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I
MEMOIRES
DE MESSIRE
PHILIPPE DE COMINES.
QUATRE VOLUMES, in-4'*
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MEMOIRES
DE M E S S I R E
PHILIPPE DE COMINES,
SEIGNEUR D'ARGENTON,
* 1
Où Ton trouve THiftoire à&s Rois de Fraricç
• LOUIS XI. & CHARLES VIIL
NOUVELLE EDITION,
Revue Jur plujîeurs Manufcrits du tems, enrichie de Note9
& de Fibres , avec un Recueil de Traitèi , Lettres ,
Contran & InJlruSions , utiles pour HHiftoire , & rUcefi
faites pour t étude du Droit Public & du Droit des Gens,
Par MeJJÎeurs Go i) E FAO r.
Augmentée par Mr TAbbé Lenglet du Fresnqy^
TOME IL
A LONDRES^
Et Ji trùuvt
A PARIS,
Chez R O LL I N , Fils , Quai des Auguftinsi.
M, D C C. X L V I L
I.V 7
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T A B LE
DES PIEGES, ACTES ET TITRES
coittemn dans U Tome IL cle9.,^ni!Q|irjei$}Cie P|iii,ippEs
DE CO'MIKÉSi '■- ■
* *
XJSs ÇJironiifues de Louis de Valois ^ Roi de France ^ on*-
jiéme de ce nom , depuis tan 1460 jufques à 1483 j au-
trement dites la Chroniqui^ sçasdaleuse , i
£xtraifdwieafitieisiffeChronifife^3 C0f^i9cncante^:,i^o<>j, &
fini/font en 1 46 j , 47fwrimée ^dans let Hiftoires aef J^ois
CharUs VL & CharUsVIL 171
XéC Cahinet du Rài. Louis XI, ^ contenant plufiwrs fragmens^
LeUres niU^vis^ & fecrette^ imriguef Jfk %eme 4^^4e $^0^
nar(jue , &^ autres Pièces tres-curieujes ^ recueillies de diverfes
. Archives &'TréJbrs ^pdrM. TriJîakrHermiteSoïïiérs l 'iix
Chapitre L La difgract liu Cornu de I>ammarnn / 6r rcnUvefncnt de
Monfitur ^fnrt du Roi ^ la même.
Orapitrs il Mariage du B^ard dé Bourbon: difgract ^ grand Cham-'
btUan &faprifon: u4rrêe pronorui en faveur du'JCc^^ dt Vammartin :
fon retourpris du liai ^ & autres incidens arrivés' dans us années 146S*
Chapitre III, Xe Roi allant à Peronne ttôaVcrU Bourpiignonâ lapiK
Juajion du Cardinal Ballu'é ^ écrit diverfis Lettres au Grand-Maître de
Chabannes : les Lettres de Balluê au Bourguignon interuptées fjbn cm*
prifonmmem & confifcation défis biens , &les Fer^ tofnpofi^jurfit dif-
grau, ."--•' ^ \- '«:
Chapitre IV. LorsderinflautiondeTOrdreSatraMithÉiJeKoîenvo^
te Colùer au Grand^Maître, qui obtient lairace dû Cèrà'tt dT Armagnacs
le refits que le I>uc de Bretamefùt dmdU Collier : laréduSi^ des Pil-
les d* Amiens , Montdidier & Roye : Lettres in/urieufes du Duc de Bour-
gogne au GrandrMaUre , & ia réponfi du Grand-maipt au Boutgtâ^
gnon, ' ' • . - Ijj
Chapitre V, Lettres înjuneufcs du BotàgtiignohaU Grand -Maure df
France y &réponfe dur Grand-Maàréj' ' ' * '237. ij^
<Iha PITRE Vit Lettres fecretus du Ràîlàu Grand'Midtrt ;'e^fitriblecetUs
Tome IL .r . . . .... ai
• à
ij TABLE DES PIECES, ACTES, &c.
dt la maladif dt Monftur y frtre unique du Roi y fa mort ^ fon ce/?'-
nune f & le voyage du Roi en Guyenne Srtn Bretagne , 14»
Cbapitri, VÏL Le Roi foupçonnant le Connétable d'infidélité y ledit Con-
•nétabU lait lafuivanu au Grand-Maître & au Duc dt Bourgogne if»
prife & mort , i'-lfs Fers fàfiirtne faits fw cefuftt ; enfuite ïa mort du
même BourguigeoB , S^ledueilda Duc de Lorraine , 247
Chapitre VIII. Mort du Duc dt Nemours } de Chartes d'j4mboife& cel-
■ les de plu/îeuiu autres Seigneurs > 6 autres chafis remarquables arrivées
l'an 1478. 1439' t^SO. . lïl.
Chapitre IX. îc-dernia:. Le Roi donne hGottvemement du Quejhoy
au Seigneur du Lude y & Itù en tavoye la CommiJJton. Le même Seigneur
du Lude favori du Roi , fait liceatier plufîean Compagnies d^Ordon-
aaace, & même celle du Grand-Maître } tes Lettres écrites fur ufujeLdt
ia part du Roi y & les appointemens & penjîons qu^avoit It Grand-Mat'
tre t_ • 160
Etage du Roi Charles V7II. par^M. de Brantonu , dans le-
g^el fi trouvent pkifieurs particularités qui regardant la f»
& k Règne du Roi lattis Xl.Jbn père j. i6y
Comparaifin du Règne du Roi Louis XII. avec celui du Roi
Louis XI. tirée de tNiftoire du Roi Louis XII. par Claud*
• deSeiJJèli Evêfue-dé M^iffeUUy depuis Archtv* deiurin, 184
PREUVES DES MEMOIRES
Di
,. ; P HILIPP E n E C Q M I NES,
tfintenam IssTtaïEeZ', loâruâions , Lettres & autres-Aâes fervans
d'éclatrcilFemeot à rHlÛoice des Bois Louis XL Se. Charles VIII. 30}
fjtt-cAevéque.de.fienne >.
noires, 50 j
* ^^ ^* tdant la maladie de Char-
la. même.
mte.de Dammartin f y\x
;.,. Ecuyer y Seigneur de
'.463 y tiré de la BibUo-
-eJCXil.. .- * }19
*. î»o
'anaei , Comte de Dam"
W
TABLE DES PIECES, ACTES, &c. nj
V*. Arrêt du Parknuni , tiré du x6 Rtw^rt criminel , foL Zl6. }ip ■
V**, Ptoadurcs contre le Cornu de JDammartin, Tiré du mime Regif- 14^*^
tre , la même
V*^. Lettre de Charles de MeUtUy Baillifde Sens, au Roi Louis XL 3 j }
:V^^. Arrêt du Parlement contre Antoine de Chabannes , Comte de Dam--
martiuy 5)4
.VI. Rivifion du Procis d* Antoine de Chabannes , Cornu de Dammartin^
la même. '
VI*» Arrêt du Parlement inurlocutoire pour Antoine de Chabannes , Com^
te de Dammartin , extrait duji' Regijire criminel du Parlement , j 4 j
yn. A3e deChommage lige fait au Roi Louis XL par le Duc de Bourgo^
gne ( Philippe ) des Duche[ de Bourgogne ,■ Comte[ de Flandres , d^Ar--
* tois & autres qu*il tenoit de la Couronne , ta même,
yil*. Copie des paroles de C hommage fait au Roi Louis XI ^ par Philippes^
Duc ae Bourgogne y 1461. 544
ym. Lettres Paumes var lef quelles le Roi nomme EJlienne Petit pour le^
ver une Taxe far le Languedoc 9 pour les frais de fon Sacre & autres be^
foins, ^ ^ 34 j.
CL Abolition donnée par Louis XL à tous les Officiers du Duc de Bour--
gogne s 34<5.
X. Abolition donnée par Louis XL i M^re Jean Duc d^AUnçon , Pair
' de Ftanu y condamné pour crime de le^Majejlé, par Arrêt de Van^
' 1468 j dattée du II Oaobre 1461 , avec CampViation du mois de Dé-
centre r 4jS% y far ce que Von calomnio'u les premières Latres y. 3^47-
XI. Promejje de Jean , Duc d*Alen§on ^ Cotntedu Perche yd^objerver de
point en point Us conditions contenues en la grâce que le Roi lui a faite
fur P Arrêt contre lui donné à Vendôme y. • 3 5 X
Xn. Extrait des Lettres confurmaù\fes en faveur du Duc d^AUnçon y 353,
XIII. Extrait des Lettres d^ Abolition en faveur du Duc d^Alençon , &
confirmation f 354.
XIV. Lettres de Louis XL par lefquelles ik permet à Jean Comte d-Àrmar
gnac de requérir par Procureur l entérinement des Lettres y par lefquelles
iltavoitrefiitué envers C Arrêt du Parlement de Paris , donné en contu-^^
mace-y par lequel ledit Cornu avoit été batmi du Royaume , avec çonfi/^
cation defes biens j * 355
XV^ Arrêt d*Enr€gifirement. Procksdifferens d^ Armagnac y, xG^Rzffflrc
criminel du Parlement 9 foU QX. . 3 5 (>^
XVI. Lettres d* obédience fiâatc du Roi Louis XI ^au Pape Pie IL& abro^
gation de la Pragmatiqtu SanSion y 357
XVIL Le Berry donné en appant^ à. Charles de France y frère de Louis
XL 358
XVUI. Ratification du TMitéfuivamtfaiupar U Roi^tP Arragon le zi Mai i ^c x^
XIX. Extrait de PObligation du Roi £Arragon pour la Jomtne de deux
cens mille éeus ^ 6 eugagtmentdesComte^deRouj^UoA & Cerdargncy " , "'
au profit du Roi Louis XI^ 3^4
XIX^. LeRoid'ArramnéttgageleRoufiléànâLçuisXL Ia*memc
XX.. Traité de Louis aL avec Marguerite d^Anjou^p Reine d^Angl. \6j
ai XXI.,
k- *
ïv TABLE DES PIECES, ACTES, &c.
* ' ' ' XX*. O/ïIre de Louis XL tn confiquatcc dufufdit Trahi. j 7}
«^ 4 ^ ^ XXL Alliance du Roi Louis XL avec Jean Rai d'Arragon ^ ia mcoaqi
XXIL Don fait par Louis XL du Duchi de Luxembourg & Comié dp Chini
■ à Philippe le Bon ^ Duc de Bourgogne » 37^
XXHL Pouvoir de Henri Roi de Caflule 9 pour traiut de p<àx ff confidi^
ration avec le Roi Louis XL j j6
7— XXIV. Extrait d'une Lettre fiirC entrevue des Rois de France & de Cafii^
^ "^^ ^- le, du 14 Avril 146^. p%
'XXV. Jugement rendu par le Roi Louis XL fur hs différends entr€ lesKoi$
; de Caille & dArragon j pour les prétentions réciproques fu*ils avoient
runjisr foutre. Donnia Bayonne le z3 ^yril 14^3^ ia tnçm^.
^XV*. Sentenu arbitrale du Roi Louis XL entre le Roi de Camille & U
. Roi dArragon. Avril 1463. }8v
XXVI. Lettres ^ par le fquelles Louis Xt. cède le RouJJittonÀla Comtiffe
de Foix ^ héritière du Royaume de Navarre 9 pour /^ dédommager des
- Places de ce Royatime > qui avaient été cédées au Rot de CcfUUe partit
Traité conclu ^ntre lui & U Roi d'Arragonpar Ventremifede Louis XL
XX VIL Rémiffion accordée 4iux Habitons de Perpigetan » 3 Sf
XXVII*. Rémiffion pour les Habitans de CoUioure 3 j j i
XXVIII. JSxtrait des plaintes du Comte de Charolois contre Jean de Bour^
gogne 9 Cornu d^J^ampes y 391
XXIX. Pièces pour te rachat des Filles de la Rivière de Somme 9 Umètne.
' InJlrudiimÀ Afi EJlienne Chevalier des chofes quil a à faire 4iu voyage
• ou il va préfentement y par le commandement & ordonnance du Roi ^
ia même»
XXIX*. Lettres 9 par lejhuelles Louis XL ordonne que les deniers dépofe^
& c0nfignt[ dans les (rre^s du Parlement & autres furifdicUons ou ail»
leurs yjèront pris pour parfaire lafomme qu^il doit payer au Duc de Bour*
' gogne 9 pour retirer de fis mains les PUues de la Rivière defomme 9 ^94
XXIX^^. Extrait des Quiuances de Philippe le Bon y Duc de Bourgogne,
XXIX^. Fîdimus d^une Commiffion de Louis XL pour une leVee de de»
niers pour 1er achat des Villes de la Rivière de Somme^ la même
XXIX*4, Autre Commiffion f ur U même fuj et j 397
XXIX^^ Extrait de VmfiruBion du Cornu de Charolois fur U rachat d^
dites Filles, 399
XXIX^^. Lettre du SieurChevalia y fur le rachat defJites Filles y la mèm^
XXIX*?. A 3e de promejje de Philippe Duc de Bourgogtie de rendre au Roi
la Comté de Ponthiiu & autres i erres y féans deçà & delà la Rivière de
Somme y en baillant quatre cens mille écus y ' 40X
XXIX*^; Infarmation faiu en Z44S., de par U Roi y touchant le Traité
de lui & du Duc de Bourgogne à Arras y 403
_^^__^^_^^^ XXX. I^aintes du Roi Louis XL contre Charles Comte de Nevers y , 407
44^4. XXXI. Accord de mariage de Madame Jeanne de France avec Louis Duc
d* Orléans y gui depuis a été Louis XI L Roi de^raAce y . 41 Z
XXXII. Trêves entre Loms XL & Edouard IF. Roid^AngkUrre y eh
,1464 UxoMai^ 41 1
xxxnL
TABLE DES PIECES, ACTES, &c. v
XXXin. Procis^verhal des jimba£adcurs de Louis XL R^i d^ France , à '
ff avoir Mejjira Us Cornus d'Eu & U Chancelier de France , VArckcvê- ^ + ^ ^
quede Narbonme & M.-de Ramboures ^ des chofes dites par ledit Chan^
ceUer f pardevant M. le Duc & M^le Comte, de Charolois ^ & autres Che^
valiersy Confeillers 6 Seigneurs en grand nombre.^ U Mardi fixiéme de
Novembre 14 64^ 41 7
XXXIV. Remarques fur le Bâtard de Rubempré y 4zr
XXXV. Traité aaÛiance entre Jean Duc de Calabre & de Lorraine &
Charles Cornu de Charolois ^ y compris U Duc de Bretagne >. . 42 r
XXXV*». Lettre du Roi de Sicile à fonJUs le Duc de Calabre 9 41 f
XXX VL Traite d* alliance & confédération entre le Roi Louis XL Geor*
ges Roi de Bohême & la Seigneurie de Fenifc^ pour réjijler au Turc ^ 424
XxXVIL Déclaradon du Roi Louis XL par laquelle , après avoir narré ^
les menées & pratiques depàifieurs Seiffieurs unis & ligue^fous prétexte ^ '^
du bien public y qui s^étoient joints avecfonfrtrc^ il leur donne un mois
pour venir vers lui y&fe réduire à leur devoir }. ufaifant leur pardonne-
U crime de U^ù'Majefiéyqu^ils ont encouru par leur rébellion ^ i€ Mar à
14 64^{ ou 14 6â^fiyle nouveau ) 9 45 4
XXXVIII. Lettre de M. le Duc de Berry au Duc de Bourgogne y. 43 7
XXXIX.. Manififit de M^le Duc de Btrryy.fur la^prife des armes pour U
Bien public y 43 8
XL. Traité d^alliance^ entre François , Duc de Bretagne y d*uneparty &
Charàs , Comu de Charolois , d^autrepart^â Nantes le zz Mars 1464.
( ou 1466.^ nouveaujiyle Y y 44a
XLI. Ce Jbnt les points que le Seigneur de Charolois met & impo/e au Sei^
gneurdeCrqyy 1465 y 44r
XUL %utn du Duc de Bourgogne au-Roi Louis XL Le 24 Mars 1466^
y LUT, Articles envoyé^ au Roi Louis XI*^par U Roi deSicile^y^ touchant
ce qui avoit étiponrparU entre ledit Roi de Sicile. & Monfieur le Duc de
Berry y accompagné du Duc de Bretagne y de Monfieur de Dunois y &
' autres jovec Us réponfes faites par le Roi y . 445:
XUV. Sommation ^.Interpellation & Commiffion de Charles y fils & frère
de Roi y . Duc de Berry y. à Monjiigneur le Duc de Calabre >, Lorraine y
&c. Jean IL pour prendre les armes y. & fe joindre avec lui & autres
Princes du Sang contre, le Roi Louis XlJSf ceux defon Confdlypour le
bien pubûc du Royaume. 146 S^ 452:.
XLV. Déclaration des trois Etats de Brabanty Limbourgy Flandres y Ar^
fois y Mainaut y Namur y Malines & Anvers y par laquelle, ils recon^^
noiffent U Comte de Charolois commtleur Stiffuur aprïs là mort du Duc
dcBcmrgomefonperey 45$
* XLVI. Saufconduit du Duc de Berry y. pour les Ambaffadmrs du Roi >
I Xi«VII. Déclaration de Charles Comu de Charolois > que la réferve faite dc^
I * la perjbnaeiùt Roi (Louis XL) dans le Traité fitit avec r Archer équede^
I Tn/ves n*aura point de lieu y. 4S8*
* XLVÛL Trêves d'Angleterre y dut S Mai 14 66.
XUX. LettreduRoiàM.kComteieEuy,dui8Mait4€^ 45^
JL*-
^.
vj TABLE DES PIECES, ACTES, &c.
^ L. InftruSioa de Charité f Cornu dt Charolois , aux Commiffaircs qui dt^
* 4 ^ $ • voient traiter enfin nom avec Us Ambaffadeurs du Roi d Écojfe , 4^0
LI. Lettres de VArchtvéqm de Trejyes » par lefqtulUs il promu d*execu$er
le Traité d'alliance qu^ilavoitfait le 4 Mai 14 6z* avec leDucdeBout^
gogne, 4^j
LU, déclaration de Monfitur dt Berry dt pourfuivrejbn dtjfein de réfor^
mer le Public , U Roi ayant refi^ l Ajfemblée des Princes du Sang > &
autres Notables du Royaume , pour y pourvoir. Du l Juin y . 46^
LIIJ* Traité d*allianu entre Louis , Duc de Bavière ^ & Charles > Comu
de Charolois^ 4^S
LIV, Traité d^aUianu entre Frédéric , EleSeur Palatin , & Charles, Com^
te de Charolois f 470
LV. ASepiw lequel Frédéric^ EleSeur Palatin ^fi réferve U droit de nom^
* mer trois Allu[ ^ pour les excepur du Traité d* alliance qu'ilavoitfait
avec Charles , Comu de Charolois , ainji que ce Comu en avoit auffi ré^
firvé trois de fin côté , 47 j
LVL Articles de f accord fait par le Roi avec Meffeigneurs les Ducs de
Bourbon y de Nemours y U Comte d* Armagnac & le Seigneur d*Albretp
474
L VI*. Lettre du Sieur Ballue a Mon/ieur le Chancelier > fur la négociation
de C Accord entre Louis XL & le Duc de Bourbon > 47<S
LVIL Lettres de Guillaume Coufinot^ à Monfîeur U Chancelier ^ touchant
U voyage du Roi Louis XL en Auvergne , la même»
LVIIL Promeffes de Charles de Bourgogne , Comte de Charolois > de con^
Jirmerles Privilèges des Duche[ de Èrabant & de Limbourg j lor/qu*i£
fera parvenu à lafuccefpon de ces Puys y 47 j
LIX. Marche de V armée des Ducs de Berry & de Bretoffu i le 14 ou iS
Juillet^ 481
LX. Relation de la Bataille de MontUury y 484
LX^. Copie de C explication faiu dt bouche à Madame la Duchejfepar Guil'
laume dt Torcy , Ecuyer, toucharu tétat dt Monfitur de Charolois ^fur
une Lettre de crédance envoyée à madiu Dame par mondit Sieur dt Cha*
rolois f &fignée defonfîgne manuel y en datu du virigtiéme jour dtJuîli
Ut 1465. * 48tf
LXL Traité d* alliance erurf Louis , Duc de Bavière^ & Philippe , Duc de
Bottrmgruy 48S
IXil. Traité d*alliance entre François , Duc de Bretagne , & Charles V
Comte de Charolois , , ' ' 49^
LXIII. Traité d'alliance entre Philippe Duc 4^ Bourgogne » & Frédéric p
EleSeur Palatin f * 494
LXIV. Traité d' allianu entre Philippe Duc dt Bpurgognt & Robert^ Ar^
chevéque dt Cologne » 4p£
LXV. Copie des accords & appoinumens faits par le Roi aux Prirues > qui
s*enfwvenf ^ 499'
LX VL Traite dt Paix , appelle U Traité de O>nflaos t entre U Roi Louis
XL d'une part > & Charles y Comte de Charolois s depuis Duc de Bout"
gogne y d^ mitre y . jo6
ilAyl^ TrofjiJport fait par Lom XL au Ççmee de Charolois » des Prévôt
TABLE DES PIECES, ACTES, &c. vi}
icsdeFimm, dcBtauvotfa^ &deFoulloy , 505 .14(^5;
XXNl**^ .JUuns Patentes du Comte de Charolois^ pour la reverjion des
. Villes de la rivière de Somme , & des trois Prévôtés ci-dejfus tranfpor^
téeSf 507
9 LXVI^). Lettres de Monpeur le Comte d'Eu au Roy > touchant raccord
f. avec MonfUur le Duc de Normandie y S^9
LXVIL . Extrait des Reffjires du Parlement j concernant Venregifiremtnt
du Traité de ConJlanSy 5io^
LXVII*« ProttfiatwasJe la Chambre dts Comptes contre le Traité de Con*
Hansj 511
LaVUL Lttirts Plaintes de Louis XL pour ratifier le Traité de Confians,
& nomination des ptrfonnes pour la réfarmation de CEtat , la même.
IXVUIKS'len/uivent les trentcjix perfonnes ordonnées pour lacauje deffup^
dite de la reformatianJe CEtat 5 5^9
IX Vm**. Publication de la Paix , 5 ic^'
LXUC Autre accord de Paix fait à S. Mat^-des Foffei » entre les Ducs de
^ Normandie , de Bretagne , de Calabre & de Lorraine , de Bourbonnois,
. tC Auvergne & de Nemours y les Cornus de Charolois , d^Arntagnac 9 de
Saint Poly & atures Princes de France , foulevésfous le nom du Bien--
. public p d* une part 9 & le Roi Louis XI. d^ autre 5 Van mil quatre cent ;.
foixante-cinq 9 le vingt^ntuviéme Octobre ^ . \it
IrXX. Lettres du Roi Louis XI* ^^fi réferve les Régales de Normandie ^
LXX*. Lettres de Louis XL touchant le Comte d^ Eu 9 {19
LXX*^. Lettres du Roi Louis XL fur le retour des urres de Normandie ,
& autres y 530
LXX*'. Lettres du Roi Louis XL touchant le retour d'Alençon » 5 5 1 *
LXX*4. Lettres d^homma&s de la Duché de Normandie » 5)1
LXXL Lettres de Louis Xl. pour la nomination des Officiers de Norman-^
die, 53J
LXXI*. Expédition dts Généraux fitr la Lettre précedetue y 534
LXXI*\ Lettres qui portent que les Etats & les Receveurs des Aydes du
. Duché d*Alençon , /iront contraints 9 apris avoir payé au Duc d^Altn-
çon lapenfionÀ lui affigneefur ces Aydes y dépiter U refiant a Charles^
Duc de Normandie y 555
LXXI^i. Expédition des Genuatixpir la Lettre précedenu 9 55^
LXXIL Protefiations de Lotus XL contre le Traité de Confions , 557
LXXIU. Remarques fitr Je Traité de Confions » €^fiir les Duchés de Lo^
thiers 9 Brabant » Limbourg , Marouifat d^ Anvers 5 Terres d^outre^
Meufe y Filles de Peronne y Montdiditr , Roye , Auxtrre , & fur queU
ques Terres en Hollande , 558
LXXIV. A3e de VHommage^ligefait au Roi Louis XL par Je Comte de
Charolois 9 dit pJufiturs Villes^ quiluiavoient tté -cédées en Pictwdie j &
autres lieux y 540^
UCX Y. Pouvoir du Roi Louis XL poiw lefiirment des Princes -, fiir Voc^
ceptation du Traité du BUn-public yduz Novembre 1466. 541
UCX V*. Serment fM par les Ducs de Normandie & dt Bretagne^ d'obfer-*
ver le Txaiié de Confiâtes B 14^
Tome IL e
^^iij TABLE DES PIECES, ACTES, &c.'
I 4 é < • LXXVI. Articles accordés par U Roi Louis XL pour U mariage dt Mada^
daifu Amu dt France > fa fille aînée y avec Charles > Cornu de Charo^
lois y 54J
LXX VIL Contrat de mariap entre Dame Jeanne , fille naturelle du Jy^oi
Louis XL & Loifis > Bâtard de Bourbon , 541^
LXXVIIL Serment fiiit au Roi par Jean y Cornu d* Armagnac, defervir
le Roi envers & contre tous yjans. excepur Morifieury frtre du Roi^ 549^^
^XXIX. Procis-verbal de la délivrance faite au Comte de Charolois des
failles d*Abbeville , Montreiiil y Arras , Amiens > Peromne , & autres
ffii lui avoient été cédées par le Roi Louis XL f (.0
LXXX. Promeffes & Scelle^ donnés au Roi Louis XI. par Jacques £Ar^
magnac y JJuc de Nemours » Jean Comte d'Armagnac > Charles Sei-^
gneurde Lebret y & Gafion y Comte de Foix y de lui être bons & faux ^^
& de lefcrvir envers & contre tous y 14 6â. & 14 66 • yéP
LXXX*. Promeffes du Duc de Bretagne au Roi Louis XI. de ne recejfoir en
fon Duché y ni prêter aides ni fecours à aucun mal^contentdtc-Roi & dtk
Royaume y ZO Décembre 1466* \6^
LXXXI. P ermiffion aux Médicis de porter fiiur s de fys en Uur$ Armoiries y
1466. LXXXII. Abolition pour la Comteffe de Maulevrier y. la même*
LXXXIII. Lettres Patentes y par /^quelles le Roi Louis XJ^ reprend la
Normandie y . 5^7
IXXXIII"^. Extrait de la Copie de CinfiruSion à Maître Jean Hébert y. &
. Georges de f^oiiet y Maître Guillaume Roitffily & Guillaume Gombautp.
de ce que Morifieur le Duc de Normandie leur a chargé faire & be/bgnen
devers le Roi > où il les envoyé préfentement à Rouen y 570
LXXXIV» Ratification donnée par Charles y Comte de Charolois y de Vac-^
cor d fait entre lui & ceux de Liège, , 371
LXXXy. Lettres de Jean y Comte de Nevers y par U/qtuUes il remet au
Comte de Charolois la garde défis Comtés de Nevers & de Rethely, 577
LXXXVL Renonciation de Jean y Comte de Nevers y à toutes fes prêtent
tions fur les Diuhés de Lothiers y Brabantd Limbourgy fur le Mar*
quifat d'Anvers & Terres d'outre-Meufi , 579
LXXXVI*r CeJRon & tranfportfaitpar Jeany Comte de Nevers y au profit
du Duc de Soiugome & du Comte de Charolois y d'une rente defix mille
livres y & des ailles y Terres & Seigneuries d^Auxerre , Worne , Oofi^
j^orn y, la Brielle & autres y. 55 2t
LXXXVI**. Renonciation faite par Jean y Comte de Nevers y à tous fes^
droits. & préuruionsfur les Villes & Seigneuries de Peronncy Mondidier
&Royey jJSs^
IXXXVI^'. Lettres de Jean y, Comu de Nevers ^ par lefquelles Uapprou»
ve le Traité fait entre le Roi Louis XL & Charles Comte de Charolois ^
& la Ceffionfaiu à u Comte des Villes & Seigneuries de Peranncy Mon--
didier & Roye y 589
LXXXVI*4. Renonciation de Jean Comte de Nevers a la/ômmedtzooooL
falus d^or, & à une autre de zOO 00 francs y qu^ilprétindoitluiétre dûs
par le Duc de Bourgome , S9^
LXXXVI*^. Lettres oufiirete[ du Comu de Chvrdois au Comte de Neversy
TABLE DES PIECES, ACTES, &c. h
IXXXVII. ji^ Jt la ProduSionfaitt au Parltnunt de Paris dts originaux
dt quatre Ltaris donnéts m 14 6S. par Jtan Comte de Nevtrs ,& deltt
demande faiu par ta Comteffi de Nevers , que les fceaux dt ces Lettns
fiifint ouverts , pour en vérifier lafauffiti , j-^ j
LXXXVIII. Lettres de Charles de France , Duc de Normandie , qui con^
JiiU aux alliances que doit/aire le Hucde Bretagne^du ^JuilUt I466.
LXXXIX. AboUàmpour
XC. Pieus toncemant Ef^
XC*. René IL Duc de L
lAUsppy , toA mil cinq e
^ hommage pour la Voueri
, que dé Mtt[. ybici tes £1
XCI. P«m¥oif de Louis X,
\ mention dans lesfufdits i
^ /rm. Fan mH quatre cv
XCU. AMithnpmtrU D
XQU. Abolition girurale pour ceux qui ont pris Us armes pour Us Princes
iiguis t 60Z
XCIV. Lettre du Due deBretaffte au Cornu de DunoiSyduSJanvUr -
1466, £04
XCV. AlUarue S Ami , Duc dt Savoy e , avec la Maifon de Bourgogntt
âOJ
XCVI. Lettre écrite aux Mayeur & EckevinS-dt la yille dt LilW, conte-
nant la relation de la maladie St dt la mort de Philippe , Duc dt Bour-
f^Cy • 607
XCvIL Tefiament de Philippe , Due de Bourgogne , - 609 ■
XCVm. Lettre de Charles * Dut de Boargovie , donnant avis au Roi
Louis XI, de la mott du Duc Philippe U Mon- , .fi>n père. De Bruges >
U iQ Juin 14 6y. 6ia
XGIX. Leure du Comte de Dummartirt au-Aoi Louis XI. fur une révol-
te arrivée à Moufon y 6lt'
C. Remarques far u Cardinal Ballai, Comment le Cardinal Balluê & l'E-
véquf de f^erdun entretenoient la diifijîon entre U Roi Louis XI. & Jhn
frère Charles Duc de Guyenne, " 61^
CI. ExtraitdetHiJioiremanufcritedesAntiqmtezdeFlandreSyCOn^ofipar
f^ Phiûpp^WitiUant , Confeillerau Confeilde Malines ,ch.£}8. 6l6
Cil. Permiffion donnée par Charles Duc deBourgogne à ceux de la Fille
dt Garti d'ouvrir trois <k leurs portes > lefqutlles dévoient être fermées,
en exécution du Traité de Gavre, £tS •
Cm. PermMon de Charles Duc dt Bourgogru aux trois Membres delà
ViUe de Gond , dt fefervir dans cette Fille dts Bannières & Enfeîgnes
dont ils avaient été privés par le Traité de Gavre , 619
CIV. AlUarue de Philippe deSavoye avec le Duc de Bourgogne , £)o
CV.. Lettre du Comte dt Dammartin- au Roi Louis XI. au fujet du
^P^S^lÀ^^ . „ . r ^J»
x: TA^LE DES PIECES, ACTES, ace
CVI. AUuincepa-pttueiU.des Ducs de Btrry & dt Brttagne , C^x.
QViy.. I^uti^_paritfyu€lUs Us Ducs dt Normajidie & tu Bretagne. dècU-
■iyretnqife l'£végue de ytrdun & le Scigptur de JUjieua font eoafris dans
■ . U Traiti d' Alliance quiU oui fait eOfemhUt £j4
tyiU. £ntnpriJêduÙucdeCaiabrejitrrArragon^ & Commij^a pouf
lever Ayde & Subfidt , £^ {
ÇIX. ir^iruSion du Roi Louis XI. au Sieur dt Courcillon , envoyé vers
Re»é^oi.deSieilexfvriesfaupçoas d* Louis. 2CL -atiji^u du.ComuJA
. Maine, £}£
ÇIX*. Lettres du Comte du Maine , quiyiditmtH ■&-4^ftronntfU eetUs M
. J^^ i,S.oiJe Sicilf , :dmi O3otrt l^Gy.par lefqiuÙef ctMMjèrton
. 4a\t ^iuu tnvtrs Louis XI ..^tu Je Coamdu Maint imftrnit toujours
. fidiUo. . 6i7
ÇX.. Copceffian du Roi Louis XI' à Galias-Mani Sfprce > Vifcomu ,
; Duc dt Milan , 6e à fis Swx£eurs , de^ritr Ut Armts d* rraàct *
- icantlfts ayec celles de Milan , . _ , . - ^ 9
-ÇP^. RéponJ\ faite à Monfuur de Cafabre, ffwoyipqrle Roi m BiMagnc^
^^jH^r^^gaffu-.MfiA^eurJeD.ucdc/^ofma^e 4 ef*^Mr( W Joeytps dk,
. ffici^cationg ^40
LES CHRONIQUES
LES
CHRONIQUES
D E
LOUYS DE VALOIS,
Roy de France, vnziéme de ce nom;
.depuis l'an 1460. jusql/es a 1483.
AUTKSMEHT DITTSS
LA CHRONIQUE SCANDALEUSE.
i L'honneur & louange de Dieu noftrc doux Sauveur Se Re- — ^""^
demptcut, ScdeUBenoiftc, glorieufe Vierge & pucellc i+tfo.
MâriCt Tans le moyen derquels nulles bonnesŒuvres ou
opérations ne peuvent cftrc conduites. Et pource auflî que .
plufîeurs Roys, Princes, Comtes, Barons, Prélats, no-
bles hommes, gens d'EgliTc, fie autre populace , fë font
foiiveni dclcdez & dcledent i ouyr & cfcouter des hifloircs merveil-
icufes , & chofes avenues «i divers lieux , tant de ceRoyaume que d'au-
tres Royaumes Qireftifcns. Au trente cinquième an de mon aage me de-
leûayaulieu de paflèr temps & defclieveroyfivcrc) à efctire ôc faire me-
jDoire de plufieurs chofes avenues au Royaume de France , ^ autres
fLoyaumes voilîns , ainli ^u'il m'en cft pu fouvenir.: &ç mémement depuil
Jamt II, A
_i tES CHRONIQUES
^ l'an 14^0. que rcgnoit Chartes VU. de ce nom, jufqucs au trefpas cfu
0- Roy Louys XI. àc ce nom,Blsdudit Roy CÂ<ir/» , qui fut lepenuliieme
jour du mois d'Aouft , l'an i4!J3.combienque jenevuSflle, ne n'emens
point les chofes cy-après efccites eftre appellees , dires ou nominics Chro-
ent , & que ppur ce faire n'ay pa»
•iats reulement pour donner aucun
ins , ou efcoutans icelles. En leur
léer i mon ignorance , & addrefler
ar plufîeurs defdites chofes Se mei-
îtez & façons eftranges, que moult
autre , de bien au vray &c au lon^
irani ledit temps.
&c fertilité de la terre durant ta-
nt que touche le tcrroiier & finai-
it competammenr de blez , qui fu-
?int vendu au plus cher temps de-
ladite année que vingt quatre fols parifis le fepticr : mais il n'y creuft
que bien peu de fruiâ. Er au faiâ des vignes il y eut bien peu de vin ».
& par efpecial en TlHe de France , comme d'un muy de vin pour chacun
arpent , mais il fut bien bon , & fe vendit cher le vin creu ésbons^er-
loiiers d'entour Paris , comme de dix & unze cfcus chacun muy.
En ce temps fur faiâs |uftice &c graiide exécution audit lieu de Paris »
de plufieurs povres Se indigentes créatures , comme de larrons , facri-
leges , pipeurs , & crocheteurs. Et pour lefdits cas pluficurs en furent
batus au cul de la charctte , pour leurs jeunes âges & premier mefïàiâ:..
Et les autres pour leur mauvatfe coulhime & perlevcrance furent pendus
& eftranglez au gibet de P^ris , nommé Montigny de nouvel créé & efta-
bly , pour la grand vieillcfTe , ruyne & décadence du précèdent & ancien
gibet, nommé Montfaucon.
Audit temps fut fait mourir & enfouye toute vive audit lieu de Paris
une femme nommée Perrtttt Mauger , pour occaiîon de ce que laditte-
Ptrrette avoir fait & commis pludeurs larcins , & en ce faifanr par long-
temps continué , & auffi fevorifé & recellc plufîeurs larrons, qui aullï
faifoient & commettoient plufîeurs & divers larcins audit lieu de PariSy
lefquels larcins pour lefdits larrons vendoit & diflrîbuoit > & l'argent
que de ce elle recevoit , en bailloii Se delivroit auCdirs larrons leur por-
tion , & pour clic en rctcnoit fon butin. Pour lefquels cas & auttes par
elle confellcz fut condamnée par fentence donnée du Prevoft de Paris ».
nommé Meflirc Roben Defioute^ille { i ) Chevalier , a fouffrir mort Si
cftre enfouye toure vive devant le gibet , Se tous fes biens acquis &c con-
Ëfquez au Roy *. de laquelle fentence & jugement elle appella formelle-
ment en la Cour de Parlement , pour révérence duquel appd fut diffé-
ré il exécuter. Et après que par ladite Cour le procez dlcelle eut elle veu
& vifité , ftit dit par Arrell d'icelle , Se en confirmant ladite fentence ,
que laditte Ptrretu avoït mal appelle & l'amandefoit , & que laditte fen-
tence
(i) Robert d'Eftoateville , Cbcvalicr , ScIgDCUi de Bcgne ,, BauB if Yviy & de Saiai>>
JUdré-la-Maiche. Gtdtfraj.
DU ROY LOUYS XI. 5
lence feroit exécutée : ce qui fut dit i icelle Pcmtu , laquelle déclara
lors qu'elle eftoit gfoflc , parquoy fut derechef diffère de Pexecuten Et
fut fait vifitcr par ventrières & matrones , qui rapportèrent à Juftice
qu'elle n'eftoit point grollè. Et, incontinent ledit rapport fait fut envoyée
exécuter aux champs devant ledit gibet , par Henry Coujin exécuteur de
la haute Juftice audit lieu de Paris.
Merveilles avenues au Royaume d'Auglecerrc en laditte année.
EN ce temps paflà la mer en Angleterre un Légat de Rome , Le^at de
par le Pape , qui illec prefcha le peuple du pays. Et par efpecial ea
la ville de Londres , maiftreflè-ville dudit Royaume, U où il fift plufieurt
remonftrances aux habitans dudit lieu > & autres d'environ , contre & au
prejiidice du Roy Henry d'Angleterre , lefquelles remonftrances le Car*
dinal d^Yorthj quiaccompagnoit ledit Légat après laditte expoHtion par
luy expofée en leur langage. Et tantoft après laditte expoficion faite > le-
<iit peuple, qui eftoit aflez de légère créance, fe efmeut pour faire guerre
allencontre audit Roy Henry de Lancafire Se de la Reyne fa fenmie, ( i)
fille du Roy René de Cecitle Se de Jenyalem 9 & du Prince de Galle leur
fils. Et prit ledit populaire pour leur Capitaine le Comte de Warwich ,
qui eftoit Capitaine de Calais , pour &c au lieu de Richard Duc dYorth^
«qui vouloir & pretendoit à eftre Roy dudit Royaume , qui maintenoit à
luy duyre & competter ledit Royaume d Angleterre , comme prochain
héritier de la lignée & du cofté du Roy Richard. Et peu de temps après
ledit Duc d Yorthy qui avoit après luy grand nombre de populaires en ar^
mes 3 fe mirent aux champs & vinrent en un parc où eftoit ledit Roy
Henry avec plufieurs Ducs, Princes & autres Seigneurs , auffi tous en
armes. Et auquel parc y avoit huit entrées , qui eftoient gardées par huit
£arons dudit Royaume , qui tous eftoient traiftres audit Roy Henry. Les-
quels huit Barons quand ils fceurent venir le Duc d!Yorth devers ledit
|>arc , le laiftêrent entrer en icelluy avec le Comte de Warwich & autres ,
Î|ui vinrent tout droit ou eftoit ledit Roy Henry , lefquels ils prirent &
aifirent. Et incontinent ce fait , vinrent tuer plufieurs Princes & autres
grands Seigneurs de fon fang qui eftoient autour de lui. Et ces chofes
faiâres ledit Comte de Warwich prit ledit ^e/zr^, & l'amena en la ville de
Londres i & portoit l'efpée nue devant ledit Henry ^ comme fon Connet
table. Et quand icelluy Roy Henry èiZ Lancafire fut audit lieu àc Londres,
il le mena devant la Tour dudit Londres , dedans laquelle Tour eftoient
quatre Barons dudit pays pour ledit Henry. Aufquels ledit Henry &c
^i^irtf^icA-parlerent par belles paroles , les tirèrent hors de la Tour , après
qu'ils leur promirent qu'ils n'auroient nul mal de leurs perfonnes , &c
qu'ils les aueuroient : lefquels fous ombre de leurfdittes promefifès yffi-
rent hors de ladire Tour. Et ainfi qu^on menoit lefdits qi^atre Barons
après ledit Henry & Warwich , plufieurs de ladite ville de Londres s'eC-
murent & vinrent tuer l'un deldits quatre Barons , nonuné le Seigneur
Defcalles ,
{^) lîcr Cétoît Marguerite d*An joa , | on voit quelques Pièces dans les Prcafei de
^omil (cracuGonefailé ci-i^cs « & donc 4 cet Ouvrage
A X
1460.
4 L E S C H R O NIQUES
DtfcalltSy & lui baillèrent plufieurs coups orbes. Et le lendekiaîa ils fl^
J 4 (^ o. rent efcarteller lefdits autres Barons devant laditte tour de Londres^
nonobftant lefdites promedès ainfi à eux faites. Et s'y fie qui voudra.
Audit temps avint en la Cité àt Paris un grand débat entre les gen»
£c Officiers du Roy en fa Chambre des Aydesli Paris, & un des Bedeaux
de rUniverfîté d'icelle Ville, pour un exploiâ fait oar icelluy Bedeau i
rencontre de deux Confeilliers de ladite Chambre aes Aydes , pour le-
quel exploiâ ledit Bedeau fut conftitué i»:ifonnîer en la Conciergerie du
Palais Royal audit lieu de Paris. Dont ceux de ladite Univerfitc furent
nioult deiplaifans , ôc pour le ravoir firent ceffations en ladite Ville,. db
prefcher , lire de eftudier. Et après furent appointez , & fut refbibly Se
demeurèrent contens.
Audit temps avint i^Paris aufli , qu'un nommé Anthoint te Baftard de
Bourgogne vint & entra en ladite Ville de Paris en habit mefcognu , Se
n'y fejourna (^ue un jour & une nuit & puis s'en retourna. Et quand il fut
^ ficeu qu'il eftoit ainfî venu en ladite Ville , pluficurs Oflicicrs du Roy &
gens de façon d'icelle , furent fort imaginatifs comment & pourquoy ii^
cfloit ainfî venu que dit efl. Etdeladite venue en furent portées les nou-
velles au Roy par aucuns, qui en parlèrent à la* charge de ladite Ville, qui
n'y avoit aucune coulpc. Et pour cette caufe & a grand hafle le Roy
envoya audit lieu de Paris fon Marefchal Seigneur de Lohcac , ( 5 ) &?
Maiflre Jehan Bunau (4 ) Treforier de France , pour pourveoir & don-
ner provifîon audit donné à entendre. Et afin que le Roy n'euft aucune
imagination ,.oue ceux de ladite' Ville àt Paris euflènt aucune coulpe
ou cnarge à laaite venue , luy fut envoyé de par laditç Ville une Ambaf-
fade , où efloient Maiflrc Jehan de LoUve Doâeur en Théologie Sa
Chancelier de l'Eglifc de Paris , Nicolas de Louviers, Sire Jehan Clere^
bourg gênerai maiftre des Monnoyes , Sirç Jehan huilier Clerc de ladite
Ville , Jaques Rebours Procureur d'icelle , Jehan Folant Marchant , &
autres : tous lefquels le Roy receut benignement» Et après leur propos
fait , fervant à leur excufation , fut le Roy très^content d^eux , & leur
fin bonne Se gracieufe refponfe , Se s'en retournèrent joyeufement k
Paris y dont ils eftoient partis.
En ce temps Meflîre Robert DeJfoiuevîUe Chevalier , qui efloit Prevoft
de Paris , fut mis Se conftitué prifonnier en la Baftille fainâ Anthoine
i Paris. Et depuis au Louvre par l'ordonnance defdits Seigneurs de
Lohtat , Se maiftre Jean Bureau , pour aucunes injuflices ou â>us qpi'orï
hxj mettoit fus , qu'il faifoit en exerçant fbndittiffice , dont de ce ne fuft
point attaint. Et lors par maiftre Jenan Advin Conféiller lay en la Cour
ce Parlement, furent faits plufîeurs exploiâ^ en rhoftel'duditi7ç/?c7uvi//e.**
comme de chercher boiftes > coftres, & autres lieux , pour fçavoir fe on
y trouveroit nulles lettres , Se fift plufieurs rudeflès audit hoftel à Dame
Ambroife de Loti femme dudit Deftouville y qui eftoit moult fage , noble
& honnefle Dame; Dieu de fies exploidb le vueiile punir : car il le a bien/
dcflcrvy.
En
(t) kaixl de Laval de la Maifon de f r4) On petit voir fa eéoéàlog. dans Thlft^
Mommorcocy. Godifry,, l do Roi Charles YU. ait. royale. GHkfiy^
DU ROY LOUYS XI. $
En ladire année furent les rivières de Seine & Marne moult grandes ,
tellement que en une nuit ladite rivière de Marne creuft & devint fi 1^60*
frande d Fenviron dtfaint Mor des Fojjè^ , comme de la hauteur d'un
omme , & fift plufieurs grands dommages en divers lieux* Et entre les
autres dommages ladite rivière vint fi grande à un village nommé Clayt^
6c en un hoftel illec eftant, qui eft à rÉvefque dcMeaulx, cruelle en em-
pona toute la mafibnnerie du devant dudit noftel > où il avoit deux belles
tours nouvellement bafties : dans lefquelles y avoit de belles chambres
bien nattées , voires bien garnies de liâ> tapi£[eries » & autres chofes que
tout emporta ladite rivière.
En ce temps avint en Normandie que le corps de TEdife dcFefcamp^
par malle fortune & feu d'aventure, qui vint de la mer de devers les Mar<
ches de Cornoualle, fe bouta au clocher d'icelle Abbaye > qui fut tout bru^
lé & ars , & furent les cloches d'icelle Abbaye toutes fondues & mifes ea
une maflè , qui fut moult grand pitié en ladite Abbaye.
Audit temps furent grandes nouvelles par tout le Royaume de France
& autres lieux , d'une jeune fille de dix-huit ans , ou enviton > qui eftoic
en la Ville du Mans / laquelle fit plufieurs folies & grandes merveil-
les , & difoit que le diable la tourmentoit , & failloit en l'air > crioit y
& efcumoit , Se faifoit moult d'autres merveilles > en abufant plufieurs
perfonnes, qui l'aloient voir : mais enfin on trouva q^ue ce n'eftoit que
tout abus , Se qu'elle eftoit une mefchante folle , & faifoit lefdites folies
& diableries par l'enortement > conduite & moyen d'aucuns des officiers
de l'Evefque dudit lieu du Mans , qui la mainteiioient Se en faifoient touc
ce que bon leur^fembloit, & qui aufdites folies faire l'avoient ainfiduiâe**
Audit temps avint derecher audit Royaume ^'^/zgr/f/frr^ après que ladef^
confiture devant dite aitefté faite par le Comte de /Fiiru'icA,queie'Duc de
Sommerfet coufin dudit Roy Henry d^ Angleterre , accompagne de plufieurs
autres jeunes Seigneurs, parens & neritiersdes autres Princes & Seigneurs»
qui eftoient> Se avoient eftc tuexà la prife dudit Roy Henry de Lancaflre , fir'
rent de grands amas de gens d'armes & vinrent tenir les champs à l'encontre
dudit Duc d'Yorth , Se tant firent qu'ils le vinrent trouver en un champ
luy Se fa compagnie qui furent (5) tuez. Et audit champ nommé les plai-
litsJainS Albans fut tué ledit Duc d^Yorth^ Et après qu'il eut efté tué , luy
coupperent la tefte , laquelle ils mirent au bout d'une lance. Et autouc
d'icelle tefte luy mirent une Couronne de feure, (^) en figure de Cou-
ronne Royalle, en derifion de ce qu'il fe vouloir faire Roy dudit Royau*
nie. Et avec luy moururent audit champ bien fix vingts Barons , Cheva-
liers^Efcuyersj&gensdenomduditRoyaume, &grand nombre d'autres
gens de guerre , que bien on eftimoit de neuf i aix mil combatans*
Le Mctrcredy 5 Février audit an i±6o. furent kucs Se publiées iiîoi^
& en divers autres Villes de la Duché àt Normandie^ es lieux publics & à
fon de trompe, les lettres patentes du Roy. Par lefquelles U declaroit-
ion plaifir eitre tel> que par tout ledit pays de Normandie Se les ports de
mer
(5) §0* €cttc viékoîrc cft lîfic à Mar- f auj par cet événement fut dflîvrédclaTouc
gaetite <l*Anpa » fille da Roi René de Sid- de Londres > od il écoîc prifonier.
& de ftinsoG de Hend VI«IUâ d*Angkcecre„
G LESCHRONIQUES
mer d'iceluy, feullènt laiflèz paifiblcment defccndrc tous Anglais 8c
i^6ql Anelejchcs^ de quelque eftat qu'ils fuflènt , & en tel habit que bon leur
fen5>lcroit , tenans & adherans le party du Roy Henry d'Angleterre &
de la Reyne fa femme , fans aucun fauiconduit avoir de luy , 6c de les
——---• laiflèr converfer par tout fon Royaume.
14.61 M ^'*^ 1 4<> I . au mois de Juillet , avin t que le Roy Charles fiit malade au
* Chafteau de Meun fur Yevre , d'une maladie qui luy fut incurable , dont
Se de laquelle maladie il alla de vie à trefpas auclit lieu de Meun , le
Mecredy ii. dudit mois de Juillet , fefte de la Benoifte Magdaleine , en-
tre une & deux heures après midy dudit jour , dont fut grand pitié 6c
dommage (7 ). Au Royaume des Cieux pui({è eftre Tame de luy en bon
repos. Car quant il vivoit c*eftoit un moiut (âge & vaillant Seij^neur , 6c
qui laiflà fon Royaume bien uny & en bonne juftice & tranquiîité.
Incontinent après ladite mort , & qu'elle fut manifeftée , la plufpart
des Officiers dudit lieu de Paris 6c pluileurs autres du Royaume s'en
partirent & allèrent , au pays ( 8 ) de Henaut 6c de Picardie par de-
vers Monfieur le Dauphin , qui illec eftoit avec Monfieur le Duc de
Bourgogne, Lequel Monfeigneur \c Dauphin par le décès de fon feu père
venoit a la Couronne, ponir fçavoir de luy quel eftoit fon plaidr & com-
ment ils fe auroient à gouverner fous luy , & pour eftre de luy confir-
mez en leurs Offices. Auquel lieu après icelle mon fît plufieurs Officiers
en fa Chambre des Comptes à Paris , 6c autres. Et entre autres y fift &
créa Maiftre Pierre r Orfèvre Seigneur Dermenonville , 6c Nicolas de Lou^
viers , Confeillicrs en ladite Chambre , 6c Maiftre Jehan Baillet Maiftre
•des Requeftcs & Rapporteur en fa Chancellerie. Et confirma en icelle
. Chambre MeflireSymon Charles , quiaufïî fe fîft porter audit pays en une
litière , & les autres Officiers requérant eftre confirmez , furent renvoyez
1 Paris , pour attendre la venue du Roy.
Le 14 Juillet audit an (> ï. Maiftre Etienne Chevalier (9 ) qui avoit efté
Trcforier des finances dudit feu Roy Charles , & lequel il avoit nommé
un des exécuteurs de fon teftament , &auffi Maiftre Dreux ^//^' Audien-
cicr de la Chancellerie Az France y fe partirent de la Ville de Paris pour
allée
(7) ÔCT Ce Prince âgé de 5 S ans , fe
(rouvoic dans la 5 9 armée de fon règne.
- (8) ^pr 14(^1. Supplément. Le
Dauphin ëtoità Genep, Bourg &.
Chareau fur la petite rivière de Dy-
fe , à une lieue à TEft de Nivelle ,
c'eft ce que mafque Olivier de la
Marche , Auteur du tems. Il ne put
apprendre la mort du Roi fon père
que le 24 Juiller au t)lutôt. Sur le
champ il le retira à Maubcuge , où
il commença à donner fes ordres ,
comme on J-a vu-daDS la Pjçcface gé-
nérale y l\ y étoit le 17 du même
mOÏSi & le 4 d'AoAt fl^y^ntil qcojt •;ptg. «8j. dç ré^on royalç. ÇpJrfrajt,
â Avefne, fuîvant Olivier de la
Marche , d'où il partit pour fe ren-
dre à R.eims. On avoit déjà préparé
ce Prince par une Lettre,que je rap-
porte ci-après aux Preuves de Tan
i4$'i. Il ne Jaifla point de fç faire
quelques intrigues peu avant la more
de Charles VIL rapportées aux Preu-
ves ci-après fur la même année , par
Lettres de Gafton de Foix, Prince di-
ftingnédansrHift.-dècetèms. .
(9) Il avoir époufé Qitherîne , fille du-*
dît Di-eéz fiudé j oh peut vx»Hcurs defcon*
dans dans l'hiftofre da' Kœ Charies VII^-
DUROYLOUYSXL 7
jller au corps dudic detfunâ audit lieu de Mcun : mais le Seigneur ^^i-
grevilà Capitaine dcMontar^isy^ztlc pourchasd'un Gentilhomme nom-
ivté f^uajfic Morpedon ( i o ) fit arrefter audit lieu de Momargis iefdits
Chevalier & Budé , Se illec furent une efpace de temps. Et jufques à ce
que le Roy les envoya faire délivrer , eux & leurs biens , & .depuis (ur
rcnt par luy entretenus en leurs Offices de Treforier & Audiencier.
Et eft ariavoir que le Jeudy Z3. Juillet audit an (îi^ qui fut le lende-
main de ladite mon environ heure de nuit , fut vcuë au Ciel courir bien
fort une très-longue comète , qui jettoit en l'air grand refplendiflèur &
grande clarté » tellement au'il fembloit que tout Paris fut en feu & en
flamme , Dieu Ten veuille bien preferver T 1 1 ).
Le Jeudy 6 Aouft i^6iAc corps dudit deftun<Sl arriva & fut amené re^
pofer en i'Eglife de Nottre Dame des Champs (12) hors de Paris, oit
il fut amené dadit lieu de Mcun^ Et le lendemain fut allé quérir audit
lieu , & apporté â Paris en moult grande & belle conduite , ordonnance
& révérence qui fut faite audit corps , comme bien le valoir. C'eft aflà-
voir du Cierge , des nobles perfonnes , Officiers , Bourgeois & populaire.^
Et y avoit pour luminaire porté devant ledit corps deux cens torches
de quatre livres de cire chacune pièce , toutes armoyées en double
aux armes de France j & eftoient portées par deux cens pouvres perfon-
nes y tous reveftus de robes & chapperons de deuil. Et eftoit ledit corps
porté en une litière par les Henouars de Paris. Laquelle litière eftoit
couverte & a({èmblée d'un moult riche drap d'or , qui bien pouvoir valoir^
mille ou douze cens efcus d'or» Et delTus lac&te litière eftoit la portraitu-
re faite dudit deffunâ Roy Charles y reveftu d'un bel habit Royal > une
Couronne en la tefte , & en Tune de fes mains tenoit un fceptre > & en
l'autre le bafton Royal. Et en cet eftat fut porté en la grand Eglife noftre
PamedeP^nV. Et devant aloyent tous les Crieurs de corDs de ladite
Ville , pareillement veftus de deuil > & armqyez devant & derrière def-
dites armes de France. Et après eux eftoient portées devant icelle litière
lefdites'deux cens torches , ainfi^armovées en double que dit eft. Et après
icelle litière aloyent faifans le deuil MeflTcigneurs les Ducs i/'Or/^^/w ,
Comte d^AngouUfme^ frères ; les Comtes d'Eu ^ & de Danois , McC-
foe Jehan Jouvenel des Urjins Chevalier Chancelier de France > & le
^rand Efcuyer , tous reveftus de deuil & montez à cheval. Et puis après
Kelle litière aloyent ât pied deux à deux tous les Officiers de l'Oftel du-
dit
\^6x.
(10) OuVaaft de Mom^rpedon, <h]ouel
H eft parlé dans les Mémoires de Caftel-
Aau , Tom. II. pag. )oo. Gçdefrey,
(i i) ^ÈpT 1461. Suppléments Le 4
Août Louis XI. part d'Avenes en
Naynaut pour fc rendre dans ce
Royaume,dont,4iprès le Roi Charles
VIL il étoit le véritable fuicceflêur.
ÏJ'aurrcs difent que ce fut à Genep
en Ha^paut que Louis apprit la mort
du Roi fbn père > d'où il panit pour
fe rendre en France , Se qu'après fon
départ il en fît part au Duc de Bour-
gogne Philippe & à Charles Comre
de Charolois fils de ce Duc, c^ui pour
lors croient tousdeuxà Hedin s félon
Olivier de la Marche , Auteur du«^
temps , comme on Fa vu note S de
la page précédrate.
( 1 1) tP" C'eft TEglifc des CarméUtes*
du %utbourg S. Jacques > hors la-vieUIç^
enceinte de Paris*
8 LES CHRONIQUE?
dit deffanùy auffî tous veftus de deiiii » angoiflèux, lefquels il falA)ic
, 1 4 tf i . moult piteux veoir. Et de la erand triftefle ôc courroux que on leur veoic
porter pX)ur la mort de leurdit Maiftre , furent grans pleurs 6c lamenta-
tions faiâes parmi toute ladite Ville. Et aufli y avoir aujoingnement de
ladite litière fix des Pages diidit deffunâ: , houfez Se efperonnez fur fîx
courders tous veftus & couvers de veloux noir , & leulits Pages audit
\ habit de dueil Et Dieu fçait le douloureux & piteux dueil qu'ils fai-
foient pour leurdit Maiftre. Et difoit on lors que run defdits Pages avoir
efté par quatre jours entiers fans boire & fans manger , pour caufe de la-
dite mort. Et le lendemain qui fut le Vendredy leptiemc jour d*Aouft
audit an ^i • ledit corps d'icetuy deffunâ fuft tire hors de laaite Eglife de
noftre Dame de Paris , environ trois heures après midy , & mené ôc ac-
compagné comme devant eft dit , en PEglife lain£t Denis en France , Sc
là il rut inhumé ( 1 3 j & y gift : noftre Dieu ait mercy de fon^une. Et ver?
la fin dudit mois a Aouft noftre fouverain Seigneur le Roy de France
Louys j lor« eftant Dauphin de Flennois & aifné fils dudit defFunâ fuc-»
céda à ladite Couronne , fut facré Roy à Reims par TArchevefque Jou^
venel » auquel lieu il fut moult noblement accompagné par la plufpart
des Seigneurs de nom de fon Royaume en moult grand & notable
nombre^
Le dernier jour dudit mois d* Aouft il partift d'un hofl:el eftant aux
fauxbourgs de la porte fain<3t Honnoré , nommé les Percherons , appar?-
tenant àMeflîre 'Jcl^in Bureau^ qui fut fait Chevalier audit Cacrci Reims,
{>our venir faire fon entrée çil fa bonne Ville de Paris. Au devant de
aquelle entrée yflîrent hors de la Ville rous les eftats d'icelle , & par bel
ordre » pour iilec rrouver le Roy & luy faire la révérence & bien vien-
gnant. En laquelle affemblée eftoit TEvefque de Paris nommé Chartier ^
l'Univerfité , la Cour de Parlement , le Prevoft de Paris y Chambre des
Compres & tous Officiers, le Prevoft des Marchans & Efchevins tous
veftus de robes de damas fourrées de belles martres. Et lefquels Prevoft
des Marchans & Efchevins vinrent aux champs rencontrer & faire la tt^
vcrence au Roy , 6c propofa devant luy pour ladite Ville ledit Prevoft
des Marchands , nommé Maiftre Henry de Livres , qui lui bailla & pré-
fenta les clefs de la porte /ain3 Denis , par où il fift ladite entrée. Et ce
fait chafcun fe tira à part , 6c au mefme lieu le Roy fift ce jour grand
nombre de Chevaliers. Et en venant le Roy par ladite porte fainS Denis,
il trouva près de TEglife de faindt Ladre un Héraut monte à cheval re-
yeftu des armes de ladite Ville , qui eftoit nommé Loyal Ciuur , qui de
par ladite Ville luy prefenta cinq Dames richement ornées y lefquelles
fiftoîent montées fur cinq chevaux de prix , & eftoit chacun cheval cou-
vert 6c habillé de riches couvertures, toutes aux armes d*icelle Ville. Lef-»
quelles Dames & chacune p^r ordre avoient tous perfonnages rout coitl-
|>;llez à la fignification de cinq lettres, faifans Paris, qui toutes parlèrent
;au Roy , ainiî que ordonné leur eftoit.
]Eu jcpUe entrée (14) faisant, le Roy eftoit moult noblcipent acconv,
pagné
< ï ^ )^jO* VQyex.ic CéDémonial dc^ran- | (' 4) §CT Sur cette Entrée voy. le Géré*
fc , Tome L ^ag. 180. 1 monial de Fiance , Tome Lf . 171. & ijp
DU ROY L O tr Y S XI. 9
pagné de tous les gcans Pnnces & nobles Seigneurs de fon Royaume ,
comme de Meflèigneurs les Ducs d'OrUans , de Bourgogne , de Bour^ i^di
bon y Se de Clevcs , le Comte de Charrolois , B\s unique dudit Duc de
Bourgogne , des Comres tTAngouUJmt 5 de faincl Pol, Se de Danois >
Se autces plufieurs Comtes, Barons » Chevaliers, Capitaines , & autres
Gentilshommes de granc façon , ^ui pour honneur loi faire en ladite
entrée avoient de moiilt belles & riches houfleures , dont leurs chevaux
eftoienc tous couverrs » lefquelles houfleures eftoient de diverfes fortes
Se façons, & eftoient les unes d'icelles de fin drap d'or , fourrées de mar«
très febelines > les autres de veloux fourrées de pennes d ermines , do
drap de damas , d'orfeverie , & chargées de gfodes campanes d'argent p
blanches Se dorées, qui avoient coufte moult grant finance , & fi y avoio
fur lefdits chevaux & couvertures de beaux jeunes enfans Pages , Se biea
richement veftus. Et fur leurs efpaules avoient de belles efcharpes bran«
lans fur les croupes defdits chevaux > qui faifoieot moult bel Se plaifant
veoir.
A Tentcée que fift le Roy à ladite Ville de Puris par ladite porte fainS
Denis, il trouva une moult belle nef en figure d'argent, portée par haut
contre la maçonnerie de ladite porte deflus le pont ïevis d'icelle , en fi-
gnifiance des armes de ladite Ville , dedans laquelle aef eftoient les trois
Eftats, & aux Chafteaux de devant & derrière d'iccUe nef eftoient Jufticc
Se Equité , qui avoient perfonnages pour ce à eux ordonnez , & à la hune
du maft de la nef qui eftoit en façon d'un lis , yflbit un Roy habillé en
habit Royal , que deux Anges conduifoient.
Un peu avant dans ladite Ville eftoient à U fontaine du Ponceau hom-
mes & femmes fauvages, qui fe combattoient' & faifoient plufieurs con-
tenances , & fi y avoir encotes trois belles filles faifans perfonnages de
Seraines toutes nues , Se leur veoit on le beau tetin , droit, feparé , rond Se
dur , qui eftoit chofe bien plaiCante , Se difoient de petits motets Se ber*
gerettes. Et près d'eux joiioient plufieurs bas inftrumens qui rendoienc
ae grandes mélodies. Et pour bien raffrefchir les entrans en ladite Ville
y avoit divers conduits en ladite fontaine jettans laiâ: , vin Se ypocras >
dont chacun buvoit qui vouloit , & un peu au-deflbus dudit Ponuau ï.
l'endroit de la Trinité, y avoit une pafiion par perfonnages, Sc (ans par-
ler ; Dieu eftendu en la Croix , & les deux larrons à dextre & à feneftre.
Et plus avant à la porte aux Peintres avoit autres perfonnages moult ri-
chement habillez* Et à la fontaine faint Innocent y avoit au(fî perfonna*.
ges de cha(Ièurs> qui accueillirent une bifche illec eftant , qui faifoient
moult grant bruit de chiens & de trompes de chaflès. Et à fa boucherie
de Paris y avoit efchaffaux figurez à la baftille de Dieppe. Et quand le
Roy paflà il fe livra illec merveilleux aflàut de gens du Roy à l'entour des
Anglais, eftans dedans ladite baftille, qui furent pris & gaienez , & eu-^
rent tous les gorges coupées- Et contre la porte du Chaftellet y avoir
de moult beaux personnages» Et outre ledit Œaftellet fur le pont aux
changes y avoit autres perfonnages , & eftoit tout tendu par-deflus , Sç
ï l'heure qiie le Roy pafla on laifla voler parmy ledit pont plus de deux
<:ens douzaines d'oyleaux de diverfes fortes & façons , que les oyfelleurs
de Paris laiflcrent alçr , comme iU font tenus d^ ce fairp : pourcc qu'Us
Tome IL B ont
to LES CHRONIQUES
ont fur ledit ponc lieu & place â jour de fefte pour vendre lefdîcs oy^
i^ôIb féaux. Et par tous les lieux en ladite Ville par où le Roy pafïa celle jour-^
née> eftoit tout tendu au long des rues bien notablement : ainfi s'en ala
faire fon oraifon en TEglife noftre Dame de Paris 9 Se puis s'en retourna
fouper en fon Palais Royal à Paris en la grand fale d'iceluy r lequel fou^
per fut moult bel & plantureux , & coucha celle nuit audit Palais. Et le
lendemain premier jour de Septembre audit an ^i. il fe deflogea dudit
Palais , Se s'en ala loger en fon Hoftel des TourndUs près la BaJ^ilU de
fainâ Anthoine , où il (ejouma depuis par aucun temps. Et là il hft & or-
donna plufieurs chofes touchant les affaires de fon Royaume > & illec fit
pluûeurs ordonnances > Se defapointa les plus grands & principaux Offi-
ciers de fondit Royaume. Comme le Chancelier Juvenel^ le Marefchat»
r Admirai , le premier Prefident du Parlement > le Prevoft de Paris , Sa
plufieurs^ autres.
Et en leurs lieux y en mift d'autres tous nouveaux. Pareillement auflï
defapointa plufîeurs Maiftres des Requeftes , Secrétaires > Confeilliers Sc
Clers des Comptes » de la Cour de Parlement , des Généraux des Aydes^
de la Chambre du Threfor , des Généraux des Monnoyes & autres. Et en
leurs lieux y en mifl nouveaux.
tej. Septembre 14^1. le Roy avec les Seigneurs & aucuns Gentils-
hommes de fa maifon foupperent en l'hoftel de Maiflre Guillaume de
Corbie (15) lors Confeillier en fa Cour deParlemcnt. Et celle nuit le Roy
le fîfl Se créa premier Prefident du Dauphiné , & là y furent plufieurs
Damoifelles & honneflcs Bourgeoifes dudit lieu de Paris. Et en ce temps
le- Roy eflant audit lieu d.e Paris ^ fift de grandes, honnefles & bonnes
chères en divers lieux & hoftels de Paris^
Et fî avint en ce temps audit lieu de Paris ^ que une belle jeune femme
nommée Jehanne du Bois , femme d'un Notaire du Chaftellet de Paris 9.
fe partit & abfenta hors de la maifon de fondit mary & s'en ala où boik
lui fembla. Et après fondit mary bien confeillé de fes principaux amis la
reprit > & fe contint de là en avant avec fondit mary bien Se honncfle-
ment. {16)
Ett
(i;) Il étok petît-fîls d^Amaod Je Cor- } perdre la tête par Arrêt du ï8 Oc-
tk , Chancelier de France. ^obre 1458, ainfî qu'il fe
(i(>) 0Cr 14^1. SupvUmem^ 13
Septembre; le Comte de Charolois
fait des jouftes à Paris devant l'Hôtel
du RoL Petite Chron. Voy. auflî les
Mémoires d*0/ivier de la Marche ,
Livre I. chapitre 3 4. qui parle fort
avantageufement de ces fêtes.
Qudques jours après l'entrée du
Roi à Paris , ce Prince fe rendit en
Touraine & fît mettre en liberté au
mois d'Odtobre Jean Duc d'Alcn-
qu 11 le voit par
fon procès, imprime par M» Dupuy
avec VHiftoire des Templiers y ert
1^54. in'4^. Le Comte de Charo-
lois , après avoir été en Bourgogne».
i S. Claude, en Bourbonnois & en
Nivernois , fc rendit à Tours le Di-
manche 21 OSobre. Voyez Izpetitt
Chronique > imprimée ci-après.
30 Septembre^ Philippe Duc de
Bourgogne part de Paris , & le i *
Oftobre il arrive en fa Ville de Va-
Son , détenu prifoniiier au Château lencienes, accompagné de plufîeurs
le Loches > ayant été condamné à [ Seigneurs François j & le 1 8 No-
iicmbrc
f>
f*
9>
U
M
M
n
n
M
D U R O Y L O U YS XI. u
En Taniiée 14^1. cnfuivanc , ne furvinrenc gueres de nouvelletés qui
fu0ènt de grand mémoire, (17) pourquoy n'eneft icy faiâe aucune men«
tion.
vembre il arriva à Bruxelles. Sur ce
voyage voyez lapsnn Chronique im-
prmiée ci-après.
Ce fut au mois de Septembre
qu'arriva la révolte de Reims, donc
pluiicurs complices font punis.
Le Roi Louis XI. àlafollicitation
du Roi René , dépêcha fous la con-
duite du grand Sénéchal de Nor-
mandie une armée de deux mille
combattans , pour reconduire Mar-
guerite d'Anjou, Reine d'Angleter-
re , avec fon fils dans leurs Etats. Ils y
arrivèrent par TEcolIè', mais n'ayant
pas été foucenus ils furent contraints
de retourner en France l'année fui-
van te.
. Le Roi par k% Lettres du 17 No-
yembre , à la prière du Pape Pie II.
abolit la Pragnutique SanÂion éta-
blie en 14$ 8. à l'Auèmblée deBour-
ges. Elles fe trouvent dans la qua-
trième Seilion du Concile de Latran
de Tan 1511.
Le Parlement fit au Roi de belles
femontrances fur les libertés de l'E-
flife Gallicane , imprimées par du
'^UUt en fon Recueil fur l'Hiftoire
de France i/2->d^ . 1611. & \G\%.
Le 18 Décembre le Roi reçut
l'hommage du Duc de Bretagne, tant
Sour ce Duché que pour les Comtés
e Montfort & d'Eftampes *, puis le
Roi va en pèlerinage à Notre-Dame
de Redon en Bretagne* HiR. de Bret.
de Lobïneau , Tome IL colon. Z22j.
Voici ce que je trouve dans les Mé-
moires de M. l'Abbé Le Grand fur
Louis XI. au fu jet de cet hommage.
M Hommage fait par François
« Duc de Bretagne au Roy Louys
ft> onze , par lequel eft content que
9» paravant que ledit Duc fift ledit
» nommage , il fuft convenu & ac-
f çoiài qu'en iceluy faiiànt ^ il ne
iJ^Cx,
4
»^
M
M
*9
feroit aucunement parlé d'hqm^
mage liée ou non lige , pour évi^
ter aux difputes & idifferends que
fur ce auparavant avodent été en«
tre les Roys deFrance & Ducs de
Bretagne y 8c après que ledit Duc
étant debout, ceint 6c ayant Tef-
péeaucofté, f^ l'hommage^
joignant fes mains avec cellçs du.
Roy , auquel il dit qu'il faifoit
hommage ainfi que fes Prédécef-
feurs l'avoient fait y à quoy le Roy
luy dit qu'il y recevoir Se non au-
w trement ,' de après lui fift ledit
Duc hommage lige de la Comté
& Seigneurie de Montfort- La-
maury , & autres qu'il tenoit en
France. Datte le 18 Décembre
14^1. Signé, Guy Richard &
Guillaume Baudin. Lequel
A£te eft rompu dans l'original, eiv
forte qu'oq ne le peut tout lire*
(17)0^ i^6i.Suppiément.V Aa"
teur né toit point aflez inftruit fut
ces deux années : voici les faits qui
intereflènt notre Hiftoire.
4 Janvier, leRoiqui vers la fin de
l'année précédente avoit reçu l'hom-
mage du Duc de Bretagne , chercha
les moyens convenables pour fe l'at-
tacher , & lui donna des marques
de confiance y il lui accorda donc le
Gouvernement des Provinces de de-
çà la Seine*, fçavoir, Normandie»
Anjou, le Maine , Touraine, & au-
tres : l'on publiera les Lettres de
Louis XL données en laditte année
1461.
Mars 9 le Roi rétablit dans fes
biens le Duc d'Alençon, qu'il avoit
fait mettre en liberté cinq mois au*
paravant^
Mars, naiflànce de Louis Duc
d'Orléans , qui depuis fut le Roi
Louis XII,
B 1 Le-
14^1,
u LES CMRONIQU ES'
tion. Et au regard de Tannée enfuivanc 14^5. pareillement que dît eft i
' Le 9 Mai y Jean Roid'Arragon en-
gage ie Rouflition & la Cerdaignc
au Roi Louis XI. pour trois cens
cinquante mille écus d'or. Mais
comme les Peuples » étoicnt révol-
ta contre leur Souverain > il fallut
que le Rôi Louis XL employât la
la force des armes pour s'en rendre
maître. Les fecoutS'quc Louis don-
na au Roi d*Arragon irritèrent éga-
lement René d^Anjou^, Roi de Sici-
le, & Henri Roi deCaftille; Tun &
rautrcprétendoient qu'un pareil fe-
cours ailoit contre leurs droits. Voy.
fes Preuves ci-aprèsi Numéro Xf^IL
Blanche, Reine de Navarre^ fem-
me de Jean Roi d'Arragon> étant en
différend avec Henri Roi deCaftil-
le , pour raifon de quelques Placer
qu'elle pfétendoit lui appartenir ,
s'en remit au jugement & à l'arbi-
trage du Roi Louis XL c^ qui occa-
fionna dan» la fuite une entrevue
qui fe fit à Fontarabie en^ ^4^3* en-
tre Louis XI. &HenrideCaftille. Le
Roi Louis donna fôn jugement en
f^LWtm du Roi de Caftiilé*, fur quoi
voyez les. Preuves , ' Numtro XXV.
Louis XI. traite avec Jean', Roi
d'Arraçon. Louis envoyé unearmée
à ce Ptmce fous la conduite de Jac-
ques d'Armagnac, DUc de Nemours,
tant pour foutcnir le Roi- Jean IL
contre fes Sujets révoltés, que pour
prendre poflèllîon des Comtés de
RoufSUon £c de Cerdaigne , cédés
au Roi Louis par le Roi d'Arragon.
Voyez Garibai , Hijl, d^Efp.
L'an 14^1. le Mardi ij^jour de
Juilltt après Nones, vers le foir , ta
Roy ne {Marguerite iVAr^ou ) femme
du Roi d'Angleterre ( Henri VI) fille
de René Roi de Sicile , arriva de-
vers le Roi noftre Sei<?neur en cer-
tt. Ville dcRouen^ & fut moult ho- ^ munauté par la Délibération deiTuf
dittc:
ne
notablement reçue par Meflîeurs les;
Gens du Roi , les Cionfeillcrs & au-
tres des vingt-quatre du Confeil de
cette Ville , avec dix hommes no-*
' tables de chacun- quartier , lefquels:
'• allèrent à Tencontre ( ccjl-à-dire €t
la rencontre ) d'icelle Roync à che-
val, & la rencontrèrent fur le che-
min d'entre Grammont & Sotte—
! ville V & k réception fut faiûe &*
la p^olle portée en obtemperanr
aux Lettres & commandemens du*
Roy noftre Sire, par Germain Man-
ciel , Ecuycr , Lieutenant Générât
de M. le Bailly de Rouen , parlant
; au dcfcendre de fon cheval à ladittcr
Royne , & fit la refponfe & regra-
ciation pour ladirte Royne M. l'Ar-
chevefquc deNarbonne ,.M. MaiC-
tre Antoine Crefpin; & fut prefen-
té & donné à icclle Royne & en-
voyé en fon logis , qui fut en l'ho--
.ftci du Lyon- tfor , devant l'Eglife
de la Ronde, chez Regnaud de*
. Villene , Advocat à Rouen. Tiri^
(Tun Réfffire de la Ville de Rouen
communiqué à M. PAbbi Le Gramt
par M. Bulreau , folio 203.
Au mois d'Août i ^6u le Roi no*
ftre Sire étant en la Ville de Rouen,,
lui fut par notable Allèmblée pro-
mis & accordé de par la Commu-
nauté de laditte Ville de Rouen, en*
fa première & nouvelle venue cn^
iceile Ville , deux cens marcs de*
vaiflclle d'argent , qui lui fera fait*
faire de par ladite Ville , laquelle-
promefle Se accord ledit Seigneur
accepta & prit très-agréablement ,.
en remerciant ceuxquidepar ladittCr
Communauté lui firent iceile pro-
mefle Se accord. U'Fut fcmblable-»
ment audit mois d'Aouft ledit Sei-*-
Seur cftant en cetreditte Ville pre^
Ké St donné de par laditte Com-*-
D tr ROY L O U YS XL
M
Smt y i noble homme Jehan de i de Galles , Efcuyer d'Ecurie du Rot
Ktoncefpedon , Efcuyer , Sieur de Edouard; Icelui Doyen fift fa propo-
Beauvoir , Confeiller &c Chambel- fition devant; le Duc , en di&nt de
lan du Roi noftredic Seigneur & Ton
Baill/ de Rouen > & très-prouchoin
dudic Seigneur, fit h2tïaps(ougranJs
fobelcts , ) la couverture & une ef-
g lierre d'argent , le tout pefant en-
mble vingt-cinq marcs trois onces.
Tiré du minu Rcffjlrc de la VilU de
Rouen ci-^jfus allégé*
En Tan ij^6l. le Roi Louis vint
tn Normandie & fut reçu à Rouen
le plus pompeufement de jamais *, &
fuft en plufieurs Villes de laditteDu-
ché. Et le a^ èiAoufi audit an fuft au
Mont S. Michel accompagné de
Monfieur , Charles Duc de Berry ,
fon frère, du Prince de Navarre, fils
de Monfieur le Comte deFoix , du
Prince de Piémont, du fils de Mon-
fieur de Cakbre, du Comte de Bol-
logne y du Comte de la Marche &
de plufieurs autres Seigneurs , &
s*en retourna dudit Mont le iS^jour
dudit mois d'Aouft , & alla coucher
d Avranches , & donna & mit en of-
frande en l'Autel de Mr. S,. Michel
fix cens efcas^ Thi dt la continua-
tion de Guillaume de Nanff^ , écrite
au Mont Saint Michel y qui finit en
1468. dans la Bibliothèque du Roi
aux MSS. de Baluie , Numéro y y.
Au mois è!Aoufi. En icelui temps
arriva une Ambaââde de par le Roi
Edouard à' Angleterre devers le Duc
«le Bourgogne, dont le premier des
Ambafiadeurs eftoit Mcflire Jehan
VenlocK , un BaroA d'Anglererre ,
portant l'ordre du Roi , & un Che-
valier nommé Mcflire Jehan Clais,
le troifiéme fi faft un moulr noble
Clerc , qui fc difoit eftre Doyen de
Bordeaux , & fuft celui qui propofa
devant ledit Duc Philippe de par le
Roi Edouard v& avec eubc étoit un
notable Efcuyer , lequel on nom-
moicThomas .Vagant^natif dufays
1^46:;^
moult beaux mots & exquis à la gloi-»
re & exaltation du Duc. Depuis pat
le Duc & fon Confeil furent dépu-^
tez pour aller devers lefditS'Ambaf-*
fadeurs befoenier fur leur légation
le Seigneur de Croy , le Seigneur do
Chimay & le Seigneur de Lannoy ,>
comme ils firent & eurent plufieurs
parlemens enfemble touchant la cho-
fe publique des deux Rois & R<^au^
mes de France & d'Angleterre , &1
; finablement fuft conclu que il eftoit
expédient de faire une bonne & feu-
re trêve entre les deux Royaumes *v
durant lefquelles les Ambaflàdeur$
de chacune partie fe pourroient
trouver enfemble , & fe comprint le
Duc de Bourgogne d'en avertir le
Roidc France &îui fiâre fovoir, afiii
qu'il envoyaft fon Ambalïàdeur ,
ayant pouvoir fuflSfant en la Ville de
Bniges, S. Omer ou Lifle, & là fuft
advifé & jour pris. Le Roi de Fran-
ce adverti jpar le Duc par Lettres &
Meflàigcs ruft content : & aiftfi après
toutes ces chofes conclu fes», Icfdits
Ambalïàdeurs prindrent coîigié du
Duc , qui leur fift de moult beaux
dons & prefens , & furent feftoyez
moult grandement du Duc , qui y
eftoit en perfonne, puis s'en re^
tournèrent en Angleterre. Tire du
Manufcrit 6 y 6 z. delà Bibliothèque
du RoijfoL 163. La Lettre duDuc
de Bourgogne , cft du 24* jour du
mois d'Août, & ne contient rien
d'important. Louis^XI.-n'avoit pas-,
lailfé de donner un fauf-conduitâ
Thomas Waghant , l'un de ces Am-
baflàdeurs-, auffi-bieti qu'à trente
hommes de fa compagnie , quoiqu'il!
regardât le Roi Edoward comme -
Ennemi , &t qii'il fe déclarât pou»:
leRoiHenri.-
Le même mois d'^o^ de octte'
B^ 3> annco^
..X.
14 L E S C H R
^^^^^^^ année le Roi Louis XL malgré les
1 4(5 z. propofitions de trêves & de paix ne
faiua point d'avoir de grandes in-
quiétudes fur une defcentc des An-
glois qui paroiflbit fe devoir faire
fur les côtes de Normandie , auffi-
bien que vers la Rochelle, Bordeaux
& Bayonne : on en voit les preuves
dans quelques Lettres rapportée^
dans les Mémoires MSS. de M. l'Ab-
bé Le Grand. Ce Prince avoir été in-
formé que I ^o vaiflcaux ou environ
étoient partis des ports d'Angleter-
re pour , fe rendre fur les cotes de
France : mais ce bruit fe diiBpa, &
cet armement n'eut aucun effet ,
comme on le voit par une Lettre de
r. B. de Beauveau du 7* jour d'Odo-
>re » qui fe trouve dans les mêmes
Mémoires de M» l'Abbé Le Grand.
Peu après ce temps retourna de-
vers le Roi de France le Seigneur de
Chimay^que le Duc de Bourgogne y
avoir envoyé,pour aulcuns difterens
eftans entre eux \ & le plus grand
s'y eftoit que l'en 4ifoit que le Roi
vouloit faire publier es pays du Duc
Î[u'il nefuft homme qui baillaftcon-
ort ne ayde au Roi Edouard d'An-
Îjleterre , ce que le Duc ne vouloit
ouffrir publier en fes pays, attendu
qu'il avoit treveavec le Roi Edouard
Se fe lui cftoit favorable , & fe vou-
loit le Roi Louis faire courre & le-
ver la Gabelle du fel en la Duché de
Bourgogne s ce qui n'y euft efté fait
grand temps devant , ce que leDuc
ne vouloit auflî fouffrir ne permet-
tre. Poiu: icelles chofes & autres re-
^ montrer au Roi & prier qu'en fa-
* veur & pour l'amour de lui il s'en
vouluft déporter. Mais le Seigneur
de Chimay fut bien longuement
pourfuivant devers le Roi pour avoir
audience » & ne la pouvoir avoir
îufqu'i un jour qu'il fuft diligent
d'attendre le Roiàl'iflucdefacham-
bf ç > Si t^nt y attendit c|ue le Roi
O N I Q UBS
en ifïït i donc quand il vit le Sct^
gneur de Chimay , il lui dift , quel
homme , dift-il> eft le Duc de Bour-
gogne ^ Eft-il autre ou d'autre métail
que ne font les autres Princes ôc
Seigneurs de mon Royaume? oil.
Sire , refpondit le Seigneur de Chi-
mai, qui eftoit homme hardi & cou-
rageux; le Duc de Bourgogne voire«>
ment eft autre & d'autre métail que
les autres Princes de votre Royau-
me ic des Pays envilon i car il vous
ajporté ic fouftenu contre la voulen^
te du Roi Charles voftre père , que
Dieu abfoille & de tous autres, au f*
quels il en defplaifoit s ce qu'autre
Prince n'euft voulu , ne ofc faire. A
ces paroles fe teuft le Roi 6c ne lui
dit plus rien , ains rentra en fa
chambre , & ne parla oncques plus
a lui. Aulcuns difoient lors, que
le Comte de Dunois avoir demandé
comment il avoit ainfi ofé parler au
Roi , & qu'il lui refpondit : fe j'eufle
efté chinquante lieues arrière , & je
euflè penié que le Roi m'euft voulu
dire ce qu'il m'a dir de Monfeii;neur
mon Maiftre, je fuflè retourne pour
lui dire ce que je lui ai refpondu.
Puis s'en retourna faire fon rapport
au Duc de Bourgogne fon Seigneur*
Ti^édu Manufcrit 6y6z* delà Bi-*
bhotheqm du Roi 9 foL 164. ^^rfo^
Le mime fait ejl aujji rapporté par
Monjlreletfur tan 1462, M. Du^
clos néanmoins dans fon Hijioirt de
Louis XL le rapporte vers le milieu
de l'an 1463.
Novembre^ Le Roi Louis envoya
en Angleterre Pierre de Brezé, Grand
Sénécnal de Normandie , avec deux
mille combattans , pour y recondui-
re Marguerite d'Anjou , femme de
Henri VL reconnu Roi d'Angleterre
dès l'an 1415. auoiqu'en 14(^2. \%
Couronne lui rut difputée. Petite
Chronique.
I2f Novembre. Lç Roi Louis XL
cç49
DU ROY LOUYS XI.
M
fie furvinc rien que doive cftre mis en grant mcmoire : (i 8) mais Thyvcr
fut coun fans cftre froid , & fut l'cfté long. Il crcuft en ladite année aflez
14(^5,
cède au Duc de Bourgogne les droits
par lui acqiiis de la Maifon de Saxe
lur le Duché de Luxembourg. Voy.
les Preuves , Numtro XXL
(i 8) $cri4(^;. SuppUnunu UÂu-
teur n'a pas été mieux inftruit fur
Van 1 4(> ^. que fur l'année précéden-
te; voici donc les faits publics de
cette année.
Au mois ai Avril. Louis XL;fe rend
à Andaie près de Fontarabie , où il
a une entrevue avec Henri Roi de
Caftille: mais Jean, Roi d'Arragon,
qui devoir s'y couver en pcrfonne ,
(c contente a v envoyer (es Ambaf-
fadeurs. Sur l'efFct de cette entre-
vue, voyez Garibai , Hift. d'Efpagne
& Philip, de Comines.
6 Septembre. Arrêt de mort rcn-
<lu par le Parlement de Paris contre
Antoine de Chabannes , Comte de
Dammanin , pour crime de leze-
Majefté , mais la peine lui fut remi-
fc par le Roi. Voy. Lettres de Rabc^
luis j page i<^}. Edit. de 1710. & les
Preuves ci-après , Numtro V.
En 143 5. le Roi Charles VIL s'c-
toit vu contraint pour terminer la
paix au Traité d'Arras , de donner
au Duc de Bourgogne Philippe le
Bon les Villes de Boulogne , d'Ab-
beville , Amiens , Corbie , Peronne,
Saint Quentin , Montdidier , pref-
que toutes fîtuées fur la rivière de
Somme, mais avec faculté de ra-
chat au moyen de quatre cens mille
écus d*or , payables audit Duc de
Bourgogneenuneoudeux fpis.Louis
XL jugea nécelTàire pour le bien de
(on Royaume de rctuer ces Villes ,
& emprunta de (t% Sujets , & même
des Consignations du Parlement,
tout ce qu'il pût , pour faire cette mife jus ( c^Jt-à-dire rejcttit ou abo^
de
lois , fils de Philippe Duc de Bour-
gogne en fut très-mccontent , & s'en
pritauxSeigneursdeCroy & deChi-
may frères , qui gouvernoicnt fon
père. Il éclata contre ces deux Sei-
gneurs par im long Manifefte , rap*
porté parMonftrelet fur lafin de l'aa
I jlCj^. & dont on trouvera un abré-
gé dans les Preuves ci-aprés , Nu^
mtro XLL Sur le rachat des Vil-
les de la rivière de Somme , voyez
dans les Preuves, Numéro XXIX.
Olivier de la Marche en (ts Mémoi-
res convient que leTréforierdu Duc
de Bourgogne reçut les quatre cen5
mille écus , & que ce qui picqua le
plus le Comte de Charolois, fut que
Louis XL avoit fait efperer,qu'inui
feroit toucher à lui-même cette fom-
me , au lieu qu'elle fut remife au
Duc de Bourgogne fon perc. Après
ce rembourfement, le Roi qui ctoic
à Abbeville alloit voir fouvent le
Duc Philippe deBourgogne,qui étoit
à Hedin^ou Louis XL refta depuis le
1 8 Septembre jufqu'au 1 9 Oftobre.
C'eft beaucoup pour un Prince aufli
inquiet que ce Roi. Voyez \z petite
Chronique ci-après & les Lettres Pa-
tentes pour ce rembourfement, qui
font du 10 Août i4(>}. dans les Preu*
ves. Numéro XXIX.
En ce temps auffi vint devers le
Roi Godefroi Evêque d'Albi ,, Car-
dinal , duquel on difoit peu devant
que le Roi ne l'aimoit guéres ; mais
néanmoins le Roi le reçut grande-
ment. Ce fut celui qui peu de temps
auparavant avoit procuré tellement
devers le Roi , que la Pragmatique
Sanélion mife fus ou Royaume de
France par le Concile de Bafic , fuc
fomme,qu*il fit délivrer an Duc de
Bourgogne^ Le Comte de Charo-
lie ) du gré du Roi : & que pour
avoir le confentement du Roi en
cette
i4<^J
î^ LESCHRONI Q U E S
<le vin ^ aflèz bon. Et au regardées autxes biens de la terre n*en fatpa^
^raac abondanjc&
M
U
»
M
M
cette partie , avoïc promis au Roi
i:ertaines chofes dont il lui avoir
failli. Ne fçai cooiment il en avoit
appaifé le Roi s car il avoir promis
au Roi que le Pape envoyeroit un
Légat en France , qui donneroit les
3énéâçes, afin que l'argent demou-
raft en France pi ne fuft plus porté »
à Roipe ^ mais quand le Pape fe
trouva faifi de la Cbartre de celle
Pragmarique Santon , il ne fift au- .
rune force d'enyoyer le Léear en
France : ains fift traifner laditte
Çhartr e parm i les rues 4^ Q^ome pour
complaire au:^ Romains , en falfant 1
publier qu elle eftoir abolie & mife
fus. On difoit pour lors tout com-
munément que le Cardinal d'Albi
euft le reuge Chapeau &c fuft infti-
tué Cardinal pour le mérite d'avoir
frouvé moyen d'abolir cette Prag-
matique Sandfcion , laquelle à la vé-
rité fuft nuifante :lu% povres Clercs
^ aux povres Efcoliers s car tant de
I)rocez Se de queftipns fe faifoient
ors à cauiè des Bénéfices, quec'e-
ftoit une trèsrmerveilleufe cKofe.
Les Riches avoient les Bénéfices qui
pouvoient foutenir les dépens des
procez. Se les povres Clercs les per-
doient par faute d'argent , ouelque
nomination qu'ils eulïcnt. liré du
MS. Çj§X- 4< /^ Bibliothegiu du
Roi.
w Le Jeudi j Novembre 14^3.
M. d'Illiers , Evèque de Ch^utres,
alla par ordre du Roi à Donzy ,
vers M. le Comte de Nevers , lui
témoigner que le Roi n'étoit pas
V content de fa conduite , ni de
V celle de Madame de Nevers, fille
» du Comte d'Albret fon époufe ,
M par les perfuafions de laquelle le-
•» dit de Nevers entretenoituneliai-
$f fan étroite avec Je Cotptç de
(19) En
Charoloîs, qui étoit alors fort
mal avec fon père &c lui cedoir la
Comté de Rethel » dont le Roi
étoit très-mal content 9 & de plu
de n'avoir pas obéi aux ordres
qu'il lui avoir envoyés par le Bail-
ly de Chartres de le venir trouver
il f avoit plus de dix femaines ;
d'avoir auîïî fait enlever Maîrre
M Baude de Ckaloy > Notaire &c Séy
M cretaire du Roi« &c tranfporter
dans un Château » où il le tenoit
prifonnier; que pour cet effet le
Roi avoit &it arrêter Ces penfions;
3u'il n'écoutoit que les confeils
e fa femme , du Cadet d'Albret
» fon frère Se de Jean de la Rivie*-
•* re y qu'il ne devoir rien craindre
M du Comte d'Eftampes y quelque
*• ciéAii qu'il eût auprès du Roi, &
«* qu'il eut à fe rendre à Neufcha-
»» tel de Nycourr à dix lieues de
» Rouen , oii il trouveroir le Roi»
De quoi ledit Comte a paru fur-
pris & a promis d'obéir & de par-
tir le 14 de Novembre 5 defirant
en toutcomplaire au Roi^ la Com^
tefle & les autres en ont dit au-p
»» tant. Tiré du MS. 844 i.S.dt /^
Bibliothèque du Roi ^ page iz. oùejl
le proch'Verbal de (*£vequc dp Char^
très.
p* En ce temps (le 49 Novembre
46 3 •) trépaâa de ce monde Dame
4 *J'A* /O* J *'
99
*»
» 1
«* Marie d'Anjou (Reine douairière
M de France , veuve, du Rcm Char-
» les VlIJgc mère du ]Roi Loyslgrf
1^ régnant» laquelle tout fon temps
» eut très-bonne renommée d'êrre
M bonne Se dévote Dame & moult
M aulmoniere Se patiente^ Rris^ du
Folum 6y6x* de^ MS^. Françp^ ^
laBibliothequç du Roi , fil. 169*
» En ce rems auffi le Roi fit ad-
» jgarnej: jle Cpmfe.dc % Pol & Iç
p Seigncw
"» *
T.
1
D U R O Y L O U Y s X r. Ï7
f 19) En Tan 14^4. à un jour de Mardy 1 5. de May le Roy vînt Se ar*
tiva en Ùl Ville de Paris , qui venoit de Nogent U Roy , où illec la Revne
s'eftoic délivrée (10) d*une belle allé. Et ce jour il (ouppa en Thoftel de
Maiftre Charles d'Orgemont Seigneur de Mery j 6c puis s'en partit audit
mois de May de ladite Ville de Paris, pour aler è$ marches de Picardie »
cuidant illec trouver les Ambaflàdes du Roy Edoiiart d*j4ngUurrc » que
on lui avoit dit qu'ils y dévoient venir par devers luy , qui n*y vinrent
poin^. Et à cette caufe s'en partit dudit pays dcPicardic de scaslziRoUcn
ôc autres lieux de Normandie, (ii)
Avint que un Balenier ( 11 ) fut pris fur pier es marches de Hollande ,
, dedans
14^4»
•• Seigneur de Genlis à comparoir
a* pardevant lui 9 ou qu'ils ruflènt
t* en leurs perfonnes , & difoit-
M on communément que la cau-
» fe étoit pour ce que le Seigneur
9» de Genlis étoit noté d'avou: été
» devers le Duc de Bretagne , pour
» faire aucunes alliances entre le
•> Duc & le Comte de Charolois ,
«> afin de réHfter contre le Roi, qui
^ les avoir tous deux en fa maie
« grace> comme peut apparoir, par-
w ce que le Duc de Bretagne avoit
•* fes Places fortifiées & (on armée
•» prèteenfon pays pour foi deffen-
w dre , fe le Roi le vouloir grever
» ou envahir. On difoit auffi que le
M Duc de Bourbon &c aulcuns au-
» très Princes de France étoient de
» cette alliance contre le Roi, pour
M les tors & eftraneetez que le Roi
•» leur faifoit en plufieurs 8c diver-
^ fes manières. Tiré du même Ma^
pufcrie ci-deJluSf Numéro 6y6z.
(19) 0Cr I4(?4« Supplément. Axx
mois de Février. Le Roi fe rend à
Tournai , Ville qui de tout temps
dvoit été de la domination de Fran-
ce , & delà il fe retire â Arras &
cnfuite à Lille. Voyez Monfirelet ,
Meyer SchpeMeCkroniqueci'Zprès.
Cependant M. Godcfroy prétend ,
contre le témoignage de ces trois
Auteurs contempordins,quelevoya-
ge de Louis XI. i Lille eft fon m-
certain. C'eft dans une note fur la
|)et^te Chronique ci -après à l'an
Tome Uf
14(^3 • ou ^4. ftyle nouveau.
Du 11* Mars. Traité d'alliance
entre François Duc de Bretagne Se
Charles Comte de Charolois conda
à Nantes, Num. XL. des Preuves.
Avril. Le Roi mande le Prince
Philippe de Savoie, & l'envoyé pri-
fonnier à Loches ^ où il refte cinq
ans , de l'aveu , dit * on , de fon
f^ere. Matthieu , Hift. de Louis XL
iv. 1. n. n.YoytzlzpuiteChroniq^
ci-aprèsr
(10) §7 Madame , Jeamie de France »
oui a époufé depuis le Roi Louis XIL Oa
sy prit de très-bonne heare, pour ma**
rier cette PrincefTe avec Louis d'Orléans,
depuis Roi de France, foos le nom de
Louis XIL Ce IMnce naquit en Mars 1461»
& la Frinceflc le . . « Mai 14^4. & les Pro«
mefles de leur mariage font du 19 Mai de
la même année ; ainfi ce mariage fut una
affaire projettée depuis long-remps,
(11) ^T* 1454. Supplément. Le
Samedi 1 ; Juin. Le Roi arrive à He-«
din,où étoit alors le Duc de Bourgo-
gne , & en partit le 1 5 après dîner. Il
y retourna le 1 Juillet, & y reftajuf^
qu'au 9, d'où il va à Abbeville Se de
fuite à Rouen.
Le 1 5 /«i//e/.La Reine avec laPrin-
cefle de Piedmont & Mademoifelle
de Savoie vont vifîtcr le Duc de
Bourgogne à Hedin» Petite Chro^
nique.
(ti) §Cr Bslenitr , Vaiflcau qui va à
la p^che de la Baleine , ou piutôt un Vai(^
feau de Pécheur. Voyez ce oui fe trouve
fur le Baflard de Rubempré dans Içs Prei;^
ves I Humerp XJÇXlV.
1^6^.
1^ LES CHRONIQUES
dedans lequel eftoit avecques autres un nommé le Baftard de Ruhcm^
pré{ii) lequel Balenier & ceux qui dedans eftoienc furent pris tous pri-
fonniers par les navires de Flandres. Et après ladite prife faite plufleurs
Picards & F/amans difoient & publioient,que dedans iceluy le Roy les
avoit envoyez pour prendre prifonnier Monfeigneur de Charrolois ,
dont il n'eftoitrien. (24)
En ce temps le Roy qui eftoit en Normandie y s*en partit pour retour*
ner audit lieu de ( 15 ) Nagent. Et puis de-U s'en ala à Tours > Chinon ,
& de-U à PoiSiers. Auquel lieu de PoiSiers ala & fut par devers luy une
Ambaflàde de Paris , luy requérir aucunes franchifcs pour ladite Ville >
dont riens ou que peu ne leur accorda , finon que Timpo/îtion foraine
n auroit plus de cours en ladite Ville , qui n'eftoit pas grand chofe r
mais ils n'en jouyrent point nonobftant leurdit don , pource que les gens
des Comptes à qui leurs lettres s'adreflbient , ne leur voulurent bailler
d'icellcs
Louis XL fe fortifie de l'alliance
des Princes étrangers , & remet à
François Sforce Duc de Milan le
Château de Gennes Se la Ville de Sa-
vonne* L'un & l'autre étoient alors
poflfèdez par le Roi de France , d'où
ils paflerent entre les mains des
Ducs de Milan y qui les occupèrent
jufqu'en 1478.
$Cr 14(^4* Supplément. Au mois
de Novembre le Roi fait venir vers
lui à Rouen les Députez de Tour-
nai & des Villes de la rivière de
Somme dégagées des mains du Duc
de Bourgogne. Voyez h petite Chro^
nique.
Le Roi fait reprendre la Ville Se
Château de Crevecoeur lez Cam-
brav , qu'il avoit néanmoins don-
né a Antoine Bâtard de Bourgogne»
Petite Chronique..
14^4. A Janvier ( ancien ftyle )
mort de Charles Duc d'Orléans , pè-
re de Louis XIL étant âgé de 70 ans«
Petite Chronique.
(25) $Ct supplément. Mais avant
le voyage de Nogent , le Roi s'étoit
rendu a Novion dans la Forêt de
Crecy en Ponthieu, félon Iz petite
(13) Voyez les Mémoires de Comincs»
Liv. I* cbap. z.
(14) $Cr 1 4(^4. SuppUment. A la fin
du mois de Septembre le Bâtard de
Rubempré fut arrêté prifonnier par
ordre du Comte de Charolois » qui
fur le champ en donne avis au Duc
de Bourgogne fon père , qui étoit
alors à Hedin , & c^ui en partit le 7
Odobre aflèz précipitamment, pour
fe retirer à Lille , ou il arriva le 1 1 ,
fans même en avertir le Roi Louis
XL qui étoit à Novion , environ à
fix lieues de Hedin, Le Roi crut de-
voir envoyer une Ambaflàde vers le
Duc de Bourgogne ; mais Morvil-
lier , Chancelier qui porta la paro-
le, le fît avec fî peu de ménagement
qu'il jetta l'aigreur dans Telprit de
Philippe de Bourgogne & anima le
Comte de Charolois contre le Roi.
Voy. les Preuves , Num. XXXI IL
Se Monftrelet* C'eft â cette funefte
Ambaflàde que Philippe de Comines
commence (es Mémoires. C'eft de-
là qu'il faut datter l'origine de la
Guerre du biin public , qui n'é-
clata néanmoins que l'année fuivan-
te , dont l'objet principal étoit d'o-
bliger Louis XL a changer de con- { Chronique , & il y étoit au mois de
duitc à l'égard des Seigneurs. Le
Duc de Berri frère du Roi fe décla-
ra le Chef de cette Ligue*
Septembre > lorfque le Baftatd de
Rubempré frit arrêté , & lorfque le
Duc de Bourgogne fe retira»
DUROYLOUYSXI. 19
ficelles kur cxpcdition. Et auffi furent devers le Roy audit lieu de Poi- ,
Sicrs les Ambaflàdeurs du Duc de Bretagne, qui par îuy furent oys fur ^ '^'
aucuns articles qu'ils lui expofèrent touchant le fait du Roy & dudit Duc.
Lefquels anicles ou la plulpan d'iceux furent par le Roy accordez , fie
en iceux articles accordant , lefdits Ambaflàdeurs promirent de faire ve->
^ir ledit Duc de Bretagne audit PoiSiers ou ailleurs , pour confirmer
iceux articles accordez. £t à tant fe départirent dudit lieu de PoiSiers
lefdits Ambaflàdeurs , faignans eux retourner audit pays de Bretagne :
mais ils firent tout le contraire » comme ci-après fera dit : car ils parti-
rent dudit PoiSiers un jour de Samedy , fie ce jour ne firent que quatre
lieues , ic illec demeurèrent jufques au Lundy enfuivant , que Monfieur
le Duc de Berry frère du Roy s*en partit auffi dudit lieu de PoiSiers^
& vint jufques aufdits Ambaflàdeurs,qui le recueillirent fi^ l'en emmenè-
rent audit pays de Bretagne à bien grand hafte 6c diligence , pour peur
oue le Roy n'en euft nouvelles fie qu'ils fuflent fuivis. Et défia eftoit au-
dit pays aie par devers iceluy Duc Monfeigneur le Comte de Dunoys.
£t u s'enalerent audit pays de Bretagne après ledit partement aucuns par*
ciculierspar devers mondit Seigneur de Berry.
( i(> j Toft après ledit partement ainfi fait que dit eft , Monfeigneur le
i Duc de Durban porta guerre au Roy fie à fes pays , fie prit toutes les fi-
nances qui eftoient au Roy eftans en ce pays, fie fi y fui prendre ic ar«
refter le Seigneur de Crural , qui eftoit rort familier du Roy. Et lequel
Seigneur de Crujfoi "patCoii lors par les pays de mondit Seigneur de Boun-
bon y menant avec loy fa femme fie pluueurs de fes biens , tous lefquels
furent en arreft en la Ville de Cofru en Bourbonnois.
Après les chofes deffiifdites furent auffi arreftez prifonniers en la Ville
de Molins, le Seigneur de (17 ) TV^y/^e/ paravant Chancelier de France^
& maiftre ( 18 ) Pierre DorioÛe General des finances du Roy , lefquels
furent longuement détenus en arreft en ladite Ville de Afolins. Et puis
après par mondit Seigneur le Duc furent délivrez > fie s'en retournèrent
par devers le Roy.
Le Dimanche 11. Mars 14^4. après ledit partement de Mon(eigneur
de Berry dudit lieu de PoiSiers ^ Anthoine de Chabannes ( 19 ) Comte de
Dampmartiny qui eftoit conftitue prifonnier en la Baftille fainâ Anthoi-
ne s'en partit fie efirhappa dudit heu fie s'en ala en Berry > fie en Bour^^
bonnois : où illec il fut recueilly par les gens de mefdits Seigneurs de
Bourbon Se Berry. Et pour occafion dudit efchapement en furent plur
£eurs conftituez prifonniers.
Le Mercredy enfuivant 1 5. ( 50) du mois , Meffire Charles de Meletin
Lieutenant
(17) Guillaume Jouvenel des Urfins.
(iS) Depuis Chancelier.
(»9) fier Sur Antoine de Chabannes ,
Comte & Dammartin , voyez la Préface
générale & les Preuves , iiumero IV. é* V.
(30) ^3^ Supplément. Lt Duc de
Berry écrit au Duc de Bourgogne le
i 5 Mars 1 4(^4. ( ftyle ancien ) To*
1 me III. dcMonJireiet(uïccztQ anncc«
C X
(16) ^Supplément. Le li Dé-
cembre le tint une Aflemblce des
l^otables à Tours contre le Duc de
Bretagne. Hiji. de Bretagne par Lo^
bineau f Tome JI, colonne îzyo»
14(95. C*eft au mois de Marsï\y\t
le Duc de Berry, frère du Roi , le
quitte ^ fe recire en Bretagne»
ao LES CHRONIQUES
Lieutenant du Roy » Maiftre Jehan Balue eflcu Evcfqut JCEvrtux > 9c
^\^^* Maiftre Jehan le Prtvoft Notaire & Sceretaire du Roy , vinrent & arri-
vèrent à Paris en i'hoftel de la Ville, où illec fut faite leâure d'aucuns
articles , dont le Roy leur avoir baillé charge» Et après ladite leâure ainfi
faite , furent faites en Thoftel de ladite Vflle pluueurs belles Ordonnan-^
ces pour la tuition j garde de feureté d*iceUe Ville > comme de faire guet
& cle garder les portes d'icelle , & les autres fermer & murer : & mettre
les chefnes de (et des rues de ladite Ville en eftat » pour fervir quant
meftier en feroit , & pluiieurs autres qui longues feroient i efcrire , que
le paflècy pour caufe debriefveté. (31)
En ce temps furent pris par inventaire Se mis en ta main du Roy, tous
ic chacuns les biens de Pierre Morin trouvez & eftans à Paris , pource
que ledk Morin , qui eftoit.Treforier de Monfieur de Berry j tcnoit pour
ledit Seigneur contre le Roy , la ville & tour de Bourges , & à cette
caufe le Roy donna l'office de Huiffier du Threfor > qui eftoit audit M<h
rin y à un nommé Jacques Tcfieclere,
' Après le partement duAit Dammaran , if trouva façon 8c moyen de
prendre Se avoir fur Geoffroy Cucur, fils de feu Jacques Cueur, les places*
îicJainS Fargeau ùfaincl Mortcc , ( 5 2 ) où il prit ledit Geoffroy à fon pri*
fonnier , Se avec auffi prit tous les biens qu'il avoit efdits lieux.
Après ces chofes le Roy s^en tire devers Angers Se le Pont de Ce , pour
fçavoir le vouloir de ceux qui ainfi s'eftoient mauvaifement de luy de^
partis & alez audit pays de Bretagne. Et avoit le Roy avec luypour l'ac*^
compagner , le Roy dfe CecilU Se Monfeigneur du Maine. Et fi le fuivi^
rent plufîeurs gens de ^erre de fon Royaume > &: en grand nombre y
qu'on eftimoit eftre de vmgt à trente mil combatans. Et après que le Roy
eut ainfî efté illec une efpace de temps , voyant qu'il n'y faifoit gueres
s'en ala & tira au pays de Berry vers YJfoudun ^ Flarron y le bourg de
Dreux y Se autres places^ environ , & mena avec luy grand quantité de
Tes gens de guerre Se de fon artillerie , Se kiflà lefdirs Roy de CecilU Se
Seigneur du Maine bien accompagnez de gens de guerre , pour garder
& deffendreque lefditsde^ren^f^f^ n'entraflènt en Normandie ne en au«*
très lieux de ce Royaume y pour le dommager. ( 3 ; )
Quant le Roy fut ainfi venu audit païs de Berry y il fejourna illec un
peit
Lannoy y pour faire alliance avce le
(}j)0Cr i^6^.lA2ais.Supplément.
Ce fut au commencement de cette
année qu'éclata la guerre du Bien
£i^//V» Déclaration de Louis XL aux
Preuves , Numéro XXXVIL
Philippe Duc de Bourgogne tom-
be malacle, & le Comte de Charo-
fois fon fils écrit aux Villes des pays
du Duc une Lettre du 21 Mars con-
tre les Seigneurs de Croy, imprimée
au T. III. de MonRrdet. an 1464.
Sur la fin de mars y Louis XL en-
voyé en Angleterre le Seigneur de
Roi Edouard» Petite Chronique*
(51} Cela donna liea à de grands procès
encre eux , (tir quoi on peut voÂr THiftoî»
re du Roi Charles VIL pag. 859. & %6i^
& les Lettres de Rabdais, pag. 1 6 1. & 1^4..
de l'Edition de 17 10.
(jî) Ô^ I4^S* Supplément. Le
14 Avril y jour de Pâques, le Duc
de Botirçognc donne au Comte de
Charolois fon fils le Commande-
ment de Tarmée, qull avoit levée
pour fecourir le Duc de Berry, fre-
re du Roi» Petue Chronique.
(54)
DUROYLOUYSXL ii
Eïu de temps , & puis s'en partit pour aler au pzis de Bourbonnoîs , & 7 —
iflk la Ville A^ Bourges fans y aler , pgurce qu'il y avoit grand ^arnifon ^ 4 4*
dedans ladite Ville, dont eftoit condudleur & Capitaine Monfeigneur le
Baftard de Bourbon pour mondit Seigneur de Berry , & vint entrer audit
païs de Bourbonnois , où illec environ le jour de l'Afcenfion Noftre Sei-
Sneur , la Ville & Chaftel àç^fainB Amant Lalitr fut prife d'aflàut , & peu
e temps après luy fut rendue la Ville & C haftel AzMonluçon par compo-
£cion , dedans laquelle eftoient Jaques de Bourbon & trente - cinq lan-
ces, qui s'en alerent eux & leurs biens faufs , & jurèrent que jamais ne
s'armeroient contre le Roy. . ^^^^
La veille dudit jour d'Afcenfion Noftre Seigneur arrivèrent à Paris ^^™"*'
Monfeigneur le Chancelier Trainely Maiftre Eftienne Chevalier^ Nicolas * 4 ^ S»
de Louvurs , Maiftre Jehan de MoUns : par lefquels le Roy efcrivoit i
Tes bons bourgeois , manans & habitàns de Paris , en les merciant de
leurs bons vouloirs 6c loyautez, en les priant & enhortant de bien en
mieux continuer. Et par iceux leur mandoit qu'il leur envôyeroit laRoync
pour accoucher à Paris , comme à Ville du monde que plus il ai-
moit. (34)
Le Jeudy pénultième jour de May l'an 14^5. avint ^ue i un moulin
qui eft par-delà Moree en Gajiinois , nommé le moulin badet , en une
hoftellerie illec eftant fe vinrent loger Jehan de la Hure marchant de la
Ville de Sens ^ un fien neveu & autres en fa compagnie , & en ladite
hoftellerie environ minuit vinrent trente à quarante nommes à cheval
cous en armes , qui eftoient venus defdits lieux de JainS Morice 6c
fainS Forgeau 9 qui emmenèrent prifonniers efdits lieux iefdits Izffurc
& ceux de fadite compagnie , enfemble tous leurs biens & bagues , &
audit temps le Roy ordonna de rompre & abbattre les ponts de Chamois^
Se Beaumont fur Oife , Se autres.
Le Jeudy 6. Juin 1^6$. avint à Paris en la rue fainâ Denis devant la
barbe d'or , que un ancien homme Bonnetier nommé Jehan Marceau , fe
pendit & eftrangla en fa maifon, & fut le corps trouvé mort. Si fut def-
}>endu & apporté au Chaftellet de Paris , pour eftre illec vifîté , & après
adite viHtation faite fut envoyé & porté pendre ledit cotps au gibet de
Paris. Et en ce même jour y eut un laboureur demeurant à Clignencourt
jiommé Jehan Petit , qui couppa la gorge à fa femme.
En ce temps le Baftard de Bourgogne & le Marefchal de Bourgogne (3 j)
accompagnez de grand quantité de gens de guerre de la compagnie du-
dit Monfeigneur de Charrolois , commencèrent à courir fus aux Villes
& fujeâs du Roy par port d'armes , & vinrent prendre fur le Roy
Roye Se MontJidier. Et lors Monfeigneur le Comte de Nevers Se Joachin •
Rouault Marefchal de France y Se eftans pour le Roy dedans la Ville de
Peronne a tout bien quatre mil combatans , fe retraverent à Noyon Se à
Compicgne , & laiflerent afudit lieu de Per nne pour la garde d'icelle des
il^Iobles de France y Se cinq cens francs Archers»
Le
(34) §Cr 14(^5. Supplément. Le
25 Mai le Comte de Charolois fe
jend avec fon armée à Fontaine-Âu-
pire , & continue fa marche vers la
Picardie. Petite Chronique.
(35) Thibaut de NeufchaceL
C 3 (5S)
11 LES CHRONIQUES
^ Le Dimanche 1 1 • Juin fut faite à Paris une moult belle & notule pro*
ï 4 ^ ) • ceûion générale , où furent portées moult de faindes reliques , & en-
tre autres fainâ^s chofes furent ponées les chades de Madame fainâe
Genevicfvc & faindt Marceh Et par belle ordonnance vinrent en la grand
Eglife de Paris , où illec fut cnantée une haute MelTe de noftre Dame,
Et illec prefcha au peuple Maiftre .•,... de Lolive Docteur en Théolo-
gie , qui déclara que ladite afièmblée & congrégation fe faifoit pour la
lanté & bonne profperité du Roy , & auifi de la Royne & du fruiâ qui
eftoit autour d'elle > ( j (^ ) & pour la paix &c bonne union eftre mife en-
tre le Roy & les Princes , & pour les biens de terre.
Audit temps le Roy eftant en Bourbonnais s'en tira ifainct Pourfain ,
auquel lieu Madame la Duchefle de Bourbonnois te d'^uvergru fa foeuc
$'en ala pour parler à luy , comme defplaifante du difcord qu'elle voyoit
cftre entre le Roy fon frère & Monfcigneur de Bourbon Ion mary. Et
pour y cuider trouver bon moyen ce qui ne fe pût faire lors , & cepcn*
dant ledit Monfeigneur le Duc vuida hors de Moulins y 6c s'en ala à
Rlon.
Audit temps fut ordonne en l'hoftel de la Ville de Paris , que les por-
tes de fainft Martin , Montmartre , le Temple , fainft Germain Defprez ,
fainft Vié^or & fainâ Michel , fçroient toutes murées , ^ qu'on reroit
guet de nuit dedus les murs d'icclle Ville,
Audit temps fut envoyé mettre le fiege devant fainS Moricc , tenu &
occupé par l'adveu dudit Comte de Dammanin. A tenir lequel (iege y
cftoit le Bailly de Sens^ nommé Meflire Charles de Meleun , & pluneurs
• gens de commune avec luy. Et encores y fut de rechef envoyé Aruhoinc
fiailly êitMeUuny<\m y mena avec luy aucuns Archers &c Arbaleftriers du*
dit lieu de Paris , & tantoft après aue ledit de MtUun &c iccux Archers
^ Arbaleftriers furent ainii arrivez devant ladite place ^ ceux dudit fainS
Moriu fe rendirent par compoHtion , & baillèrent ladite place.
Audit temps auili avint que un nommé maiftre Louys de TillUrs , No^
<aîre & Scretaire du Roy & Treforier de Carcaffonnc & Grenetier de
Selles en Berry , qui eftoit ferviteur de MeflSre Anthoine de Chafteauneuf
Seigneur de Lau , fut tué par malle fortune d'un Archer qui euà^oit un
arc, duquel il tiroir une fleiche contre un huys qui eftoit devant lui , que
à l'heure ledit maiftre Louj^s ouvroit , & lui vint paflèr la flefche tout au
travers du corps, & incontinent s'en ala ieder demis une couchette eftant
en la chambre t dedus laquelle il rendit Tame à Dieu incontinent après.
Le jour fainâ Jehan Baptifte 14. Juin, aucuns qui fe baignoientaleurs
plaifanccs en la rivière de Seine par malle fortune fe noyèrent , & pour
caufe de ce , fut crié par les carrefours de Paris , que de-là en avant nul
ne fuft fi hardy de foi aler plus baigner en ladite rivière , & que chacun
tint de jour devant fon huys un leau d'eauc , fur peine de prifon & do
foixante foh parifis d'amende.
Le lendemain 25. Juin , fut ordonné en ladite Ville de Paris que tou»
ces les chefnes des rues de ladite Ville feroient abatucs & lai(fêes gefir fur
terre ,
() â) On ne croit point qu çile fut gro0e , au moins oa nç voit point qa*cllç fpit a^
DUROYLOUYSXI. 23
terre > es lieux où elles font ordonnées , pour eftre toutes preftes» & re- ^
garder , où il y auroit faute pour les amender & y pourvoir à les trouver ^^ ^
toutes preftes quant befoin en feroit: ce qui fut rait. Et il fut auifi or«
donné Ôc enjoint à un chacun de ladite Ville qu'ils fe arma(Iènt , de euf-
fent provifîon d'armeures chacun félon fon eftat, pour la garde de ladite
Ville > &c pour eftre tous prefts quant meftier en feroit. Et ce par ceduUcs
envoyées de par ladite Ville à un chacun particulier.
Audit temps tous Bourguignons , Picards, Se autres nations de Tobeif^
fance & fous la conduire dudit Monfeigneur de Charrolois > marchèrent
tant en France qu'ils vinrent & arrivèrent jufques à Pont fainctt Mai^
xance , qu'ils trouvèrent moyen d'avoir , & que un nommé Madré qui
en eftoit Capitaine pour maiftre Pierre L*orfevreSci^ntm DermenonvillCf
leur bailla par compofition & argent qu'il en prit dudit Seigneur de
Charrolois. Et à cène caufe vinrent & payèrent parmi Tlfle de France,
qui par les deflfufdits fut fort dommagée: nonobftant qu'ils difoient par-
tout où ils padbient, qu'ils venoient pour affranchir le païs de France, Se
pour le bien public.
Incontinent après ledit paflàge fait audit Pont fainSc Maixance, lef*
dits Bourguignons eurent la place de Beauiieu,qm longuement avoit efté
tenue contre iceux Bourguignons par aucuns de la charge Se compagnie
de Jouachin Rouault, qui s'en alerent par compofition eux Se leurs biens
faufs.
Et lefdits Bourguignons ainfî venus en ladite Ifle de France , s'efpen* .
dirent en divers heux en icelle, & y prirent Dammartin , NantouilUt,
VilUmonble , & autres menues places. Et puis à Laimy fur Marne où
ils firent plusieurs exploids , comme de ardre & brufter tous les papiers
qu'ils trouvèrent fur le fait des Aydes; & ordonnèrent en ladite Ville
que tout y feroit franc , & fî ordonnèrent que le fel,qui eftoit au gre-
nier dudit lieu pour le Roy , fîit baillé & diftribué à tous ceux qui en
voudroient avoir , en payant le droit du marchant feulement.
Le Dimanche dernier Juin audit an (>5. Jouachin Rouault Marefchal
de France à tout cent & dix lances , vinrent & arrivèrent en la Ville de
Paris pour la garde d'icelle, combien qu'il n'en eftoit gueres de meftier:
car les nabitans d'icelle qui tous eftoient bien unis Se loyaux au Roy , ef-
toient aftèz fuffifans pour la garde d'icelle Ville.
Audit temps le Roy qui eftoit au païs de Bourbonnois mit le fiege •de-
vant/îici/i en Auvergne, dedans laquelle y eftoient Monfeigneur le Duc
de Bourbon , le Duc de Nemours , le Comte d^Armisnac , le Seigneur
d^Albret , Se autres. Et avoit le Roy devant ladite Ville la plus belle Se
noble armée que oncques fut guère veuë : car |il avoit de Donnes gens
de guerre & de grand façon , vingt-quatre mil hommes combatans Se
mieux.
Après que ledit (îege eut efté ainfî mis devant ladite Ville de Rion , &
voyant a Paris que lefdits Bourguignons approchoient de ladite Ville ,
fut ordonné & eftably en icelle vflle de Paris un grand guet à cheval ,
3ui aloit toutes les nuits fur les murs Se en ladite Ville, depuis l'heure
e minuit jufques au jour apparent. Pour la conduire duquel guet y
avoit Capitaines ordonnez par icelle Ville par chacune nuit^ de gens de
façon
14 LES CHRONIQUES
façon d'iccllc Auquel guet cftoient ordinairement de huit vingt à dcuX
' "♦ ^ î • cens chevaux , ou mieuxt
Le Lundy i. Juillet audit an , maiftre Jehan Balue Evefque iTEvreux,
fift le guet de nuit parmi ladite Ville , Se mena avec lui la compagnie du-
dit Jouachin avec clairons , trompettes & autres inftnimens , fonans
par les rues & fur les murs , qui n'çftoit pas accouftumé de faite à gens
de guet. '
Le Mercredy 4. Juillet ^udit an 6$ , le Roy eftant devant ledit lieu de
Rion efcrivit â Meflire Charles de McUun ion Lieutenant audit Paris ,
audit Jouachin Ôc aufdits habitans de Paris , par Sire Charles de Charlay
(57) fon Chevalier du guet audit lieu de Paris , par lefquelles lettres le
Roy mercioit moult fort lefdits habitans de Paris de leurs bonnes loyau*
tez , en les prianr & exhortant de toujours y continuer & perfeverer, &
que dedans quinze jours enfuivans lui & toute fon armée leroit à Paris.
Et n leur mandoit de bouche par ledit de Charlay certain accord quil
avoir fait avec lefdits Ducs de Èoùrbon & Nemours , & les Sires d^Ar,»
mignac & d* Albert. Et comment en faifant ledit accord chacun d*eu](
avoir promis au Roy de bien & loyaument le fervir, & de vivre &c mou-
rir pour lui. Et par lefdits appoinftemens iceux Seieneurs de Bourbon &C
autres deflus nommez , promertoient de faire tout devoir » de faire faire
la paix au Roy par les autres Seigneurs avec eux aliez contre lui. Et que
pour ce faire (croient envoyez de par lefdits quatre Seigneurs certains
Amba0àdeurs devers h Roy à Paris dedans le jour & feue de my^-Aoufl:
çnfuivant , pour traiâer de ladite paix» Et que où lefdits autres Sei-r
Sneurs avec eux aliez contre lui ne voudroient entendre à icelle paix »
s promirent & jurèrent que d'orefnavant à jamais ils ne s'armeroiene
contre le Roy , &c qu'ils vivroient & mourroient pour lui & fon Royau-
me. Et fut tout ce que dit eft ain(i promis par leldits quatre Seigneiurs ,
;iu lieu de Moiffiat prés dudit Rion. Et pour plus ample promedè ils s'en
obligèrent ^ m^ins de deux Notaires Apoftoliques voulans & accordant ^
çftre incontinent excommuniez fe par eux , ou Tim d'eux eftoit fait le ^*
, contraire* Et pour les nouvelles demifdites. fut ordonné & délibéré que
le Vendredy enfuivant en feroient faites procédions générales en l'Eglife
de fainéte Catherine du f^al des Efcoliers à Paris , laquelle y fut Faite
bien honnefte & folemnçlle , & y prefclialedit maiftre Jehan Pain & Chair
Doreur en Théologie.
Le Mercredy fi|t publié & fait fçavoîr par les carrefours de Paris y que
en chacun hoftel d'icelle Ville y eut une lanterne & une chandelle ar-
dente dedans durant la nuit i cjue chacun mefnage qui avoit chien l'en-r
fermaft en fa maifon & fur peine de la hart.
Le Vendredy 5 . Juillet enfuivant la compagnie , où la plufpart defdits
Bourguignons vinrenr & arrivèrent à fainB Denis en France eux logée
illec. Et ce jour venoit à Paris trente chevaux de marée dont lefdits Bour^?
r lignons en ^tinrent les 11, les autres 8. chevaux fe fauverent& vinrent
Paris. Et bientoft après que lefdits Bourguignons eurent efté ainfi arri-p
vez audit lieu dt fainB Denis , panie d'eux s'en alerent devant le pont
4e
() 7) C çft Jean 4ç Harlay & non pas Çh^kff
DUROYLOUYSXI. ly
. de faint Cloud pour le cuider avoir > ce qu'ils ne pcurent pouf cette fois,
te a tant s'en retournèrent. (58) 146 y
Le Dimanche 7. Juillet audit an 6^ , iefdits Bourguignons vinrent
youUler devant Paris Se n'y gagnèrent rien , (mon qu'il en y eut aucun
d'eux tuez de l'artillerie , eftant deflus les murs d'icelle Ville , & puis
s'en retournèrent audit lieu de JainB Denis.
Le Lundy 8. Juillet , Iefdits Bourguignons vinrent derechef devant
Paris y & deflogerent tous dudit72ri/rS Denis , & en amenèrent avec
eux toute leur artillerie. Et pour grande cauteUe 6c fubtilité envoyèrent
avant qu'ils (c monftraflent quatre de leur Heraux aux portiers de la porte
fainS Denis 9 de laquelle eftoient Commiflàires &c Capitaines pour le
jour , maiftre Pierre l'Orfèvre Seigneur d'Ermenonville y 6c maîftre Jehait
de Poupaincoun SçigncuT de Cercelles, (39) & vinrent Iefdits quatre He-
raux demander des vivres pour leur o^ , & aufli que on leur donnaft pa{^
fage parmi ladite Ville , Se dirent aue fe on ne leur bailloit ledit paUage
& Iefdits vivres qu'ils entreroient dedans ladite Ville au deshonneur Se
grande confiifîon d'icelle Ville.
Et ainfi que on efcoutoit Iefdits quatre Heraux fur les chofes defluf-
di£kes> & avant que on euft peu avoir loifir de leur rendre aucune re-
ponce , leiHits Bourguignons cuidans prendre à defpourveu les habitant
de ladite Ville , & memement ceux qui gardoient ladite porte de fainS
Denis, yinrcnt à grant faveur grofle compagnie & armée paflèr jufques
ifainà Ladre Sc plus avant , cuidans gagner les barrières qui aux faux*
bourgs de ladite Ville devant ladite porte avoient efté faites , Sc venir
jufques à ladite porte Sc dedans ladite Ville , en jettant par eux canons» .
lerpentines & autres traiéks. A quoi leur fut moult afprement Sc vail-
lamment refifté par les Bourgeois de Paris , Se autres illec de par ladite
Ville , & auflî par les gens de Jouachin Se de lui mefmes qui s'y vinrenc
trouver. Et y eut lors defdits Bourguignons tuez Se navrez , & puis s'en
etoumerent aux champs fans autre chofe faire., & (e mirent en bataille
levant ladite Ville , & lors y eut beau hurtibilis de canons , vulgaires »
ferpentines , coulevrines , Se autre traid qui leur fut envoyé de ladite
Ville , Sc dont y eut aucuns de tuez Sc navrez. Et durant ladite efcar-
mouche y eut un paillart fergent à verge du Chaftellet de Paris nommé
Cajin Chollet » qui en courant fort eichauffé par plufieurs des rues de
JParis, crioit à haute voix ces mots , boutez-vous tous dans vos maifons
Se
^
(}8) 97 14^5. Supplément. Le
5 Juillet y le Comte de Charolois ar-
rive à S. Denys près Paris , Se y refte
jufqu'au 10. petite Chronique. Et le
même jour i o Juillet il vient cam-
per à Boulogne près S. Cloud. Peri/e
Chroniaue.
Il eu bon de renurquer que le 6
JuilUt le Roi étoit encore à Montlu-
^on en Auvergne , à 60 lieues de Pa-
ris » dix jours feulement avant la
journée de Montlheri > comme on
le voit par un Mandement flgné de
lui , qui eft au Volume 381. des Ma^
nufcrits de Ganieres , folio 5 1. en U
Bibliothèque de Sa Majefté.
(3 9) Il étoIt fils de Jean 4c Popabconr^
Premier Préndent sia Parlement de Paris ,
& eft mort Préndentà Mortier en i4So«
Ce fut lui qui en Décembre 147 5* pro*
nonça T Arrêt de mort contre Iç Connéta-r
bic de Saint Paul»
Tome IL D (40)
iS L E s C H R O N I Q U E S
& fermez vos huis , car les Bourguignons font encrez dedans la Ville. £c
ï 4 ^ 5 • à caufc de Tcffiroy qu'il fift y eut plufîeurs femmes groflcs, qui en accou-
chèrent avant terme , & d'autres en moururent & perdirent leur enten*
dément.
Le Mardy enfûivant ne fut rien fait devant Paris , finon que le Comte
dcfain3Po/ (40} qui eftoit audit lieu dc/ain^Denis avec ledit Seigneur
de CharroLois , fe partit dudit lieu àcfaincl Denis avec aucuns Piurds
6c Bourguignons eftans audit lieu de fainS Denis , pour s'en aler 2L\ipont
dcfaina Cloudy pour le prendre & avoir > ce qu'il ne peuft pour ce jour.
Et le Mercredy enfûivant fut menée audit defaincl Po/ certaine quantité
d'artillerie dudit Seigneur de Charrolois , conune de cinquante à loixante
chariots. Et ce mefme jour aucuns de la compagnie de Meffire Pierre de
Bre^é (41 ) yffirent hors de Paris pour aler à leur aventure defliis lefdits
Bourguignons , qui ainfi aloienc audit S. Cloud : defquels Bourguignons
en fut par eux tue deux > & en fut pris cinq : dont l'un d'iceux fut fort
Qavré , & tellement que tout le devant de Ion vifage lui fut abatu d'un
coup d'efpée > & lui pendoit le vifage à fa peau iur fapoitrine. Et par
iceux Bourguimons fut pris un Archer ferviteur de Meffire Jehan Noyer
Chevalier de la compagnie dudit Bre^é. Et ledit jour de Mercredy environ
fix heures de nuit leldits Bourguignons baillèrent une efcannouche terri-
ble &c merveilleufe au boulevart cxxdïtfainS Cloud > qui fort eipouvanta
ceux de dedans qui le tenoient pour le Roy : tellement qu'ils prirent
compofition de rendre ledit pont à l'heure prefente : ce qu'ils firent &
s'en revinrent à Paris , eux &: leurs biens faufs , & fi promirent de li-
vrer & bailler lefdits cinq Bourguignons ^lis ledit jour. Et pour ce faire
demeurèrent pour oftages Jaques U Maire Bourgeois de Paris , qui eftoit
C pitaine dxxditfainH Cloud, & un homme d'armes de la compagnie du*
dit de Bre^éy eftant audit pont deJainS Cloudy
Le Vendredy enfûivant fut tenu en THoftel de la Ville de Paris un
grand Confeil > pour délibérer & fçavoir qu'elle refponfe feroit rendu^
aufdits Bourguignons fur ce qu'ils avoient requis que de ladite Ville feuf-*
fent envoyez aucuns déléguez par icelle Ville , par devers ledit Seigneur
de Charrolois pour leur eftre dit par eux , de Douche & en fecret , lesf
caufes pour lefquelles ils eftoient ainfi venus en armes audit païs de
• France. A quoi fut conclu que on feroit fçavoir audit de Charrolois, qu'il
cnvoyaft bon fauf-conduit a Pnris , pour ceux qui feroient ordonnez ef-
tre envoyez par devers lui, & ce fait on y envoyeroit cens pour les ouïr
& efcouter tout ce qu'ils voudroient dire, pour au furpïus le faire aflavoir
au Roy qui eftoit près de Orléans , ou à fon Confeil eftant audit lieu de
Paris , pour leur faire telle refponfe qu'il feroit advifé de faire. Et ce
mefme jour vinrent à la porte fainâ: Honoré environ cinq heures au
foir deux Heraux de par ledit Seigneur de Charrolois , pour avoir la
refponfe de ce que dit eft. Aufqueîs fut dit comme devant eft dit » &
que ledit de Charrolois approchaft en aucun lieu près Paris , & envoyaft
ledit fauf-conduit &c que on iroit à' lui pour l'eldouter , Se autre chofe
n'eurent
(40) ItCT U fiit Connétable de France dans l'accord fiât apràs la guerre du Biem
fublic. (41) Grand Sénéchal de Normandie.
DUROYLOUYSXL 27
n*eurent. Et après ces chofes ils requirent avoir pour argent du papier &
parchemin avec de l'encre , dont if leur fut baillé , & h demandèrent à
avoir du fuccre & autres drogueries pour aucuns Gentilshommes qui ef*
toient malades en leur Oft , dont on leur fit refus, qui s en tinrent a bien
mal contens de ceux de ladite Ville. Et à tant s'en retournèrent iceux
deuxHeraux.
'Le Dimanche 14, Juillet audit an (>5. arrivèrent à Paris bien matin
Monfeigncur àclaBorde&cyitSkç, Guillaume Coujînoty qui apportèrent
lettres de par le Roy aux Bourgeois , manans & habitans de ladite Ville,
par la teneur defquelles le Roy les mercioit comme devant de leurs bons
vouloirs qu'ils avoient envers lui , & de la bonne & grande rcfîftencc
Î[u'ils avoient faiâ:e à l'encontre defdits Bourguignons. Et qu'ils voulfîf-
ent adjoufter foi aufdits de la Borde & Coufinot de tout ce qu'ils leur
diroient àe par lui. Laquelle credence eftoit en effet que le Roy les mer-
cioit moult de fois de leurs grandes loyautez , & fi leur prioit outre de
touHours de bien en mieux continuer. Et que dedans le Mardy enfuivant
il feroit à Paris , comme au lieu du monde que plus il deuroit eftre »
pour donner remède & provifion par xpm , Se qu'il aimeroit mieux avoir
perdu la moitié de fon Royaume, que mal ne inconvénient venift en la-
dite Ville , ou pofl[ible lui feroit de y pourveoir. Audi dit & pria ledit
Coujînot de par le Roy , que ceux de Paris pourveuflent au logis des
gens d'armes & de traift que le Roy avoir & menoit avec luy , & auflî
de mettre pris raifonnable fur les vivres. A quoy luy fut refpondu par
Maiftrc Henry de Livre Prevoft des Marchands , que aufli feroit-on.
Le Lundy enfuivant cefdits Bourguignons qai eftoient deflogez dudit
fiiinS Ciouds'tn alerent loger à Montlchety^ eux &c toute leur artillerie,
cuidans aler eux joindre avec les Compagnies des Ducs de Bcny 8c de
Bretagne y le Comte du Dunois Se autres qui s'en venoient audit de
Charrolois. Et de ce en fiirent portées les nouvelles au Roy, qui eftoit
de^a Orléans pour s'en venir à Paris. Lequel Sc à toute diligence vint Se
arriva le Mardy matin 16. Juillet à CA^/^5 fous ledit 3fo/2//lcA^ry. Et
d'illec fans foy raffraifchir ou que bien peu , & fans attendre toute fa
compagnie qui eftoit pour gens a cheval la plus belle Sc mieux en point
que oncques avoit efté veuc paravant, pour autant de gens qu'il y avoit.
Se vint frapper & bouter dedans l'armée defdits Bourguignons y Sc illec
à l'aborder y euft fait des plus beaux faits d'armes,que jamais furent veus
pour un peu de gens *, car aufli c'eftoit tous nobles nommes , vaillans Sc
de grand eflite , qui tellement befognerent que le Roy gagna Sc mit en
fuite toute l'avangarde defdits Bourgui^ons , & y euft d'iceux Bour-
guignons à ladite rencontre grand quantité de morts & pris. Et d'icelle
delconfiture en vint incontinent le bruit à Paris , de laquelle Ville en
yffit aux champs plus de trente mil perfonnes, partie defquelles s'en ale-
rent à cheval à Vefcart, Sc trouvèrent moult dcidits Bourguignons y qui fu-
rent pris Sc defconfis par eux , & auffi de ceux des villages d'autour d'i-
celle Ville , comme de Vanves , Yffi , Sevré , Saincl Cloud , Surefnes ,
fur ïcfdi
Se autres lieux. Et en ce faifant fut gagné bien grant butin fur lefdits
Bourguignons 9 tant en chariots, bahus, malles, boiftes , ^ue autre*»
mcnc > oc tant y perdirent lefdits Bourguignons ^ que on difoit lors que
D i leur
14(^5.
i8 LES CHRONIQUES
leur perte en toutes chofes montoit plus de deux cens mil efcu^ d^on
1 4 (> J. Et après que ladite avantgarde euft efté ainfi defconfite , le Roy non con»
tent de ce , mais cuidant toufiours perleverer & avoir le bout d'iceur
Bourguignons ^ & fans foy raffiraifchir ne prendre aucun repos , ne lu^
ne fes gens , fe rebouta luy , fa garde » & environ quatre cens lances de
fa compagnie dedans lefdits Bourguignons , qui s'eftoient fort râliez par
le moyen dudît Comte dcfainS Pol y qui moult bien fervift ledit de
Charrolois celle journée : lelquels Bour^i^nons recueillirent vigoureuft-
ment le Roy & fadite compagnie ; car ils s'eftoient ferrez en bataille &
par ordre , & leur artillerie appreftée , de laquelle ils grevèrent fort les
gens <lu Roy , & en tuèrent plufieurs gens de bien , & auffi de ceux de
la garde du Roy qui moult vaillamment fe portèrent & fervirenr bien le
Roy y qui euft illec beaucoup affaire , & en grand danger paf diverfes
fois de fa perfonne , car il n'avoir que un peu de gens , & fans artillerie*.
Et tellement y fut oppreffc le Roy,qui toufiours cftoit des premiers de-
dans, qu'il ne fçavoit que faire. Et pofc ores qu'il n'avoir que un peu de
gens , Il maintenoient plufieurs , que s'il euft eu d'avantage cinq cens
francs Archers à pié pour illec expédier les Bourguignons , qui illec fu-
rent jettez par rerre qui après fe relevoient > qu'ifeuft mis en telle fu-
jeâion iceux Bourguignons , que jamais n'enft efté mémoire d'iceux en
armées. Ledit Seigneur de Charrolois y perdit toute fa garde. Et au(B fift
le Roy beaucoup de la fienne.. Et fut tellement fuivy ledit de Charrolois
que par deux fois fut pris par Geuffroy dt fainS Belin Se Gilbert de GraJ^
fay , & puis fut refcoux. Et durant ladite journée y euft grand occifioa
de hommes & de chevaux , dont plufieurs en furent tuez par les ribaux
{ûerons du cofté dudit de Bourgogne^ qui de picques & autres ferremens
es tuoient y Se y mourut de gens de nobles maifons de cofté & d'au-
tre- ( 41)
Et après que tout fut fait on trouva que audit champ y eftoîent mors
trois mil fix cens hommes , Dieu en ait les âmes. Et vers la nuit les Ef-
cojfois de la garde du Ray , vovans & confiderans le grand danger où le
Roy eftoit & la grand perte de leurs gens :auflî que màits Bourgmgnons
pourfuivoient fort & afprement, prirent le Roy qui moult eftoit las Se
affliét, & qui n'avoit ceflé de combattre & fiiire grans armes toute \^
journée , fans boire & fans manger , & le menèrent dedans le Chafteau
dudit MontUhtry. Et pour ce que plufieurs gens de l'armée du Roy n'ai-
voient point veu qu'il euft ainfi efte mené audit Montlthtry Se ne le fça-
voient où trouver , cnidoient qu'il feuft morr ou pris^ Se a cette caufe la
plufpart d'iceux fe mirent en fuite. Et lors Monfeigneur du Maine ,.
Monfieur l'Admirai de Montaulban , le Seigneur xle la Bardt Se autres
Capitaines qui bien avoient de fept à huidcens lances feretrahirent, &
s*en alerent Se abandonnèrent ainfi le Roy^ En ladite journée nul des
defliifditr
(4O SCr Sur la Journée de Montlhcri [ l'honneur en cft du au Comte deCharo-
en trouve aux Preuves , N«j». LX.uuc Re-
lation du tcm$. Le fuccès de cette bataille
fct équivoque. Si la pcfle/Tton du champ
«e bataille décide toujours de la viâolrc »
loîis. Voyez auflî fiir cette adîon Olivier de
la Marche y en [es Mém. Mer^reiet ,Cûmi*
nés & M. Duclos dans fon Hift. de Loui»
^ oii il détaille txès-bicn cet éyénemeat*.
DUROYLOUYSXI. 29
deflufdits n*7 frappa un fcul coup , & â ces moyens le champ demeura
aufdits Bourguignons , & en icelle rencontre au nombre des mors y fu- 1 4^ f*
rent trouvez de gens de façon & de bonnes maifons. C'eft aflàvoir Mef-
fîre Pierre de Bre:^ Chevalier Senechal de Normandie , Geufïroy de
Jainct Bclin dit la Hyrt , Bailly de Chaumonty Floqiut Bailly d'Evreux ,
Se plufieurs autres Chevaliers & Efcuyers de nom de la compagnie du
Roy. Et auffi de la compagnie defdits Bourguignons y en eut Beaucoup
de mors , & de pris plus <jue de ceux du Roy, Et après que le Roy eut
cftc un peu raffraifchy audit Chafteau de MontUhcry , foft mené & con-
duit d'illec jufques en la Ville de Corb^il ^ où il y fejourna jufques au
Jeudy enfuivant i8. Juillet qu'il arriva fur le tard en fa Ville de Paris ,
& fouppa cedit jour en Thoftel de fon Lieutenant gênerai Meflîre Char*
les de McUuny &avecluy y foii)>perent auffi pluneurs Seigneurs» Dia:-
moifelles» & Bourgeoifes : auquel lieu il recita fon aventure tout ainft
advenue audit MontUhcry. Et en ce faifant dift & déclara de moule
beaux mots & piteux » de quoy tous & toutes plorerent bien largement.
Et (î dift plus que au plaifir de Dieu leLundy enfuivant , il retourneroic
derechef a rencontre de fes ennemis, & qu*il mourroit en la pourfuite>
ou que brief en auroit le bout > dont il ne fe fift rien : pour ce qu'it fut
confeillé pour le mieux du contraire, avec ce qu'il fut lafcbement fer-
vy de its gens de guerre ^ & ne tint poitK à luy , cftr il eftoit aflez &
trop vaillant.
Le Vendredy audit an 19. Juillet 14^5. un Gentilhomme nommé Lan-
rens de Mory près de Miclry en France , qui avoir ^c conftitué prifon-
nier en la Bajlillc fainâr Anthoinc , pour occafion de ce qu'il avoir fa-
vorifé lefdits Bourguignons , & les avoit induits & menez en divers
lieux , en pluHeurs maifons affîfes en divers villages d'entour Paris ap-
partenans a aucuns Bourgeois dudit lieu , pour icelles maifons piller 6c
})rendre les biens defdits Bourgeois j Se que en ce faifant avec plufieurs
arcins fut fait fon procez fur lefdits cas audit lieu de la Bafèille , par au*
cuns Commiflàires à ce faire ordonnez. Par lefquels fut dit & déclaré
audit de ilfo/y, qu'il eftoit crimineux de crime de leze-Majefté , & com*
me tel le condamnèrent à eftre efcartellé es Halles de Paris > & Ces.
biens Se héritages acquis & coniifquez au Roy , dont Se dequcy il ap*
pella en la Cour de Plarlement ; par révérence duquel appel fut differé^
a eftre exécuté pour ledit jour. Et le Samedy enfuivant par k Cour de
Parlement fut vuidé ledit appel , en corrigeant icelluy hit dit par Ar-
reft de ladite Cour que ledit Laurens de Mory feroir pendu Se eîtrangle
au gibet de Paris. Et fuft exécuté ce jour.
Cedit jour de Samedy l'Evefque de Paris nommé Maiftre Guillaume
Cbartier Se autres Confcillers & gens d'Eglife de ladite Ville , furent
devers le Roy en fon hoftel des Tournelles. Et la fut prôpofé devant luy^
par ledit Evefque & dites de mouk belles paroles , qui <omcs tendoient
afin que le Roy conduifit de là en avant toutes fes maires par bon con-
feij , ce que le Roy accorda. Et fut lors ordonné que de là en avant
koienr au Confeil da Rôv avec te Confeil osdinaire : c'eft zffkvok fix
Confbillers Bourgeois de ladite Ville , fix autres^Confcillers de la Cour
ic Parlement ^Seûx Gères pris en l'Univeifit^ de Paris. Et auflî pour*
D } cm
30 L ES CHRONIQUES
ce que le Roy vit qu'il avoir moult d'ennemis en Ton Royaume, mift en
1 4(> 5.V délibération de trouver des gens de guerre avec ceux que défia U avoit »
& aufli combien on en trouveroit à Paris. Et à cefte caufe fut ordonné
que tous ceux de Paris, feroient pris par efcrit & par dixaines , pour en
prendre de chacune dixaine dix honunes , mais il ne s'en fift rien.
Au moyen de la venue du Roy à Paris , il convint que plufieurs gens
de guerre qui le fuivoient fuffènt logez es villages d'autour Paris & de
£rie , ôc autres lieux voifins , lefquels gafterent & defconfirent tous lef-*
dits villages, & prirent de fait & fans rien payer tous vivres qu'ils y trou-
vèrent y &c autres chofes qui appartenoient tant aux habitans defdits vil-
lages que d'autres demeurans a Paris. Et auflî quant le Roy fe trouva à
Paris il fe trouva fort charge des gens de guerre, pour lefquels payer de
leurfdits gages ôc foldces , luy convint fmer de grans fommes de deniers •
car il ne recevoir rien d'aucunes Villes,fur lefquelles lefdits gages eftoient
aifignez , qui eftoient tenues & ufurpées par aucuns Princes, qui ne vou-
loient rien fouffrir eftre cueilly dudit payement en leurs pays , fut con*
traint de faire emprunt d'argent fur plufieurs Officiers &c autres de U
Ville de Paris , aufquels de par luy fut demandé argent à prefter , de-
3uoy ils furent refufans , au moins de fi grand fomme que on leur deman-i
oit. Et pour leur refFus à aucuns d'eux fut dit & déclaré de par le Roy
que de luy ils eftoientprivez de toutes Offices Royaux , comme à Maiftrc
Jehan Cheruuau Greffier de Parlement , Maiftre Martin Picard Confeil-»
liers des Comptes , & autres.
Le Mercredy 14. Juillet 14^5. le Roy fift bailler commiffion au Prcvoft
forain de Senlis , pour aler abatre^es arches du Pontfainclc Maixançe ,
pource qu'il eftoit grand bruit que le Seigneur de Savcufcs^zwtc grand
nombre de gens de guerre , venoient audit lieu pour le prendre fur ceux
qui le tenoient pour le Roy. (43 ) Ce mefme jour le Roy en avoit donné
la Capitainerie à Jehan VOrftvrt Chaftellain dudit lieu , & luy donna
charge d'aler earder ladite place , & luy defFendit bien fort que rien n'en
feuft ronîpu dudit pont. Le Vendredy enfuivant le Roy ordonna qu'il
demeurroit zoo. lances à Paris y fous la charge & conduitte dudit Baf«*
tard d* Armignac Comte de Commingty de Memre Gilles dey^^'/z^ Symojt
Bailly de Stnlis , le Sire de la Barde , de Charles des Marcjl^ ôc dudit
Meflare Charles de Meleun^ que le Roy continua Lieutenant pour luy en
ladite Ville , à la relation ôc requefte d'aucunes gens d'Egufe , ôc des
Prevoft des Marchans & Efchevins de ladire Ville.
Lé Samedy 17. Juillet i4() 5. un nommé Jehan de Bourges qui avoit efté .
Clerc & ferviteur de Maiftre Jehan Berard Confeillier du Roy en fa
Cour de Parlement , qui avoit efté mis ôc conftitué prifonnier avec Ga-
cien Meriodeau ôc François Menodeau fon frère, pour occafion de ce
qu'ils ôc autres , s'eftoient tirez de Paris en Bretagne par devers mondic
Seigneur de Berry , en confpirant contre le Roy : fut icelluy Jehan de
Bourges tiré hors de la BaftiUe , ôc ledit François Meriodeau. Et par la
fentence du Prevoft des Marefchaux furent noyez en la rivière de Seine
par le bourreau de Paris ^ devant la tour de Biify > ft^ le Mardy 30. d'i-r
ççUuy
C45 ) Voyez les Méfl^oitcs dç Comînçs^
DU ROY LOUYS'XL 31
celluy mois ledit Gacien qui eftoit Notaire du Roy au Chaftellet de Paris ^
6c pour ledit cas fut tiré audit lieu de ta Baftille , comme les autres defTus 14^5
nommez , 8c noyé au lieu deflufdit. Et pareillement y fut aufll noyé un
povre ayde à maçon, qui avoir efté envoyé de Paris à Eftampes de par la
femme d'un nommé Maiftre Odo de Bucy , ( 44 ) pour porter lettres au-
dit de Bucy fon mary , qui lors eftoit Avocat au Chaftellet de Paris , &
2ui eftoit audit lieu d* Eftampes avec le frère dudit Seigneur de fainS Polj
ont il eftoit ferviteur , eftant audit EJiampes avec les autres Princes ôc
Seigneurs eftans contre le Roy , comme dit eft. Et lequel ayde à maçon
rapporta refponfe defdittes lettres à ladite femme de Maiftre Oda , qui
avoir gagné par chacun jour qu'il avoir vacqué à aler audit lieu d'ÈJ^
lampes &c retourner à Paris , par chacun jour deux fols parifis. Pour le-
3uel cas ledit ayde à maçon fut aufli condamné à mourir , & fut qoyé au
evant dit lieu après les autres deffus nommez. Et le lendemain fut fait
commandement a icelle femme dudit Maiftre Odo de vuider hors de la
Ville de Paris , ce qu'elle fift & s'en ala ^fainS Anthoinc des champs
hors Paris : ou depuis toufiours s'eft tenue , jufques à ce que l'appointe-
ment fut fait entre le Roy & les Princes & Seigneurs , qui depuis vin-
rent ifainS Mor , Confions , & devant Pans.
Aptes que ladite rencontre euft efté ainfi faite audit lieu de Montlehe--
ry y lefdits Princes tous enfemble ainfi eftans contre le Roy que dit eft ,
furent & demeurèrent enfemble ^ fe mirenr audit lieu d^Efiampes &c s'y
tinrent par l'efpace de quinze jours. Et après fe deflogerenr & prirent le
chemin par devers /ii/îS Mathurin de l Archant , Moret en Gafiinois ,
Provins & le pays cT environ. Et quant le Roy en eut ouy les nouvelles ,
il envoya à Meleun , Monjlereau , à Sens , & autres Villes d'environ , des
gens de guerre, &c de l'artillerie pour garder lefdirs lieux, & pour faire
cits faillies fur les deffufdits , quant ils verroient leur avanraee.
LeSamedy 3. Aouft i4<^5. le Roy ayant fingulier defir de faire des
biens à fa Ville de Paris & aux habitans d'icelle, remit le quatrième du
vin vendu à détail en ladite Ville au huitième , & veut que tous privi-
légiez peuflènt jouyr de leurs privilèges , tout ainfi qu'us avoient fait
durant la vie du deffimâ Roy Charles.
En outre ordonna toutes les impofitions qui avoient cours en ladite
Ville être abatucs , hors & excepté les denrées de fix fermes vendues en
gros en icelle Ville : c'eft affavoir les fermes de la bufche, du pié four-
ché , le drap vendu en gros , le p^iftbn de mer. Et ce mefme jour ces
chofes furent publiées à fon de trompe par les carrefours de Paris , en
la prefence de Sire Denis Heffelin Eueu fur le fait des Aydes à Paris.
Incontinent après ledit cry tout le populaire oyant icelluv , crioient de
joye & de bon vouloir , Noël , Noël. Et en furent faits les feux parmy
les rues de ladite Ville.
Le Dimanche 4. Aouft , Révérend Père en Dieu Maiftre Jehan Balue
fut facré Evefque d'Evreux en l'Eglife noftre Dame de Paris , & ce jour
le Roy fouppa en l'hoftel de fon Treforier des finances , Maiftre Eftiennc
^ Chevalier ,
^44) Ce pooirolc bien être Ondart de I Voyez le Supplément de Cûm.nes à la fin
BoiTy > qai depuis a été penda à Hedin. l du Tome lY- de cette Edition.
U6)
51 LES CHRONIQUES
Chevalier^ 6c le Mardy enfuivant fut exécuté es Halles de Paris un jeune
^ 4 ^ î* compagnon nommé Maiftre Pierre de Gutroult natif de Ltjigntny & illec
efcartellé par la fenténce du Prevoft des Mare(chaux , pour occafion de
ce qu'il avoir confefle eftre venu de Breeagne^i Parisy & illec envoyé de
l'ordonnance du Duc de Bretagne pour dire & avertir le Roy que plu-
iieurs Capitaines , & chefs de guerre de fon ordonnance & retenue ef«
toient à lui contraires > pour & afin de mettre diflèntion entre le Roy &c
& lefdits gens de guerre , & auffi pouraccufer plufieurs notables per-
fonncs de Paris, de non eftre i luy féaux , & avec ce pour efpier & re-
garder quels gens de guerre & puidànce le Roy avoir pour tout ce que
dit eft, & rapponer aufdits Princes & Seigneurs au Roy contraires»
pour mieux & plus aifément exécuter contre uiy leur damnée entreprife.
Et pour ledit cas fut ainiî exécuté que dit eft , (es biens & héritages au
Roy acçiuis & confirquez.
Audit temps lefdits Bretons 6c Bourguignons padèrent les rivières de
Seine & Yonne par bafteaux qu'ils trouvèrent à Moret en Gajlinois 6c
ailleurs. Et audit paflàge faifant fe y trouva Salezart & aucuns de la com-
pagnie de Jouachm Rouault pour cuider empelcher ledit pa&ge , mais
ils n'eftoient que peu de gens 6c fans artillerie. Et les ennemis du Roy
en avoient largement » parquoy leur convint recuUer 6c retraire , & au-
dit padage fut tué par lefdits Bretons contre lefdits gens du Roy d'une
(èrpentine > qui d'un coup emporta le bras d'un Page , & après vint
frapper un Gentilhomme nomme Pamate/ patent dudit Jouachin Rouault^
parmy le petit ventre , & après tua trois autres hommes de guerre.
Le Jeuay 8. Aouft , Monfeigneùr de Precigny ( 45 ) Confeillier du
Roy notre Sire & Prefideng en fa Chambre dçs Comptes à Paris , &
Chryftofle Paillart aufïî Confeillier dudit Seigneur en ladite Chambre ,
que le Roy avoir envoyez par devers le Duc de Calabre^^As trouvèrent
au pays de CAuxerrois , pour luy porter lettres de par le Roy , s'en re-
tournèrent à Paris par devers le Roy à toute la re(ponfe qu ils avoient
eue* dudit de Calabre. Et le Samedy 10. dudit mois le Roy fe partift de
Paris pour aler i Roiien , Evreiix y 6c autres lieux en Normandie j6cz\z
ce jour à Pontoife , 6c à, fon partcment dé P^ris ordonna plufieurs francs
Archers qui eftoient venus dudit pays de Normandie , & environ quatre
cens lances des compagnies de feu Floquet , du Comte de Boulogne , de
feu Geuflfroy de faina Belin , du Seigneur de Craon 6c du Seigneur de
la Barde, c&r^ 6c demeurer à Paris Dour la garde & tuition de ladite
Ville.
Ledit jour du partement du Roy fe tint & aflèmbla un grand confeil
en l'hoftel de ladite Ville de Paris , 6c en icelluy tenant vint 6c arriva
audit confeil un Gentilhomme de par le Roy nommé le Seigneur de
Buijfet qui vint dire à tout le confeil ainfi ailèmblé > que le Roy leur
mandoit de par luy qu'il avoir changé propos > &que le Mardy enfuivant
il feroit de retour audit lieu de Paris , & au regard defdits francs Ar-
chers de NormandieyC\\xi eftoient des Bailliages de Cacn 6c Alençon , ils
furent
(45) SCr Citoit leSieordcBcauveaa» | t>eaucoup de Lettres manarcrites au Roi
Seigneur de Pficffigpy ^ duquel oa trouve I LquIs XI. aux MSS. de Gagnieres.
k * 1
't
BU ROY t O U Y S XI. 35*
luiîent logez par diftribution : c'eft aflàvoir ceux de Caen qui avoienr
jacqueéles, où eftoit deflus efctit deflus la broderie , Caën , furent mis & ^ 4<^5
logez tous dedans Thoftel 6c pourpris dudit Temple 5 & les autres dudit
Bailliage t/'-/î//e/2f^/j,quiavoicntiacque6tes, où eftoit deflus efcrit auffi de
broderie , Aiulipartcm , furent logez au quartier dudit Temple , cm^ ils
purent eftre logez-outre l'ancienne porte audit Temple.
En ce temps maiftre Jehan Bcrard Confeillier du Roy en fa G>ur de
Parlement , s'en partift & ala au pavs de Bretagne par devers mondit Sei-
gneur de Berry , pource qu'il diloit qu'on avoit arrefté prifonnicre fa
femme à Paris , & fait vuider hors de ladite Ville , pource que on la
chargeoit d'avoir favorifé mondit Seigneur de Berry & autres les fervi-
teurs contre le Roy.
Audit temps fut publié & cric par les carrefours de Paris , que tou«^
ceux de laditte Ville qui avoient marefts aux champs d'icelle Ville , fîf-
fent coupper & abatte tous \ts faulx & autres arbres eftans en iceux , &
tout ce dedans deux jours > ou autrement tous iceux faulx & autres ar-
bres eftoient abandonnez à tous ceux qui les voudroient abatte. Et ce
mefme jour vint & arriva à Paris Monfieur le Comte d'Eu , comme
Lieutenant du Roy. Et comme tel y fut receu ledit jour qui eftoit le 1 5.
Aouft i4<^.
Le Mardy 14. Aouft, ledit Cafîn ChoUet dont devant eft patlc , pour,
le cas deflufdit de avoit crié en courant par les rues de Paris , boutez-
vous en vos maifons & fermez vos huis , car les Bourguignons font de-
dans Pans. Et qui à caufc de ce avoit efté depuis conftitué prifonnicr
par fentence du Prevoft de Paris^ fut condamné à eftre batu par les carre-
fours de ladite Ville , & privé de touts Offices Royaux , & eftre un
mois ehcores en prifbn au pain &i l'eauc. Et fut ainfî mené que dit eft
battre par lefdits carrefours dedans un ord ^ viltain & paillard tumbe^
reau , dont on venoit de porter la boue en la voirie. Et en le battant par
lefdits carrefours comme dit eft , le Roy crioit à haute voix au bourreau »
bâtez fort & n'efpargnez point ce paillard, car il le a bien pis deflèrvy. Et
ce jour arrivèrent àP^iri^ deux cens Archers tous àcheval,dont eftoitCapi-
taine Mignon : cous lefquels eftoient aflèz bien en point , au nombre
defquels y avoit plufieurs cranequiniers , voulgiers , & coulevriniers st
main. Et tout derrière icelle compagnie aloyent à cheval huiâ ribaudes
te un Moine noir leur confefleur.
En ce temps Meffire Charles de Mtleun qui avoît efté Lieutenant pour
le Roy audit lieu de Paris durant le temps deflufdit fut defappoinâé de
fa charge » & fut baillée audit Seigneur d'Eu , & au lieu dudit eftat de
Lieutenant , le Roy le fift fon grand maiftre dlioftel \ & fl luy bailla te
bailliage & la Capitainerie d^Evreux , & la Capitainerie de Honnefleur.
En ce temps aucuns defdits Bourguignons Se Bretons qui s'eftoient ra-
fraifchis en la Ville de Provins , s'en retournèrent à Laigny fur Marne
le jour & fcfte de my-Aouft. Et le Vendredy enfuivant vinrent loger i
freteil maifon fur Seiru , CkeelU SainSe , Bapteur p ôc autres lieux iliec
environ. Et pource qu'on doutoit fort lefdits Bourguignons & Bretons
retourner devant Paris , & qu'il fut rapporté que maiftre Girauld cano-
iiicr s'eftoit venté de aflbir iSc aflbcttr de foA artillerie à la voirie devant
Tome IL ' £ U
j4 lES CHRONIQUES
la porte fainû Denis & celle de fainft Anthoine pour foadroyer aucnni
14^5- lieux de ladite Ville , & au long des murs fut ordonné ce jour en ladite:
Ville que chacune perfonne alaft le lendemain en ladite voirie, garni de*
pics & de pelles , pour ruer & efpendre icelle voirie , ou ce que on en
pourroit faire , & ainfi fut fait : mais on n'y fift que peu ou néant, 6c fut
tout laide. Et à cefte caufe furent faits demis leidits murs plufieurstaul^
dis , boulevers , & tranchées au long defdits murs , pour la feureté &c
deffence de ladite Ville & des Habitans d'icelle , & aufE de ceux qui fe-
employeroient à la garde & defifence d'icelle. Et le Samedy enfuivant
plufieurs notables perfonnes & de divers eftats de ladite Ville furent par
devers mondit Seigneur le Comte d^Eu Lieutenant pour le Roy en ladi-
te Ville , auquel ils firent de moult belles remonftrances,qai concldoienc
qu'il luy pleuft pour le bien , profit &c utilité du Roy , de ladite Ville:
éc des ftijets d'icelle , & du Royaume y de avifer façon Se moyen par
devers leidits Seigneurs de Berry 5 Bourgoene , Bretagne Se autres (^6)
devant nonmiez, d'avoir arec eux aucune bonne pacincation de paix du
accord à l'honneur du Roy 6c au foulagemenr & oien dudit Royaume^
A tous lefquets ledit Monneur d*Eu SU rèfponfe telle^que le Roy l'avoir
mis & laide d Paris pour y eftre fon Lieutenant, & en ion abfence pour
donner de tout fon pouvoir , provifion i tout ce qui feroit necefïïiire^.
tant au Roy que au fait dudit Royaume , & que i ce faire eftoit bien tenu
& oblîcé, 6c que à tout ce que pofible luy feroit U mettroit toute pofi^
bilité de pourchader ledit accord 6c bonne union avec les Seigneurs de(^
Aifdits , & que fi' meftier dftoit luy mefmes fe ofFroit d'y aler en per-
sonne, 6c plufieurs autres chofes luy fut dit de par mondit Seigneur itEtL
Se maUlre Jehao à^Fouvaineoun fon Confeillier».
Le Lundy enfuivant \t(Avi% Bretons Se Bouraùgnons 6c autres deleur^
dite compagnie vinrent devant le pont dé Cnarentoa > auquel lieu iU-
adirent plumurs pièces d'artillerie , 6c d'icelles tirèrent aucuns coups,
contre la tour dudu pont^ Et incontinent ce fait ceux qui avoient la gar-
de dttdit pont l'abandonnèrent 6e s'en vinrent à Paris , parquoy & qu'ilsr:
n'eurent nulle refîftencc, padèrent incontinent par dedus ledit pont avec-
leurdite artillerie. Et ce mcfme jour environ vcfprcs iceux Bretons 6C
Bourguignons vinrent voulfter par-devant Paris ^ 6e là y euft deux francs;
Archers de Coin qui y furent tuez , fit audî y eut aucuns d'iceux Bretons
& Bourguignons pris 6e amenez i Paris , 6c celle nuit aucuns des dedu(^
éîts Bretons 6c Bourguignons s'alerent loger dedans Icp^cdof^incennes
environ de trois à quatre mil honmies. Et le Mardy enfuivant mondic
Seigneur ^'^« envoya devers lefdits Seigneurs on nommé le Seigneur-
de Rambures yyont Içavoir de leur intention & qu'ils vouloient dire. Er
le lendemain ledit Seigneur de Rambures retourna i Paris: mais de ce-
qu'il fift par devers lefcutsSeigneurs en fût peu de bruit , & ceiour vin-
rentvoutoer devant Paris , & audî ydît aux champs des gens de guerre*
de Paris} mais il n'y euft rien fait, fihon qu'il y euft un franc Archer d'A^
knçon qui fîift tué par lefdits Bourguignons. ( 47 )
le*
(4^) (pr li paroît <me ce furent là les 1 (47) §CF T4^î» Supplément, h^'
jrélimmairçsd^TraitédcCooflaos. 1 Matdi 10 Aoyj le Comte deCharo-
DUROYLOUYSXI; ^y
le Jeudy xi« Aouft fefdits Bretons Se Bourguignons vinrent e£:afmou-
cher , & il yffit de Paris pluficurs gens de guerre aux champs , & là y eut 14^5,
im Breton archer du corps de Monfieur de Berry, qui eftoit habillé a une
brigandine couverte de veloux noir à doux dorez, & en Ta tefte un bico*
quet garny de bouillons d'argent dorez, qui vint frapper un cheval fur
auoy eftoit monté un homme d'armes de l'ordonnance du Roy par les
oans & la cuiflè y tellement que , ledit homme d'armes en s'en retour-
nant à Paris , ledit cheval cheut fous luy tout mon de(Ibus les galleries
des Toumelles^ £c inconrinent que ledit Breton eut ainfî navré ledit che^
val , vint â luy un Archer de la compagnie dudit Monfieur d'Eu qui le
traverfa tout outre le corps d'une demie lance , & incontinent cheut i
terre tout mort , & fut (on cheval amené & habillement pris pour ap*
porter à Paris , &ie corps laifle mort en chemife. Et bi.en tancoft après
vint un Hérault à la porte S« Anthoine qui requift avoir ledit corps mort:
ce qui luv fut oâxoyé , & le fift porter à S.iftnthoine des champs hocs
Paris , ou illec fiit inhumé & fon fervicc fait, ^
En cedit jour mondit Seigneur de Berryyc\tà\ eftoit logé à Beaultézvcc
plufîeurs ddfdits Seigneurs de fon fang, envoya fes Heraux à ladite
Ville dt Paris qui q>porterent de par luy auatre lettres , les unes aux
bourgeois , manans Se habitans d'icelle Ville , unes à l'Univerfité , let
antres aux gens d'Eglife , & les autres à la Cour de Parlement. Qui coiw
tenoient en effeâ que luy &c ceux de fon fang avec luy tous a(Ièmblez>
cftoient illec venus pour tout le bien.univerfel du Royaume de Franu ,
& que par ladite Ville luy fuflènt envoyez cinq ou (ix hommes notables
pour ouyr les caufes pourquoy luy 6c ceux de fondit fang eftoient ainfi
venus que dit eft. En obtenq>erant aufquelles lettres & pour icelles oyr
& efcouter furent efleuz ôc déléguez pour ladite Ville , maiftre Jehan
Choart Lieutenant 'Civil au Chaftellet de Paris , maiftre François HaJU
Advocat en Parlement , & Arnault Luillier Changeur de Paris. Pour I E-
glife de Paris maiftre Thomas de Courcelles Doyen de Paris , maiftre
. Jehan de Lolive Doâeur en Théologie , & maiftre Euftache Luillier Ad«
vocat en ladite Cour de Parlement. Et pour -ladite Cour de Parlement »
maiftre JdiaailcJouàngiery maiflre Jehan le Sellier Archidiacre de Brie.,
& maiftre Jaques Foumier. Et pour l'Univerfité maiftre Jaques Ming li^
faut pour la faailté. des Ans , maiftre Jehan Luillier pour Théologie *
maiftre Jehan de Montigny pour Décret , & maiftre Anguerant de P^-
renti pour Médecin. Tous iceux nommez deftiis eftoient menez & con*
duits par Révérend Père en Dieu le devant nommé Guillaume (CÀtme/^
Evefque de Paris , qui eut la charge de prefenter , mener & conduire
tous iceux nommez.
Lediâ jour y eut un Archer du Seigneur de la Barde monté à chevaU
armé SfC délibéré d'aler à fon aventure , vint à la porte fainâ Anthoine.:
auquel Archer le Baftard du Miùne^qpi gardoit la porte fainâ Anthoine
dift & defFendit qu'il n'y alaft point , lequel Archo: luy refpondit que^il
fcrott , ic qu'U n'eftoit ^point i luy ne tous luy : mais dloit audit de la
Bard^
lois vint camper à Conflans près Pa- 1 du mois d'Oâiobre. Voyez la petiu
lis > ou il léjourna jufqu a la fin | Chronique*
E X (49>
^$ LES CHRONIQUES
JBarJe fon maiftre ôc Capitaine. Et lors pour fon refus ledit Baftard diK
^ 4^ S* Maine tira fon efpée pour frapper iceiluy Archer , & ledit Archer tira
aufli la (lenne pour fe revencher. Et alors ledit Baftard du Mairu cria i
(es gens & autres eftans à ladite porte ^ prenez ce ribaut Se le tuez. Et in-
continent fut couru fus audit Archer , 8c illec le tuèrent tout mort. Ce
jour auflî vint nouvelles que maiftre Pierre DorioUc ( 48 ) gênerai des
Finances du Roy , l'avoir d!elai(Ie & s*en eftoit aie rendre à Monfeigneitr
de Berry. Cedit jour aufli les Ambaflàdeurs de Paris qui ainfî eftoient
alez à Èeaulté par devers les Seigneurs devant dits y s^tti retournèrent à
Paris Se vinrent arriver en Thoftel des Tourrullts , où ils trouvèrent mon-
dit Seigneur d*Eu : auquel ils dirent ce qui. leur avoit efté dit Se pro^
pofé.
Le Samedy enfuivant furent tous les de({us nommez^Ambaf&deurs en
rhoftel de ladite Ville , où eftoiçnt adèmblez plufleurs notables perfon^
nés pour oyr ce qui leuAvoit efté dit par les deflîifdits Princes & Sei-
gneurs , à quoy ne fut rien conclu pour la matinée : mais fut ordonné
oue ledit jour après difner feroient ailèmblez en ladite Ville , TUniver-
nté, TEglife, la Cour de Parlement , & autres Officiers , & le corps de
ladite Ville-, tous lefquels s*y trouvèrent , Se conclurent qu'au regard
des rrois Eftaps que requeroient eftre tenus lefdits Princes & Seigneurs
dirent que la requeftc eftoit jufte. Et en outre que paflàgc leur feroit
baillé à Paris , Se des vivres en les payant > & aufli en baillant par eux
bonne caution, que nul mal ou efclanare ne feroit faiA par euxx>u leurs
gens en ladite Ville ne aux habitans d'icelle , fauf fur tout le bon plaifk
ctu Roy. Ec i tant iceux Ambaffàdcurs retournèrent par devers lefdits
Princes leur dire leurdite délibération. Et eft aflàvoir que durant que le-
dit Confeil fut en ladite Ville à ladite heure d'après difner , furent tous
les Archers & Arbaleftiers de Paris en armes devant ledit hoftel , pour
garder d'opprcller les opinans audit Confeil. Et ledit jour Samedv les
gens d'armes de l'ordonnance du Roy eftans en icelle Ville , firent leurs
monftres au long de ladite Ville, & tous marchans lés uns après les au-,
très par ordre , ce qui faifoit bien bon veoir. Et premièrement aloient
les Archers à pié dudit pays de Normandie, , & puis les Archers à cheval-,
& en après les hommes d'armes des compagnies de mondit Seigneur
^Euy de Monfeigneur AeCraon , de Monfeigneur de la Bardcj Se dudit
Baftard du Maine , & pouvoient bien eftre en tout de quatre à cinq cens
lances bien en point , fans ceux de pié , qui bien eftoient quinze cen^
hommes & mieux. Etcemefme jour leRov efcrivift lettres à ceux de
Paris , par lefquelles leur mandoit qu'il eftoit à Chartres avec fon oncle
Monfeigneur du Maine a tout bien grand nombre de gens de guerre , &
que dedans le Mardy enfuivant il feroit à Paris. Et ce mefme jour vint
& arriva à Paris l'Admirai At Montaulban Se grand quantité de gens de
guerre avec luy. Ce jour fe deftogea de Btimlté mondit Seigneur de
JB^rry pour aler ifairul Denis , Se puis s'en retourna audit lieu de Beaul*
té y pour ce qu!on luy dift qu'il feroit plus feurement audit lieu de
Beaulté y où près d'illec eftoient logez Içulits ennemis , que d'eftre feul
audit
ii^] t^ Pcgttis Chancdîct jk France , & fort conou i^m& THlft. dcLouis^XI.
D U R O Y L O U Y s X |. jy
ftudîr Uea defain3 Denis , & auffi aue on luy ala dire que le Roy vcnoit
& rccournoit audit lieu de Paris. Et le Mercredy enfuivant le Roy retour- 146 y
na à Paris , &c amena avec luy fon oncle , Monfeigneur du Maint ,
Monfeigneur de Penthcure & autres , & ramena fon artillerie qu'il avoir
amenée avec luy , & grand nombre de pionniers pris au pays de Norman-
die , qui tous furent logez à Thoftel du Roy ifaincl PoL Et de ladite vc^
nue que fift le Roy en fadite Ville de Paris , fut le populaire dlcelle
moult fort refiouv en criant à haute «voix par rout où il paflbit par ladite
Ville. Noël. Er le lendemain bien matin lefdits Bourguignons & Bn-
tons vinrent bailler une reverdie devant le boulevart de la Four de Billy^
& avoient avec eux trompettes., clerons^ hauts meneftriers, & autres
inftrumens > dont ils faifoient grand bruit.. Et illec & devant la Baftillê
fainâ Anthoine vinrenr faire un grand bruit & cry , en criant à laflàut
& à l'alarme dont chafcun fut fort efpouventé , & s'en ala chafcun fur
les murs & en (a garde. Et ledit jour vinrent lefdits Bretons & Bourgui^
gnons voulfter devant Paris , deflus lefquels iilirent grand nombre de
gens de guerre de l'ordonnance du Roy , & tant par port d'armes que
oe jgrofles ferpentines du Roy qui.fort tirèrent > y eut ce jour plufieurs
demits Bretons Se Bourguignons tuez. Et le Vendredy enfuivanr vinrent
& arrivèrent à Pa/ii des farines & autres virailles du pays de Norman-
die. Et entre les autres chofes y fur amené delà Ville à^. Mante deux che-
vaux chargez depaftez d'anguilles de Goti , qui furent vendus devant le *
Chaftellet de Paris en la place à la volaille. Ce même jour après difner
iilirent dehors Paris Poncet.de Rivierjt (49) & ceux de fa compagnie, ■
qui bien pouvoient eftre de trois à quatre cçns chevaux , cuidans trou-
ver lefdits Bretons & Bourguignons , mais point ne s'y trouvèrent , &
ne fut lors rien fait. . Et la nuit les Bourguignons qui eftoient logez à la
grange aux^Merciers s'en deflogerent , pource aue l'artillerie du R6y '
portoit de Paris jufaues en ladite grange, & au acfloger abatirent toute
la couverture>dudit lieu , & en emportèrent tout le preparatif , comme '
huis , feneftres & autres bois pour eux taudir &: pour ardoir. Er ce jour
le Roy fift dire à cinq des devant nommez,qui avoient elle à Beaulté dé-
vers lefdits Princes, après la délibération amfîfaifte que dit eft, devant
audit hoftel Àç, la Ville qu'ils vuidaflènt hors delà Ville : defquelles cinq :
perfonnes les noms enfuivent. C'eft aflàvoit maiftre Jehan Luillier Cure '
de fainft Germain l'Auxerrois , maiftre Euftache Luillier^ & Arnaud Luil"
lier fes frères , maiftre Jehan Ckoart , .& maiftre François. Hajle Advo-
cat en Parlement..
Le Samedy dernier Aouft y eut moult belles faillies faites par lés pôf- -
tes de faindt Anthoine & fainA Denys. Et du cofté de ladite porte faindt '
Denys y eut un Archer de l'Hoftel du Roy tué : & du cofté defditsifr^-
tons Se Bourguignons en y eut auflî de ruez Se navrez. Et fi avint que un
gentilhomme nommé le Seigneur àcjainci Quentin fut en ladite faillie
ou efcarmouche abbatu de defliis un bon courfier fus lequel il eftôit
tnonré , & après fut recoux , mais il perdit fondit courfier & deux au-
cses beaux chevaux. Et du cofté de ladite porte faindt Anthoine n'y fut
rien ^
(^}> Il écoitCapijcainc des Archets. Cominet , liv. x.€bap..x••
E'3> fto}/
38 LES CHRONIQUES
rien fair. Et ce jour le Roy faillir aux champs du cofté de fon boulevart
* 4 ^ 5 • de la Tour de Billy , ôc illec fift paflèr au travers de Seine de l'autre cofté ^
de trois à quatre cens piétons pionniers , qui eftoient venus du pays de
Normandie pour aler pionncr à Tendroit Apport à VAnglois , &c devant
Conflans tout devant le ficge defdits Bourguignons à 1 endroit de la ri-
vière : car on difoit que XzQSxs Bourguignons avoient intention de faire
un pont (50) pour paflcr ladite rivière. Et audit lieu le Roy brdonna
certain nombre de gens de guerre pour garder & deffendrc de faire ledit
pont & paflèr laditte rivière, & après letditspionniers ainfi paflèz que dit
cft , le Roy auflî pafla après eux laditte rivière tout à cheval dedans un
bac fans defcendre de deffus ledit cheval.
Le Dimanche premier Septembre lefdits Bourguignons mirent & aflî-
rent un pont pour paflèr ladite rivière audit port à VAnglois. Et avint
que à rheure qu'ils avoient délibère de paflèr par deflus ledit pont , arri-
va audit port à CAnglois certain grand nombre de francs Arcners & au^
très gens de guerre pour le Roy, qui vinrent aflèoir engins au bout dudic
pont , dont ils tirèrent à Pencontre defdits Bourguignons^ & en tuèrent
& navrèrent , & leur convint reculer. Et de l'autre cofté de la rivière du
cofté defdits Bourguignons pafla a nage un Normant , qui ala coupper
les chables ordonnez à porter ledit pont, & partant ledit pont s'en ala
aval l'eauc» Ce jour auffî fut tiré grand quantité d'anillerie dedans l'oft
defdits Bourmignons , pourquoy les convint reculer plus arrière. Ce jour
auffi lefdits Bourguignons tirèrent de leur artillerie aux gens du Roy cC-
tanszudïtport a TAngloiSf Se y eut un Gentilhomme de Normandie
qui eut la tefte emportée d'un coup de ferpentine. Aufli vinrent &c arri-
vèrent â Paris par devers le Roy deux Ambaflàdes , l'une pour le Duc
de Nemours y l'autre pour le Comte d^Armimac. Ledit jour aufïî fut falo-
te belle faillie aux champs par MefOre Charles de Meleun Se Malortie ,
Se ceux de leur comoagnie qui faillirent tous bien en point pour efcar-*»
moucher fur lt(dn% Bretons Se Bourguignons.Etlcdit jour aufu arrivèrent
â Paris les voulgiers & crànequiniers cm pays & Duché d^AnJoUiqui bien
pou voient eftre quatre cens hommes,qui aufli ledit jour furent menez aux
champs pour efcarmoucher lefdits Bretons Se Bourpiignons 9 Se y eut \
(cefte fois deux Archers de l'ordonnance du Roy tuez , Se un pris , & les
gens du Roy prirent fept Bourguignons Se en tuèrent deux. Ledit jour
encores fut a Paris 4 feurcté par devers le Roy le Comte de Sommerfet
du Royaume d'Andeterre^ qui cftoit de l'oft defdits Bourguignons , Sc
parla au Roy qui eftoit en la BaftiUe fainâ Anthoine, afTèz longuement.
Se puis luy fut donné à boire, & prit congé du Roy , qui au partir
pource qu il pleuvoir luy donna fa cappe,qui eftoit de velouxnoir.
LeLundy 1. Septembre 1^6^. Monfeigneur du Maine qui eftoit logé
à Paris devant l'hoftel du Roy , envoya a Monfeigneur le Duc de Berry
deux muys de vin vermeil , quatre demies queues de vin de Beaulne ,
ôe un cheval chargé de pommes , de choux Se de raves. Et le Mardy en-
fuivant furent nommez Se efleus Ambafladeurs pour le Roy Se lefdits
bourguignons , pour communiquer fur leurs differens. C'eft aâ&voir pour
le
(fo) CçPootfi^t £uc çn peu de temps. Cmiaeii Uv. i. çh^p. C.
(5O
DUROY LOUYS Xï. 5^
le Roy furent efleaz mondit Seigneur du Maine , le Seigneur de Prcdgny
Prefident des Comptes , & maiftre Jehail Dativet (51) Prefident cm
Parkment de Thouloufc. Et du eofté defdits Princes & Seigneurs con-
traires , furent nommez^le Duc de Calabre , le Comte dtfainS Pol, Se
le Comte de Dunois. Et ce jour auffi par cas de fortune fut mis & bouté
le feu dedans la poudre à eanon qui eftoit à la porte du Temple, qui em«
porta le comble de ladite porte , & fift defcharger ftuit pièces d'artillerie
dlans à ladite porte , qui a ladite heure eftoient toutes chargées. Et in^
continent queiefdits Sekneurs Ambadàdeurs furent ainfi efleuz Se nom--
mez y pourparlerent eniemble fur l'accord ic pacification d'entre eux »
& fut rait trêve jufqucs au Jeudy enfuivant. Pendant laquelle trêve ne
fiit faite aucune guerre de cofté ne d'autre : mais durant icelle chafcun
mift peine de fa part de foy^ fortifier^ Et durant icelle trêve y eut pludeurs
alées Se venues faites de cofté & d'autre. Se jufques audit jour de Jeud/
que ladite trêve devoit faillir, que mondit Seigneur du Maine en retour-
nant de l'oft defdits Bourguignons^ dift aux portiers de ladite porte fainâ:
Anthoitie qu'Us fiflent tous bonnes chères , Se que au plai(k de Dieu
avant qu'il feuft hui6b jours lors à avenir , tous auroient caufe de joye de'
crier NoeL Et cedit jour ladite trêve fut continuée jufc^ues au Mercredy
enfuivant.. Et le Vendredy après furent tous iceux Seigneurs confulter
cnfemble en la grange aux Merciers ,• dellbus un pavillon pour cefte
caufe iUec ordonné, & cependant \t(Ayis^ Bretons Se Bourguignons en
grand nombre comme deux mil ou environ , Se des plus lîonneftes ve^
noient en grand pompe eux monftrer devant Paris , jufques au foflc de
àtxntttfainSjimhoine des Champs. Et auffi iffirent hors Ac Paris plufieurs^
Ferfonnes pour \ts aler veoir & parler à eux , nonobftant que le Roy
euft deffendu , & en fut bien mal content , Se voyant ces cliofes fut
meu de leur faire jc^er pludeurs canons Se ferpentines,qui eftoient char-
gées en la Tour de Billy^ & près d'illec. Et quantlefditsdeP^m retour^
Berent en la Ville, il en fift prendre les noms de plufieurs par efcrit. Et le*
Dimanche 8 Septembre fcfte de Noftre Dame , le Roy partit de fon hof-
tel des Tourrulles pour aler en la grand Eglife Noftre Dame , & en y
alant pa(Iâ par L^Egiife de la Magdelene , où illec il fe fift frère & com-
pagnon de la grand Confrairie aux Bourgeois de Paris , Se avec luy s'/
mirent TEveique d^Evreux Se autres. Et le tundy 9. Septembre , leidits-
Bretons Se Bourguignons fîirent es terroiiers de Clignencoun y Montmar^
tre y la Courtille Se autres vignobles d'entour Paris , prendre & vendeh-
gcr toute la vendange qui y eftoit , jaçoit-ce qu'elle n'eftoit point meure ,
& en firent du vin tel quel pour le boire. Et a cefte caufe furent ceux da'
Paris contraints de vendanger les autres vignes par tout autour de Paris,
^ui n'eftoient pas à demy meures , Se auffi le temps leur fut fort contrai-
re. Et fut la plus mefchante & povre vignée qui Ibng temps fut feeue en*
Frarue , & l'appelloit-on le vin de l'année des Bourguignons.
£n ce temps vinrent à P^m pluûèurs des Nobles de Normandie y tiowt
(ervir
ffi) n avoit ité emptoyë en plufienrs
J[mba(ra(ies , étoic fort aimé du Roi qui
ficooic ca loi beaucoup de confiance.,. &.
•cft mort Premier Prefident a«M*arIcmcor
de Paris en 147 1. Il a été l'un des plus cé--
lébrcsMaglftracs de- fon cem^
146 J«
4Ô LES CHRONIQUES
fcrvir le Roy en fes guerres : tous lefquels furent logez aux fauxbourgs
14<^J» de faindk Marcel lez Paris. Entre lefquels en y avoir. aucuns particuliers
qui firent moult de maux & larrecins , & de ce en furent deux repris par
aucuns des bourgeois de ladite ville , & qui contre leur gré & volonré y
Youloient entrer. Et pour le refus qui leur en fut fait par lefdits bour-
geois , leur dirent iceux de Normandie plufieiurs injures &c mauvaifes pa-
jolies i^eneux rebellant à rencontre d'€ux & enlesappelant;traiftres-So/;^r-
guignons , & qu'ils les mettroient bien en point > &c qu'ils n'eftoient ve-
nus dudit pays de Normandie à Paris , que pour les tuer £c piller. Dcf-
Îuelles chofes information fut faite à la plainte de ceux dudit Paris , qui
efdices paroles fefentirent fort injuriez. Et veucs icelles le principal œal«-
faiâeur Se prononceur defdites paroUes > iur condamné à faire amende
honorable ocvant l'hoftel de ladite ville, au Procureur d'icellepour toutç
ladite ville , tefte nue., delTeint , une torche au poing, en difant par luy
que faudement & mauvaifement il avoit menty en difant lefdites paroUes.
l^n priant 6c requérant icelles luy être remi(es &C' pardonnées , & après
ejut la langue percée, donjt il avoit profecé lefdites paroUes^ Se ce fait
flitbanny.
Le Lundy enfuivant les Bourguignons Ce vinrent montrer devant P^m^
entre lefquels y eftoit Monfeigneur defainS Pol, pour parler auquel le
Roy yffit dehors Paris Se parlèrent enlemble bien deux heures. Et pour
sjen retourner feurement le Roy bailla pour luy en hoftage Monfeigneur
le Comtedu Maine , qui demeura en i oft defdits Bourguignons o jufques
au retour de xnondit Seigneur àcfainS Pol , Se ce meime jour le Roy
en retournant des champs dift à pluGeur^ de Paris eftans â ladite porte
fâinâ Anthoine , que lefdits Bourguignons ne leur donneroient plus tant
de peine qu'ils avoient fait , & gu'u les -en garderoit bi^în , Se lors un
Procureur 4e Chattellet nommé Pierre Beron lui rcfpondit^ Voire Sire ,
mais ils vendangent nos vignes (5 1) & mandent nos raifins fans -y (<^voic
remédier. Et le Roy répliqua qu'il valloit mieux qu'ils vendcngeaflent leG
dites vignes. & mangeaflcnt lefdits raifins , que ce qu'ils vinuent dedans
Paris prendre leurs taflfes & vaillant qu'ils avoient mis Se muflèz dedans
Leurs caves & celiers. Et le Vendtedy enfuivant vint Se arriva es Halles de
Paris deux cens chevaux tous chargez de marée Se de toutes manières Se
(pries , & y vint aulTi plufieurs faumons , efturgeons 8c du harenc frais ,
en defpit Se malgré de tous lefdits Bourguignous , Bretons Se autres, ainfi
cftans devant Paris , qui avoient menaflez ceux de ladite ville de leur
faire manger leurs chats Se leurs rats par fanûne. Et -depuis fut ladite tre-
ye continuée par ^ei»c ou trois fois juiques au 18. Septembre , pendant
laquelle lefdits Bretons Se Bourguignons fe avittaillerent fort en leur oft,
à la grand charge Se foule du pays & du peuple. Et n'eft point à douter
que fe le Roy euft voulu dire avant, & qu*il euft efté bien fervy des
gens de guerre prenans fes cages & fouldées , avec les nobles & peuple
4e Paris , qui boiHie dévotion avoient au fainâ : il ^uft -fub jugué Se mis
tous
is-i) Cet jcndrtflt pourrolt bien avoir
4onné lieu à Rabelais de compofer le cha>
te ce que fit Frerc Jean des Entommeutes
pour lauver les vignes ^c rA|;>baye de Ser
fïm 17. 4c(ba Çargaivtaa, ou il r«>por- 1 ville.
DU R O Y L O U Y S X T. 41
Wus fefdîts ennemis en tel eftat que jamais ne fuflcnt retournez, dont ils
cltoient partis , pour venir devant ladite ville de Paris. * 4^ $•
LeMercredv 1 8. Septembre, nonobftant le pourparler defditsAmbafla-
deurs de cofte & d'autre , fut tout rompu & perdu le bon efpoir que on
avoir eu paravant.
Ce jour deMercredy fut defemparé lefiegeçiuc le Roy avoir fait audit
Port à V Anglais , auquel fîege avoient efté faites de belles tranchées &
bouUevers , tentes & pavillons , & après ledit defemparement tous les
gens de guerre eftans audit fîege s'en Vinrent retraire & loger aux Char-
treux près Paris , dedans lequel lieu des Chartreux furent logez fix cens
hommes de guerre & leurs chevaux. Et tellement en fut rempîy ledit lieu>
que les fainéts hommes Religieux de leans en furent dechaflèz & boutez
hors de leurs celles & lieux de dévotion. Et le lendemain Jeudy lefditS
Bretons & Bourguignons paflèrent laditte rivière audit Port à r Anglais ,
& vinrent au point du jour efcarmoucher lefdits gens de guerre du Roy
ainfi logez ifainU Marcel, les Chartreux icfainS KiSory & en y eut de
cofté Se d'autre de morts , navrez & pris.
Ce mefme jour fe fift un grand Confeil Se Aflèmblée en la Chambre
des Comptes , auquel furent afièmblez avec autres les feize Quarteniers
d'icelle » les Cinquanteniers , & de chacun defdits Quarteniers (îx hom-
mes notables avec aucuns Confeillîers de la Cour de Parlement, Officiers
& autres. Et illec Monfeigncur le Chancelier MorviUier dift & expofa de
par le Roy conunent il s'eftoit grandement mis en fon devoir , d'avoir
ofFen aux Princes & Seigneurs , qui eftoient devant Paris aux demandes
qu'il$ lui faifoient pour l'appanage de Monfeigneur le Duc de Berry ,
pour lequel ils demandoient avoir la Duché de Guyenruy PoiSou , & le
pays de XainBon^ , ou la Duché de Normandie. À quoy leur fut dit &
tefpondu par ledit Confeil ainfi aflèmblé , que le Roy ne leur pouvoir pas
bailler ne defmembrer de fa Couronne. Et depuis le Roy leur offrit bail-
ler le païs de Champaigne ic Brie, refervé à lui Meaulx, Monfiereau Se
Meleunj pour ledit appanage. Et aufdits de Charrolois & autres Seigneurs
fifl de grans offres pour leurs deffrayemens , ce qu'ils ne dévoient poinc
refufer : mais rien ne voulurent accepter , & demeura tout jufques au
Vendredy matin enfuivant. Auquel jour le jeune Senefchal dé Norman-
die (53) ifCt hors de Paris à tout bien fix cens chevaux pour efcarmou-
cher , & foy monflrer devant les deffufdits. Et pareillement fe monflrc-
rent de l'autre cofté de la rivière grand quantité de gens de guerre devant
lefdits Bourguignons, qui fore tirèrent engins celle journée, dont ils tuè-
rent un Gentilhomme de PoiSàu de la compagnie de Monfeigneur de
Penthieure , qui fe nommoit Jehan Ckanreau Seigneur de Pampelic. Et .
dedans les vignbs près fainâ Anthoine Ass champs , furent pris bien vingt
ou vingt-quatre paillars Calabriens & Bourguignons , tous nuds & mal
en point , qui tous furent vendus au butin , & en donnoit-on quatre pour
un efcu , qui efl audit prix fix fous fix deniers parifis la pièce.
Le Samedy (11 ) enfuivant au point du jour un nommé Louis Sor^
hier
. (51) U étoit £ls da ^elsnenr de Brczé , dttqael il a été parlé d^derant plufieun
Tome IL E
14<îî
4* LES CHRONIQUES
hier ( <4} qui eftoit â Ponthoift Lieutenant de Jouachin Rouaub Ma^
refchai de France , par faude & mauvaife trakifon qu'il fift & confpita
contre le Roy Ton fouverain Seigneur, bouta dedans laditte ville les Brt^
tons & autres ennemis du Roy , & en faifant par luy laditte trahifon,niit
en Ton appointement que ceux qui eftoient audit lieu de Ponthoife de la
compagnie dudit Jouaddn'qai ne voudroient demeurer y s'en yroienc
franchement eux & leurs biens faufs^ Et incontinent qu'il eut ainû bail^
lé ladite ville de Ponthoife , il ^cn panit luy 6c aucuns de fa compa«-
gnie , & alerent devant Mculanc porter & monftrer l'enfeigne dùdit
Jouachin , afin que ceux eftans audit lieu les boutadent dedans fans ea
faire difficulté , en cuidant par luy qu'ils n'euflsnt point encores efti:
avertis de faditte trahifon : mais avant qu'il vint » ceux dudit Meulana
eftoient bien avertis d'icelle trahifon , &c incontinent qu'il fut api>erceiii
par lefdits de Mtulanc qui ja eftoient en armes deflus les murs» crièrent
a haute voix , alez faux & mauvais traiftres , & leur jetterent des engins*
dudit lieu. Et partant fut contraint de foy en retourner audit lieu de
Ponthoife à toute fa honte. Et cedit jour ledit Sorbier cfcrivit une lettre
QoxJ^t Jouachin , par laquelle luy mandoit qu'il avoit mis Se bouté lefdiâs:
Bretons & autres audit Ponthoift , ôc qu'il avoit efté confeillé de ainfi le
faire pour le micux,& quedek faute qu'il avoit faitte^luy &c leRoy luipar-
donnallènt. Et fur la fuoerfcription defdirtes Lettrescftoit efcrit. A vous Se
au Roy. Et ce jour fut faittefaïUie dcParis fur lefdits Bretons Se Bourgui^
gnons , & y eut de pris , navrez Se tuez de cofté Se d'autre y Se S y eut un
cheval de pris quieftoit tout bardé decuyr bouUy, qui fut tué d'un coup
de coulevrine que lui baillèrent lefdits Bourguignons^ Et le Dimanche
enfuivant au poinâ du jour les de(Iufdits ennemis vinrent faire un refveit
devant laditte ville du cofté de laditte porte (ainâ: Ânthoine , vinrent
bien erand nombre jufqties 2MditJain3 j4 moine des champs ^ Se pour les
faire defplacer leur furent jettez aicelle ville plufîeurs traifts de canons,
Serpentines , Se autre artillerie d'icelle porte famét Anthoine Se de laditte
Baftille , & autre chofe n'y fut faitte.. Et le Lundy enfuivant , de nuiét
apparut i ceux qui ^ifoient le euet & arricreguet en laditte ville , une
eomeâe qui vint des parties dudit oft cheoir dedans les fbdez d'icelle
ville à l'environ de Thoftel d'Ardoife , dont ptufieurs furent efpouvantez,.
non fçachans que c'eftoit r mais cuidansquece euft efté unefiilée ardant,,
illec jettée & envoyée par lefdits Bourguignons.
Si en furent portées les nouvelles au Roy en fon hoftel des TournelUs
ui incontinent monta à cheval Se s'en alla deflùs les murs au droit du-^
ît hoftel d'Ardoife , & y demeura grand efpace de temps, & fift aflcm-
bler tous les Quarteniers de P^5, pour aler chafcunen fa garde deflus
lefdits murs. Et àcefte heure courut bruit quelefdits ennemis ainfi eftans
devant Paris s'en atloient Sc deflogeoient , & que à leurdit partement
inettoient peine de brûler & endommager laditte ville par tout ou pofiî«
blc leur fcroit , & fiit trouvé que de tout ce il n'eftoitrien. Audit temps
lefdiâs ennemis ainfi logez devant P^rij , firent plufieurs ballades, ron-^
tfeaux , libelles diffamatoires , Se autres chofes pour diffamer aucims bons;
• fcmtçott
(54) Il eft nommé lorbier dans Monfttelci^ « ^
i
0U ROY LOUYS XI. 4?
lervîteurs eftans autour du Roy , afin que à ccftc caufc le Roy les prîft en ^~^
Ùl mal-veillance » & les dechafïkft de fon fervicè. En ce temps les gens ^ '
de guerre de l'ordonnance du Roy eftans logez à Paris ^ y firent de gran-
des & bonnes chères. Et en lieu de pafle-temps y feduircnt pkueurs
femmes & filles , qui par leur moyen en débauchèrent & déguerpirent
leur menées 8c enfans , & les autres jeunes filles fervans leurs maiftresr
& fervices pour fuivre iceux gens de guerre. Et entre autres y eut une
jeune fille, qui eftoit fille d'un Procureur de Çhaftcllet de Paris nommée
Ettftache Fcmicle qui avoit pris habit de Damoifelle 8c grand eftat » pour-
ce qu'elle avoit fiancé un nommé le Chien natif de Carentan en Norman-
die y 8c ferviceur d'un nommé te Seigneur de fainSe Marie dudit pays de
Normandie. Laquelle jeune fille pour ce que ledit le Chien mettoit trop
à Tefpoufer , fe acointa d'un archer de l'ordonnance du Roy , qui avec
lui l'emmena & accordèrent leurs vielles enfemble , Se en fut courmicé
ledit le Chien , 8c n'y fceut remédier : mais le père 8c la mère de ladictc
jeune fille très-mal contens de ce que dit eft , s'en alerent faire grans
plaintes par devers le Roy , mais ils n'en eurent autre cho(ê. Et cedit jour
au foir environ deux heures de nuit Monfeigneur l'Evefque d'Evreujt^
Balui £ut guetté & accueilly par aucuns Tes ennemis en la rue de la Barre
du bec » 8c fut fait à l'environ de la porte de derrière de feu maiftre Bu^
reati Boucher y (5 5)lefquels chargèrent fur luy , & de première arrivée
vinrent ofter & foufHer deux torches que on portoit devant luy , & après
vinrent audit Balui qui eftoit monté fus une bonne mule , qui \t fauva
& gagna à fuir : car tous fes gens à Tefïroy l'abandonnèrent pour paour
des horions » & emporta làditte mule fondit maiftre Baluè jufques au
cloiftre Noftre Danie en fon hoftel , dont elle eftoit panie. Et avant la-
ditte fuitte il eut deux coups d'efpée, l'un au plus haut de (ts cheveux 8c
au milieu de fa couronne, 8c l'autre en l'un de (es dois. Et fefdites gens
qui ainfi s'en aloient courans aval la rue > crioient à l'arme & au meurtre
aiSn que le peuple faillift pour donner fecours à leur maiftre. Et dudit
cas le Roy en nit courroucé , 8c ordonna que on en fift information , 8c
que la chofe feuft fceuc : mais tout en demeura ainfi fans 'en fçavoir au-
tre chofe : combien que aucuns difoient depuis que ce avoit fait faire
Monfeigneur de Filliers le ho/cage , pour l'amour de Jehanne du Bois,
dont il eftoit amoureux. Celle nmâ: aucuns Bretons 8c Bour^ignons fa^
itntkSevre^oiï ils trouvèrent aucuns Efcojfois de la compagtiie Robert de
Conychan , lefquels il tuèrent 8c leur coupèrent à tous les gorges.
En ce temps un nommé Alexandre £o/ger natif de Paris ^ qui eftoit*
Konmie d*armes de l'ordonnance du Roy noftre Sire , fous la cnarge 8c
compagnie du Seigneur de la Barde , s'en ala 8c abfenta de Paris pour
loy aler rendre ifainS Denys à Monfeigneur de Berry , qui illec eftoit ,
& s'y en ala lui cinquième , & avec lui emporta toutes fes bagues & fa
malle. Le Jeudy enluivant vinrent en l'hoftel de laditte ville plufieurs
grandes plaintes par aucuns des bourgeois de laditte ville , de plufieurs
mauvaifes paroles mal fonnans , que ciifoient 8c publioient plufieurs gens
dç
(5 5) Il étoît Maître des Requêtes : de I ccnd M. Boucher d'Orfay Maître des Rc-
fai ec de Gillette Rouler fon époofe, def- I quêtes , 6c les autres Magiftrats de ce nom.
F X
44 LES CHRONIQUES
de guerre eftans en laditte ville , contre lefdits bourgeois , mànans 8c hz^
*4^S* bitans d'icelle , pour y donner provifion. Et efloient lefdites pârolles^
telles proférées & diftes par iceux gens de guerre Je renie Dieu > les^
biens qui font i Paris y ny audi la vUle > ny font point ny appartienent à
ceux qui y font demeurans & refidens, mais à nous gens de guerre, qui
y Tommes , & voulons bien que vous fçachiez que malgré vos viéiges*
nous porterons les clefs de vos maifons » & vous en bouterons dehors
vous & les voftres. Et fî vous en caquetez , nous Tommes allez pour eftre
maiftres de vous. Et ce mefme jour y eut un fol Normant qui dift à la
torte fainû Denis > que ceux ae Paris eftoient bien fols de penfer que
mrSiChaifnes de fer tendues au travers de leurs ruës> leur puft valoir alen*
contre d'sux. Pour lefquelles paroUes ainû mal {bnnans que dit eft , fut
foudainement ordonné par aucuns enrhoftel de laditte ville à qui kfdktes
paroUes furent ainfî dittes & rapportées , que cefte nuit chacun Quarte-
nier de Paris feroit faire beaux & grands reux par toutes les dixaines de
fon (juartier , & que un chacun feroit en armes & fur fa garde devant
lefdiéls feux. Et ii furent ordonnées toutes les chaifnes des rues foraines
eftre tendues, ce qui fut fait , & veilla chacun jufques au point du jour»
Et cefte mefme nuit fut grand bruit que la Baftille faindt Anthoine fiic
iaiflee ouverte, pour laifler entrer dedans Paris ceux ^ui eftoient devant*^
Et fi trouva Ion cefte nuit aucuns canons près dudit lieu , dont les cham«
bres eftoient encloiiez afin qu'ils ne puflènt fervir quant meftier en feroit-
Et defdits feux & du grand guet qui y fut fait & ainfî ordonné que dit
cft, furent lefdits Capitaines,qui eftoient k Paris moult efbahys, & dont
aucuns s'en alerent en la Chambre du Roy en fon hoftel des Tourndlts^.
(j^avoir à luy fi c'eftoit de fon ordonnance & commandement que lefdits.
feux & guet eftoient ainfi faits & ordonnez , ou de par. qui. Lequel dit
& refpondit que non.. Et tout incontinent il manda venir à lui fire Jehaiv
Luillitr Clerc de laditte ville , qui y vint & lui certifia que lefdits feux.
& guet eftoient faits à bonne fin i & de ce afièura le Roy & lefdits Ca-
pitaines. Et ce nonobftant ordonna à MefHre Charles àe,MeUun qu'il alaft .
en rhoftel de la ville, & par tous les quartiers d'icelle dire que on laiflaft.
lefdits feux > & que chacun s'alaft coucher, dont rien ne voulurent faire»,
mais demeurèrent ainflarme:^ju(ques au jour ,.& maintenoient plufieurs
depuis que ce fut grâce de Dieu , & que fî s'en fuflent alez & départis,
laditte ville eftoit perdue & deftruifte. Et que lefdits de devant Paris y
fuflent entrez par laditte BafiilU ,. & par ce fut demeurée laditte ville
deftruite Sf. du tout defolée. (^ 6)
Le Vendredy enfuivant {zy Septembre) vinrent a Paris deux pourfuî*
vans (stXj 1 un de Gifors qui vint dire au Roy , qu'il envoyaft fecours.
txi ladijcte Ville , & que devant y avoit bien cinq ou fîx cens lances , &:
que dedans icellç ny avoit nulles gens de guerre de par le Roy» Et fî n'a-
voient.
U^) #^ 14^ f»^ Supplément. Au
mois de Septembre , Jean de Bour-
gogne, Comte de Nevers, eft pris
de nuit dans le Château de Peron-
rolôis, & mené prifonnicr au Châ-
teau de Bethune. Petite Chronique*,
($7 ) VoHtfuivans tt Armes , c'cft ainfe
que Ton nommoit ceux qui s'attachoîcnt
« par 1« gens du Co«te de Cha- 1 J^f^'S fo^S * "''''"'" '"'^^
E-Jt.
DUR O Y L O U Y S XT. 4:^
Voient âtiffî artillerie , poudres , ny autres defFences , & l'autre pourfui-
vant eftoit auflî envoyé au Roy de par Hue des Vignes , Eftuyer homme * ^^ J'
d'armes de l'ordonnance dudit Seigneur , fous la charge & compagnie du
Seigneur de la Barde i lequel Hiu eftoic lors à Meulanc , par lequel pour-
£iivant eftoit mande au Roy que ledit des Vignes avoit fceu par gens
de foy , que les Bretons & autres avoient entrepris d'entrer a /îo//^/2,
tout ainfi qu'ils avoient fait à Pomhoiji ^ & par dedans le Chaftel ou
Palais de laditte ville , afin qu'il y pourveuft. Et ccdit jour Ven-
dredy lefdits Ambaflàdeurs ordonnez de chacun cofté difnerent ifainS
Anthoine des Champs dehors Paris. Et U leur fut envoyé de par le Roy^
pain > vin , poiflbn , ôc tout ce que mcftier leur eftoit pour ledit dif.
ncr. Et fut illec auflî porté en une charrcte pluiîeurs des comptes rcn^
dus en la Chambre des Comptes à Paris, des pays , & villes de Cham-
pagne & Brie. Le Samedy eniuivant lefdits Ambaflàdeurs de cofté & d'au-
tre furent derechef aflcmbkz en deux panis , c'eft affàvoir Monfieur du
Maine & ceux de fa compagnie pour la partie du Roy ,' avec les autres
Princes & Seigneurs , eftans dehors tous en la grange aux Mcrcicrsw Et
pour le Roy audit fainft Anthoine des champs yeftoient ordonnez maiftrc
Erienne Chevalier (58) Trcforier de France , maiftre Arnault Bouchier ^
& Cryftoflc Paillard Confeillicr des Comptes. Et les Commiflàires dc^
l'autre parti eftoient Guillaume dcBifche (59), maiftre Pierre I>oriolle (6o)y
maiftre Jehan Berart , maiftre Jehan Compaingy un autre Licencié efcu-^
mans Latin , & maiftre Fthier Marchant , & ce jour ne firent que peu de
chofe. Cedit jour le Roy receut lettres de la vefve McflSre Pierre dcrBre^éy
par lefquelles lui mandoit qu'elle avoit fait prendre le Seigneur de Bro^
Îtumont y Capitaine du Palais de Rouen , pource qu'elle fe foupçonnoit<
udit cas , Se qu'il n'euft aucun doute de laditte viÛe de Rouen , du bout,
du pont du Palais, &des habitans d'iicelle, & que tous ils fe trouveroient
bons & loyaux envers luy. Le Dimanche (zj Septembre) enfuivant au.
point du jour fe vinrent rendre au boulevart de la Tour de Billy fcpt:
Bommes, qui eftoient efchapcz prifonniers de l'oft deCdits Bourguignons,
dont il y en avoit quatre faâeurs de Marchands- ^'Or/w/w, deux autres
fafteurs deMarcbansdePtfn'j 9 & un Flament , qui tous avoient efté
condamnez i être pendus par lefdits Bourguignons , pource que depuis»
leur prife n'avoir eu perfonne qui les eut pourchaflèz. Et rapportèrent
aue le Mercredy précèdent fut dréc une ferpenrine de la Tour de Billy
edans l'oft defdits Bourguignons , laquelle d'un feul coup tua fept
Bourguignons 6c en ble(& plufieurs. Ce jour après difner vinrent nouvel-:
les au Roy que Rouen eftoit pris par Monfeigneur le Duc de Bourbon y
qui y entra par le Chaftel de Rouen du cofté dès champs. Le Vendredy^
au (oir précèdent , ( ou 27 Septembre ) par le moyen de k vefve {Ci }:
Meflire Pierre de iSw^' k qui le Roy avoit fait moult de biens , & où»
il
(f 8"^ Ceft le mime duquel a été parlé
d-devanc page. 6, note 9.
(55) Il en a ét^ parlé dans le premier
Tome de Comines , Livre I. chap. i x.
|^^}.L'oa a déjà dit <ja*il fut depuis
Chancelier de France:
(61) Ip" Elle fc nommoît Jeanne Crcf-
pin ; elle fut obligée depuis d obtenir pouf
ce crime une abolition du Roy Louis Xl^
Yoytz les Preuves ^nHitmp LXXXIL.
5>
^^_^ 4^ LES CHRONIQUES
^^^T^ il avoît grand fiance , & conduifoit le fait d'icclle vefve rEvefquc de
M '^ S • Baveux {6i) ledit Maiftre Jehan Hcbcrt & autres. Et au moyen de laditte
pnfe quant les Seigneurs de dehors Paris fceurent icelle , ils donnèrent
refponfe au Rov que Monfeigneur Charles frère du Roy , qui paravant
fc fuft contente 6!^ Champagne Se Brie , n'auroic point d'autre appanage
que de la Duché de Normandie , laçjuelle chofe le Roy par force & con-
trainte -, ôc pource qu'il n'y pouvoir remédier , bailla à mondit Seigneur
Char/es pour fondit appanage laditte Duché de Normandie , & reprit à lui
la Duché de Berry. Et après que le Rov euft baillé laditte Duché de Nor^-
mandie audit Monfeigneur Charles , il fut après contraint de recompen-»
fer tous lefdits Princes & Seigneurs de leurs armées & intereto qu'ils
avoient fait contre luy , qui tous le butinèrent ainfi qu'il s'enfuin C'eft
adàvoir Monfieur de Charolois eut pour fon butin les villes de Peronne,
Roye & MondidUr , pour eftre fiennes & demeurer en perpétuel hérita-»
ce. Si luy laifla auffilc Roy durant le cours de la vie d'icelluy Charrolois
les villes & terres qu'il avoir nouvellement dégagées de quatre cens vingt
mille efcus d or de Monlîeur de Bourgogne fon père. Et outre lui bailla
& laifla les Comtez de Guy nés & de Boulogne lur la mer auffi en perpé-
tuel héritage. Et après fut baillée au Duc de Calabre certaine grand fom-
me de deniers & de gens de guerre du Roy , foudoyez i fes defpens >
pour les exploirer à fon plaifir. Et d Monfieur de Bourbon fut baillé &
faifle fa penfion , celle qu'il avoit du temps du Roy trcfpafle , & les gens
de guerre qu'il tenoit audit temps , Se aflSgné du payement à luy dea
pour le refte de fon mariage, & autre chofe ne eut du Roy. Et au Comte
de Dunois fut tôt rendu ce qui lui avoit efté ofté durant la divifion , Se
retenu K grand penfion. Et au Comte de Dampmartin fut fait de beaux
dons de par le Roy , & reftituer en toutes h% terres qu'il avoit perdues
& confifquées par Arreft de Parlement. Et au regard des autres Seigneurs
chafcun en empona fa pièce. Et le Mardy premier Odobre fut criée la
trêve à toufiours entre le Roy & lefdits Prmces , & le lendemain Mr. de
fainB Pol vint à Paris Se dilna ce jour avec le Roy , fie ala en la falle du
Palais dudit Paris 5 & là à la table de marbre fut créé Conneftable de
France , & fift le ferment en tel cas accouftumé de faire. Et ce jour fut
crié à Paris de par le Roy que chafcun portaft des vivres & autres chofes
pour avitailler & reveftir leldits Bourguignons Se Bretons ^ laquelle chofe
fuft faite. Et incontinent que ledit cry fut fait , plufieurs Marchands de
Paris y portèrent jjrand foifon de vivres aux champs devant fainâ An*
thoine, lefc^uels vivres y furent incontinent bien recueillis par lefdits de
l'oft qui y vinrent de toutes parts , & achetoient iceux vivres ce que oa
leur faifoit par efpecial pain & vin : car lefdits de l'oft eftoient tant affa-
mez , les joues velues Se fi pendans de maleureté qu'ils avpient longue-
ment enduré, que plus n'en pouvoient. Se la plufpart eftoient fans chauflès
& fouliers , plains de poulx Se d'ordure {6})p
Et
(^1) ^CT ^can Balaç dq>nîs Cardinal ;
fur lequel on verra dans les preuves d*am-
fies ^clairciiTemeas > numéro C^
(^5) fjcr n6$f Supplément. Sep-
umbre. A la fin de ce mois les Bre*
tons furprennent la ville de Pontoi-»
fe, par le moyen d'un Capitaine de
la même ville^ Petite Chronique.
DU ROY LOUYS X î. 47
Et entre autres vinrent & arrivèrent aufdits vivres pluCicnrsLi/rcloJreSy ,
CalabrUns Se Suiffis , qui avoient telle rage de faim aux dents qu'ils pre- * ^ • î
noient fromages fans peler , & mordoient à mefmes , & puis bu voient
de grans & merveilleux traits en beaux pots de terre Et Dieu fcet en
qudies nopces ils eftoient, mais ils ne leur eftoient pas franches, pource
qu'ils payèrent bien leur efcot , & pluHeurs autres chofes y euft faittes ce
jour qui font cy-paflees pour caufe de bricfveté : mais chacun peut fçavoir
que c'eâ: chofe incomprehenfible & ineftimable- que la puiiiance ae Pa^
ris : car lefdits Bourguignons , Bretons , Calairiens , Bourbonnois , P/-
cars , & autres , ainfi eftans devant Paris que dit eft , que on eftimoit à
bien cent tnille chevaux après Tappoinâement fait, & ceux àtParisy<\ol
eftoient trois fois plus > furent tous fournis & nourris des biens deladitte
ville par moult grand efpace de temps & fans rien enchérir. Et après leur
partement y fut encores beaucoup meilleur marché que devant n'avoic
efté, & le Jeudy enfuivant ne fut rien fait finon que toujours on avitalloit
lefdics de Toft, & ce mefmejour le Roy à privée meifnée(*}ala jufques au
joignant de Cb/z/^^i/is^ parlant à mondit Seigneur de Charrolois ^ laquelle
chofe fembla à toutes pcrfonnes voulans Ton bien eftre amplement fait à
luy. Et de ce fe farcoidnt & mocquoient les Picars & autres de lair
party , qui en difoient tels mots. Et revoiriez vo Roy qui parle à no Sei-
gneur de Charrolois ,ôc d, palIe à deux heures qu'ils y u>nt > ôc par foy fe
voulions il eft à no commandement.
Le Vcndredy 4. dudit mois, le Roy ordonna à ladite porte fainét An-
thoine que on laiflàft entrer lefdits Bourguignons en iccUe ville , dont
pluHeurs y vinrent i cefte caufe & en grand nombre , Qui y firent plu-
iieurs excez Se maiftrifes , ce qull ne leur euft pas efté fouftert , qui bien
cuft fceii gue le Roy ne s'en fut point courroucé. Et i caufe de la per-
midîon d'icelle entrée y eut un Bourguignon entre les autres qui voulut
entrer en icelle ville par laditte porte famék Anthoine , contre le gré des
portiers illec eftans , Se mefmement d'un de la compagnie dudit baftard
du Maine qui gardoit le guichet de ladite porte fainâ Anthoine. £t pour*
le refus que fift ledit arcner audit Bourguignon d encrei^ dedans laditte
porte & en i<ielle ville , ledit Bourguignon bailla à icelui archer en en-^
trebaillant ledit guichet d'une dague dedans le ventre , Se incontinent
ledit Bourguignon fut pris Se merveilleufement batu Se navré, & le vou-
lurent pluheurs tuer , ce qui leur fut deffendu r mais on fift aftavoir ce»
chofes au Roy qui ordonna que on le menaft audit Seigneur de Charro^
lois pour en faire jaftice, lequel y fut incontinent mené. Et tout aufEtoft:
qu'il fut vers luy arrivé Se qu'il fut adverty dès chofes deflîifdidkes , le
nftjpendre & eftrangler à la juftice eftant près du pont de Charenton.
Ce jour le Roy ordonna que en chacun quartier de Paris fut fait
des feux , Se ceux defdits (quartiers de laditte ville eftre illec en armes y
et que en un chacun defdits carrefours y euft un notable homme eflca
pour ]>arler aux paftàns parmy les rues. Se fçavoir que ils eftoient & oàr
iis aloient , & ce jour fut ecliflè de Lune (^4). Le
(^4) 14^5. §3* Supplément. Le y t Paix. Voyez les Pireuvcs,. numéro^
(*) 83* Privée meifnie , c cff-à'-cfircr^
r petite compagnlejou feulement fa maUbm.
OSobre. Le Roi & les Princes Con-
federez. font â Conflans un Traité de
\
48 LES CHRONIQUES
" — 7— Le Dimanche fuivant ff OSobn {duficursdes Seigneurs de l'oft vinrent
* * ^* foupper à Paris avec le Roy , en i'hoftel de fire Jehan Luillitr Clerc dela-
ditte ville de Paris. Et là s'y trouvèrent pluiîeurs Dames & Damoifelless
& autres nobles femmes d'icelle ville. Et ce jour SalU^are Capitaine &
vingt hommes d armes de fa compagnie , furent aux champs dehors Paris ^
ôc iûirent par la Baftille de fain Anthoine ^ pource que la porte eftoic
gardée , & deffendu de par le Roy que homme n'iffit hors d'icèlle ville,
mais à les bouter dedans on n'y en mettoit que dix à une fois : car on le-
voit le pont levis devers laditte place , & les menoit-on aux champs , &
puis rçvenoit-on quérir les autres dix pour auflî faire pafler aux champs.
Tous lefquels vingt hommes d'armes eftoient veftus & habillez de hoc-*
Suetons de camelot violet àgranscrois blanches. Se avoient belles chefnes
'or autour du col , & en leurs telles cramignoUes de veloux noir à groflfèii
houppes de fil d'or de chippre dedus. Se tous leurs chevaux eftoient cou*
vers de campanes d'argent. Et au regard diiàit SaiUiare^ pourdifferenc©
de fes gens»il eftoit monté deflus un beau couriîer a une moult belle houC*
fure , toute couverte de tranchoucrs d'argent , deflfus chafcun defquels y
avoir ime groflè campane d'argent dorée , Se tout devant laditte compa-
gnie aloit la trompette dudit SalU[art , monté defTus un cheval grifon ^
lequel encourant au long àcs foflèz d'entre laditte ponefainâ Anthoine
& leboulevart de la Tour de Billy , ledit cheval chut defibus laditte trom-
f jette , fi très-lourdement que icelle trompette fe rompit le coK LcLundy
iiivant vinrent nouvelles à Paris que le Seigneur de HauUbourdin (^ 5 ) & le
Se^neur de Saveufis (66) avoient pris Peronru , & le Comte de Nevers
aui y eftoit dedans. Et ce jour efchapperent trois prifonniers des prifons
e Ti^aa , dont l'un avoit été caufe avec Loys Sorbier de bouter les Bre^
tons èc autres dedans Ponthoifi , & eftoit de la compagnie de Jouachia
Rouault. Ce jour auffi fe prit le feu à Paris en une maifon en champ
gaillard , dont le Roy en eut un peu de paour. Et ordonna pour cefte
caufe que on en fift faire des feux par tous les quartiers de Paris ^ Se les
habitans armez devant iceux Se le guet fut renforcé , ce qui fut fait.
Audit mois d'Oûobre furent aucunes gens de guerre du party dudic
de Bourgogne devant la ville de Beauvais , pour lommer les Prélat SC
populaire d'icelle de eux rendre Se mettre es mains dudit Seigneur de
Bourgogne Se laditte place aufti , lefquels Prélat Se habitans prirent la-
ditte fommation par efcrit & l'envoyèrent au Roy , qui incontinent l'en-
voya au Seigneur de Ckarrolois , avec lequel il avoit fait paix & trêve.'
Lequel Charfolois rendit reponce que ce n'.eftoit point de par luy qu'on
faiu>it lefdittes fommatiohs , en dilant que le diable peuft emporter ceux
3u'ils faifoient tpls , Se qu'ils faifoient plus que on ne leur comman-
oit. Et dift le Roy audit Seigneur de Ckarrolois que puis que appointe--
ment avoit efté fait entre eux , qu'il ne falloir plus ufer de telles voyes,
& fi lui dift plus le Roy qu'il luy donneroit laditte ville de Beauvais , s'il
vouloir. Le Mercredy enfuivant 9. dudit mois d'Oûobre , fut ordonné
de
a
DUROYLOUVSXr. 49
^ -par les Prcvoft des Marchans & Efchevins de laditrc ville , que cha-
cun Quartcnier & Dixenier d'icelle ville fiflcnt faire des feux es lieux 1 4^ 5*
accouftumez de les faire , & que toutes les chaifnes des rues foraines fuf-
£ent tendues , & que chacune perfbnne ftift veillant devant lefdits feux,
laquelle chofe fut Faite. Et le Jeudy fuivant vint ledit Seigneur de Sa-
veuves ôc arriva en loft defdits Bourguignons i tout grand puiflance de
sens, qui amenoient certaine groflè fomme d'or & d argent , pour faire
le payement des gens de guerre dudit Seigneur de Charrolois. Et ce jour
le Duc de Bretagne eut fon appointement avec le Roy noftre Sire de fes
vacations , frais & mifes de luy & fon armée , pour eftre venu contre
luy & fon Royaume devant Paris , avec les autres Princes & Seigneurs
deflus nommez , & en faifant ledit appointement lui fut rebaillée fa
Comté de Monrfon Se autres , avec grand fomme de deniers. Et le Ven-
dredy fuivant ii. dudit mois, vint en Thoftel de laditte ville maiftre
Jehan le Boulenger Prefident en Parlement , dire illec de par le Roy
ue on fift favoir aux Quaneniers & Dizenlers de laditte ville , &c
e main en main au populaire d'icelle, que on ne fe efbahyft point fe on
veoit la puidànce des Bourguignons venir ce jour devant Paris , '6c que
ce feroit pour illec faire leurs monftres. Et nonobftant ce ny vinrent pomc
ce jour : mais les firent depuis le pont de Charemon jufques au bois de
Fincennesy 6C fe monftrerent grand puiflance, & là le Roy fe trouva pour
voiricelles monftres bien (implement , comme de lui quatrième feule-
ment , c'eft aflàvoir le Roy , le Duc de Calatre , le Seigneur de Charro^
lois 9 éc MonCicux de Jaina PoL Et quant lefdittes monftres furent faites
le Roy s'en retourna par eauc à Paris ^ & avant fon partetnent & en fa
prefence ledit Seigneur de Charrolois dift à tous fefdittes gens de guerre
' ces mots , Meflèigneurs vous & moy fommes au Roy mon fouveram Sei-
gneur qui cy eft prefent , pour le lervir toutes les fois que meftier en
aura. Le Samedy i !• Oâx)Dre 14(^5. vint nouvelles que la ville d^Evreux
avoit eftc baillée & livrée aux Bretons par un nommé Meflire Jehan le
^^«/Chevalier , qui les bouta en ladite ville le Mercredy précèdent jour de
iainâ Denys , ainfi que les bourgeois & habitans de laditte ville aloient en
proceffion iiors d'icelle ville. Et ainfi qu'ils iflbient par l'une des portes
d'icelle en alant à ladite procefiion , lefdits Bretons entroient en laditte
ville par une autre porte. Le 6 Oâobre avint que on avertit le Roy qu'il
y avoit entreprife raitte fur fa perfonne par aucuns de fes ennemis , de
le prendre ou tuer dedans laditte ville , & pour foy en garder & dor-
mir feurement ordonna expreflement , que on fift grand guet & garde en
laditte ville tant fur la muraille que dedans, &queparchacun Quartier &
rue feuflènt faits les feux , ce qui &t fait , & vint aufii nouvelles que la
ville de Coin ôc autres de Normandie s'eftoient remifes &c reduittes en
l'obeyflànce de mondit Seigneur de Berry. Et depuis ce le Roy envoya en
la ville de Manu grand quantité de gtns de guerre & de francs archers.
En ce temps le Roy fift alcr la Royne à Orléans , qui lors eftoit à j4m-
toiji. Et le Jeudy 1 8. dudit mois le Roy fouppa en l'hoftel du Seigneur
d^Armcnonvillc {6j) où il fift grand chece , & y mena avec luy le Comte
du
[67) Pierre rOrfcvrc , doqocl il a été parlé d-dçvant , page ^. de ce Volomç.
Tomll. G (tfS)
50 LES CHRONIQUES
(i\i Perche > Guillaume de Bifcke ^ Guiot Du/u , Jaques de Crevecueur i
* 4^ $• Monfîeur de Craon , Mcflîrc Yves de Fou , Meifîre Gaftonnet du Léon >
Y nsAc de Monpedon (68) Guillaume le Comte ^ & maiftre Renault des
Dormans (69). Et pour femmes y cftoient Madamoifelle Dermenonville,
la Longue^joye i Ôc la Duchefle de LonguevilU. Et pour bourgeoifes >
Eftiennette de Paris , Perrette de Chaalon , & Jeanne BailUte. Le Mar-
dy 22. dudit mois d'Oétebre le Roy ala par devers ledit Prince à privée
meifnée fans fa garde , jufques â la grancne aux Merciers , fauf que Mon-
fîeur de Berry n'y eftoit point , & le Jeudy fuivant Monfîeur le Duc
de Bourbon vint parler au Roy en la place devant Paris par deçà la fofle
de la granche de Ruilly. Et efloit le Roy ce jour le plus honneftemenc
habdlc qu'on ne lavoit point veu devant : car il eftoit veftu d'une robe
de pourpre deflèinte & toute fourée d'ermines , qui lui feoit beaucoup
mieux que ne faifoient les cours habits qu'il avoit portez paravant* Le
Samedy fuivant x6 dudit mois , mondit Seigneur de Charrolois fe partit
de fon oft & fift crier par tout icelluy fur peme de la hart, que tous ceux
de fon armée & compagnie feufïènt incontinent prefts pour aler fervir
a rencontre des Liégeois , qui gaftoient & mettoient à (eu & à
l'efpée tout ce qu'ils trouvoient es pays dudit Seieneur dcCkarrolois. Les
Dimanche, Lundv 6c Mardy fuivans, Monfîeur de Berry , qui eftoit logé
kSainS Mor des/oJfe[ fut un peu malade d'une fièvre , qui le tint durant
lefdits trois jours , & puis fut guery. Et le Rov fift ledit jour de Lundy
les feux & leguet parmy laditte ville, & tendre les chaifnes de toutes les
rues foraines.
Le Mcrçredy 50. OAobre audit an , furent leucs & publiées les lettres
de la paix , ou trêve faite entre le Roy & lefdits Princes en la Cour de
Parlement , où illec fut enregiffaré. Et ce jour le Roy partit de Paris pour
àler au bois de Fincennes par devers lefdits Princes , & là Monfeigneur
de Berry lui fift hommage de la Duché àe Normandie y qui baillée luy
avoir efté pour fondit appanage Et ce jour fut laditte ville de Paris fort
gardée , & fift-on armer tous les archers & les arbaleftriers d'icelle &
autres , pour garder les portes de laditte ville jufques à; ce que le Roy
fuft retourné en icelle de devers lefdits Princes , où il s'en eftoit ainlî
fimplement aie. EtdeliberaleRoyceditjourde coucher lanuit audit lieu du
bois , & envoya quérir fon lift à Paris : mais le Prevoft des Marchans
& Efchevins de laditte ville luy envoyèrent mcflage exprez , luy humble-
ment prier & requerre qu'il n'y couchaft point , pour moult de caufes , ce
?[u'il leur accorda & s'en retourna gifter audit heu de Paris , & le Jeudy
uivant j i . Oûobre , Monfieur de Berry , Monfîeur de Charrolois 6c
autres fe defpartirent de devers Paris Se s'en alerent en divers lieux ,
c'eft aflâvoir mondit Seigneur Charles s'en ala en Normandie , & le con-
voya le Roy bien loin fur le chemin de Ponthoife , & puis s'en tira luy
& ledit de Charrolois vers Fillersle Bel, où ils furent deux ou trois jours,
& puis s'en ala ledit de Charrolois au jjays de Picardie , &: de U s'en ala
taire guerre aux Liégeois^ Et le Lundy fuivant 4. Novembre McflSre Robert
DeJlouteviUc Chevalier Seigneur de Beine (70) , qui avoir efté Prevoft de
Paris
(6%) Voir cy-^ant page 7. I Cto) Le Roy Tavoît auparavant fait mec*
(^9) U ^tolt Maître des Rcc^uétes. 1 tre à la BaftiUe. Voyix. cy^evant ps^. 4*
DUROYLOtJYSXl. p
Paris An temps du feu Roy CharUsyic que le Roy luy avoit oftée la Prcvofté
& baillée à Jacques de f^UUrs Sgn de Vljlt d'Adam , fut remis & reftitué ^ 4 ^ J '
audit OflSce de Prevoft de Paris. Et ce jour fut en Thoftel de ladite ville
pour les affaires du Roy ^ & là lui fut baillé le nom de la nuit comme à
Prevoft de Paris. LeMardy fuivant le Roy fouppa en Thoftel d'iccUe ville,
où il y eut moult beau fervice de chair & poiflbn , & y fouppcrent avec
luy plufieurs gens de grand façon , invitez Se mandez avec leurs femmes.
Et avant ledit foupper le Roy propofa à aucuns Quarteniers , Dizeniers,
pource auffi mandez , difant qu'il les mercioit cous en gênerai & particu-
lier de la grande feaulté loyauté qu'il avoit trouvée en eux , Se que pout
eux il eftoit du tout difpofé de faire tout ce que poflible lui feroit , Se
que pour ce que durant la guerre & divifion qui avoit efté devant laditte
ville il avoit donné & conreré à icelle aucuns privilèges , Se que aucuns
pourroient avoir imagination qu'il auroit de fait pour la neceilité , où il
s'eftoit trouvé de avoir d'eux fecours , Se que après laditte paix eu accord
les leur ppurroit ofter » il leur déclara pour eftre caufe dèflors Se dèt
maintenant pour lors à tousjours,il les leur avoit donnez Se laiflez, fans ja-
mais avoir efpecance de les rappeller ne venir contre. Se fi mieux vouloienc
avoir de hiy qu'ils le demandaflènt , & il le leur oâroyeroit. Et leur
diftencoresqu'illaidbitenladitte ville le Seigneur de Bcyne comme Pre-
voft de ladite ville deP^nV^auquel il vouloir qu'ils obeyftent comme à luy,
& leur dift qu'il avoit moult bien fervy à la journée de MontUhcry , Se
pour autres caufes Qu'il déclara audit Prevoft des Marchands & Efche-
vins de laditte ville de Parisy en les priant d'eftre tousjours bons^ loyaux
envers luy & à la Couronne de France , (ans ce que aucune parcîalité
(bit trouvée en laditte ville. Et illec ce jour fut fiancée la fille naturelle
du Roy â Monfieur le baftard de Bourbon , & après foupper y furent
faittes plufieurs |oyeufetez , dances & .autres plaifances , Se U mondit
Seigneur le Baftara y dança & y fift grande & bonne chère.
Le Jeudy 7. Novembre 14^5. leditMeflîreRobertZ?e/?oi/r«'i/& fiit ame-
né au Chaftellet de Paris par Meflire Charles deMcUun Se maiftre Jehan
Dauvtt premier Prefident au Parlement de Thouloufi , auquel Prefident
le Roy mandoit qu'il avoit receu le ferment dudit btJioutcvilU a Prevoft
de Paris , an lieu de Jacque de FïUicrs Seigneur de Pljlt Adam , auquel
il avoit donné laditte Prevoftéfà fon joyeux advenement , Se qu'U le mift
Se inftituaft enpofièflion & faifineduait office de Prevoft de Paris. Ec
après Que les lettres de don dudit office furent leucs au grand parc du
Chaftellet de Paris , icelluy Dejiouteville fut mis & inftitué enpofièflion
dodit office , fans préjudice du cas d'appel dudit de Fillitrs.
Tantoft après ces chofes ainfi faites, le Roy manda venir àluy lesPre-
fidens de fa Cour de Parlement, aufquels il dit telles ou femblablcs pa*
folles. Il eft vray que après que je vms à mon joyeux avènement à la
Couronne , je fis le premier Prefident en ma Cour de Parlement Meflîre
Hclye de Thorrtus, qui tantoft après ala de vie à trefpas. Et à l'heure que
ie le fis j'avoye mon affeâion finguliere de y mettre en fon lieu maiftre
Jehan Dauvet , noftre premier Prefident à Thouloufe , qui cy eft prefent :
mais tant par importunité de requerans , aiie aufii à la prière Se requefte
de Meffire Jehan Bureau , nous y mifmcs le Prefident de Nanùrrc , qui
G X depuis
51 LES CHRONIQUES
depuis y a efté jufqucs à la venue de noftrc ville de Paris d*auccins Seî»
ï 4^ $• gneurs de noftre fang , qui nous firent dire & remonftrer que en noftre
Kôyaume avoieçt efte fairtcs plufieurs grandes injuftices , & mefmement
en noftre Cour de Parlement. Pourquoy &c autres caufes qui nous meu-
vent , déclarons que ledit de Nanum ne fera plus noftre premier Prefi-
dent en noftre Cour de Parlement , & que pour & en Ton lieu y avons
mis & créons ledit maiftre Jehan Dauvct , pour y eftre & demourer..
Le Samedy 9- Novembre Meffire Pierre de Morvillicr , Chevalier qui
avoir efté Chancellier de France fur defapointé dudit office ,^ & y fut mis^
en fon lieu Meffire Jehan Juvcnel des Urjins , qui auffi avoir efté ChanceU
lier de France , & qui encores eftoit au jour du trefpas dudit feu RoV'
Charles. En ce temps auffi le Roy defappointa Meffire Pierre Piy/' de Tor-
fice de Maiftre des Requèftes ordinaire de fon hoftel ^ & don^a ledic
office à maiftre Regnault des Dermans^
Aprcs.cesrhofesleRoy fe partit de P^ri^ pour aler à Or/<ftf«5,& en em-
mena avec luy Arnaidc Lmllier Changeur îc bourgeois de Paris > auqueL
il chargea très-exprelïement de le fuiyre & eftre tousjours près de luy , &.
fi y mena auffi maiftre Jehan Lonf^e-joye (71) le jeune, nouvellement
marié i Damoifclle Geneviefve , fille de maiftre Jehan BailUt , pour eftre
de fon grand Confeil. Et à Theure dudit partement il créa Treforier de
France maiftre Charles d'Orgemont > Seigneur de Mery , & fift ledit Ar*
nault Luillier Treforier de Carcajfonne , & maiftre Pierre Ferteily mary»
de Terteau , Maiftre des Requèftes de fon Hoftel y fans gages &: inte-
reft.
Le Lundy 1 8. dudit mois avint à Paris i fix heures du matin^ que une*
comète y chey t en refplandiflèur de feu , qui dura longuement , Se eftoit
telle qu'il fembloit que toute la ville fuft en feu & en flame. Et de cette
cfpouvan table & merveilleufe chofeun homme en lapla,cède Grève,,
qui à laditte heure aloit ouyr Medè au fainâ Efprit , fut de ce fi efpou^
vanté qu'il en devint fol , & perdit fon fens & entendement.
Après toutes ces chofe&mondit Seigneur Charles^ qui ainfi eftoit party
de Paris pour aler en Normandie , s'en ala iufques à fainâe Catherine
du mont de Rouen y où il fejourna illcc par diverfes journées en atten-
dant que ceux de Rouen euflènt préparé ce qu'ils avoient intention de
faire pour (on entrée , mais cependant femeuft noife entre mondit Sei-
gneur CharJes ylc Duc de Bretagniy & le Comte àQDampmartiny dont fut
ait audit Monfieur Charles , que ledit Duc de Bretagne , & Comte de
Dampmartin , avoient entrepris de le prendre & raipener en Bretagne ^
pour laquelle caufe Jehan Monfieur de Lorraine , qui de ce fut averty ,.
aU incontinent dire ces nouvelles en Fhoftel de laditte ville de Rouen ,
qui incontinent y pourveurent & firent armer tous ceux de laditte villes
Et à grand porc d'armes ledit Monfieur Jehan de Lo/^rûi/2e,àJ'aidedefditS'
de Rouen ala en la place dudit lieu de fainde Catherine où on nele vouloir
laifler entrer. Et illec malgré ledit Duc de Bretagne & Comte de Dampmar-
tin ^ (^ns (oXtmnïti çi,:irAtt i&!^ monitii mondit Seigneur CAtfr/^ fur ua
cheval garny de felle & harnois fimplement , fans aucune houffiire, &;
a^oicr
(7 1) Voir cy-dcyant ^agc 5p^
D U R. O Y L O U Y s X I. 53
avoîc vcftu à cette heure une robe de veloux noir , & en ceft eftat le me-
nèrent en ladicte ville de Rouen , tout droit en l'Egiife noftre Dame , où ^ 4^ J*
chanté fut le Te Dcum laudamus , & de là au Chafteau dudit lieu* ^
En ce temps le Roy eftant à Orléans fift plufieurs ordonnances & eftan
bliflèmens , ôc defappointa plufieurs Capitaines de guerre , 6c entre les
autres il ofta les cent lances, dontPoncet de Rivière avoit la charge , &
le fift Bailly de Montferant ,6c à. d'autres ofta aufO les charges & mift d'ai^
très en leurs lieux.
Quant ledit Poncée de Rivière fe vit ainfi defappointé de (àdkte charge,
il s'en ala outre la mer au Saine voyage de Jerujàlcm , & de li à fainâe
Catherine du mont de Sinay , 6c fi remift & fift le Roy le Seigneur de
Loheac (72) Marefcbalde France^ comme autre fois Tavoit efté y & fuc
mis au lieu du Comte de Comminge , baftard d^Armignac. Et après ces
chofes ainfi faittes le Roy fe pan a Orléans 6c s'en ala en Normandie , d
toute fon armée francs archers y 6c fon artiUerie groflè 6c menue, 6c s'en
tira vers Argentan , Eymes , Falaise y Cojen , & autres places dudit pays;
pour les prendre y faifir , & mettre en fes mains. Et là il trouva le Duc
de Bretagne , qui furent enfemble une efpace du temps-
D'autre pan audit pays ài^ Normandie , y eftoit par le Roy , Monfieur
de Bourbon ^ qui ala devant Evreux pour l'avoir^ qui n'y obeyrent point
de première venue , mais depuis traitèrent avec luy & le boutèrent de-
dans laditte ville , luy 6c (es gens^ Et après d'illec fe partift & s'en vins
devant Vernon fur Seine y où femblablement luy fut fait refus de pre-
mière venue, 6c puis le mirent dedans. Et d'une autre part eftoit Mefiire
Charles de Meleun , grand maiftre d'hoftel du Roy , qui au/Iî prenoit &
laififibit villes 6c places , comme Giforsy Gournay ^ 6c autres , 6c fi rua
jus environ fix vingts Efcojfois^qin s'en aloient au Seigneur de Beueil (jj ),.
rDur mondit Seigneur Charles^ Et fut la rencontre faitte defdirs J^^/5
un village du Bailliage de Caulx , nommé Cailly^
En ce temps le Seigneur de Sternay , qui eftoit General* it Normam'
die y oui s'en-eftoit party hors de la ville de Roiien , pour la doute 6c fu-
reur au Roy , & afin qu'il ne fuft cogneu, fehabilla en Cordelier de l'Ob-
{ervance , fut rencontré par aucuns gens de guerre de la compagnie du*
dit grand maiftre > za pont fainct Pierre y qui eft à quatre \ïc\xés àc Roueny.
6c avoit avec luy un At^ufiin. Lefquels après qu'ils eurent efté faifis fu-r
lent cherchez par Icfdits gens de guerre, & trouvèrent fiir eux plufieurs:
bagues 6t or monoyé comptant, qu'ils prirent ôcfaifirent. Et après mon-
dit Seigneur Charles , qui s'en eftoit aie à^ Rouen , s*en ala k Louviers.y
cuidant y trouver mon Seigneur de Bourbon ,. lequel il n'y: trouva point y^
6c incontinent s'en retourna audit lieu de Rouen»
Après foiï retour audit Ueu de Rouen , ceux de laditte ville le rcceu-
rent & le menèrent en l'hoftel de laditte ville, où Ûlec Tefpouferent à leur
Duc , & en ce faifant luy baillèrent un anneau Qu'ils luy mirent au doit>
que à ce faire eft ordonné.. Lequel depuis monait Seigneur Charles pox^
ta, & promift lors aufdits de Rouen de les entretenir & garderen leurs
ftanchife^
. (7x) Voir d-devant aa commencemenc de cette CEroaiqae , page 4..
CZi) Amoiae Comte de Saacerre..
X
54 LES CHRONIQUES
franchifes & liberrez » & leur ordonna à ccftc heure la moitié de cous lef
ï4^y» aydcs queparavant fa réception ils avoient payez. Et ces choies faittcs
luy fut dit & remonftré par les cens d'Eglife, les nobles, bourgeois &
populaire d'icelle ville , qu'ils lerendoientôc demeuroient du toutfes
vrais & loyaux fujcds , tous biens délibérez de vivre & mourir pour luy,
& jufques au dernier homme , & puis luy firent lire un aniclc contenu
en une Chronique, qui eftoit en icelle maifon de la ville , publiquement
devant tous, qui contenoit en effet que jadis y eut un Roy de France qui
mourut , & après fon trefpas demeura deux fils , dont 1 un par aifneflè
fucceda i la Couronne , & à l'autre fut baillé pour fon appanage la Du->
ché de Normandie , que depuis ledit Roy. de France voulut ravoir & en
prit guerre contre fon frère pour la ravoir. Et outre pour leurdit Duc
guerroyèrent tellement ledit Roy de Franu^ que par leur puiflànce d'ar-
mes ils mirent en exil ledit Roy de France , & firent leurdit Duc Roy, Et
après laditte leâure luy dirent qu'il ne fe fouciaft de rien , & que de-là
en avant ceux de laditte ville fe fourniroient dedans icelle & deflîis leurs
murs d'engins & autres chofes deftenfables , & de tout ce que neceflité
leur feroit d'avoir : tellement que aucun dommage ou efdandre ne vien*
droit audit Seigneur , ne à eux , ne d leurditte ville (74).
Le Lundy pénultième Décembre audit an , le Roy retournant dudie
—M— bas pays de Normandie^ vint au Ponthaudemery & de U en la Campagne
"^ ^ ^ du Neufbourg près Conches , & envoya mondit Semeur de Bourbon de-
^ vant la ville dç Louviers. Et le Mercredy fuivant premier Janvier la ville
de Louviers fut rendue à mondit Seigneur de Bourbon , pour le Roy , &
ce jour le Roy entra dans laditte ville de Louviers après difner. Et en ce
jour fut mené , par les gens dudit grand maiftre d'hoftel, le Seigneur Ster^
nay , qui auffi en icelluy jour fut noyé en la rivierre d^Ure , & auflî ledit
Augufiin avec luy par les gens du Prevoft à^% Marefchaux. Et «puis fut le
corps dudit de Sternay retiré hors de laditte rivière & mis en terre en
TEglife notre Dame de Louviers , où illec fiit fait fon fervice.
Audit temps furent plufieurs perfonnes , ofiiciers 6c autres dudit païs
de Normandie , exécutez & noyez par le Prevoft des Marefchaux , pour
les queftions du Roy & Monfeigneur Charles fon ftevc. Et après le Roy
fe partit dudit Louviers , & vint mettre le fieçe devant la ville dnPom
d^s Arches y quieft à quatre lieues de laditte ville de Rouen.
Le Lundy 6. Janvier fut crié en la ville de Paris y que tous marchans
accouftumez de porter vivres en oft, ponaflènt vivres en l'oft du Roy, qui
eftoit devantladitté ville du Pont desArcheSy & que tous pionniers fuffènt
tous prefts à partir le lendemain pour aler audit lieu , fous fire Denis Gi^
ber y l'un des quatre Efchevins de laditte ville à la conduitte d'iceux or«
donné. Le Mercredy fuivant les gens du Roy , qui eftoient alez à leur
avantage furies champs, prirent quatre hommes d'armes de la compagnie
&c eftans fous ledit Monieigneur Charles , &c qui autrefois avoient efté
en l'ordonnance du Roy , & l'un d'eux eftoit nommé le petit Bailly ,
qui
(74) IJC? î4^5« Supplément. Le
15 Décembre.^ le Roi fait à Caen un
Traité avec le Duc de Bretagne,
Sur Quoi Voyez VHifloire de Breta-
gne de Dom Lobineau > Tome II,
colomne 1x85.
DUROYLOUYSXr. ^
auî autrefois avoit efté de la compagnie de Jouachin Rouaulty Marefchal
e France , & qui avoit efté caufe de la prifc de Ponthoift contre le Roy. 1^66*
Furent menez devers le Roy , Se incontinent fut ordonné qu'on leur cou-
}>aft les telles > & lors ils requirent au Roy que il leur fauvaft la vie »& ils
u V feroicnt rendre ledit Pont des Arches : ce que le Roy leur accorda ,
à la requefte de mondit Seigneur de Bourbon y Se de pluiieurs autres Prin«
ces Se Seigneurs.
Ce jour le Roy & fa compagnie entrèrent dedans ledit Pont des Ar^
ckes 9 & ceux qui eftoient dedans laditte ville fe retirèrent dedans le
Chafteau. Entre lefquels y eftoit maiftre Jehan J7e^e/t , General des finan-
ces du Royaume de Franu , & trois jours après fut rendu au Roy le
Chafteau dudit Pont des Arches.
'Après que laditte ville Se Chafteau eurent efté ainfi rendus au Roy »
ceux de Rouen envoyèrent par devers luy pour parler d*appointement »
lequel en chargea haut & oas les Ducs de Bourbon 8c de Bretagne. Ec
pour ledit appointement avoir vinrent de laditte ville de Rouen aucuns
Commiftàires ordonnez de par icelle pour luy faire plufieurs requeftes Se
rononftrances , Se entre autres que quelque chofe qu'ils euftènt fait , le
Roy voulfift eftre content d'eux, & qu'il luy pluft déclarer qu'ils n'avoient
pomt fàilly ne fait chofe contre luy, donc il leur voulfift donner pardon»
grâce , ou remiffion y Se que le Roy de-U en avant les affranchift en la
manière qu'il avoit fait ceux de fa ville de Paris , & plufieurs autres re-
Î|ueftes firent au Roy , qui leur rendit refponfe que for le tout il auroic
on advis. .
Durant ces chofes plufieurs des gens du Roy aloient Se venoient en
laditte ville,&les uns avec les autres. Et cependant mondit Seignem Char^
/es ylnySe plufieurs autres de fa compagnie fortirent dehors de laditte
ville de Rouen ^ Se s'en tirèrent i HonneJUur Se à Cdén y où ils furent de-
puis, certaine efpace de tems. En ces entrefaiétes Jehan , Monfeigneur
de Lorraine , fe cuida efchapper poiUi aler çn Flandres , mais il fut ren-
contré par les gens du Roy , qui le prirent & menèrent vers le Roy. Ec
donna le Roy la plufpart des offices de laditte Duché de Normandie , Se
y fift de nouveaux officiers , Se en débouta les autres. Et après ledit par-
tement dudit Monfeigneur Charles y de laditte ville de Rouen , elle fut
remife Se réduite au Koy. Et ce fait le Roy renvoya tous fes francs ar-
chers , & leur donna congé jufques au premier Mars enfuivant , Se ren-
voya auflfi fon aniUerie i Paris , Se puis prit fon themin pour aler au bas
pais de Normandie , Se vers le Montfainci Michel. En ce temps Anthoine
de Chabannes Comte de Dampmmrtin dont defius eft faitte mention , fe
tint avec le Roy , & y eut gouvernement & charge de gens d'armes de
cent lances , dont avoit la conduite Meffire Charles de Meleun grand
Maiftre d'hoftel du Roy, & fi luy ofta l'office de grand Maiftre Se le bailla
â Monfeigneur de Craon. Jaçoit que moult de gens eftoient afiez d'opi-
nion que ledit de Meleun euft bien fçrvi le Roy Se fait de moult grans
fervices , mefmement à la grand diligence qu'il prit à la garde de la ville
de Paris en l'abfence du Roy , & luy eftant en Èourbonnois , où tant Se
fi bien fe gouvernai maintint , que plufieurs eftoient d'opinion, que fe
n'euft efté fa grand diligence Se bonne conduite que laditte ville euft eu
beaucoup
jtf LES CHRONIQUES
beaucoup i (ouffnv , au grand dommage du Roy & du Kovaume.
1^66. En ces chofes faifant , le Roy fift efchange avec ledit Comte de
Dampmanin , d'un fien Chaftel qu'il avoit en Gafcognc nommé Blan*
oiffort » & alencontre le Roy luy bailla tout le domaine & fouveraineté
qu'il avoit es villes de Gonnejfc f Gournay fur Manu , & Cncy en
Bric (75). Et de ce, luy bailla kttres addreflâns à fa Cour de Parlement,
pour icelles eftre par eux expédiez, & pour les joindre avec faditte Com^
te de Dampmanin^
Audit temps le Roy ordonna que la place de Chaumont fur Loire ^ qui
appartient à MefEre Pierre d'Amboife , Seigneur dudit lieu de Chaumont,
mu mife en feu & en ilame & arrafée , ce qui fut fait.
Le Lundy x. Février un nommé Gauvain Mannid^ qui eftoit Lieute*
nant gênerai du Bailly de Rouén^ fut pris enrladitte ville & mené prifonnier
au Pont de l'Arche, ^t là par lePrevoft des Marefchauxdeflus le pont dudit
lieufutdrefleunefchafFaut, deilus lequel ledit Gauvain fut décapité pour
aucuns cas de crimes à lui impofez. Et deûlus ledit pont fut fa tefte mife
au bout d'une lance , & Ton corps jette en la rivierre de Seine.
En ce temps le haut Doyen de l'Eglife de Rouen , & autres Chanoines
de laditte Eglife jufques au nombre de Hx , furent envoyez hors icelle , &
leur fut laditte ville interdire , & furent envoyez demeurer hors de la
Pucbé de Normandie.
Après ce , le Roy partit de Rouen & s*en ala à Orléans où la Reyne
eftoit , & y demeura par long-temps , & puis s'en ala à Jargeau , & illec
environ. Et pendant qu'il y fut arrivèrent devers luy plusieurs Ambaflà*
des de diverfes contrées , Se de divers cas , Se durant ce , le Roy délibéra
envoyer Ambadàde au Royaume d! Angleterre pour aucunes caufes. Et
pour ce faire edeut le Comte de Rouffillon , baftard de Bourbon Se Admi-
rai de France , le (ire de la Barde, VEvcCqut Se Duc de Langres , maiftre
Jehan de Poupaincourt , Seigneur de SerulUs , maiftre Olivier le Roy ,,
Confeillei: Se maiftre des Comptes , Se autres. Et partirent pour aler au-
dit Royaume d^Aneleterre au mois d'Avril 1/^66.
Audit temps par la Juftice ordinaire de Paris furent pris plufieurs pp*
vres créatures , larrons , crocheteurs , & autres malfaiteurs , qui pour
lefdits cas furent les aucuns pendus & eftranglez au gibet de Paris â
Montfaucon 9 Se les autres en furent batus au cul de la charette par les
carrefours de laditte ville.
En çc temps Domoifelle Yfabeau de Cambray, femme de fire Guillau*
me Coulombel puiflant Se riche homme , fut mife Se conftituée prifon-»
niere en la Conciergerie du Palais Royal i Paris , à la requefte Se- pour-*
chas de fondit mary , qui principalement la chargeoit de trois chofes.
La première , Qu'elle s'eftoit forfaiâie & abandonnée à autre qu'à luy. La
féconde , qu'elle l'avoir defrobé de fes biens en grans fommes de de*
niers. Et aufli q^u'elle avoit fait & compilé pluljieurs poifons pour l'em-
poifonner & faire mourir. Et fur ces cnofes avoit fondjt mary fait faire
(es informations ; après lefquellçs veuës , Se pour lefdits cas demeura
longuement
(7 j) Voir le Ttaicé des droits du Roy , par Vi. Dapuy , aux dtrcs de Crccy «c de
Couiàay.
ii6)
D'U: ROY L O U:Y S X I. y^
lenguemtot prifonniere , & fut fur ce gehennée* Et finalement veu par
la Cour de Parlement lefdiébs charges & informations fur ce hiâcs 9 Se < 4 ^ 5'
fa conf^on prife : par Atreft Se Jugement difBnitif d'elle , fut dit &
prononcé que lefditces charges , par ledit Colombd impofées à faditte
femme , eftoient ûiffifamment prouvées > pourquoy fut déclarée par ledit
Arreft jKivée dé toute communauté de biens & doiiaire avec fondit ma«
Ty« Et au regard des poifons furent appointez contraires > dequoy elle
jMTopofa erreur , •& configna fix vingt livres parifis. •■^■^i
. Le 10. May 1^66. Mcflîre Anthoine de Chajlcauncuf , Seigneur du
Lau , qui avoit eu congé du Roy long*tcmps paravant» fut trouvé par caf ' ^^^*
d'aventure par le Seigneur de Chabcfhais Se autres > es plaines de Clery
près Orléans. Et pource que luy & (es gens furent apperceus en habits
mefcogneus , fut pris prifonnier & mené au Roy, qui l'envoya avec fes
Sens prifonnier en un Chaflel près Mehun» et le Mercredy veille
'Afcenfion Notre Seigneur , par l'ordonnance du Roy maiftre Jehan U
Frevoji, Notaire Se Secrétaire du Roy , entra dedans la Baftille fainâ An*
thoine par moyens fubtils , & 4*icelle en mift & jeûa hors un nommé
Marc , qui en eftoit Lieutenant pour Moniteur de /a Bordt , & lequel
Marc avoir nouvellement efpoufé la fille naturelle dudit Médire Chariesi
de MeUun y qui eftoit fils dudit de la Borde. Et après ledit Marc Se (à-
ditte femme & mefnage , s'en retournèrent à refuge par devers ledit
Mefiire Charles en la ville de MeUun.
Le Samedy veille de Pentecofte 14. dudit moi$ 1^66. furent leucs Se
publiées en laditte ville de Paris , par les carrefours d'icelle , i fon de
trompe & cry public » le mandement du Conneftable de France ^ dedans
lequel eftoit inféré le mandement du Roy , qui contenoit i^uelcRoy eftoit
deucment informé que les Anglais fes anciens ennemis, engrofle &
merveilleufe armée eftoient ddiberez d'entrer Se defcendre ati Royaume
de France , pour deftruire & gafter iceUuy. Et que pour ce faire avoienc
desja fait grand amas de navires* Et pource le Roy voulant refifter à leur
mauvaife & damnée entreprife, & pour les grevjer^ nuire en tout ce que
poflible feroit , mandoit audit Conneftable que par toutes villes , pays ,
ie lieux dudit Rojraume , es places où on a accouftumé de faire ary po^
Uic , il fift a0àvoir que tous nobles tenans du Roy en fief & arrière»
fief , de quelque eftat ou condition qu'ils feuftènt , feufllent en armes
Se habillement dedans le 1 5 • Juin enfuivant , fur peine de confifcation
de corps Se de bÂ^n^* Et dulli à to«is francs archers a eftre tous prefts audit
jour^ . . . . '
- En <:e temps le Rôy , qui ainfi avoir defappointé ledit Seigneut de la
Borde Aclz Capitainerie de la Baftille fainâ Anthoine ^ donna laditte
Capitainerie au Seigneur de Bloty Senefchal d* Auvergne , que on difoit
eftre homme de çrandconduiâe. En ce temps ledit Seigneur dcMon^
iauban , qui avoitefté Admirai , grand Maiftre Adminiftrateur, Se gonc-
xal Réformateur de toute la noife advenue en Bretagne. y SC par confe»
quent au Royaume de France , & qui avoit eu des biens du Royaume Se
argent ineftimable , mourut i Tours & ne fiit point pleuré. Et aprèsjfa
mort ie Roy donna fes offices. C'eft aflàvoir l'onice d' Admirai à Monfei*
jgneur le Baftard de Bourbon , qui avoit efpoufé une ficnne fille nacu-
Tome IL ^ H rcUo
5« LES CHRONIQUES
relie (76). Et l'c^ce <}e grand Moiftre des Eanës 6c Fotefts , fut âoîmé ttt*
1^6$. Seigneor de ChaAillon j- irere àvl Marefchal de Lohtac*
Audit temps kirent prifes trêves avec lefdits Anglais durant 11. mois»
tant par mer que par terre » & furent iefdittes trêves publiées , & auffi
audit temps Monieigneur du Maine y pour aucunes caufcs; qui meurent
le R07 » rot deTappoinâé du Gouvernement de Languedoc ^ & fîit baillé
à Moufeigneur de ^^/ir^oxr.
Après ledit mariage fait dudit Mgr. l'Admirai » le R07 luy donna le
'•* * Chaftelâc Place de Ujfon en Auvergne ^ qu*on dit cftre la plus forte Pla-
ce du Royaume , avec les Capitaineries dé Honnefieur y & autres place»
de Normandie^ Audit mois de Juin que les fèves flieuriflènt & deviennent
bonxies>avint que plufîeurs hommes &; femmes perdirent leur bon en-»
rendement , & meimei^pnt à Paris : il y eut entre autres un jeune hom-»
me nommé maiftre Marcial d^ Auvergne (*) , Procureur en la Cour de Pat-
lement y Se Notaire au Chaftellet de Paris y lequel après qu'il euft efté^
marié trois femaines avec une des filles de raaiftre Jacques Four nier ^
ConfeillerduRoyen faditteCourdeParlement , perdit fdn entendement
€n telle manière, quelejourdeMgrfainébJelKtn ^^/^ri/^e environ neuf
heures du matin , une telle frenaifie le {^it qu'il fe jetta par la feneftre de
tau chambre en la rue Se fe rompit une cuiflè , & froiflk tout le corps fie
fut en grand danger de mourir.
Au mois de Jufllet fuivant vinrent & arrivèrent à Pais plufîeurs Pre-^
kts^ Seigneurs, Chevaliers, gens d'Eglife, Se autres gens de confeil
<|âe le Roy ordonna venir „ Se que on difoit qu'ils eftoient ordonnes
pouh mettre ordre Se police en la JPufticc, & reformer en toutes chofes ^
Se leur fudbaillémoult grand pouvoir, & par icelluy eftoient hommez vingt
& un Commidàires , dont Mgr Charles de Orléans , Comte de Dunois
Se de Longueville cftoit l'un & premier. Et duquel nombre de vingt &
un ne pouvoir eftre rien fait qu'ils ne feuflent treize , ledit Comte de
Dunois tousjours devant Se le premier , & lesapi)elloit-on lors les Refor-
mateurs du bien public Et fur laditte commiflion ainfî à eux baillée >
commencèrent ibefbgnet le Mardy \6. (yj) Juillet 1^66^ Et pour y bien
commencer & mettre tousjours en leurs faits Dieu devant , hit fait par
eux chanter une belle Melîe du S. Efbrit en la (ainfke Chappelle du Palais
Royal à Paris. Laquelle Meflè fut chantée & celcfcrée par l' Achevefquc
de Reims Juvenely qui eftoit efleu Se nommé l'un defdits Commif&ires-
Et à cedit jour de Mardy avoir eu un an que le Roy rencontra Mgr^ de
Charrolois à Montleherv.
• Le Mercredy 1 6. Juillet , avint en la Cour dudit Palais que plaficnrs des
Pa^es des Confeillers de laditteCour,illecattendans leurs mâiftres,prirent
noife&queftion aux Pages defdits Seigneurs tenans le confeil dtiaitbien
public, & fe meut la noile d'entre lefdits Pages du Palais, contre lefdits Pa^
^e&du bien public , fur ce qu'ils n'avoient point payé leurs bien venues i
aceux du Palais, Se de ce avoientefté refufans : & demeura â tant laditre
noife
• (yif) Loqii bjrftatà (fc BomBon marîf à î (77) le Mardy Je ccttc^noéc /toit fc i i^
Jeanne fille nanircUc du Roy Louis XL
(*) SCr Ott a de Itii , At^4 Mmorum.
mais la Bataille s'eft donnée le itf. Juillet
de Tannée précédante, au/C oj^M^d^^
DUR. O Y L O U Y S X T. . 5^
noife jafques au lendemain qui fut Jeudy, que tous lefdits Pages d'un
cofté 6c d'autre retournèrent en iceUe Cour» & remirent fus Icurditte ia66.
queftion. Et en pourparlant d'icelle lefdits Pages du bien public couru-^
rent fusaufdits Pages du Palais, qui fe revenchecent Se baillèrent les
uns aux autres de terribles de merveilleux coups , tant de poings , de
pierres , baftons» coufteaux 6c dagues , que il y en eut plufieurs navrez»
Dattus 9 & les yeux crever » & faluc fermer les portes » & que gens de
bien s'en meflaflènt pour les defmeller & appointer. Et de ce fut dit par
plufieurs que ces chofes fignifioient le bout de l'an de la rencontre, do^
Mont/ehery. Laditte année fut fort moifte , &: en divers lieux en France -
y creuft de bons blez , & en autres lieux ne valurent gueres , & dloiœt
niellez , & y eut de crans tempeftes en divers lieux , tant d'edair que
de tonnerre , vents> pTuyes & autres tempeftes , qui firent moult de maux
6c de dommages en divers lieux dudit Royaume , 6c par efpecial au pays
de Soijfonnois , où elle gafta les blez , les vignes & autres ftuids , 6c
deftruifît plufieurs belles maifons > manoirs , couvenures d'Eglifes > & fift
plufieurs autres maux, ^ <
En ce temps s'efmeut grande guerre entre les Liegetns 6c le Duc de
Bourgogne > qui pour cefte caufe le mift en armes 6c leur ala faire la guéri-
te, & s'y fit porter en unelitiere,& y mena, avec luyfon fils ledit Sgr.de
Charrolois ^ avec tous les nobles hommes , gens de guette 6c autres qu'il
peuft recouvrer » 6c tous fes bahus & artillerie , & fit aiettre le fiege de-
vant la ville de Dynany contre laquelle T % incontinent fait grans
approches > & fi v nirent litres de belles iaiUies 6c . grandes eïcarmou^
cnes de cofté 6c d'autre > & au commencement lefditsi de Dynan firent
de crans maux 6c dommages aufdits Bourguignons ^ &:y eh demeurii
pluneurs morts , qui gueres ne furent plains :juJùsjen la nn i^eux de ia^
dittc ville de Dynan ^ par trahiCbn & autrement furent furpris , & en-^
trenent lefdits Bourguignons dedans icelle ville , qui d'icelle eh jetrèrenf
êc boutèrent dehors, hommes , femmes & enfans , 6c retinrent prifon^
iiiers les plus notables gens d'icelle ville , & puis la plillerent tellêmencqà'il
it^y demeura rien. Et afprès boutèrent lefeu parmy toutes les Eglifes 6cmaÀ^
ions , & y firent mefcnef Se <ioinnnage irréparable* Ecaprès que tou^foé
brûlé &confommé , emplirent les foflèz des murs d'icelle, & à caufe
d'icelle deftruâion devinrent les povses lîabitans d'icelle mandians , 6C
aucunes jeunes femmes 6c filles abandonnées à tout vice & péché pour
avoir leur vie (78 j* .En
(78) ÇCr %a66. Supplément. Ce
fut le 1 5* jour a Aouft lut les fixheu-
heuics du foir que la Ville de Dî-
nant fc rendit au Duc de Bourgo-
gne & ail Comte de Charolois Ion
ms 9 pour en faire à leur volonté ,
( c'eft-à-dire qu'elle fe rendit à, dif-
cretion ). La Ville ayant été entiè-
rement brûlée & démolie , les pier-
res en furent données à ceux de
Bouille (ou plutôt à ceux de Bovi-
gnès qui eft auflî fur la rivière de
Mëufe , environ une lieue au def^
fous de Dinant }. La Paix fe fit en-
fuite entre le Pue de Bpurgoene &
les Liégeois, mais à des conditions
très-onereufes pour ces derniers ;
c'étoit d'ahbattre deux des portes
de leur Ville , du côté du Bradant ,
& de démanteler toutes les petiteè
Villes fermées de leur Territoire ,
avec une impofition exhorbitantç
H X d'argent*
^o LE s CH R ON I Q UE s
En ladhte année es mois d'Aoaft & Septembre fut grande 8c merveif-
ï 4^^f leufe chaleur , au moyen de laquelle s'en enfuivic grande mortalité de
peftilence > & autres maladies , dont 6c dequoy il mourut tant en la villêy
villages voifins , Prevofté ôc Vicomte de Paris y quarante mil crearures
te mieux, entre lefquelles y mourut maiftre ^atzoii/ , Aftrologien du Roy^
2ui eftoit fort homme de bien,, (âge & plaifant> & aufli y^ moururent plu-
eurs Médecins & Officiers du Roy en laditte ville de Paris^ Et fi grand
nombre de créatures furent portées enfevelir& enterrer au cymetiere
éts fainâs Innocens en laditte ville de Paris , que tant des.morts en la*
• ditte ville, que de L'hoftel Dieu,, tout y fut remply , & fut ordonné que
de lien avant on porteroit les morts au cymetiere de la Trinité , qui eft
6c appartient à L'hoftel de la ville de Paris. Et continua laditte mort juf*
ques au mois de Novembre , que pour la faire céder 6c prier Dieu qu'il
luy pleuft dele faire , furent faittes de moult belles procédions gênerai-»
les a Paris , par toutes les Parroiflès 6c Eglifes d'icelle, où furent por^
tées tputes les chadès 6c fainâes Reliques , 6c mefmement les chadès^
de noftre Dame > de fainâe Geneviefve , & S. Marcel , & lors céda ui^
' petit laditte mort. Et en ce temps fut grant bruit à Paris àc larrons &
crocheteurs alans de nuit , crocheter huis , feneftres , caves & celiers<
Et pour lefdits cas en fîireht aucuns battus au cul de la charrette > 6C lea
autres pendus 6c eftranglez au gihct de PariSé
Audit temps fut pendu & eftranglc audit gibet deParr/i un gros Nor-^
mont y natif de. Cofiantin tn NormandU^ pourcequ'it avoir longue-»
ment maintenu une fienne fille > & en avoit eu plufieursefîfansq^ lujr
& faditte fille , incontinent qu'elle en eftoir délivrée , meurdciâoîqit.
Et pour ledit cas fut pendu comme dit eft , & faditte fille fut arfé à Ma^
gny près Ponioifi > ou ils eftoienc venus demeurer dudit pays de Nor^
mandu. En de temps furent apportées à Paris les cbadês de lainâ Cre(^
prà de (ainâ Crefpinien , pour trouver remède à laditte maladie de pef--
rilence , & audi pour eux quefter afin d'avoir dequoy recouvrir l'Eglife
defdits Sainds audit lieu de Soijfous , que laditte^ foudre & tempefte^
avoir ainfideftruiâe & abbacuccomme du. eft devant :j8c durant ce temps
le Roy & fon Confeil fe tindrent k Orléans , Chartres , Bourges ^ Mekun^
^/7i^oi/e ^ & autres lieux >.& durant qu'il yfur, vinrenr ptufieurs Am«
badades de diverfes nations^, comvM: d^ Angleterre , àtr Bourgogne 6c au**
très , 6c délibéra lors le Roy. de faireguerre aufdits Duc de Bour^fogne ^
& Comte de Charrolois fon fils. Et pour cefte caufe fi(l crier es villes dp
fon Royaume baa£c ardereban , & ordonnai créa plufieurs francs ar^*^
•chers outre le nombre ordinaire.
Après ce que dit eft , le Roy fift pTafieurs ordonnances^ &: cftablîdc-
mens pourla rution & garde de fcs païs & villes, & ordonna Mgr. le
Marelchal de Loheac j ion Lieutenant en. la ville de Paris >, & en flile
de
d'argenté. Tiré par M. rjtbé le
Grand y du MS. 96 J 5* 3* de la Bin
Uiothequedu Roy. Cependant h
Ville n'a pas laide de fe rétablir. Le
peuple y eft induftrieux > & iàfituar
tton entre Ta France & les Pays-Bas,
lui a donné lieu de fe remettre 6c
de s'addonner au commerce 5 ref-
fource certaine, même pour les pUis
petites Yillcsu,
ÔUROYLOUYSXI. tft
Ttc France. Et à Mgr. de Gei/on fut baille le païs de Champagne , & la
garde du jpaïs de Normandie fut baillée à Mgr. le Comte de S. Pol^ Con- ' x 46^*
neftable de France , qui auparavant avoir efté ennemy du Roy avec le
Duc de Bourgogne , & mondit Sgr. de Charrolois.
En après au mois de Février i ^66. arriva une Ambaflàde de Bretagne
par devers le Roy , lefquels après qu'ils eurent par luy efté ouys , lei
receut très - bien 9 & puis après s'en alerent en Flandres devers le*
dit Duc de Bourgogne ôc Mgr. le Comte de Charrolois (on fils. Et lori
fut grand bruit par tout qu'il y avoit appoinftement fait entre le Roy &:
Mgr, fon frère , dont plufieurs gens oe bien furent moult joyeux. Et
avant ce le Roy avoit envoyé fon Amballade au pays de Liège , entre
lefquels y eftoit ledit maiftre Jehan Hébert y Mer. TEvelque de Tr<7j^fi (79) j
& autres. Et en icelluy temps avint en la ville Paris , que trois fergens
à verge du Chaftellet , qui eftoient bien mal renommez, furent de nuit
prendre un Preftre de TEclife Mgr. faincl Pol à Paris. Lequel Preftrô
eftoit paifiblement couche en fa chambre > en laauelle par force & vio*
knce entrererent dedans lefdits fergens , & illec le battirent & mutile*^
rent , & puis l'en emmenèrent en la rue & le rraifnerent au long d'icel-
le , & te navrèrent en plufieurs lieux , & puis le laiflèrent^ Et après
ledit Preftre les en pourfuivit par joftice , & tellement qu'ils en
furent conftituez prifonniers au (jhaftellet , où leur procez fut fait , &C
furent illec condamnez à eftre bannis du Royaume àt France , & leurs
biens & héritages confi(quez ^ £c à faire amende honnorable« Dont &
dequoy ils appefierent en la CcHir de Parlement, dont auffî en appella le
Procureur du Roy de ce qu'ils avoient efté trop peu jugez. Et depuis par
Arreft d'icelle Cour , fut dit que avec le jugement de fentence du Pre-
voft de Paris , qu'ils feroient batus par les canefours de Paris , ce qui
fiit fait.
Le Jeudy 1 j. Avril i^6f. Anthoiné de Chahannes , Comte de Damp^ — — *"?
martin , qui ainfi eftoit efchappé de la Baftille fainâ; Anthoine , ic qui 1 467*
depuis fift moult de maux au Roy &à (ts fu jeâs en Auverme 8C ailleurs ,
venu devant Paris avec les autres Princes , fut fait & crée grand Maiftre
d'hoftei du Roy, au lieu du Sgr. de Croy, en déboutant de ce ledit de
Crpy , Meffire Charles de Mcleun &c tous autres , & lui en furent bail-
lées lettres parle Roy , qui certifioit que ledit de Chabannes luy avoir
fait ferment de loyaument le fervir à Tencontre de tous. Depuis toutes
ces chofes , au mois de Juin 14^7. le Roy fe partit de Paris , & ala enr
NormamUe d Rouen y Se ailleurs , & luy eftant à Rouen , fift venir à luy
le Comte de Warvich hors du Royaume d* Angleterre , pour aucunes cau-
fes qui le miurent , & illqc fe mift en bateau liiy & fa comjjagnie , & vin-
rent jufqnes à la Bouille , aflis fur la rivière de Seine , à cinq lieues près
de Rouen , à un Samedy 7. Juin à l'heure de difner , lequel trouva illec
ion dtfner tout prcft. Et le Roy qui eftoit illec ainfi arrivé pour le re-^
cevoir, & v fut moult fort feftoyé & tous ceux de fàditte compagnie »
& puis après difner rentra ledit Warvich e^its bateaux , & s'en ala par
I2
{79) Loais RagoîcrEvêquc de Troycs, I Evêché. CMmufdt , ÀMiquitsus Trk^ffiné^
Wâot Uk 148a. après s*écrc démis de cet 1 pag. xjS.
44^7-
6i LESCHRONIQUEÏ
la rivicrc de S une , & le Roy s'en ala par terre Itfv & fa compagnie juf-
ques audit Rouen. Et alerent alencontre ceux de laditte ville par la porte
du quay S. Eloy , où le Roy luy fift faire moult crand recueil & honno-
rable : car de toutes les Paroiuès & Eglifes de laditte ville furent por-
tées au devant de luy les croix , bannières , & eauc benifte , & tous les
Preftres reveftus en chappes. Et ainfî fut conduit jufques à la grand Egli-
fe noftre Dame de Rouen , où il fift fon o&ande , & après s^en ala en Ton
logis qu'on lui avoit ordonné aux Jacobins dudit lieu. Et après vinrent
en laditre ville la Reyne & fes filles •, & demeura illec le Roy avec lo^
dit Warvich par Tefpace de douze jours. Et après ledit de JTarvich s*en
départit , &c retourua en jingUecrre , & renvoya le Roy avec luy Mgr.
r Admirai , TEvefque de Laon , maiftre Jehan de Poupaincourty fon Con-
feiller , maiftre Olivier le Roux , & autres. .
Et eft aflàvoir que durant le temps que ledit de Warvich & ceux de fa-
ditte compagnie furent &: fejournerent à Rouen , que le Roy leur fift
de moult ^rans dons , comme de belles pièces d'or , une couppe d'oc
toute garnie de pieneries , & Mgr. de Bourbon auffi luy donna un mouk
beau richb diamant 9 &c d'autres chofes. Et fi fut du tout deffrayé de
toute la defpence que luy & tous fes gens avoient faitte depuis qu'ils
defcendirent de la mer à terre, jufques à ce qu'ils remontaient en mer.
Et après ledit panement de Rouen , le Roy s'en retourna à Chartres , où
illec il demeura par aucun temps. Audit mois de Juin audit an le Duc de
Bourgogne mourut en la ville de Bruges > & fut fon corps poné en la
ville de Dijon ^ & inhumé aux Chanreux. Et auffi fift & ordonna le Roy
audit lieu de Chartres y que toutes perfonnes eftans & refidens à Paris »
feroient des bannières , 6c que en chacune defdittes bannières auroit des
Gouverneurs qui feroient nommez Principaux , & foi|s-Principaux > qui
auroient la conduitte & gouvernement defdittes bannières. Et quetous
les fujets eftans fous icelTe feroient armez de jaques » de brigandines »
fallades 3 £c harnois blancs , voulges , haches > Se autres chofes oui y
appartiennent , pour eftre bien armez , tant de meftiers , officiers , nobles»
marchands , gens d'Eglife , que autres : laquelle chofe fut faitte.
En ce mefme mois de Juin, le Roy manda aler par deversluy znMeUay près
de Chartres , plufieurs gens notables de Paris ^ entre lefqucls y fut maif-
tre Jehan le Boulenger , Prefident en Parlement , maiftre Henry de £/-
vrw , Confeiller de laditte Cour, fivc Jchûn Clerbourt y gênerai Maiftre
desMonnoves, Jaques Rebours ^ Procureur en laditte ville dt Paris ^
maiftre Euftache ikfi/rr , auffi Confeiller en laditte Cour, Nicolas Lau^
rens 9 Guillaume Robert , Jean de HacquevilU , & plufieurs autres bons
Marchans , que le Roy envoya i Chartres devers le Confeil , qui depuis y
furent par aucuns temps , durant lequel un nommé Robert de laMote &:
Jehan Raoul ^ (\p\ avoient longuement efté tenus prifonniers par l'accu*»
fation d'un Religieux dcfainËLo de Rouen , nommé maiftre Pierre le
Marefchaly qui les avoit accufez d'eftre ennemis du Rqy , & confpiré
contre luy , & avec eux en avoit accufé plufieurs autres , ce qu'il ne peuft
monftrer ne enfeigner , mais fut trouvé qu'il avoit menty de tout ce
qu'il avoit dit , ic comme faux accufateur fut jugé à mort , & fut noyé
\t 14. Juillet audit an. Et après ce fuient dcfpecne? lefdits de la Mote j
Jehan
DUROYLOUYSXI. 6^
Jehan Raoul 6c autres , & renvoyez en leurs maifons. Et après ce le Roy
envoya à Paris un mandement pour y eftre feellc , & fut figné Michel 146 7«
de Filltchartrc y par lequel le Roy vouloir que pour bien repeupler fa
ville de Paris , qu'il difoit avoir efté fort dcpopulée , tant pour les guer-
res 9 mortalitez , & autrement » que quelques gens de q^uelque nation
qu'ils fullènt , pendent de-là en avant venir demeurer en laditte ville &
es fauxbourgs & banlieue , ils peuilent jouyr de toutes franchifes de tous
CAS par eux commis , comme de meurdre,nirt, larcins, piperies , & tous
autres cas, refervé crime de leze-Majefté, & auffi pour redder illec en
armes pour fervir le Roy contre toutes perfonnes , lefquelles lettres fu-
rent leucs & publiées par les carrefours de Paris à Çovi de trompe , &:
tout félon le privilège donné à tous bannis , reddens & demeurans es
villes de SainB Malo & FaUncienncs. Et ce mefme mois auflî le Roy
fift crier & publier que tous nobles tenans fiefs &arrierefiefs, fuÏÏenttous
prefts & en armes , & mefmement ceux de Tlfle de France , tant en la
ville de Paris que ailleurs , au 1 5. Aouft , pour le fervir & eftre tous
ptefts quant meftier en auroit.
Le Lundy j. Aouft audit an , avint i Paris que l'un àc^ Religieux du
TtmpU , nommé frère Thomas LoueSe , qui eftoit Receveur dudit TV/w-
pU y euft la gorge couppée audit lieu du TtmpU , par un de its frères &
compagnons nommé titxtHcnryy pour aucunes noifes qu'il avoir con-
ceu contre ledit frère Thomas. Et pour raifon dudit cas ledit frère Henry
fe abfenra & ne puft eftre trouvé, qu'il ne fut le lo, dudit mois, que en-
viron dix heures de nuit un Examinateur du ChafteUet de Paris , nommé
maiftre Jehan Pott/i , accompagnéde trois fcrgens,en fift telle diligence,
qu'il le trouva mucié en rhofteldeTZfi/fâ? Pol i Paris , dedans une armoire,
en habillement d'un rocquet blanc de toille & un chappeau noir , & en
cet eftat fut mené prifonnier au ChafteUet , & puis rendu en la Cour de
Parlement, pource qu'il eftoit appellant de fa prife , & difoit que le lieu
où il avoit efté pris eftcMt lieu cle franchife , & que on Ty devoir remet-
tre. Et puis fut requis par les Religieux du Temple leur eftre rendu : ce
qui fut Fait , & fut mené es prifons dudit lieu du T<mple. Le Mercredy
12. Aouft 14^7» & le Jeudy liiivant le grand Prieur de France , pour le-
dit cas, accompagné de plufieurs autres Seigneurs de leurdit Ordre pour
faire le procez dudit frète Henry , qui depuis fut par eux condamné a de-
meurer prifonieren lieu ténébreux, & d'avoir illecpour pitance tant qu'il
y poiu'roit vivre, le pain dedouleurSc eauëde triftefle. Encetems retournè-
rent du Royaume IfAn^eterre Monfieur l'Admirai & autres de(Ius nom-
mez , qui ainfi s'en eftoient alez avec ledit de Warvich audit pays d^ Angle-
terre , lefquels y demeurèrent longuement & n'y * firent rien. Et par eux
ledit Roy (f Angleterre envova au Roy des trompes de chaflè & ces bou-
teilles de cuyr , à Tencontre des belles pièces d'or, couppe d'or, vaiflelle,
pierreries , & autres belles befognes que le Roy & autres Seigneurs avoien t
donnez audit de Warvich à fon partement de Rouen. Et le Vendrcdy 1 8.
Aouft leAoy arriva i Paris environ huiâ heures de foir, & eftoir avec luy
Monfieur le Duc de Bourbon , & plufieurs autres Seigncursr
Le Mardy premier Septembre la Reyne auflî arriva à Pans en bateaux
par la rivière de Seine , & vint arriver au terrain noftre Dame , & illec à
l'arriver
64 tES CHRONIQUES
l arriva* qu*cllc fift trouva tous les Prçfidens & Confeillcrs de laditte
1 4^5» Cour de Parlement , l'Evefque de Paris , & plufieurs autres gens de fa-
çon y tous honneftement veftus & habillez, Et i l'entrée dudit terrain y
' avoir de moult be^ux perfonnages > illec ricbement mis & ordonnez de
par la ville de Paris, & fi eft aUavoir que avant que laditte Rcynefemift
efdits bateaux pour venir à Paris : furent au devant d'elle , & pour la re-
cevoir les Conleillers & Bourgeois de laditte ville en grand &c notable
nombre y au(fi tous en bateaux , qui efloient tous richement couverts de
belle tapiilèrie & draps de foye. Et dedans iceux eftoient les petits en-
fans de chœur de la lain^e Chapelle , qui illçc difoient de beaux vire>»
lais, chanfons » ^ autres bergerectes moult melodieufement. Et fi y
dvoit autre grand nombre de claronç , pirQinpectes > chantes-hauts , 9c bas
inftrumenç de diverfes fortes y qqi tous enfêmble jouoyent chafcun en-
droit foy moult melodieufement , à l'heure que laditte Reyne , Ces Da-
mes Se DamoifcUes entrèrent en leur bateau , dedans lequel par lefdits
Bourgeois de laditte ville luy fut prefenté un beau cerf fait de confiture, qui
avoir les armes d'icelle noble Reyne pendues au col , & fi y avoir plu-
ifeurs autres drageouers tous plains d'efpiceries de chambre 6c belles
confitures , grand quantité aufli y avoir de frui^ nouveaux de moult de
fortes , violettes fort odorans jettces & femées tout parmy le bateau, ôc
vin à tous venans y fut baillé & diftribué , tant que on en vouloit avoir
& prendre , & après qu'elle eut fait fon oraifon à nbftre Dame de Paris ,
elle fe rebouta en fon bateau & s'en vint defcendre à la porte devant
l'Eglile des Celeftinç, où auifi elle rrouva deffus laditte porte de moult
beaux pçrfonp;iges , Çc elle defcendit à terre , monta & fcs Dames Se
Dapioifclles fus chevaux , belles haquenées & palefrois , qui îllec les
^ttendoient , & puis s'en a}a jufques en Thoftel du Roy aux Tourntllts.
%x devant la porte dudit hpftel trouva autre moult beau perfonnage. Et
kelle nuit futjuit fajts à Paris les feux par Ips rues d'icelle , & illec mi-
ies aufii tables rondes ^ donné à boire â tous venans , & le Jeudy 4.
Septembre çnfuiyant maiftre Nicole Baluiy frère de Mpnfieur TEveiquc
dEvrfifx , fpt marié à la fille de Maiftre Jehan Bureau , Chevalier Sei-
gneur de Monglat » & fut la fefte defdittes nopces fj^ifte en l'hoftel de
Bourbon , laquelle fut moult belle & honnefte , & lui fut illec fait grant
honneur ce jour : car le Roy & la Heyne , Monfieur de Bourbon Se Ma-
dame fa femme , Monfieur de Nevers , Madame de Bueil, Se toute leur
nobleflè qui les luivoient , y furent & s'y trouvèrent , Se y fut fait moult
grand chçre. Se fi |eur fift-on de moult grans , beaux '& riches don^. Et
depuis çc le Roy Se la Reyne firent jcfc crans chères en plufieurs des
hoftels de leurs (crviteurç Se officiers en laditte ville. Et entre les autres
le Jeudy 10, Septembre, la Reyne accompagnée demaditte Damedç
Bourbon Se Mademoifelle Bonne de ^^vc^ye, lœurde la Reyne, & plu-
fieurs autres Dames de fa compagnie foupperent en Thoftel de maiftre
Jehan Dauvct , premier Prefident en Parlement , Se illec furent receucs
^ feftoyées moult noblement & à grand largefle , & y eut faits quatre
moult bieaux bains, & richement ornez, cuidant que la Reyne fe y duft
baigner , dont elle ne fift rien , pource qu'elle fe lentit un peu mal dif-
pofée. Se auAî ^ue Iç temps eftojt dangçreux ; m^? çn l'un defdits bains
DU ROY LÔ U YS XI, ^j
icy baignèrent maditte Dame de Bourbon > Madamoifelle Bonne de Sa-
A^oyt y & en l'autre bain au joignant fe baignèrent Madame de Montglaty ^ 4^7^
£c Perrette de Chalon , bourgeoifc de Paris ^ Se là firent bonne chère.
Le Jeudy 14. Septembre , le Roy qui avoir ordonné mettre fus les ba-
jiieresdeP^m» comme dit eft devant , feift publier que audit jour ils feuf*
fent toutes prdles pour eftre aux champs dehors Paris , en faifant fça-
voir à tous de quelque eftat ou condition qu'ils fuOlènt , depuis lage de
leize ans jufques à foixante ans iiMènt hors de laditte ville en armes
^ habillement de guerre > &c s'il y en avoir aucuns qui n'euflent harnois,
que neantmoins ils euflènt en leurs mains un bafton defFenfable , & fur
peine de la hart : ce qui Bit fait. Et iflît hors de laditte ville la plu(parc
du populaire d'iceluy > chacun fous eftendart ou bannière , qui faifoic
moult beau veoir , car chacun y eftoit en moult belle ordonnance , 8c
fans noife , ne bruit > & eftoient bien de foixante à quatre vingt mille
telles armées , dont y en avoit bien trente mille tous armez de hamois
•blancs 9 jaques ou brigandines. Et tous eftans en belle bataille » le Roy ,
la Reyne 6c leur compagnie qui les fuivoient les vinrent veoir » laquelle
chofe leur pleuft moult : car oncques n'avoient veu y eftre de viUe du
inonde à beaucoup près , telle ne (i erand armée , & fe trouvèrent foi-
xante fept banieres des meftiers , ians les eftendarts & guidons de la
Cour de Parlement y de la Chambre des Comptes y du Trefor , des Gé-
néraux , des Âydes > des Monnoyes , du Chaftellet & Hoftel de la Ville»
Ibus leûjuels il fe trouva autant Se plus de gens de guerre > que fous
toutes lefdittes baimieres , & hors Paris en aucuns lieux ordonnez leur
fift porter Se conduire plufieurs tonneaux de vin , qui illec furent deffbn^
cez pour faire boire Se raffraifchir tous ceux de laditte monftre , qui te^
noient moult grand pays ^ car ils eftoient tous en bataille , i commencer
au bout de la voirie d'entre la porte fainâ Ânthoine Se celle du Temple»
depuis les foflèz de Paris en montant contre mont > jufques i un pref-
foUer devant laditte voirie» Se de-U en bataille au long des vignes juf-
ques i fainS Anthoine des champs » & puis après j&lques au long des
murs dudit fainâ Anthoine des Champs jufques à la grange de Reuilly ,
6e d'icelle grange jufques à Conjlans 9 Se dudit Confianstn revenanrpar
la grange aux Merciers » rout au long de la rivière de Seine jufques au
boulevart du Roy de la tour de Billy. Et icduy boulevart tout au long
des foflèz de laditte ville par dehors jufaues à la Baftille » & à la porte
fainéb Anthoine. Et brief c'eftoit merveilieufe chofe à voir le monde» qui
eftoit en armes dehors Paris » & fi maintenoient plufieurs au'il en eftoic
\ peu près demeuré autant dedans Paris » qu'il y en avoit dehors. Et le
M^dy 11. Septembre 14^7. le Roy partit de Paris après difner pour
alcr à pic jufques ifainH Denis en France (80) » 6c avoit avec lui auflî à
pié mondit Sgr, d Evreux » Monfieur de Cruffbl (81)» Phelippe LuiUier
fie autres.
Entre Paris Se jfainS Denis le Roy alant à fon peleriniige » trouva trois
tibaux » qui luy vinrent requérir grâce Se remiflion de ce que tout leur
(emps
(So) 1er Voyez miftoire de S. Denys, \ (8 1) Louis Sire de CroiTol » Grand Pa-
fu Dom Felibien , infêlh , page } S%. \ accicr de France
Tom II l («*).
I4<?7'
66 L E ^ C H R O N I Q U E S
temps ils avoient efté larrons , meurtriers, & efpieurs de chemins', Ia«
quelle chofe le Roy leur accorda benignement. Et tout ce jour demeura
audit lieu de fainSDcnis^jnCqucs au lendemain vefpres, qu'il s'en retour-
na en fon hoftel des Tourne/les , & d'illec s*en afa foupper en Thoftel
de Hre Dtnis Heffelin , fon Pannetier & Efleu de Paris , qui nouvelle-
ment eftoic devenu compère du Roy , à caufe d une iienne fille dont fa
femme eftoit accouchée ,' que le Roy fift tenir pour luv par maiftre Jehan
Éa/ue y Evefque d'Evnux , 8c pour comeres y eftoient Madame de
Beuil (82) , & Madame de Montglat (8)).. Et audit hoftel le Roy y fift
grand chère , & y trouva trois beaux bains bonneftement ic richement
accintelez , cuidant que le Roy deuft illec prendre fon plaifir & (è bai^
gner , ce qu^il ne fift point pour aucunes caufes , qui en imTon le mirent r
c*eft afiàvoir tant pource qu'il eftoit enrumé , que aufti pource que le
temps eftoit dangereux.
En ce temps s efmeut grande guerre entre les Liégeois le Mr» de Bour^
gogne y & leur Evefque coufin de mondit Sgr» de ëourgogne , & frère de
Mr. le Duc de Bourbon } lequel Evefque lefdits Liégeois alerent aflie^er
dedans une ville nommée Jfiuy. Et après que iceux Liégeois eurent bien
longuement efté devant icelle ville , ifs la prirent & gaignerent , & en ce
faifant efchappa leurdit Evefque eftant en icelle* Et durant ce que dit
eft le Roy ordonna aler au fecours Se ayde defdits Liégeois , quatre cens
lances^ de fon Ordonnance , dont avoient la charge le Comte de Damp^
martinySalUiarty Robert de Conyckan, & Seevenoe de Flgnolles ^\cc
fix mille francs arthers , pris & efleuz de Champagne , Soijjonnois 8c
autres lieux en lifte de France. Et après ce que ledit de Bourgogne eut
bien fceuë la gaigne que lefdits Liégeois avoient faitte de laditte ville de
Hiiy , & qu'ils y avoient tué plufieurs Bourguignons , il aftembla tout
fon oft en foy délibérant d'aler aux armes fus tes champs > en intention
de tout deftruire & mettre â feu Se à (àng IcCdits Liégeois. Et aind le fift
crier Se publier par tous fes païs , & ceux qui faifoient lefdittes publica-
tions en icelles , publiant tenoient en une main une efpée toute nue > te
en l'autre une torche alumée , qui fignifioit guerre de feu & de fang.
Au mois de Septembre le Roy bailla fts Lettres i un Légat venu
de Rome de par le Pape, pour la rompture de la Prasmatiqut Sanc'-
iion : lefquelles lettres furent leucs Se publiées au Chaftellet de Paris ,
fans y faire aucun contredit ou oppofîtion. Et le premier Oâobre fui-
Tant maiftre Jehan Balue fut Se ala en la fatle du Palais Roval à Paris ^
la Cour de Parlement vacant , pour illec auftî faire publier lefdittes let«
très , où il trouva maiftre Jehan dtfainS Romain , Ptocureur General du
Roy , qui formellement s'oppofa à l'eftèt & exécution defdittes lettres ,
dont Irait Balue fut fort dçplaifant. Et pour cefte caufe fift audit de
JainS Romain plufieurs menaftes , en luy difant que le Roy n'en feroit
point content , Se qu'il le defappointeroit de fon office , aequoy ledit
JainS Romain ne tint pas grand compte : mais luy dift Se refpondit que
le
( St) Jeanne fille naturelle Sa Roi | rai âc France.
l^ms XI. éposfe d'Antoine de Bneil, (85) Germaine Heiletin, femme de Jeao
Comte de Sanceie„ fils de Jean, Ami- fiareaa. Seigneur de j^mglac.
DUROYLOUYSXI. €-j
le Roy lay avoit donné & baillé ledit office , laquelle il ciendroic & exer-
ceroic jufques au bon plaifir du Roy. Et que quand Ton plaiiîr (eroic de 14^7*
le luy ofter, que faire le pourroic , mais qu'il efloic du cour délibéré &
bien refolu de tout perdre avant que de faire chofe qui fuft contre fon
ame > au dommage du Ro)raume de France & à la chofe publique »
& dift audit Baltu qu'il devoit avoir grand honte de pourfuivre laditte
expédition (8^). Et en après le Reâeur de TUniverfité de Paris , & les
Suppofts d'icelle alerent par devers ledit Légat , qui de luy apptUcrtnt ,
& de r effet dtfdines lettres aufainS Concile y Se par tout ailleurs où ils
verroient eftre i faire > & puis vinrent audit Chaftellet > où pareillement
autant en firent , & firent illec enregiftrer leur oppofition» Audit temps
le Roy envoya par devers ledit de Ckarrolois leldits Légat & Evefque
d'Evreuxy qui nouvellement avoit efté Cardinal à Rome (85) , maiflje
Jehan de LaJriefme (i6) , Treforier de France & autres , pour faire de
par luy aucunes choies dont il leur avoit donné charge.
Le Jeudy 8. Oûo)>re 14^7. un nommé Seveftre le Moyne natif de la
ville (CAuxerre , pour aucuns cas & délits par luy commis &c impofez , Se
qui par aucun temps avoit efté conftitué Se tenu prifonnier es prifons de
Thyron » fut ledit jour tiré hors defdittes prifons , & fut mené noyer en
la rivière de Seiru près de la grange aux Merciers , par la fentence &
jugement de Meflîre Triflan C Ermite , Prevoft des Marefchaux de Thoftel
du Roy* Et le Dimanche premier Oâobre fut un grand Se merveilleux
efclair Se tonnerre > environ huit heures de foir ,& autant Se depuis du-
rant ledit mois furent faites grandes & merveilleufes chaleurs , Se les
plus extrefmes que homme euft veu en fa vie ,qui fembloit chofe eftran*
e & defnaturée. Et le Lundy 1 1. Oâobre audit an 67. le Roy partift
!e fon hoftel des TournelUs à Paris pour aler en TEglife noftre Dame ^
où il oy t les Vefpres , & après icelles dittes fut faitte proceffion par TE-
vefque Se Chanoines dudit lieu » Se puis s'en ala repofer en l'hoftel de '
fon premier Prefident, maiftre Jehan Dauvety où il fut certaine efpace
<le temps , Se puis partit pour s'en retourner en fondit hoftel des Tour^
nelles » & à l'heure de fon partement qui eftcHt heure de noire nuit » il
vit & apperceut au ciel une eftoille au deflus de l'hoftel dudit Prefidentj
laquelle incontinant que le Roy commença à marcher pour s'en retour-
ner s laditce eftoille le fuivoit , Se fut tousjours après luy , jufques à ce
qu'il fuft entré en fondit hoftel, & incontinent qu'il y fut entre elle dif-
parut. Se depuis ne fut veuc.
Le Jeudy 15. dudit mois, vint nouvelles au Roy, que certain grand
nombre de Bretons eftoient venus eux bouter dedans le Chaftel & en la
ville de Caen , & puis s'en alererent d'illec à Bayeux , Se tinrent lefdit-
ces villes contre le Roy, dont de ce il fut courroucé, & en renvoya pour
cette caufe le Marefchal de Loheac , qui lors ettoit avec le-Roy , & qui
avoit cent lances de Bretagne fous fa cnarge efdittes villes de par le Roy ,
pour
s
(84) ftT Voyez le Supplément de Ço-
imnes , dans les Remarques de M. Gode-
ftoy fur VarîUas , d-après Tome IV. de
(8fî n avoh été Êdt Cardinal en 14^4.
fuivant Ciaconim.
(%€)l\ eft nommé iMdrûfche cî-aptcs ,
cette Edition, ^ pzz Mcnfirelet . de cett fon vrai nom.
li (87)
e'i tES CHRONIQUES
pour y pourveoir Se mettre provifion : & aufquels Bretons , le Duc J'A^
1 467. iençon ^ qui , comme criminel de lez-Majefté du temps du Roy Charles ,
dernier trefpaffé, avoir efté conftitué prilonnier pour aucuns crimes ^u iL
avoir machinez contre luy , & à la faveur des Anglais , anciens ennemis du
Royaume , en la Ville de Vendofme , le lit de Juftice illec feant , auquel:
lieu > après Tes confeffions prifes > & procez fait , fut condamné à mou^
rit , fauf fur ce le bon plaiik du Roy. Et lequel d^Alençon depuis le
temps dèflors jufques au trefpas dudic feu Roy Charles , fut tenu prifon*
nier au Chafteau de Loches , & après icelluy trefpas que le Roy vint i fa*
Couronne , le bouta hors defdittes prifons , & luy pardonna tout , en
voulant que dudit procez ne feuft jamais nouvelles , & puis avint que
mi boiteux qui avoit accufé ledit d^Alençon audit deffunt Roy y craignoio
fort que ledit d'Alençon ne luy fift quelque grand defplai(ir , fe tira par
devers le Roy , en luy fuppliant qu'if luy fîft avoir aflèurance dudit d*A^
Iençon y laauelle cbofe il fift & ordonna , & commanda le Roy de f^
t>oucKe audit Duc d^Alençon y que fur fa vie  ne luy meffeift ne fiil
meffaire , en luy difant qu'il te mettoit en fa main , proteftion & fau-
Yegarde , enfemble fa famille & (ts biens : laquelle chofe ledit d'AUn-^
çon luy promift > mais tantoft après ledit d*Alençon , en alant contre fon«
dit ferment , Hft prendre ledit boiteux & amener devant luy , &c nonob*
ftant les defFences ainfi â luy faittes de par le Roy , fift incontinent icel*
kiy boiteux meurdrir & mettre à mort. Pour laquelle* mort la i^mme du-
dit boiteux fe tire devers le Roy luy faire fçavoir ce.s chofes , & pour
eftre fon injure reparée, dont & dequoy le Roy empefcha les villes , &
terres dudit d^Alençon , mais bien-toft après tout fut délivré, & par luy
tout pardonné comme devant. Et puis après le Duc d^Alençon , pour
bien te rémunérer de toutes fes grâces £r biens-faits , bailla, ou offrir
bailler toutes fes villes & pays aufdits Bretons & à Mr. Charles ^ contre
la volonté dti Roy , & â fa grand déplaifance. En ce temps auffi Meflîre
Anthoine de Chatteauneufy Chevalier Sgr. du Lau , grand Boutellier de
France , JcSeneichal de Guyenne , qui âloit grand Orambellan du Rovj
2c deluyphis aimé que oncques n'avoir efté autre , & à qui le Roy fift ae
Rioult grans biens , tant qu'il fut autour de luy & en fon fcrvice : car en
en moins de cinq ans il amenda des biens du Roy , de trois à^quatre cen»
mil efcus d'or , qui avoir efté fait prifonnier du Roy , & mis au Chafteau
Ac SuUy (mi Loire , de l'ordonnance duvRoy , fut envoyé audit lieu au
mois d'Oftobre Meffire Triftan l'Ermite , Prevoft des Marefchaux de
Fhoftel du Roy , & maiftre Guillaume Ceri/iy , nouvellement Greffier
Civil de Parlement , pour illec tirer hors ledit Seigneur du Lau , & le
mener prifonnier au Chafteau àz Uffon en Auvergne : maiylors qu'il
fiit amené au dehors dudit lieu, il fut grand bruir que-ledit Seigneur dm
Lau avoir efté noyé (87) , & fur ce que dit eft , longuement continué..
Le Mardy 10. Oâbobre , le Roy partit de fa bonne ville do Paris pour
ftler au pays de Normandie, & ala ce jour au gifte à VilUpreux (88) , Se.
te lendemain i^ Mantes. Et avant foa partement- envoya plufieurs Capi-
taines
(87), Il n'cfl mon qu'en 14^5. oui («8) gCTVfflcprcnx^ Bourg aune licut-
«H?4» l.&JcmicauNord.Oucftdc.V^aiUa/ ^
C U R O Y L 0 tJ y s X I. ^9
taîife^qu^ilavoit avec lu)^» quérir couslesgensde guerre,qui eftoient fous
leurs charges pour venir après luy audit pays de A^o/7«tf«^e , ou autre part, *4?7«'
quelque heu qu'il feuft. Et le jour de fondit partement il fift & ordon»-
fia certaines^ lettres & ordonnances y par lefquelles il voulfift Se ordon^
na que de-U en avant Ton plaifir eftoit que tous les Officiers de fon
Royaume demeuraflènt paifioles en leurs Offices > & que nul Office ne <
feuft dit vaccant y fî non par mort y refignation , ou conâ{cation. Et s'il
donnoit nuls autres au contraire y par importunité de requerans ou au-^
trement , vouloir qu il n'y fuft aucunement obtempère , & que de-là en
avant toute juftice fuft faitce & ordonnée à un chacun > &c puis- s'en
partit dudit lieu de Mantes , 8c s en ala à Vernon (ur S tint ^ où il de-*^
meura illec depuis par certain temps : durant lequel vint & arriva devers
luy Mr^ le Conneftable , lequel trouva moyen que le Roy bailla & don:^
na crefve entre luy & Mr.^ cle Charrolois , iafques à fix mois lors^ après
enfuivans , fans en ce y comprendre les villes & pays de Litgt^ y qui desja *
eftoient mis fus & en armes à l'encontre du Sgr. de Charrolois y en efpe-*
rance d'avoir l'aide & fecours du Roy , ainfi que promis leur avoic efté^i
& i cefte caufe demeurèrent du tout abandonnez. Et puis après ce que
4it eft ainfi fait , ledit Monfieur le Conneftable s'en retourna par devers
ledit Mgr.^ de Bourgogne , luy porter les nouvelles defdites trelves;
Et ce fait , maiftre Jehan Éalut , Cardinal d'Evrtux > maiftre Jehan
de Ladrufche , & maiftre- Jehan Prevofi , retournèrent devers le Roy
audit lieu de Fernon , qui eftoient alez en Flandres de l'ordonnance dit
Roy par devers ledit de Bourgogne , & tantoft après ledit retour fait , le
Roy fe partit dudit lieu àcVernon y Se s'en ala a Chartres y où il fiftilleo
▼enir & arriver la plus grand partie de fon artillerie , qui lors eftoit à
Orléans , pour envoyer à Alençon , & autres villes du pays , pour les'
avoir Se mettre en fes mains. Et après le Roy envoya ledit maiftre
Jehan Prevofi audit lieu de Flandres , par devers ledit àt Bourgogne y
pour luy porter & bailler les lettres défaites trefves.
Après vint Se arriva i Paris le v6. Novembre , ledit Mr. le Cardinal y
ledit Treforier de Ladrkfche y maiftre Jehan Berarty Se maiftre Geuf-
ùoy .Alnequin y pour faire les monftres des bannières de P<irij par de-
vant eux , Se pour faire autres charges , qui leur eftoient donnez de par
le Roy. Et après s'en partift dudit lieu ^Chartres pour akr i Orléans y
cnfuiteà C/cry , & autres villes près d'ilïec , & puisa Vendofmey Se de-làr
jufques au Mont faine Michel y Se avec luy fift mener grand' quaiKité de
faditte artillerie y Se Ci aloient avec luy grand nombre de fes gens do^
guerre. Et en ces entrefaites les Bretons iffirent tous^ en armes hors de
;ur pays , & vinrent en Normandie jufqucs à la cité d* Avranches y fio
autres'villes dudit pays* Er après iceux Bretons s'efpandirent par ledit
pays de Normandie y comme jufques a Caen ^ à Bayeux y Coufiances ,*
Se autres lieux; Audit temps ledit Sgr. de Bourgogne y anmoytn defdites»
wefvesiluy baillées par le Roy ,efquellesn'eftoient aucunement compris-
leiclits Liégeois ,.entra audit piys de Liège avec toute fôri armée , en pre-
fentanr lefdits Liégeois. Tous lefquelspourceque le Roy leur faillift de
ftcours , & qu'ils virent clairement leur deftruûion advenue , fe rcndi--
seot^aucUt de C^(4/r0/<^/V ^. Qnfemble toutes leurs villes : avec lequel ils>
I- }j prirent^
70 L E S C H R O N I Q U E S
{>rirenc compoficion. £t pour ce faire & avoir , iuy doaneretit Se bail*
erenc grand fomme fonune d'or ^ ScCi eurent une partie de leurs portes
& murailles abatucs
Et après ledit Cardinal Baùie, &c Commidàires devant nommez > pro*
cédèrent i faire les nionftres des bannières defdits meftiers par devant
iceux Commiflàires en divers lieux de laditre ville » tant de0us les mur^
d'icelle d'entre les portes du Temple & faind Martin > en la coufture du
Temple fur les murs d'entre la tour du Bois & la porte fainA Honnoré^
devant le Louvre > au marché aux brebis > & fur les murs » jufques i la-
ditte porte fainft Honnorc. Le Samedy 21. Novembre, le Roy fift crier
par les carrefours de Paris , que toutes gens qui avoient accouftumé de
luivre la guerre , Se gui avoient efté ca(ie2 de gages 9 fe trayflènt par de*
vers cenains Commiflàires . qu'il avoir ordonné pour les recevoir Sc
mettre à ks gages Sc foldes , pour le fervir en Ces guerres. Et le Lundy
1 j . Novembre maiftre Jehan Prcvojl retourna par devers ledit Sgr. de
Charrolois , où le Roy l'avoit envoyé porter les lettres de trefves qu'il
avoir faittes avec Iuy , & pour rapporter au Roy la refponfe que ledit
Sgr. de Charrolois avoir faitte aucfit Prevojl , touchant le fait aefdittes
trefves. Et le Jeudy 1^6. Novembre , partie defdites monftres furent faites
dehors Paris , devant TEglife Sc AbDaye fainâ Germain Defprez jufques
fur la rivière de Seine , e(quelles monftres y avoir grand nombre de gens
à pié & à cheval , tous bien en point Sc armez , où eftoient les Trefo-
tiers de France , les Confeillers Sc Clercs des Comptes , les Généraux
des Monnoyes & des Aydes , le Trefor , les Efleuz , Se toute la Cour
de Parlement , tout enfemble. Après y eftoient tous les Praticiens &
Officiers du Chaftellet de Paris , en bien belle & groflè compagnie , Sc
avec les compagnies deffufdittes eftoient auffî tous ceux eftant tous l'ef-
tendart Sc guidon de la ville de Paris , qui eftoient moult grand nom*
bre de gens à pié & à cheval , & fî y vinrent pour l'Evefquc > Univerfité,
Abbez , Prieurs , Sc autres gens d'Eglife de laditte ville , cerraine quan-^
rite de gens en armes , Sc en icelles monftres y avoir grand nombre de
gens bien armez. Et après lefdittes monftres aind taites , ledit Car^
dinal & Commiflàires deffus nommez , maiftre Jehan de Ladriefchc ,
TrcCotior de France y maiftre Pierre /'O/^^r^ , Stignear Dermenonvil/c^
Sc autres Officiers du Roy , partirent de la ville de Paris f pour aler de*
vers le Roy , qui eftoit entre le Mans Sc AUnçon , à tout moult grand
armée r car U avoir qui le fuivoit , plus de cent mil chevaux , Sc plus de
vingt mil hommes à pié , pour retifter à l'armée defdits Bretons , & lift
mener le Roy avec Iuy , de fon arrillerie grand quantité pour mettre le
iiege à AUnçon.
En ces entrefaittes fut pourçarlé de rrefves » qui tinrent le Roy & fa^
ditte; armée longuement lans rien faire , & en ce faifanr mandèrent &
deftruifirent tout le plat pays , bien à vingt ou trente lieues dudxt lieu du
Mans Se d" AUnçon. Et durant ce que dit eft» ledit Sgr. de Charrolois ^
qui ainfî avoir deftruir lefdits Lugeois Sc leur pays , s'en retourna devers
fainS Quentin ^ & fift crier par tous fes pays que toutes gens de guerre
defdits pays s'en tiraflcnt devers JainS Quentin , pour ilîec faire leurs
mouftr^.au 1 5, Décembre > fur bien groUes peines >&(!£& auiE crier
par
DU ROYLOUYS XI. 71
par tout le pays de Bourgogne , que tous nobles & autres gens fui-
vans les armes « feullènt touspreftsà Mont/avion, pour illec pi;^ndre 14^7<
les gages & foloées dudit Sgr. de Charrolois ,.par les mains de Tes Con»-
miuaires qu'il avoit ordonnez , & ce dedans le lo. Décembre prochaiu >
& pour partir dudit Montfavion & aler zaàitfainS Quentin y paix devers
luy pour le accompagner , & luy aider à fecourir fon très-cher & amé
ftere Mr. Charles de France & le Duc de Bretagne , eftans avec luy ,
alencontre de aucuns leurs mal-veillans , & telle lubftance portoit ledit
cry« Pour occadon duquel cry les Marchans & faâeurs des Marchans de
Paris y qui eftoient alez audit pays de Bourgogne pour faire leurs am^
pletter , s'en retournèrent à Paris bien haftivement , (ans rien faire. Et
derechef après toutes ces chofes , ledit de Charrolois fift mander à luv
venir toutes fes gens de guerre audityai/2c? Quentin > au 4. Janvier fui-
vaut. *
Le Lundy fefte des fainfts Innocens 18. Décembre , vint & arriva i
Paris Mgr. le Duc de Bourbon » de par le Roy > pour mettre garnifon
en plufieurs villes > & garder les Bourguignons d'entrer es pays du Roy«
Et vint & arriva avec luy Mr. le Mareuhal de Lohtac 9 qui venoit à Pa^
ris y comme on difoit , pour eftre Lieutenanr de laditce ville. Lequel de
Loheac s'en partit deux jours après pour aler à Rouen & autres vules de
Normandie y pour y mettre garde & ordre par le Roy , & illec demeura par
certain temps. Et mondit Sgr. de Bourbon depuis demeura à Paris par
certain autre temps. Pendant lequel fut feftoyé de plufieurs notables
gens de laditte ville. En ce temps la ville cTjilençon y ïyii eftoit tenue
par les Bretons y comme dit eft devant > fut rendue &c mife es mains du
Roy par le Comte du Perche y fils du Duc iTAUnçon y qui tenoit le Chaf-
teau dudit Alençon , & lefdits Bretons tenoient la ville. Mais durant ce
le Roy ne partit point de la ville du Mans , & durant qu'il y fut envoya
devers mondit Sgr. Charles audit pays de Bretagne y le Légat du Pape >
dont pourparlé eft devant y & Anthouie de Chabannes^ Comte à^Damjh-
martin y le Treforier de Ladriefchty & autres, pour cuider trouver au^
cun bon expédient. Et enfin le Roy fe condefcendit que les trois Eftats
fe tiendroient & aflèmbleroient , & pour ce faire leur fut lieu affigné
en la ville de Tours , pour illec eux y trouver au premier Avril 1467. &
s'en revint le Rov dudit pays du Mans y &c s'en ak aux Montils y lez^
Tours y à Amboije & illec environ.
. Puis fut l'afiemblée dcfdits trois Eftats tenue audit lieu de (i^) T(mrs,
qui pour cefte caufe y eftoient alèes , & illec le Roy prefem , fut pouiv
)arle & conclu fur la queftion pour laquelle ils eftoient ailèmblées audit
ieu de Tours y jufques au jour de Pafqucs ; qui fut en 14(^8. que chacun 1 4 ^ S*
d'eux y illec venus , s'en retournèrent en leurs maifons , après la conclu-
fion par eux prife fur le fait de laditte af&mblée. Et pour cefte caufe 7
eftoient venus le Roy premièrement , le Roy de Sicile y Mgr. le Duc de
Bourbon y le Conue du Perche y le Patriarche de Jeurufalem y le Cardinal
d^'Angcrs yic plufieurs autres Seigneurs ^Barons , Archevefqnes , EveCsues,
(^9) iS^ EIlccommcDça le 6^ Avril > & fink le 14. du m&ne mois y fiiivant h P^
E
G
71 L E S C H R O N I Q U E S
Abbez ) & autres notables perfonnes & gens de grand façon y enfemble'
' 4^^« auflî Jes Ambaflàdeurs venus audit lieu pour celle caufe » de la plufparc
<ie tout le Royaume de France. Et par tout iceux ainiî aflèmblez , & a
^ande & meure délibération fut dit Se conclu , que au regard de U
queftion d'entre le Roy & itiondit Sgr. Charles , touchant Ton appanage»
qu'il auroit 6c receveroit pour icelluy appanage » & de ce fe tiendroic
{>our bien content de douze mille livres tournois en affiete de terre par
an , & titic de Comté ou Duché. Et en outre que le Roy luy foumiroic
«n penfion jufques à foixante mille livres tournois par chalcun an, &
tout ce fans préjudice aux autres enfans > qui pour le temps avenir pour-
xoient venir i laditte Couronne , de pouvoir demander tel & femblable
^panagcPour ce que le Roy, pour avoir paix & bonne amour avec fondit
irere,feeflargiflR)it à luy bailler fi grand fomme que de foixante mille livres,
tournois par an. Et en tant que touchoit la Duché & Païs de Normandie »
Mgr. Charles ne l'auroit point : difans qu'il n'eftoit pas au Roy de la bail*
1er , ne defmembrer Ùl Couronne. Et que au regard du Duc de Breta^
ne y qui detenoit mondit Sgr. Charles y 8c qui avoit prifes les villes du
.oy en Normandie , lequel on difoit avoir intelligence avec les Anglois^
anciens ennemis de la Couronne de France » rut dit &c délibéré jpar
lefdits trois Eftats , qu'il feroit fommé de rendre au Roy lefdittes villes»
& au cas que il en feroit refFus > & que le Roy feroit deucment adverti
de laditte alliance aufdits Anglois , que incontinent le Roy recouvraft
fefdittes villes â main armée, & de luy courir fus. Et que pour ce faire,
lefdits trois Eftats promirent de fecourir & aider au Roy : c'eft aflavoir
les. gens d'Eglife , de prières & oraifons , & biens de leur temporel , Sç
les nobles & populaire du corps & de biens , & jufques à la mort indu-
Avement. Et ouc en tant que touchoit la Juftice de tout le Royaume 9
le Roy avoit ungulier defir de la faire courir par tout fondit Royaume ,
JSc fut content que on efleuft nobles perfonnes de tous eftats pour y
mettre remède & bon ordre , & furent d'opinion lefdits trois Eftats que
à, ce faire Mgr. de Charrolois fe devoir fort employer , tant à caufe de la
proximité de lignage qu'il a au Roy , comme auffi de Pair de France. Et
après laditte délibération , le Roy fe partit de Tours 8c s*en ala à Amhoi"
fe y 8c puis après envoya (on Ambaflade par devers l'aflèmblée eftant i
Cambray , afm de fçavoir leurs vouloir & reQ>once fur laditte délibéra^
cion prife par lefdits trois Eftats , ainfi aHèmblez comme dit eft.
Après ces chofèsle Lundyj. May 1468. Dame Ambroife de Lori{^o)^
en fon vivant femme de Memre Robert Deftouteville , Chevalier Prevoft
de Paris y ala de vie d treQ^as ce jour environ uue heure après minuiâ ,
laquelle fut fort plainte , pource qu'elle eftoit noble Dame , bonne 8c
honnefte , 8c tn Vhoftel de laquelle toutes nobles 8c konneftes perfon-
nes eftoient honorablement receuës. Et ce mefme jour environ entre neuf
8c dix heures de nuiâ, fe bouta le feu en l'un àçs moulins aux Meufniers
ide Paris y qui appartenoit au Prieur de fainâ Ladre , 8c fut tout le com-
jble d*icelluy bruué par un paillaiLt valet du Meufnier , qui avoit atta^
chée une chandelle contre le mur de fon ]iQt^ qui cheyt dedans icelluy
(90) EUe^toitiîUc d'Aoïbtpifc 4e Loté, PrcTÔtdePad*.'
DUROYLOUysXI. 75"
USb , & brufla tout , rcfervé ledit paillart qui fe fauva , & s'enfuît com- g
me un renard. 14^^'
Le 1 5. May furent faittes jouftes à Paris devant l'hoftel du Roy aux
Toumelles y par quatre Gentilshommes de guerre de la compagnie du
grand Senefchal de Normandie y qui avoient ordonné les lices & prepa*
ré te champ , en faifant aflàvoir à tous qu'ils fe trouveroient auait 15.
May pour attendre les venans , rompans chafcun trois lances à rencon-
tre d'eux. Auquel jour y vinrent & comparurent les enfans de Paris ,
defquels & tout le premier y vint & arriva Jehan Raguicr^ Grenetier de
SoiJ/ons Se Treforier des 'guerres au Duché de Normandie , fils de maif-
tre Anthoine Raguier 9 Confeiller & Treforier des guerres du Roy , le-
quel Jehan Raguier yint 8c arriva â bien grand haftedela ville de Rouen 9
où il eftoit > pour eftre Se comparoiftre aufdittes jouftes , Se arriva le foir
de devant à uinâ Ladre lez Paris , accompagné de plufieurs nobles hom-
mes de la charge€c compagnie de Meilire Jouachin Rouault , Marefchal
At France , & autres cens jufques au nombre de vingt chevaux. Auquel
lieu de fainâ Ladre ils fe tinrent fecretement & lans faire bruit, juf-
ques au lendemain , qu'ils menèrent Se accompagnèrent ledit Raguier
bien Se honnorablement , garny de trompettes & clairons , qui faifoient
de grands mélodies , jufques au lieu defdittes lices , Se lequel Ramier ,
accompagné, comme dit eft, avoit autour de luy quatre piétons veftus de
livrées , & tousjours eftans près de luy Se du courfier furquoy il eftoit
monté, lefquels eftoient prefts de le fervir Se recueillir Ion bois. Se
eftoient tous ceux de fa compagnie habillez da hoquetons brodez à grans
lettres d'or.
Audit champ Se dedans les lices fe pourmena plufieurs tours , atten-
dant lefdits quatre champions , ou l'un d'eux , contre lefquels il fe porta
vaillamment : car il rompit cinq lances bien Se nettement , Se euft fait
plus s'il euft pieu aux Commifiaires ordonnez pour lefdittes jouftes. Et
après lefdittes lances ainfi rompues , s'en panit moult honnorablement
en foy pourmenant par lefdittes lices , & prenant congé des Juges def-
dittes jouftes , Se merciant les Dames , Damoifelles & Bourgeoises , qui
illec eftoient venues , defquelles il acquift moult grand los. Et après luy
y vint Se comparut un Efleu de Paris » nommé Marc Senamy , & deux
des fils de Meflire Jehait Sanguin 9 cjui auflî vinrent en laditte joufte hon-
•notablement. Se ils firent tout le mieux qu'ils peurent : mais ils n'en eni-
ponerent gueres de brait. Et en après y vint aufli & arriva un nommé
Charles de Louviersy Efchançon du Roy , qui moult bien Se vaillamment
s'y porta, en portant bien Se honneftement fon bois & fans aide , Se
rompit nettement plufieurs lances , & tellement fe porta â la journée ,
^ue en la fin le pnx luy fut donné , Se demeurèrent lefdits quatre Gen-
tilshommes dedans moult foulez , defquels les deux portèrent le bras en
efcharpe , Se le tiers eut la main ble(fee defibus le gantelet. Et par ain(î
l'honneur fut Se demeura aufdits enfans de Paris.
Le Dimanche précèdent, qui fut le 8. May, fe firent auflî à Bruges en
Flandres y autres jouftes devant Mgr. le Duc de Boureogn^, qui auffi fu-
rent moult triomphantes :efquelles auffi un enfant de raris , nommé Je*
rofme de Cambray ^ ferviteuc dudit Mgr. Ip Duc, joufta, & illec fe porta
Tomt IL |Ç . vailUmmcnç
74 LES CHRONIQUES
_ vaUlamfflent&tellemenCjqu'Uenemportarhonnear deladittejoâftef^iX
1405. ^pj^5 lefdittes jouftes , le Roy qui eftoic à Amboifi , s'en partit pour alct
à Pans , & en emmena avec luy Mgr. de Bourbon > Mgr. de Lyon , Mgr»
de Beaujtu y 6c autres Seigneurs , Se fe tint par aucun temps à Laigny
fur Marne , à Mtaux Se autres villes illec environ. Et avant Ton parte-
ment dudit Amboifc , avint que le jour veille d'Afcenfion Notre-Sei-
gneur , la terre trembla L Tours y audit lieu (TAmboift , & autres lieux
en Touraine. Et quant le Roy partit de Laigny , oà il s'eftoit tenu par
aucunes journées pour aler à Meaux » il envoya à Paris Ton mandement
pour faire publier par les carrefours d'icelle ville s que tous nobles
& gens fuivansla guerre y feullènt tous prefts & en armes le huidtiefme
Iour de Juillet, pour aler & eux trouver, où il leur feroit ordonné de par
e Roy, & fur peine de confifcation de corps & de biens (92)»
Et puis ces chofes ainfi faittes , le Roy s'en ala i Mtaux en Brie , Se
durant le temps qu'il y fut, y eut un homme natif du ^ïs de Bourbon--
nois y qui pour aucun cas par luy commis , & auûi pour avoir révélé les
faits du Roy aux anciens ennemis les Anglois ^ fut décapité audit Meaux
le Lundy 17. Juin audit an 6%. Et auparavant le Roy envoya â Paris le
Prince de Piémont , fils du Duc de Savoy e , pour bouter le ^u en Grève»
Et fi mift en laditte ville de Paris les prifonniers à délivrance , qui
eftoient en Parlement, en Chaftellet & autres prifons. Environ ce temps
y eut un nommé Charles de Meleun , homme d'armes de la compa^
gnie de Monfeigneur TAdmiral , lequel de Meleun eftoit Capitaine de
U^n en Auvergne , qui avoit la garde de par le Roy du Sgr. du Lau
fur fa vie , audit lieu de Ujfon , dont il efchappa , dequov le Roy fut fort
defplaifant , & pour ledit cas fift conftituer prifonnier liedit de Meleun
au Chafteau de Loches y auquel lieu , & pour iceluy cas , fut décapité.
Et après luy , fut auffi decamté , pour iceluy cas , un jeune fils , nommé
Remoniut , qui eftoit fils de la femme dudit Charles de Meleun , en la
ville de Tours » & fi fut aufli , pour icelluy cas , décapité en la ville de
Meaux y le Procureur du Roy audit lieu de Uffon. Et puis le Roy s'en ala
dudit lieu de Meaux à Senlis Se i CreiL
Audit temps les Bourguignons ou Bretons eftans en Normandie , pri*
rent le Sgr. de Men^iUe y feant entre faitiA Sauveur fur Dive Se Caen , &
luy firent rendre & mettre en leurs mains faditte place , dedans laquelle
y avoit pluiieurs francs archei^. Se incontinent qu'ils furent dedans tue-;
rent Se meurdrirent tout ce qu'ils y trouvèrent , Se puis pendirent ledit
Sgr. de Merville , & pillèrent tout ce qu'ils trouvèrent , & puis ils mi-
rent le feu en laditte place. Et après le Roy fe deflogea de Creily Se s'en
ala i Compiegne , où u fut depuis par aucun temps , Se puis s'en retourna
à Senlis y Se d'illec s'en vint à Paris Mgr. de Bourbon , le jour de fcfte
&
(91) On pcnc vaîr uae ample relation r (92) f^ Supplément. Le 1 5. Juif»
ae ces joutes dansOHvicrdc la Marche, mourut à Bruges Philippe le Bon >
hv. 1. chap- 4. PhiUppç de Comines & py^ de Bourgogne , Se laifla pour
ftjnpona Hionneor. nomme auparavant le Comte de
1 Charolois. Petiu Chronique^
DUROYLOUYSXI. ^T _^_
& Adutnption Notre-Dame. Et paravant le Roy avoit envoyé par devers "- — 7g-
le Duc oc Bourgogne Mgn de Lyon , Mgr. le Conneftable & autres Sei- ^
gneurs^ pour cousjours le mettre en devoir » & trouver par tout bon
moyen de paix > fans figure de guerre. Et ce nonobftant le Roy envoya
fon armée au pays de Normandie , dont avoit la charge Se conduitce M^r.
fon Admirai , qui bien y befogna : car en moins d*un mois il challa les
Bretons eftans dedans Bayeux. Le Samedy lo. Aouft 14^8. MelEre Char-
les de Mekun , Sgr. de NormainviUcy qui avoit efté grand Maiftre d*Hof-
tel du Roy , & lequel nouvellement avoit efté conftitué prifonnier au
Chafteau de GaiUart en la garde du Comte de Danwmartin , Capitaine
dùdit lieu, fut par le Prevoft des Marefchaux, fait (on procez fur les cas
i luy impofez. Et ledit jour fut tiré hors de fa prifon & mené au mar-
ché d^Andtly , où illec publiquement devant tous , fut décapité & mis
â mon. Et depuis ce le Roy le tint par certain long temps â Noyon j
Comptine 9 Chauny , Se autres places environ » jufques au 1 5 . Septembre»
que nouvelles luy furent illec apportées , que Mgr. Charles fon frère Se
le Duc de Bretagne , s'eftoient reimis Se devenus bons amis Se bien-veil-
lans au Roy y Se preft mondit Sgr. Charles de prendre la penfion de foi-*
xante mille livres tournois par an , jufçiues à ce que fon appanage lui euft
efté ailigné félon le dit de ptufieurs Princes & Seigneurs , que ledit Mgr.
Charles efliroit pour ce faire > Se aufquels il fe vouloir rapponer : c'eft
aflàyoir à Mgr. le Duc de Calabre Se Mgr. le Conneftable de France. Ec
leditDuc de Bretagiu offrit bailler au Roy les villes que luy Se fes ^ns te-
noient en Normandie , en luy rendant Se reftituant les autres villes Se
{>laces que les gens du Roy tenaient ea Bretagne^ Laquelle chofe le Roy.
uy accorda.
Et puis le Roy fift fcavoir ces chofes au Duc de Bourgogne 9 qui eftoit
atout fon ofl;aux camps près de Peronne , entre Efcluûcrs Se Cappy , fur
la rivière de Somme. Defquelles nouvelles il ne vouloir rien croire juf-
aues à ce qu'il en fuft autrement acertené par lefdits Mçr. Charles Se Duc
e Bretagne , laquelle chofe luy fut depuis ditte& certifiée par le Héraut
dudit Duc de Bretagne , mais ce nonobftant il ne s'en voulut aler » ne
defemparcr fon oft. Et s'en ala avec fondit oft tenir Se édifier un parc
audit lien , d'entre E/clti/iers Se Cappy , le dos au long de la rivière de
Somme. Et pendant cenain temps qu'ils y furent , furent envoyez par
diverfes fois audit Duc de Bourgogne ^ de par le Roy , plufieurs Ambam-
deurs , comme Mgr. le Conneftable , Mgr. le Cardinal d^ Angers , maiftre
Pierre Doriolle Se autres , pour tousjours cuider trouver moyen de bon-
ne amour Se pacification du cofté du Roy , qui tousjours la vouloir avoir,
jaçoit-ce que les Capitaines & gens de guerre du Roy n'en eftoient point
d'opinion : mais rec^ueroient au Roy qu'il les laiflaft faire Se qu'ils ren-
droient au Roy ledit Duc de Bourgogne Se ceux de faditte conipagnie»
tout à fon bon plaifir & volonté. Laquelle chofe il ne voulut foultrir ,
ne rollerer qu'on leur courut fus : mais leur defFendit de le &ire Se fus
la hard. Er durant ce temps & jufques au 1 1. Oâobre 14^8. furent grans
nouvelles que le Roy & ledit Duc de Bourgogne avoient fait une trefvc
fufques au mois d'Avril prochain , & fur l'efperance de icelle trefve , le
Roy délibéra foy en retourner de Compugne^ où il eftoit , pour s'en ve-
nir â Creil Se i Pontoife. K x Pour
m
___^ jê LES CHRONIQUES
""""TT^ Pour cette caufe envoya fes fourriers audit lieu de Pontoife , qui y prf»*
*+ ©• j.gj^ç {"qj! Iq^Jj . jjj^jj depuis il changea propos » & retourna haftivement
dudit lieu de Compiegnc i Noyon y où peu de temps paravant y avoit
efté» Pendant lequel temps Philippe de Savoyx^ Poncet de Rivière y Sgr^
Uulfé y le Sgr^ du Lau & autres , qui s'eftoient mis & meâez enfembk r
firent moulr de maux : & cependant le Samedy 8. Odobre fut criéi foiv
de trompe par les carrefours de la ville de Paris , que tous les nobles
jenans fief ou arriere-fief de la Prevofté & Vicomte de Paris ,. feuflènc^
Kms prefts & en armes à Gonnejfe , pour d'illec partir le Lundy enfui-
vant , & aler où mandé leur feroit: lequel cryetbahift beaucoup plufieur»
dePtfm^quicuidoientbien que veu leditcry, il n'y avoir point de trefvc
ne abftinence. Et puis le- Roy , qui eftoit à Noyon ^stn panit , Se ledit-
Duc de Bourgogru s'en partit pour aler à Peronru. Auquel lieu . le Roy.
s'en ala bien hattivement par devers luy audit lieu de Penonne » & à bien:
petite compagnie '-car il n'avoir avec luy que ledit Cardinal d'Angers^
Se un peu de gens de fon hoftel, Mgr. k Duc de Bourbon ££ autres. Ee^
ainfi privemcnt que dit eft , s'en ala jufques audit lieu de Peronne ,..par-
devers ledit Duc de Bourgogne , lequel luy.fift grande révérence , com-
me bien tenu y eftoit , & puis parlèrent enfemble longuement & furent-
fort bien contens l'un de l'autre , quelque rumeur qu'il y euft eue aupa-
ravant > & tellement pacifièrent enlemble qu'ils firent paix entre eux. Et.
jura ledit Mgr. de Bourgogne que jamais ne feroit rien- contre le Roy„
& qu'il vouloir eftre fon fubjeâ & ferviteur , & vivre & mourir pour
luy. En faifant laquelle paix le Roy luy confirma le traidé d'Arras &.
plufieurs autres chofes ,. ainfi que depuis le Roy le manda & fift favoir
aux nobles , gens d'Eglife , à fa Cour de Parlement , & autre populaire,
de fàdirte ville à^ Paris y qui pour caufe de ce , & par fon ordonnance ^
firent procédions générales , chantansaux Eglises 7V^ Deum laudamus ^
Se autres louanges à Dieu. Les feux furent faits parmy les tues , Se tar-
kles drefiees .> donnans à boire k tous venans , Se plufieurs autres grans«
joyes en furent faites en laditte ville de Paris. Et en ces entrefaites vinrent
nouvelles que les Liégeois avoient pris & tué leur Evefquc y &. tous fes#
oflSciers.» dont ficdequcy le Roy, ledit Mgr. àt Bourgo&ne , Mgr. le Duc,
de Bourbon Se Mgrs* fes frères , & autres , furent moult dcfpjaifans Se,
marri», & furent grans nouvelles que le Roy & ledit Sgr.de Bourgogne-
iroient en perfonne pour punir & deftruire lefdits Liégeois. Et inconti-^
nent après vinrent autres nouvelles que ledit Evefque n'eftoit point,
mort, ne pris ,.mais l'avoient iceux Liégeois ,. contraint de chanter Mef—
fe, fie depuis fe tinrent iceux.£/>£^<7/j, bien contens de luy ) Se fe ren-
dirent tous à luy^ comme à leur vray Seigneur naturel , en eux offrant i*
tuy à tcMit fon bon plaifir faire , cuidans- à cefte caufe appaifsr tout le^
aaal-talent de auparavant. .
En ce tems le Roy s'en ala à Noftre^Dame de Haulx (9 j )| en Almagney,
eu il ne fejourna gueres , auiG Philippe de Savoy e , fie autres eftans aveo
luy,firent leur paix au-Roy,par le movcn dudit Sgn de Bourgogne. Et aprèsi
^eleRoy^utfaitfon voyage fie pèlerinage aumt lieu deNottre-Dame der-
Haulx^
is^X Oii Jr Halle» Vilk ics Pa^Bas y Atrots lieues de Bruxelles*.
I>U ROY LOUYS XL 77
ISaulx , il s'en ala à Namur par devers ledit Sgr* de Bourgogne , où on ^""TT
luy fift délibérer d*aler avec ledit de Bourgogne devant la cite de Liège , ^ 4 ^ ^ '
où ils furent & demeurèrent depuis par aucun temps logez aux faux-
Lequel mondit Sgr. de Liegt
pour aler devers mondit Sgr. de Bourgogne , pour fçavoir s'il pourroit
trouver aucun bon appoin£tement pour les habitans dudit Liège > en luy
ofirant par eux luy bailler & délivrer laditte ville & tous les biens de
dedans , pourveu que les habitans d'icelle ville , hommes , femmes » &
cnfans , enflent leur vie fauve feulement , dont il ne voulut rien faire t
anais au contraire fift ferment que luy & tous fes fatellites mourroient
en la pourfuite , ou il auroit laditte ville & tous les habitans d'icelle >
Eour en faire du tout à fon plaifir & volonté , & retint par devers luy
îdit Evefque de Liège , fans vouloir fouffrir (ju il s'en retournaft en la-
ditte ville , nonobftant que ledit Evefqne avoit promis 6c juré aufdits
de Liège de retourner par devers eux , & de vivre & mourir avec eux.
Et tantoft après le partement dudit Evefque de Laditte ville ôc cité de
Liège , & ce que \c(ditsLic^ois furent avertis que leurdit Evefque eftoir
détenu par ledit de Bourgogne , & ne s'en pouvoit retourner en la-
ditte ville > iccvtx Liégeois firent plufieurs faillies fur lefdits Bourguignons
ôc gens du Roy , & fur leurs compagnies. Lefquels Liégeois y quant au-
cuns en pou voient prendre , les mettoient à mort , & gens &c chevaux :
mais nonobftant toutes ces chofes, le Dimanche 50. Oâobre 1468. en-
tre neuf Se dix heures de matin , ledit Duc de Bourgogne fift ordonner
de bailler & livrer aflàut enicelle ville : ce qui fut fait > & y entrèrent
iceux Bourguignons fans-aucune refiftance , & y entra aufli le Roy &c les
Duc dû Bourgogne , Mgr. de Bourbon , Mers, de Lyon , de Liège 6c de
Beaujeu y frères. Et auflî dudit aflaut la plus grand 6c faine partie des-
habitans de icelle cité s'enfuirent & retrayerent , & laiflerent un peu de.
populaire, comme femmes > enfans, Preftres, Religieufes, & viels&
anciens hommes ^ qui tous y furent tuez &. meurdris , 6c moult d'autres>
merveilleufes cruautez & innumanitez y furent faittes , comme jeunes
femmes & filles forcées & violées , & après,le defordonné plainr pris-
d'elles, les tuer & meurdrir. Les Religieufes auflî forcer ,. petits entans^
tuer , 6c Preftres confacrans Corpus Domini , auflî tuer 6c meurdrir de-
dans les Eglifes- Et après toutes ces chofes faittes , roberent & pillèrent-
toute laditte ville & cité , & en après la brûlèrent & ardirent , .& jçtte--
rent la muraille dedans les foflèz.
Après toutes chofes ainfî faittes aue dit eft , le Roy s'en retourna à*
Senlis & Compiegne , où il manda aler par devers luy toute fa Cour de-
Parlement , fa Chambre des Comptes , Généraux des Finances , 6c autres
fes Officiers : ce qu'ils firent. Et eux venus & arrivez par devers luy^ fift'
fc ordonna pluficurs chofes , & auilî pource qvi'il n'avoit pas intention
de fejourner audit lieu, il fift propofer par la bouche dudit CardipaL
d'Angers à tous les defliifdits Ofticiers , tout ce qui par lûy avoit efté ac-
corde audit Sgr.de Bourgogne j qui plus à plain eftoit contenu 6c fpeci-r
fie on quarante deux articles > qui par ledit Cardinal furent déclarés lors*
K iy aafditsi
14^8.
7T L ES C H R UNIQUES
aufdits Officiers , en leur difant de par le Roy, guc fon plaifîr çftoîc
que par fadittc Cour de Parkment , & tous autres (es OBSders , feuft fait
& accomply tout ce qu'il avoit conclu & accordé avec ledit de Bourgo^
gncy & que tout lu^r feuft du tout entériné & accomply, fans aucun
contredit ou diflScultc , fur certaines grans peines que lois il exprima de
bouche. Et puis le Roy s'en ala en aucuns lieux près Paris , fans vouloir
entrer dedans laditte ville ^ mais aucuns grans Seigneurs eftans autoui:
de luy y vinrent & y fe journerent , comme Mgrs. de Bourbon , de ^yort
8c BeauJeUf frères , le Marquis du Pont y & autres.
Le Samedy 19. Novembre , fut criée & publiée à fon de tronjpe & cry
public , par les carrefours de Paris , ledit accord & union fait , comme
dit eft , entre le Roy & mondit Sgr. de Bourgogne. Et que pour raifon
du temps paflTé , perfonne vivant ne feuft (î ofé ou hardy de rien dire à
l'opprobre dudit Sgr. feuft de bouche , par efcrit , fignes , paindures ,
rondeaux , ballades , libelles diffamatoires, chanfons ^ de gefte , ne au*
trement, en quelque manière que ce peuft eftre. Et que ceux qui feroient
trouvez avoir fait , ou efté au contraire, feuflcnt grièvement punis , ainfi
que plus à plain ledit cry le contenoit.
Ce jour turent prifes pour le Roy , & par vertu de fa commiflîon ad-
dreflant à un jeune fils de Paris y nommé Henry Pcrdriely en laditte
ville de Paris , toutes les pies , jays &c chouettes , eftans en cages ou au«
trement , & eftans privées , pour toutes les porter devers le Roy , &
eftoit efcrit & enreeiftré le lieu où avoienr efté pris lefdits oy féaux , Se
aufti tout ce qu'ils fçavoient dire , comme larron , paillart , âls de pu-
tain , va dehors va , Pcrrcttc donne moy à boire , & plufieurs autres
beaux mots que iceux oifeaux fçavoient bien dire , & que on leur avoit
appris. Et depuis encores par autre commiflîon du Roy addreflànt à
Merlin de Cordcbeufj fut venu quérir & prendre audit lieu de Paris
tous les cerfs , biches, & grues qu'on y peuft trouver, & tout fait mener
à Amboift.
En après le Comte de Fouc:^ , qui nouvellement eftoit venu i Paris ,
devint merveilleufement amoureux d'une moult belle bourgeoife de Pa*
ris y nommée EJiienncu de Befançony femme d'un marchant de laditte
ville nommé Henry de Paris y qui eftoit bon marchant & puiflànt hom-
me, & fî eftoit laditte bourgeoife moult prifée & honnorée entre tou-
tes les femmes de bien de laditte ville , & fort priée & requife de eftre
èc foy trouver en tous banquets , feftes & honneftes aflêmblées qui fe
faifoient en îcelle ville , communiqua avec ledit Comte de Foue[ de
queftions joyeufes & amoureufes , &c fur plufieurs requeftes , offres , Se
autres plaifans bourdes que luy fîft & promift ledit Comte de Foue^ ,
convinrent tellement enfemble, que le Dimanche 11. Décembre 14^8.
icelle Efiiennete fe départit de fon hoftel de Paris , qu'elle laiflà & aban*
donna, enfemble fondit mary, fes enfans, père & mère , frères Se fœurs,
& tous fes parens & amis , Se s'en ala après ledit Sgr. de Fouei , avec
aucuns de fes gens Se ferviteurs , qui pour ce faire eftoient demeurez
audit lieu de Paris , & l'emmenèrent a B/ois où eftoit demeuré i fejour
ledit Sgr. attendant illec la venue d'icelle Efiiennete. Avec lequel Sgr,
icelle Efiiennete demeura par l'efpace dç trois jours , Se puis s'en partie
ledit
DUROYLOUYSXI. 79 ^_^^_^
ledit Sgr. de Fouc[ , & s*cn ala à Tours par devers le Koy » & en fîft me* ^TTTT
net avec luy icellc EflUnncte , qui fut illcc bien recueillie par Martin ^ *
fonchitTy marchant & bourgeois de Tours , oncle d'icelle EJi'unruu. Et
peu de temps après fut laditte Efticnnetc envoyée à Fronttvaux par
devers la Prieure dudit lieu > tante de laditte EJlienruu , où depuis elle
demeura par cenain long-temps après. .En après le Roy fe tint & fejour*
na à Tours , à Amboije > & lUec environ , tousjours attendant que la
R^nc dcuft accoucher , que on difoit eftre fort groflè , mais elle ne euft
pomt d'enfant. Et après ces chofes le Roy ordonna certaine quantité
des lances de fon Ordonnance pour aler fervir le Duc de Calabrt , pour
recouvrer fon Royaume (TArragon » & avec lefdittes lances y ordonna
auffi aler hmSt mil francs archers avec grand quantité de fon artillerie ^
pu ils ne furent point, nonobftant laditte ordonnance.
Le mois de Février vinrent à Paris les Ambaflàdeurs de mondit Sgr.
de Bourgogne , pour l'expédition des articles à luy accordées de par le
^oy , & pour lefquelles le Roy efcrivit & chargea bien expreflément au
rrevoft des Marchans & Efchevins , & tous autres OflSciers &c gens no*
tables de laditte ville » que de tout leur pouvoir ils feftoyallent fort &:
honnoràblement lefdits Ambafladeurs. Laquelle chofe fut faitte > & fu-
rent moult honnoràblement & abondamment feftiez , & premièrement
par ledit Mgr. le Cardinal d'Angers , fecondement par le Premier Prefî-»
dent de la (jour de Parlement ^tiercement par maiftre Jehan de Z.â^nV/rAe,
Prefidcnt en la Chambre des Comptes , & Treforier de France y quane-
ment par Mgr. de Mery , ic quintement & pour dernière fois , par les
Prevoft des Marchans & Efchevins , & Bourgeois de Laditte ville. Le-
quel feftoy fut moult honnorable, & durant leldittes chofes furent leurs
lettres expédiées par toutes les Cours de Paris , tous lefdits articles
ainfi à eux accordes par le R^oy , comme dit eft. Et le Jeudv 16. Février
1 4^8. avint au Chaftellet de Paris , que un nommé Chariot le Tonne--
lier , dit la Hoie-varlet , Chaufletier demeurant à Paris , qui avoit efté
conftitué prifonnier audk Chaftellet de Paris » pour raifon de plufieurs
larcins dont on le chargeoit , qu'il denioit , fut ordonné par le Prevoft
de Paris , & les Officiers du Roy audit Chaftellet , que fon procez fait
fur les charges k luy impofées , & conclu de ainfî le faire » dont il ap-
pella , & par Arreft fut renvoyé audit Prevoft pour eftre £iit fondit pro-
cez. En l'amenant de fa prifon en la chambre ae la aueftion dudit Chaf-
tellet , faifit un coufteau ^u'il apperceut fur fon oiemin , & d'icelluy
fe couppa la langue ,& puis fut ramené en faprifoh fans autre chofe
faire pour ledit jour. Audit temps avint que au pays de Holande Ôc Ze^
lande , qui font des pays de Mr. de Bourgogne , y vinrent & abondèrent
fi grandes eauës, queTeauc noya & emporu plufieurs villes & places
deldits pays , pour raifon de plufieurs efdufes qui tenoient la mer > qui
fe rompirent.
A cefte caufe y eut de grans dommages faits, & plus grand deftruâion,
comme on difoit , aue ledit Sgr. de Bourgogne n'avoir fait par fureur en
la cité & habitansdu Liese. Et après que ledit Chariot Tonnelier ^ àont
eft parlé devant , qui ainfi s'eftoit iiicilee la langue & fut guery , fut de-
lechef amené en la queftion près d'eftre eftenou en la gebiyne j pource
qu'il
I 4 <>.S>
>4<î?'
80 LESCHRONIQUES
qu'il ne vouloit comoiftre les cas à luy impofez > lequel après qu'il eut
efté longuement a(us fur la fellece > dit qu'il diroit vérité , Se lors décla-
ra tout au long fa vie Se de moult grans & merveilleux larcins > & û
accufa moult de gens coupables à faire icelles , comme un fien frère fur*
nommé leGendarme, un Serrurier , un Orfèvre , un Sergent fieflfé nom-
mé Pierre Moj^rul , & plufieurs autres , qui pour lefdits cas furent conf-
tituez prifonniers , & uir.ce interrogez, qui depuis confedèrent avoir fait
{)lu/îeurs larcins. ÉtaprèstoutesceschofesleMardyde la femainepeneufc
edit la Hou Se fon frère > ledit Sergent fieffé, le Serrurier , un Tondeur
de grans forces , & un Frepier, nommé Martin de Coulongne ypsLt la Sen-
tence du Prévoit de Paris y furent condamnez à eftre pendus Se eftran-
glez au gibet de Paris , dont ils appellerent en Parlement. Et par Arrefl:
de la Cour laditte fentence fut confirmée au regard des quatre d'iceux :
c'eft adàvoir defdits de la Hou , fon frère , dudit Tondeur de grans for-
ces , Se dudit Serrurier, Se le lendemain , qui fut Mercredy , furent me^
nez pendre au gibet , Se au regard defdits Frepier Se Servent fieflfé , ils|
demeurèrent encore en la priion jufcjues après les feftes de Pafques. Et
le Vendredy fainâ & aoure , vint Se iflit du Ciel plufieurs grans efclats
de tonnerre, efpartiilemens & merveilleufe pluye, qui efbahift beaucoup
de gens , pource que les anciens dient tousjours que nul ne doit dire he«
las l s'il n'a ouy tonner en Mars. Et après ce que dit eft , ledit Frepier »
nommé Martin de Coulongne , fut rendu par laditte Cour de Parlement
audit Prcvoft de Ptf m , Se fut envoyé audit gibet le Samedy veille de
Quajimodo 14^9.
Au mois d'Avril 14(79. maiftre Jehan Balue , Cardinal d* Angers , qui
)y , & du Pape par
, comme de Car-
iquel Cardinal le Roy fe fioit moult fort. Se faifoitplus pour
luy , que pour Prince de fon lang Se lignage. Et icelluy Cardinal,
non ayant Diçu en mémoire , ne rhonneur & prouffit du Roy , ne du
Royaume , devant fes yeux mena le Roy jufques à Pcronru , auquel lieu
il le fift joindre avec icelluv Duc de Bourgogne , & leur fift faire enfem-
ble une telle quelle paix , laquelle fut jurée & promife entre les mains
dudit Cardinal , & puis voulut, confeilla Se ordonna que le Roy yroit
& accompagneroit ledit de Bourgogne jufques en la cité du Lieme , que
paravant s'eftoient eflevez Se mis (us pour le Roy contre ledit de Bour-
gogne f Se pour luy porter dommage. Et au moyen d'icelle allée du Roy
devant icelle cité , lofdits Liégeois Se icelle cité furent ainfi meurdris Se
deftruis , tuez & fugitifs , comme dit eft devant : mais qui pis eft , le
Roy , Mgrs. de Bourbon , de Lyon , Beaujeu , & Evefque dudit Liège ,
frères , Ee toute la Seigneurie eftant devant laditte cité , furent en moult
grand danger d'eftre morts Se tous pris , qiui euft efté fait la plus grand
cfclandre, qui oncques feuft au Royaume de France ^ depuis ta création
d'icetluy (94). Et après que le Roy s'en fut retourné devers Paris , pour
s'eri
(94) Le Roy reconnue detmis qae Balue
le trompoit , pourquoi il le nt anecer & ue
^ fie hipii du Châiçau <k Loches, ou il
écolt dt^tenu , qu'en 1480. Voyez les Me^
'moires de Cêmines ^ TomeL Livre YI«
chap. 7. note x €.
DU ROY LOUYS XI. 8i
ffcn retourner à Tours 8c autres lieux environ , & le garda d'entrer en
laditte bonne ville Se cite de Paris , & le fift pafler à deux Hôucs près
d'icelle, en cuidanr par luy à cefte caufe mettre laditte bonne ville & cité,
enfeinble les fubjeâcs d'icelle , en l'indignation du Roy. Et en faifant
ledit voyage audit lieu de Tours & Angers , par le Roy , il fift content Mr.
fon frère de fon appanage , & luy bailla pour icelluy la Duché de Guyen-
ne & autres cho(es , dont il fe tint à bien content du Roy , & voyant
par icelluy Cardinal , la paix & bonne union eftre entre le Roy & Ion-
dit frerc , cuida derechef faire fon effort & rebouter trouble & malveil-
lance entre le Roy & autres Seigneurs de fon Royaume , comme devant
avoit fait : car il envoya & mift fus meflage efpecial avec lettres & inf-
trumens qu'il envoyoit audit de Bourgogne , en luy faifant aflàvoir que
ledit accord ain(î fait , eftoit du tout i fa confunon.& deftruâion , &c
n'eftoit fait à autre fin, que pour l'alcr deftruire incontinent que le Roy
& fondit frerc feroient aflcmblez* Et que pour fby garder contre eux ,
hiy eftoit befoin & neceffité qu'il fc mift en armes comme devant avoit
fait , & qu'il aflcmUaft plus grand armée que oncques n'avoit fait , &
mouvoir guerre au Roy plus que jamais , & autres grandes &c merveil-
kufes diableries , qu'il cfcrivoit audit de Bourgogne par un fien fcr-
viteur , qui de cefdittes lettres & inftru6tions qu'il portoit , fut trouve
faifi , & promptement furent portées au Roy , lequel , incontinent ces
chofes par luy fceuës , fut icelluy Cardinal pris & faifi , Se mené prifon-
lîier à Montbafon , où il fut laiflc en la garde de Mr. de Torcy Se autres.
Et après furent pris & faifis en la main du Roy tous fes biens & fervi-
teurs , Se furent iefdits biens pris par inventaire , Se luy furent baillez
Commidaires pour l'interroger fur les cas Se charges à luy impofez , c'eft
aflàvoir Meffire Tanntguy du Chajiely Gouverneur âtRouffiUony Meflîrc
Guillaume Coujînot , mondit Sgr. de Torcy , & maiftre Pierre DoriolUy
General des Finances, tous lefquels befognerent à l'interroger Se exami-
ner fur Iefdits cas & charges. Et en après le Roy donna & diftribua des
biens dudit Cardinal à fon plaifir , c'eft affavoir fa vaiflèlle d'argent fut
vendue & l'argent baillé au Treforier des guerres , pour les affaires du
Roy , la tapiflcrie fut baillée audit Gouverneur de Roujfillon , & la Li-
brairie audit maiftre Pierre DorioUe , & un beau drap d'oi: tout entier ,
contenant vingt-quatre aunes Se un quart , qui valoit bien douze cens
cfcus, & certaine quantité de martre febelines , & une pièce d'efcarlate
de Fleurance , furent baillez & délivrez à Monfieur de Cruffol , & fes
robes Se unpeu de mcfna^e fut vendu pour payer les frais des Officiers
& Commiffâires, qui avoient vacqué à raire ledit inventaire.
Durant ces chofes le Roy de Secile Se la Reyne fa femme , vinrent par
devers le Roy à Tours Se Amboifty où illec furent moult honorablement
receus de par le Roy. Et après tout ce que dit eft , le Roy , mondit Sgr.
de Bourbon , & autres Seigneurs , s'en tirèrent devers Niort , la Rochel--
le y Se autres lieux environ , où ils trouvèrent Mr. le Duc de Guyenne ,
frère du Roy , Se en icelluy voyage, moyennant la grâce de Dieu & de
la benoifte Vierge Marie , le Roy & mondit Sgr. de Guyenne , furent
reiinis Se mis en bonne paix & amour l'un avec l'autre , dont moult
^rand joye fut incontinent efpanduc par tout le Royaume. Et pour cefte
iome IL L piix
/
1469.
^^ Si les chronique s
"^^^^ paix fut dit & chanté en fainâe EglîTe le Te Dtum taudamus , £ût les
1 4^51. feux pat routes les bonnes villes , tables tondes dceâees > & de tnoulc
gians foulas, & e(batemcn8>& joy" ptis. Ei puis après le Roy s'en te*
tourna à, uimtoife pat devers la Rcyne y qui , comnie bonne , honncfte
&c très-noble Dame , avoir fort travaillé a ttaidbi ladicte bonne paix âc
union , que Notro-Scigneut par fa fkinâe ^ace & bonté, veille de bien
en mieux tousjours bien enttetenir. Et puis fut delibeté pat le Roy 6c
foQ grand Confeil , d'allet conqucrii , prendre , & avoii la Comté ^^'^r-
mignae , & mettre en la main du Roy , Se ptomis de iccUs bailler 1
Blondit Sgr. de Guyenne, Et pour ce mettre a exécution > y cnvoja le
Roy grand quantité de fon artillerie , de fcs gens de guerre , & francs
Archets. Et pour Ledit voyage faire , & pceparei laditte armée , le Roy
s'en partit dudit lieu d'AmhoiJi pour alcr jiuques à Orltans , où il fe-
jouma cinq ou fix jours, &c puis s'en retourna audit lieu d'jimboife. Ec
peu de temps après vint & arriva à Parti Mi. de ChaJtiUon grand Maif-
tre Enquefteui > & General Reformateur des Eauës & Forefts , pour
prendn les mooftres des bannières des Oficiers., gens,
d'eftat ville de Paris,
Le S; : i4''î>' fut leuc Se publiée par les carrefours
de Par. m en icellc ville , l'alliance Se bonne union
faitte e .oy d'Efpagm , laqudlc Icâiire & publication
fut faii U Cornu , Ocre de la Prevoftc de Paris , es
prefenc Itîminel & Civil de laditte Prevofté , & de la
plufpart des Examinateurs ordinaires & extraordinaires dudir Chaftellet.
Et depuis ce, le Roy, Mr. dcBourhoa, & aurtes Seigneiirs.d' autour de-
luy ,1e tinrent à .^m^oiTê, & illec environ, & jufques auSamedy xj.
Décembre 1469. que Mt. de Guyenne accompagné dès nobles de fa Du-
ché, en moult grand, belle & noble compagnie, arriva par devers le
Roy en fon chaAeau des Montils lès Tours * qui de (a venue euft moule
grand |oye , Se aufiî eurent ta Reyne , Madame de Bourbon y & autres
Dames & Damoifelles de leur compagnie , qui incontinent qu'ils fceutenc
kditte venue , fe partirent dadit lieu d'Amboife , pour aler audit lie»
des Montits , pout aler voit Se feftier ledit Mi. de Guytnnt. Et en ces
cntrefaittes fut tout le pays d'Armignac mis & rendu es mains du Roy «
& fans effufion de fang , & tout délivré i Mr. l'Admital & Comte de
Dampmartin , comme Gouverneur de kditte armée poar le Roy. Et de-
meurèrent depuis le Roy, Mr. àc Guyenne y la Rcyne, Madame de
Bourbon , & autres de laditte compagnie, audit Chafteau des MonùlSy
faifans illec de moult grans chères , & jufques â Noël. Et après mondic
Seigneur de Guyenne s en partift & ptit congé du Roy , de toute fa com^
pagnie , & s' ai alz, & retourna à la Rochelle , i fainH Jehan d'Angeli »
& autres fcs pays vojfins , pour illec tenir Cc& Éflais , & appointer de
devers fe Duc de Bretagne , par lefquels fes Amballàdeurs , il envoyoic
tpdit Duc de .^r>i^e , fon ordre nouvellement tDife& créée fus {,9s) >
hÛ C'^tottl'Oidic de Saisi MkhcL
DUROYLOUYSXI. 83
^n que îccllc il portaft , & juraft tout atnfi & fdon que l'avoîcnt friCt
te jurée plufieurs autres Princes & Seigneurs de ce Royaume. Et jacoit 1469,
ce que le Roy luy euft fait ceft honneur , neantmoins de prime face il la
refufa, & ne la voulut prendre ne accepter. £t di{bit-on que c'eftoit
pource que auparavant ledit Duc de Brctame a^oit prifc la Toifon
dXJr (96) , en loy déclarant amy , frère , & alic du Duc de Bourgogne ,
pourquoy le Roy fe tint pour mal-content , & non fans caufe. Et bien-
coft après le Roy ordonna certaine quantité de gens d'armes de fon or-
donnance > & Tes archers , avec partie de fon artillerie y pour faire
guerre audit Duc de Brctsmt & fcs pays ; mais avant le partement def-
ilittes gens de guerre , d aîer audit pays de Bretagne y fut donné delay
audit Duc de Bretagne de dix jours entiers , qui faillirent le i {.Février»
pour donner au Roy fa refçonce de tout ce qu'il avoit intention de fai«
re 9 & comment il le vouloit avec luy gouverner.
Le Mercredy ij. Février, furent leucs & publiées es carrefours de
Paris , le mandement patent du Roy , fîgné Guillaume de Ccrifay , par
lequel le Roy mandoit au Prevoft de Paris , qu'il eftoit deiiement acer-
tainé , cpc le Roy Edouard d^ Angleterre , & les Princes , Seigneurs , Se
populaire dudit Royaume, quepour long-tempsavoient eftéen grand guer-
re & divifion entre eux > avoient fait leur paix & pacification entre eux.
Et que tous iceux , eftans adèmblez en confeil , avoient conclu , promis»
& juré de venir defcendre en pluHeurs & divers lieux de ce Royaume ,
en intention de y prendre , fainf, & gafter villes , places , pays , & for-
cereflês , de deftnure ledit Royaume âc les habitans d'icelluy , tout ain(î
que autrefois il avoit fait. Pour lefqudles caufes , Se vouLint par le
Roy de tout fon pouvoir & puiflance obvier aux damnées & faufles en-
treprifes defdits jinglois , ordonna fon ban & arriere-ban eflre fait , de
que par ledit Prevoft de Paris , toutes excufations celïànt , il contrai-
fnift vigoureufement & fans déport aucun , tous les nobles & non no-
ies , tenans en fief & arriere-fief , previlegiez & non previlegiez ♦ à
cftre tous en armes & habillement fuffi(ant , & en perfonne, fans y pren-
<lre ne recevoir aucun au lieu d'eux , dedans le premier jour de Mars en-
fuivant , & fur peine de confifcation de corps & de biens , en deffen*
dant de par le Roy , par lefdittes lettres , audit Prevoft & tous autres,
de b^er ne recevoir aucune excufation ou cenification % pour iceux
tenans en fief ou arriere-fief, fur peine de perdition de leurs offices,
& de la confifcation de corps & de biens , Se nonobilant oppofitions '
ou appellations , & auffi en déclarant les defFaillans ou reffufans , eftre
ennemis du Roy , & avoir confifqué envers luy corps & biens , fans
jamais le . leur remettre ou patdonner. Et ce jour Mercredy , vint
nouvelles à Paris , que Monueur de Bourgogne avoit efté veu en la
ville de Gond ^ portant à Tune de fes jambes la jarretière (97), &
fur luy la croix rouge , qui eftoit ordre & enfeigne dudit Roy Edouard
éTAngkurre ^ & à cefte caufe fe demonftroit & declaroit ennemy capital
du
{96) Le Doc de Bretagne étoit allié du 1 (pS) ïl avoît été nommé Chevalier de
Bocde Boorgogne, mais il n*avoit pas | cet Ordre de lajarctierrejei^ May 14^5,
uçn rOrdre Se Iz Toifon d'Or. I Veytx, les Preuves , numéro CXXXvUL
L X (9i)
J^47 0.
94 LES CHRONIQITES
du Roy &c du Royaume > Se comme Jnglois tenu & réputé (^i).
^4^?' En après ledit Sgr. de Bourgogne envoya à Tours fes Ambafladeurs»
par devers le Roy , lefquels depuis y demeurèrent par certain temps r
illec attendans leur expédition : durant ces chofcs , le Vicomte & Sgr^
de yillars (59) en Poiclou , ala de vie a trefpaflement , lequel en fon
vivant avoit donnée & laiflec fa fucccflîon au Roy , pour en jouyr par
luy incontinent après fon trefpas. Et pour icelie lucceflîon avoir & re-
cueillir , le Roy s'en partit pour aler audit pays de Poiclou , pour pren-
dre , faifir & avoir laditte fucceffion d'iccUuy Sgr. de Villars , à quoy»
faire le Roy y demeura tout le mois d'Avtil. Audit mois un nommé
maiftre Pierre Durand , qui dftoit neveu dudit Cardinal d^ Angers , Ic-
q uel par long-temps avoit efté détenu prifonnicr au Chaftcau de Maillvy
efchappa des prifons dudit lieu & s'en vint jufques à Paris , où il hic
cognçu par un Apoticaire nommé Chambctin , & fut derechef pris & faifî >.
de mené prifonnier es prifons de la Conciergerie du Palais Royal à Pa^
ris y où il fut détenu jufques au z6. Avril 1470. après Pafques, au'iL
fut tiré & mis hors deldittes prifons de la Conciergerie , & baille &.
délivré es mains des fergens & ferviteurs du Prevoft des Marefchaux 9
pour mener où ordonné leur feroir.
Au mois de May 1470. le Comte de warvich & le Duc de C/arance ,-
avec leurs femmes , qui dechadèz avoient efté par le Roy Edouard d'^An-^
gleurre , au moyen de certains grans débats & queftions qui s'eftoienr
meus entre eux , fe mirent eux, leurs ferviteurs , & autres gens qu'ils»
avoient pu recueillir en plufieurs manières, fur mer, jufques au nombre
de quatre-vingts navires , & s'en vinrent prendre terre en Normandie ,
jufques à Honrufiiur &c HarejUur. Et illec ils trouvèrent Mr. l'Admirai
âuiles recueillit, & bouta lefdits de xrarvicky de C/arence , le Comte*
e jrajonfort , Dames & Damoifclles , avec un peu de leur privée mef-
gnée. Et au regard des navires ils fc retrahirent depuis , & ceux eftans'
dedans , es hables de Honnefleur & Harejlcur ^ & en après auflî fe deflo-
gèrent les Dames & Damoifclles , & leur train , & s'en alerent i Valons-
gnes y où leur logis leur fut ordonné. Etbientoft après ces chofes le
Duc de Bourgogne ftçachant ce que dit eft , efcrivit lettres miflîves à la
Cour de Parlement , par lefauelles il leur mandoit qu'il avoit fceu, que
le Roy avoit recueilly ledit ût Warvick en aucunes villes de fon Royau-
me, es marches de Normandie , qui eftoir aler contre l'appointemenr
• fait à Peronne entre le Poy & luy : en priant & exhortant aufdits de
Parlement qu'ils voulfiflentdemonftrer ces chofes au Roy, afin qu'il»
ne favorifaft ledit de Wanich 8c ceux defadirte compagnie , qu'il difoir
cftre fon ennemy capital & dudit Royaume , ou autremcnr il le iroic
quérir quelque part qu'il le peuft fçavoir en France , pour en faire à foir
bon'
(98) (j^ 1 4(>9. Supplément. Louis
XL envoyé unearmée fous h con d u i-
teduDucdeNemours& du Comte
d'Armagnac; Le Roi d'Arragon y
perdit deux batailles contre les
Erançois s dans la première corn*
mandoit le Prince Ferdinand fon:
fils; & dans la féconde, il fut dé-
fait en perfonne. Geritai, Hijioirc
d^Efpeïgne.'
( 99 ) On croit que «*cft le Seigneur: dé:
.Thouazs,
DUROYLOUYSXr. ^^
fcon plaifir , &c nonobftant ce ledit de JTarvich fejouraa & demeura
depuis certain temps, c'eft aflàvoir durant ledit mois de Juin au- 1470^
dit Honntjlcur. Et durant ce temps plufieurs gens de guerre de 1 or-
donnance du Roy deflogerent de leurs garnifons, & s'en vinrent gafter
tout le plat pays , loger & mettre en plufieurs villes & places fur les
marches de Normandie & 'Picardie. Audit mois de Juin avint que deux
Hommes de guerre de laditte ordonnance , fous la charge de Mr. le Con- /
neftable , tuèrent & meurdrirent deux jeunes Clercs du Treforier des
guerres en plaine Bcaulfi , pour avoir largent qu'ils portoient pour le
payement des gens-d'armes.. Et peu de temps après furent pris & faifis
à Honnefieur ^ &*d'illec menez par devers mondit Sgr. le Conneftablc
en la ville de Meaux , où il y a deux arbres. Se fur deux divers che-
mins , furent pendus & eftranglez; En ces entrefaittes le Roy fe tint
& fcjourna à Tours , à j4mboife , Vtndofmt , & autres lieux près d'illec»
par devers lequel lefdits An^lois alerent. Et auffi y fut & ala la Reync
d*j4ngUurrc , & le Prince de Galles , fon fils : & illec tous arrivez , fuc^
pourparlé entre eux de la manière pourquoy ils cftoient illec tous venus
& arrivez , & depuis s'en retournèrent leldits Anglois à Honnejieur ,
^ Valongnes y faint Lo , Sc autres lieux en Normandie. Durant ce que
dit eft , le Duc de Bourgogne fift prendre & mettre en fa main toute la
marchandife qu'il avoir en ks pays , appartenant aux marchans de Frau'-
et y jufques à ce que les marchans de fes pays euflcnr eu reftitution d'au-
cuns biens pris fur mer par lefdits Anglois. •
Le Samedy dernier de Juin 1470. environ entre deux , & trois heures
de matin , la Reyne accoucha au Chafteau d'Amboife de un beau fils , *
qui illec fut baprifé & nommé Charles par M. l'Archevefque Aq Lyon
avec le Prince de Galles , fifede Henry jadis Roy d^ Angleterre , & pri^
fonnier détenu par Edoilard , qui fe difoit Roy ducfit païs , & la
commère fut Madame Jehanne àc France , Ducheflc de Bourbon. Et de
laditte nativité fut grand joye faitte ôc cfpanduë par tout le Royau-
me dt France 9 & en fut chanté en divers lieux Te Deum laudumus y
£c autres belles loiianges à Dieu , les feux faits parmy les rues , tables
rondes , & autres grans joycs & elbatemens. Et tantoft après laditte
nativité le Roy de Cecille , Mr. de Guyenne , Mr.. de Bourbon, de
Lyon y Beau/eu , & autres, s'en alerent à Angers , à Saumur , le Pont
de de , & autres lieux illec environ , pour trouver pacification ic ac-
cord avec le Duc At. Bretagru , fur aucune queftion qui eftoit entre le
Roy & le Duc deflufdit , & Hlec demeurèrent par certain temps , &?
I'ufques à tant que appoindemcnt fe trouva & fut fait entre eux , & puis
e Roy s'en retourna par devers la Reyne i Amboife. Après- ledit ac-
cord ainfi fait, furent envoyez Ambafladeurs dudit Duc de Bretagne par
devers ledit de Bourgogne^ & lui furent rendus le fed & alliance qui
eftoit entre eux , dequoy ledit de Bourgogne fe courrouça fort, quant il ap-=^
Êerceut l'accord du Roy & dudit Duc àt Bretagne. Durant ce que dit eft,-
î Comte de JFarwick , dont devant eft parlé , qui eftoit au païs de A^or—
mandie , cuidantfoy en retourner en fon païs d'Angleterre, fut ordonné •
& eftabli fur mer de par ledit de Bourgos^ne phifiears beaux & grans na-
vires de guerre , comme hurques, gallées, & autres navires , en grattd
L 3 quantité,.
1470.
U LES CHRONIQUES
quantité > tous fort avitaillez & garnis d'artillerie & gens de guerre »
d' Anglais , Bourguignons , Picm-s , & autres , &c finderent en mer
tellement, qu'ils s'en vinrent arriver & entrer fur la colle de Norman^-
die y environ la fofle de Loire , cuidant trouver & rencontrer ledit de
TFarwich Se fa compagnie pour les defconfire , & illcc demeurèrent
à l'ancre par certain long-temps , pendant lequel le Roy, qui eftoit i
Amboift 9 s'en partit 8c ala au Monc St. Michel en pèlerinage. Et après
icelluy fait & accomply s'en revint &c retourna à Avranches , Tombe--
laine 9 Couftances 9 Caên., Honnefieur , & autres places de Norman^
die , & illec fur la cofte de la mer fift auflî arriver & avitailler fa nef,
la nef de Mn TAdmiral , la nef de Colon , & autres plufieurs beaux
navires , dedans lefquels fe mirent & boutèrent lefdks de Clarence ,
de Warwichy &c ceux de leur compagnie, avec aucuns francs archers
& autres gens de guerre que le Roy leur avoir baillez , pour leur feu-
retc & conduite. Et incontinent qu'ils furent ainfi montez que dit eft,
près de partir & fingler en mer , lefdits Bourguignons , Anglois , Pin
cars y Se zviVits 9 voyant qu'ils avoient longuement efté à l'ancre fans
avoir rien fait, & mange tous leurs vivres, retirèrent Icurfdides an-
cres & s'en retournèrent à leur Duc fur trayne boyau , & fans avoir
rien fait , dequoy il euft bien toft ris fon faoul, pource qu'ils avoient
perdu grand temps , & fi avoit beaucoup frayé &c defpendu à ravi-
taillement defdittes navires , &c au fouldoy defdittes gens de guerre*
Et ce fait ledit de Warwich > accompagné comme deflîis , entrèrent ea
mer Se eurent vent propre & à gre , tellement que en peu de temps
ils vinrent arriver audit Royaume d* Angleterre , & defcendirent & ar-
rivèrent iceux navires à Pleume Se Derumué ( i ) â heure de nuit. Et
tout incontinent qu'il eut mis le pié à terre, il envoya dix mille de-
dans ledit pays d^ Angleterre par aucuns de ks gens , prendre & faifir
un Baron d'Angleterre , qui eftoit en fon lia couché , Se qui ne pen-
foit pointa laditce defcenduc. Se l'amenèrent au marin par devers le-
dit ae JFarwich , auquel Baron , incontinent lui arrivé , fut mife la
tefte hors des efpaules , Se après s'en ala hors dudit lieu Dertemui ,
à Brijlo 5 où il fut bien recueilly , Se illec avoit laifle fon artillerie
Se de (^s bagues , quant il s'en ala en Normandie. Et après qu'il eut
recouvré les chofes & avant qu'il fuft trois jours , il vint Se arriva par
devers luy plus de foixante mille hommes en armes , pour le (ervir >
vivre Se mourir pour luy , il fe mift dedus les champs , tousjours cher-
chant â trouver ledit Edouard , Se fut plus de quinze jours après fa-
ditte defcenduc avant que en France on peuft avoir aucunes de fe^
nouvelles. Après les chofes deflufdittes le Sgr. d'Argueily fils du Prin-
çc (1) d^Orangje^ qui eftoit domeftique Se le plus prochain dudit
Bourguignon , oui eftoit marié à la fœur de Mr. de Bourbon y s'en
partit & embla a'autour dudit de Bourgogne , & s'en vint Se xctrahit
{)ar devers le Roy , qui bien le recueillit. Et quant ledit Duc fceuft
edit partement , il cuida enrager & crever de dueil. En La prefence
de
<0 Ccft Plimouth & Darmonth.
(t) Jean de Cbalon , fils de Goillaorne , Prince d'Orange*
DU ROY LOUYS XI. «7
de ladicte Ambaflade de Bretagne y ledit Duc àcBota-gogne déclara ledit
Sgr. d'Argucil avoir cônfifqué envers lui cprps & biens y &c puis fift
arracher & abatre toutes les places &c Chafteaux qu'il avoit en ie^ païs»
En apurés le 14- Oûobrc 1 470. le Roy envoya fes Lettres Patentes à Pa^
ris , qui furent leucs & publiées par les carrefours d'iceUe, prefen»
les Lieutenans Civil & Criminel de la Prevofté de Paris y 6c pfufieors^
des Examinateurs d'icelluy CkaAeliet. Et par kfdittes Lettres eftoic
contenu l'alliance fàitte du Roy > & du Roy Henry £Angltterre , en
mandant par lefdittes Lettres tous Anglais laiflèr venir & defcendre
en ce Royaume , pour leurs a&ires & marchandifes , fans fàufs con-
duits ne autre feureté comme les fubjets de France , fauf en ce non
compris Edoiiard de la Marche y n'aeueres Roy dudit Royaume d^An^
gleterre y fes aliez & complices. Et a ce jour & depuis vinrent certain
nés nouvelles en France , que lefdics de Clarence y warwichy qui ainfi
eftoient fur les champs & en armes audit Royaume d'Angleterre y cui-
dans trouver ledit Edouard , profpererent iUec tellement , que tous
les Princes, Seigneurs, Nobles, Prélats, Bourgeois, &: commune du-
dit païs d'Angleterre y & (ingulierement tout le populaire de Londres ,
vinrent au-devant dudit irarwicky & tournèrent le dos audit Edoiiard y
& vinrent mettre à pleine délivrance ledit Henry y qui par long-temps^
avoit efté détenu en captivité de prifon par ledit Edouard , Se lui
baillèrent derechef fa poflèffîon & joiiiflànce dudit Ro}raume , & fut
fait ledit de Warwich gouvernant dudit Royaume, & puis s'en vinrent
en la cité de Londres faifans grans chères, & illec & aufli audit Royau-
me furent mis à pleine délivrance tous François , qui illec eftoient
priibnniers, & renvoyez en /"m/tce quittement. Et fi âft ledit de war^
wich prendre & faiHr tous les biens aux fubjeârs dudit de Bourgogne,
Se mettre en arreft Se en fes mains. Et puis ledit Edoiiard vovant
qu'il eftoit feul demeuré & du tout abandonné , s'enfuit & vuida hors:
ledit Royaume , & s'en vint à recours audit Duc de Bourgogne , (on
beau - frère , & audit Royaume d'Angàterre demeura fa femme Se
mefnage.
Et après le Roy, qui par long efpace de temps n'eftoit bougé de
Tours Se Amboifi , meu de bonne dévotion , s'en partit & ala a No-
fhe-Dame de Celles en PoiSou , où il fejourna un peu , Se puis re^
tourna audit lieu d^Amboife. Audit mois de Novembre le Roy en-
voya à Paris (fs% Lettres Patentes , par lefqnelles il mandoit aux No^
Wes , Clercs Se lais de la ville de P^is , qu'ils fiffènt proceflions Se
louanges à Dieu & à la Vierge Marie , Se toutes œuvres ceffans pen-
dant Vefpace de trois jours * en loiiant & merciant Dieu noftre Créa-
teur , la benoifte Vierçe Marie , Se tous les Sainâs Se Saindes de Pa-
sadis , de la bonne viâoire que avoit eue Henry de Lantaflre , Roy
J^ Angleterre , de (ondît Royaume , alcncontre de Edoiiard de la Mar-^
che , qui longuement fur lui Tavoit ufurpé , i, la faveur dudit Duc de
Bourgogne. Et auffi de la bonne paix Se union que faitte eftoit en-
tre le Roy & ledit Roy Henry d Angleterre , laquelle proceflîon fut
£iitte & accomplie ainfl que le Roy l'eut mandé , Se tout aitifi en fut
fai&par toutes les bonnes villes de ce Royaume. En après le Roy efcri-
vir
14^5^.
n LES CHRONIQUES
vit autres Lettres , par Icfquclles il mandoit à Paris , qu'il y envoyoît
Ï47P' la Reyne d'Angleterre y femme dudit Roy Henry , avec fon fils le
Prince dé Galles ôc fa femme , fille dudit Comte de ^arwich , avec
la femme dudit de JTarwich , mère de la femme dudit Prince de Gai"
Us, la Dame Wilecherey £c^Autres Dames & Damoifelles de la corn*
pagnie d'icelle Reync £ Angleterre^ Laquelle Reyne d'Angtaerre y
vint & arriva audit lieu de Paris , accompagnée, comme dit eft , &
eftoient à l'accompagner de par le Roy, les Comtes d'Eu , de Ven^
dofme , & de Danois , de Mr. de Chajlillon , & autres plufieurs no-
bles hommes. Et furent & iffircnt hors de laditte ville de Paris pour
aler & eftre au devant de laditte Reync , & du commandement exprez
du Roy , le Prélat & Evefque de laditte ville , TUniverfitc , la Cour
de Parlement , le Prevoft de Parts Se Supports de Chaftellct , le Pre-
Yoft des Marchands &c Efchevins , marcoans , bourgeois , manans &
officiers d'icclle ville , tous moult honorablement & en habits hon-
neftes , & en moult grand & merveilleux nombre. Et entra en icellc
ville par la porte faind Jacques , & par toutes les rues par où elle
padà avoit de moult belles tapideries & tentes au lon^ defdittes rues ,
depuis ladite porte par où elle pallà jufques au Palais , où fon logis .
lui fut moult honorablement apprefté En ce temps fut amené à Paris
toute la belle artillerie de Tours que le Roy y avoit , laquelle fut mife
& defcenduc au Chafteau du Louvre. Audit temps le Roy efcrivit aux
Prevott & Efchevins de laditte ville de Paris , que fon plaifir , volon-^
té & intention eftoit de faire & tenir la fefte de fon Ordre en laditte
ville de Paris. Et çiue pour cette caufe & pour eftre à icelle fefte y ame-
iieroit tous les Seigneurs de fon fàng, qui y viendroient & feroient i
^rand compagnie de gens , & que pour cefte caufe les manans & ha-
►itans de laditte ville fuflcnt contens qu'ils y feuflènt logez & hebcr-
[ez par fourriers , ce qui leur fut accordé. En ce temps auffî, qui eftoit
^ mois de Décembre , meffire Artus de Lon^ueval , Chevalier , &
autres Gentilshommes entrèrent pour le Roy en la ville dcfainct Quen*
tin en f^ermandois , du bon vouloir des habitans dudit lieu. Et pui$
le lo. dudit mois Me le Conneftable vint & entra pour le Roy en la^
ditte ville , à tout deux cens lances & les archers. Et d*icelle entrée
le 14. dudit mois enfuivant , maiftre Jehan de Ladriefche , Treforier de
France y maiftre Robert F<f)^er , maiftre Pierre de Boyeuval^ ,& autres
Officiers de mondit Sgr. Te Conneftable , firent faire un cry public à
fon de trompe à la Table de marbre au Palais Royal à Paris. En fai-
Cant fçavoir la prife &c entrée ainfi faine zMà\t fainS Quentin par mon-
dit Seigneur le Conneftable , & que de ce on merciaft Dieu en luy
priant de donner bonne profperité au Roy & audit Conneftable , fti-
pulant -pour luy au recouvrement de fes autres villes & pays engagez,
qu'il avoit intention de recoavrer & mettre hors des Biams de Charr
les 9 -fov difant Duc en Bourgogne ,j& ainfi le.contenoit ledit cry^. Au
mois ae Janvier enfuivant le Roy , qui «'eftoit party d'Amboife pour
venir à Clery & Orléans , s'en partit pour venir au pays de Beauffe , €c
vint couther au Puyfet , & le lendemain s'en ala au gifte à Palaifiau ,
"piH ^e Montlefury^ & Je lendemain vint difocr à Seaubc U grand >
t
DUROYLOUYSXr. 89*
tft un hoftcl çiui appartient i maiftrc Jehan Baillet, Maiftrc des Re-
qtreftes ordinaire de i'hoftel du Roy , &c dlllec s'en vint au gifte à la ^^
ville de Paris , en fon hoftel des Tournclles. Et avec aufli y vinrent la
Revne y Madame de Bourbon , & autres plufieurs Dames & Damoi-
fclles en leur compagnie , &c demeura le Roy à fa bonne ville de Par
ris jufques au Samem x6. dudit mois , qu'il s'en partit pour s'en aler
k Sentis 9 à Compiegru Se autres lieux voiiins , où eftoit la plufpan de
€oute Ton armée , pour batailler contre ledit Duc de Bourgogne-
Après luy fut menée par eauc Se par terre grand quantité de fon
artillerie» Se menée à Compicgnc^ Noyon Se ailleurs au païs de Picar^
dit Se Flandres. Et puis fut crié à Paris y par les carrefours de laditte
ville , à fonde trompe , que tous les francs archers de l'Ifle de Fran^
Uy Se aufli tous les Nobles fuflènt tous prefts & en leurs habillemens,
pour fièvre & aler avec le Roy en laditte armée. Et durant ce temps
nit fait i Paris moult grand quantité de poudre à canon & ferpenti-
nés y pour fournir à laditte guerre. En ce temps avoient cfté envoyez
de par le Roy , (ire Chriftofle Paillon y Seigneur des Comptes , & (ire
Jacques HeffeUn y Controlleur du Grenier à fel i Paris y en la ville
£Auxerre y pour fonuner les habitans d'icelle de eux & laditte ville
tendre au Roy, & de prendre illec garni(bn pour luy , & par lefdits
Commiflâires leur furent faittes de moult belles remonftrances. Lef-
quels habitans demandèrent aufdits Ambafladeurs terme jufques au
Jeudy enfuivant , pour advoir advis entre eux , & de ce leur rendre
ixfponce. Pour laquelle refponce attendre y s'en alerent lefdits Ambaf
fideurs à Joignv y diftant d'illec de fix lieues y Se y fejournerent juf-
ques audit Jeudy , que iceux habitans leur envoyèrent refponfe par un
homme de laditte ville y que Ton difoit eftre Savetier : lequel leur die
& rendit refponce , que lifdits habitans àiAuxerre mandoient aufdits
Commiflâires , qu'ils avoient mis & bouté avec eux dedans laditte ville
grand garnifon de gens de guerre pour ledit Duc » & que an regard
d'eux , ils eftoient fermes & délibérez de vivre Se mourir pour ledit
Duc , & garder laditte ville pour luy. Et le jour que laditte garnifon y
fut boutée , y fut tué & meurdry un des bourgeou d'icelle ville , nom-
mé GuilUmin Gotuiery qui fut donmiage : car il mourut pour la querelle
du Roy fouftenir. Et après le partement du Roy de fa ville de Paris >
Ïour aler à Compitgne & Sentis y fe reduifirent pour le Roy les villes
Amiens y de Roye Se Monutidiery Se puis le Mardy 4. Février , furent
faittes à Paris proceflions générales moult honnorables. Et y fut la Rey-
ne , Madame de Bourbon , Se toute leur noble compagnie , Se alerent à
la grand Eglife de Noftre-Dame , & de-là à Noftre-Dame de Recouvran*
ce aux Carmes. Et U fut prié pour le Roy , la Reyne & leur bonne prof-
perité. Et fut dit Se déclaré conunent leldittes villes eftoient rendues au
Roy , Se entre autres la ville d^Abeville y dont il n'eftoit rien.
Audit temps furent pris à Paris Se contraints tous manouvriers de
bras y comme maçons , charpentiers de la grand cognée Se autres plu-
fieurs , de aler efdirtes villes , ainfi nouvellement reduittes au Roy , dont
on bailla la charge au regard defdits pionniers à maiftre Henry de la
Clochi, Procureur da Roy au Chaftellet de Paris, qui eftoit bon Se
Tome Jf. M loyal
9d XES CHRONIQUES
loyal François , qui les mena 6c conduific jufques en laditce TiUe ip
X 47 Q* /j^^ ^ où illec fut fait de grans boulevars , foflèz , trcnchécs , & autres
beflcs fortifications : & auflî en furent faittes d'autres en autres villes Se
divers lieux. Se illec demeurèrent lefdits pionniers certain grand efpace
de temps , Se jufques environ le jour de Pafques , que le I^y donna &c
bailla trefve pour certain temps avec le Duc de Bourgogne , lequel eftoit
aâlegé par les gens du Roy en fon parc , qu'il tenoit entre ÈapaiUmes
6c la ville ài^ Amiens. Et là où il fut en telle mifere fie povrete, qu'il
eftoit du tout 6c fondit oft à la difpofition fie volonté du Koj , pour et^
avoir du tout fait à fon bon plaifir , n'euft efté laditte trefve* Et depuis
la guerre encommencce > jufques à laditte trefve, y eut de grandes fie
• mervcilleufes defconfitures faittes par les gens du Roy fur les Flamtns
6c Picars , tant fur ceux qui avitailloient k parc defdits Bourguignons^
que à caufe de plufieurs belles faillies que les gens du Rov faifoient fur
les tenant le party defdits Boureuignons. Etmefmement refit de moule:
belles deftrouflès en la Duché de Bourgogne , 6c Comtez de Charrolois
6c Mafconnois ^ où les gens du Roy y gagnèrent de moult beaux butins»,
& y prirent de moult bons prifonniers, fie mouk grand nombre en y
eut de tuez. Et avoient tout gagne Meflèigneurs les Comte Daulphiit.
dAuyerçrne , de Comminge , le fîre de Combrondt , de Charenus ,, Mef-
fire Guillaume Coujinot » Se moult d'autres nobles hommes > n'euft efté
que le Roy leur manda qu'ils ceflfàflcnt tout, pour Tamoar defdittcs tref»
¥es,qui moult en furent defplaifans. Se moult de gens de fa^on aimans:
lé Roy 6c fon honneur. Et à cefte caufe s'en firent à Paris dcs.epitaphes»,
qui furent mis Se affis à fainâ Innocent , à l'hoftel de ville fie autres;
lieux, en vitup>erant fie donnant grand charge à plufieurs Seigneurs:
cftans près du Roy. Et durant laditte trefve , le Roy , Mgr. de Guyen--
ne y 6c autres Seieneurs fie nobles hommes d'autour d'eux , fê tinrent i
Han avec Mgr. le Conneftable. Auquel lieu durant ledit temps , fer
firent de grandes alées fie venues des Ambafladeurs du Roy fie de ceux-
de mondit Sgr.. de Bourgogne , fie illec demeurèrent par long-temps fans:
rien conclure : mais en m fin fut fait trefve entre le Roy fie ledit Duc de^
Bourgogne durant un an. Et pour appoincîfcer les differensdu Roy fie ledit
Duc d^ Bourgogne , y eut Ambaflacleurs ordonnez , fie pour appoinâer
des débats fie queftions des gens de guerre , de chafcun des deux cofter»,
fie puis fe départirent dudit lieu de Han , fie s'en ala chafcun en fa mai-
fon : fie demeiurcrent les gens de guerre du Roy en garnifôn es villes»,
qui paravant laditte trefve , avoient efté gî^nées par le Roy (j).
En ce temps fe meurent de grand qud^ions, noifes 6c débats ai»
Royaume-
(3) 1470. §Cr Supplément. Le
Xi. Novemifre y GsSkon de Foix mou-
rut d'un éclat de lance au Tournoy
qui fe fit à Bordeaux, fie il y eft en-
«erré dans l'Eglife de S. André., f^o-
bime 8441» delà Bibliothèque du
Roi^ parmi ceux de Bethune^ folio
€qM lai0à deMagdelainede Fran-
ce, (a femme-, (œur de Louis XL.
Gafton Phebus dé Foix , qui fut Roi
de Navarre en 1480. fie régna peu*.
Sa fœur Catherine, qui lui ïucceda».
tran/porta cette Couronne dans Iok
Maifon d'Albret , par fon mariage:
avec Jean d'Albret. Son fils Henri
. d'Albret A^pere dç la Reine leaDoe*.
DtTRÔY LÔUYS XT ^r
Royaume d'AngUterrc entre le Roy Henry de Lancaftre^Koy dudît Royau-
me 3 le Prince de G a/les fon fils, le Comte de Irarvich^ & autres Sei- * 47^.
^neurs dudit Royaume , tenans ledit party dudit Henry contre ledit
Edouard dt La Marcht , qui ufurpoit ledit Royaume contre ledit Hcnty%
Et y eut à caufe de leurdit débat de moult grand meurdre fait de codé
& d'autre, & duraladitce guerre jufques au mois de Juin 1 471. que «.^^g»»
nouvelles furent apportées au Roy audit lieu de Han , que ledit Edouard
accompagné de grand quantité de gens de guerre , tant j4nglois , O/^
4rclins , Flamens , Picars & autres nations , que ledit de Bourgogne fui
«voit envoyez , fe mift fur les champs alencontre de l'armée & puiilànce
defdîts Roy Henry , Prince de Galles , la Reyne , ledit de fTarvick , 8c
nutres Princes & Seigneurs , tenans ledit party de Henry* Et y eut leâ
uns contre les autres de grand armes bittes , & grand nombre.de genf
inorts de chafcun cofté : mais en la fin ledit Edouard demeura viSto*
xieux , tant par trahyfon qui eftoit du cofté d'aucuns eftans en l'armée
dudit Henry , que autrement , & y mourut & fut tué ledit Prince de
Galles^ qui fut moult grand pitié : car il eftoit moult beau jeune Prin-
ce, & auflî y mourut ledit de JFarvich , qài aufli fut un grand domma*
ge : car il avoir fingulier defirde bien fcrvir le Roy & le Royaume : 8r
Four lequel le Roy avoir frayé &c defpendu] moult grand finance , pou^
entretenement dudit G>mte de JFarvich^ Et de laditte defconfitnre fîit
le Roy moult defplaifant : ic puis après ces nouvelles ouyts , fe panit
le Roy de laditte ville de Han en f^ennandois ^ Se en emmena
avec lur mondit Sgr. de Guyenne , le Comte de Dampmarùn , le Pre-
£dent des Comptes , & tdufieurs autres , & vint à Paris où il ne fejourM^
na gueres t Ôc durant qu il y fut il fift grande & jovcufe fefte , & fift
ceft honneur à fadirte Donne ville & cité de Paris , ae luy mefme bou-
ter le feu au feu fait en la place de Grève d'icelle ville , la veille fainft
Jehan-Baptifle* Et puis s'en partit Se s'en ala à Orléans , où le Prince de
Piémont y devint malade de maladie , dont il ala de vie à trefpas audit
lien d'Orléans* En après s'en ala le Roy à Tours Se i Amboife vcoir U
Reyne & Monfeigneur le Daulphin,
En ce mois de Juin 147t. le Roy fut mal content des epitaphes Se H-*
belles diffamatoires, qui ainfi avoient efté mifes & attachées a Tefclan-
dre dudit Mgr. le Conneftable & d'autres. Et pour fcavoir la vérité de
ceux qui ce avoient fait , fift crier à fon de trompe de cry public par les
carrefours d'icelle ville , que quelque perfonne , ^ui feauroit aucune
chofe defdits epitaphes , ou de ceux qui les avoient faits , qu'ils le
vinflent incontinent dire & dénoncer aux Commidàires fur ce ordon*
nez , & on donneroit trois cens efcus d'or au dénonciateur : Se qui le
r<;auroit & ne le viendroit déclarer , auroit le col couppé. Et pour fuf-
peâion de ce, fut mis & conftitué prifonnier un jeune e(coliier de
Paris , nommé maiftre Pierre le Melcier^ fils d'un Lunetier du Palais ,
qui peu de temps après fiit délivré non chargé du cas. Âuffi y fut mis
& conftitué prifonnier maiftre Henry Mariete , qui avoir efté Lieute*
nant Criminel de la Prevofté de Paris , tant pour raifon defdits libel-
les, que auffi pour aucunes injures ou paroles par luy dites , comme
<m diloit de maiftre Jehan de Ladrie/che, Trefonec de France , Se puis
M a fut
1 1471'
9% L E s C H R O ^f I Q U E s
fut délivré icclluy Marietc par la Cour de Parlement , & mis horsr cfc»
^ ' * prifons de la Conciergerie , où il eftoit détenu pour cette me&ie caufe^
Au mois de Juillet 1471. mourut Mgr. le Comte d^Eu 9 qui fut moule
grand dommage : car c'eftoit un notable y fage & bon Seigneur 9 & qui
de tout fon pouvoir avoir bien & loyaument fervr le Roy, & fort aimé
le bien & utilité du Roy & de fon Royaume, & rut oiife faditte Comté
d'Eutnlz main du Roy, &mife& baillée es mains de Mgr^leConneftable»
i la grand defpkifance de Mgr. le Comte de Ncvtrsy frère de mondit Sgr»
d'Eu , & qui après ladittc mort cuidoit bien jouyr de laditte Q^mikd^Eu^
êc des autres terres dudit de^nt , comme fon vray héritier*
Depuis ledit mois de Juillet jufques au jour de Noël , ne fur rien fab
audit Royaume de France y finon que les Ambaflàdeurs du Roy & de
mondit Seigneur de Bourgogne , firent pludeurs alées & venues , & les
uns avec les autres > pour pacHier &c trouver moyen de paix & accotd
entre eux. En laditte année fut mortaKté commune & univerfelle pac
k plufpart dudit Royaume , de maladie de flux de ventre & autres ma^
ladies , à caufe de quoy plufieura gens de façon moururent en. Laditta
Yille de Paris & ailleurs^
Audit an Mgr. de Guyenne ,. qui s'en eftoit retourné audit pays de
Guyenru , après le retour d^ Amiens , devint mal content du Roy , &
manda venir à luy le Comte d^Armignac , cjui avoit efté fugitif hors du
Royaume , & duquel le Roy avoit mis faditte Comté en fa main. Le-
quel Comte vint par devers mondit Sgr. de Guyenne ,. & puis mdndîc
%r. luy rendit la plufpart de faditte Comté contre le gré & volenté êax
Roy. En après IcMirs de Guyenne èc Amngnac , & auffi le Comte de
Foue[ & autres, afièmblerent en leur pays^gcn* de guerre, feignans de
vouloir faire guerre au Rôy r lequel pour ce leur empefcher , y envoya
fur la marche dudit Guyenru cinq cens lances , êc certain nombre de
francs archers , avec grand nombre de fon artillerie , qui depuis ce y^
fut de fèjourna par long-temps , pendant lequel vint êc fut nouvelles
— — i» que mondit Sgr. de Guyenru eftoit monzBourdeaux , dont iLn'eftoif rien*
1 47 X. Audit temps aufli furent envoyées par diverfes. fois de par le Roy
Ambaflàdes par devers le Duc de Bourgogne , pour le fait de la trefvc-
d'entre eux , qui faifoit le 4. May 1471. & y eftoient encores le prêt
mier May le fire de Craon , maiftre Pierre Doriolley & autres..
Le premier May 1472. fîit fait à Paris une mouk belle ic notable
proccfljon en TEglife de Paris , & fait un prefchement bien folemnel
par un Do6teur en Thedogie^, nommé maiftre Jehan BreUj natif cb
Tours : lequel dit & déclara entre autres chofes , que le Roy avoit fia-*
fuliere confidence en k Benoifte Vierge Marie , pnoit & ediortoit fon
on populaire , manans & habitans defa cité de Paris y qu^dorefna^-
¥ant à rheure demidy, que fonneroit i TEglife dudit ^^m Ugrc^
cloche chafcnn feuft flefchy un genoiiil à terre ,. en difanir Ave Mafia ».
pour donner bonne paix au Royaume de France ; & après kditte pcoceff
iîon fdtte , Révérend père en Dieu Mgr. TEvefque de Paris (f^) eh^nt
t makder
WfiCT GoîHaamc Chanîcr ^tt Eve- YSt Paris, Confcittcr au Parrcriteût, 9ài
fat de Pans , fîic prenûércmenc Chaaoinc 1 £yéqae le ^Deccinlsxc 1447. facré dam.
D ir R O Y L O U Y s XL 93 ^_^
tliahJc d'onc maladie , de laquelle ce mcfme jour ala de vie a trefpas ,
dont fut grand dommage, & fut fort plorc : car il eftoit fainû , bonne ^
pcrfonne & grand Clerc* Et ce jour furent en fon hoftel Epifcopal grand
populaire de la ville de Paris , tant hommes que femmes , pour le voir
mort en fa chappelle haut , eftant au lonç de la grand falle fille dudic
hoftel. Et illec par ledit peuple fut moult pitcufement ploré , & pour foa
ame dévotement prié , & au partir lui baifoient les pieds & les mains ,
& difoient la plufpart d'iceux , qu'ils croioient fermement que ledit
Evcfque feuft fainûfic bien aime de Dieu, & le 1 5. May le Roy envoya
lettres au Prevoft des Marchans , Efchevins & Bourgeois de Paris : oar
lefqucUcs il leur faifoit fçavoir , que ledit Eve^ue en fon vivant , luy
avoit efté mauvais & . n'avoit pas aimé fon prouflSt , & qu'il avoit eu io-
telligence avec le Duc de Boureognt , & autres Princes & Seigneurs »
qui avoicnt efté devant la ville de Paris durant le bien public (5), &
que poiu: leur donner faveur en icelle ville , avoir fuborné lefdits habi-
tans- Et que pour ces caufcs , & afin qu'il en fuft mémoire , ordonna
cftre faitte & mife fur fon corps un epitaphe contenant les chofc* def-
fufdittcs, lequel epitaphe fut tait faire par les deffufdits jufques à l'af-
fcoh-. En ce temps audit mois de May , la trefve d'entre le Roy & \c
Duc AtBourgognCi qui faHbit au 4. dudit mois ,, fut derechef continuée
jufquesau is.Juinenfuivant. t . ,
Audit mois de May le Duc de Calabrc , neveu du Roy de StciUc & de
jâufalcm , à qui le Roy avoit fait tant d'honneur de luy donner fa fille
aifoéc en femme & elpoufe , s'en ala hors de fa Duché de Lorraint par
-devers ledit Duc dcBaur^ogneypont traiter d'avoir & efpoufer fa fille (6»),.
en delaiflint , en ce faâant , laditte fille du Roy , fa femme , oui fut
chofe moult eftrangeà luy de ainfi faulfer fa foy , & foy ainfi abaificr
jdc delaiflèr la propre fille aifnée du Roy fon fouverain Scignojr , pour
cuider avoir & prendre kt fille dudit de Bourgogne , fubjedt ft'vaffal du
Roy. Et paravant ces chofes ledit de Bourgogne avoit fait ,- & fait £ûrt
-moult de guerre au Royaume de France , a la faveur de mondit Sgr. de
. Guyenne , feignant i cette caufe de luy donner âc bailler faditte fille ,
dont
fEglifc de S. Vî^or le ii. Juiîlet 1448.
jtumrat le premier May i47^« H tint le
Chorar 4e TEglife de Pacis-aveçcetccInT-
cription»
Hic Jacàt.
•j» JV^^crendus^fn ChrHlo Pater Do-
■9» minoâ GuUelkniisChartier, dcBajod5>
-ar ncrioiq; JtniS'ProfiEflaripetOTbeinËimo-
ji» fiffifiMifrquivHâyVeibc^^eateiBploconi-
,p mi/G ^regis vigHans Paftoi plus, adpaU'
» pcres larp,Kor,ia Cïero 6c Populo nutifïu
a» mas^jpâdfrcufq-, a<fqui VIgenm'.-4. atin*
'^ ftix amimptlonis adEccIc&m, pcr viam
Spintos Sxùàx féliciter iiApacc- ^cvit
En l'an 14^^. il fut un Jes Juges députés
du Pape pour la déclaration de Vinooccncc
:lîege Tiogt^quatre 9fi% i n Aifenterré dans le , de Jeanne la Pucelle d*OrIeans
\r»L — P i.T^_ir_ j_ «__. T«r r U ordonna qj/onfcroit la Fête de Saîn^
Geneviève ,Patrone de Paris en 14^1. Il
fut encore député par Te Pape Pie IL avec
Thomas de Courccllts , Doyen de Paris ^
pour la réformatioir de l'Ordre de Fonte-
vradlt. Tifidês Ktatmls IdSS.de hL (AhH
Le Grsnd^fitr-LosmXi^
(f) Il fit lorsunerempntrabceauRoi
LouisXI. furi^Gouvcrncnacnt du Royaij-
me ^ ce qui lui attira peut -être llndj-
gnatioii de <ic'Pïlhcc. FT^y^la'Ctoixdb
Maine^
{4X Elle lui Bit pcomiie, mm it ne Ta
m i\7 1. fiim^ mail. * * » pas 4oufj^> <Mpï^9tt i^^«wt ico^atiaot*
M } (7)
94 LES CHRONIQUES
dont il ne fift rien : mais fift tout le contraire en abufant iceux Scigneurt
^^ ' & pluficurs autres , fous ombre dudit mariage*
Le Jeudy 14. May 1472. avint par male-fortune que tout le comble Se
faifte de TEglife Noftre-Damc de Cleryj, près f Orléans , que le Roy
avoit fait faire & édifier de nouvel , ou il y avoir moult noble & belle
couverture , tant de charpenterie de bois , que d'ardoife & de plomb »
fut toute arfe & brouye , & tout tombé en bas > & par terre , par ce que
un plombeur befognant en icelle couvenure , s'en dévala en bas , èc
laifla le fçu où il chaufFoit les fers à foulder en icelle couverture , fans
aucune garde, & lequel feu le vent accueillit tellement, qu'il s'envola
& difperfa au long aicclle charpenterie & couverture , en tcUe façon ,
que fans y pouvoir remédier tout fut bruflé & ars.
Ce jour le Roy eut certaines nouvelles que luy fift aflàvoir Mgr. de
Malicornt y ferviteur & bien fort aimé de mondit Sgr* de Guyenne , que
fondit Sgt. & Maiftre eftoit aie de vie à trefpas (7) en la ville de £our^
deaux^ En icelluy mois Mgr. de Craon (i) , maiftre Pierre DorioUc ,
<îeneral des Finances , maiftre Olivier U Roux , Confeiller ic Maiftre
des Comptes , & autres Ambailadeurs du Roy > par luy envoyez par de-
vers ledit Duc de Bourgogne , retournèrent devers le Roy , luy relater ce
2ue fait avoit avec luy , & de la trefve qu'ils avoient ainfi faitte > qui
evoit durer jufques au 15. Juin fuivant. Durant laquelle trefve & non-
obftant icelle , ledit de Bourgogne fift mettre (ts gens de guerre fur les
champs , 6ç mener & aileoir Ion parc & artillerie entre Arras & Ba*
paulmes 9 en un lieu qu'on nomme Hubuterru en Artois. Et pendant ce
temps le Roy , après les nouvelles de la mort de mondit Sgr. de Guy en*
ne ; fon frère , s'en partit du PUffis du Parc Icz-Tours , &c s'en tira au-
dit pays de Guyenne , la Rochelle , fainû Jehan d^Angely , Bourdeauxj
& autres lieux voifins , & y mift & créa Officiers nouveaux de par luy. Et
d'icelle Duché de Guyenne , fift & eftablift Gouverneur Mgr. de Beaujeu ^
frère de Mgr. le Duc de Bourbon.
Après ces chofes ledit de Bourgogne en perfeverant tousjours en fes
diai^Ieries , foies obftinations & maiivaiftiez , comme devant avoit fait.
Le Jeudy 11. Juin 1471. envoya devant la ville de Nejle dedans lac{uelle
y avoit de nar le Roy un nommé le petit Picart , qui eftoit Capitaine de
cinq cens francs archers de l'Ide de France , qui eftoient dedans laditte
ville , & par grand force & violence voulurent avoir laditte ville &
Chafteau , & pour l'avoir y baillèrent &c livrèrent de grans & divers
ûflàuts, aufquels Bourguignons fut vaillamment refifté par ledit P/Vtf/t
& ceux de (aditte compagnie. Et jufques au Vendredy, qui eftoit le
1 1. Juin , que environ cinq heures de matin , ledir Picart en la conipa^
gnie de la Comteflè dudit lieu de Nejle > iifirent hors de laditte place
pour aler par devers lé Baftard 4e Bourgogne , & autres i ayan^ illec lenc
arniée pour ledit dt Bourgogne , pour cuider trouver pacification & ac-
cord entré les gens dd.Roy Se leditj dp Éou^gne , qui traita avecqués
eux en telle jnx^niere que ^fditis \Picart 8c ceux de fadit^c compagnie
(«) Cétfôit W Aoifrilfe pré^amréc, 1 14. May r47i, '
H l>oo <k Goyemie n'-^fetot itK>rc ^e k I (7^ George de la TrimûoiUe. :
TfVKÔYLOVYSXt ^^
s^en iroient lears vies fauves , en rendant ladicce place > en laiflant leurs
biens & harnois , à quoy faire ils furent contens. Et à tant fe départi- * 4 7 ^*
rcnt & s'en retournèrent en laditte ville de NeJIe , & dirent aux delïuf-
dits francs archers leur compofîtion , & comment ils dévoient tous laif»
fer leurs biens , chevaux & harnois , & eux en aler leurs vies fauveSé
Pour laquelle chofe incontinent après pludeurs d'iceux par l'ordonnance
dudit Picart leur Capitaine , fe defpouillerent & abandonnèrent leurf-
dits harnois , & en ce faifanc , & avant qu'ils feuflènt bien aflêure* d'a-
voir lettres de lairs promeflès & traitez , furent par aucuns dudit lieu
de Nejle, mis &c boutez en icelle place ItCàits Bourguignons , qui in-
continent nonobftant laditte promcflc, vinrent charger fur lefdits franco
archers ainfi deshabillez, fous ombre d'icelle promcflè , & pluHeurs en
tuèrent & meurdrirent , & partie d'iceux cuidans eux fauver , s'en ale-
rent & retrayerent dedans lïglife dudit lieu de Nejle , où depuis lef-
dits Bourguignons alerent les tuer tous & meurdrir. Et après qu'ils fu-
rent tous ainfi tuez & mcurdris , y furvint & fe y trouva ledit de Bour^
eogncy qui tout à cheval entra dedans laditte Eglife, en laquelle y avoit
DÎen demy pied de hault de fang des povres créatures illec eftans, qui^
ceftehcurecftoienttoutnudsgifans illec morts* Et auant ledit Bourgui^
fnon les vit ainfi abatus , fe commença à feigner & aire qu'il veoit moule
elle chofe , Se qu'il avoit avec luy ae moult bons bouchers. Et le len-
demain, qui fut Samcdy i j. dudit mois, ledit petit P/V^r/ oui eftoit prifon-
nier avec autres de ceuxdefaditte compagnie , furent pendus &eftrangler
de l'ordonnance dudit de Bourgogne , & puis fift arrafer laditteplace &c
mettre le feu dedans» Et le Dimanche 4. de icclluy mois s'en partirent
dudit lieu de Nçflc ôc alerent devant Aoye , où dloient environ qua-
torze cens archers de la compagnie & charge de Pierre -^^iz^er/ ^ Baillyde
MeUun & de Nugnon > & auflî y eftoient pour Gentilshommes & Capi-
taines Loifcl de Balagny , Capitaine de Bcauvais , Mgr. de Mouy , le
Sgr. de Rubtmprc Se autres, qui bicnavoient deux cens- lances bien en
point. Et jaçoit-ce qu'ils feuflènt dedans laditte ville que le Roy avoir
fait remparer , bien avitailler & garnir de moult belles (erpentines , ils»
iè rendirent le Mardy enfuivant 16, d'îccUuy mois:, à l'heure de midy y.
Se laiilerent illec laditte artillerie , leurs^chevanx & harnois , tout habil-^
lement de guerre , & toutes leurs bagues : où le Roy & eux eurent donv*
mage de cent mille efcus d or Se plus ,; Se s'en revinrent tous nuds 8c
en pourpoint , un bafton en leur poing.^ Et demeura illec ledit Duc de
Bourgogne depuis par certain temps , & dlllec s'en ala devant la ville
^Beauvaisj pour y mettre le fiege,. où il y arriva le Samedy 27. Jui»
1471. ou de plaine venu? y donnèrent un fort aflault j à quoy fut fort
rcfifté par les bourgeois , manans Se habitans d'icelle ville. Et celle mcf-
me nuit y arriva Guillaume de Vallée^ Lieutenant du Seneichal de AV-
mandit , à tout deux cens lances , qui moult bien fccoururent ceux du-
dit lieu r car ils y arrivèrent à l'heure du fort de leur afïâult , &c tour
incontinent montèrent à!t^xx% la muraille , & firent reculer lefdirs Bour^
rignons^ Et le lendemain y vint Mgr. de Cruffol , Jouachin RouauU y.
compagnie de Mgr. de Butii , Guerin le Grcing , Mgr. de Torcy , &
autres-tioblc$.dciVan7w;2^/^, qpi très- vaillamment s'y contindrenr.- Eo
jendani^
9^ LES CHRONIQUES
pendant ce temps furent bien recourus de ceux de la bonne ville de Pa^
^ ^7 *• jri^ ^ jj^t Je pionniers, pics , pelles, farines, vins, poudres à canon »
& autres avitaillemens , qui firent très-grand bien aufcuts gens de guerre
& aux habitans d*icelle ville. Et en ces entrefàittes y eut de belles &
grandes efcarmouches où pluiieurs Bourguignons eftans devant icelle
ville furent morts & tuez.
En ce temps avintque aucuns des habitans d'-^iiJi:^/rr^faillirenthorsde
leur ville pour aler courir es pays du Roy, pour prendre & mener audir lieu
^Auxtrrt , bœufs , vaches , & tout ce qu'ils pourroient rrouver pour
eux avirailler , & vinrent près de Joigny , de Siignclay &c illec environ*
Contre lefquels y alerent le baftard dudit Seignelay , le Sgr. de P/ancy
Se autres jufques au nombre de trois cens , qui vinrent renconrrec
lefdits d'jéuxerre , qui fe mirent en bataille contre eux. Et quant les
dcfliifdits Seigneurs les eurent ainfi vcus, ils fe frappèrent dedans moule
viçoureufement , & y en eut huit vingt de morts & quatre vingt de
pris , & le demeurant fe mift en fuite ou fut noyé. Audit temps pour
raifon de rapprochement defdits Bourguignons aind venusà Beauvdis^
furent faittes a Paris de moult belles ordonnances , par (ire Denis Ifeffi^
lin , Paneticr du Roy noftre Sire , Efleu de Paris , & Prevoft des Mar-
chans de laditte ville : comme de faire rediffier la muraille & gardes de
deflfus les murs , faire faire belles & grandes tranchées , mettre en point
les chaifnes , rediffier les foffcz , boulevars & barrières des portes , en
faire murer aucunes , faire faire de moult belles ferpentines toutes neu«
ves , & d'autres belles ordonnances y furent faittes.
Le Jeudy i Juillet , vint & arriva à Paris le Sjgr. de Rubcmpré y qui ve^
noit de laditte ville de Beauvais , & apporta lettres des Capitaines de
laditte ville addreflàns au Sgr. de Gaucourt , Lieutenant du Roy à Paris 9.
aux Prevoft des Marchans & Efchevins de laditte ville de Paris. Par leC-
quelles leur eftoit fait fçavoir que le Duc de Bourgogne &c ceux de fon
oft eftoient en telle néceffité de vivres , que un pain de deux deniers à
Beauvafs 3 valoir audit oft trois fouis parifis , &c que icelluy Duc de
Bourgogne avoit intention de joiisr au defefpoir & avoir laditte ville »
pour y perdre la plufparr de tous Ces gens ; & pource prioient aufdits
de Paris que on leur envoyaft de la menue artillerie , des arbaleftes , du
çraidb Se d!es vivres. Laquelle chofe fut faitte & envoyée i eux par le
Baftard de Rochouart Sgr. de Mim j qui y mena Se conduifit les foixan^
te arbaleftriers de Paris , avec traiâ: , arbaleftes , artillerie Se vivres. Et
le Jeudy p. Juillet , environ fept heures au matin , après que ledit de
Bourgogne èuft fait jetter grand nombre Se quantité de bombardes Se
autres artilleries contre les murs de iaditte ville , à Tendroic de la porte
de rhoftel-Dieu , vinrent Se accoururent dedans les fofHb de laditte viUe
ârand quantité defdits Bourguignons , qui y apponerent grand nombre
e bourrées , clay s & autres mefrain dedans lelcfits fo0èz , Se puis y dtcC*
(èrent efchelles , Se meult vigoureufement afiaillirent à l'endroit de la
muraille & portail dudit hoftel-Dieu , dont avoic la garde Se charge »
Meffire Roben d* EJloutevilley Chevalier, Sgr. de Beyru Se Prevoft de Paris,
3iii moult honorablement & vaillamment s'y contint , Se ceux de fa^
ittç compagnie* ^t dura ledit a0àalt depuis laditte heure de £ept heu^
DU ROY LOUYS XI. 97
res , jufques après unze heures , durant lequel temps y eut grande quan-
tité de Bourguignons tuez & abbatus raorcs de deffus lefdits murs de-
dans les foUez d'kclle ville, & de navrez grand nombre, &bien jufques
au nombre de quinze à fcize cens homnnes , & plus largement y en
eufl eu de morts , s'il v euft eu faillie à y iftrc hors d'iccUe |villc : Mais
toutes les portes d'icetle cftoienc murées du cofté del'oftdefdits Bour-
f menons , pourquoy ne fe peut faire laditie faillie , dont fuient tnoulc
olens les nobles Seigneurs , Capitaines , gens d'armes SiC de ctaiâ , qui
eftoîent dedans icelle ville en bien grand nombre , comme de qu^orze
â quinze mille combatans , donc avoit la charze Se conduicte le Comte
de Dampmanin, Jouachin Rouault-, Maccfcnal de France, Sa/e^ar,
Guillaume de Vallée, Mery de Coui , Guerin le Groing, les lires de
Beyne 6c Toz-çy frères, & plulieurs autres Gentilshommes de conduicte
âcgrandfaçon. Et durant ledit aflàult moyennant lagrace de Dieu, ne
fut point tué de gens du Roy plus de trois : en-
cotes difoit-on que ce avoit efté pat Icui o toute
l'artillerie qui fut citée pat lefdits Bourguigr, icelle
ville , lufqucs au 9. Juillet , n'en fut tué s. Et
le lendemain dudir allàult, environ le point ivoyé
par ledit lire Denis H^tlin , Prevod des V 3eau-
vais grand quantité de traiâ à arbalefte , & des cordes pour y fervir »
des poudres â canon & coulevrlnes , & des Chirurgiens pour panfei Sc
guérit les navrez.
LeSamedy 21. Juillet au matin , fut tité hors des ptifons du Chaftel-
let de Paris un Mellàget de l'holtel du Roy , qui avoir efté conftitué
priibnniet cfdicces ptifons , poucce qu'il avoit dit Se public au Palais ,
& autres plusieurs' lieux de laditce ville de Paris , que Mgr. le Connejla-
■bU avoit ciré dudîc lieu de Btauvais aux champs , les Capitaines ellans
dedans icelle , feignant d'avoir coiïfeil avec eux , afiàvoir qu'il eftoic
de faire pour la feuretc & deffence d'icelle ville : & que cependant qu'il
tenoit ledit confeil , lefdirs Bourguignons furent avitaillez en leur oft
de grand quantité de vivres , à quoy euft eftc fait faire relîftance pat
lefdits Capitaines, li n'euft efté ledit confeil. Defquellespaiolles, ainA
dittes par ledit Meiïàger , qui fonnoient mal i U cnatge de mondit Sgr.
le Conne/laè/e, Se que de ce fc tin: fort mal content , fut ledit Mc&-
aer baille & délivre par l'ordonnance du Roy à maiftrc MilUs , Huiffiec
d'atmes de fon hoftel , qui le mena &c conduisit par devers ledit Connef-
table , & fi luy porta les charges & informations, qui faitces avoienc efté
defdittes patolles.
LeVendredy 10. dudît mois,qui fut le lendemain dudica{^lt,parune
nanchce qui fut faitte pour y eftre hors dudit lieu de Beauvais , Sale-
Tan Sc autres de fa compagnie , entrèrent dedans le parc d'icelluy de
Bourgt^ne environ le pomt du jour , où furent tuez tous les Bourgui-
gnons qu'ils rencontrerenr : & en icelluy parc furent brullées trois tentes
& tout ce qui eftoit dedans , & en une d'iccUes y furent tuez deux hom-
mes de grand façon , jaçoic-ce qu'ils promettoient de payer moule grand
finance. Et pource que en icelluy oft fut fait grand cry & noile , eti
cûant vive Sal^art , lefdits de l'oft fe aftèmbletcnt en bien grand nom-
Tome II. N bre
5)8 LES CHRONIQUES
bre > parquoy il convint audit Sak^art fe retraire audit lieu de Bcauvais^
' 47^- & en s'en retrayant , ceux de fa compagnie en emmenèrent avec eux de
bien belle artillerie , comme deux des chambres des bombardes qiâ
avoient battu & jette en bas la muraille de laditte ville. Lerquelles
chambres pour caulc de haftivetc , ils jetterent dedans les foflcz , & fi
boutèrent dedans laditte ville deux bien belles ferpentines avec un grosr
canon de cuivre, nommé l'un des douze Pers , que le Roy à la journée ou
rencontre de MontUhtry y perdit. Et fut ledit Salcmrt fuivi de bien
. près , & fort battu & navre , & fon cheval aufli navré de plufieurs coupa
de piques de Flandres & autres , nonobftant quoy il le reporta jufques
auait lieu de Beauvais , où le cheval mourut incontinent qu'il y fut arri-
vé. Et depuis laditte faillie n'avint audit oft jgueres de chofcs jufques au
21. Juillet, que les bourgeois, manans & habitans de la ville d*OrUans^
envoyèrent & firent pafler parmy la ville de Paris la quantité de cent
tonneaux de vin du creu duait lieu d'OrUans , qu'ils envoyoient & don-
noient aufdits Seigneurs & gens de guerre eftans audit Beauvais ^ pour
\ts rafraifchir & aider à bien befogner alencontre defdits Boursuigaons^
Et fi leur envoyèrent cncores grand quantité de troufles de nekhes à
arc, artillerie, arbaleftes, & des poudres à canon. Et pour conduire lescho*
£ts deffiifdittes , y eftoient en perfonnes aucuns bourgeois dudit lieu
d^OrUansy pour faire leprefent aufdits Seigneurs & gens de guerre eftans
audit Beauvais , &c de par icelle ville d'Orléans.
En ce temps furent faittes les monftres en la ville de Paris y par les
habitans d'icelle, par chafci>nc dixaine & quartiers de laditte ville, tous;
lefquels y furent en armes & par ordre. Lesquelles monftres furentveucs
& receucs par le Sgr. de Gaucourt , Lieutenant du Roy en laditte ville ,,
maiftre Jehan de Ladriefche , Prefident des Comptes , fife Denis Hejfe--
lin y Panetier du Roy , Efleu fur le fait des Aydcs , & Prevoft àts Mar-
chans de laditte ville ; lefauelles monftres il taifoit moult beau veoir ^
& plus cuft fait , fi les arbaleftricrs , coulevriniers , gens pris es banniè-
res , & autres gens de guerre en grand nombre , envoyez de laditte ville
audit lieu de Beauvais , y euflènt efté. En ce temps furent mis en termes,
que encores feroit pris parmy laditte ville , jufques au nombre de trois
mille combattans , qui ieroient armez & fouldoyez de par laditte ville y
ceux de Parlement, de Chaftellct , la Chambre des Comptes » la Cham-
bre des Monnoyes, le Chancelier , Maiftre des Requeftes , les Efleus Ô^
autres , qui fembla eftre moult grand charge aux habitans d'icelle , veu
le grand nombre de gens que desja on avoit envoyé audit Beauvais , &
que auflî laditte ville en demeurroit moult affoiblie. Et furent ces cho-
ies moult honorablement remonftrées par ledit fire Denis Heffelin aux
Capitaines eftans audit Beauvais , qui defdittes remonftrances le tinrent
bien contens , &c fc contentèrent de ce qui leur avoir efté envoyé , fauf
qu'ils prièrent que encore on leur menaft cent arbaleftriers & coulevri-
niers , ce que fifk laditte ville. Et depuis le Mercredy fefte de la Magde-
lainç , environ l'heure de trois heures du matin , ledit Duc de Bourgo^
gne honteufement fedeflogea de fon oft & s'en partit, & s'en ala fans au-
tre chofe faire, finon que durant l'efpace de vingt- fix jours entiers qu'il
fut dçvaut laditte ville ^ il ne ceflà de faire [etter fon artillerie contre
laditte
DUROYLOUYSXr. 99
Itdicte ville nuit & jour , qui peu ou néant grevèrent icelle ville » ne les
habitans d'icellc , & y donna 6c fift donner deux grans & merveilleux 1 47 *•
afiàults » aufquels y rurent tuez ôc meurdris bien grand nombre de Tes
gens de guerre , des plus erans qu'il euft en fa compagnie , & fi perdit
durant icelluy temps grand quantité de Ton artillerie , que ceux de la
farnifon <f Amiens pour le Roy , gagnèrent dcflus lefdits Bourguignons.
t depuis ledit partement défaits Bourguignons y ils s'en alerentboutans'
les feux es bleds ôc es villages par tout où ils pallbient > & vinrent devant
fainS VaUry IciA^Crotoy , qui leur fut rendu par ceux de dedans ,
pource qu'ils n'eftoient pas allez de gens , &c que la place n'eftoit point
de tenir contre fa puidànce, & après s'en ala à Eu y qui pareillement luy
fut ren^c pour les caufes que deilus. Et le Mercredy 19. Juillet Mgr. le
Conneuable , Mgr. le grand Maiftre , ^ autres Capitaines qui eftoient
dedans la ville de Bcauvaisy accompagnez de hui£t cens lances , fe par-
tirent dudit lieu>pour eux tirer au pays de Caux yr^isArauts & 'Monjlier'
villiery pour eftre au devant defdits Bourguignons l qu ils fuppo(oieoc
qu'ils y dévoient aler , ce que firent lefdits Bourguignons , & alerent
mettre & alKèoir leur parc entre ladicte place cTEu Se Ditpvt , en un
village nomme Ferricres. Et illec depuis y fejourna bien grana pièce fantf
rien conquérir , finon le Neuf-Ghaftel ae Nicourt où ils fe boutèrent ,
pource que dedans n'y trouvèrent aucun qui leur contredift , & y furent
par l'efpace de trois jours > puis s'en alerent > & au partir y bouterenç
le feu Se bruflerent la ville & chaftel > qui fut un moult grand Se piteux
dommage , car c'eftoit une moult belle ville de guerre & grande. Et
en après fift mettre Se bouter ledit Bouguignon le feu à LonguevilU , au
Fakyy Sc autres plufieurs lieux Se villages du Baillage de Caux y que pour
tout fon vaillant n'euft fceu reparer. Et plus ne autre vaillance ne fift
que de bouter lefdits feux depuis fon partement de fes pays jufques au
premier Décembre 1471. Durant ces chofes le Roy qui eftoit en Breta-
gne y àtoutplus de cinquante mille combattans, ne fift que peu ou rien »
pource qu'il fut mené de belles paroll^s & par Ambauades , au moyen
dequoy il cuidpit avoir bonne pacification & accord avec ledit de Bre^
tagney fans efFufion de fangne, perdition de (es gens de guerre, que
tousjours il a fort craint , plus fans comparaifon que ledit de Bourgogne^
qui eftoit trop cruel & plain de mauvaiie obftination , ainfi que en foti
temps Ta bien monftré & monftroit chafcun jour. Et après que ledit
Duc de Bourgosne fat retourné dudit pays de (7j«Jt:, où ainfi avoit bouté le
feu , comme dit eft , Se que devant Arques Se Dieppe fut fi vigoureufe-
ment recueilly & battu , luy & fes gens , s'en partit d'icelluy pays & dé-
libéra de s'en aler dev&nt la bonne ville & cité de Rouen , ou plus que
devant fut bien receu. Et tellement que au moyen des faillies & grans
vaillances que firent fur luy ceux de dedans , luy convint foy en retourner
bien honteufement & à fa grand perte vers Abbeville , & fift courir lors le
grand bruit de mettre le fiege devant la ville de Noyon , & icelle avoir
{)ar force , à quoy luy fut bien refifté par le fire de Crujfol Se autres vail-
ans Capitaines pour le Roy , qui fe vinrent loger dedans , Sc qui la.
fortifièrent d'engins , de vivres Se autres chofes , pour repulfcr fa dam-
;ice fureur y mais un grand mal fut fait par fon moyen : car lefdits Capi-
N 1 taines
100 LES CHRONIQUES
raines pour eftrc & demeurer plus feurs en laditte ville , firent bruiler St
^ 47* • abattre les fauxbourçs d'icelle ville, pour garder de y loger lefdits Bour»
guisnons , qui n'y vinrent point.
Audit temps Meffire Robert d^EJloutevilU , Chevalier Prevoft de Ptf-
ris , qui eftoit dedans la ville de Bcauvais avec les nobles de la Prevoftc
& Vicomte de Paris , & certain nombre de francs archers , s'en partit
dudit lieu de Bcauvais, & s'en vint loger es fauxbourgs de la ville îfEu,
du cofté d'jibbevilU. Et ce mefme jour auffi arriva d'autre cofté efdits
fauxbourgs du cofté de Dieppe , Mr. le Marefchal Jouachin , lefquels -
incontinent envoyèrent fommer les Bourguignons qui eftoient dedans.
Et tels effrois leur firent les gens du Roy , qu'ils prirent compofition ,
qui eftoit telle, qu'ils s'en alerent tous , & fi rendirent laditte vilk r-c'eft
aÛavoir les Chevaliers chafcqn fur un petit eourtaut , & .tout les autres
Bourguignons qui eftoient bien cent & plus , s'en alerent chafcun un
bafton en leur maiij , & laiflcrent tous leurt habillemens , biens , &*
chevaux , & fi payèrent dix mille efcus , & puis ne demeura gueres que
lefdits Jouachin ôc (TEJtouteviUe , eux & leurs jgens s'en alerent devant
la ville dt fainct' Valéry , qu'ils eurent par femblablc condition , &C
pavèrent fix mille efcus , & puis alerent i Rambures un bien bel & fort
Cnafteau, où dedans eftoient aucuns Bourguignons , qui vindrent au de-*
vant dudit d'Efiouteville &c Jouachin , aulquels ils rendirent ledic
ehaftel , moyennant que IcCàits Bourguignons s'tn allèrent eux & leur a
bagues fauves..
En ces entrefàittes , aucuns tenans le party dudit de Bourgogne , com-
me le Comte de Rouffiy fils dudit Conneftable , & autres de leur party ^
tinrent les champs au pays & marche de Bourgogne , & fe vinrent cfpan-
dre & loger en la Comte àtJTonnerre , où ils'ne trouvèrent aucune re*
fiftance. Et en gaftant & deftruifantpays, vinrent jufquesà/o/gTry, qui fur
fort fecouru par les gens du Roy & ne l'eurent point -j & pois s'en ale-
rent vers Troyes > boutans feux es granges & villages , & autre vaillance
ne firent. Et pendant ou'ils faifoient tds maux , Icmblablement le fai-
ibient le Comte Daupnin d'Auvergne , &: autres nobles hommes de fa:
compagnie , au pays de Bourgogne pour le Roy , où ils mirent & boutè-
rent auffi le feu en plufieurs des villes , villages , & lieux dudit de Bour^
gogne , & V firent du dommage irréparable : mais c'cftoit pour revance
de ce que ledit Bour^ignon avoit fait fur les villes , pays & fujedts du-
Roy , comme mauvais qu'ik eftoient à leur vray & fouverain Seigneur.-
Au mois de Septembre enfuivant , le Roy qui avoit efté par certain»
temps au pays de Bretagne , fift trefve & aûftinence de guerre , en la-
quelle trefve eftoient compris les amis Se alier d'icelluy de Bretagne^
lefcjuels il déclara eftre ledit Duc de Bourgogne , qui auffi prit & accepta*
laditte trefve ledit temps durant , auffi pour lûy, fcs amis & aliez , qu'it"
déclara cAït VEm^çrcnt d*jé/kmagne , les Roys d'Angleterre , Efco^e >
Portugal y Efpagne , Arragon , Secillcj & autres Rôys, pifqu'au nomore
de fept, & jàunèurs autres Ducs & grands Seigneurs. En ce temps ac-
coucha d'un fils la bonneReyne de France, que on appellaMr. à^Berry^
qui ne vefquit gueres (8). Ver^
(S) ILfitt nommé Fra»g>is. f^iirci-après page io\^
0)^
D 0 R O Y L O U y s X i; ror
Vers la fin du mois d'Oftobre advint que Mr. de Beaujeu , frère de Mr.
te Duc de Bourbon > qui eftoit aie par l'ordonnance du Roy au pays I47^
d^jirmisnacj comme Gouverneur de Guyenne , lequel eftoit bien accom-
pagné de grans Seigneurs & nobles hommes , luy eftans dedans la ville
ëc cité de Lejlore audit pays , fut par trahifon pris & mis es mains dudit
Comte d^j4rmisnacy\tq{xç\ aumoyen d*icelle prile recouvra faditce cité. Ee
puis après icellc prife^, ledit (TArmignac délivra pluficurs des Seigneurs
eftans avec ledit Seigneur de Beaujeu , qui depuis furent pris de par le
Roy , pourcc qu'il avoir foupçon qu'ils culTènt efté caufe de la prife du-
dit Seigneur àt- Beaujeu , & turent menez plufieursau Chafteau de Lo-^
chcs. Et de laditte prife dudit de Beaujeu, fut le Roy moult dolent, &
pour le ravoir envoya devant icelle cité de fes gens de guerre & artille^
rie en grand nombre; & kiy-même ala jufcjues à PoiBiers, à la Rochelle ^
& au pays d'environ , & y eftoit le jour faincSt Andry 1471. & puis s'en
retourna ij4neers. Et à caufe deladitte prife y eut un Gentilhomme fer-
viteur dudir Nlr. de Beaujeu , nommé Jenan Dey mer , qui eftoit prifon-
nier audit lieu de Loches > lequel fut efcartellé en la ville de Tours ,
Kurce qu'il confeflà avoir efté traiftre au Roy & à fondit maiftre , & à
eure qu'il deuft mourir , parla moult honnorablement & publique-
ment devant tous^udit Sgr. de Beaujeu , en difant pour luy qu'il eftoit
bon & loyah, & qu'il n'avoit rien fceu de laditte trahifon : mais d'icellc
en chargea fort le cadet d'Alebrtt , Sgr. àç.fainSBaJîle , auquel ledit de
Beaujeu avoit eu grand confidence , pource qu'il avoir efté nourry & eu
moult de biens en la Maifon de Bourbon. Après ces chofes le Roy fejour-
na longuement en PoiSou , & vers les marches de Bretagne ,^ & tant y
demeura que appoindement fe fift entre le Roy & le Hwc àt Bretasne ,
dont de ce faire fe mefla fort Oudet de Rie , Seigneur de Lefcun , a qut
le Roy à cefte caufe fift de grans bienS', ¶vant luy en avoit aufll
fait , & en fwfant ledit appoindtemenrle Roy bailla & delivraaudit Duc
de Bretame la Comté de Montfon^ & certaine fommc de deniers.
Et après ledit accord ainfifait , fut envoyé par ledit Duc ait Bretagne
le faire notifier & fçavoir par iz% Ambafladeurs au Duc de Bourgogne ^ic
pour ravoir de luy les féelez, que ledit. Duc de Bretagne luy avoit oaillez :
en faifant l'alliance d'entre eux.
Le 3. Février 1471 advint fur le point de fix heures aa foir, que le
temps eftoir fort doux & chaud , qu'il defcendit du Ciel deux grans
dartez , comme deux chandelles , paflànt devant les yeux àcs regardans^
qui fembloit eftre fort efpouvantable , & en iflbit moult grand clarté r
mais ce ne dura gueres. Le 7. Février Mr. ÎEvcfque de Paris (9) , ^s de -
Mr.
{9) §^ Lonîs de Beaumontjd'tioc noble le 7. ^c Février 1 47|. Il défeh<îit par fonr
le ancien ne famille »îe Poîton ,filt première- teftamenc qu on lui ne aucune pomoc func-*
ment Chancelier de TEglife de Paris- , Con bre \ il mourut Ic^ . de Juillet. Il e« entera
feiller & Chambellan des Rois Charles VII. ré dans le Chœur , vis-à-vis le grand Au*
U Louis XI. qui le fît pourvoir à fon infçû tel 149 r. fous tmO'tombe de cuiyte avec ccf
par le Pape Sixte IV. de TEvéché de Paris. épitajAc.
Cet Evéque tint le (îcge avec une grande SïP^xt u M- est
^fication , afliftant jour & nuit au ferri- 1 yy^ • *
^deJ*-£gUre# U fii fou cncfée foluaaellt | .» Jtl Id coipos^ Rcvereadi iti Cfarifto**
N^v » Patris^
101 tES CHRONIQUES
'^^^^^ Mr. de la Forcfl , fie fon entrée comme Evcfque de laditce ville , & y eut
' J 47 2. grande folemnité gardée à fon entrée. Et après le fcrvice fait en la grand
Eglifc, donnaàdiiner aux gens d*Eglife, Univcrfité , Parlement , Cfnam-
bre des Comptes , Généraux , Maiftres des Requeftes , Secrétaires , Prc-
voft des Marchans , Efchevins & Bourgeois de laditte ville, bien &hon-
norablemenr. En ce temps fut tirée de la ville de Lcftonnnt groflè fer-
pentine en loft des gens du Roy eftans devant » laquelle d-un feul coup
tua le Maiftre de l'artillerie du Roy & quatre autres canoniers.
Audit temps fut pris prifonnier le Duc d'AUnçon , par Meflîre Trip^
tan rHcrmkc , Prevoftdcs Marefchaux ; 8c mené devers le Roy , pour
occafion de ce que on difoit qu'il s'en eftoit party de fes pays , cuidant
s en aler par devers ledit de Bourgogne ^ pour lui vendre & délivrer tou-
tes fes Terres & Seigneuries qu'il avoir au pays du Ptrcht&c Normandie ,
avec laditte Duché d^Atençon.
Le Vendredy 5 Mars 1472. le Comte d^Armignac , eftant dedans la-
ditte ville de Ltjiorc ; & qui audit jour avoir composition faitte avec le
Roy, par le moyen de Meffire Yves du Fau^ que le Roy avoir envoyé par de-
vers ledit de Armignac^xxxQtÇi^ caufe , afin de foy envuiderduditlieudc
Lejiore , luy , fa femme & ferviteurs , leurs vies fauves , fut ledit de
Armignac tué 8c meurdry par les gens du Roy , qui par aflault entrèrent
en icelle ville , pource que ledit de Armignac , nonobftant fondit ap-
poinâement , en allant a l'encontre , voulut tuer & meurdrir aucun des
f[ens du Roy , qui entrèrent en icelle ville , fous couleur dudit traiûé :
efquels quands ils virent que ledit de Armignac les veuloit ainfi traic-
ter , crièrent aux gens du Roy tenans illec le ucge , qu'ils les voulfilïènt
fecourir -, ce qu'ils firent. Et vindrent aflaillir laditte ville à l'endroit
où elle avoir efté batuc , &c par là entrèrent dedans le Senefchal de Xy-
mo^n & autres en grand nombre, & rels qu'ils tuèrent ledit de Armi-^
gnac j tous ks gens , Se tous les habitans de laditte ville de Lcjhre ,
tellement que de tous n'en demeura que laComteflè d' Armignac (10) , 8c
trois femmes , & trois ou quatre honmies , que rout n^ rat tout meur-
dry , rout pillié.
Et partant Mr. dt Beau/en. 9 & les autres Seigneurs &• gentil-hom-
mes que ledit à* Armignac tenoit prifonniers au lieu de Lefiore , furent
délivrez & s'en vindrent devers le Roy. Et des chofes deflfiifdittes en
apporta les nouvelles au Roy , un des chevaucheurs de fon efcurie »
nommé Jehan d^ Auvergne , donr le Roy fur moult joyeux , & pour ceft©
caufe le fift & créa fon Hérault , & fi luy donna cent efcus d'or. Et
aulli
t> Patris D. D. Ludovic! de Bellomonte
a> praccipui titcer^rum amatorls , ûui id
» carnis alHiâione , in mulcis jejunûs, in
« cleemotynarum largione > in officioram
w divinonim,tamdici,qu2mnoâisaniduâ
M prxfentià. laïKlablliter , ducens vitam in
M prxfolani annos viginti magnis mune^
M ribus ecck(îamdonans,exceinc féliciter
90 I491, Tcrt. non Julij. Tiré dts Kectmls
» Fol 194. obituarij. Eccicf. PariC
Mais la tombe de cet Evéque , auffi-bien
que celle de Guillaume Charticr, dont il eft
parlé ci deflus pag. 93. ne paroi/Tcnt plus
dans le Chœur de l*£glife de Nôtre- Dame
de Paris, depuis les réparations, ççau depuis
30. ans ont été faites dans cette ÊgHfc.
(10) l^fZT Jeanne de Foix. V^/^z Ie«
Remarques de M. Godefroy fur Varillas à
la £a du Tome I Y* de cettç édition. . %
DUROYLOUYSXr. loj
aufli entra dedans laditce ville, le Cardinal J^Anas (ii) , qui moult
vaiUammenc s'étoit poné devant icelle en y tenant le fiege pour le Roy y 1 47 ^
& après fut toute la ville arfe & tout jette dedans lesfoflèz, & pour la def-
conhture dudit lieu de Leftore & dudit d*Anmgnac , en ala la nouvelle
au Roy d*Arragon , qui eftoit à Perpignan , lequel pour la caufe defllif-
ditte, & aufli qu'on lui rapporta que Philippe Mr. de Savoye s'enaloic
à lui , pour luy faire la guerre , &c recouvrer laditte ville de Perpignan ^
qu'il avoit prife fur le Roy , & venoit illec à tout grand compagnie de
gens de guerre, tant à&s pays de Savoye^ du Dauphiniy que d^Armignac^
s'en ala & départit dudit Perpignan , & fe retrahit en autres lieux de
Tes pays. Et le Samedy 14. Mars àfix heures du matin , le Roy qui eftoit
au PUjJîs du parc , jadis nommé les Montils lez Tours , s'en partit à pri-
vée compagnie , & s'en ala à Bordeaux Se à Bayonne^ Et afin que hom-
me vivant autres que ceux qu'il avoitordonnez ne le fuiviflcnt , ne alaf-
fent après luy , fift tenir toutes les portes de Tours fermées y depuis la-
ditte heure jufques à dix heures fonnées , & (i fit rompre un pont près
dudit lieu de Tours , par où il eftoit pafle , a6n que homme n'y paflaft »
& fift illec aufli demeurer Mr. de Gaucoun , Capitaine des Gentîlshom*
mes de fa maifon , afin que perfonne n'alaft après luy.
Et le Mercredy 7. Avnl avant Pafques 1472. le Cadet d*Aleberty fils
du Comte d*AUbert , qui avoit efté avec mondit Seigneur de Beaujeu >
audit lieu de Leftore , & qui avoit trahy & baillé ledit Seigneur au Com-
te d^Armignac , fut icelluy Cadet pris prifonnier audit lieu de Leftore y
après la mort dudit d^Armignac , & amené en prifon à Poict'urs , où
iÛec fiit fait fon procez 6c condamné à être décapité , lequel y fut le
Mercredy 7. Avril , & incontinent qu'il eut le col couppé , fut fon corps
& fa tefte mis en un cercueil couvert d'un poille armoyé à fes armes >
& fut j>oné ledit corps enterrer par les quatre Mendians dudit PoiSiersy
& lui fut fait un moult beau fervice. Audit mois d'Avril fut fait dcref-
chef trefve entre le Roy & le Duc de Bourgogne , jufques à un an pro-
chain enfuivant , ^ux fîniroit l'an 1474.
L'an 1475. environ la fin d'Avril , Sidyint que ItKoj d^Arragon fift ^— —
cntreprife fur la ville de Perpignan , & la prit fur Mr» du Lau , qui en 1 47 î*
avoit la garde & la charge, mais lechafteau demeura au Roy & à ceux
qui dedans eftoient , & le tindrent depuis ladicte ville prife bien longue-
ment , & jufques la conquefte faitte dudit lieu de Leftore y que après
icelle le Roy en envoya fon armée pardevant laditte vifle de Perjngnany
devant laquelle ils mirent le fiege , & y aflîegerent ledit Roy d'Arra^
gon & fon fils , & avec les nobles , Seigneurs , Capitaines & Senefchaux
de laditte armée , y eftoit aufli Monfieur le Cardinal d^Alby , qui moult
bien & fagement le y gouverna. Et devant icelle ville tinrent le fiege
longuement , & jufques au mois de Juin que le Roy y envoya derefchef
pour reconforter laditte armée , quatre cens lances prifes a Amiens Se
autres villes voifines , & fi y envoya grand quantité d'artillerie Se car-
nonniers. Au mois de Juin 1475 > 1^ Duc d^Alençon , que le Roy avoir
fait prendre & mener prifonnier à Loches , fut mené à Paris aa ehafteaa
dis
( 1 1) Jean lof&oy , lors Evéqac iàHhj^
("I
»
104 LES CHRONIQUES
du Louvre , & y arriva le Mercredy , veille du fain A Sacrement i tL
^47 3 • Juin , a Thcure d'entre neuf & dix heures au foir, à Tarche de Bour-
bon , où il defcendit illec des bateaux, qui le avoicnt amené de Corbtil ;
:& y eftoient à le conduire Mn de Gaucourt , Je fire de la Choletiere ,
màiftte de Thoftel du Rov , & avec ce en leur compagnie y eftoient cin-
3uante archers de la garde , & vingt-quatre gentils-hommes de Thoftel
u Roy , lefquels après que leurdit Seigneur euft efté mis & bouté au-
dit Chafteau du Louvre , s'en retournèrent devers le Roy & le laiflèrent
en la garde dudit Seigneur de la Choletiere , & des archers de laditte
ville de Paris , & eft ajQ&voir que le jour qu'il arriva fut mené loger
en la rue fainjft Honoré à l'enfeigne du Lyon d'argent. Et ledit jour du-
dit Sacrement après fouper , auflî à laditte heure d'entre neuf & dix
heures au foir , fut mené & conduit ledit Seigneur audit chafteau du
Louvre. Et après que ledit fiege euft efté longuement tenu devant ladit-
te ville de Perpignan , advint que les gens du Roy au moyen de la gran-
de & extrefme chaleur qu'ils avoient & founroient lUec , & auflii
qu'ils avoient grand fouflfreté de vivres , prirent trefves lefdits de Per*
pignan , &c eux un peu de temps , pendant lequel chafcun fe avitailla ôc
appointa de ce que befoin leur eftoit , & en ces entrefaites y furent en-
voyé grand quantité de gens de guerre. Et pour y remédier le fiege &
fournir de vivres ledit oft , le Roy y envoya Mr. de Gaucourt > maiftre
Jehan Bourré , & le Changeur du Trefor , pour prendre vivres & les
payer , partout où recouvrer en pourroient , pour mener audit Perpi^-
gnan. Ùurantce tems & au mois de Juillet 147J. mourut un des en-
Fans du Roy, nommé Mr. François de France (11) , Duc de Berry ,
dont le Roy porta moult grand deuil , & par l'efpace de fix heures au
xihafteau d'Amboife , que homme ne parloir à luy. Audit mois de Juillet
le Duc de Calabre mourut de peftilence à Nancy en la Duché de Xor-
rairu , & incontinent après fon trefpas , fut nouvelles que un Alemand^
-qui avant fon trefpas avoir la conduitte de l'armée diûlit de Calabre ,
prit à prifonnier le Comte de Vaudemoru , héritier de laditte Duché
de Lorraine , à l'adveu & fiiveur du Duc de Bourgogne , pour laquelle
caufe &c afin de ravoir ledit Comte de VauAtmont fut prispour marque en
laditte ville de Paris y un jeune fils efcoUier , neveu de l'Empereur d'A-^
Umagru. Audit mois de Juillet fut ordonné un grand confeil eftre tenu
.en la ville de Senlis , entre les gens du Roy & ceux du Duc de Bourgo^
ffie , pour appoindter les differens d'entre eux. Et envoya le Roy de Ion
-cofté , le Comte de Dampmartin , qui y fift de grans pompes , M. le
Chancelliec, Mr. de Craonj Mr. le premier Prefident du Parlement, maiftre
.'Guillaume de Serifay , Greffier Civil d'icelle Cour , & maiftre Nicole
Bataille , Advocat en laditte Cour , lefquels y fejournerent jufques au
jour de my-Aouft 147J. fans aucune choie faire.
En ce mefme temps , le Duc de Bourgogne mift fus fon armée , & s'en
•alaàla Duché de Gueldres 9 pour la (ub juger & mettre en ks mains.
Audit mois d'Aouft , le Dimanche huidkieime d'icelluy , le Ro)r eftanc
dedans le Chafteau d'Mcnçon , qui s'en aloit hors d'icelluy , advint que
par
( ^^) Voyez ci-devant page 100. fur Tan 147^4
(m)
D U R O Y L p U Y s X I. loy
pargrand fortune , ainfî qu'il iflbit hors du Châftcau d'icelluy lieu chcy
deflus luy , deflîis l'une de fcs manches , une groffè pierre de faix , donc
& de quoy il fut en moult grand danger de fa perfonne , duquel dan-
ger Dieu & la Benoifte Vierge Marie & tous les Sainfts & Saindes de Pa-
radis , à la grâce de laquelle il eftoit moult enclin , en fut garenty &
hors jette* Audit mois d'Aouft , le confeil du Roy qui eftoit en la bon-
ne ville de Sentis , avec les Ambafladeurs de Bourgogne 8c Bretagne , &
-qui avoient fejournc longuement , s'en départirent , & s'en ala & re-
tourna chacun en fon lieu , fans rien faire de la matiere,pour laquelle ils
eftoient alez. Et au regard du fait & difpofition du temps de laditte an^
née , l'Eftc fut moult chaut , & par efpecial depuis le mois de Juin juf-
jufques au premier Décembre , & plus chaut & ardant que oncques
n'avoiteftéveu d'âge d'homme lorsvivant , & àçefte caufe furent Içs vins
chauds & ardans , & plufieurs d'iceux devindrent aigres & puants , &
€n fut grand quantité de perdus Se jettez p^ les rues , & ne fift point
de froid , ni ne gella point qu'il ne fqft la Chandeleur paflee.
En ce temps , pource qu'il eftoit bruit que les Bourguignons tiroient
vers Lorraine & Barrois y le Roy v envoya cinq cens lances fous la con-
duire de Mgr. de Craon y qu'il nrt fon Lieutenant General , & y envoya
X^s nobles de l'Ifle de France y de Normandie , & les francs archers , qui
furent logez en divers lieux au pays de Champagne , ^ y demeurèrent
Î)lus de deux mois , ôc pui$ s'çn retourna chacun en fa maifon fans rien
aire.
Audit temps , ledit Bourguignon amena l'Empereur (CAlemagne juf-
ques à Luxembourg. Et fut ledit Empereur dedans la ville de Mets pour
les enhorter de bouter ledk de Bourgogne en laditte ville , ce qu'ils ne
voulurent pas faire , & s'en retourna ledit Empereur audit Luxembourg,
ôc de illec s'en retourija en Alemagne.
En ce temps , ledit de Bourgogne envoya à yerùfe , pour emprunter
de l'argent aux Feniciens , & dfc icelluy argent en (oudoyer fix cens lan-
ces du pays > pour le tems 8c termes de trois mois , 8c paflèrent par la
Duché de Milan , & s'en vindrent au haut pays de Bourgogne avec les
fubjefts dudit Duc , pource qu'ils n'étoient pas allez fortç pour grever
l'armée du Roy , qu'il avoir fait loger fur les marches dudit Duc de
Bourgogne*
Audit temps , le Rov maria fon aifnée fille (i j) , que paravant il avoît
promife au feu Duc oe Calabre , à Mgr.^de Beaujeu y frère de Mgr, le
Duc de Bourbon* ^
Audit temps , les Bourguignons t>ar trahifon & emblée , entrèrent
au pays de Nivernois , & y prirent cits places de Mgr. de Nevers , com-
me la Roche , Chajlillon , & autres. Audit temps fe raflemblerent â
Compiegne y les Ambafladeurs du Roy , qui auparavant avoient efté af-
femblez â Senlis y cuidans y trouver l'Ambafiade de Bourgogne qui
avoient promis y venir , lesquels y firent longuement attendre Içmits
Ambafladeurs
(15) ÔCT Anne de France , mariée à
Plene de Bourbon , Seigneur de Beaujeu.
6on contrac de mariage fç trouvç au Corps
Diplomatique, T. III. part. I. pag. 4^f . Il
eft du }c Novembre de cette année. EUc
cft célèbre fous le Roy Charlçs VIIL
1475
Tome IL O
lotf LES CHRONIQUES'
Âmbafl&deurs du Roy , lefquels s'en retournèrent à Paris , pource quC
'"47 3* lefdits Bourguignons n'y venoient point 5 & puis encores y retournè-
rent le mois de Janvier , & y eftoient le quinziefme jour dudit mois.
En ce temps fut nouvelles <jue le Duc de Bourgogne , voyant qu'il
n'avoit pas puiflance de parvenir à deftruire le Royaume de France 9 ainfi
que grand peine y avoir mis > confpira avec un homme maiftr^ Vtkicr ,
Marcnant , qui avoit efté ferviteur de Mgr. de Guyenne , & avec ua
nommé Jehan Hardy , ferviteur dudit maiftre Ythier , qui s'en eftoient
retirez après ledit trefpas dudit de Guyenne devers ledit de Bourgogne >
de trouver moyen de faire mourir & empoifonner le Roy. De laquelle
chofe faire ledit Hardy prit à luy la charge , & pour ce faire & accom-
plir luy furent baillez les poifons , en luy promettant faire moult de
biens , & de luy donner cinquante mille efcus pour diftribueràceluyou
ceux,qui feroient laditte exécution , & fi fut délivré argent audit Hardy y
pour taire i^% defpens en la pourfuitte. Lequel Hardy , fol , non ayant
Dieu dcv^t les yeux , & non voulant cognoiftre que fe laditte exé-
cution cuft efté accomplie ( où Dieu a bien pourveu ; tout le très-noble
Royaume de France eftoit du tout perdu & deftruit , s'en partit & tira
là où le Roy eftoit , & pour mettre fa damnée entreprife à exécution : &
non cognoiflant que le Roy l'avoit recueilly & donné grand argent, s'ad-
drefla a^un des fcrviteurs du Roy , ayant la charge en fa cuifîne de faire
faulces , & auquel ledit Jehan Hardy avoit eu cognoi(ïance durant que
ledit Saulcier Se Hardy avoient efté en l'hoftel , & au fcrvice de mondic
Seigneur de Guyenne, Et luy déclara ledit Hardy de faditte entreprife ,
en luy promettant vingt mille efcus au cas où il voudroit faire & accom-
plir laditte charge , qui luy prefta l'oreille , Se dit qu'il n'y pourroit
rien faire fans le moyen de Co/inet , Queux du Roy , Se qui aufC avoit
efté 8c demeuré avec ledit Hardy Se Saulcier en l'hoftel dudit Seigneur
de Guyenne. En difant par ledit Saulcier i icelluy Hardy , qu'il parleroit
audit ÔueuXi Se y feroit ce qu'il pourroit, en difant outre audit Hardy qu'il
luydeîÎYraft lefaits poifons pour les monftrer audit Queux. Etbicn-toft:
après ledit Saulcier Se Colinet, qui de ce avoient parlé enfemble , en
aierent avertir le Roy , dont il fut moult eft>ahy & efpouvanté. Et du-
dit avertiflèment furent lefdits Queux Se Saulcier moult honnorablement
Se profitablement guerdonncz du Roy. Et en toute diligence fiit Icdir
Jehan Hardy fuivy,quis'cn retournoitdevcrsPtfm5& fut pris vers Efiam--
peS'i Se ramené devers le Roy ,• qui le interrogea ou fift interroger air les
chofes deffufdittes , Se icelles luy confcflà eftre vraycs. Pourquoy Se afin
de y donner ip jugement ordonné eftre fait en pareil cas , s'en partit
le Roy d'Amboife , & s'en vint à Chartres , Meulenc y Creil^ Se autres-
lieux es marches de BeauvoUîn. Et après luy cftok mené ledit Hardy en
une baflè charretc , où il eftoit moult bien enferré de gros fers , Se en-
chaifné , Se le conduifoit Jehan Blojfet , Efcuyer > Capitaine de ccnr ar-
chers de la garde de Mgr. le Dauphin , Se avoit avec luy cinquante def-
dits archers > tousjours eftans autour de laditte charrete. Et ainfi accom-
pagné que dit eft , fut ledit Hardy envoyé à Paris , pour eftre délivré au
Prevoft des Marchans Se Efcherins de taditte ville , & j fut mené & ar»-
rivale Jeudy la Janvier 1473. environ l'heure de trois heures après^
diîfner
DU ROY LOUYS XL 107
difner , que firc Denis Htffclin , Confeilicr & Maiftre d'hoftel du Roy ,
Prcvoft des Marchons & Efleu fur le fait des Aydes de iadicte bonne vil- 1475
le , le ala recueillir es fauxbourgs de la porte fainft Denis dlcelle ville ,
& avec luy eftoient les quatre Efchevins , le Clerc & Sergens de Thoftel
de laditte ville > & autres notables habitans d'icelle.: & accompagnoienç
lefdits Prevoft & Efchevins avec les archers d'icelle ville , & par bel or-
dre. Et fut ledit Hardy ainfi accompagné que deffus , & aflîs fur une
haute chaire mife au-dedans & au milieu d'une charrete , afin qu'il fcuft
manifcftc &c apperceu par le populaire d'icelle ville.
Aufquels & afin qu'ils ne feuflcnt meus de mal faire ou injurier ledit
Hardy , pour l'enormité dudit cas , fat defFendu de le mutiller , blafphe-
mer, ne injurier. Et ainfi eftant en laditte charrette , que dit eft, fuft
amené tout au long de la erand rue faindt Denis» & defcendu audit
hoftel de la ville , Se délivre par ledit Blojftt es mains & en la garde
defdits Prevoft des Marchans & Efchevins » aufquels le Roy voulut leur
attribuer l'honneur d'en avoir la garde , & faire faire fon procez , &
icelluy mettre à exécution»
Audit temps le Roy eftoit à Crdl , fift tm Edi£t touchant les gens d'ar-
mes de fon Royaume , par lequel il déclara que chafcune lance n'auroit ne
ne tiendroit que fix chevaux. C'eft aflàvoir la lance trois chevaux , pour
luy 9 fon page & le couftillier , & les deux archers deux chevaux , & un
cheval pour le varier , & qu'ils n'auroient plus de paniers à porter leurs
harnois , & avec ce ne fejourneroient que un jour en un village. Et en
outre fut crié que nul Marchant ne vendift aufdits gens de guerre » ne
preftaft aucun draos de foye > ne camelots > fur peine de perdre l'argent
que lefdits gens de euerre leur pourroient devoir à caufe de ce , & aufiî
que on ne leur vendift aucun drap de laine plus de trente deux fouis
parifis l'aulne.
Audit temps le Roy fift ordonnance fur le fait de fes monnoyes ,
& ordonna (es grans blancs courir pour onze deniers tournois » quipa-
ravant ne valoient que dix , les targes onze deniers tournois, qui en va«-
loient douze , l'efcu trente fouis trois deniers tournois , & ainfi de toutes
les autres efpeces de monnoyes , tout fut changé Audit temps environ
le 10 Janvier 147J. fut fait accord & appoindlement entre le Roy&
Mgr. le Conneftable , qui avoit pris & mis en fa main la ville Atfainct
Quentin ^ & en mift hors le fire de Creton , qui avoit cent lances de
par le Roy. Et par ledit accord demeura ledit Conneftable audit y^//iâf
Quentin , ainfi que avant avoit fait , & luy fut rendu Meaux Se autres
places , dont il avoit efté dçfappoinâé , & fi luv bailla-on Commifiaires
pour eux informer de ceux qui avoient parlé audit Conneftable , pour
raifon de laditte prife àeJkinS Quentin 9 afin de les punir , Se luy
fut délivré l'argent du fouldoy de fes gens de guêtre , qui empefché fut
incontinent après laditte ville dcfainS (Quentin prife. Audit temps le
Roy vint des parties d'Amboife ou il eftoit 5 foy tenir à Sentis , Se illec
environ , & cependant les Ambaflàdeurs du Roy Se du Duc de Bourgo^
gne y qui communiquèrent fur le fait de trouver entre eux appoinâiement
de paix ou trefves , & finalement fut ladite trefve continuée jufques à
la my-May , en attendant plu^ ample appoinélement. En ce temps le
O X Roy
J
io8 LES CHRONIQUES
Roy , qui eftoit à Senlis , s'en vint loger à Ermenonville en Xanters \
^ ' ^' appartenant à maiftre Pierre V Orfèvre , Confeiiler des Comptes , & illec
' y lejourna environ un mois, pendant lequel temps Mgr. àt Bourbon^
que le Roy avoir diverfes fois mandé venir par devers Tuy , y vint &
arriva & n y demeura que dix ou douze jours , puis s'en retourna en foi»
pays faire les Pafques , ainfî que le Roy luy en donna le congé , ^uiquel
il promift incontinent après Quafimodo stïi retourner & revenir»
En ce temps au mois de Mars, le Jcudy 30. & penultiefme jour du-
dit mois , Jehan Hardy , empoifonneur , dont eft parlé devant , fut
condamné par Arreft delà Cour de Parlement à eftre traifné depuis l'huys
de la Conciergerie du Parais jufques à la porte dudit lieu , & de illec
bouté en un tombereau & mené devant l'hoftel de la ville de Paris , def-
fus Tefchaffaut pour ce illec drefïe, pour y eftre efcartellé^ ainir qu'il fut
fait. Et condamné la tefte eftremife & demeurer deflus une lance devant
l'hoftel de laditte ville , les quatre membres porter en quatre des bonnes
villes des extrefmitez de ce Royaume^Età cKafcun defdits membres eftre
mis une epitaphe pour faire fçavoir la caufe pourquoy lefdits^ membres
y eftoient mis & pofez. Et outre comdamné le corps eftre bruflé & mis
en cendres devant l'hoftel de laditte ville, toutesles maifons dudit Jehan
Hardy arrafées Se mifes par terre,mefmemen t le lieu de fa nativité jettée par
terre,fans jamais y eftre fait edifice,& de y mettre epitaphe pour faire fçavoir
l'enormite du cas dudit Hardy , & pourquoy eftoit raitte laditte démoli-
tion. Et fut ledit -fftfr^ ainfi exécuté ledit jour de Jeudy es prefences du
Sgr. de Gaucourt , Lieutenant du Roy , du premier Prefident Boulent
ger y du Prevoftdc Paris , du Prevoft des Marchans & Efchcvins de la-
ditte ville , du Procureur & le Clerc d'icellc , & plufieurs autres nota-
bles perfonnes , Se fut baillé audit Hardy pour la conduitte de fon ame
. & confcience , un notable Dofteur en Théologie , nommé maiftre Jehai?
Hué. Et puis le Samçdy enfuivant environ minuit, pourquoy ce fut-il î
Tiz point efté fceu , b tefte dudit Hardy y mife au bout d'une lance , fut
oftée de deffus refchaffaut où elle eftoit , mife & jettée en une cave près
d'illec. Ledit jour vint & arrivaà Paris une moult belle Ambaflàde du
Roy d'Arragon , qui fut recueillie par Mgr. le Comte de Pentheure (14)»
Mgr. de Gaucourt Se autres , qui bien fcftierent laditte Ambaflàde en
plufieurs lieux de Paris , & jufques au jour de Pafques fleuries , que on
cellà pour la femaine peneufe qui entra , de les feftier. Et puis vint 6j
^^^^^^^ arriva le Roy à Paris le Samedy 1 6. Avril 1474. après Pafques.
Le Mercredy 10. Avril 1474. le Roy ordonna cjuc les monftres feufiènt
^'^ faittes des Officiers , bourgeois, manans & habitans de laditte ville de
Paris y ce qui fut fait. Et fut laditte monftre faite & monftrée au dehors
de Paris , depuis la i^ftille fainft Anthoine , en ayant au long des fof-
fez jufques à la tour de Billy , Se d'illec en bataille jufques à la grange
aux Merciers. Et de l'autre cofté auffi eftoient en bataille les habitans de
laditte ville , qui eftoit mouk grande & belle chofe à veoir. Et eftimoio-
on le nombre des armées de quatre^ vingt à cent mille hommes , tous
d'une
(14) Jean de Broflè, dît de Bretagne, qui r lequel a f poufc- Jeanne , fille unique de Phw
dc Louife de Laval, (on épouTc) a eu Rcné>, [ lippe de Comincs» dont on a les Mémoires
(14)
D U R O Y L O U Y s X i: 109
d^une livrée de hçcquerons rouges à belle croix blanches , & fut tiré
aux champs grand quantité d'artillerie de laditte ville de Paris , qu'il
faifoit moult beau veoir. Et à veoir laditte monftre y eftoix le Roy &
TAmbaflàde du Roy d'Arragon , qui tous faifoient grandes admirations
de la quantité de gens de guerre qu'ils virent illîr hors de laditte ville.
Et avec le Roy eftoit fa garde , les gentilshommes de fa maifon , le
Comte de Dampmartin , qui fe y trouva moult fort pompeux , aufli y
cftoient Philippe Mgr. de Savoye , Comte de Brejji , Mgr. du Perche »
SalU[art &: plufieurs autres Capitaines , notables hommes & gens de
nom. Et après laditte monftre faitte , le Roy s'en ala au bois de Fincen-
nés foupper , & y mena avec luy laditte Ambaflade d*Arragon , & peu
de temps après le Roy donna aux deux Seigneurs , chefs de laditte Am-
baflade, deux hanaps couverts à perfonnages tout de fin or , quipefoient
quarante marcs d'or fin , & coufterent trois mille deux cens efcus d'or,
&puis s'en partit le Roy pour s'en retourner k Senlis y où fejourna
depuis par certain temps. Pendant lequel temps vint & arriva l'Ambaf-
fade de Bretagne ^ qui s'en ala devers le Roy., &: des Allemagnes auflî
arriva à Paris Ambaflade , dont eftoit chef le Duc de Bavierre , & avec
laditte Ambaflade de Bretagne y vint Philippe des EJ/ars , Seigneur de
Thieux , Maiftre d'hoftel du Duc de Bretagne , lequel avoir auparavant
cfté contre le Roy. Et le recueillit très-bien le Roy , & luy dgnna dix
mil efcus , & fi le fift Maiftre Enquefteur & General Reformateur des
Eaucs & Forefts es marches de Brie & Champagne , que tenoit Mer.
de Chajiillon , à qui le Roy le ofta pour bailler audit Philippe des
Ejjars.
Audit temps que le Roy eftoit à Sentis , à Ermenonville , & illec en-
viron , y vint &c arriva l' Ambaflade de Bourgogne , qui y demeura aflcz
longuement fans rien faire , & le Roy s'en ala à Compiegru , d Noyon y
& autres places d'environ. Et là le Conneftable vint par devers luy pour
aucuns diff'erens , qui eftoient entre le Roy & luy , & parlèrent aux
champs enfemble en un village nommé où rut fait un pont en-
tre eux deux ( 1 5 ) , & chafçun d'eux eftoient garni de gens de guerre pour
la garde de leurs perfonne. Et illec ainfi aflèmblez , que dit eft » par-
lèrent de leurfdits differens , mefmement pour raifon de la prife &
retenue que faifoit ledit Conneftable de la ville àtfaincl Quentin , qu'il
avoit prife & mife en fa çiain , & en dechafle & bouté dehors le fire de
Creton , qui avoit la garde d'icelle ville de par le Roy >. & la retenue de
cent lances , qui tous par la force Se contrainte dudit Conneftable vuih
derent hors de laditte ville, dont le Roy fut bien mal-content.
Et pour cefte caufe le Roy fift arrefter les deniers & dcfcharges , qui
avoient efté levées pour le payement dudit Conneftable & des quatre
cens lances de fa charge &: retenue , pour le quartier d'Avril , May &
Juin , lors efcheu, qu'il prit It^xifainà Quentin. Et après ledit pourpar-»
lé enfemble,le Roy leva fa main dudit Arreft& fift tout lepavement délivrer
auditMer. le Conneftable, &: puis fe départirent d'enfemble bons amis, &
ii fift illec la paix dudit Sgr. & du Comte de Dampmartin y qui riea
ne
(15) Voir les Mémoires de Comines , livre ^. chap. i u
o 5
I474*
no LES CHR.ONlQUE-5
ne s'entredcmandoient. Et audit partcment le Roy pardonna tout audit
^474- ^g,.^ iç Conneftablc, qui luy promift 6c jura de non luy faire jamais
autres fautes , mais que bien le ferviroit de-làen avant alencontrede
tout le monde , fans nul en excepter. En icelluy temps le Roy s en re-
tourna à Scaiis ) Ermenonville , Pontfainte Maixance & autres lieux »
& fouvent & prefque tous les jours aloit le Roy en l'Abbaye de la FiC"
toircj prier & aourer la Bcnoifte Vierge Marie y illec requifc , à Thon-
neur Se louange de lacjuelle il 6ft faire audit Prieuré de biens gcans dons
en or content , qui bien montèrent dix mille efcus d or.
Audit temps le Roy ayant en finguliere recommandation fon popu**-
laire & gens de guerre , & pour efchever efïufîon de fang par guerre ,
fift une trefve avec fon ennemy & adverfaire le Duc de Bourgogne y pour
un an, finiflànt le premier Avril 1475. combien que plufieurs Anibaflà-
des feuflènt venues par devers luy de par TEmpereur d^AUmagnc , luy
humblement prier & requérir, qu ilnehft pointladitte trefve avec ledit de
Bourgogne* Et que par port ci armes ils le rendroient fugitif & en la
mercy du Roy , & que toute la conquefte & profit qu'ils çourroient faire
& avoir fur ledit de Bourgogru , ils promettoient le bailler & donnée
au Roy fans rien luy coufter du (len : mais nonobftant ce que dit eft »
fut ladittc trefve faitte & accordée avec ledit de Bourgogne y à la grand
defplaifance des très-bons & loyaux fujeûs du Roy. Et nonobftant la-
ditte trefve & au commencement d'icelle , lefdits Bourguignons firent
de grans outrages & dommages aux pays & fujeâs du Roy , eftans alen-
tour defdits Bourguignons , dont aucune réparation ne fut faitte par
iceux Bourguignons , laquelle chofe demeura en grand efclandre de voir
le vaflâl du Roy ainfî outrager les pays & fujeds de fon fouverain Sei*
gnetu:.
Au commencement du mois de Juillet 1474. le Roy vint & arriva en
fa bonne ville & cité de Paris , où il ne icjourna qu'une nuit , & le
lendemain s'en ala à TEglife Noftre-Dame , ôc de-là en la fainûe Cha*
pelle du Palais , & difna en la Conciergerie dudit Palais , au logis & do-
micilie de maiftre Jehan de LaJriefche^ Prefident des Comptes , & illec
environ quatre heures après midy s'en partit , & ala en un bateau par
la rivière depuis la pointe dudit Palais jufques à la tour de Nejle 9 où il
monta à cheval Se s'en ala à Chartres , à Jmboife , & de-là i Noftre-
Dame de Behuart en Poicloiu
Audit an le Roy envoya grand nombre de gens d'armes de fon ordon-
nance , de francs archers &c autres , &c de fon artillerie pour reconquérir
le Royaume (VArragon , dont on difoit que Dieu leur donnaft grâce de
y bien befogner & de retourner joycufement , car on dit communé-
ment , <iue c'eft le cymetiere aux François.
Audit temps, le Jeudy 18. Juillet 1474. l*Arreft fut prononce en la
Cour de Parlement par Mgr. le Chancellier , nommé maiftre Pierre Do^
riolle, du procès fait alencontre dudit ^Alençon^ qui paravant avoit efté
détenu prifonnier au Louvre & audit Palais , & par icelluy Arreft , fut
ramené à fait les cas & crimes à lui impofés , & la condamnation jadis
contre lui prononcée à Vendofme , du temps du Roy Charles , dont
Piçu ait l'amc, Et le pardon & grâce ^ue de ce luy avoit depuis fait le
Roy
DU ROY L O U Y S XI. iii
Koy de lui laifTer la vie fauve , & que depuis il avoit encores continué
de mal en pis,comme ingrat. Et tgut dit & récité publiquement en icelle ^^74*
Cour, fut ledit àiAUnçon déclaré par Arreft eftre criminel de crime de lezc-
Majefté , & comme tel condamné à eftre décapité & fouflfrir mort. Sauf
fur ce le bon plaifir du Roy. Et toutes (ts terres & Seigneuries , & tous
fes biens eftre acquifes & confifquées au Roy. Et lui fut le didbim dudic
Arreft dit à fa perfonne par mondit Sgr. le ChanccUier , & bien-toc
après fut ramené prifonnier en fa première nrifon dudit Louvre , en la
garde & conduitte de fire Denis Hejfelin , Efleu de Paris , & de fes gens
pour luy , de fire Jacques Htjftlin , fon frère , Efcuyer de TEfcurie du
Roy , & de fire Jehan de Harlay , Chevalier du guet de nuit de ladittc
ville , & autres ordonnés de par le Roy , à la garde dudit Sgr. Après
ledit Arreft , le Roy s'en tira à Angers 5 & au pays d'environ > & fift
mettre en fa main laditte ville à! Angers & autres terres & Seigneuries
qui eftoient &c appartenoient au Roy de CccilU , pour aucunes caufes
qui à ce le meurent. Et au gouvernement & adminiftration defdittes
Seigneuries & terres y fut mis & commis maiftre Guillaume de Ctrifay ,
Grenier civil de la Coiu de Parlement. Et après le Roy retourna par de-
vers le pays de Btaujfe a Chartres & en Gafiinois , au bois de MaUs-her*
tes Se autres lieux voifins > où il fejourna par certaine longue efpace de
temps, en chafiànt 6c prenant beftes fauvages , comme cerfs, fangliers»
Se autres beftes , dont il trouva largement. Et pour raifon de la grand
quantité de beftes qui y furent trouvées , aima fort ledit pays. Com-
bien que en autres choies , il eft maigre pays , fec , inutile & de petite
valeur ,^ & puis s'en partit le Roy , & s'en ala au Pont de Chamoys ,
où aufii il demeura par certain temps & jufques au 6. Oârobre 1474.
qu'il s'en partit , & ala jufques à Montereau - Fault - Yonne. Et audit
Pont de Chamoys demeura mondit Sgr. de Beaujeu , par devers lequel
s'en aloient par chafcun jour , les gens duerand Confeil en l'abfence du
Roy. En ce tempsleDucde^o///^og/z^,quis en eftoitparty de fes pays pour
aler faire guerre aux Alemans , ala en Alemagne tenir & mettre le lîeee
devant la ville.de Nu:^ , qui eft une bonne ville près de Cologne fur le
Rhin > oùil fejourna bien longuement, tenant le liege illec devant avec
toute fon armée Se artillerie. Audit temps furent envoyez en Bretasnt
Ambafladeurs de par le Roy ; c'eft aflàvoir Mgr. le Cnancelier, Phe-
lippe àts Ejfàrs Se autres. Et au retour de laditte Ambaflàde revint Se
retourna dudit Bretagne Meflîre Pierre de MorvilUer , jadis Chancelier ,
qui s'en eftoit aie avec feu Mgr. de Guyenne , & depuis fon trefpas s'en
cftoit retraiA audit pays de Bretagne., En ce temps les cens tenans le
parti dudit de Bourgogne , nonobftant laditte trelve , prirent la cité de
Verdun en Lorraine , dont le Roy eftoit Seigneur Se gardien. Et pour la
ravoir , le Roy envoya trois cens lances & quatre mfl francs archers qui
eftoient accompagnez du Sgr. de Craon Se autres. Audit temps auflî lef-
dits Bourguignons prirent par emblée une ville au pays de Nivernois >
nommée Molins-En^lbert , où pareillement le Roy envoya des gens
de guerre & de fon anillerie. Et ne différa point ledit de Bourgogne que
par fes pays & de fon party , nonobftant icelle tre(ve , de tousjours faire
maux & perfiKuter les gens , ferviteurs > villes Se fuieds du Roy.
£a
M74«
112 LES CHRONIQUES-
En icelluy temps , Edouard , Roy d'Andererrc , envoya fes Heraux
par devers le Roy le fommer de lui rendre & bailler les Duchcz de
Guyenne 3c de Normandie , qu'il difoit à luy appartenir , ou que en fon
refus , il lui feroit guerre , aufquels Heraux fut faitte & rendue refpon-
ce. Et par iceux le Roy envoya audit Edouard le plus beau courcier qu'il
cuft en fon efcurie , & depuis ce , le Roy lui envoya encores par Jenan
de LaiJIier , Marefchal de (es logis , un afne , un loup , &: un fanglier,
& a tant s'en retournèrent lefdits Heraux en leurdit pays par devers^leur
Roy. Au mois de Novembre le Roy vint par devers Paris , & fut loger
à ^blon fur Seine , depuis au bois de Virulnrus , à Haubzrvillier 8c
autres lieux , &c puis d'ulec fe deflogea & ala en la France foy loger en
un hoftel appartenant à maiftrc Dreux Budé , Audiencier , nommé le
Bois U Comte , & Mgrs. de Lyon , de Beaujeu , & autres Seigneurs fui^
vans le Roy 9 fe logèrent à Aîiçlry en France , & puis fe deflogea le Roy
& ala avec les Sgrs. devant dits , à Chameau Tierry , où il demeura cer-
taine efpace de temps , & jufques environ le 1 1 Décembre , qu'il retour-
na à Paris & y fift Ion Nocl » & fut le Roy au fcrvice la veille de Noël,
en TEglife Noftre-Dame de Paris. Le lendema^jj de Noël , qui eftoit le
jour fainft Eftiennc » le Roy eut des nouvelles que les Anglois eftoient
en armes en grand nombre fpr mer, & eftoient vers les parties du Mont
faim Michel. Et incontinent fift monter à cheval & envoyer en A^or-
mandie , les Archers par lui mis fus de fa nouvelle garde > nommée la
garde de Mr. le Dauphin.
En ce temps le Roy eut des nouvelles de fon armée , qu'il avoir envoyé
en jirragon , & comment fes gens avoienf pris une place près de Perpi-
gnan , nommée Gonne , dedans laquelle y eftoient aucuns Gentilshom-
mes & habitans d'icelle ville de Perpignan , que on voulut faire mourir
comme traiftres , mais on différa pource qulls promirent dedans un
temps q^u'ils nommèrent , de faire réduire & mettre en Tobeyllance du
Roy laditte ville de Perpignan , laquelle chofc ils ne firent poirit dedans
le temps qu'ils avoient promis , parquoy en furent aucuns d'eux décapi-
tez. Et entre les autres y eut un nommé Bernard de Dovis , qui cuft
le colcouppé. Et bien-toft après fut fait appoinétement entre le Roy fie
lefdits èiArragon , par lequel la Comté dç RouJJillon fut derefchef rc-
mife en la main du Roy,
Au mois de Janvier 1474. advint que aucuns larrons Bourguignons i
fans maiftre ne advçu , fe mirent fur les champs &: vinrent courir es
pays du Roy Se jufques près de Compiegne , où ils prirent & tuèrent
gens , & puis voulurent ediffier une place pour eux retraitre près de
Roye , nommée Arfon , où ils amenèrent grand Quantité de pionniers.
Et quand le Roy en eut ouy les nouvelles , il manda aux garnifons d'-^-
miens , Beauvais , & autres lieux, avec la compagnie dujgrand Maiftre ,
Se auflî des Arbaleftriers ôc Archers de Paris & autres de laditte ville ,
aae Meflîre Robert d' EJlouteville , Prevoft de Paris conduifoit , qu'ils
laflènt deftruire lefdits Bourguignons & place , mais incontinent qu'ils
en oyerent la nouvelle, ils oefemparerent tous, & s'enfuirent comme
paillars qu'ils eftoient.
Audit mois de Janvier 1474. advint que un franc arckcr 4^ Meudon
près
DU ROY LOUYS XL ii^
Tf rès Paris , eftok prifonnicr es prifons de Cliaftcllet > pour occafion de
plufieurslarrecins, qu'il avoir fait en divers lieux, & mefmement en TË- * 474* *f
Slife dudit Meudon. Et pour lefdits cas & comme facrilegc , fut con-
emné à eftre pendu 8c eftranglc au gibet de Paris , nommé Montfaul-^
con y dont il appella en la Cour de Parlement , où il fut mené pour dif-*
cuterde fon appel : par laquelle Cour & par fon Arreft fut ledit franc
archer déclare avoir mal appelle & bien jugé par le Prevoft de Paris ,
par devers lequel fut renvoyé pour exécuter fa fentence. Et ce mefme
)our fut remontré au Roy par les Médecins & Chirurgiens de laditte ville
gue pluHeurs & diverfes pcrfonnes eftoient fort travaillez & moleftez de
i pierre , colique > padion , & maladie du codé , dont pareillement
avoir efté fon molefté ledit franc arcJier. Et auffi defdittes maladies eftoic
lors fort malade Mr. àxxBochoj^t , & qu'il feroit fort requis deveoir les
lieux où lefdittes maladies font concréées dedans les corps humains , la« .
quelle chofe ne pouvoir mieux eftre fceuc que incifer le corps d'un hom-
me vivant , ce qui pouvoit bien eftre fait en la perfonne d'icelluy franc
archer , que aufG bien eftoit preft de fouffrir mort » laquelle ouverture
& inciîdon fut faitte au corps dudit franc archer , & dedans icelluy
quis & regardé le lieu defdittes maladies. Et après qu'ils eurent efté
veucs ,fut coufu , & fes entrailles remifes dedatos. Et fut par l'ordonnan-
ce du Roy fait très-bien penfer , & tellement que dedans auinze jours
après il fut bien guery , & eut remiftîon de (es cas fans aepens , & fi
luy fut donné avec ce argent. ^ >
En ce temps le 18. Janvier, le Roy ayant finguliere affeftion aux
fainâs faits & grans vertus de faindt CharUmagnc > voulut & ordonna
que ledit 28. jour, feuft fairre & folemnifée la refte diidit fainâ <7A^r/^->
ma^nc y laquelle chofe fur fairre & folemnifée en la ville de Paris 9 Se
lamrre fefte gardée comme le Dimanche , & ordonné que dorefnavanc
?ar chafcun an , ladirre fefte feroir fairre ledir 28. Janvier. Au mois de
evrier fuivant , furent les AUmans dedans la ville de Nu^^ avicaillez
par ceux de la ville de Cologne fur le Rhin , &c autres AUmans de la par-
tie de TEmpereur {TAUmagne » nonobftwt le Duc de Bourgogne qui
palle à lon^-temps eftoit demeuré tenant le Hege devant la ville de Nu[ ^
6c qui avoit fait arriver plufieurs navires pour cuider empefcher que le-
dit avitaillement ne vinft en icelle ville » mais nonobftant toute fa puif-
iance & armée , vint & entra ledit avitaillement en ladirte ville. Et fu-
rent toutes les navires dudit Duc > rompues & mifcs en pièces dedans la
rivière du Rhin , Ce morts plus de fix à fept mil Bourguignons , eftans
dedans iceux navires. Et auparavant avoient eu & foumn lefdits Bour^
guignons de grans pertes & maux par lefdits de Nu[.
Au mois de Mars enfuivant , pource que lefdits Bourguignons des
parties de Flandres ^ Picardie &c aufti de ceux eftans par leoit Duc de
Bourgogne logez i Roye , Peron/u y Mondidier , & autres places tenans
ion party^ eftoient venus courir es pays & fur les fujeâs du Roy. Et en
iceux pris plufieurs prifonniers , vivres & biens , & menez en leurs pla-
ces contre la rrefve fairre enrre le Roy & luy , fe mirent aux champs
plufieursdes compagnies de l'ordonnance du Roy eftans es gamifons
ii Amiens y Beauvais yfainB Quentin ^ ôc autres, jufaues au nombre
Tome IL * P dc
114 LES CHRONIQUES
de quatre cens lances , &c autres populaires, qui alerent courir fur lefditf
*474' Bourguignons , &' jufques dedans les fauxbourgs à^Arras , où ils cou-
chèrent une ouit entière* Et.illec au moyen de certaine grand quantité
de vents , fléaux & autres oftils , dont les gens du Roy avoient mené grand
nombre avec eux en charettes & chariots , fut batu tout le grain eftant &
trouvé es granches dudit pays de Bourgogne & Picardie. Eticelluy ,beftail,
gens prifonniers, & uftencilles , fait amener & conduire par SalU^art & au-
tres Capitaine dedans lefdittes villes ^Amiens Se Beauvais, Durant ce
temps le Roy ne bougea de Paris , & y fift fonKarefmc y faifant .grand
. chère , & s*y trouva fain & bien difpofe comme il difoit.
Audit temps de Mars , advint à Paris que un jeune fils de Brigan^
dinicr j qui avoit efté nourry enpartie par un poiflbnnier d'eau douce
de laditte ville , nommé Jehan Penfart , meu de mauvais courage &
trahifon , fçachant que ledit Penfart avoit grand argent, qui eftoit ve-
nu & ifly de la vente du poiflbn , qu'il avoit vendu durant le Karefme ,
& dont il devoit la plus part à plufieurs Seigneurs. & autres notables
hommes , qui luy avoient vendu le poiflbn de la pefche de leurs eftangs»
Et lequel argent ledit Brigandinicr avoit veu , & le lieu où icellùy Pcn*
' fart le mettoit , vint & entra de nuiû en Thoftel dudit Penfart , & après
la minuit paflée vint ouvtir Thuys dudit Penfart , à tout trois Efcojjois
Brigandinicr, crochetèrent, prirent & emportèrent ledit argent, mon-
tant en fomme deux mille cin(| cens livres tournois. Er pour lequel re-
couvrer fiit fait bien grand diligence , tellement que ledit jour dudit
d^robement , fut ledit Brigandinicr trouvé tenant rranchife aux Carmes
de laditt(; ville de Paris y duquel lieu il fut tiré hors & apporté au Chaf-
tellet de Paris ^ pource qu'au moven des fers dont il eftoit enferré , il
ne pouvoir aler. Et illec il confcflfa aue lefdits Efcojfois avoient eu tour
ledit argent , pourquoy fut fait grand diligence de le recouvrer , & euft
efté ledit Mortemer pris & fait amener aucUt Chaftelet , par l'ordonnance
de maiftre Philippe du Fource , n'euflènr efté deux autres Efcojfois de là
garde du Roy , qui voulurent tuer ledit maiftre Philippes & it% fergens i
& fift efchapper ledit Mortemer. Et depuis ledit Thomas le Cletc trouvé
tenant franchife dedans faindle Catherine du Fal des Efcolliers y qui illcc
fut pris d grand port d'armes , qu'il fift contre les gens dudit Mgr. le-
Prevoft de Paris , dont il blcflà çlufieurs , & à la fin après qu'il euft re-
ceu plufieurs playes fut amené eîdittes prifons , où il confefla ledit lar^
cin , à caufe de quoy fut rendue parrie de laditte fbmmc, qu'il avoit
mufléc près de fain£k Eftienne des Gre[. Et pour ledit cas & autres , par
mondir Sgr. le Prevoft de Paris , eu fur ce opinion & délibération de Sa-
ges , fut condamné à eftrc pendu & eftranglé au gibet de Paris , dont
il appella. Et depuis fut ledit appel vuidé par la Cour de Parlement , &
renvoyé audit Mgr. le Prevoft j)our exécuter fa fenrence , laquelle fut
mife à execurion le Jcudy i6. Mars 1474. pour veoir laquelle , furent
jufques audit gibet fire Denis Hejfelin , maiftre Jehan de Ruel , comme
commis par maiftre Pierre de Ladehors >à l'exercice de l'Office de Lieute-
• naiit
DUROYLOUYSXI. 115
nant Criminel , pour occafion de la maladie dudic de Ladehors.
Audit temps fut la ville de Perpignan mife & reduiûe en lobeyllànce ' 47Î •
du Roy , & s'en alerent ceux de dedans qui s'en voulurent aler , eux &
leurs biens (aufs > fors que l'artillerie qui dedans eftoit , qui demeura au
Roy , laquelle eftoit moult belle & de grand valeur. .^««..«.
Le 7. Avril 1475. fut publiée à -PiirzV l'alliance d'entre l'Empereur & ^""""^
le Roy , & de l'ordonnance du Roy fut envoyé publier devant le logis de \ 47 tf»
Mr. au May ne , Duc de Calabre^ ôc l'Ambanàde de Bretagne y qui eftoit
en laditte vdle » &c après les carrefours d'icelle ville. AuHit mois d'Avril
vint par devers le Roy deux Ambaflàdes , l'une de Florence 6c l'autre
de l'Empereur d^AUmagru » qui furent moult honorablement receus Se
feftiez , tant du Roy, que des autres Seigneurs d'autour luy. Audit mois
d'Avril le Roy fe partit de Paris ^ pour aler à Vernon fur Seiru , auquel
lieu l'attendoient Mgr. l'Admirai &: les autres Capitaines , pour conclu^
re de la guerre , & ce qui eftoit à faire pour la treive , qui failloit le der-
nier jour dudit.mois d'Avril 5 & puis s'en retourna à Paris , 01^ il arriva
le Vendredy 14. dudit mois. Et le Lundy 15. Avril s'en partift le Roy
pour aler à PontfainBt Maixanu y poiu: illec préparer (on armée , 6c
en emmena pourle conduire & eftre autour de luy avec fes Gentils-honv
mes , fa Garde & Officiers de fon hoftel , huit cens lances fournies , 6c
Y fut menée & conduitte grand quantité d'artillerie groflè 6c menue »
entre lefquelles y avoir cinq bomtmdes , dont les quatre avoient nom :
c'eft aflàvoir l'une Londres , l'autre B rabane y la tierce Bourg en Breffè »
6c la quane /tfi/zâF Orner. Et oi^rre par deflus la compagnie defdits de la
Garde Efcoîfoife 6c Françoife , 6c autres Gentils4iommes de Officiers de
l'hoftel , y fut & y ala grand compagnie des nobles & firancs archers de
France 6c Normandie, 6c pour ravitaillement de l'oft y furent envoyez
vivres de toutes parts.
Le Lundy premier May le Roy fe panit de FAbiaye de la. FiBoire oà
il eftoit , pour aler audit Ponejainae Mazxance , pour faire fes appro-
ches y & ordonner de la guerre en ce qui eftoit affaire fur les Bourgui^
gnons y & fut envoyé devant le Tron^noy 6c Mondidien LeMardy 2. May
vint&arrivaàPtfm Mr de Lyon , qni venoit dedevers le Roy > lequel fut
cftably Lieutenant du Roy au Confeil de Paris. Le Mercredy^ . dudit mois
feftede ikinde Croix, fiit faiâe une moult belle procellion générale
audit lieu de Paris , de toutes les Eglitès. En laquelle fiûfant furent tous
les petits enfans de Paris y chafcun rcnant un cierge, & fut aie quérir
le lainâ Innocent & porté à Noftre-Dame. Et en laditte proceflion
eftoient Mr. de Lyon , Mr. le Chancellier de cofté luy , 6c après
aloient Mr. de Gaucourt , Lieurenant du Roy à Paris , les Prevoft des
Marchans & Efchevins de laditte ville , les Prefîdeiis & Confeillers de
Parlement , Chambre des Comptes , 6c autres Officiers d'icelle ville. Et
après le populaire aloient en grand & merveilleux nombre , que on efti*
moir à cent mille perfonnes ou mieux , 6c fut porté ledit fauiEt Inno-
cent en laditte proccflîon , par Mr. le premier Prefident , & par Nanter^^
re y Prefident en laditte Cour de Parlement , & le Prefident Acs Comptes
de LëdrUfche , & le Prevoft des Marchans. Et pour conduire & mettre
ocdre en laditte proceilion y y eftoient les archers de la ville & autres
F 1 gens
Ti^ LES C H R ON I Q tJ E ^
gens ordonnez pour garder de faire bruit & noifeen icelle prbéeAioitSl
lAje. LcMardy z. May audit an, le Roy qui avoir envoyé fommer les Bour"
'* guignons renans ledit Tronquoy , furent, à'icaix Bourguignons y tutz
ceux qui eftoient alez faire laditte fommation. £t pour celte caufe âft
tirer Ion artillerie contre ledit lieu du Tronauoy , tellement que ledit
jour à cifiq heures après midy y fut livré ra(iàult fort & afpre , '& fut
emportée laditte place d'aflault , & furent tuez & pendus tous ceux qui
furent trouvez dedans, fauf & refervé un nommé Monn de Caultrs y
que le Roy fift Tauver , & fi le fift Efleu de Paris extraordinaire. Mais
avant qu'ils fu(Iènt pris , firent grand refiftance iceux Bourguignons con^
tre les gens du Roy , & tuèrent audit afiault le Capitaine de Ponthoijfi ,
qu'on difôit eflre vaillant homme , & autres gens de guerre & francs ar«
cners, & puis fut ledit lieu abatu & demoly. Et ledit jour defainâre
Croix s'en ala J'armée du 'Roy mettre le fîege devant Mondidier , pource
3 u'ils furent refufans d'eux rendre au Roy. EtleVendredy 5. Avril au-
it an , fut mife & reduitte en la main du Roy laditte ville de Mondi •
dicr, & s'en alerent ceux de dedans leurs vies fauves, & laîflerent tous^
leurs biens , & puis fut toute laditte ville abatuc.
Le Samedy 6. May fut pareillement rendue la ville de Roye j 8c s*en
alerent les Bourguignons de dedans, vies &, bagues fauves , & puis fut
aufH rendu le Chafleau de Moreul , pareillement que ceux de Roye. Et
enfaifant telles exécutions, que dit efl:, fur ledit de Bourgogne ôc foa
pays , par l'armée du Roy , qui efloit fi noble , telle 6c fi belle compa-»
gnie & artillerie , que là où elle eufl efké pienée , y avoir gens aflez pour*
en bref temps , prendre & mettre en la main du Roy toutes les villes &c
places de Bourgogne , tant Flandres , Picardie ,. que autres lieux , car.
tout fuyoit devant iceux. Et poiu: rompre icelle armée , futleRov adver^
ty par aucuns , & mefmement par Mr. le Conneftable , que befoin luy»
efloît de garder fa Duché de Normandie , pour les An^lois que on luy
difoit qu'il y devoit defcendre : & fi luy fut dit par mondit Sgr. le Connef-
table , au moins fut mandé ou efcrit qu'il fifl nardiment ledit voyage ea
Normandie , & ^u'il ne fe fouciafl point diAbbeville & Peronne , & que
cependant qti'il iroit, les. feroit réduire en fa main. Et le Roy croyant
ces chofes s en ala audit pays de Normandie , & M mena avec luy Mr..
l'Admirai & cinq cens lances , avec les nobles & francs archers-, & zt
cefte caufe fe départit l'armée & s'en ala chafcun en fon logis; Et puis:
Suant le Roy fut en Normandie , trouva qu'il n'efloir nulles nouvelles
efdits Anglois , & ala à HarfUur , Dieppe , Caudibec &C autres pUcesa
Et cependant ne fe fifl rien à Tadvantage du Roy i mais au contraire au^
moyen de laditte alée en Normandie , firent lefdits Bourguignons de
grans niaux aux fujets & pays du Roy , qui y eurent de -grandes pertes ,
& puis s'en vint le Roy à Noflre-Dame d'Efcouys , en un hoflel près d'il-
lec , nommé G ai/lart-Bois y appartenant l- Colon y Lieutenant de Mr..
l'Admirai y où il fe tint par aucun temps , durant lequel eut nouvelles:
de Mr. le Conneftable , de k venue & defcenduë que faifoient lefdits^
jinglois^ Calais. Et aufTi que mondit Sgr. de Bourgogne s'e&oit levé^
de devant Nu^ , dont il difoit qu'il avoit la poficflîon , & fait fon ap->
poinâxment avecrEmpercur. Lequel Empereur avecJbdit de ^^/^/^g^c^l^zr».
«!c0
t
"OV R O Y L O U Y s XI. ny
jfcn vènoît fàkc faire guerre au Roy , defquelles chofes n'eftoit rien , Se
iixft trouve tout le contraire eftre vray. 1 47 î«
Durant ces chofes fut pris un Hérault d* Angleterre , nomm^ Scales ,
ui avoit plufieurs lettres qu'on efcrivoit de par le Roy Edouard à divers
s perfonncs^, lefquelles lettres le Roy vift , & dit & certifia au Roy
ledit ScaUs ^ que les jinglois eftoient à Calais , & que le Roy Edouard^
Ldevoit eftre le xz*^ Juin , k tout douze ou treize mille conibattans* Et fi
y certifia outre que ledit de Bourgogne avoit fait foh accord avec ledit
£mpereur , & eftoit retourné à Bruxelles , dont de tout il n'eftoit riem
Audit lieu à^Efcouys fut auflî le Roy averty que mondit Sgr. leConnef-
table avoit envoyé à Mr. de Bourbon fon féeué , pour fubortier & tant
faire , que mondit Sgr. de Bourbon voulfift devenir & eftre contre' le
Roy , & de foy alier avec ledit Duc de Bourgo^ , de toutes lefquelles
chofes le Roy fat moult merveille. Et incontinent par plufieurs^ di-
vers medàges^.fut mandé par le, Roy mondit Sgr. de Bourbon venir àluv^
& en la fin l'envoya <|uerir par Mr. l'Evefque de Mande , par lequel ledit
5gr..de Bourbon avoit envoyé au Roy le feellé dudic Mr. le Coorteftable v
des chofes devant dittes^ * ^
Audit. temps le Roy eut nouvelles de mondit Sgr. de Éourbon com*
ment les Gentils-hommes de fespays , francs archers & autres , que mon-
dit Sgr. avoit envoyez faire guerre pour le Roy à la Duché de Bourgo^
gne y pour laquelle guerre le Roy avoit commis mondit Sgr. à fon Lieu-
tenant gênerai > quUls avoienrtrouvé lefdits Bourguignons i Guy près
de CkafieaU'Chinon ,.& illec chargèrent fur iceux , lefauek ils deconfi^-
rent & y en eut dr prir^ de morts &r s'en fuyrent grand quantité v^tte
iefquels Bourguignons f fut def&it deur cens lances de Lombardie ,
domla piufpart y moururent-, i& fi y mourut le^Sgr. dcr Conches & au-
tres Seigneurs. Et y furent pris le Comte dcRouÛii Marefchal de Bour^
gogne , le fire de Longy , le Bailly diAuxerre , lé are de Lifie^ l'Enfeignc '
du Sgr. du Beauckamp , le fils du Comte àtJainH Martin , Meflire Loy^
de Montmartin , MelUre. JehaO' de Dig^ine , le Sgr. de Rusny ,4e Sgr. de
Chaligny , les deux fils de lAx:. de Pltaulx , dont l'un enoit Cotntei cïe
Jo'rgny , & autres , & fut kditte deftrouflè ainfi faite le-Mardy ib. Juin. -
Audit moisdejuin , nonobftant les lettres ainfienvoyéespar monditSgr. •
le<Ionneftable au Royale Roy eut nouvellesdcrEmpjcreur, qu'il avoit fait
rafraifchir ceux de laditte ville de M/{ , & d'icelleavoit mis hors tous les na^-
virez &. malades , & les avoit avitaillez.pourun an entier, &1 mis gens -
tous nouveaux, & partant mift ledit de Boargosne à fa croix de. pardieu ,
& queavec oe.avoit-gagnégrand quantité de ion artillerie ^ fa vafiflèlle
d'argent & autres bagues. Audit tempsde Juin,>le^Mardy 27. Mr. T Ad-
mirai & ceux de fa compagnie , qui avioicnt eftc ordonnez de' par le*
Roy à faire le gaft en Picardie & Flandres , &4e^mcttre à feu & a fang
tout ce qu'ils trouvcroient efdits paysr, vint ledit jour mettre "fesem-
hufches prèsdclaville^'-^rraj. Et icellesmifes, enfvojoï enviroiï qua-
i?ante lances courir devant laditte \\\\t'd''Arras ; lefqu^ d^Arras cuidanfs
«iefconfirelefdittesJances, firent fur eux granr faillies, quryinrentafpre-
, ment courir fus aufdittes quarante lances , leftiuellcs fe vinrent rendre *
dfdictes. embûches. Et api^s £ux lefdits. de ^r/*^, tous lefquek furent
^Ij . enclos*
1
iig LES CHRONIQUES
enclos par ceux defditrcs cmbufchcs , qui fur eux chargèrent & les mî-
1 47 f • rcnt en fuitce , 6c en fuyant y en eut cfe tuez de quatorze à quinze cens
hommes, & y fut tué le cheval du fire de Romont^ Glsà^Savoycic
frère de la Rcyne , mais il fe fauva. Le Gouverneur JCArras , noRuné
Jacques de S. Pol^ ôc plufieurs autres Seigneurs & gens de nom y furent
pris , que mondit Sgr. l'Admirai mena devant icelle ville pour les fom-
mer de eux rendre es mains du Roy leur fouverain Seigneur, ou autre*
ment qu'il feroit coupper les cols aufdits Seigneurs prifonniers. Âudic
piois de Juin le Roy qui avoir à fon prifonnier le Prince d'Orange y Sgr.
de Hcrlay , & qui eftoit à trente mille efcus de finance , le délivra &
donna fadicte finance , & en ce faifant devint homme lige du Roy , &
Iny fift hommage de ladicte Principauté d'Orange. Et partant le Roy le
f envoya i (ts defpcns en fes pays , & luy donna & oâxoya telle préémi-
nence , qu'il fe puft nommer par la grâce de Dieu , puiflance ae faire
inonnoye d'or & d'argent de boa aloy , auffi bon que la monnoye du
Dauphini^ donner au(E routes grâces , remifiions & pardons, refervé de
^herefie & de crime de leze-Majcfté. Et fi donna le Roy dix mille efcus
contens au Seigneur , qui avoir pris ledit Prince.
Au mois de Juin le Roy envoya fes lettres patentes i Paris , par lef-
quelles il fift publier que les Anglais eftoient defcendus à Calais -y de
que pour refifter il mandoit au Prevoft de Paris de contraindre tous
nobles &c non nobles , tenans fief & arrierefief , pour eftre preft le Jeu-
dy 1 3. Juillet , entre Paris Se le bois de Fincenms , pour aillée partir
& aler où ordonné leur feroit , & nonobftant le privilège & pour cefte
fois feulement En enfuivant lequel cry furent envoyez par ceux de Pa^»
ris plufieurs gens en armes , montez & habillez par devers mondit Sgr*
le Prevoft de Paris , au pays de Soifonnois. Au mois de Juillet enfuivant,
le Roy qui fejourna en Normandie par aucun temps , s'en retourna à
. Nûflre-Dame d'EJcouys & Gaillart-Bois près d'illec , où aufli il fejour-
naunepiece , & ^mss'cn^^xit^wtaictiNoJire'DamtdelaFiBoire , où il
fut aum une autre efpace de temps , puis s'en ala à Beauvais. Audit mois le
Duc de Bourgogne qui avoir efté devant laville de ^x/{ , par l'efpace de dou-
ze moisjs'en partit & s'en ala de nuitde devant icelle ville & honteufement,
fansl'avoir pu conquérir, quilui vint à moult grand blafme, & perte de
gens & biens. Et puis s'en revint à. (es pays , où il trouva {on frerc
le Roy Edoiiart d'Angleterre , qu'il y avoit fait defcendre , pour en con-
tinuant fon mal & malice , derefchef faire guerre au Roy éczCcs nays Se
fujeds. Audit temps fe fift de grandes batteries Se deftruûions ae Pays
& terres dudit de Bourgogne , & y eut plufieurs villes , bourgs^ vil-
lages ars Se deftruits. Et audit temps fut mandé par le Roy venir à luy
Mgr. le Duc de Bourbon , qui avant qu'il y vint eut plufieurs lettres &:
mellàges , & puis vint par devers le Roy, luy eftantà NoJlre^Dame de la
FiSoire , Se arriva en la ville de Paris mondit S&r. de Bourbon au mois
d'Aouft , i monk belle & honnefte compagnie de nobles hommes , Se
bien fort triomphans , & avoir bien avec lui de fa compagnie cinq cens
chevaux. Et s'en partit ledit Duc de Bourbon de laditte ville de Paris
pour aler par devers le Roy , le Lundy 1 4. Aouft , & fut un peu d'ef-
pace de temps avec le Roy , & puis s'en partir ^de Sentis pour aler à
Clcrmont, Audit
L
DU ROY LOUYS XL ii^
- Audit mois d'Aouft le Roy eut Ambaflades de par le Roy d^AngU^
une , qu'il s'cftcit venu loger à Lyonscn Santerre , qui communiquèrent 147 S
avec le Roy d'aucunes matières , avec lequel pourparlé le Roy envoya à
Paris Mgr. le Chancellier , Mgrs. les gens des finances & autres , pour
avoir preft d'argent de ceux de laditte ville , aufquels fut fait promeflè
& obligation deleur reftituer leur preft dedans le jour de Touflàinâs. Et
fut prefté de laditte ville foixance & quinze mil efcns d'or , qui furent
baillez au f dits Anglois , au moyen de certain traiélé fait avec eux. Et
fi fut envoyé au Roy grand quantité dejgens en armes de par laditte viU
le , montez & habillez aux gages & defpens des Officiers & autres habi*
tans de laditte ville.
Audit mois d'Aouft , le Mardy 19. le Roy fe partit d* Amiens , &
auffi Mgrs. de Bourbon y de Lyon , ôc autres nobles hommes , Capirai*«
nés , gens d'armes , Officiers , Se autres gens , en moult grand & mer-*
veilleux nombre, que bien on eftimoit eftre cent mil chevaux , pour tou^
aler à Piquigny, Auquel lieu Le Roy Edouard d* Angleterre , vint parler
au Roy & en emmena avec luy fon avant-garde & arrierergarde , & de«
meura en bataille près dudit Piquigny. Et deflîis le pont duidit Piqidgny
le Roy avoit fait dreflèr deux appentis de bois , l'un devant 1 autre »
dont l'un eftoit fait pour le Roy , & l'autre pour le Roy dAnglturre*
Et entre les deux appentis y avoit une cloifon de bois , dont la moitié
par le haut eftoit treulilTée , tellement que chafcun des deux Rois pou-
voient mettre leurs bras par dedans ledit treillis. Et en l'un defdits ap«
pentis vint & arriva le Roy tout le premier , & incontinent qu'il y fut
arrivé s'en partit un Baron d Angleterre ^ illec attendant la venue du Roy,
qui ala dire au .Roy è^ Angleterre que le Roy eftoit ainfi arrivé : lequel
Roy d'Angleterre^ qui eftoit en fon parc loin d'unebonne lieue dudit Pi->
qti^ny , accompagné de vingt mil Anglais , bien artilliez dedans fondit
parc , s'en vint incontinent audit lieu de Piquigny , audit appentis oui
lui eftoit appareillé. Et amena avec luy pour 1 attendre au joignant d'i-»
celluy appentis , vingt-deux lances de fa compagnie, qui illec furent &
demeurèrent dedans l'eau à cofté dudit pont, par tout le temps que le
Roy & ledit ^oy^d Angleterre furent & demeurèrent en icelluy appentis^
Durant lequel temps vint une moult grande & merveilleufe pluye , qui
fift moult de mal & perte aux Scigeneurs & Gentils-hommes au Roy \
à caufe des belles houflures & nooles habillemens qu'ils avoient pré-
parez pour la venue dudit Roy Edoiiard d'Angleurre. Et lequel Roy
d*Angletirre , ^uand il vit & apperçut le Roy , if fe jetta à un genoil à
terre , & depuis par deux fois le y jetta avant que arriver au Roy , lequel
le reçut benignement , & le fift lever , & parlèrent bien un quart d'heu-
re enfemble es prefences de mefdits Sgrs. de Bourbon , dzLyon , & au-
tres Sgrs. & gens de finances , que le Roy avoit fait illec venir jufques
au nombre de cent. Et après qu'ils eurent parlé enfemble en gênerai , le
Roy fift tout reculler & parlèrent à privé enfemble , où auffi ils forent
& demeurèrent une efpace de temps. Et au département fut publié que
Tappoindement eftoit fait entre eux tel qu'il s'enfuit : c'eft aflâvoir que
. trehres cftoient accordées entre eux pour le temps de fept ans, qui com-
mencèrent ledit 19* Aouft 1475. & finiroient à pareil jour qui ieroit
I48i.
f lo X E 5 C H R O N 1 Q 17 E -s
448^1. Laquelle trcfve fcroit marchande & pourtoicnt aler & venir leC-
J^. 474* dits Anglois par tout le Royaume, armez & non armez , pourveu qu'ils
ne fcroient en armes en une compagnie , plus de cent hommes. Et fut
publiée laditte trefvc à Paris , avenues , & autres lieux du Royaume de
Franu. Et puis fut baillé audit Roy d^AngUttrrt , foixante & quinze
mille efcus dor^& (iâftle Roy d autres dons particuliers à aucuns
Sgrs. d'autour dudtt Edouard^ èc aux Heraux 6c trompettes de laditte
compagnie , qui en firent grand fefte Se bruit > en criant à haute voix ,
largcffi au très-noble & puiflant Roy de France , largejji , largeffi. Et
fi promift encores audit Roy Edouard luy payer &c donner par cnafcune
defdittes années cinauante mil efcus , & n feftoya bien fort le Duc de
Clairance , frère ducfit Roy d'JingUttrrc , & luy donna de beaux dons.
Et puis le Roy Edouard retira tous Ces Ânglois qu'il avoit , tant de fon
oft que autres qu'il avait envoyez à AbbcvUU , Pcronne Se ailleurs , Se
fift trouder & baguer tout fon bagage , Se s'en retourna à Calais pour
padèr la mer & s'ca aler en fon Royaume d'Angicurrc. Et le convoya
iufques audit lieu de Calais , maiftre ff es berge y Evefque d'EvreuXy Se Ci
laiuà ledit Edouard au Roy deux Barons d'Angleterre , l'un nommé le
Sgr. de Hauart , Se l'autre le grand Efcuyer d Angleterre , jufques à ce
que le Roy cuft eu aucune choie que ledit EdoUardluy devoit envoyer du
Royaume d'Angleterre , & lefquels de Hauart Se grand Efcuyer eftoient
fort amis & en Ta grâce dudit Edoiiard , Se qui avoient efté moyen de
faire laditte paix , trefyes , Se autres traitez entre iceux Rois. Et fu«»
rent iceux Hauart Se grand Efcuyer fort feftiez à Paris , & puis le Roy^
mefdits Sgrs. de Bourbon 5 Lyon y Se autres Sgrs. qui eftoient à Amiens >
s'en retournèrent à Senlis , où ils furent une efpace de temps. Et or«
donna le Roy gens de fa Maifon pour mener Se conduire lefdits de
Hauart Se EÎcuyer parmy la ville de Paris y Se autres lieux, 5c entre
autres y ordonna & bailla la charge à fire Denis Hefjelin ^ fon maiftre
<l'hoftel & Efleu de Paris , qui en fit bien fon devoir , à l'honneur &:
loiianges du Roy , Se demeurèrent en laditte ville par lefpace de huiâ:
jours entiers , où ils furient bien fort feftiez & menez joiîer ^au bois
de Finccrtnes Se ailleurs. Et entre autres chofes furent bien fort feftiez
aux Tournelles , en l'hoftcl du Roy , & pour ce faire leur fut envoyé
pour les honneftement entretenir , plufieurs Dames » Damoifelles Sç
Bourgeoifes , & puis s'en retournèrent lefdits de Hauart Se Efcujrer ,
par devers le R07 , qui eftoit i la FiSoire près Senlis. £t audit mois le
Roy qui eftoit audit Jieu de la FiSoire , s'en ^a vers le pays de SoiJ^
finnois , & à NoJlre^Dame de Lieûe. En ce voyage , prit & reduifit en
fes moins la ville de SainS Quentin , que Mgr. je Connçftable avoit pri^
ie fur luy , & l>outé hors ceux à qui le Roy avoit baillé la charge , amfi
que dit eft devant. Et par avant iedit Conneftable s'en eftoit aie , &
en l'obeiftance dudit de Bourgogne^ Et après , qui pi$ eftoit, avoit efcric
Se mandé au Roy Edouard d Angleterre après le traidé par lui fait avec
le Roy , Se qu'il eftoit tetourne à Calais , pour paflèr la mer , & re-
tourner en Angleterre , qu'il eftoit un lafche , deshonnoré Se povre Roy
^'avoir fait leifit traiAé avec le Roy fous umbres de promeflès qu'il luy
fiyojs Âitt^s , doup il nç luy ticndroit rien > Çc q^ çnJin s'en trouyeroit
DUROYLOUYS3tl. nr
clecetL Lefauelles lettres ainfi audit Roy Edouard efcrites par ledit Con-
iieftable » il envoya dudît lieu de Calais au Roy , lequel apperçut que
ledit Gonneftable n'eftoit point féal comme eftre devoir. Et puis fut
donné congé par le Roy audit de Havartj & grand Efcuyer , d'eux
en retourner au Royaume d^ Angleterre , & leur fut donné de beaux dons,
tant en or qu'en vaiffelle d'or & d'argent , & (î âfl: le Roy publier à jP^r-
ris y qu'on leur laiflaft prendre des vins au pays de France , tant que bon
leur lembleroit pour mener en Angleterre , en les payant.
Audit mois d'Oftobre, leRoy qui eftoit à Verdun 8c autres places en-
viron la Duché de Lorraine , retourna à Senlis ôcila ViSoire , & y vin-
rent les Anibafladeurs de Bretagne y qui firent la paix entre le Éoy & le-
dit Duc de Bretagne , qui renon^ à toutes aliances & fééllez qu'il avoir
fait & baillez contre le Rov. Et pareillement ledit Mgr. de Bourgogne
prit & accepta trefves marciiandes ayec te Roy , pareillement que la treC^
ve des Anglois.
Et le Lundy i(î. O6kobr« 147 5. fut publiée folemnellement au fon de
deux trompettes > & par les carrefours de laditte ville de Paris , kditte
trefve marchande d'entre le Rov & Mgr. de Bourgoenty'poat le temps & ter-
me de neuf ans , commençans le 1 4 Septembre audit an > & finiflàns à fem-
blable jour 1484. Par laquelle toute marchandife devoir avoir cours par
tout le Royaume de France fie ce temps durant, chafcun pouvoit retourner
en fes podeflions immeubles. Et puis le Roy s'en retourna ifainS Denisy
6c puis i Savigny près MomUhtry ^ & de- là au bois de Males-herbes , dC
en après à Orléans , i Tours > & à Amboife. Et le Lundy 10 Noven^re
1475. ^"^ mené efcarteler aux Halles de Paris y par Arreft de la Cour de
Parlement , un Gentil-homme natif de PoiSou 3 nommé RemauU de
Veloux y fie fort familier de Mer. du Maine y pour occafion de ce que
ledit Regnault y avoir fait pluheurs voyages pardevers divers Seigneurs
de ce Rovaume > & confeillé de faire piufieurs traiâez y & porté plu-
£eurs fééllez contre & au préjudice du Roy , du Royaume ,& de laoïo-
fe publique. Et fut ledit Regnault par l'ordonnance de laditte Cour fort
iecouru pour le fait de fon ame éc confcience : car il luy fiit baillé le
Curé de la Magdelaine y Pénitencier de Paris , & moult notable Clerc •
Doâeur en Théologie y ic deux grans Clercs de l'ordre des Cordeliers »
& furent penckis (es membres aux quatres pones dç Pans > 8cle corps
augiber.
Et pouces que par le Roy d'uiie part & fes Ambalïàdeurs oour luy , ôc les
Ambauàdeurs de Mgr. le Duc de Bourgogne y au mois d'Oâobre , qui
cftoit paflé dernier , en faifant par eux la trefve de neuf ans entre eux
deux , dont eft faitte mention devant , avoit efté promis de par Mgr. le
Duc de Bourgogne y de mettre & livrer es mains des gens & Ambafla-
deurs du Roy , ledit Conneftable de France , nommé Mgr. Loys de Lu^
xcmbaurg. Fut par ledit Duc de Bourgome baillé & livré ledit Connefta-
ble es mains de Mgr. f Admirai baftard de Bourbon , de Mgr. dcfain3
Pierre , de Mgr. du Bouchaige , de maiftre Guillaume de Cerijay y & au-
tres j^ufieurs. Et par tous les de(Ius nonunez , en fut mené prifonnier
en la ville de Paris , & mené par dehors les murs d'icellc du cofté des
dbttDps, à l'entrée de b Baftille faind Anthoine. Laquelle entrée ne fut
Tome IL Q point
1*47$.
lii L E s C H R O NI Q U E s
point ticmT<(e ourenci Se pource fui otdonné Se amené ledic Mgc le
Connellable pafTer Dartny la ponc (alnâ Anilioine> au dedans de laditte
ville , 6c mis en ladictç fiaftiUe. £t e&oit ledic Mgr. le Conneftable vefta
Se habillé d'une cappe de camelot doublée de veloux tioii > dedans ta-
q_uelle il eftoic fott embruncbé > Se eltoii monté Cac un pecii cheval à
cours crains fon velu. Et audit eftat après ce qu'il fut defcendu audit
lieu de la Baftille , trouva iliec Mgr. le ChancelUei , le premier PreH-
dent , & les autres Prcfidens en U Cour de Parlement, Se pluficurs Con-
' . Etauffi yeftoitûrcDenis/fiî^m, Maiftred'hof-
c, quitousillecle receurent, & apiè&s'en départi—
en la garde de Philippe CHidlliery Capitaine dudic
auquel lieu de la Ballille > ledit Mgr. i' Admirai ».
le Conneftabte, aufdits Chancellier, Prelîdens &c
. autres delfus nommez , profera Se dift celles ou femblables paroUes , en*
cffeâ Se fubflance r Mgrs. qui cy edes tous prerciis» véez cy Mgr. de
fainâPol, lequelteRoy m avoir chatgé d'aler quecii pat devers- Mgr, .
le Duc de Bourgogne , oui luy avoït ^omis le luy faire bailler ^ en.
feifancavec lel^oy fon oernier appoin^ement de U trefve d'entre eux..
En fournifTànt i laquelle ptomefle le me a fait bailler Sc délivrer , pout
Se au nom du Roy. Et depuis l'ay bien gardé jufques ice >.^ue je le mets.
Se baille en vos mains , pour luy-faire fôn procez leplus dilifenunent ^
que faite le pourrez : car ainfi. m*3 chargé le Roy de le vous dire , Se k
■ant s'en partit ledit Mgr.. l'Admirai dudit lieu de la Ballille. Et après que-
ledit Connétable eut am(i elle laifle es mains desdeflùs nommez , Mgr*.
te Chaticellier , premier & fécond Prcfidens de Parlement > Se autres
notables & fages perfonnes , en bien grand nombre, à faite ledit ptocez»
vacqucrent, ^ entendirent à bien grand diligence & foUcirude à faire
ledit ptocez , & en faifant icelluy , mcerrogerent ledit Sgr. de JainS Pot
fur les charges Se crimes à luy~ mis fus & impofez , aufquels interroga-
toires il refpondii de bouche fur aucuns poinâs , lesquels interrogatoires
Se confeflions furent mis au net , & envoyez devers le Roy. .
Le Lundy 4. Décembre 147$. advint que un Hérault du Roy, nommé
Montjoye, mtif da piys ds PicarJie , & qui faiftwla plufpart de fa re-
fidence avec ledit Sgr. dcfainS Pol , luy cftant Conneftable, vint & ar-
riva , luy & un fien fils , en la ville de Paris , par devers maiftre Jehan ■
de Ladntfçhe , Ptcfident des Comptes Se Treforiet de France ^ natif du
pays do Étabant , pour luy apporter tertres de par le Comte de Marie , fa.
reni'mc Se enfan» , afin de fecourir Se aider par luy en ce que poffible luy ■
feroir, audit Conneftable , père dudir Comte de MarU ; Icf^uelles let-
tres ledit maiftre Jehan de Ladntfcht ne voulut pas recevoir d'icelluy
Hérault , finon en la prefenco de Mgr. le Cliancellier , Se des gens du;
Confeil du Roy. Et à cefte caufc , ledit maiftre Jehan de Ladnefckt me-
na Se conduiiît ledit Hérault jufques au logis duditMgr.leChancellier>.
afin que par luy lefdictes lettres feuHèntveuës, Jlt ce que dedans-y eftoic
contenu : mais pource que ledit Jehan de Ladriefcke demeura- longue-
ment au Confcit avec icelluy Mgt. te Chancellier & autres, ledit Mont*
joytSe fooêls s'en retournèrent en leur logis. Se illec montèrent in-
continent i chewl » & s'CD alereut m. gifte z\iBou^. Combien que A-
lair.
DUROy LOUYS XT. 115
leur fortement ils <iirenc à kur hofte, que fe aucun 1^ demandoît » qu'il
dift qu'ils s'en cftoient alez au gifte au Bourg-la- Roy ne. Et quant ledit de 1 4 7 ï •
Ladriefche cixidz trouver ledit Hérault pour avoir lerdittes lettres » ne le
trouva point , poutquoy fut haftivement envoyé après ledit Hérault j uC»
3ues au Bour^la-Royne y où il ne fut point trouvé : mais fut trouvé par
eux archers de la vflle de Paris audit lieu de Boureet ^ Se pat eux ra-
mené le Dimanche 5. Décembre audit an » lequel m mené Se conduit
jufques en l'hoftel d'icelle ville , & illec devant les gens Se Confeil i
ce ordonnez , fut ledit Montfoyc Se fondit fils , chafcun à part , interro*
gés , Se furent leurs déportions rédigées & mifes par efcrit par le &vc
Denis Htfftlin^ Et après ce furent kfdits Montjoyc Se fondit fils mis »
laiflèz en la garde de Denis Baudart , archer de laditte ville Se en (on
hoftel» auquelilfut & demeura par l'efpace de vingt-cinq jours. Se illec bien
-Se diligemment gardé avec fondit fils , par trois des archers de laditte ville.
Audit temps au commencement ae Décembre , fut amené le Comte
de Rouffl (16) y qui prifonnier eftoit dedans la grodè tour de Bourges ,
jufques au Plej^ du Parc y autrement dit, le MontilsAtirTours , g^ le
Roy eftoit. Et illec fut parlé à luy j Sehxj fift plufieurs grans remonf-
trances des grandes folies, efquelles par long-temps il eftoïc entremis, 6c
comment il avoit tbufé du Roy durant ce qu'il avoit efté Se foy porté
fon ennemy , & fait plufieiurs grans Se énormes maux à ks villes , pays
& fu jeâ:s,comme Marefchal de Bourgosru pour le Duc. Et comment vil-
lainement & honteufement il avoit efté pris prifonnier par les gens de
guerre du Roy ^ qui pour lùy eftoient en armes audit pays de Bourgoffu
fous la charee de Mgr, le Duc de Bourbonnais.
Et par ledit de RoiifR baillée fa foy au Sgr. de Combronde, Se com*
tnent il avoit accepté de mondit Sgr. le Duc vingt Se deux mille efcus
d'or. Et luy fift le Roy de grans paours Se effirois , dont ledit Sgr. de
Rouffi cuidfa avoir froide jove de fa peau : mais en conclufion le Roy le
mift \ quarante mil efcus ae rançon , & luy fut par luy donné terme de
les trouver i8c apponer devers le Roy dedans deux mois après enfuivans,
pimr tous termes Se délais , & que autrement & où il y auroit faute de*
«lans ledit terme , qu'il feut aflèuré qu'il mourroit. Et depuis ces cbofes
fut procédé par toute diligence i faire le procez dudit Conneftable , par
me(dits Sers, le Chancdlier , Prefidens, Se Confeillers Clercs Se Lais de
la Cour de Parlement , defdits AcfainS Pierre Se autres , à ce faire or-
donnez & appeliez.
Lequel procez veu, fiitpar eux conclu , tellement que le Mardy 19.
Décembre 1475- fut ordonné que ledit Conneftable feroit mis Se tiré
hors de fa prifon & amené en la Cour de Parlement , pour luy dire Se
déclarer le didum donné & conclu alencontre de luy , par icelle Cour
de Parlement , Se fîift à luy ledit jour de Mardy, en la cnambre Se logis
d'icelluy Conneftable en laditte Baftille fainâ Ânthoine, où il eftoit pri<
fonnier, ledit Mgr. àtJainB Pierre , qui de luy avoit la garde Se charge !
Lequel en entrant en fa chambre , luy fut par luy dit , Mgr. que faites-
vous , dormez-vous 1 lequel Conndlable luy leipoiuHt > nenny , long-
temps
tf4 -tES CM^OTÎIQUES
temps a que ne dormy : mais fuis ky oà me vojct fenfadc & fkntafuEflt»
* 47 S • Lequel dtfaint Pierre dift,qu il eftoic necefficé qu'il le levaft>pour venir ea
laditte Cour de Parlement, par devant lesSeigneursd'icelle Cour, pourluy
dire,pareux,aucuneschofes qu'ils luyavoientàdiretouchant Ton fait &et-
pedition, ce que bonnement ne fepottvoit mieux faire qu'en laditteCour.
£n luy difant auffi par ledit dcfain3 Pierre^ qu'il avoir efte ordonné, que avec
lu V, & pour raccompagner, y feroit & viendroit Mgr# Robert d'EJlouuvilU^
Cnevaiier, Prevoft de Paris y dont de ce ledit Conneftable fut un peu efpou-
vanté,pour deux caufesque lors il déclara. La premiere,pource qu'il cuidoîc
que on le vouldft mettre hors de la poflèflion dudit Philippe /'^i/i/Zfer ,
Capitaine d'icelle Baftille , avec lequel il s'eftoit bien trouvé , Se Favoic
fort agréable, pour le mettre es mains dudit (T EfiomevilU y qu'il reputoit
eftre ibn ennemy , & que s'il y eftoit doutoit qu'il hiy fift defplaiiir , ic
auffi qu'il craignoit le populaire de Paris , Âc de pafîèr parmy eux.- A
toutes lefquelles doutes , ainfî faittcs par ledit Conneftable , luy fut
folu & dit par ledit Sgr. de /ii/zr Pierre , que ce n'eftoit point pour luy
changer Ton logis , & qu'il le meneroit feuLement audit heu du Palais ,
fans luy faire aucun mal , £c i rant %'tn panit dudit lieu de la Baftille ,
montas cheval & ala jufques audit Palais, tousjours au milieu defdits
JCEfioutevilU & A^faint Pierre , qui le firent defcendrc aux degrez de-
vant la porte aux Merciers d'icelle Cour de Parlemente £t en montant
eitlits degrez , trouva illeclcSgr.de Gaucourt Se Hejfelin , qui le falue-
rent&Iu]r firent le bien-venant, & icelluyConneftable feur rendit kur fa-
hit. Et puisaprèsqu'ilfut monté , le menèrent jufauesen laTour Criminelle
dudit Parlement , où il trouva Mgr^ le Chancenier , qui k luy s'addredà
en luy difant telles paroles, lAgi..àt fainS Pol^ vous avez efté par cy-
devant & jufques à prefent , tenu Se repmé le plus fage & le plus com*
* tant Chevalier de ce Royaume, & puis doncques quetel avez efté jufques
à maintenant , il eft encores mieux requis, que jamais, que ayez meiU
kure confiance que oncques vousn'euftes ; ic pub luy dift , Mgr; il faur
que vous oftiez d'autour de votre col l'Ordre du Roy , que y avez mife.
A quoy refpondit ledit dcfainS Pol, que volontiers il le feroit. Et de
fait mift la main pour la cuider ofter : mais elle tenoit par derrière à une
cfpingk , & pria audit de fainS Pierre , qu'il luy aidaft i l'avoir , ce quil
fift rJk icelle baifa Se bailla audit Mgr4 k CKancellier , & puis luy de •
Bianda ledit Mgr., le Chancellier où eftoit fon efpée , que baillée luy
avoit efté en le faifant Conneftable , lequel refpondit qu'il ne Tavoit
point , & que quant il fut rais en arreft , que tout luy fut ofté , & qu'il
B'avoit rien avec luy , autrement qu'ainfi qu'il eftoit quant il fut amené
prifonnier en laditte Baftille, dont par Mgr. le ChancelHer fut tenu pour
cxcufé^ Et a tant fe depatit Mgr. le Chancellier , & tout incontinent
après y vint & arriva maiftre Jehan de Poupaincourt . Prefidcnt en la-
ditte Cour, qui luy dift autres parolles telles que s'en fuivcnti Mgr. vous
fi^avez que par l'ordonnance du Roy vous avez efté conftirué prifonnier
en la Baftille fainék Anthoine y pour raifon de pliifieurs cas 6c crimes 4
vous misvfus Se impofez. Auf^uelles charges^avez refpondu Se efté ouy
cntoutcequevousavez voulu dire, &furtoutavez baillé vos excufations ^.
& tout veu à grand & meure dèlibcratiofi. Je vousdis.8c déclare^ 9c par
Arreft
pu R O Y L O U Y s X I. 115
Arrefl: d'icelle Cour ^ que vous avez efté crimineux de crime de leze-Ma-
jcfté , & comme tel , eftes condamné par icelle Cour à ToufiFrir mort de- 1 47 5
dans le jourd'huv, c'eft aflàvoir , que vous ferez décapite devant Thoftel
de cette ville ae Paris ^ 6c toutes vos Seigneuries , revenus, & autres
héritages &biensdeclarez acquisSc confifquezauRoy noftre Sire, duquel
diâum & fentence il fe trouva fort perplex > & non fans caufe, car il ne
cuidoit point que le Roy , ne fa Juftice , le deuflent faire mourir. Et dift
alors & re(pondit , Haa ! Dieu foit loué , véez cy bien dure Sentence :
Je luy fupplie & requiers qu'il me donne grâce de bien le cognoiftre au-
joura huy. Et (î difl outre a Mr. de Saincl Pierre ^ ha, ha, Mr. de SainS
Pierre , ce n*eft pas cy ce quem'avez tousjours dit, & à tant fe retrahit»
Et lors ledit Mgr. de Saincl Pol fut mis &c baillé es mains de quatre Doc^
ceurs en Théologie > dont Tun eftoit Cordelier , nommé maiftre Jehan
de Sordun , l'autre Âueuftin > le tiers Pénitencier de Paris , & le quart
eftoit nommé maiftre Jehan ffuë. Curé de faind Andry des Ars, Doyen de
la Faculté de Théologie audit lieu de Paris , aufquels, &àMgr. le ChaiK
cellier r il re^uift qu'on luy bailla le corps de Notre-Seigneur , ce qui
ne luy fut pomt accordé, mais luy fut fait chanter uneMeflTc devant luy,
dont il fe contenta aflèz. Et icelle ditte , luy fut baillé de l'eauë benifte
& du pain benift , dont il mangea : mais il ne buft point lors- depuis , Se
ce fait demeura avec lefdits Confeflèurs juf(iues a entre une. 8c deux
heures après-midv dudit jour , qu*il defcendit dudit Palais & remonta
à cheval , pour aler en l'hoftel de taditte ville , oà eftoient faits plu-
fieurs efchaffaux pour fon exécution. Et avec luy y eftoient le Greffier de
laditte Cour , & Huiflîer» d'icelle^ Et audit hoftd de la viUe defcendit
Se fut mené a» Bureau dudit lieu y contre lequel y avoir un grand efchaf- •
faut dreffê , Se au joignant d'icelluy , on venoit par une alée de bois â un
autre petit efchafraut , là on il fut exécuté. En icelluy bureau fut illee
avec (efdits Confeflèurs , faifantde grans & piteux regrets , &^fiftun
teftament tel quel, & fous^lebon plaint duRoy^ queledic fke Denis HeJJe-
lin efcrivit fous luy. En faifant lefquelles chofes il demeura audit bureau
jufques à trois heures dudit jour , qu'il iflit hors d'icelluy bureair, &
s'en vint jetter au bout dudit petit efchaffaut & mettre k race , les deux
genoux fléchis devant l'Eglife Noftre-Dame de Paris , pour y faire fon
oraifon , laquelle il tint afièz longue en douloureux pleurs 6c grand con-
trition , & tousjours la croix devant fcs yeux , que luy tenoic maiftre-
Jehan de Sordun, laquelle fouvent ilbaifi^it en grand révérence, & moulr'
piteufement pleurant. Et après faditte oraifon ainfr faitte y Se qu'il fe
ruft levé debout , vint à luy un nommé Petit- Jehan , fils de Henry Cow-
^n , lors maiftre Exécuteur de la haute Juftice , qui apporta une moven-
ne corde dont il lia les mains dudit de SainS Pol , ce qu'il fouffrit oieit
benignement. Et en après le mena ledit Petit Jehan y Se hft monter defluy
ledit petit efchafiPaut , defliis lequel il- fe arrefta^ & tourna levifage par
devers ledit Chaneellier , de Gaucourt ,PttvoA de Paris , Sgr.^de Sainct
Pierre , Greffier Civil de laditte Cour, dudit fire Denis ffej^lin , Se au*-
trcs Officiers du Roy noftre Sire , eftans illcc en bien grand nombre, en
leur criant mercy pour le Roy , Se leur requérant , qu'ils euflènt fon am«
pour cccommandee* Non pas > comme il leur dift >. qii'il n'entendoit pas
iitf LES CHRONIQUES
qa*il leur coaftaft rien da ieor. Et auffi fe retourna an peupk eftânt àa
< 47 5' cofté du fainâ: Efpric , en leur fupplianc auffi de prier pour Ton amc ^ Se
puis s'en ala mettre i deux genonx deflus un petit carreau de laine aux
armes de laditte ville , qu'il mift à, poinâ & le remua de l'un de Tes
pieds , où il ait illec diligemment bandé par les yeux , par ledit Fait-
Jehan 3 tousjours parlant à, Dieu & à feulits Confeflèurs , 8c fouyenc
baifant laditte croix. Et inconrinent ledit PuitrJehan faifitTon efpée, que
fondit père luy bailla , dont il fift voiler la tefte de deflus les efpaules ,
ii-toft hc (î tranfivement , que fon corps cheytàterre aufli-toft que la
tefte , laquelle tefte , incontinent après , fut prife par les cheveux par
icelluy Petu-Jehan y & mife laver en un feau d'eau eftant près d'illec , ôc
puis mife fur les appuy s dudit petit efchafFaut , & monftrée aux regar-
dant laditte exécution , qui eftoient bien deux cens mille perfonnes 6c
mieux. Etaprès laditte execution^ainfî faitte^ledit corps mort rut defpoîiillé
• Se mis avec laditte tefte , tout enfevely dedans un beau drap de un , Se
puis bouté dedans un cercueil de bois » que ledit fîre Denis Hcffèlin
avoir fait faire. Et lequel corps ainfî enfevely» que dit eft , fut venu quo«
cir par l'Ordre des Cordeliers de Paris , & fur les efpaules remportèrent
inhumer en leur Eglife. Et aufquels Cordeliers ledit Hcffilin nft bailler
quarante torches pour faire le convoy dudit corps, après lequel il fut
& le convoya jufques audit lieu des Cordeliers , & le lendemain y fift
auftî faire un beau fervice en laditte Eglife , & auffi en fut fait fervice à
fainâ Jehan en Grève » là où auftî fa foflè avoir efté faitte , cuidant que
on luy deuft enterrer , & y eut efté mis ce n'euft efté y que ledit de Sordun
dift i icelluy de SmnS Pol , que en leurditte Eglife v avoit enterrée ime
Comtefle de SainB Pol , & qu'il devoir mieux vouloir y eftre enterré »
que en nulle autre part , dont icelluy de SainB Pol fut bien content , &
pria à fes Juges que fondit corps rut porté aufdits Cordeliers. Et eft
vray que après laditte fentence > ainfi déclarée , appert audit deffunâ de
Sainà Pol 5 que dit eft \ fut tout fon procez bien au long déclaré aa
Srand parc de laditte Cour , & à huis ouverr. Au<|uel procez fut dit Sc
edkre de moult merveilleux & énormes cas & crimes avoir efté faits Se
perperrez par ledit de SainB Pol; Sc en iceux maux foy eftre entretenu»
continué & maintenu par long-temps,&: par diverfesfois. Et entre les au-
tres chofes , fut dit & recité comment lefdits de Bourgogne Sc de SainB
Pol avoient envoyé , de la patrie d'icelluy de Bourgogne , meflire Philip-
pe Bouton , & meftire Philippe Pot , Chevaliers , & de la parrie duoic
Conneftable , HeBor de VECclufe , par devers Mgr. le Duc ae Bourbon ,
afin de efmouvoir mondit ogr. de Bourbon de (oy eflever Sc eftre contre
le Roy , & fov départir de la bonne loyauté , aufquels fiit dit, pour le-
dit Sgr, par la bouche du Sgr. de Fleurac , fon Chambellan , qu'ils s^a-
bufoient , Sc que ledit Sgr. aimeroit mieux mourir , que d'eftre contre
le Roy , & n'en eurent plus j>our cerrc fois. Et que depuis ce , ledit de
VEfclufe y retourna derefcher , qui dit audit Mgr. de Bourbon , ^ue I^-
^it Conneftable luy mandoit par luy , que les Anglais defcendroient en
France y Se que fans difficulté , à l'aide dudit Conneftable , ils auroienc
Se cmportcroient tout le Royaume de France. Et que pour efchever fa
perdition Se de fç$ villes Se pays y ledit Sgr. de Bourbon voulfift eftre Se
foy
î> U R O Y L O U Y s X I. \xf
foy aller avec ledit de Bourgogne ^ & luy dift en ce faifant , que luy en
▼icndroit de grand profir.^ Et où il ne voudroit faire , que bien luy en * 47 ^•
convenift,que s'il luy en prenoic mal,qu*il ne feroit pas a plaindre^ Lequel
Mgr. de Bourbon dift &c refppndit audit de VEfclufi , qu'il n'en feroit
rien , & qu'il aimeroit mieux eftre mort> & avoir perdu fon vaillant > &
devenir en au£ grand captivité & pauvreté > que oncques fut Job > que
de confentir faire > ne eftre fait quelque chofe que ce feuft , au domma^
ge > au préjudice du Roy , & à tant, s'en retourna ledit Heclorùins autre
chofe fanre. Et pararant ces chofcs > Mgr^r de Bourbon envoya au Roy
l<;fdittes lettres de fééllé dudit Coaneftwle , par lefquelles apparoift la-
f[rande trahifon dudit Conneftable , & pluHeurs autres grans cas, trahir-
ons , & mauvaiftiez 9 que avoir confères à fondit procez ledit Con«
neftable » bien au long déclarées en icelluyprocer, que je laiHè icy pour
çaufe de brièveté. Ef il eft vérité r que ledit Conneftable > après ce qu'ils
euft efté confelfê, & qu'il vouloir venir audit efchaffaut, dift 8c déclara
à fefdirs Confeftèurs , qu'il avoir dedans fon pourpoing foixante-dix demy
efcusd'or, qu'il tirahorsd'icelluy, en prianr audit Cordelier, qu'illesdon*
naft & diftxibuaft pour Dieu, ôc en aumofne pour fon atne, & en fa confcien*
ce, lequel Cordelier luy dift, qu'ils feroient bien employez auxpauvtcs en-
fansNovices de leur Maifon,&:autantluy endiftledit Confeflèur Auguftin'
des enfans de letu: Maifon. Et pour tousks appaifer , dir & refpondir y
icelluy dcffunâ: Conneftable à feCiits Confefleurs , qu'il prioit à touS'
Tefdits^ quatre Confeâèurs , que chafcun en prift la quatre partie , & que
en leurs^ conftienees le diftribuaflènt là où ils verroient qu'il feroit bien
amployé. Et en après rira un petit anneau d'or , où avoit un diamant y
qu'il avoit en fon doigt , & pria audit Pénitencier , qu'il le donnaft &c
Î>refentaft de par luy à l'Image Noftre-Dame de Paris , & le mift dedans-
on doigt, ce que ledit Pénitencier promift de faire. Et puis dift encores*
audir Cordelier de Sordun , beau Père véez cy une pierre que j'ay longue-
ment porrée en mon cof, Se que j'ay moult fort aimée , pource qu'elle
a grande vertu, car elle refifte contre tour venin, & preferve aufti de toute*
peftilence , laquelle pierre, je vous prie que portez de par moy à mon^
petir-fîls, auquel direz, que je luy prie qu'il l'a garde bien pour l'amour
de moy , laquelle chofe luy promift de le faire. Et après ladirte mort
Kigr. le Chancellier interrogea lefdits quatre Confefleurs , s'il leur avoit
aucune chofe baillée , qui luy direnr , qu'il leur avoit baillé lefdits de^
my efcus, diamant & pierre, deflîis déclarez. Lequel Mgr. le Chancel-
lier leur refpondir , que au regard d'iceux demy efcus Se diamant , ils-
en £flènt ainfTque ordonné l'avoir , nuis que au regard de laditte pier-
re, qu'elle (croît baillée au Roy , pour en faire à fon bon plaifir.
Et de laditte exécution , ainfî faitte que dit eft , en fut fait un petir
c^itaphe tel qui s'enfuie
Mil quatre cens tannée de ffact^^
Soixante^quinu en la grand place , ^
A Paris , que Von nommt Grève ,
L^àtt que fut fait aux Ânglois trêve ^,
i'^
128 LES CHRONIQUES
De Décembre U dix^neuf^
^+7 5' Sur un efchaffaut fait de neuf t
Fut amené U ConnejlahU ,
A compagnie grand & notable ;
Comme le veut Dieu & raifon ^
Pourfatrh'grande trahifonf
fft la il fut décapité 5
En cefie tris-noble citi
Et après laditte exécution ainfi faite dudit Conneftable , fut le Same-
dy 13. Décembre » fait publier à Paris à fon de trompe & cry public le
defappoinâement des Généraux Maiftres des monnoyes , pour les caufes
contenues audit mandement. Et au lieu d'eux > le Roy mift & eftablift
quatre perfonnes feulement : c'eft afiavoir (\tç, Germain de Merle , Nico-
las Potier 9 Denys le Breton » ^ Sy mon A ufortan (17). & fiit prdonné
que les efcus d'or du Roy » qm paravant ayoient eu cours pour vingt-
quatre fols parifis & troiç tournois , auroient cours pour trente-cin^ un-
zains 9 vaillans vingt-cinq fol$ huiâ: deniers pariiîs. Et que on feroit des
autres efcus d'or qui auroient un croiflànt , au lieu de la couronne > qui
eftoit es autres elcus , qui yaudroient trente-dx unzains , du prix dç
vingt & fix fols (Ix deniers toiurnois » & des douzains , neuf de douze
tournois pour pièce. Et ledit jour de jSamedy par la permiflion du Roy
furent alez quérir Se adèmbler le corps qui pendu eftoit au gibet de Pa-^
ris y de Regnault de Veloux , & la tefte qui mife eftoit au bout d'unç
lance es H^les de Paris , avec fcs membres attachez à quatre potences
aux portes de Paris , Se fut tout aflèmblé enfemble. Et pujs furent por^
tez inhumer & enterrer au Convent defdits Cprdeliers de Paris, au*
quel lieu luy fut fait fon fervice honnorablement > pour le falut îc re<*
mede de fon ame , tout au couft » mifes & dépens des parens &c amif
dudit deffunâ Regnault de Veloux (i8).
Le Mardy jour uinâ Eftienne après Noël 1^75. fut & comparuft par^
devant Thoftel de laditte ville de Paris un Cnevalier Lombart , nommé
nieftire Boufille , qui avoir efté deff é d'eftre combattu à outrance en lice
de pie , par un autre Chevalier , natif du Royaume d^Arragon , qui au^
dit jour y devoir comparoir , mais il n'y vint point. Et pour avoir contre
luy tel aefFault i^ue de raifon par ledit Boufille , s'en vint par devers le
Comte à&Dampmartin iï\\^c ordonné Juge de par le Roy de laqueftiofi
d'entre lefdittes d^^ux parties. Et vint en icelle place ledit Boufille » tout
armé de fon hamois , & en l'eftat qu'il devoir combattre , fa hache au
poing , & devant luy faifoit porter fon enfeigne , & avoir trois tronî-*
pertes , & après lui avoir pluueurs ferviteurs , donr l'un luy porroit en-
çores une autre hache d'armes. Et après qu'il euft ainfi parlé audit de
Dampmartin » & fait faditte re^uefte > il (e retrahit & s'en retourna en
fon hoftellerie , où pend l'enfeigne du grandi Godet près dudit ^o^el
de la ville.
Le
(17) Oa Anjorândyoamfime Aa(braQ,
L\%) Fi2ye* dnlcvant pag. 1^1.
»
D U R O Y L O U Y s X T. 1*9
Le Jeudy 28. Décembre 1475* environ l'heure de fix heures de nuit,
Mr. cCAUnçon , dont eft parlé devant , & qui avoit eftc longuement de- * ^^ J«
tenu pcifonnier audit Cnafleau du Louvre , en fut mis dehors par la per-
miûion du Roy, quioâroya à Tes gardes que on le mift en laditte ville en
un hoftel de bourgeois , où ils verroient eftre bon , & il fut mené loser
en rhoftel feu maiftre Michel de LaiUitr , &c y eftoient à le mener du-
dit Louvre jufques audit hoftel , ledit fire Denys HeJJcUn , Jacques Hef-
ftlin fon frère , fire Jehan de Harlay , Chevalier du Guet , & autres
perfonnes en armes. Et devant ledit Sgr. eftoient portées quatre torches.
Au mois de Janvier 1 47 5 • fut publiée à fon de trompe par les carre-
fours de Paris , les lettres patentes du Roy notre Sire , qui contenoient
conune de toute ancienneté il avoit efté permis aux Rois de France par
les fainâs Pères Papes,que de cinq ans en cinq ans,ils puflènt faire afièm-?
blée de tous les Prélats du Royaume de France <^ pour la reformation &
affaires de TEglife : ce qui de long-temps n*avoit efté fait : pour laquelle
chofe & auili que le Roy voulant les droits de l'Eglife eftre gardez &
obfervez,voulût & ordonna qu'il tiendroit le Concile de l'Eglife en la ville
de Lyon , ou autre lieu près d!^^illec,pourquoy il vouloir, mandoit& ordon-
noitque tous Archeveiques , Evefques , & autres conftituez en dignité ,
fuflènt refidens chafcun en leurs bénéfices , <5c s'y en alafient demeurer
pQur eftre tous prcfts ôc appareillez à aler où ordonné leur feroit , Se
où ils n'auroient ce fait dedans fix mois après laditte publication , que
tout leur temporel fuft faifi Se mis en la main du Roy. Et après ledit cry,
fut fait derefchef publier comme de pieça le Roy pour luy fubvenir à
aucuns fes affaires , & pour la neceflité de fon Royaume , euft mis Se
ordonné un efcu â eftre levé Se payé fur chafcune pipe de vin , à mener
dehors du Royaume , & qui en (eroit tiré , Se de toutes autres denrées
â la valeur , qui par aucun temps avoit efté delaifiée à cueillir. Lequel
ayde d'un efcu uir chafcune pipe de vin feulement , & non point fur
autre marchondife , fut derefchef mis fus par toutes les extrefmitez du
Royaume. Et à ce faire & recueillir maiftre Laurens fferkelot , Confeil-
kr dudit Seigneur , Se Denys Chevalier , jadis Notaire au Chaftellec
de Paris , nonobftant que de cefte mefme charge le Roy y avoit pieça
ordonné maiftre Pierre Jouvelin , Correfteur àts Comptes , qui de ce
en demeura defchargé.
Au mois de Février 147 <. le Roy, qui eft<)it à Tours Se i Amhoifc^ s'en
partit pour aler au pays ae Bourbonnois Se d* Auvergne , & de là s'en
ala faire fa neufvaine à Noftre-Dame du Puy , & de la en Lyonnois , &
au pays du Dauphini. Et luy eftant audit lieu du Puy , eut nouvelles
que les Suijfes avoient rencontré le Duc de Bourgogne Se fon armée ,
qui vouloient entrer audit pays de Suiffe^ Et comment ils avoient mis
{'us ledit de Bourgogne , Se des gens de fon armée , bien de feize à dix-
tuiâ: mil homme , Se fi gagnèrent toute fon artillerie par la manière
qui s'enfuit. Après que le I^c de Bourgogne eut pris Granjfon , où il
y a ville , il s'en ala au long du lac de Ferdon (19) , en tirant devers
Fribourg , & trouva moyen a avoir deux Chaftcaux>qui font fur les mon-
tagnes
(1^) On ac Ncnf-Châcel.
Tome IL R (xo)
/
130 LES' CHRONIQUES
tagnes i l'entrée de Saxe (lo) , mais les Suiffes »qui bien fçavoîent Cx
* 47 S • venue , & la prifc qu'il avoir fait defdics deux Chafteaux & dudit Granf^
fin , s'approchèrent* Et le Vcndrcdy au foir devanr le jour des bran-
dons rrouverent iceux Suiffes moyen de enclorre lefdits deux Chafteauz
en façon telle que ceux qui eftoient dedans n'en pouvoient faillir » &
mirenr leurs embufchesentre&aflezprèsdefdits deux Chafteaux en un pe«
rit bois près de là où les Bourguignons avoient mis leurs batailles. Et le len^
demain enfuivant veille defmts orandons au bien matin,ledit Duc de ^o//r-
gogne paflàavec fes gens & fon arrillerie. Et incontinent qu'il fuft pa(fê len-
dits SuiJ/is^ qui n'eftoient que environ de quatre âfixmilcoulevriniers, 6c
tous à pied , qui fe prirent à tirer & bouter le feu dedans leurs baftons >
dont ils firent tel &c ft bon bruit, ^ue les chefs de l'avant-garde dudit de
Bourgogne y furent tous tuez > Se aind toiurna en fuite toute laditte avant*
garde. Et tan toft après chargèrent lefdits Suiffes fi eftroi t que la bataille tour-»
na en fuite. Et nonobftantque ledit de ^oz^r^{7£'/7efift fon pouvoir de ralier
fes gens pour refifter à la fureur defdits 5i^^^^. Finalement lui fut force d&
tourner en fu ite, & s'en efchappa à grand peine & danger de fa perfonne »
& lui cinquiefmeen chevauchant & fuyant fans arrefter > & fouvent re*
gardoit derrière luy vers le lieu , où fut faitte fur luy laditte deftroude %
jufquesà Joigne ^ ou il y a hxxiQi groflès lieues, qui en valent bien feize de
France la jolie , que Dieu fauve & garde. Et y furent morts à laditte
rencontrée la pluipart des Capitaines & gens de renom de l'armée da-
dit de Bourgogne. Et fut faitte laditte deftrouflè le Samedy i. Mars 147^»
où y il eut grand meurdre fait defdits Bourguignons. Et après que ledit de
Bourgogne s'en fut ainfi honteufement fuy , que dit eft , & qu'il eut per-
du toute fon artillerie ; fa vaiflelle , & toutes fes bagues , lefdits SuiJ^
fis reprirent lefdits deux chafteaux , 6c firent pendre tous les Bourgui^
gnons qui dedans eftoient. Et auffi reprirent la ville & chaftel de Granfi
fin , & firent defpendre tous les AUmans que ledit de Bourgogne
Î^ avoit fait pendre , qui eftoient en nombre cinq cens & douze , 6c
es firent mettre en terre fainâe. Et puis firent pendre les Bourguignons
aui eftoient dedans ledit Granffon , es mefmes lieux , 6c des licols dont
s avoient pendu les AUmans on Suiffes.
Audit mois de Mars 147 J. le Rôy, qui avoit envoyé Mr. de Beau] eu
avec grand (quantité de gens de guerre ameger mondit Sgr. le Duc de A^e-
mours y qui lors eftoit à Cariât en Auvergne ^ fe mift & rendir mondit
Sgr. de Nemours , es mains de Mgr. de Beaujeu , qui le mena par de-
vers le Roy , eftant lors au pays du Dauphinl 6c Lyonnois. Et fut ledit
èc Nemours , de l'ordonnance du Roy , mené prifonnierau chafteau de
Vienne. Et durant au'il fut ainfi affiegé au chafteau de Cariât , Madame
fa femme (21) , fille de Charles d* Anjou , Comte du Maine , accoucha
d'enfant en icelluy lieu de Cariât. Et tant pour la defplaifance de fondit
Seigneur & mary , que du mal d'enfant , ala de vie à trefpas , dont ce
fut grand dommage , car on la tenoit bien bonne & bonnette Dame..
Et après ces chofos fiit mené ledit Sgr. de Nemours i Pierre^affifi les
Lyon. Al»
(*o) TAotcttr s'cft mépris , la Saxe cft | mais elle eft encore fort éloignée.
trop éloignée, on pourroit dire Simbe ^ 1 (11) Elle fe nommoit Louife,
D U R O Y L O U Y s X I. i^i
Au mois d'Avril audit an y le Comte de Campobache » Lombart oa
MUlanois ^ qui avoit la conduite de deux cens lances de Lombardic > s 47 5
qu il avoit amenées audit Duc de Bourgogne ^ lui tenant le (iege devant
la ville de Nui^ & qui depuis s'eftoit trouvé avec ledit de Bourgogne »
â la deftrouflè iur luy faitte près de Granjfon , fe partit ledit de Campo^
Jlzincl
luy donna de l'argent. Et illec ledit CampoJmche
gogne y çiu'il eftoit très-cruel ôcinhumain , & que en toutes ces cntreprifes
n'y avoit point d'efFcA , & ne faifoit que perdre temps , gens , & pays »
par Tes folles obftinations.
Au mois de May 147^. & après la rencontre fur ledit Bourguignon
faitte par lefdits Alemans près dudit Granjfon , ledit de Bourgogne dé-
libéra de pourfuivre & continuer fa pourfuite fur ôc à l'enconcre defdits
jilemans , & d'aler devant la ville ae Strasbourg y mettre le fiege ; la-
quelle chofe bonnement il ne pouvoit faire fans avoir ayde & fecours de
gens , &c aufli avoir argent de Ces pays. Et à cefte caufe y envoya fon
Chancellier, nommé maiftre Guillaume Hugonety & autres déléguez avec
luy jufques au nombre de douze en aucuns de fes pays & villes , pour
leur dire & remonftrer la deftrouflè ain(î fur luy faitte par lefdits Ale-^
mans ou Suiffis. Et que nonobftant icelle. fon intention eftoit de tirer
avant , &c eftre vengé defdits Suiffes > pour lefquels chofes luy faîloit
avoir argent & gens y & qu'ils luy vouiuflènt ayder du fixiefme de leur
vaillant , & de fix hommes , l'un , puiflànt de porter arnois y aufquels
douze ainfi déléguez de luy, que dit eft > fut rendue & faitte refponce de
Gand > Bruges , Brucelles y Vljle de Flandres y Se autres » que au regard
dudit de Bourgogne y ils le reputoient leur vray & naturel Seigneur , 6c
que pour luy Feront leurpoflÎDilité. En difant par eux que fe il fe fen-
toit aucunement emprefle defdits Alemans ou Suiffes , & qu'il n'euft
avec luy aflêz de gens pour s'en retourner franchement en fcs pays , qu'il
le leur fift aflàvoir , & qu'ils expoferoient leurs corps & leurs biens pour
Taler quérir y pour le ramener (auvement en fefdits pavs : mais que pour
£iire plus de guerre pour luy y n'eftoient point delioerez de plus luy
ayder de gens , ne d'argent,
^ Durant ces chofes le Roy demeura à Lyon faifant grand chère , &
vint par devers luy le Roy de Cecille y fon oncle , auquel il fift moult
bel recueil à l'arriver par devers luy audit lieu de Lyon ; & luy mena
voir la foire qui eftoit audit lieu> avec les belles Bourgeoifes & Pâmes
dudit Lyon. Aufli y vint & arriva un Cardinal > neveu du Pape , qui
avoit fait aucuns excez en Avignon contre le Roy & Mgr. l'Archevef-
que de Lyony Légat d'Avignon. Lequel Cardinal demeura par long-temps
autour du Roy avant que de luy peuft avoir fon expédition. Et puis tout-
ledit débat fut appointé entre le Roy , ledit Légat d* Avignon , Se ledit
Cardinal.
Audit temps le Roy de Cecille appoinda', voulut & accorda avec le,
Roy
(11) Il étok 4e la Maifon de Momfoxt l'Amaory » alliée à celle de Bretagne.
R i M
I47(J.
13* LES CHRONIQUE S
^^^—^ Ro)r , que après fa mort , fa Comté de Provence retourneroit de pteinr
^^? droit au Roy , & fcroit unie à la Couronne. Et en ce faifant , la Reyne
d'AneUterre , fille dudit Roy de Cecille , veuve du feu Roy d'Angleterre ,
qui eftoit prifonniere au Roy Edoiiard d'Angleterre > fut par le -Roy ra-
cneptée , Se pour fa rançon , en fut payé audic jE^oi^^f cinquante mille
cfcus d'or. Et à cette caufe laditte Reyne d'Angleterre céda & trai^fpor-
ta au Roy tout le droit qu'elle pouvoit avoir en laditte Comté de /'ro-
vence , moyennant aum cenaine penfion à vie , que le Roy luy bailla
par chafcun an , durant le cours de la vie d'icelle Reyne.
En ce temps , le Samedy i^. Juin 147^. le Senefcmtl de Normandie ,
Comte de Maûlevrier j fils du feu Meflire Pierre de Bre^ , qui fut nié
à la rencontre de Montlehery : Lequel Senefchal » qui s^en eftoit aie à lar
chaflfè près d'un village nommé Komieres lez. Dourdan y à lui apparte-
nant , & avec luy y avoit mené Madame Charlote à^Fmnce fa femme»
£lle naturelleiduaitfeu Roy Charles , & deDamoifelle Agnès SoreL Ad-
vint par maie fortune , après que laditte chafle fut faite > & qu ils furent
^ retournez au fouper ôc au giâe audit lieu de Romieres , ledit Senef-
' chai fe retrahir feul en une chambre , pour illec prendre fon repos de U
nuit , & pareillement faditte femme le retrahit en une autre chambre»
Laquelle meuë de lefcherie (2:5) defordonnée , comme difeit fondit
mary , rira & amena avec elle un Gcntihommc du pays de Poi3ou ^
nommé Kerre de la Vergne , lequel eftoit Veneur de la chafle dudit Se-
nefchal , & lequel elle fift coucner avec elle , laqueUe choie fut ditte
au Senefchal par un fien ferviteur & maiftre d'hoftel , nommé Pierre
VApoticaire^ Lequel Senefchal incontinent prit fon efpée & vint faire
rompre l'huys , ou eftoient lefdixs Dame & Veneur y lequel Veneur iL
trouva en chemife , auquel il bailla de fon efpée deflus la cefte & au tra-
vers du corps , tellement qu'il le tua. Et ee fait s'en ala en une cham-
bre , ou retrait , au joignant de laditte Chambre , où il trouva faditte
femme mucée deflbus la coufte d'un lia où eftoient couchez fes enfans».
laquelle il prit & la tira par le bras à terre. Et en la tirant à bas.luy frap-
pa de laditte efpée parmy les efpaules, & puis elle defcenduë à terre>
& eftant 4 deux genoux , lui traverfa fadirte efpée parmy les mammelles
Se eftomach » dont incontinent elle ala de vie à trefpas y Se puis l'en-
Voya enterrer en l'Abbaye de Coulons , & y fit faire Ion fervice. Et fift,
enterrer ledit Veneur en un [ardin ,.au joignant de l'hoftel où.il avoit
efté occis.
En après le Roy eftant 2c Lyon > qui auprès de illec avoit grand quan^
tiré de fon armée > eut certaines nouvelles que le Duc àc. Lorraine y c^i,
eftoit au pays de Suijfe zvec lesSuifes > Bornes (24)-, Alemans Se Lor^
rains , pour defconfirc ledit de Bourgogne > qui par fa folle obftinatioiv
Se outrecuidance eftoit entré audit pays de Suijfe , & avec lui mené,
grand quantité d'artillerie , gens de guerre y. Se Marchans fuivant foiv
{^l)î3'Wcherie> c-èft-à-dîrcjaffi-
Tcté , ou voîupté. Villon dit au même feus,
vers iS^. de fon graud Teftament :
Si M cr^im mjoir deffendu..
Tarfiiénder nepMr lefclier j
Psr trop Mmer ri m rien vendu ,
Que nuls mefmjfent refroHçhtr»
(14) Ou. Bémols*.
(^>
\
D U R O Y L O U Y s X I. 133
oft (|a*U avoit parqués Se mis en forme de fiece devant une petite ville
dudit pays de Smljc , gommée Moral (25). Et Te Samedy 12. Juin 147^.
environ l'heure d entre dix & onze de matin , ledit Duc de Lorraine^ ac«
compagne, comme dit eft , s'en vint adàillir ledit de Bourgogne ^ & de
prime venue iceltuy de Lorraine defconfit toute lavant-garde dudit de
jBourgogne , qui eftoient douze mille combatcans & mieux , dont avoit la
charge & conduite Mgr. le Comcede Romontyqui a bien ^rand liafte trouva
moyen de foy fauver y & mettre en fuite luy douzième. Et puis fe
boutèrent les gens de guerre dedans ledit Morat y avec les autres de la-
ditte armée de Mgr. de Lorraine y dedans le j^arc dudit dtBour^gne y où
ils tuèrent tout ce qui y fut trouvé , fans milericorde aucune^ Et fut le-»
dit de Bourgogne contrain<% de fe retraire avec un peu de gens de guerre
de fon armée y qui fe fau verent. Et depuis fondit parc s'enfuit fans arref-*
ter, fouvent regardant derrière luy jufques à Joigne, qui eft bien diftanc
dudit lieu , où fut laditte defconficure , de quinze à feize Geurs Fran-^
^oifes : ic illec perdit tout fon vaillant, qui y eftoit, comme or , argent^
vai{felle , joyaux , tapiflèrie , toute fon artillerie , tentes , pavillons : &
generallement tout ce qu'il y avoit mené , & après laditte defconfiture
lefdits AUmans & «f /^^ej^confiderant le grand fervice à eux fait par ledit
de Lorraine , luy donnèrent & délivrèrent toute laditte artillerie & parc
dudit de Bourgogne , pour la recompenfe de fon artillerie , qu'il avoic
perdue audit lieu de Slaruy , que icelluy de Bourgogne y pat violence &
vouloir defordonné , fans aucun titre , avoit prife & emportée hors d'i-
celle ville. Et en laditte defconfiture moururent vingt-deux mille fepe
cens hommes , qui y furent trouvez morts, tant dedans ledit parc , que
dehors , par le rapport fait des Hérauts & Pourfuivans , qui , pour laditte
cftimation faire > le tranfporcerent audit lieu. Et après laditte defconfi-
ture ainii faitte , que dit eft , ledit de Lorraine & Suiffes firent leur fuiter
après ledk de Bourgogone , & tuèrent depuis plufieurs autres Bourgui^
gnons , qui aulli fe retiroient audit lieu de Joigne , & depuis firent bou-
ter les feux &c deftruire toute la Comté de Romont en Saveye , où iU
tuèrent tout ce oui y fut par eux trouvé , & fans mifericprde aucune»
Après ces choies ainfi huttes , ledit Sgr. de Lorrame fe retrait à StraP-
bourg audit pays de Suiffe y Se d'illee après s'en partit à tout quatre mille
combattans de laditte armée , & ala mettre le fiege devant Ql ville de
Nancy , où dedans eftoient bien mille i douze cens combattans pour le-
dit de Bourgogne , lequel fiege il mift & ordonna devant laditte ville de
Nancy. Et après qu'il eut ce fait , s'en retourna audit pays de Suijfe ,
& depuis retourna audit Siège i tout grand quantité- d'autres gens de
guerre.
En après le Roy, qui par long-temps s'eftoit tenu à Lyon & illec en*^
viron , s'en retourna au PleJlis du Parc Xoz^TourSy où eftoient la. Reyne
ic Mgr. le Dauphin , où il fejourna un peu de temps , & puis s'en ala
* ttndvc grâces à NoJlre'Dame de Behuarty de ce que ks befognes ^tC-
toient bien portées durant fondit voyage dudit lieu de Lyon y 6c fi en-
voya argent en plufîcurs» 8c divers lieux , où eft reverse la Benoifte
glorieufê
,(x.Xl Voir les Mcmoircs de Combes^ Livre j. diap. 5% & 4«
1476.
M7<î-
134 LES CHRONIQUES
glorieafe Vierge Marie. Et encre autres lieux doana & envoya i Noftre^
Dame de Ardcnbourg en Flandres , deux cens efcus d'or , & en foy re^
tournant dudit Lyon y fift venir après luy deux Damoifeiles dudiciieu
jufques à Orléans , donc Tune eftoit nonunée la Gigonne , qui autrefois
avoïc efté mariée à un Marchant dudit Lyon. Ec Tautre eftoit nommée
la Pajfe-fillon {i6) , femme auffi d*un Marchant dudit Lyon 9 nommé
Anthoitn&Bourcier. Et pourl'honnefteté defditesdeux femmes, leur fift Se
donna le Roy de grans biens : car il maria la Gigonne à un jeune fils na«
tif de Paris y nommé Gieffroy de Caulers. Et pour ledit mariage donna ar«
Î;ent & des Offices audit Gieffroy. Et au mary de Pane-fillon y donna
'Office de Confeiller en fa chambre des Comptes à Paris y au lieu de
maiftre Jehan de Reillac (27) , auquel, pour cefîe caufe> elle fuft oftée.
Et puis laiilà la conduire defdites deux femmes à les mener â Paris ,
dudit lieu d'Orléans y à Damoifelle Yfabeau de Caulcrs y fenune de
. maiftre Philippe le Bègue y Correâeur en la Chambre des Comptes â
Paris. En après le Roy s'en ala dudit lieu d'Orléans i Amboife & â Vours^
par devers la Reyne & Mgr. le Dauphin. Et depuis en pèlerinage à Nof-
cre-Dame de Behuart y & autres fainAs lieux. Et après s'en retourna au-
dit Pleffisdu Parc y & autres lieux voifins.
En après laditte defconfiture faitte defdits Bourguignons audit lieu de
ilfonz/ »& que le fiege eut eftéainfi mis de vaut ledit A^o/içy:^ que diteft, par
ledit Duc de Lorraine y fut icelle ville remife en fes mains , & s'en aie-
rent lefdits Bourguignons eftans dedans par compofîrion , eux & leurs
biens. Et après ce que ledit Sgr. de Z^orr/ii/te eut ainfi recouvré faditte ville
de Nancy , & de nouvel avitaillée y & mis gens pour la garde d'icelle »
ne demeura pas un mois après , que ledit Duc de Bourgogne y qui s'eftoic
retrait en une ville nommée Rivières , qui eftoit près de Salins en Bow'^
gogne y $c qui avoir aflèmblé & fait amas de gens le plus qu'il avoit peu y
s'en vint derefchef mettre le fîege devant laditte ville de Nancy. Et d'au-
tre part s'en ala ledit Duc de Lorraine audit j>ays de Suiffi pareillement
faire fon amas de gens y pour revenir fecourir fes gens dudit Nancy Se
lever ledit fiegc.
Après ces cnofes le Roy de Porûngaly qui pretendoit à luy apparte-
nir les Royaumes de Seville Se Cajiille y enfemble toutes les EJpagnes >
à caufe de fa femme» fe partit de fondit Royaume de Poningaly Se vint
defcendre es marches àz France y Se puis vint iLyon y &de-U i Tours par
devers le Roy, pour luy requérir ayde & fecours de gens, pour luy ayder
i recouvrer lefdits Rovaumes. Et fut receu du Roy moult benignement
Se honnorablement , pc après ce qu'il eut efté audit lieu de Tours rar cer«*
(aine efpace de temps , ou il fut fort feftoyé Se entretenu de piu(ieiir$
Seigneurs & nobles hommes , eftans avec le Roy , & tout aux coufb Se
defpens du Roy. Ledit Roy de Portingal prit congé du Roy , Se s'en ala
a
■
(1^) gCT Cette Dame avoit apparem- Linge blaoc, ceinnirehoupéc»
ment inventé une manière de fç coiffer > Le Chapperon fait en poupée,
on voit dans le Dialogue de deux Amou- Les cheveux en Vaffè-JUlM ,
reux de Marot les vers fuivans , qui dé/!- Et Tœil gay en efmerillon.
gnçnt quelque chofc de cette co^ffiirç. (17) U a wi depuis Secrétaire du Roi.
D U R O Y L O U Y s X I. 155
i Orléans ^ où il luy fat fait honnefte recueil > & après s'en partie dudit
Orléans & vint en la bonne cite de Paris , dedans laquelle il fit fon en- * 4 7 »•
trée , & y arriva le Samedy 13. Novembre 147^. environ l'heure d'entre
deux & trois après midi y &c y entra par la porte fainâ Jacques. Et pour
aler au devant de luy & le recueillir aux champs jufques au molin à venty
L furent tous les Eftats de Paris , & par ordre , en honneAes & riches
bits , tout ainfi que ce euft efté pour faire l'entrée du Roy. Et pre-
mièrement iflirent hors Paris, pour aler à luy, les Prevoft des Marchans
& Efchevins de laditte ville, qui pour laditte venue furent veftus dérobes
de drap de damas blanc & rouge , fourrées de martres , lefquels eftoient
accompagnés des Bourgeois & Officiers de laditte ville. Et après y fur
auffi Memre Kohta.iTEfioutcvilU , Prevoft de Paris , qui eftoit accom-
pagné de Ces Lieutenans Civil & Criminel , &c tous les Officiers du Roy
& Praticiens du Chaftellet , qui fe y trouvèrent en grand nombre &
bonnettes habits. En après y vint Mgr. le Chancdlier Doriolle , Mgrs.r
les Prefidens ôc Confeillers de la Cour de Parlement , les Confeillers Se
Gens des Comptes , les Généraux fur le fait des Aydes & Monnoyes, 6c
du Trefor , avec grand quantité de Prélats , Eve(qtres 6c Archevefques»
Ôc autres notables hommes > en moult grand & honnefte nombre. Et
ainfî accompagné , que dit eft , fut mené & conduit jufques à la porte
faindt Jacques, où illec en entrant par icelle dedans laaitte ville > trouva
derefchef lefdits Prevoft des Marcbms & Efchevins , qui luy prefente-
rent un nK>ult beau poifte ou ciel , qui eftoit armoyé par les coftez aux
armes du Roy, 6t au milieu y eftoient les-armes d'Ejpa^ne y 6c puis fe
bouta deflbus icelluy poifle. Et luy eftant ainfi deilbus , vmr & fut con-*^
duit )ufques â ÙmOt Eftienne des Grecs , où il trouva U les Reâeur >
Suppofts 6c Bedeaux de l'Univerfité de Paris , qui propofercnt devant
luy la bien-venuë. Et ce fait s'en vint jufques en l'Eglile de Paris , où
il fut receu par le Prélat d'iceUe moult honnorablement. Et après Con
oraifon fiûttc , s'en vint au long du Pont Noftrc-Dame , & trouva à l'en-
trée du Marché-Palu cinquante torches allumées, qui le conduifirent
autour dudit poifle. Et au oout dudit Pont Noftre-Daine, à l'endroit de
la maifon d*un Coufturier, nommé Monn , v fut trouvé un grand efchaf-
faut , où eftoient divers perfonnages , qui eftoient ordonnez pour faditte
venue. Et d'iUec s'en ala jjefcendre en fon logis , qui luy hit ordonné
en la rue àts Prouvaires , en llioftei de maiftre Laurent Herbtlot , Mar«
chant & Bourgeois de laditte ville , où il fut bien recueilly. Et là luy
forent faits plufieurs beaux prefens , tant de laditte ville , que d'ailleurs>
6c fut veoir tous les beaux lieux & eftats de Paris. Et premièrement fut
mené en la Cour de Parlement , qui fort triompha i ce jour de fa venue r
car toutes les Chambres y furent tendues & parées , & en la grand Cham-
bre y trouva Mgr. leChancellier Doriolle , Mgr s. fcs Prefidens> Prélats,
Confeillers , & autr« Officiers ^ tous htMineftement vcftus. Et devanc
kiy y fut plaidoyé & publié une matière en RegaHcpar maiftre François
Haflé , Archidiacre de Paris 6c Advocat du Roy en laditte Couir , 6c
contre luy eftoit pour Advocat maiftre Pierre de Breban , Advocar rat
laditte Cour & Curé de fainâ: Euftache , lefquels deux Advocats il fai-
foit moult bel oyr. Et après laditte plaidoirie luy furent monftrées les
Chambres
î jtf LES CHRONIQUES
■— TT" Chambres Se lieux de ladittc Cour. Et par autres journées fut en fa
* ' ' grand falle de l'hoftcl de l*Evefque de Paris ^^m illec veoirfaire un Dodeur
en la Faculté de Théologie, Se après ala veoir leChaftellet, les prifons Se
chambres , qui toutes ëftoient tendues , & tous les Officiers , cnafcun en
fon eftat , veftus de beaux & honneftes habits. En après le Dimanche pre-
mier Décembre i47(>- alerent paflèr par devant fon logis toute TUniver-
fité de Paris > Se toutes les facultez & fujeéb d*icelle y Se puis s'en vin-
rent chanter une erand Mede à faindfc Germain TAuxerrois , & par tout
où il aloit par laditte ville , eftoit mené Se conduit par Mgr. de Gau*
court y Lieutenant du Roy audit lieu de Paris , qui luy donna en fa mai-
fon un moult beau Se riche foupper , où y furent grand nombre de gens
notables dlcelle ville , tant hommes , que femmes > Dames , Damoi(elles
Se autres.
Audit mois d'Odtobrc y advint à Tours , que un nommé Jehan Bon >
natif du pays de Galles , qui avoit belle penfion du Roy , & qui Tavoit
marié à une femme de Manu , qui avoit bien du fien , confpira par
l'enhonement du Duc de Bourgogne , comme il confeflà , de empoifon-
ner Se mettre à mort Mgr. le Dauphin , aifné fils du Roy. Et pour ledit
cas , qu'il confe(Ei eftre vray , fut condamné par le Prevoft de l'hoftel da
Roy à eftre décapité. Et en le voulant exécuter , luy fut demandé par
ledit Prevoft s'il vouloit plus rien dire , lequel refpondit que non , finon
qu'il pleuft au Roy d'avoir fa femme & {es en fans pour recommandés*
Et alors luy fut dit par ledit Prevoft, qu'il choiHft de deux ichofes Tune:
c'eft aftàvoir de mourir , ou d'avoir les yeux crevez. Lequel choiHt d'à*
voir les yeux crevez y ce qu'il luy fut fait faire par ledit Prevoft , & puis
fut délivré à fa femme , laquelle le Roy voulut qu elle euft la peniion
de fondit mary durant fa vie.
Au mois de Décembre 147^. fcfte de Saint Jehan es feftes de Nocl ,
avint par maie fortune que le Duc de Milan {li) fut tué & meurdry par
un Gentil-homme du pays , qui ledit jour en feignant de vouloir parler
à luy dedans la grand Eglife audit Milan > où il fe promenoir avec une
Amoadàde, qui eftoit venue par devers luy , vint fecrettcment luy bouter
un coufteau parmy la fente de (a robbe, dedans le petit ventre, où le
mift foudainement par trois ou par quatre fois , & lans dire mot cheyt
foudainement à terre tout mort , & fut fait ledit fait pour raifon de ce
que ledit Gentil-homme , fes parens & ami& ,^ avoienr mil Se employé
tout leur vaillant pour payer le vaccant d'une Abbaye, pour un de leuc
parens. Auquel ledit Duc de Milan y l'avoit oftée pour la bailler à un
autre : & pource qu'il ne voulut delai0èr Se en fournir jouyr leurdit par-
rent , icelluv Gentilhomme après ce qu'il eut de ce fait plufieurs requeftes
audit Duc ae Milan , qui ne luy vouloit accorder , fift Se commift ledit
homicide à laperfonne dudit Duc de Milan y dedans laditte Eglife. En
laquelle auftî incontinent ce fait , fut tué Se meurdry , Se un autre do
kditca ville, qui aacompagnoit ledit Gencil-homme ,qui auffi avoit déli-
béré de tuer ledit Duc ae Milan , pource qu'il luy detenoît Se mainte*»
noit fa femme , contre fon gré Se, Youlpnté > eftant ayec lùy > & par la
fçntençç
US) Galças Mariç,
D U R O Y L a U Y s X L 137
icntence des nobles dudit pays , des Juges & autres notables perfonncs
dudit Milan ^ fut die & delioeré que tous les hommes , femmes & en-
fans du coftc & ligne de icelluy Gentil-homme , & celluy de fadittc
compagnie quel(|ue part qu'ils fcroient trouvés > feroient tués & meur-
drfs , Se leurs maifons & Seigneuries démolies & jettées par terre & ara-
Tez , mefmementles arbres portans fruidts à eux appartenans, defracinez,
<& mife la racine deffus : ce qui fut fait.
Audit mois de Décembre 147^. mourut & ala de vie à trefpas Mada-
me Agnez de Bourgogne , au Chafteau de Moulins en Bourbonnais , la-
Î[uelle eut efpoux reu Prince de trè$-noble mémoire Mgr. Charles , en
on vivant Pue de Bourbonnois , j8c d* Auvergne y dont eft ifliic très-no-
ble Se rràs-jioaneAe lignée > tant maûes que remelles , comme très-hauc
Se puiflant Prince , Mgr. Jehan Duc de Bourbonnais &: d* Auvergne , qui
efpoufa très-excellente Frinceflè Madame Jehanne Ac France y fille aifnéc
du Roy Charles VII. de ce nom , Mgr. Loys Seigneur de Beaujeu y qui
mourut jeune , Mgr* Charles , Archevefque & Comte de Lyon • Primat
de France , Cardinal àt Bourbon y Mgr. Pierre Seigneur de Beaujeu , qui
jefpoufa l'aifnée fille du Roy de France y lors ms dudit Roy Charles ,
Mgr. TArchevefquç du Liège , Jacques , Mgr. qui mourut à Bruges y
Madame Jehanne qui fut cfpoufée au Prince d'OrangeySçigntixï d'Arlayy
Madame Margueritte femme de Phelippe Mgr. de Savoy e , Seigneur de
Breffe , & laquelle defunfte Dame veiquit Tainâernent & longuement»
& Ton trefpas fut fort plaint & ploré de tous fes enfans , païens , fervi-
teurs Se amis > & de tous autres habitant efdits pays de Bourbonnais Se
4' Auvergne , en benoift repos gife fon amc. Elle gift en TEglife dt Sou--
vigny.
Après que ces chofes eurent efté ainfî faites y auc dit eft , le Duc de
Bourgogne , qui avoit mis le fiege devant la ville de Nancy en Lorraine ,
5our icelle avoir comme devant avoit eue , mit les gens qui eftoienc
edans icelle ville pour ledit Duc de Lorraine y en telle neceflîté,
qu'ils n'avoient plus que manger , Se par grand contrainte de famine
Te eftoient mis en compofition a eux rendre es mains dudit Duc de Bour-
Î'ogne. Le Dimanche veiUe des Roy s 5. Janvier audit an 76. vint & arriva
edit Mgr. de Lorraine y zççoixïp^gtxé de 1 1. à i a. mille Suiffes y Alemans
Se autres gens de guerre , pour lever iedit ueçe , combattre ledit de
Bourgogne y Se recouvrer ledit Nancy y dont en avmt ce qui s'enfuit. C'eft
adàvoir que quatre jours avant la journée & venue dudit de Lorraine dc^
y SLXït Nancy y qui fut le ^, Janvier , veille des Roys 147^. le Comte
de Campobaffe y le fire Ange Se le Sgr. de Montfort laiflcrent le Duc de
Bourgogne y Se l'abandonnèrent en fondit parc. E^ le Mercredy devant
la bataille ou journée y icelluy Comte de Campobaffe en emmena bien
avec luy neuf vingts hommes d'armes , Se le Samedv enfuivant les deux
autres Capitaines deflus nommez en emmenèrent oien fix vin^t hom*-
mes d'armes y qui tous vouloient eftre François : mais on dimmuU de
les recevoir pour la trefve. Se fut ordonné par aucuns, à qui ils s'adref-
ferent , cju'ils s'en iroient en Lorraine : laquelle chofe ils firent refervé
\me partie qui demeura pour garder Candi , qui eft une place fur la n-
f îere de Me^elle , par ou les vivres dudit Duc de Bourgogne paflbicnt >
Torne II. S qui
147^.
13» LES CHRONIQUES
qui vcnoîcnt du val de Mct[ & du pavs de Luxembourg , & s*en tira
1 47 ^* ledit Sgr. de Campobajfc devers Mgr. de Lorraine , & Tadvertit de tout
le fait dudit de Bourgogne , ôc incontinent s'en retourna luy & Tes gens
audit lieu de Conde , qui n'eft que à deux lieues dudit lieu de Nanfy.
Et ledit jour Samedy 4. Janvier , ledit Mgr. le Duc de Lorraine arriva
à fainâ Nicolas de f^arengeville & les Suijjes avec luy , qui bien eftoienc
dix mille cinq cens de vray compte fait , & d'autres Alemans y avoic
beaucoup y fans les Lorrains Se autres gens de guerre.
Le Dimanche enfuivant 5 . dudit mois , environ huiâ heures de ma-*
tin f defem^arerent &c panirent lefdits Seigneurs de Lorraine & de Suif-
fe , & vinrent à Ncufville , ôc outre un eftanc près d'illec , firent leurs
ordonnances , ôc en efFeâ lefdits SuiJJcs fe mirent deux bandes , dont le
Comte d^Abfiain ôc les Gouverneurs de Fribourg ôc de Zurich avoienr
l'une , & les advouez de B<me l'autre , & environ midy marchèrent
tous à une fois : c'eft afiàvoir une bande devers la rivière > & l'autre
tout le grand chemin à venir devers ledit Neujville audit Nancy. Ledit
Duc de Bourgogne s'eftoit ja mis hors de fon parc ôc en bataille , & au
devant & devers luy y avoit un ruifïèau qui paflè à une Maladerie nom-
mée la Magonne , & eftoit ledit ruifleau entre deux fortes hayes des deux
toftcz, entre luy& lefdits Suijfcs. Et fur le grand chemin, par où venoient
l'une des bandes d'iceux Suiffts , avoit ledit Duc de Bourgogne fait
afièoir le plus fort de fon artillerie. Et ainfi que les deux bandes
marchoient , & qu'elles furent à un grand traiâ d'arc des Bourguimans ;
defchargea fur iceux Siùffcs , ôc n'y fift quelque dommage. LaqueU
le bande des Suiffes laifla ledit chemin & tira au defliis vers le bois »
& fift tant qu'elle fut au cofté dudit Duc de Bourgogne y au plus haut du
lieu.
En faifant ces chofes ledit Duc de Bourgogne fift tourner fes archers ^
qui tous eftoient à pié , devers iceux Suijjes > & ordonna deux aifles dd
les hommes d'armes^ pour batailler , dont en l'tme eftoit Jacques GaUoe y
Capitaine Italien y ôci l'autre eftoit le Souveraki de Flandres y nommé*
Mcflîre Joflc (29) de Lalain. Et fi-toft que lefdits Suijfcs fe trouvèrent
aU'deflus & au cofté dudit Duc de Bourgogne » tout à un coup fe tournè-
rent le vifage vers luy ôc fon armée , & fans arrefter^marcherent le plust
impetueufement & orgueilleufement que jamais gens firent. Et d l'appro^
cher pour joindre , defchargerent leurs coulevrines à main, & à laditte
defcharge , qui n*eftoit pas des Généraux des Finances , tous les gens,
de pied dudit de Bourgogne fe mirent en fuite. La bande defdits Suijfcs^
qui eftoit devers la rivière > marchèrent quant & quant celle dudit Ga^
liot ôc de ceux qui eftoient avec luy , & frappèrent lefdits Suijfcs dedans,
eux tellement , qu'ils furent incontinent deffaits;. L'autre, aifle defdits.
Bourguignons tourna pareillement fur l'autre bande defdits Suijfcs y mais
ils les recueillirent bien ; ôc fî-toft que lefdits gens dudit Duc de Bourgo--
gne y qui eftoient à pied, fe mirent en fuite, tous k% gens de cheval pic-
querent après, ôc tirèrent pour paftèr au pont de Bridorcs à demi lieuëde
Nancy ,
{^9) Joflc de Lataing , qui fut depuis [ Souverain de Flandtcs , à cauft qu'il câ
T:hcvalîer de la Toifoa d'Or , nommé 1 était Bailly Souverain*
DX; R O Y LO 17 YS XT, 159
V<tncy > qui eflok le chemin à tirer vers ThionvilU & Luxembourg. Et le-
quel pontleditdeC<zf«po^/2^(}o}avoitempefchc,&yeftoitluy &iesgcns, i47^«
& autres gens d'armes tous en armes , & avoir fait mettre des charriots
au travers dudit pont. Et ainfi que la foule defdits Bourmàgnqns y arri*
voit , trouva illec cmpefchement , Mgn de Lorraine & les gens , qui le
fuivoient au dos ^ & pource que on gardoit ledit pont » & qu'il eftoit en
bataille 9 lefdits Bourguignons furent contraints de eux jetcer aux guess
de la rivière. Et là fut la grand defconfiture , & plus la moitié que au
champ de la bataille : car ceux qui fe jettoient en Teauc eftoient incon<*
tinent tuez par lefdits SuiJJis , qui y vmrent , & ceux de lautre partie fe
Doyoient eux-mefmes y Se tout le demeurant fut pris ou mort > &c bien
peu s'en fauva. Et aucuns ouant ils virent Tembufche dudit poot fe re-
tirèrent vers les bois» & là les sens du pays (î les fuivoient y & les pre-
noient & tuoient , & à quatre lieues environ on ne trouvoit que gens
morts par les champs & chemins , & dura la chaflè fur lefdits Bourmd"
gnons jufquesàplus de deux heures de nuiâ: y que Mgr. de Lorraine s en-
quift de tous coilez qu'eftoit devenu ledit Duc de Bourgogne , Se s'il s'en
eftoit fuy , ou s'il eftoit pris ^ mais à l'heure ne furent fceuës aucunes
nouvelles , & tout incontinent fut envoyé par ledit de Lorraine hommb
propre en la ville de Meci > P^ devers un qui eftoit nommé Jehan JDais,
Clerc de laditte ville de Meei > VP^ fçavoir û ledit Duc de Bourgogne
eftoit point pafle » & le lendemain ledit Jehan Dais manda dudit heu
de Meti audit Sgr. de Lorraine , que feurement il n'eftoit point paifé »
Se ne fçavoit-on qu'il eftoit devenu , Se qu'il n'avoit point tiré vers Lur
xcmbourg. Et le lendemain qui fut Lundy jour des Roys> ledit Comte
<le CampotaJJe mon&Tz un page, qui avoir efté pris, qui avoir nom Bap^
4ifle y natif de Rome > de la lignée de ceux de la Coulomne y qui
eftoit avec le Comte de Chalon NeapoUudn y lequel eftoit avec ledit Duc
de Bourgogne. Et après qu'il euft efté interrogé y iîit icelluy page mené i
Î[rand compagnie de gens de guerre , au lieu où ledit de Bourgogne gi*
oit mort « lequel eftoit tout nud. Et en icelluy lieu , le Mardy enfuitte
de laditte bataille au matin y ledit page monftra clairement ledit Duc
de Bourgogne mort & rout nud y Se environ luy quatorze hommes tous
nuds > les uns allez loings des autres. Et avoit ledit Duc de Bourgogne
un coup de bafton pommé hallebarde > à un coufté du milieu de la tefte
par demis l'oreille jufques aux dents , un coup de picque à travers des
cuiffes , & un autre coup de picque par le fonaement , & fut cogneu ma«
nifeftement que c'eftoit le Duc de Bourgogne à fîx chofes. La première
& la principale , fut aux dents de deflUs , lefquelles il avoit autrefois per-
tluës par une cheute. La féconde fut d'une cicatrice à caufe de la playe
qu'il eut à la journée de MontUhery en la gorge , en la partie dextre. La
tierce à fes grans ongles , gu'il portoit plus que nul autre homme de fa
Cour , ne autre perfonne. La quane fut d'une playe qu'il avoit en une
efpaule , à caufe d'un efcarboucle que autrefois y avoit eue. La cinquief-
me fut à une fiftule qu'il avoit au Ixis du ventre en la penmlliere du cofté
dextre. Et la fixiefme fut d'un ongle qu'il avoit retrait en l'orteil. Et
aufdits
()o) Canpobache.
S t
MO LES CHRONIQUES
aufdits enfeigncs donna fon jugement pour tout vray, un fîen ïAtAcciÀ
lAj^^ Portingalois , nomme maiftre Mathieu , cjue c'eftoit ledit Due de Bour-
* g^g^ ^^^ maiftre , & auffî le dirent pareillement Tes valets de chambre»
le grand Baftard , meffire Olivier de la Marche , fon Chapellain , & plu*
fleurs autres de Tes gens prifonniers dudit Mgr. de Lorraine.
Et après que ledit de Bourgogne , ainfi trouvé ^ eut efté porté audit
lieu de Nancy , & illec lavé ^ mondé & nettoyé, il fut mis en une cham-
bre bien cloie,où il n'y avoir point de clané , laquelle fut tendue de ve-
loux noir , & eftendu le corps deflus une table , habillé d'un veftemenc
de toille depuis le col jufques aux pieds , & deflfbus fa tefte fut mis un
oreillier de veloux noir , & deffus le corps un poille de veloux noir , fie
aux quatre cornets avoit grans cierges, & aux pieds la croix & l'eauc be-
nifte< Et ainfi habillé , ^û'il eftoit , le vint veoir mondit Sgr^dc Lorrai--
ne veftu de dueil, & avoit une grand barbe d'or venant jufques à la cein^
rure , en fignificatk)n des anciens preux , & de la viâoire qu'il avoit fur
luy eue. Et à l'entrée dift ces mots en luy prenant Tune dts mains de
deflus ledit poille. Vos âmes ait Dieu , vous nous avez fait moult do
maux & douleurs. Et à tant vint prendre Teauë benifte & en jetta dedus
le corps , & depuis y entrèrent tous ceux oui le voulurent veoir , & puis
le fift ledit Duc de Lorraine , enterrer en ^pukure bien & honnorable-^
ment , & luy fift faire moult beau fèrvice.
Et incontinent après laditte defconfirure &mort dudit de Bourgogne ,
ledit Mgr. de Lorraine ic autres Sgrs. & Capitaines , fe mirent à confeil
& ordonnèrent que aucuns d'eux iroienc en la Duch^ de Bourgogne j eà
k Comté & au'tres lieux, qui (é tenoient pour ledit de Bourgogne , pour
cous les réduire & mettre en la main du Roy , laquelle chofe nit încon^
tinent faite £insrefiftancer& pareillement ceux delaComté d'^i^xer*
re y fe rendirent & firent ferment au Roy. En laditte bataille moururent
la plufpart de tous les- gens de bien de faditte compagnie , êc y furenr
pris le grand Baftard de Bourgogne , lequel depuis ledit Mgr. de Lorraine
mena ati Roy , luy eftant en Picardie. Le Baftard Baudouin de Bourgogne
Se pluiieurs autres grans Seigneurs prifonniers.
Après ces chofes êc que le Roy eut efté deuëmenc acertené de laditte
mort dudit de Bourgogne , & des chofes dcflufdittes , il fe départit de
Tours pour aler en pèlerinage â fa dévotion , & après s'en retourna i
Chartres , à VÏUepreux , à Hauberyiller , à Noftre-Dame de la Viûoire»
ic après à Noyon & à Compiegne. Et cependant fe reduifirentàluy plu^
£eurs villes & places tenues & oecuppées par ledit de Bourgogne , com«-
me Mondidkr , Perronne , jibbeville , Monjlreuil fur la mer , & autres
places eftans ptèsd'jirras , mais lef^its £Arras ne voulurent point obejrr
de prime face, & fe fortifièrent en laditte ville , de gens de guerre , vi-
vres & artillerie. Et furent envoyez de par f ux au Roy, plufieurs Am-
baflàdeurs , qui tinrent la chofe en trefve , pendant laqudle le Roy filk
le plur grand amas d'sràllerie , poudres , pionniers , gens de guerre, &
autres-préparatoires que jamais on avoit veu , tousjours attendant quelle
conclulion prendroientlcfidits 4*-^mw, oadeaApobdfcement oadeguer*
re. Et poiu: faire les frais des chofes, delfiifdittes fot fait de erans em*
prunts à Paris & autres bgûncs villes de ce Royaume^^ Et après le Rpy
trouva
t)t; R 0 Y L O U Y s X I. 141
tsxmvà moyen d'avoir &c meccre la cité dudit ^rras en fa main y dedans
laquelle il encra le Mardy 4. Mars 1476^ Se fift fortifier Se retirçr ladicte 147^*
cité contre laditte ville d'Àrras , dedans laquelle y avoit un tas de gens
illec venus de plusieurs lieux tenans le pany de Bourgogne , Se melmâ*
ment des villes, qvii nouvellement s'eftoient réduites au .Roy. Et illec
fans avoir chef ne hommes .de conduitte > fe fortifièrent fort , Se firent
de grans blafphemés au Roy > comme faire eibets en laditte ^e Se fur
les murs» Scj pendce croix blanches» monftreit leur cul & autres villes-
nies. Et s'entretinrent en leurs foUds imaginartions jufques à un peu de
temps après , que vinrent devers le Roy , en laditte cité , aucuns manans
dudit lieu de jérras , pour avoir de luv aucune bonne pacification y avec
lefquelss nonobftant qu'ils feuflênt d!e fauilè & mauvaife obftination »
& que en icelle enflent trop perfeveré : le Roy fut content avec tn% que la-
ditte ville iTjirras feroit mife en fa main comme Souverain^ & par defiauK
de homme , droits Se devoirs non faits. Et que les fruits ^ revenus dç
laditte ville Se appartenances, feroient recueillis par fes Commiflaires»
lequel revenu fe pourroit prendre par lefdits Commiflàites , & fous la
main du Roy par icelle Damoifelle de Bourgogne 9 Se jufques 4 ce qu'elle
luy eud baillé homme. Et que au regard de laditte ville d^Arras^ Ip
Koy n'y mettroit puiflànce ne gens d'armes , fans le bon gré Se vçulojii:
àt% haoitans dudit lieu. Après lequel appoin^ement ainu fait ,' le Rpy
envoya audit lieu Mgr. le Cardinal de Bourbon , Mgr. le Chancellier ,
meflîre Guyot^Pot , Bailly de Vtrmandois , meflîre Phelippe de Crevé-
cœur , Seigneur Dcfqucrdes , Gouverneur de laditte ville , Se autres no-
bles hommes > potu* prendre Se recevoir les fermens des habitant <ludic
Jrras > laquelle chote fut faittè : mais en icelle faifant, . lefdits h^bitai^
JCArras en aucune partie , fe rebellèrent , Se vinrent en ' l'Al^b^ye dç
fainâ Vuaft , où eftoient aflis à difner le;fdits Seigneurs , Cardinal Se aup
très nommez , en armes & fort effrayez , crians , tuez , tuez, donjD i;ous'
lefdits Seigneurs eurent la plus grana peur & frayeur , qu'ils eurent-onç-
ques en leur vie , mais il n'y eut point de noauvais maLfait ppur ceftc
fois. Et après ces chofes& qu'ils furent rerpumea^ ei\ la cit^. V^^^;^
le Roy s'en partit Se ala faire fes Pafques a Therwenne y Se aprèS)S'ren ^
à ffedin , où il eut la ville : mais aucuns pailUrs tenmi^ le pany dctBou^-
gogru ^ s'en alerenr mettre Se bouter dedahs^e ChaileL& parç4^dit Her
din y auquel lieu le Roy fift tirer de fon artillerie , Se incontinent y fiîl
une grande brefche , par laquelle les gens du Roy y entreret^n Et' en
celle mefme heure ceux de dedans eurent jcompoutionide^/gei^drç ledit
lieu ^ & eux en aler , vit Se leurs bagues fauvesi» ' . k 1 1'> ,; % - :,
L'ait 1477. après ce que ledit lieu de ^<r^'/z euft <;(lé fèf^Ci gnf t :qùfi ****—****
dit eft , advmt q(ue aucuns habitans dudk ^/i^i faigpaiiis de w<^}jjiti^&c 1^4,7 7»
devers le Roy , obtinrent fauf-conduit de Mgt^ TAdmi^l v qui .îe 1^
bailla , maispource qu'il luy fembloit. qu'ils avoient autre im^gitiation>^
Îue d'aler devers le Roy , les fift fuivre', & trouva-on qu'ils aJoie^t en
'landr^s par devers laditte Pamoifelle de ^Bàurgogi^e , po^ir l^p^l^ £%^
fe ils furent pris & ramenez audit Hedin^ aafqueUfutr i^k î^uf^pfQ^^ie^
Et par iceux trouvez, qu ils alloient audit voyage ç^jc^^qv^elp^er^^ioi^
pour laqucUe caufb fuient dw^tt» 4udStrUs^^4<i(Se'^;« W^Hft^feqyi
S j nomber
L
M77«
/
14* 1 E S C H R O N I Q U E S
nombre <}ê dix-buit , encre lefciuels y eiloic un4iotniné Mr OncUrt <!&
Bucy y Procureur General de ladicce ville d*Arras & de la Comté d'Ar^
tois 9 auquel fut le col couppé dedans un chapperon d efcarlate fourré de
letiflès , & laditte tdkcj avec ledit chapperou , mife & boutée au bout
d'un chevron, auquel fut fort cloué ledit chapperon » afin qu'il ne feuft
emblé , enfemble laditte tcfte , âc^contre ledit chevron y avoit un efcri-
teau où eftoit efcrit : Cy eft la tefte maiftre Oûdan de Biay , Confeiller
du Roy en fa Cour de Parlement à Paris. Et après laditte exécution faite
le Roy s*en ala à Noftre-Dame de Boulongm (ur la mer , & pour raifon
desdeffufdits, ainfi décapitez, le Roy eut grand malveillance contre
laditte ville tTArras j Se déclara lors, qu'elle ieroit deftruice. Et pour ce
faire y envoya manouvriers , gens de guerre , artillerie , vivres, & autres
chofes > & y fut mis le iîege fort & afpre. Et tira l'anUlerie dedans icelle
ville d Arras vers la fin du mois d'Avril , c^ue le Roy retourna en laditte
cité d* Arras y où incontinent fift tirer faditte artillerie, tant bombardes,
que autres , à caufe dequoy toute la ville fut fort foudroyée, & fut fort
ftobata le boulevart que ceux d* Arras avoient fait contre laditte cité ,
tellement qu'on voit de laditte cité parmy le boulevart tout au long de
laditte ville d' Arras. Et tellement que après ces chofes lefdits habitans
dudit Arras furent fort efpouvantez, & cuidoient bien mourir. Se trou-
vèrent le moyen d'envoyer devers le Rov, pour de luy obtenir fa bonne
'grâce & mifericorde , lequel la leur bailla & oâroya, combien qu'il l'a-
voit abandonnée aux nobles honunes & francs archers , eftans pour luy
devant icelle y qui fe tinrent à mal contens de la compofition que leur
avoit donnée le Roy , veu fondit abandonnement. Et que les dellufdits
en perfeyerant de mal en pis , avôient injurié le Roy , tué de fes gens ,
& fait moult de maux , parquoy leur fembloit bien que le Roy ne les
prendroit point à mcrcv. Et les gens du Roy , au moyen dudit ap-
poinûement, entrèrent dedans laditte ville d* Arras le Dimanche 4. May
1477-
Et après la compofition ainfi faite dudit lieu d^ Arras y s'en partit le
«Roy Se vint à là Viétoire. Auflî s'en panit Mgr. l'Admirai, les Gentils-
hommes Se francs archers de Normandie y pour eux en aler chafctm en
leur maifon. Et le Roy eftant audit lieu de la Viâ:oire eut nouvelles que
cinquante archers de fon ordonnance eftoient alez à Pcrormcy pour y
mettre & loger cinq prifonniers de par le Roy , aufauels ils avoient fait
refus d'y entrer , pourquoy il s'en partit & ala audit Peronnc cuidant
qu'on y voulfift faire aucune rébellion , où il fut depuis par aucun temps,
que autres nouvelles luy furent apportées que les Flamens Se autres, te-
-Âans leur party , eftoienr fur les champs pour nuire au Roy & fes pays ,
Îoutxiiièy incontinent le Roy fift publier fon arriere-*ban ^ & que tout
ommé hôUe & noft noble , privilégié Se non privilégié , & pour ceftc
fbis , feuft tout preft & en armes, pour le fervir de refifter â leur fureur.
Et fut ledit cry publié à Paris le Dimanche 1 8. May 1477. En après le
Roy^'ën ala iCdmbray y où il fut teceu par compofition , & illec fut
•^eetû pâit ciptak> temps , Se s'y raFraifchircnt fes gens d'armes jufques
«àto jour dé laTtfnîté.' En ce temps le Roy envoya (ts lettres patentes
^drefl^s aOx Gens tehAns (a Cour àc P^ement a Paris , par lefquell«s
. ' 1cm
DU ROY L O U Y S X L 145
leur mandoit tous en geueral aler & eux tranfporter en la ville de Noyon^
avec auffi les Maiftres des Requcftes de THoftel du Roy , pour, avec le 1^477*
le Roy & autres Sgrs. de Ton fang & lignage y qui feroient illec , veoir
prendre conclufion 8c fin fur le fait du procez rait alencontre dudit de
Nemours , qui par long^temps avoit efbé détenu prifonnier en la fiaftille
fainâ: Anthoine à Paris , laquelle chofe firent lefdits de Parlement » 6c
partirent de Paris pour aler audit lieu dc^Noyon , le Liindy 2. Juin pouc
cftre le lendemain audit Noyon , ainfi que mandé leur eftoit par lefcuttes
lettres»
Le Samedy 14 Juin , un qui avoit efté de Thoftel du Roy > 8c qui avoit
falfijfié Ton fignet & celluy d un des Secrétaires , 6c à cefte caufe avoir
fait & lî^nc piufieurs lettres , & baillé en diverfes villes de ce.Royau-,
me , où il avoit au moyen d'icelles pris plufîeurs fommes de deniers au
nom du Roy , 6c icelles à luy appliquées , fut pour ledit cas audit délin-
quant fon procez fait de par le Prevoft de Thoftel du Roy ou fon Lieu-
tenant & depuis envoyé audit lieu de Paris 9 auquel lieu 6c pour ledit
cas fut pilloné 6c mittré , 6c puis flaftré au front » le poing couppé , 6c
banny du Royaume de France ,6c Ces biens 6c héritages déclarez & ac-^
quis confifquez au Roy.
Audit mois de Juin advint que le Sgr» de Craon , à qui le Roy avoit
baillé la charge de fon armée , pour aler en la Comté de Bourgogne faire
guerre à Tencontre du Prince d'Orange y pour aucunes injures à lu^ fait-
tes par ledit de Craon , qui n'eftoit pas de pareille maifon de ky. Et
pour Coy venger d'icelle injure ,^ auifi le Rov qui avoit baillé le Couvert
nement du pays audit Prince , & qui avoit eité auflî au moyen de faire
mettre ledit pays en la main du Roy » 6c Tavoit de ce deichar^é pour
bailler audit de Craon , s'en courrouça fort & trouva moyen de faire re-
tourner contre le Roy les pays y villes & places > qui à la requefte s ef«
toient réduites i luy. Et avec 6c en fa compagnie fe mift & booca un
Chevalier dudit pays de Bourgogne , nomme Meffire Claude de Faul-
iray > qui foutindrent la guerre contre ledit de Craon , jufques À cer^
tain temps 3 que ledit de Craon fceuft que ledit d'Orangjt eftoiten une
ville nommée Gray > où il vint mettre le fiege & y demeura par deux
jours que ledit Seigneur de Chafleauguyon y frère dudit d'Orange , &
autres vinrent pour le fecourir y dont mt adverty ledit de Craon , qui
s'en ala mettre en bataille contre ledit Seigneur de CAafieauguyon , fo
y eut grand hurtibilis à laditte rencontre , & de cofté 6c d'autre y mou-
rut de gens de façon quatorze ou quinze cens combattans. Et de laditte
defconmure furent faittes par rordonnance du Roy ptoceffions générales
i Paris y en TEglife faint Martin des champs.
Au mois de Juillet 1477. 1^ Duc de Gueldres y qui eftoit venu loget
près de Tourne^ y à tout quatorze ou quinze cens AUmans : 6c vint Gui-
der bouter le feu es fauxbourgs dudit Toumay y Se fov loger au pont
d*Epierre , près de laditte ville , vinrent dommager icelle, rut fait (ail-
lie par deux fois fur ledit de Gueldrtêy où à la première faillie il fut tel-
lement qu'il y mourut , 6c fon corps apporté en la ville de Toumay. Et
puis à la féconde faillie iflirent fur ceux de fon armée de trois à quatre^
cens lances de l'ordonnance du Roy > avec aucuns particuliers de laditte
ville»
Ï44 LESCHRONI QUE S
ville , Idqaels mirent en fuite tous lefdits Alem^tts & Flamtns , 8t>
1 477* bien tuèrent deux mille , & de fept à huiâ cens pnfonniers. Et de la**-
dittc dcfconfiture en fut chante en TEglife de Paris , Te Dcum lauda-
mus y Se fut fait les feux parmy les rues de laditte ville.
: Audit an 1477. le Lundy 4. Aouft (51), Meflïre Jacques (TArmignaci^
Duc de Nemours & Comte de la Marche , qui avoit efté conftitué &
amené prifonnier de la Baftille fainâ: Anthoine , à tel & fembiable qua^
triefme jour d'Août en Tannée précédente , pour aucuns cas , délits Se
crimes par luy commis & perpétrez 5 durant lequel tenips de fon empri-
fbnnem^t en icelluv lieu de la Baftille , luy furent faits pluHeurs in-
terrogatoires fur lefditq:s charges , aufquelles il refpondit 4^ bouche &
par elcrit , tant pardevant Mgrs. le Chancellier de France , nompié maif-
icre Pierre DorioUe , qu autres des Prefidens & Confeillers de la Cour de
Parlement par plufieurs & diverfès journées. Et encores . par certains
gtans Clercs du Royaume > demeiurans en diverfes citez & villes dudit
Royaume ^ pource mandez & afièmblez de lordonnance du Roy en la
ville de Noyon , avec & en la compagnie defdits de Parlement. Et en
k ptefence de Mgr. de Beaujeu illeic reprefentant la perfonne du Roy >
fut tout veu & vifité la procédure par laditte Cour » faitte alençontre
dudit de Nemours , enfemble auiïi les excufations par luy faittes Se bail*
Lées fervans à fa faivation. Et tout par eux veu , conclurent audit pro->
cez^ tellement que le Lundy 4« Aouft fut audit lieu de la fiaftille Meffire
Jehai^le Bouiengiery premi|:rPreCdent audit Parlçment , accompagne du
Greffier Criminel de laditte Cour » de fire Denis Hejfetin , Maiilrad'iiof-
tel du Roy , & autres qui vinrent dire & déclarer audit de Nemours ^oue
veucs les charges à luy impofées » fes confeffions & occufations par lay^
for ce fairtes > Se tout veu & confideré , à grande & meure délibéra*
tion , luy fut dit par ledit Prefident & par la Cour de Parlement , qu'il
eftoit criminel de leze^Majefté , Se comme tel condamne par Arrefb d'i-i
celle Cour à eftre ledit jour décapité es Halles de Paris , les biens , Stu
gneuries Se terres acouifes & confifquces au Roy. Laquelle exécution
fut ledit jour faitte à refjcbiffaut ordonné efdittes Halles , à Theure de
trois heures après midy , qu'il eut illec le jcol couppé , Se puis fut, en»
ijevelY& mis enbierre & délivré aux Cordeliers de Paris ^ pour eftrein^
bumç en laditte EçliCe » Se vinrent c^uerix le corps es Halles jufques en-*
viron de fept à huiâ vingts Cordeliers à qui furent délivrées quarante
torches^ pour muener Se conduirp le corps dudit Sgr. de Nemours en leur*
ditteEglife,
Audit mois le Roy qui eftoit à Tkerouenne envoya psmt de fon armée
pour combattre & metye hors de leur parc certaine quantité de Flamensy
qui eftoient parquez en un lieu nonune le Blanc-fofle , lefquels Flamens
quant ils x>ttyrent nouvelles die la venue du Roy & fon armée , s enfuie
lent &..dep&rquerent, ^' audit deparquement iaire frapper nos gens fur
iefdeifufdits F/d/r^;;» 1 defqueUen y eu( bien tué deusp mille. Et .depuis
f forent
( 31 ) La Chronique èsx TiUct met k datte du dernier Janvier i478« fi^Pcut-.
9^4* Août , & dans le Cabinet du Roi Louis être l'année y eft ajoutée; car alors on ne I4
9ÇI. à*3^r^ , eft une lettre «^*11 a ima$, en ^ mcttolt point aux lettres miiTiYçs^
DU ROY LOUYS XL 145
furent fuivis jufques bien loing dedans le pays de Flandres ^ 6c paf*
ferenc lefdits gens du Roy au monc de Caffel, i Ficfncs Se autres places» ^ 477<
qui furent priles Se arralées » & en tuerene encores bien autres deux
mille. Et defdittes defconficures en furent faitces de moult belles pro-
cei&ons en la ville de Paris.
Audit mois d'Aouft 1477. advint que un jeune fils Bourreau à Paris »
nommé Petit^Jehan , fils de.maiftre Henry Coujin , maiftre Bourreau en
laditte ville de Paris y qui défia avoir fait plufîeurs exploits de Bourreau.
£t entre les antres avoir exécute & couppé le col de meflSre L'oys de
Luxembourg^ Conneftable de France , fut tue & meurdry ledit Petit- Jehan
en laditte vUle dé Paris , au pourchas d'un menuifier qui eftoit nommé
Oudin du Bujl , natif du pays de Picardie y qui avoit conçeû haine
mortel contre ledit Petit- Jehan y pour faifon & caufe de ce aue ledit
Petit-Jehan , avoit frappé ou batu long-temps paravant ledit du Bujl i
jK>ur aucune noife qu'Us eurent enfemble , à caufe de cq que ledit Me*
nuifier du Bujl luy demandoit la groflè Se féel d'une obligation > en
quoy ledit Petit- Jehan eftoit oblige â icelluy Oudin du Bujl » & de la-
quelle obligation ledit petit Jehan avoit payé le principal , & nç reftoit
que ledit groflèment Se féel.
Et pour eftre ledit du Bujl v^ngé du^tPetit-Jean , fe adbcia ledit du
Bufi de treis jeunes compagnons demeurans à Paris. Uun d'iceux nom-
mé T Empereur du Houx , Sergent à verge. L'autre Jehan du Foing ,
Fontenier & Plombeur : Se l'autre nommé Regnault Goris y Osfevre »
fils de Martin Goris , Courtier de Géoleric. Tous lefquels quatre de
guet i pens & propos délibéré , vinrent allàillir ledit Petit-Jehan y qu'ils
trouvèrent au coing de la me de Garnelles près de l'hoftel du Moulinet »
6c vint le premier a luy ledit Empereur du Houx foubs fiance amiable »
qui le prit par deilbus le bras en le tenant fermement y en luy difant qu'il
n euft point de paour des deffufdits ,^ Se qu'ils «ne luy feroient {>oint de
mal. Et en luy difant ces chofes > vint leclit Re^naûlt Goris y qui frappa
Xzèîvi Petit- Jehan d'une pierre par la tefte, dcmt il chancella > & lors ledit
Empereur le lafcha y Se incontinent vint â luy ledit Jehan du Foing y
qui luy bailla d'une javeline au travers du corps , dont il chey t mort en
la place y Se depuis qu'il fut mort ledit du Bujlhxj vint couper les jam-
bes 6c à tant le partirent les quatre defliifditf » & s'en alerent bouter
en franchife aux Cele/lins de Paris. Auquel lieu la nuit enfuivant furent
Eris & tirez dehors par l'oiTlonnance & commandement de meflire Ro-
crt d*EJlouteville , Chevalier Prevoft de Paris , & gens de fon Confeil »
ponrce que par information leur apparut dudit guet à pens 6c propos
délibère , dequoy lefdits CeUJlins appellerent , & par la Cour de Parle*
ment fut l'appel vuidé & dit qu'ils ne jouyroient point des privilèges de
l*EgUfe. E> après, comme Qercs, furent reauis parl'Evefquede Paris ,
comme fes Clercs. Audi pareillement fut dit par Arreft dç Parlement
Îu'ils ne jouyroient point du privilège de Clerc , & furent renvovez par
evant ledit Prevoft , par la (entence duquel ils furent tous condamnez
d eftre pendus & eftranglez , dont ils appellerent en la Cour de Parle-
ment. Lequel confirma laditte fentence qui fut exécutée , & furent
tous quatre pendus au gibet de Paris , par les mains dudit maiftre Hen^
Tome II. T /y ,
14* LES CHRONIQUES
3f y père dudic Pttit-Jthan y qui pour tant fut veneé de la mort de fbir-^
it fus , le Jeudy veille de Mgr. fainâ Jthan decollafle y vingt huiâieC*
me jour dudit mois. Et furent pendus en la manière qui s'enfuit , &
tout joignant l'un de l'autre i c'eft a(Etvoir ledit Empereur le premier >
Jehan du Foing le fécond , Regnault Goris le tier^ , & ledit Jehan du
Buji le quatrielme & dernier. Et eft afiavoir que lefdits Empereur , da
Foing &c Goris , eftoient trois beaux jeunea hommes > &: en outre pour
ledit cas fut batu de verges 6c banny du Royaume de France un jeune-
fils Cordonnier qui auoit confpiré de la mon dudit Pedt^Jehan : maisi
point ne s'eftoit trouvé à icelle.
Audit temps le Roy^ qui eftoit au pays de Picardie > fe panit dudit
pays &c y lail^ pour km Lieutenant gênerai Monfeigneur le Baftard àer
Bourbon y Admirai de France ', pour la conduite de la guerre Se garde
de tout le pays.. Et au regard des gens, de guerre de l'ordonnance du
Roy & autres. eftans pour luy^ efdits vzjs > on leur bailla 6c afiîgna l'en
kur logis en la cité & ville d'Arras , Tournay , Lens , la Bc^e , &
autres lieux fur les frontières de Flandres 6c autres payr^qui encores
ietenoient pour ladite Damoifelle de Flandres j fille dudit Duc de Bour^
gogrïtm Et après toutes ces chofes ainfî faittes 6c ordonnées , le Roy s'en
vint à Noftré-Dame de la Viûoire ,voir la belle Dame illec aouree , &
puis après s'en tira i Paris où il ne fejouraa gueres > & y eftoit le jour
de la fcflc fainS Denis. A k révérence duquel Sainû il délivra tous les^
Îrifonniers eftans en fesprifons de Chaflellet de Paris y 6c puis s'en ala
Tours y à Amboife & autres U'eux voifins > ou il fe tint par affez lon-
gue efpace de temps , durant lequel les^ Bourguignons 6c autres enne-
mis du Roy> fous les charges 8c compagnies du Prmce d* Orange y.mt&xer
Claude de Vauldray 6c autres eftans çn la Comté de Bourgogne y firent
Se portèrent de-mns guerres aux eens^du Roy, effcms pour luy audir
pays> & en fut tait de grtns defconntures fur lefdits gens du Roy > tant
en la ville de Grey (or Sofne 8c ailleurs y ok lefdits gens du Roy s'ef^
toient logez^ Et y tuèrent lefdits Bourguignons des Gentils-hommes de-
l'ordonnance do Roy y fous les ch^jges Se compagnies de Salle^art Se
de Conyngan y Capitaine des Efcoffois y en bien grand nombre.
En laditteannéeleRov^yanten miguiiere recommandation les fainâs
kits de /ainS Loy s 8ô JainS Ckarlemagne y ordonna oue leurs Images:
de pierre pieça > misée affis en deux des pilliers de la grand fâlle di»
Palais Royal à Paris > du rang des autres Rois de France y. fendent def-
cendus , & voulut iceux efbe mis 8c pofez au bout de laditte grand falle
flu de&s 8c au long de la Chappelle eftanr au bout de laditte grand fal-
le , ce qui fut fait. Et en furent payez les deniers que l'ouvrage couft»
à faire y par Robert Cailàiel , Receveur des Aydes en laditte ville de:
Paris.. •
An mois de Décembre audk an , le Roy pour toufîbus aceroKbre fon^
artillerie', voulue 8c ordonna eftre faites douze groâès bombardes de-
fente Se metaîL de moult grande longueur 8c gro^ur , 8c voulut ieelles.
eftre £aittes : ct& atfavotr trois à Paris y ttoi» i Orléans y trois à Tours ,
trois i Amieùs. Et durant ledit temps fift faire bien grand quantité de*
feioulcside £er ès.foxges eftans es bois près de Cnil^ dont il bailla la char--
DU ROY L O U Y S XI. 147
Çea maiftre Jehan de Reilhac di) , Ton Secrétaire* £c pareillement fift
faire es carrières de Pcronnc grand quantité de pierres a bombarde. £c
aufli faire dedans les bois grand nombre des chevretes &c tauldis de bois ^
avec des efchels à aflàillir villes & fbrteredès , pour avoir & prendre les
villes de Flandres & Picardie ^ qui encores audit temps efloient à re«
duire.
Audit temps advint au Royaume d^ Angleterre » que pourcé ^ue \t
Roy J^^citar^ dudit Royaume fut acertené que un lien trere qui eftoic
Duc de Claranee , avoir intention de paflèr la mer & aler defcendre ea
Flandres > peut donner aide ic fecours à fa fœur Ducheflè en Bourgo-'
gne » veiifve dudit deffunâ le dernier Duc , âft icelluy Roy Edouard
prendre & couftituer-prifonnier fondit frère & mettre prifonnier en U
cour de Londres » où il fut depuis détenu prifonnier par certaine longue
cfpacede temps. Pendant lequel ledit Edotîard aflenibla fon confeil , &
par la déclaration d'icelluy tut condamtfé i eftre mené depuis laditte
cour de Londres , traifnant fur les folles jufques au gibet de laditte ville
deZ ortdres , &illec être ouvert & fes entrailles jettez dedans un feu. Et
puis luy coupper le col & mettre fon corps ai quatre quartiers > mais
depuis par la grand prière ic requefte dç la mère defdits Edouard Se de
Clairance , fut fa condamnation changée 6c muée tellement , que au
mois de Février audit an icelluv de Clairance eftant prifonnier en
laditre tour fut pris & tiré de laditte prifon , 6c après qu il eut efté
confeflë > fut mis 6c bouté tout vif dedans une pipe de malvoifîe
deffoncée par l'un des bouts » la tefte en .bas 9 6c y demeura jufques
à ce qu'il eut rendu Tefprit. Et puis fut tiré dehors 6c luy fut le col
couppe , 6c après enfevely & porté enterrer aux Carmes avec fa fem-
me » jadis fille du Comte de fFarwick , qui mourut à la journée de
Cortventry tVfcc le Prince de Galles fils du fainû Roy Henry d* Angleterre
4de Lancajire.
Audit temps advint à Paris que un nonuné Daniel de Bar » ferviteur
de maiftre Olivier le D^n y premier Barbier 6c valet de Chambre du
Roy » fut mis & conftitué prilonnier en la Cour de«Parlement , pour
raiion de plufieurs plaintes qui furent baillées à bditte Cour alencon^^
' tre dudit Daniel ^ 6t m^fmementàla complainte d'une nommée Ma^
rion, fcmmt de Colin Panier, dcd'qne autre femme diltbluë, qui char-
feoient ledit Daniel de les avoir efforcées , & en elles fait 6c commis
ors 6c villain péché de Sodome. Et après que par laditte Cour & par
la Juftice du Prevoft de Paris euft efté vaccjué par long-temps i befo-
gner audit procez 5 icelles femmes fe defdirent defdittes' charges , en
confieflant par elles , que icelles charges avoient faides à la pétition &:
requefte dudit Panier & d'un nommé Janvier , comme ennemis dudic
Daniel , 8c pour eux vanger de luy* Pourquoy lefdittes deux femmes
par (èntence du Prevoft de Paris , furent condamnées à eftre batucs nues,
Se bannies du Royaume de France , leurs biens 6c héritages confifqués
au Roy , furquoy pcemierement feroient pris les dommages & inrerefts
dudit Daniel , premièrement 8c avant toute œuvre. Laquelle fentence
fut
U%)11 avoit été Coofcilkr 4ei Coâiptes* Vsyex, d-dcvant pag.
T 2
I477*
14? LES CHRONIQUES
fut prononcée & après exécutée par les carrefours de Paris , le Mcrcrcdy
*478. ji. Mars 1477^
Audit an &c mois de Mars , le Roy qui eftoit â Tou^ s'en vint vers
Paris loger à Ablon fur Seine » en un noftel appartenant à Marc Sena^
my , Efleu de Paris , où il ne fejourna que deux jours , puis vinr^ jPtf-
ris Se coucher en fon hoftel des TourncÛes , & d*illec le lendemain iïia«
tin s'en alaen l'E^life de Paris faire fon oraifon à la Benoifte Vierge
Marie. Et celle faitte s'en ala coucher à Louvres & es lieux voi(ins , où
il fejourna un peu de temps , 6c après ala à Hcfdin , Amiens & autres
lieux de Picardie , où le Sgr. de Havart de part le Roy Edoiiard d'An''
ghurrt y vint , & communiqua de trouver accord entre le Roy & les
Flamans^ Et du coftc du Roy y fut commis le Sgr àtfainS Pierre 8c au-
tres. Et durant ce temps le Roy fift toosjours paAèr fon armée audit pays
, de Picardie , tant ceux de fon ordonnance , que nobles , archers de rete-
nue , ic autres gens de guerre en bien grand nombre^
Audit temps au mois de Mais 1478. après Quaûmodo , vint & arriva
à i'^/i Madame d'Orléans , Mer, le Duc d'Orléans , un jeune enfant fils
du Duc de C levés , neveu d'iceîle Dame ,. Madame de Narbonne , fille
du feu Duc d'Orléans Se femmç de Mgr. le Vicomte de Narbonru , fils
du Comtede Foue:( , le fils du Gomte de Fendofme , & autres plufieurs
Seigneurs, Gentilshommes, Dames & Damoifclles, qui moult bien fu-
rent feftoyées par deux fois en ladicte ville de Paris. Pour la première
fois par Mgr. le Cardinal de Foue^ en Thoftel d'Eftampes près la Baftille«
Et la féconde fois par Mgr. le Cardinal de Jîo/^r^an en fon hoftel à la-
ditte ville de Paris , qui y donna i foupper à icelle Dame > à toute fa-
ditte compagnie , & pluueurs autres , le Mardy dernier Mars^ 1478. Et
fut ledit* foupper moult honnorable, plantureux , & bien honnefte-
ment fcrvy de tout ce qu'il eftoit poffibfede trouver, avec chantres Se
plufieurs inftrumens mélodieux , farces, mommeries , & autres honneftcs
joyeufeté?:. Et fut l'aflîette dudit foupper en la gallerie dorée , refervé
maditte Dame-deJViïf^<W2«<, qui eftoit fortgrolle,. çiui pour fon aife
avoir avec Mgr. foivmary , Se jufqn'au nombre de huidt, foupperent en
une chambre baflè dudir hoftel au logis de Jehan de -Rcye, Secrétaire
de Mgr. le Duc de Bourbon , & Garde dudit hoftel de Bourbori.
Au mois d'Avril 1478. fut fçeu par Guerin le G^r^w/z , Baillif de fainâ;
Pierre le Monfiier , Se Robinet du Quefncy , lefqucls Se chafcon de eux
avoient charge de cent lances de l'ordonnance- du Roy , qui eftoienf en
garnifon au pays de Picardie , que \tsFlamens venoient i Douay pour
apporter argeht à ceux dudit fieu pour leurs gages < & foiridées. Se auflî
pour les af&ires de laditte ville. Lefquels Capitaines fe mirent aux
champs pour gagner ledit argent , ce qu'ils firent , & ruèrent jus ceux
qui le^portoient , Se en tuèrent aucuns, & plufieurs prifonniers y furent
pris.
Et pource que ceux de laditte ville de Di>tu^ Se de l!Ifle de Flan*
dres , eurent certaines nouvelles de laditte- deftrouflè ,. fe mirent aux
champs pour refcourre ledit argenr & prifonniers. Et nonobftant qu'ib
fcuflcnt moult grand nombre , nofdits gens fe fauverent parmy eux , ea
tttcrcnt quatre-vingts & mieux , & cmtjoncrcût ledit argent par eux ga-
DU R O Y L O U Y S X L 149
méé Et n*y mourut point des gens du Roy plus de vingt-fix ou vîngt-
lept hommes (jj). 1 478'
Au mois de May 1478. le Roy qui eftoit au pays de Picardie^ ne fift
gueres de chofes , flnon de gagner & avoir par la puiflknce une petite
ville nommée Condi y qui eftoit tenue par les Bourguignons , laquelle
eftoit fort nuifante à avitaillcr , & porter vivres à ceux de la cité de
Toumay. Dedans laquelle ville y avoit des gens de guerre du party du
Duc en Autriche , qui fe laiflèrent battre, mais enfin quant ils apperceu-^
sent le grand oft,. qui leur eftoit appâtant , ils prirent compodtion avec
le Roy de luy bailler laditte ville & chafteau , à quoy le Roy les receiit r
Se s'en alerent eux & leurs biens faufs.
: En laditte année vint à Paris un Cordelier , natif de FiUc" Franche en'
Bcaujolois y pour prefcher à Paris ^ & illec blafmer. les vices, & y
j^efcha bien longuement , difant & publiant les vices dont les créatures
eftoient entachées. Et par fes paroUes y eut pluâeurs femmes c|ui s'eftoienr
données aux plaifances des hommes , & autres péchez , qui de ce ie re-
trayrent , &c aucunes d'icelles fe mirent en Religion en delaifiànt leurs
plaifances & voluptez , où paravant $*eftoient démenées r & fi blafma
tous les eftats , & n prefcha de la Juftice , du Gouvernement do Roy ,
des Princes & Seigneurs de ce Royaume , & que le Roy eftoit mal fervy,. .
& qu'il avoit autour de Uiydes ferviteurs , qui luy eftoient traiftres , &
que s'il ne les mettoit dehors , qu'ils le deftruiroient, & le Royaume
auffi. Defquelles chofes en vinrent nouvelles au Roy , parquoy ordonna,
qu'on luy dcffendift le prefchcr-^ Et pour cefte caufc vint ï; Paris maiftrc^
Olivier le Dain , Barbier du Roy , pour luy faire deffendre le prefcher,.
qui luy fut interdit : ce qui fut à la grand deplai&nce de plufieurs hom- '
mes & femmes , qui fort s'eftoient rendus enclins à le fuivre & oyt fes
Î>arolles & prédications. Et pour doute qu'on ne le pri^, ne que on ne*
uy fift aucun opprobre , le turent Veiller nuit & jour,, dedans le Con-
vent des Cordeliers dudit lieu de Paris. Et-fî difoit-on , que.plufieursi
fènlmes y aloient curieufement de nuit & de jour , qui fe garniftbienr
en leurs patois de pierres , cendres , coufteaux mucé^ , & autres ferre--
mens & baftons , pour frapper ceux qui luy voudroient nuire & empef-'
cher faditte prédication, &c qu'ils luy diloient , quiln'euft point de-'
pgour , & qu'ils mourroienr avant que efclandre luy advint»
Dusanr cts chofes >'S'en ala en Picardie un Légat de par le Pape , pour
remonftirer au Roy, & au Duc d* Autriche , le grand mal que faifoieno
les Turcs inâdelles alencontre de la Chreftienté , en les exhorrant de faire:
paix entre eux ^ dt de eux délibérer , d'eux expofer à la deftencede la-^
ditte Chreftienté, & deftruire lefdits infidelles. Au moyen de quoy fut
«n peu ceflfte laditte guerre, en efperant trouver accord en leurfditS'
. débats r mais nonobftant ce, ne ceflèrent point les Bourguignons de là^
Y^Mchii Se Comxiàc Bourgogne. y de tousjours Êiire. guerre aufditrpays*
' 0?) 1^ \4ti%.SttppUnunh Au
mois à* Avril y Louis XL fe rendit [ Patentes
à Boulogne fur Mer , pour y faire ; vril 1478. dansl'Hift. de N;.Dame^
Hommage: de..fon Royaume à la ;deBoulogn&deM.lèRoyvp;ioi«. •
Tt 3;
Sainte Vierge.- P^oye^ fesLettres>
\s de ce Roi', du mois d'A—
I
l
150 LES CHRONIQUES
& â Tannée que le Roy y avoic envoyée , & de prendre fur les gens dd
147.8* Roy vilïes , chaftcaux , éc places par le Roy recouvrées > & y tuèrent des
gens du Roy 6c francs archers > bien grand nombre.
Le Mardy 16. May fut crié à fon de trompe , & cry public » par les'
carrefours ac Pari^ , comme de toute ancienneté il foit de couftume » &
Iu'il ne loife i nuls » de quelque eftat qu'ils foient , de faire afièmblées .
e gens en la riUe de Paris , fans le congé 6ç licence du Roy ou fa Jufti*
ce. £t que ce neantmoins y au moyen de certains fermons , & prédica-
tions > puis n'aguere^ faits en laditte ville , pat frère Anthoine f radin »
de rOrdi^ des Cordeliers , plufieurs perfonnes fe font a0êmblétes & ve-
nues au Convent defdits Cordeliers , pour illec garder ledit Cordelier »
auquel n avoir efté fait aucun opprobre par le Roy ne fa Juftice ^ mais
!r avoient efté envoyés feulement aucuns des Confeillers du Roy , pour
e interroger fur aucunes chofes de matières fecrettes , dont le Roy enr
voulait fçavoir la vérité» Et illec s*eftoient tenus nuit & jour près de
icelluy frère jinthoiru , pour le garder y & comme ils difoient. Laquelle
chofe eftoit en grande eiclandre t parquoy Ôc par Tadvis de la Cour de
Parlement > âc Prevoft de Paris , eftoit interdit 8c deffendu à toutes per«
fon nés, ^e quelques condition qu'ils feudènt , de non plus faire leldit*
tes aflemblées en laditte Eglife des Cordeliers , ne ailleurs , fur peine de
confifcation de corps 6c de bieas. Et que au regard de ceux , oui aind
eftoient aflfemblez audit lieu des Cordeliers , incontinent après le cry fe
xlepartiilènt , Se alaft chafcun en fa maifon fur lefdittes peines , ôc aux
maris , qu'ils fitlenc detfence i leurs femmes de plus aler , ne eux tenir
aufdites a({êmblées. Après lequel cry, ainfi fait que dit eft , fut par
Î;rand derifion crié par plusieurs des efcoutans , aue ce n'eftoit que fo*
ie , & que le Roy ne fçavoit rien des chofes deATuldites, 8c que c'eftoit
mal fait d'avoir Oi^ donne de faire ledit cry.
Le Lundy premier Juin »idit aa , par le premier Prefident du Parle-
ment , 8c. autres ^ui fe difo^nt avoir charge du Roy , fut dit & déclaré
audit ftere Anthoine Fradin , qu'il eftoit à tousjocurs banny du Royaume
de France , & quepour ce faire il vutdaft incontinent , & fans arrefter >
hors d'icelluy Royaume , ce qu'il fift , 8c vtnda le lendemain de laditte
ville de Paris , qui fut Mardy 1. Juin 1478. Et quant ledit frère jén-
thoine partit dndit lieu des Cordeliers de Paris 9 y avoir grand quantii;i^
de populaire , crians & foùpirans moult fort fon département , & en
eftoient cous fort mal contens. Et du courroux qu'ib en avoient, difoienc
de merveilleufes chofes , & y en eut plufieurs, tant hommes , que fent-
mes , qui le fuivoient hors de la ville de Paris , jnfqncs bien loin » & puis
après s'en retournèrent.
Audit temps , le Roy qui eftoîc aie au pays de Picardie , en intention
d'avoir & mettre en fes m^ôns , 8c obeiffimce , les villes , places & pays » .
que tenoit le defFun^ Duc de Bourfogniy au jour de fon trefpas , comme
appartenans au Rov , & à luy acquifes car la rébellion & defobeyllànce
du deffunâ Duc de Bourgogne , èc qui , ipour iceUes avoir , y avoir me-
né la plus belle & grande quantité d'artUterie , & gens d'armes de fon
ordonnance , francs archers 8c nobles hommes , . qui oncques fut velië
tnFran^Cf ]|t demçur^ Ipnguçment ^odg pays^ çuidanc tousjoors avoic
les
• DU ROY LOUYS XI. 151
les Ftamtns & le Duc MaximUIen d* Autriche , qu'ils appellolent leur
Seigneur , foits ombre duquel avoir, fut envoyer devers le Roy, luy eftant ^ 47 8^-
à Camhrayy &: en la cité d^Arras , Ambafladeurs dudit Duc d^ Autriche ,
qui pourparlerent de bailler au Roy , paiâbleinent , les Comtés d^ Artois
& àc Boulogne y Vlfie , Douay y &C OrchieSy Saint Orner , & autres vil-
les , avec la Diiché de Bourgogne entière. Et fous onîbre defdittes pro^
ineàès, le Roy leur bailla k jouidànce de Cambray y Quefnoy-Ie-Comte^
Bouchain , & autres villes. Et pour cftre plus près du Roy , pour com--
jnuniquer des chofes deffùfdires, s'en vint loger & parquer ledit Duc
. ^^ Autriche ; luy & fon oft > que on difoit eftre vingt mille combatans &
mieux, entre Douay Se Arras* Et illec tinrent le Roy en belles parollesy
ibus ombre defdittes promeflès , jufques en la fin dudit mois et Juin r,
que le Roy n'eut aucune chofe de ce qui luy avoit efté promis^ Et f(
avoir eu libéralement du Roy, icelluy Maximilien^ lefdittes villes, cui-^
dant que de fon cofté fuft entretenu ce que promis luy avoit , dont il ne
£(1 rien , & n'y eut aucune conclufîon fur ce prifer
Durant kdit mois de Juin , l'armée que le Roy avoit envoyée en la
haute Bourgogne pour recouvrer fes villes» contre luy rebellées-, &c dont
avoit la charge le Gouverneur de Champagne , nommé d'Amboife ^ prof-
pera fort, & regagnèrent & mirent es mams du Roy la Ville de Verdun ^
Monfaviony&c Semur en TAuxois, tant par aflàult, que parcompofition*
£t après alerent mettre le fiege devant la villede Beaune, où ils furent depuis
•par aucun temps , & jufques au commencement do mois de Juillet 1478.
3ue fadittc ville de Beaune fe rendit au Roy , par compodtion , es mains-
udit Gouverneur , tellement qu'ils eurent leurs vies & bieps faufs , &
payèrent , en ce faifant , par forme d'amende pour leurs defautes , qua-
liante mille efcus > & fi furent condamnez à rendre & reftituer tout le
vin & autres debtes , qu'ils pouvoient devok aux Marchans de Paris ,.
te autres Marchans du Rovaume , tant en vin par eux vendu , & non li-
vré y que d'argent à eux baillé & prefté.^ Et au resard àts gens de guerre,
ils s'tn alerent , par laditte compofition , franchement Se quittement ,
eux & leurs biens fâufsi.
Audit mois de Juillet , furent & tranfporterent en ladîcte ville d'Ar^ *
* rasy par devers le Roy*, illec eftant, une grande Ambaflade dudit Duc
Maximilien d* Autriche y & aufli des habitans des villes & pays de Flan-
dres : lefquels furent oys par le Ro^ & fon Confeil , & fur ce qu'ils-
voulurent dire à grande Se meure delibeiation , fut appointé entre le
Roy Se lefdirs Maximilien Sc Flamens y oue la guerre , qui kys^ eftoit
audit pays , cefléroit jufques à un an , pendant lequel iroient feurement,<
èc chafcun des deux coftez, toutes perfonnes de l'un party en l'autre »•
êe que toute marchandife auroit fon plein cours.- Et à tant s'en départie
le Roy , & s'en vint loger ytxsParis , Se ne' entra point diins la ville,*
pour canfe de ce que on luy dift , que on s'y mourroit , Se s'en ala' près-
de Fendofme ,. où il fe tint par aucun temps. Et après ak à Behuan^ Se
autres pèlerinages à fa dévotion..
En laditte année , & au retour dudit pays, le Roy fift de grans^donsà^
Blufieurs Eglifes & divers Saints : car il vint vcoir là Bcnoifte Vierge*
Marie de la Ki3oire , près Senlis ^ où il donnadcux mille firancs ,. qu'iB
vouluili
i^% LES CHROÎ^IQUEÎ.
vouluft cftrc employez à faire des lampes d'argent , devant l'autel de la-
ï f 7 ^* dittc Vierge. Et aullî fift couvrir d'argent la chaflc de Mgf.faina Fiacre^
où il fut employé de fept à huiû vingt marcs d'argent. Et en outre pour
fa grande & hnguliere confidence, que de tout temps il a eu à Mgr. *$*. Martin
de Tours , vouluft & ordonna eftrc fait un graïui treillis aargînt tout
autour de la chafle dudityii/75 Martin , lequel y fut fait » ôc pefoit de
feize à dix-fept mille marcs d'argent, qui coufta , avant que eftre preft
Se tout a/fis , bien deux cens mille francs. Et eft aflàvoir que pour finer
de ladittç grande quantité d'argent à faire les ouvrages deffuldits, fu-
irent ordonnez Commiflàires pour prendre & faifir toute la vaiflelle
qu'on pouvoit trouver à Paris de autres villes , laquelle vaiflelle fut
payée raifonnablement ; mais nonobftant ce, en fut erand quantité mu-
çéc , & ne fut plus veuë es lieux où elle avoit accouftumé de courir. Et
à cefte caufe , de-U en avant , quant on aloit aux nopces franches , ôc
autres, où on avoit*accouftumc d^y en veoir largement, n'y eftoienc
trouvez aue beaux verres & efguieres de verre & feugiere.
ïn icelluy temps , le Roy fift faire grand aflèmblée des Prélats , gens
d'Eglife , de grans Clercs , tant des univerfitez de Paris , MontpcUcr p
que d'autres lieux , pour eux trouver & aflèmbler en la ville d'Or/cans >
pour fubtilier & trouver moyen de ravoir la Pragmatique , & que Tar-
cent des vaccans & bénéfices ne feuflènt plusportezà A^/T^e , ne tirez hors
de ce Royaume. Et pour cefte caufe fe tint laaitte aflèmblée , ainfi eftanc
a Orlcans , où prefidoit pour le Roy Mgr. de Bcauicu , Mgr. le Chan-
cellier, &c autres du Confeil du Roy. Lequel Mgr. le Chancellier» en la
prefence de Mgr. de Btàujtu , dift & déclara les caufes pourquoy laditte
aflèmblée elloit ainfi faite audit Orltans , bc les caufes ^ui mouvoient
le Roy d'avoir fait faire icelle aflèmblée ; laquelle proportion fut refpon*
duc par maiftre Jehan Hui^ E)oyen de la Faculté de Théologie , pour
laditte Univerfité de Paris , qui , en ce faifant , fift de grandes remonf-
' iirances & parla fprt & hardiment, pource qu'il eftoit ad voué de par lefdits
4e l'Univerfiré de -PiWj. Et auflî y parla pour laditte Univerfité àcMont-»
pcllier un autre grand Clerc , qui auflî parla moult bien. Et après que
* icelle aflèmblée eutillec efté certaine efpace de temps , le Roy vint à fa
devotipn en l'Eglife ^IQftre-Dame de CUry p Se après îa dévotion faite > ^
ala audit lieu d* Orléans , où il ne fejourna que demie journée. Et après
?[u'il s'en fut retourné , tout ledit Confeil , ainfi aflèmblé que dit eft ,
ans conclure fe defpartit , & ala chafcun dont il eftoit party pour y
venir , ^ fut ledit Confeil remis 4 Lyon au premier jour de May après
çnfuivant.
En après le Roy eftant audit pays de Tourrainc , envoya fes lettres
çlofes à fes bons Bourgeois de P^r/V , leur faifant fçavoir quant il avoic
envoyé fes Amba(&deurs par devers le Roy de Cajtille Se de i.con , fur
aucuns differens, qui eftoient entre le Roy Se luy , afin de trouver aucun
bon accord entre eux fur lefdirs differens , lefquels fes Ambafladeurs ,
eftoient retournez dudit voyage, & avoient rapporté, ^ue ledit Roy de
Cajlillc eftoit bien content du Roy , & luy avoir promis Se juté bonne
^mour & vraye alliance : pourquoy le Roy voulant de ces cnofes eftre
loiié Se regracié Dieu , noftrç Créateur , Sç la Benpifte gloricufe Vierge
« Marie 9
?,
D U B. O y L O U Y s X I. ijj
Marie t ipandoît anfdits de Paris j que de ce ils fiflènc procédions gcne-
lâles â Paris , & que les feux en feuflcnc faits parmj les rues de ladicte * ^^
Tille : Laquelle chofe fut faite. Et furent icelles proceflions faites > qui
lièrent de Noftre-Dame i Madame fainde Genevief^e au mont de
Paris > & fut illec prefché par le Prieur des Carmes » qui illec déclara
bien au long Se honnorablement , l'intention &: contenu defdittes lettres
du Roy.
En ladite année au mois d'Oâobre $ advint au pays d'Auvergne ^ que
en une Religion de Moines noirs (34)» appartenant à Mgr. le Cardinal
de Bourbon , v eut un des Religieux dudit lieu , qui avoit les deux fexes
d'homme & oe femme , & de chafcun d'iceux fe aida tellement , qu'il
devint gros d'en&nt, pourquoy fut pris &: faifi , &c mis en Juftice Se
gardé jufqucs â ce qu'il fut aelivré de Ton pofthume , pour après icelluy
venu eftre fait dudit Religieux ce que Juftice verroit eftre i faite.
Audit pays advint aum aue un Gentil-homme dudit pays (TAuvergru
Aourriflbit un lyon , oui luy efchappa & le perdit par aucun temps «
[u'il ne içavoit où il eftoit aerenu. Laquelle befte s'en ala â l'efcart &
ur aucuns chemins , U où mangea & dévora ptufîeurs créatures > tant
honunes que femmes , pour caufe dequoy grand nombre de gens dudit
pays fe mirent fur les champs pour le tuer , !& y ala auifi fondit maiftre ,
Se tant firent qu'ils trouvèrent laditte befte. Laquelle entre autres per«
Tonnes reconnut & vint à fondit maiftre , & incontinent fût tuée &
tneurdrie. Et pareillement aufli audit pays y fourdit une fontaine en
lien où jamais n'en avoît point eu > fie illec devint la terre mouvant ic
tremblant merveilleufement. * •
Audit an LXX VIII. au mois de Novembre > un nommé Srmon Courtois ,
que le Roy avoit fait fon Procureur gênerai par toute la Comté ^Artois,
au moyen de la trefve cgai eftoit entre le Roy 6c les Flamens ^ (e partit
de la ville dArras , feignant aler en fes affaires au pays de Flandres^
Auquel pays s'en ala par devers la Comteflè dudit Flandres , femme de
Maximilien d Autriche y par devers laquelle , fie non content de l'hon*
neur à luy fait par le Roy de l'avoir ainfi créé fondit Procureur gênerai
ea laditte Comté , dift à icelle Comteftè qu'il eftoit bien fon ferviteur»
comme fes autres parens avoient efté , fie qu'elle youlfift prendre de
luy le ferment 6c créer fondit Procureur ^ & de raifon elle luy revau-
droit , 6c aimoit mieux qu'elle £:uft fie demeuraft en (es mains que en
celles du Roy. Lefquelles chofes qui furent ifceucs par le Gouverneur
dudit Arras , pour le Roy , fut ledit Symon Courtois pris fie faifî , fie
mené xlevers le Roy â Tours > où il x:ontdIa tout ce ^ue dit eft deflus*
£c â .cefte caufe il fut décapité.
Audit an LXXVIII. le Lundy devant les Rois, advint que plufieursOffi*
clers du Rov en fon artillerie) firent aflbrtir une groflè bombarde, qui en
laditte année avoit efté faite i Tours , pour illec ellàyer fie efprouver , fie
fut acculée la queue d'icelle aux champs devant la Baftille fainâ An-
tboine , fie la gueulle d'icelle en tirant vers le pont de Charenton, La-
quelle fut chargée pour la pcemiere fois fie tira très-bien > fie porta la
pierre
( j4) Cétoiccn l'Abbaye ilfloire ea AavergiQe. UMXjtrMj , Abrégé Chroa.
TpmeJI, V
1^4 '^L E S C HK O NI Q U E^
^ pierre d'icelie de voilée jufques à la Juftice dudit pont de Channton. Elf
*479» pource qu'il fembla aux deflîirdits qu'elle ne s'eftoic pas bien defchar-^
fiée de toute la poudre qui mife & boutée avoir efté dedans la chambre
a icelle bombarde , fut ordonné par les deflurdits que encores feroit
chargée de nouveau , & que derefchef feroit tirée pour féconde fois »
& que avant ce elle feroit nettoyée dedans la chambre d'icelie avant que
d'y mettre la poudre ; ce qui fut fait , & fut faitte charger & boute fa.
* boule qui pefoit 5 00. livres de fer > dedans la gueuUe d'icelie bombar^
de , àlaauelle gueuUeeflroit un nommé Jehan Afsi^^ fondeur» oui icelle
bombarde avoir faitte : laquelle boule en roullant au lone de la voilée con-»
tre le tampon de la chambre de icelle bombarde, fedefchargea incon*
tinent > fans fçavoir dont le feu y vint. A caufe de quoy elle tua & meur«
drit & mîft en diverfes pièces ledit Mauguc > & jufques i quatorze autresi
perfonnes de Paris , aont les teftes , bras , jambes & corps ^ eftoient
portez & jettez en l'air , & en divers lieux. Et ala au(& ladirte boule tuer
& mettre en pièces &c lopins , un pauvre garçon ovfelleur y qui tendoit
aux champs aux oifeaux. Et de la poudre & veht cle laditte bombarde »
Jf en eur quinze ou feizé autres perfonnes,qui tous en eturent pludeurs de
eurs membres gaftez & buflez » & en mourut pluneurs depuis. Et telle-
ment que de ceux qui y moururent ledit jour » que de ceux qui furent
happez dudigt vent , en mourut en tout de vingt-deux à vint-quatre per-
fonnes. Et après le trefpas dudit Mauguc , fondeur de laditte bombarde >
le corps fut recueilly > enfcvely , & mis en bière , & porté à fainâ Mer-
xy à Paris fon Patron , pour y faire fon fervicc , & fiit crié par les carre-
rours «de Paris , que on priaft pour ledit Mangue , qui nouvellement
tftoit aie de vie à trefpas, entre le ciel & la terre , au fervice du Roy nof-
tre Sire.
En kdîtte année te Mardy 1. Mars , le corps d'un nommé Laurens;
Garnicr , de la ville de Provins , qui avoir par Arreft de k Cour de Par-
lement efté pendu & eftranglé au gibet de Paris , yn an & demy par
avant ledit jour , pour occafion de ce qu'il avoir tué & meurdryun CoU
teâeurou Receveur de la Taille dudit heu dcPravins,Sc duquel cas ilavoit
obtenu remiffion qui ne linr fur point entérinée par kdkte Cottr , fut aa
pourcbas d'un fîen frère fait defpendre dudit gibet par Henry Coufin
Exécuteur de lahaure Juftice audit lieu de Paris^ Et illec fut enfevel)t
ledit corps & mis en une bière couvert d'un cercueil , âcduditgibetmené
dedans Paris par k porte fainâ Denys , & devant icelle bière aloienc
quatre Crieurs de ladine ville fonnans de leurs clochettes , & en leura
poitrines les armes dudit Garnur , & autour dlcelle bière y avoir qua^
tre cierges & hui6^ rorches , qui eftoient portées par hommes veftus de
dueil & armoyez comme dit eft. Et en tel eftat fut mené padant parm^
kditte ville de Paris y jufques â k porte- fain& Anthoine , où fut mis
ledit corps en un chariot couvert de noir , pour mener inhumer audit
Provins. Et l'un defdits Crieurs , qui aloit devatit ledit coq)S, crioit
bonnes gens dittes vos patenoftrespour Tame de feu Lanrens Garnicr e»
fon vivant demeurant à Provins , qu'on a nouvellement trouvé mort
foan un chefne^ dites-en vos patenoftres > que Dieu bonne mercy luy
face*
3
DU ROY LOUYS XI ijy
En buUcte année le Jeudy i8. Mars > tin Gentil-homme nommé Otiolcy
fiâcif du pays de Gafcogm > qui auparavant avoit eu la charee & coiv-
^uite de par le Roy de cent lances de Ton ordonnance ^ laquelle chargé
<k ordonnance le Roy avoir nouvellement fait cadèr avec autres > laquelle
chofe il prit à defplaiTance. Et à cefte caufe fut rapporté , que ledit
Oriolt parloir mal & ufoit de menafiès , & que avec ce aufli ,.qu'il
mift en délibération avec le Lieutenant de fa compagnie , de delaifler \t
Roy & fon fervice , & aler fervir en guerre fou adverfaire le Duc en
Autriche. En quoy faifant , commettoit crime de leze-Majefté envers
fon fouverain Seigneur , pour lefquels cas Se autres furent iceux Oriolc
& fondit Lieutenant décapitez en la ville de Tours ledit jour de Jeudy.
Et après laditte exécution raitte , furent portez par maiftre Denis Coujin >
Exécuteur de la haute Juftice » & qui avoit exécuté ledit OrioU 8c
fondit Lieutenant » leurs telles 6c panie de leurs membres attachez Se
mettre aux portes <VArras y Se Buhunc , au pays de Picardie.
Audit an Se mois de Mars fut aufli pris prilon nier i Paris un nommé
le Seigneur de Mauves ^ qui àuffi avoit elle calfô de la charge de cent
lances » dont auffi avoit eue la charge pour le Roy i 8c fut pris en VhoC»
tel du Comeiprès fainâ Jehan en Grève , par Phelippe C HuillieryE(aiytt
Capitaine de la Baftille fainâ: Anthoine > Se par luy ou par autres mené
prifonnier audit lieu de Tours par devers le Ro^r, qui lors y eftoit. Et àt*
puis fut délivré comme ignorant des cas à luy impofez.
An mois d'Avril 1479. après Pafques , le Roy qui eftoit au pays de ^^
Touraine , délibéra du fait ae la euerre , & de ce qui eftoit de faire tou- ^'
chant le fait d'icelle > pource que la trefve , qui fur ce avoit efté entre luy
d'une part & le Duc en Autriche d'autre part , eftoit nrefque faillie»
Et que par ledit d* Autriche n'avoit efté aucune Àmbaftàde envoyée de-
vers luy pour accord faire entre eux fur leurs diftèrents, 8c pour conclure
ic ce qu'ils avoient à faire après la fin d'icelle trefve.
^ Au mois de May fuivant , nonobftant que laditte trefve ne feuft em«
pirée ne faillie > les manans Se habitans de la ville de Cambray mirent
8e boutèrent les Picars y Flamens y Se autres ennemis du Roy tenant le
party dudit Duc en Autriche dedans laditte ville de Cambray. Et d'iceU
le en dechaftèttnt 8e mirent dehors les gens de guerre, qui eftoient de^
dans le Chafteau de laditte ville de par le Roy , nonobftant oue laditte
ville le Roy avoit laiilee Se baillée en la garde &: confidence du Sgr. de
Fiennes y 8e incontinent après vinrent cîe trois à quatre cens lances def^
dits Flamens Se Picars y devant la ville & chaftel de Bouchain » dedans
laquelle n'y avoit en garnifon pour le Roy que feize lances qui fe retrahirenc
dedans leair chaftel, pource qu'ils appercurent que les habitans dudic
Bouchain avoient délibéré de mettre leldits ennemis du Roy dedans
kilr ville , incontinent qu'ils v feroient arrivez , ce qu'ils firent. Et in-
continent eux arrivez vinrent lerdits habitans aftaillir lefdits gens du Roy,
ue par force ils prirent Se les tuèrent tous dedans ledit Chafteau , Se
e tous ceux qui y eftoient n'en efchappa que un feul , Icc^ucl s'enfer-
ma dedans une chambre , & par un tuyau des chambres aifees fe lailla
cheoir dedans les foflez 8e fe fauva : defqnelles entreprifes & chofes ainfi
£ûttes , le Roy en fut fort mal content , Se non fans caufe , vcu qucla^
V a dittc
i5« LES CHRONIQUES^
dicte tfcfvc rompue & encreprifes deflurdictes ne fe faifoient poînr
.^73' pQjjj. aucune faqtc ou coulpe , que euflcnt fair les gens de guerre du Roy^
iur lefHics ennemis.
Et icefte caufe le Ro]t envoya certain grand nombre d'arciUerie en
la Duché & Francfu-Comtc de Bourgogne j avec grand nombre de no*
blés hommes & francs archçrs du Royaume de France » par devers Ic-
Gouverneur de Champagne , qui eftoïc Gouverneur & Lieutenant Ge^
fierai du Roy audit pays de Bourgogne , pour recouvrer ledit pays &:
mettre derefchef en ù, maith. Et y oeTognerent lefdits Gouverneurs £c
ceux de fa compagnie Ci vaillanunent , que par aflàult & port d'armés ils
gagnèrent d'aflault le chaftel de Rochefoh , & tuèrent (ous ceux qui ef>
toient dedans > en pillant tout ce qulls y trouvèrent» Et de là s'en ale^^
sent devant la cité de Do/e , qui fut fort batuc d'artillerie >, & après fur
aflàillie tellement qu'elle fut prife d'af&ult >. à caufe de quoy pludeurs
gens de façon & bons Marchans y moururent ^ & y fut laditte ville izf
jcafée &c mile par terre.
Aa mois de Juin enfuivan» ,. meflTre Robert d^EJknMviUt > Cheval-
lier Seigneur de Beine ^ qui avoir efté Prevod de Pans par l'efpace de43,.
ans , ala de vie â trefpas audit lieu de Paris^ Et en fon Ueu le Roy don^
fia ledit office de* Prevoft de Paris i Jacques £ Eftouteville y fils dudit
defifunâ Prevofit , en faveur de ce qu'il diioit que ledit detfund l'avoit
bien & loyaulment fervy^àla rencontre de Momlehtry &. autres- divers:
lieux^ ^
Durant ces ehofes le Roy eftant à Moneargis y oyt les nouvelles des;,
fhofes deffiifdittes ^ dont il fut fort joyeux , & lors fe partit & s'en ala
à Npftre-Dame de la FiSoire près Senlisy^y faire fêsoftemdes ,.ic de la
»'en vint au bois de Fincennes , où^ il ne fejourna qpe une nui6L E&
d'illec fe partit Se prit fon chemin pour aler L Provins , Se de4à au pay»
de Champagne ^ iZangres & autres lieux > & cependant fut chargé à
Paris >^ par la rîviere de Seine moult grand nomore de belle & grofle
artilli^ic y entre laquelle y avoit feize grodes bombardes toutes de ronte^^
Se grand, quantité de poudre & falpeftre , pour mener à Chaaions ea
Champagne >. k Bar^e-Dua , Sc d'ilfee akr cenquefter la Duché da
Luxembourg i mais ledit voyage &i£ rompu &L n'en &t rien fait*.
Et ife-Samedy tiers jour de Juillet audit an foixante& dix^neuf > vintr
Se arriva L Paris une moult belle & bonnette AmbaflTade du pap iCEf-
pagne > qiie menoit & conduifoit pour le Roy l'Evefque de Lombes ^
Amé^d^ JainU Denis tn France^ Et les furent recevoir aux champs hors;
de laditte ville , les Prevoft des Marchans & Efchevins^de laditte ville ,,
Se autres^eftans d'icelle ville , 6c après Leur entrée faite en icelle ville »
s'en ^Xtitni UainS Denis ,. ou ils tarent fort leftier par ledit Abbé dudic
lieu > & aufli audit lieu de Paris », par aucuns des. gpis< Se Officiers Ave,
Roy y eftans en icelle*.
En icelle année LXXDC ^tmzetiFrance un jeune Prince du Royaume
£EXco£e at nonuné le Dxxo. d'Albanie , frcrc du Koy.d'EfioJfe (3,5), qui„
pac
(15) SCr AtêxanA-e Smart > freradè [Parts ca 14^1»^ eft.catccré: aux CckC
Zicq^III.. &02 (CEcoiTe^ il eft. mort à.1 cias*.
D U R O Y L O U Y s X I. 157
pat ledit Roy eftoit dechaflfé hors dudk Royaume» lequel s'en rinc au
Roy à refuge > qui luy fift granc honneur à l'entrée qu'il fift à Paris : car
au devant de luy, furent aux champs par la -poxtt Jàin3 jinthoinc , fur
le chemin alant au bois de Vinunncs , tous les Eftats de Paris , avec ôc
en la compagnie de Mgr« de Gaucourt , oui , comme Lieutenant du
Rov > le recueillit bien honnorablement. Et a illec fut amené & conduit
dedans Paris , & mené loger en la tac/ainS Martin , à Tenfeigne du
Cocq , où depuis il fut longuement logé , & fes gens & compagnie »
tout aux defpens du Roy , combien que de fa compagnie & gens de na-
tion , n^avoit avec luy que dix à douze chevaux , & le fift , le Roy > ac«
compagner par Mgrs. de Monyptgny , Chevalier , le Sgr. de Congrcffault^
qui eftoient auffi Efcoffôis^
Au mois d'Aouft enfuivant , ItsPicars s Flamcns j & autres ennemis du
Roy , eftans logez es pays de Flandres , & autres villes contraires au
Roy , fe mirent fur les champs , tendans afin de trouver & combattre les
Î;ens du Roy , & vinrent, pour ce faire, près de la ville de Theroucnnc ,
aquelle ville tenoieàt les gens du Roy , & lefquels ennemis coidoieni;
avofi: & emporter laditte vUle par force & violence* Et après leur venue
la battirent fort de leur artillerie , à quoy il fut vaillamment refifté 6c
contrcdiâ par Mgr. de Saint Andry , comme Lieutenant de cent lances
de Mgr. le Duc àt Bourbon , & autres Capitaines &. nobles hommes de
l'ordonnance du Roy. Et dudit exploit en furent avertis les autres gens
de guerre eftans pour le Roy en earnifoa efdits pays de Picardie , tous
lefquels , pour fecourir lefcuts oe Therouennt &c laditte ville , fe afièm*
blerent & mirent fur les champs , & vinrent trouver lefdits Picars , F/a-
mens , & autres gens de guerre ennemis du Roy ,. à environ une lieue
près dudit Therouenne ; kfquels ennemis & adverfaires eftoient grand
nombre , comme foixante mille combattans ^ qui eftoient menez & con-
duits par ledit Duc d'Autriche j le Comte de Romon^, & autres SgrSé'
fenans ledit pany > defquels vinrent frapper les gens du Roy eftans en
garnifon audit Therouenne f . avec plufieurs des compagnies des lances,
que le Rpy avok en Picardie , dont av<>it la conduitte le Sgr.. des Quer^
des ,6c autres Capitaines avec hiy y tous lefquels par grand vigueur 6c
honnefte courage , frappèrent dedans lefdits adverfaires 6c ennemis , 6c
tellement qu'ils défirent toute l'avangarde dudit Due d'Autriche , à eau-
fe de quoy y eut grand occifion des gens dudit Duc , 6c y perdirent beau*
coup de biens, 6c furent menez chafiàns.' Et pource que aucuns francs
archers du Roy , qui- fuivoient ladine chaflè , fe mirent i piller le baga*
|e , & autres biens laiflèz par lefdits adverfaires , ainfi chaâèz comme
lit eft , vint fur lefdits^ francs archers ic autres gens de guerre rie Comte
êc Romont, qoiavoitbien quatorze i quinze mille piétons, picquiers,
qui tuèrent panie defdits francs archers. Se autres gens de guerre. Et
tant y en mourut des deux coftez ^ qu'on difoit 6c eftimoit les morts de
quatorze à quinze mille combattans , dont en y eut defdits Bourgui^
fnons y Picars & Flamens , de morts y environ de onze i douze nulle
combattans , fans les prifonniers , dont les gens du Roy prirent grand
quantité *, c'eft aflàvoir , comme de neuf cens i mil prisonniers , entre
lefquels y fut pris un des fils duRoy de Poulaine > &un autre jeune fils
V ^ q^u'oQi
147 9^
1479.
\
158 LES CHRONIQUES
au'on difoit eftre le mignon dudic Duc d* Autriche , avec grand nombre
e gens de bonne &grande maifon, & tous bonsprifonniers. Et au regard
des gens de l'armée du Roy , y mourut le Capitaine Beauvoijùn & Fuafte
de Momptdon , Baillif de Rouen , 6c des gens de guerre de lordonnancc
du Roy , y mourut environ trois cens archers de laditte ordonnance >
fans les francs archers.
Et après ladite defconfmire » ainfi faite que dit eft , ledit Duc i'AutrU
che , le Comte de Romont , ic autres de leur compagnie, fe rallièrent
& vinrent devant une place nommée MaUunoy , ciedans laquelle eftoit
un Capitaine Gafcon , nommé la Cadet Rtmonnet , & avec lu v de feptà
huit vingts lacquets arbaleftriers » auflî Gafcons > laquelle place , par
lefdits d'Autriche ôc Romont , fut aflàillie. Et par lefdits Gafcons fut
fort re(ifté , mais enfin furent emportez d*aflault i 6c y moururent la pluf-
part defdits lacquets , & les autres fe jetterent dedans les fofièz. Et au
regard dudit Cadet, il fut pris prifonnier 6c mené par aflèurance devers
ledit d* Autriche , lequel > nonobftant laditte aflèurance , & trois jours
après faditte prife , & de fang froid 6c raiCs » ledit d* Autriche le fift pen*
dre & eftrangler. Et pour vengeance faire de fa mon , le Roy très mal«>
content d'icdle, fift pendre juiqu*au nombre de cinquante des meilleurs
prifonniers , que fes gens d'armes eufiènt en leurs mains , & par le Pre«
voft des Marelchaux » lequel les fift pendre : c'eft afiàvoir , fept des plus
efpeciaux prifonniers , au propre lieu où le Cadet Remonnet avoit efté
pendu , dix autres prifonniers devant Douay , dix autres devant SainB
Orner , dix devant la ville d^Arras , & dix devant VlJI-t* Et eftoit ledit
Prevoft accompagné , pour faire fiure laditte exécution , de huit cens
lances 6c fix mille francs archers > tous lefquels , après icelle exécution
faite, s'en alerent cofté la Comté de Guy nés , & en revenant jufques en
Flandres , prirent dix-fcpt places 6c maifons fortes , & tuèrent & bruf*
lerent tout ce qu'ils trouvèrent , & en emmenèrent bœufs , vaches , che«
vaux , jufques es autres biens , & après s'en retournèrent en leurfdittes
gamifon^*
Audit temps fut pris fur mer, par Coulon , & autres efcumeurs de
mer en Normandie , pour le Roy , jufques à quatre-vingt navires de
Flandres , qui eftoicnt alcz quérir des feigles en Prujfe pour avirailler le
pays , 6c tout le hareng de la pefche d'icelle année , où il fut fait la plus
grand defconfiture , qui , paffe a cent ans , fut ^ite fur mer , à la grand
confufion 6c deftrudkion defdits Flamens.
En l'année 1480. paflèrent la mer d^Angluerre, pour venir en France
X 4 g o. par devers le Roy , le Sgr. de Havart , un Prothonotaire, & autres Am*
badàdeurs Anglois , pour le fait de Tentretcnement de la trefve d'en-
tre le Roy & le Rov d'Angleterre , lefquels AmbafTadeurs furent bien
receus du Roy , & leur fift-on bonne chère & grand , & s'en retournè-
rent après leur expédition. Et leur fut donné par le Roy de l'of comp*
tant & de belle vaiflcUe d'argenr.
En laditte année 1480. le Roy bailla lettres de commiffion à maiftre
Jehan Avin, Confeiller en fa Cour de Parlement , & à Jehan Doyac^
de la ville de Cuffet en Auvergne^ pour faire fur Mgr. de Bourbon, fes viU
les , pays , officiers ^ 6c bons fu je^^ plufieurs damnez exploits 6c nou«
velletez »
DU ROY LOUYS XL 159
velletez » que lefdics Commiflâires prirent joyeufement i faire » cui- ^TT^
dans deftruire ôc poner dommage audit Mgr. le Duc , contre Dieu & rai- ^
Ton , & fans caufe : mais pour complaire à là volonté d'aucuns oui les
menoient , afin de deftruire ledit Sgr. & mettre en exil. Et par lefdits
Commiflàires , en enfuivant leurditce commiflion , firent ajourner à com*
paroir perfonnellement en la Cour de Parlement à Paris , la plufpart
des Officiers d'icelluy Mgr. le Duc , comme fon Chancellier » fon Procu-
reur General , le Capitaine de fa garde , & autres plufieursen grand nom-
bre , qui y comparurent au jour a eux afiigné , ou par Commiflàires d'i-
celle Cour , furent examinez. Et pour ce faire , longuement deftenus en
arreft en laditte ville y alencontre defquels maiftre François Hafléy Advo-
cat du Roy en laditte Cour de Parlement > plaidoit pour fon pkifir faire
contre Dieu & raifon , le fervice de corps & d'ame. Et après , par la-
ditte Cour , furent eflargis & renvoyez en leurs maifons.
Et après ces chofes ainfi faites y fut auffi adjourné à comparoir en Ia«
ditte Cour maiftre Jehan Herbert , Evefque de Confiance > pour refpon*
dre à plufieurs crimes & cas à luy impoiez , où il vint & comparut > &
fut fur ce interrogé, & puis par Arreft de laditte Cour fut fait conftitué
prifonnier es priions de la Conciergerie , & tousfes biens & temporel ,
mis en la mam du Roy.
En laditte année au mois d'Aouft , fut fait trefve avec le Duc d^jiu-'
triche pour fept mois , dont les trois mois dévoient eftre nlarchans , les
trois autres d'abftinence de guerre , & le feptiefme mois de repentailles*
En laditte année au mois de Septembre , le Lundy quart jour dudir
mois , un Le^at du Pape, nommé le Cardinal de SainB Pierre y ad Fin-
cula (36) , qui eftoit venu en France > & arriva en la ville de Paris , où
il futhonnorablement receu par tous les Eftats de Paris , qui alerent au
devant de luy par la pont Jain3 Jacgues. Et par tout fon chemin , où
il paflà par laditte ville , eftoit tout ^ndu de tapiftèrie jufaues à TEglife
Noftre-Dame de Paris , où il fift illec fon oraifon. Et après icelle faite,
s'en ala en fon logis, qui luy eftoit ordonné au Collège de fainS Denis
près les Auguftins. Et 1 accompagnoit , & eftoit tousjours près de luy,
très-noble , très-reverend j>ere en Dieu , Mgr. le Cardinal de Bourbon.
Et le lendemain , qui fut Mardy fixiefme jour dudit mois , maiftre
Olivier le Diable , dit le Dain , Barbier du Roy , feftoya lefdits Légat y
Cardinal de Bourbon , &c moult d'autres gens d'Eglife , & nobles hom-
mes , tant plantureufement que poffible dtoit. Et après difner les mena
au bois de Vinunfus eft>attre & chafter aux Dains dedans te parc dudic
bois , & après s'en revint chafcun en fon hoftel.
^ Et le Jeudy enfuivant, veille de la Nativité de la Benoifte Vierge Ma-
rie, & Vendredy enfuivant , ledit Légat fut aux Vefpres & Mcflè en
l'Eglife Noftre - Dame de Paris , où moult de gens , de tous eftats ,
furent en laditte Eglife , pour veoir faire ledit fervice audit Légat, qui
le fift bien & honnorablemenr.
Et le Dimanche enfuivant» douziefme jour dncfit mois, ledit Légat
ala difner & foupper en Thoftel de Bourbon à Paris , où mondit Sgr. le
Cardinal
(3^ 07 Cétok Jaliai de la Rouvert , qoicI^QUfiicPapcfbasleiiomdeJalesIL
i<fo LES CHRONIQUES
oq Cardinal, de Bourbon le fcftoya , & y mena ledit Lesat , plufieurs Arche»
^ * vcfques , Evcfques , & autres Seigneurs & Gentilshommes , où eftoienc
l'Archcvefque ae Btjançon & celuy de Sens » les Evefques de Chartres ,
celuy de Ncvtrs » celuy de Thcrouenne , celuy tt Amiens , celuy d*AUtk ,
& autres , le Sgr. de Curton , Moirtau , Maiftre d'Hoftel au Roy , &
Elufîeurs autres Gentilshommes & gens d'Eglife > où ils furent moult
onnorablement fcftoyez. . •
Et le Lundy après enfuivant treiziefme jour dudit mois , ledit Légat
fe partit de Paris , & s'en alg kfdnS Denis en France , pu au (fi il nit
feftoyc par l'Abbé de faincl Denis y Se duàit fainS Denys s'en ala au
pays de Picardie & Flandres , pour cuidcr commuiiiouer avec les Fla-^
mens &c Picars , & aflfayer de faire aucun accord entre le Roy êc eux , fut
leurs difFerens , où il fut depuis par long^temps , la plufpart d'icelluy fe**
iournant à Peronne , cuidant avoir fur accès d entrer audit pays de Flan*
dres , où le Roy y envoya auflî maiftre François Hafli , Le Prevoft de Pa-
ris & autres , qui , fans y rien faire > retournèrent i Paris^ Et auffi re-^
tourna ledit Légat audit lieu de Paris le Jeudy devant Noël ii. jour de
Décembre 1480. lequel Légat ala veoir Mer. le Cardinal de Bourbon^
avec lequel il fouppa & coucha , & le lenc&main s'en partit dudit hof>
tel par la porte dorée , & paflà la rivierre jufques en l'hoftel de Neefle ,
où il monta à cheval avec les gens , qui illec lattendoient. Et s'en >U
jufques iOrieans , où il fejourna certain temps , pendant lequel le Koy
fift délivrer le Cardinal Ba/uc , & s'en ala audit Or/eans devers ledit
Légat. Et en ce temps fe tint le Roy au pays de Tourraine , où il demeu-
ra par la plufpart de Thy ver» &julquesà environ les Roys> qu'il s'en
ala à PoiSiers , & autres lieux 3 & puis s'en retourna à Tours &ç aux /pr«
ges > vers la an du mois de Janvier.
En ce temps le Roy fift cafler & abatte tous les francs archers da
Royaume de /r^/zce , & en leur plac^vouluft eftre & demeurer pour fèrvir
en les ferres les 5z/i^& picquiers.!Et6ft fairepar tous Couftelliers grand
quantité de picques , hallebardes , & grand dagues i larges rouelles^
En laditte année l'hyver commença tard , & ne gel^ point , qui ne
fuft le lendemain de Noël jour de fainâ Eftienne, & dura jufques au 8^
.Février» qui font fix femaines, durant lequel temps fift la ^lus grande
&afpre froid ure> que les anciens euflènt jamais veufaure en leurs vies, Cc
fmtniXtsiwitxsàtSeifieyMarne^Yonnei&ctKmtts autres rivières affluantes
en laditte rivière de Seine , prifes èc gelées fi très-fort , que tous çhar«^
rois » gens , & beftes , paflbient par-deilus la glace. Et au 4l^gel defdites
rivières en advint plufieurs grands maux & dommaees, â caufe defdites
laces qui en emportèrent plufieurs ponts eftans fur lefdites rivières , &c
\s glaçons firent de grans dommages : car ils rompirent & emportèrent
grand quantité de batteaux, dontparties'enalerentrrappercontrelesponts
Noftre*Dame , S. Michel d^icelle ville de Paris » lefquelsbat teaux fauveren t
plufieurs grans heurts que eufien t fait lefdits glaçons contre lefdits ponts,qui
mrent en bien grand danger d'eftfe abatus. Et pour la paour que en eu-
rent les demeurans fur lefdits ponts, defemparerent lefdits ponts, eux
& leurs biens , jufques le danger en fuft pafle, & lefquels glaçons rom-
pirent fept des pieux 4u moiuini du Temple. Et 4 cpfte caule fie vint
point
r
B U R O Y L O U Y s X r. i/r
point de bois i Paris par la rivière de Seine , & fut bien cher, comme
de fepc à huit fols pour le moule ; mais pour fecourir le povre peuple» 1 480*
les gens des villages amenèrent en laditte ville , à chevaux &c charrois »
Eand quantité de bois vert. Et eut efté ledit bois plus cher , (i les Aftro-
giens de Paris euflènt dit vérité , pource qu'ils difdient que ladictè
grand gelée dureroit jufques au huiÂiefme jour de Mars > & il dégela
trois (emaines avant , mais depuis ledit deeel le temps fut fort froid ,
jufques bien avant le mois de May > à caufe oequoy plufieurs bourgeons
des vienes, qui eftoient trop avancez» furent perdus & gelés, 6c les.
fleurs des arbres & les fouches , en divers lieux perdues Ôc gelées.
• Durant ledit hyver , & jufques au mois d'Avril, que faUloit la trefve
entre le Roy & les Flamens , ne fut rien fait de cofté ne d'autre , pource
que lefdits Flamens envoyèrent leur Ambaflàde devers le Roy à Tours ,
aufquels il donna expédition , Se continua les treiVes d'un an , efperant
que durant icelluy , le trouveroit quelque bon expédient de paix finale.
Audit temps les AmbaHàdeurs du Roy Edouard d^ Angleterre , vinrent
par devers le Roy pour le fait de la trefve , & prit le Roy la peine d'alet
iievers eux jufques à Chafieau-RegnauU , où le Roy les oiiyft fur la ma*
tiere pourquoy ils eftoient venus : Et illec furent expédiez par le Roy ,
&puis s'en retournèrent en Angleterre. Et après leur partement fut dit
& publié , que la trefve d'entre lefdits deux Roys eftoit continuée pour
bien long-temps. Audit an 1480. au mois de Mars , le Roy eftant en fon
hoftel du PUffis du Parc Icz-Tours , fut merveilleufement malade d'une
maladie, qui foudainement le prit, dont fut dit depuis qu'il fut en grand
danger de mort : mais moyennant l'ayde de Dieu , la fanté lu y fut rendue.
& revint en convalefcence.
En l'année x^8 1 . le Roy vouluft & ordonna que certain camp de bois,
qu'il avoit fait faire pour tenir les champs contre fes ennemis , ruft dreflê ^ 4*
& mis en eflat en une grand plaine près le Pont de r Arche , pour illec
le veoir , & dedans icelluy certaine quantité de gens de guerre arme;^ ,
avec hallebardiers & picquiers, que nouvellement avoit mis fus, dont
il avoit donné la conduite defditsgens de guerre à médire Phelippc de
^frveciTJ/r, Chevalier, Sgr. des Querdcs , & à maiftre Guillaume Picquare^
£aillif de Âoi^Tz, dedans lequel camp il voulufl que lefdits gens de guerre
feuflènt par lefpace d'un mois , pour fçavoir comment ils fe conduiroienc
dedans, & pour fcavoir quels vivres il convicndroit avoir à ceux qui
feroient dedans ledit canu> , durant le temps qu'ils y feroient. Et pour
ider audit âunp , que le Roy avoit ordonhé eflre prefl dedans le quin*
ssiefme jour de Juin , le Roy s'approcha près de Paris , & fift la fefle de
Pentecofte à Noftre-Dame de Chartres , & d'illec s'en ala audit Pont de
f Arche , & de U audit camp > qui fut choifi &c aflis entre ledit Pont de
r Arche , & le PontfainB Pierre ; partie duquel camp, tel qu'il pouvoir
contenir , fut fofibye au long de ce qui en fut dreflé , & dedans fut ten«
du des tentes & pavillons , & auffî y fuf mis de l'artillerie , & de tout
ce qui y eftoit requis. Et par laditte porrioh , ainfi dreflee , qui fut fort
Hgreable au Roy , fut fait jugement, quel avitaillement il faudroit avoir
pour fournir tout icelluv camp , quant il feroit du tout emply de ce que
le Roy avoit intention de y mettre & bouter. Et après ces chofes , & que
Tome IL X le
ï6z LES C H R O N r Q U E S
le Roy l'eut bien vcu & yifité, s*en vint à bien content , & s'en partir
1481. pour s'en retourner audit lieu de Chartres , Selome , Vtndofnu , & à
Tours j & en renvoya toutes les compagnies, qui eflx>ient venus audit
camp par Ton ordonnance, chafcun en fa garnifon.
En laditte aûnée le Duc de Bretagne envoya acheter à Mitan certaine
quantité de harnois \ comme cuiraties , fallades & autres harnois , qui
furent enfardelez en fardeaux en façon de draps de foye , & autres mar-
chandifes fon enveloppez de cotton. Et teUement que à remuer les
fardeaux, nefaifoient point denoife , lefquels fardeaux > qui fe portè-
rent fur mulets , arrivèrent aux montagnes (T Auvergne \ laquelle mai^
chandife de harnois , les gens & commis de Doyac prirent , & inconti-
nent fut mandé au Roy , qui donna lefdits harnois audit Doyac {yj) ,
Se autres fes fatellites»
En laditte année toutes les vignes, prefque univerfellement par tout le
Royaume de /Ax/ice , faillirent, &ne rapportèrent que un bien peu de
chofe , & le vin qui cruft en laditte année ne valut gueres , & fi fe ven-
dit bien cher. Et a cède caufe le vin de Tannée précédente , qui auflli rsc
valoit gueres , fut vendu moult cher : car le vin qui , au commencement
d'icelle année , ne fut vendu i deftail & taverne que quatre deniers
tournois , fut vendu douze deniers tournois la pinte. Et par aucuns Mar-*
chans , bourgeois de Ptf m & d'ailleurs , qui avoient gardé du vin créa
autour de Paris , comme de Champigny fur Marne , & autres lieux voi-
fins > le vendirent bien chèrement : car plufieurs en vendirent à deftail
deux fols parifis la pinte , qui eftoit audit prix trente-fix livres tournois
k muid. Et advint que au moyen de ce que lefdites vignes faillerent ,
comme dit eft , & que le vin ne valut gueres, pluficurs Marchans s'en
alerent chercher les bons en diverfes régions lointaines , lefquels Mar-
chans firent amener en la ville de Paris j qui fut pareillement cher ven^
du , comme fix & fept blancs la pinte. Et lefquels vins furent alez quérir
jufques es fins & mettes des dernières villes d'EJhagne^
En laditte année les earnifons pour le Roy , eftans au pays de Picardie^
tenans frontières fur kfdits Flamens , nonobftant la trefve , firent de
grand courfes les uns contre les autres > en faifant raauvaife guerre : car
fous les prifonniers de guerre pris de chafcun defdits coftez , fans mife-
ricorde aucune, eftoient pendus quant pris eftoient, fans aucun en mettre
4 rançon:
Audit temps , le Roy qui avott efté malade à Tours , /en partit dudic
lieu de Tours , & s'en ala à Thouars , où auflî y devint très-fort malade*»
& y fut en très-^and danger de mort , parquoy & afin de recouvrer fa
fanté, envoya faire maintes offrandes, & donner de bien grandes fom- *
mes de deniers en diverfes Eglifes de ce Royaume , & fift de grandes
fondations ,& entre les autres fondations , fonda en la fainâe Chap-
pelle du Palais Royal à Paris , une haute Meflè pour y eftrc ditte chaf-
cun jour en l'honneur de Mgrî Sainâ Jehan , à l'heure de fept heures
du matin , laqudle il ordonna eftre chantée par huit chantres , qui
eftoient
C) 7) 1^ n étoit Gbaverneur ic h Province d'Auvergne. Vû^ez additions à l^onftrci^
)
D U R O Y L O U y s X I. i6i
cftoient venus du pays de Provence y Icfquels avoient cfté au Roy René
de SecilU , & de (a Chappelle , qui s'en vinrent après le rrefpas dudic ï 48 J»
feii Roy René , leur maiftre devers le Roy , qui les recueillit , comme
die efh Et fonda laditte Me(Iè de mil livres parifîs , prifes fur la Ferme
ic couftume du poidbn de mer qui fe vend es Halles de Paris.
Et après ce que dit eft > & que le Roy eut efté ainfi malade > il fe voiia
d'aler en pèlerinage i Mgr. fainâ Claude , ce qu'il entreprît de faire ,
& s*en vint à Noftre-Dame de Ctery faire fes offrandes , & puis fe partit
d'illec pour aler accomplir fondit voyage. Et pour eftre feurement de fa
perfonne » y mena avec luy huiâ: cens lances , & plufieurs autres gens
de guerre , quon eftimoit bien à fix mille combattans. Et avant fon par«
tement du pays de Tourraine , ala à Amboije veoir Mgr. le Dauphin fon
fils , que jamais n avoir veu » au moins que bien peu > âr au département
lujr donna fabenedi^on>& le laida en la garde de Mgr. Pierre de Bourbon^
^Seigneur de Beaujeu , lequel il fift fon Lieutenant gênerai par tout fon
Royaume durant (ondit voyage. Et lors déclara le Roy à Mgr. le Dauphin»
qu il vouloir qu'il obeift àmondit Sgr. de Beaujeu , & qu'il fift tout ce
qu'il luy ordonneroit » & toutainfi que (î luy-mème luy cpmmandoit.
En laditte année » durant le voyage de iainâ Claude , fut le bled
mottlt cher univerfellement par tout le Royaume de France , & mefme-
ment au pays de Lyonnais , Auvergne , Bourbonnais , 6c autres payi
voifins. Et i cefte caufe y mourut grand quantité de peuple , tant de
maladie» que de famine» qui fut merveilleufement grande par toutes
contrées » & (î ce n'euflènt efté les grandes aumofnes &c fecours de ceux
qui avoient des bleds» la mort y euft efté qioult douloureufe. Nonobf
cant ce fe panirent defdits pays plufieurs povres gens qui alerent à Paris,
& en pluueurs autres bonnes villes » 6c furent mis en une grange ou
maifon à faindfce Catherine du Fal^des-Ef colliers y où illec les bons bour^
eois & bonnes bourgeoifes de Paris les aloient foi^neufement panfer.
It depuis furent menez d Thoftel Dieu de Paris ^ où ils moururent tous»
eu la plufpan : car quant ils cuidoient manger , ils ne pouvoient» pour^
ce qu'ils avoient les conduits retraits » par avoir efté trop fans manger.
En l'an 1481. le Jeudy IV^ jour de May» environ l'heure de quatre ^^^^^^,^^
à cinq heures» de très-noble, puiflànte» (ainâre & à!^% bonnes vivans ^"^"'^^
l'exemplaire : c'eft à fçavoir ma très-redoutée Dame Madame Jehanne de 1 4* ^»
France » femme & efpoufe de Mgr. Jehan Duc de Bourbonnais & d'Au-
vergm 9 expira & rendit l'ame à Dieu en fon Chafteau de Moulins en
Bourbonnais » par le moyen d'une forte fièvre fi mervcilleufe » que l'art
de Médecine n'y peut pourvoir , 8c fut fon corps inhumé en l'Eglifc de
Noftre-Dame dudit Moulins. Laquelle Dame fut fort plorée & lamentée^
cant par mondit Sgr. fon efpoux & mary » fes ferviteurs 6c gens de Ces
pays , & par tous autres du Royaume de France » qui laditte Dame avoient
veuë & eu cognoidànce» pour les grandes vertus & biens donc eftoit par
grâce remplie.
Et auparavant icelle année ala aufli de vie à trefpas » au pays de Flan^
ares » Madame la Comteflè de Flandres & Artois , fille du feu Duc
Charles de Bourgogne , femme du Duc d'Autriche , & nièce de Mgrs. de
Bourbon • de laquelle iifirenc deux enfans > c'eft aflavoir un fils & une
X i fiUe,
I
1(^4 tES CHRONIQUES
— fille , Icfquels demeurèrent en la garde des Flamens on la ville de Gànd^
1482. ^^ ccftcditte année 1481.de laditte maladie de fièvre & rage de
celle, moururent en divers lieux moule de notables & grans perfonna*
ges , tant hommes , que femmes. Et entre autres moururent les Arche-
vefqucs de Narbonne & Bourges^ TEvcfque de Lifteux^ & maiftre Jehai^
le BouUngcr , premier Prefidcnt en la Cour de Parlement , & auflî mef-
ûrcCh^vlcsdç Gaucourt, Chevalier, qui avoir efté Lieutenant pour le Roy
en fa ville de Paris , lequel fut fort plaint , car il eftoit un bcau& honnefte
Chevalier , beau perfonnagc , fage homme & grand clerc. Et de laditte Cour
de Parlement moururent pluficurs desConfeillers &c Advocatsd'iccUe , &
entre autres mourut un nommé maiftre Nicollc Bataille , que an difoic
eftre le plus grand Legifte du Royaume de France , bonne perfonne &
fon plaifant , qui fut fort plaint & non fans caufe. Et diloit-on qu'il
mourut par le courroux qu'il prit de fa femme , qui fut fiille de maiftre
Nicolle Erlaut , en fon vivant Treforicr du Dauphiné , combien qu'elle
euft de fondit mary tout le olaifir que femme en pouvoir avoir , & d'elle
avoir eu douze enfans en mariage , & avoir ledit defFunft , au jour de
fon trefpas , quarante-quatre ans d'aage. Laquelle femme fe conduific
en la lefcherie de fa pute charogne avec ribaux particuliers , durant fon-
dit mariage. Et entre autres entretint en faditte lefcherie un jeune gar-
çon, fils aune vendereflc de poires & poiflbn de mer des Halles de Pa^
ris , nommé Rtgnault la Pit^ lequel avoir autrefois eue grand familia-
rité autour du R07 , comme fon varier de chambre , & depuis avoir efté
mis dehors de fon fervice , par fes fautes iç abus , dont l'accufa Olivier
le Diable dit le Dain , auflî fon compagnon , comme Barbier , Varier de
mary en fut adverty , qui en prit (î très-grand côuroux , que à caufe
d^icelluy il ala de vie à trefpas , qui fur moult grand dommage. Au Royau-
me des Cieux gife l'ame de luy en bon repos.
Et après que le Roy eut fait & accomply fon voyage audit lieu de
fainû Claude , il s'en retourna fort malade à Noftre-Dame de Cltry >
U où il fit faneufvainc, & après icellc faite , moyennant la grâce &
bonté de la benoifte Vierge Marie, illec rcquife , fc à laquelle il avoir fa
fînguliere confidence & dévotion , revint en affez bonne convalcfcence>
& fut fon alegé de fes maux. Durant & pendant le temps que le Roy
eftoit audit lieu de CUry , y mourut beaucoup de gens , tant de foa
hoftel, que d'autres , & enrre les aurres y mourut un Docteur en Théo-
logie , que nouvellement il avoit fait fon Confeiller & Aufmonier , qui
eftoit natif de Tours , fils d'un Boucher de kditte ville , & fe nommoit >
ledit Dodeur, maiftre Martin Magifiri.
En après le Roy , qui eftoit audit lieu de Cleryy s*en partit & stn
ala à Mthun fur Loire , ifainS Laurtns des Eauis , & illec environ >
& y fut jufques près la feftc Noftre-Dame de my-Aouft , qu'il fc par-
ût dudît faittâ Laurens Sc retourna derechef audit lieu de Clery , X
Ufcfte & folcmnitc de laNoftrc-Damc de my-Aouft^
DUROYLOUYSXI. 1(^5
' Enladitte année au commencement de Juillet» fe mirent fus une belle
& honnefte Ambalïàde du pays de Flandres , pour venir devers le Roy 1 4 8 i<
audit lieu de CUry , où ils arrivèrent , & illec parlèrent au Roy , auquel
ils firent remonftrer &à fon Confeil , les caufcspour lefquelles ils cftoient
venus devers luy , de par les nobles hommes , gens d'Eglife, & populai-
re dudit pays de Flandres. Lefquelles caufes eftoient tcndans afin qull
pleuft au Roy avoir bon appoindement avec luy pour lefdits Flamtns .,
qui ne tendoient à autre fin , que d avoir paix finaîle avec le Roy. LeC-
quels Ambaflàdeurs furent du Roy très-bien honneftement receus &: re-
cueillis , & leur fut de par luy donné expédition , dont keux Ambafla-
deurs furent très-bien contcns. Et ce fait ils s*en retournèrent audit pay^
de Flandres , & furent conduits &c menez de par le Roy , en la ville de
Fcris par Mgr. de SainB Pierre , qui les fift bien feftover par le Prevoft
des Marchans &Efchevins d'icelle ville de Paris , bien oc honneftement,
& puis après s'en retournèrent à G and & autres villes de Flandres ^ donc
ils eftoient partis. Et ainfi que laditte Ambaflfade s'en retournoit , le
Roy avoit fait mettre fus les champs grand partie de (ts gens de guerre»
au'il avoit en garnifon au pays de Picardie y dont avoit la charge & con-
uitte le Sgr, des Querdes , laquelle compagnie il faifoit beau veoir, car
elle eftoit tort belle. En laquelle compagnie avoit quatorze cens lances
fournies , très-bien accompagnées de fix mille SujJJes , & aulfi de huidfc
mille picquiers. Tous lefquelsgens de guerre , ainnaflcmblez que dit eft,
s'en alerent à grand triomphe & bruit mettre le fiege devant h ville d^j^ire,
3ui eft une très-belle place & bien affife , prèsde *$". Orner & Therouenne, de-
ans laquelle ville y avoit plufieurs gens de guenedeparleDuc d^jiutrichi*
En laquelle place , tout incontinent que les gens du Roy y furent arrivez,
Ja battirent moult fort d'artillerie , dont & dequoy les manans d'icelle
ville furent & fe trouvèrent fort efpouvantez : mais aucuns des gens de
guerre illec eftans , qui avoient bonne intelligence avec ledit Sgr. des
Qutrdcs , pour le Roy , de luy bailler laditte place & ville , firent com-
pofition pour icelle ville , qui eftoit telle, qu'elle feroit mife en la main
du Roy. Et fut faitte laditte compofitioii nar un Chevalier , nommé le
Sgr. Defcomrans (j8) , qui eftoit du pays de Picardie , &c lequel avoir
la carde de laditte ville de Aire de par ledit Duc d* Autriche. Et mifl;
laditte place en la main du Roy , en luy faifant le ferment de le fervir
bien & loyaument , dont & pour bien le recompenfer , le Roy luy don-
na la charge de cent lances , & fi Ixjçf fut outre baillé & donné trente mille
efcus en or content.
En laditte année es mois d'Aouft & Septembre , un Chevalier du pays
du Liège , nommé meftire Guillaume de la Marche y dit le Sanglier d'Ar-
daine , fift & confpira guerre mortelle alencontre de très-nome Prince
& très-Reverend père en Dieu Mgr. Loys de Bourbon , Evefque de la-
ditte cité de Liège , qui avoit paravant nourry ledit Sanglier d^Ardairu^
Jour le tuer & mcurdrir. Et après ce fait, de mettre & faire Evefque
udit LUgc , le firere dudit Sanglier. Et pour faire par icelluy Sanglier
ùl àzmntc entrcprife > k Roj luy fift délivrer argent & geT>» de guerre
()t) U eft noamii Cohem dans Comiaear» Tofnc L linc VI. Chiqr. IX.
la LES CHRONIQUES
en grand nombre. Au moyen defquels > & audl de certain nombre de
^ 4 S i- mauvais garçons, larrons , pipeurs & pUiars , qu'il prit & aflèmbla , tant
en la ville cie Paris , que en aucuns des villages voifins d'icelle ville %
jufques au nombre de deux à trois mille. Lefquels il fift veftir & habiller
de robes rouges, & à chafcune defdites robes, dedùs la manche feneftre,
}r fift metrre une hure de fanglier. Et eftoient lefdits mauvais garçons
egerement armez : ScainH \tà\t Sanglier les mena jufqu'au pays de Liège.
Etiuy illec arrive trouva façon & moyen d'avoir intelligence avec aucuns
traiftres Liégeois de laditce ville , alencontre de leur Seigneur , de de-
ch&llèr , tuer Se meurdrir leurdit Evefque , & le mettre hors de la cité ^
avec ce qu'il avoit de gens : ce que firent lefdits Liégeois , & fous ombre
d'une amitié feinte , qu'ils difoient avoir à leurdit Evefque , luy dirent
que force eftoit ^u'il alaft aflàillir fondit ennemy , & que fefdits habi-
tans le fuivroient en armes, & vivroient & mourroient pour luy^ &
qu'il n'y auroit point de faute que Itàit-Sansrier , & fa compagnie de-
meureroient defconfits & deftruits. Lequel Mgr. de Liège inclinant ï
leur requefte, faillift de laditte cité de Liège ^ Se ala avec eux aux champs,
tout droit où eftoit ledit de la Marche , lequel , quant il vit ledit Evefque,
fe defcouvrit de l'embufche où il eftoit, & s'en vint tout droit audit
Mgr. TEvefque. Et quant lefdits traiftres habitans de Liège virent leur*
dit Evefque es mains dudit de la Marche /on ennemy , luy tournèrent
le dos , & fans coup ferir , s'en retournèrent en laditte cité de Liège.
Et incontinent ledit Mgr. de Liège , qui n'avoir ayde ne fecours que de
Tes ferviteiirs Se familiers , fe trouva fort efbahv : car ledit de la Marche^
3ui eftoit faillv de faditte embufche, s'en vint a luy , & fans autre chofe
ire , luy bailla d'une taille fur le vifage , & puis luy-mefme le tua de
fa propre main : & après ce fait , icelluy de la Marche fift mener & jetter
ledit Evefque , Se eftendre tout nud en la ^rand place devant l'Eglife
fainâ Lamoert , maiftrefle Eglifè de laditte cité de Liège , où illec fat
manifeftement monftré tout mort aux habitans de laditte ville , & à un
chafcun qui le vouloitveoir. Et tantoft après laditte mort y arrivèrent cui-
d^ns le fecourir , le Duc cT Autriche , le Prince d'Orange , le Comte de
Remont Se autres gens de guerre, lefquels, quant ils fceurent la more
dudit Evefque, s'en retournèrent fans rien faire,. à l'occafiond'icelle.
En laditrp année au mois d'Octobre , le Roy fe trouva fort malade ea
Ton hoftel du Plej^s du Parc lez-Tours , i caufe de laquelle maladie eue
Îrand paour de mourir. Et pour cefte caufe fe fift porter à Amboife par
evers Mgr. le Dauphin y auquel il fift plufieurs belles remonftrances , ea
luy difant qu'il eftoit malade d'une maladie incurable, en le exhortant
que après fon trefpas il voulfift avoir aucuns de fes fcrviteurs pour bien
recommandez. C'eft aâavoir maiftre Olivier le Diable dit le Dain , fon
Barbier , & Jehan de Doyac , Gouverneur d* Auvergne , en difant qu'il aveic
cfté bien fervy d'eux , & que ledit Olivier luy avoit fait plufieurs grans
Services , Se qu'il ne fcuft rien de luy , fi n'euft efté ledit Olivier. Et auffi
Î[u'il eftoit eftranger , & qu'il fe feryift de luy , Se qu'il l'entretenift en
on fervice , & aux Offices Se biens , qu'il luy avoit donnez. Luy recom-
manda auffi Mgr. du Bouchai^e , Se Meffire Guyot Pot , Baillit de Ver*
pmndoïsy Ce luy enchargea au'U creuft leurcpnfeil : car il les avait trouvez
fagçs
(
DUROYLOUYSXÏ. xC-j
(âges & de bon confeil. Et fi dit outre à Mgr. le Dauphin , qu'il confer-
vaft tous les Oificiers qu'il avoir faits en leurs offices , Se que principal-
lement il euft Ton povre peuple pour recommandé y lequel il avoir mis
en grande povreté & defolanon , & plufleurs autres chofes luy remonP
tra , que depuiS il fift manifefter en plufleurs des bonnes villes de fou
Royaume &c en fa Cour (3 9} de Parlement. Et fi luy dift outre , que pour la
conduite de la guerre il fe fervift du Sgr. des Qucrdcs , lequel il avoit
trouvé en toutes fes affaires bon , loyal & notable Chevalier , & de bon*
ne & grande conduite , & ce fait s'en retourna au Montils,
Audit temps le Roy fift venir grand nombre & grand quantité de
joueurs de bas& doux inftrumens, qu'il fift loger iiainâ: Cofme près
Tours , où illec ils fe afièmblerent jufques au nombre de fix vingts. Entre
lefquels y vint plufieurs bergers du pays de PoiSoi/, qui fouvent jouèrent
devant le logis du Roy , mais ils ne le voyoient point j afin que auldits inA
trumens le Roy y prift plaifir ic paflè-temps , & pour le garder de dor-
mir. Et d'un autre codé y fift aufli venir grand nombre de bigots , bigot^
tes 9 & gens de dévotion , comme hermites & fainâes créatures > pour
fans ct& prier à Dieu, qu'il permift qu'il ne mouruft point y & qu'il le
laiflàft encores vivre.
En ce temps es mois d'Oâobre & Novembre , fe firent de grans alées
Se venues par les Flamtns de la ville de G and > qui vinrent en Ambadà*»
de devers le Roy. Lequel pour les oyr , y commift maiftre Jehan de la
yac(futrit y qui eftoit du pays de Picardie y & lequel il avoit nouvelle^'
ment fait & créé fon premier Prefident en fa Cour de Parlement s^ Paris,
pour confulter de la matière. C'cft aflàvoir de bonne paix Se union eftre
faite entre le Roy & lefdits Flanuns^ Et auffi avec leait Prefident y or-*
donna Se commift le Roy. , ledit Mgr. des Querdes Se autres. Se tellement
fut communiqué par lefokes parties, tant a un cofté, que d'autre , qu'ils
firent Se trai&erent ladittc paix (40). En laquelle faifant fe devoit faire
le mariage de Mgr. le Dauphin & de la mie du Duc d^ Autriche , qui
eftoit en la pofteffion & garde defdks Flamtns de Gan<f, dont de ce le
Roy fut fon joyeux , Se eut laditte paix Se union pour bien agreiible. Et
pour l'honneur d'icelle en fut chanté par tout le Royaume , Te Dtum
laudamus , & fi en furent faits les feux en la ville de Tours. Et inconti^
nent ces chofes faites , fut grand bruit ^ue lefdits Flamtns s'eftoienc
partis dndit lieu de G and pour amener laditte fille. Laquelle pour labienr
& honneftemenc recueillir , le Roy y avoit ordonné' Madame de' Btau-^
jeu y fa fille aifnée , Madamede i7i//7oi5 (41), fœur de la Reyne, Mada-*
me de Thouars , Madame CAdmirale , Se plufieurs autres^ Dames , Da-*
moifelles & gentilles femmes , qu'on cuidoit qu'ils deudènt venir Se ar^
river en h ville de Paris le huidiefme jour de Décembre. Mais- laditte
venue fejourna pour aucims menus difterens , qui furvinrent du cofté*
defdits Flamens , & jufques à ce que lefdits dif&rens- enflent efté*
▼uider.
Enr
^'3^)CfcT%.IcsPfctf\r.N<'.CCCLXr7. (41) Agnès, fiïlc de Louis, Duc de
^40} Sur le Traité d*Arras le 13. Decem- Sa^oye , Epoufe de François L Comte de^
fce H^^« %• les FreuY. mm. CCCjUCiX» Duaoiv
1481.
i
i6% LES CHRONIQUES
En laditte année IcsRoys d*£fc9jffi6c d* Angleterre eurent grand guerre
2 48 z. l'un contre l'autre, &c entrèrent leiSits Efco[jois bien avant audit Royau*
me d'Angleterre , lequel ils dommagercnt moult fort. Et nonobftanc
que lefdics EfcoJ/ois eftoient cent mille hommes en bataille plus que
n*eftoient les Anglais , toutesfois afin qu'ils ne frappafftnt l'un fur Tau--
tre » Te mift & fut fait appoinâement entr'eux par le moyen du Duc
d'Albanie , frère dudit Roy d'EfcoJJe , qui querelloit contre icelluy Roy
dEJcoffe fon frère. Laquelle querelle d'entr'eux cftoit telle , que ledit
Duc a Albanie difoit que fondit frère ufurpoit fur luy ledit Royaume >
pource que lefdits Roy d'Efco(je & Duc d' Albanie ^ qui eftoient frères ,
eftoient venus & iftus fur terre d'une ventrée, & que d'icelle ledit Duc
d'Albanie eftoit le premier iflu » & que par ainfi il avoir acquis droit
d'aifnedè devant fondit frère audit Royaume. Et à cefte caufe ceux qui
menoient laditte guerre pour ledit Roy d'EfcofJe firent composition avec
lefdits d^ Albanie Se Anglais y qui eftoient ensemble , tellement qu'ils ne
frappèrent point les uns contre les autres , & s'en retourna chafcun au
lieu dont il eftoit party.
En laditte année au mois de Janvier, vinrent & arrivèrent en la ville
de Paris les Ambafladeurs de Flandres y qui avoient moyenne la paix
d'entre le Roy & les Flamens , au moyen du mariage de Mgr. le Dau^
phin ôc de Daraoifelle Marguerite d'Autriche , Comteflê de Flandres ,
fille dudit Duc d'Autriche ; au devant defquels , & pour les recevoir
en la ville de Paris , de par le Roy , y furent Mgr. l'Evcfque de Marfeil^
le , Lieutenant pour le Roy en icelle ville de Paris , accompagrfé du
Prevoft des Marchans & Efchevins^ bourgeois Se habitans d'icelle ville t
& d'un Do&eur de la ville de Paris y nommé Scourable , cyai fift une
moult honnorable propofition par devant lefdits Flamens y qui moult s'en
tinrent pour bien concens. Et le lendemain qu'ils furent arrivez en la-
ditte ville , oui fut le Dimanche 4. Janvier , furent lefdits Ambaflàdeurs
Flamens en l'Eglife Noftre-Dame de Paris oyr la Meflc. En laquelle
Eglife de Noftre-Dame y furent faites proceflîons generalles , & y pref-
cha ledit Scourable , qui y fift une gioult belle prédication , dont tou$
ceux qui l'oyrcnt furent tpoult bien contens. Et de laditte venue & pu-
blication de laditte paix, en fut chanté en icelle Eglife, Te Deum latÛLt"
mus y fait les feux , & aufti de grandes chères parmy les mes de laditte
ville. Et furent ledir jour de Dimanche , iceux Ambaflàdeurs , au partir
de laditte Eglife de Noftre-Dame , menez difner en l'hoftel de laditte
ville de Paris , là ou illec ils furent moult bien feftoyez. Et le lendemain
lefdits Ambadadeurs fe partirent dudit lieu de Paris , & s'en alerent par
devers le Roy.
Et d'icelle venue & bonne paix , en furent resjouys & joyeux très-
noble & rrès-reverend père en Dieu Mçr. le Cardinal de Bourbon , qui
à l'occafion d'icelle bonne paix , fift faire en fon hoftel de Jipurbon â
Paris y une moult belle moralité , fottie & farce , où moult de gcnf
de la ville alerent pour les veoir jouer , qui moult priferent ce qui y
fut fait. Et eudent les chofes deflu (dites efté plus triumphantes , fe n'euft
efté le temps qui moult fut pluvieux & mal advenant , pour la belle ta-
piflèrie & le grand appareil (^t eu la cour dudit hoftel. Laquelle cour
i fut
DU ROY LOUYS XL 1^9
fur toute tendue de la tapidèrie de mondit Sgu le Cardinal, dont il en
avoit grand (quantité 6c de belle* 1481.
Après lefdics jeux , ainfi faits cjue dit eft , lefdits Ambaflàdeurs s*en
partirent de Paris le Lundy enfmvant , comme dit eft , & s'en alerent à
j^mboifc , où ils furent moult honnorablement receus de par le Roy , &
y virent par deux fois Mgr. le Dauphin , qui les recueillit moult hon-
neftcment. Et à leur département de Tours , où ils furent depuis , le Roy
leur fift donner pour leur dcffroy , trente mille efcus au loleil , & de
belle vaiflcllc d'argent largement , & puis iceux Ambaflàdeurs s'en re-
tournèrent à Paris , où ils firent publier en la Cour de Parlement les ar-
dcles faits pour ladicte paix : c'eft aflavoir publiquement & en pleine
Cour, à huis ouvert. Et après laditte Icdure faite , leur furent iceux ar-
ticles confirmez par laditte Cour, Et au département d'icellc Cour ,
maiftre Guillaume le Pic^^ , Baillif de /?ai/^/t , mena & conduisit lef-
<lits Ambaflàdeurs & autres Officiers du Roy , eftans illec en Ton hoftel
afiîs audit lieu de Paris , en la rue Quinquenpois , où illec il donna i
difner à toute la compagnie, de y furent moult plantureufement feftoyez,
â un jour de Mardy 4. Février 1482.
Audit mois de Février le Roy efcrivit lettres à tous les Eftats de Pa*
ris 9 par lefquelles il les prioit très-inftamment , cju'ils fe voulfiflènt
tranfporter en rEglifeMgr./ii/zc? Denis, luy faire prière qu'il veille cftre
interceflèur & moyen envers Noftre Sauveur Jefus-Chrift , qu'il voulfift
permettre que le vent de bife ne counift point , pource que par le rap^
port de tous Médecins , avoient efté d'opinion , que ledit vent de bi(e,
quant il venteroit , feroit moult de maux, tant à la fanté des corps hu-
mains , que des biens de la terre. Et par l'ordonnance du Roy furent
tous lefdits Eftats de Paris y i divers jours , audit lieu de fainS Denis ,
faire proceftions & chanter lefdittes Meflès. __««
Et le Samedy 19. Avril i48}, après Pafques , Mgr. de Beau; tu & Ma- ^"'"***
dame fa femme vinrent à Paris , pour eux aler en Picardie recevoir Ma- 1485*
dame la Dauphinc des mains des Flamens , qui,, par le traifté de la paix,
la dévoient mettre es mains de mondit Sgr^ de Beaujeu pour le Roy. Et
fift laditte Dame de Beaujeu fon entrée en la ville de Paris , comme fille
du Roy , & y fift des meftiers nouveaux. Et eftoient lefdits Seigneur &c
Dame bien honneftement accompagnez de grans Seigneurs Se Dames ,
comme le Sgr. d^Albret , le Sgr. de SainB Falier , Se autres nobles hom-
mes , Madame l\Admralle , & autres Dames & Damoifelles , lefquels
rejournerent à Paris par trois jours , durant lefquels Mgr. le Cardinal de
Bourbon les feftoya moult honnorablement.
Audit mois d'Avril le Roy Edouard d^Ansleterre mourut audit Royau-
me d'une apoplexie , qui le prit. Autres difent qu'il fut empoifonnc en
buvant du bon vin du creu de Ckalluau , que le Roy luy avoit donné ,
duquel il but en fi grand abondance qu'il en mourut : combien que on a
dit depuis, que il vefcut jufques à ce qu'il euft fait Roy en fon lieu fon
fils ail né.
Audit mois & an mourut au(fi Madame Marguerite de Bourbon , fem-
me de Phelippe Mgr. de Savoy e , Comtefle de Breffe , de maladie , qui
longuement luy dura , 6c d'iceile maladie on n'y peut mettre remeidc
Time IL Y qu'elle
17© LES CHRONIQUES
qu'elle n'en mourut étique , dont fat grand dommage : car elle eftoié
14^3*^ en Ton vivant moult honnefte & bonne Dame , & pleine de grans biens
Se vertus.
Le Samedy 5. May par l'ordonnance & commandement du Roy, tous
les Eftats de Paris , comme le Prevoft , Juge ordinaire , avec les Suppofts
& Praticiens du Chaftdlet dudit lieu , la Cour de Parlement , la Chani^
bre des Comptes , les Généraux des Aydes & Monnoyes , la Chambre
du Trefor & les Efleus , avec les Prevoft des Marchans & ETchevins d'i-
celle ville , alerent en belle procefiîon dudit lieu de Paris , jufques au
lieu & en 1* Abbaye de lAgt. fainB Denis en France , illec prier pour la
bonne profperité du Roy , de la Rey ne , Mgr. le Dauphin , & les Seigneurs
du Sang , èc auflî pour les biens de la terre»
Le Lundy 1. Juin > environ cinq heures du foîr > fiflr Ton entrée en
la ville de Paris Madame la Dauphint , accompagnée de Madame de
Beaujeu , Madame rAdmiralle , & autres Dames & gentils femmes. Et
entrèrent à laditte heure audit lieu de Paris par la poncfainS Denys 9
où eftoient préparées pour fa venue trois beaux efcnatfaux , en l'un des-
quels tout en haut eftoit un perfonnage repréfentant le Roy comme Sou*
verain. Au fécond eftoient deux beaux entans , un fUs bc une fille , vef^
tus de damas blanc , faîfant & repréfentant Mgr. te Dauphin » & ma-
ditte Damoifelle de Flandres^^i au tiers eftage au deilbus eftoient deux
perfomiages de mondit Sgr. de Beaujeu & deMackmefa femme. Et à
chafcun d'iceux perfonnages à cofté e(lx>ient les e(cu(K)ns des armes def-
dits Seigneurs 5r Dames. Et ft y avoit aulG quatre perfonnages : c'efli
ailàvoir l'un de labeur , l'autre de Cl)ergé y l'autre marchandife , & l'au^
cre Nobleflè , qui tous dirent un^ couplet à icelle entrée. Et eft afl&vois
que partout où maditte Damoifelle de Flandres paflà y tout fut tendu
par les tues , & y furent encores faits plufieurs beaux perfonnages , tous
eonfonans aufdits Mgr. le Dauphin & Madame k Dauphim^ Et pour
honneur de* fadittelvenuë > furent mis hors & délivrer tous prifonniers
de laditte ville de Paris. Et y fut fait nouveaux meftiers.
Le Vendredy 7. Juin , environ l'heure d*entre huiû & neuf heured^^
du foir , fe leva grand tonnerreaudit Kca Ac Paris.. Et à un des ef*
dats dudit tonnerre qui fut i- laditte heure-» vint îcetluv tonnerre en*
flamber & mettre le feu au* clocher de Madame A^fainae Geneviefre au
mont de Paris ^ lequel htutk toute k charpenterie dudit clocher, qui
eftoit demeurée par l'espace de neuf cens ans , fondk toutes les cloches
dudit clocher , & le plomb dont il eftoit couvert , où il y avoit Mr tC*
timation cent mille livres de plomb- £c plus , & y eut .un gcanddom*
mage-, qui eftoit pitié â voir.
Au mois de Juillet 1-483. fut fait & (blemnifé-k fefte des nonces de
Mgti k Dauphin ôc Damoifelle Marguerite de Flandres , en la ville
d'jimboife^ Et y avoit ôc* eftoient prefens i^ufieurs nobles & notables per-*
fonnages de ce Royaume, envoyez des citez & bonnes villes dudit
Royaume , & par l'ordonnance du Roy.
En kditte année 1^8^. le Roy délibéra d'avoir & luy eftre portée la^
fatnâe Ampolle , qui eftoit en l'Eglifey^'/iâf Remy de Reims , 8c qui
avoir eft4 apportée par grâce divine dès l'an cinq cens > par une Co«
bmbe
DUROYLOUYSXI. 171
lonibe blanche > au bon SainS Remy de Reims y pour en oindre^ fô-
crer à Roy de France le Roy Clovis , qui fuc le premier Roy Chrétien , x 4^ J
lequel mourut en (41) laditte année,& gifl: en TEglife Ste. Geneviefve au
inonc de Paris. Et par ainfi eftoit demeurée laditte fainâe Ampolle ati-
dit lieu de Jain3 Rtmy neuf cens quatre- vingt & trois ans , qu'elle en
fut tirée & mife hors de fon lieu , & apportée i Paris par Claude de
Montfaucon , Gouverneur d^ Auvergne , a ce commis par le Roy. Et ar-
riva à Paris le dernier jour de Juillet , & fut apportée en grande révé-
rence & procédons repofer en la fainâe Chappelle du Palais Royal â
Paris , où elle v demeura jufques au lendemain au foir , premier jour
d'Aouft » qu'elle fut emportée dudit lieu de Paris > au Roy en fon hof-
tel des Montils le^ Tours , avec les Verges de Moyfe 6c Jiaron , & la
Croix de la Viâoire , qui auffi fut envoyée par grâce divine au bon
Roy JainS Charlemagne , pour obtenir viûoire alencontre des Infidèles.
Lesquelles Verges & croix avoient tousjours efté audit lieu de la fainâe
Chappelle à Paris ,^ avec les fain&es reliques eftans illec au premier
jour a Aouft » qu'ils en furent ^vec laditte (ainâre Ampolle , par l^veA
que de See[ , & autres CommiUkites à ce ordonnez de par le Roy em^
portez.
Le Lundy 15. Aouft , le Roy devint fort malade en fon hoftel de»
Montils lei Tours , tellement qu'il perdit la paroUe & tout entende-
ment, & en vinrent les nouvelles à Paris , le Môrcredy 17. dudit mois»
qu'il eftoît mort , par une lettre qu'en efcrivit maiftre Jehan Briçon--
/i^r. AufqueUes lettres fut foy adjouftée, pource que ledit Briçonnet
cftoit homme de bien & de crédit. Et à çdle caufe les Prevofts des Mar-
chans 6c Efchevins de la ville de Paris y pour pourvoir aux affaires ai-
cdle ville , firent mettre garde aux portes de laditte ville , pour garder
que hommes n'en iflît ne y entraft. Et à cefte caufe fut bruit tout com-
mun parmy laditte ville de Paris , que le Roy eftoit ain(i mort , dont
il n'eftoit rien » & s'en revint , but , parla , & mangea rrès-bien , 6c
vefquit jufques au Samedy au foir enfuivant 30. Aouft» environ l'heure
de entre fix & fept heures au foir qu'il rendit l'ame. Et incontinent fut
le corps abandonné de ceux qui l'avoient fervy en la vie.
Et après ledit trefpas » fon corps depuis qu'il fut appâreillécomme on a
de couftume de faire » fut porté inhumer » dudit lieu des Montils , en
l'Eglife Noftre-Dame de Clery » pource au'il voulut & ordonna en fon
vivant que ainfi fut faid » & ne voulut eftre mis avec les deffunds très-
nobles Rois de />tf/icefesPredeceflcurseii4'Eglife & Abbaye de fainS
Denis en France. Et ne voulut jamais dire la raifon qui le avoit meu â
ce. Mais aucuns penfoient que ce feuft pour la caufe de l'Eglife, où il
fift moult de biens» 6c aum pour la grande dévotion au'il avoit à la Be- ,
noifte Vierge Marie > priée audit lieu de Clery. Lequel deffund Roy en
fon
(41) 07 L' Auteur de cette Chronique
feo ver(2 dans notre ancienne Hiftoire ,
Ignorait , comme on le remarqae ici , que
le Roi Clovis ne moonit que le 17e. No-
t.^nibre } i x. mais cela eft pardonnable à
on écrivain des tems od il a vecîi : il if;no-
roit pareillement que Clovis avoit été bap-
tifé ran 49 5. Je lui pafTe le refte de fa Re.
marque hUlorique » fur laquelle on pour«
roit uire quelque ob(crvation«
Y * (45)
»7» LES CHRONIQUES
fon nvant> A caoTe d'aucuns, pcrfonnagcs qui eftoïenc à l'entoar ie lu
14^3* perfonne, comme 0/ivier /c Diablt , ait le Dain t foti Barbiec > Jefaaa
de Doyae (43) , & autres pluiîenis , le^uels il creoit plus que gens de
fon Royaume , âft durant Toa icgne beaucoup de injulHces , maux 6c
violences : &c tellement qu'il avoir mis fon peuple ft au bas , que au joue
de fon trcfpas eftoit prelque au defcfpoir •- car les biens qu'il prenoit fur
fonditpeuplcilles aonnoit& diIb:ibuoitaux£glifes,cng[aQspenGons,
en Amballades , & gens de bas eftat & condition. Aufquels pour les exaucer
nefe pouvoir tenirde leur donner argent, biens, & poûèlSons , enrellefa^
çon qu'il avoir donn^ & aliéné la plurpart du Domaine de fon Royau-
me. Er nonobstant qu'il eut durant fondit règne pluGeurs aâTaircs , rou-
tcsfois il mift en teûe fubjeâion fcs ennemis > qu'ils vinrent rous par
devers luy à mercy , & fut {I craint. & doubté , qu'il n'y avoit fi çrand
en fon Royaume , & mefmement ceux de fon fang , qui dormift ne
rcpontft fcurcment en fa maifon. Et avanr fondir trefpas fut moult fort
molcfté de plufieuts maladies. Poui le guérit defquelles maladies., fu-
rent faites pour luy, par les Médecins qui avoient lacure de fa perfonne,,
de terribles & mcrveillcufes médecines. Lefquelles maladies luy puiflcnt
valoir au falut de fon ame , & luy donne fon Paradis par fa mifcricord^
celluy qui vit & ccgne au ficcle des fiecles. Amiu
(4J) ^Voici-ivaiitpageitft
EXTRJIli
DU HOY LOUYS XI.
Ï75
EXTRAIT
D'UNE ANCIENNE CHRONIQUE (i)
commençant en 1400. &flnijjanten 146 y. imprimée dans
les Hijtoires des Roy s Charles VI. & Charles IVIL
L'An 1^61. i rentrée de May , le Duc Philippe Àc Baurgomc tint la
f(^c de rOrdre de la Toifon d'or , fort noble en rEsUic àtfainS
Bcrtin y en la ville dcfainS Orner y où eftoient le Comte de Charolois ,
le Duc de C lèves , le Comte d'Efiampes , Adolphe de CUves^ Jacques
de Bourbon 9 quatorze Chevaliers de cet ordre , les Evefques de Thcrouan^
ne f d'Amiens y de Salubrie & de Tournay (i) les Aobés des Dunes ,
le fer vice devant le DuCr
La Dauphine accoucha d'une fille audit an à Geneppe*
L'AmbalIade êi Outremer y dont eftoit chef un Cordelier Patriarche
d'Antioche (5) , vint devers le Roy de France, y & puiç devers le Duc
de Bourgogne requérir leur aide & iecours contre le Turc. Le Duc la ré-
cent ^faint Orner le i8. May & la deffraya pendant le temps qu'elle fut
auprès de luy j il y avoir des Ambaflàdeurs de Trebifonde y du Roy de
Perfe , du Duc de Géorgie , du Seigneur d'Arménie 6c du Soudan Roy
de Mejbpotamie.
Le jour de la fefte de k Ma^detaine y trefpafïà de ce monde dans le
Chafteau de Meun en Berry , Charles VII. de ce nom , Roy de Fran--
ce y âgé de 5 8. ans, & de fon règne le j 9. dont le Corps fut porté à Paris,
& de Paris à fainS Denis , la où il fut enterré fort honnorabkment ,
dans la Chappelle Se proche de fes Père Se grand Pere^
Au commencemenr du mois d'Aouft , Mr. de Beaujeu , Mr. le Duc dç
Bourbon , T Archevefque de Lyon , Se Mu Jacques de Bourbon vinrent
en la ville du Qucfnoy en Hainauty yi£ter le Comte & la Comteilè de Cha^
rolois leur foeur. Toft
(41). Cette Chroniqae a été angmenci^
depuis 1461. Bc continuée jufques en 1476.
for les Nocces des Journaux tenus par les
Maîtres cTHotel des Ducs de Bourgogne.
(41) Cétoit Guillaume Gallois , ou Fil*
latre^qul, malgré uœ naiflance illegiti-
me y ne laiflà point de parvenir à de gran-
des dignitésEcdefiaftiques. Il fut £v£quc de
Tournay & ChaneelGerdefaToKbn d'Oiv
( ) ) Ce. Cordelier,. nommé lotfis ^
BùttiûpUy étojt un maicie fourbe» quî^ ^prèp
avoir trompé bien des gens , fut encore au
i2s heureux pour trouver une retraitte au*
pris du Duc de Bourgogne , qui {employa
a quelques négociatK>os : ilvitoic encore
»cnr47^
Y 3 (4)
H6i
174 LES CHRONIQUES
Toft après le trcfpas du Roy Charlis VIL Louis , fon fils saùié ac-"^
1 J-. f-...^ nL:i: j^ d o. ^'j^m^çg grands Sci-
Franct à grand hon«
1 4^ I f compagne du Duc Philipppe de Bourgogne , &c d'autres grands Sci-
gneurs , s*cn alja à, Rhcims , où il fut façré Roy de
neur & folemnité le x 5. Aouft (4).
. Le Lundy dernier jour d' Aouft , le Roy Louys » Accompagné, comme
deflfus , fit ion entrée dedans Paris > qui fut noble Se très-belle à re-
garder.
Le Dimanche 13. Septembre le G>mte de Charolois eftant à Paris fit
des jouftes devant Thoftel du Roy.
Le Duc de Bourgomc panit de Paris le Mercredy jo. Septembre te
alla coucher iJainSt Daiys , où iLre(la deux jours *, puis en partit pour
retourner en (es pays s il ^iva le Lundy i ^ • Oâobre en la ville de f^a-
UncUnnci avec 1* Archevefque de Lyon , TEvefque de Licgc , les Comtes
iTEJlampcs & àtjairicl Paul^ Mr, Jacques de Bourbon , Mr. Adolphe de
C/evfs , 8c autrçs Seigneurs , il y reçeut les Ambaflàdeurs du Pape & du
Roy d'Angleterre Edouarfl ^ lefquels il feftoya fort. Il alla enfuite à
Ivoix au pays de Luxembourg , où il refta depuis le i8. Oâobre jufques
au 5 Novembre , qu'il en partit pour retourner iBmxçllçs ^ pù il arriva
le Samedy 18. Novembre.
Le Comte de Charolois fit pendant ce temps un voyage en Bourgogne :
il arriva i Dijon > le Dimanche i \. Oârobre , & en panit le 19. pour ,
aller ifainS Claude ^ où il arriva le t6. au foir : il en partit le lende-
main pour aller à Chalons fur Saône y enfuite à Bourbon Lancy ^ i
Moulins y où le Duc de Bourbon , fon beau-frcrc (5) le deffraya pen*
dant fept jours. Il fe rendit enfuite à Nevers , où le Comte de ce nom le
regala pendant quatre jours*, enfuite il fe rendit à Tours 9 où il arriva le
Dimanche ii. Oé^obre ^ deux jours après il y donna à fouper au Roy,
avec lequel il alla çn pèlerinage à/ainac Catherine de Fierbois , d'où ils
revinrent enfemble à Tours le 4. Décembre : le Comte y refta jufques au
Vcndredy onziefme , qu'il en partit pour aller à Amboife , & pendant
que le Comte fut à Tours & en ce pèlerinage » il fiit tousjpurs defirayé
a^x dépens du Roy.
Le Parlement de Paris fit de belles remontrances au Roy {6) , fur
les liberrés de l'Eglife Gallicane.
Le Chancellier des Urjins fut defapointé , & Pierre de MorvUlier fuç
Chancellier en fa place.
Le Mvefchal de Loheac , TAdmiral 9 le Prevoft de Paris & autres i
furent aufii defapointés.
Audit an fut Tefté beau Se fec > les vins bons & vineux y 6c le$ bleds à
bon compte.
Ceuic de Rheims fe mirent en fedition Se tuèrent aucuns des Fermiers
du Roy, qui y envoya une fecrette armée fous le Seigneur de Mouy y (jui
en fit prendre quatre-vingt ou cent d^s plus feditieux , & les fitd^apiter
ic depuis la ville fe tint en paix. Potor^
(4) V0y$K le Cecemooial de France >
Tome I. pag. 17&. & 17^.
( 5 ) Le Comte de Charolois avoir t^w^
(t I£d>çllc de Bourbon , fopm du P)ic de
ce nom.
{6) Elles ft>Dt imprimées dans les Mé'
moires de Du Tillet , anfli bien que dans te
&ecueUdesl4benezde l'Eiglife Gallicane»
<7}
DUROYLOUYSXr. 175
Poton de SainurelU ( ou Xaintraillcs ) y Senefchal de Guyenne » mou-
rut ^Bourdtaux : ceftuy Poton & la Hirc en leur temps fervircnt le feu i^6u
Roy knoult notablement Se vaillamment > &c furent Capitaines plus re>
nommés que nuls autres de leur temps;
Le douziefme jour d'Odobre ^ fîit prefque toute brûlée la ville & fE-
glife A^Evcre ( ou àiEvreux).
Audit an entre la fainB Rcmy & là Touffaints , furent veus en L*aic
plufieurs fignes , comme brandons de feu ^ oC d'autres merveilles.
Le Comte de Charolois éftant avec le Roy en Tourainc y fe perdit it
une chafle , à la très-grande dcplaifance du Ray,: Se puisiLfut retrou*
vé , & par fon moyen fut délivré le Duc de Sommtxfee Anglois y qjae les
François vfoicnt pris , &c s*en alla demeurer à.^riigr^^»
Le Roy ayant conftitué le Comte de Charolois ton Lieutenant gênerai
en la Duché de Normandie y à trente- fis mille francs de penfmn , ce
Comte fe rendit à Rouen le Samedy 19. Décembre , & en partit le ix^
pour fe rendre en Artois , &c de-U yicts le «Duc de Bourgogne fon père à
Bruxelles y où il arriva le Mardy au foir v^ Jannôer.
Le Roy Louysmit jus audit an la RragmatiqueSanâioa y sL la prière
du Pape, laquelle avoir duré en France plus de trente ans ( c'eftoit de>
puis Tannée 14 j8v)
Audit an tiefpaflà lA^tCitcFloquet ^imUant CapitainCyBailly é^EvreuXySc
maiftre Nicolas /io/c/i , mourut iAutAuny Cbancelliei du Duc de Bourr
gome y (âge Seigneur éc riche..
Le Roy eftant à Tours le 18.' Décembre y refut Thommage du Duc
écr Bretagne , tant pour ce Duché y que pour les Comtés'de Momfort Sc
iPEfiampes (7} , après, quoy le Roy alla en pellerinagc sL Noftre^Dame
de Kedon en Bretagne.
Loaysd^ Albret Sc jchzn^Jeaffi'CKy y EvcSqucd^Arras 3. furent faits- Car^^
dinaux par le Pape Pius IL
Le Duc de Bourgogne eftant ^Bruxelles le Dimanche 17^ Janvier , y
regala le Comte Thomas d'Ariette ôc autres Ambafladeurs du Duc de
Milan , TArchevef^ue de'I.yo/z ,|les£vef<^uesde£/^,ideCVx/7z^rtfj' &de
Tourmay , & fk faire en {bn>hoftel le*fîtftin desnopces de Jeian de Fau-^
travers & d'Ifàbetle de Franciere , &G le lendemain tomba C^ grièvement
malade, a u'il fut abandonné des Médecins > puis revint en convalef*
cence par lai^gracede-Dieu , après oinq mois de maladie > ayant congçdi^
{ts Médecins fbulement le 4. Juilkt iuivant..
En cet an tre(pa(Ia la Dame êiCr.Raveftain { Beatrir àc Portugal) très*-
bonne Dame &c honnorable, niepce de la Ducheflè de Bourgogne y Se
fut commune renommée qu'elle fut empoifonnéc^( par Jean Con/lain ^
duquel il eft parlé cy-après.) (i)
Audit an environ l'entrée de Mars trefpa(!a Dame Jeanne de .ff^r^
Comtedè àcfainS Paul , laquelle laiflà d'elle quatre fils & quatre filles.
Meffirc
C?) E'Afte eneftimprimé^disuisfaNoa^
vdlc Hiftbirttl^ Bretagne , Tom. II. col-
ixv%.V»ytK aufli lao^eii. ci-deflus , od
Ion trouTcksdifficuicez que fit ccfcrmcnt*
(8) Voyez Mbnftrcfet , volume II h
P^S' ^ ) • $7 ^^ ^^° crime eft fon àiiHMS^
û vouloit empoUbaner le ComcexlcCba-^
toloif.^
i7<5 LES CHRONIQUES
Meflire Gaiivin Quicrct , vaillant homme d'armes » trefpalla au(E en
i4^r, la ville à: j4ttcvi//c.
Au mois de Mars la Ducheilè d'Orléans accoucha d'un beau Gis (il
a ejté depuis Roy de France , ) & le tint fur les fonds le Roy Louys »
qui luy donna (on nom , ôc la Rcyne d'Angleterre , qui eftoit venue
.^...^ requérir fecours au Roy , pour recouvrer le Royaume à! Angleterre.
Y±6^ Pafques arriva le i8. Avril.
Le jour dcfainS Jacques ScfainS Chrillophe , ( X5. Juillet ) de Tan
i^6i. Jean Confiain fommelier du corps ài Duc Philippe de Bourgogne
fut décapité au Chafteau de Rupelmonde , pour (es maléfices , & d'au«
tant ou u machinoit (Se contendoit à empoifonner le Qïmte de Charolois \
& ledit jour ce Comte y qui eftoit à Bruxelles en partit après difner pour
aller au Chafteau àt Rupelmonde , où il refta jufques au Samedy 51.
Juillet , qu il en partit pour venir i Anvers , & enfuite aller en Holla*
de y ovLÛ refta pendant les mois d'Aouft & de Septembre > n'eftant re-
venu à Bruxelles que le Mardy 5 . Oâobre.
Le 1 5. Septembre rrepafla l'Abbé de SainS Faaft d'Arras , Jean du
Clerc (9) , Grand Amiiofnier» & Prélat de grand gouvernement & belle
conduitte^ âgé de 9(7^ ans.
Le Duc de Bourgogne envoya le Sgr» de Chimay devers le Roy Louys^
pour aucuns difFerens eftans entre eux , & parla lors au Roy fi aigrement,
3ue plufieurs en eurent grande merveille , pour ce que le Roy luy avoir
emandé yji le Duc de Bourgogne ejloit d'un autre metail que les autres
Princes (lo).
Le Mardy 18. Septembre la Ducheflè , veuve du Duc de Cleves , vint"^
voir le Duc de Bourgogne , fon frère > qui eftoit lors i Bruxelles^ & refta
avec luy jufques AU 15. Oétobre.
Le Samedy i(>.Oâobre arriva auûi à BruxelUi la Duchefiè veuve du
Duc de Bourbon i pour demeurer avec fon frère le Duc Philippe de Bour^
gogne, & amena avec elle plufieurs de fes enfan$ , que ledit Duc honnora
6c avança.
Le Dimanche 17. Oûobre le Duc de Bourgogne^ pour témoigner la
foye qu'il avoit d'avoir avec luy fes deux fœurs les Duchedès de Bourbon
& de Cleves , leur fift un grand bancquet, où la Duchefiè de Bourgogne^
)a Comteflc de Charolois , Mefdcmoifelles de Bourbon , le Duc oc C/«-
vesy l'Archevefquede Lj^on , Monfeignçur Jacques de Bourbon , Adol*
phe de Cleves , & le petit Comte de W'irtemberg ailifterent \ le Comte de
Charolois ne s'v trouva pas,étant pour lors à Aibeville^d'où il ne revint i
Bruxelles que le z 5 . Oâobre.
Le Dimanche 14* Novembre, le Duc de Bourgogne ^ étant \ Bruxelles^
fit
au Seigneur de Chimay , comment il avoic
{9) ^fy Voyez Monftrclet » page 9T.
à Tau 1461. ou il fait l'Eloge de ce Prélat.
(10) Le Seigneur de CfeiVw^ luy répon-
dit : Ouy il $fi ttun mtUre metml , pà]qH*il
twus s gmfiiéé*fime9tH contre UB^, vôtre
fere , ceque nul autre Prince nuroit voulu
faire : le Comte de Dunois n'aysM^ic pas ap-
prouvé cette réponfc , ^ ayant dwandé
ofé parler ainfi au Roy -, ce Seigneur lui ré-
pondit : Sij'avois été à cinquante lieues , ^
euffèfenfé que le Roy m'ettt voulu dire ce
qu'il ma dit de hhnfeigneur mon Maure ^
je foroit venu four lui dtre ce qtteje lui ai réy
fondu, Mooftrelet > Vol. III. pag. 9 ^. Voyen^
auffilaCl^omqueci-dçirus pag. 14.
(u)
r
D U R O Y L O U Y S X I. 17^
8t un grand banquet à la Ducheflc de Bourbon , & Mefdemoifclles de . ^ .
Bourbon , où le Comte & la Comteflè de Charolois , 1* Archevefque de ^ '
Lyon , Mgr, Jacques de Bourbon , le Sgr. de Ravejlain , le Comte do
Sainct Pol y le Comte iPEJlampes , Mgr. Adolphe de Gucldns , qui
étoit venu voir le Duc , & autres aflifterenr.
Le Roy de France envoya en AngUurrt le Grand Sencfchal de Nor^
mandu , meflire Pierre de Brc^é avec deux mille combattans. .
Le Duc de Bourgoont envoya cent hommes d'armes & quatre cens
archers à rEvefque <fc Maytnct , pour l'aider en une guerre , que ledit
Evefque avoit contre un Seigneur (T Allemagne.
Entreveuc du Roy de France ôc du Roy de CafHlle à Fontarabie.
Le Comté de Roujfillon fut engagé à la France y ce qui a caufé depuis
de grandes brouilleries avec les Roys <VArragon.
Le Dimanche 20. Février , le Comte & la Comteflcde Charolois ^kt^nt
en la ville du Qttefnoy en Hainaut , firent faire en leur Hôtel & à leurs
dépens, le banquet de nopces de Jean , Seigneur de SainB Simon > & de
Jeanne de la Trimouille. ^mmÊmmmmm
L'an 14^3. Pafques arriva le 10. Avril, & le 19. de ce paois trepafla T
maître Robert le Joru , Gouverneur d Arras , qui tout fon temps eut ^ 4^ J*
grand gouvernement , âgé lors de quatre-vingtniouzeans , fon fils meflire
Guillaume le Jone , Chevalier , Seigneur de Contay , luy fucceda dans ce
Gouvernement.
Le Duc de Bourgogne envoya une Ambaflàde devers le Pape PiuSypovUi
être difpenfé du vœu , qu'il avoit fait d'aller contre le Turc , Se pour
pouvoir en fon lieu , y envoyer Cvt mille combattans à fes propres coûts Se
dépens.
Le Dimanche 11. Juin, en la ville de Bruges fc firent les nopces de
Mgr. Philippe Baftard de B rabane , & de Demoifelle Anne de Baeujt , en
l'Hôtel & aux dépens du Duc de Bourgogne , qui étoit lors en cette ville
avec la Duchefle de Bourbon , Mefdemoifelles fes filles , les deux petits
Baftards de Bourgogne y Mgr. Jacques de Bourbon y Mgr. de Ravejlain Sç
autres.
Le Dimanche t6. Juin le Comte & la Comccflc de Charolois ctans en
la ville du Quefnoy en Hainaut y firent faire en leur Hôtel, & à leurs dé-
pens y le banquet de nopces de Guillaume , Seigneur de Stavele y fils du
Vicomte de Furncs y £(,Àt Demoifelle Leonor de PoiSiers , fille de Mr.
iTArcy.
Le Duc de Bourgogne étant à Hefdin , le Lundy premier four d'Aouft,
«vec la Ducheflè de Bourbon & Mefdemoifelles (es filles , fit régaler aux
fontaines du parc, le Patriarche de Hierufalem (11), l'Admirai & autres '
Ambaflàdeurs de France , & dix jours après il en partit pour aller à No-
tre-Dame de Boulogne , où il arriva le Samedy i :;. Aouft ; il y fejourna
iufques au Jeudy 25. Aouft , qu'il en panit pour aller à Saincl Paul Se de
là i Hefdin ^ où il arriva le Jeudy premier Septeipbjre, & refta jufques au
^4. OAobre.
Le Dimanche 7. Aouft le Comte Se la Comteflè de Charolois étans au
Quefnoy
(i i) Cétolt LooU dcHarcQor , Evéquc de Bayçux*
Tome II. Z (ii>
17» LES CHRONIQUES
Quefnoy en Hainauty firent faire en leur Hôcel& à leurs dépens, le
ï 4 ^ 3 ' banquet de nopces du Seigneur de Stadts , & de Marie , fille du Seigneur
de Uarchics.
La Reyne d^ Angleterre fut en aventure de perdre ta vie & fon fils , e»
une foreft du pays , où ils furent pris & debagués de Brigands , puis s'e»
vint au refuge vers le Duc de Bourgogne , qui la fit recevoir en la ville^
de SainS Pau/ , & régaler le Venarcdy i. Septembre ; après quoy il U
fit convoyer & guider jufques en Lorraine à Nancy-le-Duc , & uluy don-
na de beaux dons & riches.
La Comtefle d^Eu accompagnée d'Etienne Chevalier ^ Trcforierde Frang-
ée , vint à Hefdin au commencement du mois de Septembre , le Duc de^
Bourgogne la fit deffraycr pendant le temps qu'elle y fut.
Le Roy donna au Sgr. de Croy l'Office de Grand Maître d'Hôtel de
France , & fi luy donna la Comté & la Seigneurie de Guines étant es
mains des Anglois^
Jean ( de bourgogne ) Comte d'Eflampes , coufîn germain du Duc de
Bourgogne , & de tout temps nourry en la Maifon de Bourgogne , laifla
cette Maifon , & fe retira en la Maifon du Roy , pour ce que le Comte de
Charolois ne l'avoit point en grâce (12).
Le fixieme jour de Septembre , fut par le Parlement fentence rendue*
contre meflîre Antoine de Chabannes , Comte de Dampmartin , & fut
jugé digne de mort,pour caufe d'avoir commis crime èi^le:^'Majtfii (i 3}>-
mais le Roy luy fauva la vie> & le fit remettre en orifon..
Le Roy par la finguliere volonté fit ardoir & brûler tous les rcts& touk.
les filets fervans à prendre beftes fau^ges en l'Ifle de France , & en plu*^
fieurs autres lieux..
Le Roy rembourfa le Duc de Bourgogne de quatre cens mille efcus >
& reprit a luy les villes & les terres engagées fur la rivière de Somme „
pour pareille fomme » pui3 vint devers le Duc , lors étant en la^ville de
liefdin : il y demeura & fut deffrayé pat le Duc> depuis le Mercredy 1%^
Septemore jufques au Mercredy i9..0â:obre, qu'il en panit après-dinert
k Comte & la Comteflfe de Charolois étoient pour lors à la Haye , où le*
Comte rcfta jufques au Samedy 17^ Décembre^
Le Roy depofa pluficurs des Officiers des pays dégagés», nonobftanr
qu'il eût promis au Duc de Bourgogne , qu'il n'en y mueroit , ny change*-
«oit aucuns , & en eut le Sgr. de Lannoy la plus grande part {çu perte ) ^
dont plufieurs gens murmurèrent aâes.
Le 15. Octobre apparut en l'air un grand brandon de feu.
Le jo. Oûobre mourut Dame Marie de Bourgogne , veuve d'Adolphe-
Duc de Cleves ; le Duc de Bourgogne , fon frère , étant à Bruges , luy fie
faire des obfeques le Samedy 16. Novembre.
\sl Reyne de France , Marie d'Anjou > veuve du Roy Charles VII.
trepaf&
(11) Ce ne fiit pas la feule rai Ton , mais
encore parce que ce Prince & Je Comte de MJirthê , Généalogie de la Maifon deFran-
Nevcrs j^fon frère , avoient de grandes pré-
tentions fur 1» Duché de Brabanc & autres
Seigneuries , fur quoi le Duc de Bourgo-
gne refufbit de Teur faire juftice. Sainf-
ce. Coquille , Hift. de Nevers.
(i 3) ycjfêtc les Lettres de Rabelais >f ag-
163. édition de.1 7x0.
(14)
r>u Rov LOUYS X r. 179
trepaflk le 19. Novembre , le Duc de Bourgogne lay fie faire des obfeques
•en la ville de Bruges , où il écoic > le Samedy 14. Décembre. s 4 ^ J •
Le Dimanche 1 8. Décembre en la ville de Bruges , fe firent en THotel
& aux dépens du Duc de Bourgogne , les nopces de Msr. Adolphe , lors fils
unique de Mgr. Amoul^ Duc de GueldreSy avec Mademoifelle Catheriruy
fille de Madame la Duchefiè de Bourbon ; le Comte de Charolois écoic
pour lors à Rourdam^ & la Comceflè à la Haye , où le 15. Décembre
elle regala le mefme Adolphe^ (fon beau-frere) (14) qui l'y étoitallé voir.
Toft après fut grand trouble & débat encre le Duc de Bourgogne Se le
Comte de Charolois fon fils , pour leurs fcrviceurs , que chacun d'eux ce«
noir contre le gré l'un de l'autre y pour lequel débat appaifer , furent
afièmblez les trois Eftats des pays du Duc » qui les mirent en bon accord»
fi que le fils retourna devers fon père à Bruges » où il arriva le Lundy i ;.
février , & demeura trois jours avec luy , après quoy le Duc partit pour
venir à Lille > où il arriva le Samedy i S. Février , & où il tefta jufques au
mois de May fuivant : le Comte retourna en Hollande.
Le Jeudy 9. Février le Duc de Bourgogne étant en la ville de Bru"
ges y fit faire en TEglife de fainS Donas les obfeques de la Reyne
d'EMe{xs).
Le Roy fejourna un peu de temps à Tournay , audit an , après qu'il
"CÛt été en, la cité Itz-Arras , & fut audit Tournay rcceu fort nonnora-
blement , puis s'en ala à Lille {16) ovl étoit le Duc de Bourgogne y qui le
teceut là h>rt noblement \ à cette fois le Roy détourna le Duc du voyage
qu'il avoir conclu de faire en Turquie , le Roy retourna en France , fie
trouva i/ainS Cloud la-Paris , le Duc de Savoy e 6c fon fils aifné , qui
l'avoient là longuement attendu.
L'an 14^4. totl après Pafqucs, qui^toit arrivé le premier Avril, le — <■
Roy manda & pria Philippe de Savoye^ troifieme fils du Duc de ce 14^4*
iK)m (17) , de venir vers luy en feureté, mais il le fit prendre & mener
prifonnier au Château de Loches tn Touraine , où il le nt tenir l'efpace de
cinq ans.
Le 1 5 . May le Roy retourna â Paris , où la Reyne étoit accouchée
d'une fuie.
Le Comte de Nevers (Charles de Boureogne) trepafià , & le Duc de
Bourgogne étant à Bruges luy fit faire des obfeques le Vendredy 1 j . May.
(Jean <fc Bourgogne) Comte d^EJlampeSy frère de ce Comte de Nevers ^
lujr fucceda en fes Terres de Nevers , de Rethel , de Dons;y , & autret
Seigneuries.
Au
1 4) Il venoit d'éponfer fa fœor.
If) Elle (è nommoic Marie, & écoic
fille ^Araoolc , Doc de Gueidres , &. de
Catherine de Cleves,
{li) Mânftreletf Ideyer ^ & autres Au-
teurs , parlenc de ce voyage du Roy à LilUi
il eft cependanc incertain qu il y ait été ,
car les Maîtres d*Hôtel du Duc de Botirgo-
ÇM, qui tenoienc des notes journalières
loR exaâes de ce qui fe pailbic.à laCoot
{:
de ce Prince»' n'en font aucune mention
dans leur Journal , quoiqu'ils y fafTenc
mention des trcûs voyages au Roy à Hedsft
en S^tembre i^6j. en Juin & eo Juillet
14^4.
( 17) Le Roy ne retînt ce Prince en pri-
(bn , que du confcntement du Duc de Sa-
voye Ion Pcre. Mmthiêu Hift. de Louis
XL Liv. X. n. 17. Ce qui dans la fuite aliéna
ce Prince de l'amitié de Louis XL
Z 1 (18)
iSo LES CHRONIQUES
^ Au mois de May arriva une bataille en Angleterre dure & mortelle da
? 4 ^ 4* Hoy Edouard contre le Duc de Sommerfet , pour le Roy Henry , & fui-
rent ledit Sommerfet &c tous les fiens morts ou pris , & fit le Roy decapi«
ter ledit Duc de Sommerfet.
Meilire Pierre Louvain fut afla/Hné de la main de meffîre Raoul de
Flavy^ pour contre-vengeance de la mon de feu Guillaume de Flavy ,
fon itttt.
En plaidant une caufe en Parlement à Paris > la Chamlbre fe prit 2
trembler , & cheut illec une groflè pierre de la maflbnnerie , & le lende-
main advint le péril en plaidant cette caufe > &. faillit un des baulx ( ce
font foliveaux mis de travers) de la chambre hors de fon lieu.
LeSamedy i;. Juin le Roy arriva au foir en la ville de: Hefdin ,. oâ
étoit le Duc de Bourgogne , qui le receut & défraya juiques au Luur
dy 2 5 . qu'il en partit après-difner : ces Princes fe firent aucunes requef-
tes l'un a l'autre: fans fortir effeék, leComte de Chaxolois étoit lors en la
ville ^'-^/>e.
Le Roy revint à- Hefdin , vers le Duc de Bourgogne , le Lundy ï. Juil-
4et au foir , & y fut def&ayé aux dépens du Duc, jufques au Lundy ^
de ce mois , au'il en partit après-diner •, & après avoir eu quelq^ues coa-
ferences avec les Ambafladeurs d'Angleterre y axk fujct dek contmuatioir
de la Trêve entre la France & V Angleterre , il s'en alla après cela 4 Ab^
beville & à Rouen >.puis retourna à A^ovio/i, gros village près la Foreft de
Cre(^ , où il fe tint aflcs long-temps, en attendant quelques noiwelles^
Le Dimanche 1 5- Juillet y la Reyne , la Princefle de Piemoniy Made-
moifelle de Savoye y (es focurs, & le Comte d*Euy vinrent à Hefdin foiv
per avec le Duc de Bourgogne , & difner le lendemain ; elles y vinrent
encore difner le Jeudy 1:9.. Juillet : le Comte de CA^ro/aii étoit lors
en la ville du Quefnoy en HainaïUy & avoitenfuite étèà Gand^Sz Conb>
telle de Charolois étoit à Gorkum en Hollande.
Le Samedy^ 1 1 - Aouft le Duc de Savoye arriva à Hefdin vers le Duc de
Bourgogne , qui le fit traitter & deffrayer jufques au Lundy j^ Septem^
bre ,. qu'il en partit aprèsrdifner •> le Comte & la ComteHe de Charolois.
étoient lors en Hollande.
Le 15. jourd'Aoufttrepafla le Pape Pius II. Se luy fucceda le Pape
Paulus II.
Le Dimanche 9. Septembre fe Duc de Cleves vint vifiter le Comte de
Charolois y^Q^ étoit lors à Gorkum en Hollande^
^ LeMercredy 1 2^ Septembre l'Admirai de /r^we (tî) vint en k vUIe
de Hefdin difner avec le Duc de Bourgogne*
Le Jeudy zo. Septembre , le Comte de Charohîs s*étant embarqué i
Dordrechty eflliya une grande tempefte , qui l'obligea de fe mettre à l'an-
cre & de changer de batte^u ; il arriva heureufement avec quelques-uns
de fa compagnie en la ville de Rotterdam , & Iç mefme foir il alla cou^
cher à la Haye.
Le Baftard de Rubempri fut pris ea Hollande par lê commandement
du Comte de Charolois ctaut^li , lequel Baftard > ielon k commune re*
nommée
<x9] Cécoit 7c4ii > Sirede Momaabao « motc en 146^..
DU ROY LOUYSXI. i8i
nomteée > avoir charge du Roy de prendre icelluy G^mte > & de luy i "ka
amener mort ou vif. ^ ^'
La trêve entre la France Se rÀngUurrc fut renouvellée pour ua an , à
commencer du premier O&obre.
Le Comte de Charolois (ignifia à Ton père la prife & la confeflîon d'i-
ceiluy Baftard de Rubcmpré^ furcjuoy ce Duc partit de Hefdin le 7. OQxy
bre s & s'en alla à LilU > où il arriva le 1 1 . de ce mois ^ le Roy étant en-
core à Novion , attendant aucunes nouvelles » & defîrant encore retour-
ner â Hefiin devers le Duc , qui en étoit party haftivement , comme
dit cft.
Le Duc de Bourbon (19) vint à LilU le 14. Oftobre , vifîter le Duc de
Bourgogne Ton oncle > puis il s'en alla à Gand vifîter le Comte de Charo^
lois » & fut feftoyé fort noblement partout pendant quaranc-un jours
qu'il fut avec eux.
Le Comte de Charolois arriva à Lille vers le Duc de Bourgogne fon
père , le Dimanche 4. Novembre aa (bir , & le ^. dudit mois , ce Duc fit
faire un prefent de vin au Comte d^Eu^ à T Archevefque de Narionne &
au Chancellicr de France , Ambafladcurs du Roy.
Le II. Novembre > jour de S. Martin, le Duc de Bourgogne h^nti LilU^
fit faire unefefte en L'Hôtel du Comte de Charolois ^ où ce Comte > la Dik
cheilêde Bourbon y Madame Ae:Gucldresr&c, Mademoifelle de Bourbon p
le Duc de Bourbon , TArchevefque de Lyon , Mgr.^ de Beaujeu , Adol-
phe de Cleves ^ Seigneur dcRaveftein, Mgr. Jacques de Bourbon , Se au-
très affifterent.
Le Jeudy 13. Novembre ^ te Duc de Bourbon après avoir pris congé du
Duc de Bourgogne Se du Comte de Charolois y etans k Lille y en partie
jxjur retourner en France.
- ^ Le Roy mandaà /io»e/z venir devers luy les députés de Tournay 8c des
villes, dégagées (10) , & Kurfit remontrer qu'il étoit deplaifant de ce
3u'on diloit communément qu'il avoit voulu faire prendre le Comte de
harolois par leBaftard de Rubempri ; Se fecondement Jeur dit, quU
avoit commis le Comte de Nevers Capitaine de Picardie.
Le Roy fit reprendre par fes-gens & remettre en fa main la ville & le
Chafteau de Crevecctur-U^-Cambray , qu'il avoit neantmoins donnée i
Meflire Antoine Baftard de Bourgogne , & fut le Chaftelain emmené pri-
fonnier devers le Roy^. ^
AflèmbKe de Seigneurs à Tours (21) contre le Duc de Bretagne le 1 8L
Décembre.
Le 4. Janvier trepafla Charles Duc d^ Orléans , âgé de 70. ans 6ç
laifla m^'(^i) & fille de la fille de Cleves fa femme , niepce* du Duc dé
Bourgogne.
Audit aa entre Noël Se Carefme , le Roy Edouard £ Angleterre prit â
feximie
(1$) JeanDac de Bbatbon II. Fils de 1 d^Arrasde 14)5'.
L— I ; J»A 1- J^ B /- _\ t ^ f» -_î-_t
Charles tL d* Agnès de Boursugne.
(10) Cécoîenc celles ficuécsfur fa rlvie-
xe de Somme , lelquelles avoieat été enga-
gées aa Doc de Bourgogne par k Traité
(i 1} Le Récit sçn troave flans la nouvelle
Hiftoirç de Bretagne, Tome IL col. 1X79-
(il) Le Fils, nommé Louis ,,adcpuisété
Roy de France , XII*. du nom.
Z 3 (13)
^^^^^^^ i8i LES CHRONIQUES
j^ femme 6c cfpoufa la fille du Seigneur de Rivières , ntepce du Comcd
^ ^* Louys dcfainâ Paul , fille de fa fœur, qui avoit efpoufé premièrement le
Duc de Bedfort lors Regcnt de Franu , duquel mariage furent nul con-
tens ceux de Londres & plufieurs Seigneurs du pays.
L'hyvcr fut fi dur & fi gelé que le pain & le vin en^eloîent à la taUe,
fc geloitbicn profond dans les celiers , & dura depuis le dixième jour
de Décembre jufques au quinzième jour de Février , & furent engelèea
les Rivières de Seine ôc d'Oife , & fi firent grandes neiges.
Environ la fin de Février retournèrent les deux baftards de Bourgopu
de leur voyage à' Outremer à peu d'exploit , & lailïèrent à Marfeille leur
navire & leurs hamois.
Le Duc Philippe de Bourgogne fut fi malade à Bruxelles , qu'on douta
de fa mort , & lors requit fon fils qu'en tous lieux de dévotion , on priât
pour la fanrè de fon père , 8c fi envoya de ks plus féaux amis prendre &
faifir les places favorables au Sgr. de Croy , en écrivant par toutes bon-
nes villes (ij) , qu'il rcputoit (on ennemy ledit Sgr. de Croy avec tous
fes alliez, il débouta le Sgr. de Commenran y pour advancer le Sgr.
d!Aimeries.
Le Duc de Berry feul frère du Roy , laifla l'hôtel du Roy & s'en
courrut en Bretagne , pour fe tenir avec le Duc pour la crainte ou pour
la haine du Roy , & s'allièrent iceux Ducs enfemblc avec le Comte de
Charolois & plufieurs autres.
Le Comte de Dampmartin échappa de prifon de la Baftille fainS An^
toine Se s'en alla en Bretagne devers le Duc de Berry.
Le Comte de Charolois fit prendre & faifir la ville & le Chafteau de
Lanncy, dont le Seigneur & la. Dame s'eftoient retirés à Tournay avec
toutes leurs bagues. \
Le Duc de Berry envova fes lettres (24) au Duc de Bourgogne & au-
tres Princes du fang Royal , pour eux mettre Yus & aider de remettre le
Royaume en ordre & en juftice.
te Roy de France envoya le Sgr. de Lannoy en Angleterre , jpour
avoir alliance avec le Roy Edouard y à la nuifance de la Maifon de Èour*
gogne : mais ce Roy Edouard envoya les lettres A\x Roy de Franu au
Duc de Bourgoene , pour foy advifer.
A l'entrée d'Avril fut une grande conjonâion de Saturne & de /ap/-
ur , qui fignifioit , comme d^^oient aucuns , grands nuux à avenir aa
inonde.
Audit an fe firent alliances des Princes de France contre le gré du Roy,
afin de mettre le Royaume en ordre & juftice.
Le II. Avril , jour de la Paflîon de Notre-Seigneur , dit le Vendredy
Saint , les Seigneurs de l'ordre de la Toifon prièrent humblement au Duc
de Bourgogne , qu'il voulût pardonner à fon fils ^ & le bon père luy par-
donna tout fon mal talent le lendemain Vigile ôc la nuit de Pafques
14^5. Pafqucs
(15) Les lettres du Comte de Charolois,
en datte du ix. Mars 14^4. (ou 14^5.
ftyle tiouveau , ) font imprimées dans le
troi£éme volume des Cfaxonlquc^ deMonf-
ftrelet , mais avec quelques fautes.
(14) Elles font du i ;. Mars 14^4- îniprî-
mées dans le troifîéme volume des Chror
nlqoesdc Moofttelct. ~
(M)
r
DtJ ROY LOUYS XI. tts ^^^
Pa(qaes arriva le 14. Avril & toft après le Duc de Bourgogne mit fon ^
armée fus , laquelle il laifla conduire d Ton fils le Comte ae Charolois , ^ y
pour aller devers le Duc de Bcrry^zytc lesautxes Princes qui avoient mis
tus routes leurs puiflànces.
Le fiaftard de Bourgogne reprit fur les gens du Roy Arlœux & Cre*-
reccmr 5 que le Roy depuis un peu de temps avoit fait prendre fur ledit
Baftard.
Le Samedy 15. May , le Comte de Charolois fc rendit à fon armée,
qui étoit à fontaine^au-'Pire : le lendemain il alla à Honnecour ^ où il
refta trois jours ; le 19* May il campa à Ro^L en Vermandois ^ où il
reftajufques au 3. Juin , qu'il en partit pour coucher à Bray ; il y fe-
journa jufques au 6. qu'il paflà la Rivière de Somme & alla coucher à Li-
hons en Santers , d'où il partit le 10. pour aller à Roye , qui fe rendit à
luy & où il fejouma jufques au 19. qu'il en partit pour aller à Archieu^
Le 20. il mit le iiege devant le Chafteau de Beaulieu , qui fe rendit le 24^
& pendant ce temps fe rendoienr aui£ à ce Comte ou à Ces Commis
ceux de Nejle Se de Montdidier^
Le Mardy z%. Juin > le Comte, de Charolois alla i Beffons > le i^. d>
JainS Remy en Beauvoifis , le 27. à Frefnoy , le 28. à Pont-Maixanu 9
où il refta le 29. & pa& la rivière le 30* pour venir camper à Baron fur
Nonrutêc^ en Tlfle de France , d'où il partit le Mardy 2. Juillet pour ^
czttiTgMk Mitry y il y refta le }. & le 4. & en partit le 5. pour aller i
faind JWnis , où il refta jufques au i o^ attendant après les auttes Prin^
ces, qui ne pouvoient venir ny approcher , à caufe de l'armée du Roy, qui
étoit entre les deux ofts , pour empefcher qu'ils ne fe puftènc joindre
cnfemble.
Le Mercredy 10. Juillet , le Comte de Charolois partit defainS De--
nis & alla camper à Boulogne-la-Petite y près le font JainS Cloud^\c
Comte Atfaincl Paul y Chef deravant-garde de ce Comte, trouva moyew
de faire paftèr i tous fes gens la rivière de Seine , & prit le pont^Zu/^âT
4>loud , & lors pafla toute l'armée cette rivière , pour tirer vers E^am-^
Îes j éc trouver là l'armée du Difc de Berry , & c'ecoit lorslequinziefme
uillet , & ce jour ce Comte partit de Sairâ Cloud Se alla comper à Long^
Jumeau^
Le Mardy 16 • Juillet , le Cpmte de Charolois partit àç, Lons-Jumeau^
& vint au f^al de Montlehery , où il mit fon armée en bataille. Le Roy
s'advança avec toute (xm armée pour le combattre ^ & combattirent par
divcrfe fortune ; mais enfin k Roy fut déconfit & fe retira cette nuit ai
CorbeiL Le Comte refta fur le champ de bataille > il en partit le len-
demain 17. pour aller à Montlehery , d'où il partit le ^8-. pour aller cam-^
pcr i Chajlres. Le Vendredy 19. il coucha à Efiampes , où les Ducs de
Berry & de Bretagne & les autres Princes de leur alliance vinrent bien^
foft après; ils j réitèrent jufques au Mercredi 31. Juillet , qu'ils en par-
tirent pour venir à Angierville en BeauJJe , où ils campèrent. Le Comte
ÀzChamy (25) cuidant venir devers le Comte de Charolois avec citw
quante
(i 5) Pierre it Bauffremont , Comte de f de Bmirsogne ; il étoit (econd^fils de Hetn-f
Ciiamy ^ ConfciUcr te CharabcUaadaDnc L de fiaa&emoot fedc Jeanne de Yci^^
0"^
iS4 tES CHRONIQUES
, quance lances , fut épié des gens du Roy & fut pris Se retenu priTonnier^
^ ' & fes gens fe fauverenr.
Le Jeudy premier Aouft» le Comte de Charolois alla cam}>er ifainS
Mathurin de C Archamp ; il y refta jufques au 5. qu'il en partit pour alf
ier coucher à Mortt , ou il fit boftir un beau pont lur la rivière de S tint »
laquelle il paflà , & campa outre cette rivière , près Mont , jufques au 9*
qu'il alla camper à Htrijjy en Brit. Le i o. il alla camper à Nangy en Brie,
où il refta jufques au 1 5. qu'il en partit pour aller camper à Kitry. le
16. il alla campera Bray^Comtt^Robtrt , où il refta jufques au 19. qu'il
alla camper à Maifons (ùi Stint à un quart de lieue du pont de Chartn*
ton 9 & le Mardy 20. Aouft il alla camper à Confians ^ où il fejourna juf-
ques à la fin du moisd'Oâobre.
Les Princes afièmblés avec leurs gens pafibient par le pays de Btauct
& de GaAinois , & ayant traverfé la Stint audit pont de Mont , allèrent
par la Brit paflèr la rivière de Marnt à Chartnton , & fe loger près Pa^
ris y qu'ils voulurent aflieger > ayant repris le pont de fainâ Cloud ic
Lagny
Le Roy fît crier à Routn^ où il étoit allé , fon arriere-ban , puis re-
tourna à Paris le 2 S. Aouft > & envoya devers les Princes, pour trouver
aucun bon moyen de paix.
Les Litgcoisy alliez au Roy de Franct , à fon pourchas counuent lors
& mirent feux es pays du Duc de Boursognt , qu'ils avoie^^QVoyé
deffier. Entre autres ils aftie^erent la ville de Limbourg apparteffinte au-*
dit Duc s mais quand ils virent que le Hoy ne leur avoit point envoyé le
fecours qu'il leur avoit promis , ils s'en retournèrent en leur ville |
voyans auflî que le Duc avoit mis fus une groflè armée contre eux.
Audit an furent brûlées en la ville tVArdrt cent â Ax vingt maifons
par feu de mechef , ou par maléfice d'aucuns haineux ou mauvais gar«
nemehs.
Le Comte de Charolois fejournant à Confians lt[ Paris , ceux de /?/-
nand faillirent de leur ville, [lortans une rèflèmblance dudit Comte re«
vêtu de fes armes , laquelle ils pendirent devant Btinnts ( ou Bouvi*
gnts 9 ) à un gibet , difans de luy plufieurs- vilenies & injures. {16)
Le Roy étant à Paris , & les Princes autour de cette ville, ils con-
vinrent &: fe virent enfemble durant les trêves , qui étoient entre eux par
plufieurs fois.
Au mois d' Aouft , le Roy Edouard d^AngUttm fit prendre le R07
Htnry & le fit mettre en prifon au Château de LondrtSp
£ntre ces chofes deux traîtres furent trouvés à Boulognt fur la mer,qui
reconnurent avoir vendu le Château aux Anglois , fi en fiireiit décapités
le onziefmê jour de Septembre.
A la fin du mois de Septembre , les Bntons furprirent la ville de
Pontoift de nuit , par le moyen du Capitaine mefme de la ville.
Le Duc de Bourbon pour & au nom du Duc de Btrry , entra fdans le
diateaude Routn par le moyen de la veuve du Seigneur de la Ftnunc ,
( autrement
(i6) Ils diroient au*il étoit Baftard , èc 1 neur de la DochelTe fa Mère , chofe tou*
fablioienc quantité de choi^ au deshon- 1 jours odieufe. M^er*
(*7)
D U R O Y L O U Y s X L 185
(auttemenc la grande Senefchale , } après il entra en la ville 9c la mie
en Tobeifl&nce du Duc de Bcrry , Se puis les autres villes de laditte I4^S<
Difchc.
£ntre ces chofes , ceux de Dlnand ne ceflbient de mettre les feux au
£ays du Duc de Bourgogne ^ & les gens du Duc pareillement brûloienc.
;ur pays.
Le Jcudy 16. Septembre , la Comteflè de Charolois , ( Ifabelle de
Bourbon , fille de rcu Charles , Duc de Bourbon , ) mourut en la ville
d^ Anvers après deux mois de maladie » laiilànt d'elle Damoifelle Marie
fa feule fille.
Le Q)mte de Ntvtrs ( Jean de Bourgogne , auparavant Comte d'ET-
lampes ^ ) fut pris de nuit en fon Château de Peronne , par les eens du
Comte de Charolois , & la ville & le Château remis en la main du Duc
de Bourgogne , & fut ledit Comte de Neyers mené prifonnier au Chateail
de Bethune.
Le Comte de Najfau , le Senefchal de Hainaut , & le Bailly avec dix-
huit cent combattans mirent les feux au pays de Liese , &c trouvèrent à
Monunac quatre npiille Liégeois , lefquels ils comoattirent , fi qu'il y
en eut plus de deux mille deux cens tués fur la place , ce qui arriva le
15. Odobre.
Les Confi^lers & Ambafladeurs du Roy &c des Princes les mirent en
bon accord & fut la paix faittç entre eux (17) par certains moyens, dont
entre les autres le Comte de fainci Paul fut ordonné Conneftable dé
France , le Duc de Berry dcvoit avoir la Normandie pour appanage > le
Comte de Charolois r'eut le pays dégage (18) & le Comté de Guynes.
Tous les autres r'eurent leurs terres & quelque avancement du Roy , &
prirent tous & un chacun d'eux lettres du Roy , de ce qui leur touchoit
vérifiées & confirmées par le Parlement le 1 1 . Odobre.
La paix faitte du Roy & des Princes , chacun s'en retourna fur le fien.
Le Comte de Charolois partit de Conjlans le Jeudy j i. Oûobre , pour
venir â Filliers-le-Bel , où le Roy l'accompagna. Ils y furent enfemble
jufques au j. Novembre , qu'ils (e feparerent après difner ; le Roy pro-
mit au Comte de luy donner fa fille aifnée en mariage , après quoy le
Comté partit & vint couchtr ^i Senlis 'y il alla enfuitte i.Compiegne ,
tioyon y Chajlelety Guyfe , Moncornet , Regnioue^ , où il regala Mada-
me de Nevers (29) qui y étoit venue difner \ il arriva iMaizieres fur Meu-
Je le Jeudy 1 1 Novembre & y fut régalé par Madame de Nevers ; il en
panit le 160 pour venir zRemiouei , enfuitte à Maubert^Fontaine ^ Chi-
may , Beaumont , Binch , Fleuru 9 Judoigne & Tldlemonty où il arriva le
Lundy 9. Décembre & y refta jufques au 11. qu'il alla àfainS Tron , où
il {èjouma jufques au 1 2. Janvier s il alla enmitte camper à Cleynselme
pays du Liège , où il fut jufques au 12. Janvier, qu'il alla à Vecfuwal
près Tongres > il y Cejourna trois jours , puis revint ifainS Tron , où il
refta •
(27) Il 7 eut dcax Traités ptAUcs , Tun I (i8) Cétoicnt les Villes fur la rivière
^dé à Conflans le 5. Oâobre , & l'autre | de Somme.
a Saine Maur des FoiTés le 2^* du même 1 (29) Le Duc de Bourgogne tenoit Ton
Cipls. I mari prifonnier.
Tome IL A a (jo)
•
i8^ LES CHRONIQUES
reftâ jufc^ues au jo. qu'il patrie pour Bruxelles > où il arriva le Vendredf
ï 4 ^ 5* 31. Janvier au foir ', il y trouva le Duc de Bourgogne fon père avec Ma-
dame la Ducheflè de Bourbon , Madame de Gtuldres 6c Mademoifelle
Marguerite de Bourbon Ces filles. Il alla le Samedy 8. Février en pèleri-
nage à Noftre-Dame de Haljimbcrghe , & partit de Bruxelles le Mer-
credy ii. Février, pour aller à G and y où il arriva le Vendredy 14. Fé-
vrier au foir.
Pendant ce temps , le Roy s^accorda avec le Duc de Bretagne •, leur
Traitté (30) fut arrefté à Caen le 13. Décembre i^6\.
Le Duc Charles de Normandie fe tira vers Rouen , pour fe faifir de
fa nouvelle Duché & les habitans le receurent dedans à Seigneur, mais
tpft après le Roy luy ofta toute icelle Duché & convint le Duc retraite-
avec le Duc de Bretagne , & fi fit^le Rojr noyer le Sr. d^EJiernay ( ou de:
Sternay ) (31) & aucuns autres qui avoient été favorables à fon frère >
& pluneurs enfuite s'abfenterent & s'enfuirent hors du pays*
Les Liégeois advertis que le Roy ne les avoit point compris en fon
Traitté, & voyans la grande armée que le Comte ac Charolois avoit tou-
te prefte pour entrer enleur paysàJainS Tron , & Uautour obtinrent trêves
d leur requefte premièrement , & puis ta paix moyennant les amandifes.
honnorables & profitables qu'ils promirent faire par leur fcellé.
Nonobftant laditte paix , ceux de fainS Tron tuèrent deux gommes.
, des gens de Mr. le Baftard de Bourgogne , cuidans^ faire plus grand mal ,
Hiais ils furent prévenus & tués au nombre de fcize ou vingt & les au*
très fe tinrent en paix.
Le Comte de Charolois, qui étoit retourné vers fon père à Bruxelles,,
en partit le Mercrcdy 1 2. Février pour aller à Gand x où il arriva le 1 4..
il y refta jufques au 22. qu'il en partit pour Bruges > où il arriva le 24».
il y refta jufques au 17. Mars , qu'il en partit pour aller à pied à Boulo^
gne : ledit jour 17. il fut à j4udembourg^ le i8. à Nieuporty le 19. aux
Dunes , le 20. à Dunkerke , te 21. a Berghes y le 22. a Watenes , où le
le Prcvoft du lieu le regala , te ij^i faincl Orner , où TEvefquede Tour-^
nay , Abbé àefainct Bénin , le regala : il y refta jufques au 2S. qu'it
alla à Ardres , où it fur régalé par Guillaume Bornel , & le 29. Mars il
arriva à Boulogne , en laquelle ville le Comre de Nevers le vint prier &
requérir de pardon , & il luy pardonna tout , & luy fît très-bon accueil.
Le Roy leva & mit fus la plus groflc armée qu'il eut encores fait, fei-
gnant de vouloir dépendre le pays de Normandie , coTitte\ts.Anglois ;
6c le Comte de Charolois de fon cofté , fit auflî la fiennc, donnant à en-
cendre que c'étoit pour fervir le Roy en Normandie contre \t% Anglais.
Le Roy envoya en Angleterrele Baftard de Bourbon , lequel obtint une
trêve de 22. mois. Se le Comte de Charolois y envoya aum le Baftard de
Bourgogne fon frère pour eftre aflêuré des Anglois.
L'an ij^66^ toft après Pafques,. qui arriva le 6, Avril , ceux àe-Dinand'
ennuyés de ta paix , fe remirent aux champs & allèrent brûler en Hainaut
Se au pays de Namur contre leur Traitté Se Ordonnance de l'Eglife
dc-
(^•) Ce Traité eftiînprimé dans la Non- | ()i) Il étoit General dé NormandieiuK^
^Ue Hiftoiie de BretagncT. IL col. ix% j^ I vam ikchrooiquc Scaudalcufc pag. 5 ) •
Cy2)
l^6i.
DU ROY L O U YS XI. 187
de Rome , fi qu'ils en cheurenc en fencence d'excomuniment.
Le Mardy 15. Avril , Mr. de JFarwic vint trouver le Comte de Cha* ï4^<î*
rolois à Boulogne , où il fejourna jufques au 18. qu'il en partit , & pen-
dant ce fejour il fut entièrement defïrayé par ce Comte, avec toute fa
fuite , qui étoit d'environ trois cens perfonnes.
Le Duc de Bourgogne , fut malade à Bruxelles depuis le Xj. Février
jufques au 29. Avril. •
Le Comte de Charolois , qui ctoit party de Boulogne le 11. Avril pour
aller en Picardie , arriva à Montreuil le ij* Avril ; il en partit le 19. pafla
par Rue y & le Crotoy^ & arriva le !• May à Abbeville ; il y fejourna jut
ques au i8. qu'il alla à Amiens^ où il fejourna jufques au 30. qu'il alla à
Corbiey & le lendemain à Peronruy où il demeura pendant tout le mois
de Juin \ il alla enfuite à Sainci Quentin , d'où il partit le 1 2. Juillet pour
retourner en Hainaut , & dc-U à Bruxelles , ou il arriva le Samedy x6.
Juillet.
Le Duc de Bourgogne , qui étoit à Bruxelles fort débilité par maladie
& par vieilleflè, aflcmbla toutes fes troupes & les fit tirer à jyamur cnvi^
ron au commencement; du mois d'Aouft.
En ce mefme temps trepafla de grieve maladie le Seigneur de Haule^
bourdin , Baftard de SainH Fol , beau Chevallier & vaillant , & bon chef
de guerre.
Le Comte de Charolois partit de Bruxelles le 2. Aouft pour fe repdre à
Namury près de laquelle ville il aflèmbloit l'armée du Duc fon Père, qui
fe rendit luy-mefme à Namur le 14. Aouft , ceux de Dînant furent envi-
ronnés de les gens de tous les coftés de la rivière de Meu^e ; les appro-
ches fe faifoient de jour en jour pour les afiaillir , & toft après furent ga-
gnés leurs fauxbourgs : le Comte fe logea à celuy de Leftn l'Abbaye de
ce nom , où il fut pendant tout le fiege.
Le Duc partît de Namur le 20. Aouft après-difner , & alla par eau cou-
cher à Bouvignes ; il fit fommer ceux de Dinant de fe rendre , mais ils
répondirent fort fièrement , & dirent plufieurs injures du Duc & de foa
fils , & toft après fe trouvèrent fi oppreilés & battus des engins à pou-
<lrc que l'on jettoit contre leurs portes & leurs murs , & au dedans de
leur ville, qu'il fembloit que ce fût là un droit enfer, fi que finalement
ceux de la earnifon s'enfuyrent , & les habitans fe rendirent à la fin , à la
ilifcretion du Duc , le Lundy 2 < . Aouft.
Trois jours furent employés a piller cette ville de Dinant , qui étoir
fort riche , puiis y prit le feu par megarde ou autrement , & le Comte de
Charolois fit mettre le feu par tout , fi que la ville fut toute brûlée.
Quand cette ville de Dinant fut ainfi toute confommée, &le feu*
éteint*, le Comte de Charolois , par ordonnance du Duc fon père, man-»
da des ouvriers & fit abattre portes , tours & murailles , & tous les édi-
fices de laditte ville , fi qu'il n'y demeura rien deflus terre , & fembloit
proprement qu'il n'y eût eu oncques habitations , Eglifes , ny maifons.
La ville de Thuin fut donnée au Comte de SainB Fol , pour ce qu'il
n'avoir point été au pillage de Dinant (5 2} , ceux de Thtdn fe rachepterent
de
()i) Etrange dédommagement.
188 LES CHRONIQUES
de luy > & abattirent leurs portes Se leurs murs > & auâl firent ceux de
1^66, faincl Tron ; & partant ils échappèrent fans être pillés.
Le Comte de Charolois avec toute fon armée tira ^ctsLicge , au com-
mencement du mois de Septembre, pour combattre les 2/>g«(>i5 , ^ui^
croient fortis en grand nombre de leur cité , &: fi le Comte eût été bien
avifé , il les pouvoit tous ruer jus à cette fois , zttès légèrement de lez-
Monunacy ou il étoi^le 4. & le 5. Septembre.
Le Duc de Bourgogne partit de Namur le j. Septembre pour Venir i
PcrcwtZy Se enfuite a Judoignc , où il refta quelques jours.
Les Liégeois pour avoir paix avec le Duc de Bourgogne promirent &
s'engagèrent de fournir tout ce qu'on leur demandok. Se baillèrent des
oftages à cet effeâ, & partant fut la paix faite pour cette fois, qui fut le
8. de Septembre.
Cette paix étant ainfi faite , le Comte de CAi^ro/o/V congédia fon armée
& s'en alla a XottVizm devers le Duc fonpcre, qui y étoit arrivé le 12..
Septembre -, ce Comte en partit le 14. pour aller à Bruxelles , où il donna
â difner aux Amballadeurs du Roy le Dimanche i8 : & le 19. il en par-
tit pour aller à G and 9 où il s'arcefta i le Duc ne xtioxxiïiQLLBnixtlles que
le 2^ Oftobre.
Le ïj. de ce mois d'Oûobre Madame de G7/fZt/r« k jeune, qui de*
meuroit avec le Duc de Bourgogne , partit de Bruxelles pour aller trouvexs
fon mary, & le lendemain. i j. Maclame la Ducheflè àc Bourbon Se Ma-
demoifelle Marguerite (53) fa fille , qui avoient toujours été à la dépenfe
du Duc , partirent auffi de Bruxelles pour retourner en Bourbonneis f
elles prirent leur route par Gand > où le Comte de Charolois les deffraya»
jufques au 22.^ qu'elles en partirent après-difner.
Le 2o. dudit mois d'Oâobre, le Duc partit de Bruxelles par eau , pafià
par Vilvorde , Matines ^ Tenremonde , Petheghem , où le Comte de Charo^
lois difna avec luy , Courtray , & arriva le 29. à Lille , où il s'anefta.
Le Comte de Charolois partit de Gtf/2^ le 1 3. de Novembre, pour allei
i Bruges , où il refta jufques au i6. Pendant qu'il y fut , il y regala les
AmbsuTàdeurs du Roy , ceux de Mgr. de Bourbon , & ceux du Comte
d*j4rmaçnac : il alla cn(\xïi^ k V Efclufe Se à h Briel^ où il s!embarqua
le premier Décembre pour pafler en J/ollande y mais à caufe des glaces
il fut obligé de prendre terre à une lieue de Dordrecht , Se aller par char-
roy à Gorichem (c'eft Gorkum ) où il arriva fort tard , & refta jufques au»
10. Janvier.
L'Archevefque de Trêves , les Evefques dl/trecht Se de Mets en Lor^
raine y Se le Comte de Blanquenheim , vinrent à Gorichem au mois de De^
cembre^ vifiter le Comte de Charolois y qui les regala, ainfi que les
Ambafiàdeurs des Ducs de Normandie Se de Bretagne , qui étoient près
de ce Comte;
Le Duc de Bourgogne étant z, Lille y fut malade pendant tes mois de
Janvier Se de Février , le Comte de Charolois, qui avoir été pendant ce
temps en Hollande Se en Zelande , revint à Bruxelles le Mardy 10. Fé-
vrier,.
(^ 5) Eltcadcpoisété mariécà Philippe de Savoye, Seigneur de Brefle, 6c enfuice Duc
de Savoye
(34>
DUROYLOUYSXI. 189
vrîcr ; le Comte Palatin , rEvefque de Spire & le Comte de Hanin ( ou
de Hanau ) vinrent le voir en cette ville , où il les retint jufques zxx i6. ia66.
Î[ull les mena à Tcnrcmondc y enfuite à Gand , Bruges , tEJclufe , puis
es ramena à Gand , où ils le quittèrent le 2}« Février *, & pendant tout
le temps qu'ils furent enfemblc , le Comte de Charolois deffraya toute la
compagnie , & la regala fplendidement (34)) après quoy il vint le 14. à
Lille voir le Duc Ton père, qui v étoit encore malade , & qui , le 2. Mars,
fc fit mener en batteau en la ville de Bruges , où il arriva le j. Mars : le
Comte de Charolois alla à Gand^ dont il partit le 14. Mars pour aller a
Bruee% , où il refta près du Duc. ___
L an 14^7. Pafques arriva le 29. Mars , & toft après paflà eft Angleterre ^^*'****
meffîre Antoine, Baftard de Bourgogne , où il fit une armée de plaifance x 4^7*
contre le Sgr. d EJcales , frère de la Rey ne d'Angleterre.
Le Duc de Bourgogne étant à Bruges , y receut au mois d'Avril les .
Ambaflàdes des Ducs de Bourbon , de Normandie , de Bretagne i de Ca-
labre , & du Conneftable de France y Icfquelles il fit régaler.
En ce temps changèrent leurs atours les Dames & Damoifelles , & fe
mirent à porter bonnefts fuf leurs telles , & couvrechefs fi longs , que
tels y avoit qui touchoient la terre par derrière leur dos, & elles prirent
des ceintures plus larges , & de plus riches ferrures qu oncques \ mais
ils laiilerent leurs queues à porter , & au lieu de cela elles prirent grandes
Se riches bordures.
Les hommes aufli fe prirent à fe veftir plus court, que oncques mais ils
avoient fait , fi qu'on voyoit leurs derrières & leurs devant , ainfi com-
me on fouloit veftir les finges , & fe mirent à porter fi longs cheveux ,
qu'ils leur empefchoient le vifage & les yeux ; ae plus ils portoient de
hauts bonnets fur leurs telles trop mignonement , &c des fouliers à trop
longues poulaines ; les valets mefmement > à l'imitation des maîtres , éc
its petites sens indifféremment portoient des pourpoints de foye ou de
velours , chofes trop vaines & fans doute haineufes à Dieu,
Le Lundy quinziefme jour de Juin à neuf heures du foir, trepada de
ce monde le noble Duc Philippe de Bourgogne ; le Comte de Charolois^
qui étoit lors à Gand , en partit apres-dilner , pour venir voir fon père y
lequel il trouva mourant.
Le corps du Duc fut mis en terre à S^ Donas de Bruges , pour un temps
moult noblement (} 5) : le nouveau Duc luy fit faire des obfeques magni-
fiques , le 22. Juin en laditteEglife àt S, Donas , où affifterent lesEvefques
de SaUsbery , de Cambray , de Tournay , de Sarrepte , de Salumbrie , &
Î[uinze autres Prélats , qui furent tous defifrayez aux dépens du Duc : ce
ut l'Evcfque de Tournay qui fit l'Office..
Le Vendredy x6. Juin le nouveau Duc de Bourgome partit de la ville
de Bruges après difner , & alla coucher à Deinfe , Te lendemain il alla
coucher â Zuinardc près Gand.
Le Dimanche 28. au matin il fe rendit en la ville de Gand, où il fît
fon entrée folemnelle , prit poficffion du Comté de Flandres en l'Eçlife
faind
()4) Tiyf*. Philippe de Coipioes , Livre I (f 5) Il a^té «Icpuîs transféré aux Char-
II. chapitre S.. l tieuxde Dijon en Février 1473.
Aa } (}6.}
190 LES CHRONIQUES
faind Pierre Se fie les fermens ordinaires ; il refta trois jours dans cette
1 4 (j 7. ville , & en panit le premier Juillet pour aller à Tcnrcmonde.
Environ ce tcmps.le Duc de Warvic vint d^AngUurrt en France , &
fut quelques jours en la ville de Rouen , où le Roy le fit régaler > après
quoy il retourna en Angleterre avecMn TAdmiral de France (}6).
Le Duc de Bourgogne pzïtit de Tenremonde le ). Juillet pour aller k
Matines , où il il refta julques au 9. de ce mois , qu'il en partit pour aller
à Hevre (37) près Louvain; il y refta jufquesau ii, qu'il en partit après-
difner pour fe rendre à Lèuvain , où il prit poflèflîon du Duché de £ra^
tant ; le 13. il coucha à Filvorde , le 14. il en partit après-difncr & fe
rendit à Bruxelles , dont il prit podeûion, & fit fon entrée publique»
ayant fait tenir fon échançonnerie ouverte à tous ceux qui y voulurent
aller boire : il refta dans cette ville jufques au 17. Âouft , qu'il en partit
. pour aller à Fïlvorde , enfuitte à Matines , Lierres , Anvers ^" & le 8,
Septembre au foir il revint à Bruxelles.
Le Mardy 11. Septembre le Roy alla en pellerinage (38) à pied de la
ville de Paris en l'Eglife dejaincl Denis en grande dévotion.
Le Lundy 1 1. Oftobre , le Duc de Bourgogne étant à Bruxelles fit le
banquet des nopccs du Vicomte//*-/^rig7^w7(39) avec Damoifelle Je annc
de Bourbon (40) ; le 1 3. il partit pour aller à Louvain > il y refta jufques
au 19. qu'il alla à Thy-te-Mont^ où il fejourna jufques au i6. ou'il alla d
Leauwe en Brabant : le 27, il vint au hege qu'il faifoit faire ae la ville
dt /ai nS Tron , & le 1 8. il gagna la bataUle fur les Liégeois au village de
Brujlen.
Le 2. Novembre la ville defainS Tron fe rendit à volonté , le Duc en
fit démolir les portes, les tours &c les murailles*) la pefte qui étoit dans
cette ville cau(a une grande mortalité.
Le 6. Novembre , le Duc avec fon arnlée en bataille , arriva devant la^
ville de Tongresj qui fe rendit j il alla camper le lendemain fur la rivière*
de Jerre , au lieu dit le JFaige , il y fejourna jufques au 9. qu'il alla à
Autey , le 11. il campa devant Liège.
Le Mardy 17. Novembre, ce Duc accompagné de quantité de Princes^
Barons , Chevaliers, Ecuyers , Capitaines & gens de guerre , tous en ri-
ches parures , fit fon entrée en la ville & cité de Liège , & y rétablit TE^
vcfque UO ; il fut receu des gens d'Eglife & habitans en grande révé-
rence, il y fejourna jufques au 28. qu'il en partit avec fon armée pour
venir à nuy , où il rut dix jours : le 7. Décembre il alla à Marche en Ftf-
mine , où a refta jufques au 9. qu'il alla coucher ifaincl Hubert en Ar*
denney ilydifnale 10. & lemefme jour revint à Marche^ où il refta
jufques au 12. qu'il revint à -fli(y ; il alla de-là à Tongres , à Treicl fur
Mtuiç
{\6) Louis Baftard de Bourbon.
(j7) Prieuré de Cclcftins. Fi^r^IcsDe-
lices des Pays-Bas, Tom. I. pag. 1 14. édi-
tion de 171 1.
(}8) Voyex, THiftoirc de Saint Denis du
Père Felibien , pag. 5 6x,
( 59 ) Jean jle Chalon , depuis Prince
d*Orange.
iio) Jeanne , fille de Charles Duc de
Bourbon , & d* Agnès de Bourgogne , fa
femme , & fœur d'Ifabelle de Bourbon ,
Ducheffe de Bourgogne » mone, com-
me il a été dit ci-devani, le %6. Septembre
(41) Louis de Bourbon , coufin & beau-
frerç du Duc de Bourgogne.
(4f)
t^6S.
DU ROY LOUYSXI. 191
Meuu (41) y où il fut cinq jours, à HaJfcU , à Die/i y à Louvain y il ar-
riva a Bruxelles le 14. Décembre. Le x 5* il y tint Cour ouverte à tous ^4^7*
venans , & y fit donner à manger à plus de deux mille pauvres.
Le x8* Décembre les Ambafladeurs de Ftnife arrivèrent en grande com^
]»gnie en la ville de Bruxelles > ils furent feftoyez par le Duc ^ qui par^
tit deux jours après pour Tenremonde y Se retourna le 3. Janvier à Bru-*
xtUes y où il fejourna jufques au xC. Mars , qu il alla à Nivelle y le 17. ik
Morts y où il fejourna V le 4. Avril il alla au Quefrioy ^ le 5. â VaUncien*
nés , le ^* à Anthoing , le 7* à Lille , le &• 4 Roulers y & le pr à Bruges ,
où il refta*
Le Roy tint lesEftats de fon Royaume en la ville de Tours, ûs dure*
rent depuis le 6. Avril jufques au 14. dudit moisr
Pafques arriva le 17. Avril , & le to, leDuc de Bourgogne étant cncovci
Bruges y regala Mr. de Malicorne , T Abbé de Begar^ Se autres Ambafla-
deurs des Ducs de Normandie ôc de Bretagne y après quoy il alla à VEf^
clufe ôc i Middelbourgy puis revint à Bruges le £7*
Le Dimanche 8. May il fit la fefte de 1. Ordre delà Toifon d'Or , où fe
trouvèrent treize Chevaliers , & fit plufieurs Chevaliers nouveaux : ( ce
furent Edouard IF. Roy d Angleterre , Louis de Chalon , Seigneur de
ChâteaU'Guyon , Jean de Damas y Seigneur de CU^y Jacques de Bour^
bon y Seigneur de Richebourgy Philippe Comte de Éeaugéy Seigneur de
Breffe , depuis Duc de Savoye , Philippe de Crevecœur > Seigneur des
Querdes ,. depuis Marefchal de France , & Claude de Montagu , Seigneur
de Couches), &cxt%Az\cs hxthzSzàtursÂcRomeyd^AnglcurreyàcsïivLC^
de Normandie , de Bretagne & de Calabre^
La nuit du 22* au 13. May mourut en la ville de ^n/^e^ y Mgr. Jacques
de Bourbon , nouveau Chevalier de la Toifon , fils de feu Mgr. Charles
Duc de Bourbon (43) & de Madame A^ès de Bourgogne.
Au commencement du mois de Jum y TEvefque de Mets vint voir
le Duc de Bourgogne en., la ville de B ruses j le Landgrave du Rhin Se
lïvefque de f^erdun , y vinrent enfuite, ilsnirent fouvcnt régalés , ainfi
que les Ambafladeurs du Pape, de France y d'Angleterre y d'Arragony de
Normandie y de Bretagru y de Lorraine y du Comte Palatin & autres*
Le Samedy 25. Juin y Dame Marguerite d^Yorcky fœur du Roy d^An^^
gleterre y ( Edouard IF^ ) future cpoufe de Mer., le Duc de Bourgogne y.
arriva en la ville de CEJclufe ; Mademoifelles ae Bourgogne & d^Argueil
l'y allèrent voir le lendemain , & le Lundy 27. le Duc at Bourgogne y alla
& revint le lendemain à Bruges , où le Sgr.. de S cales , ( frère delaReyne
d*Angleurre ) vint le 29. Le 30. le Duc alla coucher kVEfclufe Se revint
à Bruges le premier Juillet.
Le Sameay 2. Juillet , Mgr. le Duc de Boursogne alla en la ville de
Dtfm voir Madame Marguerite ^/'-TorcA: , qui y etoic arrivée, il retourna
le mefme jour i Bruges ^ le lendemain il en partit à cinq heures du matin
Îour aller en ladite ville de Dam , où étoit laditteDame accompagnée de
, i Duchedè de Norfolck^ de TEvefquc de Salesbery , des Comte & Corn-
cefle
(41) MaeftricEr.
£4^} Mon en 245^^
I9Î LES CHRONIQUES
tefle de Scalts , du Sgr. d'OnJevil/e ^frcrc dudit Comte Se de quantité de
14(»8. Barons, Chevaliers, Dames Se Damoifelles d* Angleterre y jufqucs au
nombre de dix-huit cens perfonnes , auquel lieu mondit Seigneur épou-
fa maditte Dame Marguerite \ Se ce fait retourna à Bruges y Se maditte
Dame environ à dix heures du matin aflife en une litière , noblement
adextréé Se accompagnée de plulieurs Comtes, Comtefles Se nobles
hommes , entra en THoftel de mondit Seigneur i Bruges ^ où il y eue
Cour ouverte à tous venans.
Le 6. de Juillet , mourut en la ville de Bruges Mgr. Adrien de Bor^
fille , Seigneur de Bredam , compasnon de l'ordre de laToifon d'or , le-
quel avoir époufé Dame Anne , fifle baftarde de feu Mgr. le Duc Phi-
lippe.
Le I }• Juillet,(44) le Duc partit de -ff/ï/^w pour aller à rEfclufi^Se àeAi
il pa(!à en Zclande y puis en Hollande , où il fut depuis le 19. jufques
au premier Aouft , qû*il en partit pour (è rendre à Bruxelles , où il ar-
riva le j. près de la nouvelle Duche(Iè,qui y étoit arrivée douze jours au-
paravant ; il n'y refta que huit jours , après lefquels il vint au Quefnoy ,
où le Conneftable de France , l'Archevefque de Lyon , & rEvefque de
Verdun le vinrent voir &e demeurèrent quelques jours avec luy ; le xG.
Aouft il partit du Quefnoy Se vint coucher a Peronnç , où Le Connef-
table fe trouva le lendemam.
Traitté d*Ancenis entre le Roy & le Duc de Bretagne le i o. Sep*
tembre.
. Le Duc qui étoit à Peronne depuis le 16. Août , en partit le 1 5. Sep-
tembre pour aller avec fon armée au pays de Santers , (où il campa près
du bois de Merancourty Se refta jufques au 12. qu'il vint camper a.Z/*
hons en Santers , où il s'arrefta.
Le 1. Odobre , le Cardinal d* Angers , ( Jean Balue , ) vint voir le Duc
de Bourgogne en fon camp à Lihons en Sanurs ^ le 5. ce Duc retourna
à Peronne , où ce Cardinal fe rendit le lendemain C. Le Roy y arriva le
Dimanche 9. Octobre i ayant en fa compagnie ledit Cardinal , le Comp-
te àtfainS Paul , Conneftable de France , l'Archevefque de Lyon Se le
Sgr. de Beaujeu 5 d'autre part y vinrent Mr. Philippe de Savoye , TE-
vefque de Genève Se autres Seigneurs qui furent tous feftoyez par le Duc.
Le Jeudy i j. Oûobre , le Duc qui avoir cru partir le lendem;iin , nç
partit pas , mais le lendemain il fit fon Traitté avec le Roy j 5c le 15^
ils partirent enfemble Se allèrent coucher au Château de Bapaumes , où
vinrent aufli Mrs. de Bourbon , de Beaujeu , le Cardinal d* Angers , l'Arr
chevefque de Lyon , & autres Princes d.u fang.
Le Dimanche 16. le Roy & le Duc après avoir difnéà Bapaume^ vinr
lent coucher iCambray le 17. ils y difnerent & couchèrent au Chafteau
du Quefiioy ; ils y refterent jufques au 19. qu'ils en partirent aorès dif-
ner & vinrent coucher à Givry en Hainaut ; le 20. ils couclierent à
Chaftelet fur S ambre , pays de Liège ; le 21. ils arrivèrent le matin i.
Namur , iU y fcjournerent juiques au 24. qu'ils allèrent coucher au
Château de Falaifi } ils y refterçnt le 25. & le ^(>. au matin ils en
partirent
(44) Mcycnw^
(45)
DU ROY L O U Y S X T. 193
partirent& vinrent coucher à MommaU , le ij. ils arrivèrent devant la ville
de LU^c qui fut prife d aflàult le Dimanche xo. Odobre, &c ce jour fu- 1 4<^8»
rcnt faits plufieurs Chevaliers , & le vin fut aiftribué aux gens de guerre
avant lafllault -, le Roy & le Duc allèrent coucher au Palais de la Cité ,
ils y furent enfemble jufques au Mercredy i. Novembre , que le Roy &
Mrs. les Princes partirent pour retourner en France : le Duc refta à Liège
fufques au 9. qu'il en partit après difner , & en partant il fit mettre le
feu par toute laditte ville & cite , après quoy il vint fouper & coucher
dans r Abbaye de Fivignicrs , (45) il en partit le 10. & vint en la ville de
Treicht fur Meufc{j^6)yOViï\ refta jufques au ii.qu*il vint coucher i Werfel
pays de Limbourg : le i^. il vint à nerve audit pays , le 14. à PolUur ,
£ays de Franchimont , il en partit le 1 7. & à fon départ il y fit mettre
i feu & par tout le pays de Franchimont ^ (47} après quoy il vint cou-
cher à Louvigny , pays de Stavelo.
Le 1 8. Novembre , le Duc arriva à Frenhur , Chàtelknie de Huy , le
19. il logea en l'Abbaye du Fal Nôtre-Dôme lez Huy , & y fejourna juf-
ques au i6. qu'il en partit » après avoir fepare fon armée > éc ce jour il
vint coucher â Landen ^pzys cle Brabant : le 27. il vint à Louvain , où
il fejourna jufques au 19. qu'il fe rendit i Bruxelles ^ où il s'arrefta : le
4* Décembre il regala les AmbaHàdeurs de France , Scie jour de Noël il
tint table où Mr. Philippe de Savoye & le Prélat officiant , mangèrent i
les pauvres furent traittés fuivant l'ancienne coutume de Bradant.
Le Samedy 28. Janvier , le Duc partit de Bruxelles , Ôc paflànt par
jilofiy Oudenarde , Courtray -& Lannoy , il arriva à Lille le Mercredy
{>remier Février; il y refta jufques au \6. qu'il en partit pour aller en pe-
erinage en l'Abbaye de CainB George près Hefdin : le 11 • il arriva au
Château de Hefdin , où il trouva la Ducheftè fa ipere & la Duchede fa
compagne , qui y étoit depuis le i;. Novembre > & laquelle il n'avoir
vue depuis longtemps; il refta avec elle jufques au 15. Mars, qu'il
partit pour venir à Arras , où le Duc d* Autriche (48) arriva le Mardy 21 •
Mars > ils en partirent enfemble deux jours après : le 24. ils arrivèrent à
Hefdin vers les Dames , entte lefquelles étoit Mademoifelle fa fille : le
^6. jour de Pafques fleuries , il dilna en falle & avec luy le Duc d*Au^
triche y Mr. Philippe de Savoye & le Prélat ()ui avoit fait l'office du jour.
Le 1. Avril jour de Pafques , ces trois Princes étant encore à Hefdin, ^i— —
difnerent en(emble y ils refterent en cette ville jufques au 15. que le i4<$9.
Duc de Bourgogne en partit avec le Duc d'Autriche y ils allèrent i Rue ,
au Crotoy & a noulogne » & le xi • allans de Boulogne i Ardres y ils ren^
contrèrent en chemin le Comte de Warwich qui les venoit voir , & qui
retourna le mefme jour à Guy nés ; ces deux Ducs arrivèrent à fairiS
Orner le 22. Le Comte de Warwich y vint le 16. en ^ande compagnie.
Le 27. le Duc de BIhurgoene fouppa en falle , le 29. ils allèrent a Aire ,
vers les Duchefles & Nkdemoifelle ^ & ib retournèrent â SainS Orner le
Londy premier jour de May»
Le
(4O Abbaye de Filles de l'Ordre de
CiceauK.
(4^) Ceft Maftrricbc
(•47) Dépendant deTEvéché de Liège.
(48) Maximilien > depuis Empereur I^
de ce nom.
Tome IL B b (49)
1^4 LES CHRONIQUES
Le Conneftable Ac France arriva le 4. Maf iJkinS Orner ^ où il i!eftar
1 4^9*^ huit jours avec le Duc de BourgognCiqui en parut le 1 1« pour allerà jéirc
vers les Daines , enfuicce il alla i Caffil 9 à Tprcs 9 à Counray , ou il refta
4epuis le 17. jufques au 5.0. -May, qu'il panic pour Dcyrft ; le lende-
main il alla à Gand , où il demeura &l femaines avec la Ducneflè , & où
il trouva des Amba(Iadeurs de Rome 9 de France , de Pologne ^ de Venift
ic autres » & où le Duc de C/eves le vint voir»
Le 1 1» Juillet le Duc de Gueldres , qui étoit avec le Duc dcBourgogna
depuis le 19. Juin > prit conjgé de ce Duc j qui panit le i^. avec la Du-
chefle Ton époufe , pour aller à Bruges ; il y reft^ jufques au 19. qu'il
alla coucher à rEfclufe: le jo. il alla difner à Noftre-Dame (TArdem'-
bourg en petite compagnie , 6c revint coucher à rEfclufe .* le 5 1 . il mon-
ta en batteau avec le Duc de C levés, difna devant Armuydt y & coucha
i Middelbourg en Zelande.
Le premier Août , le Roy étant au OAiZdcad'Jlmboife , inftitua Tordre
de fainB MicheL
Le 4. Août le Due de Bourgade alla difner à Armuyde , & revint coi:-^
ehcïi Middelbourg, à! ovL il partit le <>• après difner , pour aller coucher àla
Fere » où il fut un peu malade ^ il en partit le 1 1« difna fur Peau & cou-
cha à la BrieL Le 1 2. après avoir difné à la Briel aux dépens de Mr-
d*OJirevant , (49) il alla fouper à la Haye , où il fut malade pendant un
mois : le h6. Septembre il alla à Noftre-Dame de Stravefan ( ou Sgrave^
fande, ) d oùil revint coucher à h Haye : le 11. il alla entendre la Meflè
Ôc déjeuner LfainS George , à deux^ lieues à^ h, Haye ^ où il retourna,
eu cher^
Le 27k Septembre , le Duc de CUves , qui étoit venu voir le Duc de
Bourgosne , & avoir toujours demeuré avec luv depuis le 12. Juin , prie
congé de ce Prince, pour s'en retourner, & le Duc dc^ Bourgogne alla
ibupper kDelft : le xS. il alla diCnet:àfain3 George &c foupper ala Haye,
où il y avoir aes.Ambaflàdeurs de Rome, Allemagne , Cajiille , Arragon,
Venije , Cologru, Oojlefriiej &c^ Il y refta jufques au j* Novembre,
& pendant ce temps il alla faire pluileurs pèlerinages ifainâ George, k
Noftre-JDamade Stavejan & kfainSe Croix ^
Le j. hk>vembre , u partir de la-fiT^ve , alla déjeuner ifainct George , s
difner à Delfi , foupper iRoterdam : le 4, il difna & coucha en batteaa
près l'Ifle de Wolferdic > il y refta jufques au (>. qu'il vint coucher à An^
vers y où il demeura jufques au 1 }«. qu'il vint difner à Malines & coucher
i Vilvorde ; le 14. ï\co\xchsik Bruxelles y où les Ambadàdeurs de Rome,.
Allemagne y Cajiilk y NapUs , Savoy e >. Venife y Calabre y Cologne y Juil--
tiers 8c autres le rendirenr*.
Le 24 Novembre ^ le Comte de f^audemont arriva à Bruxelles ,. où
il fut feftoyé par le Duc \ le Comte d^ Meurs y arriva le }. Décembre^,
& fut pareillement feftoyé..
Le 6.. Décembre , le Duc alla coucher à Halle y ilv difna Le lendemain ^
k le foir revint à Bruxelles y le 1 2. il alla à la Mefle kfaincl Sebaflien det:
Linquebeckc
(49) François de Borfdk., Fondacear dcJa Chameufcde Délit , mon Je 1^. No«.
- vcmbrc 1470*. •
DU ROYLOUYS XL Î95
Vinqtubuki : k 14* le G)mte de Ghcmcn (50) le vint faluer » & il fut
régalé .* le i(î. ce Duc alla foupper ijaincl Jotft-U^^Bruxdlts , à caufe du * 4 ^ ?•
crcoas AtPafyuct&a, fon Hôtel \ le 17. il diina ifainS ScbafiUn » foup-^
pa ^fainS JoÏÏk , il y difna le lendemain , puis alla coucher à Tennmon^
de ; le 19. ilcn partie après difner & vint coucher à Gand , où il refta.
Le j I . Janvier , le Seigneur de Duras , T Aumofnier de la Reyne
d^ Angleterre Sc autres au nombre de 16. perfonnes , apportèrent au Duc
-de Bourgogne , étant lors en la ville de Gand , Tordre de la Jareticrre ^
que le Roy d Angleterre luy envoyoit , & qu'il reçeut en cérémonie le 4*
Février : ils y furent jufques au 9. fuivant , pendant lequel temps ils
furent tous défrayés auxdepens du Duc. Le Sgr, de Duras eut un prefenr
de deux flacons d'argent > pefans i8. marcs , les autres eurent aufE des
prefens à proportion.
Le Dimanche 18. Février , le Duc Se la Ducheftè de Bourgogneétzns k
Gand fe firent les noj>ces de la Damoifelle Jeanne de Berghes^
Le lo* le Duc partit de Gand pour aller à Bruges , où la Ducheflè 6c
Mademoifelle fe rendirent le ii. & le 27. le Duc tint falle pour les nop-
ces du fils (5 1 ) de M. de Culembourg avec Jeanne de Bevres y fille de Mr«
le baftard de Bourgogne.
Le 6. Mars , le Duc étant à Bruges , regala le fils du Duc de Juillicrs ;
le 1 7* il alla avec la Duchefle en pèlerinage à Noftre-Dame d'Ardemr
bourg y 6c revinrent à Bruges , où m refterent*
Le 5. Avril , le Duc partit de Bruges pour Lille , où il arriva le len«
demain & s'arrefta y la Ducheflè & Mademoifelle allèrent à Bruxelles ,
Matines , Anvers & Louvain.
Pafques arriva le 21. Avril , & le 30. dudit mois > le Duc après avoir *— —
idifné a Lille , alla coucher à Roulers en petite compagnie. 1470*
Le premier May il difna à Roulers y fouppa à CEfclufe , où il refta le
lendemain ; le 5. jour de la procefllîon du iainft Sang , il vint difner i
Bruges 6c retourna coucher à ÏE/elufe; il en partit le 8. & alla coucher
â Middelbourg en Zelande ; il en partit le io« après difner , & vint cou-
cher au Château de la Vere , où il difna le lendemain , & revint à Mid-
delbourg yoii il difna le 1 1. puis alla coucher au Ctâxe2MàcDunebourg en
Zelande : le Dimanche 1 5 . il monta fur l'eau à Fleffinghe y 6c vint cou-
cher â VEfclufe y d'où il partit le 11. difna fur Teau y fouppa à MiddeU
bourg : les navires de guerre étans reftés à PEJclufe y attendans le vent ,
le 14* ils panirent pour Armuyden y où l'armée de Zelande devoir fe
rendre > le Duc refta à Middelbourg : le Dimanche 5. Juin , ily fit publier
à fon de trompe , que tous gens de guerre v aftèmblez y eurent a fe re-
tirer en leurs navires, pour partir. Le 4. il fit decoler quatre hommes
pris pour homicides en ilfle de Zuitbevelandty (51} defqueh trois étoienc
frères germains & le quatriefme leur germain.
Le 6. Juin , le Duc fit partir les navires des Havres de la f^ere 8c
dTArmuyde > ils refterent à Ramequin y faute de vent î le 9. il alla en-
tendre
(50) Ce poonoit bien être Meghcn.
(51) Galpan , fils de Gérard , Seigoear
de Calcflibourg , Hocftrate de Borfeue , de
d'Elifabeth de Buren.
(;i) Lune des Ifles de Zelande » la plus
proche de la Flandres Hollandoife.
Bb2. (55)
19^ LES CHRONIQUES
tendre la Meflc à Noftrc-Damc au Poldrc. Le 1 1 • la Flotte au nombre
1470- de i6n navirçs , partit de Ramcquin-Ui'FlcJlinghe , commandée par le
Sgr, de \z Vcrc y Comte de Grandpréy ($}) Lieutenant & Capitaine
gênerai.
Le 1 2. le Duc après avoir difné à l'Abbaye de Middclbourg en Zdan^
de , il partit, pour FlMnehc , & vint defcendre à Swppddame , d*dù il
alla coucher vers la Ducneffè au Château de Middclbourg en Flandres 9
où il s'anefta , & où le 17. ils firent le banquet aux Dames >* la Duchef-
fe ayant fait renforcer fon plat à caufe que le Duc fouppa avec elle*
Le X u le Duc partit de Middclbourg & vint coucher à Bruges , où
vinrent les Ambafladeurs de France , d Arragon , de Calabre , duComtç
Palatin & autres* Le i}. il ordonna un plat de crue , pour régaler les
Ambafladeurs d^ Arragon : le 1 5 . il en partit après difner & alla coucher
à Oudcmbourg : le 16. il coucha à Nieuport , le 17. il difna à Fumes ,
coucha à Berghes y le 18. il coucha iiJainS Orner , où les Ambafladeurs
de France , tapies Bretagne , & autres fe trouvèrent*
Le Samedy dernier Juin > la Reine accoucha d un fils qui fut nommé
Charles , & eut pour pareins Charles de Bourbon Archevefque de Lyon^
& Edouard Prince de Galles , & pour marraine , Madame Jeanne de
France y femme de Jean Duc de Bourbon.
Le 4. Juillet , le Duc de Bourgogne partit àt^fainS Orner après difnei
& alla à Aire voir Madame la grande ( fa mère ,) le 5. il en partit après
difner & revint IfainS Orner y où il trouva les mefmes Ambafladeurs Se
ceux de Fenife : le 19. il fit fcftoy^r les Ambafladeurs de Bretagne.
Le 2 5* le Duc après avoir difnciJainS Orner, alla coucher à Defurene,
le 2.6. au Château de Boulogne , fe 28*. à EfiapUs , le 29. il alla ouir
Mefle ifaincl Jojfe fur Mer , difner à Verton & coucher aa Crotoy 5 où il
refla.
Le 2^ Aouft il difna â l'Abbaye de Damp-^nartin ^ ic alla coucher i,
Hefdin y où il demeura cinq mois & demy y ayant prefque toujours avec
luy le Duc de Gueldre y & pendant ce (èjour il y fit régaler les Ambaf-
fadeursduDuc de Bretagne les 8. & 10. Septembre, celuv du riche Duc
de Bavière le 15. Octobre, & y reçcut les Ambafladeurs ae France , Na^
pks 9 Mayence &c aurres..
Le Roy Edouard d* Angleterre arriva à la Haye le 11. Oûobre , le Duc
de Bourgogne hiy fit donner cinq cens efcus d'or de quarante-huit gros
pièce (54) par mois pour fon entretien , outre plufieurs autres fommes
de deniers & dons qu'il luy fit avant fon départ pour r Angleterre.
Le 28* NovembrelaDuchefIède^oi/r^e7^/2e; Se Mademoifelle Marie , ar-
rivèrent à Hefdin vers le Duc.
Le Dimanche 2. Décembre , fe firent en la ville de Hefdin les nopces
de Philippe de Mangerot avec la Damoifclle de Rochtbaron , ils furent
fegalez par le Duo & la Ducheflè*
Le Mardy jour de Noël le Duc tint falle y le jeune Duc de Gueldrts
mangea avec luy.
(5 0 Yolfiut it, Borfelle , depuis Cheralicr dclaToifbiHPOr,.
Ch) C^ f^ fÙK cGosâorios»
DUROY LOUYS XI. 197
En ce mois de Décembre le Duc de Bourgogne ordonna à meifire Hen-«
ry de Horrus , Seigneur de Pcruwei , d'alfer avec gens d'armes dans la ^ 47®^*
Tille de Thielt en Gueldrcsy d'en retirer Arnoul le vicl Duc de Gutldnsy
qui y éroit détenu prifonnier par le jeune Duc Ton fils » & de Tamener en
la ville de Hefdin , comme il ht. )%
Le Mercredy i. Janvier , le Duc partit de Hefdin Se alla i j4ire , où il
trouva le Roy d^ Angleterre y il y refta le 3 . en panit le 4. après-difner , Se
xcvinc à Hefdin.
Le 5. Janvier la Ducheilè de Bourgogne partit de Hefdin j difnsL iHeu-^
€hin & arriva le foir à Aire y où elle louppa avec le Roy d'Angleterre foa
frère ; elle refta le 6. avec luy , le 7. ce Roy vint ijaincï Paul , où le Duc
de Bourgogne Te rendit ôc coucha : il en partit le lendemain après-difner
pour retourner i Hefdin , où il refta > & où les Ducs de Gueldres , père
& fils fe trouvèrent.
Le 1 1. le Roy d^ Armes , dit Toifon d*Or{^ ^) , alla par le commande^
ment du Duc de Bourgogne , porter au Conneft^le de France lettres de
fommation (5^) de le venir fervir en armes.
Le !(>• le Duc avoir deflfèin SidWtxiDourlens , & le (bupper y avoîc
mefme été préparé , mais le voyage fut remis au lendemain, qu'il s'y
rendit à petit train , & où les deux Ducs dé Giuldres fe trouvèrent \ il j
refta jufques au Dimanche 3* Février qu'il en partit en armes après-dif^
tier , & vint foupper à AveJnes^e-^Comte en Artois avec le jeune Duc de
Gueldres: lé 4. il coucha à Bapaume , le 5. à Arras , où ceux de la ville
qui dévoient livrer le vin à trcris deniers le lot , s'accordèrent moyen-
nant douze muids *, il y refta avec les- Ducs de Gueldres &c grand nom-
bre de Capitaines , jufques au 10. qu'il alla foupper en fon oft au^
camp IcZ'Vailfy , & ce jour les plats des Chambell^s furent réduits ea
argcnr.
Le jeune Duc de Gueldres (nommé Adolphe) voyant que le Duc de
Bourgogne prenoit le party de fon^pere contre luy , s'enfuit du camp- de
ce Duc , qui dépefcha le 10. Février des exprès^ à Mafiricht & ^Bais-U-
DuC', pour l'y faire arrcfter s'il y paflbir.
Le I iv Février le Duc de Glocefire vint à LitU voir la Ducheflé de
Bourgogne fa fœur , il refta quelques jours avec elle; & l'accompagna,
fufques à Gand.
£nviroa ce temps ( 5 7) le Koy Edbuard partir pour f Angleterre^
Le 1 3. le Duc de Bourgogne partit de fon camp de WaxUy & vint cam-
per à Hebuteme , d'où il partit le i^. & campa a Tolencourt ( ou Toten-^
€çurt) sle 18. ii campa près la ville de Dours fur Somme vtrsAmiens'y le:
xi« il campa hors le village de Lonville près Amiens y le 23. i^irinacourt
(ou JT inencourt )ycr^ Pequigny ; le Dimanche 14 à Belloy j fon avant-
garde prit la ville de Pequigny , qui fiit incontinent mife en feu , le*
Chafieau fe rendit le foir par- compofition; le if. après avoir déjeuné à'.
' Btlloy^
(55) n (e nommoit Gilles Gbbert;
(5^) Cette (bmmation ne pouvoic regar-
Arqoe le (èrvice dû par le Conneftable
: tion dti Dac dé Boorgoene;
(57) La pcnfiôn qoc le Duc de Bônrgo^
e'avoit ordonnée pour rcntrctien de c&
gnc avodt ordonnée pour
|oor Ifsccrres^iul^kvoîc fous la domina^ l Roy/, lui fiic payée jt^rques aa i5> fevricri
198 LES CHRONIQUES^
BcUoy y il paflà la Somme Se campa fous Pequignv s où il refta jufques^aa
147^* Lunc{y 4. Mars> qu'il en partie & vint camper hors le village de Clarx
fur la Serre : il avoit ordonné de faire à Perrone les obfcques de Dom
Pedre , Infant de Portugal y & celles du Duc de Calahre (58^, mais elles
furent remifes d un autrejpmps.
Le 5. Mars le Duc de Bourgogne partit de Clary , & vint camper fur
la Serre entre les villages de Verdefalle & de Salver : le 6. il pafw cette
rivière & vint camper fur Mei vers Amiens ; il y refta jufques au i o,
qu'il en partit avec fon armée , & campa à l'Abbaye de/ii/w? Acheul vers
Amiens , il y rcceut & regala l'Âmbaflàdeur du Duc de Bretagne ; il ea
!>artit le iy. pour aller avec fon armée , outre laditte Abbaye , en la Va*
ée de la Croix à la Pierre d^ Amiens » où il refta & conclut le 9. Avril
une trêve de trois mois avec le Roy , après quoy il partit de ce camp le
10. & vint avec fon armée à Gliji fur Somme y le 11. jour du Jeudy abfot
lu jil campa près l'Abbaye de Corbie & encra dans cette Abbaye , ou il fie
■^■^f le Mandé (59) à treize pauvres.
1471. Le 14. Avril jour de Pafques, le Duc affifta à l'office célébré par l'Abbé
dcC orb'u , qu'il 6t difner avec luy , & il renvoya fa gendarmerie & fon
artillerie \ il fejourna à Corbie juiques au 18. cju'il en partit après déjeu*
ner pour venir coucher à Dourltns ; il en partit le lo. difna a Bucquoy%
fouppa à Bapaume y d'où il partit le ii. & vint à Peronne ; il y fit le 15 •
la fefte de l'Ordre de la Jaretierre & mangea en falle \ le 2. May il y fie
faire les obfeques de Dom Pedre , Infant de Portugal ; le 4. celles du
Duc de Calabre y ôcct jour il donna à médire Antoine dé f^adeville »
Comte de i^V/f /ri , de Michellcs & Lijle-wich y unt penfion de douM
cens florins par an , &c une autre de pareille fomme â meffire Guillaume »
Seigneur de Hajiinghes y Chambellan du Roy d' A neleurré (60) y le Di"
manche 5. & le Vendredy 1 1. il regala les Ambaflàc&urs de France > &
le 19. ceux de Bretagne.
Le 10» Juin il partit de Peronne 6c vint à Bapaume ; le 1 1. il difna 1
Sowafire & coucna à Dourlens.
Le II. la Duchefle de Bourgogne y ^ui eftoit i Gand avecMademoi-
felle , y fit faire un grand feu de réjouiflànce pour les viûoires du Roy
4* Angleterre , fon frère \ on y employa un mil de gros bois & fagots*
Le 14. le Duc partit de Dourlens & vint à Abbeville , il en partit le 17,
& alla au Château de Crotoy j il y difna le lendemain , puis revint i Ab^
beville , où il refta quelque temps.
La Ducheâè de Bourgogne , qui étoit lors à G and y en partit le 2 5 . Juiit
& arriva au Crotoy le i j . Juillet \ le Duc s'y rendit le lendemain , il y
refta jufques au 19. qu'il retourna â Abbeville ^ où les trois Eftats de fes
pays s'aâemblerent le ii. Juillet; le i). il alla vers la Duchefle au Cro^
$oy ; ils en partirent enfemble le 14. difnerent i Rue > & couchèrent k
fairiâ Jo^e fur Mer; le 15. Us revinrent au Crotoy ; le i6. le Duc revint
ï Abbeville > la Duchefle étant reftée au Crotoy.
Le
(fS) Inxk d'Anjou, Doc de Gdabre ,
5 ère de Nicolas , Duc de Calabre , duquel
fera parlé d-apti$ , pagç 101,
(f5)Ceft-à.direlaCiiic-
(^o) Vtytz. les Mémoires de Comloef ;
Liv. lY. cbap. B. ft Liv, YL cbap. 1.
{6\)
D U R O Y L O U Y s XI. 199
Lepremier Aouft y eut un grand feu de mefchef en k ville £AbbevilUy
4e Duc fie payer le dommage foufferc par les pauvres > il partit le (. après-
4lifner , & vint au Crotoy vers laDuchedè *, le p. il revint a AbbtvUle ^ où il
cefta ; le 1 8. il y regala les Ambaflàdeurs AtFranu & d*Arragon , le foup-
per y avoir été préparé , mais il partir à petit train & vint coucher au
Château d^Auchy ; il en panit le lendemain > difna à Hcuchin , & fouppa
à Aire vers Madame la Diicheflè fa mère > avec laquelle il refta jufques
au Samedy 14* qu'il alla iri' Abbaye d'Auchy^lcs-Moines Icz-He/dîn y le
25. il alla au Château d'Auchy y où arrivèrent les Commis pour la paix
qui devoir fe trairter i Royc y le 2^. il retourna â AbbeviUe ^ où les-
Ambaflàdeurs de Rome {6\) y NaplcSj Bretagne j Gueldres , &c autres fe
trouvèrent*
• Le ^ o. il fit faire dans TEglife àtfaincl Wulfrane d^AbbtvilU , les obfe-
ques cluPrincadePie/7K7/2/(6r) & lelendemain ccllesduComtei/'£//(^})»
aufquelles il aflifta.
Les ^. 7* 8. 10» & 11. Septembre, le Duc regala les Ambaffîideurs de
France , ic ledit jour 1 1 • il regala aufli ceux de Bretagne.
Le ii« la Ducheflè y qui étoir au Crotoy , regala le Seigneur de Haftin^
gucs 9 grand Chambellan d'Angleterre.
Le 16^ le Duc partit d* AbbeviUe après-difner, &alla au Crotoy vers Is
Duchedè, les Ambaflàdeurs de France & de yenife y arrivèrent le j-
Oâobre , pourquoy il ordonna deux plats de crue r le v^. il y feftoya les-
Ambaflàdeurs de France au difner , & le foupper y eftoit ordonné ^mai$
H panit fur les nouvelles au'il eut de la maladie de Madame fa mère, &c
alla coucher à Hejdin ; le lendemain il alla difner à Heuchin & fouper
i Aire vers Madame fa mère \ le ty. il en partit après-difner & alla i
fainB Orner , où fe trouvèrent les Ducs de Clcves Ôc de Gueldres , & où
ilrefta*^
Le Vendredy premier Novembre , le Duc de Bourgogne étant ^JainS
Onur avec le Duc de Gueldres ^ les Ambaflàdeurs d'Arragon , de Éreta"
pu y de f^enife , & autres , receut en TEglife defainS Bertin l'Ordre dof
Roy Arragon , 8c il rint falle ^ il y refta jufqu'au 1 5. qu'il en partit après*^
Aimer , 6c alla i Tourmkem ; le i tf* il alla à Boulognt > où il refta juf-^
ques ail iS^^qu'il en partit après-difner & revint à Toumehem; lé lende-
main 19» ifainâ Orner y où le Duc de Gueldres , & les Ambaiudenrs de
Bretagne , d* Arragon , de f^enife , de autres, étoiem reftez, la Ducheflc
étant malade à Arques.
Le 2. Décembre , le Duc alla en petite compagnie voir la Ducheflè fai
compagne i Arques ; il retourna le lendemain ifainS Orner , où étoienc
le Duc de Gueldres & les Ambaflàdeurs de France y d' Arragon , Breta^
gne y Venife , & autres 7 le 10^ il parrir ècfainS Orner aprè^difner , ic
alla à Aire devers Madame fa mcre y la Duehefle éraoe k Arques y regala'.
memrr
1471,
(^r) VKvsb^S^ÀKXkt de Rome le nôm-
jnm Lacas de ToUeoti ) le Duc le fie Ton
Maiftie des Requeftes , & lui fit us don
èe\7S* florins.
{^l Charles dcSavoyc» fils d'Ame, IX.
Duc d'e Savoy e » 8c dToland de France;
{6}) Charles d*Anois , plufieurs Auteurs^
marquent quileftmort en I47>'* maisoni
voit par-là , qu'il eA mort en 1471. Hem
cft dé]^ parlé dansées Mémoires.
X47I* na
deurs
20O LES CHRONIQUES
mcflîre Jean de CUvts Se le Marquis de Rothdin ; le i j. le Duc retour-
à S. Orner; il en partit le 1 6. après avoir feftoyc au dilner les Âmbaflà^
jrs de France , & vint à Aire , où le 17. Madame fa mcre rendit TcC-
prit à Dieu entre trois & quatre heures du foir j le 1 8. le corps de Mada«
me la Duchcflè fut montre, veftu en habit de Cordelière, jufques au foir,
puis ouvert &c embaumé 5 le 20. le Duc panit d'Aire 6c alla i Arques ;
il en partit le 14. fecrettement &c vint coucher en TAbbaye dcfainS Ber-
lin ïjàinS Orner ; le 1 5 . il difna dans cette Abbaye & retourna par eau
à Arques ; le 19. Mgr. de Ravejiain , en grande compagnie , amena à
Arques le corps de feu Madame la grande Duchefle > ou il repofa la nuit
accompagne cle feize Cordeliers.
Le Lundy 50. Décembre Mgr, le Duc de Bourgopie partit en deiiil du
Château £ Arques , avec le corps de Madame fa mère , accompagné des
prdrcs mandians , des Collèges des Meftiers , de la Bourgeoiae , & de
la Loy dtfainS Orner , des Eciiyers & Chevaliers de THôtel, de ceux du
Confcil , & des Ambafladeurs de France , Bretagne , f^enife ; Se autres»
& entra en la ville de fain3 Orner , où il fit repofer le corps en TEglifc
Collegialle (64) du lieu -, il difna en l'Hôtel du Prevoft de cette Eglife ,
& aprcs-difner partit en la mefme compagnie , & alla en rEglifedeyii/zâf
Bertin , où il fit chanter Vigiles , fouppa en l'Abbaye , & le lendemain
fit dire le premier fervice pour laditte Duchefle.
. Le Jeudy 2. Janvier le Duc après avoir difné ifainS Orner , en partit
en deiiil avec le corps de Madame fa mère , & coucha à Therouenne ; le
lendemain il vint a Lillers , & coucha à l'Hôtel de wavrin ; le 4. il alla
aux Chartreux de Gofnay , où le corps de la Duchefle fut inhume , il
logea au Château 5 le lendemain il en partit après-difner ,^ & coucha ^
Betkune , où il rcfta le 6. 6c en partit le 7. pour Lilie ,^ où il refta juf-
âues au 21. qu'il en partit après-difner , & alla coucher à Menin ; le 22.
coucha à Courir ay ; le 2 j. au Château d'Englemonfiier devers Mada,-
me de Nevers ; le 24. il arriva à Brt^es , où il refta & ceceut les Ambafla-
deurs de Portugal y de Guyenne , de Bretagne y de Fenife , & autres \ 6c
environ ce temps , meflîre Guillaume Hugonet , Seigneur de Saillant 6c
du Lys , Chancellier du Duc , fit prefent au nom de fon maiftre , i
l'Abbé de Begar ((> 5) Ambaflàdeur du Duc de Bretagne , de douze* taflès
d'argent goderonées 6c dorées, & de deux flacons d'argent, letoutpcfant
(bixante-Seux marcs ou environ.
Le Lundy 10. Février, le Duc de Bourgogne partit de ^mgsr^ après*
difner , & alla à Maie vers la Duchefle ^ on y fit la folemnité des nopces
de meflîre Baudouin de Lannoy (66) & de Mademoife Michelle d'Efne^
2I«
(^4) Dcpds érigée en Cathédrale. Voyez,
le plan de cette Eglife dans les Délices des
Pays-Bas , Toni. II. pag. 9 A*
(d y) Vincent de Ker-leau , depuis Eve- ,
^uc 4c Lço» i il cft parlé plttficvr$ fois de d'Or en 148 î.
lai dans les Mémoires de Comines , il
étoit le Mlnidre favori de François IL
Duc de Bretagne.
{66) Il a âé Eut Chevalier de laToifon
«^1
t
DU ROYLOUYS X î- tôt
21. le X5« U alla à Afoie , d'où il revim i Bruges ;. le xt. il aUa e&coie i
MaU^ le 14. Mars , ou le 15. fe firent les nopces du Comte de Rou/^ *47*'
Jy (67) avec la fille du Comte de Charny (68), & le 18. il retourna i
Bruges^ . ^
Le 19 • M^s 1 47 1. jour 4e Pafqiies , le Duc de Boursoene ^ qui é toit a
Bruges , eut avec luy a difner le Due dt^GueUres , & le Prélat quiavoit
oflScié ; le premier Avril il alla à Maie vers la Ducheflè : il revint le j»
â Bruges , où il donna le 6. une fefte àrAmbàfladeur de Franu / Je i j,
il y vit les jouftes du Forefiier de Bruges , ôc du Roy de VEJpirutte de
Lille (6cf) ; le 1 5. il alla à Alale » qui fut brûlé le lendemain \ le 17. il
retourna à ^n/£V5 , où le z;^ jour de fainS Georges > il célébra la fefte
de l'Ordre 4e la Jarretière, & tint Talle ouverte ; le x8. il aila à Maie
vers la Ducheflè , & revint le lendemain à Bruges , où il y ivoit des
Ambafladeurs du Pape , de l'Empereur, des Roy s de France , à'AngU-^
terre , & de NapUs , des Ducs de Guyenne , de Bretagne , de Venife , de
Cologne , du Palatin , & autres.
Le Mardv 5 « May , le Duc partit de Bruges après^fner , & alla à £c-
€lo / le 6* il alla à é^^/z^ y le 8. à Tronchiennes voir la Duchellè -, le 9. il
revint à Ct^z/k// 9 & Y ^fta jufques au ix. qu'il alla à Oudtnarde y le i ).
il coucha à Leu?e; le 14. à Valencienncs, ; le 1 5. il difna à Cons & cou*
cha i Douay ; le 1 6. à -«^rr^tj , où il tint Cour ouverte , le 1 7. feftc de
la Pentecofte , & eut avec luy à difner le Prélat officiant , &: Jean de
Clcves ; les Amballadeurs du Pape, de Naples , d* Angleterre , de Breta--
gne , de Cologne , & autres , mangèrent avec les Maiftres d^HôteL
Le 20. le Duc de Calabre (70) arriva â Arras & fut toujours aux dépens
du Duc de Bourgogne , avec lequel il fit une nouvelle alliance , après
avoir renoncé à celle qu'il avoir avec le Roy,
En ce mois de May mourut Charles, Duc de Guyenne (71) Scie Roy prit
poffcffion de ce Duché.
Le 4. Juin , le Duc de Bourgogne -pxvtit d^ Arras après-difner> & vint
coucher en fon camp près Bapaumt /le 5 . le Duc de Calabre vint l'y
joindre •, le 6. ils campèrent à Champ-Luhojîn près Efclufiers fur Som^
me ; le 9* le Duc vint difner à Peronne & retourna à fon camp ; il en
partit le lendemain après-difner , & vint camper hors Lihons en Santef^
re ; le 11. il campa près Nèfle , qui fut prife d'adault & mife au feu & à
répée *, le 1 3. il en ht démolir le château & les murailles ; le 1 4. il éampa
à Koye , après avoir fait brûler ce qui reftoit de la ville de Nèfle y le 1 5.
la ville de Roye luy fut rendue par les François , qui en partirent leur$
vies fauves, les capitaines avec deux petits chevaux , fans habillement ,
de guerre ou autre oagage , les homnies d'armes , un cheval feulement ,
les archers â pied en pourpoint blanc , le bafton k la main % le Diman-
che XI. dudit mois le Duc de Calabre revint au camp du Duc de
Bourgogne
[67) Antoine Je Luxembourg x. fils de
louis , Conneftable de France. ' '
(^S) Antoinette de Beaufremont.
{69) C'étoit le Roy des Joutes s il fe
{70) >3lcola&'d*.Ajijàù^Çls,4è Jeait, Duc
de Calabre /duquel H a été parlé ci devant,
& de Marie de Bouroon.
(71) Son Teftament , du 14. Mai I47t*
•oimnoit Jacetin Artus. 1 eft ci-apris , a» Coince de Loôîs XL'
Tome IL . Ce (71)
%
tor lE S CHRONIQUE? ,
BouTff^tpxxs Royt :■ ce Duc feu pârtk le * 5 • *^ viht camper hors Maif-'
147^* nil près Momdidicr ; le 1^. il catnpa au Bois-du-Gan hors Bertuel (71} 9
le 27. à Thillitrs près Beauvais , le i8, ifainS Lucien près Beauvais^
Mademoifeiie de Bourgogne fut pendant tout ce mois en la ville de
Mons , & y donna , du confentement du Duc fon père fa promeflfe par
écrit y d'epoufec le Duc de Calabre , qui l'accepta & en donna auffi fa
promedè.
Le Jeudy 9. Juill^ > l'aflâut fut donné à Beauvais , 8c huit jours après
1 6. dudit mois , le Duc de Bourgogne fort chagrin de ne pouvoir reuf-
fir dans fon entreprife fur Beauvais , fit publier des lettres très injurieu-
Tes contre le Roy d Toccaiion de la mort du Duc de Guyenne > qu'il
difoit avoir été empoifonné par frère Jourdain Faure , dit Vercors , &
Henry de la Rocht , par commandement du Roy , & promettoit de
vanger cette mort fur ceux qui en étoient la caufe & voudroient favorifec
k Roy en cela.
Le Mercredy ii. Juillet le Duc leva fon fiege de devant Beauvais , &
vint camper à la /ioi/^^-/77tfi/ô/r près Xi^jr , le 15. il campa hors te vitla-
Î(e de Fercus , le ij^ il campa outre Poix à la Croix Raoul , où il refta
e 15. le Dimanche i^. il campa sL Rambuires ; le 17» il campa à Bovin"
cour y ( ou Brunecour) près la ville d^Eu ; le 28* il campa outre l'eau
fous la ville d^Eu vers Dieppe , il y refta jufques au % Aouft > qu'il vint
camper avec le Duc de Calabre , en deçà du village de Cryel fur mer
vers Dieppe; le 11. il reçeut TAmbaf^dcur d'Efcopcy qui en partit le 1 5.
le 17. il campa au Bajlich de BeUimont fous Martin Eglife près^rAej en
Caux , Se l'avant-garde gagna & brûla la ville d^Arkes. Le Landy 24. le
Duc pada l'eau avec le Duc de Calabre , & vint camper au bois près le
village dcfainS Laurent , fous le Château d^Arkes ; le ^G. il campa près
le Château de LongueviÛt en Caux , & ce Château fîit pris & brûlé ;
le 27. il padà la rivière & campa hors le village de Tojles en Caux j le
28. il campa fous Cailly en Caux z le )o. il campa près la Juftice de
Jflouen y le f i. Aouft it fit fommer la ville de Rouen de lui livrer le paf-
iage , qui lui fut refufé.
Le Mardy premier Septembre , le Duc refta fous Rouen ; le j. il cam-
pa avec le Duc de Calabre zfainB Martin le blanc , du cofté d*Eu; le
5 . il campa outre Neufchaul , entre les deux cenfes de fain3 Antoine ;
le 9« il campa près la cenfc de Varimvri ; le 1 1. il campa en deçà de la
ville de Blaney , où il rcccut les Amoadàdeurs d'Angleurre & de Breta-
gne. >* le 14. ilcampaà /roiTzice^ttrr > où il receut le 1 5. FAmbaflàdeur de
Vem^^ i le \^. il campa fous Araines ; le 17. à Picquigny ; le 19. en-
cre Pron^l'UrVal & Pron^L-le-Mont , fur la rivière de Selles le:^ Amiens.
Le Dimanche 20. il paflà la rivière > campa avec le Duc de Calabre fur la
montagne de Coppegueulle ; fon armée en bataille & fit brûler les villages
de deçà l'eau > depuis fon camp jufques aux portes d^ Amiens ; le 21* il
campa à la Faloife 9 ïc ix* à Merwy , le 25. paflà l'eau à Moreul , campai
Maners en S amers :^' le 2 j. à Lifion} ; le 27. à Efpaigny fur Somme , où
ilrefta. • ; '
Le
(71) Ou Bieccnil , Dioce(c 4e Beanvst» t od eft nae tkhe Abbaye de Benedi^as.
(7î)
DU ROY L O U y S X I. 103
Le Dimanche 4. Odtobce , le Dac alla difner à Peronne 8c revint i
Efpaigny , il en partit le 12. avec le Duc de Calabrt & vint camper à 1 47 ^^
Hombltu près Ham y le 1 5* il campa à f^erlainp'U^Ham ; le 1 6. â Flavy^
Marteau y le 17. devant la ville de Janly , le 18. il pallà Teau & vint è
Ckauny fur Oifc , qui fe rendit ce jour ; le 2 1 . il campa devant la Fen f
le 24.. il palCi à COift ic campa à Deviiletr^lei^fainS Akèain ; le 16. il
campa à Nouvyon VAbbefft 3 le 27. à Ribtmont fur O/J/S ; le 28. il palft
la rivière & vint camper à VilUrs U yen : il y refta le 29. Ôc ce jour la
Duchede 8c Mademoifelle de Bour^ogTu , qui ëtoient à Gand y donnè-
rent le banquet de nopces dé (j^ri/e/&/^r>'pourquoy y eut douze plats dé
crue:le jo.lc Duc alla à Fonffommeôc au camp de FctrevaqUc ; le }i. il
campa devant Btaurevoir y le 2; Novembre , le Duc de Calabrt partit &
revint le 4* au camp de B^aurtvoir , il en partie le j . pour retourrier eii
Lorraine , après avoir renoncé par écrit à la promeflb que la Princeflc de
BoiP'gozne \\XY avoir donnée de lepoufer, & renouvelle en mefme
temps fe Traitté d'alliance, qu'il avoit fiait avec le père dç cette Prin-
c
•' . ) . •'!
eflc^
Le ^. Novembre leDuc àcS^urgogne vint <:anlipér hors Premoncpi^èi
Strain j; le 8i il campa devant ^oA^, près TAbbâye v lé i (• fut publiée
la trêve entre lé Roy ôé feDuc jufquds au premier Avril fuîvant (147}.)
Je 14. il campa à Couchain hors ' nufigny ; le 16. il vint à Chajiel de
Cambrejjs y après avoir feparé fon armée; le i8. il coucha iCambray^
où la ville luv fit prefent de deux poinçons de vin ,( le Chapitre deTE-
glife de Noftre-Dame >d'ub. poinçJnîi'& léChâpîtfede l'Eglife de
fainS Gery. de j<5. lors; le 20. il rcv4mr;àiPrri)^i/i^, d'oi\ ïi partît 4e 24.
après difner & couchât à Bray Çm;^Sorhnu\; le 2^ -à î^ourlms ; le 28. à
foinâ Ricqiueryic^^é à AhbcviUtiO^ (e couvèrent les Aniba^àdeurs de
Rome y à^r Empereur y tTArragonp de Venife 6c autres.
Le Jeudy 5. Décembre , \^demôifelle de Bourgogne érant à Gand^
avec la Duchefle fa beHe-mera , renon^. par! écrit i la prob^ieife que le
DucdeCiiitfif«iluy «voit dfcnnéexiei'é^oufer. > i- / » >
En ce temps (73) Arnoutd Duc de GuildreSyyztiiùXzxi Dut de Bouf^
gogne les Duché èç Giuldres & Comté Aq Zut^hen^y pour^kibllime ic
an rachàp de trois cens mille florins du Rhin.
Le Lundy -14. Décembre , le Duc -partit d^AbbevUle z^ès difner &
vint au Crotc^ y & ce jour lefdits Ambàfl&deucs âc cehiy àz Bretame y
qui éix>it arrivé à AibevUlelc 6. decé^ràbis , en^paçtitént- pour aller 4
Bruges» • • - '.m* . :' v», •:- 'i ; * • /.^i,ii. - -^i : \ . > à •_>!) ^: -^^ * '_ ..
Le 16. feDucparardei:?ro/^j(,alk^diuirla:I^kâbàlA^^^
8c foupperà Mojylrfiuèlïutmeiy où.les Ambaflaâeur8l£'*L^^i2Mri:& de ^^^
ni^e ïc trouvèrent; le 17. il difna à Bellefontaine'y foupsL a Boulogne ^
le 18. il difna & {àupvzà, JJefurene , le 19. il ymt kTherouanne ytk 20*
ilidifna au. Château de Lillersy '&c coucha au Château dé Gcfnày ^
le ai ilfitaii3iiQiartt)ébx de(r0^#i^i?aoùÎYerfàirriiô(Mâdg^ la Grande
Ùi mère; le 22. il partit de Gofnay après difner & vint coucher à /.i//^ ,•
le,l3^il,couchai i^^^^f/*^ ^4fe,|;4y il ôrriva à Bruges , pf^éçoiçailçs A^iji-
/-î' ; ,'r. . , ' • ' :. . ^ ^ baflàdcurs
(7})LcsLettres{bnt4a7. Dccbmbim' » ...^ . .' *
U^r Ce 2 (74)
>a4 It ES C H R O NI Q U E S
ba0kdeurs de Rome , de l" Empereur » d'Arragon , de Bretagne 6c de f^e^
* ^^ ^* ni^e i le 15. il tint falle ouverte , les Chambellans difnerent avec luy \
le 30. il partit de Bruges après^ diûicc & vint i Dam ^ le j i» il coucha à
CEjUu/e. ....
Le 5amedy z. Janvier » il fzxxii de VEJcluft , après difner , monta fur
l'eau & alla coucher à Armuydt ^* le } . il coucha à Zericue » & 7 refta
juf^ues au 7^ qu'il en partit après diuicr 8c vint couches z A rmuy de / il
arriva le 8« à l'Efcltde , après avoir été en grand danger fur l'eau \ pour^
quoy il envoya dix florins quinze fols en ocBrande & aâion de grâce 1
Noftrii^Dafiie d'Ardemtotfrg ; \t 9. il difna à Dam » & coucha i Bruges^
où. étoieixt les Ambàflàdeurs âuJàihS Pere^ de r Empereur y iTArragon ^
de Venise & autre$ >le 1 4. étant en habit dé Duc » il fit la cérémonie de
créer Comte , le Sgr. de Cbimay (74) & ce en la perfonne de Philippe
de Croy Sire de Quievrain fon fib , i caufe de l'indifpofition du père »
ce Sgr.. de Quievrain mangea avec luy , les autres Comtes mangèrent à
une table feparée ; le i ^» il alla difner à Ardemiourg Se revint à Bruges i
il en partit le 2 «• après difner & alla à Gond , vers la Ducheflè \ le Sgr*
de Haâing^^ Ch^fae VAahiSààed* Angleterre % y arriva le x^. & fut fef-
toyé d'un plat \ le lendemain A /ut. encore fdfiioyé avec les autres Sel*
gneurs Anglais , & y eut crpis plats df crue ^ le 2r&. le Duc partit de
Çand après difner & alla coucher i la Ncufe ( ou Ter-Neufe ) es quatre
Mefliers 5 (7$) le >9^ il motica fur mer & ancra le foir près de Rei^
mtjfwah i le 50^ il difna jâc couctqi A Zeric{ie ;, le 51. il mangea fur
ieau&; coucha dans foii bafteau. devant (rioemiZ^r.. . « :»
Lç I#ndy |)iremier Eerfief il .pafïa à Nieubatre , &. coucha à ta Nays
tn ff^ÛifndCi où t'Ambiftàdeur de JSrfittfg'T^tf arriva lèa. Le }..le Duc alla
oiiir Me0è iSgraveiande ^ le 4. il L'entendit & desfeuna kJainS George
ItZ'Delft ; il partie de ta Haye le j * ajMcès-difner & alla à Ltyde , le 7.. i
Harlem ; le S. il en partit après-difner , ic alla par eau i Amjlerdam t
il y difaa lelenfiemam 5u & couchai U Goude: itiyjdifna le \o. Se cou^^
cha fur l'eau entre Roterdam Se Dôrdrethe ^ le ii. il coucha i Gorichem
(ou (ï^o/'i:i^in)'& virefta jufques .an 15. qu'il en partir après-^diâier» Se
vint paf fsau coucner.d Dordreckt r il en ^partit k 17*: aprcsHdifner» & râtt
à BiervUet , où il refta à caufe du vilain temps ; le. 19. il s'embarqua »
difna fur mer & coucha à Zeric^ée ; il en partit le ai. après^fner » arri-
va à la f^ere , Se coucha 4 Mideâbourg^} il en panir le 1.4. difna fur mer^
Sç fplippa i^ l'J^bbayede pdnB Michel d'Anvers ^ où les Ambaflâdeur»
de Rome Se de Venife fe rendirent \ il en partir te Lundy premier Mars.
après^)6ier>i & àUao6ucher!à JkLii^ / le z« il vint kBriixelles » oâ k
Duchelfibs'étoir rendue: il refta avecidle jufques au xj. qu'il partit aprè&*
difner» & alla à Anvers ^ le i8.il diiîiafur l'eau & couchai Reimerf^
wale (y 6) ^ le .50. il revint à Anvers , & le fi. i Malints^
Pendant ks mets de Février &: de Mars , fetinretu: daiis les villes de
* Ztfoi:! & de Gwufi^ , phifieuts conférences enâre les: ibnba£adeiirs du Vjof
(74) Tfcaii' * Cre^' ^ ; ^^ - - j .: ({ri)^Mlt:dfe UZijânîc^^aérffiibi
(75) Ce (ont HaUt , Boochautc > Azelle [ mcrgée. Vpjex, les Délices àts Pays-Bas»,
^ Aflenede. l Tome UL page 17* ..
(7J)
D U R O Y L O U Y S XI. ioj
6C ceux du Dac de Bourgogne y pour parvenir â la paix s les AmhaiTz^
deurs de ce Duc furent Jean de Luxembourg ^ Comte de Marie ( fils du ^ ^^ *"
Conneftable) , Philippe de Croy , Seigneur de Quievrain ,• Guy de Bri^
meu , Seigneur de Humbercourt ; Antoine Rolin , Seigneur d^Aimerits ,
Grand BaïUy de HaynauU ; Ferry de Clugny , Prothonotaire du SainB
Siège (77) y Amoint , Seigneur de Mont jeu ; Gérard yurry , Maiftre de*
Requeftes , & Gérard Bataut , Secrétaire : ils convinrent d'une trêve en-
tre ces Princes.
Le Jeudy premier Avril , le Duc partit de Malines Ôc alla à Bruxelles y
où il trouva la DuchefTe > & ou les AmbaiStdeurs àt Rome y d* Angle terre ,
de Naples y Bretagne y Vemfe y & autres , fe rendirent : le 4. il confirma
la trêve avec le Roy , alla difner à la Maifon de ville de Bruxelles , & y
vit les jouftesqui s y firent fur le xnarché ; le 8* il alla â Anyers y le 9. il
alla dilner & foupper ifainSe Gertrude-Berg y la Duchedè partit pour al-
ler à Gand i le io« il revint à ^/zv^i, il en panit le 12. déjeuna à Pots y
difna & fonppaâ Gond ; le i )• il alla à Courtray y le 14. à Lille ; le 1 5«
il y fit le Mandé (78) à treize pauvres.
Le 1 8. Avril jour de Pafques , le Duc étant à Lille regala le Prélat qui ________
avoit officié devant luy , & lefdits Ambaflkdeurs , pourquoy y eut deux ***"'''*'*'
plats de crue ; le 20. il alla à Bethune ,• le ii. difna i fainâPaul y cou- ^ ^7 J»
cha â Hefdin , le ii. à Abbeville y le x^ â Dourlens y le xG. à Mirau-^
mont y où le Seigneur du lieu le regala , & defFraya quelques Officiers >
le 27* difna â Miraumont aux dépens du Seigneur du lieu y 6c coucha à
Peronne ; le 28. à Cambray j* le 30. il en parût après difner, & alla cou-
cher à ^ii/^r^.
Le Samedy premier May plufieurs Princes , grands Seigneurs y Cheva*
liers de l'Ordre > & autres y allèrent au-devant du Duc , qui partit de
Hojjpre après déjeûné , & arriva à Valencitnnes , où il trouva la Duchelle
& (e fit hors laditte ville un tournoy y pour, fa joyeufe venue , & y eut
creuë par tous les Offices.
Le Dimanche 2. May, le Duc cekbra la fcfte & fblemnité de l'Ordre
de la Toifon d*Oc , où fe trouvèrent le fire de Ravefiain , le Comte de
la Roche en Ardenne y meffire Jacques de Luxembourg , le ilre de Croy >
Comte de PorcUn , le fire de Lannoy y le fire de Molembaix , le fire de
la f^ere y le fire de Brederode > meffire Simon de Lallaing y le fire de
Montagu y le fire de Chajleau-Guyon , le fire de la Roche , le fire des
QturiUs y le fire de la Gruthufe , & le fire de Cleffy , tous Chevaliers de
cet Ordre ; ils difnerenc à la table du Duc , & à une autre table mangè-
rent TEvefque de Tournay , ChanccUier , qui avoit fait l'office , les Tre-
forier. Greffier, & autres Officiers de l'Ordre ^ & plufieurs Princes >
grands Seigneurs , Chevaliers 5 & autres , & y eut Cour ouverte.
Le 3. fe tint ik'atenciennts le Chapitre de cet Ordre , le Duc y créa
Chevaliers Ferdinand y Roy d*Arragùn Se dcSicille , Ferdinand y Roy de
tapies y Guy de Brimeu , Seigneur de Humbercourt , Jean de Luxem^-
bourg y Comte dç Mark » Philippe de Croy ^ Comte de Chimay } Eneel-
(77) Il a dq^oisité Evfi^e de Tournay I (7Z) Cdl^'à-dire qaïl leur lava les
le Cardiiud« 1 pieds.
Ce j (7J^>
io6 LES CHRONIQUES
bert de Naffau , Comte de Viandcn , & Jean de Rubcmpri » Seknear Aé
^' ^' BUvres , & fit dire quinze Méfies pour chacun des fept Chevafîers der-
niers morts-, fçavoir , Mgr. Jacques de Bourbon , Pierre de Bauffremont^
Seigneur de Charny , Jean de Crequy , François de Borfillt , Comte
iTOfircvant , Claude de Montaigu , Seigneur de Conclus , Jean de Croy<t
Comte de Ch\may , ôc Thibaut de Ncufchafid , Marefchai de Bour-
gogne»
Le 1 1. May lé Duc alla foupper avec la Duchedè au banquet qu'elle
donnoit pour les nopces de Bel/equin (79) , fille de Jean de Bojfchuyfen,
Sommelier de corps de ce Duc : le 18. il partit de FalcTicunnts âpre»*
difner > & coucha a Mons ; Le 19. à Binch ^ le lo. à Nivelle ^ & le 1 1 . à
Louvain.
Le i 3 . May , le Roy d^Arragon , fit déclarer à Philippe de Savoyc ^
Comte de Beaugey , & autres Commandans l'armée du Roy devant Per^
pignan , qu'il avoit été compris dans la trêve arreftée entre le Roy , les
Ducs de Bourgogne y de Bretagne & autres , & qui devoir durer jufques
au premier Avril de l'année (uivante , & il les fit fommer de fe retirée
avec l'armée des Comtez de Roujplton & de Cerdaigne.
Le 24. le Duc de Bourgogne partit de Louvain & alla coucher à Leeu^
we en Brahant •* le 25. il difna zfainS Tron , coucha à Tongres > le 2^«
à Maejlricht , ou les Ambafladeurs du fainâ: Père , de Hongrie , Naples ,
Angluerre , Pruffe , VtniT^ & autres fe rendirent \ il en partit le Jeu-
dy lo. Juin après difner & alla coucher au camp de Moervelt4e^Elfem $
le 12. il campa près Echt , le 1 5. près Mont fort , au pays de Gueldresy
dont le Château fut mis à fon obeiflànce : le 1 3. il coucha à Remoru ^
( ou Ruremondc ; ) le 1 6. il campa à Thiegelem , près la ville de yènlo ,
de laquelle il fit commencer le fiege le 18. & où fe rendirent Jcs Am-
baflàoeurs du faincl Père » Ae4^eni[e & autres : le 20. il achepta de Ge^
rard , Duc de Juilliers , fes droits & prétentions fur les Duché de Gud*
dres&c Comté de Zutphen^ pour lafomme de 80000. florins du Rhin, (80)
le 2 1 . la ville de Fenlo luy fut rendue •, il y receut le 24. l'hommage &
ferment des habitans de la ville -, il en partit le 2 5 . & vint camper à
fTiJfen-le^'Wez accompagné defdits Ambailadeurs : le 2tf# il campa de!-
vaiit la ville de Gocht , ' dans laquelle il pafla le 27. après difner : les
habitans luy ayant fait hommage & ferment de luy eftre bons ^ loyaux
fubjets , & il alla coucher au Château de Cleves , où le Duc de ce nom
Je deflfraya; il en partit le 19^ & fe rendit à fon armée campée à Mon*^
wyck fut Meu[e-lei'Ghemp ; le 50. il campai Diàçkemborck-lerTNii
meghe. ,. .
Le Samedy 5. Juillet , il partît du camp de 'Duickemborcky Se s'ap*
procha de Nimeghe , pour en faire le fiege : Deux Ambafladeurs du fainft
Père & ceux de Hongrie , de Ftni[e & autres étafts près de luy 5 le 14I
k Pue de Cleves vint à ce fiege , Ip 18. il 4i(pa ayec Iç Duc de Bourgo^
(79) Avec Jacques die Saîntle Alîlegoh-
de. Voyez, l'Hiftoirede Valendennes , p;^.
X79* <Mi elle e(t dite « ^$ mal , fille de
Jean de pofTu.
gne^
(80) Lfe Contrar de vchté cA dans lé
Traité , incltulé Affinio jttris Imferatcrss
CaroU V. in Dmsm ÇiUriéyim^imi à
Anvers en 1541.
(80
r,
D U s. O Y L O U Y s X I. io7
^._ , & à la prière des habirans de Nimeghe , rravailla à faire leur paix*, , . ^ ,
e 19. la ville de Nimcghc fe rendit , les %o. les Bourguemaiftres , Eche- ^'i*
vins. Bourgeois & Habitans de ladicte ville, vinrent crier mercy au
Duc à pieds &c chefs nuds & à genoux , luy prefenterent & livrèrent leurs
idefs , les Stalbrocrs (8 1 J & eftrangersétans à la folde de laditte ville, vin-
rent veftus de leurs habillemens de guerre , lefqùels ils mirent bas &
laiâèrent en préfcnce du Duc , & après allèrent paflcr l'eau & chercher
ailleurs leur adventure , & fut fait un plat de crue pour le Duc de
CUvcs.
Le 12. Juillet , le Duc de Bourgogne alla difner à Nimeghe , & revint
dans fon camp \ le 14. il alla encore difner au Château de Nimeghe
avec le Duc de CUves èc coucha en fon camp; le 25. il logea au Château
de Nimeghe & y regala le Duc de Cleves & lefdits Âmbauàdeurs y le t6.
il ordonna deux plats de crue pour les enfans de Gueldres (82) & l'Am-
baflàdeur de Cologne \ le 27. il partit de Nimeghe après difner & coucha
en (on camp , ayant ordonné un plat pour lefdits enfans de Gueldres /
le. 28. il dima en fon camp Icz-Nimeghe , & campa Itz-Gruthuyfe , au
pays de Cleves , il y refta jufques au } i /qu'il en partit après difner , paf-
Ùl la rivière du Rhin , & campa lez l'Abbaye de Elten , (85) fur le bord
de laditte rivière au Comté de Zutphen.
Le Dimanche premier Août l'Evefque de Munfter vint voir le Duc de
Bourgogne dans fon camp lez Elten , & il y fut régalé ; le }. ce Duc alla
camperiez Baecq près Zutphen ; le 4* il alla difner & coucher à Zutphen ^
où l'Archevefque de Cologne \tyÏTiiv\[\iCïy\^ <. il receut le ferment de
ceux de Zutphen , l'Archevefque de Cologne &c\^ Duc à^ Cleves étanslors
avec luy : le 6. l'Evefque ^'//rrecAr vint luy rendre vifire ; le 1 1. il par-
tit après avoir déjeune à Zutphen , paflà la rivière d^Iffel , &c alla dilner
& coucher à Arnhem au pays de Gueldre ; le 1 2. les habitans d^Arnhem
luy firent ferment d'eftre bons & loyaux fu jets.
Mort £Arnoul , Duc de Gueldres & de Nicolas d^ Anjou , Duc de Ctf •
labre.
Le 14. Août le Duc de Bourgogut patlà la rivière du Rhin & le F'ahal^
& vint à Nimeghe y oui* Ambafladeur de l'Empereur fe rendit ; le i ^. il y re-
gala les enfans de Giuldresic les Ambafladeurs du fainâ: Père & de l'Em-
pereur \ le 17. 11 difna à Nimeghe Se fouppa à Gocht ; le i8. il difna &c
iô\xpp2iiStrale\ le 15^. il difnaà StraUy & coucha â Duelfe^ où il receut &
d'emray a l' Ambaflàdeur de l'Empereur avec fa fuite , au nombre de trente-fix
perfonnes ; le 20. il fouppa au Château de Breynrur{ ou Breymber^ ) apparte-
nant au Damoifeau Louis de Palan , & fcitué près la ville de Lennich en
Brabant: le 2 1. ilcouchaà/îo^if en Brabant ; le 22. il arriva ^Aix , ayant
avec luy les Ambafladeurs du St. Père , del'Empereur, A&Polosm/à^Lor^
raine&czmtes y il y fejourna jufques au 16. qu'il en partit après difner &. alla
coucher â Keteruttjje au Duché de Limbourg ; le 27. il coucha à SaerSj le
28.
(81) C'eft à-dire Gendarmes oa Che*
Taox-Leeers.
(81) Cnarles » depuis Duc de Gueldres ,
^ n'a pomt laiiTé d'cnfans , & Philippe,
depuis mariée à René, Duc de Lorraine, le
même qui bactic le Duc de Bourgogne.
(80 Abbaye de Filles de l'Ordre de Saine
Benoic
' .
«473.
zo8 LESCHRONIQUES
z8. il alla à Harltu fainét Laurent, en la Comté de Ffalmc Si y^regal^
rAmbailàdeur d^ TEmpereur î le 19. il coucha â Lymorly , où u regala
cet Ambaflàdeur & ceux 4e Pologne Se de Lorraine j le 50. il coucha i
Baftognt 9 & le 3 1 . à Martclangc,
Pendant ce mois Ce tint à Sentis une conférence entre les Ambadà-»
deurs du Rov & ceux du Duc de Bourgogne , pour parvenir à la paix ^
les Comtes de MarU Se de Chimay 9 Antoine Kolin , Sgr, d^Aimtries 6c
Ferry de Clugny > Ambafladeurs du Duc, eurent ordre d'envoyer un He-»
raut au Roy , pour le fommer d'exécuter la rreve arreftée entre eux.
Le Mercredy premier jour de Septembre , le Duc de Bourgogne panic
de Martelante Se alla coucher à Arlon en Luxembourg^ ayant avecluy
ks Amba0a(&urs du.raindl Père » de l'Empereur Se autres > Se les enfans
de Gueldres , qui furent défrayez à fes dépens : il partit d^ Arlon \^ 6.
Se alla foupper d Luxembourg , où ces Ambafladeurs fe rendirent , Se
cnfuitte ceux de Mets , de Fenife , de Trêves , de Lorraine , & du Corn**
te Palatin : il envoya à Anvers chercher toute la vaiflclle d'argent Sc
dorée qui y étoit , pour la faire tranfpprter à Mets ou ailleurs , Se s ea
fervir à U tçfte qu'il vouloit donner à l'Empereur*, il fit auffi pour ce fu-
jet 9 chafler dans le pays de Luxembourg Se aux environs; le 19. il partit
de Luxembourg après déjeuner , Se vint coucher à Makeren-y le jo. il en
partit après difner accompagné de plufieurs Nobles de (ts pays > pour
venir â Tr^vw , d'où l'Empereur (84) vint audevant de luv en grand
triomphe , jufques à une demie lieue hors de cette ville, où ils entrèrent
enfemble , & s étant feparez , le Duc vint foupper Se coucher en l'Ab^
baye de fainS MaximinAzz-TreveSp
Le Vendredy premier Oâiobre, ce Duc étant en laditte Abbaye > y re««
ceutlavifite de î'Archevefoue de Trêves y du Comte de Cat^enelboge p
du Marquis de Baden 9 &' d'autres Princes & grands Seigneurs de CEm*
pire ; le 1. étant accompagné des Evefques de Liège Se d'Utrcchty Se d'au^i
très Princes & Seigneurs , il alla rendre vifiteà l'Empeteur, en fon Pa«
lais en la cité de Trêves ; le «. l'Empereur accompagné des Archevefques
de Mayence Se de Trêves , de fon Els Maximilien (depuis Empereur L
de ce nom) des Ducs Louis de Bavierre , Albert de Monnicken , & au*
très Ducs , Comtes , & Princes , vint voir le logis du Duc de Bourgogne
en l'Abbaye de fainS Maximin ; le 4. les Archevefques de Mayence Sc
de Trêves , le Marquis de. Baden , le Comte de Cat^enelboge ^ le frère du
Turc y Se plufleurs grands Seigneurs d'AUemagru , vinrent voir le Duc \
ils y retournèrent encore le lendemain,avec le Comte de wurumberg ; Iç
6. le Duc de Bourgogne accompagné des Evefqoes de Liège Se d^Utrecht^
alla voir l'Empereur ; le 7. ce mcmie Duc accompagné de ces deux Evef-
ques y des enrans de C levés y des Comtes dé MarU , de Najfau , de Vianm
dtn y de Meeghen,y de Heume , de Saumcy de Raverfckeityde JDarem {oM
Darorem ) , de Tierjleiri yScde plufieurs autres Evefques , Princes & No»
Ues de fes pays , alla au-devant de l'Empereur, qui , accompagné des
Archevefques de Mayence Se de Trêves , de fon fils , des Ducs Eftienne
jde Bavière , Albert de Monnicken , Louis de Bavière , du Marquis de
Baden
(84) Frcderic III. Père de MaxinùUen L & qui tint l'Empire cioqnaate-trds ans»
(85)
DU ROY LOUYS XL 109
Baden 8c de fon fils , du Patriarche (TAntioche (85) , derEvcfque de
Mcti , des Comtes de Cat^enelbose , de wirumberg , & de plufieurs au- ^ 47 J»
très Evefques , Ducs , Comtes , Princes , & grands Barons de C Empire ,
vint oiiir Meflfe & difner avec le Duc de Bourgogne , qui tint Cour ou-
verte , pourquoy y eut grande creuc par tous les oflRces , & la dcpenfe de
bouche de ce jour, fut de 1 1 17 florins 14. f. 7. den.
Les 8. & 9. Oâobrc après-difncr , l'Empereur accompagné , comme il
a été dit, vint encore voirie Duc de Bourgogne : le Dimanche 10. ce
Duc alla voir l'Empereur*, les 1 1. 11. & i j. il receut les vifites des Ar-
i:hevefques de Mayence & de Trêves , & de plufieurs autres grands Sei-
gneurs cT Allemagne ; le 14. il alla voir l'Empereur , qui le vint voir le
1 5* & le !(>• Le 17. il receut la vifite du Duc Eftienne de Bavierre : le
1 8. l'Empereur vint en grande compagnie voir le tournoy que le Duc de
Bourgogne fit faire à plufieurs Chevaliers & Ecuyers de Ion Hôtel , au
plus près dé fon logis : le i^. & jours ûiivans , ce Duc receut les vifites
des Princes 8c Seigneurs d* Allemagne.
Le z8. Odobre , fut arrefté le mariage {%6) de Mçr. Louis , Duc d'Or^
leans , avec Madame Jeanne de France , féconde fille du Roy.
Le 51. l'En^pereur-, accompagné de fon fils, des Archevefques de
Mayence 8c de Trêves , du Marquis de Baden , de deux de fcs enfans >
& d'autres Princes & grands Seigneurs, vint voir le Hue è.^ Bourgogne.
Le Lundy premier Novembre , & les deux ^ours fuivans , le Duc re-
ceut les vifites de plufieurs Princes d'Allemagne.
Le } • fut arrefté le mariage ({{7) de Mgn Pierre de Bourbon avec Mada-
me Anne de France , fille aifnée du Roy.
Le 4. le Duc de Bourgogne alla voir l'Empereur , qui luy accorda l'in-
veftiture des Duché de Gueldres 8c Comté ae Zutphen ; lartremonie s'en
fit fur un hourt , fur le marché de la ville de Trêves ; les lettres (88) en
furent expédiées deux jours après , l'Archevefque de Mayence eut 1 100.
florins pour (on droit de fceau.
Les 7. 9. 10. & II. Novembre , le Duc de Bourgogne alla voir i'Em-
j>ereur •, le 1 4. il receut le fils de l'Empereur , qui vint voir tirer le Pape-
gay , & il fit feftoyer les Ambaflàdeurs du Duc de Lorraine : les 19. 10.
21. 22. & 23. il nt féftoyer plufieurs Princes , les Eleus d'Allemagne , 8c
les Ambaflàdeurs de Dannemarc 8c de Bretagne .* le 2 5 . il partit après-dif-
ner àtfainÛ Maximin Icz-Treves , & alla coucncv à, Mackeren en Luxem-
bourg ; le 164 il ^la par la rivière de Mo^^Ue en petite compagnie à
Thionville , où les Ambaflàdeurs de Rome ,. Hongrie , Pologne , Fenife ,
NapUs y du Comte Palatin , d^ Angleterre , de Dannemarc , Bretagne ,
Cologne 8c Ferrure , fe rendirent \ il en partit le 1 1. Décembre aprèsr-dif-
ner , & alla coucher ifainSe Marie du Ckefne ^ le 1 ^. il coucha a Ckam-^
ffliechi le .1 3. au Château dç Pierre/or t , où il refta Iç i4< le ; 5. il coucha
a
(%$) Il en a été parlé ci-devant.
(%6) Le contrac eft imprimé dans le
find Recueil des Traités de Paix , & dans '
Corps Diplomatique.
( 87 ) Le contrat eft imprimé dans iç
grand Recueil des Traités de Paix , &c,
(88) Elles font imprimées dans le Trai-
té intitulé : Afferùù jnris Imperatoris Caro-
li V. f» GeUrid Dêustu^ imprimé p, An«
vers en 1541.
Tome IL D4 (89)
Ï47J.
iio LES CHRONIQUES
à Frouart ; le 1 6. il arriva à Nancy 3 le Duc de Lorraine étant veua an^
devant de luy avec les Nobles de Tes pays s le i S. il coucha z/airtcl Ni--
colas ^ où le Duc de Lorraine l'accompagna; le 19. il partit àcfainB
Nicolas après-difner , accompagné du Duc de Lorraine , & vint coucher
â Neuville y le lo. il difna i Bacaracq aux dépens de l'EveTaue de Metp
& coucha en T Abbaye de Moyemoutier ; le 11. il coucha a Villers ^ le
22. à Berkem ^ le i}. à la ffeuie , Ici^i Brifacq au Comté de Ferrette,
où les Evefques de Spire 6c de Bajle , le Marquis de Baden , & autres
Princes & grands Seigneurs d'Allemagne vinrent le voir , & où les Am-
batlàdeurs du SainSPere^ de Fenife^ & autres , fe rendirent > il y refta
jufques au } 1. qu'il en partit après-difner y 6c alla coucher à EnJJisheim ^
où u s'arrefta.
Le 5. Janvier , ce Duc fît aflèmbler un Parlement dans fa ville de Ma^
Unes y 6c pour le compofer nomma les perfonnesfuivantes.
Meflîre Guillaume Hugonet (ifp) , Seigneur de Saillant 6c du Lys y
Chevalier , Chancellier.
Meflire Ferry de Clugny , Evcfque de Toumay , Chef du Confeil di>
Duc.
Meflire Jean Carondelet , Chevalier > Seigneur âc Champuàns & Juge
de Bejfançon , premier Prefîdent.
Maiftre Jean de la Bouverie , fécond Prefident»
Meflire Guv de Brimeu > Comte de Meghen , Seigneur de Humber^
court (90) » Cnevalier, Chambellan du Duc > Confeiller.
Meflire Simon de Lallaingy Seigneur de Montigny 9 Chevalier, Cham^
bellan du Duc > Confeiller*
ConfeilUrs & Maijhes des Requejles^
Maiftre Jean Jaauelin.
Maiftre Lyenard de Potots^
Maiftre Tnomas de Plaine.
Meflire Artus de Bourbon^
Cottfeillers-Clers àfei:[efots de gages par jour*
m
Meffire Adrien de Poitiers , Prevoft dcfainS Pierre de Lille^
Meflire Jean Fincent , Prevoft dtfaina Pierre de Cajfel.
Meflire Jean Rolin..
Meflire Richard de la Chapelle y Chantre de ITglife de fainS Donas
dt Bruges^
Memre Louys Wury > Doyeade Dole.
Meflire Antoine Gerart.
Meflire Philippe de Brimeu , Prevoft de l*EgIife de Nivelle^
Meflire Arnoul de Lallaing , Prevoft de l'Eglife de Nôtre-Dame de
Brug^. • Confeillers
{^$) Il a depuis été iiaifVii par les Gan- \ {$0) VL a auffî été <fêcapité par les Gant-
fois. Memoiresdc Ccmiiics « litxc Y* cha- tois. Mémoires de Commet, Livre V. cfaa»
ritxcXYII. IpicteXYIL
D U R O Y L O U Y s X L lïi
ConfcilkrS'Lays à vingt fols de gages par Jour. ^ 4 7 3
Maiftre Ârnoul de le Btcque.
Maiftre Folparc à^Amcronghcfu
Maiftre Philippe Viciant (91)
Maiftre Pierre de Gorges^
Maiftre Jean du Bois.
Maiftre Jean Lyon^
Maiftre Jean de Janly.
Maiftre Guillaume de Clungy le jeune , Seigneur de Morutlon%
Maiftre Pierre de CUrcvaulx^
Maiftre Eftienne de Courradis de Lignana.
Maiftre Philibert de la Frète.
Maiftre Fernand de Lucenne^
Maiftre Jean Candele , premier Advocât du Duc.
Maiftre Thomas de la Papoire , Procureur General.
Maiftre Jean d'Offay (92) , fécond Advocat du Duc.
Pierre Duret , SuMicuc.
Nicolas de Rutter , Greffier Civil.
Antoine de Halkwin , Greffier CrimincK
Jean de Lonmtville , Greffier des Prefentations*
Jacques de Drume^ , Payeur des Gages.
Robert de Hefdin , premier Huifficr.
Le Samedy 8. Janvier, le Duc de Bourgogne partit d*£nffiskeim après**
difner , & alla coucher à Tn/î/ie , où les Âmbaftadeurs de Rome (9j)^
du Comte Palatin , des Suijfcs , de Berne , & autres , fe rendirent -, ilen
partit le 1 1 . difna à Beaufort^ & coucha a Montbeliart , où il difna le len-
demain aux dépens du Seigneur du lieu , puis alla foupper à Baulme-les-
Nonts au Comte de Bourgogne aux dépens de TAbbeflè du lieu •, il en
partit le X 5. après-difner , & alla coucher à Befançon , où le Doyen du
Chapitre luy prefenta deux poinçons de vin , & le Chapitre luy en pre-
ienta huit muids : il en partit le Lundy 17. après-difner , & alla coucher
a Mernay au Comté de Bourgogne ; le 18. il coucha à Atixonne^ le 19»
«n fon Château de Rouvre , a où il partit le 2 1 . après-difner , & alla cou-
cher à Perigny à une lieuë de Dijon , où il alla le 13. &c où le Cardinal
d^Autun (94; , les Archevefques de Cologne (9 5 ) & at Befançon (96) , les
Ambaftàdeurs de Rome , du Comte Palatin , d^Arragon , de Bretagne >
de renife , des Suijfes , & autres, fe fendirent : le 1 S . il y tint Eftat de
Duc , & Cour ouverte.
(91) Ceft celai qui a fait une Hiftmre
ic Flandres , laquelle n'a pas encore écé im-
primée,
(9a>) Ceft loi qui a fait le Traité des
prétentions de Marie de Bourgogne fur le
Daché de Bourgogne , & autres pays , le-
quel cft imprime au commencement du
Le
deuxième Tome du Ccélex DifUnuukus de
Mr. Leibnirs.
(95) Il fe nommoit Tmcms , Se étoit Evé-
quc de Sebenico.
(94) JeanRolin.
(9 {) Ruperr, Comte Palatin du Rhin.
(96) Charles de NeuFchâtel.
Dd 1 (97)
m VES CHRONIQUES-
I I Le 8. Février , le Duc étant à Dijon , envoya une figuré de cire repre*
j Tentant fa perfonne> & deux grands cierges avec fes armes , le tout pe-
^^* fant cinq cens quarante livres , ôc les fit offrir à fainS Blaifc en rEgfife
de Paroy IcsMonyauXy & ce mefme jour, étant accompagné du Cardinal
d^Autun y de TArchevefque de Btfançon , des AmbaHàdeurs du Sainct
Père , (TArragon , de Bretagne , de f^enife » & de plufieurs Prélats & No-
bles du pays de Bourgogne , alla au-devant des corps de feus très-nobles
Duc Philippe Se Ducheflè Ifabelle , (ts père & mère , que Mrs. de Ra-^
vejlein , ne Ricquebour^y & meflire Jacques de Luxembourg , avoietit
amenés du Comté de Flandres^ ôc fit mettre ces corps dans la Chapelle de
fon Hôtel. Le lo. étant accompagné comme eft dit cy^eflus, il conduifit
cts corps depuis la Chapelle de fon Hôtel jufques aux Chartreux lez la
ville de Dijon , où il les fit enterrer le Vendredy 1 1 : le 19. il panit da
Dijon après-difncr , ic alla coucher à Rouvre ; il y difna le 10. ôc cou-
cha à Auxonne; le 11. il difna à Notre-Dame de Montrolant & coucha
d Dole , où il s'arrefta.
Pendant ce mois fe tint une conférence en la viHede Compiegnc entre
les Ambatîàdeurs du Roy & ceux du Duc de Bourgogne , pour parvenir
à la paix : la trêve entre ces deux Princes fut continuée jufques au 1 5 . May>
le Roy en donna (ts lettres le premier Mars (97^.
Le Dimanche 6. Mars , le Duc de Bourgogne étant à Dole , envoya eir
grande diligence un exprès aux villes de Éerne & de Fribourg , avec let-
tres adreflàntes aux Avouez & Confeil de ces villes, lefquels il reque-.
roit qu'ih vouluflènt luy faire reponfe , & déclarer s'ils avoient fait al-
liance avec le Roy , comme on le difoit *,.il chargea en mefme-temps
le Seigneur d'Irlain (98) de s'informer de ce qui en étoit; le 8. il partit
de Dole &c alla coucher à Arbois ; le 9.. il coucha à Salins , où il refta le
10. il en panit le 11. & coucha à Quingey , le 12. à Befançon , d'où iL
partit le 15. & coucha à F'efoul: il en partit le 23. & coucha à Luxeu ea
Bourgogne , d'où il partit le 28. & alla coucher iRemiremont en Lorrain
ne j le 29. à EJhinal , le j o. à Bayon , & le 3 1. il entendit la Meflê ifainB
Nicolas y &c alla difner & coucher à Nancy.
Le Vendredy 2. Avril , ce Duc partit de Nancy aprcs-difner & alla,
coucher zNomeny , le j. à Thionville, d'où il partit le 4. & alla cou-
cher à Luxembourg , où il refta , & les Ambaffàdeurs d'Angleterre , Non-
^igg^g,,^^ griCi Arragon , Bretagne , Venife , Lorraine , & autres (e rendirent.
Le lô. Avril jour de Pafques, ce Duc en habit Ducal, tint Salle ic
* 4 7 4» Cour ouverte , &: difna ayant à fa droite L'Evefqqe de Salubrie , qui avoit
fait lofiSce , & à fa gauche Mr. Jetm ic.Cleves^ les Ambafladeurs ^'-^/î-
gleterre , Hongrie , Efpagne , Bretagne y Venife y 6c autres , furent traites.
à d'autres tables.
Le 22. , Avril meffire Girard de Duresforty Seigneur de Duras , &
m&iftre Jean Morton , Doâfeur es Loix, Maiftrc des RoUes de la Chambre
du Roy d'Angleterre^ Ambaflàdeurs de ce Roy vers le Duc de Bourgogne^
prirent congé de ce Due en fà ville de Luxembourg y pour s'en retourner
vers
(^7) Elles font imprimées dans le grand 1 (98) Guillaume de la Baume, depuis.
Kecucil des Traités de Paix. 1 Chevalier de la Toifbn d'Or.
(99>
D U R O Y L O U Y S X I. 113
vers leur Maiftre y ils eurent en prefenc pour eujc deux cent dix marcs
de vaillcUc d'argent , & chafcun un cheval •, Bertrand de Duras , frerc * 474«
dudit Girard , qu'il avoit accompagné dans cette Ambai&de 3 eut auflî
un cheval en prefent.
Le Samedy xj. Avril fefte de S. Georges , le Duc de Bourgogne étant à
Luxembourg y (oiemnifa la fefte de TOrdte de la Jarretierre , la Duchede
& Mademoifelle de Bourgogne étoicnt pour lors à GanJ.
Au commencement du mois de May, le Duc fit arreftcr prifonnier le
Comte de Morubeliard (99) , & le retmt quelquetemps avec luy.
Environ ce tems le Duc étant fatisfait des agréables fervices du Comte
de Campobajre {\) i & de Jacques Galyot , Elcuyer , fit prefent au pre-
mier d'une Heur de diamans du prix de cent quatre-vingt florins , & au
fécond d'une croifette garnie de cinq tables de diamans, & trois perles
pendans de la valeur de quatre-vingt-quatre florins.
Le 9. Juin, le Duc partit de Luxembourg après-difner, & alla cou^
xher en petite compagnie à Arlon , & revint le lendemain coucher à
Luxembourg : il en repartit le Z2. après déjeûner & coucha à Arlon , le
1}. à Bafloigne , d'où il partit le 15. après-déjeuner , & coucha à Mar^
cke en Famene : le 16. il arriva d Namur^ il en partit le 17. alla difner i
wavre & coucher i Bruxelles , où la Ducheflè & Mademoifelle de Bour^
gogne fe rendirent le 28. au foir.
Le Dimanche 5. Juillet, le Duc partit de Bruxelles après-difner. Se
alla coucher à MaUnes, , où la Ducneflè & Mademoifelle de Bourgogne
fe rendirent ; le lo. il envoya ordre au Seigneur de Romont , étant à
Arras , de faire fommer le Roy de fe défifter de faire la guerre au Roy
d^Arragon^ attendu qu'il étoit compris, comme fon allié, dans la trêve
faite entre eux , & environ ce temps il fit faire un riche bonnet Du-
cal avec un Cercle d'Archiduc , pour faire fon entrée en fon Parlement
de Malines.
Le II. Juillet , le Duc après avoir difn^ à MaUnes y croyoit aller â
Louvain , où la Ducheflè s'eftoit rendue , & où il avoir ordonné fon
foupper , mais il refta à MaUnes , d'où il partit le lendemain après-di(^
ner , & alla coucher à Louvain *, le i }• il difna à Louvain , & avoit or-
donné (on foupper à/^//zâf Tron , mais ilfouppa & coucha d Thy-le-MonCy
la Duchellc dilna à ib/î^rej & fouppaà Trecke^Cur-Meufe ^ le 14. il dif-
na à Tày-le-Mont & coucha àfaincl Tron y le 1 5 • il avoit réfolu d'aller
4 Liège , & le difner y avoit été apprefté, mais il en fit apprefter un autre
àJainS Tron , où il ne difna pourtant pas , étant allé dimer , foupper &
coucher à Tongres ; il en partit le 16. &c alla à Trecht-(\xï-Meufe , où la
Ducheflè étoit depuis quatre jours ^ le ii. il panir de TVecAr après déjeû-
ner , & alla avec fon oft coucher en fon camp près le Cloiftre de fainS.
GheerUck , où les Ambafladeurs de Naples , Venife , Juilliers , Danne-
marc , & autres , fe rendirent s il refta dans ce camp jufques au 2 5 . qu'il
alla coucher en fon camp près Thyver ; il en partit le 2^« & alla camper
près
(^9) Henry IL fils dUIric VIL Comte 1 (i) Il Ta depuis trahi à la journée de
de Wlnemberg, & d'Elifabeth de Lands- 1 Nancy, oii le Duc de Bourgogne a. été
bue , fa féconde fàinmc. l tué.
114 LES CHRONIQUES
près Lenneke : il marcha avec Ton armée les 27. 1 8. & 19 : & le 30. il
1 474» campa près l'Abbaye de Norre-Dame , près la porte de la ville de Nuys ^
devant laquelle il venoit mettre le Hege *, le j i • il envoya meflîre Francif-*
que ^*£fi > Marquis de Ferrare , fon Confeiller & Chambellan , & An^
toine y Ëaftardde Bourgogne > en ambadâde vers le Roy de tapies fi) > 2
qui il envoya Ton Ordre » ainH qu au Roy de SicilU (3) , avec les habille-
mens dudit Ordre.
Le Lundy premier Aouft , rArchcvefque de Cologne vint difner avec
le Duc de Bourgogne en Ton camp près Nuys^ pourquoy on fit deux plats
de creuc \ il y difna encore le 7.
Pendant ce mois , le Comte de Montbeliard qui avoir été arrefté pri*
fonnier à Luxembourg y Se enfuite conduit iTreckt'-fuX'Metffe y fut mis
au Chafteau de Boulogne à la carde & dépenfe du Chaftelain du lieu.
Le 3. Septembre ce Duc fit donner un aflàut à an boulevart devant la
ville de Nuys , & y furent bleflez. noble homme Thomas Stanley ,
Thomas Ebringhem , & Talbot Gentilshommes, Capitaines , treize hom-
mes d'armes & cinquante-quatre Archers tous Anglois ; il fit donner^ ^«
^onn^z\iSv. Stanley , zo. florins à chacun desCapitaines, 4. florins i^.fols
à chacun des hommes d'armes, & 1. florins 8. fols, d chacun des Archers.
En ce temps le Duc fit faire de grands Eftendarts avec l'Image de
fainâ George , des Guidons & des Cornettes pour les differens Eftats de
fon Hoftel , Archers de corps & de la grande garde , & pour les vingt
compagnies d'ordonnance \ le premier des Eftendarts de ces compagnies
étoit en champ d'or , avec l'image de fainâ Sebaftien , le mot & la de«
vife de Monfeigneur le Duc , çarni de fufils , de flambes , & de la Croix*
de fainâ André Le 1. avoir l'image de faind Adrien en champ d'azur ;
le 3* l'image de fainâ Chriftophe en champ d'argent *, le 4. faindt An-
thoine en champ rouge s le 5. lainâ: Nicolas en champ vert \ le 6. (zmdc
Jean Baptifte en Champ noir ', le7. fainâ Martin, iur drap fanguain^
le 8. famft Hubert , vit gris j le 9. faindbe Catherine , fur blanc •, le 10.
fainâ Julien , fur violet *, le f i. fain^e Marguerite , fur tanné ; le ii«
fainde Avoye , fur jaune s le 13. fainâ André , fur noir & violet ^ le 14.
fainâ Eftienne, fur vert & noir j le 15. fainâ; Pierre, fur rouge &
vert -, le 16. fainûe Anne , fur bleu & violer j le 17. fainâ: Jacques , fur
bleu &c or -, le i8. fainâe Magdelaine, fur jaune & bleu; le. 19 faindfc
Jerofme , fur bleu &c argent , & le 10. fainâ: Laurent , fur blanc & gris.
Le zi. Septembre , le Duc fit feftoyer l'Ambaffadeur de Naplesy étant
près de luy au fiege de Nuys , & envoya du pain , du vin & des vian-*
ides aux gens qui travailloient à faire une digue fur la rivière du Rhin.
Le 18. Oâobre , les Ambaflàdeurs de Hongrie & de Dannemarc fu*
rent régalez par le Duc au fiege àit-Nuys.
Le 17. Novembre , ce Duc après avoir difné au fiege de A^//^5, alla
en compagnie de Princes , Barons , grands Seigneurs, & en grand triom-
phe en barreau ,à l'oppofite de la ville de Dufildorp , à un lieu du fiege»
où il avoit fait drelter plufieurs tentes & pavillons , ôc fait porter un
grand
(1) FcriUnaod , fils naturel d'Alphonfc, I ( J ) FcrJinand , Roy d'Anagon & de
f^oy d'Arragoû, i Sicillc,
DUROYLOUYSXI. 115
grand banquet pour recevoir & feftoyer le Roy de Dannemarc , Jean '
Comte (TOldcmbourg fon frère , leur neveu , les Ducs de Saxe , de 1474*
Brunjwick > de Meckélbourg & autres Princes & grands Seigneurs de
leur compagnie , lefquels croient à Duffddorp , & après la fefte , re-
tourna audit fiege , ou les AmbaiTadeurs de NapUs , ycnifc & autres fe
trouvèrent.
Le iS. le Duc de Saxe & autres Princes & grands Seigneurs de THô^
tel du Roy de Dannemarc , vinrent vifiter le Duc de Bourgogne en fon
camp de Nuys^ où il les regala ; ils y retournèrent encore le lendemain avec
le Duc de Bninfwick , & le Comte de Brandebourg , & y furent encore
régalez.
Le 20. le Duc de Bourgogne accompagné de plufieurs Princes , Com-
tes » Barons , & autres grands Seigneurs , alla â un quart de lieue dudit
ficgc , près d*un bois où il avoir fait dreflèr plufieurs tentes &c pavillons
bien riches , & fait porter Un grand difner pour le Roy de Dannemarc y
qui s'y rendit avec ion frère , Ion neveu , les Ducs de Saxe , de Brunf^
wick , & de Meckélbourg , &: autres Comtes & Barons , & après les épi-
ces , il retourna foupper & coucher audit fiege.
Le 1 1 • le frère du Roy de Dannemarc vint voir le Duc de Bourgogne y
qui le deffraya.
Le xG. TElcdeur de Saxe & autres grands Seigneurs de THôtel da
Roy de Danrumarc y vinrent voir le Duc de Bourgogne ^ qui les re-«
gala.
Le 19. le frère du Roy de Dannemarc y le Duc de Saxe 8c autres Sei-
gneurs , vinrent encore voir le Duc de Bourgogne , qui les deffraya.
Le Jeudy premier Décembre y l'Archevefque de Cologne , le frère &
le Chancellier du Roy de Dannemarc , vinrent vifiter le Duc de Bourgo-*
gne au fiege devant Nuys , où il les regala > ils y retournèrent encore \t^
quatre jours fuivans. Le 6. ce Duc partit après difner, & alla en ^rand
triomphe à un bois, à une demy-lieuedu fiege, auquel lieu il avoit fait
dreiïèr plufieurs tentes & pavillons , &c fait porter un grand banquet y>
pour feitoyer le Roy de Dannemarc y fes frère & neveu , les Ducs de Sa^
xcy à^ BrunJ'wichy de Meckélbourg y Se autres Princes & Seigneurs de
leur compagnie i & après le banquet & les épices , il retourna au fie^e ^
il fe confomma i ce banquet fix roudres de vm du JRjiin y blanc Se bien
bon , revenans â trente-quatre muids , gauge Françoife , le tout pour la
yaleur.de 250. florins ; & le 17. il fit encore un grand oanquet au mefme
lieu y après quoy il retourna au fiege.
Le 22, le Duc de Bourgogru regala TArchevefque de Cologne ;\t 2 j.
il fit livrer pain , vin y Se viandes aux Ambafiàdeurs de Hongrie Se de
Navlcs 9 & au Prélat qui avoit fait loffice du jour ; & pendant ce mois
il ht donner une robe de velours fourrée , deux robes de drap aufii fou-
rées , Se d'autres habillemens à Adolphe de Gutldres y prifonnier à
Courtray.
Le II . & 1 2. Janvier , le frère du Roy àc Dannemarc vint voir le Duc
ic Bourgogru y qui le regala , ainfi que les Ambadàdeurs d'Ar^Uterre
Se de Hongrie y qui étoient vers lu^. Le 30. ce Duc regala quelques gens
du Roy ài^Danacmarc > qiii dévoient aller avec luy au liea> ou ce Koy
devoïc
xx6 LES CHRONIQUES
devoir s'aflèmblcr avec mondit Seigneur-, & le 31. ce Duc après avoir
1 474» difné au fiege devant Nuys , en partie à privée compagnie , & alla près
d'un bois , à demy-lieue du fiege , où il avoit fait dreffèr des tentes &
pavillons, communiquer avec le Roy de Danncmarc , qui y ctoit venu »
accompagné du Duc de Mukclbourg . & de quelques gens de fon Hôtel ;
pour le banquet defquels le Duc de Bourgogne avoit fait porter quatre
Çlats de viande , & après les épices , il retourna foupper Çc coucher au
ïîege de Nuys ; jSc pendant le fejour que ce Roy fit à Dujfcldcrp & aux
environs, ceDucluy envoya en trois fois ^i^o. florins i. fol pour fa
dépenfe.
Les 3 . & (J, Fçvrier , le Duc de Bourgogne regala le frcre du Roy de Dan-
nemarc; les 1 1. &17. il regalaceRoy ,quirçtoit venu voir*, les 18. xo, 12.
& z 5 . 2(^. il regala fon frerc , quelques-uns de fes Confeillers , ^ autres
perfonnes de (on Hôtel , & rAmbafladeur de Naples.
Les 3 . 4. & 5 . Mars , ce Duc regala les AmbafOideurs de Naoles 6c du
0)nneftable de France y le i. il regala TAmbaflàdeur de Venije ; le \ 2.
l'Ambadàdeur du Duc de Milan arriva vers luy, il le fit régaler, ainfi
que les jours fuivans , avec les Ambafiàdeurs de Hongrie &c de Lor^
fainç.
"^— ^ Le 16. Mars , jour de Pafques , il regala cts Ambaflàdeurs avec le pre-
? 47 5» mier Chambellan & le Prélat officiant , pourquoy y eut 4. plats de crue }
les 30. & 3 !• il regala l'Ambafladeur du Comte Palatin.
Pendant le mois a Avril , le Duc de Bourgogne étant au fiege de Nuys t
regala en differens jours les Ambaflàdeurs de Naples , Milan y Venife 9
Hongrie , Bretagne , du Comte Palatin , de JuillierSy Colonie , & d^Ar*
ragon jôc le 29. de ce mois , le Sire de Riviers , Amballadeur du Roy
(T Angleterre y (4) arriva vers ce Duc, & en fut régalé.
Les I. 2. &3. May , jours deRevoifonou des Rogations, ce Duc fit
régaler le Légat du Sainft Siège , les Ambaflàdeurs tt Angleterre y de i'i-
cille , Àrragon , Naples , Milan , t^enife , Palatin Se autres , & y eut
chacun de c^s jours huit plats de crue pour ces Ambaflàdeurs , qui furent
encore recalés plufieurs jours fuivans.
Le Jeudy premier Juin , le Légat vint revers Mgr. le Duc , avec aucuns
Princes & Barons d^ Allemagne , qui furent tous régalés , ainfi que les
jours fuivans , avec les Ambaffadeurs de Sicille , Arragon y Naples y Mit
lan y Venife y Juilliers , Palatin y Cologne , & autres.
Les 4. & j. Juin & autres Jours fliivans , quelques Princes tTAlle^
magne & gens de TEmpereur , vinrent vers le Duc , & en furent régalés
avec lefdits Ambaffadeurs.
Le Mardy 13. Juin , ce Duc après avoir difné au fiege devant Nuys ^
où il étoit depuis le 30. Juillet de Tannée précédente , leva , & partit
à tout fpn ofl , approcha de lofl de l'Empereur , & alla foupper &^ cpu-
cher au camp de l'Abbaye du Val Noftre-Damc qui pleure , près Nuys »
ayant auprès dp luy les Ambaflàdeurs de Sicille y Arragon , Naples , -Wi-
lan & Venife y lelquels il fit regder, & les jours fuivans, pourqupy y
eut trois plats de crue chaque jour. Le Dimanfhe |8. & jours fuivans »
' étant
(4) Ilicoit aafit foA bcaa-fi^e,
l>UROYLOUYSXL 117
icantan mefmecamp y il fie régaler le Légat, ces Ambafladeurs , les Ducs
de Saxe , Marquis de Brandebourg , &^ autres grands Princes de Toit de ï 47 S
l'Empereur, qui vinrent prendre congé de iuy le x6 -, le 27. il partit de
ce camp après difner , & alla coucher avec fon oft au camp près le Châ-
teau de Huiktnrojdc y il y refta avec les Ambafladeurs de SicilU , Arra-
go/iy NapUs ^ Milan p Fcnife , & autres jufques au jo. qu'il en partit
après difner , & alla camper près JLinnicL
Le Samedy premier Juillet , il difna au camp près Linnick , & alla
camper à Rodc^U-Duc , ayant ces Ambafladeurs avec Iuy , lefquels il fit
régaler de trois plats 9 le 4. il partit de ce camp après djfner , & alla
camper près le mont de Galox ,- le 5.. il difna en ce camp & coucha à
Tricht fur Mtufc > il y déjeuna le Icndjemain , difna à Hajjclt, Se coucha
iDU/i.
Le 6. la Ducheflè de Bourgogne , qui avoit été prefque toujours i
Gond, arriva à CVz/tfii vers le Roy d} Angleterre fon frère , qui la dcffraya.
Le 7. ce Duc vint de Diejl à Matines , où il refta jufques au 10. qu'il
alla difner à Tenremonde , oc coucher à G and ; il en partit le 1 1« après
difner , & alla coucher a Bruges y il y difna le 1 1 & coucha à Nieuport ^
le 1 3. il difna à Dunkerke , coucha a Gravelines ; le 14. il arriva à Ca--
lais vers le Roy d^ Angleterre , qui le defiraya , la Ducheflè étant pour
lors àfainS Orner y avec les Ducs de Clarence 6c de Glocefire fes frères;
le 1 8. il alla au Chafteau de Guines , avec ce Roy , qui le fit dcffraiyer ;
il en partit le 1 5)u & ^la ifainS Orner , où il trouva la Ducheflè y ntn
partit le Z2. & alla à Fauquemberghe ^ près Toft du Roy d^A^gleurre ,• il
y fejourna le 13 * & en partit le 24. après déjeuner , & alla dimer, foup-
Îjer & coucher en la cite d'Arras ; .& ce jour il mangea du poiflbn , à cau-
e de la veille àtfaincl Jactjius ; le 27. il partit d^Arras après difner &
alla coucher à Dourlens y il ^en partit le 29. après difner , & alla voir
loft du Roy d'Angleterre , iSc coucher en la cenfe de Ham^icoun ; la
Ducheflè partit ce jour àclainS Orner , pour retourner i G and , où Ma-
demoi&lle de Bourgogne etpit reftée.
Le Mardy priemier Août , -ce Duc difna en la cenfe de Hamencourt »
coucha au village (tAicheu , près Toft du Roy] d^ Angleterre j il en par-
tit le 2, après difner, & coucha à Ancre ; il en partit le j. après dif-
ner & coucha à Curleu fur Somme , près ledit oft s le f • il paflà la
Somme 'i & coucha i FeuilliereSj près ledit oft; il y difna le 6. pafla
par Toft du Roy d'Angleterre , & coucha à Peronne ; i\ y refta ju^ues
au I u ((u'il en Danit après difner , pa^ljà par loft du Roy d'Angle^
Urre , .& alla coudiçr à Çambray ; il y difna le 1 3 . ,& coucha à FaLen^
tiennes , d'où il partit le 1 8. après difner , fouppa à Cambray , & alla
coucher à Peronru , il y déjeuna ; le 19. il alla vers le Roy d Angle--
urre en fon camp > près fainH Cry fut Somme , & revint difner &
ODUcher a Peronne ; il y difna le 20. alla encore voir le Roy d'AngU-
terre au mefmc camp , & alla coucher à Cambray ^ le 2^. il difna à
VaUncienneSy coucha à Mons ; le jlz. il difna à Nivelle 9 & coucha à
Namur , où les Ambafladeurs de Naples , Arragon , Fenife , & autres 9
ije rendirent.
le 29. Août , eotrevcuc du Roy avec b Roy d Angleterre , au lieu de
T^mc II. Ec Pcquigny
îiS LES CHRONIQUES
Pcquîgny : ces Princes convinrent d'une trêve ((} entre eux» & que le
* 47 J» Dauphin éppuferoit la fille de ce Roy d* Angleterre^
Le Vendredy premier Sepcc;nibre, les Ambaflàdeurs de /Vu «c^ , JMï.
Ion , & du Comte Palatin > arrivèrent vers ce Duc qui éxoit k Namur ,
Se en partit avec ces Amba(Iàdeurs > difnaà Chimayy & coucha kMar*
che en Fameru y il y refta jufques au 4. qu'il en partit après difner , âc
alla coucher au Château de la Rocht en Ardenne ; il y difna le 5. 6c
coucha au Château de Rolers y le 6. il difna i Martelante y coucha à
Arlon ; le 7. il déjeuna à ^/jc & coucha au Château de Tnieuredainges ;
le 8. il arriva au Château de Soleurre^ {fi\ toufours accompagné de ces.
Ambaflàdeurs , & où le Légat du Pape arriva le 1 1 > le k 5 • il y donna
fes lettres (7) pour une trêve de neuf ans avec le Roy j il en partit le
23. & alla difner & coucher au Château de Bajfompierrey accompagne
du Leeat & des mefmes Ambaââdeurs , il y difna \ le 24 coucha à Goife^
où il difna le 25. & coucha à^ Pont-k-Mouffon ; le i6. il alla en grand
triomphe audevant du Prince de Tarente ; le 29. il panit du Pont-z-Moup
fon après difner , &c alla avec fon armée coucher au Château de Conde ^
étant accompagné de ce Prince , du Légat & de ces Ambaflàdeurs \ le
30. il déjeuna â. Condi , & coucha au village de NettvilU y à une lieue
de fain3 Nicolas y la Ducheflè 6c Mademoifeile de Bourgogne étant tou-^
jours à Gand.
Le 3 • Octobre , les Ambaflàdeurs de France arrivèrent vers le Duc de
Bourgogne , quLétoit au village de Neuville avec le Prince de Tarente Se
& les ^nbaiudeurs de Naples , d^Arragpn , Venife 1 Milan Se autres >
& qui en partit pour aller coucher! j^onville ; il eu partit le ^. après
difner Se alla camper près Bayon , où ce Prince Se ces Ambadàdeurs fe
rendirent ^ le 7. il campa près Charmes ; il partit le lo». & campa i
Dommarcaj il marcha le 1 3* & campa près r Abrègement fur Mofelle ;
k 14. il aflieg^ Efpinal » qui fe rendit le 19^ & où il difna avec le Prin*
ce de Tarente ; le 20» il difna au camp fous Efpinal , & alla camper
près Chauvigny ; il y difna le 2i. Se campar prèis le.Chateau de Vaude-^
mont y qui fe rendit ce jour \ 'A y refta le 22. en partit le 2:3. après dif-
ner y Se alla camper près le pont Jaincl foncent y il y difna lé 24. &:
vint camper au ficge devant Nancy , ayant avec kiy ledit Prince de Ttf-
rente ; le Légat du Pape & les Ambaflàdeurs de l'Emperur , France >
Naples , Arragon , Venife , MUan , Juilliers , Palatin Se autres fe ren-
dirent â ce (Tege.
Le 29* Oâx>bre, la Ducheflè dc-Bourgogne étant à. Gand avec Made^
moifelle , y ordonna neuf ^ats de crue pour le^ feftin de nopces de
Jean de Baeuft > & de Gertrude de- Berlettes.
Les 4. Se 6. Novembre, le Légat du Pape ,.& TAmbaffâdettr de TEm-^^
pereur vinrent defainS Nicolas au fiege de Nancy , où le Duc de Bour-
fygne les regala â difner , & les fit deffrayer 9 ainu que rAmbailadeur de^
'rance y pendant le temps qu'ils furent avec luy».
(5) EUêeft Imprimée dans lé grand'Re- | Montmidy.
CQcil des Traités , Tome I. pag. ^13. (7) Elles font imprimées dans lê grancF
^ (6) Petite tille entre Luxeshboorg & .RecueildesTraitésaepaix,T* L p. 61 e.
(8)
DUROYLOUYSXI. 119
Le Jcudy jo. Novembre , la ville de Nancy fe rendit à ce Duc , qui y
•alla difner éc coucher 5 il y refta tout le mois de Décembre , & le 25. de * 47 J
ce mois, il y tint Salle \ le Prélat officiant , & le Prince de TartnU man-
gèrent avec luy*
Le Jeudy i k Janvier, le Duc de Bour^opu partit de Nancy , & alla
coucher à Thou en Lorraine ; le 11» il difna & coucha à Ncufchafldtn
Lorraine , il y refta jurques au 1 7. après difner , qu'il alla coucher au
Chafteau de Dombrot ; il y difna le 1 8. & coucha à JonvtlU , où il difna
le 19. & coucha au Chiteau de Mans ; le zo. il coucha à Vefouly Ôc le
a 2. à Bcfançon » où il s'arrefta , & pendant tout ce temps , il fit toujours
defÏTayer rÀmbaflàdeur de France.
Le Mardy 6. Février , ce Duc partit de Befançon après difner , & alla
coucher à, Çhdteaumuf y près le village de Willonfans ; il y difna le 7.
& coucha à la Rivière , où il difna le 8. & coucha à Join^ne ; il en partit
le I z. après difner , & coucha i Orbe , pays de Savoye; il y refta jufques
au 1 9. qu'il en partit avec fon armée , & campa devant la ville de Gran*
fon en Savoy e.
Le Vcndredy premier Mars , ce Duc étant en fon camp , fur le Lac
Srès la ville àe Granfon , ordonna cinq plats de crue , pour TAmbaflà-
eur de Milan ; le z. il fut tout le jour fur les champs ; (8) le j. il fut
tout le jour à NouretJ[ ou No^eroy ,) au Comté de Bourgogne^ le 4. il ordon-
naque le Prince de Tarente y qui étoit toujours avec luy , auroit un plat de
viande de crue , pour luy & fa fuittc -, le 9. il partit de Noterez aprè*
difner , $c coucha à Joigne ; il en partit le 11 . & alla coucher à Orbe ; il
y refta jufques au 14. qu'il alla avec fon armée coucher fur les champs 9
allez près de Loianne ; le 1 5. il campa près Lo^anne y 8c y refta
Le 6. Avril , TAmbaflàdcur de l'Empereur arriva près Loianne , aa
camp du Duc de Bourgogne , qui le fit régaler & les jours fuivans , d'un
plat de crue; leii • jour de Jeudyiabfolu, ce Duc fit le mandé à treize pauvres*
Le 14. Avril , jour de Pafques , ce Duc étant campé près Lozannc ,
ayant l' Àmbadàdeur de l'Empereur avec luy , ordonna quatre plats de «mhm
crue , pour le Prélat officiant , le Légat du Sainéfc Père , le Prince de Ta^ 1 47^»
rente , Se autres grands Seigneurs , qui difnerent avec le grand Cham-
bellan 5 le 13, il célébra la fcfte de/ainS George y Se y eut deux plats de
crue ; le ic^. il alla en petite compagnie coucher à Loianne , où il refta
jufques au 27. May , qu'il en partit après difner avec fon armée , Se alla
camper à Morrain y pays de Savoye , près le lac de Loianne , & où le
Le^at du Pape , les Ambaflàdeurs de Milan Se du Comte Palatin le
fmvirent.
Le Mardy 4. Juin , ce Duc partit de Morrain après difner, & cam-
fja avec fon armée près le Château de Beatday en Savoye ; il en par-
tit le 6. Se campa près Stravoyer en Savoye , ayant avec luy Monueur
de Scalts , rAmbaflàdeur de Milan Se autres y le 7. il campa d Mon^
ia y près de Stavoyer; il en partit avec fon armée le 9. après difner , Se
alla camper devant la ville de Morat , au pays de Savoye ; le lo. il cam-
pa ï Foc près Morat ^* le 1 1. il campa devant Morat^y où l'Ambailàdeur
de
(f ) Soa armée y fut mi£c en déromc
£e X
îto LES CHRONIQtyÊS
de Milan fe rendit \ il y refta juiques au Samedy ii» auquel jour y Tes
^ 47^* AlUmans y Suijlts , Bernois , & autres fes ennemis , vinrent devant tla
ville de Morat , pour en faire lever le fiege •,' il fit avancer (es gens con-
tre eux s mais par fprtune dé guerre , il fut mis en déroute, tellement
qu'il convint à ks gens de guerre de {e tetiret » & abandonner k camp >
& luy de les fuivre , ce qu*>l fit en petite compagnie , & vint au gifte à
Moreges , pays de Savoy c , & toutes les provifions de tous les Officiers
furent perdues.
Le Dimanche 25. Juin , ce Duc difna à Moreges Se fouppa à Jay en
Savoy e y il y refta aux dépens de la Duchcfle de Savove julques au 17.
qu'il en partit après difner , &c alla fouppcr & coucher a Mijou , le fouj>-
per ayant été apprefté i.fainci Claude , où il n'alla pas ; le 28. il alla ouïr
Meflc & difner iJainS Claude & coucher à Morran , Comté de Bourgo^
gogne ; il y déjeuna le lendemain , difna à Chajiillon , coucha à Poligny^
Le Lundy premier Juillet , ce Duc partit de Poligny après difner j de
coucha à Arbois ; le 2» il coucha i Salins y où il refta jufques au 14.^
qu'il enpartiÉ après difner , & alla au Château de Rochejfort , devers U
Duchelle dtSavoye y il en partit le 15, après difner , & revint â Salins^
où on luy cnvova de la nouvelle batterie aecnifine, qu'il avoit faitachep-
rer à Dijon ; le 22. il partit de Salins après difner , Se alla coucher i.
la Rivière y il dla le 27. difner au Château àtJoux^ £c revint à ht Rivière.
Le 6. Août, ce Duc difn^ la Rivière y coucha à Arley ^ il en par-
tit le 7. après difner , & , coucha à Domblan , oà Jean de Vautravers
le feftoya , & def&aya panie des Officiers j il retourna le lendemain
couchera la Rivière , où il railèmfaia fon armée &c campa le 19. & où
il receut le 28. les Ambaflàdeurs de Cajlille , de Pologne , & autres»
qui refterent avec luy jufques au 9. Septembre.
Le 1 o; Septembre , la Ducheflè de Bourgogne étant à Gand avec M»-
moifelle , y donna un feftin , pour les nopces d'Eftiermete à^Crevecaur^
Funede fes Demoifelles.
Le 2 5 . Septembre , le Duc partit de la Rivière après difner avec fon
armée , & campa à Liniers ; il en partit le 27; & campa à Omem y le 28.-
il campa à Sonne4enGrand ; le 29. il alla difner à Montfaucon , & revint
coucher en fon camp , ptès^Sonne^e-^rand ^ le }0« il diCnTiiBefançon,
coucha en fon camp, près Chajiillon^
► Le Mardy premier Oftobre , ce Duc refta en fon camp de ChafiU--
Ion ; les r. & 5. il campa près Fe^oul , le 4. à Buffegnencourt , le 5.. à
Jonvelle , le 6 A Bellemeville en Lorraine , les 7. 8. & 9. à Neufchaftel ;
k 10. il campa aux champs , les 11. 8r 12. il campa près Toul en Lor-
raine : le 1 3. il canrpa près le village de Nouveau > te 14^ près du Châ-
teau de Dieulewart lur la Mofelle , au-de-là de laquelle rivière étoit fe
Duc René de Lorraine f avec fon armée , qui gardoit le paflàgc de cette
rivière -, le 1 5. il paflà la rivière de Mofelle , & campa près. Condet , 6c
ce jour furent deffaits quatre à cmQCQns^ A HeTiftans , mcnans vivres au Duc
René ; le r6. il déjeuna au Pont de Condet , alla vcrslc Pom-à^MouJ/on
pour rencontrer le Duc René, qu'il trouva en bataille, gardant un paflk-
fie & un Fort près dudit pont , & fut tout ce jour en bataille au-devant
du Duc JUné > & fouppa & coucha prè$:4e ce Fort s le 17. il. déjeuna eiv
Coxt
T>V R OY L O U y S X I. itt
fon camp à une lieue du Pont-i-Mouffon , vint jufques au paflàge & Fort
que le Duc René tenoit , pour tacher de le paflèr , & y trouva ce Duc * 47<î«
René en bataille , qui gardoit ce paflage j &c le Duc de Bourgogne fut tout
le jour en bataille , &: y refta avec fon armée ) le 1 8. le Duc René abaï*-
donna le Château & le Font^irMouffon , où le Dud dp Bourgogne .entr^,
& coucha en TEglife faindk Antoine ^ le 19. il déjeûna iTonti-Mouffon^
& campa près Condet y le 10. il campa près le village d'Ejfey'ltz-Nan-',
^j^ y le II. il campa à Neuville entre Nancy ScfainS Nicolas y le iir it
campa devant Nancy , qu'il aflîegea.
Chevaliers
difncrcnt avec Mr. le Baftard.
Le premier Décembre, la Ducheflè étant à G and avec Mademoifelle
de Bourgogne y ordonna, quatre plats décrue pour les fiançailles de la fille
du Seigneur delà Gruthufe; 8c le 29.de ce mois le Roy aç Portugal y qui
itoit venu au Château diAmanSiy vint voSr le Diiç de BiQucgogne en îoa .
camp au fiege devant Nancy , & y fut régalé de vin & épices.
'Le Dimanche 5. Janvier , te DaC dé Bourgogne étaht àU fiége dé Nan*
cyy averty de la venuif du Duc René de Lorraine fon ennemy , avec une
grande puiflance de cens^de guerre, Lorrains y AUemans , Fran'çoiSy 8c
autres , pour venir faire lever ceiîege & le combattre , fit en grande dili-
gence mettre fes gens d'armes aux champs, kiifl&nt ledit fiege gatny , Sc
aflèmbla fon armée entre la Maladeri€^ïcz.'Nancy & la Neuville
ayant peu de gens dé fonrofté, àttaqlïârvaîttaiTimçnirfe ennëmîSJ
mais leur grand nombre rompit fon aqxiée-» qui fat n^ ife eo déroute ,
& y furent pris 8c tuez plufieurs nobles vaïïàux & fn jets de ce Duc >
le fiege fut abandonné avec toutes les provifions de vin , épices ,
cii«es , & autres pour tous les Offices ; (9) &- le Duc y perdit malhcureu-'
ftmtnt la vie , ne laijjant qu" uru feule filk fon héritière , laquelle étoit pour
lors à Cand avec la l)uc)ujje de BQurgogne^,yâ: belle-mer e.
EPÎTAPHEDECEDUC,
Rapportée par Pontus Heuterus> Historien des PAYs-BASr
Te pacis piguit , te tœduit atque quietis ,
Carole-fJicquejaces^Jamquequitfcetiii.
A u T R E E F I T A P H» E,
Rapportée par TEScHBNXiACHER , dans son Histoire dé Cieves*.
Te piguit patis , tœduitque quietis , in umtt
mortuejam Carofe , Litis amiujace»
JEthera nnm pateant Tibi , vel defccnfus averni ,
Sollicitus nec eras y me neque curapremin
< \
(9) Ce qui fuît ncft pas dans fe Journat, mais on a cru le devoir ajouter ponr
I^IaiiciiTcmem derhiftoira . .
Ec 5 LE
1X1
CABINET
L E
C A B I NE T
DU ROY
LOUIS XL
CONTENANT PLUSIEURS FRAGMENS;
Lettres mijjîves , &ficrettes intrigues du Règne de ce Monar-
que , & autres Pièces très-curieufes , recueillies de diverjès
Archives & Trejbrs par Mr* T.l'HerMITE de Souers.
CHAPITRE PREMIER.
La dif^act du Cornu dt Dammartin y & VtnUvtnunt d^ Monficur^
Fnrt du Roy.
LA grandeur de courage » qui fie dire à Louis > Père du Peuple « que
S^Maicfténe fcfouvenoitpointde TofFenfc rcceuc en la personne
du Duc d'Orlcans , ne toucha point rcfpric de fon Predccefleur , Louis XL
qui ne pût oublier le déplaidr rendu à Monfieur le Dauphin , par Taveu-
gle obeiflance que Jacques ( i ) de Chabanes enft pour le Roy Charles VIL
Louis fon fils, venant à la Couronne 9 lança tous les traits de fa colère
contre ce fidèle Miniftre : Il partagea Ces biens & fes terres à fes Favoris*
Le Seigneur du Lau euft pour ùl part la Terre de Blanquefort en Guyen-
ne*, & la Baronnie de Rochefort , avec la Terre d'Auriere , furent don-
nées à Uvaft de Monterpedon : Charles de Melun s'efforça d avancer la
condamnation de ce diigracié , Se de tous ceux qui eftoient le plus en
crédit 5 comme TAdmiral de Montauban , Boniface de Valpergue >
Hoiiaux, Rellac , ^ autres; le fetil Joachim Rouhanlt^ Mareichal de
France >
( I ) ?i^ Il ne s'appclloît point Jacques ,
mais Antoine de Chabanes , Co^ntc de
Dammartia , qui eut rioduftric 4ç fç fau-
ver de la Baftille. Voyiz ce qui en eft dit
dms la Préfiice , & dans les Pièces qui font
aux Preuves ci-apris , tmmirp IV. (^ V.
il)
D E L O U Y S X L 113
France, confcrva de ramitic pour ce malhcurpux 5. & lors qu'il fut prendre
voflèflion du Gouvernement de Laon , ce généreux Seigneur recevant
les lettres du Comte de Dammartin > les accompagna de les larmes , Se
par ks rcponfes l'avertit de mettre fa perfonne en feuretc , tandis qu'il
envoyeroit quelqu'un des fîens en Cour. A ces nouvelles Dammartin fc
retira à S» Foreeau, & envoya vers le Roy Robert de Balzac fon nepveuy
qui fut introduit près le Duc Philippe de Bourgogne , par le Seigneur de
Charlns , auquel ce Prince dit tout haut , parlant au Duc Jean oe Bour-
bon , que Cnabanes eftoit l'un des honneftes Gentilsrhommes du Royau^
me , & qu'il auroit bien voulu qu'il fe fuft retiré à fon fer vice jl'aflèuranr
qu'il luy auroit fait plus de bien , que ne luy en fit jamais Charles VII,
Le Duc de Bourbon dit aufli au mefme Balzac d*ailèurer fon oncle , que
devant qu'il fut peu , il auroit de Ces nouvelles; Cependant les cérémo-
aies du Sacre eftant achevées, le Comte de Dammartin , impatient de Ce
juftifier , fuivit la Cour à Bordeaux , & à la faveur du Seigneur de Co^
minges entra dans la Chambre du Rov , & parlant à genoux à Sa Majefté,
luy demanda plnftoft juftice que mi(ericorde r mais Te Roy^ tousjours in-
flexible > luy fit commandement de fortir du Royaume ^ ce qu'il fit , Se
paflà en Allemagne , où il demeura quelque temps » tandis que Jeanne
de Charlus (1) la femme , fe trouvant cha^e de toutes fcs maifons ,. &C
fans aucuns amis y fut contrainte demandier l'afCftance d'un Laboureur
de Dammartin y nommé Anthoine le Fort , leauel la retira chez luy y où
il la nourrit fort long-temps avec fon fik , filleul du Duc de Bourbon »
kquel n'avoir alors que dix-huit mois. Cependant Jean Vigie , qur de-
puis fut Evefque de Lavaur y ne pouvatu foulFrir que le Comte de Dam-
manin , fon oncle , fut plus long-temps exilé , le preflà par {es lettres
& par {qs confeils de fe rapprocher de la Cour , où il revint , 8c fe confti-
tua luy-mefme à la Baftille , pour fe purger des crimes que fes ennemi»
luy impofoient : Mais comme Charles de Melun fe déclara ouvertement
contre luy , & pourfuivit fa condamnation , il prit réfolution de fe re-
mettre en liberté ; ert ce temps , Monfieur , Frère du Roy , fe retira en^
Bretagne , feignant d'aller à la chaûè avec Odet Daydie , Seigneur de
lefcun y vaillant & hardy Chevalier , qui fit cette entreprife s après la^
quelle Ait compofée cette balade^
MctU[ fus chUns & oyjiaux^
jitiffi toute gaudijfcric y
Jufqu'à ce qut Odei Daydie
Aura remis fus jeux nouveaux r
Le/quels ne feront trouve^ beaux^
Mais ils pourroient bien eher coufier ^
Un grand mal efi bonàojltr.
Alors PErtat eftant en trouble , & tous les Princes liguez contre* Tâu"-
thoritédela Couronne, le Duc de Nemours dépefcha le Seigneur de
Lanflàc pour advertir le Roy , que pour certaines caufes il s'eftoit accom^
mode avec les autres Princes ; & chargea ledit Lanllàc d'en parler à
Monfieur du Maine » & aux autres Princes qui eftoient à la Cour.. Le Duc
de
U) SsihémiUJrmU di S^Uaht de iaCu êltefe nommm Msrzuwtê de Na^ueiiH.
1X4 CABINET
de Bourbon , d'autre part , prit routes les finances du Languedoc , Sè
arrefta le fieur de Cruflbl fort familier du Rov , & les fleurs & Trcignel»
cy-devant Chancellier de France , & d'OriolIe, Cette occafion fi favora-
ble pour les affaires du Comte de Dammartin , lijy firent fonger aux
moyens de recouvrer fa liberté à la faveur du frère, battardde fon nepvcu
Viger,quiluyaida& luy fournit une corde pour defcendre du ne des tours
de la Bal^Ue. Il pafla de-là à S. Forgeau , dont il chafla Geoffroy Cœur ,
qui en avoir eu la confifcation , & de*U retourna à Moulins, fc joindro
au Duc de Bourbon , qui luy donna le Gouvernement de Moulins , &
__ Montlhery , & l'approche des Princes devant Paris , auquel tcmpi _^
Roy trouva peu de fidèles ferviteurs , puifquc ks plus familiers prirent
le party ennemy : Le Patriarche de Bourges , fils de Jacques Cœur , qui
avoir inutilement demandé la caffation de la Sentence donnée contre (on
père (5) , divertit le Duc de Nemours d'aller trouver le Roy , qui luy
avoir envoyé Yvon du Fou : Le mefmc confeilla ledit Duc de Nemours
d'enlever le Roy , lors que Sa Majefté eftoic à Monluçon -, & pour cet
abouchement , il fallut que les Seigneurs du Lau & de Comingcs fuflène
donnez à oflage : En ce temps le Bourguignon venant hoftiîement en
France , prit la Ville de Beaulieu , où le Marefchal Rouhault avoir
mis garnilon , tandis qu'il commandoit dans Peronne \ mais il eut auffi*
toft ordre du Roy de fe rendre à Paris , avec Jean Balue , Evefque d'E-
vreux , qui eut charge d'y mener le Guet avec Charles de Harlay , qui
en eftoit Chevalier : Le Bourguignon fit grande violence du cofté de
S. Denys , & poufft fon avantgarde jufqdô$ à S. Lazare ; mais le Maref-
chal Roiiault luy réfifta courageufement* Entre les traiftres , dans la Mai-
fon du Roy , l'on découvrit le Seigneur du Lau , auquel le Duc de Ne-
mours envoya ks inftru6kions par efcrit , pour prefenter à Sa Majefté , Se
luy fit demander fecrettement par le Seigneur de Lanflac 9 fi Tentreprifc
qu'ils avoient faite enfcmble , d'enlever le Roy , fe pourroit exécuter ,
auquel il manda dire 9 que non ; mais il ne laiflk de s'aboucher avec
le Comte Charplois, comme fit auifî Charles de Melun, Grand Maiftre
de France , & Lieutenant General de l'Armée du Roy , leauel commen-
çant â les foubifonner d'infidélité , ordonna pour la garde ae Paris Gilles
de Saind Simon y Bailly de Senlis , avec le Comte de Cominges , Balîard
d'Armagnac , fous l'authorité du Marefchal Rouhault s auquel temps les
Bretons paflèrent les rivières de Seine & d'Ionne fur des bafteaux , & fu-
rent répondez par le Marefchal Rouhault,. un Page duquel, nommé Pa-
mabel , euft un bras em))orté en cette occafion , & forent auffi-roft dé-
pefchez les fieurs de Precîgny , Prefident en la Chambre des Comptes ,
& Chriftophe Paillard , Confeiller en la mefme Chambre , pour aller
trouver le Duc de Calabre c Jean Beraud, Confeiller au mefme Parlcmcnr
fie Paris , fe retira en Bretagne , ic le Comte d*Eu fut receu Grand Maiftre
de
(i^)lltaâhtemimAûufi i46j.aHPefttU feruMUnsfurlisEfîtres de'RAhelais ^ iditton
Vêh dMs tbiftoire dm Roy Charles Vlh im- di 170^. SCT Cette Edition fut donnée pai^
freJjHondHlâtivrefpag.Ztî^&fntrelesOb' l U.Ciodé^oj 0vecd0nottviUisRimMr^f.
r"
DE LOUY5 XT. iij
éc France » 8c Gouverneur de Paris, en la^kcedu Gouverneur de Melun»
difgracié > & appelle le Sardanapale de (on temps > engorgeur de vins &
de broiiets (4}.
CHAPITRE IL
Mariage dùBaJlard de Bourbon : dijgrace du grand Chambellan y &Jk
prijon: jirreji prononcé en faveur du Comte de Dammartin : fon r«-
tour pris du Roy > & autres incidens arrivés dans les années 66*
CEtte première année en Odobre , le Roy fut foupper en THoftel de
Ville à Paris > où il y euft , félon le manufcrit , moult beau fervice ^ 4 <^ 5
de chair & poi£bn ; & illec la fille naturelle du Roy , nommée Jeanne ,
^u'il avoir eue d'^ne Dame en Dauphiné, nommée Madame de Beau-
mont , fut fiancée à Monfieur Louis , Baftard de Bourbon , bon , gentil
& loyal Chevalier y lequel fit de bons» grands^ agréables fervices au
Roy , & à la Couronne , &c ne donna jamais à avarice une feule demie^
heure de repos pour dormir en fon coeur. '
L'année fuivante, mcffire Anthoine de Chafteau-neuf , (5) Seigneur ^^^T^
4luLau, Senefchal de Guyenne, grand Chambellan du Roy, & plus *4^^"
aimé de luy , que oncques n'avoir été aucun , & à qui le Roy fit de
moult gratKls biens , tant qu'il fut autour de luy , & de fon iervice \
car en moins de cinq ans , il amanda des biens du Roy , de trois à qua-
tre cens mille efcus d'or \ ayant été fait prifonnier du Roy , & mis au
ChaAeau de Sully fur Loire ^ par faditte ordonnance , fut envové audit
iieu au mois d'Oûobre , Mcffire Triftan l'Hermitte , Prevoft des Ma-
xefchaux de THoftel du Roy , & maiftre Guill(aume Cerifai , nouvelle-
jnent Greffier Civil de Parlement , pour illec tirer hors ledit Sieur du
Lau , & le mener prifonnier au Chafteau de Huilbn en Auvergne.
' En ce mefme temps ^ le Roy fit publier à Paris , que toutes perfon^
nés 9 de quelle cçndition & eftat qu'ils fuflent , depuis lage cfe feize
4u£quesâ (oixante ans , qu'ils iffi/Iènt hors de la ville , en armes & habille-
mens de guerre ; & s'il y en avoit aucuns qui n'euflenthamois, que néan-
moins ils eudent en leur main un bafton denenfable, & furpeinedelahart,
j& lors iffit horsde la ville de Paris , la plufpart du populaire, chacunfous
(on eftendard ou bannière, & eftoient bien quatre -vingt mille teftes
;innées ; 8c ce fut alors que Monfieur de Cruflbl dit au Roy , Sire ,
fsntendez-vous pas bien qu'en cette montre, il y a plus de dix mille qui
tie fçauroient faire dix lieues à cheval , fans repaiftre. Et le Roy luy
répondit , par la foy de £on cprps , Monfieur de Cruflbl , je croy bien
que leurs femmes chevauchent mieux qu'ils np font.
Le Mardy ii. Septembre de la mefme année , le Roy partit de Paris ,
pour aller à faind Denis en France , & eftoient avec luy , auffi à pied ,
monfieur
<4) lia iU depfiis décapité i Andely le | dsUmfê ,fag, 75. édition de iio6.
$fi, Âûk 1458. Voyez U Chronique S^ên- I (5) Yoy. laChroniqHe Seandaleufe^v. 6Z*
Tome II. je f {6)
%i6 CABINET
Monfieur d'Evretnc > Monileur de Craâbl , Philippes rHoillIer &
très -, Se au retour de Ton pellerinage , s'en retcvrna en Ton Hoftel des
Tournelles , & d'illec fut loupper en Ltloftel du Sire Denis Heflèlin(t>)
fon Pannetier , & efleu de Paris » qui noi;fveilement étok devenu com^
père du Roy » à caufe d'une iienne fille > donc fa femme eftoit accou-
chée , que le Roy fit tenir pour luy , par niaiftre Jean Ballue , Evef-»
que d'Evreux \ & pour commère eftoient Madame de Revel , (7) Se
Madame de Monglac» (8) & audit Hoftel le Roy fit grande chère, 6c y
trouva crois beaux bains , & richement accouftrez , cuidant que le Ro):
d'euft illec prendre fon plaifir & fe baigner > ce qu'il ne fit » 'pour aucu*
nés chofes qui en raifon l'emeurent i c'eft à fçavoir , tant pour ce qu'il
eftoit enrhumé , qu'aufll le temps eftoit dangereux..
Le Jeudy i. du mois fuivant , Silveftre le Moyne » natif de la villr
d'Auxerre » pour aucuns cas & délits par luy commis , & qui pour au-
cuns temps avoit efté conftitué prifonnier es prifons de Thkon , fui.
tire hors Se mené noyer en la rivière de Seine , près la grange aux Mec-
ciers , par la Sentence & Jugement de meflire Triftan F Hermite*
^^^^^ Sur la fin de Tannée , le fîeur de Balfac (5) fut voir le Roy de la part •
^g de fon oncle , le Comte Dammarttn j & après plufieurs audiences , le:
' ^ * Roy confcntit au retour de fon oncle , qui revint en grâce y Se au mois
d'Aouft de l'année 6t. après tontes les procédures faites par les Offi-*
ciers du Rov en fa Cour de Parlement , en matière d'erreur , contre An-
thoine de Cnabanes , Comte de Dammartin , Grand Maiftre d'Hoftel de^
France , fut prononcé un Arreft au profit dudk Grand Maiftre , en U
manière qui s'enfuit»
C'eft à fçavoir , qu'à l'occafion du recellement de ta depofition de
Renaut du Traynay , Chevalier , & autres caufes à ce mouvans > le^
fieurs de ladite Cour ont ordonné, que T Arreft donné l'an 146^^ contre
ledit deChabanes, Comte de Dammartin , feroit de npUe vigueur , &
cotallement annullé; & queia depofition dudit Renaut du Traynav ,
fisroit mife devant la Cour, & que pour ce faire feroient regardez tous les
moyens & diligences , c)ue faire fe pourroient , pour recouvrer ladite
depofition > & au'àcé faire feroient contraints tous ceux qui auroient efté
caufedekreceUationd'icelle depofition ; Se qu'au cas, qu'eMene pour-
roit eftre recouvrée » feroient députez , par laditte Cour > certains Corn-
miflaires , pour aller pardevers ledit meflire Renaut de Traynay , pour ?
refaire ladite depofition , afinque ledit fieur de Chabanes s'en puft ayder
à fa juftification.
. Le Samedy lo. Aooft de la mefme année , meflire Charles de Melun ,,
(leur de Normanville , qui avoit efté Grand Maiftre d'Hoftel de France»
Se nouvellement fait prifonnier au Château Gaillard4e2 - Andeli fur
Seine > après fon procez fait par meffire Triftan l'Hermire > accompa-
gné
(6) Voyez Is 0^r$mfiii ScMmUlêufe ,
(f) LWftcirt ScémdâUmfê^ Page 6$. dit
^9iê ^hûit MAdsmi 4$ Bitril ^ filU naf/tnlU
Bureau y Sieur deManglst,
(9) C'éteit 'Robert de Balfac, fils de Je
Sieur dEntragues i é" ^ Itanm de Cbmr^
r
D E L O U Y S X L 117
fn£ cTattoins Sdgnears de la Cour de Parlement , ^2X ledit meflire Trif-
can fat condamne d*eftre décapité pour plttfieors crimes. Il déclara auÀ
avoir eu quatre mille efcus du fieur de Chalençon » à caufe que ledit de
Melun luy avoir fait avoir plufieurs faveurs , & lettres du Roy , pour
avoir la Vicomte de Polienac , qu'il plaidoit. Il fut exécuté au Marché
<l'Andeli 9 & fut le pourcnas de ion exécution ^it par le Cardinal , qui
lorsgouvernoit (i o)«
Le Comte de Chabanes retourné eh grâce , & fe trouvant près du Roy
à Montils-kz-Tours , Ùl Mafeftié le déclara fon Lieutenant générât en
Champagne , Se luy mit fous fa charge quatre cens hommes d'armes ,
conunandez par Salazar > (ieur de S. Jdi. , Eftienne de Vignoles, & Ro*-
ben de Conigan , & avoit en outre quatre mille francs Archers.
CHAPITRE II L
Li Roy allant à Peronne trouver 7c Bourguignon 9 À la ptrfuajion du
Cardinal. Ballue > tfcrit diverfcs lettres au Grand Maijlre de Chabanes T
les lettres dt Ballue au Bourguignon interceptées y fan emprifannenunt^
& confifcation defes biens , ^ les Vers <Qmpofe[fur fa, difgrace.
AU commencement de Tannée fuivante , le Roy délibéra d'aller
vers Monfieur de Bourgogne , efperant faire un bon appointement
enfemble , ic mena le Cardinal Bdlue , auquel le Roy avoit plus défiance,
qu'en aucun de fon fang , & eft à ficavoir que ce voyage fe fit contre le gré &
volonté de Meflteurs les Conneftable , Grand Maiftre & Marofchanx de
France , qui firent leur devoir de remonftrer au Roy les inconveniens , qui
en pourroient avenir, k luy & à fon Royaume, & nonobftant leditCardi*
nal fit leurs opinionseAre nulles ,& connoiflànt , le Grand Maiftre , la fauf-
hxh, Se mauvaifetié du Duc de Bourgogne , & les pratiques , qui pour
Iprs fe mouvoient en France contre le Roy , il ne voulut obtempérera,
«ne lettre que le Roy luy efcrivit, dont la teneur s*cnfuit.
Monfieur le Grand Maiftre , vous pouvez avoir fçeu , que depuis au* Lettre Je
cuns temps en cà , certaines parolks ont efté renues entre mes gens & Louis XL
ceux du Confèil de mon beau-frere de Bourgogne , pour affaires , qui
eftoient entre moy & luy , & tellement a efté procédé , que pour y pren-
dre aucune bonne conclufion , je fuis venu jafques en cette ville de Pe-
ronne , au quel lieu après plufieurs demandes , qui ont efté faites entre
moy & luy , avons tellement befogné , qu'aujourd'huy , craces à Koftre-
Seièneur , moy 8c mondit frère avons es mains du Qircunal d'Angers >
preiens tous les Seigneurs du fang , -Prélats Se autres grands Se notables
perfonnages , en srand nombre , tant de ma compagnie , comme de la
iienne , juré paix nnable folennellement fur la vraye Croix , & promis
ayder , deifendre Se fecourir l'un l'autre i jamais ; & avec ce , avons juré
^ mains , Se fur la Croix fufdite , le Traité d'Arras , fur les çeniures Se
contraintes
<io) Voyez tHiJlûire ScMndaUufi « si^m^Me ly de ee Velmne. \
Ffa (ix)
ii8 CABINET
contraintes en igeldy contenues , & autres > qui cordiallement ont efté
advifées , pour perduraUement demeurer cônrederez en paix & en ami*
tié : incontinent ce fait , mondît frère de Bourgogne a ordonné en
rendre grâces & louanges à Dieu , par les EgliTcs de fon pays , & desja
il fait faire en cette ville grande folemnité. Et pource que mondic
frère de Bourgongne a eu nouvelles , que les Liégeois ont pris mba
coufîn du Liège , lequel il eft délibéré de recouvrer par toutes ma*
nieres.à luy poflibles > il ma fupplié & requis, qu'en faveur de luy , 8c
aufli que ledit Evefque eft mon prochain parent , lequel je fuis en foa
bon droit tenu de fecourir > que mon ptaiur fuft aller jufques es marches
du Liège , qui (ont proches d!^ici > ce que je luy ay oâroyé , Se ay mené
en ma compagnie , partie des gens de mon Ordonnance , dont Mr. le Con-
neftable a la charge , en efperance de brief retourner , moyennant l'aide
de Dieu ; & pource que ces chofes font au bien de moy , & de tous mes
fujets , je vous efcris prefentement , pource que je fuis certain , que de
ce , ferez bien joyeux s & afin qu'en faffîez raire pareilles folemnitez»
D'autre part, Monfieur le GrandMaiftre , ainâ que dernièrement vout
ay efcrit , je vous prie , que plus diligemment que pourrez., vous faites
départir tout mon arriereban , enfemble tous les francs ^chers > & que
y mettiez tel ordre & pfovifion , qu'ils s^en puident aller au moins de
charge & foule du peuple , que faire fe pourra ; & leur baillez gens de
bien , pour la conduite d'eux , par chacun Bailliage 6c Senecluudee ,.
& fur-tout gardez bien, qu'ils nefaidènt nulles nouvcUetez. Et ce
fait , fî vous voulez venir à Rouen , je le voudrois bien , afin d'ordon^
ner & pourvoir au furplusde ce qui fera à faire , félon que les matières
feront difpofées. Donné à Peronne , le 9. Oûobre. Signé y Loys :. & au
deffous y Neurain, & en la fufcription. A noftre cher & amé coufin le
Comte de Dammartin > Grand Maiflre de France..
Il efl à remarquer , qu^après la leâure faite de laditte lettre , le Grand
Maifbe ne voulut confentir aux ordi^s y contenus » ne les jugeant pas
eftre pour le bien de l'Eftat.
Le Roy après le Traité de Peronne , allant contre les Liégeois , efcrit
cette fuivante au fufdk Comte de Dammartin , y eftant perfuadé par le
fufdit Duc de Bourgogne , afin qu'il licentiafl fon armée»
ttxtxtàt Monfieur le Grand Maiflre , j'ai receu les lettres , que par le Sire du
louis XI. Bouchage (11) m'avez efcrites, tenez vous feur , que je ne vay en ce voyage
du Liège , par contrainte nuUe , & que je n'allay oncques de fi bon cœur
en voyage , comme je fais en cettuycy : & puifque Dieu m'a fait grâce ,
& Noflre-Dame , que je me fuis armé avec Monfieur de Bourgogne >
tenez-vous feur , que jamais nosbroiiilleures de par de-U ne le ffauroiene
faire armer contre moy ; Monfieur le Grand Maiflre , mon ami , vous
m'avez bien monflré que m'aimez , & m'avez fait le plus grand fervice »
Iue pourriez faire i car les gens de Monfieur de Bourgogne eudènt cui-
é , que je les eufle voulu tromper., & ceux de par-delà eurent cuidé,
que
(i I) ImkertdeBMtsmMjt j S^tmi dn BoHckai$ > ftf» distrmc^MxfmmU du RcL
(ia>
ï
D EL O U.y S X L 119
que j*coâe dlé't>rî(bnnier) ainfi par défiaiice les uns des autres , j'eftois
~ permi. Moniteur le Grand Maiftre , couchant les logis de vos Genfdar-*
mes , vous fçavez que nous deviiimes vous & moy > touchant le fait
d'Armagnac , & me femble que vous deviez envoyer vost^ns tirer tout
dioit en ce pays-là, je vous bailleray trois, oo Quatre, on cinq-O^itaines
dès que je leray hors d'icy ; ôc pource choififfiez lefquetsque vous voudrez»
& je vous les envoyeray : Monfieur le Grand Maiftre, je vous prie, venez-
vous-en à Laon , & m'attendez-là , & m'envoyez un homme incontinent
que vous y ferez , & je ypus fçray fçavoir fouvent de nos nouvelles , 6c
tenez*vous feur que fi le Liège eftoit mis en £ub je6tion,que dès le lendemam
|e m'en irois ; car Monfieur de Bourgogne eft délibéré me preflèr de
m'en partir incontinent qu'il aura fait au Liège ,' 6c défire plus mon re:-
tour ae par de-li, que je ne fais : François du Mas Vous aira la bonne
chère ^ue nous faifons , & adieu , Monfieur le Grand Maiftre. Efcrit à
Namur le ii. d'Oâobre. Signé , Loys : & au dtûous y Jouftin. Et à la
fufcription. A noftre très-cher 6c amé Coufin le Comte de Dammattin »
Grand MaiAre de France*
Après la leâure de ces Lettres , le Grand Maiftre dit a Nicolas Boif-
feau , de la Maifon du Duc de Bourgogne , qui avoir accompagné ledit
du Mas , qu'il s'eftonnoit du mauvais procédé de fon Maiftre , qui trahif-
foit le Roy , à qui il avoit tant d'obligation , 6c luy dit que ledit Duc
fe tint aflèuré , que fi le Rov (osa Seigneur ne vcnoit bien-toft » que tous
ceux du Royaume avoient aéliberé de luy joiier en fes pays un tel & fem-
• blable jeu , qu'il vouloit joiier au pays de Liège , & que Monfieur de
Guyenne n'eftoit pas mort, nyle Royaume delpourveu de gens cheva^
leureux.
Toft après le Bourguignon envoya un Ambaflàdeur vers Monfieur de
Guyenne, pour entretenir les promefiès ^ui avoient efté faites entr'eux;
ce que fcacnanc , le Roy dépefcha à fondit Frère monfieur du Bueil {n}^
Imbert oe Baftarnay i 6c maiftt^e Pierre d'OrioUé , Içfquel^. eftans près de
Monfieur de Guyeime , efi:civirent la lettre fuivante a« Roy. ..
t • f - • ■
• ' . . .
Sire > nous recommandons à voftre grâce tant & fi très-humblethent> lodfs à
que plus pouvons , & vous plaife ;. fçavoir , Sire , que Samedy dernier les Louis XI»
Bourguignons arrivèrent vers Monfieur voftre Frcreic'cft à içavoir Jac-
ques Monfieur de S. Paul , 6c maiftt c Piep-e de Remiremotit , lefiiiueb
luy ont apporté deux paires de lettres , ç'eft à fçavoir une générale > 6£
l'autre petite & particulière , laquelle après' Monfi^j: voftrie Frère nous
a récitée , 6c contient en tStcCt fix points : Le premier , que Monfieur
de Bourgogne envoyé vifiter mondit Sieur voftre Frerç > en fon nouvel
mdvenement de Seigneurie j le fécond , fi luy avez fourny entièrement
tout ce qu'avez promis poiir fon appatiage, s'oftrant s'.employer de toute
ia puiflànce pour k . luy faire 4>ailier ] le tiers peânc , .qu'il a efté bruit i
que Monfieur de Bourgogne avoit voulu entrepr endte le Gouvemement
du
(il) Cétpit AnmûtMê de BMiil , Comii de Ssmctrê j h^ énmt éfmfi Jainm > jWr
mumriUf dm R^jr LmsXl. , .
Ff3 (13)
13P c A B IKE t; :
du Royaume > au préjudice de mondir Sei^ur roftre Frerc^ & qu'ils
le voudrotenc bien advertir que ledit bruit n'eftoit pas véritable: Le
quart point , s'y cftoit d'oifiErir à mondit Sieur voftre Frère la Toifon , la-»
Î[uelle Mr. Jacques de S. Paul avoir ^portée pour luy bailler , s'il luy plai<»
oit la prendre c Le quinr » pour oârir à mondit Sieur voftre Frère le ma-*
riagede Mademoifeile de Bourgogne, au cas quâ prefent il vondroic
prendre la Toifon » auquel cas il avoir puillance de conclure ledit maria*
ge > &c s'en aflèurer : Le nxiefme point » de faire nouvelles alliances avec
mondit Sieur voftre Frère , difaus qu'ils avoient apponé blanc figné &
fcellé de mondit Sieur de Bourgogne , pour faire ladites alliances fi fbr^
tes , (i exprès , & en quelque qualité que mondit Sieur votre Frère les
voudroit devifcr.
Sur ces points , Monfieur votre Frère a fait faire réponfe félon TefFeâ
& fubftance , que s'enfuit.
Au premier point , mondit Sieur voftre Frère remercie mondit Sieur
de Bourgogne : Au fécond , qu'après que Monfieur voftre Frère a veu ^
que par tous les traitez qu'on failoit de fon appan^e , on ne luy oftroir
pas rien, qu'i{ fuft propre ne convenable , ne choie dont il fe puft bon*
nement entretenir : Il n'a trouvé movcn fors d'avoir recours à vous , &
vous a fupplié qu'il vous pleuft luy oailler le pays de Guyenne, qu'il a
de prefent , où il avoit ion afte^ion plus qu'ailleurs \ Se qu'il vous a
trouvé fi franc & fi libéral envers luy , que vous luy avez donné ledit
appanage , & pays qu'il demandoit : Toutefois qu'il remercie ledit Sieur
de Bourgogne de fon bon vouloir : Au tiers point , que Monfieiu: s'eft
trouvé avec vous bien familièrement &c en privé , & par pluficurs purs ;
mais qu'à vous , en voftre Hoftel , ne ailleurs , il n'a point ouy parler de
laditte matière , & croit que ce font rapports controuvez , qui ont efté
faits à Monfieur de Bourgogne : Au quart point , touchant la Toifon ,
que de nouvel , vous qui eftes fon Roy , ôc fon Chef, avez £ût un Ordre
pour vous & vos fucccfleurs , bel & notable , fiondé en l'honneur de Mon*
fieur S. Michel, Prince de Chevalerie de Paradis *, la reprefentation du*
quel vous & tous vos Roys de France^ avez tousjours portée en voftre
eftendart s lequel Ordjre il vous a plu luy oftrir , & l'a pris , & bien defiré
à avoir \ Se par iccluy Ordre, Vous , comme Chef, & tous les autresChe*
valiers , qui en font efté liez & abftraints les uns avec les autres i plu«
fieurs chofes bien honneftes Se raifonnables à l'honneur de Dieu , & pour
le bien du Royaume, &dela CouronnedeFrance,&qu'àvoftreditOrdre9
Monfeigneur fe tient , & licitement n'en peut, & n'cft pas délibéré d'en
prendre ^ mais qu'il remercioit mondit Sieur de Bourgogne de fon bon
vouloir : Au quint , que Monfieur remercie Monfieur de Bourgogne , Se
ne leur a tenu nulle parole.
Et au fixiéme , touchant les alliances , que mondit Sieur voftre Frerp
CCMC que Monfieur de Bourgogne foit joint Se uny avec vous , en bonne
amôur 6c alliance , Se comme voftte bon parent Se fubjeâ , Se que ton^
ceux qui fotit vos bien-veillans^ amis & alliez , mondit Sieur les tient
pour les ficns ^ & par ce , croit que mondit Sieur de Bourgogne foit de
-ce nombre v car mondit Sieur eft délibéré d'avoir amour i tous vos amis
Se bicn-veillans > Se tenir pour fes ennemb ceux qui feront les voftres. •
Depuis
D E t O U Y s XI. ri3t
' Depuis ladite déUbetàcioii » mondic Sieur voftrè Frère nous i dit > qu'au-'
cuns l'avoienc adverty de donner de la vaideile d'argent aufdits Bourgui^
Ïpons , pource que c'eft chak accouftiuuée de faire aux Ambafiàdcurs ^
oit d'amis ou d'ennemis , & qu'on aurait ja. trouvé ladineYàiffèUe» mais
•ctt'il nele vouloitpoint fairefan» Ypftre copfdliSarîquoyiunis luy aroi^
dit 9 qu'il nous fembloit qu'il ne le dcvoit point faire » & à tant s'dk coik
dud qu'il n'en auroient points
Sire> c'eft l'cffeâ: à ce qui a efté befogné touchant la matière deflîifdi^
te ; de après que mondit Siéur voftre Frère a veu & leude mpt à mot les
prefentes lettres, qui font felonladitte délibération, il nous a dit qu'il afaic
aufdits Bourguignons telle réponfe que C)r-de0useft contenue , & tiou^
vous tousjours mondit Sieur voftre Frère en très-grand ddir & vouloir ^
de vous fervir & obeyr , & en cette matière £c toutes autres ,. foy con-^
duire 8c gouverner entièrement , félon voftre bon pl^ûiir , 8c tenir le
chemin qu*il vous plaira , & non autre.
- Sire , tantoft aprrès que lefdits Bourguignons feront partis y nous en te^
tournerons au plaifir de Dieu , que par la fainâe grâce il vous donne
très4>onnevie &: longue, èc aqcomiMiilèment de vos très-nobies defîrs ;
Efcrit à Saint Jean d'Angely le vingt-deuxième jour d'Oâobre j ainfi
Signé y vos trèS'obéyiïâns lubjeâs ôc ferviteurs, Jean de Bueil^Imberr
deBatarnay , & Pierre Doriolle f&â lafubfcripeion de la Lettre ; Au Rof
notre fouverain Seigneur*
Les lettres du Cardinal Battue , efcrites au Bourguignon y ayant efté
(urprifes , il hi arrefté prifonnier , & mené à Montbafon , Se lai/fô eu
la garde de Monfienr de Torcy (i jr) , & des Commifllaices eftablisià faire
inventaire de fes meubles , & pour l'interroger fur les charges à luy im-
poses ^ fçavoir , Taneguy du Chaftei, Gouverneur de RouâSlonymaiftre
Guillaume Coufînot (14), ledit £eur de Torcy , & maiftrePierreDoriot*
le > General des Finances r Les biens dudit Ballue avant eftié cofifquez ^
Monfieur de Cruflbl eut d'iceux une pièce de drap a or de vin^-<}uatràr
atdnes 6c quart', valeur de douze cens livres y quantité de fburures^ de
martre zebeline , fit une pièce d'efcarkte de Florence.
Lors de la deftruâion audit Ballue ^ furent ùiix% ces vers r
Maiftre Jean Ballue
ji perdu la reui
De fes Eyrfcht[ y
Monfieur de Verdun (if^
N^enaplusfosun 9
Tous font dejpefcher^
Le Roy eftant i AmboiCe , envoya a Paris Moniieur de Chaftitfon y
Grand Maiftre Enquefteur , 6c General Refidrmateur des Eaux &.F<Mrefts^
pour
' (ij) Citêit Jesn itEfioMevîlU\ Gr/mi
lÊMfift dês ArhâUflrhrs,
{14) UéiMMMitrêdèsBMfuhes^ éf Sei-
gftemr de hUmremi, V oy cl dtlm^fsg, 878.
d$ tmfime dm iJy Chsriês VIL & U
\ Chrùmque Se^dédêufi» Il ifU fort éUtachi
MH Râi Letâs XL
(i f) GmlUwnedeHétratÊeoitr , EvêfMêdé
Verdsm,fut suffi arrêté. Voyez Cêmines,
Tome h Ufure U. Chsp. 15. ttee. $" & ^
•
N
*î2 .: '/. CTA^BJIN^ Ha
pûur pcéiuire 8r recevoir les^ monftoés des fiaobietes ^s Officiers > ^lui
a'fftat , & populaire de la Ville de Paris. ■ >
, Au inefnte temps le Roy cbnfticua foû Liemenahc General es Pays de
;Giiyçnt]fô 9 . Bourdetois > Gafcpgne » iaoguedôç > Albigeois , * Hoiiergue »
:Ouercy , Agsnots^Pedgord^ Auvergne :$ Haut & fias Limoufin , la IMaiv
■cne , Xaimonge:^ 3^ aatiB5;PayB , oà fd faifoienc vols & yiolemens ^ ic
oppreflions fur les fubjeâs du Roy de la part des Anglois :^atotne dft^
Chabaiies , Comte de Daixunartin , auquel fut domié plein pouvoir &
authorité , pour en faire telle niftice qu'il trouyeroit bon eftre > & mandt
le Roy j aux Senefchaux , Baillifs , Chefs , Capitaines à^^ vivres , No««
j^ler , valTaux » bouc^Qis.& habiraos xles Villes defdits. Pays > d obéyr ,
dootierayde & faveur à ion Lieuten!ant General , tout ainu qu'il paroift
parles paroles ) fçavoir faifons » que. nous confiant â plain des^ grands
iens 9 vaillance 9. qcperience , loyauté ^ prud'hotmme > & bonne liiligen^
ce de noflxe cher & féal Couiin > .&c. Cet aâe fiit pafTé au Montil54ez-
Tours, Tan 1468, Si^ne, Louis : Et plus bas ^ Lalouette , tefmoins-le{^
dirsde Bourbon, le Conneftable, les Seigneurs de Craon & de laFo<»
refts,, Tanneguy du Chaftcl ^ €c autres % lefqaelles lettres conûennehc
Cintr 'autres cho(es le pouvoir d'abfoudrc» & de pouvoir mefœe pourTui^
yre les Sieurs d'Armagnac & de Nemours y qui avoieat adberé au party.
des Anglois. . • - »
L'année fuivante 14^9. le 16. Avril, le Grand Maife^, Uciïtcnant
J 4op» General en Guyenne , partit avec fon armée, & arriva en la Ville de
R4vdés, auquel lieu iltiit prefter fermetkc de: fidélité aux priiïcîpàux
fujèâs , & aun>erme temps le R^oy fut àdvertr que les Bourguignons ar«
moient dans Ces Pays ^ &c en efcrivit ^11 Grand Malftre xle cette ^pte»
lo^^^yil^ ^Éonficur le Grand Maiftre , je vous envoyé le double' deir Mandcmeo»
• <Jue Monfieur de Bourgogne a tait en ces Pays , &* cft le tour par l'aver-
(lâèn^ent » qu'il a eu de Bretagne , par le moyen du Seigneur de Lefcun ^
&vousaflèure que s'il sne> veut rien demander., ^etnevieffendray.bien» &^
ne vpu&xequcrray ^de cet an de me venir ferVir % toutefois je vous prie »
que vous mettiez peine d'avoir poomptement k fecours 1 car iea ce Eût
ùnt vous chevirez bicn-toft du demeurant, &: vous prie que fouvenjt vous
me récriviez de vos nouvelles : Auflî j'ay efcrit à Mr. le Gouverneur de
RottffiUon , qu'il fe vienne joindre à vous , & que je vous ay fait mon
LieutenantGeneralen cetteannée, & que je veux qu'il vous obéyfle , com«
me à moy-mefme \ & derechef luy en efcrit bien expreflement , & qu'il
fe hafte de fe joindre avec vous en toute l'armée jde par de-là *, & pour
ce , je vous prie que de voftre part vouS luy efcriviez , qu'il fe hafte de
s'y rendre »• afin qu'abre^iiez à toute diligence s car plus grand pkitir, ne
fervice « ne me Içiurez faire. Adieu Monilei|r le Grand Mai(b:e : Efaie
i Tours le 6. Novembre, Signé , Loys •, & au dcffous , Toutain : Ei en
lafuhjcr^tion.y Anoftre très-cher & A. C L. C. D. G. Maiftre d'Hoftcl 9
& noftre Lieutenant Gçnç|:al en Hoiiergue, Gafcogne > & aMtrçs marche$
^pardeTjà,.
• ' ^ ( • • •
Xi
r
DE LOUYS XL 135
Xc Cornu JCArmaffiac voyant cent Armée contre luy^ envoyé U Seigruur
de Baria^an vers le Roy , pour tafcher à détourner cet orage fur eux.
Le Roy en efcrit aufufdit ùrand Maiftre en ces urrrus.
j\4 Onficur le Grand Maiftre, j'ay veu par le ficur de la Cholctiere lettre Je
ce que m'avez efcrit % auflî ouy ce que m'a dit Georges , voftre fer- Louis XI.
viteur^ & veu bien au long le mémoire que vous luy avez baillé, dont
J'e vous remercie tant que je puis , & vous prie qu'en la plus grande di-
igence que vous pourrez , vous mettiez à tin la charge que je vous ay
baillée : Au furplus le Comte d'Armagnac a envoyé vers moy le fieur de
Barbazan & autres , pour me fupplier , qu'il fut receu par Procureur en
la Cour de Parlement , & que je fific ceuèr la voye de fait en mon Ar-
mée ) & femblablement les Eftats du Pays me l'ont fait , par eux , fem-
blablement requérir *, mais réponfe leur a lefté faite en mon Confeil bien
adèmblé , qu'autre provifion ils n'auroicnt en cette partie, fors que ledit
Comte d'Armagnac fe tiraft en ladite Cour de Parlement , pour fe jufti-
fier des charges qui luy font données :Tout?efois iî ledit fieur de Barba-
zan , ou autres •, fe trouvent devers vous , & qu'ils faflent que la poilèf'
£on de Ledtoure , & autres places de par-de-la, vous foient loyalement
'baillées , & qu'ils faflent au furplus entière obéïflance; & en ce cas , &
non autrement , pour fupporter le pauvre peuple j & afin qu'ils puiflcnc
mieux payer les tailles y je fuis .content que l'Armée n'entre point "*
audit Pays , ic que vous le fupportiez des cliarges au mieux , que
faire fe poufra , mais ne vous laiflez point endormir ae parole 5 mais aufii
il me fenible pour le mieux , quelque chofe qu'il vous promette , qtte
Yous-mefme devez aller en perfonne pour prendre la poucflîon , & qu'à
Jiuls autres -ne vous devez fier \ & auflî fi vous voyez qu'ils veulent diffi-
Qiuler j j& que la poflèffîon des places ne vous (bit loyalement baillée «
procédez outre à voftre entreprife , fans aucun délay , ainfî au'îl a cfté
conclud & délibéré, & me faites fouvent fçavoir de vos nouvelles. Mon-
fieur le Grand Maiftre^ j'ay eu des lettres deMonfieuc de Torcy ^ qui font
bien bonnes., H croy qu'il fe tirera devers vous 5 s'il y vient , je croy que
le traiterez l>ien sinais je vous en ay bien youluadvert;ir,carronhonmieeft
venu vers moy , je croy que ce foit à bpn efcient : Aux Montils-lez-Tours
Je ij. Novembre, Signée Loys*, jS» au dejTous ^ Touftain:i^r en la
fubfcription , A noftre cher & amé Coyifin le Comte D. D. G^ M. de Frao-
ce, & noftre Lieutenant Gçaeral es marches de par-de-lsi.
Le faur di Barbazan tafcha depuis de furprendrt U Grand MéAre , luy
voulant faire croire y que le Roy avoit changé d^ intention 5 & qu'il ne
vouloit plus que la guerre conAmuafi en Guyenne; mais le Grand Maïf
trt m laiffà defuivufes ordres ponSuellement , & en efcrivit au Roy ,
en us termes^
S Ire , le plus humbiemant que je pius , â voftre grâce me recomman- Lettre de
de, vous plaife fçavoir, gne depuis que vous ay dernièrement efcrit M.dcDaim
par Pierre Oerct , l'Ambanàde que le Comte d'Armagnac aenvoyé devers «*"*^
«rou5 i eft venue devers moy; c'eft à fçavoir > le fieur de Barbazan & au-
Tj>mc II G g cfté
S34 CABINET
très , 8c m'ont dit comme ils ont efté de^rs vous , & que voas avez
elle content que l'armée n*entraft point au pays j au cas que ledit Comte
d'Armagnac (e rendift au Parlement de Paris , pour foy juftifier des cas
à luy impofez» le qu* il baillaft en la main de Moniteur de ( Guyenne > les
terres qu'il a de-là la rivière de Garonne > & les autres , qui font deçà
le pays de Rouergue à moy v mais je leur ay dit , que vous ne l'aviez
ainfi voulu , & que finoti qu'ils me baillaient la pofTefUon de Ledoure»
l'obeïflance des autres places , qui font ideça & delà ladite rivière j &c
que ledit d'Armagnac euft à fe rendre en pcrfonne en Parlement , pour
s y juftifier defdits cas , dequoy ne leur accorderois point ce qu'ils me
demandoient ; mais quand ils viendroient ainfi faire , en ce cas &c noa
autrement *> & en fuivant ce qu'il vous a pieu me mander , je fuis bien
content que l'armée n'entraft plus avant ; mais j'ay bien connu , qu'ils ne
queroicnt , que dilaycr le plus qu'ils peuvent , Se à cette caufe je parti*
ray demain d'icy y au plaifir de Dieu , paflèray la rivière , & iray lo«
ger en l'Ifle Jourdain, qui eft à prefent en voftre obciflancc •, & font venus
les Confuls vers moy , ont apporté les clefs , & ont fait toute obeiÛànce-
Ledit Comte d'Armagnac eft à Ledour , & fi je puis je l'encloray com-
me je Vous ay toujours efcrit , & croy qu'en peu je vous feray fçavoir de
bonnes nouvelles de tout > au plaifir de Dieu.
Le Grand Maiftre réduifit tout le pays d'Armagnac en Tobeiflânce du
Roy , ic avoir fous fa charge le Baftard de Bourbon , Admirai de France >
Monfieur de Craon > Monfieur de Cruflbl , le Capitaine Salazar & au-*
très , & lors fut faite une chanfon , quicommençoit»
Canaille d*j4rmagnac > comme k pognc fouffnr
La venue de Franu j du Comte Ùammarun*
Dès le règne précèdent > il avoit conquis tout cepavsen Tobeiflance
du Roy , Se après cette dernière viûoirc > le Roy luy efcrivit cette
lettre.
lettre àt Monfieur le Grand Maiftre , préfentcment j'ay eu lettre Je mon fil$
Loms XI. TAdmiral , (id) du Marquis & du Senefchal de Beaucaire , telles que je
croy que le fçavcz bien ; & en effet , iljn'v a plus que Rodex ,' que tient
le bon corps Brillac ; j'efcris à mon fils l'Admirai , que fur tout le plai-
fir qu'il defire me faire , qu'il mette ledit brillac entre mes mains^ au-
cuns m'ont rapporté aue le Comte d'Armagnac rode environ Leâoure y
ce que je ne puis pas bien croire \ fi ainfi eftoit , je vous prie > que faf-
fiez Donne diligence > & mettiez toute la peine que pourrez > pour le
prendre t au furplus , mon Frère le Duc de Guyenne eft ici » & faifons
bonne chère , Se nous en allons à Amboife » en attendant de vos nou-
velles. Monfieur le Grand Maiftre , je voudrois que vous euffiez tout
bien fait, & que vous y fufilez ; je vous prie abrégez, & vous y en ve-
nez , & me faites fçavoir fou vent de ce qui vous fou viendra. On m'a dit
f que le Comte d'Armagnac a aucune retraite es terrea de Monfieur de
Foix
r
D E L O U Y S XI. 135
Foix , fi ainfi eft> faires le Tçavoir âMonfîeur de Foix > 6c>je ctoj > qu'U
ne le fouffrlra pas. Efcrit à MontiU-lcz-Touis « le 27. Décembre. Signi
LoYS : £t au dejfous , le Clairet.
CHAPITRE IV.
Lors de Pinfiittaion Je r Ordre SainB Michel , U Roy envoyé U Collier au
Grand maijlre , qui obtient la grau du Cornu d'Armagnac : le refus
que le Duc de Bretagne fait dudit Collier : la reduBion des villes dA-^
miens , Mondidier & Roye : lettres injurieufes du Duc de Bourgogne
au Grand Maijlre y & la réponfe du Grand Maifire au Bourguignon.
Lbttre du Rot au Grand Maistre.
i4(>9.
TRès-chcc &c amé Coufin /pource que depuis n*agueres , par Tadvis
& délibération de noftre très-cher & amé Oncle , le Rojr de Sicile , ï-cttrc de
de Hierufalem & d'Arragon , & nos rrès-chers & amez Frères , les Ducs ^^^*"
de Guyenne & de Bourbon , & autres de noftre fang & Grand Confeil »
a efté délibéré , que nous ferions & porterions TOrdre de Monfieur de
Sainâ Michel , & de noftre Compagnie & Fraternité , ferions le non>-
bre de trente-fix Chevaliers ; & par Tadvis des fufdits > arez efté eilû da
nombre des douze , lefquels ont efté choifîs , pour eilire le furplus 8c
jufques audit nombre , &: pour un des plus grands & notables Chevaliers
d'ancienne lignée , extraiâ: de grandes 8c notables Maifons , & qui tous-
jours avez bien & lovaument fervy nos predeceftèurs & nous \ ôc cjui plus
a fait & veu es armées » 6c au(C pour Teftat Se Oftîce de fouverain Maif-
tre d'Hôtel de France , & pour la grande prochaineté que vous avez i
l'entour de noftre perfoltine , avez efté > comme raifoh eft > efleu pour
un des principaux de laditte Compagnie ; & pour ce > nous vous en-
voyons prefentement le Collier de noftredit Ordre , par noftre amé 8c
feai Confeiller & Maiftre de noftre Hoftel , le Sire de la Choletiere 3 afin
Î[uc le preniez & reteniez , 8c que dorefnavant vous le portiez en fai-
ant le ferment en fa préfence , de bien 8c loyalement entretenir le con-
tenu es Chapitres & articles faits fur ce , de point en point , ainfî qu'ils
font contenus ; lequel Sire de la Choletiere vueilliez croire , de ce qu'il
vous en dira de par nous , comme nous mefmes ; 8c par luy à nous , fai-
tes fçivoir de vos nouvelles. Donné à Cefnan le 16. Oâobre, Signe
LoYS : Et au deffous Touftin , & a lajubfcription. A noftre amé C!ou-
fin , le Comte de Dammartin» Grand Nfoiftre d'Hoftel de France, 8c
noftre Lieutenant es pays d'Auvergne , de Rouergue & d'Armagnac.
Gg t Depuis
ti& CABINET
Depuis ledit de Nemours s*ejlantjetti entre Us bras du Grand Maifire , iC
obtint fa paix à fa faveur , le Roy en ayaru expédié un plein pouvoir
audit Grand Maijire ^ lequel tandis qu^il fut is pays de Rouergiu &
Armagnac > ufa a un pouvoir plus abfolu qu'aucun JLieuunant Gerural
du Roy 9 qui ait ejlé , donnant grâces ,. abfolutions , remifjîons , con^
^cations ^ & autres femblables aSions de puiffancefouverame ,• auquel
temps , le Roy luy efcrivit laprefente.
lettre de JVl Onficur le Grand Maiftre , j'ay receu vos lettres , & ne faut pas
toulsXI. que je vous mande, mais que je vous remercie de tout mon pou-
voir , du grand aide & fecours que m avez fait à mon befoin \ Se prie
• Dieu &Noftre-Dame, qîi'il me donne grâce de le vous rendre. Mon-
fieur le Grand Maiftre , il y a trois points , où il faut repondre ; c'eft â
fçavoir du logis des Genfaarmes , de Monfîeur de Nemours , & de la
composition de Rodez. Au regard des Genfdarmes , il me femblc
que chacun d'eux doit retourner en fon logis *, & au regard du Senef—
chai de Touloufe , du Senefchal de Carcaiïbnne , & de Monfieur le
Marefchal de Lohcac , il me femble que vous les devez envoyer en
Normandie , je les logeray le mieux que je pourray. Au regard de Salla-
zard , il doit demeurer à la Marche. Item , touchant MonHeur de Ne^
mours 5 je vous prie mettez-y concluHon le plûtoft que vous pourrez >
pour vous en revenir , & qu'il faflè la tranfaâion , car c'eft le plus feur
point } que je puis avoir.. Item y touchant Rodez, j'eu({e bien youlu a voir
Brillac , ainfi que vous pourrez connoiftre par nos lettres ^ que leur
avons efcrites , dont je vous envoyé le double r mais veu que BriUac fait
ce ferment ,. & qu'il ne va point après le Comte d'Armagnac , il me fuf-
fit, & me femble Monfieur le Grand Maiftre, que fi vous n'avez fait
autre appointement depuis , que vous devez accepter cetuy-cy , afin do
vous en venir *, car j'av efperance > à l'aide de Noftre Seigneur , que vous
me fafliez de grand fervices. Monfieur le Grand Maiftre, j» vous en-
voyé auffi la réponfequej'ay. faite aux lettres que Monfieur l^dmiral m'a.-
efcrites touchant cette compofition : je nefcay fi l'avez acceptée , j'en
envoyeray mes Lettres Patentes fans difficulté , telles que vous me man*
derez; & veu la peine que les Genfdarmes ont euëcetHyver, je vous
J)rie defpefchez-vous-en le plûtoft que vous pourra : fi n'euft eftéj vos
ettres > que vous m'avez efcrites , je leur euflel envoyé leurdite confir-
mation ; car je mandois , que fuffiez encore en Gafcogne , & que leur
euffîez envoyé votre pouvoir par Rouergue. Donné à Amboife > 3. Fe^
vrier. Signe y Lovs •Et plus bas > le Cleret (1470.)
Après hi cérémonie des Chevaliers , le Roy envoya le Collier au Duo-
de Bretagne , qui le refufa , difant , qu'il' ne tircroit jamais au Collier
avec le Gouverneur du Limofin» Gilbert de Chabanes, Seigneur é^
Curton y ny autres gens du Roy.
iP«r
DE L O U Y S XI.
*37
Peu aprh , U Roy ayant fait un pclUrinage à SainS Michel , efcrivie
au Grand Maijir^ la Lettre fuivaruc.
Aa Onficur le Grand Maiftrc > au retour de mon voyage de S. Mi- j^^^^^ jt
chcl , (17) farrivay en cette* Ville Lundy dernier, & incontinent Louis XL ^
Suc je fus defcendu , feus nouvelles de l'Admirai , du Gouverneur de
.ouftHlon , & autres , qui font à Harfleur & Honflcur , que les Bour-
guignons dloient tousjours là , qui faifoient guerre , brûfans plufieur^
jnaifons & vaidèaux près de la cofte de la mer , tuans gens , & pre-
uans prifonniers , &: mefmement un vaiflèau , qui retournoit de Rouen»,
chargé de marchandifes , ont pris & retenu , & envoyé le Maiftre Plege
de la finance , des autres hommes > qui eftoient dedans *, & femble que
veu les manières que font lefdits Bourguignons , qu'ils attendent plus
grande puiâànce , foit d'Angleterre ou d'ailleurs , pour defcendre , pour
venir par mer combattre mes gens. Vous fçavez quelle faute ce me fe-
roit , s'ils n'y trouvoîent bonne rcfiftance» & pour ce , ne m'en fuis pafe
voulu retourner jufaues à ce que j'aye veu la fin de cette befogne , & me
fois délibéré d'aller là en perfonne, pourrefifter à leur puiflfàncc , Se faire
ce que l'on verra eftre à faire : & demain m'en parts d'icy pour y tirer
fout droit ; & pour le faire plus feurement , j'ay mandé vos gens , qu'ils
fe tirent à moy audit lieu de Harfleur , à ceux du Gouverneur de Rouf-
£llon , du Seigneur de Craon & de Sallazar ; pource que font ceux qui
font le plus près d'icy^ Auflî j'ay mandéàGapdorat , & à. tous lesftancîB
Archers y. Se ù en chemin j'ay nouvelle , que le Duc de Bourgogne s'en
foit departy, incontinent je contremanderay vofdites^ gens , & les au-
tres aum , Se leur fcray fçavoir y Se plût à Dieu que vous y fuffiez , guand
1**7 feray *, car fi j'euflfe fçeu cette avanture , je ne vous eufle pas laifle al-
er. Je vous feray fçavoir ce qui furviendra , auffi me faites fçavoir p».-
leillement de voftre cofté. Donné â Avranches ,. le prenûer Aoufk. Signé
LoYS y & plus bas X le Clerc
Lors mefme , les Villes d^ Amiens , Koye , Mondidier , & autres, eftans
réduites au pouvoir du Roy , par les foms du Grand. Maiftre , le Bpur*
guignon iuy efcrivit la fuivante. ' ,
e H. A P I T R E V.
Lettre injurieujedu Bourguignon au Grand Màijire de France.-
LE Duc de Bourgogne, de Brabant, de Limbourg & de Luxembourg j tettre Jà'
Comte de Flandres , d'Anois , d& Bourgogne Se de Hainaut , de Duc de
Hollande, Zelande& Namur : Comte de Dammartin , Nos très^hers Bourgo--
Sc bienamez les Majeur & Efchevins de noftre bonne Ville & cité d'A- g^c.
toiiens , eux demonftrans nos bons , vrais & loyaux fubjets ,.ont envoyé
certaines >
U7)y oyeiUChr0ttiqttiSçétml4UHfe,f^e>Ze. tUceVolwne^
138 CABINET
certaines lettres clofes du Roy , prefentées â aucuns de noftredite Ville,
par un Officier d'armes , lequel a fait certaine fommation , & depuis
nous ont envoyé autres wo$ lettres à eux adreflàntes , fans icelles lettres
du Roy ny les voftres ouvrir , voir ny faire rcponfc , que par ngftce
vouloir Se plaifir. Et à cette caufe , nous nous fommes voulu charger de
faire réponfe à vous , qui vous dites Lieutenant General du Roy : Se
pour reponfe , vous fçavez que par les Traitez faits à Conflans » def-
quels n'avez pas eu moindre fruit ny profit , que de voftre vie , cftat^fic
cnevance -, le Roy nous laiflà, céda & tranfporta ladite Ville d'Amiens &
autres Villes , Se terres eftans fur la rivière de Somme , que feu nofoç
très-cher Seigneur & Père , que Dieu abfolve , avoir pofledées depuis le
Traité d'Arras , & lefauellcs le Roy , en fa Ville de Tours , nous avoic
promis Se juré en parole de Roy , n'en rachepter du vivant de noftredic
feu Seigneur Se Perc , & outre nous tranfporta les Prevoftez de Vimeu
& Beauvpifis , en tout droit & titre, aue les autres Villes & terrés deffuC-
dites , dcfouelles il nous feroit bailler & délivrer la po({effion , en quit-
tant Se defchargeant tous les vaflaux & autres fubjets d'icelles Villes Se
terres , des fidélité & ferment , qu'il avoient à luy , en leur mandant de
nous faire le ferment de fidélité , Se nous eftre bons , vrays & obeiffans
fubjets ) ce qu'ils ont fait , tant en la perfonne de nos Commis , Avth
bafladcurs , qu'à noftre perfonne , lefquels tranfports , le Roy par lefdics
Traitez de Conflans & de Peronne , faits & jurez fur la vrave Croix , a
promis & juré en parole de Roy , Se fur fon honneur , garder & entre-
tenir , fans aller au contraire en aucune manière , & fur les peines con-
tenues au Traité de Peronne ; & néanmoins en enfraignant Se contre-
venant notoirement au fdits Traitez » il a fait mettre en fa main lefdites
Prevoftez de Vimeu & Beauvoifis , pour eftre rejoints â fon Domaine. Il
a fait prendre nos gens Se ferviteurs , & les traiter inhumainement »
après vous ^voir envoyé de par luy grand nombre de Genfdarmes devant
ladite Ville d'Amiens, à toutes lefdites lettres du Roy, cuidant au
inoyen d'icelles émouvoir les habirans de noftredite Ville à vous adhé-
rer , & adjoûter foy aux paroles dudit Officier d'armes , & de Maiftre
Pierre de Morvilliers , s'ils l'euflent voulu ouïr , pour les fouftraire de
noftre obeiflance , ce qu'ils n'ont pas voulu faire , mais de garder leurs
promedes , fermens Se loyautez envers nous ^ parquoy à telles paroles
leditieufes 9 ils ont eftoupé leurs oreilles., ufant en ce de la prudence
que nature donne au ferpent , commandée à la fainâe Efcriture , à s'ef^
touper les oreilles contre la voix des enchanteurs , Se pour ces caufes
plus que par crainte ny fubjeâion d'autruy , ainfi que contiennent vof^
dites lettres : ils ont delaiflé à vous faire réponfe > en la remettant à
nous , fçachant que de leur bonnç volonté , ferjne Se entière loyauté en*
vers nous , nous fommes bien certiorés , Se qu'en içelles leur loyauté ,
eux Se autres nos fubjets , nous garderons , delfendrons Se preferve-
tons , moyennant l'ayde de Dieu noftre Créateur , 4uquel la prefence Se
tefmoignage par lefdits fermens entrevenus , lefdits droits font par telle
& autre manière contemnez Se violez. Nous avons bien veu par vos let*
très efcrites à noftre amé & féal Confeiller & Chambellan , Se Capi-
raine de Mondidier le Bon^d'Arly ^ que vous prefupofçz , que ce que
nom
D Ê L O U Y s X T. 139
nous avons fait par nos gens , entretenir noftre ponèfllon dcfdices Pre-
voftez , cellèront contre l'authorité du Roy j Dieu le tout puiilànc , du-
quel les Roys & Princes tiennent leurs Seigneuiîcs 1 ne leui ayant pas
donné authorité de rompre leurs promelles , Se contemner Ton nom &c
fà puiHànce , par les fetments entrevenus en leurs convenances : Par.-
QtjOY plus véritables , on pouiroit dire que ladite main-mife faite édi-
tes Prcvoftez , fans caufe & fans ordre , nous non appeliez ny ouïs , &
g)ur du tout en cuider , débouter , a eftc , & eft contre l' authorité de
ieu lefdits Ttaitez & ptomcfTes , lefquels vous n'ignorez pas eftre vio-
lez ny enfreins par la cauteleufe & deceptueufe prifc de noftre Ville de
S. Quentin , pai le Comte de S. Paul > Connefta' ' ' tfes >
pilleries , meurtres & occilîons faites par les j^ei oftrc
Comté d'Auxerre , & les feux boutez Se homicii :s en.
noftre Comté de Bourgogne , & en vous n'a cen is de
noftre Ville d'Auxcrte ne fc foient fouftraits de n def-
quels i cette an avez fait venir aucuns pardevets v dousi
ont fait fçavoir les paroles que leur avez dites , ta n fe-
cret : comme au0i ont fait autres nos féaux , IrCquels par prome0cs , le,
Roy a voulu faire attraire & efmouToir à l'encontre de nous ; mais par
la bonté divine > feront convaincus toutes telles cauielles & frauduleu-,
fes malices , & n'eft ja befoin > que déformais vous eftayez de parvenir
à vos lins, par telles Kfcritures ny langages ; car au plaifîr de Dieu , nous
Ibmmes délibérez de garder , preferver Se deftendte nofdiis fubjets de ,
tout noftre pouvoir , ainlî'que nature Se raifon l'infeigne , & par la
contravention Se fraftion dudit Traité de Peronne , & les peines conte-
nues en yccluy encourues à noftre profit , il nous loift de le faire. Efciit
CD noftie Chatel dç Hcdin le feiziéme Janvier 4470. A}nfi Rgni par
Monjîeur U Due fSc au deffius > de Longueville > &fitlé en are rougt â
fitlpUqui.
Le Grand Maifire ft voyam injurié par cette Lettre , fa
riponfe en cetu forte,
I Rès-hant & puiflànt Prince, j'ay veu vos lettres, que' voos m'avez Lettre Ja
elcrites , Icfgnellcs je croy avoir efté diûées par voftrc Confeil Si. Comte de
très crands Clercs , qui font gens pour faire lettres mieux que moy, car ï?*™™"-
je n ay point vefcu du tmefticr de la plume \ Se pour vous taire réponfc ""'
par icelle , je conçois bien le mécontentement qu'avez de moy , pout-
ce que j'av &it Se feray toute ma vie contre vous , n'f ft qu'A l'nonneur
& profit du Roy & de fon Royaume. Ttcs-haui & pui.lfant Prince , pour.
vous faire réponfe touchant l'article de Conflans , que vous appeliez ù
bien public , & que vetitablement doit eftte appelle U mal public , où j'cf-
tois , dont vous dites que je n'ay point eu moms de fruii^ Se honneur >
âue de ma vie eftat & chevance. Vous entendez bien qu'à l'avencment
uRoy à la Couronne , il ne tint pointa moy ,que [e n'cnttafic à fon fer-
vice , & de ce faire fis mon loyal devoir -, mais qui garda le Roy de ce
faire , fut la redoutance demcs hayneux &|malveillans, defquels a l'ayde
de Dieu , coonoiflàpt le dioiâ des parties , je fuis venu au delTus i mon
honneuc
t4^ CABINET
honneur. Se à leur grande honte & confufion', car je me fuis bien juP-
tifié contre eux, par bonnes juftificatipns vues par la Cour de Parlement,
£c par Arreft d'icelle donné à rencontre d'eux , qui ne tût fçeurent at-
teindre. Très-haut .& puiflànt Prince , Monfieur voftre Père , à qui Pieu
pardonne , fçavoit bien que je luy efcrivis , que fon bon piaifir fut ine
mettre en la bonne grâce du Roy , ce qu'il me promit fairç j & s'il eftoit
en vie, je ne fais doute, qu'il nç portaft bon tefmoignage pour moy , Se
yeux bien que vous entendiez , qu^ fi j'eufle eftc avec le Jloy , lorfque
çommençailes ic malvuhliç , que vous dites U bien publie p vous n'en
èufficz pas efchapé à u bon marché , que vous avez fait , Se mefmemcnt
i la rencontre de Montlhery, par vous inducment entreprife. Mais vous,
qui eftcs ingrat du bien que Iç Roy vous fait , avez pris & prenez pei-^
lie de joue en jour , de luy faire toutes les extorfionç Se machinations »
que luy pouvez faire , tant fvir Cçs fùjeâbs Sç Seigneurs de fon fang ,
que autres Princes fcs voifins , qui luy veulent mal à voftre requefte ,
Jefquels vous avez émeus, & tafckez encore d'émouvoir <lc jour en jour
^ luy vouloir mal , 4cquov voftre fouverain Seigneur , & le mien , vien-
dra bien i bout àTayde de Dieq^ & de Noftre-D^une , & de fes boAs &'
Joyaux Capitaine^ & Gcnfdarmes. Très-haut & puiflànr Prince , vous
m'efcrivcz des paroles par vofdites lettres , qui equipoj^nt d'eftre en^^
_ lus
fages de {on Royautne , tant de (çs Capitaines * & autres de fes Con-
feillers de fa Cour dç Parlement , & de fon Grand Confeil 5 mais U
grande feduétion, que par vous luy fut faite , ne l'en peut oficques émou-
voir, qu'il n'allaft vers v6u$ , fous l'efperance de Taffiànce qu'il avoir en
vous , non precogitant le danger où il s'eft mis d'eftre entre vos majns^
& ne luy en eft demeure que la peine & le travail d'y aller, donc 1^ Bon-
té infinie la prefervé & gardé , que ne puftes venir à vos fins , & fera
encore , il Dieu plaift , & de vos malignes intentions, obliques & occul-
tes. Très-haut 6c puiflànt Prince , il nô vous en eft 'demeuré que le
deshonneur , & la foy ope vous avez par droit perdyB , Içfquelles cbo-
fcs dureront par éternelle mémoire envers tous Princeis , qui font neaj
& à naiftre; Se de moy , je ne fus point la guide de mener ledit Seigneur
Roy audit pays de Liège s mais je fus plûtoft caufe de fon retour , parce
pe que je ne voufusîrompre l'armée qu'il m'avpit laiflce entre les mains,& que
luy voulie:p faire feparer. Très-haut & puiflànt Prince , fijevousefcrischôfe
qui vous déplaife. Se cju'ayez envie de vous en venge Wetnov i j'efpere qu'a-
vant que la fcfte fe départe , yous me trouverez fi près de voftf earmée , con-
tre voys , que vous cpnnoiftrez lia petite crainte que j'ay de vous, eftanc
accompagné de la puiflance qu'il a plu au Roy de me donner , qui n'eft pas
petite , pour la reconnçiflànce qu'il a eue des fervices que j'ay faits au
Roy fori pçre , à qui Dieu pardoint & à luy , Se pouvez eftre feur , que
vous rie me fiçauriêz efcrire chofe, qui me Içeut garder de faire tous jours
fervicç au Roy ; Se requiers à Dieu , qu'il lui plaife me donner grâces
M faire félon que j'ay le vouloir, fie devez fçaVoir, que|e ne vousefcris
<:hofç5 tQup^t cçttç matiçjc , que je nç vous donne a connoiftre , Sç
D E L O U Y s X I. i4t
foftt au(C feur que de k more ; que Ci voulez longuement guerroyer le
Roy , il fera à la fin trouvé par tout le monde » que vous avez abufé du
meftier de la guerre. Ces Lettres font efcrites par moy Anthoine de Cha*
bannes , Comte de Danimartin , Grand Maiftre d'Hoftel de France , &c
Lieutenant General pour le Roy en la Ville de Beauvais , lequel tr^
humblement vous eicrit. Et en la fubfcription efloit > A Monfieur ck
Bourgogne.
Quelques jours apr^ U Roy nttifia V accord fait par U Grand Maijlre ,
<tvec les Habitans de la Ville d^ Amiens ^ dans laquelle il entra , 6*
recem Hai'tojl apris la Lettre Juivarue de la pan de Sa Majefié.
^[ Onfieurle Grand Maiftre , j'ay receu vos lettres , que par le Bailly Lettre de
de Caux m'avez efcrites , dont je loue Dieu & Noftre-Dame > & con- Louis XL
Rois bien le bon £ervice que m'avez fait , & à jamais m'en reflbuvien-
dray , & de ceux qui ont^é avec vous ^ & au regafd de ceux de la Ville»
tout ce que vous leur avez promis , je le ratifieray , & les dons que. vous
avez faits ^ Sortiront à effeft » ainfi que verrez par les dons & ratifîca-
' tiohs que j'en feray , tout ainû que vous avez promis , & fans aucune
Êiute : Je connoiftray à jamais le grand fervice qu'ils m'ont fait, J'envoye
Blanchefort & les Fouriers , pour faire mon logis , & bien bref y feray
iàns point de faute; j'efpere demain parler à mon frère le Conneftable >
afin de fçavoir mieux ce que j'ay à faire & avifcr fur le tout : J'ay cfcrit à
Philippe de MorviUiers , au Majeur de Monfieur de Torcy , au MareC-
chai y au Bailly, & autres ^ui m'ont efcrit. Monfieur le Grand Maiftre
fàites-moy tousjours (Ravoir de vos nouvelles , & auflî je vous adverti-
fay de ce que je ^auray *, & au furplus , je vous prie croyez ledit Baill]^ ,
en ce qu'iWous dira de mes nouvelles ; & adieu, Monfieur le Grand Maif-
oe: Eicrit à Compiegne > le huiâiefme Septembre i ^Signé , Loys. £i
MU dej/ous, Touftitu
Huit jours apris le Grand Maijlre receut de la part du Roy une inJlruSion
par efcrit y toucharu C ordre qu*il devoit tenir â V approche de VÀrmU du
Duc de Bourgogne y laquelle cantenôit les par^^lesfuivantes.
O I le I^c de Bourgogne va droiâ: â Amiens , que Monfieur le Grand lettre <{e
Maiftre garde bien la Ville , & qu'il fe garde de combattre , que le Louis XI.
Roy ne ioit point avec luy , il ne inettra gueres à y eftre^ qtfil iafle tous- n i
jours donner fur les fourageurs du Duc de Bourgogne 3 du mieux qu'il x47Q.
pourra , & fur leurs gardes. S'il pafie la Somme pour venir à Montdi-
dier & i Roye , Monfieur le Grand Maiftre pourra laillèr tout l'Arriere-
ban , qui ne feroit pas bien «n Habillemens pour la guerre , & les francs '
Archers pour garder Amiens , avec les Gens de l'Ôrdbnnance , & au-
cuns del'Arriere-Ban^s'ilenavoit oui fufiènt pour fe joindre avec le
Roy \ Se su fcavoit quelques logis oe chevaux â Hécart , qu'il donnaft
deflus 9 ôc auUl {ur les fourageurs dudit Bourguignon , & qu'il leur fafiè
pis qu'il pourra -y s^l venoit au Mont Sainâ Quentin »il pourroit aller
scmpaser Rue , 6ç la Ville de Crotoy , & avec l'artillerie qu'ils ontv
wa»
Tomelïj, H h prendront
H* CABINET'
firendront te Chafteau > & peuc-eftre pourroic bien prendre Montreuil
ur la Mer y & ce fait > laifler les gens de l'Arriere-ban & francs Archers»
à Rue , au Crotoy & àMoncreiiil, s^'ils le pou voient , 6c abartre la forci*
ficacion de Sain£b Riquier , & s'en revenir avec les ckiq cens Lances de
rOrdonnance à Amiens Se à Pequisny , pour garder les pays d'illec en--
vkon y en tenant bon ordre , & tel que les vivres ne leur taille ; & par
ce moyen lefdits gens de TArriere-ban , & francs Archers j vivront hor»
des pays obéyfl&nsauRoy^Faiti Noyonle i6Jcvrier(i470.)«Si^^ jLoys^
MonRtur de Guyenne ejlant mal content , attira pris de luy Monjîeur
Jr Armagnac ^ furquoy le Roy efcrit lajuivantc au Grand Maijlrc^
(ottisXI. JVlOnfieur le Grand Maiftre, Monfîeurde Guyenne a rendu lester-^
resau Comte d^Armaenac, & ne luy a pas encore rendu Leâoure>
mais il le luv doit rendre bien-toft ; pour ce il me femble qu'il feroic
temps d'exploiter le fils de Monteur de Fimarcon. Et fi je pouvois-pren^
dre Leâoure y elle fefoit mienne de bon gain > & ne Tauroient jamais*
l'un ne Tautre , & feroit pour tenir tout en fubjeâdon , Monfieur de-
Marie eft au jourd'huy arrivé >.quia lai(fë Monfieur de Guyenne à Sainte^
Severe > malade des fieyres quartes ; & font maintenant ralliez le Sei**^
gneur de Lefcun » & le Gouverneur de la Rochelle , contre Madame de^
Thoiiars & le Seigneur de Gr^nmont , Sc a couché le Sieur de Gram-
mont avec luy , & le Moyne eft du cofté de Monfieur de Lefcun , & ta(^
che d'approcner mon frère de Bretagne, & de l'amener jufques à Xain-
tes. Je vous prie que fi vous f^avez rien de nouveaa, advertidez-moy.
Je mets la plus grande diligence que je puis à afiembler le refte de ce
que je vous dois encore , & je le vous envoyeray le plûtoft que je pour-»
ray. Adieu , Monfieur le Grand Maiftre. Efcrit au Montils-lcz-Tours.
«h
CHAPITR.EVL
Leàres fecretes du Roy au Grand Maiftre.; etdembU ^lesiUla tnatadkde:
Monjîeur ^Fren unique du Roy ^fa mon^Jon Tefiamenty & U voyage.
du Rjoy en Guyenne & en Bretagne^
lettre de 1^ Jr Onfîcur k Grand Maiftre , j'af dépefché François de Ballefbrt, SC
ItuisXL
M
a eu cent francs du Treforier des guerres , & vous aHêure que je:
ne l'ay pas trouvé G bon que je faifoi^ , (juand je le dépefcbay à. Amboife >.
& n'y ay point de fiance y toutefois laifiez^le aller , mais mettez-y-^n*
d'autres en befogne , dont cettuy^cy ne fçache rien , &c le pouvez faire:
par les mains du Senefchal de Beaucairé voftre nepveu \,&c que le Senef-
chai montre bien manière de fe fier en cettujr-cy , mais qu'il y mette-
d'autre couriers y Sc fur mon ame , Monfieur le Grand Maiftre , je me-
doute quand il a parlé à ceux que vous entendez bien, ils l'ayent conver^
r : Et je vous prie » queftionnez^le un peu de loin y pour voir fi vous^
;rez de mon opinion : Toutefois^ en y mettant d'autres lévriers après la^
^jueuës donc cettuy-cy nç Cqzçhc rien rû me femble que nous devrions:
ayoic
D EL O a Y s X I. HJ
fl7ok ce que nous demandons» Adieu , Moniieur le Grand Maiftre» Si« *
«oftque je fçauray des nouvelles de Monfîeurle Conneftable, je vous en
feray fçavoir z Moniieur le Grand Maiftre , retenez Fremonc de Lorfe
avec vous » jufques à ce c|ue vous avez parlé au Prevoft , & que vous ayez -
fceu au vray , il la caille eft de gioter , car je ne. veuille rien prendre
pour le lai0er aller , ainfî que vousdis au départir '> mais Ci elle eft de
gibier , faites-y diligence. * Donné à Meaux le z6.J\iiTu Si^Cy Loys, Et
en la fubfcripiioru A noftre très-cher & amé Couiîn , le Q>mte de Dam-
tnartia» Grand Maiftre de France.
Il eft â renuirquer que le Roy efcrivit cettre lettre de Ta propre main t
& comme dit le manufcrit, pour quelcjue intelligence qu'il avoir avec
Dammartin ^ & que peu de gens (çavoient*
Depuis U mefmc Roy upprtnant la maladu de MonJUur ^fon Frcrt^
tfcrivu lafuivanu.
j\4. Onfieur le Grand Maiftre, Mardy au foir i*ay receu vos lettres , Lettre de
<lonç je vous remercie tant que je puis : fi Bourre ne fuft allé à fa mère Louis XL
qui eft morte , vous eufiiez desja les quinze cens livres de tefte ; • .^^'
mais je Tattens icy , d'icy à un jour ou deux , & incontinent qu'il fera * ^'
venu , je m'accjuiteray en la plus grande diligence que je pourray. Mcry
<le Cœur , le bicle, qui eftoit à Monfieur de Lefcun s'en eft venu^ & a die
ddieu au Duc , pourquoy je penfe qu'il eft inftruit : Je luy ay dit qu'il fe
tinflè enfonHoftel. Je vous envoyé parefcritce qu'il m'a dit, ce qui
fe contrarie l'un à l'autre , & eft langage tout forge ; & de ce qu'il char-
ge Monfieur le Conneftable, ayant donné meilleur efpoir qu'auparavant;
Madame de Thouars eft morte , & ils ont amené à .Saint Jean d'Angely
Monfieur de Gu^ienne , ^ui a les fièvres quartes ; il a fait faire ferment à
fes Genfdamies de le^ fuivre contre moy , mais il y en a aucuns qui ne
l'ont pas voulu faire , 8c s'en font venus , comme le fils du Sieur de
Dampiere. Je vous envoyé encore le fils de Jean de Aulbus , mon Maif-
cre d'Hoftel , auquel j'ay chargé vous parier plus au long de toutes cho*
(es. Je vous prie que vous le crofbz de ce qu'il vous dira de moy, & adieu,
Monfieur le Grand Maiftre. Efcrit à Montils-^lcz-Tours , le ving-neufié-
tne Oâobre. Signé 5 Loys , & pffis bas , Thilld)ault. Et au dejfus. A
noftre cher & amé Coufin , 6cc.
Autre Lettre du Roy fur le me/me fuj et.
Ivl Onfieur le Grand Maiftre , depuis les dernières lettres que je vou5 Lettre de
ay efcrites , j'ay eu nouvelles que Monfieur de Guyenne fe meurt, & J;;2Siî22i»
qu'il n'y a point de ranede en fon fait , & me l'a fait {Ravoir un des ia-jx.
plus privci qu'il ait avec luy , par homme exprès , & ne croit pas , ainfî ^
qu'il dit , qu'il foit vif à quinze jours d'icy au plus , qu'on le puiflfe mé-
tier : S'Û m'en vient autres nouvelles , incontinent je vous lé feray
ii^avoir. Le Senefcha" *** • -% • -1 -^^i
ciftat ^ en manière que
iijavoir. Le Senefchal d^Açenois eft icy , & je luy ay appointé fort
je crois qu'il eft bien content -, & afin que foyons
Hh 2 afleuré
244 CABINET
aileuré de cetuy , qui m*a fait fçavoir les ]K>avelIes > c'eft le Moyne qtii
dit Tes heures avec Monfieur de Guyenne , donc je me fuis fort esbahy 9
&m'en fuis iigné depuis la tefte jufqu'aux pieds ,.& adieu. Efcrit au
Montils-le-Tours , leiS.Mav. Signé, Loys. & audeffous^TiVi^d. £i
€n lafubfcriDtion 5 A noftre cner & amé Coufin', le Comte de Dammar^
tin , Grand Maiftre de France*.
Le manufcrit dit ces mefmes paroles : il eft â fçavoir y que le Moyner
eftoit foubçonné qu'il avoir joiie la fourbe a Monfieur de Guyenne » 6c
baillé la corme verte y 6c ^u'iceluy Moyne fur caufe de le mettre Jâtor^
de la terre des vivans.
Ce mtfmc Prince ejlant à rcxtrimtc, fa fort Tejtanunt tn cuu teneur^
TESTAMENT DE MONSIEUR, FRERE DU ROY^
AU nom du Père & du Fils y & du Saint Efprit , Amen. Charles >
Fils & Frerc de Roy de France , Duc de Guyenne , ComtedeXaiiî-
ionge s & Seigneur de la Rochelle i Bien-fouvenans. de noftre falut , 6c
fain de penfSe ; jacoit que de corps foyons forr malade , penfant tous-
jours à la parole de Noftre-Seigneur , difant au Roy Ezecniel : Difpofe
de t'a Maifon , car demain tu mourras y comme fi cette parole nous fuft
finguliérement tranfmife. Non-refufant icelluy mandement , mais icel-
luy humblement recevant , puifqu*il plaift à Dieu , à l'Ordonnance de
qui toutes chofes font fu jettes ,&ci qui rien ne fe peut^ tapir de noftre
maifon , prife en trois fentences :
C'eft à (çavoir de noftre ame > qui d'icelluy Dieu , eft dite fe fiege»
mais qu'elle foir jufte & de noftre corps \ puis après de noftre famille ».
tout par ordre , & (ucceilivement par ce prcfencTeftament , avons voulu
difpofer & ordonner en la manière qui s'enfuir*.
.1 R£MiiR£MENX> donc confiderans nulle chofe eftre parfaite, fi
finallement elle ne retourne dont elle a pris fon eftre 6c fa naiflànce;
confiderans auffi , & croyans fermement noftredite ame > comme de noC-
tre Père Adam , & de tous autres mortels , eftre créée de Dieu Tout'
puiflànt y qui de néant a créé toutes cl^fes , icelleà fon Créateur rendons
finallement, luy très-humblement fuppiiant , comme fera arrivée i> porc
d'humain Mut , la reçoive en fes éternelles Maifons àtousjours perpétuel-
lement vivre avec les benoifts Saints*. D'humble courage auffi , Se dévote-
icquefte, l'a commettons à la Vierge glorieufe , qui des pécheurs, juC
Îuesicy, nous .confeftbns eftre Advocate, 6c qui, non fans caufe, eft
itc du Rédempteur de L'humain genre , & Roy de gloire , Mère très»
débonnaire v à Moniteur Saint Michel y. 6c i toute la Cour de Paradis
celefte , afin que par leurs prières elle monte es faûits Lieux , pour per-
durablement régner avec eux .1 Si leur prions- & requérons, 6c très-devo-
ment les fupplions, qu'ils me foient en ayde : Et après , puifque toute
chofe doit juftement du fîen eftre rendue , & que ce corps mortel , que
nous portons a^ n'eft que terre > il eft bien raifon 6c expédient oue luy
uvrions^
D Ê L Ô U Y s X L 145
Hvnons 8c rendions à la -terre & aux vers engendrea^ , pour eftrè d'iceux
rongé , confoinîné iceluy 9 dont à Texemplaire des bons Chreftiens , infti-^
tuons dhre baillé à Ecclefiaftique fepulture , laquelle nousélifôns en YE^
l^ede S. André de Bourdeaux 9 devant k grand Autel, auquel lieu r par
jiofbe héritier, notre très-redouté Seigneur Moniteur le Roy , lequel ,s'il
luy plaift , nous inftiruons noftre principal etecuteur , & par nos autres
exécuteurs de cettuy noftre Teftament &: dernière volonté , cy-après dé-
clarés, (bit procuré noftre corps eftre honneftement enfeVeFjr, à la louan-
ge de Dieu 9 non pas à la pooiipe Se orgueil mondain , ôc faflê faire le9
obfeques> fi qu'au jotir de noftre trefpas. Se au fervice faflè célébrer
EDur noftre arae y Sç les âmes de nos pareas y tous ceux qui voudront ce^
brer,en les payant deucment; ânallement faut venir en nûftre famille^
que vulgairement on dit noftre maifon *, laquelle combien que mal ou
bien nous Tavons gouvernée y ceiu)r feul le fçait , qui tout connoift. Tou-
tefois des biensfaits , loiiange à Dieu , & des fautes , nous hiy fupplions
& requérons vray pardon 8c mercy : Et quant a^^furplus , conune nousr
devons^ à plufieurs plus que nous ne poftedons ,Tceluy qui , (][uand & de
ce pourra fouvenir,faut recourir parquoy à iceluy , que par droit d'heritiec
nous doit fucceder, noftredittrès-redou'te Seigneur, MonfieurleRoy, com-
me avons dit devant, en Thonneur delaPamon de Noftre-Seigneur Jefus*
Chrift : Supplions , tant comme-nous pouvons , & ce nonobftant autant
que nous pouvons charger fa confcience , qu'a tous ceux à qui nous de«
TOUS f faite payer nos dcbtes , Se nous defchargec d'icelles*, comme en
luy nous avons parfaite fiance *, & ainfi qu'il euft vouhi pour luy eftre
fait , fi premier que nous fuft decedé. Outre plus benignement luy reque^
tons , qu'il luy plaife tous nos ferviteurs traiâer humainement , 8c iceux
pourvoir d'Omces 8c Bénéfices , félon kur vacation ,. Se les juftement &:
faifonnablement recompenfer des bons fervices qu^'ils nous ont faits. Et
après fi aucunement avons jamais offenfénoftre-ditnès-redouté Seigneur,
& très-amé frère , nous luy requérons , qu'il luy^ plaife nous pardonner $^
car de noftre part , fi oncques en quelque manière il nous otfenea , de
très-debonnaire affîcâjon , prions la divine Majefté^qu'elle luy pardonne^
& de fi bon courage & bonne volonté luy pardonnons; & au furplus
pour noftre ame , fiifle fiiire Monfeigneur le Roy , noftredit héritier y
tant de (ervices qw'il verra effare à faire ;^.& voulons qu'à ce faire:, pro*
curent ceux que , après Monfeigneur le Roy , nous ordonnons, & par
ce prefent efcrit, nous déclarons 8c nommons exécuteurs de cettuy noftre'
. Tdiament Se dernière volonté.
Ceft à f^avoir , Révérend Père en Dieu , noftre bien amé 8c féal Con-
feiller Arthus deMonthauban, Archevefque de Bourdeaux*, Roland Coif-
fier , noftre Confeftèur v Jean Mefchineau, premier Chapelain de noftre
Chapelle , 8c Dofteur en Théologie r Odet Daydie , Seigneur de Lef-
cun *, Jean Aulbin , Seigneur de Malicorne , noftre premier Chambellan y
le Seigneur de Grammont f c'eft àr feavoir , Roger de Grammont Se
Thierry de Lenoncoiut ,. Gouverneur de la Rochelle, auffi no^Cham-^
fcellans. Defquels nous inftiruons lès principaux à tous pourfiiits > les
iiifdits Seigneur de Grammont & de Malicorne. Nous voulons auffi Sa
crdoxmons. finallemcnt > que ce prefent efcrit figné de noftre fein ma^
Uh 3. nudbjF
Z4^ C A B IN E;T^ '
nuel> roitfaic & réputé autentique > comme s'il eftoic CééÛé de noftreS
Îjrand fcel , & fîgné du Notaire public , lequel nous avons figné > Pre-»
eiu à ce cefmoins , Nobles hommes , Jean de Roche - chouart » Vi«»
comte de Brûlais ; Guillaume de Ponville ^ Marc Clairet ; maiftre Ro«
berc du Lyon » & Robert Foucques > .Doâbeur en Médecine y le ringt-
quatrième jour de May ij^ji.ainfijigné y Cakolvs.
Mondeur de Comminges foutenoità toute puiÛànce , que le Duc avoit
efté empoifonné & malencié par l'exprès commandement de celuy qui.
naturellement eftoit tenu à Taimer , & Monfieur de Lefcun prift TAbbé
de S. Jean d' Angely , & Jean de la Roche > Efcuyer de Cuifine , Autheut
de la mort dudit Duc > l'un defquels Te pendit , eftant en prifon chez le
Duc de Bourgogne.
Après la mort du Duc de Guyenne, le Roy fut prendre poflcflion de Tes
Eftats , dont il fit Moi|^ur de Beaujeu Gouverneur , & au retour de-*
libéra de paflèr en Bretagne , pour faire guerre au Duc y mais par le
moyen de Odet , Seigneur de Lefcun , le Breton fit fonaccommodement^
& Odet fut Gouverneur de Guyenne , tant que le Roy vefcut. La mef-
me année le Duc d'Aiençon fe retirant vers le Duc de Bourgogne, fut
{>ris par Triftan THermite , qui Tenvoyx au Roy *, 6c fur la fin d'Avril s
e Roy d'Arragon fit cntreprife fur la Ville de Perpignan , & la prit >
Monfiem: du Lau eftant Gouverneur : peu aprèç le Roy la reprit par le
Seigneur de Gaucourt , qui y pofa le liège en Juin de la mefme année :
ledit Seigneur de Gaucourt conduifit le Duc d'Aiençon au Chafteau du
Louvre , lequel Duc ayant efté condamné , fut renvoyé prifonnier à la
garde de Jacques HinHèlin , Efcuyer d'Efcurie du Roy , & de Jean de
Harlay , Chevalier du Guet. En Juillet de la mefme année , les nouvel-
les vinrent au Roy , en la foreft de Loches , que François Duc de Berry
Ton fils , eftoit mort y Se pour ce fit abattre grand quantité de la foreft »
ayant de couftume , quand mauvaifes nouvelles^ luy venoient dans aup
cuns habits , ou fur quelque cheval , il ne s'en vouioit plus jamais fervir %
en ce mefme temps revint en France Pierre de Morvilliers , jadis Chan-»
cellier , qui s'eftoit retiré en Bretagne depuis la mon du Duc de Guyen-*
ne. La mefme année , le Roy eftant encore en trêve nvec le Breton y il
efcrivit la fuivante au Grand MoiAre,
Lettre de J\d Ônfîeur le Grand Maiftre, le Duc de Bretagne a icy envoyé Mon-.
I^uis Xlt fort , fon pourfuivant , pour aller fignifier les trêves au Duc ae Bour-
gogne , finiflàntes au dernier jour de ce mois. J'efcris â Monfieur le
Conneftable, aue fi vous & luy voyez que ladite trêve ne vous foit
pas feante par oe-là , la faire crier , au moins , qu'il en fafie femblant »
& dire qu'xls l'ont rompue de leur cofté, Auffi fi voyez , qu'elle vous foit
bonne, tenez-la s car avant que le Pourfuivant foit par- delà > il n'jr
aura pas huit jours de trêves , tenezry les termes ainfi aue vous aviferez
cftre à faire , & félon que verrez les affaires de par*aelà : les Bretons
montrent qu'ils la veulent tenir , car ils s'en fpnt allez chacun en fon
Hoftcl, Monsieur le Gr»nd Maiftre , j'envoye piçs deux Scncfchaux pour
fivoit
D E L O U Y S XI. 147
Leâoore
. CHAPITRE VIL
Le Roy foupçonnant te Conn^aUe cTinfidclite , ledit Connétable efcritla
fuivanu au GrandMaifire & au Duc de Bourgogne :fa prife & mort y &:
lei Vers qui furent faks fur cefu/et ; enfuiu la mort du me/me Bourgui'^
' gnon , & le dciàldu Duc de Lorraine^
Van nul quatre^cens Ceptante quaere y que le Roy ordonna que lafefle de
S^ Ckarlemaguefujt célébrée par tout fin Royaume : au mois de Janvier
' le ConnèflabU mal voulu duRoy y efcrivit lafuivante au Grand Maiflre^
* «
MOnfîcur le Grand Maiftre » je me recommancle a vops , tarit com-
me je pui^, pource que le bruit de pjon abandonnement coure ^^ ^^
tousjours de plus en plus, &cn fuk chacun jour adverty , tant d'un ^ ^^
party que de l'auïit» J'ay prefentement & depuis mes lettres à vous ef- ^^^^^^^
crites , envoyé devers le Roy Monfîçur de Moiiy mon Lieutenant , pour
luy remonftrer mojn cas , afin que foa bon plaîfîr foit y donner proviuon ^
& femblablement j'en efçris si Meâieurs ae.rOrdre> eftans de prefent
en Cour , de toutes lefquels lettres je-vous ay envoyé de^ doubles , pour
en^eftre adverty i plein t f\ vous requiers & prie , <anc comme je puis ,.
veu que n ay rait & ne voudrois faire chofe pourquoy le Roy doi-
ve avoir caufe de faire de moy ledit abandonnemenc , qu'en cette matière
me veilliez confeiller & aider , & fervir £ meftier eft , comme en cas
Îiareil » vous voudrois faire , ce que. tenus fommes l'un à l'autre , par le
erment folemnel fait à la réception de 1 Ordre , & fur ce me faire fça-
Yoir voftre bon advis & vouloir. Mjbnfieur le Grand Maiâre , fi eft chofe
ÎuepQur vous puiilè faire çn me le faifant fçavoir, le feray, je prie Noftre-
eigneur qu'il vous donné ce que defirez. Efcrit au Caftelet , le pénul-
tième 0£b;>bre» & au dej/bus y le Comte de S. Paul > Conneftaole de
France» . ,.»■ j^ > \ » '\ .
Ledk Conneftable fcachant l'accommodement fait entre le Roy & le
Duc /^ Bourgogne , il fis xedo:^ i Monsen Uainaujc,^ 4'où il efcrivii^
lafutvante audit Duc^ / . . /
]^^On trcS'honnoré&redoutéSctgncur, fi humblement & affeAucu- Icttij^Jin
£:men€ que faire puis, me rccotnmande à voftre bonne grâce, de la- ^<>ûï*wwK
q^ueUe>j*ay totallcment atfaire>Yrà la neceflité o4 je ftis , pour vous ^
penfec avoir fait ièrvice ^Scjoxof comme voftre crcs-humble ferviteur &:
^uvre parent, me fois. retiré. en- vos pays , pour y vivre & mourir >
tans-efpargner ma vie ny mes biens s^oùxL vous plaira m'employer , pour
VOUS^j,
a48 CABINET
vous , mon très-honoré Seigneut ; j'ay foaveoanee des biens & bon^
ncurs que j'ay reçeas en voftrc maifon , tant que j'y ay demeuré , qui me
donne efperance » que ne me voudriez mettre en oubly ; car je fçay que
ne voudriez bleflèr voftre honneur y Se auffi ne faits nul doute > que
n'ayez adez fouvenance des promefles que m'avez faites âr fait faire > en-
îemble du fçrvice que je vous ay fait en la jouruéc de Montlhery 9 vouf
iuppliant très-humblement à la an de mes lettres , que mon loyer n*eû:
foit perdu , & qu'il vous plaife crpirç ce Gentil-homme > qui eft à mov ,
£re(ent poneur , auquel j'ay donné charge de vous remonArer mon oo*
mt affaire. Efcrit à, Mons > le 14. Novembre , & au d^ous , Mqp très*
redouté Seigneur , voftre très-humble ic très-affeâdonne ferviteur Loys
\j
Cette lettre fut Inutile , le Bourguignon fe plaignant de ce que fiur la
confiance qu'il avoit en luy , le Roy d'Angleterre avoit fait des routes ^
croyant qu'il luy rendroit la Ville de & Quentin^ & il dit au porteur »
qu'il n'avoir perdu à efcrire , que l'efperance & le papier \ & peu après
fit livrer ledit Conneftable es mains d<t l'Amiral de France , Baftard de
Bourbon , & des Seigneurs de S. Pierre & du Bouchage : furquoy Ton di-^
foit en Cour , qu'il y avoit eu guerre en Paradis ,.& que S. Pierre avoît
pris S. Paul. Après la mort ^ ocecOt^on dudit Conneftable 9 furent con^
pofez ces Vçrs»
Mil quatre cent , Cannée de Grâce ' •
Soixante & quinze , en la erand* Place
A Paris que ton nomme Çrreve ,
Van qu^U fut fait au^ j4nglois Tfeve ^
Pe Décembre le dix-ruufy
Sur un Efchàffaut fait de neuf ^ •
Fut amené le Connefiable
En compagnie grande & notable ^
Comme le veut jJiai & rail'
Pour fa tfésf grande trahij
JSt la il fia décapité
£n cette tris- noble Cité f
De fjlus fut drefle un Poteau en la mçfme pljice de Grève 9 fur lequel
pn Ufpit cçs 4cjix dçujc Vçrs ^.atjins, .
JDetegit imbelles animos nilfortlter aufa y
Sedittà y tantumve fugam meditataiuventus.
L ' année fuivanu > le Roy traitant de paix avec le Duc de Bretagne ^
ffcrivit cette JjLettre au Grand Maifire^
Lettre de J^Qnfieur le Grand Maiftre , je vous envoyay l'autre jour une forme
l^^tt** XI. Ju f^i^ ^ afin que m'en envoyez le pareil , pour faire tenir au Duc de
Bretagne \ & depuis ay advifé qu'il n'eft pas en bonne forme » & l'ay
fait corriger , ainfi que vous verrez, fit pource tant que puis vous prier ,
[ue me le renvoyez au plûtoft (jue pourrez » & vous me ferez graxid plai-«
p car je vous promecs de f^e rçmpre ^ çançeler i'aucre > $c vous le
irçnYcrray,
wjbn ,
ifonj
r
©EL O U y S X I. 149
tttiverray. Et adieii , MonCeur le Grand Maiftre. Efcric i S. Martin de
Cande » le cinquième jour d'ÂcuilEb. Sigaé > hors*
Cette JLtttre reçue 9 le Grand MMftre.envoyafonJedé contenaru ces paroles.
J|\ Ous, Antoine de Chabannes, Cgoitedè Danunartin^ Grand Maif- 5^^^ j^
cre de France > comme il foit ainiî que pour Tentretenement & union de Comte de
jPaix fait entre Monfeigneur le Roy , d une part , & le Duc de Bretagne » Dammar-
Vautre ; ait efté advife, pour plus grande feureté ,.& afin que ledit trai- tin
ccé& paix foit mieux entretenu ^ obi^rvé^ gardé , qu'aucuns Seigneurs
J&c autres de, la part, du Ro^ > & pareillement , qu!auouns Seigneurs &c
autres de la part dudit Duc ,l>ailleront leur féelé en la forme & manière
.que nous autres de la part du ^oy & par fon exprès commandement*
^Promettons audit Duc de Bretagne ^.mr noftre honneur Se Baptefme
.qu'apportafn^s fur les Fonts , qu au cas que mondit Seigneur le.Roy me-
neroit suerre audit Duc de Bretagne , de jamais ne l'accompagner ne
«fuivre hors du Royaume , ny.avec luy courrir en ladite Duché ne Pays du
Duc , ny y faire entreprife , pillerie aucune , ny entreprendre ha^nois, ne
faire choie qnelconque.,.direâement ou indireâement » iqui porte pré-
Indice audit Duc , ny a fon Pays, hors daRoyaume^ t^ qu'il eft à pre*
iènts en renonçant à tout commandement ou contrainte que. le Roy
Aous pourroit faire faire. En tefmoin de ce , nous avons iigne de noftre
main aux prefentes, & à icelles avons fait.niiettre Je ieçl denos^^rmos^
le huiâieime.du.mQis,jd'Aojiift.i47$.
L^anniejuivame, y "le Duc de 'Bourgogne ayant e^c tue devant "Naney ^ le
Duc de.LorraineJut au-devant de Jbn corps en habit de deiiil , ayant
une grande Barbe d^or ^.venante jufqu à la ceinture 9 à la,mode des an^
ciens P.rmx^ quand ils avoient gagné quelques viSoires ; ,£» lors le
^Grand MaUlre ayant ejli envoyé en Picarde , par ordre duRoy > it
efcrivit la Lettre fuivante à Sa Majeflé.
O Ii^B , ie^usiinmblement ({ue îe puis , ^tne recommande àvoftrelx)»- Xectre du
oe grâce ,& vous plaife fçavoir que j'ay receu les lettres, qu!il vous a plu ^omtc de
xn'efcrirepar4]n Chevaucheur de yoftre Efcurie. Sire, dexetce matière P*""»*^-
nous efcrivons , &i nous aefté occafipn de xourir à* Vaîenciennes ^ & me ^^
defplaift bien , SiitE , que nous n'y avons fait autre chofe4 maïs on y fera
encore ce qui fera poffible touchant le fait d'Amenés-; comme aufli dur ce
2u il vous a^plû m efcrire par une autre Jettre^ j^n ay parlé i noonHeur
leltier (18) plufieurs fois, paravant & depuis vos lettres receuës , mais il
m'a tousjours dit qu'il a fait le mieux q^u'il a pu , & qu'il voudroit que
le feu ftiftidanslaVille & au Pays , pmfqu'ils ne fe. veulent mettre en
ivoftre obéyflànce. Sire , plaife vous me msider & commander vos bons
5>laifjrs , pour les accomplir à mon pouvoir , au plaifirde Dieu , auquel
•fe prie , Sire > i^u'il vous donne honnevie Sclooigaie. A EfchcUeie dis-
septième Avr^.
Plufieurs
■(si) Ce pem eft ememtu
Tome IL ^ li
25a CABINET
Plufieurs Viiïes fe rendirent alors au Roy dans iXftat de Bbargogner
Arras réfîfta -quelque temps > Qiais enfin le Roy y entra le Mardy quatrîé«^
" me Mars 147^. après avoir envoyé dans la Ville le Cardinal de Bourbon».
. 1 47^» le Chancdlier » & Guyot-Pot, Bailly de Vermandois 9; pour recevoir les-
fermens des Habitans de ladite Ville > qui luj fut remiCe par Philippe do*
Crevecœur ,.5eigneur des Querdes , Se à oui le Bourgu^non s*eftoit la
plus fié y luy ayant baillé la charge de fa fille ^ & peu avant cette prife »»
tes mefmes Habirans. d' Arras avoient compofés ces Vers».
Quand les Rats mingeront Us Cas
Le Roy fera Seigneur d* Arras /
Quand la Mer 5 qui efi grande & lit ^
Sera a la Saint Jean gelée ^
On verra. par dtjfus la glau
Sortir ceux d^Arta^ de leur Place*.
Le Roy > aprïsfûn entrée en cène Ville , efcrivit cetu Lettre au
Grand Maijlre^
Iq!^I^ ]VI Onfieur fe Grand Maiftre , Dieu mcrcy & NoftrerDatne ,. fafpris
* cette Ville , & m'en vaii à Noftre-Damc de la Viûoire, & à mon re-
tour je m'en vais à voftre quartier y ic vous meneray bonne compagnie ;:
& pour ce ne vous fonciez que de moy bien guider > car j'ay tout fait
par de^ r Au regard de ma bleflure ^ ^'a e£bé le Duc de Bretagne , qui le
m'a fait faire , parce quil m'appelloit le Roy Coiiart » & auffi vous #fça-r
vez de pieça ma coutume , car vous m'avez veu autrefois : Et de ceur
que vous m'tfcrivez de Taleran , de de Bertrand de Roye > que je vous
ay renvoyez , je n'en fçay oncques rien , & ne croj pas que rien leur ait
efté dit ae par moy > quelque chofe qu'il vous die : Monfieur le Grand;
Maiftre > je vous prie que me fafllez Içavoir fouvent de vos nouvelles».
& de cequ'il furviendu de par-de4à iSc Adieu^ A. Arras. k feptiéme de:
May. Signé y Loys...
Lu mefme années le Prince d* Orange foAtint là guerre en Bourgogne ^
coTUre le Seigneur de Craon y & av ou en fa compagnie M^re Claude dtr
Vaudri ^& le Sieur de Chafieau-Guyon y: frère dudit Prince d'Orange „
vint à leurfecours; là il y eut grand hirûbilis entre la Bataille des
François & Bourgmgnons , où quinze cens fiirent tue^ y & le Seigneur
de ChafieaU'Guyon prifonnier : Au mefme temps le Grand Maiflre prier
d*affauUla Fille d'Avenes ,6 le MarefchalJoaeàim Rouault^ luy efcrivit
la Xettrefiùyame^
tc«r« & iVl Onfieur le Grand Maiffre , je me recommande à vous, tant comme-
Marécfcal je puif, : J'ay receu de vos nouvelles par ce porteur, & comme vous:
Eoaault. ^^^ pris \^ ville rfAvcncs d'aflàult , & qu'avez la conduite de l'ar^
jnéc du Roy , dont fe vous afleure que j'ay dlé 6c fuis fbrt joyeux : Mon-
fieur le Grand Maiftre, je vous prie, que fi vous voyez que le puiflîcz
£aité,<)àevous me recommandiez humblement a la bonne ^race du Roy,
& qu'il luy plaifc avoir bonne fouvenance de moy , & prie Dieu qv»'iË
luyy
r
DE LOUYSXL ;zyi
kiy ècftiVBt accompliâêmenc de tout ce qu'il deiîre » & vous prie deicT-
chef , que tout ce que pourrez faire pour taoy^ que le faffiez^ de Adieu»
Moiteur le Grand Maiftre , auquel je prie qu'il vous donne bonne vie &
longue. A ChaftiUon ^ le vingt-quatrième Juin* £i au deffous > le tour»
voftrejoachinu
£n Juillet de la nufmc armu l^yS. f Admirai deffit h Duc de Gucldrcs ^
pris de Tournay , ayant quatorze ou quinze miue Allemans , huit cens
defquets^rentprifonniers^ & deux mille tue^fur la place i auquel umps
le (irarid Maiftre ejlane Gouverneur du Quefnoy y ^fortifier cetu Place
& la mit en deffenfe contre le Prince d'Oranse » qui f ai/bit de grands de^
gajls aux lieux circonvoiRns , &foutint le Juge contre V armée de VAr^
cniduc i le Seigneur du ï.udesjut àfonfecours » avec le Seigneur de Gyé^
que le Roy fit Marejchal de France , & luy donna. Us ComU[ -de Marie
& de Ckyèel en Portien^ ^ ejloit renomme ledit Seigneur de Gyé par
les grands &fages Capitaines du Royaume » défaire une fois grand fait
^fervice au Roy » & celuy mefmeprit Êaudoiiin » Bajlatd du Bour^
guignon » qui s eftoit efchappi: ieait Roy ^ aprïs utte aSion » efcrivit
ainfî au Grand Maiftre.
j^ Onfieur le Grand Maiftre , fay receu vos lettres » & vous aflcurc
Îir la foy de mon corps , que je luis bien joyeux qu'avez fî bien pourvcu
voftre fait au Quefnoy » que n'avez pas efté furpris , comme fut Sa-
lazar à Grey , car on euft dit que vous autres vieilles gens ne vous con-
noiflèzplus au fait de la guerre s nous autres jeunes en enflions pris l'hon-
neur pour nous : Je vous prie que faites tant que avériez le cas de ceux
^ui vous ont voulu trahir jufqu'à la racine , îc que les punifliez Ci bien »
qu'ils ne vous ûflènt jamais mal. Je vous ay tousjours dit qu'il ne faut
point que me demandiez congé pour aller faure vos befognes , car je fuis
leur que n'abandonnerez point les miennes , que n'ayez bien pourveu à
tout , & pour ce , je m'en remets tout à vous , & vous en pouvez aller
iâns congé \ touchant le fait de Cimay » Dieu mercy , tout en va bien »
ic aime mieux que vous foyez bien gardé , qpe vous eftre avanturé de
perdre deux pour un s i8c à Dieu foyez. Au Pleflîs du Parc-lez-Tours , te
win^-iixicme Janvier, Signé ^ Loys. £t plus tas ,Cçmmn.
Lettre de
Unis XI.
li X CHAPITRE
ly* CABINET
CH A D IT R E V I I I.
Mort dtt Duc dt Nemours. > de Charles d^Amboifj^y^ & celles de plufieu9S»
autres Seigneurs ; & autres chofes remarquables ^.arrivées Van
Jacques XArmagnac , Duc de Nemours^ ayant ejli détenu prifonnier y. par
le moyen du Cadet de Saint Basile , favory du Seigneur de Beaujeu y .
fut conduit à la B/ifiUle Saint Anthoine , où il efcrivit la Lettre
fuiranuauRoy...
*^'**™^^ \J[ On très-recTouré & fouverain Seigneur , tant Se (T hutnblémenr, .
1475.. xVJL que faire je puis , me reconunanoe à voftrc grâce & mifericordc v .
^^ Sire, j*ay fait à mon pouvoir ceque par Meilleurs le Chancellier , pre-
1479* mier Prefident , MonHeur deMontagu (19) & de- Vifray , .leur a plu me
Noaveaa commander^ car ^urmourii navous veux défobéyr»ne défobéyrayr-
P'y^^ S I R1B , ce que leur ay dît me fembloit , que dévots dire à. vous , & non à -
autre; & par ce vous fupplie qu'il vous plaife n*en eftre mal content i
car rien jamais ne. vous veux celer, ny celeray , S i a e , en toutes les chb-
fes deHus dites \ j'av tant méfait envers Dieu & envers vous ,^ que je voi^
bien que je fuis perdu , (î voftr^^gracc & mifericorde ne s*eftend> laquel-
le , tant & fl très-humblement , & en grande. amertume& contrition de
cœur que je puis , VOU6 fupplie & requiert, en l'honneor &la.benoifte
Eâflion de Noftre-Se^neur Jpfus^hrift,&. merites.de lai>enoifte Viergç
Marie, èc des grandes grâces qu'il vous a fait , plaiiè vousjnei'bâtoyer»
& libéralement donner \ flcefeul - prix, a radieté tout le monde , je le
vous prefente ppur la délivrance de> moy^ pauvre pécheur , & entière
abolition &r grâce , S i r e ^ pour les grandes grâces qui vous font faites^
&itesHiioy grâce , & à mes pauvres enfans > ne fouffrez que ppur mes
péchez je meure à honte âc.confu(ion , &c qu'ils vivent en deshonneur «
& au pain quérir -, &iî'^vez eu amour à ma femme ^.plaife vous avoir
ftitié du. pauvre malheureux. mary ^ & orphelins*. S lre ^ ne fouffrez
qu'autre quevofiire mifericorde ^l clémence êc pieté >Xoit juge de ma caur
[e 9 ne qu'autre que vous , pour Thonneur de Noftre-Dame , n'en ait
connoiflfance *, S i R e , derechef, en l'honneur de la benoifte Paffion de
mon Rédempteur , tant Se fî très-humblement que faire puis , vous re*-
quiert pardon , grâce & mifericorde \ je vous ferviray "bien , & fi loyau-
mtnr, que vous connoiftrez que fuis >vray repentant , & que de force '
de bien faire veux amander mes deffauts t pour Dieu, Siices ayez pitié
de moy & de mes pauvres enfans , & eftendez voftre mifericorde , & h.
tousjours ne ceflèront de vous fervir , Se de prier Dieu pour vous , auquel
fupplie, que par fa grâce. Sire, Uvous domt très-bonne vie &: longue» .
& accomplifïement de vos bons defirs. £fcrit en la Cage de la BaftHle ,. .
le dernier Janvier ( 1478.) Et au deffbus , Voftre très-humble^ & très—
obéyffànt fub jet & ferviteur , le pauvre Jacques. Jean .
(x^j Ce nom ifi conemin^ .
i
DELOtXYSXI. 155
Jtan U Éoulanpr , premier Prcjidcnt 9 condamna à thon' ledit Duc de
Nemours , accompagné de Denis Heijdjelin , Maijlre d^Hofiel du RoyJ
& OH mefmt temps , Charles d*AmboiJe^ Gouverneur de Champagne ^Jut
envoyé dans la haute Bourgogne , ou- ilprU Verdun , Montfaucon , Se-^
mtur & Beaunez & le Grand Ma^rcalfaillu pris Falencienncs Jacques
Galliot f lequel fut prefûue défait é fort bleffe a la te/ie : Et en u temps y
Udit Grand AÙiJire^eJ^rivii cette Lettre^ au Roy.*
O la E > Icplas humbfctnetir c^de je puiir, me rccominahcle à voftre bon- ^ "'^^ii**
ne grace^ , & vous plaife fçavoir , que depuis cinq ou fix femaines en D^^j^^f-
^a , plufieurs gens de Jacques Galliot , le font venus rendre en cette dn,
ViÛc , & entre autres, il j en vint dernièrement un qui feignit de foy
venir rendre , & venoit voir icy quel nombre de gens if y avoir en cette
Ville , & cela fait ,s*en devoit retourner vers ledit Galliot (20} r pour le
luy déclarer *,& pource que je fus adverty par un-defes compagnons, je te
fis prendre , & il connut de bon gré , fans force, qu un nommé Pruden-
ce , qui eftoit Lieutenant dudit Galliot , avoit marchandéà luy à une fom-
mc d*argent , qu'il luy devoit donner pour mettre le feu en cette Ville,
& le devoit advertir du jour qu'il le pouvoir faire ; à cette caufe leur ay
iàit faire leur procez Se couper les teftes ^ le fait dudit Galliot eft peu de
cbofe par deçà , la phifpan de fe^gens ontefté tuez ;'les uns & les au-
tres fe font venus rendre , & n'aguetes qu'il a efté pris vingt chevaux-
devant Valenciennes , & a efté luy-mefme depuis peu fort rebouté , ou-
vragé & blefl?. Il n'eft pas à Valenciennes , & dit-on qu'il eft- allé vers
le Duc d'Autriche s bien-toft vous f^aurernouvclles de ce qui en fera.
Sire , je prie Dieu qu]^l vous doint bonne vie & longue. Efcrit au
Quefnoy , le vingt-fîxieme Décembre. £r à lafubfcription. Au Roy , mon
ibuveram. Seigneur.
Ledit Grand Maiftre fil depuis pratiquer ledit Galliot , & l'attira aii
fèrvice dii Roy , en ayant eu congé du Duc d'Autriche , & il prit grande
peine à l'avoir , dit le manufcrit, parce qull le fentoit eftr&trèSi^t>oa 2^
vaillant Chevalier.
Autre Lettre du Roy au Gmnd Maijlre dt Prattte^
JML Onfïeur le Grand Nf aiftre , vous retiendrez avec vous , tant que vous V* ^ ^\
voudrez, les deux cens Lances qui vont à Tournay , H mille ou douze LouiTS.
cens chevaux ne feront pas pour vous courir fus , veu laX!Iompagnie que
vous avez \ mais je vous prie (ju'il ne fe fa(fe pas uncr autre fois le gaft \
car vous eftes aufli-bien Officier de la Couronne , comme je fuis ^ & fî je
fuis Roy , vous eftes Grand Maiftre. Et Adieu. . A Saint Quentin , le
vingt<inquiéme Juin. Signé ^^Loy si Et plus Bas', Jean de Chaumont.
Dàins
(&o) Zm€^s GsUiêi i > Gemilbûmme Na^
plitMin , am efi mnrt dif$ûs MH/trvice du
% (^^rtês Vilh gfmrMmem ifiimé dis
cûttrti/ans d» des trvupes^ V oy tt'Tbilippf dt
Comines i TùmeL Livre I. çhsf. 6, Livre
IV.chaf, i.é^chsf, 15.
1 i 3 (tl).
\
154 CABINET
Dans cette mefine année 1 479. la Ville de Cambray Ait prlfe far le$
François , le Sieur de Fiennes y commandant : Ce qui donna lieu à U
Chanfon :
Elle eft bien habillée
La Pille de Cambray ,
Marafin (ix) C a pillée.
Le Seigneur de Chaumont faifoit en ce temps là merveille dans la Franche^
Comté , où il prit la Fille de Dole d^ajjault 5 & V Amiral gagna quatre--
vingts Navires Flamens : Ce fut fur la fin de uttt mtfme année , que U
Marefchal de Gyé defirant avoir une efpée de la main du Grand Maifire ^
ledit Grand Maifire luy efcrivit la Lutrefuivante. ^
i-J: ^"' j ** -M. Onfieur le Marefchal , je me recommande à vous , tant &: de iî bon
Dammar- ^^"'^ ^^ I^ P"^^ > "^^^ neveu Vigicr m a dit <jue vous aviez volonté d a-
tio« voir une efpée que j'ay , je voudrois bien avoir meilleure chofe dequoy
vous enfliez envie » car vous en finiriez bien , (i homme en finoit. Je veux
garder les ftatuts du defFunt Roy , à qui Dieu pardoint , qui ne vouloic
point qu'on donnaft à fon amy choie qui piquaft *, mais je Tenvoye à
Monfieur de Bajaumont » qui vous la rendra \ fi j'eftois homme à qui
Ton deuft faire Cçavoir des nouvelles , je vous nrierois que m'en fimez
fçavoir \ mais je ne fuis pas au comte des gens de bien pour le prefenr.
J'efcris au Roy touchant la garde de cette Place ; je luy voudrois bien
fupplier , que s'il n'y met autres gens , qu'il luy plût m'en décharger ;
car je fais doute dV taire mal fes befognes & les miennes. Je prie Dieu^
Monfieur le Marefchal » qui vous doint ce que vous defirez.
Ledit Grand Maiftre envoya dire à Monfieur de Bajaumont > qu'il
vendit l'eipée fix blancs , pour en faire dire une Méfie en l'honneur de
Monfieur S. Georges, pource qu'il efloit d'opinion , qu'on ne devoit riea
donner ï fon amy qui piquafl.
De VAffemblée générale qui fia tenue à Orléans y pour
la Pragmatique-fanUion»
X* Ut en ce temps tenue une moult belle & grande Afïcmblée en la Ville
d'Orléans , où lurent envoyez par le Roy , les plus grands Clercs de
fon Royaume , pour la Pragmatique-fan^tion s 6c illec fe trouvèrent les
trois neveux de Monfieur le Comte de Dammartin , Grand Maifire de
France 5 c'cft à fçavoir , l'Evefque de Valence , frère du Senefchal de
Beaucaire , nommé Balzac , & aufli l'Evefque de Lavaur , & l'Abbé de
Marmoutier, lefquels firent bon & loyal ferviceauRoy , tant que ont finy.
Képonfe du Roy à celle que Edouard Roy d'Angleterre luy efcrivoitfur U
fujet de Vemprifonnemem de fon frère y le Duc de Clarence.
A Udit temps , le Roy Edoiiard d'Angleterre > fit prendre fon frère , le
Duc de Clacence , lequel vouloir aller au fecours de la Doîiairiere , Du^
chefle
lll)Uc0nmând0kÀCsmbrMyfàurl€licy]LçmsXI. HifL de Cambray , T. l.f.119.
tia^
D E L O U Y s X T, if j
cTiefle de Bonr^^ogae ^ & bien-toft après envoya Tes Ambafladeurs ea
France , avec lettres au Roy , pour avoir fon advis > & le Roy ne luy fit
^ucre céponfe > que le Vers fuivant du Poëre Lucain^
Toile morasfapc nocuit diffcrrc paratum*
Depuis les nouvelles arrivèrent que ledit Duc de Ckrence avoir efté
noyé 4^ns un tonneau de Malvoifie.^
En la mcfmc année j un nommé Julio de Pi[e , Italien y donna le gase de
- bataille à outrance > à Bofile de Juge , Napolitain , furquoy le Maref"
chai de Loheac efcrivit lafuivanu au Grand-Maiflre^
^^^Onfieur le Grand Maiftre , je me recommande bien fort à vous*, ^^^^
tant & de fi bon cœur eonune je puis v j'ay reçeu les lettres que m'ar n^^î^^
yez efcrites » & oiiy ce que le Prevoft m'a dit \ au regard de ce que m'ef-
crivez que mefiire Julio de Pize a refufé le fauf-conduit du Roy , difant
eftre fufpeâ , 6ç que médire Albert dit , qu'il eft au deflufdu d'eflire
tel Ju^e qu'il luy plaira > laquelle chofe ne croyez pas y au contraire y
Moni^r le Grand Maiftre » j'ay veu trois ou quatre gages devant moy y
de foy mentir , & auili de rpm^ure de lauf-conduits ^ mais les deman-^
deurs venoient tousfours requérir la raiTon aux Capitaines » à qui eftoic
le deflfendeur v ôc par meilleure raifon , comme il me femble , ledit Ju-
lio la devroit demander ai^ Roy de mefiire Bofile , puifqu'il efi fon fer-
viteur , & me femble que devriez avoir la fommation que mefiire Ju-
lio a faite audit mefiîre Bofile , & ];^areillement la réponfe qu'a faite le-
dit mefiire Bofile fur ladite fommation ^ aulfi moy eftant à Laval , André
Trolop & Jacques de Guiter entreprirent de faire armes â outrance de-^
vaut moy , iquoy je leur baillay jour , où ils fe trouvèrent tous deux ^
ic moy eftant en mon fiege , & les dedus nommez > au camp tous ar-^
mez , &c ja ledit Trolop hors de fa tente , gamv de toutesfes pointes Se
baftons à afi&mbler , entra audit camp Louis le Clerc , lequel fe mit à
genouT devant moy , me requérant juftice , & me difant r Monfeigneur ,.
voicy André Trolop , qui n'eft homme digne de combattre Jacques de'
Guiter quiicy eft , & j'ay eu fa foy , laquelle il ma menrie,& s'il veut dire
k contraire , je fuis preil à le combatte devant vous > & fur ce ledit An-
dré qui avoir avec luy du meilleur Confeil qui fut lors en nos marches y
ç'eft a f^avoir Aubert de Montfort y Mendonnet , Beauvade & autres^
notables hommes , & par leurs advis & délibérations , me demanda
congé de luy répondre > lequel je luy donnay Se dit oiiy , je fuis icy fur
fe fauf-conduit de Monfieur le Marefchal , embefongné pour accomplir
ks armes entreprifes. Se ne penfois point en vous-, & pource je vous
fais réponfe , que fi aucune chofe avez à me demander > que quand
voftre plaifir fera de vous trouver de mon party Se devant mon Juge , Se
^ue m'en accufercz , que vous y répondray, ainfi qu'en tel cas , un Gen-^
nl-homme doit faire > Se en façon <|u'au plaifir de Dieu » mon honneur
y fera bien gardé j Se lors par iadvis de Monfieur de Biieil » Louis der
BueiL& autres notables gens là prefens, je renvoyay ledit Louis le Clerc j»
de, furent lefdites armes accomplies , Se luy fut dit que je n'eflois^ paS'
iw Juge en cet endroit».
2
5* CABINET
Pourquoy je vous advectis de ces chofcs, afin que vous y advîfiez, priant
Noftrc-Seigneur qu'il foit garde de vous, Efcrir i Pontoife , le 8. Dé-
cembre : le tout voftre , le Sire de Loheac , de Lanvaux , de Quergolay »
^arefchal de France. Signé ., André de Laval i & au dtffus de faditu let^.
trc. A Monsieur le Gran4 Maiftrc de C|babanne$.
Lettrefecrfitu du Rpy auflit Grand Majftre , FannUfuivanttf,
Lettre de ]S/jL Onfieur le Grand Maiftre , j'ay efté merry quand j'ay veu que ne me
|,ouis XL faiiiez point de réponfe ; car il me fembloit que vous n'eftiez plus dans la
volonté que je vousavois laiffè touchant Bourgogne \ & je n'^v autre Parap
dis en mon imagination > que celuy-là. J'ay eu à ce matin aes lettres du
Stenefchai de Be^ucaire , que je vous ay envoyées , & remedirom bien
^ tout > quand jauray parle à vous > & pource que je «t'en vais Lundy i
Tours , jenèyoùsefcris autre chofe \ ntiâs j ay plus grand faim de parler â
vous , afin de trouver remède en cette matière » que je n*«us onques |
jConfeflèur pour lefalut de mon ame. Efcrit à U>cnes > le i8. Oâobre»
Signe LoYs: Et au dtjfous , Tilhar : 6» à la fufcription. A Monfieur le
Çpmte de Dammàrtin , Gritnd Maiftre de France.
Autre Lettre du Roy à Monjîcurde Curton y Gouverneur du Lîmojin.
lument comn^encé;
noftre yolonté fiSc
mains les efpies^
faites ksoien géeOier & les livrez au Prevoft. J*ay efcrit à Monfiéur le
Grand Maiftre , qui vous mandera bien au long de nos nouvelles. Efcric
à Montils-lez-Tours > le 6. Novembre. Loys : Et plus basp Tilhar.
Le mefme Seigneur de Curton , félon le manufcrît > moyenne la trêve
,€ntre le Roy & T Archiduc Maximilian , avçc lequel le Roy ^'aboucha
près de Cambray.
Sur la fin de 1 année , l'on avait arrçfté es prifons de Paris , un Cordç-
lier accu^ dé qudque crime , lequel toùtetois fut mis eh libené par \%
faveur de Jean le Boùlançer , premier Prefident , du fîeur Heinilèlin , &
d'Olivier te Dain » ce t^ui paroift par les Versfuivans^ qui furent fait^
furcefujo:. / . r
Uhpmjfant Noble Boulanger
Un Heinjfelin & un Barbier ,
Ont mis hors le bon Cordelier.
Audit temps , le Roy prit en fa proteâton Guillaume de la Madc , .dit
le Sanglier d'Ardene , & iuy fournit argent & hommes , félon le Ma-
nufcrit , pour faire kt guette à l'Evefque de Liège. Il eft à remarquer
que les Comtes de la Marie n'ont pas tousjours efté appeliez de ce notn »
,&qtt'ilseftoientanciennementnofnmez les Comtes dé Teisferbance \ (ii)
^ puis après furent appeliez les Comtes d'Altene , à caufe du voifinage
dçt
^p) On Tiftêrb0tU9 y^ eomfr^rifletUBomfil, ^ muns ternsê» tsfs de GyeUref^
r
D E L O U Y s X T. 157
de certaines Terres d'Adolphe , premier Comte d*Altene , & de celle da
Comte d' Arombourg î le voifînage & pays contigus , eftoient appelles
du langage du pays Alronce. Cet Adolphe I. eftant fécondé de la valeur
de fon frère , le fortifia fur la montagne de Voolfefegge , en Weftpha-
lie ; Ôc depuis l'Empereur érigea en leur faveur ces Terres en Comté fou-
veraine , & ils furent appeliez les Comtes d'Altene , comme qui diroic
les Comtes voifins j on les apjiella auilî les Comtes du Mont , à caufe
des Fortercfles qu ils avoient fait baftir fur cette Montagne.
Adolphe V. du nom > Comte d'Altene fe fignala dans le Sejtfentrion ,
& fe rendit Comte de la Mark y l'une des plus anciennes Comtez d'Alle-
magne.
Theodoric Comte de Cleves , fut le premier de cette Maifon qui oc-
cupa une partie de la Paleftine ; il mourut en 1 1 14.
Theodoric UI. auflî Comte de Cleves , entreprit le voyage de la Terre
fainte , fous l'Empereur Frédéric L
Arnoul du mefme fang , & le neuvième Comte de Cleves , fut auffi
en Orient , & après plufieurs viâoires obtenues fur les Infidelles , il
mourut l'an m 8. &c fut inhumé avec une pompe toute Royale dans la
Ville Hierufalem.
Jean premier du npm , Duc de Cleves & Comte de la Mark , employa
aufli fes forces contre le Turc , & tous ceux de cette Maifon » tousjours
armés pour la deffenfe& les interefts del'Eglife, quoyque ledit fur-
nomme Sanglier d'Ardene , fut lors obligé de faire guerre a l'Evefque de
Liège. Cet lUuftre fang cft allié en France dans les Maifons de la Tour
d'Auvergne &c Defchalar , des Marquis de la Boulaye , Se des Comtes
de Beaumont-Harlay 3 A^ Chanyalon 8c autres.
La Lettre fuivante que le Connejiabk efcrivit au Grand Maijlre > lors du
Jîege de Beauvais y a ejié obmife dans fon rang.
JMl Ondeur le Grand Maiftre , je me recommande à vous-, j'ay receu vos
lettres y & incontinent après la réception d'icelles , j'ay efcrit par tous i47^«
les lieux où j'ay pu fçavoir & connoiftre , que l'on peut avoir des Char-
pentiers ; jay mande aux Officiers des lieux , d'en envoyer à Beauvais en
toute diligence, le plus grand nombre qu'ils pourroient, & dès hier
vous envoyay huit Charpentiers que je trouvay fur le chemin ; fembla-
blement j'ay efcrit à Monfieur de Moiiy , &c i ceux de la Ville de S.
Quentin , qu'ils cnvoyent audit Beauvais deux des plus groflès Coulevri-
nesqui foient en la Ville ^ & qu'ils les faflènt mener que jour, que nuit,
le plûtoft que faire ie pourra , & en toute diligence. Au reeard dès dou-
;te cens livres que m*avez mandé vous envoyer , je luy ay baillé la fom-
me que Monfieur de Torcy m'a envoyée , ainfi que hier l'avois dit , &
tout ce qui me feraçoffible de ce que vous me ferez fçavoir , je le feray
de bon cœur. Monfieur le Grand Maiftre , noftre Seigneur loit garde
de vous. Efcrit à Creil , le 1 2. Juillet. Soubfcrit le Comte de S. Paul ,
Conpeftable de France. Signe , voftre Lors. (1471.)
Tome IL Kk Lettre
15» CABINET
Lettre du Duc de Bourgogne , efcriu au Duc de Bretagne , qui
a efte oubliée dansfon rang
j^On bon frcrc , je me recommande à vous de très bon coeur ; j'eftoîs^
^ ^^ ** en certain efpoirs ayant marché jufques devant Roiien ,. de profiter au-
dit Koiien , du moins pour avou: paflàge y mais, toute la puifTance des*
ennemis eftant en cette frontière , où eft le Grand Maiftre >. dont je ne^
fais aucun doute , pour la loyauté dont il eft çarny , & n*ay pas la cho-
fe encore pu fortir cie fon effet i ne fçay ce qu'il s'en enfuivra , ce voyant
je leur zy donné matière de penfer ailleurs , & ay pris icy camp entre
ledit Roiien & le Neuf-Chaftel , à Tintention de retourner toutes voyes
fur la prime , finon j'cxploiteray la guerre en autre quanier plus
dommageable aufdits ennemis , & feray tout ce que pomole me fera >
pour les efloigner de voftre marche -, mes cens de guerre de Bourgogne-
& de Luxembourg , font bon devoir en Champagne. Y^J fçeu qu*aufl£
faites vous en voftre endroit , dons je fuis très-joyeux» J ay ards & brûlé
tout le pays de Caux , par manière qu'il ne nuira de long-temps , ny
à vous ny à nous autres , & ne me departiray des armes fans vous , ainiL
que certain fuis que ne le ferez fans moyr mais pourfuivxay l'œuvre en-
commencée , félon vos adveniflèmens & remonftrances , au plaifir de
noftre Seigneur , qui vous donne bonne vie & longue , & frudtueufe
viâoire. Eicrit à mon camp-lez-Boifîze, le quatrième Septembre : Signée
voftre loyal frère Charles tEt au dejfus  mon frère le Duc de ore*
tagne, (1471.)
* 147S. En Oâx)bre de la mefme année^ , fût trouvé en Auvergne , en une
Smvanc la Religion de Moines noirs, appartenant au Cardinal de Bourbon, un
s ^l*"^ Religieux hermafrodite , qui devint gros d'enfuir , & fut pris Se gardé
fl^cï-àcC- i^f^^^^ ^^^ ^*^ ^^^ accouchée
fi"»» P« ' 5 J • Au commencement de Tan 1 48 o. moururent Jean le Boulanger &c Char-
les de Gaucourt, Gouverneur de Paris , bel & honnefte homme , fagc
& grand Clerc , dit le Manufcrit r comme fit auflî Charles d'Amboife >.
Gouverneur de Champagne & de Bourgogne , qui deceda en la Ville det
Tours au mois d'Hy ver , & à fa louange luy fut fait cet Epitaphe.
/[^ Ars mttte^jus vos armes Sr Bannières
Et entende^ un peu à lamenter y
Ne pofcTpUis vos tentes par Brnnicres
Laijje[ les champs fans vlus guerres hanter f.
Vous n*ave[ caufes de nre ny chanter ,
Perdu avei vofire aifnifils & Chef y
Dont France fouffre à prifent grand michef^
Dame PaÛas vofire Efcu de Chriflal ,
Avoit porte ce grand Chef que je dy ,
Faifant reluire maint acier ô mital^
E^ofl rangé comme preux & hardy ;
One plus grand mal en France nefourdy
Quand
DE LOUYS XL »5,
Quand Atropos » qui toutes gens vient pnndn >
Sa vU oflajans craindre de méprendre.
Crueue mort dont te vient telle envie ,
Que tel Chefd^ofi & autain chevetaine^
Tu as voulu fi'tojl priver de vie^.
Bien te cuiaions de luy ejlre lointaine }
Mais tu as pris ton couroux & autainc
A le ravir ^ puis quHl ejioit mortel,
S cache qu* en France on en voit peu dèteL
Dejon EJlat tout dloit accomply ,
Que Scipion , Pompée y ru Hannibal ,
Non pas Cefar, de vouloir ji remply ,
Ne fiit jamais à pied ne à cheval /
La haute mort fait as unfigrandmal
A tous Nobles & à tousgtns de guerre 5
Qu*on doit de toy vers Dieu vengeance querre.
Le Roy Vavoitpourfa vertu haut mis
Eteflevefur tous les Chefs de guerre ,
Fourpugnâtifde tous fis ennemis ,
Comme un Lion de force & de vaillance >
Joyeux eûoit de fa convalefcence :
Mais tojt après , comme en unfeul moment j
La mort luy fit grand couroux & tourment.
Aux Italies jadis fit maint beaux faits
Defonfier bras & de fa dure e/pée ,
£n rencontre mortel portoit les faits
Par fa force de vertu attrempée y
Et puis en France fa vertu a montrée
Enplujieurs lieux ^ tant que le bruit en cour
Par tout le monde , aufR-bien qu*à la Cour.
Duché ^ Comté , de nourgogne haute & baffe ^
Comment a^t^ilfubjuguée & réduiu >
Et d* autres lieux en bref temps repajji
Par fa force &fa bonne conduite y
Tant a defoisfes ennemis en fuite ,
Mis & chaffe{ju/ques en AÏlemaigne
N*a guerrcyeur qui ne le doute & craigne.
Si vous faymiei , Sire , pas n'avei tort ,
Car ilcjloit à vousfirviteurfeable ,
Tant Je travail a pris à grand effort ,
Que fa vie a efié moins durable y
Mais fa gloire fera plus perdurable
D* avoir eu tel Maifire &Jî grand Roy
Qui Icyaument afirvyfans deroy.
Il ejioit né de MaÇbn ancienne j
Charles d*Amboife dont tant ejl de renom 5
De Chaumoru Sire , & Comte de Brienne ,
Et d'autres lieux dont je laijfe le nom •*
Kkt h
1480.
t6o CABINET
Je prie 4 DUu qu^illuyfaj/e pardon ,
Et donne au Roy toujours homme propice 5
Qui Ji féal le fefve en fon Office. Amen.
Après le décès de Charles d'Amboife, le Roy donna le Gouvernement
de Champagne â Baudricourc , & le Gouvernement d'Arras, qu'avoir au-
paravant ledit Baudricourt , à meflire Olivier Cohefmin^ Gouverneur
a Auxerre > lequel commandoit cent Lances«
Ledit Charles eftoit fils de Pierre d'Amboife , Sieur de Chaumont ^
Chambellan du Roy Charles VIL la Maifon & Chafteau duquel le Roy
Loiiis XL fit razer au temps de la paix du Bien Public ^ mais depuis la fit
refaire pour defcharger (a confcience : Car ledit Sieur de (fhaumont
eftoit renomme très-bon & (âge Chevalier,
CHAPITRE IX. ET DERNIER.
Le Roy donne le Gouvernement du Quefnoy au Seigneur du Lude y & luy
en envoyé la Commiffion ; le mefme Seigneur du jLude yfavory du Roy^
fait licentier plufUurs. Compagnies d^Ordonnanu y & mefme celle du
Grand Maiflre ; les Lettres ejcritesfur cefujet de la part du Roy i Us
appointemcns & penjions qu avoit ledit ôrand Maiflre..
Lettres de enanu du Roy au Grand Maijlre.
MOnfieur le Grand Maiftre , j*ay defpefchc le Gouverneur de Dau-
phiné , pour s'en aller au Quefnoy , je luy ay charge de vous dire
aucunes chofcs y Se pour ce vous prie que vous fafliez ce qu'il vous dira >
& le croyez comme ma propre perfonne ,, & fans difficulté & fans diifi-
mulation nulle : Adieu , Monfieur le Grand Maiftre. A Cambray > le 8»
Juin. Signé , Loys. Et plus bas ^ Courtin..
Coppie de la Commiffion du Roy en faveur de Jean Daillon , Seigneur
du Lude j & Crouvemeur de Dauphiné..
LO vs , par la Grâce de Dieu , Roy de France , à noftre amé & feaf Cou*
fin le Comte de Dammartin , Grand Maiftre d'Hoftcl de France : Salut
& diledion. Nous voulons & vous mandons , que les Chaftel & Ville de
Quefnoy-le-Comte , dont de prcfcnt avez la charge pour nous, que vous
les bailliez & mettiez entre Içs mains de noftre amé fie féal Confeiller &
Chambellan , le Sire du Lude , Gouverneur de Dauphiné , pour en faire
& difpofer, ainfi que par nous luy a efté ou fera ordonné ; & en. ce fai-
fant nous vous tiendrons quitte & defchargé de la garde que en avez
eue de par nous , & vous en quittons & dekhargeons par ces prefentes ,
fignées de noftre main. Donné à Cambray, le 8. Juin 1480. Et au bas 9
Par le Roy , le Roy , le Prothonataire de Clugny , Maiftre Guillaume Pi-
card , & autres prefents. Et au dos ejioit efcrit.
Nous Jean Daillon > Chevalier Seigneur du Lude > Gouverneur du
Dauphiné >
D E L O U Y s X I. x6i
Dauphitié y certifions que par Mondeur le Grand Maiftre > par vertu de
ces prefentes Lettres , nous a efté baillé en main la Ville & Chafteau
du Quefnoy-le-Comte , en tefmoins de ce , nous avons (igné les pre-
fentes de noftre main.
Lettre du Roy au Grand Maijlrt*
M
Onfîeur le Grand Maiftre , pource que je fçay la peine & le fervice Lettre Je
qu'avez tousjours porte , tant envers feu mon père que moy \ j'ay ad- Louis XL
vifé , pour vous foulager , de ne vous faire plus homme de guerre »
nonobftantque i'entend bien que je n*ay homme en mon Royaume 9 qui
entende mieux le faid de la guerre cjue vous , & où gift plus ma fiance,
s*il me venoit quelque grande affaire > auflî l'ai-je dit â Pierre Cleret \
pour vous le dire : & touchant voflre penfîon & eftat qu'avez de moy ,
je ne vous l'ofteray jamais , mais plûtofl la vous croiftray \ & fi n'oubli-
ray jamais les grands fervices que m'avez faits > pour quelque homme
quienvueille parler > & adieu. Signé y Loys.
Réponfcdu Grand Maijtrc au Roy.
S
Ire > le plus humblement que faire je puis, je me recommande i
voflre bonne grâce , & vous plaife fçavoir , que par Monfîcur de Mon-
faucon, qui efl paffc par icy , j*ay desja fceu que voftre plaifir a efté que
je n'aye plus la cnarge de la Compagnie , qu'il vous avoir pieu me bailler
a conduire. Sire , j'avois bien fçeu paravant, qu'il eftoit oruir que vous
aviez volonté de ce faire ; ^nais je ne le pouvois croire , & me tenois
aufli feur de cet eftat , que de rien que j'aye : confîderez que j'ay longue-
ment fervi , & qu'il vous a pieu me faire cet honneur , de m'en don-
ner voftre ordre , auflî que les miens ont fervy le feu Roy voftre père ,
que Dieu pardoint , en les grandes affaires , & en temps qu'il en eftoic
befoin , pour les grands troubles qui eftoient lors en ce Royaume > en
3uoy ils ont fine leurs jours : c'eft à fçavoir feu mon père , en la bataille
'Agincourt ; mon frère Eftienne, à Crevan ; & mon frère dernier, en
Guyenne : & de moy Sire , depuis que j'ay pu monter i cheval , j'ay
fervy le Roy voftre père , & vous , le mieux que j'ay pu , & non pas u
bien que j'en ay eu le vouloir en ma vie , que la mercy Dieu , vous n'y
avez eu perte ny dommage , &c ne vous ay point fait de faute. Toutefois,
Sire , cuis qu'ainfî en cela tout eft à vous, voftre bon plaifir en foit fait.
C'eft bien raifon,SiRE, je vous fupplie très-humblement que vôftre
plaifir foit que je demeure en voftre bonne grâce , & qu'il vous plaife
avoir regard à mon fait , & aux fervices que moy & les miens vous
avons fait \ au moins, que jepuiflè vivre fous vous , félon l'office & eftat
qu'il vous â pieu me donner : & , Sire , je fuis tousjours pour faire &
accomplir vos bons plaifirs , & tout ce qu'il vous plaira me commander,
aydant le benoift fils de Dieu , auquel je prie vous donner bonne vie &
longue.
Kk 3
EJlat
/
%Ct CABINETDE LOUYSXL
Efiat des appointtmcns qu^avoU U Grand Maifir€.
} . E Gcand Maiftre d'Hoftel de France « avoit vingt cinq mille deux
^ens livres de revenus des bienfaits du Roy : c^eft à £çavoir«
Pour rOffice de Grand Maiftre y dix mille livres.
Pour FOrdre de Chevalerie , quatre mille livres.
Sur le Brienfonnois > huit mille livres payables au jour de la Chan^
deleur.
Pour fa Compagnie de cent lances d'Ordonnance , douze cens livres.
Et pour les Gouvernemens de Montivilliers > Harfleur & Chafteau-
Gaillard > deux mille livres*
Et ce > en reconnoiflànce des bons & agréables fervices rendus au Roy
Charles Se Loiiis XL & Tcftimoit le Roy an homme très-hardy 6c bon
Chevalier ; & ce quel(|ues grandes affaires luy fuHent furvenucs en fon
Eoyaume > en luy gillbit toute fon affaire.
Lt^n du Roy Louis XL par laqiuUc il veut que Marie ^ fa fille natmelk j
efpoufant Aimar de PoiSiers , Sieur de Saine Fiallier , poru les
Armes de France , avec une bande d^or y 146 J.
, JLOys , par la grâce de Dieu , Roy de France. A tous ceux qui ces prc-
' 4"7- fentes Lettres verront , Salut. Comme puis n*agueres nous avons traité
& accordé le mariage de noftre très - chère & amée fille naturelle »
Marie, avec noftre cher & féal coufin Aimar de Poidiers , fieur de S*
Vallier , parquoy feroit bien expédient d'ordonner les Armes qu'il nous
plaira que noftredite fille porte. £<;avoir faifons » que nous acertenez
que ladite Marie eft véritablement noftre fille naturdie > voulant hono*
rer elle & fa poflerité, & quelle joiiiflè des honneurs & prérogatives ^
qu'aux enfans naturels des Princes appartiennent , pour l'amour & fin-
guliere affeâion que nous avons en elle , avons voulu & ordonné, vou-
lons 6c ordonnons par ces prefentes, que ladite Marie noftre fille natu-
relle , pone les Armes de France, à la différence d'une bande d'or , com-
mençant au coftéL feneftre , ainfi que \çs enfans naturels ont accoutumé
de faites de laquelle chofe faire, nous luy avons donné & donnons
puiflançç & faculté perpétuelle. En tefmoins de ce , nous avons fait
mettre noftre féel à ces prefentes. Donné à Meflay , le x i. Juillet 1467.
&c de noftre règne le 6. Par le Roy , le Sire de Cruflbl , Maiftre Pierre
boriole , & autres prefens. L. Touftain.
Nous apprenons par cette lettre un fecret que THiftoire a ignoré. La
Princeile que Louis XL reconnoift pour fa fille naturelle , naquit dix ou
douze ans avant que fon père fut Roy. La mère eft demeurée inconnue -, &
tout ce que l'on a fceu de cette avanture , eft que cette Princeflc Marie
fut quelque temps mAtiée avec le fieur de S^ Vallier , & qu'elle mourut
fans çnfans.
ELOGE
%r
T.
T .-*
•.^
4-1^-4'
ELOGE
DU ROY
CHARLES VII t
PAR
M. DE BRANTOME^
DANS LEQUEL SE TROUVENT PLUSIEURS^
pankularijés qui regardent la Vie & U Règne
du Koy Louis Xl^jon Fcrt.
POuR venir à norgrands Capitaines' & Perfonnages François, je ne? '
puis mieux conunencer l'œuvre qu*d noftre petit Roy Charles VIIL-
Petit l'appellay-je > comme plufieurs de Ton temps & après , qui par une'
de fa
certaine Habitude de parler , lont appelle tel , i cauie de fa petite fla-
ture & débile complexion » mais très*grand de courage , d*ame> de ver-
tu & de valeur , de telle fone que non pas les François feulement » mais^
les eftrangers luy donnèrent par devife > fans qii'il la prit de luy-merme ».
ce Vers glorieux»^
Major in txiguo rcgnabat corporc virùis^
Qui eft proprement à dire , plus grande vertu regnoit en ce petit corps»
qu'on n'euft jamais penfc y pouvoir régner. Ce grand Roy rut nourry
par le Roy Louys XL fon père , au Chafteau d'Amboife , feparé quafi du-
monde , nourry & peu pratiqué de perfonne , non en fils de Roy , ny
mefme d'un (impie Gentil4iomme , & le tout fait ain/i apofté y afin qu'il
perdift cœur & n'attentaft rien contre luy : il letraittoit félon la mala-
die qu'il avoit eue , tant il efloit jaloux de fon Eftat , & de fa perfonne
encore plus -, Se pounant telle mauvaife nourriture ne luy offença ja-
mais fon généreux courage , qu'il avoit extrait de tant de braves Roys
fes predecefleurs : fi-bien qu'après la mort de fon père , &> hors<de fon^
fouz , il ne fongea & ne couva rien moins, & ne fe contentant , ny
votuant fe borner de fon grand , très-ample Royaume & fi eftendu , ( du-
quel eftoit la totale ambition du Roy fon père , fans attenter ny vou-
loir enjamber fur un autre ) voulut avoir celuy des doux- Siciles ,. ic par'
1^4 ELOGE
ce moyen fe faire couronner Empereur de tout l*Oricnt. Quî cuft ja-
mais penfé & prédit fi grand courage Se fi grande ambition à cç jeune
Roy , veu fa nourriture ? Car le vieux proverbe de jadis difoit , aue la
nourriture paile nature » & aufE qu'elle façonne les hommes , s'il faut
croire l'exemple de Licurgue , lorfqu il monftra à fcs Laccdemoniens
deux chiens d'une mefme ventrée , qu'il avoir fait nourrir , l'un aux
champs Se l'autre en ville ,.q^i tous deux firent divers & nouveaux ef-
fets , ( ce conte eft trpp cpmmun ) le tout attribuant à la nourriture Se
non a la nature. Mais cela faillJLt à ce Roy magnanime , car fa mauvaifç
nourriture n'endommagea en rien fon généreux naturel & brave cou-
rage y qui eftoit né avec luy , 6c qui le rendit un des grands Roys de la
France , voire de la Chreftienté. Ayant donc conceu en foy dès tes ten-
dres ans fes belles ambitions , il entreprit le voyage & la conquefte de
Naples y contre le confeil , pourtant de tous fes grands Capitaines , Se
l'opinion d'aucuns de fes Eftats, voire fans argent, qui pis eft , eftanc
le nerf de la guerre.
Il partit de fon Royaume , & n*ayant pas fait la moitié de fon che-
min , l'argent luy faut , dont il fut contraint d'emprunter les bagues de
Madapfie la Duchefie de Savoye & de Madame la Marqujfç deMontferat»
toutes deux très-bonnes Françoifes , royales Se charitables, qu'il enga-
^CA très-bien , Se par ainfi pourfuivit fon chemin d'une audace très'aflcu-
rée , épouvantant toute l'Italie , d'un feul fentiment de fa venue , en-
voyé des Marefchaux de logis & Fourriers devant , la craye à la main
" marquer les logis , comme u leur plaît , fans aucune rencontre ny refif-
tance de porte fermée ; chacun luy fait place , le Pape s'enhardit certai-
nement de luy faire barrière par Ces fulminations & excommunications »
mais il paflc outre & marche droit vers Rome , luy faifant réponfe gen-
rinjent, que dès longtemps il avoir fait un vœu , (he qu'elle gentille inveui-
tion & feintife de voeu , ) à Monfieur S, Pierre de Rome , & que neceC-
fairement il falloit qu'il l'^ccomplift au péril de fa vie, he voiU donc
entré dans Rome , bravant & triomphant , luyrmefme armé de toutes
pièces , la lance fur la cuifle , comme s'il euft voulu aller à la charge ;
ce qui eftoit beau & à donner à entendre , s'il y a rien qui branle , me
voicy preft avec mes armes & mes gens , pour charger & foudroyer tour.
Si bi^n que $:ette façon d'entréç ne fentoit nullement fa pompe ny bra-
yement, m^is un vray tremblement ou foudre de guerre. Ainfi donc
marchant en ce bel & furieux ordre de baraille , trompettes fonnantes
& tambpqrs battans , entre & loge par les mains de fes Fourriers , là où
il luy plait , fait aflèôir fon corps de garde , & pofe fes fenrinellcs par
les placer Se quarricrs de h noble Ville , avec force rpndes Se parrouilles,
planter fe$ joftices , potences & eftrapades en c^nq ou fix endroits , fes
bandons faits en fon nopi , fes edids & ordonnances publiées & criées
À fon dç trompe , comme dans Paris. Alle^-moy trouver jamais Roy de
France , qui ^ir jamais fait de ces coups , fors que Charlemagne ', encore
penfay-je qu'il n'y procéda d'une autorité fi fuperbe Se imperieufe. Que
reftoit-il donc à ce grand Roy de plus , finon qu'il s'impatronifaft bien
à plein de certe glorieufe Ville , qui avoir dompté tout le monde aur
Ffefojs ^ comniç il çftoit çn f^ puiflfançe , Sç comme pçut-eftre il l'euft
bien
\
DU RQY CHARLES VIII. i^^
tien voulu fclon fon ambition > & félon aucuns de fon Confcil? Mai^
k violementdc la fainAe Religion le retira, & le reproche qu*on luy
cuft pu faire d'avoir offenfc fa Sainteté , bien qu'elle luy en euft don-
né fu jet , & fe doutoit-on bien , qu'il luy en donneroit un autre , com-
il fît , & pour ce force gens le çoufïbient à luy rendre la pareille ,
quand ce n'euft cftc que pour fe tenir fur fcs gardes ; mais tant s'en faut,
qu'il luy rendit tout honneur & obeiflànce , en luy baifant en toute
humilité fa pantoufle. ( i )
Il tire puis après droit à Naples , à petites journées , où il entre de-
dans fans aucun effort par une porte , le Roy Ferdinand > fon ennemy ,
fortant par l'autre , en difant ce verfet de David.
Si Dieu ne garde la Cité , en vain veille celuy qui la garde.
Il trouve pourtant les Chafteaux qui fe mettent en defenfc , mais les
ayant afCegés & battus > eftant luy-mefme en perfonne dans les tran-
cnées ordinairement, & y faifant apporter fon difner, ils fe rendent. Le
Prince de Tarente le vint trouver , & faire la révérence au mefme lieu &
affîette de fon difner , dont il s'cftoima fort , le voyant là comme le
moindre foldat des Cens , & en loiia fort fa valeur , & après avoir fore
parlé cnfemble , le loiia & l'eftima encore d'avantage.
En cela il fit plus que le Roy François, qui après la prife de Milan»
ne voulut entrer dans la Ville , jufques à ce que Dom Pedro de Navarre
euft pris le Chafteau. M^is le Roy Charles voulut fe trouver luy-mefme
en perfonne à la prife de ces Chafteaux , & après il fit fon entrée fore
triomphante , veftu en habit Impérial , d'un grand manteau d'écarlate,
avec (on grand collet renverfé , fourré de fines hermines mouchetées ,
tenantla pomme d'or ronde & orbiculaire ( de tel mot ufe la Chronique)
en fa main droite , & en la feneftre , fon grand fceptre Impérial , îc
fur la tefte , une riche couronne d'or i l'Impériale , garnie de force pier-
reries , contrefaifant ainfi bravement l'Empereur de Conftantinople ,
félon que le Pape l'avoit ainfi créé , & que tout le peuple d'une voix ,
le crioit Empereur très-Ausufte. Qui voudra mieux fçavoir toute la cé-
rémonie de cette belle entrée , life Gaguin , où elle eft fort bien au long
defcrite , & comme les belles & grandes Dames du pays & de la Ville
paroifibient aux rues & aux places principales -, belles & fi bien ornées
de la tefte & du corps , qu'il n'y avoit rien de fi beau à voir à nos Fran-
çois nouveaux , qui n'avoient veu les leurs de France fi gentilles , ny en
il belles parures , lefquellcs en oaflànt , prefcntoient au Roy leurs jeunes
cnfans , & le prioient de leur donner l'Ordre de Chevalerie de fa pro-
pre main , reputant à grand honneur & bonne fortune , ce qu'il ne re-
fufoit point , tant pour les gratifier en cela , que pour avoir plus de loir
(xi & amufement à contempler leurs beautez , leurs bonnes grâces , &
la (uperbeté & gentillefle de leurs accouftremens. Puis il alla faire fa
prière à la grande Eglife cathédrale , devant le grand Autel , fur lequel
cftoit le chef de S. Janvier & fou digne fang ^ qui fe monftre encore a^-
jourd'huy»
Le
(4) Le Rpy Charles VIIL ne hs$f$ pMs les I h Ujofu, Burchardtis, enfin Uiftoite ficrem
fîtds ni Us mains du PMe . mah il U baifa l dn rate Alexandre FI.
Tomt II, U {%)
xGG ELOGE
le lendemain de Tentrée , il fit dans le Chafteau-neuf un fort fuperbe
banquet en deux grandes tables , à tous les grands Seigneurs & Princes
du Royaume.
J'y ouy dire à aucuns anciens de Naples , la première fois que j'y fu$>^
que les Dames y cftoient , & qu'il les failoit tous & toutes oeau voir.
Puis après fouper prit le ferment de fidélité d'eux , qui le luy firent de.
bon cœur , avec de belles proteftations \ mais ils ne les gardèrent gueres
après qu'il fuft party : en quoy ils furent i blâmer , car ils avoient le
meilleur > le plus doux & le plus humain Roy qu'eux & nous ayons eu
il y a long-tems. En cette entrée du Roy > on n'y trouva rien à redire y
iïnon que près de luy eftoit le Seigneur de Beaucaire , reprefentant le
Conneftable du Royaume de Naples , ce qui n'eftoit gueres beau \ car
il ne venoit que de frais eftre fon valet de chambre , (i) & luy voir por-
ter l'efpée , cette veuc eftoit odieufe. De* pareille chofe je vis force gen9
s'eftonner au Sacte du Roy Henry III. qu'un Marefchal de parlejnon-»
de , qu'on avoit veu fort petit compagnon , voire Comroiflaire des vi-
vres au camp d'Amiens n'y avoit pas % 5 . ans > fift l'office de Pair & Con-
neftable de France , & portaft l'efpée de; Conneftable ; f j) mais ce fut
faute d'autre , car il y en avoit deux prifonnicrs à la Baftille , (4) & l'au-
tre perfccutéj (5) ce qui fut trouvé de très-mauvaife grâce , & en fut
fort brocardé. Qui voudra voit pareillement le dénombrement des gens
de guerre , tant de pied que de cheval , de terre & de mer , le fuperbc
appareil ^ le graçd attirail & attellage d'anillerie » bref une armée
çompofée fupcrbement & de tout ce qu'il failoit , pour faire peur à toute
l'Italie > coname elle le fit » life ce bon Chroniqueur Guagum , & Paul
Jove , il trouvera 4 fe plaire.
Je brife donc icy , pour dire qu'après que ce gentil Roy eut laiffe fon
Royaume paifible , & donné aux Seigneurs & Dames du Royaume force
beaux plaints &: padè-temps , de beaux tournois à la mode de France >
quivont tous jours emporté fc prix, par deflus tous.les autres, & où il eftoit
tousjours des premiers àt^ tenans& des mieux faifans, avec (es migrons
& fes favoris Galliot , Cbaftillon , (6) Bourdillon (7) & Bonncval , (8)
qu'on difoit en rime gouverner le fang Royal > il part du Royaume , rc-^
prend fon mefme chemin > & rétrace les mefmes pas > reçoit nouvelles
de la grande ligue faite contre luy , pour l'empefcher de paftèr , & qu'oa
l'attend au paffage de Fornouc > pour totalement le défaire & mettre en
pièces > n'ayant que la moitié de fon armée , & l'autre laiil^e en fa con-
quefte»
(t) Les fjiis m frenciint foint in r# tems
i$ Vslttsdi Chambre , qtiils nefiiffem Gen-
tilshommes .* Etienne de Vefc Sénéchal de
Beaucaire ^itoit de trh^nehle famille. Voyez
les Mémoires de Caftelnau ^ Tome IL page
5 1 3 . C^ /ex Généalogies des familles de Bon-
9e, Agous y Vefc, ^ autres ,par Guy Âllard,
0 ) Cétoit M. le Comte de Rets, Maréchal
de France,
(4) Cétoiem les M^rMiMUxdê Ihmmo^
uncj cJ. de C<^.
(5-) Citoit le Maréchal de Damville.
(6) Jacques Galliot , Sieur de Genouillac^
C^ Jacques de Chdtillon , defquels M, de-
Brantôme a fait les éloges , Tome L de fe%
Hommes lUufires François.
(7) Phil^erê de la Platiere , dk BourdiU
Ion ; il y a eu un Maréchal de France de cê^
nom en 1^60,
(S) Germain de Bonneval; H avoit (si em^
fant (ihonneur du Roy Charles Fil/. Voyez.
tUifieire de et Roy , page 6lo.
DU ROY:CHAKLES VIII. £^7
quefte > ne s'en eftonne point , ( chofe mitaculeufe 1 ) fe preparei la ba-
uilte > choiûflr neuf Preux > pour les tenir près de fa perfonne Se combat*
tre prcsdeluy.
Ladiflaus > Roy de Hongrie & de Naples , quand il donna cette belle
bataille au Roy de Naples , Louys IL choiiit aulli ûx Gentilshommes
avec luy » & les fit tous Chevaliers avant la bataille > &c les veftit tous
d'une lorte à fa propre dcvife , ( aînfi que dit THiftoire ) tellement qu'ils
eftoient fi bien méconnus > que chacun d'eux redèmbloit au Roy , 8c
toutes les fois qu'il envoyoit un Efcadron , il envoyoit avec icelur
un des fept Chevaliers , de forte qu'il fembloit qu'en chacun defdits El-
cadrons > le Roy fiift en perfonne.
Enfin la bataille fe donna forte & furieufe , que ledit Roy Ladiflaus
perdit à demy. Voyez THiftoire de Naples. Noft redit Roy Charles fait
ce jour de fa main incroyables faits d'armes ^ monté fur un cheval noir
Se borgne , qu'on appcUoit Savoye , que Monfîeur de Savoye luy avoir
donné » lequel fervit bien cette fois fon Maiftre , qui eftoit armé de tou-
tes pièces , & fur fon hamois très-riche , avoir une très-riche jacquertc
{ ainfi appelle l'Hiftoirc ce que nous appelions une cotte d'armes ) i
courtes manches , de couleur blanche Se violette , femée de croifettes de
Hierufalem faites de fine broderie , & enrichie d'orfèvrerie 5 fon cheval
eftoit bardé de mefme , fon habillisment de tefte , très-riche & fupcrbe:
bref, il n'y avoir rien à, dire qui ne fuft d'un bon & vray genfdarme ,
dit l'Hiftoire. Il y en eut aucuns qui pour le bon zèle Se amitié qu'ils
luy portôient , contrefirent fes couleurs Se fa livrée , qui furent le Sei-
gneur de Ligny fon bon coufin , le Seigneur de Pienne , & le Baftard de
Bourbon Mathieu. Je crois bien que les autres favoris , que j'ay dit cy-
devant , en firenr de mefme , bien que l'Hiftoire ne le dife pas. Phifieurs
furent jaloux , & portèrent grande envie à l'éledion de ces neuf Preux
ainfi chbifis , comme il arriva de mefme à c;^lle que fit le Roy Jean en la
bataille de Poitiers» qui en fit une très-gentille excufe que l'on voit dans
la Chronique , Se comme il en contenta un chacun , certes telles élec-
tions peuvent fervir à leurs Majeftez quelquefois , car c'eft un grand plai-
£r d'eftre bien fécondé Se afiillé en relies affaires importantes de perfon-
nes , de fiance & de valeur ; mais au Roy Jean ny au Roy Charles > ces
choifis ne fervirent gueres 5 car le Roy Jean nonobftanr eux fut pris & en
danger de la vie ( il fe peut faire qu'ils avoient efté tous tuez près de luy ,
ou qu'emporrez par l'afpreté du combat , ils l'avoient quitte Se comba-
tu ailleurs ) fans un brave Gentil-homme François ,, du pays d'Artois ,
transfu^ié avec l'Anglois , ainfi que firent auflî ces braves du Roy Char-
les , qm s'amuferent fi fort à combattre qui çà qui là , & à pourfuivre
la vidoire , que le Roy demeura feul , ( dit Philippes de Comincs & au-
tres Hiftoriens , ) l'efpace d'unç demy-heure , enlorte que fans fon bra-
ve cœur , fa valeur , fa refolue defenfe , fon opiniaftreté de combat Se
fon bon cheval Savoye , ( car tout y fervit } il eftoit mort ou pris Se trouf-
fé. En telles importantes affaires , puifque l'on y eft choify& appelle, il
y fàur mieux avoir l'œil Se de la confideration , fans fe laiflèr trop aller
À l'ardeur de fon courage.
J'ay ouï dire à aucuns anciens Capiraines , que jadis par les vieilles
Ll 1 couftumes
a^8 ELOGE
coofhûnes des batailles , les grands & premiers Efcuyers des Roys deFrancd
dévoient tous jours eftre auprès d'eux> (ans jamais les defaiAparer ny aban-
donner y & ne faire que parer aux coups que l'on donne à leurs Maiftres t
ny fans s amufer à autre chofe que cela , ainA qu'on dit que fit ce brave
& grand LCcuycr de S* Severin à la Bataille de Pavie , à l'endroit du Roy
François î aufli y mourut-il en la bonne grâce & loiiange de Ton Roy >
qui le fceut bien dire par après. Il ne faut pourtant pas blafmer ces neuf
Preux d'une fi légère taute , puifqu'elle eftoit couverte de trop de gène-
rofité de cœur & de vaillance > car quelque faute que l'on faiflè en ces
combats» elle eft tousjours excufée quand elle eft d'une furabondance de
vaillance , accompagnée de courage.
Ces neuf Preux eftoient ceux que Belle-Foreft nomme en fa Chroni-
que y defquels eftoit le Seigneur a Archiac , dit meflire Adrien de Mont-
beron > grand-pere de Madame deBourdeil, qui eft aujourd'huy l'une des
belles , illuftres Se riches Maifons qui foit en Guyenne.
Je les ay tous veus portraits & neints au naturel dans une fale d'une
de fes maifons en Xaintonge , enfemble la forme du combac & de la ba-
taille , & eux auprès de leur Roy , avec une contenance de vifage ro-
prcfentée trèsraflcurce & hardie > qu'il faifoit cette très-beau voir j de-
puis la vieillefle a tout eâfacé y & ruiné la falle pareillement y. dont c'eft
grand dommage > car la veuë en eftoit trèsrplaifante.
Le Baftard de Bourbon , dit Mathieu , acquit là un très-grand hon-
neur , pour y avoir très-bien fait -, auflî il y fut pris très-vaillamment , Se
fort près de la perfonne de fon Roy & Maiftre , qui l'aimoit Fort Se le
croyoit , comme de rai fon ; il avx)i£ trèsrbien fervy le Roy Louys XL &
pourcel'avoit honoré de belles charges; mais comme fon naturel eftoit
prompt & léger i faire & défaire les perfi>Qnes > il le defapointa , Se
mefme du Gouvernement de Picardie ; il eftoit un très^bon Capitaine &
avoit du crédit envers fon î^aiftre & de la créance , comme il parut lors
qu'il l'appella Se le reprit de colère , quand il eftoit temps d'aller à la
cnarge , & que l'ennemy marchoit la tefte baiflée , luyi dit Se luy cria >
Sire , Sire , avancez-vous , il n'cft^ meshuy temps dcs'amufer à faire des-
Chevalîers •, voicy l'ennemy , allons à luy ;, à quoy il le creut & cou-
rut auflî-toft i luy; Surquoy je feray cette petite digreflîon , pourauoy
le tems patTé , ces Seigneurs & Gentils-hommes eftoient (i cuneux de te^
faire faire Chevaliers par leurs Roys ou fes Généraux d'armée y avant la
bataille Se la méfiée , plûtoft qa'après , dont j'en demanday un jour l'o-
pinion à feu Monfieur de Saniac. Le bon homme , très digne Chevalier
de fon temps , & qui entendok fort bien lescliofes Chevalerefques , me
répondit que telle eftoit l'humeur d'aucuns qui vouloient ainu* gagner
les devants , craignant que le Roy ou le General y mouruft on fuft {iris»
8e par ainfî qu'ils fuilent fruftrez de ce bel honneur^ qju'ils pretendoient
& defiroient tant, ou bien s'ils venoient à y mourir eux-mefmes, que
pour le moins cela leur demeuraft & leur fervift de perpétuelle mémoi-
re de gloire, & à leurs héritiers ». qpe pour le moms on euft pu dire
3u ils dftoient morts Chevaliers » faits delà main dû Roy. Vous trouvez
ans les Mémoires de M. du Bellay , comme à la Bataille de la Bicoque
h. brave Monûeur de Pont-Dormy , iaifanc la pointe avec fa Compagnie
DU ROY CHARLES VU!. xG^
âe cinquante hommes d'armes , il avoir au(C avec lay les Chevaliers
nouveaux , ce qui fait croire qu'ils venoient d'eftre faits tous frais de
Monfieur de Lautrec , General de 1* Armée. Aujourd'huy cette petite ufan-
ce de cérémonie d'ambition ne fe pratique gueres plus *, car ou mouranc
vaillamment U , ou furvivant ayant très-bien fait > l'on eft aofli hono-^
rabiement créé » comme fi cette cérémonie s'y fuft folemnifée > & poiE-
ble encore mieux.
Il y a auffi un abus , que tel eftoit touché ou accolé, (car ajnft fe fai^
foienc les Chevaliers , ou par le touchement du bout de l'efpée fur Tef-
paule, ou par l'accolade) qui venant puis açrès aucombat, au lieu de
tien faire oc de bien combattre , il s'enfuyoit à bon efcient de la batail-
le, ne faifant rien qui vaille > & voilà une Chevalerie & une accoUads
bien employée \ & c'eft pourquoy , difoit Moniteur de Sanfac > qu'il eftoit
bien meilleur cent fois > & plus honorable de fe faire- créer Chevaliec
après la bataille , ayant très-bien combattu > & fait bien le devoir de
Chevalier , ainii que le Rof François Premier voulut eftre fait Chevaliei
de la main du brave Monfieur le Bayard , après la bataille des Suifles , Se
comme de noftre temps fiit fait Monfieur de Thavanes , Chevalier , tane
de l'honneur , que de l'Ordre du Roy Henry , après la bataille de Ren-
ty , comme j'en parleray en fon lieu t forces aurres ont efté ainfi créés ,
comme je le dirois bien , mais cela feroit trop long ^ & aufii qu'au jour-
d'huy l'on fe difpenfe aflèz d'ailleurs pour (c faire Chevaliers , que les
moindres fe créent d'eux-mefmcs , fans aller au Roy, de forte qu'on
• peut dire, qu'il y a aujourd'huy plus de Chevaliers tels quels , & de Da-
mes leurs remmes, que jadis n'y avoir d'Efcuyers^&deDamoifelles»^
tant eft grand l'abus parmy la Chevalerie-^
Pour revenir encore à noftre grand Roy Charles , il faut noter une
grande faute que firenr ce jour-là , comme je tiens At^ plus grands que
mojr , tant de bons Capitaines qui eftoient avec luy , & Seigneurs , qui
leftoient Meflîeurs les Marefchaux de Gyé, de Rieux , de laTrknouilfe r
de Ligny , de Pienne, le Baftard de Bourbon , & force autres , que le
Roy eftant haï 5c cherché de fes ennemis tout ce qu'il fe peut , & qui
luy en vouloient plus qu'à pas un , tant pour fa generofité & fon reflfèn-
timent , que pour aflèurance & créance qu'ils avoient conceuc entr'eux ,
que le Roy pris ou mort, tout feroit perdu pour la- France, & tout ga-
^é pour eux , & qu'à celuy il falloir toiu bazarder & donner , envoyé*
xeent un Trompette, ou Héraut, pour , fous feintife , demander quel-
que Seigneur Vénitien prifonnier , & fous telle ombre efpier & avifcr
bien & remarquer les figne&quepourroit bien avoir le Roy ,. pour le re-
<:onnoiftre& le charger^
Ce qui fïit aifé au Trompette , car eftant mené vers le Roy il le recon-
nut par (t% armes , fon habillement de tefte , fa cotte d'armes , fon che-
val, jufqucs à la prifc de fa^ place de bataille , & ainfi rapporta bonne-
langue , telle que l'ennemy^la defiroit ^ fi bien que fur fon rapport , toute
la plus grande charge tomba fur luy comme une foudre , dont bien luy
fervit de faire- à beau jeu beau retour. Je vous laifïc donc àpenfer s'il y
avoir raifon de donner entrée dans l'armée , fur Je poinr de combattre,
i un tel galand que celuy-li , & fi on ne le devoit pas chafïer ou faire
LL 3, retirer;*
lyo ELOGE
retirer. Je ne fçay pas où ces Meilieurs pouvoient avoir le kns 6c les
yeux , de commettre telle faute que nos plus petits Capitaines d au-
jourd'huy ne feroientpas. Mais de ce temps, nos anciens François eftoicnt
fi francs & fi bons , qu'ils penfoient tous les autres leur eftre femblahles;
& Dieu fçait , n aYoien^ils pas lu force Hiftoires modernes de la faute
de telles gens > Or d'autant que Jacques de Bergame, au Supplément de
fcs Chroniques , a mis par efcrit la harangue que le Roy fit ce jour-là â
ceux de fon armée avant de commencer la charge , & qu elle me femble
très-belle &c gentille , j'ay avifé de la mettre icy. Elle eft donc telle fans
la changer.
M Certes , très-forts & hardis Chevaliers , jamais je n'euflè entrepris
•» de fi grandes chofes , comme ce voyage , n'euft efte la fiance que j'ay
» tous jours eue en voftre vertu & proiiçlTe , pareillement les foUicita-
M tions & promeiles de Sforce , Duc de Milan , lequel nous euft biea
w gardé d'eftrc en necdfité de combattre s'il m'euft tenu fa foy. Mais
M comme ainfi foit que la nature des traiftres fe déleâe plus en trahifoa
w qu'en foi & vertu > nous devons combattre afin de vaincre mauvaiftié,
M & foyez certain$,qu 'autant ou plus nous eft facile de vaincre la bataille
M que de la commencer , (gentille rodomontade de mot) car nos enne-
M mis font foudoyers & mercenaires , qui combattent plus par crainte ,
•* que par amour qu'ils ayeat à leur Prince : parquoy nous ne les devons
M pas redouter. Songez que nos anceftres , en combattant vaillamment^
M ont paflc par tout le monde 5 & de leurs ennemis ont emporté gran-r
M des dcfpoiiilles ôc triomphes-, & à nous , qui fommes leurs lucceflèurs,
w efchappera cette troupe imbecille que n'en rapportions victoire ^ Re-
M gardez , pour l'honneur de Dieu , ce quec'eft que fortune vous offre à
w prefent. O preux Chevaliers ,confiderez que vous eftes François , def-
» quels la nature & propriété eft de faire & fouffrir force chofes , comme
M les Gaulois,ayant tousjours tenu eftre plus glorieufe chofe de mourir en
» bataille que d'eftre pris. Nos ennemis fe confient en leur multitude , &
M nous en noftre force & vertu ; fi nous vainquons, tous les Italiens font
w à nous & nous obéïflcnt 5 & fi nous fommes vaincus, ne vous chaille>
w ( gentil mot ancien ) France nous recevra , qui deffendra aflcz fon paysj
M bref noftre cas eft feurement : mais je vous avertis que pour cette heu-
« rc n'ayez foin, ny follicitude de vos femmes & enfans, ne penfez
»» qu'i vaillament combattre, & fi vous avez autre courage , & qu'ay-
w miez mieux honteufement par fuite , vous retirer , & voir voftre Roy
M & naturel Seigneur dolent & captif es mains de fes ennemis , décla-
w rez-le de bonne heure w. Voilà certes de belles paroles d'un brave &
gentil Roy pour n'avoir jamais eftudié , mais elles provenoicnt du pro-
fond de Ion cœur généreux, aufquelles auffi-toft tous (es gens, tant
grands que petits , refpondirent qu'ils n'eftoient pas prefts feulement de
nazarder leurs corps pour fon fervice , mais d'y employer leurs âmes &
les engager à tous les diables pour luy , quand befoin feroit. On ne fçait
quel plus loiier à la vérité, ou les beaux mots du Roy , ou la réponfe de
les fujets , qui ne concluoient pas moins que de l'engagement de leurs
âmes , & de fe rendre efclaves des diables pour luy. Telle franchife de
parler , n'a guerc$ eftc entendue , ny dite des Chreftiens , ny tel devoir
de
DU ROY CHARLES VIII. 271
de fervîtude , n'aefté offert de fcs fujets à leur Roy & Seigneur , <ju*il
faut loiier, venant de telle affeâion. Ces François, ce coup-là, avoienc
raifon de conter ainfi d'cfcot pour ce Prince , car jamais ne fut veu meil-
leur Prince en France , ii doux , ii bénin , ny fi libéral ; fi bien que ja-
mais perfonne ne fe defpartit de fa prefence , qu elle s'en allafl efcon-
dnitede chofe qu'elle lay demandafl, ny qu'il luydift jamais mauvaifc
parole ; & c*efl ainfl qu'il faut gagner les gens -, aufli fut-il très-loyau-
ment fervy des fîens & bien aymc , & mefme en cette bataille , qu'il ga-
gna fort heureufement. Elle gagnée , rebroufle fon chemin , repafle les
montagnes , levé le fîege de Novarre , défengage le Duc d'Orléans , fon
beau-frere , fait la paix , & puis rentre en l^rance s arrive à Lyon fain &
gaillard , joyeux & triomphant , rencontré Se recueilly de Li Reine An-
ne , fa femme , l'une des oelles , honnefles Se vertueufes Princeflès du
monde , avec un vifage beau Se riant d'elle , & de toutes les Dames de
fa Cour , qui en faifoient de mefme à leurs pères , maris , frères , parens,
amys & ferviteurs y Se Dieu fçait les contes qu'ils leur faifoient de leur
voyage. Qu'efl-il befoin d'alléguer davantage pour haut loiier > couron-
ner Se confirmer ce Roy pour l'un des plus grands Se braves Roys qu'il y
cuft de long-temps en France 2 Comme fzy ouy dire à une grande Dame de
ce temps , nourrie petite fille à la Cour , qui difoit , que quand le Roy Fran-
çois Premier, parmy fes difcours , qu'il faifoit quelquesfois, il rangeoir
tousiours ce petit Roy Charles parmy les plus grands Roys de France, fes
Preaecefleurs , en alléguant les mefmes raifons , que j'ay cy-deflùs all&*
f;uées. Guicicardin , très-bon Hifloriographe certes , a voulu médire de
uy mal â propos en fon Hifloire s mais il êfl hors d'eflre receu pour n'en
parler que par paflion , & aufli qu'il fit à luy Se à, tous ceux de fa patrie
îî belle fezarde , qu'il ne fçavoit comment s'en revancher, finon à mef^
dire de luy , & de le deffi^urer & le defcrire difforme de corps Se de vi-
fage y fon effigie douce & oenigne, qui efl à Saint Denis en bronze doré
devant le grand autel , ne le nous figure pas tel , ainfi que j'ay oiiy racon-
ter à feu ma grand'mere Madame la Sênefchalle de Poitou , de la Mai-
Ton de Lude , que j'allègue fouvent en ce livre, & qui avoir eflé nourrie
fille de Madame de Bourbon , fcrur dudit Roy & fa Régente , & mefme
avec luy, qu'il avoit le vifage beau > doux & agréable , Se l'accomparoic
à un Gentilhomme près de notre maifon , & difoit que c'efloit fa vrayc
femblance , en l'appellant fouvent par ce mefme mot , la Véronique du
petit Roy Charles VIII. & prenoit grand plaifir de le voir & l'accofler
louvent pour l'amour de fon idée ; mais félon la femblance de ce Gentil-
homme , je trouvcrois ce Roy fort beau Se fort agréable ; il eftoit de pe-
tite ftature , de taille fort maigrelette , pareille à celle , difoit cette hon^
nèfle Dame, du Roy, & en faifoit force beaux contes, & mefme de
fon voyage de Naples , que Monfîeur le Senefchal de Poitou fon mary ,
avoit fait avec luy , qui en racontoit bien aufli , Se en rapporta force
beau:i^ & riches meubles cjue j'ay veus en noflre maifon. Enfin ce fut
Un grand Roy, lequel, s'il ne fuft mo«t, vouloir redreficr nouvelle ar-
mée, réfolument Se plus forte qu'auparavant , pour apprendre au Pape
& aux Potentats d'Italie à tourner mieux au bafton qu'ils n'avoient fait ,
qui fiit caufc qu'ils ne le regrettèrent gueres > Se par dépit Tappellerent ,
comme
tjt ELOGE
comme ils font encore au jourd'huy , Cabenuceo , qui eft autant à dire s
teftu & opiniaftre s mais pluftoft faut-il dire qu'il eftoit refolu , courageux
& déterminé en fes entreprifes & aélions.
Ce mefme Jacques de Bergame que j ay allégué cy-devant , dit que la
renommée de fes valeurs eftoit fi divulguée de-là parmy le monde , qu'il
en faifoit non-feulement trembler l'Europe , mais l'Afie ; en telle forte
que le Grand Turc , pour lors Bajazet , eut telle frayeur de luy qu'il ne
i'allaft chercher jufqucs chez luy & lech^flerde fon Empire, comme
fort bien il avoit rcfolu , qu'il fe mit incontinent fur (ts gardes , fit
amas de grandes forces & munitions ; cependant luy envoya une Am-
baflàde magnifique > pour requérir fon amour & bienveillance , ce qu'il
refufa tout à plat ; car pour certain , ce brave & très-Chretien Roy avoit
refolu & conclu par fentence irrévocable ( difent les Hiftoires , ) d aller
conquérir le ^.oyaume de Hierufalem & tout l'Empire d'Orient , & s'en
faire couronner Roy & Empereur \ mais la mort par trop cruelle le pre^
vint & l'en empefcha. Helas l il ne mourut point dans un lieu où fon
généreux cœur le portoit , mais au Chafteau a Amboife au plus vil lieu ,
qui fut dans une galerie , voyant jouer i la paume , comme dit Philip^
pes de Comines , fi que l'on peut dire de luy , comme dit Paul Jove du
Roy François premier , Etjîc maximus orbis Rcx in infimo totius GalUtB
vico periit. aiiifi mourut le plus grand Roy du monde dans le plus petit
village de la France ; ce qui n'çft , car la piaifon , le Chafteau ôc le bourg
font très-beaux , grands , illuftres & fort renommez en France , mais
il falloir que ledit Paul Jove parlaft ainfi. Mais il fera mieux dit de noftre
Roy Charles , EtJic maximus Rex totius orbis in viliffimo totius fuœ au^
lœ loco ptriit. Et ainfi le plus grand Roy du monde elt morr au plus vi-^-
lain & laie lieu de fa Cour , ainfi que dit Philippes de Comines , & , s'il
vous plaît , en vovant joiier à la paume \ fpeûacle cènes bien différent
de celuy qu'il s'eftoit propofé , mourir en voyant fes belles entreprifes
& conqucftes faire & achever devant luy. Certes le fale lieu fut trop in-
digne de ce grand & très-illuftre Roy , & la fortune ou dès le commen-?
cément le devoit Quitter l'a , ou bien , puifqu'elle l'avoit entrepris , ne
le devoit abandonner , ains le parfaire & pourfuivre jufques à ion plus
beau période , puifqu'il s'eftoit offert pour la Chreftienté & le nom
de Dieu.
L'Italie ne le plaignit pas s aufiî le Pocte Fauftus difoit que fes victoires
& faits belliqueux eftoient autant de belles marques & enfeignes qu'il
appelle vcrajicmmata proprement en Latin , fur le front des Italiens ,
qui jamais n'en tomberoient , cela eft alTcz commun. Comme j'ay dit ,
que le Roy fon père ne voulut jamais qu'il apprift mot de Latin , finon
celuy-cy , Qui ûefcit di£imulare , ncjcit regnare ^ auffi l'apfjrit-il bien &
le pratiqua \ mais d'autre meilleure façon que fon pere> qui le toumoit d
mal , & le fils à bien ; tellement qu'il fe lit dans la Chronique d'Anjou ,
aue lorfqu'il entreprit fon voyage de Naples, il y eut force Ambaflàçleurs
'Italie , qui allèrent vers luy pour le requérir humblement, ( ainfi par-
le la Chronique ) il leur fit relponfe en telle fage & douce ambiguité,
qu'ils n'eurent caufe d'aucune fufpicion , ny de hayne contre luy , ny
^ilfii apparence ou proipeffe d'amipié > dont après trop plus que devant le
pr^gnirentj
DU ROY CHARLES VIIT 173
^talgntrent ; connoiflanr par fcs effets , ^'en luy eftoicnc toute genero-
ùté y vaillance & gentilleilc : 8c par Tes dits , qu*ileftoit garny de fens ôc
de prudence 9 ainn parle la Chronique.
^ Il fit pourtant une grande faute quand il livrâtes pauvres & valeureux
Pifans aux Florentins , qui dirent puis après , pour cela Dieu Ten avoir
puny & oftc fî vifte de ce monde , & par une mort fi fubite. Les ChreC*
dens y au moins aucuns , ne laprouvent point , pour n'avoir loifir de fç'
recommander à Dieu. Cefar au contraire , qui tenoit la mort la moins
opinée & preveuc , la plus heureufe.
C'cû une belle queftion pour difputcr. L'on parla fort diverfement
du genre de la mort de ce grand Roy > aucuns ladifoient d^un cathare »
ou apoplexie , où il ne pouvoir eftre fujet , veu fa complexion débile &
fon naturel point v adonne, car U n'eftoit gros , gras, ny replet , Se
celles gens y font uijets.
Aucuns aifoicnt qu'il avoit eu le bocon Italiano , d'autant qu'il liie*
caçoit encose fort Tltalie èc le croignoient.
Aucuns , qu'il n'avoit pas bien accomply la volonté de Dieu â ne pu*-
lïir & reformer les Prélats & gens d'Eglile en leurs Aus & infolcnces »
^infi ^uc Dieu l'y avoit appelle , comme luy fceut bien dire Savonarole,
I^s Piians , comme j'ay dit , affirmaient, pour* leur avoir rompu fa foy :
bref , il en ftit ailèz parlé s mai« la plus vraye vérité fut « que telle eftoit
fa deflinée & fon heure , bien que Dieu fc courrouce fort contre ceux
3ui violent une foy folemnellcment donnée : & voila pourquoy cette
evife f Qui ntfcit dl£îmularc ncfcit reenarc , ne vaut rien , ainfi que
f ouïs une fois prefcher à un grand Prédicateur , Doéteur de Sorbonnc ,
nommé Monfieur Poncer, (9) qui prcfchoit à la Paroi(ïc S. Sulpice , à S,
-Germain des Prez , qui dit tout haut , fiir un fujet que je ne diray pas , T i o)
que telles paroles efloientd'un vray Atheifte , & oui ouvroit le chemin
aux Roy s & au Princes , pour aller à tous les Diables & les rendre vrays
Tyrans. Poffible qui en voudra bien pefer les raifons , il trouvera ce
Prefcheur très-veritable & fort homme de bien félon noflre bon Seigneur
Jcfus-Chrift, qui hayt mortellement les hypocrites, iefquels on peut
nommer proprement traiftres diffimulez , difoir ce bon Prefcheur. C'ef^
toit le Prefcheur autant hardy à parler oui jamais a entré en chaire, 8c
horsde-là. Par cas un jour Monfieur de Joyeufe, (11) du temps delà
grande fefle , defpenfe & magnificence qui fe fit en fes nopces , le ren»
contra/it par la rue , il luy dit , Monfieur Poncer , je ne vous avois ja-
mais connu qu'à cette heure , dont j'en fuis bien aife , car j'ay fort oui
parfer de vous , & comme vous faites rire le monde en vos fermons.
Il luy refpondit froidement , comme l'autre luy avoit parlé de colère ;
Monfieur , c'efl raifon que je les faflè rire , puifque vous les faires tant
I fleurer pour les fubfides & grandes defpen{es de vos belles nopces que
e peuple fouffre pour vous.
Ce lut à Monfieur de Joyeufe dtf fe retirer , bien qu'il eufl eu grande
envie
(9) Voyez le Journal 4$ Hemy IJf. f$4r 1 fe ami obligé d^ exiler ce DoUeur Poncet.
fém 1 5 8 î . lome I. édition de 1 744. C 1 1 ) VAutheur du Joternal de Henry Ilh
' (^) Ôétoit contre le Roy Hemy IIL qui éUpribue ce fait à M. d'Epemon.
Tome II. ^ Mm (u)
274 ELOGE
envie de le frapper ; mais s'il i'euft toaché le moins du monde , le peuple
(qui eft mutin pour tels fujecs de leurs Prefcheurs libres, car|ils les aiment
naturellement ) tel s'adèmoloit ^ cjui euft fair cjuelque vilain fcandale fur
luy & fa fuite > car il eftoit fort aimi dans Pans. Brifons icy , Se d autant
que cette devife précédente , que j'ay dit de cette diûlmulation , efloic
u>rtie & enfeigne à fon fils par le Roy Louys XI. fon perc, & par luy-met
me obfervée u curieufement , il faut un peu parler de luy , non par un
grand fommaire , car je ferois tort aux beaux & longs dilcours que fait
Philippes de Comines de luy en fa belle Hiftoire > mais par de petits
contes, les plus briefsqueje pourray de fefdittes diflimulations, feintes »
finedès & galanteries.
Entre plufîeurs bons tours des diilîmulations , feintes > finefics Se ga-
lanteries , que fit ce bon Roy en fon temps , ce fut celuy lors que par
gentille induftrie il fit mourir fon frère le Duc de Guyenne, quand il y
penfoit le moins , & luy faifoit le plus beau femblant de l'aimer luy vi-
vant , & le regretter après fa mort 5 fi bien que perfonne ne s'en apper-
ceut qu'il eut fait faire le coup , finon par le moyen de fon fol qui avoit
efté audit Duc fon firere , & il l'avoir retiré avecque luy après la mort >
car il eftoit plaifant. Eftant donc un jour en fes bonnes prières &iorai«
fons à Clery , devant Noftre-Dame , qu'il appelloit fa bonne patrone >
au ^and Autel y Se n'ayant perfonne près de luy , finon ce fol , qui en
cftoit un peu éloigné , Se duquel il ne fe doutoit qu'il fuft fi fol , fat ,
fot , qu'il ne put rien rapporter: il l'entendit comme il difoit , Ah , ma
bonne Dame l ma petite Maiftrefîe , ma grande amie, en qui j'ay eu
tousjours mon reconfort 5 je te prie de fupplier Dieu pour moy Se eftre
mon advocate envers luy , qu'il me pardonne la mort de mon frère , que
j'ay fait empoifonner par ce mefchant Abbé de S. Jean ; ( notez encore
qu'il eutbienfervyen cela , ill'appelloit mefchant ; ainfi faut-il appellcr
tousjours telles gens de ce nom ; ) je m'en confeflè à toy comme d ma
bonne patrone & Maiftreflè. Mais auflî qu'eu(Ie-je fccu faire î il ne me
faifoit que troubler mon Royaume. Fait-moy donc pardonner ma bonne
Dame , & je fçay ce que je te donneray. ( Je penfe qu'il vouloir entendre
quelques beaux prefens , ainfi qu'il eftoit couftumier d'en faire tous les
ans force grands & beaux à TEglife. ) Le fol n'eftoit point fi reculé nv
dépoutveu de fens , n v de mauvaifes oreilles , qu'il n'entendift Se retinft
fort bien le tout 5 en lorte qu'il le redit à luy en prefence de tout le mon*
de à fon difner , Se à autres , luy reprochant laditte affaire , & luy repe^
tant fouvent qu'il avoit fait mourir ion frère.
Qui fuft eftonné , ce fut le Roy 5 ( il ne fait pas bon fe fier à fcs fols»
qui quelquesfois font des traits de fagcs , & difent tout ce qu'ils fça-
vent , ou bien le devinent par quelque inftinâ: divin 5 ) mais il ne le gar-
da gueres , car il pafïà le pas comme les autres > de peur qu'en réitérant
il fut fcandalifé davantage.
Il y a plus de cinquante ans , que moy eftant fort petit , m'en allant
au Collège à Paris , j'ouys faire ce conteà un.vieux Chanoine de là , qui
verra
DU ROY CHARLES VIII. 175
verra la tnéchanceté , la tniferable fin & le défefpoir de ce méchanr Abbé.
Ce Roy la donna bonne aufli au Conneftable de Saint Pol y quand
il luy commanda de venir par devers luy» luy ayant mandé qu'il avoir
befoin de fa tefte , non pas pour la confulter , mais pour la luy faire cou-
per y comme il fie. Il ne Talla pas trouver pour cela, ny de fon gré, mais
fut livré par le Duc de Bourgogne. Je ne veux m amufer à faire des contes*
de fa juftice , qu'il a fait exécuter fur les uns & fur les autres , car de
cela je m'en rapporte à ceux & aux grands perfonnages des Cours de
Parlement , qui le fçavent mieux que moy , & auflî de l'Hiftoire fan-
glante j^qui a efté efcrite de luy > ou elle touche plus fur les cordes aigres
de fa vie , oue fur les douces.
On m'a dit qu'elle eft en la Bibliothèque du Roy , que le Roy Fran-
5 ois ne voulut jamais qu'elle fuft imprimée , dont c'eft dommage, carli-
iedans on y euft veu chofes & autres , & plufieurs grands Roys & au-
tres Princes y eullènt pris exemple; ainfi que je tiens d'un grand perfon-
nage d'Eftat , car il n'y a rien qui pouilè la perfonne tant à la vertu, que
l'honneur & l'abhorrement du vice , ny qui le mené aufli tant à la vertu
que l'émulation de la mefme vertu.
Pour ce coup je me fuis avifé de mettre icy quelques doubles des let-
tres qu'il écrivoit à Monfieur de Breflîure (ii) , que j'ay trouvées dans le
Thréfor de notre Maifon , lequel il fit grand de fon temps par belles char-
ges, car il cftoit fon Confeiller & fon Chambellan , fon Lieutenant Ge-
neral en Poitou , Xaintonge , Aunix , & autres lieux qu'il luy pleut, fon
Senefchal de Poitou , & qui plus eft , fon fécond Triftan l'Hermite j car
il eftoit fait à fa main pour cela; & d'autant que meflire André de Vi-
vonne , mon grand père & Senefchal de Poitou après-luy , époufa en
première nopces fa fille , belle, honnefte & riche Damoifclle , héritière,
il luj tomba dans fes coffres force lettres que ledit Roy Louys XI. luy
cfcrivoit.
J'ay efté curieux d'en recouvrer quelques-unes , & en mettre le double
icy , non pas de toutes , car j'en ay veu une centaine qui lèvent la paille,
& fubellines, que j'eufte icy toutes mifes , mais on m'euft tenu pour un
copifte , & aum qu'il y en a aucunes fort fcandaleufes, & pour le Rov &c
pour force honneftes Gentilshoiiimes d'aujourd'huy , dont leurs prede-
ceflèurs y font compris.
Une chofe que j'ay notée dans ces lettres , c'eft qu'en une centaine que
j'ay veu au diable le feing d'un feul fignet , ny le uen particulier que j'y
ay veu ; mais ce font tous divers Secrétaires qui ont figné ; ce qui me
fait croire qu'il n avoir point ou gueres de Secrétaires parriculiers à luy ,
comme ont eu depuis, & aujourd'huy , nos Roys , ou qu'il ne fe fioit
gueres en eux, ou qu'il fe fervoit des premiers Qercs , qu'on nommoit
tels , pour Secrétaires , qu'il trouvoit , ou fe fervoit des premiers Notai-
res
(il) Jacques de Beaumont « Sieur de Bref-
fiurt en Feiteu , oui de Jeanne de Roche-
eb^mmrt m eu L^fide Beaumont ^ fremiere
femm9 d Antoine de Vivonne , qui n'en a point
Bâillon du Lude ^ il a laijfi cinq enfans ,
dont une fille , nommée Anne , s êpoufé Fran^
fois de Bourdeille , père de Pierre de Bourdeil-
le y Abhi de Brdntême , Auteur de ces Mi-
êttd enfant : de fa féconde femme ^ Louife de \ moires.
Mm z (43)
27^ ELOGE
rcs qu'il reftcontroît aux lieux & villages d où il efcrîvoîr , ou Bîcft cfe
quelques autres petits Secrétaire de Princes & autres Gentilshommes de*
fa Cour, premiers rencontres s ainit qu'il fit un jour d'un petit fcribe,fiit
& bon compagnon» qui fe prefentant à^luy, lors qu'il voulut faire efcrire
à la hafte , eftant à Taflemblee , luy voyant fon efcritoire pendue à fa cein*
ture,Iuy commanda auflî-toft de luy efcrire fous luy; & ainfi qu'il eut ou-
vert fon gallemard, que l'on appelloit ainfi jadis, & encore aujonrd'huy
aucuns l'appellenttel a la vidleFrançoife, de voulant fairetomber fa plu-
me, avec elle tombèrent deuxdez, auquel le Roy demanda tout audi-toii
à quoy ferveit cette dragée^ L'autre (ans s'èftonner luy répondit, Sire^
c'eft un remedium contra péjicm. Viens-ça, dit leRoy , tu es un gentil pail«i^
fard , ( ilufoit fouvcnt de ce mot ) tu es à moy , & le prit à fon fervice^
Car le bon Prince aimoit fort les bons mots & les efprits fubrils.
Voicy donc le double de la première Lettre de celles queje veux efcri-
re icy.
LETTRE.
A Monjieur db Breffiure^
J^R. DE BRESSLURE,
J'ay receu vos Lettres & les 2000 lîv..que m'avez envoyées par lè por-^»^
teur , dont je vous remercie. Des nouvelles de par deçà, nous avons pris.
Hefdin, Boulogne, Fiennes , & le CKafteau àla Montoire , que le Roy
d'Angleterre, qui fut plus de fix fcmaines devant, ne p^t prendre , &
fut pris de bel alTaut, & tous ceux qui eftoient dedans^.qui eûoienc
bien trois cens , tous ruez»^
Les garnifons de Liffe, de Douay, d'OrcKies & de Vafenciennes, s'ef-
rant aflemblées pour fe mettre dans Arras-, & eftant bien cinq cens hom-
mes à cheval & mille hommes à pied, le Gouverneur de Dauphiné (i j) ».
ui eftoit en la Cité , en fût averty &c alla au devant, & n'effoient point
e nos gens plus haut de (Tx vingts lances, qui dotmerent dedans; ea
efFet,ils.les vousfefto^erent fibienqu'ilen demeura plus de (îic cens fur le
champ , & de prifonniers , ils en amenèrent bien fuc cens i la Cité , Se
ont efté tous , les uns pendus , & les teftes coupées , & le refte gagna Ix
fuite. Ceux dudit Arras eftoient aflèmblez bien vingt-deux ou vingt-trois ;
pour aller en Ambaflade. devers Mademoifelle de Bourgogne, ils ont efté
pris & les inftruâfions qu'ils portoient > & ont eu les teftes tranchées >,
car ils m'avoient fait une fois le ferment.. Il y en avoir un entre lès autres^
Maiftre Oudard de Bul^ , à qui j'avois donné une Seigneurie en Parle-!-
ment , & afin qu'on connuft bien fa tefte, je l'ay fait atoumer d'un beaa
chaperon fi3urré,.& eft fur le marché de Hefdin , 15 ou il préfîdc. Inconti-s
nent que nous aurons autres nouvelles je les vous féray f çavoir. Je vous;
prie que vous pourvoyiez bien tousjours à tout de par-dc^là, & de ce quie
furviendra m'en adveniflSez fouvenr, & Adieu«
Efcritt à Verdun et vingt-Jixicmcjour d* Avril. Ainfi Signé , Loys. E^
plus bas , Jefme.! QucUa
(^ 5; Choit Jiétn de Daillon , JSieardu Lude^
i
DU ROY CHARLES VIII. 177
Qadle plaifanterie , notez , de faire aind encapuchonner ce pauvre
diable d'un chaperon fourre à la mode d'un Préiîdenc qui préfîde.
AUTRE LETTRE.
TLJR. D]E BRESSIURE, ftïonAiny,
J'ay efté averty que Mn de Rohan traite fon appoîntement arec le
Duc , & qu'il s'en veut aller en Bretagne , & à cette caufe s'eft retiré en
une Abbaye près de Nantes : je ferois bien mary , veu le temps qui court,
qu'il s'en allaft, & pour ce je vous prie qu'incontinent vous en allicz^là
où il eft , vous y pouvez aller feurement & fans danger , & que vous
trouviez façon de le faire venir devers moy , & prenez trois ou quatre
de Ces gens qui mènent ce train de le faire aller en Bretagne, &c parlez â
ceux denoftre bande , a6n de les faire venir devers moy , & leur promet-
tez beaucoup de biens , Se aufli que je traitteray bien Mr. de Rohan.
Quoy qu'il en foit , gardez bien qu'il ne s'en aille point e« quelque fa-
çon qu'il le veuille prendre ; mais fi par dpuceur le pouvez avoir , je l'ai-
merois mieux qu'autrement. Il y a un jeune garçon du Dauphiné qui le
gouverne, parlez à luy, &c à. tous les autres. que vous verrez, ciequi
vous pourrez, aider en cette manière.
EJcriuàlaFi3oin , Uftptiimtjour dcStpttmhn. Ainji y^Signé ^ Loys..
Et plus bas y Petit.
Quelle fineflè l fur-tout if vouloit retirer à foy Monfieur de Rohan ,
qui eftoit lors un grand Seigneur , comme au jourd'huy.
UNE AUTRE.
J^R. DE BRESSIURE,
Je vous prie que vous fçachiez de Merichon (14) s'il voudrolt vendre
fbn hoftel de la Rochelle , car je le voudrois bien avoir pour moy ou au-
cuns des miens, pour eftre plus près d'eux & leur voifin , & les faire te-
jiir du pied. Je ne veux point de fes terres ny autres chofes , mais feule*
ment ledit hoftcl \ & y befognez flfecrettement qu'il ne s'en apperçoiva
point qu'il vienne de moy , ny que je le veiiille avoh:. Adieu.
Au Plcffis-du^Parc , U vingtième jour de May^
Monfieur de Breffiure, de ce que je vous efcris, \^ vous prie qu'il (bit
£ fecreuement , qu'il n'en foit nulles nouvelles. ^
AinJîSigniy Loys.- Et plus bas , Scerbifey.-
Bonne finefle.-
UNE
fi4) 83* Merichon fïit Chambellan de Louiis XT. & Maire de la RocKcllc. Voje:^
livre lY. Chapitre VH. note i^
Mm %
178 ELOGE
UNE AUTRE.
2^R. DE BRESSIURE,
Vous fçavez comme j'ay à cœur k matière pour laquelle j*ay envoyé
devers vous mon bel oncle du Mayne , & pour ce je vous prie que vous y
befogniez le mieux que vous pourrez, & tellement qu'avant voftre par*
tement la chofe foit conclue î & en quelque eftatquela chofe foit > efcri«
vez avant icelluy voftre partement à mon frère le Conneftable » que la
chofe eft faite y Se y envoyez homme propre , & vous prie bien qu'il n'y
ait faute.
Donné au Pont de Ci f UfiiTiémcjourdc Juillet. Ainfi Signé ,Lor$^
Et plus bas y De Chenlard.
Autre finellè pour tromper ce Conneftable.
AUTRE LETTRE.
J^R. DE BRESSIURE,
Tay efté averty de Normandie & d'ailleurs , que l'armée des Angloîs
eft rompue pour cette année , & pour ce que je vois , vous n'avez que
faire au quartier où vous eftes pour cette heure , je m'en retourne pren-
dre Se tuer des fangliers , afin que je n'en perde la faifon , en attendant
l'autre pour prendre & tuer des Anglois. Faitcs-moy fçavoir tousjours
de vos npuvelles, & ce qui vous furviendraj toutesfois ne vous bougez
de-U , (entre nous) & fi vous avez befoin , mandez-le moy , & je m'en
iray à vous , mais que me le fafEez fçavoir. Adieu.
Efcritc à Argtnton^ ce quatrième jour de Novembre. Ainfi^ Signé ^
LoYS. Et plus bas , de Doyate.
Ceft parler en brave & vaillant Roy de ne vouloir perdre la faifon de
tuer des fangliers , non plus que des Anglois en la leur , &c vouloir allcc
fecourir fcs gens au befoin, s'il en arrivoit.
AUTRELETTRE.
J^R. DE BRESSIURE,
J'ay efté averty que les forces de mon beau-frere de Guyenne s*appref-
tent pour entrer en nos pays , que Dieu ne veuille. Mais quand ainfî fcroir,
je vous prie qu'en toute diligence vous faffiez la refîftance poflîble , en at-
tendant de vos nouvelles, pour y donner la provifion , fi je ne vais à vous.
Donné à Vendofme , ce onzième jour d^ Octobre. Loys. Et plus bas ^
Demoulins
U ne s'eftonnoit pas, Se parloir bravement ce Roy-là.
AUTRE
DU ROY CHARLES VIIL zy,
AUTRE LETTRE.
J^R. DEBRESSIURE,
Tay receu les Lettres de Monfieur de Calabre , 6c yeu la créance qu'il
m'a envoyée par efcrit, je ne m'y fieray que bien à point. Tcfcris audit de
Cal;d>re > & auflî â mon coufin le Baftard. Je vous prie , Mr. de Breffiure >
mon amy , que vous preniez bien garde à tout, & que nul inconvénient
n'avienne pendant mon voyage > ainfi qu'en vous en ay ma confiance.
Efcriu à ChanulU , h quatriimcjour de Mars. Signé , LoYS. Et plus
bas j Jefme.
AUTRE LETTRE.
J^R. DE BRESSIURE,
J'ay veu ce que m'avez efcrit , & Mr. le Maiftre touchant les Dames
de Poinûievre y je luy fais refoonfe qu'il laillc le tout ainfi qu'il l'a trou-
vé , car Mr. de Poinétievre eft par deçà , & j'ay fait prendre le ferment
de luy.
Efcritt à Amboîft ^ et vingi-quatre Septembre. Signé , Lors. Et plus
bas y Parent.
Il en efcrit de mefme â ce Maiftre d'Hoftel, & l'infcription de la
Lettre eft : A noftre amé & féal Confeiller , & Maiftre d'Hoftel , Jean
Gucrrin. Quelle Seigneurie ! penfez que c'cftoit quelque bon garnement
de bas lieu. De tels il s'en fervoit fouvent pluftoft que d'autres > pour*
veu qu'ils le ferviflènt fidellement.
AUTRE LETTRE.
»,
VJR. DE BRESSIURE, mon Amy,
Je crois que vous fçavez afièz que depuis n'agueres le Pape » â ma re-*
quefte , a pourveu Monfieur d'Evreux (i 5) de l'Abbaye de Bourgeuil > Se
parce que j'ay entendu que vous eftes curateur du feu Evefque de Maille^
xcy qui tenoit ladite Abbaye» & qu'à caufe d'icelle il a plufieurs biens ,
gui aeuëment appartiennent àmondit Sieur d'Evreux, qui eft fonfucceé
leur, je vous prie de tenir la main que le tout foit rendu , car il eft bon
diable d'Eve(que pour à cette heure , je ne fçay ce qu'il fera à l'avenir; il
eft continuellement occupé à mon fervice. Je vous en prie encore, Mon«
fieur de Brefiîure , mon amy , qu'il n'y ait faute.
Efcriteà Compie^Cf le hmtiimt jour d^Aoufi. Signé ^ LoYS. Et plus
bas y Merlin.
Il penfe veu cela , que Mefixeurs les Chanoines de fon temps ne faifoîent
grandes
(x/) Céien hme Bslue , defm Otrdinàl. Voyez Cmines , & Us Fnfives , numm C«
xto ELOGE
grandes éleâions de leurs Evefques , & qu'il coufoic > tailloîc & faifoic
^out. Notez au(fî qu il appelloic cet Evefque bon diable. Je penfe que
çc fut le Cardinal Balue > fait après , il luy rendit bien la pareille depuis»
AUTRE Ï-ETTRE,
VJR, DE BRESSIURE,
J'ay eftc averty quç Mr. de S. Lou çft aile devers vous , pour fe con-^
feîller à vous de ce qu'il avoir à faire , & m'efbahys bien de ce que ne l'a-»
vez pris > veu U grande trahifon Se mauvaiftié qu'il a faite à l'encontre de
moy > &c pour ce iî voulez que jamais j'aye fiance en vous > s'il eft en liea
où vous le puiflîez recouvrer , faites le prendre incontinent , car ce m'eft
jchofe fort a cœur , que ne m'ayez averty de fon allée. Je vous prie que me
faifiez fçavoir ce qui en eft.
EfcrUeau PUffiS'dU'Parc M c^fii[^mc jour 4^ Janvier. Si^é ^ LoYS^
Jptpli^s has 9 De Chaumpnt,
Je penfe bien que leditMr. de Brefliurefut en grand accellbire> après
cette Letcre receuë , pour attraper ledit Moniieur de S. Lou ; car s'il y
fnanqua , il ne faut point douter qu'il n'entraft en méiiance de luy, com-
me il l'en menaça. Il falloir bien dire que ce Mr. de S. l^u fût grand 9
puifqu'il l'appelloit Monfieur : j'en ay connu de fes defcendans, qui font
tujourd'huy , entre autres un que j'ay veu Lieutenant de l'une des Co-
lonelles de Monfieur de Strozze > qui fut tué i la Roche-la-Belie \ braver
^ vaillant Gentilhomme*
AUTRELETfRE,
J^R. DB BRESSIURE,
J'ay efté averty que depuis n'agueres les Anglois ont arrefté le Najf irf
de Monfieur des Bordes , & pour ce il fc faut donner garde d'eux , dC
en avertir par tout où vous verrez efbre à faire , tant par mer, que par
terre , mefme à la Rochelle , à S. Jean d' Angely , à Xainres , Se ailleurs
où befoin fera , fans entreprendre dur eux , ny leur faire la guerre ; Se
auffî que l'on fe donne garde que les Marchands d'Angleterre ne manient
quelque pratique fous ombre de leurs marchandifes , & s'ils prennent
quelque chofe» qu'on prenne autant fur eux i mais q«'on ne commence
pas. Adieu.
Efcriu au Pl^s^u^Parc y ccvingtlifmjourdt Janvier ^ Signé ^ LpySt'
£t plus bas y Amier.
AUTRE LETTRE,
\^ R. DE BRESSIURE ,
l'ttf reçeules Lettres que voys m'ercrivez» ^<û font mention 4'mi
novfmh
I
DU ROY CHARLES VÏII. iVi
nommé Huiflbn > que vous dites qui a fait plufieurs maux en une conv*
miflîon y qu'il die avoir eue de moy y Se pour ce je veux fçavoir qui eft ce
Huidbn 9 & les abus qu'il a fait touchant cette commiflîon. Je vous prie
qu'incontinent ces Lettres veucs vous me l'envoyiez flbien lié & garrotté,
êc fi feurement accompagné, qu'il ne s'échappe point , enfemble les Infor- *
mations » qui ont. efté faites à l'encontre de luy > 8c qu'il n'y ait point de
faute ; ôc me faites foudain fcavoir de vos nouvelles > pour faire les pré^
paratifs des nopces du galand avec une potence.
Efcrit À la hajic du PUffis^U'Parc ^ U tnntiimt Juin. Signe > Lovs.
Et plus bas , Jefme.
Il n'y a perfonne qui , voyant cette Lettre, ne die que le pauvre diable
auffitofl; arrivé au(fi-toft dépefché , car il efcrivoit de colère & à la hafte.
AUTRE LETTRE,
Vf R. DE BRESSIURE, monAmy,
J'envoye prefentement mon fils de Beau jeu en Guyenne. J^vous prie,
fur tout le plaifir & fervice que me fçauriez jamais faire , que vous l'ac«
compagniez& obéy fiiez comme à moy : & au furplus donnez bonne pro-
vifion par tout, & ne le perdez point de veuc , ainfi que plus au long j'ay
chargé Mr. d'Achon de vous dire. Je vous prie que le veuillez croire de
ce qu'il vous dira de par moy.
Efcrit a Royc , eefcptiémcjour de May. Signe ^ Loys. Et plus bas >
Johier.
U montre par cctte-cy , qu'il ne fe fioit en fon propre gendre , puis qu*^
ouade audit Sieur de Bremure de ne le perdre de veuc*
AUTRE LETTRE.
'X/TR.DE BRESSIURE, monAmy,
J'ay receu vos Lettres , & au regard de la confifcation de Madame de
la Rochefoucault , c'eft bien la raifon que Mr. de Maillé Tayt , puis qu'il
l'a époufée : car mal fur mal n'eft pas ianté s Se vous remercie tant que
je puis de la bonne dilijgence que vous faites en la commiflîon que je
vous 4y donnée , Se deffcnfes que vous avez fait faire Qu'on ne touchaft
point aux Bretons , Se vous prie derefchef qu'on les faUe bien traiter Se
qu'on ne leur demande rien.
Monfieur de Brefliure , mon amy , j'envoye mon fils , Monfieur de
Beaujeu par-de-U , pour pourvoir â tout ce qui fera néceflàire en Guyen-
ne. Je vous prie ne l'abandonnez point & m'y fervez , comme en vous
j'ay confiance.
Efcrit à Bray fur Somme ^ ce dixième jour de May. Signio Loys. Et
plus bas , Jefme.
Tome II. N n AUTRE
*8i ÉLOGE
AUTRELETTRE.
J^R. DE BRESSIURE,
Tay appointé avec Madame de Belleville de la place de Montagu » Si
Blancherort y va pour en prendre la pofleffibn pour moy , & pource que,
comme vous fçavez , il eft befoin d y mettre des gens dedans jufques à
ce que j'y aye pourveu , qui fera bien brief ; je vous prie qu'incontinent
ces Lettres receucs , en toute diligence vous luy envoyiez audit lieu de
Montagu trente ou (quarante Gentilshommes bien feurs, & qu'ils y
foient Samedy prochain , bien habillez & en point, & aue chacun d'eux
avt une bonne arbalefte -, mais qulls ne faflent point de bruit , & quand
ifs approcheront dudit Montagu , qu'ils envoyent dedans ledit Blanche-
fort , pour leur faire fçavoir leur venue.
Monfieur de Breflîure , mon amy , vous fçavez que cecy me touche fort ;
je vous prie qu'y faffiez (î bonne diligence , qu'il n'y ait point de faute >
qu'ils y foient audit jour, & que ce foit gens de qui vous tenez feuretc»
& qui ne foient point Seigneurs de quoy on ne fe puiffe bien ayder.
Efcrit à Sablé , ce deuxième jour du mois d'ÂouJl. Signé , Lo YS. Et
plus bas , Thilhart.
Cette Lettre montre le bel équipage auquel il vouloir ces Gentilshom-
mes entrer en la place , & fur-tout avec leurs bonnes arbaleftes & bien
habiller*, aufli qu'il ne veut point de Seigneurs qui ne fçachent bien
fervit pour faire trop des grands : il veut des Gentilshommes moyens &
defquels on s'adèure plus , & qui font plus de fatigue que ces grands.
Sans aller plus avant & fans parler davantage de ce Roy , il faut dire
& avouer que ce fut un grand Rojr, tant pour grandes aflàires d^Eftat,
ain fîque Philippe de Comines le ngure très-bien y que pour la vaillan-
ce & la guerre, ainfl qu'il le fit bien paroifltre à la bataille de Montlhery ,
qu'il donna bravement, fans s'eftonner des plus grands de fon Royau-
me , qui s'eftoient fouAevez 8c bandez pour le Bien Public.
J'ay ouy dire à une Dame notable , que le Roy François le louoit ex^
trémement , fors qu'il eftoit un peu trop cruel & fanguinaire , & que
; car devant
'avoient en-
^ ^ ^ , comme de-
puis^ mefmes que les Eftats & Cours de Parlement (e mefloient forrde
comroller & cenfurer leurs aâions , volontez & ordonnances , au fieu
que celuy-cy aflembhmt fcs Eftats 8c Cours , ils ne difoient 8c ne fai-
toient rien nnon ce cju'il vouloir , jugeoit 8c ordonnoit , condamnoit ,
rcngara , qui ciroiu ac ion temps , OC avoïc porcc long-ccnrps ics armes
de-la les Monts & bon compagnon , qui faiibit & jettoir fes fentences
comme U luy plaifoit ; & fi par cas on appellpit , il avoit tousjours près
de Çà chaire une grande efpée à deux mams ^ qu'il poixoit fouvent , il la
de(guainoit
DU ROY CHARLES VIII. it^
defguaînoit foudainySc avec Ton cap de Diou l'approchoit du col du pau-
vre appellanc , & luy faifoic iî belle peur > le menaçant de luy couper
tout â net s'il ne defiftoit de Tappel i enforte qu'il eftoit contraint de fu-
bir i la fentence telle quelle qu'il euft prononcé. Le conte en eft plaifant >
& le proverbe en court encore aujourd*huy au pays. Il redèmble le Juge
de Montravel , qui veut eftre bien creu , ôc craint en Ton dire de fentence
comme il luy plaift.
Or d'autant que ces lettres de ce grand Roy que j'ay produites , &
d'autres points auffi , j'ay apperçeu& confideré fonfignet, très-beau,
certes , 8c fait de bonne main , mais un peu bizarre : j'ay avifé de le
contrefaire & le montrer^ bien que je fçache qu'il s'en trouvera a(Ièz»
voire ouafi à revendre ^ dans les Chambres du Parlement & des Comptes,
peut-eftre pareils & femblables aux miens , fans rien changer aux prece-
iicntes : le fignet eft donc tel.
Je laide à juger aux gens d'efprit la
forme de la lettre , en forte que pcut-
eftre.un bon efcrivain nV fçauroit que
mordre ni cenfurer en ion art d'orto^
graphe , & mefme en fa dernière let-
_ - / r 1/ / 1/ y \ we de S. Pour achever Louys & cou-
JA // t J ¥/ K /â \ ronner la fin de nos petits contes de
1^1 t^^^AJ 1/ ^ lA/ noftre grand Roy , il faut que je faflfe
celuy-cy & puis dIus , car il le vaut ,
que j'ay leu dans la Chronique de Sa-
voye.
Le Pape Eugène ayant envoyé une
fois vers luy un Grand , fuffifanc SC
dofte perfonnage du pays de Grèce & Archevefque de Nicée , nom-
mé Beflarion , pour fon Légat à moyenner la paix entre luy ôc le Duc de
Bourgogne Charles ; ce bon Doreur n'eftant fi bon Courtifan comme
bon Pbaofophe , & ne Cçachant difcerner la grandeur de l'un à l'autre*.
Se du Seigneur au Vaflal , il ^'en va premièrement vers le Duc , duquel
ayant eu la depefche , s'ep alla après fort nefciemment trouver le Roy ,
ui trouva fort eftrange la façon de ce pauvre Philofophe , d'avoir abor-
é premier le Vaflal que le Seigneur , cuidant que ce fuft par quelque
I
mépris : nonobftant il ouït fa harangue philofophale tellement auelle-
ment s en après d'un vifagc moitié courroucé , moitié ridicule '4c de mé^
pris, &luy .^ant mis la main doucement fur la barbe revcrenciale , de
mefme que fit le bonne homme Hommelas , quand il filoit les moufta**
ches de la fienne , parlant des miracles des Decretales dans le bon rotor
pu Rabelais , il luy dit , Monfieur le Révérend , Barbara Grœca gcnus
ruinent , audd habcrcJbUbant»
Et fans luy faire autre réponfe , le planta là tout efbahy , & quant &
quant luy fit dire par quelque autre qu'il euft à fe retirer, & qu'il n au-
Cl bien â propos.
Nn z II
iS4
COMPARAISON
Il ne tedoutoit eueres le Pape ni d'autres de Ton temps , outre que
rhumeur luy pri(Ulla defliis de pointilter fur ce point d nonneur & de
Î^refceance , qui devoir pounant excufer ce bon Prélat *, car il y allott à
a bonne foy , Se en prenoit le patron fur les cérémonies de l'Eglife t
Quia qui canit magnam Miffam , vadit ultimus in proctffiofu & cjl major.
Sur quoy je laiUe à difcourir à de plus grands perfonnages que moy >
£ ce bon homme de Prélat faillit là , èc à qui on doit plûtoft adtefler fa
parole & (on Ambaflàde » au grand ou au petit.
Je n'allègue pour moy que cet exemple judicieux arrivé de noftre
temps du bon Pape Pie V. qui envoya au Roy d'Efpagne Dom Philippes >
Îlûtoft fon neveu le Cardinal Alexandrin , qu'à noftre grand Roy Chaf*
es IX. quand il le vint trouver à Blois , comme je vis en pofte » eftanc
allé en Efpagne premier par mer* A ce conte le Roy Charles fe devoit
eftomaquer , mais point ; car avant luy le Pape Paul IIL Farncze avoit
envoyé fon neveu Alexandre Farneze au Roj François , premier qu'à
l'Empereur. Quelques-uns difoient que c'eftoit en fon chemin faifant à
paflèr par la France , ic< plus commode pour aller trouver l'Empereur
en Flandres , où il eftoit pour lors. Je m^en rapporte du tout au dire des
plus grands perfonnages que moy.
COMPARAISON DU REGNE DU ROY
Louys XII. à çeluy du Roy Louys XL Tirée de tHifiùire
du Koy Louys Xli. par Claude de Seyssel ^ Evefque
de MarfeilU , depuis Archevefquc de Turin^
IL convient parler du Roy ( 1 6) Louys XL fils du Roy Charles VIT. & de
fon règne •, pourtant que plufieurs gens qui ont efté de fon temps
( lef(juels pource au'ils n'ont pas de ce reçue , tant de bienfaits ou d*au-
chonté qu'ils vouoroient , combien que plus à l'aventure qu'il ne leur eft
deu ) patient incèflàmment de luy , de fes faits & de fes ix&s , & le
haut louent jufques aux cieux > difans qu'il a efté le plus fage> le plus
puidant , le plus libéral , le plus vaillant > & le plus heureux ^ui jamais
fut en France. Et néanmoins par ce que j'ay pu fçavoir à la venté de luy
& de fon règne , & qui eft tout notoire & de frefche mémoire ennc
toutes gens , il a efté ( toutes chofes dignes de louange à un Prince confi-
derées) moinsalouer beaucoupque le Roy Louys qui eft à prefent. Et fon
règne eft autant différent du règne moderne , comme l'Empire de Domi-
tian?, de celuydeTrajan. Si neveux-jc pas pourtant detraderà fes vertus &
louanges qui font grandes , mais il convient rendre à un chacun fon los ^
fans flater ny épargner l'un ny l'autre.
Pour venir au commencement de fon règne , il eft notoire fut pour la
cruauté
( 1 6) VHiftom Amedùiê dm Rey Louis XI.
mti Monfiêttr de Vsrsilé^s s donnée au Pu-
ilu,efifref(^He tome tirée de cetiiCcm^m»
mi fin , svee cette dijfireme qu'il m amplifia
flupeurs endroits Mufr^tidici do Cbonttmt
du À ce Roj^
DES ROYS LOUYS XL ET XII. iSj
eniauté de Ton père ^ ou comme cft l'opinion de plufieurs , pour (à te^
mérité , qu'il fut Tefpace de fepc ans & plus , fi hay ôc foupçonné de
fondit pcrc , que pour feurcté que on luy prcfcntât , ne s*ofa fier de ve*
nir en Ion pouvoir, ains pour crainte de fa perfonne > fut contraint s'en?
fuir à celuy qui avoit efté ennemy capital de fondit père , ja^oit qu'il
fut reconcilié > & par le temps qu'il fut en Flandres fugitif, luy ny ceux
qui l'avoient fuivy ne defiroient , ne demandoient aucune cnole tant
3ue la mort de fonait père : Ci s'en enqueroient les aucuns par augures ôc
evinemens , les autres par aftrologie , & plufieurs par nigromance : &C
outre ce y avoit des ferviteurs domeftiques dudit Roy qui s'attendoienc
avoir grand loyer du fils , pour luy taire fçavoir a toute diligence la
maladie Se la mort du père.
Après que par la mort de fon père , il eut ce que tant il avoir defiré ,
& qu'il hit couronné koy , il commença à éloigner & meprifer les
Princes Se grands Seigneurs du Royaume , & à pluueurs ofta Se aux au^
très diminua les Offices & Eftats qu'ils avoient du Roy Charles fon père,
& perfecuta plufieurs des principaux ferviteurs de fondit feu père , qu'il
mefcroyoit l'avoir imputé vers luy , 8c fc gouvernoit & fervoit d'aucuns
petits perfonnages , gens audacieux , Se prefts à faire fes volontés.
Auiii fit-il les defFenfes des chailes dont il fe deleâoit grandement , fi
afpres & fi rigoureufes; » qu'il eftoit plus remiflible de tuer un homme
qu'un cerf ou un fanglier.
Pour lefquelles chofes , les Princes Se grands Seigneurs du Royai^jne
voyans fon efprit Se fa manière de vivre , eurent u grande crainte , 8c
tant fe mécontentèrent de luy , mefmement Charles fon frère , Fran*
gyis , Duc de Bretagne > Charles , Comte de Charolois , fils du Duc Phi»
ppe de Bourgogne s Jean , Duc de Bourbon \ Jacques , Duc de Ne-
mours i Jean , Comte d'Armagnac •, Louys , Comte de S. Paul , Se pref-
|ue tous les autres Princes & grands Seigneurs, qu'ils confpirerent &
e mirent en armes contre luy > fous ombre toutefois du Bien public ,
mais à la vérité pour luy faire perdre le Royaume , enfemble la vie.
Et après la bataille que ledit Comte de Charolois eut contre luy à
Monclhery , tous lefdits Princes le vinrent aflieger dans Paris , où il
s'eftoit retiré-, mais en ufant de fon fens Se de fon aftuce, il traitra par fc^
crets mefiàgers l'appointement avec les principaux , leur promettant Se
accordant ce qu'ils demandèrent , tellement qu'il les fit deiaflèmbler.
Après qu'ils furent ainfi feparés , Se par ce moyen leurs forces rom^
pues 9 ainfi qu'il trouvoit les occafions , courut fus à un chacun d'eux ,
& pltîfieurs en affola , avant qu'ils puflènt avoir fecours les uns des au*
très 9 dont les premiers furent Charles , fon frère , & Jean , Comte d'Ar*
magnac, car il chaflâ l'un du Duché de Normandie , qu'il luy avoit ac-
cordé par le Traité , & l'autre fut tué en la Cité de Leâore *, après qu'il
fe fut rendu , & qu^il eut pris foy Se feureté des Lieutenans audit Roy
Louys , phifieurs y a qui difent ( ce ce toutefois je n'affirme pas } qu'if
fut caufe de faire mourir fondit frère par poifon , mais bien eft ctiofe
certaine , ou'il n'eût jamais fiance en luy > tant il vefquit > & ne fut pas
deplaifant de fa mort (17). Auffi
(17) Yoyczci^éiivani fagi ^4. 143. d» 144,
Nn 3 (i&)
?.
xU COMPARAISON
Audi fît-il détenir prifonnier le Duc Jean d'Alençon , qu*il avoit cleli«
vré de prifon,à fon nouvel avènement. Pour autant qu'il fuft trouvé avoir
depuis eu intelligence avec les Anglois 8c les Bretons y & aptes qu'il
fut mort y fut pareillement pris le Duc René Ton fib , par foupçon , ÔC
par fon commandement détenu tant qu'il vefquit à Paris , & procédé
contre luy comme criminel de leze-Majefté.
Il fe vangea bien pareillement par fuccedion de temps , defdits Louys^
Comte de S. Paul , qu'il a voit fait Conneftable de France, & de Jacques,
Duc de Nemours , lefquels par fentence de la Cour fouveraine du Parle*
ment de Paris , furent publiquement décapitez *, & aucuns des Confeil-
1ers de laditte Cour , pourtant qu'ils avoient été d'opinion de mitiger la
peine dudit Jacques Duc de Nemours , furent par ce Roy fufpendus do
leurs Offices.
Au regard du Duc Jean de Bourbon , combien que pour l'amour de
fa fœur , qu'il avoir eô>oufée , il ne le petfecuta pas fî avant , fî l'eut-il
tousjouts en haine & (oupçon » & chercha plufieurs occafîons pour luy
courir fus , jufques à luy envoyer de fes Miniftres, gens de petite condi^
tion , i>our luy faire > fous couleur de juftice , pluueurs chofes bien an-
cres & intolérables , penfant pour le grand cœur qu'il coiuioiflbit en luy ,
le provoquer à faire quelque violence ou refiftance ; mais connoiflànc
iceluy £>uc , i quelle fin tout fe faifoit , Tendura patiemment & échappa
par tolérance & diflimulation.
^n tant que touche René , Roy de Sicile Duc d'Anjou & Comte de Pro-
vence , fon oncle & Charles d'Anjou > Cointe du Maine fon coufîn , corn»
bien qu'il ne les perfecuta par guerre > toutefois il n'avoit amour ne fiance
à eux , pourtant mefmement que ledit Charles , qui eftoit avec luy à la
bataille de Montlherv , l'abandonna > ic s'enfuit avec une grande partie
des gens d'armes , oont il avoit la conduite , qui ne fut pas fans foup«
çon d'avoir intelligence avec les ennemis du Roy , & pour cette raifon »
ne voulut jamais donner ayde ny confort auxdits René ^ Charles , à la
conquefte & recouvrement du Royaume de Naples , quç Dom Alfonfe,
Roy d'Arragon leur avoit par force tollu y 8c après fa mort » l'avoit laifK
à Dom Fertand , fon filsbaftard, car ledit Roy craignoit que fefdits oncle
& coufîn ne fufîènt trop grands & trop puifîàns. Jaçoit que après la
mort dudit Roy René , il donna ayde audit Charles Comte du Maine »
contre René Duc de Lorraine, pour obtenir le Comté de Provence *
dont après iceluy Charles mourant fans hoirs , le laiflà héritier,
Au regard du non Charles , Duc d'Orléans , père de noftrc Roy Louys »
jaçoit que jamais ne voulut eonfentit à la conspiration & conjuration aes
autres Princes , ains tousjours fut loyal envers ledit Roy Louys , toute-
fois il en fit tousjours bien peu d'cftime , tellement que luy ayant iceluy
Duc , comme loyal fujet , bon parent & fage Prince , fait plufieurs re-
montrances , pour l'induire à le reconcilier & bien vivre avec lefdits
Princes , le contemna de paroles , fans avoir regard à la majefté de fâ
yieillefîè , ny à fa loyauté , dont de regret qu'il en eut & autremenf pour
débilité de (a perfonne > il fina fa vie dedans deux ( 1 9) jours»
Aprç$
(i8) OnçrokqH*ildoitJf^iV9iràofW.
DES ROYS LÔtrVS XI. ET XIT. 187
Après fa mort , n'uTa pas ledit Roy de plus grande humanité envers
fon fils i prefent régnant , c^u'il avoit fait envers le père , ains tafcha le
faire nourrir, de forte ( 1 9) qu'il n'eut cceur ne entendement pour mal faire
à luy ne à fes enfans , tant etoit foupconneux , & ufa envers luy de beau^
coup de rudeûes , mais entre autres le contraignit par force ôc menaces
d'époufer Madame Jeanne fa fille , femme toutefois bien fage » dévote
& honnefte , mais moult difforme de fa perfonne , & inhabile à porter
enfans , voulant par la fterilité de fa fille luy toUir le pouvoir & Tefpoir
d'avoir lignée , tant avoit en haine le fang Royal.
Mais ifne fe put pas fi aifement venger dudit Charles de Bourgogne t
qui tantoft après fucceda à fon père > ny du Duc François de Bretagne
pourtant qu'ils eftoient plus puiûans que les autres , mais eut par long-^
temps guerre avec eux , Se fit plufieurs trefves ôc appointemens, & h-
naleroent le Duc de Bretagne n bien fe deftèndit^' & gouverna , qu'il eut
la paix avec luy & demeura en fon entier \ mais ledit Charles Duc de
Bourgogne qui eftoit impatient de repos > après plufieurs guerres qu'il
eut , en diverfes fortunes avec les François , foy confiant des trêves qu'il
avoit avec ledit Roy Louys , s'en alla ameger la Cité de Nuis fur le Rhin >
où il refifta à la puiflànce de l'Empereur Frédéric , & de tout l'Empire »
& eut contre eux viâoire y de laquelle tant fe enorgueillit , que en s'e»
retournant , prit toute la Duché de Lorraine , & après s'en alla contre
les Suides par lefauels fut vaincu en deux batailles , & finalement ayant
raflèmblé fon armée & aflîeçé la Ville de Nancy en Lorraine au cœur du
grand hyyer , plus par obftmation , que par fens , fut par René , Duc
de Lorraine , à l'aide defdits Suites , & de aucuns hommes defdits
François , que le Roy Louys , ( pource que la trêve duroit encore ) avoit
ca(Ies, défiait & tué.
Et bien apparut après fa mort , combien ledit Roy Louys , craignoic
^ue les Princes de (on fang fuflènt grands 7 car combien que Dame Ma^
ne y feule fille & héritière d'iceluy Duc Charles , luy fupfuiaft , que foti
plaifir fuft luy donner à mary l'un defdits Princes de (on fang tel qu'il
voudroit, entendant par ce moyen remettre fa perfonne & fes biens en
la puiflànce dudit Roy Louys > toutefois il refufa le party , craignant que
cehiy qui l'épouferoit y eflant accru de fi groflès Seigneuries , ne nifl
après trop puiflànt ; dont laditte Dame fby voyant hors d'efpoit d'avoir
amitié avec ledit Roy , pour fe garder de la fureur , & refifler à la force
<}u'il luy faifoity (ut contpiinte s'allier en Allemagne , Se épcmfsk Maximi-
ken,Duc d'Autriche , fils dudit Empereur Frédéric, qui fut le commen-
cement de plufieurs guerres , qui ont depuis eflé entre ledit Maximilien y
& la Maifen de France , lefquelles encore n'ont pris fin , ôc Dieu veille
qu'elle y foit de nofbre temps.
Un feul y eut de la maiion de France que ledit Louys XL aima & ho-
nora tant qu'il vefquit \ c'eft i fçavoir Pierre Seignciu: de Beaujeu > frère
puifné dudit Jean Duc de Bourbon y auquel pource qu'il le connoifibic
nomme paiiibk > bénin ic de bon vouloir » uns mauvaiftié ny trompe-
rie y
(tsyLa DuthefftiOrliéms ^fé^tnitt j frit j Im ionnm iêtiks-Um Maifres , fitruoM fOH$^
tefim fUt-mirnuU tiâméuUn de fon fils , & I tUifioin , qu'U/fm^ok très-bien. Se Gelais;
(lO>
i8$ C O M P A R A I S O N:
rie s U donna en mariage Madame Anne fa fille aifnée > qui eftoic iors
Tune des plus belles Se des plus honneftes Dames que Ion fçut , & eft
encore des plus fages &c des plus vertueufes , & au furplus luy fit d'au-
tres grands biens, (20) & luy donna plufieurs charges moule honora-
bles > & finalemenc ( connoiHanc approcher la fin de les jours ) ordonna
que luy 8c fadicte temme > eufiènc le gouvernement Se le manimenc
principal de la perfonne & des affaires de Charles (on fils 8c fuccedëur»
& le leur recommanda plufque à nul aurre > combien que aucuns qui ef-
toient auprès dudit Roy Louys à Tes derniers jours , ayent affirmé depuis »
que s*il fut efchappé &c euerry de Tadice maladie , il avoir intention de
chafiçr ledit Seigneur de Beau jeu , a quoy toutefois je n adjoute pa$
grande foy *, mais quoyqu il foit excepté ceftuy-cy tant leulemumu > tou^
les autres parens il demt , rabaifia ou meprifa.
Et ccrcamement doit bien eftre jugé cruel, s'il avoir fi mauvais cou*
rage envers eux , (ans qu'ils luy enflent meffait , & s'il les avoir offenfé
& provoqué tellement qu'il ne les cuidaft pas eftre bien reconciliez , ny
avoir bon vouloir envers luy , il n'avoir pas efté bien fagede les irriter &
provoquer , mais encore que fans leur avoir en rien menait , il les connue
de mauvaife & perverfe volonté enves luy & fon Royaume , fi faur-il
dire qu'il eftoit oien malheureux d'avoir trouvé tels parens defquels il
eftoit contraint fe deffier & garder , U où il s'en deut fervir , aider &
honorer.
Mais tant fut grand le foupçon Se crainre qu'il eut de fes parens , que
de fon feul filsmefme , quiencores efloit enfant , avoitfoucy qu'il n'eue
le coeur trop grand , & que par ce moyen venant en a^e , par l'inftiga*
tion des Princes , ne luy nft quelquefois ce qu'il avoir fait à fon père , 8c
à cefte caufe le faifoit nourrir au Chareau d Amboife , entre les femmes
ayec un petit nombre d'hommes qui n'eftoient pas de erande étoffe , Se
ne vouloit en manière quelconque , que autres gens fallaflènt voir ny
pafiàflènt pgr la Ville d' Amboife , meunement nobles hommes & gens
d'Ëftat , dont par long-temps a efté grand doure entre plufieurs gens ^
s'il eftoit mort ou vif , & pource que meflîre Imbert de Batamay , Sei<*
gneur du Bouchage ( lequel par fes fens & vertus , a efté continuelle-
ment dçs plus privés ferviteurs dudit Roy Louys ) efbint une fois , par
fon commandement , allé voir ledit Daupnin , le mena un bien peu d'cC*
pace & de temps hors de ladire Ville d'Amboife , Se luy fir voler quel-
que perdreau , pour le recréer , cuidant faire p^ifir audit Roy fon maif^
tre , îceluy Roy s'en courrouça aierement , comme fi par ce moyen il
avoit commencé luy donner cœur ce fortir Se connoiftre le monde.
Envers fa femme auffî , la Reyne Charlotre de Savoye , 11 ne fut pas
plus humain , ny plus courtois que envers les autres *, car ourre que par
un bien long-temps , & tant qu'il fut en âge vigoureux , il luy rint bien
mauvaife loyauté de fa perfonne , il la tint toujours peritement accom-»
f magnée , & accoutrée la plupart du temps en quelque Chafteau où il
'alloit voir quelquefois , plus pour defir d'avoir lignée que pour plaifîr
qu'il prit avec elle h Se pour la crainte qu'elle avoit de luy , Se pour
autres
(il)
z
DESROYSLOUYSXÎ. EtXtI. iî>
mittfS rudefles qu'il luy faifoit foitvent, eft bien à croire qu'elle n^avoit pas
grandes voluptés ny grands padècemps en fa compagnie , mais qui pi^
cfr à la fin de Tes jours il l'envoya en Dauphiné & deftendît expreOemenc
qu'cBe ncfuft point auprès de Ton fils quand il fcroit Roy.
Au regard oe fes fcrviteurs & domeftiques , jaçoit qu'il leur fift de
grands biens , & les enrichift en peu de temps > & pareillement toutes
autres gens dont il fe vouloit fervir , autant ou plus que jamais fit Roy »
il avoir toutefois'.un efprit fi variable & fi inconftant , & eftoit au furplus
fi craint de tous , qu'il n'y avoit celuy , tant fut près de luy ny en fa grâ-
ce j qui ne le regardai en grand crainte : car oien fouvent par petites
occauons fie léger foupçon , ceux qu'il avoit clevcs jufques au ciel , Sc
defquels il fembloit qu'il fe fiaft du tout, il les chaflbit à leur grand hon-
te, ou à tout le moins confiifion , combien qu'il ne leur oftoit point les
biens qu'il leur avoit faits , s'il n'y avoit grand caufe > mais par effet il
n'y avoit celuy autour de luy y tant le connoidbit dangereux de muable >
ui fut feur ae fon eftat , & de cela comme je cuide , advint plufieurs
is > que ceux dont plus il fe fioit , & que plus ilavoit honores & éle-
vés 9 craignant (a légèreté 8c variation, fe font trouvés avoir confpiré
contre fa perfonne & fon Eftat , entre lefquels pour autant pas que je
ne les veux tous nommer 8c pour caufe > furent Charles de Melun (i i) •
& le Cardinal Ballue.
Or s'il eftoit craint & peu aimé des Princes & des Grands en gênerai »
fi eftoit-il encore plus hay du peuple , lequel il chargea de fon temps fi.
fort de tailles , pour l'horrible depenfe qu'il faifoit 1 la guerre & à la
gendammrie , 8c auffi pour les grands dons, qu'il faifoit aux Eglifes 8c
gens paniculiers , que plufieurs ménages en Normandie , en Langue-
doc , 8c autres lieux de fon Royaume , eftoient contraints abandonner
fcurs héritages , & s'en aller hors dudit Royaume , & quelque remon-
trance qui luy fuft faite par aucuns bons 8c notables Prélats 8c Religieux »
<le Mbaiflèr lefdites tailles , jamais on ne luy |>uft perfuader , en quelque
ezcremitéde maladie qu'il[fuft, difant qu'il eftoitforcé ainfi faire ou laiftèr
perdre 8c gafter le Royaume , 8c ceux qui fe parforçoient luy perfuader ,
il les eftimoit fes ennemis 8c du Royaume , ou gens ignorant les affaire»
d'iceluy , du nombre defquels furent l'Archevelaue de Tours , (ii) Car*
dinal du S. Siqge Apoftolique , 8c l'Evefque d'Aloy > (13) gens fages , de
grande doârine 8c de vie exemplaire.
JBn fommc toute fon eftude , fon defir 8c fes ûm eftoient d'eftre craint
8c obéi de tous , 8c pour cette caufe tâchoit à rabaiflèr les grands , afin
qu'ils fuflènt pluscramtifs& obéiftans, &avançoit&enrichi(Ic)it promp-
jement les petits 8ç moyens dont il fe vouloit fervir , afin qu'ils obéiflcnt
à toutes fes volontés , fans avoir autre regard à Dieu ny aux hommes : il
t&choit auffi d'avoir grand nombre de gens de guerre , & les bien entre-
tenir &. contenter , tant les Capitaines que les foldats , non pas feule-.
jnent pour refifter à fes ennemis ,.& les opprefler fi bon luy Icmblôit ,
aiais auffi pour tenir ks fujets en crainte 8c obéiflànce , melmement les
* grands |
(±t)llsM diesfut À AndiUy en \^6%. 1 (^l) Blie de Bourdeitte.
Chconi^ttc ScanJ^cafe pag. 75. es-Mùs. 1 \iy) Jesn Geegrty , ou UuU dAmhifi*
Tome IL Oo
-15^0. COMPARAISON
. grands > car pour rimagination qu'il avoir conrre eux , il entroir^ façiTor
menr en foupçon de pluiieurs gens > Se croyoir legeremenr aux rapport
teurs , de force que bien fouvenr fans grands indices, il faifoir prendre dC
Î;ehenner plu(îeurs gens > ranr nobles qu'aurres » &c quelquefois , comme
'on die , mourir, dont puis après eftanc adverry de leur innocence , fe
repencoic & tâchoic de l'amendet , en quelque façon *, & s'il le coni^ .
mandoir chaudement , il avoir Triftan THermitc fpn Prevoft des Mare-
chaux , homme fans pitié , qui l'executoit aufli prompcement , & n'v
avoir de luy aucun appel , tellement que l'on voyoit autour des lieux ou
ledit Roy fe cenoit , grand nombre dç gens pendus aux arbres, & les
prifons Se autres mailon^ circonvoifines , pleines de prifonniers y lef^
quels on oyoit bien fouvent de jour Se de nuit crier pour les tourmens
qu'on leur faifoir > fans ceux qui eftoient fecrettemcnc [ettés en la ri--
vicre.
Il eftoit néanmoins aufmonier Se faifoic de grands biens aux Eglifes ,
non pas rant feulement au Royaume, mais en plufieurs aurres quartiers
où il merroit fa dévotion & faintaifie , mais ce n'eftoit que pour cuider
Srolonger fa vie , ce que l'on apperccvoit a(Iez , parce qu'il ne deman-^^
oir jamais aux ^ens d'Eglife ,. aufquels il faifoir cesdons , qulls priaf-
fenr pour la remiflion de (es péchés , mais tant feulement pour fa prof-
?crité , fanrc & longue vie , tellement que faifant une fois recirer par un
reftre l'Oraifon que l'on faifoit en l'Eglife à S* £utrope,.auqoel il s'^C-
toit voué & recommandé , Se voyant qu'elle* contenoit Se requeroi^
Four avoir fanté de Tame & du corps , commanda que l'on oftac ce mor
ame , difant que c'eftoir allez que ledit Saint luy "fifl avoir fanté da
corps> fans l'imporruner de tant de chofes ,: & luy fend>{oi£ ( combien
^ qu'il s'abui^ft ) de pouvoir corrompre & gagner par dons Dieu & les
j?^P* Sainrs,qtte nous devons placquer * par bonnes oeuvres Se par amandemenc
eare^ pour ^^ "^^ pechés , ce qu'il ne faif9ir mie , ains entre autres chofes il op-
éffsijer, preda plufieurs fois la liberté Ecclefiaftiqiie , car il vouloir que tousrbc-
nefices , non pas feulement les £ve(chés > ains les Abbayes & D^nités .
fuflènt conférés à fa volonré > quelque fois à gens de guerre ou aurres^
tels qu'il choinHoit , Se ceux qui luy cpnrredifoient , rraittoit de forre ,
que bien peu de gens fe rrouvoient qui luy ofaflfènt defobéir , pour quel*
conque homme qu'il requift > Se outre ce faifoit fouvent pocu: aufres
caufes arrefter , bannir « emprifonner Se malrrairrer de fon aurhorité Lé-
gats du Pape , Cardinaux , Prélats , & autres gens d'Eglife , & iceux
Ipolier du revenu de leurs bénéfices, (14)
Pareillemenr les mariages que les S. Canons veulenr fur toures chofes
eftrecontradés de franche volonré, & fansconrrainre, il fiiifoit fouvenr.
Élire à fon plaifir , pour enrichir fes fcrviteurs , maugré les pères , mè-
res Se parens des femmes , quand elles avoient grands mariages , ou-
grofles fucceflîons.
Sa dévotion fembloit plus fuperfldtieufe que retigieufe , car à quel-
que
(1^4) Ceft un Ecele^sftsqu/ qsù parle ^ l psreit point pétr Vhilifpês de Cominês ^finm^
& qui prend peut-être trop en ceU le parti 1 pour h Cardinal Bsdue (^ rEviquéde Ver*
défit Confines. |^ Cependant cela ne udun^ '
DES ROY5 LOU YS XI. ET XIL £^f
S« image ou Egli(e de Dieu & des Saints , Se mcfmemcnt de Noftrc-^
ame qu'il entendift que le peuple euft dévotion > £c où il Te fift quelques
miracles , il y alloit faire fes offrandes, oH y envoyoit homme exprès : il
«voit an furplus fon chapeau tout plein d'images , la plufpart de plomb
ou d'eftain , lefquels à tous propos quand il luy venoit quelques nouvel*
les bonnes ou manvaifes , ou que fa fanraifie luj prendit , il baifoir , fc
ruant à genoux , quelque part aull fe trouvaft , h foudainement quelques
fois , qu'il fembloir plus olertc d'enteitdement que fage homme , & s'il
fçavoit quelque homme que l'on eftimat de fainte vie , il tâchoit l'avoir
en quelque pays qu'il fuft & quoy qu'il luy coutaft , ainfi c^u'il fie de Frerc
Francifque de Paule , qui depuis ronda l'Ordre des Minmies , lequel i
grande difficulté il fit amener de Calabre , efperant par Tes prières ôc
mérites obtenir fanté Se guerifon.
Il eftoit pourtant au furplus moult fage & clairvoyant en fes affaires &
foudain à exécuter fes entreprifes , hardy de fa perfonne , & phjs aifé
i décevoir autruy qu'à fe iaiddr tromper , car il avoir un entendement
^gu & cauteleux, èc un parler artificieux & captieux , prompt i gaudi^
ilèric & cavillation.
Il tint outre plus tous les movens qu*il put pour garder que l'argent
ne fortift de fon Royaume , & a cette cau(e , n'ufoit jamais gueres d'ha*
billemens riches Se mefmement de foye , ny auffi de fourures precieu-
fes , afin de donner exemple aux autres de ainfi faire , & que ^ar.ce
cioyen ils n'employaflcnt argent en draps de foye , en Martres , ny au-
trcs.chcres fourures que l'on apporte des pays eurangers.
Auffi ne voulut-il jamais envoyer armée hors des limites du Royaume ,
connbien qu'il y fuft par plufieurs fois incité , comme l'on dit par les
italiens*
Et par effeû il tint de fon temps par fon fens Se par fa puiffence , fôa
Royaume en grande obeiflànçe , leureté Se réputation , & fes fubjets ', Se
aufli fes voifins en grande crainte Se foupçon s lefquels chofes , fi nous
voulons croire Ciceron en fes Wiilippiques , doivent plus eftre attribuées
i, imbécillité qu'à ^oire vcar, comme il dir, c'eft chofe glorieufe à un
Prince de bien mériter envers la chofe publi<jue , &'d'eftre loué , hono«
ré , aimé & chery des fubjets s mais d'eflre craint éc hay , c'eft chofe detet
table & imbecille". & auffi le Philofphe dit en fes Politiques , que la nature
d'un Tyran , eft tacher d'eftre craint , & d'un bon Prince d'eftre aimé • Se ,
comme dit Ciceron au fécond livre de fes Offices, céluy qui eft craint eft
hay , & ccluy qui de tous eft hay bien feroit expédient qu'il fuft mort, mais
encore qu'ils vivent & profperent , fi font-ils afïèz punis , parce qu'il eft
confequent 8c neceffiiire Qu'ils craignent ceux defquels ils veulent eftre
craints , ainfi que faîfoit ledit Roy Louy s , lequel comme dit a efté , n'eftoit
paç tant feulement en crainte de fes fubjets , & mefinement des Princes
& de Ces mefmes parens , mais de fon fils propre encore enfant, craignoit
!lge & la virilité : & bien fe déclara évidemment la crainte qu'il avoit
de (es fubjets , quand il ouit dire que le Duc Galeas SJhrce avoir efté
Oo ^ commandoic
i^i COMPARAISON
commandok que on Toccift» & outre plus faifoit par Un Page porter eoN
près luy un epieu ( pour fe dépendre de qui te voudroit outrager ) lequel
après qu'il eftoit en fa chambre , tenoit au chevet de foo lia: , & verita*-
blement il apparut bien à fa mon s'il eftoit aimé ou hay > car iâ où toutes
fortes de gens s'en rejouidbient , bien peu y en eut qui en fuflènt marris ,
non pas mefme de Tes ferviteurs & de ceux auxquels il avoit fait de
grands biens , & plufieurs chofes qu'il avoit faites &c ordonnées en fon
vivant , furent par ordonnance des Eftats & par Arrefts des Parlemens ré-
voquées comme tortionnaires & tyranniques, enfemble ce qui s'en eftoic
eniuivy ^ & des Miniftres dont il uibit pour exécuter (es volontés^ les
uns furent condamnés à mourir» les. autres à moindre peine corporelle ,
& pludeurs à amandes pecimiaires , & plus grand nombre en y eut eu
de punis , fl la mort ne les euft exemptés^
Lefquelles chofes ne font pas pour avenir après la mort de noftreRoy y
& bien le put-on appercevoir , quand il fut h grevé de maladie , que les
Médecins mefmes , &-tous ceux qui eftoient emprès luy le tenoient pour
mon , (16) car dès que le bruit en fut parle Royaume , l'on eut veu me-
ner un il grand dueil par gens de tous eftats , comme (x chacun euft perdu
fon propre enfant , & plus que jamais ne firent de Roy dont il foit mé-
moire» & fut bien lors apperçu que Dieu avoit plus agréables fcs bon-
nes œuvres , & le bon traittement qu'il faifoit à fon peuple > que les gran-
des offrandes & les vœu^dudit Roy Louys XL car ioudainenient > là où
on le cuidoit mort , revint en amendement , & depuis tousjours eft allé
en amendant , de forte au'il eft à prefent à laide de Dieu , autant ou -
plus fain ëc bien difpofé de fon corps ^ qu'il a efté depuis qu'il eft Roy ,
& croy fermement qu'il a efté par (es mérites &c pour les prières du peur
pie , prefervé miraculcufcment , ainfi que l'on lit de Traian , le bon Em-
Sereup , qui miraculeufement futpar divin fecours fauve du terremot (27)
e la Cite d'Antioche : aufti quelque bonté que l'on attribue audit Tra«*
jan , iceluy Roy l'avoit mieux mérité que luy , car outre ce qu'il fut payen
& perfecuteur des Chrétiens , il fut lubrique ,. non pas tant feulement
avec les femmes , mais encoie, qui eft choie abominable à dire, avec les
jeunes garçons, ainiî que Dion le témoigne en fa vie^ ce que l'on oe
peut dire de noftre Roy, depuis qu'il eft venu à la Couronne, quant
aux femmes. Du rémanent il n'en faut point parler , car il eft trop en
horreur à tous François , & iî ne fut point la juftice mieux entretenue i
Rome , oy tant augmentée de fon temps , en tout fon Empire ( qui eft Iç
principal los quon luy baille ) qu'elle l'a efté en France , & aux autres
pays iujets de ce règne *, car par ce que l'on lit dudit Trajan , 8c mefme
que Pline l'Orateur , <^ui a cfcrit les louanges , en a dit , il entretint
tant feulement & remit en fon premier eftat l'authorité du Sénat 4ç
Rome , & des autrcs-Officiers , mais cettuy-cy ne s'eft contente de conr
fcryer &c maintenir l'authorité & prérogative de Ces Cours Souveraines ,
qulfont les Sénats de France , en. la mapiere qu'il les avoit trouvées &
qu ellesavoient efté efté inftituées , mais en a érigé de nonvellcs , & pat
bonne$
(%6) Cela êfi MsnrivtoH mwt J^ Avril 1 505.
0^
DES ROyS LO.lJYf 3CIr&T XII. ,tsi
bûnnes Oidonn^nces > authotifé les anciennes & refiAmé les abus » ^ns
avoir acceptation de peifonnes', ainfi qu'il a cfté dit defûis /donc il fait
. beaucoup plus à louer , & s'en ^doit-pn bieu émerveiller , ppiu auuQt
3ue Trajan avoic efté clii âc çhoiil par Nçrya Ton predcceueur , qi;^ IV
opi^par le conren^cmcnt duSenat & du peuple K-pinaia, cftant dç$j).
. connu & Mpfiimenté, homme de feni ^ deyertu , & qu< l'Empire ne
luy cftoii point deu par droit de fucccllion , ny par Lignée aMcunemenr..
Donc cftoit chofebiçn aifée à un.bon Prinçç », clioiftf entre fes /ubjecf-
UD bon & vaillant homme dii^ne de luy Tucceder i mais le Roy Louyj
dont nous parlons eft parvenir d la Couronne par lig^i^e & par nature r
non point pat éteâion , & IT a elle en Ton jeune & flbriHant âge nouc-
■tj (xS) plùcoft en (ubricitc & lafciveté ^ ( afinqu'il fiifl imbçpule d'en-
tendçiiient , & n'cuft ^ens , ny autho4:ité pour avoir fuire , ny CEcdil ^^uc
en vertus & chofes tequiles pour régner , comme' ilr a. elle dit fy-delîus j.
tnaislabontédcraDacuie, &k noblefIè& hauccflè de Ton cœur, a vaincu
&rurmonté par propre yeitu,&:fansitniiaiioBd'auiruy, toutes délices &
. noorricure » tout ain^ que Hercules vainquit les moniires pariaprouenè>
qae Janon luy avoit envoyés pour 1« détruire- & affoler , & u a acquis-
.Ics vertus âc.mccurs.dignes de lesner, & eftparvcpuau RoyauuiCrdignp'
de Tes mœurs, contre l'opinion dudltRoy LouysXI.
Or qui elt donc eekty , ta«t foit peu depouivcu de fens & détracteur
du temps pf cfcnt , qui préfume de préférer ledir Roy touys XI. au Roy
Loiiys xn. à piéfêat régnant , foit ei> bonté de n^ure , en douceqr &
f^ayité de mœurs , en airj-empance Si., modération de cceiit & de voit-
lok) ^ finallemcnt en heur Se feltciré de règne iCertes.ccttujr-cy dtv-
quoy nous parlons , eft en faits , en dits-& C", conditions du tout conr
. ttaire à iceluy , fbts en ce leulcment que tous deux ont eAé' hardis à [a-
juerre.
Auflî luy (ont les cbofes advenues da tout autrement ; car première-
ment fettuy-cy eft venu au Rx)yaume paz vraye fuccelCon , fans, jamais
avoir cftc Soupçonné en manière quelconque d'y élire voula parvenir
pat ^ucuil mc^ea (îniflre ,. vivant ledit Roy Charles yill. ains tant qu'il
-velquit l'iionoca tousjot^rs coi^me pe[e,& nima comme tîls, combien
que ledit Roy Charles ne luy mondraÛ: pat avantuie pas ligne d'amour
reciproque ; Se ja^oirque pour 1 ' " "1 vint
«n graïui tUlTqrent' avec Madame Boui;-
;bon , iafa|ufls iiç mettre aux armes it-qnî^
Tçut dire pour vérité <}ue- jama: oyai^
juc , aios ftprès que ledit Roy C s àj^s
ou jCnviron , connoiflànc l'amoui d'Or-
léans , à p^éf^t Roy, -avoit em :e Ces
mains , & fous fa fcuieté vint en 1 ago^
pour époufçEi U DuçhellèdeBcet. xomr
plir le traité de matiaue , qui avoi eans';.
ic après la. mort dudit Roy Char^vj , uuiiiL/ikn ^u u !»••. 4> wu^.b qu'il
-■■■■■ Suft
* (i8) Lt S^y Ltuii XII, « iii ttisMm'tUvit Voyez U "Rimar^* ei-divant, i>«{''
"7- ■ ■ '■ .
Ooj f27>
TCu «and joyc d'eftrc élevé â un iï glorieux Royanmc > toutefois
quand il vint pour faire révérence , & donner Teau benifte au corps du
Roy exanini^ ^ q^i gi^it fur une table en habillement Royal (ainfr qu'il
cft dccoutunn(e)nele puft contenir, pour Tamour naturel qu'il luy portoii;^
qu'il ne plçanft bien chaftideAient, dont pour la pitié & bonté qu'il avoir
ufé envers (on prédeceflèur , Hiçu permit que (es autres firent le fembU'
ble envers luy s car jàçoit qu'il fîift en allez loinitain degré en ligne colla*
cerale y conjoint audit Roy Charles , toutefois tous les Princes ic fu jets
d'un accord merveilleux incontinent le tinrent & reputerent comme
{loy i ^ jamais n'y eaft Roy au commencement dfe foo règne fi paifible eti
France.
Il à wfCi fingulierêment aimé , advancé & honoré les Princes de foh
IRoyaume , là où l•a^tre les perfécutoit ôc rabàiflbit ou déprifoic , ainfi
q^ue l'on peut voir du Duc Pierre de Bourbon , lequel pour fa bonté de
Vieilleflè, il a honoré & révéré tant qu'il a vefcu , comme fon père , &
pource qu'il n'avoit qu'une feule fille, laquelle il deflroit bailler à femme
5 Charles ye Bourbon, Comte de Montpenfîer , avec fes Duchés , Tet*
res Çc Seigneuries ,- pour tousjoors entretenir & faire grande la Maifoti
dé Bourbon , ledit Seigneur non pas tant feulement en a cfté content ,
mais a cohfenti libéralement que les Duchez de Bourbon & d'Auvergnet
6 autres Terres^ , qu'il prétendoit devoir retourner à la Couronne, de-
meurafïènt audit Comte de Montpenfîer & au? fiens , & fc rient & re-
pute à grande gloire ,.que par fon moyen , Se par fa libéralité , la Mai-
ton de Bourbon foit Bc demeure plus grande 6c plus pui(&nte i que ja-
inais ne ftifl en nul temps , ce que ledit Roy Louys XI, craignoit fur toU-
t;es chofes , & de celle & des autres. ^
Au regard du Comte d'Angoulefme , fon neveu & plus prochain pa^
rent , il luy a donné la Duché de Valois, Se qui eft plus grandje choie »
fa fille unique (x^) en mariajge, &c par efl^tlaime aufli cordialement
qu'il pourroit eftre aimé de fon père, s'il vivoit , & de fa mcre qui ell
en vie.
Semblablement le Duc d'Alençon , les Comtes de Vendofme , db
Foix , & de Dunois , qu'il a trouvés jeunes , & cduy de Nevers , qui
depuis peu de temps par le trépas de fon père (50) , eft demeuré. en bas
&ge, il tâche â fon pouvoir de les faire bien nourrir par gens de bien , Se
cxercitcr en toutes chofes vertueufcs , pour le defir qd'u a qu'ils foicift
gens de cœur & de vc;rtti , ce que ledit Roy Louys XÎ. craignoit en fon
fils unique prppirei & s*il eftqtteftion de jouter , ou de raire queli[^
autre exercice conyèriitble à étji, Juy-*nicfnic les ddrefïe-& incke, «cëhi-
mc s*ils eftoient fes propres enfatis , ayant toutefois grand foin qu'ils «te
& travaillent trop 5 & âii furplgs touchant feuts terres fc affaires » il ieft
auifi curieux qu'ils foitnt bien conduits, comme de leurs perfonnés , 8c
pour conclufipn il fe travaille autant , 8c penfc à les faire grands Se geiis
' à I ,
(3.9) Madame Claude deVrance ^ mariée
À Tranfois y Comte dAngouleppe , depuis- Roy
fremier de ce nom ^ aeu Unefœur y Madame
^enie 4i francff , msii ^U^ ffétûit fat encore \ CÂMfm éersvcit en 1 ^^07,
née y n^ étant 'mftta au monde tftien i f lo,
. (50) Engelkert de Cleves i Comte deNor
vers , mort en i^o6. te ^fait jufor ynf
DES ROYS tOUYS XI/ET.XII. t^f
iit bien , comme k Roy Louys XI. cr^ignôit que les fieos le fuflènt.
. Au regard de la Reync Anne, Ducnefle de Bretagne, fa femme, ainô
qq'il Tavoic honoré vivant ledit Roy Charles , comme fa Dame & Prin-
cçfle, depuis qv^U l'a éppufce, ra;tousjours tant & fi, grandement aimée»;
eftimée&xherie , qu'il a en elle mi^ & dépofé tpos.fes plaiiks'.^.toatesî
fe3 délices, ny jamais- a cfté Soupçonné d'avoiç, violé ion koaria^e , ny.
pris plaiitc charnel , nv volupté avec autre fçmmç > combieft <|ue on luy I
en ait fouvent ofiTèrt de bien belles & plaifames, dont un bomhie ferme
& conftant euft efté bien tenté *, ^ au furplus il luy laiflè la totale admi-
ftution de fon.Puché de Bretagne, & des jcerres quelle a en France
Î>our le douaire dudit feu Roy Charles , tout ainfi q^cil elle n'étoit.^nc:
^ femme , & par^ffet ne fut jamais DaciiiQmiêfix traittéç , ny plus aimée
de fon mary , au0i certainement elle le mérite bien > eu de^ens^del
prudence , ahonneftçté , de venufté , d« courtois &,de graeieu£eté ,i il>
eo eft bien peu qui en approchen t, moins qni foient femblàbles, & nulle
qui rexqede & pour fa parfaite félicité en ce monde , eftoit bien requis
aiidir Roy Lovys d'avoir une telle compagne *,. aum les vertus fc condi-'
tiens excellentes d'elle, maritoient bienîd'avoir pour m^ry*, xmd.giwà-
il noble, fi bon, & fi heureux Roy, ,j
. Et tant que touche fes ferviteurs » domeftiqiies , & ^antres geAs dont: il
fe fert, il n'ufe pas de fi grands dons envers eux comme faifdit ledit Rby^ .
Louys XL mais toutefois ceux qu'il connoift Tàvoir bien fervy , & qui
le fervent loyalement, nelaiflfè dépourveus , ains fans vouloir eftre par
eux importuné ,. les ppùrveoit quand l'occ^fidn y^çheoit ,( comme il
advient fouvent ) d'omcès ou d'antres biens, félon leUr eftat'lc dcilèrte ,
quelque fois de fon propre mouvement ,. &l fan^ qu'ils en fçafchent rien,
tellement que nul d'eux ne demeure dépourveu^ &: de Teftat qu'ils ont
de luy , s'ils ne font quelque faute notable, font afièurés comme de leurs^
héritages , & par ce moyen tous ont caufe de foy contenter , chacun en*
fa qualité , là où faifant les grands & exceilifs dons, ledit Roy Louys XL
en enriehiâbit un petit nombre , & en laifibit «n bien grand nombre de:
mal-contens v^ aufli fea grande^ largellès fe fajfoient à la charge du pauvre
peuple , & bien pouvoient dire ceux auxquels il denneit , qu'ils eftoient
ainii que les enfans des beftes Se oi(eaux vivans àt rapines noturris du
fang ou pauvre peuple :«Mais ceux d qui notre Roy donne ont , ce récon--
fort , que ce qu'ils prennent n'a point efté induement tollu à autruy , &
qui plus 'eft i prifec ceux qui fiprvent ledit Roy régnant ne font en au-
cune crainte de luy s'ils ne mefront s car il n'eft pomt envers eux terrible,,
rigoureux , auftere, difficile ny variable , ains tout conftant, htunain,.
doux , & familier , & devife bien fouvent avec eux tout privement ; noir
point comme R07, mais comme compagnon , fans fof irriter ny cour-
roucer, fi aucun d'eux ditchofe folle, ottmalpenfécjpourvcu qu'elle no
foxt au préjudice d'autruy , tellement qu'il ne iemble eftre plus grand que
(es ^rviteurs , finoni pour autant qu'il eft! meilleur , & ne porte haine ny »
regret à perfbnne s'il n'a metfait ; 6c fi aucune fois il fe courrouce , quel-,
c)ue menace qu'il fâfle ( dont i peine fe peur contenir nul hommede ccnur.
tgnt foit attrempé , ains eft fens & vertu de le fçavoir faire à temps Se
iaifon (ans excéder^ fi ne craint pourtant celuy quieft menacé , d'avoir
mal
*9<5 C O M P A R A I S O N
mal en fa petfonne ny en fes biens , s'il n'cft connu par iuftice qu^il'âye
nieffaic j & tout .ainfi qu'il eft prompt ^ punir tous maléfices , & toutes
offcnfes qui touchent rintercft d'autruyoude lachofe publique , il eft
preft à pardonner celles qui ne touchent qu a fa perfonne > car jamais il
ne fot cruel , ny vindicatif, ce que ron connut bien évidemment à fon
avènement à la Couronne , car l'année mefme que mourut le Roy Charr-
ies VIII. combien que par inftigation d'aucuns , qui avoient authorité
envers ledit Roy , il fuft fi mal traité , qu'à peine le ofoit trouver en fa
préfencfe^ & aucuns de Ct$ principaux terviteurs, perfecutés d'honneur
& de biens, toutefois eftant Roy, n'en fit aucun feniiblant , non plus quç
fi ne luy en fouvendit.
Au regard des flateurs*dont les oreilles des Princes communément
font afiiegées, il ne font pas bien venus envers luy , ains fi aucuns cui«
dant lùy cottiplaire , tient quelque pro{>o5 de luy , en fa préfence a foa
avantage trop longuement, il donne bien à connoiftre par fignes , & ne
luy répondant rien , qu'il feroit mieux de fe taire , 8c s'il ne l'entend
a(ïez par ce moyen , il s'en va ,. ou change propos , tant eft modefte 8c
continent en toutes chofes, & aime mieux que fes louanges foient ^aui
cœurs des hommes que en la langue.
Et ne faut point craindre d'eftlre maltraitté de luy par faux rapports #
qui eft l'un des grands dangers, qui foit aux autres Cours , car tous ceux
qui difent mal d'autruy , il les répute lâche$.& méchans s'ils ne Je veil-
lent maintenir en la préfence de ceux dont ils parlent , 6c de cela advient
qu'en fa Maifon n']i a difiention , ^nvie ny partialité , moins que en
Maifon de Frince du monde , pourtant qu'ils n'ont caufe de pourchafièr
l'un contre l'autre , car ils n*y gagneroient rien , n'y aufii d^'entreprendre
Tun fur l'autre , pourtant qu'if ne donne point les biens par pratiques »
mais par mérites de fa propre volonté , & fans en vouloir eftre importu-
né , éc ceux qu'il a connu 8c expérimenté gens vertueux & fçavâns en
tous eftats , jamais ne les a défappoihté , s'il n'y a eu caufe bien éviden-*
te , & fi^ft le plcrs aifé à fervir en tous endroits que Prince du monde,
& qui plus fupporte de fes ferviteurs , canç que touche à fa perfonne : fi
peut-on bien connoiftre évidemment fa confiance & fermeté envers fes
lerviteurs, en uneckofe qui eft de plus grande importance que toutes
les autres ; car ayant dès le commencement de fan règne choifi Monfei-
gneur George d'Amboife (31), lors Archevefque de Rouen, 8c à préfent
Cardin^ 8c Légat en France, pour la conduite de fes principales'aiFaires»
pource qu'il le connoiâbit eftre homme très-exellent 8c accomply de
lens , d'expérience , de loyauté 8c de'bonne vie , jaçoit que par plufieurt
fbisil aitefté longuement abfent de luy, 6c par avanture picqué 8c
chargé de plufieurs chofes , ainfi qu'il advient à toutes gens qui ont fi
grande authorité , & aufiî que les chofes dont il avoit charge foient quel-
que fois avenues autrement qu^on eftimoit , 8c quelques paroles qu'u ait
eu avec luy , pour matières quelconques , comme il eft pcefque de^né*»
iceffité 9 ayant fi lont^emps mené les affaires du Royaume , fi.n'a-t'on
|amats apperceu que loir cr^it £ç authorité fuft en riçn dimimiée, maÎ9
tousjour9
(5*)
DES ROYSLÔ.UYS XI. ET XIL 197
f ousjours augmentée , pour autant que les mérites Se la pruclence croif^
foient avec le temps & par continuation de fervices.
Il n'eft befoin de déclarer la libéralité , dont il a ufc envers Ton peuple
& Tes Aijets , car jamais n*a penfé en autre chofe que de les foulager de
routes charges le plus qu'il pourroit, de leur diminuer les tailles, & de
les garder aoppreflîon & de pillerie. Car quelque affaire ouiluy foit fur-
venue , jamais ne leur a mis charges nouvelles , ains tout l'argent qu'il a
pu épargner , reftraignant la dépenfe , tant de fa perfonne que de (a mai*
ion,5<: par autres moyens railonnables , il ratousjours employé aut
affaires de Tes guerres avant que dechareer Ton peuple , & (ce qui ne fait
à oublier) ayant r année paffêc Cjz) fouldoyé bien groflè armée en Italie,
tant pour châtier les Genevois , que pour réfifter aux entreprifes du Roy
dts Romains y fans mettre fur fon peuple aucune charge nouvelle ^ 6c
cftant averty par fcs gens de finance , que ladite armée ne fe pourroit
entretenir outre le mois de Février enfuivant , fans mettre une crue de
caille (combien qiiefon peuple par tout le Royaume , entendant le be--
foin , & connoiflànt le bon traittement que ledit Seigneur luy faifoir »
eût libéralement , & de fon bon çré accordé ladite crue , & confenty
4)u'elle fût mife fus , & auffi que la guerre ait depuis ledit mois de Fé-
vrier duré plus de cinq mois en plus grande dépenfe que devant^ } il n'a
toutefois jamais voulu que ladite crue » ainfi accordée, fût exigée , telle-
ment qu'il eft à émerveiller , comme fa parcimonie, induftrie & bonne
conduite , peut fuppléer à faire chofes fi grandes & de fi grande dépenfe,
en diminuant le revenu , là où les autres Roys qui prenoient fur leur peu-
ple tout ce qu'ils pouvoient , eiloient tousjours en néceflîté s mais la
grande amour fait faire chofes prefque impofilbles , £c tout ainfi que
rien ne fuffit à ceux qui tout veulent avoir , a ceux qui rien ne veulent ,
fors ce qui eft néceflaire , rien ne faiilt. Auflî la diligence qu'il a ufce à'
croître & augmenter fon domaine , a bien aydé à fa frugalité & attrem-
pance , car là où les Princes » & mefmement le Roy Louys XI. foy con-
nans de l'argent qu'ils levoient fur le peuple, à leur volonté, ne tenoienj:
pas grand compte de leurdit domaine , & par ce moyen les fermiers , &:
autres qui en avoient charge , faifoient beaucoup de tromperies; il a tà«
ché tant qu'il a pu de remettre fon domaine en value > ann de foulagec
par ce moyen fon peuple.
Je ne veux pas pourtant dire (afin que je n'obmette rien ) que le Roy
Louys XI. ne nit plus abondant & artificieux en langjage , mais s'il exce-
doit en cela , & sll eftoit ^u(fî plus caut , plus malicieux , & par adven^
ture de plus grand efprit , il eft plus à eftimerque cettuy-cy foit plus-
franc , plus rond, & plus ouvert en fait & en paroUe, fans fimulation ,
ny déception , dont ceux qui ont eu à traitter & befogner quelque chofe
avec luy , fe font fi fort auèurez en fa foy & promefiè , que fur icelle
ont mis, non pas tant feulemenr leur eftat, mais leurs perfonnes, ainfi
aue fit r Archiduc Philippe d'Autriche , lequel jaçoit qu'il fut defcen*
dant du Duc Jean de Bourgogne , qui avoir fait meurrrir le Duc Louys
^^Orlea^s, ayeul dudit Roy, auflî que le Roy des Romains, pered'iceluy
» Archiduc »
Tomellf. Pp (35)
19» COMPARAISON
Archiduc > loy eût fait la guerre, au commcncemeiu de Ton Règne» Se ne*
fut Ton amy i)as bien enonre > ce néancmoins au voyage que fie ledit Ar-
chiduc en EÎpagne , il pafla fc repaflà par le Royaume de France , en-
aulli grande ieurccé cooune par Ces terres mefroes , autant ou plus hono-
ré , chery & bien traitté par iceluy Roy , qu'il fut des Rov & Rerne. de
Caftille , defquels avoit epouie la fille aifnce , par moyen de laquelle s'at-»
tcndoit eftre leur fucceflèur , & ne luy eut pu ledit Roy Louvs hiire plus^
courtois recueil , ny plus grande démonftration d'amour su eut efté Ton
propre fils , & qui plus tait i louer à Ton retour d'Efpagne, jaçoit que
ierditsRoy& Reynede Caftille, n'eudent voulu tenir laj^intement
fait par luy , quelque procuration qu'il eût d'eux, ( dont i bonne caufe
ketuy Roy Louys fe fût pu douloir 6c aâèurer de lui ) ^toutefois pour
cela ne luy en fit jamais pire chère , ains eftant tombé en grieve maladie-
a Lyon , iceluy Rx>v en eftoit au0î foigneux que s'il l'eût engendré , tel^
tement que luy ou ia Rcyne ne bougèrent ^ueres d'emprès luy.
Le Roy d'Arragon , mefroe depuis qu'il eut époufé ht niepce dudit
.Roy Louys , après tous lefdits difirarens > & la prife du Royaume de Na-
ples , ne s'eft-il pas venu rendre en k pui&nce d'ic^y Roy dans la Cité
( ^3 ) £>^ de Savonne (y}) , & outre plus de fa bouche , dt de fa perfonne ^ ne vou*»
^^ 7' lut eftre fervy que de ce qui luy eftoit adminiftré par les gens dudit Roy
Louys , & certainement bien le pût faire ', car ledit Roy Louys n'eftime
nuls biens tant que fa fby Se loyaulté , Se s'il eut voulu , comme plufienrs
antres euflènt bien fait trouver des occafions pour wnir au contraire ^
peut-être qu'il eût recouvert ledit Royaume , & d'autres chofes plofieurs
ums grande difficulté ^ mais il veut vk^re fans reproche quoiqu'il luy
puiile avenir.
Pareillement Dom Federic d^Arragcxr, combien que ledit Roy Louys
luy eût toUu le Rovaume , qu'il occupoit f 34) , ne vint-il pas mettre fa
perfonne y enfemble celle de fa femme & de les.enfans , entre fes mains
plûtoft qu'entre celles dudit Roy Ferdinand d'Arragon y (on parent Sc
ton allié- j tent connoiffi>ic k grande loyauté Sc Huinanité d'iceluy Roy^
Louys..
S'il convient parler de fa Refigion , il eft Ptinoe dérot Sc Catholi*
^ue fans hypocrifie , ny fimukçion > car il fe garde d'otfenfer Dieu , Se
le reconnoift en toutes chofes mieux de fait , que de parole , Se bien
luy femble à iceluy eftre plus agréable qu'on lujr oftre un bon Se entier
vouloir , fans aucune déhionftration extérieure , que de luy dire une Ion*
' gtie oraifon , ou faire grande inclination corporelle y toutefois il fe té^
iBonctlie avec luy , par conftftîon de (es péchez > fepc ou huit fois Tan >•
en ufant de la grâce qu'il luy a donnée de guérir 1er maKides des écrouel-
ks , ainfi ^'ont fait les ancres Roys de France, depuis Clovis le premier
Roy Chrétien en toute humiUté.
Il fe gaideauâi de faire ,* nyfouffirir eftre fait tort ny violence i Ces
fujcts,.
(34) CftêitU 'Râymmie^de Naptes dont
h R^ fertèntmd ttArragon s*impara en-
Jiskt , nmi$ ledit Federie ne vint pas libre-
miuLenJfMnci ^ iljfuL'immifmhéêpi^
yiemênt , lui MyMnt donni pour fuhffhr Im.-
jùuiffmut du DuM dAnjoH^ Il momtUJÊi
DES R.OYS LOUYS Ki. ET XII. 199
djets 9 ny ilommage ijks roi&is, s'il a'cft provoqué, âc finguliensmenc
^'oppidler rEgUfe , ainfi qu'en placeurs chofes ont pu connoiftrc fei
fttjeô y tant ea Frauice qu'en Italie , dont pour éviter pcolixité , je raeon-
teray un féal exemple , que j'ay vu , diffne de ciienu>ire ; c'eft que le9
Seigneurs de Milan aroient accoutumé die prendre Se percevoir d'une
grande partie des Preiats xiu Duché un bœuf gras à Nady & l'avoienc
^eilimé à cinquante ducats chacun bœuf, laquelle (bmme ils mettoient
en leur recepte , de (i longtemps que Jean Galeos , Vicomte , qui fut le
I memîer Duc de Milan , entre autres plufieurscho&s qu'il donna en mariage
r a Madame Vaien tine fa fille ( que le Duc Louys d'Orieans, ayeul de noftie
Roy , ^pouià ) y mit cette exaùâfcion v ce néantmoins le bon Roy ayant re-
couvert ledit Duché , a voulu eftre infermé d'où eftoit venu ce droit ^
& par quel moyen , êc entendant qu'on n'en trouvoit aucun titre , fors
tant feulement l'ufance fi ancienne , comme dit eft, a deffendu qu'on ne
l'exigeât plus , & auffi que l'on ne prit aucunes chofes fur les biens des
Egliles , dont les Seignemrs patSès , mefmement les S/bruf^uis , qui
avotent ufurpé la Seigneurie , difpofoîe^c bien fouvent â leur volonté ,
6c mefine touchant fes bénéfices 6c dignités Ecdefiaftiques , combien
qu'il aft voulu gaider fon autfaoricé 6c prééminence pour la caifon , it
en a «fé toutefois fi modeftement , que Von ne luy peut imputer , qu'A
ait forcé tes droits & la liberté de l'Eglife.
Pareillement touchant les mariages , il n'eft homme vivant , pour <|uf
il en ak Jamais voulu prefo perfonne de fes fujets , 6c û quelquefois il
en a prié, c'a efté de (brte que ceux qui n'oac voulu obtempérer i fa ce*
quefte, n*ont point af^perceu que pour iiela «1 e&t auoin inal talent en**
vers eux.
Vray eft qu'il eft plus pompeux en habiUemens & accotmement de fa
peribnne, que ne nit ledit Roy Louys XI. car (ans point de faute , ce«
luy-cy fut en cette partie trop extrême , tellement qu'il (embloit bien
(buvent mieux un Marchand ou homtne debadê condition , qu'uti
Roy 3 ce qui n'eft pas biea-féant i un grand Pnnce 4 mais le Roy qin
eft i préfent , a en cecy gardé tellement la médiocrité , ou'on ne Çixf
poorroit imputer d'eibe exceffif en trop ny en peu , auflî V^int^'A f^ardé
touchant fa dépenfe de bouche, dont fantve eftoit par tcop exccflif ^
eutîeux,
^ Néantmoins a tenu tels moyens que fou Royaume eft beaucoup piua
riche d'argent, 6c de toutes chofes, qu'il ne fut jamais du temps dùdic
Roy Louys , ny auparavant , comme u peut ap|>aroir par taxions 6c expe^
nences évidentet , qucnque YettîUem maintenir pluuenrs gens au con^
trftite , difans que les guerres dltalie ont épuifé le Royaume d'argent v
6c pour montra qu'ainfi (bit comme je4is , l'on voit généralement par
tout le Royaume baftir grands édifices , tantpi^ica , que privés, & font
^etns-de adnues , non pas les plandiers tant feulement , & les murail^
les qui ibnt par le dedans , mais lea couvertes , les coiâs , les tours , 6c
imaees qui font par le dehors , 6c fi font les 4nai(bns meublées de toute»
ehoies, trop plus fomptueu(èmenc que jamais ne furent , & on uie de
▼asièlle d'argent en tous eftats , fans comparaifon plus que l'on ne fou-
loic , «dlemoot qu'il a efté befoio furcela faire ordonnance pour corriger
Pp a celle
500 COMPARAIS ONT
celle fuperfluicé , car il n'y a forces de gens qui ne veuillent avoir cafle^^
sobelecs , aiguières 8c cuillères d'argent du moins , & au regard des Pre-
uts , Seigneurs ) & autres grollîers^ ils ne fe contentent pas d*avoir toute:
tottc de vaiflèlle y tant de table que de cuifine , d'argent > s'il n'eft doré ,.
& niefraes aucuns en ont grande quantité d'or maflif ; auâi font les habil-
lemens , &c la manière de vivre plus, fomptueux que jamais on ne les vit>
ce que toutefois je ne prife pas,, maisc'eft pour montrer la riclieflè dix
Royaume,
Pareillement 1 on voit les mariages des femmes plus erands , 6c le priic
des héritages 9 & de toutes autres cnofes plus haut , & u trouve^-t'on plus,
de vendeurs que d'achepteurs^ & qui eft chofe trop apparente , lerevena
des bénéfices > des terres & des Seigneuries^, eft cru par tout générale^
ment de beaucoup , & pludeurs y en a qui , à prefent , font de plus grand
revenu par chacune année , qu'ils ne fe vencloient du temps mefme dut
Roy Louys XI. pour une fois , te pareillement les Fermes des Gabelles y.
Péages , Greffes , & de tous autres revenus , (ont augmentés bien gran-
dement , & en plufieurs Ikux « plus de deux tiers , en autres de dix parts
les neuf, aufli eft l'encrecours de la marehandife > caat par mer que pac
terre , fort multiplié y car potu: le- bénéfice de la paix, qui a efté de ce
Règne , Se pour TauthorKé 6c réputation que les François ont eu en
Italie, Allemagne, Efpagne, Angleterre 6c autres pays, 6c provinces
tant maritimes que terrefSres, pour raifon des grandes vidtoires que nof-
tredit Roy a eues,toutes gens (excepté les nobles, lefqjiels encore je n'esc^.
cepte pas tous ) fe méfient de marehandife ,. 6c pour un Marchand que
Ton trouvoit du tonps dudxt Roy Looys XL riche & groftier à Paris , à
Rouen., à Lyon, & aux autres bonnes villes du Royaume , & générale^
ment par toute la France , l'on en trouve de ce Règne plus de cinquan-
te, & fi en a par les petites villes plus grands nombre, qu'il n^'en foo^
loit avoir par les grofïès & principales Cités , tellement cju'on ne fait
gueres maifon fur rue , qui n'ait boutique pour marehandife , ou pour
art mécàlnique , & font a préfent moins de difficulté d'aller à Rome, à
Naples, à Londres, 6c ailleurs de-là la Mer, qu'ils fcûfeient autrefois
d'aller à Lyon , oa à Genève , tellement que aucuns en y a , qui par mer
font allez chercher , & ont trouvé des terres nouvelles , car la renommée
& l'authorité du Roy à prefent régnant , eft fî grande , que (es fujets
font honorés & fupportez en tous pays , tant en mer , qu'en terre , 6c
n'y a fî grand Prince qui les ofat outrager , ny permettre qu'ils le fuflènc
en fa Tàrre & Seigneurie :. l'on voit auffi qu^ô par tout le Royaume faire
jeux & efbatemens i gmnds frais > qui jamais ne fe firent , nv fe peuvent
Élire en pays pauvre 5 6c fl fuis informé par, ceux qui ont la principale
charge des finances du Royaume , gens de bien 6c d'authorite , que leâ.
tailles fe recouvrent â prefent beaucoup plus aifément & à moms de;
contrainte^ defrais , fans comparaifon qu'elles ne faifoient du temps*
des Roys pafTés, Se néantmoins le peuple pair la longueur de4a paix eft
tant multiplié V que l'on ne fe devrpit point émerveiller fi on trouvoic;
plus de gens pauvres qu'on ne fouloit , car d'autant que les biens feTac-^
gent fe départent entre plus de perfonnes., autant en a moins un chacuiiy
mai^ kraiibn eft au contraire^ pourtant que tous lahpurent*& travaillenu
doûR-
DES ROYS LOUYS XL ET XII. 30Î
dont avec les gens croiflent les biens , le revenu & les richeffcs. Qui eft-
ce donc ceiuy tant fot & infenfé, qui veuille dire & maintenir le Royau-
me où Ion voit telles chofes > eftre pauvre d'argent , & qu'il n'y en air
grande abondance l certainement jamais homme ne vit tels ouvrages faire
en pays indigent.
• Parquoy ne me puis aflez émerveiller d'un tas de gens ingrats & mé-
connoidàns du bien qu'ils ont , qui blâme noftre Roy Louys d'avoir fait
la guerre en Italie , difans qu'il devoit , ainfi aue fit ledit Roy Louys XI^
borner fon Royaume, & non point fonir denors , comme s'il eût fait
une grande faute d'accjuerir le Duché de Milan , qui luy appartenoit à
jufte titre» par fucceflion paternelle , 8c pareillement d'avoir accepté U
Cité de Seigneurie de Gènes , qui eft en partie la feureté dudit Duché , &c
par ce moyen d'avoir rendu toute l'Italie à luy obfequente & aftrainte,
6c qui plus eft d'avoir rejette la guerre hors du Royaume , & amuie fes
ennemis de par-de-li( ainfi que les Romains^ tous ceux qitife font gou ver*
nés par raifon, par police, & par bon conJEeiUont tousjours tâché de faire)
& auflî ofté la foule des gens d'armes d'iceluy Royaume : certes ces gens
fî curieux & fi malentendans le bien qu'ils ont devroient beaucoup plus
blâmer & reprendre le Roy Charles le Grand yqui tant eft loué Se renom-*
mé par tout le monde , lequel par fi longtemps mena U guerre conti-
nuelle en Italie , en Allemagne , en Efpagne , & en autres nations étran-
ges ,& haut louer cettuy-cy ,( fi comme font toutes autres nations) le-
quel n'a jamais mené la guerre pliK longuement que de trois mois , & le'
plus fouvent a eu viâioire en beaucoup moins de temps , & fi n'a fair
pafièr en Italie armée que quatre fois en tout ; & pour parler à la vérité ,
on le devroit bien blâmer Se reputer pauvre de cœur & de conduitte, &
pour crainte de telle dépenfe (qu'il a toutefois faite fans furcharçer fon
feuple, mais tousjoi^s en le déchargeant, ) il avoit refufé d'acqucrir un Ct
eau, fi grand, fi riche Se fi opulent pays, qui luy appartenoit par droiture,,
par la force duquel faftsaide d'ailleurs fes Prédecefleurs , Ducs de Milan ,
ont fait défi grandes chofes , oui dévoient bien fuffire à puifians Roys , Se
mcfmement ayant efté outrage Se provoqué par celuy qui occupoit ledit
pays avant qu'il fut Roy , &^près : Se h tels Duchés Se Seigneuries fe
pouvûient acquérir par achapt, il fcroit bien mauvais marchand , qui re-
fuferoitd'en achcpter au prix que la conquefte en a coufté. Se jamais
ne fit iceluy Roy cnofe qui luy revienne â u grande gloire , ny à fi grand
honneur & profit au Royaume, dont on s'appercevra mieux journelle-
ment ; fi voudrois bien que , fans faire tort à perfonne , à la louange de
Dieu & à l'augmentation de la Religion Chrcftienne , il en pût acquérir
d'autres à fi bon marché v Se quoy qu'on die du Koy Louys XL s'il eût eu
telle occafion d'acquérir fi grand chofeen Italie fi aifément, & qu'il n'eût
cfté empefché en France , en crainte de fes voifins & de fes lujets , iï
n'eut pas refufé un tel party , ny plaint la dépenfe , & fi ne fe fût par
aventure pas arrefté â ce que par droit luy eût pu appartenir, s'il eût eu
fe moyen de paflcr plus outre , comme a eu cettuy^cy : mais eftant en Ci
grande crainte & foupçon de fes fujets. Se non vovant le moyen pour
parvenir fi promptement à fi grand chofe , n'eftpas a émerveiller , s'il n'y
moulut entendre , car c'eût efté grande folie i Se mcfmement de recevoir
301 COMPARAISONS.
]a Seigneurie de Gènes qu'on lay prefenta , non zyaot autre terre en Ira-
lie > carcenctuyeùtefteque dépen(c;8c& le Roy qui eftdprelèntQ'cÛC
eu ny efper^ d'avoir autre chofeen Italie i autant en eut-il fait.
Oi eft adèz clairement apparu , pat ce que j'ay dit cy-dcflus , que le
Koy Louys XIL dont nous parlons, a cfté Se cÂtiop plus aimé, chetjSc
denré de Tes fujets, que ne fut le Roy Louys XI. ny autre des plus an-
ciens , plus utile & profitable au Royaume , & digne de plus granda
jouange i Û ne le dis pas pour haine que j'aye à nul d'eux , ny poiu actcim
fn^'talenc , cat ils , ny aucun d'eux , n'ont jamais nie£iit à moy ny i
aucun des miens; mais il me (emble que l'office d'un bon fujet & (ev/U
teur enrers (on Prince , quand il!eft bon Se venoeux > eft de blâmer ceux
qui n'ont pas eftéfemblables, car par ce moyen lepeai-on louer grande-*
mem , (î Ton reprend ceux qui n'ont point mérité idle gloire, & is ne
fais pas ce jugement de moy-RicTinc, car ce que je dis Te trouve paraâes
£c éciicures audientiques , & appen par eâeâs & chofes pennaoenies i
& quand on le voudfoit faire, la commune renommée du peuple en
portetoii témoignage trés-vcritable 3c certain : car les François ont tous-
jours eu licence & liberté de parler il leur Yokmté de toutes gens , SC
tnefme de leurs Princes , non pas après leur mon tant Paiement , Buis
eocoie pn Icar vivant, éc en leur pi^cocc
3<?î
PREUVES
DES
MEMOIRES
D E
PHILIPPES DE COMINESr
CONTENANT LES TRAITEZ , INSTRUCTIONS,
Lettres, & autres ASesfirvansd^écîairciJfemeHS à ^Hifioirc
dts Roy s Louys XI -& CharUs- VII h
Sommaire dt ta: vit de: Meffire Angelo C'atTO' , Archivé^ de^
Vienne (f) > ^ qui, Mejfire Philippes de Comines adreffefes Mémoires.
MEssiutb PirrLrppEs db C<yjirrN-Fs ^ ChcTalicr, Seigneur
£Argenton 9 Aotheur du préfenc Livre , qui contient les Mémoi-
res des vies des Roys Louys XI. ic Charles FUI. <|ue I>ien abfolVe, dit
par Ton Proeme (r), iceux avoir recoUigez & compilesi la requefte d'unp
Archevefque Ac: Vienne j duquel il fait fouvent mention en pluiieursen-
Aotrs de ierdits Mémoires» (ans toutefois dédarer , ny autrement expri-
mer le nom dudit Archeverque, ne quel perTonnage c'eftoit r Et pource'
Sue cela ne peut eftre advenor qn*il n'ait efté homme ^nd & venera-
le , digne d'eftre mis en plus grand lumière > il fera ici récité ce qui 3t
cfté recqeilly & entendu de luy , par le rapport de trois perTotms^es de'
grande foy, prudence > ic autborité>' l'un defquelsCquieft décédé )eftoic
Meflîre*
(r) Pour (^oir (bamudicffient qael H les papiers d'an ancien ftiuUàn^ cuxicuX-
hok cet Arcfaeréque de Vîeooe , à <^i le ' PerTonnage de THiftoâre.
Sejgnenr d'Aigencon adtetfc (es Mcmoi- . (x) ftCr[PMMii«T via» terme qui fi^-
res % voici ce ou on eo a pris de mot à mot, fie ^mogm , ou Pr^éue ; ces deroiers loot
Iten même Ityle qo*il a été trouvé cotre Lanjourd'huy en ufage^
i
304 PREUVES DES MEMOIRES
•Meflîre Jehan-François de Cardonne , Chevalier , Seigneur de la Foltyne
& du Pleffis-de-Fer en Bretagne , Confeiller & Maiftre d'Hoftd de5
Roys Charles FUI. Louys XII. ôc François L de ce nom , aullî fou-
venc (î) allégué par ledit Seigneur èi Argentan , en la Chronique qu'il a
faire dudit Roy Charles : le deuxiefme eu Meflîre Jehan Briçonrut , Che-
valier , Seigneur du PleJJis'Ridcau , Confeiller & fj:cond Prefidcnt des
Comptes à Paris (qui eft (4) encores vivant) •, & le tiers eftoit un Gen-
tilhomme de NapUs j partifan de la Maifon ai Anjou ^ appelle Meflire
Renaldod'-^/^/i2/ro,auflîChevalier, qui a longuement demeuré en ce
Royaume , & y eft mon du règne du Roy François : Lefquels ont connu»
veu & fréquenté ledit Seigneur Archeve(que , qui de fon propre nom &
fur nom , s appelloit Meflîre Angelo Catto , Se efl:oit natir de Tarente au
Royaume de NapUs , & avoir fuivy la parr de la Maifon à*^ Anjou , mef«
me les Ducs Jehan & Nicolas de Calabre , & enfuis héritiers de ladite
Maifon , qui avoient grand droidt audit Royaume, & defquels mention
eft auflî faite en plufieurs endroits defdits Mémoires , & eftoit ledit Ar-
chevefque perfonnage de bonne vie, grande littérature, modeftie,&:
très-fçavant es Mathématiques. Et pource que Icfdits Ducs Jehan & Ni^
colas preteiidirent fubfecutivement au mariage de la fîUe unique du Duc
Charles de Bourgogne ( qui eftoit lors le plus grand mariage de la Chref-
tienté ) ils tindrent ledit Meflîre Angelo Catto près de laperfonne dudiç
Duc , pour conduire de leur part ledit mariage y lequel ne hit accomply nà
Fourrun,nepourrautre,carilsvefquirentpeu,&decederenttoftrun après
autre : & après leur deceds ledit Ducconnoiflàntle grand fens 8c verra
dudit Melïîre Angelo , le retint en fon fervice , & luy donna penfion.
Et eftoit pareillement au fervice dudit Duc ledit Seigneur (5) aArgen-^
ton y avec lequel il contra(Sta grande amitié Se familiarité î & pendant
qu'il fut avec ledit Duc , (6) illui prédit plufieurs des fortunes bonnes
6c mauvaifes qui lui advindrent , mefme des batailles de Granfon Se Mo^
rat y & après ladite bataille de Morat , connoiflànt l'obftination dudic
Duc,(&peut-eftre) les malheurs qui eftoientà advenir à lui & à fa
Maifon , prit congé de lui honneftement , comme il pouvoit bien faire»
fans pour ce eftre reproché ou calomnié ; car il eftoit eftranger Se noa
fujet dudit Duc : Et fut toft retiré par ledit Roy Louys XL duquel il
eftoit devenu nouvellement fujet, au moyen que le, Roy René ^ Duc
à' Anjou , & Roy de Naples Se de Seeille , ayoït inftitué (7} ledit Roy
Louys XL fon neveu , ion héritier efdirs Royaumes & tous fes biens*
Et eftant au fervice dudit Roy Louys ( qui le fit toft Arcbevefque de
Fienne ) , furvint la tierce bataille , donnée à Nancy , en laquelle fut
tué ledit Duc , la vieile des Roys , Tan mil quatre cens foixante & feize»
Se à rheure que Ce oDnnoit ladite bataille , Se i Tioft^ctt mefme que ledic
Duc
()) Il poarroit y avoir de Tabus en ce
fieu s (tnon que Comims eût écrie de Char-
les VIII. autre choie que ce qaon en a.
(4) Les deux mots fuivans font rayez en
mie coptCj & il y a au-defTus, décédé fuis peu
4f tpmfs jd'un^ autre m^ \ mai^ il pouvoit
eocore vivre quand ceci fut écrit.
(f ) Il le quitta en 1471. f^ Vâyêz tu
deflTus Tome I. Livre IIL Chapitre XI.
(6) Prédirions de cet Archevêque k
Charles , Duc de Bourgogne.
(7) Le Teftamcnt s'en yokn, ÇÇXVlIJf
m
DE PHIL. DE COMINES 305
Duc fiit tué » ledit Roy (8) Louys oj^oit la Me(Iè en TEglife MonHeur
Sainâ Manin i Tours , diftant dudit lieu de Nancy de dix grandes
tournées pour le moins » & à ladite Meflè le fervoit d'Aumofnier
ledit Archevefque de Vicnnt : lequel en baillant la paix audit Seigneur ^
luy dit ces paroles* Sire , Dieu vous donne la paix & U repos , Vous les
ave[Ji vous voulc^ , quia confommatum eft : Voire ennemy le Duc de
Bourgogne efi mort , & vkru d*ejire tué ^ & /on armée de/confite. Laquelle
heure cottée 9 &t trouvée eftre celle en laquelle véritablement avoit efté
eue ledit Duc. Et oyant ledit Seigneur leCdites paroles s'efbahyt grande*
ment , 8c demanda audit Archevefque s'il eftoit vray ce qu'il diloit , 8c
comme il le fçavoit ? A quoy ledit Archevefque re(pondit , qu'il le fça*
voit conune les autres chofes , que Noftre-Seigneur avoir permis qu'il
prédît â luy & au feu Duc de Bourgogne : 8c fans plus de paroles > ledit
Seigneur^fit vcbu i Dieu & à Mr. S.^ Martin , que û les nouvelles qu'il di-
foit eftoient vrayes (comme de faiâ elles fe trouvèrent bien-toft après )
au'il feroit £ûre le treillis de la chaffe Monfieur Sainâ: Martin (qui eftoit
e fer ) tout d'argent. Lequel vœu ledit Seigneur accomplit depuis , 8c
£t faire ledit treillis valant cent mille francs > ou à peu près. Semblablo-
tnent ledit Archevefque , eftant au fervice dudit Roy Louys , rencontra
un jour bien matin Meilire Guillaume Briçonnet , père dudit PreHdent ,
cy-devant nommé (qui depuis fut Cardinal , comme fera dit cy-après )
homme (9} grand & honorable , & de grande prudence 8c vertu , 8c pour
lors eftoit General de Languedoc , lequel General eftoit mandé par ledit
Roy lu)uys XL pour aller devers luy au Plejfis à Tours : Et ayant ledit
Archeveique efte quelque temps fans parler » 8c regardé le Ciel, 8c puis
après ledit General luy dit enfin ces paroles : Monteur le General, Je vous
ay plujieurs fois dit que lepaffage & fréquentation des eaux vous font dan^
gereux , & vous en adviendroit auelquejour un grand péril j & peut^eflrc
la mort : Je viens du Pleflis , ou vous alle^ : Lies eaux font grandes au
Pont-fainâe-Anne > le pont ejl rompu y & y a un mauvais bafUau : Si
vous m'en croye{ , vous nirtr point. Toutefois ledit General n en fit rien,*
& ne le creut \ dont véritablement il fut au plus grand danger du mon-
de d'eftre noyé \ car il cheut en l'eau y 8c fans un faule qu'il empoigna ,
c'eftoit fait de luv : il fut ramené en fon logis , où il fut longuement
malade, tant de la frayeur, que de la grande quantité d'eau ^uiluy
eftoit entrée par la bouche , & par le nez & oreilles : Et depuis ledit
Archevefque vifita plufieurs fois ledit General (qui eftoit fon amy ) du-
rant fadite maladie ; lequel General pour lors eftoit marié., 8c avoir fa
femme vivante (qui eftoit jeune) 8c avoit quelques enfans ja nez, entre
kfqueb eftoit ledit Prefident , & luy prédit derechef, qu'il feroit quel-
que
^ (8) Il (c tfouvc Uyea au Cbap. 4. du VIL 1 (9) Si Comines en parle on peu datrement»
Livre de CMfMirr/yCiae cet Arche véqueétoic il fiiut croire auffî que celui qui écrivoic
Aftrologue -, mais il y a lieu de s'étonner ceci > écoic aâèdionoé aux Briçonnets ^ car
qu'il ae parle MB dSine chofeaufficonfide- après «vp^Ij on avoir oùs, qttfiqtte chùfe
rable que celk-cy , au fujec de la mort du qu'mit vûttiu dire ledit Seignêmr dArgenun , '
Duc de 9onreogne , mais latradicipa s'en mais ces mots ont ité rsLyis par une aucre
étoh confervee, main*
Tome II. Qq (lo)
3otf PREUVES DES MEMOIRES
que jour un grand pecfonnage en rEglife , & bien près d'eftre Pape :
Choie à quoy ledit General n'avoic oncques penfc , & n'y avoir aucune
apparence : Et oyant cela fadite femme ( qui s'appelloic RaouUecre de
Btaunc y femme de grande chafteté , d'honneur & vertu , ) n'en fat trop
contente; car c'eftoit à dire qu'elle s'en iroit la première ( cAo/^ aue Us
femmes n^ aiment pas volontiers) i or vefquit néanmoins ladite remmc
long-temps depuis. Se fit plufieurs enfans , & pour cette caufe > elle &
pluueurs autres difoient iouvent que ledit Archevefque ne dÛoit pas
cousjours vérité. Toutesfois enfin elle deflogea la première , & la fur*
vefquit ledit General fon mary , lequel fe tint longuement en viduité ,
fans parler de fe faire homme d'Eglife y & après la mort dudit Roj
Louys XL demeura au fcrvice de Charles yill. fon fils ( auquel il avoir
efté fpecialement recommandé par ledit Roy Louys y fon père) il fut de
fon Confeil Privé, & bien près ae fa perfonne , & aida & favorifa gran-
dement l'entreprife, que fit ledit Roy Charles ^ pour la conquefte de Na-*
pies y tant pour le (lo) bon droiâ qu'il connoiflôit que ledit Seigneur y
avoir , que pour fatisfaire aux requeftes & pourfuites du (i i) Pape Ale^^
xandre VL & du Duc de Milan y appelle le Seigneur Ludovic y oui
foUicitoient fort ladite entreprife , plus toutesfois pour la haine mortelle
& capitale , qu'ils portoient aux Roys de Naples , jilphonfe 6c Ferrandy
que pour le bien & augmentation de l'Eftat dudit Roy Charles , chofe
qu'ils ne déclarèrent pas du commencement de ladite entreprife audit
Seigneur , ny à fes ferviteurs : & leur fembloit bien que quand ils fe fe«
roient aidez dudit Seigneur à deffaire lefdits Roys de NapUs , qu'ils le
chaflèroient bien aifément de V Italie y comme ils donnèrent aâèz à con«
noiftre par la Ligue qu'ils firent contre luy avec les Vénitiens , & la ba-
taille qu'ils luy donnèrent à Fornouéy fi-toft qu'il eût fait fadite con-*
quefte : Et audit voyage de Naples fut avec ledit Roy Charles , ledit
MeffireGuillaume^nco/z/a/r, (quiy fitdegrands fervices) & fut fait à
Rome homme d'Eglife , Evelque de SainS-Mâlo , & Abbé de Sainâ
Germain àt% Prez , près Paris , & depuis fut fait Cardinal par ledit
Pape Alexandre y & par après fut Archevefque de Rheims Se de Narhon-
ne y èc eut quelques voix à l'éleéHon du Papat après la mort dudk
Alexandre y uiivant ce que luy avoit prédit ledit Archevefque; & de-
puis eftant Cardinal , durant le règne dudit Charles , & celuy du Roy
Louys XI L fon fucceflèur , a tenu grand lieu & grands eftats en ce
Royaume , jufques à eftre Lieutenant dudit Seigneur au Gouvernement
de Languedoc. Ledit Meffire Angelo Cauo , Archevefque dcflîifdit >
depuis toutes ces chofes & plufieurs autres, qui ont par luy efté prédites
long-temps auparavant qu'elles fuflènt advenues , eft decedé ayant vefca
fainûement & aufterement , & gift en fon Eglife de Vienne^
Dans le Gallia Chrifliana de Claude Robert y imprimé à Paris chez
Sebaflien
(ie)l!s'hiyerr«UttDifcoiirs ci-après, gonnois, qui ^ieiit Rois àt Naples;
f»r le Livre VII. maïs il ne perfifta gocrcs ca ce propos *
(i i) Le Ptpey^tsnt bien la main au com- devenant ennemi de Chatks YIIL- Â: j^
menccmeoc {hmix donner aaintc aux Ana- [ loiu de fcs ptofpcritez^
DE PHIL. DE COMINES. 307
Stbafiun Cramoijy » Tan i6i6. in folio 5 page 182. au Catalogue des
Archevefques de Vienne > numéro g6. on Ur.
Angtlus Cato Tartruiaus 9 tx Mcdico > & EUtmofynario Ludovici XL
cujusfuafu fcripjit Commtntarios rerumFrancicarumPhilippusQomintus^
Jacct injita MctropoU. Ejus trat Symbolum : Ingenxum Tuperac vices.
I le
fjcr Lettre fur la maladie de Charles VIL
NOftre crès-redouté Seigneur , nous recommandons a voftre bonne
grâce > Ci très-humblement que plus pouvons. Plaife vous fçavoir ,
noftre très-redouté Seigneur , que certaine maladie eft puis aucun temps
en ça furvenuc au Roy voftre père , noftre fouverain Seigneur •, laquelle,
premièrement a commencée par la douleur d'une dent , dont à cefte
caufe il a eu la joue &c une partie du vifage fort chargée, & a rendu
grande quantité de matière , & a efté Taditte dent après arrachée , & la
playe curée en manière , que tant par ce que aufti , par le rapport que les
Médecins nous faifoient chafcun jour > nous avions ferme efperance que
brief il deuft venir i guerifon. Toutesfois pource que lachofeeft de
plus longue durée que ne pen/ions , & que comme il nous femble il
afToiblit plus qu'il ne faouloit , nous , comme ceux qui , après luy , vous
dedrons lervir & obeïr, avons délibéré le vous efcnre & faire fçavoir ,
pour vous en avertir , comme raifon eft -, afiin de(Ius tout avoir tel avis,
que voftre bon: plaifir fera ; & vous plaife , noftre très-redouté Seigneur,
nous mander & commander vos bons plaiHrs , pour y obeyr de tous nos
pouvoirs , au plaifir de Noftre-Seieneur , qui par fa fainâe erace vous
doint très4>onne vie & longue. Efcript à Meun fur Evre, le dix-feptief-
me jour de Juillet. Airifi Signé ^ Vos très-humbles & obeyflàns fervi*
teurs.
1461
Tirée des
Recueils de
M. TAbbé
Le Grande
en 14^1.
Charles d'Anjou.
Gafton *.
Guillaume Juvenel , Chan-
cellier.
Jehan.
Conftan.
A. de Laval.
Amenyoa Delebret.
Anthoine de Chabanes.
Jehan d'Eftouteville.
Machelin Btachet.
Tanneguy du Chaftel.
Jehan Bureau.
Guillaume Coufinot.
P. Doriole.
Chaligant.
Le Roy
meurt le
Mercredy
lie. Juillet
14^1.
♦Ccftlc
méaie Gaf-
ton de Foiz
dont on va
lire une
Lettre.
I I L
|}C7 Déclaration de M. de Foix ^fur les brigues pendant la maladie
de Charles FIL
SI R E , pour vous avertir au vray fur les points dont Montbardon &
Janot du Lion ont parlé de par vous , vous trouverez i peine de ma
vie la vérité eftre telle , comme cy-après eft declajré.
Premièrement , en tant qu'il touche la ligue & les fermens que on
vous a rapporté, que Mr. du Maine > moy &c autres , avons faits i je vous
Qq % jure
Tirée des
mêmes Re«
cneils.
14^1.
6. Aouft
3o8 PkEÛVES DES MÉMOIRES
______ jure Dieu & le ferment que je vous dois , oue je n*ay ligue ne ferment
14^1. avecques Seigneur , ne perfonne qui vive de ce Royaume» excepte avecs
Sues le Comte d' Armaignac , qui fut par commandement Se ordfonnance
evous.
Il eft vray que la journée ^u'il fut ddiberc que on vous cfcrirok par
Vermandois le Hérault , la difpofîtion en quoy le Roy voftre père eftoit
pour lors , auquel on efperoit encores vie Se guerifon , Mr. du Maine ou-
vrit en la prelence de tous ceux du Confeil , qu'il eftoit neceffité , (i le
Roy voftre père pouvoir euerir , que chafcun le acquitaft loyaument en-
vers luy touchant voftre rait , Se que nous ne demouriftions plus en cet
inconvénient > en quoy nous eftions pour les différences qui eftoient en^
tre luy Se vous , Se jurafmes tous , & promifmes à Dieu que fi le Roy
voftredit père pouvoir venir en fanté, que pour perdre cftat, ne offices,
ne fa grâce, nous ne faudrions point, que nous ne nous acquiâifCons
loyaument envers luy , affin de faire ceâèr toutes les différences, & c^vtil
vous reprenfift en fa bonne grâce. Se vous traiâaft ainft qu'il appartient.
Et le lendemain derechief nous nous trouvafmes rous enfemble , Se
auquel temps encores cfperions la guerifon du Roy voftredit père , &
fiit remonfîrc comme les différences & malveillances, qui avoientefté
entre aucuns des Seigneurs, & de ceux du Confeil, eftoient très mal
féans , & en pouvoient venir de grans inconveniens , Se pource qu'il
eftoit bien reanis pour le bien du Roy voftredit père , & de la chofe pu^
blique, que cnafcun oftaft toute rancune & malveillance, qu'ils avoient
les uns Se les autres , & qu'il y euft entre nous rous bon amour & union.
Et dit lors Mr. du Maine , que de fa part il en eftoit Se promettoit à
Dieu de ainfî le faire , fi fis-je moy de la mienne, Mr. de Dunois de la
fienne , Se tous les autres pareillement. Et quelque chofe , Sire, que on
vous rapporte , vous ne trouverez point qull y ait autre chofe que ce que
J^/r.^ "a. J!^ n J^ i\ J__^_ *-• _rt • r > *
y
chofe.-
Et de dire que depuis j'aye fait ligue ne ferment à perfonne quelcon-
que , ne fçû autre qui l'ait taide , fur ma foy non ay , & fe vous trouvez
le contraire puniflèz-moy â voftre bon plaifïr.
Et au regard du fait d'Angleterre , il eft vray ^u'il y a eu plufieurs
voyages qui ont efté faits par de-là , & y fut premièrement un nommé
Doulcereau, lequet lé grand Senefchal de Normandie y envoya, pour
fçavoir des nouvelles , & eftoit ledit Doulcereau â la bataille de Noran-
♦HcarîVI. ^^^^^ quand le Rov* d'Angleterre fut pris ; & en fe cuidantfauver pour
. ' venir par deçà, il fut pris par aucuns Anglois, & mené prîfocmier à
Anthonne , ou en je ne fçay quel lieu par de-LL Et quand le Duc de
Sommerfet paflà en Angleterre , il le délivra , Se vint par deçà , & de-
puis fut renvoyé par devers la Reyne d'Angleterre , pour luy aire que le
Roy eftok difnofe de l'ayder Se fecourir , & ceux de fon party * en la
querelle qu'elle avoir contre le Roy Edouard , & qu'il l'avoit fait fça-
voir aux Roys d'EfpagneSc Efcoflè les alliez^ afin qu'ils fi&nt le femblà-
ble de leur part.
Il
r
DE PHIL. OE COMINES. 309
n eft vray auiïi qu'il vint un Maiftre d'une TtentUe de Bretagne , Se
un Chapelain de laReyne d'Angleterre devant Noël, lerqueis ladite *4<^*
Reyne envoyoit devers le Roy voftredit pcre , pour luy dire Teftat en
ûuoy elle eftoit pour lors , & la pitié qui eftoit en Ton fait , 6c du Prince
ion fils*} & qu'il luy pleuft avoir pitié d'elle 6c de fondit fils , 6c les en-
voyer quérir & recueillir en ce Royaume , & leur donner fauf-conduic
ûour y eftre trois ou qùatrd ans , iulques à ce qu'ils fe pudênt remettre
lur par-de-là ) & (ut la matière oien fore deSattuc au Confeil du Roy
voftredit père , flc en la prefence de tous les Seigneurs & gens de fon
Confeil ; & après pludeurs altercations , fut conclud , prelent le Roy
voftredit perc , que on devoir envoyer par-de-U le fleur de Janly , meftire
Jehan Carbonnel, & un Secrétaire» & leurs furent baillées lettres 6c
inftruâions pour remonftrer à ladite Reyne , (]ue (1 elle fe pouvoit tenic
par-de-là , qu'elle fe y tinfift , 6c les inconveniens qui pouvoient advenir
de fa venue de par-deçà ; toutesfois fe au devant elle veoit qu'il luy fût
force pour foy fauver de venir par-deçà , le Roy voftredit perc en ce cas
eftoit content qu'elle y vintift 6c fondit fils y & luy envoya fauf-conduic
pour ce faire > 8c ne fera point trouvé qu'ils eullent charge de autre chofe
faire.
Item , 6c lefquels de Janly 6c Carbonnel ne trouvèrent point ladite
Dame au pays de Galles, là où les autres l'avoient lai(fée, mais s'en eftoit
allée desja en Efcoflè , & par ce s'en retournèrent fans rien faire.
Il eft vray auflî qu'en iceluy temps le Roy voftredit perc envoya fon
Ambaflàde en Efcoflè pour cette matière , & pour prier le Roy , la Reyne
fa mère , & les gens des trois Eftats dudit pays , qu'ils voulfiftent donner
i ladite Reyne & au Prince fon fils , tout le fecours , ayde 6c confort que
faire fe pourroit \ 6c efcrivit femblablement à ladite Reyne d'Angleterre
ce qu'il avoir fait fçavoir en Efcoflèen faveur d'elle.
Depuis ces chofes , 8c après la dernière bataille, que la Reyne d'An*
gleterre eut contre fes adverfaires , là où le Roy d'Angleterre fon mary
a efté recouvré , ladite Dame a envoyé devers le Roy voftredit père , deux
Jacobins & ledit Doulcereau, l'un aefdits Jacobins alloit à Rome à ren-
contre d'un Légat qui avoit efté en Angleterre, & d'aucuns Prélats dudit
pays , qui avoient efté contraires au Roy Henry , 6c requerroit lettres de
recommandation à noftre Saint Père , & aux Cardinaux , lefquelles le
Roy que Dieu abfolve , fi luy bailla.
^ L'autre des Jacobins requerroit que le Roy voftrepere preftaft quatre-
vingt mille efcus à ladite Reyne d'Angleterre , & qu il fift armer par mer
contre le Roy Edouard , & qu'il revoquaft tous les faufs-conduits , &
n'en donnaft plus nuls à ceux qui tenoient le pany^ dudit Edouard , &
3u il envoyaft cenains Anglois qui avoient efté pris n'agueres fur la mer
evers ledit Roy Henry , 6c ladite Reyne, pource que c'eftoient ceux qui
avoient menez toutes les trahifons du Comte de Varvic & dudit Roy
Edouard , qu'ils appelloient le Comte de la Marche , 6c promettoient de
payer autant comme leur finance monteroit.
A quoy fut refpondu que en tant que touchoit l'argent qu'il denun-
Joit à emprunter , le Roy voftredit pcre avoit eu de grandes charges à
fupponer cette prefente année en plufieurs manicresqui furent déclarées»
Qq 3 &
^ *0 — •» V* j^ ^ ' • ^ •
310 PREUVES DES MEMOIRES
& que à cette caufe il ne leur pouvoir bonnement fecourir dudit ar«
14^1. geiu.
Et au regard des faufs-conduits, il ne pouvoir honneftement révoquer
^eux qui eftoient ja donnez pour certe année » mais il deffendroit i Mon-^
iieur l'Admirai qu'il n'en donnaft nuls nouveaux a nuls d'iceux , qui te-
noient le party contraire dudit Roy Henry,
Touchant les prifonniers Anglois que ledit Roy Henry & la Reyne
demandoient , fut refpondu que on les feroit bien garder par-deça, mais
les leur envoyer fans le confentement de ceux à qui ils eftoient , bonne-^
ment ne fe pouvoit faire.
Quant à l'armée de la mer le Roy eftoit content de la £iire > & en ce
les fecourir au mieux qu'il feroit poifible , de laquelle armée eftoit Chef
le Grand Senefchal de Normandie.
Et d ce. Sire , que on vous a dit qu'il y avoit alliances entre le Roy
voftre pcre, & ledit Roy Henry , & que je vous fiflc fçavoir quelles al-;
liances c'eftoient , je vous jure Dieu, Sire, que jour de ma vie je ne fceus
que depuis la reddition de Normandie & de Guyenne, il y ait eu autres
trêves , paix , ne alliances entre le Roy voftredit père , & ledit Roy Hen-
ry , & la Reyne d'Angleterre fa femme , que ce que deftus eft dit. Et ne
fera point trouve que de mon fceu il y ait eu autre chofefaite; mais cn-
corcs me fouvient oien que quand le Seigneur de Molins & le Jacobin >
qui vinrent, parlèrent de ces matières, le Roy voftredit père rcfpondoit
tousjours , qu'i
ry feroit remis
chacun adonc
& lors feroit temps d'en parler, & non pas maintenant *, ne oncques au-
tre rei)onfe n'en ouïs de luy , ny ne fceu qu'il ait faiûe 5 & diioit que.
ce qu'il faifoit en faveur audit Roy Henry & de la Reyne fa niepce ,
c eftoit pour foy acquiter envers Dieu & honneur , comme un Roy doic
faire à l'autre, 6c aufti à la proximité du lignage, à quoy ledit Roy Henry
Se ladite Reyne d'Angleterre luy attenoient , & que raifonnablement il
devoit ainfî faire en cette querelle.
Il eft vray aufli , Sire , que depuis la maladie du Roy voftredit père >
il eft venu aucunes gens de par ledit Roy Henry & ladite Reyne d'Angle-
terre, qui avoient charge cle parler à luy toucnant les matières de par-
de-là, mais 4 l'occafion de ladite maladie , ils n'y ont point parlé , ôc n'y
a rien efté fait ^ & c'eft , Sire , tout ce que j 'ay fceu de ladite matière.
Sauf que eftant le Roy àRemorantin, au partir de Montrichart, le
Duc d'Yorc fift faire ouverture au Roy voftredit père • par le moven de
ceux d'Ëfcoftè , & autres qu'il luy pleuft luy donner faveur ôc aide en fa
querelle à l'encontre du Roy Henry , & faifoit de grandes offres , au cas
que le Roy voftredit perc l'eût voulu accepter , & fut la chofe fort der
batue au Confeil, auquel eftoient tous les Seigneurs , Chefs de guerre »
& autres gens du Ck)nfeil dudit Seigneur, & mefme y eftoit le Duc de
firetasne , & fut l'oppinion de tous , pource qu'il fembloit que ladite
querelle n'eftoit pas bonne, que le Roy n'y devoit atteindre^ ôc mefmb
que le Duc d'Yorc eftoit fubjeû dudit Roy Henry, ôc luy avoit fait hom-
mage ôc ferment de feaulté > comme à ion Souverain , ôc que nulles
querelles
3
DE PHIL. DE COMINES. 311
3txerelles de fubjecs vouknt entreprendre contré leur Souverain , & le ^^^
ebouter de fa Seigneurie , ne font juftes , loutenables > ne raifonnables » ^ ^ *
& que quant il n'y auroit autre raifon , fi le Roy devoir rejetter ladicte
offre en toutes manières , & ainfi fut conclud de faire. Et croy , Sire ,
que on ne trouvera point plus largement defdites matières d'Angleterre ,
êc vous alTure que n j'en l^avois plus largement , je ne le vous cellerois
point, ny ne feray de chofe que vous me demandez , dont vous veuillez
cftrc informé que je ne vous die la vérité de tout ce que j en fçauray.
- Et pource que j'ay entendu que aucuns vous onr rappprré que on a
voulu faire faire des chofesauRoy voftredit pcre, en voftre préjudice ,
pour avantager Monfîeur voftre frère ; fur mon ame. Sire , je ne fceus
oncqups rien de ladite matière , ne n'en ay ouï poinr parler » . finon que
Tannée pa(Re eftant le Roy voftredit perc à Mehun , & que les Am-
baflàdeurs du Roy d'Efpagne y eftoient qui traiâroient le mariage de
mondit Sieur voftre frère , avec la fœur dudit Roy d'Efpagne , il fut ou-
vert que les Efpagnols requeroient que le Rpy voftredit père donnaft & *
tranfportaft la Duché de Guyenne à mondit Sieur voftre beau-frere , à
quoy le Roy voftredit père, re(pondift qu'il ne luy fembloic pas bien rai-
sonnable y & que vous eftiez abfent , que eftiez frère aifné. Se que eftiez
celuy à qui la chofe touchoit le plus après lu)^ , 6c que vous pourriez dire
ue fans vous appeller on ne le devoir pas faire , & auriez grand caufe
e vous mal contenter , & de dire après que vous n'en tiendriez rien , &
pour ce qu'il n'en feroit rien , & qu'il e(peroit que vous vous adviferiez
& redrerfèriez envers luy , & ceflèroient toutes les différences du temps
pafle, & adviferoit bon ce qui feroit â faire au furplus; mais quand vous
ne le voudriez ainfi faire, & fur ce faudroic qu'il rcgardaft à ce qu'il au*
roit i faire. Et fur ma foy , Sire , je n'ay autre choie fceu de ladite ma-
tière que ce que dit eft ^ & ne vous celleray de cela , ne d'autre chofe que
je ne vous en die la vérité quand vous la me voudrez demander.^
Et quant i ce , Sire , que on vous a rapporté, que par l'alliance de
Mr. du Maine 6c de moy, je devois eftre Conneftable de France , pour
£iire guerre â vous & à Mr. de Bourgogne ; fur mon ame. Sire , je n'en
eus oncques alliance avec ledit Mr. du Maine , vray eft que nous avons
efté bien fort amis enfemble, & d'autres au (1i , contre ceux qui eftoient
entour le Roy voftredit père , qui nous fembloit qui ne valoient pas tant
que nous faihons , mais de dire que de vous , ne de Mr. de Bourgogne ,
euft efté fait aucune mention es chofes dellùfdites , jamais ne fut, ne que
si cette caufe je deuftè avoir la Conneftablie. Bien eft vray que je parlay
au Roy voftredit père , dudit Office de Conneftablie , pource qu'il vac-»
quoit y avoir ja long-temps , & m'en a tous jours donné bonne refponfe,
& s'il euft vefcu , & qu'il euft entièrement tenu les paroles qu'il me di-
foit , je croy que je y eufte bonne part j mais , comme dit eft deftus, que
Cmais euft efté fait mention de voi^s , ne de Mr. de Bourgogne , en par^
nt de cette matière , ne que ce fuft pour courir fus à vous ne à luy , il ne
fera point trouvé y 6c affin que je ne le pui{{ènier,gardezcesprefens arti->
des, lefquels à cette caufe j'ay fignez de ma main, & feeltez de mon feely
& le contenu efquels , je veuille maintenir eftre vray en voftre prefence,
(c voftre plaifireft, & l'cfprouver par ma perfonne contre ceux qui vou-
dront
•►;
t
i
•ir
311 PREUVES DES MEMOIRES
dront dire le contraire , excepté vous. Sire > Se Mr. Charles , voftre frère*
^ 4<> !• Fait à Tours le fixiefrac jour d'Aouft, Tan mil quatre cens foixantc Ôcvau
Sisné ^ Gaston.
^ IV.
I
§Cr Extrait (Tune Chronique MS.fur It Comte de Dammartin,
Tire des T £ Comte de Dampmanin pourpenfa foy évader & s'en aller hors
mêmes Re- X^ du Royaume , pour éviter la fureur du Roy » laquelle n'avoir jufte*
cueUi. ment deflervie > fi demanda Tes gens & fervireurs > oui de long-temps
l'avoienr fervy & auxquels il avoir fait moult de gratis biens, s'ils eftoient
délibérez de le fervir comme ils avoient accoutumé , & de eux en allçr avec
luy hors dudit Royaume pour éviter ladite fureur du Roy, & la haine qu'il
avoit à luy , & la plufparr d'iceux luy refpondirent que non , & qu'ils
ne fc mettroienr point en danger pour luy , dequoy ledir Comre fut fort
marry , en leur remonftrant les grands biens & honneurs qu'ils avoient
eus cle luy , & avoir ledit Comte pour lors du Roy dernier cenr hom*
mes d'armes s & mefmemenr un nommé Carville , ion Varier de Cham-
bre &c Tailleur , auquel ledir Comre demanda un périr courtault qu'il
avoit , qui ne valoit pas cent fols , pour envoyer un Page dehors; lequel
Carville luy refpondit tels mots ou lemblables : Mgr. u vous me voulez
donner le mulet que Mgr. de Nemours vous a donné , je vous baillcray
mon courtault & non autrement , dont ledit Comre eur grand deuil , âc
luy dift : ha l Carville vous ne monftrez pas que vous foyez bon fervi-
teur , ne loyal de m'abandonner mainrenanr en ma granae necefllté, &C
de me refufer fi perite chofe , c'eft mal reconneu les biens & hon-
neurs qu'avez eu de moy. Cedir mefme jour un nommé Voyaulr Di-
monville , qui pareillemenr eftoir fervireur dudir Comre , s'en eftoirallé
en la falle du Cnafteau dudir Mehun , où gidbir morr ledir feu Roy Char^
les fur un grand lir de parcmenr , couvert d'une couverture de velours
bleu femée de fleurs de lys , qui eftoit merveilleufement belle , & y avoit
plufieurs torches allumées , & grand quantité de cierges , éc plufieurs
grans Seigneurs & Dames qui meuroient & gemiflbient ledit feu Roy
Charles. Et ainfi que ledit Voyault s'en retournoit devers fondit Maiftre, il
rencontra en chemin un nommé le TaiUeur,qui le fervoit en fa chambre &
fon buffet, lequel luy dift qu'il fehafbft,& que ledit Comte le demandoir*
£r ainfi qu'il enrra en fa chambre pour aller parler à luy , il le vir qu'il
eftoir à genoux devant un banc , & difoit (ts vigilles , & pleuroit moult
fort , dequoy ledit Voyault fut fort efbahy, en penfant en luy-mefme qu'il
pouvoit avoir. Et quant ledit Comte eut achevéfa devotion,ii demanda au-
dit Voyault dont il venoit , lequel luy refpondit qu'il venoit de la fallc
où gifibit mort le feu Roy Charlesl Et alors ledit Comte luy dit celles
paroles ou femblables t Voyault, vous fçavez que je vous ay nourry de
voftrc jeuncflc , & ainfi qu'eftes mon vafl&l , n'eftes-vous pas délibéré
de me fervir comme vous avez fait du temps pade ; & il luy refpondit
3ue oy , & qu'il ne l'abandonneroit point jufqu'à la mort. Et quand le-
it Comte vit qu'il avoit bonne volonté de le fervir , fi efcrivit plufieurs
ïxttrçs miffives , & entre autres à Mr, Philippçs » Duc de Bourgogne., i
l'Admirai
f
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i-' '■
■•'^'>.
DE PHIL. DE COMINES. 313
f Admirai ^Montaubanjà Bonlface de V alpcrguc, & à Joachlm Rouaulc *, j . ^ j
qui eftoic lors en la bonne grâce du Roy \ & luy eftoient ledit V^lperguc ^ ^ ^
& Admirai fes ennemis à luy inconnus , pource qu'il penfoit que ils luy ^.-f j?„
deuilènt aider à faire fon appoinâement envers le Roy , & auflî que il ^^ ^ ^.^^
les renoit pour fes amis. £c bailla icelles Lettres audit Voyaulc en luy damné com-
défFendant qu'il ne fe renommait point eftre à luy > (înon en difanc qu u meconcuC-
avoic laide Ion Maiftre > & qu il s'en alloit â Ton avanture pour trouver ûonaicc.
quelque bon Maiftre. Et lors ledit Voyault print lefdites Lettres , & s^zn
Eartit dudit lieu deMebun feul, & s'en alla a Avennes,où eftoit ledit Roy
oys, & quant il fut arrivé en ladite ville , il s*en alla vers le logis du
Roy, en regardant s'il verroit perfohne de ceux à qui il avoir à befogner»
fx va choifir entre les autres ledit Admirai de Montauban , qui s'en vou-
loir aller difner , fi fe tira vers luy , & regarda bien qu'il n'y euft perfon-
ne & qu'il ne fuft veu > & le falua ainfi qu'il appartenoit en luy prefen-
cant leidittes Lettres de par ledit Comte ; & quand ledit Admirai eut
ouvert lefdites Lettres , & veu le fisnet dudit Comte , lequel il conneuc
bien , fans aucunement veolr la fubftance , les jetta par terre comme par
defpit, en regardant autour de luy s'il venoit perfonne de fes gens pour
le faire prendre > en difant audit Voyault qu'il le feroit jetter en un fac
en la rivière , fi apperceut d'avanture un Chevalier Flament , qui eftoit
homme très-hardy & vaillant Chevalier , qui s'en vouloir aller difner
avec ledit Admirai , fi luy dit qu'il tint bien ledit Voyault jufques à ce
qu'il euft trouvé un de (es gens pour le mener prifonnier. Et c^uand ledit
Chevalier eut bien entendu tout le cas » & la mauvaiftié & ingratitude
dudÎF Admirai > fi le print par le bras , en luy diTanr » Monfieur , que vcti^
lez-vous faire, vous fçayez qu'il n'y a gueres que le Roy vous a donné
rOffice-d' Admirai , &c paravant vous n'en aviez point d'autre , monftreK
3ue vous eftes fagc & homme digne de mémoire , & devez tafcher
'accueillir bruit & honneur , & non pas croire voftre fureur; vous fça-
vez que du temps du feu Roy Charles , le Comte de Dampmartin vous a
fait tous les plaifirs qu*il a pu faire ^ confiderez auifi fi vous envoyiez un
mefiàge par devers un , que vous penfifSez qu'il fuft voftre amy , & le
requériez d'aucunes chofes , & il luy fift déplaifir , vous ne feriez pas
joyeux.
Quant ledit Chevalier eut tout bien remonftré audit Admirai les cho^
fes devanr dites , fi rappaifa un peu Ùl fureur, & appella ledit Voyault »
qui eftoit tout penfif , & luy dit qu'il dift hardiment audit Comte , que
il le Roy le tenoit , qu'il feroit mangerjfon cœur aux chiens , & dit aufii
audit Voyault qu'il s'en altaft bien-Doft , Ëc (pie s'il eftoit trouvé i fepc
Jieures près du Roy , qu'il le feroit noyer. -
Er ledit joue à l'heure de foupi>er ledit Voyault s'en aUa en PHoftel de
Monfeigneur Phelippe de Savoye , pour bailler les Lettres à Boniface
Valpergqe , que ledit Comte luy efcrivoit , ainfi qu'il luy avoit chargé
de faire, & lequel Mgr. de Savoye eftoit fort tenu audit Comte , à caule
du traité & appointemeriC qu'il avoit fait entre le Roy Charles feptiéme
& ledit Duc de Savoye , qui fut en l'an I45('« & Ait ledit accord fait k
l'honneur.^ avantage du Roy , & prouffit de fon Royaume ; & lequel
Pue Pbelipipe de Savoye xoonoifiiàtu Iç bon traité & accord que ledie
Tome Uf, Rr Comte
314 PRTiUVES DES MEMOIRES
Comte avoir fait entre le Roy & luy , oui n'e0x>it au dommage de Tuii
* ^ .*• ne de l'autre , il donna audit Comte la lomme de dix mille clcus d'or >
dont pour feureté de ce il luy bailla la Baronnie de Clermont en Gene^^
noys, pour en jouir luy & les tiens jufques i ce qu'il euft payé ladite
fomme de dix mille efcus , de laquelle Seigneurie de Clermont , dont
ledit Comte Dampmartin avoit jouy > Se dont il avoit efté recea en fof
6c hommage par ledit Phelippe Duc de Savoye , luv fut oftée après le de-
ceds dudit Roy Charles feptieme, & en fut deflain par force & violence»
6c remife en la main du Duc de Savoye fon fils ; lequel non reconnoif*
fant les fervices que luy avoit faits ledit Comte de Dampmartin , qui
n'eftoient pas de petite eftimation > remit en fes mains ladite Baronnie*
de Clermont > nonobftant que par les Lettres fignées 8c feellées de fon
grand fceau , à Paris , ladite Baronnie difoit eftre & appartenir audit Com*^
te de Dampmartin i tousjours , & dont il avoit efté rcccu en foy 8c ho-
mage dudit Duc de Savoye , jufques â ce que ladite fomme de dfix mille
«feus luy fuft payée.
Après que ledit Boniface eut leu lefdites Lettres, il fit tel recueil ati-
dit Voyault que avoit fait ledit Admirai , qui pareillement le vouloir
mettre en prifon , 'n'euft efté aucunes remonftrances, qui luy furent faites^
&aufn qu'il y euft aucuns Gentilshommes qui le nirent veoir, & le
laiflèrent aller , & mirent hors de la matfon. Et ainfi que ledit Voyault
i'en fortift hors d'icelle maifon , qui ne fçavoit où s'en aller loger , Se
eftoit bien deux heures de nuit , quand il apperceut à la Lune un des
Clercs de maiftre Jehan de Reilhac , Secrétaire du Roy Loys , qui depuis
fut General de France , lequel dit de Reilhac il avoit autrefois combien
la Cour dudit feu Roy Charles ; fi fe tira vers ledit Clerc & le falua > Se
quant ledit Clerc Tapperceut fi le connut bien , 8c luy demanda d'où il
ht fouDper avec eux , dequoy ledit Voyault fut fort joyeux , car il ne fça-
voit ou fe retirer , tant pour ce qu'il eftoit desja tard , que auffi qu'il ne*
fuft conneu d'aucuns, qui luy eufiènt pu faire quelque defplaifir *, car ^
comme dit eft, il avoit efté menacé par ledit Admirai, que s'il le trouvoit
qu'il le feroit noyer.
Et quand ils eurenr fouppé il fe prinr à devifer avec lefdits fervirettrs.
en attendant ledit maiftre Jehan de Reilhac , qui eftoit au logis du Rdy,.
lequel ne vint qu'il ne foc plus de minuit. Et quand iceluy de Reilhac
fut avancé en fondit hoftel te monté en fa chambre , il demanda à l'un
de fes fcrviteurs , qui eftoit en ladite chambre, gui eftoit celuy qu'il avoit
veu en bas parler à fon Clerc , & qu'il eherchoit^ & alors ledit ferviteur
luy refpondit que c'eftoit un qui avoir autrefois efté ferviteur du Comte
de Dampmartin , ôc qu'il cherchoit fon advanture , car il avoit laifle fon
maiftre comme il difoit ^ & quand ledit de Reilhac ouït Qu'il fe difoit
avoir efté ferviteur dudit Comte de Dampmartin , fi fe doubta bien qu'il
eftoit venu en Cour pour aucunes affaires , car il fi^avoit bien aue le Koy
Tavoit en haine d^ temps qu'il eftoit Daulphin , façoit ceque il t'euft bie»
te loyaument fervy > fans y efpargner craince de vie en plufieurs lieux , &
mand^
DE PHîL- DE COMINES 31^
«lUck ledit Voyaulc venir fecreccemenc en fadire chambre » & (i fie for*
tir hors d'icelle (ous ceux qui y eftoienc , & luy demanda quil eftoic»
Se qu'il avoir affaire en Cour , (î luy refpondit ledit Voyauk qu'il avoir
fervi autrefois le Comte de Dampmarcin » Ôc qu'il Tavoit laûle depuis
un peu de temps en çà , & qu'il eftoit venu en Cour pour trouver quel^
que bon maiilre. Et lors ledit maiftre Jehan de Reilhac luy fit faire fer-
ment qu'il luy diroit vérité de ce qu'il luy demanderoit » ce qu'il fit. Et
puis luy demanda où il avoit laide fondit maiftre» ôc ledit Voyault luy
réfpondit qu'il lavoit l'ailfè à Mehun fur Yeure bien troublé Se penfif ,
& a donc luy dit ledit de Reilhac que ce n'eftoit pas bien fait à un bon
fervireur de lai0er fon maiftre en (on adverficé , & fans autres chofes
luy dire pour celle nuit> le fit mener coucher en une belle chambre près
<le la fienne.
Le lendemain au matin il envoya encore quérir ledit Voyault , & luy
4it qu'il n'eut doubte de luy , & qu'il luy dit hardiment ce qui le me«
noit 3 & qu'il luy pourroit bien aider en fes affaires. Et quant ledit
Voyault vit que ledit Reilhac luy tenoit fi bons termes » fi le penfa en
luy-mefme qu'il fe decouvriroit du tout à luy , & que en tant qu'il eftoit
Secrétaire du Roy , qu'il luy pourroit dire quelque bonne nouvelle \ 8c
voyant ledit Voyault , que ledit de Reilhac parloit fi firanchemen à luy ,
fe découvrit du tout à, luy y en luy difant telles paroUes ou fembtables t
Monfeigneur» puifqu'il vous plaift que je vous die la caufe qui me meine
par deçà , je la vous diray \ il eft vray que depuis que le feu Roy Char-
les , que Dieu abfolve > eft trè(pa(Ie , il a efté fait aucuns rapports i
Monfeigneur mon maiftre , que le Roy l'avoit très-fort en hayne , & que
s'il le pouvoit tenir qu'il le feroit manger aux chiens ; & quand ledit de
Reilhac l'eut ainfi ouï parler , & aufC qu'il fçavoit bien qu'il en eftoit i
car , comme dit eft ^ il eftoit Secrétaire du Roy , fi luy demanda iœluy
de Reilhac s'il avoir apporté nulles Lettres de par ledit Comte i au«
cuns pour pourchaffer fa paix envers ledit Seigneur y lequel luy ref^
pondir que ouï » & qu'il en avoir apporté jine a l'Admirai de Montau-^
ban y pour le joindre & unir au fervice du Roy » & une autre à Bonifâce»
lefquels le Comte de Dampmartin tenoit pour fes antis y & qu'il penfoit
aue ils luy eufiènt aidé 8c fecouru en fes affaires» ainfi ^ue plufieurs fois
avoir fait pour eux , & luy dit aufil qu'il les leur avoir baillées y mail
^qu'ils l'avoient voulu faire noyer y n'euft efté aucuns qui luy aveienr fait
lepafiàge» & qui les appaiferenr. Et lors ledit de Reilbu: appella un
XUerc qui avoir nom Rooert y 8c quand ledit Clerc fut venu , il luy die
ces mots ou femUables : baille moy ce fac où font ces raandemens de
ces envieux qui demandent les confifcations du Comte dtf Dampmartin^
& quand ledit Clerc eut apporté lefdits mandehiens ^ ledit de Reilhac
les monftra audit Voyault, en luy difant que c'eftoient les mandemens
pour avoir la confifcation de fondit maiftre , que Sallezart>& Anthoikie
<iu Lau pourchaflbient » mais que le Roy ne les avoit pas voulu figner.
Après ces chofes y ainfi dires que dit eft , ledit Voyault^ dit audit de
Reilnac qu'il avoit encore deux paires de Lettres à bailler, l'une aa
DucPheuppe de Bourgogne» Prince très-bon 8c de haute renommée ^
l^aquel leKoy eftoit trèsrtcnu du fccgucs^qu'îlluy avoit fait en faneceflité^
Kt X auquel
1461
ii6 preuvesdesmemoir.es
TT^TT *uq*^cl Voyault ledit maiftre Jehan de Reilhac refpondit , qu'il ne pou»-
voie bailler iefdines Lettres , pource que ledit Duc eftoir un peu mat
difporé ', & une autre pour bailler à Joachim Rouaulc , & lors ledit de
Reilhac luy dit que les luy monftrat , ce qu'il fift. Et que au regard de
celle de Joachim Rouault, Seigneur de Gamaiches , û ne luy poutroit
bailler , car il s'en eftoit allé prendre la poflèdlon de ce que le Roy luy
avoir donné en Lan en Lanfnoys , 6c qu'il s'en retournaft hardiment de-
vers le Comte fon'maiftre , & pria audit Voyault de luy dire qu'il fe re-
commandoit bien fort â luy , & qu'il ne fe fouciaft que de garder fa per-
fohne , car avant qu'il fuft peu de temps , que on le rappelleroic bien vo-
lontiers » & audi que tou^ les plaiiîrs qu'il luy pourroit faire ^ qu'il le
feroit volontiers , car il fe fentoit eftre plus tenu à luy ^ que d homme
du monde y &c defFendit bien audit Voyault qu'il fe gardaft bien de C^
renommer eftre audit Comte ^ en quelque manière que ce fuft > & luy
bailla Lettres. Et ayant print congé ledit Voyault dudir de Reilhac en le
merciant très humblement des bonnes nouvelles qu'il luy avoir dites, &
s'en alla ledit Voyault en Lan en Lanfnoys v Se ainfi cjue ledit Voyault
s'en alloit parmy ladite Ville de Lan , ledit Joachim Rouault , qui
eftoit pn une feneftre de fa chambre le conneut avec lequel eftoit:
le Baftard d'Armignac & Sallezart ; & incontinent ledit Joachim en*^'
voya un fîcn ferviteur par devers ledit Voyault luy demander qu'il
cherchoit , & quant ledit ferviteur fut devers ledit Voyault y fi. luy de-
manda qu'il cherchoit, &c û luy refpondit qu'il avoîc un peu i parler
audit ]^ckim Rouault , maiftre dadit ferviteur. Et quant Joachim.
Rouault fçut qu'il , fi renvoya fon ferviteur par devers ledit Voyault, luy-
dire qu'il ne vînt point vers luy , jufques à ce qu'il le mandaft , ôc qu'U
fe gardaft bien de le renommer eftre au Comte de Dampmartin ySc quand
ledit Rouault eut laide ledit Baftard d'Armignac & SaUezaTry.& qu'il fe
fuft retiré en fa chambre , il envoya quérir ledit Voyault fecrettcment
par un de fcs fenriteurs , &c quand leait Voyault fut vers luy , il luy de-»-
nianck. qu'il cherchoit ^ car il fcavoit bien que le Roy aïKnt ledit Q>mte
de Dampmartin en haine , dont il eftoit fort marry , car il connoiftbic
ledit Comte long-temps eftre bon & hardy Chevalier, oue de lone»
temps si y avoir une ancienne amitié entre eux pour les i^laifirs que iîs^
s'eftoient faitsl'un i rautre,& Icdiç Voyault voj^ntqueilavoit opportunité
de luy btiller lefdicces- Lettres , les^luv prefenta; & quand il les eutleuër
fepnnft à plorer en difant telles parolles : Très*4oux amy , fi. ce n'eftoit
de peiir que fuffiez cherché en chemin , & détenu prifortnier , je refcrit-^
Yois' volontiers: à Monfeigneur de Ehmpmartin, voftre maiftre*, lors luy
tnonftra ledit Voyault les Lettres de maiftre Jehan de Reilhac : Et quand
ledit >Rouauk les eut vues luy bailla autres Letrres pour porter audit
Comte, & entre autres chofes luy dit débouche que le plus fort de foa
affiiire eftoit de mettre fa perfonne en feureté, & que le Royis'en alloit i,
Fiieims pour fe f^re fâcrer , & qu'il ne faifoit nulle doubte que on le
YiippéUeroit volontiers , St quand il eut f^rmé fefdites ttvcrts , il les
baiUa audit Voyault en hiy priant qu'il le recommandaftbien fort audit
Comte, fit qtie lai oà luy pourroit faire plaifir , il le feroit vdoiitièis^ 8i
lors^print congé de luy: Içdit Voyault 9.0c monta achevai pour s'en allet
DE PHIL. DE COMINES. 317
âS* Fargeau vers ledit Comte fon maiftre , qui y eftoit , qui cftoit troublé ^
en fon cœur , car de plus en plus avoit rapports oue le Roj^ de tous points ^^
eftoit délibéré de le faire mourir » 6c cherchoit de tous points fa deftruc-
tion pour le rapport un nommé Georges Damancy fon ferviteur y qui
leur dit qu'il Tavoit ouï dire pour vray , 8c ainCi que ledit Comte fe vou-
loit mettre à table pour difner , ledit Voyault va arriver , & luy fît la
révérence ainfi qu'il appartenoit y 8c quand ledit Comte le vit fi mua
couleur , & fans autre chofe dire luy demanda quelles nouvelles il ap-
portoit , lequel luy refpondit qu'il les apportoit bonnes félon le temps -y
& lors fe leva ledit Comte de fa table, qui vouloit commencer à difner,
8c le print par la main & le mena parmi la Cour dudit Chaftel dudit S.
Fargeau , en luy demandant quelles nouvelles il avoit apportées , & il
luy conta conament il avoit trouvé l'Admirai 8c Boniface , aufquels il
avoit baillé les Lettres qu'il leur refcrivoit 'y mais ils luy avoient fait très*
mauvais recueil , 8c n'euft efté par le moyen d'aucuns Seieneurs qu'il
avoit autrefois connns, ils le vouloient faire noyer -, dequoy ledit Comte
fut fort dolent & marry , en difant que c'eftoit mal reconnu à eux les
Êlaifîrs qu'il leur avoir faits. Et après que le4it Voyault luy eût conté
ien au long les parolles que Reilhac luy avoit dites , il en fut moule
resiouï & leva les mains vers le Ciel en rendant grâces à Dieu des nou*-
velles qu'il avoit eues ; & lors print derechef iceluy Voyault, & le mena
en la grad'falle du Cbafteau de Saint Fargeau,en luy demandant tous jours
quel bruit y avoit en Cour, & il luy dit que le Roy s'en eftoit parti pour
aller à Rheims , & puis tira les Lettres de Joachim Rouault qu'il avoit
en fon pourpoint, & les bailla audit Comte de Dampmartin , defquelles
il fut encore plus joyeux que devant , & les monftra à fon nepveu Ro-
berr de Balfac , Seigneur de Ranmartin. Et peu après ledit Comte tint
confeil avec les deuufdits 8c adviferent que ledit Robert de Balfac s'ea
iroit au Sacre du Roy pour fçavoir des nouvelles >ain A que ledit Rouaulc
luy avoit efcrit, & que ledit Comte s'en koit en Limofin & menerôir
avec luy ledit Voyault v mais depuis ils conclurent que Voyauk iroit au
Sacre, pource qu'il connoidôit mieux les perfonnages à qui il fe falloir
addreflèr. Et aufli que ledit de Balfac f<{avoit mieux les pallages & che-
mins de Limofin que ledit Voyault , ce qui fut fait , & bailla enfeigne
audit Voyault où il le trouveroit, avec une Lettre qu'il efcrivoit au Duc
de Bourgogne.
Lors s'en partit hedit Voyault pour aller à Rheims , 8c là trouva le Roy
& plufieurs grands Seigneurs & Princes, 8c entre autres Mgr.de Charlus
[ui eftoit nepveu dudit Comte , auquel il fe addreflà, & luy coma tout
on cas , 8c luy dit entre autres choies , qu'il avoit des Lettres à Mgr. le
Duc de Bourgogne que ledit Comte luy refcrivoit. Et ouand ledit Voyauk
eut longuement parlé à luy touchant fon affaire , ledit S§r. de Charlus
luy dir qu'il le feroit depefcher , & quant fe vint au foir que mondic
Sgr. de Bourgogne fe voulut retirer en fa chambre, ilappella avec luy
Wgr. de Bourbon fon nepveu pour s'en aller avec luy. Et lors ledit de
Charlus dit à Voyault , <^u'il fe tint près de la chambre & qu'il le feroit
^epefcher*, & quant lefdits Seigneurs 6irent en la chambre du Duc Phe*
%pe de Bourgogne, ikdeviferent de placeurs chofes , tant des afifaires
Rr j ' di>
?.
iii PREUVES DES MEMOIRES
^ ■ du Roy que aucrcmcnt , &c ouis ledit Seigneur de Bourbon appella i part
^ ledit Sgr. de Char lus , & luy dit qu'il fift entrer ledit Voyault en la
chambre , ce qu'il fit , & luy demanda les Lettres , & quand il les eut %
il les prelenta à mondit Sgr. de Bourbon , qui les bailla au Duc de Bour*
gogne Ton oncle , lequel les print & les ouvrit » & en les liTant Ce fei-
gnoit y & demanda à Mgr. de Bourbon qui les avoir apportées , & il luj
dit que ç'avoit efté un des Gentilshommes dudit Comte , lequel il fie
appeller \ 6c quand le Duc de Bourgogne le vit > il luy demanda où eftoic
le Comte de Dampmartin , & ledit Voyault luy relpondit qu'il l'avoic
laide à Saint Fargeau > délibéré de s'en aller à Ton adveiiture* là où Dieu
le confcilleroit , & qu'il eftoit tant penfif & courroucé » que plus ne
pouvoir 9 à donc , dit le Duc à Mgr. de Bourbon , que c'eftoit l'un des
nonneftes Gentilshommes du Royaume de France ,& qui autant valoir
& fçavoit ,& qu'il voudroit bien qu'il feretiraft vers luy. Se qu'il luy
feroit des biens plus que ne fit jamais le Roy Charles. £t quand
M^r. de Bourbon 6yr ainfi parler Ton oncle , il luy dift que s'il luy plai-
foit refcrire c^uelque chofe , qu'il resjouiroit , à quoy le Duc reipondic
qu'il ne faifoit jameftier, en difantcet homme ne régnera pas longuement
en paix fans avoir un merveillcufement grand trouble } & après ces
choies dites chacun fe depanit de la chambre du Duc de Bourgogne , Se
le Duc de Bourbon s'en partit pour aller en Ton logis , puis appelU
ledit Voyault , & luy demanda s'il luy fouviendroit bien de ce ({ue le
Duc de Bourgogne luy avoir dit , & il refpondit que ouï; & dit aufll
audit Voyault que quand il verroit ledit Comte , qu'il luy dift qu'il Te
recommandoit bien fort i luy , & que avant qu'il fuft deux ans , qu'il
cyrroit d'autres nouvelles , mais quoiqu'il en fuft ou'il gardaft fa perlon-
ne*, lors print congé ledit Voyault de Mgr. de Bourbon, & s'en alla droit
à S. Fargeau , où il ne rrguva que Madamoifelle la Comteflè de Damp*
manin, avec laquelle n'avoit que Loys du Soulier, Gouverneur de Damp-
martin , laquelle eftoit en grand penfée dudit Comte fon mary , pource
qu'elle ne fçavoit où il eftoit. Se ne fejournaft ledit Voyault à S. Fargeau
<^ue deux jours , qu'il fe mir en chemin pour trouver fon maiftre \ Se
ainfi qu'il paflbit par la Palifle, il rrouva Mgr. de Charlus qui eftoir re-
tourné du Sacre , lequel efcrivir une Lettre audit Comte « qu'il bailla
audit Voyault, par lelquelles il luy efcrivoit ce qu'il avoit fait a Rheims»
6c comment il avoit parlé à Meflfeigneurs les Ducs de Bourgogne Se de
Bourbon , Se qu'il crcuft ledir Voyault de ce qu'il luy diroit; a s'en par-
tit & s'en alla a Charlus à deux lieuos de Bort , où il trouva le Comre de
Dampmanîn , & quanr il le vit , fi le tira à part 6c luy demanda quelles
nouvelles il avoit apportées \ 6c il luy dit ce qu'il avoit fait , & luy recira
les parolles qu'il avoir ouï dire au Duc de Bourgogne 6c à Mgr. de Bour-
bon , 6c entre aurres chofes luy dit qu'il eftoit de neceflîté de trouver
quelque Prclar ou homme d'Eglife de bonne prcfenration pour envoyer
a Pans à la venue du Roy 6c des Princes, pour fçavoir comment fon hiic
fe porreroit^ & quand ledit Comte eut ainfi ouï parler ledir Voyault «
il appella un de fes ferviteurs & envoya quérir Mgr. de Bort fonnepveu,
fils oe fa fœur^ & quand il fut venu il luy dit qu'il convenoit qu'il en«
voyaft quelque Prélat ou autre homme d'honneur Se de boune prefen«
utioa
DE PHIL. DE COMINES. fi^
tatson à Paris à la venue du Roy , &qu'il luy prioic qu'il y voulfift aller , 14^1.
car il luy feroic plaifîr , lequel refpondic que par Tes bons Dieux il n'en
feroit rien , & que s'il luy euft fait plaiûr le temps pafle , qu'il 1 eufl; trou-
vé à fa neceilité*
1 V*.
iffT Extrait des Mémoires de Jacques du Clercq , Efouyer^ Seigneur de -. ^ .. *™
Beauvoir en Temois , depuis Can 1448^ jufqu^en 146 y* tiré de la il^^Ykhhé^
Bibliothèque de S. Waafl d^Arras. Livre II L Chapitre XXII. Le Graoi
L'An de grâce 145 (>• Loys Dauphin de Viennois, fils du Roy de
France , içachant que le koy de France Charles £bn père » avoir en^
▼oyé fecrettement Meuire Antoine de Chabannes , Comte de Dammar^
fin avec grand nombre de Gens d'armes , pour prendre & amener devers
luy fondit fils , pour certaines caufes que je ne fçay pas \ les uns difans
qu'il avoit fort vexé fon pays & particulièrement les gens d'Eglife » qu'il
avoit mis fi bas , qu'ils n'avoient de leurs Bénéfices (^ue ce qu il vouloir '^
les autres difoientquec'étoit parce qu'autrefois il avoir fait mourir la belle
Agnès , après la mort de laquelle le Roy retint à fa Cour fa nièce , nom^
mée Mademoifelle de Villequier > laquelle eftoir moult belle» & avoit en
fa compagnie les plus belles Damoilelles qu'elle pouvoit trouver , lef-
quelles fuivoient tousfours le Rov où qu'il allaft , & fe logeoient tous-»^
fours d une lieue au moins près ae luy \ duquel gouvernement le Daufin
avoit efté & eftoir fort depkifant , & pour cette ( raifon ) s'eftoit abfenté
du Royaume de France plus de douze * ans tout entiers, & s eftoir tenu ^ VLjm
au Pays de Daufiné , durant lequel temps il n'avoit eu quelques deniers icitrrearcfo
de fon perc , ne du Royaume , ains luy avoit fallu vivre du Pays. D'au- <l6ii» ans^
très auffi difoient que le Roy le vouloit retraire devers luv, & luy donner
Eftac comme il appartenoit; autres encore difoient que (e le Roy (on pe*
re l'euft tenu » Teuft mis en tel Heu que jamais on n'en euft ouï parler »
& euft fait Roy de Fr^ice après luy Monfeigneur Charles de fait, def-
quelles chofes je me tiens â ce qui en eft^
Le Daufin fâchant que le R07 fon perc le vouloit faire prendre fecret-
tement ^ & en cas qu'on te manquaft , de faire entrer des troupes & de^
le prendre à force » fit appointer un difner en une fbreft , comme s'il euft
voulu aller à la chafie , & hiy fixiéme ou fêptléme , fe partit , & â tue-
cheval chevaucha vers les marches de Bourgogne s & bien que Fon (ceut
ion déparr , le Comte de Dammartin qui eftoir aux aguets , le fuivit de
fi près qu'il le penfa prendre \ mais le Daufin efchappa & vinr à S. Clau-^
de , où il fut receu fort honnorablement du Prince d'Orange , lequet
eftoir grand Seigneur en Bourgogne , & que le Daufin haïfibit auparavant
pour aucunes deftroufies , que le FÎrince & le Maréchal de Bourgogne
«voient fiiir des troupes du Daufin»
JÊirtf^
310 PREUVES DES MEMOIRES
1461. i y**^
f^ Abrégé des faits du Comte deDammarûn (i).
ANcoine de Chabannes > Comte de Dammartin , de la Maifon de
Chabannes , qui rapporte Ton origine aux Comtes de Bigorre en Ar«
magnac, fut en fon vivant un notable Chevalier , qui fervit fidellemenc
les Rois de France , & défendit le bien public , tant en guerre (^u'autre^
ment , s'acquit un grand renom, & fut tenu, pour un grand Capitaine &
vaillant Chevalier,
Il porta les armes à treize ans fous le Roy Charles VII. lequel l'ayant
connu faee & vaillant , luy donna de grands Éftats, le fit grand Panetier de
France , Tuy donna une Compagnie de cent Lances , & autres grandes
charges , & fut tousjours bien entretenu par luy jufques à fon trefpas. U
le qualifie notre amé& féal Confeiller & Chambellan, Antoine de Cha«^
bannes. Comte de Dammartin, grand Panetier de France.
En la première conquefte de Guyenne ledit Roy Charles VIL y envoya
ledit Sieur Comte avec fes frères & parens^ ayant la charge & conduite
des autres gens de guerre , lequel nonobftant les pertes qui eftoient lors
fur les lieux , & la grande réfiftance des Anglois , par la prudence Se
bonne conduite les en chafla , print le Chafteau de Blancafort , & quatre
cens Ançlois qui eftoient dedans , & contraignit plufieurs navires chargez
d' Anglois de le retirer de devant Bourdeaux , & y perdit fix vingts hom*
mes , entre autres plufieurs de fes parens, amis & lerviteurs.
Luy retourné devers le Roy, les Anglois fçachant qu'il n'y avoit per-
fonne pour leur refifter , affiegerent la ville de nouveau & reprirent Blan-<
cafort \ le Roy l'y renvoya , & quoiqu'il y euft grand danger à caufe de
la mortalité qui eftoit en tout le pays, & que plufieurs de fes frères &
parens y fullent morts de la pefte ou tuez , pour complaire au Roy il y
retourna , chafià lefdits Anglois & reconquit ledit Blancafon , qui avoic
autrefois appartenu aux predecefièurs de la Comtefiè de Dammartin >
ià femme , dont les Armes eftoient empreintes partout.
En considération de ce fervice , le Roy luy fit don de la Baronie £c
Chafteau de Blancafort , tant par droit de confifcation , qu'autres qui luy
pouvoient appartenir , l'an 1 4 5 1 .
Le 1 5. Juillet audit an , Jacques Ocur, Argentier de France fut arrefté
prifonnier à Taillebourg en Xaintonge , & luy furent donnez dix Com-
midaires pour faire fon procès, dont Antoine de Chabannes fut l'un : Le
procès inftruit , fut jugé par le Roy en fon grand Confeil, appeliez plu*
fieurs Prefidens & Confeillers du Parlement , les Gens du Roy & le
Chancellier , en prefence dcfqucls fut ledit procès veu , receu par deux
Greffiers , l'extrait vérifié , & furent prefquc tous les Ju^es , au nombre
de trente à quarante, conibnans. Et pour les cas y n^entionnés, fut ledit
Cœur
(lï §3" Tiré du MS. 8457. de laBi-
bliotheque du Roi parmi ceux de Bechunc,
folio S I • après cjaoi eft au0f une Généalo-
gie de la Mai(bn de Chabannes \ mats nou^
en avons une en deux grandes feuilles 4q
cettç MaiToa \ ogà cft fon bpmç.
r
DE PHIL. DE COMINES 311
Cœur banci â perpctuiré , condamné à faire amende honorable au Pro-
cureiMT General , en quatre cens mille cfcus dor d'amende envers le
Roy » Tes biens acquis & confifquez, & à tenir prifon jufqu a Taduel
payement de l'amende s fur transféré à Poitiers , dont il évada , & fe re-
cira a Rhodes , 6c mourut en combattant contre les Mefcréans y au dire
de fcs héritiers. Des cas à luy impofés , il en confefla les uns, pour lef-
.quels il avoir befoin de la mifericorde du Roy , d'autres en fut atteint &
convaincu , & des autres ne les confefla , ny n'en fut convaincu , & fu-
rent ouïs en l'information cent cinquante témoins; l'Arreft fut donné
par le Roy , prononcé pfcr le Sieur cle Traynel , Chancelier à Jacques
Cœur le 29. May 1455. à Lufignan-
En exécution dudit Arreft rut procédé par le Procureur du Roy au
Threfor, aux Criées des biens dudit Cœur, entre autres des Terres de
S. Fargeau , de Puifaye , & furent adjugées à Antoine de Chabancs com-
me plus offrant & dernier eiicheriflcur , moyennant vingt mille efcus ,
ilont il Bt les foy & hommage au Roy , au Chaftellard près Eftre ville , le
10. Juillet 145 (J.
L'an 1457. le Roy Charles, à l'exception des quatre cens mille efcus
<i'amende portées par l'Arreft donné à Lufignan ^u 55. & des dons qu'il
avoir fait aux particuliers -des biens dudit Jacques Cœur, qu'il vcutavoit
lieu, donne 6c relafclie tout k furplus des biens dudit Cœur, qui n'ef-
toient pas venu en connoilïance , qebtes , promeflès , obligations , & ce
à Jean Archevefque de Bourges, Henry, Confeiller & Maiftre des Comp-
tes à Paris , Doyen de Limoges, Ravant * & Geoffroy Cœur, Valet de * Je croit
Chambre du Roy , enfans de Jacques, moyennant quoy feroienc lefdits qu'il faut ii«
Kjccut tenus renoncer à toutes les demandes qu'ils pourroient faire contre rcR#iMwr.
ledit Seigneur <Roy Se les donataires des biens duoit feu Jacques Cœur >
ce qu'ils firent.
Charles VIL decedé , Louis XL luy fuccede , lequel inité contre
Antoine de Chabanes de ce qu'il l'avoir pourfuivi par ordre du feu
Roy en Dauphiné , lorfqu'il fe retiroit en Bourgogne, 8c poufïc par les
«nnemis dudit Antoine , luy met fus certains cas dont il eftoit innocent,
pour raifon de quoy il fe rendit volontairement prifonniêr à la Concier-
gerie du Palais à Paris , pour s'en purger, donc il fut transféré au Louvre
Se depuis à la Baftille.
Charles de Melun , Chevalier , Gouverneur de Pariis & du Bois de Vin-
cennes , Grand Maiftce d'Hofte! de France, gendre du Baron de Montmo-
rency, homme qui ne perdoit aucune occasion de ruiner les perfonnes au-
près du Roy, defquelles il pouvoir ^fperer la confifcarion, abufant de la fa-
veur <iu'il avoit auprès du Prince, fut à mefme remps commis à la régie
des biens du Comte de Dammartin , avec promeflè cle confifcation qn cas
de condamnation. Il ne perd point de temps , accompagné de fon frerc
de Nantouillet, il enléx'e tous les meubles & hardes qu'il rrouve appar-
tenir i Antoine; vaiflclle ^'argent, tapiflèrie, lifts, meubles, rano 4
Dammartin , S. Fargeau , P^ochefort , Bourges , en l'Hoftel de Beautreil-
lis , rue S. Antoine à Paris , les papiers invenrorîcz à Votilne en Auver-
gne, Se avec des charrettes emporte jufqu'à une grille de fer, qui n'eftoit
encore attachée , qu'il fit fervir à famaxfon à Paris, difpofe des revenus
Tom IL S£ • des
jii PREUVES DES MEMOIRES
des terres à fa fancaide , 6c réduit la Comteflè de Dammartii^â tdte né-
ccflîté, qu'elle fut contrainte de fc retirer à Mitry près Paris, chez An-
toine le Fort, Ton Fermier, qui la nourrit , elle & Tes enfans pendant
trois mois j non content de ce ledit Charles* de Melun met toute pierre
en œuvre pour faire condamner ledit Comte \ il foUici^ les Juges de la
part du Roy , il tafche de fonder leur fentiment , & n'ayant pu titer
eclairciflement du premier Président , & d'aucuns des Juges» touchant
ladite condamnation , avant par ordre du Roy communique aux Âdvocat
& Procureur General , la dépofition de Memre Regnault de Darnezay ,
Chevalier, & fceu qu'elle ne faifoit nullementèTincention duRoy, mais
bien à la defcharge du Comte , il la fupprima ,. & ne voulut qu'elle fut
produite au procès , quoiqu'il eut efté ordonné par divers appointemens.
de la Cour qu'elle y feroit adjoùtce.
Les enfans de Jacques Cœur , qui avoient efté déboutés de leurs oppo*
iîtions es criées qui s'eftoient faites en la Chambre du Threfor, des biens
de leur père , & qui n'eftoient pas contens de la part que le Roy Char*
les leur avoir faite, fe prévalans de la conjonâure du tenrps , de la pri-
fon & de la diigrace du Comte de Dammartin , s'addréflerent au Roy
Louis , qu'ils eftiment leur devoir eftre d'autant plus favorable , qu'Û^
témoigne eftre plus irrité contre le Comte , & qu'il fera confideration
fur l'affiftance qu'il avoit receuc de Jacques Cœur , d'argent & de confeil
k>rs de Ces retraites en Bourgogne , que de Serres veut avoir efté caufe
de fa ruine.
Obtiennent Lettres deluy en t4(>i. par lefqucUes ils demandent eftre
receus appellans de T Arreft donné contre leur perc , qu'ils appellent Sen-
tence , & difent avoir efté donné, par Commilkires intcre(ïcz , eftre r^
levez de l'amende honorable > eftre reftituez contre le laps de temps Se
la renonciation faite par eux > enfuite du don que leur avoit fait le Roy
Charles , comme faire par crainte & l'authorité du Prince; font (ignifier
lefdif es Lettres , & donnent affignatdon à chacun des Commiflaires qui
avoient inftruit le procès , devant Meffieurs du Parlement > Se parce que
Antoiae.eft iuif<Himer, ikdocmentrexploicl' ^n nomtné Caillàu en Ik
5aUe du Palais , comme Agent de fes afraires , qlii le nie & le rêfufe;
Charles de. Melun & Gcotfroy Cceur s'accordent enfemble j Geoffroy
acheté des meubles d'Antoine , dudit Melun , pour deux mille cinq cens,
cfcus d'or.
L'afHgnation des héritiers de Cœur efchéuc , la caufe fut plaidée à huys
clos fur renterihemént de kyrs Lettres, le zo. May, j.. Juin & 4. Aouft
• 14^2^ Se le ij). Janvies 1455. Se après plutîeurs dupliques & repHques,
Mr. de Gannay /pour le Procureur General , fouftient l'Arreft donné con-
tre Jacques Cœur, juridiquement donné 5 fouftient leur requeftc inci-
vile & impertinente, & leurs Lettres obreptices & fubreptices.
. Charles de Melun avançoit tant qu'il pouvoit la condanmation d'An»
toinc de Chabanes , dont il viiiitenfin à bout , & intervint Arreft le 20*
Aouft, i4<^j. ijar lequel, fur un rirétendu rapport avoir efté fait par An-
toine de Chabanes; au.Roy Charles dernier trefpa^, à la chàrgedu Roy,
lors Dauphin , rédigé par efcrit , au lieu de Cande, par ma&re Alain
Roulant , Notaire 8c Secrétaire dudit Seigneur > devant le Sieur de
, . TrayneU
DE PHIL. DE COMINES. 525
Traynel, lors Chancelier de France , le 17. Septembre i44(î, il fut dit
ledit rapport eftre faux , & controuvé par ledit Antoine , comme tel
ièroit déchire & lacéré publiquement en plein Parquet , & luy déclaré
crimineux de Lezo-Majefté , banny à perpétuité du Royaume , Se fes biens
acquis & confifquez.
Charles de Melun eut Mitry de la confifcation, Geoffroy Cœur eut les
Terres de Puifaye , en donna une fomme d'argent de deux mille efcus ,
ou ^utre , audit de Mclun j Vafte (1) , Bailly de Rouen, Rochefort & (t) Ccft
Auriere en Auvergne -, le Sieur du Lau , Blancafort, Vaftc de
Au mois de Mars 12^64. les Ducs de Berry , Frère du Roy , de Bour- MoQtcfpc*
bon , Bourgogne & Bretagne', & autres Seigneurs dcfappointcs par j°°^ p??.^^
Louys XL ayans pris les armes , Antoine trouve moyen de s'efchappcr de t^J^c j^
la Baftille , &c alîiftéde fon frère & de'fcs amis , s'en vient droit à Saint- Louis XI,
Maurice fur Laveron , & à Saint-Fargéau , les pille ilir Geoffroy Cœur ,
le fait prifonnier du Duc de Berry , • & s'en va en Auvergne , s'affure de
Saint-Pourçain en paflànt , & fe rend auprès de Mr. de Bourbon,
Le ^.Novembrefj) 14^ 5. devant Paris, fut fait traitté entre les Seigneurs
qui avoient pris les armes pour le Bien Public , 6c le Roy , & par ic^luy cft ,(3) H fiwc
porté par article particulier en faveur d'Antoine de Chabanes , qu'il fera ^^ijft^^*
remis par le premier Confeiller de la Cour de Parlement , ou des Re- ^"*^*''^^*
queftes , en la jouiffance du Comté de Dammartin , de ks Terres & Sei-
gneuries, & de Ces biens meubles pris durant fon emprifonnement, or-
donné dcil'en faire jouir , fuivant le contenu audit article.
Depuis ce temps-là Antoine de Chabanes fiit tousjours en faveur &
en office près ie Roy Louis XL .ce qui fe juftiâe par les emplois &c les
charges q^u'il luy donna enfuite. /
M Louis , &c. Sçavoir faifons , que par la grande & finsuliere confian-
>» ce oue nous avons de la perfonne de. noftce cher Ôc ame Coufin , Con-
» feiller & Chambellan, Antoine de Chabanes, Comte de Dammartin ,
n & pour confîderation de bons, grands 8c. no tables fer vices qu'il nous
» a dès longtemps faits , tant au fait des guerres , qu'en nos autres
9» grandes affaires , fait & continue chacun jour eq^çrand foin, cure &
t» diligence. Aiceluy pour ces caufes & con(ideranons, & autres à ce
•» nous mouvans , avons donné Se donnons de grâce fpeciale par ces pre-
M fentes , l'Office de Grand Maiftn^i'Hoftel de France , que n'agueres
w tenoit & occupoit Charles de Meam , Chevalier , & lequel avoir pa-
t^ ravant tenu le Seigneur de Croy , comme vacant par le deceds de fea
*» le Sire de Gaucourt , &c. Donné en la Tour des Champs , près noftrc
•» Hoftel de Mehun fur Yevre, le vingt-troiiîéme jour de Février, Tan de
•» j^ace ij^66. (4) & de noftre règne le fix. Signé fur le repli, par le Roy {$) Ccft
w le Sei^eur de Chaftillon , preicnt De laLoerc. lum fur le repli. ^^^ H<^7-
»» Le vingt-huitième jour de Mars, avant Pafaues i ^6iS. Antoine de Cha- ^^y^^ ^^^^
•» banes, Comte de Dammartin, en la prcfcnce du Roy, noftrc Seigneur, au ^^^•-^
» Chaftel des Montils lez-Tours, fit le ferment au Roy, noftredit Seigneur y
» de le'bien & loyaulment fcrviren l'Office deGrandMalftred'Hoftel de
n France, (|uele Roy Jiuya donné par lefditesLetrres, tant en l'Hoftel
^ dudic Seigneur , comme au fait de la Guerre, touchant icelluy Office,
EL <^4u'il le ferviia envers Se contre xous > fans nul en excepter > en ce
>
314 PREUVES DES MEMOIRES
99 Se toutes autres chofes , ainfî qu'il appartient audit Office de Grand
M Maiftre , & cpmme bon & loyal fervitcur fie Officier , eft tenu fervir
j* Ton Roy & fouverain Seieneur; prefens Monfieur le Duc de Bourbon,
M Monfieur de Traynel , Chancelier de France , Monfieur de Cruflbl ,
M Chambellan dudit Seigneur y 6c moy fou Secrétaire. De la Loere >
n fcellé du grand Sceau»
Lettres données à Orléans le i8. Décembre i4t>5. commandées par
le Roy , par lefquelles il confirme , approuve fie ratifie la rcftitution ,
réintégration fie délivrance faite des biens du Comte deDammartin par
Mefiire Heélor Coquerel, Confeillcrdela Cour, le 1 1. Novembre 1465»
Autres Lettres données à Mehun fur Loire , le 30. Juin 1^66. par le
Roy en fonConfeil, par lefquelles il confirme , levé fie ratifie derechef
ladite reftitution 6c réintégration des biens dudit Antoine , nonobftant
TArreft contre luy donné par le Parlement , à la pourfuite de fes haineux
& malveillans.
Autres Lettres, données aux Montils, le 6. Avril 14^7. après Pafques 9
par lefquelles le Comte de Dammartin eft ordonné par le Roy, de Tadvis
d'aucuns Seigneurs de fon Sang fie des Chefs de Guerre, fon Lieutenant
General en la Comté de Champagne 6c Pays circonvoifin^ , fur quatre
cens Lances -, c'eft à fçavoir cent Lances fous la charge 6c retenue de npf-
rre cher fie amé Goufin le Comte de Dammaitin ^ cent Lances fous la
charge de noftre amé fie féal Confeiller fie Cambellan , Jean de Sajezart»
Chevalier, Seigneur de Saint Juft y cent Lances fous la charge f^'Eftiennoc
de Vignoles , fie autres cent Lances fous la charge de Robert Crugui-
gan ', bien informé de Cts fens , vaillance ,, bonne conduite fie grand di«
figence ; enfcmblc fur quatre mille francs Archers , fie ftlr leurs Capitai*-
iïCSy avec pouvoir de remettre tous crimes fie délits , ainfi qu'il eft plus
amplement porté par lefdires Lettres y fignées fur le repl v par le Roy ,
le Duc de Bourbon , le Conneftables , les Marefchaux , les Sires de la
Foreft fie de Cruflbl, fie autres prefens. De la Loere*
Lettres don nées à Tours le 14. Avril 1^67. aux Eftats y tenus , par lef-
quelles le Roy loue X ratifie fie approuve les Lenres de rçftitution faite des
biens Cdudit omte. Autres Lettres defdits jour fie an, par lefquelles le
Roy , tenant lefdits Eftats , approuve autres Lettres de reftitution cy-de-
vant oâroyées audit Comte. j|^
Item y le 19. Juillet 1 4^7. à Eftampes', le Roy ordonne audit Comte
de loger fes troupes à Guifc , fie es Terres de Mr. de Marie , à caufe de
l'Epidémie.
Commiffion dudit Comte , en exécution du Mandement cy-deflus, au
Sieur Alnequin , Capitaine des francs Archers au Baillage de Venfian-
dois, fie le Procès verbal dudit Alnequin accompagné de Guinot , Sei-
gneur de Lentillac , homme d'armes fous la charge de mondir Sieur le
Comte. Signé fur le repli par le Roy , l'Evefque d'Evrcux , fie autres
prefens, Touftain.
Don de neuf mille livres de penfion accordée audit Comte de Dani*-
martin par le Roy , en confideration des grands ,.bons 6c louables fervi-
ces qu'à fait dès la jeunefle noftredit amè fie féal Coufin , Confeiller fie
Chambellan » Antoine de Chabanes > à nous fie à la chofe publiqu^ ^
/
DE PHIL. DE COMINES. nf
noftrc Royaume, au fait des guerres & autrement v fait & continue cha-
cun jour en plufieurs manières , & efperons que plus fa(Iè au temps ave-
nir ^ confiderans auffi les grands biens qu'il avoir & prenoit à ladite caufe
de feu noftre très-cher Seigneur & Père , que Dieu abfolve, tant en pen-
fîons , dons , qu'au moyen des Offices de Grand Panstier de France , do
Senefchal de Carcaflbnne , de |Capitaine de Leucate & de Monteclaire ,
& d'autres qu'il tenoit du vivant denoftredit Seigneur & Père > qui, cha-
cun an^ montoient à grande fomme de deniers, .dont ne luy avons enco-
re fait aucune recompenfe ^ &c. Donné à Orléans le 19. Odobre 1^66.
Signé fur le reply par le Roy, Mr. le Duc de Bourbon, le Sire de Baroges,
maiftre Jean de Reilhac , & autres prefens. De la Loere#
Auquel don eft attaché autre don d'augmentation de trois mille livres
de ladite penfion. Donne aux Montils lezrTours , le 5 . Décembre 1472.
Signé par le Roy . Bourré.
Lenres données à Tours le 11. Septembre 1^67. par lefquelles le
Roy tenant les Eftats , annuUe l'Arreft donné par le Parlement contre
Antoine de Chabanes , à la pourfuite de fes malveillans , le reçoit en fes
îuftifications > & à. propos d'erreur.
Arreft du Parlement obtenu par ledit Antoine de Chabanes , contre le
Îiremier, fur la propofitidn d'erreur , donné avec le Procureur General y
e I}. Aouft 14(98.
Audit an , fur la fin d* Aouft , fit maiftre Triftan l'Hermite, Grand Pre-
voft de l'Hoftel , le procès à mclfire Charles de Mclun fur plufieurs cas
à luy impofez , & luy fit trancher la tefte. Le Roy donna la confifcation
de (es biens à Antoine de Chabanes , lequel meu de pitié des mineurs ,
&' à la prière de leurs parens & tuteurs , fe conrenta de la Terre de Saint-
Marc & les Tourncllcs, pour toute fatisfadion de fes meubles , pris Se
vendus par ledit Charles , Se pour la jouiflànce qu'il avoir faite cfe tous
fes biens pendant quatre ans qu'il l'avoir tenu prifonnier ,'& pourfuivi
fa condamnation , & il eftoit n bien auprès du Roy , que nonobftant les
réintegrandes & Arreft ci-dcffus au profit d'Antoine , il n'avoit ofé en
faire aemande.
Audit an, le Roy informé qu'es Pays de Guyenne, Bonrdelois, Gafco-
gne , Languedoc , Albigeois , Roucrgue , Quercy , Agenois , Perigord ,
Auvergne , haut & bas Limofin , la Marche , Xainronge , & aurres Pays
voifins , on faifoit de grandes violences , pilleries , aeftruftions d*Egli-
fes , meurtres', ravidèments publics , ôc autres maux intolérables, & op-
preflions fur fes fubjets par aucuns, qui , fous prétexte de fon fervi-
ce , s'eftoient mis en armes en très-grand nombre , qui ne vouloienc
quitter les armes , ny comparoir j informé aufli que les Angkns , anciens
ennemis de France , avoient entrepris fur aucunes places du Duché de
Guyenne , de Bourdelois & de Gafcogne -, par advis de (on Confeil ,
délibération de plufieurs Seigneurs du Sang, ordonna fon Lieutenaht
General Anroine de Chabanes , Grand Maiftre, pour y pourvoir, auquel
fut donné plein pouvoir Se authorité pour le fait de Juftice & Police ,
comme fi le Roy y eftoit , dont il s'acquitta à fon grand honneur , telle-
ment qu'à fon retour , le Roy eut le tout agréable & le confirma.
L'an i4(Î9. le Roy advcrty d'aucuns excès, voyes de fait, ufure» mani-
Sfj fcftcs
it6 PREUVES DES MEMOIRES
nifeftes , & defTenducs en droit, exa(5tions indues & illicites, qui fefai*
foient en Languedoc , commit ledit Sieur Grand Maiftre fon Lieutenan.
General, pour y remédier, en puniflant lesdélinquans*, ce qu'il fit en telle
forte, que le Roy & fon Confeil l'eurent merveilleufi^menc agréable»
& y laifià pour l'exécution de Tes Sentences maiftre Jean de Lingny »
Confeiller en la Cour de Parlement de Thouloufe , & maiftre Guillaume
Coftin , Advocat du Roy en la Senechauflee de Rouergue , Se fur les ap-
pellations inter jettées , d'aucunes dlcelles , le Roy les confirma v y don-
na , ledit Seigneur grâce à Jean de la Roche, Efcuyer, Sieur deSeurac >
qui avoir tué un homme d'un coup d'efpée dans la cuillè , & â plufieurs
autres , fuivant le pouvoir à luy donné.
Lettres en forme du Roy , portant pouvoir audit Sieur Comte detran-
figer & accorder en fon nom , avec Médire Jacques d'Armagnac , Duc
de Nemours , Comte de la Marche, touchant plufieurs cas .dont il eftoit
charjjé envers le Roy. Données à Tours le 8. £)ecembre 1469. Signé par
le Roy. DeCerifay.
Scellé dudit Jacques d'Armagnac , portant pouvoir aux Sieurs de Bri-
zons Ôc de Sou , de traitter en ion nom , donné au Chaftel de Cariât le
4. Janvier 14(99. Signé Jaques. Aâe en latin defdits de Brizons & de Sou»
du 0. Janvier audit an , par lequel ils prometteht le faire venir à Chau-
defaygucs,
Tranfadion entre luy & ledit Grand Maiftre à Saint Flour, le 27. Jan-
vier audit an , par laquelle ledit d'Armagnac , pour feurecé du Traité mec
dès à prefent es mains du Roy les places & fortereiîes de Lieurers au
Diocefe d'Alby, Murât, Croufant& Montagu en Combraille.
Execution dudit accord par Draguinet Delaftre , Chevalier, Confeiller
du Roy , Chambellan & Grand Maiftre d'Hoftel de la Reine , & mcflîrc
Pierre Bonmol , Doyen de Clermont, commis par le Roy pour recevoir
le ferment de fidélité des fubjets dudit Jacques de Nemours , avec inf»
trudion pour cela , du 17. Février audit an.
Lettres du Roy par lefquelles il ordonne ledit Grand Maiftre fon Lieu-
tenant General en Beauvoifis , avec tout pouvoir de traitter en fon nobi>
donner grâce, &c. Données àAmboifele 8. Décembre 1470. Signé parle
Roy , l'Admirai , le Sieur de la Foreft, mcllirc Guillaume Compaing , Se
autres prefens. Demoulins,
Lettres de don fait audit deChabanes parleRoy LouysXL tant encon-
deratio'n des grands , bons , notables & recommandables fcrvices rendus
au Roy Charles fon père , & à luy, tant au fait des guerres , qu'autour de
leurs perfonnes , & pour aucunement le recompenfer & rémunérer des
grandes peines, frais , mifes & travaux qu'il a prifes, faitcsi& foutenucs,
comme noftreLieutenantGeneral par nouseftably àla redudlion en noftre
obéïflànce , des Terres ij Chafteanx , Villes , Places ^ Seigneuries du Comté
d'Armagnac ; les Places , Chafteaux , Baronnies , Chaftellenies , Mande«
mens,Terrei & Seigneuries de Seveirrac en Severraguez,dc laGuyole Se
de Cabrefpines , & membres d'iceiles , affifes es pays de Rouergue s
Mandement de Seveirrac & la Guyole, en la haute marche & montagnes
de Rouergue , & en la Comté de Rodes. Item. Par autres Lettres du
piçûne jour Se zn^ Se pour mefme$ confiderations > don à luy fait des
PUces 9
DE PHfL. DE COMINES. 32.7
Places > Chafteaux , BarQnnie Se. Chaftellcnie de Banavant , Montefce,
Lepuech & la Carc, affiics au Pays de Rouergue& deBedeine. Données
au mois de Novembre es Montils > Tan 1 47a.
Commandement de Meflîre Charles de France, Frerc du Roy, Duc de
Guyenne, audit Antoine pour fe mettre en poflTeflion , en fon nom , des
Terres & Seigneuries du Comté d'Armagnac , à luy dclaiffces par le Roy
depuis la confifcation du 17. Octobre 14(79. Par Monfeigneur le Duc.
Daniel.
Trêves accordées pour trois mois entre le beau CouGn de Bourgogne
& le Roy , .& pour robfervation d'icelles font nommés de la part dudic
Seigneur Roy, le très-cher Coufin Antoine de Chabanes, Grand Maiftre
es marches d Amiens , d'Amicnois & Pays d'environ ; le Sire de Mouy ,
Bailly de Tournay •, le Comte de Nevers ; le Vicomte de laBeliere, Gou-
verneur de RouitiUon j le Coufin , Sire de Chaftillon es Pays de Cham-
pagne ; les amés Confins les Comtes Dauphins d'Auvergne, de Perigord
& de Comingcs, chacun en droir foy. A Fontaines le 10. Avril 1470.
Lettres par lefquelles le Roy commet Antoine de Chabannes avec
Louis de Beaumont , Sieur de la Foreft , pour remettre en fon obéïffàncc
le Pays de Poitou , enfemble, donner grâce aux villes , vafiàux & fuje6b>
le II. May 1471. au Pleflîs. Signé par le Roy, Monfeigneur le Duc de
Bourbon , les Sires Curton & du Lude , & autres prefens. Tilhart.
Autres Lettres du 29. May 1472. par lefquelles il eft eftably Lieutenant
General es pays de Beauvoifis & marches de Picardie. Demoulins. ■
Autres Lettres par lefquelles le Roy commet Antoine de Chabanes
pour faire la montre & reveuë de la Compagnie de cent Lances fournies
du Duc de Bourbon, de cent fournies de noftre Coufin le Comte dePen-
tbievre, des cent Lances fourmes du Coufin Sire de Beuil , & des cent
Lances fournies de noftredit amé & féal Confeiller & Chambellan , le
Sire de Curton j enfemble des cent Lances fournies de voftredite charge
& compagnie. Au Pleffis le 7. Décembre 1473.
Ordre audit Grand Maiftre de mettre des gens de guerre a Chauny
en tel nombre qu'il advifera , fur l'advis qu'on a de quelque entreprHe
fur la Place , le 19. Décembre 1 47 j.
Pcrmiffion du Roy detrafiquer en Bourgogne à tous Marchands fous le
congé d^Antoine deChabanes , fon Lieutenant General , en payant unefctt
pour queue de vin , 1475. le 14. Décembre & 20» Novembre.
Sous Charles VI 11^
Confirmation de la Charge de Grand Maiftre en faveur d'Antoine de
Chabanes , du 25. Septembre 1483. à Amb«îfe le premier de fon Regne.r
Signé fur le reply par le Roy, les Comtes de Clermont & Sieur de Beau<-
jeu, les Sires de^Querdes y deGyé, de Cunon» & autres prefens. Petitr
Scellé du grand fceau.
Don de la charge de Capitaine de Harfleur, de Montierviller, & du
Chaftel & Place de Gaillart en trois Lettres feparées. Données à Amboife
le 23. Septembre 1483. Signé par le Roy , les Comtes de Clermont & de
la Marche , de Danois & de Merle prefens* Brinon.
Commandement
\
3i8 PREUVES DES MÉMOIRES
Commandement au Chancelier de recevoir le ferment d'Antoine pont
tout ce que deflus » d'autant que l'employ qu'il a auprès de fa perfonna
ne luy permet pas d'aller fur les lieux le prefter aux Baillifs de Rouen fie
de Caux. A Amboife les jour & an que deffus. Brinon , où eft infère
Tadte de ferment fait par ledit Antoine au Chancelier, le* 30. Septembre
^483. , fjgné Benard.
Lettres dudit Seigneur Roy par lefquelles il déclare à Meffieurs du Par-
lement , Chambre des Comptes , Gens d'Eglife , Prevoft des Marchands,
Efchevins > Bourgeois j Manans fie Habitans de Paris , que pour la grande
confiance qu'il a de la perfonne de fon très-cher fie féal Coufin le Comte
de Dammanin , Grand Maiftre, Se de (ts grands fens, vertus, vaillance,
noble(Ie,loyauté , prud'hommie 6c bonne diligence -, confiderc auflî les très-
grands , très-agréatles Se recommandablcs fervices, qu*il a par long-temps
faits à feus nos très-chers Seigneurs Ayeul 5c Père , que Dieu ablolve tn
leurs plus grands Se principaux affaires , où bien fie grandement il s'efl;
employé , a nous fait fie continue chacun jour; il le commet Se ordonne
dans Paris , ficc. Donne au Pleffis lez-Tours le deuxième jour de Février
1 48^. Par le Roy , le Comte de Clermont fie de la Marche , Sieur de Beao-
jeu , vous le Sieur de Graville , Admirai de France , fie prcfens. Parent»
En 1475. fut ledit Antoine commis par Louys XI. pour prefider au
combat à outrance d'entre Julio de Pife , convoquant , fie Ponfile de Ju-
ge , Napolitain , fie fit deffaut ledit Julio. •
Apris quoy fuit dans U MS. la Généalogie de la Mai/on de Chabanes*
* m
Vf
Hj^ PIECES touchant le Procès d'Anthotne de C ha bannes , Comte Je
Dampmartin* Extrait du z6^. Regijire Criminel^ foL ziz»
i4.Déccm. j UDOVICUS Sec. univerfisfalurcmîvifàpernoftramParlamentîCu*
rc 14 1. j^ ^.^^^ fupplicatione , five Requeftâ ûbi pro praefente Anthonii de Cha-
bannes, Comitis de Damno Martino , traditâ , continente quod in vigi*
lia Sandi Laurentii noviHimè praetçriti , idem Supplicans mancipatus
fuerat prifonerius in Conciergeria Palatii noftri Parif. Se expoft in do-
mo noftra de Lupara,ubi abhuc exiftebat, abfque eo quod ipfe fie fervirpr qui
fibi per diâam Curiam noftram ordinatus , ruerat aliquam prohibitionem
habuidènt pro fuis veftimentis , licet maximam neceflîtatem haberent ,
fie ab hoc requifierit didus Supplicans (Ibi , propter hoc per eamdem Cu-
riam noftram provideri , ac confideratis in hac parte confiderandis no-
tum facimus , quod praefataC uria noftra hac vice prxdiûo fupplicanti pro
ipfius,fiefupradiâifuiferviM>ris viâu , veftimentis fie aliis (uisnecemta'
tibusprovifionem ducentarum librarum Turofinenum fuper frudibus re-
venutis fie empiumentis Terrarum fie Dominiorum ejufdem Supplicantis^
non obftante manu noftra in diâis Terris fie Dominiis appofitâ, capiendam
6e levandam , ac Joanni Poupon Hoftiario noftri Parlamenti tracfendam,
pro illam in praemiflîs convertendo fie implendo fecit atque facit per
praefentes. Quo circa, 1^. Parlamenti noftri Hoftiario, velScrvienti noftro
fuper hoc requirendo 9 cenore prxfentium çommittimu$ fie piandamus ,
^uatcnuç
DE PHIL. DE COMINES. 329
tenus receptoribus commiflis ad receptam fupra diâam terrarum 8c Do-
miniorum , & cuilibec eonimdem praecipiac & injungat, ut pvxài€to *4^ï«
Joanni Poupon , vel ejus cerco mandato anre diébun proviflonem ^ five
fummam prcediâarum loo. L Turon. mode prsefaro cradant arque fol*
vant indilatè , quos & unumquemque ad hoc noveric eflc compellendost
virilîtcr ôc dd>itè compellendo, fupra di6ka manu noftra in anredidtis ter-
ris & Dominiis , ut praemittitur appofitis , nonobftante : cui quidem Hof*
tiario vel Servienti ab omnibus Jufticiariis & subditis noftris , in hac
parre pareri voiumus & jubemus. Dacum Parif. in Parlamento noftro t
24. die Decembris > anno Domini 1462. Se regni noftri fecundo.
V*-
jjCT jfrrejl du ParUnunt. Tiré du z6. Regifin Criminel y foL ziS. verfo»
LU D O V I C U S , &c. dilefto & fidcli noftro Marrino de Bellefaye, in Tiré Jec
noftra Parlamenti Curia noftro Confiliario , faiutem & dileâionem \ Recueils de
cùm die data pra^rentium, vifis per diâam Curiam noftram informationibus M. l'Abbé
& proceflîbus contra Anthonium de Chabannes , Comitem de Domno ^® Grani,
Manino> in caftro noftro de Lupara, ex ipfius Curias noftrx ordinatione
prifîonerium detentum unà , cum extraâibus tam ad onus ipfîus de Cha«
bannes, quam ad fui exonerationem faâis , ac confideratis confiderandis y
eadem Curia noftra pro veritatem caHis , unde qua^ftio vertitur melius
atcingendo expediens eflè , dileéhim noftrum Reginaldum de Dref-
nay , militem , & alios fi fieri poflit Aiprâ punâis & aniculis , additis in-
formationibus&procefTibus, hac decaufaextraâîs, eaordinari , &quod
hu jufmodi informationes & proceflus , ac totum id quod advetfus praedic^
tunti Anthonium de Chabannes faéhun fuit , oftendentur noftris Procura-
rori& Advocatis,quidiâuri venient,idquod decebitpro ulterius faciendo
& procedendo » utfuerit rationis , delibcraverit& ordinaverit, Vobis igi-»
tur tenorepraefentium comittimus & mandamus quatenus pracfatum Re-
ginaldum oe Drefna7,& alios examinandos fupràdiâis punâis Se articula
vobisper diâam Curiam noftram traditis, fi fieri poflîc examinetis , verita-
tem negotii ab eis diligenter inquirendo , & depofitiones eorumdem
in fcriptis fideliter redadis , pênes diâam curiam noftram afFeratis , vel
fiib figillo veftro claufas'tranimîttatis , quàm citiùs fieri poterit ab om-
bus ver6 Jufticiariis , 8c Subditis vobis Se veftris deputandis in hac
parte pareri voiumus & jubemus. Dacum Parif. in Parlamento noftro, 19,
diie Januarii , anno Domini 1^61. Se regni noftri fecundp.
**^
$7 Procédure contre le Comte de Dammartin. Tirée du mime Regijlre.
CUM virtute certarum litterarum per Procuratorem noftrum gênera* Xité deé
lempro nobis, die quinta roenfis Septembris > anno Domini 14(71. mimes Re«
obtentaram Anthonius de Chabannes , eoquod perfonaliter appr ehendi tueUs^
iK)n potuerat per catiifimum 8c confanguiueum noftrum Bertrandum de
Tpme IL T t Turrc
330 PREUVES DES MEMOIRES
Turre , Comûem in Bolonia , Se dileâ»in & fidclem noftrum in noftra Par»
M ' lamenti Curia> ConiUiarium noftrum Joannem de Plantis » ad craftinam
diem fefti Bcati Martini Hiemaiis, cum proxitnè fucuri, in diâa noftra^^
Porlatncnci Curia , fub pœna bannimenti à cegno noftro confifcationif*
?ue cor poris , ac bonorum fuonim perfonaliter , eomparirurus , &c diâo
rocuratori noftro ad fines quas contra eum digère vellet , refponfuru^
adjornatus exUidèt. Quo die diâo de Chabannes minime comparent
te, diâus Procurator nofter i$^ menfîs Novembris tune prôximè fe-^
^entis, defeAum contra eum, perfonaliter ut tenebatuc noncompa^
rentern obtinuiilèt , ipre<|ue Procurator nofter in ejus abfentia proponi
feciflèt, quod anno Domini i^6. vel circiter, nos pro tune Delphmus
Viennenus exiftens, eumdem Anthonium de Chabannes in paupertate &
miferia propriis exigentibus demeritis conftitutum , ac à domo , five
Çuriabonx memorix defunAi Domini & proeenitoris noftri expulfum ^
necnon , & ab onere gentium armorum , & mi exercitus deftitutum re-
ceperamus & recolUgeramus , & de noftra domo ut domefticum fie famir
liarem noftrum retinueramus , fibique noftro , ut magis eftèt intentus*
feryitio quam plura bona , interque furamam decem miUium fcHtorunY
auri femel , & prouna vice, fibi cumplures alias gratias faciendo dedera*
mus & contuleramus : qnibus non obftantibus , idem de Chabannes malig*
no dudhis fpiritu , ingratum & infidelem er^ nos multipliciter (c often--
dens cum malevolis ^ odiofis & inimicis noftris, quos in eadem domo, fe»
Curia diûi defun&i Domini progenitoris noftri eflè noverat, abfentiani
& elongationem noftri ab eadem domo , feu Curia requirentibus , ut ip«;
fius Domini progenitoris noftri odium & matevolentiam confequeren-
tar proeurantibus fe adjunxerat , & illis adhaerendo plures machina*
ciones , detraâiones & monopolia contra nos , perfonam noftram , jur-
queproçeniturjcnoftrae,fecerat&conrpiraverat > plura enim verba dif-'
famatoria , & iniqua caitunniofè , malitiofè , & contra veritatem exqui-
fita dixerat , & publicaverat , dici & pubiicari fecerat & procuraverat , 8c
' ut admiciendum fines fuos leviùs pervenire poftet , prasdiâo defunâot
Pomino & progcnitori noftro , plures faffos , damnabiles & iniquos re-
kcus & raporeufi-, imer quos quod eumdem DofiiiQunt& progenitorem noA
trum dejicere, fie aotoritateml^ttbemandi accipere , gentefque circaejusr
perfonam exiftentes toUere Se mimntare , ac alia ad noftrac beneplacitum
yoluntatis traderc volebamus fie nitebamur v fie quod de pracmiâSs cum>
ipfo curas , coUoquia , média fie vias eidem declarando babuera^nus fece-
r^nç ^Sc contra veritatem adinvenerant fie.retuterant , fie exiftimans ipfe:
de Chabannes > per haec , fie in fimili amoricate regtmen fie prsemin.
nentiam in domo fie Curia defunâi Domini fie progenitoris noftri habe-
re fie obtinere , nofque ab eifdem domo fit Curia expellere fie elong^e.
De prxmillis , non conteiîtus fxpe diâus de Chabannes tendens totis viri-
bu$ divifioneiii fie di0èntionem inter diéhmi Domiiram fie projgenitorem
noftrum , fie nos interponere Se nutrire coram dileâo fie fideli Confilia-
lia noftro Gulielmo Juvenel, miUti Domino de Trainei , tune Cancella-
xio Francis, die viccfima feptima menfis Novembris , anno Domini prs*
àifito^ <44^* in loco de Cando , quemdam fklfnm fie calumniofum rapor^
tu» damnaUliter calumniofè , fie contra veritatem adinvenerar , com^
pofnerat
DE PHIL. DE COMINES. 35»
nnaverar > ac per (Ulediun 6c fiaelem noftrum y tune prsfad defunâi ^
Dotnini & pro^enitoris noftriNotari&m & Scccetarium Magiftrum Adam
Roland! in fcriptis redigi prooicaverat , ôc proiecutus fuerat nos & non-
nullos de noftris fanguine , ac Regali progenic > cettofqae Nobiles
nolfari regni » erga diâum defundum Dominum & orogenicorem nof-
tium» multipliciter onerando 6c calumniofè accuhindo , prout pet
cumdem taportam > fie in fcriptis redaélum y & pênes diâiam Curiam
noftram per diâum Procuratorem noftrum^ produâum > liquidé conftare
te apparàre potecat. Dieebat infuper prznunciatus Procurator nofter , quo
ad eaufami diâomm ^ faUbrum 6c damnabilium relacuum , prxdidbum de
Chabannes contra veritatem , adinventorum, & maxime pttecextu diébrra-
pottos, ficutdiâam eft in fcriptis, redaâi prxfatus defupâius Dominusâc
progenitor nofter plures imaginationes & fufpiciones contra nos ejus fi-
lium primogenitum habuerat, occafione quorum nonnnUs differentiar 8C
<lifiènttones procedèrant, & cuonx fuerant » quâ de re à domo five Cu-
m Cxpc diâi Domini & progenitoris Aoftri recedere , 8c ad çatriam DeU
phinatus noftri nos transferre 6c confugere oportuerat : nolnfque in dic«
to Delplunatu exiftentibus 6c commorantibus , diftus de Chabannes
pejora prioribus aceumulatus , perfonam noftram cum magno exercitu >
diéhim Delphinatum adeimdo capere vifus fuerat ; quapropter , ab eo-
dem Deiphmatu recedere , de ad chariflSmum confanguineum 6c avun-
cuium noftrum, DucemBurgundix, ejufque patriam , alibi recurfum non
.habentes,accederecoegcrat& impulerat*, quodqneprxfatusdeChabannes
in fuis damnabilibus propofitis, & voluntate perfeverans, nobis ficut
permittitur ab(èntibus 6c expulfis , femper divlfionem & dillèntionem
mter defunâum Dominum progenitorem noftrum , & nos continuare ni-
ins fuerat & procuraverat ; 6c ufque ad ipfins progenitoris noftri obitum »
totis viribus , diverfis nefandîs & obliquis mediis continuari fecerat &:
procurarerat, qux omnia & fingula per diâum de Chabannes fada &t per*
petrata , idem Procurator nofter , IxCx Majeftatis traditionis , fedttio-
nis , ambitionis , falfi À alia deteftabilia & enormia crimina (nifiê 6é
«fie dieebat & prxtoidebslt : ouare petebat & requirebat &pe diâus Pro-
curator nofter , ex ante diâo defeéhi , talem unlttatem fibi fieri adverfus
didum de Chabannes adjudicari videlicet quod per diâam noftram
ParlamentiOirîam, idem de Chabannes de pracdiâ:» criminibus Scexcef-
fibns çro conriâo & fuperato haberetur 6C teputaretur , 6c ad ea^
dem crimina, deliâadc excefius reparandum 6c emendandum condemna-
retur , ac quod pto ipforum reparatione , prselibatus de Chabannes cor-
pus & bona fua quacumque 6c ubieumque , eo qui nos conftfcaverat 6c
fore fecerat diceiecur 6c declararetur , pœnaque corporali criminati 6c
pubiica , fecundum cafuum exigentiam puniretur , faltem Regno noftro
perpetub banniretctc , bonaquefua, quarcumque mobilia 6c immobi*
lia , nobis confifcarentur 6c applicarentur ; quodaue diâus raportus , ut
prattpittitur in (criptis redaâus , fignoqne manuali diâi magiftri Ad^tni
4feRolandifignatus,falfus & îniquus, fal(^, damnabiliter arque calum-
riio{e& contra veritatem per prxnominatum de Chabannes, fadus, adin-
ioventus & fiibricatus fuiflè 6c efiè diceretur & declararetur; ac ut talis
Tt X publiée
331 PREUVES DES MEMOIRES
. ce in Parqueto & Âudirorio noftras diâi Parlamenti Curiae laceraretury
^ ^ * aut quod alix taies concluûones &c Requefbe contra & adverfus de Cha*
bannes , ut rationis eflèt , eidetn Procuratori noftro fièrent Ôc adjudica-
rentur : quam quidem utUitatem eadem curia noftra mitiùs , ut iemper
confuevit > agere volens , eumdem de Chabannes denub in diâa noftra
Parlamenti Curia, perfonaliter & fubpœnis quibus fupra, compariturum»
utilitatem pr^cdiébm, aut aliam juri conTonam dido Procuratori noftro ge-
herali adjudicari^vifurum, rerponfurumque, & ulterius fadhirum , ut ra-
tionis foret , intimatione in talibus fieri folira , adiornari ordinafTet , & ad
id faciendumlitterasconcefl[ilIèt,quarumvtgorediéhis de Chabannes, ad
fextum diem menfis Februarii > anno Domini i^6i. pridcm in eadem
Curia noftra perfonaliter cum intimatione Se fub pœnis, quibus fupra
modo pra^fato compariturus iterum adjornatus , ac eèquoddiûâ die ubf
afCgnara (îmiliter , oec certâ aliâ die fequenti > ad quem fuper fecundo
deredu , pariter adjornatus , & fufficienter evocatus minime perfonali-
ter in dida Caria noftra , ut debebat » comparuerat, i*'. &c 5^. defeâi-
bus pofitus extitiftèt , & demum fupra diâorum defeâuum utilitate , ad
primam diem menfîs Junii inde proximo fequenti > perfonaliter cum in-
timatione ôc fub pœnis ante didbis in prxfata Curia noftra compariturus
îterum adjornatus fuidèt , aua die adveniente minime comparuidèt j
quapropter eadem Curia 9 auaitodido Procuratore noftro , quartum de-
feâum (ibi contra didhim de Chabannes praediélam Curiam noftram dsLvi
Se concedi petente & requirente ex una & magiftro Joanne Vicier y
pro Advocato , Se nunc diâi de Chabannes per diâam Curiam noftram
certis inftrumentis Se atteftationibus pra^iâum Vigier , aHifque Utteris^
noftris , tam mifibriis quam patentibus, prsdiâum Procuratorem nof-
rrum , penès eam traduis & produâis ac confideratis in hac parte con-^
fîderandis , praedidum quartum defeékum contra prxnominatum de Cha--
bannes, falvo, quod (rinfra oâavum diemmenfis Auguftitunc proxi-
mo fequenti y in didba noftra Curia veniret , Se perfonaliter compareret ,.
idem clefedtus adnullaretur , dido Procuratori noftro dedidet & conceflif-
fet, ac quod ,fîdiâus de Chabannes, infradiéhim terminum penès eam-
dem Curiam noftram venire , & perfonaliter comparere vellet in mani-
bus alicujus noftrorum Judicum , fibi propinquorum , qui eum in
diâa Curia noftra fuis expcnfis , fublata cuftodia Judici cumparitu-
lum adduceret , fe reddere tenerentur, ordinadèt & appreftadèt , quam^
ordinationem infequens pra^Êatus de Chabannes , (e in manibus^lo-
cum tenentis ballivi noftri MatisconenHs , Senefcalli Lugdunenfis , qui:
eum prifonerinm in carceribus Conciergerie Inoftri Palatii Parifiis ad-
duxerat & conftituerat & reddididèt , & poft modum^ ex didx Curix^
noftrx ordinatione in Domo , feu Caftro noftro de Lupara detentus fu-
per criminibus delidis & exceflîbus prafdiftis , necnon hiper information
nibus, depofîtionibus omnibus , didtoque raportu.& aliis per diâum
Procuratorem noftrum penès didam Curiam noftram produûis Se rradi-
tis , ad ejus inftantiam pluries , Se iteratis vicibus per eamdem Curiam:
noftram , ejufque Commiflarios vifis, Igitur ©er didam Curiam noftranv
ac diligenter examinati.^ didis proceiTu , intormationibus & depofîtio-
JÙbus teftium > confeftionibus di^ de Chabannes diâo > etiam confide^
xarisr
DE PHIL. DE CÔMTKES. ^35
fatïs în hac parte confidcrandis , 8c quae Curiam ipfam movcre poteranc
& debebanr, prjEfata Curia noftra fupra diéhim raportum , coram pracfa- ^ 4^ *«^
to Confiliario noftro Gulielmo Juvenel , die 17. mcnfis Scptembris , aiï-
fio Domini 1446. prxdiâum magiftrum Adam Rolandi , ut prœmifTum
cil , in fcriptis redaélum & (ignatum > ^alfum y iniquum & praedidbum
de Chabannes falfè , calumniofè ôc contra veritatcm fadkum de adinven-
rum fuiflè & eflc , ac quod , ut tali^ palam in publiée in Pàrqucto &" Au-
ditorio diéhe Curiae noftrae dilaniabitur , & bcerabitur, ordinavit Se ordi-
nat , & infuper diéhim de Chabannes , pro fupra didbo cafu , crimina-
lem crimine Ixfas Majêftatis declaravit & déclarât ; verum quia diéhis
cafus noftram perfonam principaliter tangere & concernere videretur ,
'Se quod nos fuper iis per didbam Curiam noftram confulti mifericordiam
& clementiam rigori juftitise prseferre volentes , jam di6to de Chaban-
nes pœnam corporalein remiûmus , memorata Curia noftra , per fuum
Arreftum 5 eumdem Anthonium de Chabannes , à Re^no noftro perpé-
tué bannivit atque bannie , bona fua quaecumque mobilia & iilimobilia:
nobis aquifîta & confifcata fore 8c efle declaravit & déclarât > ipfaque
Curia noftra certis eaufis > eam ad id moventibus Infulam ôc Villam
Rhodi ) diâo Anthonio de Chabannes , ad commorandum ufque ad be-
jieplacitum noftrum aflignavit, fie eum ibidem confîrmavit , afSgnatque 8^
Confinât , quodqoe idem de Chabannes prifonerium firmatum > ubi*
nobis libuerit , tenebit donec fie quo ufque in didfcis Villa fie Infula Rho-
di, fe tenentem , fuamque mannonem ibidem facientem ab hinc ufque
ad noftri beneplacitum recedentem , bonam 8c fufficienrem cautionehr
premiferic > ordinavit fie ordinat» Pronunciatum> 10. die Augufti 14^;,.
ij!^ Lettre de Chartes de Melun , Baïllïfde Sens , au Roy Louis XI.
SI R E , je me recommande très-humblement à voftrc bonne grâce 5 Tiré <îcs
Sire, hyer fut achevé d'examiner le Comte dd Dampmartiri , tou- Recueils de
chant fa dépodtîon , qui fcït devant le Sieur de Traynel 8c maiftre Adam M. l'Abbé
Rolanr, fie croy ; SiRè , qu'il dit aflèz près , touchant fadite dépofition 8c ^^ Grand.'
nercftc que la Veuve de maiftre Jouachim Jouvelin , que tout ne fut fait,
& vous portera^ , mais que je m'en aille > le double de tout ce qui aura
efté fait , fie qu'il aura confeflfe.
Touchant Treignac on n'y fera jamais autre chofe touchant les fept
cas qu'il porta contre Vous à Rome , jufques à ce que Guillaume de Va-
rie fie maiftre Charles Aftatt foient examinez , mais touchant les autres
cas qu'il a commis , qui ne porteroient que amende , le procès eft tour
fait, fie preft à l'en condamner, combien qu'on ne peut plus befogner'
par la Cour de Parlement, jufquts à hi Saint Martin , car vacations fu-
ient données Mardy.
Touchant Jehan Marcel , nous fe tenons encore au Petit Chaftellet ,
& n'eft jour que les Commiflàires n'y befognent ; Se touchant fes biens
meubles , fans les héritages fie maifons, j'ay entendu que l'inventaire fe"
«lontc à dix ou douze mille livres parifis , fie fe Ditu veut qu il foit con-
T t 5 damné>»
334 PREUVES DES MEMOIRES
i^^i damne. Sire, on en trouvera beaucoup plus ^ mais pluft à Dieu qu«
le Pape euft tranflaté l'Rvcpnu de Paris en l'EvcJché de JeruJaUm^ A moa
Souverain Seigneur* le Bailly de Sens.
♦ **♦
$C7 Arrêt du Parlement contre jintoine de Cbaiannes , Comtt
Tiré du de Dammartinm
Volume ^
MS d^^M ^^ Samedy deuxième joar de Juilkt 14^ a» Ouifcîl en la ChamWe.
' T T E U par la Cour le procès fait contre Antoine de Chabannes ,*
1464. Y Comte de Dammartin ^ prifonnier en THôtel du Louvre , les con-
Cj/f iciU clufions prifes par le Procureur General du Roy » à Tencontre dudit de
^^^'J* Chabannes , & tout vçu & confidcré , ce qui faifoit à voir & confîderer
fJerês li ^" ^^^^^ partie : la Cour dit & déclare certain rappon Élit par ledit de
deVAmt* Chabannes au Roy dernier trefpaffê, que Dieu abfolve, à la charge da
qui finit kU Roy > lors Dauphin fan fils> rédigé par écrit au lieu de Cande , par maiftre
ft^ie ffic€' Adam RoUant , Notaire & Secrétaire dudit Seigneur , pardevant le Sire
dntt$. de Treynel , lors Chancellier de France , le vingt-feptieme jour de Sep-
tembre l'an \4^G. avoir efté & eftre faux 9 faulfement , calomnieuferaenc
& contre vérité faiâ: & controuvé par ledit de Chabannes, & comme
tel fera déchiré & lacéré publiouement en plein Parquet & Auditoire de
laditte Cour % & outre pour ledit cas y l'a déclaré eftre crimineux du cri-
me de leze-Majefté'i & pource que cela regarde principalement la per-
fonne du Rov, & que ledit Seigneur , fur ce adveny par ladite Cour »
voulant preterer mifericorde à rigueur de Juftice , a remis & remet audit
de Chabannes la peine corporelle s la Cour bannit à tousjours de ce
Royaume ledit de Chabannes , & déclare rous & chafcuns fes biens , meit^
blés & immeubles acquis & confîfqucz au Roy s & pour certaines eau fes
à ce mouvant laditte Cour, elle a affigné & confifqué , afli^ne & confif-
3ue audit de Chabanes l'Ifle & Ville de Rhodes pour s'y tenir & faire fa
emourance , fans en partir jufques au bon pfaifir dudit Seigneur , &
pour ce faire baillera bonne & fuffifante caution , & tiendra prifon fer^
mée U où il plaira au Roy |ufques à ce qu'il ait baiUé laditte caution»
VI.
Tiré des $7 Revijîon du Procis d^ Antoine de Chabannes j Comte de Dammétrtin^
Hecueils de
M. TAbbé Du trentç-deuxiéœç Regiftre Criminel > fol. )x.
Le Grand.
1464. (T^ ^^ à certo tempore citrà dileûus & fidclis Confiliarjus Se Cam-
V^-/ bellarius nofter, Antonius de Chabannes , Comes de Damnomar-
tino , medio qqonimdam finiftrorum & pravorum raporraum per certos
fuos odiofos & malevolos , er^a nos exiftentes bona ipfîus de Chaban-
nes, per confifcationem de alias vias indebicas habere tendentes,tunc
^obis fai^rum > ad rec^ueftam noftri Proçuratoris Generalis in noftra .
Parlgmçnti
-DE PHIL. DE COMINES. 335
«Patlamenti Coria perronaliter cotnparituris ad jornatus , omniague caftra , "77^77
terras & dominia, cam ipfius quàm fuse uxoris> 8c alla bona ma mobilia
6c itnmobilia ad manum noftram po(ica , & diâis fuis odiofis & maie-
volis s qui fruâus &c revenutos , hujufmodi bonorum immobilium ,
abfque expoft ullum cotnpotum. reddendo > neque aliquam reftirucio-
cem faciendo , ad eorum ucilitatem ceperant , tradiqa fuidenc. Qui
quidem de Chabannes Juftitix obediendo, in Villa noftra Parifienfi ve-
Aidèc & perfonaiiter comparuiflec , inque Conciergeria Palacii noftri
Pariiiis Te prifonerium reddidiflèt , & expoft in noftro Caftro de Lupara
duâus & ibidem fpatio duorum annorum vei circa deceatus , ac ea
pendente ad pnediâorum ruonim odioforum profecutionem, pluribus 6c
diverfîs vicibus per cercos di£be noftras ^arlamenti Curix Confiliarios '
inrerrogacus > & ut vericas cafus , unde ipfe de Chabannes oneracus erat»
melius fcirenir , & attingeretur i>er didam Curiam noftram , guod
çoramiifio fieret & dirigerecur uni noftrorum ipfius Curix Confiliario-
rum , pro incer cxtera Reginaldum de Drefnar milirem , & alios > û fieri
podèc, examinando, & quod pro id faciendo ipfe Confiliarius nofter
crga nos fe transferret , quo faâx) & pênes eamdem Curiam noftram re-
portaco ; ad perfeâionem didi proceUus > ut foret rationis , procedere-^
fur deliberatum &c ordinatum fuifiêt , pro quod appunâamentum exci-
piendo , aiter didorum noftrorum Confiliariorum , erga nos fe rran^fe-'
cens hujufmodi appunâamentum & commiffionem fîbi traditam pro in-
îfix alias perfonas diétum Renigaldum de Drefnay examinando nobis no-
tificadèt. Qui quidem de Drelnay eo quod tune extra Regnum noftrum
«xiftebat, pcr diâum'Confiliarium noftrum à dida Curia noftra commif'
fum minime interrogatos , & ob boc expoft de noftra ordinatione per
alterum noftrorum ConHliariorum apud nos exiftentium examinatus , ac
depofitio fua Parifius illis , qui jam diâum proceflum profeguebantur >
at illam diâx Curix noftrx traderent , mi(Ià tuiflèt > qua minime tradita;
pro eam dido procefliii jungendo > licet ipfa foret pars ejufdem proceifus
9c quod fineiliaad ipfius proceflus perfedionem ad judicium bono modo
procedi non potuiâèt , didaCuria noftra de hoc non advifata, feu certiorata
grandiimpenfione& importuna profecutionefupradidomm malevolorum
viceiîmaaie menfis augufti anno 146^. certum judicium per formam Arrefti
contraprxnominatum de Chabannes pronuntiaflèt, per quod certum rap^
portum per ipfum deChabannes, cariuimo defundo Domino 8c progenico-
xi noftro de nobis tune Delphinoexiftentibusfadum, & intoco S.Martini
de Cande, per M. Adam Roland , ipdus defundi Domini & progenitoris
iioftri Secrctarium 9 coram diledo & fideli Confiliario noftro Domino de
Traynel 9 ninc 8c pro nunc Cancellario Francix , vicefima feptima die
meims Septembres , anno 144^, in fcriptis redadum , falfum , falfoque
& calumniofè , ac contra veritatem per eumdem de Chabannes fac-
mm & adinventum fuiflè & eflè , ac tamquam talem in dida Curia
fioftra publke lacerari , didum 8c declaratum , Se ulterius pro dido cafu
ipfc de Chabannes criminofus crimine Ixfx-Majeftatis declaratôs > 8c
3 nia cafus noftram perfonam principatiter concemebat , atque nos per
idam Curiam noftram advifati , mifericordiam 8c clementiam rigori
Jiiftitix prxferre volentes dido de Chabannes pœnam corporalem remi^
feramus
^^^^ 35tf PREUVES DES MÉMOIRES
Y4TT7 feramus&remittebamus , ipfcper diduinjudicium a Regno noftro perpe^
* tuo bannicus y &c omnia boiia iua mobilia & immobilia nobis acquidta 6c
confifcaca fore declarata fuiilènt, ac eidetn de Chabannes Infulafic Villa
Rhodi,pro ibidem fe tenendo Se fuam manfionem faciendo abfque ab ea
ufque ad noftrum beneplacicum difcedendo aflignaca& conhnata, &
quod pro id fiendo , ipfe bonam & fufiicienrem cautionem craderec j ac
carcerem firmacum ubi nobis libérée , qub ufque diâ:atn cautionem cradi-
dirtèt, tenerec, per ipfum judicium ordinatum extitidèt. Quibus prxmiffis
attenris , nos confiderantcs & infpicientes profecurionem & judicium jam
difti procefTus , ac pronuntiationem fuper illo faûam fuifle grandi im-
penfione & importunitate odioforum & malevolorum pvxdiiki de Cha-
bannes , pro bona ipdus & Cux uxoris habendo , & de illis fe dicando ,
perque doluai ôc circumventionem ipforum unde débité certiorati era-
ipus , talc judicium & arreftum , ficut prasmittitur , datum valere> neque
effedum loriiri , & fignanter quia in materia error evidens inrervenerat,
in quantum didum judicium datum fuerat abfque videndo depofîtio^-
nem praefati de Drelnay , qux pro eam didfco proceffui jungencfo miflâ
8c recelaca extiterat , & aliter pluribus modis , de quibus nos débite cer«
tiorati fueramus » didtae noftra^ Parlamenti Curiae per noftras patentes
Littera$ à npbis Parifius vicefim^ prima die menus Septembris > anno
1467^ concédas mandaflèmus & in junxidèmus, ut ipfa fummariè&de
pkno abfque folemnitates in propofîtione errorum requifitas obfervan-
do , prxfatum de Chabannes ad prsemifla ac fuas alias juftificationes >
innocentias ôç dcfenfion^es proponendum , feu proponi & articu^ri far-
ciendum , 6c totum id quod ad hune finembonum Gbi videretur pro^
ducendum reciperer. Et eo fadbo fupradidkoque proceflîi per eamdem
Curiam noftram refumptoôc vifo, a deprxmiifis> abfque refpeâum
habendo ad di£Us folemnitates tangentibus , diâis erroribus requifitas
(ibi conftaret ad corre£tionem 6c reparationèm fupra didi judicii 6ç. ar-
refti ac totius hujus quod fa<ftum ellet mediantibus prxdiâis circumven*
tione i impreffione , compulHonibus 6c aliis viis indebitis procederet »
ut videret 6endutn , ea adnuUando cum toto eo quod inde fecutum foret»
nonobdante diâo judicio , fîcut praefertur per modum Ârrefti date 6c
pronunciatione fuper illo faâ:a i quod judicium 6c illius pronuntiatio-
nem in quantum opus erat , vel edet > cum toto eo quod mde fecutum
état abfque ad ea refpeâum habendo , neque ad cœtera alia, qux cSco*
y tum di{)arum noftrarum patentium licterarum impedire valerent per ipfas
noftras patentas Lineras fupradi£to cafu ex tune annulaveramus 6c an«
nulabamus , quas quidem Litteras noftras diâus dé Chabannes prxdi6be
Çuris nofkrx prefent^flèt , 6c illas (îbi per eamdem Curiam noftram in»
terinari requiuidèt , quas àiikz. Curia noftra Procuratori noftro Generalit
ut ipfe quiquid veUet diâurus veniret oftendi^& expoft vifis per eam
Litteris miflbriis tenores qui feriacim fequuntur contmentibus t De par
le Roy, No$ âmes & féaux , nous avons oôxoyé à, noflxe cher & amé
Çoufin Iç Comte de Dampmartin , Grand Maiftre d'Hoftel de Prance ,
nos Lettres patentes à vous addreflàntes , touchant T Arfeft qui fut donné
à rencontre de luy -, & çource que fçavons qu'au procès & au jugement
^*içQ\viY y a eu pinceurs impreffions ^ recpUçmens^ éc autres chofes indues,
connus
DE PHILDE C0MINE5.- S}7
comme vous fçavez & entendez aflczs nous, pour defcharger noftre 7T
confcience , voulons & vous mandons que vous procédiez incontinent ^ ^
À l'entherinement de nofdites Lettres , fans v faire aucune difficulté»
Se gardez que en ce n'ait façte ^ar tel e(t noftre plaiiir. Donné à Meaux
le dernier jour de Juin. Ainfi Signé , Loys. Et plus bas , Bourré.
Moniteur le Cardinal , j'efcris prefentement à la Cour pour le fait de
Monfieur le Grand Maiftre» touchant le fait de l'Arreft qui fur donné
contre luy , auquel a eu pluHeurs impreflions & recellemens , ainfi que
verrez : je vous prie que allez devers la Cour , & leur remonftrer fur ce
ma volonté \ car jamais je n'auray ma confcience i mon aife , jufqu a ce
que fon fait (bit accomply. Donné i Meaux le dernier jour de Juin.
Ainfi SigrU , Lots. Et plus bas , Bourré.
Una cum cedula per didum Procuratorem noftrum Generalem Ma*
giftris Joanne Simon, & Guillermo de Ganay, noftris Âdvocatis, afib-
ciatum pro (ua refponfione tradita , per quam ipfe vi(is pracdiâisnoitris
patentibus Litteris d nobis , in noftra Perfona & Confihi deliberatione
prsceptis & conceffis , nec non caufis fuper hoc quibus diâse Litterse
noftrx fundatx erunt, & confiderato quod per ipfas Litteras noftras nos
cas pro noftrx confcientiae exoneratione concefimè dicebamus , & quod
de ejufmodi materia ipfi Procuratori noftro & didti& noftris Âdvocatis
fcripieramus , & fibi per earum Confiliarium & amicum noftrum Cardî*
nalem Andegav. ad longum loqui feceramus , dicebat , fe noUe impedi-
re quin didla Curia noftra in materia, de qua iu'diâis noftris patentibus
Lineris mentio fiebat, fecundum ipfam Lirtèrarum formam & continent-
tiam procederet , quod prsfente ai£to Procuratore noftro jam diâus de
Chabannes veniret requifiturus integrationem didbrum noftramm pa*
tentium, ac totum idquod fibi bonum videretnr ordiiKiflèt & appunââf*
fet , ac id in prefentia ejufdem noftri Procuratoris , Procuratori ipfius de
Chabannes notificafiet. Deindeque idem de Chabannes didumappunc*
tamentum iufequendo prxdiâas noftras patentes Litteras , fibi per die-
f am Curiam noftram integrari, pra^fato Procuratori noftro Generali prx^
fente requifiifièt , & hac de caufa certos articulos in fcriptis rradidifièt
per quos dici & proponi fecifiet , quod ip£e de Chabannes ex fua juve^
nili xtate in fervitio pr^ati defunâi Domini & progenitoris noftri fue*
rat & fibi vita illius Comité in fuis guerris , & alibi contra noftrx Co-
rons antiquos inimicos , ficut Prasoeceflbres fui retroaâis temporibus
fecerant , qui omnes , feu major pars eorumdem in guerris Francis? pro
noftri Regni & fubditorum noftrorum defFenfione obierant , continué
fervierat , & durante tempore quo in fervitio ipfius & Domini progeni*
toris noftri fuerat , femper benè & fideliter , prout hoc facere naturaliter
tenebatur , & eriani per juramentum , tanquam ejufdem Domini & pro-
genitoris noftri , Omciarius , Vailàllus & Subdicus aftri&us erat , fer*
vierat \ ac eo pendente , nuilum cafum reprxhenfibilem , nec qui de
génère malorum dici pofièt , fecerat , neque commiferat , <)uo non obf>
tante , & paulo poft decefium prsdiéti Domini & progenitoris noftri ^
nonnuUi odiofi &: malevoli erga nos tunc^exiftentes , & fi^nter Caro-
lus de Meleduno miles , tune dominus de Nantoiiillet , & ipfius de Cha«
bannes ad caufimi fupradiâi Coœitatu^ Vafiàllus , bona fu^ &c prac^
Tomt Ih V u diâx
_^_^ 33» PREUVES DES MEMOIRES
~Tr^ diâx fux uxoris habere cupîens , diâum de Chabannes in noftra indigo
^ * natione poncre nifus fiietat ^ & ob hoc de perfona- fua pliires graves &
{iniflros raportus nobis feccrat , fub quorum colore nos ad noftras pa^
tentes Litceras pro iprum de Chabannes capiendo , & onmia bona lua
mobilia & inunobilia ad manum noftram ponendum , concedenduo^
moti fueramus *, occafione cujus , didus Carolus de Meleduno > oni-
nia bona mobilia , Licteras & Documenta ejufdem de Chabannes , Se
îam diStx (ux uxoris capi & afportari , ac etiam omnes Tuas Terras Se
Dominia ad diâam manum noftram poni feccrat » ac illorum fru£kus fie
revenutos qui cum diâis bonis mobuibus plufquam viginti mille fcuta
auri valebant , per certa tempora levaverat , feu levari fecerat , quibus-
pracmiflîs nonobftantibus , di&us de Chabarmes cenioratus de fuo fac-
to , & quod diéti raponus erant falfi Se pravi , crga nos Burdigals tune
exÛlentes fe tranftulerat , ac poftquam apud nos fe benè Se débité excu-
faverat de & fuper eo quod fibi proediâus de Meleduno Se alii fui odiod
Se malevoli torcionariè & inique impofuerant , nos fcientes diâam ac^
cufàtionem contra ipfum de Chabannes , odio plufquam aliter faâam:
fuiflè , fibi très oblationes fieri feceramus y quarum prmia erat , fi diâua
de Chabannes aUcubi extra Kegnum noftrum ire vellet » quod nos d&
hoc contenti edèmus, abfque aliter in perfonaro fuam aitentari faciendo >
& fecunda ipfarum oblationum exifteoat , (î ipfe de Chabaimes in noifaro*
magno Conlilio juftitiam fubire , fie in ea fe ponere vellet > quod ei ratio-
nem fieri fàceremus> at^ue in fuis juftificationibus fie defen fionibus audire-
tur y Se tertiahujufinodi oblationum talis fuerat > quod fi didus de Chaban-
nesin diâa noffara Parlamenti Curia venireprxdiligebat > nos contenti era*
mus , quod in eâ ratio fibi fieret. Quam ultimam oblationem idem de
Chabannes , in bona iuftitia ejufdem Curûc noftrx fe omnino confidens»^
acceptaverat , fie paul6 poft Parifius perfonaliter venerat » fif de diâîs
crimmibus fibi impofitis purum fie innocentem fe fentiens , in Concier^
geria Palatii nomi P^hus fe prifonetium reddiderat , quem expoft
iam diâus de Meleduno in Caftro de Liq>ara y pro de itto ad fuum Libi^
tum magis faciendo > ubi ipfe fpatio duorum annorum , vd circa > de-
tentus fuerat prifonerium , mandpari Se conftitui ^^ fie ibidem plurâ>us r
fie iteratis vicibus , ac diverfis temi>oris intervalUs » intcrrogari fecc-
rat, confeffione eu jus de Chabannes in fcriptis redaûa , ac proce(fii ex-
traordinario contra cum fado , farpedidus de Meleduno > maxima im-
portunitate fie afFedione inordinata , adeè follicitaverat , quod in dida*
Curia noftra , cum in ea de materia didi procefius loquebatur prsfen*
tcm e£fè pluries fe ingefièrat , fie pendente hujufmodi procefiu , Litteras
miflorias quse didse Curi^ noftrac , fie Praefidentibus ac nonnutlis Confi-
liariis ipfius Cutix noftrx dirigebantur pro ipfum procefium , contra
praedidum de Chabannes , Se in fui prxjudicium judicari faciendo ,,
femper tendendo quod corpus Se bona ma confifcata declararentur à no-
bis magna impreffione plunbusfie iteratis vicibus exquifierat fie obtinue*
rat , ac de hoc non contentus , aliquos de Prxfidentibus Se Confiliarii^
didae Curi^e noftrat feparatim fie in locis privatis aliquotiens congrcgari
fecerat 9 quos ibidem qualiter ad didum proceifiim judicandum proce^
Gèrent inquirere nifus > fie eos ad fuum appetitum judicando exhortatus
fuerat ^
DE PHIL. DE COMINES. 339
ftterat , ac eoquod nontudli diâofum Confiliariorum » eidem de Meledu^ .
no , hoc non elle modum fackndi dixeranc &c remonftraveranc , ac dtâas ^
£ux Requefts obcemperarç nolucranc , Licceras miflbrias , per quas ipfe
cofdem Confiliarios valdè injuriâbacur , nobis fcripferat) que quideni
. injiuÛB eranc maxûnè Se valde inhoncftae , ac raies quas dido de Meledu-
no , nequc alicui alio dicere feu proferre non liccbar , de quarum de*
clararione, praediâus de Chabannes, ob honorem prxdidbas Curks noftrx
& no^trorum in eaConfiliariocum fe dcHilebar , fedconrenrus erac de hu-
jurmodi injurias eidem Curias noftrs, fi ei illas fcire placecec dici h*
ciendo. £r ulreriùs diâus de Meleduno adhuc minime contenrus , pras-
'diii5U>s Confiiiarios noftros in noftra indigtiatione ponere , 6c fibi fua Of^
£cia 8c bona amirri facere » nifus fuerar î fed nos de conrrario hujus
•quod ipfe de Meleduno contra eofdem Confiiiarios noftros , & ad eoruai
onus nobis inrelligi dederar débité informati , fibi credere nolueramus ,
quodque procedendo în diâo proceUîi eadem Curia noAra vericarem
criminum praefaro de Chabaiines impofitorum » atringere valdè cupiens,
menioracum Reginaldum de Drefnay milirem în villa d' Aft , in Comitatu
de Piémont coinmorancem examinari inter cetera appun<SUverat5& ad id
fiendum diledum fidelem noftrum magiftrumMartinum Iklle£aye in ipfii
Curia noftra Confiliarium conunifi:rat & depuraverac , qui erga nos fe
transferens , diâum appunâamentum nobis recitaverar , unde contenti
fueramus , & eumdem Confiliarium noftrum de in diâ:a villa d'Aft eun^
do ooieraveramus , ac eo quod ipfe fuper longitudine itineris feu viagii
& aliter proue voluerot fe excufaverar, diledum & fidelem noftrum Con^
filiarium magiftrumPetnimDoriole deprsdidum de Drefnay exaininan-
do commiferamus & depucaveramus , qui ipfum de Dtefnay Domino de
Calvomonte Se aliis prefentibus examinaverac & fuam depofitionem lA
fcripris redegerat , ac eam daufam Se figillatam nobis miferac , quam
nos predido de Meleduno in villa noftra Parifienfi exiftenti , & ^pra^
diâum proceflum conrra jam diâum de Chabannes foUicitanti pro illam
erga diétam Curiam noftram ponendo Se diâo proceffiii > prout ipfa Cu-
ria noftra ordinaverat jungendo incontinenti miferamus. Qui quidem
de Meleduno diâa depofitione per eum aperta. Se vifa eam apud diâam
Curiam noftram > ponere noluerac » fed illam abfque diâac Curûe noftra
quidquam dicendo neque fcire faciendo > erga fe retinuerat , Se expoft
Judiaum jam diâi procefius , maxima importunitate profecutus fuerat ,
eidem Curias no&ix hujufmodi procefiumin ftatu judicandi eÛe ,& quod
diâus Procurator nofter nil aliud dicere neque producere , quàm id quod
inipfoprocefiu erat» volebat affirmando ; ob quod ipfa Curia noftra tune
minime advifara de prsedida depofitione pr^fati deDrefnay,dolo, fraude
& circumventione memorati de Meleduno , qui ku jufmodi depofitionem
tecelaverat , & pênes eamdem Curiam noftram , prout nos fibi pro fupra
diâo appunâamento furniendo mandaveramus , ponere noluerac ad
prxdiâîim proce(^Im^ abfque ipfam depofitionem videndo judicare vo^
lendSh procefièrat » & certo cemj^re ex poft die^ fcilicet vicefima Aii-
gufti , anno millefimo quadringentcfimo fexagefimo tertio pronuncia-
xum fuerat in diâa Curia noftra iuper diâo procefiu çr^edidum Judicium
j^ forsiam Arrefti coocra prtefacum de Chabannes , in grande fui prae jtt«
V V JL dicium
^^^ 340 PREUVES DES MEMOIRES
jjt^i^ dicium & dedecus , ad quod diéhis de Meleduno femper tetenderaf ^
* per quod quidem Judkium fupradiélus raportus per diâum de Chaban-
nés , prsfaco defundbo Domino & progenkore noftro , ad onus noftnim
cùm Delphinus eramus faéhis , perque fupradiéhim magiftrum Adam
Rolanc coram prasfato Cancellario noftro m ancediâo loco fanai Mar-
tini de Cande , fupradiâa' viceHma feptima die menfis Septembris »
Îrsediâo anno i44(>. in fcriptis redaâus, falfus» ac per eumdem de Cha**
annes falfe & caiumniofè & contra vericacem faâus Se adinvencos , &
^ubd canqaam calis in diââ Curia noftrâ publiée lacerarecur , & ulteriùs
3' >re de Chabannes , pro diâx) cafu , criminorus- crimine IxCx Majeftatis
iéhis Se deckratus fiaerac , & infuper continebac ipAim Judicium ,
quod eo quod cafos perfonani noftram principaliter concernebat , &
quod nos mper hoc , per diâsim Curiam noftram advifacl fueramus , ae
mifericordiam & ciemenciam rigori juftitiae: praferre volebamus , nos dic-
to de Chabannes pcmam corporalem remi(eramns & remiccebamus , ex
^uo conftabac hujufmodi Jucucium minime faéhim fuifle in diâa Curiâ
noftrâ , ncque per eam , eo quod ipfam in fuis Arreftis caiibus gratiis ,
nifi in Judiciis & iiiorum pronuntiationibus praefentcs eflcmus , uti non
confueverar -y poftquam gratiam in diâo Judicio declaratam > idem de
Chabannes per ipfum Judicium , i Regno noftro bannitus , & omnia
bona fua mobilia & immobiiia nobis acquitta Se confifcata fucrant »
ac fibi fupradiâa Infula Se Villa Rhodi , pro ibidem fc tenendo St
, fuam maniionem faciendo , abfque inde ufaue ad beneplacitum noftrum
difcedendo , aflignaca & confinata > &!quod de hoc fiendo , ipfe bonam
& fufficientem caurionem rraderec , & prifionem fîrmatam ubi- nobis
placeret , quoufquc didbam cautionem tradidiflct , diâtim & ordina-
lum extitcrat» Paul6 poft eu jus quidem Judicii pronunciationem , prar-
nominatus de Meleduno , diéhim de Chabannes in Bafilida fanai An-
thonii , cujus cuftodiam ipfe de Meleduno pro nobis , faltem pro Do-
mipo de la Borde fuo pâtre , de illa fe Capitaneum dicente habebat ,
prifonerium dici & poni fecerat , Se expoft nos débité certiorati , quod
diâum Judicium , per formam Arrefti , contra eumdem de Chabannes»
& in fui praejudicium datum per diéli de Meleduno , pro ipitus de Cha-
bannes , Se fupraditîbe fuai uxoris bona & hsreditagia habendo impor-
tunitatem , profecutionem , magnam impenHonem , dolum & circunr-
ventionem, faâum & pronunciatum fuerat, atqœ in co error evidens in-
tervenerat fupra diâas noftras patentes Litteras , diâtx Curis noûrx di-
Fedas conccflèramus , per quas eidem Curis noftras mandabamus, ut
prsdiâum de Chabannes ad contenta in diâis noftris Litteris , & om-
nes alias fuas juftificationes , innocentias Se defenfiones fummariè Se
de piano , abfque folemnitates in propofitione erroris requifitas obfer-
vando proponendum , feu proponi & articulari faciendum, & totum id
quod ad hune finem & fîbi bonum vidcretur producendum recipcret ,,
atque eo faâo prasdiâoque proceflu per iplam Curiam noftr^ re-
iîimpto & vifo , ii ei de contemis in eifdem Lineris noftris conftIRc ad
diâi Judicii , &: totius hujus quod medio fupradiâarum circtimventio-
nis , impreftionis , compuUionum , Se aliarum viarum indebirarum fac-
tum foret » correâionem Se reparationem , prout videret faciendumr»
i . , , proccderct
DE PHIL. DE COMINES. 541
procederet illc cum toto eo quodinde fecutum cflct adnulkndo , intcri-
narionem quanim quidem noftrarum Litterarutn , jam diârus de Chaban- * 4 ^ ^
nés , prasdidx Curias noftrae requifierac , quas illas memoraco Procura-
tori noftro oftendi ordinaverat y quibus per eum viCis , ipfe per noftro-
rum Advocatorum deliberationem fupradiâam, cedulam tradideratj
quâ per diâam noftrain Curiam viia , ipfa didtas noftras Licteras cangen*
te forma procedendi interinaverac > ob quod diâus de Chabannes , prs*
fente diûo noftro Procuracore , integrationem earumdem noftrarum
Licterarum , quoad fecundum & principale punâum ipfarum in diâa
Curia noftra expoft iterum requifierac , ac pro ad id perveniendo prac^
miilu in fcriptis > per arciculos tradiderac , ex quibus ipfe peciiilèc Se re-*
quiiîillèc fupradiétum Judicium per fofmam Arrefti pronunciarum per
didUm Cunam noftram , nulium eâè dici Se declarari , faltem iliud
cum toco eo quod inde fecutum fuerat , tanquam fub eo colore ante-'
diâorum pravorum & finiftrorum raportuum , nobis tortionariè 8c in-
debitè » per odiofos & malevolos diâi de Chabannes , bona ipfius Se
fupradiâx fux uxoris habere volentes faâorum , perque eorumdem im-*
porruniilàm Se extraordinariam perfecutionem ac dolum ac fraudem ,
medix> quorum didka noftra Curia circu mven ta & decepta fuerat , fac-
tum & datum revocari & adnullari , eoqae fado , eumdem de Chaban-
nes , à fupradiâis criminibuS' & déliais fibi , per diâos focs odiofos
& malevolos iitipofkis in antedi£fco proceilù extraordinario contra ipfum
de Chabannes , ob hoc faâo pleniàs declaratis , pure Se plenariè abfol-
vi , quittumque & pacificum teneri , un autem in diSto Judicio pef
formam Arrefti , ut prasmitntur dato , errorem de faâso fuiÔè & inter-
vcniflc , necnon ipibrum errorem corrigcndo , fupradiâam depofitio-
nem prxfati* Reginaldi de Drefnay , apud diâam Curiam noftram por
ni , & diâx> procedûi extraordinario jungi , ac compellendos ad id
compelli , Se ipfo proceflurum perfeâus & in ftatu judicandi foret, per
diébm Curiam noftram vifo Se vifitato pra^diâum de Chabannes , à
cli6l:is criminibus Se déliais (ibi impofitis , nonobftante prsdiâo Judi-
cio , iic per formam Arrefti dato > quod diâo cafu cum toto eo quod
inde fecutum fuerat , tanquam per errorem faâi datum y jodicatum Si
pronunciatum adnuliaretur , perpetub abfolvi Se pacificum teneri , Se
m quantum opus eftet , fupraaiâas Litteras noftras , per quas in cafibut
in illis declaratis , in quibus débité cerriorati fueramus Se eramus , jam
diâum Judicium per formam Arrefti pronunciatum , & totum hoc
quod inde fecutum foret , eum toto etiam eo quod medio prsemiflbrum
in eifdem Litteris noftris contentorum faâum eftèt , abfque diâo Ju-
dicio y neque cxteris aliis , quar effedhim ipfarum noftrarum Litterarum
împedire valerent ultum refpeâum habenaoV adnuUaveramus, eidem de
Chabannes in his qux reftant de punâo in pundfcum , juxta fui- formam
9e tenorem integrari , aur quod omnes taies alias requeftae &. conclu-^
iiones ipfi de Chabannes fièrent Se adjudicarentur , prout difcretioni
éiStx Curiac noftras videretur fiendum , proteftando per eum ouod quid-
«uid dixiftèt contra fuam confeflîonem in fupradiûo procemi extraor-
clinario faâ:am venire , neque aliquid quod hujufmodi fux confeflioni
sepugnaret >. feu pncjudicaret dicere , vel in fcriptis tradcre mioimè in*
Vv j tendebati
341 PREUVES DES MEMOIRES
^ tendebat s quibus articulis Se conclufionibus y per inemoratum Procu->
*^ '• ratorem noftrum generalem , ex diâae Curûe noftrse ordinatione vifis»
ipfe quod pnefatus de Chabannes à nobis obtinuerac noftras patentes
Litteras > per ouas diâse Curûe noftr^ tnandabamus , ut ipfa errorem
quem ipfe de Cnabannes in Ârrefto contra eum dato interveniflè dice*-
bat i corrigeret , hujufmodique Arreftum aduullaret , & de impreilîo*
nibus , de quibus in diAis Litteris noftris fiebat mentio, fe informaret»
ac eumdem de Chabannes ad Tuas jufti&cationes proponendum recipe*-
ret , incegrationem quarum Litterarum diâus de Cnabannes requifie^
rat , & ob hoc , certas memorias in fcriptis tradiderat , per quas correc*-
tionem erroris & diâi Ârrefti adnullacionem , ac eum abiolvi requi*
rebat , qui (i hujufmodi Arreftum corrigeretur , fuas defènfîones expoft
tradere poUèt , & ob hoc idem Procurator nofter y quod non impedie-
bat quin didU Curianoftra procefTum videret , de quo errore & impref-
fîonibus fe informaret , & ad correâtonem errons > û hoc faciendum
videret , procederet. Quo faâo , ipfe eum diâo de Chabannes fupec
fuis juftificationibus procefTurus veniret , dixiHèt ôc proponûflet , eodem
de Chabannes vifo , eo quod diâus Procurator nofter dixerat , quod
pro ad correâionem errons procedendo y Se impreffiones adverando »
diâa Curia noftra proceftum videret , &^ co fado , ipfum de Chaban-
nes ad fuas juftificationes proponendum reciperet , prsefente & requi*
rente y fuper quibus prxmiilîs eadem Curia noftra , quod apud eam dic«
tus de Chabannes fuas memorias y Se fupradiébs noftras patentes Lit*
teras , ac etiam diûus Procurator nofter id quod bonum videretur po*
nerent > quo toto junâo eum proceflu , ipfa Curia noftra fuper correc--
tione erroris , prout videret fîendum) jus raceret » ordinaflèt Se appunc**
tadèt. Tandem vifis per diâam noftram Curiam Parlamenti fupradiâis
Litteris à nobis per memoratum Anthonium de Chabannes , Comitem
de Dompno Martino , vicefimâ prima die menfis Septembris noviflîmè
lapfi obtenus y unà eum antediâis articulis per eum traditis , vifis infu-
per depofitionibus prxfaci Caroii de Meleduno y Se aliorum ex diùst
Curiae noftrac ordinatione examinatorum fuper recelamento fupradiébe
depofitionis antedi&i Reginaldi de Drefnay , per ipfius Curiz noftrâc
appunâamentum & ordinationem examinati y qvix quidem depofitio
pênes eamdem Curiam noftram minime pofita neque tradita , fed eo
3uod ad exonerationem diâi de Chabannes faciebat y recelata fuit ; au-
ito etiam fuper hoc prarfato Procuratore noftro generali , Se vifo fupra*
âiSto proceflu criminali contra ipfum de Chabannes aliàs faûo , fuper
quo didum Arreftum fuit datum Se pronunciatum y ac confideratis om«
nibus in hac parte confiderandis , Se qux Curiam ipfam movere pote*>
tant & debebant , PRi£FATA Curia kostra , per fuum Arreftum oc-
cafione , feu caufa prxdiâi recelamenti jam didbs depofitionis Se aliis
caufis eam moventibus , prsdiftum Arreftum y fupadiââ Vicefima die
menfis Augufti , praediâo anno 14^3. prolatum, adnuUavit & adnullat»
eamdemque depofitionem pntdiâi de Drefnay , fi reperiri valeat penès
ipùita Curiam poni , & acl id fiendum illos quos decebit omnibus viis
Se Inodis debitis com]>elli , & cafu quo hujufmodi depofitio reperiri non
poterit , diâ;um Reginaldum de Drefnay expenfis iilius quem decebit
per
' DE PHIL. DE COMINES 343
pcr certos à diûâ Curia noftra commicrendos de novo examinari , & co
hiGto^ didam deponcionem procédai jungendo ordinavlc ôc ordinat, 14(^1»
necnon prsfatum Anthonium de Chabannes ad fuas juftificaciones Se de-
fenfiones proponendum, ac diâum Procuracorem noftrum, ad id cjuod bo-
Dumiîbi vifum fueric in contrarium dicendum admiiîc & admitcic, ac
eifdem parcibus ipfis audiris jus faciec , manum noftram , & omne aliud
itnpedimenrum in perfona &c bonis diâi Anthonii de Ctûtbannes , occa-
£one diâiproce(rusappoficam& appofîmm , quo ufque partibus auditis »
aliter fueric ordinatum , ieyando &: adnullando , pronunciacum decims
renia Augufti> anno Domini miilefimo qoadringcnceftmo Texagefimo
V IK
1^7 Du tnntù'anîcmc Regiftre Criminel du Parlementa
Du VendreJy quinzième Juillet 14^8. au Coii(éil à huis dot.
LE Procureur General du Roy dit > que le G>mte de Dampmartin a Tiré de»
obtenu du Roy Tes Lettres patentes, par lerquelies il mande à la ï^ccucilsdc
Cour, qu'elle corrige l'erreur que ledit Comte dit eftre intervenu en TAr- ^' i^^^
reft qui a efté donné contre luy , & adnulle ledit Arrcft , & s'informe ""
des impreflions dont eft fait mention efdites Lettres , & reçoive ledit
Comte à fes juftifiçations *, Tentherinement defquelles Lettres iceluy
Comte a requis , & à cette fin a baillé par cfcrit certains mémoires , par
kfquels il requiert la correâiorî de Terreur , l'annullement dùdit Arreft,
& qu'il foit abfous. Or dit, que fi ledit Arreft eft corrigé, ledit Comte
£(ra après tout à temps de baUler fes juftifications y & pour ce dit feule-
ment le Procureur du Roy , qu'il n'cmpcfche que la Cour ne voye le
procès , & s'informe de Terreur ic àts impreffions , & qu'elle ne procède
a la corredion de Terreur, fi elle voit que faire fe doive, & ce fait il vien-
dra procéder avec ledit Comte fur fes juftifications.
Boucher pour ledit Comte requiert, veu que le Procureur du Roy a
dît Que la Cour voye le procès , pour procéder à la corredion A^ Terreur
& aaverer les impreflions , &c ce fait , le ^reçoive à (ts juftifications.
Appointé eft que ledit Comte mettra devers laCour fes Lettres Royaux
& mémoires , & auflii le Procureur du Ro)r ce que bon luy femblera , Se
tout joint avec ledit procès , ladite Cour fera dcoit fur la correâûon de
Terreur > ainfi qu'elle verra eftre i faire.^
VIL
A3€ de Vhomtna^ lige fait au Roy Louys XL par te Duc de Sourgogng^
des Duché de Bourgogne , Comte[ de Flandres , d'Artois
& autres qu'il tenoit de la Couronne^
A Saint Thierry lez-Reims te 17. Ao&c r4^r. Tiré de TE-
LO YS , par la grâce de Dieu , Roy de France , i nos amés Se feaulx, 14^ Codc-
gens de nos Comptes & Trefoners , aux Baillifs de Vermandois , froy,T. IV.
de Vitry Se de Chaumont, i nos Procureurs & Receveurs efdits baillia- pag. 16 1.
ges
34* PREUVES DES MEMOIRES
~ Yi^ gcs , & à tous nos autres Jufticiers, ou i leurs Lieurenans , Salut & dî-
* îeâion : Sçavôir faifons que noftrc très-cher & très amé Oncle & Coufin
le Duc de Bourgogne nous a aujourd'hu v fait en nos mains les foy &
hommages liges > <}u il nous eftoit tenu faire pour raifon de fadite Duché
de Boureogne, Pairie & Doyenné des Pairs a icetle appartenant, de la
Comté de Flandres , Pairie d'icelle > & de la Comté d'Artois , 6c gène*
ralement de toutes les autres Terres Se Seigneuries , appartenances &c ap^
pendances d'icelles> qu'il tient de nous Se de noftre Couronne, & ainû
que luy Se Tes predecedeurs l'ont fait le temps pafTé à xk)s prédeceflèurs ,
aufquels foy & hommage nous l'avons receu, fauf noftre droit & Tautruy.
Si vous mandons. Se expreHement enjoignons. Se à chacun de vous , fi
comme à luy appartiendra , que fp , pour caufe defdites fov Se homma^
ge à nous non faits , lefdits Duché de Bourgogne , Comtes de Flandres
Se d'Artois , droits de Pairie , Se autres Terres & Seigneuries de noftre*
dit Oncle Se Coufin , ou aucunes de leurs appartenances & appendan«>
ces avoient efté ou eftoient prifes, faifies, arreftées , ou autrement em-
pêchées , mettez-les ou faites mettre , chacun de vous endroit foy , in-
continent & fans délay , à pleine délivrance y car ainfi nous plaift-il » Se
voulons eftre fait, pourveu toutesvoyes que noftre Oncle Se Coufin bail-
lera par efcrit , fon dénombrement Se adveu defdites chofes dedans
tenips deu , & au'il fera &payera les autres droits Se devoirs , fe aucuns
en (ont pour ce deus , fe faits Se payez ne les ait. Donné à Saint Thierry
lez-Rheims , le dix-feptiéme jour d'Aouft , l'an de grâce mil quatre cens
foixante & un , & de noftre Règne le premier. Ainfi Signé par le Roy ,
Mefièigneurs le Duc de Bourbon , le Comte de Charolois , le Duc de
Cleves , l'Archevefque de Lyon , les Evefques du Liège , de Langres Se
de Toumay , les Comtes d'Eftampcs Se de Dunois , le Seigneur de Croy,
Grand Maiftre d'Hoftel , te Baftard d'Armagnac , le Sieur de Montauban»
Admirai , Meffire Jehao Bureau , Chevalier ^ Treforier de France , Se au-
très prefens.
ColiatiofaSia ejl cum âtteris originatibus exificmibus in thcfauro cartu*
rum domini nojiri Régis pcr nos cuftodcs ac thefaurarios diSi thefauri Die
fccunda Junii anno milUJimo iiij. c. iiij. xx, xix. Signé Louct Se Budc^
^vec paraphes.
Voici les paroles que prononcea le Duc de Bourgogne.
VII*.
■
ÇCy ÇOPPIE des paroles de rhommagefait au Roy Louys XL par
Philippes y Duc dt Bourgogne ^ 1461. •
Tirée da
T. III. des
M
Ducs & jg (Quj igj p^yj qyç je ^iç^s de la noble Couronne de France , & vous
M rAb^ tiens à Seigneur , & vous en promets obéyflance & fervice -, Se non pas
{^ Grand, feulement de celles que je tiens de vous , mais de tous mes autres Pays ,
que je ne tiens point de vous , & d'autant de Seigneurs Se de nobles
hommes ^
DE PHIL.^DE COMINES. ur
liommes , de gens de guerre , & d'autres qui y font , que j*en pourray ^^^7/
traire. Je vous promets faire fervice avec mon propre corps tant que je
vivray, avec auffi quantque je pourray fincr d'or ou d'argent,
VIII.
f^ Lettres Patentes , par le/quelles le Roy nomme EJlienru Petit y pour
lever une taxe fur le Languedoc , pour les frais defon Sacre ,
& autres befoins , 146 1.
A Tous ceux qui ces prefentes Lettres verront, Philippes Chaumeux, -^ "^f ™
Garde du petit Sccl Royal de Montpellier : Salut , Sçavoir faifons, j^^" ^bbé*
que aujourd'huy nous avons tenu , veu & Icu , & regarde diligemment, LcCrani
ic par le Notaire ci-de(Ibus efcrit , fait vifiter , lire & regarder de mot à
mot certaines Lettres patentes du Roy , noftre Seigneur, données à Aven-
nes en Haynault le premier jour de Juillet dernier palK , 14^1 faines
& entières en fcel & efcritures , defquclles la teneur s'enfuit : Loys par
la gface de Dieu , Roy de France , a nos amez bc féaux les Généraux
Confeillers par nous ordonnez fur le fait & gouvernement de toutes nos
finances tant en Lai)guedoil , comme en Languedoc , Salut & diledlioa»
Comme pour fubvenir aux grandes affi^res que avons de prefent, pour
le (ait de noftre advenement & de noftre Sacre , que avons intention de
faire au plaifîr de Dieu , nous foit befoin faire recouvrer argent du fait
de noftredite finance de toutes les parties de noftre Royaume ; ic
foit ainfi que noftredit Pays de Languedoc , foit de longue diftan-
ce des marches de par-deçà , parquoy maiftre Eftienne Petit , lequel s'eft
entremis par ci-devant de la rccepte de nos finances audit Pays de Lan-
guedoc , ne pourroit en fi brief temps , comme befoin nous eft, venir
devers nous pour apporter & fçavoir au vray Teftat de ladite rccepte gé-
nérale, & avecques ce, quant il y voidroit * & difconùnueroit le fait
celle receptc générale pour cette prefente année , en ce qui eft cncom- ^Voudrok^
mencé, le fait de nofdites finances en pourroit eftre grandement retardé , '^,.,^^2**
& y aurions de grands interefts , parquoy foit befoin y donner provifion ^^ J^^
convenable : Sçavoir vous faifons que pour la confiance que nous avons ^^f^^^j^
de la perfonne dudit maiftre Eftienne Petit , & icelluy avons commis &
ordonné, commettons & ordonnons par ces prefentes a recevoir à noftre-
dit Pays de Languedoc, tous les deniers qui nous y font, 8c peuvent &
pourront eftre deus , tant du temps pafle , comme de ce qui eft efcliea
de cette prefente année au jour du trefpas de noftre très-cher Seigneur &'
père, aue Dieu abfolve , 8c qui efchoyra jufques à la fin d'icelle , tant à
caufe du fait de l'ayde & oftroy dernier /ait, & mis fus audit pays,
dont aucuns des termes font efcheus , & les autres font à efchoir , comme
de l'équivalent , greniers & autres de notre finance , pour d'iceux difpo-
fer ainfi que ordonnerons , & avec ce luy avons donné &. donnons pou-
voir avec traitté , ccmimiflîon & mandement efpecial de faire ou faire
faire Jes contraintes neccflàires à faire , pour recouvrer & recueillir lefait
de no£dites finances , en la forme Se manière que fait a efté par ci-de^
yant , & comme pour nos propres debtes : Si vous mandons par refdites
Tome If. X^ prefentci
34«. PREUVES DES MEMOIRES
prcfcntcs que ledit maiftre Petit vous faites , foutfrez & laiflez jouît 8C
ufer pleinement & paifiblement > ledit temps durant de noftrcdite com-
miffion, en luy fai(ant obéyr es chofes dépendantes d'icelle y & pour ccr
au'on en pourra avoir affaire en plufieurs lieux, voulons que au vidimus^
e CCS prefentcs , fait fous Scel Royal , ou authentique , foit adjoutée*
pleine foy comme ices prefentes. Donne à Avennes en Haynault le pre*
micr (i) jour de Juillet , Tan de crace mil quatre cens foixante & un ,
& de noftre Règne le premier, fous noftre Scel Secret en Tabfence du
grand. Par le Roy , TArchevefque de Bourges , l'Admirai , les Sires de
Crouy & de Baugy , & maiftre Jehan de Bar , Jehan Baillet , & autres
prefens. M. Baraois. En tefmoin de laquelle vifion , tencion &c perlée-
tion , nous avons fcellé ce prefent vidimus , ou tranfcrit dudit petit Scel».
le vingtième jour d* Aouft , Tan mil quatre cens foixante &c un.
Collation a efté faiâ:e avec les Lettres originales cy-deilûs incorporées;
par moy.
IX.
i^ Abolinon donnée par Louys Xï. à cous les Officiers du Duc
de Bourgogne.
T O YS y par la grâce de Dieu , Roy de France : Sçavoir faifons à tous:
Tîrfe par
M. TAbbé JLj prefens & à venir , que comfce de la part de noftre trè A:her Se très-
Le Gr^i amé Oncle le Duc de Bourgogne , nous ait efté expofé que à Toccafion &
duRcgiltre p^^. |ç moyen de plufieurs rapports, fauflement faits à fa chargea feu nof-
Charter très-cher Seigneur & père , que Dieu abfolve , plufieurs grandes y aigres^
Aftc 30^. ^ rigciureufes pourfuites avent efté faites & tenues alencontre de luy Se
de (es fujets , tant fous omore de Juftice , comme autrement v à quoy il
a refîfté Se obvié par les plus doux moyens qu'il a peu Se fceu , fans' ef-
clandre : mais ce nonobfbant Ton a iinpofe aux OfSciers de noftredic
Oncle, que par fon ordonnance >«& aufu de leur authorité ils ont défo-»
béy a la Cour de Parlement & aux Officiers d'iceluy cher Seigneur &:
pere , en contemnant les Arrefts de noftredite Cour , en défobcyflànt 1
iceux , & par ce encourans en grandes peines \ Se d'autre part à Toccafion
defdits differens , ayent efté commis par aucuns Officiers > ferviteurs Se
fujets de noftredit Oncle , plufieurs excès Se délits , prinfes & tranfports
des perfonnes de noflre Royaume en TEmpirc , Se pour lefqilels ils ont
efté , font , ou pourroient eftre pourfuis en rigueur de JufUce , fe noffa'C-
grâce n'eftoit fur ce impartie; de laquelle noftredit Onelenousafait fup-
plier ^ que fefdits ferviteurs Se fubjers puifïènt déformais vivre en paix ,.
& demourer paifibles fous luy; pourquoy nous, ces chofes confîderées ,,
voulans en contemplation de noftredit Oncle, traiter fes^fubjets en toutc^
fkveur , i iceux Officiers Se fubjets de noftredit Oncle , tant Capitaines^
&
(1) 1^ 11 y a fautd"dan$ cette datte ,
vlùfque Charles VII. ne mourut que le 11.
JniJlec^ Louis fon fils n'en fçeut la nou-
Ydlequele 14. à Genep. De-làil fe rendit
àMaobeugc oii il étoit encore le 17. du
même mois j & cnfuitc il fe rendit à Aven»
nés. Ainfî la datte doit être , ou le dernier
Juillet , ou le prcniicr jour d'Août. Le qua^
rriéme de ce dernier mois il étoit encore ie
Avenues
I
OË^HIL. DE COMIlsrESr. 547
9c autres » qui Tout fcrvy , comme auffi tous autres fes fubjcts ^ de quel- ^^^f
qu'eftat ou condition qu'ils foicnt , avons remis ôc pardonné , & aboly , ^
remettons, pardonnons & aboli0bns de grâce efpeciale , pleine puiflan-
ce & authonté Royale ^ par ces prefentes , tous maux , dommages » cri-
mes, dérobévllances , tranfports desperfonnes de noftre Royaume en
l'Empire ^ délits & excès par eux & chacun d'eux commis &pefpetrez en
noftredit Royaume, & dehors, contre nous , &c fur nos Omciers & fub-
jets , ou qui par nous ont fervy , tant par voy e de fait , comme autre-
ment depuis le Traiâé de paix fait à Atras ju(ques aujourd'huy , Se vou-
lons que tous procès, a6kes , caufes meucs 8c pendantes pardevant tous '*'^"
Ju^es quelconques, enfemble tous appeaux, bânni^mens , déclarations de
peines & de mulccs > & tout ce qui en eft cnfuy , foient mis , & nous
mefme les mettons par ces prefentes , du tout au néant > fans amende
tant au regard des parties , comme de noftre Procureur , & fur ce impo-
fons filence i noftre Procureur Se i tous autres. Si donnons en mande-
ment par ces mefmes prefentes à* nos amez & féaux les Gens tenans, &
3ui tiendront noftre prochain Parlement à Paris , au Bailly de Vcrmàn-
ois, de Sens, de Vitry , de Chaumont Se de Mafcon, & Sencfchal dfe
lyon, & à tous autres Jufticiersprefcns & avenir, & à chacun d'eux, fi,
comme à luy appartiendra , que de noftre prefente grâce, remiflton Se
pardon , Se abolition , fafient , fouffrent & laiflènt lefdits Officiers, fer-
viteurs-& fujets de noftredit Oncle , jouïr & ufer, & par la manieremie
dit eft , jouïr pleinement Se paifiblement , fans leur faire , ne foufrrir
«ftre fait en corps ne en biens en aucune manière. Et afin que ce foit
<hofe ferme & ftable à tousjoucs , nous avons fait mettre noftre Scel i
•ces prefentes , fauf en autres chofes noftre droit , Se Tautruy en toutes.
Donné à Tours au mdis d'Odkobre, Tan de grâce mil quatre cens foixan-
fe & un , & de noftre Règne le premier. Ainfi Signé , Par le Roy à la rela-
tion du Confeil. J. CafteL f^a , Conttntor ^ Signe ^ Chaligauc»
^Cr jéhoiluon donnée par le Roy Lot^s XL à Mtjjpre Jean , Du^
d'Alençen » Pair de France , condamne pour crime de U\e^MajefH j
par Arrefi de fan 1458^ dattledu lu Oaohre 146U avec Vamplia^
tion du mois de Décembre Van 146 z- fur ce que Von calomnioit Us
premiers Chrétiens. Tîrë pat
M. l'Abbé
LO YS , par la grâce de Dieu , Roy de France ^ Comme par nos Le Grand
Lettres patentes , & pour les caufes contenues en icelles de noftre ^" Volume
certaine fcience , pleine puiflance Se authorité Royale , ayons remis Se *J^' °^
reftitué noftre très-cher & très-amé Coufin le Duc d'Alençon , en tous ^^ ^
fes droits, dignités, biens , Terres & Seigneuries quelconques, pour en ^j^^ l y^^
I'ouïr par luy Se les fiens , comme il faifoit paravant l'appointement à & du Re-
uy donné, & les procès & arreftenfuivis à l'cncontre de luy, comme par giftrc 198,
nofdites Lettres , publiées & enregiftrées en noftre Cour de Parlement &: du Trcfor
Chambre des Comptes peut apparoir , 'dont l'en dit la teneur eftre telle : ^^^^'^^
L o Y s , par la grâce de Dieu , Roy de France ^ Comme du vivant de feu ^^ ^•'
Xx 1 noftre
34* PREUVES DES MEMOIRES
I4<îi. noftre très-cher Seigneur & père , que Dieu abfolve , noftre très-cher tc
tcès-amé Coufîa Jean» Duc d'Alençon y eut efté chargé d'avoir conduit
& mené , & fait conduire & mener pluûeurs traitez & appointemens
avec nos anciens ennemis les Anglois > & d'avoir envoyé pour ce faire
en Angleterre & ailleurs , ou partys defdics Anglois , pluiieurs meflàges
fans le congé & licence de noftredit feu Seigneur & père , au moyen
defquelles charges , & par le procès fur ce fait à Vendofme , en la pre-
fence de noftredit feu Seigneur & père , en fa Cour, garnie de Pairs &
autres à ce appeliez , fe loit enfuit certain Arreft ou Sentence donnée
audit lieu de Vendofme contre noftredit Coufin d*Alen<fon y le dixième
jour d'Oâobre Tan 1458. par laquelle Sentence ou Arreft y eut efté dit
& déclaré icelluy noftre Coufîn, eftre crimineux de leze-Majefté» &
comme tel , eftre privé & débouté de l'honneur & dignité de Pairie de
France , & avec fes dignités & prérogatives , & déclaré avoir confifqué
corps & biens , fauf toutes voves & refervés à noftredit feu Seigneur &
père , de faire & ordonner mr le tout à fon bon plaiHr , que tel fut \
c'eft à fçavoir que au regard de la perfonne de noftredit Coufin , Texe-
cution rut différée jufques au bon plaifir de noflredir Seigpeur & père >
& au regard des biens, que les meubles demoureroienc a la femme &:
enfans de noftredit Cou Cn, Supplians » refervez les artilleries , harnois
& autres habillemens de guerre > & au regard cfes biens immeubles , re-
ferva à luy les Villes , Chafteaux & Chaftellenies d'Alençon , Danfront
& de Verneuil , tant deçà que de-là la Rivière d'Eure, & lefquelles , dès-
lors il unit & incorpora au patrimoine & domaine de la Couronne y
& avec ce retint le furplus de ce qui eftoit du Duché d'Alençon , fe^
circonftances & dépendances, & auflî les Chaftel &: Chaftellenie de
Samblençay , avec les Pays de Tours , pour en difpofer à fon bon plai-
fir \ & femblablement referva à luy les foys & hommages , droits , de-
voirs & reconnnoifïances qui eftoient à noftredit Coufîn , Suppliant > »
caufe de la Comté du Perche , fur & pour raifon des Terres & Seigneu-
ries de Nogent-le-Rotrou , fes appanenances & dépendances , & autres
Terres appartenantes à noftre très-cher & amé Counn le Comte du Maine
à caufe de noftre trè&chere & très-amée Coufîae , fa femme ; Se délaifïe
aufdits enfans d'Alençon 5 c'eft à fçavoir à noftre très-cher (Se amé Coufîn,
René d'Alençon , la Comté, Terre & Seigneurie du Perche , pour en jouïr
par luy & {^% hoirs maflcs , defcendans de fon corps en loyal mariage >
& fans aucune dignité de prérogative de Pairie -, & le furplus des autres
Terres & Seigneuries , aux enfans de noftredit Coufin , Supplians , tant
mafles que femelles , le tout félon la forme plus à contenue audit
Arreft; au moyen de laquelle refervation , noftre-dit Coufin foit demou-
ré prifonnier au Chaftel de Loches jufques au trefpas de noftredit trè$-
cher Seigneur & père , depuis lequel trefpas , de la part de noftredit
Coufin d'Alençon nous ait efté fupplié & requis très-humblement qu'il
BOUS pleuft de noftre grâce avoir reeard & confideration à l'eftat de fa
perfonne & à fon cas , i^^ circonftances & dépendances , & que de
tout ce dont on luy a donné charge , ne s'en eft aucune chofe enfuit par
effeâ , ainçois eftoit comme chofe impoffible , & avec ce aux grands &
notables fervices , que luy & fes predeceflèurs avoicnt fait à nous & aur
* noftres »
DE PHIL. DE COMINES 349
iioftres ) & par long-cems en plufieurs & diverfes manières ; & entre les ^
autxes comme Charles » lors Comte d'Alençon , fon grand ayeul , & feul ^ *
frère du Roy de France , pour la detfenfe du Roy & du Royaume , alla
de vie à deceds à la bataille de Crecy , & après luy le Comte Pierre d'A*
lençon , fon fils , fut en oftage en Angleterre pour le Roy Jehan ( que
Dieu abfolve) & s'en délivra à (es propres coûts & defpens , en quoy
froya la fomme de foixante mille vieils cfcus d'or & plus ; & depuis fer-
vy continuellement & vaillamment le Roy & le Royaume , en fut bleffé
de fon corps , dont par traiâ: de temps s'enfuivit la mort , après lequel
feu noftre Coufin le Duc d'Alençon , pour la defFence d'icelluy Royau-
me t alla de vie à déceds d la bataille d'Agincourt , délaidë noftredit Cou-
fin Suppliant de bien jeune âge Se mineur d'ans , &c lequel , depuis iceluy
fon âge, & tout le temps de la vie , a fervy continuellement noftredit feu
Seigneur & père , Se nous , fans y efpargner corps ne biens , & en la
bataille de Verneuil fut trouve entre les morts,& pris prifonnier par nof*
dits ennemis , & pour foy racheter paya la fomme de trois cens mille
cfcus d or , en quoy luy convint employer tous fes meubles & vendre
Srand partie de Ion héritage , jufques à la valeur de quinze mille livres
e rente, ou plus , dont il n'a eu aucune recompenfe , après laquelle dé-
livrance perfcvera continuellement audit fervice, tant au voyage du Sa-
cre & Couronnement de noftredit feu Seigneur Se père, comme avec
fes armées , pour refifter à Ces adverfaires & defFendre noftredit Royau-
me i & fut , & a cfté privé & débouté par l'efpace de trente ans & plus ,
defdites Duché d'Alençon & Comté du Perche, Se d'autres plufieurs Ces
Terres & Seigneuries , qui ont efté détenues & occupées par nofdits an-
ciens ennemis durant le temps de la guerre. Se jufques a la réduction
de nos Pays & Duché de Normandie -, en nous fuppliant très-humble-
ment qu'il nous pleuft de noftre grâce avoir plus de regard aux fervices >
tant de luy , que de Ces predeceltèurs , que aux charges à luy impofées ,
■qui n'ont forty aucun effeû, affirmant par la foy & ferment de fon
corps , & fur le damnement de fon ame, qu'il ne euft oncqucs mauvaifc
volonté ou intention contre la perfonne de noftre feu Seigneur Se père ,
ne en fon préjudice , mais l'entendoit à faire à autres fins, qu'il reputoit
eftre bonnes Se raifonnables ; & que i l'encontre de ladite Sentence Se
Arreft , & l'effet d'iceluy , il nous plaife luy impartir noftre grâce , at-
tendu .mefmement le long>temps qu'il a efté détenu en prifon, 8e les
grandes pauvretés & mifere que luy , fa femme Se enfans ont patiem-
ment endurées & fouffertes pendant ledit temps s fçavoir faifons , que
nous , ces chofes confiderées Se acertenés des grands, notables Se raf^
tueux * fervices fufdits& plufieurs autres faits par luy & fes prédécefleurs ^ VMfiMux^
Se i noftredit Royaume , efperons que luy , fes enfans & fuccefleurs ren- Jc crois
dront ânous & à la chofe publique de noftredit Royaume , Se pourcertaî- qa'on dok
nés autres juftes caufesôc confédérations , que raifonnablement peu vent Hrc/rw-
& doivent mbuvoir à ce noftre Royale Majefté , Se que aucun dom- '^***
mage ou inconvénient ne s'eft enfuit, à caufe des chofes deffiifdites i
à nous, noftredit Royaume , ne à la chofe publique d'iceluy, & auffi
?[ue en contemplation de noftre très-cher Se trës-amc Frère , charles de
rance > Se auffi de nos très-chers & très amez Oncles & Coufins Se Pairs
Xx 3 de
__^ 3îO PREtrVÊS DES MEMOIRES
^ ^ de France , les Ducs d'Orléans , de Bourgogne & de Bourbon , & dt
^ ' pluûeurs Pairs d'Eglife , & auflî des Comtes d'Angouiefme , de Charo-
lois , de Nevers , d'Eu , de la Marche , de fainâ Pol , de Vcndofme,
de Dunoys & de Laval , & de plufieurs autres Prélats , Comtes & Ba-
rons , & autres nobles perfonncs de noftre Royaume en très-grand nom-
bre, qui de ce nous ont requis & fupplié, iceluy noftre Coufin fup-
pliant de noftre grâce efpeciale , pleine puiflànce & autorité Royale ,
ôc à noftre nouvel advénement à noftre Royaume & Couronne , eue
fur ce grande & meure délibération avec les Gens de noftre Grand Con-
feil , lefquels > pour ce , avons fait adembler en grand nombre , avons
mis ôc mettons par ces Prefcntes à pleine délivrance de fa perfonne , Se
en fa liberté , rranchife & libéral arbitre ; & l'avons reftitué , remis &
rétablis » remettons , reftituons & retabliUbns , par ces Préfentes , en
fadite Duché d'Âlençon & en tous fes droits > honneurs , prééminences »
prérogatives , dignitez & droits de Pairie par luy , ks Hoirs & Succef-
leurs ', & luy avons rendu & reftitué , rendons & reftituons fadite Du-
ché d'Alençon avec tous & chacuns (es biens. Terres & Seigneuries Se
hommages , tout ainiî & félon la forme Se manière qu'il les avoir , pof-
fedoit Se jouiftbit pardevant , avant lefdits Procès & Sentence , Se non*
obftant iceux , & en tant que par lefdites Sentences Se Arrefts , les cho-
fes deffufdites ou aucunes d'icelles , auroient efté unies Se incorporées
au Patrimoine & Domaine de noftre Couronne , nous les en avons fépa-
rées Se féparons par ces Prefentes , Se les remettons Se réunifions au Do-
maine de noftredit CouCn , tout ainfi que paravant eftoient *, & avons
voidu & voulons qu'il & fes Hoirs & Succellèurs en jouiflcnt pleine-
ment & paifiblement , & l'en avons réunis & remettons en poflcflîon
& faifine par la tradition de ces Préfentes , fans autre provifion , minif-
cere ou folemnité garder ; & fur ce avons impofé Se impofons (Ilence
perpétuel à nos Procureurs préfens Se à venir. Se à tous autres. Si don-
nons en mandement à nos amez & féaux les Gens de noftre Parlement »
de nos Efchiquiers de Normandie , & de nos Comtés , à tous nos
Lieutenans & Chefs de guerre , Baillifs , Sencfchaux , Prevofts & autres
Jufticiers & Officiers , ou à leurs Lieutenans préfens Se à venir , que de
noftre préfcnte grâce , délivrance, rétablillcment , reftitutions, volon-
té , ils failcnt , fouffrent & laiflènt iceluy noftre Coufin & Ces Héritiers
Se Ayans-caufe , jouir & ufer au temps avenir pleinement & paifible-
ment , fans faire ne fouffrir aucune chofe eftre faite , attemptée ou inno-
vée au contraire , nonobftant que lefdites Duchés d'Alençon & autres
Terres & Seigneuries ou partie d'icelles , eufïènt efté par ladite Sentence
unies & incorporées à noftredite Couronne , ordonnances , prohibi-
tions ou défenfcs de non alliener noftre Domaine & aurres quelcon-
ques •, & afin que ce foit chofe ferme & établie à tousjours , nous
avons fait mettre noftre féel i ces Préfentes, fauf en^ aurres noftre
droit & l'autrui en toutes. Donné à Tours , le onzième jour d'Oûobre ,
l'an de grâce , mil quarrc cens foixante & un , & de noftre rogne , le
premier , ainfi figné. Par le Roy en fon Grand Confeil : auquel Monficur
Charles de France , Monfieur le Duc de Bourbon , Meflîcurs les Com-
tçç d'Armignac, de la Marche > Se de Yçndofmç , vous le Comte de
Danois ,
DE PHIL. DE COMINES. jp
Dunoys , rArchevcfquc de Bourges , TEveCque d'Agdc , le Sire de T^6u
Moncauban , Admirai , les (leurs de Thouars & de la Tour en Auver-
gne > Decaiiïbl » du Lau &c de Beauvoir ^ Monfieur Jean Dauver , pre-
mier Préfident de Touloufe ; Jean Bailler , & George Havart y Mefiîeursf
dàs Requeftes , Eftienne Chevalier , Trcforier & autres plufîeurs eftoient*
Jean Bourré > Se es parties du bas de la marge defdites Lettres , eftoir
efcritcequi enfuit, f^ifa , Contcntor Chali^ant. EtSmefmementau do»
defdites Lettres de£Ris tranfcrites eftoit efcnf ce que s'enfuit» Lccla^pu^
blicata & rcgifirata in Curiâ Parlamenti Parijius y viccjîmdnonâdicmen'
Jîs Martii , anno Domini milUjimo aiiadragcnujimo fexagejîmo primo
antc Pafca^ Ainfi fîgné , Halligret. Similiter, Le3a , publicata & rcgifirata
inCamera Compotorum Domini nojlri Régis Parifîus y die pcnultima diHd
menjis Martii , anno quo fuprà. Ainfi (ïgnc Jean de Badomlier» Lef*
quelles nos Lettres de^fus tranfcrites > aucuns non advertis de noftre
intention pourroient calomnier , & eux efforcer de les impugner & dé-
battre > à Toccaiton de ce que par icelles , noftre CouCn eft feulement
reftitué en it% Dignités , Nobleflès > Prérogatives , Prééminences , Droits y
Terres & Seigneuries , en Teftat ^u'il eltoit au temps & alors defdits
Procès & Arrdl , fans faire mention du temps précèdent , ne des eau-
fes, fous ombre & au moyen defquelles av oient efté faits &eftoient en-
fuite Jefdits Procès & Arreft , & auflî que en icelles nos Lettres ne font
expreflemcnt & nommément déclarées & fpécifiées , toutes & chacunes
les Terres , Seigneuries & Hommages , & autres droits appartepants à
noftredit Coufin , ne aucunes refervations exprimées , que noftredit feu
Seigneur & père avoir faites touchant aucuns Hommages, Terres & Sei-
gneuries, pour endifpofer àfonplaifir & volonté, & de ce que de-
Îuis s'en cftoit enfuivi -, & par ces moyens feroient & pourroient nof-
ites Lettres demeurer en doubte & en difficulté , & noftredit Coufïn
cftre molette & travaillé par Procès & autrement , en fefdites Terres y
Foy & Hommages , & autres droits ; & fe fur les chofes deflufdites ^
noftre volonté & intention n'eftoit déclarée ; fçavoir faifons , que nous
voulans ladite reftitution faite à noftredit Counn , avoir & fortir entiè-
rement fon plain effet en tous fes Droits, Terres & Seigneuries, Fiefs
& hommages y fans limitation , ne reftriâion aucune , & l'interpréta*
tion d'icellc , eftre largement & amplement entendue félon noftre. in-
tention & volonté, tant pour confideration descaufes contenues en nof-
dites Lettres que autres à nous connues & notoires , & qui à ce raifonna-
blement nous ont meu & meuvent ; avons voulu & déclaré , voulons &^
déclarons par ces Préfentes noftre intention & volonté avoir efté & eftre
que noftredit Coufin d'Alençon , ait efté & foit entièrement & du tout
reftitué & remis en fon entier , & en tous & chacuns fes Droits , Ter-
res , Seigneuries. , Foy & Hommages , honneurs , dignités , préémi-
nences & prérogatives, & autres chofes quelconques, pour en jouir
par luy & les hoirs , en la forme & manière qull faifoit paravant ces
cas , es moyens defquels les Procès & Arrefts ne fuflcnt advenus ; &-
SSt PREUVES DES MEMOIRES
-• — - — dites Lettres de reftitution , lefquels y voulons cftre comprins & cn-
1401. fçndus, nonobftant les ^rcfcrvations contenues audit Arreft, dons ou
difpontions que en auroit fait noftre feu Seicneur & père , que ne vou-
lons nuire ne prcjudicier à noftredit Coufin a Alençon , ne à ladite refti-
tution & d'abondant > en tant que mcftier feroit à nous de noftre certai-
ne fcience , pleine puidance 6c autorité Royale » remis » reftitué & rein-
tegré , remettons , reftituons & réintégrons noftredit CouCn d* Alençon
généralement Ôc fans exception ne reftriâion quelconque , en tous Tes
Droits , Terres , Seigneuries , Foy & Hommages , ainfî ôc par la forme
& manière qu'il eftoit &c en jouiubit paravant ces cas , fous ombre 6c
occasion def quels fe feroient 6c font enfuit lefdits Procès 6c Arreft > 6c
nonobftant que lefdits Droits , Terres & Seigneuries , Foy & Homma-
ges y 6c les dons , ceffions & tranfports faits par noftredit feu Seigneur
& père , i^e foient expreflcment déclarés 6c nommés en ces Préfentes.
Si donnons en mandement à nos amez & féaux Confeillers les Gens te-
nans 6c qui tiendront noftre Parlement , de nos Comptes 6c Treforiers
â Paris , 6c à tous nos autres Jufticiers & Officiers qu'il appartiendra »
ou à leurs Lieutenans 6c à chaoun d'eux , que rejettiez les dimcultés def-
fusdites 6c autres objeâionsou allégations , que on voudroit propofcr
contre nofdites Lettres de reftitution , ils & chacun d'eux , (i comme i
luy appartiendra, fouffreht 6c laiftent jouir 6c ufer noftredit Coufîn d'A-
lençon 6c fes héritiers de nofdites Lettres de reftitution , grâce , décla-
ration 9 conceflîon & oftrov , nonobftant les obmiflîons 6c chofes def-
fufdites , & tout ain(î qne a elles euftènt efté nommément exprimées 6c
déclarées en nofdites Lettres , fans mettre , ne donner, ne fouffrir eftrc
mis ou donné à noftredit Coudn 6c à fes hoirs , aucune contredite ou
empêchement 5 & quant à ce , impofons filence perpétuel à noftre Pro-
cureur General 6c à tous autres •, & afin que ce (oit chofe ferme 6c éta-
blie à tousjours , nous avons fait mettre noftre féel à ces Préfentes. Don*
né à Tours au mois de Décembre , l'an de grâce 14^1. & de noftre règne
le fécond : ainfi fignc fur le repli , Par le Roy , le Comte de Sancere >
TAdmiral , le Sire du Lau , Meflîre Jean de Bar , Chevalier général ^
U Sire dç Bçauyoir 6c autrçs préfens , le Prevoft^ ^j/2r,
^ÇCT Promejfc de Jean , Duc d^ Alençon , Comte du Perche , d^obferver dt
point en point les conditions contenues en la grâce ^ que le Roy luy a
faite , fur V Arreft contre luy donné à Vendofme.
Tiré par T E AN , Duc d* Alençon , Pair de France, Comte du Perche , Vicomte
M. TAbbé J jç Beaumont & Seigneur de la Guerche : A touçceux quicesprefentes
Le Grand Lettres verront, falut : Comme de la grâce de noftre très-redouté, Mon-
ine Volume ^^^8"^^"^ ^^ ^^^7 > ^ ^^Y ^ I?^^^ "^"^ remetrre , reftituer 6c reftablir en nos
des Ducs & <lroits , honneurs , prééminences , prérogatives 6c droits de Pairie , pour
Pairs de nous , nos hoirs & fuccefleurs, & nous rendre & reftituer tous & cha-
France, n. cuns nos biens. Terres & Seigneuries en l'eftat que nous les avions 6c,
» «7. ^, 65. poflTçdions paravant certain Procès & Arreft enfuit à l'cncontçe de nou«
DE PHIL. DE COMINES ^53
k Vcndofmc , par feu Monfieur le Rojr , fon pcrc , que Dieu pardoint , le
<lixiéme jour aOdobre , l'an 14^8. ainfi que par les Lettres de fa grâce * 4 » ï
^e mondit Sgr peut apparoir , aonnées en ce prefent mois d'Oftobre,
moyennant certaines relervations que mondit Seigneur nous a fait décla-
rer , dont la teneuV s'enfuit : Ceft à fçavoir ', qu'au regard de nos Places
■de Vcrnoil , Dameront &: Sainde Sufanne , il arefervé à y commettre
Capitaines ôc Gardes de par luy jufques à fon bon plaifir , qui luy feront
le lerment en tel cas accouftumé ; Se avec ce a efté fon bon plaifir de re-
ferver la carde , gouvernement & adminiftration de nos très-chers &
très-amez ms & fiue , René ôc Catherine d'Alençon , pour efbe & de-
meurer avec luy , & de leur mariage difpofer & ordonner, & les allier
avec telles perionnes qu'il luy plaira , & leur bailler tel douaire , parc
& Dortion de noflre héritage , qu'il verra eflre à faire , tout ainfî , &par
la forme & manière que nous pourrions ôc euflîons pu faire s'ils fuflent
demeurez en nofbe puiffànce paternelle ; ôc aufli que nous faifîons faire
chofe qui fuft ou pufl eftre au préjudice de mondit Seigneur, foit par
alliance de nofdits enfàns , ou autrement , fans fon fceu ôc exprès com-
mandement , dès maintenant » pour lors & dès-lors , pour maintenant
mondit Seigneur a déclaré & déclare ladite grâce , qu'il luy a pieu nous
faire , eflre nulle &de nul effet-, par ainfi que ce ne porte aucun préju-
dice à nofdits enfans , & qu'ils n'en eftoient coupables ôc confentans.
Sçavoir, faifons que nous , reconnoi(fans à noftre pouvoir les grâces &
amour qu'il a pieu à mondit Sieur le Roy nous faire ôc deroonflrer , avons
confenty ôc confenton's les chofes deffufdites , & les avoir agréables y ôc
avons promis ôc accordé, promettons & accordons par ces prefentes, les
tenir cle point en point , (ans jamais aller à l'encontre en aucune manie-
tes en tefmoin defquelles chofes nous avons mis noflre main à ces prc^i
fentes , ôc à icelles fait mettre noflre SceL Donné à Tours le douzième
dudir mois, l'an mil quatre cens foixante-un. Ain(i fîgné fous le reply,
Jbhak. Et deflus^ par Monfieur le Duc ôc Pefe^ Ôc vous, autres prc<
ièns. GiUaia.
X I L
97 Extrait des Lettres confirmatives en faveur du Duc d^AUnçon.
LE Roy ayant eflé informé de quelque aétion intentée à l'encontre ^g^is^
du Duc d'Alencon , dont Arreft & Sentence avoient efté rendus , j^ r Abbé
icflablit ledit Duc cuns toutes fes dignités & prérogatives , à la prière de Le Grand,
plufieurs de i^% Seigneurs , Prélats ôc mefme parens , qui luy reprefen-
terent que tous fes titres & papiers luy avoient efté pris ôc failîs en vertu
de cet Arreft en la Chambre des Comptes , au Chafteau d'Argentan , ce
qui contenoit tous les enfeignémens par lefquelson pouvoir reconnoiftre
la Duché & toutes les Terres dépeAdantes , fes dignités & prééminences
de Pair ; ôc autres droits , privilèges ôc libertés , aufli-bien que quelques
autres Lettres de certain traire & appointement faits depuis ledit Arreft
parles Confeillers & Officiers du feu Roy, avec les provifîons accor-
dées à Catherine d'Alencon , tante dudit Duc d'Alencon , par lef-
Auelies elle avoir £ùc le Roy héritier de la Terre ôc Seigneurie de Dexmes
Tome IL ' Yy &
14^1*
Tiré des
Recueils dé
M. ÏAhhi
IbC Grand.
554 PREUVES DES MEMOIRES
6c (es appartenances y qpe le Kof voulue rendre audk Duc avec tous lei*
titres , tn fe refervant une provifîon » ce qu'il confirnu par cette Lettres
Nous ordonnons lefilits titres, regîftres 9 ficc concemans lefdits Duché
d'Alençon , fes Terres , Seigneuries , &c. prifes en la Chambre des^
Comptes audit lieu d'Argentan Se ailleurs , Se envoj^z en noltre Cbam*
bre des Comptes , en noftre Threfor , eftre rendues , &c. à noftredic
Sieur le Duc d'Alençon , ou à Tes ErocureurS 8c Commis pour luy » Se
auffi le Livre du traité & appointement fait par noftre feu Seigneur Se
père avec noftre Coufine la Ducheflèen Bavière, touchant ladite Tene 8c
Seigneurie de Dexmes , dont nous \\xj faifons don 8c délaya fans aucune*
difficulté rSi vous mandons expreflément que vous bailliez 8c délivriez ic
kelluy noftre Coufin, ou à fes Commis, les Lettres contenant Se accom-
plidànt nofdites Ordonnances dudit appointement , & autres Lettres, ti^
très & papiers , &c. concernans fefdits Duché Se fes appartenances, qu^
font à voftre garde, avec reconnoiftance de noftredit Coufîn 8c de fefdits»
Procureur & Commis, qui vous vaudront defcharge envers nous» Co:
vingtiéme^jour d!Oâohr&i4/>i.. Sipié Le Erevoft*^
X I 1 I^
Çy Extrait dts Ltttre d^ahoVition en faveur Jk Due ' dTAànçon , .
& confirmation.
LE Duc d*Alenfon ayant efté retenu une longue efpace de temps eir
prifon , pour avoir tait enlever plufieurs traités & papiers de la Fran*
ce devers les Anglois ennemis* du Royaume, fans aucune comsniffion dti^
Roy defFunâ , fit prefenter une requefte par laquelle il fupplia inftam^
ment Sa Maj^lé d oublier ces chofes^, qu'il dit n'eftre pas vrayes , par le
reilbuvenir des grands fervices que luy 8c fes anceftres avoient tousjours^
rendus à la Coiuronne, & pour la confervation du Royaume &: de (tt»
Eftats , fàifant voir que toute fa famille avoit toosjours efté très-afFec-^
tionnée à leur fervice , principalement Charles , Comte d'Alenoon , foa
grand Ayeut> feul frère du Roy de France , qui pour la dcftenfe àvt
Royaume , alla s^'expnofer aux plus grands dangers de la bataille de Cre-
cy , où il pardic la vie ; enfuite de- quoy le Comte Pierre d'Alençon fonc
fils fut en oftage en Angleterre pour le Roy Jean , & s'en tira par le
moyen de plus de foixameinille vieux efcus d'or de £t% propres biens »
fie n'ayant point ceffé depuis de fervir tous jours vaillamment le Roy^, fut
bleile d'une fi dan^ereufe manière > qu-'il en mourut peu de temps après y
après luv le Duc a Alençon perdit la vie en dépendant le Royaume , fie
laiflà, à la bataille d'Agincourt , où il mourut ^ le mefme Suppliant en bas -
âge • lequel depuis ce temps-lâ nece& point de fervir le teu: Roy, Sc^
meune Sa Xlajefté depuis , fans efpargnér non plus fon corps que (^:
biens en la bataille de Verncuit, ou il fut trouvé entre les morts-, fi^ pris,
par les ennemis Se mis en prifon , où pour s'en racketter , il paya la (om-
me de trois cens mille clcus» d'or •, c'cft pourquof il employa tous ks-
meubles , Se fut obligé de vendre une partie de ks héritages ^ufques â
quinze mille livres de rente dont il n'et^ aucune recompenfe. Se après ne:
difcontinua point defcrvir Sa^ajeûi, tant au voyage du Sacre de la per<r
. fonnc
DEÎ>HIL. DE COMINES. 55^
fonne du feu Roy , àuffi bien que dans fcs années, |)our ta d^nfe du ^ g^
Royaume , pendant lequel temps H avoir c&é detK>uté & privé de la ^ ^
jouiflànce de fa Duché d*Alençon Se fes dépendances ^ jufques à la ré-
dudtion du Pays & Duché de Normandie. Açrès avoir leprefencé ces
chofes , & avoir fait ferment qu'il n'avoir jamais eu de mauvaife volonté
contre le Roy déffiinâ , & qu'il fupplioit le Roy d'en eftre peifuadé *, il
reprefenta les miferes qu'il avoir endurées avec fa famille, fuppliant le
Roy d'avoir égard au temps qu'il avoir ^é en|>rifon^ Le Roy ayant fait
oflèmbler les Princes àc (a Cour & fon Confeil , le fit mettre en liberté
& jouiflance de tous fes biens , (tignitt2 & honneurs ^ &:c> luy & fe$
fucceflèurs , .t>our en jouir paisiblement , & impofa -(ilence au Procureur
6c i rous fes fujets » nonobftant la Sentence rendue contre luy & fe$
biens , &c. Donné à Tours le onziefme jour d*Oâ:obre , l'an de grâce
mil quatre cens foixante & un , de noftre Règne lepremier>
S'ehruit la confirmation de ces Lettres , par laquelle , nonc^ant les
teferves contenues audit Arreft donné contre luy , il reftaUitle Ducd'A^
lençon en toutes fes Terres 8c Seigneuries , après avoir fait une repeti^
tion de tout ce que conriennent les deux precedenres. Doimé à Tours
au mois de Décembre mi quatre cens foixante 8c deu!t , <& de noftre Re«
sne le fécond.
X IV.
1^ Lettres du Roy Lcmys XL par Uf<pulhs il p0rmu ^ Jeàn^ Cx>mte
^iC Armagnac » d€ requérir par Procureur C entérinement des Lettres , p^^
defqueUes il Vavcit rejlitui envers tArrefi du Parlement de Paris , donné
en contumace ,par lequel ledit Comte avoit efii banni du Royaume^ ai^eo
confiscation-dejes biens.
Dtt ti. Oâobrei4^f.
LOYS , par la grâce de Dieu , Roy de France^ A nos ameasSc fcaux l^é Jei
Confeillers , les gens renans & qui tiendront noftre Parlement , ?:^,Vji5.i^
falut* dUeûion. Noftre très^her «c amé Coufin , Jean , Comte d'Ar- £^^^13!
magnac , nous a fait remontrer que nous lui avons oâroyé nos Lettres
Parentes , en forme de Charres , en lacs de foye 6c cire Verte , jpar les-
quels nous l'avons reftitué â fes Terres 8c Seigneuries , lefqueUes avoient
^é empefchées du temps de feu noftre rrès<her Seigneur 6c père , que
Dieu aofoille , au moyen de certain Arreft donné ]>ar conrumace en
noftredite Cour , par lequel il avoit efté déclaré banni de noftre Royau-
me , 6c fefdites Terres 8t biens confifquez ^ 6c par icelles nos Lettres ^
l'avons rappelle 6c luy avons pardonne 8c aboli tous les cas^ qu'il avoit
paravant nuts 6c commis envers nous 8t juftice , en mandant que on le
faflê jouir de fefdites Terres , Seigneuries 6c Biens , nonobftanr ledit
ban & les procès qui faits avoient 'ffié allencontre de It^ , ainâ qu^ cei
chofes font plus à plein contenues , 6c déclarées en nofdites Lettres Pa^
tentes \ lefquelles il eft tenu vous prefenrer en perfonne , pour en avoir
l'entérinement s mais pource qu'il a efté longuement abïent de noftre
Royaume , fans jouir aucunement de fefditesTerres , 8c qu'il ne pour- .
soit aller en no^ Ville de Pari^ , qu'il ne fift long fejour 6c très-gran*^
Yy t de
35^ PREUVES DES MEMOIRES
iJL&i ^^ dcpenfe, à laquelle il ne pourroit bonnement » quant à pteTe^^
^ ^ fournir 9 il nous a fupplié & requis » que nofixe plaifir foit Iny- oâroyei;
que lefdites Lettres > u vous plaife faire prefenter & requérir Venterit»
nement par Procureur» & fur ce > luy impartir noftre grâce. Pour ce efl>
il que nous, ce que dit eft conCderé >.& auffi que noftredit CouHn d'Ar^
Diagnac eft à prefent en noilre compagnie & iervice , voulant relever de
charges & depenfes iceluy noftre Coufîn d* Armagnac , pour ces caufes
Se autres i ce nous mouvans , avons oétroyé & oâroyons , voulons &€
nous plaill de grâce fpéciale, par ces préfentes , qu'il loit receu par Pro^
cureur y i vous prefenter lefdites Lettres d'abolition » & en requérir l'en**
térinement par Procureur , quant i ce duement fondé , tout ainfî quq
feroit noftredit Coufin d* Armaenac , s'il les vous préfentoit & en re^
queroit fenterinemént en perionne.. Si vous mandons Ôc enjoignons
Sue icefuy noftre Coufin expofànt, vous faites Se fafliez jouir & ufer pai-«
blement de noftre prefente grâce & oâroy;, car aind nous plaift-il eftre
fait , & à noftredit Coudn expofant , l'avons oAroyé &. oâroyons da
grâce fpécialé par ces Prefentes, nonobftant la rigueur du ftyle de nof-n
tredite Cour de Pàrfement». Donné à Toursle douzième jour d'OûobrCy
^an de grâce i^i ^ Se de noftre règne le premier. Par le Roy , Monfei-»
gneur le Duc d'Alénçon , le Comte de Dunois , l'Admirai , le Sire de
Mont(breau 8c autres pluûeurs prefens ». De Laloere.
X V.
ij^ Jrrtfi d'cnrtgijlnment. Proch Jiffirens d'jirmagnac , z6l Regîpre
Criminel du Parlement y foL gz»
"^•f ^*^ T ^Ï^OVICUS univerfis faTutcm. Notum facimus , quod vifis per
M^'"rAbb^ JL> noftram Parlamenti Curiam certis litteris rappelli banni , rcmiflîoni{^
IcrGrand- que & abolitionis à nobis occaHone contcntorum in eifdem Litteris nof-
tris 9 per cariffimum confanguineum noftrum Johannem Comitem Ar^
meniaci , fub data undecimâ die mentis Oébobris pra^fentis obtentis , Se
per ejufdem confanguinei noftri Proeuratoremad id fpecialiter fundatum^
Se pro ip(b confanguineo noftro earumdem Litterarum integratione re-
quirendo « didacCuriae noftrae exhibitis , & pracfentatis , necnon audi-^
to Procuratore noftro . generali , qui in nu Ho contradicere voluit ,,
àiOix difcretioni ejufdem Curiae noftr^e fe retulit , ac confjderatis &
attentis omnibus in hac parte confiderandis ,. pra^ata Curia noftra ».
auditis Litteris noftris & contenta in eifdem, ootemperavit & obtem-
pérât , ac illa memorato confangiuineo noftro intcrinavit & interi-
nat,. quocirca dileâo &fidelino£o Magiftro Johannide Lougalioin
diéta Curia noftra Confîliario , tenore praclentium , per quas univerfis Se
£ngulisOfficiariis & Jufticiariis noftris , arque RegnL noftri prasfentibufr-
Se futuri», ne praenominatum confanguineum noftrum in corpore five *
bonis fuis aliqualiter occafione contentorum in fupradidbis Litteris nof>
tris vexent , moleftcnt aut perturbent , feu vexari , molcftari Se jperrur»
fcari faciant veT permit tant, inhibemus.: comittimus. & manclamus»
quatenus idem confanguineo noftro bona , Terras, Donunia & poflef»
Abnes^fuasQccaiionc contentorum^. in jam didis Litteris noftris captas^
arreftata».
HE PHIL. DE COMINEl $57
ttrefbtas feu itnpedicas plenariè libcrct feu liberare faciat , îndflatè ex- 1, 4.^*1^
pdUendo', ad hoc fi qui fine vel fuerinc y omnibus viis & modis debici^
viriliter &: diilriâè compellendo ^ cui quidem Confiliario noftro & ab
co deputandis ab omnibus Jufticiariis 6c Subditi» noftris^ in hac parte
pareri volumus Se jubemus. Datum Parif. in Parlamento noftro ^ zi.
die Oâx:^ris > aana Domini 14^1^ & regnlnoftri anno Jr^
X V I.
$Cr Lettres iTobedienct^fitiale du Roy Louys Xt. au Pape PU IL
LUDOVICUS, Dei gracia, Francorum Rex, tibi SanAiffimo aC TitiSt
Beatiffimo Patri noftro Pio Papa Secundo , obedienriam filialem & Volume
plenos devocionis affeâiis. Deum folum fcientes efle , eu jus providen- ^ij?' ?^ I*
tia benc con&iitur rébus humanis , meliufque Régna Se Urbes Reli- Roi fol 8
gione cinffi atque^defendi quàni armis & m<»nibus,te Vicarium Dei vi- parmi ceux
vcnris , ea venerarione proitquimur, ut facra pra^ertim in Ecclefiaftici^ deBethone^
xebus tua roonitav veluti vocem Paftoris audire , illifque parère prômp-
ta mente velimus^ Quapropter , BeatifCme Pàtet , & fi cônftitutio qax-
dam in Regno noftro > quam Pragmaticam vocanr y magno Pnelarorum
conventu , ma^â temporis detiberatione conclufa fuerit , 8c jamcaltum
obducens-, quietum projpe fixerit ftatum, ut tamen tuis ad nos Litteris »
illam à Regno noftro aunerri , explodr, abrogarique flagitas* Nbbis quo-
que dileâus 6c fidclis nofter Confiliarius Joannes Epifcopus Attrebaten-
m y quem cum poteftate Legati de latere ad hoc noftrimi Regnum nrifif-
ti , commemoravit ea , ad quarper ipfum tibi noftro noitiine pbificenda, *
vovenda , 6c promittenda , nos antequam Regnum fufcepiflèmus , Reli-
fionis inftinâus quidam deduxerar. Nos noftra promifia exequi, acce-
ente modératrice rerum Ecclefiafticarum tua authoritate ftuaemus. Se
^o\\xmusy 6c id quidem tanto volumus anime pfopenfiôri-, quahtb no-
bis Regnum Francix florens & bcllo vacuum tuetur Deus & protegir.
Omnibus itaque viâimis potiorenf obedientiam intcHigentes , aflenfî
fumus, his qux tuo nomine nobis aperta funt , ipfam fcilice t Pragmaticam
Sanftionem tibi tuacque: Sedrefiè infenikm , utçote quae in fcditione &
fchifmatis tenipore , atque per feditionetn, feâionifijue à tua Sede figu-
lom nata fit , & quac dum tibi , à quo faerac leges oriuntur 8c manant
ouantumlibet erîpi , authoritatem , omne jus 6c omnem legemdifîblvitj
ittud enim exoritur, quod idem Confiliarius nofter, nomine ruse Sanc-
tîratis aftruxit , ut dum per Pragmaticam ipfam , Âimma in Ecclefia tuse '
Sedis authoritas minaitur , dum Praelatis in Rtcgno noftro quoddam li-
centiac templum per illam pracftniirur.- Dtim congruens uniras ad alia*.
Régna , conformirafque tolli videtur , abroganda fit ipfa Pf agmatica ,
peliendaque â Regno noftro , quippe quae adverfus ruaan* Scdcm om-
nium Ecclefiarum matrem ab infèrioribus Pradatis* laça fit , tanquam ut
Scriptura lo<)uitur , quomodo fi elcvetur virga contf a levantem fé , aur
baculus , utique lignum eft. Qux quidem, ^eatiffime Pater, Jicet pieri^
«ue doâi homines confutare niterentur ^ atque'dîluere , ntultaque nos
othonarentur abrogare Sanâigncm ipiam , te tamen Prihcipem totius
Yy 3 Ecclefiag-^
55« PïlEUVES DES MEMOIRES
^ Êcclefiar, te Antîfticem facroram^ te Dominici gregis Paftorem profitemor »
"^ £c fcimus, teque jubencetn Arquimur, tibi & Beacimmi Pétri Cathedcae cou-
fentitnus 8c jungimun Icaque ficut mandafti > Pragtnatkam ipfam à Reg»
no noftro « noIhrcKiue Vîenneniî Del]>hinatu » & omni diaone noilni
per prcfences pellimus > dejicimus , ftirpitufque abrogamus » Se quam p
£c qualemve ante Pragmatiae ipCuseditionem* circa Ecdefianim, Bene*
ficioruxn , aliarumque rerum ipiritualium difpoiStionem , cenfuram , mo»
<leratioiiem in Regno noftro , omnique dicione noftra tui Prac^ceflô-
tes y Martinus quintus , & Eugenius quartus. Romani Pontifices habe«
l>ant, 6c exerceoant, talemeandem noftro adjutori Beatiffimo Petro»
tibique ipfîus fuccedori reddimus , pcxftamus , & reftitoimus cum Cum^
mo imperio > cum judkio Ubero , cum poteftaoe non coarâata. Ta
cnim cum fcias quid authoritate divinitus tibi tradita poifis , quas
pro Regni noftri , & Ecclefiarum in eo tcanquillitate i>oftuiabimus , noa
négliges vts neceflàrias , poterifque femper quod optimum fuerit judi-
care. Utece igitur deinceps in Regno noftro poteftace tui ut voles » atque
iUam exerce y non , ut nominum membta nuUa contentione , capite
uno > atque una mente ducuntur » fie tuis (àcris deccetis EcdeGx Prxlati
in Regno noftro , & Delphinatu confonantiam ^ & obedientiam plenam
refundent. Quod fi forte obnitentur aliqui aut reclamabunt » nos in ver*
)>o Regio pollicemur tu2 Beatitudini atque promittimus ezequi » facere
tua mandau , omni appellationis > aut oppofitionis obftaculo prorfus
excIuCo , eofque qui tîbi contumaces fuerint pro tuo juflu comprimemus
Ce refrenabîmus* Datmn Tuoonis • fiib magno figillo noftro > die xxv^.
menfis Novembris. Anno Domini millefimo quadringentefimo fexago-
fimo primo > ôc tcgpi noftri prima Per Regem in fuo Confilio.
X VI L
Hf^ Le Berry donne tn app^magc à Charles de France , Frère deLouys Xli
ipi^ ^ T OYSf par la grâce de Dieu, Roy de France; fçavoir Ëûfons i
Kecueils <ic -^ ^^"^ préièns & i venir. Comme après le décès de feu noftre très-
M^ f Abbé cher Seigneur 6c père que Dieu abfoille , qui n'aguètts eft trcpaftS , fie
1^ Grand.) â noftre avènement à la Couronne de France » en donnant provifion &c
ordre es Êuts 6c affaires de nous fie de noftre Royaume y ayons entre au«
très chofes eu advis fie regard i ce que noftredit feu Seigneur 6c père n'a-
voir encore fait appanage y ne donné aucun nom ou titre de Seigneurie
à noftre très-cher A: trés-amc Frère Charles de France» fie conuderant
que noftredit Frère eft ja parvenu en âge pour avoir eftat fie aucune pro*
vifion honnorable» voulans pour lefdites caufes, fie pour la grande acFec^
tion 6c amour naturelle que avons , comme avoir devons à luy , fie afin
que luy donnons entrée fie commencement d'avoir fie tenir eftat , ainfi
que à Fils fie Frère de Roy appartient » fie fur ces chofes eu Tadvis de
Îlufieurs de noftre Sang fie ii^iage , fie des Gens de noftre grand. Confiai]»
icelluy noftre Frère Ourles, pour partie de fon appanage , fie en atten^*
dant que autrement luy puiflions pourveoir , avons baille , cédé , quitté^
(riinfpon^ 6ç dclaifte» paillons > cédons > quittons > tranfporcons fie dé^
laiflbns
DE PHIL. DE COMIKES: si9
taiflÔns , & â fes enfans malks , & aux defccndans de fcs enfans mailes i m
en droite ligns & loyal mariage , perpecuelLemenc & i tousjours , le Du- i ^«f jf^
chi de Berrir,. enfemblc toutes les Villes, Chafteaux, Fortcrcflcs, Pla-
ees 1 Baronnies , Terres^ Sei^neUiics > Hommes > Hommages , Bcfs , or--
tiere-fîefs, cens , rentes, ferviiutes, eftangs, moulins, rivières, forefls^
tarenncs, noblellës , collations & patronages de bénéfices, Jufticc &
eigneurie , haute , moyenne Se ba(& , mère & mixte , impere & autres-
dignités , profits & revenus quelconques à nous appaitenans i caufe du-
dit Duché de Bcrrf , en quelque valeur ou eftimation qa'Us feient ou
puiflêntcftre^enquelq.uemaniercqu'ils viennent en ores, ou poar le-
temps avenir . & tout ainfî , & eu la forme 6c manière que tes avoit Se
tcnoit feu lè Duc de Bcrry , noftre oncle dernier ircfpaflî, fans aucune
ehofe y retenir , ne referver pour nous ne les noâres, fors feulement les-
^sy Se hommage lige. Se les fonverainetea , rellbrts Se autres droits
Royaux efdks Ducne de Berry , Villes , Chafteaux , Chaftellenies 8e
Icors appartenanccs-&: appendances , avec les gardes des Eglifei Cathe-
draul; , & «utics eftant de fondation Royale , de panage , & 11 ptivile-
^ giées , qu'elles ne putllènt ou doivent elbre feparces de la G>utonne de
France , & auffi relervé X nous Se i nos Baillifs , des exemptions la con-
noiflànce descaufea defdiiesEgtifesCathe<iraLes,de fondation Royale Se
exemptes ; & avec ce luy avons donné & donnons par cefdites prefen-
tes la nomination de tous les Offices des Aydes ordonnez pour la guer-
re , ayâns & qui auront cours , Jk des greniers Se cHambres i Sel eftablts
audit Pays Se Duché de Berry, Se autres Offices ; Se etl outre avons i
noftredir Frère , pour luy Se pour fefdits Hoirs^, oftro^é Se oâroyons ,,
voulons Se nous plaid de grâce cfpeciate') pleine puiflance Se autorité
Royale , comme de^f, qae ledit DucHé de Berry , enfemblc les Villes,'
Chafteanx,Bâronnies,Chaftcllcnies,Jullice,Terre3&:Seigneuiies,&auties-
chofesqui en dépendent,aînn par nousàluybaillées en appanage,avec leurs '
appanenances &: dépendances, ils tiennent d'otefnavantenFairie,& ice-
luy noftre Frère Charles avonï fait , etéé Se inftîtué, faifbns> créons Sc-
inftituons de grâce efpcciale 8c autoiité Royale , par cefdites prefentes ,■
Duc pour luy Sc fefdits enfans mafles , Se les en^ns malles defcendans f
oomme dclHiSi en droite ligne 8c loyal-mariage , Se Pair de France ; vou-
làns qu'ils jouiflènt 8c ufent de toutes telles prérogarivcs , prééminen-
ces 8e libertez dont ont jouy 8c ufé , jouyflent 8e ufsnt les autres Ducs
Se Pairs de France , nonobftant que ledir Duché de Berry folt du Domai-
oedelaCouronnede France, duquel Domùne nous avons iceluy Du-
ofaé fepaté 8e' disjoinr , feparons & disjoignons pat cefdites ptefentcs , à
caufe dodir appanage , Se tant qu'il aura lieu , nonobftanr quelconques
privil^es que on pourroir dire avoir eftéoâroyez par nos pcedecenèurs,
de noo pouvoir mente ledit Duché de Berry Hors de noftre main > ne le
ftpaierde ladite Cooronne, Se quelconques :s
au contraire. Pour Icfdits Duché de Berry , ^ , _
Baronnies, Terres, Seigneuries, hommes, ^ .
fiefs, nobleflcs, prérogatives, collations Si ,
Juftice , cens , rentes , fervinitcs Se autres d 4
^elconques-i icelleafrf^tenans, enfemble n
aofdita
*4^^>
Tiré des
recueils de
M. TAbbé
LeGraod.
Le Traité
dont aousl
donnons la
ratificatifi-
cation » Cç
troave im-
primé au
Corps Dî-
plomacîquç
T. III. par.
tiel.p.i7f.
icn datte dçL
y6o PREUVES DES MEMOIRES
aufdits offices ^ avoir& tenir^n appanage de France Se en Pairie» 8c
jen jouy r & ufcr par noftredit Frère Charks , & fcs cnfans mafles , fie
les enfcins mafles des enfans procréés defdics mafles en loyal mariaee »
jlorefnayanc, perpetuellemenr , tant qu'il y aura hoirs mafles defcendus
de mafles en la manière devant dite , pleinement fie paifiblement , tout
ainfi que font > fie ont droit > £c accouftumé faite les autres &igneurs de
jioftre Sang , es Terres Se Seigneuries qui leur ont efté baillées en appa-
iiage Se en Pairie. Voulons toutesfois » que s'il advenoit ' que nofttedit
Frère Charles n*euft aucuns enfans mafles , ou que au temps advenir fa
lignée cheut en ligne femelle ^ en ce cas lefdits DiKhé Se Seigneurie d^
Berry reviendroient à nous ou à nos fucceflèurs Roys, Se au domaine de la
Couronne de France » tout par la forme Se manière que font & doivent
faire en cas (èmblable les autres Terres fie Seigneuries baillées en appa^
nage de France. Si donnons en mandement par cefdites prefences i nos
amez fie féaux Confeillers , les Gens tenans , fie qui tiendront noftre
Parlement , fie de nos Comptes , Treforiers fie Généraux > fie i tous nos
autres Jufticiers , ou i leurs Lieutenans , prefens fie i venir , fie i chacun
xl*eux , il , comme â luy appartiendra , que noftredit Fcene Charles fie ^
fefdits en6ans mafles , fie les enfans mafles de fefdits enfans mafles , en
' droite ligne fie en loyal mariage , ils faflènt Se fouffrent jouyr fie ufec
paiiiblement fie perpétuellement de nos prefent bail 9 quittance « ceflioti
jfie tranipon defdits Duché fie Pairie, (ans faire ne fi:>uffi:ir eftre fait aucu*
ne chofe au contraire : fie afin que ce foit chofe ferme fie ftable à tous*
jours , nous avons fait mente noftre Scel à qefdites prefentes , (auf en
auties chofes noftre droit > fie Tautruy en toutes^ Donné à Montrichart
au mois de Novembre , Tan de grâce mil quatre cens foixante-un , fie da
noftre Reçue le premier. Sic Signatum > fupra plicam , Par le Roy eh
fon Confeil. J. EÎe Laloerc. Fifa , l4^a , publicata & rtgifhata Panf: in
Parlamtnto z4m. die Novcmbris > anno 146 ip Sic fifft. Cheneteau> &
indorfo% RtgÙlrata.
CpUafio faaa tjl cum orii^nafi. Chpncceaa»
X y ï U.
ifT Réuificafion du Traité fuivant , faiupar U Roy d^Arragon ,
U Zip May 14^7^
IjM nomlne Domîni , Amen. Tenore hu jus inftrumenti cunAis pateat
evidenter » Se notum fit .Quandoquidem fereniffimus fii potentiuimus
Princeps Dominus, Joannçs Deigratiâ, Rex Arragpnum , ram perfe quàm
per fuos deputatos fsepius precibus inftiterit pênes fie apud Chriftianiflî*
mum Se potentiflimum Principem Se Dominum 9 Dominum Ludovicum
Dei gratia Francprum Regem « ut de certo numéro gentium armorum
fie traâiis , iive fagitt^ios ne.c non artilleri^e , five munitionum contra
nonnulio^ fubditorum Aiorum civitati^ Barchinone Se pridcipatus Car
thaloniar di£to Domino I(.egi Arragonum rebelles fuccurrere Se eoncc-
aere vellet ad eos ad fuam obedientiam reducendum , fie poft diverfos
qradatus fupej: hop tam intçr ipfos Don>inos Reges 9 quàm eorum Con^*
flUarioâ
r
DE PHIL»!D.E OaMTRtES. iêi
fitiarlos «d hoc Cpccialiccc deputaços habicos » pnéfatns ChriftiMiffimas ^
Francorum Rex ) cercis ex cauds ad hoc animum ruiim moventibus vo- ^
iuerit. & coofentierit \ vult etiam & confencic dare & concedere ad ufiim
Se effeâus ptxxt\i(ios ài€to Domino Arragonum Régi numerum fepciaçen-
tarum Lancearum ^ cum fagitcariis (îve gencibus traéhis iiiis convenien-
tibus fectindùm urum & moretn Regni Franciâs , ûib conduâu 8c onere
aliquorum e jurdeinChriftianifluni Régis Francorura y principalium OfScia-
xiorum unà cum certo numéro pedicum armatorum,& cercà quanticate mu-
nitignum , machinarum feu artillerie folutorum & ftipendiatorum. Qui
àxôtï armaci & Lancex > unà cum ipfis fagitrariis debenc e(Ie in punâo
& parari pro inCelTu , intra finera menfis Junii proximè inftantis procu-
tion tandem ad ferviendum prxlibato Domino Arragonum Régi > in
partibus Cathalonise » & hoc faciendo praefàtus fereniffimiis Rex Ar-
ragonum tenebitur prxfato Chriftianiflimo Francorum Régi , pro fump-
tibus» (lipendiis & expenHs , pej: eum in his qus fupra diâa funt facien-
dis folvere & {blvet (aâto fummam ducentorum millium fcutorum ve«
fêrum auripuri, &examinati, çiuorum fexaginta quatuor ponderabunt
Se affingent marcam auri Francis folvendam ; videlicet centum millia
icuta vetera & confimilis ponderis infra très menfes poftquam prsdiébi
civitas Barchinonas ad obedientiam &c fubjeâionem prxfati fereniilimi
'Régis Arragonum reduâa fuerir proximo inde fequentes. Alia ver^
centum millia fcuta auri confimilis ponderis & quantitatis infra unuoi
annum poft illos très menfes proximo fequentem , pro cujus fummx Se
quantitatis folutione diâus fereniffimus Rex Arragonum tenebitur > pro-
jnittet ftabiliter , jurabît ex nunc tradere & liberare , ceu tradi 6c liberari f
facere in manibus Dominorum Caroli & Berengarii de Ulmis » milites
nunc ad.fecuritacem pr;edi£ti Chriftianiilimi Régis Francorum > Caftra de
Perpiniano & de Calabre , in Comitatibus Roiluionis & Ceritanix : con- ^ "^
fentiet etiam atoue ordinabit quod prsediâi Domini Carolus & Beren-
garius mUites folemne prsftabunt juramentum de fideliter cuftodiendo
diâa Caftra de Perpiniano & de Calabre , diâo Chriftianiflimo Franco-
rum Régi > & de ea fibi tradendo & reftituendo lap/is terminis folutionis
quoties per ipfum vel fuos ad hoc deputatos fuerinc requiiiti 8c , cum
hoc tenebitur Rex Arragonum prxlibatus exonerare, quittare 8c liberare
didtos Dominos Carolum & Berengariiim de Ulmis , de joratnento 8c
£delitate per eos & eorum quemlibet fibi prsftitis de cuftodiendo per
caftra 8c f^rtalitia pracdiâa ; prseterea diéhis lereniilknus Rex Arragonum
llatim poft reduâionem diâse civitatis Baichinonas , tenebitur liberare
& tradere , ceu tradi 8c liberari facere ipd ChriftianifCmô Régi » ceu
ab eo deputando , vel deputandis per ipfum Francorum Regecti ^ ufquc
ad plenam 8c integram folutionem &: fatisfaâionem dûfbe fummse du^
centorum millium fcutorum veterum auri & ponderis antediâi > Abfqub
tamen fortis principàlis deduélionem quos fruâus , feu redditus > fîc
perceptos»Rex Arragonum ancediâus mera liberalitate&donationis ti-
tulo dédit & ceftit ipà Cbriftianiflimo Francorum Régi , vultque y eo cafu
S[Uod in ejus veni$nt atque cédant & ex caufa antediâi 8c ulterius diâus ^
erenidîmus Rejt Arragpnum tenebitur poft diâam reduâionem civitatis
^chinonae & rr^dit^ cQnçeijlione dtdoruçi caftrorum > villarom & forta^
Tpmc îlf ' Zz litioru^
3Ïfî PREUVES DES MEA^OIRES
litionim anà cum ieâditibas,frixâibas,obvienti(mibus de emodumentifi
^ '^ ^ ^' nûttere , quktare & relaxaie ad commodum & urUitatem diâi Chriftiar
niffimi R^is Ftancks , omnia homagia > kuidunia > fidelicares , reddi^
.tus , pfovcncus & obventîones ûbi ratîonc diâmum Comîtaraum , ViU
larum > Caftr orum » ic alia £bi ex qQacamque caofa debka, unlcum uni^
ytïùs {>ercinencits y tradcndo ecàam Se coneedendo ruper hoc mandata,
opportuna » & iiccecas patentes ad hoc neceflârias pto execaticme &
compleineneoiiinmuin & ûngulonim pr9tmiâorafxi,c6ficedet ultetius ipfe
Rex Arragonum poft reiaxarionem diâijuramenci&ldUtatisyqiiodmad
taie juramentum fidelitatis folitum ûki & Regibus^ Arragonum > qai pt^
tetnpore fùerint ratione diâorom Cosmtatuam & Dotninioranv prâcftafi y
eriam prxfaoo Chriftianiffimo Régi Francorum y ont fuo vel fuis ad hoc
poft relatkmem deputandis pec Capitaneos y, Caftellanos , CaAellomm
cuftodes Se fubjeâos ipforum Comitatuum &c Dominiorum prxftcnir Se
ab ipfo Dominia Se iplt Conritatus cum eorum pertinentiis , fruâufque».
corum & redditus per eum teneantor Se poffideantur, fure pignons Se
pro {ux voltmtatis arbitrio nfaue ad plenam fatisfaâîonem & integram
niStz Cummx dacentocnm millium fcutorcnn auri vetenuti. Qcm( Caftra ^
Villas , Fortalitia , Comitatns & Dominia (bperiùs deciarata > ipfe fer e-
nifllmus Rex Arragcniam , tradere tenebinir diâo Chriftianiûuno Fran»^
«orum Régi modo prsediÂo (vh pœna & obligatione mille marcharum*
auri puri ad pondus Francis , quam pocnasn prsdiâus ArsagonomRexv
incurret & folvere tenebitur pnelibato Qiriftianiffimo Francomm Régi
ultra rummam prxdtâam ducentotum tniUlum rcutomm auri cafti , quo
pra»iiâa Caâxa » Villas , Fortalitia y Comimrus & Dominia non tradi-
derit modo ante diâo» qvat pœna folvenir in terminisTolutionis, pcâcdic^-
torum ducentontm miUium fcutorum , quam âunmam siille , marchai
lum auri folvendo prxdiârus Rex Arragonum remand>it immunis ab
-obligatione traditionis Caftrornm , Vilbuiim » Dominiorum & Fortali«
^rum praDtliâorum, cxteris in aUis clauiulis hujus pracTentis vd obliga-
tionis in fuo roboremanentîbus. Oeterum >&contmgeret antequam ipfa
armata fivegentes armorum diâam patriatn Cathaloniaspro rua:urfu vel-
ad praemiflbs fii^s intrarent , vel iptis in ea patria exiftenribuis^ ^^^Stà ci-»
!¥kts BachinonaD& Cathaionis Principatus, cum diâo (ereniHiino Rega
Arraçonum , concordarent vel appunâarent , vel ad ejus manum S:
«bediendam (c reducerent , nihilominus ]^a^atus &renimmus Rex Ar-
x^omm renehicur omnia ât fingula fuperiùs. deciarata facere, (blvere*
-& adimplere modo Se formz fic^b jpœnis ,. eonditionibus , qualitati«^
im$ ScaMxCidài fuperius dedaraœ : poftrem& > & poft reduâionem diâx
fivitati^ Barcbinons & Principatus contingeret, eumdem feteniffimum
R^em Arraeonum > autoribus armorum prasdiâbs m fuccurftim iibi con*
cems uti vellet , k jurare ad reducendum ad fuam obedientiam aliquat
Terras aut Dominm âiorum Regnomm Atragonix , ant Valenci^e hot
facere potetît^adfeâo quod ultra ftimmam pr^âamducentonim millium
fcntonim > iciem iSereniffimus^Rex Arragonum , Eu jus ratione tenebitur
folvere poft nnius anni fpatînm computandum, poft lapfura termini
pro ultima fôfattione fupaiùs ordinati, fummam centum millium ifcato*
Juin veteram abrific qufdem ponderis v infupec fuie adjeâum & con«
oordatumr
DETHIL;l>EGO»riNES I
Regetn Arragomim & atiquos ex ruisÇoaâtiaim»erga. posémuaCh^ 14^^
tianiflifiium Ftaaeoioia Rcgem apte dkhimpradii^iunV'iQ.ruis^
rpbôre&iînmtate, âc ^ilo4 nuUatûnuspe]: illuthrCcnfTsamt înnovariôtl
qoodeciaai pçtsrit vccj^^m prànau&œligariôikki» âc ejas vinaiead)
obfcfvadonem in ipia contenixmua fins i»centacécam: àxpedieiic & vi-«>
fum ftiencper fe & alianx aâîones »'iiooobflimce jusBfcndobiiga^ âél
convencione t provifo camen cjuod fî idem ChriftianifCmus Francorum
Rex virtute prxcedencis obligatioois agerec & aliquid ex ea confequerecur»
prxdi^s Rex Arragonum , remanebic immunis quoad illa foluin,qux
ùttice iltiiis-piaéceaentis, obUgationi^ fokica fuecinc ^pcae&nti tàme^
i^iigatÎQoc c|Buoad ccotera 9 in iuo robôre jsemaronte; Qox omnia & (In-
gula diâa > & recirara fiieroot in civicace . Qatonenfi in Prâefencia didi
Chriftianidlimi Francorum Régis , Arragonum , & ipfîus vicesgerentis pro
ip(bque & fua notnine liu|us rei Se nqgocii geftoris^ de alcora ptaslenci-
Dos ceftibuique infra fctiptorum:» quibua fie diâis» cedcads & intelleâtt
pcaedîâiîs Gaciftianiffinïu» F nuvonim Rex ed>qucD ûhm\ eomccnliiiic^ pxvi«
loific Se inravk in verbo icflio ùfXtG ^ cénoreâc adiiBplettt:£ib.' oblkaftio^
ne omninml>Qb^ & IWnièrum fooraitt, miam^Ê^b jisnai^
âdarohaonii auri , ca(u que tamen ij^a C^r;tPerpkiiiaaù^C!alabo9;»:iik>
4o pcsBcfiâo libi rtadiâa fuerinc ^ diâus etiam Dominua de Pciaita 4 jn
qoalicatibus ^uibus fupra & nunc ipfius Régis Arragoomn.,. &ipixxi|^Oi
onns bujos rei in £e fufcipîens pepigûi> pion^wSc.}\»ïzw in âiûanssi
ùuûa i éc fùh >oblijga]iione & JbypodKoi cfxrpot iç & omiHuiB iMmonm^
Ikonun omnia & imgubu pàedî&a cenertËurcce, Aciadimpleiêrperiibo^
mm (ereniflimHm RcIgjniL Acragonum*, & per ipTiim hune piâân^ein
eoncraâum .fivé convcntiohcm fsurorc. sad&wi » & deno^operfmiilGf
kiftrumencam pcaediâa , promictere» txaâare & juiiare, 6c quod ad e»
tenenda 6c admiplenda ipfe fîereniffimus Rex Arcagoimm » omnia âiâ
Régna > Terras 3c Domicua obH^ic 6c fubmictet , rah. ponis:». nioUtsifio
cpxaticatftus fuperiùs dscl^raQÎs pec folemne inlhi|OB0ùmm><um;'chni^
HiUs &.enuncîariombtts, & altis adiiocnecef&ciis^ meUorûniodptâs £bimi
cpjsL poredtpnediâusipic ArraetoumRex/ubmitteocoerciiMatjS^^
uonirigoribusCamerseApolioucse &aliorum quorumcumque^Jjudiouà fia
Dominocum tam Ecclefiafticoruro quim Sscularium , & ad majorem cauce-
iam^omnia & (ingulaptsemifla {bletnni & publico juramentoficmabittSccaÊt
Quo prasdiâus Dominiis Perrus^ie Pecalôi > c^ qu0: (tc'promifiiè mo(fio ^ 6ù
lOTtttà, pracmiflîfi non adimplevit.ipre ex: cunc^ incnirere y ah pcimant
mîUe marchamuftÀttràrum, de cujus folutione &vca& quain^^GoalpteH.
mémo praçdiâorum defeceric ipfe de Peralta & nunc ie xnnniâJK>na,âm*
mobilia & immoblia qu^ecumque ôbligavic & obligat fubmitcirque fupra
prxmiflis cocrcitioni Camerœ Apoftolics & quorumcumque aliorum judir
cum tamEccie(iafticoium9quam.fa6cularium, deSc fiinet quibuspnemiflîs
omnibus & (îngulis prœfences pra:di6bs requiderunt a nobis Nocariis pu« -:
Uicis fibi fieri pid>licun inftramencuoiyfeu pubikâ iuftrumennii unmh yeT
pfavaaâafuenincli2ecîndiâa<idTâtatoBaïonea{uniO -
tianiifîmi Re^ Francxiruniw Pie tu ménfii^ Maii^^in. bicarn.Bom. t46u
Ponci£ SanûiCinChiifto Pams ^-D^ iaoftriD; Pii > DiviniProvidciicil»
Zz X Papx
T
-'-J
3^4 PREUViES DÈS MEMOIRES
Papac n. an. 4. Prcfentîbus ibidem magnificis & egregiis viris Domino»
^•4 ^* Johanne Comité de Conmiinge ^ Marefcallo , Domino Pctro de Moft^
viilkr6L,;MiliceiCancellario, JDomino Johanne Buceili^etiam Milke»^
Domino de Moncgkt^ Thc^aufan» Erandae v ' Magiftro Pecro Dôrioie , i
Confiliario ejafdem Chriftianiffimi R^i$ » Johanne Defpelcce, Vice^'
Comité Derra> Becnardo ^e Ulmâs ,. Senefodlo Bell;cadri Ernemaufi »>
Petco Amaidi dé monte Maunto^ccftihus ad poemiiTa vocacis&itagatîsJ
ifCT ExtraitJeP Obligation dû Roy d^jérragon pour îafomj^i de deux cîmr
. mJU écus^& engagement dnCamtédt RoufiUon^ C^ddigne > ' »
i' •• î' i auptofitÂuRoy Loujis^KI. . i. i.*. ,. /:.
Tîfé des T, E Roy <}'Arta^on recomnoift que le JLoj Loujs XL eftant à Sauve-
^^^ r AW ^ ^^ ^^^^ > & luy a Sainte Peb^e , Louys luy a ofort fept cens Lances &
îf G d deaiAcbaleftriers , ou Genç de traie sL proportion » pour redmtt la Cacat<
^ '^^ ' lagtKi i 8c quaitre cens ' homhies d'aones ». aoffi à prbpotckai .pooir hts kuK
txëi guerres^ qu'il pourrpîc avoir dans le Royaume de Valence onoeluyi
drArcagon , que Louys entte(iend^o}t4 1 Erilluy pronsct, pourvu quui
luy entretienne le nombre de troupes jufiqu'à ce qu'il ait réduit la Cata-
logne 9 deluy^ payer deu^ cens mille efcus d'or> vieille monnoye de
Erance > l^avoir, cei^t,im an aprèsla réduâton delà Catalogne, &,ks cent
antres wet an- après te premier payebienr s & ea cas qiûiliuy iburniife
encore quatre cens Lances pour les guerres d*Arrœpn ^ dé Valence > il
lygr promet pour tour^ trois cens, mille pareils efcns^ddètlesintereftsferone
payez fur les revetius » domaines & entrées des Cotntez de RoufQllon &
de Cerdaigne , les charges defdits: Comtés préalablement payées par les:
mains de Charles de Ufinis ». General desFmances dudit Roy d'Arrago»
<^ns lefdi^s Comtés. de Cerdaigne & de Rouffilloa > &. donne pqur eau-
tion les mQfmes Seigneurs, dorant tauiVsâr précèdent aefté patte 'y re«
nonce déplus àitout fecours qu'il pourroit attendre de Louys XL en cas
decootravehcion* Fait dans le Palais Archiepifcopalde^afago&ileiji^
de May 14^2..
(%ligation oti caution des Seigneurs cy-defKis memionnés , qut s'oblx^
ëînt foudairement Se par corps , de £ûre toucher les revenus de RoufliU
nj& do Cerdaigne au RoyLonvs.XL datte? damç]iiefour»;pcefens^
Antoine de Noguera^ii Martin xie la Nuca , Ba^ulus. GineraUs ÈLegnk
Am^num ^Xouis de :Saim Ange » Avocat FifcaL & Doâeur es Loix y Sa
Serdmand de Yaguedan.. ; f . <
XIX*.
Volume ^1^ ^^ '^9y £Arragon engage le Rouffillon à Louys JTA • -
S^/i ^» uc la *'' *- 4 '"a *j . . . * ^ . ' ' i
Bibliothe- T) Afieat imivcrfis qnod nos Johannes, Dei gratta ^ Rek Arragdaum , Nin
cjuc dtiRoi, X vàrra: , Sicilisi^ Valènciac , MajoricarumySardinis &.CcrSlae> Cornes
5%"V^"^ BarcHûonâes Dux Athenarum & Neopatriac , ac etiam Conies Roflîlionis
?!, /^"°^» &*Ceritani«,'attcndentcs &c confidcrantes:vos illuftriflSinum &. ChrHliaT
^^^•'^^ . ; . niffimum
DE PHIL. DE CÔMINES. 3(^5
fliffîmum Principem LudoVicum 5 cadèm^ratia Francorum Rcgem , con- ■ ■
fanguineum & confœderacum>tanquain fratrem noftrum cari(fîmuni,dum ^
.fupcrioribus diebus Celfîtudo veftraia Villa de Salvatierra, Comirarus
Bearni, nos in loco Sanâi Pelagii, Clegni noftri Nav^rrse adeflè ôc adef-
fî^mus pTopcer fincerum afTcâiim & benevolenciam prxcipuam , quan)
erga nos 6c noftrum honotem geritis , obtulidè nobis fuccurfum contra
inobedicDces & advcrfanres nobis in Carhaloniîc principatu feptingcn-
tas knccas , muniras fagittariis vel aliis gentibus de traéfcu , cum pedicatu
compecenre^ artilleriis & aliismunicionibus juxta formam &; modum
Re^ni yeftri Francis , veftris quidem propriis fumptibus Se expends ,
8c in fcrvicio noftro manebunr ufquequo ipd Catnelani inobedientes
Tenerunt & r-eduâi fuerunt ad noftram veram obedientiam. Et fimiliter
fi à vobis dtâo Sereniflimo Francorum Rege , haberc voïuerimus ex dic-
ris gentibus veftris , pro ferviendo nobîs in gucrra , in Rejjnis Arrafgo^
nam , Valencise vel in altero eorumdem Regnorum , mittetis nobis qua-
dringentas Lanceas , duntastat muniras modo & forma prxdi£Hs , veftris
pariter fumptibus & expenfîs , & qtiin quidem & juftum fore cenféntes ,
Se co&fonuni ratk)ni , ut pro maximis fumptibus & etpenfis ^ quos^ Se
quas pro ftipendiis diâarum gentium fereniratem veftram agere opor-*
tebit condecensr,^ per nos eidemfiat fatisfaâio & emenda , idcirco tenorç
prarfentis deliberate > ac de noftra certa fcientia convenimus & pacifci^
mur vobi(cum diâo illuftriflimo Francorum Rege , at(jue promittimu»
& nos obligamus Celficudini veftrac , per formam & validam ftipulario^
nem , quac in primo cafa quo ad no» mifericis ad di^him Camelonia^
Principatum diâas feptin^intas Lanceas > mahiras fagttfariis vel alii^
gentibixs de traékû , cum peditatu competenti^ artiUeriis> &c aliis munitio^
nibus juxta fbrmam & modum diâi Regni veftri Francis» ut eft diâum^
& in noftro fervicio veftris fumptibus Se expehfis permanferint ûfque-
quo diâi Cathelani inobedientes nobis devenerint & redufti fueritit ad
noftram veram & completam obedientiam* Dabimus Se trademus vobis
autcui fenquibus volueritis loco veftri realiter & defkâo ducentos mille
fcutos auteos veteres monets Regni veftri prsdiâi Francis , vel valorenl
verum eorumdem, ifto videlicet modo quo (olvemus aut folvî fàciemus vo^
bisautcuicumquefeuquibufcumque à vobis legirimam poteftatem habeiv
tibus,centum milte fcutos infra annum unum compurandum Se tempore
quo diâi Catelani inobedientes devenerint Se redncSbi fuerint ad noftram,
' veram & completam obedientiam > & alios centum mille fcutos veteres »
vel verfun valorem eorumdem folvemus feu folvi facicmns vobis aut cul
voUieritis & mandaMtis nomirie veftro intra tempus alrcrius anni corn-
putandum à âne termina prims folutionis factendum de di£lis prioribns
centum mille fcutis *, in fecundo autem cafu , quo ex diâis feptingenti^
Lanceis, de quibus fupra mentio habetur , quoad Cathelanite Ptincipa*
tum , à Cekitudine veftra habere voïuerimus quadringintas Lanceas mu^-
nitas modo & forma prslibatis , Se itlas cum éffeâu mittetis veftris pro^
priis ilimtibus & expenfîs prô ferviendo nobis in guerra > itt Regni^ Aï-
ragonum y Valencis , vel m altero ^rumdem Regnorum , ifeibi quan-
tum opus fuerit pamanferint , dabimus & traâemus vobis aut cui , feu
quibus volueritis Se maiidabitis , loco veftri realiter ac fado trecétttos
Z z 5 mille
i66 PREUVES DES MEMOIIV1ES
jA^i. tmllc fcutos aurivcccris mcmetx « vcftri Regni Francût, m hunc viJc-
- * licec nKxluin quo folyemus ,auc iolvi faciemus vobis, auc cuiçiunque feu.
Îuibufcumque à vobis fufficientem poceft^tcin habeucibus cenrum mille
:ucos iûfra aiinum uoum compucandui^ â tempocc quo diifti Carb'elani
inobedient» devenerinc Se reauâi fu^çinc a4 noftram veram Se comple-:
tam obedienciam > Se alios centuoi mille fcutos vececes vd eonim valo«,
cem (blvemus 9 (eu (blvi faciemu& vobi$ ,. auc cm voluerici$ Se mandabî-
Ùs y nomiae veftro infra cempus aiterius anni compucandom à fine cec^
mini prinue folucionis faciendx. Se dï(kis prioribas cemum mille ficads:
reliques Aiucem cenrum mille fcutos ad comjplemenrum di^^um ti^ecen-
corum mille fcuconun fuo cafu^ folvemus » ieu folvi facionus vobis aut
£ui volueritis & mandabitis nomiae veftro infra tempM$ aiterius annt
compucandum à fine termini fqcundie folutioiûs facieode » do atiis cen-*
tum mille fcucis : promittences vobis diâx> ferçnidimo Fcaoconsm Regè
confanguineo &;confederato,tanquamftatri noftro cari/Iimo & Prothono-
risNorario infra fcripto, ramque publicas Se ^enticac perfonaepro ornai*
bus quorum modo intereftsaut intereÛè poterit quoraodolibct ia futiarum
l^ijtmiè ftîpulanti in noftra bona fide & verbo Regio » qupd cofdem do^
centos mille icujtos {joQczfu Se feu tiîeqencos mxUe fcutos in fuo fioguU
finguUs referendo » îblye^us , feu folvi faciemus > Se mandabimus ywis»
feu cul auc quibu3 v<^ueritis Se mandabicis npmine veftro juxtamodum Se
fonnamfuperiùsmemorataATiacquetemporibas&cerminis fupi:a defigna*
€is& ftacujtis ujiterioribus> de canon ibu5,.fubtei;fugiîsac exccptionibus re-
fecatis Se Doenicus ptocul pulfis & ad ea omnia Se fij^gula proue per nos
fupra&.inrrapromiflà & obligatafunt teiicadum> cpQiplendum & invio«
labUicecobfervandum omni animi atfeâuobligamus vobis di^feroiiffi-
mo Fraqcorum Régi , g^neraliter qmnes reddirqs Se introitus» jura &
emolumeota quorumlibec Regnorum & ceirarum aoftranmi > omniaqoe
bon^ noftra mobilia & ftabilia quccumque fine Se ubique teperiancus
habita & habenda fpecialicer & exprefte obligamus vobi^ quofi:uaquQ
redditu5 incroicus jura & emolumienita , qus^ nqs habemus imepimus in
Comitatibus.Roftîlionis Se Ceritanûe folutis oneribus qti^ taoà^ df ejuf*
dem folvupcurt fi camen aliquâs fuk fadbp graci^.vel affignaiciooes fuper
4aribus Se redditus diâorum Comitatuni Roftilionis & Ccricani» ultra
ordinarias qu^ dedecentibus , illisqui Ulas recipkinit> vos diâus iUuftrif^
iimus Francorum Rex habeacis & recipiatis. Se habere debeatis cum
omni ju^ispLenitude & integritate,iftovidelû;et ipodpquopoftquamquan*
citâtes praemencionaxae > fcienciatap , verè débita; fuetint Se qucyl eid6n
sum fuerint exfolutfs modis & fûrmis fupremis mcxf^tm^isy id») Se cd.^
iritudo veftra ÛKroicus , jura redditus & emolumenca dîdorum. Comi^
racuum Rofiilionis , Ceritanis deduâis oneribus .inodoqttQ.fupradflâ:ttm
eft, i^besix Se recipiat per maaus magnifici& dileâ^i Confiliarii noftri
CaroU de Ulmis > militis Prôcuratoris Regii in eiiGctem Comitcatibus
Roflilionis & Cerit;aniae 9 vel aiterius fucceflbris fui inoScio fupradiâo ;
im qfiodqQe hujufmodi redditus recipiemus i>oi|: compucmi!iir m fi^rtem
^iocipalepi di^orum dujcentorum mille aut; trfçcentqra miUèicumntmfin-
guU fingulk referendo. Et nihil pminus ad ulttniorem veftri tuiniOQem Se
£uwstac^m communemque pacifcimur Se no; obligamus quod Êiciemus»
arque
j
DE PHIL. DECOMINES. §^7
scque operam dabknas efficacem quod diâus Carolas de tJhnis ido-
neam faci^ oUigarionem advenien|U>as cafîbus fupi:adiâis in quibus ^4^^'
Era , Tedditos » introiciis Se emolumenta diÔtorum Comkacaom Roffi-»
mis Se Cerkanise , tigore bafuftnodi convenrionis parti & obl^ationis
ad vos petttncbunry de ifUs refpondebic Sublimitati vdBûM ^ vel eux volue-*
rie & mandabic fuxra for tnam fuperiùs mencionatanir Et quod (|jLncunque
iîicceflbr fuus in diâx> officie ProcuracorisRegii, fuisloco Se cempoce
€on{iinilem faciec Se obligationem quam feceric fupra his Carolus de
Utmis , Procurator Regius y qui nanc eft in diâis CoiiiiracibQsRoflilionis' «
Se Ceritanijt , & infuper ctipientes vos tiindem fereniffimam Francorum-
Regem in Se fuper prasmîffis reddere nitiorem , cum bac eadem convenir
mus , pacîfcimur Se nos obligamus , quod illuftiis Johannes de Arragonia-
filias nôfter cariflimus , Adminiftrator EcdcCtx , Qefara^^fteâ. Nobili»
Petms Durrea , Frater Bemardus Hugonis de Rupe* Bertino , Commen-*^
dator Montiffi>ni Ordinis Sanâi Jonannis Hierofolimicanî^ Petrus de
Peralta, Se Ferrarius deCanuca» Jufticia Regni» Arragonum milites,
Confiliminoftri, idoneam facient obligationem> quant fupradiâus Caro«
lus deUlmis, Ptocurator Regius, aut qus fucceflbr in eodem Officioy
defecerit in folutione reddituum & jurium didorum Coniitatuum Ro(fi-«
Itonis & Ceritanitf , quidem quantitas diâorum ducentorum mille fcu-
torum fuo cafu Se diâorum tre^cntorum mille fcutorum > in fuo vobis * ^ Ajoutei^
non folvetur, ipfi & quilibet eorum in foUdum, tenebitur Se tenebuntur, tnnfwt.
quoad folucionem duntatat jurium & redditumn diâotum Comitatuum
Roffilionis Se Ceritanix^^uasannÎB^ngiilisileduâis oneribus modo pne-
diâo folvenda emnt vobisy quou(que Celfitudini veArde quantitas diâo*
tum looooo fcutorum fuo cafu y Se ^ooooo fcutorum , in fuo vel valor
îpfoTum foluta fiierit cum dStOÔa. Nos emm pro majori omnium & fingu-
lorum fupra Se infîra fcriptorum fortificatione & corroboratione renun«^
ciamus , quoadque omnia juri canonico & civUi foris , conftitutionibus»
ufitatis legibus^ Se atiis Juribus, Se auxilio juris , velfaâi qui & qua;»
quoad ifta nobis prodefle , aut vobis diâb dluftriffimo Francorum Régi
nocere aut obeflë polflfent, quovis modo > ratione (ox caufk qui & quae
dici , fcribi Se «ogîrari valerent , etiam in favorem Re^m Se Frincipum
introduâis r iiv quorum omnium Se fingulorum teftimonium prsfens
publicum inftrumentum confici ju(fimus|er ProtHonotarium noftrum.
Se Notarium publicum infta fcrmtum.. Quod fuit datum & aâum in
Palatio Archiepifcopali Qvitatis Cxfarauguften , die vicefimo terdo men-»
fis Maii , anno à Nativitatè Domini miUeilmo quadringentefimo fexa-
gefimo fecundoRegnique noftri Navarrx» anno trigelimo feptimb > alio*^
tum vcr6 Regnocum noftrorum quinto»-
X X^
$7 Traité de Lùuys XL anc MargairiuiTArtjottyRtymd'Anghierrc.
MArgareta , Dei ^tia Regina Angliaf &c. Univerfis Chrifti Fidelibus Recueils de
ad quorum noticiam praefcntes Litter« pcrvenerînt, falutem in auc- m. l'Abbé
lore pacis. Notum fàcimus^.qyiod virtute &> audoritate nobis commifloe Le Grand.
poteftatis
3^8 PREUVES DES MEMOIRES
j .^ poteftaris cujos rcnor fequitur, & eft talis : Henricus, Dei graria Rcx An-
glix &c. praxtileâiflîniâe conforci nqftras Margarerae, eadem gracia Reginx
Anglic. &c« Salucem. Sciatis quod nos dedimus & concefl^us vobis pie-
nam poteftatem & auâoiitatem communkandi , tra^andi , ccmfencien-
di, & deccrminandi & concludendi , cum rereniilimo Se ftrenuilTitno
Principe Ludovico, confanguineo noftro germano Francis, vel ejus
Commiflàrio , (îve Commiflàriis fufficientem poteftatem in hac parte , ab
ipfo habente feu habentibus de & fuper treugis , abftinentia guerrarum
& firma paçe, pro termino annorum , feu pro termino vit^ noftrs,
prout vobis melius vifum fperit expedire » inter nos & /ingplos fubditos
& vailàilos , ac amiços confœderatos ^ alligacos noftros , de ipfum con-
fanguineum noftrum germanum , & fingulos fubdicos & vauallos , ac
confœderatos ^ alligaros fuos, necopn Angliac & Francis Régna inien^
di, faciendi, ceiebrandi ^ firmandi, necnonedendi,poftulandi,pro-
mittendi & jcon£entiendi , pro nobis & nomine noftro totum , & quid^
quid per vos in prsmiffis > (eu ratione prsmiftbrum rationabile videbitur
& opponunum , ac omnia alia & (ingula quae ad prxmiilà , feu eorum
aliqua necedària fuerint, feu quomodolibet opportuna; fecundum quod
vobis melius videbitur expedire concludendi, exequçndi , & expediendi»
necnon nos &c Regnum noftrum Anglis , il opus fuerit obligandi , ade6
prscifè & intégré , (icut nos ea facere po(Tëmus » (i perfonaliter ince*
leûèmus. Promittentes nosbonafide, & fub verbo regio ratum & gra->
tum, firmum , atqu^ ftabile pro perpetuo habiturum totum &quidquid,
per vos vice éc nomine noftro aâum , f;eftum (ive faâum fuerit in prx-
mifCs vel aliquo eorumdem , etiam (1 talia forent qux mandatum de (e
exigèrent magis fpeciale , ac ea omnia & iingula qua^ in hac parte nomine
noftro per vos a£ta , gefta & fafta fuerint per Litteras noftras patentes y
pro nobis & heredibus noftris , concedemus > confirmabimus & racifica^
pimus , & fufficienter roborabimus in cujus rei teftimonium has Litteras
noftras fieri fecimus patentes. Tefte me ipfo apud Edinburch , décima
die Aprilis , anno Regni noftri quadrageHroo , una cum cariflimis viris
Petro de Brezc , Milite , Comité de Maulcvricr \ Georgio Havart , Domi-
no de la Rofîere , & Stephano Chevalier , Thefaui:ario Francis , ferenif*
Ami & illuftriftimi Principis Ludovici, ejufdem Domini mei Régis An-*
glis & mei cognati germani Francis > Commiftariis deputatis , potefta-
tem» fufficientem fpecialiter habentibus, cujus ténor fequitur, & eft talis.
L o Y s , par la grâce de Dieu , Roy de France : A tous ceux qui ces pré-
sentes Lettres verront , Salut : Comme très-haut & très-puiflànt Prince %
noftre très-cher & très-amé coufin Henry , Roy d'Angleterre ait nagi^e-
res envoyé devers nous très haute .& puiflànte Princefle, noftre très-chere
6c très-amée confine Marguerite , Royne d'Angleterre , fon cpoufe » à
tout pouvoir fuffîfant de luy , de communiquer , traiûer v, contentir &
déterminer , Se conclure avec nous ou nos commis 6c députez, ayant
pouvoir fuffifant de par nous de ce, fur trêves , abftinence de guerre 6c
terme paix pour le temps & terme de certains ans , ou pour le cours
de fa vie : nous pour l'honneur & révérence de Dieu noftre Créateur,
qui a commandé paix , amour & charité entre les hommes , 6c pour
çfchçver l'efiiiiion du fang humain » 6c auiC en faveur ^ <:ontemplatiQn
dç
i
DE PHIL. DE COMINES. %69
et la proximité de fang & lignage , qui eft encre nous & nofdics coufia TlilT
6c couiine d'Angleterre , fommes condefcendus d'entendre ou faire en-
tendre par nos gens à ce conunissavec noftredite coufine, à traitter ^ ajin
pointer fur le tait defdites trêves & abftinence de guerre : Sçavoit fai-
fons, que nousconfians i plain & entiecement des fens » prudence, ioyaul-
té & prudhommie de noftre cher & amé couiin , Confeilier Se Cham-»
bellan , .Pierre de Brezé , Chevalier, Comte de Maulevrier , & de nos
mnez èc féaux Confeilier s , Georee Havart , Seieneur de la Rofiere »
Maiftre des Requeftes ordinaires de noftre Hoftd , & maiflre Eftienne
Chevalier , Maiftre de nos Comptes & Treforier de France , iceux avons
faits, ordonnez , commis & députés , faifons, ordonnons, conunettons
8c députons nos Commidaires , Procureurs & Medages efpeciaulx pour
entendre , befogner Se conclure en la manière deflufdite avec noftre- •
dite cou£ne la «Royne d'Angleterre , Se leur avons donné Se oârové •
xlonnons ^ oâroyons par cefdites prefcntes plain pouvoir , auâorité Se
mandement efpecial de prendre , faire, promettre , coniêntir , fermer Se
xronclure pour Se au nom de nous , avec noftredite coufîne la Roync
4' Angleterre , ayant fur ce pouvoir fuffifant de noftredit couiin d'An-
gleterre, fon époux, en cette partie trêves générales & particulières»
xant par terre que par- eau. Se auflîpar mer, depuis tel temps, jufqu'à tel
xems , & -en toutes lesineilleures manières , voyes Se formes que nofditt
Commidàires adviieront eftre plus expédient de faire pour nous , nos
Koyaumes , Terres & Seigneuries, pays-, fubjeâs, vaflaux> amis , aUiex
& confederez , leurs Royaumes , Seigneuries Se fubjeds quelconques ;
de faire publier Se proclamer icelles trêves , qui ainfi feront primes Se
«accordées par tous nofdits Royaume , Terres & Seigneuries , où meftiev
fera, de furer 8c promettre pour Se au nom de nous, que lefdites crevés»
quioinfi feront accordées , nous garderons , & en tant que à nous appar-
tient , les ferons garder par noklits fub jeâs , Se de faire ordonner ^
députer confervareurs& juges defdites trêves , tels Se en tel nombre»
ainfi qu'il leur femblera mieux eftre expédient ; lefquels confervateurs
ayent puiflànce fuffifante de corriger Se reformer tout ce quipoutroic
eftre attempté contre lefdites trêves , Se à faire exercer Se expraier tou-
res Se chaciines les autres chofes qui à ce feront neceflàires & convena-
bles, pofé qu'elles fuflènt telles, qu'elles requièrent mandement plus fpe->
cial , vpromettans en bonne foy Se parole de Roy , Se fous l'obligation
&by{>oteque de tous nos biens, de tenir & £iire tenir ferme Se ftable tout
£e qui par nofdits CommiÛàires auraefté fait es chofes cy-deflùs , & en
chacune d'iceiles , Se le confirmer par nos Lettres patentes , quant meftier
en fera j en tefmoin de ce nous avons fait mettre noftre fcel à ces pre^
fentes. Donné à Amboife le vingt-deuxième jour de Juin , l'an de grâce
mil quatre cens foixante Se deux , Se de noftre Règne le premier» Sic
Jignamm , Par le Roy en fon Coniêil. De la Loere. Communicavimus
Se ipfi nobifcum de modis Se mediis quibus ad treugas ^ feu abftinencias
guerrarum pro termino annorum , feu pro termmo vits ipforum Domi-
ai mei Régis Anj^ias & co^nati fui Francis , antediâi commodius mu-»
tuo vifum eft pofle perveniri. Tandem nos Margareta antedida uni cum
Commiflàriis antem^ prp Sf, nomine diâi Domini mei^ Se ipfi Conv.
Tome 11, Aaa miilàrii
^_^ 570 PRE UVES DES MEMOÏKES
^ miiïàrii nomine fie aaûoritace , qua fupra , treugas générales Ôc abftinett-
^' * cias guerrarum , firmas Se ftabiles per .terram > mare &c aquas dulces , a
data prarfencium ufque ad fuiem cencum annorum proximos fequen--
tium appunduavimus } concotdavimuS'» fecitnus, cepimus^, accepcavi^
mus ) inivimus ac concUifimus , cenoreque prsfencium appunâuamus>
concludimus ,, facimus» capimus , accepcamus, inimus & condudimiis ^ .
pro adiâo Domino meoRege Anglix antediâo regnoque ruopacrits
Terris y Dominiis Se fubdicis fuis^, nccnon pro omnibus Dominis de-
fanguine Domini mei Régis amodiai fie aliis fuis fubdicis» vatTalliss.
amicis;> alligacis , confederacis, adjucoribus& adherencibus» fie pro om-
nibus eorum infùlis» Ducaribus >.Comicatibus fie aliis patrîis > Terris fi^
Dominiis qux cenont fie habenc , tam in diâo Regno Anglis quam extra
fi^ pro omnibus eorum vadàllis & fubdicis videlicet y quod ad prsediâo^ •
amicos , alligatos » confederatos fie adhérences non fubdicos > (î in illis
treugis comprehendi velint , cum prsdiâis Commiâàriis , faspedi&i fe^^
rcniflimiac pocencis Principis coenaci noftrigermani Francix» ancediâi
fie ipfi nobi(cum nominibus, quious fuprà, pro diâx> fereniffimo Princi''
pe cognato noftro germano , & pro Terris pacriis, Dominiis » vaflàllis fif
fubdicis fie alligacis , confederacis fie adherencibus fuis- eorumque Reg-
nis, pacriis , Dominiis , vailâltis fie fubdicis, ac alligacis, cpnfederaci^
Se adherencibus fuis , cam infrà Regnum Francûr , quam extra exiften^
tibus,videlicet refpeéhi aIIigacorum>confederacorum fi^ adherencium, (ibi^
non fubdicorum^ fi in eifdem comprehendi velinc in modum qui-fequi-»
tur. Primo. Quod borne creugae, abftihenciaeque^uerrarfiancincer diâos
Henricum Regem Anglix Se illuftriffimum Principem Ludovrcum fuum '
oognacum Francis , Se heredes fuos , Terras diciones vaflàllosque ac
{fibdicDsper cencum annos inviolabUicer duracurar à 28J die menus Ju-
nii i anno Domini 1462. incipience. lum. Qùod diâo cencum anno-»
rum durance cempore ,. diâi Principes fié eorum fubdici, cam de una*
parce , quam de altéra fîmul valeanc converfari , nK)rari , ire î venire de *
parce una in alceram , abfquefuarum perfbnarum, fùorumve bonorum
prpjudicio » fie fine quociimque alrerius parcium falvo conduâu , ica ca-^
men quod divifioniinis , quxnunc in ip(o Anglia^Regno exiftunt duran-*
tibus 9 fi^ quamdiu duraverinc»regniejufdem fnbdici fiVe nobiles, mer^
cacores aut alii eu jusvis^ ftacus, auc condicionis exiftanc cercificacionem^
û)forum R^gis Angliae,five Regiria^squod ipfi eorum fine fui veri A fidèles
uibd ki , fiiam parcem fovcnces afferrc fit oftendere tenebuntur, quotiens *
ftierint requifiti, in hocetiam refèrvàto , quod ipforum Rfegis fie Règina?
Anglix fubdtci non poterant in Vafconiae pareibus mercari , nec alias ire^
aut converfari, donec ipfi Rer Anglia? fie Regina fuermt in codem
Regno paciffci , fine fpcciali fie exprefia ticentia antediâi Principis-
Franciac Item. Durante ipfarum treugarum tempore minime poterunt
antediâi Rer Anglix Henricus^fic ftrenuiflimus PÎ'inceps Ludoneus fuus
cognatus Francias , feu alrer eorumdem fufi:ipere , receptare , fiiftinere*
aut favorifarè aliquos alterucrius nacurales fubdicos , qui modo erga
eos efficerencor, inobediences fie rebelles » nec cum ipfis rebetlibus , auc
eorum aliquo craâare , aut promiccere per ipfos , auc alios eorum veros-
& obédiences fubdicos quoicumque craûacus ,. apjuinA^unenca > ligas ,-
vcl.
DE PHIX.de COMlî^BS. 371
•vd atnicitias iniri , feu concrahi; fed potius viribus totis , alterutrius , Y^TiT
^ebellibus nocebunc » ac danipna ferenc .••••• . hoc cafu fe fejura-
re viciiEm renebuncur , ii opus fucrit, dum unus ipTorum Princi*^
ptim per alcerum fiierit rcquiiitu« contra fuos prâsfacos iubdicos , qui à
-modo fe erga eos inobedicnces redderenc feu rebelles. Item. Quod
durante cempore divifionis ^ nunc in Angliâ viçencis de cœtero dene^
{(abuntur faivi conduâus , rebellious ipdus Régis Henrici atqucfoven»*
tibus partem Edwardi , nuper Comitis Marchis infra Angliam , ipforum-
que nullis dabuntur falvi conduâus per fereniffimum Principem Ludo^
vicum fuum <:ognatuni Francis anredidfcum , Admiraldum luum , aut
alios quoicumque Francis Officiarios » excédas duntaxat falvis conduc-
tibus prifonariorum » ic ilUs qui femper dariconfueverunrpiicatoribtis^
tempore pi(cationis alleâium , oui quidem dari poterunc ex u traque
parte & in forma folita » dummodo nikil aliud faciant , procurent > auc
negocientur > ipfî pifcatores.prâbter foiain pifcium pifcationetn» Item. Pro
confervatione diâbarum treugarum concordatum eft , quod deputentur â
diâis Princîpibus<certi<:onrervatorés>qnorquidem durante toto tentpore
treugarum tenebuntur ipiî Principes & eorum fucceflores continuare>
ac quotiens cafus vacationis acciderit , novos conftittiere , & pro ifta vi-^
ce , pro nunc confticuere eic parte Anglise^ Cancellarium Anglue, <^ui fub
fe poterit committere & deputare , particulares Commitlarios in (ingu-
lis Ponubus maris Reeni Anglbe , ubi erit expediens Se neceflarium ; Sc
XX parte Francis , Aamiraidum Francis } qui iimiliter habeat fub fe de-^
putatos in fingulis Portubus Francis, qui quidem ton fervatores habeani;
cognofcere fummariè , &c de piano , de attemptatis fî qus acoidant iti
prejudicium , ipfarum treugarum & ipfa attemptata deoitè reparent » ac
'de infra(5toribus faciant condigna^ punitionem. Item. Si accidat in
Tuturum aliquid , in prejudicium treugarum ipfarum attemjptari , noft
tamen obid rumpentur ipfs treugs , fèd femper in fua ârmitate rema^
nentes inviolabiliter obfenrentur. Addendo etiam quod quotiefcumqub
"cafus acciderit (ivein mari »'fîvein rerra , Teuin villa , ivre in campis-v
aut ubicumque terrarum attemptata fuerint , alter ipforum confervato*
Tum rogatus , ab altero debeat , diUgentiam adhibere fuper reparationi-^
bus attemptatorum , Sc facer e cum éffe(£hi quam citiùs fuerit poflîbile
^ebitam fatisfaâionem dampnificatis , tam ex una {)arte , quam altéra»
Item. Et his medîantibusiHuftriflîmus Princeps cognatus fuus Francis,
antediâus ram pro fe quam fuis vaf!allis , ac fubditis dectarabit , pro
ipfo Regc & Regina Anglis contra diâum Edwardum , nuper Comi*
tem Marchis , in Anglia , fuofque adhérentes & complices hocque
idem Prin'ceps Francis Ludovicus antediôus per totum Regnum Fran-
cis proiflamaTi faciet & publicari , fuafque per patentes Xitteras amicis
'fuis, corifederatis , ac benevdlis iigniâcabit ad hoc , ut idem ipH faciant
in fuis Regnis & Dominiis. Item. Faciet fereniffimus Princeps Ludovi-
cus confanguineus fuus Francis antediéhis per omnes terras fibi fub-
îeâas , fono rubs & proclamatione publicari & nunciari, quod nuUuiit
luorum fubditorum cujufcumque conditionis aut ftatus hierit, ducat,
tranfvehat , ducive faciat , aut tranfvehi blada , vina vel alia bona , feu
widualia aut mercantias quafcumque ad Anglis Regnum , vel alia loca
A a a a ipfi
^___ 372 PREUVES DES MEAfOIRFS
ij^dx^ ^P^ Edwardo fubjeâa , vel adhsrentia pro fubveniendo aut jùvandcr
diâum Edwardum , (iiosque complices & adhérences , nec eiTdem con«
£liuin> folamen ,autauxuuim quoquotnodoprxftent fub pœnaperdicio'
ni& rerum,, viâualium > mercanciarum & navium in quibus merces ipfa^
onuftos forent ^bc fub confifcacionis corporum & bonorum pœna. Item. ;
Quod Reges Romanorum , Arragonum & Portugalise , & cœceri Reges«
& Principes amici , benevoli & confœderaci diâorum Principum , &c
quilibec eorum , cam ex una parte ^iiam alia >. û bonum fibi videamr >
comprehendantur (ub didtis treugis fecundum eanim formam & teno-
lem , tam pro ip(is quam pro fuis lubditis quibufcumque. Quas quîdent
treugas , ac omnia & fingpla prsmiflà > in prasdiâis articulis contenta» .
cum & ex deliberatione Gonnliarionim Domini mei nobifcum > in hac
se exiftentium videlicet prardile&i fratris noftri Jafparis ,.Comitis Pem-
brochix » ae dileâorum confanguineorum noftrorum, Johannis.d&Foix>«
Comitis de Candale, & Roberti Comitis de Hungerfotd, acThoms;
Donûni de Roos. lohannis Morton , cuftodis privaci figilU ante didfci
Domini mei Régis Edmundi » Montford, Roberti Whitingham , Thomas
Sfynderen , & Henrici Lewes miiitum , necxion Guillelmi Grimmelhy »
Armigeri & Régis Armorunv : Nos. in vim poteftatis Tuprafcriptas pro--
mifimus » & per pradentes promittimns , pro & nomine diâi- Domini *
mei Se pra eo facere , teneri & obfevari de pun&o in punâum , abfque
aliquo modo veniendo > vel eundo in contrarium in pane > vel in toto<
ob quamcumque caufam, veLfub quocumque colore , necnon vigoro
ejufdem poteftatis nobis attributs , & tanquam fpeciale mandatum ha-
bentes à ai£to Domino meo Rege Anglix'ipfum RJegem , Regnum fuimi.
Anglis & onrnia fua bona quascumque , obligavimue fubmifimus Se ypo-*
tecavimus, 6c per pr^fentes obligamus, iubmittimus & ypothecamus^
{pecialitec & expreuè ad omnia & fingula , in fupradiâis articulis con*-
tenta pro & ex parte diâi Domini mei Régis Angiis tenendum> fir-
mandum & inviolabiliter obfervandum , prominmufque Se fupradiâi;.
Confiliarii promiferunt > procurare & kborare omnibus modis & me-^
diis poffibiubus abfque dolo , fraude & malo ingenio omnia & (ingula.
praemiilà , approbari & ratificari , per ipfum Dominum meum Regem:
Anglias antediâum in verboRegio, & per très ip(ms Regni. Angliae^
ûatus in fuo Parlamento. Arque de ipfis rarificacione & approbatione v
modo fupradi£to faciendis^ , Litteras condecentes & oppertunas in auc-
tenriqua forma » figiUo,reu £gillis in tali cafu debitis, amietis & oppor*
tunis expeditas tune &figillatas,.antediâo illuAriffimoPrincipiLudo-
vico confanguineo noftro germano Francise , aut ejus Cancellario ad/
proximum inftans Naxivitatis Domini feftum Parifius in Caméra compo-
torum tran(xnittere hujufmodixatificationis Litteras in forma débita» per.
ipfum confanguineum noftrum expeditas recipiendo . ... In eu jus rei>
teftimoniùm nos^praefata Margareta iignetum noftrum pratfentibus inanu»^
noftra propria., lubfcriptis appofuimus.^ Datum apud Tours, vicefimo*
o<%avo die Junii, anno Domini millefimo quadringentefîmo fexageHmo
fecundo regnique Domini mei Régis Angliae antediâi quadrage(imo-
Signé, Margarita , J, Pembrok, Kendale, Hungerford^ Roos, JpHan-
Bis.Mortond, EdmondLMoJiifort. .
'^
©E PHtt. Ï)E CON^INE^. 573
• EtfurU revers^ de la mefmc main de/dites Lettres ^ eft ejhrit : Ttcur ia6x.
fjptr Se guerrarum abftitienci^ incer GhriftianifCmum Francôrum Ludo^
ticum > & Henricum illuftriflimuin Anglise Reges , per utriufque partes
Qtà hoc depucatos , adcenrumannostradatas&concoxdatas^Caynone, ao
demum Turonis paflàtae , 2&. die lunii 146^
X X *.
ÇCT Ordre de Louis XL en conféquence dU'fufdit Traité.
LO Y S , par la gtacede Dieu , Roy de France, au Vicomte de Pon- Tni des
ceaudemer » ou à Ton Lieutenant , & à Pierre de Salenove , Salut : I^ccueils d^
Comme puis n'agueres , par certains appoînâ?emens faits entre nous , ^- l'Abbc
d'une part, & très haute & puiflante Princcflc noftre très-chere & très- ^c^r*°^'
amée Couftne la Royne d'Angleterre , pour & au no/n de très haut Se
puiflànt Prince, le Roy Henry Ton mary, nous nous foyons déclarez
de porter & favorifer la part de nofdits Cou(in Se Confine , i rencon-
tre de Edouard de la Marche , fubjeft rebelle Se défobéïflànt envers
noftredit Coufin , foy efforçant de luy ofter fa Seigneurie , pour la re-
couvrance de laquelle noflredite Coufine fe fbit difpofce s'en retourner
devers fondit efpput en grande diligence , pour le paflàge de laquelle
Se de fa compagnie, nous vous mandons que vous vous tranfportiez par
n3us les ports de j?ier de Normandie Se Picardie , & faiâes commande-
mens à tous Maiflres de Navires , que ils vous baillent les Navires quc^
leur requerrez, Se à tous Matelots & Mariniers, que ils viennent fervir,
&c. Donné i Rouen le 16. d'Aoufl i^ôi.Tirédu f^idimus en parchemin y^
copié par M. VAibé Le Gmnd. >
XX t^
03* Alliance du Roy Louis XL avu Jean , Roy (fArragqh.
Jr O ANN ES, Dei gratiâ Reif Arragonum , Navarrac , Sicilix , Valen-^ Tiré des
I cias , Majoricarum , Sardiniar & Corficâ^ , Cornes Barchinona^, Dus mêmes Re.
arthenarum & Neopatri^e , ac Cornes Roflîllionis & Ceritaniac , uni- ^**^*^
verfis pracfentem Litteram infpeâxiris, Salutem. Cum inter aliquos Con-
filiariorum noflrorum, per nosadharc fpecialiter deputatosex unâ. Se
alios etiam deputatos per fereniflimum Se Chriftianiflimum Principem Se
cariflimum confanguineum noftrum Ludovicum eâdem gratiâ Regem
Francôrum ex altéra , Prefentibus , cetta^ ligse , confederationes , intelli-
gentix Se amicitiar traébara^ fuerint Se concordatas pro nobis & nomine'
noffaro , & etiam pro ipfo cariffimo confanguineo noflro Francôrum Re-
ge , Se pro Rejgis terris , dominiis Se fubmtis noflris & utriufque nof-
trum , fub modo & forma in articulis fequentibus contentis. Sequentur
articuli faâi & concordati inter deputatos ChriftianifEmi & potentiflimi'
Principis Domini LudoviciDei gratiâ Francôrum Rcgis moderni,&
etiam deputatos fereniflimi Principis & Domini Domini Joannis eâdem
SF^iâ Régis Arragonum > Navarros , Sicilias , &c. fuperamicitiis, ligis,^
Aaa 5 intelligentiis'
^^ 374 PREUVES DES MEMOIRES
"^"^^^ inceUigentiis &c confederationibus intcr ipfos Principes & pro réunis »
^4^^' terris , dominiis , fubditis fuis. i^. Vidd[icec^quocfp^ediâusChrlftia«
ni(fimus Ludovicus Francomm Rex modernus , & pcatlibacus Dominuf
Joannes modernus etiam Arragonum » Navarre Se Sicilis Rex , erunt
deinceps perpecu6|boni, veri, hdetes amici , unus erga alium ad invlcem
pro confervacione , defenfîone & tuitione Cixx vicx, fuarumque perfona^
rum, bonorom , ftatuum, regnprum, rerrarum» dominiorum & fubdi^i^
torum» Item, quod iî aliqui » cujufcum^ue ftarusauc conditionis fine
auc fuerint , fucuris vellec cemporibus alicai ipfortim Regum , aut , vel
terris • vel eorum regnis , terris , dominiis & fubditis guerram facere
âut movere y yiraque aut vioientiam inferre , aut aliquiddê fuo indebî«
tè & contra eorum voluntatem detinere vel occupare , alter prxdiâo-
rum Regum tenebicur ipfum fuftinere > defendere y fibi furorem exhi*
bere contra inimicos fuos & omnes alios per faéti violentiam aut alids,
indebitè fuum occupantes omnibus viis& modis iibi poâibilibus qiran<*,
<lo fuçrit requifitus , quemadmodum bonus , verus & fidclis anucus 0
frater 6c confederacus facere debeat aiteri fine fiâtione quacumque. Item»
quod n unus prsdiâorum Regum pro fuo volcbat auxuio aliquas Gentes^
armorum, Sagitrarios vel Balliftarios , Equités vel alios armatos Pedeftres,
alter tenebitur iibi pcxbere ufque ad numerum quingentarum Lancea-
rum cum Gentibus de tïù£i{i illis convenientibus lecundùm forman:i
Regni Franciae quoad Regem Francia: Se fecundûm formam Regnorum
Arragonum , & etiam tenebitur unufquifque ex diâis Regibus aiteri de
tali noftro Pedituin armatorum ouibus opus fuerit y Se lUe ipforum Re-
gum qui hoc requiret ab alio habcre voluerit , ille tamen pr^ediâorum
Kegum qui praediâos armatos tam équités quàm pedites requiderit , in
exitu illius Régis à quo miili fuerint , & antequam alterius regnum Se
jdominia ingrediantur , eis ftipendia folvere tenebitur fecuncmm mo-
dum Se formam confuetam in regno Se dominiis unde pncdiâ^ Genres
armorum mi{& fuerint y iingula (ingulis referendo y Se pro toto tempore
quod Rex requirens eafdem Genres armorum detinere voluerit & ulque
ad exitum regni & dotniniorum fuorum , & hoc fine fraude y dolo ve{
malo ingenio cjuocumqué , per iftas tamen confederationes , nec per
aliqua quœ in eis contineantur , pracdiéti Reges y nec aliquis eorum quic
quamagere intendunt quod audoritati Se reverentiâcSan£tiifimi Doitiinî
noftri Pap$ , tanquam Vicario Chrifti Se SanStx Sedi Apoftolicx poflèc
in aliquo derogare. Prxdiâus etiam Chriftiani(fîmus Francorum Rex
per ea (juac fuperiùs traâata funt , non intendit in aliquo derogare auc
prsejudicium inferre antiquis confederationibus, traâatibus & amicitiis
inter Francorum Caftell^ & Legionis Reges Se Régna eorum fadis »
x:ontraâis & initis Se femper ad plénum obfetvatis , nec etiam confede*
rationibus Se amicitiis inter prardidum fereniflimum. Francorum Re«
^em , & fereniflimum Reçem Scotias & eorum Régna , hadenus fac-»
tis & initis , confanguinitatiquc amicitix Se benevolentis ferenifiimi
Régis SiciliarRenati, Domini<jue Ducis Calabrias ejus primogeniti, & eu-
îuflibet eorum. Et fimiliter didus ferenifiimus Rex Arragonum per hanc
;confederationem non in tendit derogare amicitiis, con(anguinitati>a(fi-
^tat^ Sf beneyolpntis cfujip^ fijmc intçr eum & illuftriilîmos Alphonfum
' ^ortugalU?»
DE PKIL. DE COMINES. ^7^.,
Pbmigallix-, Feixlinanduni Sîcilise Reges nepotes fuoj , & illuftrem Ffan- " — -tt-
eifcumSforcïa, Ducem Medîotani , & quemlibeteorum. Nos, depriE- ^
dtftis articulis Si. de omnibus &: fîngulu in cis fc quolibet eorum con-
tentis , ad plénum inftruâi & infbimati, &c pro quorum conclulione
nos & prcdi^s carifTImus Rex Francorum confanguincus nofter ^muL
hodiernâ die conveiiinius atlîduâ cogitacione , penfanterqtie legtiis Se
Regibus pro eorum Habiliiatc Principatus , nÛ accommooatias concor-
diâ valeac inveniri noftrlamoris &c dile£tioiùs radicem ad ânem debi-
■Um deduccre cupiences.prxdiâosarticuios, omniaque & iîngula ineir
contenta fîimamus , laudamus & ap|frobamus , Se promittimus fub ncf-
ttâ fide Se vecbo regio ea facere , cenere , adimplcre & inviolabiliter
oblervaie (ccundùm modum & formam in eis & quolibet eorum conten"
ram. In quorum omnium fidem Se teflimonium bas noftras prxfemes
Litteras manu noftrâ propriâ Hgnavimus , figillumque noftrum impen-
denti lullîmus apponendum. Datum circa locum de Salva-terra inquo--
^m cafu pofîto m Regno Francis in territorio de Malleore dd Sola j Os
teciiâ' metius Maii > an. i Natîvitate Domini t ^61,.-
XXI I.
$7 Don fait pttr Louys Xi. du Duché de Luximhourg ,- £• Comté C^opi^par'
de Ckiny , à PhiUppe le Bon , Duc de BourgogTU. M- 1 Abbé
Le Grand
LOYS, par lagracedcDica.Roy de France: Sçavoirfaifoflsà tous ^'î^'" ''■^-
prefcns & à venir. Comme noftré très-cher Si f^ Trefor
Dieu abfo^vc, eut en fon vivant acquis de' nos ti dtschartes .
Coufin & Coufine , les Duc & Ducncflë de Saxe , Aae 4a j , '
fonniers ficconfors en cette partie, LesDuchéde - ^ .
de Chiny , & de la Roche en Ardàine > avec les p c'cft céi^
partenanccs & appcndances d'iccUes quelconques j riiitrs.
rres dudii acqucft peut plus à plein apparoir j lerqt
niflte très-cMr & très^amé Oncle Se Coulin PheH]
gne , prëtendott avoir aucun droit , pour laquelle
)lié& requis, que afin que fondit droit, qu'il a el
oit mieux apparent, tt nous plaifelu)' donner, céder, 5: tranfpiorter le
droit que y avons , Se fur ce luyeflàrgir libéralement noftre grâce. Pour
ceeft-il que nous ayant coniîderacionacc quediteft, auSîà là proximité
du lignage , en quoi nous atteint noftredtt Oncle de Bourgogne , & la
nès^rande & (inguliere amour & affection qu'il a tousjours eue: à noftrer' .
perfonne, ainfî que l'avons par long-temps connen parcffefl:, à icelluy
noftre Oncle Pbelippcs, Duc de Bourgogne , à fcs noirs , pûut les cau-
fés Se confiderations , autres à ce nous mouvans-, avons donné , baillé ,-
eedé , tranfporté & délailfé, donnons, baillons, cédons, iranfporrons
& délaiflôns , de grâce efpeciale , pleine puiflânce '8c authorité Royale
par ces prefentes tout tel droit, nom,raifon& action que avons, & quC
nous peut & doit competer Se appanenir efdits Duché de Luxembourg
& Comté de Chiny & de la Roche en Ardainc , leurs parrenances &
^>pendances , cens , tente» > Juflice , propriété , ccvenus.» fiefs , noblef-
fcs
t
- 3r^ PREUVES -DES MEMOIRES
I ^Ct. Tes & autres droits à icelles appartenons quelconques > tant aa mo^
' & i caute dudit acqueft > que en âr nodredit Seigneur Se Père > que au-
trement en quelque manière que ce foit , pour les avoir Sc en jouir par
noftretiit Onde ac Bourgogne &c fefcliiE hoirs perpétuellement , une
que nous > nos-hoirs fucceOeure &c ayans cauie de nous , y puiÛîons ja-
mais quereller, ny demander aucune chofe , & en outre pour ce que de
la part de noftr«dji feu Seigneur & Père fut payé , baillé & délivré au-
cune fomme de deniers aufdits Procureurs & Ambaflàdeurs , en faifaht
lefdites .condidon Se tranfport en r^atant de la Tomme principale dudit
acquêt] laquelle fomme principale monte ^ cinquante mille elcus^ nous
pour les caufes que dcflus , & de noftie plus an^te libéralité , avons
donné Sc tranfporté , donnons St tranfporions par cefdices prefentes i
noftredit Oncle de Bourgogne toute tclfe fomme de deniers que a eu ,
-vivant noftredit Seigneur & p£re > a efté payée Si. délivrée i une fois
«uiplu^eurs* aufdits de Saxe, leurfdits confors 6c Âmhafladeurs, i,
l'occallon que dellus \ de laquelle fomme voulons , & eft noftre plaiiîr ,
que noftredit Oncle fe peur aider , & la convertir au pavement oe l'ao-
quifiiion qui eft , ou fera faite i fon profit defdits Duché Sc Comté , en
f remettant en bonne foy Se en parole de Roy , entretenir & accomplir
noftredit Oncle tour le contenu en ces prefenres , fans aller, ne fou&
frk aller à l'encontre par nofdits hoics & fuccedeuES , Roys de France »
ne par autre i luy faite bailler ou délivrer , ou à fes gens pour luy , toures
Letttes & inftrumens que pouvons avoit , touchant ledit Duché de Lu-
xembourg , & les Comtés de Chiny &: de la Roche ; & afin que ce foie
chofe fecmc & ftable à tousjours , nous avons ligné ces prefentes de nof-
tre main, ^ à icelles avons fait mettre noftre Scel, faufeo autre chofe
lutruy «n tout. Donné i Amboife le vingr'çinquiéme
e , l'an de grâce mil quatre cens foisanre Sc deux , &
e fécond. Ainfi Signé , Par le Roy , vous le Patriarche
refque de Saint-Brieux , l'Admirai, les Sires de Ttayn j
a Rouflîe , 8c autres plufiçurs prefens. De la Loet&
yifa conttntor. du^an. --%
X X I I V *
:$7 PfiMVoir de Htniy , Roy de C^ilU ■ pour trtdur dipaix
ff confédération ttvtc U Roy Louys XI,
Tiré a» T-T ^""<^"* » ^^' gratiâ i Rex Caftell» & Lcgionis &c. Unîvcrfis pne-
Recoeils de -^ -^ fcntîbus pariter Sc futuris has noftras Litreras infpeâuris , Salutem
M. l'AbU & gratîam. Ciim eos qui fub Deo auâore pacis imperitnt , Evangelica
Le Grand, leéno hortetur ad unitatem fpiritus Sc fraiernam dileâionena , per quam
Regum amor , rranquilla Regnorum quies & fpes xcerni Regni conferr
vantur , 06 pr^rtim inter eos , quorum progeniiorcs longas & diutur-
nas amicicias & iniemeratos confsderationum Sc ligacum nexus ufque
ad vitx termtnum perduxerunt. ConCderantes igicur & animo noftro
gerentes diutiflîmas Sc comprobatas amicitias inter dos Sc progenîtorés
noftros , ac fereniflimi Principis cariflimi fratris Sc confanguinei noftrî
^udoyjipi t Pçi fiiaiiâ * F^aocotijun Régis prxdece0bres \ & inter nos Sf
ijifugj
DE PHIL. DE COMINESf. 377 .
%)fiim ultra fanguinis necdBtudinem , qua inyicem fungimur , ad perpe- ^TT^T^
cuam validamque amicitiam in robur firmitacis contrahcre , éc qux ip(î ^ ^
prxdecellbFes noftd glorîofè iniciaverunt, ad fœlicem ftacum utrorumque
Kegnonim pro(equenc€s : Nocum facimus quod nos confidentes de lega^
iitate , fidelitace &c magna prudentiâ Reverendiilîmi in Chrifto Patrie
AlfonfiCarrillO) Archiepifcopi Toletani Hifpaniarum Primacis ac noftri
Cancellarii majoris , &c nobiib viri Joannis Pacheco » Marchionis de
Villena, noftri Majoris Majordonii , ex noftrâ cerca fcientiâ maturâque
Confîlii noftri deliberatione , conftituimus , facimus & ordinamus per
pTxfences Procuratores , Traâ:atores ôc Oratores noftros générales & fpe-
ciales : Dan tes eifdem plenam , generalem 8c liberam poteftacem » ami-
•citias , confitrderationes 6c ligas inter nos ôc noftros , ac prsfaci fracris
noftri Régis Francis prxdecedbres inicas Se confervatas vice ôc nomine
noftro ôc pro nobis nxredibufque ôc fucceflbribus noftris ac Regno »
•ditionibus » fubdicis & vaflàllis noftris ôc nobis adhsrentibus ôc adhsfu^
ris unâ cum Ambaffiatoribus , Oratoribus & Procuratoribus prsfati fere-^
nilHmi Régis Francis fratris noftri cariffimi, pro fe & fuis hsredibus
^ fucceflbribus > Regnis p dominiis ôc fubdicis » confirmandi> traâandi»
faciendi & perficiendi in perpetuum > vel ad certum tempus duraturas»
fub antiquarum confœderationum , vel alterius tenoris forma , proue
tp(is Reveiendiftîmo in Chrifto Patri Archiepifcopo ôc Marchioni de
Villena videbicur expedire , nec non dedarandi , interprecandi , mutant'
4li, ad jiciendi » diminuendi , (i qua in diélarum confœderationum litre*
lis aut verbis ambigua» obfcura, imperfeâa aut aliàs mutanda videan-
tur y jurandiquc in animam noftrani ôc in verbo Regio pro nobis ^ pro^
mitcendi pracdiâa omnia ôc fingula per eos traâata > concordata ÔC
«confirmata per nos firmiter reneri , & inviolabilicer obfervari , (imile^
que juramentum» obligationes ôç ftipulationes à prxdiâis Ambailîatori* . j
bus|& Oratoribus prxfati carîflimi Régis Francis fratris noftri requirendi»
petendi Ôc exigendi ac recipiendi , ôc infuper omnia alia ôc (ingulâ
exercendi , gerendi & difponendi ac expediendi quem prsmiflîs ôc cir- Quim ? ^
<:a ea fuerint neceflària , utilia , (eu etiam opportuna , & qus facéremus crois qa*U
Se difponeremus , feu facere& difponerc poflfemus , fi aûum in perfona ^^^ !"*♦
propria gereremus y etiam fi talia (int qus mandatum fpecialius exige- ^*
f ent. Promittimus etiam bona iide & in verbo regio ac fub obligatione^
bonorum noftrpnim quorumcumque pro nobis, hsredibufque Ôc fuccef-
fôribus ac Regno > fubdicis , amicis & benevolis noftris adnstentibus ôc
adhsfuris , ratum > gratum , firmum Ôc ftabile haberi ôc perpétua Jiabi-
turos , quicquid per prsfatos Procuratores noftros confîrmatum , déclara*
tum , interpretatum , mutatum, additum, diminutum , obligatum ,' jura-
tum , promiftum , adum & condufum y fadumve &erit in prsmiffis ôc
eorum quolibet , vel circa ea una vice aut iceratis ôc diverfis , eaque
omnia Ôc iîngula irrefragabiliter obfervaturos , expleturos & confirma-
euros , etiam noftras patentes Litteras , fuper his quotiens erimus re-
•quifiti , prxfato cariffimo fracri noftro dacuros à prsfacis Ambafiiacoribus
conformes recipiendo. In quorum omnium fidem ôc teftimonium prs-
mifibrum , figiilum noftrum in abfentia magni ordinatum Litreris |>rs-
£:iicibus duximus apponendum. Datum in oppido de Majorito die decimâ
Toffu IL B b b mcnfis
37» PREUVES DES MEMOIRES
^ mcnfis Marcii^anno à Nativirate Domini millefimo quadringçnt efimo fe-'
^ ^* xagcHmo fecundo, Regni verb noftri anno o6tavo. Et fipiiplus basp
Ne (ka- ^ mandaco Domini noftri Régis in fuo ConûUo > Alvaruis^ Gomeni y
droit-il pas Secrctarius > avec paraphe^
Krc Gi^m#. XXIV..
fins.
apT Extrait d'une Lettre fur Ccntrevui dti Roy s de France &
de Cajiille > du 14. Ayril 1463.
Tiré des T Ertrcs da même y du 14. AvriLll mande que Ibrfqu'il partit d'Acqs^
îf ^'AKK^ X^ quinze jours auparavant on travailloit â aboucher les deux Roys da
IcG^nd France & d'Efpagne, qu'il y avoir trêve cnrre eux jufqu'au premier May^
' qu'ils n'eftoicnt qu'à deux jours l'un de l'autre ^ que cependanr l'Admi-
rai de France > qui eftoit de la part de Ton Maiftre auprès du Roy d'Efpa-:
gne, efcrivoit qu'il auroit bien de la peine à obliger Henry à voir Louys».
parceque les Ambaflàdeurs d'Edouard IV. tafchoient d empefcher qu'iU
ne fi(Ient la paix \ que ceux de Barcelone s'eftoient joints à eux -, que
ceux de Perpignan iuy avoient efcrit , que s'il ne traitoit point avec la.
France , ils éeorgeroient tous les François qui eftoient chez eux > que
d'ailleurs ils le faifoient de grandes demandes les uns aux autres >. que fî.
les deux Roys ne fe parloient point » il n'y auroit qu'une trêve >& pen-
dant ce temps chacun traiteroit avec Edouard \ qae le Duc de Bourgo-
Spe a qui eftoit bien a^ec la France >. pourront l'entraif ner ^ que Margue-
rite > Reyne d'Angleterre , eftoit (ortie avec (on fils , & av^it lai(fè:
Edouard paiiible poilèdèur de tout le Royaume , & qu'elle Veftoit reti*^
♦ René rée auprès du Roy , fon perc * \ que tout cela Iuy faiÇbit croire qu'on ne
«Anjou» pourroit pas envoyer de grands fecours au Duc Jean de Calabre; que
01 de Si- jç^jj Coxa^ fon Ambaflàdeur » eftoit venu fort pauvre , & s'en retour-
neroit mandiant \ que Barthélémy de Bologne Iuy avoit dit que le Duc
avoit commandé à Coxa de ne. s'en pas retourner» qu'il ne Iuy portaft
quatre-vingt dix mille efcus ^ qu'il le tiendroit heiureux. s'il en avoit la.
moitié; qu'on Iuy envoyoit deux Vaidèaux, l'un chargé de bled, & l'autre
de Tel , qu'ils dévoient eftre fuivis de (ix Galères , mais qu'il croyoit que
c'eftoient autant de belles paroles » & rien plus > que pour Iuy Antoine ^
il alloit prendre poflèftion du Comté de Valentinois..
XXV.
Tké par ÇCT Juf^enum rendu par le Roy Louys XI. fur Us differens entre les^
M. J^Abbé Roys de Cafiille & d^Armgon ,. pour les prétentions réciproques , qu'ils-
5u Trcfor ' ^'^oient Cunfur Vautre. Donne â Rayonne le 23. Avril 1463..
Anmim^e, T UDO V IC US , Dei gratiâ , Francorum Rex &cc. Notum &c.
facyii. i^. M^ Quod ficc çartibus auditis , & prout per eorum Litteras Procurato-
Cette pkce ^^.&. fubmiftorias , â quo non liceat appellari, judex eleâi , per bonum .
n'cft qu'on P^^^is intcr fereniflimos^ Principes Henricum Caflelbs Regem cognartim
ftbregédcla noftrum , & Fratrem confœderatum & Regem Arragonum avunculum
faivantc & confaderatum noftrum, fuper difcordias inter eos oitas propter eau-.
fa»
DE PHIL. DE CÔMINÉS. J79
Tas in eorom Litteris & fcqucntibus articulis eicprclïàs, cum nottra^& ^4^J^
«loftri Confilii matura deliberacione ordinamus & declaramus : .
Quod didus Rex CafteUx dimia-et diâo Arragonum Régi omniaoppidai
yillas^çivicates, ultra & quascumque alia cerricoria qiue fub ipfius porefta-
te > feu ejus umbra aut lucceffione func rebelles , de quibus jus habere
•prétendit in Regno Navarrac , & otnnia qwx ei poiient deoeri & de
quibus poflèc habere adionem fuper didum Regnum auc aliquam ejus
partem, vel caufa profecucionis guerrac , vel quotnodocumque aliter >
£xceptis iis ai|2 inferiùs ezprimunrur. .
Item 9 Reun^uec diéhis Rex Caftellae Régi Ârragotmm Principatum 1 1*
•Catolonix > civicacem Barchinone » & ea qi^e in eodem Principacu func '
conccadiâum Regem Arragonix, nec per eaRex Caftellx renebirur
ponere diâum Regem Arragonix in poflduonem diâx Patriae , fed quan-
cum poterie verbo , & fidelicas Régis competit nuUata , favorem 8c au*
ailium prxbebtit ante diQx Patriœ per fe aut per atium direâè aut in-*
direâiè y fed quantum poterit taborabit, ut diéka Patria Hcut Régi Se
Principi obediet Régi Arraeonke.
lum , Diâus Rex CafteUac dimittet quxcumque in R«gno Valenciae 1 1 L
aut Arragonias poflidet Se eft fub umbra ejus, (luas in lioc ultimo bello
fuerunt capta , & pro fecurirate horum &4n his articulis contentorum ,
dabuntur taies Litter>se Régis Arragonum, quales noftro Confilio Se Régi
Caftellas videbuntur dandac.
Item , Or<linamus , qubd in recompenfationem didorum Rex CafteU I V»
Ix habcat furomam Regi Arragonum in Regno Caftellae ratione terrarum
quac in RegnoXZaAellac habebat debitam , & iuri fuo renunciet , nunv
quam impofterum , aut ei , aut alicui fuoruni naeredum h:eat aliquid pe-
tere aut jus praetendefe , Se quod côntraâus diète renunciationis in luo
femper vigore maneat.
hem , Infuper ordinamus , qubd diâus Rex Carftdlac hal3eat in Regno V^
Navarrac Villam Se Caftrum de Stella, cum tota Patria in Baillivata feu '
merindad qùx in eadem Patria vocatur , cautione Regi Caftellae ftmeriori-
tatis data « de mutata confuetudineobrervantias , libertates Se hanchi*
(iaseorum Auili infîringendas , & hoc Rex Caftellas tenebitur jurare 8c
horum Litterac dabuntur à diâo Rege Arragonum auc i quibus de jure
didhmi Navarra^ Regnum pertinet.
Item y Quod habentes jura , Dominia aut Inereditates in diâa terra V L
paciBcè poflideant ratione «arum « fuperioritatem , £e homagkmi Regi
Caftellas facien do.
Item , Qubd Rex Arragonum Regi Caftellx in ttibus terminis , fcili- VIL
cet in tribus annis incipiendo â data hujus prarfentis , dabit quinquagin-
tSL* duplas dei>andain pr^mo anno 18000. inatîis vero 16000. in quoli- * Ajoutée,
bet , & tenebitur dare in Villa Fuenteratua , cui Rex Caftellas voluerit ^*»*^-
erdinare , & oppidum de la Raga ficut ante dido Regno Navarrx refti-^
tuetur , exceptis his de quibus expreflfa fuit mentio.
Item y Si medio Régis Caftellas Principatus Gitalaniae Se Barchinonae V II h
kifra duos menfes ad obedientiam Regi Arragonum fuerit redu&us auc
aliquo alio modo infra diâum tempus , prxdiâus Ktx Arragonias cène-
)>itur ros beni^ rufcipere > pmnia prxdiâa mala a}>olendo & paccendo '
J8bb n i
3«o PREUVES DES MEMOIRES
yj^^2. a tcmporc ukimac rcbcUionis & principio, cariolurque ad iftud trîmcC-
^ ^' cre incluiivè omnia eis rtftiruendo >.(lve Officia , ùvc Bénéficia qux priùs^
habuerant , quibus nunc privancur , cum fecuratibus & Licceris ad
lioc recjuifitis, proue ArcHiepifcopus Tolecanus & Marchio de Viilena».
ant alii depuran per Regem Cafteilse & duo noftri & alU duo Régis Sc
Reginas Arragonum, & unus de Barchinona qui fequucus fuerit rebel-*
lionem , per Regem Caftellae eledkis & per iftos (epcem cota maceria<
decidacur î quod fi concordes non fteterinc ,,auc fi propcer Barchinonem
non fuerinc concordes » aiii fex ,. fcilicec duo noftri , duo dcCaftella^-
duo de Arragonia decerminabunc y quod fi non fteterinc concordes qua-
tuor eorum , fit quod onus ad minus fir Régis Gaftellae déterminent ve^-
ritatem , fi jurayerint fiscimdùm confcientiam judicare » &.boc tempore
pendente nuUum bellum aut damnum alceri parti, fiet , fi:d uterque
alteri erit pacificus. Qahd £infra di(^m tempus Principatus Catala-
nix , aot Villa Barchinonz , non fuerit ad debuam Régis Anagonum^
obedientiam redaébt , Rex Caftdls tenebitur eam relinquere, nec per (cp.
nec per alium auxilium ei prsbendo directe aut indireâè > imo labora-*
bit ut fiht boni& fidèles fiibditi ficut fupremo Domino Sc veto Princi-
pi » & fi prsediéta fecerunt omnia quxeis^fuerunt ablata mobilia aut im-
mobilia > Officia aut Bénéficia, feu quaecumque alia bona eifdem refti-
tuentur , etiamfi fuerint alienata , de cuftodiet eis omnes libertates, fson-
chifias & confiietudines».
I X Ôiantum ad capitulationem faâ&un'cum Re^na Arragonum in Villas
Frama de Penades poft delibecationem Principis CaroU, ordinamus»
S^uôd poft duos 'menfes poft reduAionem fupradiâam , quidquid per
eptem modo f>pradi£fcos fteterit deliberatum aut per fex , raciant amW
partes ; auod fi (ex non fuerint concordes , pvxâiStns Rex Arragonum
non teneoitur primas condietudines aut capitulationesobrervare;
*X^ Item, DiâurRex Arragonum omniBiis de fingulis c^uibus occafione^
didUbelti fiierunt rebelles^ civitatibus » villis & patriis infra triginta
cjuinque dies parcere tenebitur , &. diâas Rex Caftellx % fi aliqui ra--
tione diâi belli ei fuerint rebelles , idem tenebitur facere & po dijfbis-
Komicidiis, oppreffionibus & quibufcumque déliais hinc inde faâis y^
fine ulteriori progrefiïi , aâione aut qualicumque vindiââ , qui ea prae-
jMtr y oa didlo tempore fecerint , erunt aboliti , 8c Joannes de Jaar , Jacobus de
plâeôrlcfci* Arragonia, Joannes de Cardona, Joannes de Bellomonte, Ludovicus-
««• *filius Conftabularil de Navarra & fratres , Carolus de Arthieda ôc Perdis
nandusde Botea, fi timeantad Regem Arragonum accedere, non tene->^
Buntur perfonaliter comparere , fed Proeuratores facient debitam obe-
dientiam &; Komagium y Sc fi alibi voluerint vivere Sc bona eorum ven-
dere^utalienare, non poterit eos impedire quin fàciant fi velint; fi-
▼erb ratione Beneficiorum ii qui rebelles^ fuerunt , oppida habent aot
Caftra, tenebuntur ponere in cuftodia Kominum non fuipeâdrum & de
eis homagium Régi racient*.
%l^ hem, Ordinamùs , qubd intra triginta quinque dies proximè fequen»
tss^ prsdi£his Arragonum Rex, Villam, Caftrum & Baillivamm , feu^
Merindad de Stella, ponat in manibus Archiepifcopi Toletani & Mar-
«hionis de. ViUena , quiMarchio in obfides ponet filium, quoufque Rexr
Caftella^r
DE PHIL. DE COMINES. jîi
Cafteiïat omnia alla qu« in ditione Régis Arragonum habet , etiam rcfti- ia.6^^
fuec , aller ab alcero in ifto incervallo nihil capiendo & aiCduo nominaci
kabebunt licentîam à Rcge Arragonum impecrare pro hominibus qui ob-^
fides la Guardia San Vincente Lofaicos » uc ponantur in manibus Régis
Caftell2e,qjuia jus débet habere>. proue per iftam fencenciam ordinamus y
ic quod m incer di£bos Reges poftquam fuperi/is ordinaca fuerint , vera*
yax (icuc ante difcordiasdebebat elle ; nec hxredesauc fuccellbres aliquid
pocerunc de (tiperiùs ordinaris in pofterum prxtendere auc eis concrav^-
nire^ fub pœnis poficis in Litteris fubmiffionis & Procuracoris nomina-^
corum Regum : & omnia ftipra diAa Ôc fineula eorum diâti Reges , in^^
fra duodecim dies proximo venruros , renebuncur hoc jurare , nunquam
alicui diâorum amculorum contraveniendo auc montra veniri permit^
teixdo , proue per iftam fententiam dedaramus Ôc ordinamus fub pœnis*
in difkis fubmiiEonibus Se compromiflis concentis ; prxfencibus noftris*
caris & magnificis amicis Archiepifcopo Toletano & Marcliione de Vit-
Icna X noftri didi fratris €Ognari^& amiciconfoederati Régis Caftella^
Oraroribus , & Ludovico Defpuech , Magiftro Ordinis de Moncefa &c
Goflèrano Oliverii Milite de fupradiâa materiâ didi Régis Arragonum^
Oraroribus. In teftimonium praedifborum noftrum iigillum prxfentibus'
fecimus apponi , in civitate noftra Baïonenfi , ij. die meniîs Aprilis^^
annoOomini 14^53. poft Pafcha,. 8c R^gni noftri anno fecundo.
•
Copiée p2t
i^ Scntentc vérifierait du Roy Louys XL- entre U Roy de Cafiille Le Grand
& U Roy d^Arragon. Avril 1463. far un Rc-
^ giftredcM»'
LOYS, &c. A tous ceuxqui'ces prcfentes Lettres verront. Salut: Clairam-
Comme pour l'affermiflement de certaines grandes queftions, dife-' ^^^^ ^^"^
rences & débats meus entre très-haut & très - puiflànt Prince noftre ^* P' '^^*
wès-cher & très-amé Frère, Coufin Se allié le Roy de Caftille & de ^^f'^^f
Léon, d'une part, & très-haut & très^puiflànt Prince noftre très-cher ^^^LV'
Se très-amé Oncle & Coufin le Roy d'Atragon , d'autre ; tant pour occa- ^^^^^"^
fion des Royaumes d*Arragon, Navarre , Valence & Principauté de Ca-
dialogne , aulfî de deux cens mille doubles, ou autre grande fomme, ihtibUs ,•
Îu'on dit autrefois avoir efté donnée en mariage à' feue noftre Coufine fous-encciH'
larie, Reyned'Arragon , Tante de noftredit Frère , Coufin & allié le dés Ecus
Roy de Caftille, que de toutes autres chofes quelconques, dont ledit ^^» ^^'
Roy de Caftille pourroit faire queftion Se demande à noftredit Oncle & ^*^^'**
Coufin le Roy d'Arragon , de tout le temps paflé jufques àprefent , lef-
dits Roys de Caftille & d'>kragon nous euftent efleu Arbitre , Arbitra-
teur & amiable Comçofiteur , pour finir lefdites queftions , dont plus à
plein fera cy-après faite mention, ordonner, fentetlcier, juger, pro-
noncer & eiuuniner tout ce que verrons eftre à faire pour chacune defdi-
tes parties , ainfi que plus à plain eft faite mention es Lettres de .pouvoir'
Se (oumifiion à nous envoyées par lefdits Roys de Caftille Se d'Arragon,*
dont les teneurs s'enfuivent. Sec. Lequel arbitrage nous , pour les grands '
es 9 amitiés Se alliances qui font > Se ont efté par cy-devant entre -
Bbb y. lefdits^'
iîi PREUVES DES MEMOIRES
1.^2^ ^^^^^^^ Kùys de Caftille Se d'Arragon &c nous , ayons libéralement acccp-
-^ '^* té 5 & fur lefditçs queftions , dilcords , débats & différences , defirant
lappaifemenc d'iceux,^ nourrir paix iSc amour entre lefdits Roy s, leurs
Royaume^ , Seigneuries & Sujets , £c éviter le$ grands dommages qui
entre eua^ îç leurs Sujets » amis ft: alliez , fe pourroient enfuivre , &
pour autres juftes caufes à ce nous mouvans , eue fur ce meure délibéra**
tion , avons dit , ordonné, déclaré & déterminé, difons , ordonnons ,
I. déclarons & déterminons en la forme & manière qui s'enfuit. Et pte*
fnierement , a efté & eft p^^ nous dit , ordonné , déclaré & déterminé»
Cc& h'ffrcs H"^ noftredit Frère le Roy de Caftille baillera Se délaiflèra audit Roy
a Arragon toutes les Citez , Villes , Chafteaux , lieux , Terres & Seigneu**
tenta ceux ries quelconques , qu'il tii^nt & qui fous fon adveu font tenues audit
fc rappor- d' Arragon toutes les Citez , Villes , Chafteaux , lieux , Terres & Seigneu
tenta ceux ries quelconques , qu'il tii^nt & qui fous fon adveu (ont tenues audii
du Latin d- Royau^ie de Navarre , Sç toutes iommes de deniers qui pourroicnt lujr
devant. eftre deues , Se pour raifon defquelles ledit Roy de Caftille prétend avoic
recoqrs Se aâion fur ledit Royaume de Navarre , Villes & Seigneuries
d'iccluy , tant à cau(e de la foiilde & defpence qu'il a faite Se pu faire
à. Toccaijon de la guerre encommencée audit Royaume de Navarre , i la
requête de &u noftrp CouHn le Prince Don Carlos s comme depuis , ne
paravant en quelque panière que ledit Roy de Caftille y ait du (ien em**
ployé Se defpendu , fauf & refervé les chofes cy-après déclarées , qui de*
1 1^ meurent audit Roy de Caftille. Item. Ordonnons , déclarons & detecmi-«
nons que ledit Roy de Caftille cédera & délaiflèra la Principauté de Ca*
thalogne & la Cité de Barcelone audit Roy d' Arragon *, aufli toutes les
autres Cités , Villes & Seigneuries de ladite Principauté , fans aucune
chofe y retenir en quelque manière que ce foit. Se pour ce n'eft entendu
que ledit Roy de Caftille fpit tepu d'en bailler audit Roy d'Arragon U
podeflion , ne ne leur donnera , ne fouffrira eftre donné pour le temps
avenir , par luy , ne aucuns de fes fujets , amis , bienveillans Se alliez
aucun confort , fecours ne ayde , ainçois ledit Roy de Caftille tiendra h
main eavers eu^ à tout fon loyal pouvoir *, que d'orefnavant feront bons»
vrays Se loyaux fujets audit Roy d'Arrason, comme à leur Prince Se
f I L Souverain Seigneur. liem. Ordonnons , déclarons Se déterminons qpà
ledit Roy de £aftille baillera , cédera & delaiftèra audit Roy d'Arragoa
toutes & chacunes les Cités , Villes , Fqrrerefliès , Terres & Seigneurie^
qu'il tient & poiîède , & qui fous (on aveu font tenues & occupées es
Royaumes d'Ârr^igon .& de Valenc/c , Se qui ont efté prifes tant de pay
ledit Roy de Caftille , po^ime par fes Capitaines & Gens de guerre k
ces dernières guerres , tout entièrement, (ans aucune chofe à foy yretc»
nir , & pour feureté defdites chpfes contenues es articles deiTufdits , fe?
ront baillées telles Lettres & Contrats audit Roy d'Arragon , que par
noftredit Frère de Caftille , nous & nos Confeillers feront advifés & ac?
^ y. cordéf. Item. Ordonnons , déclarons ,' déterminons que noftredit Frère
le Roy de Caftille pour recompenfation , payement & folutiondes cho-
(es contenues audit compromis Se fubtnjihon par luy £ûts, ait pour luy
tous & chacun les Malvaidies , de Jure hœreJat. cédez pour viç ou par
chacun ah , que noftredit Oncle le Roy d'Arragon a & tient de noftrer .
dit Frère de Caftille , fituées & aftifes en quelconques revenus de fes
Royaumes ^ ou afGs en fes Uvrçs çn qael(|ue manière que ce foit, &.qu0;
E
DE PHIL. DE COMINES 383
fioftredic Oncle Ôc CouHn le Roy d*Arragon défaiflêra audit Roy de
Caftille , & qu'il puifTe faire defdites Malvaidies à fon bon plaifir , & de * 4^ 5*
celuy feront baillées toutes les Lettres & Contrats par ledit Roy d*Arra«
on & (es héritiers , qui pour ce feront neceflàires audit Roy de Caftil-
s ; & pareillement luy rendra & baillera les écritures Se contrats qu'il a
defdites Malraidies. hem. Ordonnons , déclarons &c déterminons qu ou- y
tfe & pardefifus les chofes delfufdites ledit Roy de Caftille ait pour luy
ou pour ceux qu'il luy plaira , le lieu &c Ville d'Eftelle , & les Villes ,
lieux i Forterefles & Terres qui font de la Merindad de ladite Eftelle qui
eft audit Royaume de Navarre > à ce que ledit Merindad demeure pour
£en , & de fes Royaumes , &c annexé à la grande Souveraineté d'iceux à
tousjours mais 9 & ce oâroyera ledit Roy d'Arragon & toutes les autres
perfonnes à qui de fait & de droit ledit Royaume de Navare appartient,
& fur ce s'en donneront toutes les écritures & contrats qui feront necef-'
faites audit Roy de Caftille. Item. Ordonnons, déclarons & determi- VL
nons que les Terres & Seigneuries que Pierre de Peralte , Chevalier , &
autres quelconques Chevaliers 6c perfonnes ont & tiennent en ladite
Merindad d'Eftelle de leur propre nerirage , Qu'ils le tiennent d'orefna^
vant- fous la Souveraineté & Jurifdiâion dudit Rojr de Caftille , en luy
faifant hommage & devoirs pour icelles ; ainH qu'ils tes ont tenus juf-
qu'icy fous la Jurifdiâion & Souveraineté dudit Roy de Navarre ; & ou- VIL
tre avons ordonné , déclaré & déterminé, ordonnons, déclarons & de*
terminons qu'il fera payé & baillé par ledit Roy d'Arragon audit Roy de
Caftille la (omme de cmquante mille doubles Caftillans de Lavarde ; Ôc
kelle fomme de cinquante mille doubles fera payée par ledit Roy d'Ar*
ragoQ en trois termes*) c'eft àfçavoir, dedans un an prochain , venant
à compter du jour de ces Prefentes , dix- huit mille doubles ; féconde
année après enfuivant , feize nulle > & la tierce année après , feize au-
tres mille doubles pour le payement de ladite fomme de cinquante mille
doubles, lefquels payemens fe feront en la Ville de Fontarabie en la
main de celuy que ledit Roy de Caftille commettra pour icelle fomme
recevoir *, & au regard de la Ville de la Rague , eftant â prefent en dé*
Îoft , elle fera rendue audit Roy d'Arragon , comme les autres Places
udit Royaume de Navarre, excepté ledit Merindad d'Eftelle. Toutes
lefquelles chofes deÛufdites déclarées , prononcées & adjugées aufdites
panies , (ont en recompenfe , payement & folution , tant du principal r
comme des dommages , interefts, de(penfes &c autres chofes prétendues-
par chacune defdites Parties , plus à plein contenues & déclarées efdites
Lettres de fôumiffîon. lum. Que fi ainfi eft que ledit Roy de Caftilletrou- V I H
voit maniéré avec la Cité de Barcelone & Principauté de Cathalogne ,
qu'ils viennent à l'obéyflànce 6c fidélité dudit Roy d'Arragon , ledit
Roy d'Arragon*feralors tenu de leur pardonner , & pardonnera toutes:
les chofes & faits paflez , du plus grand cas jufqu'au moindre inclufive-
ment , * de leurs privilèges , us , coutumes 6c libertés en la forme qu'ils * Ajoatrt,
eftoient , & dont ils ufoient avant le commencement du débat qu'il a eu ^^*^Y^'
avec lefdits de Barcelone , & leur donnera toutes les feurctés , tant *''* ^^^*
d'écritures , comme autres quelconques , oui feront avifées & accor-
' déespar noftrcdit Frère 6c allié le Roy de Cauille 6c nous , par l'advis âr
confeiL
384 PREUVES DES MEMOIRES
con(eil de rArchevefquc de Tolcde & du Marquis de Villcna » & de
* * ^ • deux autres nos Confeillers pris & cfleus de par nous ; defquclles feurecér
xioftredit Frère de Caftille & nous ferons pièges , afin que û ledit Rof
id' Arragon ne les gardoit > noftredit Frère de CaftiUe Se nous , 6c chacun
de nous luy ferons garder par quelque voye que mieux faire le pourrons^
& n noftredit Frère de Caftille ne pouvoir conclure avec ceux de la Prin-
cipauté de Cathalogne qu'ils viennent en robéyflànce dudit Roy d'Arra* ^
gon , ne iceux ne icelle fe veuillent réduire dedans le temps qui fera
iadvifé par ledit Roy de GdUlle & nous > ledit Roy de Caftille deflors
en avant ne les foutiendra ne favorifera publiquement ne fecrettement »
par luy ne par fes fujets , ne en autre manière quelconque ; & fi le casf
advenoit que ladite Cité de Barcelone , 6c les autres Villes de ladite
Principauté de Cathalogne , Ce donnadènt à autres quelconques » Roy ,
Prince > Communauté ou autre perfonne quelconque , en quelconque
manière contre ledit Roy d'Arragon , 6c pour fe denendre de luy, qu'en
ce cas noftredit Frère de Caftille 9 contre t^Ue perfonne ou Communauté
à, qui ladite Cité de Barcelone fe donnera en noftre aide » nous requer*
rant noftredit Frère de Caftille par vertu des alliances qui font entre luf
Jbc nous , qu'il nous faflè ledit ayde » 6c il fera tenu de le faire par ladite
y requefte. lum. Ledit Roy d'Arragon pardonnera dedans trente-cinq
*' jours prochains venans à Dom Jean d'Ichica , i Dom Jame d'Arraeon , |
Dom Jean de Cardonne , à l'Abbé & aux Religieux du Monaftere de Ver-*
nelle » & à Ferrando de Volée » & à tous les autres Chevaliers , Cités »
Villes 9 vieux, jeunes, 6c perfonnes fingulieres , qui pour ledit Roy de
# Ajoutez , Caftille fe font monftrées * efdits Royaumes d'Arragon 6c de Valence les-
figkelUs. temps paflcs ; 6c audi mefme qu*il pardonnera dedans le temps fufdit à*
Dom Jean de Beaumont, à Dom Louys , fils du Conneftable de Navar*
*Oa Arr re , à Charles d' Arthieres *, & autres perfonnes quelconques. Villes, lieux,
^^ • 6c terres, qui ont enfuit la voye & opinion de feu noftre Coufin le Prin-
ce Carlos , ou de noftredit Frère de Caftille , audit Royaume de Navar-^
re , toutes les choies pafl^ du plus grand cas jufqu'au moindre incluiî^
vement , 6c toutes roberies , pilleries • boutemens de feux , maléfices ,
qui par eux auroient efté faits durant le temps des euerres paflees , 6c
pareillement noftredit Frère de Caftille pardonnera cums le temps deftuf-'
idit à tous ceux qui ont tenu le parti de noftredit Oncle d'Arraeon du*
jrant ces demierçs guerres , & (emblablement pardonneront , abolironi:
/6c remettront dedans ledit temps lefdits Roys de Caftille 6c d'Arragon
coûtes les roberies , maux , pilleries & dommages qui ont efté faits de
une part & de l'autre es Royaumes & frontières de Caftille , d'Arragon,
Ï^Iavarre & Valence , en ces dernières guerres , en nuniere qu'en nul'
temps , pour cette caufe ne s'en puidè faire queftion , demande ny re-
prinfe aucunes les unes parties aux autres , & qu'à tous les deflufdits des
Rovaumes d'Arragon , Valence 6c Navarre foient reftitués , retournés &
dé(empefchés , quelconques Villes , lieux, héritages, biens inmieubles 6c
rentes qui leur ont efté prinfes , àrreftées , fequcftrées ou empefchées s
pLutCi fed'icelles, ou d'aucunes d'icelles ait efté fait donation a autres
perfonnes , ou foient fequeftrées ou aliénées en quelconque manière &
jpbtme auç les dçffijifdjitj 6c pl^icun d*ctij^ les a^ent^ ticnnçni Çc poflcdcnt '
• •
DE PHIL. DE CÔMINES. ^gy
*infî qtfîls les tcnoicnt par avant ; qu'ils fuflfènt prins ôc occupés , 6c ^"^T"
que d orcfnavant ils tiennent & obéyuènt audit Roy d'Arragon , comme * ^^'
à leur Roy & Souverain Seigneur î mais Ci lefdits Dom Jean dlchica &
Dom Jame d'Arragon , Dom Jean de Cardonnc , Dom Jean de Beau-
mont, & Dom Louys, fils dudit Conneftable de Navarre, avoient paour
d'aller en perfonne audit Roy d'Arragon , qui à prefent eft , qu'ils n'y-
feront tenus d'y aller , ne en nul temps ne foient à ce contramts , &
qu'ils luy feront les fidélités par leurs Procureurs , & les Chevaliers na-
turels dudit Royaume de Navarre , luy feront la fidélité qu'ont accou-
tumé^ faire leurs predcceflèurs aux Roy s trépafles ; & fêles deflîifdits ne
veulent vivre ne demourer efdits Royaumes de Navarre , Arragon &
Valence , qu'ils le pourront faire , &: que pour ce, ne caufe aucune n'en-
courront peine , ny en cas aucun ^ ne ne feront pour ce leurs biens
prins ne empefchez ; êc s'ils les veulent vendre ou aliéner, faire le pour-
ront , & qu'ils ne foient pas perturbés ne empefchés. Et en ce que tou-
che le Prieuré de Saint Jean de Navarre , & les autres Offices ou Bénéfi-
ces Ecclefiaftiqucs & Séculiers de tous lefdits Chevaliers &c perfonnes
d* Arragon , Valence & Navarre , qui ont efté de l'autre opinion , avons
prononcé & déclaré , prononçons & déclarons qu'audit Dom Jean foie
reftitué ledit Prieuré , & jouira d'orefnavant dts fruits d'iceluy ainfi qu'il
a accoutumé , tant par luy que par fes predcceflèurs ; toutesfois s'il y a
aucunes fortes places appartenantes audit Prieuré , ledit Dom Jean fera
tenu d'y mettre homme pour la garder , qui ne foit point fufpeâ: audit
Roy de Navarre, Et pareillement prononçons & déclarons au regard des
autres perfonnes ayans Bénéfices 6c Offices Ecclefiaftiqucs & Séculiers
efdits Royaumes; c'eft à fçavoir , qu'ils feroat reftiruez en leurfdits Bé-
néfices & Offices , jouiront des fruits d'iceux ; toutesfois s'ils avoient
aucunes places fones à caufe de leurfdits Bénéfices , ils commettront i
la garde d'icelles, perfonnes non fufpeftes audit Roy d'Arragon ou de
Navarre ; & au regard de certains revenus que rEvelque de Cartagenc
dit eftre empefchés & retenus en certaines Terres de ion Evefché étant
au Royaume de Valence , dont il requiert délivrance fdon la provifion
de noftre Saint Père , nous prononçons & déclarons que noftrcdit On*
de d'Arragon permettra & confentira que ladite Sentence ou provifion
de noftredit Saint Père fera mife en exécution , fans venir au contraire.
Item. Que toutes les Villes , lieux & fortereflès que noftredit Frère de y^r.
Caftille tient , & autres pour luy , efdits Royaumes d'Arragon , Valence
& Navarre , & doit laifler , bailler & intenter à noftredit Oncle d'Arra-
gon félon le dcflTus contenu , que noftrcmt Frère de Caftille les mette
toutes, excepté celles qui font des appartenances de ladite Merindad, au
pouvoir dudit Archevefque de Tolède & du Marquis de Villaine, ouà celuy
ou ceux , qui d'eux deux auront puiflànce dedans trente-cinq jours pro*
chains,& ceàcompter du jourde ces prefentes,&auffi que ladite Ville &
Jïlace d'Eftelle, & les Villes , Bourgs , fortereflcs & terres, qui font de
a Merindad de ladite EfteUe , qui eft audit Royaume de Navarre, qu'à
pefent noftredit Frère de Caftille ne tient , noftredit Oncle d'Arragon
les mette 6c baille toutes dans lefdits trente-cinq jours , compté du jour
fie datte de ces prefèntes » au pouvoir de noftxe cher 6c ame Coufin le
Tome If. Ccç Capitati
3?tf PREUVES DESMEMOIRES
Capican de Bue » afin qu'il les baille & délivre aufdits^ ArcheveHiae i^
^4^3* Tolède & Marquis de Villaine , ou à ceux qui dans dix jours prochains»
à compter du jour que feront accomplis lerdits trente-cinq jours , afin
2 que lefdits Archevefque & Marquis les baillent & délivrent incontinent
à noftredit Frère de Caftille , ou à celu]^ qui aura pouvoir de luy ; ôc
après que lefdits Archevefque & Marquis feront intégrés dudit Merin-*
dad > que noftredit Frère de Caftille doit avoir ^ ils bailleront 8c déli-
vreront incontinent dedans autres dix jours prochains cnfuivans , àcompter
du jour que feront accomplis les deflufdits trente-cinq jours , toutes les
Villes, heux» fbrtereflès> terres & Seigneuries qu'ils auront receuës
efdits Royaumes d'Arragon » Valence âc Navarre , de noftredit Frère
de Caftille , & des autres qui pour luy les remettront au Capitan de
Bue , afin qu'il les baille Se delivce à noftredit Oncle d'Ar ragon > ou à
celuy ou ceux qui de luy auront puiflànce , & que toutes les écritures
qui félon les c&ofes demis contenues fe doivent faire , oAroyer & bail-
ler y tant par ledit Roy d'Arragon , fon fils & héritier , comme par nof>
vredit Frère de Caftille , fe faflent te oâroyent en ferme valable , Se
icelles feront baillées Se délivrées au pouvoir defdks Archevefque Se
Marquis de Villaine dedans le(dits trente-cinq jours prochains venans».
â compter du jour & datte de ces prefentes , afin que les baillent & dé-
fivrent incontinent â chacune des panies à qui ils pourront toucher ^ Se
en outre avons déclaré , ordonné & prononcé , aeclarons , ordonnons
Se prononçons qu'accomplies Se achevées les délivrances defdites Cités^
Villes y Chafteaux Se Terres deflus- contenues , Se que par chacune def-
dites parties foîent délivrées , que d'orefnavant foie obfervée Se gardée
la paix entre lefdits Roys & Royaumes de Caftille , Arragon y Valence
Se Navarce , & Principauté de Cathalogne > Se autres Terres , Royau-
mes Se Seigneuries dcfdits Roys bien Se convenablement » & lelon-
qu'elle fe gardoit & devoit garder avant qu'ëhtre eux toutes les guerres ,.
mouvemens.,. ruptures paflces fuffent encommencées , & que nul defditç:
Roys de Cailille & d'Arragon , ny leurs héritiers de-là en avant pour
caufe defdites guerres , mouvemens Se chofes ^ilCéts entre eux & leury
Royaumes , n'aye y ne ne puiflent av4>ir aâion » demande , ne recours
aucun L'une partie contre l'autre; Item. Ordonnons , déclarons Se dé-
terminons que les places & fortereflès des Commanderics de •••••• . flc
de Montalvan qui font des Ordres de Saint Jacques Se de Calàtrava ^
cftanr es Royaumes d'Arragon Se de Valence , feront laiflëes libérale-
ment dedans les trente^cinq jours dellufdirs aux Maiftres Se Adminiftra-
tcurs de leurs Ordres , à ce qu'ils puiflent commettre & députer à l^^
garde d'icelles perfonnes non iufpcâes audit Roy d'Arragon , lefquels*
feront tenus de aire les fcrmens a eftrc bons & loyaux au Roy & Royau-^
mes d'Arragon & Valence , en telle manière que s'il advenok que guer-
re fortift entre lefdits deux Roys cfe Caftille& d'Arragon , que Dieu ne*
veuille, les Commis à ladite garde, en ce cas, (broient tenus de fervir
Se adhérer au Roy d'Arragon , comme faifoient leurs predeceflcurs par^
ey^devant -, fefquelles. chofes par nous dites & déclarées , nourordon^
nons^ Se déclarons , que par vertu du pouvoir a nous donné au moyens
dfidkesibumiftions^ que lefdits Roys de Caftille & d'Arragon feront'
tenus)^
DE PHIL. DE COMINES. fîy
tenus garder & accom^^lir , ratifier & afTurer en. leurs perfonnes dedans
ce , & toutes les chofes deflfufdites promettre par foy & ferment, tenir, * +^ 3*
entretenir & accomplir de point en point félon leur forme & teneur»
Se de non jamais venir au contraire» pour quelque caufe ou occafion que
ce foit , fur les peines contenues efdits compromis , laquelle déclaration
Se détermination nous avons dite & prononcée , difons & prononçons
en la forme Se manière deifus efcrite. A ce prefens nos très-cners & amé$
Confins TArchevefque de Tolède Se le Marquis de Villainc , Ambaflà-
<leurs envoyez pour ladite matière par devers nous » par noftredit Frère»
Coufin Se dlié , le Roy de Caftille & de Léon , &e de Maiftre de Mon-
tcza , & GoUèran OL Chevalier , auflî Ambaflkdeurs envoyez pour cette
matière devers nous-» par noftredit Frerc & Oncle le Roy d'Arragon,
Se tefmoins. A fiayonne ce jour de l'an 1 4^ j . Se le 14. d'AvriL
X X V L
^7 Stcours donné par Louys XI ^ au Roy iVArragon.
LO Y S , par la grâce de Dieu , Roy de France \ (Ravoir faifons à tous jl# i» îlff'
prefèns &, à venir ^ Que comme après noftre advenemcnt à la Cour l^ Grand
Tonne de France » très-haut & très-puiflànt Prince noftre très-cher & très- duRegiftre
4Uiié Oncle Se allié , le Roy d'Arragon & de Navarre , nous euft fait re- i^çuduTié-
monftier que la Cité de Barcelonnc » Se plufieurs de ks autres Sujets des for des
|)ays de Cathalogne & d'Arragon s*eftoient eflevez à l'encontre dé luy Chartes ,
en le voulanrpriver & débouter de fa Seigneurie, en nous requerrant ^^^ ^^^
que luy vouliflions donner confort Se ayde à Tencontre defdits rebelles
Se défobéydàns , ainfi que chacun Roy & Prince le doit faire pour l'au-
tre en tel cas , & par efpecial i l'encontre des Sujets qui fe eflevent &
rebellent contre leur naturel & fouverain Seigneur » & pour ce euflions
deflors faits & padèz avec noftredit Onde d'Arragon » certains traitez Se
appointemens , par lefquels entre autres chofes , enflions promis luy ay-
dier & fecourir à l'encontre de fefdits Sujets rebelles Se defi^béyilans , Se
autres qui nuire Se porter donunage luy voudroient » excq>té à l'encon-
tre de très-haut Se puiflànt Prince » noftre très-cher Se amé Fxere , Coufin
& allié , le Roy de Caftille Se de Léon » & fans préjudice des frateini"
ces Se alliaiKres qui font anciennes entre nous Se nos prédeceflèurs » Se
noftredit Frère , Coufin Se allié de Caftille , Se les fiens ; lefquelles
chofes nous euffions fait notifier à noftredit Frère » Coufin Se allié de
Caftille » en enfuivant lefquels appointemens & promefiès , enflions la
faifon paflee envoyé noftredite armée audit pays de Cathalogne pour
ayder Se fecourir noftredit Oncle d'Arragon contre lefdits rebeUes , mais
noftredit Frère , Coufin Se allié de Caftille non content de ce » pour au-
cunes grandes différences Se altercations qui eftoient entre luy & noftre-
dit Oncle d'Arragon» prétendant quelque droit ouintereft en la matière»
envoya certain grand nombre de gens de euerre en iceluy pays de Ca-
. thaloene Se d'Amgon» pour au contraire donner ayde & lupporter ceux
qui eftoient ainfi eflevez Se rebellez contre noftredit Oncle d'Arragon »
& à ce moyen pouvoient les chofirs cheoir en grands débats & inconve*-
Ccc 1 niexiSf
38^ PREUVES DES MEMOIRE?
niensi pourquoy nous dcfirans de tout noftre cœur appaifer leOîts ier^
i^4<^3'* tats &. entretenir les fraternitcz & alliances d'entre nous & noftreditf
Frere^CouHn & allié de Caftille,& auflî les appointemens faits entre nous^
& noftredit Oncle d'Arragon , Se pour obvier à tous dommages & incon-*
veniens qui s'en pourroient enluir, que nous voyons & eonnoiflbns
allez notoires , foyons venus en perfonne es marches de par deçà poup
«flembler avec noftredit Frère , Coufin & allié de Caftille, qui s'y eft
aufli trouvé, & ppareillement aucuns de la part de noftredit OikIc d'Âr-
ragon , en traitant lefqudles matières, ôc pour le bien & utilité de nous
& de noftredit Rovaume , & entretenir l'amitié de noftredit Frère, Gou-»
fin & allié de Caftille,,& de noftredit Oncle d'Arragoft , ayons baillé
Se délivré à noftredit Coufin & allié de Caftille, le Merindad d'Eftelle
membre diidit Royaume de Navarre , pour eftre déformais joint &c uny
audit Royaunve de Caftille v& pour confideration de ce aue noftre très-
chere Se très amée Coufine la Gomteflè de Foix , & fon fils aifné , mary:
& efpoux de noftre très-chere & très amée Sœur Magdelaine de France ^
peuvent Se doivent fxicceder audit Royaume de Navarre , après le de-
ceds de noftredit Oncle & Coufin le Roy d'Arragon Se de Navarre,
Père de noftredite Coufine de Foix , ont grand intereft au bail que fai^
ions dudit Merindad d'EfteWe , qui eft l'un des principaux membres du*
dit Royaume de Navarre , en diminuant Se démembrant icelluy Royau^*
me, voulons de ce aucunement les recompenfèr de noftre propre , afin
que eux ne^ leurs enfans qui defcendront du mariage de leurdit hls aifné»
& de noftredite Sœur , ne foient en ce par nous deçeus & defFraudez ,
& pour autres grands , juftes 6t raifonnaoles caufes a ce nous mouvans ',
à nofdits Confins Se Coufine de Foix , & à leurs hoirs , fucceffeurs Se
ayans-caufe , pour Se en recompenfation dudit Merindad d'Eftelle , par
nous baillé & accordé à noftredit Frère, Coufin St allié deCaftille pour
la pacification des chofes deflîifdites , avons donné , cédé , quitté, tran^
porté & délaifie, donnons, cédons^ quittons^, tranfportons & délai!*-
fons de noftre plaine puiilance de autorité Royale , par ces prefentes >
tout le droit > nom , raifon Se aébion que avons , Se pouvons avoir en Se
fur les Comtés^ Terres & Seigneuries de Rouflîllon, Se de Cerdagne^
Se es Villes , Chafteaux, places , rentes & revenus , hommes, homma-
ges , vaflàux , nobleRès , fiefs ,. arriere-fiefs , droits , prérogatives , par^
tenances &appendances»d'icelles , quellesqu^Hesfoicnr, en quelques
manières qu'elles confiftent ou viennent', eus & à quelque valeur ou cfti^
mation qu'elles montent ou puiflcnt monter au temps à venir, lefqueîs
nous avons n'agueres acquis de noftredit Oncle Se Coufin d'Arragon ,
pour la fomme de trois cens mille viels efcus d'or defoixante & quatre
au marc , Se depuis prefté fur iceux à -noftreditOnck Se Coufin d'Arra*
gon , la fomme de cinquante mille efcus d'or , à prefent ayans cours en
noftre Royaume ,. pour iceux Comtés , Terres & Seigneuries de RouA
fillon & de Cerdagne, Villes, Cités ^ Chafteaux , places, rentes , reye-*
nus, honunes, honmiages, vaflaux , noblcfiès , prérogatives-, pattenan-^
ces & appendances , profits & émolumens d'icelles , avoir ^ tenir , poA
feder & exploiter , & en jouïr d'orefnavant par nofdits Coufin & Cou*
inedeFoixs leurfdits hoirs ^ Xuccefleurs Se ayans caufc> perpetuell€<i-
. meniL
DE PHIL. DE COMINES. : 589
ment & k tousjours , & autrement en faire & difpofer pureihent , fim-
plement & abfolument , comme de leurs héritages- Se propre chofe , fans ^^^i*
aucunement y retenir & referver pour nous > ne les noftres , pour quel-
que caufe , ne en quelque manière que ce foit , &c fiK ce impbfons meu--
ce perpétuel à noftre Procureiu: prelent & à venir : Si donnons en man-^
dément à nos amcz & féaux Confeillers les Gens tenans i & qui tien-
dront noftre Parlement, & de nos Comptes y au Gouverneut de Rouffil-
lon , & à tous nos autres Jufticiers» ou à leurs Lieutenans , Se a chacun
d'eux, fi, comme à luy appaniendra , que de nofdits Coufin & Confine
de Foix , leurfdits hoirs ,rucce(]èurs Se ayans-caufe ,faâent, {buifrent Se
laifiènt jouïr Se ufer paifiblemcnt de nos prefens don , cefiîon , quittant
ce Se tranfport , fans leur faire , ne fouffrir eftre fak ores-, ne pour le
temps aTenir , aucun empefchement , ou detourbier au contraire y ain-
cois cefàit ou donné leur cftoit en aucune manière , fi t'oftent ou faf-
lent ofter & mettre fans delay à plaine délivrance, nonobftant quelcon-
ques Ordonnances faites par nos Predeceflèurs & nous , de non donner
& aliéner aucune chofe de noftre Domaine , Se autres à ce contraire ; Se
avons promis & promettons par ces prefentes, de en bailler à nofdits
Coufin Se Coufine de Foix , toutes Lettres & enfeignemens que nous
en avons de noftre Oncle Se Coufin le Roy d'Arragon , fervant & tou-
chant lefdites matières j Se afin que ce foit chofe terme & ftable , & à
toujours ,•■ nous avons figné ces prefentes de noftre main , & à icelles
fait mettre noftre Scel , fauf en autre chofe noftre droit , & Tautruy en
toutes. Donné à Auvret en Comminge le vingt^quatre joiu: de May , Van
de grâce 146^. Se de noftre Règne le deuxième. Ainfi Signé , Loys. Par
le Roy , vous , le Comte de Comminçe , le Sire de Treynel , Mcflîre
Henry de Marie , Geoffroy de Saint Belm , & Aymard de Puiffieu , Ch^
valiers , le Sire de la Rofiere , & autres prefens. De la Loere. f^Ja ^
Contenter. J. du Ban-
Suivent dans le même Regiflre deux autres Lettres Patentes , P une par
laauelle le Roy Louys XL donne au Comte de Foix la Fille & Comté de
Mauleon de Soûle , & par Tautre il luy donne la Ftlle & Comté de Car^-
cajjont^
XXVI r..
ffT Remiffian accordée aux Habitans dt^ Perpignan^
«
LO Y S ,\ par la grâce de Dieu , Roy de France r> fc^voir faifons à tous * Tué du
prefens & à venir : Comme moyennant la gracede Diea, nous ayons ^^^^ , '
puis n'agueres par force d'armes fait n>ettre en noftre obéyfiance noftre ^ac jççf
Ville de Perpignan , cnferiiblc noftre Gomjé de Rouflillon 5 en faifant la-
quelle reduÂion lefdits Bourgeois & Habitans de noftreditce- Ville fe
fiiflènt mis en armes , Se fait tojurc la rpfjft^nçe qu'ils enflent peu à 1 en;-
contre de nous& de noSpgen$ v & depuis par forpe Se contrainte euftîoa^
mis leurs perfonnes & biens à noftre volonté^ & foit ainfi que depuis
lefdits Bourgeois & Habitans ayent envoyé par devers nous Pierre Serre-
gut>.Confuî fécond de ladite Ville >- & Jcan^Efteve, Bourgeois d'icellc
Ccc 3 Ville >
^^^^^ ^90 PREUVES DES MEMOIRES
JT^~ Ville , oar kfg[ueis ils nous ont humblement fait fupplicr, qucnoftre
plaifir hit avoit pitié & compaflion d'eux , & les recevoir en noftrc bon-
ne grâce & bien-veillance , & leur remettre , quitter , pardonner & abo-
lir les dcfobcvflànces , réfiftances , port d'armes , homicides & autres
crimes > &c délits par eux commis & perpétrés à Tencontrc de nous & de
nos Subjets 9 & Air tout leur impartir noflre grâce; pourquoy nous > qui
ne voulant la deftruâion de ladite Ville , & dts Bourgeois &c Habitans
en icellc , mais defirans leur bien & entretien en noftrc obéyflance »
voulant mifericorde préférer à rigueur de juftice , 6c inclinant aux hunv-
bles fupplications & requeftes , qui fur ce nous ont efté faites par lefdits
Bourgeois & H^itans , Se afin que d'orefnavant ils fe conauifent Se
gouvernent envers nous comme nos bons & loyaux Subjets doivenr faire»
6c pour autres grandes caufes Se confiderations i ce nous mouvans auf«-
dits Bourgeois Se Habitans de noftredite Ville de Perpignan y avons
quitté , remis , pardonné Se aboly , cjuittons , remettons > pardonnons
JSe aboliflbns de noftre grâce efpeciale , pleine puiflance &: autorité
Royale par ces prefen tes , toutes les ofFenfes, rebellions» défobéy(Iànces>
amendes , roberics , boutemens de feux , abbattemens de matfons & au-
tres édifices , crimes & délits , & offenfes , en quelque lieu on en quel-
que manière qu'ilis les ayent faits & commis , tant en gênerai > comme
en particulier à Tencontre de nofdits gens & Sub jets , & autres tenans
noftrc party , Se autres quelsconques ; ja{oit ce que les cas , ne les per-
fonnes & biens ne foicnt cy-dcdans autrement {pecificz & déclarez , de
tout le temps pafle jufau'au jour du ferment par eux à nous fait de nous
cftre bons & loyaux SuDjets , fans ce que pour occafion defdites rebcK
lions , défobéyflances & crimes deifufdits , commis à Tencontrc de nous
Se nofdits Suojets , Se tenans noftre party , ne aufli pour aucune partie»
qui , à Toccafion de ladite guerre, puidè cftre intereflée & endommagée
par lefdits Bourgeois Se Habitans y en quelque manière que ce foit ; Se
pareillement pour la défobéyflance & autre crimes & délits par eux com-
.inis à rencontre de noftrc très-cher & très-amé Oncle & Coufin le Roy
d'Arragon , ou noftrc très-chere & très-amée Tante & Coufine fon
efpoule , ou leur primogenit , aucune choCc leur en puiflc jamais cftre
imputée ou demandée ores , ne pour le temps à venir , en quelque ma^»
niere que ce foit , & les avons reftitués & remis , reftituons Se remettons
par ces prefentes à ladite Ville , au Pays Se à leurs biens > & furtout im-
pofons filencc perpétuel à noftrc Procureur , prcfcnt & à venir , & à
tous autres -, & en outre pource que nous avons efté advcrtis que plu-
ficurs des Habitans de ladite Ville , après la rcduftion d'iccUc en noftre
obéyflance , ou devant icellc rcduâion , doubtans rigueur de juftice , fe
font abfentez , & pour occafion de leur abfencc ont eftés à voix publi-
que bannis de par nous , Se leurs corps Se biens déclarés confifqucs^
nous , de noftre plus ample grâce , avons voulu & ordonné , voulons Se
nous plaift, que lefdits abfcns, condamnés ou non condamnés envers
nous , comme dit eft , qui font retournés Se retourneront demeurer en
ladite Ville dedans le terme de trois mois prochains , venant i compter
d'aujourd'huy , jouiflent de l'abolition derflifdite comme les autres qui
fpnf dçmcuQSzçn Jad^tp Villf ^ comme dçflTus eft dit, & iceux avons
^^Lppellç»
DE FHIL. DE COMINES. 39!
fappeilez & reftitucz , rappelions & rcftituons par ce^ prefcntcs i nous j.^^
& à noftrc Royaume > nonobdant (][uel€onques condamnations ou ba-*
niflions qui pourroienc avoit: efté faites contre eux durant leurdite ab<
fence , laquelle ne leur voulons nuire ne prcjudicier v mais l'avons mife
^ mettons du tout au néant par cts prefentcsr Si donnons en mande*
ment, aux Viguiers, Gens de noftrc Parlement audit Perpignan , & à
tous nos autres Jufticiers > ou à leurs Lieutenans, Sci chacun d'eux , fl
comme à luy appartiendra > que de nos prefens grâce, quittance , abo-
lition , conceflion ôc rappeaux , faflent, loufFrent , laiflcnt lefdits Bour-
geois & Habitans jouïr &c ufer pleinement & paiflblement> fans luy faire
ou donner , ne fouffrir eftre fait & donné en corps ne en biens aucun
detourbier ,. ou empefchement au contraire en corps ne en biens en
quelque manière que ce foit , mais fe leurs corps ou leurs biens font ,
ou eftoient pour ce pris ou empefcher , iî les mettent ou faffènt mettre
fans déky à pleine délivrance rEt voulons & ordonnons que ces prcfen-
tes foient publiées par tous les lieux qu'il appartiendra ^ &c afin qpe ce'
foit chofe ferme & fkable à tousjours r nous avons fait mettre noftre*
Scel d ces prefentes » fauf en autres choies noftre droit > & l'aucru]^ qu
R>utes«. Donné >&c.
X X V 1 1*;
^Cr Rcmiffiojt pour Us Habitans de Collioitfe.
LOYS , &c,^Seavoir faifons,&c» nous avons reçeu l'humble Supplication TiriTdti
de nos chers & bien amés lesBourgeois de noftrc Ville de Coliioure en ^^^^ ^^-
noftre Pays & Comté de RouffiUon , contenant qu'à l'occafion de ce que ^^^ '^^'
l'année paffée , que noftrcdite armée entra à puiflànce audit Pays , ils ^ ' ^^'
refifterent à l'encontre de noftrcdite armée par longue efpace de temps >
ils doubtent qu'ayant conçeu aueune haine oadéplaifance à l'encontre
d'eux , en nous requerrant humblement qu'ils nous plaife leur pardonner
& abolir les fautes qu'ils pourroient avoir faites à l'encontre de nous y
& fur ce leur impartir noftre grâce : pour ce eft-il , que nous > ces chofes-
confiderées > voulans ufer envers eux de bénignité & clémence , & pre-
ferer mifericorde à rigueur de juftice, aufdits Bourgeois & Habitans de'
Coliioure, & à chacun d'eux , avons quitté, remis & pardonné & abo<
ly , & par la teneur de ces prefentes > quittons , remettons , pairdonnons
ic abolitions de grâce efpécialcy plaine puiflànce de autorité Royale y
toutes Tes voyes de fait , défobéyflànce & meurtres , prifes de gens &
de biens , 8c autres cas , crimes ic délits quelconques , que lefdits Sup--
flians ou les aucuns d'eux ont ou peuvent avoir commis &: perpétrés à
encontre de nous, de nosMajefté , Seigneurie & Sujets , pour quelque
caufe , ne en quelque manière que ce foit, fous ombre &: occafion delar
guerre & autrement, de tout le temps paflc jufquesà prefent, & vou^
k>ns qu'ils , chacun d^eux, jouïflent paifiblement & à plain de nos pre*
fentes abolition &^ grâce, tout ainfi que fî tous lefdits cas dé; crimes^
eftoient expreflement nommez , fpecifiez & déclarez , fans ce que auca* '
Bc chofe leur en foit ou guidé eftre jamais^ imputée oU' demandées ne
^^^^_ 391 PREUVES DES MEMOIRES
^ .^2. ^ aucun d'eux , en quelque manière , ne pour quelque caufe que ce foîr,*
^ ^* ' 6c fur ce impofons filenceà noftrc Procureur : Sidonnons en mande^
metn au Gouverneur de Rouflillon & à, tous nos autres Jufticiers » &c.
Donné à Touloufe au mois de Juin, l'an de grâce 1^6}. Se de noftrc
Reene le fécond. Signé , Par le R07 , le Comte de Comminge, le Sire
de la Rofiere , Guillaume de Varye , & autres prefens. De la Loere.
X X V I I I.
$Cr Extrait des Plaintes du Comte de Charolois contre Jean de Pourgômei
Comte d'EjIampes.
Vi^ \ A T ^ Jcudy feiziefmede Juin T4^j. le Sieur deMouy alla trouver k
M^^rAbbé^ X^ Roy à Touloufe, & luy prefenta fes Lettres de créance de la part
Le Grand. ^^ ^^* ^^ Charolois , portant que fur lavis, que Mr. d*Eftampes avoir
fair quelques entreprifes fur luy , Sç que le bruit en eftant venu audit
1 * T ^da ^^^"^ d'Eftampes , & qu'on accufoit particulièrement Jc^n Bruyère , fon
Comte de Médecin, de conduire cette aiffaire, il envoya ledit Medeçip au Quefnoy
Charolois , vers Mr. de Charolois, qui le fit arrefter , & trois jours après îçdit Bruyc*
F.Monftrc- re , arrefté par la Jurifdidion de TEglife , confcfla que du fceu & con-
let à l'aa noidànce de Mr. d'Eftampes , il avoir fait fix images de cire blanche ^
14^5. p.97* longues d'un pied , Charles des Noyers , ferviteur audit Sieur d'Eftam^*
pes , & un Moine noir dont il ne Içait p^5 le nom, avec Mn d'Eftam-
pes 5 que ces vœux eftoient pour trois hommes & trois femmes \ que les
rrcHs hommes eftoient le Rov , Mr^ de Bourgogne & Mr. de Charolois »
que fur la première part , \p Roy eftoit pfçrit Loys -, fur la deuxième^
Philippe , èç fur |a troifiéme, Charles, ^vec je nom de Jean fur les rroi$
& Belial fur le dos 5 que celle du Comte avojt efté piquée pour le faire
tomber en langueur , & que les deux autres eftoient pour le faire aimer
defdjtjs Seigneurs -, pour les noms des femmes il ne les fçait , mais qu'une
eftoit poujr Madame de Charolois -, qu elles avoient efté baptifées avec
de l'eau bruyanjç du haut d'un moulin •,& la confeffion de Bruyère oiiie ,
on a arrefté des Noyçfs , quji a çftp cpnduft à Bruges , & a non-feulemeiit
confeffé les mefmes cho(es , mais a fait apporter les images qu'il gardbiç
cher luy •, en mefme temps on affembla les Chevaliers de la Toilon , &
pn envoya Mouy devers le Roy , lequel déclara ce que defliis le 18. Juin^
4 Mr. Guillaume Juvçnel^ Sieur de Treynel, &ç i Adam Rolant^
X X IX.
PIECES pour le rachjipt des Villçs de la Rivière de SommCf
||^ InJlruHion à Maiflre EJlienne Chevalier , des çhofes qu'il a à faire ai(,
voyage ^ où il va prefentement par U cof^imandement &
ordonnance du Roy.
Urée 4es T^ Remiirement, partira de la Ville de Paris le Mercredy vîngt-
M^r Awi* quatrième jour de ce prefent mois d'Aouft , accompagné de cinquante
l1' g njf Lancçs Ôc cent Archers dç la Compagnie du Bailly d'Evreux , & mènera
DE PHIL. DE COMINES. j^j
les âeaz cens mille efcus neufs qu'il a en Ta gaide en la VîUe de Beau- '
■vais.
Item. Et luy arrivé audit lieu de Beauvais, il trouvera autres cinquante
Lances & cent Archets de la Compagnie de Mr. le Matelchal de Gama-
che ; & d'illcc tirera avec lefdites cent Lances & deux cens Archers à
tout ledit argent en la Ville d'Eu , & illec ptefentcra à Mr. d'Eu les Let-
tres que le Roy luy cfcript , portant créance fur ledit Maîftrc Eftienne
Chevalier , en laquelle créance luy dira , que le Roy , pour la grande &c
Iwnne confiance qu'il a en luy , a ordonne que ladite fomme de deux
cens mille efcus foit poitce audit lieu d'Eu , & illec tnife &c laiflee en
farde jufqu'd ce que ledit Maiftre Eftienne Chevalier foit retourne de
evers Mr. de Bourgogne , où le Roy l'a chargé d'aller , tant pour fça-
voir à quels gens iltuy plairaque leair argent foit baillé , comme pour
recouvrer la quirtancç dudit argent , & aulli feureté de Mr. de Bourgo-
gne de recouvrer les Villes , Places & Seigneuries engagées > en luy rai-
lanc le payement de quatre cens mille efcus > qui pour ce luy fonc
deubs.
Jtem.'Et ce fait," ledit Eftienne Chevalier s'en ira devers Mr. de Bourgo-
fne 1 & luy prefenrera les Lettres que le Roy luy efcrit, & pareillement
Mr. de Croy , & leur dira comment le Koy efl: très-|dyeux & conteuc
de ce que Mr. de Bourgogne , i la prière & requefte du Rov , a ellç
content de prendre de Tuy , pour partie defdits quatre cens mille efcus »
deux cens mille efcus oeufs pour deux cens mille efcus vieux , & l'en
mercie bien acencs.
Item. Sçaura à mondii Sieur de Bourgogne i i qui il luy plaira que
ledit argent foit baillé, & en le baillant recouvrera la quirtance de mon-
dit Sieur de Bourgogne > Se femblablcment recouvrera la feureté dont
defCas eft faite mention , Se le apportera par devers le Roy.
Item. Scaura auffi de mondir Sieur de Bourgogne , fe fon plaîfîr fera
de bailler fous fa main la charRC& gouvernement defditcs Terres & Sei-
gneuries ainfî engagées à Mr. le Comte d'Ellampcs * auquel cas le Roy
en fera content , moyennant que mondit Sieur d'Eftampcs jure & pro-
meire au Roy , & luy en baille fon Scellé du commandement 6c oroon>'
nance de mondit Sieur de Bourgogne , de luy rendre &c délivrer toutes
lefdites. Places, Terres & Seigneuries , ainii engagées, incontinenr qu'il
luy apperra que le Roy aura tait payement à mondit Sieut dç Bourgogne
des derniers deux cens mille efcus , pofé ^ res que Dieu euH fait fon
conunandemenr de mondit Sieur de Bourgogne, que.DÏeu ne veuille*
& que Mr. de Charolois fon fils fuft venii à la Seigneurie , 6c on fc gou-
vernera par l'advis & confeil de Mr. de Croy, ■ . '
Iiem. Dira à mondir Sieur de Bou
treprifes , que Mr. de Charolois fon t
a. eftc & eft fort defplaifant , & qu'il
fecourir Se favorifer mondit Sieur de
Charolois de tout fon pouvoir, fans
luy femble qu'en bien peu de tcmp:
Jjon , en manière que ce fera à. l'honr
ide Bourgogne , fi en luy ne tient , i
Tomt lit
141Î}.
1^6).
Tiré des
Recueils de
M. l'Abbé
Le Gr;ind9
394 PREUVES DES MEMOIRES
mondit Sieur de Bourgogne efl: content d'aller jufques à He(Hîn G, mon-
dit Sieur de Bourgogne y veut venir 6c qu il voye que faire fe doive.
XXIX*.
§Cr Commiffion du Roy Louys XL pour le rachat des Villes de la
Rivière de Somme.
LO Y S > par la grâce de Dieu , Roy dé France » à nos amés & féaux
Pierre de Morvilliers , Chevalier •, noftre Confeillcr & Cbancellier»
Bertrand de Beauveau , Sire de Prcfigny , & Prefidcnt en noftre Cham-
bre des Comptes , Guillaume Juvcneî des Urfîns , Sire de Treyncl j le
Sire de Landes , Bailly de Sens ; Pierre Berat , Chevalier , Treforier de
France , & Maiftre Efticnnc Chevalier, auffi Treforier de France > Salut
ic dileÂion : Comme en enfuivant le ferment par nous fait à noftre Sa-
cre & Couronnement , de réunir & rejoindre au Domaine de noftre
Royaume & Couronne, tous les Pays , Chaftellenies , Terres & Seigneu-
ries , rentes & revenus vendus, aliénez ou engagez par nos Predeceflèurs
Roys de France , & meffnement par ^eii noftre très<her Seigneur & Pè-
re , que Dieu abfolve , nofti^e intention ait efté & foit de rachcpter &
recouvrer les Pavs , Terres & Seigneuries aflîfes au Pays de Picardie >
baillées & engagées par noftredit feu Seigneur & Père par le Traité d'Ar-
ras à noftre très-cher & très-amé Oncle & Coufin le Duc de Bourgogne
pour la fomme de quatre cens mille efcusd or, pour faire teauel rachapt
qui eft trcs-neccflàire , & dont grand inconvénient irréparable fc pour-
roit enfuir fe de brief ledit racliapt n'eftoit fait, ayant de noftre efpar-
gne aftemblé & mis enfemble jufqu'à la fomme de deux cens mille efcus
d'or , & que pour fournir le lurplus de ladite fomme de quatre cens
mille cfcus , montant à pareille lomme de deux cens mille , ne nous foir
poffible de trouver ou recouvrer icelle fomme , fans grands griefs & op-
preflîons de nos Sujets , lefc^uels de tout noftre pouvoir dcfirons relever
aefdires oppreflions , & foit ainfi que la plus bnefve & aifée voye pour
fixer & recouvrer ladite f6mmc promprement , foit de prendre pluneuri
grandes fommes de deniers mifcs , depofées & confignéés tant en noftre
Cour de Parlement , en noftre Chaftelet à Paris , qu'es Auditoires des
Requcftes de noftre Hoftel & de noftre Palais , qu auffi es mains de plu-
iieurs Marchands & ChangciflK de noftredite Ville de Paris , comme en-
main de Juftice , Icfquelles fommes ainfi depofées & confignéés en noftre
Cour de Parlement , & autres Cours , où elles font déposes & confi-
gnéés , pourroient refufer , ou délayer de les bailler , où délivrer , ou fai-
re bailler & delivrer>fe par nous n'y cftoit pourvu de remède convenable^
Pourquoy nous ces choies deflfùs confiderées , vous mandons, comman-
dons & expréflfëment enjoignons en commettant , fc meftier eft , par ces
>rerentes , que vous vous rranfportiez en noftre Cour de Parlement , &
Ilec , toutes les Chambres d'icellc afïejrtiblées , remonftriez nofdites ne-
çeffitcs & affaùies , & les grands defir & afFçdion que avons de recou-
vrer & rachepter lefditcs Terres > & qu a ce ne pourrions fournir, com-
me dit eft, fans prendre lefdites fommes confignéés & depofées , tant
s
es
DE PHIL. DE COMINES. 39^
is mains du GrcflScr de ladite Cour , que d'autres pcrfonnes j & les exhor- ^4^3'-
tiez qu'en ayant regard au bien 6c honneur de nous & de noftre Royaù*
nie , & augmentation de noffre Doïnaine , ils veuillent confentir qu'i«
celles Tommes, ainii dépofées 6c conHgnées , nous foient, ou au Commis
de par nous , baillées éc délivrées , reaument &: de fait , en leur offrant
de par nous > pour la reftitution d'icelles Tommes , & de les remettre es
mains & lieux où elles Tout de preTent , toute telle Teureté qu'il Temblera
i icelle noftre Cour eflre à faire & convenable en cette partie. Et pa-
reilles remonftrances , exhortations Ôc offres faites efdites Cours & Âu-^
ditoires » ôc ailleurs où il appartiendra ; de ce faire vous donnons plain
pouvoir & autorité, èc conjuniflion 6c mandement eTpeciaL Donné' à
Paris le vingtième jour d'Aouft , Tan de grâce 14^3. & de noftre Règne
le troiiiéme* Sicjig/u Par le Roy en Ton grand ConTeiL Le Prevoft.
*
XXIX**.
ifX Extrait des Quittances de Philippe le Bon 9 Duc de Bour^ogne^
Quittance de Philippes le Bon , Duc de Bourgçgne , pour la Tom- T"^^^
me de deux cens mille eTcus reçus du Roy Louys XJ. en déduction ^^."
de quatre cens mille efcus , pour le rachapt des Villes & Seigneuries de
la Rivière de Somme , à Heidin le 1 1. Septembre 1 4(> 5 •
Quittance pour lerefte, du 8. Oàobre Tuivant, moyennant quoy ^il
promet rendre au premier Novembre leTdites Villes 6c Seigneuries.
X X I X***.
§3* Fldimus d'une CommUJion de Louys XI* pour une levée de deniers
pour rachapt des Filles de la Rivière de Somme.
A Tous ceux oui ces prcTentes Lettres verront , Arnoid Houiïc , Tîré des
Notaire 6c Secrétaire du Roy noftre Sire , Prevoft , Garde du mêmes Ror
Scel de la Prevofté de Troyes , Salut : Sçavoir faifons , que Tan de grâce cucils.
I A^j. dix-Teptiéme jour de Décembre , Mathe Bruyer & Félix Vareton ,
Clercs , Notaires Jurez du Roy noftredit Sire en ladite Prevofté , vi-
rent , tinrent & diligemment lurent mot d mot deux Lettres patentes
du Roy noftredit Sire eTcrites en parchemin , Tcellées de Ton gj^and Tc^el
en iimples queues & cire jaune ^ Taines 6c entières , en Tcél , Teing ma-
nuel & eTcriture , deTquels les teneurs s'enTuivent :
L o Y s , par la grâce de Dieu , Roy de France : à nos atpcz 6c féaux
ConTeillers , l'EveTque Duc de Langies , le Sire de Treynel , Maiffare
Mathieu Beauvarlet, Receveur General de nos Finances en nos Pays , deT-
fus & par deçà les rivières de Seync & Yonne •, & Anthoine DiTene ,
noftre Notaire & Secrétaire, Salut 6c dileftiotî : Comme ihs longtçms 6c
meTmement depuis que Tommes venus à la Couronne de France , ayant
cousjours eu Tmgulier defir entre autres choTes de ravoir & rachepter nos
Terres & Seigneuries de Picardie ^ qui avoicnt efté engagée^ par feu
Pdd z nofbre
' 39'^ PÏIEUVES DES MEMOIRES -
YaôT^ noftrc très- cher Seigneur & Pcre , que Dieu abfolvc, par ledit traité fc
appointemenr fait a Arras en Tan 1435. à noftrc très-cher Ôc très-amc
Oncle le Duc de Bourgogne, ce que n'avons pu faire obftanr plufieur»
grandes affaires , charges & dépenfes que avons eu à fupporter , tant par
le mariage de rioftre très-chere & rrès-amée Fille Anne de France , de
noftre trcs-chere & très-amée Soeur Madeleine y que pour la conqucftc
& reduftion des Comtez de Rouflîllon , de Cerdagne & Pays de Conflans,.
& de noftre armée que avons longuement tenue en Cathalogne, & ca
s
quatre
tant du Noftre propre, que par emprunt fur un quartier d'an du paye-
ment de nos Gens de guerre , & de plufiairs nos Officiera & Subjets^,
laquelle avons fait bailler comptant à noûredit Oncle de Bourgogne » 8c
recouvré lefdires Terres , & aicelles avons la poflcffion , & foit aind
que ne pourrions bonnement rendre, ny reftiruer les fommes par nous
tmprimtées , mefmehient à nofditsGens de guerre ,ainfi que avons vou-
loir Se intention de faire , & que par eux à cette caufe ne foit fait aucun
■ mal ic dommage fur nos Pays & Subjets, 8c que les puiflîons tenir en
juftrice & nous fervir d'eux pour la deffenfe Ôc feureté de noftre Royau-
me, fans avoir fur ce aucun ayde de nofdits Subjets, mefmement juf*
ques à la fomme de cent mille efcus d'or , qui nous eft nccedàire pour
rendre & reftituer à nofditsGens de guerre l'argent, que avons fait pren-
dre d'eux fur ledit quartier d'an de leur payement ; parquoy foit befoin
envoyer aucuns notables gens de par nous par les Pays & Elevions de
noftre Royaume , pour remonftrer de par nous les chofes defliifdites 6c
autres grandes charges & affaires que chacun jour avons à fupponer î
fçavoir vous faifons,^que nous confians de vos fens , loyautez & prudhom-
mie , vbus avons commis & ordonnez , commettons & ordonnons par
ces prefcntes pour alfer 8c vous tranfporter en nos Pays de France >
Chanmagne & Brie , 8c autres Pays de la charge & recepte gençrale de
' vous Beàuvarlet; 8c mander en aucunes Villes defdits Pays les Gens des
ttois'Eftiti , ou plU^ en tel nombre que verrez eftre à faire , pour leur
remonftrer de par vous les chofes delTufdites , & les grandes charges &
affaires que avons â fiipporter & 'fbutcnir , comme dit eft , pour le fait
de noftredit Royaume & le bien de la chofe publique d'iceluy , en leur
reqiierrant que pour leur part & portion de ladite ibnmié de cent mille
' cfcus d'or,, ils nous oâîoyént par tons lefdits^payç de ladite recepfe
■ génerâie de vous deffufdit Beau varier, la fomme de i9879Jivres4Kyls
tournois , 8c icelle faites menre fns par les Efleus de chacun defditsPays
; & El^£tions , aufquels par cefdîtes Prefentes vous avons dorme pouvoir
ïe faire , avec la fomme de 600 livres tournois fur tous iceux pays pour
touç.frais pat manière de taille fur les habitans defdits pays le plus jufte-
• ';Ènent 8c clvilement^qùc faite fe pourra , IcTfbrt portant le foible, ou
s'ils -advifeht autre voyè plus aifce 8c moins gènabk pour le peuple , de
kverhtlite fômme 8c frais fur les vivres bu autrement. Nous voulons
] 8c vous commandons que de ce leur dorihfer tel congé qulli voudront
avoir x & que pour le foulagemcnft id^cux-,41s puiflott prendre ce que
monteronr
0Ë PHIL. DE COMINES. 397 _
monteront les deniers commis des Villes defdits pays pour un an , & 146^
laquelle fomme payer & faire venir ens franchement, voulons eftre con-
tribuables toutes manières de gens demeurans efdits Pays , tant es bon-
nes , que dehors , exempts & non exempts , privilégiez^ & non privilé-
giez, & fans préjudice cfe leurs privilèges pour ledit tempsà venir , excep-
tés toutesfois Gens d*Eglife , Nobles vivans noblement , fuivans les ar-
mées , ou qui par vieilleflè & impotences ne les peuvent plus fuivre ,
les Officiers ordinaires 8c Conimenccaux de Nous , de noftre Compa-
gne , la Roy ne, de noftre très-chcre & très-redoutceDame & Mère, & de
noftre très-cher &trèsramé Frère le Duc de Berry,non Marchandans, vrais
Efcoliers eftudians en Univerfité fans fraude , pour degré & fcience acqué-
rir , & ccM qui voudront demeurer en noftre Royaume, des Pays non
contribuables aux tailles mifes fu$ de par hous , aufquêls a efté donné
par feu noftredit Seigneur & Père , affranchifiement pour neuf ans , &
pauvres mandians , & lefquels deniers nous voulons eftre levez & re-
ceus par les Receveurs par nous commis à recevoir & faire venir ens le
payement de nofdits Gens de guerre en iceux , & à ce faire & foufFrir ,
f& à payer lefdits deniers les termes efcheus , contraignez ou faites cor>-
traindre par lefdits Efleus tous ceux qu'il appartiendra par toutes voyes
deucs & accouftumées à faire pour nos propres debtes & affaires , & Ce
de partie à partie n'euft débat ou oppofition defdits deniers, première-
ment & avant toute œuvre payez, nonobftant appellations quelconques;
voulons par lefdits Efleus aux parties ouïes y eftre fait Se aaminiftré rai-
fon & juftice, de ce faire à vous , & aux trois ou deux de vous , pour
ce autorité , commifCon & mandement efpecial s mandons & comman-
donsi tous nos Jufticiers, Officiers & Sujets , que à vous , en befognant
es chofes deflîifdites , obcyflènt & entendent diligemment , & vous
preftent & donnent confeit , confort & ayde , fe meftier en avez , &
pource que de ces prefentes on pourra avoir alTaire en plufieurs lieux ,
nous voulons que au vidlmus d'icelle , fait fous Scel Royal, foyfoit
adjoûtée comme à ce prefent original. Donné au Neufchaftel de Nicourt
le deuxième jour de Novembre , Tan de grâce mil quatre cens foixante-
trois , & de noftre Règne le troifiéme» Âinfî Signe , Par le Roy en fos
ConfeiL De la Loere»
X X I X****,
ifT Autre Commiffîon fur le même fujet.
/TE M. L o Y s , par la grâce de Dieu i Roy de France , à nos amez
& féaux Confeillers , VEvefauc de Langres, Pair de France, le . — --
Sire de Treynet , noftre Chambellan ; maiftre Mathieu Beauvarlet , & ^çjj" ^
maifhe Antnoine Difenc , noftre Secrétaire , Salut & dileftion : Pour
certaines caufes & confklerations à ce nous mouvans, qui grandement
touchent le bien de nous & de noftre Seigneurie , nous voulons , voufs
mandons ic comihandons expreffément , que avec , outre & pardeflîis
la fomme que- vous avons ordonné requérir nous eftre donnée & octroyée
par les Gens des trois Eftats des Pays & Elevions de Paris , hors la Ville
Ddd 5 dt
Tjrf des
39? PREUVES DES MEMOIRES
de Senlis » de Beauvais > de Compiegne > de Noyon , de Soiflbns y dt
^^^}^ Laon , de Chafteau-Thierry , de Rennes» d'Amiens de la Somme, de
Troycs , de Tonnere , de Vezelay , de Sens , compris Moncargis & Joi-
gny, de Melan, de Provins y de Meun, d'Eftampes , de Meaux , Lan-
grès & de Rethelois , pour partie de la fomme de cent mille efcus que
avons ordonné e^re refticuée aux Gens de guerre de noftre Ordonnance»
Air le pavement defquels avons prife ladite fomme pour nous ayder au
rachapt ce nos Terres de Picardie , vous faites mettre fus Se impofer la
fomme de l6o}J^l. iÙ6 d. tournois; c'eft à fçavoir , en ladite Eleâion
de Paris , hors la Ville , huit vingt dix livres y en TEleâion de Senlis
trente livres î en l'Eieâion de Beauvais cent livres tournois ; en TEleâion
de Compiegne trente-cinq^ livres tournois ; en l'Eleâion de Noyon cent
livres tournois ; en TEleâion de Soldons vingt livres tournois y en l'E-
leâion de Laon neuf vingt livres tournois *, en l'Eledtion dç Chafteau«
Thierry trente livres tournois;, en TEleébion de Rennes cent livres tour-
nois; en l'Eleâion d'Amiens de la fomme de foixante livres ; en TElec^
tion de Troyes cent livres tournois 5 en l'Eledion de Tonnerre foixante
livres; en l'Eleûion de Vezelay trente-cinq livres ; en l'Eleâion de Sens»
compris Montargis & Joieny , cent cinquante livres ; en l'Eleâion de
Melun foixante uvres; en l'Eleâion de Provins trente livres tournois;
en l'Eleâion de Mandes trente livres toiu:nois ; en l'Eleâion d'Eftampes
vingt livres tournois ; en l'Eleâion de Meaux cent livres tournois ; en
l'Eleâion de Langres huit vingt livres ; en l'Eleâion de Rethelois foi-
xante-quatre livres deux fols (ix deniers tournois ; lefquelles parties > qui
montent enferpble à ladite fomme de feize nulle trente-quatre livres
deux fols (ix deniers tournois y voulons eftre levées & receuës par les
Receveurs defdits Pays y aux termes 6c ainfi que les autres deniers def-
fufdits , pour eftre par eux payées & baillées au Receveur gênerai de
nos Finances ; 6c par ces deicharges , aind que par nous fera accordé »
& à ce faire & foufFrir > & à payer lefdits deniers y les termes qui feroïic
fur ce ordonnez écheus > contraigniez ou faites contraindre par lefdits
Efleus tous ceux qu'il appartiendra par toutes voyes & manières accouf-
tumées pour nos propres debtes, nonobftant oppositions ou appellations
quelconques; de ce mre avons donné & donnons à un , & aux quatre
ou trois de vous , pouvoir , commiflion y commandement efpecial ; man-*
dons 6c commandons à tous nos Jufticiers y Officiers 6c Subjets , que i
vous , les quatrel ou trois de vous » vos commis 6c députez , en ce fai*
fant , obéyflênt & entendent diligemment , preftent & donnent confeil»
confort & ayde y fe meftier eft , & requis en font. Donné à Abbeville
le dernier jour de Novembre , l'an de grâce 1463. & de noftre Règne
le troifiéme. Ainfi Signe > Par le Roy. De la Loere. En tefmoin de ce»
nous Jardé y defTufdit nommé , avons Scellé ces Prefentes Lettres de W-
dimus 9 en tefmoin du Scel 6c contre-Scel de ladite Prevofté ; 6c veu le
rappott defdits Notaires avec leurs lignes manuels. Ce fut fait Lettres Sc
premier deffufdites. *
* Je n cntens pas ces derniers mots y mais telle eft la copie que j'ai.
I
DE PHIL. DE COMINES. . 599
XXI X*****. . 146}
JPCr Extrait de rinjlrtulion du Comte de Charolpis , fur le rachapt
de/dites Villes.
Uillaume de Biche a dit au Roy , que Mr. de Charolois a entendu "^''^ «J**
F . , - - - . - .
a cœur, il s'en attent à iuy , mais au regard de fon vouloir , il voudroit
bien qu'il ne les racquittaft point , & qu'il le^ laiflàft ainfi pour cette
heure.
Jtem. Que ceux du Pays d'Artois ont envoyé devers Mr. de Charolois
Iuy prier que ces Terres ne fuHent rachetées , pour aucunes raifons qu'ils
Iuy ont fait dire , lefquelles il a fait fçavoir à Mr. de Çourgogne par
les Sieurs d'Ymbercourt & de Contay, &r un Clerc.
Item. Que l'on a dit à Mr. de Charolois , que s'il venoit devers le
Roy, que le Roy le feroit prendre , & qu'il fe gardaft bien de fe trou-
ver en lieu là où le Roy euft pouvoir , & qu'il le bailleroit à Mr. de
Boiu-gogne. . . . ,
Item. Qu'il a oiii dire que le Roy eft mal content de Iuy , c'eft qu'il
voudroit bien fçavoir de quoy c'eft , il n'a fait chofe pourquoy il en cloye
[ rien appréhender *.] * ^« ^^*
y y T ^ 3lt ^e ^e 3l( Ht :te dCmiCrS
-^ -^ ^ ^ • mots man-
. . . qucnt dans
^CT Lettre du Sieur Chevalier fur le rachapt defdites Filles. la copie
que j ay.
MOnfeigneur , je me recommande à vous par ma foy du bon du Tiré des
cœur : le Roy a voulu , & pour ce dont , l'Amiral , vous & moy mêmes Rc-
alliffions devers Monfeigneur de Bourgogne, & Iuy portiilions deux cens cuciis.
mille efcus , pour partie de quatre cens mille elcus qui Iuy font deus
pour les Terres engagées , comme vous fçavez. Mondit Sieur l'Admi-
rai eft party de devers le Ro)^ un jour avant moy , pour allepen Bretagne
& en Normandie , & incontinent qu'il aura fait ce qu'il y a à befçgner
il fe rendra à Paris , auqiiel lieu il doit trouver vous & moy , pour d'il-
lec aller tous enfemble devers mondit Sieur de Bourgogne. Je ne vous
cfcris point quant il y fera , pource que je ne fçay Te jour , car avant»
qu'il y vienne , il a efperance d'avoir des nouvelles de Mr. de Croy
touchant le fait de la Trêve.
J'ay amené avec moy le Treforier des Guerres pour faire toute dili-
gence poffible de recouvrer argent , & m'a dit ledit Treforier oue en la
fin de ce mois il me rembourfera des foixante mille livres que je Iuy avois
avancées pour la guerre de Catalogne , & en la fin de Juin quatorze mille
huit cens foixante-une livres dix-icpt fols , qu'il a receus pour moy de
maiftre Eftienne Petit, fur quoy j'en avois efte appointé cette année.
Quant j'ay pris congé du Roy je Iuy ay dit qu'il eftoit impoflîbleque il
peut faire payement à mondit Sieur de Bourgogne defdits deux cens mille
efcus >
J
1^6}
400 PREUVES DES MEMOIRES
efcus y Ton fe peut aydcr de trente-cinq mille livres, qui pour ce faire i
fe doivent prendre fur ieditTrefor des guerres, & que c'cftoit argent oui fc
devoit recevoir au long de l'an, & aufliquedoubtoitque lesdix mille livres
qui doivent eftre pris fur Jacques Piflèleu , ne (croient oas prefts , &
qu'on ne s'en pourroit ayder pour cette heure , il me fcmble que le re-
couvrement defdites Tcnes engagées , & le fait de laditte Trêve font
les deux plus grandes matières de ce Rovaume , & qui plus touchent le
fait du Roy -, & toutesfois il a defpecnc mondit Sieur l'Admirai 6c
moy tant ligierement , & à fi petite délibération , que à grand peine
avons nous eu loiiir de prendre nos houdeaux , Se m'a dit que puif»
qu'il y a bon fonds , il fixait bien que ne luy faudrez point , & que
vous luy prefterez ce que vous avez , & aufll aue nous trouverons des
cens à Paris qui nous prefterons , & pour ce abréger y c'cft tout ce que
f en ay pu tirer de luy , Se luy femble que lefdits treftte-cinq mille li-
vres d'une part , & dix mille livres de l'autre , fe doivent trouver ea
un pas defiré.^ Je vous efcrit ces chofes à ce que foyez adveni dç tout,
& que veniez pourvu de ce dont vous luy pourrez ayder.
Je voudrois pour Dieu que vous euffiez bien fait &c achevé à voftrc
plaifir &c profit tout ce que vous ayez à faire , & vous fuflîez de cette
heure icy , afin que puiflîons befpgner enfemble , ^ advifer les voyes Se
manières que aurons à tenir pour parvenir à la fin à quoy le Roy tient,
puis j'ay pitié de vous , & fçay bien l'aife & la plaifance que vous avez
de prêtent^ & Iç dcplaifir que prendrez à le laiflcr , & efcrire , que ve-,
niez fi diligemment, comme la matière le requiert > toutesfois, s'il vous
{)laift , vous achèverez ce que avez d faire par-de-là , & vous en viendrez
e pluftoft que promptement pourrez à Tours , auquel lieu je m'en vais
& vous y attcndrajr ) Se cependant feray ce que je pourray , & vous
commettrez encore fi je puis environ vingt-cinq mille livres de monnoye,
que nous y avons. Il me femble qu'il vaut mieux compter ladite monnoye
en or , & y perdre quelçiue chofe , que porter ladite monnoye avec
nous , car qui la porteroit ce feroit une merveilleufe peine , & avec ce
coufteroit autant la voiture , comme fera la charge de monnoye j voyez
fi nous aurons beaucoup à bcfogner audit lieu de Paris ; & vous con-
viendra bien uferdenos cinq cens naturels, parquoy eft bcfoin de nous y
trouver le pluftoft que nous pourrons , car encore n'y fçaurons-nous eftre
fi long-temps , que nous n'ayons bien à tirer au colier •, pour ce vous
prie derefchef que vous vous veuilliez rendre diligemmenr audit lieu
• de Tours ; fi le Roy s'en va en Languedoc , & je crois que la principale
♦ On a vu caufe pourquoy il y va , eft pour bailler la poflcflîon de Carcaiibnne *,
d-dcflus p. & d'illec fe part es champs pour tirer à Lyon, & par avanture en Savoyc,
J89. que Ton veuille * au Marefchal de Bourgogne & aux fiens , comme Ion m'a
c'cftoit dit j la Ville & Seigneurie d'Efpinal. Monfeigneur, je prie à Dieu qu'il
pour M. de y^yj doint & comble de vos defirs, Efcrit à Saint Jean d'Angely le dix-
Ajout 2 neuvicfme jour de May. Depuis ces Lettres efcrites , Mr. de Croy m'a
ff^fy^ ^ * dit qu'il a eu nouvelle de fon ncpveu , qu'il avoit envoyé en Angleterre,
& que fondit nepveu luy a fait Içavoir que certaine Ambaflàde d'Ànglç-
terre fe trouvera a Saint Orner à la Saint Jehan , pour befogner au fait
de ladite trêve, Sç efpere , vu ce qu'il dit, que le Chancelier d'Angleterre
fç
DE PHIL. DE COMINES 401 ^_^^^_^^^
fe y trouvera » & par avanrure le Comte de Varwics mondit Sîeur l'Ad- V^TT"^
fnital dit hier àprefent qu'il fera à Paris i la fefte de Saint Jehan , pour ^ ^*
ce ne dévoilez , & eft befoin que vous vous haftiez. Voftre Serviteur ÔC
frère» Eftienne Chevalier.
X X I X***^*'^**.
4f^ ABc dcpromejft de Philippe^ Duc de Bourgogne^ de rtnirt au^Roy .
la Comte de Ponehieu & autres Terres fians deçà & de^là la '*^^'
Rivière de Somme , en baillant quatre cens mille icus,
PU EL IPPË y parla grâce de Dieu , Duc de Bourgogne » deLochkrs» Tiré des
de Brabant & de Limbourg , Comte de Flandres & d'Artois , de accueils de
Bourgogne , Palatin , de Haynault , de Hollande , de Zclande & de J^'i!^^
Namur , Marquis du Saint Empire , Seigneur de Frife , de Salins & de ^'^*'***
Malines. A cous ceux qui ces prefentes Lettres verront , Salut : Comme
par le Traité de paix fait ic pafle nouvellement en cette noftre Ville
a Arras , par le moyen & à l'enhortement de très-Reverend Père en Dieu
le Cardinal de Sainte Croix , Légat de noftre Saint Père le Pape , & le
Cardinal de Chypre» noftre Cou fîn. Légat, & autres Prélats & gens
d'Eglife , Ambadâdeurs du Saint Concile de Bafle , entre les Ambaflà-
deurs de Monseigneur le Roy ^ au nom d'iceluy Monfeigneur le Roy »
ayans de iuy pouvoir fuffifant en cette partie d'une part, & nous d'autre»
par mondit Seigneur Roy , nous foient baillez & tranfportez pour nous»
nos hoirs & ayans-caufe, à tousjours plusieurs Cités, Villes, Fonereflfèç,
Terres & Seigneuries déclarées en l'article contenu audit Traité, duquel
la teneur s'eniuit*
lum^ Que le Roy baillera & tranfportera â mondit Seigneur de Bour-
gogne pour Iuy , Tes hoirs & ayanscaufe à tousjours , toutes les Citez ^
ViUes , FonereÔes , Terres & Seigneuries appaitenanres à ta Couronne
de France, de & fur la Rivière de Somme, d'un cofté & d'autre , comme
S. Quentin , Corbie , Amiens , Abbeville & autres , enfemble toute la
Comté de Ponthieu , deçà & de-U ladite Rivière de Somme , d' Arlon ^
Saint Riquier , Crevecœur , Arleux , Monagne , avec les appanenances
& appendances quelconques , & toutes autres Terres , qui peuvent ap»
panenir à ladite Couronne de France , depuis ladite Rivière de Somme
mclufivement , en tirant du cofté d'Artois , de Flandres & de Haynault,
tant du Royaume que de l'Empire , en y comprenant aqflî au regard des
Villes féans fur ladite Rivière de Somme du cofté de la France , les Ban-
lieues & Efchevinages d'icelles Villes , pour jouïr de par mondit Seigneur
de Bourgogne , feldits hoirs & ayans-caufe à tousjours , defdites Cités ,
Villes , Fortereflès , Terres & Seigneuries , en tous profits & revenus ,
tant de Domaine , comme des Aydes , ordonnez pour la ^erre , & auftl
tailles & autres émolumens quelconques , ^ fans y retenir de la part du
Roy , fors les foy , hommage , reflbrt & Souveraineté , & lequel trans-
port & bail fe fera , comme dit eft , par le Ro)r au rachapt de la fomme
de quatre cens mille efcus d'or vieis , de foixante-quatre au marc de
Xfoyes,huit onces pour iparc^ & d'aloy àvingt-quacre carats un quart de
Tome II. E p ç remède 9
40X PREUVES DESMEMOIRES
remède > ou autre monnoye d'or courante , à la valeur du(|uel racHapr»
M^3*^ de la part de tnondit Seigneur de Bourgogne» feront baillées Leccres^
bonnes & Tuffifantes » par lefi^uelles il promettra pour luy & les (iens »
que toutes & auantes fois qu'il plaira au Roy ou aux (iens faire ledit
rachapt y mondit Seigneur de Bourgogne & les Cens ^ feront tenus en
recevoir Indite fomme d'or > de rendre ic délaiflèr au Roy & aux fiens
toutes lefdites Cités , Villes y Fonerellès , Terres & Seigneuries coin-
prifes en ce prefent anide > tant feulement & fans toueher aux autres ^
dont deffus eft faite mention *, & fera content en outre mondit Seigneur
de Bourgogne de recevoir le payement defdits quatre cens mille elcus i
deux fois > c'eft i fcavoir à chacune fois la moitié, pourreu qu'il ne fera
tenu de rendre le£dites Citez , Villes » Forcerefles , Terres & Seigneu«
ries , ne aucunes d'icelks )ufques tout ledit payement foit accomply >.
& qu'il ait receu le dernier denier defdits quatre cens mille efcus ; Se
cependant mondit Seigneur de Boui;gogne fera les fruits (iens de toutes^
leldites Cités , Villes » Forteredes y Terres & Seigneuries» tant àts Do*
maines y comme des Aydes & autrement y fans en rien déduire ne ra«
battre du principal *, & eft à entendre y que audit tranfport êc bail que^
fera le Roy , comme dit eft y ne feront pomt compris la Cité de Tour-
nay y & Bailliage de Tournay ,Tpurne(ts &c Saint Amand y mais demeure^
ront icelles-Cité ic Bailliage de Tournay , Tourneds ic de Saint Amand
es mains du Roy, refervé Mortaigne, qui eft eoropris & demeurera à
mondit Seigneur de Bourgogne , comme dit eft deflus^ \ &c combien que
ladite Cité de Tournay ne dèive point eftre baillée à mondit Seigneur
de Bourgogne, ce nonobftant eft refervé à iceluy Monfeigneur de Bour-
gogne l'argent à luy accordé par ceux de ladite Villtf de Tournay par
certain Traité qull a avec eux , pifques à certain temps Se années a ve^*
nir; & lequel argent lefdits de Tournay payeront entièrement à mondit
Seigneur de Bourgogne > c'eft à fçavoir , que au regard de tous Officiers^
qui feront necedâires à mettre & inftituer es Citez, Villes , Forteredès ,«
Terres Ôc Seigneuries delîufdites ; au regard' du Domaine , mondit Sei*
sneur de Bourgogne & les (iens les y mettront 8c inftitueront plainement
a leur volonté y & au regard des droits Royaux , Se au(& des Aydes &
Tailles, ta nomination en appartiendra i mondit Seigneur de Bour^
gogne & aux (iens ,' & Tinftitution 8c commidlon au Roy & i fes fuc«
teneurs , comme deiTus & déclaré en cas femblable. Sçavoir faifons que-
nous voulans envers mondit Seigneur le Roy ufer de bonne foy , comme-
raifon eft, promettons en parole de Prince, & par les foy & ferment'
de noftre corps ,,pour nous & nofdits hoirs & iucceâèurs , que toutes*
Se quantes fois mondit Seigneur le Roy , ou fes fuccçflèurs Roys de-
France , nous payeront ou feront payer la fomme de quatre cens mille-
efcus d'ôr viek de foixante-quatre au marc de Troycs , huit onces pour-
marc , & d'alby à vingt-quatre carats i un quart de remède , ou autre*
monnoye d'or courante à la valeur, réellement & de- fait 5 tout à une:
fbis , ou à deux fois; c'eft ^ fcavoir achacun payement la moitié ,. nous
rendrons Se reftiturons à mondit Seigneur le Roy , & à celuy^ de fefdits-
fuccefleurs , qui nous fera ledit payement, en recevant lefdits quatre-
<en& mille efais i une. fois ou a aeux-^c'eft i fçavoir à chactme rois la^
moitié. >«
r
I>E PHIL. î>n COMINES ^ 405
tnoitié , toutes lefdices Cités , Villes & Fortcreflcs , Terres Se Seîçneu- ^r-
ries déclarées en l'article cf-deflTus tranfcrit , fans icelles Cités , Villes , ^ ^^
Fonereflès , Terres & Seigneuries y ou aucunes d'icelles retenir, ne au-
trement diflerer, ou retarder ladite reftitution d'icelles ou partie d'icel^
les y fous ombre ou occafion de quelque autre dette , demande ou pour-
suite, que pouvons ou pourrions avoir au temps à venir , ou nos hoirs
-ôc fuccefleurs , à quelque caufe ou titre que ce foit , ou puiflè eftre i
rencontre de mondit Seigneur le Roy , ou de Tes hoirs &c fucceflèurs ,
pourveu toutesfois que nous ne ferons tenus de rendre ne reftituer IcC*
dites Cités , Villes , Fortcrefles , Terres & Seigneuries , ne aucunes^d'i-
celles jttfques tout ledit payement foit accomply , &: que avons receu
le dernier denier defdits quatre cens mille eicus.» 8c cependant feront
les fruitsnoftres de toutes lefdites Cités, Villes, Forterefles, Terres & Sei«
gneuries, tant de Domaine , commue des Aydes& autrement, fans en rien
déduire ne rabattre du principal , comme il eft déclaré & contenu audit
article. Toutesfois nous n'entendons comprendre aucunement en cet
prefentes le Chaftel Se Ville de Peronne , combien qu'ils foient aflis
fur la Rivierre de Somme , ne aucunes des autres Villes , Forteredès Se
Seigneuries à nous tranfportées par mondit Seigneur le Roy , décla-
rées 6c fpocifiéesès autres articles dudit Traité de paix^ 8c aux chofes
deifnfdites , faire , tenir , entretenir 8c accomplir , nous fommes obli-
gez Se obligeons par la manière deflufdite , & fous Tobligation 8c hypo-
uieque de tous nos biens , Se de nofdits hoirs & fucceffeurs , prefens 8c
à venir , voulans à ce ^ftre contraints par la cenfure Ecclefiaftique de
noftredit Saint Père le Pape , & du Saint Concile de fiaïle , & par tou^
tes autres Cours Eccleiîaftiques & Séculières , Se toutes autres voyes
<ieuës 8c raifonnables , aufquelles ^ quant à ce , nous fommes foumis
Se foumettons , & nofdits hoirs & fucce(Ièurs , Se biens quelcon-
ques par ces mefmes prefentes , Se tout fans fraude & malignité , te-
nonçans à toutes allégations & exceptions, tant de droit que défait,
Î[ue pourrions dire & alléguer au contraire , & en e(pecial au droit , di*
anc qpc générale renonciation ne vaut , fî Tefpeciaie ne précède. En
xefinoin & ce nous avons fait mettre noftre Scel à ces prefentes. Donné
en noftredite Ville d'Arras le dernier jour de Septembre « fan de grâce
œil quatre xrens trente-cinq.
f)7 Information faiu irt 1448* de par U Roy 9 Umchant U Trald de luy
& du Duc de Bourgogne 9 à Arras.
INformarion faite par nous Jehan Tudert , Confeiller Se Maiftre dés Co(n2 fur
Requeftes de THoftel du Roy noftre Seigneur, Guillaume de Vie, rorignal
Robert ThU>ouft , Confeillers dudit Seigneur en fa Cour de Parlement, P*^^-
i& Jacques Aude , Notaire Se Secrétaire du Roy noftredit Seigneur , & ^ ^ ^^
Greffier de fon Grand Confeil , par vertu des Lettres de commîflîon ^'V^
d'iceluy Seigneur , à nous addbreuantes , defquelles la teneur s'enfuit :
Charles» par la grâce de Dieu > Roy de France j à nos amez & féaux
Eee ;l Confeillers
404 PKEVVIES DBS MEKTOI
Confeitlers Jean Tudert y noftre GonfeiUer & Maiftre des Rcquefter «h
*4oî» noftre Hoftel > Guillaume de Vie & Robert Tibouft» nos Confeillers
en noftre Cour de Parlement y 6c Jacques Aude » noftre Notaire & Se»
tretaire» & Greffier en noftre Grand Confeil» Salut & dileâion : Noftre
Procureur General nous a fait expofer que au Traité & appointemenc
fait â Arraseatreneos Ambaflfàdeurs Se Commis de par nous , & noftre trè»-
cher & très-amé Frère & Coufin le Duc de Bourgogne , nous délaiflâmes
ànoftredit Frère & Coufin plufieurs Pays, Terres & Seigneuries pour
en jouïr par luy , au racquit & rachapt de quatre cens mille efcu» d*or »
fous les conditions» & par la forme & manière plus au long defignées
&' déclarées es Lettres fur ce faites^ ôc combien que noftredit Frère &
Coufin y 8c les Gens de fon Confeil y. en faifant lecut Traité y eudènt dit
te accordé aux gens par nous envoyez, audit lieu d'Arras pour le faic
d'icelluy Traité , que toutesfois. que ferions, paix ou aurions longue trê-
ve avec les Anglois » noftredit Frerc& Coufin nous rendroit ôc délivre**
roit reaument & de fait lefdits Pays » Terres & Seigneuries , fans pour
ce prendre de nous , ne demander ladite fbmme de quatre cens mille
cfcus > ne aucune chofe quelconque; néanmoins noftredit Procureur, à
l'oGcafion de ce q^e lefdices Lettres ne font de ce aucune mention ,. doute
3 ue noftredit Frère & Coufin y s'il advenoit que fiifions paix avec tef-
its Anglois on priffions longue trêve , voulfift faire difficulté de nous
cendre lefdits Pays , Terres & Seigneurie» pas nous à luy tranfportez,
Vil n^avoit payement defdits quatre cens mme efcus , qui , fe ainfi eftoir»
feroit en noftre grand préjudice ic dommage , fe par nous n'eftoit fur
€e donné provifion , ainfi que dit noftredit Procureur , requerrant que
fur ce luy veuillons pourveoir de remède convenable j pourquoy nous»
ces chofes confideréesu , voulans pourveoir à carder ic entretenir le Do^
maine de noftre Couronne , comme teiAis y iommes , vous mandons &
commettons par ces prefentes , & aux deux de voW, que diligemment
& bien vous enquêtiez la vérité fur les chofes deffiîfdites , &t ovicz 8c
examiniez tous les tefmoins qui Air ce vous feront produits <le la part
d'icelluy noftre Procureur *, &: tout ce que par les depofitioM detdâs
tefmoin» trouverez mettez & rédigez par efcnt en forme authenrique »
pour nous valoir & fervir en tempsr & en- lieu ce que de raifon (era^
de ce faire vous douons pouvoir & autorité v mandons 8c commandonc
a tous nos Jufticiers , Officiers 8c Sujets , que à vous , en ce faifant >
ebéyflent & entendent diligemment. Donné à» Tours le neuv^iéme jour
de Janvier, Tan de grâce 1448. & de noftre Règne le vingt-fepticme^
Ainfi Si^ , Par It Roy , vous & autres prefens« Eftienne Chevalier*.
Premièrement. Vénérable 8c difcrette petfonnc, Maiftre Andry dtt
Beuf, Preftre, Chanoine & Prevoft de Courçay en TEglife Monfeigneup
Saint MartiiT de Tours, & Notaire & Secrétaire ài Roy , âgé de qua-
fante-fixansouenviron^aprèsfermentparluy faitdedire vérité , lamain
mife au pis , examiné par nous Commiflaires deftùs nommez en certe
Ville de Tours , ledixiéme jour du mois de janvier , Tan 1448* adit &
depofé , que au temps 8c jours du Traité fait à Arras entre le Roy &
Monfeigneur de Bourgogne , ileftoit audit lieu d'Anras en la Compagnie
4c fetvice defeu Meffire ChriftoQhle.de Haroaurt > Ton des Ambaftadeurs
envoxcac
DE PHIL. DE COMINËS. 40^
comme ils parloienc defdkes matières, que on bailloic à mondit Seigneuf
de Bourgogne les ComteaHTerres& Seigneuries d'Amienoi^,deManftreuil
& Saine Quentin en Vermandoi» > avec les- revenus d'iceux y Se fut ce
oâroyé , pource que de la part de mondit Seigneur de Bourgogne fut dit
que il failoit paix avec le Roy ^ <)ue en faifant ladite paix fes Pays de
Hollande-, Flandres ScAatois (eroieq^ en frontière & forte guerre contre
les Anglois,pour laqueUe guerre luy aider 3 fou ftenic on luy bailloit lefdites
Seigneuries & revenus^ d'icelle» > jufqaes à ce que le Roy luy euft fait
bamer , & pour ee payer k fomme de quatre cens mille efcu^ , à une
fois enfanblemcnt , oa it deux payemens ^ c'eft à fçavoir à chacun
payement deux cens mille cfcns >;& avec ce demandoiènt lefdits gens de
mondit Seigneur de Bourgogne pour iceluy Monfeigtleur de Bourgogne ,
les Ville & BaiUage de Tournay & Tourneiis , au^ueUes chofes fedic
Meffire Chriftophe ne fe vouluft onccjues açaorder , & jura que à les
bailler , jour de fa vie ne fe accordorpic , & fut en voulenté de s en par-
tir, & aller audit lieu de Tournay s'il euft pu, & de fait y fut allé fe fon
iauf-conduit n'euft efté faiily , & i ladite €aufe fut ailbuppé de bailler
lefdites Ville & Bailkge de Todrnay & TourneHs^ & outre fut dit à luyy
^oi parle, par feu mondit Seigneur le Chancellier , que en ayant paix
avec lefdits Anglois , que mondit Seigneur de Bourgogne rendroit au
Roy franchement & quittement lefdites Terres & Seigneuries d'Amie-
jioys,Monftereuil ôc Saint Quentin \ &c fçait , luy qui parle véritablement»
que.au jour que ledit traité fut fait , ou environ iceluy jour , il vit tcnif
à feu mondit Seigneur le Chaneeltier tme Lettre patente en parchemin
fcelléedir fcel demondic Seigneur de Bourgojgne , en cire vermeille yS^
difoit icelluyMonfieur le Chancelier audit feu Meffire Chriftophe que
c'eftoit les Lettres de promeile de mondit Seigneur de Bourgogne do
tendre lefdites Terres 6c Seigneuries franchement & fans rien payer ,
parmy ayant paût aufdits Anglois v Se eft memoratif ïxiy qui parle , que
aufli que lors feu mondit Seigneur le Chancelier tenoit les Lettres des^
chofes que le Roy donnort aux Chancelier de BourgjOgne & Seigneur de
Groy ; & ces chofes a depuis tousjours ouï dire & maintenir aufdits
feus Monfei^neur le Chancelier Se Meflire Chriftophe 'y & croit luy qui
^rlc, que amH fut dit & promis, & a bien ouï parler & dire que ladite
promefle eftoit faite , parmy ayant paix ou longue trêve aufdits Anglois ;
mais de longue trêve nefçauroit pas bien par^ au vray y Se c'eft tout
ce que il dépofe en fçait.^
Très^aut & puiflfànt Prince Monfeigneur Artur de Bretagne , Comte
de Rkhemont, Seigneur de Partenay,Conneftable de France, âgé de
cinquante-fix ans ou environ , examiné par nous Commiflàires deflus
nommes en là ViUe de Tours le vingtième jour dudit mois de Janviec
l'aa 1448. fuf It contenu efdites Lettres de commiffion , die & depofe
par foa ferment, qu'en l'an 14) 4. au mois de Février ou environ Meilèir'
gneurs de Bourt>on , luy qui parle , feu Monfeigneur TArchevefque de
jRcims, lorsChancelier de France» Chriftophe de Harecourt & le Ma-
£ e e 3 refchak
1465'
4o6 PHEUVES DES MEMOIRES
I4?ir ^^^^^ ^^ ^^ Fayette, curent certaines paroles en la Ville de Ncveis
avec les gens de ^onfeigneur de Bourgogne , pour trouver manière que
mondit Seignejur de Bourjgogne euft traite au Roy ; & après plufieurs ou-»
vertures faites d'une partie & d'autre , fut pourparlé au cas qu^il plairoit
au Roy , que les Terres &c Seigneuries que à prefent tient Monseigneur
de Bourgogne > par le Traité d'Arras , eftantes deçà la Rivière de Somme
luy demeurailènt feulement en ^age de quatre cens mille efcus, combien
que paravant les gens de mondit Seigneur de Bourgogne demandoient
avoir Icfdites Terres pour mondit Seigneur de Bourgogne , &: luy de-
meurer perpétuellement à luy & aux ficns ; lefquelles qhofes furent rap-
portées c^it au Roy que à mondit Seigneur dç Bourgogne , dont ils furent
allez d*accord d une part & d'autre ) Se pour faire & traiter entre eux
APpointement & accord final , entreprendre cenaine journée » laquelle a
depuis efté tenue à Arras , i laquelle mefdits Seigneurs deilus nonunez «
^ autres , y furent par le commandement & ordonnance du Rov y Se
aufli y furent les gens de mondit Seigneur de Bourgogne ^ & après que
de la panie de mondit Seigneur de Bourgogne , mefdits Seigneurs Se
autres Ambalfadeurs pour le Roy , eurent efté requis faire paix Se traité
avec les Anglois , & pource qu'il fembla à mefdits Seigneurs & autres
Ambadàdeurs deàiifdits, que le profit du Roy feroit mieux défaire traité
avec mondit Seigneur de Bourgogne , fans y comprendre les Anglois ,
que de traiter avec les Anglois Se mondit Seigneur de Bourgogne 3 ne
t>arlerent finon de mondit Seigneur de Bourgogne , fans y comprendre
es Anglois , & que il leur lembloit que quant mondit Seigneur de
Bourgogne auroit traité ayec le Roy, lefdits Anglois plus aifément Se à
mendre charge pour le Roy , viendroient à aucun traité, & mieux que
3uand on traiteroit des deux enfemble. Et fe recorde que audit ueu
'Arras , par aucuns de mefdits Seieneurs Se Ambaflfàdeurs du Roy , fut
dit aux gens de mondit Seigneur de Bourgogne , en debatant defdites
matières , telles paroles ou Semblables ; c'eft à fçavoir , puifque le Roy ^
par ledit traité fait â Arras , laiflbit â mondit Seigneur de Bourgogne fi
grande partie de fes Terres & Seigneuries , quelles chofes il pourroit
* Imy li- ^^^^^^ aufdits Anglois pnour avoir traité avec eux , Se mefmement que le
Cpx , UMT. Roy n'avoir point intention de luy * lai(Ièr la Duché de Normandie ^ &
lors les gens de mondit Seigneur de Bourgogne refpondirent que quant
le Roy voudroit traiter aux Anglois , il ne devoir point laiflèr pour les
Terres qu'il avoir baillées en ^age à mondit Seigneur de Bourgogne , Se
Gue (i le Roy faifoit paix aufdits Anglois, mondit Seigneur de Bourgogne
feroit tant que le Ro)r feroit content de luy , Se qu'il voudroit qu'il cnift
jà fait paix aux Anglois , & il y euft reftitué femites Terres fans ri^ra
payer. Interrogé fe mondijt Seigneur de Bourgogne , ou fes gens firent
lors ou depuis aucunes prome(fes à mefdits Seigneurs Se autres Ambafla^
deurs du Roy de rendre Se reftituer lefdites Terres engagées , toutes Se
quantes fois que le Roy fetoit paix ou longue trêve aux Andois , fans
payer ladite fomme de quatre cens mille efcus , pour laquelle lefdites
Terres font engagées j & fî de ce en furent faîtes ou accordées aucunes
I-ettres , dit qu'iln'en fçait aucunes chofes , fors ce que deflùs a depofé,
fiohlç Sç puiflànt Seigneur Mf 0îre Gilbert , Seigneur de la Fayette ^
ChçvaUçF
DE PHIL. DE COMÏNES. 407
Ghevalîer , Marefchal de France , âgé de . . , . .ans ou environ , jure, & ^ . "
examiné par nous Commiflaires deflus nonunez , le vingt-deukiémd jour ^ ^ ^
dudic mois de Janvier , l'an defTurdice > fur le contenu en ladite com^
miflîon , die & depofe ce qui s'enfuit r Ceft à ff avoir , que au Traité fait
à Arras entre le fiLoy & Monfeigneur de Bourgogne , û eftoir nommé
Ambailadeur de par le Roy avec Meileigneurs le C^c de Bourbon > l'Ar-^
chevefque & Duc de Rheims , Chancelier de France , le Conneftable ,
le Comte de Vendofme , Chriftophe de Harcourt , 6c Meffire Adam de
Cambray > Chevalier y premier Prefident en Parlement y Se fe recorde
que encre autres chofes requifes par les Ambaflàdeurs de mondit Sei*
Êneur de Bourgogne , ils recjaerroient très-inftamment avoir Ics^ Terres,,
ïfquelles ont depuis par ledit Traité efté baillées en gage pour la fomme
de quatre cens mille efcus j lefquelles chofes ôc autres pluueurs,. requifes
de la partie de mondit Seigneur de Bourgogne , furent fort debatucs du
eofté du Roy -, & fe recorde que à aucunes journées dont n eft recors , ils
fe adèmblerent de nuit avec lefdits gens de mondit Seigneur de Bourgo-
gne , & luy femble que c*eflx>ic en THoftel où eftoit lo^e mondit Seigneur
le Conneftable , pource qu'ils doutoient parler defdites matières , que
MeflSre Jean àt Luxembourg , ôc autres de fa ligue 6c alliance le fceudenc
& empefchaflènt ledit Traité , auquel Hoftel de mondit Seigneur le
Conneftable 6c ailleurs , fut débatu par lefdits Ambafladeurs du Roy ;
que lefdites Terres eng^ées ne furent baillées àmondic Seigneur de
Bourgogne s & fe recorde que finalement lefdits gens de mondit Sei-
Sneur de Bourgogne , confentirent & accordèrent , que en baillant lef-
ites Terres en gage i mondit Seigneur de Bourgogne de quatre cens
mille efcus 9 au cas que le Roy feroir paix finale aux Anglois» il recou-
Ttaft lefdites Terres engagées pour lefdits quatre cens mille efcus fans
payer aucune chofe ; & cuidoic certainement que lefdites promeflès
fur ce faites par lefdits gens de mondit Seigneur de Bourgogne fuflènt^
efcrites audit Traité y 6c n'eft pas fouvenant qulls accordauènt reftituer
lefdites Terres sHl avenoit que le' Roy prift longue treve^ aux Anglois^-
TUDBRT, D£ VlCjRvTWBOTTST, J» AuDB^
I
X X x^
I
àp3* Plaintes du Roy Louys XI ^contre Chartes , Comte de fJevers.-
Î'Eudy troiziéme jour de Novembre, Tan 14^ , l^Evefiiue de Char- Tiré dir
très arriva à Donzy , aufquel lieu eftoit Monieigneur le Comte de 2^3 g . . 1
evers & Madame laComteflè fa femmr avec loir eftat , & le lende* aèlaBiblio^-
main environ deux heures après midy du vouloir de mondit fieur le theque du-
Comte , ledit Evefquc vint pardevers lui eftant en fon Chaftel, lui pré- koy , par--
fenta les Lettres clofes à luv adrefiàntes^de par le Rby , & luy fit les (alu- mi ceux de
rations & révérences en tel cas accoutumées. Bethune ».
Mondit fieur le Comte reçut les Lettres du Roy en tout Honneur & ^^^^^ '^•'
révérence , & après ce qui les eut lues , dift audit Evefaue qu'elles con-
tenoient créance fur fa perfonne , 6c qu'il eftoit preft de la' ouvrir feuK
daeneompaigûie. A qiioy ledit Evefque refpondit qjiela matière eftoir
grande:»^
^^_^ 408 PREUVES DES'MEMOIRIS
T~77^ grande , /Se toucboit fort la perfonnc de mondic ficur le Comte , 6c que
trop mieux eftoic qu'il ouift ladite créance feul , Se que après la pour-*
roit communiquer en tout ou en partie â ceux de Ton Confeil » & retenir
& taire paidevers luy ce que bon luy en fembleroit 5 donc mondir (ieur le
Comte tut content , Se lors fit retraire ceux de Ton Con{eil eftans p^sde
luy , entre lefquels eftoient Monfieur le O^det de Lebret » frère de ma*
dite Dame , Mellîre Jehan de la Rivière , Œevalier Seigneur de Cham*
pleins , Ton fils , MefEre Jehan Darmes , Do6fceur en Loix Se en Décret
avec autres Tes Confeillers Chambellans Se Secrétaires y Se ce fait, ledit
Evefque après plufieurs bonnes paroles Se exhonations à l'honneur du
Roy Se de Meflleieneurs de Ton Sane , lefquels plus que mils autres fonc
tenus & obligez luy obéïr comme a leur Souverain & naturel Seigpeurc
Luy dift Se expofa comment le Roy a eu tousjours en bonne & finguliere
recommandation & amour mondit fieur le Comte de Nevecs , comme
(on prochain parent ytCix de la Maifon de France» tant de par père que
de par mère.
Item. Que le Roy entre fes autres parensluy a bien remonftrc par effet
1 amojLir Se affeâion qu'il a eu â luy , mefmement depuis fon advenemenc
à la Couronne , depuis lequel temps , il l'a bien & doucement traité en
toutes fes affaires>ainfy qu'il l'a bien pu veoir Se recognoiftre,& lui a baiU
lé bonne Se grande pennon , Se autres bienfaits qui montent chacun anâ
treize mille Francs Se mieux , ce qu'il n'a pas fait à plusieurs autres. Se
eftoit le Roy délibéré de continuer de bien en mieux 9 quanta mondit
iîeur de Nevers n'euft tenu. ' ^
Jtcm. Luy a dit que le Roy a efté adverty que mondit fieur de Ne-
vers , non ayant regafd aux chofes deifufdites , & fçachant que Monfieur
le Comte de Charroloys fait chacun jour chofes à defplaifance du Roy Se
de Monfieur le Duc de Bourgogne ion père, a fait aiiance avec mondit
fieur le Comte de Charroloys , par le moyen de Madame la Comrefiè fa
femme , & d'autres eftant au tour d'elle ou autrement , & avec ce, luy a
tranfporté fon Comté & Seigneurie de Rethel , dont le Roy eft moult
cfmcrveillé & très-mal content , Se n'a pas intention de le fouffrir.
Item. Luy a dit ledit Evefque, que le Roy dcfirant en favoir la vérité
par mondit ficur de Nevers , lui a fait fçavoir par fes gens mefmes, qu'il
avoir envoyez devers le Roy, qu'il vinft devers luy , pour foy en cxcu-
fer en perlonne , & d'arrefter par le Bailly de Chartres fon Chambellan,
& de fon Confeil (ju'il a pour cette caufe exprès envoyez devers mondit
Seigneur le Comte, dont mondit ficur de Nevers s'eft excufé. Se l'acenvi
en paroles Se délai l'efpace de dix femaines fous couleur de ce que
tousjours difoit qu'il fe apprefteroit & entre autres' chofes a prins ex«
cufationde non y aller, pour ccque Monfieur le Comte d'Eftampes fon
frère eftoir à prefent devers le Roy , & y avoir autorité comme difoit
mondit fieur le Comte, qui n'eft pas excufation raifonna\>le, car veû que
le Roy l'avoir mandé venir , il n'y a fi grand à qui le Roy voulfiA iouffrir
faire chofe mal faite.
lum. Et non content de ce, mondit fieur de Nevers t puis n'aguercs
menacé le frère de Maiftre Baude de Haloy , Noraire & Secrétaire du
&oy« Se Receveur pour luy fn Niyernois> de |uy faire coupçr bras Se
jambçç
DE PHIL. DE COMINES. 409
fâmbes » cellcmeiK qu'il s'en vint plaindre devers ledit fieur ^ «ftant d*cr- ^^
nierement à Poilïy,& pour ce que le Roy ne pouvoit croire que ainfi fuft,
ordonna que ledit Maiftce Baude y allaft en perfonne , pour faire fondis
office» leqiftel arrivé audit pays, inondit iieur le Comte la fait prendre au
corps, & l'a fait<ranfporter en un Chaftel , où il le détient prifonnierde
ion autorité privée , & fans le congé du Roy. ^
lum. Ledit Evefque lui a dit & remontré de par le Roy y que les cho-
fes deffufdits font de très-mauvais exemple , & ne font pas à foutfrir , &
pour cesctufes le Roy a ordonné dès à prefent que la penfîon de mon-
ditfieurle Comte, la compenfacion deRethelois , l'émolument des gre<
oiers de fes terres & autres deniers qu'il prend du Roy foient aâbupez 8c
«mpefchez, & que aucune chofe neluy en foit payée, tant du tems
})aflé , comme de celuy advenir, jufqu'àce que par le Roy autrement ea
bit ordonné.
lum. Luy a dit que le Roy l'envoyé pardevers luy , pour luy fignifier
ces chofes ,'& la deplaifance que le Roy a prifeès manières de faire
que tient mondic Seigneur de Nevers , & pour ce , ledit Evefque par
plufieurs Oc grandes remontrances l'a exhorté, qu'il $'en vienne excufer
en perfonne acvers le Jloy fon fouverain Seigneur, car par Lettres nimef-
fages quels qu'ils foient , le Roy n'aura point fadice excufation agréable
«'u n'y vient en perfonne t Se avec ce luy a dit de par le Roy qu'il mette
^u délivre ledit Haloy , ainii que par Lettres claules , le Roy a dernière-
ment efcrit Cuis plus de delay.
Item^ A remontré ledit Evefque de Chartres à mondit fieur de Ne-
vers, 4e grand contempt , mefpris & defobeiflance qu'il a fait ic commisr
envers le Roy , de ce qu'il n'a voulu venir devers lu)r j comoien que par
ceux de famaitbn Ôc par ledit Bailly de Chartres , quia par longtems efté
devers luy, il le luy ait fait (Ravoir , & que parce, le Roy prefume qu'il.
a fait pis que on ne lui a rapporré , & auuî eft-il vray fcmblabje comme
ilfemolea plusieurs , attendu qu'il craint à foy en excufer en oerfonne.'
• Icem. Luy a remonftré de par le Roy comme paravant qu'il fcuft con-
foinâ par mariage avec Madame fa femme , il avoir tousjours obey aux
Commendemens du feu Roy que Dieu abfoiyc , ainfi que faire le dèvoit»
& qu'il doit faire au Roy notre fouverain Seigneur , qui de prefent eft ,
mais depuis fondit mariage il a efté tout diverti , Se s'eft efforcé de faire
chofes qi^'il a (^u-eftre contraires à la volonté du Roy & de mondit fieur de
Bour|ogf)e , &. a prife intelligence avec mofidit fieur dç Charrolois , le-
<|uel lia fçy & cogneu non vouloir obeïr à fon père , & tout par j'induc**
^lonSc enliortement de maditeDame fa femme,&: de ceux qui font autour
4'elle , con^medeMonfieur le cadet de Lebret , frère de madite Dame ,
•de Mefiire Jean delà Rivière & autres , qui n'eft pas grand honneur i
mondit fieur de Nevers de fouifrir & permettre que madite Dame fa
iemme ait autorité & gouvernement par-deflfus luy.
* Item. Luy a dit ledit Evefque qu'il a charge du Roy expreflè de parler
bien amplemenr  madite Dame deMevers,fur les chofes deflfltfdites,
qui luy touchent , & de luy dire & remontrer que le Roy eft très-mat
montent d'elle , car il femble bien au Roy quec'eft par elle que mondit'
£ettr de Nevers n'eft venu devers luy , Se que cefont manières forr eftraiy-'
TçmcIL Fff gcs
4»<i PRÈUYES DES MEMOIRES
^^TT^ gcs d'ettiMfdier qyc-lcs Mandemeos <ki Roy ne font accomplis » tCqjat
^4 3* par Ton iodudtioo k(Uc cmpeichemenc s*eft en fuy.
/ic/v». LiHra 4lk ledit EveA^ue» q^e moodkfieur le Comte de Nevers ner
dok craindre > ne prendre eiMUtioa pour la prefence de Monfienr
d'Eftampes ion frère > qu'il die eftre deversie Roy , car de prefenc il
n'y eft point » & deflre le Rojque mondir fieur le Comte de Neycr^
vienne devers luy aa Neaf-caftel de Nycoun qui eft en Normandie » i
dix lieues de Rouen, & eft le pays & le lie« au Roy ncuëment » Se nY
viendra jp<Hnt Blondit fiefir d'Eftampes» & lui a dit de par le Roy > qur
tnondic tour deNevers ne fe doit aucunement doubter à venir devers luy^
Se que aixtrement le Roy ne fera pas content > & lui a dit plufieurs autres»
remontrances > pour tous jours l'incliner Se induire à obeicau Rov» & ver-
nir devers luy en peffoone^toutes escufations cei&ntes , & que de toutes
CCS chofes luy dire > il a Lettres clofes fcellées du Sel du fecret > avec
inftruâion fignéc dé k main du Roy Se de fbn Secrétaire » Maiftre Jeham
de la Loere » Se avec ce à charge expreflcdu Roy de venir en U compa*
?nie de mondit lîeur de Nevers , & far-tout lu^ a requis refponce pour
çavoir qui eft à faire,en luy fupliant qu^'il veuille avoir fa {>«foane pour
excufer » car ledit Evcfque eft Chapelain indigne 8e Confeiller dû Roy 9.
tenu Se obligé i luy par foi Se ferment comme à fon fouvenôn Se iiaturel
Seigneur ^ auquel il a intention de rapporter veritaUcment tout ce qu'il
aura trouva de la çart de mondit ficur de Nevers » Se <}ue £ir toutes^
chofes y mondit Seigneur de Nevers doit craindre encourir l'indigpatîoiy
du Roy y duquel fc de la Couronne de France» tout honneur » noblefte^
Se biens mondains qu'il a Se peut honneftemear avoir,en viennent Se doi»
pendent comme il eft t3out notoire , en lui remerant que plus il ne mettes
cette matière en dday , 9iais vienne devers le Roy notre fbuverainSei^
gneur , commeraifon eft.
Item. Que ces chofes dites Se expofées Bien au kmg par ledit Eve(que
de ChanreS)Comme dit eft , mondit Seigneur le Comte deNevers fut très^
fort eimerveiflé , di(ant que tousjours iï avoir aimé le Roy comme fon*
Souverain Senneuf y ne oneques n'avoit eu vouloir de faire on penlet
chofe qui fuft à fa deplaifance » Se fur chacun point , refpondir moulr
honnorablement , Se pour ce que ledit fieur eftoit délibéré paravant 1»
venue dudit Ewi^ie > & de prefenr plus que oneques » mais ce venir de^
vers le Roy pour en refondre» & foyjuftioer enperfi>nne, farefponcen'a;
efté de pt^ftnt. cy eArrite > pour ce que ky^mefme a condud hdkc aot
Roy en perfonnc* ^
lum. Poufi ce que plufieurs des chofes defliifdires touchant madire^
Dame la Comteflè , le cadet de Lebret fon frère , Meffire de la Riviett Se
autres de la MaiA>n de mondit (leur de Nevers. Ledit Evetquedu vou**
loir de mondit fieur fe prefenta â la perfone de madire Dame » Se lui ex*
pofa les points & artiocs de fa créance qui luy touchoîent , Se dont il
atroit eu charge du Roy 9 Se pareillement audit Cadet de Lebret» Meflire
Tehan de la Rivière Si autres , à quoy madire Dame refpondir à gran<£
honneur Se tevetence en. foj excufant nonnotablement , & auffi ledit Ca-
det > Meflirelehtn de la Rivière & autres reQ>ondirent)^& eux excuferent
chacun en fi>A regard en grande reyjscencefc crainte éa Roy > lefquelles
re(ponfes
#•
DE PHIL- DE COMINES: 4it
refponfes & eicuiatians^ feroient longues à cfcrire , 8e fmumtr tùohdk ' ia^j,
ffieur le Comte aconclud & délibéré feire ttCponk au Roy en perfonne , ^ ^
6c pour tout delay , partir famcdy douzieTme jour de Novembre» lende-
main de la Fefte Saint-Martin d'ny^er » &c a requis & demandé audit
Svefqtie (k créance , & tout ce qu'il a dit en effet & fubftance par efcrit
pour fur ce envers le Koy en refpondre ,& foy juftifier en perfonne»
tant p<Air luy , que pour madire D^tie & autres , à qui on donne chargi^
de cette matière, de que ledit Evefque luy a oâroyé 8c iigné de fa maim
Ce fut fait & efcrit i Donzy , le Vendxecty quatrième jour de Novembre?
1^6). Aixiû (igné y M. Dilliers , Epifcopus CarnotenUs.
Collatioa de cette préfente copie faite X l'original» P» moy Lamier.
X X X L
1^ Auùrddt mariage d* Madame Jeannt Je France avec Louys » Ihu
d^ Orléans ( qui depuis a iti Louys XI L Roy de France). ^ 4^ 4*
HAut & puidànt Prince Monfeigneilt Charles , Duc d'Orléans , de Tiré du
Milan & de Valois , Comte de Blois , de Pavie & de Beaamont , MS.ytf t.dc
Seigneur d*Aft Se de Coucy d*une part , & Monfeigneur Jehan de Ro- W» Dupuy,
chechouart , Sire d'Yvoy , Confeiller , Chambellan du Roy noftie Sire, ^"^^^^^
& fon Bailly de Chartres , au nom & comme Procureur du Roy noftre- Jiç^ri pio!
dit Seigneur , fondé par Lettres procuratoires données à Nogent-le-Roy ^^^^^ q^
le dixiefme jour duprcfent mois de May , Tan 14^4, d'autre part j traite- ncraL
rent & accordèrent enfemble par vertu defdites Lettres procuratoires , &
au bon vouloir du Roy noftredit Seigneur , le mariage cle Madame Jean-
ne de France fa fille , & de Monfeigneur Louys , fils de mondit Seigneur
Duc d'Orléans & de Molame Marie de Cleves fa femme , au nom de la
benoifte.Trinité ,à la louange de Dieu & au plaifir de noftre Mère Saînrc
Eglife , en cette manière , que ledit Procureur pouf le Roy noftredit Sei»
fieur , a donné & accordé par mariage madite Dame Jehanne de France
mondit Seigneur le Duc aOrteans pour mondit Seignem: Louys fou
fils , 6c fembîablement mondit Seigneur le Duc a accordé mondit Sei-
gneur fon fils à madite Dame , qui au plaifir de Dieu efpouferont l'un
rautrcenâgecompctent,& fera ledit mariage parfait & folemnifé en face
4le Sainte Eglife, eue fur ce difpenfation luffifante de noftre Saint Père
le Pape , â laquelle Madame Jeanne de France icelluy Procureur audit
nom a accordé & promis faire donner 8c payer par ledit mariage en de-^
niers comptans pour une fois la fomme de cent mille francs , avec les
xobes 6c joyaux de noces appartenans en tel cas \ 6c mondit Seigneur le
Duc , pour mondit Seigneur fon f3s, a pr(Mnis & accordé pour le douaire
de madite Dame , au cas que le douaire aura lieu , la fomme de fix mille
livres tournois de rente en douaire chacun an à la vie de madite Dame,
s'il advenoit , que Dieu ne veuille , après la confommation dudit ma-
riage, que mondit Seigneur Louys allaft dévie à trefpas au devant de'
madite Dame -, & pour le logis de madite Dame lujr a accordé la Ferté- •
Milon 6c Brie-Comre-Roberr. Ce fait 6c paffé à Blois par moy Eftienne
Gendre , Qcïc , Tabellion Juré audit lieu , le dix^ncuviefmt jout de
Fff a May,
4^x PREUVES DES MEMOIRES
1 4 <> 4. ^^y y l*ai* <îc grâce mil quatre censfoixaat&quatrè. Gendre.
X X X I L
i^ Xrcvt entre Lmiys XL & Edouard IV^ Roy d'Angleterre r
en 1464. U 20. de May.
lîr* Jcs
Recueils de
M. l'Abbé
IcGiaad.
LUDOVICUS, Dci gratis , Francorum Rex , Univcrfis praeTentes^
Litceras infpedhiris » Salutem : Cùm poft conventionem nuper celé*
bratam in Villa aeHefdino inter gentes & Ambaflàtiores noftros, acillos
cariflimi & dileâl Confanguinei noftri Edwardi » Régis Angliac , fuper
certis guerranim abftinentiis , çer terram inter nos & diéhim Confangui-
Heum, fubditofciue noftros & iuos » hinc inde captatis \ quia ad noftram
devenerat notitiam > qua occafione guerrse fuper mare tune vigentis
mercatores di<5tum mare fréquentantes , quàm plurimum damnificatifiie-
fant^ & propterea diébs guerras , abftinentias per idem mare fummum 5d
per terram eue cupiebant,nis de caufis^âc aliis nos moventibus,per alias noT-
cras patentes Litteras datas apud Tomacum , die nona menfis Februatii»
aôviuimè lapfi ^Commifîdetnus & deputaviâèmus diteâ»m & fildelem
Confiliarium & CambelUnum Dominum de Laano;)^ , Militem , & fibi
dediflèmus plenam poteftatem , & mandatum fpeciale ad capendum»
concludendum , promittendum âc concordandum » pro nobis & ex parte
nodracumproefatoConfanguineo noftroyaut omnibus commiflis &depu*
tâtis fuper hoc, ab eopoteftatem habentibusdi6bu:umguerrarum,abftinen-
tias per mare in eundem modum & formam , & pro tall tempore qui-
bus capta fuerant in diâa Villa de Hefdino , per terram inter nos &:
diâum Confànguineum, noftrofoue& fuos ful>ditos » &genoraliter £a^
ciendum ctrcamâas guerrarum abftinentias » per mare quemadmodum*
per nos & per gentes noftra» ^ fa^m , concordatum & conckifum fuie
m diâ:a Villa de Hefdino, cum Ambaffiatoribus pnefatiConfanguineicir-
ca diâas guerrarum abftinentias per terram,prout hsc & aliain diâis nof-
tris patentibu^ Litteris plenius eontinentur , & ira fi quod praefatus*
Conuliarius & Ambafliator in virtute poteftatis & commiflionis noftrs:
prxdiâse» cum jam diéto ConfanguiaeonoftroRegeEdwardo>.feucunit
carifllmo Confanguineo nofko Comité de ^arwic » & Domino de Veul*
lor , ab eodçm Rege ad hoc fpecialiter commiffîs & deputatis diâast
guerrarum abAinentia^., per mare, Sumina & aquas dulces pro parte- &
nomine noftro, inieri fecerit , concordaverit & ooacluferit, prout&:
quemadmodum in Litteris didi Ambafliatoris noftri , fuper hcc confec-
tis latiu»exarantur.. Inquibus etiam tam noftne, quam di£ki Confangutner
iK)ftri. Régis Edwardi luttera? commiflionales, &: mandator^cprsfato Am-
baftiatori noftro & Deputatis ipHus Régis refpeâîvè cance(ue , in<x>rpo-
rari dicuntur.. Quarum quidem Litterarum ipdus Ambaffiacoris noftri»
tenore afpicitur edè tabs Joannes Dominus de Lannoy, de Rnmie,.
de Sebourg,.diébiChriftianiiIimi& Excellentiflimi Principis , & fupre-
TBk\ Domini mei Francorum Régis, ac metuendiflinii Domini meiDu*
eis Burgundias y Confiliarius & Cambellanus , Baillivu^ & Capitaneus
Ambianei, ex parte ejufdem (upremi Domini mei Regis^, Gubernacor
Villarum de Ihlulis ^ de Duaco &: de Or^iia > ex parte ejufdem me-^
tuendiilum.
DE PHIL. DE COMINES. 413
rucndiffimi Domini mei) Ducis Bur^ndix» Se Capitaneu^ <fe Gorme->
hem, ex pane Domini mci Comirij de Charolois > omnibus ad quo9 '^^^
prxfences Licteix pervenerinc , Talutem : Cum pnefacus Chriftianiflimus
& Excellentiffimus Princeps, & fupremus Dominos meus Ludovicus,
Dei^atiâ , Francorum Rex, pec litteras Tuas patentes , & pro cauiîs &
conndoratjonibus in eifdem contenus me ordinaverit , deputaverit ôc
fecerit fuum AmbalTiatorem , Commi^ium & Deputatum y modis de
formis prout în diâis Licteris fois patentihus plane continetuc , quarum
ténor en calis :
LoYs, parla grâce de Dieu 9 Rôy de France, i rfoftreamé& feat
Confeiller Se Chambellan le Sieur de Mnnoy , noftre BaiUy d'Amiens #
Salut & dileâ^ion : Comme à rAflfèmblce dernièrement tenue en la Ville
de Hefdtn par nos Gens Se Amba({adeurs , Se ceux de noftre très^her Se
amé Cou fin le Roy Edouard d^Angleterre , aie efté faite certaine abfti^
nence de guerre entre nous & noftredit Coufin, Se nos fubjets & les
fiens; & pour ce que ladite abftinence n'a efté prifeaue parterre. Se
qu'il dk venu autr« connoiffitnce , qu'il y a de prefent fur la mer grande
guerre , dont les Marchands frequentans ladite mer , ont efté très fore
endommagez, & par ce voudroient bien que ladite abftinence de guerre
fbft auilîbien par mer que par terre , ain(i qu'il nous a efté dit Se- re^
monftré. Nous , pour ces caufes , & auflî que avons tousjours defiré Se
délirons avoir tousjours bonne amitié & concorde avec noftrcdit Coufin^
& que nofdits fubjets 8c les Hens puiflênt amiablement fréquenter lesun»
avec les autres , aiifQ-bien par la mer qu'Us font par terre , confians à
plein de vos fens , loyauté & bonne prudhommie > vous avotis donné Se
donnons par ces prefentes plein pouvoir & mandement efpecial , de
prendre , conclure , promettre Se accorder , pour nous de de noftre part y
avec iceluy noftre Cou(m , ou fes Commis Se Députez , ayans de luy fur
ce pouvoir , ladite abftinence de guerre par la mer , tout àinfi en la for-^
me Se manière , & pour tel temps qu'elle a efté prife par terre en ladite •
Ville de Hefdin , entre nous , noftredit CouHn & nofdits fubjets ; Se
généralement de faire y touchant ladite abftinence de eucrre par mer y
autant Se tout ainfi , aue par nous Se nofdits gens a efté fait f conclu &:
accordé en laditte Ville de Hefdin , avec lefdits Amba^deurs de noftre-^
dit Coufin ,. touchant kdite abftinence de guerre par terre *, Se tout ce
qui fera par vous fur ce, fait, promis & accordé > nous promettons enr
bonne foy y Se par parole de Roy , avoir agréable Se le tenir ferme Se
fiable , & fur ce bailler nos Lettres telles > & en telle forme Se manie*
re que meftier fera , toutes fois que requis en feront* Donné à Tour-^
aay le neuviefme jour de Février , l'an de grâce mil quatre cens foixan-
tc-trois y Se de noftre Règne le troiiiefme. Notum facioque ego anna
di£be commiflîonis â me accepta , poft confukationem Se delioeratio-
Bem «habitas, cum aha& potenti Principe Domino Richarda Comité^
de Warwic & Sari , magno Camerario Anglias , ac nobili Se potenti viro-
Domino Johan ne de ireulor,iiiilitemagnoPincerna An^lix, Commidàriis
& deputatis fereni{Hmi^& potentiiIimiPrincii>is& Domini £dwardi,Regis/
Anglix ,adverfarii diâi fupremi Domini Régis*, ego Domkius deLannoy,.
nktute Se auâoritate commiflîonis prxdi^ , & de expreflb mandato^
F f f 3 ejufden»
4U PREUVES DES MEMOIRES
6 A ^i^^^ Tupr eott Domini ma Régis > tina om ^rmÉuis Oominii Comice
'^ •'^^ és^ Vacwtc Se Domino de Vculor yScipû, mecum Êofficsemem potcftar
tem; Se auâDcicateni ad hoc habeucea > quonim ComnûâSoDi& cenor in?'
feciiis dcCcvhitm > Inxvîmus, fectniua, cottcordaYÎmus & condufi^
mus » inimus p f^cimus > coiu:orda]nu& & concLodimus , finnamus guer-
rarum abftinendas per mare, per âumtna , Se aquas dukes , pro parte Se
nomiiie didi foçremi Domini, Régis , Se po pane Se nomine ipiius
{èrefiiiBipi Principis Anglis Régis ,. modis Se formis > prout alus
creugx > acceptas , inics , concordacas & conclufs nuper fueifinc in Villa de
Hef<^o , per' Ambafltatoces, Commiilàrios & depucacos utriufque po«
reftacis per terram incepxaras lo, Maii , proxime fiitucî > Se duracuras
ufque a!d proximam diem menfis Oâcoris, inclufivcad folis occa*
fum qui erit in hoc pizfenci anno Domini 14^4. videlicec quibus
durantibusdiâb guerranim abftinentiis. lum. Suprenfuu Dominus meus
Rex non £aciec , nec fieri permittec , per ipfum nec per fubdicos fuos»
five de Regno Francis, deDelphinatu , vel de aliis patriis > vel dominiis
fiiisqqibulcumque aliqu^m guerrarom hoftilicatem, moIeftacioQCm>peru
curbacionem auc dampnum , permare , (kunina &: a^pias dukes diâx>
£dwardo,Regi Angliac, navibus , marchandiis , auc fubdids fuis, & fimili«
ter diâus ExceUentiifimus Princeps Edwardus , Rex Anglûç > durantibus
éifdem abftinenciis , non faciec nec fieci permittec , per ipfum neque per
fubdicos fuos , (ive de Regno fuo Angliac , de Marchais ùAiûxy Guynes»
homines de Hybernia, vel de aliis patriis aut Dominiis fuis > aliquam
guerrarum hoftilicatem, moleftacionem , perturbationem auc dampnuta
per mard , âuroina , vel dulces ac{uas diâo Aipremo Domino meo Régi »
navibus , marchandiis , auc fubdicis fuis quibufcumque. Item. Pendentif
bus diâis abftinenciis per mare fiumina, & aquas dulces pr^^acus fu^
premus Dominus meus non ponabic neque fieri permictec , per Te auc
per fubdicos fuos aliquod juvamen , auxilium , auc favorcm Henrico >
nuper fe dicenci Régi Anglisc , Margarit^ uxori îux > nec filio fuo ad nocu*
mencum , auc gravamen diâi Edwardi Régis , vel fubdicorum fuorum »
ûipermare , âunûna, vel aquas dulces neque dabic j neque dari permiccec
auxilium > v<l favorem inimicis auc adveriariis ejufdem Edwardi RjCgis »:
ad nocumencum fui , auc fubdicorum fuorum quoquomodo fuper mare»
Rumina , auc a<quas dulces , & eodem pendencious eifdem , uc pff«ferrur»
guerrarum abftiRenciis , DominuspocenciflimusPrincepsEdwardus» Rer
Anglia^ , non portabic neque fieri permictec , per fe nec per fubdicos fuosi
aliquod juvamen vel favorem , inimicis diâi fupremi Dominimei Régis ad*
nocuniencum^ aut gravanKn fui, auc fubdicorum fucrumquorumcumque»'
fuper mare,flumina, auc aquas dulces uc pwfertur« provito camen & tem-
per falvo , quod per has abftinencias, per mare, flumina & aquas dulces,
papcas , inicas Se conclufas nuUum fiac mejudicium , abftinenciis capcis, •
imcis Se conclufis in di^ ViHa de Hefdino , nec alicui arciculo conten-^
co in eifdem , fed his non obftancibus intégras in fuo rohore & virtuce *
permaneanc. Item. Si concingac, quod Deus avertac,aliqua fore accepcaca'
vel perpecraca in fucurum concra diâas abftinentias per mare , flumina,
vel aquas dulces, non prcnpter hoc incelligenrur ruprv , nec ob hoc fiet
Çueira ex una parce , vel 4U per nn^re 9 fiuniina , vcl aquas dulces , imo/
^ur^cibw-
0E PHIL. I^E CÔWÏNÈl 4iy ^^^_^^
dutSLti^iMt diâis abftinemiis , pet marc « flùÀÛBa , & i^nas dulces in fw ^
irirtttce durtncc tempor'C pr»iiâo 3 ac ii nifail contra ipTâs accepcarum ^ ^*
fttiâèt , aâa , didU , acceptaia teputabunmr & malefaâoi^ punientur &
con^èrvaearc9l, vel €x)flltiiîâaFiîo9 ad hoc deptuaitdof # & oraiiiandos cifc
per dîâttni i[u|n:etnfim Domimum rncma Regem s &» dîâ»s) petemkfi-
Aiurn Principem Edwardum , Regem Anglic i pro p^cibus fuis cum om-
nia & fingula fuerant » Se (ont appunâaaca > concordaca^ Se ceâclnfa y
peK me IX)mineim de Lannof » Ambaffiaeorem & CenHmdariom dlftt
ChriftîaQiffimi Prkicipis & rapremi Domini m^ Régis > esuna , & per
didos DoBDÂnos Conuiiiflarios Se Depucaix^ di£bi recenÂâimi Priftcî*
pis Domkii Eièwardi Régis ft^Hra nominatos ex altéra partibu»^ Se pro-*
imfi & promitto , per pntTentes ego Domktti» de Lannoy , pco parte
Se nomîne di&i rapfcmt Dottiîni mei Ktms , vircate poteftack mîhi pet
k>fum conceflk » qoam ipTe tend>tc & (erVabit kivioTabiliter omnia pr^e-
kmibas contenta,abrque hoc qood alioM rempocenec contravemet^ vei
coocravenire permictet pro parce foa alîqiiomodo , fine fraude vel malo
sngento# & ut meUus p»dtâ:a tueantùc» promiâ Se |>rotnicto quod idem
itiprenafus Dominas meus Rex acceptab , approbabK Se ratiBcabit om^
nia & (înguia fupradiâa > per Litteras Ams patentes , fub «agno jftgillo
fuo & illas deliberari fackt îlhiftriffimo & metoendiilimo Dochino iheo
Duci Burgundifie y intra primamdiem Junii proximè future» ot.èas idem
Dux tradat^vel tradifaciat diâo excellentifiimo Principi Domino Edwar*^
do R^i Anglias >& ifmtliter pnefati Commiflaûi antêdîâi> ptfo pane Sc
in noâine diéti fereoiâùni Régis Angiiae > tuebuntar 6c faciei^ eittndenr
potcntiffimum Principem Dominmnr Edwacdom Ânglic Reg^m» accep^
tare , approbare $c raeiâcare omnk & GitgvAx , (upcadiâsa per Littera»
fuas patentes Tub magno figiUo fuo Se qaas ipfe trâiânictet ad euhdenv
metuendifliraum Dominum meum Ducem ^ eitra eundem prknam dicm
Junii, ut idem metuendiffimus Domkius meus^ Dux eas tradatveltradi
faciat diâx> Chrîftian^&mo Se ftipremo Dfwaino meo Régi > Se înfupeir
ego Dominus de Lannoy , Amb^wator & Gxnes de ^zrwic , SC diésos
Veulor,Commi(Ëu:iî prxdi(£b€onfentimu$,qBod fupradtâa publicabuntuf
Qt convenit extra diÂum zo« dtem Maiî proximè futtari : ténor vero po«
teftatis £c anâoritatis diâorum duorum de Varwic Se de Weulory
Commifllàrios Se Deputatos prxdîâorum de qua Çupvz fbquitur in
kec verba r Edwardus , Deî gracia , Rex Anglia Se Francias , Se DominuS'
Hybernix omnibus ad quos pne&nres Litoerae pervenecûnt f fciâtis <mod
cum in dieu& conventume nuper habitis Se teittisia Villa de Hefdino,»
Cr noftros Ambaffiatores & Commiflàrios ad l|oc demitatos, Jk Anà-
fGatores potentiifimi Principis Confangtiineî noftrî Lodovici^ Domi-
ni noAri Francise inter aHa acceptoe Se conchifar foerant tertaë gûerra*^
rum abftinentiat inter nos& fubditos noftros hinc indev<iaa^ abftmentia^
folum , per terram acceptât Se concordatae fuerunt , Se non per ifiace que
iofecntum eft,utinformaveriiit, quod mercatoîos fupér mare plucimàm ,
per ffuerram in dies guerrantur & damoificantur^ nos pûbGcx udlitati
conuilentes& fubditorum commodis protideiedenderames , ae de fideti*
tate,prudentia& circonfpeétione cariflSrat de dileâiflimi Confiliarii Se
G)nfanguinei noftrî Ricardi > Comicisdc Varwic Se Sari > ae dileâi Si
fidelis
4ïtf PREUVES DES MEMOIRES
1^6^. fidclis miliris noftri Jchannis Weulor » Domini de Wculor magni Pin-
cernée noftri Angltte 9 plene confidences, deputavimus&ordinavimus , ac
perprxrencesdeputanms&ordinamus ipfos CommUTarios noftros dantes
6c concedentes eirdem plenam poteftatem , auâoritacem Se mandarum
fpeciale ad capiendum , concordandum, concludendum & promitiendum
nomine noftro , cum îpfo poceutidimo Principe Confanguineo noftro
LodovicO) velcum DomiitiodeLannoy ^Commiflario, Ambadiacore &
Deputato fuo Tuâicienteni poteftatem , ad hoc habence abftinenciarunt
guernse per mare ilUs modis & formis , Se pro tali cempore ut captx fue-
tnht pet cetram in diâra Villa de Hefdino inrer nos Se diâum Con^
fanjguineum noftrum Lodovicum & fubdicos hinc inde , 8c qualicer ad
facienduxn omnia concemenria diâas abftinentias guerrariun per mare ^
ita& fimiliter uc per Ambafliatores noftros faâ:um > concordacum& con«
clufum fait in diâia Villa de Hefdino , cum CommiUàriis & Ambaflia-*
toribus diâi Confanguinei noftri Lodovici , circa abftinentias guerrs
f)er terram promittentes , bona fide & verboregio, quod omnia & finga-^
a , appunâuata > concordata , conclufa & promida per ipfos Conian--
guineum noftruiti Comitem de NTar wic & Sari > & Dominum 'Veulor
Se in circa promitia, rata &erata habebimas, obTervabimus , Se per
noftros obfervari faciemos & luper hoc Litteras noftras dabimus , modis
& formis opportunis, cum ad hoc requifiti fuerimus,in eu jus rei teftimo-
niumhasLicterasnoftrasfieri fecimuspatenteS)tuncipfoapud ^eftmonaft^
a8. die Marcii , ahno 14^4* per ipfum Regem & data prsdiéfca au&ow
ritate Parlamenti, &c. Ea propter nos qcue per didum Dominum de Lan*
noy , Confiliarîum Se Ambamatorem noftrum , in hac parte inita , fiâa»
concordata Se tonclufa fuerunt , rata & cratahabentes, ea omnia & fin-
gula in diâris fuis patentibus Lineris prxfatis contenta , di^barùm guer-
rs abftinentiarum acceptationem per mare,flumina. Se aquas dulces mter
nos Se didhun Confanguineum noftrum , noftrofque & fuos fubditos >
iicutpraemiccitucfirmatanunconcementia voluimus, ratificavimus , ap^
probavimus & confirmavimus^) voltuntffque Se ratificamus , apnrobamut
iSc confirmamus per prxfentes , promittentes fub verbo Se nde regiis >
ea omnia & fingula tenere & ob&rvare ; tenerique 8e xnviolabilîtee
obfervari facere, nec per nos aut noftros quovifmodo contravenire , aut
facere in futurum. Quo circa dileâis & fidelibus noftris Marefcallis
Francix , Admiraldo , Vice- Admiraldis , Senefcallis , Baillivis , prxpofitis
Capitaneis& Cuftodibus villarum , ponuum y pontium , pafiuum tranfver-
♦J n'ai pu bum*&Jurifdiftionum&diffaduum*cœteriuiucomi£GsJttfticiariis,Offi-
^i^ cntea- ^^^^ & fubditis noftris,£c etiam civibus>prout ad omnes pertineat diâi. • • .
^recesieux pnefentes diGbts guiertarum abftinentias per mare, flumma & aquas dui*
fBot$. ces firmiter & inviolabiliter cuftodiant & ôbfervent, cuftoditiaue & ob-
fervari faciant quilibet in fuo refpeâu durante tempore fupra declarato, de
punfto in pupâum , fecqndàm diâârum Litterarumperdiéhim Dominum
de Lannoy , Confilia^ium Se Ambafiiacorem noftrum fuper hoc tradita-
rum ébrmam Se teoorem , 6c prout in eifdem ad plénum conrinetur;
; Si quid veFoactemptatum,inn6vatcnB, foret in contratium id réparent at-«
' oue ponam,feu reparari Se ad priftintmn & debitum ftatum poni acreduci
Viciant indiiatè.QuoNiAMfic nobsspÊicet ^ fierivolumusân cujus rei
reftimoniuiïi
• i
i
DE PHIL. DE COMINES, 417
lefllkiK)nnim {içîllum noftnim his przfencibus juflîmus ai>ponendum«
Datum Pariliis eue 14. meniS^ Mail , aimo Domini 1^64. Se Regni nof- ' 4<^4«
mctrao.
X X xm
fjhT Procis Verbal (1) des ^mbaffadeurs dt Louys XI. Rcy de France ;
àjçavoir , Meures les Comtes d^Eu & le Chancelier de France > les Ar^
Mtvequt de tJarhoruuJSt M. de RamboureSy des chofes dites par ledit
Chancelier , pardevant M. le Duc & M* de Charohis , & autr^ Che^
valiers , Canfeillers & Seigneurs en grand nombre , le MardyJixUme
de Novembre , Can 1 4 64*,
PRemîer ^ ledit Chancelier pre(enca Lettres de créance à mondit Sieur Tîré da
le Duc , lefquelles le Duc fît lire i M. de Tournay , & après le Y^ \^\'^^
Chancelier propofa en la manière qui s'enfuit : ^'*^*y*^
Monfieur , nous foimnesenvoyezde par le Roypour â vous remon(!- b^oc
-rrer & requérir les chofes que je reciteray , & combien qu'il y a tien jourd'huy "
Î|lufieurs notables^. plus dignes 9 .& qui mieux euilènt propofé, toutes- dans celte
bis puifqu'il a plu au Roy , fous voftre bénigne fupportation , le diray du Roy.
le mieux que )e pourray , ic comme mes mémoires À inftruâions por-
tent.
Monfieur » il^eft vray qup le Roy a eftéadverty > & bien fçû que le
Duc de Bretagne y qui eft Vaf&l & Subjet du Roy> & qui luy a fait foy
t£c hommage > avoit envoyé (on Chancelier au Roy Edouard en Angle- Cétok te
terre, pour avec icduy faire traité y qui font anciens ennemis <lu Royau- ViceJ::iMm*
me , & pour y faire alliance contre la haulteut du Roy > contre fa foy & ^^^^^*
ferment , Se. contre le bien public d'iceluy Royaume , en quoy il a com-
mis crime de Sa Maiefté , confifcation de corps y de biens pour luy , \t%
femme jSc ^enfaiis & lignages jufqu'au tiers degré , i:rime fur cous wtres
crimes.
Et pour cette caufe Je Roy en voya le baftard de Rubempré avec autrei^
pour au retour dudit Chancelier hors d'Angleterre, k prendre fur la
mer , Se le amener nrifonnier au Roy ; lefquels Baftards & autres, font
arrivez en vos pays de Hollande & de Zelian^le , ^ deçart M. de Char-
rolois votre fils, ladite navire a efté arreftée, & ledit Baftard pris luy
troiziéme \ Se ce -fait , M. de Charrolois a envoyé Olivier de la Marche »
natif de Bourgogne envers vous mondit Heur, qui en paÛànt parmy la
'Ville de Bruges, a dit panout avant la ViUe , ^e le Roy avoit voulu
faire prendre M. de Charrolois prifon nier, & qui plus eft, un Jacobin la
prefcné à Bruges publiquement devant tout k monde f do.nt ja font
les
ftT { I ) Ce Procis Verbal n'eft^^as toot-
à-fait exaâ ; puirqu'oh y a omis des cir-
'& 9, 6c ce qui manque ï ce Procès Verbal
^t préciflfmeat ce qui irrka le plus le
Comte de ChatPiois, en quoi mc^ le
Tome //• *
Chancelier fût juftemenc défavoué par le
Roi Louis XI. 6ur ce défaveu voyez Je
cette édicion , Livre I. Cba«
^e ^ù. Sur cette Ambaflade
ippes de Comines s c eft. là
que commencent Ces Mémoires \ confulcex {
auffi Enguerrant^ile Monftrelct fiir ïqm
X^f4, fbuo 194. &C. ]
G;gg ' ' à
i
41^ PREUVES DES MEMOIRES
"^^"""T*^ les nouvelles par tous les Royaames Qureftiens » en grand vitupère de b^
^^■^ hauteur du Roy, lequel Dour cette caufe a intention d'envoyer fes Am-
bailadeiirs » comme il fait i prefent envers le Roy d'Efpagne > de Portu^
gai & de cous autres Chteftiens , pour foy excufer.
Car oncques n'en eut vouloir , ne penfée de faire » ne veut aucun ma6
envers M. de Charrolois votre fils » & pour tant requiert le Roy , que ré-
paration lui foit faite.de cette injure & fâme publique , volant i>ar tous-
•ccKmquVl *^ï^<>y*w«*w» *f P***^ * leRov penferkcaufe de cette matière le ce ne
^aac lire ec ^^^^ ' parce que il a ofté i M. de Charolois fa nenfion de Normandie.
ne peut* Et qu'il foit vray fe apparent, vous Moniteur, eftes parti de votre
Ville de Hefdin hâtivement après ces nouvelles delTufdites venues , Se
ceux de voftre Ville de Hefdin ont plutoft fermé leurs portes qu'ils n'ont
accoutumé , plus tard les ont ouvenes qu'ils n'ont fait par cy-devant , Se
vous venant fur ce cRemin envers votre Tille de Lille, ie font venus
aucuns demander s'il vous falloit rien ou quelque cfiofe, comme fi vous
fufliez mal content parti de Hefdin, dontleRoy (e donne grand merveille^
de cette fâme Se renommée courant contre fon honneur, & pourtant , ilv
seouiert comme il m'a commandé de vous le dire & reqtiierre;
Premier , que ledit Olivier de ta Marche lu]^foit rendu, pour efkrt de
par le Roy puni comme de raifon , & de droit fkire ce doit, & femblar
blement ledit Jacobin qui a prefché publiquement tdle famé & renom-
mée du Roy , contre fa hauteur & honneur , & en outre , que ledit Baf-
tard de Rubempré 8c fes Confors , foient mis à pleine délivrance, enfem-<
ble la navire 8c le foumiflèment dlcelle Gms coût , frais ou dépens^
eomme fes Légats pris 8c atreftés en vos pays qui eftes Ya^al & ^ujerdu
Roy , c'eft noftre Charge.
Rcfponfcs èailUes fur h pïtd^
Premier,. M..de' CHarolois après anH avoir demandé licence 8c obtentM
de M. le Duc de pouvoir parler 8c ioy excufer , pour ce que le Chancei^
lier le chargea , refpondit en la manière qui s'enfuit.
Pour ce que parla propofition faite l'on me venir charger , je dis qur
après laCaufis ou Arreft dont le Roy fe plaint,, j'ai envoyé Olivier de la
Marche envers mondit fieur mon Père , fans luy donner charge de fdire^
ne de publier celles cRofes que vous dites , 8c fans fçavoir de telle fâme
8c renommée que vous avez propofé , 8c fans: auffi fçavoir de ce c^ue le
Jacobin deuft avoir prefché telle chofe , & m'en doit M • le Roy bien te^
nir pour excufé , ear fe telle famé ou renommée vole comme vous dites >^
je n'y ai coulpe ne de commandement ,.nede fçeu , ne de adveu , néan^
moins M. le Roy^m'a monftré plufîeurs^uretésiaasl 'avoir deâervi,!ne'
en fait , ne en aucune manière ,'&c..
Aptisjur U pud ^nfpondit M.U Duc comme s^ènfuii^
Pont vous advertir& refpondre fur aucuns points par vous propofes,fi^
fi)nner Air ce que vous dites de Olivier de la Marche Se du Jacobin , Se de
la fâme & renommée publiée^eft vray que Olivier de la Marche efloit en-*
voyé envers moy â Hefdin pour pluueurs caufes , mais de ce qu'il deuft
avoir publié les nouvelles en la VuledeOruge^t^Les que vousdites^je ^'ca
^
DE PHÎL. DECOMINES. 41^
iCçai rien ^ & ne cuîde point , & au regard du Jacobin'i j'en aï oui parler, >^ .^ j^
. qu'il deuft avoir prcfché aucunes paroles de cette matière , dont j'^i efté
ceTplaifant > & ne fut pas de mon fc& ne ad?eu«
Et au regard de mon partement de Hefdin hâfti^etnônt $ je me partis
de beau foleil, 8c n'allai que jufques à Saint Paul, combien que je
n'euflè bien allé jufques à Houdaîn , ce ne fut pas figne de hafte , mais
je me partis pour mes autres affaires de mes autres pays &fubjets,& ayois
envoyé â la Requefte du Roy au Comte ^ ITanMfic » pour (çavoir fa ve«
nuëà la journée dontavois ^nouvelle qu'il ne viendroit point , SE alort
je me partis, car y avois longuement e(té , & avois eu grande defpenfe.
Et au regard des portesde Hefdin , je n'en fçai rien de les plus tempre^ ^ Temp^
fermer , & ne le cuide point, car mon Bailli, qui efticy prefenr, me de- c^cft-à dire
manda à mon département , fe le Roy venoit en mon abfcnceà Hefdin , it **"**
commentai le recevroit,&: je luy refpondis,que s*il venoit comme devant, *** * *^*
au'il le recevroit conune autrefois » dont je m'en rapporte à luy , il eft ^té^cn^**
roit là prefenc Tlandrcs.
Et alors U £aiUi de HcftUn nfpondu qu'il^fioU ainfi.
Et au regard de cendre les prifonniers i Mr. le Roy pcHir ce que je -fuis
fon Subjet ou Vatfal , il eft mon fouverain Seigneur , & luy ai fait corn-
me je dois faire , âe ne luy ai point fait faute , ne â homme qui vive »
mais peut-eftre que je ai fait faute à femmes. Ce que je edâè volontiers
amendé , fe je euflfe pu s & de bes rendre • il faut Içavoif qu'ils ont eSti
pris en mes pays & Seigneuries qui ne (ont pas fttbjets an Roy, Se les-
quels je ne tiens point xle luy^
Et après ^M.de Charolois dit •
Nous connoiilôns bien que le Baftard de Rubempré euft un mal {i)
gouvernement. Et fe vous dites qu'il eftoit Lcgat du Roy \ il eft vray
qu'ils font venus en Zellande , ^ illec ont laiile leur navire , & font
venus par Zellande & par Hollande jufques à Gorktun", ce n'eftoitpoint
le chemin pour attendre ou pour prendre le Chancelier de Bretagne ve^-
tnanc d'Angleterre^commevous dites, & que vous dites qu^ils eftoient Le«
gats ic Envovés de par le Roy , fe ils fu({ent efté envoyés de par M. le
Roy, ils fe aeuflènt avoir prefenté pardevant moy , quand ils vindreni
i Gorknm , ce qu'ils ne firent point , & que plus eft , u A d^iceux a con«
4feflë qu'il avoit dléâ Montfort au Baftiaai ce n'eftoitpois le cheanûd^An*
^ieccrce , ne xle Bretagne.
jfprh le Chancelier f requ ie premiers U^ Pfifônnieri^
&M.U Duc re/pondit.
Ils ont efté pris en mes pays non fubjets au Roy , & pour tant , ne
(bis pas tenu de les rendre.
Et
$7 ( 1 ) Il iàot lire Gamemeni , ainfi 1 ce Baftard t/loit mstevah Génmefmm, &
<|U*oa le voit dans Monftrdet , (bf l'an iparienné ^Mok^ homkida & miamsk
14^4 , folio 104. verfo , od H eft die que 1 ^^a»«
Cggx
4ïO PREUVES DÈ5 MEMOIRES
j 464. Ee aiors h Chanalicr repUquoitm
Se les gens de guerre du Roy fur la^ mer ne poavoient venir en voé
(ays non fubjecs au Roy > ce feroit trop près pris»
MoT^imr k Duc^
Vous cariez de gens de guerre du Roy , & le Roy^n'a polat de guerre'^
tar il afaic trêves avec les Ânglois> unandurant.^
Lt Chancelier difoit^-
MoniTeur % comme nous entendons que vous ne voufez point rendr^
au Roy les prifonniers, vous prendrez advis fur la matière^ & nous bail»»
léz meilleure reponfe > s'il vous plaift..
Mon/icur le Duc refpondit-
Vous ne faîtes que venir , vous vînftes hier (oir , cet Ruy mes vous^ ne;
irez nulle part, il eft trop tatd^
Etfepirûnnt Us Amh^adturi ^ & aUirentàUttn logis ^
Trois jours après > c'eftàfçavoir le Vendredy, neuvième de Novemw
Bre > les Ambauadeurs ont eu refponfe de M»Te Duc , comme s'enfuit.
Monfieur le Duc & M. de CharoFois ont chacun refumé Iti marierez
comme dedus , & en la fin les;AmbaiIàdeurs ont requis , Se mednement
le Chancelier , avoir refponfe finale fe Monfieur voudroit rendre les pri^
Êmniers au Roy ou non , & ledit lacobin & Olivier de la Marche*^
Monfieur rcfpondit.'
Que il cnvoyera fcs Ambafladeurs vers Mr. le Roy, Icfqucîs parlcronr
au Roy, & luy bailleront tclk refponfe qu'il a efpoir, qu'il en fera,
bien content»
ZV Chancelier refpondxt.
Monfieur y vous verrez quele Roy aenvoyè icy^ pardévers vous moult
grande & notable Ambafidde, à Ravoir, -M. le Comte de Eu icy prêt»
lent , qui eft Comte & Prince de (on fang^ M. l'Archevefque de Nar»-
bonne , moy comme fon Chancelier de France indigne, & M. de Ram-
boures X veuillez nousi bailler votre refponfe finale >.comme vous feriez^
au Roy , car nous reprefentons fa perfonne , & le vous requérons-
Monjîettr le Duc rejpondît*^
Comme deflîis, qull envoyera briefment Ambaflàde envers le Roy.
Et lors prirent congé les Jmlaïïkdeurs à M. le Duc, & font ralles &
partis de Lille x ^^ nuit de Saint martio^
Remarques
DE PHIL. DE COMiNESr 4x1
XXXIV. '+^4'
- . Tiré de»
kemarques fur k Bafiari de ÉaiUmprié w**?!'/!*'''
' M* 1 Abbc
LE Baftard de Rubetnpré arriva à Hermuc * , deifcend^it ïuy troKîéme , ^
alla a Gorkum , ik dans un cabaret .pluiîeurs queftions y alla au ^ Armuy^
Chafteau, le vifica» tout cela le rtodic fWpeâ:. I^fttt arrefté s'étancmis <lci^^ Zc^
en azile dans «ne Eglife , varia dans fon interrogatoire » dit qu*il alloit ^^
▼eok k Dame de Montfort » coufine de Ton frère. Le fieur de Rubenv«
pré , (jouvstneur du Crôto^ > nota que la Dame de Montfort eftoit fiUo
d'Antoine de Crouy^fes variations Hrent qu'on le crût coupable , & fur
cela > les bruits furent eftranges qu'il vouloit enlever le Comte de Cka-
rolois, & le prendre mort ou vif-, le Comte fit l'eflFrayé , envoya Olivier
dé la Marche à Hefdin verdie Duc y qui manda drdonner la queftiôn aif
Baftard y & qu'on le puni(!è félon la rigueur des Loix incidente \ en ce
temps, mourut le fieur de Touteville , Capitaine du Mont Saint-MicheU
le plus riche homme du Royaume en argent comptant ; il avoit efîé fait
au commencement de ce Règne, Grand-Senechalde Normandie â la place
de Brezé , i qui le Roy rendit albrs^cet Eftat au refus & à la prière dé
Crouy qui reprefenta au Roy > que Brezé avoit efté le premier qui euft
pris le nom de Grand-Senecnal.
Monrauban * écrivit i Crouf d'étouffer toute cette ^aire , & de foire * Il ^toîf
renvoyer le Baftard , mais Crouy qu'on compliquait dans cette affaire, ne A^l^^^aL
voulut pas recevoir le» Lettres de Montauban ,• & ditauMeffàger, mon
ami , reporte tes Lettres à ton Maiftre , & luy dit que je ne m'en mefle«
rai ja : qui l'a brade fi le boive y bien letir en convient.
Rubempré firere du Baftard avoit efté élevé en la maifon du Duc,
eftoit fon Chambellan & Sujet , tant que le Duc poffeda les- Tilles de
Somme ,; c'eftoir luy qui» avoit inftruic& engagé* le Baftard, & le Roy
avoit raifon de dire qu'il ne eonnoiffbit point le Baftard.-
On confeillok au Due de fe retirer plus avant , il n'en vouloit rie5
faire , & attendoit toujours la journée ^t% Anglok y quoiqu'il n'y euft
pas d'apparence que jamais^ les deui Roys pufient s'accorder , car l'un
vouloit avoir Pays& Provinces pour fa part droituriere,'& l'autre ne
vouloit, ni n'euft ofé rendre un pied pour la criée du monde, meffne
eftoit blafmé encore & noté des leaux,Françoisqui les avoient aidéà con-*
quérir de cequ^il chaudoit tant les AngLois d'avoir pai»à eux, & qui
Kur querroit fi- fort t'amour,& luy dit le Grand-Senechat de Normandie >t
Meflire Pierre de Brezé , Sire, ce dift-il, voulez-vous eftre bien aimé de»
François vos Snbjets ou V affàux , nequerez nulle amitié aux^Anglois y
car d'autant que vous y querez amour , vous ferez hay des François ,>
faires-vous amy des Princes de votre Royaume , vos^parens & Sub jets , &:
tout le monde ne vous pourra nuire, ne Anglois ne autre \ 1^ gift votre
falut , & là gift l'amour ic l'amitié que vous devez quérir.
Le Chevaucheur Henriet raporta c^ue les Anglois ne viendroient point,
v^. Â caufe qu'on avoit arrefté Philippe de Savoye , qui eftoit venu fun
«ne parole qu'on luy avoit donnée i^» A caufe de l'entreprife du Roy*
Gggi
^_^^^ 41Î PREUVES DES MEMOIRES
YT^~ contre le Comte de Charolois j". A caufe du Mariage de Savoye rompu
Se qu'on alloit faire de celuy de la fille de Rivière.
Le Duc auroit vpuiu que pour les Terres enclavées on euft fait qud^
qu'accord pour fa vie, ^ celle du Comte de Charolois Ton fils s le Koy y
ironfentoit pour la vie du Duc , mais non pour celle du fils.
Le Roy envoya Georgcs^Havarr , prier le Duc de le vouloir attendre à
Hefdkt , le Duc ne promit , ni ne refufiu Cecy fe fie un Samedy y le Roy
vouloir venir un Lundv , chacun hors les Crouy , pre(îbit le Duc de par^
tir , & fur le minuit , le Duc dit à J4iUippc-Martin (on valet , d'avertit
Tes Officiers d'eftre prefts.â partir de grand matin : Havart eftoit d^apartt
quand on repandit cettt nouvelle qui eftonna bien du monde*
XXXV.
TraUé d'alliance entre Jian Duc de Calabre& de Lorraine^ & Charles
Comte de Charolois , y compris le Duc de Broagru^^
A Nancy , le lo Décembre 14^4.
T Ehan fils du Roy de Jerufalem & de Sicile , &c. Duc de Calabre &
, ^] ^* J de Lorraine,à tous ceux qui ces prefentes verront £ilut. Qmune amour^
(SoJcfrov,' ^^y^^ ^ concorde entre les Princes foient caufe d'entretenir eux & leur»
^ Principautez en obeiflance envers Dieu& en eftat, vertu » magnificence
Se tranquillité , de les accroiftre & augmenter, à quoy chacun Prince
doit curieufement veiller & entendre , afin de reprimer les concendens
à vouloir fur eux invader ou entreprendre s fçavoir faifans que en en*
fuivant ce qui eft de r^ifonifingulieremenc pour la bonne, entiere&coco
diale amour que avons à la perionne de noftre très-cher &c très-amé Cou*
(in Charles de Bourgogne » Comte de Charolois f Seigneur de Chafteau*
Belin & de Bethune , feul fils 8c vray heririer.de haur 6c puiflànt Prince
noftre très-cher &c très-ainé Oncle le Duc de Bourgogne , de Brabant 5c
de Limbourg , Comte de Flandres : Sec, Nous , ces chofes confiderces Se
pour autres caufes 6c confideracions raifonnables i ce nous mtmvans ,
avons fiiit & par ces prefentes faifons alliance » confédération 8c paâion
avec noftredit confin le Comte de Charolois > en la forme & manière
qui s'enfuit, c'cfti fçavoir :quc nous luyfonmies& ferons vray amy,allié
Se bien veillanr , riendrons fon party , le conforterons , conieillerons »
aiderons & fecpurerons de route noftre pmSzncci garda: , fauver 8c dQ£r
fendre fa perfonne Se cette de (es enfans prefens Se avenir > leur hon-
neur, e(tat , pays , terres » Seigneuries Se fubjets> tint les pays » terref
fc Seigneuries que noftredit Confia le Comte de Charolois a de pcefent »
comme ceux que tient noftredit Oncle fon Père , lefquels après (on de*
(cès luy doivent competer & appartenir , tout ainfy que nous ferions
les noftres propres fans différence aucune par martre Se employer pour &
en faveur aiceux , 8c en leur ayde nos pays & toute noAte nuisance en
guerre contre & envers tous ceux qui les perfonnes de nouredit Cou«p
fin le Comte de Charolois ou de feidits enfans^ pays , terres , Sei^eu*
iriçç 8ç fubjets prefens Sç avenir ^ vouldroicnt grçvçr pu amaindrir , inva*
4cr
l
DE PHIL, DE CGMINÊS. 41J
der , guerroier ou ufurper en quelconque manière, ne foubs quelque
couleur ou gùereUe qiie ce fok ou puift eftre , fans nuls excepter ne re- i ^^64^
fervec fors feulement la perfonne éc mon très-redoubté Seigneur &Pere$'
Se en outre , tout ce que pourrions fçavoîr sftre fait , dit , pourchafle ou
procuré allencontre ne eu préjudice d'iceluy noftre Coufin ou de fefdirs^
cnfans,pays y terres y Seigneuries Se fubjets prefensdc avenir kiy fignifie-
rons » l'en advertirons , & de tout notre pouvoir l'en garderons ^ & telle
alliance & confédération entendons & promettons avoir avec noftre très^
cher de très-amé Coufin François Duc de Bretagne , &Cr Ces pays , Sei-*
gneuries & (ubjets aufly prefens & avenir , &c aufly y comprenons tous^
nos alliez entant que compris y voudront eftre. Se en celles que cy après
ferons i noftre pouvoir , y compreiidrons nofttedit Coufin le Comte de
Gbarolois , £cÇdH$ pays , Seigneuries & fubjets , avec fes amis & aliex ^
prefens & ^enùrdf leur^paysSc fubjets , comme nous Se lesnoftres fe'
compris y veulent eftre & l'accepter , promettans par cefdites prefentes
par la foy Se ferment ée noftre corps en parole de Prince , Se fur
noftre honneur , ces prefentes alliances & confédérations tenir Se garder
fermement , fans jamais aler allencontre en aucune manière , moyennant
Se parmv ce que îceluy noftre Coufin le Comte de Cbarolois nous a fait
Se baille pareiUe feureté & jpromeflè. En tefmoins de çç , nous avons fait
mettre noftre feel à ces. preientes , & icelles avons (ignées de noftre |h:o-
re main^Donnéen noftre Ville de Nancy le dixième jour de Décembre >-
an de grâce mil quatre cen^ foixante & quatre , figne J £ k A n avec pa-
laphe ; Se fur le reply eftoit efcrit pat Monfeigneur le Duc , Se par foir
^onmiandement kffcié de LAMBtALtfi , avec paraphe , & y appendoit le^
<4it fed en cif€ «ouge*
CoUaiiontUJMr ^original qui efi en la Chambre des Comptes de Lille en
Flandres^
iffTLe Roi René d^ Anjou yRoi de Sicile y Père Duc de Calahre » ayant
eu avis de cette alliance par le moyen de Louis XI > écrivit à fonfiU la Let-
tre fuivanu 9 pour lui remontrer fon devoir fur utie alliance. J^ai tiré cette
Littre des Mémoires dtjti. CAbhé Le Grand y fitr Le Règne de Louis XI ^
X X X V *. '
$7 Lettre du Roy et Sicile Afin Fils , le Duc de Calahre.
M On Qls , Monfeigneur fe Roy m'a prefentement efcrit par Gafpar Tiré dts
Code , &aufli envo]fé le double d'qae Lettre que luy avez écrite^ Recueils de
lequel par fes Lettres me faitfgavoir qu'il envoyé devers vous le fleur de M. TAbbé
Preci^y , & que de ma part je vouliflè auflî envoyer devers vous aucuns Le Graad*
des miens qui me fut fewlc. Mon fils, vous^ fçavez ce que je vous ai faic
' fçavoir par l'Evefque de Verdun , de la volonté du Roi &: de la mienne ,
auffi tousjours m'avez été obéiâànt jufqu'aprefent encore. Si vous eftes
fage , ne commencerez^vous pas à cette heure à faire autrement , & je
le vous confeille pour votre bien Sf honneur , & fur ce, veuilles: croire
& auifî faire Se accomplir ce que vous dira de par moy , mondit Seigneur
le
1^6}
Tiré du
Volume
}
414 PREUVES DES MEMOIRES
Roy & moy ledit GaTpar que j'en voye devers vous pour c^tte caufe»aatr-6(»
ment je ne pourrois eftre content de vous. Notre Seigneur foit garde de
vous , efcrit à Lanhoy le dixième jour d'Aouft » ainfiy?^W, votre Per^
René. Le Roy de Sicile envoya cette Lettre au Roy Louis XI , & luy
4cnvit (U Couvrir & de voir fi $IU etoit tçlle qu*U lafouhaitoit.
X X X V I,
jjCr Traite d^alliance ( i ) & confédération entre le Roy Louis XL Georgà
Roy de Bohême & la Seigneurie de Venife 5 pour refifier au Turc.
IN nominc Domininoftri JefuChrifti ; Nos Georgius» Rex Bohemias »
notum facimus univerds & fingulis ad perpetuam reimemoriam (|uod
Ifçç ^T\K ^""^ veterum Hiftoricorum fcripta recenfemus ^ reperimus Chriftiani-
Diipùi aa- ^^^^^ florentiflîam quondam fuiflè & homimbns, opibiifque beatam
jourd*hui ' <^^ijus tanta longitudo , latitudoque fuit , ut ifi ejus ventre centum d^
chez Mr. ^^^ & (eptem régna ampliflima clauderentur 9 qu^e etiam ex fe tôt po-
JolideFlea- puios emifit » ut magnam Gentilium partem > una cum Dominico icput-
ri y Procur chro longo tempore occupar^t : necgens fuit tune orbetoto qus Chrmia*
rcut Gcne- fiorum rcgimen laceflère auderets at nunc q^uantùm lacerata, contraâa»
a» Par- caflàta atque omninitore, fplendorequepriftino enudataque fit omnes
agnofcimus. Tanta etenim mutatio in ipfa Chriftianitate à paucis temr
poribus cicrà faâa eft , ut fi quis Regum 9 Principum atque Procerum an-
tiquorum jam ob inferis refurgeret & Chrifticolarum partes intraret »
Builatenus fuam oatriam recognofi;:eret perfidus nempe Mahumetus>
cum pêne univeruis orbisChriftianx Religtonis Sanâitace polleret, Prii>-
cipio gentem jexiguam Arabum feduxit \ yerùni ubi jprimis conatibus
ejus occurere negledhun eft, continua çerditorum honnnum tantam ma-
num fibi acquifierat y ut Icftiflîmas Africx partes , & Afiae regiones fub-
jugarit , te in damnatifiîmam impulerit perfidiam % rpurciilîmi denique
Turc2e*> quiàdiebuspaucifiimis prim6 inclirum Grsecorum Imperium^
deinde quamplures Chriftianiraris Provincias , & régna in fuam po-
ceftarem rede^er^ , animas pènè infinitas è Chriftianorum finibus afpoaa^
xunt. Omnja in praedam dedunt^ plurima Monafteria magnaque Dei
xenxpla demoliebantur » & ut ruèrent difpoTuerunt *, aiia quoque infinita
inala commiferunt & perpctrarunt. O aurea Provincia l Ô terrarum dé-
çus Chriftianitas quomodo ex te honor (i) omàis abTcefik 2 Quomodo fie
abiit color optimus \ Ubi vigor ille tuorum hominum \ Ubi reverentia
Siiam tibi omnes genres imoendebant \ Ubi Majeftas Régia i UIm g|orià ?
(uid tibi cot vidàriae prohierunt , fi tam cit6 ia triunipnum duci debe-
bas ? Quid gentilium dtlcum rcftitiflfe potentia juvat , n nunc viçinotum
imperus ferre non potes \ Heu fortuna \ heu viciffimdo \ qiîam i, te Imr
peria yar^antur ; qûam cit^ matantur Rqgna \ quam cito dilgl^untur po
tcftate;5!-
l^mcQc.
(l) Cp Traité eft imppméfiix^parf^tc-
ment dans le Corps Diplomatique du Droit
ides Gens , Tome IIÏ. Panic L page 515.
Auc j*;ii cm le devoir donner \sx avec plus
d'ezaâinide , ^ le double plus amplç qu'il
n eft dans le fufdit ouvrage.
(i) {HiifWT) Tay foppléé ce n^ 1 ^
manque dans la copie que i*^.' • ^
DEPHIL. DE CÔMINES. 4tt.
teftatesl Quae fie âutcm tantse niucattonis ac ruins caufa non eft intueri < 4^4*
facile , quia occulta funt judicia Dei » non minus hodie quàm olim ferti-
les funt agri > non minus foKunda pecora aflunt > vinearum proventus
reddunt ufuram follàp. Auri & argenti minerx ceniati homines func
induftrii: magnanimes multarum rerum expert! ; Littéral tam vigenr
quàm unquam x Quid enim eft quod Chriftianitatem adeb depredtt , ut
èx prxdi&iscentum & decem feptem Regnis damtaxatin ventre Chriftia-
nitatis fexdecim remanferim ? Suntfortadè non nuilapeccata , qiix Deus
{>unire vult , quemadtnodum in veteri teftamento non nuncjuam fadtuni
egimus. Ob quam rem nobis diligenter coniîderandum videtur , ut 6
quid erratum eft emendetur : Et per opéra pietatis divina majeftas miti«
getur ) cjuam propter iniquitatem aliquam conftat iratam e(Iê. Sed quia
cûm animadvenimus quod cum hispié ac mifericorditer Deus agat 5 quo-
rum deliébi in hoc mundo punit i Quodque ipfe homines pro filiis habet
& quos diiigit , corrigit & caftigat, pormultafque adver(itates> ad opéra
virtutis inducit. Ideo fpem noitram jaâantes in Dominqm , cujus res
agitur \ fcimus auod fan^îmonise noftrae nihil religio(ius ^ integritati nil
congruentius & iaudi nil gloriofius efficerepoterimus , quam dare operam
2u6d vera , pura& firma pax » unio & charitas inter Chriftianos nat , fit
desChrifti adverfus immaniffimum Turcfaum defenfetur. Ad hoc eninî
ad hoc derivata funt Régna Se principatus , ut foUicitudine & diiigentia
nobis poflibiiibus pax decoretur 5 Status Reipublicx fuftentetur > bella
adverfus Infidèles reliciter peragantur , & fines Reipublicac tueantur Se
propagentur. Ad quas etiam res omnes populi , omnes nationes , omnef-*
que Reges Se Principes Ixtis & promptis animis debent & tenentor in-
rendere. Nam fi Chriftianos nos dicmius , folicitudinem habere tene-
mur , ut chriftiana Religio tueatur; & fi contra Chriftum efié nolumùs ,
pro fide fuâ certare & fecum efiè debemus. Spiritus enim Sanâus eos
damnât, qui (ècumin bello non funt, qui ex adverfo non afcendunt ,
Sui fe murum pro domo Ifrael non ponunt , nec aliquem patrisç dulcedo
ec Paiatia ampliffima, nec divitiarum multitudoà (ervitio Deiretrahere
debent. Illi namque inferviendum erit , qui pro nobis mortem crucis fu-
bire non expavit , qui daturus eft promercede unicuique fideli cœii cœlo*
rum patriam,ubi vera patria , in^éntia habitacula > divitias incompara-
biles Se aetema vita confiftit : Etenim , quamvis hoc tempore lugubris fie
fbrtuna Graccorum , & dolenda nimis Conftantinopolitana & aliarum
Provinciarum clades *, nobis ramen fi gioriac cupidi lumus, optanda fuie
hacc occafio,auae nobis poffit hoc decus refervafe , ut defenfores, confer-
▼atorefqueChriftiani nomînis appellaremur;&ob id rei cupientes,ut tsAis
modi bella , rapinae, t^imultus, mcendiafic cardes , quac ut,proh dolor! re-
ferimus , Chriftianitatem ipfam jamjamquad undique circumdederunt,
quibus agri vaftantuf , Uthcs diripiuntur. Provincial lacerantur, & in-
numeris régna ac principatus mileriis conterantur , cefient & penitus
exringuantur Se ad ftatum debitum mutuae ch^riratis&fraternitatis unionç
laudwili deducantur , nos de cenâ fcientia , maturâ deliberationeprsha-
bita , invocAti ad hoc gratiâ Spiritàs fanéti , Praelatorum , Principum ;
Procerum , Nobilium, & jurisdivini & humani Dodorum noftronim ad
Jboc accedente confilio fc a&nfu» adhii^smodi connexionis, pacis«
Tom IIp Hhb fraternitatis
_ 4^0 PREUVES DES MEMOIRES
j^ *fratcrnitatis&concordix inconcu£sè duracuram ,^ ob Dci reverentk»^
^ ^* fideique confervacionem devcnimus » unionem in fnoduœ qui fequl*
tur pro nobis 9 lueredibus & iucceâbribus.noâri$ fiuuris , perpetuisccoi-r
poribiu duracuranu
Prima nempe in virtute Fidei Cacholicx & verbo regk> & principes
dicimti5&polucemur>^q^uod ab hac hora & die in antca puram , veram &.
finceram fraternicatem mvicem exhibebimus & fervabûnus» nec proptcE
quafcumque defenfiones y querelas » vel causas miuuo ad arma veniemus»
vel qaofcumq^ nomine noftro venire permirtenuis, fed pocius unu&
alium contra omnem bominem vivencem, fed nos vel aliq|]em ex nobis.
de faâ;o& abfquc legicicno edkiko hoftilicer invadere moUcnceni). juxca;
concinemiam Se tenorem capiculorum feripcoruin iuvabinHi&
Secundo2iqu€)d nulhis noftrûm aiuilium vel conâlium dabic > nec conn
fenciec contra akerius perfonam , neque in periculum , feu necem per-
fon^ ipfius per nos vel alium , fea alios aliquatenus^mactunabimur » auç
de faâo machinari volentibus confentiemus^ fed confer^sationcm fani--
tatis , virx & honoris ejufdem pro poflê procurabimus.
Tertio,(jpondemusmodo fupra diâo , quod £ aUquis vd alîqui ex fub^
ditis cujuicumque noftrum aliquas vaftaciones^prxdas , rapmas , incen-
dia» aot alia quxcumque malefîciorum gênera in Re^nts, Principatibos ,.
feu terris alterius noftrum eonuniferit vel commifermt , volumus quocV
per hsc pax Se unio prauniâfà non (înt violatx, nec infringantur , Ccà
qu6d iidem malefà£kores ad fattsfàâionem ». (i amicè fieri non poterit s^
judicialicer compellantur ab eo- fub cujus ditione domiciliam habuerint >
Yel in cujus tcrritorio delinquentes comperti fuerint r Ita qu^ damn^
per ipfos faâa de bonis eonim refarciantur » & ipfi etiam alias pro quali-r
tate deliââ condi^nè puniantur > qui malefadores, fî judicio parère con-*^
cempferint » Dommus eorum tamdomicilii , quàm loci perpetrati déliai
tuilibet eorum altero ad Roc etiam non expeâato, ipfos tanquam maie-,
cos perfeaui 6c impugnare tenebitur & debebit. Quod fialiquisnoftrûmv
fub quo delinquens domicilium habucrit vel m cujus territorio deliduta
commiâum & delinquens detentu5fuerit> negligens &c remilfusin prx-^
diâis extiterit , tune eum 3c delinquentem jure difponente pari pœnâ
conftringat , poterit injuriam feu damnusi paflus unum ex nobis coram
ParlamentOjfeuConHIlorio fubfcripco judicialirer requirere & convenire».
Quarto » volumus , quod fi forte per aliquem feu aliquos estra hanc
conventionem cEaritatcm& fraternitatem expetentes à nobis, non lacef «
fîtos & provocatoscuiquam ex nobis bellum mferretur , feu inferricon-
lingeretquod minime yerendum exiftimatur hac amicitia & charitatefub^
fiftente > tune congregatio noftra fubfcripta nomine omnium in boc fos-^
dere exiflentium communibus noftris expenfîs , etiam à Cotlega noftro
opprefl^ non requifita» Oratores fuos folemnes ad fedanda fcandala, pa-*
cemoue componendam ^ illico débet ad locum partibus accommodum
tranfmittere & ibidem in prxfentia partium diffîdentium vel Oratorum
fuoriun pleno mandato fuffultarum omni opéra Se diligentia diffidente?
ad concordiam Se pacem , E amicè fieri poterit revocare , velat arbirros
eligent , vel coram Judice comperenti , vel Parlamento feu Confîftorio
fubfcripto de jure certem , inducere^ Et flcaufa aut defeâu. bellum ink^
tentis
DE PHîL. DE COMINES 417 ^^
.teiittspai: & Imîo^kero ^nedtâohim itiodonmi £eri non potem : nots ^''"T'*'
4:<rccn omncs cuac uoankniac coocofdi ^soceticiâ c|>prdlb,fcu defcndente ^ ^ ^ ^
ibcio QoAro ad Au defesâoeem 6c dedmis Regnoruin inoftromm ^ œc
ixm AoArorum & (iibdîcorufn tioftroniiii jpwùWiotAnis Iticro feu ^imolu^
4rBenro » ({uos £cu qus ad «fmn domûs & h^ûtattoms Cux dpco tribas
.^iebus propomonabiUrcr in aimocKipofuerint finguiîs anms utccurrcre
<|iiannim & quo tifque ab eadem congregarione noftra , vel majc^i pan:e
ipfius )«uiicatttm & dccrctum fuerîc tore coodeoens Ôc oj^nanum ad
pacetn o^M^effi Tocii confequendaiiK
. Utque diffidarioncs beUa qtss per fiuon coofiderotionMi inter ^ufci^-
piences alreratros opecanoir aoknres ampltus arccamor fie incer reliquot
Chrifti fidèles de hoc fœdere non ectftentes ecîam pas vîgear , volumut
& ordinamus quodliforfan condn^eret alios Principes & Magiftratas
Chrifticolasmeemîratinoftrtf non mcoipoiatos tnter fe diflentiombus
auc bello certaïc £x tune congregado noftra fubTcripra nottris nomini^
i>us per Oracoces d^mcandos commumbus noftris expenfis concordiam
amicè vel in jure ut prsefcnur inter dîtferenrespropa& e£cîat , quâffi
û ambc partes Tel uns earum quo modo acceptare &: à bello & guerris
defiftere noluertnt vel nolnerit ex tune belinm mferens , vel à bdlo de^
£ftere nolens , inducenir modis & formis in capitob faprià proximo
infenisw
• lum. Volumus quod illiquipacetnnoftiam pnefememqliovisniodo vio*
lare tentaverintin nullius noftrûm Regno,PrincipatibttS)domimisvcorrito»
riis & diftriftibtts , caftris > civitatibiis, oppidis, feu fortalic»s reccpt^ »
conduci » protegi > feveri ,vel aliquemfavorem quovis colore Iul>ete de^
bebunt , reu poterunt s ({uinimo non obftante quocu mque {alvocon-
tluâu arreftabunmr, capîentur 6c ptmientur , ut violatores pacis ^e-
Talisprout qualitas déliai » feu excedus cujuslibet ^orum meruent.
Volumus prxrensâ > & pr;efentibus mjungimus omnibus & ângulh
t)fiicialibus 8c fubditis noftris » ut nullum unquani homânem in eonim
}>roteâionem & tuitionem communiter vel diviiîm tecipiant , vel illi
alrumconduéhun générale , vel (peciate quovis modo concédant, vel
pneftent , nifi per prtus particularireri&: nominatim excipiant^ qnod fal-
vus condoâus , (iveproteâio iftanon debeant ei cuidamurtoncranoftrâ
{)rsefenris pacis édita tueri & defendere^ fed eo nonobftante fi de vio«>
atione pacis infamatus , fufpeâussvel accufatus futrit, poterit fuprahoc
contm eum ut pnefertur , & etiam juftiti& me(Uante procedi^
-Qui autem violatorcm pacis pr^fentis feienter fociavcrit , aut ei quo-
vis quxfito colore , confilium > auxilium vel favorem prseftiterit , vel
cum receptaverit , aut ipfum defendere , feu protegere , vel eidem fal* -
vnmconduâu m contra prxfentem noftsam umonemdarepraerumpferit»
pari pœnâ ipfum & ttcum expcâet.
Verum cum pacis cultus i juftitia 8c juftitia ab illo efie non po^t , Se
per jufticiam pax gignicor & coofervatur , nec fine illa nos & fubditi
noftri inpace iubnftere porerimus , ob id rei paci ju^tiam anneâimu« ^
fed cùm Lexquât àc judicionim ordîne fcripta eftmuhas motetriones
fubfequentibns temporibus fufecpcrat ad boc.pervenit , m paidatim om*
lÛQOcadesec , onde uAttènc perqpiens in aliam tcanftulithguram prop*
Hkhi ter
4i8 PREUVES DES MEMOIRES
^ ter qtwt nos omnino confufum fudicioram ordinem confîderatïte$ éxifti^
• '^ • ^ tnamus opportcrc juxta novorum tetnporum & divcrfarum Provincia**
rttcn»Regnorum Se Principacuum in noftronimconfuetadines ufus & quah
licacesde nacurx gremionova jura i>roducere,rciUcet novisabufibus nova
remédia rectpere per quac virtuok dicencur prxtniisâc-vkiod cdhcinuîs
pœnarum mulâis concetaneur , & ur fecundum ordinem (ingul^ craâ^
mus > prxvidimus primitus ordinare quoddam générale Confiftorium
quod omnium noftrorum & cocius Con^regationîs noftrs nomine in loco
ubi Conçreeatio ipfa pro cempore fueric €>DfervecHr,àquo velue à font^
juAiciae rivuU undique deriventur. Quod quidem-judicium ordinabitur in
numéro ôc qualitace perfonarum & ftàtucormn pronc fubfcripta noftru
Congregatio vel major pars ejufdetn concluferic & decreverit.
Et ut in eodem Judicio finis litibus imponaturne immonales finr^
yolumus quod Judéx ipfe & Aflèflbres ejurâern conquerencib^s , proue
caufarum qualitaces poftulaverinc » judicium & juftitiam fâchant dm-
pliciter & de piano £ne figura &ftrepitu judicii , fubterâigiis & frufta*
toriisdilacionibus omnino ceilàntibus. ' •
Placet prxcerea qùbd fi quas quxreks &'ditfeFentias de novo inter nos
Reges & Principes , aliofque in fœdere ifto exiftcntes , fuboriri-contin -
gat,quod alter altcri coram diâx> judicio* noftro in jure refpondere & fe«
cum experiri debeat & tcneatur,fervatis in hoc ftatutis, decretis & ordi#
narioriibus pcr Oratores & Procuratores noftros-vel majorem partem eo-
rumdem in Congregatione ip(à ut praefertur ,.faciendis de ftatuendis.
^ leem. Vblumus etiam^ quod Congregatio- noftra debeat habcre omni* -
modam&liber^mi faeultatem quofcumque Reges,Principes Se Magiftra-
tus cbriftianos, qui de prxfenti huie unioni incorporati non fuerunt ad
prîcfcntem noftrampacem , unionem Ôcfraternitatem accipiendi , & ftfe
nomine noflxo quemadmodum nofipfi fecimus obligandi & reciprocâ
vicifiîtudine oblieationes accipiendi litteris opportunis , ultrb citrique
datis & acceptis ,.lioc tamen ad jeâo quod mox, acceptations rali fiwîa ^
Congregatio ipfa nobis omnibus fignincet » ut acceptosad nos fraternali
aâedione , ut decet , pertraâare v^leamus Se pommus.
Cœtcrum cùm naec mtelligentiaôc charita^ potiffime fada fit & confti-
tuatur ad gloriam &honorem divina majeftatis fanftae Rximaux Ecclcfiar-
& catholicap fidei , & ut potiffime iis ChriftL Fidelibus cclerrimè fuccur*
rantur , qui à Turcorum Principe, ehiiftiani nominis hofte facviflîmode'»
prîmuntur j idcircè no&prxfati Rcges& Principes promirtimiKacdeyo*
vemusDomino noftro Jefu-Chrifto ejus gloriofiffimx Matri Virgini Marix,
fa; âxque Romans Ecclefiae,chriftianamReligionemactiniverfo& Fidèles
expreflbs defenfare & protegere à fpurcifllimoTurcorum Principe commu-
nibus inter nos virihu&& prxfidiis proportionaliter taxandis & declaran-
dis^pro quibus conficiendis & exequendis omnes décimas qux Ecclefiis
eccLefiaticifque & religiofis perfonis in RegnisyPrincipatibtis & dominiis
noftris dantur Se folvuntur cum diAis noftris Se fubditorum noftronmr
]M'oventâ>us^bicris,& emolumentis,pro tribus diebos , ur pracfcrtur fingu-
lis annis exponendis , quoad ufqueopus fuerit foluturos ficdaturos at«
que ab hoftis infequutîone non deftituros , fi à Congregatione noftra ex-
pcdieos, judicabitur > quoufque i Chr^ftianpram finibus fuerit effugatus».
auc
y*
-DE PHIL. DE COMINES^ 429
aut comtnuni fencenciâ pax conficienda cenfeatur , qux nulla rationecon-
^i débet > oifi finitimorum Chriftianorum fecuricaû ante cautum fore 14^4*
iudicabitun
. Prxcerea cùmomnia folerti ftudio ac dilieentiâ ante carenda fint y ne
incautos demum adverfa fortuna contundat, Ideo placet nôbis quod
communi fententiâ totius Congrégation is noftras vel roajori$ partis ejuC-
dem difccrnatur quibus cemporibus hoftem aggredi expédiât > quiburve
xerreftribusacmaritimis copiis bellum çerere opus ^ quibufve belli duci«
i>us,quibus machinisjbelliciTve apparatibus uti necefle {it,quo in loco qm*
(kca exercitus terreftres convenire debeant ultra contra Turcos profeâuri,
. lum^ Quomodo viâualiahaberipoûint in competenti pretio &horpicia
în civitatibus > villis 6c aliis locis opponunis* Item. Quomodo providea*
xur de communi moneta > per quam in ezercitu venientes ineundo^
ftando 6c redeundo non graventur. ùcm^ Quod f\ quid ex hoftium mani-^
bus > aut poteftate adimi ullâ ratione contingeret communi fententiâ »
cui conferendum fuerit decernatur , prout utilius chriftianas Religion^
iciiieet admajorem fidelium tutelam in pofterum convenire , cognitum &
îudicatum fuerit , ne hoftis denub negligentiâ aut impotentiâ poflî^
dentium excitatus détériora prioribus detrimenta fidelibus inférât*
Volumus prxterea quod conclufis iftis mox quilibet noftrûm ad pe eu*'
Jiiarum <xaâtionem ut prxfertur in Regno, principatu » Dominio fuo pro^
cedat juxta formam Se ordinem à Congregatione ipfa , vel majori ejus
parte dandam in finem , ut divinum hoc opus illicb exequatur 6c Cbrifti
fidelibus fuccurratuc. *
- lum. Ut fuprà & infrà fcripta , omnia & (ingula débitée executlont
demandentur, promittimus Se polliceniur modo prtcdi£to, quod quilibet
iioftrûm oratores fuos notabiles Se magns autoritatis viros , ampliflimo
.ms^ndato Se (igillo fuo , fuflTultos dominica remini l'cerc de an no à Nati^
vitate Domini 14^4. proxime futura in civitatc Bafileenft, in Theotonia * * Ccft-à-
habeat qui omnes ibidem ad quinquennium immédiate, fequens conti«- «lire , -/!//#-
nuum reikleant & noftris , & aliorum incorporatoruai , feu incorporant m^gne^
dorum nominibus corpus univerfitatem , feu CoUegium verum faciant ,
conftituant & reprsfentent s quoquidem quinouennio Congregationis
Bafileenfis effluxo eadem Congregatio , per aliua knmediatum fecjuens
({uinquennium in civitate N. in Francia, & per tertium quinquennmm 9
in civitate N. in Italia habearur Se obfervetur fub eifdem modis Se con^
ditionibus quibus fuprà de Bafîlea cautum & difpoCtum dignofcitur , ut
deinceps femper dequinquermio in quinquennium circuirum faciendat
tam diu quo ufque ipfa Clongregatio » vel major pars ejufdem aliud du-
^erit ordmandum & difponendum , unum quoque proprium & fpeciale
conHlium , ipfa Congregatio habeat unus prxfîdens Pater , & caput N.
& nos CŒteri Chriftianitatis Reges & Principes y membra funus : habear
criam diftum CoUegium , in nos omnes & nodros fubditos eofque > .qui
eumdem prorogaverunt Jurifdiâionem voluntariam & contentiofam ,
vnà cum mero & mixto Imperio 5 prout eadem Congregatio » vel major
pars ejufdem, hoc decreverit & (latuerit ordinandum nab^at denique pro*-
pria arma , fîgillum Se archam communem atque Archivum publicum ^
Syndicum^Filcalem, Officiales Se quxcumqine alia jura ad licitum & juÇ^
Hhh 3 tunv
436 PREUVES DES MEMOIRES
nm Cûllegimn qiïomodd lîbet pertincmia & fpeâafida«
4 4<^.4* £c iit un^uique Provîncke jura Tua iibcfa confeivencvr pfecet
quod caks in Congregatione pocioribus Officiis in qualibec nationc ^ in
qua Congregatio ipfa pro tempore fiiciir, pcxâckintât , qui cie cadeta nia-
cione orcum Se originem traxcrunt > iiK^c(que^ habicMincs ïp6us ag-
nofcatit te ifyteiiigant.
PotTô uc cxpemk Se fumptus neceflarii Se miles pro ^ace ièrvancla ^
juftîcia mintfttamia , oratoribas Se nuhtus , hinc inde tfanfmittendis ,
ddignandk Sc alii$ ^pportunitatîbus Con^:egauonis ûcAt» non défi*
cianr,pfoffiittittHis & (poodcmus,quod quil^t tK>ftrûmdocimamparrem
omnium pectinianim , peteum ^u loo fk>mine de decimis Se emolumenro»
feu locro crimn diemm , uc prfiefertur,fiiblevaodorum in tempore per
Congràgationem ipfam , vel majoiem partem ejus determinonoo ad Ar-
chivum publicum coUeâoribus y Se Confilîo <iiâae Congre^ationis »
abfque uiterfori mora delegec Se rranfmiirac > quod (î non fccerit , pote -
rit & debebit ipfum Syndicus , feu Procurator Fifcalis eiufdem Congre-*
gationis mox toram Parlamento > (eu Judicio ipfius in fus voibare > pecu-
niam cum daimnis Se incereflè judicialiier requierre. Et etiam nos alios
fub debito , per vx>s pratftito fidei movcre & nortari, ut diâam pecuniam»
damna & intereflè manu militari , ab eo & fubditis fuis requiramus Se
extorqueamus ki ufus communes Congregationis, ut piaefertur, conver-
tend os.
Rurfum dicimus Se volumus quod no^ Kex Fcancias , unà cum ccste*
ris Regibus Se Principibus Gallue unam y nos vero Re^es Se Principes
Germanise , aliam & nos Dux Venetiarum , uni cum Prmcipibus > corn-
munitatibus Italias , tertiam vocem in ipfa Congregatione nabeamus Se
faciamus , at ù Rex CafteUal , vel alii nation is Hifpaniâs Reges & Princi-
pes in hac noftra unione , amiciria Se fraternitate concurrerent , ipfi veri
fimilirer unain vocem in Congregatione , corpore & CoUegio habebnnt ;
il auttm inter oratoresRegum & Principum unius & ejufdem nationis
contraria vota fuper re aliqua data & conclufk fuetint , placet , ut quod
A majori parte adbnn Se conclu fu m , 6t perinde (irmkate fubfiftat , ac fi
^ ipfa liatione unanimi confenfu judicatum Se decretum eKtiriHèt, quod
fi œqualcs pctfonsc numéro in voto fuerint, prxvaleant itii oratores , qui
comparatione faâa ad altos , per repraefentationem Dominorum fuo^-
rum , majorum meriti & dicnitatis fuerinr. Et fi in mcritis & dtgnitati*
l>us sequales fint optio erit aliarum nacionuni , in hoc fo?dere eidftentium
quam paitem acccptarint.
Et ut dâbietas oftmino tollanrr > placet ut fi alîquis Regum vel Princi-
pum noftrorum plures oratores ad «diAâm congrc^ationem tranfinifem ,
i|uod hi omnés duntaxat habearit unicam , videticet îpfius mitten^s in
natione fua diâtx Congregationis vocem.
Iu)n. Cum fctiptura teftatur ei qm fidem Chrifti juverit ^ auzerit > de^
fenderit definitum efle locum in c<clo , in ^o beati gaudîo fempiterno
iruuntur , proinde fperandum eft , quod omnes c«eteri Chrifti^ ad
Tem tam fanftain , tàm pîam , tam nçct&tutn votennbus animis ma*-
nus apponent , nam qui prxftare auxilia hoc ten[^)ore contra Tnrchos
p$gayerit> infideUtatis procul dubio Se inimiconun Crucis Chrifti fau^o*
rem
DE PHIL. DE CQMINES. . 451
rem fe decIarabiC' Et ob id rei placée , quod nos onvnes unanimiter per ^^
Colemoes oracores noftros apud fummuni Pontificem , omni opéra & dili»
Sencia nobis poflîbilibus fuD modis & formis per Congregationem prac-
iâam dandis, efficiamus ut Sanâirasfua actendac ^ quod exaâio fupra-
<liâa decimarum ad tuendatn Chriftianorum pacem Qirifti fidelium de^
fen(u>nem & iDimicorum Cruels impugnationem eiponarur &c tanquam
Pacer & Paftor fidelium de benignitaris fuas clementia concédât Se de-
oiandet per Tuas publicas & authenticas Bullas fub formidabilibus pœnis
executoribus Cihi nominandis ^fuper Inde in pleniûima forma datis ôc ,
deputatis > quod décima praefata juxta modum Se conditiones fibi noftri»,
iKMninibus offerendas dentur , tradentur & exfolvantur , ut quae bella >
Se diUèntiones inter Principes EccleHafticos Se in hoc fœdere non exif-
tentes & potiflîme iila quss bella in Turchos conficienda , Se pace prs^
diâa confervanda quoquomodo impedimçnto e(Iè poflet , & medio toi'
lat vel Legatiun aliquem virum utique bonae vitae probum Se expertum
cum plenaria ad hoc facultate » ad unam quamque Provinciam tranf-
mittat>qui vitam , idioma Se habitudines ejufdem inteliigat Se agnofcac
operamque Se diligentiam condignas adhibeat > ut partes difkrentes^
amice componantnr. Quod fi facere noluerint difFerentias inter eo&.
pendentes m vim commiflîonis £bi faâx y in jure difEniat & décidât.
Convocet denique Sanâitas foa alios Principes & Communitates Italiae,
& eofdem fub divinis cenTuris Se formidabilibus pœnis moneat Se re-* ,
quirat , ut ipfi tanquam Turcho prx cœteris nationibus magis vicini ad
inftruendam claflèm maritimam unà cum aliis Chrifticolisi 'aHurgant ilHs
proportionaliter praefidia ad honorem & gloriam Dei fidetiumoue de-
ieniionem conférant & contribuant > ut hoc opus defendendas fidei fpe-
ratum finem eo laudabilibus accipiat.
Practerea ut pax Se ordinatio ifta inviolabiliter obfcryetur decernimus^
& pollicemur , ut quocumque ex nobis ad coeleftem patriam evocato ,
haeredum five fucceubrum fuorum nuUi in Re^no , Principatu , feu Do*
minio fuo fuccederc liceac , neque ad hocadmitti dcbeat y nifi prius CtCc
fupra & infra fcrîpta omnia & fingula inviolabili fide (ervaturum fpo-
ponderit Litteris luis patentibus> cum (îgillo appenfo Congrégation!
noftra^ tanquam communibus munimentis ad ufum cujuslibet noftrûm
datis. •
Et fi alîqua atia ultra pramiifia diâa noftra Congregatio vel major pars
ejufdem ordinaverit, decreverit Se concluferit , qux pro confetvatione
£icere & conducere quomodo Hbet videbimtur, illa omnia & (îngula
attendemus & efficaciter obferrabimus > atque id agemus qu2 vtr» Se
fincerae fracernitatis vinculum exigit Se rcquuit. Et qux in pracfentibus
Litteris noftris, per diftindkiones & continentias eorumdem in fuis ^ . .
punâîs » claufulis » articulis, fententiis quoque Se capitulis univerfis mcncef"^
comprehenduntur in cujus rei teftimonium Se robur quilibet Rex , Se, Traité inv-
Principum noftrorum , figillum Majeftatis fus prxfentibus duxir appo- primé au
nendum. Datum Se adhim &c. , Corps Di-
Univerfis * pfsefentes Litteras infpe£hiris , Nos Hugo de Bournafel , Mi- plomati-
les, Dominus didi Loci & de la Barde, Senefcallus Tolofanus & Albi- qttc.I.crct
jjcnfis , & Robcrtus Banc » Dominus de la Roche Se de Monftereul , '^ y ^^^^
Magifter ^^
43» PREUVES DES MEMOIRES
Magifter Requeftarum Hofpitis , ConHliarii que Chriftianiiluni Dommi
' ^ 4* Ludovici , Dei gratiâ , Francorum Rcgis,Domini noftri fupremi , Com-
minâriiquç & oepurati , pro parte ejufclem Domini noftri ^egis, per
fuas patentes Litteras cenoris fequentis.
LuDovicus,Deigratia,FrancorumRcx,dile<îtis Se fidelibus Confîliariis '
noftris , Hugoni de Bournafel , Militi , Domino diéti Loci de Bouma*'
fel & de la Bare , Scnefcallo noftro Tolofano & Albigenfi , & Magiftro
Roberto Barte , Domino de la Roche & de Monftereul , Magiftro Re-
queftarum Hofpitii noftri , Salutem & dileâionem : Confiderantes quod
cum interinclitaerecordarionis Francorum Regcs, Chriftianiflîmosnoftros
prredcceflbres & fereniiîîmos inclitofque Bohemix Reges , ligae , confœ-
derariones & amicitix , per ionga tempora haâenus nrmx inviolabilef-i
que extiterint. Et nuper nobilis Baro Aibertus de Poftupis, Marchionatps
Lufatix Advocatus y & ftrenus ,' & egregius Miles Anthonius Marini de
Gratianopoli , Confiliarii , Ambafliatores & Oratores cariftimi & dilec«»
tiftimi Fratris noftri Georgii , Régis Bohcmix , ad nos deftinati cum po*
tcftatc fufficienti , nobis verbo expofuerint praediftum fratrem noftnimt
renovationem & contitiuationem prxdifbrum ligarum, amicitiarum
& fraternitatum defîderare , nos in re tam laudabli & Reipublicac Chrif-
tianx congrua^Regnifque & fubditis noftris , hinc inde profutura, fimili
veto concurrere cupientes , confidentes ad plénum de veftris fidelitate ,
diligentia , probitate & induftria vos Procuratores noftros générales Se
nunciofi fpeciales facimus Se conftituimus , creamus , & etiam ordina-»
mus, per praefentes , dantes per eafdem vobis plenam & liberam potefta-
tem nomine noftro cum prxdiétis oratoribus cariftimi fratris noftri Bohe-«
miae Régis lieas,pacem, fœdera, amicitias & uniones jam diâas dudum
habitas inter diStas Domos illuftriûimas Franciac & Bohembc innovandi»
faciendi, agendi, ordinandi, condudendi & difponendi , innoyatas^
fa£bs , a£bS) or dinatas , conclufas & difpofita^ Litteris padtis, juramen^
^ - . tis, promiffîonibus, fponfionibiis & aliis juris vel fafti claufulis , opportun
,.j5^'^" nisconfumandi*& qux nos cum prnefato fratre noftro cariftimoBonemias
%nfirmMn ^^S^> ^ praefcntes eflfemus , faceremus, agercmus ^ firmaremus pro
^/; bono & feliciftimo ftatu Regnorum Chriftianorum » Reipublicre, ac ndei
Orrhodoxx prout vobis melms expeditius , ac utilius videbitur expedire »
promittentes nihilominus bona fide , Se verbo noftro Regio , ratum y
gratum , firmum & acceptum nos pro nobis & fucce(n>ribus noftris >
Regibus Francise habituros ^uicquid , per vos in prxmifjlis ordinatum »
aâum , faftumque fuerit & condufum* Datum in Villa de Dieppe , die
décima quarta menfis Julii , anno Domini 14^4. Se Regni noftri tertio,
Per Regem , Patriarcha Epifcopo Bajocenfi , Epifcopo Briocenfi , Admi-
raldo , Dominis du Lau Se déBafoges, Magiftro Stephano Chevalier ,
Guillelmo de Varie , & aliis prxfentibus. Rolant. Et nos Aibertus d^
Poftupis, Marchionatus Lufatire Advocatus , & Anthonius Marini do
Gratianopoli , Milites , Confiliarii , Ambaflîatorefque , & Nuncii fere-
niflîmi Principes Domini noftri Georgii, Dei gratiâ, Bohemiae Régis >
&c. Similirer ordinati per praefatum , fereniftîmum & illuftriflîmum Re-
gem Bohethifc, 5:um fuis patentil^us Litteris quarum ténor fequitur in hxo
verba. .
G^ORGIUS >
DE PHIL. DE COMINES. 433 ^^___
' CeorgiaS) Dci gracii , Rcx Bohemiâe , &c. Notum facimus tenorc prx- ^ .^
lencium univetHs , quod cumiuter ChriftianiiGmum Regnum , domum
ac Reges Francis , & inter fcreniflimos Reges Bohemias praedeceflbres
noftrosligx, fœdera& amicicûe indidblubiles > eciam jùramenris , pœnis»
Utteris, figillis vallatas, ac obligacionibus ftriâriilimè firmacas fuiIIcDC»
ut rcgna canta, talique opcima, fauftâque amicitia, conjunâa vix extitif-
ient,quibusuna animaunaque pro fide Orchodoxa& Republica voluncas»
cxticic, nos prsdeceflorum noflxorum veftigiis inhacrere volentes , uc nof-
tro tempore>iu Regnum noftrum,cum Cntiftianiffiniis Regibus jungatut
quatenus hôftibus Religionis Chriftianse facilius retiftere pofllîr , & ipfa
medum domefticâ rerum externâ pace & amicorum numéro felici Lae-
t^ , habentes plenam conftancemque fiduciam,de legalicare , & pruden^
tia nobilis Baronis Alberti de Podupis, Marchionatus Lufarias, Advocaci^
Se ftrenui & egregii Milicis Anthonii Marini de Gradanojpoli , Confilia*
riorum noftrorum, fidelium, dileâorum ipfos animo deliberato, de cer-
ta noftra fcientia auâoritace Regia , facimus , creamus& conftiruimus
meliorimodo, via, jure & forma quibus poreft, & débet fieri, noftros^ye^
fos , legitimos & certos procuracores negotiorum geftores » Ambafliacoresy
Nuncios & Oratores fpeciales » dantes & concedentes eifdem plenam »
6c omnimodam poceftatem » auâoritatem & facultatem noftro nomine,
cum Chriftianiffimo Principe & Domino,Domino Ludovico > Rege Fran-
corum , Confanguineo noftro & fratrexariflimo ligas , pacem » rœdera ,
amicitias & uniones veceres habitas incer domos incliciflinias Franciac Se
Bohemias' innovandi , faciendi > agendi , ordinandi » ' concludendi &
difponendi , innovatas , faâas , aâas , ordinaras , conclufas Se difpod-
ras Litreris , paâis , juramentis , promillionibus , fponiionibus Se aliis
juris , vel faéa claufulis opportunis confumendi quasnos cum jpratfato
Domino Rege, H pnefences eflèmus , faceremus, ageremus & nrmarê^
mus , pro bono & reliciflimo ftatu Regnorum Chriftianorum Reipubli-
ca , ac fidei Orchodoxae , prout ipfîs melius , expeditius & ucilius vide-
bitor expedire; promktentes nihilominus bona fide, in verbo noftro Re«
fio , racum , gracnm , firmûm Se acceptum nos pro nobis & fticcenbri^
us noftris ', Regibus Bohemiac habiruros & tenturos quicquid per pracfa<*
fos Oratores Ambafliatores & Confiliarios noftros ordinatum , aâum »
faâum , habicum & condufum fuerit quomodolibet in prarmifEs pras*
fentium fub appenfione noftri Regalis figilii teftimonio Litterarum. Da-
lam Pragac die i6. Maii, anno Domtni 14^4. Regni noftri anno (èpcimo.
Sic fubfcripta ad mandatum Doroini Régis y vigoce quanunquidem Lit^
terarom Se virtute poteftâtis nobis per eas actributae , convenientes in
unum nos Commtflàrii pracdiéti poft multas communicatione5,macurâ de-
liberatione inter nos haoicâ , actendentes & confiderantes antiquas ligas»
confœderationes & amicitias inter Reges & Rev^ Franciae Se Bohemiae»
cetroaâis temporibus înitas , Êiâas Se inviolî^iliter obfervatas , ipfas ad
konorem Dei omnipotentis , pro bono Se uôUtate fidei CatholiQç , &
cotius Reipublîcac Œiiftianac Se confervationse RegiK>rum & fubditoc um
Regam pnedtâorum virtute diébntm noftranimr commiffionum , & in
quantum , per eas nobis conceffiim eft > innovamtis , facimus , ordina*»
mus > concludimus, aç de novo in <^antiun opus eft > facimus, firipainus,;
Tom^ IL lii ftacuimus»
434 PÉ.EUVES DES MEMOIRES
^ ftatuimus , ^omittcnccs nominibus qaibos fiipca > qi^xl à modo » facariT^
^ '^^ que temponbus diâi Reges intereflè invicem , amorein » cUleâioncm ^
mcermun civitacem tnutuo obfervabunc > cnmciqpie fracres , amici & coi-*
Ugaci perjpetuis tetnporibas , tam pro bono > milicacc & honcftate Regno-^
nun, perionaroinque fuaruin» quam (uIeiCatholiar,& Reipublkrs^ Chrif-
tians > & ira nos prxdiâi Commiâàrii , virtute jam diâarum poceftatum
pro diétis Dominis Regibus eorumque fuccefloribus Regibus Franctae
te BohesnisB in animum pnefatorum Regum nos coufticuentimm te nobi»
Steftatem concedencium, voltsmus , promînimus & jaraniBS ad facro-
lâa Dei Evangelia,per nos cotporaliter taûa ; in eu jus tti cfeftimoniunL
prxdiûas Litteras fignis noftris manualibus (ignamus , cum figillorum
noftrorum appenfione. Datum in Villa de Dicpe > die i S^ menus JuUi*
in Normandia > atuio Domini i4(>4.
X X X V I L
|}Cr DtcUraiion du Roy Louys XL par laquelle 9 apfh avoir narré Ub^
. menées & pratiques depluficurs Seigneurs unis & ligue{Jbus prenxte dw
. Bien PuiÛc y qui sUfioitnt joints avccfom Frère , il leur donru un mois
. pour ytnir vers lui ^ bft réduite à kur devoir y ce faifant leur pardonne
U crime de le^e-MajcJté y qu 'ils ont encourus par kur rehellion yt6^ Mat»
. 1464. {ou I465.fiyle nouveau).
Tiii ^es T O Y S y par la grâce de Dieu , Roy de France v A toos ceux qui cei
accueils de J^ preTences Lettres verront» Salut : Comme aucuns meus de mauvais^
M. TAbbé efprit, & en daauiable propos, non ayans regard à Dieu, honneur»
confcience & la loyaulté qu^us nous doivent , & i qaov par ferment &
autrement , ils font tenus envers nous & la Couronne de Fiance , ayenr
lait, confpiré, machiné & pourchaâe plufieurs chofes trèsf réjudiciable»
i nous ic a nos fubjets , & i la chofe publique de noftre Royaume , txae
eferçans , par féduâions & autrement , troubler & empelcber le bois
eftat du Royaume , qui eftoic ii paiâblc & en ii grande tEanquillité %■
que marchandife courroit franchement partout^ chacun vivoit paisible*
mient en fa maifon » feuflènt Gens d'Eglife , Nobles » Bourgeois , Mar-*
chands. Laboureurs, ou autres \ toutes manières de gens eftrangers os
du Royaume , pouvoient feurement & fauvement aller , venir , entrer 6c
iiHr par toutes les parties de noftredit Ro/aume>.avec leurs déniées , mar«
chandifes, or& argent, & toutes autres chofes quelconques, fans dan-
ger , deftourbiers , ou empefchemeas aucuns , & néanmoins non ayans ^
iceux feduâeurs confideration aux chofes deflufdites, ne aux maux v
inconveniens qui peuvent advenir parleur mauvaife & damnée confide-
ration , ont induit , féduit & fuborné noftre Frère de Berry , jeune d agc
& non confiderant k mauvaife intention de ceulx qui , ces trahifons >.
rebellions , machinations & confpirations conduisent, à îor féparer dW
wc nous , & par leur faux donné à entendre , fous & couleur de luy &
de plufieurs menfonges controuves pour fattcaire & faire joindre avec
eux , & efmouvoir le peuple à Tencontre de nous , & à foy feparer de
noftre obéyflànce, ont îak dire > femer & publier par diferfes parties de
cedit
le GranJ.
DB PHIL, DE COMINES. 43c
ttàlt Rovauiiie , qu'on vonloic rempriTomier» ce que oncqûes n'en pen* ia$^
iames , ce quand euffionsfccu aucun , que fi un damnable cas euft voulu ^
perpétrer , nous en enflions fait ùist celle punition , que ce caà efté
exemple i tous les autres ^ ainçDÎs penfîons Se entendions que noAredic
Frère fîift (t content de nous » & nous en tenions fi aJIuree que poflible
eftoit y Oc luj^mefme de fit boudie ce nous aroit dit ainfi » 6c affirmé
avec tant de belles paroles , qu'il eftoit vrajr -fi^mblable que ainfi eftoit.;
& croyons fermement ^u'il avoit ce propos & vouknte , fe ne feuflènc
les autres mauvais feditieux» qui en ce Tont deftouibé » &: de bon vouloir
qu'il avoit à nous détourné ^ 6c lesquels en outre ont envoyé par divers
ies paniculiers de noftre Royaume , pour faire adhérer Se joindre avec
eux par leur faux donné i entendre » & leur mauvaife 6c damnable fe-
duâion , laquelle ils s'efforcent couvrir fous couleur du bien de la choie
publique, de plufieurs Princes, Prélats , Gens d'Eglife , Barons , Oieva*
tiers , Efcuyers , Bourgeois , Marchands , Se autres Habitans des bpnne^
Villes Se des Champs , lefquels ignorans k mauvaife & datnnable fin i
quoy les féditicux tendent , qui n eft que pour mettre guerre Se divifion
en ce Royaume > & troubler Se empefcher le bon vouloir que nos bons
Se loyaux fubjets ont envers nous , comme faire doivent , pourroienc
pent-eflre leur avoir donné confentcment , cuidant bien faire , Se leur
auroient fait quelques promefles de eux joindre avec eux i & tenir leur
parry , ou autrement i aefquelles chofes , quand ainfi fe feroit , eft tout
clair qu'tnconveniens irréparables en pourroient enfuiVre , à l'exemple
des chofes paffêes , & donc à cette c^iife eft à douter que nos anciens
ennemis Se f adverfaires les Anglois » à leur pourchas ou autrement »
pourroient entrer Se defcendre en ce Royaume , & jr faire maux & domr
mages innumerabks , ainfi que autresfois ils ont fait, dont tant de fang
humain Chreftien , tant de ceux de nofhe (àng & lignage , a efté efpan* '
du , tant d'Eglifes violets , femmes foicées , pucelles desflorées , & au*
très pitiez Se inhumanirex font enfuivies , qui pttéufe & douloureufe
ehofè , Se autre s'euflènt penfé , Se en enflent efté adveny ; & néanmoins
doutans j>eut-eftre que pour l'adhérence qu'ils ont fidte anfdits feduc*
teurs , traifbes 8c rebelles , â nous & à la Couronne de France » noi»
vouliflions prendre vengeance d'emt j Se procéder à l'encontre d'eux^
ainfi Qu'il eft accouftunâ contre criminels de leze*Ma|efté , poqrroienc
faire difficulté de fe réduire envers nous Se nous reconnoiftre , Se l'er-
reur i quoy ils ont efté menez , ic que ne leur vouliflions donner Se
impartir i noftte ^ace i fçavoir faifons i que nous à l'exemple de noftré
Sauveur Jefus-Chnft , duouel tenons le Royaume & la Couronne , qui
ne voulut la perdition de Ion peuple, mais que chacun fe reduifift en-
vers luy , & pour eftre 8c demeurer en fa bonne grâce; nonobftant tou-
tes les fautes Se erreurs, en quoy lefdits Princes , Prélats , Gens d'Eglife»
Nobles , & autres de quelque eftat que ce foit , pourroient eftre efçneus,
& envers nous avoir ofrenfe , à caufe & par le moyen & pourchas defdits
feduébenrs , traiftres , rebelles Se défooéy^ns envers nous , *voulans
monftrer , comme Prince de mifericorde , que ne voulons la deftruâion
Se perdition de noftre Peuple , avons dîfpoié de faire advertir tous les
iîibjets de noftre Royaume des chofes aefTufdites , & pour les affurer
Iii 1 que
43^ PREUVES DES MEMOIRES
14^4. ~4^c "ul "^ ^^^ difficulté de venir pir devers nous > & fe réduire & bilcr
de l'erreur en quoi peut-eftre ils* feroienc efcheus, avons ordonné » dit
ic déclaré , difons^ , ordonnons & déclarons par ce£dices prefentes, que
' tons ceux qui voudront venir & eux réduire envers nous , dedans un
mois ou fîx femaines au plus tard , délaidànt & abandonnant le damna.-
ble party defdits rebelles & defobéy flans > nous les recevrons bénigne-
ment , & dès à prefent leur impartim>ns noftre bonne grâce , fans ce qui
a efté caufe ores , ne pour le temps à venir , oïl leur impute aucune fau-
te 9 comme blâme , reproche & deshonneur â l'occafion des chofes def-
fusdites a ne que on leur donne ou faflè aucun deftoutbier > dommage
ou empefchement en leurs corps , ne en leurs biens en manière quelcon-
que ; & voulons que fi-toft qu'ils fe rendront â nous , comme à leur Sovh-
: verain droiturier Seignetu: , foient reftitnez à leur bonne famé & renom-
mée , & à tous leurs biens , & que de ces prefentes ils fe puiflênc ayder
te leur puiflènt valoir tout ainfi que s^ils avoient Lettres efpeciales , au
cas en eux réduifant ou venant par devers nous & nos Lieutenans» pour
faire le ferment , & nous fervir & obé^r comme bons & loyaux fuDJets
doivent faire ; & d'abondant pour obvier à toutes chofes qui pourroienc
préjudicier à noftre prefente grâce & abolition générale , denoons eito
mandemens à tous nofdirsLieutenans, Conneftables, Marefchaux ôc
Chefs de Guerre , Senefchaux , Baillifs , Prevofts , & à tous nos autres^
Jufticiers & Officiers » ou à leurs Lieutenans , & à chacun d'eux » que
ces prefentes , & le contenu en icelles » ils faflènt garder 5 entretenir Se
obferver de point en point d'icelles , publier par les Auditoires de leurs
Jurifdidions > fie par tous les lieux aceouftumez > à faire ccîs & publica-
tions , & que tous ceux qui s'en voudront ayder > ils les en faflènt don-
ner & ufer pleinement & jpaifi>lement ,. (ans difficulté quelconque > 6c
impofons filence perpétuel i noftre Procureur , & à tout ce qu'il vour-
droit dire, alléguer ic propofer au contraire y Se voulons que ao. W^i^vi^i
d'icelle , fm fous Scel SLoyal ou authentique, foy (bit ad jouftéè comme*
à l'original ; en tefmein de ce nous avons Êiic mettre noftre Scel à cefdir
tes prefentes. Donné â Thouai^ le feiziéme jour de Mar^, l'an de gcacc*
mil q^iatre cens foixante-ouatre , & de noftre Règne le quatre*. Sicjïè^
jiatum fupra pUcam , Parle Roy en fon Confeil, auquel le Comte cm
Mayne , les Comtes de Cominge & Sirt de Bois-Menard , Marefchal de-
France; le Comte de Maulevrier ^ Grand Senefchalv lefdits Sires du
Lau & de Bafbges ^ Maiftre Jean Dduvet,. premier Srefident de Thou-
ioufe V les Sires de Monftreuil & de la Rofiere y Maiftre Eftionne Cho^
valier > Guillaume de Varie , Se autres eftoient.. Rolânt*. Ei in dorfo erat
Jiriptum > U3a ^.publUata &'regtârata Parifius in Parlamcnto ^ viufima
fexta dit Martii , anno Domim milltfimo quadringcnujimo Jtx^igç^mai
quarto ^ antc Pafçhuy &Jignatttm , Cheneteau*.
s^^
XXXVUl.
DE PHIL. DE COMINES, 437
XXXVIII. .>4<î4-
0:7 Lettn dt Monjuur U Duc de Btrry au t>uc de Bourgogne^
TRès-cher & crès-amé Oncle , je me recommanctc à vous tant com- t\xl des
me je puis , vous plaife Tçavoir que depuis aucun temps en çà j'aye Recueils i^
eu fouvent les clameurs de pliuleurs Seigneurs du Sang , mes parens & M. TAbbé
aucuns nobles hommes de ce Royaume , en tous eftacs du defordonné ^^ Gran^
^ patent Gouvernement , qui eft par les gens & eftat autour de Mon-
iieur , pleins de toutes mauvaifeté & iniquité , lefquels pour le profit 6c
atfeâion finguliere &c défordonnée , ont mis Moniteur en foupçon Se
haine devers vous & moy , & tous les Seigneurs du Royaume , mefme^
ment vers les Roys de Caftille & dXfcoflè > alliez de fî long-temps à la
Couronne , que chacun fixait , au regard comment Tanârorité de i Eglife
eft gardée , Juftice faite & adminiftrée 3 les Nobles maintenus en leurs
<lroits de noblefle, le pauvre peuple fupporté &c gardé de oppreiHon *, ne
vous en efcrit plus autant , car je fçay (|ue aflèz en eftes informé , &
moy defplaifant des chofes deiTufdites , amfi que doit eftre , comme ce-
luy à qui le fait touche de (\ près que chacun Içait ; & defirant y pour-
.veoir par le confeil de vous , defdits Seigneurs & parens > & autres no^
tables hommes , qui tous m*ont promis ayder & (ervir , fans y cfpargner
corps ne biens , au bien du Royaume & de la chofe publique d'iceluy y
aum pour fauver ma perfonne , que je fentois en danger \ car inceflam-'
ment ic couvertement » mondit Sieur & ceux d'allentour luy > parloient
de moy paroles telles , que par raifon me dévoient donner eâufe de
douter j je me fuis départy d'avec mondit Sieur , & devenu devers beau
CouCn de Bretagne , lequel m'a fait fi bon & louable recueil > que aflez^
ne m'en (caurois louer , le eft délibéré de me fervir de corjps y biens &c
de toute fa puiflànce au bien dudit Royaume & de la cho^ publique ^
& pour ce, très-cher & très-amé Oncle , que mon defir eft de m'employer
avec vous & lefdits Sieurs mes parens, par le confeil defauels je «veuille
ofer & non autrement à la réponfe & bonne addreflè audit Royaume
^efolé , & que je fçay que eftes des plus grands du Royaume à qui le
bien & le mal touche bien avant, & Doyen des Pairs de France, Prince
renommé d'honneur & de bonne juftice, ainfi qu'il appert par vos grands
faits , conduite & entretenemenr de vos grandes Seigneuries *, & fçachans
que la défordonnance dudit Royaume vous a defplu & defplaift , con>
me raifon eft,defirois de tout mon cœur avec vous & les autres Sef-
gneurs mes parens , pouvoir afiembler , afin de pourveoir par confeil de
vous & d'eux à tous les faits , qui par deffaut d'ordre de Juflice & Poli-
ce , font aujourd^huy en tous les eftats dudit Royaume , &c au foulage^
ment du pauvre peuple , aue tant a â poner que plus ne peut , & met^
rre tel ordre en tous endroits , qu'il puiflè eftre à Dieu plaifant , x
l'honneur & félicité dudit Royaume, & en la rétribution d'honneur & dV
mémoire perpétuelle de tous ceux qui s'y feront employez -, fTvous prie,très-
cher & tres-amé Oncle,que fi cette matière. qui eft fi grande & pour la bonne
fin^vous plaifemonftrer& aflifter^ à vous employer, &aufti faire employer
li i \ mon»
4i9^ PREUVES DES MEMOIRES
:r"T— mon beau- frère de Gharolois > voftrc fils > en mon ayde» comme je mV
'^ ^' fuis tousjours confié que le feriez , .& afin que vous Ôc moy nous puil*
fions aflembler , qui eft la chofe que plus defire y pource que mon in*
tencion eft de briefincontinenc entrer en pay s& tenir les champs avec lefdits
autres Princes & Seigneurs,qui m'ont promis moy accompagner & ayder ; je
vous prie qu'il vous plaife vous mettre fus encore de vomre part en pays
vers France , & au cas que faire ne le pourriez , y voulifiîez faire venir
mondit beau-frete de Charolois , à toute bonne paiflance de gens » flc
avec ce envoyer 6c faire venir aucuns de voflre Confeil feable y pour
eftre & afiifter pour vous , à ce que les autres Seigneurs du Sang advifô*
ront eftre i faire pour le bien du Royaume 9 Se par lefquels pourrez
tousjours eftre informé de ma bonne Se jufte intention» laquelle par
vous 6c lefdits autres Seigneurs du Sang fe veuille conduire » Se non
autrement s & ce que par mondit beau-frere en voftre abfence » fi a> fak
& dit pour le bien de la chofe publique & du Royaume , 8c foulagement
du pauvre peuple , je le fouftiendray & maintiendrav tant que je vivray»
8c de ce pouvez eftre bien cenain , très-cher 6c très-amé Onde» tous«-
jours vous me ferez fçavoir fe il eft chofe que pour vous puiilè , & je le
feray de bon cœur 9 priant Dieu qu'il vous doint bonne vie. Efcrit i
Nantes en Bretagne le feiziefme jour de Mars. Lafufcriptioru A moa
Oncle le Duc de Bourgogne. La foubfcripùon. Voftre Nepveu Charles.
X X'X I X.
$7 Mafdftfit de Monfieur It Duc de Berryfur laprife des armes
pour le Bien Public.
Recueils ^ T ^ Jcudy vîngt-fixiefme jour de Mars , Tan mil quatre cens foixante-
M. TAbbé -'^ quatre » environ onze heures du matin dudit jour» en la prefence
Le Grand de moy Eftienne Bu(Tèt , Notaire de la Cour de Sanarre y 6c Greffier du
Bailliage d'icelle Comté , pourvoyent Thameray , Sergent de Monfieur
le Duc de Berry , ont efté prefentées certaines Lettres Patentes de
mondit Sieur de Berry , aufquels eftoient attachées certaines autres Ler-
tres données de honorable & fage Maiftre David , Chambellan , Lieu^
tenant General de Monfieur , Senefchal de Berry » & honorable hom*
me Eftienne Bourgogneau , Procureur de Monfieur le Comte de Sancer-
re, à Jean Goudin, Prevoft dudit lieu de Sancerre» defquelles la teneur
s'enfuit»
Charles, Fils&Frere deRoysde France, Duc de Berry, au Se*
nefchal de Berry , ou à fon Lieutenant, Salut & diledion : Comme par
les Gens du Sang de France , 6c autres nobles hommes & Confeillers
de feu noftre très-cher Seigneur 6c Pcre , que Dieu abfolve, ayons due-
ment efté adverty & informé , en nous remonftrant la grande calamité
en quo^ eft la chofe public^ue de ce Royaume , par le moyen d'aucuns
ennemis d'icelle eftans environ Monfieur le Roy , à l'apperit defquels
Jufticeeft extrêmement bleffce & foulée; & tellement qu'il convient, tant
a la Cour de Parlement, que ailleurs juger les eau fes a leur volonté , la
grande 6c exceflive exa^on des Procureurs , dont le peuple de ce Royaux
me
DE PHÏL, DE COMINES. 439
meeftfi très-fort foulé, que à peine les peut-il fupporter; les Gens j .^ -
d'Eglife opprimez,moIeftez & defappointez ae leurs Efbts & Benefices,&
quipiseft) font faire mariages contrelegré& volonté &conrentementdes
opères & mères, & autres parenS)lefquelles chofes font contre tout ordre de
droit , deshonneur & vitupère du Royaume > confofîon de la chofe pu^
blique , .& dériflon d'iceluy en tous les Royaumes voifins, nous requer-
rant que à ce vouliflîons donner ordre & provifion , Se expulfer 6c de-*
bouter iceux ennemis du bien public , eftant & qui ont efté , & font autour
de mondit Sieur, & ramenant toutes chofes faire, & obtempérant à leur
confeil & requefte,nous fovons party de Poitiers pour nous trouver en leur
compagnie , pour fur ce délibérer de ce qui eftoit & eft à faire en cette
matière , en laquelle âifant ait efté advifé , que nous devons tirer de^
vers mondit Sieur pour tout ce luy remonftrer , i celle fin que mieux •&
plus convenablement puiflions parvenir au foulagement du pauvre peu*
Île, à laquelle chofe fommes délibérez entendre de root à noftre pouvoir,
Taidc de Noftre-Seigneur , fans ce que entendions toucher en aucune
manière i la perfonne & autorité de mondit Sieur , & à, cefte caufe nous
foft befoin d'eftre accompagné des Nobles de noftre Pays.de Berry -y pour
ce que voulons c}ne vous leiftes crier de par nous , par cry public éc a fon
de trompe au lieu de Sancerre , que tous Nobles tenans nef ou arrière-^
fief de nous , & autres fuivans, & qui ont accouftumé Se font tenus fui«
vre les armes ,-fe mettent fus au meilleur habillement ^ue faire le pour- '
ront , iceluy montez , armez Se habillez , à tout le moins en perfonne 9
fe rendent au vingt-fixiéme jour de ce prefent mois de Mars prochain
en noftre Ville de JBourges , auquel lieu trouveront nos amez Se féaux
Chambellans & Confeulers, les Seigneurs de Livieres, de VouUon Se
de Lufay , pour illec les recevoir aux nK>nftre$ Se faire payer de leurs
gages , & leur dire ce qu'ils faftent au partir , Se fur peine de confifca*
tion de corps Se de biens. Si vous mandons Se commandons , Se ex-
prellement enjoignons , queces nobles prefentes Lettres faites lire , crier^
publier & enregiftrer es papiers de voftre Greffe , en manière qu'dh n'en
Ïuiflè prétendre caufe d'ignorance , Se que en tems & en lieu en puif-
^ ons eftre faite telle punition que le cas le requiert ; car ainfi nous plaift*
il eftre fait ; mandons Se commandons à tous nos Jnfticiers & Omciers
& Subjets, que à vous , voftredit Lieutenant , & autres Commis & Dé-
putez , en ce faifant , obéyftènt & entendent diligemment. Donné i
Bourges le dix-neufriéme jour de Mars , l'an mil quatre cens foixante^
quatre. Mnfifoubfcrii en marge : Par le Confeil de Monfeigneor , eftanr
a Bourges , auquel eftoient Meflieurs de Beaujeu , le Omite de Damp-
martin , les Sieurs de Livieres , de Lufay , de VouUon , Meftire Pierre
des Barres, & plufieurs autres prefens. Etfignits^ Cadier* Scellées du
(rand Scd de mondit Sieur le Duc en cire vermeille*
XL,
440 PREUVES DES MEMOIRES
'^"'^ XL
Traite (CAUianu entre François , Duc de Bretagne , éCufU pan > ^,
Char Us ^ Cornu de Charolois , d^ autre part ^ à Nantes
U 2Z. Mars 14 64. (ou 146a* nouveau Jly le).
• * ■
Tiré de TE- T^ Rançois , par la grâce de Dieu , Duc de Bretagne , Cpmte de Mont*
^'^"/^ ^^^^ * ^^ Richcmond , d'Eftampes & de Vertus : A tous ceux <jui ce$
Codcfrojr. prefcntes Lettres verront &. ouïront , Salut. Comme amour , union &c
concorde entre les Princes, foient caufe d'entretenir eux & leurs Princi-
paucez en obéylTance vers Dieu , & en eftat , vertu , magnificence &
tranquillité , & de les accroiftre & augmenter, à auoy tout chacun Prin«
ce & Seigneur doit curieufement veiller & entenare , afin de reprimer
les Contendans à vouloir fur eux invader ou entreprendre > & (jue de
long & ancien temps , tel que mémoire de homme n*eft au contraijre, ait
eu amitiés & alliances faites , nourries & maintenues , tant par confaiH
guinicé, affinit;ié de lignage & amour naturelle, que autrement entre
feux très-haux & puidans Princes les Ducs de Bourgogne & les feux Ducs
de Bretagne, nos predeceflèurs , lefquels en gloire puiflènt enfemble
lepofer , & foit ainfi que puis aucun temps ayons efté & foyons bien
prendre inimitié, indignation,
plaifir & malveillance contre plufieurs des Seigneurs de fon fang , te par
faux & iniques rapports les mettent en didènuon & divifion avec luy au
détriment de tout le Royaume , le confeillent & enhortent à invadec
& entreprendre fur eux , leurs Pays & Seigneuries , & entre aurre autres
fur trèsAïauts & pui(Tàns Princes nos très-chers & très-amez Oncle &
Coufîn le Duc de Bourgogne & le Comte de Charolois fon fils , & fur
nous dfpecialement pour eux , leurs Pays & Sujets , & nous & les nof*
très grever & endommager , fi faire le pouvoient, à quoy defirons pour-*
veoir par toutes voyes deues , poffibles & raifonnables *, fçavoir iaifons,
que en enfuivant ce qu'eft de raifon , & les bons & louables faits de
nofdits predeccflcurs , & pour obvier aux foudaines , légères & torfon-
niercs entreprifes que mondit Sieur le Roy , par la periuafion , cnhorte-
ment & inftant pourchas des deffufdits nos malveiUans , pourroit fur
nous faire & invader, nous pour plus grande faculté avoir de y obvier
& refifter , & garder nos Pays , Sujets & Seigneuries en leur entier ,,
ainfi que fommes tenus de faire, avons fait , & par ces prefentes faifons
alliance , confédération & paâion avec noftre delfufdit très-cher 6c trèS'
amé Coufin Charles, Comte de Charolois , fils & feul héritier de noftre^
dit très-cher & très-amé Oncle de Bourgogne en la forme & manière qui
s'enfuit ; c'cft aflàvoir, que nous luy fommes & ferons vray amy , allie &
bienveillant , le ayderons , tendrons fon party , confeillerons , confor-
terons & fecourerons de toute noftre puifl&nce à garder , fauvcr & detfcn-i
dre fa pcrfonne & celle de fes enfans prefens & advenir , leur honneur, *
Eftat, Pays, Terres, Seigneuries $c Subjets, tant celles qu'il tient Se
polTedqt
DE PmL. DECOMIKEl 44J
podcde prefencement > comme celle qu'il pourra avoir 8c podeder au
temps aavenir , ainfi que nous ferions les noftres propres fans différence ^ ^^ î'
aucune contre tous .& vers tous ceux qui , les perfoimes .de luy, & de
iefdiis enfans , leurs Pays , Terres , Seigneuries & Sujets , voudroient
crever , amoindrir , guerroyer ou ufiirper en quelque manière que ce
loir, fans en excepter ne referver mondit Seigneur le Roy , au cas que ,
f)ar l'enhortement ou pourcbas de nofdits malveillans , ou autrement» il
voudroit entreprendre ou faire guerre à noftredit Coufin de Charolois »
^ auquel cas > & autres » promettons fecourir & aydec iceluynofhe
Couiin , tant envers mondit Sieur le Roy , que tous autres > quels
qu^ils foient qui le voudroient invader ou guerroyer , par mettre Se
employer pour & en faveur deluy 6c de fon ayde, nous, nos Ter-
res , Pays & Seigneuries advenus & advenir , 6c tottte noftre puiffàn-
ce en guerre contre iceux invadans ou guerroyans, & avec ce tout ce que
pourrons fçavoir eftre fait , dit » pourcnalfé ou procuré en (on préjudice
le luy (igniâerons » l'en advertirons & de tout noftre pouvoir Ven gar-
derons*, & en œsprefentes alliances, confédérations & conventions»
comprenons mon très-oedouté Seigneur Monfieut le Duc de Berry , 6c
nos très-chers & très-amez Couiins les Ducs de Calabre & de Bourbon ,
Se en celles que par cy-devant avons faites, 6c que cy-après ferons, i
noftre lovai pouvoir y comprendrons noftredit Coufin de Charolois, Ces
Pays , SuDJets 6c Seigneuries , avec fes amis & alliez , prefens & à venir»
6c leurs Pays & Subjets , comme nous & les noftres , en tant que ils y
voudront eftre compris 6c l'acceoter , 6c ne- ferons aucunes autres alUan*
ces ou confederarions prefudiciaoles à ces prefèntes , promettans & par
ces prefèntes promettons èc jurons par la foy 6c ferment de noftre corps,
en parole de Prince, & fur noftre honneur, ces prefèntes alliances 6c
confédérations temr & garder fermement , fans jamais aller i lencontre
en aucune manière, moyennant &c parmy ce que noftre Coufin de Cha«
roloisnous a fait & baille pareilles promeilès & fureté \ en tefmoin de
ce nous avons figné ces prefenoes de noftre main , & Scellées du Scel de
nos armes. Donné en noftre Yille de Nantes le vingt-deuxième jour de
Mars , Tan mil quatre cens foixante & quatre. Ainfi Signé , François «
avec paraphe. Sur le repty-eftoit^fcrit^ Par le Duc de fon Commande^^
ment , & Signé , Milet, avec paraphe.
Le Comte Je Charolois nefe contenta pas défaire avec le Dac de Bre^
tagru le Traite précèdent y U s^étoit encore attaché par un pareil Traité te
I)uc de Calabre y & avo'ufait ayec luy h Traité imprimé ci-deffus nu •
mero XXXV. dans leqfitl le nufy^e Jjuc de Bretagne fui compris ^
Tomt IL Kkk XLI.
L
44*
M^S
&x. Mars.
PREUVES DES-MEMOIRES
X LL
1)7 Ce fiât Us points (i) que le Seipuur ée Cbaroiols met & impofe am
Seigneur de Croy , 146S.
ET Premièrement » dît ledit Seigneur de Chtrobis > oie ledit Sei*-
gneor de Croy (2) s'eft efforcé & efforce tous les jours de mettre le^
dit Seigneur de Cnaroiois en malveillvice de mondit Seigneur de Bour-^
gogne Ton père » & de le £ûre deikuire » fc (oa pouvoir eftoic de cr
Faire.
Item. Dir ledit Seigneur de Charolois que. le Seigneur de Croy » le^
Roy eftant Dauphin ^ taivailla êc potufuic tant le Roy de le faire confti*
mer prifonnier , ainfi comme le Roy , depuis Ton foyeur advenement en
fon Royaume , kiy a dk.
htm. Dit ledit Seigneur de Charolois > que depuis que le Roy e(t
Roy ) ledit Sieur de Croy s'eft efforcé de mettre haine & malveillance
entre le Roy & ledit Seigneur de Charolois > laquelle jamais ne fut.
lum. Dit ledit Seigneur de Charolois, que ledit Sieur de Cro^ & les-
£ens , en U Ville de Lifle , conune Amtmdadeurs du Roy > mirent &
imposèrent grandes charges fur ledit Seigneur de Charolois > & que le-
dit de Croy & les fiens ont prefenté & offert de fcrvir le Roy à rencon-
tre dudit ligueur de Charolois y après la mort de Monfeigneur dr
Bourgogne , au cas qi:e le Rov fift guerre audit Seigneur de* Charolois.
Jum. Dit ledit Seigneur de Charolois , que ledit Sieur de Croy sdk
vanté de luy faire guerre aux Places & Fortereffès de Boulogne , Namur,
Luxembourg » & en autr^ 9 que ledit Sieur de Croy tenoit en fes-mains^
&; icelles mettre en autres mains , que de mondit Sieur de Bourgogne-
& de Charolois.
Jum. Dit ledit Seigneur de Charolois , que ledit Sieui^ de Croy »
émeu & inciré le Roy a rachepter ( j) les Terres , que Mbnficur de Bour-
gogne tenoit en gage , lequel ne l'euft jamais fait y fe ce n'euft efté au
pourchas {j^) Se moyen dudit Sieur de Croy.
Inm. Du ledit Seigneur de Charolois» que ledit Sieur de Croy a fa-^
vorifé
07 (i) Copié (ùr les Manafaks de
M. Balutjc y numéro 165. Ceft proprement
un abreeé de la Lettre aae le Coince de
Charolois publia contre les Seîf^neurs de la
Mai fon de Croy ; on comme Ton prononc-
ée anjoard'huy , de Crouy. La Lettre en
tiereeft Imprimée au T. IILdêMonftrelet,
fol. 107. ▼«{& , édition de Paris 1 J71. elle
contient quatre pages m filio r elle y eft
néanmoins imprimée avec quelques fautes.
$Zr 1%) Par les amples Recueils que M.
fAbbé Le Grand avoit faits fur le Règne
de Louis XI. On voit aui années 14^5. &
14^4, beaucoup de LettKS de confiance des
Seigneurs de Crotry à ce Roy y.qni les com-
bla même de bienfaits ^ preuve qull y avoir
quelque intelligence entre eux : car ce Prin-
ce ne phçoit pas inutilement fes grâces Se
Ces faveurs.
§Cr(^) Cette plainte peut avoir queU
ue réalité , puifque dans les inftruâdon&
e Louis XI. pour le rachat des Villes de-
là Rivière de Somme , 11 eft ordonné au
Sieur Chevalier de s'accorder avec M. de
Croy. F(^#jc ci-defTus page j^i.
if3' (4) Pottrchas , c*eft-à-dlrc à la fol-
licitatibn , à rinfHgation ;. terme encore-
ufité parmi le peuple de la Flandres Walone.
l
DE PHIL. DE COMINES. 445
vorîfc , foutCDa 6c aydé à rencontre dudit Seigneur de Qurolois , fon ,
Coulln le Comte de Nevers j lefquels Nevers & Croy fc font vantez , 4 4-
3ue le Roy leur avoit promis de bailler quatre cens lances avec l'ayde
es Liégeois , pour entrer au Pays de Brabant après le deceds de Mon-
ileur de Bourgogne » & par ce moyen en priver dudit Pays ledit Sieur
de Charolois.
. licm. Dit ledit Seigneur de Charolois , que pour venir aux fins furdit"
xcs , que le Roy a fait ledit Sieur de Nevers > au moyen dudit de Croy »
fon Lieutenant & Capitaine General efdittes Terres defengagées , pour
parvenir i fes fins , & en conclufion ledit Sieur de Charolois a fait pu«
olier par toutes les Villes Se Cités de Monfeigneur de Bourgogne , par
Lettres patentes , tout ce que dit eft defTus , en donnant en mandement
fur certaines & grandes pe;ines efdittes Villes dudit Seigneur de Bourges
S ne > qu'ils ne voulfKIènt (5) recepter , ne donner faveur neayde audit
e Croy > ny à Ces alliez en aucune manière.
X L I L
Ip^ LETTRE du Duc de Bourbon ^ Z4. Mars 1466.
M On très-redouté ic fouverain Seigneur » }e me reconmiande kuni- tir^e Je$
blenient à voftrp bonne grâce , & vous plaife (çavoir , mon toès^ Recueils de
^redouté Seigneur, que j'ay receu les Lettres quil vous a pieu m'écrire M. TAbbé
ide voftre main , par JonèUn du Bois porteur de ceftes , & ouï bien au Le Grand,
long la créance» que fur icelle il m^a dite de par vous , contenant en
<tfet , comment n'agueres , enallant en voftre voyage de Noftre-Dame
xlu-Puit , avez fccu comment Mohfieur de Beriy > voftre Frère , s'en eftoit
allé avec Odet Daydie ai Bretagne , fans voftre (ceu; & pource qu'avez
grande & finguliere confiance en moy , en me requerrant que inconti»
nent voulfiflè partir pour aller devers vous » & laidèr mon frère le Baftard
^e Bourbon par de^ , pour mettre fus cent Lances en mon Pays , pour
tirer après & faire ce qui feroit advifé y dont je vous remarcie tant & ù,
irès-humblement » comme faire puis « & pour vous adverôr & faire f^
voir plus à plein , mon très^edouré & louverain Seigneàr > les motifs
de mondic Sieur de Berry , comme des autres causes , termes es chofes
Î refentes > qui font à cette heure, conune je croy » divulguées > qui font
cette part , tant de voftre Royaume » que dehors par lopg*temps , ont
cfté confîderées & pefées generallement par tous les Seigneurs & Prin-
ces de voftre (àng 8c lignage , qui ont Seigneuries , Terres & Pays en
voftredit Royaume & (ous vous , & qui ont intereft après. vous au bien»
profperité & entretcnemeot de voftiâiit Royaume , auquel apcès vous »
ils ont bonne part , chacun en fon endroit , les façons qui ont efté te-
nues 9 tant au fait de la Juftice > Police & Gouvernement d'iceby , que
aux grandes , estrefnaes ic^ exceffives charges du pauvre peuple , lequel
entre nous Princes 8c Seigneurs deilufdits 9 chacun en droit foy ^ avons
veu,
ft7 (5) Hect^ ^ Ctft-à-dîfic , ceccfoir , coame il eft nùxtpt dans la Lettte
Kkkz
444 PREUVES DESMEMOTRES
lA^. vcu > ouï & cbnneu , plaindre , doulek & foutfrir , & fouftenîr charges^
vexations & nioleftes importables j Se par delTus tout ordre , façon &v£
& accouftuméê , dont plufieurs d'entre nous 6c nos fubjets 9 tant en ge*
aeral que en particulier , vous ont efté £aites des remonftrances^ & i
ceux qu'il vous a pieu eflever de approcher encour vous > ayant le manie-
ment & conduite derditeschoresjlerquelles remonArances, requeftes&
complaintes eftoient > ont efté & font dignes d'eftres ouïes , & que pro-
vifion y fut donnée pour le bien > utilité & confervation de la cnofe pu-
blique de voftredit Royaume , & auffi pour Teftat defdits Seigneurs &
Princes de voftre Sang y aufquelles chofes jufques a prefent n'a efté voftre
plaifîr aucunement entendre , ne donner l'oreille > ne proviHon , ordre»
ne police raironnableàce>& autres chofes, lefquelles ont efté par cy*
devant faites & conduites par voftre plaifir , voulenté & tolérance ^au
moyen d'aucuns qui font entour vous , qui par cy-devant n'ont guercs
congnu , comme il appert , le fait & eftat de voftredit Royaume , lequel
a efté fi longuement profperant en Ci bonne juftice , tranquillité & police
ordinaire , qui font toutes notoires diôfes & manifeftes dedans voftre-
dit Royaume > & ailleurs \ pourquoy , mon très^redouté & fouverairft
Seigneur , tous enfonblt & d'une voix 8c commun dfentement ,,
meus de pitié 6c compaftion du pau^te peuple à eux fubjets, la clameur
te oppremon duquel , en tous les eftats eft parvenue fbuvent à leurs
oreilles , après ce qu'ils ont veu 6c congnu , qur par remonftrances par-
ticulières, ne requcftesque on vous ait fur ce faites, vousn'f avez
voulu donner remède , ordre ncprovifion convenable, ont & convenu
en un, concludâc délibéré, par ferment & fcellez autentiques, & tels qu'il
appartient! en tel cas,de eux trouver & mettre enfemble,pour vous remonf^
crer , donner à connoiftre par aucune voye , telle que Dieu , raifon &
équité leur enfeiçie, les chofes deftufdites, pour j* donner d'orcfnavant
bon ordre & provifîon , autre qu'it n'y a eue depuis que ba Couronne de
France eft venue en voftre main j en quoy nous e(perons tous à l'ayde de
Dieu , noftre Créateur , qui congnoift 6c fçait toutes chofes , penlées 6^
intentions , faire œuvre, qui à vous 8c à voftredite Couronne , & à toute
k chofe publique de voftredit Royaume , fera profitable 8c utik, & auf-
dits Princes & Seigneurs de voftredit Sang , hoimorable 8c digne de re-
commandation & mémoire perpétuelle ; & quant à ce , mon très-redouté
& fouverain Seigneur , que m'efcrivez que aille devers vous , en quoy
me femble , pour la façon de vos Lettres , qu'eftes non adverti de ces
chofes que vous efcris , la chofe ne le requiert à prefent , ne faire ne le
puis , & defplatft à.rous lefdits Sieurs Princes de voftre Sang , qu'il faille
que par faute de donner ordre de bonne heure aux chofes , le fait dé
.voftredit Royaume vipnne en telle eommiferation 8c neceflîté ; lacjuellê
(c pourroit légitimement par vous appaifer , quant il vous plairoit con-
fideter en vous mefme l'eftat 8c prolperité en quoy vous avez trouvé
voftredit Royaume, 8c en quel il eft de prefent ^ mais il peut eftre > mon
très-redouté 8c fi^uverain ^igneur , quen'eftes pas de tout adveny, 8t
quand plufieurs chofes fe font mal faites par cy-devant ,. tarit entour
:Vous s que parmy voftredit Royaume , par puii&nce, force , violence 8c
autres voyes eftrangeres & non accouftumées , que ne font pas venuesià
voftre '
DE PHIL: de COMINES. 44y
voftce notice Ôc connoidànce % & dont on vous informera tellement &
£[ avant , que vous pourrez & devrez dire que ce qui fe fait à bonne Se * +^ 5'
fufte caufe » & en quoy quiconque s'en mefle ne peut avoir blâme > ne
reproche envers Dieu > vous i voftre Couronne > ne Juftice ; pource que,
mon très- redouté & fou verain Seigneur > te vous fupplie très-humble-»
ment , que attendu & confideré ^ ce que dit eft , Ôc autres chofes que
bien fçaurez confiderer » que ne puis efcrire » dont pleinement ay parlé
audit JoÛelin , vous plaife m'avoir pour excufé de ce que je ne vais devers
vous ; car je fui» bien délibéré avec les autres Seigneurs & Princes de
cette alliance & voulenté > pour le bien de vous & de voftredit Royaume,
d'entendre i vous faire lefdines remonftrances & y donner Ordre > vous
fuppliant très-humblement , mon très^redouté & fouverain Seigneur, pour
honneur de Dieu , qu il vous plaife^ avoir advis & y donner de bonne
heure provifion , telle qu'on puiile dire que de voftre temps ne foit adve-^
nu inconvénient 4 voftredit Royaume par faute de y vouloir remédier ,
comme il appartient par raifon j en vous aflurant , mon très^redouté Sc'y
gneur , que cette befogne n eft point entreprife , ne fe conduit contre
voftre perfonne, ne le bien de voftre Couronne > mais feulement pour
remettre les chofes en bon ordre , à l'honneur de vous & de vos fubjets y
& relievement 8c confort du pauvre peuple , qui font chofes de tous>^
droits te de bonne raifon , dignes de perfeverance &c recommandation ,
& où il écheoit prompte Se convenable provision , comme voftre bonne
difcretion , envers laquelle , tant que je puis Se dont m'en acquite par
cette Lettre , pourra s'il luy plaift mieux advifer. Mon très-redouté , Sec
îe fupplie au benoift Fils de Dieu , qu'il vous donne bonne vie & longue.'
fciit à Bourges haftivement> la veille Noftre-Dame de Mars.
X L I I L
î
(5cr Articles envoye^aa Roy Louys XL par U Roy de Sicile ^ touchant
ce qui avait efié pourparU entre ledit Roy de Sicile & Monjieurle Duc
de Berry , accompagne du Duc de Bretagne , de Mon/ieurde Dunois y
& autres } avec les refponces faites par le Roy.
AUx articles envoyez par leRwde Sicile > apportez par Mr^le Comte Tiré <ïcs
de Vaudemont , le Sgr. de (Jlcrmont , & le Juge d'Anjou , & pre- Recueils de
fentez au Roy noftredit Seigneur , par les d^ùitlits , Se l'Eveuiue de Ver- ^-^ ^^^^f
dun avec eux, de par ledit Sieur Roy de Sicile, touchant cequiavoit Grand,
efté dit & ponrparlé à la Roche-au-Duc (îir Loire , entre ledit Sieur Roy
de Sicile > d'une part , & Monfîeur de Berry , accompagné du Duc de
Bretagne , du Comte de Dunois & autres , d'autre part s le Roy noftre-
dit Seigneur a fait dire & remonftrer aufdits gens^ dudit Sieur Roy de
Sicile, ce qui s'enftrit.
Et Premièrement , en tant que touche la remonftrance, que ledit Sieur ^
Roy de Sicile à faite à mondit Sieur de. Beny du troublequ'il voyoit Se
connoiftbit eftre au Royaume > dont s'en pouvoit enfuir la deftruétion
d'iceluy , fi aucun bon appointement ne s'y trouvoit , auquel volontiers
s'enqiloyeroit,. comme celuy à qui Dieu avoit donné cet honneur Se gracd
Kkk j dcftrc
L._
^___^ 44^ PREUVES DES MEMOIRES
— 7~ d'cftre Oncle du Roy , & de mondic Sieur de Bcrry , requerrant & priant
^ '' kdir Monsieur de Berry , cjuc à ce fe vouUIft inclinen
Le Roy remercie Icaic Sieur Roy de Sicile > fon Oncle % du bon you-
loir qu'il a à luy & au bien du Royaume > 6c qu^nc à la remonftrance
qu'il a faite audit Moniteur de Berry , du mal & inconvenienc qui peut
enfuire à tout le Royaume > i caufe du trouble nouvellement mis lus ,
- fous couleur À ombre de mondit Sieur de Berry , par ceux qui l'ont in-
duit Se {èduit i foy feparer d'avec le Roy & de fa compagnie , & tenir
les termes qu*il tient , le Roy eft bien content de ladite remonftrance «
laquelle chacun peut connbiftre eftre véritable ôc raifonnable.
j [^ £t au regard de ce que ledit Roy de Sicile pria 6c requift mondit
Sieur de Berry de dire & déclarer les caufes , qui Tont meu de foy par-
tir fi foudainement d'avec le Roy , à quoy mondit Sieur de Berry a ref^
pondu , que il a efté meu de ce faire pour deux caufes \ lune pour la
(ureté de fa perfonne , difànt que depuis le trefpas du Roy , que Dieu
pardonne , il a tousjours fceu & congneu que le Roy ne i'avoit point ea
amour, ne bien agréable > mais en tout foupçon & défiance » & fou«
ventes fois le deroonftroit par Ces paroles; & que ces chofes pcocedoienr,
comme ilpenfoit, au moyen d'aucuns de fesferviteurs defquelsil a grand
caufe de foy douter oour plufieurs raifons,dont pour le prefent il fe tiaift*
< L'autre caufe de fondit partement a efté,pource qu'd voyoit &conn
gnoi(Ibit,ain(i qu'il dit, le defordre qui a efté & eft en tous cas au Royau-
me, dont les Seigneurs du Sang, l'Eglilî:, la Nobleflè 6c le pauvre peu-
ple , au(E la Juftice Ce deulent , 6c s'en pouvoit enfuir la deftruâion du
Royaume fe remède n'y eftoit mis.
Le Roy s'efmérveille fort de ceux qui ont donné i entendre i mondit
Sieur de Berry , qu'il fe deuft en rien douter du Roy touchant la fureté de
fa perfonne , n'y qu'il y deuft aucimement y adjoufter foy , car oncqucs
le Roy n'eufî vouloir & ne penfa chofe , qm fuft au préjudice de la per«
fonne de mondit Sieur de Berry , 6c aufli luy aâient-d de ft près en pro-
chaineté de fang , qu'il n'eft pas vray-femblable qu'il deuft avoir cette
voulenté;& comme chacun peut connoiftre ,& a veu par expérience , le
Roy depuis fon advenemeht d la Couronne n'a monfhre aucune cruauté â
perfonne, quelque faute ou ofFenfe qu'on euft faite envers luy , parquoy
leroit bien eftrange à croire qu'il euft voulu , ne penfer mal ou cruauté
fur fon Père 6c fcul Frère germain , duquel il defiroit là fureté de fa per-
fonne , comme la (lenne propre , tant pour ladite amour 6c afFeâion
qu'il avoir avec luy , comme fon frère , comme pource qu'il fembloit au
Roy que la fureté de la perfonne de mondit Sieur de Berry eftoit lapro^
pre fureté de luy-mcme , a efté bien mal fait à ceux qui ont donné à en*
tendre le contraire â mondit Sieur de Berry , & à luy d'y adjoufter foy (
6c quand le Roy euft efté adverty 6c informé , ou feroit , que aucun
fubjet ou fcrviteur , euft machiné de confpirer aucune chofê contre la
perfonne de mondit Sieur de Berry , il en etUl fait faire, 6c fèroit fi grande
6C fi grieve punition , que ce euft efté exemple à tous autres.
Et i ce que mondit Sieur de Berry dit que te Roy , depuis le trefpas
du Roy fon Père , ne l'a point eu agréable , ne en amour , mais en fbubçon
fie dtmince p il femblc bien au Roy que chacun peut clairement con-
nolftrc
HÉ PHIL^ DE COMINES. 447
noUlte par les termes qu'il a tenus à mondit Sieur de Berry, que les cho-
fcs font autrement j car jaçoit ce que mondit Sieur de Berry foit encore 146^.
en jeune âge 3 & a'euft que quatorze ans au temps du tre(pas du Roy »
que Dieu pardonne > néanmoins deÛors il luy donna & baula le Duché
Je Berr^ en tous droits de Seigneurie > pocu: partie defon appanage, com-
me avoit feu Monfteur de Berry le Duc Jean , & au demeuranciuy bailla
penûon pour entretenir fon eftat en attendant de luy faim mieux, & la
tenu continuellement en fa compagnie , comme fon bon Frère,
fit en luy monftranc tout iîgne aamour & de fiance > pource que plu^
fieurs rapports luy avoient efté faits» qu'il ne £e gouvernoît pas envers
luy & autrement , ainfi qu'il devoit , & qu'il appanient à Fils & Frère
de Roy , faire envers {on chef Se fouverain Seigneur , le Roy feable-
ment Se gracieufement les luy remonitra luy-meime â Razille , quand
dernièrement il v eftoit , en Tenhortant à tout bien faire , & luy décla-
rant le bien & le mal qui s'en pouvoit epfuir , lefquelles choies fem^
bla que ledit Moniteur de Berry eut bien agréables » Se diA qu'il pleuH
au Roy luy bailler tel train qu'il voudroit qu'il tinft & qu'il le fcroit>
Se s'il faifoit autrement qu'il le punUt bien, que ne font pas chofes
de demonftrance > que le Roy ne l'euft bien agréable , Se en bonno Se
parfaite amour.
Et outre plus > pource que mondit Sieur de Berry fupplia au Roy que in
fon plaifir tuft de luy croiftre fa p^nfion , & le Roy le luy oétroya , & le "
fit volontiers > & luy dit & fit cure que fi-toft que le fait de Bretagne au-
roit pris fin , il luy bailleroit fon appanage entier , en tel & aufli grand
Se plus que feu Monûeur d'Orléans , feDuc Loys , qui eftoit feul Frère du
Roy Charles VL fi avoit eu.
Et avec ce luy dift fit dire qu'il defiroit fon bien & fon avancement y
^ que trois chofes principalement luy tenoient au cœur > efquelles il
defiroit pourveoir en fon vivant y l'une pour le falut de fon ame , l'au-*
cre pour afligner douaire convenable i la Royne fa compagne , ainfi qu'a-^
voient accoutumé d'avoir les autres Ro3nies de France au temps prece^
dent 'y Se le tiers » qu'il puft honnorablement pourveoir Monîieur de
Berry fon Frère , auquel il avoit intention , à l'ayde de Dieu , de faire
avoir fi grande Se fi bonne provifion à fon honneur & profit , Se d'y ex-
ploiter tout fon pouvoir & fa puiâànce , qu'il en devroit bien eftre con-
tent > & avec ce luy dift le Roy , & fift dire que , veu qu'il venoit en âge^
il vouloit que toutes (es grandes affaires luy fufiènt conununiquées >
pour ayder à les conduire & confeiller , conune raifon eftoit > & qu'il en
avoit en luy fa confiance*
Lefcjuelles chofes demonftrent alfèz bien clairement que le Roy avoir
mondit Siem: de Berry en amour & bien agréable , Se qu'il n'avoir caufc
de penfer le contraire»
Et en tant que touche tes ferviteurs du Roy , dont mondit fieur de I y.
Berry fe deult » & dit qu'il a grand caufe de fe doubter d'eux pour
pluueurs raifons > dont pour ce point il fe taift.
Pource que l'anicle parie en termes gencrau)i, il eft fort difficile iy
refpondre \ mais le Roy ne crpit pas avoir ferviteurs qui voulfifiènc
avoir fait , ne procurer chofe qui fuft préjudiciables la perfonhe de mon-
dit fieur de Berry > ne par eux > ne luy a efté fait rapport ou préjudice de
mondic
448 PREUVES DES MEMOIRES
*'*^"™ mondic Sieur de Bcrry > donc il air caufe raifcmn^ble de fe devoir doutef
* 4 5 • d'eux -, & quand mondic ficur de Berry eue informé le Roy que verita-
blemenc il euft été aind , le Roy y euft donné la provifion celle 6c &
bonne que le cas Teuft requis
V* Ec quanc à la féconde caufe pour laquelle mondic fieur de Bcrry dit
. qu'il s'en parcy de la compagnie du Roy , c*cft-àrfçavoir pource qu'il
voyoic Se connoiflbic, ainh qu'il die ,1e deibrdre qui a efté & eft en cous
cas ou Royaume , donc tous les Seigneurs du fang, l'Eglife, la NoblelTe
& le pauvre peuple, ôc auifi la juftice fe deulenc & s'en pouvoit ea
fuireia deft uâion du Royaume , ce remède n'y eftanc mis.
Le Roy depuis qu'il eu: venu a la Couronne , a mis couce la peine
qui luy a efté pofGble de meccre > garder & encrecenir fon Royaume en
paix , repos , cranquillicé 6c bonne juftice, & à iceluy augmenter 6c ac«
croiftre , & y a grâces à nocre Seigneur , pené Se cravaillé , en vifk
tant les parcies de fon Royaume, plus que ne fift oncques mais Roy
de France , en fi peu de cems depuis Charlemaigne , jufques i prefenc ,
£c eftoienc les chofes fi bien difpofées avanc ce crouble , que c hacun vi-
voie en paix en fon hoftel , feuâenc Seigneurs , gens d'Eglife , Nobles ^
Bourgeois, Marchands, Lâlx>ureurs ou ancres , de quelque eftac que ce
fuft , Dieu eftoic honnorablemenc fervi en l'Eglife , & le Divin Service
bien fait & contenu , marchandife couroic par coucfeuremenc, & pou*
voie chacun aller de jour & de nuit l'or ai point , fans deftourbier oa
empefchement aucun,que<ce n'eft pas demoncrance que ou Royaume au
fi grand defordre m comme il a pieu à mondic fieur de Berry dire , ne
pour ce moyen ne rue poine venu la deftruâion du Royaume , mais ait
moyen de ladiee allée de mondic Seigneur de Berry , & de l'encreprife
Se confpiracion de ceux qui l'onc induic 6c feduicà loy feparer du Roy »
6c cenir les cermes qu'il cienc,eft bien à doucer que grands inConveniens ea
viennenc , car déjà Monfieur de Bourbon & aucuns ancres adherans de
ladiee encreprife & confpiraeion fe fone mis fus en armes , onc faie monf-
très , & die & femé pluueurs paroles , écries criés aux bonnes Villes Se
aux Prélacs , Seigneurs 6c autres , alepconcre du Roy , en le chargeant
très-forc de fon luinneur , parlanc eftrangemenc conere ion autorité 6c Ma-
jefté Royale , prenant fes ferviteurs & Confeillers principaux , comme
Monfieur de Tray nel , qui longtems a été Chancelier de France , & le
Senefchal de Poitou , Confeiller 6c Chambellan du Roy & grand Panne-
tier de France ^ Maiftre Pierre Doriole , qui lon^ems avoir fervi en
grand & fi honnorableeAat le Roy , que Dieu pardoint, 6c faifoie fem-
blablemene le Roy nocre fouverain Seigneur qui eft à prefenc , & lefquels
eftoienc allés devers ledic Monfieur de Bourbon , pour maeieres qui le
touchoiene pour l'appaifemene des queftions Se difterences,qui eftoienc
encre Monfieur de Savoye & luy , & non contens encore de ce , Loys
duBreiiil , Jean du Mars& autresen leur compagnie font venus en forme
d'hoftilité Se en armes^ourir jufquesà la rivierip & Loire,& en près la Ville
de Blois prindent Jeudy dernier, qui fut vingt-fiîptiémc jour de Mars, Iç
6enechal de Beaucaiirc » qui venoit devers Monfeigneur de Bourgogne , où
le Roy l'avoir envoyé en amba^de , & pareillement autres ferviteurs &
fubjets du Roy , Marchands & autres , tant du pays de Picardie , de la
|3otneé dp Bjois que ^^'.ailleurs > les one bleifez 6c xpueiUez ^ oftez ce c^^'ilt
DE PHIL. DE COMINE5. 449
«Toicnt , & emmenez prifonniers , & baillé ledit Duc de Bourbon feu- ^ 4^ J*
f été & fans conduite comme ennemi, (jui n'eft pas grand commencement
xle mettre bon ordre & provifion au fait de ce Royaume, ainfi ^ueMon-
iîcur le Duc de Bcrry & fes Adherans difent qu'ils veulent faire ; mais
ainfi que chacun puet cognoiftre & ofter le bon ordre que parvant y eftoit »
jk mettre & fufcitet la guerre, la pillerie & le defordre partout ce oui
pis eft , donner matière &c occaHon aux anciens ennemis &adverfaires les
Anglois d'entrer en ce Royaume , dont dommages & maux infinis fe
, pourroient enfuire , ainfi que les cas font autres fois advenus , comme il
eft tout notoire.
VL
<ilMtIcontens ou autres,en pei^vent avoirdit les paroles entr*eux au deu;ù du
Jloy *, mais pour dire tous les Seigneurs du Sang, rËglife,laNoble(Iè, & au-
,tres indifféremment s'en foient tus,cecy tourneroit à la charge de plufieurs
qui n'en peuvent mais, &7 en abeaucoupqui tcfmoigneroient du con-
traire , & quoiqu'isl en ayent dit, jamais n'en fut parlé, ne aucune chofe
remontré au Roy \ & fi Monfièur de Berry ou autres Teudent fait,leRoy
cufl volontiers donné provifion ,s'il y euft caufe & matière de ce faire , &:
n'y devoit-on pas procéder par telles liçues,tonfpirarions& a&mblées de
Îiensen armes, ne ufer de telle voye defaitfic d'hoflilité aUencontreKle la per-
onne du Roy, ne faire fi grands troubles,tiunultes, dommages & inconve-
niensau Royaume,comine ils ont fait,quifontfi grandes ooenfes&fi hauts
jcrimes comme chacun fixait, & dont tant d'inconvenienspeuvent enfuire,
•& pour ce femble que de cet article on fe fuft bienpeu déporter fans don-
ner fur <e fi grand charge au Roy , ne à ceux qui n'y penferent oncques.
Mondit fieur de Bcrry dit qu'il eft feul frère du Roy , & à prefent fon VIL
héritier prefomptif , i qui le mal du Roy & du Royaume * doit def-
}>laire plus que d nul autre, & pour ces caufes , voyans & cognoiflàns
eschofes deffiifdites, lefauelles fe pourroient plus porter & foutenir
iclon droit & raifon , a efté meu & confeillé de la plulpart des Sei-
gneurs du Sang & autres notables hommes de ce Royaume , & auflipout
la feureté de fa perfonne , & à Coj depanir de la compagnie du Roy , &
fiîioindre& afiembler avec leditSieurKoy deSicile & lefditsSeigneursdu
Sang,afinque par leursconfeils & de ceux des Eflats du Royaume foitfaite
remontrance au Roy deschofes dont a caufe de foy douloir , poure y eftre
mis la provifion telle qu'elle eftnécefiaire pour le bien de luy ,de f^iCou-
ronne , & de la chofe publique duRovaume , en quoy il dit qu'il fe veut
employer pat le bon advîs & confeil des dcflufdits, requérant ledit fieur
RoydeSiale que fonplaifir fufl foy adjoindre & affifter avec luy &lesSei-
neur^ du Sang&EflatsduRoyaume, ainfi qc&e par rai(bn faire il doit.
Le Rc^ (çait bien que mondit fieur de Berry efl fon feul frère & Ta
toujours aimé <x>mme A)n frère , & au xegard d'eflre héritier prefomptif
xlu Roy, le Roy ne dit oncques , ne fk dioie dont il eut caufe de fby cou-
loir pour empêcher s'aucune chofe lui doit avenir en ce cas qu'il ne lait»
mais la mercy Dieu , le Roy eft encore jeune te vcnueux , fie la Reineeft
^ efUt de di{pofitioa de porter des enfans*, fie eft i prefent en-
TomtlL LU (éxiùz
n
450 PREUVES DES MEMOIRES
itinôtc d'enfànc y.8c de ce qui furvioidra en ce cas , le Roy le remet
' ^^ ' en la difpoficion de notredit Seigneur » & après à Notre-Dame ôc faint
François, lefquels il a efperance eftre en ce cas fesmoyenneurs envers lay*
V 1 1 L £c à ce ^ue mondic (leur die Berrv die que le mal da Roy 6c du Royau-
me kiy doit plus déplaire que à nul > & voyant Se connoiUant les choC»
dont il a parié» lefquelles ne fe pourroient plus poner ne foutenir feloft
Dieu & raifon , a efté meu & confeillé de la pluipart des Seigneurs du
Sang & autres notables , 6c aufli pour la feureté de fa perfonne fe join-
dre 6c adèmbler avec ledit fîeur Roy de Sicile 6c Iddirs Seigneurs ^
afin de faire remonftrances au Roy par leur confeil, & de ceux des Eftars
<da Royaume > defdites cbofes dont a câule de fe douloir , pour y
eftre mis en la provifion » telle qu'elle y eft neceflàire pour le bien de
kiy 6c de la Couronne & delà chofe publique.
Il ferobleau Roy que mondit (leur de Berry doit eftre plus enclin après^
luy au bien du Roy & du Royaume que nul autre , &quant i ce ^u*ii dit
que les chofes dont il parle ne fe peuvent plus porter , ne foutenir félon
Dieu & raifon , chacun peut connoiftre Tâge de mondit fieur de Berry »
tantoù il eft de prefent , comme de celuy où il eftoic au rems du trépas
du Roy, que Dieu pardoint;& auâichacunpeutcongnoiftrelageJavertU
& Tcntendement que Dieu a donné au Roy , & à prendre les chofes en
la manière que mondit fieur de Berry fait pour en faire la remonftrance
au Roy s ilfemble que c'cftune écrangemanieredefaire,car ileft tout
notoire que le Roy eft fon chef, fon Roy & Seigneur fouverain , & luy
doit mondit fieur de Berry hcmneur , obeiflànce , fideKté 6c fervice , 8c
ji*eft pas à luy de entreprendre connoiflànce de reformer le Roy,ne VEO-
tat du Royaume , & la forme 6c manière qu'il le prent , ne parce que die
eft deftùs , quelque confeil qul( ait eu , il n'ovoit pas eu caufe
fuffifante pour foy partir a Foccafion deflufdire de la compagnie
du Roy : 6c fe luy , le Duc de Bourbon & autres Seigneurs , avoient
aucune chofe à remonftter touchant ces matières , ils le deuflènt avoir
fait à VaQcxtAAéc dernièrement à Tours , où le Roy parla à eux tous fi
doucement , & fi benignement comme chacun ffait , en leur difant & re-
monftrant que s'il y aroit aucune chofe, dontilslevoulfiftentadvertirpour
le bien du Royaume , il y pourvoyeroit volontiers par leurs bon advi»
& confeil y i auoy par l'advis & délibération de eux tous , fut refponda
au Roy par la bouche dudit fieur Roy de Sicile, qu'ils étoient fes loyaux
fubjets & fervitcurs , & que le Roy eftoit leur fouverain Seigneur , &
Touloient 6c eftoîent délibérés de le fervir envers & contre tous , & de
vivre & mourir avec luy , & d'autre chofe ne luy parlèrent.
I Xr Et quant à ce que ledit Monfieur de Berry requiert l'adjonâion du*-
dit fieur Roy de Sicile en ces matières , afin que par fon advis & cotifeil
& des autres Seigneurs du Sang, aufiî des gens des Eftars de ce Royaume,,
foie pourvu aux fautes dont il a parlé , ainfi qu'il eft necefiàire pour le
bien du Roy 6c delà Couronne , & de la choie publique duRopume.
Le Roy a bien confiance au Roy de Sicile qu'il ne fe joindra avec
jnondit fieur de Berry ne autre , au préjudice du Roy , mais luyfemble
que cette adjonction dudit fieur Roy de Sicile que ledit Monfieur de
Serry requiert eft bien contraire aux Lettres , efcriptes & fcmonce»
t ledit Monfieur de Berry & fe& Àdherans ont fait publier par ce
r
DE PHIL. DE COMINES. 4^1
Royaume , que cous les Seigneurs eftoienc tous d'une commune voix
& opinion en ces matières, & nommément ledit R07 de Sicile, & qu'ils ^ ^^
avoient tous fur ce baillé leurs fcellez & promeflès , & fe ain(î euft efté
an'il fut vray , ib n'etiflènt pas de prefent requis avoir Tadjonâion du*
4it fieur Roy de Sicile,& s'il y a pluueurs autres Seigneurs, de ce Royaume
qui ne font pas de cette fuitte , mais font délibérez de fervir le Roy en-
vers & contre tous , comme tenus y font , ainfî qu'il eft aflèz notoire *
parquoy ne.(bnt à croire toutes leschofes qu'ils difent en cettepartie.
Et au regard des Eftats du Royaume, il eu bien certain que à caufe des X.
nouvelletes furvenues & des maux jâ enconunencez , ainfî aue deHus
cft déclaré , donc la confequence eft à doubter de venir beaucoup .
pire s'il n'y eft pdurveu , les gens defdits Eftats ont trop plus grand
caufe d'eu:ddouloir& plaindre,que de chofe qui ait efté faite au précèdent.
Mondit Seigneur de Berry dit au furplus que fon intention eft toute y.,
tendante à bonne fin , & luy femble qu'il feroit bien requis pour le bien
du Roy , du Royaume , de la chofe publique que les Seigneurs du Sang
& trois Eftats du Royatune duenient convoquez , fuftènt aftèmblez en
lieu feur & convenable , pour faire remohftrance au Roy de leurs do-
léances 9 pour eftre par luy & leur v confeil donné fi bon ordre & pn>-
vifîon pour le tems advenir , que ce foit au bien& à l'exaltation de luy,
du Royaume & de la chofe puDlique.
Le Roy a tousjours defiré & deure le bien de fon Royaume & de fes
Subjets, & y a pené & travaillé au mieux qu'il a pu , & eft difpofé de
faire mieux que jamais *, & quant les Seigneurs de fon Sang ou autres
viendront par devers luy,ainu& en l'eftat qu'ils doiventypourl'advertir &
luy faire remonftrance d'aucunes chofès au bien du Royaume, U les re-
cueillera &oiiirabenignement,& leur donnera les provifîons convena-
bles par bon confeil &c advis, & tellement que chacun aura caufe d'en
eftre content. Et quant eft d'aflèmblet les Eftats, veu le voyes de fait &
exploits dontlils ont ufez Se ufent chacun , pour veoir Se congnoiftre
comme ils ont mal pris le chemin pour faire raflèmblée defdits Eftats ,
& ne defire point le Roy le mal dommage nedeftruâion, d'aucuns de fes
Subjets , mais eft courrouflfc Se deplaifant , quant il voit & congnoift
qu'ils font chofe allencontre de luy , ou aucunement qui ne foit bonne
éc raifonnable, & aimeroit beaucoup mieux que autrement fuft : Se com-
bien veu la faute Se ofFenfe que plufîeurs ont commife allencontre de
luy , Se ait bien caufe de procéder contre eux, ainfî que raifon & juftice
le veut , & qu'il eft accouftumé faire netelcas,neanmoins quand il verra
Se congnoiftra qu'on fe voudra radreftèr envers luy , Se le connoiftre Se
obeïr comme l'on doit fon fouverainSeigneur,& de kiâêr ces mauvaifes
& de teftables voyes qu'on a commencées , dont tant de maux Se incon*
yeniens peuvent advenir à tout le Royaume, ainfî que defîîisa efté touché
il a tousjours efté & eft enclin comme Prince de mifericorde,à pardonner
â ceux qui ont fait lefdites fautes& otfenfîcs , & mettre en oubly toutes
les cho(es paftces , Se les reprendre Se tenir en fa bonne grace^aufli quand
ils voudront perfîfter en leur mauvais vouloir Se entreprife allenontre de
luy, & dont (e lachofe eftoit foufFerte,il enfuiyeroient maux innumerables
le Roy eft difpofé de y dotmfirJUprovifîcyi , ainfî aue i un Roy Se Prince
Lll 1 fonveraia
XIL
Tiré des
Xecueiis de
M. r Abbé
Le Grand,
4S^ PREUVES DES MEMOIRES
jfbuverain appanient de faire félon raifon > auanc tel cas advient.
£c quant a ce quemonditfieur de Berry dit que nonobftant toutes let
chofes faites & pdflces , en quoy aucuns des ferviteurs du Roy ont gran-* .
demçnt mefpris envers luy,iïe{lcontent peur Hionneur duRoyde mettic»
tout en oubîy , & qu'il ne; leur fera touché à fon poutchas., ne i fa ce^
quefte à personne ne en biens.
Le Roy a accouftumc , 6c fi ont tous les autres vertueux Roys de
France , de garder & entrtenir leurs ferviteurs en liberté & feureté w
fans qu il foit loifible à autre oue à luy , d'entreprendre fur eux aucune
correàion , & qui confpire allencontre d'eux^ cnacun fçait le g^and criri
me que c'eft , & fi autrement fe faîfoit , jamais Roy ne feroit bien ne
loyaument fervi , 8c aufli quand ils ont failli en aucune chofe > c'eft aur
Roy à lespunirou pardonner felôn fon bon plaifir*, ôc pour cefembleaoi
Roy qu'on fc pouroit bien déporter du contenu en cet article.
Par le Roy en fon Confeil , auquel MeflSeurs les Comtes du Maine &:
d'Angoulefmc, FEvefque de Poitiers , les Comtes« deTane^rville , dc^
Lavaur, Captau de Bûch , le Sire de Grave , les Comte de ComingeR
ôc fieur de Boifmenard Marefthaux de France, les Sires de Bùcil»
Comte de Sancerre , de la TremoiUe , de Chaftillon >. dcTorcy , de la-
fiorde, du Lau , deBaynne, deBafoges, de Montfcrrand, deMontreul »
de la Rozie , Maiftre Jean Dauvct , premier Prefîdent , Mcflire Geofiroy-^
de Saint-Belin , Chevalier , Maiftre Eftienne Chevalier & autres. E(-
tantâ Saumur le premier joue d'AirriL, L*anmil quatre cens, foixantel
quatre avant Pafques^
X t I v:.
i^ Sommation , Tjutrptllàtion & Commiffîon dé CKarlcs ^fils S frera
de Roy yPuc de Berry , à Monfeigruur UDuc de Calahre , Lorraine,
&c. Jean II. pour prendre les armes , &fej oindre avec luy & autres
Princes du Sang 9 contre le Roy Louis XL& ceux de ^n Confeil ^
pour le. bien public du Royaume. 14JSS..
CH A R L E S, fils & frère de Rois de France, Duc de Berry -, à nof-
tre très-cher & très*amé Coufin le Duc de Calabre , Salut : Comme
dépuis le trefpas de Monfeigneur,que Dieu pardoint,nous avons eu plu-
fieurs complaintes & doléances par les Seigneurs du Sang , & autre»
notables hommes de ce Royaume, du- grand defordre quiaefté en
tous eftats audit Royaume , par le faux &c dèsloyal coh(eil d^àucuna
proches ferviteurs de Monfeigneur , tendans^à leurs fihguliersprouiits 9
plus que au bien de mondit Seigneur , du- Royaume 8c de la chofe pu-
blioiie , dont s'en enfuivroit totalement la deftruâion d*iceluy , la-
quelle caufe , &. auflî pour la feureté de- noftre perfonne que fen*
nous en très^-grand danger par leurr faux ic mauvais rapports , nous
ibions tirez devers beau Coufin de Bretagne, lequel nous a grandement
recueillis & de bon voulbir de nous joindre de aflembler avecques tou^
les Seigneurs du Sang, & les trois Eftat» du Royaume , pour faire re*
monftrance à mondit Seigneur defdites doléances , à ce que par luy 6c
leu£ confeil , y fuft donné pour l'advenir fi bon ordre & provifion , que
ce fîift au bien 6c exaltation d'iccluy Royaiune > & de la chofe publia
que
DE PHIL-DE COMINES. 4jj
Se, fans rien toucher à Teftac de fa pcrfonne , ne aux droits de fa ■
)iironne ^ & coft après , nous venus devers notredic beau Coufin de t^6$
Bretagne y fommes allez au Pays d'Anjou* > à la Roche-au-Duc ^^
aceompaj^ de noftredit Couftn de Bretagne , aufli de beau Couiîn
de Dunois y de Loheac Se d'autres , auquel lieu trouvafmes
beaux Oncles , le Roy de* Sicile > & kiy fifmes remonftrances dc$
chofes deirufdites > & de notre bon vouloir & intention , tendant à toute
bonne fin , & que pour le bien de mondit Seigneur & du Royaume^
eftoit befoin que kfdits Seigneurs du fang & Eftats du Royaume
fullènt aflèmblez en lieu feuf & convenable > kquel beaux oncle loua^
& approuva noftredite intention , ainfi qu'il appert par i'efcript qu'il
nous en bailUfigné de fa main i en outre fefoubmift d'aller ou envoyer"
devers mondit Seigneur , pouckiy en faire remonftrance » Se nous en»
faire le rapport tantoft après*^ Pour raccompliflètnent des chofes def-*
fufdites y noftredit beaux Oncle cnvoy^ devers mondit Seigneur beau
Coufin le Comte de Vaudemont , le Sire de Clermont & le Juee d'An-^
)ou, leiiquels luy r^[>porterent (on vouloir Se intention v Se icefuY" nous> '
fift fçavoir par Révérend Père en Dieu > l'Evc^qoe Se Comte ac Ver-
dun 4 2c les Sires de la Foreft & de Fontaines^ après la(][ueli:e bien en-*
lendue & congnue , n'appert point que mondit Seigneur ait intention ne
vouloir de condefcendre aux fins & conclnfions deffus touchées , tant:
utiles Se proufitables au bien du Royaume Se chofe publicjue d'icelûy »•
ains par le mauvais confeil u'il aentour luy, continuer fon indignation
& malveillance vers nous 9 vous Se autres Seigneurs du Sang ,. {ùivancr
Boftre intention au bien du Royaume , fans vouloir attendre ne donner
aux chofes dedhfdites provifion ne remède convenable; pour qupy c(t
requis Se neceilàire que en fon defFaut de nous-mêmes là y donnions r
Se que pour ce faire > vous Se nous fniiffions foindre enfemble pan
puinànce Se autrement», à ce plus grand inconvénient n'advienne audits
Royaume t fi vous prions Se re^uefbns fur tout l'amour que vous avez â»
nous , & que eftes attends zvt bien du Royaume & delà chofe publiauet
d'icelûy > que incontinent , & en la plus grande diligence que pofliDle
fera , vous marchiez avant en pays en bonne pui^nce , pour rencontrer
nous Se noftredit Coufin de Bretagne & vous joindre à nous & les autres
Seigneurs du Sang , aufquels pareillement faifons fcavoir noftredite in-
tention , es parties que plus convenablement faire le pourrez , à ce que
nous eftant enfemble, puiilions par bonne & mure délibération Sa pac
vos advis & conseils , Se celuy des Eftats dit Royaume , pourvoir ait
grand defordrequien tous Eftats eft en iceluy- Royaume, ât faire régner
E' iftice , entretenir & garder l'autorité de l'Eelife & la- liberté des No-
les,ceÛèr Se faire ceflèr toutes voye^de fait , de force > & de violence,qui
chacun jour ont eu , &autres ont cours par ce Royaume*, ofter Se faire
ceflèr 1 es aydes , impofitions , quatriefme , huitieiine*, & toutes autres
charges , oppreffions & exaé^ions fur le pauvre peuple *, fors feulement
la Taille ordmaire des Gens d'armes , laquelle auca^ant feulement côura
lufqu'à ce que par les Eftats du Royaume , querbrief efperons ademblec
pour eftre par leur confeil donné ordre aux faits d'icelûy ,/oit advifâ
d'en faire diminution Se telibulagement audit pauvre peuple , qu'il fera^
LU 3 advifi
454 PREUVES DESMEMOIRES
^^^^^^^^^^ advifë , fc pouvoir & devoir faire , & en tant que îneftier , cft vous don-
^ 4^ /• nions par ces prefentes Se à vos Lieutenans & Commis pouvoir de les
faire aéscrier en tous les lieux où vous paÛèrez ou envoyerez , â quoy
voulons eftre obeï comme à nous-mefmcs; les deniers ddfqoels aydes ,
imponcions , quatriefme & huitiefme que vous trouverez avoir efté le-«
vez du temps pa(fê jufques à prefent , qui feront ez mains des Collec-
teurs , Receveurs ou Fermiers & ceux de ladite TaiUe, tant du temps
pafTé que que du temps avenir > coprune dit eft : voulons & vous don-
nons auffi pouvoir de prendre ou faire prendre , lever & recevoir pour
employer à Tentretenement des gens Jic volbre Armée , 8c de com-
mettre tel ou tels perfonncs fuffikntes qui bon vous fcmblera , i en
faire la recepce Se mife par voftre Ordonnance , lefquels en rendront
compte » & leur fera la mife employée par vos relations ou par celles de
celuy ou ceux de vos Officiers que vous aurez commis à les bailler de
par vous , vous donnant & à vofdics Lieutenans & Commis , de par ces
Î>refentes donnons pouvoir de entrer à puiflànce > ôc ainfî que bon vous
emblera en toutes les Villes , Citez , lieux & Places du Royaume , de
requérir ou faire requérir ceux qui en ont la garde > de vous en faire
ouverture pour les mettre & tenir ez mains de nous , vous & autres Sei*
gneurs du Sang , ajoints avec nous de prendre les fermens de tous les
Habitans en icelles Villes & Places qu'ils ferviront Se enfuivront nof-
tredite intention , qui efl au bien de tout le Royaume , de commettre
8c députer à icelles Villes & Places , tenir & garder de par nous telles
perfonnes que verrez eflre à ce fuffifantesSc propice, de prendre ou faire
prendre par puiflànce d'armes 8c autrement , comme mieux pourrez le
tsàït , toutes Villes , Places 8c Habitans d'icelles , èfquelles on vous
aura refufé faire ouverture 8c obeïr à vos fommations , injonftions 8c
commandemens ; de punir les coupables ou leur pardonner » comme bon
vous femblera, 8c verrez aux cas appartenir, 8c généralement de faire
en toutes les chofes deflùfdites , 8c toutes autres requifes & neceflàires
en tels cas , comme nous-mefmes le ferions & pourrions faire en nofbe
perfonne, fiprefensy eftions : ce que de noftre part entendons faire »
promettant avoir acreable , tenir ferme & fiable tout ce que vous
6c vofdits Commis de par vous aurez dit 8c fait ez chofes deuufdites ,
leurs circonftances 8c dépendances > & vous y porter foutenir de tout
noflte pouvoir , fans jamais aller allencontre } Et afin que nul n'ait caufe
d'ignorance que vous , nous & autres Seigneurs du Sang forons joints
pour faire leldites chofes 8c autres fervans au bien 8c utilité dudit
Royaume, Se fous ombre d^ignorance , prendre excufation de non vous
obeïr , nous vous avons baillé & oârôyé ce prefent pouvoir fîgfté de
noftre main , fcellé du fcel de nos armes , pour leur en faire apparoir ,
déclarant que tous ceux qui obéiront à ce que ferez 8c ordonnerez félon
le contenu en iceluy , aurons pour bien recommandez 8c feront recon-
nus de leur bonne obfervance 8c volonté au bien dudit Royaume ; 8c
aufli de ceux qui feront le contraire , en fera fait telle punition qu'il
appartiendra , comme de ceux qui feront defobeiflâns Se empefcnan$
le bien du Royaume&de lachofe publique d'iceluy,& voulons que au A^--
Jimus de ces prefi:ntes valablement retenu 8c autentiqué,pleine foy foit
>td)outé^
DE PHIL. DE COMINES. 4^^
adjoatée comme à l'Origmal. Donné i Nantes , le vingt-umerme jour ^ . ^ e
d'Avril , Tan 4p grâce muquatre cens foixanc-cinq MÛj^gné Charles.
Et plus bas > par Monfeigneur en fon Confeil > M i l et. & fcellc en
queuië du grand Sceau midic Seigneur Duc , en cire vermeille.
X L V.
Déclaration des trois EJlats de Brabaru ,' Limbourg , Flandres , j4t^
tois y Hainaut , Namur 9 Matines & Anvers , par laquelle ils rr-
reconnoijfent le Cornu de Charolois comme leur Seigneur apris la mort
du Duc de Bourgogne fon Père.
A Bnixclks le 17 Avril 1^6$.
IN nomine Domini Amen. Novcrint univerfî prefcns publicum in(. ]^^{on^]^
trumcntum infpcûuri , quod cùm nupcrrime lUuftriffimus Princeps j^" Code-
Sc Dominus, Dominus Philippus Dux Burgundiae, Brabanciae , &c. Re- (^L
verendos Patres Dominos , Prelatos ac lUuftres Comités, Baroncs & alios
NobÛes , Milites, & militâtes nec non civitatum , & Oppidorum com-
munitates, très Status Ducatuum ,Comitatuum & Dominiorum iuo-*
mm vidclicet Brabancise, Limburgix , Flandrisc , Arthcfii, Hannonix &
Namurci, nec non Marchionatus facri Imperii & dominii de Mechlinia
reprefentantes ad hoc pet litteras fuas convocatos , inter aUa per orga«*
num nobilis & egregii Viri Domini Pétri , Domini temjporalis de Goux
& de N^erdergrecte militis , confiliarii, & cambellani lui in efièâu re-
quifierit quatenus illuftriflimum Principem Dominum Caroium Comi-
tem Cadrdefii filium &c hercdem fuum tanquam talem ac in Brabancùt ,
^ aliis Ducatibus , comicaciburque & cxteris dominiis fuis fucceflbrem
unicum & univerfalem , qualis & prout erat &c eum efle volebat & de-
clarabat , agnofcerent, tencrent & reputarent , & ijoft mortem fuam ip-
fum ut talem & eorum verum Dominum recipere lub fide& juramentis
fuis ut tenebantur, promitterent & reputarent , ut dolus & machination
emulotum domus Burgundiae contrarii ftatui domini fHii fui fraudaren-*
tur : hinc eft quod anno à Nativitate Domini milleiimo quadringente-
/îmo Texagefimo quinto , indiâîone tertia décima, die verè vigefima
feptimo mentis Aprilis hora quintâ poft meridiem velcitciter,Ponti£-«
çatus fanâiffimi in Chrifto Patris & Domini noftri Domini Pauli divina
Providentia Papx fecundianno |>rimo ,coram prenominatis illuftriflimis
Dominis Duce&Cadrale(iiComite,in nobilium & prepotentum domino^
rum teftium ac noftrorum notariorum infràfcriptorum prefenriaperfona-
liter conflitoti Reverendi in Chrifto Patres Domini Tornacenfis & Atre-
batends Epifcopi ac Abbatesquam plurimi dominiorum [M'ediélonmiEc-
cle(iafticorum,illnftres & nobUes Domini de Naflbw& de HuerneComi-
tes & alii milites & militares nobilium » & procerum nec non civitatum
& oppidorum deputati communiuni , feu plebeyotum ftatus memorari
Domini Ducis dominiotum fxpefatorum > reprefentantes per organa£c«
cleHaftici videlicet Reverendi Patris Domini Gofluini Abbatis Monafteriî
iandi Pétri Hafflegemen£s Ordinis > fan^ Benediâi, Cameracenfîs Dio^
ccfis.
45<^ PREUVES DES MEMOIRES
oobiles veto generod Domini Johannis de Angia^^militis Domini cempo'
* 4^4* jalis de Keftergatc , communitaces âurem Brabancix Ducac^^s , Henrici de
Palude oppidi Bruxellenfîs Secretarii ceteroruin quoque dominiorum vide-
cet Flandrûe , Archedi ,Hannonias , Namurci & Mcchlinke MagiftirMa-*
thûe Grotheere oppidi GandenfisPennonariirucceffive&diftinâim pre*
taâam requifîcioiiem ijefumences 6c récitantes f\c ad eam in effeâu ref^
pondérant^ quod ipfa Requ^fta ex qua finceram & paternalem diâi Do-
mini Ducis erga preiibatum dominum G>mitem Cadralefii fuum filium
afi^âioBem concepenint, eorum&iingulorani ipforuin animos ceddide*
cat quam jocundûs , ôc de illa quam plurinnim gratulantes €am comptée-
cebantur. Quodque juxtà illam , quanvetiam potius ipfi eidem Doniino
Puci quànV ècontra ipfe eis feci(Ie debuiÛènt , ut diceDatur fuprâ diâura
Dominum Comitem Cadrale(îi tanquam filium & verum heredem fuum
. ac in Brabanciîe &c aliis Dùcatibus ^ comitatibufquç ic dominiis fuis pre«
diâds unicum & indubitatum fuccefTorem , & pro tali nomine patriarum
& dominiorum facpediârorum habebant ^ tenebant & reputabanc, 6c
quod. horum contrarium in eorum nunquam inciderat mentes aut cogi«
cationes , fibique morte ipfius Domini Ducis , utinam non propinqua »
nutu Dei contmgênt^, ut tali ac eorum vero 6c indubitato Donuno more
fidelium fubditorumobedire vellent 6c deberent, atque ut defuper preli*
bâti Domini Ducis animus eb ma^is redderetur quietus , Hbi & dié^o Do-
mino Cadralefii defuper & in illius corroborationem quamcumque pol-
Ucitationem & promifllionem Hve verbo & cumiingulorum juramento »
ûvc litteris & figillis fuis , aut alio quovis génère fibi Domino Duci ma-
gis placito & per eum ordinando facere fe promptos & paratos , obtule*
runr, addentes prediâorum nobilium & communium ftatus per organa
quorum fuprà , quod fi qui fotfan jam vel impofterum eflènt qui in prx-
minis , aut eorum aliquo contrariam , aut diâo Donnno Cadralefii pre-
(udicialem haberent opinionem feu voluntatem » aut aliquid contra eum
molirentur , conarentur aut machinarentur illis totis viribus , bonis âc
corporibus Gbi Domino Cadrale(ii aififtendo refîfterent , quam quidem
sefmnptionem prefatus illuftriffiraus Dominus meus Dux Burgundis
gratimmam habuit ac etiam ita poftquam viam univerf^e carnis ingreilus
k>ret fieri voluit & mandavit ex parteque prefati Domini Cadralefii tribus
ftatibus prediâis , inde erates redditte funt de & fuperquibus premiflis
ikpediâus Dominus Cadralefii petiit (ibi à nobis notariis mfràfcriptis 6c
Îuolibec noftrum fieri 6c tradi mftrumentum publicum unum vel plura.
âa fuerunthxc Bruxellx ,Camera€enfisDiocefis,inquâdam aulâ fupe-
riori Curias Ducalis Brabanciac , anno > indiâione , menfe» die, horâ , 6c
Pontificatu auibu6 fuprà ', prefentibns ibidem nobiJibus & prepotentibus
Dominis Ludovico de Lucemburgo, Comité fan£ti Pauli, Theobaldo Do-
mino Novi Caftri Marifcallo Burgundire , Johanne de Novo Caftro Do-
mino de Monte acuco , Pctr© Domino de Goux & de Vcrdergrette mili-
ttbus , Magiftro Paulo de Rota , Tbefaurario & Canonico Cameracenfi
te Guiileimo deJSifches Ballivo,Regio fan6^ PetriMonafterienfis,teftibus
' ad haec omnia vocatis & rogatis.
Et -ego Theodericus de Heyken Presbiter Cametacenfis Diocefis ; pu-
^Ucus fiurris Aj>o{lolLca 6c Impcïiali au^oricatibus notariuç > quiafta-
%.
DE PHIL. DE COMINES. 457
tûutn, dominionimpncnarracoram refponfioni » oblacioni & gratiarum ^
cecidirioni& habhioni> cecerirque praemmls oinoâ>us.& iÎQgulis»qt]ae dum ^ ^
(ic>uè prxmittitur fierencdicerencur & agerencur unà corn pnenooiinatis
Dominis ceftibusfupràjucNocario puUicoinfrafcriptisincerfuijeaqoe fie
fieri vidi 6c audivi, ideo hoc prxfens publiciim inftrumentum manu difti
infra£cripti notani fîdeliter fcripcum fub^cipfi > publicavi Se in hasnc
publîcam formam redc^i> figno(jue & nomine meis folkis uni cum
codom fubrcripro nocario fignayi rogacus de requifinis in fidem robur.âc
tcdimonium ptsmtfibrum omnium & finffjâotmnij^iié.dciicykcnyavec
paraphe.
Smiiliter eeo Adrianus de Bliét , acolirus Cameracenfis Diocefispu-
blicus ApoftoTîca & Inxperiali auâoricatibus, ac venerabilis Curix Came-
racenfis Notarius , quia recicationi & refumpcioni diâae Requeftae ac
^ ad illam modis qoibus fuprà per fin^ulos Aatus , feu eorum deputatos
£a£be refumptioni , cecerilque prsmiflis , unà cum >Iocario Se ceftibus
fuprafcripcis interfui , ideoprslens publicum inftrumentum manu inea
]>ropnâ fcriprum exinde confeci , illudque unà cum figno & rubfcrip-
tionediâiprxfcriptiNotarii, etiamfigno& nomine meis folitis, hîc me
eàdem propria manu fubrcribent.e fignavi requifitus ijignidc Qliec^ avtc
parapha.
CoUatiqné par AL Godefroy f fur T original , Jumt m la£hambrp des
Comptes de LMUa
X L Vî.
1^ Saufconduit du Duc de Btrry y pour its jimbaffadcurs du Roy^
CH A RLE S , fils& fîpere de Roys deftance , Duc de Beny -, à tous lîré âct
iccux qui ces prefentes Lettres verront , Salut : Comme Monieigneur Rccucih de
ait-piûs nagueres envoyé pardeveis nofttetrès-cher&très-amc Oncle le M. TAbbé
Roy de Sicile , Révérend Père en Dieu l'Evcfque de Poitiers^e Comte de ^^ ^"^
Maulevrier , Grand Senoohal de Normandie , & Maiftte Jean Dauvet »
premier Prefident de Touloufejpour eftre& afiifter avec noftredît Oncle
d traiter .& pratiquer aucuns oons appointemens fur les différends
meus , à cautè des doléances remontrées aufdits beaux Oncles Roy de
Sicile , à la Roche-au-Duc , Se foit ainfi que noftredit Oncle, comme mé-
diateur defdits Traitez& appointemens » ait délibéré d'envoyer le(dits
Evefques de Poitiers , Grana-Senechal Se Prefident de Touloufe ic au»
cuns autres de Tes gens , pour afièmbler en aucuni lieu , qui fera âdvifé
avec aucuns qui fieront commis & députez de par nous, pour illec com-
muniquer & conférer fur le£dirs différends & pratiquer aucuns bo ns
moyens de les pacifier Se appointer , fi fiiire fe peut ; l'efquels Eve(-
que , Grand Seuecbal Se Prefident , attendu lefoirs différends , dou-
tant que aucun empefchement leur fuft fait ou donné en leurs perfon*
nés , en allant , menant & fi:journant , ont fait , Se font difficulté de
venir , Se eux tranfporter à laaite aflcmblée , s'ils n'avoîcnt feuretc de
nous : Sçavoir faifons , que nous defirans lefdits diffetends eftre bienap*
patfez^ ^ufdits Evdfquç » Grand Sencchal Se Prefident , à chacun
Tome //• ' M mm
45S PREUVES DES M^E MO IRES
1465. d'eux , avons donné > & donnons par ce^ preTentes , boime & loyalle-
feureté de pouvoir aller , venir , lejourner ic reconrner , foir pareaa
ou par terre , eux, leurs gens , ferviteurs & autres de leur compagnie»,
tels & exi tel nombre 3c eftat tju'ils voudront , Êms ce que aucun def-
touibier ou empefchement leur foit fait , mis ou donne en leurs per-
fonnes, & à leurs biens , en quelque manière que ce ibit , durant ce^
prefent mois de May. Donné a Lefperonniere , lez-Nantes , le fécond
jour de May , l'an mil cjuatrecens foixante-cinq, zinû^gné Charles».
Et plus hasy par Monfeigneur en Ton Confeil ».de A im^ r ax , avec par?
laphe > & (celle en queue de cire rouge.
X L V I !..
déclaration de Charles Comte de Charolcis » que la r^erve faïu de*
laperfonnedu Roy [ Lotus XI. \dans le Traité /ait avec fAr cher efque:
de Trefves r^aurapoiru de lieu.
A- BniaeUes » le i j; May 14^^^
Tiré de >^HARtES de Bourgogne, Comte de Charolois » Seigneur dcr
acM ^Go* ^^ Chafteau-Blein & de Bethune , Lieutenant General démon très-re*
éefroy. douté Seigneur & Père. Comme puis n'agueres nous ayons fait ^certai-
nes alliances &c confédérations avec très-ReverendPere en Dieu , noftr&'
très-cher & très-amé Coufin T Archevefque de Trefves , efquelles ayons
fait certaines refervations contenues & déclarées en iceltes , Se entre
lesL autres , ayons refervé & excepté Monfeigneur le Roy, & il foit aind
que de ta part dudit très-Reverend Père, nous ait efté requis que ladite
refervation & exception au regard de mondit Seigneur le Rov^ , veuil-
lons déclarer non eftre comptifes efdites alliances St confédérations ,
fçavoir faifons :xiue nous inclinans à la requefte d'iceluy très-Reverend-
Père , noftre Côufîn , & pour l'amour queavonsà luy, avons déclaré &
déclarons par ces prefentes ladite refervation de mondit Seigneur le-
Roy , dont mention eft faite en nos Lettres natentes^ defdites alliances
Se confédérations , non devoir eftre comprife en quelque manière que
6e foit en icelles alliances & confederations«Donnéâ Bruxelles, le quin*
fiefme jour de May , Tan de grâce mil quatre cens foixante-cinq , &plus
bas y par Monfeigneur le Comte , figné }. Gros , avec paraphe, & fcell4
£un. Sceau en cire rouge » à. fimple bande de parchemin^
CoUaeionné fur C original en la Chambre des Comptes de lÀUe.^
XL V II L
*
Trêves ^Angleterre ^du. 16 May 14SS.
Tôt dès T G YTS » par la grâce de Dieu , Roy dé France. A rous ceux œn cer
Rccuciisdc JLj prefentes Lettres verront , Salut rComme depuis noftre advene-
U GmSl '"^^^^ ^^ Couronne , jjar le moyen de noftre trè«:her & rrès-amé On-
^^'^^^ cle , le Duc de Bourgpigne» aient efté faites & grifes certaines abftineh*
DE PHIL. DE COMINES 4^.»
<cs de gucrrCjtant =par mer qac par tepre» entre nous, nos Royaumes^ pays TUïT
•& fubjets d'une pm> 6c Ivmt Se puitfanc Prince, noftre très- cher & ^ ^*
•amé Coufin £douard, Rpy d'Angleserre , fefdits Royaume , pays & ùjh*
jets d'autre part 4 lerquelies alnbneoces depuis aient efté prolongées
d'une part & d'autre ^ ju^ues au . • % jour de ^
prochainement vcnans , Se comme par les «Lettres d'icelles abftinences
& prorogation peut apparoir, 6c pource que pendant ledit tems, n'u
«bonnement efté ^ ne (èroit pdfîble de traiter , ne appointer ^ matiè-
res , foubs efperance defqueUcs , ont efté prife; lefdites abftinences de
guerre , parquoy foitlebefoin de prolonger aucune îcelles. abftinences »
pour aucun tems , durant lequel en puille entendre à traiter 8c appoint
* ter lefdites matières ; & pour ce faire , eft expédient de envoyer aucun
homme notable avec pouvoir fu£fant depar nous , pour foy trouver
-avec , & en la compagnie de noftre très-cher & très-amé Cou£n le
Comte de Varwic , lequel comme entendu avions , eft pour ces caufes
"Venu deçà la nier es marches de Calais , où il eft de prefént s Sçavoît
faifons ,que nous confians entièrement en laperfonnede noftre amé 6C
féal Con(eiUer,& Maiftre des Requeftes de noftre HofteUGeorees Havart ,
Seigneur de la Rofiere & de (es fens , prudhomie , loyauté & bonne diîh^
gence , îceltnr pour ces caufes avons commis & conunettons , 6c luy
avons donne & donnons par ces prefentes , plein pouvoir , commî^n
Se mandement (peciai pour foy , transporter efdites marches de Calais
ou ailleurs , quelque part que (oit noftredit Coufin de W^arwic^ 6c fur
lefdites abftinences de ^erre , traiâçr 6c befogner avec noftredit Cou#^
fin le Comte de Varwic , & ceux de fadite con^agnie , ayans fem^
blable pouvoir de noftredit Coufin d'Angleterre , Se icelles aoftinences
prolonger ei} la propre forme 6c manière qu'elles ont dté par ci-de^
vant, c&puis le jour & l'heure qu'elles faudront jufques à tinet ans, pro«
venant enfuite*, & d'icelle prorogation , bailler fes Lettres en forme dûe^
en prenant les pareilles de ceux qui auront de ce puiltance de la parc
de noftredit Coufin d'Angleterre , & laquelle prorogation , nous avons
promis & promettons par ces prefentes, en bonne foy & paroUe de Roy>
& fous l'obligation 6c hypothèque de tous nos biens , avoir agréable »
Se renir ferme 6c ftabie 9 & en bailler nos Lettres <ie ratîjfication ,
quant requis en feront , en prenant femblables Lettres tatificacoires de
noftredit Coufin d'Angleterre ^en tefmoindece, nous avons fait mettre
noftre Scd à ces prefentes* Donné à «Monluçon , le feiziefme jour de
May , l'an de grâce mil quatre cens foixante-cinq , & de noftre Règne
3e quart.
X L I X.
KP* Lcttn du Rcy à Monjicur U Cornu d'Eu > du i^ May 146 X
DE f A R LE ROY.
TRès-cber Se très-amé Coufin » nous avons efté advertis que les gens Tfa-é im
des Comtes de Charolois 6c de Saint- Pol font Armée , en inten- RccncUsdd
tton>conune Ton dit , d'entrer fiy nos pays, des Marches depardeUy î*'il j .
Mmma Se ^^'^
•**
4^0 PREUVES DESMEMOIKES^
j^ & porter dommage i nous & à nos fubjets ; & avecques ce ^ avons (ç&
^ ^"^ k prife de Crevecœur & de Marleu y 6c pource que avons bien vouloir
& intention de y pourvoir , ainfi qu'il en eft befoin , nous vous prions
que en toute diligence faite mettre fus tout le plus <;tand nombre de
gens de guerre que pourrez fîner , & d'iceux faites raire les monftres
par noftre amé Se féal Confeifler > leMarefchal de GamaiTches» qui eft
par delà, ou par homme commis de parluy, & nous efrivonsà.M^
Eftienne Chevalier > que nous avons envoyé à Paris , qu'li fafle payer
tous lefdites gens que ferez mettre fus , qui par monftre & revue fe-i-
ront paflez & trouvez en habillemens Aiâîlans. Nous efcrivons auffi à
beau Coufîn de Nevers, que de Cst pan il faflè mettre fus le olusgrand
nombre de gens de cuerre qu'il pourra amaflèr y & femblablement ef« '
crivons audit Marefchal^de Gamafches , que luy & les gens qu'il a en
I fa compagnie fc joi.^nent avec vou»& beau Coufin de Nevers^, afin que
vous tous-joints enlemble, puiffiez mieux refifter aux entreprifes & mau^
vaifes intentions defdirs Comtes de Charolois 3c de Saint-Pol t fi vous
prions: derechef que vous^employez en toute diligence , & de tout votro
pouvoir , es chofes deflùfdites ; ôc S voyez que les gens defdits^ Comtes »
de Charolois & de Saint-Pol marchent en avant fur ce neflrepays^ met-^
Jinêrfus^ tez peine de les ruer Jus, de detroufler par tous les moyens qve. pour*
a*eft-àdire, rez relifterà. leurs entreprifes , de mefmement mettez peine de leur
abbanre & rompre le paflage , en manière qu'ils ne puiflfènt venir èz Marches do
détruire , par-de-çà , ne ailleurs fecourir le Due de Bourbon , ne autres qui fe font
ttrmc en- Jg^ju-^z contre nous , ne auffî porter dommage à^nous & ne a nosgens^
«eFlan^es* ^ fûbjets des Marches de par-de-li: au fbrplus , nous^ avons efcrit au
Sire de Torey & au Bailly de Vermandois^, que de leur cofté ils* faffimt
mettre fin le plus grand nombre de gens de guerre , que pourront , Ss
que fouvent ils envoyeur devers vous, pour vous advtrtir de tout ce
qu'ils pourroient fçavoir, femblablement envoyez pardcvcrs eux hom-
mes de voftre part , les adverti^ de tout ce que pourrez fentir , afinr
que par l'adyerti£fèment & communication que ferez les uns avecques-
lesautres^, ptuiSez-mieux eftreadvifcz , pour pourvoir & délibérer fiir
tout ce quivfera- àfft«rey.& toujours nous faites fga\oir des nouvelles*
qui furviendront , & en tout vous employer au mieux-ide voftre pou-»
voir , comme bien y avons fitiguliere confiance. Donné à Montluço»
le dix^huitieme jour de Mzy<ijigni L o y s. Et plus bas G. Pic art;.
Et en la fitifiription , â. nçftre très> cher Se amé. Couiin le Comcer
deEuâ.
Jb^uXon de Charles , Comte de Charolois f aux Càmmiffaîres qui dévoient:
traiter enJpn,nom avec les Ambajfadturs du Re^ d*£fcoJ/e^
Aa Qaefnoy.le xu May 14^5».
Tiré ac T Nftruûions^ à Mcflîre Phelippe Pot , Seigneur de la Roche, & Pierre^
i^ MG . ^^8*^®^ de Goux , Chevaliers , ConfeiUers & Chambellans de Mon-
dcfroy feigneurleDuc de Bourgogne » de ce ij^'ils feront Sc.befoigneront de pM
^* Mônfeigç^euÈ.
DE Ï>HÏL. DE COMINES. 4^1
iAonCàigRCVLT le Comte de Charolois, Lieutenant General de mondit ,
Seigneur le Duc , avec les Amba({adeurs du Roy d'EfcolIè , qui doivent ^ ^^
brief venir es marches de pat deçà.
Premicremeni. Lefdics Seigneurs de la Roche Se de' Goux verront les*
Lettres que lefdits An^bailàdeurs apporteront de par \cr Roy , & ouïront
kur chaige, en leur déclarant & e^^fant comme mondit Seigneur les a*
commis pour befogaer avec eux & en fon abfence y laquelle il excufe-
ront , confideré la Charge que mondit Seigneur ^ pcefentement pout le'
fait de larmée*
Item. Pour contraâer & faire unebonne arlliance entre U'Roy d'Efoofle
& (on Royaumev & mondit Seigneur de Charolois & leFays de mon-
dit Seigneur le Duc Ton père , contendront lefdits de la Roche & de
Goux, que par le Traitée defdittes alliances il foit convenu Se accordé ,
que le Roy & mondit Seigneur de Charolois feront & demeureront bons
ëc lovaux frères Se amis. Se que l'un procurera & pourchadèra-à^fon poiK
Toir l'honneur > l'Eftat , la conduite Se le profit der l'autre', pat tbus bons^
moyens ,& manières- licites Si honneftes , tour ainfi que fk>ur foy-*
mefme il voudroit faire & procurer , fans fraude ou malen^^in.-
lum. Que iceuK Seigneurs tiendront iècrets les faits , affaires & con-^
£iulx que l'un (ignifiera à L'autre', fans jamais les révéler ou manifcfter t
fierfonne vivant fans le confentement Kun de l'autre^
lum. Que les ennemis , gens de guerre defdits Seigneurs, ne pour-^
ront eibe favorifez » receus<, ne reteptez es Pays Se Seigneuries de l'ua
ht de l'autre , poui^faire ou'entreprendre' guerre, ou faire dommage au'
pays l'un de l'autre , & & aucuns gens de guerre ennemis disfdits Sei-
Îneurs veut demeurer ou paflèr par le pays oe l'autre , ce fera par Lettres*
e fauf-conduit^ lefquelles Lettres feront conditionées en tdie manière
que iceux gens de guerre ne pourront & ner devront faire ne confpirer
aucune chofe préjudiciable aufdits Seigneurs,ne à aucuns d'eux durant le
temps dudit fauf^onduit^
Item. Que autres* qui^ ne feronr sens de guerre, qui hanteront ou
eommuniqueronr pour fait de marehandife es Pays ddfdits Seigneurs ,
fer<Mit receus-efdits pays'L'un de Vautre pour l'entrecofirs de ladiitemar-*
chandife , fans fouffrir que aucune entreprife foit faite , fous couleur du-*
dit entrecours contre iceux Seigneurs^ ne aucuns d'eux;
Item. Que du Royaume d'Efcoflè , ou par fubjets du Roy & des payr
de mondit Seigneur de Charolois , qu'il a & aura après le trefpas de mon-
dit Seigneur le Due fon père', &:'des fubjets d'un*cofté & d'autre, ou:
par auttles â leur pouvoir ,Tne fera fait guerre, hôftilité ne dommage es
Royaume, Pays-, Terres on Seigneuries l'un de Fautre, ainçois y refîfte-
ront de tout leur pouvoir , & feaucùne chofe eftoit faite par mer ou par
terre au préjudice d'iceur Princes^ ils procureront &: pourchaflèronr de"
bonne foy, 6c fans'malengîn, de &ire faire la réparation des dommages,
^ui auroient efté faits es pays & fur les fubjets l'un de l'autre.
licm. Que fe les fubjets ' defdits Seigneurs- eftoient rebelles -ou défo-
béyflansâ l'un defdits Seigneurs , chacun d'etnc fera en ayde Se aflfiftan-
ce , fe requis en eft , pour réduire lefdits rebelles à robcyflànce de fon»
Seigneor^âcàce-fe employeront de tout leur pouvoir. Se jufques à ce
Mm m 3 que-
^___^ 4(Jt PREUVES DES MEMOIRES
fTTT' Que Icfdits fubjets fc foumcttront à droit & â juftice , félon la couftume
des pays où demeureront lefdits fubjets.
Item. Que les fubjets dudit Royaume d'ECcoSt & ks fubjets des pays
<le niondit Seigneur le Duc de Bourgogne &c de mondit Seigneur de
Charolois y auront bonne Se faite communication de marchandife les
uns avec les auci:es , ainfi qu'ils dnt elle au temps paflë , & feront trai«
cez les débats , queftions & affaires des fubjets a un cofté & d'autre félon
les anciennes couftumes ; gardées & observées efdits Royaume > Pays ic
Seigneuries d'un co&é & d'autre , Se feront à iceux fubjets entretetenus
leurs frianchifes , privilèges & libertés , ainfî qu'ils ont efté le temps
pa(fë > & fe il y a aucune difficulté , lefdits Princes Se Seigneurs en refer-»
yeront à eux la déclaration Se interprétation , pour y faire cy-après ce
qu'il appartiendra^
Item. Que fe kfdirs Seigneurs & Princes eftoient envahis ou af&illis
par aucuns » ils (èront tenus de fecourir l'un l'autre en dedans deux
mois après ladite requeftc , Se luy bailler ayde , confort Se affiftance de
gens de guerre , jufques au nombre de trois mille combatans , pour trois
mois entiers , fans les defpens de celuy qui requerra ledit fecours ; Se
lefdits trois mois pailèz , le Seigneur qui aura requis Se voudra avoir ledit
fecours , fouldoyera lefdits trois mille combarans , ou tel nombre d'eux
qu'il voudra avoir a Ùl charge|,& aux gages accouftumez félon le pays^ où
lefdits combatans feront employez. •
Itemp Et fe l'un defdits Princes Se Seigneurs a befoin de l'autre pour
Avoir plus grand nombre de combatans , l'autre fera tenu de fa puiâance
luy ayder jk luy envoyer plus grand nombre , Se tel qu'il pourra boimer
ment finer aux gages Se charges du requerrant le fecours.
Item. Et Ce lefdits Ambafîadeurs du Roy veulent referver le Roy Lovs
de France , lefdits Seigneurs de la Roche & de Goux les avertiront ae
l'eftat & di(pofition de France y Se diront que tout confîderé , l'on pourra
taire & non faire mention de ladite refervation , car le Roy d'Efcoilè n'a
aucun befoin de l'alliance du Roy , fors que pour le doute des Anglois 9
Jefquels font en trêves & abftinences , Les temps comme de quinze ou de
feize ans. Se ainfl la caufe de ladite alliance cdlè à prefent Se cédera le-
dit temps durante
Item. Et fe lefdits Ambaflàdeurs veulent Se entendent que mondit Sei*
gneur de Charolois doye fervir le Rov d'Efcofle contre les Anglois , leur
lera dit que mondit Seigneur a efte requis d'avoir aucune alliance au
Roy Edouard ^ pour ce qui peut toucher la feureté des pays qu'il a » Sc
quiluyadviendrontparletrelpas de Monfeigneur fon pNçre & aurf^ement»
Se que par ce moyen il ne fe poorroit obliger de faire guerre aufdits
Ançlois pour la querelle du Roy d'Efcoilè , mais il n'a fait & n'entend
à faire alliance qui foit au préjudice du Roy d'Efcodè , ne de fon Royaur
me y Se pour ce contenderont que de ce lefdits Ambaààdeurs fe veulent
contenter.
Item. Et fera dit aufdits Ambaflàdeurs » que mondit Seigneur entend
3ue efdites alliances foient refervez fes prochains parens , aufquels mon*^
it Seigneur le Duc fon Perc , & luy , onr d'ancienneté alliance^
/tem,. &t if lefdits An^bal&deurs requièrent avoir déclaration defdit$
AnçiPW
DE PHIL. DE COMINES. 45^5. _
anciens parens & alliez , lefdits de la Roche & de Goux diront que ce
font l'Empereur , les EfUfeurs de l*Empire , Meilleurs les Ducs de Berry ^ 1 4^ >•
de Bretagne > de Bourbon , de Lorraine > & les Ducs> de Bavière & de
Clevesr
Ittm^ Et s'il plaift aufdits 'Ambaflàdeurs de referver les deClufdits y
faire le pourront & en fera mondit Seigneur de Charolois côntenr.
^ Ittm. Et aa cas que lefdits Ambadkdeurs feront diâicuité au fait déf-
îtes alliances , iK>ur & à caufe defdits Angloiis , leur fera dit que iceuz*
Anibaflàdeurs foient concens de befogner pour autel temps que lefdites
alliances ou trêves d'entre Angleterre & Efcoiïè doivent durer , & après
le terme expiré , que lefdits Princes foient & demeurent entiers pour
traiter & befogner touchant le Roy & le Royaume d'Angleterre , & ce
pourra lors toucher d'un cofté & d'autre , ainfi qu'il plaira aufdits Princes
& qulls verront eftre à faire pour le mieux , lefdites alliances & confé-
dérations demeurantes au furplus en leur entier félon les articles delTuS'
déclarez»
lum. Et combien que îceux Seigneurs de' la Roche & de Goux ayent
pouvoir ample & gênerai fans exception ou condition , toucesfbis ils be«^
fogneront en ladite madère félon que deflus pft touchié , & non autre-^
ment ne plus avant.
Fait au Quefnoy le vingt-uniefme jour de A4ay , l'an mil quatre cen»
£)ixante-cinq y Signe , Chaulks , avec paraphe.
CoUadonéfur l'original en la Chambre des Comptes eU Lille.
•
Outre le Duc de Calabre & le Roy d^Efeoffe j que le Cornu de Charolois
mvoit engage^dansjis interejls^ il rechercha encore U$ ElcSeurs les plus
voifins defes Terres.
Le premier avec lequel il traita fut C Electeur de Trêves.
Ce Prélat ejioit de la Mai/on de Baden , & favorifoit la Maifon dé
Bourgogne ;. cependant il avoit lieu de ^aindre qu'une claufe inférée dans- •
un Traue antérieur fait avec le Duc de Bourgogne y par lequel le Roy
Louys XL avoit ejie excepté de ce Traité , ne fut un ohjlacle à execuur U'^
luy qu*ilferoit contre la France.
Le Comte de Charolois leva la difficulté, en déclarant par fes Lettres du-
iS. May 1465^ que la referve faite de la perfonru du Roy n^auroit point
de lieu y-ty-^ffiispage 468. apris quoy cet Archevefque ne fa point de diffi-
êultéde renow^eller u Traité par Lettres du^i.^ May i^Si^quifuivent.
L L
JLeitres dt r Archevefque de Trêves 9 par lefquelles il promet d* exécuter Iç
Traité d* alliance y qu'il avoit fait le 4^ May 1462.- avec le Duc
de Bourgogne.-
A Coblents le dèrnkc May 14^5.
JGHANNES,Deigratiâ,fanâxTreverenfisEcclefiae,Archiepifcopus, Tiié do^
facri Romani Imperii , per Galliam & Regnum Arelatenfe Archican- J!^"^*
cellarius> ac Princqps Eleâor : notum focimus univerfis> per praefentcs j^fj^* ^'
q^od ^*
^^^^ 464, PREUVES DES MEMOIRES
""""^^ quodlcum nos ad honorem Dci 9 nccnon Principatus » Domitûi & Tcp»
^^^i' XX nodzxy ac eciam fubdiconim nobis fidelium confolacionem » pacetn»
rranquillicatem , cotnmodum & profeâum quaTdam ligas^ confratcrni^
tates & inrelligencias , five pa£b cum iUuftriffimo Principe Domino
Philippo , Dei gratia > Bufgundix , Locharingis « ficabanôas Se Limbur^
gix Duce , Flandrix 9 Arrhciu > Burgundiae 9 Palatino Hannonix , HoK
landix, Zellandis & Namurci Comice, FnCiXj Salinarum & Mechli-
;ii^ E^omino , Confanguineo noftro cariûkpo , ineundas & ineunda da-
«er]imu5 in modum qui Cequimr : Johfpnes » Dei gcatia ^ Eleâus Se
jcoafirmatus TrevecenUs , facri Rojnani Imperii , Princeps Eleâor , ac
per Galliam & Regnum Ârelatenfe, Ârchicancellarius ^ & Philippus^
eadem gracia Bargundi^ , Xx>th|u:ingi2 , Brabantûe , Se Limburgix Lux »
Flandrios y Archomi > Burgundi^ , Paiatinus Hannontse , Hoilandts , Zei-
landiac , & Namurci Come^ , Fd^ > de Salinis de Mechiinia Dominus :
Notum facimus iSc recognofcimus publice per pr^fenccs , quod ad ho-
norem Dei , necnon Principatuum , Dommiorum & Terrarum noftra*
rum , ac etiam iubdicorum > nobis fidelium confolationem , pacem ,
tranquilli^cem » commodum & profeâum non per errorem , vel impro«
vide , Cpi fano fidelium npftrorum accedence confilio > mucuo quafcam
ligas > confracernicates & inrelligencias > five paâa duximus ineundas
fie ineunda prsfenciburque inimus » promiccences Se quilibet noftrûm
{)romiccen$ de cerca Tua fciencia firmicer , ac fpondens in verbo & lega*
icacc Principis > ac eciam in vircuce fuper eo prasftaci juramemi , quod
ex nunc Se inancea quam diu nos ambo in humanis vixerimus , veri le*
gales Se perfeâi fracres erimus Se amicî > quodque quilibet noflxûm
ejufdem tracris fui prxdiâi, honorem > ftacum» commodum & çrofecr
cum procurabit omnibus viis , modis » ad[utoriis & ingeniis , licicis Se
honeftis quibus melius > cum honore (civeric acque potueric » ficuci
fibi ipfi , in cafu fimili procurari , opcarec abfque dolo & fraude , acque
quod fecreca qux unus noftrùm ab alio > feu nomine alcerius percepe^
uc jSc incellevcric nulli homini umquam pandec, feu manifeftabic nid
confenfu alcerius incervenience , & quod ille vel illi qui alceri noftrûm
inimicabicur , in alcerius fracris fui praçdiAi Principacibus , Terris Se
Dominiis fciencer recepcari , vçl ;diquem favorem habere non debebunc,
nec pocerunr> quin immo arreftabuncur , capiencur Se puniencur > uc fui
qtiancum [
uc omnes amici > coUigaci & confederaci fui , fivè in Germania , fivèin
Gallia domicilium habuerinc , erunc alcerius fupradidbi fracris, fui veri
pèrfeâi , amici , confederaci Se coUigaci dolo & fraude ceflancibus. Qpi*
libec eciam noftrûm bona fide , cum Officiacis fuis in Terris Lucze^nbur-
^enfis Se Treverenfis difponere debebit, ut; ipfi in quancum pocerunt fine t
fraude non permiccanc , de una ek duabus terris prsedidis aliam <9Rip- j
nificari , fca cujuslibcc noftrûm Officiaci Terram , alcerius pra^damque»
ku capcionem in eadem fadbs > fidelicer ficuc propriam Pofl|PÎ' fui
Terram defendanc, nec prxdiâi Officiaci noftri, nifi caufa uxgcns Se ra^
fiodsi^iU; , fqb fueric affecurabunc yeniendi io caftra , oppida 3 fdrcalicià
■ ' • • %
*
V
DE PHIL. DE COMINES. 46^
6xx Gubernationi commifla , feu ipforum diftriâus y aut ibidem ma-
nendi qucmpiam , qui altcrutramJTcrrarum dampnifîcavéric, quin que- * ^^
rulantibu$ , de illo expedicam facient juxca fua mérita , juftitiam in
quantum , cum honeftate fieri poterie , & & caufà fe obrulerit, pr opter
quam falvus conduâus dari debeac , hoc cafu cavebunt prsfati Offi*
ciati talimodo > auod tepipore iiiius nihii fiât, aut procuretur per ilium
cui pnediétus > faivus conduâus datus fueritin prejudicium , aut per-
niciem Terne , feu Dominii cui dampnum datum fit. Item. Si fubditi
alterius noftrûm in Terris feu Dominiis Trevcrenfis , aut Lutzembur^
Çenfis prxdiâis eâScerentur Domino fuo altero , êx nobis rebelles , feu
. Kiobediente's aut alterum, ex nobis Dominum fuiun in Tuis juribus,
bonis, confuetudinibuS) Dominiis, Jurifdidionibus & eorum pertinent
tiis impedirent , feu aliquam inferrent injuriam , vel moleftiam , tune
tlter noftr&m eundem fideliter juvare, ac illi confilium, favorem & au*
xilium preftare debebit , ut talis fubditorum audacia compefcatur, dic^
tique fubditi ad debitam reducantur obedientiam & Domino fuo faciant
ea ad qux de jure , vel confuetudine funt aftriâi. Item. Si aliquis fùb-
ditus unius ex duabus Terris pra^didtis nobilis , aut Militarts aliquam
impetitionem habiierit contra Dominum alterius Terr« , tune Dominus
knpetitorum intimabit , hoc Domino impetito , feu fuis Gubernatori*
bus in Terra fua pracdiâa , & deinde quihbet noftrûm duos deputabit,
de Confiliariis fuis qui caufam hujufmodi diligenter audiant , &c exa«
minent & promedulo fuse difcretionis non faciendo partem , fub virtu^
ce fuorum furamentorum hujufmodi negocium in jure, vel amicitia
competenti déterminent fine , quod fi diâi Confiliarii noftri in eandem
fententiam concordare nequiverint habebunt , iidem poteftatem eli^en-
di quintum , qui utriufque Terrse vaflâllus exiftar , & quorum fententiam
diâus quintus laudavetit , illa manebit rata & inviolabiliter obfervetur^
yerum u prxfatos Confiliarios noftros fuper Eleâione hujufmodi quinti
contigeret efle differenDes , tune cujuslibet noftrûm Confiliarii , ad hoc
modo caufam dcputati nominabunt unum , qui utriufque Terrx vafïàl •
lus exiftat & mifla inter taies duos fone , diêkus quintus digatur ira vi-
delicet , quod fî queftio fuerit contra Archicpifcopum Treverenfem ,
tune ad oppidum Lutzemburgenfe , fi verè contra Ducatum Lutzembur-
jienfem, tupc ad civitatem Treverenfem praedifti convenient Confîlia-
rii , vel alibis ubi pro tune ipfis concorditer placuerit s pncterea fi fubdi-
tus unius ex duabus Terris pracdiAis contra fubditum Ttrvx alterius,
impetitionem habuerit fi fuerit fuper feudo , tune coram Domino feudi
& fuis Vaflàllis , fi fuper rébus immobilibus coram judice loci ipfarum
sérum > fi vcrb fuper aliis aékionibus perfonaiibus , tune coram jûdici*
bus competentibus ipfius impetiti , feu -rei hujufmodi queftio , feu im«
petitio cum expedita juftitia , vel aliâs congruo fine deducatur. Item. Jn-
rifdiâio Ecclefiaftica noftri Johannis, £leâ:i& confirmati Trevcrenfis,
&^elatorum ndbis fubditorum manebit Se fervari debebit per Dùca«*
cum Lutzemburgenfem , abfque aliquoimpedimento, prout antiquitùs
cxtiyt obfervatum , arque Ecclefix & Monafteria fingulxque perlonae »
eonmfem tam feculares , j|uam Religiof^e Diocefis Trevcrenfis , frudhis
irrcpientorum fuorum aUofque ipforum icdditus > fine impedimento ve-
Tome IL Nnn hère
:#
ff
466 PREUVES Ï5ES MEMOIRES
hctc & ducerc pocdnint per Ducataiu> vel terrain > vel aq^iam % 8c &o<r
'4^ 3* £ne prejudicio lircerarum 6c craâacuum perantea > incer noftros prxde*
ceâbres Duces & Archiepifcopos hâbitonim , quibus per prselentein:
unioncm » (eu intelligentiam in nuUo derogare incendimus ab hujurmo-
di quoqueliga , feu intclligentia » nos ambo commuck«r excipimus fanc-^
tiffimum Dominum noftrum, & fedem Apoftolicam» gloriofiffimum
Principem Dominum Imperacorem > & ChriAianiflimum Frincipem Re-^
gem Francis ^& eciaro non incendimus.» per prxrentem amicitiam» con^
ftacernicarem , feu confcderacionem prejudicare in aliquo confedera-
^onibus per nos , auc quemlibec noftrûm perancea fados » nec etiam-
Îardiis , antiquis èc perpecuis v quin immo taies confederationes 8c gar* «
iseremanebunc infuoeflè & vircuce , prout erant ance prxTentem amici»
tiam concraâam dolo 6c fraude in omnibus prsmiffis pœnirus , cedànti*
bus & femocis, in cujus rei teftimoniufn , bas Litteras fi^illorum noftro-
mm juâimus appenfione communirL Datum Bruxeiiis, eue quana menfis
Idaii 9 anno Domini millefimo quadringentefimo fexagefimo fecundo r
nos igitur Johannes, Archiepifcopus Treverenfis > &c. defirantes 6c vo«
tentes, cum illuftriflimo Principe Domino Karolo de Burgundia, Ka^
dralefii Comité » ac Bechunix 6c Caftribeiini Domino , &c. Confangui*-
neo noftro cariflimo , fimilia paâa , quae ipfe illuftriflimus Dominus Dus
Çurgundix , proeenitor funs nobifcum habcr obfervare & manutenere
eafdemligas,conrraternitates & intelIigentias,fivepaâaqu2fuperiùslaciÙ9*
defcripta funr ,. de noftra cerca fcientia ex nunc 6C in antea > quamdia
illuftrifljmus Dominus Karolus de Burgundia , Gonfanguineus noder,^
9c nos in humanis vixerimus habere , tenere SC integraiiter fine dolo
atqiie fraude obfervare , ex noftra parte promittimus & fpondcmus in*
cujus rei. teftimonium prxfences noftras Litteras, figillo noftro juflimus
appenfione communiri*. Datum in oppido noftro * Conftùentiat , ultima
^Cmflum^ menas Maii,. anno Domini millefimo quadringentefimo fexagefimo*
WL. Co- quinto. Sctlli £un Sceau en cire veru. gaulant à double queue iepar^
^^ chemin^
Collaiionné fur. C original ^ eflant en la Chambre des Compus de Lille.
Le Duc de Bavierrc , fEleSeur Palatin , & PArckevefquc dt Colognm
(e lieutretu^ujfi avec le Duc de Bourgogne & U Cornu de Charolois j &-
ces Frinces firent entre eux Us Traite^ qmfuivetH > mimera LJ IL &c.-
E I I.
1^ Déclaration' de Monfîeur de Berry , de pourfuivre Jhû dejfein dt
reformer U Public y le Rey ayant refufe V affemblee des Princes du Sang ^.
if autres Notables du Royaume , pour y pourvoir^ Ju z. Juin..
Tirf iti ^ H A R t E S > Fils & Frère de Roys de France , Duc de Bcrrjr : i
^^^\^ V^ nos bons amis , les Manans 6c Habitans , Se Communauté oe la
LcGnM^ ^^^ ^ bonne Ville d* Amiens, falut:Nos bons amis aflîfz avez peu
congnoiftre le grand defordre,qui en tous eftats a efté & eft au Rofaume
fat le manaeais &damunahlc conièiLdcccuz quiom conduit & confeilié
Mûnfieur^
DE ?HIL. DE COMINES. 4^7
Moniteur^» i>uis radvenement à la Couronne , les très-durs 8c eftran* > -
!ges termes qui ont efté tenus à tous les Seigneurs du Sang , Tes plus pro ^ ^ *
«chains parens i8c lèrviteurs^ aux Princes & Seigneurs de l'ancienne ^Ilfiac
4unitîé & alliance 4 qui tiftoit grand port &c Touftien au Royaume , auffi Coûter, Ai
i. plufieurs Chevaliers , ETcuyers 6c autres notables hommei^ , qui ail ^-^'
temps de Moniteur > que Dieu pardoint , ont ^i[poCé leurs perfonnes
<& biens au recouvrement dlceluy , Se expulfîon des ennemisv& à gran<>* ^
<le partie des gens de tous eftats ; & comme on a voulu mettre diflèniîon
Se divifîon entre lefdits Princes au détriment de tout le Royaume ; Se
d'abondant nous a > mondit Sieur » tenu de très^rigoureux termes , dit
plusieurs paroles mal Tonnantes fur noftte perfonne > fans en rien le
avoir deiKxvy , & nous a long-temps tenu en fubjeéHon extfefme & fans
«ftat 9 en telle manière que nous fonunes veu Se trouvé en grand doute
ie crainte de noftre penonne ; pour laquelle caufe & pour les grandes
<lameurs que avons eu fouventes-fois du defordte & piteux gouverne-
ment , qui en tous eftats a coilfs au Royaume pat l'enhortement des
Confeillers eftans en Autorité près de mondît Sieur , plains de toute
tnauvaifeté & iniquité , tendans à Teurs profits Se affeÂioh (Ingulierei
Se defordonnées ; defirant y pouveoir par le confeil & advis defdits
Seigneurs du San^ , nos parens , Se autres notablcls homitiies qui ont
Sromrs nous y ayœr & fervir au bien Se félicité de tout le Royaume 8e
e la chofe publioue d'iceluy , relever Se faire régner ftiftice , garder
l'autoriré de PEgliie , céder l'injuftice > voyes de fait » de force Se de
violence , qui clracun jour y avoient , Se ont encore cours ; oftcr les ex-
ceffives exaàions , charges Se oppreffions d'aydes & d'impofîtions fur tt
pauvre peuple , auflî pour fauver noftre perfonne > que (entions <9ftre
<n grand danger > nous nous fommes départis de avec mondit Sieur ^
•& venus a reruge devers beau Coufîn de Bretagne , lequel nous a benig-
nement receus ', & après avoir congneu noftre intention , qui eft entiè-
rement à l'honneur de la Couronne , au bien & félicité de tout le Royau-
me &~de la chofe publique d'iceluy , il s'eft offirtt àhous fervir, fecou-
rir & ayder de toute fa pui(fance y comtqf les autres grands & princi-
paux Seigneurs du Sang ont fait de leur part t or eft ainfi que par le
moyen de beaux Oncles le Roy de Sicile , nous avons fait remonltrer i
Monfeigneur le vouloir Se intention de nous y Se des Princes du Royau-
me , â ce que fon plaifir fuft de adembler nous Se les Seigneurs du Sang^
Se aurres notables hommes du Royaume , en lieu feut Se convenable pour
tsurvoir au faitd'iceluy, laquelle chofe mondit Seigneur n'a pas eu agrea-
le •, parquoy fommes délibères avec lefdits Seigntèurs du SaTig enfuir
noftre bonne, jufte & léale intention,ainfiaue pourrez vcoir par la tefponce
{>ar nous faire aux articles de Moniîeur , de laauelle nous vous envoyons
e double-figné : quelle chofes comme à nos bons Se efpeciaulx amis ,
vous avons bien" voulu communiquer & faire Ravoir: Sî vous prions
que à la conduite d#fdites chofes veuillez noiR eftre favorable & aydans,
ée faire a beaux Oncles de Bourgogne Se beau-Frere de Charolois , com-
me à nous , fc perfonnellement eftions «n voftre Marché , auquel beau-
Frere de Charolois avons ordonné & donné pouvoir de faire ceftèr Se
ideicrier toutes tailles ^ importions Se autres charges importables au po«
Nnn a vrc
^^____ 4^8 PREUVES DES MEMOIRES
IA$<. ^^^ peuple , & ce que par luy vous fera dit, promis & fait, & ordonné,
vous entretiendrons invioiablement fans enfraindre ; & à ce que ces pro-
fentes puidènt eftre , & foient i tous publia uement & manifeftemenc
congnues , nous avons voulu 8c ordonné icelles eftre faites en forme de
Lettres patentes, & fcellécs de noftre erand Scel : Nos bons amis le
fainét Elprit vous ait en fa garde. Donné a Fougieres, le premier jour de
Juin , l'an mil quatre cens foixante-cinq. Ainfi Signe , Par Monfeigneuc
en fon Confeil , C ha a l £ s. £i plus tas. Marchand*.
Lllt
Traité (Tallianct cntrtLouiSy Duc de Bavière y & C Manies , Comte Je
Charolois»
A Nuremberg le 4. Juin 1 4^5^
Tirédcl-E. -r UDOVICUS, Deigratiâ, Cornes Palatinus Rheni , Ba(&, altap-
m"^ L ^^ ^"^ Bavariae Dux , Sec. Notum facimus univerfis & iîngulis , ad quos
frov.. ° " praefcntes Litterx devenerint , attendentes , quod mutua Principum fo^
dera„ne dum beaevolentias & amicicias erga feipfos parturiunt , fed
ctiam Principatus , patrias , & fubditos corumin pace & tranquiliitate
confervant , itaque cùm jamdudum majores nofIriBavarixEhices, cura
Ducibus Burgundix mutuas benevolentias , amicirias & fœdera percuf-
ierint , & fefe ut veros , fidos & perfeâos amicos profecuti fuerint ,
quodque iUuftris Princeps eonfangumeus nofter percarilCmus Dux Karo-
lus de Burgundia , Comes KadraleGi > Dominus Caftrâ>eHini & Betliu*
nienfis , locum tenens generalis illuftris Principis , confan^uinei no£>
tri,percariifimi genitoris fui Domini Philippi, Ducis Bureundix Sec. fan-
guinis claritate, prudentia, induftriâ, & m fubeundislaboribus: atque-
graviflimis rébus conftantiâ , pcrfeverantîa , fummâque animi rnsh
Snitudine, & csteris virtutibus,&:rebus , quibus tantumPrincipembenc
ecet , abundantiflimè polleat , atque nobis fanguinis neceffitudine
fundlus exiftat, idcirco fupraçuâds & aliis honeftis & rarionalibus caufîs
mbti maturâ deliberatione pr^shabitâ, (anoque Comitum , Baronnm>.
Procerum & nobilium , aliorumque noftrorum Confiliariortim & fide^
lium diUâorum accedente conulio > ex certâ fcientiâ fratemitat;emv
unionem , amiciriam & fœdus cum diâo Domitio Karolo , in Dei Sal-
vatoris. nomine inivimus & fecimus > fecimus & kiimus fub modis, es-
Eituli$& tenoribus fubfec}uentibus..Pr//;7^. Quod nos fumus , & e(Iè do-
eamus fupradiâti Domini Karoli verus,fidus Se perfeâus frater , & ami-
eus > fie quod toto pofle honorem , ftatum , & commoditatcm ipfius om-
nibus modis licicis & honeftis, & qui cum honore effici poterunt procu-
]:abimus , & in efFeébi talirer ac fi pro nobis. , dolo , frauae , . aut malâ in-
terpretatione femotis , efficere aut procurare veUemus ; deinde bona
fide , totoque noftropofie procurabimiis , quèd amici & confederati nof-
tri, erunt amici & confecieraci ipfius *, tenebimus quoque ipfius faûa 8c
confîlia qux ipfe nobis fignificabit fecreta ^ nec fine confenfu fuo uu^
quam cuiquam viventLrevelabimus , pr^tere^ de. teoris» patriis & domt-
nii5.
DE PHIL. DE COMÎNES. 469
lioftris non f>ermittcmits fubditos noftros , vel alios quoCcumque guer- ^ .^-
ram , hoftilitarem auc incommodij^atem , feu damnum quodcumquc fu-
pradiâo confanguineo noftro parriis , terris , dominiis vel fubdiris fuis
mfcrri , verum toro noftro poflTe refiftemus ; & fi quidquam in con*
crarium fierec , bonâ fide & Hne quôvis dolo aur fraucle procarabimus ac
efficiemus quod de damnis & incommodicaribus qux in dominiis, terril
& parriis noftris fadcc erunt , fier condigna reparatio , tenebimufqiie &
reputabimus pro inimicis noftris adtores Se faétores diAoriim dam-
norum , guerras & hoftilitacis , iptifque damnum 8c incommodum infe^
remus , donec diéfci adores & faâores pr^diârorum damnorumfibi , pa-
rriis , terris , dominiis , aut fubditisfuis quem feu qijos deflFendcrurrt * ^Je croh
condignam reparationem fecerint , ncc denique inimicos ipfiu^ Domini quel faut //-
Karoli in patriis, terris , ac dominiis noftris rcceptabimus., nec eis ali- ''* c>iFcnd<^^
quem favorem prarftabimus , fed ft ibidem reperiantur' eofdem tamquàm ^^ "^ ' ^^!^C
inimicos noftros , capi , arrcftari OC puniri racienius, rurlum nonpatie- * 471. /i:-
mur morari ant refidere in patriîs, terris 6c dominiis noftris aiiquos quos gne 58.'
fciverimus velle inferre damnum aut incommodum praefato can-
fanguineo noftro, vel terris-, parriis, dominiis feu fubdiris fuis , nec
per nos aut Officiarios^ noftros , vel per altum quovifmodo dabimus fal-
vuih- conduâum, feturiratem aut modum conducendi , ad manendum»
feu refidendum Jaut tranfènndum indi<5bis terris, parriis & dominiis noC^
cris , nifi fub rali conditione quod illi qm obtinebunt didos falvos con-
duûus non debebunt , nec poterunt facere aut procurare aliquod dam-
num feu incommodum fupra:diâo confanguineo noftro, nec parriis , ter-
ris dominiis vel fubditis fuis : infuper fpondemus quod Ci confanguineus
nofter prsdiâusaûiones vel (juxrelas aliquas fibi contra nos competere
pretenderet , eafdem profequx poterit, prout juris €& 8c rationis. Dehinc
confentimusf & volumus,fi aliquae quacftiones.aut diiFerenrire moverentur'
inter fubjeftos diâî confanguinei noftri , &noftros caufa redditaum, he*^
redirariorum aut cenfuum , quod tradtari & terminari debeant per jus
ic legem , fecundùm confuetudinem patrie , in quâ talia evenient. Si
ver6 raies differenrise aut quxftiones eveniunt pro cafu perfonali, & uni
parrium non vellec , tamquam defenfoc capere jus coram Principe , M>
quo refidebit , ille de quo conquasretur caufam rationabilem uifpitio-
nis allegando , tune Omciarii patriae , in qua diâus defehfor erit lubdi-
tus , eligent Jùdices de patriis , feu 'dominiis diâi confanguinei , 8c
noftris ipfis parriBus gratos. Si ad hoc diéhe partes convcniant , & fi
circà hoc non concordent , tune confanguineus nofter deputabit unum
de fu% , & nos, unum de noftro confilio , qui duo Confiliarii (Ivopus eft,«
terrium eligent , 8c ca(u quo elTènt difFerentesin nominando diâum
tertium , quilibet didorum Confiliariorum nominabit unum , & forre
diriment qui de iftis duobus nominatis terrius erit ard decidendutn 8c
dererminandum didtas quceftiones 8c diiFerenrias , hoc modo videticet ,
quod fententia lata fecundùm judieium & opinionem diéforum duo-
rum Confiliarioram , & rertii fuprâ didto mooo deâi , aur per duos ip-
forum obfervabitur , 8c realiter , ac de fadto ipdus fier, executio, & unio'
ac fraremitas ifta viribus fubfiftere & durare deber , ramdiu confangui--
1ICU5 nofter ^8c nos in humanisf\ierimuSé Demum , nos Dux Ludovicus'
M n n 3 prxfatus
♦
^^___^ 470 PREUVES DES MEMOIRES
yT^~r" prsefatus , rcTervamuS) & nominatim excipimus in pnefenti fœdere frater-f
nicate & unione fereniûlmum Dominum noftnun Friderkum, Romano-
rum Imperatorem , &c Revecendj^mos in Chrifto Patres > Se illuftnfli-'
mum, acque illuftres Principes^ dominos confan^ineos affines , & amtr
cos noftros chariffimos , Rudbectum » Arcbiepifcopum Colonienfem 3
<jeorgium Bohemis Regem, FriderkumComitemPalatinum Rheni , £r«
fieftum & Aibertum Saxoniac , Sigifmundum Bavarias > 8c Sigirmundum
Auftriac Duces » acque eciam confencimus , quod fatpc diâus confangui-
neus nofter pariter poffic fibi reièrvaret&nofliinatknexctpeFeiBetporatum
Dominum noftrum 9 Romanonim Imperatorem, & tôt Principes ultra
Rhenuxn refidentes » (eu dominia fua faabentes , ^uot nos citrâ Rhenum
excepimus & refervamus , & eofdem Principe^ Litteris patentibus , & fi«
gillo fuo , (i^ilUtis nobis infrà hinc , & Nativitatem Chrifti de proxiniô .
f uturam/ignificare, & ut fuprà diâa omoia, & fingula iilibara & invio
tara , per(everent&: fubfiftant nos , DAc Ludovicus luprà diéhis , tenorc
prxfentium in verbo Principis » & iide data , loco prseftiti juraroenci fu-
prà diâo Domino Karolo , & eriam Oratoribus & Commiflariis fuis , vi^
delicet ftfiçnuo viro Petro de Hagkemback , fcutifero Magiftro Auke , ac
yenerabili £c xgregio viro Ferrico de Ciu(^ny , utriufque juris Dbâori
Archidiacono de Favernejro , in Eccleiîa Bifuntinenfi , ac Aube tcquxC^
carum Magiftro, nomine fuo recipiencibus ac acceptantibus , 6c ad hoc
fpeciale & plénum mandatum habentibus , ficuti licterx fuâc nobis dcfib-
per jporredbe , apertiflîmè edocuerunt. Spondemus 8c promittimus omnia
8c migula capitula , cLaufulas & articulos , prout podca, feu pofitae func »
firmiter tenere , obfervare ex parte noftrâ jprofequi , mc ullo umquam
tempore, dire^ vel indireâè, quovis quacuto colore , ingenio yelcauâ
per nos, vel alium feu alios contravenire , nec etiam contravenicntibns
confentire , dolo 6c fraude penitus (èmotis.In cujus leî teftimonium , bat
Litteras figilli noftri appenuone juffimusfic fecimus communiri. Datum
&c aâum Norimbergr , die Mercurii , quartâ Junii , anno à Nativitate
Domini , milleffimo quadrmginn^iimo lexagefimo quinto : &fetllc ifun
(Sceau en cire brune , pendant à double queue de parchemin.
Collationniffir l'Original étant en la Cha(nbr$ des Comptes de Lille,
l V.
Traite fT alliance çntre Federiç , Eleveur Palatin , ^ Charles , Comte
de Chfirolois.
AHei4eiberg> le 15 Juin 1465.
Sion^d ^' P R ID ER ICUS , Dei grariâ ,Comes Palatinus Rheni , facri Romani
M? Gode- X^. Ï^'^P^"! Archidapifer , Princcps Eleûor, Bav.ari^pque Dux.Notum
^y^ facimus univerfîs 8c ungulis , ad quos prxfentes Litterse devenerint , at-
cendentes quod mutua Principum fœdera, ne dum benevolentias & amir
cicias erga leipfos parturiunt , fed eciam Principatus , Patrias & fubdi*-
tos eorum in pace & tranquillitate confervant. Itaque , cùm jamduduia
^I/^joreç noljtri ^ Comités PaUûni Rhenf > facri ]R.omani Ipiperii f^ç\^
• \
DE PHIL. DE COMINES. 471
dtipiferi,Prkicipes£teâ)ore^», & Bavari» Duces , cum Ducibus Burgundiac
tnucuas benivolentias y amicitias & fœdera ihîcrinc & habuerinc , & fe- 14^^
(c uc viros fidos , & perfeâosàmicos profecuti fuerinc. Qaodque illuftm
Princeps > confanguinctts nofter , percariflimus Dominas Karolus , de
Burgundiâ , Cornes Kadraleiii \ Dominas Caflxibellini & Bethunienfîs »
b>cum tenens Generalis illuftris Principis co4ifangainet noftri percarif^
£mi genicoris fui Domini Philippi Dncis Bar^andis , Scc^ r;uiguinis cla^
xi^te , pnidentiâ', induftrii, ôc in fubeundis laboribus atque gravifli^
sus rébus , conftanciâ , perfeverentiâ , fummaque animî magnicudine 6C
exceris virtucibus 8c rebu^ , qaibus tancam I^incipem bene decet , a^
bundantiffime poUeac , atque nc^is fanguinis necellitadine junétas ex-
iftac , idcirco fuprà diÂis ôc aliis honeftis y 8c racionalibas caufis mori ^
aiaturâ deliberarione pnehabita , fanoque PrxlarorHm, Comicon», Baro-
num , Procerum &Nobiliunt, aliorumque noftrorum Coniilîariorum 8C
fidtUum diieâoram.accedenrecoa(ilioex cercâr (cientiar fratemitatem ,*
unionem , ainiciciam , 8c fœdus cum diéhy Domino Karolo in' Dei fat^
▼acoris nomine inivimus & fecimus > facimus & inimus fub modis, capi-
tulis dccenoribus rubfequencibus. Prima. Quod nos runius,&: tdk debea^
tnus fuprà diâi Domini Karoli, verus,fidus & perfeâus frarer &amicus y
fie quod roto po({è honorem , (lacum & commodicacem ip(iu$^ omnibus^
moais licicis 8c honeftis y 8c qux cunr honore effici porerunt prrocurabi-'
mus , 8c in efFeâu calirer ac H pro nobis , dolo , fraude auc m:ilâ incer-
precacionefemoris efficere auc procurare* vellemus ; deinde bonâ fidey
cocoque noftro podè procurabimus , auod amtci & confederaci noftrî
erum amici âc confederati ipfkis , cenebimus quoque ipiius fada & con-
filia qux-ipfe nobis fignificabic fecrera , nec (ine confenfu fuo , umqu.nnv
€uiqùam vivenri revelabimus «pranereà db terris y patriis & don^iniis'
iioftris non penmttemus fubdîtos noftros, vel alios quofctunque guer-^
ram, hoftilitatem autincommodiratenr» feu dammum ^uodcumquelapr^f
dléto confanguineo noftro*, aut patriis , terris , dominiis vd fubdiris luiV
inferri , verum roto noftxo po(Iê refîftemus , 8c fi quifquam in cono-a-
sium âeret boni £de , & fine <}uovis doio , auc fraude procura*
bimus ac efficiemus quod de damnis 8c incommodicatibus quas in dômi-»^
niis, terris 8c pacriis noftris faâia erunt , jfiet condigna reparacio , rené-
bimufque & repucabimus pro inimicis noftris aéSores* £t raAores diâo-»-
mm damnorum guerrx &: hoftilitatis » ipfifque* d^mnum &: incommd-*
dum inferemus, donec didi aâores & faâores prasdiâorum damnorum
fibi pacriis, cerris, dominiisaut fubdicis fuis quem feu quos ofFende^
rint , condignam reparationem fecerint, necdeniqueinimicos ipfius Do-
mini Karoiilin patriis , terris 8c dominik noftris receptabimus , nec eis>
aliquem favorem prxftabimus , fed fi^ ibidem- reperiantur > eofdem cam-
<|uam inimicos noftros capi, arreftari 5c puniri iacietnus rurfiim ; non pa*
Qemur morari , auc refiderein pacriis, cerris &dominiis noftris aiiquos
qnos fciverimus velle inferre damnum auc incommodicatem prxfaco nof>
taro confanguineo, vel cerris , pacriis , dominiis feu fubdicis mis , necper
nos , auc Officiarios noftros, vei per alium quovifmodo dabimus falvum
conduâam,fecuricacem auc modum conducendi ad manendum , feu refi-
dcndum auc ccanfeuhdum in cerris diâis,pacriis Se dominiisnoftrisjnifi fub
uli
47^ PREUVES DES MEMOIRES
^ tali condîrione , quod illi qui obcinebunc di&os falvos condiiâuS) tion
'^ ^' debebunc , nec poterunc facere auc procurare aliquod damnum feu in-*
cûmmodum fuprâ diSto confancuineo noftro , nec parriis» terris, domi*
niis 9 vel fubdiris fuis ; rpondemus eciam auod u fubdici pr^faci Po-
mini Karoli confanguinei noftri fibi erunc rebelles auc inobedientes, ad
eos in fuam obcdientiam reducendum noftro poflè ei fubveniemus , 8c
talicer quod diâi fubditi fe (libmictent>& ftabunr juricoram ipfo confan-
guineo noftro fecundùm patrie confuetudinero eidem obediendo , uc ra^
tionis erit. Infuper rpondemus , quod Ci confanguineus nofter prsediâus
aétiones vel quxrélas aliquas Abi contra nos competere. pretenderet ,
eafdem profequi poterie, prout juriseftSc rationis « de hinc confenci*-
I71US Se volumus , quod (i aliquxe qiKcftiones auc difterentise moverencur
inter fubditos di^i confanguinei noftri, & noftros cau(a rieddituum hx-
redicariorum auc cenfuum quod tra&ari Se terminari debeant per jus Se
iegem , fecundùm confuetudinem pacri^c, in quâ calia evenienc y u vcr6
taies différencia; auc quoeftiones evenianc pro cafu perfonali , 8c unapar^
, tlum non vellet , tamquam defenfor , capere fuo coram Principe , fub
auo reiidebit , ille de quo conc{U2eretur caufam racionabilem fuipicionis
. legando , cunc Officiarii pacrix , in quâ di^us defenfor eric fubdicus •
eligenc Judices de pacriis , icu dominiis di£bi confanguinei noftri , 8cnou
tris ipiis parcibus gracos , fi ad hoc didbe parces convenianc > 8c fi circà
hoc non concordenc, cunc confanguineus nofter depucabic unumde fuo
confilio , 8c nos unum de noftro coniilio , qui duo Coniîiiarii (i Dpus
çft cercium eligenc , & cafu quo eflenc différences in nominando did.um
tercium , quiUbec didlorum Cpnfiliariorum nominabic unum , 8c forte
diriment quis de iftis duobus nominatis cercius erit , ad decidendum 8c
determinandum didbis qusftiones & differentias, hoc modo videlicet »
quod fententia lacâ fecundùm judicium 8c opinionem didtorum duoruiil
Confiliariorum , Se cercii fuprà diSto modo eleâi , auc per duos ipforum
obfervabicur , ac realicer & de faûo ipfîus fier exccucio. Dehinc fpon-^
deoius quod fl fkpe diâus Dominus Karolus , confanguineus nofter , ef-
fec invafus per aliquos cum magna potenciâ , qui vellenc incrare terras
vel pacrias., auc dominia fua ad ea conquirenda ponendo obfidionem 8c
caftramecendo coram aliquibus de fuis civicacibus , villis auc forcaliciis ,
auc pro debellando noftro podè dum requifici fuerimus,& caufas feu
occafiones didVarum guerras & invafionis nobis (igniâcaveric^ei fubvenie*
mus in hiifque cafibus noftris expenfis pro cribus menfîbus efficere cura-
bimus , c|uod nobis poflîbiletfric, fed diâis cribus menfibus elapfis, ex**
penfis fuis flbi fubveniemus , hoc modo fcilicec quod ftipendia fecundùm
modum Francia: ftipendiariis dabuncur , & unio aç fracernicasifta viribus
fub(iftcre.& durare debec adquofcumque ftacus , honores & praeeminen*
tias nos devenire concigeric , camdiu confanguineus nofter » & nos in
humanis fuerimus , 8e uc fuprà di^a omnia Se fingula iUibaca & invio-
laça per feyerenc 8e fubfîftenc, Nos Fridericus fuprà diâus y ccnore prac-
fcncium in verbo Principis , 8c bonâ fîde loco jdramenri przftiti, fuprà
4i£to Domino Karolo , ac eciam Oracoribus & Commiffariis fuis , vide-:
licec ftrenuo viro Pecro de Hacqaiembacg , fcucifero Magiftro Aulxi ac
ycnçr4bili 8c egrcgio virp Fcrriço de Clugny, ucriufque jurisDojâori
ConfiUarii^
DE PHIL. DE COMINES. 475 ____
Conlîliariis fuis , nomine fuo recipientibus & acceptancibus , & ad hoc '4('5*
fpcciale ac plenuinmandatum habencibus , ficuti liiterx fuz nobis de-
(apcr porre£be apcrtiflîmè edocuctunc. Spondcmus & promittimusom-
nii & Itngula capitula, claufuias Se articulos proue poUca, feu polîix
funt firmicer , tencre , obfcrvare ex parte noftrâ profequî , nec ullo un-
quam cempore direftè vel indireftè , quovis quEfîto colore, ingenio vel
caufapernps vel alium , feu alios coniiaveniie , nec etiam contiave-
nientibus confcntirc, dolo & fraude pcnicùs femorïs} in cujus rei teftimo-
nium has litteras lïgilli noftri appenHone jufllmus & fecimus muniri.
Datum & adbum in caftro noftro Heydelberg , die fabbati, quinta dé-
cima Junii , anno à Nativitate Domini Dommi , mitlefimo quadringcn-
tefimo fcxagefimo quinto , Ofcelté d'an Sceau en cire brune , pendant à
double queue de parchemin,
■ CoUationnl fur C orignal Itant en la Chambre, des Comptes de Lille.
•
L V.
AHe par lequel Federic , Electeur Palatin , Je referve le droit de nommef
trois Alitez i pour les ex<epttr du traité ^alliance quil avoit fait avec
Charles , Comte de Charolois , ainjîque ce Comte en avoit aujjt refervê
trois dtjbn cojié.
A Heydelberg, le if. 7uin HSS--
FRIDERICUS , Dei gratis , Cornes Palatinus Rbcni ,facri Roma- ^îii Ae
niimperiî Archidapifcr, Princeps Eleftor, ficBavarix Dux, reenof- rEdirion
cimuStSc fatemur publiée perprzfentesjquod licet certa ffEdera,inteUigen- de M. Go-
tias Se uniones iniverimus cum iUuftii Principe confan(;iiineo noftro prx- ieCioy.
carinîmo Domino Karolo de Burgtmdià , Comiri Cadralefti, Domino
Caftribellim & Berhunienfi , locum tenenti gencrali , mccocndidîmi Do-
mini patris fui, de quibus latè patet litteris noftris iîgillo noftro figilla-
tis a de data diei Sabbati , quinta décima menlls Junii , anno Domini
millelîuio quadrtngenie/imo I
bac , Scutîiero &■ Ferrico de
Domini Karoliconfanguinein
fœdus 6c amicitias faciendun
conitiùt habentibus tradiris, ir
corU>us dftiis , non eft fada n
confanguineum noftmm Do
amicitia tefervare& cxcîpere très Principes per ipfum Dominum Karo-
liim nominandos ', tamen cùm Oracores pri^diâi fpoponderint diâutn
confanguineum noftrunj acquiefccrcvelle rcfervationi Ôc exceptioni trium
Principum fpccificacorum & declaratornm in litteris przdiâorum Pétri 8c
Ferrici de fuprà diSki data nobis traditiscxptefsè conlentimus & volumus,
quod ipfe Dominus Karolus iîmiliter point de valeac in bis amicitiâ Se
fcrdeie, tntelligeRrii & unionetefervarc &exciperc très Principes quos
ipfe Yoluerit , & quos nobis fignificabit hinc ad feftura Nacivitatis Uo-
mini proximi venturam t quorum caraen Pfincipum nominandorum ,
Tome IL Ooo dominia
t^ôs
Tiré des
Recueils de
M. TAbbé
Le Grand.
474 PREUVES DES MEMOIRES
dominia principaiia ultra Rhcnum fita fine & confticuanmr , cui qviidctm
refervacioni ôc exceprioniex nunc 9 prout ex tune ôc ex tune , prout èx:
nune annuimus & confenrum adhtbemus,quodqueauantumra<l illostres
Prineipes>ut pr2emitticur,nominandos prsemiflbrum tœderum vigore ipfe
Dominus Karolus nuilatenus obligetur. Infuper fpondemus &c annuimus
quod licet inter Principes , très pcr nos exceptes refervaverimus Rcve^
rendum Pacrem & illuftrem Principem Dominum Rupettum » Archiepif-
coputn Colonienrem & Germanum noftrum» Tamen fi idem Dominus-
Archiepifcopus Colonienfis recufaverit , inire fœdus , intelligentias &c
uniones cum praefato confanguineo noftro Domino Karolo » hinc ad fef-
tum Nativitatis Domini i>roximè futurum sfakem taies quales f^imus il-
luftrem Principem Ludovicum> Comîtem Palatinum Rheniy fuperioris-
inferiorifque Bavarix Ducem , confanguineum noftrum , cum eodem
Domino Karolo inivide , quod nos in eventum hujusrecufationis nonob-
ftantibus fuprà diâis vTervatione &c exceptiohe ac confenfu , volumus^
Se confentimus ipfum Dominum Archiepifcopum Germanum noftrum »
minime à prs&tis fœderibus eflfè exceptum, neque quovifmodo ipfum in-
àoc cafu tenenius refervatum , promittimufque fuprà diftb Dommo Ka-
rolo confanguineo noftro , ac etiam prarfatis Petro Se Ferrico fuis Ora
toribus, nomine ipHus Domini Kacoliacceptantibus , tenoce prsfentîitm
in verbo Principis ôc bona fide omnia fuprà di<Sta firmiter tenere , adim-
plere& obfervare , nec ullo unquam tcmporc dircâèvelindireftcquo-
vis ^usiHto colore , ingénie vel caufii per nos, vel alium feu alios contra-
venire , nec etiam contravenientibus confentire, dolo,fraudc& malâ in-
terpretatîone penitùs femotisJn cujus rei teftimonium,Has Litteras noftras-
figillinoftriappenfîone juflîmus&fecimusmuniri. Datum incaftro noftro^
Heydelberg , decimo quinto menfis Junii , anno à Nativitate Domini;,
millefimo quadringenteflmo fexagefimo quinta , £> jfic^/^ i/'i//r Sceau en^
cirebrunc y pendant à double queui de parchemin.
CoUationnifur l\rig^nal étant en la Chambre des Comptes de. Lille^
L VL
0CF Articles de raccord fait par le. Roy avec Mejfeîgmurs lès Ducs dt
Bourbon , de Nemours y Le Comte d^ Armagnac y ^ le Seigneur
d'Albrct..
MEflîeury les Ducs de Bourbon ,. de Nemours , Comte d'Armagnac^.
5c Seigneur d'Albret , & leurs predeceflèurs' , ont tousjours bicn-
fervy le Roy, la Couronne & le Royaume de France-, comme tenus y
font , & ont tousjours bon vouloir de le fervir ,. & le reconnoilTent leur
Roy & fouvcrain Seigneur..
Item. Et pource que lefdits Seigneurs onr intention de faire hum«
blei remonftrances au Roy de leurs* plaintes &c doléances , à quoy
le Roy , de^ fa grâce , a fait refponce qu'il eftoit content de donner
proviuon, & ont fur ce fait au Roy plufieurs requeftes, & ont par
dernier requis, & encore requièrent & fupplient le Roy î qu'il luy
plaife donner trêve aufdits Seigneurs , qu'ils puiflcnt faire fçavoir au»
Seigneurs de leur alliance, que le Roy. leur a accorde qu ils puiflent
envoyer
DE PHÏL- DE COMINES. 47c
'tiivehr^ devers luy leurs Ambafladeurs pour luy dire & expofer tout ce
qui lemblera *eftre à faire pour le bien de luy & du Royaume , Ôc que ^ ^ " î*
pour ce faire 9 le plaifîr du Roy foit d'afligner tel lieu qu il luy plaira , là
où lefdirs Aiid>a(tedeurs (c trouveront devers le Roy au jour de la fefte
-Noftre-Dame d'Aouft prochain venant ^ lequel lieu le Roy a aflîgné â
Paris, & au cas que le Roy n!y pourroit eftre audit jour, iceluy Seigneur
fera dire par le Prevoft de Paris , quinze jours devant ladite feue, à ceux
-qui viendront de par lefdirs Seigneurs > te lieu où le Roy fera le jour de
ladite fefte Noftre-Dame d'Aouft ^ pendant lequel temps lefdirs quatre
Seigneurs dedus nommez, envoyeront not^r aux autres Seigneurs dont
-demis eft ^te mention , qu'ils envoyent aufdits jour & lieu pour faire
tie par eux dire <& «xpofer au Roy ce que femblera eftre à faire pour le
bien de luy & de Con Royaume.
Jum. Lefdirs quatre Seigneurs , pendant ladite journée , bailleront
lainH Qu'ils pourront leurs doléances , afin qu'il plaife au Roy fur ce don-
'ner telle provifion qu'il appartiendra au point , le plus tard audit jour.
Jum. Le Roy , à la requefte defdirs Seigneurs, donnera trevis 6c abfti-
nence de guerre à ceux de la Ville de Bourges , d'icy à la fefte de Noftre-
'Dame d'Aouft , au cas qu'ils la voudront accepter Se tenir ; de auffi ceux
de Bourges ne feront aucune guerre au Roy ne à fespays^ fubjers»
pendant lequel temps mondit Seigneur de Bourbon pourra envoyer , fd
Don luy femble^ devers mondit Seigneur de Berry , lequel luy avoir
prié qu'il voutiift prendre ladire Ville de Bourges en fa garde , pour luy
ligniner & faire (çavoir que fon bon plaiiir foit de pourveoir à la garde
lie Bourges ^ zinCi que bon luy femblera , & enrre-cy & là mondit Sei-
gneur de Bourbon fera fetrairc fes gens hors ladite Ville de Bourges.
leem^ Incontinent les articles deuufdits accordez , jurez , promis 8C
paftèz d'une pan & d'autre , mondit Seigneur de Bourbon dedans huit
jours après la datte de Pappoinrement , au plus rard fera délivrer les
Senefchaux de Poitou , de Beaucaire , franchement & quittement , 6c
les autres prifonniers , qui ont efté brii depuis ces dividons ; & pa«
reillement le Roy fera délivrer Jeaft ae Coufan , Mr. de Sougerolles , &
tous les autres prifonniers , eftans des gens , fujets 6c ferviteurs defdirs
auarre Seigneurs , qui ont efté pris par les gens du Roy depuis lefdire^
ivifions', &fera en outre retraite fes gens d'artnes hors des pays de
mondit Seigneur de Bourbon Se des aurres trois Seigneurs deflus nom^
mez, & luy rendre fes Terres*, 6c auflî à Mn d'Albret les ïîennes. Se
de leurs fubjets & ferviteurs j qui ont efté prifes depuis lefdites divi-
iions, dans ledit çerme de huit jours , & demeureront les pays du Roy &
defdits quatre Seigneurs , en bonne union enfemble •, ceflera toute voye
de fait d'une part 6c d'autre \ 6c au cas que les autres Seigneurs de l'aU
liançe defdits Quatre Seigneurs ne voudront obéyr au Roy'au jour de la
Noftre-Dame d Aouft , comme ils doivent à leur fouverain Seigneur, 6C
que le Roy aura pourveu à leurfdites requeftes raifonnablement , ou
qu'ils fe monftreroient ennemis du Roy Se du Royaume & défobéyflàns .
au Rov, lefdirs quatre Seigneurs , audit jour de la Noftre-Dame d'Aouft,
fe déclareront qu'ils fervirq^t le Roy à l'encontre defdirs autres Seigneur»
& leur alliance , & tous autres , qui mal Se dommage voudroiettf porrer
au Roy & à fon Royaume* O o o i Itcmé
47^ PREUVES DES MEMOIRES
jaCu Ittm. Le Roy a odroyé à niondk Seignoir de Bourbon de non ch-
^ ^* trçr pendant ledit jour Noftre-Dame d'Aouft dedans les Duché & Com-
té de Bourgogne , la Comté de Charoloû » la Terre & Seigneurie du
Chafteau-Chinon , & autres Terres & Seigneuries enclavées efdirs Pays
de Bourgogne , voifines & prochaines de mondit Seigneur de Bourbon »
derqueiies Terres & Seigneuries enfembie > ne fera htit guerre au Rof
pendant lefdirs teins , pour & afin que mondit Seigneur de Bourbon
Eui(Ie plus convenablement traiter bonne paix & amour entre le Rov ^
îfdits Seigneurs de fon Sang , & autres fes Suiets. Toutes lefquelics
£ V IK
0C7 JUttn du Sieur Baluc à. Monpcur le Chancelier;.
Tiré des
Recueils de 7V^ Onfeigneur , je me recommande très-hiunblement à vous. Prc^
M. l'AbW -4 '^ f^^tement cft arrivé un de mes gens devers le Roy , par lequel Ic*-
Ic Grand ^*^ Sieut a cfcrit à Monfieur le Lieutenant & à moy , que Monfieur de
Bourbon eft venu à Varennes , qui eft à une bonne lieue de Saint Pour-
çain , & là eft Monfieur de Nemours , & Dimanche dernier aflèmblerent
ic parlèrent enfembie , mais mondit hpmme i^artit ce jour , &c nous a
mandé le Roy que incontinent la conclufion prife , il envoyera par deçà
un homme pour nous en advertir , je croy que auflîi fera-t*il à vous*, on
cfpere devers le Roy. qu'ils ne paniront pomt d'enfcmble fans appoint
tement , & auffi me l'ont eferit Klcffieurs les Senefchal de Guyenne &
Bailly de Rouen ; toutesfois ^e ne fuis pas de leur opinion , & doute que
ne foit que amufement , Dieu par fa grâce y veuille donner provifion ,
car tout le Royaume en a bien befoin ; le Roy nous^a eftrit que le Duc
de Milan luy envoyé huit cens hommes d'armes & mille enfans^i pied,
& Madame de Savoye cinq cens Lances : Monfieur de Foix ame^r
ne pareillement fon armée , & me femble que à la rigueur le Roy aura
du meilleur,' mais la douceur fut plus propice*. Monfieur, vous avez
grand honneur à la conduire du nays de par-de-là. Dieu vousdoint
cousjours bien continuer , & vous-aomt accompliflement de vos defirs ,
& bonne vie & longue; Efcrit k Paris le feptiéma de Juin. Voftre très-
humble ferviteur Balue. Et à lafukferipnon.. A mon très-redouté Seis-
gneur , Monfoigaeur k Chancelier die France.
I V I L
f3* Lettre de Guillaume Coufinoty à Monjituitle. Chancelier ^ toucKanr
le voyage, du Koy Louys XÏ. en Auvergne.
•lémcs Rc- \^ Onfcigncur , je me recommande humblement à vous. Pour ce
cuçiis. '^\ V^^. defirer , je fçay que vous defirez /(çavoir des nouvelles^ dont
depuis huit ou dix jours en çà n'ay pas eu bien loifir de vous^ en efcrire
,■ DE PHIi. 0E COMINES. 477
E>ur les matières qui font furvenuës : de prefent i ay pris un peu de *— **
i/ir de vous efcrirc du démené de nos matières clepuis le partemenc < 4^ 5**
du Roy de Saint Pourçain , pour aller àVarennes , jufques à prefent.
Il eft vray que après la première trêve prife à Moncluçon ^ à la re«^
Îtiefte de Monsieur de Nemours , dont à cette caufe avons perdu vingt-
eux ou vingt-trois journées de befognes y le Roy vint audit faint Pour-
cain, & auffi Monfeigneur de Bourbon vint à Varennes > qui n'eft que
a deux petites lieues dudit Saint Pourçain , & Âfmes plufieurs allées &c
venues les uns devers les autres^, & cuidions tous eftre appointez *, mais
foudainement Monfekneuf de Bourbon s'en partit dudit Varennes ,
Madame de Bourbon euant à Saint Pourçain , Se s'en alla à Moulins , ^ar-
ce qu'il avoir fceu que ledit fieur de Momagu ôc le Seigneur de l^ul-
ches avec deux cens Lances de Bourgogne , nous eftoient arrivez à Mou-
lins , & furent tous nos appoincemens pompus > & fembloit que les
Bourbonnois euflènt ja gagne leur queftion , laquelle chofe venue à la
congnoidance du Roy , pouree que on difoit que le Marefchal de Bour-.
^ogne venoit après avec quatre cens hommes d'armes , le Roy fit incon-
ûnent partir Sallezart ic Regnault de Girefme » & bien quatre cens
francs Archers ieheval de Bourgogne, s'il padbit la rivière de Loiret
& au regasd du Roy , il s'en vint audit lieu de Varennes ^ auquel liea
vint Monfieur de Chaumont > & les Chancelier & Lieutenant de Bout-
lK>nnois » & aufli le Bailly de Nemours , & derechef furent commencei^
autres Traitez *, & nous eftans là ceux de Vichy , de Varennes , de Rez*
de-la-Palidè , 8c tout le pays d'environ fe vint mettre en l'obéydance du
Roy ', lequel accorda aufdlts de Bourbonnois prefque cous les articles
qu'ils luy requirent»
Et nous eftans en ee^ termes , 8c que cuidions avoir fait , mondît Sei-
gneur de Bourbon ouït nouvelle que le Comte d'Armagnac venoit , &c
amenoit bien cin<^ ou fix mille hommes avec luy pour le fecourir , Sc^
incontinent il partit de Moulins accompagné du Sieur de Beaujeu éc du
Comte de Dampmartin , &c s'en vint par l'autre cofté de la rivière , tu
rant à Montagu en Combraille» âc delà àHermant , qui eft àdouzer
lieues de Rionn
Lefquelles cho(ês venues à la eongnoiflànce du Roy» il panit le lon^
demain de Varennes avec fon anillerie ^ & vint mettre le iiege devant
Verneuil , & fîit le dix-feptiefme jour de ce mois , laquelle pkce de Ver-
aeuil dès ce jpur fe mift en composition à rendre le lendemain , ou corn-,
battre , Se fut rendue ; Se pource qu elle eftoic fort préjudiciable à Saint
Pourçain , Se leur faifoit grand guerre, le Roy la fift abattre.
Et eftant ainfi le Roy a faint Pourçain , de retour de Varennes « lu^
vinrent nouvelles bien difFerente» du Comte d'Armagnac *} car elles di-
foient qu'il alloit à Bourges , les autres qu'il venoit à Riom y Se i cette
occafîonlc Roy fit incontinent parrir Monfieur de Cominge avec quatre
cens Lances, pour lïtct versMontluçon , & trancher le chemin de mon- ;
dir Sieur d'Armagnac, en^ cas qu'il iroit à Bourges, Se partit ledit Mon-
fieur de Cominge le Mercredy enfuivant> qui fut le vingt-deuxième jpuc
de ce mois.
Et le lendemain vingtième dudit mois> environ une heure après mi-
Ooo 5. mût.
478 PREUVES DES MEI^OIRES
^ nuit , nos cfpicB reroornerenc de divers lieux, que nousavions envoy&'y
<4^.^ Se fçuûnes pour vrajr, que ledit Mon(eigneur de Bourbon , Monueiir
de Nemours , Monfeignear d'Armagnac , Moniteur d'Albrec ^ le Comœ
de Dampmarcin , le Sieur de Beaujeu , & toute leur puiilànce, eftoienc
allez entrer à Riom le jour procèdent environ fouper , £c difoit-on qu'ils
feroient beaucoup de chofes , dont le récit vaut mieux teu que dit ; &
i cette meCme heute feifmes partir Merlki avec quatre cens fiancs Ar*
chers j>our aller renforcer la garnifon de Montpenfier , Se envoyafmes
d'autres gens devers tnondit Sieur de Cominge pour luy dire qu'il né
^aiïàft pas Montmorault pour tirer devers Montluçon , mais qu'il tiraft
vers Ganat , 6c ainfi le fift.
Et ce mefaie jour le Roy fe difpofa à j^rtir de Saint Pourçain ^ avec
le furplus de Ton armée , & toute Ton artillerie y pour tirer audit Ganac
&, à Riom , délibéré de vous venir aflieger tous lefdits Seigneurs & tou-
tes leurs armées dedans Riom , & coucnafnKS iceluy jour a Efcfaerolles »
<qui eft environ à une lieuë &c demie de Ganat.
Et le lendemain bien matin , qui fut Vcndredy vingt-un dernierl, Sdf
jezart & Regnault doGirefine^ Scmoy aUafmes <fevant Ganat par l'or-
donnance du Roy» Se eftoit dedans un quia nom le Seigneur de Ribes »
lequel repondit à Guyenne le Hérault , quand il le alla lommer de ren-
dre la place , qu'il ne congnofflbit le Roy , qu'il ne f^avoit que ceeftoit
Je ce Roy , & qu'il ne luy obéyroit points & que Mon/ieur de Bourbon
eftoit leur Seigneur , 6c qu'il garderoit bien la place pour luy.
Lefquelles chofes à nous rapportées approchaimes incontinent ladite
place , & defcendifmes à pied. Se vinfmes gagner les fauxboures du coft^
devers Riom , Se auifi ceux de Saint Pourçam , & les approchafmes de
fi près , que en moins de quatre heures y fans qu'il y euft coup d'artille-
rie tire , finon les coulevrines , nous prifmes ladite Ville d'aflàut , 8t
s'enfuirent tous les gens dedans le Chafteau ; Se environ une heure après
le Roy y arriva d'un cofté, & Monfieur de Cominge de l'autre , & moft
^ue le Roy fut arrivé , il fit dreflcr fon artillerie contre le Chafteau &
rompre le baftardeau qui tenoit l'eau des foflèz , Se commencer l'adàult
contre ledit Chafteau , lequel tantoft luy fut rendu , Se ceux de dedans
à fa volonté : & ce fait & qu'il euft mangé un oeuf, car' autre chofc n V
^voit* monta à cheval , Se toute la compagnie , & l'anillerie , & vin{-
rtits au gifte à Aigueperfe , là où les quatre Seigneurs deffus nommez
écrivirent au Roy une Lettre , & envoyèrent vingt articles bien eftran-
ges , Se À quoy il rut refpondu de mefmc.
Le lendemain qui fut Samedy vingt-deux , le Rov après-difner , pour*
ce qu*il eftoit jeûne , partit d'Aiçueperfe , Se toute la compagnie & l'ar-
rillerie vint loger à une lieue de Riom , & incontinent Moniteur de
Bourbon ouït fes nouvelles , qui monta à cheval & s'en alla par les Ma-
rais à Thiart , Se dc-U â Mouhns s & vous certifie que je ne vis jamais
gens mieux mouillez que nous fufmes ce jour-là s & néanmoins Dieu
qui conduk tout , pofé que la plufpart des gens & des chevaux fuflent
logez fous les arbres 6c es prés , chacun prenoit en gré,*^ Se n'avons per-
4a ne ^ns , ne chevaux , ne biens.
fs h]^ ^ni fut Dimanche vingt-trois, b Roy jfc toute fon armée vint
Joger
DE Pmr,. OE COMINÊS 47,' .
loger à MauAc & à Marfac , qui font à un quart de lieue de Riom, & vint ,
monditSgr.deNemours parler au RoViTuc les champs à reurecéj& grâces
à Nollrc-Seigneur rappointemem eft fait pour les trois Seigneurs , c'eft
aflàvoir , Nemours , Armagnac Se le Bret , & fe Monfeigncur de Bour-
bon y veut eftre compris , le Roy en eft conrent , & l'a ainfi accordé;.
9c auilî s'il n'y veut eftre compris , Icfdiis ttoifrSfeigneurs abandonnent
MonHeur de Bourbon & fe mettent de la part du Roy ; & devons tous
bien louer Dieu que au grand honneur du Roy , & ayant la force Se la
puinànce en fa main , les appointemens ont efté faits , que je n'eftime'
pas UD peu de chofe , veu la grande puiflànce q^ue on difoit qu'ils avoienr,'
Se les eftrangcs paroles que on difoit & fcmoit au préjudice du Roy , &
contre fon armée & puilËoice > &c me femble qu'il y a bien matière d'en'
regracier Dieu folemnellement par proccâlons , mcUès folemnelles , £c
autrement.
Le Roy audî a oâroyé , que tous les autres Seigneurs qui fe font cHc'
vez contre luy , foienc compris audit appointement s'ils y veulent eftre'
compris , & ftnon c'eft fon intention d'aller en toute diligence au de--
vant d'eux* Se fçavoir qui aura le droit ou le ton.-
Le LunJy z^'^Juitu-
L V I I !..
SromtSi dt Charles dé Boam>ght , Comte de Charoloïs ,■ de confirmer les
rriviUffs des Duchés de Brabant & de Limhourg^ lorjijuilfera
parvenu à lafucceffion de ces Pays.-
KtiCATttjf ik:^iixa.lXtt.ty yitm^Ututt mîierd-'BfidiFmii) k }. Juillet 14^;.
C HARLESdc Bourgogne, CoBitedeCharolois, Seigneur deChaf' Tifi àk
tcau-Bclin & de Bcthune , LieutenanfGeneral de mon très-redoutc ^Édition
Seigneur & Père. A tous ceux qui ces prcfcntes Lettres verronr, Salut: T.^' ^°'
Comme les bonnes Villes de Brabant nous ayent baillé leurs Lettres , '°^'
dontlatcncurtranflatcedeThiois * en François eft telle : NousBoutgue- *Thiah,
maiftres , Efchèvins & Confeil des Villes de Louvaîn , Bruxelles , An- Langue
vers , Bois-le-Duc , Thiclmont , Lcwes & Nivelles , des fccu , voulcnté, Thcudef-
& confentement des Forains , Larges GonGiulx , Doytns Jurez des Mef- qucuuAl-
riers , & autres bonnes gens généralement d'icelles bonnes Villes. Sça- l','"'"'* j "^
voir faifons a tous, que comme noftre ttès-redouté Seigneur Monfei- ''"™=™*'
neur Phelippe > Duc de Bourgogne , de Lothiers , de Brabant , de
.imbourg , Comre de Flandres , Sec. Nous n'agueres aflèmblez en la
Ville de Bruxelles , avec les deuif Eftats des Prélats & Nobles du Pays
de Brabant ,Sc ptufleurs autres de fes aurres pays , ait fait expofer par
le Noble Mgr. Pierre , Seigneur de Goux & de Vedergrare, CKcvalier,
Confeiller & Chambellan de mondit Seigneur
irès-redoutc Seigneur, meu de faveur & amouT
aulG lelîfter aux malveiilans deluy 8c de fes pays
sneuties Se Pays , après fon trefpas , appartenir
héritage à très-puifTanr Prince Monfeigneur Charle
te de Charolois > fon unique 61s legitune y déclarai
!i
48>o PREUVES DES MÉMOIRES
j ^ Charles eftrc fcul fon droit hoir & héritier, commandant aux autresEftats
^ ** de fes Seigneuries , & à nous à ce appeliez , que ils &c nous voulfiffions.
Tes déclarations Se ordonnances , tenir fermes & ftables , Se promettre
fous ferment de tenir, avoir Se recevoir après fon trefpas , ledit Mon*
feiçncur Charles pour noftrc Seigneur Se Prince , s*eft-iî que nous^ après
dehbcration de confeifTtir ce eue , confideranc que l'héritage du rerc
doit fucceder félon droit fur le feul Fils , Se defîrans obéyr aux comman-
démens de noftredit très-redouté Seigneur , ain(i qu'il appartient , re«
congnoiflbns iceluy Monfeîgneur Charles, fon feul Fils, efîre fon legiti^
fne héritier en fes Pays Se DuchezdeBrabant, de Limbourg, Marchion*
♦ Ccft-à- ne* d'Anvers , & es autres* Terres Se Seigneuries d'outre Meufe ', & que
liirc , Mjtr. nous fommcs tenus de , après le trefpas de noftredit très-redouté Sei-
f^i/at eneur , le recevoir en noftre Seigneur & Prince s promettans outre fea-
fAjivm. blement , Se fous ferment de, en enfuivant ce, le recevoir lors en noftrc
Seigneur & Prince , aind que avoirs fait mondit Seigneur fon Père \ Se
luy faire feaultc , ainfi que bons loyaux fubjecs doivent faire à leur Sei-
gneur Se Prince , & que avons fait à mondit Seigneur fon Père & à k%
predecelTèurs , moyennant que iceluy Monfeigneur le Comte de Cha-
rolois , le cas advenant du trefpas de mondit Seigneur , & qu'il prendra
la podèftîon defdits Pays , il renouvellera 6c confirmera premièrement»
& à fon entrée efdites VÛles de Brabant , leurs Privilèges Se le contenu
de la Chartre du Pays, laquelle mondit Seigneur le Duc oétroya à fon
entrée efdits Pays , & promettra de earder & entretenir les droits , fian*
chifes & libertez defdits Pays Se Villes , ain(i qu'ils ont promis , mondic
Seigneur fon Père .& fefdits predecedèurs , en donnant provifion fur ce
que Ton trouvera avoir eftc fait contre le droit defdits Pays 8f Villes >
tellement que Lefdites bonnes Villes auront caufes d*cftre contentes. En
tefmoin de ce. Nous Bourguemaiftres , Efehevins & Confeil des Villes d«
Louvain , Bruxelles, Anvers , Bois-le^-Duc , Thielmpnr & Lewe, avons
fait appendre â c^% prefentes Lettres les Sceaux aux caufes defdites Vil-
les*, & nous Gaultier Poulloudor^ comme Rentier, Se Jean Bacheler,
comme l'un iit% dix Jurez de ladite Ville de Nivelle , avons auflî fait
appendre nos propres Sceaux , au nom d'icelle Ville de Nivelle , à ces
Lettres ain(i que Ton a accouftumé faire en tel cas , pource que ladite
Ville de Nivelle n'a aucun commun Scel *, le vingriefme jour de Juin , en
l'an mil quatre cens foixante-cinq \ en nous fupplians , que entant que
â nous touche nous leurs veuillons o^oyer nos Lettres , par lefquelles
nous les afliirions des conditions y contenues. Sçavoir faifons , que Nous
inclinans à leur fupplication Sç requefte , avons promis Se pron^ettons
en parole de Prince, que le cas advenant du trefpas de mon très-redouté
Seigneur & Père, Se que prendrons la poflèffion de la Seigneurie defdit»
Pays de Brabant , de Ljmbourg , Marcnionne d'Anvers , Se Terres d'ou-
tre Meufe, nous renouvellerons Se confirmerons premièrement, & ^
noftre ^entrée efdites Villes de Brabant, leurs Privilèges Se le contenu en
la Uiartre du Pays , accordée par mondit Seigneur & Père à fon entrée
efditç Pays \ Se en outre promettons de garder & entretenir les droits ,
tranchîfes & libertez défaits Pays & Villes , ainfi que promis l'ont mon-
^t S^ignçur Se Pçre s ^ fes predeceflèurs -, Se que nous donnerons pro*
DE PHIL. DE COMINES. 481
vifion fur ce duc l'on trouvera avoir efté fait contre le droit defdits Pays -^
& Villes ) tellement que par raifon icelles Villes auront cauie d'eftre ^ ^ '
contentes. En tefmoin de ce nous avons fait mettre noftre Scel à ces
prefences. Donné en noftre Oil à Mitry , le troiAefme jour de Juillet, l'an
de grâce mil quatre cens foixante-^inq. Signé fur U rcply^ Par Monfei**
gneur le Comte. J. Gros.
CoUationéJur t original cflant en la Chambre des Comptes de Lille.
LIX.
%T Marche de Carmle des Ducs de Befry €f de Bretagne. Le 14% ou i^.
Juillet.
ADvertiflèment pour monftrer les termes que Monfeigneur de Van-^ Tiré itt
dofme a tenus a Tarmée du Roy » qui eft venue à Vandofme , en Kccudls de
l'accompagnement de Monfeigneur du Maine , & auffi la refooncc faite ^* ^^^
par mondit Sieur de Vandofme aux Lettres & offres de Monleigneur de ^^ ^"^*<**»
Berry coilrre l'armée defdits Bretons.
Premier. U eft vray que le Vendredy cinquiefme jour de Juillet,'
mondit Sieur de Vandofme envoya un des fiens devers Monfeigneur
du Maine à Tours , & luy efcrivit que les Bretons eftoient à Bauge , &
qu'ils tiroient à pafler par la G^mté de Vandofme , comme il avoit efté
adverty , requerrant qu'il y voulfift pourveoir.
Surquoy il fit refponce qu'il eftoit bien joyeux d'avoir receu les Lettre^
de mondit Seigneur, que le lendemain il fe trouvaft ou envoyaft devers
luy au Chafteau-Regnault.
Et ledit jour de lendemain , qui fut le fîxiefme de ce mois , envovi
fon frère Baftard audit lieu de Chafteau-Regnault , & luy requift par fes
Lettres qu'il voulfift pourveoir de gens d'armes & artillerie à Vandofme,.
& autres fes places. ^ ^ •
A quoy par fes Lettres il fit refponce , qu'il mercioit fort mondit Sieut
de Vandofme d'avoir envoyé devers luy , & que pour le bon vouloir
qu*il congnoiflbit que il avoit au Roy, il n'eftoit rien qu'il nefiftpour
luy , & qu'il eftoit cleliberé ce jour là de venir à Vandofme avec le grand
Senefchal > & les Capitaines & toute l'armée , comme il fift.
Et incontinent ouïe ladite refponce , envoya mondit Sieur de Van-^
dofme pour la fignifier aux habitans , pour le recueillir & luy faire toute
obéyflànce , comme il appartenoit à Lieutenant General du Roy, ce qui
fut fait libéralement.
Or ainfî que ledit fixiefme jour de Juillet mondit Sieur de Van-
dofme avoit receu Lettres de Monfeigneur de Berry , & de ce faifant
mention , que il fe voulfift adjoindre avec eux , & que il feroit rccon-
gneu en eftats & honneurs , comme pourrez veoirpar le double de leurs
Lettres, dont (fit) cette cxcufe,difant que il avoit promis au Roy luy gar-
fes places à fon pouvoir , & autres caufcs , comme pourra eftre veu par
la copie de fes Lettres.
Et pource que depuis fut adverty par un des gens de Madame fa mere^
qu'elle avoit envoyé devers fon frerc de Loheac au Cbafteau du Loir, luy
Tome IL P p p de
_^^ 48^2. PREUVES DES MEMOIRES
1 4 (7 5 . V^^^ <lu-3 trouvaft façon que l'armée ne patfàft par la Comté v que fott^
^ Je crois ^^ frcreluy maiidoit qu'il fc donnoit merveilles * comment mondic Sieuc
qu'il faut li- ^^ Vandolme avoir fait telle rcfponce , ôc que il ne voulfift refufer l'en-
Ky qu'Use/- trée de Tes Places à Monfeigneur de Berry , & autres qui vouloient 1er
tcJnoit À bien du Royaume , mefmement que le Roy de Sicile, Monfeigneur dU'
merveillis , Maine , qui font Oncles du Roy , leur avoient feit faire ouverture ai^
^^- Pont-de-Cc , Beaufon , Baugé & au Cliafteau du Loir , & femblablement
les autres Seigneurs en toutes les Pkces , par où ils eftoient paffez»
Mondît Seigneur de Vandofmc envoya mondit Sieur de Preaut & fort
Argentier devers mondit Sieur du Maine à Vandofme , le Dimanchc^
ii^l^iefine jour de ce mois , pour requérir qa'il envoyait gens de guerre:
& artillerie pour la deffenfe de Lavardin > de Montoire > & autres Pla«
ces , contre ladite armée , pource que à Montoire , qui n'cft Place forte ,
n'y avoir que le Capitaine , & qumze ou vingt des gens de la ViDe, Se
à Lavardin n'avoir que mondic Seigneur & les gens de fon Hoftel y à.
quoy il fut fait refponfe par Monueur le Grand Senefchal , prefenr
Monfeigneiur du Maine , & les Capitaines qui pour ce . avoient tenu*
Confeil , au'il n'y avoit aucune artillerie > & aufli qu'on ne bailleroit au
cuns gen» a'armes^
^ Et lors fut demandé par mondît Sieur de Préaux Se par ledit Argen-
tîcr , qui eftoit à faire a mondit Seigneur de Berry vouloir entrer de-
dans Montoire ; à. quoy par ledit Grand Senefchal » f«t refpondu que
on congnoiflbit bien que ladite Place n'eftoit pas tenable, & que on:
les pouvoir bien laiflèr enrrer dedans , Se leur envoyer , pain > vin Se
autres vivres r mais que mondit Seigneur de Vandoune ne devoir aller
devers Monfeigneur de Berry , de laquelle* refponce mondit Sieut de
Préaux- Se Argentier firent rapport à mondit Sgr» oe Vandofme, {Uqucf) fur
adverty qu'il eftoit tout commun en ladite armée des Brerons , eux eftans:
à Trou y qui eft à une lieuë de Lavardin , Se i Vandofme , {&) il efcrivit â
^on&igneur du Mayne le Mardy neufviefme jour dudit mois , & outre
ce il feroir fècouru fi il leur refiifoir l'entrée , & qu'ils s'efforjjafiènt
d'entrer ou qu'ils mident le fiege \ furquoy^ mondit Sieur du Maine luyv
fift refponce par fes Lerrres , qu'il, feuft fiir que il aiiroit £èeoars Se ayde»-
qu'il y pourvoir oit de tout fon pouvoir, & envoyeroit gens en grand
nombre pour les garder d'enrrer , en luy faifant fçavoir le befoin que
mondit Seigneur de Vandofme en avoir.
Attendant laquelle refponce. Se auâi paravant. Se depui&:mondit Sei*
gneur de Vandofme âc tous fes.gens onr efté en armes , & en fa Place,
nuit & jour fur la muraille*, car ila tousjours efté , & eft deliberétenin
j)our le Roy en foy acquitant;.
Et outre , voyant lefdirs Bretons arriver i Montoire , fît rompre lé
Pont de fur la rivière audit lieu de Lavardin , parquoy ne purent pafièr
kfdits Bretons., qui y venoient loger en grand nombre , & s'^n re-
tournèrent à Montoire> auquel lieu toute l'armée en grand nombre loge-»
Jtent Mardy.
Lequel jour , Monfieur de LoHeac , Meflieurs dek Rocke Se du Lude
accompagnez de foixante ou quatre^vingrs ArcHers en habillement , vin--
itnt jufquei aux barrières de Lavardin pour, parler à mondic Seigneur de
Vandofme»
DE PHIL, DE COMINES 483 ^_____
Vandorme » aufquels il fit rcfponfe qu'ils n'y entreroienc point, & qu'il ^
parleroit volontiers à eux entre les barrières , accompagné chacun de fix ^ ^
ou huit hommes , ce qui fut fait.
Et entre autres choies, luy fut fait plufieurs offres s'il fe vouloir ajoin-
dcc avec mondit Sei^ur de Berry.
A quoy mondit Seigneur de Vandofme fit refponce, que pour chofe
que on luy donnaft,il ne fe confentiroit à leurdite requefte, & qu'il garde-
roit fa leaulté envers le Roy , & à tant fc départirent , & s'en rerourne-
rent à Montoire mefdits Sieurs de Loheac , de la Roche ôc de Fontaines»
fzns ce que mondit Seigneur de Vandofme foit allé devers Monfeigneur
de Berry.
Et la nuit enfuivant, c*eft à (cavoir entre le Mardy & Mcrcredy, au
point du jour , mondit Seigneur du Maine , & toute larmée qui eftoit i
Vandofme fe partirent , 8c demeurèrent ceux de la Ville tous defpour-
veus , jaçoit ce que par eux fut requis leur laiilèr gens de guerre pour re*-
iifter aufdits Bretons.
Et femblablement cette nuit au point du jour , fe partit de Montoire,
qui eft à trois lieues de Vandofme & à un quart de Lavardin , toute l'ar-
mée des Bretons , & tinrent leur chemin vers Mondoubleau , Se com-
me ils eftoient à deux lieues de Montoire, & à une demie de Vandofme
ou environ , ils eurent nouvelles par leurs chevaucheurs & efpies, que
mondit Seigneur du Maine , Se toute l'armée , eftoient partis de Van*
dofme.
Et lors tournèrent root à court à Vandofme , Se arriva foudainoment
toute Tarmée aux barrières , & furent les habitans fommez faire ouvertu-
i?e à Monfeigneur de Beny à ce prefent , ce qu'ils refuferent, & firent
refponfe que on leur donnaft de Vayde, parler cnfemble , 6c d'envoyer
devers mondit Sieur de Vandofme.
Sur quoy fut dit par Monfeigneur de Berry , prefent le Duc de Bret^
e & Monfeigneur deDunois , qu'ils y entreroient , & par aucuns de
adite armée fut dit ^ que s'ils n obéyflbient , ils mettroKnt la Ville à
e
fei^ & à fang , & fut ordonne faire tirer l'artillerie ", & ce voyant les ha-
bitans , ouverture fut faite , & entra l'armée en la Ville Mercredy di-
xiefme jour de Juiliet,fans aucune chofe (faire) f^avoir à mondit Seigneur^
Et Jeudv onziefme jour dudit mois , mondit Seigneur de Berry en-
voya derecnef Lettres à mondit Seigneur de Vandofme , pour foy adjoin-
dre & affilier avec luy Se autres Meffieurs du Sang , & qu'il allaft cetuy-
jour devers luy à Vandofme , comme apperr par le double defdites Let-
tres , dont Monfeigneur de Vandofme fe excufa par fes Lettres , difant
que il s'acquicteroit à fervir le Rov , ainfi que par la copie des Lettres de
mondit Seigneur, appert plus à plein.
Et le Vendredy douziefme jour dudit mois fe partit de Vandofme
mondit Seigneur de Berry , Se toute l'armée , fors environ quatre cens
hommes que mondit Seigneur a laifle en la Ville & au Chafteau , c'eft à
fçavoir vingt ou vingt-cinq Lances au Chafteau , & le furplus en la Ville
aui encore y font « pour lelquels mettre hors mondit Seigneur Jic Van-
ofme envoyé «prefentement devers le Roy , pour avoir des gens d'armes
fie anillerie , f uppUant le Roy y pourveoir.
Pppi LX.
4H PREUVES DES MEMOIRES
J46S
L X.
97 Relation dt la BataUk de Montlhery^
Tîtéc des .<^r Oftrc très-redouté Seigiiear ,. tant & fi bumblemenc, comme f$ûre-
q\ II -^^ pouvpns,nous nous recommandons à voftre bonne grace,& pour ce
quffow cft ^^^^ tf ès^redooté Seigneur »que fommes certain&que devons fçavoir des-
fAbbaye de i^ouvelles de TArmée , de l'Euar , de noftre crès-redouté Seigneur voftre
S. Yincenc ^^ > & que fonunes tenus de nous en acquitter mefmement en matières-
it Bezan- qui {le) touchent»
fQA. Il eft vray que Mardy pallî feizieTme jour de ce mois , nous fufmes^
prefens du commencement jufqu'à la fin de la bataille , que Monfieur
voftre Fils a >cu contre le Roy & fa puiflànce y qui eftoit de vingt
deux censLanches ou environne mieui en point que oncques furent vues-
en ce Royaume , comme Ton dit \ lacuelie bataille » après ce que mon-
dit Seigneur voftre Fils fut confeillé a aller querre & envahir le Roy &
iadite puiflànce > au lieu où ils eftoient , qui eftoit moult fort Se avan-
tageux pour eux , commença entre une & deux heures après midy : en
fuivant ledit confeil fut fait ledit envahidèment très-fierement , & d auf&
hardi courage > que Ion a tu faire en journée de bataille pafte longtemps»,
comme il femble à ceux qui virent d'un coftc & d autre ayant congnoif-
fance de telles matières \ Se tellement aue les Franchois fe mirent en fuite
ic ea defroy bien grand , par lequel aefroy^ ils eftoient tous noftres fo
l^une des âmes de noftre bataille ne fut démarche pour cuidier venir
joindre à ceux de l'autre bout de noftredite bataille , qui eftoient les.
premiers en celle defdits Franchois.
Çzi parce moyen une groflè compagnie dlceuxFranchois vint foudaine*
•ment charger fur les nofbes » qui ainh dem^rchoient en telle façon (|u'ils^
s'en vinrent fuyans les uns parmv les autres , & par ce moyen fe parrirent
8c vinrent , mirent en fuite au bois que nous avions au dos une partie de
nos gens > pendant laquelle fuite mondit Sei^eur voftre Fils , qui ^ien
n'en fçavoit , tousjours pourfuivant & chafl^t fes ennemis, s'en vinr
environner k Place de Montlhery à bien petit nombre de gens , tuant &
defconfifant tout ce qu'il trouva en fon chemin y Se après s'en vint vof-
trcdit Fils repaflcr devant la porte de ladite Place , ou 9 comme dit eft,»
eftoit le Roy & fadite garde , & là fut mondit Seigneur voftre Fils en
grand danger & doute de fa perfonne , fe n'euft efte fa vaillance Se bon*
ne vertu , mais la Dieu merchy il en efchappa> Se tantoft après s'en vinr
planter au champ de bataille aux mainsd'un traiét d arc devant fes enne-
mis , où il fut longuement > raliant fes gens qui eftoient en petit nom-
bre ^lefdits ennemis pareillement ralliés devant luy en leur fort en plus
grand nombre, qu'ils eftoient fanscomparaifon , & fut la chofe deilors
jufques vers le Soleil couchant en tel eftat , que nul fçavoir qui devoit
cftre le maiftre , à laquelle heure le Roy & les fièns fc partirent confu-
fement , en laiflant ibn artillerie , Se demeura la Place à mondit Sei-
gneur voftre Fils , fur la<jucllc il demeura toute la nuit , & le lendemain
iufqiuc^ ^i^^ Qiidy , qu'il s'en vint loger audit lieu de Montlhery pour
la&aiichir
DE PHÎL. DE COMINE S^ ;48î
lafraifchir Ces gen^ & leurs chevaux > lefquels eftoient fort travaillez,
. Et combien que la journée & la vi(5toire ait efté , & foit belle & gran^ ^4^5*
Jic 'y toutesfois , veu le premier adault fait ai^dits Fran^iJipis , de tel cou-
lage 6c hardiment , comme deHus eft dit, & le grand defcoy où ils fu^
<rent » un dlceux Franchois euflènt eu plus grand perte $c deiconfirure de
?,ens , fe n*euft efté la fuite des gens de mondit Seigneur voftre Fils , qui
e partir de; U place , comme delTus eft dit y defquels pluiieurs ont efté
mis à Paris , qui de prime face ont donné caufe au peuple de cuidier que
Je Rov avoir eu la viâoire > en faifant ladite fuite des gens du Roy , qui
fut très-grande , & principalement de Moniieur du Maine » Monideur
TAdmiral , Moniieur de la Barde , Saliezart & autres , avec leurs rou-
tes 9 lefquels comme nous avon$ fcéu > s'enfuirent tous & encore fuvent,
comme Ion dit en bien grand dcfroy \ Se ainfi noftre très-redoute Sei^
gneur , grâces à Dieu» la journée a efté pour vous 3c mondit Seigneur
Yoftre Fils , & luv eft nettement demeurée la Place , comme dit eft y au
-grand honneur de vous 6c de luy , 6c par conféquent de tous vos Pays 6c
^igneuries.
Car véritablement iceluy mondit Seigneur voftre Fils fe eft au/Ii ver-
•Cueufement conduit & gouverné y que le toute fa vie il n'euft fait autre
chofe que de conduire , ordonner & rallier bataille; & de fa perfonne
s*eft aufli chevalereufement poné que corps de noble homme pourroit
/aire , 6c tellement que luy feul a efté caufe par fa vaillance & bonne
xbevalerie d'avoir gagné ladite journée > tousjours fouftenant ladite ba-
itaille» fans oocques démarcher pour chofe qu'il vift » combien toutes^
/ois qu'il a efté pn petit bleffé vers la gorge d'un coup d'efpée, mais Dieu
xnerchy , ce n'eft chofe dont il peut avoir danger*
Et en vérité ttès-itdout^ Seigoeur » il a biien montré qull eft voftre
JFils , car il a grandement retenu vos bons enfeignemens, & fes tours de
yertu & de nobleftè que vous luy avez appris en cas femblables ) 6c cer-
jtes à tout bien conAderé , il a gagné la plus belle journée qui ait efté
veuë en France paâe à longtemps , fans gueres grande perte de gens, veu
que la chofe dura bien longuement , ainçois qu'on put û b<^nement
connoiftre à qui l'honneur 6c viûpire en demeuroit ^ aucuns des gens
]de mondit Seigneur voftre Fils ont efté morts en ladite befoi^ne > & les
autres pris , les uns en tombant ^ & les autres en chaftant un peu bien
outrageufement , & mefmement font morts Monfieur de Hames, Meftire
Philippe de Lalaing y Philippot Doignies , voftre Baillif de Courtray ,
cui portoit le pennon de mondit Seigneur voftre Fils > le Frère de Mon-
fteur Halebnmy > 6c autres 9 6c de prifonniers , Monheur du Bois , qui
portoit la Bannière de mondit Seigneur voftre Fils , Monfieur de Creve-
ccBur y 6C aucuns autres : Et au regard des Ftanchois , il f a eu beaucoup
^e leurs Capitaines & autres de grand fachon , morts & pris , defquels
nous avons patfaite connoiftance *> mais entre les autres , Monficur de
Maulevrier , Grand Senefchal de Normandie , y eft demeuré mort , dont
eft dommage ; & pareillement y eft mort Philippe de Louhan , & bien
Srand nombre d autres, tous gens de nôra,en trop plusgrâiid nombre que
es noftres fans comparaifon -, & avec ce avons grand foifbn de leurs pr£-
IbnnierS) & entre les autres le filsde Monsieur de Vantadour^
P p p 5; Noftre
48^ PREUVES DES MEMOIRES
j^ Noftre très-redoutc Seigneur» plaife vous adés nous mander & cottt
mander vos bons plaifirs , pour y obéyr & les accomplir de rrès humble
cœur à nos loyaux pouvoirs , moyennant l'ayde de Noftre-Seigneur » qui
par fa grâce vous doint bonne vie & longue , & accompliflèmenc de vos
très-nobles plaifirs. Efcrit i Eftampes le dix-neufviefme jour de Juillet
de Tan 14(^5*
Noftre trè^-redouté Seigneur , depuis ces Lettres efcrites , eft à cette
heure arrivé Monfieur de Berry en cette Ville, Mohfieur de Bretagne Sc
fa compagnie , 6c n*eft Monfieur venu que à petit nombre de gens > ^
Ton armée eft logée auprès.
LX*.
Journée de Montlhery , lif. Juillet 14^5. (i)
ifT Copie de r explication faite de bouche à Madame la Ducheffe par
Guillaume de Torcy j Ecuyer , touchant Vitat de Monfieur de Charoloisp
fur une Lettre de credence envoyée à madite Dame par- mondit Sieur de
Charolois 5 &fignie defonfigne manuel^ en datu du vingtième jour^
de Juillet 1^0 5^
Tiré du T^ Remier. Dit que le feizieTme dudit mois > qui fut par aucune heure
MSS. 1 91*- JL de dix heures , le Roy en grand puiflance & en grand perfonne arri-
dclaBiblio. y^ auprès de Montlchery , où monclit Sieur de Charolois efloit avec fe$
bcmnc au- ^^^ a'armes, qui l'attendoient bien fur fes eftriers, & fcs préparations
jourd'huy' faites bien au long. ^ .^
dans celle ^^ quant au joindre enfemble on peu avant que les Archers anemblif-»
4u Roy. . fent, mondit Sieur de Charolois fit tirer fur fes ennemis de fes engins i
poudre moult merveilleufement , pource qu'ils n'approchoient point ;
duquel trait firent occifion des gens du Roy , bien de douze ou quatorze
cens , & grand nombre de chevaux s & lors le Roy renforça l'avant-gar*
de & les fit approcher plus près de noi gens 5 & leur fit un grand aflaulc
& grand ruine des Archers de lavant^garde.
Item. Ce vu par Monfieur de Charolois avec ceux qui eftoienr envers
luy ) fe boutterent de devers au fecours de leurs gens \ & à l'aflèmblée 7
eut grand nombre de morts & de pris d'un cofté & d'autre ; de noftre
cofté au nombre de trois à quatre cens hommes morts > & entre autres
gens de nom > Meffire Philippes de Lalain , Mr. duQuefnoy, Mr. de
Hames , Mr. Vardue , & dçs Efcuyers de Monfieur de Charolois font
morts.
Et au regard des prifonniers de noftre cofté , on dénomme Monfieur
de {x) Crevecœur , Meffieurs de Haplaincourt , & Monfieur de Heme-
ries*
(0 fier CcttfctjJacîon cft affcz fardëe ,
Zi ne s accorde pas avec Phllippes de Co-
inioes , ni avec Olivier de la Marche , té-
inoinsoculalrcs.Fi9y^x. la Préface {générale.
\r) $3" Çrevçcœur. U fip iatçrrogé par
ordre du Roy , pour f^voir au vray les
caufes du raécootentement de$ Princes.
Mais il ne dit que ce qui écoit public , ic
ce que les Princes àvoicnt marqués dani|
leurs çaits.
(3)
DE PHIL. DE COMINES. 4$y
fies » qui fut caufe du premier defroy de nos gens, pource qu'il s'enfuit^ ^
& Monfieur de Vichy & Moniieur de la Boutillerie y Se plus n'en y a do ^ ^^ /^
gens de nom.
Et au regard des gens du Roy , font jprifonniers Mn du Maine , MslU
hortie , blechié (5) en la tefte & en la race , & prifonnier > Garghefatlè
prifonnkr ; le Senefchal de Normandie morr , & encore un autre grand!
Capitaine > dont on ne fcait le nom , & plufieurs hommes d'armes 6c Ar-
chers en grand nombre. ^ . .
Et au regard du nombre des Franchois morrs , on n'en içait encore la
vérité > mais on dift qu'il y en a grand nombre , Se des navrez > tant que
c'eft chofe ajnnumerablc.
Item. Dit que à raflcmblce Mr. le Baftard tua le cheval fur lequel le
Roy eftoit y Se l'euft mis à fin, fe n'euft efté la ^orce àt fes Archers , quile
recueillerent & remontèrent ; & incontinent à bien petite ordonnance y
le Roy fe départit » & ne fçurent Tes gens quel chemin il tinft » car ils le
queroient de lieu à autre. Se le fuivit Monfieur de Charolois bien cinq
ou (ix lieues , jufçiues à un fort lieu y où on difoit qu'il s'eftoit retrait y
mais il n'en eftoit rien, Se fe bouta es boi^ pour fe fauver *, car s'il euft
efté audit fort , l'en l'euft aflîegé. Et dit que à la journée Monfieur der
Saine Pol Se Monfieur Jacques fon frère , firent tant d^^ùrnites' , qu'il n'eflr
Hérault qui le fceuft reciter; & mefmement mondit Sieur de Charolois
en perfonne , qui n'eftoit monté que fur un petit chevalet , afin que (c9
sens vident qu'il ne contcndoit point à fuir , mais luy*mefme resjoidbit
les Archers.
liem. Ce fait , mondir Sieur retourna aux champs y où les morts
eftoient , & y demoura tout le jour Se la nuit , & le lendemain , tant qu'il
eut fait enterrer le» morts , & nuisfift y- à fon de trompe , ff avoir au^
carrefours du lieu , où la bataille avoit efté , s'il y avoit quelque puidan-
ce qui voulfift aborder à luy , il eftoit preft à eux refisjondre -y Se puis s'en
alla loger à Chaftres fous Montlehery , Se le lendemain à Efl^mpes.
Die outre , que au regard du Roy on ne ffait où il fut pifques^au Jeu-
dy au foir , qu'il arriva à Paris accompagné de environ cent nommes de
guerre à tout compter. Se maiorient iUec que la plufpart de (es gens fono'
morts ou bleflèz^ , Se ont perdu tant en chevaux , que & merveules , tant-
dès engins à poudre conune d'autres.
Dit outre , que le Roy a contendu de faire vuider ceux de Paris fur
Moniteur de Charolois ; nuis ils ont refpondu, que fa puillànçe leur
poife trop , 6e ^uc s'ils vuidoîenc il n'en rechapperoit homme , & dirent
qu'ils n'en feroient rien.
Dit outre ^ que ja^ oit que le Roy fut recourue 4 Paris en fi petit nom-^
kre , & toutesfois il ctiida faire accroire i ceux de Paris qu'il eftoit vic-
torieux , mais ils doutèrent du contraire , comme ils l'apperçurent le len-
demain , quand ils virent fes gens en fi grand nombre blefièz. Se avoienc-
la nuit couru les bois..
* Dit outre, que mondit Siecu: de Charolois eftant^ Eftampes y jufques-
au Samedy vingtième dudit mois ea bon eftac,- arrivèrent les Fouiriers^^
' Cl) fj^ BUdfié y, t'tS^^ikehkSé i Aiankrcdc parler Picarde
48Î PREUVES DES MEMOIRES
Y77— de. Meflîeurs de Berry & Bretagne , difans gac les Seigneucs yietulroîenir
*^ ^* le lendemain , & dirent ou'ils avoient wis en chemin le Remenant de
r Artillerie du Roy , qui eftoit efchappé a mon^t Sieur de Charolois,
Dit outre , que on maintient que Meffieucs de Calabre, de Bourbon 8c
le Marefchal de Bourgojgne doivent arriver.
Dit outre» que tous les gens de Monfieur de Charolois font tous ri-
ches , & ont vivres adèz & nepoifent à leurs fubjets > fors que l'en prie
{)our eux *, & au regard de puidance ils en ont allez pour rencontrer tooft
eurs adverfaires , moyennant la grâce de No(^-Sei^neur«
La BataiiU de MontUhtry faiu û Mardyftiy,cnujour dt Juillet , fan
mil quatre ctnsfoixant^cinq.
♦ L X I.
Traité iAlHanu entre Louis y Duc de Bavière , €f Philippe ^ Duc dt
Bourgogne.
A Landshot , le xi Juillet 14^5 •
Tiré de ITE- T U D O V I C U S , Dei gratiâ > Cornes Palatinus Rheni inferioris » fu-
dicion de JLi perîorifque Bavarix , &c. Dux. Univerfis & fingulis ad quos prae-
M. Godç- fentes devenerint : cum animo revolvimus , quod mutua Principum foc*
f'^oy* dera f^penumero , non folùm gratas animi concordias 9 benevolentîas»
amicitias peperiere , verum etiam Principatus 5 Dominia 5 habitatores &
incolas eorumdem in pace , tranquillitate atque augmento confervavere»
animamur > atque inducimur cum aliis ferire fœdera Principibus > &
quoniam majores noftri cum Principibus > ac Ducibus Burgundix il«
luftribus, fratemitates , tmiones , ligas » amicitias & fcedera obfervaflè»
eos fingulari affeâione amaflè » veros ac fidos coluiilè amicos comper-
tum habemus , id circo eorum inherendo veftigiiis , cum illuftri , ac po-
tenri Principi Domino Philippo Burgundiat » Sec. Duci > confan^uineo
noftro percai'idîmo , prudentia & fanguinis claritate pcrfpicuo , m ma*
ximis rébus animi magnitadinepr£cellenti,matudl prius, cum Comitum,
Baronum , Proc^m , nobiliumque Confîiiariorum noftrorum , fano
confilio habita deliberatione , fraternitatem > amicitiam, unionem, ligam
& fœdus in Dei Salvaroris noftri nomine percuflimus & inivimus &
harum tenore percutimus & inimus , modis &c capitulis infra annotatis.
Primo. VidcHcet quod diélum DominumPhflippum, coofanguîneum
noftrum , ejufque Principatus , Dominia, Territoria» diftriâus, terras
& fubditos oçcafione 6c vigore câufamm èc queftionum » de fiituro fu-
boriundarum non diffidebimus, non moieftâhimus > neque guoram, feu
bellum movebimus » nec à fubditis Principatuum , Dominiorum , Terri«
coriorum & diftriâuum noftrorum fieri permittemus, aut facere con«
fenriemus > fed pra^fatum confanguineum noftrum , titi verum & perfec-
mm fratrem » ac fidum amicum tenebimtis ^ & profequemur & fi aliqux
diflfidationes , ^ut guerrx à fubditis noftxis,eidem coafangiiineo noftro».
vcl fubditis fuis movcrentur , tune illico poftquam dehis certiorati fueri-
^us 9 iUas dilEdatipnes ^ ^fucrras fubditos n^os rcvocare & tollere
çurabimus j^
ÔE 1>HIL. DE COMINES-
489
eurabimns > infui^er promittimus , qaod inimicos , malefaâores &c in&
diacores fuprà diâi conrangumei noftri in Principatibus , Dominiis i
Territoriis , Terris , 6c diftriétibus noftris , fcienter non recepcabimus ,
nec aliquem prxftabimus favorem, vei falvum duâum, <juin immo fi quos
in eifdem reperiemus eofdém arreftari , capi « &c condignâ pœna fecun-
dum eorum démérita & deliâra pleâi & puniri faciemus. Rurfum quo-
Î[ue rpondemus , quodapud Reges & Principes , tam fecuiares , quam
pirituaies nobis confœderatos diiigenter foliicicabimus , ut ipfl fub ho^
neftis modis & formis memorato confanguineo noftro , confœderentur
ic uniantur , Se Ci qui eorum noftrorum confœderatorum practaâo con-*
fanguineo noftro , confœderari , aut unionem iniri recufaverint , nihiio-
minus apud eofdem cafu quo difFerentix, difcordis , diffidationes &
guerrx , auc bella in ter hujufmodi noftros confœderatos , qui confœde*-
rari recufarent & prsefatum confanguineum noftrum orirentur , opérant
dabimus Se diiigentiam faciemus quibus modis hujufmodi difFerentix »
diffidationes^ guerracatque belia fedarentur,&: aut amice,autinjurecom*
ponerentur i débet autem hujufmodi fraternitas, unio, amicitia, iiga
& fœdus inter prasfatum noftrum confanguineum & nos , durare 6c
fubfiftere > quoad ufque alter noftrum ex humanis difcedèrit ; poftremo
in hoc fœdere & unioneexcipimus & exceptos habere voiumus Sanârifli*
mum Dominum noftrum Papam , fereniffîmum Dominum noftrum Du-
cem Fredericum , Romanorum Imperatorem » 6c Reverendiflimos in
Chrifto Patres 6c iliuftriftimos , ac iiluftres Principes Dominos, confan-
guineos , affines 6c amicos nofttos carifliimos Dominum Kazimirum , Po-
lonjâs , 6c Georgium , Bohemiae Reges , Dominum Burckhardum , Ar-
chiepifcopum Salrzburgenfem , & Dominum Petrum» Epifcopum Au«-
guftenfem , Cardinales , Dominum Rudbertum , Archiepifcopum Cola-
nienfem y Principem Eleâorem , Dominum Federicum , Comitem Pala-
tinum Rheni, Bavariac Ducem , Dominos Erneftum , 6c Aibertum Saxo-
nix 9 Dominum Sigifmundum Bavari0e,& Dominum Sigifmundum#
Auftriâc Duces , 6c omnes alios Bavarix Duces > Dominum Georgium
Bambergenièm , Dominum Johannem Herbipoienfem , 6c Dominum
Wilhehnum £ifteten(èm Epifcopos , Comités Ulricum , 6c Ebeihardum
de Wirtemberg , Regias Civitates Nuremberg , Ulm , Nordling , Gien*
gum , Alen & Bopffingen ; & ut fuprà diâa, omnia 6c finguia , iiiibata
& invioiata perfeverent ac fubfiftant ^ Nos prsfatus Dux Ludovicus te*
note pcxfentium in Principis verbo , & fide data loco prsftiti juramenti
fuprà diâo confanguineo noftro , atque etiam Oratoribus 6c Commi(Ià«
riis fuis , videlicet ftrenuo viro Waltnero de Noed , Domino de Riflt »
Miiiti y Confiliario & Cambeliario , & Magiftro Lamberto Vandorie iti
Legibus Licentiato , ac Secretario fuprà didi confanguinei noftri » no**
mine fuo recipientibus 6c acceptantibus , & ad hoc fpeciale 6c plénum
mandatum haoentibus , ficuti Litters fus nobis defuper porreâ^ clarè
docent, poUicemur & promittimus omnia 6c finguia capitula, claufulas
& articulos , proiU fupra pofîta , vel pofits fine , fîrmiter tenere , obfer-
vare & pro pane noftra profequi , nec yllo unquam tempore contrave-
nire , nçque contravenientibus confentire , omni dolo , traude 6c mala
interpretatione fciwotis^ In cujus rei p^ftimonium noftrum fîgillumhis
Tome II. Q 4 SI patcntibus
1465
^__^__^ 490 PREUVES DES MEMOÏRES
ia6<. patentibus noftris Lictcris appendi jofldmus. Datum in oppido no(Ero
Landshuc in fefto divx Marie Magdalenx y fub antio Domini millefimo
quadringentefimo fexagefimo quinco* £i fcclU d^un Sceau en cire rouge
enchajfi en cire blanche 9 & pendant à double bande de parchemin^
Collationi fur C original étant en la Chambre des Comptes de Lille ^
L X I L
Traité d'AUianu entre François , Duc deBruagne , & Chartes ^
Comte de Charolois.
A Eftampcs , Te 14. Joilla 14^5» (r)
Tiré de IC R A N Ç O I S , par la grâce de Dieu , Duc de Bretagne : A tons ceux
TEdicion X^ qui CCS pTcfcntes Lettres verront , Salut z Comme amour , union &
Je M. Go- concorde entre les Princes y foient caufe d'entretenir eux &c leurs Prin-
^roy. cipautez en obcyilànce vers Dieu , & en eftat , vertu , magnificence &
tranquillité, & de les accroiftre & augmenter , à quov chacun Prince ic
Seigneur doit curieufement veiller & entendre , ann de reprimer le»
contendans de vouloir fur eux invader ou entreprendre , & que de long,
& ancien temps » & tel que mémoire d'homme n'eft au contraire 9 ait
eues amitiez & alliances faites , nourries & maintenues > tant par con-
fanguinité , affinité de lignage & amour naturelle , que autrement y en-
tre feus très-hauts & pui(Eins Princes de bonne mémoire , les Ducs de
Bourgogne , ic nos predecedèurs Ducs de Bretagne , qui en gloire puif>
fent enfemble repoler , en enfuivant lefquels nos predeceflcurs entre
beaux Oncles , à prefent Duc de Bourgogne , beau Coufin de Charolois
fbn fils > & nous , par cy-devant ait eue grande amitié', certaine alliance
bonne intelligence *, & il foit ainfi que de pieça ayons efté & foyons bieti
acenenez, que aucuns eftans en auâorité & prochains delà perfonne de
Xlonfeignenr le Roy > meus de mauvais & damnable courage , ont in«^
duit, & chacun four induifent mondit Sgr» le Roy à prendre & continuer
inimitié , indignation , déplaifir & malveillance contre les Seigneurs
de fon Sangy& par faux & iniques rapports mettent luy& eux en diflenfion
le divifion grande *, &c au détriment & dommage de tout le Royaume , le
confeillent de invader eux , leurs Pays & Seigneuries , 6c par eipecial les
Pays & Seigneuries dudit beaux Oncle de Bourgogne & de nous , pour
grever & endommager luy & nous , fe faire le pouvoir , ainfî que par
efiTeâ Ta à fon pouvoir monftré par rinvafîon qu'a puiilànce d'armes il fift
le feiziefme jour de Juillet dernièrement pafle , devant Montlehery (1)
fur noftredit beau Coufin de Charolois , qui pour ayder â pourveoir zvt
bien du Royaume & de la chofe publique d'ieeluy , ainfi qu'avoir efté
avifé
(i) (JCT Uo Double & ce Traité fut
expédié au nom (lu Comte de Charolois j
il n'y a de dlfFerence que le coimnence- ; de fon Secrétaire
ment j qui eft ainfi : Charles ieBourpgnt^
Belsn <$• de Bethnm- A tma eemx , 8tc £t
la fin eft fignée du Comte de Cbarolois 8c
(i) Bataille de Montlehery , \ci6. Juif-.
Cû$nu de Ounvlûis y Seigneur de ChMfieMH- I 1er 1 4^5. Voir ci-dcÛiis , page 484. &c.
(3)
DE PHIL. DE COMINES. 491 ^_
«vift 9 6c <jue necedàire eftoit de faire , vu le grand defordre qui eftoit ^^"^^T*
& eft audit Royaume , venoit joindre avec noftre très-redouté Seigneur * 4U S
Monfeigneur le Duc de Berry , nous & autres Seigneurs du Sang , au-
auel jour , au moyen de la bonne conduite & grand vaillance de noftre-
it Couiin de Charolois y Dieu pourveut au contraire de l'intention de
mondit Seigneur le Roy > ainfi que droit le requeroit , pourquoy nous
deiirant pourveoir aux chofes defluiHites & autres par toutes voyes deuës»
polfibles Se raifonnables (5)* Sçavoir faifons que en enfuivant ce qui eft
de raifon > les bons 6c louables faits de nofdits predeceflèurs 3 Se pour
obvier aux foudaines > leeeres Se tortionnaires entreprifes que mondic
Seigneur le Roy , par Tennort > perfuafîon Se inftant pourchas des defTuf-
dits nos malveillans, ou autrement, pourroit fur nous faire, nous pour
^us grande faculté avoir d*y obvier & refîfter , & poiu: garder nous , nos
f ajs , fubjets Se Seigneuries en leur entier , ainfi que tenus fommes de
Eure 9 confirmons > ratifions Se approuvons par ces prefentes , toutes les
<le(rufdites amitiez y alliances Se intelligences avec leurs dépendances ,
félon la forme & teneur de nos Lettres fur ce faites Se données î Se
d'abondant » en tant que meftier eft , faifons autres alliances Se confe^
derations efpeciales avec noftredit beau Coufin de Charolois > en la for-
me & manière qui s'eiifuit ^ c'eft à fçavoir que nous luy fommes Se fe-
rons , bon frère , parfait amy , allié & bien-veillant ,* 1 ayderons , tien-
drons fon party , confeillerons , conforterons , Se fecourrons de tout
noftre oouvoir , à garder , fauver & defiFendre la perfonne de luy Se de
(es enfans prefens & à venir, leur honneur , Eftat, Pays, Terres, Sei-
gneuries & fubjets , ainfi que ferions les noftres propres , fans différen-
ce aucune , contre tous Se vers tous ceux qui peuvent vivre & mourir^
fans en excepter mondit Seigneur le Roy, quand lespecfonnes de nof-
tredit Coufin ou de fefdits enfans , leurs Pays , fubjets , Terres & Sei-
gneuries prefens Se à venir ^ voudront grever , amendrir, guerroyer ou
ufurper en quelque manière que ce foit , auquel cas Se en toutes les au-
tres Donnes & louables querelles & entreprifes d*iceluy noftre Coufin de
Charolois ,- nous promettons fecourir Se ayder luy Se fefdits enfans m
tant contre mondit Seigneur le Roy , que tous autres quels qu'ils foient»
par mettre & employer pour & en faveur d'eux , & en leur ayde , nous »
nos fubjets , Pays , Terres & Seigneuries contre iceux invadeurs ou
guerroyans , & les fecourir en penonne de toute noftre puifiàn~ce , ainfi
& en la manière que noftredit beau Coufin le voudra demander *, & en
outreront ce Que pourrons fçavoir eftre fait, dit ou pourchafie à fon
préjudice , le luy fignifierons , Se de noftre pouvoir Ten garderons , 8c
aux alliances que avons faites par cy-devant , ferons noftre leal pouvoir
de l'y comprendre , & en celles que ferons d'orefnavant Ty compren-
drons en tant que eftre le voudra , Se ne ferons alliance aMcune prejudi- *
ciable à ces prelentes *, Se pour la grande & parfaite amour & fiance que
avons à nofbedit beau Coufin de Charolois , fur tous autres ; Se aufii
pour plus grande feureté Se fermeté d'entretenir de noftre part les chofes
defiufdites »
(5) On aorotc pu lai dire avec beaacoap de juftice de prendre foin defes propres
Euu , (ans fe meter de ceux d*un auue.
Qqq 1
> l
1
49% PREUVES DES MEMOIRES
dedufctices , nous Tavons voulu faire & faifons noftre yray frcrc d*armcsy
*^4«>>- gc i)ourcequc dcfirons de tout noftre cœur les deffufditcs alliances eftrc
inviolablcmcnt gardées , tenues & obfervces , & afin que par faute da
déclaration & bon entendement n'y puiflè fourdre & advenir difficulté
ou obfcurité, mefn\ement au regarcl cle la claufe générale cy-deflusefcrite
contenant que fecourrons & ayderons noftredit G>ufin de Charolois en
toutes fes querelles & emreçrifes , tant contre mondit Seigneur le Roy,
que tous autres , par la manière deflîis touchée , nous déclarons & en-
tendons , que pour quelque débat ou guerre de mer , ^ui pui(& eftre en»-
tre les Anglois , ou autres de quelque nation qu'ils foicnt , & les fubjets
de nous , ou de noftredit Coufin de Charolois , les fubjets de celuy de
BOUS deux , qui n'auroit pris le débat & guerre de mer contre lefdits
Anglois , ne feront point tenus , nonobftant lefdites alliances , de eux
efmouvoir ne mettre en guerre, ne de faire aucunement pour cette eau fe
contre les treyes , traitez ou alliances , qui pour Tcntrccours de la mar-
chandife , auroient efté^ faites entre les pays & fubjets de nous , de not-
ourgogne , & d keluy noftre Coufin de CIu&-
5
tredit Oncle le Duc de Bourgogne, ,
xolois fon fils y ains demeureront quant à ce point , en leurs anciens ufa-
es & couftumes 5 & s'il advenoit que aucuns de nos fubjets fous ombre
e leur guerre particulière, ou autrement, s'avançaflènt cy-après de
venir es Pays , Ports & Havres de noftredit Coufin de Charolois, par met
ou par terre prendre , rober & emmener aucuns Marchands-, ou autres
gens quiferoient en k franchife defdits Pays, Ports & Havres , ou qui fe-
raient en trêves & abftinence de guerre^ou auroient (eurctc d'iceluy noftre
Coufin de Charolois, ou de les Officiers; en ce cas ceux de nofdics
fubjeti» qui s'avanceroient de ce faire , pourront eftre prifi & arreftez
efdits Pays , Ports & Havres d'icelay noftre Coufin de Charolois, la ou
ils pourront eftre trouvez , & d Iceux pourra eftre faite telle purûtion ^
corredion & juftïce , que au cas appartiendra par raifon félon les couftu-
mes & ufages defdits Pays , Ports & Havres où ils feront pris , & ea
outre fe iceux nos fubjets roboyent ou deftrouflbyent en mec aucune,
biens & marchandifes appartenans aux Marchans oes Pays & Seigneu*
ries de noftredit Coufin cle Charolois ^ refidans.& habirans en iceux , ou
à autres eftans en trêve ou abftinence de guerre , ou en la feuretc d'ico-
luy noftre Coufin , ou de fcfdits Officiers , comme dît eft deflus 5 & après
amenafiènt ou feiflfènt amener lefdits biens Se marchandifes en aucunes
des Villes , Ports ou Havres defdits Pays d'iceluy noftre Coufin , pour
les y vendre ou butiner , ceux quilles ameneroient pourront audit cas
eftre pris & arreftez , & lefdits biens & marchandifes mis en la main de
noftredit Coufin , comme à luy confifquez , pour en difpôfcr & ordon-
ner à fa volonté , foit de les rendre à ceux à qui ils appartiendront , ou
autrement , ainfi que fon plaifir fera 5 6c au xegard des perfonnes , ils fe#
ront punis dudit méfait à la volonté d'iceluy noftre Coufin , ou de fefdirs.
Officiers. Item. Et pource-que defirons pourveoir à-nos Pays & Seigneu-^
ries pour le temps wvenir , & les preferver de l'inconvénient auquel
ôvons efté puis ueu de temps en çà , s'il advenoit que aucuns de nos.
iuccefièurs voulnft cy-aprcs aller à rencontre defdites prefentes alliances,.
que Dieune vcuille^nous dès maintenant pour brs,, donnons en ce cas^
ûoftrcdit.
DE PHIL. DE COMINES- - 4^j
boftredic Coufin de Charolois , ou à fcs fucceflèurs > les Comtes , Ter-
res & Seigneuries de Moncforc^ d*£ftafnpes & de Vertus > avec leurs \^6%.
appanenances & dépendances > & defdits Comtez , Terres & Seigneu-
ries > nous déveftons & deflàififlbns» & icelles cédons & tranfportons
dès maintenant , pour nous , nos hoirs , fncceflèurs ou ayans caufe » à
noftredit CouHn de Charolois , pour en jouïr & ufer en tous droits ,
profits & emolumehs , herirablement & à tousjours y par kiy , fefdits
hoirs ou ayans caufe , tout ainfî & en k forme & manière que nous en
jouïâôns prefentement , & que nos predeceflèurs en o;nt jouy par cjr-
devant , uns ce que nous , nofdits hoirs , fucceflèurs ou ayans caufe , j
puiffions dès-là en avant quereller ou reclamer aucun droit , en quelque
'manière, ne par quelque raifon que ce foit ou puilîè eftrc. htm. Et afin
îdeplaseftroitement garder le devant dites alliances , nous avons^ dere-
chef & de nouvel efleus » nommez & commis , eflifons , nommons &:
commettons de noftre part , confervateurs d'iccUes , les pcrfonnes par
nous autrefois efleucs & nommées en nos autres Lettres patentes de ce
faifant mention , precedens ceftes en date \ & par ces mefmes prefentes
leur donnons de nouvel autel & pareil pouvoir , avec les port , faveur >
ibuftien & feureté, tant à: exécuter leur commiffion que autrement, com-
me nofdites autres Lettres patentes d'alliance ou de confervation le por-
tent & contiennent, lum. S*il advenoit que lefdits Confervateurs , ou
aucuns d'eux allaflènt de vie à trefpas , ou fuflènt duemenr accufez de
non exercer la charge dediifdite à eux commife \ en ce cas nous & nof-
tredit Coufin de Charolois, & nos fucceflfèurs ou ayans caufe , & cha-
cun de nous en droit foy , pourrons fubroger autre, ou autres Conferva-
teurs au lieu de ccluy ou ceux qui feroient trefpaflcz,ouduementexcufez,
comme dit eft. Item. Pour encore mieux fermer & aflèurer Tentretcne-
xnent defdites alliances d'entre nous & noftredit Coufin de Charolois,
nous avons voulu faire & faifons icelles alliances de nos Pays & fubiets
avec iceluy noftre Coufin de Charolois , tout ainfi qu'elles font faites
entre nos perfonnes , promettans par la foy & ferment de noftre corps
en parole de Prince , & fur noftre honneur , les deflîifdites alliances &
ftatemitez , leurs circonftances & dépendances , unir & garder fermer
ment, fans jamais aller au contraire en aucune manière , & faire avoir
à noftredit Coufin de Charotois Lettres bonnes & valables , de consen-
tement & ratification des chofes devant dites des Eftats de nofdits Pays
& Seigneuries, pour durer les vies de nous & de nos hoirs ,.fuccef-
lèurs éc ayans caufe à tousjours ; en tefmoîn de ce nous avons fait mettre
noftre Scel à ces prefentes. Donné à Eftampes Icvingt-quatrifiéme jour de
Juillet , Tan mil quatre cens foixante & cmq. Ainfi Signi , François ,,
avec paraphe. Et fur U nply efioit efcrit^ Par le Duc de fon commandes
ment > & Signé ^ Mil ex avec paraphe*
Q^qq 5 XXIII.
i^6y
494 PREUVES DES MEMOIRES
L X 1 1 L
Trùùttc J^ alliance tntn PhîUppt Duc de Bourgogne , & Federie^
Eleaeur Paladn.
A BrozeUes , le x6. Septembre 14^5.
PHILIPPUS, Del gratia , Dux Burgundiac , Lotharingix , Brahan*
c\x & Limburgis , Cornes Flandrix , Arthefii , Palatinus Hanonix ^
Tiré de rE-
^licion de
f^' Hollandic , Zeellandix & Namurci, facrlque Imperii Marchio »ac Do-
minus FriCx , Saiinarum ic Mechliniae : Notum facimus univeriis & (îa«
fiilis ad quos prxfences litterx devenerint , atcendentes quod mcitu^
rincipum fopdera nedum benivolentias &c amicitias erga feipfos partu^*^
riunt , fed etiatn Principatus , patrias & fubdicos eonun in pace & ccan^
quillitate confervant \ icaque cum jam dudum majores noftri Duces Bur^-
gundix , &c« cum Conùcibus Palacinis Rheni facri Romani Imperii Ar«-
chidapiferis , Principibus EleAoribus , & Bavarix Ducibus, mutuas benl^
yolencias > amicitias & fœdera inierint & habuerint , & fefe ut veros »
fidos & perfeâos amicos pcofecuti fuerinc , quodque illuftris Princeps »
confanguineus nofter percaridimus Dominus Fridericus > Cornes Palans-
nus Rheni > facri Romani Imperii Ârchid^ifer, Princeps Eleétor » 8ç
Bavariae Dux » fanguinis claritare » prudenriâ , induftria &c m fubeundis
laboribus atq^ue graviflîmis rébus conftantia, perfeverentia , fummaque
animi magniruoine^ & csereris virtutibus 6c rébus , quibus tancum
Principem bene decet , abundantiflimè polleat , arque nobis fanguinis
iieceflicudine junâms exiftar , idcircà fuprâ diétis, & aliis honeftis Sera*
tionabilibus caufis moti, maturâ deliberatione prarhabirâ> fanoque Prxla-
torum , Comitum, Baronum> Procerum & nobilium, aliorumque nof*
crorumConniiariorum& fidelium dile<5torum accedenteconfiiio,excen2
fcientia fraternitatem » unionem , amiciriam & fœdus cum didto Domi*
no Friderico > in Dei Saivatoris nomine inivimus &c fecimus , facimus iC,
înimus fub modis , capituiis & tenoribus fubfequentibus : primé quod
nos fumus & c(Iè debeamus fupràdi<5ti DominiFriderici, verus , fidus &C
perfedtus frater , & amicus , uc quod coto po(Iè honorem , ftacum &
commoditarem ipHus » omnibus modis licitis & honeftis» & qux cuni
honore effici poterunt procurabimus , & inefFeétu talicer', ac fi pro nd>isy
doio, fraude aut malâ interpretatione femotis^efficere aut procurare vel*
lemuss deinde bona fide, roroque noftro po(Ie procurabimus quod amici
Se confœderati noftri , erunc amici & confœderati ipfius ; renebimus
quoqueipfius fadta & confilia qux ipfe nobis figniBcabit fecreta , necfine
confcnfu fuo unique cuique vivenri revelabimus *, practereà de terris , pa*
criis & dominiis noftris non permittemus fubdiros noftros , vel alios
quofcumque guerram , hoftilirarem aut incômmodicatem , feu damnum
quodcumque fuprà diÂo confanguineo noftro , aut patriis, terris, domi-
niis y yelfubditis fuis inferri » verum tôto po(^ noftro refiftemus , & fi
quidquam in contrarium fieret , bona fide & fine quovis doio aut fraude
procurabimus 9 ac efficiemus quod de damnis & incommoditatibus quae ,
iu
^
DE PHIL. DE COMINES. 495 ^^
in domtniis» terris & patriis noftris faâaerunc , fier condigna reparario , ^
tenebimufque & reputabimus pro inimicisnoftrisaâores & faâores die- ^ ^*
torum damnorum , guerrx & hoftilitaris , ipfifque damnum & incotntno-
dum infcFÇtnus, donec diStï arbores & faâores pr^diâorom damnorum
fibi > patriis > terris, dominiis aut fubditis luis, quem feu quos ofFende-
tint y condignam reparationem fecerint » nec denique irtimicos ipfîus
Domini Friderici in patriis, terris Se dominiis receptabimus , nec eis^
atiquem favorem prasftabimus , fed fi ibidem reperiannir , eoTdem tam^
quam inimicos noftros capi, arreftari & puniri faciemus y rurfum non
patiemur morari aut refidere in patriis, terris & dominiis noftris aliquos
quos fciverimus veile inferre damnum aut incommodum praefato noftro
confanguineo , vel terris , patriis , dominiis feu fubditis fuis , nec per
nos aut Officiarios noftros, vei per alium quovifmodo dabimus falvumf
tonduéhim , fecuritatem , aut modum conducendi ad manendum , feu
reHdendum aut tranfeundum in didis terris , patriis & dominiis noftris^
nifi fub tali conditione , quod illi qui obtinebunt diftos falvos conduc-
tus non debebunt , nec poterunt facere aut procurare aiiquod damnum
(ca incommodum fuprà diâo confanguineo noftro, nec patriis, terris ,
dominiis vel fubditis fuis : fpondemus eriam quod fi fubditi pracfati Do--
mini Friderici confanguinei noftri (ibi erunt rebelles aiu inobedientes ad
eos in fuam obedientiam reducendum>noftro poilè ei fubveniemus & ta-
Kter quod diéti fubditi fe fubmittent , & ftabunt juri coram ipfo con-
fanguineo noftro , fecundùm patrie confuetudinem eidem obediendo y
Ht rationis erit y infuper fpondemus , qnod fi| confanguineus nofter prse-
àiâus aftiones vel querelas aliqaas fibi contra nos competere pretende-
fet , eafdem profequi poterit , pront juris eft & rationis y de ninc con-
fenttmus & volumus, quod fi alwjuîB quaeftiones aut differcntiacmoveren-
fur inter fubjeâos didbi confanguinei noftri , & noftros eau (a réddituum
hereditariorum aut cenfuum , quod traébiri & terminari debeant per jus^
ic legem , fecundàm confuetudinem patriae , in quâ talia evenient , fi'
verà taies differentise aut quasftiones evcniant pro cafu pcrfonali. Se una.
partîum non veller , tamquam defenfor capcre jus coram Principe , fub
auo refidebit ille de c[uo conquereretur caufam rationabilem fu(picionis
llegando,tunc Officiarii patnas in quâ diârus defenfor erit fubditus, éli-
sent Judices de patriis , feu dominiis diâi confanguinei noftri , & noftris
ipfis partibus gratos » fi ad hoc diéVse partes conveniant , & fi circâ hoc
non concordent , tune confangnineus nofter deputabit unnm de fuo , Se
nos unum de noftro confilio, qui duo Confiliarii , fi opuseft, tertium cli-
ent , & cafu quo efièht différentes in nominando diétum tertium qui-
ibet diâorum Confiliariorum nominabit unum , Se forte diriment quis
de iftis dnobus nominatis , tertius erit ad decidendum Se terminandum
diâas quxftione^ Se differentias hoc modo , videlicet fententiâ latâ fe-
cundùm jodicium Se opinionem didtorum duorum Confiliariorum , Sr
tertii fuprà difto modo clcâî , antper duos ipforûm , obfervabitur ac
realiter&: de faélo ipfius fiet exécutio i de hinc fpondemus , qiiodfi faepe
dictas Dominus Friaericus confangirineus nofter eflèt invafus peraîiquos
cum magna potentiâ qui vcllcnt intrare terras vel patrias , aut dominia
/ua ad ea conquirenda ponendo obfidionem , Se caftrametando coram
aliquibuar
i
^_^^_^ 4^6 PREUVES DES MEMOIRES
j , . aliquibus de fuis civicaribus > villis aut forcaliciis , aut pro dèbellando»
^ '* nomo pofle dum requifîti fuerimus , Se caufas feu occafiones diâarum
fuerrx & invaûonis nobis (Ignincaveric » & rubveniemas in hifque cafî^
us noftris expenfis pro tribus meuiibus c&ctrt curabimus quod nobis,
poflibiic eric , Ccà diâds tribus mcniibus elapfis > expenfis fuis (ibi fubve-
niemus , hoc modo fcilicet <]uod ftipendia recundùm modum Francias
ftipendariis dabuntur , & unio ac frarernius ifta viribus fubfiftere & du«
rare débet ad quofcumque ftatus,- honores &c prâeeminentias nos deve-
nirecontigerit,quamdiu confanguineus nofter , & nos in humanis fue->
rimus ; demum nos Phiiippus y Diix Burgundias prasfatus refervamus Sc
nominatim excipimus in prsfenti fœdere,fraternitate & unione fanâifli'*
tnum DoQiinum noftrum Papam , fereniffimum Dominum noftrum Fri«
dericum Romanorum Imperatorem , excelientefque Principes RegçsSco*
tix & Portu^alix, illudres* ac potentes Principes Dominum Karolum
Ducem Bituricenfem , Ducem C^aiabriae & Lotharingie , Dominum Lu*
' dovicum altae & baflk Bavaris Ducem , necnon Britannix , Bourbonix ^
Sabaudis , Clevenfem &c Gelriae Duces : & ut fuprd diâ:a omnia & /in-
^ula illibata Se invioiata perfeverent & fubfiftant , nos Phiiippus fupri
diâus tenore prasfentium in verbo Principis » 8c bonafîde ioco juramenti
prasftiti fuprà diâo Domino Friderico fpondemus & permittimus omnia
'& (inguia capitula, clanfulasSc aniculos prout pofita vel pofitas funt^fir*
miter tenere , obfervare Se parte noftrâ profequi , nec uUo unquam tem-»
pore direâè, vel indire£tè,quovis qu^efito colore , ingenio , vel cau(a per
DOS y vel alium feu alios contravenire , nec etiam contravenientibus
confentire dolo,& fraude penitùs femotis. Incujus rei teftimoninm has
Litteras (igilli noftri appenfione jufllmus & fecimus mbnirLDatum & aéhim
in oppido noftro'JBruxellenfi , die vigedmâ fextâ menfis Septembris , anno
i Nativitate Domini , milleiimo quadringentefimo fexageHmo quinto ;
figni fur It rtply* Per Dominum Ducem. Scoenhove avec paraphe ,
& fulli d'un petit Sceau en cire rouge ^ pendant à doubhe bande dû,
parchemin.
Çollationni fur V Original étant en la Chambre des Comptes de LillÇf
L X I V.
Traitté d^ alliance entre PhiUppe Duc de Bourgogne^ & Robert ^
Archevefquc de Cologne^
A BrazcUeSy \tx6 Septembre 14^;,
fF?* ^ P HILIPPUSDci gratiâ,Dux Burgundiar, Lotharingie, Brabantie, &
acM ^G Limburgiœ,Comes Flandriae, Arthefii,Burgiindiae,Palatinus H^nonix,
ilcftoy* Zeellandie & Namurci,facrique Imper ii M^rchioac Dominas Frifi^cSali-
narum & Mçchlini^ , JSfotum facimus univer(is 3c fingulis , adquos pre-
fentes Littere devenerint , attendentes qupd mutua Principum fœdera
nedum benivolentias & amicitias erga feipfos parturiunt, fed etiam
Principatus , patrias & fubditos eorum in pace & tranquillitate confer-r
V^nt> itaque cjwijani dudum Majoras poftri Duces Burgundie» &c»
, çum
4
i
> DE PHIL. DE COMINES 497
ëom Reverendiilùnis in Chrifto pacribus Archtepifcopis Colonienfibus»,
Principibus Eleâoribus mutuas benivolencias , amicicias 6c foedera inie^ ^4^5
rinc & habuerint > & (^c uc veros , fidos & perfeâos amicos profecuti
fuerinc > quodque Reverendiflimus in Chriuo Pacer , illuftris Princeps
confanguineus nofter percariffimu^ Dominus Robertus , Ârchiepifcopus
Colonien(îs> Waftvalias & Angaria^ Dux, &c. facri Romani Imperii Prin*-
ceps Eleâor , fanguinis clarirace , prudentiâ, induftria , & in fubeiindis
laboribus acque graviifimis rébus ^ conftancia , perleverencia , fummaque
animi magnicudine & cacceris vircucibi^s & rébus , quibus tam Princi-
pem bene dccec abundanciflimè polleac , atque nobis ianguinis neceûicu*.
aine junâus exiftat, idcirc6 fuprà didis 6c aliis honeftis & rationabilibus
caufis mori , matura deliberatione prsehabicâ , fanoque Prsiacorum , Co-
mitum , Baronum , Proccrum & Nobilium , meliorumque noftrorum
ConHliariorum & fidelium dileâorum accedenceconfilio, ex cercâ fcien^
tia fraternitatem , unionem , amiciciam & foedus cum diâo Domino Ro-
berco , Archiepifcopo in Dei Saivacoris nomine inivimus 6c feçimus »
facimus 6c inimus fub modis , capitulis & cenoribus rubfe^uencibus^
Primb. Quod nos fumus & eflè debeamus fuprà didi Domini Roberci >,
Archiepifcopi > verus , fidus & perfeâus frater & amicus , C\c quod coco
podè honorem , ftatum 6c commodicarem ipfius omnibus modis iicicis 6c
noneftis, 6c quac cum honore effici pocerunt procurabimus , & in effeâu
taliter ac(i pro nobis, dolo, fraude auc malâ incerpreracione femotis>effi-
cere auc procurare veilemus. Deinde bonâ fide , tocoque noftro pofle
procurabimus , quod amici & confederaci noftri y erunc amici & confe*.
deraci ipfius ; cenebimus quoque ipfius faâa 6c confilia quae ipfe nobi^
fignificabic fecreca , nec fine confenfu fuounicuique vivenci revelabimus*
Prsecereà de cerris , pacriis & dominiis noftris non permiccemus fubdicos^
noflrosvel alios quofcumquc guerram, hoftiliratemaucincommodicacem»
feu damnum , quodcuma ue fuprà diâo confanguineo noftro , auc pacriis»,
terris > dominiis vel fubaicis fuis inferri, verùm coco noftro polie refifte-
mus » & fi quidquam in concrarium fierec , bonâ fide & fine quovis doio
bue fraude procurabimus ac efficiemus , quod de damnis 6c incommodi«
tacibus quae in dominiis , terris & pacriis noftris fa£U erunt,fiet.condigna
reparacio , tenebimufque & repucabimus pro inimicis noftris ^dbores 6c,
fadores di6torum damnorum > guer» & hoftilicacis , ipfifque damnum
& incommodum inferemus y donec didi adores & fadores pcsedidonim
damnorum fibi , pacriis « terris^ dominiis auc fubditis fuis > quem feu
quos otfenderint » condignam reparationem feccrint » nec denique int-
micos ipfius Domini Roberti Archiepifcopi in pacriis» terris & dominiis
noftris recepcabimus , nec eis aliquem favorem pratftabitnus > fed fi ibi*
dem reperiantur eofdem tanquam inimicos noftros » capi, arreftari & pu-
nir i faciemus, rurfum non paciemur morari aut reddere in pacriis , cerris
& dominiis noftrir aliquos quos fciverimus velteinferre damnum aut in*
commodum praefaco noftro confanguineo , vel terris , pacriis , dominiis
feu fubdicis fuis > nec per nos auc Officiarios nc^os , vel per aiium quo-
vifmodo dabimus falvum condudum > fecuritacem aut modum condu^
cendi ad manendum \ feu tefidendum aut tranfeundum in didis cerris >
|>ACcijs ^ dominiis noftris j nifi fub cali condicione quod ilUqui obcine-
Têou IL K r r bunc
498 PREUVES DES MEMOIRES
^ bunt didos falvos conduéhis non debebunc , ncc potcrunt facere aut
^ ^* procurare aliqaod damnam feu incommodum fupri diâo confanguineo
noftro , nec jpacrns > terris » dominiis vel fubdicis fuis , infuper fponde^
mus y Quod h confanguineus nofter pnediftus aAiones vel querelas ali-
quas nui contra nos competere pretenderet eaTdem profequi poterie
prout juris eft Se rationis. De hinc confentimus & volumus quod fi
aliquse qua^iones aut difFerentiac moverentur inter fubjeâos diâi con*
fanguinei noftri , Se noftros cau(a reddituum , hereditariorum aut cen^-
fuum quod traâari & terminari debeant per jus & legem > fecundùm
confuetudtnem patriar , in qua calia erement s fi verè taies differentias
aut quaeftiones eveniant pro cafu perfonali , Se una partium non vellét »
ranquam defenfor capere jus coram Principe , fub que refidebit ille de
2UO conquerentur t caufam rstionabilem fufpîtionis all^anda >, runc
>fficiarii patrix in c|uâ diâus defenfor er it fubditus , eligent Judices de
patriis feu dominiis diâi confangutnei noftri » Se noftris ipfis partibus
gratos , fi ad hoe diâis panes conveniant , & fi circà ^c noa concor-
dent y tune confanguineus nofter deputabit unum de fuo , Se nos unuat
de noftro confilio, qui duo Confiliarii,fi opus eft,tertium eligent>& cafi»
2UO efiènt différentes in nomkiando diâum tertium quilibet diâorum
bnfiliartorum nominabit unum , Se forte dirinicnt qms de- iftis duobus
nominatis , tertius erit ad decidendum & determinandum diâas quacf*
tiones & differentias > hoc modo videlicet quod fententia latâ fecundùm
judicium Se opinionem diâorum duorum Confiliariorum > Se tertii fupri
diâo modo eleâri , aut per duos ipforum obfervabitur , ac realiter Se
de faârb ipfius fier exeeutio ^ & unio ac fraternitas ifta vdribus fubfifterc
ie durare débet , ad quofcumque ftarns , honores Se praecminentias no9
devenire eontigerit quamdiu confanguineus nofter > Se nos- in humani»
fuerimus ; demum nos^ Philippus Dur Burgundise pracfatus , refervamus »
& nominatimexcipimus in pracfentifœdere, fraternitate&unionefanc-
tifiîmum Dominum noftrum Papam , fereniffimum Dominum nottrum*
Fridericum Romanorum Imperatorem , cxcellentefque Principes Reges
Scotiae & Portugaliae , iltuftres ac potentes Principes Dominum Karolum^
Ducem Bieuricenfem, Dueem Cakbrias^& Locharingix^ , Dominum Lu**
dovicum > altae & baflae Bavaria^ Ducem , nec non Btitanniac-, Bourbon
niae , Sabaudiac > Clevenfem & Gelriac Duces , & ut fuprà diéb omnist
Se fingulaillibata & inviolataperfeverent&fubfiftantnos,Philippusfupnlr
diâus tenore pracfentium in verbo Principis & bonâ fide loco juramentt
prxftiti fuprà diâoDomino Roberta, Archiepifcopo>fpondemu^& promit*^
timusomnift &finguk capitida, claufùks St artictuos prout pofitafea
pofitac (unt,firmiter tenere, obfervare & parte noftra profequi , nec uUa
unquam temporc diredlè vel indireâ^ quovis q^uaruto cotore-s ingénia
Yel caufô per nos , vel aKum feu afioscontravenire, nec etiam contra
venientibus confentire, dolo Se fraude penitùs femotis : in eu jus rei tet
timonium > has Litteras fi^illi noftri appenfione jnifîmus Se ftcimus
muniri. Datum Se aâum m oppido noftro Bmxeltenfi , die vigefima^
fexti menfis Septembris , anno à Nativitate Domina millefimo quadrin-
fentefimo fexagefimo quinto. Signé /kr U rtply , Per Dominum Ducem >
c H o £ H Hro V £ > av^cparaphc j &Jc€lU d'unpaii^ Sciau^ tn cire rùuge ^
I
DÉ PHIL. ÔÊ COMINES. 499
pendant à double queue de pauhemin. CoUadonni fur V original en la
Chambre des Comptes de Lille. ? 4 9 >•
L X V.
jj^ Copie des accords & appoinumens faits par le Roy aux Princes »
qtd s*enfuiveni.
ET premier , Mon(ieiir de Beny aiira toute la Duché de Normandie '^''f ^^
en tous profits , tant de Domaine comme d' Aydes & fans reflbrt , ex- j^^^^^^feé
icepté l'hommage. Et la Duché de Berry demeurera au Roy s Monfieur de Lc Grand.
Charolois joyra fa vie durant & defon premier héritier des Villes & Sei-
gneuries rachetées , pareillement que Mr. Ton père a fait avant ledit ra-
chat > & il aura à héritage pour luy & Tes hoiçs les Comtés de Boulogne
& de Ghinnes , avec les Chaftellenies de Peronne , Mondidier & Roye>
£t en recompenfera le Roy ceux qui y prétendent avoir droit > & lefdites
vies étant expirées , le Roy ou Tes héritiers fucceflèurs payeront aux héri-
tiers ou ayans caufe de Monfieur de Charolois , deux cens mille écus
d'or. Monfieur de Calabre aura les Villes » Chafteaux & Seigneuries de
Moufon , Sainte-Meynhoult , Vaucpuleurs & ETpinal , avec cinq cens
Lances payées par le Roy pour demy an , & cent mille efcus d'or comp-
tant, pour employer! laconquefte deNaples, & de ceux de Metz. A
l'alliance defquels & du Roy Ferrando , le Roy Me(fîre renoncera &
Î promettra non bailler ayde ne fiîcpurs , & remettra fus la Pragmatique-
anâion , par Tadvis des gens de TÉglife du Royaume. M. de Bour-
|k)n aura les Chafteaux & Seigneuries de Ufl[bn,& d'une autreSeigneurie
en Auvergne , dont ne fçai le nom , & fi ne fçai fe^ d'icelles il joyra i
vie & à héritage, & fi aura les Eftats , penfioi^ , Charges de Lances, te
Gouvernement de Chienne , comme il avoir au jour du trépas du père
du Roy , & fi luy fera payer cent mille efcus d'or à luy èâ^ de refte du
mariage de Madame fa femme , & fi dit-on , qu'il aura ponion des aydes _
de fes pays. Monfieur de Bretagne aura à héritage les Comtés d'Eftatdpes;
Montrort & de Nantes , & renoncera le Roy aux droits des Regales de , ,^
la Duché de Bretagne » & fi aura portion des aydes defditcs Comtés . ^;
d'Eftampes , Nantes & Monfon , & par le Traité qui fe Êdfoit avant le
bail dudit Rouen demourroit Gouverneur du bas pays de Normandie â
grande penfion ; mais obftant la délivrance de ladite Duché de Norman*
aïe baillée audit mondit de Berry, fait à fuppofer que fe Bretagne a ladite
Gouvernance , ce fera fous ledit Berry. M* de Nemours fera Gouyerneuc
de Paris & de l'Ide de France à crande nenfion » & fi aura le droit dei
nominations des Offices & Benences en La collation du Roy,& fi aurarer
tenue deux cens Lances payées fur les Tailles du Roy ^ & portion des
aydes des Pays & Seigneuries dudic Sieur. Monfieur de Dunois aura lef
Charges de Lances , & p^ifions. qii'il avoir au jour du trefpas du feu Roy ■%
Se rmitacîoa de (toutes Ç^ T«9sef ^ S(s\gMitrie$ ><^paur lepeifUtiondt
cous fes. bîcni, nnruhles^&i j:^cofnpe4{es dc^ ^KOV^^docLombacdic:^
bAmimede « » • ^ Monfieur d'Albret aura certaines
Seigneurie^ jpignans fcs pjiys , dont ne fçai Içs .pom^;, avec la.Charj;^ de
iiçnt Lanpe$ payées parle I^oy. Monfieur ^'^(migAaç^^urgireftitu^oa.df
Rrr X " fcs
^oè PREUVES DES MEMOIRES
. (es quatre Chaftellenies > qpe «lu vivant an feu Koy luy forent oftéet |
^ ^ ' ' que on dit eftre les clefs de tous Tes pays & vaillables par an plus de
4000 liv. avec cent Lances Se portion des aydes de Tes pays. Monfieut
de Loyhac fera premier Maréchal de France à la charge de 100» Lancea
payées par le Roy* M. de Bueil demourra Admirai de France à. la charge
de roo. Lances* Mr.de St. Pol Connétable de France* Meffire Tanne^ui»
grand Efcuyer , à la charge de loo. Lances. Mr. de Dampmartin reftitué
entoutesfes Terres, &aura charge décent Lances* Et comme on dit
n'y a trefves que pour troisjours , qui feront continuez jufques à ce que
les Lettres defdits Traitez feront faites , les Places livrées > & les autres
chofes accomplies* Fait le deuxiefme jour d'0£bcbre 14(^5*
En après ledit accord fait Se paflé par aucuns biens preciez au Roy »
fut denuuidé audit Roy > qui le avoit meu de faire tel Traité à (on
préjudice*
Et le Roy refpondit en cette manière > ce a efté en confideration de la
jeuneflè de mon frère de Berry*
' La prudence de beau Couiin de Calabre.
Le lens de beau frère de Bourbon*
' La malice du Comte d'Armignac*
L'orgueil grand de beau Coufin de Bretagne.
Et la pui&nce invincible de beau frère de Charoloîs*
L X V I.
'Tmiti de Paix , ( f ) apptUl h Traité de Confions > tntrt U Rey Louys XL
d^unt pan y & Charles , Comte de Charolois > depuis Duc
de Bourgogne d'autre.
A Paris , Tan i^^s* ^ !• Oâobrr.
fEAtlon T O YS, par la gracede Dieu » Royde France. A tossceoxqiti cef
4e M. Go- X^ptefentcs Lettres verront. Salut tCoimne noftre très-cher Se très»*
itboY* ^^ ^^^ ^ coufin Charles , Comte de Charolois , du vouloir Se cont-
mandement de noftre très-cher & très-amé oncle le Duc de Bourgogne
fon père , ( pour venir & s'aiïêmbler avec noftre très-cher Se très-amé
frère le Duc de Normandie , nagueres Duc de fierry > Se autres Seigneurs:
de'tidftre Sang ^ ayans vouloir Se incéntion de befangner & entendre en
aucunes matières , concernant le Bien |iublk & untverfel de noftre
Rc^auaie , Ti^ftat Se appaifement defdits Semneorsenvers nous » ) ait de»;
pais cifnq mois en ça mis fus grande Se pumnte armée, iàns laquelle û
ne pouvoit feurement venir. Se foy trouver à ladite aflèmblée.^ Ponrce,.
méfnnement qu'aucuns rapports luy avolent efté fàits^en luy donnant au*
ctines charges, donnans a entendre ouenMs leteôîon^ n<mre ennemy y
ibauâi qvcleiComtedeNeffefs , lé ^ttéttCnsif ^'^r^tim^ ^'il tenott
te reyutoîtjpottr â^CAJit&tis'v-p^ ftfimnknaM gens de
|<mcl»g^dte4bIkoj;^fic, fan i4^}*k'jv Oâoi>re.^
I
^ 1>E PHIL. DE COMINES. 501
1^ * guerre > Villes & Fortercflcs s*cftoicnt mis en armes en la frontière des ^^
Îays de noftredic oncle. Se fur les paflàges de noft redit frère & coufin , & 4 r
Toccafion de ces matières , tant avant l'affemblée d'iceluy noftre
frère & coufin y avec noftredit firere de Normandie , & autres Seigneurs
de noftre San^ , que depuis plusieurs difcords , divifions Se voyes défait
foient enfuivies > jufques à grande effufion de fang entre nous Se noArb-*
dit frère > & autres Seigneurs de noftre Sang : pour lefqueiles appaifer ^
^ afin de efchever & mettre a fin les grands maux 8c inconveniens inefti-
mables commencez, & qui eftoient apparens à venir à caufe defdites^
divifions , à ce que nous & lefdits Seigneurs de noftre Sang , puiffion»
cftre , Se demeurer en amour, union & concorde, que Dieu noftre Crea^
teur autheur Se largiteur de paix , puft eftre fervy Se révéré , Se noftredic
Rovanme Se tous Eftats , régi & ]^ouverné en paix , tranquillité , police ^
Se Donne Juftice ; nous ayons fait faire & tenir plufieursaflèmblées d'au^
cuns nos parens , Confeillers Se Serviteurs , avec aucuns defdits Seigneurs
de noftre Sang, & autres leurs Commis Se Députez , entre lefquels d'une
part Se d'autre , après plufieurs belles & notables ouvertures hiites , tant
pour le bien public de noftredit Royaume , police Se gouvernement d'i-
cehiy , que pour l'appaifement Se reunion de noftredit fxere de Norman-^
die , Se autres Seigneurs de noftre Sang , envers nous les Commis &
Députez de ^iioftredit firere Se coufin s le Comte de Charolois ayent faic
plufieurs remonfhrances , plaintes Se doléances : Se entr'aucres., que tant
pour lefdits rappons faits i noftredit frère & coufin , que pour autre»
c^ufes touchant l'eftat de fa perfonne , dont relation nous a efté faite, Se
auffî pource qu'il eftoit adverti qu'aucuns de nos gens & ferviteurs , au
nom de nous , avoient procuré , Se fait certaines alliances qui luy pou^
voient eftre préjudiciables : iceluy noftre frère Se coufin a efté contraint
de mettre fus ladite armée , pour la conduite de laquelle , il a fait Se
fouftenu plufieurs grands frais , mifes Se defpenfes, montansàplus de
quatre cens mille efcus : Se avec ce, pource que par le mojren défaites aU
liances & foUicitarions d'aucuns nos ferviteurs, les Liegois s'eftoient na-^
gueres mis en armes , en intention d'envahir le pays de noftredit oncle y
Se lu)r faire & porter dommage •, & iceluy noftre oncle pour refîfter â l'en-
creprife defdits Liégeois, avoit mis fus autre grande armée à grands frais
Se defpens ; & d'autre part, pource que nous avons njagueres rachepté de
fioftredit oncle les terres eftans fur la rivière de Somme , lefqueiles par
fe Traité d'Arrasluy appartenoient , nonobflant que noftredit frère Si
coufin i bonne Se jufte caufe s'attendoit que ne les deuffions rachepter
du vivant de noftredit oncle , que iceluy noftre oncle n'a jouy des profits
defdites terres fa vie durant, ainfî qu'il avoit fiance , Se quelefdites
terres n'ont pas efté racheptées félon la forme dudit Traité d'Arras , iceluv*
noftredit firere & coufin a efté , & eft grandement intereffé Se dommage,
difant que des charges, mifes. Se defpens , dommages Se interefts def-
lufdits , & autres qui n'ont efté déclarez , nous eftions raifonnablement
tenus de faire à noftredit frère Se toufin recompcnfe convenable ; fur
lefqiielles chofes , dont rapport nous a efté fait , nous fommes certiorez
Bien à plein , nous avons eu bonne Se meure délibération par plufieurs
£û<*avec aucuns^^des Seigneorsde iioflre Sang , les gen» de noftre grand
Rrr j Confcil
jot PREUVES DES MÊMOlïltS
\ é<^ Gonfeil > & autres notables hommes de noftrc Royaume; ScAvom
^ ^* Faisons , Que nous , de noftre certaine fcicncc & bonne volonté , defi-
rans reunir & rejoindire à nous noft redit frère & coufin ,^ant regard , i
ce Que par les bons & grands (êrvices , aydes & fecours qu'il peut , & a
vouloir de faire à nous & à la Couronne > noftre dit Royaume puide dkrc
gardé 8c défendu allencontre de nos anciens ennemis > Se autres nos ad-
verfaires , paix , union 6c tranquillité eftre nourrie 6c entretenue entre
nous , noftredit frère 8c coufin , & autres Seigneurs de noftre Sang > & #
que toutes voyes de fait puiflènt ccfler , & Juftice eftre obeye , gardée
& adminiftrée en noftredit Royaume : Et aufli pour considération & re*
muneration des grands fervices , mifes & defpenfes que ni^hcdit oncle
nous a faites , 8c a fouftenues pour nous du vivant de feu noftre très*
cher feigneur & père , que Dieu abfolve , par devers lequel ^ 8c en Ces
Îays y pour efviter les dangers efquels nous eftions vraylemblablemenr
e noftre perfonne , nous retraïfmes , & tant pour Tentretenement de
TEftatdenous, de noftre très-chere 8c très-amée compagne la Reyne,.
que pour pluûeurs notables Ambaflàdes envoyées devers noftredit fea
Seigneur 8c père , devers noftre Saint Père le Pape > 8c ailleurs , pournos
grands affaires touchant noftre eftat à venir à la Couronne , & d'autres
grands frais & defpens faits par noftredit oncle , 8c noftredit frère 8c
coufin , pour nous accompagner en noftre Sacre a Rheim% , & noftre
Entrée à Paris à grand nomore de gens d*armes » par la doute que avions
de trouver contradiction en noftredit Royaume : de tous lefquels frais »
mifes & defpenfes que nous avons fouventes-fois promis 8c accordé i
noftredit oncle & à noftredit frère & coufin de les recompenfer : Et aufll
pour recompenfer iceluy noftre frère 8c coufin de la peniion de trente-fix
mille francs oue nous luy avions donnée & accordée , & laquelle > certaiu
temps avant lefdites divifions , luy a eftéempefchée & rompue. Par Tad-^
vis & délibération de noftredit frère de Normandie , & de nos très-cher»
& très-amez confins les Ducs de Bretagne , de Calabre , de Bourbon 8c
de Nemours , les Comtes du May ne» du Perche , d*Eu , d'Armagnac ,
des gens de noftre grand Confeil , de noftre Parlement, 8c autres nota-
bles hommes de noftre Royaume, avons baillé 6c tranfporté , baillons 8c
tranfportons par ces prefentcs à noftredit frère & coufin le Comte de
Charolois, pour con/ideration & recompenfationdeschofes deffufdittest
& au(fi pource que noftredit frère 8c coufin s'eft libéralement 8c pleine-
ment accordé, entant qu'à luy eftoit, & grandement employé envers
noftredit frère 8c autres de noftre Sang , à Pappaifement defdites divi«
fions , 8c pour le bien de paix , pour luy & fes hoirs mafles ou femelles >
defcendans de luy en direâe ligne , & les hoirs defdits hoirs auifi def*
«endans d'eux en direâre ligne , à tousjours , les Villes , Citez , Terres »
Fortereflcs & Seigneuries appartenantes à nous de & fur la rivière de
Somme , d'un cofté & d'autre , comme Amiens , Saint-Quentin , Corbie»
Abbeville , enfemble toute la Comté de Ponthieu deçà & delà ladite
rivière de Somme , Dourlens , Saint Riquier , Crevecocur , Arleux >
Monftreuil , le Crotoy , Mortagne, avec leurs appartenances 8c appen->
dances quelconques , &: tous autres qui nous peuvent appartenir à cakife .
4ç noftrçdite Couronne y depuis ladite rivière de Somme ^ indufivemenc
DE PHIL. DE COMINES. ^03
eh tiirant du cofté d'Artois i de Flandres Se de Hainaat , tant de noftre-
dk Royaume que de TEmpire , Icfquellcs noftredit oncle de Bourgogne ^ 4 ^ J"
tenoit 6c podèdoit n agueres au moyen dudit Traité d'Arras y & avant le
rachapt & defensagement que nous avons fait* En y comprenant auffî ,
au regard des Vill^ feantes fur ladite rivière de Somme, du cofté de
noftredit Royaume , les banlieues & Efchevinages d'icelles Villes, &c
tout ainfi & en la forme Se manière que noftredit oncle les tenoit & pof-
(êdoit , pour jouir par noftredit frère Se coufm > '& fefdits hoirs , Se les
hoirs de fefdits hoirs mafles ou femelles , defcendans d'eux en direAe
ligne ,de(clites Citez > Fortereflès , Villes , Terres & Seigneuries en tous
Erofits Se revenus , tant de Doifiaine comme des Aydes ordonnez pour
t guerre > & aufli des Tailles Se autres emolumens quelconaues, ainfi
que faifoit noftredit oncle , & fans v retenir aucune chofe , fors les foy
& hommage > redbn Se Souveraineté : & lequel tranfport nçus avons fait
& faifons , au rachapt de deux cens mille efcus d'or bons Se de poids , i
prefent ayans cours* Lequel rachapt nous & nos fucceflèurs ne pour-
rons faire de noftredit frère & couun , ne durant fa vie : mais feulement
nous Se nofdits fucceflèurs ne pourront faire defdits hoiri de noftredic
frère Se coufin , defcendans d'eux en direâe li^ne > ^ui tiendront
xcelles terres parmy leur baillant Se payant à^ une fois ladite fomme de
deux cens mille efcus, à prefent courans rpour lafeureté duquel ra-
chapt, noftredit frere& coufin nousbaillera fes Lettres Patentes en bonne
forme. Et voulons & entendons ^ue noftredit frère & coufin > & fefdits
hoirs defcendans de luy. Se qui tiendront lefdites terres , pourront com-
mettre fie ordonner pleinement & à leur volonté y tous Officiers qui fe-
ront neceflkires à mettre Se inftituec au regard du Domaine defdites Ci^
cez , Villes , Fortereâès, Terres & Seigneuries deftufdites. Se que les au-
tres Officiers qui feront necedàires pour les droits Royaux , Aydes &
TaiUes , foient inftituez de par nous & nofdits fucceftèurs , à la nomir
nation de noftredit frère Se coufîn. Se de fefdits hoirs, pour icelles Aydes*
& Tailles impofer & lever ainfi qu'il fe faifoit du temps que noftredic
oncle de Bourgogne les tenoit & poftedoit. Et en outre , comme par ledit
Traité d'Arras , encre autres chofes ait efté aceordéque le Comte de Bou^
logne feroic Se demeureroit à noftredit oncle le Duc de Bourgogne , & i
fcs enfans mafles procréez de fon propre corps : & que noftredit feu
Seijpeur & père (eroic tenu de recompenfer ceux qui pretendroient y
avoir droit* Nous pour les caufes Se conftderations aeâufdites , Se fans
déroger audit Traité d'Arras , avons accordé Se déclaré , accordons Se
déclarons à noftredit frère Se coufin , que luy & fes enfans^ mafles ou fe-
melles , procréez en mariage de fon propre corps , tant feulement durant
leur vie , ciennenc & puiflenc tenir kdite Conué de Boulogne par la
forme & manière , que par le Traité d^Arras noftredit frère & couiin la
peut tenir , Se en taire les fruits leurs , comme de leur héritage ; Se
à ce, nous ferons confentir ceux qui prétendent droit en ladite Comté ,
êe ferons tenus de faire les recompenfations qui appartiendront , Se en
tenir paifîble noftredit frère Se coufin , Se fefdits enfans. Et aufli avons-
promis & accordé , promettons & accordons à noftredit frère Se coufin ^
que nous luy ferons baUler Se defpecher pleinement » purement & fran-
chement
4,
504 PREUVES DES MEMOIRES
chement, & en tant qu'à nous eft > luy baillons & délivrons dès mainte-*
^"^ ^' nant les Chafteaux , Villes, Chaftellenies & Prevoftez de Pcronne,
Monrdidier & Roye , avec coûtes leurs appartenances Se appendance^
quelconques , defcharcéesde toutes gagieces & rachapts, en tels Se Tem-
blables droits quelles turent baillées Se tranfportéesâ noftredit oncle Ton
père , par ledit Traité d' Arras , pour les tenir & en jouyr ainfi & par û
manière contenue & déclarée audit Traité, & ferons & procurerons pac
effet que noftre très-cher & très-amé couûn ledit Comte de Nevers i
tranfporte Se remette à noftredit frère Se couCn le Comte de Charolois »
tout rel droit qu'il a & prétend avoir efdits Chafteaux , Villes , Prcvot
tez & Chaftellenies > & que de ce quil en tient , il vuide & defpeche la
poftellion es mains de noftredit frère & coufin le Comte de Charolois»
ou de (es Commis. Et avec ce > avons baillé Se tranfporte à noftredit frère
Se coufin , pour luy , fes hoirs & fucceftèurs quelconques ^ & en héritage
perpétuel la Comté de Guynes , & Ces appartenances & appendances quel-
conques , pour en jouyr par noftredit rrere & couûn , & fefdits hoirs Se
fuccedèurs en tous droits » profits & emolumens, tant de Domaine que
des Aydes , Tailles & autres obventions quelconques , fansy rienrefervec
ne retenir pour nous , fors les foy Se hommage, reftbrt & Souveraineté :
Se du droit que le Sire de Croyougutres , pourroient avoir & prétendre
en ladite Comté nous ferons tenus le recompenferj & d'icelle Comté
faire Se tenir noftredit frère Se coufin , Se fefdits hoirs , quittes & paifi*
blés envers ledit de Croy & tous autres : toutes lefquelles chofes nous
avons promis Se promettons en bonne foy , Se par parole de Roy , par
noftre ferment , Se fous l'obligation de tous nos biens prefens Se i venir ,
pour nous , nos hoirs Se fuccefièurs , tenir , garder , entretenir, enteri-i
ner Se accomplir de point en point en la forme & manière delfiifdite >
inviolablement & fans enfraindre , ne jamais venir au contraire par nous
ou par autre , ne fouffrir qu'autre y vienne directement ou indireâement,
couvertement ou en appert,le tout fans fraude, dol ou malengin,& nous
fommes foubmis & (bubmettons pour raccomplifièment, entérinement
Se entretenement des chofes demidires , & chacune d^elles à la coher^
tion Se contrainte de noftre (Sint Père le Pape *, & à toutes Cours , tant
d'Eglifes comme Séculières , pour lefquelles & chacune d'icelles , nous
voulons & confentons , nous & nofdits fucceflèurs, effare contraints â
obferver toutes Se chacunes les chofes deffufdites , en renonçans à tous
droits , privilèges , Ordonnances , Edits Royaux , exceptions & chofes
quelconques , par lefauelles on pourroit en tout ou en partie venir aa
ton traire des chofes deflufdites , tout ainfi , que fi tous lefdits droits »«
Ordonnances , Edits , exceptions , ou autres renonciations eftoient ex-
preflement déclarées Se fpecifiées en cefdites pref entes. Et en outre >
mandons , & expreflement enjoignons à noftre amé & féal Chancelier ,
Se à nos amez Se féaux Confeillers les gens de noffare grand Confeil , les
gens qui tiendront nos Parlemens advenir, gens de nos Comptes, les
Généraux de nos Finances , Baillifs , Senefchaux , & autres nos JufU-
ciers Se Officiers , ou d leurs Lieiitenans , Se à chacun d'eux comme 1
eux appartiendra , que certes nos prefentes , & le contenu en icelles , ils
gardent entièrement > & accomplifTent de point en point > & ne faficnc*
DE PHIL. DE COMINES. ^o^
fouftrenc faire aucune chofe au contraire : & quand aucune chofe fera TÂÔT,
faite au contraire > ils la reparent & remettent incontinent & fans delay
au premier eftat Se deu^& mefmement efdits deParlement,des Comptes»
& des Finances y que cefdites prefentes ils vérifient & approuvent , & les
fàflènt publier &:enregiftrerpar tout où il appartiendra, nonobftant quel*
conques Ordonnances faites de non aliéner, nç mettre hors de nos mains
les Domaines de noftredite Couronne , & toutes reftriâions , promefles
& fcrmens que nous, ou aucuns de nofdits Officiers auroient pu faire en
* gênerai ou en particulier, fous (quelconque forme de paroles , par lef^
quelles , on pourroit & voudroit empefcher TefFet , accompliflèment &c
entretenement de tout le contenu en cefdites prefentes : lefquelles Or-
donnances 9 reflri&ions , promefles , obligations & fermens , nous pour
le bien de paix , ne voulons, quant au casprefent, déroger ou prejudicier
aux tranfporrs & autres choies defliifdites & defdites promefles , fer-
iqens , ou autres refbiâîons que nofdits Officiers pourroien ravoir envers
Jious au contraire dc$ chofes deflufdites, nous les tiendrons & tenons
ivur cefdites prefentes , & en accompiiÛànt le contenu en icelles, pour
quittes 6c fumfamnienc defchargez^ Et pour ce que d'icelles on pourra
avoir afiàire en plufieurs & divers lieux , nous voulons qu'au vidimus d'i-
celles fait fous le Scel Royal , fojr foit adjouflée comme à Toriginal : En
TcsMoiN de ce , nous avons fait mettre 6c appofer noflre grand Scelà
ces prefentes. Dokns' à Paris le cinquiefme jour d'Oâobre , l'an de
grâce mil quatre cens foixante & cinq , & de noure Règne , le cinquiefme:
^nfi figne , Parle Ro7,le Comte deo. Pol, Connefbble , le Sire de Mont-
tuban , Admirai de France , le Sire Deflandes, Maiflre Jean Dauvet , pre^
tnier Prefident de Thouloufè , 6c autresprefens J. Bonore : Et fur U reply
defdites Lettres ^ efloit efcrit : LeSa & publicata Parijîis y in Parlamento
duodecimâdie OSobris^ anno JPonùni miUeJimo quadringentejîmo fixage-'
fimo quinto. Ainfi J^ni Cheneteau. Et avec ce , eft efcrit plus oas fur
ledit reply. Regijlrata ^ prœfinte Procuratore Régis ^ & non contradicente»
A3um in Parlamento die décima OBobris y anno millejîmo quadrin^nte^
fimo fixaetfimo quinto. Cheneteau. Similiter U3a , publicata & Kegif
erata in Caméra Computorum Domini noftri Resis , Parifiis j decimd
nond die diBi menfa OSobris , anno quo fuprà Badouiller^
L X V I ♦,
Tranjport fait par Louis XL au Cornu deCharoloiSp des Prevofle^de
Vimeu y de Beauvoifis & de FouUoy.
LO Y S , par la grâce de Dieu , Roy de France , A tous ceux qui ces upj*î' ^
perfentes Lettres verront , Salut : Comme par autres nos Lettres de jT^^qw
la datte du cinquiefme jour du prefent mois d'Oâobre , 6c pour les caufes defroy.
contenues en icelies , nous ayons entre autres chofes baillé & tranf^
porté à noflre très-cher & très-amé frère & coufin Charles , Comte de
Charolois , toutes les terres eflant fur la rivière de Somme , que nofhre
frès-cher 6c très-amé onclç le Duc de Bourgogne tenoit 6c poflèdoit au
Tome II, Sff moyen
^o6 PREUVES DES MEMOIRES
^ moyen du Traité d'Arras » ( i ) par avant le rachapt & defenffagementque
^ ^* nous en avons n'agueres fait de luv > comme plus à plein m contenu et»
nofdites Lettres : & depuis noftredit frerc & coufin nous ait fait humble-
ment remonftrer qu auBaillia^e d'Amiens font , & ont acouftumé d'eftre
trois Prcvoftez , c'eft-à-fçavoir > la Prevofté de Vimeu , la Pievofté de
fieauvoi(is> qui s'eftend en partie dedans la Ville d'Amiens > & la Prevofté
de Foulloy,qui s'eftend deçà &c delà la rivière de Somme : lefquelles, par-
ce que noftredit oncle les tenoit & po(!edoit paravant ledit rachapt , ne
font point comprifes audit tranfport qu'avonstait defdites terres à noftre* *
dit frère & coufîn , en nous fuppliant c^ue poor éviter les difcors & de-^
bats qui pourroient eftre entre les 0£Sciers > qui feroient commis de par
nous efdites Prevoftez » & les Officiers ordonnez efdites terres , de auilî
afînquelefditesPtevoftez nefoient démembrées dudit Bailliage d'Amiens^
il nous plaife adjoindre audit Bail 6c tranfport defdites terres , lefdites
Prevoftez & leurs a^panenances & appendances quelconques , & luy en
faire nouveau tranlport , pour en jouyr , conmie defdites autres terres»
SçAvoiR FAISONS, que nous , de noftre certaine fcience, 6c pour les
caufes 6c confîderations contenue en nofdites autres Lettres Se autres
caufes à ce nous mouvans » avons baillé 6c tranfporté , baillons & tranf»
jportons à noftredit frère 6c cou(în le Comte de Charolois • pour luy 6c
tes hoirs defcendans de luy en direéèe ligne, 6c les hoirs de fes hoirs aufK
defcendans d'eux en direâe ligne , lefHitesl^evoftezde Vimeu , de Beau-
voiHs 6c deFouUoy, & leurs appanenances & appendances qudconques-
cftans dudit Bailliage d'Amiens, pour en jouyr en la forme & manière , 6c
en tels 6c (èmblables droits , & fous telles 6c femblables refervations de
rachapts , que iceluy noftre frère 6c cou (in , 6c (efdits hoirs defcendans
de luy en mreâe ligne» tiendront & pourront tenir lefdites terres à lu^
tranfportées , conune dit eft : 6c voulons que noftredit frère 6c coudn 6c
fefdits hoirs , quant aufdites Prevoftez & leurs appartenances , Ce puif-
fent avder des Lettres que nous luy avons baillées & oétroyées , concer-
nans lefclites terres , 6c de tout le contenu en icelles , tout ainfi que.iT
kfdites Ptevoftez 6c leurfdites î^partenances eftoient nommément & ex-
preftement déclarées & fpccifiées en nofdites Lettres. Si mandons , 6c
expreiïèment enjoignons à noftre amé 6c féal Chancelier , & à nos amer
& féaux les Gens de noftre grand Confeil , les Gens tenans noftre Parle-
ment, de nos Comptes , Généraux de nos Finances , 6c à tous nos Baillifs >.
Ji^iciers , Officiers & Subjets , que de noftre prefent don , o<îÉroy & ad-
jondtion , ils faflent & foimrent jouyr & ufcr noftredit frère & coufin
paiHblement , fatrs luy faire , ne foutfric eftre fait aucun deftourbier ou
cmpefchement au eontraire, 6c que ces nos preftntes ils vérifient, pu-
blient 8c faftent enregiftrer partout ou il appartiendra, nonobftant toutes
Ordonnances , reftriâions , 6t autres choies faifans au contraire. Et auffi^
mandons & commandons^ nos amez & féaux les Commiflaires par nous
ordonnez à bailler lapofteffibn defdites terres à noftredit frère & coudn »
que pareillement ils mettent luy ou fèsCbnunis en podeftlon defdites
Prevofte2r
(i) Ce Traité (ut (ait entre te Roy Charles YI I. & PhilippclcBoiv Duc àt. Bau»-
cogne à Airas > Taa 14^5 ^ le r i« S^€iid>rc
DE PHIL. DE COMINES. ^07
Prevoftez > & les falTenr jouyr fans difficulté ou concradidtion guelcon- ^
ques : Car tel eft noftre plaiur.EN tssmoin de ce nous avons raie mec- ' ^ * {'
tre noftre fcel à ces prerences* Donne* à Paris le treiziefme joue d'Oâo*
ère > l'an de grâce mil quatre cens foixante & cinq , Sc de noftre Règne
le cinquierme. Ain(l(igné. Par le Roy, les Sieurs Deflandes,du Lau»
éc Baloges > & autres prefens , G. Picard» £t fur le reply eftoit efcrit
ce qui s'enfuit > LeSa y publicaia & regifirataParifiis in Parlamtnto j die
dêcimd fcxtd Octobris » milU/imo quadringtnujimo fcxagcjimo quinto%
Cheneteau. Décima fcptimd OSobris , millcjimo quadringutujîmo fixage»^
fimo quint o , vocatus/uit Procuraior Régis , qui pubUcadoni & regijira^
iioni prmdiÔis non cohtradixit. ABum in Pananunto ^ die ù anno prit--
diBis , Cheneteau. SimiliurUBa , publicata & regifirata in Cornera Corn*
putorum Domini noftn Régis > Parifiis 9 decimd nond die OSobris y annm
Domini millejimo quadringentefimofexagejimo quinto , Badouiller.
LXVI*\
Lettrés Patentes du* Cornu dJ^ Charolois , pour la nverjion des FUles
de la rivière de Somme , &des trois Prevofle[^»^eJfus tranfporties^
CH A R L E S de Bourgogne » Comte de Charolois » Seigtiecir de , 'Hré <U
Chafteau-belin & de Bethune , Lieutenant gênerai de mon très-re- J!^'|jî^^
douté Seigneur & père : A tous ceux qui ces prefentes Lettres verront > ^J^'
Sahic : Conrnie Monfeigneur le Roy par Tes Lettres patentes en datte ébx ^^^*
^inquiefme jour de ce prefent moisd'Oâobre, & pour les caufes fie con-
itderations y contenub*s 9 nous ait baillé Se tranfporté > pour nous & nos
hoirs malles ou femelles defcendans de nous en aireéte ligne* 8c les hoirs
de nofdits hoirs auffi defcendans d'eux en direâe ligne , à tou&onrs> les
Cites » Villes Se Fortereflès > Terres & Seigneuries qui Iny appartenoient
de & fur la rivière de Somme d'un cofté & d'autre > comme Amiens > S»
Quentin , Corbie » Abbeville , enfemble toute la Comté de Ponthiea
deçà & deU ladite rivière de Somme, Dourlens , Sainâ-Riauier ; Creve-
coeur , Arleux , Monftreitil» le Crotoy , Mortagne * avec leurs apparre*
nances & appendances quelconques , & toutes autresqui luy jpouvoient
•ppartenir a caufe de fa Couronne > dej^is ladite rivière de 5omme in-
clufivement , en tirant du cofté d'Artois , de Flandres 6c de Hainaur *
tant de fon Royaume que de l'Empire : lefquelles terres* mon très^redouté
Seigneur & père tenoit& pofl(èdoit n'agueres au moyen du Traité d'Arras»
& avant le rachaptque mondit Seigneur le Roy en avoir fait de luy * pour
en jouyr par nous & nofdits hoirs , & les hoirs de nofdirs hoirs mafles ou
femelles , defcendans de nous en direâe ligne , ainiî ic par la manière
contenue & plus à plein déclarée en fefdites Lettres. Et lequel bail& tranf-
pon mondit Seigneur le Roy ait fait au rachapt de deux cens mille efcut
d'or , bons & de poids. , i prefent ayans cours : Lequel rachapt * mondit
Sekneur le Roy & (es fuccefleurs ne pourront faire de nous ne durant
nomre vie , mais. feulement le pourront faire de nofdits hoirs defcendans
de nous en direâe ligne , 8c des hoirs de nofdits hoirs aufti defcendans
d*eux en direûe ligne * leur payant & baillant à une fois ladite fomme *
Sffi de
^^^^^^^ çog PREUVES DES MEMOIRES
^^ de deux cens mille efcus d*or , bons & de poids à prefent ayanscodrs \ 8c
pour la feurecé duquel rachapc , nous ferions tenus de bailler à mondic
Seigneur le Roy nos Lettres patentes en bonne forme. Et depuis, par
autres Lettres du trciziefme jour de cedit mois d'Oûobre , niondit Sei«
gneur le Rov en adjouftant au bail & tranfport à nous fait defdites terres>
nous ait baillé & tranfporté les Prevoftez de Vimeu> Beauvoiûs & Foui--
loy,& leurs appartenances & appendances quelconques,eftans au Bailliage
d'Amiens, pour en jouyr en la forme & manière , 6c en teb & femblables
droits 9 &c {ous telles & femblables refervations de rachapts , que nous £c
nofdits hoirs tiendrons & pourrons tenir lefdites terres à nous tranfponées »
comme dit eft , & par icelles Lettres , mondit Seigneur le Roy ait voulu,
que nofdits hoirs deffîis déclarez , Qu^t aufdites Prevoftez ou leurs ap-
partenances , nous puiifîons aider deldites Lettres qu'il nous a baillées &
oâro]^ées , concernans lefdites terres & de tout le contenu en icelles »
toutainfi quefi lefdites Prevoftez &leurfdites appartenances eftoient nom*
mement & expreftèment déclarées 6c fpecifiées en fefdites -Lettres , con-
tenant le bail& tranfport defdites terres deflùs déclarées. Sçavoir fai-
sons , que nous voulans & defîrans garder & recognoiftre bonne foy ea^.
vers. mondit le Seigneur le Roy 6c fes fucce0€urs, de n«>ftre cenaine
fcience , pure & franche volonté , pour nofdits hoirs defcendans de nous
en direâe ligne , & les hoirs de nofdits hoirs , aufli defcendans d'eux
en direûe ligne , mafles ou femelles , i toufiours , qui tiendront lefdites
terres , avons convenu & confentv , promis & accordé , convenons >«
confentons , promettons 6c accoraons par ces prefcntes à mondit Sei-,
gneur le Roy , pour luy & fes fuccefleurs , qu'ils 6c chacun d'eux puiflènr
iavoir,rach«>tcr & recouvrer toutes 6c puantes fois qu'il leur plaira après
noftre deceds, & non devant, de nofdits hoirs , 6c des hoirs de noidits.
hoirs,ma(lesou femelles>defcendans d'eux en direâeligne,toutes lefdites.
Citez , Villes, Terres & Seigneuries deftus déclarées , ànoustranfportée&
par mondit Seigneur le Roy , & lefquelles mondit Seigneur 6c père, te-
noit & poftèdoit avant ledit rachapt 6c defengagemen; : & aufli kfdites)
Prevoftez de Vimeu , de Beauvoifis & deFouUoy , & leurs appartenances»,
tout à unefots, en leur baillant & payant à une fois laditefpmmede deus>
cens mille efcus d'or, bons 6c de poids , à prefent ayans cours t Et leif^
ouelles Citez , Villes , Fonereflcs , Terres fie Seigneuries , ficles Prevoftez,
cefliifdites , nofdits hoirs defcendans de nous , fie les hoirs d'iccux nos.
hoirs , aufli defcendans d'eux en direâe ligne , mafles ou £bmelks, qui;
tiendront lefdites terres , feront tenus de baUkr > reftiruer Se délivrer à^,
mondit Seigneur le Roy , ou à fefidits fucceflèurs après noftredit deceds ^
ëc non devant parmy recevant de luy ou de fefdits fueceflèurs 4 une fbîsi
kdite fomme de deux cens mille efcus d'or , bons fie de poids , i prefent
ayanscours^Et en ce cas, eux du tout defifter fie départir defdkes Terres.
& Prevoftez, fans y faire difficulté ou contradiâion quelconque , fie àccf
faire fie accomplir par la manière que dit eft , pour après noftredit deceds,.
fie dès maintenant comme pour lors les obligeons nofdits hoirs^ defcen-^
clans de nous , 6c les hoirs d'iceux nos hoirs defcendans d'eux ca direâa
Ugne , mafles ou femelles, quitiendront icelles terres , le tout (ans pre^
- ttidice 6c innovation de certaines autres Lettres de mondit Seigneur la
iloy X delà dacce de^fdite x P^ lefquelles il a voulutedit rachapt^ fie k:
DE PHIL. DE COMITES. ^ ^09
eontetaa en ces nos prerences cftre entendu , & les chofes deflUfditcs par ^.
la forme & manière que dit eft > nous pour nofdics hoirs > & les hoirs de ' ^ '
nofdics hoirs defcendans en direde ligne ^ avons prçmis & promecton;
en bon^ie foy par parole de Prince » par noftre fêtaient & fous l'obUga^
rion 6c hypothèque de tous &: chacuns nos biens prefçns ,&à venir , &c
dc% biens de nofdics hoirs , & des hoiis d'iceux nps hoirs , ayoir & tenif
fermes & ftables > belles par la manière defliifdite , 6c non autrement »
accomplir > entériner 6c entrerenir , fans enfraindie , ne jarpais venir an
contraire par nous ne par autre , direâement ou ihdireâement » couver^
f emcnt ou en appert > & nous fommes foubmis pour nous 6c i^^fdits Hoirs»
^ les hoirs d'iceuxnos hoirs j à la cohertion & contrainte de noftre S.
Père lePapo> Ô^ à ^cw<s autres Cours tant d'Egliiè , conuTie^cculi^of »>
p^ lesquelles» &chaçme d'elles» nous voulons jiofdics hcùrs» 3c les hoirs
d'iceux- no» hoirs , eftre contraints à faire & obferver les chofes defilif-
diccs > en rcxionçans à tous droits , exceptions & autres chofes^ par lef-
Î[uelles on voudroit , ou on pourroit venir au conrraire des choies def-
ufdites , tout ainH que fi tous lefdirs droits , exceptions 6c autres renon-
ciations eftoient expreflèment déclarées en cefdites prefentes. En tes-
MoiK de ce , nous ^vont i^ir metrre npftre Scçl à cefdites prefentes.
Donne' à Conflans , près de Paris , le feiziefme jour d*Oâ:obre , Tan de
crace> mille quatre cens .fbixaiite &*ciM. Ainfl ngné : Par Monfeigneur
le Comte » le Sire de Neufchaftel , Maréchal de Bourgogne ^ le Comte de ^
Charny , les Sires de Monta^ , de Brequv » de Halbourdin & deCon-
tay y Meffires Guillaume de BjkhjçSi) !Qirar4 Ûnory > Maiftre ^Guillaume
Hugonet » Jean Carondelet > & autres prefens. J. Gros > collation
cft faire.
£xtrait des Rcpfirts de la Chambre des CompUt ^ avecUfqiuls en vertu
d*uneBjtquefie décrétée de r ordonnance d'icelledu vinçt'Jeptiefmt jour
de Février làj^. en a efté faite collation» Jigni Chevalier.
L X VI***.
ifpf^ Xettre de Monteur le Comte d^Eu au Roy ,. touchant P accord
avec Monfieur le Duc de Normandie.
MO N très-redouté & fouverain Seigneur , [c me recommande i Tiré ics
votre bonne griacç , r;int& fî très-humblement qtîéfaiifepuis;^ & Recueils de
vous plaifc'fçavbir , mon rrès-rcdouté & fouverain Seig neur^^ûe àihçerij^. M. TAbbé
que fois arti^é-en cette Ville de mon rctoiir de pair delà , ffti ttoUv^ e^nt '^^ Q^^^
là ViHè' fie Chaftel deRouen , les Places de Diepes & d'Arqtiès eftoient i
rendues ou en compofition , & dej>nis , •ar reçu vosLcttWs efcricifes i Paris • '- - •
leneuviefmejour deceprefen[tmois, par lelquçlles' m'avez fait fçavofir, ' '
flûe touchant l^ppanage de mo^ rrès<edotité Séignéi^j-Monfieur totrâ ^^^ ' ^, \^
nrere , luy avez accordé la Duché de Normandie : tantoft après iaqfuilU .«„ •>!- '
réception de vofdites Letti^s, faieftéfomtiiiél^mon nepveu de Bout- jnx:' : :
bpn; fa!f difiND^ li^ucendnt Geoetalde mondît Si^eur^ votre freije^ideluy
woàxt^ cette Place du Nçuf-Chaflel ^ la^quéllc > & tout l'uf^frjtiit de h
Sff } * vicomte
1
^___ 510 PREUVES DES MEMOIRES
i^^r Vicomte dudit Neuf-Chaftcl me fut picça donnée à ma vie » par le feu
Royvoftrepere9 que Dieu abfolve *>& depuis Ton crefpasm'ae&parvoul
confermée : Mon très-redouté &rottverain Seignettr,vous (çavez auè2> que
je n'ai provifion ne ordonnance de gens ne autrement, pour la pouvoir
garder ne tenir conere les gens de mondit Sieur 9 Se pour ce , vous fup-
plie que de votre grâce , m'en veuillez tenir pour deichargé i & oir > &
croire mon amé & féal Serviteur & Efchanfon , Jaoï^es de Dreux 9 de
ce qu'il vous dira de par moy , pour cette' fois 9 en moy mandant & com-
mandant toujours vos très-nobles & bons plaidrs pour y obeyj: , 6c vous
fervir de très-bon coeur à mon pouvoir, comme tenu y fuis > ài'ayde da
Benoift Fils de Dieu , qui , mon très-redouté 8c fouverain Seigneur, vous
doint très-bonne vie & longue , & accomnliflèment de vos très-hauts &
nobles defirs. Efcrit au NeufChaftel , le aix^ieuvierme jour d'Oâdbre«
Votre très-4iumble & très- obéyflànt le Comte de Eu 9 C h a n l e s«
Jpt ilu Sufcripiion. Au Roy, mon très-redouté & fouverain Seigneur*
L X V I L
* «
§7 Extrait des Régions du ParUnunt.
Du dix-fipt Aouft 146$.
Tiré des t^ Ejourd'huy , les Prefidens & ConfeiUers envoyez vers le Gmitc
Recueils de V^ d'Eu > pour appointer avec les Princes»
M.l-AbW . .
^ GranJ. Du. vingt-dcux d'Aoufi 1 466.
Ce jour , les Lettres efcrites par le Duc de Berry à la Cour , pour en^
voyer gens pour Parlement , & on députa pour aller vers le Duc.
Du vingt-ncuf d^AouJt 1465.
Ce Jour , fut propofé au Parlement , a ce qu'on n'allaft plus au Palais »
donc (e rapportèrent plufieurs nouvelles \ & pour expédier du cents des
vacations > fut dit., qu'aucuns ConfeiUers iroient chez le Cbancelier.
Du dixf-ntuf Septembre 1466*
. j f Ce jour 9 l^emonftrances du Chancelier des o0res faites par le Rôv^
: . ' . aju Dup de Berry , qui demandoit Normandie & Guyenne , lefquelles
# T^oiit le lloy ne ppuvoit bailler , v^* TOcdonnance, mais bien a c^erc Oiam^
parlerons pagne , Brie fc Vermandois , excepté Maux Se l^ntereau -'Fmt*
de cette or* Yonne & Xfebin» Au Duc de Bourgogne , avoir offert les Terres de
donnance Boulogne , Mondidier , Peronne , Troyes , & deux ceiis mille livres i
j ** ^'^ payer dans quatre g^jii , 4 ce qu'on coiuioiflc qu'il ne tenoit au Roy qu'oa
iXXXIII. ' . '. - D» douie Oaobre 14qX
' Ce jour , commença te Parlement , à voir i les Lettres de dolï fitit ait
Comte (te Chatolois ; les Gens du Roy ont dit , que Vu la grande alie^
nution
DE PHIL. DE COMINES.. .-511
nation , 8c aufli aae le Roy fe foumettoic aux fubjeâions du Pape , j>our
perdre leurs Omces , ils ne ccmfentitoient à i entérinement dcUlites *4^S"
Lettres > & que le Roy faifoit cecy par contrainte & force \ Se proreftoit
que luy eftant en liberté > il le revoqueroit ; ôc incontinent » vint rEveT-
que d'Évreux , qui dit que le Roy vouloit qu'elles fuflent publiées , non-
obftantladite opposition , Turquoy , le Chancelier demanda audit Ev^fqtfô -
fon opinion , & à des Seigneurs qui n eftoient du Parlement ^ qui furent
d*avi$ de ladite publication, nuis il n'en demanda à ceux du Parlement ,
qui volontiers y euflènt contredit ; 8c ce fait > le Chancelier commanda
qu'elles fuflent publiées , & s^tn alla , & dit â Bayard , l'un des quatre
Notaires , qu'il luy envoyeroit les clefs du Roy , Se ce fait 9 la Cour ht ou-
vrir les huys, & (cclla lefdites Lettres en l'abfençe des Gens du Roy ; ce
fait , les quatre PreHdens allèrent à la Table de Marbre, -où le Roy eftoit»
qui vouloit bailler Tefpée au Comte de S* Pol , Conneftable ; delà allo^
xent en la Grand Cnambre , où les Confeillers attendoipnt à y venir
ie Chancelier & les Marefchaux > qui s'aflîreat en haut. Ce fait , ledit
Comte deSaint-Pol vint, & furent les Lettres liies>& le ferment reçu. /^/^ '
4€m. La proteftation des Confeillers touchant ledit don fait audit Comte
de Charolois.
DuditjauTm
Ce joiir > fur ce que les Gens du Roy ont dit i la Cour , que le Rojr
vouloir que le don par luy fait au Duc de Bourgogne des Prefvotez de
Vimeux Se autres fuft publié 9 6c ont dit j que veu le tçms de guerre Se
auffi le commandement , ils n'empefchent point leurs proteftations
Ïu'etles foient lues ; ce fait , les Sieurs montetent en haut , Se deftianda
Advocat du Duc de Bourgogne , la publication defdite» L^res , Se que
le Procureur gênerai fuft prefent , fur quoy fut ordonné , que lut lefdites
^Lettres 9 feroumis» I^Sa ^publicata & rtfffirata : y avoir ak)rs trois Ad*
.Yocats du Roy»
Du dix'fept OSobn 14660
Ce }oiir,le Roy mande,qtt'ez premières Lettres de don faites au Comte
4e Charolois, k ce mot Rtgiûrata foit ajouté. Se à l'autre, qu'il foit xsm 9
ProcuTéUorc Reps audito > é non contradiccnu. Ce qui fut ocdonnér
Du vingt-neuf éTOSobrc 1466.
Ce jour j publication du Traité de paix , entre le Roy & les Princes y
où font pluueurs Terres données en don , aufondles s'oppofbient plufîeurs
Seigneurs , i quoy le Procureur du Comte au Maine n'eftoît reçu , at^
tendu quec'eftoient tranfports faits pour le Traité de paix» Se, fur ce, U
Cour ordonne que fur le dos d'icdle , fera mis , LeSa ypiMicata , regif-
tratuy & en un Regiftre i part , abfque prœjudicio oppojîtionum eoidem die*
LXVIL
PREUVES DES MEMOIRES
L X V I I*.
fCT Proujlation de la Chambre dis Comptes contre le Traité de CortflanSj^
Tiré des y E quatorziefme jour d'Oârobre mil quatre ctns foixante-cinq , le
M^^r A^KW^ ^ Procureur du Roy noftrc Sire en fa Cnambre des Comptes , s*oppo-
L G a ^^^ ^^ que deux paires de Lettres Royaux > obtenues par Monûeur le
Comte de Charolois , les unes données à Paris le cinquierme four dudic
mois , par lefquelles le Roy , noftredit Seigneur, luy baille & tranfporte
Amiens, Saint-Quentin > la Comté de Ponthieu , & autres Terres , Vil*
les & Places , n'agueres par le Rov defgagées de Monfieur deBoursogne»
avec les Coiutez de Boulogne & de Guignes , enfemble & les Villes &
Chaftellenies de Peronne , Mondidier & Roye : & les autres auffi don«
nées d Paris le treiziefme jour d'iceluy mois d'Oâobre , audit an mil aua«
tre cens foixante-cifnq , par lefquelles le Roy noftredit Seigneur a (emola^
blement baillé & tranfporte à mondit Seigneur de Charcuois les Prevof^
tez de Vimeu , de Beauvoifis & de Foulloy , ainfi que pius à plein eft
contenu efdites deux paires de Lettres , ne foient aucunement vcrifiées»
entérinées , ne expédiées par me(dits Seigneurs Ats Comptes , pour cer<«
taines caufes , qu'il entend à dire & déclarer en temps & lieu 9 & juT*
ques à ce qu'il ait cfté pré^ablement oy fur ce. BouatiBH.
L X V II I,
^ffT Lettres Patentes de Louys XL pour raùfier te Traité de Confians g
& nomination des ptrfonnes pour la reformatUm de VEtat^
T O Y S, par la grâce de Dieu , Roy de France : A tous ceux qui ces
n -t j* JL' prefentes Lettres verront , Salut : Conune pour la pacification 8c ap^
M ?Abbé^ paifement des queftions & différences , qui puis aucun temps fe font
lôcrani n^^ues entre nous d'une part , & noftre très-cher fie très-amé Frerc Char-
les de France , à prefent Duc de Normandie , fie aucims des Seigneurs
^e noftre Sang > adjoints avecques luy , fie leurs adherans , d'autre part»
ayent par nous iL noftredit Frère , fie lefdits Seigneurs de noftre Sang ^
faits fie accordez les Traitiez fie appointemens contenus fie déclarez es
anicles , defquels la teneur enfuit t
Contne Monfeigneur le Duc de Normandie , n'agueres Duc de Berry »
fie ptufteurs autres des Seigneurs du Sang joints & adherens avecques
luy , luy ayent fait remonftrer au Roy , qu'ils eftoient venus fie aflem^
h\n enfemble pour venir par devers luy , fie pour luy faire aucunes de*
monftranccs fie requeftes touchant le bienjHiblic , Teftat fie ordre de la
Jufticc du Royaume , ce qu'ils n'ont peu faire ne accomplir pour aucuns
rapports à eux fait$ portans menaces \ fie à cefte caufe , pour la fenreté^
de leurs perfonnes , s'eftoient mis en armes en afibmbtée de gens \ fur
quov fe font enfuis aucunes divifions fie voyes de fait \ pour obvier auf»
quelles , fie aux dommages ^ inconveniens qui en pourroient advenir ^
^ ^^x^ pour UQurrir bonne paix ^ union çna:ç le Roy fie Içfdits Sei-
DE PHIL. DE COMTNES. jïj ^^_^^__^
Sears $ afin qu'on puiCCe mieux vacquer & entendre aux chofes neccf- ^""^T^
jrea pour le bien & ucitité delà chofe j>ubUque » & dudit Royaume > ^4^5
ont efté traitées'» appointées & accordées entre eux les chqTes qui enfui-
vent.
I. •
r
i - -
pREMisasMENT. Que toutes manières de guerres te voyes défait
d'entre le Roy & lefdits Seigneurs , leurs hommes » raflaux , fubjets i
leurs adherans , alliez > amis & bienveillans , de quelque eftat ou condi-
cion qu'ils foient , en quelque pays. Terre ou Seigneurie que ce foit »
nxL Royaume ou dehors, à caufe defdites divifions & dificrençes , cedè'^
ront aorefnavant d'une part 6c d'autre , & demourront en bonne paix,
amour &c tranquillité -, Se feront le Roy & lefdits Seigneurs aller leurs
sens de guerre fur leurs lieux , & fans faire fejour , au pluftoft que faire
iepournu
IL
Item. Que de quelconaues chofes qui fe foient enfuis à roccafion
defdites divifions d'un cofte Se d'autre , ne pourra jamais aucune cho(e
cftre imputée,reprouvée,ne demandée,ne moleftation faite par p»rocès ne
autrement , en quelque manière que ce (bix à aucuns defdits Seigneurs ,
fie des adherans , ferviteurs , fubjets & alliez , amis Se bienveillans d'une
paît & d'autre ; ainçois demeureront en bonne feureté en quelque part
qu'ils foient ou demeurent , au Royaume ou dehors , fans ce que le
pays du Rov, ne defdits Seigneurs leur puiflent , ne aucun <i'eux , auau
ne chofè eitie imputée ou demandée.
I I r. •
lum. Que lefdits Seigneurs ne feront ou mouveront par eux , ne pat
âbere à ToccaHon defdites cho&s pallees ne autrement , guerre ou dom«
mace foit fait au Roy par autres Seigneurs oa Conimunautez , Se n'y
bailleront ayde ou fecours en quelque manière que ce foit , pour caufe
defdites chofes paflees, ne autres quelconques ; ainçois ferviront Se
pbéyront au Roy » ainfi que tenus y font. ^ «
IV.
\ Ittm. Aufli le Roy par iuy ne par autres , à l'occafion defdites chofes
{Kdfêes , ne autrement , ne fera ou mouvera guerre ou dommage aufdirs
Seignemrs ne à leurs adherans , fubjets , alliez ou ferviteurs , & ne pro-
curera que guerre ou dommage leur foit fait par autres Seigiieurs ou
Communaurez , & n'y baillera ayde ou fecours en aucune manière pour
caufe des chofes paffèes, ne autres quelconques ; ain^ois les aydera Se
iervira comme fes bons parens & fubjets , & de leurs perfonnes *, & pa-
reillement lefdits Seigneurs & leurs Officiers ne procéderont à l'encour
tre des ferviteurs âr adherans du Roy , pour auciïti cas ou maléfice * que
l'en leur vot^lra demander ou impofer , par voye de fait , prinfe> arreft
Tome II. Ttt ou
V,
i:
V
./
514 I>REUVES DES MEMOIRES
j . ^, OU détention de leurs perfonnc$ , ne autrement ^ue ce foit , par bonne
& mure délibération , & ainfi que deilùs a eftéVhc de la partie du Roy.
•
lum. Pour pourveoîr aux plaintes & doléances » qui de la part defdits
Sekheurs > & de plufieurs des fubjets du Roy , luy ont efté faites, aiicuns
de(ordres & fautes , que on dit eftre au fait de TEelife, de Juftice, & de
plufieurs griefs , exadiions & vexations indues , a la grand charge du
{)euple,& bien puÛic du Royaume, a efté appointé & traidie <^ue
e Roy commettra trente-fix notables hommes , lefquels il a commis \
c'eft à fçavoir , douze Prélats & notables gens d'Eglile 5 douze notables
Chevaliers & Efcuvers \ douze notables gens de Confeil & de Juftice ,
aufquels le Roy a donné plein pouvoir & autorité , & commiilioa d eux
afîèmbler en la Ville de • • • • & d'eux enquérir & informer des fautes As
ordres delTuCdits , avecques autres chofes touchant le bien public &
univerfel dudit Royaume -, & de oyr & recevoir toutes les remonftran*
ct'& & advertidemens oui touchent ce que dit eft , leur feront faites &:
baillées ; & fur toutc;s tes chofes deflùfditcfi & leurs circonibances , advî^-
fer , délibérer & conclure les réparations , provifions & remèdes con-
venables au bien public dudit Royaume, deidits Seigneurs , de i^ fub-
jets & de la chofe publique du Royaume > à la confervation &bon ordre
de Juftice , des droits & franchifcs de tEglife , des Nobles , autres vaC-
iaux & fubjets , le foulagement & defcharges du peuple & du Rovaume \
& à ce Que d'orefnavant & fainte Eglife puiflè eftre révérée , le Divin
fervice rait, Juftice adminiftrée ,.& marchandise avoir Çon cours., ic tout
le peuple du Royaume demeurer en repos , libertés & bonne tranquillité»,
V L
lum. Lesquels advis, délibérations^ &conclufions, ainfi & par h
manière qu'il auroient efté faits , accordez & conclus par lefdites trente-
fix perfonnes , ou la plufpart d'entre eux , tant par Icmonce d'Ordon-
nances , Edits perpétuels, Déclarations ou autrement , le Roy veut &
ordonne dès à préfent , comme pour lors & dèsrlors » comme a prefeni^
valoir & fortir leur plein effet , fie eftre entretenus fie gardez félon leurs
formes fie teneur , comn^e fe Uiy^meûne en fa perfonne les avoir faits f
fie d'abondant dedans quinze jours après qu'ils feront rapponez au Roy
il les autoriferâ fie approuvera , ainfi âc par la manière > queparle(3it$
ttente-fix atira efté aclvifé fie condud', fie leur en baillera fes^ Lettrer,
lefquelles feront leues, publiées fie enregiftrées en la Cour de Parlement,
tn k Chambre des Comptes , es Baillages fie Senefchauflees Royaux , fie
les gardera fie fera garder en tous leurs points -, mandera à fadite Cour
de Parlement , aux Baillifs , Senefçhaux , fie autres JufBciers dudit
Royaume, de les garder fie entretenir fans enfraindre, ne jamais aller
au contraire \ fie des maintenant veut fie ordonne que lefdits Senefçhaux,
Baillifs fie Jufticiers jiftent fie promettent ainfi le fair« , fie né feront bail-
lées par le Roy Lettres en (a Chancellerie > ne ailleurs,. i l'enoonore
defiditSf,
>
DE PHIL.de COMÎHES. ji^
defdits advis faits & accordez , comme dit eft *, Se efquelles , fe elles .
eftoienr baillées par le Roy en ladite Chancellerie , tic ailleurs , ne fera * 4^ 5
en ce cas obéy par lefditsde Parlement, Baillifs ,*Senefchaux Se autres
Jufticiers ; Se pareillement lefdits Seigneuts , fans pour ce empefcher la
Tove de Jaftke > ne l'autorité du Roy es cas , aind qu'il appartient , qui
si'ecouteroient lefdites dhriiions Se dmèrences.
VIL
Item. Que lefdits Seigneurs > leurs hommes » vailàux , fubjets > fervi-
teurs ou adhei^ns , tant du Roy que defdits Seigneurs , tant d'un cofké
que d'autre , retourneront franchement & quittement en leurs maifons >
places 9 héritages , rentes Se revenus , & biens meubles , quelque parc
qu'ils foîent , loit au Royaume ou dehors , & fans que à, cette caufe rieii
leur en puiflè eftre retenu , querellé ou demandé au temps advenir *, Se
feront & demeureront , font & demeurent par cedit Traitié , ^ en leurs
jouiflahces , poflèflîons & faifines , efquelles Se ainH qu'ils eftoienr para*
vant içfditesdiviHons, nonobftant quelconques dons, ceffions, tranf^
ports , occuj)ations ou empefckemens qui leur ayent efté faits par le Roy
ou lefdits Seigneurs , ou par autres à leurs caufes & moyens , fous cou-^
leur de juftice ou aurrement , depuis lefdites divifîons ou aucunes d'icel^
les y lelquels empefchemens font & feront nuls , Se de nul 'effet, comme
choie non advenue , Se eft permis à tous les deilufdits d'entrer ou lever
lefditfibiens , comme devant > de leur autorité , fans aucun miniftere de
juftice ^ & fe meftier eft , en feront baillées Lettres i carf, qui les reque^
reront, telles que befoin fera. ' ^
V II L
* Item. Que les biens meubles eftans en nature de diofes, qui ont efté
prins Se empefchez , fous couleur de Juftice ou autrement , que par voye
ou exploit de guerre , feront délivrez *&: defpechez > & reftituez à ceux
aufquels ils apparrenoient paravanr lefdites 4ivi(ions y Se pareillement
feront rendus Se reftituez, tous les biens qui auront efté prins durant les
trêves. . .
IX.
%.
Jum. Que les Villes Se G>mmunaute2 c^ni ont obéy Se adhéré à Vvtn
party ou à i'autse , ne feront pour ce maltraitées , Se ne leur* fera fsàt ou
donné aucun trouble, d'eftourbier ou erapeichement en leurs droits y
privilèges , franchifes & libertez , ainçois y demeureront idnfi qu'ik
eftoicnt paravant lefdites diviiîons.
■ •' X.
1 , ..':.•.*
lum. Tant par le Roy , que par lendits Seigneurs feront rendues Se
délivrées les Villes & Places prinfes & occupées de l'un party fur l'au-
tseipaufedefditesdivifions. ^ . «^
Ttti XL
^*^
T
5i<^ PREUVES DES MEMOIRES
14^5- XI.
lum. Le Roy ne coAtraindra lefdics Seigneurs a venir devers lûy »* fi
ne feront tenus d'y venir en ietirs perfonnes > fans que pour ce lefdits
Seigneurs foient exempts des fcrvices qu'ils doivent au Rov ï, caufe de
leur fidélité , quand befoin fera » pour la defifenfe & bien évident dudit
Royaume*
XII.
lum. Et quand le plaifir du Roy fera de venir es places & niai£bns
defdits Seigneurs , efquelles ils feront en leurs perfonnes > il leur fenb
icavoir trois jours devant fa venue » auffi lefdits Seigneurs ne^ viendront
devers le Roy > fans premier envoyés devers luy pour fçavolr fou boi»
plaifir & cotuentement.
X I I L
lunu Se on vouloit impofer ou imputer aufdits Se^neun , leurs adhe-
rans ou ferviteurs , en aucuns cas ou maléfices , le Roy ne procédera à
rencontre d'eux par voye de fait » prinfe-» ou détention de leurs i>erfoii«»
nés ne autrement » que ce ne foit par bonne & meure délibération d»
Confeil , & à bonne & fuffifante caufe > information précédente > & ea
termes fuffifans & de bonne jufUce , & en gardant les droits > dignitez
ic prérogatives defdits Seigneurs » feront tenus de garder & entretenir
lefdits advis & delH>erations & condufions « & de les faire garder par
leurs Officiers en tous leurs points » qu'ib le promettront & jureront 5
comme dit cft. * *
X I V.
lum. Durera le pouvoir & conutiifllon defdits trente-fix > deux mois
i compter du temps qu'ils conunencéront à befogner, & auront puiflànr
ce de proroger ledit temps quarante jours > pour une fois ^ & fe il adve*
noit que aucuns defdits trenre-fix allaflènt de vie à trefpas > fuflènt ma*
kdes y ou tellement occupez qu'ils n'y pufient vacquer .& entendre > en
ce cas les autres y fubrogeront tels qu'ils verront en leur confcience, âc
commenceront 4 befogner le quinzième jour de Décembre prochain ve-^
nant.
X V^
. lum. Le Roy fc le£Iits Seigneurs tiendront > garderont & accomjrfi^
tont entièrement en tous leurs points les traitiés éc accords entre eux»,
tant touchant l'appanajge de Monfieur de Normandie > que autres chofes
faites & accordées aufdits Seigneurs,& 4 diacun d'eux leursadherans>fans.
jamais faire ou procurer direâement ou indiredlement. au contraire y,
tout ainfi que fe lefdits contrats , accords & appointemens eftoient in*
ferez & incorporez en ces fnrefens articles».
X V L '
lum. Pource que>à caufe defdites diiferenccsje Roy a £ùt prendre &.
• mettre
DE PHIL. DE COMINES. . 517
mettre en fa main les Terres & Seigneuries de Parcenav » Vouvant» Mai- ^^;^;^
rêvent , Secondignv > le Couldray > Salvart & Cliaftillon *, & aufli par le 146 y
moyen de certain don & tranfporc que feu le Roy Charles en fift au Roy
3ui à prefent eft , le Roy en a fait don & tranfport i Monfîeur le Comte
u Maine > fon Oncle , lequel en a prins & appréhendé de la poflefSon
en defpoincant Monfieur le Comte de Dunois , rant defdites Places »
Terres & Seigneuries » qu'il tenoit Se poflèdoit , au moyen du don &c
tranfport qu'd luy en avoit e(Vé fait par ledit feu Roy , 6c depuis con*
firmez par le Roy qui à prefent eft , dont les Lettres avoient & onteftc
vérifiées & expédiées, tant en la Chambredes Comptes, qu'en la Cour de
Parlement , a efté appointé & accordé pour le bien de la paix , en quoy
mondit Seigneur de Dunois s'eft grandement employé que mondit Sei- •
gneur du Maine délaiÛeroit , lequel dès à prefent delaiflè &c renonce à
tout le droit qu'il pou voit prétendre & avftir es Terres de Partenay, &c.
& qu'il luy en bailleroit fes lettres de renonciation à mondit Sieur de
Dunois , enfemble les Lettres des dons à luy faits , Se que le Roy con*
firmeroit & en bailleroit fes Lettres de connrmation , de cenaine fcien*
ce du don fait à mondit Seigfteur de Dunois par ledit feu Roy , en da^
clarant qu'il veut Se ordonne que ledit don fortifie fon plein effet *» Se d'a-
bondant , afin que ledit Seigneur de Dunois ne fuft empefché ou mblefté
fous ombre dudit don fait au Roy par le feu Roy fon père, que le Roy
a fait don & tranfpprt à mondit Seigneur de Dunois du droit qui luy
pouvoit apparrenir au moyen dudit don à luy fait par ledit feu Roy , Se
Autrement délaifle Se tranfporté à mondit Seigneur du Maine , Se que à
mondit Seigneur du Maine foit baillée Se délivrée reaument Se de fait
la poflèflion , Se paifible jouiflànce defdites Terres & Seigneuries, la«
quelle le Roy , tant de par luy , comme de par Monfieur du Maine, fera
tenu de Sailier promptement Se fans delay à mondit Seigneut de Dunt)is,
Se feront baillées & rendues i mondit Seigneur de Dunois les Lettres
de don fait p^ ledit feu Roy au Roy qui à prefent eft.
X V I L
» lum* Au regard de mondit Seigneur du Maine , pource aufli qu'il
s^eft employé à ladite pacification , Se pour recompenie du droit que le
Hoy luy avoit donné Se tranfporté , le Roy fera tenu de le récompen-
ser, & luy donner Se bailler pour icelle recompenfe la Terre & Seigneu-
pe de Tadlebourg , laquelle le Roy fera délivrer à mondit Seigneur du
Maine , Se recompenfer ceux à qui elle appartient. •
X V I î L
liem.^n JFaveur de ce prefent Trattié > Se pour le bien de paix , Se
àla crès4iumble reouefte defdits Seigneurs , le Roy a reftitué , réintégré &
ieftablyAntboineqeChabannes,CcuntedeDampmartin,en (es honneurs,
Chafteaux > Places, Terres , Seigneuries, rentes, revenus , droits & autres
biens immeubles,ainn & par la manière queiceluy Comte de Dampmartin
Se Damoifelle Marguerite de Nanteuil , fa femme , les tenoient & poflè-
^ T 1 1 j doient
••i.
yi8 PREUVES DES MEMOIRES
Y7^sT7 ^^^^^^ ^^ temps du trcfpas du feu le Roy Charles , dernier trcfpaflS •, 8c
^ ^' aufli en Tes biens meubles eftans en nature de chofe , quelque part qu'ils
foient, nonobftant TArreft prononcé par la Cour de Parlement à i'encon-
tre dudit Comte de Dampmartin , en Irous dons > venditions » publica-
tions & verificaticMis d*iceux , que le Roy au moyen dudit Arreft avoit
fait ou fait faire defdites Terres & Seigneuries , & biens , ou d'aucunes
d'icelles -, lefquelles Places , Terres , Seigneuries & biens deflufdits , fe-
ront pleinement & quittement délivres audit Comte , & les détenteurs
d'iceux à ce contraints , fans avoir regard audit Arreft , dons» ceflions'>
venditions , publications Se vérifications d'iceux > ne que à luy ou fe$
hoirs y ils portent ou puiflènt porter aucun profit ou dommage , & fur ce
* luy feront baillées Lettres telles que befoin fera.
• X I X.
Item. Le Roy de bonne foy , en parole de Roy » par fon ferment, &
auffi lefdits Seigneurs , de bonne foy , & par leurs fermens > promettront
Abjureront tenir, garder, accomplir & dbferver toutes les chofes def-
fufdites en tous leurs points & articles , & de les faire garder & accon^
plir par leurs Officiers & fubjets , fans jamais par eux ne par autres , di-
redemcnt ou indireâement , couvertement ou en appert , venir au con-
traire , ne foufFrir que autre y vienne en aucune manière , fous quelque
couleur ou occafion que ce foit ou puifle eftre ; & fe le Roy ou lefoics
Seigneurs faifoient aucune chofe a Tencontre , nç leur fera obéy par
lefmts Officiers 6c fubjets *, Se aufli aucuns des Seigneurs du Sang , le
Comieftable , Marefchaux , Admirai , Comtes , Barons & autres nota-
bles hommes , la Cour de Parlement , les Prélats & bonnes V^les qui
feront nomifiées de la ç art du Roy *, Se auffi les autres Comtes , Barons
& notables homtpes , les Prélats & bonnes ViUcs'qui y feront nommées
de la part defdits Seigneurs , promettront Se jureront tenir , garder Se
entretenir , & accomplir en tant que en eux eft , & fera, toutes les cho-
fes dellufdites , fans jamais venir au contraire 5 & que fe le Roy ou lef-
dits Seigneurs, faifoient ou vouloient faire aucune chofe au contraire
des choies deffiifdires en tout & en partie , ils n'y ayderont , ferviront
ne affiftcront , ne feront ou donneront aucun ayde , fervice , faveur ne
affiftancc en façon ou manière gue ce foit 5 mais feront & procureront dç
leur pouvoir que toutes chofes faites au contraire feront reparées & re-
mifes au premier eftat & deu félon |e vray entendement des chofes
deffufdites. •
promettront
fuivront ne obtendront difpenft , rciicvcmcnc ou rcciuon lous couicut
d'auttes promelïès , traitiez , appointemens , proteftation , procédures ,
ne d'autre couleur ou occafion quelconque 5 & fe ils obtenoient Icfdi-
tes difpenfations , & rclievement , recihon , ou qu'elles leur fufïènt
P^oyées ou accordées , ils ne s'en ayderont point, & feront de nul effet.
X2WI,
DE PHIL. DE CQMINES, 519
fubUcAta in Parlamtnto trigcjîmâ OSobris ; anno Domini milltfimo qua^
dringmicfimo ftxagtJlmQ çimto^^ Chen£TEAU.
L X V I I I *.
f3* En/idweni Us trtntt Rx ptrfonnts ordonnées pour la taufc dcjjîifdiu y
de la réjbrmation de. CEtat.
XXI. • X4^S«
lum. S^iladvenoic que aucuns dcrdits Seigneurs fift ou voulâft faire
ou entreprendre aucune chofe contre & au préjudice defdits Seigneurs,
traitiez & appointemens , en ce cas les autres Seigneurs feront tenus de
fervir & garder le Roy à Tencontre d'iceiuy , ouceux qpi auroient fait
ou voulu faire aucune choie au contraire â ce que dit eft > fans leur
faire ou bailler audit cas > ayde ou faveur^ quelconque.^
X X I L
. lum. AuiG fe le Roy faifoit ou vouloit faire aucune entreprife k ren-
contre defdits Seigneurs y traitiez & appointemens > iceux Seigneurs
pourront aydier & fecourir les uns les autres , fans<e que ife ce leuc
puidè aucune chofe eftre imputée ou demandée.
SçAvoiR FAISONS , que nous de certaine fcience, & par bonne &C
meuredeliberationdeConfeilavonsloué, confemy &approuvé% louonsy
confentons & accordons tout le contenu efdits articles , & iceux entrer
Aendrôns> obferverons & garderons, &c ferons entretenir , obferver de
garder félon le contenu en iceux , fans aucunement faire , ne fouflFrir
eftre fait > ne venir au contraire: Si donnons en mandement par ces
prefentes à nosamez & feaulx Confeillers , les Gens tenans &c qui tien-
dront noftre Parlement à Paris, que ces prefentes & le contenu en icel-
les , ils entretiennent & gardent entièrement en tous èc chacuns leurs-
points , & faflènt entretenir & garder fans enfraindre ne fouffrir efbe
fait ou venir au contraire. En tefmoin de ce nous avons fait mettre ce
Tiré Jês
Premièrement, tes douze Prélats^ M^rAbbé^^
Meâèigneurs du Mans.
Paris*
LiHeux.
Reims.
Langres.
Orléans.
Le Doyen de Paris. * ^* Grand:
Maiftre Jehan de Courcelles*-
Eftienne le Fournier.
Jehan Sellier.
Jehan de Ilolive.-
Les douze Chevaliers Se Efcuyers*
Mefleigneurs de Dunois. | Preffigny.
UAdmiral.^ ' Montforeau.-
kfeflîre
JIO
u^r-
PREUVES DES MEMOIRES
Traynel. •
Memre Jchati de ^oncegiu
Torcy.
ChaiimoQt.
Médire Lovs de Beaumonc;
Melfire Jcnan Meno.
De Rembare.
George de Houer.
Les douze Gens de G>nfeil«
Dauvet.
BouUengier.
>laiftres Jacques Fournier.
Berthelemy Cloiftre.
GuiUaume de Paris.
Franchois Halle,
Pieije Doriole.
Denis d*Au5cerre.
Jehan l'Enfant
Jouachim Jouvelin.
Jacques Fournier > Juge d«
Mans.
Guillaume Hugoner.
L X V I I I ♦ ♦.
• fer Publication ic la Paix.
Tiré des T *^^ "^^' q^uatre cens foixance-cinq, le vîngt-ncuvîefme jour d'Oft<ft
Recueils dç J^ ^^^ ^^^ ^^^ ^^ ^^î^ <^fî^^ P^^ ^ous les catrefours de Paris > ic or«
M. l'Abbé donnée par le Roy noftre Sire , & Monficur le Conneftable de France 3
Le Grand, qiie les Hérauts' de luy , & de Mefficurs du Maine & d'Alençon , feroient
à faire crier ladite Paix avecques un Huiflier d'Armes du Roy , un Greffier
ÔC un Trompette , ainfi qu'il enfuit :
On fait fçavoir à tous Par le Roy & Monfeigncur le Conneftable de
France y que bon traitié & accord lont faits çntre 4e Roy & Monfieur
le Duc de Normandie , & autres Seigneurs du Sang joints & adherans
avecquesluy , tant pour eiflt, leurs ferviteurs , fubjets, alliez ^ amis &
bienveillans d'une part & d'autre.
Par lequel accord toute guerre & voye de fait celle tant d'une part
que d'autre , & fait-on dcftcnfe à tous , quels qu'ils foient , que d'oref-
navant ils ne procèdent ou fa(Icnt procéder par voye de fait , ne autre-
ment en aucune manière, fur peine d'eftre punis, comme rranfgrellcurs
de paix.
Et eft defFendu que à caufe dcfdites divifions , ne de chofe qui s]en
eft enfuivic , on ne reproche aucune chofe les uns aux autres fur peine
d'eftre punis , ainlî que s^u cas appartiendra. "
Item. Eft appointe que chacun retournera tant d'une part que d'autre,
en fes héritages , poflèffions & biens immeubles , & auffi en les meubles
eftâns en nature de chofe , qui ont efté prinsôc occupez par voye de Juf-
tice ou autrement •, & ne fera aucune! chofe imputée , ne demandée par
procès, ne autrement à aucuns d'une part 8c d'autre , pour quelconque
chofe qui en foit enfuyvie à caufe défaites divifions , comme plus âplaia
eft déclaré es Lettres fur ce faites.
LXIX.
DE PHIL DE COMINES. jii
LXIX. M^J-
'Autre accord de Paix fait â Saint'^Maur-dcS'Foffc^ entre Us Ducs de
NarmandU , de Bretagne , de Calabre y & de Zorraine , de Bourbon^*
nais y d^ Auvergne & de Nemours y les Comtes de Ckarolois , d^Arma--
gnac , de SainB-Pol , & autres Princes de Franu , foufieve^Jous le nom
du Bien Public ^ d*une part y& le Roy Louys XL d'autre , fan mil
quatre uns foixante^cinq ^ le vingt^neuviefffu OSobre.
CHARLES , Fils & Frcrc -de Roy de France , Doc de Normandie \ ^ Tiré Je
François , Duc de Bretagne •, Jean , Duc de Calabre &c de Lorraine ^ TEdition
Charles de Bourgogne , Comte de Charolois ; Jean , Duc de Bourbon- ^^'
nois & d'Auvergne j Jacques , Duc de Nemours , Comte de la Marche j ^ ^^'
Jean , Comte d*Armaenac ; Loys de Luxembourg > Comte <le Sainc-Pol ;
Charles y Comte d'Albret ; & Jean > Comte de Dunois. A tous ceux qui
ces j^refentes Leares verront , Salut : CommepourappaiTerlesdifFerensfic
divmons meues entre Monfieur le Roy, d'une part^Nous &c pluHeurs nota«
blés honmics de ce Royaume, joints & adherans avec nous , d'autre part,
cenains tuitez 6c appointemens ayent efté advifez & accordez entre
mondit Sieur le Roy &c nous , ainfi que plus i plein eft contenu en cer«
tains articles , dont la teneur s'enfuit & eft telle : Comme Monfieur le
Doc de Normandie, &c n'agueres Duc de Berry , & plufieurs autres Ats
Seigneurs du Sang , joints & adherans avec luy , ayent fait remonftrer au
Roy qu'ils s'eftoient unis & allèmblez enfemble pour venir par devers
luy , & pour luy faire aucune* remonftrances ic requeftes touchant le
fait & ordre de la Juftice , & bien public du Royaume ', ce qu'ils n'ont pu
faire ne accomplir pour aucuns rapports à eux faits , portans menaces -y
& i cette caufe fie nour la fureté de leurs perfonnes , s'eftoient mis fus
en armes , & en aUemblée de gens , fur quoy fe font enfuivies aucunes
divisons &c voyes de fait \ pour obvier aufquelles , fie aux dommages
^ inconveniens q«ui en pourcoient arriver , fie aufli pour nourrir bonne
paix, amour fie union entre le Roy fie lefdits Seigneurs , afin qu'on puiflb
mieux vacqoer aux chofes neceflàires pour le bien fie utilité de la chofe
publique du Royaume , ont efté traitées fie appointées entre eux les cho«
les qui s'enfuivent :
Premièrement. Que toutes manière de guerres fie voyes de fait d'en-
tre le Roy fie lefdits Seigneurs , leurs homofies , vaiHtux Se fubjets , leurs
adherans , alliez , amis fie bienveillans , de quelque eftat ou condition
qu'ils foient , en quelques pays. Terres fie Seigneuries que ce foit, au
Royaume ou dehors , a caufe defdites divifions ou ditferens , céderont
d'orefnavant de part fie d'autre , fie demeureront en bonne paix , amour
fie tranquillité , Se feront le Roy fie lefdits âeurs , retirer leurs gens de
guerre lur leurs lieux , fans faire fejour , au pluftoft que faire fe pourra*
' 1 1. Item. Que de quelconques chofes qui it foient enfuivies a caufe
defdites dividons , d'un cofté fie d'autre , ne pourra jamais aucune chofe
cftre imputée , reprochée , ou demandée , ne molcftation faite par jpro-
çh ny autrement , en quelque manière que ce foit , à aucuns deldits
Tome IL Vuu Seigneur^
5*i PREUVES t)ES MEMOIRES
^ Seigneurs , ny des adherans , ferviteurs , fubjecs > alliez » amîs & bien^
^ ^ * YeiUans , dHine {)arc 6c d'autre , ainçois demeureront en bonne feureté
quelaue part qu'ils foient, ou demeurent au Royaume ou dehors > fans
que de Ta part du Roy , ne defdits Seigneurs , leur puiife , ne à aucuns
d'eux , aucune chofe eftre imputée, reprochée ou demandée.
III. Item. Que le£dits Seigneturs ne feront ou mouveront par eux ny
par autres , à l'occafion defdites chofes paflees , ne autrement , guerre
ou dommage au Roy > & ne procureront que guerre ou dommage luy
foit fait par autres Seigneurs ou Communautez, & n'y bailleront ayde &
fecours en quelque manière que ce foit > pour caufe defdites chofes paf*
fées , ne autres quelconques, ainçoisr fervnront 8c obéyront au Roy , ainii
que tenus y font.
I y. lum. Auifi que le Roy, ne par luy , ne par autres, àToccafionp
defdites chofes paflees, ne autrement f ne fera ou mouvera guerre ou
dommage aufdits Seigneurs , ne à leurs adherans , fubjets , ferviteurs^ ou
alliez , Se ne procurera que guerre ou dommage leur foie faiterpar aurre9
Seigneurs ou Communautez ; & ne baillera ayde ne fecours en aucune
manière pour caufe defdites chofes paflees , ne autres quelconques y
ainçois les aydera de fecourra comme fes bons paren&& fubjets, & fans
toutesfbis pour ce empefcher k voye Se pourfmte de Juftice , ne l'auto-
rité du Roy es cas , êc sânû qu'il appartient félon raiÂ>n > en aurres cas
qui n'appaniennent , & ne concernent lefdits difFerens & divifions.
V. liem. Que les hommes & vaflàux , fubjets, ferviteurs 8c adherans»
tant du Roy , comme defdits Seigneurs, qui ont tenu partys tant d'un
cofté que d'autre, retourneront & retournent franchement acquitte-
ment en leurs maifons , places , hérita^ >. rentes , revenus & biens im*
meubles , quelque part qu'ilsfoient , (oit au Royaume ou dehors. A: fans
qu'à cette caule rien leur en puiilè eftre retenu , qnerdléou. demandé
lie tems advenir > 8c feront Se aemeureront , font & demeurent par cedit
Traité en leurs jouïflànces » pollèflions & fkifines , efquelles 8c ainâ
Su'ils eftoient auparavant lefiites divifions > nonobftant quelconques
ons , ceffions , tranfpons , occupations , ou empefchemens qui leur
ayent efté faits par le Roy ou le(dirs Seigneurs, ou par autres à leurs^
caufes & moyens, fous couleur de luftice ou autrement , depuis lefdi«
tes diviiions , & à l'occafion d'icelles v leiquels empefchemens font 8c
feront nuls, & de nul eflFct , comme chofes non advenues j & cft permis
à tous Tes deâitfdirs d'entrer en leuirfdirs biens , comme devant , de
leur authorité, & fans aucun miniftere de Juftice*, 8c ftmeftier eftoit
en feront baillées Lettres à ceux qui les requerront , telles que befoin
fera.
y I. lum. Que les biens meubles eftans en nature de chofe , qui ont
efté pris & empefchbz fous couleur de Juftice & autrement , par voye &
exploit de guerre, feront délivrez, depefchez & reftituezi ceux aufquek
ils appartenoient paravant lefdites diviiions r Se pareillement feront ren-
dus &: refticuez tous les biens qui auront efbé pris ob empefchez. durant
fcs trefves.
VII. Jnm. Que les Villes & Communautez qui ont obéy & adhéré
i un oui l'autre parcy , ne feront pour ce maltraitées > Se ne leur fera £m
oa
DE PHIL- DE COMINES. 513
oa donné aucun trouble , deftourbier ou empefchemenc en leurs droits >
privilèges, oârois, franchifes & libertez» ainçois y demeureront ainfi ^4^ S
qu'ils eftoient auparavant lefdites divUions.
VI IL lunu Et tant par Iç Rpy que par lefilits Seigneurs , feront ren-
dues & délivrées les Villes &c Places prifes & occupées cfe l'un party fur
Tautte» iczxxCc defdites divifions.
I X. Itcnu Le &oy ne contraindra lefdits Seigneurs à venir devers luy»
& neferont tenus dj venir en leurs perfonnes , fans toutesfois que par
ce iceux Seigneurs (oient exempts des fervices qu'ils doivent au Roy à
caufe de leurs fidelitez > quand bcfoin fera > pour la deffenfe & bien évi^
dent du Royaume.
X. lum. Et quand le plaîfir du Roy ièra de venir*ès maifons & places
defdits Seigneurs , ê(quelles ils feront en leurs perfonnes , il leur fera
fçayoir trois jours devant fa venue. Aufli lefdits Seigneurs ne viendront
devers le Roy » fans pcemiecement envoyer devers luy , pour (Ravoir fon
boa plaifir &c coafbntement.
X L lum. Si on vouloit impo(cr ou imputer aufdits Seigneucs » ou a
leurs adherans & iêrviteurs , aucun cas ou maléfice , le Roy ne proce-
dera ne éera procéder i T-encontre d'eux par voye de fait , prife » arreft ,
ou détention de leurs perfonnes , ou autrement • que ce ne foit par bon-
ne & nrieure délibération de confeil , & à bonne & fuffi(ànte caufe ^ in*
fonnation pcecedente > Se en termes de bonne Juftice » & en gardant
les dcoits , dignitez Se prérogatives defdits Seigneurs & de leurs perfon-
nes : Et pareiflement kfdits Seigneurs Se leurs Ojiciers ne procéderont
à rencontre des ferviteurs Se adherans du Roy 5 pour aucun cas Se ma-
léfice , que Ton leur voudroit.impofer » par voye de fait , prife y arreft ,
ou détention de leurs perfonnes 5 ne autrement , que ce ne foit par
bonne Se meure délibération » & ainfi que deflus a efté dit de la part
du Roy.
XII* lum. Pour pourvoir aux plaintes Se doléances que de la part
defdits Seigneurs Se de plufieurs fubjets du BLoy >de divers wats , luy ont
efté faites d'aucuns defordres Se fautes que Ton dit eftre au fait de l'Egli-
(c , de la Juftice & de plufieurs griefs , exa^ons Se vexations inducs , à
la grande charce> foule Se donmiaee du peuple. Se du bien public du
Royaume > a efté traité Se appointé* que le Rçy commettra trente-fix
notables hommes de fon Royaume > & lefauek il a commis % c'eft à (^
voir > douze Prélats Se notables gens d'Egufe , douze notables Cheva-
liers Se Efcnyers , & douze notables Gens de Confeil Se de Juftice , auf-
quelsle Roy doimera Se adonné plein pouvoir &commiâion d'eux a(Ièm«
blet en la Ville de • • • ^ . . . & d'eux enquérir Se informer des fautes Se
defordres defiiifdits ^ Se autres diofos touchant le bien public Se uni-
verfel du Royaume > & d'ouïr & recevoir toutes les remonftrances Se
advertifièmens > que touchant ce cjue dit eft > leurs feront faites Se bail- '
lées , fur toutes les chofes dedufdites » leurs circonftances & dépendan-
ces , advifer , délibérer & conclure lesçrovifions > réparations & reme*
des convenables au bien du Roy , defdits Seigneurs , de fes fubjets , Se
de la chofe publique du Royaume , â la confervation & bon ordre de
Juftice^ des droits /libortez S^ franchifes deJ'Eglife, des Nobles» Se
Vutt ^ autres
1
^^^^ 514 PREUVES DES MEMOIRES
■^ autres vaflaux & fubjecs > foulagemetic £c dcfcharge. du peuple & du
^ ^ * Royaume *> & à ce que d'orefnavanc Dieu noftre Créateur » & fatiiâe
Eglife puiilènc eftre révérés» & le divin fervice fait , Juftice adœiniftréc»
marchandife avoir Con cours*» Se tout le peiqxle du Royaume demeurer
en repos , liberté & bonne tranquillité»
X 1 1 1. Item. Lefquels advis > délibérations & conclufions » ainfi Sc
par la manière qu'ils auront efté faits > accordez & conclus par lefdite»
trente- (ix perfonnes ^ ou la plufparc d entre eux » tant pat fonne d'Or-*
donnance , Edits perjpetuels > Déclarations ou autrement » le Roy veut
& ordonne dès à prelent > comme pour lors > & deflors comme à mefent^
valoir forcir leur plein & entier effet » & eftre tenus & gardez félon leuc
forme &c teneur » cdliime û luy-mefme en peifoone \^ avoir faits. £c
d'abondant dedans quina» jours après qu'ils auront efté apponez an Roy»
il les authorifera & approuvera , aind & par la forme & otaniere qœ pac
kfdits trente-fix aura efté advifé & conclu > & en baifiera fes Lettres
patentes , lefquelles Lettres feront publiées & enregiftrées en la Cour
de Parlement > en k CbamJbre dès Comptes > & Bailliages & Senefchauf'
fées Royaux , & les gardera ôc fera gamer eix tous leurs points : Et maa*
dera à ladite Cour de Parlement , aux Baillifs » Senefchaax , ic autres
Officiers dudit Royaume , de les garder & entretenir , ians enftatndre
ne jamais venir au contraire. Et dès maintenant veut 6c ordonne çiue les
Baillifs , Senefcbaux ôc Jufticiers , jurent 8c promuettent ainfi le faire : Et
ne feront baillées Lettres par le Roy en fa Chancellerie , tic ailleurs > à
rencontre defdits advis faits & accordez , comme dit eft : Aafquelles
Lettres > fi elles eftoient baillées par le Roy en (aditte Chancellem, ou
ailleurs , ne fera en ce cas obéy par lefdits Confeillers de Parlement >
Baillifs, Senefcbaux, Sc autres Jufticiers. Et pareillement lefdits Seignecurs
feront tenus de garder , entretenir lefdits ^dvis, délibérations Se conclu-
ions , Sc de les faire garder en tous leurs points par leurs Officiers y qui
le promettront & jureront, comme dit eft. ,
XIV. lum^ Durera le pouvoir & conEuniflion defditstrente-fîx, deux
mois à compter du temps qu'ils commenceront à befogt»er , Se auront
puiffimce de proroger quarante jours pour une fois r Et s'ifadvenoit qu'aux
cyns defdits tiente-fix allaft de vie à trefpas , fuftènt malades ou telle*
ment occupez ou'ils n'y poflent vacquer ou entendre , en ce cas les autres
y fubrogeront d'autres > tels qu'ils verront en leurs confciences*, & com-^
menceroRt i befogner le quinzieûnc jour de Décembre prochainement
venant.
X V. Item. Le Roy te lefdits Seigneurs tiendront , garderont & ac-
compliront entièrement , & en tous leurs points ,. les traitez , accosds &
autres appointemens faks & accordez entre eux , tant touchant Tappa*
nage de Monfieur de Normandie , que autres chofes faites & accordées
auldits Seigneurs > & à chacun d'eux , & autres leurs adherans , fans ja-
mais faire ou procuier direâiement <m indiredement aucune chofe au*
contraire , tout ainfi que û tous lefdits traitez , accords & appointe-
mens eftoient nommément Se expreffi^ment inferez 8t incorporez en ces
prefens articles.
X VL//^/iv»£t pourcequ'icaufe defdicsdifferensleRoy a£ut prendre
8c
DE PHIL. DE COMINES. 515 _^^
te mettre en fes mains les Terres & Seigneuries de Parihcnay , Vouvcnc, ^T^TT
Maire vent » Secondigny > le Coudray , Salvart & Chaftillon j lefqueUes» '^ ''
au moyen defluTdit , & auffi par le moyen de certain don & tranfport >
3ue feu le Roy Charles en fit au Roy, qui i prefent eft , le Roy en a fait
on & tranfport à Moniieur le Comte du Maine, fon Oncle, lequel en
a pris Se appréhendé la pof&ilion , en defappointant Monfieur le Comte
de Dunois defdites Places , Terres & Seigneuries (ju'il tenoit & poilè^
doit au moyen du don ôc tranfport qui luy en avoient efté faits par ledit
feu Roy Charles , & depuis confirme par le Roy qui eft à prefent , dont
les Lettres avoient & ont efté vérifiées , tant en la Cour de Parlement ,
2u en la Chambre des Comptes , a efté appointé & accordé pour le bien
e la pau , en quoy Monfieur de Dunois s'eft grandement employé, que
momut Sieur du Maine , leauel des à prefent délai(!è 6c renonce entre
les mains du Roy , tout le droit qu'il pouvoit & prétendent avoir efdites
Terres de Parthenay ,&c. £t qu'il en bailleroit fes Lettres de renonciarion
à mondit Sieur de Dunois ^ enfemble les Lettres des dons à luy faits, &
que le Roy confirmeroit & bailleroit fes Lettres de confirmation de
créance > àxi don fait à mondit Sieur de Dunois par feu le Roy fon Père,
en déclarant qu'il veut Se ordonne que ledit don fortiffe (on plein &c
entier efïet. Et d^abondant, afin que ledit Sieur de Dunois ne fut empef-
ché ou molefté fous ombre dudit don fait au Roy par le feu Roy (on
Père , que le Roy fait don & tranfport à mondit Sieur de Dunois du
droit qui luy pouvoit appartenir au moyen dudit don à luy fait par le feu
Roy , & autrement delaifie & tranfponé à mondit Sieur du Maine y &
2u'à mondit Sieur de Dunois (bit baillée & délivrée reaument £c de
lit , la podèffion 6c paifible jouifiànce defdites Terres & Seigneuries ,
laquelle le Roy , tant par luy que par mondit Sieur du Maine , fera te-
Sju de bailler promptement 6c fans delay à mondit Sieur de Dunois , &
eront baillées 6c rendues a mondit Sieur de Dunois les Lenres du dont
fait par ledit feu Roy , au Roy qui eft à prefentr
X V I L Item. Et au regard de mondit Sieur du Maine , pour & aufli
3u'il s*eft grandement employé à la pacification , & pour la recompènfe
u drok que le Roy luy avoir donne & tranfporcé , le Roy fera tenu de
le recompenier , & luy donner 6c bailler pour icetle recompènfe la Terre
& Seiffuenrie de Taillcbourg , laquelle le Roy fera deRvrer â mondit
Sieur du Maine , 6c fera recompenier ceux à qui elle appanienr«
XVIIL liem» En faveur île ce prefent Traité pour oien de paix. Se-
i la trèsrhumble requefte defdirs Seigneurs,, le Roy a refldnié , réintégré
& reftablv Antoine de Chabannes , Comte de Dampmatin , enieshon-*
neurs^ Cmfteanx , Places» Testas 6c Seknèuriesi> Keiltes éc reVentis ,
droits 6c autres Inens immeubles , ainn 6c par la manière qificelny
Comte de Dariipmanin & Damoiièlle Marguerite de Nanteuil , fa fem-
me , les tenoiem 6c en jouiflbient au temps du feu Roy Charles demie-
ment rrefpade ; & aufllen (es biens meubles eftans en nature, quelque
part qu'ils foient , nonobftant l'Arreft prononcé par ta Cour de Parle-*
ment â Tencontre dudit Comte de Dampmartin , 8c tous, dons ,'eeflions
6c venditions , publications & vérifications d'kreux , que le Roy au moyen
dadic Arreft > auroit fait ou fait faire defdites Terres , Seigneuries 6c
Vuu 5 biens.
^5ig PREUVES DES MEMOIRES
^^!^^y^ biens , ou d'aucunes d*icellcs : Et lefquelles Places , Terres & Seigneu«
ï4«S^ ries, & biens defrufdics feront pleinement & quittement délivrez 6c
depefchez audit Comte de Dampmartin » & les détenteurs d'iceux i ce
contraints , fans avoir égard aucut Arreft , dons y ceffions , venditions y
publications & vérifications d'iceux, ne que à luy ou Tes hoirs ils portent
ou puiAent porter préjudice ou dommage ^ & fur ce luy feront baillées
Lettres telles que befoin fera. *
XIX. lum. Le Rojr de bonne foy , en parole de Roy & par fon fer*
Inent , & auifi lefdits Sieurs de bonne foy oc par leurs fermens , promet*^
cront & jureront de tenir , garder , accomplir & obferver toutes \t% cho*
fes deffufdites en tous leurs points & anicles , de les faire garder , ac^
complir , entretenir & obferver par leurs Officiers & fubjets , fans jamais
par eux ou par autres direâement ou indireâemenr , cojuvertement ou
en appert venir au contraire , ne fouf&ir que autres y viennent en aucu-
ne manière , ou fous Quelque couleur & occafîon que ce foit , ou pui(Iè
eftre. Et fi le Roy ou lefdits Seigneurs vouloient faire aucune choie au
contraire , ne leur fera ohéy par leurfdits Officiers ou fubjets : Et aufli-
il aucuns des Seigneurs du Sang , le Conneftable , Marefchaux & Admi^
irai , Comtes , Barons , & autres notables hommes , la Cour dé Parler
ment , les Prélats & bonnes Villes qui feront nommez de la part du Rov»
& auffi les Comtes , Barons & noraoles hommes qui feront nommez ae
la part defdits Seigneurs , promettront & jureront de tenir, garder, en*
cretenir ^ accomplir , en tant qu'à eux eft & fera , toutes les chofes def*
fufdites , fans jamais venir au contraire par eux ne par autre , ne fouffi'ic
qu^autre y vienne : Et que fi le Roy ou lefdits Seigneurs vouloient faire
aucune cnote au contraire des clipies deffiifdites , en tout ou en partie ,
ils n'y ayderont , ferviront , ny affifteront , ne feront , ny donneront au-^
cun ayde , fervice , faveur ou affiftance en façon ou mamere i^ue ce foit \
mais teront , procureront & promettront de tout leur pouvoir , que tou«
tes chofes faites au contraire foient reparées & mifes au premier eftat ic
dû , félon le vray entendement des chofes fufdites. .
X X. lunu Et avec ce le Roy , lefdits Seigneurs & tous I^'deffiifdits^
jureront & promettront que defdites promellès , traitez & fermens , ils
ne poutfuivron t , procureront , ne obtiendront difpenGition , relèvement,
ou refciiion , ftus couleur d'autres promeflès , fermens , traitez ou pro^
teftations précédentes , ne d'autre couleur ou occalion quelconque : Et
s'ils obtenoient lefdites difpenfations , relèvement ou rekifion, ou qu'el-
les leur fuflent oâxoyées & accordées , ils ne s'en ayderont , & feront
de nul effi:A & valeur.
XXL htm. S'il advenoit qu'aucun de£iits Seigneurs fift ou voolfift
faire & entreprendre à l'encontre du Roy , contre éc au préjudice defdits
traitez & appointemens , en ce cas les autres feront tenus de fervir &
aydcr le Roy à l'encontre de celuy ou ceux , qui auroient fait ou voulu
faire au contraire , cemme dit eft , fans l^ur faire ou bailler audit cas aydç
CHi faveur quelconque.
XX IL lum. Auffi n le Roy faifoit ou vouloit faire aucune entre-*
iprife à l'encontre defdits Seigneurs , ou aucuns d'eux , contre & au pré-»
îudi^e dçfdits tr^tez & appointemens, ipeux Seigneurs pourront ayder
DE PHIL. DE COMINES. 5x7
ês recoûfir les uns les autres , fans que de ce leur puidè aucune cho(e
•cftre imputée ou demandécj Et feront faites Lettres , tant du Roy que def- ^ 4 ^ ^ «
dits Seigneurs , en tant que beibin fera , ôfquelles feront incorporez ces
prefens articles , & feront publiez & enregiftrcz^ en la Cour de Parlemen t> _
ôc au vidimus d'iceiie , fera foy ad joutée comme à l'original.
SçA voia FAISONS que nous , de noftre cerraine fcience 5 pure & fran<**
che volonté » par bonne & metnre délibération de Confeil j avons loiié ,
confenti& approuvé, loUons, confentons & approuvons par ces pre^
fentes , les Traitez , accords &c appointement , dont mention eft faite es
anicles de(fus tranfcrits > 6c tout le contenu en iceux. Et avons promis
& promettons de bonne foy & par nos fermens , de les tenir , garder 6c
accomplir de noftre part inviolablement , tout ainfi en la forme & ma«
niere que lefdits articles le contiennent» Ek tesmoin de quoy » nous
avons rait menrenosSceaux à ces prefentes» PoNKE'àSaint-'Maur àcs Fof-
fez^le vingt-neuviefme jour d'Oâobre mil quatre cens foixante-cinq.j" icy?**-
gnatumfuptr plicam : Par le commandement de Meflieurs les Ducs Se
Comtes dedufnommez. J. Gros. Et in dorfo tratfcriptum 5 L$Sa ^publi'-
cota & rtgijirata Parifiis in Parlamento qidnJccimd dit Novembris y anno
milUfimo auadringtntefma fexagtjimo quinto. Sicfignatum > Cbeneteau.
CoUado/aBa tfi : ExtraSumà Kegijlris Ordinationum Regiarum^in Curia
Pariamcnd regiftraiarum. Pichon.
, Ce Traité confirmé par le Roy Louis XI. eft dans le premier Regiftre
des Ordonnances de Louis XL foL S S.
Proteftation du Roy Louis XI. en fa Cour de Parlement de Paris.
Que le fufdit Traité de Cotons fait en Van nul quatre censfoixante
cinq, avec les Princes mefcantens yfefaifoit contrefa volonté , & par force
& contrainte, & ne luy pouvoit tourrur à préjudice^
Et que ledit Roy Louys nepouvoit bailler en appanage à f on frère Charles
le Duché de Normandie , pmfqu^U avoit eflé uny à la Couronne par les ^^ p t
Roys fes predecejfeurs \ HoyjSn!
L X X« après fous
* le Mimero
iff^ Lettres duRay Louis XL qui Je referve les Regalles de Normandie^ LXXXill.
LO Y S , par la grâce de Dieu , Roy de France. A tous ceux qui ces pre- Tiré des
fentes LÔtres verront , Salut : Comme en faifant le bail , ceffion& Recueils
tranfpon i noftre très-puîflant & très-amé frère , Charles de France , de o^/|JÏY
noftre Duché de Normandie » pour tout fon droit d^appanage , nous l^^rl
ayons oâxoyé & accordé de donner àluy& à fes hoirs mafles defcen- '^^
dans de luy , & aux hoirs maâes de (efdits hoirs maftcs , tant cp'il
en y aura de hoirs mafles en hoir malle de loyal mariage , qui tiendront
ledtt Duché , tous les fruits» profit , émolumens & revenus qui appar^
tiennent) & qui pourront appartenir à nous, & à nos fucceflèursRoysde
France , i caufe des Regalles & Gardes des Eslifes Métropolitaines ic
Cathedralles, & aufdites Eglifes dudit Duché, on auroità femblable
^ok > & des Places appanenans à icelles , pour iceux fruits , profits
&
*4 -
5:^ PREUVES DES MEMOIRES
& éoiolatnens faire lever Se caeillir » & outË. garder lefdkes Places par
1 4^ ^ gens & Officiers, quii ce (eronc nommez par noftredic frère, & par nos
gens à fa nomination. Se avec ce luy aurons oâxoyé que les Bailiifs de nof-
tredicfi:ere audit Duché , feront Gardiateurs de par nous defdites Eglife^
& auront la connoidànce de par nous par commifliîon irrévocable , fans
ce qu*il fou befoin de avoir de nous ancre commiffion de£ditsGardes , 3c
de non Sauvegarde, &<autres caufes & procès, «fepens defdites tempo*
ralirez d'iceiles Eglifes , desquelles le rapport viendroit en l'Efclûquiet
de Normandie , qui en connoiftra 6c difcucera que des autres caufes
duditDuchc , ôc demeureroienr à nous , & nos fucceflèurs Roys de France,
les collations di:s Bénéfices qui vaqueront en Regale , & la connoiflànce
d'icclles collations* Sçavoir faisons , que nous voulons tenir, & ac-
complir à noftredit frère les chofes à luy oâroyées par fondit appana^e
à iceluy noftredit frère & à fefdits hoirs mafles,& aux noirs mafles de fefdits
hoirs mafles , i toujours , tant qu'il y en aura de hoir mafle en hoir mafle
de loyal mariage qui tiendront ledit Duché , avons donné & oâxoyé ^
donnons Se oâxoyons degrace efpeciale par cespreientes, tous lesfinits»
profits , émolumens 8c revenus qui appartiennenr > & pourront apparre^
pir â nous Se à nos fnccefleurs , à caufe defdites Regalles Se Garck def->
dites Eglifes Mecropolicaines & Carhedrallcs , Se aufdites Eglifes dudic
Duché , & aurions lemblable droit , Se la Garde des Places appartenans à
iceluy , pour iceux fruits , profits & émolumens , faire lever & cueillir ,
& leldites Places garder par gens Se Officiers, qui en feront nommez par
noftrcdit frère , Se nos gens a fadite nomination ^ Se avec ce , luy avons
donné Se o&royé , donnons Se oâroyons que les Baillis d'iûéluy noftre
frère audit Ducoé , Se de fefdits hoirs mafles , tant qu'il y en aura de hoir
mafle en hoir mafle, comme diteft,feront d'orefnarant Gardiateurs de par
nous , & nos fuccefleurs defdites Eglifes , auront laconnoiÛance défaits
Gardes Se Sauvegardes , & autres caufes & procès dependans defdites
temporalirez d'icelles Eglifes , & lefquels Baillis nous y avons commis
Se commettons par cesprefentes , & par permiffion irrévocable, (ans ce
qu'il foit befoin en avou: de nous , ni de nofdits fuccefleurs autres per-
miflîons \ defauelles Gardes Se Sauvegaôles , & auÛî des autres caufes Se
procès dependans des temporalitez defdites Eglifes , le reflbrt ira en TEf-
cbiquier ae Normandie, qui en connoiftra , jugera & décidera aue des au-
tres caufes dudit Duché, &: par cefditesprefentes,lefquelles voulons valoir
• itoujourspermHEon irrévocable , y avons gens , &recommettons les gens
qui tiendront d'ore^avant ledit Efchiquier , fans ce qu'il {bit befoin de
autremeodes nommer , ny d'en avoir autre permiflion de nous , Se de^
meurerontànoos & a nos fuciceflèurs Kavs de France 9 les coUations des
3eneâcesqui vaqueront en Regalle, & la connoiflànce d'icelles colla-
tions. Si donnons en Mandement par ces mefmes prefentes , à. tous nos
Jufticiers & Officiers prefens & avenir, & à chacun d'eux , comme à luy
appartiendra , comme de nos prefens don , conceflion& oiflroy , fàflènr,
foutfrenr& laiflènt noftredit frère Se fefdtts hoirs mafles. Se les hoir^
tiiafles de (èfdits hoirs mafles , à rou jours qu'il y en aura de hoir mafle en
hoir mafle de loyal mariage, jouir Se ufer pleinement Se paiflblement »
(i^$ Içur Êdre^ ni fou&ir çftre fait » ni donné aucun empefchcment ,
PU
'm*
DE PH-IL-DE^OMINÊS. m9
cti deftourhkr aucun S car ain(i nous ptaift-il & voulons eflrefàît non* ^ia^(/
«obftânt quelconques or4ionnance8^ conftitutkms, couftumes & ufages^
lefquels , en tant que mc(Uer eft % nous voulons eftre cy cenu% pour ex-
fiteÛès Lbtttes, Se autres chofes quclconques^impetrées ou i impetrer., i
ce contraires^ s en tefmoin de ce , nous ayons fait- mettre noftre Scel i ces
prefentes. Donne à Paris le vingt*neuvie£ÎTie jour d'Oâobre, i'aniie
^le grâce mil quatre cens (bîxante-cinq , &c de noftre Règne le deuxieûne.
Signi : Par le Roy en fon ConfeiL D£ la Lof re >
1 X X *,
"' - . • ■ . - w .
$C7^ Leures de Louis JCL touâiant U Cornet £Etu
LO Y S » par la grâce de Dieu , Roy de France. A tous ceux qui cet Tlr^ des
prefentes Lettres verront , Salut : Comme par nos autres Lettres Pa- Recueils de
«tentes fcellées en lacs de foje & en yerd, & pour les au très caufes conte- *^ l'Abbé
nues enicelles , nous ayons bailU , cédé , dclaiffé & tranfportc a noftre ^^^^^
cràs-puiflant & trés-amé frère > Charles de France , pour tout fon droit
-de appanage > pourluy & Tes hoirs •mafles , ic\zz hoirs mafles de fefdits
hoirs mafles » tant qu il en y aura de hoir mafle en hoir mafle de loyal
mariage» tout noftre Duché de Normandie entièrement , ain(i qu'il Te
•comporte & peut cftendre , recomporter en long & en large , avec toutes
/es a^artenances & appêndances , tant à Tes Villes, Chafteaux» Places»
Fonereflès, Port de Mer, que en hommages^Fiefs, Arriere-Fiefs, hommes»
vaflàux & fubjets d'iéelujr Duché , ainh que plus à plein eft contenu en
ttofdites Lettres , & depuis , nous ait noftredit frère ratt rèconnoiftre que ^
ia Comté d'Eu , laquelle de toute ancienneté eft fubjette ^ & tenue par
dommage de ladite Duché de Normandie , & reflortidbient les fub-
jets d'icelle , contre â TETchiquier de Normandie , avoit efté puis aucun
temps érigée en Pairie > dont pourroient fourdre au temps aavenir des
queftions & débats ^^ en nous requérant qu il nous pluft fur ce, faire decla-
Tation , SçAVoia faisons , que nous oye la Reauefte de noftredit fcere»
voulansSc defirans queluy , de fefdits noirs mafles , tant qu'il en y aura ,
jouilTent entièrement des chofes que luy avons baillées pour fon appanage»
& pour aurres caufes & confiderations à ce nous mouyans , avons pat
i'advis & délibération à^s Seigneurs de noftre Sang , Se Gens de noftre
Confeil , déclaré & déclarons par ces prefentes ^ que ledit Comté d*£u &
les fubjets d'iceluy , nonobftant ladite Pairie,re(Ibrtiront i TEfcbiquier de
Normandie, & demeureront fubjets de noftredit frère, & de fefdits hoirs
mafles tant qu'il en y aura , comme les autres fubjets dudit Duché , & au
regard delà perfonne de noftre très-puiflàiit & tcès-amé Coufln le Comte
d'Eu , qui à prefent eft pour conflderation de ce c^u'il a efté créé. Pair de
de France , il demeurera quant à fa perfonne, es diginitez & prérogatives
de Pairie, fans ce qu'il foit tenu de faire hommage à noftredit frère, &
& fans aufll que y ce les fubjets dudit Comté puiitoit prétendre aucune
exemption » & en tant que touche les héritiers de noftredit coufln le
Comte d'Eu , ils feront tenus de faire à noftredit frère & à fes fucceflèurs
Pues de Normandie; i'hominage dudit Comté tel qu'il eft dû d'ancien-
Tome II. Xxx becéi
53©^ PREUVES DES MEMOIRES
neté ; ic donnons en mandemeat par ces méûnes pref entes fi nos àmcx
^43* ^ féaux Confeillers les Gens cenans ». & qui ciendn>nc noftrc Parlemeoc »
les Gens ^e nos comptes & Treforiers de France , & à tous nos autres
int^eflàns 9 & 0£Bcier$ prefens & advenir » & à chacun d'eux > fe conimp
a luv appartiendra , que noftre prefente déclaration ils emr^iennen^ ^
gardent & obfervent, ôc d'kelfe iàflènt » (bu£freût ic laiflènt. noftredit
6ere &c (cCdits hoirs maiks, & les hoirs mafles depcndans d'eux » à toi^
jours tant qu'il en y aura de hoir mafle en hoir maffe de loyal mariage »
joyr & ufer pleinenietit & paifîblement , fans aucunement venir encon*
tre > ne leur faire ni fouffrir eftre fait » mis ou donné auctm cmpefche^
ment on dcftourbier » car ainfi nous plaift-il > 8c voulons eftre fait, non<»
obftant ladite création de Pair » comme di^ eft ». quelconques ordon-
nances y çonftitutions , édits» déclarations > coutumes & ufàges, leTquels
emant que meftier eft , nous vouk>h$ cy eftie tenus pbur expreSe) Le|r«
tres,& autres chofes quelconques knpetreou à impetrer à ce contraire. Eh
TEMoiK de ce 9 nous avons rait mettre noftre Scel i cefdites prefentes;..
Donné à Paris^ le vin^t-neuvie(me jour dX)6h>bre , Tan de mce mU
quatre cens foixante^mq » & de noftit R^ne lecinqiefm^ Sigpé» Put
ie Roy en (on Conreil> R o l l aitt»
LX X **•
i^ Lettres du Roy Louis XI^ fur k retour des Terres ik J^ormuàMe ^
& autres^
Kccucils de T ^ ^ ^ P^ ^ gwcc de Dieu , Roy de France. A tons ceux qui ce^jpre>-
M. l'Abbé -'^ Tentes Lettres verront , Sahit r Conune par nos Lettres Patentes icel-
le Grand. ^^^ ^^ ^^^ ^. ^<>7^ & ^^ ^i^d , & pour les caufes contenues en icelles>
nous ayons baillé , delaifté , quitté & tranfporté à noftre trés-puiHant &
très-amé frère Charles de France, pour tout fbn droit d appanage > pour
luy & Ces hoirs mailes» & les hoirs mafles de feTdits hoirs maiks ^ tant
qu'il en y aura de loyal matiage, tout noftre Duché de Normandie entie*
rement > ainfi qull le comporte & peut étendre > & comporter en long
& en large , avec toutes Tes appartenances & appoidançes, ain£ que plu$
à plein dit contenu en nofdires Lettres , & en faifant ledit tranfport ^ lu/
ayons accordé que en tant que touche les Comtez de Mortaing , de Lon-
gueville, S. Sauveur le Vicomte, S. Sauveur LeiHetin , & autres^Terrcs que
tient noftre très^puiâant & très-amé coufin le Duc d'Orléans , audit Duché
de Normandiç pour appanage, retourneront audit frère & à fes fuccefleur^
mafles audit Duché, en tous tes cas & re(ervationrqu 'elles (oient retourna*
blesâla Couronne de France, Sça voir faisons, que nous voulons & de-
firons que noftredit frcrc & fefdits fuccef&urs , iouiflcnt entièrement des
chofes que luy avons baillées^ promises , accordées par (bndit appanage,
à icduy noftre ftere î avons odbroyé & oftroyons de grâce efpe^iale par
tes prefentes , que en tant que touche leidits Comtez de Mortaiog & de
LongucvtUe, Saint-Sau veur-le- Vicomte , ôc SaimrSauvcut Lefdetin , Se
autres Terres que noftredit coufin d'Orléans tient audit Duché de Nor- .
Biandie, p^ appanage ou accroiftement d'iceluy, retourneront à noftre^
.dit
DE PHIL DE COMÎNES. 531
ait frère > 8c i Ccfdits hoirs mafles, 6c aot hoirs tnafles de ferdits hoirs
mafles , tant qu'il en y aura de loyal mariage, on tous les cas & reTerva- '4^5*
rions , qu'elles font recour nables à la Couronne de France , fans que ce
tourne à préjudice à nous > ni à noftredit frère > en autre chofe. Si don-
nons en mandement par ces; mefmes Drefentes , à nos amez Se féaux les
Gens tenans , & qui tiendront noftre Parlement , les Gens de nos Comp^
ces , Se Treforiers de France , & i tous nos autres Jufticiers Se Officiers;
Srefens Se advenir » Se à chacun d'eux , fi comme à iuy appartiendra, que
e nos pre(entes grâce 9 conceffion Se oâroys , ils fadènt > foufFrent &:
aident noftredit frère Se fefdits hoirs mafles , & les hoirs maies de ftC-
«lits hoirs mafles , tant qu'il en y aura de loyal mariage , jouit Se ufer plei^*
Sèment Se paifîblement , fans leur faire , ni foufrrir dire fait , mis ou ^
pnné aucun empefchement ou deftourbier , au contraire ; car ainfî
nousplaift-il, de voulons eftre fait , nonobftant que aucunes de fefdites:
Terres ayent efté baillées en forme de appanage , Se quelconques ordon-
nances, conftitutions , Edits, Déclarations, Lettres & autres chofesr*
quelconques impetrées ou à impetrer â ce contraires. En tssmoin de ce 9
nous avons fait mettre noftre Scel à ces prefentes. DonnéàParisle vingt-
neuviefme jour d'Oâobre, l'an de grâce mil quatre cens foixante-cinq » '
êc de noftre Règne le cinquiefme. Par le Roy en fon Confeil , Rol ant»
LeSa ,putli<aca & regifiraia Parijiis 9 in Parlamtntù 9 ptmUtimâ dit Oc"
tobrit 9 anno milltfimo quadrïngtnufimo Jexagejimo quinto. Chene^
tean. SimUiur USa 9 pubhcata & reginrata in Caméra Comptuôrum Do^
mini nofiri Régis ^ Pari/us^ in altéra Thtfauri Caméra prefeme die Cranno.
L X X *♦*•
ÇCT Lettres de Louis XL touchant le retour d*Alençon
Tïtt Jet
LO Y S par la grâce de Dieu 9 Roy de France. A tous ceuxqui ces pre- Recueils de
fentes Lettres verront , Salut : Comme en foifant le b^ 9 ceflîon 9 j^. i»Abbé
& tranfport à noftre très-pui(Iant & très-amé frère Charlesde France 9 LcGraïuL
pour fon droit de appanage de noftre Duché de Normandie 9 noftre-
dit frère' ait voulu dire & maintenir que le Duché d'Alençon de*
voit eftre retournable à Iuy & à fes hoirs 9 pour tous les cas Se moyens
ou'il cftoit retournable d la Couronne de France 9 auflî qu'il devoir pren-
ore Se lever audit Duché d'Alençon toutes les Tailles 9 Aides 9 Greniers
&aufdites fubventions{/tfv^ej/'tfr]nos Gens & Officiers9ait eftéditjque vu
que ledit Duché d'Alençon dvoit efté baiUé Se appanage 9 Se érigé en di-
gnité de Pairie 9 il eftoit feparé dudit Duché de Normandie 9 & par ce 9
lïe devoir retourner à noftredit frere nid fes hoirs 9 quand le cas ores ad-
viendroit du reourt, de ladite Duché d'Alençon 9 ni en icelle n'y dévoie
lever ni prendre lefdires Tailles 9 Aides 9 & aufdites fubvenrions 9 atten*
du meûnetnent que noftre très-puiflant Se très-amé coufln le Duc d'Alen-
çon 9 qui eftoit defcendu dé feul frere de Roy de France, prenoit iceux
Greniers 9 Se femblablement avoic la nomination des Officiers 9 Se ayenc
cfté dites & alléguées pluflcurs raifons d'un cofté & d'autre 9 fur quoy*
ilepuis ait cfté dit & accordé par Tadvis Se délibération àcs Sei*
Xxx X gneurs
14<?Î
Tiré des
Recueils <fe
IC. TAbbé
Le Grand.
531 PREUVES DES MEMOIR.ES
gnears de noftre Sang > & des Gens de noftre Confetl , qai en tant que
touche le recour dudit Duché d' Aiençon > que au cas & quand ledit retour
fera advenu & efchera par deffaut de hoirs mafles ou autrement , il en
fera ordonné & déterminé par le Jugement des Paksde France » oyes par ,
euxlescaufes& raifons, lefquelles demetureront fauves d'une part &
d autre» & au regarddts Aydes & Taillesdudit Duché d'Alençon , a efté
dit que la penfion de noftredic couiîn d'Alen^on , fera prife & levée par :
lefdites Avdes & Tailles » telle & en la manière qu'il eftok accoutumé ^ •
& le re£au appartiendra à noftredic frère & à fes hoirs inafles Ducs dc> .
Normandie , & feront lefditcs Aydes & Tailles iropofées > levées 6c re-
cueillies > par les Officiers qui ont accoutumé de les imppfer , lever 6c re^ ,
ce voir , lelquek payeront kditç penlion par décharge ^ & le refidii deli*-
yreront à noftredit frère > auquel baillerons Let|rres^> pour toujours çou^
traindre nofdîts Oâfkiers de montrerià noftredit frère la vraye valeut déf-
îtes Aydes 6c Tailles i & feront les compt;es de nofdits Omciers rendus;
en nc^re Chambre des Comptes à Paris* Nous voulaps tenir 6c accom-
plir ce qui a efté dit 6c ordonné touchant ledit Duché d'Al^dçon , & des
Taillés & Aydes cueillies 6c levées en iceluy » avons efté & fommescon-
tens>que quand le cas échera du retour dudit Dtiçhé & dcffaut de Hok made
ou autrement il en foit ordonné & deterpiinépar le jugement des Pairs de^.
France, ouyes par eux les caufes 6c raifons* » lefquelles demeureront fau-
ves d'une. part& d'autre, Seau regatd des Aydes &: Tailles dudit Duché,,
que la penuon de noftredic €oufîn d'Alençon prife & levée par lefdites
Aydes & Tailles , telle & en la manière qu'il eftoit accoutumé,, que te^
reiidu appartiendra i noftredit frère & à fes hoirs mafles Ducs de Nor-
mandie , lefquelles Aydes & Tailles feront impofées, cueillies & levées»
par les Officiers quionr accoutumé de les impoler, Icwr ôc recevoir , Ic^
quels payeront à tloftredit Coufin' ladite Peniîon > & par décharge, & le
refîdu délivreront à noftredit frère ,. auquel baillerons- Lettres pour tou*
jours contraindre nofdits Officiers à montrera iceluy noftre frère la vraye
valeur deCHites Aydes & TaiUes , & feront les comptes de nofdits^ Offi«»
ciers rendus cû noftre Chambre des Comptes à Paris. Sr tem^oin de ce ,.
nous avons fait mettre noftre, Scel àf nofidites prefentes.. Donné â Paris le
vingt-neuvi^ftne |oar d'Otîtobre , l'an de grâce mil quatre cens foixante-^i
cinq , Se de noftre Règne le cinqûiefme; Signé y par le Roy en fou Cary^
feil. RoiAi^T..
L X X * * * *-
fer Lettres d'Bommage de ta DucfUdc Normandie»- «
LO T S par la grâce de Dieu , Roy de France. A nos amez & fisaur lefi
Gens de nosComptes& Tfeforiers àPari^ , Salut & dileâion. Sça^
VOIR vous faifbns, que noftre très-cher 6c très-amé frère Charles àc\
Vt^XiQt y nous a aujourd'huy à noftre perfonne £éiit les^ foy & honunage
que tenu nous eft de faire , pour raifo^ de la Duché de Normsmdie âc
Pairie de France, tenue & mouvant^ de novi^^ àcaufede iiQftreCouionne,,
6c laquelle Duché nous luy avons nouvellement baillée pour (on appa-^
sage > 4Hlfqneb foy & hommage nous lavons rei(û > fauf noftre droit 6c
^^^truyw
^
DE PHIL. DU ÇOMINES.^ si}
Vaotniy. Si vous mandons à chacun <lc vqos, fi comme a luy appatîcn-r ij^6y
dra > que pourcaufe defdices foy & bommaee à nous faits , vous ne fai-^
tes ou donnezv^ ne fouffrczeftre fair ou doi^ixe à i)oftr^diç ftçrc ne à fadiçfi
Duchéyfos appanenahces ou apMUidpçes.<)MeWpn^.qç»,ai^
mène , ains, fe fait > mis ett.oaric^ 3 ayoi$t:fté qg f^^olt , U^mciitz ou
Eûtes mettre inccmi^ncm to fans délaya pl^ne délivrance. Ppnné au,
Bois.de VinccmieSv le pénultième jour.aOârobre-, ràû. de grâcçmil
quatce cens foixante-cinq > & de noftre Règne , le cinquierme. Signé.
Par le Roy. Melfeigneurs les Ducs de Bretagne , de Calabrc , Comte de
Charolois» Ducs de Bourbon & de Nemours , {es Comtes ^'Artnagnac ^
dt&i Paul,'Conûeftable de Fraoçe,dç,Dunoys, y<)u?i IgSr^ Ççimçp àc
Cominges.» & Sire dcBoifmeaartyMarefchaua^ de France
.s ■■ '• '
f ^ ' T^
. ' L X X I.
1^ Lettres de Louis XI. pour ia nomination des OfficitrS de Normande.
LO YS ,par la grâce de Dieu , Roy de France* A tw^ ceux qiji eçsf Recueils de
prefentes Lettres verront » Saloc ; Comniç en faiiW^le bail ^ çeiConi m. TAbbé
& tranfport à noftretrès-puinànt & très-amé/rerçÇfijîrlp^.de France , 4p Le GcancL
noftre Duché de Normandie , pour tout fon droit de appanage » nous en-
tre autre chofe , luy ayons cedé& tranfporté tous les profits, emolumens
& revenus , ordinaires ou extraordinairces dudit Duché, tant en
Greniersâc Gabdles, que en Aydes ^io^ofitiops , foit pctur; foulde de
Gens d'Armes , ou autrement & tout ledit Duché , & fi nos autreis Lettres
luy ayons donné i fefdics Jioir^ maflcs y ^uifl^i^tfç/^cMlté d'ic^j k^
des »'impofitiàEni , Greniers & Tailles > mettre: ou faire mettre (ur & im<»
pofer , pour lefquds recevoir , faire venir enfemble > lever , cueillir Se
ama^ , auflî pour cohnoiftre des prefens débats & queftions qui en
viendront, fera befoiivdexonrunenre & lever Grennetiers % Contrôleurs ,
Receveurs Acianrres O^Sciers , Sçavoir faisons ««çmenous^ voulons &.
dèfiroris que luy .& fefdits hoirs mafles jouifiènt enri<eceit)ent djes cbpfes
que luy avons huilées ^itraojfi^rtées en fondit appanageii ^ l^y^^l^çç
^ eflargir de tM gcaces^;pf erogaiiy^ , &: pçiur ^ur^ e /^on(iderapoti à ciç
nous mouvans à icehiy noftre frère, pour lùy:^ fefdits hoirs mades » 6c
les hoirs mafles de (Hdits koks mafles , i;ant .aii*il fcn y aura de hoir maAç
en hpir mafle de loyal mariage; avon$ àsmn^Mj oâri>yé ,<]oiHipns &ç ocr
troyons de graceefpeciale par çesprerQu^e^t, |M]û(&nce ^ i&cuiré dc^^loiUr
^meri^preiênt & idorefnavarit^ quand y^y|eroDt;ïiçU& ieliji !â:çn^^tier%
ReceveurSyControleucS' 6c autres Officiers,queLpQnq«e qiif^ boQ Içur femr
Ueri à noftredit fèâre & à fc^ hoit^todft Pâché ,; pour l^fdits^Qreniers ^
Gabelles , Aydes, impofitions & Tailles, (bit pour (bulde^de Gens d'Arr
mes on autrement , & autres fubfides .extraordinaires , aflèôir , recevoir^
faire venir enfemble, pour furcueillir» lever ^ .%9vi(Ièr au profit de nofr
tredicfrere & de &fi»c^ hoirs -maflesi, & pont m iconi^ojlftre y, 'pff:^^ 6c
demefler des queèioos ^^îebats qui :eo ffurvien^rtipnt ji ^^ener^lepien^
pour tomes autres chofes.mXfliSûres 5 tQlHeéf 1^ ^oTçs^d^ll^ites» leur^
ràxonftaiU:es&.âq:)endiimQSiA^q^eU^ no^nn^
Xxx 3 par
^ v-
'i4<^5-
Tiré des
Recueils de
M. TAbbé
Le Grand.
5U PRElJVÊS DES^MEMOIRÊS
SLT nofttedic frère 6c Ccfdks hoirs nufles, & non â autre » nous, & no»
ccellèars Roys de France , donnerons lefdics Offices » fans quelconqud
difficulté , Se avec ce , avons voulu 6c voulons , (^uenoftcedit frère pui£k
dès a prefeht Dominer nouveaux Officiers èfdits Offices , comme va-(
quatis par Its céffion SC tranfport que \nj avonsiait dudit Duché » non^^
obftant quelconques Létales ou don defdits Offices que autresen eu&nc
eu cy devant. Si donnônseii Mandaient i noftameZ'& ficaur lesGene^^
raux Confeiliers > fur le fait de nos Finances , & à tous nos autres Jufti'-
ciers 6c Officiers » & à chacun d'eux , fi comme à luy appartiendra > que
npftredit fireie & fefdirs hoirs mafles , à toujours tant qu'il en y aura de
hoir îmaifleen 'hoir mafle, ainfi, que cbt cft rils faâènt y kmffient , & laif-«
fent jouy r & u(er pleinemèiil: & paifiblement de nos prefeos don , con-»
ceffion 6c oStcoy , fans en ce luy faire , ni fouffiir eflxe fait , ni mis ou
donné, aucun empefchement 6c difficulté , car ainfi nous plaift-il , & vou-
lons eftre fait nonobilant quelconques Ordonnances, conftitutions,£dit$
Déclarations , Lettres & autres chofes quelconques , impetrées oui im-
petrer à ce contraire. En témoin de ce, nous avons fait mettre noftre
Scel à ces prefentesb Donné à Paris le vingt«neuvie(me jour d'OAobre »
Tan de grâce mil quatre cens foixante<:inq , 6c de noftre Règne le xin^
quiefme. Signé. Par le Roy en fon Confeil. Rol ant. •
L X X I *.
ffsT Expédition dfs Généraux fur cute heure preceitnu.
LE S Généraux Confeiliers du Roy noftre- frère , fur leÊdt & entre^
tiennement de toutes fes Finances , tant en Languedoil que en Lan«^
euedoc , vu |es Lettres Patentes dudit Seigneur , au(quellesces prefentes
font attachées feules , l'un de nos Seigneurs, par lefquelles , & pour les
caufes dedans contenues , iceluy Sgr. a donné 6c o&royé i Monfieur
Charles de France , Duc de Normandie (on frère , & à fes hoirs mafles ,
& aux hoirs mafles de (efdirs hoi^ mafles , tant qu'il en y aura de hoir
mafle en hoir mafle de; loyal mariage , les puiflànce & £aiculté de nommer
dèsà prcîfent& dorefnaVant quaiâ ils va^jueront » tels Efiu& GrenetierSy
Receveurs , Contrôleurs 6c autres Officiers quelconques que bon leur
femblera , 6c i fefdits hoirs audit Duché , pour aflèoir , recevoir , faire
venir eux pour furcueillir,levtr& amaflerau profit deoiondit Sei^eur
de Normandie ou de fefdits hoirs mafles , toutes les autres impofmons »
Crehim^ G:d>elks , 'taillcrs , £wt pour fouldede Gens' d'Armes ouautte*
ment^i & i^utires fi^âdes etti^àordinaires au Duché deNoonaudie^ aufll
pour connoifti^, juger de décider desquefHons 6c- débats qui eh fbuivt
dront , & généralement pour toutes autres chofes necellàires, toutes les
chofes deffufdites, leurs circonftances& dépendances, aufquels Officiers
3ui ainfi feront nommez par mondit -Seigneur de Normandie , 6c fef-
its hoks^ mafles i & non à autre. Le-^R^^ tioftredit Ssr. 6t (es. ffaoéef-
ftàt$ ^àyi de f rance ; doïïwéronc -lefdits Offires, ums' quelconque
difficulté y & ^vlsc ce , a ledit S(5i^Beur voulu que nunidir Seimeur de
Normandie ipuiflè dèsà pctlfent-ubmaièr nouveaux Officiers èfdits Offi-
ces»
^
PE PHIL. DE:COMIN:ES - ^3^.
ceS) comme vaquans par les ce/Hoii flc tranlpoixqu'il luf 2 ff(icdudic pii' ^^^^*™^
chef npoobftantquclconques Lettres ou don derdûs06Ecesi queai^ ^4^f'
«es es eulTeot eu audit Sgi. par cy-devanc > nous en tant que i nous eft
.confeoDons entherinetnent & accomplilTemencderdices LçtWcs , pour Us
raufes t toi)!! ainfi & en la forme Se manière que le Roy [io%edi( Sgr. le
.veuc & mafide pac icelles. Donné Tous noltredit feing le .cioqulçraie
. jour de Novcn^ifei l'an mil quatre cens {oixance-cinq.. .,
,,\. .1 x,x i.i*v
J^ TotuhofU la coBtraiau des EJtus & Rteevettrs tCAlaifOit- -,
LO Y S 1 par la grâce de Dieu > R07 de France. A cous ceux qjiî ces ^, ,
prcfcntcs Lettres Verront , Salut : Comme en feifant le bail , cellioti Hecudls A»
& tranfporc i noftre très-puiilànt Se très^mé frère Charles de France j m, l'Abbé
jxiurtoui fo;! droit deappooage, poucluy dcfeshoirs maflesttantqu'il LcGtaïul,
en y aura du Duché de Normandie , ait efté expreOêment die , que' au re-
.gard Jcs Tailles & Aydes du Duché d'Alençon , la penfion.de noftterrifr-
Duillànt& très-amé coufînie Ducd'Alençon> foie prifeSc levée fur leu
Aites Tailles & Aydes, telle & en la manière qu'il eftoit accoutumé, éç
l
lue le re£du appariiendioit i noftredit frère , &: i fes hoirs malles Du^s
le Normandie , & foienr lefdites Aydes & Tailles împofées , levées &
cueillies par les Officiers qui ontaccoutumédelesimpoier , lever & rece-
cevoir , lefquels payeront la penfîon de nolfaredit couiîn d'Alençon par
décharge > &c lereHaudelivreiontà noftredit A:ere &â fefdits hoirs mafles,
auquel noftre frère baillerons Lettres , pour toujours contraindre lef-
dits Officiers , à montrer k nc^redit frère ou à fes gens & Officiers , la
vraye valeur defdices Aydes & Tailles , & defquels Officiers , tes comp-
resloient rendus eu noitre Chambre des Comptes à Paris.- Sçavoir fai-
sons , que nous voulons Se devrons , noftredit frère Se fèfdits hoirs
^jqiaAesi tant qu'il en y aura , }owe entièrement des chofes que lay avo«s
o^oyées pal fondit appanage a icetuy noflre frère > ppur fuy Se ^(djps ;' '^
hoirs mafles , tant qu'il en y aura , avons oélrpyé fc qâroypns par ç^s '
prefenres , que iefdits Ellus , Receveurs & autresOfficiers , qui foitt ou .'
feront ordonnez à ^ëoir > recevoir, cueillir fie amailèc lefdites Aydes & ""' '
Tailles audit Duché d'Alenèon, puilïènt élire confrainis â iiionârec4
oofttedit frère & à (es hoirs malles , tant qu'il en y aura Ducs de Nor-
mandie , ou à leurs
valeut defdiies Aydes
DUS d délivrer i nofbn
ra , le xeffdu qui dein
lencon , après <iue la
levée Xur lefdites Ay t
accoutumé , & avec <
ions &^oas pIàlt,QU( ,
joa au yidimusa'içvX^ ,
.^vecqutirancedenoft r
auia , tout ce . 9UC m
«
*55 PkEtrVES DES MÊMOÎRÏS
i^Cj. "fençon , ibiti alloué es comptes,' & hibbatu 4ë la Recette' des Reôd-
yeurs par nos amez & féaux Gens de nos Comptes , qui font^ ou peur le
tems advenir feront , fans aucune difficulté* Si donnons en Mandemenc
par ces prefentes , à nos amez & féaux Gens de nos G)mptes , & Gene«
raux'fur le fait dé nos Financ:es,& à cous nos autres Jufticiersfit Officiers
prefens &-advemriQuenoftredit frère SC fefditshoirs mtUtes , à toujours »
tant ou'il en y autiade hoir mafle en hoir mafle , Ducs^e Nbtmandie ^
ils fauènt , fouffrent & laiflent jouir 6c ufer pleinement 6c paiiiblement,
de nos prefens don , conceifion 6c t>âroy ^^fans leur faire ou donner , ni
foufFrir eftrç fait ^ mis o]x donné ^ucqn deilourbier^ou empefchemfsnt au
contraire '^ en baillant par vous nofdits Généraux , Confediers 5 à ces
prefentes voftre arrache âc.exjpedition , adi:e({ant au prçmier tiluiflier de
\^i - 4tci{IrëC6ur de Parlement, des Requeftcs du Fahtis ou dç iiaftre Hoftef,
T ^krar contraindre lefdits ]Eflus & Receveurs ^ à bailler ladite vraye valeur
' défdîtes Tailles & Aydes à noft redit frerc ou à fes Gens 8c Officiers , la^
•■ - qudleattâche 6c expédition voulons valoir ^ur toujours j car ainfi nous
plaift-il s6c voulons eftre fait , 6c à noftredit rrere 6c i, fefdits hoirs mailesj
taotqu^il en ygura, Tavons oftroyé 6c oétroydns de gracç efpecialë.pac
ces prefentes , nondbftant ôppofition^ & appellations , quelconc^ues Orù
donnances , Edics , Déclarations Coutumes, Ufages,Lettres,& autre choib
qùclconçiue , ^te xni à faire i ce au contraires. En tetttoin de ce, nouii
avons fait mettre noftrcScel à ces prefentes. Donné à Paris le vingt-neu-
vicfme jour d'Oârobre , l'an de grâce mil quatre cens foixante-cinq , 6c
de noftre Kcgnp le cincjuiefoic* Ainfi iîgné. Par le Roy en fôn ConfciL
Pi la Coua» . ' >• .
• ' ■ " . ' ' L X X. ï * * * .
(j^ JÇxftdi^ion Jcs G^nçraux fiir cette Lettre priuient^^
T é des T '^ 5 ^^^^'^^^'^ Confcillcrs du Roy noftrç Sgf. fur Iç fait & Gou*
Recueils de -L^ venfemenr de toutes fes Fin^ntes, tant en Laneuedoil comme
M, TAbbé ^" tafiguedoc, Vû:|fes Letttçs Patenter dudjt Sgr. aulqiïelles ct% pre-»
Iç Grand, lentes (ont attachées fout ilun de nos fignes,par tefquelles, & par
les caufes dedans conrcnucs, ledit Sgr, a donne i5c oftroyé à Monfei^
Sneur Charles de France, Duc de Normandie fon frère , pour luy & (iz%
oirs ipafles , ^ant qu'il en y aura \ Que Içs Eflus , Receveurs & autres
•Officiers qui fôht ou feront ordonne:^ à aflcoir, recevoir, cueillir &
'mnaflcrlés Aydes &^ Tailles duEhiché d'Alcnçon^^ûiffênt eftre contrainrs
4rnbiirrcrà itapnilit Sgr, Je Duc de Normandie , ou à fefdirs hoirs mafles
tant qu'il eh y aliraDucf de Normandie, ou à leurs Gens & Officiers â
ce commis de par eux , la vraye valeur defdites Aydes & Tailles dudit
T% t-i J>Al . Ow l-iTJîi.- n 1 : L^.â^ 1 X_JÎ.._. _A ^ iM^^'*^. J^
gneurd'ÀIëhçonferaprifc Ôpleycç, telle &en la manière qu'tt cftôît
accoutumé, & que par eux rappcirt'fintlefd ires Lettres Patentes (Ignées de
\x main dudit Stignçur, <ni Vidimus 4'icdle / feit fous Std ^oyàl i pour
s
T)E PHIL. DE COMINES. ^7
fine fois reuiement avec quittance de noftredic Seigneur , ou de fefdits
iloirs mafles , tant qu'il en y aura , tout ce que pourra monter ledit rc- * ^ ^
l(idu defdites Aydes & Tailles d'Alençon , foit alloué es Comptes , &c rab-
i>atu de la recette defdits revenus ; 6c en outre nous a ledit Seigneur ,
r fefdites Lettres , mandé Se donné puiflànce & authorité de donner
Ur ce noftre attache » & expédition adreflfée au premier noflfre Huillîer
<le la Cour de Parlement, des Requeftes du Palais , ou de THoftel d*ice-
luy Seigneur , laquelle ledit Seigneur veut à tousjours eftre valable , pour
contraindre lefdits Efleus & Receveurs aux choies deflufdites : Nous en
tant que à nous eft, confentons Tentherinement &accompli(Ièment def-
dites Lettres , en mandant de par ledit Seigneur Se nous » au premier
Huîâier de la Cour de Parlement, des Requeftes du Palais, ou de VHoC-
tel d'iceluy Seigneur, qui pi^mier fur ce fera requis par mondit Seigneur
de Normandie , ou de Tes noirs maies , tant qu'il en y aura , que lefdits
Efleus, Receveurs & autres Officiers dudit Duché d'Alençon , ils con-
traignent d'apporter, Se de faire monflre par chacun an à mondit Sei-
gneur le Duc de Normandie , & à fes hoirs, tant qu'il en y aura , ou à
Xciits gens , Officiers à ce commis de par eux , la vraye valeur defdites
aydes & tailles dudit Duché d'Alençon, & lefdits Receveurs à payer le
refîdu de ce que monteront lefdites Aydes & Tailles , après que la pen^
fion de mondit Seigneur d'Alençon , fera prife 8c levée telle Se en la
manière qu'il eftoit accouftumé , en baillant aufdits Receveurs ces pre*
(entes fignées de la main dudit Seigneur ou vidimus d'icelu7,fait fous Scel
Royal , pour une fois tantleulement ,' avec quittance de mondit Seigneur
xle Normandie , ou de fefdits hoirs mâles , tout ainfi & par la forme Se
manière que le Roy , noftredit Seigneur , le veut & mande par fefdites
Lettres. Donné fous nofdits fignes le feptiefme jour de Novembre , l'an
mil quatce cens foixante-cinq. Ainfi Signé , Rj^ynaut.
. L X X I L
Proujlation contre le Traieé de Confions.
LE mefme Roy envoya Guillot Pot , Bailly de Vermandok , Se Jacques Tiré de
Fournier^ Confeiller au Parlement de Paris, pour deflourner Onar- l'Edition
ies , Duc de Bourgogne , d'aflifter le Duc de Bretagne contre luy. dç M. Go*
Item. Et quant à ce que ledit Sieur de Creouy , Carondelet & Meu- dcfroy.
rin , ont dit que l'alliance Se traité d'.entre mefdits Seigneurs de Bourgo-
gne Se de Bretagne , a eflé fait par le confentement du Roy , oncques le
Roy n'y donna confentement libéra , ne de fa franche volonté \ mais
fçait mondit Seigneur de Bourgognel,que lorfqu'on veut* dire ledit con- * Veut.Jt
fentement avoir eflé donné , la plufpart de tous les Seig;neurs du Royau- crois ^u il
me de France efloient en armes contre le Roy , le tenoient affiegé dans ^*^^ '^^*''^''
ia yille de Paris 5 chacun jour prenoient & faifoient rebeller Villes, Pla-
ces Se Forterelïcs contre luy, tellement que force & contrainte luy eftoit
pour efchever le danger Se inconvénient de fa perfonne , & la totale def-
truâion de fon Royaume, dont le péril eftoit lors éminent , de faire &
paficr cequ'ondeinandoit ^maisc'efloit par force, violence & contraintexles
Tome IL Y y y chofcs
___ 53» PREUVES DES MEMO ÎRE'S:
i^^r chofes deflufdites , & le monftra bien v car quand il vie que force 8c ûc^
ccfGxé luy fut de ainfi le faire , il alU en fa Cour de Parlement , & ail-^
leurs en pluiieurs lieux » & notifia que ce qu'il fai(bic eftoic contre fotf
courage & volonté , par force & coAcrainse , Ôc pour «fchever les^
inconveniens , tant de fa perfonne , que du Royaume > qu'il voyoit
en difpo&ion d advenir y proteftant expieilëment , que quelque con-
fentemcnt qu'il donnaft , ne fut valable ,: & ne luy puft tourner à
préjudice.
hem. Et auili toutes les chofes qui furent faites > lorfqti'on dit que le-
dit confeotement avodt efté donné , ont cSté rompues & caflees. Car pre-
mièrement, le Duché de Normandie oui avoit efté baillé i mondit Sieur
de Guyenne, luy a efté ofté , mefme a la requeftc du Duc qui le bailla^
au Roy ; 6c par la délibération de la plufpart des Seigneurs du Sang »
tant de ceux qui avoient efté audit Traité , que d'autres , & depuis par
concluflon de tous les trois Eftats du Royaume de France, a efté trouvé'
& reconnu que d'ancienneté par les Roys de France , & encore derniè-
rement par le Roy Charles VII. que Dieu abfolve , il avoit efté uny à lar
Couronne de France , & dit & déclaré qu'il en eftoit infeparable, & ne^
fe pouvoir aliéner ne tranfportetr^
L X X I I L
Remarques fur te Traité de Confians , &Jur les Duche[ dt Lothiers , £ra^
tant , JUmbourgf Marquifat d'envers , Terres d^Outre-Meu^e , Filles
de Peronncy Mondidier , Raye y Auxerre-, & fur quelques Terres em
Hollande.
Tiré Je TE- T E Roy Louys XI. traitant avec le Comte de Chiarolois , luy promit
didon de JL^ par le Traité du ;. Oâobre 14^5. de luy délivrer les Villes, ChafteU
M. Gode- lenies & Prevoftez de Peronne , Mondidier & Roye , & de procurer par
"•y* effet que le Comte de Nevers luy tranfporteroit & remettroit tous fcs-
droits 5c prétenticms fur ces Villes.
Il y avoit long-temps j^ue Jean , Comte de Nevers jouiflbit du revenu
de ces trois Villes, qui hiy avoit efté cédé en 144^. par le Duc de
^ucgogne , pour le payement ^quelques fommes que ce Duc luy de-
voit *, il précendoit outre cela que les Duchez de Lothiers , de Brabant ,
lie Limbonr^ , & Je Marquifat d'Anvers luy eftoient efcheus fuivanc
le parta^ fait par Philippe le Hardy;, Duc de Botugogne,^ & la fubftito-
^on y inferée.
Voyez, cy- Le Comte de Charolois trouva moyen de fc faifîr de la perfonne de'
^^^ ce Comte , & par menaces ou autrement , il fe fit donner la carde des
^^ ' Comtez de Nevers & de Rethel , & il en esttorqua des renonciations à
routes prétentions Air les Ducherde Lothiers, Brabant, Limbourg , Mar^
^uifat d'Anvers j T^ies & Seigneuries de Peronne, Mondidier, Roye».
Auxerre , & pour autres fu jets énoncez dans fes renonciations.
Il en fut rait ik Lettres différentes , fçavoir :
I. Pour la garde des Comtez de Nevers & de Rethel.
2< Pour renoncer aux Duchez de Brabant,, Limbourg, &c.
5-
DE PHIL. DE COMINES. n9
5 • 7bac rendre au Duc de Bourgogne le Comté d' Auxerre , & les Ter- ^
«s de Vome , Ooft-Vornc , la BrieUe , & autres qui avoient efté tranf- ^ ^^ î
jxmécs i ce Comte pour fîireré de 6oqo livres de rence à luy promifes par
ibn contrat de mariage.
4* Pour renoncer a la donanovi qm luf avoit efté (akt en i ^6. par
Philippe , Duc de Bourgogne, des Terres de Peronne, Mondidier 6c
Roye , pour en jouïr pendant quimte ans y 6c eftre payé de vingt mille Ta-
lus d'or, que ce Duc luy avoit retenus du dot de la femme d^une part ,
Se loooo livres d^autre part , qui luy dévoient revenir de k fucceffion de
Bonne d'Artois (a mère , féconde femme de ce Duc
5* Pour approuver leTraîtéfait i Paris en ce qui regardoit le tranfport
ées Villes de Peronne , Mondidier Se Roye.
6. Et pour renoïKcr à ces fommes de loooo fahis d'or & de loooo liv.
qu'il prétendoit luy eftres ducs.
Les cinq premières de ces Lettres furent datées à Englemonftier le lu
Mars i4(>5. avant Pafqués (i), & la âxiefme fur daitée à Boulogne le der-
niers Mars 1 4^5 • auiH avant Pafques»
Quoique ces pièces foient datées comme faîtes à Englemonftier & i
Boulogne , il n'eft cependant pas fur qu^elles y ayent eâ» jpdflSes , il dk
certain que dans les Lettres de ceffion des Duchez de Draoant , de Lim-
bourg , Sec. les mots EngUmonfiicr, & zz.jour , fonr d'un encre très-
^lifferent de celuy du corps de la Lettre , ce qui témoigne qu'ils ont efté
adjouftés après coup *, &c pour les autres Quatre Lettres, le Comte de Ne-
vers & fes héritiers ont tousjours prétencfu qu'elles eftoient fauflès , ou
I>our parler plus jufte , qu'elles n'avoient pas efté données avec toute
a liberté que l'on doit avoir dans des affaires d'une aufli grande confé-
quence.
Une s'agiilbit pas moinsquedequatreProvincesfouveraines&des plus
confiderables de l'Europe, comme aufli de plufieurs Terres & prétentions
de grande imi>ortance, cela demandoit que les aâes ne fuflènt fujets à
aucune fufpicion.
Le Comte de Nevers n'eftoit plus en liberté de fe tirer du fâcheux pas
pu il fe trouvoit engagé , la feule précaution qu'il prit , fut de faire
écrire fur la bande du parchemin , fur laquelle le fceau devoir eftre ai>-
pliqué , une proteftation de violence & de nullité de tout ce qui eftoit
contenu dans les aâes qu'il avoit efté contraint de figner.
Ce ftratagefme luy fut fuggeré par un habile & fidde Miniftre , nom-
imé Bertaut -, & aulfî-toft que ce Comte fut en liberté , il fit aflîçner le
Duc de Bourgogne au Parlement deParis , pour voir déclarer nulles les
renonciations qu'il avoit faites à (es prétentions fur les Seigneuries de
Perotine , Mondidier & Roye , & autres prétentions réelles & pécuniai-
res fur d*autres biens qui dévoient luy appartenir.
Le Duc de Bourgogne mourut quelques mois après ces renonciations
données , & le Comte de Charolois fon fils & (ucceflêur au Duché de
Bourgogne , ne fe mit pas fort en peine de rendre juftice à fon coufin le
Comte de Nevers. Le
(i) L*aan<e conuneBçoic lors à Pâques , qui arriva le 6. Avril , premier jour ds
Yyy X
540 PREUVES DES MEMOIRES
. Le difFerend pour tes Duchez de Brabanc , Limbourg , Sec. avoit eft£
^ ^' auparavant décidé par la force ; le Duc de Bourgogne s'cftoit cmpacé dé-
cès Duchez j Se le Comte de Charolois Ton fils avoit tiré des Eftats de
tous Tes Pays une déclaration qu'ils le reconnoiftroient pour leur Seigneur
Voyez, cy- j^près la mort de Ton père , moyennant quoy il avoit promis aux. Eftats àt
mmXLV ^^^^^^^ ^^ ^^"^ confirmer leur Chartres & privilèges.
. La caufe pour les Villes de Peronne , Mondidier & Roye fut portée
au Parlement de Paris > où les héritiers du Comte de Nevers demandè-
rent que les quatre Lettres originales qui regardoient ces Villes , fvtSknt
rapportées » & que les fceaux qui y eftoient attachez fuflènt levez pour
voir fur la bande de parchemin , a laquelle ils eftoient attachez , la pro-
teftation de violence &c de nullité y qu'ils difoient y eftre iofcrirc*
On ne voit pas que ce procès ait cfté décidé , mais il eft certain que
ces quatres Lettres originales furent depofées au Greffe <lu Parlement de^
Paris , en l'année 1515.
Ces faits font fi fîneuliers , que l'on eft perfuadé que le Le£keur judi-
cieux fera très-aife de trouver icy les Lettres de rcconnoiflànce & les»
renonciations aux Duchez de Brabant,de Limbourg,&c. aux Seigneuries de
Peronne , Mondidier & Roye , & autres prétentions du Comte de Ne*
Vûfiz cy- ^^^^ > ^ V^^ ^'^^ y adjoufte l'afte de la depofition faite au Parlement de
^Tèsn$ime' Paris, des Lettres qui regardent Peronne , & de la demande qui y fut
r^LXXXV. faite pour l'ouverture de ces fceaux , afin d'y découvrir la faudeté & nuU
9cc. Uté ae ces Lettres^
LXXIY.
Acte de r Hommage lige fait au Roy Louys XL par U Comte de Charolois^
de plujieurs ITUles > qui luy av oient ejli cédées en Picardie &
autres lieux.. '
A Saim-Antoine-lez-Parîs > le dernier Odlobre 14^^.
.^J . T O YS , par la grâce de Dieu , Roy de France : A nosamez & finaux.
Ac M.^Go- ^^ G^tïs de nos Comptes & Trçforiers , aux BaiUifs de Vermandois >
dffroy, d'Aniien:;» Saint-Quentin % Senefehal de Ponthiea , 8c Lions nos autres
Jufticiers & Officiers y ou a leurs Lieutenans, Salut & dileâion : S<^avoir
vous, faifons , que noftre très-cher & très-amé Frerc & Coufin le Comre
de Charolois , nous a aujourd'huy fait les (oy.6c hommage lige qu'il nous,
eftoit tenu faire à caufe des Terres &c Seigneuries de Picarcue, tant deçà
que de-U la rivière de Somme, avec les Villes & Places de Peronne ,
Mondidier & Roye, &de la Comté de Guynes] lefauelles Terres Se
Seigneuries luy ont par nousefté baillées & tranlportees- par le Traité
n'agueres fait entre nous Se luy, aufquels foy & nommage nous l'avons
reçu, fauf noftre droit & l'autruy vfi vous mandons & à chacun de
vous , fi comme à luy appartiendra , que pour caufe defdits foy & hom-
mages à nous non faits , vous ne faites ou donnez , ne fouffrez eftre fait^
tnis ou donné â noftredit Coufin aucun deftourbier ou empefchement i
ainçois fe lefdites Terres & Seigneuries > ou aucunes d'icelles eftoient:
pout
DE PHIL. DE COMINES. 541
poor ce prinfcs , faides , arreftées ou aucunement empefchées , mettez- .
lesluy ou , ou faites mettre incontinent & fans délay à pleine délivrance» 1 4 6-^^
pourvu que noftredit Coufin fera tenu de bailler ou faire bailler par
efcrit j dedans temps dû , fes dénombremens & adveus defdites Terres
& Seigneuries » & taire & payer les autres droits & devoirs qui pour ce
nous pourroient eftrc deus : Donné à faint-AntlK»ne-lcz-Paris , le der-
jour d*Oâx)bre , Tan de grâce mil quatre cens foixante cinq» Se de noftre
Règne le cinauiefme. Et plus bas. Par le Roy » Mellèigneurs les Duos:
de Calabre , de Bourbon & de Nemours. Les Comtes de Sainc-Pol , Con-^
neftable , le Comte Delebret, Vous , Meflîre Jacques de Luxembourg y
les Comtes de Marie , de Brienne & de Penthievre , de Comminge & de
Dunois ) l'Admirai , le Marefchal de Gamaches , le Grand Maiftre d'Ho(^
rel de France , le Baftard de Bourgogne ^ les Sires de Crequy & de Craon».
le Marefchal de Bourgogne , le Comte de Dampmarcin , les Sires de
Traynel » de Halbourdin » de Montaeu , de Bazoges , Guillaume de Biche»'
le Sire de Feneftranges, de Monftereul, autres ^tt(çxis^Signé, de Reilhac».
avec paraphe; Et fcclU d'un Sceau en cire jaune pendant à JimpU bande-
dtparchcmin.
Collationefur C original étant en la Chancre des' Compus de Lille^
L X X V.
§Cr Pouvair du Roy Loujs XL pour U Serment des Princes fur Caccep^
tation du Traité du Bien Public > du z^ Novembre 1466.
LO Y S , par la grâce de Dieu * Roy de France r A noftre amé & féal Tiré des
Coofeiller & Chambellan , Guillaume Juvenel des Urflns , Che- Kccueils de
valier , Seigneur de Traynel *, & à noftre amé & féal Notaire & Sccre-» ^- l'Abbé
laire Maiftre Jean de Reilhac , Salut & dileâion : Comme il foitainfi ^^ Grand*
que puis aucun» jours en la prefence d aucuns des Seigneurs de noftre
Sang , ayons promis de garder & entretenir le Traité & appointement
d'entre nous^ & lefditr Seigneurs » ainfi que par la forme & manière que
lefdits Seigneurs le promettoient de leur part » & à cette caii(e ayons
ordonné envoyer par devers noftre très-cher & très-amé Frère le Duc de
Normandie , à noftre très-cher & très-amé Nepveu Te Duc de Bretagne»
pour fçavoir & orr leur intention touchant ledit ferment, pourquoy nous
confians de vos {ens, loyautez & bonnes prudhomnùes, vous mandons &
commettons par ces prefentes , que vous tranfportiez par devers noftre-
dic Frère , & à iceux fçachez de par nous , s'ils veulent promettre &
jurer ledit traité & appointement , de la refponiè c^ue ils> âc à chacun
d'eux nous aurout faites »» nous certifier le plus diligemment que pour^
rez. Donné à Villers-le-Be^le deuxième jour de Novembre , Tan de grâce
mil quatre cens foixante-cmq^ , & de noftre Règne le cinquiefme. Sic
jLgnatum , Par le Roy , l'Adnural > & autres Princes, Bourré.
Tyy 3 LXXV*.
•
542 PREUVES DES MEMOIHES
14^5- ix X y*.
fC7 SemufU de ^Iqms^unsdts PrwisUffu^^
Tiré des T E deuxidiiie jour de Novembre , mil quatre cens foisanteHriiKi) par
Uecueils de J^ le comtnandeinenc & onèocmance du %oj , nous Guillaume Juve«>
L^r ^^J^ nel des Urfins , CJicyalicr , Confeiller & Chambellan du Rcyy , & Jcaa
Gi^^d. ^^ Reilhac ^ Secrétaire dudic Seigneur > nou^ cran^ttez par devets
Me0ieurs les Ducs de NormancËe & de Bcecagne ,. 8c Comte db Danois,
isftan^ à Pontoire > & à iceux diiities de par tedtc Seigneur > qa'il nou$
cnvoyoit devers eux , pour les fermens qu'ils dévoient faire d'entretenir
les appointemcns & traité nouvellement faits > ainfi que le Roy l'avoir
promis de (à part ; à qaoy nou»fuc faîte refponfe par la bouche de mon^-
dit Seigneur de Nornumdir > que en la forme Â^ manière que lefdits
traitez H appointemens ont efte pailè? 8c leus en la Cour de Parlement ,
il les jurou & prometcoit iScy&tlt fèm>cnt sa la main de mondit Sei-
gneur de Danoise £t au regard dudit Duc de Bretagne > il dit qu'il juroit
8c prometcoit ledit traité de paix j mais au r^ard de ce qui touche le
fait de trente-fix hommes , il refpondit que fur ce il en parleroit à nous
}e lendemain; rerournafmes par devers ledit Duc pour avoir faditte ref-
ponfe touchant ledit ferment , lequel fit venir deux Notaires » ^ en leur
prefence protefta de ne foy foumettre les Loix de fa Duché de Bretagne
a ce qui (croit fait , ne dit par lefdits trente*fix hommes , & en tant que
comme foit la Comté de Montfort , & autres Terres eftans par-deçà, il
coiifentoit bien foy y foumettre y lors par nous fut fembkb^ment pro^
tefté de par le Roy , touchant lefdits trente-fix hommes « telles protefta-
tions que ledit Seigneur (eroic cotifeillé de faire , 8c le lendemain nous
retournafmcs par devers le Roy , noftredit Scigheur > auquel fifmes rapr-
Î|ort de la ferme de manieie comment lefdits Seigneurs avoient fait ledit
ermenc, ^ le» ptpteftations faites par ledit Duc de B^etaone, de non
foy foumettre , ne (on Pays de Dr^agne , â ce qui feroit dit ^ lefdits
crente-fix hommes : Et oy ledit rapport par te Roy y nous fiift dift & char-
giez aller en la Cour de Parlement', pour pareillemenr faite ledirrapi>orc
en la main du Greffier d'icelle Cour , protefter de par le Roy , que ainfi
eue ledit Duc de Bretagne avoit dit & protefté , comme demis , que
^mblablement le Roy pmteftoit qu'il demeureroir en ùm entier pour
faire telles proteftanons , que bon luy femblera , lefquelks chofes avons
recitées à ladite Cour de Parlement , 8c charge au Gidfier d'icelle les en-
rogiftrer c Et ces diofes certiffens eftre vrayes : en tefmoin de ce , nou$
wons figné ces prefentes de notice main, les an & jour que detfus dit^
Sicjignatum^ G. Juvenbl , J. ns Reilhac,
Le Roy par toutes ces cédions avok voa- ;
Itt rompce la ligue faiçe contre luy; mais
voulant s'attacher ^entièrement le Comte
de Charolois , qui eftoit devenu veuf, le
x6. Septembre 1^6$. par la mon d'Yfabellc
de Bourbon fon époufc , il luy avoir offcn
*
if
Madame Anne (te France fa Fille alTnéc^
en mariage (lors âgée d'environ quatre ans)
& les Comtez de Champagne , de Ponthicn
& de Boulogne , en cas que ce mariage eut
font efFct, comme on peut voir dans les ar-
ticles fuivans.
Ï)E PHlL. CE COSIINÉS, .^43
t X X V I.'
14^5-
ArûeUs accdrde[ par le Roy Louys XL pour le mariage de Madame
Anne dt France f fa Fille aijhée ^ avec Charles 9 Comte de CharoloiSm
A VilleriJo^Bd , le 3. Notembre 14(1/.
LE Roy éft content de donner en mariage Madame Anne de France, x* / ^4
fon aifnée Fille à Monfieur le Comte de Charolois , & pour le dot i.p jî •
& mariage de madite Dame la Tomme de douze cens mille ekus d'or» & ^^ m.^ Go-
pour la leureré &c payement d*icelle fomme baillera & tranfoortera i dcfroy.
mondit fieur de Charolois , au profit de madite Dame & de Ces hoirs ,
loute laJComté de Champagne & Tes appartenances & enclaves quelcon-^
ques 9 tant de Langres , de Laon , de Vermandois, ainfi qu'elles Te com-
ponent & extendent , avec le Bailliage de Sens , en tous droits de Pairie,
prééminences , prérogatives , fiefs , nommages , rentes , revenus & au*
très profits , tant ordinaires que extraordinaires quelconques , defdits
Comtés & enclaves , & la nomination des Officiers Royaux , néceflài-
res pour les droits Royaux , Greniers , Aydes & Tailles , fans y rien re-
ferver , fors ce qui fera dit cy-après, & les foy , hommage , reflbrt &
fbuveraineté fous laCour de Parlement , fans moyen, au rachat de toute
kdite fomme , & fera enquis defdits enclaves, pour icelles déclarer plus
à plein |}endant le temps cy-dedbus déclaré.
Et baillera le Roy madite Dame fa Fille en la puiflànce dudit Mon^
. iîeur de Charolois , incontinent que ledit traité dudit mariage fera fait
& accordé , enfemhle la po{reâion & jbuyilànce defdits Comte de Cham-
pagne , Citez , Villes , Chafteaux , Places , Foriereflcs , tant d'iceluy
Comté , que defdites enclaves , ik>ur en ioyr & prendre tous les profits
& émolumens du Domaine & Greniers a Sel d'icelles Comté & encla-
ves , re(êrvez au Roy les profits des Aydes jufques à la confommation
dudit mariage , tant feulement , après laquelle ledit Monfieurde Charo-
lois prendra lefdics Aydes , Se feront feulement jrefervez au Roy les tail^-
les clés Gens d*armes.
Et entend le Roy que mondit Sieur de Charolois ehvoyera devers luy
pour faire & accorder ledit traité dudit mariage , & quérir madite Dame
dedans Pafques prochain venant , & pluftoft fi bon luy femble , & un
mois après qu elle fera en. fon pays , Tefpoufera en fiace d'^gliiè.
Et au icas que la Ductîé de Normandie , ,par mon ou autrement , re^
tournerait au Roy , foit avant ladite confommation , ou après, en ce cas
mondit Sieilr 4e Charolois joyroit defdits Comt^ & enclaves, tant en
Domaine , Greniers à Sel, Aydes , Tailles de Gens d*armes , que autres
profits entièrement.
Et s'il advenoit que madice Daihe allaft de vie à trefpas avant ladite
eonfommarion , ou après j fans enfans procréez dudit mariaee, fiu^ivant
ledit Sieur de Charolois , en ce cas iceluy mondit Sieur de Charolois
demourroit jouifiant defdits Comté & enclaves , en tels droits que lors y
eiendroit icelles Comté & enclaves , au rachat de la fbnune denuit cens
mille efcus d or , panie de toute ladite fomme.
I
1
t44 PREUVESDESMEMOIR.es
^ Et en outre pour partie de la recompenfe de l'attente de ladite *conr
^ ^ ' fommation dudit mariage pdur la jeuneflè de madite Dame > le Roy
baillera à mondit Sieur de Charolois la Comté de Ponthieu , pour luy
Se Tes hoir5 mâles & femdles procréez de luy & de madite Daine , & les
hoirs d'iceux hoirs procréez en direâe ligne , & la Comté de Bou-
logne , pour luy &c les hoirç procréez de luy , & les hoirs d'iceux fes hoirs
en direâe ligne à tousjours , & la fomme du rachat de ladite Comté de
Ponthieu « &(, autres Terres n'agueres tranfportées , demouxra fuj: lefditet
autres Terres non eftansd'icelle Comté de Ponthieu.
Et en faifant & accordant ledit traité , il fera fait & aduré par bon
confeil , en la meilleure manière que fera advifé en fubflance des chofes
deHufdites. Fait à Villers-le-Bel > le troidefme jour de Novembre , Tan
mil quatre cens foixante-cinq. SigTié , Lovs.
Mondit Sieur 4c Charolois a consenti &c accordé les points & articles
delTufdits au cas qu'il plaira â Monfieor de Bourgogne, Ton Père, &à
Madame la Duchcffè, fa Mère, &c refervéen tout leur vouloir & bon
plaifir. Signé , Charles*
f ÇoUationijur P original ejlant en la Chambre des Comptes de Lille*
L X X V I I.
"Contrat de mariage entre Dame Jeanne , Fille naturelle du Roy Louys XI.
& Louys f Bajiard de Bourbon.
A Paris, le 7. Novembre 14^5.
Tiré de A Tous ceux qui ces prefentes Lettres verront , Robert d'Eftouteville,
fEdition JLJL Chevalier, Seigneur de Bcine , Baron dTvry &c de Saint- Andry en
de M. Go. la Marche , Cohfeiller & Chambellan du Roy , noftre Sire , & Garde de
4rfcoy. la Prevofté de Paris , Salut : Sçavoir faifons , que pardcvant Gilles Godin
6c Nicolas Eveillart , Clercs , Notaires du Rov , noftredit Seigneur , &
de par luy eftablis en fon Chaftelet de Paris , turent prefens & con^por
furent perfonnellement très-haut , très-excellent & très-puiflant Prince
Louys , Roy de France , pour & au nom de luy & de Danie Jeanne , fa
Fille , de laquelle il fe fit & porta fort en cette partie efdits noms , d u-
tie part \ & haut & pui(Iànt Prince Monfeigncur Jean de Bourbon 8c
d'Auvergne , & Monfeigneur Louys , Baftard de Bourbon , Seigneur de
Chaftellac , en leurs noms, d'autre pan s lefquelles parties efdits noms,
de leurs l;>ons grés, bonnes volontés , propres mouvemens & cenaines
fciences, fansforce, fraude, erreur, ouindudion aucune, mais com^
me bien délibérez , pourveus advifez, (i comme elles dîfoient, recon-
neurent &confelIèrent pardevant lefdits Notaires , comme en droit ju->
gement , avoir fait , & d'abondant par ces prefentes Lettres , firent &
Font enfemble de bonne foy , & l'une partie avec l'autre , les traitez, ac-
cords, dons, tranfports, promeflès , convenances, obligations, & autres
chofes cy-açrcs declaréesjpour raifon du mariage, qui au plaifir de Dieu
fera brief fait & folemni(een fainteEglife, dudit Monfeigneur le Baftard
^ Sourbon ic à-'\cç\]e> Pâme Jeanne , en la manière qui s'enfuit^ c-eft à
Cjavoir,
^
"• •
DE PHIL. DECOMINES. : ^4^
Içavdkv le Aoy noArcdk Seigneur avoit promis & encore ptochet par
CCS prefences, donner & bailler ladite Dame Jeanne à iceluy Moniei* ^ 4^f*
gueur le Baftard » aue icelle promit & promet prendre en femme &
efpoufe par la Loy de mariage , fi Dieu éc fàinte Eglife s'y accordent >
le plus brief que bonnement faire fe pourra au bon plaifir du Roy noftre*
ilit Seigneur, à l'œuvre & tcaité duquel mariage, éc en faveur, conten>
plation , ^ pour l'augmemation d'iceluy , le Roy , noftredit Seigneur , «
avoit ^ a donné à iceux futius conjoints la fomme de quarante mille
cfcus d'or , pour une fois , du coin & forge dudit Seigneur , laquelle
fonune de quarante mille efcus d'or , le Roy noftredit Seigneur promit
& sagea de bonne (oy , & encore par ces prefentes promet & gage pour
baïUer & délivrer à iceux futurs conjoints , ou au porteur de ces pre-
fentes Lettres , pour eux en cette manière s c'eft à (Ravoir , cinq mille
livres tournois le jour des efpoufaiUes defdits futurs mariez, & dix mille
livres tournois au bout de Tan , eu égard au jour defdites nopces , & ea
lafinde chacun an prochain après eniuivant autres dii mille livres tour-
nois , jufques à plein & entier payement defdits quarante mille efcui-
d'or , pour d'iceux quarante mille efcus d'or difpofer , faire & ordonnée
par iceluy Monfeigneur le Baftard a fon plaifir & volonté \ ic outre plus
le Roy noftredit ligueur donna & donne , cède , quitte , tranfporte >
baille , oâroyt , délivre & délaifie dès-maintenant à tousjours , par pue
ôc vray don irrévocable fait entrevifs , fans jamais contrevenir ,à icelle
Dame Jeanne, fa Fille, pour elle, (es hoirs Se ayans caufe, venans ôc
iflàns d'elle , & dudit Monfeigneur le Baftard audit mariage , fix mille
livres tournois de rente annuelle Se perpétuelle chacun an , pour eftre le
propre héritage de ladite Dame 6c de fes hoirs defcendans , comme dit
eft j 6c s'il acwenoit ou advient que lefdits futurs conjoints n'avent au-
cuns enfans nez , ne procréez audit mariage , en ce cas lefdits ux mille
livres tournois de rente feront , reviendront & retourneront au Roy not
tredit Seigneur , ou à fes fuccefièurs Roys de France , Dauphins 4e Vien-^
nois *, 8c pour l'afliete 8c aflîgnation d'icelle rente de fix mille livres tour-
nois , iceluy Seigneur , afin qnue mondit Seigneur le Baftard ait mieux
de quoy entretenir fon eftat nonorablenient , 8c fouftenir les charges
de mariage , donna & donne , cède , quitte , tranfporte , baille , déli-
vre & délaifiè dès à prefent , i tousjours perpétuellement i icelle Dame
Jeanne , fa Fille , pour elle , fes hoirs 6c a^ans caufe, yen^uis , comme
defius , les Chafteaux , Villes , Chaftellenies , Terrçs , Seigneuries de
Uflbn en Auvergne , de Cremieu , Moras, Beaurepaire, Vefille & Cor*
çillon au pays de Dauphiné, enfembie les cens , rentes , revenus , arrie*
refiefs , droits de Juftice , bois , rivières , moulins , garennes, homma-
ges , honrieurs , prérogatives & autres droits 8c appartenances quelcon^
ques d'icelles , &: de chacune d'icelleç en quelque valeqr & eftimatioii
qu'elles foienc ou puifiènt eftre , & en quelconque njaniere qu'ils vien*
nent en ores , ou pour le temps advenir , fans aucune chofe ou droit f
lefervpr ne retçnir , fors feulement les foy , hommage , refibrt & fou^
yeraineté d'icelles , pour tant que lefdites Terres 8c Seigneuries peuvent
8c pourrons valoir ^ & fe lefdites Places , Terres & Seigneuries ne valent
0a valoient lefdits fi^ mille livres tournois 4e rente chaci^n an , en ce
Tome II. TéZZ cas
j4^ PREUVES DES MEMOIRES
^' cas le Roy noftredit Seigneur fera tenu 6c promet les leur parfiùre ic |ia>
^ ^ ' fournir ce qui en défaudra fur ies autirs Terres > Chafteaux , Fortereflèi
Se Seigneurie du Roy noftttdît Seigneur^ plus prochaines de celles ddC^
fus nommées ^ èc de prochain en drochain ^ en lieux convenables 6c
biens vetians jufques au parfait & toumiflement de ladite fooiMe de /k
mille livres tournois de rente par an , & de ce ^re affiete bonne & con-
venable i ia couftume du Pays *, & néantmoins , 6c iaçoit ce que reftima^
tion 6c ptifée defdites Places , Chafteaux > Forcereâès de Seigneuries , ne
foit faite de quelle valeur elles font , le Roy noftredir Seigneur veut »
confent , oâroye 8c accorde que dis à pnefenc ia podèffion 6c délivrance
en foit faite 6c baillée aufdits futurs conjdints , en quelque valeur 6c
eftimation qu'elles foient ou pûifiènt eftte , lefqudles Places, Terres 6c
Seigneuries ainfi baillées pour ladite rente de (ht mille livres tournois , le
Roy ndbedit Seigneur , 6c fes fucceflèurs Roys de France , Dauphins .
de Viennois, pourront r'avoir ^ raimbre, retraire ou racheter quand boir
leur fembterSi , en payant pour ce , 6c baillant aufdits fiituts conjoints ,
i teurfdits hoirs ou ayans caufe , à une fois & à un payement , ta fom-
me de cent mille efcus d'or courant à prefent , lefquets cent mille e(cus
d'or le Roy noftredtt Seigneur avoir promis donner 6c payer , comme il
difoit, i ladite Dame Jeanne, fa Fille , pour icelle fomme de cent mille
efcusd'oreftreconvertie & employée en héritagefic rente, de telle &fem*
blable nature Se condition que lontlefHits fixmiîlelivrestournois de rente»
ainfi donner bar le Roy noftredit Seigneur i ladite Dame Jeanne , fa Ffl-
le , cotfmie dkdk^ 6c fans ce que Idxlits cent mille efcUs d'or puiâènt
eftre convertis ou employez en autre ufage que en ladite renre , pour
eftre le propre héritage de ladite Dame Jeanne ; & au cas que ladite
Dame Jeanne iroit de vie à* trefpas fans hoir ou hoirs procréez de foi>
corps e^ loyal mariage , en ce cas lefdires Terres 6c Seigneuries baillées
6c tranfportées par le Roy à ladite Dame, feront , reviendront 6c retour--
neront au Roy noftredit Seigneur , & à fes fucce(feurs Roys 4e France ^
Dauphins de Viennois , 6c ledit Monfeigneur te Duc de Bourbon , auffi
en faveur, augmentation 6c contemplation dudit mariage, & par manie>-
re d'e(change , & fans aucunes Cultes, avoir cédé, quitté, tr^ilponé
6c délaiflé, & 'encore pur oes prefences Lettres, cède, quitte , tranfporte
6c délai({è <tu tbut dès malmenant , âtousjours, i iceiuy Monfeigneur
Loays , Baftard de Bourbon , |K>i»rtuy, fes hoirs ^aytns caufe , à tous*-
jours, fa Terre, Seigneurie, Oïdld, Forterelïc , jOTCke, cens, rentes y
revenus ,. 6tk 6c ariierefiefs , 6c autres droits , revenus 8c app:rîtenan«
ces quekonOMs-, de Roâifilbn , fîtuée 6C aflîfe au Pays de Dauphiné »
pour par iceftff , MonfeigneUr le Baftard , fes hoirs 6c ayans caufe , e»
fouïr & ufer^'c^refnavant , pai(ïblem^it , à tous^urs, 6c par kdite Da-
me Jeanne , <f$ceHes Terres & Seigneuries cy«4cfl&s à elle baillées 8c
tranfporté^^s pat le Roy ncftredit Sd^neur , pareillemeift jouïr, ufer 6c
pbfleder , 6c autttmetit mi faire 8c éiCpokt , comme de ton ^opte héri-
tage, en rous droits, proifits, revenus, émohimens, honneurs, prêt-
rogativcs , 6c transits chtLt^ts qu'ils jpeuvent devoir , Se conditions demis
touchées , 6c p^t tt prefent traiîiporr 6c efchange ainfi fait par ledit
Monfeigneur de Bourbon audit Monfeigneur le fi^ard de ladue Terre
8c
r
DE PHIL DE COMINES. ^47
& Seigneurie de Rooflillon > icclay Monfeignear le Baftard coiie , yàztet
nanfporte & délaidè dèi maineenant il couspars , à icekiy Nik^rewoeur ^4^5^
le Duc de Bourbon» pour luy » (es hoirs de a^ans canfe » ladicte Terre »
Seigneuries , revenus & appanenances du Cbaftellac , que ledit Mon^
feigneur le Baftard avoir & renoir fituée ôc aflâfe hors du Royaume de
Prance > pour par lefdirs Monfeigneur le Duc de Bourbon » en jouyr 6t
poileder i tousjours , & en faire comme de fa chofe ^ & moyennant les
chofes dedUrdites , iceluy Monfeisnenr Louyis Baftard de Bourbon, don-
na Ôc donne par ces prefenres à ladite Dame Jeanne, fa future efpoufe ,
la fdhmie de mil & cinq cens livres tournois de rente chacun an , à les
avoir & prendre par ladite Dame , par chacun an fa vie durant , fitoâ
Oc au cas que douaire aura lieu , en & fur ladite Terre , Seigneurie ;
revenus & appartenances de Rouflillon , Se généralement fur tous les
autres héritages , Terres, Seigneuries, revenus , biens meubles , de poC-
feflions immeubles quelconques (^celuy Monfeigneur le Baftard Se de
fcs hoirs & ayans caufe , & lur chacune pièce, partie Se portion d'iceux,
pour le tout , fur les mieux apparens, au choix Se eleâion de ladite Da-
me , que ledit Monfeigneur le Bafturd en chargea , Se charge , oUi^ 8c
hypothèque du tout envers ladite Dame , pour rournir Se faire valoir lar
dite rente de mil Se cinq cens livres tournois , bonne* , folvable 8c bien
payable à tousjours chacun an , durant la vie de ladite Dame , fitoft Se
incontinent que douaire aura lieu , & avec ce , veut , confent , oAroye
Se accorde ledir Monfeigneur le Baftard , que ladite Dame , au cas de
douaire fe elle le furvit , & qu'il aille de vie à trefpas avant elle , ait ^
F renne & choififlè fa demeurance audit lieu de Rouflillon , Se une autre
lace des Places d*iceluy Monfeigneur le Baftard , telle que à elle plaira
choifir jufques au nomore de deux feulement , defquelles deux Places
icelle Dame jouira fa vie durant , comme Douairière Se ufufruâxiaire ,
& y pourra mettre , ordonner Se inftituer Officiers tels Se ainfi qu'il ap«
partiendra fadite vie durant. Se partant lefdites parties es noms (jué
deflus , chacune d'elles en droit foy , cède , quitte, tran (porte & délaiflè
Tune à l'autre tous tels droits de propriété , fonds , poueffion , faifine ;
Seigneurie, noms; raifons , caufes , detnandes , pourGiites , foy , hom^
mage Se toutes les a&ions réelles, perfonnelles , mixtes , direâes , teucs^
expreflès , Se autres droits Se aâions quelconques , qu'elles avoient &
pou voient avoir , demander, prétendre ou reclamer en quelque manière
que ce (bit , chacune en droit foy es chofes par elles cyAleflus tranfpor*
cées Tune à l'autre , comme dit eft , & dont chacune d'elles en droit foy
fe deflàifit &deveftit du tout de ce qu'dle a tranfporté au profit deceluy
ou ceux i qui il eft cy-deflus tranfporté , voulans Se confentans qu'ils en
fuflènt Se ioient faifis & veftus , mis Se receus en bonne pofleflion & fai^
fine , pleine foy & hommage , par tout deuement de ceux , Se ainfi qu'il
appartiendra , & pour j^lus pleinement faire , vouloir Se confentir dftr^
^t , ainfi que dit eft , icelles parties efdits noms , & en chacun d'iceux»
tant conjointement, comme oivifement , firent, conftituerent , ordon-
nèrent & eftablirent leur procureur gênerai Se certain meflàge efpecial ,
le porteur de ces prefentes Lettres , auquel icelles parties efdits noms >
donnèrent fie donnent plein pouvoir , authorité & mandement efpecial
i Zx% a de
548 PREUVES DES MEMOIRES
\T7T^ de ce faire j & de faire en outre tout ce <jui an cas appartiendra ^ leCquels
^ ^ * accords, traitez, tranfpons, dons, oblieations ^ promedès y convenances ,
Se toutes Se chacune les chofes deflufdites , Se en cefdites prefèntes Le^
très efcrites & contenues -y lefdices parties efdits noms, & cnacùne d'elle^
en droit foy , jurèrent & promirent > c*eft à fçavoir , le Roy noftredit
Seigneur , en parole de Roy , & lefdits Monfeigneur de Bourbon &
Monfeigneur le Baftard, par leurs fermens & foy de leurs corps , pour ce
par eux chacun d'eux , donnez Se baillez corporellemcnt es mains defdits
Notaires , comme en la noftre fouveraine > pour le Roy noilredit Seigneur
avoir agréables , tenir fermes & ftables , les tenir > garder, entretenir Se
ioyaument accomplir de point en point , félon leur forme Se teneur »
fans aller , faire venir , ou dire contre , par elles > l'une d'elles > ne par^
autres , jamais à nul jour , foit par voye d'erreur» d'ignorance , lefion»
circonvention ou décevance > ou autrement, par quelque voye ou ma^
niere que cefoit ou puiflè eftte > Se p»er , rendre & reitituer à plein , Se
fans aucun plaids ou procès , l'une d elles à l'autre > tous coufts, frais ,.
mifes,, defpens> dommaj^es Se interefts, qui faits, eus, fouf&rts , fbuf-
tenus y ou encourus (broient , par l'une deifdites panies , au defFaut, Se
par le faijt Se coulpc de l'autre, pour raifbn des cnofes deflufditesou au^
cunes d'icelles non faites , tenues & non accomplies, ainft & par la for-
me & manière que defliis eft dit , obligeant quant à ce lefdites parties,
efdits noms , l'une envers l'autre , tous & chacuns leurs biens', de leurs
hoirs & tous > tant meubles, comme immeubles^, prefens & advenir
qu'elles en foumettront & foumettent pour ce > du tout l'une envers
l'autre , à jufticiers , vendre & exploiter par nous , nos fuceellèiirs , Pre«>
vofts de Paris , Se par tous autres Jufticiers , Juftice & Jurifdiâions ,
fous qui pouvoir & Jurifdiâion ils Ptrone , & pourront eftre fceus oa
trouvez , pour ces Lettres & leur contenu du tout entériner & Ioyau-
ment accomplir y Se renoncèrent en ce faifant expreflëment , lefdites par-
ties , & chacune d'elles en droit fojs^par lefdits fermens Se foy , à toutes
exceptions > déceptions, fraudes , barata, cauteles , cavillations, raifons,
deffenfes Se oppofkions , â toutes Lettres , grâces , eftats^, repis , privile*
Ses, francbifes, libertez, impetrations , difpenfations de abfokitions
onnées & à donner à tous us , ftyles , couftumes & ^abliflèmens des
Villes & lieux d lacKo(e non faite en manière deuë, à tout ayde de fait&
de droit efcrit , 0c non efcrit , canon Se civil , Se généralement à toutes
autres chofes , droits & aydes quelconques, qui^, tant de fait , comme
de droit, & autrement ayder & valoir pourroientà l'une defdites parties
& à l'autre nuire ou préjudicier , pour aller, ^ire , venir ou dire contre
ces Lettres , ou pour cmpefcber l'exécution d'icelles , & au droit difant
Senerale fenonciation , non valoir. En tefmoin de ce Nous, i^la relation
efdits Notaires, avons mis à ces Lettres leScd de ladite Prevoflé dePa*
fis -, ce fut fait Se paffé le Jeudy feptiefme^ur du mois de Novembre ,
fan de grâce mil quatre cens foixante-cinq. Ainfr Signe, Godin Se
£ VJUU AAT. Et plus ba$. Collatiofii cum ori^nali £cr mt P£BiU>ouui.£iu
IXXYUBl
DE PHIL. DE CÔMINES. 549
L.x X V I 1 1. *^^**
1^ Serment fait au Roy par Jean ^ Cornu £Armagriac > ié firvir h
' Roy envers & contre tous , fans exctpur Monfieur ^ Frère du Roy.
Σ A N » G>mce d'Armagnac > de Rondes , de Tlile & de Fe(Ien2:a $ tiré de»
Vicomte de Lomagne9 reconnois & confe0è9 que de mon bon gré & Recueils de
inche volonté ,.& fans que jamais 9 par le Roy mon fouverain Seigneur^ M. TAbbé
ne par autres , aye cfté requis & induit v au jourd'fauy cinquiefme jour du ^^ GranA.
mois de Novembre, l'an 14^5. je promets de jure par deflus la loyauté
& ferment que je dois â mondit Seigneur le Roy, comme fon fujet &
va(Iàl , jure & promets par la foy & (arment de mon corps , fur mon hon-
neur , par le Baptefme , que i'ay apporté défais le fonds , fur le péril &
damnation de mon ame , lur le faint Evangile de Dieu , & fur les
faintes Reliques de la Chapelle du Psdais â Paris ^ que de ma perfonne»
chevance , (erviteurs , bienveitlans , fubjets , & de tout mon pouvoir y
|e ferviray &c obéyray tousjours , &r â jamais â mondit Seigneur le Roy
envers & contre tôtts qui peuvent vivre &c mourir , fans perfonne quel-
conque excepter , foit mondit Seigneur Charles fon Frère , ou autre , le
ferviray, auiu-bien contre mondit Seigneur Charles, que contre tous
autres, en quelquemaniere ou querelle que ce foit, & fans exception
nulle quelconque , & aufli s'il actvenoit que les chofes fe tournaient en
divifîon ou défobéy (lance, parqtroy voye défait s'enfuivift ', ie promets
& jure , comme deffus , en ce & autrement enfuir la volonté du Roy y
tenir le party & querelle qu'il prendra, & en fa querelle [paru\ktmtTit
adherer,& en icelle demourer & perfeverer fans en départir,pour quelque
couleur ou occafion que ce foit *, & d'icelles divisons ou défobéyflancetf
l'avertir fi avant & fitofl: que vendroit à ma connoiflance , & pour ce je
renonce à tous fermens , promeiïes > (celles , ou fiances que par cy-dé^
vant i'ay baillées , faites ou paflées à quelque perfonne y Seigneur ou
Seigneurs que ce foit , enfembleà tonsappointemens, traités, fcellés
ou promenés faits êc paflës fous couleur du bien public , ou autrement ,
ic promets & jure, comme deffus^, que je n'auray , ne prendray d'oref- •
navant k quelque Seigneur ou perfonne , quelle qu'elle foit , alliance y
intelligence fecrete ou publique , ne ne feray promefie , ne alliance au-
cune, Uns le fceu, vouloir^ congé & confentement du Ro]^ : pareillement
le Roy mondit Seigneur, pour quelque chofe que pourrois avoir fait pat»
ey-devanrà fa defpktifance, ne autrement, ne fera on: pourchaflèra , ne
fera £ûre on pomrchallêr plus, ou par fes Officiers , ne autres en quoique^
mankreqaece foit, aucuns maux, d^eftourbiers ou empefchemens h
rencontre de moy , ne de mes^ biens ; ainçbis me gardera & prefervero^
de touteforce & violence, (bit de mondit Seigneur fon frère', oud'autre»^
ibit de révélations que je luyay faites &r déclarées Ac^ chofes que j'ay*
S;û le temps paflîi tefmotn hibn foing manuel cy mis. les jours. & an que*
efliis; Ain(cJ^g^, Jehan. Etfcelli en cm rouge du cacimdudit Séigneur.i le r. No-
: Fareiis firmerù de même datttuU Jacqmsde Nemours ^Fair de France ^ ▼crabre
&deaiatits,S4igmufDeiôbre^. ' . '4^^
. . Zzz % IXXIX. : j
«L
559 PREUVES DES MEMOIRES
*4<Î5
L X X I X.
Prods Ferbal de la itUvranu fiùu au Camu d$ Charobis des Filles d'Af»
beville , Montreuil» Arras , Amiens , Ptronnt , & autres qui luy '
avaient été cédées par le Roy Louis XI,
rMd^ ^* T 'A N mil auatrc cens foixame-cinq au mob d'Oâx)brç» oous Jehan
de M.^Go- J^ Deftouteville , Chevalier , Seigneur de Torcy , Maiftre des Arb^cf-*
dc&oy. ' w&t% de France > 6c Lots de Soycourt , Seigneur de Mouy » Chevalier
fiailly de Vermandcds > ConTeillers & ChampeUans du Roy noftre Sire »
& iMu: luy commis » ordonnez & députez par fes Lettres Patentes de
commiflion adreflàna au Sei^ieur des Landes &à nous» & aux deux de
nous trois en Tabiènce de Tautre , pour bailler & délivrer! Monfieur le
Comte de Charolois » ou ! Tes Commis & Députez » la poilcffion & Çax^
fine des Villes > Places » Tenes & Seigneuries d'Amiens » AbbeviUe^
Monftreuil , DouUens » Saint-Quentin > Corbie & autres Terres & Sei<»
gneuries » baillées & tranfportées par le Roy à mondit Sieur de Charo-»
' lois. Panifmes de la ViUe de Paris > & en noftre compagnie > Maiftre Mi«
chel de Villechartte» Notaire & Secrétaire du Roy noftre Sire» &par luy
commis & ordonné» pour afGfter Se eftre prefent avec nous au bail de la-
dite jpofleflîon & faïune > & nous trouvâmes enferoble en ladite Ville
d'AbbeyilIe » le Lundy quatriefme jour de Novembre audit an mil quatre
censfoixante-cinq, en laquelle Ville fe trouvèrent femblablement Mon-«
Heur le Comte de Cluuny » Meflire Jehan > Seigneur & Ber d'Auxy » Che*«
valier , premier Chambellan , MeflSre Girrurd Vurry ^ Doâ;eur en Loix >
Confeillers de mondit Seigneur de Charolois , & par luy commis & de<*
putezpour prendre ficJlcepter en fon nom la poOèdlon & faiiine defdite&
Villes , Places , Terres & Seigneuries à luy tranljportées , lefquels fe trans-
portèrent par devers nous , pour entreprendre les pur, lieu& heure que.
vouldrions befogner au fait de noftredite commiflion , & après que
• euTmes communiqué la matière enfemble > & veu les Lettres de tranf-
port £iit par le Roy à mondit Seigneur de Charolois defdites Villes Terres
& Seigneuries & autres qu'ils avoient apportées , nous leurdemandafmes
Lettres du Roy de defcharges & acquits poturnous > & autres Officiers Se
Capitainesdes Villes & Places de(ditesTerres,dont ils ne nous purent four*
mr>& entendoient y avoir fouffifament (atisfaitpar lefdites lettres de tranf««
port y & pour ce qu'elles ne nous femblercnt (ouffiTantes quant aux dcT*
charges > & que mettions difficulté en la mattcre>iceax comnûs £c depàioea
de par mondit Seigneur de Charolois , afin que ne retardiffions de befon-
gner » nous promirent de nous faire avoir lefdites Lettres du Roy de def-
char^ & acquits fouffiians pour nous » & autres Officiers & Capitaines
defdites Places , & de ce nous baillèrent cedule (ignée de leurs feings ma-:
nuels. En quoy faifaoc > nous leur afltgnafmes four feptîefmedudirinoift
de Novembre » jen l'Hoftet eommun de ladite Ville d'AU^evi^e â deux
heures après midy , pour befongneren cequedir^ ^ auquel jour & heure
nous
DE PHIL. DE CULMINES. -^.51
-«tioos nous tranrportafmes audit Hoftel comniun y ic fea^tabrement (e
y trouvcrcnt melclks Sieurs de Chàmy , d'Auxy & Doéteur , lefqueb, ^4^5*
après qu'Us eurent fait lire & publier en prefence des Mayeurs , Efcfae-
vins & du peuple illecadcmbié en grande compagnie les Lettres dudit
rranfport > ou te vidimus d'iceluy fait fous le fcel de la Prevofté de Paris»
avec leurs Lettres de commiflion , nous requirent que en fuivant la vo-
lonté du Roy noftredtt Sire , noms leur voutfîffions bailla la poflèffion &
faidne de ladite Ville d'AbbeviÙe & Comté de Ponthieu , en obtçmpe- Abbcvcîlfe
rant à laqaelle rcquefte & accompliffant le vouloir & plaifîr du Rov y Pondûcu.
& ufant de noftit: oouvoir 8c commiflion > donr nous fifmes lire les
Lettres à nous adreflans , nous en la prefence dudit Secrétaire, baiilarmes
aufdits Commis 8c Députez ladite podèflion 8c faifine , en touchant en
leurs mainsdes noftres , & leur baillant les clefs de ladite Ville que nou»
bailla 8c rendir le Mayeur d'icelle , reTervant toutes voyes pai: nous les
foy 8c hommage» reflbrt 8c fouveraineté au Roy noftredit Sire , 8c corn-
#iendafmesauldits Mayeur & Efchevins, & au pctiple , x^'A obéyflèni: i
mondit Seigneur de Charolois> comme à leur naturel Seigneur , fous le
reflbrt 8c fouveraineté du Roy noftredit Sire> â quo^ ils nrent refponfe ,
Î[ue en obéyflânt au bon vouloir & plaiiîr du Roy , ils acceptoient pour
eur Seigneur naturel mondk Seigneur deCharok>is , 8c en nrent les fer-
mens d obéyflànce *> & ce fait , nous defpartimes & allafmes en nos logis
8c ce jour mefme pour aucunes caufes 8c coniiderations , mandafmes
venir par devers nous en ladite Ville d' Abbeville , Mcflire Anxhoinc de
Rubempré » Chevalier Capitaine du Crotoy 8c de Rue pour lors , lequel érotoy«
y vint le lendemsûn , auquel en la prefence dudic Secrétaire i la requefte Ruë^
de(<lirs Commiflàires 8c Députer de mondit Sieur de Charolois y après
ôfteiition par eux faire du vidimus defdites Lettres de rmnfpon& autres
dont deflus efl: padé , & remonftrance faite aufli du vouloir 8c plaifir du
Roy» fifmes conutiandement par vertu du pouvoir à nous domné par nof-
dites Lettres de commiflion , qu'il fift ouverture Jefdites Places da Cro-
toy 8c de Rue , les rendift 8c delivraft incontinent au moins dedans deux
fours lors prochains enfuivans > à îceux Commis 8c Députez deitiondic
Sieur de Charolois » ou â ceux qu'il y envoyeroient , auxquels co«f*
mandemenst mondit Sieur de Rubempré refpondit qu'il obéy£)xt
très-volontiers &:eftoit preft & appareillé dépendre, bailler ScdcM-
vrer lefiites Places par la manietie ^ant ^ite , Se de fait ^en demift en
nos mains, par laquelle demiffion 8c ufantde^^oftredit pouvoir, nous
en baitlafmes la pofleflîon wfdit^ Commis Se Deputese , eti touchant de
nos mains è$ leurs > retenant 8c refetvant toujours les refloK Se âwvo- ;
raineté au Roy noftre fouverain Seigneur* Le ^ùttr enfuivant vindrcnti
noftreî mandemefift , 8c fe tranfporrerent par dtvers nous les Mayeur , £f-
chevins 8t habitans de la Ville de i^nt Ricquier , ou leurs Pr^vcureors S. RlqEîcr
ou Députez pour eux , emte k^uelsdftoit le Mayeiir & aucuns des ££-
che vins d'icelle Ville , aufquds après les temontrançes faites du don ^
ceflion 8c tranfport faits par ie Roy noftredit Seigneur à nu)ndit fieur de
Charolois des Terres & Seigneuries deflufdke$,& oftenrion faite desLet*
res tant dudit tranfport ou vidimus d'iceluy , que de noftre pouvoir 8i
commiffion» aufli du pouvoir 8c commiâSon de mefdits fieurs de Charny,
d'Aïuy >
" 55* PREUVES DES MEMOIRES
"^5™S5? ,à!Amy ScDdùtat , Sczattcs folemnicez gardas comme devança cftc par
^ 4 M' , noQs fait commandancnt de par le Roy noftredit Seigneur > par la vertu du
pouvoirànousdonné par nomites lettres de commiifion qu'Us fiflent ouver-
ture & pleine obéyflànce à monditfieur de Charolois, comme â leur Sgr»
jiaturel ou d leurs Commis & Députez cy defibus nommez^lefauels Mayeur
Efchevins & habitans , ou leurfdits Procureurs , firent xefponfe qu'ils
eftoient prefts Se appareillez de obéyr au Roy & à Tes commandemens , Se
en ce faUant de faire ouverture à tnondit neur de Charolois ou à fefdifs
Commis & Dépurez, Si luy donner touteobéyflànce î 6c ce fait , iceuxQ>m*
mis Se Députez nous requirent que leur vouUiffions bailler la poflèflion
de ladite Ville de faint Ricquier» en obtempérant à laquelle requefte » 8c
ufant de noftre pouvoir > nous leur baillafmes la po0cnion & laifine en
touchant en leurs mains des noftres , ofTrans leur en bailler réelle & ac-
tuelle poflèflîon, febefoing en eftoit»le Dimanche enfuivant dixième jour
<iudit mois de Novembre. En procédant au fait de noftredite conunif*
fion 9 nous Sieur de Mouy 9 Se en npftte compagnie ledit de Villechartrcn
Secrétaire > partifmes de ladite Ville d*AbbeviUe , & allafmes en la Ville
Rocf. de Rue , Se nous Sieur deTorcy, pour Taccident de la maladie qui nous
eftoit furvenu > demourafmes malade en ladite Ville d*Abbeville > mais
nous remifmes & donnafmes noftre povoir â nous Sieurrde Mouy »'pour
befoncner au fait de noftredite commifGon es Villes Se lieux , efquels
nous Sieurde Torcy ne pourrions eftre en perfonne , en laquelle Ville
de Rue y nous Sieur de Mouy fifmes ailèmbfer les Mayeurs » Efchevins »
Manans Se habitans d*icelle en grand nombre devant l^glifè dudit lieu »
Êour ce qiie pour l'heure prefente ç*eftoit le lieu le plus convenable pour
efongner> Se itlec après cette oftentlon â eux faite du vUimu^cs Let^
très de tranfport sdontdelTus eft faite mention , & autres Lettres fervans
à, la matière & remonftrances au cas anpartenans» nous baillafmes la pof-
feflion de ladite Ville à mefdits Sieurs de Charny, d' Auxy Se Doéteur,ce re-
queransau nom que deflîis, & fifmes commandement de parle Roy noftre^
dit Seigneur auldits Mayeur , Efchevins Se habitans illec prefens , que
: d'orefnavant ils obéyflènt à mondit Sieur de Charolois 3 comme à leur
vray & naturel Seigneur , refervée la Souveraineté au Roy noftredit Sei^
Êneur , à quoy ils nrent refponfe qu'ils eftoient prefts & appareillez d'ô-
éyr fclon le bon plaifir Sç vouloir du Roy y Se en figne de podefOon &
faifine > nous baillafmes les clefs de ladite Ville aufdits Commis & Depu«
tez , qui les prindrent Se acceptèrent au nom deflîifdit^ le tour en lapre-
fence dudit Secretairis du Roy deflus nonuné. I.e lendemain onziefme jour
UAnftretiil ^^^ ^^^^ ^® Novembre , nous Sieur de de Mouy Sç Secrétaire » partif-
«cuu ^^^ j^j^ Ueududit Rue , & allafmes au gifte à la Ville de Monftereul
fur la mer, en laquelle ce jour ne fifmes aucun exploit , pour ce qulleftoic
tard , mais le lendemain douziefme dudit mois , fifmes afièmbler les
Mayeut , Efchevins, Manans & habitans de ladite Ville en leur Hoftel
commun, & illec après lei%ure& publicarion des vidimus dixdit WitiC-t
port Se Lettre^ originales dont defius eft parlé , faite par le Clerc & Gref-
fer d'icelle Ville,au(fi de certaines Lettres clofes que le Roy leur efcrivoic
touchant cette matière, & remonftr^nces par nous faites du bonplai(ir &
yoqloir du Roy,^ aqtrp^ folemn^te? fçrvansâ ladite matière gardées nou$
requirent
DE PHIL. DE COMINES. ^fy
requirent lefdtts Comte de Châroy» Sicut d'Auxy fie Doékeuc , qucenac- ^;-^
compliilàntle contenu èfdtces Lettres de cranfport , nous leur voulâdîons *^ '^
bailfer bpoflèffion de ladite Ville , Seq^iKurie & Prevofté de MonAereoL
Se reTdires appartenances ; en obtenq>erant à laanelle requefte , de ufant
de noftredît pouvoir & coramiiEoxi, nous Sieur oe Mouy accompagmi du>*
dit Secrétaire > leur baillafmes ladite poflleâîon 6c faiftne, en leur baillant
réalement les clefs dlcelle Ville, ficcoiTunandafaies de par le Kcy noftre-
ait Sire aufdics Mayeur , ECchevins ôc habirans , illec preTens en grand
nombre y que dès lors enavant ils obéyâènr à mendie Seigneur de Cha^
rplois & à fes Officiers commise dépotez, pour luy fie de par luy y comme
à leur vray 8c naturel Seigneur , en rdcrvant les rdSsa 8c feuveraineté
au Roy nciftredit Sire , i auoy leTdits de Motiftereul firent refponfe qu'ils
cftoient prefts Se appareillez d'ohéyr au bon plaifir fie vouloir daRoy > Se
en ce faiiant donner toute obéydànccà mondh Seigneur de Charolois Se
à fefdits Commis fie Députez. Le lendemain treizieime dudtt mois , nous
Sieur de Mouy accompagné dudir Secrétaire , parrirmes de ladite
Ville y Se allafmes au jîfte en la Ville de Hefdin ^ fie le four ^enfûivant cri
la Ville 8c Cité de Therwane , en laqfucllc Ville Se Cité le qoinziefme Thcroaanc
jour d'iceluy mois de Novembre , en procedaiiir à noftre exploit encom-
mencé fie exécution de noftreditce commiffion , ainfi qite aedus eft dit,
fifmes aflcmblcr en l'Eglife de ladite Ville fie Ciré Monlicur f Evefque fie
MdHeurs les Doyen , Chanoines fie Chapitre » Bailly, Efcfacvîhs , Capi-
raine fiic autres Manans fie habirans d'icelle Ville âc Cité , fie bdire a({èm-
blée faite « nous tirafmes avec tes defCifdits en un certam lie» appelle les
Efcoles de Théologie de TEgiife dedîffdite, joignant fie conti^u^d icette
Eglife, pour befongner sai fait de noftredite commiffion i atfduei tiéfcr a|Mrès
oftenfion fie leâure faite en public des vidimus dès-Lettres de rranfport,
donr deflus eft parlé fie autres Lettres delHis déclarées , meidîts Sieurs Ué
Comte deChaniy, Seigneur d' Auxy^fic Melfire Gitxà Vurry Doâreur , nous
requirent q^eei^ ufant de nollre pouvoir fie accovnipttf&ntlcf bon vouloir
& plaific du Roy^tts leur vcmlfiifens haàtler Se ddîvrer la poflfèffion fie
làinne de ladite Viile fie Cité ^ & fes apparteflâmces , comme efkns At^ *'
des Villes, Terres fie Scigiîearies contenues audi» rranfport , Se des ViBefs^
^a pieça engagées i Moniteur le Duc de Bourgongne par le Traité êtkt^
ras , Se racheprées par le Roy ; en obtempérant à laquelle rej^uefte , ufanr
denoftredir pouvoît, contmiÂdRfiî fùbadegation dénoua Sieur deTorcy,
nousSiewdeMoiwtcttrbarflafiMfêstaditeè(Hle(ttdn - ' ^
lant fiedelivratit rdaiemem les Cle^s^d^icelte Vilte ^ ^ commandafmes^djl*^
par le R^ noflite Svre^ mondit Sièut TEveique^ acrfditt Doyen, Chai-
noines. Chapitre') Bailiy , ËlciieVfns > Capitaine , Manans fi^ habitans ,•
eju'its reçuftnr mondic Seigneur de Çharofois , commelcurSeigrteutf na-
turel , fie luy fiâmc obéyflànce , rdie cjue fubjcts doivent, fie font tenus'
de faire d Uurdïoirorier fie naturel Seigneur,(oubs le reflort fie fouverai- '
neté du Roy ntôftredtt Siit ;( i qwy ïcsdéfTu^itii'fiterit^ef^iôttfe ^iEju'iti •
cftoient ptfcfts Se appat«llh!2?d*ôbéyrfttf%^ p^^ fit voufoir du R6v,'
comâicraifWeftoit V 8? pii!lt»Ç* cpié; lef^tt (Jomnîis Se Députez reqiii-^
rentfiiradnttmeftèrcntlêHdttVEW^ufes >'D6yen», Chanoines fie Chapitre,-»
BaiUy , Efchevins , Capitaine y Mânansfic habitans de faite le fermtent ^n i
- Tom9 IL A a a a leurs
554 PREUVES DES MEMOIRES
^^Y^7^ leurs mains es noms que dcfliu i mondit Seigneuc de Charolois , d'ellre
■* '■■ fes bons , vrays fubjcts & obéyflàns comme iîcur Seigneur naturel , l'Ôf-
ficial de mondk Sieur de Thcrwane dift & profera talcs paroles en fub-
ftance, que mondit Sieur de Therwane eftoît Seigneur temporel Se fpiri-
tuel de ladite Ville & Cit^,en ^enoû &: levoit les cens & renies , & n'y
avoii le Roy, fors le reCIbit & louvcraîneté, 6c que quelque fetment que
lefdits Commis & Députez de mondir Seigneur de Chatolois voulfiffeat -
faire faiieà mondit Sieur de Tlierwane& anfdits Doyens , Chanoines Sc
Chapitre , ils n'entendoient faite chotë qui puft , ne deuft derogct , ne
Îrejudicier aux droits , libertés , prérogatives âffranchifes de leur Egliie»
quoy rcfpondircnt mcfdits Sieur de Charny , d'Auxy , & Doâcur qn'ils.
n avoient pas intention de toucher aux droits , privilèges & prérogatives-
de ladite ËgliCc, & que mondit Seigncui de Chkrolois ne les vouloît pas
rompre, ne enfraindre, ain^ois Icsleur coniînner & approuver , & qu'ils
avoient puiflànec de leur promettre qu'il le fcroit ainfi , avec ce leur fut
ik 6c reraonftr^quedu moins ils eftoient fubjcts & durellbri dclaPre-
Toflé de MoDfteteul,& que ladite Prevoftéappartenoit à mondit Seigneur
de Charolois , & pat cocfequent fes fubjets , dont lefdits Evefque >
Doyen » Chanoines & Chapitre furent contensin. fl: donnèrent enfcmble
lefdits Bailly , Efchevins, Manans & habttans toute obéyflànce fous les
conditions deflufdites. Le jout enfuivani feiziefme du mois de No*
vembre , nous Sieur de Mouy , accompagné dudit Sectctairff ■ panifmes
de ladite Cité , Se allafmes au gifte en la Ville de faînt Orner , en inten-
tion d'allet en la Comté de Guynes , pour en bailler k podèûion aâuelle-
& réelle à mondit Seigneur de Chatolois ou i fes Commis Sc Députez:
poutluy, mais pource que nous fufmes. advcrtis qu'il ]^ euft dangerdc-.
nos perfonnes fe nous y fiiflions allez , fuft en la Ville d'Ardre où-
ailleurs, & que les Anglois de Calais & de Guynes eftoient fur les champ»
en aguet & doutoit l'on que ce fuft fur nou», n'y alta&nes point >& le
lendemain dix-feptiefme audit mois , panifmes dudit falnt Orner après
difnec , Sc allafmes en une terre & Fief tenu & mouvant do ladite Comté
êajoa. de Guvnes > appelle Erquînghoud , mcmbte. ic Pétrie- d'icelle-Comté ,.
auquel lieu avoient eltémandévenir GuiUauipeBournelifouverain Bailly
Ardrcs dc ladite Comté dc Guynes, & C^itaine d'Ardre , le Bailly de l'Efcbe-
vînage. d'Ardrcs , Efchevins d'icelle Ville , Moniteur l'Abbé d'And^ehem^
l'un ses Barons , Sc nucunsdes&ancs honunes de ladite Comté, les Ca-
ândierkq. pireneSc BaiUy delà Ville & Chaftellemc d'AAdrevicq , le Mayeur de-
ladite Ville , Sc aucuns francs hommes BC Efshevins d'icelle,& les Efchc
vins du pays degredenarde &3uHes,qui audit lieu de Érquinghoud
inrcHt tolis^ elTcmblez ledit joue, environ l'heure de deux heures après
nûdy , Sc illec en prenant ledit Fief âcPerrîe deEiquinghoud , pour toute
ladite Comté de GuyAes, en précédant toufîouts i l'exécution de noftre-
commiffifHt , & «Tant de
Seigneur de Torcy: , nous f
aptes cllenfibn Sc ôdiibttîc
du Scigncut de Chatolois.c
neS] dont -detiùs eft faite r
putCK ce le^ueiaas > au ooi
IDE PHIL. DE COMINES. 555
Comté de Guyncs Se Ces appartenances > & en fîgne de poCkfËon &c Sci- ^""^
gneurie , leur baillafoies un trouileau de clefs pour Se au lieu des clefs ^ ^ '
oes Villes & Chafteaux de ladite Comté de Guy nés , Se fifmes comuian-
démens de par le Roy noftredit Sire^aufdits Bailiys»Capitaines,Erchevins,
francs hommes 8c autres Officiers » Bourgeois , M anans & habitans des
Villes deflufdites Se autres illec venus pour cette caufe , q u*ils obéyflènt
dorefnavaiit à mondit Seigneur de Cnarolois > comme à leur droiturier
& naturel Seigneur, refervant toutes voyes les reflbrt Se fouveraineté aa
Roy noftredit Sire, àauoy ih firent refponfe^qu'ils eftoient prefts d'obéyr
au bon plaifîr Se vouloir du Roy , & en ce £ii(ant , donnoient toute
obéyllânce à mondit Seigneur de Charolois, comme à leur Seigneur na-
turel:& ce fait,nous en recoumafmes au gifte en ladite Ville de Tnerwane,
& le lendemain dix huitiefme dudit mois, nous partifmes d'illec, alUrme»
au sifteà Houdain, Se le jour enfuivant en Cité-lès-Arras , en laquelle Gtéd'Arta»
Cité le vingtiefme jour dudit mois , fifmes aflèmbler devers le matin
Monfieur TEvefoue cTArras , Meffieurs les Doyen » Chanoines & Clia-
pitre 9 les Prévoit , Efchçvins , Manans , habitans & Capitaine d'icelle
Citéenl'Eglife Noftre-Dame , dedans le reveftiaire d'icelle , & illec fe
trouvèrent aufli mefdits Sieurs de Charny, d'Auxy Se Doâeur, Commis
Se Députez de mondit Seigneur de Charolois , lefquels après oftenfion
Se leâiure faite en public des vidimus defdites Lettres de don èc tranf-
r3rt Se autres Lettres deflùs déclarées , nous requirent que en procédant
l'exécution de noftredite commiifion , & accompliflant le vouloir &
plaifir du Rov , nous leur vouUUlions bailler la podèmon aâuelle Sc réelle
deladite Cite & fes appartenances en tous droits > qui au Roy noftredit
Sire avoient été competé & appartenu en icelle paravant lefdits don 9
c^ifion Se traniport tous fon reUbrt Se fouveraineté , en obtempérant i
laquelle requefte > ufant de noftredit pouvoir & commiffion , & de la.
fubdelegation de nous Sieur de Torcy , nous Sieur de Mouy en la pre-
(ence cmdit Secrétaire , baillafmes aufdits Commis Se Députez ladite
poflèffion Se (aifine pat la tradition àt^ clefs Acs portes de ladite Cité ,
pour en avoir tel le jouyftànce Se Seigneurie ^ comme paravant en a voit eu
Monfieur le Duc de Bourgogne, du temps qu'il Tavoit podèdée par ren-
gagement du Traiâé d'Arras , & le tout lelon la forme Se teneur dudit
tranfport 9 (kuf le droit de mondit Sieur TEvefque & de fon E^life 9 Se
fifmes commandemens de par le Roy noftredit Sire à mondit Sieur TE-
vefque , aux Doyen , Chanoines & Chapitre de ladite Eglife illec pre-
fens , aux Prevoft , Efchevins& habitans , qu'ils obeillènt dorefnavant i
4|dondit Seigneur de Charolois comme à leur Seigneur droiturier & na^
Xurel,fous le reflbrt Se fouveraineté du Roy noftredit Sire, à quoy fift ref-
ponfe Monfieur rEvefque , qu'il eftoit preft d'obéyr au Roy Se i.Çts
commandemens Se plailirs , &: donnoit toute obéyiHince à icduy Mon- .
'fieur de Charolois & a fêfdits Commis Se Députez , (ans préjudice des
droits , privilèges , prérogatives & prééminences de hxy Se de fon Eglife ;
& femblablement lefdits Doyen , Chanoines Se Chapitre , Prevoft , Ca-
pitaine,Efchevins,Manans & habitans firent refponfe qu'ils eftoient prefts
de doimer âmondit Seigneur de Charolois touteobéyflance Se fubjeâion ,
conmie â leur Seigneur naturel > Se en firent les fermens à la requefte def-
Aaaax dits
V-,
14^S>
DouUcDS.
Amiens*
Prcvoftcz
^e Beauvoi-
fis^Virocu
ft Foulloy.
55^ PREUVES DES MEMOIRES
dits Comtnls &Depotcz d'icelay Monfiem de Charolois; &ce faunoui^
derpartiTmes & allaTmcs en nos logis. Le lendetxmn vincc-amiefoie jam
dudir mois » parcifmes de ladite Cité» & allafoies au geur en la Ville de
Doullens > en laque le le jour enfuivam vingc^euxieime d'iceluy mois %.
fifmes afièmbler devers le matin les Mayeur » Efchevins , Bourgeois &
habitansen THoftel commun de ladite Ville >& illec après leâure&
ofteniion faite des Lettres de tranfoott & aorres Lettres en la forme &c
manière devant dite > nous Sieur de Mouy en la çrefence dudic Secré-
taire , ufant des pouvoir & ûibdelegation que demis, baillafmes aufdics
Commis & DejMxtez de mondit Seignetir de Charolois la poSeffionâc faî^
fine de ladite Ville par la tradition des clefs d'icelle , & &ûi)esxommàn«>
dément auTdits Mayeur , Efchevins > Manans& habitans qu'ils ohéyflènc
dorefnavant à mondit Seigneur de Charolois comme i leur Seigneur na-*
turel, fous le reflc^t & fouveraineté du Roy noftredk Sire ^ à quoy ils &^
rent refponfe qu'ils eftoient prêts d'obéyr au bon vouloir & plaifîr du
Roy ) & en ce taifànt donnoient toute obéy (lance à mondit Seigneur dev
Charolois félon la forme dudit tranfport > dont defTus eft fdte mention».
ic en firent les fermens » & ce jonr demourafmes en ladite Ville de Doul-^
lens. Le jour enfuivant vingt-troifiefme , nous Sieur de Mouy accom-
paigné dudit Secrétaire , partifmes d'icelle Ville & nous tranfportafme^
en la Ville d*Anuens, où nous Sieur de Torcy eftions venu partant de la-^
dite Ville d^AbbeviUe, enlaqoelle eftions demeuré malade comnœ deflùs'
eft dit > & en icelle Ville d'Amiens. Le Lundy vingt-cinqoiefme jour du-»
dit mois de Novembre , en procédant au fait de noftredite commiffion ^
£fmes aâèmbler Monfieur 1 Evefque & les gens d'Eglife , Mayeur , Ef-
chevins » Bourgeois , Manans & habitans d'Amiens en la halle qui eft 1&
lieu commun Se public , auquel on fait& l'on a couftume de faire les af->
femblées des faits & affaires delà Ville deilùfdite , en. laquelle Ville fu-^
rent lues 6c publiées le vidimus des Lettres de tranfport > tant defdites
Villes , Terres & Seigneuries de defliis la rivière de Somme , que des.'
Prevoftex de Beauvoius, Vimeu & Foulloy,enfemblenos Lettres de pou-
voir & commiiffion & autres Lenres y dont defliis eft faite mention , après^
laquelle leâure & publication , mefdits Sieurs de Charny ^ d' Auxy îc Doc-i
teur illec prefens es noms & qualités a ne deâùs y nous requirent que en^
accomplimmt le bon vouloir 6c plaîfir du Roy , & la charge oui par luy:
nous avoir efté donnée > nous leur voulfiffions bailler la poâèiuon & fai-i
fine de ladite Ville & Seigneurie d'Amiens > 6c fes appartenances,enfem»
ble defdites trois Pievoftcz , qui font fub jettes dudit Bailliage d'Amiens>.
en obtempérant à laquelle reouefte 6c ufant de noftredit pouvoir âccom<#
miflfion , nous en la prefence audit Secrétaire leur baillafmes ladite pof-
feflian 6c faiitne de ladite Ville ^ ks appartenances par ta tradinon des
clefs d'icelle Ville,&: du furpluseiftant,que faire le -pouvions par vermde>
noftredite commiftion en refervant au Roy le reilôrt & fouveraineté , 6c\
fifmes commandcntcnt de par le Roy i mondit Sieur TEvefque , aufdits.
Gens d'Egtife^ Masseur , Eichevins , Bourgeois , Manans & habitans , que
d*orefnavant ils obeyflènt à niondit Seigneur de Charolois y comme a lettr
Seigneur natureUfous lerellbrt& fouveraineté du Roy noftreditSirefclon-
la teneur defdites Lettres de tranfport ; à quoyLÎls^enç jreiponfe qu'ils
. eûoient
DE PHIL. DE COMINES. ^57
tftoîent prefts d'obéyrau Roy & à fcs plaifirs & commandcmeas , & en ce ^^^
faifant donnoient toute obcuànce à mondit Seigneur de Charolois,& lac- ^ ^*
ccptoicnt leur Seigneur natureljçuifque c'eftoit le plaifir du Roy, & firent
les fermens d*obéy (lance ^ & ce fait nous deparrifnies d'illec , Se allafmes
en nos logis , mais pour les aifairesqui furvindrent aux Commillàires de
mondit Seigneur de Charolois, comme ils difoient, nous nepartifmes de
ladite Ville jufques au vingt-neuviefme jour dudic mois» lequel jour
nous allafmes au gifte en la Ville de Corbie , en laquelle le lendemain Coibîcc
}our de faint Andrieu , nous fejournaCmes (ans aucune chofe befongner
du fait de noftre commiilîon , parce que lefdits Commis Se Députez de
mondit Seigneur de Charolois nous dirent que le jour & fefte Monfieur
faint Andrieu ils n'oferoient aucune chofe befongner plus que le jour dé
Noël , pour Tordre qu'ils portoient y Se le lendemain premier jour du
mois de Décembre audit an , fifmes allèmbler environ l'heure de neuf
heures devers le matin au refedoirc de l'Abbaye dudit lieu de G>rbie
l'Abbé & lé Convcnt d'icelle Abbaye, & les Manans &habiransde ladite
Ville, en la prefence defquels , après oftcnfion faite des ri<///wiw des Let-
tres, du bail Se tranfport Se autres Lettres deflùfdites, nous en la prefence
dudit Secrétaire baillafmes aufdits Commis Se Députez de mondit Sei-
gneur de Charolois la poKIèifîon de ladite Ville par la tradition des clefs^
o icelle , Se fifmes commandement aufdits Abbé » Convent, Manans Se
habitans , qu ik obéyllènt à mondit Seigneur de Charolois comme à leur
Seigneur naturel , (ous le reflbrt & fouvcraineté du Roy noftredit Sire , i
3uoy ils firent refponfe que en obéyflànt aux commandemens Se plaifirs^
u Roy , ils donroient à mondit Seigneur de Charolois toute obcytHmcé*,
Se en firent les fermens ;& ce fait nous departifmes,& ce jour après diner
allafmes au eifte à Lihons en Santers , auquel lieu mandafmes venir par
devers nous Tes Officiers, Manans & habitans des Villes & Chaftellenies
de Mondidier& Roye , lefquels y vindrent le lendemain deuxiefme du^
dit mois de Décembre j & eux venus les fifmes aflembler après difner
environ une heure après midy en deux pièces de terres labourables près le- %
dit lieu de Lihons , lefquelles pièces de terre , l'on dit eftre defdites deux
Prevoftez , c'eft aflavoir , Tune de la Prevofté de Roye , Se l'autre de lat
Prevofté de Mondidier , efquelles deux pièces de terre & chacune d'i- MonfiJîcr
celles , après oftenfion faite des Lettres dudit tranfport , nous en la pre-^ & Rojc^
ience dudit Secrétaire , baillafmes la poflcflîon deidites deux Prevoftez
de Roye Se de Mondidier & de chacune d'icelles aufdits Commis Se Dé-
putez de mondit Seigneur de Charolois , ce reqaerans par la tradiriott
d'un bafton que nous Sieur de Torcy tenions en nos mains , Se fifme^-
commandement aux Capitainees, Prévofts , Efchevins , Manans & habi*
tans defdites Villes & Prevoftez ou à leurs Procureurs cftans illec , Se i
tous autres en gênerai â qui ce peut toucher , qu'ils obéyflTent d'orcfna-
vanta mondit Seigneur de Charelbis , comme à leur naturel Seigneur;.
fous lé reflbn Se fouvcraineté du Roy noftredk Sire y à quoy les deïïuf-
dit s ou ceux qui i liée eftoient prcfens, Sles Procureurs des abfens re/^
pondirent qu'ils eftoient prefts Se appareiller d'obéyr aux comman-
demens & plaifirs du Roy, &en ce faifant acceptoient pour leurSeîy
^leur naturel mondit Seigneur de Charolois > Se firent les fermens d'c^
A.aaa } héjfEuicc
558 PREUVES DES MEMOIRES
^ béy (lance ; & ce fait , nous deparàfmes & allaTmes au gcfir en la Ville
^ ^ * de Peronne > en laquelle le lendemain troifiefmecludic mois de Décembre
Peronae; fifmes aflemblerles Prevoft, Efchevins, Lieutenant du Gouverneur &
autres Officiers , Manans & habitans en l'Hoftel commun de ladite Ville
environ l'heure de dix heures devers le matin > & illec après publication
& leéhire faite des Lettres dedufdites en la forme accouuumée > nous en
la prefence dudit Secrétaire baillafmes à mefdits Sieurs de Charn)[ %
d'Auxy Ôc Doâ^ur es noms que delTus, la pofleffion de ladite Chaftellenie
^Prevofté de Peronne , enlemble des autres Chaftellenies deMondidier
& Roye , en corroborant & confortant Texploit par nous fait le jour pré-
cèdent entant que befoin en eftoit par la tradition des clefs de ladite
Ville de Peronne, quieft le chef defdites trois Prevoftez & Chaftellenies»
6c fifmes commandement aufdits Prevoft , Efchevins, Manans > habitans»
Lieutçnans ôc Officiers eftans illec > tant de ladite Prevofté de Peronne >
que defdites Prevoftez de Mondidier & Roye , qu'ils obéyflent dorefn^*
vant à mondit Seigneur de Charolois comme à leur Seigneur naturel^fous
le refllbrt & fouveraineté du Roy noftredit Sire ^ & pareillement pour ce
que le Lieutenant du Capitaine de Beauquefne Se autres de la Chaftelle-»
nie dudit lieu eftoient venus en ladite Ville de Peronne > au man-
dement de mefdits Sieurs de Charny, d*Auxy & Doâeur , Se s'eftoienc
trouvez à raflcmblée de ceux de ladite Ville de Peronne , audit Hoftel
commun, nous baillafmes aufdits Commis & Députez de mondit Sei-
gneur de Charolois la podèffion de laPlace & Chaftellenie de Beauquefne
en faifant les commandemens femblables que de(Kis audit Lieutenant Se
autres illec venus de ladite Chaftellenie , a quoy eiix & lefdits de Pe-
ronne , au0i ceux defdites deux autres Prevoftez de Mondidier Se Roye»
qui îllec eftoient , Se firent re(ponfe qu'ils eftoient prefts d'obéyr au
Roy noftredit Sire , &en ce faifant donroient toute obcyftànce à mondic
Seigneur de Charolois , Se Tacceptoient leur Seigneur naturel,fpus le ref-
fort Se Souveraineté du Roy noftredit Sire, Le lendemain quatriefme du-
C Qocnciii. ^^^ ^^^ partifraes de ladite Ville de Peronne , & allafmes au gefir en la
' ^ Ville de laint Quentin , en laquelle cedit jour ne befon^nafmes aucune
chofe du fait de noftredite commidion , mais le lendemain , cinquiefme
après difner, environ deux heures après midy j fifmes aflembler les Doyen
& Chapitre de TEglife, aufti les Mayeur , Efchevins, Manans & habi*
tans de ladite Villeen THoftel commpn d*icelle, auquel Hoftel après lec-
tures^ exhibition des vidimus dudit tranfport & originaux des Lettres
deflîifdites > baillafmes la poftèftion de ladite Ville & Seigneurie defainr
Quentin , félon la teneur des Lettres du bail Se tranfport a mefdits Sieurs
de Chamy , d*Auxy Se Doéteur , Commis Se Députez de mondit Sei-
gneur de Charolois ce requerans , ainfi que avonç fait des autres Villes >
Terres Se Seigneuries demis nommées , en v gardant les folemnitez telles
que cy-deftiis font efcriptes , en faifant les autres exploits, refervant
tous jours parnouslereftbrt& fouveraineté au Roy noftredit Sire \ après
laquelle poftèAîon par nous baillée & acceptée par lefdits Commis Se
Députez de mondit Seigneur de Charolois un nommé , • % .de
Viliicrs foy difant fubftitut du Procureur du Roy au Bailliage de Verman»
4oi$ , au ueee de Ribempot ^ fe comparut pardevant nous audit Hoftel,
Se
DE PHIL. DE COMINËS. 5^9
& fift proceftatioti en parlant à nos perfonnes & aufli aux perfonnes def-
dits Commis & Députez de mondit Seigneur de Charolois , que quel- ^4^ >•
2tte tranfport que euft fait le Roy de ladite V ille ic Bailliafi;e de iaint
Quentin i mondit Seigneur de Cliarolois » ledit Bailliage de faïnt Quentin
hors ladite Ville & banlieue devoir re(Ibrtir de Ribemont , quieft Tun des
ileges du Bailliage de Vermandois , difant que du temps de Fengagemenr
fait par le Traite d'Arras dcfdites terres de Picardie d Monficur de Bourgo-
gne , en quoy eftoit comprife ladite Ville de faint Quentin ; ledit reflort.
avoir eu lieu > Se fe devoir ainfî faire à prefent , à quoj luy fut par nous
refpondu y qu'il parloir raifonnablement , & auffi lefdits Commis & Dé-
putez de mondit Seigneur de Charoloisluy dirent & refpondirent qu'ils^
proreftoient & entendoient pour mondit Seigneur de Charolois d'en jovr
lelon la forme du tranfport y &lpcès que lemits Commis & Députez de
mondit Seigneur de Charolois eurent fait faire les fermens aufdits
Mayeur > Efchevins , Manans & habitans , ils fe départirent , & nous de-
mourafmes encore audit Hoftel , & baillafmes à iceux Mayeur & Efche-^
vins, Manans & habitans les Lettres clofes que le Roy leur efcrivoit , 6c
après nous departifmes \ mais pour aucuns affaires lurvenucs à mefdits
Sieurs de Charny , d'Auxy & Doâeur comme ils difoient , ne partifmes
de ladite Ville de faint Quentin jufques au Limdjr neuviefmedudit mois,
lequel jour nous allafmes au gefir en la Ville de Creveconir , &c le lende-
main y arrivèrent raefdits Sieurs de Charny > d'Auxy & Doâeur, & eux
arrivez en procédant au fait de noftredite commiffion , Se pour befongnec
en icdle > entrafmes au Chaftel dudît lieu , auquel fe comparurent & pre^
fenterent les Baillys , Capitaines , Prevofts , Manans & nabitans dudic
lieu de Crevecœur , ic auffi des lieux & Chaftellenies de Remilly Se
faint Souplet , lefquets mefdits Sieurs de Charny y d'Auxy Se Doâeur
avoient fait venir , & illec après ofteniion defdites Lettres de tranfport
& autres dont deHùs eft faite mention » en prenanr ledit Keu de Creve-
cœur pour toutes lefdites Chaftellenies y Terres Se Seigneuries baillaf-
mes en la prefence dudit Secretaite aufdits Commis & Députez de mon»-
dit Seigneur de Charolois es noms que deflus , la podèffion Se faiiine d'^
celles Baronnies , Chaftellenies y Terres & Seigneuries de Crevecœur , Crevecœnr
Arlux, Remiltv& faint SoupIet& leurs appartenances. Se de chacune Arleux»''
d'icelles fous l'autorité & Souveraineté du Roy noftredit Sire , félon ïx Remiiii W.
forme & teneur du Traité & tranfport , Se en &gne, de poflèffion Se Sei- S. Sooplet^
gneurie , leur baillafmes les clefs de la Ville & Chaftel dudit Crevecœur,
& fifmes commandement de par le Roy aufdirs Baillys , Prevofts, Capi-
taines , Manans Se haUrans eftans illec , que- d'orefnavant ifs obéyllent à
mondit Seigneur de Charolois , comme à leur naturel Seigneur , fous la
Souveraineté du Roy noftcedir Sire \ à quoy en accompliflanr le vouloir
Se plaifir du Roy , ils donnèrent toute d>éy (lance, & acceptèrent' mon- .
dit Seigneur de Charolois pour leus Seigneur naturel ,. Se firent les.
fermens d'obéyftance \ Se i tant departifmes & allafmes au ge/lr en la>
Ville de Cambray , te lendemain partifines de ladite Ville de Cambray
aprèsdifner y Se allafmes au gifte en la Ville de Valenciennes , Se le- jour
enfuivant douziefme, en procédant au parfait de noftredite commiflîon
& exploit encommencé par vertu d'icelie > partifmes au matin de Va^»
lencicncsi>
:'^-*.'*
560 PREUVES DES MEMOIRES
i 4 (> 5* lencienncs » & aHafmes à difaer en la Ville de Mortaigoc » diftant de?
quatre lieaejs de ladite Ville de Valencietines , auquel lieu de Morcaigne*
Mortaignc. avant difner , fiftnes aflcmbler les Capitaine ou fon Lieutenant , Prevofts».
Souldoyec$> Manans &c habitans de ladite Ville & Chaftel de.Mortaigne
en THoftel commun d'icelle > auquel Hoftel vin.drent & fc comparurent
IcTdirs Commis & Députez de mondit Seigneur de Charolois > Se illec
après oftenfion & exhioition faites du vidimus defdites Lettres de tranf-
poct & autres » dont cy-devant eft faite mention, baiUafmesà keux
Cotnmisâc Peparezau nom quedeâfus en la prefence dudit Secrétaire
la poifeiSon & faiCue de ladite Ville » Chaftel , Chaftellenie & Seigneu-
rie de Mortaigne , 6c fefdites appartenances par la tradition àcs clefs
d'iceUe fous Fautorité & fouveraineté du Roy , &c fifmes commande-
ment aufdits Capitaine ou fon Lieutenant^ Prevofts, Souldoyers& autres
Officiers , Manans & habitans qu'ils obéydent d*orefnavant à mondit
Seigneur de Charolois comme à leur Seigneur naturel \ à quoy ilsdonne*.
rent toujte obéyiTance 9 Se en Erent les lermens v & en outre pour con-.
forter &c corroborer en tant quêmellier eftoit les exploits par cy-devanc
^cs par vtitu de iH>ftiîedice commiflSon , & afin de comprendre en
iceux toutes les Villes, Chafteaux, ChaftèUenies , Baronnies, poflèffions,^
Terres Se Seigneuries basées & tranfponéespar le Roy noftredk Sîreâ
mondit Seigneur de Charolois , fie que noftredit exploit ne puîfie eftre
dit imparfait pour non avoir efté fur tous lefdits lieux , places fie terres,
fie chacunes d'icette$ , noùsà la requefte defdits Comnusfic Dépurez de
mondit Seigneur de Charolois, en prenant kdine Terre fie Seigneurie de
Morraigne , qui eft. panie defdites Terres fie Seigneuries ccanfpoitées
pour le totage d'icelles , les mifmes en pollèffion fie faiitne généralement,
de toutes fie chaciine&les Terres , Seigneuries te poilèflîons quelconques
fie leurs appartenances que le Roy noftredit Sire a baillées fie tranfpor-
tées à mondit Seigtteur de Charolois , fie qui peuvent Se doivent eftre
comprinfes fie emendues efdites Lettres du Traite fie rran^poct qnievano
mentionnées > entant que noftredite commiflion fe pouvpit entendre
fous toutes voyes Tautoricé fie fouveraineté du Roy nolbe fouverain Sei->
gneur , fie au rachapt de deux cens miDe. efcus d or , fie le tout félon la)
forme fie teneur d*icelles Lettres de Traité fie tranfport^ Toutes kfquelles
chofes fie chacimès d'icelles , nous Sieurs de Torcy fie de Mouy cy-de^
vant nommez , cerdfions eftre vrayes fie avoir efté par nous faites fie ex«
Î^loitcesen la prefence dudit Secrétaire , ainfi qu'Jks'(bnt icy efcnpte%
peci6ées fie déclarées tes an fie jour deâhfdtts par ccft noftre procès ver^
bal , lequel en tefmoia de ce , nous avons fait fceller des (ceanz denos^
armes , fie (igné de nos £bings manuels : Signé J« Destoxttbvillb ; Se
L. ni SoYcouRT , avec paraphe. EtfeelU dt deux Sceaux en cm roug^f
ptndans à double bande de parchemin.
ÇoUadonnéfur P original ^ eflam en he
Chambre des Comptes de Lille.
LXXX.
.w^'
DE PHIL. DE COMINES. 5<??
LXXX- *^^5
ÇCr Promeffes & SecUc^ donnc[ au Roy Louis XL par Jacques d^Arma--
gnac 9 ï}uc de Nemours , Jean Comte i Armagnac ^ Charles Seigneur
de Lebret , & Gafton , Cornu de Foix y de luy Mre bons & féaux » &
dt le fervir envers & contre tous. 146a. & 140 6 •
JE Jacques , Dac de Nemours , Comte de la Marche , de Perdrîac » ^ni des
de Chaftces & de Beaofort , Vicomte de Cnrlat » de Murac & de S. Rccueibcio
Florentin » Seigneur de Leufe,de Condé &c de Montagu en Combr aille, M. rAl>bé .
Pair de France , connoift & confcfle , que de mon bon gré & franche Le Grand,
voulenté , &c fans que jamais par le Roy mon fouverain Seigneur , ne par
autres , j'ai efté requis ou induit aujourd'huy cinquiefme jour du mois
de Novembre mil quatre cens foixante-cina , \\y promis & juré par-
^leflùs laioyauté & ferment que je doisà mondit Seigneur le Roy , com-
me fon (ubiet Se vaflâl » j ure & promets par la foy & ferment de
mon corps , fut mon honneur , & par le Baptême que j*ay appoorté de(-
fus les fonts , fur le péril & damnation de mon ame , fur les laints Evan-
giles de Dieu , & fut les faintes Reliques de la Châpelie du Palais de
Paris^que de ma perfonne,chevance,ferviteurs»bienveillance,fubjets,& de
tout mon pouvoir, je fervirai & obéyrai d tousjours &c à jamais mondit
Seigneur le Roy envers & contre tous , qui peuvent vivre & mourir >
fans quelconque perfonne excepter , foit Monfeigneur Charles fon frère
ou autres , & leferviray auflî bien contre mondit Seigneur Charles 9 que
contre tous autres , en quelque manière ou querelle que ce foit , & fans
exception nulle quelconque ; & aufE s'il advenoit que les chofes fe
tournaflènt en divifion ou defobéyflance , par quoy voye de fait s'en en-
fuit,je promets & jure comme delfus en ce & autrement enfuivre la vou-
lenté mi Roy , tenir le party & auerelle qu'il prendra , £c à fa querelle
fermement adhérer , & en icelle aemourer & perfeverer , fans en dépar-
tir par quelque couleur ou occalion que ce foir, & d'icelles divifions ou
delobéyflànces l'advertir , (i avant 6c (itoft qu'ils viendront d maconnoif-
fance ; & pour ce , je renonce d tous fermens , promeflès , fcellez ou
alliances, que par cy-devant j'ay baillées , fait ou pafled quelques per-
fonnes , Seigneur ou Seigneurs que ce foit , enfemble , d tous appointe-
inens,Traitez,fcellez ou promefles faits ou pa(Ièz,foitfous couleur du bien
public ou autrement, & promets & jure conmie defliis, que je n'aurai
ne prendrai d'orefnavant d quelque Seigneur ou perfonne quelle qu'elle
foit , alliance , intelligence fecrette ou publique, ne ne feray promedè,
ne alliance aucune, fans le fçeu,voulloir,congié & confentement du Roy t
Se pareillement le Roy mondit Seigneur , pour quelque chofeque pour-
rois avoir fait par cy-devant d fa defplaifance ne autrement , ne fera ou
pourchaflcra > ne fera, faire ou pourchaflêr par luy ou par fes Officiers
ne autres , en quelque manière que ce foit , aucuns maux , deftourbicrs
ou empefchemens d l'encontre de moy ne de mes biens, ainçois me
gardera Se prefervera de toute force & violence , foit de mondit Sei-
gneur fon frère ou dantre ^ foit des révélations que luy aye faites 8c
Tome IL Bbbb déclarées
SH PREUVES DES MEMOIRES
1 4 (? 5 . déclarées des chofes que j'ay (eu le temps paflë , te(inoin mon (cing
• manuel & fcel cy-mis le neuvieime joUr * de Novembre, Tan mU quatre
S*"^ cens foixante-cinq. Km&Jigné Jacques. Signé Bum. CoUaUon tji faiu.
?awrctabUr J.^ Jehan Comte d'Armagnac » de Boudez , de Lille & de Fezanfac ,.
le 5e. tant Vicomte de Lommaigne, &c. congnois& confeflè, que de mon Bon
par ce qui gre & franche voulencé , & fans que jamais par le Roy mon iouverain
cft qr-de- Seigneur ne par autres > ave efté requis induit , aujourd*huy cinquief-
^^^ ' 35^ ^? '^"^ ^" '"^'^ ^^ NoVcmorc mil quatre cens foisumte-cinq , j'ay pro-
*^^w^ mis & juré pat deflus la loyauté & ferment que je dois i mondit
«y-^F^» ' Seigneur le Roy , comme fon fubjet & vaflàl , furc & promets par la foy
& ierment de mon corps , fur mon honneur , & par le Baptême que j'ay
apporté deflus les fonts» fur le péril & damnation de mon ame , fur les^
(aints Evangiles de Dieu , & fiu les faintes Reliques de la Chapelle du
Palais à Paris , que de ma perfonne , chevance , lerviteurs > bienveillans>
fub jets & de tout mon pouvoir , je ferviray & obéyray tousjours & à ja-^
mais à mondit Seigneur le Roy envers & contre tous qui peuvent vivre 6c
mourir , fans perionne quelconque excepter , foit Monleigneur Charles
fon frère ou autre , & le ferviray auffi bien contre mondit Seigneur
Charles , que contre tous autres , en quelque manière ou querelle que ce
foit, & fans exception nulle quelconque ; & aufli s*il advenoit que le&
chofes fe tournaient en divifion ou delobéyflànce , parquoy voyede fait
s'en enfuit , je promets Se jure comme deUÙs , en ce , ou autrement en^
fuir la voulente du Roy , tenir le party & querelle qu'il prendra , Se i
fa querelle telletnent adhérer , & en icelle demourer & perfeverer fans
en départir par queloue couleur ou occafion que ce foit » & d'icelles
divifions ou defobéyfllànces Tadvertir (1 avant & fitoft que viendront à
ma congnoiflànce , & pour ce , je renonce à tous (ermens , promefles »
fcellez ou alliances , que par cy-devant j'ay baillées , fait ou palfê à quel-
ques perfonnes > Seigneur ou Seigneurs due ce foit , enfemble i tousap*^
pointemens , Traitez , fcellez & promeâes > faits ou paflèz y foit fous
couleur du bien public ou autrement , &c promets & jure comme deflus
que je n'auray ne prendray d'orefnavant à quelque Seigneur ou perfonne
quelle qu'elle fait > alliance ou intelligence fecrette ou publique > ne ne
feray alliance aucune , fans le fceu , vouloir > congié ou confentement
du Roy. Er pareillement le Roy mondit Seigneur pour qn^ue chofe
que pourrois avoir fait. par cy^devant à fa defplaifance ne autrement »
ne fera ou pourchaflEera ^ ne fera faire on pourcbaflêr par luy ou par fes
Officiers ne autres , en quekiue manière que ce fbit>aucuns maux , def-*
tourbiers ou empefchemens à Vencontre de moy ne de mes biens ^ ain*
Sois me gardera & prefervcra de route force & violence, fdk demon^
it Seigneur fon firere ou d'autre , foit des révélations que \c luy ay faites
k déclarées des chofes que j'ay fçu le temps paflé \ teimoin mon feing
manuel, & fcel cy-mis le iourdeflufdir. Amfi/igné^ j£UA>f« Signé Bude..
. Coiladon ^ faite. .
J E Chftries , Seigneur tfElebret , Comte de Dreux 8c de Cavre, Captât
de Bttch > €<»3gnoift 6C'Con£eflè que de mon bon gré & franche voulente-
&
*i
î
' ••»>
DE PHIL. DE COMINES. j6i ^_^_
•& fans <jue jamais par le Roy mon fouverain Seigneur, ne pir autre aye ^^^^^
eftë reqius ou induit, au joura'huy cinquiefme jour du mois cie Novembre * ^ " ^
aiii quatre cens foixanté-cinq , j'av promis ^ juré par defTus la loyauté
& ferment que }t dois à mondic seigneur le Roy comme fon fubjet &
vaflàl , jure & promets par la foy & lerment de mon corps,fur mon hon-
neiu: , & par le Baptême que j'ay apporté deffus les fonts , fur le péril &:-
damnation de mon ame , fur les faints Evangiles de Dieu , 6c fur les
faintes Reliques de la Chapelle du Palais de Paris , que de ma perfonne ,
chevance, ferviteurs,bienveillans jfubjcts & de tout mon pouvou:,je fervi-
ray & obéyrai â toujours & à jamais à mondit Sgr. IcjRoy envers & contre
«ous qui peuvent vivre & mourir , fans quelconque perfonne excepter ,
foit Monfei^eur Charles fon frère ou autre , & le ferviray auffi bien
contre mondit Seigneur Charles que contre tous autres , en quelque
manière ou querelle que ce foit , & fans exception nulle quelconoue \
& au(C s'il advenolt que les chofes fe tournauènt enf diviHon où dcto*
béydance, par c^uoy voye de fait s'en enfuivift, je promets & jure cortime .
demis, en ce & autrement, enfuivir la voulenté du Roy , tenir le party di
Querelle qu*il prendra , & à fa querelle fermement adhérer , & en icellc
demourer & perfeverer,fans en départir pour quelque couleur oii occâ-
iîort que ce foit, & dlcelles divilionsou defobéy (lances i*àdv<îrtir fi avant
6c fitoft qu'ils viendront à ma connôidànce j & pour ce ^ jç tetiohcéà tdUs
fermens, promeflès, fcellez ou alliances ^ucpar cy-devant j'ày bail-
lées , fait ou pafle à quelque perfonne , Seigneur ou Seigneurs que ce
foit, enfemble , a tous appointemens. Traitez , (celtet & promefles faits
& padèz foubs couleur du bien public ou autrement , 8c promets & jure
comme delTus , que jcn'auray, neprendray d'orefnavant a quelque Sei-
gneur ou perfonne quelle qu'elle loit , alliance , intelligence fccrette ou
publique , ne ne feray protneflfès ne alliance aucune fans le fceu , congé ,
vouloir ou confentemént du Roy ; & pareillement le Roy mondit Sei-
gneur , pour quelque chofe , que pourrois avpir fait par cy-devant i fa
defplaifance ne autrement , ne fera ou pourchaflèta , rie fera faire ou
pourchallèr par luy ou par ksi Officiers ne autre , en quelque manière
ue ce foit , aucuns maux , deftourbiers ou empefchemens a l'encontre
c inov,ne de mes biens \ ainçois me gardera 8c prefervera de toute force
& violence , foit de mondit Seigneur fon frère , ou d*âùtre , tdii dts ré-
vélations que luy aye faites ou déclarées des chofes que j'ay Cca le temps
paflé 5 tefmoin mon fcing manuel & Sec! cy-mis le cinquiemie joUr de
Novembre, Tan mil quatre cens foiiatite*cinq. Ainfiy^'/i/ Charles.
Signé BvvE. Collation eji faite.
3 E Gafton , frrincc de Navarre , Comté de Foix , promets par la foy 9c
ferment de nion ccfvpi i & tût le fainr-BaJ)tème que J'ay porté deflas les
font^, que rr Monfejgfrem* le Roy a guerre ou qucftioft contre' Mtynfei-
gneur Charles fon frète , Monfeigncur de Charolôis, le Duc de Breta-
gne ou autre «yùelcoriqucs, foît du -Rcyautne ou d'ailleurs , que je le
ferviray à l'encontre d'eujc & de tels autres qui peuvent vivre & mourir i*
& me dedareray pour hrjr , & feray partie jfotoelle en contre tous cu)t»
pour fervir mondit^ Seigneur le Roy toutes &' quantcs fois q[u'ii ih'erf
Bbbb z requerra
^_^_ 5^4 PREUVES DES MEMOIRES
^^ requerra ou fera requérir , & tout ce je promets » comme deflus 5 en teC->
^ ' moin de ce j'ay efcrit & figné ces preiêoces de ma main , i Tours , le
dix-huitiefme pur de Man mil quatre cens foixante-fix. Ainil Signé ,
Gaston.
Collation faite à V original par moy Jean Pousfc , Notaire & Secretairù
du Roy , le vingt'feptiejfme jour de Deumbtc , tan mil quatre cens foit
xante^huit^ Signé , P o u s F e.
LXXX*.
|}7 Protneffe du Diu de Bretagne au Roy Louys XL de ne recevoir cm
fonûuchly ny prejler ayde ny fecours à aucun mal- content
du Roy & du Royaume , vingt Décembre 146^^
ilré Al TJ R ANÇOIS , par ta graee de Dieu , Duc de Bretagne , Cointe de Mont*
Volume X^ fort, de Ricnemont ^ d'Eftampes & de Vertus : A tous ceux qui ces
7^».desMS^ prefentes Lettres verront > Salut : Comme il ait plu à mon très-redouté
M. Diif uy. Seigneur Mgr. le Roy , prendre & faire de nouvel grandes , parfaites &
efpeciales amitiés , alliances , confédérations & bienveillances > en re-
jettant Se mettant en oubly 8c au néant toutes queftions &c différence»
paflees entre luy , fes Royaumes , Pays , Seigneuries &c fubjets , & nous
éc les noftre& y lesquelles amitiés & bienveillances de mondit Seigneur
^ envers nous > congnoidbns eftre très-utiles &c profitables au bien de nous
& de noflre Pays &c Duché, & chofe publique d*k:eluy*).& à cette caufe
les y defirons tenir , garder & obferver fermes & ftablesxle tout noflrc
pouvoir, fans vouloir faire , ne foutfrir faire chofe, dont rupture d'icellei
ou diminution d'amour & bienveillance de mondit Seigneur en vers nous>
s'en peut enfuir i Sçayoir faifons , gue pour tousiours de noftre part y
nourrir, continuer Se entretenir lefdites amitiez, bienveillance & allian-
ce , nous avons promk Se promettons à mondit très^edou^é Seigneur lo
Roy , que. tout ce qu'il aimera nous aimerons, & ce qu'il aura en dé^
plaifir & malveillance , nous l'y aurons , & fe aucuns de fes ferviteur»
ou fubjets efloient mal contensrde luy , Se que-mondit Seigneur les eufL
en aucune indignation ou nvilveillance , & a cette caufe vouUîflènt eux
tirer j^ar devers nous Se en noflre fervice , pour avoir ayde Se fupport à
leurs intentions Se voulentés ^ nous ne les y. recueillerons, foùftiendrons>r
ne recevrons en aucun confort, avde» recueil, ne attrait ne leur don-
nerons*, ainçois les reputerons mal contens de nous. Se les aurons > en
noflre malveillance , tout ainfi que mondit Seigneur les y^aura y Se com-
me mondit Seigneur nous a promis faire & avoir de fa part en ce qui
touchera fes- ferviteurs & fubjets , & dont il nous a bailte les Lettres en
iemblable forme ^ de jmefme effet & fubflanceî & ce^ chofes promet-
tons faire , tenir & accomplir fur noflre honneur , en parole de Princo
Se par les foy^ & ferment de noftre corps, fans iamais faire. du contraire^
En tefmoin de ce nous avons figné cefaites prerontes de noflre main.,. Se.
y avons fait mettre noflre fcel. Donné à Caën le vipgtiefme jour de Dé-
cembre, Tan de grâce 1^6^. Ainfi Signé , Vs^At^i^ois. Et fur le reply^
Par le Duc de ion commandement >.e;i Ion Confeil > ^^uquel vous , lesr
Scigneurs^
lyE PHIL. DE COMINES- 55^
Seigneurs de toheac , de la Roche » de Lcfcun > le Yice-Chaocelier > &
autres eftoiçtit. Mii*£T. 14 6" 5^
[ ' \ L X X X:^.' ;4 .-
^Çy Fcrmiffiott aux Mcdicis de porter FUurs de Lys en Uur^ Armoiries.
LO Y S > &c* fcavoir faifons , &c. que nous ayant en mémoire , la *7]5^f f"
^ande , louable & recommand^le renommée que feu Cofme de ^' c A
McdKis a jcuëenfon vivant en tous fes faits & affaires, lefquçis il a. coq* ^ R^ftrc
(duicsen fi bonne vertu & prudence, quefesenfansfic^tresiespareas i^^A^ii»
& amis en doivent eftre recommandez & eflevee en tout honneur , pour for des
ces caufes & en obtempérant à la fupplication &c requefte , qui faite nous Chartes^
a efté de la partie de noftre amé & féal Conseiller Pierre de Medicis , fils
dudit feu Cofjae 4? Mediçis > avons de noftre certaine fcience» go^ce
cTpeciale » pleine puiflànce iS^ authorité Royale » gâroyé & od^oyoni
par ces preientes , qpe ledit Pierre de Medicis » & ks hoirs & f^iccefr
leurs nez& ànaiftre en léal mariage, puiflent d'orefnavant , à twsjpurs
perpétuellement avoir & porter en leurs armes trois Fleuri de hy$ ci)
la torme & manière qu'elles font cy jportraices s & iicelles armes leurs
avons données & donnons par cts preientes , pour en ufer p^r tous les
lieux , & entre toutes les perfonnes que bon leur femblera , $c tant en
temps de paix » qaen temps de guerre > fa^ ce que aucun empefchemeoi
leur puiue eftre mis ou donné ores,, ne pouif le tenip& advenir en queU
que manière que ce ipit au contraire ; Se afin quç; ce i<>it cho^ ferme ^
fûble â tousjours , nous avons fait mettre noftre fçel auldices prefentes»
iâuf en autres cho&s noftre droit , & l'autruy en routes. Donné à Motii*
loçon au mois de May , l'an de grâce mil quatre cens foixante-cinq , &c
de noftre Règne le quatrieftne. Ainii Smne ', Paf le- Roy > le Comte 4c
Çpnaniînge, & autres prefens. J. BouRÊ, f^î/î^^
. L X X X I L , 1^6^.^
Style nou^-
. 07 jtbolitionpourUComttffe.d^ MauUyrier. veau.
LO Y §, par la grâce de Diea, Roy de-France : Cjavoir faifons à tous M. TAbbé
prefens &c àvenirtNousavons receu humble fuppl^atidn de noftre Le Grand /
chère ^ bien^a^ée Jehanne.Cr^fpin ^ Comteflè, de Maol^rier , conte^ <^u Regiftre
nant que environ le mois de Sq)tembr,e dçrnier pafifé. elle eftant erv '^4-<luTré-
noftre Ville de Rouen , & ayant la garde d'iceUiy , par fragilité ^ induç-^ ^^ ^^^
tion ou fédition meuc, de donner entrée auditJ^ofteLà noftre très-c^ier a^^^m?
& trcs-amé frère & cjoufinle Pucde.Bourbonnois & d'Auvergne , &.aur
cun autre , pour & au nom 4e nçft^ très-'cher & f rè^^^anqé frère Charles^
lefquels en la con^agnie de.^uiîeurs autres Seigneurs^de noftre Sang
s'eftoient' adljeifçz & . aUic^ enién;^ble>^ & mis fus en armes ij l'^eruiontr^
^ nous 9 laquelle chofe fur £d a efté miie. ht^ti , Se leur fut,par auôun(
eftans dans ledit Chaftel » & du commandement ou conCèntenjipnt 4f
ladite Suppliante ^baillé entrée en iceluy Cl\aftel , auquel eftoieni lors les
.., Bbbb 3 clefi^
^66 PREUVES DES MEMOIRES
clefs 4^5 portes de ladite Ville , xjui y avoient eftc portées le foir de de^
! ^ ! vant , ainfi que chacun jour on avoir accouftumé de les porter par devers
le Capitaine dudit Chaftel » au moyen de laquelle entrée , & de la pnii^
fance des gens d'armes, qui fe mirent dedans iceluy Chaftel , & auflfî de
ceux qui eftoient a Tenviron de ladite Ville de Rouen , iceluy noftre frère
& couiin de Bourbonnois, & autres de fa compagnie, firent tant que
par iceluy Chaftel ils entrèrent en ladite Ville , a quoy ceux dlcellc Ville
. n^eirflent botincment pu rcfiftct , & après s efforcèrent IcfHits gens d'at^.
me^ mcttrfe , & de fait iilircnt en leurs mains la plafpart des autres Pla-
ces Àt noiftte Pays & Duché de Normandie -, pour recouvrer lefquelles ,
; , ' & mefmé noftreditc Ville & Chaftel de Rouen , femmes venus 8c entrés
'à gr^nd puiflànce audit Duché , auquel avons trouvé bonne obéyflànce ^
& fe font , nos bons & loyaux fubjets les habitans d'icelle Ville de Ronen^
liberallement remis en noftre obéyflànce, pourquoy , grâce à Dieu , avons
recouvert & remis à nous & à la Couronne ^ ce que au moyen des<ho*
fes delïufidites en avoient efté mis hors \ Se ipom confideration de -ces
chofe^ , & après icelle ainfi faite , s'eft ladite Suppliànre\ournée par de-
vers nous i & nous oè erès-inftàminent & hutnblement requis , que atten*
du que de tout temps fes predeceflêurs Se elle , ont efté bons & loyaux
envers nous Se la Cfouronne , & que lefdits cas font-adv«ius par fragi-
lité , induûion ou fédition , dont ladite Suppliante eft de prefent fort
repentante & déplaifante , éc que fans quelconque apprehenfion elle eft
venoëpar devers nous , à ce qu'il nous piaifcluy pardonner &abolirledit
cas, & fiirce uy impartir noftredite grâce t Pour^uoV nous, ce confideré,
voulant mifericorde préférer à rigueur de juftiiîe , tSc'kuffii lattè^gràii*
de ptiere Se r-equefte d'aucuns Seigneurs dé hôftrè Sànç , & d'aurres pa-
rens Se amis de ladite Suppliante , avons à iceUe Sunpliante pardonne &
ûboij , & par ces orefentes , de noftre grâce efpeciaue , pleine puiflànte
Se authorité Royale-, pardonnons & aboUflbns les cas deflùklits ,* Se
toutes leurs circonftances Se dépendamies , en quelque manière qu^k
ayent par elle efté commis Se tout ce (juien eft enfuit, & tout aiofi quefe
.' ; lefdits cas,leurs circonftances Sê dépendances eftoient tout au long Ipeci-
.1 fiez & déclarez en nofdites prefentes > avec toute peine, offenfe & amen-
de corporelle , criminelle & civile j en quoy elle poarroit eftre â cette
caufe encourue envers nous & Juftice , fans ce que jamais aucune repri^
ou reproche luy en puiflfe, eftre fait oti donné , & Tavons feftîtué & refti-
tuons à fa bonne famé & renommée , Se tous fes biens non confifqués»
meubles & immeubles , voulons & noms plàift (qu'elle en jouifte comme
'.' elle faifoit paravant ledit cas avenu , St fur c€ impofons filence perpe*
, tuel à notre Procureur prcfent Se avenir. Si donnons en mandement
par cefdites prefentes à^nos antez Se feaûx Confeillers , les Gens tenans
& qui tiendront noftre Parlement Se noftre Efchiquier de Normandie >
aux Prevofts de Paris , TSailly de Roueti 8C Senefchal de Poitpu , & à tous
nos autres Jufticiers ou leurs Lieurehans prefens ^ à venir , fi comme a
kly am)artiendrâ , que de nos frtrefenres^ gtace Se pardon & abolition >
ils 6i(fent', foùffrent & laiflènt ladite ShppRan.te joûïr .9t ùfer pleine-
inerit & paifibletttént (ans luy faire , mettre on donner , né fouffrir eftre
fait, mis ou donné aucun deftour^er ou etiVpefchémcnt au contraire,
ne
/
DE PHIL. DE COMIKES. 5^7 ^__
iic qu'elle fok tenue de faire faire aucime verificatioia du cohcdnu en ceè ^^^^^
{>relentes » ne des cas dedufdits , leurfdkes cîrconftances 6c dS^pendân^^ ^
ces 5 ne auffi qu'elle en puinè eftre mife en aucun ^tocès ; mais fe (on
corps , ou aucuns de fefdics biens , meubles on immeubles fontou eftoietit
pour ce pris , faifis , arreftez, ou autrement levez ou empcTchez , fi les
hiy mettent ou faflènt mettre tan toft ,& fans délay à pleine délivrance; &
afin que ce foit chofe ferme 8c ftable à tousjours > nous avons fait mettra
noftre fccl à cefditcs prefentes , fauf en autres chofes nôftre droit , &
Tautruy en toutes. Donné au Pont-de-l'Arche an mois de Janvier, lan
de grâce mil quatre cens foixante-cinq, & de noftre Règne le cinouiefmc^
Par le Roy , TArchevcfque de Narbonnç , les Sires de Cbaftillon , de
Cru(R)l, & autres prefcns. Signé , Toustain. ^
L X X X I I I.
UCT Lettres Paumes par lef quelles le Roy Louys XL reprend la Normandie, Copîé par
LO Y S , par la grâce de Dieu, Roy de France. A tous ceux qui ces pre- Lc Grand
fentes verront : Comme pour aucunes juftes caufes & raifonnables fur le Rc-
ayons cfté confeillez & délibérez de reprendre & mettre en noftre main giftrc 194.
noftre Pays & Duché de Normandie , que n'aguerres avions baillé à noftre <lu Tréfor
très- cher & très-amé frère Charles de France , façoit ce que nofdits Pays ^ Chancs
& Duché fuâènt annexez à noftre Couronne , & qu'ils ne s'en puflènt ou *"* ^^y*
dudènt feparer * fur grandes peines & cenfures Ecclefiaftiques^en enfui- *5uj.i^ i
yant laquelle délibération > euffions puis n'agueres envoyé en aucunes niondcla""
parties de noftrcdit Pays & Duché de Normandie , noftre très-cher & Normandie
très-amé frère & coufin le Duc de Bourbon , noftre Lieutenant Gênerai , àlaCouron-
avec partie de noftre armée , & luy euffions entr*antres chofes donné "c , Voyez
pouvoir de faire , pour & au nom de nous, toutes compofitions , con- '^ Lettres
venances & appointemens avec toutes gens de guerre, d'Eglife , Nobles, ^ mois de
bourgeois & habitans des Villes & Places de noftredit Pays& Duché, & fJ^^^S"/^
autres chofes , ainfi qu'ils verront eftre à faire pour le bien de nous , & fcfqucllcs le
le recouvrement de noftredit Duché , lequel noftredit frère & coufin , Roy Jean
audit nom , fe fuft tranfporté avec noftredite armée devant notreditc - réunit la
Ville de Louviers , en laquelle avoit lors des gens de noftredit frère , qui Normandie
la tenoient à rencontre de nous ^ & après aucunes fommations faites par *'«Co«ron-
noftredit frère & coufin aux habitans de ladite Ville, & gens de guerre ^'p^^i^"^
eftans en icelle , de rendre & mettre ladite Ville en uoftre obéyflancc , àia p. i^i.
iceux habitanf en enfuivant la bonne loyauté & obé^flance qu'ils ont du je. Voi!
lousjours eue envers nos predeceflêurs & nous , connoifllâns que eftions du Recucit
kur fouverain & naturel Seigneur , firent obéyflànce & ouverture de &s Ordon-
noftredite Ville à noftredit ftere & coufin , pour & au nom de nous , nanccsv
lequel, en ce faifant, leur octroya audit nom le contenu en certains arti-
cles defquels la teneur s^ehfuit. La compofîtion & convenance & traité
de la rendre en reduéHon en la main du Roy noftre Seigneur , de la
Viile'de Louviers , faite avec haut & puifiant Pnnce Monfieur le Duc de
Bourbonnois & d'Auvergne , Lieutenant General du Roy noftre Seigneur^
par n<>ble homme Monfieur Jean Daillon , Chevalier , Seigneur de Fon-*
taines. Capitaine d'icelle Ville ^-fic cerne de fa charge pour Monfieu1^
Charles^
j^8 PREUVES DES MEMOIRES
^ . Charles de France » Frère du Roy noftredk Seigneur : £c auilî par les
^ * Cens d'Eglifè » nobles bourgeois & habicans de ladire Ville , pour ce
a(Iemblez en grand nombre ^ en la perfonne dudit Chevalier & Capitai-
ne , & tour de leur commun accord & confentement > font rels ; c'eft i
Tçavoir , que pour vuider le flege Coudainemenc mis avec grande anil-
lerie devant ladite Ville par les Capitaines &c gens d armes de l'Ordon-
nance du Roy noftredit Seigneur,en grand nombretSc non mettre à etfufîon
de {ang humain ^ de autres inconveniens , aflàuts 6c approche3 pour ce
encoaunencez > &c comme importables aufdits Capitaines & habitans 9
vu leur pauvre & petit nombre de gens , garnifon 6c artillerie > & donc
ptuûeors,& de nouveU& par me(Ià^es propres,ils ont adverty 6c fait fçavoir
a mondit Seigneur le Duc , lefdits Capitaines 9 gens d'E^life , nobles »
bourgeois 6c habitans » ont mis , mettent & refldtuent ladite Ville en la
main 6c obéyllance du Roy noftredit Seicneur , eftant à prefent en per-
fonne en armes fur les champs près lamte Ville , & mcfmement en la
main de mondit Seigneur de Bourbon , fon Lieutenant General s 6c en
accompliâant plufîeurs Lettres miflives Scfommations d*iceux Seigneurs
addre(mntes aux deltufnommez » & contenans ainfi le faire fur grof:
fes peines & dangers déclarez en icelles » 6c par ce moyen mondi^
Seigneur de Bourbon » fon Lieutenant General > 6c fov faifant fort du Roy
noftredit Seigneur , a promis & promet de tx>nne toy audit Capitaine >
gens de fa charge , & autres qui s'en voudroient aller ailleurs , demoo*
rer hors ladite obéylf^nce du Roy noftre Seigneur , que ils le puiilenc
faire fùrement $ de en emporter franchement » & emmener où il leur
plaira leurs chevaux > armures , harnois 6c biens quelconques générale-*
ment, fans aucune refervation ou exécution. Et que ce prefent traité ou
vidimus d'iceluy leur en vaille pleine fûreré , 6c fans aucun empefche-
ment) qui leur en pui(Te eftre donné au contraire , en corps , ne en biens»
pour quelconques caufes , reproches , délits 6c méprentures » quelles
qu'elles foient ou puiflent eftre 9 6c leur fera baillé conduite telle 6c fi
bonne 9 que au cas appartiendra (e meftier eft , 6c au regard defdits au-
rres foudoyersqui voudroient demoureren l'obéydanceâc fervice du Roy
noftredit Sgr.iïs y feroient re^us 6c gagez comme les autres 9 en faifanc
leur devoir 9 6ç, n demourronc quittes 6c defchargez de tous mefFaits 6c
méprentures quelconques 9 6c fans ce que jamais aucune chofe leur en
puifte eftre imputée ou reprochée , pour quelque caufe que ce foit ou
puiilè eftre. Jum. Et en tant que touche lefdits gens d'Eglife , Ofticierst
nobles 9 bourgeois 6c habitans de ladite Ville 9 Parroiftè 6c Fauxbourgs
de Louviers 9 ils font 6c feront reçus beni^nement eu là bonne grâce ,
obéyftânce 6c fervice du Roy , noftredit Seigneur 9 6c mondit Sieur de
Bourbon 9 Lieutenanr General , 6c feront entretenus âc gardez àtousjours
en tous leurs privilèges» exemptions , franchifes 6c libertez quelconquess
tout aind qu'ils faiioieut au temps que le Roy noftredir Seigneur fift
bailler l'obcydànce de ladite Ville i mondit Seigneur fon Frère 9 6c fan^
aucun empelchemenr, qui leur puiite eftre miç on donné jiu contraire »
pour quelque caufe que ce foit ou pui(Ie eftre pour le temps advenir 9 6c
tnefme de tous leurs héritages 6c biens quelconqnes \ 6c a leur font 6c
^ontpardçnnésfous lei^rs délits 6c Q0enfçs,cnc][uoy ils^ou aucuns â^t\x%
en
(.
». ■*
DE PHIL. DE COMINES. 5^9
en gênerai ou particulier , pourroienc eftre encourus envers le Roy nof-
tredit Seigneur, pour quelque caufe ou occafion.que ce foit y 6c dcC- *^^ ^
quelles choTes ces prefences leur vaudront bonne Se fûre confirmation
éc pardon , & fans ce qu'ils foient tenus en obtenir autres Lettres,s'il ne
leur plaift. Item. Et auliî pource que ladite Ville a efté moult foulée &
appauvrie Kle la guerre , il leur a efté promis qu'il ne leur fera baillé gar-
nilon , finon gens aiiiez & en nombre à eux bien ponable , pour les tenir
enfemble fans tiifpanion. lum. Se aucuns defdits habitans avoient efté
pris , arreftés ou empefchez^ ou fullènt ou foient abfens de ladite Ville;
au regard des empefchez , ils feront mis en pleine délivrance , avec tous
leurs biens , & les abfens auront terme de retourner jufaues â un mois»
Se jouiront du contenu en ces prefentes. Et lefquelles chofes 8c chacu-
nes d'icelles » Nous Jean , Duc de Bourbonnois & d'Auverjgne > Se Lieu-
tenant General de Aïondit Seieneur le Roy , avons promifes Se accq|-
>dées aux defliifdits , faire valables & les faire confirmer , Se donner ces
JLettres » & entretenir Se garder par mondit Seigneur le Roy , tout par la
forme Se manière, que dit eft, lans jamais contrevenir \ tefmoin noftre
fcel Se feing manuel cy mis , le premier jour de Janvier , Tan mil quatre
<ens foixame-cinq. Signé , Jean , & J, de Dailloh. Et nous ayans
iceux habitans humblement fupplié & requis , que attendu que eux Se
leurs predecedeurs ont tousjour s efté bons & loyaux envers nous Se U
Couronne,il nous plaift en confirmant leditoâ:roy â eux fait par noftredic
ùexc Se coufin , par vertu dudit pouvoir par nous à luy baillé , avoir le
contenu defdites articles , promefles Se traitez , Se appointemens ^eflus
incorporez ^agréables , Se iceux ratifier & approuver , & fur ce leur iv^
partir noftre grâce.
Ce Considéré , voulans garder & entretenir tout ce quia eft^ faic»
traité , promis & accordé aumits habitans par noftredit firere Se coufin »
iceux articles , traitez , promefiès & appbintemens deflfus incorporez ,
avons eu Se avons agreaoles ; & iceux de grâce efpeciale , pleine puif-
(ànce Se authorité Royale , avons confirmé , loué , ratifié & approuvé ,
louons , ratifions , confirmons Se approuvons par ces prefentes , Se de
noftre plus ample grâce leur avons oâroyé Se oâroyons par cefdites pre-
fentes , qu'ils ayent, jouïfiènt de tous tels & femblaUes privilèges , que
ils avoient de nous au temps que noftredit Frère prit la poflèilion de
noftredite Ville , félon la forme Se teneur des chartres Se privilèges qu'ils
ont eus par cy-devant ; lefquéls voulons fortir leur plein effet , fans ce
que pour occafion des chofes deifufdites , ne autrement , on leur puiflè
ores , ou pour le temps à venir , aucune chofe imputer ou demander en
aucune manière; & fur ce impofons filence perpétuel à noftre Procureur
& à tous autres, & donnons en mandement par cefdites prefentes â nos
amez Se féaux les Généraux Confeillers par nous ordonnez fur le fait >
& Gouverneurs de toutes nos Finances, au Bailly de Rouen , & aux
Efleus par nous ordonnez en la Ville Se Eleâion d'Evreux , & à tous nos
autres Juftieters & Officiers , ou à leurs Lieutenans , prelens Se à venir»
& à chacunxl*eux , fi comme à luy appartiendra , aue de nos prefentes
grâce , confirmation , ratification & application , félon le contenu efdit$
articles, ils fouffrent Se laiflènt Icfdits SuppUans j» & chacun d'eux> jopïr
Tome IL 'C ccc Sc
570 PREUVES DES MEMOIRES
^ ^^ & ufcr pleinement & paifîblement , fans leur faire , mettre ou dotmer p,
"^ * ne fouffrir eftre fait , mis ou donné , ne à aucun d'eux > ores ne au temps.
i venir , aucun deftourbier ne empefchemcnt au contraire i lequel , fe
fait , mis ou donné leur eftoit ^ IciÊr mettent ou fa&at mettre fans délaya
â pleine délivrance » & au nremier eftat 6c dû t£n tefmoin de ce nous,
avons fait mettre noftre fcei à cefdites prefentes. Donné au Pont-de-
l'Arche» le vingt-un Janvier > Tau de grâce mil quatre cens foixance-cinq»,
& de noftre Recne le cinquiefrae. AinH Signé, Par le Kojy Monfeigueuc
.le Duc de Bourbon , les Sires de Cruâbl & de Bazoges , ôc aunes pre-^
fens, DiSHouLjNs*
L X X X I I I *.
1^ Exirait de la copie de rinfiruSion a Maiftre J<an Hébert , & George-
de Vouet 5 Maifhe GuilUume Rouffel ^ & Guillaume Gombault ydec€:
que Mott/îcur u Duc de Normandu , leur a chargé faire & befogner de-'
vers le Koy , où il les envoyé prefenumeru i Rouen ^
Ttti ia A ^^^ ^^ recommandations .ordinaires » il eft defplaifanr que le Ro]^
Vd. 76%. JLJL l'attaque de tous coftez , rempliflè la Normandie de gens de guer-
desMSS.de re ^ qu'on ne doit violer le Traité ; que le Duc de Bretagne a fait fçavoir
M. Dupoy. au Duc y que le Roy fouhaitoit que le Duc fe ibûmift i ce que les Ducs
de Bretagne & de Bourbon ordonneroient. Il demande qu'on y joigne
le Duc de Calibre & le Comte de Charolois. Le Duc de Normandie con-
sent que le Pont-de- l'Arche foit mis entre les mains du Duc de Bretagne
pendant qu'on traitera.. Le Roy s'eft des ja faifi de Lou viers >. ce cpn rompt
toutes mefurcs.) le commerce cftant interrompu par les gens de guerre y.
le Vice-Chancelier de Bretagne luy a dit que le ^y- vouloit qu'il renon-
çaft à la Normandie avant toutes chofes , ce qu'il ne peut faire que
Meffieur^ de Bretagne Se de Bourbon n'avent prononcé fur fon partage ;.
que moyennant qu'il livraft le Pont-de4' Arche au Roy > il y auroit trê-
ves pendant dix iours » mais ce terme ne fuffit pour l'accommodement^
D'ailleurs Monfeigneur ne fçait que veut dire le Roy , en ad jouftant que
Meffieurs de Bretagne 6c de Bourbon prononcent fur le partage , & fur
tes autres matières r Qu'entend-on par ces autres matières ?. A r^^pponf
ledit Vice-Chancelier qu'en accompliflànt ledit accord , le Roy pardon-
ne i tous ceux de Rouen , fors au Patriarche Evefque de Bayeux > â Jean
de Lorraine , les Seigneurs de Bueil , de Chaumont > Charles d' Amboife-
&: Jean de DaiUon , avec lefquels le Roy ne befognera fans le confeil des.
Ducs de Bretagne 6c de Bourbon. Cependant tous ont efté compds dans:
le Traité > Monfeigneur veut avant toutes chofesadurer fji^ bonne Ville*
de Rouen , 8c tousfes fer\Hiteurs & fubjets» & autres qui ont adhéré i
kiy , fans en excepter un feul ^ 8c qull n'entrera en aucun traire que la-
dite (ûreté ne foit faite. Que la choie qui luy a fait le plus de peine>
c*eft ou'il foit hors des bonnes grâces dn Roy , qu'il eft ion firere , que-
fes fuDjets , contre qui il exerce tant d'aâes d'hoftilité , font fes fubjets*.
Mais eft â remarquer cet anide»
Et pour tousjpurs foy mettre e& fon devoir > & ca humilité envers le-
Roy>
; DE PHIL, DE COMINES 571
Roy 5 mondit Seigneur en enToivanc l'olïre autrefois par luy faite > offre
encore fc ioûmettre^ crdîre > touchant Ton i>artage , ou la recompenfe
d'iceluy > ce ooe le Duc de Bretaene , Monfeigneur de Calabre , Mon«
£eur de Bouroon > & Monfieur ot Charolois , ou Monfeigneur de Bre*
tagne & Monfeigneur de Bourbon , ou les deux des quatre de(fufdit$ »
mais que le Duc en foit l'un » en diront & ordonneront > pourvu que le
Roy s y foumette de fa part > & que toute guene Se voye de fait cède
d'un cofté Se d'autre > &: que fa bonne Ville de Rouen , 8c tous les habi-
tans en icelle foient &c demeurent en bonne {ureté, tant en toutes leurs
libertés 6c privilèges , qu'autrement ; &c auffi tous les ferviteurs Se fubjets
de mondit Ssr • & autres qui ont adhéré avec luy , (ans nul en excepter.
Jtcm. Et fe le plaifîr du Roy n eft d'accepter l'offre dedufdit > mondit
Seigneur offre touchant fon partage , ou la recompenfe d'iceluy , de
croire tout ce que Us trois EJlats {i)du Royaunu de France en diront ou
ordonneront » toutesfbis quU plaira au Roy de Us ajfembUr : Et fe aucuQe
Mes ouvertures delGifdites n'eft agréable au Roy , mondit Seigneur offre
encore Je foûmtttre de fondit partage , ou de la recompenfe d^ic^y , à tout
<e qu*en diront & ordonneront Mcffeigneurs Us Pairs de Franu y&la Cour
4c ParUment enfembU » ( aufquels) fous r autorite du Rw f appartint la
connoiffance de toutes les matières touchant les Pairs de r ronce ; pourquoy
cette mature doit plus convenablement venir {levant eux y attendu que mon*
dit Seigneur ^ dit fa nature » comme Fils de Roy » ef? Pair de France 9 aujffz
Îu*à preferu il efi quefiion £uiu des. naturelles & ancUnnes PairUs de
^ranu. Signé f Dg Villibrs.
1^64 i
L X X X I V.
Ratification donnée par CharUs , Comte de Charolois , de C accord fait
entre luy & ceux de Liège.
A Vicbcmale > le 14* Janvier i^C$.
CHARLES, de Bourgogne , Comte de Charolois^ Seigneur de T . T^
Chafteaubelin Se de Betnune , Lieutenant General de mon très-re- M?^Go<le«
douté Seigneur & Père. A tous ceux qui ces prefentes Lettres verront Se ftôy.
QÏront ,
' ( I ) Le Roy afTembla les Eftats Généraux
i Tours en 14^7.
- il fin liîc que (nivaoc les Ocdonnances
de Charles le Sage , le la commoae obftr-
yaoce du temps paiTé » que le Roy eftoic
content d*aflcoir à Charles fon Prête dou-
ze mille livres par an , & combien qu'il
fbffift de bailler aux en&ns desllo)S ûtxt
de Comte , le Roy eftoit d*accord , que fi
ion itère n*eftoit content dudit titre , U
que les Terres qu'il ky baillerok ne (nflênt
en Duché ^ de les ériger en Duché 1 le luy
lai/Ter » optre les douze mlUe livtcs » edco^
re jufqu'à quarante mille francs.
Furent les Eftats d'ooinion qu'il dévoie
eftre nemonftréà Monneur de Bourgogne
leurs avis > le qu'il luy plut > attendu la
proximité de lignage dontil atticnt au Roy»
le qu'il eft auSl Pair de France » |c quil
doit garder les droits de la Couronne , le
s'«mt>loyer au bien du Royaume , qu'il le
veuille adhérer, aufdits trois Eftats.
Xes Ducs de Bourgogne , de Bretagne le
de Bourbon n eftoicnt pas à ces Eftats.
Ccc c 1
\i
57» PREUVES DES WEMOîKtS
. ^ oÏ£ont> Salut : Comme ceux des Cité, Villes & Pays de Liège 8c de Looa:
^ ^ ' depuis un an ença , fe fuflènc déclarez Se confticuez ennemis Se adver^
iaires de mon très-redoucé Seigneur Se Père » de nous^, de des Pay^ Se
Seigneuries de mondicSeigneur, contre lesquels ils euflènc meu & fufcicé
guerre > à loccafion de laquelle il eurent fait plufîeurs maux Se domma*
ges efdiits Pays & Seigneuries de mondit Seigneur , Se les noftres s Se
pour obvier à la réparation , que moyennant Tayde de Noftre-Sei-
gneur , mondit Seigneur Se Père entendoic Se pouvoit avoir des ou-
trages , ofifenfes , injures & dommages par eux faits Se perpétrez , &
cfchever les maux Se inconveniens, qui à cène caufe , & ila grand coul-
pe defdits de Liège & de Looz , eitoient apparens de advenir, iceus
des Cité » Villes & Pays de Liège & de Looz , ayent , tant par nos très-
cbers & amer confins lesComicsxle Meurs Se de Horne, comme par-
certains leurs députez » fait fupplier Se requérir i mondit Seigneur So
Père > Se à iyous^, que (on bon plaifir Se le noftre fuft d'entendre à traité^
Se appointement de paix envers eux » Se de<oïr Se agred:>lement recevoir
les offres fa\fes à mondit Seigneur Se Père » & à nous , tendantes à amen^
des & réparations honorables Se profitables , fur lefquelles offres entre
les Gens du Cpnfeil de mondit Seigneur & Père , & defdits députez y.
avent efté traité , advifé & accordé les points Se articles, dont la teneur
s enfuit & eft telle : Ceux des Cité , Villes & Pays de Liège Se de Looz ^
pour parvenir à fin de paix avec mon très-redouté Seigneur Monfieur lo
Diic de Bourgogne Se de Brabant , feront & accompliront les points ,
articles Se chofes qui s'enfuivent. Premièrement. Les Maiftres , tous les
Efchevins Se tous les Officiers de ladite Cité , les Doyens des MefHers,.
avec dix perfonnes d'un chacun d'iceux Meftiers, Se d'une chacune Eglir
fe , c'efl a fçavoir , de l'Eglife Monfieur Saint Lambert , dix Chanoines >.
Se de chacune desEelifes fecondaires j Abbayes , Prieurez & Eglifes
Pàroiffiales quatre perfonnes Ecclefiaftiques , Se jufques au nombre de
dix nobles yaflàux de l'Eglife , qui ont fait cette guerre , tous rcprefen-
tans les trois Eflats defdits Pays , viendront devers mondit Seigneur le-
Duc à certain jour , quelque part qu'il fera , en Brabant ou en la Ville de-
Malines ; lequel iour mondit Seigneur fignifiera Se fera fcavoir aufdits
de Liège , & en la prcfence , à teftes nues & à genoux , airont à tort >
fans caufe & contre raifon , ils ont commencé Se continué ladite guerre
contre mondir Seigneur, fcfdits pays & fcs fubjets , que il leur en
defplaifl , s'en repentent de tout leur cœur , Se q^ut s'il l'avoient à com-
mencer, iamais ne> leferoientoucommenceroient, &fupplieront en
toute humilité pour eux , & pour tous ceux de ladite Cité , que mondit^
Seigneur les veuille prendre & recevoir en fa bonne grâce > & leur par-
donner leurs offenfes , offirans de faire Se accomplir les conditions Se
charges cy-après déclarées. Item. Que femblablement les Bourguemaiftres,
Efchevins Se Confeil.defdites autres Villes , & les gens d'Eglife de cha-
cune d'icelles. viendront devers mpndit Seigneur, audit jour qu'il fera,
affigné aufdits de Liège , pour dire & faire telle & femblable reconnoif-
fance , & requérir la grâce de mondit Seigneur , comme defîùs efl dit*.
Item. Que les deffufcuts feront femblable amende honorable à mondic
Sieur de Cbarolois , four les injures qu'ils ont dites Se proférées de fa
perfonne^.
DE PHIL;DE CONflNEJ. 575 ^_^^^^
jperfenne » & auflî qu'ils l'ont défié & pris fon Ghaftcl de PKalàife , 8c "][T^^
ars & bruflc la baflc-cour de fon Chaftcl de Monraigle 5 & lay rendront?
fes dommages & interefts , defquels de la part de mondit Sieur de Cha-
rolois leur fera bailler la déclaration» hem. Pource que en cfette pre-»
fente guerre plufieurs des fubjers de mondit Seigneur le Duc ont efto
Eris &c occis , lefdits de la Cite , Villes & Pays de Liège & de Looz bail-
:ronc dedans la faint Jehan Baptifte prochainement venant , en deniers
comptans es mains du Changeur de cette Ville de Bruxelles, la fomme
de fix mille florins de Rhin , du coin des quatre Eflifeurs de l'Empire y
pour la moitié d'icelle fomme , par ceux que mondit Seigneur commet-^
rra â ce , eftre convertie & employée en ledification & conftrudtion d'u-
ne Chapelle » au lieu où il plaira à mondit Seigneur. En laquelle Cha-
pelle fera efcrit en lieu apparent , la caufe de la conftruâion & fonda^
tion d'icelle. Et l'autre moitié en l'achapt de cent & cinquante florins^
de Rhin de rente heritable; pour la fondation & dotation de trois Mcflcs'
perpétuelles chacun jour en ladite Chapelle , Icfquelles fe diront par
CTois Chapelains tels que mondit Seigneur & fts luccedeurs , Ducs de'
Brabanr , commettront à ce » & ordonneront , Item. Que lefdits fubjets
& les Jufticiers , Cours , Bans & Efchevinages des^pays de mondit Sei-
gneur » tant ceux qui font nucment à luy fubjets fans mo^en , ououiluy^
appartiennent en communion & par inaivis> comme aufli tous les uibjets*
de fes vaflaux de tous fefdits Pays , ou qui font de fon ancienne garde
ou advouerie , qui par cy^devant ont ufé delà Loy de Liège , ou qui par
aucune manière ont refllorty par chef de cens , ou autrement , en laoite^
Gité ou efdites Villes , font & demourront exempts defdits reflbrts chef
de cens. Et aufli ne feront lefdits Jufticiers , Cours , Bans Se Efchevina-^
ges , ne* aucuns de fes fubjets, de quelque Pays qu'ils feroient , ou ap-
partiennent à mondit Sçigneur, foiten Brabanr, Limbourg ,. Luxem-*
Bourg, Hdynaut, la Roche en Ardenne^ chacun ne autres quelconques'^
tenus de refpondre d'orefnavant à tannél du Palàisà Patron à Liège, ne
autrement, ainçois feront 8r demourront à tousjoursfi'ancs', quittes Se
exempts de la puiflànce, Jurifdiâion Se connoiflànce defidits de la Cité
de Liège , & des autres Villes & Villages d'iceluy Pays , & des deffiifdi-
tes Cours de Lannel du Palais- dudit Patron, & defdits chefs de cens>.
reflbrt & autrement. Item. Que lefdits de Liège & Pays ne pourront
jamais eux armer ne mouvoir guerre , de ladite Cité ou defdites Villes , -
ne leurs Chaftellenies à l'encontre demondit Seigneur, on de ks fuc-*
certèurs , Seigneurs defdits Pays & Seigneuries , que mondit Se^neur-
lient à prcfent , ne leur faire ou commencer guerre, & auflî ne pourront'
jamais taire alliances avec ^ucun Prince Ecclefiaftique ou feculier, ou^
avec Communautez, fans le fceu de mondit Seigneur, ou de fefdits >
(uccertcurs , Ducs , Comtes & Seigneurs des Seigneuries à luy apparte- •
liantes , & qu'il n'y foit compris ou excepté Se refcrvé, s'il le veut eftre.
Air peine de deux cens mille florins de Rhin , pour euxi commettre -
pour une chacune fois qu'ils feront le contraire , Se à appliquer â mon-
dit Seigneur & àiefdits iucceflèurs. lum. Pource c{ue lefdits de Liège
ont fait alliance contre mondit Seigneur , ce que faire ne pouvoient fe-*
Ion le coBtenu defdits traitez > ils renonceront aufdites alliances , &^
Ce ce y rendront^
Î74 PREUVES DESMEMOrHES
rendront & bailleront à mondit Seigneur les Lettres qu'ils ont de ceux
1 4&&« ^^^ lefquels ils fe font alliez > ou du moins vidimus de£iites alliances,
au dos duquel fera efcrit comment ils y ont renoncé* Et ce fait feront
dHieence oe recouvret les Lettres qu'ils ont baillées à ceux avec lefquels
ils le font aUiez y en rendant celles qu'ils ont d'eux , fans malengin.
Item. ConCentitont & reconnoiftcont mondit Seigneur dcfefdits fuccef-
feurs ) Duc3 de Brabant & de Limbourg eftre gardiens & advouez fou«
verains berirables des Eglifes & defdites Cité , Villes & Pays de LÎMe
& de Looz, & que au moyen de ladite gardienneté & advouerie, momfît
Seigneur & fefdits fuccefleurs auront faculté » pouvoir & autorité de
faire > garder & entretenir aufdites gens d'Eglife 9 aufdits de la Cité Se
defdites Villes 6c Pays de Liège & de Looz > leurs bons droits » franchi-
fes y privilèges & libettez » ^ de faire ceflèr toutes voyes de fait & re«
bouter toutes commotions y port d'armes & violences , & les addreflèr
quand le cas le requerra , ou que requis en feront y 8c pour ce faire pro-
mettront Icfdits de la Cité 6c defdites Villes , 6c pays en leurs chefs, 6c
au(n comme reprefentans membres , avec les autres Eftats afSfter â mon-
dit Seigneur 6c à fefdits fucceflèurs en , & pour l'exercice dudit droit
d'advouerie & de gardienneté y fans faire par mondit Seigneur ou feidits
Aicceflèurs > au mo]ren de l'advouerie fouveraine 6c gardienneté , dont
deffus eft faite mention , préjudice aux advouez particuliers efdites Ciié
Se Pays de Liège 6c de Looz , 6c fauf ûfiûi en autres chofes le droit »
hauteur 6c Seigneurie de mondit Sei^eur de Liège Se de fefdits fuccef-
(eu. liem.. Et pour reconnoiflànce perpétuelle de ce , lefdits de la Cité»
Villes 6c Pays de Liège 6c de Looz , afïèoiront 6c afCireront bien 6c
(uffifamment la fomme de deux mille florins du Rhin dudit coin d'iceux
2uatre Eflifeurs , de rente heritable pKOur mondit Seigneur y 6c fefdits
icceflèurs>) Ducs de Brabant & de Limbourg, advouez fouveraias 6c
gardiens en la manière dite s Se promettront de icelle fomme de deux
mille florins de Rhin payer chacun an en la Ville de Louvain à deux ter-
mes ; c'eft à Cqvfoky la moitié à la fàinc Jehan Baptifte, & l'autre moitié
à fefte de Nod , & efcheoira le premier terme audit jour -de faii>t Jehan
prochainement venant ( i). Et par ce moyen mondit Seieneur & fefdits
fwcefleurs , comme advouez & gardiens , Ducs de Brabant & de Lim-
bourg, garderont ^ entretiendront lefdits des Eglifes , Cité , Villes &
Pays y en leurs bons droits , franchifes , privilèges -& libercez, e(quels
la Loy les doit (auver 6c garder, 6c auffi Us aydetont de toute ksur poif*
fance contre ceux qui 5 înjuftement 6c par voye de fait , les voudroiesic
grever ou dommager, pourveu qu'ils feront tenus de efter à droit devant
mondit Seigneur & fefdits fuccedèurs , fur ce que ceux qui les vou-
(iroient grever , & par voye de fait leur voudroiént aucune chofe de-
mander ] 6c fe lefdits querellans ne fe veulent à ce foumettre , mondit
Sgr. fera aafdi)t$<le la Cité 6c Pays ladite ayde 6c affiftance^ & auffi ils
feront tenus deux y ayder Se employer j 4nii qu'ils ont laccouftumé en
leurs
(0 Marie de Bourgogne a depuis renon-
cé à tous droits & allions qu'elle auroit pu
;^voir far Iç Pays de Licge ^ en venu ncs
Traitez de Paix , dcrquèls elle ii*cft d^or-
tée par Lettres du dix-neuf Mars mil qua-
tre cçns foizante-fcizeott 1477*»
ft^
DE PHIL. DE COMINES. j7y
feun- guerres ôc armées. Iian. Lefdics de la Cité, Villes 6c Fays de Liège
. & de Looz payeront à mondic Seigneur» pour les defpens ^ donunages ^ 4^ ^
& incerefts loufteous par kty & fes fubjecs». au moyen & i i'occafion de
ladite guerre > fans la charge coutesfois des vaHàux & fubjets de mondit
Seigneur & de ceux c^uionc tenu Ton party , ayans biens efdits pays de
Liège & de Loox » la lonune de trois cens quarante mille fbrins du coin
& charge defdits quatre Eâifeurs de l'Empire , à prefent courans* Item^
-Confentiront lefdits de la Cité > Villes & Pays de Lie^ Ôc de Looz,
que à tousjours mais , quand mondit Seigneur le Duc ouTes fuccedeurs»^
ou Tuii d'eux , Ducs ic Comtes des Pays qull tientiprefem , voudroienc
paflèr la rivière de Meuze par aucune partie defdits Pays de Liège & de
Looz ou autres» les pafls^es & repaflâges leur foient &: feront ouverts» par
Îuelque ville ou paflage qu'il foit > tel qu'il plaira i moadit Seigneur le
>uc , ou à fefdits Aiccefleurs , Seigneurs des Duchez & Comtez à luy
appartenans , ou d'aucuns d'iceux , Toit qu'ils veulent paflèr à tout gens
d'armes ou autrement » fans mefiaire aux gens des demirdites villes &
paflages , & que vivres leur feront adminiftrées pour leurs deniers fans^
les renchérir pour cette caufe. lum. Auront cours 6c feront receuës es
Cité , Villes & Pays de Liège êc de Looz de(Cifdits » les monnoyes fai*-
tes 6c forgées par mondit Seigneur le Duc » & fefdits fucceflèursDucs,.
Comtes & Seieneurs des Pays qu'il tient prefentement , pour au tel prix,
& valeur qu'elles auront cours , 6c feront allouées es pays de mondit Sei-
3neur 6c (efdits fucceflèurs. lum. Ne pourront jamais ceux des ViUes^
e Tuing» Foflè & Convins , ne autres quelconques des Cité > Villes &
Pays deflufdits , faire ou édifier Villes fermées ne Fortereflès q[uelcon-
^ues > de Namur en allant devers Haynauc » entre & fur les rivières de
Jkleuze & de Sambre. Item. Et au regard de Monfieur de Liège > accor-
lieront 6c promettront de luy obéyr » & le tenir & reputer cosiime
* leur Seigneur , & rendre obéyflànee â noftre Saint Père le Pape , & aux
Sentences & Mandemens Apoftoliques > luy rendront fes rentes & rêve-
4IUS y qu'ils ont perceus durant la guerre » luy feront amende honorable
6c profitable , 6c re&tution de tous dommages qu'ils luy ont faits» dcC-
auelles amendes » dommages £c imerefts â nn civile & honorable mon-
it Seigneur de Liège baillera la déclaration à mondit Seigneur le Duc»
& pour fur ce ordonner & appointer comme bon fembucra â mondit
Seigneur le Duc & â mondit Sieur de Charolois > â fin honorable & ci-
vile pécuniaire tant feulement» fans toucher aux corps ^'aucunes perfon-^
nés , ne aux droits 6c Jurifdiâions de mondit Seigneurde Liège » ne au£
aux bons droits » privilèges » franchifes & iibertez defdites Cité , Villes^^
Se Pays » efquels la Loy les doit fauver & garder^ iceux des Cité» Villes
• & Pays de Liège & de Looz s'en foumettront à mondit Seigneur le Dtic
& à mondit Sieur de Charolois» 6c promettront de faire & accomplir
ladite Ordonnance , qui fera faite eux oys » fans jamais venir au con-
traire, lum. Et par ce moyen bonne paix perpétuelle fera entre mondit
Seigneur » fefdits pays 6c fubjets » 6c lefdites Cité » Villes & Pays de
Liège & de Looz » y compiife la Ville & Chaftellenie de Sainn^n & de
Haufban » & généralement tout le Pays de Liège & de Looz » hormis^
ceux de Dinant , & aoffi faâs y comprendre ceux de la Ville & Chaftel-
lenie
t
57^ PREUVE^ DES MEMOIRES
lenie de Huy , lefqudls de Huy fe font des)a roamls à l'ordonnance êc
1466. volonté de mondit Seigneur , Se parmy ce touœs offenfes faites dcp^is
iadite guerre Se a Toccafion d'icelle » tant d'une pan que d'autre > font 8c
feront remifes , efteintes &c abolies > (ans que aucune chofe en puidê
xftre reprochée ou demandée » Se pourront lefdits fubjets d'une part Se
d'autre communiquer » tant en marchandife ^ue autrement , comme ils
/aifoient paravant ladite guerre » fans malengin. lunu Et au furplus ceux
xjui font compris en ce pre(ent traité de paix» tant d'un cofté que d'au-
tre » retourneront i leurs biens immeubles » héritages & fiefs , en l'eftac
& à la charge qu'ils les trouveront ; Se au regard &s meubles ou rentes
xl'argent » ou autres rentes quelles qu'elles foient , prifes & occupées
depuis la guerre & à l'occafion d'icelle > demourront a ceux qui les au^
ront levées ou receucs -> Se auffî toutes rentes > dettes & meubles empef*
chez ou faifis par Juftice es Pavs de mondit Seigneur , luy demourront«
lum. Tous les points Se articles cy-devant déclarez feront ratifiez , ap^
prouvez , louez , gréez & revalidez par lefdites Cité » Villes & Pays , par
forme Se manière des trois Eftats defdits Pays de Liège Se de Looz , oui
à cette fin feront allemblez , & qui bailleront leurs Lettres en forme due»
Se avec ce pour l'accompliflèment d'iceux points Se articles feront bail-
lées les (uretez en tel cas accouftumées & requifes » Se telles qu'il plaira
i mondit Seigneut le Duc ; & aufli lefdits députez defdites Cité , Villes
Se Pavs , en enfulvant Se accompliÛànt le contenu au troifiefme des arti-
cles dcflufdits , pour nos injures » dommages & interefbs ayent appointé
envers nous à certaines Cbmmes dJe deniers plus à plain déclarées es Let<
très , qui fur ce ont efté faites , & de & fur lefdits traités Se appointe-
mens noftre très^cher Se très<-amé frère Se coufin Loys de Bourbon » efleu»
confirmé , les Doyen Se Chapitre de Liège , les nobles Se lefdits des Cité
Se Villes reprefentans les trois Eftats defdits Pays de Liège & de Looz ^
nous ayent au nom de mondit Seigneur Se Père , Se de nous 9 fait & pafle
leurs Lettres *, en nous teès-humblement fuppliant que en louant & ap-
prouvant lefdits traitez Se appointemens , il nous plaife leur bailler Se
oâroyer nos Lettres patentes en forme duc : Sçavoir .faifons» que nous
f>our& au nom de mondit Sgr. & Père, comme fon Lieutenant General»
& par fon exprès vouloir & commandement , & auffi en noftre propre
nom , pour honneur & révérence de Dieu noftre Créateur , pitié Se conv-
paffion du pauvre peuple » & afin d'efchever Se faire cefièr les grands Se
^nnumerabies maux Se dommages procedans de guerre & diviuon » â ce
que mondit Seigneur puiflè eftre lervy , honnore & révéré , & le peu-
ple en tous Eftats vivre en fureté , tranquillité & bonne paix > de noftre
certaine fcience , franche volonté , & par grande & mûre deliberaticia
de Confeil , pour mondit Seigneur Se Père » nous » les hoirs & fuccef-
feurs de mondit Seigneur , Se les noftres à tousjours , avons loué , gréé, ^
ratifié , confenty , approuvé , louons , gréons , ratifions » confentons &
Se wprouvons tout le contenu efdits articles en tous leurs points ^ ainil
jqu'ih font cy-deffus incorporez & tranfcrits , & avons promis & pro-
mettons, de bonne foy , en parole de Prince pour mondit Seigneur Se
Père , nous, lefdits hoirs Se fucceilèurs de mondit Seigneur Se les noftres
^ tousjours^ iceux articles >i6c toutes les cbofesy contenues > en tant
qu'U$
DE Ï>HIL- DE CÔMINES. qt-
iqtf Us couchent & toucher peuvent ou pourront à nv^ndic Seîgneiur & ""T7^
Pete » nous » lefdits hoirs & fucceflèurs de tnondit Seigneur y 8c les nof- ^
toes , garder , entretenir , obferver 6c accomplir félon leur forme & te-
neur , fans jamais faire » ne foufFrir faire aucune chofe au contraire , ÔC
mefmement & expreÏÏëmeat promis & promettons pour mondit Seigneur
& Père , nous » lefdits hoirs & fucceflèurs de mondit Seigneur > & les
Doftres , Ducs & Duchefles de Brabant & de Limbourg , que demourans
lefdits traitez &appointemens en force & vigueur , Ôc fans aucune chofe
y déroger ou prejudicier, mondit Seigneur & Père, & nous , comme
gardiens & advouez fouverains heritables des gens d*Eglife , Cité, Villes
& Pays de Liège & de Looz«deflufdits > garderons & entretiendrons , Ôc
nofdits hiirs & fucceflèurs » garderont & entretiendront nbftredit frère
& coufln lefleu confirmé , leldits Doyen &c Chapitre » nobles & leurs
fucceflèurs, 8c aufli lefdits des Cité, Villes & Pays de Liège & de Looz
& leurs fucceflèurs , leurs bons droits , franchifes, privilèges 8c libertés
efquels la Loy les doit fauver 8c garder , ainfl pat la forme & manière
contenue es huitiefme 8c neuviefme, & en outre , & en tant quemeftier
fèroit » ferons ratifier toutes les cbofes deflufdites par mondit Seigneur 8c
Bere , toutes 8c quantes fois que requis en ferons , pourvu toutesfois
que lefdits efleu confirmé , Doyen & Chapitre , Nobles , Cité , Villes
8c pays deflufdits, & leur^ fucceflèurs à tousjours chtcun en fon endroit
Se comme toucher luy peut 8c pourra, garderont, entretiendront de leur
codé lefdits traitez & appointemens , ainfi & par la. forme 8c manière
qu'ils font contenus & déclarez efdits articles : En tefmoin de ce nous
avons fait mettre noftre Scel à ces prefentes. Donné i Vichtmale en
aoftre oft le vingt-quatriefme jour de Janvier, Tan de grâce mil quatre
cens foixante-cinq.
L X X X V.
Lettres de Jean f Comte de Nevers , p^r Ufquelles U remet au Comte de
Charolois la garde defes Comte[ de jNever$ & de RetheL
AEnglemondier, le %%• Mars 14^5. avant Pafqoes.
JEHAN, Comte de Nevers , de Rethel 8c d'Eftampes , Baron de Xvci de
Donzy & Seigneur de Dourdan. A tous ceux qui ces prefentes Let- rEdidon
très verront , Salut : Comme nos Pays 8c Seigneuries foient voifins 8c de M. Go«
prochains des Pays 8c Seigneuries de mon très-redouté Seigneur & On- dcftoy.
cle Monfeigneur le Duc de Bourgogne ^& qui, après luy, appaniendront
à mon xrèsredouté Seigneur & Coufin Monfeigneur le Comte de Cha-
rolois , fon fils , parquoy aux moyen , ayde & emport de mondit Sei-
gneur & Coufin , iceux nos Pays 8c Seigneuries peuvent eftre gardez &
entretenus en bonne (ureté , 8c relevez de toutes voyes de fait 8c op«
prellions inducs. Sçavoir faifons , que nous pour ces caufes , & auflî que
dêfirons nous rejoindre & reunir envers mondit Seigneur & Coufin, 8c
recouvrer fa bonne grâce , de laquelle nous avons puis aucun temps en«*
91 efté efloigné « parce que par enhort de petit Confeil nous fomme;
Tjome lu D d d d conduits
Î7« PREUVES DES MEMOIRES
conduits envers luy par manière donc il n'a pas efté content j 8c afin qne
^4^5* mondit Seigneur Se Cou An puî(& d'oreTnavant pcendte 8c aviair fiance de ^
nous & de nofdits Pays Su Seigneuries , d'ùseux Te iîervir , & parce moyen
novsr mppsUev à fa^ bonne grâce » & avois nofiiits Pavs & Seigneuries ca :
plus efpeciale recommandation , Se pour autres cauies & confidecations :
mefmenaem , car ainfi nous plaift , avons £iit 8c fàifons de noftre cectaii- >
ne fcience , ftanche 8c libérale v<^onté , & pour le bien érident de nous
8c de nofdits Pays^ mondit Seigneur & Cou/în de Charotois gardien
irrévocable de nos Pays de Comtez de Nevers & de Rechel > & auffi de
nos Baron nies de Donzy , Rofay » & autres nos Terres 8c Seigneuries >
ti avons voulu y confemy 8c ordonné , voulons-, confenrons & ordon*
nons 9 & nous plaift y que nos deux Gouverneurs 8c nos deuxftûllifs de
Nivernois 8c Rerhelois , & les Capitaines de nos Villes , Places & For-
rereflès quelconques, prefens & advenir » feront d'orefnavant commis
Ce eftablis par nous en leurs Offices i la nomination de mondit Sei«
gneur 2c Coufin Monfeisneur de Cbarolois, donttt nous appecra par
{es Lettres patentes, & des lors feront en fes mains le ferment tel quit'
appartiendra , par lequel ils luy promettront expreifcment que en aucu-
ne manière ils ne nous ferviront à l'encontre de luy , fes pays & fubjets
fiins ce qu'ils foient tenus de faire es mains denous, ou de nos Officiers»,
autre ferment contraire ou préjudiciable au ferment deffiifdit , 8c autre*
ment ne feront ou pourront eftre par nous commis ne inftituez en leurf--
dits Offices, 8c avec ce ne les pourront defmettre , defcharcer ne defap^
pointer d'icenz Offices fans le fceu de confentement de mondit Seigneur & •
Coufin,lc(}uel confentement il donnera quand dûcment luy apparra qu'ils^
auront fait Se commis faute , parqu'oy ayons caufe raisonnable de lest
priver & defchargef de leurfdits Offices , aucjuel cas^euxqui feront com-^
mis en leurs lieux , feront par nous commis à, la nomination de luy >
dont il apparra auffi par fes Lettres patentes , & feront ferment en les
mains comme deffiis t Si donnons en mandement par ces mefmes prefen-
tes à tous Prélats , perfonnes d*Eglif^ , Barons , Vaflfàux , Nobles, Com-^
munautez , Bour^ois , Subjets , Jufticiers 8c Officiers de nofdits Pays >
Comtez , Baron nies & Seigneuries deffiifdites , fingulierement à nofairs^
Gouverneurs, Baillifs Se Capitaines prrefens & advenir , que le contenu
en ces prefentes ils gardent , entretiennent & obfervent de point en
point! , fans faire ou aller au contraire en quelque manière que ce
ibit , nonobftant tous fermens de fidélité , de lervice & de fubje&ion ,,
que nofdir^ Gouverneurs , Baillifs & Capitaines ont eu vers nous , 8c
nous auroient 8c pourroient avoir faits , defquels fermens te autres:
aftrinftions quelconques les tiendrons , Se dès maintenant tenons , en
nous obéyffitnt au casprefent , pour quittes, abfous Se defchar^ez ptei*
iiement Se entièrement*, 8c au iurplusils , 8c tous antres nos Officiers Se
Subjets quelconques obéyflènt d'orefnavant â mondit Seigneur 6c Coufi»
en nofdits Pays , Comtez , Baronnies & Seigneuries , comme^gardien:
d*iceux, &luy fafiênt pleine ouverture en nofdites Villes, Places Se
Forterefiès , ou à fes commis , à ce tout ainfi qu'ils feroient , doivent Se
(bm tenus de faire à nous mefines , car ainfi nous plaiftiL : En tefmoin
Jk ce nous avons fait menre noftce Scel à ces prefentes. Donné â Engle^
moniuar
^
DEPHIL. DE COMINES. 579
ino&fiier le vingt-deuadertne Jour dt Mars , Tan de gcace mil quarre cens
Xbixanre-cioq avam Pafaucs. Signé ^J eh ah y avec paraphe. Etjur U *. ^^5*
^fy- P^ Monseigneur leCooife » B&rthaulx , avec jparaphe. EtfitUi
^un SficoM en cire rouge pendant JLdeuUc ^uue de parchemin.
L X X X V I. •
Jlenoncioiion de Jean , Comte de Nevers , a toutes fes préuruions Jiir les
Ducht[ 'dit Luthiers ^ Braiaat St de Limbourg^Jur UMarquifat
d*jinvers & Terres d^Outre-Meufè.
•
A Eoglcinooftier , le 4^. Mars 14^5. devant PaTques.
JEHAN, Comte de Nevers , de Rechel & d'Eftampes > Baron de Tiré de
Donzy & Seigneur de XDou^dan. A tous ceux qui ces prefentes Lee- rEdklon
cres verront, 3flut : Comme puis aucun temps, amfi que nous avons de M. Go-
entendu , fe foient efmcus & eflcvez voix & langage es Pays.& Duché àdtoy.
.de Brabant , & autres Pays vpifins , que nous prétendions avoir droit &
raifon es Duchez , Seigneuries , Pays & Terres de Lothiers , de Brabant,
-de Limbourg , d 'Anvers & d!Ou tre-Meuze , leurs appanenan.ces & appen*
élances quelconques , lefquelsnou^ entendions mamtenir & quereller â
jious con^eter & appartenir, tant au moyen de certains (partages Se
«traitez faits par feu de très^oble & très haute mémoire Monfeigneur
Philippe, Fils de Roy de France, Duc de Bourgogne , noftre très-cher
Seigneur ic ayeul , que Dieu abfolve , entre aum ae très-noble mémoire
Jelun , Duc de Bourgogne , Seigneur Anchoine, Duc de Brabant , &
nonre très-cher Seigneur & Père Philippe^ Comte de Nevers & de Re-
thel , fesienfans \ que auiC j>our raifi^n ic au moyen de la proximité àt
lignage, que feu noftre très-cher Seigneur & Frère Charles , Comte de
Nevers dernier trefpa0e > & nous , attenions à feu Jehan & Philippe,
enfans dudit Anthome,I)up de^rabant ; lefquelles voix & langagefoient
yenus à la connoiflànce de mon très^redoute Seigneur & Qncle Mon-
feigneur le Duc de Bourj^ogne & de Brabant, & de mon très-redoute
Sagneur & Coufin Monfeigneur le Comte de Charoloisfon fîls, lefquels
^ cette caufe ayentpris & pu .prendre imagination envers nous, que
^efdites voix & langage furent euneus & eflevezde par nous.& à noftre
jtnoven. Sçavoir failons, que nous confidjcrans que iommes iiTu & party
de ladite ,tcès-noble Maifon de Bourgogne , de laquelle mondit tres-re»
douté Seigneur & Oncle cft à prefent ,.& mondit très-jcdouté Seigneur
;& Coulîn , comme fon feul âl5^& héritier, fera après luy chef, que en
icelle Maifon nous avons efté noiirr^ &.eflevé depuis noftie jeune âge ,
ayans en mémoire les grands biens & {honneurs que nous avons eu de
iadite Maifon , & defirans ofter toute matiere.de Tulpiçion , imagination
& defplaifîr de mefdits Seigneur Oncle & CouHn envers nous , & pour
reconnpiftre vericé à racmut de nos confcicnce & honneur , après que
avons efté ceruorez , aavifez & bien informez defdirs .partages &
traitez , de ladite proximité de lignage &. de toutes autres caufes , rai-
Tons & moyens , pour kfquels on ponrroit dire , alléguer ou prétendre,
Ddad 1 que
58o PREUVES DES MEMOIRES
que en tout ou en partie nous eu(Cons ou deuffions avoir droit efdit^
* 4^ $• Duçhez & Pays deflîis déclarez , & auffi des couftumes Se ufances , St
de tous autres traitez & appointemen» faits entre les Ducs & Ducheflè^.
d'iceux Pays & Duchez touchans & concernans cette matière , de noftre.
certaine fcience , propre mouvement , pure & franche voulentc , par
bonne & meure délibération de confeil > fans force , contrainte , m-
du£fcion , dol ou malengin , avons conneu > confeÛe & déclaré , & par
la teneur de ceftes connoiflbns^confeflbns & déclarons que noftredit (tu
Seigneur & frère , & nous , jamais n'avons eu ^ n'avons & n'entendons»,
ou prétendons avoir aucun droit , part ou portion efdits Duchez > Sei-
gneuries , Pays & Terres de Lothiers , de Brabant , de Limbourg , d'An-
vers & d'Outre-Meuze , leurs appartenances & appendances quelconques^
ibit au moyen defdits traitez & partages de ladite proximité de lignage-
ou autre titre , caufe , raifon , moyen , droit efcrit & non efcrit , couftu-
me eenerale ou particulière > ne autre quelconque qu'on pourroit ou
voudroit dire ou penfcr en manière que ce foit , & que en iceux Pays,
Duchez & Seigheuries nous ne voulons & n'entendons quereller, main-
tenir ou prétendre aucun droit, adtion, Seigneurie, portion, partage
pour le prefent ou pour le temps advenir, ains connoiflon», confeHbns.
& déclarons mondit Seigneur & Oncle avoir efté & eftre vray & feul
héritier > Seigneur & poflcfleur defdits Duchez , Seigneuries , Pays &
Terres de Lothiers , ae Brabant , de Limbourg , d'Anvers & d'Outre-
Meuze , leurfdites appartenances & appendances , Se ieeux avoir tenu
& poflèdé de long-temps paifiblement y au veu Se fceu , & km» aucun ^
contredit de noftredit feu Seigneur 8c Frerc , & de nous , & que après *
mondit Seigneur & Oncle mondir Seigneur & Coufin fon fils , fer^ 5c
demourra , doit eftre Se demourer vray & feul héritier , Seigneur &
poffefleur d'iceux Pays , Duchez Se Seigneuries, fansque à noftredit feu.
Seigneur Se Frcre, Se à nous ait appartenu, appartienne ou puifle appar-
tenir aucun droit , ponion ou panade par les couftumes Se nfknets ctf-
dits Pays 8c Duchez , & par autres titres^ , traitez-, appointemcns , cau-
fcs Se moyens , defquels nous fommes Se nous tenons eftre pouri plein-
& fuilifamment informez & ceniorez , fans ce que jamais foit beioin >.
pour la vérification du contenu en cefdites prefentes , en faire aucune
preuve , exhibition ou demonfttance , defquelles preuves & exhibitions^
nous , en tant que befoin eft , tenons pour defchargé Se defcbargeons
mondit Seigneur Se Oncle , mondSt Seigneur & Coufin , leurs m)irsv
fucceflTeurs Se ayans caufe , & nonobftant quelconque preuve ou exhibi-
tion qu'on feroitou voudroit fiiirc d'autres titres , traitez , appointe-
mens , couftumes , ufances., ou autres chofes qudconques , & lefquek-
titres , traitez , appointemens Se autres chofes , fe aucunes en font ou
cftoient au contraire de ce que dit eft, nous voulons^, tenons & decla^
rons eftre & demourer caftez, annuHez & de nul effet , & que- d'iceux.,
nous Se nofdits hoirs^ Se fuccedèurs ne nous puiffions ayder en aucune
manière contre & au préjudice de mefdits Seigneurs Oncle Se Coufin >
leurfdits hoirs & ayans caufe, & iceux titrés, traitez Se appointemens ,fe
aucuns eftoient ou venoient cy-après en nos mains , ou oe nofdits hoirs»
leur psomettons bailler » rendre & délivrer fans delay quelconque > &
DE PHIL. DE COMINES. ^tt
en outre pour plos ample déclaration &ferinetédc cequc diteft ,& afin ; , . g„~
que jamais n'en Cou on puiflç eftre douié ou difficulté poui nous , nofdits^ ^ ^'
hoirs , fucccflèurs & ajrans caufe , avons quirre , renoncé Se delaiflîf , 8c
par ccfdites prefcntcs quittons , renonçons & dclaifTons d'abondanr , en
tant que meftier eft ou reroit , es mains Se au profit de mondit Seigneur
ic Onctc, mondir Seigneur & Couiin , leurs noirs, fucceflèurs & ayan»
caufe à tousjours , tout tel droit , aâion > pan & partage , que noftredîc
feu Seigneur & Frcre, & nous avons Sc pourrions avoir Se prétendre
eCdits Duchez, Seigneuries, Pays flc Terres de Lodûers, de Brabant, de
Limboaig , d'Anvers & d'Outtc-Mcuze , leurfdites appartenances & ap-
pendanccs quelconques , i quelque titre , caufe ou moyen que ce foit,
comme dedas cft dit > & avons promis Sc promettons par la foy & fer-
ment de nofke corps y fur noftrc honneur , par noftrc ferment pour ce
donné aux faines Evangiles , & fous l'obligation de tous nos biens pre-
icns 8c advenir, pour nous, nofdits hoits & ayans caufe , lefditcs con-
noilTance , déclaration , cemon , département , renonciation , & tout le
contenu en cefdites prefcntes avoir & tenir fermes , ftables Se agréables
inviolablement & k tousiours , fans jamais par nous ne autre , direâe-
ment ne auctement faire , pourchailer, ne confentir aucune chofe au
contraire , aïns tout lecontenu en cefdites prefcntes entretenir de point
en point félon leur forme Se teneur , mefmemenc Se expredî^ment avons
promis Se promettons , comme dellus , en tant que befoin fera , au cas
ie quand que par mondir Seigneur Se Oncle , ou mondir Seigneur Se.
Coufin, requis en feront, de «ire, louer, confirmer & approuver nofdi-
tcs déclaration , connoifTancc, ceflion , département Se renonciation
efdits pays deflus déclarez , Sc faire tous les devoirs i ce convenables Se
■ requis , tant en l'anèmblée des trois Eftats d'ieeux Pays , Se en tous- au--
très lieux que befoin fera , & qu'il plaira i mondit Seigneur & Oncle ,
mondit Seigneur Sc Coufin , leurs hoirs Sc ayans caufe Se chacun d'eux,
& pour ce faire nous rranfporter en noftrc perfonne efdits pays & au-
tres lieux defliifdits,! la feule & première requefte de niefdits Seigneurs-
& de chacun d'eux , ceffans toutes excufations , & nous fbmmes fou-
mis&: foumeitons par cefdites prefcntes anr Jurifdiâions , coherrions
& contraintes de noftre Saint Père le Pape , de l'Empereur ,. 8e de toas>
■ Roys , Ducs , Comtes , Seigneuries, Communautez dc autres Cours,
tant d'Eglife , comme fccuticres , par lefquclles S chacunes d'elles nous
voulons eftre contraints Se compellez jufquesà p]einaccbmpliflëment&
entherinement des chofesdeffufdites , Se de chacunes d'elles la cohci;-
tion Sc contrainte de l'une d'ieelles Cours non ccflàntc pour i'aurrc , &
avons renoncé Sc renonçons expreflëmcnt à tous droits "
viteges , ftatuts , ordonnances , exceptions', dcSènfe ,.i
fation de ferment , Sc autres moyens quelconques , par
ou en partie , on pourroir ou voudroir venir au contrai
cefdites prcfenrcs , au vidlmus defquelles , fait fous S
nous voulonsfoy eftre adjouftéè comme à l'origilTal r'.
nous iccUes avons de noftrc main , fait fccllér de nof
fêin^ manuel de noftrc Secrétaire, cy fubfcripr. Donné â Englemonftier
lie vmgfdeusiefme jour de Mars, l'an de grâce milauatre cens foixantc-
D d a d 3. cinq,.
^__^ sSt PREUVES DES MEMOIRES
^TT^" cinq devant PaTques. Signé , Jehan » avec paraphe. Et fur le rtply. Par
^ ^ * Monièigneur le Comte » & Signi^ Berthault , avec paraphe. EifcclU
d*un Sceau en cire rouge pendant à double bande de parchemin , auiqueU
.les Lettres eft attachée avec un tiret £ms Sceau lacedule fuivante.
Le vingt-^leuxiefme jour du mois de Mars » Tan quatorze cens foi-
xante-cinq ^ felon le ftyie de la Cour de Brabant » pardevant le Lieute-
nant de Moofeiçneur le Duc ^ de Tes Fiefs de Brabant y Meflire HtnrUus
Mamus Chevalier, i'eift Monfei^eur le Comte de Nevers , &c. recoa-
noiSânce> déclaration & renonciation des Duchez 9 Pays » Terres & Sei-
gneuries de Lothiers , de Brabant & de Limbourg ^ d'Anvers & d*Outrc-
Meufe , & de toutes leurs appanenances Se dépendances > félon le con-
. tenu des Lettres illec fonnées , promettant ledit Comte de fa main en la
main dudit Lieutenant > par fes foy & ferment pour luy » fes hoirs &
fucceUeurs > d'entretenir & accomplir le contenu defdite Lettres & fe$
. promedès , & de non venir à l'encontre en aucune manière , pour & au
profit de mondit Seigneur le Duc , de mon Seigneur de Charolois, leurs
hoirs & fucceÛèurs perpétuellement, prefensMeflires Gautier de le Noqt
. & Jehan Taige > Chevaliers , Maiftres Gelden de le Noot & Jehan de
Groote , Licentiez en Loix , Confeillers , & Inghelbert de Dielbeke »
hommes féodaux de mondit Seigneur le Duc , & plufieurs autres. Si'
gné p J. DE Da , avec paraphe.
L X X X V I *.
CeJJion & tranQfonfait par Jean , Comte de Nevers 9 au profit du Duc
de Bourgogne & du Cornu de Charolois 5 d*un€ rente defix mille livres
& des villes ^ Terres & Seigneuries d'Auxerre ^ fTorne p Oofi-Worne >
la BrielU & autres^
A Englemooftler , le ix. Mars 14^5.
#
Tiré de T E H A N , Coi^ite de Nevers ^ de Rcthcl & d'Eftampes , Baron de
rEditioQ J Donzy & Seigneur de Dourdan« A tous ceux qui ces prcfcntcs Lettres
de M. Go- verront , Salut : Comme rhon très-redouté Scignei^r & Oncle Monfei-
^ ' gneur le Duc de Bourgogne , au traité de noftre mariage , pour avance-
ment d'iceluy , StC pour amour fînguliere qu'il avoic à nous, mefmement
3ue pour lors nous ne tenions aucunes termes ou chevances , nous euft
onné la fomme de fix mille livres pari& de revenu par an , & promis
d'îcelle fomme nous aiEgner bien & fufiifamment *, à {çavoir , trois mille
, livres parHis de quarante gros ^ mormoye de Flandres la livre, es Marches
de Picardie ou Flandres , & trois mille livres paû(is en Bourgogne,
Kur JefqueUes iix mille livres de revenus mondit Seigneiu .& Oncle, en
Q mil quatre cens trente-fe|it^ nous cuft baillé > xedc & tranfpo^té a
tousjours pour nous & nos hoirs légitimes procréés de noftte corps , &
les hoirs de nos hoirs, foîent niafles ou femelles defcendans en direébe
. ligne., la Cité & Comté d'Auxerre avec toutes Cts appartenances Se ap-
Êendances quelconques « & en tous tels droits » que feu Monfeigneur le
ojr,par Iç tmxé fait à Arras^lcs luy avoic baillées & tranfportées>& depuis
pour
DE PHIL- DE CQMINES, 5^3
pôarplusgrander^ompeniêdefdksfeKnUeUvi» derevena tnon--
dit Sgr. & Oncle nous ak aoiE iakenf&on y àatasciom 8c traniporc pour '4^5*
nous & nosenfans matfles feallsmenc , des Terres fie Seigneuries cie Voor-
lie y Ooft-Vome^ laBrietlie ic autres y aîniiqw pUp à pleia eftok con-
tenu es Lettres que de ce onc efté fakes : Sçavoir fàiTons, gue nous con- >
iiderans que fommes efté nourris & eâevez pac mondic Seigneur 8c On-
cle ^ & que au temps que kditts donation defdirs Qx mille liviei? nous
fut faite, nous n'av^ions aucune Terre ou chevance » pour laquelle caufc
xnondit Seigneur & Oncle fut principalement efmeude nousrfùe iceUe
donation , 8c que depuis paar le déceds 8c rrefpas de feu noftre très-cher
* Seigneur & Frère le Contre de Nevers > que Dieu abfolve > nous font
advenues 8c efchuës les Comtez de Nevers , de Retfael , 8c autres Terres
8c Seigneuries , que tenoit noftredit Seigneur & Frère en fon vivant ,
en quoy mondit Seigneur 8c Oncle s'eft grandement etnployé > pource
que en noftre faveur il a fouventes fois defmeu mondit Seigneur & -
Frère de aliéner & mettre hors de fes mains lefdites Comtez & Seigneu*
ries, ou la plufpart d*icelles , 8c aufld que pour le mariage de n(^re très-
chère 8c très-aime fille k Ducheflè de Cleves , lequel a efté mis en avant
& fait par fon bon moyen , il a defpendu largement du fîen , 8c que
durant fUufieurs années il nous a cfontié 8c entretenu belle 8c grande
peniion de Cvx mille francs d*une part , & de deux mille francs d'autre
part,& auflî que nous n'avons aucuns enfans mafles, lefquels , quand nous-
en aurions , feroient bien & fuffifamment héritiers defdites Comtez 8c
Seigneuries à nous efchuës par le trefpas de noftredit feu Seigneur 8c
Frère , parquoy raifon eft q[ue nous reconnoifibns tes grands biens dtC^
fùfdits en remertant es mams de mondit Seigneur & Onde ce que libé-
ralement il nous avoit donné & baillé du fien propre en noftre jeune âge
8c neceffîté , & pour noftre avancement : pour ces caufes 8c autres à ce
nousi»mouvans , & car ainfi nous plaift , de noftre cerraine fcience, pure
8c franche voulenté , fans force, dol , ou malengin, par bonne & mûre ^
délibération de confeil, pour nous*, nos hoirs , fuccefleurs & ayans caufe
â tousjours , foit c^ie nous ayons cy-après hoirs mafles ou non ^ avons
quitté , cédé , remis , delaifle & rranfporté , quittons , cédons , remet-
tons , délaiflbns 8c tranfportons par ces prefenres à mondit Seigneur 8c
Oncle pour luy , & apr^ luy pour mon très-redouré Seigneur & Coufin
le Comte de Charolois fon leul fils , fes hoirs, fucceftèurs & ayans càu-
fe , lefdits fix mille livres parifis de revenu par an à nous donnez par
mondit Sei^^neur & Oncle, comme dit eft , enfemble tousaffignaux, ga-*
gieres , obligations , hypothèques, 8c tout droit , aâton , raifon , que-'
relie & pourfuite , que nous competoient 8c apparrcnoient , pouvoieifc
competer & apparrenir , à caufe ou pour raifon defdirs fix mille livres
parius de revenu , & aufli avons quitté , cédé , remis , ddaiflé 8c tranf^
porté à mondit Seigneur 8c Oncle pour luy , 8c après luy pour mondit
Seigneur 8c Coufin , fes hoirs , fuccefteurs 8c ayans caufe , lefdites Cité
& Comté d* Auxerre i & les Terres de ^orne 8c Ooft- Vornc , la Brielle,
8c autres Terres & Seigneuries , que pour recompenfe 8c acquit defdita
fîx mille livres parifis de revenu nous ont efté baillées 8c tranfportées par
mondit Seigneur 8c Oncle > 8c defdits fix mille livres parifis. Cité &
Comté
î«4 PREUVES DES MEMOIRES
î 4 (^ 5^ Comté d'Auxerre » Terres Se Seigneuries dèilùrdices , & dé tout le droîc
que rioas y compecte & appartiens tant à la caufe ddUlUilice > qoe autre
quelconque > nous fommes départis 3 défaifis & déveilus > défamûons >
départons & déveftons » ic en avons reveftu 6c reveftonls mondit Seigneur
Se Oncle pour luy > & après luy mondit Seigneur Se Coufin, fans ce que
nous ou nofdirs hoirs & fucceuèurs Se ayans caufe , famais puiflions pré*
tendre aucune chofe, quereller ou demander efdites (ix mille livres do
revenu ^ ne aux Cité » Comté » & autres Terres & Seigneuries defTufdi-
tes 9 vont quelque caufé ou raifon que ce Toit , ou peut eftre contre
noondir Seigneur & Oncle » mondit Seigneur & Couun , leurs hoirs »
fucceuèurs & ayans caufe ; & pour plus grande fureté des chofes de0uf-
dicc$ 9 nous avpns rendu & baillé à mondit Seigneur Se Coufin les Let-
tres des bails Se tranfports deflufdits» comme calices, vaines» de nul effet,
Se valeur > & avons promis Se promettons parla foy & ferment de noftre
corps , fur noftre honneur, par noftre fermeqt pour ce donné aux faines .
Evangiles de Dieu , & fous exprellè obligation & hypothèque de tous^
nos biens prefens Se advenir quelconques, lefdites quittance, renon-
ciation , ceffion Se tranfport , & tout le contenu en cefdites prefentes
avoir Se tenir fermes Se (tables & agréables, inviolablement à tousjours»
Se icelles garder , entheriner & accomplir , fans jamais par nout ne par.
autre , direâement ou autrement venir au contraire , ne foufFrir (^ue au^
tre y vienne , à quelque caufe , couleur ou occadon que ce foit , ou.
peut eftre ;, & pour Taccomplidement des chofes delfufdites , nous fom-
mçs fqumis â( foumettoas par ces prefentes aux Jurifdidions, coher*
tions Se contraintes de noftre Saint Pçre le Pape , Se de toutes autres
Cours & Jurifdiâions , tant d'Eglifes , comme Séculières , par lefquel-
les Se chacune d'elles > nous voulons Se confentons, nous, nofdits hoirs
Se fucceftèurs , eftre contraints , compellez jufques à plein açcompliUe- ,
ment Se entherinement des chofes deuiifdites , la cohertion Se contr^inta
de Tune defdites Cours non cédant pour Tautre , Se; avons renoncé Sç
renonçons expreflèment 4 tous droits , couftumes , privilèges , (^atuts ^
Qidonn^ces , allégations , ea^ceptions & deffenfes t par Içfquelles on
pourroit ou voudroit venir au contraire des chofes deflufcutes y Se à
toutes refçiQons , reftitutions par entier , difpenfation de ferment , Se
CHitres chofes quelconques , mefmement au droit , difant que générale
lenonciatiation ne vaut (i l'efpecial ne précède , & voulons ^ue au vidi"
mm de cefdites prefentes fait fous fcel authentique, foy fou adjoul^ée
comme à Toriginal d'icelles , lefquelles nous avons fait louer & paâèr
en la prefence de Bernard Oudry , Tabellion Royal , Juré Se eftably en
h Ville & Cité de Tournay , & icelles avons (icné de noftre main , Se
Élit fceller de noftre Scel , avec le feing manuel de noftre Secrétaire Se
du Tabellion dçftûs nommez. Donné a Englemonftier le vingt-deuxief-
me jour de Mar$ , Tan mil quatre cens foixante-cinq avant Pafques.
Aînu Signé fous le ploy , Jehan & B. Oobry. Et fur U ploy efioit
tfcrit. Par Mpnfeigneur le Comte , & Signe , Berthault. Et Jc$lli
flfn Sç^l d^ çir$ rou^tji^ndam en douhU ^upu^^
DE PHIL. DE COMINES. y^y
A TOUS ceux qui ces prcfcntcs Lettres verront oa oïront j Guil- ^4^».
laame de Layens Ltcentié en Décret , & Bachelier eil Loix, Chanoine de
Tournay » Confeilbr du Roy noftre Sire 9 & Garde du fcei Royal or-
donné en fa Ville & Cité dudit Tournay > Salut : Sçavoir faifons, que
pardevant Bernard Oudry,Tabellton Royal juré & eftabli en ladite Ville >
auçiuel nous adjonftons pleine foy. Comparut perfonnellement haut &c
pnillànc Prince Monfeigneur Jehan, Comte de Nevers,de Rcthcl& d'EC-
rampes , Baron de Donzy & Seigneur deDourdan , lequel de fa certaine
Xcience , pute & franche volonté , loua , pa(Ia & approuva les Lettres de
remiffion,renonciation & quittance,parmy leploydefquellescesprefentes
(ont annexées, 6c en outre par iceluy Monfeigneur le Comte fut dit, cer«-
tifié & affermé loyaument pourvcrité&par la foy de fon corps jurée en la
main dudit Tabellion, quelefcel mis& pendant en double queue & cire
vermeille , aufdites Lettres eftoit & eft fon propre fcel armoyé de fes
armes , duquel fcel il avoir accoutumé de ufer en toutes fes befognes 8c
affaires , & mefmement en ufoit aux jour & date defdites Lettres de de
ces prefentes , 6c encore entendoit à ufer, &!que à iceluy fcel & i tout le
contenu 'efdites Lettres , pleine foy faifoit & fait adjoufter , lefquelles
Lettres de remiffion , renonciation 6c quittance iceluy Monfeigneur lé
Comte , pour plus erande approbation de vérité, fîgnadefa propre main
en la prelence d'iceluy Tabellion , en tefmôin de ce , nous à la relation
dudit T^ellion avons mis ledit fcel Royal à ces prefentes Lettres qui
fureur faites le vingt-dèuxiefme jour de Mars , Tan de grâce mil quatre
cens foixantecinq avant Pafques. Ainfi /igné Jur Uptoy. B. Oudry.
L X X X V I * *.
JUnoTuicuionfcàttpar Jean , Cornu de Nevtrs » à tous fes droits
& prétendons Jur les Filles & Seigneuries de Feronne >
Mondidier & Roye.
A Ei^lemonltier , le ii. Matt I4^|«
JEHAN Comte de Nevers , de Rethel & dïftampcs , Baron de ^H^^'
Donzy , 6c Seigneur de Dourdan ; A tous ceux qui ces prefentes Let-* ]^, qq^^
très verront , Salut : Comme en Tan mil quatre cens quarante-fîx > mon . boj.
très-redouté Seigneur & oncle, Monfeigneur le Duc de Bourgogne pour
Ips taufes contenues es Lettres fur ce faites , & dont cy-après (era faite
mention , nous euft baillé , cédé 6c tranfporté fes Villes , Chafteaux ,
Prevoftez , Chaftellenies , Terres 6c Seigneuries de Peronne, Mondidier
6c Roye , leurs appartenances & appendances quelconques , pour icelies
Wnir 6c en jouyr par nous 6c nos hoirs hccitablement & à tousjours en
Xfms prouâts , reooes & revenues quelconques , tant en Domaine comme
en Aydes , & tout aind 6c pir la même forme & manière que par le Traité
de Paix fait à Atras entre feu Monfeigneur le Roy 6c mondit Seigneur 6c
oncle , il les pouvoit 6c devoir tenir & jouyr , 6c que par iceluy Traité ,
mondir Seigneur, le I^oy les luy avoit baillées & tranfportées par telle con«
Tome IL ' Eecc dicion
yStf PREUVES DES MEMOIRES
dicion que s'il advenoit que lefdites Villes , Chdteaux , Prevoftez & Set-
^ ^ ^ °* gncuries de Peronne, Mondidier 8c Roye cheu(&nt en lefticucion envers
mondit: Seigneur le Roy , en ce cas mondic Seigneur & oncle de Ces hoirsi
feroibnt tenus d'aâurcr » fournir & faire valoir i nous fie noftre très^
chère & crès-amée compame laComrefïè deux mil Talus d'or de rente 9,
au rachapt de vingt mil falus d'or que mondic Seigneur 6c oncle avoir
fait recevoir des deniers de mariage de noftredite compajgne , pour la-
quelle fomme & pour vin;^ mil frans que nous demandu)ns à mondic
Seigneur & oncle, à caufe des chofes mobiliaires de feue ndikte crès-re-
doutée Dame & mère Dame Bonne d'Arthois jadis fa compagne » que:
Dieuabfolve, & pour aucunes ancres caufes contenues èfdites. Lettres v
mondic Seigneur Se oncle nous avoir faic lefdits bail & tranfporc » lef-
2uels noftre très- redouté Seigneur & coufin Monfeigneur le Comte de*
iharolois , feul fils de mondit Seigneur & oncle depuis certain temps >.
difoic Se maintenoit eftre nuls & de nulle valeur pour faute de fon con^
fentement > pour ce ane par ledic Traicé de paix , lefdices Villes » Cha*
fteaux , Prevoftez , Cnaftdlenies , Terres Se Seigneuries luy eftoienc ac«
quifès comme à feulfik mafle demondic Seigneur &: oncle» Se pour aprèsi
Le décès d'iceluy » lequel fans le fceu , vouloir &rconfencemenc de^ mon-
dic Seigneur & coufîn n'en avoir pu faire cranfporc vdable, auflî quelef-
dics bail & cranfporc feroienc Se devroienc eftre refcindes , caflèz Se an-^
Qullez comme frauduleux Se deceprcz , parce que quancores ilfûr apparu
Sue lefdices fornmes de vingt mil falus d'une part 8c de vin^t mil pans
'autrr parc nous feuflènc dues pour lescaufès defHifdices^ ». U n'eftoient-
îls (OS aflbi fouffifans pour avoir fait cranfjport de£dite$ Seigneuries quL
eftoienc & font de trop plus grande valeur , & qpand dn voudroit dire:
«'Oue lefdits bail Se traniporc nous^feuftenc faics en acquic Se payement
de fix mil livres parifis de rcnce que mondit Seigneur & oncle nous avoir
donné aatraicé de noftredic mariage , mondk Seigneur 8c coofin difoic
que defdics fîx mil livres parifTs de rente nous avions autres aflîgnaux ,
1>ar lefquels fe dévoie faire la recompenfe Se payemenc defdics (ix miUe
ivres parifîs , Se defquels nous eftions auparavanc ccnus pour concens >.
{)arquov en icelles ne dtvoienc eftre employées lefdices Seigneuries»,
efquelles par ledic Traire d'Arras luy eftoienc , acquifes comme
die eft y pour le|b uelles caufes Se aux fins deflïifdices mefînemenc ^
parce que nous dihons lefdits bail Se tranfport eftre bons Se . valables 9,
Se que du moins nous devrions eflte retompenfesi des fornmes dd-
fufclites , pour lefquelles iceux hél Se tranfport nous ations efté faits*.
Se fuc n'agaires meu difcort & différent entre mondic Seigneur Se eoufin».
& nous y dont plus grand pourroic enfuir* Sf avoir faisons » que nous de^
firans appaifer Se appoincer ledk différent Se difcorr fur les chofes , par-
venir à traité » tranfaâion SC appointement , à ee que nous foyons SC
démontions en bonne amour , union Se concorde envers mondit Seir-
Îneur Se coufin , Se en reconnùiil&nt là veritételle qn^etle dl &^it efti^e^
e noftre certaine feience, pure Se franche volonté» ceflanstoutes decep*
fions , fraude , do) &: malengin, par bonne Se mure deliberarion de con--
feil y avons traité, tranfigé opacifié, appointé Se accordé y Se par la te-
Morde ces prefentes > traitons^ tranfîgeons, pacifions^ appointons & ac-.
coidona
DE PHIL. DE CQMINES. '^87
cordons avec moncUc Seigneur ôc couCn , de & fur les ehofes dedur* 'TTTg'
ditçs en la manière qui s'enfuie* C*eft allavoir que nous coniidcrans que ^
leCdices Villes % Chafteaux , Prevoftez > Chaftellenies ^ Terres Se Seigneu-
ries de Pcronne^ Mondidicr & Roye font & doivent eftre vray héritage
de mondic Seigneur & couiîa , ayans auûî regard aux çaufes pour le&>
Î[ueUes lefdics bail &c tranfport nous ont efté Faits > fachatis 9c çogooif»-
ansque après deue difcufllon elles feroient trouvées non fouffifantes pour
avoir fait lefdics bails &c cranfport » & iceux foutenir en valeur > & pour
«litres cattfes9c coniîderations à ce nous mou van s meûnement > car ainfi
nous plaift , avons cafle , refcîndé & annuUé , cadbns , refciodons 8c an^-
nullons lefditsbail Se tranfport à nous faits defdites Terres & Seigneuries
6c iceux avons voulu & déclaré , voulons ôc déclarons eftre & demourer
puis f cafles > rcfcindez 6c annuliez > 6c nous fommes départis & dépar-
tons expredement de tout des droit,proprieté, Seigneurie , adion & rai*
fons quelconque que à nous , nos noirs & fucceUeurs eftoit & pouvoir
eftre acquis tant à cau(e defdits bail & tranfport » que de la poÛèifion 6c
joy (lance que avons eu par aucun temps & par tous autres moyens,cau(ies
&raifo quelconques pour & au profit de mondit Sgr« & couun,& de fes
hoirs & iucceÛeurs > auquel en figne de ce > 6c que nous fommes entiè-
rement dedàids 6c dévêtus defdits droit , propriété , Seigneurie » aétion
6c raifon , & d'iceux en tant que befoin eft > l'avons reveftu & reflaifi ,
reveftons & reflaiffidbns, nous avons rendu ^ baillé 6c délivré lefdites Let-
tres contenans lefdits bail 6c tranfport comme nulles , caffées 6c vaines^
quanta nous nofdits hoirs 6c fucceftèurs pour & au profit de mondit Sei^
gnetu: & coufin , & de fefdits hoirs , 6c par le moyen de cette prefente
tranfaâion > pacification & concorde» nous fommes demourez 6c demott-
rons entiers de ladite fomme de vingt mille falus d'or d'une part, laaueUe»
comme dit eft » a efté ptinfe & reçue par mondit Seigneur 6c oncle des
deniers de mariage de noftredite compagne , 2c de la fomme de vingt
mille frans d'autre part pour lefdites choies mobiliaires de madite Dame
6c mère , lefquelles fommes mondicSeigneur 6c couHn » afinque en fe-
i;ipns pleinement recompenfé , a convenu 6c accordé rendre 6c payer à
certains termes contenus 6c déclarez en (^ Lettres , qu'il nous a pour
ce baillées > & lefquelles nous avons devers nous , 6c c^tce prefente tean-
fadioa,accord 6c Traité» appointement & tout le contenu en cefdites pre-
fenresjnoospour nous,nosnoirs,fuccelIem:s & ayans caufe,avonspromis6c
j)romettons par la foy 6c ferment de noftre corp3fur noftre honneur, pat
noftre ferment pour ce donné aux lainrs Evangiles de Dieu & ious expref*
fes obligations 6c hypothèques detous nos biens prefens& advenir ,.quel«
conques tenir& garder fermes & ftables^inviolablemcn ta tousjours 8c icel-<
les enrretenir 6c accomplir de point en point fekm leur forme 6c teneur ,
fans jamais en aucune puniere aller au contrairepar nous, ne par autre, di-
rectement ou autrement,ne confentir ^oe autre y vienne à quelque caufe»
raifon , couleur ou occafion que ce fott » ou peu eftre 6c auftl avons pro-
mis les chofes detfufdites faite agréer èc coQlentîr par noftrcdire compa-
gnie , & fur icelles bailler & délivrer à noftçedit Setgneor 6c coufin fes Let<-
tres de confentement en forme due > 6c pour oe faire avons fttbmis 6c
fubmeaons nous» nofdits hoii;s , fuccelG^ub 6c autres ayans caofi: » nos
Eeee a biens
58^ PREUVES DÈS MEMOIRES
1^66. b^s & les leurs aux jurifcliâions » cohettions , contraintes de noftre SL
Père le Pape » de tous Roys ^ Ducs 9 Comtes, & autres cours & jurifdic-»
rions quelconques tant d'Eglife , comme fecuiiere » par lefquelles & de
chacune d'elles , nous voulons Ârconfentons , nous , nofditshoirs ôc fuc-*
<eflènrs eftre conflxains & compdlez jufques â plein accompliflêment fit
entérinement des chofes dedùldites la cohertion èc contrainte de l^^nb
defdites Cours,non cédant pour Tautre , & avons renoncé 8c renonçons
expreflèment à tous droits , couftumes, privilèges , ftatuts ordonnances,,
allégations , exceptions & defTenfes , par leTquelles on pc^irroit ou vou-
droit venir au contraire des chofes de({ufdites>& à toutes refcifibns , ref-
titutions par entier , difpenfation de ferment & antres chofes quelcon-
oues, mefmement au droit , difant que generaUe renonciation ne vaut
(c Tefpecialle ne précède, & voulons ^ue au vidimus de cefdites prcfen-
tes , fait foubs fcel autentique, foy foit adjotrftée conmie à l'original d'i*
celles , lefquelles nous avons fait , loué& paflî en la prefence de Bernard
Oudry , Tabellion Royal Juré & eftabli en h ViHc & Gité de Toumay ,
& icelles avons (igné de- noftre main , & fait fceller de noftre fcel avec
le feing manuel de noftre Secrétaire Se du Tabellion defliis nommez«
Donné à Englemonftier Te vtngt-deuxiefmejourde Mars ^l'andegracc-
mil quatre cens foixante-cinq avant Pafques ; foubs le ploy eftoit^^n^'
Jehan & B. Oudry. Et fur le ploy efcrit , Par Monfeigncur leComte,&:
Jii^né Berthault. EtfcclU d'un Sccl de cire rouge , pendant en doubk
queuté
A Tous ceux qui cesprefcntes Lettres verront ou auront, Guillaume de
Layens , Licentié en Décret & Bachelier en Loîx , Chanoine de Tournay^
Confeiller du Roy noftre Sire , & Garde du fcel Royal ordonné en ft
Ville & Cité dudit Tournay , Salut : Sçavoir faifons, que pardevant Ber-
nard Oudry , Tabellion Royal , Juré-S: eftabli en ladite Ville , auquel
nous adjouiftons pleine foy , comparut perfonncllcment Haut & puiÔànt
Prince Monfeigneur Jehan Comte de ^fevers , de Rethel & d'Eftampcs ,
Baron de Donzy & Seigneur de Etourdan , lequel de fâcertainefciencc
pure & firanche volonté>loua> pafla'& approuvâtes Lettres de Traité,paci-
fiement & accord , parmy le jioy defquettes ces prefen tes font annexées,
& en outre par iceluy Monfeigneur le Comte fut dit, certifié & afferme
Ibyaument pour vérité & par Ta foy de fon* corps, jurée en la main dudit
Tabellion,que le fcel mis Se pendant en double queue& cirevermeifiè
aufdites Lettres,eftoit 6c eft fon propre* fcel armoye de fdr armes , duquel
fcel il avoir acconftumé de ufer en toutes fes b^fognes Se affaires , &
mefttiement en ufôit aux jour St cfette defdites Lettres St dc-ce»prefentes,
& encore entendoit à ufer , & que à icelaVfc^ Se k tout le contenu èf-
dites Lettres îplcine foy fàifoir Se fait adjoufter, lefquelles Lettres dé
Traité , paciftonent Sr accord iceluy Monfeigneur le Cortite pour plus
grande approbation deverité iigna de fa propre main en la prefence dl^
€eluy TabeUtoni. En tefmotn àt ee , nous à la relation dddit Tabellion >
avons mis ledit fcel Royal à' ces prefen tes Lettres , qui furent faîtes le
Vingt-deuxîefme jour de^Marsyl'an de grâce mil quatrecens -foixante-cinq
«onnt Bannies. Ainfi /ba^i^/ik/Bw OiroivY.
DE THIL. DE COMITES. 589
L X X X V I ***v
t <
l^66i
Leitres Je Jean Cornu de Ktvtn ^ par UfpuUts U Mtouvck Traitlfait
entre le Roy Louis XL & Charles Comte de Ch^oîbis y& la ctjEonfiùte ^ Tiré de
à u Comte des FUks & Sdmeuries de Peromu > Mondiditr & Koye^ ^'^^ "on
A Ei^cmoiiftki: „ le xu Utn I4^^ . . _ > ^^oT-
JEHAN ComtedçNev^rs^deReiikel^ 4!£fta(xipcs, BafpadelDonzjr
& Seigneur de Douf dan^A tous ceuxqui ces ffreteiKcs Lettres verront^
Salât : * Çoiumepar cenaii) Traité n*âgucrrcs fait & paflTc à Paris entre * Vovcr
Monfeigneur le Roy d'une part , & moatrès-redouté Seigneur Se coufin le Traité de
Monfeigneur k Comte de Charoloisi d'autre part » inondk Seigneur le ^^^^
Roy ait entre a^t^es chofes pi t^cque en luy. feftoit baillé, remis ôd ^^xYI^
franfporté i mondit Seigneur &c cou£îi les Villes>Cbafteavix l Prevoftez y
Chaftellenies> Terres Se Seigneuries de Peronne^ Mondidier Se Royéî &
leurs appartenancesquelconques,dç luy euftpromisfaiiQ bailler^deUvrer &
(derpekner entièrement la joy^nce & po({^on. d'icidbs Terres Se Sei-
Sneuries3& faire Se procurer par effet que nous départirions- entièrement
Scelles & de tout le droit que y avions âc pouvions avoir pourpar mon-
dit Seigneur & cou(in & (es hoirs en joy^ > & les tenir & pofleder ain£
ic par la forme & manière , qu'il eft contenu es Lettres audit Traité >
duquel nous fommes à|^in certiorez & informez rant par la viiion Se
le^re d*iceltty, que autrement dueiaenr. Scavoic faiibo» » qiàd nous de;-
iirans ledit Traké eftre entretenu & accoinpfy 5 ^ que i no&ic caufe ou
moyen ne foit aucunement dérogé» ne contrevenu à iceluy,de noftre cet*
(aine fcience , pure & franche volonté par bonne & meure deliberatioiv
de confeil » avons loué , gréé, confemi Sf approuvé $ Ipuonsl , yccons
coniRentops £c approuvons lefdic^ bail ,,n;^^^t & tout le côntenu-do*
dit Traité fait encre Monfeigneur le Roy & mondit Seigineut Se coofin y
en une que touche leldites Villes» Chafteaux, Prpvoftez, ChafteUenies-,.
Terres & Seigneuries de Peronne , Mondidier Se R4>ye i Icurs^apparce^
^fiances âcappendances, tout ainfi que ce quant àcerious mefme^ avions
fait & pafle ledip Traité en noftre peribnne , Se iious fommes départi
& dqpartons entièrement & pleinement detput le droic que nous* avions
.& pouvions avoir en icelles,pour fiç au -profit de moAdk Stâgneur ^Si
.couHn , k$ hoirs & fucceileurs^, (ans referver ou- retenir aubihê .choùt
en & fur kelles Villes , Chafteaux. PrevoftesT) Ouftellenies , Terres^âc
.Seigneuries, ne alçncontre de monmt Seigneur ^ çoulin & fefdtts^hoiiis^
& refervé à nous- tant feulement la pouifuiiitte teUêque deviens & poa-
-viops avoir i caufe de noftre récompense du^dcoit^euafdit qui nous pour-
voit competer èfdites Terres Sç Seigneurie^ , ^ur. kelle pourûûte faire
envers.n^ondit ^eig^eur leRoy tant feuIcMnoift^ilPii^'poutfrcQncremon-
dit Seigneur & cpuiiq^ nefelditshqi^s ^Sç j(iiicceâai)r^ v& avx)os promis
(U promettonsparU foj & f^rniienc de oaftre ootps sfurjnoftce /honneur ,
par noftre fennepf; çwjïce^ garnie aox ^jiftts ivangi|er,dcpicayj8c foubs
f OBpitilc ot)liga^Qp oc hypothèque de cous nos biens , Terres & Seigneu^
Eeee ^ ries.
^^ 590 PREUy E3 DES MEMOIRES
fA66t ^^^^ Icfdits bail & cranfporc , laudacion , approbation & confentcment 8c
tout le contenu en ce(dices praTentei ,4tvoir Se tenir fermes > ftables Se
agréables » & icelles entant que en nous eft entériner & accomplir de
point en point félon leur forme Se ceseor > (ans jamais par nous ne pat
autre faire aucune chofè au contraire en façon ne manière que et foir , Se
pour ce nous fommes foubmis Se fonbmectons aux cohertions y junfdtc^-
tions & contraintes de noftre faint Père le Pape > & de toutes autres
Cours tant d'£glife comibe^fieculieiés , par iefoMUes Se chacune d'dles
nous voulons eftre contraints & compellez jnlques à plein accompliflè-
ment du contenu eu cefdites prefeaies' la cohertion de Tune defdites
Cours non ceflànt pour l'autre > Sc avons tenoncé Se renonçons apreflèr
mens à tous droits , exceptions , detfenfes, à toutes refcifions^ diipenfa-
tion de ferment & autres chofes quelconquçs , par lefquelles on voudroit
ou pourroit venir au contraire des chofes deÂufdites faites & paflëes en
la prefence de Bernard Oudrv , Tabellion Royal juré ficeftabli en la Ville
Sc Cité de Tournay > lefquelles nous avons ligné de noftre ifnain , fait
fceller de noftre fccl avec le feing manuel de noftre Secrétaire > cy-def-
(bubs nommex. £)onné à Englemonftier le vingt^enxiefme jour de
Mars , Tan de grâce mil quatre cens foixante-cinq devant Pafques. Ainfi
^gmi foubs le ploy , Jehan , &B.Oudry. Et fur le ploycftoit cfcript
par Monfeigneur le Comte. Et Jîgné B^kthavlt. EtfalUd'unSccldê
drc r&ugi pendant tn double qmeut.
A Tous ceux cjai ces présentes Lettres verront ou oiront, Guillaume de
L^ens , Lîceiitié en décret Se Bachdier en Loix , Chanoine de Tournav »
Concilier du Roy noftre Sire , &Garde«du fcel Royal ordonné en fa Ville
& Cité dudit Tournay , Salut : Scavoir faifons que pardevant Bernard
Oudry , Tabellion Rc^al juré Sc embli en ladite Ville, auquel nous ad-
jouftoqs pleine foy , comparut perfonnellement haut & puiflant Prince
Monûeur Jehan , Comte de Nevers , de Rethel Se d'Eftami>es » Baron de
Donzy Se Seigneur de Dourdan, lequel de fa certaine fcience pure Sc
franche volonté , loua , pafla & approuva les Lettres d'approbation > d<Mi«
âmiation Se dapartement,parmy le ploy dçfquelles cesprefemes font an*
nexées , Se en outre par iceloy Monfieur le Comte fut dit , certifié Se af-
firmé loyaument pour vérité & par la foy de fon corps jurée en la main
dudit Tabellion , que le fccl mis & pendant en double queue &ciffe ver^
meille auGlites Lettres eftoit & eft fon propre fcel armoyé de (ts armes»
^otiel fcei il avoir accouftumé dé uferen toutes fes befbgnes & affaires»
melmement enufoitaux jour& date defditesLettres & decesprefentesfc
inicore entend i ufer , Se qiie à iceluy fcel & à tout le contenu èfdites
Lettres , pleine foy faifoit & fait ad joufter , lefquelles Lettres d'appro-
•bation, confirmation Sc département iceluy Monfeigneur le Comte pour
^lus graiule approbation de vérité , figna de fa propre main en la prc-
icnce d'iceluy:T4bellion* En teftnoin de ce, nous à 4a relation dudit
TabeUio» ^ avons tm ledk fcel Royal à ces prëfefttes Lettres, qui furent
.faites le vingr*deuxiefme jour dé Mars, l>n degracé nîil quatre cens
fpW»ûtC<inq avaiit Pafquefe. Alnifi fimi fur le p\<ij , B. Oudry.
DE^HIL. DE COMIN.es. 591
, I
L XX X VI ***K 77^
tUnoÊÊcianon de Juuk Comft Je Ncnrs $ à lafommtdt zOOOOfalu^ d'or^
& à une ëutrt i€Xi> ^0^0 francs ^^Lpriicnd^it luyi^u dms
par U Duc dt Bourgogne.
A BoologDC., le ^rfiitf Vfaa X4^|«. avant Palmes.
JEHANÇomte dcNcverç;, rfr Rcthcl & d'JEftampcs, Baron ^t ,^ J*^* *^
Doozy & Scigneot^de Doucdan ^ A tous cc^x (juiccs pçcrcntçs Lécci:e& jw^^A^
▼erroné^ Salut r Coain>e aa moyen decercam accofd ^aMçân^meuc &. ^^^y^
iranfaâion n'agaeres^ fait & paué entre mon très-redoute Se^neur éc^
çpufin Monfeigneur le Comte de Charolois d^une part &ç. nous d autre
Krr>de & fur lesbail 6c tranfpprtque mon très^-redoucé Seigneur & oncle
onfeigncuc le Duc de BourBogpç nous aYOit pjf^ iaks des Villes ^
Chafteaux , Prevoftez , ChailelTenies > Terces Se Seigneuries de Peronnje^
Mondidier & Rove , iceluy Monfeigneuc & cou^uit nous euft promis y
convenu & accoraé rendre & payer U fQmtnè de vingt mille Talus d'or
d'une part > leCquels mondit Seigneur Se, onde avoit eu & reçu à^ de-
niers du mariage de noftre très-ct^re &très-am^e compagne la Comtedè»
& la fomme de vingt mille francs d^autre part >'<iue nous demandions à
«londit Seigneur 6c oncle pour l^chofesJUpbÛi^iresdcfcue noftretrès-r
vedoutée D^me & mtre jadis fa compagne j qiiç Dira abfolve , comme
il eftoit plus i plein contenu es Lettres conrenaps lefdits^accord ^ apppin-^
cément > & tranfaétion , Se en autres Let;tre^ c^\t nuî^ndit Se^nenr,^;
çoufin nous avoit fur ce baillées & délivrée^ , & il foit que depuis auamit
emps en ça par enhort d'aucunes gens de.petit confeil nous forons con-^
duits envers mondit Seigneur & coufiii autrement que ne devions &;
far maniereque- nous avions encouru fon indîgilation &;t9a^e^'acr,'d^t.
amèrement nous defplait. Sçavoir faifoi» > que nousde^âns foif toUtesp*
ehofes nous^ rejoindre iSc reunir à mondic Seigneur «Se cpu(în > ^recoud-
ver fa bonne ffrac^ de noftre certaine fciencç ^ pufie Se franche volonté,
(ans aucune force > contrainte > induâion » dolou n^lengîn: Se pouj^
atkme-reparation de ee que dit eft pour nous^ po$ hoirs Se luqceflêurs L
tous jours avons quitté > remise & renoncé ^ quittons» rèrhèttons Se re-*
nonçons entièrement par ces pref<i^f e$ à ^opdit Seigf»euf .^^omAu pQiir^
tiiy f fes hoirs & fucce0èurs (jutUooHwres lefdites fomme'i^de yin^ mille:
ialus d'or d'une part »^^ de vinçt miUe franc» d'autrej>9rc que dûs nous
eftoient pourles caufes deffufdites, enfemble fous a^n^ux >, gageriez»
•bligations , hypothèques & autres droits & aâions quelconques que
pour raifon deidites fommes , de tant ^ moyen .defdits accord Se tran-
fàftion que par autre Traité , conrraâ ou appointemens precedens nous
compecoîent Se appttcenpiciit v pQuV)pii:«c çottipet<f'& appartenir tant
i rencontre de mondir Seigneur & oncle > mondit Seigneur &e couiin »
que leurs p»y$ > Terres , Seigneuries fisibiMs^meublfes où/ noîi mdùbtief; df
avons fait Se faifons paâe exprès avec mondit Seigneur Se coufin^de odii .
yunais rien quereler» prétendre otif demander à4tt<mdit Sd
mondit
. /
59t PELEUVES DES MEMOIRES
^^^77^' mondit Seigneur & coufîn leurs hoirs & fuccellèurs, â caufc defdites
. ^. ;_ î fommes , amgnaux , gageries , obligations & hypothèques en manière ne
pour caufe ou occanon que ce foie , & en ugne de pleine & entière
quittance de c^ que dit eft , nous avons rendu 6c délivré k niohclk Sei*
gneur & coufin les Lettres obligatoires que nous avions de luy des
lommes deflufdites , comme cancellëes & de nul effet & valeur, & avons
promis & promettons par la foy & ferment de noftre corps , fur noftre
honneur & par noftre ferment ^our ce donné aux faints Evangiles de
Dieu , & fous expreflc oblig^tipn 9c hypothèque de tous nos biens pre-
fens & advenir quelconques , lefdièes quittance >remiflton &raioncia-
tion &' tout le contenu en cefdites prefentcs avoir , tenir , garder , ente*
.. . riner de accomplir ^ fans jamais pat nolis ne par autre diredbement ou au^
trcment faire aucune choie au contraire , & icelles faire louer, confentir
Se approuver par noftreditexompagne , & bailler à mondit Seigneur 8c
couun fes Lettres de confcntement -, & pour ce faire nous fonunes foub*
mis Se foubmettonsau?^ jurifdiâions , cohertions& contraintes de noftre
(oint Pcre le Pape & de toutes autres Cours , tant d*Ëg|îfe comme fecu-*
lieres, par lefquelles &: chacune d'elles nous voulons eftre conftraints^
cômpellez jufqucs à plein accompliflèment du contenu en cefdkes pre-'
fentes,la cohertion de INiine des Cours non cédant pour l'autre , Se avonS'
renoncé & renonçons expreflement à tous droits , exceptions & deffen-
fes , à toutes recidons , difpenfation de ferments Se autres chofes quel^
conques , par lefquelles on voudroit ou pourroit venir au contraire des>
cho(es deuufdite^ faites Se ipaflëes en la prefence de Maiftre Firmin du
Crocq , Preftre Bachelier en Décret , & Notaire Apoftolique , lefquelles
nous avons figné de noftre main l fait fceller de noftre fcel avec le feing
manuel de noftre Secrétaire cy-deftbubs nommé, Donné i Boulogne le
dernier jour de Mars , l'an de grâce mil quatre cens foixante-cinq avant
Pafques. AinCi Jignéjoubs /</;/oy , Jehan. Et encore eftoit efcript foubs*
ledit plo^ ce ques^enfuit les an'âc jour deflufdits, Se du Piontifiement do
noftre fauit ^ Père en Dieu Paul iêcond de ce nom , Tan fbcond y haut 8ç
puiflàîit-Pfihee Monfeignièur Jehan , Comte de Nevets, de Rethel &
d'Eftamfpes, nommé %h ce^ prefentes Lettres a fait , loué Se paffè icelles
& tout Icur'cônteilu , & a recognu y avoir mis Se efcript fon feing ma-
nuel , & fait appofer fon ficel armoyé de Ces armes , en la prefence 4b
moy Firmin du Crocq, Preftre Bachelière» Décret, Notaire Apoftolique'
&en (i^edece, j^tnt fuis fil fer ipt avec mon feifig duquel je u(e de
mon office > &Jtgné'¥^KMiH dv Crocq. Et fur ledit ploy eftoit efcript.
Par Moiifeigrtéûe lô^Cottite. EtJigneBEKTHAXJir. EtficUé d^Mnfidcn
dn rougt y ptri4^fït tndoHUc(3ueu€n ^
LXXXVI*****,
||7 Ltêmêu feu^ttidli Comte dt CharùUÀS au Cùmu dé MtvtrsZ
. > ■ 1 j > . ■ • • . * '
Tiré des ^T ^'^ ^ Châries de^Bourgogne , Comte de Charotois , Seigneur de*
Kçcaeilsdc J-N dihafteaubeUn Se de- BerkuTie ; accordons Se promettons de bomie
M* lAbbé foy 6c en j^aroUc de Prince au Comte de Ncvets npftre coufin , que ea
DE PHIL. DE COMINES. 593
tendant tç mettant dès- maintenant en nos mains & obéyflance la yille —
& Chaftel de Peronne , pout en faire noftre bon plaifir , Se en feïendant *4 » »•
noftre prifonnier audit Chaftel de Peronne , moyennant que touchant la
querelle > qu'il fe dit avoir fur le pavs de Brabant , touchant les Terres de
Hollande que tient le Comte d'OiCrevant noftre coufin , èfquellès il te
^it avoir droit après le décès de nofttedit coufin d'Oftrevant , & tou*
•chant lel Comté d'Auxerre , il fé foubmettra & demourera entièrement
Se fans condition à noftre volonté & Ordonnance ^ nous ne le traite-
rons ne ferons ou fouffrirons maltraiter, ne ne ferons ou fouffrirons faire
•deplaifir ou dommage en fa perfonne ne à fes biens , en le mettant ou
-foutfrant mettre à tinance & rançon,ne en le tenant comme prifonnier
àe guerre * en tefmoin de vérité nous avons figné cette Cedule de noftre
4nain , le vingtrtroifiefme jour de Septembre 14^5* Etjigné Charles.
L X XX VIL
jé3e de ia produSion faiu au Parkmtnt dt Paris des Originaux de quatre *^ité de
Lettres données en 146 S. par Jean Comte de Nevers , &de la demande TEdition
faite par la Comt^edt Nevers , que Icsfctauxdc ces Lemes fiaient ou- j^^' *^'
verts, pour en vérifier lafaujfeté. ^^'
|o. Deœmbte bc 5. Taavkr 15C&. 6c %6 Mars 15 1|. avant Pafques.
LE penultiefme jour de Décembre , l'an ouinze cens douze , ma très*
redoubtée Dame Madame rArchiducheflè d'Auft riche > Duchcftè 6c
Comtcflè de Bourgogne , Douaricre de Savoye , avertie par Lettres de * * Maigoo*
I^aiftre Jehan Bochart , ( i ) Confeiller de Monfieur à Paris > efcriptes le rite d'Aatri-
vingt-quatriefme jour dudit mois » que par appointenient rendu en la chc «fille de
tttnc , forclos & fans plus y retourner , à peine de l'amende , pour éviter
à icelle forconclu/ion » a par Tadvis à^s Gens du Prince & grand Con^
faux eftans lez expreflèment ordonné audit Maiftre Philippe Haneton »
Audiencier & Garde des Chartres de Flandres , délivrera Maiftre Jehan
Jongler , Confeiller & Maiftre des Requeftes , &c. les cinq Lettres
origmalles defliis mentionnées , cequ il arait Dour les porter & délivrer
i Arras à Maiftre Jehan Caulier ( 2 ; auquel m mande tirer à diligence
avec icelles Lettres â Paris , pour faire collationer les copies d*icelles par
les Commiflaires i ce ordonnez , & produire lefdites copies audit procès
de Nevers , &c ce fait rapporter lefdites Lettres originalles pardeça & les
rendte
feiil
f ) Il étoit fils de Jean Bochart » Con-
ter au Parlemenc de Paris en 1490. &
^ Jacqueline de Hacqueville , fiUe de
Haoïil , aofll Confeiller aa Parlement , &
de Hekne Henneaoln % d'eux defcendenc
Mr$. Bochan de Coampigny » de Nproy ,
ToiMiI. Ffff
de Sarron , 8cc.
(%) Il y a plafienrs de fès lettres au
fujec de ce procès de Nevers & autres »
dans le Recueil des Lettres du Roy Louis
XII. pul>liées par M. Jean Godefi:oy|in-ii*
Bruxelles 1711 , 4. Volumes.
Î94 PREUVES DES MEMOIRES
^^ rendre aadic Garde des Chartres pour les remettre où il adptrtiendra r
^ ' fait à Malines les jour & an delGifoits. Signé Mar.gu£&itk > avec paia>-
phes icitatfiy Jonglet » aufllavec paraphe.
JVl A I S T R £ Jehan Jon^et dénommé en TOrdonnance cy-derant ef^
cripte > fatisfaifant à iceile Ordonnance , a délivré les cinq Letttes infé-
rées & mentionnées en ce quayer le troifiefme jour de Janvier audit aa
quinze cens douze es mains de Maiftre Jehan Caulicr , lequel a confeflè
éc affermé les avoir reçues & icelles portées à Paris, pour en £ùre la pro-
duâion, ainfi que par madite Dame luy a efté ordonné » & luy venu audit
Paris, après avou: délivré lefdites cinq Lettres au Greffe de la Cour dePar-
lement illec , pour faire coUationer les Copies d'icelles par le Grefliei:
de ladite Cour , & en faire la produûion (elon l'appointement d'icelle >
Maiftre Euftache Bonete Procureur de Madame de Nevers & de tes en«
fans 3 comparant audit Greffe , a dit & prôpcffé au nom d*icelleDame,enr
la Qualité qu elle procède , que les quatre defdites cinq Lettres , aflàvoir
celles de Jehan Oxnte de Nevers eftoient fauflès, difant les caa(èsdela
faudèté eftre efcriptes fous les fceaux d'icelles Lettres , requérant iceux
fceaux eftre levez > & ^e faifant à cette fin infcrire. A quoypar ledit Maif-
tre Jehan Caulier & Maiftre Jehan Bochart , & Jelum Deichamps , Con--
feillers & Procureurs de Monfieur , fut foutenu & debatu au contraire
par plufieurs raifons , lefquelles nonobftant ladite Cour par Arreft , a dit
& ordonné que lefdites quatre Lettres démoureront devers la Cour , Se
fur la requefte baillée à la Cour le dix-neuviefme jour de Février audit
an qubze cens douze , par lefdits Maiftre Jehan Bochart , & Jehan Def-
champs , afin que pour la defcharge d^eux & dudit Maiftre Jehan Caulier».
les copies defdites quatre Lettres par eux mifes & exhibées devers ladite
Cour leur fuflènt baillées , (îenées par le Greffier d'icelle Cour , en tef-
moignant icelles avoir efté miles au Greffe, faines & entières d'efcripture»,
feing & fcel , & que les orkinaux ont efté arreftez , parce que de la part
de ladite Dame de Nevers us ont efté maintenus faux. Dit a efté que les;
copies de(dites quatre Lettres feront baillées aufdits demandeurs ngnées;
du Gre£Ber de ladite Cour , & certification aue lefdites Lettres font de-
meurées arreftées au Greffe d'icelle Cour,à la requefte de ladite Dame de
Nevers , ainfi qu'il appert plus à plein par l'appointement mis fur cha-
cune defdites copies fignée du Greffier de ladite Cour , lefquelles^
quatre cojùes ainfi appointées & fignées dudit Greffier ont efté rendues:
audit Maiftre Jehan Caulier y lequel les a rapportées & délivrées à m^
dite Dame, en la prefence de Meffieurs de Nafibu , de Chievres , de
Berghes, De la Roche , Chef & Prefident , & autres du Privé Confeil ,
eftans lez elle avec la Lettre originaUe de Monfteur le Duc Philippe de
Bourgogne , en date de l'onziefme jour de Juillet , l'an mil quatre cens
quarante fix , qui eft la pFemiere des cinq Lettres inférées en cedit quayer,.
ic dont là copie a efté coltarionée & reçue pour {Mxxluite en ladite
Cour de Parlement fans difficulté , & icdle Lettre orîginalle enfemble
}es quatre copies defiùfdites^ ont efté rendues par madite Dame audit
Audiencier, pour les mettre en ladite Treforie des Chartres de Flandrei
avec ce prêfent quayer ^ pour le tour y eftre gardé à la feureté & def-
. > charge:
DE PHÏL. DE COMINES. 595 ^^__^
diarge de ducoo. Fait i Maliaes le t€*, \oat de Mars, l'an quinze cens ^77^
tieize avant PaTques. Sigiu Mailooshiti , avec paraphe , & plus bas » *^°o.
Par Ordonnance de madite Dame. Sigaé M A 9. n 1 x ^ avec paraphe,
. Le Roy n avtrit fts aRcmln te coaraKcmcnt Aa Comte de Nercn pour fidcc livrer aa
Comte de Chaiolois les Villes d'Amiens , d'Abbevîlle , de Pcronuc , Sr. Quciuin & au-
ues ; cela s'efloic cxccucé pendanc le mois if Oâobrc mil quatre cens roiiante-cinq : le
Comte de Charoloii en avoir mefme tendu hocunage au Roy le crence-un de ce mois,
trafique le Duc de Bourgogne avoti&ttdci autres Tc[TCS,qD'iI teiioic dcbCoaronae
J£s l'aaaie mil qoatic cens ToixaiKe-BB , comme Ton peut Toii.
L X X X V I I I.
$7 Lettres de darlts de France Dttc de Normandie > qiû canfiru aux
alliances que doitfaire le I}ue de Bretagne, du J. Juillet i^6G,
C H ARLES, fils& frère de R.o]rsdeFratice,DucdeNorniandie;Atous t^^ j^t
ceuxquicesprcrcntesLettresvecrontaSalut CommcpouipiererverSc Recneïlsds
mettre en leuteié noftre perTanne (}ue fecEtons en danger à caufe des dif- Ml VkVôi
ferens& diviiîonsjqui l'année dcinwcepallce ont eu coursen ce Royaume» LeGiand.
nous ayons cotdiallement & tràs-iiiflamment requis noftte tiés-cher Qc
très-amé couHn te Duc de Bretagne nous. recueillit & iccevoit en Tes pays
& Seigneuries * Se nous y maintenir feulement par aucun temps & juC-
qu'à ce que les Traité ^ appointcment,qui ont cft ouverts , & pour-
parlers eullènt pris bonne an & conçlufîon , laquelle chofe noltredit,
couHn aie libetallemeni fait en poftte faveur , & aullî pour le bien de
Monfcigneur Sc de tout fon Royaume j & à cette caufe noftrcdit couiîn
e(l advetti âc bien acertené > que pour l'occalîon ddlufdits : c'eflà fça-
Toii , de nous avoir redraint , îoutenus & favorifez en fondit pays, poux
fcuretcde noftre petfonne feulement, comme dit eftiplulîcurschofes
gnt efté dites > faites & pour-pailer ,. par lefquelles il a eu vrayes con-
ieâures ^prefomptioDS apparentes >& comme notoire qu'on vouloir
cmrqpreiiatc& faite guerre a luy Sc à fefdit!
Boit , que Dieu ne veuille nous feç outir , c
derions voir advenir , & nous ayt noftredit'
prefcrvct dudit inconvénient , il luy eft befo
& confédération À pludeuts Roys & Princq
aider fe befoin en cftoît t comme le Rot d'EJ
colTe , de Portugal & autres , & memiemt
qui eft pui{Iânt,& le prcft & ailîbic i faire i
ledit fecoura prompiemenc i nais il ne le v(
avoir reproche ne blâme au temps advci
conlidere ce que dit eft , & que noftredit couiîn a grande & jufte
caufe de prendre lefdites alliances avec lefdits Princes , Se mefme
avec ledit Roy d'Angleterre, pour preferver tuy , fefdits pays & princi-
palement noftre pecfonne , que fommes i prefent en iceluy , nous avons
efté Se fommes de fcntimens & advis , que noftredit cou^n pour Ici
raifons deftufdites, ce peut , Se. doit licitement faite , & avons promis Sç
promenons d noftredit couHn , que en quelque lieu , eftat , condition ou
auihonté que jaoïais ooui puiÔîons trouver , nous ne luy en ferons ne
Ffff a foufimons
j9tf PREUVES DES MEMOIRES
^ ^ fouffriron.^ faire aucune reproche , ainçois avons & tiendrons 'lefilited
^ alliances Avec ledit Roy d'Angleterre licitement Ôc ijufte caufe faire > 6c
pour le bien de nous-merme, fans que jamais on luf en peuft ores ne
pour le temps advenir , rien reprocner contre fon honneur , ne contre
Famitié , alliance & obligations qu'il a à caufe de là proximité de lignage»
& autrement à mondit Seigneur , à nous & au Royaume *, en teûnoin dcr
ce , nous avons figné ces prefentes de noftre main , & fait {celler de
noftre fceL Donné à Vannes, le troifieTme jour du mois de Juillet ^^
K Van de grâce mil quatre censfoixante-iuuEt zinH^gnéxCuAKhES^Èe plusi
bas. Par Monfeigneur ,, Duc de Normandie. ^Âinfi^^m, Merlin. Lc--^
dit aScfcellé d'un Saau de cire vermeille , furutu bande de parchemin^
L X X X I X.
fÇ7 Abolition pour Louis de Har court y Patriarche de Jerufàlenr.
LO Y S par la grâce de Die» yKoy de France: Sçavoir faifons à tous,
prefèns & advenir y que à la requefte & prière de noftre très-cher âr
M^*AbW^ trèsramé neveu le Duc de Bretagne, nous de grâce efpeçiale , pleine puif-
le Grand. ^"^^ ^ authorité Royale»nvons donné & donnons- par ces preientes abo*
ktion generalle à Louis de Harcouct , Patriarche de Jerufalem & Evef-
que de Bayeux , de toute la Êuite& ofifenfê qu'il peut avoir faite 6c
commife envers nous , tant pour avoir £brvi & ac<i^ompagaé noftre trèsT*
cher & très-amé frerc Charles , & les Seigneurs & leu» adhérant , que
pour quelconques autres chofes qu'il pourroic avoir fait à Tencontre de
nous& noftre ^Seigneurie de tout le temps pa(£& ju^ues â prefent , fans
ce que aucune chofe luy en puiÛe eftre imputée ou demandée en quelque
manierequece foit> eresne pour le temps- advenir » 6c voulons qu'ilr
jouifle d'orefnavant de tous (e& bénéfices & de la temporalité d'iceux y
ainfi qu'ils faifoit par cy-devant , nonobftant quelconques dons- que en*
avons ou pourrions avoir faits le temps paflfé , pourveu que ledit Patriar-n
cnefera tenu de faire le plutoft que fairefe pourra flsrment es mains d'i-^
celuy qui fera i ce commis par nous,d'eftre d'orefnavant bon & loyale
envers.nous , & denous fervir envers tous , & contre tous ceux qui peu-
'vent vivre & mourir, fans nul en excepter, & de renoncer à^tou$.autresf
ièrmens , qu'il pourroir par cy-devant avoir faits , foit â noftrcdit frère
, Charles ou autres quekonques^ defdits Seigneurs , & aufll fera tenu de
•1 f ^^** s*en aller à Rome, & * rentrer en noftre Rc^aume , fans nos congé 6c 11-»
S^c ^n$ ^^^^^^ ^y donnons en Mandement par ces mefmes ^efenres au Bailly de
untfir. Rouen , Gifors , Caux , Caen , Evreux & Couftentm , & à tous nos au-^
très Jufticiers , Ofticiers^, ou leurs Lieutenans , & à chacun d'eux , fy-
comme à luy appartiendra que de noftre prefente grâce, parddn, aboli*-
tion faftènt' , fouifrent &lai(Iènt ledit Patriarche Evefque de Bayeux/
jouir 6c ufer pleinement & paifiblemenr, fans luy faire mettre ou donner
ne fouffrir eftre fait , mis ou donné pareillement i.fes gens & ferviteurs
aucun , Arr^ deftourbier ou empekhement au contraire , mais- fe fon*
corps & fefdits bénéfices , & pareillement fbrdits ferviteurs & aucucv
d'eux , font ou eftoient pour ce pris , faifis , arreftez ou aucunement em«
pefchez, il les mettent ou faftènt mettre tantoft & fans delay à pleine de-^
liyjance
DE PHIL. DE COMINESr ^ <07
lîvrance > &afiQ que ce foie chofe ferme Se ftable à tous jours, nous avons 'JTT^
fak mettre nc^e fcel à cefidstes prefentes >. ùaïf en autres chofes nof- -
tre droit & Tautruy en toutes. Domié à Montargis au mois de Juillet ,
Tan de grâce mil quatre cens foixante-fix , & de noftre règne le fixiefme.
Par leRoy , Monfeigneur le Duc de Bourbon^ , l'Everq^ue d'Evreux , les
Sires de Cruflbl & de la Foreft » Maiftre Robert Biote > Se autres
mckns. Signé L. Cousxain,
PUus conctmatit Efpinal. C x J •
IO Y S, par la grâce de Dieu, Roy de Francç \ A tous ceux qui ces Tiré de
^prefentes Lettres verront , Salut : Sçavoir faifons^ que pour aucunes r£<Hcion
caufes Sç confiderations à ce nous mouvans ^ nous avons quitté & àt(-> 1^^* ^^
chargé ,. quittons Se defchareeons les Bourgeois , Manans Se habitans de ^^^^7*
la Vuk d'Erpinal des foy & ferment qu'il ont Se avoient à nous , & leur
avons donné & donnons congé & licence de prendre & choifir tel autre
party Se Seigneur que bon leur (emblera , pour les fupçorter Se fouftenir,
& défendre en leurs biens , franchifes & hbertez au oien Se utilité d'eux
Se de leurdite Ville , £ms ce que ores , ne pour le temps advenir leur en
puiilions demander aucune chofe , ne donner aucune reproche en quel*
que manière que ce foit. Si; donnons en mandement à nos amez. Se féaux.
les Gens de aosComptes , qu'ils rendenc Se reftituent aufdits d'Efpinal
les Lettres qu'ils en ont autresfois fur ce baillées ^Car tel e(t noftre plai-
fit. Én.tefmoin de ce , nous avons fait mettre noftre Scel icesprefçntes».'
. Donné à Montargis , le fixiefme jour d'Aouft , Tan de grâce mil quatre
cens foixante fix , & de noftre Règne le fiiû^me. Sur le reply eft eicript^
Par le Roy, les Sires de Craon , de la Forelt , & autres prefens. Signé ^
L£ Roux avec paraphe. Etfullé d^ un grand Sceau m cin laune y ptn>--
dmnt m quifu de partlujmn^ \ ^ \
René IL Duc de Lorraine y par fts Lettres données au Ckafielet dé
Louppy , tan mil cinq cens , le dix-neuviefme Novembre , fait la foy &
hommage pour la FoOerie d^ Efpinal , à fon oncle Henry dc^ Lorraine ,
Evcfque de Met{. Foicy les Lettres au long, ( i )
RE N £' par la:gracc^deDicu,Roy de Jerufalem, de Sicile, &c; Duc la même
de Lorraine & de Bar , &c. Marchis , Marquis du Pont , Comte de> Edôion^^
Provence , de Vaudemont & d'Aumale , &c. A tous ceux qui ces pre-
ibntes Lettres verront ,. Sakit : Sçavoir faifons y conmiepar venu de cer-
tain contrat Se tranfporrautresfois fait à feue noftxe trés-chere Dame &:
mère la Reyne de Sicile >x}tte Dieu abfolve , par Nk De Ville , jadis Vbu-
icflè d'Efpinal , veuve de Jean d'Anglure, pour elle Se fes hoirs de la-
dite Vouerie d'Efpinal, enfemblede toutes fes appartenances , comme-
vraye
( I ) i^ù. W6. *Aouft. Ceux dïfpî- I ( ») La Voucrîc a'Efpinal cft tcnacà-
sal reconaolfTcat le Duc de Lorraine pour 1 foy & hommage de r£vefdhé de Mecz ,-
leur Seigneur. Ec le Roy Loai$ XI, leur l Tan 1500. Et depuis ce temps , Efpinal eft^
dbxme congé de ce faire. ■ toujours rcfté au Ducde Lorraine.
Efff i.
J98 PREUVES DES MEMOIRES
1 466^ ^^^7^ heriticrc de ladite Voucric, foir icclle Voiierie apr^ le tre/pas de
^ noKredire Dame 6c mère , à nous , comme Ton feol bâttîer obvenuë. £c
pource que ladite Vouerie & (es- appartenances font des anciens Fiefs de
rEvefche de Metz, i noftre tnftance , prière^ &reqaeftie ait Révérend
Père en Dieu > noftre très-cher oncle Meffire Henry de Lorraine , £ve(qac
de Metz > comme Seigneur féodal de ladite Voiierie à, ce donné fon con-
fentement & agtéation , comme par Tes Lettres Patentes à nous fur ce
données peut apparoir. De ce eft-u , que pour nous mettre en devoir &
acquit envers noftredit oncle 6c Ton EgUfei avons repris en fiefs & hom-
magcf de luy^idite Voiierie avec (es appartenances , luy preftant foy 6c
loyauté , d'en faire ou ^re faire les (etvices , devoirs & obéyfllânces en*
vers luy & fonEvefché , tels qu'audit fief appartiennent. Pareillement (c*
ront tenus nos hoirs de faire ou faire faire par Procureur les repri(es »
toutesfois que le cas lereauerra envers noftredit oncle y 6c Ces fucceflèurs
Evefoues de Metz , fans difficulté aucune. En tefmoin de ce , tu>us avons
à cefdites prefentes , fignées de noftre main, fait appendre noftre Scel.
Donné en noftre Chaftel de Luppy , le dix-neuviefme jour de Novembre»
l'an mil cinq cens. Signe foubs le reply > RenL Et fur ledit reply , Par le
Roy de Sicile , 6cc. Les Prefidenc clés Comtes de Lorraine , Procureur
General dudit Duché , Lieutenant de Bailly de Bar prefens. Signé Bovdet.
'ExicoAéi Regi^rata G ALLAKT y pro Chasteau-neuf. Et fctlUcs d'un
grand fccl de cire rougi pendant en queue de parchernin.
Le Bailly d'Efpinal, & les quatre Gouverneurs ont Laconnoiflkncc^ei
caufes d'appel , 6c leurs Jugemens ont même effet que les Arrefts.
Par Lettres du Roy Charles VIL de l'an mil quatre cens quarante-quatre
le onze Septembre , données^judit lieu d'Efpinal , il y eft ordonne qu'il
y aura un Bailly qui aura la cognoiflânce des caufes d'appel des Prevofts»
& autres Officiers de Juftice.
i44<^' Et par autres Lettres, aux Montis-lès-Tours , l'an mil quatre cent
quarante-fix , au mois de Mars , il eftablit un Bailly 6c quatre Gouver-
neurs à Efpinal , pour y co^noiftre de tous Appeaux interjettez de l'Ëf-
chevin d'Efpinal , fans qu'il en puifle eftre appelle pardevant autres Ju-
ges en aucune manière.
J448. ^^ autres Lettres données auflî auxMontis-lès-Toursl'an mil quatre cens
quarante-huit , te vingt-quatre Mars , il mande au Parlement de Paris ,
qu'il n*ait à prendre cognoiflànce des appellations^ que Ton voudroit in«
terjetter défaits Bailly & Gouverneur.
Lettres de Nicolas, Marquis du Pont, Lieutenant de fon Pete, Jean
Pue de Cdabce 6c de Lorraine, audit Duché 6c pavs de Lorraine : Qui
contiennent les Privilèges & Franchifes de ceux d Efpinal. A Efpimd »
%\U. fan mil quatre cens foixante-fix le vingt-un Juillet. Confirmées par Char-^
les IL Duc de Lorraine. A Nancy , l'an mil cinq cens nonante-neuf , le
vingt-cinq Janvier.
îttm. Que par deflîis lefdits Prevoft , & autres Officiers de Juftice , y
aura un Bailly de par mondit Seigneur y lequel avec les quatre Gouver-
neurs ^ue leidits Habitans ont accoùfhimé faire & renouveller chacun,
an audit lieu, auront la cognoiflance des caufes d'Appel , & des Refïbrts
jllçç mputpçft^ vçntiÛcç$ , ^ en jugçront ^détermineront félonies couf-
tûmes
1444.
m
DE PHIL. DE COMINES, j5>,
tomes , ufages , ftils 6c obfervances accoaftumées audit lieu > (ans ce op'ils
foient tenus de reflbrtir devant aucuns autres Juges , Seigneurs , ne Bail- '^^66.
lis dudit Duché de Lorraine» ne d'autres : Mais lortira leur Jugement fou
plein effet comme par Arreft Se Sentence définitive.
La Ville deçà la rivière de Mofelle eft appellée Efpinal.
Et l'autre partie de la Mofelle eft appellée RuamoiiL
X CL
Pouvoir dcLouisXLÀ Jean Duc de Calabre {dont ^/auvent fait mention
dans Usfufdus Manoires ) dejefaifir doua perjonnc de fondit frère ,
l an mil quatre uns foixante-Jïx , le huitkfme Aoufi.
TOUS ceux qui ces preientes Lettres verront & oiront > Salut : Tîré iclTE-
A
Scel du Tabellion
<iue l'an de ^acenoftre Seigneur nul quatre
four du mois de Mars , nous avons vu, tenu exemple & lu de mot en
mot une Lettre efcripte en parchemin , icellée en double queue du Scel
du Roy noftre Sire en cire jaune y faine en fcel , & en efcriture i (ans
aucun vice ou fufpicion quelconques , defquelles la teneur s'enfuit»
1^ O Y S par la grâce de Dieu , Roy d& France : A tous ceux qui ces prer
(entes Lettres verront , Salut : Sçavoir iaifons » que nous envoyons pre*
lentement noftre très-cher & tnès-amé coufin Jean Duc de Calabre &
de Lorraine» devers noftre très-cher & très-amé neveu & coufin le Duc
de Bretagne , pour traiter Se accorder les differens d'entre nous» &c noftre
beaufrere Charles* Et avons donné Se donnons puillànce à noftredit cou*
fin de Calabrefde mettre & faire venir en fes mains noftro£c frereCharles,
& luy promettre de le tenir en feureté ^ & de luy aco^der la fomme de
deniers qu'il verra eftre à faire pour fa provifion de vivre : Et les chofes
qu'il promettra Se accordera à noftredit beaufrere , pour & au nom de
nous , & après par nous vérifiées : Nous confentons qu'il les puiflè en-
tretenir de point en point félon la charge que luy avons fur ce baillée ^
nonobftant la promeilè Se fcellé que noftredit coufin nous a baillé de
nous fervir à Tencontre de noftredit beaufrere. En tefnK>in de ce , nous
avons fait mettre noftre fcel i cesprefentes. Donné à Montargis le hui-
riefme jour d'Aouft , l'an de erace mil quatre cens fbixante^fix , & de
noftre Règne le (Txiefme. Ainnjigné > Lours. Et fur le ply defdites Let«*
très , Par Te Roy, les Sires des Qaon, de la Foreft , & autres prefens»
LE Roux. En tefnnoinde ta vifion defdites Lettres Se approbation d^i*
celles , nous Tabellions Jurex ^ Gardes du fcel devant nommer , avons
mis & appendu à ces prefentes Lettres de Vidimus , le fcel dudit Tabel •
Uonage , avec nos (eings manuels icy mis. Qui furent faites Tan Se jour
devant efcripts. Simi fous le reply R. de Nouroy , Garik & GariK'»
avec paraphes.^ EtfcelUes d'unfcelencire rouge y pendant en fueue depar^
chemin^
xcii;
tfoo PREUVES DES MEMOIRES
***^^' XCIL
97 jibolition pour k Duc de Bourbon , & pour ftsfub jus & vaffaux.
Recueils il T P Y S par la grâce de Dieu , Roy de France : Sçavoir fàifons à tous
M. l'Abbé JL/ pfefens & advenir , que comme i larupplicarion Se humble requefte
Le Grand de noftre très-cher Se très-amé frère & counn le Duc de Bourbonnois Se
d'Auvergne » nous ayons autresfois quitté , remis Se pardonné à tous Tes
Officiers , honunes , vaflàux , fubjets & autres » qui ont adhéré avec luy »
&qui Tavoient fervi ou fefdiii vaflaux y durant la divifion qui par cy-de-
vaut & dernièrement a efté entre nous & aucuns des Seigneurs de noftre
Sang i fudènt Nobles ou non Nobles , tous les cl!;, crimes > otfenfes &
délits Qu'ils & chacun d'eux pourroient avoir commis & perpétrez durant
ladite divifion ^ foit par paroUe fur noftre perfonne , ou d'autres œuvres
de fait, prîtes & renconnemens de placci des perfonnes , 8c debiens,hon^
nades , ou autres maléfices en quelque manière ou condition que les def-
«fufdits ou aucuns d'eux les euflent faits y commis & perpétrez fous om*
bre de Juftice ou autrement , fous couleur defdites divifions , (ans ce
<}ue pour le temps brs prefent Se advenir , aucune chofe leur en puil
eftro demandée par nos Officiers , de par nous j par Juftice ou autrement,
ne pourfuite eftre faite contre eux ou aucun d'eux , ce néanmoins au
moyen de ce que pour lors n'en furoit Içues Lettres , nos Procureur^ Se
Seaechaudées de Limofin, Lyon , Bailliages de Maçon , de St. Pierre le
Moutier , de Velay , de Vivarais , Montrerrant , des Montagnes d'Au*
vergne , de Berry ëe plufieuré autres Officiers & Conuniflàires , eux di«
fans avoir pouvoir de nous , ont tiré & tirent chacun jour en procès par-
devant lefdits Sénéchaux , Baillis & autres Jufticiers , grand nombre de
•fubjets Se ferviteurs de noftredit frère Se coufin de Bourbon , & auffi de
nos chers & bien amez coufin l'Archevefque & Comte deLvon , & Comte
de Montpenfier , pour les caufes deflufcutes , au moyen ae quoy , ils Se
chacun d'eux font grieffement moleftez , travaillez , emprifonnez Se dam«*
nifez à la deplaifance de noftredit frère & coufin , & en venant direâe-
ment contrenoftredit pardon ft oâroy » fur ce fait à (a requefte ,& plus
feroit fe par nous n'eftoit fur ce pourvu de noftre grâce Se remède conr
venable , ainfi que noftredit frère & coufin nous a remontré , requérant
humblement iceluy» Pour ce eft-il que nous bien recors des choies deft-
fufdites , voulans entretenir à noftredit frère Se coufin leditpardon Se oc-
ttoy qui par nous fur ce que dit eft , z. efté fait , avons çn faveur Se conr
templation d'iceluy noftre firere & coufin s Se pour le très-grand amour
* Se confiance que avons à luy , aufii afin que nos fubjets & les fiens puifr
fent vivre enlemble fans hame , Se pour certaines & autres grandes &
raifonnables caufes ^ confiderations à ce nous mouvans de nouvel Se
d'abondant en tant que meftier eft, quitté, remis, pardonné & aboli , Se
r par la teneur de ces prefentes de grâce fpeciale , pleine puiflance Se siUr
thorité Royale , quittons^ remettons, pardonnons & aboliftbns aufdef-
fufdits officiers , hommes , fubjets Se ferviteurs de noftredit frère Se
f Qufin dç Bonirbo^ ^ ^ ^u/H à la fupplicat^on 8ç requeftç aux hommes »
fttt)jçt$
DE PHIL. DE COMINES. tfot ^__^_^__^
Idbjets & ferviteurs de noftredit coufîn PArchevcfque & Comte de x^"
Lyon , 8c Comte de Montpenfîer» & i chacun d'eux tous y Se chacun ^ *
les cas > crimes & délits par eux ou aucuns d'eux faits , commis ficperpe-
tre2 durant le temps défaites divifîons , 6c jufques au dernier jour de No-
vembre dernier pa(Ie, nonobftant que par avant ledit temps, iceliesdivi-
(lons fudènt entre nous & tefdits Seigneurs pacifiées , pour ce que les
gens de noftre coufin le Duc Galeas , 6c zuQi ceux de aoftre Senechal de
Beaucaire &de Jehan de Bonfredon > eftoient encore en hoftilité, & fai-
foient guerre jufques audit jour ou environ , contre 6c fur le pays de
noftredit frère & couHn de Bourbon , 6c au(fi fur les Terres 6c contre les
fubjets de nofdits coufins de Lyon & de Montpenfier , 2c ce en quel^
que manière que lefdits crimes 6c délits ayent efté faits , commis & per-
pétrez par les gens deflufditSy ou aucuns , foiten langages dits 6c pro-
férez fur noftre^rfonne , 6c des Gens eftans avec nous , ou tenans nof-
tre party , œuvres de fait , faits fous couleur de Juftice ou autrement ,
en quelque manière que ce foit , & mefmementâ ceux qui ont ou pour^
roient avoir efté cau(e 6c confentant de la prife & exécution de feu An-
thoine de la Vifiere , dit Varilles , n'a gueres & pendant ledit temps pris
& exécuté par aucuns des Gens , ferviteurs 6c Officiers de noftredit frerc
& coufin , taifant & menant guerre fur ks hommes & fubjets , après l'ap-
r tintement pris entre nous 6c les Seigneurs de noftre Sang , aufquels ne
aucun d'eux nous ne voulons , â caufe deschofes xlenufdites, ne autres
«venues à caufedefdites divi(îons>& jufques audit dernier jour de Novem-
bre dernier, pa(fè aucune chofe eftre demandée avec toute peine , amende
ic otfenfe corporelle , criminelle & civile , en quoy pour occafion de ce»
ils & chacun d'eux pout'roient eftre encourus envers nous & Juftice^ &
les avons reftituez & reftituons en leur bohne famé 6c renommée au pays
& à leurs biens non confifquez , en mettant au néant tout procès, ap-
{)aux , Ban 6c autres Exploita , qui ont ou pourroient avoir efté faits à
'encontre defdits hommes , 6c (ubjets d'iceux nos frères & coufins » . ,
pour la caufe deflfufdite , & quant â ce , impofons filence perpétuel i
nofdits Procureurs 6c i tous autres, toutes voyes nous n'entendons pas
que Pierre d'Amboife y Charles d'Amboife fon fils , & Jean de Dailloa >
lefquels autresfois à la requefte de noftre très-cher & très-amé neveu le
Duc de Bretagne , nous en avons excepté , & aufquels par la vertu de la
rromeflè que avons fait à noftredit neveu & coufin de Bretagne , en faifanc
appointement d'entre nous & luy , ne pouvons à noftre honneur donner
abolinon,joui(Iènt du bénéfice de cette dite abolition , ne aufli nos fer-
viteurs ayant caufe ou penfioa de nous , qui fans euxdeclarer contre nous
auront aucune chofe machiné ou delinqué i l'encontre de nous ou de
noftre perfonne. Si donnons en Mandement â nos amez 6c féaux Con-
feillers les Gens de nos Parlemensà Paris 6c i Thouloufe , aux Sénéchaux
de Lyon , Limofin , Baillis de Mâcon Se de St. Pierre-le-Moutier , de Vê-
lais , Vivarais , Montfi^rant , des Montagnes d'Auvergne , de Berry , 6c
à tous nos autres Jufticiers , Officiers , ou a leuts Lieutenans , prefens 6c
advenir , 6c à chacun d'eux , fi comme i luy apparnendra, que de tioftre
f|refente grâce , quittance , remiffion , pardon & abolirion , raflent , Souf-
rent 6c laiflènt lefdits hommes^ ferviteurs 6ç vallàux , fubjets & adhe«
Tome II. G g g g rans
14^6,
éo^ PREUVES DES MEMOIRES
rans de noftredic frère & coufin ».& chacun d'eux » jouir ôc ufer pieine^
ment 6c paUiblemenc » fans caufc de ce les molefter » travailler ou empef-
cber , & ce ne font le temps advenii^en corps ne en biens , en aucune
manière^ ainçois fe aucun defdits hommes , fubjers de noftredic frère Se
coufin de Bourbon » & coufin de Lyon 6c de Moncpeniier eftoient à
caufe des chofes deîTurdites ou aucunes d'icelles , pris , faiCs , arreftez >.
cmprifonnez, adjournez ou tenus en procès ou autrement » moleftez ou
travaillez en leurs biens , pris , faifis ou empefchez , les leur mettent ou
fadènt mettre tantoft & fans delay à pleine délivrance & hors de procès»,
car ainfî le voulons , 6c nous plaift ddre fait > 6c aufdits frère & coufin ^
6c à leurs hommes & fubjets , 6c â chacun d'eux > l'avons oâroyé & oc-
troyons par ces prefentes » nonobftant que procès fuflènt pendans en cas
d'Appel en noftre Cour de Parlement a Paris > entre noftredit frère &
coufin , ayant pris la caufe par fes Officiers d'une part» êi ledit de la Vir
^ere d'autre part > i>our aucun grand cas » crimes ou sudefices par ioeluy
de la Vifîere commis, 6c perpétrez en quelconques autres chofes que Von
pourroit faire ou dire au contraire ; & i fin que ce foit choie ferme &:
ftable i tous jours, nous avons fait mettre noAre fctl à ces prefentes ».
fauf en autres chofes noftre droit & l'autruy en toutes : & pour ce que-
de ces prefentesl'on pourra avoir à faire en plufieurs beux , nous voulons.^
que au Fidimus d'iceUes , fait ibus fcel Royal , pleine foy foie ad jouftée
comme à l'original. Donné à Montargis , le dix^feptiefme d'Aouft , l'an
de grâce mil quatre cens foixante-fîx , te de noftre Règne le fixiepne.
AïtkCiJîgni^ IHurle Roy , les Sires de Craon & de la Foreft » Maiftre
Jean de Reilhao> General» & autres prtfens. La. Losre.. yifa> conuntor^
X C I I L
t^ Aholiûon gefitralc pour ceux qui eut pris ies armes
pour lu Princes ligue{.
Rovaume,aumoyen de laflèmblée faite par aucuns des Seigneurs de
iK>ftre Sang,qui s'eftoienteflevez à l'encontte de nous , nous^euffions don*^
né nos Letores d'abolition generalle â tous de quelque eftat qulls fuflent
de noftredit Royaume^qui lesavoient fervis & adhéré avec eux , de tous
^as , crimes , nialefices 6c délits qu'ils avoient fait Se commis fous om-
bre & couleur defidites divifions & aftemblées à encontre de nous , en
quelque manière que ce f uft *, lefqudles Lettres d'abolition nous avons
voulu 6c ordonné eftre publiées , entérinées^ 6c gardées , en & partout
Boftredit Royaume s ces chofes nonobftant ,|il eft venu à noftre ccmnoif-
iànce que plufieurs de ceux qui ont adhéré avec lefdtts Seigneurs pour
les grandes fautes qu'ils ont comimfès , craignent à retourner, doutant
que ne les veuillons reprendre & tenir en noftre^race, & k cette caufe,en
7 a pkifieurs de divers Eftats, qui encore font en grand doute & rrainte »
6c feroient plus , fe par nous n'y eftoit donné plus ample provifion , ainfi
que remonftré nous a efté s pource.eft-il que ces choies confiderées , vou-
. . lans
DE PHIL. DE COMINES, €o^
kniufer ens^rers noCdks fd>iecs de bénignité & ckmence» & nofdites ^^
Lettres d'abolition eftre gamées & obfervées* Pour ces cauTes & antres ^4^ ^«^
confiderations à ce nous mouvans y 9c par Tadvis Se delibetation des
<jens de noftre grand ConTeil > avons, en ratifiant , approuvant &c confir^
mant noftredite abolition generalle de nouvel & d aDondant>en tant que
meftier eft , quitté , remis , pardonné ôc aboly , & par la teneur de ces
prefentes , quittons , remettons, pardonnons & abolillbns de grâce efpe-
ciale f pleine puidance & authorité Royale à tous nos Tubjecs de noftre
Royaunie , foit Gens d'Elfe , Nobles, Bourgeois , Marchands & autres^
^e quelque eftat ou condition qu'ils foient , tous les cas , crimes , ofFeAfes
^ délits qu'ils & chacun d'eux peut avoir faits , dits , commis & perpé-
trés à i'encontre de nous , de noftre Seigneurie & Majefté , de la chofe
publique de noftredit Royaume & de nos autres fubjets,& qui en ont efté
confen tans, narticipans&adherans , Toit parfait ou par parole durant
lefdites divimns , fie fous ombre Se occasion dficelles , quelque forme Se
manière , ou pour quelque caufe ou occafion que ce ù>k , juiques an jour
de la date de ces prefentes , nonobftant que lefdîts crimes Se délits ne
foient exprimez en cefdites prefentes , avec toute peine , amende Se of»
fenfe corporelle , criminelle Se civile , enquoy, ils Se chacun d'eux pour-»
roient pour occafîon deschofes dellufdites, fie chacime d'icelle eftre en-f
courus envers nous fie Juftice , fans ce que aucune chofe leur en foit d'o«
refnavant , ou puifle eftre imputée ou demandée , ne injure faite , dite
ou reprochée , ne aucuns d'eux par noftre Procu^r , ne autres quelcon^
ques , fie les avons reftituez Se r^ituons à leur bonne famé Se renom*
mée au pays Se à leurs biens» qui feroient trouvez en nature non confif^
Î[uez par Sentence 8e Déclaration diiememenr faite, en * par cefHites pre* * A jouttz
entes au néant tout procès,appaux,defaices, ban Se exécutions advenues, *" ^'^^
ficautresExploits quiontoupourroientpourceavoirefté faits ou comment '^
cezà rencontre d'eux en quelque Juri(diâion que ce foit ^ Se quant â ce»
impofons iîlence perpétuel à noftre Procureur Se à tous autres > toutes*
fois nous n'entendons pas que Pierre d' Amboife , Charles d' Amboife fon
fils , Se Jean de Daillon , lefquels autresfois à la requefte dc noftre ttèi^
cher Se très-amé neveu fie coufin de Bretagne , en £ûfaiit l'appointe*-
ment d'entre nous fie luy , ne pourrons à noftre honneur donner abolie
tion , jouillènt du bénéfice de cefdites prefentes abolitions , ne zvM
nos ferviteurs ayant gages ou penfion de nous , c^i (ans eux decla^»
ter contre nous , auront aucune chofe delkiqué ou machiné à l'encoi^
tre de nous ou de noftre perfonne. Si donnons en mandement par
cefdites prefentes i no$ amez fie féaux les Gens de noftre Parlement ,
tant à Paris , Thouloufe fie Bourdeaux , les Gens qui riendconc nofixeEf»
chiquier en Normandie , fie tous Sénéchaux , Baillis fie autres , nos Juf^
eiciers, ou à leurs Lieutenans, prefensfie advenir ,*fie à chacun d'eux »
fi comme à luy appartiendra,que nofdits fubjets qui voudront eftre corn*
{>ris en cettedite abolition , fie chacun d'eux ils hiflent, foufirent fielaîf*
ent jouir fie ufer pleinement fie paifîblement d'icelle , fie fi leurs corps
ou biens font ou eftoient pour ce pris ou empefchez , Ci les mettent ou
fadènt mettre fans délay chacun en droit foit , i pleine délivrance , fit
klditcs prefentes faffent regiftrer fie publier en leurs Auditoires fie autres
G g g g 1 Ueuji
^04 PREUVES DES MEMOIRES
lieux aecouftumez , afin que aucun n'en puiflè ou doye préremlre oaufe-
^46^ d'ignorance -, & afin que ce foit chofe ferme & ftable i cousiours , nous
avons fait mettre noftre Scel à ces prefences > fauf en autres cnofes noftra
droit, & Tautruy en toutes^ Donné à la« Morte le vingt-quatriefme jour
d'Aouft , Tan de erace mil quatre cens foixante-fix 9 &: de noftre Re^ncr
le fixiefme. Ainn Signé , Par le Roy en Ton Confeil , auquel Monueuc
le Duc de Bourbon, Philippe, Monueur de Savoye , vous, rArchevefque:
de Tours , TEvefque de Langres , les Sires de Oaon & de la Foreft , &.
autres plufieurs eftoient. D£ la Loeke ^ vifa , coiucnior*
X C I V.
$7 Lettre du Duc de Bretagne au Camttidè Dunois du 81 Janvier 1466^
-*
Tiré des \ iT O N Onck , je me recommande à vous ^ le Roy a icy envoyé^^
È'^nAbW iVlMonfieurd'Evreux,&MaiftrcGuiUaumc de Paris, fos Confeil^
Le Grand ^^^^ ' lefquels , entre autres chofes^, m'ont remontré de par luy la grande,
amour & fiance qu'il a defiré prendre & avoir avec moy^ & comme de
fa part il veut tousjours garder & entretenir les alliances & promefles*.
d'entre luy. & moy , fans pour nulle chofe du monde aller au contraire,,
ne faire rien qui y déroge , en defirant aufii eftre acertené , que de moiv
cofté je le veuille faire ,. à quoy je leur ay fait reponfe , que comme rai--
fon eft , je m'en tiens Se repute de plus en plus attenu au Roy , & l'en,
remercie, fitrès-hdmblement que je puis , ^ que le Rioy peuft eftre feur>.
qu'ainfi que*nulle chofe n'ay fait , ne ây eu volonté de faire contre mofk
Honneur & promeile jufques icy , comme il a bien pa connoiftre, aufil
peu moins le voudrois-je faire au temps advenir en moins que je feroi&
defplaifant & non fans caufe , comme auqresfoisf luy ay fait fçavoir qu'iL
y duft prendre ne avoir aucun doute ;,ca&defna part ne s'y trouvera point
de f^ute *, & voudrois bien, mon oncle , quequand vous vous trouverez
devers luy vous l'en vouliffiez aflèurer & acertener à ce <^u'il en puft eftro
iibrs de foupçon , au regard de certains rap{>o];ts>„qui ont efte faits zvk
Roy , tant de moy que de mes ierviteurs, qvii ont efté en Andeterre »
dpntlefdits Âmbafl&deurs ont touché v je leur en ay. fait refponle,& fait
faire à tous les points particuliers par ceux qui en eftoient chargez, de»
laquelle me femble que le Rov (e doit bien contontor, s'il luy plaift^
car véritablement rien n'en a efté, & font chofes con trouvées pour met-
tre diflenfion entre luy 8c moy , ainfi que brief luy penfc faire remonf^
trer par de mes gens > que j'aY intention d'envoyer aevers luy touchant
remonftrances qu'il m'a fait faire diss (cntreprifesque mon frère de Cha^
rolois a faites , & des chofes qui le menant à s'en douloir & malcon-^
tenter , lefauellesils m'ont fuppofées par le menu Se de point en point ^
il m'a femblé que vous, moy Se tous ceux qui voulons 8c defironsle-biea
du Roy-& du Royaume , tie vous* mettre peine ^ue les matieresfbient
incitées à rhonnear du Roy & pour la confervation* des ^droits de f»
* Doidènt Couronne par bon moyen , & en doulent * , fans entrer en matière dui
Ceà^hîite puiflfè engendrer queftion ny divifion au Royaume ^ & â cette fin ay de-
éktUwtr.. libéré d!enYoyer devers mondit frère de Charolois de mes gens notabl^^
&
DE PHIL. DE COMINES. ^05 ^__^
te non CuCpcdts , luy retnonftrer lefclites chofes , pour Tadvertir de foy "TX^tT
mettre en ion devoir, de monftrer & apparoir s'il a aucune juftification >
pourquoy il puft foutenir les chofes par luy faites , dont le Roy n'eft pas
content , & pour iby mettre en raifon fur le tout en manière qu a (on
tort il ne foit caufe de ladite divifion , & pour ce ^ mon Oncle , qu'en
toutes ces matières je defice tousjours me conduire par voftre bon con-
ieil & advis , comme de celuy que je connois aimer loyalement le bien
du Roy & du Royaume, & le mien aufli , j ay bien voulu vous efcrire
& advertir de tout ce que dit eft 5 qui eft l'effet de la refponfe par moy ^
faite aufdits Ambaflàdeurs», vous priant que tousjours vous veuillez em«
ployer vers le Roy à luy faire entendre Se connoiflxe, que je luy fuis Se
feray tel que je dois , Se qu'il ne doit avoir aucun doute que je veuille
rien faire au contraire de la promeflfe Se alliance que j'ay a luy , ainçois
qu'il me trouvera entier à le fervirau bien dlceluy & du Royaume , Se
à m'y employer en tout que pofEble me fera. Mon Oncle , je prie Dieu
qu'il vous doint ce que defirez. A la Bourardiere près Nantes le huic
Janvier , mil quatre cens foixante-iix. Voftre Neveu François. Reçue le
vingt Janvier mil quatre cens foizante-fix..
X c v;
f!7 Atlianu iTAmé > Duc de Savoy t avec la Maxfon de Bourgogne^
A M E' , Duc de Savoyc , de 'Chablais & d' Afte , Prince & Vicaire -. - . «.
perpétuel du Saint Empire,. Marquis en kalie , Prince de Piémont j^^ç^Jliij ^
Se Seigneur de Nice y de Verceil Se de Fribourg, A tous ceux qui ces jw. TAbbé
prefentes Lettres verront , Salut ; Comme n'agueres ait efté pourparlé ic Grand.
Se traité de renouveller & confirmer les alliances que de longtemps ont
efté entre le Duc Se Comte de Bourgogne & de Savoye , Se finalement
par nos^ très-chers ,tbien amés& féaux Confeillers, Claude de laValme^, ^LaFédme..
Comte de MontreuiUMeflireHuguemn, Seigneur de Chandenier ^ Clau-* C'eft penc-
de Andrenet , Seigneur deCourfanty Cfcvalier & Chambellan, Se ^tieUBsU
Jean Chapuis , JugedeGés Se Doâeur en chacun droit 'y nos Ambaflà^ '^^
deurs & Procureurs à cefpecialement ordonnés Se conAitués, avec lesf
Ambailâdeurs de nos trèsvhonoré Oncle le Duc de Bourgogne , Se très*
cher & amé Coufin le Comte de Cbarolois fon fils ;^auffi pour ce envoyé
au lieu de Chalon fur Saône , ait efté promis , accordé & appointé de
^nouveller , reprendre Se confirmer lefdites alliances , ainu Se par la
manière qu'eft contenu en l'appointement fur ce par lefdits Ambailâ-
deurs , d'un cofté Se d'autre fait , duçiuel la teneur s'enfuit , & eft telle :
Après ce que par plufieurs fois. Se a diverfes journées a efté pournarlé Sc
communioué entre les Ambailadeurs^deMeftèigneurs les Dues oe Bour-
Sogne Scûc Savove touchant les confédérations & alliances' d'entre lefr .
its Seigneurs, lefdits Amba&deurs ont fait, paffê , accordé & promis
pour Se au nom defdits Seigneurs, &^par le pouvoir à eux donné,. lefdi«r
ces confédérations Se alliances en la manière que s'enfuit; c'eft à fçavoir^
3ue chacun defdits Seigneurs affirmera pour vérité , Se confedèront que
s. ont £sàtSc. feront l'ua avec l'autre ^ pour eux > leurs Maifons, jioirf
Cggg j &
__^_^ 606 PREUVES DES MEMOIRES
^fr^^ & fucceflcurs , Ducs & Guides de Boufgogne & de Savoye» leucs Pajrs
^ ^* Terres > Seigneuries & fubjets» bonnes &: vrayes confédérations , ami-
tier , unions ». alliances & intelligences fermes & durables à cousjours
mais & perpétuellement > en la manière que s'enfuie; c'ed à fçavoir qu'ils
ont promis , promettront , & chacun d'eux promettra en bonne foy &
parole de Prince y eux entretenir enfemUc > leurs Mai(bns , hoirs & fuc-
cefleucs , Pays » Tertes , Seigneuries & fubjets d'un cofté & d'autre en
bonne & vraye amour & dileâion , & deffendre, fecourir & ajderrun
l'autre > leurs Maifons , hoirs & fuccelleurs > Pays , Terres , Seigneuries
& fubjets » toutes les fois que befoin fera Se cequis en feront > ou l'un
d'eux en fera requis , envers & contre tous ceux qui , torts , griefs ou
dommages leur vqiidroicnt faire , ou à Tun d'eux , Se en ce employer
leurs perfonnes , fe meftier eft , leurs chevaux > & routes leurs puiUances
£ms y rien efpargner , Se tout le plus avant que faire le pourront fauf
toutes voyes de la part de mondit Seigneur de Bourgogne & fes hoirs Se
fucccflèurs y le Pape , l'Empereur » le Roy Se le Comte Palatin du Rhin,
& du cofté de mondit Seigneur de Savoye , le Pape » l'Empereur y le Roy
Se fes anciens alliez Se confédérés de Berne , par l'entretenement Se fer»
nieté defquels alliances» lefdits Ambadadeurs ont promis & accordé»
promettent Se accordent d'avoir Se obtenir Lettres patentes en forme
duc; c'eft à fçavoir les Ambaflàdeurs de mondit Seigneur de Bourgogne»
les Lettres de Monfeigneur le Duc de Ek>urgogne & de Monfieur de Qia-
rolois fon fils \ Se leidits Ambafladeurs de Monfeigneur le Duc de Sa*
Toye y belles de Monfieur de Savoye ; lèfquelles Lettres contenant la
forme que deflus » tant d'un cofté que d'autre » iceux Ambafladeurs ont
promis Se promettent apponer ou envoyer au lieu de Montreuil au Chaf-
cel d'iliec» le huitie(me jour du prochain mois de Mav » Se icdles bailler
Se délivrer; c'eftà f<;avoir» celles de Monfeigneur de Bourgogne Se de
Monfieur de Charolois aux Commis Se Dépurez de mondit Seigneur de
Savoye ; & celles de mondit Seigneur de Savoye aux Commis Se Depu*
tes de mondit Seigneur de Bourgogne ; Se auffi rendre d'un cofté Se d'au-
rre toutes les cedules defdits Atnbaflàdeurs , qu'ils ont les uns des autres
fignées de leurs mains » touchant cette prefoite matière» Donné à Cha-
Ion fur Saône le vingtiefme jour de Mars » mil quatre cens foixante-fîx»
Jkhan Joard y FnANçois de Menthon Degoux. Sçavoir faifbns »
que nous veuillans entretenir âcc^ferver denoftre cofté les choies conte^
nues audit appointement » avoir premieremenr vu Se confideré la teneur
d'iceluy , par grande Se mure deliberarion de nofloe ConfeiU pour nous»
nos hoirs Se fuccelleurs , féaux Se fubjets quelcompies » lefdites allian*
fes» confederations ) amitiés» unions» intelligences Se autres chofi»
contenues audit appointement , avons loué » approuvé Se confirmé » louons»
Approuvons Se confirmons par ces prefentes » & promettons en bonne
foy & parole de Prince » Se fous VoDligarion de oms nos biens prefens
Se à venir , les entretenir & obferver de noftre cofté par laiocme Se ma*
niere contenue audit appointement deflus inféré » fans jamais faire ou
venir au contraire , ou fouffrir eftre fait, ne.contrevenir en manieie quel-
conque , avec auffi toutes autres folemnités Se promeflës à ce necefliures t
ffVi t^^pin dçfqueljipi çHofe$ nous avons figné ces prefentes par noffare
Secrétaire
DE PHIL. DE COMINES ^07
Secrétaire deflbus efcric , & fcellé du Scel de noftre Chancellerie* Don- 1 4(1 7,
né à Pignerol le dixiefmejour d'Avril, mil quatre cens roixante-fepc.
Par mondic Seigneur , prefens Meilleurs Jean Michel , Chancellier de
Savoye ; François^ Cote de Gmere , Qaude de Seidèl , Marefchaux de
Savoye; Jean de Campeys , Abbé de Six ; Amé ,. Seigneur de Viry ; Phi-
lippe de la Palu , Seigneur de Saint Julien >• Huguenin Alamand , Sei-
gneur d'Aubene ; Anthoine de Lav, Sieur de Trois- Vernay ; Claude de
Chalis , Maiftre dl^oftel j Pierre de Saint-Michel *> Anthoine Champion -^
Humbort Chcrrier, Advocat Fifcalî Jehan de LettcUoy , Maiftre des Re--
queftes.
CoUatiormc à r Original par moy y ConfùlUr^ Notain & Secrétaire du
Roy en fa Chambredcs Comptes de Bourgogne &Bre£e^ Signé y Cou va£ux.
XC V I.
Lettre efcrite aux Mineur & Efchevins de la Fille de Lille , contenant
ùi relation de la maladie & de la mçrt de Phtiippe , Duc de
Bourgogne^
 Bragcs» le t6. Juia t^^f.
ME S très-fionnorez Sgrs» je me recommande à vous-tant 8c d chiere- Thé de
ment que je puis , & vous plaife fçavoir mes trés4ionnorez Sgrs. l'E<li"on
que aujourd'nuy date de ceftcs , j av receuës vos Lettres, que m avez 4^^^- ^®-
cfcrites de mefme datte , par lefquelles m'efcrivcz que eftes ddirans ff a- *^"^y"
voir nouvelles de mon très-redouté Prince, duquel Dieu par (a grâce
veuille avoir Tarme , je ne vous refcript point de fa convalelcence , ains
vous refcrit noftre douloureufe perte , 6c la-maniere de fa maladie r c'eft
à, fçavoir, que toute la femaine palT^ il avoit fait bonne chère ,^& aui&
ioyeux que Pon Tavoit vu pieça,^: foy fouvent devifor SC efbatre avec au*
très, nous lez^ luy y Vendredy dernier pafle, pource que de couftume il ne
mangeoit chofe qui print mort> ne mangea comment rien au difner. Se
après fon difner pa(Ia longuement le temps à reearder Tes ouvriers , après
fur le point dt quatre heures » il alla dormir julques à fix heures , après
fe leva en bon point & joye , Se environ fejpt heures Monfieur le Chan*-
celier vint parla: à luy par Tefpace d'une heures' Se après le partcment
de mondit Sieur le Cnancelier , Monfeigneur but une tauè de lait
d'amandes & mangea un loppin de votre ^ & ne but que deux fois;, ^près ^ Aamcl,ec«
à (on coucher il devifa â ceux qui eftoienr autour de luy , & faifoit bon- te.
ne chiere , il fe coucha en bon point à l'advis d'un chacun f ^uand vint
i deux heures après^ minuit , luy furvinrent une grande^uantité de âonv-
mes environ la gorge , par lefquelles il fut ii oppreflS que l'on cuidoic
que à celle heure il deuft mourir , & luy en feift-t'on faillir hors beau-
coup par luy mettre la main en la gor^e foUvent , parquoy il fut foK tra«
vaille. Se tantoft après encra en une hevre chaude* continue, que luy a
duré puis le Sameay (ix heures du matin , jufques au Lundy neuf heures
du Vefpre , où il rendit à Dieu l'ame , & vous certifie que le bon Prince
cft mon tout vif i l'occafion d'un flux de âcm'mes , qui luy defcendirent
du
^o8 PREUVES DES MEMOIRES
Monfieur Ton fils mena , quand Û entra en la chanobre Se qu'il le vit labo
ter , & en la peine ineftimable où il eftoic; Moniteur de Tournay furvinc
incontinent après Ton trefpas , & renouvella noftre deuil â tous par les
grands regrets & lamentations qu'il fit aujourd'huy date de celles. Mon-
dit Seigneur , que Dieu pardoint , a efté mis fur un lit couchié entre
deux draps comment s'il eu(ift ciké en bon point , & après a-t'on fait
ouverture à tout le peuple qui l'eft venu veoir y Se fembloit qu'il dormît
Se avoir le vifage à demy riant , mais il eftoit fort apali , & n eftoit cœur
qui puft tenir contenance , quand le peuple pailbit pardevant luy , des
grandes lamentations Se regrets que le pauvre peuple faifoit grands Se
{>etits , & a tousjours efté chaud de Theure de Ton trefpas , jufques au
endemain date de celles trois heures après-nûdv , à laquelle heure fuft
«nathomifé & fait feparation du cœur à part » tes boyaux > foye > pouL-
mons Se rate d'autrp part, & le corps enbaumé Se bien ordonné poul* le
mener où il plaira à mon trèsHredouté Seigneur Monfieur fon nls \ Se
pour vous advertir à la vérité de la difpofition de fon corps » fon foye
eftoit beau & n.et ^ la rate eftoit toute pourrie Se en pièces Se une par-»
rie du poulmpn » ce qui touchoit à la rate , Se le cœur eftoit te plus
beau que l'on vît oncques. Se petit & gent, & a efté trouvé mondîf Sei-
gneur à l'ouvrir fort gras fur les eoftes , deux doigts de graide » Se fe luy
ont mis la tefte en deux pieches pour veoir fa cervelle , pource que au-
cuns des Médecins tenoient que il avoit apoftume environ le cervel, ce
que n'a point efté , ains a efté trouvé net & le mieux parfait que l'on ait
vu pieça : Or Meffieurs , je vous advertis de ces choies » pource que je
fçais bien que vous n'en eftes point û au long advertis , que je vous
refcris , & aux chofes deflfufdites j'ay tousjours efté prefent. Mes très^
honnorez Seigneurs j'avoye grand de(îr de vous tousjours faire fervice de
tout mon pouvoir envers Monfeigneur noftre bon Prince , que Dieu par-
doint , ce que plus ne puis faire » dont il me defplaift que autrement je
ne vous ay fervy > comment j'en avois la vraye Se bonne voulenté : Or ,
pour fin , j'ay perdu mon maiftre & vous avez perdu voftle bon Prince,
dont vous Se nous tous fommes tenus de prier Dieu Se fa glorieufeMcre,
&c. & plus ne fçay que refcrire , fors que je fuis tousjours preft à faire
vos bons plaifirs , Se prie Noftre-Seigneur , que vous doint accompli(Iè^
ment de tous vos bons defirs & Paradis à la fin^ Efcrite à Bruges le fei-
«iefme jour de Juin , l'an 1467. de la main d'un entièrement defolé Se
defconrorté, & voftre très-humble ferviteur. Signé, Poly Bull and.
La fubjcription. A mes très-boi^ore? Seigneurs, Mayeur Sç Efchevins de
la Ville de Lille.
Le Duc de Bourgogne avoir fait un premier Teftament en 141^. mais
comme il l'avoir révoqué par un fécond fait en 1441. on fe contentera
4e piettre icy ce dernier^
XCVIL
»4*7.
DEPHIL.de COMINES. €op
XC VI L
I T^lamêm dt Philippe 9 Duc de Bourgogne.
A Rflthel » le &• Decembie 1441.
PHILIPPE, par la grâce de Dieu , Duc de Bourgogne , de Lothier , 2^^£^
de Brabant & de Limbourg , Comte de Flandres , d'Arrois , de Bour- m. Gode-
.gogne y Palatin de Ha^nault > d'Holande , de Zelande & de Namur , g^.
Marquîsliu Saint Empire , Seigneur de Frife > de Salins 6c de Malines.
A tous ceux qui ces prefentes Lettres verront , Salut : Sçavoir faifons
que n'eftant cnofe (î certaine que la mort , ny plus incertaine que l'heure
d'icelle, ne voulans pas demeurer inteftat, mais conune bon Catholique»
avons* fait & faifons noftre Teftamem , & ordonnance de dernière vo*
lonté > par la forme & en la manière que s*enfuit > en revocant expreflif-
.ment tous autres Teftamens , Codiciles & Ordonnances de dernière
volonté, que avons faits par cv-devant *, fors en tant qu'ils feroient con-
formes & femblables en fubuance au contenu de ces prefentes.
Et premièrement, quand il plaira à Dieu que allions de vie à trefpas,
nous iuy recommandons noftre ame , à la Benoifte Glorieufe Vierge Ma«
rie , â Monfieur Sainâ André , Apoftre , & à tous les Sainâ:s & Sainâes
de Paradis.
lum. Eflifons noftre fepulture, voulons ic ordonnons noftre corps ,
«uelque part que nous allions de vie à trefpas , eftre porté & inhume te
iepulmré en noftre Eglife des Chartreux-lez-Dijon , auprès & à l'endroit
de feu mon très-cher Seigneur & Père , que Dieu pardoint , en tirant
droit vers le grand Autel s Se s'il advenpit que pour aucune caufe oa
neceflité fuffions mis ailleurs , nous entendons que ce ne foit que par ^
manière de defpoft 9 Se que le pluftoft que faire fe pourra , foyons porté
& inhumé en noftredite Eglife des Chartreux , par la manière que dit
eft , au cas que autrement en aurions ordonné avant noftre trefpas , Se
voulons que les tombes Se reprefentations de feu noftredit Seigneur Se
Père, Se de nous , eftre faites, accomplies Se aflifes le plus brief que faire
fe pourra par nos exécuteurs cy-de(Ibus nommez , félon que ordonnées
& diviféçs les avops , au cas que en noftre vivant ne les reriohs mefme
faire Se a0eoin
Item. Voulons & ordonnons que toutes Se chacunes les dettes que
nous devrons au temps de noftre déceds , & dont il apperra dûcmenc
à nos exécuteurs , payent Se fadènt payer de , & fur le plus clair de nos
)>ien$ , & le pluftoft qu'ils pourront bonnement à la dcfcharge de noftre
ame.
Item. Donnons & lai({bns aux Religiemç , Prieur Se double Couvent
des Chartreux lez-Dijon cent livres tournois de rente amortie , pour
laquelle rente acheter , fi de noftre vivant ne leur baillons , nous voulons
& ordonnons que la fomme de quinze cent livres de bonne monnoye
Royale foit pavée , Se baillée de nos biens par l'ordonnance de nos exé-
cuteurs c^-aptes nonunez ^ tantoft après noftre déceds aufditç Religieux,
Tome IL Hhhh pour
€to be phil. be COMINE^S.
. pour icelle commettre par eux en l'achat defdites cent livres toumoisr^
^^ ^* ou de tant (Qu'ils en pourront afoir ou acquérir pour icelle fomme ; &
lefquels Religieux feront tenus de , à cette caufe pour noftre obit Se
anniverfàire , xslke & cefebfrt: chacsh îoor pctpcnidïtanent , par Tun
d'iceux Religieux , une Meflê de Requiem tantoft après noftre deceds ÔC
enterrement en icelle £^fe ^ fo^ k TJatBcdc & falut de noftre ame > &
avec ce donnons & laiflons a iceux Religieux, Prieur & double Conyenc
des Giartreux iez-Di|on «^ autre cent Iraes xooÀois de rente acnortiê >
pour laqiKtle rente acheter , fi en no(ke vivant ne leur baiUans , nous
voulons & ordonnons^ que la (èmhlaUe romlrie île qiiinKe «cetit livres^
èonne montioy^ Koyale leor ioit pavée&^tlivrée wr noQiH etXMUteurs^
caintoft 4q>rè5 noftre doceds^ ix>flr remployer m l'achapt te mcqmfkioa
d'iccDes cent livres tovmois de rente ^ on de tant q«'^ en pourront
avoir pour ladite fomme , mo^femiant qu^tk feront tenus à refte caufe ».
^e & faire les fcrvices 8c menus âatfrages de devorîon pour 4e tetanÀc
^es anKs de ha mondit tFès-chder Seigneur 6c 9ere> -de feùif mat très*
chère Dame êc Mère , de nous , ^ de noftve vrès-cbete 8c rvès-omée-
compagne la Duch^ Bonne d*Attôis , que Dieu pardoint ^ tets^^pie les
ordonnerons , 6c que nous 6c eux ferons d'accord enfemble , o« que
après noftre deceds , fera appointé te accordé entre nos exécuteurs cy-
après nommez 6c eux , au cas que n'en aurions ordonné 6c appointé ctt
noftre vivant.
Item. Voulons & ordonnons que la fomme de deux mille tkrres mon-^
jToye Royale, pour une fois,foit ^écSc baillée par no£Éits exécuteurs,,
xantoft après noftre deceds , attfdits Religieux desChanreux lez-Dijofi>,
pour icelle fomme commertre|)ar eux en Tachapt de rente perpetuelhr
et admortie , ce qu'ils en pourront avoir poufr ladite fomme, outre 0c
Er defliis les deux mille livres qu^ls ont desja eu de noos pour fembliK
; caufe , & parmi ce font tenus 8c obligez de bien& fumfamment n«-
tenir tout leur Monaftere 8c édifices d'iceluy » dès maintenant & pour
le temps advenir à tons)ours, 8c auffi de le véédifier bien 8c notablement^
au cas que par guerre ou autrement, vicndîoit à démolition 8c ruine , ce
que Dieu ne veuille.
Item. Donnons & laif&nsaux Prietn: , & Ccmvent des Chartreux lez^
Beaune cent livres tournois de rente admortie , en accroiflement de leur
fondation , & afin que les âmes de nos predecefièiirs , de nous & de nor
fuccefièurs foient comprinfes & participent en leurs prières , pour la-
quelle rente acheter , li en noftre vivant ne leur balfloDs^ nous voulons
éc ordonnons (}ue la fomme de quinze cens Kvres de bonne monnoye
Royale leur fou baillée par Tordonnanee de nos exeouteurs cy-après
nonmiez > des biens de noftre exécution , tantoft après- noftre deceds >.
pour icelle fomme de quinze cens livres employer par eux en l'achapt 8c
«cquifition defdites cent livres de rente , ou de tant qu'ils en pourront
avoirs 8c lefquels Prieur 8c Couvent feront tenus ècettecaufe de croiftre
le nombre des frères d'iceluy Couvent d'un Religieux à perpétuité , le-
quel ReHgieux , & (es fucceflèurs en ladite Religion , feront tenus de*
prier fpecialement en iceluy lieu à tousjours pour le falut des âmes do-
oofditspredecedèurs» de nous 8c de nos fuccefleors.
Iicmé.
DE PHIL. DE COMINESr. 6îi
: Item. Donnons & laiflbns aux Rdigiciuc, Prieur & Convcnt des . ^^
Clmtreux de Lagny lez-fiarberans, la fomme de foixante livres de renre ^ ^ ^'
admortie > pour laquelle fomme acheter > fi de noftre vivant ne leur
baillons » nous voulons & ordonnons que la fomme de neuf cens livres
livres de bonne monnoye Royale leur foit baillée par nos exécuteurs cy-
^prés nommez , des biens de noftre exécution > tantoft après noftre de-
t^ds f pour iceUe fonune de neuf cens livres employer par eux en l'achat
jSc acquifition defdites foixante livres tournois de rente , ou d'autant
qu'ils en pourront avoir > & lefquels Prieur & Convent feront tenus à
cette cauie de croiftre le nombre des Frères d'iceluy Convent , d'un Re-
ligieux à perpétuité » lequel Religieux , & fes fuccef&urs en ladite Re-
ligion feront tenus de prier fpecialement en iceluy lieu > à tousjours
pour le falut des âmes de nofdits predeceflèurs > de nous & de nos fuc«
<:eflèurs«
lum. Donnons & laiflbns aux Religieux » G>nvent & Abbé de l'Or-
dre de Cifteaux, cent livres tournois de rente admortie , pour laquelle
rente acheter , fe en noftre vivant ne leur baillons > voulons & ordon-
nions que la fomme de quinze cens livres de bonne monnoye Royale leur
foit b^Uée & délivrée par l'ordonnance de nos exécuteurs cy-après nom-
mez » des biens de noftre exécution > tantoft après noftre deceds , pour
icelle fomme de <juinze cens livres convertir par iceux Religieux en
l'achat Se acquifition defdites cent livres tournois de rente , ou de tant
qu'ils en pourront avoir Se acquérir au profit de ladite Eglife & Monaf-
tere de Q^gu j & lefquels Religieux de Cifteaux feront tenus de , à
-cette cau(<^H^ire dire 6c célébrer chacun jour perpétuellement en ladioe
Eglife de ClKaux » une Meflè de Requiem , à commencer tantoft après
-noftre deceds > pour le remède 8c falut des âmes de nous, de noftre très-
chere & très-amée compagne la Duchefiè qui eft à prefent , de feues nos
très- chères & bien-amées compagnes les Duchedès Michelle de Franco»
& Bonne d'Artois , aufquelles Dieu faflè mercy , & de nofcnts prede*
ceâèursSc fuccefièurs. Etlaauelle Meflè lefdits Religieux , Abbé Se Con- ^
vent feront tenus de faire dire & célébrer , comme dit eft , par quarrc
Religieux Preftres d'iceluy Monaftere , lesquels quatre Religieux ils o&-
-donneront chofcun an , pour célébrer chacune femaine l'un après l'autre
laditte Méfie » à chafcun defquels quatre Religieux lefdits Aboé Se Con-
vent (eront tenus de bailler chacun an > outre teur ordinaire accouftumé»
dix livres tournois > pour avder à fupporter leurs neceflitez , moitié i la
Saint Jean*Baptifte , moitié à Noël » Se avec ce feront tenus lefdits Abbé
& Coinrent de faire célébrer chafcun an perpétuellement deux anniver-
: faites folemnds pour le remède des âmes de nous Se des perfonnes def-
:fufditet ) c'eft â fçavoir ^ Vigiles au foir au Chœur de TEglife, & le len-
demain Meflè de Requiem i note au grand Autel ^ dont le premier anni-
verfilire fe fera à tel jour que nous crefpafièrons de ce fiecle , ou le pro^
cbain jour ferial après , & le fécond a demi an après on environ , en
cdhacua defquels anniveriàires vouions que le Convent de ladite Eglife
ait cent fols coumois pour pitance , qui fe prendront defdits cent livras
. tournois , Se le Surplus de ladite tente , qui naonte à cinquante livres cous-
• sois > dax)COrera au profit^commun de ladite Eglife de Cifteaux.
Hhhlvx Item.
__^ ^11 TREUVES DES MEMOIUES
1^67. ^^^* Semblablement ^ & i toutes telles charges » donnons Se USffon^
aux Religieux > Abbé 6c Convent de Oervaux , cent livres tournois de
rente admortie > pour laquelle rente acheter, fe de noftre vivant ne leur
baillons > voulons 6c ordonnons que la fomme de quinze cens livres de
bonne monnoye Royale leur foit baiUée & délivrée par l'ordonnance de
nos exécuteurs cy-aprè& nommez , des biens de noftre exécution » tau:-
. toft après noftre deceds , pour icelle fomme convertir par iceux Religieux
en racquiiîtion defdites cent livres tournois de rente , ou de tant qu'ils
en. pourront avoir & acquérir au profit de ladite EgliTe & Monaftere de
.Clervaux , & à la charge que deflus.
lum. Et auffi femblablement « 6c à routes telles charges ^ donnons &
laiflbns aux Religieux » Abbé & Convent de Saint Anthoine de Viennois
cent livres tournois de rente admortie > pour laquelle rente acheter ,
fe de noftre vivant ne leur baillons > voulons & ordonnons que la fbnv-
jne de quinze cens livres de bonne monnoye Royale leur foit Indllée &
délivrée par l'ordonnance de nos exécuteurs cy-après nommez , des biens
de noftre exécution » tantoft après noftre deceds » pour icelle fomme
convertir par iceux Religieux en l'acquifition de cent livres touroois;
. de rente , ou de rant qu'ils en pourront avoir 6c acquérir au ptx>fic
de laditte Eglife & Monaftere de Saind Anthone > Se à. la charge que:
deflus.
Item. Et en outre à toutes telles 6c femblables charges , que dît eft
deflus de Cifteaux » donnons & laiflbns aux Religieux , Abbé & Cot>-
vent de Sainâ Oyant de Joux , appelle communément dâ£ùnâ Claud&^
en noftre Comté de Bourgogne , cent livres, tournois de d^B admortie ,.
pour laquelle rente acheter, fe en noftre vivant ne leur barrons:, voulons*
8c ordonnons ^ue la fomme de quinze cens livres de bonne monnoye-
Royale > leur foit baillée & délivrée par l'ordonnance de nos exécuteurs:
ey-deftbus nommez , des biens de noftre exécution y tantoft après noftre
deceds , ^ur icelle fomme convertir par iceux Religieux , Abbé &
Convent en l'acquifition defdites cent Imes rournois de rente , ou de
tant qu'ils en pourront avoir & acquérir au profit de ladite Eglife Se
iionaflere de Sainâr Oyant ^ & à la cnarge^iue deftîis.
Item. Voulons & ordonnons que es Eglifes Métropolitaines & Cathé-
drales de Befançon y Aufhin , Châlons , Mafcon , Auxerre , Amiens ».
Arras , Cambray , Tournay & Therouanne, & en chacuned'îcelles^^fotr
fait & cdehré ua obit & anniverfaire folemnel, chafcun an perpétuelle-
ment , à. tel jour que irons de vie à trefpas y c'èft à ft^voir > Vigiles le
foit , &la Méfie de Rtauiem à note Le lendemain î 6c pour ce donnons &
laiflbns à chacune défaites Eglifes:, pour une- fois , la fomme de trois
cens livres de bonne monnoye Royale, qui monte pour lefdices dix
Eglifes à trois mille livres , pour l'employer & convertir en l'achat de-
de rentes & revenus au profit defdites Eglifes> 6c pour en fupporter la
charge defdits obits & anniverfaires.
Ittm. Voulons & ordonnons que toutes les rentes , quipar les Eglifes,
.efquelles par ce prefent Teftament ordonnons perpétuelles fondations»
feront achetées des femmes de deniers par nous, en cedir Trament»
dpnnéea& laifSes à icelles Eglifes > foicnt admonics fans en payer fîban-
ceu
•
I
?.
DE PHIt.DE COMINES. • <fi;
ce ; & clès maintenant pour lors , en tant que meftier eft , les admor^ 1JL67,
tîlCons » 6c ordonnons que par noftre hoir (oient femblablement admor-* '
fies ^ & fur ce baillées Lettres aufdites EgliTes telles » & eh telle forme
uil appartiendra , 6c lefquelles rentes Toulons & entendons eftre àcqui-*
es hors Fiefs 6c Juftices^
Item. Donnons & laiitbns à tous les Cpnvents des quatre Ordres de$
Mendians de nos Pays » de nos Duchez & Comtez de Bourgogne , Char
rolois, Mafconnois » Auxerrois , Brabant , Limbourg > Flandres, Ânois,
Haynault » Hollande y Zelande 6c Namur » à chacun d'iceux Convens
vingt livres pour une fois » pour faire un obit & anniverfaire folemnel y
chaicun d*iceux Convens une fois , pour le falut des âmes de nous & des
perfonnes de(Iu(dites*
♦ Inm* Et en outre aux Convens dçs Frères Prefcheurs 9 des Frères
Mineurs & des Cacmes , lez noftre Ville d' Arras » donnons & laiflbns la
ibmme de nulle livres pour une fois ; c eft à fçavoir , au Couvent des^
Frères Prefcheurs quatre cens livres » 6c à chafcun des autres deux Con-
vens trois cens livres > pour icelles fotnmes convertir & employer aux
réparations & referions des édifices de leurs Eglifes & Convens , qui
ont efté démolis 6c abatus pour le fait de la euerre ; & moyennant que
les Religieux defdits Convens feront tenus vaire célébrer chafcun an per«
cruellement en chafcun d'iceux trois Convens , un obit & anniverlairc
iblenmel y â tel jour que irons de vie à trefpailèment.
lum. Voulons 6c ordonnons que de nos biens & de noftre exécution
foie prife la (bmme de dix mille livres monnoye Royale , laquelle vou-
Ions eftre donnée > baillée & diftribuée lepluftoft que faire fè pourra
bonnement, après noftre deceds , par l'ordonnance de nos exécuteurs cy^
après nommez , aux pauvres Egliles^». Hofpitaux 6c Maifons-Dieu de nos^
rays , des Duchez &: Comtez de Bourgogne , Comtes^ de Charolois >
Mafconois & Auxerrois..
lum. Pareillement voulons- 8c ordonnons (emblable ibmme de dir
mille livres monnoye Royale eftre prife 6c diftribuée par Tordonnance de
nofdits exécuteurs , aux pauvres Eglifes , Hofpitaux & Maifons-Dieu de
nos Pays^ de Brabant, Limbourg ,^ Flandres^ Artois, Haynault, HoUan^
de, Zelande 6c Namur*.
liem^ Donnons 6c laiflbns i nos familiers 6c ferviteurs de noftre
Hoftel , la fomme de vingt mille livres , pour une fois , pour les reconv*
penfer aucunement de leurs fervices , &afin qu'ils foient plus tenus de
prier Dieu pour nous , 6c les diftribuer entre- iceux familiers & fervlteurs
par nofiiits exécuteurs & par leur ordonnance *, c'eft à fçavoir , dix mille
Êvres aux Chevaliers , Efcuyers, Confeillers, Secrétaires & Chapelains
*qui nous (erviront au temps de noftre trefpas , d chafcun félon foa
^at , & félon qa'ils nous auront plus longuement fervi , & où il fera
snieux employé , & qui plus grand befoin en auront , & de nous auront
.eu moins de profit; & les autres dix mille livres de rente à gens de
moindre eftat : Comme Queulx, Faulconirrs, Veneurs, Varlets^ fervans
6c autres gens au deflbus , à chafcun (eton fon eftat , & où il fera mieux
employé, 6c qui aura plus longuement (èrvy , 6c eu moinsde profit de
nous > comme déflus..
H h h h i: Itatu
6î4 PREUVES ]>ES MEMOIRES
, lum* Voulons & oidonnons que les dons & traofpoics que âvont
^ ^* faits à noftre très-chere & crès-amee coropagnela Ducheflèf de plufieurs
Terres & Seigneuries > de auffi l'affi^nacion de Ton douaire » avec le$
oârois que faits luy avons , de pouvoir tefter des biens que donné luj
avçns ) ou d*une partie d'iceux , luy foient & demeurent bons & valables^
te les confirmons , te chafcun d'iceux , par ccluy noftre prefenc Teftamenc
au profit d*icelle noftre compagne*
Jum. Voulons & ordonnons que les dons & recompenfations , offices
te pendons que avons donné à vie à nos Chambellans 6e autres ferviteurs»
de quelaue eftat qu'ils foient , leur demeurent leurs vies durant 9 félon la
teneur des Lettres qu'ils en ont de nous.
hem. Nous faifons , nommons Se inftituons noftre héritier Se (uccef-
feur univerfel en tous nos biens , Terres 6c Seigneuries» noftre très-cher
te très-amé Fils Charles , Comte de Charolois & Seigneur de Chafteau-
Belin , & s'il advenoit (que Dieu ne veuille) qu'il allaft de vie à trefpas
devant nous > & que au temps de noftre dcceds nous n'ayons autre en*
fant , ou hoir légitime mafle , ou' femelle defcendant de noftre corps ^
ou de noftredit nls ; en ce cas nous voulons & confentons que nos biens«
Terres & Seigneuries efchoyent & fuccedent i ceux Se i celles de nos
fœurs , nepveux > confins & parens plus prochains , aufquels félon raifon
elles devront efcheoir & fucceder , le tout à la charge de l'accomfdifte-^
ment de ceftuy noftre prefentTeftsunent > par la main & par l'ordonnance
de nos exécuteurs cy-après nommez.
Item. Voulons que noftredit Fils, le Comte de Charolois 9 s'il nous
furvit , Se confequemment tous nos autres héritiers & fucceflèurs en la
Comté de Flandres , qui feront Comtes de Flandres , foient tenus de
donner Se envoyer chauun an perpétuellement , à leurs frais & defpens»
la fomme de cinq cens ducats d'or aux Religieux Cordeliers du Mont
de Syon , pour & au profit du Couvent & des Rel^ieux en commun
dudit Mont de Syon , aufquels donnons & laiilbns ladite fomme par
chafcun an perpétuellement. Se de ce chargeons exjpre(&nent & à tous-
fours hoftredite Comté de Flandres , & tous Se chaicuns nos fucceftcurs
€n icelle Comté.
hem. A Comillc , noftre Fils baftard , nonobftant quelque chevance
3u'il ait d'autre part , donnons & laiâbns fix mille livres monnoy e Royale
e rente ^ à héritage pour luy Se les hoirs de fon corps defcendans en
droite ligne & en lojral mariage , laquelle rente luy voulons eftre baillée
& aflignée bien & lurement en nos Pays de par deçà de Bcabanr , Flan*
dres, Artois, Haynault, Hollande, Zelandey ou Namur, dedans un
an après noftre deceds , lefquelles fis mille livres de rente voulons Se
étendons eftre comprifes les rentes Se revenus des Terres & Seigneur
ries que dès maintenant il a , ou aura de nous cy-après avant noftre tref*
pas , Se ce qui reftera d'icelles fix mille livres de rente au jour de noftre-
dit trefpas, nofdits exécuteurs luy parfoumiront reaument Se de fait «
des biens de noftredite exécution , ainfi que dit eft , & par condition ^
que s'il alloit de vie à trefpas , fans hoir de fon corps en loyal mariage 9
comme dit eft , ladite rente &aftîgnations baillées pour icelle, retour*
nçrpient â noftrç héritier , ou héritiers qu'il appartiendront » de auifi que
DE PHIL. DE COMINEJ; l^i<
feponr bdicc rente 'luydtotenc. baillées» caxiune vtay^fed^ableineQC ^
le convietulca > aucunes Tecres de noâse Seigneurie & Domaûse i noftre | ^ (^ ^,
héritier > ou héritiers qu'il appartiendra , pourront recouvrer ^fthiy'bail*
lanc premièrement autacKtle'ibtre Mrte part, qui ne {eroât point du
Domaine de nos Seigneorks » atiffi-bien aflife 6c auffi btenrevenaoïtc ,
en nos Pm defliifdits » cbnmie iceUes qui premîeces baiUées kiy m-
roienteûsB. ;>■•
litm. A Aotboine » ncrfbe Filsbaftard^ donxRMis & laiilâns < (embla-
bboKsit deux ibilte cinq cens livres moanoyexsoyale de fcnce 'à- héritage
pour kiy fie ks hoirs defccndans de ûm cotps^-en dnMce làmc Bc en
loyal mmBgC9 hupioUe terne loy youlons eâxe baillée 6c aAignée bien 6c
âremcntcn nos Pays ^e par deçà , de Srabant , Fiandscs^ Âstois , Hay-
nanfa , Hollande, Zelanœ , on Namiir^ dedans un an après noftre de-
cc3s , Se par condition , que s'il alloit de vie a uefpas Gais avoir hoirs
de (on <!orps en droite Jigne & loyal mariage ^ comme dit eft-, ladite
rente 6c lesiaiEgnarions willées pour scelle , retourneront à viù&xc herl*
tter, ou horitiers qu^il appaiïtiçndra , 6c auflî que fe pour ladite tente*»
luy eftoient baillées , comme vra^'^^^^^'^'^^*?^'^ le adviendra faire»
ancunes Terres de noAre Se^neotie 6c Domaine , noftre héritier ,. ou
heririers qu'il appartiendra , les pourront Tecouvror m luy baillant autant
de terre premièrement anore part, qoi^ie foirt^pediu du Domaine de rms
Seigneuries , auffi bien ïevenant en nos^ays defiiliHits, comnle (:elks
^ue premières baillées li^ amront efté* '
liem. A Marion , noftre File baftiarde , donnons & laiflbns^Ia fotû-
me de qoinze mîUe libres monnoye Royale pour fon inoriage^, 6c pour
eftre emf^oyé le tout , ou au moins la plus grande partie , en tentes 6c
héritages au profit d'elle & des fiens.
Item* A noftre autre PiHe baftarde , qtii eft^emetirante à. prefent ^
l'Hoftel de Pierm du Chefne, noftre RentmaUtre d&firabano, doiinotls
& laifllbns pareillement la fomnie de douze mille livres monnc^ Rc^de
poor Ton mariage, 6c pour eftre employé le tour , ou au ïnoins la plus
grande partie en rentes 6c héritages au profit d'elle & des iiens. > ^
Item. A noftre autre Fille baftarde , à prefent demeurante en Flan*
dres , donnons & laiflbns pareillement la fomme de dix mille livres»
pour une fois , pour fon mariage , & pour eftte employé le tout , ou
au moins la plus grande partie > en tentes 6c héritages au profit d'elle 6c
des fiens» ' ^
Item. Bt au regard de noftre Ordre de la Toîfon d'Or , que avons
ordonnée 6c mife fus depuis certain temps ençà , ce dont ne fotk en-
core gueres accomplies , ne aflbuvies du tout les fondations , édifices 6c
autres ordonnances , 6c mefmement l'ordonnance par nous faite d'acque*
rir en noftre Ville de Dijon lieux 6c places » & y taire édifices » 8c auffi
acquérir rentes pour le vivre & eftat de douze- pauvres anciei^'Cheva-
fiers de bonne renommée ^ 6c pource que ne fçavons s^il plaira â Dieu
nous faire cette grâce, que avant noftre deceds puiflions accomplir tou-
tes lefdites fondations 6c ordonnances , nous voulons & ordonnons que
ce qui en reftera i faire 6c accomplir au temps de noftre deceds , tant en
^dinces > acquifitions détentes & héritages j que autrement > foit parfait
&
___^^ €i^ PREUVES BES MEMOIRES
^T"** & accômply des biens de noftre exécution , ainfî & par k maniete que
^ ; nofdips exécuteurs trouveront eftcc ordonné par nous au Chapitre de
noftredit Ordre.
Item. Voulons en outre que en noftre Ville de Dole 9 pour le tnen 6c
. augmentation de noftre Fille de l'Univerfîté dudir Dole foit » à nos deA
pens 9 ou des biens de noftre exécution > fondé un Collège pour un
Maiftre & douze pauvres Efcoliers de la nation de nofdits Pays » de
nofdits Duché & Comté de Bonrgogne > pour le vivre defqueb (oient
«achetéêsi rentes & revenus à tousjours» &aui&pour leurs demeures >
1 maifons & édifices , à la diftribution & par Taiivis de rffi& exécuteurs y
jufques à laTonune de dix mille livres ^ pour une fois ic au deflbus;^
lum. £t pource. que par noftre Teftament autrefois fidt , & aufC par
• autres Lettres par nous paflées & accordées entre^vifs à noftre très-cner
& féal Chevalier & Chancelier , Meffire Nicolas Rolin , Seigneur d'An-
^thune,,.Sc mefmement nour confideration que luy baillafmes l'Ordre de
. Chevalerie % luy avons donné & tranfponé , pour en jouïr tantoft après
,r^fi^^t% deceds» par. luy & fes hoirs i tqus jours > noftre Chaftel, Bourg
& Chaftellenie de Moneuvrey en noftre Comté de Bourgogne » avec fes
appartenances quelconques > en Teftimation de cinq cent livres efteve*-
nons de rente, en toute Juftice & Seigneurie, haute , moyenne & baflè^
^ en telles prérogatives qcCpnt les autres hauts Jufticiers en noftredite
Comté 9 par condition que . les hoirs légitimes de noftre corps , foient
mafles ou femelles , le pourront racheter toutes & quantes fois qu'il leur
plaira d^keluy. noftre Chancelier ou des ilens, en luy baillant reaumenc
& de.fait , à une fois , la fomme de dix mille falus d or , ou de quinze
Qiille livres , ainfî que ces chofes font déclarées plus à plein es Lettres
que noftredit Chancelier en a de nous \ nous de noftre certaine fcience,
^ pour confîderaiion des bons fervices , que iceluy noftre Chancelier
; OQH^'fût. lournellert^ent , louons , ratifions & confirmons par cet noftre
prpCent T/sftameuf i Icfdits don ^ tranfport , & tout le contenu efdites
Lj^trts qi^ en a noftredit Chancelier , ^ en la claufe de noftre premier
Teftament.de ce faifant mentiop , & d'abondant, en tant que meftier
. eft , par celuy npftre prefent Teftament , luy faifons lefdits don &
tranfpottf
. Iwn^ En outre , pource que avons entendu que le Prince d'Orançc ,
noftre iCoufin , prétend avoir aucun droit es Terres de Chafteau-Bdm ,
Orgelet , & autres en noftre Comté de Bourgogne, qui furent au Comte
de Tonncre» £c lefquelles avons donnéçs â noftredit Fils de Charolois ,
combien que tenons que ledit Prince n'y ait f aucun droit j voulons &
Qtjdonnons que à iceluy Prince d'Orange foit ouverte la yoye de Juftice,
s'il le requiert , en noftre Parlement de Dole , & par les Gens qui tiea-
dronr icpluy Parlement appeliez , & ovs noftredit Fils ou fon Procureur,
. ^ audres qui feront à appeller , foit adininiftrée juftice & raifon.
lum*' Et afin de, pourveoirau gouvernement de nos Pays , Terres &
Seigneuries , s'il advient que allions de vie à trefpas, furvivant noftredic
Jils Charles , Comte de Charolois , & luy eftant fous agié , voulons &
ordonnons premièrement , au regard de la perfonne de noftredit Fils ,
f|u'ii foit nourry ^ alimenté durant ie temps dç fa minorité > & jufques
. . il
DE PHIL. DE COMINES. ^17
il Toit en âjje fuffifant » avec hoftre très-chere & très-amée compagne la
Ducheflè la mere> en nos Pays , Terres & Seigneuries , & non ailleurs. * 4» ?•
Et au regard du gouvernement d*iceux nos Pays , Terres Se Seigneuries
durant ladite minorité > voulons & ordonnons que noftredite compagne,
comme première & principale , & après, nos amez Se féaux , l'Eveique '
de Tournay , rArchcvefque de fiefançon & TEvefquede Gambray, qui
à prefent font 'i le Seigneur d'Anthune , noftre Chancelier y Meffire An-
thoine > Seigneur de Crov Se de Renty , noftre Coudn & premier Cham-
bellan *, noftre Coufin & Kiarefcbai de Bourgogne , Meflire Jean , Comte
de Fribourg & de Neufchaftel > le Seigneur de Charny & de Molinet ;
Meflire Jean de Croy , noftre CouHn Se Bailly de Haynault ; les Sieurs
de Roubais Se de Santés ; Médire Jean Bont , noftre Chancelier de Bra-.
bant \ Médire Colart de Cominesfi) , noftre Souverain Baillv de Flan-
dres y Se Maiftre Eftienne Armenier » Preddent de nos Parlemens de
Bourgogne > avec autres tel , ou tels que noftredite compagne , & les au-
tres aeflus nommez aviferont , en ayent le gouvernement Se adminiftra-
tion en tous cas » tant en fait dé juftice , de finance, de police & gouver-
nement de pays , que autrement. Se d'y commettre Officiers en tous-
Eftats durant la minorité dé noftredit Fils.
. Item. Et pour raccompliflèment de ceftuy noftre prefent Teftament ,
nous eflifons & nommons nos exécuteurs noftredite très-chere & très-
amée compagne la Duche(îè , Révérend Père en Dieu TEvefque d'An-
xerre > noftre Confeflèur , & en fon abfence & quand il n'y pourra vac-
quer , Révérend Père en Dieu TEvefque de Salumbrie , Confedèur de
jBoftredite compagne , l'Evefque de Tournay , l'Archevefque de Befan-
çon , noftredit Chancelier Meifire Nicolas Rolin , Seigneur d'Anthune i
noftredit Coufin , Confeiller & premier Chambellan Mcfldre Anthoine,
Seigneur de Croy & de Renty ; noftredit Coufin & Marcfchal de Bour-
gogne Meffire Jean , Comte de Fribourg & de Neufchaftel , & ledit
Meffire Hugues de Lannoy , Seigneur de Santés y aufquels deffiis nom-
mez , les fept , les fix , ou les cinq d'iceux , dont voulons noftredite com^
pagne , comme principale , y eftre toutes les fois qu'elle y pourra & vou*
ara entendre , & pareillement nofdits Confeflèur Se Chancelier , nous
donnons plein pouvoir , anthorité & mandement efpecial de mettre i
exécution due ceftuy noftre prefent Teftament Se ordonnance de dernière
voulenté, en tous & chafcuns fes points , reaument & de fait; Se i cette
caufe voulons Se ordonnons eftre mis , & dès maintenant pour lorfr
mettons en Rurs mains tous nos biens , meubles & dettes mooiliaires à
nous appartenantes quelconques , & quelque part qu'ils foient au temps
de noftre deceds , les en faiiidbns , Se voulons que tantoft après noftre
deceds ils en foient faifis , & par bon & loyal inventaire en prennent
Se faflènt prendre la réelle Se corporelle détention , pour l'accomplifiè-
ment de ceftuy noftre prefent Teftament : Voulons en outre Se ordon-
nons que nofdits exécuteurs ayent Se prennent la moitié de toutes les
rentes , profits & revenus de nos Pays, Terres & Seigneuries, les char-
ges ordinaires déduites, tant en domaines comme en Aydes , a commen-
cer
( I } Cétoit k pcre 4ç Philippe àfi Cojnines*
Tom II. liii
* Ccft ce
ii8 PREUVES DES MEMOIRES
\7^^ ^^ tantoft après noftre deceds > & conânaer unt & fi longaement > que
^ ^* ceftuy noftre prcTent Teftamenc foie en cous fes points entièrement ac«
comjply. Aufquels nos eiecuteurs deflus nommez » c*eft à (çavoir > audit
fvelque d'Auxene , noftre Confcflèur , donnons & laiflbns la fomme'
de mille livres monnoje Royale pour une fois » & audit Evefque dr
Salumbrie > Confeflèur de noéredite compagne » la fomme de cinq cens,
livres monnoye Royale pour une fois , & à tous les autres apfès nom-»
meZ) à chafcun d'eux un joyau jufques â la fomme de cent lalus d'or >.
pour avoir mémoire de nous. Et voulons que iceux nos exécuteurs advii^
lent entre eux » un ou deux bons preud'hommes i leur advis , ic gens
bien receans , aufquels ils commenent la recette de defpenfe de noftre-
dite exécution » & qui feront tenus d'en rendre bon & loyal compte fie
nliaua j là & ainfi qu'il appaniendra.
^ ium. Et que c'eft noftre prefent Teftament & la publication & execu^
tîon d'iceluy , nous foumettons aux Jnrifdidtions de l'Eglife & tempo-^
relie ; c'eft à fçavoir , à noftre Saint Père le Pape , & i l'Audience de b
Roe * en Cour de Rome, & auffi à Monfeigneur le Roy, & à fa Cour
de Parlement à Phris \ voulans & confentans que après noftre deceds nos^
f!dlc°l^#*^ exécuteurs deflus nommez puiftent faire ladite foumiflion en ladite Cour
^^ "de Rome & auffi en ladite!0)ur de Parlement à Paris , en toutes les deux»:,
' ou en Tune dlceUe , félon que b<Mi leur femUera -, & quevar vertu dcf-
dites fonmiflions nos héritiers & fuceâèurs, & tous autres a qui iLpourrar.
toucher , foient contraints , tant par la cenfure de l'Eglife , comme par
exécution réelle & autrement , par toutes les voyes dues à entheriner ^
fournir & accomplir toutes &cnaeunes les chofes.de£ifdite^, fi & etk
?ant que toucher leur pourra tjEr nonobfiant que une grande partie de nos
biens , Pays , Terres & Seigneuries foient hors de ce Royaume , & hors de
la JubjeSion de mondit Seigneur le Roy, laquelle chofe ntmobfiant voulons,
qu ilsfortiïfentJuriftiSion en la Cour de Parlement , au regard & en tant
qu*il touche cejluy noftre prefent Tefiament^ pour C exécution d^iceltty , &
les dépendances a icelle exécution > & non autrement y ne plus avant. Er
auffi voulons que fi aucuns de nos exécuteurs deffiis nonunez , ne pou^
Toient ou vouloient entendre & vacquer au fait de ladite exécution , ov^
allafient de vieitrefpas avant c^uè ladite exécution fîift accomplie, que-
en ce cas foient en leur lien mis & fubrogez autres idoines y & fidi^
fans par ladite Cour de Parlement de Monfeigneur le Roy , à laquelle efpe^
cialement foumettons V exécution de noflre prefent Teftament.
hem. Et s'il advenoit ( que Dieu ne veuille) que allafllkns de vie sL
trefpas fans laiflèr hoir légitime defcendant de nous , ou (}ue noftredic
Fils de Charolo)*- trefpaflkft avant nous , fanslaiflèr hoir légitime defcen*
dant de luy , Ce nos fœurs , nepveux , niepces , confins ou parens aufquel»
iuccederoient & efchoyroient nos Pays , Terres & Seigneuries , & biens^
voulfifient contredire & empefcher l'exécution A: entherinement de-
eeftuy noftre prefent Teftament , en tout ou en panie , en ce cas celuy >
celle , ou ceux , qui contredire & empefcher le voudroient , privons âc
déboutons , te voulons dès maintenant , pour lors âc deftors, pour main-
tenant eftre privez & déboutez entièrement de noftredite fucceffion &
biens , & la part ou portion des contredifans » ou contredisantes., eftre*
appliquée
DE PHIL, DE COMINES. 619
mpfUiqaét à celuy ou ceax de nordirs autres héritiers qui voudroit confen*
iir par etfet raccompliflement dlceluy noftre Teftament : Et au defiàut ' ^^ 7*
de nofdits prochains héritiers , Se que eux Se chafcun d'eux voudroieuc
contredire 8c empefcher Texecution de noftredit j^refent Teftament >
voulons & ordonnons que nofdits Pays» Terres 2c Seigneuries efcho^nt
ic fuccedent en ce cas à nos autres parens Se couHns , pofé qu'ils foient
en plus lointain degré de confanguinité > lefquels à la requefte de nofdits
exécuteurs voudront entendre & vacquer par effet à raccompliflèmenc
d'iceluy noftre prefènt Teftament : Et en ce cas> c'eft à fçavoir» au def-»
faut de tous nos héritiers plus prochains, qui par raifon devroient fucce-
der en nos Seigneuries & biens » voulons que nofdits exécuteurs puiflenc
choifir & eflire un ou plufieurs de nos autres parens Se coufins , puiflàns
Se fuffifans pour tenir nos Pays , Terres Se Seigneuries , & qui veuillent
entendre par effet » conune dit eft , à l'accompliflèment de ceftuy noftre.
Erefent Teftament » lefquels en ce cas voulons & ordonnons eftre nos
eritiers & fuccefleurs en tous nofdits Pays > Terres & Seigneuries Se
biens ) Se en privons & déboutons les autres audit cas. >
lum. Voulons Se ordonnons que tous & chafcuns les dons Se légats
par nous faits , comme deflîis eft déclaré > foient & demeurent valables»
nonobftant quelconques ordonnances anciennes , par nous ou nos pre-*
deceftèurs faites de non donner ou aliéner aucune chofe de noftre Do-
maine , & mefmement l'ordonnance par nous n'agueres faite » que dons
que nous faiCons , ne foient valables fi les Lettres ne font fignées par
Maiftre Jean Aibert noftre Secrétaire » & prefens certains nos ConfeiU
1ers & Chambellans à ce ordonnez, & quelconques autres ordonnances,
reftriâions , mandemens , ou deffenfes que l'on pourroitdire & alléguer
à rencontre de l'exécution Se plein accompliUèment des chofes deftufdi*
ces , Se chacunes d'icellfcs.
lum. Entendons Se voulons aufti que cette noftre prefente ordon-
nance , en tous & chafcuns ks points , ait force Se vigueur de Tefta-
ment folemnel Se nuncupatif , ou au moins de codicile, ou ordonnance
de dernière voulenté, ou autrement , ainfique mieux valoir pourra ^ en
fuppléant par nous , comme Prince , fi & tant que faire le pouvons , tou-
tes obmiffions & folemnitez , voulans que cette noftre dernière voulenre
foit entièrement accomplie en tous Se chafcuns fês points , fans infrac-
tion aucune; & à ce faire, fournir & accomplir, foumettons, obli-
geons & hypotequons tous & chafcuns nos biens , meubles & immeu-
bles prefens Se â venir quelconques , renon^ans à toutes chofes , tant de
fait , comme de droit ou de couftume , que Ton pourroit dire ou alle^
goer i i'encontre des chofes deftufdites , ou d aucunes d'icetles ; 6c
mefmement au droit, difant que générale renonciation ne vaut fe l'efpo-
cial ne précède ; Se voulons que aux Lettres de publications ou vidimus
de ceftes , qui fe feront après noftre deceds en formev duc Se fous fcet
authentique , collationnées comme il appartient , foit foy adjouftée com-
me à ce prefent original. En tefmoin de ce avons fait mettre noftre Scel
i ces prefentes , & icelles fubfcrites de noftre main. Donné en la Ville
de Rethel le huitiefme jour de Décembre , l'an de grâce mil quatre cens
quarante-un » Signio Philippe. Et fur U rtply cfl tfcnt. De par Monfei-
liii 1 gneuc
étcv PREUVES-DES MEMOIRES
, gneur le Duc > 5ig/ii , Bokesse au. Et fur ledU nply efl encore tfcrit. Et
^ ^' avec ce, à plus grande approbation , parle commandement de mondit*
Seigneur le Duc , Signe > Tronsom ^ avec paraphe. Etjcellé d^un grand
Sjceau en cire rouge pendaru à double bande de parchemin.
Collationnê fur ^original, efiam en la Chambre des Comptes de. Lille*
X C V II t
Lettre de Charles 5 Duc de Bourgogne > donnant avis au Roy Louys Xt.
de la mort du Duc Philippe It Bon ^ fon Père. De Èruges ,
le i Cf. Juin 146 J.
Tiré de Tk yl" O N très redouté Seigneur , je me recommandé- à voftre bonne
redition jLVL grâce fi très-humblement que faire puisj & vous plaife f<çavoir >
j^feî'^^ mon très-redoute Seigneur,, qiiîl a plu à Dieu» Souverain de- toutes
*^^^* chofes,difpofer & prendre à fa part mon très-rcdouté Sgr. & Pere,lequcl
en rendant le dû de nature , trefpafla de ce mortel monde lundy derniec
pafle entre neuf & dix heures après-midy \ Se pource , mon très-redouté:
Seigneur , que de voftre grâce avez eu finguliere amour &c afFeâion à
feu mondit Seigneur & à fa Maifon , fenvoye prefentement par devers
vous mon amé Se féal Chevalier , GoMeiller &c Chambelkn , MeflSre
Emart Bouton, Seigneur du Fay , porteur de ceftes , pour vous figniâes
ledit cas douloureux, à moy tant defplaifant , que plu» ne pourroit eftre,
vous Aippliant très-humblement , qu'il vous plai(e avoir en voftre bon--
ne grâce moy Se les pays fubjets , qui me font par ledit trefpas efcheus».
tant en voftre Royaume , comme en l'Empire , defquels je vous defire
faire tout fervice & plaifir , en moy mandant Se commandant vos bons
VDuloirs , pour les accomplir à mon pouvoir ,. comme raifon eft , Se ainfî
que tenu y fuis , à t*ayde de Noftre-Seigneur lefushChrift, auquel, motu
très-redouté Seigneur , je fupplie qu'il vous ait en fa digne & benoifte
garde ,. Se vous donne bonne vie & longue , avec Taccomplillènient de
vos hauts & nobles defirs. E&rit en nu Ville de Bruges , I0 dix-neur
viefme jour de Juin , l'an mU quatre cens fbixante-fept. Et deJTous efcrit^.
Voftre très-humble Se rrès-obéyflant fubjet , Charles, Duc de Bourges
gne Se de Brabant , & Signe , Ch a a l e s. N. Gros.. Et deffus efcrU^
A mon très-redouté Seigneur ,.Monfeigncuc le Roy>
Trois jours auparavant un particulier avoir appris kmort de ce Duc
de Bourgogne , aux Mayeur & Efchevins de la Ville de* Lille, par la^
jtettre cy-deifus , numéro XCVL dans laquelle il rapporte les circonftatv
ccs.de la maladicde ce Prince^
XCIX.
DE PHIL. DE COMINES. • «ii
X C I X.
15^ Ltun du Cornu de IXammarrin au Roy Lonys Xh fur une rtvolu
arrivée à Moufon.
1467.
I R E 9 le plus humblement que je puis me recominançle.i vo(lre bon- Urée des
. o. !_!/•_ r^-*-: î> f -r >;i i>^^,«:i« J^
m'a efté poflibliey maisj'aj irouvc que les gens de Sallezarc » & auifi ceux,
dudit MoufoB » & les Lie^is > par lesquels le débat eft meu entre eu^
& ceux Dinois , s'en eftoient fuysât abfontez de Udlte Ville un Jpur
avant ma venues donc j'ay efté & fuis fort déplaifant^ S i k e , voqs aviez^
icfcrit i Sallezart de cette matière par ledic de Guyenne » qui le trouva,
an chemin de Paris avant qu'il vînt devers moy à Soiflbns % ledit Salle-^
9art luy dift qu'il alloic devers vous > il luy bailla vos Lettres ^ & fur ce-
ledit Sallezart m'cfcrit une Lettre 3. contenant qu'il refcrivoit à Ton Lieu-
tenant , q^ue comme qui fuft que fes cens > qui avoient fait ce débat m
luflènt priS'9 & en m'en venant de par deçl je trouvay ledit Lieutenant
à Mefieres > & luv bailla Guyenne les Lettres qpe Salk^^art luy efcrivoit»
êc après ce qu'il les eut lues » il me dift qu'il p'y avoit poiat de faute
que les deflufdits. ne fuflènt pris & mis en voftre main , & me dift qu'il
fait,& luy fembloit que pour luy ilsne s'efpouvante^oiem point, toutefoiv"
avant qu'il vinft en ladite Ville de MoufonJes.geas d'armes^ks Liegeoi!s&.
ceux de la Ville > qui avoient efté audit débat , partirent tous enfemble
environ de deux cens honmies en leurs habillemens , tels qn'ils ont de
par deçà. S 1 r e » quand je fus venu je me trouvay bien defplaifant Se
courroucé ^ & dis au Lieutenant qu'il eftoit caufe de leur allée , & oue
ppurce qu'il m'en avoi( refpondu, je m'en pcendtois à luy » & il me oift
que jamais par luy n'en avoient. efté advertis » & qu'il aimeroit mieux
eftre mort que l'avoir fait , & qu'il abandonnoit fa vie s'il fe trouvoit
aue il en fuft confentant ne (çavant : Après pluHeurs paroles. que j'eus
a luy y qui très-longues vous feroient à efcrire , je lu v^ fis commandement
de par vous , ^u'il allaft après eux , & que quand il voudroit , il n'eftoit
Eas en leur puiflànce qu'ils Ce puiftent ekhapper > ne qui ne fuftènt priss
:dit Lieutenant incontinent monta à cheval accompagné de beaueouJ>'
de gens , & a efté deux jours à^les-querir > & n'en a trouvé que rrois^
lefqoeis il a pris , & en les amenant en cette Ville ^ l'un s'eft mis* eh
franchife , & les autres deux m'a amenez , je les ay^fait mettre en vos
prifon» 9 les autres (e font efcartez ^à & là , de n*eft homme qui qn
fçache nouvelle -j quant eft aux Liégeois ôc ceux do cette Ville , ils fe'
font mis dedans les forefts ,. & U fe tiennent , 8c font tous les maux du'
monde , ils prennent gens & boutent £çux , ôc tiennent les gens prifon-
. niers parmy les bois , & n'eft malqu'ils ne faflent » £c tout ce deoat eft
ncnu par iceuXjL autant ou plus > que pour les gens d'armes^ il j a fept
' liii 3 ou.
6ti PREUVES DES MEMOIRES
ou huit prifonniers , tant de la Ville , que des Liegeois^» que faj fait
1 4^7* prendre , qui ne font pas- pas plus coupables » car ceux qui ont efté à
iexecution ^re^s^n lonr tous fîij^s. Sire, j'ay fait examiner beaucoup^
de gen« > Se fait faire les informations au mieux que j'av jpû » n'ay fceu»
lefquelles je vous envove par Guyenne > le jour que ce aebat advint l'un
' ' des principaux , & celuy qui conduifoit les gens qui lurent tuez de
Moimeur de Ckarolois , fut pris & un Hen valet avec luy » je l'ay £dt
examinera fondit valet , je vous envoyé leurs depofitions avec les au-
tres i |e ne Tay point voulu délivrer pour deux raiions ; la première » fi
eft que Ci vevt par bonne information , qu^il a fort travaille vos fubjets
de Élit de grands maux , & fi a très-mauvaife renommée au pays , la fé-
conde , fi eft que veu les maux qu'il a faits » je ne l'ay peint voulu deli<-
vrer Ams le vous faire fcavoir : toutesfois je Tay fait mettre hors de pri«
ibn Se eflargir par le Cnaftel > & luy ay dit que je ne le deftient finon
rafques à ce que les informations foient faites de cedit cas , ainH advenu »
lefquelles je fais faire à route diligence , Se l'ay fait pour l'entretenir en
efperance de fa délivrance 9 jufquesâ ce que vous en ordonnerez i voftre^
bon plaifir. Tay ordonné au Lieutenant de Sallezart , que tous les bien»
2ue les defiiifdits avoient le jour que le cas furvint , qui fdÛc que tout
t tienne , tant chevaux , qu'autres chofes, afin que u voftre plaifir eft
de les faire rendre , que vous trouvez tout enfemble » nonooftant que
ceux qui s'en font allez en ont tout emmené avec eux , Se il m'a dit que
en tout il fera le poflible. Depuis ma venue de par deçà rien ne s'eft fait
de nouveau » comme il fe faiioit paravant -j car ces Liégeois » qui fe font
retraits autour de Moufon , & en la Seigneurie , courroient tous les jours
en la Duché dé Luxembourg » & y failoient des maux largement ^ j'ay
ordonné au Gouverneur de cette Ville qu'il faflc icy retraite tous les
batteaux qui font fur la rivière , &qu'il faUè rompre les gués , afin que du
Royaume en hors ces maux ne fe fafient plus ^ ces Liégeois, qui font tous ces
maux > ont envoyé de vers moy me dire qu'ils ont ouï dire que j'eftois venu
de pardeçà pour les prendre ; j'ay refpondu â leur homme , que vous aviez
fait (çavoir jkut toutes les bonnes Villes de voftre Royaume , que quand
ils y viendroient, qu'ils yfîifient bien recueillis , & qu'on leur fift tout
tout le plaifir que l'on pourroit , & que vous les avez affranchis de tous
(ervices , mais que vous n'entendez pas que de voftre Royaume, dehors^
ne de voftre Seigneurie de Moufon , qui deuflènt faire à vos voifins les
maux qu'ils font , ne que eux , ne autres voulfifiènt fouftenir à fi mau^-
vaifes œuvres *, mais auand ils s'y voudront gouverner comme gens de
bien Se de bonne vie aoivent faire, vous vouliez qu'ils fufiènt recueillis
par tout voftre Royaume , Se que vous avez efté aufii defplaifant des
maux qu'ils ont eus , comme eux mefmes. Sire, j'ay refcrit à ceux de
Liège , & y a un anicle qui fait mention de cette matière , afin que fi
aucun rapport leur eftoit fait, qu'ils en fufiènt advertis. Sire, il eft
venu une femme par devers moy , qui eft de la Seigneurie Dinois , la«
quelle femme m'a baillé une remonftrance , que je vous envoyé par
Guyenne , à moy requérant que je luy voulfiflc faire rendre fes deux
enf^ns, que les Liégeois tiennent prifonniers aux bois ^ je me fuis etiquis
U fak enquérir fecrettement poui f^avok où ils font , £c fi je puis fçavoîr
où
DE PHIL. DE COMÏNES. ^a^
eà ils font t je mcccray peine de les recouvrer 6ç les feray rendre s; cçux
de cette Ville font venus par devers moy deux ou trois fois » & m'çoj: ^4^7^
requis que )e fiflè vuider les brigands de ces bois ou autrement, îb foni
Krdus y car les Marchands n'oUnt aller par pays > ne les Laboureurs la-
urer , ne ne monte ne defcend rien au Ions de la rivière de Meuze »
fc eft toute marchandife perdue, & font ddiberez , ainfi que m'a dit
ledit Gouverneur , & eux-mefmes , d'envoyer par devers vous pour-cette
çaufe. SiB^Bs fy donneray le meilleur remède que faire fe pourra , mais^
il eft bien difficile à ce faire , car i grande peine, les chailera-t'on hors
de ces bois fans en faire punition corporelle ^ & je doute que. qui le
£era vous ne mefcontentez les gens du Liège , car fi n'eftoit cette crainte
f Y penferois bientoft pourveu a Tayde de Dieu. S i r b y 7^y ordonné au
Lieutenant de Sallezart qu'il envoyé quérir huit ou dix lances ^our met«
^e en cette Ville au lien de ceux qui s'en font allez., & au'ils foienr
gens paiiibles & de bonne affaire , &c qu'il y ordonne un homme (îige:
pour les conduire y car il eft bien neceffité que celuv qui y fera &>it hom-
me froid & de bon entendement r il m'a dit que dedans Mardy prochain,
fans point de faute , ils (èront en cette Ville , Sc eux venus , Se aufli * * Ajoutez >
avoir donné la provifion qui me fera poffible i fes gens, qui font parmy ^h^
ces bois 7 je ne vois pas que ma demeure de par deçà pui(Iè gueres iervir,
«ar tant (|ue je feray en la Ville , lefdits Liégeois , ne ceux de la Ville , '
qui ont fait ce cas , ne s'y trouveront ^ mais incontinent (Qu'ils fçauront
que j'en feray party , ils y reviendront. Je char^eray audu Gouverneur
que incontinent qu'ils feront retournez, qu'il les prenne 6c mette çrt
prifon , & aufli luy bailleray ceux qui font prefens , Sc les mettray eiv
bonne (iketé y Sc puis ay mon efperance de m'en tirer vers Laon , Se en
ces marches-là, ou font mes gens logez ^ car je doute que fi j'eftois lon^
j'aj dit audit Lieutenant de Sallezan» qui faflê fçavoir pat toutes les gar*
niions U où les gens dudit Sallezart font logez , que homme fur peine
de fa vie ne faflè nulle voye de fait fur les gens de Monfieur de Cbarolois»
ce qui m'a dit que fera , & â mov retournant je pafièray par une partie
de leurs gamifons , Sc leur feray le commandement v femblablement le
Gouverneur de cette Ville m'a dit que en la Comté de Qrandpré, qui
eft en Champagne , qu'il y a un crand tas de ces Liégeois , qui font
tous les maux du monde , & m'a dit ledit Gouverneur que je vous en
advertiflè , afin que vous le fiffiez fçavoir à Monfieur de Qiaftillon pour
V pourveoir. Sirs , vous m'avez efcric que vous aviez fait fçavoir i
Monfieur de Charolois que vous m'envoyez de par deçà , Sc auffi qu'il
y envoyaft pour cette matière , il n'y eft allé ne venu homme de par luy
devers moy , fi ai- je mis peine par voyes couvertes , que quelqu'un des*
fiensvinft jufques icy pour leur donner â entendre quevous eftes defpki»
fànt de ce cas advenu V Sc auffi pour leur remonftrer les diligences que
vous en faites faire. Sire , j'ay faîr en cette' ofiatiere tout le mieux que
î:'ay pu ne fceu , Sc feray à cecy Sc i tontes vos autres affaires. Sire, vous
m'avez efciit que je fille punition de ceux que je trouverois coupables^
mais.
i
^^^^^ €z4, PREUVES DES MEMOIRES
^rTT^ tt*^ Icfdîtcs Lcrtrcs'portoicnt créance Cm lecUt Guyenne » qui eftoit eii
^ 4 7« ^^^ ^g j^ diflimulaflè de faire aucune punirion » ce que j*ay fait , ic
▼û aum les cho(es » qui ne font pas encore en eftat pour y aiflèoir. Juge^^
ment. Sire , plaife vous moy mander 6c conmiander vos bons plaifirs >
pour les accomplir au plaifir de Dieu 9 auquel je prie qui vous doint
tx>nne vie Se longue. Eicrità Moufon,le vingt neuviefme jour du mois
de Juin. Sire 5 Guyenne a efté voir ce qui a em fait , par lequel pourrez
eftre informé du tout. Votre très^humble Se obeiflànt ferviteur Se fub«
jet, An^ D£ ChA BANNE.
Au Roy , mon (buverain Seigneur
C.
Remarques fur le Cardinal Balluë. Comment le Cardinal Ballui ( i ) ^
rEvefque de Verdun entretenaient la divijion entre le Roy Louis XL
& fon frère Charles , Duc de Guyenne.
Rcmarqacs Z*^ EUX qui ont efcrit la Vie du Roy Louis XI. remarquent que Jeant
^c M. Gp- \^ Cardinal de la Ballue , avoir un ^and pouvoir auprès de luy : Que
I Ji V"' ^^ Cardinal le trahit au Traite qu'il ht en mil quatre cens foixante-huic
Eido à Pcronne , avec Charles dernier Duc de Bourgogne : car ce Traité fut
fort honteux au Rov Se au defavanuge de TEftat ; auffi le fit-il eftanc
prifonnierdans lé C^hafteau de Peronne. Le Roy eftant hors du pouvoir
de ce Duc > commença à recognoiftre la trahifon du Cardinal , qui avoir
eftc corrompu par le Duc de Bourgogne » tellement qu'il ne vo'yoitplus
fi volontiers ce Cardinal. En ce remps-là, l'Evefque de Verdun vint à la
Cour y attiré par le même Roy , parce qu'il fçavoit que Charles fon frère
fe gouvemoit par cet Evefque. Cet Evelque d'autre codé promit plus qu'il
ne pouvoir au Roy , Se éfperoit par là venir au Chapeau de Cardinal : mais
B'ayaïit pas nu faire ce qu'il avoir promis auprès du frère du Roy , il fuc
forr meprife i la Cour , qui mefure ordinairement les hommes par l'a-
vantage qu'on fcfpere en tirer. Ce Cardinal difgracié fîit trouver cet Evef-
3ue , qui fe recognoiflbit fort mal à la Cour , & luy .fit (entir l'eftat où
s fe trouvoicnr rous deux , Se combien ils eftoient mefprifez. Que le
Roy ne faifoir eftat que de ce qu'il craienoir. Qu'il eftoit fort inconftant
& ingrat. Qu'ils pouvoient rentrer en leur premier eftat , s'ils pouvoient
conférer finceremcnt enféhible. Cet Evefque embraftà volontiers ce party*
Charles , firere du Roy s'cftoit retiré en Breragne près le Duc. L'on rrai-
toit de fon retour Se de l'accommodement avec Le Roy fon frère. Le Duc
de Bourgogne avoir fes Ambaftàdeurs près ce Prince en Bretagne. Les
conditions de l'accommodement que l'on propofoit de la part du Roy à
fon frère eftoient , que au lieu de la Champagne Se Bne , il prît la
Guyenne., comme plus advantageufe. L'Evefque envoya fecrenement en
Bretagne
.( I) [UCardinsiBëUM , } £iat lin de b Ballue , die M. Godifi^.
ffy Ten doute cependant , car la Lettre
m^e du Roy Louis XI. le nomme tou-
jours Iç Car4iW BgUyiif» ^ luy-méme ne
%ooitpa$ autrement. Enquoi , Mm/hiiêf^
la Chronioue fcandaleulc & les autres
Ecrivains lont uniformçSt
DE PHIL. DE COMINE s; €if
Bretagne advenir ce Prince de ne pas accepter la Guyenne. Qu*ll s*efloi-
gnoit trop de la Bourgogne » ce que defîroit le Roy : qu'il feroit en ce * * ^
pays environné de grandes Provinces du Royaume > fans aucun fecours. <
Que s'il vouloir efprouver comme il difoit vray , il n avoir qu a deman^
<ler que l'on luy adjouftaft une des Provinces voifînes de la Guyenne ,
'qu'il fçavoir que Ton luy refuferoit , & que lors qu'on avoir donné advis
au Roy que le Roy d'Elpagne avoir perdu fon frère > qui l'avoir fort
troublé 5 il avoir dit que cette mefme fortune manquoit à fa feliciré»
Le Cardinal de fon cofté envoya un des (iens en Bretagne , pour rraiter
avec les Ambafladeurs du DucdeBourgogne,qui avoient ordre conforme
à ceux de l'Evefque de Verdun , Se adjoufta qu*il faloir que le Duc de
Bourgogne fe confervàt en l'amitié de Charles frère du Roy , lequel en
la feule confîderarion qu'il eftoir héritier du Royaume , une grande par-
tie des princes du Royaume feroient de fon cofté , qu'il ne falloir pas qu'il
quittât la Champagne. A cela , il adjoufta que le Roy difoit toup les jours
mille injures contre le Duc leur Maiftre* Il arriva par un de ces hazards
Suiarrivenr fouvenraux rraitres » que l'on prit comme par miracle, un des
omeftiques de l'Evefque , qui portoit des Lettres du Cardinal au Dud
frère du Roy , ce domeftiquc fut donc arrefté près Chafteaudun , & fîic
trouvé chargé de Lettres en ( i ) chiffre dont il fçavoit l'explicationril fut
conduit au Roy , c[ui defcouvrit la trahifon du Cardinal & de l'Evefque.
Le Roy les fit venir devant luy, & leur reprocha leur perfidie, & les fie
f rendre Se mettre en prifon. Puis envoya quelques Confeillers de foa
arlement , pour les mrerroger : l'Evefque confefta tout , & le Cardinal
aufli , qui dit qu'il avoit fait cette trame pour fe vanger de ce que l'on
l'avoir ofté du Miniftere , Se qu'il avoit recherché les moyens d'y renrret
par la dtvifion : Le Roy depefcha incontinent à fon frère tout ce qu'il
avoit appris de cespri(onniers,& luy remonftra de quelles gens il fe fer-«
voit , qui n'avoient autre dc0èin que de les tenir en divifion pour en
profiter , qu'il ne luy imporre qu'il ait la Chaitipagne ou la Guyenne. Le
Duc fiefchy par les aifcours du Roy fon frère , fe refolut de prendre la
Guyenne, pour laquelle il avoit inclination. Le Roy Se fon frere.arrefte«
rent de fe voir en Anjou fur une rivière , où l'on fit conftruire un pont k
& une efpece de Chafteau de bois au deffus. Le Roy & fon frère fe
virent au travers d'un treillis , le frère fe jetta aux pieds du Roy , & (e
baillèrent la main à travers des barreaux : Le jeune Prince s'excufaauRoy
fur (es mauvais Confeillers. Le Roy prit la paroUe , & luy dit que ceut
qui le gouvernoienr avoient grandement failly, qu'il nepouvoitpas faire
plus mal que de fe fcparer ainfi : Vous avez erré çà & là , efclave de vos
valets 9 approchons-nous Se nous recognôiftrons où nous ont porté les ar-
tifices, de ces mefchans : je vous pardonne plus volontiers , maintenant
que je recb^nois que vos voyages ne font pas de voftre mouvement. Tout
ce qu'on vient de lire eft extrait de l'Hiftoire de JacG[ues Picolominy ^
Cardinal de Pavie , livre 7* de fes Conmientair^ , impœflion faite i
Milan , l'an mil cinq cens foixante » le vingt- neuf Mars > in-folio »
p*ge
( I ) Voyez le Cabinet 4e louis XI. cy- Jç/Tu^ , fstgQ x 3 z •
Tomll. Kkkk
6x6 PREUVES DES MEMOIRES
. page 405. & ruivances, & de l'im pceflîon de Frandbct de mil &l ceak
'^ '• quatorze » page 441. & fuivantes»
. Dans le Ga/Ua ChnfUana de Claude Robert cy^cSm alkgaé ^. page
598. an Cacalc^ne des Evefques d'Evreuz » op. yi^ on lie
Joannes de fikduë , ex Cof^fèffario & Elûmofinario Ludavici XI. €t Ab^
tau trigtfimo tertio Becci 9 eo^ primo Commcndatario cof^ramr in Ec^
de/la rarijitafi 1466* dit Doaùmcd çuartd Augi^i , pojtta Cardinalis^
& Andegaytnfis Adminifirator > qui tandem tx amico inimicus faSus
Rtgi Ludovico Xh annos undtcim in carcert cum EpUcopo Virduntnfi
tTMft^t 5 teât Ptùtippo Comintto^Ub. %• cap. ultimo^écquoaiamOnu^
phrius , & Ùiaconius. Itaquc exptrtus tfi Horatiamun iUud^
Dulcis imxjptrtis cultura potentis ^mici..
Et au Gitalogue des Eveuiues d* Angers » n9. £7». Joannes de Batur ex:
Ebroictnfi, pcfica Cardinalis , Epifcopus Albaner^ ^filius Sartoris. Vide
Domirmr^ de Refuge 9 TraBam ôallico de Curia , poR z. c^zS. Petrum.
Mathieu , Ub^ il^ vitm Ludovici XL Guaguinum , libro undecimo.
Dans le Recueil des Libertez de l'Eglife Gallicane , imprimé l'an mil!
fix cens trente-neuf, au Traire des Droits Ecclefiaftiques » fait par An*
thbine Hotman , Advocat en Parlement y Tan mil cinq^ cens quatre»
yingt quatorze , pages 187* ic 1&8.
I^ Cardinal de &diuc fiit em^ifonné avec l'Evefque de Yicf dun > dik
temps du Roy Louis onzierme», Fa3i autan caufam vulgari violatam ab
us Majeftaam & quietem Regni ardbus impeditam » ce dit Jacobus Cardin
naiis Papitnfis , lib. y. Commentariorumy ou il recite tout ce difirxend^
& comme ce Jean de BaUuë eftant de petit lieu, parvint avec grander
induftrie à eftre Cardinal du titre de fainte Suzanne, &gouvernoit
tout le Ro)raume de France t Mais impatient de fa fortune , &. fe voulant
mefler trop avant des affaires du fiere du Roy-, qui eftoit Charles Duc de
Guyenne , il fut conftitué prifoitnier ^& deur Confeitlers du Pârlemenr
furent envoyer à Rome , pour y remonflrer le droit qu'avoit le Roy de
faire ce procès pour lescas privilégiez concernans le Royaumetle France >.
Êins diftmâion de perTonneEcclefîaftique, ¥oire eftant du corps de l!E^
glifi: de Rome.w ( a )
C L
Extrait de tlSflokt mam^ite des anâquàe^ di Flandres ^ eompofeepaà
, ConfiiUer au Confeil de Malines* duQ8*^
CoouBotîoaà Gmiy èx ctmgs de Mt. le Doc Charles».
Tiré it 1*E. X? ^ ^^^ "^ quatre cens foîsame fept » le lendemain qpe Monfieur le
Jicjon de X^ I^ Charles avoît fait fà joyeufe entrée en Gand , qui fut le dernier
M. Gode- |oar de luin > le peuple de Garni s'efmut > &: les fbls.de foint Lievin en
&<^y* retournant
(1) $7 LcCardinal Balaefot remis Idevint Pape en ifCt). fous le nom de:
en 1480. Siu Cardinal de S. Pierre aux | Joies IL Voyez, le Tome I. de cette £4i>*^
liens , Leg;» du Page , & qpi luy-méme l<cioii.IiyreYL chag. 7.iiotci7.
DE PHIL. DE COMINES. <fi7
TCtoumant de Ho utcm » pailànr par le Coremarr , abbarircnt la maifonerco ^^^"
t)ù fe levoit la cueulocte de blcq» tirèrent fur le grand marché , & là de- • '* ^*
tnourerent avec la fierté , & ne s'en vouloient départir qu'ils n'cuflènc
^ ^e cedulle fignéc de la main de mondit Scignienr > par laquelle il leur
^ promettoit les articles aui s'enfuivent.
Premiers, que kcueulotte de bled feroît oftée, que les ponesclofes par
la paix de Gavre » * feroienr ouvertes , qu'ils pourroient ufer de leurs ♦ Ce Traita
bannières ^ ainC qu'ils fiûioient de vanr ladite paix. ' da Duc de
Qu'ils efliroient leurs Doyens en la manière anciennement accouftu- Boargogne
inée,que tous metfàits leur feroienr pardoD]iez>que CommUItires fèroient ^.^^9^?"
ordonner , qui s'informeraient fur ( /r ) gouvernement de la Villes 6c Mr . ^^^* i^ **
le Duc fort eftonné , leur accorda tout ce qu'ils demandèrent , & figna la îtr . ^
cedulle» & ce fait en départirent, & rapportèrent la fierté à faint Bavon »
& coururent ouvrir l'hofpitael Poorte.
firief» après lefdits de Gand y fcacbans qtie mondit Se^neur le Duc
eftoir pany fort mal content , ils luy renvoyèrent la cedulle » 6c avec ce »
luy donnèrent diverfes fommes de deniers y mais quelque chofe qu'ils
fceuflènt faire, ib ne fçavoient parvenir à mercy jufques en l'an foixantc
huit qu'il eftoit retourné de Franchemont plein de gloire & de viâoire,
que lors ils envoyèrent leurs Députez devers luy à Ikuxelles , pour traiter
éc luy prier mercy » lefqnels befognerent tellement , qu'ils obtiment la
paix par la manière qui s'enfuit. -
Premier que l'Hofpitad Poorte par eux ouverte feroit reftoupée, & que
tout ce qu'ils avoient fait an préjudice delà paix de Gavre feroit reparé,
que le privilège de Philippe le Bel touchant le renouvellement ce la Loy
(eroit caffî , & la Loy déformais refaite par les Commiflaires de Monfei-
gneur , que les bannières dont ils avoient ufé en ladite fefte de faint Lie-
vin luy (croient apportées à Bruxelles, & prefentées par chacun Doyen la
(lenne , pour en taire à fa volonté , fans famais pouvoir ufer de fembla^-
bles ; Item , que faint Lievin fer^Mt déformais porté dévotement 6c hon-
neftement fur un chariot.
. Qu'ils ne uferoient plus de tenir Hauwec au mi-Kacefme , que pour
tenir colace , l'on ne pourroit aflcrobler que trois cens perfomies des
plus notables de la Ville , qu'ils baiUerment leur oblkation (oubs le
grand fcel de la Ville , que h jamais ils contrevenoîent a cette paix , ils
tourferoienc corps 6c biens 6c iranchife de meftier, nonobftant leurs pri-
vilèges au contraire.
Au mois de Janvier mil quatre cens foixante huit, lefdits de Gand
foumirenc à toutes les choies detfufdttes , fie moyennant ce , Monfei-
Î[neur leur fit aboUcion 6c pardon de toutes leurs defisnfes , 6c en May
uivant foixante neuf, mocidic Seigneur vincâ Gasid , où il fut reçu a
grand triomphe.
; Le nouveiu Duc de Bourgogne ne juseant pas à pr(m>s , ou peut-efti^
* n'eftant pas en eftat de foumettre les ântois par la bKce , leur permit
l'ouverture des pones qui dévoient çftre fermées » fie de fe fervir aeleuté
bannières , ainfi qu'ils faifoient avant le Traité de Gavre » fie leur en
donna les deux Lettres (bivantes.
Kkkki CIL
6i% PREUVES DES MEMOIRES
i4«7- CIL
Pe^mi/pon donnitpar Chartes Due de Bourgogne ^ a ceux de la Fitte dk f^
CTand d'ouvrir trois de leurs portes j lepnuUes dcvoUnt efire fermier ^
en exécution du Traue de Gavre.
A Bruxelles « ttiS.Toittec 14^7*
Tîrfdc ^^ H A R L E S , par la grâce de Dieu , Duc de Bourgogne , de Lo»
^°^^^ V^^ thier , de Bruant , de Lembourg & de Luxembourg , Comte de
j^ ' Flandres , d'Artois , de Bourgogne , I^atin de Haynau , de Hollande »
de ZeUande & de Namnr , Marquis du faint Empire , Seigneur de Frife y
de Salins & de Malines* A tous ceux qui ces prefentes Lettres verront ^
Salut : Comme plufieurs de nos fubjets de notre Ville de Gand à noftre
joyeufe entrée & réception que nous fifmes dernièrement en noftredit^
ViUe,^ comme Seigneur 6c Comte de Flandres.» nouseuflènt fupplié Se
. requis de bouche , qu'il nous pluft de noftre gtace leur accorder & don-
t^ fta ^' ^cr l'ouverture des portes» deiquellcs Tune par le Traité de Gavre * cftoir
Juiil^^^ &devoit à tousjours eftre clofe & murée , & les deux autres dévoient
1455. cftre clofes feulement chacun Jeudy de la femaine » depuis laquelle re-
quefte à nous aind faite , & le lendemain, de noftre entrée & receptioi^
certaine commotion fuft furvenue en noftredite Ville par le moyen
d'aucunes menues & mefchantes perfonnes & populaires i l'encontre
comme ils difoient des. Gouverneurs d'icelle noftre Ville » à l'appaifo-
snent de laquelle commotion ôc d réduire à noftre obéyflànce » le com-
mun peuple de noftredite Ville , qui par le moyen de ladite commotion
3'eftoit ddevé » les Efchevins & ^onfeil , Se au0i les notables d'icelle
noftre Ville ie fbient grandement acquittez & employez comme entendit^
^ avons^ Sçavoir £aifofts, que nous ces chofes conuderée» mefmeroent en
faveur defdits Efchevins , Confeil & notables , & pour contemplation dii
bon vouloir que ils âr toute la communauté de noftredite ViUe de Gand»
ont tousjours demonftré avoir envers nous avant- noftredite entrée Se
réception , & efperons qu'ils auront au temps advenir , comme bons Se
obéy(Ians,fubjets ^ à iceux Efchevins , Confeil» notables & communauté
de noftredite ViUe de Gand » en enfuivant ladite requefte i nous faite de
bouche, avons oâroyé , accordé & confenty, o^oyons , accordons
8c consentons y Se de noftre grâce efpeciale donnons congé & licence
que lefdites portes condanuiees à dcmourer clofes en la manière dite>
foienc & demeurent d'orefnavant ouvertes conmie les autres portes de
noftredite Ville ^ tout ainii qu'elles.eftoient paravant ledit Traité-^ poup-
veu* toutesvoyes , & moyennant que iceux de noftredite Ville de Gand
nous bailleront letirs Lettres , par lefquelles ils cognoiftront & confeflê-
ront que de noftredite efpeciale grâce » leur avons oâroyé & con«-
fentv Touverture deftufclite , Se que ce k>it fans préjudice en autres
ckptes dudit Traité de Gavre , comme deftus eft déclare : (1 donnons en
Mandement à nos amez & féaux les Gens de noftre Chambre de Confeil^
i noftre Procureur generalde Flandres » à noftre haut Bailly de Gand » Sd
c
DE PHIL. DÉ COMINES. ^19 ^^.^^
I tous nos autres Jufticicrs & Officiers qui ce peut & pourra toucher , que i^Oj^
de ndftre prcfcnte grâce, oâioy , congé & licence, ils & chacun d'eux en 4
droit foy uflcnt , fouffrent & kiflent lefdits de noftre V ille de Gand plei-
nement & paifiblement joyr & ufer , fans leur faire mettre ou donner ,
ne fouffrir eftre fait , mis ou dpnné aucun deftourbier ou cmpcfchcmenc
au contraire -, car ainfl nous plaift-il ; en tefmoin de ce , nous avons fait
mettre noftre fcel à ces prefentes : Donné en noftre Ville de Bruxelles ♦
le vingt-huitiefmc jour de Juillet, Tan de grâce mil quatre cens foixantc
fcpt. Aixï&^gné : Par Monfeigneur le Duc. J. Gros»
' C I I r.
PermtfEon dt Chartes Duc dt Bourgogne , aux trois MemBres de la Fitter
de 'Gond ydefe Servir dans cette FiUe des bannières & en/eignes ydont
ils avoient ejiéprive[ par le Traité de Gavre*.
A Bruxelles le i8. Jaillec 1467^
H A R L E S par ta grâce de Dieu , Duc de Bourgogne , de tothîec, J}^,^ ^
de Brabant , de Lembourg & de Luxembourg, Comte de Flandres, ^ ^^^^^
d'Anois , de Bourgogne , Palatin de Haynau , de Hollande , de2^11andé ^^^^^
& de Namur , Marquis du faint Empire , Seigneur de Frife , de Salins &
de Malines* A tous ceux qui ces prefentes Lettres verront , Salut : Comme
les Efchevins Confeil , & notables de noftre Ville de Gand , nous ayent
prefentement fait remonftrer le bon vouloir Se grand defir qu'ils ont , S:
aufli le devoir & acquit, eaquoy^ils femettent de faire obéyr* Jufticeen * Xo crok
noftredite Ville, & a réduire le commun peuple d'icelle ^au train qu'il qu'il fiiurli-
«ftoit avant la dernière commotion n'agaires par le moyen des Manans 'm*^'^
furvenue en noftredite Vîlle , Ôc comment fe noftre- plaiHr eftoit leur oc-
troyer de noftre gtace efpeciale , que les membres Se meftiers d'icelle
noftre Ville peuftent ravoir leurs bannières , comme ils avoient avant le
Traité de Gavre, ils e(peroient certainement que le peuple defdits mef*
tiers feroitpar ce moyen entretenu en meilleure conduite, paix, tran^
ijuillité & obéyftànce de Juftice , en nousfuppiiant en toute humilité que
pour le bien de noftredite Ville, il nous plaife fiir ce leur extendre &
cflargir noftre gracerSçavoir faifons, que nous ces chofes considérées 8€
fur icelles eu advis & délibération de Confeil , inclinans à ladite fuppli*
cation en faveur mefmement defdits remonftrans , & de la bonne aftec-
tion qu'ils ont , comme ilsdifent , de d'orefnavant entretenir noftredite
Ville en bonne obéyflànce , i iceux Efchevins , Confeil 8c notables de
noftredite Ville , avons accordé , oâroyé & confenti^ oâroyons , con-
fentons & accordons de grâce efpecialepar ces prefentes , donnons congé,
licence pour & au nom des trots Aiembres d'icelle noftre Ville : afiàvok
te Membre de la Bourgeoi/ie , le Membre des meftiers & le Membre des^
Tiflèrans,que iceux trois Membresqni paravant laderniere guerreavoient
accouftume d'avoir bannières ou enfei^nes , puiflènt d'orefnavant ufer
defdites bannières dedans noftredite Ville , Se non point hors d'kelle ^
4: poucveu-qu'ils n'en pourront qfer fors que en choCcs licites & hon-
Kkkk X neftes^
/
6^0 PREUVES DES MEMOIRES
1 4 (} 7. neftes \ Ci donnons en Mandement i nos amez & féaux les Gens de noftre
Chambre de Confeil , à noftre Procureur gênerai de Flandres , à, noftre
haut Bailiy de Gand , & i cous nos autres Ju(Uciers & Officiers y cui fur
ce peut Se pourra toucher & regarder que de noftre prefente grâce , oc-
troy , congé & licence , ils & chacun d'eux en droit foi faftent , fouf-
frent & laiHentlefdits £fchevins» Confeili & notables d'icelle noftre Ville
de Gand , pleinement 8c paUîblement jouir 8c ufer»fans leur faire, mettre
ou donner ne foutfrir cAre fait , mis ou donné aucun deftourbier ou em-
pefchement au conrraire » car ainfi nous plaift-il \ en tefmoin de ce 9
nous avons fait mettre noftre fcel i ces prelentes. Donné en noftre Ville
de Bruxelles, le vingt*huitiefmc jour de Juillet , Tan de grâce mil quatre
cens foixante-fept. AinCi Jigné : Par Monfeigneur le Duc, J. Gros.
. Les Gantois perfifterent dix-huit mois dans leur révolte , & ce ne fuft
qu'après avoir appris que le Duc de Bourgogne revenoit du pays de Liège
avec des troupes viétorieufes & fuffifantes pour les faire rentrer dans
leur devoir , qu'ils reconnurent la neceftité où ilseftoient de fefoumettre.
Ils crurent appaifer la colère de ce Prince , ea faifant refermer les
portes , qui auroient dû eftre fermées , & ils en donnèrent le certificat
qui fuit cy-après fous la cotte C XXX IL
C I V.
$7 Alliance de Philippe de Savoy e , avec le Duc de Bourgogne.
Tiré des T^ HILIPPEdc Savoye , Comte de Beaugé , & Seigneur de Brellê.
Uecaeils de J^ ^ ^^^' ^^^^ ^ ^^ preifentes Lettres verront. Salut : Sçavoir faifons
M. l'Abbé que pour la très-grande & fingulierej^arfaite & entière amour que avons
ic Grand. & portons i la ttès-noble 8c tres-puiftante Maifon de Bourgogne , comme
nos predeceâèurs Ducs de Savoye de bonne mémoire , que Eheu abfolve»
ont tous jours fait fpecialement, poarl'affeâion très-cordiale que avons ,
& tous jours avons eu de la perfonne de très-haut & puidànt Prince, mon
très-cher & très-honnoré Seigneur Monfeigneur le Duc de Bourgogne 8c
xle Brabant : Nous en fuivant les bonnes 8c louables vertus , confédéra-
tions & intelligences n'agaires & dernièrement ^tes entre feu mon très-
honnoré Seigneur & oncle , Monfieur le Duc de Bourgogne fon père ,
dont Dieu ayt rame,& mondit Siegneur,qni eft de prefent d'une part; 8c
mon très-redouté Seigneur & frère, Monfieur le Duc de Savoye & de
Chablais , & d'Aofte d'autre, avons fait 8c faifons alliance, confédération
-& intelligence perpétuelle avec mondit Seigneur de Bourgogne, en la ma-
manière que s'enfuit* C'eft aftavoir que de ce jour en avant , nous luy
fommes 8c ferons vrai & loyal ami , {a perfonne , fon honneur , fes pays.
Seigneuries & fubjets garderons & dépendrons , & aiderons à garder de
^tout noftre pouvoir , toutes les fois que befoin fera , envers 8c contre
tous ceux , que ^ief ou dommage luy £ûre voudroîent > 8c porter , &
tout ainfi que ferions 8c voudrions faire , potu: garder , prefcrver & def-
fendre noftre perfonne , noftre hoi^neur , nos pays , Seimeuries & fub-
jets , contre tous ceux que grever ou dommage nous voudroient , tour ce
(}ue fçaurons 8c pourrons (çavoir par qui ne comment que ce foit nuy fa*
Dle>
\
>
DE PHIL- DE COMINES. (Î31
1^67.
façon à nous poifible > y obvierons , & Tempef-
cherons en tout ce qu'il aura Se pourra avoir à faire d'orefnavanc , foie
pour conquefte de fon héritage ou autre jufte querelle , le confeillerons
& ferons confeiller » fe requis en fbmmes au mieux » & le plus loyalle-
ment que faire le pourrons > & pour Tadrefle & fubftenance de ce que
luy confeillerons> luy ferons toute aide y confort , afliftance 6c fervice à
nous pofCble , de laqudle alliance, mondit Seigneur de Bourgogne nous
a baillé fes Lertres Patentes^fcellées de fon fcel , iîgnées de fa main de la
date du jourd'huv > en telle & pareille forme que cefdites prefcntes. En
tefmoin de vérité , nous les avons figné de noftre main , & à icelles fait
mettre & appendre noftrefcel* Donné en la Ville de Pigncrolleen Pied-
mont , le vmgt-uniefme jour de Juillet mil quatre cens foixante-fepr..
Signé Philippe de Savoye.
CoUationc à F original , par moy ConftilUr Notaire & Secrétaire du
Roy en la Chambre^Us Comptes de SourgogneSr Brejfe. S igné OouYKEvyu
avec paraphe.
C V^
07 Lettre du Comse de Dammardn au Roy Louis XL aujujet du
Pays de Liège*
SI R £ , k plus humUenient<iuef e puis me recommande à voftre bonne Yir{ tc%
grâce , 8c vous plaife fçavoir que Monfeigneur de Langres & moi , Recueils de
avons befogné aux nutieres , par quoy Tavez envoyé par-deçà le plus di- m. l'Abbé
ligemment Se le mieux que pofl2>le nous a efté j^ comme pourrez voir plus Le Grand,
à plein par les Lettres que nous vous e(crivons enièmbfe touchant cette
matière. Sire > des nouvelles de par-deçà nous avons fçu , Monfieur de
Langres & moy , que Monfeigneur de Bourgogne doit mercre deux cens
Lances aux Places prochaines qu'il tient entour des pays de Liege}& qu'il
a fon Armée toute prefte , Se a cette caufe , nous fbmmes retirez en cette
Ville de Rethel > jpour ce qu'elleed en marche moyenne près de Laon , de
Soiflbns 8c des Pkces voinnes , & en lieu pour pourvoir , fi rien furve*
noir au pays Se en toutes les marches de par-^eça j le Lieutenant de Sal-
lezart & la {duf]>an de fes gens font venus devers moy , je leur ay or-^
donné qu'ils (ê tiehnent prdis , Se que chacun fe tienne en fa Garnifon t
j'envoyerai devers Robert Conguingan Se Eftevenot > pour leur faire*
içavoir pareillement qu'ils ie tiennent prefts > afin que if befotn eftoit 9.
3u'on s'en puidè ayder en attendant la jouri^que les ^ens de Monfieur
u Liège doivent venir devers nous , |e pourrai bien fàireun tour à Soif*
fbns > Se es marches de par-delà > fi je vois qu'il en foit befoin. Sire r
. i^ay efperance en Dieu > à ce que j'ay pu entendre par les Gens de mon^ i
dit Seigneur du Liège , que nous befognerons à voftte bien Se à voftre
intention avec eux , & à ce que je puis connoiflrre , ils (ont fort las de la;
fiuerre les uns & les autres, mre , Ton vous y fervira tout au mieux qu'il
fera pofitble > & fur mon ame, je connois que Monfeigneur de Langres
vous y fert de corps > d'efpric > &: d'un bien, bon Se grand vouloir > & eflb
oa
«3^ PREUVES DES MEMOIRES
lA^j^ "" très-notable Prélat, honnorable & (âge , Ôc bien honune» pour fcrvit
en telles matières £c plus grandes,& vous aflure, Siq^e , qu il y prend très-
grande diligence & de bien bon cœur. Sire » je vous ay dernièrement
refcrit p^r le Senechal de Beaucaire , touchant ces Places de par-deçà
que vous m avez mandé que je miflè en voftre main \ (i votre plaifir eft
que je le faiTè , envoyez-moy plus ample puiilance que n'avez fait der-
nièrement , & ;n£ mandez comme je ny gouverneray , & je le feray , 5c
en cela & en toutes autres chofcs^en priant Dieu , Sire , qu'il vous doinc
bonne vie & longue. Efcrit à ELethel » le treizieime jour d'Aouft. Voftre
très-humble & obeyflànt ferviteur & fubjee. A. de Cbabannes.
Aa Roy > mon louverain Seigneur.
C V L
§cy Alliance pcrptmtUt des Ducs de Berry & de Bretoffiem
rJJcLIi ^ C^ ^ ^ ^ ^.^^ ' ^^ ^ ^^^^^ ^^ ^^y^ ^^ Françe,Duc de Normandie; A tout
M^^AbU^ V^ ceux qui ces prefentesLettres verront,Salut : Comme engre feu de trèsj
ic GranJ. gloricufe mémoire , le Roy Charles Vil» de ce nom , dernièrement dé-
cède, noftre très-redouté Seigneur & père, auquel Dieu fallèvray pardon,
en £on vivant, & noftre très-cher & très-amé couân le Duc de Bretagne,
de prefent & mefme emreleur predeceilèurs , aufquels Dieu pardoint ,
ayt eu grande & parfaite amitié,intelli^ence &bienveillancç,^ui ont efté
caufe a avoir entretenu eux,& leurs Prmcipautez & Seigneuries en eftat,
vertu , magnificence & tranquilité : Sçavoir faifons, quenous deflrans en-
fuivre les louables faits & conduite de noftre très-redouté Seigneur âç
père , & auttes nos progenireurs , & pour preferver noftre perfonne , Se
reprimer Tinvafîon & entreprifes que mondit Seigneur le Roy de jprefenr,
aux pourchas d'aucuns nos haineurs proche de luy , pourroit raire fur
nous , ainfî que fommes acenenez qu'il quiert , & a vouloir de faire fe
poifible luy eftoit ^ & mefme pour la grande amour naturel que nous
avons à noftredit coudn de Bretagne , tant pour raifon de la proximité
de lignage , dont il nous attient que pour la vraye expérience & fingu-
liere & cordiale amitié, qu'il nous a par effet monftré en ce que par deux
fois il nous a recueilli , fauve & gardé noftre perfonne , & mefme a em-
ployé & expofé la fienne & toute fa puKIànce , pour donner fupport &
aide à nous & aux Seigneurs du Sang , joints avec nous, à devoir pour-
. - yoir 2tu defordre , qui a efté & eft au Royaume , & à nous faire avoir
. ^ ^^ •" noftre partage & appanage , dont à luy nous reputons [ pour ce j attenus
!dcux crX ^ V^^ài autres juftes caules à ce nous mouvans , nous avons fait & fai-
chcts man- ^^"^ ^^^^ noftredit coudn bonne, vraye & loyale amitié, confédérations
iqucà la po. ^alliances fraternellement^^ de prefent ] & perpétuelle aux vies de luy &
f>if^ de nous , en la manière qui enfuit^ C'eft aftàvoir que nous luv fommes
^ ferons perpétuellement , tant que vivrons , & que quelque bien
[ queayon$^ & puiftions parvenir, foit à la Couronne de France ou
autres grande Principauté & Seigneuries , bon , vray & loyal ami »
paVent , bienveillant & frère bien allié l'aimerons , fouftiendrons [ & ayy
d^ron^ ffourfe'^ pouvoir i gvdei:» fauyçr&deffendre fa perfonne , les
honneur^
DE PHIL. DE COMINËS ^53
lionoeors 8c Ces Pays , Terres , Seigneariês & fubjcts , ainfi que voudrions -
-&ke les noftrcs propres fans différence aucune contre cous , [fans en] 4 07*
excepter Monfeigneur le. Roy9ne autres que la per fonne de n<: t crédit coufin
voafdrdits Pays , Seigneuries & fubjets-^^voudcoit grever > guerroyer,
dommagerouufurper en quelque [iwtfnifre,/?tfr^tf/5 3 & querelles, en-
trepci(es, tant à recouvrer fondit Dacté de Milan,* que autres Terres & *IIyafaa-
5eigneuries qui luy appartiennent , ou cfquelles il prétendra droit, nous ce , H fauc
{ promenons de ] bonne foy l'aider & foutenirdenoftrepui(Iance,& nous ^^^^^^
déclarer aaû de fes ami> & ennemis de fes ennemis , mettre & employer ^^'^^^
en faveur de luy [ & dcjcsfub/tts , nos biens & vies ] fi befoin eft , &: tous
nos -fubjets > Pays 6t Seimeuries > tant i^refèns que advenir , tout aiml
que iceluy noftre coufin le voudra demander & requérir , tant à Fen con-
tre de mondit Seigneur { U Roy ] que tous autres vivans , &.qui peu-
vent vivre & mourir •, & en outre , tout ce que pourrons fçavoir eftre
fait y dit ou pourchaâé au préjudice de noftredit coufin & de fefdits
Pays y Terres & Seigneuries & uibjets , & au(fi defdites entreprifes &
Î[uereUes,nous luy ugnifierons & de tout npflre pouvoir gardetons & déf-
endrons t & entendons ces prefentes alliances eftre de tel effet & vertu»
préférant & annulant tout au tre à cettes pœ judiciabie par cy-devant / par -
nous prifes » faites & à faire > à quelques Princes qu'ils foient , fans nul
excepter > quejamais des vies de noftredit coufin & de nous par nulle
choie qni puiffe advenir , ne pour eftre parvenu à la Couronné ne autre^
ment , de noftre part ne feront > ne ne pourront eftre en&ains , ne caflèzj
aincois l'entendrons en leurs effets & vertu y fans jamais à nul jour de
noftre temps aller à l'encontre y 6c ainfi le jurons & promettons fur noftre
foy & honneur Se parolle de Prince , fur les Reliques de la vraye Croix,
de St. George , St. Sebaftien & autres , & Les faints £vangiles,]>ar nous Se
noftredit coufin manuellement touchez , & (ur peine d'encourir les cen*
fures Ecclefiaftiques, efquelles nous nous foubmettons, &icelle foubmif-
fion promeftons faire authorifer par noftre St. Père pour tout temps , tant
preienc que advenir , en quelque Eftat & Seigneurie , fi>it à la Couronne
de France ou autres que puifiions jamais parvenir , en renonçant par ces
prefentes , renonçons à toutes exceptions Se déceptions y fraudes , bar-
ras Se allégations de fait , de droit Se de couftume , â tous rdievemens ,
abfolutions & deffenfes de fermens , alliances , appointemens & pro^
meffès efcriptes ou non efcriptes , Se generallement à toutes les chofes
quelconques, par lefquelles on pourroit aller contre la teneur de ces pre*
Kntes ; & à fin de plus étroitement garder cefdites prefentes alliances »
nous avons élus > nommé & commis, elifons, nommons & commettons
de noftrepart, ainfi que de noftredit coufin a fait de la fienne configna*
tare (Ticeiles alliances , noftre amé Se féal Chancelier l'Evefque & Comte
de Verdun, Se le Seieneur de Lefcun , Confeiller & Chambellan de nof-
tredit coufin, aufquels par ces prefentes , donnons pouvoir & comm'ifGon
de connoiftre de tous cas qui pourroient advenir ou eftre rapportezavoir
eftc faits d'une part Se d'autre au préjudice d'kelles , & d'en dire, juger
Se ordonner à leur égard , Se nous foubmetcans Se foubmettons aux cen<*
ùxïcs Se peines defimdites, d*en faire & tenir leurfdite^ ordonnancés'en-
lâcrement , pour y dctfercTy njc aller à l'encoofre y 8e Ce cefilits configna^'
" Tome IL LUI teurs
I4^7«
Tréfor des
Chanes,par
M. l'Abbé
Le Grand.
Àrmûin N^
Csfittê B.,
Inveutskê
XI.
^3+ PREUVES DES MEMOIRE S
tcurs ou f oa <f euic tlbit de vie aa crcTpas, oa furent duifinent tMOh
fez, de Bon exercer la Cbarge dfiffitâlke , en ce cts ».tious^ Ôc noftredk
coQÂn çlm^f^ en droU foi ,. pomronc fukroeter aune ou antres condgaan
teu^ > $MI lien d^ celaj ou m. cens qui feroine nopsdSm > om dttëmciir
excufe? » comnc dit ea^
liêm. Poiir mic^x former & afl&icr rentenncment deidices aUiances^
fious lt& avons voulu faice te i^oas de nos Pap 9 Se^euriei & fiib^
avec eemdc>Qoftr^c confiti > tout ainfi qu'elles font entité nos perfonacsv.
En t^fave^i^ d^ ce » nous avons ^né ces piefeates de nodiemaîa » 8a
Jf fait nçtfctrfi noftve Scel. Docinf a Nantes-, le feizieiixie joor d'Aouft^
'an de grape mil quatre cens fojpcante-fept» Signé Chaules r avec para^
phe. £tmrlereply»I%ki MûtofeignearicDac de Normanctie^ di Yillikma^
avec paraph^^ £tp0rpi^ avoir ^ fctliéfiar d^utk qfuuL
C V I L
1er Çt^^frmm^A eaiUaMcscyrAfiis, pm C%a^ I>ucdt N^^nnoMUi.
&Fram^ùSxûtLcdtBr€iagnu
CHARiES, fils fit frète- de R03F de France , Duc dr Normandie %..
ôc François par ta grâce de Dieu , Duc de Bretagne > Comte de
Monfbrt» de Ricnemonr , d'Eikmpes dt de Vertus;. A cous ceux qui ces
preTentes Lettres verront , Sahit r Comme pfaifieurs grandes nûfbnnables:
caufes contenues & déclara en nos Lettres de Scellez., faits Se datcez du
féiziefme four de ce prefènt mois d'Aoaft , noosiayons pris 8c fait aâem*^
blement Tunavec l'autre , tant pour nos nertomies que pour nos Ihtjtôc
Seigneuries prefens^ 8c advenir , grande y Donne , loyale 8c parfatteamitié,»
eonUsderation & alliance fraternelle, irrévocable 8c perpétuelle aux vies
de nous (leux,ainfi [ ^ ] en la manière plus i pkin déctareeSt fpecifiée en
nos Lettres^c Scellez, par lefqueUesaQiances, miem âc plus étroitmnenc
garder 8c obferver fans rupture , ne infraâion , ayons par nofdites mef-
Qies Lettres elû & nommé confervateurs dlcelies^ alliances, no^^bien ai-
mez & firaux rEve£aue& Comte de Verdun, ChanceUer de nous ^Doc^
de Normandie» & te Sieup deLefcun, ConfeiUer 8ç Chambellan de
nous, Duc de Bretagne , Sçavotr faifonsqaeen traitant dt jurant kfdires:
alliances , nous eognoif&nsles grands & louables Services dianes de mé-
moire, que lefdits Confervateurs 8c chacun d'eux nous ont Fait & fonr
chacun jo«f > en expoiànt leurs per&nnes 5 biens , Eftat 8c Cbevance à
l'entrecenemenr 8c conduite de toutes nos grandes 8c princîp^des- afàires^
8c maticffe» % avons d'mne mefnie voulenté 8c intention , compris & en«
tcndn comprendre 8c encore d'abondant, déclarons par ces prefentes 1er
d^flufdits Evefqne 8c Comte de Verdun , 8c ledit Seigneuf» de Lefcn»
être compris en iceUtsconftderations & alliances^ en promettant 8C leur
promettons qne en quelque eftat que nous 8c chacun de nous puiffions ja-^
mais pan enir > nous aflemblement 8c feparament pMterons 8c foutien-*
dvons leurs peifonnes comme tt»nofoes propres , contre tons œux qu&
lès voudroieso grever oudoomiager , & les maintiendrons en letu:94>ien^».
Eftat, honneius 8c pro^ritez, fans jamais faire aucnn accord neappoîn-^
ifimen& avec mondxt Sei^eur kRoy > neavecaurres Princes queb qu'ils^
foienr
DETHIi: DE COMINES- '«35
totm f que leurt pet fonnes » tnetis , hoancors » Eftacs , Terres & poflef- ^
fions n*y toienc enaeremeni compns^comine les noftres mefmes propres , ^ 4 ^ 7«
De à nul }our de noftre temps preTent no advenir ^ ne les abandonne-
tons par nul ca^iport qui nous piufle eftccÊût , ne pour quelconque canfe
ou occafion que ce foie , fe n'eftoic toutes voyes qu'ils fuflènt atteints 6c
convaincus d'avoir conunis cas criminel envers nous ou l'un de nous y
auquel cas promettons les oyr & chacun d'eux fufiSfamment & per-
tînement ^ [fans aucunement ] les fbrclure » ne mectrehors de noftreditc ♦ n y a ict
alliance» nedefdits Traité Se appointement > ii aucuns fe font , & tes quelques
chofes nous [ avons promis & juri ^ i ] aucun ^ en droit foy promet- mocsd^chi-
tons & jurons jpar cefdites prefentes » faire, tenir & loyaumentaccom* «zdansTo*
plir aux deiTuldits Confervareurs , ainfi & [ m Ai fufdif matien & J ^P°^ > |^
autres points contenus en nofdites alliances Se Scellée , & Canons ainu pj/^^^g^
juré, & de rechef le jurons fur nos foys & honneurs, fur les faints eftenm^
Evalues & ùxx les Reliques de la vraye Croâ , de faint George , faint aeuz cr^
Sd>aflbien & antres , par nous nouvellement touchées , ic fur peine d'en- chets.
courir les cenfures Ecclefîaftiques,èiqaelles nous nousfoubmettonspour i^j^^^
tout temps , tant prefent que advenir, en renon^mt, &par ces prefentes je crois qu*a
renonçons à toutes exceptions , déceptions , fraudes, oarats & dlega- fàutUre^^
tions de fait,de droit & de couftumes,à tousrelievemens,abfolutions & ctm.
difpenfes de Rome , à tous appointemens & promeflès efcriptes , 6c
Seneralement à toutes les chofes quelconques, par lefquelles onpourroit
aller contre la teneur de ces preuntes. En tefmoin de ce , nous avons
£gné ces prefentes de nos mains, & y fait mettre nos Sceaux. Donné à
Nantes , le vint-deuziefme jour d'Aouft , l'an de grâce mil quatre cen^
foixante*f<^«
C V I I I.
$7 Emrtprifc du Dut ik Calainfur rJrragon^ ù commij^on pour lertr
aydt &fubfiit
JE H A N , fils du Roy de Jertifâiem & des deux Siciles , &c. Primo- «j^^^ ^
genit d'Arragon, t>uc de Calabre & de Lorraine , Marchis, Prince de Recueik de
Gironne , Gouverneur ic Lieurenant General nour Monfèigncor le Roy m. TAbbé
en ces Pays & Comtez de Rouffillon & deSaraaigne^ A tous ceux qui ces Le Grand,
prefentes Lettres verront ou orront. Salut: Comme nous en enfuivant le
non plaifir de mondit Seigneur le Roy , & par la puidance à nous par luy
donnée en ces Pays & Comtez , ainfi que par Ç^ Lettres Patentes peut
apparoir , nous ayons n'affaires donné commiflion & mandement efpe^
cial à AoAre très-cher & bien amé Charles Defmarais , Chevalier , Capi-
taine du Chaftel de Perpignan, & Gabriel de faint George , Bailly dudit
lieu , avec pouvoir & puklànce de faire mettre fus ic en armes gens i
cheval 8c de pied efdics Comtes de Rouffillon &Sardaigne , chacun félon
fa qualité & puiflbi>ice , pour nous venir aider , fecourir & fervir ï noftre
eumprife deCathalogne , ainfiqoe mondit Seigneur le Roy par (efdites
Lettres le vent 8c mande, 8c foitainii que lefdiesDefnsurais&St. George,
enob^llantaufoon plaifir de mondit Seigneur le Roy ic de nous, par
vertu ée aofiAitei Lcmei de commiflSon , ayent fait aflembler gens clef- -
Lin a dits
6^6 PREUVES DES MEMOIRES
dits Pays & Comtez , pour les caufcs delHifclkes » lefqaels nous ayent:
^4^7*' promis es perfonnes dclTurdics Defmarais âcSt. George , quatre cens*
nommes en armesaux frais & dépens defdics Pays , Se pour ce queà pre>^
fenc noAre très-cher & amécoufin le Comte d'Armajgnac accompagné de
trois cens Lances 5 vient pour nous aider & fècourir à/noftredite entrer-
prife , par quoy tant pour cette caufe qu'autre nous foit plus neceflàire:
d'avoir argent qpe gens , & layde defdus quatre cens hommes foit con-
verti en ayde d'argent , pour lequel convetti({èment , faire & faire fairc^
nous foit befoin pourvoir de hommes à nous feables & bien entendus >-
Sçavoir faifons que nous à plein confians des fens , fouffifance , loyauté,^
prud'hommie & bonne diligence eftre en la perfonnede noftre très cher:
& bien amé Jomme de Montort, JMaiftre de noftre Chambre aux Deniers»*
iceluy pour ces caufes & autres â ce nous mouvans, avons commis de inf**
titué». cpmmettons & inftituons par ces prefentes» en mandement &:
commandement fe meftier eft >.que ledit ayde defdits quatre cens hom-*
mes à nouspar les gens defdics pays ainû promis aue dit eft , il veuille'^
mettre &c convertir en ayde d'argent > i telle de femblaUe iomme que ie*
pourroient monter lefdns quatre cens hommes , par les gens , tanrde la^
Ville de Perpignan que des autres Villes & Chafteaux defdits Comtez ».
en contraignant à ce faire rous ceux qui de ce feront refufans par toutes^
voyes dues & raifonnables > & k femme à. quoy fe pourra monter ledit*
ayde , voulons eftre payée en noftredite Chambre aux Deniers aufquels;
nous avons par ces meimes prefentes donné & donnons pouvoir & puif-
fanced'en donner quittance ,aufti delà fonune de 17^0 liv« tournois)
<^e nous doit le Treforier gênerai de Languedoc , pour le dernier quar-
tier de 7000 liv. tournois a nous aflignées fur luy par mondit Seigneuc
le Roy , lefqudles & chacune d'iceUes quittances par ces prefentes vou-
lons fie déclarons eftre valables , comme celles qui feroient (ignées de-
noftre main s fie pour ce que en plufieUrs lieu5c on pourroic avoir à hefo-'
gner de ces prefentes , rouchant chacune, des chofes deilufdftes , nous;
voulons que pleine foy foit adjoutée au vidimus d'icelles , fait ôc colla*—
tionné comme il àppartieht , tout ainfi qu'on feroit à l'orijfeiifal. En tefe
moin de ce, nous avons fait mettre noftre fcd de fecret i cefdites pre-
fentes, faites fie données à Barcelone le vingtiefme jour de Septembre > y
tan mil quatre cens foixante-fcpt. Jehan*.
C I X..
f
$7 Injlruclion du Roy Louis XL auficur dt CourJUlon envoyé vers Rtniy^
Roy de Sicile J[ur les fpupçons de Louis XLaufujet du Comte du Alaine^^
Tiré dcs^^ A M E S S I R E GuiUaume de CourfiUon , de direau Roy de Sicile ».
?/ Mr "^^^ comme le Roy a fçû qye Monfcig^eur du Maine , efmeur, piqué fie.
l'Abbé Le ^^^*cif^ Monfîeur Charles fie le Duc deBreta^e, d*entreprtndre& faire
GuuuL cçntreluy, fie tellement qu'on l^ya rapporte qu'ils fe préparent de leurv
puiftance pour luy faire du pirequ'ils pourront. Se que niondii Sieur dur
Maine a fait offrira mondit Sieur Charles , le fervir de fes places fie d'ar-
gçnt^ qui eft chofe fort étrange au Roy^, vu fie conûderé qi;ie pou r l'arf-
mouc:
^ DE FHIL:DE COMINES: ^ tfj^ft
mour dùdit Sieur Roy de Sicile ,:&:* derMonâmi le Gonneftablc > le Roy ■
avoir cfté conçoit de iuy; - ' i * , . » ^t^6j,
Item. Luy dira qdc vcn les laitetgcs quicotitear^ if eft force [ luy de-'
clarcr\ comme il en e(kreii^s,dminiuler les chbfesen cet eftar> luypour^
roir eftre trop grand dommage , .6c que ie^Rbyi fçoic. qu'il defpiairois
fort audit Roy de- Sicile , & pour ce envoyé ledit de. Courfillon devers
Maifon > quand il voadr^^eftre plegaderdits SieQcs Ducs;, â< ce nonob-*
ftantqn'il ne vdudrotr pas qu'il entenib Àomvivffi[ m ptru, aacjmo ; €h
qmpariÀ ] mûndit Siear du Maine- en aura plus grand* paour de. faillir
ic aflenrer le Roy , que de la part de mondit Sieur du Maine , ne d&
fes gens & pbces il neluyvoudraaucun dommage , le Roy en fera conf-
ient \ & fera^tant ledk de CouriiUbaqueieRoy de Skilemandera-Mon^
fieur da Maine pio«r venir devers: luy » & le Ibrà jurer fur la vraye iGa>ix(
de Ss^nt Lo,^ued.*ocefnavantfervirale Roy envers-tous & contre. tioiis»«
lans^ nulen esficepter ^ & que de fes pays & places aocmn mal ne: dcœ«^
mage n'en adviendra an Royr, direâ^ent on ipdiredement , fecrette--
mcnr ou en appert , ne ne les baillera à mondit Sieur . Charles .1 ne 4* '
autre tiue ce (oitcontrele Roy, mais l'en feryira fier obéyra ,i ainlî que*
un parent 6c fubiet doit faire fon Roy dcoiturier.fic foûverain Seigneur.^
Au(fi fera ledit Sieur Roy de Sicile juïttràtMoniieuc'ie.Bafburdditf
Maine, &c tons cèuarquiont k charge des places fori!es»demK>ndit Sieup'
duJMaino , qu'ils en feront &c obeyrontautRoy-, n'en faire chofe* qu*^
ioUi ou puiflè eftre à foo préjudice fie ^mmage [ .G^fc^ le fcavoient i}ien,i>
advertiront, ou feront advercir *> .8c baillera ledit Sieur du Maine fooj^
Çoellé Se auffi cefdites^) Sec
;■ . ■ € rx *\
$7 Promefe du Cornu du Maine^defctvir le Roy envers & comre tour^
fous la cautwndttRoy Rcni4e Sicile^ O3obre. i^'Gj. /
CJ H A.RL E S , Comte tlu Maine, de Guife , dé Mortaing Se de Gien j RcSiîs'dt
/ Vicomte de Chaftelleraut fie Gouverneur de Languedoc. A tous m. l'Abbé*^
ceux qui ces prefentes Lettres verront , Salut :/Comme 1 roccaftonxFaa-^ LcCraïuL;'
wns* rap|>orts qu'avons entendu avoir efté faits i Monfeigntut leRoy v
defquels ilaitefté'mal-eomenrSe^conceaindignatipntrontrenous^ poufl
ofter lequel mal-eontentemen» *, fie afin et le mettreiiors de toutefun^ec-»
tîon ,^ nons avoir fie tenir en fa^ bonne grâce , Monfeigneur mon frère
te Roy^de Sicile , auquel mondit Seigneur le Roy. en avoir efcric, ait puis
naguerres envoyé à nôftre prière Se requefte aucuns^ des-fiens devers
mondit Seigneur le Ro]fi » pour ky^reimooftner lè(Hit9;tappQrt avoir eftéir
fai» contre Vérité, Se pouriK^juftifier envers luy » Seuoy fuf^Uto lesi^
in^oehors de (on courage >• Se- n'y adjouftet foy ; it que-mondit, SSeirt
S eur le Roy ait Voulu Se accordé a mondit Seîgncsir Selteoe y efi*ay)ani^-
reté de luy pour nous en la fonhe qui s'enfuit 3 ;: ;
LUI 3^ REKi»,
14^7-
^3« PREUVES DES MEMOIRES
RemI» par la grâce de Dân>Roydc Jerafalcfn Acde Sicile» d^Arragon»
de rifle de Sicile, de Valence9Mayorque,SardaigDetCoffai^e,&c«Q>ra*
me il (bit atnfi qull ait eue £dc phifiem^ rappcfts i Monfiâm
de mon frère le Coime da Maine ^ dont i cauTe d*iceux ila en grande
tndifinacion à Tencontre de mondît frère , afin qoe mondic Seigneur foie
fur de mondic firere » & qu'il puiflê eftre & demeurer en fa bonne grâce,
& pour Taflùrer qu'il feia fon bon , vray 8c loyal paient , fnbfet & fer-*
vireur » Se qu'il le veut ferrir & fen^ira envers éc contre tous qui pevvent
vivre Se mourir, tant à Tencontre de àbn fi-ere Monfcij;neur Cfbarles ^
oue des Ducs de Bourgogne Se de JSrecasoe , que coas autres; en faveur
M mondit frère» & pour feuieté à mondir Seigneur » je hiy ay baiUé cet
prefentes , fignées de ma main Se fceltées de mon Scel ) & promers que»
en cas que mondit frète fera le contraire , je feray le plus gnmd ennemy
qu'il ait » & fetViray mondit Seigneur i l'encontre de la petfonne de
mondit frère , Se \m mettray ks Ays » Terres , Seigneuries en fon obéy£i
(ance » & raoy-meune , £ le cas advient , les prendrav 8c mettray en ma.,
main , (ans autre commandement , & les baïUecay a mondit Seigneur
pont en faite à fon bonplaifir : £t en refmoin de ce , i'av ficnc ces pre-i
Suites de monfeing manud , Se fait fceller de mon om , k onzieime
jour d'Oâobre , l'an mil quatre cens foixante-fept. Laquelle fèureté
deflufHite mondit Seigneur Se frère , à, noftre prière Se requefte , ait
baillée à mondit Seigneur k RxDy y voulans Se deftrans de tout noftre
pouvoir uier envers mondic Seigneur Se frère de bonne équité , ainfî
qu'il a fait envers nous , connoifiàns l'amour fratcmeUe qoe nous porte
mondit Seigneur & frère > Se que ce qu'il en a fàir eft pour & en nofhe
faveur Se noftre bkn& honneur ,& pour coosjours demourer en>Ur
bonne grâce de mondit Seigneur k Roy, Sçavoir ndfons 5 que pour les
caufes dcflufdires , nous avons promis Se promettons par ces prefentes »
par la foy & ferment de noftre corps , fur noftre honneur , Se lous Tobli-
gation ae tous & chacuns nos biens , Pays & Seigneuries , que nous fou*
mettons & obligeons Qmfit à ce & chacun d'iceux , i mondit Sekneut
k Roy en la perlonne oc mondit Seigneur &frerc , que tousjours ferons
bon , vray Se loyal parenr, fubjet & ferviteurluidic Monfeigneur le Roy,
Se le fervirons envers tous , & contre tous qui peuvent vivre & mourir,
tant à renconrre de Mônfeigneur Chatks (on frère , que des Ducs dt
Bourgogne Se de Bretagne , Se rous autres > (ans aucunemem faine k
eontrasxe » Se nu cas qne ferions le conccafire , noits voulons Se nous con«
iemons dis fa parr, comme pour krs 9 qw mondit Seigneur & frère
noo; Càvc adrerfaire > Se im'il puifle fervir mondtt Seigneur le Ro)r i
l'eacontte làc nous , Se tom qu^il pu^ de foy , Se fans avrre connoif-
£mce de cauie , ne declararion fur ce prendre èc mettre en fa main nos
Pays , Terres ^ Places Se Seigneurks , en mandant par ces prefèmes â
nos OfEciets > tant de Juftke , Capicaînes >, Gardes de Plaoes > que au-
tres > que an cm deflufi^t , ils 0c chacun éttax en droit foy , en baillent
la powiffion ^fai^ne à mondit Seiaie0 A: fîrere^ kfquds par ce fài^
faut V nous avoM dcfchtrget 8c diéfchargeoQS , Se chac«in d'eux, oar ces
prt^ennes des foy Se ferment que avons d'eux , à cnfê dlœtfx Omces Se
Ç^àçs dç Placçs fie FortçrdPTçs ^ ^ 0rt dçtfaut de et que mondit Seigneur
DE PHÏL.DE COMïNES. «59
8: firere puîfle pKKodcf i mam armée à kdtes cendre 8c mettre c^ fà ^aoj^
main > te îceUes & chacune tNÔUer à mondk Seigneur le Roy , pour eiv
£ûye & diTpc^ià ion bon Blaifip » febn £» teneur en St^ Se fçùtttê
^efibfdiies i fie couc oe àne'^fSiS'dk nous wMm promi» & çfomcktbh^'
par ces prefences > fous tes foy , obligarion & ferment ciedui^W, petâtty
faire & accomplir de point en poiat , armement & ioyaument , fans ja-
Biais faire > ne aller au contraire par nous ne les noftres , en quelque;'
Manière que ce foit y £r for ce garder mondit Seigneur 8c irere > Se le^
fiens vers tous& contce co«s , de tous dommages 5 pertet^ & inrerefts.
En tefmoin de ce » & pour la icMetédir pondit Seigneur ic frère ic des^
fiens y 8c pour approbation 8c confirmation des choies defltifEites^ nous^
avons %né ees-prêfemes de noâxe main , 9c &Àt fcetler de^noère Séel ^
k onzieuneiottt d'Oâobre , l'an mil quatre cens foixante-P:pt. CHARiifi5<
ex.- ■•
fGT ConctffiûB du Refy Lotuys XL à * Catta^Maru Sjbn^ Pifcomt^^
Ihu d€ Milan 5 & ÀJisJitcceffiurs , dc^ porter les jirmes dt
Franu ^ icarulus- av4c cêltts dé AStafK
LO T S >; par ta «ace de Dieu , Roy de France , Sçavoîr fàifons I *^^^f ^*
touspreK5n«& avenir, que nous confidcrans le grand & fingulier w^^Ibbé
amour & afftâien , que avons con^neu avoir i nous Ar à k Couron- lJ Gian<U
jie de France, noftmrès*cher Se rres-amé lrepe& coufin Galcas-Marie
' Sforce y Vicomte Duc de Milan y 8c (pecklement k noftre pcrfonne v
:ttnfi qu^îl a moi^é par etfets durant les divisons, qui n'agueres ont e(lé
en cemiy noikre Royaume, au moyen d'aucuns» de noftre Saog , nos
vtaflàux 8c fubjets > qui s'eftotem efievea contre nous , auquel temps
noftredit firere 8c coumi de Mibn vÎBt en perfoiine en noftredit Royau-
me accompagné de grand nombre de ^ns d'armes 8^ de trait , pour
nous fecourir 8e ay<kv i rencontre des de<{u(^ics> en quoy'H- sem-
*ploya grandement èc honor2d>lement aabien de nou9: Voutans recon-
noiftre& luy monftrer, que de noftre part avons pareittement hiy & la'
Maifon de Milan en grand amour 8c recommandation , tellement qu i!^
en foit i tousjours mémoire , à ice^tiy Galeas-Marie S&rcê, noftre'
ftere & eoufîn ySc i(^ hoirs 8c fuccemurs Dues de Milan , avons de
Boftre certaine fcienee, grâce fpécîrale, pleine poiflance Se autlioritc
Royale oâroyé fcodtroyons, q)ie noftredit fteredc coufin de Milan ,^
dès k prefent , fit' fes fu^eefièurs Ducs* de Milan , k puiflêt^t d-brcfna-
vant perpetueflksment nommer fit efcdpre en titre de France , & eux dire*
8c porter parens de nous Se dé la Mairon de France » te en figne de plus
grand mémoire des cliofes deflufdites ^ & pour tonsjours approcher luy-'
8e fefdits fucceflêurs , Ducs de Milan , de nous Se de ladite MaHbn de
France en biens fie honneurs, voulons^ oâf oyons, 5c nous pbift qtfils"
puiAènt déformais perpétuellement porter Ifes Armés efcartefées de Fran-
ce, & dci Serpent , que jjortent & ont accouftumé porter fuy & fcS"
predeceflèuts , Ducs de Milan , en la forme St manière qu'elles Conttir
fcintuir cy-après. Et afin que c6 foit chc^ ferme ât ftable à tousjours ,.
flOOS^
^_^^_^ C4<^ PREUVES DES MïMOIUES
YTisT^ 9^^ ^^^^ fak^m^ttFç «oftïç Sc^ à ccfditcs pcefentcs,, fauf jen autre»
^ ^' cMes flofti^ dïqk , & l'amruy jen toutes. Dooaé eu noftrc Ville; de
Chantes A le cinqaieffne jf>ut de Noycmbte, iW.de gtace mil qiiacre
4^ns foixaaterfopt , .^ d<c opftre Rogne le (cpxjasisot. Par le Roy > rj/i ^
^GT SJponft faite à Monfieur d^ Ca^UkrA Mv<^iparlcRoym Bretagne pam
. i^f'evs^, Han/uiirUJ?¥fi^JJ^ctrmandU , è mt^ndrjiMMA: moyens
de p4Lçifiça^W.
Tiré ixA Ç^ 'E S T la réponfe faite par Moiifeî){oettr le Duc de Normandie aux
m^^aÎIk^^ V^ cbofcs que Monfeigneur le Duc de Calabre a dites de p$r le Roy i.
Le ci Monfeigneur le Duc de Bretagne , touchant le fait de mondit Seigneur,
vr»û4. Mondit Seigneur de Calabre a dit qu'il tfavoit point char^ du Roy
4e parler > ne foy addre({er à mondit Seigneur » mais (eulement de dire
au Duc » po^r li^r fairip ffj^yoir » i}ue fi le plaifir de mordit Seigneut
«doit d'al|er devprs le Ray , il Ip traitçroit doucement^ conme Çon frère»
jSc il mondit Seigneur t^'eiîoit d^iiberé.d y aller ^ çue le plaifir du Roy
ti'eftoit pas qu'il demeuraft en Bretagne » & prioit le Duc qu'il ne Ty
voulût point entretenir-; mais ^e le Roy eftoit content qpç mondit
Seigneur allaQ: en I^orraine > qui icft a mondi^ Seigneur de Calabre » âç
pays hors duRoyâpmc ao^fubjet au.Roys ^ qi*e, poiv . la fçurcté dgi
pauage le Ro^ dpnneroîc toutes les provifion^ q^ fpraiç^t advifées »
tellement qu'il devrQÂt Suffire >&; au furplus quand mondit Sçigneur
feront audit pays de Lorraine le Roy luy ordonrieroitfptoviîion pour viyre»
{2Xi% autrement parler de Tappanage de mondit Seigneur ) ne autres cho^
les touchant fon fait s ^ au regard des férviteiirs de mondit Seigneur »
que le Roy jcftoit content que ceux qui voudroicnt retourner & demeu-
rer au Royaume » & luy faire fermeiK de nouvel en renonçant à tous
autres {êrmens qu'ils auroient fait ailleurs, le pUÛfent faire » & par ce.
moyea recouvrer leurs biens , & les autres s'en puHa^r aller hors du •
Royaunac, où bon jeur fembleroit , & que le Roy , leur feaiUeroit feureté.
i^ conduite pour les mener feurement |u(ques hor^ du Royaume » fans
aucunement parler de la ceftitution de leurs Isiens.. . .
. ^t combien que les paroles delTuCHites nie foien^ point addreflees â
mondit Seigneur ^ 'qui -moqlt volontiers, ejiir vott mondit Seigtv^ur de,
Calabre , & pour le bien des matières communiqués avec luy > comme i
fon pcocbaii;! p^^nt , auquel il a fing^iec nmoiir Se cop^ance » . J^ fem-
blablemenr tou^jpurs verroit ^rès-rvojiontiiurs tous autr^. .qui vi^droient.
de par le Roy, il fon plaifîr-eftoit , & que mondit. Seigneur ^iit moulr
douient de veoir que le Roy ,- dont il eft feul ftçre.a ait (l grande indi-
gnation contre luy , qu'il ne [Veuille poinç qjiie fe$ Amballadeurs convf
m^niquent ayec{uy , ^e luy addrellènt ie^i^parpl^^quiliiy plai^ f^r^direi
toucmnt fon fait ^ ce néantn^oii^s > pour tousfpiirs (oy pecx;(e ^^ fpn de*
voir ,&jen toute humilité ^^pbéyflancee^v^ Ip Roj^ lpoi)dJi!t ^eignieur>
a.bienyoulo, iç touçjour« veut ^jairerqefponfeà tout ce qu'il ai>lû ]8c plaira
AU V^y ip?p4er ; i? p^uj hiJf|o])lç & ç0pyçi»bJequij3y.#.poffibk i.çgr,
fjua»f
DE PHIL. DE CÔMINES. 641
tjuanc à k matière , la chofe du monde que mondic Seigneur délire plus»
c*eft de veoir la vraye , entière Se fcurc pacification dlccllc , & d'eftrc
& demeurer très-humble frère , fubjet & ferviteur du Roy , fervir lujr
& le Royaume de tout Ton pouvoir > & qu il plaife au Roy l'avoir en (a
bonne grâce » luy garder Ton droit , ainn qu'il le doit faire.
De fa part , mondit Seigneur s'eft tousjours mis Se defire mettre en
fon devoir , Se depuis les traitez faits entre le Roy Se les Seigneurs , n'a
fait,quis, ne pourcnaflfé,& ne voudroit faire chofe qui luy doye déplaire,
dont le Roy ait occadon de l'avoir ainfi déchaffê de fa Seigneurie , & le
laiflèr du tout defnué , fans Terre , Seigneurie , revenus , ne provifion
quelconque y laquelle chofe , jaçoit ce qu'elle luy foit bien griefve , il a
touftenuc & endurée moyennant le bon aydc du Duc , qui pour honneur
du Roy & de fon feu perc , que Dieu ablolve , l'a fi très-bien & hono-
rablement recueilly & traité en fon pays , que perpétuellement mondit
Seigneur luy en eft tenu.
Quant au premier point , touchant l'allée de mondit Seigneur devers
le Rov, mondit Seigneur parlant en toute humilité & obéyfTànce , aeu
& a ae grandes craintes Se doutes touchant la feureté de fa perfonne »
& la plufpart des Princes & Seigneurs du Royaume fçavent bien de
pieçà que mondit Seigneur a efté adverty depluheurs chofes , qui à ce le
meuvent, defquelles mondit Seigneur euft eu plus grande caufe de ofter
fon imagination , fi les traitez d'entre le Roy & les Seigneurs enflent
cfté entretenus fans enfrairtrire ; mais comme chacun fçait , les chofes
font venues en autres termes bien eftranges , & mefmement mondit
Seigneur puis n'agueres a fceu pour certain aucunes paroles , qu'il a pieu
au Roy dire aflèz publiquement touchant mondit Seigneur , lefc^uelles
hiy donnent plus grande matière de douter ; parquoy mondit Seigneur
ne fe peut encore déterminer d'y aller pour le prefent , & fupplie très-
humblement aulloy qu'il luy plaife en eftre content , Se recevoir agréa-
blement fon excufation y car mondit Seigneur ne le fait pas pour hiyr ,
ne délayer de obéyr au bon plaifir du Roy , ainçois voyant clairement
fa feureté , eft tousjours preft & Jefire de tout fon pouvoir le fervir Se
obéyr très-humblement , & s'employer au bien de luy & du Royaume,
comme très-humble frerc , fubjet & ferviteur doit à fon fouvcrain Sei-
gneur Se ftere.
Au regard de ce que le plaifir du Roy eft que mondit Seigneur fon
frère s'en aille en Lorraine , qui eft hors du Royaume , & n'a pas agréa-
ble qu'il foit en Bretagne , mondit Seigneur ne peut bonnement enten-
dre qu'il y ait caufe raifonnable qui doye mouvoir le Roy , de pluftoft
vouloir c^u il foit en Lorraine , tout hors du Royaume , que en Bretagne ,
& de prime face cette ouverture avec les autres chofes pourroit donner
à mondit Sei^ieur grande matière de plus douter, veu la grande diftance
qui eft à y aller , plufieurs paflàges Se deftroits , enclos de rivières Se
autrement , par où il faut paflèr , efquels à toute heure l'on pourroit
aifement donnet cmpefchemcnt en la perfonne de mondit Seigneur
quand on le voudroit faire *, parquoy il ne peut connoiftre , & aufli il
ne femble pas à tous ceux oui connoiflent le chemin , aufquels mondit
Seigneur en a communique > qu'il y puiQè pailèr feurement , Se quand
Tome IL M m m m orei
^_____ ^4» PREUVES DES MEMOIRES
^"""T**^ ores mondit Seigneur fcroit en Lorraine , fi n'y pourroit-il feuremenr
^"^ ^' demeurer > veu les diverficez. des Seigneuries qui (ont audit pays , & è»
prochains d'iceluy.
£c n eft pas de merveille fi mondit Seigneur craîoc Se doute de mettre
fa perfonne en chemin , ne en lieux où il ne voit clairement fa feureté,.
attendu les grandes rigueurs Se dures exécutions que le Roy a fait faire
fur les corps & les biens de plufieurs ferviteurs de mondit Seigneur ,,
nonobftant quelques Lettres, pardons y abolitions, feuretez 6c pro-
mefiès qui en eufleut efté faites & données , en quoy s*eft fort demonftrée
& demonftre chacun jour Tindignation que le Roy a contre luy , Se aufir
les furprifes des places de mondit Seigneur , comme de fa Ville de Rouen:
& autres , durant les trêves & feuretez , pendant lefquelles le Roy , par
fes Lettres patentes , avoit promis Se jure de rien ne y furprendre.
Et qui voudra tendre à bonne fin-, c'ett chofe trop plus convenable
que mondit Seigneur foit au pays de Bretagne , pour eftre plus- près ou?
prcfenty quand on traittcra de ces matières, que de l'envoyer hors dit
Royaume, en lieu où il ne pourroit eftre prefcnt quand on v befognera ;
à (^uoy il a bien grand intereft , & a intention d'y eftre prefent , ou que
(oit preft pour temonftrer fon fait & le droit qui luy appartient 7 Se
l'ouverture de ainfî faire abfenter Se efloigner mondit Seigneur ,. n'eft
cas demonftrer qu'on veuille mettre briefve condufion , ne entière &:
leure pacification fur lefdites matières , defquelles mondit Seigneur defire
de tout fon cœur l'abrègement , 4>our mieuxife pouvoir employer au fer*
vice du Roy Se au bien du Rovaume •, ce qu'il ne pourroit faire s'il eftoit
ainfi efloigné & envoyé hors a'iceluy.
Et quant à ce que mondit Seigneur de Calabre a dit que le Roy eftoit
content de bailler à mondit Seigneur provifion fuffifantc pour vivre
quand il feroit audit pays de Lorraine , pour les caufes cy^delfus allé-
guées , mondit Seigneur ne voit pas qu'il y ouiftè aller feurcment , par-
quoy, veu la condition defiufdite au fait de ladite ptovifion , ne faut
pas grande refponfe ; mais mondit Seigneur fupplie très*humblement aa
Roy, qu'il luy plaife avoir regard à fon cas Se l'avoir pour recommande »
& en la bonne grâce.
Et en tant que touche les ferviteurs de mondît Seigneur ,. combiea
que par les traitez faits, promis Se jurez entre le Roy Se les Seigneurs ^
on ne leur peut jamais rien imputer ne demander en corps ne en biens
citttaboH- à caufe des chofes paflees , toutesfois encore d'abondant au mois de
noncftcy- Janvier dernier paflè^ , le Roy voult , oftroya Se promit cxpreflement ,
v>>f/f" ^"c tous les ferviteurs de mondit Seigneur , & autres <iuelconques quï
Elle cft <hi ^"^^^^ï^f adhère avec luy & les autres Seigneurs ce Princes , leroient
14. Août çsrpetuellentent tenus francs , quittes Se defchargez de toutes les chc-
14.66, mais^ Ics qui eftoient ou pourroient avoir efté advenues , de quelque qualité
fans (toute qu'elles fuflènt ou puflent eftre , & que eux & chacun d'eux puflènt aller
il y en a eu & demeurer au Royaume » Se dehors en quelque lieu que bon leur fem-
4 autres. bleroit , fans que jamais aucune chofc leur en puft eftre demandée eit
corps ne en biens , & que fi aucuns de leurs biens eftoient pris , détenus
ou arreftez , ou que d'iceux le Roy euft fait aucuns dons , lefdits biens
leur feroient entièrement mis à pleine délivrance j tendus & reftituez,
Aonobftant
DE PHIL. DE COMINES, S^^
fionobftant qadqnes dons ^ui en euHcnt efté faits , leiqaels dons le
Roy caf&it & annullott » aimî qu'il appert plus à plein pzv la teneur
des Lettres patentes fur ce par luy données Se oftroyees le vingt-fixiefme
jour dudit mois de Janvier , mil quatre cens foixante-cinq , lefquelles
Lettres le Roy a promis garder & entretenir fans enfraindre , parquoy
bien dure choie a lemblé à mondit Seigneur, que nonobftant tous les
traitez faits entre le Roj & les Sqîgneurs , &c les Lettres , feuretez &:
promeflcs deflufidites , 1 on ait ainfî perfecuté , &c encore perfecutc-t*on
chacun jour fes ferviteurs 8c plufieurs autres , qui fous la confiance der
ce que dit eft , s'çftoient retraits en leurs maifons , qui ne font pas les
moyens qu'on doit tenir pour venir à bonne conclufion , vraye & feurc
pacification des matières •, ainçois par telles rigueurs & exécutions , &
par plufîeurs autres chofes, mondit Seigneur a grande caufe de imaginer
que le Roy ait moult grande 8c enracinée indignation contre luy , dont
il luy defplaift moult j & tout confiderc , ce n'cft pas merveille s'il a
crainte & doute d'aller , ne foy trouver en lieu où il ne voit clairement
fa feureté*
Et fupplie mondit Seijjneur très-humblement au Roy qu'il luv plaifc
avoir fcs ferviteurs en (à bonne grâce , les traiter doucement , leur dé-
livrer & faire avoir jouïllànce de leurs biens , faire reftituer tout ce qui
en auroit efté pris ou empefché , & qu'ils puiflènt feurement vivre , eux
entretenir auiervice de mondit Seigneur , aller, venir & converfer par
le Royaume , 8c ailleurs où bon leur femblera , fans que aucun domma-
ge ou empefchement leur foit fait par le Roy ne fes Officiers y ainfi que
par plufieurs fois il a promis de le faire.
Et au regard de mondit Seigneur , il a tousjours defiré 8c deHre de
tout fon cœur le bien 8c tranquillité du Rc^aum^ > la pacification des
matières deitufdites.
Et pour monftrer dès le commencement que le Roy luy fit offrira Caen
l>ailler pour provifion tout le pays 8c Seigneurie de Dauphiné , 8c four--
nir la fomme qui feroit advifée fur les revenus des plus prochains pays ,
mondit Seigneur , pour comi4aire au Roy , fut content pour fa provi-
sion , 8c en entendant que dedans certain temps limité , luy fut fait
droit fur fon appanage , de prendre le pays & Seigneurie de Dauphiné
entier , comme le Roy le tenoit , & que eftimation faite de la revenue
d'iceluy à fomme raifonnable , l'on luy parfoumift fur la revenue des
plus prochains pays jufques à telle fomme que le Duc & Monfieur de
fl^urbon adviferoient , mais quand mondit Seigneur eut accepté ladite
offre , le plaifir du Roy ne fut pas de le faire , combien que l'ouverture
euft efté faite de par luy 8c par fon commandemenr.
Après le Roy envoya à Nantes devers le Duc l'Evefque d'Evreux , & le
feu Sr. de Montauban , qui offrirent de par le Roy bailler à mondit Sei-
gneur le Comré de Rouflillon , ou le Comté d'Aft , & le faire valoir foi-
xante mille livres par an , pourveu qu'il y yroit demeurer , & ne fe tien-
droit point avec le Duc,ny avec mondit Seigneur de Charolois ; laquelle
offre n'eftoit pas raifonnable , veu que le Roy n'a rien audit Comté
d'Aft , & ne tient ledit Comté de Rouflillon que par forme de gages ;
furquoy encore y a de grandes difficultez > & aufli que c'eft une chofe
Mmmm X en
^44 PREUVES DES MEMOIRES
en guerre & en débat contre le Roy d'Arragon , contre la Cité de Bafcc^
lonne & les Cathalans , & faudroit pour la garder grand nombre de gens
de guerre , qui ne fe pourroient fouldoyer ne fouftenir , pour beaucoup
plus que n'en vaut la revenue , & avec ce font lefdits Comtcz de Rou£-
£llon & d'Aft hors des limites & de la communication accouftumée d«»
gens du Royaume, loins de tous les parens & amis de mondit Seigneur,
& mefmement de ceux où il a fa pr^cipale confiance.
Pource que le plaifir du Roy a efte de pieçà de faire dire que mondic
Seigneur devroit de fa part faire aucunes ouvertures , pour tousjours foy
mettre en fon devoir & obéy(Iànce> mondit Seigneur a de pieçà fait offrir,
& encore offre de prendre > jufques à ce que dedans certain temps limi-
té , comme dit eft > luy foit fait droit fur fon appanage > le Duché de
Berry , les pays & Comtés de Champagne & de Brie , avec les Villes ,
Citez & Places d'iceux , fondez en revenus fuffifans pour la garde d'icelles
& pour l'entretenement de L'eftat de mondit Seigneur*
Et fi le plaifir du Roy n'eftoit d'entendre à cette voyc , mondit Sei-
gneur a offert, & encore ofïrc de prendre pour fa proviiion, & en atten^
dant , comme dit eft , ledit Duché de Berry ^ les Comtez de Poitou »
Xaintonge & Gouvernement de la Rochelle , avec les Villes , Places &
Fortere(ks d'iceux > fpndez comme defius.
Quand les voyes deffufdites ne feroient agréables au Roy ^ pour en-*
core foy mettre plus en fon devoir, mondit Seigneur a offert Se offre de
croire & tenir tout ce aue le Duc ^ mondit Seigneur de Calabre & Mon-
feigneur de Charolois diroient touchant fadîte provifion*
Lefquelles offres & ouvertures mondit Seigneur a de pie<;à faites, ten-
dantes à bonne fin pour le bien & pacification des matières » & pour
quérir tous Les moyens qu'il peut , de eftre 6c demeurer en la bonne
grâce du Roy , le lervir & obéyr très-humblement , & s'employer au
bien du Royaume , comme il eft tenu î & fupplie mondk Seigneur très-
humblement au Roy , qu'il luy plaife en eftre content -, & toutefois
qu'il plaira au Roy faire ouverture Se offre à mondit Seigneur de chofe
qui foit raifonnable , & ou il voye clairement fa feuretoi^. Se y eu^
tendra très-volcnticrs.
Fip duJiconJ Fbtiunt^
TABLE
N
TABLE
DES MATIERE s.
Contenues dans le fécond Volume des Mémoires de Philippe
DE COMINES.
yflbsnii ( Alexandre Stuarc , Duc d' )
\j^tl\ fc réfiigjc en France , i j^ &/usv.
Sa réception à Paris, i $7. Sujet de fa difpu-
ce avec fon frère le Roi d'Ecoflc y 16%. Paix
qu'il fak avec lui , ihid,
Albi ( le Cardinal d* ) Ccft lai qui enga-
ge le Roi Louis XI à abolir la Pragmatique
Santon > 15 , ». i&. Il fc figoale aux fieges
4e Leicoure& de Perpignan , io3<
Albrit ( le Cadet d' ) chargé d'avoir livré
M. de Beaujeu au Comte d'Armagnac, loi.
11 eft fait prifonnicr dans Lcitoure » & dé-^
capité à Poitiers I 10^.
Alenfon ( Jean Duc d' ) Il eft mis en l>-
fccné par Louis XI > 10 , »• i^» Ce Prince
le rétablit dans Tes biens , 11 , »• 17. Re-
.coanoiflânce qu'il témoigne au Roi de tou-
tes ces grâces , 6%. Il eft arrêté & remis à
ce Prince, 101. Le Roi Penvoie à Paris aa
château du Louvre , 10 ) (j^fuiv. Arrêt pro-
noncé contre lui par le Patîcment , 1 10 c^
fuiv» Louis XI lui accorde de nouveau fa li-
berté , I Xf. Ade d'abolition qui lui eft ex-
pédié, 547 d* /niv. Promedc de ce Due
d'obfcrvcr les conditions portées par la grâ-
ce que le Roi lui a accordée 9 3sx ô^Juiv,
Lettres confirmatives en fa faveur, iS3&f»
Alexmndre VU Par. quels motifs ce Pape
/bUicita le Roi Charles VIII à paffer en Ita-
lie , }oé. Il fc lii;ueavec les Veaiciens con*
trc ce Prince , ibid*
Amhoifi (Charles d* ) Sa more ,158.
Vers faits à fa louange , ibii, (^fuiv,
Ancenis, Traité d Aiiccnis entre le R<n
Louis XI & le Duc de Bretagne ,19t.
Angélus, Inftiturion de 1 Angdus à midi
par le Roi Louis XI , 91.
AngUtent» Troubles & révolutions dans
ce royaunK , j ô'fntv^
ÉnjoH (Marguerite S)r femmt de Henri
VI Roi d* Angëterre , ^ ,»« i^ On loi eft re-
devable de la viâoire de St Albans ^$9^ 5*
Secours qu'elle obtient de Louis XI , 10 , »•
2 ^. Entrée qui loi fiit faire par la ville de
Rouen , lor(qu'elle Ce réfugia dan» le royaa«
me , 11 »». 17. Elle repaile en Angleterre a-
vec des troupes que le Roi lui donne ,14,
Elle Ce retire de nouveau en France, avec le
Prince de Galles fon fils » 85. Réception que
lui fait la ville de Paris , 88. Tranfport Se
cedion qu'elle fait au Roi de Ces droits fiit
le Comté de Provence » i ) &• Elle court rif^
que de perdre la vie dans un bois avec Iq
Prince de Galles , 178. Traité figné encre
Louis XI & cette Prince(fe, 5^7 &fiièv,
Anjou ( Marie d* ) fcnmie du Roi Charles
VII. & mère de Louis XI ^ x^. Sa mott »
ibid. de 178.
Anne de France » fille de louis XI. Artl«
clés accordéspar ce Roî pour le mariage de
cette Princefle avec le Comte de Charolols,
543 &fMv.
ArmMgnMc{le Comte d*). Il fiilt M. de
Beaujeu prifbnnier dansLeitoure , & recou-
vre cette place, ioi« Siège qu'il y fbûtiene
contre les troupes du Roi , ilid. é^fuiv. Il
y eft forcé & tué , loi. Il fupplie Louis Xi
de faire cefiêr les voies de fait contre lui ,
t H • Lettres de ce Prince en ùl faveur ,555
éi* fuiv. Serment qu'il fiût au Roi , 54^.
Autre ferment qu'il prête à ce Prince , j^i»
ArmMgnac ( Jacques d* ). Foyez. Nemourf ,
Arragon ( Jean Roi d' ).I1 engagcie Rou(^
filon & la Ccrdagne à Louis Xl , ii , ;f. 17,
Secours que ce Prince lui envoyé , ihid. Il
perd deux batailles contre les troupes du
Roi , 84 , ». 98. Il fe rend maître de I^rpî-
gnan , oii il eft afTîegé enfuite pir l'armée de
ce Prince ,10;. Ambaflade qu'il envoyé att
Roi , 108. Ratification du Traité £ut cnttç
Mm mm ^
64S TABLEDES
cts (kttx Princ€», ^^fxé^fimt, Aâ« par le-
cjnclileogtige à Louis XI Ic«Comcét <ie
Rouifinon ôc de CeidagEie » ^64^ é^ fuiv.
Tr^ùté d'alliance totie les deux Rois , ^
^fusv. Extraie d'une lettre fur leur entre-
vue , )7^* Lettres par lerquelles Louis XI
accorde du fecours à tArragouots , 3^7
i4rr4;. Skgedccnte ville par le Ro&Loui&
XI, 14 h Compe&tioR ^u*il accorda au»-
faabitans , ihsd. Ellecd afTiegée de nouveau,
Foafiqtto } 142. Rédudion de cette vllk à
obeîilânce du Roi , ibid. Vers faits par les
habitans avant la prife de la place , 2 50.
Avin (Jean) Confeillerau Parlement de
Paris. Recherches qull fait dans rhotdf de
Robert d'Eteureville Prévôt de Paris,4. Ri-
foeur dont il ufe envers la femme de ce
tey&tyiind.
Aarickê ( Marguerite t) , Corotcflc de
Flandres de fille de Maximilicn , i &j. Elle
cft promile en mariage au Dauphin , ii^d^.
Préparatifs ordonnés par le Roi pour fa ré-
ception en France , ibid. Son entrée dans
Paîris y 170. Célébration de fes nopces , ibid.
Amtergne. Merveille arrivée en ce pa^
au fujet d'un lion » i n*
A»ixerrt% Le Roi fait (bmmer les habitans
de cette ville de fe rendre à lui -, ce qu'ils re-
fùfent , d^. Ils font battus par les troupes
^cePrlnceiQ^.
B
BailUt ( Jean ). Il eft fait Maître des Re^
quêtes à llavenement de Louis XI à la cou-
iDnne y 6,
B/Uue ( Jean). H efl facré Evêqoe êTE-
vreux , .5 1. Il eft attaqué de nuit dans Paris
par des aâaifins , 43 . Il efl fait Cardinal ,
67 , ». S5. Il trahit le Roi en faveur du
Duc de Ek>urgogne , 80 éi» fuiv. Louis XI
le fait arrêter , & confifque tous fes biens ,
81 6* 15 1. Ce Prince le remet en liberté •
1^0. Vifite qu'il va rendre en Flandtçs au
Duc Charles de Bourgogne, 192. Il enga-
ge le Roi à aller trouver le Duc contre le
lentiment de tous les Seigneurs de la Cour ,
S. 17. On intçrcepte des lettres qu'il écrit au
Duc de Bourgogne » 25 1. Vers faits au fu-
jet de fa dKgrace , ibid. Lettre qu'il écrit à
M. le Chancelier , 476. Remarques fur la
conduite & les defleins de ce Prélat , ^14 <i»
fuiv. Il fc ligue avec TEvêquc de Verdun
pour entretenir la dividon entre Louis XI
& le Duc de Bcrry fon frère, ibid. Com-
mou leur fccrct fiic éventé 1 6%^^ Q
MATIERES.
que le GMiéU^knfiséNm die de ce Cardinal »
ê>4: Ce qu'oa en lit dans le Recueil des Li>
benés de rEglife GalUcane, ibnL
Baunlki Kicoios ) , CoofeUler au Parle-
lement de Paris , 1 64. Sa grande réputation»
ibid. \x% defordres de fa &mme hii caufene
la mort > ibid»
Buvier*{ Loub Duc de ). Traité d'allian-
ce eatrece Prince U le Comte de Charolois.
46^ érfuifu. Autre avec le Duc Philippe de
Bourgogne , 4^8 if^ fuiv.
Btuuj^u ( Pierre de Bourbon , Seigneox
de ). Il eft fait pri(bnnier dans Lei coure , &
livré au Comte d'Armagnac, ici. Sadéli*-
vrance, 101. Louis XI lui fait époufer la
Princefle Anne fa fille atnée , 105 • Il le fait
fôn Lieutenant gênerai dans tout le royau-
me, 1^5. Il va au-devant de Mad. laDau-
phine ,1^9. Vifite qu'il rend au Comte dç
Charolois au Qucfnoi ,17).
BeAumont ( Louis de ) , Evéqne de Paris «
Sa famille^ loi , n. 9, Ses charges de digni*
tés , ibid. Son épitaphe , ibid. fÇfuiv.
Beauvuis. Siège de cette ville par Charles
Dac de BourgcNgne , 95. Aifaut^qu'elle foa-
tient, y 6 éi^ Juiv. Sortie faite heureufc*-
ment fur le camp des Boniguignoi» , ^y é^
fuiv. Levée du iie^ , ^<.
Bervy ( Charles Duc de ) , frère de Louis
XI. Il fe déclare chef des mécontens dans
la guerre du Bien public, 18 ,19. 14. Safîii-
te de la Cour vers le Duc de Bretagne , i^
d* 1S2. Il fait inviter les Parifîensàunc
entrevue , 3 j. Conditions qu'il ol>tient A%
Roi fon frère pat le Traité de Conflans > 4^*
Les villes de Notmaedie réduites à foa
obi fiance ,49. Hommage qu'il fait au Rot
de ce Duché , 50. Rifquc qu'il court d'être
enlevé par le Duc de Bretagne , & comment
il en eft préfervé ,52. il efl reconnu à
Rouen Duc de Normandie, n &f^^* H
efl obligé de fôrtir de cette ville , & de fè
retirer en baffe Normandie, 55. Son ac-
commodement avec le Roi , 7j. Il fe ré^
concilie parfaitement avec lui, 81. Il fe
rend auprès de ce I^ince au Montils lez-
Tours, 82. Nouvelles brouilleries entre loi
& Louis XI , 52. Sa mort, 94. Lettres qu'il
écrit au Duc de Bourgogne & aux Princes
du fang , pour les inviter à rétablir l'ordre
dans le royaume , 182. Vers faits fur fa re-
traite de la Cour ,125. Son teflament , 244
éi* fuiv. On le croit empoifonné , 24^. Letr
très par lefquelles le Roi lui donne le Berry
en appanage ,358 éffuiv. Lettre qu'il écrit
au Duc de Bonr^o^ae , 437 ô'fMv, Maav*
TABLE DES
leffeqifil (an pabikr fur la pfi(e des armes
four le Bien public, 438 éi^fuk/. Somma-
tion qu'il fait an Duc de Calabce de pren-
dre les armes, & de fe joindre à lui, 45 k
C^ fuhi, Saofcondak qu*il envoyé aux Dé-
putés de L0UJ8 XI , pour traiter de la paix ,
457 &fuiv. Déclaration de ce Prince de la
séfolucion où H eft de travailler à réformer
le gouvernement , 4^6 ^fuiv, Marche de
Ton armée , 4$ i ô^Juiv. Accord fait par ce
Prince à S. Maur avec les Princes ligués ,
fit é^fmv. Lettres de Thommaee que ce
2^ince £iit au Roi pour k Dncm de Nor-
mandie 4 5^1 <^ywxi. InflruéHons de fes
Députés vers Louis XI à Rouen , f 70 e^
fuiv. Ce qui fut réglé aux Etats de Tours à
fi>n fujet , 571 ^fmv. Lettres par lelcruellcs
si confent aux alliances , c^ue le Duc de Bre-
tagne doit faire , $9S&fi^* Atlîance per-
pétuelle de ce Prince & du Duc ,6>i t^juiv.
Confirmation de ce Traité, 6 34 c$» /«'v.
Képonfc quH fait au Duc de Ca labre en-
voyé en Bretagne par le Roi , pour propofer
des moyens d'accommodement , ^40 c^
B^rry (François de France Duc de), fîfsd^
Louis XI. Sa naiiTaoce , loow ^ mort , 104*
Befanfon ( Etsennette de ). Qui elle étoit,
78. Son avantttic avec le Comte de Folx ,
ihid, éf^juiv,
Bimnchi dcMaratre , femme de Jean Roi
J*Acxagon , ix. »* 17. Elle rem«t (on diffè-
lend avec Henri Roi de Cadille , à Tarbi»
trage de Louis XI , ibid-
Sois ( Jeanne du ) , femme d'un Notaire
ic Paris, quitte fon mari, qui la reprend au
bout de quelque temf , 10.
Bêsuhain. Les habitans de cette ville en
chadent les troopes du Roi , & y introduis
fènt lesFlamans, 15 f.
Boarham ( le Duc de )» II fe déclare pour
ks Princes lis^ués dans la guerre du Bien pu.
blic, 1$. Il lait (on accommodement avec
Je Roi ,14. Il (è rend maître de la ville de
Rouen, 45 • Conditions auxquelles il fait
la paix avec Louis XI , 46. Villes de Nor*
mandic qu'il réduira Tobciilance de ce Prin-
ce, 53 c^ftÊtv, Le Connctabte de S. Paul
cherche k le mettre dans fon parti contre le
Roi ,117. Avantage quil remporte en
Bourgogne fur les ennemis de ce Prince ,
iiiéi. Il firrendà la Cour, 118. Pourfuircs
que le Roi fait faire contre les gens du Duc,
1 î 8 f^finv, Vifite qu'il va rendre au Qucf-
Boiau Comte de Charolois, 175. Autre
vifue ^a*il rend à ce Comte & au Duc Phi*
MATIERES. 647
lippe fon pcre, 181. Lettre qu'il addreAè an
Roi au fujet des de(ôrdres du gouverne-
«lent, 443 é^fuhf. Articles de Taccordfalt
par Louis XI avec ce Duc 8: ks Princes li-
gués , 474 &fsiiv.
Bearben ( Jeanne de France , Dnched»
4e y. Sa mort , ^^5.
B9ttrhûn{ Louis de) , Evêque de licgc..
Confpiration qui fe forme contre fa pcr-
(bnne , 16^ &fmh. Il eft trahi partes Lié-
geois , êc livré à (es emiemis , 1 66. Sa morr.
B^firban (Louis Bâtard de ). II époufe d-
ne fille naturelle de Louis XI, ji^ iijr.
Ce Prince lui donne la charge d*^AmiraU
fy. Son éloge ,168. Son contraft de ma-
riage , 544 &fmv,
Bourbon ( Piertede ) y Seigneur de Beau*
jeu. Voyez, Beaujeu.
Bourges ( Jean de ) , noyé à Paris pour a-
voir confpiré contre le Ror; 30.
Bourgogne ( Agn^ de ) , femme de Cha^
les Duc de Bourbon , 137. Sa mort , ibid.
Ses cnfan5 , ibid.
Bourgogne ( Antoine bâtard de ). 11 entré
inconnu dans Paris , 4. Trouble que cznCc
fon arrivée en cette ville , ibid. Il fait la
guerre au Roi, lU
Bourgogne ( Charles Duc de ). Voj'efn
Charoiois.
Bourgogne ( Philippe Duc de ). If fe rend
à'Valenciennes , & de-là à Bruxelles, 10,
n. 16. Ambaflade qu^il reçoit d*£douard Rot
d'Angleterre , 13 ,»• 17. Sa négociation
avec ces Ambadadeurs , ibid. Il en donne
avis au Roi Louis XI , ibid. Diâèrend qu'H
a avec ce Prince , 14. Le Roi lui cède fcs?
droits fiir le Duché de Luxembourg, jj.
Vifîtcs que ce Prince lui rend , ibid, n. ït.
Il tombe malade , 10 , ». 31. Il donne ad
Comte de Charolois (bn fils- le commande-
ment de fcs troupes contre Louis XI , ibid.
n, 33 ér* 183. Il fait la guerre aux LIe«
geois , & fe rend maître de Dînant , |^i
Conditions auxquelles il fait la paix avec
eux , ibid, ». 78. Sa mort , ^i, 74 , «.pi
é" i8p. Il célèbre la fccc de TOrdredela
Toifbn d'or ,175. Ambaflade qu'il reçoit
d'Outremer ,f&/V. Il tombe dangereufement
malade , 17 y . Secours qu'il envoyé à TAr-
chevcque de Maycnce , 177. Ambaffade
qu'il envoyé au Pape , pour êtrcdifpenfé du
vœu d'aller à la Terre Sainte , ibid. Diffé-
rend qu'il a avec le Comte de Charolois fon
fils , X7p. Ses troupes ravagent le pays de'
Licge , 185. Il retombe malade à BruxdU
e^S TABLEDES
les ,187. Nouvelle maladie qu'il a à Lille »
188. Témoignage qu'il rendit au Comte de
Dammanin lors de fa dif^race , ii). Aâe
& paroles de l'hommage lige £iit par ce Duc
au Roi Louis XI > ^45 d^fuiv. Abolition
donnée par Louis XI .à tous les Officiers du
Duc , } 4^ é^fiUv. Don qu'il lui fait du Du*
ché de Luzemboorg t$7S& fuiv. Traité
d'alliance entre le Duc èc Louis Duc de Ba-
vière , 488 é^fiêiv. Autre avec Frideric £-
leâeur Palatin » 454 é" fi^* Autre avec
'Kobert Eleâcur de Cologne , 49 tf é^fuiv»
Relation de fa maladie & de fa mott , 6oy
^fiûv. Son tedament , 60$ t^fiùv.
Bourgmgnons ( les ). Ils prennent Roye fie
Montdidier, xi, Ddfordres qu'ils commet-
tent dans riàe de France , 13 éf^fmv. Ten^
tative qu'ils font fur Paris 9 2,5 <^ fuiv. Us
le rendent maîtres du pont de S. Cloud ,
1^. Leur marche vers Montleheri , ou ils
font attaqués par le Roi , x-j ér fuiv. Ils
paflent la Seine & l'Yonne , ) 1. Ils fe rap«
prochent de Patis ,35. Ils fe rendent maî-
tres du pont de Charenton , ) 4. Leurs autres
exploits devant cate ville , ihid, ^ fuiv.
Combien ils y foufFrirent , 46. Excès qu'ils
commettent à la prife de Liège « 77. Us fur-
prennent la ville de Nèfle , & y exercent de
S randes cruautés > 95. Ravages qu'ils font
ans le pays de Caux , 99. Ils tentent un
^ubliflèment proche de Roye , & en font
chaffés » I II. Ils font battus en Bourgognç
par les troupes du Roi > II7*
Brtffluri ( Jacques de Beaumont Sieur
de ). Biens dont il (ut comblé par Louis
XI » &75 • Lettres que cç Prince lui écrivoit,
Bretagne ( François Duc de ), Hommage
qu*il fait au Roi Louis XI , 10 6* f'^'^' ^*
16, Ce Prince cherche à fe l'attacher , n >
n, 17. Liaifons du Duc avçc le Comte de
Charolois» 17. Ligue qu'il fait avec lui ,
ihid, n. i$» Ambafladc qu'il covoye au Roi
à Poitiers \ à quelle intention > 19, Son ac*
commodément avec ce Prince après la guer-
re du Bien public ,49. La ville d'Evreux
lui eft livrée » 49. Il forme le deHeia d'en-
lever le Duc de Berry , 5 %• Traité qu'il fait
^ Caën avec le Roi 7^4 , «. 74. Ses troupes
t*emparcncde Cacn & de Bayeux , 67. Leurs
<^utres progrès en Normandie, 69. Accom-
modement de ce Duc avec le Roi 975. Rc^
troidifl'ement entre lui & ce Prince , 8 ) . Il
fç raccommode de nouveau , bi renonce à
Talliance du Duc de Bourgogne , 85. Trêve
iju'ii £ait avec le Roi ^ iQQ. $on accord 4*
MATIERES-
vec ce Prince , 10 1. Ambaiiade quil lui en-
voyé 9 lop. Nouvelle ambaflade de fa part
par laquelle la paix eft confirmée » ixi»
Louis XI (ait arrêter une provifîon d'ar-
mes , que le Duc faifoit venir d'Italie ^i6i.
Il refufe le collier de TOrdre de S. Michel ,
que le Roi lui envoie » z%6. Traité d*aU
liance entre ce Duc & le Comte de Charo-
lois • 440 éi^fuiv. Autre avec le même , ,
490<^/Kn/« Promefle que le Duc fait au »
Roi y de ne retirer en fes Etats aucuns mé«
contens , 56t. Lettre qu'il écrit au Comte
de Dunois , ^04 ^ fuiv. Alliance perpé-
tuelle encre lui & le Duc de Berry frère da
Roi » ^) X ô* fitiy» Confirmation de cette
alliance , 61 4 éi^fuiv.
Brezé ( Pierre de ). Louis XI Tenvoyc a-
vec deux mille hommes, pour reconduire
la Reine Marguerite d'Anjou en Angle*
terre, 14.
Brifêftnft ( Guillaume ) $ General de
Languedoc , )oy. PrédiéUons qui lui font
faites par Angelo Catto Archevêque de
Vienne , ibid, o*f^*y* H cft fait Confeiller
privé du Roi Charles VIII , joé. Il accôm*
^agne ce Prince à la conquête du royaume
oe Naples • & eft fût Cardinal , èbid,
Btiké ( Dreux ) , Audiencier en la Chan-
cellerie , arrêté prilbnnier à Montargis , fl(
enfuite élargi , 6 f^fiav.
Bureau (Jean ) , Trésorier de France ,
fait Chevalier au (acre de Louis XI j $*
Calahre ( le Duc de ). Troupes que lui
donne le Roi Louis XI pour recouvrer le
royaume d'Arragon, 79. Il recherche ea
mariage la fille de Charles Duc de Bourgo-
gne, 9). Sa mort, 104. Traité d'alliance
entre lui & le Comte de Charolois , 411 c^
fiûv. Lettre que le Roi René de Sicile fou
père lui écrit a ce fujet , 415 é^fmv^ $om«
roacion que lui fait le Duc de Berry de pren-
dre les armes , & <!e fe joindre à lui pour le
Bien public , 451 é^ftdv, Commimon de
ce Prince pour lever des fubfides pour foa
cntreprife fur TArragon , ^ j f c9* A^* ^^"^
Îionfe qui lui eft faite par le Duc de Berrv
iir les moyens d'accommodement proposés
avec le Roi , 64O éi^fuiv.
CamhraL Les habitans de cette ville en
chafient les troupes du Roi , & y introduis
fent les Flamans ,155. Prife de cette ville
fur les François , 154. Vers â^s à cette ocn
çai&,Qïkiikidt
Çwbr4
r
TABLE DES
CMmbrai ( Ifabcau de ) accuféc à Paris de
crime d*empoj{bnaeaicat > téé^fuiv.
Csmfchschi ( le Comte de ). 11 abandon-
ne le pani du Duc de Bourgoene , i j x .
Comment il le trabk devant Nanci ,137
Cntto ( Angelo ) , Archevêque de Vien-
ne. Sommaire defà vie, joj &fHiv, Phi-
lippe de Comines lui addrelTc Tes Mémoi-
res , ihid. Sa naifFance , 504. Comment il
entra au fervicedu DucCbarles de Bourgo-
gne, ibid. Prédiûious qu*il fit à ce Duc,
tbid. Il quitte Ton fervice , & pafle ï celui de
Louis XI, f^iW. Il e(l fait Archevêque de
Vienne , ibid, 11 annonce au Roi la mort du
Duc au moment même qu'elle arrive « 505.
Prédissions qu'il fait à Guillaume Bri^on-
net depuis Cardinal , ihid érfuiv. Sa morr,
50^. Ce qu'en dit le GalUm Qhrifiimm , ihid.
ChsbatMês ( Antoine de ). Vû^ Dam-
manin.
Chalon ( Jean de ) , fils de Guillaume
Prince d'Orange. II quitte la cour à» Duc
de Bourgogne» 6c fe rend auprès de Louis
XI, 8^.
Ci^4r/#i»ii/ii#( Saint). Louis XI ordon-
ne que fa fête fera gardée > 1 1 3 .
fmv» ^a mort , 6 ©• 17). ^on âge J
mourut , ihid. n, 7. Ses Qualités , tbid. Pom-
pe de fes obfeques , 7 o* 7^'^* AmbafTade
qu'il reçoit d'outremer, 17). Cabales qui fe
tont à la Cour pendant fa dernière maladie,
J07 f^fuiv.
Chéirles Vin ( le Roi ). Naiflance de ce
Prince, 85 & 196. Confpiration contre fa
perfonne ,156 Louis XI ion père va le voir
a Amboife, 165. Avis qu'il lui donne, i^fW.
Remontrances qu'il lui .fait , & Officiers
qu'il lui recommande dans fa maladie y 166
C^fuiv, Célébration de Ces noces avec Tlié-
ritiere de Bourgo^e , 1 70. Son éloge ,1^5
^fuiv. Vers qui lui fut donné pour devi-
fe , ibid. Mauvaife éducation qu'il reçut ,
ibid. Témérité avec laquelle il entreprit la
conquête du royaume de Naples , 1^4. Son
entrée à Rome , ibid. Il ne baife point la
mule du Pape , 1^5 , ». 4. Son entrée dans
Naples , ibid. Son courage à la journée de
Fornou'é , i^tT Sa harangue à fes troupes
avant cette bauille » 170. Son retour en
France ,171. Son portrait , ibid. Nom que
lui donnèrent le Pape 6c les Italiens , 171.
Le Sultan Bajazct lui envoyé oœ anbaifa*
T0m$ II.
MATIERES. (^49
de , ibid. Sa mort , Hid, Quelle en fut la
caufe.x7). Quelques-uns le croyent em-
poi(bnné en Italie , ibid.
Chsrolois ( Charles Comte de \ Jouxtes
qu'il fait à Paris • 10 , ». 16 ^ 174. Il fe
rend à Tours , ibid. Son mécontentement
contre les Seigneurs de Crony & deChimai,
If , ». 18 6* iSi. Supercherie que Louis
XI lui fait , ibid. Il (è ligue avec le Duc de
Bretagne, 17 ,»• 19. Il arrête pritbnnicr
le bâtard de Rubempré, 18 » ». 14 c^ 180.
Ce qui l'anima contre le Roi Louis XI , ibid.
Le Duc de Bourgogne fon père lui donne le
commandement de fbn armée contre ce
Prince, lO,». 5) c^ 185. Il marche vers
la Picardie , i^i , ». 54. Il s'approche de
Paris > if 9 ». 58. Danger qu'il court à la
journée de Montleheri , i8. Il vient cam-
per à Confians , 54 , ». 47 c^ 184. Condi-
tions auxquelles il fait la paix avec le Roi ,
4^ <^ 1 8; • Ce qu'il dit à les troupes en pré-
fence de ce Prince ,49. Il déclare la guerre
aux Liégeois après la mort de Philippe fbn
père , 66. Il les reçoit à compofition , 69
ér fuiv. Il marche au fecours des Ducs de
Berry & de Bretagne contre le Roi , 70 c^
fmv. Ce Prince lefaitfoUiciter d'un accom-
modement , ibid. Entrevue du Duc 6c de
Louis XI à Peronne , 6c Traité qui y fut fait
entr'eux , 7^. Il Ait le fiege de la ville de
Liège, 6^ s'en rend maître, 77 d» 195.
Comment fês Amba{radeurs (ont traités à
Paris , 79. Il reçoit l'Ordre de la Jarretière ,
que lui envoyé le Roi Edouard d'Angleter-
re > 83 , ». 98. Lettres qu'il écrit au Parle-
ment de Paris au fujet de l'arrivée du Com-
te de Waiwick 6c du Duc de Clarence en
France , 84. Il fait faifir tous les biens ajp-
mirtenans aux Marchands François dans Ut
ËtatSf 85. Flotte ou'il met en mer, pour
empêcher le retour du Comte 6c du Duc ea
Angleterre, iW.<9»y«riv. Le Roi marche
contre lui , 89. Mauvais état de fesafFaires,
po. Il obtient une trêve , ibid. 11 la rompt ,
6c (è rend maître des villes de Nèfle 6c de
Roye , 9^&fiiiv. Tcnwtive qu'il fait fur
Beauvais , 9 ;. Il y donne l'aflaut 6c eft re-
pouflé , 96 éi^fmv. Il eft contraint d'en le-
ver le fiege , 98. Les villes d'Eu 6c de S. Va-
léry fe rendent à lui , 99* Trêve qu'il fait
avec le Roi , 100. Il entreprend la conquête
du Duché de Gueldres » 104. Ses négocia-
tions avec l'Empereur 6c les Vénitiens, lOf .
Ses troupes furprennent quelques places
dans le Nivernois , ibid. Il efl acculé d'a-
vcôr vonlafaire cmpoifonncr le Roi , to^.
N a a a Trêve
g^a TABLE DES
TrcYed^aDdaqtie ce Prmce hii accorde ^
I lo. Il forme le ficgc de Nuys » 1 1 1. Per-
tes qa*il &ic devant cette place , 1 1 )• Villes
^ne le Roi kiieokve » i (^. Défaite de fcs
troupes en Rourgpgoe » 1 1 7. Il love le fîege
de NaySy 11 9. Acceptatioa qu'il fait delà
creYe conclue par le Roi avec les Aoeloii,
2 1 1 . Il remet à ce Prince le Connétable de
S. Paul > ihiti. Sa défaite par les Suifics , 1 1%
<^ fuiv. II deoiande à cette occafioa du fe-
cours à Tes fuiets « qui le lui rcfu&m > t } 1.
II afCege Mocac , & eft battu par le Duc de
Lorraine & les Suifles ,15)* Il met le fiege
^vant Nancy , i $ 4. Une panie de Tes trou-
ves TabandoDae «157. Ileft attaqué par le
Duc de Lorraine , x j i . Son ordre de t^taiU
le 9 shid. Sa défaite & fa mort » ibid. &Jmv,
6*111. Sesfunerailfef , 140* Il(êpcrdé«
tant à la chafle avec Louis XI ,175. Ce
Prince le fait Ton Lieutenant gênerai ca
Normandie > ihii. Différend qu'il a avec le
Duc fon père, 175. Ceux de Dinant pea^
dent (bn effigie à un gibet » i &4. Il fait fon
entrée à Gand , 6c y prend poiTeiGon du
Comté de Flandres » 1 851 » c9* yW v. Il va
prendre à Louvain poflèâion du Dncbéde
Brabant , i^. Son entrée à Bruxelles ,1^*1^
Bataille qu'il jgagne contre les Liégeois ,
Ufid, Sou entrée à Licgp» oii il rétsd>Uc r£'
véque , ibid. Cour ouverte qu'il tient à Bru-
selles 191. Ambaflade qu'il y r^it de la
part des Vénitiens , ihtd. Il célèbre la fête
de l'Ordre de la Toifon d'or , ibid. Son ma-
liage avec Marguerite d*Yorc< , (beat d'E-
douard Roi d^Angletene» Hid. i^flùv^ Ce
Prince kl envoyé le collier de l'Ordre die
\k Jarretière , 1^5.. Le Duc fait fonuaeff le
Comte de S. Paul de venic le fcrfir ea- ar-
mes , 1^7. Il affifte à la cérémonie des obfi:*
^es de la Dacbe/Ic de Bourgogne fa mcre ,
aco. Lettres injurkafts au Roi , qu'il £iit
fubller , iQi. Vente que lui £iit le Duc de
Gueldres de (bn Dncbé & du Comté de Zut*
phen,ao). II acheté les droits ^ prétea-
tions du Duc de Juliers fur (x% pays > lO^.
Il fe rend maître de Venlo , Nimegue 6c
autres places , ihid. <^ furv. Éntxev&e q&'il
a à Trêves avec l'Empereur Frédéric III ,
X08. Vifites réciproques qu'ils fe rendent ,
ihid. t^fêâv. Le Duc reçoit de l'Empereur
rinvefiiture pour les Duché M Giicldtes èc
Comté de Zutphen , 109. Parlement qu'il
a/Tcmble à Malines ,110.. Membres dont il
c(l comporé , iiid, é^fitiv. Etendards qu'il
fait f;iire pour fes Compagnies d'Ordonnan-
ce , 1 14. Eattenoe de ce Duc aycc le Roi
MATIERES.
d'Angleterre à Péqoîgny > ou ib eonv^ii:
nent d'une trêve , x 17 (^ fiûv, Epicapbei
du Duc ,111. Letue qu'il éait au Docdt
Bretagne , 158* Ses plaintes ponéesâu Roi
contre k Comte d'Etampes > )f 1. SciGijetS'
de plainte contre le Seigneur de Ooay^
441 é^ fiihf. Dédacatioo par laquelle les
Etats de Brabant le recoonoiflent pou leur
Souverain Seigneur, après La mort du Doc
Philippe ibn père , 4f f f^fiùv. Infkmâion
Iu'il donne à fes Comcniflkires pour traittr
e la paix avec le Roi d'Ecofle , 4^0 ^
Jmiv. Traité d'alliance entre lui & le Doc
Louis de Bavière » 468 ^fuw. Autre arec
irideric Elodeur Palatin , 470 é^fiùvJ^n»
medè du Comte de confirmer les privilèges
des Duchés de Brabant & de Limbourg,
lor{qu'il en fera en poflenToa , 47^ érjutv.
Traité d'allianee entre liii flc le Duc de Bre*
^^E°^ > 4^^ ^ A^* Traité de Cooflans en*
tre Louis XI 8c ce Comte « 500 fi^fiâv,
Tranfport fait par le Roi au Comte des
Prévôtés de Vimeu , de Bcauvaifis & de
Foaloy, 505 é^fiâv. Lettres Patentes da
Comte poar la hhretfioa de œs Prévôtés ,,
J07 c^ fmv, K€tt de l*faommage lice &it
au Roi par le Comte pour les villes à lui ce-
déeS} $40&fitiv. Procès verbal de la dé»
lîvcaacc qui lui a été £ûte de cts villes , 5 50
&fniv. Ratification da Comte de l'accord
fait encre lui & les Liégeois , $71 &fM$v^
Lettre par laquelle il donne avis au Roi de
k mon da Duc Philippe fi>n père, ^10».
Soulevemeat à Gand le leadeaiain qu'il y
eut fait (00 entrée « 6x6^fmiv. Penniffio»
qu'il accorde aux Gantois d'ouvrir trois de-
leurs pones» ^iS^Aatie petmiffion concer-
nant quelquca-iuis de leuxs privil^es , 619-
ChmrMs ( Ifabelle de Bourbon Cemtefe
de). Samort».i85«.
Chémitr ( Guillaume ) , Archevêque de
Paris. Sa aiort & Cbn épicaphe , 51 ,.«. 4»
ChÂtedumetÊf { Antoine de). Voyez. Lao.
ChsuUcn ( le Seignoir de ) fait Grand
Makre des Eaux dL Forêtt , jS. Le Roi lui
ôte cette chatte , 10^..
ChiVMlier (Ltienne ) , Tréfbrtcr 6e$ Fi»
nanas (eus Chafles VII » arrêté prifonnier
à Montargis , & enfiiite élargi , 6 &fifiv.
Chtmsy ( le Seigneur de ). Il eft député
par le Duc de Boureogne au Roi Louis XI ,
H & 17^* Réponie iiaccBe qu'il fit à ce
Prince , ibid.
Cléûs ( Jean ) » Chevalier Anglois , en-
voyé en ambafiàdc à Philippe Doc de Bour-
gogne
^5» T A B L E D E S
Prince (ar les pratiques de Jacques Gallioc
dans cette ville 9 153. Il attire celui-ci au
(èrvicede S. M. ihid. Lettre qu*il écrit aa
Maréchal de Gié , en lui envoyant une épéc^
X54. Autre qu'il reçoit du Maréchal de Lo-
beac, furie défi fait par Julio de Pife à Bo-
file 1 1 5 5* Autre que lui écrit le Connétable
de S. Paul pendant le fieee de BcauvaiSjijy.
Commîfllon qui lui e(t addreffée pour le
Gouvernement du Quefnoi donné au Sel»
eneur du Lude , 160 di^fuiv. Il eft privé de
fa Compagnie d'Ordonnance, i6i. Lettre
qa*ji écrit au Roi à ce fujet , ibid, Ëtat de
les appointemens > x6i. Infidélité qu'il é-
prouve de la part de fes domefUques & fèr-
viceurs au temps de fa difgrace , 512. Ilcft
abandonné de ceux qu'il a crus fes amis ,
^ 1 1 &fuiv. Qui il éprouva fidèles en cette
occafion ,314 &fiiiv. Biens qu*il reçut du
Roi Charles VII , }io é^fuiv. Services qu'il
rendit en Guyenne, ihid. Ce qu'il profita de
\a dépouille de Jacques Cceur , 51 1. Caufè
de fa difgrace fous Louis XI. Déchaine-
ment de fes ennemis contre lui , ibid. éi*
fmv. Sa condamnation » j ti &fMv. Il ren-
cre par la paix faite avec les Princes dans
COQS Ces bitns , charges & honneurs > 5 1 5 d*
fuiv. Le Roi lui donne la coafifcation des
biens de Charles de Melun ^51;. Autres
dons , pouvoirs Bc honneurs qu'il reçoit de
ce Prince , ibid, é^fuiv.Sd, faveur fous Char-
les VIII, it7& fuiv. Pièces concemaoc
(on procès , 318 (^ finv. Lettre de ce Com-
te au Roi fur une révoke arrivée à Moufon,
6n é» fuiv. Autre au fujet du pays de Liè-
ge, 6^1 é" fuiv.
Dsuvtt { Jean ) fait Premier Prefideot du
Parlement de Paris > $i.
Dpdie ( Odet ) , Seigneur de Lefeun , 6-
voriu la retraite du Duc de Berry, frère du
Roi en^Breugne » 1x5. Veis faits à ce fu-
jet, fW.
Défcalles ( le Seigneur ) tué dans un fou-
kvemem du peuple de Londres , 5 t^ftûv.
Dinsns. Prife de cette ville par PhHippe
Duc de Bourgogne, qui la détruit, S9 y n.
7S ^ 187. Ses habttans pendent l'effigte
du Comte de Charolois , qu'ils traitent de
bâtard , 184. HodiUtés qu'ils commettent
fur les pays du Duc, 18 r Ils encourent Tex»
commufticatioa , iS6 &furtK •
D^iûlif ( Pitrt<) arrêté à Moulins par
ordre du Duc de Bourbon , Se enfuite relâ-
ché, 19»
D»m/ms ( Renaud des ). Xc Roi le fait
Maiice des Requêtes , s a.
MATIERES.
DMMfi(leComtede). Se retire aoptSl
du Duc de Bretagne , i^«
£4/<?iV4fi/jr Roi d'Angleterre. Ambaflà-'
de qu'il envoyé à Philippe Duc de Bour^o*
Sne , 15,1». 17. H eft détrôné par le Comte
e V^arvicK , & s'enfuit auprès du Duc de
Bourgogne, 87. Viâoire qu'il remportée
(on retour en Angleterre fur les panifans
d*Henti VI 9 91 . Sommation qu'il Fait faire
au Roi Louis XI de lui reftitucr la Guyen-
ne & la Normandie ,111. Defcenre qu'il
fait en France, 118. Entrevue qu'il a avec
le Roi ,11^. Accommodement fait entre
ces deux Princes, ibid. é^ fuiv. Lettres que
lui écrit le Connétable de S. Paul & qu'il
renvoyé au Roi • ixo ^fukv. Il fait arrê-
ter & mettre prifonnier à la Tour de Loi^
dres le Duc de Clarence fou frère , 147.
Comment il le fait mourir , ibid. Conti-
nuation de la trêve entre ce Prince & Loois*
XI , léi» Sa mort y 16$. Il fait trancher
la tété au Duc de Soofmerfet , 1 80. Son
mariage avec la Viece du Comte de S. Pauî
caufe du mécontement à Londres, 181. Le
Duc Charles de Bourgogne le fait Chevalier
de laToifon d^or, 191. Entrevue de Louis XF
& de ce Prince à Pequi^ny, ou ils convien-
nent d'une trêve ,1x7 &fitiv. Traité de trê-
ve conclu entr'eux ,411 é^fuiv.
Ejfarts { Philippe des ) ait par le Roi
Grand Maître des Eaux 8c Forêts, 1 09.
Btamfes ( Jean de Bourgogne Comte d* V
Il quitte le fervice du Duc de Bourgogne ^
& (e retire aupc^ de Louis XI , 178. Rai»
Ions de fon mécontentement , ihid. m. ii.
Btomevtlli ( Robert d' ) , Prévôt de Paris,,
envoyé prifonnier à la BaiUlle &. enfuite au
Louvre , 4. Il eft rétabli dans fta Office de
Prévôt de Paris , jo ^fuiv. Sa mort , i f ^
Eu ( le Comte d*^ ). Il efl fiiir Gouverneur
de Paris , 5 j c^ 124. S^mon , 9%. Le Roi
l'envoyé en ambalfade vers le Duc Pkilippe
de Bourgogne , 1 8 1 . U efl fait Grand Maî-
tre de la Maifon de ce Prince ,114. Lettre
ou'il écrit aii Roi , au ftijet de racoommo-
oeroent de ce Prince avec le Duc de Berry^
fon frère , $09 éi^fmv,
Evremx. Incendie de cette ville & de &
cathédrale» 175»
f
Terteil ( Pierre ). Le Roi le lak Maître
des ReqMéteSi j^
lifcMt^
r"
TABLE DES
Vifcdmp ( l'Abbaye de }. locendie de Ton
clocher, 5.
lôix ( le Comte de ). Son aventure avec
une bourgeoife de Parfs ,78. Sa mort , &
fes cntàns , 90 , ». ). Détail qu'il envoyé au
Roi Loo js XI des intrigues faites à la Cour
pendant la maladie du Roi Charles VII ,
507 &f»iv. Serment de fidélité qu'il fait à
ce Prince ,561 éi^fiûv,
Franeê. Grande abondance de grains
dans ce royaume > x. Rareté des vins , t6x.
Chené du bled , 163. Mortalité en divers
.lieux , 1^4.
Tranfoisl ( le Roi ). Services que lui ren-
dît le Grand Ecuyer de S. Severin à la ba-
taille dePa?ie> i69. Eloge que ce Prince
faifbit du Roi Louis XI ^ tSa..
Vnderic lll Emperetn:. Entrevâe qull a
à Trêves avec Ch^es Duc de Bourgogne ,
108. Vifites réciproques qu'ils fe rendent,
ihid, ir fuiv, Frédéric accorde au Duc Tin-
▼eftiture àc% Duché de Gueldre & Comté
de Zutphen , 109.
'BfitUrie Eleôeur Pftlatin. Traité d'allian-
ce entre ce Prince Se le Comte de Cfaarolois,
470 é^fmv. Aâe de réfervc de la pan de
rÉledeur dans le Traité > 473 éi^fuiv. Au-
tre Traité d'alliance de ce Prince avec le
Duc Philippe de Bourgogne, 494 é^fitiv.
MATIERES.
H
^51
GmOu ( le Prince de ), fils de Henri VI
Roi d' Angleterre. Il fe réfugie en France a-
▼ec la Reme Marguerite^* Anjou fa roere ,
%S. Il y tient le Roi Charles VIII fur les
fonts de Baptême , ibèd, é^ 196. Son retour
en Angleterre , od il eft tué dans une ba->
taille contre Edouard , 9 1.
Gsvre ( le Traité de } fait entre le Duc
Philippe de Bourgogne & les Gantois » ^28.
Gemvirvê ( Sainte ). Incendie du clocher
it l'Eglife de Sainte Geneviève de Paris par
le feu du ciel 9 170.
Gmlért{ Amoui Duc de ). Mariage d'A-
dolphe (on fils avec Catherine de Bourbon»
17^. Le Duc de Bourgogne le fait tirer de
la prifon ou fon fils l'avoir mis , 1 97* Ven-
te qu'Amoul fait à ce Dtic de fon Duché 8c
du Comté de Zurphen , 105. Sa mort , 207.
Gtterâmlt ( Pierre de ) , exécuté à Paris
pour y être entré par ordre du Duc de Bre«
tagne , dans le deflèin de (èmer la divîGon
cnuc le Roi ôc fes fujets , 3 1.
Harify ( Jean ). Le Duc Charles de Boor^
gognc l'engage à entreprendre d'empoifon-
ncr le Roi , 106. Il eft découvert & arrêté,
shid. Sa fentence de mort & fon exécution ,
108.
Henri , Roi de Caftillc. Il eft irrité da
fecours que Louis XI donne à Jean Roi
'd'Arragon, 11 , ». 17. Son différend avec
Blanche de Navane remis à farbitrage de
ce Prince , ibsd. Il eft jugé en fiiveur de Hen-
ri , ibid. Entrevue qu'il a avec Louis XI
près de Fontarabie, j;^ n. 18. Pouvoir
de Henri pour traiter d'une alliance avec ce
Prince» t76&fura,
Henri VI Roi d'Angleterre. Vw Légat du
Pape prêche contre lui dans Londres , 5. Ses
futets prennent les armes contre lui , tbid. Il
eft (ait prifonnier par Richard Duc d'YorcK»
& renfermé dans la Tour de Londres , ibid^
Le Roi Châties VII favorife fes partiHins ^
5 &fitiv, Louis XI fait oublier (on alliance
avec ce Prince » 87. Il eft réubli fur le trd«
DC^ibtd^
Herbert ( Jean J , Evêqnc de Conftance ,
adjfoumé ^r le Parlement de Paris » 8c coc^
dujt es prifons de la Conciergerie 9X59.
HoUmnde, Inon^lations dans la Hollande
6 la Zélandcy qui cojent on emponent plu-
fieurs villes , 79.
Hemnufge, ^(Xt & paroles de l'hommage
lige fait au Roi Louis XI par le Duc Phi-
lippe de Bourgogne , J4 j ©•/irv.
hênne de France { Madame ) , fille de
Louis XI. St naiifance , 17. Son mariage
avec Louis XII arrêté de très bonne heure ,
ibid. n. %o. Elle eft maraine du Roi Charles
VIII I %^ & Ï96. Accord de fon mariage
avec Louis Duc d'Orléans 9 depuis le Roi
Louis XII ,411 ^fuiv
IJfeire, Cas merveilleux arrivé à an Reli-
gieux de l'Abbaye d'iflbire en Auvergne y
L
I41» (Antoine de Châteauneuf Seigneur
du }. Il profite d'une grande partie de la dé-
pouille du Comte de Dammartin , m. Le
Koi l'envoyé prifonnier au château de Sul-
ly & cnfuitc à celui d'Ulîon en Auvergne ,
aaj.
Nnnn j Ltfam
1*
6^\ TABLEDES
Lefc$m ( le Seigneur de ). Vxf^ez, Daydie.
Liège. Siège de cecce villepai: Charles Duc
ic Bourgogne , 77. Sa prifc , ihid. c^ 195.
Cruautés que les fiourg^ignons y excrcetic ,
ihid. Ravage du pays de Liège par ces ml*
mes croupes ,115. Les Lîegpols obcieuDcoc
ta paix du Duc y fS&.
Loré{ Ambroiiêde ) « femme de Robert
d'EtotttevHle Prevôc de Paris , 4. Mauvais
traitemenr Qu'elle efloye lors de Temprilba*
nemeic de ion mari , thid. Sa mort > 72».
Lorraine { René I)nc de >. Viâoire qu'il
tempone près de Mocat fur le Duc Charles
4t Boum>soe, 155* Il forme le ficg^ de
Nanci , Uié. Rédu^on de cette ville à Coa
obeiflànce, 134. Il atu^ut k Duc devant
cette place » & taille Coa armée en pièces »
137 &Jmv.& %%t.
Louis XI ( le Roi ). Il reçoit la nouvelle
lie la mort du Roi Cnarles Yll (bn père » 6 ,
h, 8, Ordres qu*il dôme à fon avenemeat à
la couronne » ibid. Il quitte la Flandre poui
fe rendre en France 9 7 » >» « 1 1 • Son facre ,
f » C^ 174* Son entrée dans Paris , ibid, d»
fmv. II fe tend en Touraine y U met en 11-
berté^Jean Duc d'Alenfon , 10 » n. 1^ U
donne du fecouis. à Marguerite d'Anjou ,
Reine ^Angleterre . ibéd. Abolitbn de la
Pragmatique SandUon par ce Prince , ihid,
& iJS» lueçoic l'hommage du Duc de Bre-
tagne f.ikid. Gc^ivecnement qu'il lui accor^
écy 1 1 f n. 1 7. Il rétablit le Duc d'Alençon
dans fes biens » ibid. Ceffion que lui (ait
Jean Roîd'Arragon du RouffiUon & de la
Cerdagne » zz , j»« 17. Blanche de Navarre
remet k (on arbitrage fon différend avec
Henri Roi de CaftilU , ihid. Secours qu'il
envoyé au Roi d'Arragon , ibid. Réception
3u*il (ait à Rouen à Marguerite d'Anjou
Lcîne d'Angleterre , ibid. Pre(cnt que lui
fait la ville de Rouen , ibid* Son voyage au
Mont S. Michel , & prcfent qu'il y fait , i j.
PifFerend entre lui & le Duc de Bourgogne ,
1 6* Il renvoyé Marguerite d'Anjou en An-
gleterre avec des troupes , ibid. CeiTton qu'il
fait au Duo de Bourgogne de fes droits (lir
le Duché dcLuiembourg » 15. Entrevue
qu'il^ a avec le Roi de CaftiUe près de Fonta^
rabie, i^id. », x8 c^ 177. Il racheté du Duc
de Bourgogne les villes de lA.Somme « ibid.
ér 17S. ViUteqa'il rendàceDuc,i^ii. Mé-
contentement qu'il témoigne du Comte de
Nevers , 1^. H fait adjourner le Comte de
S. Pkul & le Seigneur de Genlis , ibid. ^
fidv. Il pafTc en Picardie & en Noroundic ,
n. l\ ct^yoyc prifbnn^ à Loçhçs Iç fiifiçç
MATIERES.
Philippe de Savoie, /^/i. m if ^ et 175 > «.
17. Vifîte qu'il rend à Fiedin au Dac de
BourgcxçnCy ihid. «. 1 1 . Guerre du Bien pu-
blic qui éclate conue lui , 18 « i'. 14. Il re-
met à François Sforce le château de Gènes
6c la vHic ae Savone 9 ibid. Aticmblée des
Notables qu'il tient à Tours comre k Duc
de Bretagne , 19 ,17. 2^. Il pafFe cti An)ou ,
& de là en Bcrry , la Ail lance qu'il contra-
ùc avec Edouard Roi d'Angleterre » ibid. ».
5 1. Conquêtes cfi'il fait dans le Bourbon*-
nois » au II forme le fiegc de la ville de
Rlom , 2.|. Accommodement qu'il y fait a-
vec paitie des Princes ligués , 14. Il attaque
les Soulignons à Montleheri , 17 p* fuiv.
Son retour a Paris » %$. Réforme qu'il y fait
dans fon Con£êil , ibid, ^fidv, En^runt
au'ii y veut (aire , & refiis qu'il reçoit » )0.
Ordre qu'il met potu: la déksxk de cette vil-*
le y ibid. RemiCès & décMrges d'impôts donc
Il la gratifie « 5 1. Troupes qu'il y lai(& à fon
départ , ^u Joie que cau(e fon retour dans
cette Capitale , ) 7. Trêve conclue entre lui
& 1er Prmccs Hgués , 3 9 é^fmiv^ Oâres qu'il
leur (ait (aire » 41. Suite de (êanégpciauons
pour la paix > 45. A quelles condttion&elle
eH conclue , ^L Eotrevûe du. Roi U d«
Comte de Charolois , 47. Son accommode^
ment avec le Duc die Bretagne , 49. Avis
qu'il re^it d*une entreprlfe faite fur (a per-
(onne » ibid. Ce Prince fe rend à Orléans »
5 1. Il va réduire les villes de Normandie ,
5} & fi*êvv Traité particutiec qu'il fait à
Caën avec le Duc de firetagpe , 54 , ». 74*
II fe tend maître de Rouen & du Pont-de^
l'Arche , f 5. Commi/Iàites qu'il nomme
pour la réformation de la. JulUce » f 8. Ré-
ception qu'il fait à Rouenau Comte de War->
wick I 61 di^fmv.. Règlement qu'il fait pu-
blier y potu: repeuplerla ville de Paris , ^5..
Il fait la revue des milices de oetfie.Ca(Mta»<i
le, 6^. Secours qu'il envoyé aux Liégeois
centre le Duc de Bourgogne y66.Sts lettres
pour l'abolition de la Pragmatique Sanétion^
ibid. Nouvelles qu'il apprend de la pri/è
de Caën ai de Bayeux par les Bretons »
67. Il abandonne les Li^eois^ 69^ Réduc-
tion de la ville d'Alcn^n par ce Prince,
71. Il tient les Etats à Tours , ibid. f^fitiv.
<^ 1 9 1 . Les Bretons chaiFét de Bayeux par
les troupes qu'il envoyé en Normandie » 75*
Son accommodemenr avec les Ducs de Ber<-
ry & de Breugne , ibid. %Ki n^ociàdona
pour la paix avec le Duc de Bourgogne , ibf
Son entrevue avec ce Prince à Peronne , 8c
Tr^té qui y fut £ût çnu'euz , 7^. U accom-
pagne
TABLE DES
fsgtie k DttC an (iege.de la Tille de Liège ,
77 & ifi' &fmv. Il fait enlever de Parb
ït% pics , geais » choaetits , grues , cerfs &
biches , pour lui éire portés à Amboife » 7 %,
Troupes qui! donne au Duc de Calabre »
pour recouvrer le royaume d'Ariagon , 75r.
Il fak arrétar le Cardinal Balue , & confif-
c^ue cous Ces btcns , 8 1. Réduâion du Com-
té d'Arm^nac à TobciiTanee de ce Prince ,
Si. Re&oidiilènicnc encre lui 6c le Duc de
Bret^ne » S). Ban qu'il (ah publier contre
ks Anglois , ikfd. Avantages qu'il rempor-
te ûtr le Roi d'Arragon , 84 , ». 91. Son rac
iofom^demcac avec le Duc de Bretagne »
85. (lotte qu'il donne au Comte de War-
wick U, au Duc de Clarence , pour r cpafTcr
en Angleterre y%^. Alliance qu'il Eut pu-
blier avec Henri Y I Roi d'Angleterre, ïy.
Réduâion de S. Quentin à Ton obeifTance ^
S 8. Il marcbe contre le Duc de Bouigogne ,
89* Exploits de £es troupes contre ce Duc ,
50. Trêve dont ils font luivis , ibid. Pour-
fuice qu'il fait faire de quelques Ubelles 8c
Slacards diSunatoires , 9 1 d^fmiv. Nouvel-
ts bronilleries encre lui 8c le Duc de Berry
foa frère devenu Duc de Guyenne , $u In-
ftitttcion de ÏAmgilus à midi par ce Prince ,
ibid. Avantages que fts croupes remportent
fiir le parti du Duc de Bourgogne , 1 00. Trê-
ve qu il £ûc avec ce Duc hi le Duc de Breta-
gne 9 Hhd* Il s'accommode avec le dernier,
101. Dançer donc il eft préfervé « 104 6*
yirn/. Maru^e d'Anne de France fa fille aî-
née avec le Seigneur de Beau jeu , i o 5 . Con-
spiration fermée pour l'empolfonner , lo^.
Keglemens qu'il fait publier au fujet des
troupes 8c des monnoies , 107. Trêve d'un
an qu'il accorde au Duc de Bourgogne , i lo.
11 envoyé 6iu troupes à la conquête du
xoyauBie d'Arragon , i^d. Préparatifs de
g;uerre qu'il fait contre le Duc de Bourgo-
gne, 115. Places dont il (è rend maître ,
11^. CooMnenc il eft trahi par le Connéta-
ble de S» Vz}3X » ihid^fi^ ftêhj. Avantages que
(es troupes remportent fur fes ennemis ,117
^f9êiv. Entrevue de ce Prince 8c d'Edouard
Roi d'AngUcerrC) 119. Conditions de l'ac-
cord fait entr'euz , Aid, ^fuiv. II repre^
S. Quentin fur k Connétable , no. Il lui
£ut faire foo procès , Il le fait exécuter »
m &fuiv. Il ailemble le Clergé , 119 Le
Roi René de Sicile lui cède le Comté de Pro-
vence , 1 3 id^fmv. Réception qu'il fait au
Roi de PÔnugal qui vient lui demander du
(ècours > I i^&fuiv, Rédudlion de plufieurs
villes du Duché de Bourgogne à lobclflao*
MATIERES. .<f5j
ce de ce Prince après la mort du Duc » iao*
Il fe rend maître de la cité d'Arcas , 8c alfie-»
ge la ville ,14t. Compofition qu'il accorde
aux habiuns , ibid. Il l'afTiege de ncuveau
9c la réduit à fon obeîflance ^ 14t. Il eft rc*
eu à Cambrai , ibid. Augmenution qu'il £aic
dans fon artillerie , 1 4e é^fuiv. Avantage»
que (es troupes remponent fur les FlamaaSt
148 ^fuiv. Il fe rend maître JeCondé^
14^ Il (e rend à Boulogne 8c y fait honuna-
ge de fon royaume à la Ste Vierge , ibid. ru
3 ). Comment il eft trompé par l'Archiduc
Maximilien tx. pas les Flaroans > 15 1. Pnv-
grès de fes armes en Bourgogne > viid. Ao*.
cord qu'il fait avec l'Archiduc , ibid^ Dona
qu'il lait à pluficurs Egli&s , ibid, é* fuiv^
A/fembîée du CFergé qu'il tient à Orléans ^
lyi. Il fait paHcr des troupes en Fianche*
Comté 8c s'empare de cette Province , 15^.
Vlûoire remportée par fon armée fur le^
Flamans proche de Thcrouannc 9 ^^ &
y«n/.Pourfuitcs qu'il fait faire contre le Duc
de Bourbon U les Officiers , 158 c^ fuiv^
Trêve conclue entre lui 8c TArchiduc Ma«
ximilien , 159. Réforme qu'il fait dans let
troupes , 160, Continuation de la trêve avec
les Anglois , i^i. Le Roi tombe dangereux
fement malade , ibid. Il forme un camp au-
près du Pont. de-l'Arche , ibid. Ce Prince eft
fort mal , 1 6z. Vœux , fondations 8c oeleri*^
nages qu'il fait à cette occaCon , ibid,o^fuiv^
Il reçoit une ambaflàde des Flanuuis » 1^5*
Rédudlion de la ville d'Aire à fon obeiflan-
ce y ibid. Remontrances qull fait au Dau-
phin dans fa maladie , I6^. Officiers qu'il
lui recommande , ibid, ^fuiv. Peur au'il a
de la mort , 167. Conditions auxquelles il
conclut la paix avec les Flamans »iW. Priè-
res publiques ordonnées à l'occafiAn de (a
maladie , 1 69, Il fait venir la Ste Ampoule
de Reims 8c plufieurs reliques de la Ste Cha*
pelle de Paris , 17 1. Sa mort , ibid. Sa fe-
pulture y ibid. Son caradere, 171. Il fait
oruler tous ks rets U filets fervans k preiw
dre des bétes fauves dans llfle de France ,
178. Il détourne le Duc de Bourgoeue da
voyage de la Terre Sainte, 179. Inftitutioa
de l'Ordre de S. Michel par ce Prince , 1^4^
ÏM Duc de Bourgogne Taccufe d'avoir fait
empoifonner le Duc de Berry fon frère »,
102. Bon mot de ce Prince au fujet des mi-
lices de Paris , xif . Lettre qui lui eft écrite
par ceux qu'il avoir députés au Duc de Guy-
enne fon frcre , 119 c*yîy/t;. Coumme de
ce Prince , lorfqu'il recevoir de mauvaifcs
nouvelles > 14^. Rcponfe qu'il fit à Edouard
Roi
• *•
€^6 TABLEDES
Roi d'An--' *crrc, fur rempri(c>nnenicQt du
Duc de - »arcDcc fon frctc , i f 4 Ô^fuiv. Let-
tres de ce Prince en faveur de Marie fa fille
naturelle y%6xA\ paffe pour avoir faic mou-
tir Je Duc de Berry (on frère , 174. Ses let-
tres à M. de Brediure , xy6 & Jfuiv. Eloge
<)ue François I faifoit de ce Prince , t8i. 5a
réponfe à un Ambafladeur du Pape Eugène,
aé). Comparaifon de (on règne avec celui
de Louis XII » 184 é'fi^v. Il révolte les
Princes & les Grands du Royaume par le mé-
pris qu'il £dc d'eux , 18 f. Comment il les
traita après les avoir définis, sb, éi^furv. Sa
conduite avec Louis XII tandis que celui ci
n'étoit que Duc d'Orléans , 187. Mauvaifê
politique dont il ufa envers Marie héritière
de Bourgogne, tbid, Mauvaifê éducation
qu'il donna à fon fils Charles VIII , 188.
Sa conduite envers la Reine fa femme , ihid.
f^fmv» Envers fesdômeftiqnes & fes (ujcts,
1.89. En quoi confiftoit fa pieté & fa reli-
gion , Z90 éffuiv. Ses bonnes qualités, 19 f.
Comment il fit faire une grille d'argent au
tombeau de S. Martin de Tours ,305. Let-
tre qu'il reçoit des Seigneurs de la Cour au
fujet de la maladie du Roi Charles VII fon
pcre , 507. Sa fuite vers le Pue de Bourgo-
gne n'étant encore que Dauphin , ) 1 9* Let-
tres d'obédience de ce Prince au Pape , % $7
fi^fuiv. Autres par lefqucllesil donne le Ber-
ry en appanage à Charles de France fon frç-
^i }S^ &fiiv. Ordre expédié par ce Prin-
ce pour le paffage de la Reine Marguerite
d'Anjou en Angleterre , 5 75. Don qu'il fait
au Duc Philippe de Bourgogne du Duché
de Luxembourg ,575 f^fuiv Jugement ren-
du par ce Prince fur les difFcrens des Rois
de Caftille & d'Anagon, 378 i^fuiv. Sa
Sentence arbitrale à ce fujet ,381 éi^hiv»
Lettres de remiffion qu'il accorde aux nabi-
tans de Perpignan , j 89 érft*'tv. Autres ac-
cordées de même aux habitansdc Colioure ,
J91 ^y«iv. Traité d'ail Jancç entre ce Prin-
ce , le Roi de Bohême ^ lesVenitiens con^
tre les Turcs , ^lé^é^Juiv, Amuidie qu^ji
fiiit publier au commencement de la guerre
du Bien public , en faveur de ceux qi^i ren-
treront aans leur devoir dans un certain
tcms,434C^yMit;. Articles qui lui font en -
ipoyés par le Roi de Sicile au fujet des préten-
tions nés Princes ligués , avec fa réponfe q^
chaque artîclp , 445 éf^fidv» Trêve qu'il fait
publier avec l'Angleterre , 458 C*fugv. Let-
tre qu'il écrit au Comte d'Eu , 4/9 (^fuiv.
Articles de l'accord fait entre ce Prince & les
pcinççs ligués , 474 (^fiéiy» Autre copie du
MATIERE S.
même accomroodeoicfit , 4^9 <$• fiùv. Ct
qui engagea le Roi à lé faire, y oo.Traité de
Conflans entre ce Prince & le Comte de Cha-
ToloW y ihid. ô*/mv, Tranfport qu'il £ait&
ce Comte des Prévôtés de Vimeu, de Beau-
vaifis & de Fottloy , 505 é^fmiv. Lettre que
lui écrit le Comte d'Eu touchant (on accom-
inodement avec le Duc de Berry (on firere »
509 d^/niv. Ratification du Traité de Con-
Bant par ce Prince • 5 1 & &fuiv. Perfonoes
qu'il nomme pour la reformation de l'Etat»
5 19 éi^fmv. Il confirme l'accord £ût à S.
Maur entre fon (rcrc & les autres Princes li-
gués , .517. Lettres par leCguelles il fe réfer*
ve les nfgales de Normandie , ihid: &fid^J[^
Autres touchant le Comté d'Eu, 5 19 é'fi^* *
Autres fur le retour des terres de Norman-
die, 5 30 ^ fuvv. Autres touchant le retour
du Duché d'Alençon , 531 6* A*^- Autres
pour la nomination des OÀciers de Nor-
mandie, 533 c^ fuiv. Autres touchant la
contrainte des Elus & Receveurs d'Alençon,
535 di^fiùv. Prote(lation de ce Prince con-
tre leTraité de ConHans , j 3 7 &fi^* Poa-^
voir qu'il expédie pour recevoir le (èrment
des Princes fur l'acceptation du Traité du
Bien public , 541. Serment de quelques-uns
de ces Princes, 54t. Articles accordés par le
Roi pour le mariage de la Princefiè Anne (à
fille aînée ^vec le Comte de Charolois , 549
éffmv. Sermens de fidélité faiu à ce Prince
par le Due de Nemours , les Comtes d'Ar*
magnac & de Foix , & le Seigneur d'Albret,
$6 1 ^fuiv. Lettres Patentes par lefquelles
il reprend la Normandie , 5^7 éi^fuiv, Aba«
iition qu'il accorde à Louis de Harcourt Pa-
triarche de Jerufalem f S9^ & fi^» Pou-
voir qu'il donne au Dyc de Calabre àcCe fai-
fir du Duc de Berry (on frère , f 99. Aboli*-
tion de ce Prince pour le Duc de Bourbon ic
pour fes vafTaux, 600 f^fuiv. Autre aboli-
tion générale pour ceux qui ont pris les ar-
mes en faveur des Princes ligués, 6oz ^
fiiiv, In(buûion de ce Prince au SrdeCour-
fi]lon qu'il envoyé vers le Roi de Sicile aa
fujet des foupçons qu'il a conçus du Comte
du Maine , ê^^é^fyiv. Conccfiion de ce
Pmice à Galcas- Marie Vifcomti de porter
Iç^rmes de France écarrelées avec celles de
Milan , 6^9^Juiv^
honis XII, Sa naifiance , 11 , ». 17 c^
t7^. Son mariage projette des l'en&nce a«
v^c Mad. Jeanne de France, 17,». 10. Com-
paraifon de fon règne avec celui de Louis
XI , 184 fii*f$éiv. Sa Donté & fa juftice , 19 &
& fuiv* $a fidélité cavcri le Roi Charles
VIII ^
TABLE DES
Vni 9 &9|« Sa conduite enyers les Princes
& les GtandsduRoyaunRfyt94 é^fmv. En-
irers la Reine (bn épouie , 19 f . Envers (es
ferviceurs & domeftlques » ihid, (^/uiv. En-
vers fes flatteurs , 19^. Envers fcs fujets ,
%96^ Sa bonne foi & fa droiture , Md, (^
fmiv. Sa religion 6c (à pieté , 198 i^fiùv* Il
enrichit le royaume, 199 éf^fuiv. Les reve-
nus du Roi augmentés fous fon règne > 300.
De la guerre qu'il fit en Italie , 301. Ac-
cord de fon mariage avec Mad. Jeanne de
Fi:ance»4ii é^futv.
Lêttviêrs ( Nicolas de )• Il eft fait Con«
icillcr à la Chambre des Comptes à Tavene-
nent de Louis XI à la Couronne » 6.
LêuU ( Jean Datlbn Seigneur du ). Com«
tniffion par laquelle le Roi lui donne le
Gouvernement du Que(nol , i6o é'fi^-
M
M4i'if#(le Comte du ). Il abandonne le
Roi à la journée de Montlehery , x8. Ce
Prince lui ôte le Gouveroement de Langue-
doc, 5 8. Il eft fidt prifonnicr à la bataille
de Montlehery » 487. Soùpfons que Louis
XI conçoit conue lui , ^3^ érfiàv. Piomef-
fe qu'il fait à ce Prince de le fcrvir enrers &
contre tous ,637 &fMiv,
Msns i le ). Imjpofture d'une jeune fille de
cette ville qui le difoit pofl'edée du De-
mon , 5.
Mm^ck ( Guillaume de la ), dit le San-
f^er d'Ardennes. Louis XI le piend (bus fa
proteûion & lui fournit des troupes pour
faire la guerre à Louis de Bourbon Eveque
de Liège , i ^ f (^ 1 5 tf. Il le défait dans une
adion par la trahi&n it$ Liégeois , 6c le
tue , 1 66. Origine 6c premier nom des Com-
tes de la Mardc » 156 &fiêèv. Leurs allian-
ces en France, 157.
Msrie , fille naturelle de Louis XI , x6is
Elle époufe le Sieur de S. Yallier , ibid. Lee-
très du Roi fon père en (k fiiveur , ibid.
MéÊTte ( Galeas ) Vifcomti , Duc de Mi-
lan. 11 eft aflàfliné dans une Eglife ,13^.
Louis XI lui permet de porter les Armes de
France écartelées avec celles de Milan , tf 5 ^
é&fiûv.
Msmi ( la )• Dommage caufiS par on dé-
bordement de cette rivière , 5 .
Mmuger ( Perretie ) exécutée àParis pont
larcin , i é^fuiv.
Mmêdivrin ( le Comtede ). Mort tragi-
que de (à femme , 1 3 1.
MatUivrier ( la Comteflè Douairière de ).
Tpmê Ù.
M AT I E R E S, gs7
Abolition qui lui eft accofdée par Louis XI
pour avoir livré la ville de Roueb ?.ux Prin-
ces ligués, féi (^fidv.
Mmht ( Saint ). Aceord Eût en ce lieu en-
tre le Duc de Berry frère du Roi 6c les autres
Princes ligués ,511 (ji*fu$v. Il eft confirmé
par Louis XI, 517.
hÎMcimUien (le Duc). Il trompe Loui>
XI par de belles promedfes ,151. Ambaifa-
de qu'il lui envoyé , ^ accord qu'il fait avec
lui , ihid. Il alfiege Therouane , ^ eft défait
par l'armée du Roi ,157. Mauvaife foi donc
il ufe à la prife d'une place punie par le Roi ,
158. Perte oue les Flamansde (on parti font
fur mer , ibid. Trêve conclue eotre Louis
XI 6c ce Prince, 1^9.
Midicis.. Permi(Hon accordée par Louis
XI à ceux de cette maifon , de porter des
fleurs de lis dans leurs Armes, ^66,
Melun ( Charles de ). Avantages qu'il
rempone en Normandie fur les ennemis du
Roi , 53. Ce Prince lui ôte la charge de
Grand Maître , ^ f . Il eft envoyé prifonnier
au Château Gaillard , 6c décapité à Ande-
Iv , 75 , 21^ d^fiiiv, 3if . Ce qu'il profica
ne la dépouille du Comte de Dammartin ,
311 &juiv. Il fe déchaîne contre lui ,311.
Meriâdisu. François Se Gacien Merio-
deau noyés à Paris pour avoir confpiré con<
trc le Roi, 30 (^yiiv.
Michel ( Saint). Inftitution de l'Ordre de
S. Michel par le Roi Louis XI , 194.
MomMiort ( le Comte de ). LeDucChar-
ks de Bourgogne le fait arrêter , 6c l'envoyé
nrifonnier a Maftrichc , 1 1 3. Il eft transféré
a Boulogne ,114.
Montlehery, Journée de Montlehery en-
tre Louis XI 6c les Bourguignons , 17 c^
fuiv. Quel en fut le fuccés , ihid. Relations
différentes de cette bauille « 484 éi^furu,
Morvilliiers ( le Chancelier de ). Louis XI
l'envoyé en ambaffade vers Philippe Duc de
Bourgogne , 18 , ii. 14. Il aigrit ce Duc con-
tre le Roi , ibid. Ce Prince le dépouille de
fa charge, $%, Procès verbal des cnofes qu'il
dit dans fon ambafladc vers le Duc» 417
f^fuiv*
Mary ( Laurent de ) , Gentilhomme , pen-
du à Paris pour avoit favorifé les Bourgui-^
gnons , 19.
N
l^mierre ( le Préfident de ) privé de la
charge de premier Préfident au Parlement
de Paris, 51.
N^mûMTs ( Jacques d'Armagnac Duc de ).
Oooo
^3» T ABLE D E S
Louis XI l'envoyé avec une armée au fe-
cours du Roi d'Arragon , it , ». 17. Il fe
rend à M. de Bcaujeu, 150. Il efl: remis aa
Roi qui l'en voyc prifonnicr à Pierre-Encife ,
ibid, Inftrudion de fon procès , 144. Il eft
décapité aui Halles à Paris , iu. On lui
conUille d'enlever le Roi , 114. Lettre ou'il
écrit à ce Prince defa prifon de la Baftille ,
151 &fiiiv. Serment de fidélité qu'il &it<
au Roi, s 61 &fmv^
iirvers{ le G>mte de ). Plaintes que-Louis
XI lui fait ^ire fur (es liai(bns avec le
Comte de Cbarolois , 1^ e^ ^o-j^fuiv. Ce
Prince le mande auprès de lui » ihid, Ilefî:
fait prifonnier à Peronne par les gens* du
Comte de Cbarolois , 44 , ». f ^ é" 48. Ses
prétemioBS Air leDuché de Brabant, 178 ,
»»i 1.5a mort, 179. Le Comte de Cbaro-
lois lui pardonne ,18^. Lettres par lefquel^
les il remet à ce Comte la eaide de fcs Com-
tés de Nevers fie de Retbel^ f 77 érfinv. S»-
renonciation^ Tes prétentions fur ks Duchés
de Lotbiers , Brabanc ficc. S79'&fi^' Cef-
fion qu'il fait au Comte <i*une rente de 6000
libres fie de pluficurs villes , y8i &fiiiv. Sa
renonciation à tous fes droits fur les villes
de Peronne « Mondidicr fie Roye»58f é**
fuiv. Lettres par Icfquelles il approuve le
Traicéfait entcele Roi fie le Comte, $%9^é*
Juiv, Sa renonciation à plufieurs fommes<
qii'il prétendbie lui être ducs par le Duc de
Bourgogne , ^91 érfuivi Lettres de (urçté"
que le Comte lui accorde , 5pi éi^fuiv.
Noisbies. Affemblée des Notables tenue à '
XoucS'par Louis XI contre le Duc de Bieu*
goe, l9y!i. 16 é" i8k
O^
Ormngt ( le Prince d' ). Il fiît hommage
a« Roi Louis XI pour fa principauté ,118.
Privilèges que ce Prince lui accorde , ihid.
Il (buleve la Bourgogne contre le Roi , fie
cft affiegé dans Gray , 14^ Avantagea qu'ils
remporte fur Itfs troupes du Roi ^ 146.
(i/we ( Pierre r ) Seigneur d'Armenon-
ville , 6. Il eft fait Confciller à la Cbambre .
desCoraptestlé Paris à TavenemenLde Louis
XI à la Couronne, ihidy^
Orléans, Prcfens fie fecours que J es babî-^
tans de cette ville envoient aux troupes du
Roi afCegées dans Beau vais par le Duc de
Bourgogne-, 98^' Aâcmbiée du Clergé qui
s-y tient par ordre de Louis XI au fujet dé-
Éi Pragmatique San^ion , x 51 d» 1 J4.QueL
•neftleiuccèsjf^ii/..
MATIERES.
Orléans {Q\ax\t% Ducd' ) perc de'LouiS-
XII. Sa mort, 18 , ». 14^^ i8f.
Orlsans (Louis Ducd' ),V0^ez Louis XIL
F
Varis. Différend entre la Cour des Aydes t
Bi l'Univerficé^ de cette ville, 4. Deputacion^
qu'elle fait au Roi pour fe juftifier de l'arri-
vée d'un bomme. appartenant au Duc de*
Bourgogne yikid. Ordre établi pour fa fure-
té au commencement de la gucrredu Bktt^
public y 10. Prooeflion générale qu'on y fait
pourda paix « tr« Gardes établies en cette
ville, %}.(^fu$v» Executions qui s'y fonc
de différentes perfennes coupaoles d'avoir
confpiré contre le Roi- , fo é^ fuiv, Rcmi-
fes fie décharges d'impôts qui lui foncaccor^
dées par ce Prince ,51. Allarmes que Tap-
proche des Bourguignons cauCc dans cette .
Capitale , 5 ) o^fitiv. On y (bubaite ta paix» .
34. Dcpurat tan* qu'on y^niit à ce fu}et au
Diic de Berry , ) j &fitsv. Dcfordres que 1er»
troupes du Roi font dans cette ville > 45 c^
fuiv, Rejouiffances oui s'y font pour b paix, .
47. Grande moreakté dans cette Capitale , .
éo. Règlement pour la repeupler ,1(3. Ré-
ception qui j iut faite k la- Reine à fon re-
tour , 64, Revues qui s'y font dcfes milices,^
6-$ 6» 70; Jonftes célébrées dans cctteirille,
7 ). Rejooi^Tances qui s'y font pour la pair*
conclue avec Charles nouveau Duc de Bour-
gogne , 7d» Publication de cette paix , 78.
Fêtes qu'on y donne aux AmbaiTadeurs dir
Duc , 79. Executions qui* s'y font , ibid, (^
fttiv. Publication qu't)» y-fait de la paix avec
l'Efpagnc , 81. Ban qa'en y publie contre les *
Anglois i if. Procemoo qui s'y fait au fujec •
du rétabli flcment d'Henri VI Roi d'Angle-
terre , 87. Réception de Marguerite d'An--
jou Reine d'Angleterre dans cette ville , 88.^-
Reglemens qu*on7 publie au ûijetde Tarii-
vé&des troupes da Duc de Bourgognedevanc
Bcauvaisv, 9^. Secours que ks'Parinens en-^
voient dans cette ville » ilûd, ^Jurm Publi-
cation x)ui s'y fait de* l'alliance entre le Roi'^
fie l'Empereur , 11 ^.- ProceiTton (ôlemnelle
dans cette vilW , thid. ^fuiv. On y publie
la trêve entre le Roi fie le Duc de Bourgogne»,
I ^i. Affadînat commis en catc ville en la
per(bnne du fils du bourreau;, 14.^ . Fétequ -•
die donne à^lufieurs<SeigtKurs fie Dames ^
148. Tumulte qui y e(l excité parles prédi-
cations d'unCordencr, T49 (^fuiv. Proce(^
fions qu'on y fait au fujet de l'alliance da>
Roiavecle^oldeXafUUc, 151 (^fmv..
T A ff L E DES
X«eeptIon da Dbc d*Albaojc dans cette Ca-
pitale j 1 57. Fêtes qui s*y donnent pour l'ar-
rivée des AmbafTadeurs Flamans , 1 ^S < Pro-
ceflion de cette ville à S. Denis pour la con-
fervation du Kéï Se des biens de la terre ,
X70. Entrée de Mad. là Dauphine dans cette
Capitale , ihU, ^
Fsrss ( le Parlement de ). Remontrances
ifOLiï fait au Roi Lx>uls XI fur les libertés de
TEglife Gallicane y 10 é^ftiiv.n. 16 c^ 174.
Lettre que le Dnc Charles de Bourgogne é-
crit à cette Cour , au fujet de Tarrivée du
Comte de Watwick & du Duc de Clarence
dans le royaume , 84. Arrêt qui y eft pro-
jioncé contre le Ducd'Alençon, i î o f^jmv.
Extrait des reglfttes de cette Cour , au fujet
de la négociation avec les Princes ,510 (^/,
Fmis ( rUniverfité de ). Elle fe déclare
oppofante à l'abolition de la Pragmatique
Sandion , ùj.
FmuI ( Louis de Luxembourg Comte de
S; ). Louis XI le foupçoime d*avoir des liai-
fons avec le Duc de Bretagne , 17. Il fe rend
maître du pont de-S. Cloud , i6. Ses exploits
à la journée de Montleberi , iS. Il eil Faic-
Connétable à la -paix des Princes , 46. On '
Taccufc de trahir les intérêts du Roi pendant
le {iegcde Beauvais , 97. Il furprend la viU
ledeS, Quentin , & la garde , 107. Entrer
vCieqp*!! a avec le Roi j qui lui pardonne »
I05> 0*fttiv, Comment il le trahit , 1 1^ <^'
fmv. Il cherche à mettre le Duc de Bourbon
dans fon parti x 17. Il fe déclare pour le Duc
de Bourgogne & autres ennemis dà R6i y
Jbto. Lettres qu'il écrit au Roi Edouard d'An-
gleterre au fujet de fon accommodement a*
vec ce Prince , ibid. Il eft livré au Roi par
le Duc de Bourgogne , & conduit prifonnier
â.U Baftiile , x 1 1 e^ fuiv. On lui fait fon
procès , & il e(l condamné à perdre la tête ,
121 ^ fuiv. Son éxecution, wy^fmv.
Yen* forts à fu jet, 117» & fiiévnnus, Dé-
dommajE^menr que lui accorde le Comte
de Charolois ^ pour n'avoir point eu part an
pillage de Dînant , 187; Le Duc de Bour-
gogne le fait fbmmer de venir le- fervir én-
ormes, 197. Lettre qu'il écrit au Comte de
Dammartin , fur ce que le Roi étoit mécon«
tcnt de lui , 147. Autre au Duc de Bourgo-
gne, au (ujet de l'accord du Roi & de ce Duc,
Md, (^fuiv. Autre qu'il addreffèau Comte^
dé Dammartin pendant le fiege de Beauvais,
X.J7- \
Verfignun, Lettres de rémiflion accordées
«ux habitans de cate ville par Louis XI ,
1^9 &fuhf.
MATIERE S. . é0
Petit ( Etienne ). Lettres Patentes par les-
quelles il eft commis par Lonis XI pour Ie«
ver une taxefur le Languedoc, 545 t^juiv.
Pie II ( le Pape ). Il obtient de Louis XI
l'abolition de k Pragmatique Sandion , 10
f^fuiv. n. lé. Sa mort , 180. Lettres d'obé-
dience du Roi à ce Pape , } 57 éi^fuiv,
Portugal ( le Roi de ). Ses prétemions fur
te royaume de Caftille, 134. Il vient en
France demander du fecours au Roi , ibidê
Son entrée à Paiis, £t honneurs qu'il reçoit
dans cette Capitale , 1 3 y é»' fuiv,
PourfiàvaHs d'armes. Qui étoient ceux à
qui ion donnent ce nom , 44, 1». 57.
Pragmatique Sané^ion ( la ). Son aboti<A
tion par Louis XI , 10 éi^fuiv. n, i6. Le
Pape en fait traîner la Charte par les rues
de Rome , x5* Le Procureur General Si ItJ-
niverfité s'oppofent à ce Qu'elle foit abolie ,
66 d* Juiv, AlTcmbléc du Clergé tenue à>
Orléans à ce fujet. 151 éi» 1^4.
Puy ( Pierre ). Le Roi le dépouille de fa'
charge.de Maître des Requêtes, 51.
Quentin ( Saint ). Redudion de cette viî-
le à Tobeidance du Roi , 88. Le Connétable^
de Saint Paul s'en rend maître, & la garde > <
107. Elle eft rcprife par le. Roi , iio^
R
Reiihkc (Jean de ). Il n'abandonne point ^
le Comte de Dammartin dans (a difgrace , .
ji4<J»y««t^.
Reims. Révolte de cette ville feos Louis '
XI , II-, ». i^ C^ 174. Le Seigneur de-
Mou y la téduit à la ralfon , i^i</.
Rfffe d'Anjou , Roi de Sicile. A fa follici--
tarion^, Louis XI accorde du fecours à Mar-
guerite d'Anjou Reine d'Angleterre , i r , ».
t6. Il eft irrité des fecoun qiie ce Prince
donne au Roi d' Arragon^, 11,». 17. Ceflion '
qu'il fait au*Rôi après fa mort du Comté de •
Provence ,151 é*fuiv. Lettre qu'il écrit au ^
Duc de Calabre (bn^fils , au-fujet de fon aU
liance avec le Comte de Charolois , 41 j (^'
fuiv. Articles qu'il envoie à Louis XI au fu- -
jet des prétentions des Princes rSL la répon- -
fe du Roi à chaque article , 445 érfuiv^
Romn, Pléfens faits à Louis XI à fà pre-
mière arrivée en cette ville , it éi^fuiv. m.
17. Réception qu'elle foit par ordre du Roi '
au comte de Warv/icx , 6%,
Rovere ( Julien de la ) , Cardinal & Légat ^~
do Papç. Son entrée & fa réception à Paris , ,
O 000^' ij
•♦
V \
• / ' ■
<^i3- i:*A'ji LE D E3
459 éi^fiuv. Mauvais fucccs de fon voyage
^a Flandres , pour négocier un accommo£*
ment entre le Roi & le Duc Mazimi*
lien, 1^0.
R(mhatik (Joichim ) , Maréchal de Fran-
ce. Il demeure fidèle au Comte de Dammar-
tin dans fa difgrace , n 5 6* 1 1^. Lettre qu'il
ëcrlt à ce Comte après fon retour à la Cour,
pour le prier de le recommander au Roi ,
xjo c^yin/,
Ruhempré ( le bâtard de ) pris fu^ mer par
les Flamans * 18 c^ 180. Il eft arrêté prl«
ibnnier par le Comte de Charolois , ibid, n.
xj^. Remarques fur fon emprifonnemenr,
.4^1 <J» f$ikv.
S
S0v^ ( Amé Due de ). Alliance de ce
'Prince avec la Maiibn de Bourgogne» 60$
SMVûh (le Prince Philijppe de ). Louis XI
l'en voie prisonnier à Loches , 1 7 , ». 1 9 <^
179 , ». 17. Traité d'alliance entre ce Prin-
ce & le Duc Charles de Bourgogne , ^)0
C*yi(n/«
Sfaree ( François ) Duc de Milan. Louis
XI lui remet le chiteau de Gènes & la vil-
le de Sa voue , 18 , ». 14.
Somme* Pièces concernant le rachat des
▼illes fituées fur la rivière de Somme ,591
Sâmmirfet ( le Duc dft ). Ilfededare pour
Henri VI Roi d'Angleterre « f . Vidolce
ou'il remporte à S. Albans , ibid. Il eft de-
fait par le Roi Edouard , qui lui fait tran*
cher la cite, 18g.
**- '
T#«r//£tacs tenus dans cette ville > an fu*
jet du différend furvenu entre Louis XI 9l
leDncdeBerry (baftere,7i* Re(ulttt<k
cette afTemblée « 71. Ce qui y foc réglé au
fujec du Duc de Berry , 571 , n. i.
TrMsnel ( le Seigneur de ) arrêté à Mou-
lins par le Duc de Bourbon , & eofiiite relâ-
ché, if.
MATIERES:
Trev0s ( T Archevcoue de \ Lettres l>ar lePf
ijuelles il promet d'obferver le Traité d*aU
hance , iju'il a fiût avec le Duc de Bourgo
VmIUt ( le Sieur de S. )• Son mariaoe avec
Marie fille naturelle du Roi Louis XI , %é%*i^
V$fc&mii( Galeas Marie). Vcyn, Marie.
Vrfins ( Jean Jouvenel des). Louis XI le
réublit dans fa charge de Chancelier ,51.
VvMgémt ( Tiiomas ) envoyé en ambaila*
de vers Philippe Duc de Bourgogne par £«
douard Roi d'Angleterre , i ) , ». 17.
Vvéïruvick ( le Comte de ). Il prend le
parti de Richard Duc d'YorcK contre Hen«
ri VI Roi d'Angleterre , j. Il fait ce Prince
pri(bnnier , & le conduit à Londres , M0U
Réception que lui fait £ûre le Roi Louis XI.
à fon arrivée à Rouen , 6 1 ^f$t$v. llrepail
(ê en Angleterre, 6x, Son retour en France
avec le Duc de Clarencc , 84. Il repallè en
Angleterre malgré le Duc de Bourgogne ^
%€. Ses fuccès à (bn arrivée dans cette lAe »
ibid. lii^fiùv. Il eft tué dans cme bataille coq-*
tre Edouard , ^ .
Vvn$iô€k ( Jean ) Baron Anglms , envoyée
en ambaflade vers Philippe Duc de Boni^o»
gne par Edouard Roi d'Angleterre 1 i } f
». 17.
T^rcb ( le Cardinal d* ). Il connîbae à
(bulever le peuple de Londres conrre le Roi
Henri VI, î.
Tarek ( Marguerite d* ) , fœur d'Edouard
Roi d'Angleterre » 19 1 . Slon arrivée dan» les
Pays - bas , ibid. Son mariage avec le Duc
Cnarles de Bourgogne , ibid. él^fmv.
r^dt ( Richatii Ducd' ). Il prend les arw
mes contre le Roi Henri VI , ). Viâotie
qu'il remporte fur ce Prince qu'il (ait prifba»
nier & qu'il renferme dans la Tour de Loii«
dres , iiid. Il perd la bataille de S. Albans^
oii il eft tué , 5*
Fia dt la Tabk du TomeftcotuL
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