin-,  c'ett  chofe  trop  plus  convenable 
que  mondit  Seigneur  foit  au  pays  de  Bretagne ,  pour  eftre  plus-  près  ou? 
prcfenty  quand  on  traittcra  de  ces  matières,  que  de  l'envoyer  hors  dit 
Royaume,  en  lieu  où  il  ne  pourroit  eftre  prefcnt  quand  on  v  befognera  ; 
à  (^uoy  il  a  bien  grand  intereft  ,  &  a  intention  d'y  eftre  prefent ,  ou  que 
(oit  preft  pour  temonftrer  fon  fait  &  le  droit  qui  luy  appartient  7  Se 
l'ouverture  de  ainfî  faire  abfenter  Se  efloigner  mondit  Seigneur ,.  n'eft 
cas  demonftrer  qu'on  veuille  mettre  briefve  condufion  ,  ne  entière  &: 
leure  pacification  fur  lefdites  matières ,  defquelles  mondit  Seigneur  defire 
de  tout  fon  cœur  l'abrègement ,  4>our  mieuxife  pouvoir  employer  au  fer* 
vice  du  Roy  Se  au  bien  du  Rovaume  •,  ce  qu'il  ne  pourroit  faire  s'il  eftoit 
ainfi  efloigné  &  envoyé  hors  a'iceluy. 

Et  quant  à  ce  que  mondit  Seigneur  de  Calabre  a  dit  que  le  Roy  eftoit 
content  de  bailler  à  mondit  Seigneur  provifion  fuffifantc  pour  vivre 
quand  il  feroit  audit  pays  de  Lorraine ,  pour  les  caufes  cy^delfus  allé- 
guées ,  mondit  Seigneur  ne  voit  pas  qu'il  y  ouiftè  aller  feurcment ,  par- 
quoy,  veu  la  condition  defiufdite  au  fait  de  ladite  ptovifion ,  ne  faut 
pas  grande  refponfe  ;  mais  mondit  Seigneur  fupplie  très*humblement  aa 
Roy,  qu'il  luy  plaife  avoir  regard  à  fon  cas  Se  l'avoir  pour  recommande  » 
&  en  la  bonne  grâce. 

Et  en  tant  que  touche  les  ferviteurs  de  mondît  Seigneur ,.  combiea 
que  par  les  traitez  faits,  promis  Se  jurez  entre  le  Roy  Se  les  Seigneurs  ^ 
on  ne  leur  peut  jamais  rien  imputer  ne  demander  en  corps  ne  en  biens 
citttaboH-  à  caufe  des  chofes  paflees ,  toutesfois  encore  d'abondant  au  mois  de 
noncftcy-  Janvier  dernier  paflè^ ,  le  Roy  voult ,  oftroya  Se  promit  cxpreflement , 
v>>f/f"  ^"c  tous  les  ferviteurs  de  mondit  Seigneur ,  &  autres  <iuelconques  quï 
Elle  cft  <hi  ^"^^^^ï^f  adhère  avec  luy  &  les  autres  Seigneurs  ce  Princes ,  leroient 
14.  Août      çsrpetuellentent  tenus  francs ,  quittes  Se  defchargez  de  toutes  les  chc- 
14.66,  mais^  Ics  qui  eftoient  ou  pourroient  avoir  efté  advenues ,  de  quelque  qualité 
fans  (toute  qu'elles  fuflènt  ou  puflent  eftre ,  &  que  eux  &  chacun  d'eux  puflènt  aller 
il  y  en  a  eu  &  demeurer  au  Royaume  »  Se  dehors  en  quelque  lieu  que  bon  leur  fem- 
4  autres.       bleroit ,  fans  que  jamais  aucune  chofc  leur  en  puft  eftre  demandée  eit 
corps  ne  en  biens ,  &  que  fi  aucuns  de  leurs  biens  eftoient  pris ,  détenus 
ou  arreftez ,  ou  que  d'iceux  le  Roy  euft  fait  aucuns  dons  ,  lefdits  biens 
leur  feroient  entièrement  mis  à  pleine  délivrance  j  tendus  &  reftituez, 

Aonobftant 


DE  PHIL.  DE  COMINES,  S^^ 

fionobftant  qadqnes  dons  ^ui  en  euHcnt  efté  faits  ,  leiqaels  dons  le 
Roy  caf&it  &  annullott  »  aimî  qu'il  appert  plus  à  plein  pzv  la  teneur 
des  Lettres  patentes  fur  ce  par  luy  données  Se  oftroyees  le  vingt-fixiefme 
jour  dudit  mois  de  Janvier ,  mil  quatre  cens  foixante-cinq ,  lefquelles 
Lettres  le  Roy  a  promis  garder  &  entretenir  fans  enfraindre ,  parquoy 
bien  dure  choie  a  lemblé  à  mondit  Seigneur,  que  nonobftant  tous  les 
traitez  faits  entre  le  Roj  &  les  Sqîgneurs ,  &c  les  Lettres  ,  feuretez  &: 
promeflcs  deflufidites ,  1  on  ait  ainfî  perfecuté ,  &c  encore  perfecutc-t*on 
chacun  jour  fes  ferviteurs  8c  plufieurs  autres ,  qui  fous  la  confiance  der 
ce  que  dit  eft ,  s'çftoient  retraits  en  leurs  maifons ,  qui  ne  font  pas  les 
moyens  qu'on  doit  tenir  pour  venir  à  bonne  conclufion ,  vraye  &  feurc 
pacification  des  matières  •,  ainçois  par  telles  rigueurs  &  exécutions ,  & 
par  plufîeurs  autres  chofes,  mondit  Seigneur  a  grande  caufe  de  imaginer 
que  le  Roy  ait  moult  grande  8c  enracinée  indignation  contre  luy ,  dont 
il  luy  defplaift  moult  j  &  tout  confiderc ,  ce  n'cft  pas  merveille  s'il  a 
crainte  &  doute  d'aller ,  ne  foy  trouver  en  lieu  où  il  ne  voit  clairement 
fa  feureté* 

Et  fupplie  mondit  Seijjneur  très-humblement  au  Roy  qu'il  luv  plaifc 
avoir  fcs  ferviteurs  en  (à  bonne  grâce ,  les  traiter  doucement ,  leur  dé- 
livrer &  faire  avoir  jouïllànce  de  leurs  biens  ,  faire  reftituer  tout  ce  qui 
en  auroit  efté  pris  ou  empefché  ,  &  qu'ils  puiflènt  feurement  vivre ,  eux 
entretenir  auiervice  de  mondit  Seigneur ,  aller,  venir  &  converfer  par 
le  Royaume ,  8c  ailleurs  où  bon  leur  femblera ,  fans  que  aucun  domma- 
ge ou  empefchement  leur  foit  fait  par  le  Roy  ne  fes  Officiers  y  ainfi  que 
par  plufieurs  fois  il  a  promis  de  le  faire. 

Et  au  regard  de  mondit  Seigneur ,  il  a  tousjours  defiré  8c  deHre  de 
tout  fon  cœur  le  bien  8c  tranquillité  du  Rc^aum^  >  la  pacification  des 
matières  deitufdites. 

Et  pour  monftrer  dès  le  commencement  que  le  Roy  luy  fit  offrira  Caen 
l>ailler  pour  provifion  tout  le  pays  8c  Seigneurie  de  Dauphiné ,  8c  four-- 
nir  la  fomme  qui  feroit  advifée  fur  les  revenus  des  plus  prochains  pays , 
mondit  Seigneur ,  pour  comi4aire  au  Roy ,  fut  content  pour  fa  provi- 
sion ,  8c  en  entendant  que  dedans  certain  temps  limité ,  luy  fut  fait 
droit  fur  fon  appanage ,  de  prendre  le  pays  &  Seigneurie  de  Dauphiné 
entier  ,  comme  le  Roy  le  tenoit ,  &  que  eftimation  faite  de  la  revenue 
d'iceluy  à  fomme  raifonnable  ,  l'on  luy  parfoumift  fur  la  revenue  des 
plus  prochains  pays  jufques  à  telle  fomme  que  le  Duc  &  Monfieur  de 
fl^urbon  adviferoient ,  mais  quand  mondit  Seigneur  eut  accepté  ladite 
offre ,  le  plaifir  du  Roy  ne  fut  pas  de  le  faire  ,  combien  que  l'ouverture 
euft  efté  faite  de  par  luy  8c  par  fon  commandemenr. 

Après  le  Roy  envoya  à  Nantes  devers  le  Duc  l'Evefque  d'Evreux ,  &  le 
feu  Sr.  de  Montauban ,  qui  offrirent  de  par  le  Roy  bailler  à  mondit  Sei- 
gneur le  Comré  de  Rouflillon ,  ou  le  Comté  d'Aft ,  &  le  faire  valoir  foi- 
xante  mille  livres  par  an ,  pourveu  qu'il  y  yroit  demeurer ,  &  ne  fe  tien- 
droit  point  avec  le  Duc,ny  avec  mondit  Seigneur  de  Charolois  ;  laquelle 
offre  n'eftoit  pas  raifonnable ,  veu  que  le  Roy  n'a  rien  audit  Comté 
d'Aft ,  &  ne  tient  ledit  Comté  de  Rouflillon  que  par  forme  de  gages  ; 
furquoy  encore  y  a  de  grandes  difficultez  >  &  aufli  que  c'eft  une  chofe 

Mmmm  X  en 


^44         PREUVES  DES  MEMOIRES 

en  guerre  &  en  débat  contre  le  Roy  d'Arragon  ,  contre  la  Cité  de  Bafcc^ 
lonne  &  les  Cathalans ,  &  faudroit  pour  la  garder  grand  nombre  de  gens 
de  guerre ,  qui  ne  fe  pourroient  fouldoyer  ne  fouftenir ,  pour  beaucoup 
plus  que  n'en  vaut  la  revenue ,  &  avec  ce  font  lefdits  Comtcz  de  Rou£- 
£llon  &  d'Aft  hors  des  limites  &  de  la  communication  accouftumée  d«» 
gens  du  Royaume,  loins  de  tous  les  parens  &  amis  de  mondit  Seigneur, 
&  mefmement  de  ceux  où  il  a  fa  pr^cipale  confiance. 

Pource  que  le  plaifir  du  Roy  a  efte  de  pieçà  de  faire  dire  que  mondic 
Seigneur  devroit  de  fa  part  faire  aucunes  ouvertures ,  pour  tousjours  foy 
mettre  en  fon  devoir  &  obéy(Iànce>  mondit  Seigneur  a  de  pieçà  fait  offrir, 
&  encore  offre  de  prendre  >  jufques  à  ce  que  dedans  certain  temps  limi- 
té ,  comme  dit  eft  >  luy  foit  fait  droit  fur  fon  appanage  >  le  Duché  de 
Berry ,  les  pays  &  Comtés  de  Champagne  &  de  Brie  ,  avec  les  Villes  , 
Citez  &  Places  d'iceux ,  fondez  en  revenus  fuffifans  pour  la  garde  d'icelles 
&  pour  l'entretenement  de  L'eftat  de  mondit  Seigneur* 

Et  fi  le  plaifir  du  Roy  n'eftoit  d'entendre  à  cette  voyc ,  mondit  Sei- 
gneur a  offert,  &  encore  ofïrc  de  prendre  pour  fa  proviiion,  &  en  atten^ 
dant ,  comme  dit  eft ,  ledit  Duché  de  Berry  ^  les  Comtez  de  Poitou  » 
Xaintonge  &  Gouvernement  de  la  Rochelle ,  avec  les  Villes ,  Places  & 
Fortere(ks  d'iceux  >  fpndez  comme  defius. 

Quand  les  voyes  deffufdites  ne  feroient  agréables  au  Roy  ^  pour  en-* 
core  foy  mettre  plus  en  fon  devoir,  mondit  Seigneur  a  offert  Se  offre  de 
croire  &  tenir  tout  ce  aue  le  Duc  ^  mondit  Seigneur  de  Calabre  &  Mon- 
feigneur  de  Charolois  diroient  touchant  fadîte  provifion* 

Lefquelles  offres  &  ouvertures  mondit  Seigneur  a  de  pie<;à  faites,  ten- 
dantes à  bonne  fin  pour  le  bien  &  pacification  des  matières  »  &  pour 
quérir  tous  Les  moyens  qu'il  peut ,  de  eftre  6c  demeurer  en  la  bonne 
grâce  du  Roy ,  le  lervir  &  obéyr  très-humblement ,  &  s'employer  au 
bien  du  Royaume ,  comme  il  eft  tenu  î  &  fupplie  mondk  Seigneur  très- 
humblement  au  Roy ,  qu'il  luy  plaife  en  eftre  content  -,  &  toutefois 
qu'il  plaira  au  Roy  faire  ouverture  Se  offre  à  mondit  Seigneur  de  chofe 
qui  foit  raifonnable ,  &  ou  il  voye  clairement  fa  feuretoi^.  Se  y  eu^ 
tendra  très-volcnticrs. 


Fip  duJiconJ  Fbtiunt^ 


TABLE 


N 


TABLE 

DES    MATIERE  s. 

Contenues  dans  le  fécond  Volume  des  Mémoires  de  Philippe 

DE   COMINES. 


yflbsnii  (  Alexandre  Stuarc  ,  Duc  d'  ) 
\j^tl\  fc  réfiigjc  en  France  ,  i  j^  &/usv. 
Sa  réception  à  Paris,  i $7.  Sujet  de  fa  difpu- 
ce  avec  fon  frère  le  Roi  d'Ecoflc  y  16%.  Paix 
qu'il  fak  avec  lui ,  ihid, 

Albi  (  le  Cardinal  d*  )  Ccft  lai  qui  enga- 
ge le  Roi  Louis  XI  à  abolir  la  Pragmatique 
Santon  >  15 ,  ».  i&.  Il  fc  figoale  aux  fieges 
4e  Leicoure&  de  Perpignan ,  io3< 

Albrit  (  le  Cadet  d'  )  chargé  d'avoir  livré 
M.  de  Beaujeu  au  Comte  d'Armagnac,  loi. 
11  eft  fait  prifonnicr  dans  Lcitoure  »  &  dé-^ 
capité  à  Poitiers  I  10^. 

Alenfon  (  Jean  Duc  d'  )  Il  eft  mis  en  l>- 
fccné  par  Louis  XI  >  10 ,  »•  i^»  Ce  Prince 
le  rétablit  dans  Tes  biens ,  11 ,  »•  17.  Re- 
.coanoiflânce  qu'il  témoigne  au  Roi  de  tou- 
tes ces  grâces ,  6%.  Il  eft  arrêté  &  remis  à 
ce  Prince,  101.  Le  Roi  Penvoie  à  Paris  aa 
château  du  Louvre ,  10  )  (j^fuiv.  Arrêt  pro- 
noncé contre  lui  par  le  Patîcment ,  1 10  c^ 
fuiv»  Louis XI  lui  accorde  de  nouveau  fa  li- 
berté ,  I  Xf.  Ade  d'abolition  qui  lui  eft  ex- 
pédié, 547  d* /niv.  Promedc  de  ce  Due 
d'obfcrvcr  les  conditions  portées  par  la  grâ- 
ce que  le  Roi  lui  a  accordée  9  3sx  ô^Juiv, 
Lettres  confirmatives  en  fa  faveur,  iS3&f» 

Alexmndre  VU  Par.  quels  motifs  ce  Pape 
/bUicita  le  Roi  Charles  VIII  à  paffer  en  Ita- 
lie ,  }oé.  Il  fc  lii;ueavec  les  Veaiciens  con* 
trc  ce  Prince ,  ibid* 

Amhoifi  (Charles  d*  )  Sa  more  ,158. 
Vers  faits  à  fa  louange  , ibii,  (^fuiv, 

Ancenis,  Traité  d  Aiiccnis  entre  le  R<n 
Louis  XI  &  le  Duc  de  Bretagne  ,19t. 

Angélus,  Inftiturion  de  1  Angdus  à  midi 
par  le  Roi  Louis  XI ,  91. 

AngUtent»  Troubles  &  révolutions  dans 
ce  royaunK ,  j  ô'fntv^ 


ÉnjoH  (Marguerite  S)r  femmt  de  Henri 
VI  Roi  d*  Angëterre ,  ^ ,»«  i^  On  loi  eft  re- 
devable de  la  viâoire de  St  Albans  ^$9^  5* 
Secours  qu'elle  obtient  de  Louis  XI ,  10 ,  »• 
2  ^.  Entrée  qui  loi  fiit  faire  par  la  ville  de 
Rouen ,  lor(qu'elle  Ce  réfugia  dan»  le  royaa« 
me ,  11  »».  17.  Elle  repaile  en  Angleterre  a- 
vec  des  troupes  que  le  Roi  lui  donne  ,14, 
Elle  Ce  retire  de  nouveau  en  France,  avec  le 
Prince  de  Galles  fon  fils  »  85.  Réception  que 
lui  fait  la  ville  de  Paris ,  88.  Tranfport  Se 
cedion  qu'elle  fait  au  Roi  de  Ces  droits  fiit 
le  Comté  de  Provence  »  i  )  &•  Elle  court  rif^ 
que  de  perdre  la  vie  dans  un  bois  avec  Iq 
Prince  de  Galles  ,  178.  Traité  figné  encre 
Louis  XI  &  cette  Prince(fe,  5^7  &fiièv, 

Anjou  (  Marie  d*  )  fcnmie  du  Roi  Charles 
VII.  &  mère  de  Louis  XI  ^  x^.  Sa  mott  » 
ibid.  de  178. 

Anne  de  France  »  fille  de  louis  XI.  Artl« 
clés accordéspar  ce  Roî pour  le  mariage  de 
cette  Princefle  avec  le  Comte  de  Charolols, 
543  &fMv. 

ArmMgnMc{le  Comte  d*).  Il  fiilt  M.  de 
Beaujeu  prifbnnier  dansLeitoure ,  &  recou- 
vre cette  place,  ioi«  Siège  qu'il  y  fbûtiene 
contre  les  troupes  du  Roi ,  ilid.  é^fuiv.  Il 
y  eft  forcé  &  tué ,  loi.  Il  fupplie  Louis  Xi 
de  faire  cefiêr  les  voies  de  fait  contre  lui  , 
t  H  •  Lettres  de  ce  Prince  en  ùl  faveur  ,555 
éi*  fuiv.  Serment  qu'il  fiût  au  Roi  ,  54^. 
Autre  ferment  qu'il  prête  à  ce  Prince  ,  j^i» 

ArmMgnac  (  Jacques  d*  ).  Foyez.  Nemourf , 

Arragon  (  Jean  Roi  d'  ).I1  engagcie  Rou(^ 
filon  &  la  Ccrdagne  à  Louis  Xl ,  ii ,  ;f.  17, 
Secours  que  ce  Prince  lui  envoyé ,  ihid.  Il 
perd  deux  batailles  contre  les  troupes  du 
Roi ,  84 ,  ».  98.  Il  fe  rend  maître  de  I^rpî- 
gnan ,  oii  il  eft  afTîegé  enfuite  pir  l'armée  de 
ce  Prince  ,10;.  Ambaflade  qu'il  envoyé  att 
Roi ,  108.  Ratification  du  Traité  £ut  cnttç 

Mm  mm  ^ 


64S  TABLEDES 

cts  (kttx  Princ€»,  ^^fxé^fimt,  Aâ«  par  le- 
cjnclileogtige  à  Louis  XI  Ic«Comcét  <ie 
Rouifinon  ôc  de  CeidagEie  »  ^64^  é^  fuiv. 
Tr^ùté  d'alliance  totie  les  deux  Rois  ,  ^ 
^fusv.  Extraie  d'une  lettre  fur  leur  entre- 
vue ,  )7^*  Lettres  par  lerquelles  Louis  XI 
accorde  du  fecours  à  tArragouots  ,  3^7 

i4rr4;.  Skgedccnte  ville  par  le  Ro&Loui& 
XI,  14  h  Compe&tioR  ^u*il  accorda  au»- 
faabitans ,  ihsd.  Ellecd  afTiegée  de  nouveau, 

Foafiqtto  }  142.  Rédudion  de  cette  vllk  à 
obeîilânce  du  Roi ,  ibid.  Vers  faits  par  les 
habitans  avant  la  prife  de  la  place ,  2  50. 

Avin  (Jean)  Confeillerau  Parlement  de 
Paris.  Recherches  qull  fait  dans  rhotdf  de 
Robert  d'Eteureville  Prévôt  de  Paris,4.  Ri- 

foeur  dont  il  ufe  envers  la  femme  de  ce 
tey&tyiind. 

Aarickê  (  Marguerite  t)  ,  Corotcflc  de 
Flandres  de  fille  de  Maximilicn  ,  i  &j.  Elle 
cft  promile  en  mariage  au  Dauphin  ,  ii^d^. 
Préparatifs  ordonnés  par  le  Roi  pour  fa  ré- 
ception en  France ,  ibid.  Son  entrée  dans 
Paîris  y  170.  Célébration  de  fes  nopces ,  ibid. 

Amtergne.  Merveille  arrivée  en  ce  pa^ 
au  fujet  d'un  lion  »  i  n* 

A»ixerrt%  Le  Roi  fait  (bmmer  les  habitans 
de  cette  ville  de  fe  rendre  à  lui  -,  ce  qu'ils  re- 
fùfent ,  d^.  Ils  font  battus  par  les  troupes 
^cePrlnceiQ^. 

B 

BailUt  (  Jean  ).  Il  eft  fait  Maître  des  Re^ 
quêtes  à  llavenement  de  Louis  XI  à  la  cou- 
iDnne  y  6, 

B/Uue  (  Jean).  H  efl  facré  Evêqoe  êTE- 
vreux ,  .5 1.  Il  eft  attaqué  de  nuit  dans  Paris 
par  des  aâaifins ,  43 .  Il  efl  fait  Cardinal , 
67  ,  ».  S5.  Il  trahit  le  Roi  en  faveur  du 
Duc  de  Ek>urgogne ,  80  éi»  fuiv.  Louis  XI 
le  fait  arrêter ,  &  confifque  tous  fes  biens  , 
81  6*  15 1.  Ce  Prince  le  remet  en  liberté  • 
1^0.  Vifite  qu'il  va  rendre  en  Flandtçs  au 
Duc  Charles  de  Bourgogne,  192.  Il  enga- 
ge le  Roi  à  aller  trouver  le  Duc  contre  le 
lentiment  de  tous  les  Seigneurs  de  la  Cour , 
S.  17.  On  intçrcepte  des  lettres  qu'il  écrit  au 
Duc  de  Bourgogne  »  25 1.  Vers  faits  au  fu- 
jet  de  fa  dKgrace  ,  ibid.  Lettre  qu'il  écrit  à 
M.  le  Chancelier ,  476.  Remarques  fur  la 
conduite  &  les  defleins  de  ce  Prélat ,  ^14  <i» 
fuiv.  Il  fc  ligue  avec  TEvêquc  de  Verdun 
pour  entretenir  la  dividon  entre  Louis  XI 
&  le  Duc  de  Bcrry  fon  frère,  ibid.  Com- 
mou  leur  fccrct  fiic  éventé  1  6%^^  Q 


MATIERES. 

que  le  GMiéU^knfiséNm  die  de  ce  Cardinal  » 
ê>4:  Ce  qu'oa  en  lit  dans  le  Recueil  des  Li> 
benés  de  rEglife  GalUcane,  ibnL 

Baunlki  Kicoios  )  ,  CoofeUler  au  Parle- 
lement  de  Paris ,  1 64.  Sa  grande  réputation» 
ibid.  \x%  defordres  de  fa  &mme  hii  caufene 
la  mort  >  ibid» 

Buvier*{  Loub  Duc  de  ).  Traité  d'allian- 
ce eatrece  Prince  U  le  Comte  de  Charolois. 
46^  érfuifu.  Autre  avec  le  Duc  Philippe  de 
Bourgogne  ,  4^8  if^  fuiv. 

Btuuj^u  (  Pierre  de  Bourbon  ,  Seigneox 
de  ).  Il  eft  fait  pri(bnnier  dans  Lei coure ,  & 
livré  au  Comte  d'Armagnac,  ici.  Sadéli*- 
vrance,  101.  Louis  XI  lui  fait  époufer  la 
Princefle  Anne  fa  fille  atnée ,  105  •  Il  le  fait 
fôn  Lieutenant  gênerai  dans  tout  le  royau- 
me, 1^5.  Il  va  au-devant  de  Mad.  laDau- 
phine  ,1^9.  Vifite  qu'il  rend  au  Comte  dç 
Charolois  au  Qucfnoi  ,17). 

BeAumont  (  Louis  de  ) ,  Evéqne  de  Paris  « 
Sa  famille^  loi ,  n.  9,  Ses  charges  de  digni* 
tés ,  ibid.  Son  épitaphe  ,  ibid.  fÇfuiv. 

Beauvuis.  Siège  de  cette  ville  par  Charles 
Dac  de  BourgcNgne ,  95.  Aifaut^qu'elle  foa- 
tient,  y  6  éi^  Juiv.  Sortie  faite  heureufc*- 
ment  fur  le  camp  des  Boniguignoi» ,  ^y  é^ 
fuiv.  Levée  du  iie^ ,  ^<. 

Bervy  (  Charles  Duc  de  )  ,  frère  de  Louis 
XI.  Il  fe  déclare  chef  des  mécontens  dans 
la  guerre  du  Bien  public,  18  ,19. 14.  Safîii- 
te  de  la  Cour  vers  le  Duc  de  Bretagne ,  i^ 
d*  1S2.  Il  fait  inviter  les  Parifîensàunc 
entrevue ,  3  j.  Conditions  qu'il  ol>tient  A% 
Roi  fon  frère  pat  le  Traité  de  Conflans  >  4^* 
Les  villes  de  Notmaedie  réduites  à  foa 
obi  fiance  ,49.  Hommage  qu'il  fait  au  Rot 
de  ce  Duché  ,  50.  Rifquc  qu'il  court  d'être 
enlevé  par  le  Duc  de  Bretagne ,  &  comment 
il  en  eft  préfervé  ,52.  il  efl  reconnu  à 
Rouen  Duc  de  Normandie,  n  &f^^*  H 
efl  obligé  de  fôrtir  de  cette  ville ,  &  de  fè 
retirer  en  baffe  Normandie,  55.  Son  ac- 
commodement avec  le  Roi  ,  7j.  Il  fe  ré^ 
concilie  parfaitement  avec  lui,  81.  Il  fe 
rend  auprès  de  ce  I^ince  au  Montils  lez- 
Tours,  82.  Nouvelles  brouilleries  entre  loi 
&  Louis  XI ,  52.  Sa  mort,  94.  Lettres  qu'il 
écrit  au  Duc  de  Bourgogne  &  aux  Princes 
du  fang ,  pour  les  inviter  à  rétablir  l'ordre 
dans  le  royaume ,  182.  Vers  faits  fur  fa  re- 
traite de  la  Cour  ,125.  Son  teflament ,  244 
éi*  fuiv.  On  le  croit  empoifonné ,  24^.  Letr 
très  par  lefquelles  le  Roi  lui  donne  le  Berry 
en  appanage  ,358  éffuiv.  Lettre  qu'il  écrit 
au  Duc  de  Bonr^o^ae ,  437  ô'fMv,  Maav* 


TABLE    DES 

leffeqifil  (an  pabikr  fur  la  pfi(e  des  armes 
four  le  Bien  public,  438  éi^fuk/.  Somma- 
tion qu'il  fait  an  Duc  de  Calabce  de  pren- 
dre les  armes,  &  de  fe  joindre  à  lui,  45  k 
C^  fuhi,  Saofcondak  qu*il  envoyé  aux  Dé- 
putés de  L0UJ8  XI ,  pour  traiter  de  la  paix  , 
457  &fuiv.  Déclaration  de  ce  Prince  de  la 
séfolucion  où  H  eft  de  travailler  à  réformer 
le  gouvernement ,  4^6  ^fuiv,  Marche  de 
Ton  armée ,  4$  i  ô^Juiv.  Accord  fait  par  ce 
Prince  à  S.  Maur  avec  les  Princes  ligués , 
fit  é^fmv.  Lettres  de  Thommaee  que  ce 
2^ince  £iit  au  Roi  pour  k  Dncm  de  Nor- 
mandie 4  5^1  <^ywxi.  InflruéHons  de  fes 
Députés  vers  Louis  XI  à  Rouen  ,  f  70  e^ 
fuiv.  Ce  qui  fut  réglé  aux  Etats  de  Tours  à 
fi>n  fujet ,  571  ^fmv.  Lettres  par  lelcruellcs 
si  confent  aux  alliances ,  c^ue  le  Duc  de  Bre- 
tagne doit  faire ,  $9S&fi^*  Atlîance per- 
pétuelle de  ce  Prince  &  du  Duc  ,6>i  t^juiv. 
Confirmation  de  ce  Traité,  6  34  c$»  /«'v. 
Képonfc  quH  fait  au  Duc  de  Ca labre  en- 
voyé en  Bretagne  par  le  Roi ,  pour  propofer 
des  moyens  d'accommodement  ,  ^40  c^ 

B^rry  (François  de  France  Duc  de),  fîfsd^ 
Louis  XI.  Sa  naiiTaoce ,  loow  ^  mort ,  104* 

Befanfon  (  Etsennette  de  ).  Qui  elle  étoit, 
78.  Son  avantttic  avec  le  Comte  de  Folx  , 
ihid,  éf^juiv, 

Bimnchi  dcMaratre ,  femme  de  Jean  Roi 
J*Acxagon ,  ix.  »*  17.  Elle  rem«t  (on  diffè- 
lend  avec  Henri  Roi  de  Cadille  ,  à  Tarbi» 
trage  de  Louis  XI ,  ibid- 

Sois  (  Jeanne  du  )  ,  femme  d'un  Notaire 
ic  Paris,  quitte  fon  mari,  qui  la  reprend  au 
bout  de  quelque  temf ,  10. 

Bêsuhain.  Les  habitans  de  cette  ville  en 
chadent  les  troopes  du  Roi ,  &  y  introduis 
fènt  lesFlamans,  15  f. 

Boarham  (  le  Duc  de  )»  II  fe  déclare  pour 
ks  Princes  lis^ués  dans  la  guerre  du  Bien  pu. 
blic,  1$.  Il  lait  (on  accommodement  avec 
Je  Roi  ,14.  Il  (è  rend  maître  de  la  ville  de 
Rouen,  45 •  Conditions  auxquelles  il  fait 
la  paix  avec  Louis  XI ,  46.  Villes  de  Nor* 
mandic  qu'il  réduira  Tobciilance  de  ce  Prin- 
ce, 53  c^ftÊtv,  Le  Connctabte  de  S.  Paul 
cherche  k  le  mettre  dans  fon  parti  contre  le 
Roi  ,117.  Avantage  quil  remporte  en 
Bourgogne  fur  les  ennemis  de  ce  Prince  , 
iiiéi.  Il  firrendà  la  Cour,  118.  Pourfuircs 
que  le  Roi  fait  faire  contre  les  gens  du  Duc, 
1  î  8  f^finv,  Vifite  qu'il  va  rendre  au  Qucf- 
Boiau  Comte  de  Charolois,  175.  Autre 
vifue  ^a*il  rend  à  ce  Comte  &  au  Duc  Phi* 


MATIERES.  647 

lippe  fon  pcre,  181.  Lettre  qu'il  addreAè  an 
Roi  au  fujet  des  de(ôrdres  du  gouverne- 
«lent,  443  é^fuhf.  Articles  de  Taccordfalt 
par  Louis  XI  avec  ce  Duc  8:  ks  Princes  li- 
gués ,  474  &fsiiv. 

Bearben  (  Jeanne  de  France  ,  Dnched» 
4e  y.  Sa  mort ,  ^^5. 

B9ttrhûn{  Louis  de) ,  Evêque  de  licgc.. 
Confpiration  qui  fe  forme  contre  fa  pcr- 
(bnne  ,  16^  &fmh.  Il  eft  trahi  partes  Lié- 
geois ,  êc  livré  à  (es  emiemis ,  1 66.  Sa  morr. 

B^firban  (Louis  Bâtard  de  ).  II époufe  d- 
ne  fille  naturelle  de  Louis  XI,  ji^  iijr. 
Ce  Prince  lui  donne  la  charge  d*^AmiraU 
fy.  Son  éloge  ,168.  Son  contraft  de  ma- 
riage ,  544  &fmv, 

Bourbon  (  Piertede  )  y  Seigneur  de  Beau* 
jeu.  Voyez,  Beaujeu. 

Bourges  (  Jean  de  ) ,  noyé  à  Paris  pour  a- 
voir  confpiré  contre  le  Ror;  30. 

Bourgogne  (  Agn^  de  ) ,  femme  de  Cha^ 
les  Duc  de  Bourbon  ,  137.  Sa  mort  ,  ibid. 
Ses  cnfan5 ,  ibid. 

Bourgogne  (  Antoine  bâtard  de  ).  11  entré 
inconnu  dans  Paris ,  4.  Trouble  que  cznCc 
fon  arrivée  en  cette  ville ,  ibid.  Il  fait  la 
guerre  au  Roi,  lU 

Bourgogne  (  Charles  Duc  de  ).  Voj'efn 
Charoiois. 

Bourgogne  (  Philippe  Duc  de  ).  If  fe  rend 
à'Valenciennes ,  &  de-là  à  Bruxelles,  10, 
n.  16.  Ambaflade  qu^il  reçoit  d*£douard  Rot 
d'Angleterre  ,  13  ,»•  17.    Sa  négociation 
avec  ces  Ambadadeurs ,  ibid.  Il  en  donne 
avis  au  Roi  Louis  XI ,  ibid.  Diâèrend  qu'H 
a  avec  ce  Prince  ,  14.  Le  Roi  lui  cède  fcs? 
droits  fiir  le  Duché  de  Luxembourg,  jj. 
Vifîtcs  que  ce  Prince  lui  rend  ,  ibid,  n.  ït. 
Il  tombe  malade ,  10 ,  ».  31.  Il  donne  ad 
Comte  de  Charolois  (bn  fils-  le  commande- 
ment de  fcs  troupes  contre  Louis  XI ,  ibid. 
n,  33  ér*  183.  Il  fait  la  guerre  aux  LIe« 
geois ,  &  fe  rend  maître  de  Dînant ,  |^i 
Conditions  auxquelles  il  fait  la  paix  avec 
eux  ,  ibid,  ».  78.  Sa  mort ,  ^i,  74  ,  «.pi 
é"  i8p.  Il  célèbre  la  fccc  de  TOrdredela 
Toifbn  d'or  ,175.    Ambaflade  qu'il  reçoit 
d'Outremer  ,f&/V.  Il  tombe  dangereufement 
malade ,  17  y .  Secours  qu'il  envoyé  à  TAr- 
chevcque  de  Maycnce  ,  177.   Ambaffade 
qu'il  envoyé  au  Pape ,  pour  êtrcdifpenfé  du 
vœu  d'aller  à  la  Terre  Sainte ,  ibid.   Diffé- 
rend qu'il  a  avec  le  Comte  de  Charolois  fon 
fils ,  X7p.  Ses  troupes  ravagent  le  pays  de' 
Licge  ,  185.  Il  retombe  malade  à BruxdU 


e^S  TABLEDES 

les  ,187.  Nouvelle  maladie  qu'il  a  à  Lille  » 
188.  Témoignage  qu'il  rendit  au  Comte  de 
Dammanin  lors  de  fa  dif^race  ,  ii).  Aâe 
&  paroles  de  l'hommage  lige  £iit  par  ce  Duc 
au  Roi  Louis  XI  >  ^45  d^fuiv.  Abolition 
donnée  par  Louis  XI  .à  tous  les  Officiers  du 
Duc , }  4^  é^fiUv.  Don  qu'il  lui  fait  du  Du* 
ché  de  Luzemboorg  t$7S&  fuiv.  Traité 
d'alliance  entre  le  Duc  èc  Louis  Duc  de  Ba- 
vière ,  488  é^fiêiv.  Autre  avec  Frideric  £- 
leâeur  Palatin  »  454  é"  fi^*  Autre  avec 
'Kobert  Eleâcur  de  Cologne ,  49  tf  é^fuiv» 
Relation  de  fa  maladie  &  de  fa  mott ,  6oy 
^fiûv.  Son  tedament ,  60$  t^fiùv. 

Bourgmgnons  (  les  ).  Ils  prennent  Roye  fie 
Montdidier,  xi,  Ddfordres qu'ils  commet- 
tent dans  riàe  de  France ,  13  éf^fmv.  Ten^ 
tative  qu'ils  font  fur  Paris  9  2,5  <^  fuiv.  Us 
le  rendent  maîtres  du  pont  de  S.  Cloud  , 
1^.  Leur  marche  vers  Montleheri ,  ou  ils 
font  attaqués  par  le  Roi ,  x-j  ér  fuiv.  Ils 
paflent  la  Seine  &  l'Yonne ,  )  1.  Ils  fe  rap« 
prochent  de  Patis ,35.  Ils  fe  rendent  maî- 
tres du  pont  de  Charenton ,  )  4.  Leurs  autres 
exploits  devant  cate  ville  ,  ihid,  ^  fuiv. 
Combien  ils  y  foufFrirent ,  46.  Excès  qu'ils 
commettent  à  la  prife  de  Liège  «  77.  Us  fur- 
prennent  la  ville  de  Nèfle ,  &  y  exercent  de 

S randes cruautés  >  95.  Ravages  qu'ils  font 
ans  le  pays  de  Caux ,  99.  Ils  tentent  un 
^ubliflèment  proche  de  Roye ,  &  en  font 
chaffés  »  I II.  Ils  font  battus  en  Bourgognç 
par  les  troupes  du  Roi  >  II7* 

Brtffluri  (  Jacques  de  Beaumont  Sieur 
de  ).  Biens  dont  il  (ut  comblé  par  Louis 
XI  »  &75  •  Lettres  que  cç  Prince  lui  écrivoit, 

Bretagne  (  François  Duc  de  ),  Hommage 
qu*il  fait  au  Roi  Louis  XI ,  10  6*  f'^'^'  ^* 
16,  Ce  Prince  cherche  à  fe  l'attacher ,  n  > 
n,  17.  Liaifons  du  Duc  avçc  le  Comte  de 
Charolois»  17.  Ligue  qu'il  fait  avec  lui , 
ihid,  n.  i$»  Ambafladc  qu'il  covoye  au  Roi 
à  Poitiers  \  à  quelle  intention  >  19,  Son  ac* 
commodément  avec  ce  Prince  après  la  guer- 
re du  Bien  public  ,49.  La  ville  d'Evreux 
lui  eft  livrée  »  49.  Il  forme  le  deHeia  d'en- 
lever le  Duc  de  Berry ,  5  %•  Traité  qu'il  fait 
^  Caën  avec  le  Roi  7^4 ,  «.  74.  Ses  troupes 
t*emparcncde  Cacn  &  de  Bayeux ,  67.  Leurs 
<^utres  progrès  en  Normandie,  69.  Accom- 
modement de  ce  Duc  avec  le  Roi  975.  Rc^ 
troidifl'ement  entre  lui  &  ce  Prince ,  8  ) .  Il 
fç  raccommode  de  nouveau ,  bi  renonce  à 
Talliance  du  Duc  de  Bourgogne ,  85. Trêve 
iju'ii  £ait  avec  le  Roi  ^  iQQ.  $on  accord  4* 


MATIERES- 

vec  ce  Prince ,  10 1.  Ambaiiade  quil  lui  en- 
voyé 9  lop.  Nouvelle  ambaflade  de  fa  part 
par  laquelle  la  paix  eft  confirmée  »  ixi» 
Louis  XI  (ait  arrêter  une  provifîon  d'ar- 
mes ,  que  le  Duc  faifoit  venir  d'Italie  ^i6i. 
Il  refufe  le  collier  de  TOrdre  de  S.  Michel , 
que  le  Roi  lui  envoie  »  z%6.  Traité  d*aU 
liance  entre  ce  Duc  &  le  Comte  de  Charo- 
lois  •  440  éi^fuiv.  Autre  avec  le  même ,  , 
490<^/Kn/«  Promefle  que  le  Duc  fait  au  » 
Roi  y  de  ne  retirer  en  fes  Etats  aucuns  mé« 
contens ,  56t.  Lettre  qu'il  écrit  au  Comte 
de  Dunois ,  ^04  ^  fuiv.  Alliance  perpé- 
tuelle encre  lui  &  le  Duc  de  Berry  frère  da 
Roi  »  ^)  X  ô*  fitiy»  Confirmation  de  cette 
alliance ,  61 4  éi^fuiv. 

Brezé  (  Pierre  de  ).  Louis  XI  Tenvoyc  a- 
vec  deux  mille  hommes,  pour  reconduire 
la  Reine  Marguerite  d'Anjou  en  Angle* 
terre,  14. 

Brifêftnft  (  Guillaume  )  $  General  de 
Languedoc ,  )oy.  PrédiéUons  qui  lui  font 
faites  par  Angelo  Catto  Archevêque  de 
Vienne ,  ibid,  o*f^*y*  H  cft  fait  Confeiller 
privé  du  Roi  Charles  VIII ,  joé.  Il  accôm* 
^agne  ce  Prince  à  la  conquête  du  royaume 
oe  Naples  •  &  eft  fût  Cardinal ,  èbid, 

Btiké  (  Dreux  ) ,  Audiencier  en  la  Chan- 
cellerie ,  arrêté  prilbnnier  à  Montargis ,  fl( 
enfuite  élargi ,  6  f^fiav. 

Bureau  (Jean  ) ,  Trésorier  de  France , 
fait  Chevalier  au  (acre  de  Louis  XI  j  $* 


Calahre  (  le  Duc  de  ).  Troupes  que  lui 
donne  le  Roi  Louis  XI  pour  recouvrer  le 
royaume  d'Arragon,  79.  Il  recherche  ea 
mariage  la  fille  de  Charles  Duc  de  Bourgo- 
gne, 9).  Sa  mort,  104.  Traité  d'alliance 
entre  lui  &  le  Comte  de  Charolois ,  411  c^ 
fiûv.  Lettre  que  le  Roi  René  de  Sicile  fou 
père  lui  écrit  a  ce  fujet ,  415  é^fmv^  $om« 
roacion  que  lui  fait  le  Duc  de  Berry  de  pren- 
dre les  armes ,  &  <!e  fe  joindre  à  lui  pour  le 
Bien  public ,  451  é^ftdv,  Commimon  de 
ce  Prince  pour  lever  des  fubfides  pour  foa 
cntreprife  fur  TArragon ,  ^  j  f  c9*  A^*  ^^"^ 

Îionfe  qui  lui  eft  faite  par  le  Duc  de  Berrv 
iir  les  moyens  d'accommodement  proposés 
avec  le  Roi ,  64O  éi^fuiv. 

CamhraL  Les  habitans  de  cette  ville  en 
chafient  les  troupes  du  Roi ,  &  y  introduis 
fent  les  Flamans  ,155.  Prife  de  cette  ville 
fur  les  François ,  154.  Vers  â^s  à  cette  ocn 
çai&,Qïkiikidt 

Çwbr4 


r 


TABLE    DES 

CMmbrai  (  Ifabcau  de  )  accuféc  à  Paris  de 
crime  d*empoj{bnaeaicat  >  téé^fuiv. 

Csmfchschi  (  le  Comte  de  ).  11  abandon- 
ne le  pani  du  Duc  de  Bourgoene  ,  i  j  x . 
Comment  il  le  trabk  devant  Nanci  ,137 

Cntto  (  Angelo  ) ,  Archevêque  de  Vien- 
ne. Sommaire  defà  vie,  joj  &fHiv,  Phi- 
lippe  de  Comines  lui  addrelTc  Tes  Mémoi- 
res ,  ihid.  Sa  naifFance  ,  504.  Comment  il 
entra  au  fervicedu  DucCbarles  de  Bourgo- 
gne, ibid.  Prédiûious  qu*il  fit  à  ce  Duc, 
tbid.  Il  quitte  Ton  fervice ,  &  pafle  ï  celui  de 
Louis XI,  f^iW.  Il  e(l  fait  Archevêque  de 
Vienne ,  ibid,  11  annonce  au  Roi  la  mort  du 
Duc  au  moment  même  qu'elle  arrive  «  505. 
Prédissions  qu'il  fait  à  Guillaume  Bri^on- 
net  depuis  Cardinal ,  ihid  érfuiv.  Sa  morr, 
50^.  Ce  qu'en  dit  le  GalUm  Qhrifiimm ,  ihid. 

ChsbatMês  (  Antoine  de  ).  Vû^  Dam- 
manin. 

Chalon  (  Jean  de  ) ,  fils  de  Guillaume 
Prince  d'Orange.  II  quitte  la  cour  à»  Duc 
de  Bourgogne»  6c  fe  rend  auprès  de  Louis 
XI,  8^. 

Ci^4r/#i»ii/ii#(  Saint).  Louis XI  ordon- 
ne que  fa  fête  fera  gardée  >  1 1 3 . 


fmv»  ^a  mort ,  6  ©•  17).  ^on  âge  J 
mourut ,  ihid.  n,  7.  Ses  Qualités ,  tbid.  Pom- 
pe de  fes  obfeques  ,  7  o*  7^'^*  AmbafTade 
qu'il  reçoit  d'outremer,  17).  Cabales  qui  fe 
tont  à  la  Cour  pendant  fa  dernière  maladie, 
J07  f^fuiv. 

Chéirles  Vin  (  le  Roi  ).  Naiflance  de  ce 
Prince,  85  &  196.  Confpiration  contre  fa 
perfonne  ,156  Louis XI  ion  père  va  le  voir 
a  Amboife,  165.  Avis  qu'il  lui  donne,  i^fW. 
Remontrances  qu'il  lui  .fait ,  &  Officiers 
qu'il  lui  recommande  dans  fa  maladie  y  166 
C^fuiv,  Célébration  de  Ces  noces  avec  Tlié- 
ritiere  de  Bourgo^e ,  1 70.  Son  éloge  ,1^5 
^fuiv.  Vers  qui  lui  fut  donné  pour  devi- 
fe  ,  ibid.  Mauvaife  éducation  qu'il  reçut , 
ibid.  Témérité  avec  laquelle  il  entreprit  la 
conquête  du  royaume  de  Naples ,  1^4.  Son 
entrée  à  Rome ,  ibid.  Il  ne  baife  point  la 
mule  du  Pape ,  1^5 ,  ».  4.  Son  entrée  dans 
Naples ,  ibid.  Son  courage  à  la  journée  de 
Fornou'é ,  i^tT  Sa  harangue  à  fes  troupes 
avant  cette  bauille  »  170.  Son  retour  en 
France  ,171.  Son  portrait ,  ibid.  Nom  que 
lui  donnèrent  le  Pape  6c  les  Italiens ,  171. 
Le  Sultan  Bajazct  lui  envoyé  oœ  anbaifa* 
T0m$  II. 


MATIERES.  (^49 

de ,  ibid.  Sa  mort ,  Hid,  Quelle  en  fut  la 
caufe.x7).  Quelques-uns  le  croyent  em- 
poi(bnné  en  Italie ,  ibid. 

Chsrolois  (  Charles  Comte  de  \  Jouxtes 
qu'il  fait  à  Paris  •  10  ,  ».  16  ^  174.  Il  fe 
rend  à  Tours ,  ibid.  Son  mécontentement 
contre  les  Seigneurs  de  Crony  &  deChimai, 
If ,  ».  18  6*  iSi.  Supercherie  que  Louis 
XI  lui  fait ,  ibid.  Il  (è  ligue  avec  le  Duc  de 
Bretagne,  17  ,»•  19.  Il  arrête  pritbnnicr 
le  bâtard  de  Rubempré,  18  »  ».  14  c^  180. 
Ce  qui  l'anima  contre  le  Roi  Louis  XI ,  ibid. 
Le  Duc  de  Bourgogne  fon  père  lui  donne  le 
commandement  de  fbn  armée  contre  ce 
Prince,  lO,».  5)  c^  185.  Il  marche  vers 
la  Picardie  ,  i^i ,  ».  54.  Il  s'approche  de 
Paris  >  if  9  ».  58.  Danger  qu'il  court  à  la 
journée  de  Montleheri ,  i8.  Il  vient  cam- 
per à  Confians ,  54 ,  ».  47  c^  184.  Condi- 
tions auxquelles  il  fait  la  paix  avec  le  Roi , 
4^  <^  1 8; •  Ce  qu'il  dit  à  les  troupes  en  pré- 
fence  de  ce  Prince  ,49.  Il  déclare  la  guerre 
aux  Liégeois  après  la  mort  de  Philippe  fbn 
père ,  66.  Il  les  reçoit  à  compofition  ,  69 
ér  fuiv.  Il  marche  au  fecours  des  Ducs  de 
Berry  &  de  Bretagne  contre  le  Roi ,  70  c^ 
fmv.  Ce  Prince  lefaitfoUiciter  d'un  accom- 
modement ,  ibid.  Entrevue  du  Duc  6c  de 
Louis  XI  à  Peronne ,  6c  Traité  qui  y  fut  fait 
entr'eux ,  7^.  Il  Ait  le  fiege  de  la  ville  de 
Liège,  6^  s'en  rend  maître,  77  d»  195. 
Comment  fês  Amba{radeurs  (ont  traités  à 
Paris ,  79.  Il  reçoit  l'Ordre  de  la  Jarretière , 
que  lui  envoyé  le  Roi  Edouard  d'Angleter- 
re >  83 ,  ».  98.  Lettres  qu'il  écrit  au  Parle- 
ment de  Paris  au  fujet  de  l'arrivée  du  Com- 
te de  Waiwick  6c  du  Duc  de  Clarence  en 
France  ,  84.  Il  fait  faifir  tous  les  biens  ajp- 
mirtenans  aux  Marchands  François  dans  Ut 
ËtatSf  85.  Flotte  ou'il  met  en  mer,  pour 
empêcher  le  retour  du  Comte  6c  du  Duc  ea 
Angleterre, iW.<9»y«riv.  Le  Roi  marche 
contre  lui ,  89.  Mauvais  état  de  fesafFaires, 
po.  Il  obtient  une  trêve  ,  ibid.  11  la  rompt , 
6c  (è  rend  maître  des  villes  de  Nèfle  6c  de 
Roye  ,  9^&fiiiv.  Tcnwtive  qu'il  fait  fur 
Beauvais ,  9  ;.  Il  y  donne  l'aflaut  6c  eft  re- 
pouflé ,  96  éi^fmv.  Il  eft  contraint  d'en  le- 
ver le  fiege ,  98.  Les  villes  d'Eu  6c  de  S.  Va- 
léry fe  rendent  à  lui ,  99*  Trêve  qu'il  fait 
avec  le  Roi ,  100.  Il  entreprend  la  conquête 
du  Duché  de  Gueldres  »  104.  Ses  négocia- 
tions avec  l'Empereur  6c  les  Vénitiens,  lOf . 
Ses  troupes  furprennent  quelques  places 
dans  le  Nivernois ,  ibid.  Il  efl  acculé  d'a- 
vcôr  vonlafaire  cmpoifonncr  le  Roi ,  to^. 

N  a  a  a  Trêve 


g^a  TABLE    DES 

TrcYed^aDdaqtie  ce  Prmce  hii  accorde  ^ 

I  lo.  Il  forme  le  ficgc  de  Nuys  »  1 1 1.  Per- 
tes qa*il  &ic  devant  cette  place ,  1 1  )•  Villes 
^ne  le  Roi  kiieokve  »  i  (^.  Défaite  de  fcs 
troupes  en  Rourgpgoe  »  1 1 7.  Il  love  le  fîege 
de  NaySy  11 9.  Acceptatioa  qu'il  fait  delà 
creYe  conclue  par  le  Roi  avec  les  Aoeloii, 
2 1 1 .  Il  remet  à  ce  Prince  le  Connétable  de 
S.  Paul  >  ihiti.  Sa  défaite  par  les  Suifics ,  1 1% 
<^  fuiv.  II  deoiande  à  cette  occafioa  du  fe- 
cours  à  Tes  fuiets  «  qui  le  lui  rcfu&m  >  t }  1. 

II  afCege  Mocac ,  &  eft  battu  par  le  Duc  de 
Lorraine  &  les  Suifles  ,15)*  Il  met  le  fiege 
^vant  Nancy ,  i  $  4.  Une  panie  de  Tes  trou- 
ves TabandoDae  «157.  Ileft  attaqué  par  le 
Duc  de  Lorraine ,  x  j  i .  Son  ordre  de  t^taiU 
le  9  shid.  Sa  défaite  &  fa  mort  »  ibid.  &Jmv, 
6*111.  Sesfunerailfef ,  140*  Il(êpcrdé« 
tant  à  la  chafle  avec  Louis  XI  ,175.  Ce 
Prince  le  fait  Ton  Lieutenant  gênerai  ca 
Normandie  >  ihii.  Différend  qu'il  a  avec  le 
Duc  fon  père,  175.  Ceux  de  Dinant  pea^ 
dent  (bn  effigie  à  un  gibet  »  i  &4.  Il  fait  fon 
entrée  à  Gand  ,  6c  y  prend  poiTeiGon  du 
Comté  de  Flandres  »  1 851  »  c9*  yW v.  Il  va 
prendre  à  Louvain  poflèâion  du  Dncbéde 
Brabant ,  i^.  Son  entrée  à  Bruxelles  ,1^*1^ 
Bataille  qu'il  jgagne  contre  les  Liégeois  , 
Ufid,  Sou  entrée  à  Licgp»  oii  il  rétsd>Uc  r£' 
véque ,  ibid.  Cour  ouverte  qu'il  tient  à  Bru- 
selles  191.  Ambaflade  qu'il  y  r^it  de  la 
part  des  Vénitiens ,  ihtd.  Il  célèbre  la  fête 
de  l'Ordre  de  la  Toifon  d'or ,  ibid.  Son  ma- 
liage  avec  Marguerite  d*Yorc<  ,  (beat  d'E- 
douard Roi  d^Angletene»  Hid.  i^flùv^  Ce 
Prince  kl  envoyé  le  collier  de  l'Ordre  die 
\k  Jarretière  ,  1^5..  Le  Duc  fait  fonuaeff  le 
Comte  de  S.  Paul  de  venic  le  fcrfir  ea-  ar- 
mes ,  1^7.  Il  affifte  à  la  cérémonie  des  obfi:* 
^es  de  la  Dacbe/Ic  de  Bourgogne  fa  mcre , 
aco.  Lettres  injurkafts  au  Roi ,  qu'il  £iit 
fubller ,  iQi.  Vente  que  lui  £iit  le  Duc  de 
Gueldres  de  (bn  Dncbé  &  du  Comté  de  Zut* 
phen,ao).  II  acheté  les  droits ^ prétea- 
tions  du  Duc  de  Juliers  fur  (x%  pays  >  lO^. 
Il  fe  rend  maître  de  Venlo ,  Nimegue  6c 
autres  places ,  ihid.  <^  furv.  Éntxev&e  q&'il 
a  à  Trêves  avec  l'Empereur  Frédéric  III , 
X08.  Vifites  réciproques  qu'ils  fe  rendent , 
ihid.  t^fêâv.  Le  Duc  reçoit  de  l'Empereur 
rinvefiiture  pour  les  Duché  M  Giicldtes  èc 
Comté  de  Zutphen ,  109.  Parlement  qu'il 
a/Tcmble  à  Malines  ,110..  Membres  dont  il 
c(l  comporé  ,  iiid,  é^fitiv.  Etendards  qu'il 
fait  f;iire  pour  fes  Compagnies  d'Ordonnan- 
ce ,  1  14.  Eattenoe  de  ce  Duc  aycc  le  Roi 


MATIERES. 

d'Angleterre  à  Péqoîgny  >  ou  ib  eonv^ii: 
nent  d'une  trêve ,  x  17  (^  fiûv,  Epicapbei 
du  Duc ,111.  Letue  qu'il  éait  au  Docdt 
Bretagne ,  158*  Ses  plaintes  ponéesâu  Roi 
contre  k  Comte  d'Etampes  >  )f  1.  SciGijetS' 
de  plainte  contre  le  Seigneur  de  Ooay^ 
441  é^  fiihf.  Dédacatioo  par  laquelle  les 
Etats  de  Brabant  le  recoonoiflent  pou  leur 
Souverain  Seigneur,  après  La  mort  du  Doc 
Philippe  ibn  père ,  4f  f  f^fiùv.  Infkmâion 

Iu'il  donne  à  fes  Comcniflkires  pour  traittr 
e  la  paix  avec  le  Roi  d'Ecofle ,  4^0  ^ 
Jmiv.  Traité  d'alliance  entre  lui  &  le  Doc 
Louis  de  Bavière  »  468  ^fuw.  Autre  arec 
irideric  Elodeur  Palatin ,  470  é^fiùvJ^n» 
medè  du  Comte  de  confirmer  les  privilèges 
des  Duchés  de  Brabant  &  de  Limbourg, 
lor{qu'il  en  fera  en  poflenToa  ,  47^  érjutv. 
Traité  d'allianee  entre  liii  flc  le  Duc  de  Bre* 

^^E°^  >  4^^  ^  A^*  Traité  de  Cooflans  en* 
tre  Louis  XI  8c  ce  Comte  «  500  fi^fiâv, 
Tranfport  fait  par  le  Roi  au  Comte  des 
Prévôtés  de  Vimeu ,  de  Bcauvaifis  &  de 
Foaloy,  505  é^fiâv.  Lettres  Patentes  da 
Comte  poar  la  hhretfioa  de  œs  Prévôtés ,, 
J07  c^  fmv,  K€tt  de  l*faommage  lice  &it 
au  Roi  par  le  Comte  pour  les  villes  à  lui  ce- 
déeS}  $40&fitiv.  Procès  verbal  de  la  dé» 
lîvcaacc  qui  lui  a  été  £ûte  de  cts  villes ,  5  50 
&fniv.  Ratification  da  Comte  de  l'accord 
fait  encre  lui  &  les  Liégeois  ,  $71  &fM$v^ 
Lettre  par  laquelle  il  donne  avis  au  Roi  de 
k  mon  da  Duc  Philippe  fi>n  père,  ^10». 
Soulevemeat  à  Gand  le  leadeaiain  qu'il  y 
eut  fait  (00  entrée  «  6x6^fmiv.  Penniffio» 
qu'il  accorde  aux  Gantois  d'ouvrir  trois  de- 
leurs  pones»  ^iS^Aatie  petmiffion  concer- 
nant quelquca-iuis  de  leuxs  privil^es ,  619- 

ChmrMs  (  Ifabelle  de  Bourbon  Cemtefe 
de).  Samort».i85«. 

Chémitr  (  Guillaume  )  ,  Archevêque  de 
Paris.  Sa  aiort  &  Cbn  épicaphe ,  51 ,.«.  4» 

ChÂtedumetÊf  {  Antoine  de).  Voyez.  Lao. 

ChsuUcn  (  le  Seignoir  de  )  fait  Grand 
Makre  des  Eaux  dL  Forêtt ,  jS.  Le  Roi  lui 
ôte  cette  chatte ,  10^.. 

ChiVMlier  (Ltienne  ) ,  Tréfbrtcr  6e$  Fi» 
nanas  (eus  Chafles  VII  »  arrêté  prifonnier 
à  Montargis ,  &  enfiiite  élargi ,  6  &fifiv. 

Chtmsy  (  le  Seigneur  de  ).  Il  eft  député 
par  le  Duc  de  Boureogne  au  Roi  Louis  XI , 
H  &  17^*  Réponie  iiaccBe  qu'il  fit  à  ce 
Prince ,  ibid. 

Cléûs  (  Jean  )  »  Chevalier  Anglois ,  en- 
voyé en  ambafiàdc  à  Philippe  Doc  de  Bour- 
gogne 


^5»  T  A  B  L  E    D  E  S 

Prince  (ar  les  pratiques  de  Jacques  Gallioc 
dans  cette  ville  9 153.  Il  attire  celui-ci  au 
(èrvicede  S.  M.  ihid.  Lettre  qu*il  écrit  aa 
Maréchal  de  Gié ,  en  lui  envoyant  une  épéc^ 
X54.  Autre  qu'il  reçoit  du  Maréchal  de  Lo- 
beac,  furie  défi  fait  par  Julio  de  Pife  à  Bo- 
file  1 1 5  5*  Autre  que  lui  écrit  le  Connétable 
de  S.  Paul  pendant  le  fieee  de  BcauvaiSjijy. 
Commîfllon  qui  lui  e(t  addreffée  pour  le 
Gouvernement  du  Quefnoi  donné  au  Sel» 
eneur  du  Lude  ,  160  di^fuiv.  Il  eft  privé  de 
fa  Compagnie  d'Ordonnance,  i6i.  Lettre 
qa*ji  écrit  au  Roi  à  ce  fujet ,  ibid,  Ëtat  de 
les  appointemens  >  x6i.  Infidélité  qu'il  é- 
prouve  de  la  part  de  fes  domefUques  &  fèr- 
viceurs  au  temps  de  fa  difgrace ,  512.  Ilcft 
abandonné  de  ceux  qu'il  a  crus  fes  amis , 
^  1 1  &fuiv.  Qui  il  éprouva  fidèles  en  cette 
occafion  ,314  &fiiiv.  Biens  qu*il  reçut  du 
Roi  Charles  VII ,  }io  é^fuiv.  Services  qu'il 
rendit  en  Guyenne,  ihid.  Ce  qu'il  profita  de 
\a  dépouille  de  Jacques  Cceur ,  51 1.  Caufè 
de  fa  difgrace  fous  Louis  XI.  Déchaine- 
ment  de  fes  ennemis  contre  lui ,  ibid.  éi* 
fmv.  Sa  condamnation  »  j  ti  &fMv.  Il  ren- 
cre  par  la  paix  faite  avec  les  Princes  dans 
COQS  Ces  bitns ,  charges  &  honneurs  >  5 1 5  d* 
fuiv.  Le  Roi  lui  donne  la  coafifcation  des 
biens  de  Charles  de  Melun  ^51;.  Autres 
dons ,  pouvoirs  Bc  honneurs  qu'il  reçoit  de 
ce  Prince ,  ibid,  é^fuiv.Sd,  faveur  fous  Char- 
les VIII,  it7&  fuiv.  Pièces  concemaoc 
(on  procès ,  318  (^  finv.  Lettre  de  ce  Com- 
te au  Roi  fur  une  révoke  arrivée  à  Moufon, 
6n  é»  fuiv.  Autre  au  fujet  du  pays  de  Liè- 
ge, 6^1  é"  fuiv. 

Dsuvtt  { Jean  )  fait  Premier Prefideot  du 
Parlement  de  Paris  >  $i. 

Dpdie  (  Odet  ) ,  Seigneur  de  Lefeun ,  6- 
voriu  la  retraite  du  Duc  de  Berry,  frère  du 
Roi  en^Breugne  »  1x5.  Veis  faits  à  ce  fu- 
jet, fW. 

Défcalles  (  le  Seigneur  )  tué  dans  un  fou- 
kvemem  du  peuple  de  Londres ,  5  t^ftûv. 

Dinsns.  Prife  de  cette  ville  par  PhHippe 
Duc  de  Bourgogne,  qui  la  détruit,  S9  y  n. 
7S  ^  187.  Ses  habttans  pendent  l'effigte 
du  Comte  de  Charolois ,  qu'ils  traitent  de 
bâtard  ,  184.  HodiUtés  qu'ils  commettent 
fur  les  pays  du  Duc,  18  r  Ils  encourent  Tex» 
commufticatioa ,  iS6  &furtK  • 

D^iûlif  (  Pitrt<)  arrêté  à  Moulins  par 
ordre  du  Duc  de  Bourbon ,  Se  enfuite  relâ- 
ché, 19» 

D»m/ms  (  Renaud  des  ).  Xc  Roi  le  fait 
Maiice  des  Requêtes ,  s  a. 


MATIERES. 

DMMfi(leComtede).  Se  retire  aoptSl 
du  Duc  de  Bretagne ,  i^« 


£4/<?iV4fi/jr  Roi  d'Angleterre.  Ambaflà-' 
de  qu'il  envoyé  à  Philippe  Duc  de  Bour^o* 

Sne ,  15,1».  17.  H  eft  détrôné  par  le  Comte 
e  V^arvicK  ,  &  s'enfuit  auprès  du  Duc  de 
Bourgogne,  87.  Viâoire qu'il  remportée 
(on  retour  en  Angleterre  fur  les  panifans 
d*Henti  VI 9  91 .  Sommation  qu'il  Fait  faire 
au  Roi  Louis  XI  de  lui  reftitucr  la  Guyen- 
ne &  la  Normandie  ,111.  Defcenre  qu'il 
fait  en  France,  118.  Entrevue  qu'il  a  avec 
le  Roi  ,11^.  Accommodement  fait  entre 
ces  deux  Princes,  ibid.  é^  fuiv.  Lettres  que 
lui  écrit  le  Connétable  de  S.  Paul  &  qu'il 
renvoyé  au  Roi  •  ixo  ^fukv.  Il  fait  arrê- 
ter &  mettre  prifonnier  à  la  Tour  de  Loi^ 
dres  le  Duc  de  Clarence  fou  frère ,  147. 
Comment  il  le  fait  mourir  ,  ibid.  Conti- 
nuation de  la  trêve  entre  ce  Prince  &  Loois* 
XI ,  léi»  Sa  mort  y  16$.  Il  fait  trancher 
la  tété  au  Duc  de  Soofmerfet ,  1 80.  Son 
mariage  avec  la  Viece  du  Comte  de  S.  Pauî 
caufe  du  mécontement  à  Londres,  181.  Le 
Duc  Charles  de  Bourgogne  le  fait  Chevalier 
de  laToifon  d^or,  191.  Entrevue  de  Louis  XF 
&  de  ce  Prince  à  Pequi^ny,  ou  ils  convien- 
nent d'une  trêve  ,1x7  &fitiv.  Traité  de  trê- 
ve conclu  entr'eux  ,411  é^fuiv. 

Ejfarts  {  Philippe  des  )  ait  par  le  Roi 
Grand  Maître  des  Eaux  8c  Forêts,  1 09. 

Btamfes  (  Jean  de  Bourgogne  Comte  d*  V 
Il  quitte  le  fervice  du  Duc  de  Bourgogne  ^ 
&  (e  retire  aupc^  de  Louis  XI ,  178.  Rai» 
Ions  de  fon  mécontentement ,  ihid.  m.  ii. 

Btomevtlli  (  Robert  d'  ) ,  Prévôt  de  Paris,, 
envoyé  prifonnier  à  la  BaiUlle  &. enfuite  au 
Louvre ,  4.  Il  eft  rétabli  dans  fta  Office  de 
Prévôt  de  Paris ,  jo  ^fuiv.  Sa  mort ,  i  f  ^ 

Eu  (  le  Comte  d*^  ).  Il  efl  fiiir  Gouverneur 
de  Paris ,  5  j  c^  124.  S^mon ,  9%.  Le  Roi 
l'envoyé  en  ambalfade  vers  le  Duc  Pkilippe 
de  Bourgogne ,  1 8 1 .  U  efl  fait  Grand  Maî- 
tre de  la  Maifon  de  ce  Prince  ,114.  Lettre 
ou'il  écrit  aii  Roi ,  au  ftijet  de  racoommo- 
oeroent  de  ce  Prince  avec  le  Duc  de  Berry^ 
fon  frère ,  $09  éi^fmv, 

Evremx.  Incendie  de  cette  ville  &  de  & 
cathédrale»  175» 

f 

Terteil  (  Pierre  ).  Le  Roi  le  lak  Maître 
des  ReqMéteSi  j^ 

lifcMt^ 


r" 


TABLE    DES 

Vifcdmp  (  l'Abbaye  de }.  locendie  de  Ton 
clocher,  5. 

lôix  (  le  Comte  de  ).  Son  aventure  avec 
une  bourgeoife  de  Parfs  ,78.  Sa  mort ,  & 
fes  cntàns ,  90 ,  ».  ).  Détail  qu'il  envoyé  au 
Roi  Loo  js  XI  des  intrigues  faites  à  la  Cour 
pendant  la  maladie  du  Roi  Charles  VII , 
507  &f»iv.  Serment  de  fidélité  qu'il  fait  à 
ce  Prince  ,561  éi^fiûv, 

Franeê.  Grande  abondance  de  grains 
dans  ce  royaume  >  x.  Rareté  des  vins ,  t6x. 
Chené  du  bled ,  163.  Mortalité  en  divers 
.lieux  ,  1^4. 

Tranfoisl  (  le  Roi  ).  Services  que  lui  ren- 
dît le  Grand  Ecuyer  de  S.  Severin  à  la  ba- 
taille dePa?ie>  i69.  Eloge  que  ce  Prince 
faifbit  du  Roi  Louis  XI  ^  tSa.. 

Vnderic  lll  Emperetn:.  Entrevâe  qull  a 
à  Trêves  avec  Ch^es  Duc  de  Bourgogne , 
108.  Vifites  réciproques  qu'ils  fe  rendent, 
ihid,  ir  fuiv,  Frédéric  accorde  au  Duc  Tin- 
▼eftiture  àc%  Duché  de  Gueldre  &  Comté 
de  Zutphen ,  109. 

'BfitUrie  Eleôeur  Pftlatin.  Traité  d'allian- 
ce entre  ce  Prince  Se  le  Comte  de  Cfaarolois, 
470  é^fmv.  Aâe  de  réfervc  de  la  pan  de 
rÉledeur  dans  le  Traité  >  473  éi^fuiv.  Au- 
tre Traité  d'alliance  de  ce  Prince  avec  le 
Duc  Philippe  de  Bourgogne,  494  é^fitiv. 


MATIERES. 


H 


^51 


GmOu  (  le  Prince  de  ),  fils  de  Henri  VI 
Roi  d' Angleterre.  Il  fe  réfugie  en  France  a- 
▼ec  la  Reme  Marguerite^* Anjou  fa  roere , 
%S.  Il  y  tient  le  Roi  Charles  VIII  fur  les 
fonts  de  Baptême ,  ibèd,  é^  196.  Son  retour 
en  Angleterre ,  od  il  eft  tué  dans  une  ba-> 
taille  contre  Edouard ,  9 1. 

Gsvre  (  le  Traité  de  }  fait  entre  le  Duc 
Philippe  de  Bourgogne  &  les  Gantois  »  ^28. 

Gemvirvê  (  Sainte  ).  Incendie  du  clocher 
it  l'Eglife  de  Sainte  Geneviève  de  Paris  par 
le  feu  du  ciel  9 170. 

Gmlért{  Amoui  Duc  de  ).  Mariage  d'A- 
dolphe (on  fils  avec  Catherine  de  Bourbon» 
17^.  Le  Duc  de  Bourgogne  le  fait  tirer  de 
la  prifon  ou  fon  fils  l'avoir  mis ,  1 97*  Ven- 
te qu'Amoul  fait  à  ce  Dtic  de  fon  Duché  8c 
du  Comté  de  Zurphen ,  105.  Sa  mort ,  207. 

Gtterâmlt  (  Pierre  de  ) ,  exécuté  à  Paris 
pour  y  être  entré  par  ordre  du  Duc  de  Bre« 
tagne ,  dans  le  deflèin  de  (èmer  la  divîGon 
cnuc  le  Roi  ôc  fes  fujets ,  3 1. 


Harify  (  Jean  ).  Le  Duc  Charles  de  Boor^ 
gognc  l'engage  à  entreprendre  d'empoifon- 
ncr  le  Roi ,  106.  Il  eft  découvert  &  arrêté, 
shid.  Sa  fentence  de  mort  &  fon  exécution  , 
108. 

Henri ,  Roi  de  Caftillc.  Il  eft  irrité  da 
fecours  que  Louis  XI  donne  à  Jean  Roi 
'd'Arragon,  11 ,  ».  17.  Son  différend  avec 
Blanche  de  Navane  remis  à  farbitrage  de 
ce  Prince ,  ibsd.  Il  eft  jugé  en  fiiveur  de  Hen- 
ri ,  ibid.  Entrevue  qu'il  a  avec  Louis  XI 
près  de  Fontarabie,  j;^  n.  18.  Pouvoir 
de  Henri  pour  traiter  d'une  alliance  avec  ce 
Prince»  t76&fura, 

Henri  VI  Roi  d'Angleterre.  Vw  Légat  du 
Pape  prêche  contre  lui  dans  Londres ,  5.  Ses 
futets  prennent  les  armes  contre  lui ,  tbid.  Il 
eft  (ait  prifonnier  par  Richard  Duc  d'YorcK» 
&  renfermé  dans  la  Tour  de  Londres ,  ibid^ 
Le  Roi  Châties  VII  favorife  fes  partiHins  ^ 

5  &fitiv,  Louis  XI  fait  oublier  (on  alliance 
avec  ce  Prince  »  87.  Il  eft  réubli  fur  le  trd« 
DC^ibtd^ 

Herbert  (  Jean  J ,  Evêqnc  de  Conftance  , 
adjfoumé  ^r  le  Parlement  de  Paris  »  8c  coc^ 
dujt  es  prifons  de  la  Conciergerie  9X59. 

HoUmnde,  Inon^lations  dans  la  Hollande 

6  la  Zélandcy  qui  cojent  on  emponent  plu- 
fieurs  villes ,  79. 

Hemnufge,  ^(Xt  &  paroles  de  l'hommage 
lige  fait  au  Roi  Louis  XI  par  le  Duc  Phi- 
lippe de  Bourgogne ,  J4 j  ©•/irv. 


hênne  de  France  {  Madame  ) ,  fille  de 
Louis  XI.  St  naiifance  ,  17.  Son  mariage 
avec  Louis  XII  arrêté  de  très  bonne  heure  , 
ibid.  n.  %o.  Elle  eft  maraine  du  Roi  Charles 
VIII I  %^  &  Ï96.  Accord  de  fon  mariage 
avec  Louis  Duc  d'Orléans  9  depuis  le  Roi 
Louis  XII  ,411  ^fuiv 

IJfeire,  Cas  merveilleux  arrivé  à  an  Reli- 
gieux de  l'Abbaye  d'iflbire  en  Auvergne  y 

L 

I41»  (Antoine  de  Châteauneuf Seigneur 
du }.  Il  profite  d'une  grande  partie  de  la  dé- 
pouille du  Comte  de  Dammartin ,  m.  Le 
Koi  l'envoyé  prifonnier  au  château  de  Sul- 
ly &  cnfuitc  à  celui  d'Ulîon  en  Auvergne  , 
aaj. 

Nnnn  j  Ltfam 


1* 


6^\  TABLEDES 

Lefc$m  (  le  Seigneur  de  ).  Vxf^ez,  Daydie. 

Liège.  Siège  de  cecce  villepai:  Charles  Duc 
ic  Bourgogne  ,  77.  Sa prifc  ,  ihid.  c^  195. 
Cruautés  que  les  fiourg^ignons  y  excrcetic , 
ihid.  Ravage  du  pays  de  Liège  par  ces  ml* 
mes  croupes  ,115.  Les  Lîegpols  obcieuDcoc 
ta  paix  du  Duc  y  fS&. 

Loré{  Ambroiiêde  )  «  femme  de  Robert 
d'EtotttevHle  Prevôc  de  Paris ,  4.  Mauvais 
traitemenr  Qu'elle  efloye  lors  de  Temprilba* 
nemeic  de  ion  mari ,  thid.  Sa  mort  >  72». 

Lorraine  {  René  I)nc  de  >.  Viâoire  qu'il 
tempone  près  de  Mocat  fur  le  Duc  Charles 
4t  Boum>soe,  155*  Il  forme  le  ficg^  de 
Nanci ,  Uié.  Rédu^on  de  cette  ville  à  Coa 
obeiflànce,  134.  Il  atu^ut  k  Duc  devant 
cette  place  »  &  taille  Coa  armée  en  pièces  » 
137  &Jmv.&  %%t. 

Louis  XI  (  le  Roi  ).  Il  reçoit  la  nouvelle 
lie  la  mort  du  Roi  Cnarles  Yll  (bn  père  »  6  , 
h,  8,  Ordres  qu*il  dôme  à  fon  avenemeat  à 
la  couronne  »  ibid.  Il  quitte  la  Flandre  poui 
fe  rendre  en  France  9  7  »  >» «  1 1  •  Son  facre , 
f  »  C^  174*  Son  entrée  dans  Paris ,  ibid,  d» 
fmv.  II  fe  tend  en  Touraine  y  U  met  en  11- 
berté^Jean  Duc  d'Alenfon  ,  10  »  n.  1^  U 
donne  du  fecouis.  à  Marguerite  d'Anjou , 
Reine  ^Angleterre .  ibéd.  Abolitbn  de  la 
Pragmatique  SandUon  par  ce  Prince  ,  ihid, 
&  iJS»  lueçoic  l'hommage  du  Duc  de  Bre- 
tagne f.ikid.  Gc^ivecnement  qu'il  lui  accor^ 
écy  1 1  f  n.  1 7.  Il  rétablit  le  Duc  d'Alençon 
dans  fes  biens  »  ibid.  Ceffion  que  lui  (ait 
Jean  Roîd'Arragon  du  RouffiUon  &  de  la 
Cerdagne  »  zz  ,  j»«  17.  Blanche  de  Navarre 
remet  k  (on  arbitrage  fon  différend  avec 
Henri  Roi  de  CaftilU  ,  ihid.  Secours  qu'il 
envoyé  au  Roi  d'Arragon ,  ibid.  Réception 

3u*il  (ait  à  Rouen  à  Marguerite  d'Anjou 
Lcîne  d'Angleterre  ,  ibid.  Pre(cnt  que  lui 
fait  la  ville  de  Rouen ,  ibid*  Son  voyage  au 
Mont  S.  Michel ,  &  prcfent  qu'il  y  fait ,  i  j. 
PifFerend  entre  lui  &  le  Duc  de  Bourgogne , 
1 6*  Il  renvoyé  Marguerite  d'Anjou  en  An- 
gleterre avec  des  troupes ,  ibid.  CeiTton  qu'il 
fait  au  Duo  de  Bourgogne  de  fes  droits  (lir 
le  Duché  dcLuiembourg  »  15.  Entrevue 
qu'il^  a  avec  le  Roi  de  CaftiUe  près  de  Fonta^ 
rabie,  i^id.  »,  x8  c^  177.  Il  racheté  du  Duc 
de  Bourgogne  les  villes  de  lA.Somme  «  ibid. 
ér  17S.  ViUteqa'il  rendàceDuc,i^ii.  Mé- 
contentement qu'il  témoigne  du  Comte  de 
Nevers ,  1^.  H  fait  adjourner  le  Comte  de 
S.  Pkul  &  le  Seigneur  de  Genlis ,  ibid.  ^ 
fidv.  Il  pafTc  en  Picardie  &  en  Noroundic , 
n.  l\  ct^yoyc  prifbnn^  à  Loçhçs  Iç  fiifiçç 


MATIERES. 

Philippe  de  Savoie,  /^/i.  m  if  ^  et  175  >  «. 
17.  Vifîte  qu'il  rend  à  Fiedin  au  Dac  de 
BourgcxçnCy  ihid.  «.  1 1 .  Guerre  du  Bien  pu- 
blic qui  éclate  conue  lui ,  18  «  i'.  14.  Il  re- 
met à  François  Sforce  le  château  de  Gènes 
6c  la  vHic  ae  Savone  9  ibid.  Aticmblée  des 
Notables  qu'il  tient  à  Tours  comre  k  Duc 
de  Bretagne ,  19 ,17.  2^.  Il  pafFe  cti  An)ou  , 
&  de  là  en  Bcrry ,  la  Ail  lance  qu'il  contra- 
ùc  avec  Edouard  Roi  d'Angleterre  »  ibid.  ». 
5 1.  Conquêtes  cfi'il  fait  dans  le  Bourbon*- 
nois  »  au  II  forme  le  fiegc  de  la  ville  de 
Rlom ,  2.|.  Accommodement  qu'il  y  fait  a- 
vec  paitie  des  Princes  ligués ,  14.  Il  attaque 
les  Soulignons  à  Montleheri ,  17  p*  fuiv. 
Son  retour  a  Paris  »  %$.  Réforme  qu'il  y  fait 
dans  fon  Con£êil ,  ibid,  ^fidv,  En^runt 
au'ii  y  veut  (aire ,  &  refiis  qu'il  reçoit  »  )0. 
Ordre  qu'il  met  potu:  la  déksxk  de  cette  vil-* 
le  y  ibid.  RemiCès  &  décMrges  d'impôts  donc 
Il  la  gratifie  «  5 1.  Troupes  qu'il  y  lai(&  à  fon 
départ ,  ^u  Joie  que  cau(e  fon  retour  dans 
cette  Capitale  ,  )  7.  Trêve  conclue  entre  lui 
&  1er  Prmccs  Hgués ,  3  9  é^fmiv^  Oâres  qu'il 
leur  (ait  (aire  »  41.  Suite  de  (êanégpciauons 
pour  la  paix  >  45.  A  quelles condttion&elle 
eH  conclue  ,  ^L  Eotrevûe  du.  Roi  U  d« 
Comte  de  Charolois ,  47.  Son  accommode^ 
ment  avec  le  Duc  die  Bretagne ,  49.  Avis 
qu'il  re^it  d*une  entreprlfe  faite  fur  (a  per- 
(onne  »  ibid.  Ce  Prince  fe  rend  à  Orléans  » 
5 1.  Il  va  réduire  les  villes  de  Normandie , 
5}  &  fi*êvv  Traité  particutiec  qu'il  fait  à 
Caën  avec  le  Duc  de  firetagpe ,  54 ,  ».  74* 
II  fe  tend  maître  de  Rouen  &  du  Pont-de^ 
l'Arche  ,  f  5.  Commi/Iàites  qu'il  nomme 
pour  la  réformation  de  la.  JulUce  »  f  8.  Ré- 
ception qu'il  fait  à  Rouenau  Comte  de  War-> 
wick  I  61  di^fmv..  Règlement  qu'il  fait  pu- 
blier y  potu:  repeuplerla  ville  de  Paris ,  ^5.. 
Il  fait  la  revue  des  milices  de  oetfie.Ca(Mta»<i 
le,  6^.  Secours  qu'il  envoyé  aux  Liégeois 
centre  le  Duc  de  Bourgogne  y66.Sts  lettres 
pour  l'abolition  de  la  Pragmatique  Sanétion^ 
ibid.  Nouvelles  qu'il  apprend  de  la  pri/è 
de  Caën  ai  de  Bayeux  par  les  Bretons  » 
67.  Il  abandonne  les  Li^eois^  69^  Réduc- 
tion de  la  ville  d'Alcn^n  par  ce  Prince, 
71.  Il  tient  les  Etats  à  Tours ,  ibid.  f^fitiv. 
<^  1 9 1 .  Les  Bretons  chaiFét  de  Bayeux  par 
les  troupes  qu'il  envoyé  en  Normandie  »  75* 
Son  accommodemenr  avec  les  Ducs  de  Ber<- 
ry  &  de  Breugne ,  ibid.  %Ki  n^ociàdona 
pour  la  paix  avec  le  Duc  de  Bourgogne ,  ibf 
Son  entrevue  avec  ce  Prince  à  Peronne ,  8c 
Tr^té  qui  y  fut  £ût  çnu'euz ,  7^.  U  accom- 
pagne 


TABLE    DES 

fsgtie  k  DttC  an  (iege.de  la  Tille  de  Liège  , 
77  &  ifi'  &fmv.  Il  fait  enlever  de  Parb 
ït%  pics ,  geais  »  choaetits ,  grues ,  cerfs  & 
biches ,  pour  lui  éire  portés  à  Amboife  »  7  %, 
Troupes  qui!  donne  au  Duc  de  Calabre  » 
pour  recouvrer  le  royaume  d'Ariagon  ,  75r. 
Il  fak  arrétar  le  Cardinal  Balue ,  &  confif- 
c^ue  cous  Ces  btcns ,  8 1.  Réduâion  du  Com- 
té d'Arm^nac  à  TobciiTanee  de  ce  Prince  , 
Si.  Re&oidiilènicnc  encre  lui  6c  le  Duc  de 
Bret^ne  »  S).  Ban  qu'il  (ah  publier  contre 
ks  Anglois ,  ikfd.  Avantages  qu'il  rempor- 
te ûtr  le  Roi  d'Arragon  ,  84 ,  ».  91.  Son  rac 
iofom^demcac  avec  le  Duc  de  Bretagne  » 
85.  (lotte  qu'il  donne  au  Comte  de  War- 
wick  U,  au  Duc  de  Clarence ,  pour  r cpafTcr 
en  Angleterre  y%^.  Alliance  qu'il  Eut  pu- 
blier avec  Henri  Y I  Roi  d'Angleterre,  ïy. 
Réduâion  de  S.  Quentin  à  Ton  obeifTance  ^ 
S 8.  Il  marcbe  contre  le  Duc  de  Bouigogne  , 
89*  Exploits  de  £es  troupes  contre  ce  Duc  , 
50.  Trêve  dont  ils  font  luivis  ,  ibid.  Pour- 
fuice  qu'il  fait  faire  de  quelques  Ubelles  8c 

Slacards  diSunatoires ,  9 1  d^fmiv.  Nouvel- 
ts  bronilleries  encre  lui  8c  le  Duc  de  Berry 
foa  frère  devenu  Duc  de  Guyenne ,  $u  In- 
ftitttcion  de  ÏAmgilus  à  midi  par  ce  Prince , 
ibid.  Avantages  que  fts  croupes  remportent 
fiir  le  parti  du  Duc  de  Bourgogne ,  1 00.  Trê- 
ve qu  il  £ûc  avec  ce  Duc  hi  le  Duc  de  Breta- 
gne 9  Hhd*  Il  s'accommode  avec  le  dernier, 
101.  Dançer  donc  il  eft  préfervé  «  104  6* 
yirn/.  Maru^e  d'Anne  de  France  fa  fille  aî- 
née avec  le  Seigneur  de  Beau  jeu ,  i  o  5 .  Con- 
spiration fermée  pour  l'empolfonner  ,  lo^. 
Keglemens  qu'il  fait  publier  au  fujet  des 
troupes  8c  des  monnoies ,  107.  Trêve  d'un 
an  qu'il  accorde  au  Duc  de  Bourgogne ,  i  lo. 
11  envoyé  6iu  troupes  à  la  conquête  du 
xoyauBie  d'Arragon  ,  i^d.  Préparatifs  de 
g;uerre  qu'il  fait  contre  le  Duc  de  Bourgo- 
gne,  115.  Places  dont  il  (è  rend  maître , 
11^.  CooMnenc  il  eft  trahi  par  le  Connéta- 
ble de  S»  Vz}3X  »  ihid^fi^  ftêhj.  Avantages  que 
(es  troupes  remportent  fur  fes  ennemis  ,117 
^f9êiv.  Entrevue  de  ce  Prince  8c  d'Edouard 
Roi  d'AngUcerrC)  119.  Conditions  de  l'ac- 
cord fait  entr'euz ,  Aid,  ^fuiv.  II  repre^ 
S.  Quentin  fur  k  Connétable  ,  no.  Il  lui 
£ut  faire  foo  procès  ,  Il  le  fait  exécuter  » 
m  &fuiv.  Il  ailemble  le  Clergé ,  119  Le 
Roi  René  de  Sicile  lui  cède  le  Comté  de  Pro- 
vence ,  1 3  id^fmv.  Réception  qu'il  fait  au 
Roi  de  PÔnugal  qui  vient  lui  demander  du 
(ècours >  I  i^&fuiv,  Rédudlion  de plufieurs 
villes  du  Duché  de  Bourgogne  à  lobclflao* 


MATIERES.  .<f5j 

ce  de  ce  Prince  après  la  mort  du  Duc  »  iao* 
Il  fe  rend  maître  de  la  cité  d'Arcas ,  8c  alfie-» 
ge  la  ville  ,14t.  Compofition  qu'il  accorde 
aux  habiuns  ,  ibid.  Il  l'afTiege  de  ncuveau 
9c  la  réduit  à  fon  obeîflance  ^  14t.  Il  eft  rc* 
eu  à  Cambrai ,  ibid.  Augmenution  qu'il  £aic 
dans  fon  artillerie ,  1 4e  é^fuiv.  Avantage» 
que  (es  troupes  remponent  fur  les  FlamaaSt 
148  ^fuiv.  Il  fe  rend  maître  JeCondé^ 
14^  Il  (e  rend  à  Boulogne  8c  y  fait  honuna- 
ge  de  fon  royaume  à  la  Ste  Vierge  ,  ibid.  ru 
3  ).  Comment  il  eft  trompé  par  l'Archiduc 
Maximilien  tx.  pas  les  Flaroans  >  15 1.  Pnv- 
grès  de  fes  armes  en  Bourgogne  >  viid.  Ao*. 
cord  qu'il  fait  avec  l'Archiduc  ,  ibid^  Dona 
qu'il  lait  à  pluficurs  Egli&s  ,  ibid,  é*  fuiv^ 
A/fembîée  du  CFergé  qu'il  tient  à  Orléans  ^ 
lyi.  Il  fait  paHcr  des  troupes  en  Fianche* 
Comté  8c  s'empare  de  cette  Province ,  15^. 
Vlûoire  remportée  par  fon  armée  fur  le^ 
Flamans  proche  de  Thcrouannc  9  ^^  & 
y«n/.Pourfuitcs  qu'il  fait  faire  contre  le  Duc 
de  Bourbon  U  les  Officiers  ,  158  c^  fuiv^ 
Trêve  conclue  entre  lui  8c  TArchiduc  Ma« 
ximilien ,  159.  Réforme  qu'il  fait  dans  let 
troupes ,  160,  Continuation  de  la  trêve  avec 
les  Anglois ,  i^i.  Le  Roi  tombe  dangereux 
fement  malade ,  ibid.  Il  forme  un  camp  au- 
près du  Pont.  de-l'Arche ,  ibid.  Ce  Prince  eft 
fort  mal ,  1 6z.  Vœux ,  fondations  8c  oeleri*^ 
nages  qu'il  fait  à  cette  occaCon ,  ibid,o^fuiv^ 
Il  reçoit  une  ambaflàde  des  Flanuuis  »  1^5* 
Rédudlion  de  la  ville  d'Aire  à  fon  obeiflan- 
ce  y  ibid.  Remontrances  qull  fait  au  Dau- 
phin dans  fa  maladie  ,  I6^.  Officiers  qu'il 
lui  recommande ,  ibid,  ^fuiv.  Peur  au'il  a 
de  la  mort ,  167.  Conditions  auxquelles  il 
conclut  la  paix  avec  les  Flamans  »iW.  Priè- 
res publiques  ordonnées  à  l'occafiAn  de  (a 
maladie ,  1 69,  Il  fait  venir  la  Ste  Ampoule 
de  Reims  8c  plufieurs  reliques  de  la  Ste  Cha* 
pelle  de  Paris ,  17 1.   Sa  mort ,  ibid.  Sa  fe- 
pulture  y  ibid.  Son  caradere,  171.  Il  fait 
oruler  tous  ks  rets  U  filets  fervans  k  preiw 
dre  des  bétes  fauves  dans  llfle  de  France  , 
178.  Il  détourne  le  Duc  de  Bourgoeue  da 
voyage  de  la  Terre  Sainte,  179.  Inftitutioa 
de  l'Ordre  de  S.  Michel  par  ce  Prince  ,  1^4^ 
ÏM  Duc  de  Bourgogne  Taccufe  d'avoir  fait 
empoifonner  le  Duc  de  Berry  fon  frère  », 
102.  Bon  mot  de  ce  Prince  au  fujet  des  mi- 
lices de  Paris ,  xif .  Lettre  qui  lui  eft  écrite 
par  ceux  qu'il  avoir  députés  au  Duc  de  Guy- 
enne fon  frcre  ,  119  c*yîy/t;.  Coumme  de 
ce  Prince  ,  lorfqu'il  recevoir  de  mauvaifcs 
nouvelles  >  14^.  Rcponfe  qu'il  fit  à  Edouard 

Roi 


•      *• 


€^6  TABLEDES 

Roi  d'An--'  *crrc,  fur  rempri(c>nnenicQt  du 
Duc  de  -  »arcDcc  fon  frctc ,  i  f  4  Ô^fuiv.  Let- 
tres de  ce  Prince  en  faveur  de  Marie  fa  fille 
naturelle  y%6xA\  paffe  pour  avoir  faic  mou- 
tir  Je  Duc  de  Berry  (on  frère ,  174.  Ses  let- 
tres à  M.  de  Brediure ,  xy6  &  Jfuiv.  Eloge 
<)ue  François  I  faifoit  de  ce  Prince ,  t8i.  5a 
réponfe  à  un  Ambafladeur  du  Pape  Eugène, 
aé).  Comparaifon  de  (on  règne  avec  celui 
de  Louis  XII  »  184  é'fi^v.  Il  révolte  les 
Princes  &  les  Grands  du  Royaume  par  le  mé- 
pris qu'il  £dc  d'eux ,  18  f.  Comment  il  les 
traita  après  les  avoir  définis,  sb,  éi^furv.  Sa 
conduite  avec  Louis  XII  tandis  que  celui  ci 
n'étoit  que  Duc  d'Orléans ,  187.  Mauvaifê 
politique  dont  il  ufa  envers  Marie  héritière 
de  Bourgogne,  tbid,  Mauvaifê  éducation 
qu'il  donna  à  fon  fils  Charles  VIII ,  188. 
Sa  conduite  envers  la  Reine  fa  femme ,  ihid. 
f^fmv»  Envers  fesdômeftiqnes  &  fes  (ujcts, 
1.89.  En  quoi  confiftoit  fa  pieté  &  fa  reli- 
gion ,  Z90  éffuiv.  Ses  bonnes  qualités,  19  f. 
Comment  il  fit  faire  une  grille  d'argent  au 
tombeau  de  S.  Martin  de  Tours  ,305.  Let- 
tre qu'il  reçoit  des  Seigneurs  de  la  Cour  au 
fujet  de  la  maladie  du  Roi  Charles  VII  fon 
pcre ,  507.  Sa  fuite  vers  le  Pue  de  Bourgo- 
gne n'étant  encore  que  Dauphin ,  )  1 9*  Let- 
tres d'obédience  de  ce  Prince  au  Pape  ,  %  $7 
fi^fuiv.  Autres  par  lefqucllesil  donne  le  Ber- 
ry en  appanage  à  Charles  de  France  fon  frç- 
^i  }S^  &fiiv.  Ordre  expédié  par  ce  Prin- 
ce pour  le  paffage  de  la  Reine  Marguerite 
d'Anjou  en  Angleterre ,  5 75.  Don  qu'il  fait 
au  Duc  Philippe  de  Bourgogne  du  Duché 
de  Luxembourg  ,575  f^fuiv  Jugement  ren- 
du par  ce  Prince  fur  les  difFcrens  des  Rois 
de  Caftille  &  d'Anagon,  378  i^fuiv.  Sa 
Sentence  arbitrale  à  ce  fujet  ,381  éi^hiv» 
Lettres  de  remiffion  qu'il  accorde  aux  nabi- 
tans  de  Perpignan ,  j  89  érft*'tv.  Autres  ac- 
cordées de  même  aux  habitansdc  Colioure , 
J91  ^y«iv.  Traité  d'ail Jancç  entre  ce  Prin- 
ce ,  le  Roi  de  Bohême  ^  lesVenitiens  con^ 
tre  les  Turcs ,  ^lé^é^Juiv,  Amuidie  qu^ji 
fiiit  publier  au  commencement  de  la  guerre 
du  Bien  public  ,  en  faveur  de  ceux  qi^i  ren- 
treront aans  leur  devoir  dans  un  certain 
tcms,434C^yMit;.  Articles  qui  lui  font  en - 
ipoyés  par  le  Roi  de  Sicile  au  fujet  des  préten- 
tions nés  Princes  ligués ,  avec  fa  réponfe  q^ 
chaque  artîclp ,  445  éf^fidv»  Trêve  qu'il  fait 
publier  avec  l'Angleterre ,  458  C*fugv.  Let- 
tre qu'il  écrit  au  Comte  d'Eu  ,  4/9  (^fuiv. 
Articles  de  l'accord  fait  entre  ce  Prince  &  les 
pcinççs  ligués ,  474  (^fiéiy»  Autre  copie  du 


MATIERE  S. 

même  accomroodeoicfit ,  4^9  <$•  fiùv.  Ct 
qui  engagea  le  Roi  à  lé  faire,  y oo.Traité  de 
Conflans  entre  ce  Prince  &  le  Comte  de  Cha- 
ToloW  y  ihid.  ô*/mv,  Tranfport  qu'il  £ait& 
ce  Comte  des  Prévôtés  de  Vimeu,  de  Beau- 
vaifis  &  de  Fottloy ,  505  é^fmiv.  Lettre  que 
lui  écrit  le  Comte  d'Eu  touchant  (on  accom- 
inodement  avec  le  Duc  de  Berry  (on  firere  » 
509  d^/niv.  Ratification  du  Traité  de  Con- 
Bant  par  ce  Prince  •  5 1  &  &fuiv.  Perfonoes 
qu'il  nomme  pour  la  reformation  de  l'Etat» 
5 19  éi^fmv.  Il  confirme  l'accord  £ût  à  S. 
Maur  entre  fon  (rcrc  &  les  autres  Princes  li- 
gués ,  .517.  Lettres  par  leCguelles  il  fe  réfer* 
ve  les  nfgales  de  Normandie ,  ihid:  &fid^J[^ 
Autres  touchant  le  Comté  d'Eu,  5 19  é'fi^*  * 
Autres  fur  le  retour  des  terres  de  Norman- 
die,  5  30  ^  fuvv.  Autres  touchant  le  retour 
du  Duché  d'Alençon ,  531  6*  A*^-  Autres 
pour  la  nomination  des  OÀciers  de  Nor- 
mandie, 533  c^  fuiv.  Autres  touchant  la 
contrainte  des  Elus  &  Receveurs  d'Alençon, 
535  di^fiùv.  Prote(lation  de  ce  Prince  con- 
tre leTraité  de  ConHans ,  j  3  7  &fi^*  Poa-^ 
voir  qu'il  expédie  pour  recevoir  le  (èrment 
des  Princes  fur  l'acceptation  du  Traité  du 
Bien  public ,  541.  Serment  de  quelques-uns 
de  ces  Princes,  54t.  Articles  accordés  par  le 
Roi  pour  le  mariage  de  la  Princefiè  Anne  (à 
fille  aînée  ^vec  le  Comte  de  Charolois ,  549 
éffmv.  Sermens  de  fidélité  faiu  à  ce  Prince 
par  le  Due  de  Nemours  ,  les  Comtes  d'Ar* 
magnac  &  de  Foix ,  &  le  Seigneur  d'Albret, 
$6 1  ^fuiv.  Lettres  Patentes  par  lefquelles 
il  reprend  la  Normandie ,  5^7  éi^fuiv,  Aba« 
iition  qu'il  accorde  à  Louis  de  Harcourt  Pa- 
triarche de  Jerufalem  f  S9^  &  fi^»  Pou- 
voir qu'il  donne  au  Dyc  de  Calabre  àcCe  fai- 
fir  du  Duc  de  Berry  (on  frère ,  f  99.  Aboli*- 
tion  de  ce  Prince  pour  le  Duc  de  Bourbon  ic 
pour  fes  vafTaux,  600  f^fuiv.  Autre  aboli- 
tion générale  pour  ceux  qui  ont  pris  les  ar- 
mes en  faveur  des  Princes  ligués,  6oz  ^ 
fiiiv,  In(buûion  de  ce  Prince  au  SrdeCour- 
fi]lon  qu'il  envoyé  vers  le  Roi  de  Sicile  aa 
fujet  des  foupçons  qu'il  a  conçus  du  Comte 
du  Maine  ,  ê^^é^fyiv.  Conccfiion  de  ce 
Pmice  à  Galcas- Marie  Vifcomti  de  porter 
Iç^rmes  de  France  écarrelées  avec  celles  de 
Milan  ,  6^9^Juiv^ 

honis  XII,  Sa  naifiance  ,  11  ,  ».  17  c^ 
t7^.  Son  mariage  projette  des  l'en&nce  a« 
v^c  Mad.  Jeanne  de  France,  17,».  10.  Com- 
paraifon de  fon  règne  avec  celui  de  Louis 
XI ,  184  fii*f$éiv.  Sa  Donté  &  fa  juftice ,  19  & 
&  fuiv*  $a  fidélité  cavcri  le  Roi  Charles 

VIII  ^ 


TABLE    DES 

Vni  9  &9|«  Sa  conduite  enyers  les  Princes 
&  les  GtandsduRoyaunRfyt94  é^fmv.  En- 
irers  la  Reine  (bn  épouie ,  19  f .  Envers  (es 
ferviceurs  &  domeftlques  »  ihid,  (^/uiv.  En- 
vers fes  flatteurs  ,  19^.  Envers  fcs  fujets , 
%96^  Sa  bonne  foi  &  fa  droiture ,  Md,  (^ 
fmiv.  Sa  religion  6c  (à  pieté ,  198  i^fiùv*  Il 
enrichit  le  royaume,  199  éf^fuiv.  Les  reve- 
nus du  Roi  augmentés  fous  fon  règne  >  300. 
De  la  guerre  qu'il  fit  en  Italie ,  301.  Ac- 
cord de  fon  mariage  avec  Mad.  Jeanne  de 
Fi:ance»4ii  é^futv. 

Lêttviêrs  (  Nicolas  de  )•  Il  eft  fait  Con« 
icillcr  à  la  Chambre  des  Comptes  à  Tavene- 
nent  de  Louis  XI  à  la  Couronne  »  6. 

LêuU  (  Jean  Datlbn  Seigneur  du  ).  Com« 
tniffion  par  laquelle  le  Roi  lui  donne  le 
Gouvernement  du  Que(nol ,  i6o  é'fi^- 


M 


M4i'if#(le  Comte  du  ).  Il  abandonne  le 
Roi  à  la  journée  de  Montlehery  ,  x8.  Ce 
Prince  lui  ôte  le  Gouveroement  de  Langue- 
doc,  5  8.  Il  eft  fidt  prifonnicr  à  la  bataille 
de  Montlehery  »  487.  Soùpfons  que  Louis 
XI  conçoit  conue  lui ,  ^3^  érfiàv.  Piomef- 
fe  qu'il  fait  à  ce  Prince  de  le  fcrvir  enrers  & 
contre  tous  ,637  &fMiv, 

Msns  i  le  ).  Imjpofture  d'une  jeune  fille  de 
cette  ville  qui  le  difoit  pofl'edée  du  De- 
mon ,  5. 

Mm^ck  (  Guillaume  de  la  ),  dit  le  San- 
f^er  d'Ardennes.  Louis  XI  le  piend  (bus  fa 
proteûion  &  lui  fournit  des  troupes  pour 
faire  la  guerre  à  Louis  de  Bourbon  Eveque 
de  Liège ,  i  ^  f  (^  1 5  tf.  Il  le  défait  dans  une 
adion  par  la  trahi&n  it$  Liégeois  ,  6c  le 
tue ,  1 66.  Origine  6c  premier  nom  des  Com- 
tes de  la  Mardc  »  156  &fiêèv.  Leurs  allian- 
ces  en  France,  157. 

Msrie ,  fille  naturelle  de  Louis  XI ,  x6is 
Elle  époufe  le  Sieur  de  S.  Yallier ,  ibid.  Lee- 
très  du  Roi  fon  père  en  (k  fiiveur ,  ibid. 

MéÊTte  (  Galeas  )  Vifcomti  ,  Duc  de  Mi- 
lan. 11  eft  aflàfliné  dans  une  Eglife  ,13^. 
Louis  XI  lui  permet  de  porter  les  Armes  de 
France  écartelées  avec  celles  de  Milan ,  tf  5  ^ 
é&fiûv. 

Msmi  (  la  )•  Dommage  caufiS  par  on  dé- 
bordement de  cette  rivière ,  5 . 

Mmuger  (  Perretie  ) exécutée  àParis pont 
larcin ,  i  é^fuiv. 

Mmêdivrin  (  le  Comtede  ).  Mort  tragi- 
que de  (à  femme ,  1 3 1. 

MatUivrier  (  la  Comteflè  Douairière  de  ). 
Tpmê  Ù. 


M  AT  I  E  R  E  S,  gs7 

Abolition  qui  lui  eft  accofdée  par  Louis  XI 
pour  avoir  livré  la  ville  de  Roueb  ?.ux  Prin- 
ces ligués,  féi  (^fidv. 

Mmht  (  Saint  ).  Aceord  Eût  en  ce  lieu  en- 
tre le  Duc  de  Berry  frère  du  Roi  6c  les  autres 
Princes  ligués  ,511  (ji*fu$v.  Il  eft  confirmé 
par  Louis  XI,  517. 

hÎMcimUien  (le  Duc).  Il  trompe  Loui> 
XI  par  de  belles  promedfes  ,151.  Ambaifa- 
de  qu'il  lui  envoyé ,  ^  accord  qu'il  fait  avec 
lui ,  ihid.  Il  alfiege  Therouane ,  ^  eft  défait 
par  l'armée  du  Roi  ,157.  Mauvaife  foi  donc 
il  ufe  à  la  prife  d'une  place  punie  par  le  Roi , 
158.  Perte oue  les  Flamansde  (on  parti  font 
fur  mer  ,  ibid.  Trêve  conclue  eotre  Louis 
XI  6c  ce  Prince,  1^9. 

Midicis..  Permi(Hon  accordée  par  Louis 
XI  à  ceux  de  cette  maifon  ,  de  porter  des 
fleurs  de  lis  dans  leurs  Armes,  ^66, 

Melun  (  Charles  de  ).  Avantages  qu'il 
rempone  en  Normandie  fur  les  ennemis  du 
Roi ,  53.  Ce  Prince  lui  ôte  la  charge  de 
Grand  Maître ,  ^  f .  Il  eft  envoyé  prifonnier 
au  Château  Gaillard ,  6c  décapité  à  Ande- 
Iv ,  75  ,  21^  d^fiiiv,  3if .  Ce  qu'il  profica 
ne  la  dépouille  du  Comte  de  Dammartin  , 
311  &juiv.  Il  fe  déchaîne  contre  lui  ,311. 

Meriâdisu.  François  Se  Gacien  Merio- 
deau  noyés  à  Paris  pour  avoir  confpiré  con< 
trc  le  Roi,  30  (^yiiv. 

Michel  (  Saint).  Inftitution  de  l'Ordre  de 
S.  Michel  par  le  Roi  Louis  XI ,  194. 

MomMiort  (  le  Comte  de  ).  LeDucChar- 
ks  de  Bourgogne  le  fait  arrêter ,  6c  l'envoyé 
nrifonnier  a  Maftrichc ,  1 1 3.  Il  eft  transféré 
a  Boulogne  ,114. 

Montlehery,  Journée  de  Montlehery  en- 
tre Louis  XI  6c  les  Bourguignons  ,  17  c^ 
fuiv.  Quel  en  fut  le  fuccés ,  ihid.  Relations 
différentes  de  cette  bauille  «  484  éi^furu, 

Morvilliiers  (  le  Chancelier  de  ).  Louis  XI 
l'envoyé  en  ambaffade  vers  Philippe  Duc  de 
Bourgogne ,  18 ,  ii.  14.  Il  aigrit  ce  Duc  con- 
tre le  Roi ,  ibid.  Ce  Prince  le  dépouille  de 
fa  charge,  $%,  Procès  verbal  des  cnofes  qu'il 
dit  dans  fon  ambafladc  vers  le  Duc»  417 
f^fuiv* 

Mary  (  Laurent  de  ) ,  Gentilhomme ,  pen- 
du à  Paris  pour  avoit  favorifé  les  Bourgui-^ 
gnons ,  19. 

N 

l^mierre  (  le  Préfident  de  )  privé  de  la 
charge  de  premier  Préfident  au  Parlement 
de  Paris,  51. 

N^mûMTs  (  Jacques  d'Armagnac  Duc  de  ). 

Oooo 


^3»  T  ABLE    D  E  S 

Louis  XI  l'envoyé  avec  une  armée  au  fe- 
cours  du  Roi  d'Arragon  ,  it  ,  ».  17.  Il  fe 
rend  à  M.  de  Bcaujeu,  150.  Il  efl:  remis  aa 
Roi  qui  l'en  voyc  prifonnicr  à  Pierre-Encife , 
ibid,  Inftrudion  de  fon  procès ,  144.  Il  eft 
décapité  aui  Halles  à  Paris ,  iu.  On  lui 
conUille  d'enlever  le  Roi ,  114.  Lettre  ou'il 
écrit  à  ce  Prince  defa  prifon  de  la  Baftille , 
151  &fiiiv.  Serment  de  fidélité  qu'il  &it< 
au  Roi,  s 61  &fmv^ 

iirvers{  le  G>mte  de  ).  Plaintes  que-Louis 
XI  lui  fait  ^ire  fur  (es  liai(bns  avec  le 
Comte  de  Cbarolois ,  1^  e^  ^o-j^fuiv.  Ce 
Prince  le  mande  auprès  de  lui  »  ihid,  Ilefî: 
fait  prifonnier  à  Peronne  par  les  gens*  du 
Comte  de  Cbarolois ,  44  ,  ».  f  ^  é"  48.  Ses 
prétemioBS  Air  leDuché  de  Brabant,  178  , 
»»i  1.5a  mort,  179.  Le  Comte  de  Cbaro- 
lois  lui  pardonne  ,18^.  Lettres  par  lefquel^ 
les  il  remet  à  ce  Comte  la  eaide  de  fcs  Com- 
tés de  Nevers  fie  de  Retbel^  f 77 érfinv.  S»- 
renonciation^  Tes  prétentions  fur  ks  Duchés 
de  Lotbiers ,  Brabanc  ficc.  S79'&fi^'  Cef- 
fion  qu'il  fait  au  Comte  <i*une  rente  de  6000 
libres  fie  de  pluficurs  villes ,  y8i  &fiiiv.  Sa 
renonciation  à  tous  fes  droits  fur  les  villes 
de  Peronne  «  Mondidicr  fie  Roye»58f  é** 
fuiv.  Lettres  par  Icfquelles  il  approuve  le 
Traicéfait  entcele  Roi  fie  le  Comte,  $%9^é* 
Juiv,  Sa  renonciation  à  plufieurs  fommes< 
qii'il  prétendbie  lui  être  ducs  par  le  Duc  de 
Bourgogne ,  ^91  érfuivi  Lettres  de  (urçté" 
que  le  Comte  lui  accorde ,  5pi  éi^fuiv. 

Noisbies.  Affemblée  des  Notables  tenue  à  ' 
XoucS'par  Louis  XI  contre  le  Duc  de  Bieu* 
goe,  l9y!i.  16  é"  i8k 


O^ 


Ormngt  (  le  Prince  d'  ).  Il  fiît  hommage 
a«  Roi  Louis  XI  pour  fa  principauté  ,118. 
Privilèges  que  ce  Prince  lui  accorde ,  ihid. 
Il  (buleve  la  Bourgogne  contre  le  Roi ,  fie 
cft  affiegé  dans  Gray ,  14^  Avantagea  qu'ils 
remporte  fur  Itfs  troupes  du  Roi  ^  146. 

(i/we  (  Pierre  r  )  Seigneur  d'Armenon- 
ville ,  6.  Il  eft  fait  Confciller  à  la  Cbambre . 
desCoraptestlé  Paris  à  TavenemenLde  Louis 
XI  à  la  Couronne,  ihidy^ 

Orléans,  Prcfens  fie  fecours  que  J es  babî-^ 
tans  de  cette  ville  envoient  aux  troupes  du 
Roi  afCegées  dans  Beau  vais  par  le  Duc  de 
Bourgogne-,  98^'  Aâcmbiée  du  Clergé  qui 
s-y  tient  par  ordre  de  Louis  XI  au  fujet  dé- 
Éi  Pragmatique  San^ion ,  x  51  d»  1  J4.QueL 
•neftleiuccèsjf^ii/.. 


MATIERES. 

Orléans  {Q\ax\t%  Ducd'  )  perc  de'LouiS- 
XII.  Sa  mort,  18  ,  ».  14^^  i8f. 

Orlsans  (Louis  Ducd'  ),V0^ez  Louis  XIL 

F 

Varis.  Différend  entre  la  Cour  des  Aydes  t 
Bi  l'Univerficé^  de  cette  ville,  4.  Deputacion^ 
qu'elle  fait  au  Roi  pour  fe  juftifier  de  l'arri- 
vée d'un  bomme.  appartenant  au  Duc  de* 
Bourgogne  yikid.  Ordre  établi  pour  fa  fure- 
té au  commencement  de  la  gucrredu  Bktt^ 
public  y  10.  Prooeflion  générale  qu'on  y  fait 
pourda  paix  «  tr«  Gardes  établies  en  cette 
ville,  %}.(^fu$v»  Executions  qui  s'y  fonc 
de  différentes  perfennes  coupaoles  d'avoir 
confpiré  contre  le  Roi- ,  fo  é^  fuiv,  Rcmi- 
fes  fie  décharges  d'impôts  qui  lui  foncaccor^ 
dées  par  ce  Prince  ,51.  Allarmes  que  Tap- 
proche  des  Bourguignons  cauCc  dans  cette . 
Capitale ,  5  )  o^fitiv.  On  y  (bubaite  ta  paix» . 
34.  Dcpurat tan*  qu'on  y^niit  à  ce  fu}et  au 
Diic  de  Berry ,  )  j  &fitsv.  Dcfordres  que  1er» 
troupes  du  Roi  font  dans  cette  ville  >  45  c^ 
fuiv,  Rejouiffances  oui  s'y  font  pour  b  paix, . 
47.  Grande  moreakté  dans  cette  Capitale , . 
éo.  Règlement  pour  la  repeupler  ,1(3.  Ré- 
ception qui  j  iut  faite  k  la-  Reine  à  fon  re- 
tour ,  64,  Revues  qui  s'y  font  dcfes  milices,^ 
6-$  6»  70;  Jonftes célébrées  dans  cctteirille, 
7 ).  Rejooi^Tances  qui  s'y  font  pour  la  pair* 
conclue  avec  Charles  nouveau  Duc  de  Bour- 
gogne ,  7d»  Publication  de  cette  paix  ,  78. 
Fêtes  qu'on  y  donne  aux  AmbaiTadeurs  dir 
Duc ,  79.  Executions  qui*  s'y  font ,  ibid,  (^ 
fttiv.  Publication  qu't)» y-fait  de  la  paix  avec 
l'Efpagnc ,  81.  Ban  qa'en  y  publie  contre  les  * 
Anglois  i  if.  Procemoo  qui  s'y  fait  au  fujec  • 
du  rétabli  flcment  d'Henri  VI  Roi  d'Angle- 
terre ,  87.  Réception  de  Marguerite  d'An-- 
jou  Reine  d'Angleterre  dans  cette  ville ,  88.^- 
Reglemens  qu*on7  publie  au  ûijetde  Tarii- 
vé&des  troupes  da  Duc  de  Bourgognedevanc 
Bcauvaisv,  9^.  Secours  que ks'Parinens  en-^ 
voient  dans  cette  ville  »  ilûd,  ^Jurm  Publi- 
cation x)ui  s'y  fait  de*  l'alliance  entre  le  Roi'^ 
fie  l'Empereur ,  11  ^.-  ProceiTton  (ôlemnelle 
dans  cette  vilW  ,  thid.  ^fuiv.  On  y  publie 
la  trêve  entre  le  Roi  fie  le  Duc  de  Bourgogne», 
I  ^i.  Affadînat  commis  en  catc  ville  en  la 
per(bnne  du  fils  du  bourreau;,  14.^ .  Fétequ -• 
die  donne  à^lufieurs<SeigtKurs  fie  Dames  ^ 
148.  Tumulte  qui  y  e(l  excité  parles  prédi- 
cations d'unCordencr,  T49  (^fuiv.  Proce(^ 
fions  qu'on  y  fait  au  fujet  de  l'alliance  da> 
Roiavecle^oldeXafUUc,  151  (^fmv.. 


T  A  ff  L  E    DES 

X«eeptIon  da  Dbc  d*Albaojc  dans  cette  Ca- 
pitale j  1 57.  Fêtes  qui  s*y  donnent  pour  l'ar- 
rivée des  AmbafTadeurs  Flamans ,  1  ^S  <  Pro- 
ceflion  de  cette  ville  à  S.  Denis  pour  la  con- 
fervation  du  Kéï  Se  des  biens  de  la  terre  , 
X70.  Entrée  de  Mad.  là  Dauphine  dans  cette 
Capitale ,  ihU,  ^ 

Fsrss  (  le  Parlement  de  ).  Remontrances 
ifOLiï  fait  au  Roi  Lx>uls  XI  fur  les  libertés  de 
TEglife  Gallicane  y  10  é^ftiiv.n.  16  c^  174. 
Lettre  que  le  Dnc  Charles  de  Bourgogne  é- 
crit  à  cette  Cour ,  au  fujet  de  Tarrivée  du 
Comte  de  Watwick  &  du  Duc  de  Clarence 
dans  le  royaume ,  84.  Arrêt  qui  y  eft  pro- 
jioncé  contre  le  Ducd'Alençon,  i  î  o  f^jmv. 
Extrait  des  reglfttes  de  cette  Cour ,  au  fujet 
de  la  négociation  avec  les  Princes  ,510  (^/, 

Fmis  (  rUniverfité  de  ).  Elle  fe  déclare 
oppofante  à  l'abolition  de  la  Pragmatique 
Sandion  ,  ùj. 

FmuI  (  Louis  de  Luxembourg  Comte  de 
S;  ).  Louis  XI  le  foupçoime  d*avoir  des  liai- 
fons  avec  le  Duc  de  Bretagne  ,  17.  Il  fe  rend 
maître  du  pont  de-S.  Cloud ,  i6.  Ses  exploits 
à  la  journée  de  Montleberi ,  iS.  Il  eil  Faic- 
Connétable  à  la -paix  des  Princes ,  46.  On  ' 
Taccufc  de  trahir  les  intérêts  du  Roi  pendant 
le  {iegcde  Beauvais ,  97.  Il  furprend  la  viU 
ledeS,  Quentin ,  &  la  garde ,  107.  Entrer 
vCieqp*!!  a  avec  le  Roi  j  qui  lui  pardonne  » 
I05>  0*fttiv,  Comment  il  le  trahit ,  1 1^  <^' 
fmv.  Il  cherche  à  mettre  le  Duc  de  Bourbon 
dans  fon  parti  x  17.  Il  fe  déclare  pour  le  Duc 
de  Bourgogne  &  autres  ennemis  dà  R6i  y 
Jbto.  Lettres  qu'il  écrit  au  Roi  Edouard  d'An- 
gleterre au  fujet  de  fon  accommodement  a* 
vec  ce  Prince  ,  ibid.  Il  eft  livré  au  Roi  par 
le  Duc  de  Bourgogne ,  &  conduit  prifonnier 
â.U  Baftiile  ,  x  1 1  e^  fuiv.  On  lui  fait  fon 
procès ,  &  il  e(l  condamné  à  perdre  la  tête , 
121  ^  fuiv.  Son  éxecution,  wy^fmv. 
Yen*  forts  à  fu  jet,  117»  &  fiiévnnus,  Dé- 
dommajE^menr  que  lui  accorde  le  Comte 
de  Charolois  ^  pour  n'avoir  point  eu  part  an 
pillage  de  Dînant ,  187;  Le  Duc  de  Bour- 
gogne le  fait  fbmmer  de  venir  le-  fervir én- 
ormes,  197.  Lettre  qu'il  écrit  au  Comte  de 
Dammartin ,  fur  ce  que  le  Roi  étoit  mécon« 
tcnt  de  lui ,  147.  Autre  au  Duc  de  Bourgo- 
gne, au  (ujet  de  l'accord  du  Roi  &  de  ce  Duc, 
Md,  (^fuiv.  Autre  qu'il  addreffèau  Comte^ 
dé  Dammartin  pendant  le  fiege  de  Beauvais, 

X.J7-    \ 

Verfignun,  Lettres  de  rémiflion  accordées 
«ux  habitans  de  cate  ville  par  Louis  XI , 
1^9  &fuhf. 


MATIERE  S.        .       é0 

Petit  (  Etienne  ).  Lettres  Patentes  par  les- 
quelles il  eft  commis  par  Lonis  XI  pour  Ie« 
ver  une taxefur  le  Languedoc,  545  t^juiv. 

Pie  II  (  le  Pape  ).  Il  obtient  de  Louis  XI 
l'abolition  de  k  Pragmatique  Sandion  ,  10 
f^fuiv.  n.  lé.  Sa  mort ,  180.  Lettres  d'obé- 
dience du  Roi  à  ce  Pape  , }  57  éi^fuiv, 

Portugal  (  le  Roi  de  ).  Ses  prétemions  fur 
te  royaume  de  Caftille,  134.  Il  vient  en 
France  demander  du  fecours  au  Roi ,  ibidê 
Son  entrée  à  Paiis,  £t  honneurs  qu'il  reçoit 
dans  cette  Capitale ,  1 3  y  é»' fuiv, 

PourfiàvaHs  d'armes.  Qui  étoient  ceux  à 
qui  ion  donnent  ce  nom  ,  44, 1».  57. 

Pragmatique  Sané^ion  (  la  ).  Son  aboti<A 
tion  par  Louis  XI ,  10  éi^fuiv.  n,  i6.  Le 
Pape  en  fait  traîner  la  Charte  par  les  rues 
de  Rome ,  x5*  Le  Procureur  General  Si  ItJ- 
niverfité  s'oppofent  à  ce  Qu'elle  foit  abolie , 
66  d*  Juiv,  AlTcmbléc  du  Clergé  tenue  à> 
Orléans  à  ce  fujet.  151  éi»  1^4. 

Puy  (  Pierre  ).  Le  Roi  le  dépouille  de  fa' 
charge.de  Maître  des  Requêtes,  51. 


Quentin  (  Saint  ).  Redudion  de  cette  viî- 
le  à  Tobeidance  du  Roi ,  88.  Le  Connétable^ 
de  Saint  Paul  s'en  rend  maître,  &  la  garde  >  < 
107.  Elle  eft  rcprife  par  le. Roi ,  iio^ 

R 

Reiihkc  (Jean  de  ).  Il  n'abandonne  point  ^ 
le  Comte  de  Dammartin  dans  (a  difgrace  , . 
ji4<J»y««t^. 

Reims.  Révolte  de  cette  ville  feos  Louis  ' 
XI  ,  II-,  ».  i^  C^  174.  Le  Seigneur  de- 
Mou  y  la  téduit  à  la  ralfon ,  i^i</. 

Rfffe  d'Anjou  ,  Roi  de  Sicile.  A  fa  follici-- 
tarion^,  Louis  XI  accorde  du  fecours  à  Mar- 
guerite d'Anjou  Reine  d'Angleterre ,  i  r ,  ». 
t6.  Il  eft  irrité  des  fecoun  qiie  ce  Prince 
donne  au  Roi  d' Arragon^,  11,».  17.  Ceflion  ' 
qu'il  fait  au*Rôi  après  fa  mort  du  Comté  de  • 
Provence  ,151  é*fuiv.  Lettre  qu'il  écrit  au  ^ 
Duc  de  Calabre  (bn^fils ,  au-fujet  de  fon  aU 
liance  avec  le  Comte  de  Charolois ,  41  j  (^' 
fuiv.  Articles  qu'il  envoie  à  Louis  XI  au  fu-  - 
jet  des  prétentions  des  Princes  rSL  la  répon-  - 
fe  du  Roi  à  chaque  article  ,  445  érfuiv^ 

Romn,  Pléfens  faits  à  Louis  XI  à  fà  pre- 
mière arrivée  en  cette  ville  ,  it  éi^fuiv.  m. 
17.  Réception  qu'elle  foit  par  ordre  du  Roi  ' 
au  comte  de  Warv/icx ,  6%, 

Rovere  (  Julien  de  la  ) ,  Cardinal  &  Légat  ^~ 
do  Papç.  Son  entrée  &  fa  réception  à  Paris , , 

O 000^'  ij 


•♦ 


V    \ 


•     /  '  ■ 


<^i3-  i:*A'ji  LE    D  E3 

459  éi^fiuv.  Mauvais  fucccs  de fon  voyage 
^a  Flandres ,  pour  négocier  un  accommo£* 
ment  entre  le  Roi  &  le  Duc  Mazimi* 
lien,  1^0. 

R(mhatik  (Joichim  ) ,  Maréchal  de  Fran- 
ce. Il  demeure  fidèle  au  Comte  de  Dammar- 
tin  dans  fa  difgrace ,  n  5  6*  1 1^.  Lettre  qu'il 
ëcrlt  à  ce  Comte  après  fon  retour  à  la  Cour, 
pour  le  prier  de  le  recommander  au  Roi , 
xjo  c^yin/, 

Ruhempré  (  le  bâtard  de  )  pris  fu^  mer  par 
les  Flamans  *  18  c^  180.  Il  eft  arrêté  prl« 
ibnnier  par  le  Comte  de  Charolois ,  ibid,  n. 
xj^.  Remarques  fur  fon  emprifonnemenr, 
.4^1  <J»  f$ikv. 

S 

S0v^  (  Amé  Due  de  ).  Alliance  de  ce 
'Prince  avec  la  Maiibn  de  Bourgogne»  60$ 

SMVûh  (le  Prince  Philijppe  de  ).  Louis  XI 
l'en  voie  prisonnier  à  Loches ,  1 7  ,  ».  1 9  <^ 
179  ,  ».  17.  Traité  d'alliance  entre  ce  Prin- 
ce &  le  Duc  Charles  de  Bourgogne ,  ^)0 
C*yi(n/« 

Sfaree  (  François  )  Duc  de  Milan.  Louis 
XI  lui  remet  le  chiteau  de  Gènes  &  la  vil- 
le de  Sa  voue ,  18  ,  ».  14. 

Somme*  Pièces  concernant  le  rachat  des 
▼illes  fituées  fur  la  rivière  de  Somme  ,591 

Sâmmirfet  (  le  Duc  dft  ).  Ilfededare  pour 
Henri  VI  Roi  d'Angleterre  «  f .  Vidolce 
ou'il  remporte  à  S.  Albans ,  ibid.  Il  eft  de- 
fait  par  le  Roi  Edouard ,  qui  lui  fait  tran* 
cher  la  cite,  18g. 


**-  ' 


T#«r//£tacs  tenus  dans  cette  ville  >  an  fu* 
jet  du  différend  furvenu  entre  Louis  XI  9l 

leDncdeBerry (baftere,7i*  Re(ulttt<k 
cette  afTemblée  «  71.  Ce  qui  y  foc  réglé  au 
fujec  du  Duc  de  Berry ,  571 ,  n.  i. 

TrMsnel  (  le  Seigneur  de  )  arrêté  à  Mou- 
lins par  le  Duc  de  Bourbon ,  &  eofiiite  relâ- 
ché, if. 


MATIERES: 

Trev0s  (  T  Archevcoue  de  \  Lettres  l>ar  lePf 
ijuelles  il  promet  d'obferver  le  Traité  d*aU 
hance ,  iju'il  a  fiût  avec  le  Duc  de  Bourgo 


VmIUt  (  le  Sieur  de  S.  )•  Son  mariaoe  avec 
Marie  fille  naturelle  du  Roi  Louis  XI ,  %é%*i^ 

V$fc&mii(  Galeas  Marie).  Vcyn,  Marie. 

Vrfins  (  Jean  Jouvenel des).  Louis  XI  le 
réublit  dans  fa  charge  de  Chancelier  ,51. 

VvMgémt  (  Tiiomas  )  envoyé  en  ambaila* 
de  vers  Philippe  Duc  de  Bourgogne  par  £« 
douard  Roi  d'Angleterre ,  i  ) ,  ».  17. 

Vvéïruvick  (  le  Comte  de  ).  Il  prend  le 
parti  de  Richard  Duc  d'YorcK  contre  Hen« 
ri  VI  Roi  d'Angleterre ,  j.  Il  fait  ce  Prince 
pri(bnnier  ,  &  le  conduit  à  Londres  ,  M0U 
Réception  que  lui  fait  £ûre  le  Roi  Louis  XI. 
à  fon  arrivée  à  Rouen ,  6 1  ^f$t$v.  llrepail 
(ê  en  Angleterre,  6x,  Son  retour  en  France 
avec  le  Duc  de  Clarencc ,  84.  Il  repallè  en 
Angleterre  malgré  le  Duc  de  Bourgogne  ^ 
%€.  Ses  fuccès  à  (bn  arrivée  dans  cette  lAe  » 
ibid.  lii^fiùv.  Il  eft  tué  dans  cme  bataille  coq-* 
tre  Edouard ,  ^ . 

Vvn$iô€k  (  Jean  )  Baron  Anglms ,  envoyée 
en  ambaflade  vers  Philippe  Duc  de  Boni^o» 
gne  par  Edouard  Roi  d'Angleterre  1  i }  f 
».  17. 


T^rcb  (  le  Cardinal  d*  ).  Il  connîbae  à 
(bulever  le  peuple  de  Londres  conrre  le  Roi 
Henri  VI,  î. 

Tarek  (  Marguerite  d*  ) ,  fœur  d'Edouard 
Roi  d'Angleterre  »  19 1 .  Slon  arrivée  dan»  les 
Pays  -  bas ,  ibid.  Son  mariage  avec  le  Duc 
Cnarles  de  Bourgogne ,  ibid.  él^fmv. 

r^dt  (  Richatii  Ducd'  ).  Il  prend  les  arw 
mes  contre  le  Roi  Henri  VI ,  ).  Viâotie 
qu'il  remporte  fur  ce  Prince  qu'il  (ait  prifba» 
nier  &  qu'il  renferme  dans  la  Tour  de  Loii« 
dres ,  iiid.  Il  perd  la  bataille  de  S.  Albans^ 
oii  il  eft  tué ,  5* 


Fia  dt  la  Tabk  du  TomeftcotuL 


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